^.:s,r:^ ^•-i^i^ *^ ^-< -."se: •^ i^v.?rC m •^ LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE PUBLIE PAR J. D. OAlvNOY, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE. Cj, CjiijOUiN, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET d'eMRRVOLOCIE, J. Ui^N Yo, PROFESSEUR d"aNATOMIE PATHOLOGIQUE, A l' Université catholique de Louvain AVEC LA COLLABORATION DE LEURS ÉLÈVES ET DES SAVANTS ÉTRANGERS TOME XII i-- FASCICULE. I. Les glandes buccales des larves de trichoptères, par Maurice HENSEVAL. II. Les glandes à essence du Cossus ligniperda, par Maurice HENSEVAL. III. Les sécrétions gastriques. Contribution à l'étude de la physiologie normale et pathologique de l'estomac, par le Dr A. VERHAEGEN. IV. La glande impaire de l'Haementeria officinalis, par H. BOLSIUS. V. Contribution à l'étude de la moelle épiniêre chez les vertébrés, par A. VAN GEHUCHTEN. VI. Recherches sur l'essence du Cossus ligniperda, par Maurice HENSEVAL. SI c r*3:*l3C : 20 francs. LIERRE ,: LOUVAIN Typ de JOSEPH VAN IN & 0=, A. UYSTPRUYST, Libraire, rue Droite, 48. rue de Namur, 11. 1897 1 ^ LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTÈRES PAR Maurice HENSEVAL Docteur en Sciences, naturelles ASSISTANT A l'InSTITUT ZOOLOGIQUE DE L UNIVERSITÉ DE LoUVAIN. I (Mémoire déposé le 15 juin 1895.J \ ^ \ ^ "L I LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTERES Il serait à désirer que quelque savant entreprit une étude complète des glandes variées que l'on trouve sur les divers segments du corps des arthropodes, afin de nous renseigner sur la signification morphologique qu'il convient d'attribuer à tous ces organes. Les unes sont peut-être des productions nouvelles, non représentées dans la souche des arthropodes; les autres sont des néphridies transformées : tels sont les organes que nous avons appelés glandes de Gilson ; d'autres enfin sont des glandes coxales modifiées : telles sont peut-être les glandes buccales proprement dites des larves d'insectes. Nous présentons dans les pages qui suivent quelques faits et quelques remarques qui pourront être utiles à celui qui prendra sur lui de faire à ce point de vue la révision des trachéates. Elles contiennent une courte description de deux organes assez peu connus, mais intéressants au point de vue comparatif : les glandes mandibulaires et maxillaires des larves de trichoptères. Ces dernières ont été découvertes par Patten (i). Il les signale dans son travail sur le développement du Neophalax conciuuus; mais il les con- sidère à tort comme mandibulaires. Les premières ont été signalées par Lucas (2), avec les secondes qui existent aussi, chez VAnaboliafurcata. Ce dernier auteur donne une description de leur structure. Nous les avons recherchées dans six espèces et nous sommes en mesure de compléter quelque peu les données fournies par ces deux savants. (i) Patten ; The development of Phryganids ; Quart. Journal of Micr. Se , vol. XXIV, 1SS4. (2) Lucas, R. ; Bciirâge ^ur Kenntniss der A/itndwcrk-eugc der Trichoptera ; .\rch. f. Naiurg., 5g. 8 Maurice HENSEVAL Nous en décrirons la structure intime à l'aide de quelques figures, — Lucas n'en donne qu'une seule sous un faible grossissement, — et nous indiquerons leur disposition dans des espèces où elles n'ont pas été étudiées jusqu'ici. Nous montrerons aussi que les diverses espèces de glandes buccales ne sont pas toutes représentées dans tous les animaux de ce groupe. La préparation des glandes buccales offre de sérieuses difficultés, cau- sées surtout par l'épaisseur et la dureté des parties cuticulaires que contient la région céphalique. Seule la méthode de l'enrobage, combinée au collodion et à la paraffine, nous a permis d'obtenir des coupes de la portion qui loge les pièces masticatrices. Anabolia nevvosa. Situation et disposition des glandes. Il existe ici deux paires de glandes : des glandes mandibulaires et des glandes maxillaires. La première paire, — glandes mandibulaires, — s'ouvre à l'angle externe de la mandibule dans un sillon qui en borde la base. Comme la mandibule est un organe triangulaire à base très large, cette glande se trouve assez éloignée de la glande maxillaire et du tube digestif. Elle est logée dans une cavité assez vaste qui occupe les parties latérales de la tète, fig. l, Gl.Md. La deuxième paire, — glandes maxillaires, — s'ouvre à l'angle externe de la mâchoire, dans le sillon qui sépare cette pièce de la mandibule, FIG. 1 et FIG. 2, Gl. Mx. Notez que dans cette figure la plus grande partie de la mâchoire a été enlevée. Ce qui reste entre les deux orifices appartient presque entièrement au labium. Les glandes maxillaires sont situées sous l'œsophage. Elles sont très voisines l'une de l'autre et se touchent même, d'habitude, sur la ligne médiane. Nous pensons avec Lucas que c'est à cette glande que Patten a eu affaire chez le Neophalax. Il la considère, il est vrai, comme une glande mandibulaire, ainsi qu'il ressort de son texte : « The salivary glands are " formed by invagination of the ectoderm on the inner sides of the mandi- « blés... " Mais la mâchoire étant très voisine et située en dedans des man- dibules, on conçoit aisément qu'il l'ait attribuée à ces dernières, ignorant qu'il peut exister chez d'autres trichoptères une véritable glande mandibu- laire s'ouvrant à l'angle externe de ces organes. LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTERES 9 Structure. Elle est identique, ou à peu près, dans les deux paires de glandes. Ce sont des groupes de cellules glandulaires à canalicule interne, ou glandes unicellulaires, c'est-à-dire qu'elles appartiennent à un type qui n'est pas rare chez les insectes (t). Nos FiG. 1 et 2 montrent un certain nombre de cellules intéressées dans une section microtomique, et la fig. 2, qui représente une coupe hori- zontale, fait voir en outre comment les canalicules s'unissent en un canal commun. Le conduit commun de la glande maxillaire est assez allongé. Celui de la glande mandibulaire est au contraire très court et la grappe de cellules touche presque la cuticule du sillon périmandibulaire. Les cellules glandulaires sont très remarquables. Elles sont piriformes, plus ou moins allongées, fig. 27, à section transversale régulièrement circu- laire ou plus ou moins déformée par la compression des éléments voisins. Leur noyau est très volumineux et très riche en nucléine. Le trait le plus intéressant de leur structure consiste dans ce que l'on pourrait appeler Vappareil excréteur de ces cellules. C'est un canal très mince qui s'avance dans le cytoplasme jusque près de l'extrémité postérieure renflée de la cellule, fig. 4. Il paraît élastique comme un ressort. Sa paroi est chitineuse, réfringente. Sa lumière est extrêmement ténue. Signalons une particularité remarquable qui a échappé à Lucas : le canal est contenu lui-même dans une gaîne plus dense, plus réfringente que le protoplasme ambiant, et formée de bâtonnets disposés radialement. Cela se constate sur les coupes transversales et longitudinales, fig. 3 et 4. Cette couche est plus épaisse et plus nettement striée dans la glande mandibulaire que dans la glande maxillaire. Quelque soin que nous ayons mis à la fixation et à l'en- robage des objets, nous n'avons jamais pu éviter la production d'un espace de rétraction autour du canal central. Mais cette cavité ne se forme pas toujours de la même manière. Parfois, elle existe entre le canalicule chiti- neux et la couche striée. C'est le cas ordinaire de la glande interne. D'autres fois, on ne trouve d'espace qu'entre la zone striée encore adhérente au cana- licule et le c37toplasme. Mais très souvent aussi, dans la glande mandibulaire, il existe un espace vide à la fois en dehors et en dedans de la couche striée, fig. 3. (i) Voyez à ce sujet : G. Gilson, Les glandes ocioriferes du Blaps mortisaga et de queLjucs autres espèces; La Cellule, t. V, fasc. i, iSSg. lO Maurice HENSEVAL On peut faire un rapprochement entre cette couche striée et la zone sous-cuticulaire que nous avons décrite dans les glandes de Gilson de divers trichoptères. On ne connaît rien de jiositif au sujet de la formation du tube interne. Mais il est permis de le considérer comme un prolongement, une invagina- tion très étroite de la cuticule dermique s'enfonçant dans la cellule. Dans ce cas, la couche striée mériterait ici comme là le nom de couche sous- cuticulaire. Si la signification du canal est autre, si sa genèse démontrait que c'est réellement une production intra-cytoplasmique, l'analogie du moins, si non l'homologie, de ces deux couches et leur identité physiologique resteraient évidentes. Il est assez étonnant que Lucas n'ait ni signalé ni figuré la gaîne du canal et cela d'autant plus que Patten la figure assez visiblement et en parle comme d'une .^ zone of radiating filaments « ; Lucas n'a pas eu recours à des grossissements assez forts pour bien voir les détails de la structure de ces curieuses cellules. Remarquons encore que Patten nous étonne à son tour en disant que dans le protoplasme de la glande il y a plusieurs noyaux : ^ a finely granu- lar substance in which \ve may observe scattered nuclei. -^ Liiiiiiophi/iis flaviconiis. Nous n'avons pas trouvé ici la glande mandibulaire. La glande maxillaire est semblable à celle de Y Anabolia nervosa; c'est elle qui est représentée dans la fig. 2. Limnophilits rliombiciis. Liniiiophilus exlricatus. Les deux glandes buccales maxillaires y existent; l'une de ces espèces possède à la fois une glande mandibulaire et une glande maxillaire, tandis que l'autre n'a qu'une glande maxillaire. Malheureusement, une confusion s'est produite dans nos matériaux et nous ne pouvons pas dire laquelle de ces deux espèces possède les deux paires. Nous avons eu l'occasion de constater à ce propos qu'il n'est guère aisé de distinguer les espèces d'après les caractères extérieurs de la larve et de son tube. Ceci est un point sur lequel nous avons l'intention de revenir dans une communication spéciale. Mais quoi qu'il en soit, il est assez intéressant de noter l'existence de ces diff"érences entre deux espèces d'un même genre. LES GLANDES BUCCALES DES LARVES DE TRICHOPTERES 1 1 Phryganides. Voici un autre fait qui n'est pas moins digne de remarque : les glandes buccales font complètement défaut dans la Phryganea grandis et l'autre phryganide voisin dont nous avons parlé à propos des glandes de Gilson. Le produit de sécrétion. C'est un corps huileux dont il est très difficile de se procurer une gout- telette. Il paraît identique au produit des glandes de Gilson. REMARQUES. I. Présence ou absence des glandes buccales dans le groupe des trichoptères Patten semble admettre qu'il y a partout, dans le groupe des trichop- tères, une seule paire de glandes buccales : les glandes maxillaires, qu'il appelle erronément glandes mandibulaires. Lucas, au contraire, d'après ses observations sur V Anabolia furcata, sans le déclarer ex professa, admet qu'il y en a deux paires en général, et ne prévoit pas les cas où l'une d'elles ferait défaut. Or, nous avons vu que non seulement une paire peut manquer, mais que certains trichoptères sont complètement privés de glandes buccales. Les glandes mandibulaires man- quent chez certaines espèces du genre Lininophilus {L. flavicornis) et deux phryganides sont totalement dépourvus à la fois de glandes mandibulaires et de glandes maxillaires. II. Leur signification morphologique. Ces variations semblent indiquer que les glandes buccales larvaires proprement dites, qui n'existent cjue chez peu d'autres insectes, sont des organes en voie de disparition. Elles représentent peut-être des productions qui sont plus répandues et plus développées chez les formes ancestrales des hexapodes, et leur conservation, comme celle des glandes de Gilson ou néphridies, est un caractère primitif, en rapport peut-être avec les mœurs aquatiques et tubicoles. Leur situation à la base des mandibules et des mâchoires ne laisse guère de doute au sujet de leur valeur morphologique : ce sont des glandes coxales, homologues à celles du Peripatus et aux glan- des parapodales des annélides. 12 Maurice HENSEVAL III. Relation entre les glandes buccales et les glandes de Gilson chei les tricjioptères. Voici résumées en une tableau comparatif les données que nous avons recueillies sur ce point : Glandes de Gilson. Glandes buccales. Phryganea grandis. Phyyganide non déterminé. Trois glandes, très volumi- neuses, multitububires. Manquent totalement. Anaholia nervosa. Limnophilm {rhomhictts ou extricalus). Une seule glande, très peu volumineuse unitubulaire. Deux paires de glandes bien développées (mandibulaire et maxillaire). Limnophiltis flavicornis. Limnophilits [extricatus ou rhomhicus). Une seule glande, très peu volumineuse unitubulaire. Une seule paire de glandes bien développées (maxillaire). On le voit, la première partie du tableau indique un rapport inverse entre le développement des glandes de Gilson et celui des glandes buccales. On pourrait en conclure que ces glandes se suppléent et par suite que l'usage de leur produit est le même. Mais la dernière partie montre que ce rapport inverse, si marqué dans les premières espèces, n'est pas absolu. CONCLUSION. En résumé, les larves des trichoptères peuvent présenter à la base de leurs pièces masticatrices une ou deux paires de glandes à canal intracellu- laire. Elles font défaut chez les phryganides que nous avons examinés et qui précisément ont des glandes de Gilson très développées. Elles repré- sentent vraisemblablement les glandes coxales des métamères antérieurs. Bibliographie Patten : The development of Phiyganids ; Quart. Journ. of Micr. Se, vol. XXIV, 1884. Lucas, R. : Beitiâge zur Kenntniss der Mund\\crkzeuge der Trichoptera ; Arch. f. Naturg , 5g. G. Gilson : Les glandes odorifères du Blaps mortisaga et de quelques autres espèces; La Cellule, t. V, fasc. i, 1889. M. Henseval : Étude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, fasc. 2, 1896. EXPLICATION DE LA PLANCHE. FIG. 1. Coupe transversale de la tête de VAnabolia nervosa. G. ^ A X 4- On y voit la glande mandibulaire, Gl. Md , sur les côtés et la glande maxillaire, Gl. Alx., au milieu, en avant du tube digestif. md. est la coupe des mandibules à leur base. FIG. 2. Coupe oblique presque horizontale de la tête du Limnophilus Jlavicornis passant par la glande maxillaire et le canal excréteur. G. = A X 4- md., Mandibules; ce., canal excréteur; Gl. l^x.. Glande maxillaire; ap., Apodême avec les muscles mandibulaires. FIG. 3. Coupe transversale d'un lobe de la glande mandibulaire de VAnabolia nervosa. G. = 1/12 X 2. CSC., Couche sous-cuticulaire détachée du reste du protoplasme; entre les deux, il y a un espace de rétraction, e. La paroi du canal, ci , est très épaisse et la. lumière est très petite. FIG. 4. Coupe transversale d'un lobe de la glande maxillaire. G. = 1/12 X 2 La couche sous-cuticulaire détachée du canal est restée adhérente au protoplasme. e., espace de rétraction. Le protoplasme est plus granuleux que dans la glande mandibulaire. FIG. 5. Coupe longitudinale d'un lobe de la glande mandibulaire. La couche sous-cuticulaire est restée adhérente au protoplasme. G. = 1/12 X 2. Ql.mx md Fi^S y^ / Gl.md Figl Flg.5 Maurice Henseva] ad naC.delJ: J Nei rynch. sculp LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA PAR Maurice HENSEVAL Docteur en Sciences naturelles ASSISTANT A l'InSTITUT ZOOLOGIQUE DE l'UnIVERSITÉ DE LoUVAIN. (Mémoire déposé le 15 juin 1895J LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA Il existe chez les larves des lépidoptères une paire de glandes filières s' ouvrant sur le labium et semblables à celles du Bombyx mori, qui sont connues de tous. Mais la plupart des chenilles possèdent en outre une autre paire d'organes analogues, filiformes et qui extérieurement ressemblent aux premières. Elles attirent beaucoup moins l'attention, parce qu'elles sont en général moins volumineuses. On les trouve cependant très développées chez certaines espèces. Elles s'ouvrent à l'angle interne de la mandibule; ce sont donc des glandes buccales mandibulaires. Leur produit n'est pas de la soie, mais un corps huileux. Cet appareil est extraordinairement puissant chez le Cossus ligniperda. Il n'a pas échappé à Lyonnet. Cet habile observateur en donne un bon dessin dans son célèbre " Traité de la chenille qui ronge le saule ^. Il ap- pelle les deux glandes «vaisseaux dissolvants «, parce qu'il suppose que leur produit exerce une action corrosive sur le bois et sert à la chenille pour attaquer cette substance à l'aide de ses mandibules. H. Meckel(i) en donne une description plus histologique que Lyonnet, mais, comme sa description n'est accompagnée d'aucun dessin, elle n'ajoute^ pas grand'chose à nos connaissances. Il ne cite pas Lyonnet. Nous présentons au lecteur une courte description de ces glandes à essence du Cossus. Ce sont des organes très intéressants par eux-mêmes et certains rapprochements que l'on peut établir entre eux et les glandes de GiLSON (2) des trichoptères ajoutent encore de l'intérêt à leur étude. Ces rapprochements portent à la fois sur leur structure et sur la nature de leur produit. (i) H. Meckel : Archives de Mûller, 1S46. (2J Voir GiLsON : On segmentally liisposed thoracic glands in t/ie larv^v 0/ irichoptcra; Pro- ceedings Linnean Society, feb. iSg6, et M. Henseval ; Etude comparée des glandes de Gihoii, organes métamériqucs des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, 1896. 20 Maurice HENSEVAL APERÇU ANATOMIQUE. L'appareil est représenté dans son entier dans la fig. 1. Sa situation dans la larve est aisée à indiquer : les deux portions renflées gisent à droite et à gauche de la chaîne nerveuse sur les côtés du tube digestif. Les fila- ments ondulés qui s'y fixent sont pelotonnés contre la face supérieure de la portion renflée. Ce peloton se divise plus ou moins nettement en deux paquets, dont l'un remonte jusque près de la tête. Constitution. Il présente trois parties bien distinctes : 1° Une portion sécrétante, tubulaire, fig. 1, 5. Lyonnet donne peu de détails à son sujet. Il dit seulement qu'«elle se fourche quelquefois «. En fait, elle comprend d'abord un long tube sans bifurcation : c'est la partie qui se pelotonne près de l'extrémité inférieure de la partie renflée; puis, elle se bifurque à deux reprises, l'une des deux branches de la deuxième bifur- cation demeurant très courte. Toute la portion qui porte ces branches de bifurcation forme le pe- loton, qui git sous la partie antérieure du cylindre renflé. 2° Un réservoir. C'est la portion renflée cylindrique, un peu compri- mée au milieu, qui est indiquée R dans la figure. Le tube glandulaire s'ouvre au fond de ce large réservoir. Celui-ci représente tout simplement un tronçon énormément dilaté du tube glandulaire. 3° Un conduit terminal ou canal niandibulaire. On le voit en Ct. Il aboutit à la masse musculaire motrice de la mandibule et y pénètre. Am milieu de cette masse, on le voit s'engager à l'intérieur d'une tige chitineuse, qui se rattache en avant à la cuticule mandibulaire. Cette tige, ap, n'est autre chose' que le tendon ou l'apodème, le bras de levier sur lequel s'insè- rent les muscles mandibulaires. Cet apodème contient un pertuis, dans lequel passe le liquide apporté par le canal. Structure des trois parties de l'appareil. 1° Portion sécrétante. Sa structure ressemble beaucoup à celle de la glande de Gilson des trichoptères. Les FIG. 2 et 3 en donnent une idée suffisante. LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 21 La FiG. 2 est une section transversale. On y notera la structure très fibrillaire du protoplasme des cellules épithéliales. Les trabécules offrent une disposition très régulière. Elles s'irradient à partir du canal central. Certaines d'entre elles sont très puissantes. Aussi n'est-il que rarement possible de suivre la limite des diverses cellules com- prises dans une section transversale, parce que en section les membranes cellulaires présentent le même aspect qu'une de ces travées protoplasmi- ques. De face, c'est-à-dire vues de l'extérieur, les cellules sont polygonales, mais encore difficiles à délimiter. L'axe du tube contient une lumière régulière et tapissée d'une épaisse cuticule. Les trabécules ou fibrilles protoplasmatiques s'}' attachent en foule ; aussi la face externe du tube n'est-elle pas lisse, mais comme villeuse; c'est ce que l'on, remarque surtout aux endroits où une déchirure s'est produite dans les coupes entre le tube et l'épithélium. La cuticule elle-même présente une structure interne. Elle est visible- ment formée de couches concentriques. Nous nous sommes attaché à y découvrir des stries radiales en continuité avec les fibrilles et qui représen- teraient dans cette membrane le système de canaux poreux de Leydig, aux- quels on se plaît à faire jouer un grand rôle dans la sécrétion (i). Mais nos efforts ont été vains. Il est impossible de découvrir dans cette membrane extrêmement dense et compacte la moindre trace de striation radiale sur les objets simplement fixés et débités en coupes. La FIG. 3 est une coupe longitudinale. On peut y faire les mêmes remarques que sur les coupes transversales. Notons ici que le calibre du canal est régulier. Il ne présente pas ces varicosités que nous avons si- gnalées dans les glandes de Gilson des trichoptères. Les noyaux dans cette région de l'appareil ont la forme de barres trans- versales, tantôt droites, tantôt irrégulières, parfois portant de petits bour- geons latéraux. Ces caractères ne se distinguent que sur des coupes tangen- tielles ou sur les organes entiers examinés à plat, fig. 3. Notons que les glandes à soie de beaucoup de lépidoptères et de tri- choptères présentent souvent des noyaux d'aspect identique en certains points de leur longueur. Une simple propria très mince enserre étroitement le tube épithélial ; on en distingue, sur les coupes, les noyaux très aplatis, fig. 2. (i) Leydig : Traité d'histologie, 1S57. 22 Maurice HENSEVAL 2° Réservoir. La structure de sa paroi est analogue à celle de la portion sécrétoire. C'est encore un tube épithélial enfermant un tube cuticulaire, fig. 5. Seulement, le calibre de ce tube est devenu énorme. En outre, la couche épithéliale a changé d'aspect. Les cellules qui la constituent sont des lames polygonales aplaties, très difficiles à délimiter, même de face. Le protoplasme n'y est plus régulièrement strié. Il est sur- tout granuleux ; on n'y voit presque pas de trabécules réticulaires chez les très jeunes individus. Chez les larves plus âgées, les fibrilles reparaissent, mais elles n'y présentent pas la disposition radiée ; elles courent oblique- ment dans le protoplasme en faisceaux séparés. Le cytoplasme possède une grande affinité pour les matières colorantes, même pour celles qui sont le plus électives pour l'élément nucléinien du noyau, tel que le vert de méthyle. La cuticule est ici beaucoup plus épaisse que dans les tubes. C'est une forte cuirasse à couches concentriques très nettes. Les noyaux prennent des caractères encore plus semblables à ceux des glandes à soie ordinaire. Ils sont ramifiés surtout chez les jeunes larves. Mais avec l'âge, ils se fragmentent en nombreux tronçons allongés ou encore un peu ramifiés, fig. 6. Cette fragmentation se produit aussi, comme on le sait, dans les glandes filières des chenilles âgées (i). Ces noyaux ont assez peu d'affinité pour les matières colorantes; aussi est-il difficile de bien les mettre en évidence au sein du protoplasme très chromophile. Une propria existe autour de ce réservoir. 3° Canal mandibulaire. Sa coupe transversale, reproduite fig. 4, montre qu'ici encore la struc- ture de l'appareil varie peu. C'est un tube épithélial contenant un tube cuticulaire. La structure radiée reparaît ici dans le cytoplasme. De plus, au contact de la cuticule, l'ensemble des trabécules radiées, en s'attachant au tube chi- tineux, forme une couche sous-cuticulaire très finement striée. La cuticule est très épaisse, un peu plus épaisse que dans le réservoir. Les couches concentriques y sont encore très visibles. De plus, nous y avons (1) G. GiLSON ; La soie et les appareils séricigenes I Lépidoptères; La Cellule, t. VI, f. i, 1890. LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 23 aperçu en certains points une structure radiale coexistant avec ces couches, de sorte que sa substance présente en section l'aspect régulièrement carrelé si remarquable dans certaines cuticules d'arthropodes. Il est assez étrange de voir apparaître les stries radiales dans ce tronçon qui n'est plus sécré- toire, alors qu'elles manquent dans la partie postérieure, sécrétante. Ce fait montre bien que les trois systèmes de stries perpendiculaires constituent la disposition fondamentale, la structure normale des cuticules. Les trabécules de la trame peuvent être cachées dans les cuticules compactes; elles peuvent s'isoler, se briser, se résorber même dans certaines cuticules à texture dis- sociée comme les plateaux ; l'un des systèmes de stries ou trabécules peut se développer et devenir apparent, alors que les autres restent faibles et indiscernables; mais toujours et partout, il y a une trame et, si altérée qu'elle soit, elle peut reparaître avec ses caractères réguliers, parce que partout sa structure est en relation intime avec la structure fondamentale du protoplasme. Les noyaux présentent ici à peu près la même forme que dans le réservoir. La propria existe autour du conduit terminal. La portion tout à fait terminale du conduit pénètre, avons-nous dit, dans l'apodème de la mandibule. Celui-ci est une forte tige chitineuse don- nant de toutes parts insertion à des muscles et creusée d'un mince canal. Cet apodème est en continuité avec la cuticule mandibulaire et ne semble pas être autre chose que la paroi chitineuse du tube glandulaire lui-même, fortement épaissie. Entre les insertions musculaires, on y rencontre en effet çà et là des noyaux et un peu de protoplasme, qui représentent des restes de la matrice cuticulaire. REMARQUE. De nombreuses trachées se distribuent à tout l'appareil, mais elles sont surtout abondantes autour du réservoir, où aboutissent d'assez gros troncs ; elles pénètrent dans la paroi même de ce dernier et l'on y suit parfois des troncs étonnamment gros qui traversent le protoplasme cellulaire. De minces filets nerveux se terminent sur la partie glandulaire; quant aux muscles, ils font entièrement défaut. Il est assez remarquable que le réservoir lui-même en soit totalement dépourvu. Ce caractère constitue un nouveau point de ressemblance avec les glandes à soie, qui paraissent également privées de toute contractilité. 24 Maurice HENSEVAL Signification des glandes mandibitlaircs. Ces organes correspondent très probablement aux glandes coxales du Peripatits, comme les glandes maxillaires et mandibulaires des trichoptères. C'est la signification que, dans l'état actuel de nos connaissances, il faut attribuer auxorganesglandulaires, qui sont en connexion avec les appendices réguliers des métamères. LE PRODUIT DE SÉCRÉTION. Le contenu de la portion glandulaire est une émulsion; il est formé d'un liquide aqueux peu abondant, qui charrie des globules d'une substance liquide non miscible à lui et de grandeur variable. Dans la portion dilatée du réservoir, ces globules confluent. Ce n'est plus une émulsion; le liquide aqueux s'y retrouve encore, quoiqu'en très petite quantité. La substance émulsionnée est évidemment le produit spécial de la sécrétion. C'est un corps huileux d'une odeur particulière, désagréable et extrê- mement tenace. On en trouve, accumulée dans le réservoir, une qijantité vraiment énorme; dans les grands individus, elle peut atteindre le poids de 4 décigrammes et un volume d'environ un demi-centimètre cube. L'aspect de la substance recueillie et clarifiée par dépôt est celui d'une huile grasse, très blanche, d'une réfringence spéciale. Meckel nous dit que c'est une huile éthérée (âtherisches Oel) et qu'elle distille facilement. Il en signale quelques caractères de solubilité qui demandent vérification. En la soumettant à des essais d'analyse, nous avons bientôt acquis la conviction que ce n'est pas une graisse; c'est un corps d'une nature toute différente et d'une espèce qu'on rencontre bien plus rarement chez les animaux. Nous avons entrepris l'étude chimique de l'essence de Cossus, mais nos recherches ne sont pas terminées. Leurs résultats feront l'objet d'une prochaine publication. Bornons-nous à dire que cette essence ne contient ni oxygène, ni azote, mais seulement du carbone, de l'hydrogène et du soufre : C,H,S. Utilité' de l'essence de Cossus. Nous nous sommes demandé, — comme quiconque a eu l'occasion de voir le curieux appareil glandulaire des larves de Cossus ligniperda, — à quoi peut bien servir ce liquide huileux, cette huile essentielle si remar- quable. LES GLANDES A ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 25 Lyonnet pense que ce liquide facilite l'attaque du bois par les mandi- bules. Mais c'est là une pui'e hypothèse de sa part; ce qui n'empêche qu'on se l'est passée de père en fils depuis le siècle dernier, sans trop lui attribuer de crédit il est vrai, mais sans rechercher si elle est fondée. Pour notre part, nous conservons depuis neuf mois dans l'essence de Cossus de minces lamelles de bois qui ne paraissent nullement attaquées ni ramollies. Si cette essence facilite l'action des mandibules sur le bois, ce n'est pas grâce à une action dissolvante. Peut-être y a-t-il là un phénomène semblable à cette action inexpliquée de l'essence de thérébenthine et du pétrole, qui facilitent étonnamment l'attaque du verre par l'acier. On peut faire d'autres hypothèses au sujet de l'utilité de cette huile ; les hypothèses conduisent parfois à des recherches utiles. Voici l'une de celles que nous avons faites. Les larves du Cossus vivent dans de longues galeries humides qu'elles se creusent surtout entre le bois et l'écorce, entamant le cambium, c'est-à- dire les parties les plus riches en matières albuminoïdes et hydrocarbonées. Dans ces galeries, on trouve toujours une certaine quantité de sciure de bois et d'excréments, c'est-à-dire un milieu favorable au développement des organismes inférieurs. Or, les Cossus gardés en captivité sont très sujets à une infection cryp- togamique qui les font périr. Nous nous sommes demandé si l'essence n'avait pas des propriétés anti- septiques et par suite n'agissait pas comme agent protecteur, tant sur le corps de la larve qui en est enduit extérieurement que sur le contenu des galeries. Quelques cultures faites avec divers microbes nous ont donné des résul-- tats négatifs. Leur développement n'est pas empêché par l'essence de Cossus. Les mêmes essais faits avec deux champignons : un Pénicillium et un Aspergillus, nous donnèrent également des cultures prospères. Mais les cultures à'Oospora cinamomea en plein développement sur gélatine, moculées à des tubes du même milieu nutritif additionnés d'une trace d'essence, se développent très peu ou pas du tout, tandis que les témoins mis à part se développent très bien. Ici, l'action est manifeste. Or, VOospora cinamomea est un champignon qui attaque les insectes. Il y a donc là une indication, un peu vague il est vrai, de l'usage de lessence de Cossus. 26 Maurice HENSEVAL L'odeur désagréable de l'essence protège peut-être aussi la larve contre certains ennemis appartenant au règne animal. En fait, les Cossus ne sont jamais infestés, pensons-nous, par les ichneumonides ni les muscides à lar- ves parasites. Du moins, nous n'en avons jamais rencontré qui le fussent parmi plusieurs centaines d'individus de provenance diverse que nous avons disséqués. Ces insectes savent pourtant chercher leurs victimes dans des cachettes même plus retirées que les galeries du Cossus. L'odeur, dont ces galeries sont imprégnées, éloigne peut-être ces ennemis. Nous avons recherché si ce corps, inconnu jusqu'à présent, exerce une action quelconque sur l'organisme animal. Des quelques expériences que nous avons faites jusqu'ici, il ressort qu'il n'est pas toxique pour le cobaye à la dose de cinq centigrammes en injection hypodermique, ni pour la grenouille à la dose de trois centigrammes. Ce qui suffit à établir qu'elle n'est pas douée d'une action physiologique très énergique. Ces animaux n'ont été que légèrement et temporairement incom- modés par les injections. CONCLUSION. En résumé, les glandes mandibulaires larvaires sont énormément dé- veloppées chez le Cossus. La partie sécrétante est tapissée d'une cuticule comme les glandes de Gilson des trichoptères. Comme ces dernières, elles sécrètent un corps d'apparence huileuse, qui s'accumule dans un volumineux réservoir. Ce produit est composé de carbone, d'hydrogène et de soufre. Il n'attaque pas le bois; il n'est pas toxique; mais il sert peut-être à protéger les larves contre certains cryptogames et contre les insectes à larves parasites. BIBLIOGRAPHIE Lyonnet : Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule. La Haye, 1762. H. Meckel : Mikrographie einiger Drùsenapparate der niederen Thiere ; MûUer's Ar- chiv, 1846. Gilson : On segmentally disposed thoracic glands in the larvaî of trichoptera ; Proceedings of the Linnean Society, 1896. Gilson ; La soie et les appareils séricigènes. \. Lépidoptères; La Cellule, t. VL fasc. I, 1890. Henseval : Etude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, f. 2, 1896. Leydig : Traité d'histologie, 1857. EXPLICATION DE LA PLANCHE. FIG. 1. Dessin de l'appareil glandulaire d'une larve de Cossus ligniperda d'après une dissection. md., mandibules; ap., apodème sur lequel s'insèrent les muscles mandibulaires ; Ct , canal mandibulaire ; R., réservoir; S., tube sécrétoire. En y et f-, on voit la première et la deuxième bifurcation du tube sécrétoire. FIG. 2. Coupe transversale du tube sécrétoire. Gr. = i/i2 X 2 c i., canal interne avec sa forte cuticule. Le protoplasme est nettement radié transversalement. FIG. 3. Coupe longitudinale du tube sécrétoire. Gr. = 1^12 X 2. Les noyaux sont un peu rétractés. On y voit les trabécules s'épaissir avant de s'insérer sur la cuticule. FIG. 4. Coupe transversale du canal mandibulaire. Gr. = A X 4- Il y a de nombreux noyaux. La cuticule interne est un peu striée à certains endroits. On }• voit un commencement de couche sous-cuticulaire. FIG. 5. Partie d'une coupe transversale du réservoir. Gr. = i'i2 X 2. Tr., trachée, FIG. 6. Réservoir étalé à plat. Gr. = D X 2. On y voit les noyaux ramifiés et les trabécules du protoplasme qui sont très fortes. 77!^. ..S~^ FLg.5 FLg.3 P^ FigA dMWit MiiNi" '%s''' ^>h\}M'Z^ >»,«;v. %6" Maurice Henseval.ad nat.delin- J Neirynch. sculp- LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES CONTRIBUTION A L ETUDE DE LA PHYSIOLOGIE NORMALE et PATHOLOGIQUE DE L'ESTOMAC PAR le D- A. VERHAEGEN. (Mémoire déposé le i^"" juillet 1896O Travail du cabinet de chimie de la clinique interne de Louvain. t LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES CONTRIBUTION A l'Étude de la PHYSIOLOGIE NORMALE et PATHOLOGIQUE DE L'ESTOMAC INTRODUCTION Les maladies de l'estomac ont été l'objet de nombreuses études; nos connaissances à leur sujet sont pourtant encore fort incomplètes. Il existe deux types principaux d'affections, contre lesquelles les meilleurs spécialistes s'avouent impuissants : ce sont les fortes hyperchlorhydries et les dilata- tions avec rétention et fermentations secondaires. Les liypevcblorhydriques se neutralisent par les alcalins, et les dilatés sont soulagés par le lavage; mais l'effet de cette intervention est transitoire et très peu curative. Ces malades sont cependant susceptibles de guérison. U hyperchlorhy- drique, après des mois de souffrance, revient parfois à un état de bien-être inespéré et le dilaté prouve par Vevacuation régulière de son estomac que ce n'était ni une cicatrice, ni un cancer, qui barrait la route de l'intestin. Pour seconder cette lente guérison, nous disposons de peu de res- sources : administrer les calmants et éviter les causes perturbatrices, telles que les bières, les aliments irritants, épicés ou indigestes. Contre les crises de douleur, mais non comme médication fondamentale, on donne des alcalins ; un grand nombre de médecins recourent aux opiacés et au lavage de l'estomac. V'oilà la situation médicale ; elle n'est pas brillante. Il est à espérer que l'étude comparative des fonctions sccrétoire et motrice chez ces malades et chez les individus normaux jettera quelque lumière sur ces affections. 7\vant tout, il importe de déterminer jusqu'à quel 34 A. VERHAEGEN point ces malades disposent encore de leurs forces physiologiques, et de rechercher quels sont les' facteurs qui leur font défaut et quels sont les éléments qui jouent un rôle perturbateur. Il paraîtra peut-être étrange de réunir deux questions en apparence étrangères l'une à l'autre : Y hyperchlorhydrie et Y évacuation des aliments. La connaissance de celle-ci dérive naturellement de l'étude de celle-là. Les résultats de nos recherches le démontreront pleinement. Nous nous sommes spécialement occupé de la sécrétion, parce qu'elle constitue la fonction de l'estomac la plus tangible, celle qui se prête le mieux à l'expérimentation. — Des indications variées concernant Yéi'aciiation se trouvent dispersées dans les différentes parties du travail. Nous les réunis- sons en un chapitre spécial à la fin de ce mémoire. Les données classiques que l'on possède sur la sécrétion du suc gastri- que permettent de proposer plusieurs hypothèses pour expliquer Yhypcr- chlorhydrie. 1° On peut supposer que Yhyperchlorin-drique tend vers une acidité constante, comme le fébricitant tend vers une température constante, anormale, trop élevée. Si cette hypothèse est vraie, l'administration des alcalins neutralisera momentanément le suc gastrique, mais les forces naturelles de la muqueuse tendront à ramener rapidement la normale superacide. — L'expérience démontre en effet que l'action des alcalins est très transitoire. 2° Dans une seconde hypothèse, on pourrait admettre que tous les estomacs sécrètent aveuglément de l'HCl, mais en quantité variable d'individu à individu, pour un même stimulant alimentaire. U hyper- chlorhydrique dépasse rapidement les besoins de la digestion chimique et arrive à des accumulations irritantes pour la muqueuse, sans taux fixe. — En effet, l'ingestion d'une nouvelle dose alimentaire (lait) calme les dou- leurs. C'est dans cette supposition qu'on a essayé la suralimentation : on aboutit malheureusement rapidement à de l'indigestion. 3° Enfin, on peut se demander si l'estomac normal ne possède pas un moyen de lutter contre les trop fortes acidités, mo3^en que Yhyper- chlor hydrique a perdu. Nous verrons en parcourant la littérature que nos connaissances à ce sujet sont encore très élémentaires. Toutes ces suppositions nous ont été suggérées par la lecture des nombreux travaux publiés dans ces dernières années et sont restées sans solution. LES SECRETIONS GASTRIQUES 35 HISTORIQUE ri). Nous ne rappelons pas les travaux anciens qui ont jeté les bases de nos connaissances au sujet du suc gastrique : présence de l'HCl, de la pep- sine, action de ces substances sur les albumines, arrêt de l'action de la ptj'aline par l'acidité, etc. Tous les traités de physiologie et de pathologie gastrique rapportent ce que nous devons à Réaumur, Spallanzani, Eberlé, Beaumont, etc. L'introduction de la pompe stomacale (Kussmaul (2), et de la sonde molle (Leube (3), Ewald) a ouvert une ère nouvelle à l'étude de la patho- logie gastrique. Les grands résultats qui ont été acquis dès le début de cette période sont : l'existence de fermentations anormales produisant des acides orga- niques chez les dilatés insuffisants, l'hyperchlorhydrie douloureuse, les hyperchlorhydries périodiques de Reichmann, l'insuffisance de la digestion par hypochlorhj'drie, la rapidité avec laquelle un estomac normal doit digérer un repas donné (Leube, repas d'épreuve), l'absence habituelle d'HCl dans le cancer et la forte diminution du pouvoir résorbant de l'estomac dans cette affection. Le besoin de méthode pour l'analyse quantitative de l'HCl, la nécessité de se renseigner exactement sur le pouvoir absorbant et sur le mécanisme des anomalies, ont provoque de nombreuses recherches et controverses. Depuis une dizaine d'années, nous sommes ainsi entré dans une période d'études plus exactes et, en continuant dans cette voie, on peut espérer obtenir des notions plus claires sur chacun des facteurs de la digestion. A. Fonction Sécrétoire. I. L'estomac à jeun. L'estomac à jeun est-il vide ou sécrète-t-il constamment du suc gastri- que? Des opinions extrêmes ont été défendues au début. De nombreuses statistiques réunies par Johnson (4), Behm, Rosin (5) et Schule (6) ont dé- (1) L'historique a été fait soigneusement, surtout quant à la partie allemande, par Martius et LCiTTKE (1S91I, et a été repris par beaucoup d'auteurs (Boas, Bodveret, Schule). Nous pouvons donc nous dispenser de répéter en détail les indications anciennes. (2) Kussmaul : Deutsch. Archiv f. klin. Med., iS6g. (3) Die Magensonde. Erlangen, 187g. — ■ Deutsch. Archiv f. kl. Med., iS83. (4) Johnson et Behm : Zeitschr. f. klin. Med., Ed. 22. (3) RosiN : Deutsch. medic. Wochensch. (6) SciiûLE : Berl. med. Wochensch., 1896. 36 A. VERHAEGEN montré qu'à jeun un grand nombre de sujets réputés normaux ont l'estomac vide et que d'autres présentent du suc en quantité variable. La vacuité n'est donc pas la règle générale. II. La digestion. On a dès le début reconnu deux périodes dans la digestion d'un repas : une première sans HCl libre et une seconde où cet acide existe. Cahn et voN Mehring (i) et plus récemment SchUle (2) croyaient qu'une demi-heure après un repas normal l'HCl libre devait apparaître. Ce fait, vrai pour les sujets qu'ils ont examinés et avec les repas qu'ils don- naient, a été controuvé par d'autres observateurs sur d'autres sujets et pour d'autres repas [Penzoldt (3), Hayem et Winter (4)]. De plus, les différentes méthodes anal3'tiques employées n'ont certes pas été sans influence sur les conclusions. Aujourd'hui, on admet que normalement la première période est beau- coup plus longue dans les conditions ordinaires. Ellenberger et Hofmeister(5) divisent, chez le cheval et le cochon, la période digestive en trois stades : 1'' stade : amylolyse : présence d'acide lactique, pas d'HCl; 2^ stade : amylolyse et protéolyse : l'acide lactique diminue, l'HCl apparaît ; 3'^ stade : protéolj^-se : pas d'acide lactique, présence d'HCl. EwALD et Boas (6) ont trouvé qu'il y avait lieu d'appliquer la même division à la digestion chez l'homme. La présence constante d'acide lactique, la cause de sa production et son rôle ont donné lieu à de nouvelles expériences contradictoires. Ce point ne nous intéresse que secondairement. Aujourd'hui, il est acquis que l'acide lactique se retrouve abondamment après certains repas, après l'inges- tion de lait p. ex., et se présente en petite quantité dans d'autres conditions [Penzoldt (7), Strauss (8)]. (il Deutsch. Arch. fur klin. Med., Dd, 39. (2) Zeitschr. !. klin. Mcd., iSgS. (3) Deutsch. Arch. f. klin. Med., iSgS. (4I Nombreuses publications de ces auteurs. (5) Ellenberger et Hofmeister : Forischriite der Medicin, i883. (6) ViKCHOw's Archiv, Bd. 101. (7) Penzoldt -. Loc. cit. (8) Zi.itschr. f klin. Med., iSgS. LES SECRETIONS GASTRIQUES 37 Les méthodes de dosage quantitatif de cet acide ne sont guère pra- tiques; la recherche qualitative par la réaction d'UpFELMANN elle-même est sujette à un grand nombre de causes d'erreur. Penzoldt du reste conclut que le rôle de l'acide lactique est très obscur et que sa recherche est de peu de valeur en clinique. Strauss, dans un travail plus récent, arrive aux mêmes conclusions. Revenons à l'HCl. A la question : tous les aliments provoquent-ils une sécrétion acide, il semble incontestable, d'après la littérature, qu'il faut répondre par l'affir- mative : 1° Le suc gastrique du chien, qui s'écoule d'une fistule, par action réflexe, à la vue de la viande qu'on lui présente, est franchement acide (HCl). 'j.° EwALD et BoAs(i) ont recueilli le suc gastrique en ne donnant que de la fécule. Le suc filtré était acide (HCl) et considéré par les auteurs comme du suc typique. 3° L'injection d'eau distillée produit chez le chien, d'après Brandl(2), une sécrétion d'HCl. 4° Les élèves de Penzoldt étaient déjà arrivés au même résultat en expérimentant sur eux-mêmes avec de l'eau ordinaire. Cependant Winter(3) constate le plus souvent l'absence d'HCl après l'ingestion d'eau distillée; il considère l'eau distillée comme n'exerçant aucune stimulation. 5° Contejean (4) ne trouve pas d'exception : tout stimulant chez le chien et la grenouille donne un suc acide avec HCl (non libre d'après lui : théorie de Richet) (5), 6° ScHuLE (6), dans un travail récent, reprend encore l'étude de cette question et conclut que les hydrates de carbone (Kartoffelpuree et Mehlbrei) provoquent aussi une sécrétion acide notable. Nous verrons par nos expériences qu'il y a là des faits importants qui ont échappé aux observateurs et nous verrons pourquoi Schule est arrivé à d'autres résultats que nous. (i) Traité de Boas. (2) Zeitschr. fur Biologie, iSgi. (3) Deulsch. med. Wochecschrift, 1S92, n» 21 et 22. (4) Contribution à l'étude de la physiologie de l'estomac; Paris, 1S92. (5) Richet et son école n'admettent pas que cet HCl qui s'évapore et bleuit le papier Congo soit entièrement libre. La question est assez oiseuse. (6) Zeitschr. f. klin. Med., iSgS, p. 461. 38 A. VERHAEGEN Les élèves de Penzoloth) ont exécuté pendant les années 1886-1892 des expériences intéressantes. A la suite de repas variés tant au point de vue de la quantité que de la qualité, ils se sondaient régulièrement tous les quarts d'heure et déterminaient ainsi : i'^ le moment de l'apparition de l'HCl libre; 2° le moment de sa disparition; 3° le moment de l'évacuation complète de l'estomac. Penzoldt résume ainsi, en 1S93, les conclusions de ces travaux : L'apparition de l'HCl est fortement influencée par la quantité d'un même alim-ent, surtout d'un aliment albumineux. Cette influence est plus puis- sante qu'on ne le supposerait a priori, en ce sens qu'une quantité double d'un même aliment retarde de plus du double l'apparition de l'HCl libre. Penzoldt insiste sur ce fait qui offre un réel intérêt en présence des hypo- thèses que nous nous sommes posées. La nature des aliments exerce une influence moins évidente, très variable, dont il est difficile de déterminer la valeur exacte en l'absence d'un dosage quantitatif. Citons aussi cette conclusion de Penzoldt : Un aliment sera d'autant plus digeste pour l'estomac qu'il provoque plus rapidement l'apparition de l'HCl libre, et à ce titre les féculents sont plus digestes que les albumino'ides; la digestibilité pour l'estomac se mesure à la rapidité avec laquelle celui-ci se décharge de tout le repas. Le manque de dosage de l'HCl laisse de grandes lacunes à combler dans tous ces travaux. "WiNTER (2), en faisant connaître sa méthode pour le dosage de ce qu'il appelle le chlore libre, le chlore combiné et le chlore fixe, a fait faire un progrès considérable à l'étude chimique de la digestion stomacale. Nous discuterons plus loin la valeur intrinsèque de cette méthode. Les expériences qu'il a faites lui-même tendent surtout à déterminer la cause intime de la genèse de l'HCl (3). Hayem et WiNTER (4) ont publié des courbes de l'acidité d'estomacs normaux, hyperchlorhydriques, cancéreux et ulcéreux. Mais comme les auteurs poursuivent un tout autre but que nous, il nous est difficile de lire dans leurs expériences ce qui peut servir à l'éclaircissement de la question que nous nous sommes posée. Ils trouvent toutefois que l'acidité (i) Loc. cit. (a) Hayem et Winter : Du chimisme stomacal; Paris, 1891. (3) Académie des sciences, iSga et iSgS. Deuts. med. \\'och , 1892, 21 et 22. (4I Revue des sciences médicales, 1893. LES SECRETIONS GASTRIQUES 39 absolue (i) atteint un maximum à un moment variable de la digestion et diminue ultérieurement. Nous ne pouvons pas suivre Winter (2) dans les calculs par lesquels il prétend établir des constantes à différentes périodes de la digestion. Hayem (3) a le mérite d'avoir fait de multiples autopsies et des coupes microscopiques de muqueuses pathologiques. Il a prouvé ainsi que des hyper- trophies et des atrophies glandulaires sont souvent la base de modifications sécrétoires. Il en résulte ce fait que l'hyperchlorhydrie n'est plus seulement un trouble fonctionnel, mais l'expression d'une altération anatomique. Si ces faits se montrent constants, ils sont décourageants pour le thé- rapeute. Hâtons-nous de le dire : comme nous le verrons par nos propres observations, cette hypertrophie glandulaire ne constitue pas en soi un état toujours pathologique. Nous avons observé' des hypevclilorliydriques vio- lents qui jouissaient d'une digestion à toute épreuve. Nous y reviendrons dans nos conclusions. ScHiiLE (4) a publié de nombreuses courbes, soigneusement analysées quant à l'acidité absolue et aux différentes formes de chlore (méthode de Mintz). L'auteur admet aussi une période maximale de l'acidité; les repas qu'il fait faire sont généralement assez abondants. A un moment donné, l'acidité absolue baisse, mais ne tombe jamais à zéro. Quant à l'HCl libre, il ne disparaît pas, comme dans les expériences de Penzoldt, un quart d'heure avant la fin de la digestion. L'auteur ne donne pas d'interprétation de ces phénomènes. B. Évacuation. Des faits en apparence contradictoires ont été constatés par les meil- leurs observateurs. Hammarsten résume assez bien la question dans son Traité de chimie physiologique, p. 246 et 247 de la 3*^ édition allemande. Certains auteurs, Ewald et Boas (5), ont constaté une évacuation pro- gressive; d'autres, Rossbach (6) et Openheimer (7), ont observé une éva- cuation abondante seulement après une longue période de repos relatif. On a cherché les causes déterminantes de cette évacuation. (il Nous expliquerons à propos des méthodes ce que nous entendons par là. (2) Acad. des sciences, 1S92, 26 décembre; 1S93, 3 juillet. Deutsch. med. Wochenscli., 1892, N. 21 et 22. (3) Gazette hebdomadaire, i3 août 1S92. (4) Zeitschr. f. klin. Med., iSgS, p. 461. (5 Traité de Boas. (6) Deuts. Arch. f. klin. Med., Bd. 46. (7j Deutsch. medic. Wochenschrift, xSSg. 40 A. VERHAEGEN L'HCl libre jouerait un rôle prépondérant d'après Ewald ; Penzoldt (i), dans des expériences plus récentes, trouve un rapport entre l'apparition précoce de l'HCl libre et la facilité de l'évacuation. D'autres auteurs, Rossbach (2), ont cherché la cause de l'évacuation dans l'intensité des contractions musculaires. Rossbach a constaté que l'irri- tabilité de la région pylorique de l'estomac est plus grande à la fin de la digestion que dans la première période. D'autre part, Eichhorn(3), à l'aide de son appareil électrique, constate peu de mouvements de l'estomac au début de la digestion et beaucoup plus pendant la seconde période. D'après Rossbach, le pylore resterait spasmodiquement fermé jusqu'à la fin de là digestion. Les tableaux de Penzoldt montrent une progression si régulière entre la quantité des aliments ingérés et la durée de la digestion, qu'il est difficile de considérer l'opinion de Rossbach comme étant la règle chez l'homme. D'autre part, l'eau distillée, l'eau alcaline, les liquides en général pas- sent rapidement dans l'intestin. A. Mathieu (4), par une méthode difficilement contrôlable, arrive à conclure que le maximum de sécrétion se produit au début du repas d'épreuve, et qu'après une demi-heure une évacuation continue commence : il donne un repas d'épreuve très liquide et varie peu ses expériences. L'ensemble des observations faites sur les causes possibles, inhérentes à l'estomac lui-même, n'ont fourni que peu de notions pour éclaircir le fonctionnement du pylore. Dans ces dernières années, Gley et Rondeau (5), Hirsch (6), von Mehring (7) et Brandl (8) ont pratiqué presque simultanément des fistules duodénales. Ils ont tous constaté l'évacuation rapide des liquides; en outre, ils ont observé ce fait intéressant que loin d'absorber de l'eau, l'estomac augmente plutôt la quantité de liquide ingérée, surtout en présence d'une solution d'alcool, de sucre ou de peptone. (1) Loc. cit. (2I Loc. cit. (3) EicHHORN : Zeitschr. f. klin. Med , Bd. 27. (4) A. Mathieu : Soc. de biol., 1896, janvier et février. (5) Société de biologie, i3 mai 1S93. (6) Centralblatt f. Ivlin, Med., 1893. (7) Fortschritte der Medicin, i8g3. (8) Zeitschr. fur Biologie, 1893. LES SECRETIONS GASTRIQUES 41 VON Mehring(i) a en outre fait une expérience qui présente une im- portance capitale. L'expérimentateur s'arrange de manière à recueillir le liquide venant de l'estomac, à le mesurer, puis à le renvoyer, s'il veut, dans l'intestin pour suivre son cours normal. Dès qu'il charge ainsi l'intestin, l'estomac cesse ou du moins ralentit son évacuation. Il existe donc un réflexe de l'intestin sur le pylore, capable d'en commander la fermeture. D'autres auteurs, entr'autres Hirsch (j), après avoir varié leurs expé- riences de toutes façons, arrivent à la conclusion qu'il faudrait bien chercher de l'autre côté du pylore la cause de son ouverture et de son occlusion. Ces faits, dont nous trouvons peu d'écho, nous paraissent cependant devoir vivement intéresser le clinicien. Nos propres observations apporte- ront une nouvelle contribution à cette manière de voir. Le lecteur comprendra que nous ne tenons aucun compte des opinions si variées qui se trouvent répandues dans la plupart des traités de patholo- gie gastro-intestinale ou dans les journaux médicaux actuellement si nom- breux. La besogne serait ingrate; elle ne pourrait qu'augmenter la con- fusion des idées. 11 serait même injuste de notre part d'acter les erreurs échappées à la plume des auteurs des grands traités. MÉTHODES. C'est par la sonde que nous avons pris nos échantillons de suc gastri- que. Les sujets qui nous ont servi étaient des malades en traitement et des sujets sains de bonne volonté. Nous cro3^ons, comme Penzoldt, qu'il importe avant tout d'étudier le fonctionnement de l'estomac sain. De plus, il n'est pas permis d'abuser des malades comme on abuse de soi-même ou de sujets bienveillants habitués à la sonde. Le sondage, grâce à l'habitude, devient une chose facile et n'a aucune influence sur la sécrétion gastrique, comme le lecteur s'en convaincra par la régularité et la comparabilité, si je puis m'exprimer ainsi, des différentes expériences instituées dans des conditions semblables, sur le même sujet. Nous examinons le suc filtré. Pour l'examen chimique, nous faisons toujours le dosage de Y acidité absolue par la solution décinormale (c'est-à-dire au dixième de la normale) de soude, avec la phénolphthaléine comme indicateur. (i) Loc. citât. (2) Loc. citât. 42 A. VERHAEGEN L'acidité absolue est exprimée en HCl, c'est-à-dire que le chiffre que nous donnons représente la quantité pour mille d'HCl qui se trouverait dans le suc gastrique, si cette acidité était due uniquement à cet acide. En réalité, cette acidité absolue représente le nombre de molécules acides de nature quelconque, que la soude diluée neutralise extemporané- ment. Elle comprend : 1° IHCl libre; 2" les acides organiques libres (lactique, acétique, butyrique, etc.); 3° les acides forts (HCl) liés faiblement à des bases faibles : albumine, créatine, créatinine, etc. Nous nous sommes dit au début de nos recherches que, si la muqueuse gastrique possède une puissance réflexe pour équilibrer l'acidité du suc, il sera de la plus haute importance de pouvoir estimer l'acidité globale de ce suc, telle que les fibres sensibles de la muqueuse doivent l'apprécier. Pour beaucoup de raisons, la meilleure mesure de cette acidité ne peut être, dans nos connaissances actuelles, que l'acidité absolue, titrée à la soude. Nos courbes sont toujours exécutées après les sondages successifs d'une même digestion, de sorte que les erreurs, si erreurs il y a, sont réduites à leur minimum. Au reste, aucune de nos conclusions n'est basée uniquement sur les oscillations de l'acidité absolue. Celle-ci n'en reste pas moins, comme Hayem et WiNTER l'ont cru, un guide important pour l'expérimentateur. Pour le dosage de l'HCl libre, nous avions le choix des multiples méthodes usitées jusqu'à présent, mais pour nous il n'en est aucune qui soit aussi avantageuse que celle de Winter et Hayem (t). C'est la seule qui permet de doser commodément le chlore sous ses ti'ois formes : a) Cl uni au métaux (NaCl, KCl, Cad,, etc.) : c'est le chlore fixe = F. b) Cl uni à des substances organiques (albumine, bases organiques, chlorure d'ammonium) : c'est le chlore combiné = C. c) CI uni à H : c'est l'acide chlorhydrique libre = H. La valeur de la méthode pour la détermination exacte de H a été vivement discutée. Winter a résumé comme il suit les conclusions de ce débat (2). 1° Cette méthode est très approximative et aucune autre n'est exacte. (i) Du (/limisme stomacal; Paris, iSgi. (2) Deutsch, med. Wochenschr., 1892, n" 21 et 22. LES SECRETIONS GASTRIQUES 43 2° Il y a des causes d'erreur en sens divers, toutes agissant très fai- blement dans l'estomac et qui deviennent de nulle importance, si on ne compare que les sondages de la même digestion. Qu'on nous permette de faire ici quelques remarques personnelles. On sait que la méthode de Winter se base sur ce fait que l'HCl libre est chassé par l'évaporation prolongée à sec au bain-marie. Nous avons toujours eu soin de prolonger cette évaporation pendant 6 heures au moins, de la faire en même temps pour les différents échantillons d'une expérience et de re- dissoudre le résidu à l'eau distillée une fois au moins dans le cours de l'évaporation. Nous avions craint que cette évaporation ne fût incomplète dans cer- taines conditions défavorables, p. ex. la viscosité du liquide. Pour le vérifier, nous avons fait une solution de glycose concentrée, lo o/o, additionnée d'HCl, 0,4 0/0. Nous l'avons traitée comme le suc gastrique : il n'y avait plus de chlore dans la masse, sinon des traces non titrables. La viscosité du liquide a donc peu d'influence. KossLER objecte que les phosphates de soude monométalliques, NaHjPO^, évaporés en présence de CaCl„ mettent en liberté de l'HCl, qui se dégage. L'auteur, d'après nous, oublie que dans ces conditions -il doit se former de l'HCl libre avant toute évaporation, grâce au coefficient de ■ décomposition. Il y a d'autres causes d'erreur qui résident en partie dans la présence de la créatine et d'autres composés analogues. Le chlorhydrate de créatine ne bleuit pas le papier Congo; il représente du chlore combiné sous forme de sel. Si on soumet ce corps à l'évaporation, cet HCl se dégage et il ne reste que de la créatine. Cet HCl serait compté comme libre dans la mé- thode de Winter. L'erreur est réelle, mais, pour l'organisme, de l'HCl aussi facilement détachable équivaut à de l'HCl libre. En somme, la méthode de Winter rencontre le meilleur crédit dans les laboratoires des chimistes proprement dits en Allemagne. Il n'est guère possible d'en espérer une plus exacte. Les évaporations faites comme Winter l'indique, il ne reste plus qu'à doser le chlore dans le résidu incinéré. Ce dosage peut se faire très exacte- ment, soit par la pesée, soit par le titrage au moyen du sulfocyanure de potassium, KCNS, et des sels ferriques comme indicateurs. Winter avait lui-même employé d'abord la méthode plus expéditive 44 A. VERHAEGEN ' au bichromate de potassium (procédé de Mohr;. On s'étonne de voir les auteurs reprocher à la méthode de Winter des erreurs inhérentes à ce mode de titrage du chlore. . Les procédés de titrage du chlore ne sont pas nés d'hier et ne constituent qu'une partie accessoire de la méthode. Aussi nous avons eu soin de nous en tenir exclusivement au titrage absolument rigoureux par le sulfocyanure, Nous avons vérifié avec quel minimum de suc on peut expérimenter et nous avons trouvé qu'avec cinq centimètres cubes notre première déci- male pour mille était juste, la seconde n'était pas constante. Il peut y avoir une erreur de 0.06 0/00. Nous avons fait des essais avec la méthode rivale de Môrner-Sjôckvist en pesant le sulfate de baryum. Elle n'est pas plus expéditive, certainement pas plus exacte et donne des renseignements insuffisants. La méthode de Mintz, qui titre à la phloroglucine-vanilline par neu- tralisation progressive, nous a donné des résultats si capricieux que nous n'avons pas osé nous y fier. Schule s'en sert exclusivement dans son récent travail. Peut-être qu'avec de l'habitude on arrive à moins de variations. Nous nous demandons toutefois si les auteurs, qui compareraient systéma- tiquement les colorations obtenues avec des échantillons du même liquide, ne rejetteraient pas comme nous cette application du Gunzburg. Nous craignons en outre que la méthode ne donne souvent des chiffres beaucoup trop élevés en présence du chlore combiné. Schule obtient des acidités précoces qui étonnent. L'expérience que BouvERET (i) objecte à Winter prouve ou bien que Winter donne des chiffres trop faibles pour l'HCl libre, ou bien que Mintz en donne de trop forts. Nous croyons plutôt à la seconde alternative. Nous ne critiquons pas Schule de son choix. L'essentiel est de tou- jours suivre exactement la même méthode pour obtenir des résultats comparables. Mais nous tenons à dire que si la méthode de Winter est plus laborieuse, elle nous paraît la plus sûre et avec le minimum de suc gastrique elle donne le plus grand nombre de renseignements. (1) BouvERET : Traité des maladies de l'estomac; Paris, 1893. LES SECRETIONS GASTRIQUES 45 EXPÉRIENCES PERSONNELLES. Préliminaires. Nous avons abordé notre sujet en étudiant, d'une part des sujets sains et d'autre part des malades réputés hyperchlorhydriques. Plusieurs raisons nous ont engagé à mettre les sujets normaux à forte contribution. D'abord le chemin est entièrement à déblayer : nos connaissances sur les facteurs intimes de la sécrétion gastrique normale sont encore très élémentaires ; comment alors se retrouver dans les troubles pathologiques? Aussi, en s'adressant directement à des gastriques, on est bien vite découragé. Les résultats isolés sont peu comparables; l'état subjectif des malades se modifie rapidement sous l'influence du traitement, souvent même sans cause saisissable; de plus, on ne peut les sonder aussi souvent qu'on le voudrait. Nous aurons l'occasion, à la fin de notre travail, de parler d'une série d'observations recueillies chez des malades, observations qui s'éclairent par les connaissances acquises dans l'étude des individus normaux. "Voici quelle a été la méthode suivie : Observer d'abord, sans intervenir, le fonctionnement de l'estomac sain; suivre passivement les péripéties de son acidité. Puis, créer une difficulté, p. ex. une superacidification ou une alcalinisation, une surcharge, etc. Voir comment l'estomac triomphe de l'obstacle ou succombe à la surprise. Si cette méthode réussit à mettre en évidence une puissance nouvelle de l'estomac, nous pouvons examiner des malades pour constater s'ils ont con- servé, perdu ou aiguisé peut-être telle ou telle arme contre le trouble funeste. Le chemin est long, mais paraît sûr. Il y a longtemps que nous con- naîtrions à fond les affections gastro-intestinales, s'il avait suffit d'aller droit au but. Dès le début de nos recherches, nous avons trouvé entre les personnes absolument saines des différences beaucoup plus grandes encore que ne l'avaient soupçonné Cahn, von Mehring, Penzoldt et Winter. Nous nous sommes mis nous-méme à contribution; des amis se sont mis à notre disposition avec une bienveillance pour laquelle nous les remer- cions de tout cœur. Parmi les quatre sujets qui se sondaient régulièrement et sans diffi- culté, nous avons eu la chance de rencontrer : 1° un hyperchlorhydrique des mieux caractérisés; 46 A. VERHAEGEN 2° un hypochlorhydrique tout aussi manifeste; 3° deux sujets intermédiaires qui répondent au type d'acidité qu'on considère comme normal. • Nous les appellerons respectivement : le superacide, le subacide, le moyen I et le moyen II (i). Or, ceci est du plus haut intérêt : les trois premiers sujets n'ont jamais présenté de trouble gastrique. Le superacide semble avoir l'estomac le plus solide : jamais ni malaises, ni crampes, ni indigestion; il peut se permettre des excès de travail et de boisson qui dérangeraient bien des personnes. Nous n'avons relevé chez lui qu'un appétit assez vif quatre ou cinq heures après son dîner, moment où son estomac se vidait. Le subacide, très étonné de son état, a déclaré aussi n'avoir jamais eu à se plaindre de l'estomac à travers les circonstances les plus variées de sa jeunesse. Le moyen I a peut-être l'estomac un peu plus sensible. Il ne tolère ni de grandes quantités de boisson, ni de grandes quantités d'aliments in- digestes; mais il n'a guère plus d'une indigestion par an, vite vaincue par quelques jours de régime. Le moyen II nous a été présenté, il y a plus d'un an, comme gastrique hyperchlorhydrique avec douleurs; il était déjà habitué à la sonde. C'est un sujet vigoureux et depuis de longs mois il n'a plus eu que de temps à autre de légers malaises. Aucun des quatre n'a l'estomac dilaté. Nous verrons par la comparaison des expériences faites sur eux que nos dénominations sont parfaitement justifiées. Nous ne mettons pas sur le même rang un cinquième sujet parfaite- ment bien portant qui s'est sondé pendant quelques jours. Nous n'avons de lui que quelques expériences qui révèlent un subacide bien tranché, subacide II, ce qui fait sur cinq sujets sains, deux moyens, un superacide et deux subacides. Estomac à jeun. (2) Le moyen I seul a constamment l'estomac vide en dehors de la digestion. (i) Los mots hyperacides, hypoacides sont hybrides et incorrects. (2) Pour la clarté de Texposition, nous évitons d'encombrer le corps du mémoire par trop de chiffres et d'expériences. Le Protocole, annexé au travail, en constitue pour ainsi dire une répétition en chiffres. Nous avons tenu à rendre celte première partie aussi claire que possible. LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 47 Il en donne la preuve pérenaptoire par l'expérience suivante : il boit cinquante centimètres cubes d'eau et les retire intégralement deux minutes plus tard sans modification de la quantité ou de la transparence ; à peine un crachat salivaire surnage. Le superacide, le matin à jeun, n'avait jamais l'estomac entièrement vide; le fait a été observé dans plus de cinquante sondages ; ce sujet rendait de lo à 35 centimètres cubes d'un liquide toujours acide et bleuissant nette- ment le papier Congo. L'acidité absolue, recherchée dans plus de la moitié des cas, oscillait de 0.75 à 3.3 pour mille. Les moyennes habituelles étaient de 1.46 à 2.4. L'acide chlorhydrique, dans les six cas où on l'a dosé, variait de 0.2 à 2.1 0/00. La couleur du suc était quelquefois incolore, le plus souvent verte ou jaune, mais verdissant à l'air et donnant la réaction de Gméun (bile); il ne présentait jamais de résidu alimentaire. (Voir les exemples au protocole, Tableau L) Cependant, on ne devrait pas en conclure que ce sujet ne vidait jamais complètement son estomac. Immédiatement après la fin de la digestion d'un diner ou d'un déjeuner, son estomac était vide, à quelques gouttes près; celles-ci étaient toujours acides et réagissaient fortement au papier Congo. Cet état ne persistait pas longtemps. Une heure plus tard, la sonde ramenait déjà au moins cinq centimètres cubes de suc. Ex. : 18 Mai 1895. 20 minutes après la fin de la digestion du déjeûner d'expérience, la sonde ne ramène plus rien, mais bleuit intensément le papier Congo. 90 minutes plus tard, le sondage donne 12 ce. de liquide. Acidité absolue : 1.02 0/00. H Cl libre : 0.4 0/00. Le subacide aussi n'avait jamais l'estomac vide le matin à jeun, mais son suc était absolument neutre. La quantité de suc était assez variable; sur une dizaine de sondages effectués, nous avons trouvé deux fois environ 80 ce, une fois 35 ce, les autres fois les quantités variaient de 20 à 25 ce. Le liquide incolore, mu- queux, a donné deux fois la réaction de Gmélin. Il n'y avait jamais de résidu alimentaire. Avant le dîner et le souper, la sonde retire un liquide analogue, moins abondant (15 à 20 ce). Le moyen II fournit des résultats variables. D'une manière générale, on doit le considérer comme ayant l'estomac vide à jeun. 48 A. VERHAEGEN Sur quatre sondages pratiqués le matin, nous trouvons deux fois l'es- tomac absolument vide, la sonde ne réagissant ni au Congo, ni au tourne- sol; une fois, elle ramène,- avec effort, 5 ce. de suc neutre ; enfin la dernière fois, elle a donné 8 ce. de suc acide réagissant au Congo. L'analyse de ce dernier cas a donné : Acidité absolue : 1.57. HCl libre : 0.6. Après le déjeuner, nous avons trouvé deux fois l'estomac vide, la sonde ne réagissant pas au Congo. Ces données si différentes d'un sujet à l'autre constituent un premier indice de la variabilité de la sécrétion gastrique à l'état normal. Première période de la digestion Le fait signalé par Penzoldt qu'une quantité plus abondante d'un même aliment retarde fort l'apparition de l'HCl libre tend à prouver que l'estomac n'est pas à même de proportionner sa sécrétion à la quantité des aliments reçus. L'apparition plus ou moins précoce de l'HCl libre n'est cependant pas une mesure rigoureuse de l'abondance de la sécrétion. Nos expériences le démontreront. Il était important pour nous de vérifier cette donnée des élèves de Penzoldt, aujourd'hui que les méthodes de dosage quantitatif méritent suffisamment la confiance. Le dosage de l'acidité absolue est, croyons-nous, une mesure assez exacte de l'importance de la sécrétion. En effet, l'acidité absolue du début d'une digestion normale est causée : 1° par les acides organiques que l'HCl chasse équivalent pour équivalent ;' 2° par l'HCl qui se lie aux albumines et qui se décèle presque inté- gralement au titrage par la soude (1); 3° par l'HCl entièrement libre, s'il y en a. Nos anal3^ses confirment la thèse de Penzoldt. Remarques. 1° Pour éviter des erreurs faciles à saisir et obtenir des résultats comparables, la nature des aliments doit être la même dans les diverses expériences ; la quantité seule doit varier. (I) Peu d'albumines acides, de syntonines et de peptones masquent le caractère acide des équivalents acides auxquels elles sont unies. Voir HoppeSeiler, Handbuch fur chemische Physiologie et Hammar- STEN, Lehrbuch der physiologischen Chemie. LES SECRETIONS GASTRIQUES 49 20 II faut comparer l'acidité absolue avant l'apparition de l'HCl libre, parce qu'un autre facteur, la dilution, peut intervenir à ce moment. Dans notre protocole, expériences n° 25 à 29, tracés 1, 2, 3, nous don- nons les chiffres de cinq expériences très comparables du moyen I. Notre conclusion est que : L'ascension de la courbe correspondant à l'acidité absolue est plus lente à mesure qu'on augmente la quantité des aliments. Exemples : 1° Quantité d'aliments habituelle : 120 gr. de pain -f 250 ce. de café au lait (3/4 café, 1/4 lait). Après I heure, ac. abs. = 1.2. Réaction au Congo, nulle. Après 2,15 h., ac. abs. = 2.6. Réaction au Congo, faible. 2° La moitié de la précédente ration alimentaire (45 gr. de pain + 90 ce). Après I heure, acidité absolue =1.9. HCl libre = o.5. 3° Surcharge alimentaire (180 gr. -|- 300 ce). x\pi"ès I heui^e, acidité absolue = 0.7. Réaction nulle au Congo. Après 2.30 h., acidité absolue = i.5. Réaction nulle au Congo. Les courbes du moyen II sont tout aussi caractéristiques. (Voir pro- tocole, tableau II, n°^ 32, 33 et 34, tracés 4, 5 et 6). Nous n'insistons pas davantage sur ce phénomène ; il paraît d'ailleurs se vérifier par l'ascension si lente de l'acidité absolue des grands repas, malgré la diversité des aliments. Même le superacide n'atteint qu'après des heures et progressivement son acidité maximale. (Voir au protocole le ta- bleau II, n°s 30 et 31.) Comme Schule le remarque dans son récent travail, la première pé- riode de la digestion stomacale devient suffisamment claire. Elle consiste dans une acidification régulièrement progressive du contenu. Nous ne nous y attarderons pas. C'est au moment où elle atteint son maximum, qu'il convient de re-" chercher comment l'estomac lutte contre les menaces de superacidité. Hayem(i) représente la courbe de l'acidité absolue comme légèrement descendante dans la deuxième période de la digestion. (i) Revue des sciences médicales, iSgS. 50 A. VERHAEGEN Penzoldt(i) a constamment observé la disparition de l'HCl libre un quart d'heure avant la fin du repas. ScHilLE (2) indique dans la plupart de ses tableaux une diminution de l'acidité absolue survenant à la fin du repas, diminution qui ne va cependant jamais jusqu'à zéro. Cet abaissement de l'acidité absolue n'a pas fixé davantage l'attention de ces observateurs; ils ne se demandent pas quelle pourrait en être la cause. Ce sont là les seules indications que nous trouvons dans la littérature au sujet d'un phénomène intéressant, que nous allons étudier plus en détail dans le chapitre I. CHAPITRE I. La chute finale. Un de ses grands facteurs. Dans les repas copieux habituels, les oscillations de l'acidité absolue ne sont pas aussi faciles à interprêter qu'on le croirait d'abord. Après l'as- cension graduelle de l'acidité, il arrive une période caractérisée par des oscillations légères, ou par la persistance d'un degré d'acidité à peu près constant; puis survient une chute rapide. (Voir au protocole les courbes complètes du super acide et du moyen II, tableaux VIII et X, n°^ 78 à 87 et 95 à 98, tracé 13.) Dans les repas légers, la courbe est fort simplifiée par l'absence de cette période intermédiaire et c'est là que le mécanisme de la chute finale doit être étudié. Il importe avant tout de prouver clairement les points suivants : 1° La fin dune digestion normale est marquée par une chute rapide de l acidité absolue. 2° Cette chute rapide n'est pas le résultat d'une neutralisation, mais d'une dilution. 3° La production de l HCl libre n'est pas arrêtée pendant cette période, mais la dilution la domine. Il en résulte que, malgré une augmentation de l'HCl libre, il y a diminution de l'acidité absolue. Première série de preuves. Elles sont fournies par les très nombreuses courbes données par les deux moyens et le superacide. (Voir les tableaux III, IV, V, VII, VIII, X, tracés 7, 8, 9, 10, 11 12 et 13.) (i) Loc. cit. (2) Loc. cit. LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 51 La faible acidité du subacide, l'absence complète d'HCl libre et com- biné ne nous ont pas permis de mettre ce sujet à contribution. Nous sommes parvenu, après quelques tâtonnements, à saisir exacte- ment le moment de cette chute intéressante, tant pour les repas abondants que pour les repas légers. Voici quelques exemples tirés de notre protocole, n°^ 40, 42, 49 et 97. Moyen I. i) 180 gr. de pain + 300 ce. de café au lait. Après 4 h., Acid. abs.=3.3; HCl=o.54; Comb.=2.33; Fixe=i.45. Après 4 h. 30', Acid. abs.=2.4; HCl-=o.74; Comb.=i.6; Fixe=i.6, 2) 2 œufs durs + 500 ce. d'eau. Après 2 h., Acid. abs. = 2.5; HCl = o. Après 2 h. 30', Acid. abs. = 1.7; HCl = 0.44. Superacide . 3) 150 gr. de pain -f 225 ce. de café au lait. Après 2 h. 45', Acid. abs. =3, 5; HCl=i.2; Comb.=2.i; Fixe=i.2. Après 3 h. 05', Acid. abs. =3. 2; HCl=i.9; Comb.=i.2; Fixe=i.2, Après 3 h. 25', Acid. abs. =2. 3; HCl=i.3; Comb.=i; Fixe=i.7. Moyen II. 4) 100 gr. de pain -f 100 ce. de café au lait. Après 2 h., Ac. abs. = 2.55; HCl = 0.54. Après 2 h. 20', Ac. abs. = 1.68; HCl = o.i. Cette chute de l'acidité absolue peut à la rigueur s'expliquer par les trois hypothèses suivantes : il y a eu ou bien une neutralisation; ou bien une résorption élective d'un produit acide ; ou bien une dilution. Une neutralisation doit fixer l'acide le plus fort, l'HCl libre, et pro- duire une diminution de celui-ci et une augmentation proportionnelle du combiné ou du fixe. Dans quelques exemples, nous voyons ces modifications se produire dans une certaine mesure, mais jamais suffisamment pour expliquer la chute de l'acidité absolue. Dans la plupart des cas, au contraire, nous constatons les phéno- mènes inverses : l'HCl libre augmente, le combiné diminue, le fixe reste 52 A. VERHAEGEN stationnaire ou monte légèrement (i). Il ne peut donc y avoir eu de neutralisation. Une résorption élective d'un produit acide devrait, pour influencer la composition du suc, se faire sans entraîner toute l'eau dans laquelle il est dissous. On peut faire cette supposition pour le Cl combiné. Mais pour qu'elle soit admissible, il faudrait qu'elle représente au moins la diminution de l'acidité absolue, plus une quantité correspondante à l'augmentation de l'HCl libre. Par exemple dans la 2^ expérience citée à la page précédente, il faudrait une résorption équivalente au moins à 0,8 + 0,44 de HCl. Quelques exemples pourraient s'accommoder, à la rigueur, de cette interprétation. Pour le plus grand nombre, elle ne tient pas debout. Nous constatons des chutes très rapides de l'acidité absolue, sans diminution et même avec augmentation du combiné (voir les exp. 46 et 48 du tableau YV). Nous n'insistons pas plus longuement sur ce point, parce que les preuves subséquentes font complète justice de cette supposition invrai- semblable. La dilution par une sécrétion neutre, probablement muqueuse, inter- venant activement, nous permet seule d'interpréter les faits suivants : 1° l'abaissement de l'acidité absolue; 2° la diminution du combiné : cette diminution n'est pas dans un rap- port constant avec la diminution de l'acidité absolue. Il existe en effet deux causes modificatrices, une pour l'acidité absolue, qui est la production d'HCl libre, une autre pour le combiné, qui est la formation de nouveau combiné; 3° les variations de l'HCl libre, qui le plus souvent augmente, d'autres fois reste stationnaire ou bien diminue. L'HCl continue à être sécrété et, comme il n'est plus que faiblement lié par les albumines, il reste libre et tend à s'accumuler. Cette accumulation est combattue par la dilution. Suivant que celle-ci intervient avec plus ou moins d'énergie et que, d'autre part, l'HCl est élaboré avec plus ou moins d'abondance, on aura une diminution ou plus souvent une augmentation de cet acide. Ainsi p. ex., dans l'expérience tableau IV, n" 49, l'acidité absolue descend en un quart d'heure de 0,0 0/00; il y a une diminution apparente de l'HCl libre de 0,5 0/00. (i) Les chlorures font partie intégrante de toutes les sécrétions dans des proportions oscillant autour de la concentration de la liqueur physiologique. 11 est probable que la sécrétion neutre diluante de l'estomac n'y fait pas exception. De là, les allures variables du fixe. LES SECRETIONS GASTRIQUES 53 D'autre part, au cours de nos expériences, il nous est arrivé plusieurs fois de croire, d'après les caractères physiques du suc ramené par la sonde, que la dilution s'était produite. A l'analyse, nous ne trouvions guère de modification notable de l'acidité absolue. Mais dans tous ces cas, nous constations une forte augmentation de l'HCl libre. C'est ainsi qu'on peut parler de dilution finale, quoique l'acidité absolue reste stationnaire; elle est masquée alors par une forte production conco- mittante d'HCl libre. Voir au protocole le tableau V, tracé il. 4° Elle nous explique les faits en apparence contradictoires observés par Penzoldt et Schule. Le premier constate constamment une dispari- tion de l'HCl libre, un quart d'heure avant la fin du repas. SchUle n'a jamais constaté cette disparition. Il est probable, il est certain même, que le pouvoir diluant de l'estomac, tout comme la sécrétion acide, présente des différences individuelles. Sup- posons un sujet avec faible sécrétion chlorhydrique et forte sécrétion diluante. Il y aura à la fin du repas affaiblissement, finalement disparition de la réaction au papier Congo. C'est le cas pour notre moyen II. La sécrétion acide est assez peu développée chez lui, ce qui est surtout manifeste quand on considère ensem- ble l'HCl libre et le combiné. Son pouvoir diluant est très fort. Dans l'ex- périence du tableau X, n° 98, l'acidité absolue descend en une demi-heure de 4 0/00 à 2 0/00. Dans ces conditions, la sécrétion chlorhydrique a le désavantage; l'HCl diminue et au sondage suivant il n'y a plus de réaction au Congo. Intensité. Pour juger de l'intensité de la dilution, il ne suffit pas, nous l'avons déjà dit, de tenir compte de l'abaissement de l'acidité absolue. Il y a un second facteur important qui entre en jeu : la production permanente d'HCl, qui tend constamment à élever l'acidité. Étudions spécialement un de ces cas. (Protocole, tableau III, n° 42, tracé 8). Le moyen I prend deux œufs durs bien mâchés. Après deux heures, l'acidité absolue est de 2.5 0/00; l'HCl libre existe, mais à l'état de .trace non dosable quantitativement. Une demi-heure plus tard, il s'est formé an moins 0.44 d'HCl libre. De ce chef, l'acidité absolue aurait dû monter dans la même proportion. Elle est au contraire tombée de 2.5 à 1.7 o/no. 54 A. VERHAEGEN Tous calculs faits, la dilution a été assez forte pour produire une chute réelle de l'acidité absolue de 3.1 environ à 1.7, c'est-à-dire qu'elle a presque doublé le volume de la masse alimentaire (i). L'intensité de la dilution est variable d'un sujet à l'autre, comme la sécrétion acide elle-même : chez le siiperacide, elle semble la plus forte, ce qui est à rapprocher d'autres faits que nous signalerons plus loin. Durée. La durée de la dilution varie aussi : en moyenne une demi-heure pour les petits repas, une heure pour les repas copieux. Le débutant qui cherche cette période est exposé à ne la saisir qu'in- complètement, au moins dans les petits repas. Quelquefois, le premier son- dage se fait trop tôt, lorsque l'acidité absolue n'a pas encore atteint son point critique. Au second sondage, on ne trouve plus qu'un abaissement minime de l'acidité absolue et au troisième l'estomac est vide. Dans ces cas, l'analyse de l'HCl libre et du combiné montre qu'on a saisi le début de la période finale. L'expérience du tableau III, n° 3g, en offre un exemple. Entre les deux premiers sondages, on ne constate pas de différence dans l'acidité absolue. Pourtant la dilution a commencé, car nous trouvons, la seconde fois, une augmentation de 0.3 d'HCl libre et une diminution de 0.4 de com- biné. Si ces deux sondages avaient été pratiqués un quart d'heure plus tard, nous aurions probablement trouvé ceci : Après 2 h. 15', Acid. abs. = 2.8; HCl = 0 ou o.i ; Comb. = 2 ou 2.2 ; Après 2 h. 45', Acid. abs. = 2.36; HCl = 0.57; Comb. = 13.8; c'est-à-dire une chute finale typique. La plupart des tableaux de Schule pourraient se ranger dans cette catégorie. Son attention n'ayant pas été attirée de ce côté, il n'a pas serré le phénomène de plus près. Nous croyons que Schule trouvera les mêmes faits de dilution en variant quelque peu ses sondages, car son Bauer ressemble, pour autant qu'on peut en juger, à notre superacide et son Krause à notre moyen II. Au moment où la dilution finale commence, il faudrait attendre plus de quinze minutes pour mieux apprécier les différences. (1) Nous ne pouvons pas nous étendre sur ce calcul purement théorique; il n'aurait de valeur qu'en supposant la dilution toujours la même et le contenu stomacal invariable pendant toute sa durée, ce qui n'est certainement pas. LES SECRETIONS GASTRIQUES 55 Un critique sévère pourrait trouver insuffisant l'argument fourni par nos tableaux. Nous croyons qu'il ne peut refuser son assentiment aux preuves expérimentales de la seconde série et aux constatations directes de la troisième. Deuxième série de preuves. Les expériences suivantes consistent à provoquer des superacidifications artificielles de l'estomac. Voici comment nous avons procédé. Au moment où l'acidité absolue va atteindre son maximum, nous introduisons dans l'estomac une solution, soit d'HCl, soit d'acide acétique, suffisamment concentrée pour augmenter le taux de l'acidité. Or, nous constatons ce fait étonnant, qu'après quelques minutes, au lieu de s'élever, l'acidité absolue a diminué. L'expérience suivante a. été la première qui nous a éclairé au sujet du mécanisme de la chute finale. Le moyen I prend un déjeuner de i8o gr. de pain + 300 ce. de café au lait. Après 3 h. 3/4, Acidité abs. = 2.33; HCl = 0,4. Il boit alors 50 ce. d'HCl à 2,8 0/00. 25 min. après, Ac. abs. = 1.7; HCl = 0.6. Ces chiffres sont assez clairs. Remarquons que le moyen I reconnaît exactement quand son estomac est vide et qu'il termine toujours ses diges- tions en l'évacuant complètement : il s'agit donc bien de la dilution du même repas. Dans notre protocole, nous donnons d'autres exemples fournis par le même sujet et par les trois autres; protocole tableau, VI : super- acidifications. Remarque. Qu'on nous permette ici une petite digression. Quand la potion acide est prise trop tôt, pendant la période ascendante de la diges- tion, avant que le maximum critique du repas ne fût atteint, cet acide s'additionne simplement à la sécrétion physiologique. L'estomac en profite pour augmentersoncapitalacide. Voirau protocole, tableau VI, les n^^ 64 et 69. Pourtant l'inspection des courbes montre qu'il n'est pas nécessaire d'attendre la fin de la première période; il suffit de dépasser artificiellement le maximum critique, pour voir la réaction se produire. Celle-ci est d'autant plus forte qu'on a augmenté davantage l'acidification. Troisième série de preuves. Les caractères extérieurs du suc ramené par la sonde, la consistance et la couleur, fournissent de nouvelles preuves pour appuyer notre manière de voir. 56 A. VERHAEGEN 1° La consistance. Pendant toute la période d'augmentation acide, le chyme reste épais. Avec la chute de l'acidité absolue coïncide une liqué- faction des plus évidentes.. Par le repos, les parties solides se déposent et une couche liquide, transparente, surnage. Celle-ci est d'autant plus abon- dante que la dilution est plus forte, de sorte que, avec un peu d'habitude, on arrive à apprécier, avant tout examen chimique, si la dilution s'est déjà produite ou non. 2° La couleur du suc filtré. Les variations de la couleur sont très apparentes, quand on prend des repas qui colorent le suc, tels que les dé- jeuners au café. Le suc est brun au début et reste tel en s'éclaircissant très légèrement pendant toute la première période. Ensuite, il devient tout à coup jaune, puis pâle, presque incolore. (Voir les explications qui accompagnent les tableaux.) Malgré les objections qu'on pourrait faire à ces phénomènes de liqué- faction et de décoloration, ces faits sont si rapides et si frappants qu'on se rend à l'évidence à l'inspection de deux échantillons retirés à propos. Les deux moyens surtout montraient les modifications les plus tran- chées dans les qualités physiques, entre les deux périodes. Chez le superacide, le suc perdait déjà de sa consistance pendant la pre- mière période et le liquide filtré s'éclaircissait légèrement (influence de l'abondance de la sécrétion acide). Toutefois, à la seconde période, les mo- difications se faisaient beaucoup plus rapidement. REPAS COPIEUX. La courbe des petits repas est très simple. Ainsi, p. ex., dans l'expé- rience du superacide (protocole, tableau VIII, n^ l'a), qui prend i8o gr. de pain -)- 225'cc. de café au lait, la durée de la digestion est de 3,35 heures; la période d'ascension dure environ trois heures et est immédiatement suivie de la période de chute : la courbe est angulaire. Quand le repas est copieux, les phénomènes deviennent plus compli- qués. Les faits que nous avons recueillis nous permettent d'entrevoir avec beaucoup de probabilité les phénomènes qui se passent. § I. Expérience préliminaire. Nous reproduisons d'abord une expérience qui nous a mis sur la voie. LES SECRETIONS GASTRIQUES 57 Le moyen I prend 120 gr. de pain + 100 ce. de café au lait. Après 2.i5 11., il se sonde et ramène un suc assez fluide. L'acidité absolue est de 2.63 0/00; la réaction au Congo est faible. La dilution va commencer. Il prend alors un œuf dur finement mâché, pour que le mélange avec le chyme s'opère facilement. Nous nous attendions à voir l'acidité augmenter et la dilution s'arrêter. Nous savons, en effet, que les œufs provoquent une forte sécrétion d'HCl. Or, voici ce que nous trouvons. 45 min. après avoir pris son œuf, notre sujet se sonde et ramène un suc épais, hlanc, sans pain. La réaction au Congo est nulle. Acidité absolue = 1.9. Après So minutes, le sondage ramène un suc abondant qui donne une réaction très nette au Congo. x\cidité absolue = 2.85. L'estomac a donc achevé sa première digestion, puis la digestion de l'œuf a évolué comme s'il n'avait pas été mélangé au premier repas. § IL Existence de dilutions successives. Les expériences du super acide reproduites dans le tableau VII, la courbe complète du tableau VIII, n^Sy, ainsi qu'une expérience du moyen II, tableaux, no96, montrent parfaitement l'analogie qu'il y a entre deux repas se superposant et un repas un peu trop abondant pour que la digestion se fasse en une fois pour toute la masse. Prenons deux exemples : I. 100 gr. de pain + I25 ce. de café au lait. Protocole, n° 74, fig. 12. Après 2 h. 2.i5h. 2.3o h. Suc non filtré relativ. épais Suc filtré brun Suc non filtré dilué Suc filtré jaune Suc non filtré épais Suc filtré brun Suc non filtré liquide Suc filtré jaune AC. ABS. TOTAL 3 55 3.56 3.28 3 6 3.8 432 2.9 3.94 1.5 1.74 1.38 COMB. I .15 0 .6 I 74 0 72 o85 1.26 I 2 1.32 2.55 h. i^ r.. . ■ 2.0 3. 04. 1.9 IL 2oogr.deviande-(-i3ogr. de pain + I verre d'eau. Protocole, n°75. Après î3 h. » 3.3oh. 1) 3.5oh. )) 4.10 h. » 4.3g h. suc NON FILTRE SUC FILTRE Liquide Très liquide Plus épais Moins épais Très liquide Incolore » I) 1) AC. ABS. TOTAL 4.3 4.38 4.1 4.26 4.45 4.67 4.12 4.28 3.35 3.3 O.lb 0.76 0.57 1.25 0.8 COMB. 2 4 2.12 2.6 2 1.25 FIXE I.S 1.38 2.5 I 1.25 58 A. VERHAEGEN Chacun de ces tableaux peut être divisé en deux périodes. La dernière montre une dilution évidente; il est inutile d'insister sur ce fait. Analysons la premiière période. Nous y trouvons une diminulion de l'acidité absolue, du total et du combiné, une aiiginentation de l'HCl libre, une diminution de la consistance et un changement de couleur du suc. Ce sont là les caractères essentiels de la dilution. Ces modifications ne sont pas aussi prononcées que dans la dernière période^ parce que la dilution s'efifectue en présence d'une masse beaucoup plus considérable que la seconde fois. De plus, si dans ces cas, surtout dans le premier, le premier sondage avait été pratiqué 5 ou lo minutes plus tôt, l'effet aurait été, croyons-nous, plus marqué. Notons surtout ce fait qu'après la première dilution, l'acidité absolue, le total et le combiné augmentent et cela dans une proportion plus forte qu'au début de la première période; et que la consistance et la couleur initiales se reproduisent. Cela dénote évidemment que la dernière portion a con- tinué à s'imprégner de suc acide et n'a point subi l'effet de la dilution. Ces expériences sont tout à fait typiques. Dans d'autres, il y a un ou deux facteurs qui manquent, p. ex. l'acidité absolue ou le combiné qui ne diminue pas. La cause en est facile à saisir. § IIL Sondages doubles. Nous croyons donc que la digestion d'un grand repas s'opère comme il suit. L'estomac distendu reste à peu près immobile. Les aliments s'im- prègnent de suc gastrique; l'acidité s'élève graduellement, mais inégale- ment dans les diverses portions du bol. Dans la portion pylorique, elle est toujours plus élevée, ce qui peut s'expliquer par la forme seule de cette région. (Voir dans le protocole certains exemples du tableau IX.) A un moment àon\\é,\'à partie du bol voisine du pylore se liquéfie et s'éva- cue dans l'intestin, tandis que le reste de la masse alimentaire ne subit guère de modifications. Ce phénomène se répète peut-être plus souvent que nous le supposons ; car, il ne devient bien apparent à l'exploration par la sonde que lorsque la masse alimentaire est sensiblement réduite. Alors, la dilu- tion contrebalance plus ou moins victorieusement la sécrétion acide. Cette hypothèse de dilutions successives, partielles, localisées dans la région pylorique de l'estomac, est corroborée par les deux faits suivants : les sondages doubles et l'observation directe sur le chien. LES SECRETIONS GASTRIQUES 59 Sondages doubles. Ces sondages ont été pratiqués en même temps à la région pylorique et au grand cul-desac. A cet effet, on pousse d"abord la sonde à fond et on fait refluer le liquide par une contraction modérée et graduée de la paroi abdominale. Puis, après avoir rapidement exprimé la sonde, mais sans la nettoyer, on la réintroduit 15 à 20 centimètres moins profondément. Une forte contraction de la paroi abdominale fait revenir le chyme du grand cul-de-sac. Nous donnons dans notre protocole plusieurs exemples de ces doubles sondages, fournis tous par le superacide. Reproduisons en deux. Protocole, tableau IX, n°^ 89 et 88. 1° I litre de lait, après 3 h. 1/2. Au cardia (1) : caillots assez gros; Ac. abs. = 4.75; Tôt. = 4.7; HCl libre = 0.5; Comb. = 3.4. Au pylore (i) : caillots finementdissociés; Ac. abs. =4.38; Tôt. = 4.6; HCl libre = i ; Comb. = 2.9. 2° 3 œufs en omelette -j- 60 gr. de pain. Au cardia : Ac. abs. == 4.9; Tôt. = 5.4; HCl libre = 0.2. Au pylore : Ac. abs. = 4.1; Tôt. = 4.8; HCl libre = 0.7. Nous constatons donc au pylore, par rapport au cardia, une diminu- tion de l'acidité absolue, du total et du combiné, avec augmentation de l'HCl libre, c'est-à-dire que nous y trouvons, au mâiue moment, les modifications du chlore et des caractères extérieurs^ que nous voyons se produire dans le cours d'une dilution. § IV. Observation directe sur le chien. Un chien, mis un jour à la diète, reçoit 200 gr. de viande et 200 gr. de pain mélangés intimement. Cette quantité, très considérable pour cet ani- mal, est avalée gloutonnement; 4 heures après, nous le sacrifions et nous trouvons l'estomac fort distendu par une masse uniforme, épaisse, conser- vant l'empreinte des doigts, sans HCl libre. Seule, la région pylorique contient une faible portion assez liquide pour couler. Le duodénum et l'intestin contenaient déjà une légère traînée alimen- taire, mêlée de bile; ce contenu intestinal était le plus liquide près de l'es- tomac et s'épaississait de nouveau à mesure qu'on s'éloignait du pylore. (i) Pylore et cardia : expressions abrégées pour désigner la partie pylorique et le grand cul de-sac de l'estomac. 6o A. VERHAEGEN Discussion. Notre manière de voir sur le mécanisme de la digestion des repas abondants ne s'appuie pas seulement sur les analyses et les obser- vations que nous venons de présenter, elle est d'accord avec les données fournies par d'autres expérimentateurs. Ces données sont les suivantes. 1° Le fait trop peu connu peut-être que l'intestin grêle, même après les repas les plus copieux, ne contient jamais qu'une fraction minime, 8 o/o environ, de la masse alimentaire en digestion. 2" Les opinions sur le mode d'évacuation de l'estomac, telles que Hammarsten(i) les résume, cessent de paraître contradictoires. Les auteurs, qui ont expérimenté avec une fistule gastrique non pylorique (Richet), ne constataient guère de modifications pendant les premières heures du repas. Ceux qui examinaient une fistule duodénale, Kuhne, von Busch, remar- quaient des évacuations fréquentes. 3° L'histologie du pylore et la nature de sa sécrétion. Heidenhain et Klemensiewicz n'admettent pas de sécrétion acide au pylore. Contejean et Fraenkel, il est vrai, y trouvent encore de l'HCl, mais ils ne l'ont pas dosé. Les glandes présentent d'ailleurs un aspect spécial, qui les a fait prendre un instant pour des glandes muqueuses. La vérité est peut-être entre ces deux opinions : la sécrétion du pylore, sans être entièrement dépourvue d'HCl, est peut-être surtout diluante. 4° Ellenberger et Hofmeister (2) ont prouvé que, chez le cochon, les sécrétions des différentes parties de l'estomac sont nettement diffé- rentes à un même moment de la digestion et dans les différentes parties de l'estomac ; qu'il y a, comme ils disent, des digestions locales : telle partie contient de l'HCl, telle autre de l'acide lactique, etc. 5° Enfin, VON Mehring(3) a trouvé que des solutions de peptone et de sucre provoquent la sécrétion gastrique au point que la masse qui s'é- coule par la. fistule duodénale est notablement plus considérable que celle qui a été introduite. On peut se demander si cet expérimentateur n'a pas surtout mis en activité le pouvoir diluant de l'estomac par l'action de ces substances ; car, remarquons-le, il a expérimenté précisément avec les pro- duits ultimes de la digestion. Nous ne pouvons cependant pas décider cette question ; il aurait dû faire une analyse minutieuse de l'HCl libre et du com- biné, pour constater s'il s'était produit un suc fortement acide ou non. (i) Hammarsten : Lchrbuch der physiologischen Chemie. {2) Fortschritte der Medicin, 1886. (3) Idem, 1893. LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 6l Conclusions du Chapitre I. Résumons-nous brièvement. Il existe dans l'estomac une puissance diluante qui joue un rôle im- portant à la fin de la digestion. Elle diminue l'acidité et rend la masse ali- mentaire qui va passer dans l'intestin beaucoup plus fluide. Cette puissance diluante est considérable et, comme nous ne trouvons pas de trace d'une neutralisation efficace, nous pouvons considérer la dilution comme le mo3'en naturel dont la muqueuse gastrique dispose pour lutter contre la superacidité. Dans les états pathologiques, comme nous le verrons plus loin^ nous pouvons utilement intervenir en imitant la nature. Chez les dilatés (insuf- sance motrice de Boas), ce réflexe diluant est peut-être très actif. Pendant la digestion des repas copieux, le jeu de dilution se fait et se répète fréquemment au pylore. Le chyme qui se trouve à ce niveau, dès qu'il est suffisamment préparé, subit la dilution, tandis que le reste de la masse alimentaire ne subit guère l'influence de toutes ces péripéties. En dehors de cette dilution, la portion pylorique se distingue encore par le fait qu'à son niveau l'acidité monte plus rapidement que près du cardia. CHAPITRE II. Influence des différents aliments sur la sécrétion acide. Nous avons voulu connaître l'influence de la nature des aliments sur la sécrétion acide de l'estomac. Tout le monde admet que, dès que la muqueuse gastrique est stimulée, elle produit de l'HCl en quantité variable. Boas etEwALD(ij, ayant trouvé de l'HCl libre après un repas d'amidon pur, n'ont pas poussé plus loin leurs recherches. Nous avons vu que les sujets de Schule sécrétaient aussi de l'HCl après l'ingestion de fécules. Nous aurions commis les mêmes erreurs, si nous avions examiné le superacide seul et même les moyens I et II, sans faire de dosage quantitatif rigoureux. Or/ sur cette question, nous avons eu la bonne fortune de découvrir toute une physiologie intéressante de la sécrétion acide, comme les expé- riences suivantes le montrent. (i) Loco citato. 62 A. VERHAEGEN i) Che{ le moyen I, l'ingestion même de grandes quantités de fécule de pomme de terre ne proi'oque aucune sécrétion chlorhydrique ou des traces seulement. Nous avons regretté que la fécule de pomme de terre ne lève pas et cuit en une masse dure, pierreuse. C'est certainement la fécule la moins souillée d'albumine. Premier exemple : loo gr. de fécule -(- 120 ce. d'eau distillée. (Proto- cole, n° 108.) Après 45', pas de réaction au Congo. Acid. abs. = 1.1. y> 60', pas de réaction au Congo. Acid. abs. = o.95. " 75', estomac vide. Le subacide a fourni naturellement de semblables résultats. Chez le moyen II, l'acidité est très faible. Deuxième exemple : 100 gr. de fécule. (Protocole, n° i3i.) Après 3o', Congo douteux. Acid. abs. = 0.68; HCl libre =0. y> 60', Congo marqué, pas fort. Acid. abs. = 0.95 ; HCl libre = o,3. » 90', Congo marqué, pas fort. Acid. abs. = 0.4; HCl libre = 0,4. « 120', Congo nul. Acid. abs. = 0,47; HCl = ô. 2) Chei le superacide, cette même introduction provoque une sécrétion relativement abondante d'UCl. Comme cet acide ne se fixe pas sur l'amidon, l'analyse fournit un chiffre élevé tf HCl libre. Exemple : 70 gr. de fécule -\- 200 ce. d'eau distillée. (Protocole, n° non cité.) Après 30', réaction du Congo franche. Acid. abs. = 2,7; HCl = 2.44, „ 60', « » Acid. abs. = 2.5; HCl = 1.6. « 90', » » Acid, abs. = 2.84; HCl = 2.2. 3) 5/ le superacide prend de la fécule additionnée d'une notable quan- tité de sucre, il ne produit plus que des quantités négligeables rf'HCl, comme le moyen avec de la fécule seule (1). Exemple : 5o gr. de fécule -|-5o gr. de sucre lactose -(- i5o ce. d'eau. Protocole, n° 150. Après I h., réaction franche au Congo. Acid. abs. = i.3; HCl ^o.i. Après 1,45 h., réaction franche. Acid. abs. = 1.75; HCl = o.3- Ces trois faits, si rien ne les infirme, prouvent clairement cette thèse : les hydrates de carbone ne provoquent pas normalement la sécrétion chlor- (I) Cet "effet du sucre, comme nous le dirons plus loin, n'est pas permanent. A mesure que la concentration diminue, par résorption et par dilution, l'HCl reparaic. LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 63 hydrique; les substances albuminoïdes sont les vrais stimulants de la sécré- tion acide. Remarque. Le rôle différent de la fécule et du sucre chez le super acide s'explique bien. La fécule, insoluble, ne se laisse attaquer que très légère- ment au passage de la bouche par la salive ; elle agit ainsi très faiblement comme hydrate de carbone sur la muqueuse gastrique. Au contraire, le sucre, soluble, résorbable, provoque énergiquement son réflexe inhibitif. Nous pouvions donc, après ces expériences fondamentales, établir plusieurs catégories de substances : a) celles qui provoquent la sécrétion chlorhydrique; b) celles qui ne la provoquent pas; c) celles qui l'em- pêchent de se produire. Ici se révèlent les grandes différences individuelles de nos sujets : le superacide répond par une sécrétion fortement acide au contact de toutes les substances, à l'exception des inhibitives; le subacide est insensible à toute stimulation de quelque nature qu'elle soit ; chez les moyens, nous trouvons une action élective vis à-vis des différentes substances. Nous allons passer rapidement en revue les expériences que nous avons faites avec ces différentes catégories de substances. Le protocole justifiera de nos dires. Substances actives. Chez le moyen I, le lait, les œufs, la viande, provoquent une forte sécré- tion chlorhydrique. Les expériences relatées dans notre premier chapitre en fournissent la preuve. Les agents actifs sont-ils les albumines elles-mêmes, ou bien les prin- cipes solubles sapides qui les accompagnent ? Ces deux ordres de substances peuvent stimuler la sécrétion, comme le montrent les observations suivantes. La myosine fraîche (i), pure, sans sels, dépourvue de goût, coagulée par la chaleur ou en suspension dans l'eau distillée, provoque encore la sécrétion de l'HCl. La caséine pure agit de la même façon. Les peptones Cornelis (sans chlore), assez sapides (présence probable d'extraits), excitent aussi une abondante sécrétion de HCl. Il en est de même de l'extrait de viande Liebig. (i) La caséine dégraissée et la créatine, dout nous allons parler, ont été achetées comme chimique- ment pures aux producteurs allemands Baumann et Merck; nous avons préparé nous-même la myo- sine par extraction soigneuse de la viande et la créatininc par hydratation de la créatine pure. 64 ' A. VERHAEGEN Nous nous sommes demandé alors ce qui dans l'extrait de viande excite la sécrétion acide. Nous avons constaté que le sel marin, la créatine, la créatinine et le chlorhydrate de créatinine sont inactifs (i). Nous ignorons donc ce qui dans l'extrait de viande stimule la sécrétion chlorhydrique. Ce sont peut-être les Phosphorfleischsàure de Siegfried, qui sont identiques, d'après cet auteur, aux antipeptones de KiiHNE. On en signale 6 o/o dans l'extrait de viande Liebig (Balke et Ide). Substances inertes. Nous avons déjà vu que la fécule employée seule n'exerce aucune action; nous avons essayé une masse inerte additionnée à l'amidon, le talc ou silicate de magnésie : la sécrétion d'HCl a été nulle. Le moyen II réagit vis à-vis de la fécule comme le moyen I (2); il en est de même du subacide. Substances inhibitives. Pour l'étude des substances inhibitives, nous avons expérimenté sur le superacide, ainsi que sur les deux moyens. Comme substances de cet ordre, nous n'avons trouvé que les sucres : glycose, lactose, saccharose. La saccharine et la graisse se sont montrées sans action. Nous reproduisons ici une série d'expériences qui toutes démontrent clairement l'influence inhibitive qu'exerce l'addition du sucre sur la sécré- tion acide. Dans chaque série d'expériences, nous avons comparé l'action des divers aliments ingérés seuls avec celle de ces mêmes aliments addi- tionnés de sucre. Super acide. Toutes les expériences qui sont rapportées ci-après ont été faites après évacuation préalable du contenu de l'estomac à jeun. (1) Le chlorhydrate de créatinine à 2 "j^ est très sapide et rappelle le goût de l'extrait de viande. Nous avons vérifié que l'addition d'HCl en petite quantité (0.18 °/ooo) se révèle déjà au papier Congo. Malgré cela, le résultat que nous avons obtenu a été négatif. (2) Une première fois cependant, il avait réagi. Nous avons trouvé au bout de 3o', i.yS "/oo d'acidité absolue avec 11 d'HCl libre. Comme il a l'estomac le plus susceptible des quatre, il a peut-être des périodes variables, hyperchlorhydrie périodique de Reichmann. D'autre part, la première fois que le moyen I a surpris son estomac par un repas de fécule seule, il a présenté une réaction franche au Congo, 0.6 "/ooi ce qui ne s'est plus reproduit ultérieurement. LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 65 1° a) Eau distillée : 250 ce. Après 1/2 h. : réaction franche au Congo; Ac. abs. = 1.24; HCl = 0.9. t>) Eau sucrée : 50 gr. lactose -|- 200 ce. d'eau. Après 45' : réaction au Congo douteuse; Ac. abs. = 0.58. Après I h. 30' : réaction douteuse; Ac. abs. = 0.75; HCl = o. 2° a) Fécule •■ 50 gr. fécule-j-i5occ. d'eau. Après 20' : réaction franche; Acid. abs. = 1.8; HCl = 1.2. Après 40' : Id. Acid. abs. = 2,3; HCl = 1.5. Après 90' : Id. Acid. abs. = 3; HCl = 2.3. /') Fécule et sucre : 50 gr. fécule, 52 gr. lactose, 150 gr. d'eau. Après I h. : réaction au Congo marquée; Ac. abs. = 1.3; HCl = o.i. Après 2 h. : réaction franche; Ac. abs. = 1.9; HCl = 0.3. 3° û) Peptones : 10 gr. de peptones Cornelis -j- 200 ee. d'eau. Après 1/2 h. : réaction franche; Ac. abs. = 3.87; HCl = 3. Après I h. : réaction franche; Ac. abs. = 3.42; HCl = 2.76. Après I h. 1/2 : réaction franche; Ac. abs. = 2.7; HCl = 2.2. b) Peptones avec sucre : 10 gr. peptones, 5o gr. lactose, 200 ce. d'eau. Après 1/2 h. : réaction nulle au Congo; Ac. abs. = 2.84; HCl = o. Après I h. : réaction franche; Ac. abs. = 3; HCl = 0.42. Après I h. 1/2 : réaction franche; Ac. abs. = 3.1; HCl = 0.94. Note : La forte acidité absolue ne doit pas étonner; c'est celle qui résulte de l'action des peptones : 10 gr. dans 200 d'eau possèdent une aci- dité de 2.55 0/00. 4° Lait avec sucre : iji litre de lait + 100 gr. de lactose. Après I h. Après 2 h. Après 3 h. réaction nulle; Ac. abs. = 1.16. réaction douteuse; Ac. abs. = 1.97; HCl = o. réaction faible; Ac. abs. = 3.65; HCl = o. Moyen 1 1 . 1° a) Fécule : 100 gr. de fécule -f 200 ec. d'eau. Après 1/2 h. Après I h. Après I h.i/'j Congo très douteux; Ac. abs. = o.44- Congo faible; Ac. abs. = 1.24; HCl = 0.12. Congo plus franc; Ac. abs. = i.i ; HCl = 0.3- 66 A. VERHAEGEN b) Fécule avec sucre : loo gr. fécule + 50 gr. lactose, 200 ce. eau. Après 1/2 h. : pas de réaction au Congo; Ac. abs. = 0.22. Après I h. : pas de réaction; Ac. abs. = 0.18. Après I h. 1/2 : neutre au tournesol; Ac. abs. = o. 2° a) Peptones : 10 gr. de peptone + 200 ce. d'eau. Après 1/2 h. : réaction très forte; Ac. abs. = 3.21 ; HCl = 1.32. Après I h. : estomac vide; la sonde ne réagit pas au Congo. b) Peptones avec sucre : 10 gr. peptone,. 40 gr. lactose, 200 ce. d'eau. Après 20' : réaction au Congo nulle; Ac. abs. = 1.3S. Après 40' : réaction marquée; Ac. abs. = 1.35; HCl = o. Après 60' : réaction franche; Ac. abs. = 0.62; HCl = 0.3. Moyen I. a) Peptones : 5 gr. de peptone +250 ce. d'eau. Après 35' : réaction franche; Ac. abs. = 2.06; HCl = 1,3. b) Peptones avec sucre : 5 gr. peptone, 30 gr. lactose, 250 ce. d'eau. Après 30' : réaction nulle; Ac. abs. = 1.46. Après 55' : réaction douteuse; Ac. abs. = 1.09; HCl = o. Après 85' : réaction douteuse; Ac. abs. = 0.94; HCl = o. Résumons en un tableau l'action des différentes substances sur la sécré- tion chlorhydrique chez nos quatre sujets. Subacide . Moyen I Moyen II Superacide Substances albuminoïdes (caséine, myosine, etc.) Nulle Forte Forte Forte Albumines avec sucre Nulle Nulle Très faible Très faible Sucre avec lait Faible Extrait de viande Forte Fécule Nulle Nulle Très faible Forte Eau distillée Nulle Nulle Nulle Forte Sucre Nulle Nulle Nulle Nulle Fécule avec sucre Nulle Nulle Nulle Nulle Sel marin Nulle Créatine Nulle Créatinine Nulle Talc Nulle LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 6? OBJECTIONS. Nous devons répondre à quelques objections qui se présentent naturel- lement à l'esprit. 1° Un aliment, chimiquement pur comme l'amidon, est fade et provo- que un léger dégoût. Il est possible que le dégoût agisse d'une manière ré- flexe inhibitive sur la sécrétion gastrique. Réponse, a) La myosine et surtout la caséine chimiquement pures sont tout au moins aussi insipides et désagréables que la fécule; b) le lait sucré ne provoque aucun dégoût; c) enfin, l'addition de sucre, tout en diminuant notablement la saveur désagréable, ne rétablit pas la sécrétion acide, au contraire. 2° N'y a-t-il pas eu une dilution qui masque la sécrétion acide ? Réponse. Dans les expériences faites avec l'amidon et le sucre, la dilution pourrait réduire de moitié, des deux tiers, l'acide chlorhydrique libre, mais non le faire disparaître, ces substances ne s'unissant pas à l'HCl. Pour réduire l'HCl de 2 0/00 à i 0/00, il faudrait déjà une dilution qui double la masse. 3= N'y a-t-il pas absence de sécrétions ? Réponse. En présence des expériences de von Mehring sur la dilution des solutions de peptone et de sucre, il paraît inadmissible d'attribuer le manque d'HCl à un défaut de sécrétion. Il s'est produit du suc gastrique, mais un suc neutre ou peu acide (i). 4° Uinsalivation n'intervient-elle pas? Nous savons qu'elle joue un rôle favorable à la digestion. Réponse. Nous nous sommes toujours placé dans les mêmes condi- tions quant à l'insalivation des aliments. Les solutions de peptone et de sucre, les suspensions de myosine, de caséine, de fécule, étaient uniformé- ment liquides et traversaient rapidement la bouche. (i) Notons l'expérience suivante (Protocole, n" 154) : iogr.de peptone pure sans chlore (0. 3 °/oo) 4* 5o gr. de lactose pure -|- 200 ce. d'eau distillée sont introduits dans l'estomac après évacu.ition préalable. Après 20', le suc gastrique contient 2. 04 de chlore total; acidité absolue ^ 2.84, due aux peptones; HCl = o. Pas de réaction au Congo. Une proportion aussi forte de chlore, sans être une preuve pé- remptoire d'une sécrétion abondante, rend cependant celle-ci très probable. Il pourrait y avoir eu sim- plement osmose, mais cela constituerait une rareté physiologique. 68 A. VERHAEGEN DISCUSSION. Boas et Ewald ont déterminé qualitativement l'acide chlorhydrique après un repas de fécule, et cherchaient même ainsi à se procurer du suc type. ScHiiLE a aussi constaté une forte réaction acide et des quantités no- tables d'HCl : 2.5 et 1.5. Il faisait prendre de la purée de pomme de terre et du Alehlbrei en quantité assez notable. Nous croyons que Schule, comme Ewald et Boas, a eu affaire à des sujets ressemblant à nos deux plus acides : le siiperacide et le moyen II. Nous constatons dans ses chiffres le fait intéressant que son Bauer atteint 2.5, tandis que son Krause reste assez régulièrement en dessous de 1.5 0/00. Si Schule avait expérimenté avec le sucre ou avait examiné d'autres estomacs moins acides, il aurait certainement obtenu les mêmes résultats que nous. Conclusion du Chapitre II. L'estomac ne répond pas de la même façon à toutes les stimulations qu'il subit. La sécrétion s'adapte à la nature des aliments. Or, l'homme, omnivore, présente à son estomac deux grandes classes d'aliments : les albumines et les hydrates de carbone, aliments dont la digestion réclame des conditions opposées. Il est donc probable qu'il existe deux sécrétions différentes qui répondent à ces deux catégories de substances. Nous pouvons et nous devons même admettre qu'il existe encore une foule d'autres substances sapides, épices et condiments, capables de pro- duire le même effet que l'albumine. C'est là une question intéressante pour la diète, qui exige de nouvelles expériences. Les deux grands faits que nous avons démontrés, la dilution finale et l'absence d'HCl lors de l'ingestion des hydrates de carbone, se juxtaposent et se confirment l'un l'autre. Ils prouvent tous les deux que l'estomac pos- sède deux réflexes sécrétoires opposés qui agissent et se contrebalancent constamment dans la digestion. CHAPITRE III. Evacuation de restomac. Pour étudier cette question, il nous faut comparer des repas fort diffé- rents chez nos divers sujets. Chez le moyen 1, comme chez le moyen II et chez le subacide, l'élimi- nation dans l'intestin de 100 gr. de fécule, avec 200 ce. d'eau comme vchi- LES SÉCRÉTIONS GASTRIQUES 69 cule, est achevée le matin à jeun en une heure ou i h. 30'; cette masse de- venait pourtant bien peu acide. L,e super acide, avec ses 2 0/00 d'acide chlorhydrique libre, exigeait plus de temps, deux heures à deux heures et demie ; ce repas constituait pour lui une véritable indigestion. Les peptones et l'extrait de viande dissous dans un égal volume d'eau, qui provoquent chez tous une forte acidité, n'en disparaissent pas moins très vite, au bout d'une heure. Les repas sont digérés en général en un laps de temps à peu près égal pour tous. Remarquons simplement la rapidité avec laquelle le superacide se débarrassait, en hiver surtout, de diners copieux. Peut-on encore soutenir alors que l'acidité ou la neutralité du liquide stomacal joue un rôle prépondérant dans l'évacuation pylorique? D'autre part, si la fluidité du chyme constitue sûrement une condition favorable au passage du pylore, elle n'est pas indispensable; car nous savons que des morceaux de pomme de terre assez grands (plus d'un centimètre de diamètre) passent dans l'intestin du chien. Le cas de notre subacide sera, croyons-nous, le premier dans la litté- rature qui démontre que l'estomac peut fonctionner très régulièrement avec un minimum de suc acide. Qu'il fasse des repas de féculents ou d'albuminoïdes, son estomac s'en débarrasse tout aussi bien que celui des autres sujets. C'est un jeune homme de vingt deux ans, parfaitement bien portant, chez qui il n'est pas possible de soupçonner l'existence d'un cancer. D'ailleurs, dans notre entourage, il n'est pas le seul de son espèce. Nous avons eu l'occasion de sonder quelquefois un sujet {subacide II, voir tableau XII), qui ne présentait jamais de trace d'HCl libre appréciable au papier Congo, et des acidités absolues très comparables à celles de notre subacide. C'était un grand mangeur, jouissant d'une bonne santé, ne souffrant jamais de l'estomac. Nous n'avons pu poursuivre nos observa- tions sur lui. Quant à la rapidité d'évacuation des liquides, nous avons trouvé une bien plus grande irrégularité que Penzoldt. Nous avons constaté qu'en 30 minutes, 200 ce. d'eau disparaissent souvent jusqu'à la dernière goutte, quelle que fut la substance en solution. Le plus souvent cependant, nous en retrouvions encore des portions après une heure. Or, comme nous ne trouvons, pas plus que les autres observateurs, dans l'estomac des causes capables de retenir les aliments, nous croyons au 70 A. VERHAEGEN réflexe de von Mehring et admettons avec cet auteur (i), avec Hirsch (2) et MoRiTz (3), que c'est l'intestin qui commande au pylore. Nos expériences sur les sujets sains, si différents entre eux, ainsi que l'observation des malades, nous paraissent confirmer cette hypothèse. CHAPITRE IV. Observations recueillies chez les malades. § I. Les Super acides. Causes de la douleur. 11 est incontestable qu'il y a des hyperchlorhydriques. Mais ces ma- lades ne ressentent pas nécessairement des douleurs ou des troubles quel- conques dans leur digestion. Il faut, pour que la douleur se manifeste, que la muqueuse soit enflammée ou ulcérée, pathologiquement sensible. Ces prévisions ne sont pas seulement autorisées par l'étude de notre super acide ; nous les avons trouvées réalisées d'une manière éclatante dans les deux cas pathologiques que nous avons pu suivre. Premier cas. Une première fois, nous sondons un sujet en pleine digestion, à un moment où il ne se plaint d'aucun malaise, ni aigreur, ni douleur. Il présentait une acidité de 3.8 0/00. Trois jours plus tard, ce malade nous revient disant que la douleur est devenue intolérable et demandant l'intervention de la sonde (4). Son acidité, à ce moment, à notre grand étonnement, n'était que de 2.5 0/00. Nous l'interrogeons soigneusement et il nous raconte que la veille et l'avant- veille il avait commencé à mal digérer et à souffrir, tout en négligeant de se mettre au régime. Ultérieurement, nous avons encore trouvé chez lui plus d'une fois 4 0/00 d'acidité absolue en l'absence de toute douleur. (i) Loc. cit. (2) Loc. cit. (3) Munchener med. Wochenschr., d'après le «Référât du Centralblatt fur innere Medicin. » i3 Juin 1896. Dans ce travail, MoRiTZ attribue à la portion pylorique seule une forte capacité motrice; il admet des évacuations par petites portions. Nous regrettons de n'avoir pu trouver en Belgique l'original des Miinch. med. Wochenschr. Nous igno- rons les raisons qui ont amené Moritz à cette conclusion. (4) Le sondage, disait-il, lui ferait beaucoup de bien. LES SECRETIONS GASTRIQUES yi Second cas. Une femme souffrant depuis de longues années se pré- sente dans un état lamentable : douleurs atroces, brûlantes. Le sondage révèle 4 0/00 d'acidité absolue. Nous lui conseillons un régime et la prions de venir se mettre en ob- servation quelques jours plus tard. Alors un repas assez simple lui est ad- ministré : 6ogr. de pain+8oo ce. de lait. Deux heures après : acidité absolue = 4,5 0/00. Nous n'avions pas encore rencontré pareil chiffre, le superacide ne se sondait pas encore. Aussi avons-nous demandé à la malade, si elle ne souf- frait pas en ce moment. Sa réponse était absolument négative. Pour ces deux cas, le doute n'est pas possible. C'est la sensibilité patho- logique qui constitue l'élément principal de la douleur. Aussi la guérison paraîtra acquise, dès que les symptômes inflammatoires auront disparu mal- gré la persistance de la superacidité. Remèdes transitoires à la douleur. Il n'en reste pas moins indiqué de diminuer l'action irritante de l'aci- dité au moment des crises douloureuses. Nous disposons à cet effet de deux moyens : celui que la nature emploie : la dilution, et celui que la chimie met à notre disposition : la neutralisation. Le premier nous paraît plus avantageux, car il ne risque pas de dépas- ser le but à atteindre. Nous avons en plusieurs circonstances donné et conseillé un simple verre d'eau à prendre au moment des douleurs et le soulagement a toujours été manifeste. Exemple. Un laboureur robuste, ayant déjà eu antérieurement des périodes avec tous les symptômes d'hyperchlorhydrie douloureuse, se pré- sente à jeun disant qu'il est repris de son mal depuis peu de jours. Nous l'envoyons faire un léger repas au pain et au lait, avec ordre de revenir dès que la douleur se manifeste. Une demi-heure après le repas, il revient ressentant déjà des douleurs. Nous le sondons ; son suc réagit au Congo et possède une acidité absolue de 2,2 0/00. Un simple verre d'eau calme ses douleurs à son grand étonne- ment. Un verre d'eau de 250 ce. ajouté à sa masse alimentaire devait évi- demment abaisser notablement cette faible acidité. Ce sujet a rapidement guéri et nous l'avons perdu de vue. Nous croyons que tous ces malades qui se plaignent dès le début de la digestion, avant la première heure, n'ont pas à ce moment de réelle super- acidité. 10 72 A. VERHAEGEN On les trouve généralement sensibles à la palpation directe de l'esto- mac, même en dehors des périodes de douleur spontanée. Aussi n'est-il pas nécessaire d'intervenir immédiatement avec les grands moyens : les alcalins. Une méthode que nous réprouvons absolument est celle qui consiste à neutraliser les acides en introduisant une nouvelle quantité' d'aliments. C'est charger outre mesure un estomac déjà malade et impuissant. La longue digestion qui en résultera aggravera sa sensibilité et retardera la guérison. Nous ne sommes pas davantage partisan de l'administration des solu- tions sucrées pour empêcher la production d'acide chlorhydrique. Voici à ce sujet l'expérience que nous avons acquise sur notre super- acide sain. 1° Les féculents sans sucre, ne fixant pas l'HCl, donnent de très fortes quantités d'HCl libre. 2° Les féculents additionnés de sucre provoquent une faible acidité pendant la première heure. La proportion de sucre étant alors fortement diminuée, l'acidité commence à augmenter et s'élève comme s'il s'agissait de fécule seule, pendant la a^e et la 2>^*^ heure. (Voir au protocole l'expérience n" 152, FiG. 15.) 3° Il présentait, comparé aux moyens, un très fort retard dans l'évacua- tion de ces mélanges sucrés. (Voir au protocole l'expérience n" 151.) Le sucre aurait donc une efficacité transitoire quant à l'acidité et une nocivité manifeste quant à la décharge de l'estomac (i). Voici à notre avis le traitement le plus raisonnable : 1° Comme pour tous les organes enflammés, la chaleur humide fré- quemment renouvelée et largement appliquée, surtout la nuit et immédia- tement après la digestion. 2° Repas légers, de préférence du lait; pas de féculents ni de graisses. 3° Au moment des douleurs, boire de l'eau et n'intervenir avec des solutions très diluées de Na HCO3 que si la douleur ne cède pas. 4° Si la douleur se manifeste dès l'introduction des aliments, de légers opiacés avant le repas. La muqueuse se montre en effet sensible à tout contact. (i) Au moment de clore le mémoire, nous trouvons dans le N° du i3 juin 1S96 du Ccntralblatt fur inncre Mcdicin, que Strauss a publié, dans le Zcitschr. f. Min. Mcd., un iravail qui prouve aussi que le sucre empêche la sécrétion chlorhydrique. Je n'ai pu encore consulter ce numéro du Zeitschrift. D'après le Centralblatt, Strauss songe aussi à employer le sucre pour combattre Ihyperchlorhydrie. Nos expériences malheureusement annihilent déjà l'espoir qu'il met dans cette tentative. LES SECRETIONS GASTRIQUES , 73 5° Entre les digestions, donner à l'estomac des périodes de repos or- données de la manière suivante : a) Le matin à jeun, un Carlsbad très dilué. Celui-ci s'évacue probablement très vite dans l'intestin en neutralisant les sécrétions acides qui pourraient être accumulées dans l'estomac. Intervalle de trois quarts d'heure à une heure avant le déjeuner, b) Une demi-heure ou trois quarts d'heure avant chacun des trois autres repas, boire soit de l'eau, soit une tisane mucilagineuse. La guérison définitive sera obtenue, dès que les symptômes d'hyper- esthésie se seront calmés. Les malades resteront probablement hyperchlorhy- driques, mais l'estomac sain ne souffre pas d'une acidité absolue de 5 0/00. Dès lors, l'observation si décourageante de Hayem sur les différences histologiques des glandes, différences dont on ne peut espérer de modifi- cation par un régime, cette observation, disons-nous, perd beaucoup de sa valeur clinique. Elle donne l'explication de notre thèse : il y a parmi les sujets sai)is des variantes considérables quant au degré de la sécrétion acide. § IL Les insuffisants moteurs. Notre attention a été spécialement attirée sur les symptômes intestinaux tant chez les dilatés, clapotants, à fermentations anormales, que chez ceux-là qui présentaient un simple retard dans l'évacuation gastrique. Ces derniers surtout ne sont pas rares. Deux constatations nous paraissent de la plus haute importance. 1° Ces sujets sont opiniâtrement constipés. 2° On trouve presque toujours chez eux des anses intestinales roulant sous les doigts. Or, dans les vivisections que nous avons faites de chiens en pleine di- gestion, l'intestin était court, gros et sans aucune nodosité, c'est-à-dire que les fibres longitudinales étaient fortement contractées et les fibres circulaires en dilatation complète. Quelques minutes après la mort du chien, grâce à l'asphyxie locale, l'intestin entre en irritation et change complètement d'aspect. Il devient noueux et s'allonge dans des proportions étonnantes (constrictions circu- laire, dilatation longitudinale). D'autre part, chez les personnes dont le tube digestif est sain, nous n'avons jamais trouvé d'anses intestinales l'oulant sous le doigt, en dehors de l'S iliaque souvent rempli de matières fécales. Nous pouvons en conclure que l'intestin sain doit être mou et impal- 74 A. VERHAEGEN pablc; s'il présente des constrictions circulaires et des anses palpables, c'est qu'il est irrité; et alors il empêche l'ouverture du pylore et retarde l'évacua- tion de l'estomac. Quelle explication faut-il donner de cette fluidité étonnante du suc gastrique des dilatés ? Nous sommes très porté à croire qu'elle n'est que le résultat du réflexe diluant de l'estomac. Au lieu de s'évacuer, les aliments acidifiés restent dans l'estomac et provoquent constamment la sécrétion dilu- ante, comme le suc normal le fait transitoirement à la fin de la digestion. D'après cela, il faut calmer l'intestin et recourir à cet effet aux moyens suivants : 1° Régime lacté. Empiriquement, nous savons que le lait constitue pour l'intestin l'aliment le moins irritant. Les féculents sont contr'indiqués, car nous avons vu chez nos sujets même sains les grandes masses de fécule provoquer de la diarrhée. 2° La chaleur humide, calmante, sur tout l'abdomen. 3° Des laxatifs quotidiens pour combattre la constipation. 4" Le lavage de l'estomac doit évidemment intervenir chez les dilatés à fermentations anormales. § III. Super acidité chei F enfant. Il est universellement admis que le lait est la nourriture naturelle de l'enfant avant sa dentition. Un fait auquel nous ne connaissions aucune explication nous a été rapporté par un confrère. Son enfant, nourri au sein, ne tolérait plus le lait dès le troisième mois; il pleurait et vomissait après chaque têtée. Ses vomissements étaient forte- ment acides. On adopta les féculents comme nourriture et tous les symptômes dis- parurent rapidement. Voilà un enfant qui ne supportait pas le lait et qui tolérait les féculents. Une interprétation de ce fait nous semble possible aujourd'hui : cet enfant souffrait de la forte acidité provoquée par le lait; les féculents ont diminué la sécrétion chlorhydrique. Si pareil cas ne reste pas isolé, il pourrait restreindre la thèse générale qui impose exclusivement le lait pendant les premiers mois de la vie : les superacides précoces feraient exception. Nous n'attachons à ces idées d'autre importance que celle d'une ques- tion à poser. LES SECRETIONS GASTRIQUES 75 Dans ce mémoire, nous avons tâché d'étudier certains facteurs de la digestion. Il en existe peut-être d'autres que nous n'entrevoyons pas encore et qui concourent à la régularité de cette grande fonction. Aussi, tout en croyant fermement aux faits établis par les chiffres, nous admettons que les applications thérapeutiques se modifieront sous l'influ- ence de découvertes ultérieures. CONCLUSIONS GÉNÉRALES. Dans la première partie de notre mémoire, nous avons prouvé l'exis- tence d'une forte sécrétion diluante clans l'estomac: cette sécrétion inter- vient normalement à chaque digestion ; elle prépare les aliments à passer dans l'intestin en les diluant et en abaissant leur acidité. D'autre part, elle permet à l'estomac de triompher des superacidifications. Cette sé- crétion peut atteindre des proportions extraordinaires dans les rétentions alimentaires. Nous avons démontré en outre le mécanisme des digestions laborieuses nécessitées par les repas trop copieux et l'existence au pylore de dilutions partielles périodiques. Dans la seconde partie de notre mémoire, nous avons montré la réac- tion élective de la muqueuse gastrique à l'introduction d'aliments et de condiments de nature différente. De l'ensemble de notre exposé, il ressort que l'hyperchlorhydrie et l'hypochlorhydrie ne sont pas des phénomènes pathologiques. Enfin, nous avons montré que l'attention du médecin doit se porter sur l'intestin, dès que les digestions traînent en longueur. f ROTOCOLE PRELIMINAIRES. Pour la facilité du lecteur, nous avons mis nos expériences en tableaux. En général, la première colonne indique le moment du sondage, en comp- tant à partir du commencement du repas. Dans la seconde, nous signalons, s'il y a lieu, les caractères extérieurs du suc ramené par la sonde, soit avant, soit après la filtration (surtout la consistance et la couleur), La troisième indique la réaction au papier Congo, avant la filtration. La quatrième est réservée à l'acidité absolue = Ac. abs. Les autres concernent le dosage du chlore sous ses différentes formes : Chlore total; HCl libre; Cl combiné et Cl fixe. Remarques. i° Pour faire un dosage complet, il faut opérer sur 15 ce. de suc filtré, les 5 ce. qu'on emploie pour titrer l'acidité absolue pouvant servir à calculer le total. Quand nous disposions de moins de 15 ce, nous négligions le dosage du chlore fixe et partant aussi la quantité du combiné. Dans quelques ex- périences cependant, nous avons fait des dosages avec 4 et 3 ce. Dans ces cas, ces quantités sont indiquées entre parenthèses. 2° Dans la planche qui suit le protocole, nous avons reproduit des graphiques aussi simples que possible. Dans la plupart, nous n'avons inscrit que l'Ac. abs., le comb. et l'HCl libre; ce sont là les données essentielles. Ceux que la chose intéresse pourront les compléter facilement, pour ce qui regarde le total et le fixe, en se servant des tableaux qui donnent tous les chiffres. 30 II ne faut pas s'étonner de ce que nous ayons surtout mis à contri- bution le - siiperacide - pour l'étude des repas copieux. Pour les sujets à faible sécrétion chlorhydrique, le sondage, pendant des repas à la viande, est très laborieux. La sonde s'obstrue de suite et il faut la réintroduire deux on trois fois de suite pour obtenir une quantité suffisante de suc gastrique. 78 A. VERHAEGEN Le « siiperacidc " a été pour nous un sujet d'un intérêt exceptionnel. A une longue habitude de la sonde, il joint cette particularité, facile à com- prendre, que son chyme a une consistance minimale; cela lui permet de ramener toujours sans efforts une quantité de suc gastrique peu considérable en comparaison de la masse en digestion, mais suffisante pour l'analyse. Ajoutons que, grâce à sa forte acidité, les oscillations de l'acidité absolue et du chlore sous ses diverses formes sont très manifestes chez lui et fa- cilitent l'étude des phénomènes. 4° Nous ferons remarquer encore qu'en été les dîners duraient plus longtemps qu'en hiver et que, à quantité égale, la viande de porc se digérait moins vite que celle de bœuf. 5° L'acidité absolue est représentée par les chiffres de son équivalence en H Cl. De l'acide acétique a été ingéré dans certaines expériences; pour la clarté, nous donnons, outre le pour-cent réel d'acide acétique, le pour-cent équivalent en H Cl. Enfin, pour les quantités de chlore combiné, fixe ou total, tous les chiffres ont subi la petite correction de 36,5/35,5. Ainsi, l'équivalence des chiffres est complète. Par exemple, 1 de HCl correspondra à 1 d"acidité absolue, et ne donnera lieu qu'à 1 de chlore combiné, ou de chlore fixe. TABLEAU L Estomacs à jeun. A . Moyen I. Estomac toujours vide. B. Moyen IL 1. 3 mars. A jeun : estomac vide et neutre au tournesol (la sonde). 2. 6 mars. A jeun : estomac vide et neutre au tournesol (la sonde). 3. 5 mai. A jeun : 5 ce. de liquide incolore. Neutre au papier de tournesol. 4. 8 juin. A jeun : 8 ce. de liquide blanc muqueux. Ac. abs.^1.57; HCl libre=o.6. 5. \5 mars. Après déjeûner. Estomac absolument vide. 6. 23 mars. Après déjeûner. Estomac vide. C. Superacide. 7. A jeun. 29 février, Liq. jaune, 35 ce, ac. abs.=2.33; HCl^i.56. 8. I mars. Liq. vert, 3o ce, ac. abs.=i.83; HCl=i.24. 9. 3 mars. Liq. jaune, 20 ce, ac. abs.=2.25; HCl=i.44. 10. 19 mai. Liq. vert, 20 ce, ac. abs.=2.62; HC1^2; comb.=o.72. 11. 20 mai. Liq. vert, 20 ce, ac. abs.=2.62; HCl=3.i: comb.=o.48. LES SECRETIONS GASTRIQUES 79 12 Après déjeuner (c'est-à-dire : après la fin de la digestion gastrique du dit repas) _ 3 mai (temps indéterm.). Liq. incol., 5 ce, réac. franche au Congo. 13. 14 mai (i 1/2 h. après). Liq. incol., 12 ce, ac abs.^1.02 ; HCl^o.4. 14. 8 juin (20' après). Est. vide. La sonde bleuit intensém. le Congo. 15. Apih dhiev. 16 mai (i h. après). Incol. Quantité? Ac. abs. =1.16; HCl=o. 54. 16. 28 février (1/2 h. après). Vide. La sonde réagit au papier Congo. D. Subacide. 4 mai. 80 ce. Liq incol., légèrem. muqueux. Neutre au tournesol. 7 mai. 20 ce. Neutre, jaunâtre. 12 mai. 35 ce. Idem, blanc. 8 juin. 40 ce. Idem, jaunâtre. 17. A jeun. 18. 19. 20. 21. Apres déjeuner. 6 mai. 20 ce. Liq. blanc, neutre. 22. 7 juin. 40 ce. Liq. blanc, neutre. 23. Après dîner. i juin. 10 ce. Liq. blanc, neutre. 24. iSjuin. 2 ce. Neutre. TABLEAU II. Première période de la digestion. Influence de la quantité. A . Moyen I. de café au lait (3/4 café, 1/4 lait). 25. 45 gr. de pain -|- 100 ce. Après I heure : ac. abs. 26. 90 gr. de pain -}- i5o ce. Après I h. 3o' : ac. abs 27. 120 gr. de pain -(- 25o ce Après I heure : ac. abs. Après 2 h. i5' : ac. abs. 28. i5o gr. de pain -|- 25o ce Après I heure : ac. abs. Après 2 h. 1/2 : ac. abs. ^ 29. 180 gr. de pain -(- 325 ce. Après I heure : ac. abs. = Après 2 h. 1/2 : ac, abs. = =^ 1.9; HCl libre ^ o.5. de café au lait. = 2.2; HCl libre pas dosable. . de café au lait. = 1.1. Réaction nulle au Congo. = 2.6. Réaction faible au Congo. . de café au lait. = 07. Cbngo nul. ^ 1.8. Réaction faible. de café au lait; = 0.7. Congo nul. = 1.5. Congo nul. 30. 5oo ce. de lait bouilli. Après I heure : ae. abs. Après 2 heures ; ac. abs. B. Superacide. -- 2.84. Réaction au Congo faible. = 3.5; HCl libre = 0.7. V. fig. 1. V. Ei V. fig. 3. U 8o A. VERHAEGEN 31. I litre de lait bouilli. Après I 11 : ac. abs.^1,46. Réaction au Congo nulle. Après 2 h. : ac. abs.^2.84. Réaction au Congo nulle. Après 3 h. : ac. abs. = 3.7. Réact.assezmarq. au Congo, Ledosage donne HCl lib.=o. C. Moyen II. 32 5o gr. de pain -|- go ce. de café noir. Après I heure : ac. abs.=3.i. Forte réaction au Congo. HCl=i.i4. V. fig. 4. 33. 100 gr. de pain -|- 120 ce. de café noir. Après I heure : ac. abs.=i.g7; HCl^o.14. Après 2 heures : ac. abs.=2.55; HCl=o.6. V. fig, 5. 34. i5o gr. de pain -(- 200 ce. de café. Après I heuie : ac. abs.^i.3. Congo nul. Après 2 heures : ac. abs.=2. Réaction au papier Congo. HCl=o.o6. V. fig. 6. TABLEAU m. Dilution finale che:[ le « Moyen I ». Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C A. abs. Total HCl 1. Comb. Fixe 35. 1 20 gr. de pain -j- 2 h. I5' Franche 2.8 4.02 0.8 1.26 1.98 25o ce. café au lait 2 h. 35' n 2.7 4.38 0.96 0.66 2.76 3 h. 10' 1) 2.04 5 04 1.08 0.6 3.36 36. 120 gr. de pain -|- 2 h. Assez épais Douteuse 2.48 25o ce. café au lait 2 h. 40' 3 h. Assez épais Beaucoup plus liq. Franche » 3.06 2.26 37. 120 gr. de pain -|- 2 h. » 2.56 3.78 0.2 120 ce. café au lait 2 h. 5o' Forte dilut. à la vue 1) 1.74 4.02 0.36 38. 120 gr. de pain-j- 2 h. 3o' » 2.7 4.26 0.6 175 ce. café au lait 2 h. 5o' » 2.45 4.32 0.54 3 h. 10' » 1.72 4.3 0.4 39. 120 gr. de pain-|- 2 h. Épais Nulle 2.62 3.96 0 2 2 25o ce café au lait 2h. 3o' Assez liq. Franche 2.62 4.02 0.3 1.6 2.1 2 h. 45' Liquide » 2 36 4.35 0 57 1.38 2.4 40. 180 gr. de pain -|- 4 h. Épais » 3 3 4.32 0.54 2.33 1.45 35o ce. café au lait 4 h. 3o' Plus dilué » 2.4 3.94 0.74 1.6 1.6 V. fig. 7. 41. 180 gr. de pain -f- 35o ce. café au lait 3 h. 45' 4 h. 10' » 2.84 2.04 LES SECRETIONS GASTRIQUES Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au CJ A. abs. Total 81 HCI. I. 42. 7 juin 1895, 2 œufs I h. Épais Nulle 1.3 durs -(- 5oo ce. eau 2 h. Moins épais Franche 2.5 3.82 (2 1/2 ce ) 0 V. fig. 8. 2 h. 3o' Très liquide Très fr. 1-7 4.14 0.44 43. 1 70 gr. viande -j- 3 h. 3o' Très épais Existe 4-7 4.8 (3 ce.) 0 du pain 4 h o5' Suc filtré jaune Franche 3.87 4.6 (3 ce.) 0.3 4 h. 40' Suc filtré incolore id. 2.7 4.2 1.08 TABLEAU IV. Dilution finale chei le « Superacide d. Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C. A. abs. Total HCI. 1. Comb. Fixe 44. 90 gr. de pain -|- 2 h. 3o' Franche 3.4 120 ce café au lait 2 h. 45' 3 h. id. id. 3.,4 2.7 45. 140 gr. de pain -j- 2 h. 3o' id. 3.75 200 ce. café au lait 2 h. 45' 3 h. 3 h. i3' id. id. id. 3.7 3.1 2.6 46. 90 gr. de pain -|- 2 h. Suc filtré brun id. 3.5 4.3 1-7 I 22 1.38 i5o ce. café au lait 2 h. 20' Sue filtré jaune id. 3.1 4.3 1.9 I.I4 1.26 2 h. 35' Suc filtré pâle id. 2.6 4.1 1.5 i.i5 1.45 47. 100 gr. de pain -)- 2 h. Suc brun id. 4.. 5 4.6 2.18 I 20 ce. café au lait 2 h. i5' Jaune pâle id. 3.28 4 1-7 2 h. 3o' Pâle id. 2.92 4.2 2.3 48. 100 gr. de pain -\- 2 h. 3o' id. 3.72 4.8 1.6 1.5 1-7 125 ce. café au lait 2 h. 55' id. 3 4.56 0.9 [.66 2 ' 49. 1 5o gr. de pain -(- 2 h. 45' Sue filtré jaune id. 3.5 4.5 1.2 2.1 1.2 22 5 ce café au lait 3 h. o5' Pâle id. 3.2 4.3 1.9 1.2 1.2 3 h. 25' Pâle id. 2.3 4 1.3 I 1-7 50. iSo gr. de pain -\- 3 h. 10' Sue filtré jaune id. 3.8 4.4 2 1.14 1.26 200 ce. café noir 3 h. 25' Pâle id. 2.9 4 1.5 1.12 1.38 3 h. 40' Pâle id. 2.2 Ana lyse i lerdue 51. 180 gr. de pain -(- 3 h. o5' Suc filtré jaune id. 3.7 4.5 a 1.12 1.38 225 ce. de café 3 h. 20' Pâle id. 2.7 4.14 1.24 1.34 1.2 3 h. 35' Pâle id. 2.3 3.8 0.5 1.2 2 52. (*) 180 gr. viande -|- 3 h. 20' Epais id. 5 i20gr. dep.-f-2p. 3 h. 45' Plus liquide id. 4. 16 de terre -|-i ver. d'eau 4 h. o5' Liquide id. 3.28 (*) Nos dîners se composent : 1° un peu de potage liquide, 2" une tranche de roastbeef de \2$ gr. environ, une côtelette de porc ou bien de la viande hachée (une ou deux boulettes), 100 à i3o gr. de pain, deux ou trois pommes de terre, un verre d'eau. 82 A. VERHAEGEN Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C. A. abs. Total HCI 1. Cotnb. Fixe 53. 175 gr. de viande 3 h. 45'. Épais; suc filtré jaune Franche 5 4.86 0.7 2 .76 1.38 -f- 100 gr. de pain 4 h. 10' PI dilué; suc filtré pâle id. 5 4.92 1.14 2.64 I.14 4 h. 25' Plus paie encore id. 4 4.5 I 2 2 04 1.26 L'estomac n'était pas vide 54. 180 gr. de viande 3 h. 20' Assez épais Franche 5 4.62 0 54 3 I.I -\- 120 gr. de pain 3 h. 35' Plus liquide id. 4-74 4-74 I.I4 2.66 0.94 Voir fig. 9. 3 h. 55' Liquide id. 4.34 4.5 1.8 1.74 0.96 4 h. i5' Très liquide id. 3.57 4.26 r.74 1.32 1.2 4 h. 35' Fin du repas id. 2.7 4.06 0.85 I 4 1.8 55. 5 œufs en omelette 3 h. 35' id. 4. 16 5.2 0.5 2.5 2.22 3 h. 55' id. 3 2 4.1 0 86 1-9 1.32 56. 3 œufs en omelette 2 h. 45' id. 4.08 4.8 0.84 2.52 1.44 -j- un gâteau 3 h o5' id. 4.08 4-74 1-7 2 I.I Voir fig. 10. 3 h. 25' id. 3.65 4.38 1.92 1.32 I.I4 3 h. 45' id. 3.o5 4.2 2.04 0.84 1.3 Voir aussi toutes les chutes finales des tableaux VII et VIII. Pour le " Mojen II „, voir le tableau X. TABLEAU V. Dilution sans chute notable de l'acidité. Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C. A. abs. Total HCI 1. Comb. Fixe 57. i5o gr. de pain -(- 3 h. Franche 3.7 4.8 I 2.1 1-7 225 ce. café 3 h. 20 id. 3.4 4-7 I 94 1.38 1.02 3 h. 35' id. 3.2 4.4 ■•94 1.02 '■44 58. 200 gr. de pain -\- 3 h. 20' Assez épais id. 3.57 4 56 0 66 2.4 1.5 125 ce. café 3 h. 40' Pins liquide id. 3.8 4.68 2.08 1.5 I.I 4h. . Liquide id. 3.1 4.2 1.85 1.14 1.2 REMARQUE. La dilution existe au second sondage, malgré une élévation de l'acidité absolue. 59. 60. 160 gr. de viande -\- 120 gr de pain Voir fig. 1 1 180 gr. de viande -f- iio gr de pain 3 h 20' 3 h. 40' 4 h. o5 3 h. 55 4 h. 10' Épais Plus liquide Liquide Faible 4.45 48 0.06 2.46 Franche 4.5 4.9 0.84 2.46 Energ. 4.4 4.64 1.88 1.76 Franche 4.4 4-7 0.85 2.5 id. 4 4.32 I 5 1.72 2.28 1.6 I 1.35 I.I Dans les deux derniers cas, un sondage ultérieur aurait montré un abaissement de l'acidité absolue, comme dans l'expérience qui précède. Tous les exemples de ce tableau sont empruntés au siiperacicie. LES SECRETIONS GASTRIQUES 83 TABLEAU VI. Superacidifications. A . Moyen I. 61. 180 gr. de pain -)- 275 ce. de café au lait. Après 3 h. 45', Ac. abs. = 2.33. Réaction nette au Congo. HCl = 04. Bu alors 5o ce. d'HCl à 2.8 o'oo. 25' après, suc liquide. Ac. abs. = 1.7 ; HCl = 0.6. 62. 120 gr. -|- 175 ce. de café au lait. Après 12 h. i5', réaction franche au Congo. Ac. abs. = 2 81. Bu immédiatement après 5o ce. d'acide acétique décinormal. A 2 h 3o', bu encore 5o ce. de cet acide acétique. A 2 h. 55', sondage très liquide. Réaction très faible. Ac. abs. = 2.56. 63. 180 gr. de pain -|- 25o ce. de café au lait. I h. 45', Congo nul. Ac. abs. = 2.1g. Bu alors 5o ce. d'HCl à 3.4 0/00. Sondé à 2 h., réaction légère au Congo. Ac abs ^ 2 56, Bu immédiatement après 5o ce. d'HCl à 3.4 0/00. Sondé à 2 h. 40', Ac. abs. ^ 1.7. 64. Pas de réaction diluante. i5o gr. de pain -|- i tasse de café au lait (25o ce ). I h. 45', Congo nul. Ac. abs. ^ 2 0,00. Bu 60 ce, d'HCl à 2.5 0/00. A 2 h. i5', réaction franche au Congo. Ac. abs. = 2.6; HCl libre =0.2 0/00, B, Super acide. Nature du repas Temps Réaction au Congo Ac. abs. 65. 210 gr. de pain -(- 225 ce. café au lait 1 2 heures | Franche Bu 100 ce. d'acide acétique à 1.2 0/0 =^ en HCl, 7 3 0/00. 3.5 66. 180 gr. de pain -|- 225 ce. café au lait Bu 100 ce. d'acide acétique à 1. 2 h. 10' Franche 4 2 h. 40' id. 3.5 3 h. id. 2.92 3 h. 20' id. 3.4 3 h. 40' id. 3.5 4 h. id 2.74 I h. 3o' id. 2.9 0/0 = = en HCl , 7-3 0/00. I h. 45' Franche 4.1 2 h. i5' id. 3.3 2 h. 45' id. 3.28 3 h. i5' id 3.66 4 h. Estomac vide. 84 A. VERHAEGEN Nature du repas Temps Caractères Réact. au C. Ac. abs. HCI. libre 67. 200 gr. de pain -(- | i h. 3g' j JFranchel 3 î 225 ce. café au lait Bu i5o ce. d'acide acétique à i 0/0 = en HCI 5 i 0/00. 68 69. 70. I h. 5o' 2 h. 10' 2 h. 3o' 2 h. 5o' 3 h. o5' 2 h. 45' Franche 4.2 id. 3.5 id. 2.66 id. 3 id. 2 8 id. 337 Suc brun clair id. 3 37 i-35 225 ce. café au lait Bu 80 ce. d'acide acétique à 1.2 0/0 = en HCI 7.3 0/00. 3 h. 3 h. 20' 3 h. 40' 4 h. 10' 4 h. 25' Pas de réaction diluante. 180 gr de pain -|- | i h. 10' Suc jaune Incolore très peu d'alim. Masse alim. filtrée : jaune pâle Idem Idem. Fin Franche 4.45 id. 2.5 id. 2.84 id. 3.2 id. 2.6 Faible 2.3 1.08 1.08 0.8 r.64 Pas dosé 200 ce. café au lait Bu 100 ce. d'acide acétique à 0.82 0/0 = en HCI 5 0/00. I h. i5' I h. 35' ih. 55' 2 h. 10' Franche 3.5 id. 3.5 id. 3 5 id. 34 C. Moyen II. i5o gr de pain -|- ■ 2 h. | 200 ce. café Bu 100 ce. d'acide acétique (i 6 6 0/00 Suc brun clair Suc jaune Suc pâle D. Subacide. 2 h. 10' 2 h. 3o' 3 h. en HCI 4 o'oo. 3.o5 2 6 2 I 71. j 5o gr. de pain -j- | 2 h. I tasse de cacao I I Nulle 1 0.56 I Bu 100 ce. d'acide acétique à 4.8 o^'oo ^ en HCI 2.9 0/00. 72 i5o gr. viande -j- 100 gr de pain 2 h. o5' 2 h. 25' 2 h. 40' 2 h Nulle 1.24 id. 0.88 id. 0.65 id. 1.46 Bu 100 ce. d'acide acétique à 6 0/00 2 h. o5' 2 h. 35' en HCI 3.65 0/00. Nulle I 2.5 id. 1.25 LES SECRETIONS GASTRIQUES 85 TABLEAU VIL Existence de dilutions successives. Expérience préliminaire du Moyen I. 73, 120 gr. de pain -|- i/3 tasse café au lait. 2 h, i5'. Suc assez liquide. Congo réagit faiblement. Acid. abs. == 2.63. Il prend alors un œuf dur finement mâché. 3 h. 10'. Suc épais, blanc, sans pain. Pas de réaction au Congo. Acid. abs. =^ i.g. 3 h. 45'. Sondage facile, liquide. Congo très net. Acid. abs. = 2.85. 4 h. 10'. Estomac vide. Ramené 4 ce. Réaction légère au Congo. Siiperacide. Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. auC. Ac.abs. Total HCI I. Comb. I I l Fixe 74. loogr. depain-|- 2 h 125 ce. café au lait V. fig. 12 76. 75. 200 gr. viande-j- i3o gr. pain. 2 h. i5 2 h. 3o' 2 h. 55' 3 h. 3 h. 3o' 3 h. 5o' 4 h. 10' 4 h. 3o' 2 h. 2 h. i5' 2 h. 3o' 2 h. 45' Pas achevé 77. 175 gr. viande-(- 3 h. I i3o gr. pain. 3 h. 20'i 3 h. 40'' 4 h. 4 h. 20' 4 h. 40' Voir aussi tableau VIII, n° i20gr. depain-f- 200 ce. café au lait A ssez liquide Filtré : brtm Très liquide Filtré : suc jaune Plus épais Filtré : suc brun Très liquide Filtré : pâle Liquide Très liquide Plus épais Assez épais Liquide Franche 3.55 3.66 1.5 i.i5 » 3.28 3.6 '•74 0.6 » 3.8 4.32 1.38 1.74 » 2.9 3.94 1.9 0.72 » 4.3 4 38 0.18 2.4 1) 4.1 4.26 0.76 2.12 » 4.45 4.67 0.57 2.6 1) 4 12 4.25 1.25 2 » 3 35 3.3 0.8 1.25 » 3.6 4.54 2 » 2.9 4 - ' 7 » 3.6 4.64 2.4 )) 3.6 4.38 2 par suite de circonstance imprévue. Épais Liquide 0.85 1.26 1.2 1.32 18 I 38 I 5 I 1.25 Marquée pas énergiq. Franche 4-1 3.87 4.5 4.5 0.2 0.5 )) 4.6 4.9 0.4 )) 4.53 4.9 0.8 » 4.45 4.9 1.12 )) 3.87 4.5 0.8 Plus épais Liquide S7, cas typiq.; tableau IX, n'^ 38; tableau X, n° 96, 86 A. VERHAEGEN TABLEAU VIII. Courbes complètes du « Superacide n. Nature du repas Te m 1 ps ; 1 Caractères extérieurs Réact.auC. Ac. abs. Total HCI 1. Comb. Fixe 78 iSogr. depain-|- 45' Suc brun Marquée 2.1 225cc.caféaulait 1 h. 2 h. 2 h. 3 h. 3 h. i5' 45' i5' 35' Brun Brun Brun Jaune Pâle Franche » » » 2.5 2 g 3 35 3.72 2.9 79. Un demi-litre de 3o' Sans caillot Nulle 1.53 3 12 0 1.02 2.1 lait bouilli. I h. Qq. petits caillots Faible 2.84 3.72 0 2. 28 1.44 1 h. 3o' Le caill. se dissocie Franche 3.1 3.84 0.3 2.1 1.44 2 h. » 3.5 4.02 0.7 234 o.g6 2 h. 3o' 1) 3.87 4.62 I 2.5 1.08 2 h. 45' )) 3.1 4.2 I.I4 1.68 1.38 80. Un demi-litre de 3o' Nulle '75 2.64 0 0.84 1.8 lait bouilli. I h. Faible 2.48 2-94 0 1.32 I 62 I h. 3o' Forte 3.3g 4.26 1.2 1.8 1.26 2 h. » 3.8 4.44 2.34 0.96 1.14 2 h. 3o' 1) 3.2 4.32 2.1 o.gô 1.26 2 h. 45' Estomac vide. Ran lené 8 ce. Acid. abs.= 2.85. Réact. au C. 81. lyogr. de viande -J-ioogr. de pain I h. 1 h. 2 h. 3 h. 3 h. 3 h. i5' 5o' 3o' 3o' 5o' Nulle » Faible Franche » 1) I g6 2.5 3.5 3 g4 4-7 3.7 4 h lo' Ramené i5 ce. de suc. Réa :tion fi 'anche. Ana! yse pe rdue. 82 I go gr. de viande -|- 100 gr.de pain I h. 3 h. 3 h. 3 h. 3o' lo' 3o' 5o' Faible Franche » » 2,84 4.55 4.1 3.35 83. I 5ogr. de viande -)-i20gr. de pain I h. 1 h. 2 h 3 h. 3 h. 3 h. 4 h- 4 h. i5' 45' i5' 20' 40' 20' Très f. Plus franche pas lînergiq. » Franche » » » Est. vide 2.62 3.2g 4.4 4-9 4.12 3.87 2.45 LES SECRETIONS GASTRIQUES 87 Courbes complètes avec plateau en oscillations. Nature du repas Temps Caractères extérieurs !Réact. au C. Ac. abs. Total HCI Comb. Fixe 84. i8ogr. deviande'3 h. 3o' -(-i3ogr. de pain 85. 2 10 gr.de viande -(-i3ogr. depain 3 h. 5o' 4 h. lo' 4 h. 3o' 4 il. 5o' 5 11. lo' 5 11. 3o' 3 11. 3 11. 3o' 4 il. 4 11. 3o' 5 h. 5 h. 3o' 86. 25ogr. de viande '2 h. 1 3o' -f-i5ogr. depain |3 h. -\-6 p. de terre 3 11. 4 h. 3o' 4 h. 3o' 4 h. 5o' 5 h. lo' 5 h. 3o' 5 h. 5o' 87. i8ogr.de viande I h. -(-i3ogr. depain I h. 3o' V. fig. 13. 2 h. 2 h. 3o' 3 h. 3 h. 3o' 4 h. 4 h. 3o' \ 4 h. 5o'| Franche 3.7 » 4-4 » 4.6 )) 4-7 )) 4.3 1) 3.94 )> 3.o3 Faible 3.72 Franclie 4.38 I) 4.6 » 4.3 » 3.42 » 2.77 Nulle 1.75 » 2.4 Faible Marq. » Énerg. Franche pas excès. Nulle Faible Franche pas energiq 3.07 3.l3 3.8 4.2 4.53 3.87 2.7 2.3 3.2 3.65 4.3 Franche! 4 » 4.6 » Est. vide 3.65 1.68 4.02 4.05 4.8 4-94 4.8 4.8 4.1 4.2 4-44 4.86 4.98 4.56 4.26 3.18 3.3 3.84 4.2 3.96 4.6 4.2 3.36 G 0.3 0.9 I 1.2 2 46 1.85 0.06 0.3 0.42 0.54 1.32 0.36 012 0.18 0.48 0.8 0.9 0.6 1.2 1.92 2.46 2.8 2.28 2.84 2.2 1.08 1.98 1.38 1.26 1.2 1.2 0.96 i.i 1.68 Voir aussi tableau suivant n° 88 et 89. 12 88 A. VERHAEGEN TABLEAU IX. Sondasses doubles. Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C. Ac. abs. Total HCI 1. Comb. Fixe 88. 3 œufs en oniel I h. 45' Franche 4 5.34 0.22 -|-6ogr. de pain 2 h. o5' » 4.12 5.38 0.18 V. fig. 14. 2 h. 25' » 5.1 5.46 0.7 0 h. 45' Au pylore Au cardia H » 4.1 4-9 4.8 5.4 0.7 0.2 3 h. o5' )) 3,8 4.86 1.6 3 h. 20' » 4 23 5.04 1-7 3 h. 35' )) 3 4.02 0.9 89. Un litre de lait 3o' Nulle 1.46 1.8 0 1.8 bouilli. I h. » 1.24 2.28 0.24 2.04 I h. 3o' 1) 1.83 2.88 1.2 1.68 2 h. )) 2.84 3.36 2.16 1.2 2 h. 3o' Faible 3.42 3.66 2.4 1.26 3 h. B.marq, 3.69 4.1 0 2.9 1.2 3 h. 3o' A u cardia : suc épais, caillots plus gros eu suspension A u pylore ■• caillots 4.75 47 0 5 34 0.8 4 h. finement dissociés mélange uniforme Franche 4.38 3.79 4.6 4.6 I 2.3 2.9 1.34 0.8 0 96 90. 4 1/2 œufs en ome- lette -\- 100 gr. I 2 h. h. Nulle Franche 1.97 2 84 de pain. 3 h. Au cardia : suc pi. cp. A u pylore : plus dilué 1) 2.73 3.5 3 h. 3o' Au cardia : suc pi. ép. Au pylore : pi. liquide 3.6 2.92 4 h. Estomac quasi vide 1) 2.2 91. Un litre de lait I h. Nulle bouilli. 2 h. A u cardia Au pylore Faible 4.45 4.23 2 h. 3o' Au cardia Au pylore Franche » 4.38 3.72 3 h. A u cardia Au pylore 1) 4.23 3.94 Doubles sondages où l'acidité est plus élevée au pylore qu'au cardia {') 92. Exemple du n° 90. I 93. 3oo gr.de pain-|- 3oQCc. café au lait 94. loogr. depain-j- 200 ce. café au lait 4 h. 2 h. Au cardia Au pylore Au cardia ; pâle Au pylore : jaune 2.84 3.28 343 2.28 3.72 2.52 (i) Ces cas nous portent à croire que la dilution n'est pas un phénomène continu, comme on pourrait le croire d'après les exemples préccdents, mais un phénomène intertriiiteni. I LES SECRETIONS GASTRIQUES 89 TABLEAU X. Dilutions et courbes complètes du « Moyen 11 ». Nature du repas Temps Caractères extérieurs Réact. au C. Ac. abs. Total HCI 1. Comb. Fixe 95. i5ogr. depain-f- !3 h. Brun Franche 2.2 3.06 0.12 0.78 2.16 200 ce. de café 3 h. 20' Jaune 1) 2 3.48 0.42 1.2 1.85 3 h. 40' Jaune » 1.68 2.94 0.24 1.08 1.62 96. i5ogr. depain-|- I h. Brun Nulle 1.46 0.24 1.98 200 ce. de café 2 h. Brun A. faible 2.19 0.12 1.62 1.55 2 h. 3o' Bvun Franche 2.56 0.52 I 48 1-7 3 h. Jaune » '•97 0.3 1.36 1-7 3 h. 3o' Pâk )) 1.5 0.4 1.02 1.8 4 1^. Jaune, )} 2.26 0.66 0.86 1.96 4 h. 3o' Estomac vide 97. ioogr.depain-(- I h. Brun 1) 1.97 0.12 100 ce. café au lait 2 h. Brun » 2.55 0,54 2 h. 20 Pâle » 1.68 O.I 98. 200gr. depain-|- i5ogr.de viande 1 h. 2 h. 3 h. 3 h. 3o' 4 h. 4 h. 3o' 5 h. Très épais. Filtré : jaune foncé » « Mieux m(:langé, jaune (on ce Très bien mélangé jaune foncé Très liq. Incolore Très liq. Incolore Nulle » Douteux Franche pas forte » Nulle 2.04 1.9 2.41 39 4.1 2 0.91 TABLEAU XL Repas du v. Subacide «. Nature de repas Temps Réaction au Congo Acid. abs. Combiné Fixe 99. 140 gr. de pain -j- i tasse I h. A hsolumcnt nulle o.g5 de cacao 2 h. 2 h. 3o' » » 1.17 0.88 0 3.5 3 h. » 0.87 0 2.9 3 h. 3o' » 0.8 4 h. Fin. » 0.14 12. 90 A. VERHAEGEN Nature du repas Temps Réaction au Congo Acid. abs. Combiné Fixe 100. 140 gr. de pain -j- i tasse de cacao 101. Un demi-litre de lait 102. 180 gr. de viande + du pain et des légumes 103. 180 gr. de viande -|- du pain I h. 2 h. 2 h. 3o' 3 h. 3 h. 3o' 4 h- T h. 2 h. 2 h. 3o' 3 h. 3 h. 3o' I h. 2 h. 3 h. 4 h. 5 h. 6 h. 3 h. 4 h. 5 h. Absolument nulle 1.3 )) 1.02 )) 1.09 0 2.1 )) 0.94 » 0.65 Estomac vide » 0.07 Absolument nulle 0.73 n i.3i 0 2.9 » 1.09 i> 1.09 » 0 87 » 1.46 » 1-4 » 1.45 » 1.64 » 1.96 » 1.32 » 1.17 » 1.24 0 4.36 » 1.38 TABLEAU XII Subacide II. Nature du repas Temps Réaction au Congo Acid. abs. 104. 140 gr. de pain -j- 22 5 ce. café au lait 2 h. 45' Nulle 0.6 105 140 gr- de pain -\- 225 ce. café au lait 3 h. » 0.9 106 140 gr- de pain -}- 120 ce. café au lait 2 h. 3o' 1) l.i 107. 140 gr. de pain -|- 225 ce. café au lait 2 h. i5' » 0.7 LES SECRETIONS GASTRIQUES 91 108. 109. 110. 111. Influence de la nature des aliments sur la sécrétion acide. M ojy en I . Fécule. 100 gr. de fécule -(- 120 gr. d'eau. Après 45' Pas de réaction au Congo Acid. abs. ^ i.i. » 60' 1) » = o.gS » 75' Vide 100 gr. de fécule -|- 25o ce. d'eau. Après 60'. Réaction au Congo douteuse. Acid. abs. = 0.88. 100 gr. de fécule -|- 200 ce. d'eau. Après 5d . Réaction nulle au Congo. Acid. abs. = o.5. Talc. 10 gr. de fécule -(- 10 gr. de talc -)- 200 ce. d'eau. Après I h. i5' » 2 h. » 2 h. i5' Réaction nulle au Congo Réaction nulle Vide Acid. abs. ^ o.5 Albumines. 112. Myosine pure coagulée à la chaleur (valeur d'un blanc d'œuf). Après 25'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2 i5. 113. Myosine pure (faible quantité) suspendue dans 400 gr. d'eau. Après 3o'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 1.17. 114. 10 gr. de caséine pure dans 200 ce. d'eau. 115. 117. 118. Après 20' I Réaction franche au Congo 1) 3o' » Acid. abs.^2.o8|HCl^=i.26 Acid. abs.^i.97|HCl=i.02 Comb. = 1.83 5 gr. de peptones -j- 2 5o ce. d'eau. (Acidité du mélange ^1.02 0/0.) Après 35'. Acid. abs. = 2.06. HCl=i.3. 116. 100 gr. de fécule -(- 5 gr. de peptones -(- 200 ce. d'eau. Après I h. » I h. i5' » I h. 3o' Réaction franche au Conc Réaction franche Ae. abs. = 2.4 Ac. abs. = 2.1 Ac abs. ^1.9 HC1= 1.4 HCl pas dosé HCl = 0.9 100 gr. de fécule -|- i gr. de peptones -|- 200 ce. d'eau. Après I h. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2.2. HCl = 1.4 100 gr. de fécule -j- 5 gr. de peptones -\- 200 ce. d'eau. Après ) h. Réaction franche. Acid. abs. = i.53. HCl = 0.6. 92 A. VERHAEGEN Extrait de viande. 119. 5 gr. extrait de viande -(- 200 ce. d'eau. Neutralisé exactement. Après 40'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = i.g. 120. 100 gr. de fécule -(- 10 gr. extrait Liebig -(- 200 aq. I h. 10'. Estomac à peu près vide. Réaction franche. Acid. abs. = 2.2. 121. 100 gr. de fécule -j- 5 gr. extrait de viande -|- 200 ce. d'eau. Après 40'. Acid. abs. ^ 2.92. HCl = 1.46. 122. 5 gr. extrait de viande neutralisé, légèrement alcalin, -j- 200 ce. d'eau. Après 40'. Réaction franche au Congo. Acid. abs. = 2.04. HCl == 1.14. 123. 200 ce. d'eau -|- Iss sels de 10 gr. d'extrait de viande (incinération simple). Il y avait 4 gr. de cendres, dont une partie (0.6 gr.) noire non dissoute : goût franchement mauvais rappelant partiellement les sulfates et encore un peu l'extrait de viande. Après 3o'. Extrait environ 55 ce. de suc malgré une soif vive. Réaction nulle au Congo. Acid. abs. ^ 0.35. 124. 5o gr. de fécule -|- une demi-cuillerée à soupe de NaCl -j- 200 aq. Après 3o'. Réaction douteuse au Congo. Acid. abs. = 1.02. 125. 126. 2 gr. de créatine -f- 200 gr. d'eau distillée. Après 35'. Réaction absolument nulle au Congo. Acid. abs. 2 gr. de créatinine -(- 200 gr. d'eau. Après 40'. Réaction absolument nulle. Acid. abs. ^ 0.6. Sucre. 0.36. 127. 5o gr. de fécule -(- 25 gr. de saccharose. Après 25' 1) 5o' » .75' 5 gr. d e pe Après 3o' » 55' » 85' Réaction nulle au Congo. Tournesol faible Réaction nulle au Congo. Tournesol franc A peu près vide. Réaction nulle au Congo Acid. abs. = 0.18 Acid. abs. = 0.44 Acid. abs. = 0.61 128. 5 gr. de peptones -|- 3o gr. de lactose -f- 25o ce. d'eau. (Acidité du mélange = 0.94). Réaction nulle au Congo Réaction au Congo très douteuse Réaction douteuse S ti b a c ! d e . Voir le tableau XI. Acid. abs. = 1.46 Acid. abs. = 1.09 Acid. abs. = 0.94 129. 1 00 gr . de fécule -|- 200 aq. Après 60' Réacti » 90' » 120' Réaction nulle au Congo Estomac vide Acid. abs. = 0.36 Acid. abs. = o.5i LES SECRETIONS GASTRIQUES 93 130. 10 gr. de peptones -|- 200 ce. d'eau. (Acidité du mélange = 2.8. Après 3o' )) 60' » go' Réaction nulle au Congo Estomac vide Acid. abs. Acid. abs. i.i 0.58 Moyen II. Fécule. 131. 100 gr. de fécule -j- 200 ce. d'eau. 132. Après 3o' » I h. » I h 3o' » 2 h. Réaction faible au Congo Réaction plus forte Réaction franche, pas vive Fin. Pas de réaction au Congo Acid, abs. ^0.47 Acid. abs. = 0.68 HCl = o Acid. abs. = 0.95 HCl = 0.3 Acid. abs. = 1.24 HCl = 0.4 100 gr. de fécule -f- 200 ce. d'eau. Après 3o' Réaction au Congo très douteuse )) I h. La réaction existe, mais pas forte I) I h. 3o' Réaction au Congo plus franche » 2 h. Estomac vide Acid. abs. = 0.44 HCl = 0.12 Acid. abs. = 1.24 HCl = 0.32 Acid. abs. = 1.1 Albumine. 133. 5 gr. de peptones -j- 200 ce. d'eau. Après 20' )) 40' >) 60' Réaction nulle au Congo Réaction très vive au Congo Estomac vide Ac. abs. =2. il Ac. abs.=3.2'HCl=i.J C.= Ac. abs. ^3. 2 134. 10 gr. de peptones -j- 200 ce. d'eau. Après 3o' Réaction très énergique au Congo » 60' Estomac vide. La sonde ne réagit pas au papier Congo Sucre. 135. 100 gr. de fécule -|- 5o gr. de lactose -j- 200 ce. d'eau. HCl=i.32 = 1.1 = 1 =1.7 Après 3o' » 60' 90 Réaction nulle au Congo. Tournesol légèrement acide Réaction nulle au Congo. Tournesol neutre 136. 10 gr. de peptones -(- 40 gr. de lactose -|- 200 ce. d'eau. Après 20' » 40' » 60' Réaction nulle au Congo Réaction marquée Réaction franche Ac. abs. ^1.38 Ac. abs. =1.35 Ac. abs. =^0.62 Ac. abs. =0.22 Ac. abs. =0.18 Ac. abs.=o HCl=o HCl=o.3 94 A. VERHAEGEN 139. 140. 141 Superacide. Fécule. 137. 5o gr. de fécule -(- 2cfo ce. d'eau. Apr. 5o' » I h. 20' I) I h, 35' » 2 h. Remarque Réaction franche au Congo Ac. abs. = 3.2 Ac. abs. = 3 Ac. abs. = 2.3 Ac. abs. = 2.5 HC1=2.4 HC1=2 HC1=2 HCl=i.4 Dans tous les sondages, la sonde ramène de la fécule en plus ou C. =o.6 C. =0.6 C. = 0.2 C. =o.8 moins grande quantité. 138. 5o gr. de fécule ~\- loo ce. d'eau. Apr. 45' Réaction franche au Congo Ac. abs. = 3.3 HCl=2.i5 » I h. Réaction franche Ac. abs. = 3 HCl=i.6 » I h, i5 » Ac. abs. =2.2 HCl=i.5 1) I h. 3o' » Ac. abs. = 2.4 HCl=i.2 » I h. 45' » Ac. abs. =: 2.3 » 2 11. » Ac. abs. = 2.4 HCl=i.35 » 2 h. l5' n Ac. abs. = 2.4 5o gr. de fécule -|- i5o ce. deau. Après 2o' Réaction franche au Congo Ac. abs. = 1.8 HCl=i.3 C. =- 0..34 » 40' » Ac. abs. = 2.3 HCl=i.5 C. = 0.7 » 60' » Ac. abs. = 3. HC1=2 3 C. = 0.6 » 80' 1) Ac. abs. =3. HC1=2.2 C. = 0.7 \ Remarque. Ce repas n'était pas achevé. Il est très difficile de dire pour le superacide, quand son estomac est vide, parce que la fécule reste toujours en certaine quantité. Il lui est arrivé de ramener quelques grains de fécule douze heures après, lorsque déjà il avait pris deux autres repas. 70 gr. de fécule -|- 200 ce. d'eau Apr. 45' » I h. i5' 1) I h. 45' » 2 h. o5' » 2 h. 35' 100 gr. de fécule. Vidé l'estomac après Réaction franche au Congo Ac. abs = 2.77 » Ac. abs. = 3.2 HC1=2.58 1) Ac. abs. = 2.92 HCl=2.i6 » Ac. abs. = 2.6 îéact. fr. Couleur jaune : bile Ac. abs. = 2.6 I h. Ramené 35 ce. de liq. avec dépôt. Ac. abs.= Albumines. 142. 8 gr. de caséine -|- 25o d'eau. Après 3o' » 60' » 90' Réaction très vive au Congo Réaction très vive Estomac vide Ac. abs. = 4 Ac. abs. = 3.72 HCl=o.84 HC1=2.64 LES SECRETIONS GASTRIQUES 95 143. 12 gr. de caséine -(- 200 ce. d'eau. Réaction franche 146. 148. Après i5' » 3o' » 45' 1) 60' » 80' » 100' Fin. Ac. abs. Ac. abs. Ac. abs. ■■ Ac. abs. Ac. abs. Ac. abs. 0.95 2.55 3.72 2.7 ^ 2.62 : 2 62 HCl=o.36 HCl=i HCI=2.04 HCl=i.75 HC1= HCl=i.32 C. C. 0.43 : I I 4 144. 10 gr. de peptones -(- 200 ce. d'eau (acidité du mélange = 2. Après 20' I) 40' » 60' )) 80' Réaction franche » n Est. vide. » 145. 200 ce. d'eau -(- 10 gr. de peptones. Après 3o' » I h » I h. 3o' » 2 h. Réaction franche au Congo » I) Fin. I) Ac. abs. = 3.5 Ac. abs. = 3.5 Ac. abs. =, 3 Ac. abs. = 2.84 Ac. abs. = 3.87 Ac. abs. == 3.42 Ac. abs. = 2.7 Ac. abs. = 2.47 HCl=i.62 HC1=2.4 HC1=2.46 HCl=i 86 HC1=3 HC1=2.76 HC1=2.2 HC1==2.4 C. C. C. C. ^ 2 I 0,85 : 1.68 Eau distillée, 25o ce. d'eau distillée. Après 3o'| Réaction franche » I h. I Retiré 60 ce. Réact. franche Sucre. 147. 5o gr. de lactose -j- 200 ce d'eau. Ac. abs. Ac. abs. 1.24 HCl=o g 1 I.97J Pas dosé Après 20' 45' I h. 10' 00 I h. 1 h. 5o' Réaction douteuse | Ac. abs. = o 355 I ce. de suc renferme 0.16 gr. de sucre. Réaction douteuse | Ac. abs. =^ 0.58 I ce. de suc renferme o 14 gr. de sucre. Réaction douteuse | Ac. abs. = 0.9g I ce. de suc renferme 0.064 gr. de sucre. Réaction douteuse | Ac. abs. = 0.73 I ce. de suc renferme o.oSg gr. de sucre. Réaction douteuse | Ac. abs. ^ 0.88 I ce. de suc renferme 0.004 S^- '^^ sucre. HCl pas dosable 20 gr. de sucre -|- 200 ce. d'eau. Après 3o' Réaction assez nette | Ac. abs. =0.58 I ce. de suc renferme o.o56 gr. de sucre. I h. Réaction nulle | Ac. abs = 0.44 I ce. de suc renferme 0.041 gr. de sucre. Réact. nulle ou tr. faible | Ac. abs. = 0.95 I ce. de suc renferme 0.021 gr. de sucre. HCl pas dosable 96 A. VERHAEGEN 149. 40 gr. de fécule -\~ 40 gr. de saccharose -\- 200 ce. d'eau. 151. 154. 155. 156. Après 3o' » 60' )) 80' 5o gr de Apr. I h. » I h. 45 » 2 h. i5 Réaction nette au Congo Réaction nette » Ac. abs. = o 99 Ac. abs. = 0.95 Ac. abs. = I 46 150. 5o gr. de fécule -)- 5 o gr. de lactose -|- 1 5o ce. d'eau. Réaction franche Estomac vide. Réact. franche Ac. abs. = 1.3 Ac. abs. = 1.75 Ac. abs. = 1.9 HC1 = o HC1 = 6.3 HCl = 0.6 HCl = o.i HCl perdu HCl = 0.3 70 gr. de fécule -)- 40 gr. de lactose -j- 2 5o ce. d'eau distillée Apr. I h. Réaction faible 1 Ac. abs. ^0.87 I ce. de suc renferme 0.06 gr. de sucre. Réaction énergique j Ac. abs. = 1.7 I ce. de suc renferme o oi3 gr. de sucre. Estomac vide I h. 3o' 2 h. 10' HCl pas dosable HCl = 0.64 152. 5o gr. de fécule -|- 5o gr. de saccharose -j- 200 gr. d'eau. V. fig. 15. pr- 5o' » I h. 25' » 2 h. » 2 h. i5' Réaction franche Ac. abs. = I 6 Ac. abs. ^ 1.7 Ac. abs. = 2.84 Ac. abs. = 3.4 HCl = 0.14 HC1 = o.i5 HCl = 2 HCl == 2.8 153. 10 gr. de peptones -f- 5o gr. de lactose -(- 200 ce. d'eau (acidité du mélange = 2.8). Après 3o' » 60' )) go' 10 gr de Apr. 20 » 40 1) I h. 10 » I h. 3o » I h. 5o Réaction nulle Réaction franche Ac. abs. = 2.84 Ac. abs. = 3 Ac. abs. = 3.1 HCl =0 HCl = 0.43 HCl = 0.94 de peptones -\- 5o gr. de lactose -j- 200 ce. d'eau distillée. Réaction nulle au Congo Réaction douteuse Réaction franche Fin. Ac. abs. = 2.84 Ac. abs. ^ 3.32 Ac. abs. = 3.57 Ac. abs. = 3.07 Ac. abs. = 2.41 HCl = o HCl = o HCl = 1.7 HC1 = 1.3 HCl = 0.18 Remarque. Au troisième sondage, où nous voyons apparaître brusquement l'HCl, un centimètre cube de suc renferme encore 0.017 gr. de sucre. Voir le lait seul au premier chapitre du tableau VIII. 5oo ce. de lait bouilli -(- 100 gr. de lactose. Apr. 3o' Réaction nulle au Congo i Ac. abs, = o 96 )) I h. Réaction nulle ; Ac. abs. = i.i5 Un ce. de suc renferme 0.17 gr. de sucre. » I h. 3o' Réaction nulle | Ac. abs. = 1.24 Un ce. de suc renferme o. 122 gr. de sucre. LES SECRETIONS GASTRIQUES 97 Apr. 2 h. t> 2 h. 3o' » 3 h. Réaction douteuse [ Ac. abs. = 1.97 Un ce. de suc renferme 0.079 §'■ '^^ sucre. Réaction fr., mais pas énerg. | Ac. abs. = 2.92 Un ce. de suc renferme 0.047 S^- ^^ sucre. Réaction peu énergique ) Ae. abs. = 3.65 Remarque. Le repas n'était pas achevé. HCl = 0.2 HCl = 0.1 157. 158. 159. 160 Saccharine. 100 gr. de fécule -(- o. 5o gr. de saccharine -|- 200 ce. d'eau. Après 3o' I Réaction vive au Congo )) 60' Réaction vive Ac. abs. = 1.5 Ac. abs. = 2.62 HCl = I HC1= 2 70 gr. de fécule -|- 200 ce. de solution saturée de saccharine. Bu après un quart d'heure 5o ce. de la même solution. Après 3o' >) 60' Réaction franche Ac. abs. = 1.24 Ac. abs. ^2.5 HCl = 07 HCl = 1.5 Graisses. 20 gi' de Apr 3o » I h. )) I h. 3o' 1) 2 h. )> 2 h. 3o' i5 gr. d e g Apr 3o' » I h. )) I h. 3o' )) 2 h. 1) 2 h. 3o' beurre fondu -(- 20 crr. Réaction franche » » 1) de fécule -)- eau (quantité indéterminée). Ac. abs. = 2.2 Ae. abs. = 1.46 Ac. abs. = 1.6 Ac. abs. ;= 2.48 Vidé l'estomac. Ramené 5o ce. avec une notable quantité de beurre. r. de graisse (beurre fondu) -|- i5 gr. de fécule -(- eau (quantité indéterminée). Réaction franche » » )) n Ac. abs. = 2.04 Ac. abs. = 2.62 Ac. abs. = 2.62 Ac. abs. = 2.4 Ac. abs. = 2.23 HCl = 0.9 HCl = 2.24 HCl perdu HC1= 1.86 HC1= 1.62 Remarque. Toutes ces expériences du Superacide ont été faites le matin à jeun après évacuation préalable de l'estomac. 98 A. VERHAEGEN EXPLICATION DES TRACÉS. Les chiffres entre parenthèses, à côté du numcro du tracé, renseignent l'expérience du protocole mise en graphique. 1 à 6. Influence de la quantité des aliments sur l'ascension de l'acidité absolue : I à 3 chez le Moyen /; 4 à 6 chez le Moyen II. 7 à 11. Types de dilutions finales : 7 et 8 du Moyen /; 9 à 11 du Superacide; I I est un type où l'acidité absolue reste constante grâce à une énorme sécrétion de H Cl. 12 à 14. Dilutions successives vers la fin de la digestion chez le Superacide. 15. Influence passagère du sucre chez le Superacide. \ ^--UC— ^r''- 1 ■rririiJîT . . . n . — - ■■L'!''::|!i:i;:yt i .^-^ ■^méM. Fiq.8 2h Kg 2 3% [ — rr^nx p-rniivi-l i rtrP^^ __^ -^-— - ■■■' , ,,i ih IH Oh Fm]J» ! ' , — ^ ^ y/^ Z^ ■ TiJTjffi +T--^+i: ^t++rt+i t+t*-! Ih % Fi94 ;:: 1 ~ ' — i innw; JKîîin; ïi^wiif -S ë J Ih Uî Fi9.5(33j — 1 -J _^ ^ [--^ ■jj+ 1 - rivvG ■-A.ipii. vcLiia^gezi ' '■ Louvttut 'ri.' <»• I • 5 » V'.- ^ f4, ^ -i . LA GLANDE IMPAIRE DE l'H/EMENTERIA OFFICINALIS PAR H. BOLSIUS, OUDENBOSCH (HoLLANDe). {Mémoire déposé le 31 juillet 1896.) 13 LA GLANDE IMPAIRE DE L'H^MENTERIA OFFICIMLIS I. Parmi les nombreuses espèces d'hirudinées exotiques que nous devons à la bienveillance du D^ Raph. Blanchard, de l'Académie de Médecine de Paris, se trouvent quelques exemplaires de VHœinenteria offîcinalis. D'après les renseignements que nous donne notre savant ami, le nom spécifique de offlcinalis lui vient de ce qu'au Mexique, sa patrie, elle sert aux mêmes usages médicaux que VHirudo officinalis de nos pays. Ce détail est assez remarquable, car VHœmenteria officinalis est un rhynchobdellide et ne possède ni dents ni mâchoires. Le mécanisme qui lui permet d'en- tamer la peau de l'homme est encore inconnu. Nous avons découvert dans cette espèce une particularité anatomique, dont nous ne trouvons aucune indication dans les auteurs et qui nous parait assez intéressante pour être signalée : c'est une glande impaire située au- dessus de la trompe. La FiG. 1, qui est un schéma construit d'après trois ou quatre sections microtomiques successives, nous servira à la décrire succinctement. Tv est la trompe exsertile, rétractée ici. Au-dessus de cette trompe s'étend la glande impaire, Gli. La formation entière est divisée en trois portions bien caractérisées. 1. La portion postérieure, fig. l, Gli, A, est mince et pelotonnée. Ce pelotonnement peut être dû en partie à la contraction produite par la fixation. 2. La portion moyenne, ibid, B, est très large, droite et assez courte. 3. La portion antérieure, ibid, C, n'est pas glandulaire; elle consti- tue simplement un canal évecteur du produit de la glande. Quelques détails de la disposition et de la structure de cet organe n:ié- ritent d'être relevés. 102 H. BOLSIUS Notons d'abord qu'il constitue une glande impaire. On le constate sur une section transversale de l'animal, fig. 2, Gli. Or, parmi toutes les hiru- dinées indigènes et exotiques examinées par nous, nous n'avons rencontré nulle part une formation pareille ou analogue. De même, pour autant que nous sachions, nul auteur antérieur n'a indiqué la glande dont nous parlons. La lumière de cette glande parait être intracellulaire et l'organe formé d'une série de cellules perforées en forme de manchon, placées bout à bout. Enfin un autre détail, très extraordinaire, est présenté par la confor- mation du canal évecteur de la glande, fig. l, C. Ainsi que cela se voit dans cette figure, le canal se bifurque derrière la masse nerveuse cérébroïde, Coe : une branche passe au-dessus du collier, l'autre au-dessous. Ces deux branches se rejoignent ensuite au-devant du collier et refor- ment de nouveau un canal unique, qui débouche dans une gouttière ap- partenant à la gaine de la trompe, près de l'extrémité antérieure de la lèvre supérieure. Tel est l'organe que nous proposons d'appeler simplement glande impaire. Le lecteur trouvera dans les pages qui suivent une description plus détaillée et dans nos dessins la reproduction des aspects que nous avons eus sous les yeux. Ces dessins serviront surtout de pièces de con- viction à l'appui de notre interprétation de la structure générale de la glande impaire, IL 1° Détails de la portion moyenne, Jîg. l, B. La portion élargie de la glande ou portion moyenne, fig. 1, B, va nous occuper d'abord. On peut la considérer comme une sorte de réservoir du produit sécrété par la portion pelotonnée, ibid, A . Mais les cellules des deux portions ont le même aspect, la même structure, et à l'état de conservation où elles nous sont parvenues, elles se comportent de même vis à-vis des matières colorantes. La portion B, sous ces rapports, est aussi glandulaire que la portion A, dont il sera question plus loin. A. Détails histologiques. La fig. 3 est une section transversale de la portion moyenne, grossie environ 330 fois. Le canal C, ou lumière de la' glande, est ménagé non pas LA GLANDE IMPAIRE DE L H^MENTERIA OFFICINALIS 103 entre plusieurs cellules de manière à constituer un canal méatique, ni à Vextérieiir d'une cellule unique repliée et resoudée à elle-même; il est creusé à l'intérieur d'une cellule, dans le protoplasme même, pr, de façon à former un vrai canal intracellulaire, comme celui des organes segmentaires. La cellule en manchon qui contient ce canal est revêtue extérieurement d'une propria conjonctive, te, assez mince dans toute la portion moyenne de l'organe (voyez aussi les fig. 6 et 7, ppr). B. DÉTAILS CYTOLOGIQUES. Le noyau, n, fig. 3. Les matériaux dont nous avons disposé n'ayant pas été fixés d'une manière appropriée à une conservation parfaite, nous ne saurions décrire avec précision tous les détails nucléaires. Le caryoplasme est peu dense et possède un réticulum lâche et à grandes mailles ; à l'entrecroisement des trabécules se voient des granules fortement teintés par le carmin. En somme, les noyaux de la glande ne présentent rien de spécial. Le seul point à remarquer est la dimension colossale qu'ils peuvent atteindre, fig. 3, n. Le protoplasme, pr, fig. 3 à 8. Le cytoplasme en section transversale présente une striation extrême- ment nette et remarquable. Cette striation est visiblement parallèle à la surface de la cellule. Les innombrables trabécules sont cependant plus ser- rées vers la surfajce extérieure; aux deux pôles du noyau apparaissent des territoires à granulations très fines, où les trabécules ne sont pas visibles. Ces mêmes granulations se retrouvent aussi disséminées entre les trabécules de la partie striée du protoplasme. A quelque^ endroits, fig. 5 et 6, la striation est plus ondulée et tour- mentée dans diverses directions. Une section longitudinale de la paroi de la portion moyenne nous révèle une seconde striation du protoplasme, telle qu'on la voit dans la FIG. 4; elle est radiale, c'est-à-dire normale à l'axe même de tout l'organe. Ce détail est encore plus visible sur les sections tangentielles, fig. 8. Les meilleurs et les plus puissants objectifs de Zeiss ne révèlent pas la moindre interruption dans la striation sur tout le circuit du protoplasme. 104 H. BOLSIUS Ils ne décèlent pas la moindre trace de soudure, fig. 3, 5, 6. Force nous est donc de conclure que la lumière du canal est intracellulaire, comme nous l'avons dit plus hau-t. Les membranes, fig. 3 et 6. La membrane externe, me, ne présente rien de particulier ; elle est très nette sur les coupes transversales, mais d'une finesse extrême. La membrane interne, mi, est beaucoup plus épaisse et présente un double contour. Sous l'action du carmin, elle se teinte en rouge. Par endroits, dans nos matériaux, elle s'est détachée du protoplasme, ce qui la rend encore plus visible, fig. 9, mi. On peut se demander si les cellules contiguës du manchon glandulaire sont fusionnées? Tant que nous nous sommes servi d'autres objectifs que l'apochromatique à immersion homogène 2.0/1.30 de Zeiss, la chose est restée douteuse. Avec ce dernier seulement, nous avons pu constater la pré- sence d'une ligne transversale continue, d'une membrane, que nous avons taché de reproduire dans notre fig. 4, sans toutefois atteindre à la finesse extrême de la disposition que nous avons observée, fig. 4, ml. 2° Détails de la portion pelotonnée, fig. 1, A. A. Détails histologiques. La fig. 5, A et B, représente la transition de la portion moyenne à la portion pelotonnée. Le dessin de ^ et de iî reproduit la même préparation avec une mise au point différente; par là, nous voyons avec évidence que les deux lumières de la FIG. 5, C et C^, appartiennent réellement à un canal continu, la lu- mière de la FIG. 4, B, les reliant. La FIG. 6, prise un peu plus loin dans la série des coupes, montre que la paroi du canal dans la portion postérieure est constituée par une zone de protoplasme plus étroite, c'est-à-dire par une cellule d'un diamètre plus petit. Descendant encore dans la même série, nous rencontrons la fig. 7, où la portion moyenne, la pièce de transition et la portion franchement pelotonnée se trouvent sectionnées en même temps. Les fig. 5, 6 et 7, montrent aussi comment toutes les parties de l'organe à ce niveau sont re- vêtues d'vinQ propria conjonctive commune, ppr. LA GLANDE IMPAIRE DE l'h^MENTERIA OFFICINALIS IO5 Lorsque cette couche conjonctive est vue aplat, comme dans la fig. 4,^, où une anse est coupée tangentiellement, les cellules forment un carrelage assez régulier. B. Détails cytologiques. Le noyau, ii, fig. 5 et 6. Dans la partie qui constitue la transition entre la portion moyenne et la portion pelotonnée, on remarquera, fig. 5, A et B, et 6, que les noyaux, //, sont beaucoup plus petits que dans la portion moyenne, fig. 3, //. La portion pelotonnée, avec son protoplasme encore plus étroit, pré- sente aussi des noyaux plus petits que ceux de la pièce de transition, comme on le constate par le noyau, ;?, de la fig. 6. Le protoplasme, pr. La structure striée de la portion moyenne se remarque avec la plus grande netteté dans toute la portion pelotonnée, comme l'attestent les fig. 0 et 7, pr. La membrane. A la surface extérieure des cellules, la membrane conserve partout sa netteté et sa finesse. Autour de la lumière du canal, il nous semble qu'elle s'amincit dans la portion pelotonnée, fig. 7, Pp; elle ne se présente plus avec un contour franchement double, quoique toujours apparent, comme on le voit dans les fig. 6 et 7. 3° Détails du canal électeur, fig. 1, C. La partie la plus intéressante de l'appareil glandulaire est sans con- tredit sa portion antérieure, que nous pourrons appeler le canal épecteur. Bien que nos matériaux, ainsi que nous l'avons dit, soient imparfaits pour certains détails, leur état de conservation est cependant très suffisant pour l'examen du conduit dans tous les individus que nous avons pu soumettre à l'étude. Tandis que la portion glandulaire est d'une structure assez simple et d'un volume énorme, le canal évecteur au contraire est de très faibles dimen- sions et présente une disposition si étrange qu'il nous a fallu la contrôler sur plusieurs individus, et sectionner ceux-ci dans différentes directions. Ce n'est qu'après de longues et patientes observations, après des comparaisons Io6 H BOLSIUS minutieuses de toutes nos sections microtomiques, que nous nous sommes persuadé de la réalité de ce que nous avançons. Que le lecteur nous permette à cette occasion d'insister un moment sur notre technique et sur la méthode que nous suivons dans ce genre de re- cherches. Nous tenons à le faire surtout à cause des reproches continuels qui nous ont été adressés de différents côtés à propos de nos recherches sur d'autres productions canaliculées (les organes segmentaires). Nous enrobons un animal, ici VHœmenteria officinalis, en entier, après l'avoir coloré en bloc. De cette façon, nous avons la certitude de n'avoir rien dérangé dans les rapports de situation respective des divers organes. Il peut bien se produire une certaine coutraclion, mais pas de déchirures, pas de transpositions. Nous débitons l'animal, depuis l'extrémité antérieure de la lèvre supé- rieure, en coupes sériées de I0|ji d'épaisseur, dirigées bien normalement à l'axe du corps. Du canal évecteur, qui dans un petit exemplaire ne mesurait pas plus de deux millimètres, nous avons obtenu le chiffre assez respectable de deux cents sections successives, montrant le canal à sa place naturelle. Nous savons que dans ces séries ininterrompues nous possédons le canal entier, et que nous pouvons en étudier le parcours complet tout aussi bien, si pas mieux, que par des dissociations qui endommagent souvent les objets fragiles. Cette méthode est plus laborieuse, mais plus sure que les tentatives aveugles de dissection. Ceci néanmoins n'implique pas que nous jugions notre technique infaillible, et que nous niions les précieux résultats des dis- sections. Aussi là où la chose est possible, nous avons toujours contrôlé les données de l'une des méthodes par celles de l'autre. A Détails anatomiques. L'examen de ces séries de coupes nous a donc révélé l'existence d'une bifurcation du canal évecteur, située en arrière des ganglions cérébroïdes. Les deux branches ainsi formées passent l'une au-dessus et l'autre en dessous de ces ganglions et se rejoignent au-devant d'eux. Examinons celles de nos figures qui démontrent ces dispositions. La FiG. 8 passe à la limite de la portion moj^enne et du canal évecteur; les deux parties y sont intéressées et se touchent en L. Les sections trans- versales, reproduites dans les fig. 9, 10 et il, montrent encore plus claire- LA GLANDE IMPAIRE DE L H.EMENTERIA OFFICINALIS 10? ment le passage. La lumière de la fig. 9 est encore franchement dans la portion moyenne; celle de la fig. 10 est sur la limite des deux parties; celle de la FIG. 11 est la lumière du canal évecteur. Ce même canal évecteur va garder pendant un long trajet l'aspect et la structure que nous lui trouvons dans la fig. 11. Arrivé à quelque distance du collier, le canal, simple jusque là, s'aplatit et s'élargit, comme le montre la fig. 13, A. Au-delà de cet endroit, dans la FIG. 13, B, le canal s'est dédoublé en CE et CE'. Avançant encore dans la série, nous voyons les deux branches s'écarter davantage, comme le montre la FIG. 13, C. Cet écartement s'accentue de plus en plus, jusqu'à ce que la branche supérieure, CEs de la fig. 14, ait gagné le dessus du collier, Cœ, et la branche inférieure, CEi, le dessous. A partir de l'endroit marqué dans la fig. 14, si nous continuons à suivre les deux branches à travers la série des coupes, les phénomènes se répètent en sens inverse. Les deux branches se rapprochent de plus en plus et, à une petite distance en avant du collier, elles se rejoignent pour ne constituer dorénavant qu'un seul canal. Ce canal longe la voûte de la gaine de la trompe jusque tout près du bord antérieur de la lèvre supérieure. La fig. 15 nous le montre à cet en- droit en CE. Puis en se recourbant, le canal se déverse dans une gouttière, qui n'est qu'un pli de la muqueuse en relation avec les plis de la gaîne de la trompe, fig. 1. b. détails histologiques. 'L.a. propria qui revêt la portion moyenne de l'organe, fig. l, B, et qui est représentée dans les sections des fig. 3 à 10, se continue le long du ca- nal évecteur. On s'en convaincra facilement par l'examen des fig. 8, 10 et il. Dans la fig. 10, le tissu conjonctif, te, s'étend beaucoup en largeur. Ceci est dû, non pas à l'épaisseur de la couche conjonctive en cet endroit, mais à ce que cette couche est projetée sur la surface courbe de la cellule termi- nale de la portion B, fig l. Un coup d'œil sur la fig. 8 à l'endroit marqué L le prouve. Depuis son origine à l'extrémité de la portion moyenne jusque près de la bifurcation, le canal évecteur, — du moins dans les matériaux fixés, — est tortueux, comme le prouvent les tronçons sectionnés du même coup dans une coupe transversale, tels que les présente la fig. 12, CE. 14 I08 H. BOLSIUS 'La paroi propre du canal est constituée par un tissu épithélial, dont la FiG. 16 donne une idée exacte. Les cellules épithéliales sont fortement aplaties et allongées outre mesure. Seulement près des noyaux, Ji.ep, peu nombreux, le corps de la cellule s'épaissit et fait saillie tant du côté de la lumière du canal que du côté de la propria. C. Détails cytologiques. Les cellules qui forment la paroi du canal évectei.r ne présentent du protoplasme ordinaire qu'autour du noyau, fig. 15, n.cp. Ce protoplasme possède un aspect finement granulé ; parfois vers la partie amincie, il montre une structure fibrillaire qui se perd à quelque distance, ne laissant voir ensuite que le double contour de la cellule aplatie et étirée. En coupe transversale, comme cela se voit dans la fig. 13, A, B et C, cette paroi possède une disposition ondulée, due à la contraction de la propria produite par la fixation. 4° Le contenu de la cavité de la glande et du canal électeur. Dans la fig. 16, nous représentons le contenu du canal évecteur, qui s'observe par ci par là. C'est un coagulum, ca. Il paraît constituer la ma- tière sécrétée par la glande et coagulée par la fixation. On voit de temps en temps des globules mêlés à la substance coagulée granuleuse, gl, fig. 16. Des granulations semblables mais peu abondantes, se présentent éga- lement à l'intérieur de la portion moyenne, fig. l, B, de la glande impaire. Dans la fig. 3, le coagulum se trouve appliqué contre la membrane interne, mi, du canal C. Là aussi, on rencontre quelques globules. Ces globules, à en juger par leurs dimensions, par l'aspect de leur noyau et de leur protoplasme, par l'action des matières colorantes, parais- sent être des corpuscules cœlomiques, c'est-à-dire des cellules analogues aux cellules du sang. S'il en est ainsi, on doit se demander comment ces cellules entrent dans cette cavité, qui ne présente d'autre orifice que celui du canal évecteur? Si ce sont vraiment des cellules du liquide cœlomique, comment pénètrent- elles là ? M. le professeur Gilson, consulté par nous sur ce point, nous a répondu qu'il n'est pas rare de trouver du sang à l'intérieur des organes creux dans des animaux fixés entiers à l'aide de solutions peu énergiques qui provoquent de violentes contractions de tout l'organisme et des ruptures de tissu. LA GLANDE IMPAIRE DE L H.EMENTERIA OFFICINALIS I09 ^ Si nous n'avons pas constaté de pareilles ruptures, il n'en est pas moins certain que les matériaux que nous avons reçus n'avaient pas été traités par des fixateurs énergiques. Il est donc possible que l'apparition de ces globules soit due à l'influence d'un procédé défectueux de fixation. 5° Remarques. Le trait le plus digne d'attention dans la structure des cellules de la glande impaire est la netteté et la richesse du système circulaire de la trame cytoplasmatique. Sous ce rapport, l'objet est très remarquable. Communé- ' ment en effet, les trabécules radiées prédominent dans l'édifice réticulé de cette trame sur celles des deux autres systèmes, surtout sur les trabécules circulaires. Sans doute, celles-ci se développent et se fortifient très souvent dans les couches périphériques différeutiécs, c'est-à-dire dans la texture de la membrane cellulaire, soit cuticulaire, soit individuelle. Mais il est fort rare de les trouver régularisées et fortifiées, de façon à constituer des fils circulaires au sein même de la masse cytoplasmatique. Nous n'ignorons pas qu'il existe des cellules, entre autres des œufs et des cellules nerveuses, dans lesquelles un certain nombre de couches, réticulées elles-mêmes, s'emboîtent les unes dans les autres autour du noyau. Mais dans notre objet, il semble que dans toutes les couches du réticulum général c'est l'élément circulaire qui est toujours prépondérant. L'élément radial y est assez fort aussi, quoique moins apparent, mais les trabécules à direction longitudinale y sont à peine distinctes. Cette disposition si marquée ici fournit un nouvel appui aux idées de Carnoy sur la structure intime du protoplasme et de la membrane. Chacun des trois systèmes de trabécules peut devenir, dans une cellule donnée, prépondérant sur les deux autres, et leur existence normale est mise en lumière par ces cas particuliers. EXPLICATION DE LA PLANCHE. N. B 1° Nos dessins ont été exécutés avec les oculaires et les objectifs de Zeiss 2» Les «"S inscrits entre ( ) en tête des légendes indiquent le chiffre que portent dans notre collection les slides d'où les figures sont tirées ABRÉVIATIONS COMMUNES. C : Canal de la glande impaire. CE : Canal évecteur [CEs = supérieur, CEi = inférieur). Cœ : Collier œsophagien, CG : Chaîne ganglionnaire. cm : Cellules musculaires. Gg : Ganglion. Gli : Glande impaire. m : Membrane {mi = interne, vie = externe). n : Noyau (n.tc = du tissu conjonctif, n.ep = de l'épithélium). pig : Pigment. pr : Protoplasme. ppr : Tunica propria. te : Tissu conjonctif. Tr : Trompe. FIG 1 (no lyiS Coupe schématique de la partie antérieure de VHœmenteria officinalis — Gross + 20. A, B, C : Les trois portions distinctes de l'organe glandulaire. FIG. 2 (n° 390). Coupe transversale de la cavité du corps logeant la glande im- paire, la trompe et la chaîne ganglionnaire. Gross. A X, 2 ord = + 5o. FIG. 3 (n» 328). Coupe transversale de la portion B de la fig. 1. — • Gross. apochr. à sec S.o/o.gS X 4 comp. = + 33o. FIG. 4 (no 171). Coupe longitudinale de la paroi de B (fig. 1) au niveau de deux cellules contiguës. — Gross. apochr. imm. hom. 2.0/1 3o X 4 comp = + 5oo. ml : Membrane limitant les cellules contiguës. FIG. 5 (n° 391). A : Section de l'anse réunissant les portions B et A , fig. 1. B : La même section vue à un niveau plus élevé de i5;x. — Gross H imm. à l'eau X 4 comp. = + 420. FIG 6 (n° 391). Section prise plus loin dans la même série. — Même gross. 15 112 H. BOLSIUS FIG. 7 (n° 3gi). Section prise encore plus loin. — Gross. DD X i ord. =+i6o. FIG. 8 (no 172). Section; en partie tangentielle, du passage de B à. C, fig. 1. — Gross. comme le précédent. L : Limite de la portion glandulaire. FIG. 9, 10, 11 (n° 391'"^). Trois sections successives transversales, au niveau du passage de B à C, fig. 1. — Gross. apochr. S.o/o.gS X 4 comp. = + 33o. FIG. 12 (n° 3gi'''=). Section de plusieurs anses du canal évecteur. — Gross. DD X 2 ord. = + 240. FIG. 13, A, B, C (n° 3gi'^'''). Trois sections montrant la bifurcation du canal évecteur. — Gross. H imm. à l'eau X 4 comp. = + 420 FIG. 14 (n» 3gi'''=). Section montrant les deux branches au niveau du plus grand écart. — Gross. DD X 2 ord. = + 240. FIG. 15 (n" 3gi'''^). Section près de l'extrémité antérieure du canal évecteur. — Même gross. FIG. 16 {n° 172). Section longitudinale du canal évecteur. — Gross. apochr. imm. hom. X 4 comp. = + 5oo. n.ep : Noyau de l'épithélium de la paroi du canal. co : Matière coagulée. gl : Globules (cellules) mêlés au coagulum. rf.BcJiiob- S.J. aJ. iicà.ri F. GieU.-Gr Louv. CONTRIBUTION A L ETUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS f (TROPIDONOTUS NATRIX) PAR A. VAN GEHUCHTEN PROFESSEUR d'aNATOMIE A l'UnIVERSITÉ DE LOUVAIN. (Mémoire déposé le lo novembre 1896.) 16 CONTRIBUTIOr A L ETUDE DE LA MOELLE ÉPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS L'organisation interne de la moelle épinière des vertébrés supérieurs est trop complexe, pour que nous puissions espérer pouvoir en acquérir une connaissance exacte et complète par des recherches exclusivement faites sur la moelle des mammifères, même en appelant à notre secours les méthodes d'investigation les plus récentes et les plus parfaites, telles que la coloration de la myéline des fibres nerveuses par le procédé de Weigert, la méthode embryologique de Flechsig et surtout la méthode de l'imprégnation des éléments nerveux par le chromate d'argent découverte par Golgi. C'est là un point sur lequel tous les anatomistes sont d'accord. Il est donc de toute nécessité d'étudier, avec les méthodes nouvelles, la moelle épinière à orga- nisation interne plus simple, plus élémentaire, des vertébrés inférieurs, afin de parvenir à retrouver, par une étude comparée minutieuse, étendue à plusieurs représentants des cinq classes des vertébrés, le plan primitif commun à tous, les dispositions fondamentales qui forment la, base de l'or- ganisation interne de toute moelle épinière. Par là, nous apprendrons à connaître en même temps les dispositions spéciales, en quelque sorte secon- daires ou acquises, qui se surajoutent aux dispositions fondamentales au fur et à mesure que l'on monte dans la série des vertébrés, dispositions secon- daires qui caractérisent la moelle épinière des représentants de chaque classe. L'étude comparée de la moelle épinière des vertébrés fournira la solu- tion de bien de questions litigieuses, difficilement solubles par l'étude ex- clusive de la moelle des mammifères. Les anatomistes qui s'occupent spé- cialement d'études neurologiques ont saisi, de tout temps, l'importance de 116 A. VAN GEHUCHTEN ces recherches cl'anatomie comparée. Nous n'en citons comme preuve que les belles recherches de Edinger (i), exécutées avec la méthode deWEiGERT, sur le cerveau antérieur et le cerveau intermédiaire, ainsi que les multiples travaux publiés, dans ces six dernières années, par tous ceux qui ont ap- pliqué la méthode de Golgi à l'étude de la moelle épinière des mammifères (GoLGi, Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten, v. Lenhossek, Retzius), des batraciens (P. Ramon, Sala, Sclavunos) et des poissons (v. Lenhossek, Retzius, Martin, Haller, Van Gehuchten). La classe des reptiles paraît avoir été jusqu'ici quelque peu négligée. Il n'existe, à notre connaissance, qu'un petit travail de Cajal (2) sur la moelle épinière de Lacerta agilis et des observations très incomplètes de Retzius (3) sur la moelle de très jeunes embryons de Tropidonotus natrix. Le présent travail a pour but de combler cette lacune. Ayant eu à notre disposition pendant les mois de juin et de juillet de l'année dernière un grand nombre d'œufs de Tropidonotus renfermant des embryons de 8 à 10 cm. de longueur, nous avons cru l'occasion favorable pour faire quelques recherches plus étendues que celles de Retzius sur la structure interne de la moelle épinière chez ce représentant des ophidiens, afin d'apporter une pierre pour l'édifice commun : l'anatomie comparée de la moelle épinière dans toute la série des vertébrés. HISTORIQUE. La moelle épinière de Tropidonotus natrix n'a guère été, jusqu'à pré- sent, l'objet de recherches spéciales. Nous n'avons trouvé, dans la littéra- ture, en dehors des recherches toutes récentes de Retzius, qu'un travail de LuDERiTZ (4) et un travail de Schaffer (5), dans lesquels il est question de la moelle épinière de la couleuvre. (i) Edinger : Untersuchuiigen ûber die vergleichende Anatoinie des Gehiriis. I. Das Vordciiiini; Frankfurt, i8SS. — II. Das Zwischenhirn; Frankfurt, 1890. (2) Ramon y Cajal : La mediila espinal de los reptiles; Pequenas contributiones al conocimiento del sistema nervioso. Barcelone, 1S91, pp. 43-5o. (3) Retzius : Die cmbryonale Entwickliing der Rûckenmarkselemcnte bei den Ophidiern ; Biolo- gische Unters., Bd. VI, 1894, pp. 41-45. {4) LuDERiTZ : Ueber das Rùckenmarkssegment. Ein Bcitrag yur MorpJiologie iind Histologie des Riickenmarks ; Archiv fur Anat. und Phys., 1881, pp. 423-495. (5) Schaffer : Vurgleichend- anatomische Untersucintngen ii'jcr Riickeiimarks/asenoig; Archiv fur mikr. Anat., 1891, pp. 157-176. ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 117 LuDERiTZ part de l'idée que la moelle épinière des vertébrés représente « eine Kette an einander gereiheter Segmente von denen jedes einzelne " mit einem Paar vorderer und hinterer Nervenwurzeln versehen ist, » et il a voulu établir le bien-fondé de cette idée par des recherches comparées sur la moelle épinière de la couleuvre, du lapin et de l'homme. En traitant de la moelle de Tropidonotns, il décrit assez longuement la répartition de la substance grise et de la substance blanche telle qu'elle apparaît sur des coupes transversales. Dans la substance grise, il distingue une substance fondamentale « undeutlich granulirt r, sans différentiation spéciale, et des cellules éparpillées dans cette substance fondamentale, qu'il range en trois groupes : 1° de grandes cellules nerveuses situées principalement dans la partie la plus centrale des cornes antérieui-es, où elles forment le groupe latéral '- oder die Gruppe des Unterhorns (Stieda) «; 2° de petites cellules nerveuses distribuées irrégulièrement dans toute l'étendue de la substance grise, mais principalement dans la partie dorsale de la corne antérieure et dans la partie centrale de la substance grise, où elles forment le « central Gruppe » de Stieda; 3° de nombreux éléments conjonctifs, qu'il désigne sous le nom de grains, éparpillés dans toutes les régions de la substance grise. Luderitz signale encore, dans la substance grise, les fibres de la com- missure antérieure ou inférieure et celles de la commissure postérieure ou supérieure. Ces recherches de Luderitz ont été exécutées avec les méthodes anciennes : durcissement dans le bichromate de potassium et coloration par le picro-carmin; elles ne peuvent donc nous renseigner que sur la topogra- phie générale de la substance blanche et de la substance grise, sans fournir aucune indication précise concernant les connexions qui pourraient exister entre les cellules, nerveuses de la substance grise et les fibres nerveuses de la substance blanche ou des nerfs périphériques. Schaffer, travaillant dans le laboratoire de l'Institut de Senckenberg à Francfort, a fait avec la méthode de Weigert des recherches spéciales sur la moelle épinière d'un certain nombre de vertébrés, dans le but, dit-il (i), " das Riickenmark einiger niederer 'Vertebraten zu bearbeiten, das Schéma derselben herauszufinden und somit den Bau des Saugethiermarks leichter und zwanglos zu interpretiren. « Il a étudié à cet effet principalement la moelle épinière à' Anguisfragilis et de Tropidonotus natrix pour la compa- (i) Schaffer : Loc. cit., pp. iSy-iSS. il8 A. VAN GEHUCHTEN rer ensuite à celle du lapin, de la chauve-souris et du chat. Nous reviendrons plus loin sur ces recherches de Schaffer et sur les conclusions qu'il en a tirées. Dès à présent cependant, nous croyons devoir faire remarquer que les figures 6, 7 et 8 du travail de Schaffer, surtout la figure 6, que cet auteur décrit comme représentant des coupes transversales de la moelle épinière de Tropidonotiis natrix, coupes sur lesquelles reposent toutes ses descriptions et toutes ses conclusions, ne nous semblent pas du tout appar- tenir à la moelle de Tropidonotus. Malheureusement, nous n'avons pas pu exécuter, pour acquérir une certitude absolue à ce sujet, de coupes trans- versales dans la moelle de couleuvre adulte, les quelques exemplaires que nous avions mis en réserve pour étudier la moelle épinière avec la méthode de Weigert pendant le semestre d'hiver n'ayant pu être conservés en vie. Mais ce qui nous porte à croire que nous avons raison, quand nous disons que les figures précitées du travail de Schaffer ne se rapportent pas à la moelle épinière de Tropidonotus, c'est que ces figures diffèrent totalement de la coupe de la moelle de Tropidonotus reproduite par Luderitz ; elles s'en distinguent en effet par l'absence du ligament latéral, dont la coupe transversale, de forme biconvexe, produit une empreinte caractéristique sur la face antéro-latérale de la moelle. La structure interne de la moelle embryonnaire de Tropidonotus, telle qu'elle ressortira du présent travail, est d'ailleurs complètement différente de la structure que nous montrent les figures 6, 7 et 8 du mémoire de Schaffer. Les recherches de Cajal sur la moelle épinière de Lacerta et celles de Retzius sur la moelle embryonnaire de Tropidonotus se prêtent difficilement à une analyse. Nous en parlerons dans le courant de ce travail. RECHERCHES PERSONNELLES. Pour mettre un peu d'ordre dans notre description, nous traiterons successivement : 1° Des cellules d'origine des fibres de la racine antérieure ou cellules radiculaires antérieures. 2° Des ganglions spinaux et de l'entrée dans la moelle des fibres ra- diculaires postérieures. 30 De la structure de la substance grise. 40 De la structure de la substance blanche. 5° De la neuroglie. ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 119 Cellules radiculaires antérieures. Les fibres de la racine antérieure de chaque nerf périphérique ont leur cellule d'origine dans la substance grise de la corne antérieure de la moelle épinière ; c'est là un fait établi d'une façon définitive pour la moelle épinière de tous les vertébrés qui ont été étudiés, dans ces derniers temps, au moyen de la méthode au chromate d'argent. Nos recherches sur la moelle épinière de Tropidonotus ne font que confirmer ce fait fondamental. Nous avons obtenu dans nos coupes, impré- gnées par le chromate d'argent, un grand nombre de cellules radiculaires. Elles étaient identiques à celles qui ont été reproduites par Retzius dans les figures i et 2 de la planche XXII de son travail. Nous avons représenté trois de ces cellules dans notre fig. 1 ; elles sont situées généralement à la périphérie de la substance grise de la corne antérieure, allongées dans le sens antéro-postérieur, légèrement incurvées sur elles-mêmes de façon à suivre en quelque sorte, par leurs gros troncs protoplasmatiques antérieur et postérieur, la limite exacte de la substance grise et de la substance blan- che. De ces gros troncs protoplasmatiques à direction antéro-postérieure partent un grand nombre de branches protoplasmatiques plus grêles, qui pénètrent et se terminent entre les fibres de la substance blanche du cordon antéro-latéral, sans atteindre cependant la couche la plus superficielle de la substance blanche. Le prolongement cylindraxile est généralement très grêle. Il naît soit directement du corps cellulaire, soit d'un tronc protoplasma- tique à une distance variable de la cellule d'origine, et traverse, suivant un trajet ondulé, la substance blanche du cordon antéro-latéral, pour sortir de la moelle, longer la partie interne du ganglion spinal con-espondant et se poursuivre, quelquefois à une distance très grande de la moelle, jusque dans les muscles où il se termine. Dans aucune de nos coupes, nous n'avons vu le prolongement cylin- draxile des cellules radiculaires émettre des collatérales motrices avant sa sortie de la moelle. Les cellules radiculaires de la moelle embryonnaire de Tropidonotus présentent des différences assez considérables d'avec les cellules radiculaires de la moelle de Laceria agilis, telles qu'elles ont été décrites par Ramon y Cajal. Ce qui distingue* les cellules motrices de Tropidonotus, c'est l'absence de prolongements protoplasmatiques passant par la commissure antérieure, 120 A. VAN GEHUCHTEN prolongements qui sont si nombreux et si développés dans la moelle de La- certa; ensuite, dans la moelle de Tropidonotiis, les prolongements protoplas- matiques périphériques se terminent entre les fibres de la substance blanche, sans s'étendre jusque dans la couche périphérique de la moelle et sans y produire, par leurs ramifications entrelacées, le plexus protoplasmatique périmédullaire découvert par Cajal dans la moelle de Lacerta et retrouvé par Cl. Sala (i) dans la moelle épinière de Bufo. Ganglions spinaux. Les cellules des ganglions spinaux de Jropidonotus natrix se compor- tent comme les cellules des ganglions spinaux de tous les vertébrés. Bipo- laires pendant les premiers temps du développement embryologique, ces cel- lules se transforment insensiblement en cellules unipolaires. Ce fait ressort clairement de l'examen de notre fig. 1, dans laquelle les cellules du ganglion spinal à droite, presque toutes bipolaires, proviennent d'un embryon de 8 cen- timètres de longueur; tandis que les cellules du ganglion spinal à gauche, gemmipolaires ou unipolaires, proviennent d'un embryon de 1 1 centimètres de longueur. De l'examen de cette figure ressort encore, en toute évidence, ce fait établi par von Lenhossek, Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten, Retzius et bien d'autres, mais mis en doute tout récemment par Benda (2), que le prolongement central est généralement un peu plus grêle que le pro- longement périphérique. Les auteurs qui ont fait, dans ces derniers temps, des recherches spé- ciales sur les cellules des ganglions spinaux attribuent généralement à Axel Key et Retzius (3) le fait d'avoir découvert, dans les ganglions spinaux du Petroiny\on, qu'un des prolongements de ces cellules bipolaires est généra- lement plus grêle que l'autre, et ils reconnaissent à von Lenhossek (4)- le mérite d'avoir établi, par ses recherches sur les ganglions spinaux de la gre- nouille, que le prolongement le plus grêle est toujours le prolongement (i) Cl, Sala : Estructura de la mcdula espinal de los balracios ; Barcelone, 1892. (2) Voir le compte-rendu de la société de physiologie de Berlin, dans a Neurologisches Ceniral- blatt «, 1895, pp. i33-i34. (3) Axel Key et Retzius : Studien in der Anaiomie des Nervensy$tcms nnd des Dindegewebes ; Stockholm, iSyû. (4) VON Lenhossek : i'ntersuc/uingen ùber die Spinalganglien des Frosc/ies; Arcbiv fur mikros. Anatomie, Ed. 26, pp. 370-453, 1886. ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 12 1 central. Ces données ne sont pourtant pas exactes. L'inégalité d'épaisseur entre les deux fibres avait déjà été signalée par R. Wagner en 1854 et par ScHRAMM en 1S64, ainsi que cela ressort des annotations bibliographiques que nous trouvons dans un travail de Freud (i). « Er fand «, dit Freud (2) en parlant de Wagner, « ubereinstimmend - mit Remak im Ganglion Gasseri und in den Spinalganglien, niemals mul- « tipolare Ganglienzellen, wohl aber nicht selten einzelne, wo der eine Pol « in einen kurzen einfachen Fortsatz auslief, der sich bald in zwei Aeste, « einen dunneren und einen dickeren theilte ». « Mit wenigen Ausnahmen », dit ScHRAMM (3), « theilten sich aile Fortsatze nach kurzerem oder langerem « Verlauf. Der eine Ast tibertraf bisweilen den anderen um dâs Doppelte « an Breite ». Pour ce qui concerne plus spécialement les cellules des gan- glions spinaux du Petromyion, Stannius (4) avait déjà signalé, en 1849, que ces cellules étaient bipolaires et que leur prolongement central était plus grêle que le prolongement périphérique. Le même fait fut signalé par Langerhans en 1873 (5) : « In allen Fâllen », dit-il en parlant des cellules bipolaires, " zeigen beide Fortsatze einen vollkommen durchgreifenden « Unterschied : der eine (Taf. IX, fig. 4, a) ist schmal, w^enig gekôrnt und « scheint sich nur, so zu sagen, an dem Leib der Zelle zu inseriren ; der « andere aber (fig. 4,Z') ist bedeutend breiter, starker gekôrnt, er erscheint « als directe Fortsetzung des Zellleibes.... Von den Fortsâtzen nun ist der « schmale derjenige welcher vom Centralnervensystem kommt. Der breite " ist nach der Peripherie zugeriçhtet... Dies Verhaltniss gilt fur sammtliche « an Hirn- und Riickenmarksnerven liegende Ganglienzellen. » Le fait de l'inégalité d'épaisseur des deux prolongements qui dépendent des cellules des ganglions spinaux ne repose donc pas exclusivement sur les observations faites, dans ces dernières années, au moyen de la méthode de GoLGi. Celles-ci n'ont fait que confirmer des observations plus anciennes de Wagner, Remak, Schramm, Stannius, Langerhans, Axel Key, Retzius et VON Lenhossek, en même temps qu'elles ont prouvé que cette inégalité d'épaisseur, signalée chez l'un ou l'autre mammifère, chez le Petromyion et (1) Freud : Ueber Spinalganglien und Rùckcnmark des Petromyion; Sitzungsbericht. de Vienne, III. Abth., 1S7S, pp. 81-167. (î) Loc. cit., p 93. (3) Cité d'après Freud. (4) Stannius : Das periphere Nervensystcm der Fisehe , 1849, p. 146. (5) Langerhans 1 Untersuchungen ùber Petromy:^on Planeri ; 1873. 17 122 A. VAN GEHUCHTEN chez la grenouille, se retrouvait, d'une façon presque constante, dans les ganglions spinaux et dans les ganglions cérébraux de tous les vertébrés. Toutes les cellules nerveuses qui entrent dans la constitution des gan- glions spinaux de Tvopidonotiis n'ont pas la forme régulièrement bipolaire ou unipolaire que nous leur avons donnée dans les ganglions de la fig. 1. Quand on examine un grand nombre de préparations, on rencontre, de temps en temps, dans l'un ou l'autre ganglion spinal, une ou plusieurs cel- lules d'un aspect tout à fait spécial : au lieu d'avoir un corps cellulaire à contours réguliers, pourvu d'un ou de deux prolongements suivant que ce çont des cellules uni- ou bipolaires, les cellules sur lesquelles nous voulons appeler l'attention présentent un corps à contours irréguliers, d'où naissent 3, 4 ou 5 prolongements. Parmi ces prolongements, on en distingue toujours deux d'une longueur considérable, dont l'un, généralement plus grêle, pénètre dans la racine postérieure et représente, sans conteste, le prolongement central de la cellule ganglionnaire, tandis que l'autre, généralement plus épais, peut être poursuivi plus ou moins loin dans le nerf périphérique : c'est le prolongement périphérique qui caractérise toute cellule d'un ganglion spinal. Tous les autres prolongements, courts, épais et peu ramifiés, se ter- minent librement dans le voisinage plus ou moins immédiat de la cellule d'origine. Nous avons reproduit dans la fig. 2 quelques types de cellules multipolaires que nous avons observés dans les ganglions spinaux d'em- bryons de Tropidonotus de lo centimètres de longueur. Quelle est la signi- fication de ces cellules multipolaires ? L'existence de cellules multipolaires dans les ganglions spinaux a été signalée pour la première fois par Disse (i) au congrès des anatomistes allemande tenu à Gottingen en 1893. Ce savant, en étudiant les ganglions spinaux des larves de grenouille avec la méthode au chromate d'argent, a observé, à côté des cellules typiques bipolaires et unipolaires, de véritables cellules multipolaires pourvues de 4, 5 et même 6 prolongements. Il consi- dère les prolongements surnuméraires aux deux prolongements typiques comme des dendrites. Dans la discussion qui a suivi cette communication importante de Disse, von Lenhossek (2) s'est élevé contre cette manière de voir de Disse; pour lui, tous les prolongements de ces cellules multipolaires (1) Disse : Ucbcr die Spinalgunglien der Amphibien ; Vcrhand. deranatom. Gcsell,, iSgj, pp. 201 à2o3. (2) Verhandl. der anatom. Gesellschaft, 1893, p. 204, ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS 123 devraient être considérés comme des prolongements cylindraxiles. " Im- ." merhin schienen ihm aile Fortsatze den Charakter von Nervenfortsâtzen « zur Schau zu tragen, und er mochte sich entschieden gegen die Auffassung " der ûberzahligen Auslâufer als Dendriten aussprechen. Die richtige Er- « klarung, fur den Befund des Herrn Disse scheint ihm die zu sein, dass " bei Froschlarven, vielleicht wegen der Grosse und gedrângten Lagerung « der Elemente an manchen Spinalganglienzellen die ersten Teilungen der « beiden Achsencylinder auf die Zelle selbst gertickt sind, wodurch eine « vorubergehende Vermehrung der Auslâuferzahl veranlasst wird. » L'année suivante, v. Lenhossek(i) observa lui-même, dans les ganglions spinaux d'embryons de poulet au 15*^ jour d'incubation, des cellules multi- polaires identiques à celles décrites par Disse dans les larves de grenouille. Il est revenu alors sur l'opinion qu'il avait émise au congrès de Gôttingen et il s'est rangé à la manière de voir de Disse, d'après laquelle les prolon- gements surnuméraires doivent être considérés comme des prolongements protoplasmatiques. v. Lenhossek semble attacher une certaine importance à ce fait que, dans ses préparations, les cellules multipolaires occupaient tou- jours la partie proximale du ganglion. '^ Auffallend muss es sein ", dit-il (2), - dass dièse multipolaren Zellen nicht gleichmiissig verteilt liegen, sondern " hauptsachlich dem proximalsten Telle des Ganglion angehôren, gleich " der Stelle, wo sich die sensible Wurzel in das Ganglion einsenkt. Nur « sehr selten traf ich sie in einem tieferen Niveau, aber auch nicht liber ^ die Mitte des Ganglions hinaus und dabei stets in ganz oberflachlichen « Lagerung an r,. Nos observations ne concordent pas sur ce point avec celles de v. Lenhossek; nous avons rencontré ces cellules multipolaires à tous les endroits du ganglion spinal. Tout récemment encore, Ketzius (3) a décrit des cellules multipolaires dans le ganglion spiral acoustique déjeunes embryons de souris. Il considère ces cellules multipolaires comme des cellules bipolaires en voie de dévelop- pement. Cette interprétation de Retzius nous semble difficilement applicable aux cellules multipolaires des ganglions spinaux de Tropidonotus ; ici, en (1) VON Lenhossek ; Zur Kcnntniss der Spinalgatiglicn \ Beitràge zur Histologie des Nervensys- ters und der Sinnesorgane, Wiesbaden, 1894, pp. 129-143. (2) Loc. cit., p. i3o. (3) Retzius : Zur Entwicklung der Zellen des Ganglion spirale acustici und pir Endigungsweise des Gehornerven bei den Sdngethieren; Biolog. Untersuchungen, Bd. VI, 1894, pp. 52-57. 124 A. VAN GEHUCHTEN effet, les deux prolongements caractéristiques de toute cellule d'un ganglion spinal existent avec leur développement normal, ce qui n'est pas le cas pour les cellules multipolaires du ganglion spiral acoustique, observées par Retzius. Les prolongements surnuméraires sont pour nous des prolongements protoplasmatiques ; nous partageons en cela l'opinion de Disse et de von Lenhossek. Ces prolongements protoplasmatiques ont-ils une signification spéciale? Nous ne le croyons pas; car s'il en était autrement, pourquoi n'existeraient- ils que sur quelques-unes seulement des nombreuses cellules nerveuses qui constituent un ganglion spinal. Ces prolongements surnuméraires semblent même n'avoir qu'une existence temporaire, n'exister que momentanément pendant le développement embryologique; jusqu'ici, en effet, on ne les a observés que sur des cellules provenant déjeunes larves de grenouille (Disse), d'embryons de poulet (von Lenhossek), de jeunes embryons de souris (Retzius) et des embryons de Tropidonotus. Les ganglions spinaux des ver- tébrés adultes ont cependant été l'objet de nombreuses recherches, même dans ces derniers temps, et personne pourtant n'a signalé dans ces ganglions l'existence de cellules multipolaires. On peut se demander si ces cellules multipolaires des ganglions spinaux ne représentent pas, en quelque sorte, une ébauche rudimentaire de la trans- formation que subissent, dans le cours du développement, les cellules ner- veuses de l'axe cérébro-spinal. Nous savons, en effet, par les recherches embryologiques de His (i), Balfour (2), Beard (3) et von Lenhossek (4), que les ganglions spinaux appartiennent, de par leur origine, au système nerveux central. Les cellules des ganglions spinaux et les cellules nerveuses de la moelle ont la même origine ectodermique ; elles proviennent des élé- ments constitutifs de la gouttière médullaire primitive; mais, tandis que les cellules du névraxe conservent leur emplacement primitif, les cellules consti- tutives des ganglions spinaux quittent le névraxe au moment de la fermeture (i) His : Uiiterstichii'Jgen ûber die erste Anlage des Wirbelticrlcibes. Leipzig, i868. — Ueber die Anfânge des peripherischen Nervensystems; Archiv f. Anat. und Phys., Anat. Abtheilung, 1879. (2) Balfour : On tlie development of spinal Ncrves in elasmobranch fishcs ; Philosophical Trans- actions, 1876, p. 175. (3) Beard : The development of the peripheral nervous System of vertébrales; Quaterly Journ. of microsc. Science, i88g. (4) VON Lenhossek : Die Enlivickelung der Ganglienanlagen bel dem menschlichen Embrvo; Archiv fur Anat. und Phys., Anat. Abth., 1891. ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 125 du canal médullaire, pour aller constituer les masses ganglionnaires d'où sortif-ont plus tard les ganglions spinaux et même, d'après His, toutes les cellules constitutives des ganglions sympathiques. A ce moment du dévelop- pement embryologique, toutes les cellules nerveuses ont la même forme : ce sont toutes des cellules sphériques, des cellules germiuatives (His), se transformant insensiblement en neuroblastes ou en ganglioblastes. Mais, tandis que les neuroblastes de la moelle et les ganglioblastes des gan- glions sympathiques se transformeront en cellules multipolaires, les gan- glioblastes des ganglions spinaux se transformeront en cellules opposito- bipolaires. Les cellules des ganglions spinaux présentent donc une évolution tout à fait particulière. Nous ignorons les motifs de cette différentiation spéciale. Mais il ne peut paraître étrange que, parmi ces nombreuses cel- lules nerveuses se transformant en cellules bipolaires, l'une ou l'autre com- mence par suivre, pendant quelque temps, l'évolution que subissent en définitive toutes les cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal et toutes celles du système nerveux sympathique. Cette évolution d'une cellule des ganglions spinaux vers une cellule multipolaire n'est jamais franche; ce n'est généra- lement qu'une légère ébauche, qui ne persiste même pas d'une façon défini- tive, puisque, dans le développement ultérieur, la cellule semble vouloir réparer son erreur en devenant cellule bipolaire comme les autres. C'est là, croyons-nous, la véritable explication de ces cellules multipo- laires pourvues de prolongements protoplasmatiques courts, épais et peu ramifiés, dont l'existence, dans les ganglions cérébro-spinaux, a été signalée tout récemment par Disse, von Lenhossek et Retzius et dont nous avons retrouvé quelques exemplaires dans les ganglions spinaux de Tvopidonotus. L'existence de ces cellules multipolaires dans les ganglions spinaux, de même que les caractères particuliers de leurs prolongements protoplas- matiques, ne parait cependant pas avoir échappé à l'attention d'auteurs plus anciens. Dans son travail sur les ganglions spinaux du Petromyion, Freud (i) relève le fait que certains auteurs ont signalé l'existence de cellules multipolaires dans les ganglions cérébro-spinaux et il conclut : « "V\'^enn hier von multipolaren Zellen die Rede war, so ist es vielleicht nicht - Uberfltissig aufmerksam zu machen, dass es sich um verhaltnissmassig " fortsatzarme Elemente handelt, deren Auslaufer keine oder sehr geringe ^ Neigung zur Verastelung zeigen. Eine solche Zelle hat z. B. Leydig (2) (i) Freud : Loc. cit., p. 90. (2) Levdig : Zur Anatomie iind Histologie der Chimœra monstrosa; Mùller's Archiv, i85i, p. 244, Taf. X, fig. 4. 126 A. VAN GEHUCHTEN t ^ unter den bipolaren Elementen im Gajiglion trigemini von Chimœra ge- " funden, eine andere Stannius(i) abgebildet. Mit den multipolaren Zellen « des Centralorgans, deren Schéma Deiters fixirt hat, scheinen sie wenig « gemein zu haben ^. En dehors de ces cellules multipolaires, qui ne se distinguent des cel- lules bipolaires ou unipolaires typiques que par quelques courts prolonge- ments protoplasmatiques surnuméraires, nous avons rencontré quelquefois, dans les ganglions spinaux de Tropidonolus, d'autres cellules nerveuses dé- pourvues de prolongements protoplasmatiques comme les cellules typiques ordinaires, mais pourvues de trois prolongements nerveux, dont l'un pénètre dans la racine postérieure et représente le prolongement central, tandis que les deux autres deviennent les cylindre-axes de fibres nerveuses périphéri- ques. La FiG. 3, reproduit une de ces cellules de forme bipolaire, b : le corps cellulaire a des contours quelque peu irréguliers, le prolongement périphé- rique commence par un gros tronc protoplasmatique qui se rétrécit brusque- ment en un prolongement plus grêle que l'on peut poursuivre assez loin dans le nerf périphérique dépendant de l'extrémité distale du ganglion. Le prolongement central est également épais; après un court trajet, il se bi- furque en donnant naissance à un prolongement interne, mince et grêle, qui pénètre dans la racine postérieure, et à un prolongement externe, plus épais, qui se recourbe horizontalement en dehors et pénètre dans le nerf périphéri- que né de la face latérale du ganglion. La cellule c de la fig. 4 est, en apparence du moins, une cellule uni- polaire typique : d'un corps cellulaire à contours régulièrement arrondis part un prolongement unique. Celui-ci, à une petite distance de la cellule d'origine, émet une branche grêle pouvant être poursuivie jusque dans le nerf périphé- rique; puis, un peu plus loin, il se bifurque encore en un prolongement interne pénétrant dans la racine postérieure et un prolongement externe destiné au nerf périphérique. La cellule reproduite dans la fig. 5 est plus complexe encore; elle est pourvue d'un petit prolongement protoplasmatique se bifurquant et se ter- minant dans le ganglion lui-même et de trois prolongements nerveux, dont l'un se dirige vers la racine postérieure, tandis que les deux autres pénètrent dans les nerfs périphériques. Chacune de ces trois cellules donne donc naissance à trois prolonge- ments devenant cylindre-axes de fibres nerveuses : un prolongement central i (i) Stannius : Das pcripliere Nervensystem der Fische; 184g, Taf. IV, fig. 11. ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 12? et deux prolongements périphériques. C'est à ces cellules que pourrait s'ap- pliquer l'interprétation proposée par v. Lenhossek au congrès de Gôttin- gen pour les cellules multipolaires décrites par Disse chez la grenouille : les deux prolongements périphériques peuvent être considérés comme représentant, à eux deux, le prolongement périphérique typique de toute cellule des ganglions spinaux, prolongement périphérique dont la bifurcation ou la division, au lieu de se faire dans les organes périphériques, s'est faite au niveau même de la cellule d'origine. Retzius, dans ses recherches sur la moelle épinière de Tropidonotiis, semble avoir eu sous les yeux des cellules analogues. Il ne les reproduit pas dans ses figures. Il ignore la signification qu'il doit donner à ces cellules spéciales et se demande s'il ne convient pas de les rattacher au système nerveux sympathique : " In Betreff der Spinalganglien «, dit-il (i), ^ sei " noch zu erwâhnen, dass ich in dem peripherischen Theile derselben mehr- « maïs grosse multipolare Zellen antraf, die nichts anders sein konnten, als « eine Art Ganglienzellen... Wie ich dièse mit mehreren starken Fortsâtzen " versehenen Zellen sonst deuten soll, weiss ich nicht. Môglicherweise « kônnen sie zum sympathischen System gehôren. " Ces quelques observations sur les ganglions spinaux de Tropidonotiis, jointes aux observations de Disse sur les ganglions des larves de grenouille et à celles de v. Lenhossek sur ceux d'embryons de poulet, prouvent que la façon dont on considère généralement les cellules constitutives des gan- glions spinaux doit être légèrement modifiée. Ces ganglions ne sont pas toujours exclusivement formés de cellules bipolaires ou unipolaires avec les formes intermédiaires; à côté de ces cellules typiques, on peut y rencon- trer de véritables cellules multipolaires, dont les unes présentent les deux prolongements typiques, central et périphérique, avec quelques prolonge- ments protoplasmatiques surnuméraires, tandis que les autres sont pourvues de trois prolongements nerveux, dont un central et deux périphériques. Racines postérieures. Nous savons, depuis les recherches de Nansen sur la moelle épinière de Myxine et celles plus étendues et plus importantes de Cajal sur la moelle embryonnaire de poulet, que les fibres des racines postérieures, dès (i) Retzius : Loc. cit., p. 44, 128 A. VAN GEHUCHTEN leur arrivée dans la substance blanche de la moelle, se bifurquent de façon à ce que chacune d'elles donne naissance à une branche ascendante et à une branche descendante, qui vont devenir des fibres constitutives des cordons postérieurs. Cette bifurcation a été retrouvée, d'une manière constante, chez les mammifères (Kôlliker, Cajal, Van Gehuchten, v. Lenhossek), les oiseaux, (Cajal, Kôlliker, Van Gehuchten, v. Lenhossek, Retzius), les batraciens, (Schulze, P. Ramon, Cl. Sala, Sclavunos), les poissons, (Ret- zius, Martin, Van Gehuchten) et également chez les reptiles par Cajal et Retzius. Les observations que nous avons faites sur la moelle de Tropido- notus confirment encore une fois ce fait d'une importance capitale. Nos FiG. 6 et 7 reproduisent deux coupes longitudinales de la moelle passant par l'entrée des racines postérieures et montrant, en toute évidence, la bi- furcation typique et régulière de toutes les fibres des racines postérieures dès leur entrée dans la substance blanche de la moelle. Cl. Sala (i) chez les batraciens et v. Lenhossek (2) chez l'homme ont cru voir une différence d'épaisseur entre les deux branches de bifurcation de ces fibres radiculaires, en ce sens que la branche descendante serait plus grêle que la branche ascendante. Cette différence n'a pu être retrouvée par v. Kôlliker (3) chez les mammifères; dans un travail tout récent sur la moelle épinière de la truite (4), nous avons trouvé que les deux branches de bifurcation avaient généralement la même épaisseur; quelquefois cependant, la branche ascendante était manifestement plus épaisse que la branche des- cendante. La même disposition nous paraît exister dans la moelle de Tro- pidonotiis : les deux branches de bifurcation ont généralement la même épaisseur, ainsi que cela ressort de l'examen des fig. 6 et 7; quelquefois ce- pendant, la branche descendante est plus grêle. Les fibres constitutives de chaque racine postérieure, à leur entrée dans la substance blanche de la moelle, se divisent en deux groupes : un groupe interne et un groupe externe. Dans la moelle épinière des mammi- fères, les fibres du groupe externe, plus grêles que les fibres du groupe in- terne, pénètrent et se bifurquent dans la partie la plus -externe du cordon postérieur, celle qui recouvre en arrière la substance gélatineuse de Rolando en reliant l'une à l'autre la substance blanche du cordon postérieur et la (i) Cl. Sala : Loc. cit. (2) VON Lenhossek : Der feinere Bail des Nerveiisysteins ; iSgS, p. 228. (3) Kôlliker : Handbuch der Gewcbelehre \ Bd. II, 1893, p. 76. (4) Van Gehuchten : La moelle épinière de la truite; La Cellule, t. XI, 1» fasc, iSgS, p. 143. ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 129 substance blanche du cordon latéral. Cette zone spéciale de la substance blanche, formée par les branches de bifurcation des fibres du groupe ex- terne, porte encore le nom de Zone marginale de Lissauer; Waldeyer l'a appelée « Markbrucke ", et Flechsig - latérale hintere Wur^elione ". " Les fibres longitudinales nées de ce faisceau externe ?', dit Cajal (i), « fournissent des collatérales courtes, qui ont seulerrient pour territoire de « destination la moitié externe de la substance de Rolando et peut-être r> aussi le centre de la corne postérieure. Jamais ce faisceau n'émet de col- ^ latérales réflexo-motrices, ni de collatérales commissurales, ni de colla- - térales pour la substance grise centrale ou la colonne de Clarke ^. Les fibres du groupe interne, plus épaisses et beaucoup plus nombreu- ses que celles du groupe externe, pénètrent plus ou moins loin dans la sub- stance blanche du cordon de Burdach, en contournant la partie interne de la substance gélatineuse de Rolando. Arrivées près de la face interne de la corne postérieure, ces fibres se bifurquent en branches ascendantes et en branches descendantes. Les fibres longitudinales, issues de ces bifurcations, fournissent de nombreuses collatérales qui envahissent toutes les régions de la substance gtise : collatérales pour la commissure postérieure allant se ramifier dans la corne postérieure du côté opposé; collatérales courtes pour la substance gélatineuse de Rolando et pour la corne postérieure du même côté; collatérales moyennes pour les régions centrales de la substance grise; collatérales longues se ramifiant entre les cellules de la corne antérieure et qui, à cause de leur haute importance physiologique, ont été appelées collatérales réflexes par Kôlliker, collatérales sensitivo-motrices ou réflexo- motrices par Cajal. Comment se comportent les fibres des racines postérieures dans la moelle épinièi-e de Tropidonotiis? Retzius ne nous fournit aucune indica- tion à ce sujet. D'après nos observations personnelles, les fibres de chaque racine obéissent à la loi commune; dès leur entrée dans la moelle, elles se divisent en un faisceau externe de fibres grêles et un faisceau interne beaucoup plus volumineux formé de fibres épaisses. Mais là s'arrête toute l'analogie entre les fibres radiculaires postérieures de la moelle des mammi- fères et celles de la moelle de Tropidonotus. Les fibres du faisceau externe, en pénétrant dans la moelle, contour- nent la partie la plus postérieure du cordon latéral, puis s'infléchissent en (I) Cajal : L'anatomie fine de la moelle éyinière; Atlas der patholog. Histologie des Nevvensys- tems von Baees, IV. Lief., Berlin, iSgS, p. 12. 13 I30 A. VAN GEHUCHTEN avant et, arrivées sur la face interne du. cordon latéral, elles se bifurquent en branches ascendante et descendante. Dans la moelle épinière de Tropi- donoiiis, nous trouvons donc cette disposition tout à fait remarquable, qu'une partie des fibres radiculaires postérieures n'entrent pas dans le cor- don postérieur, mais bien dans le cordon latéral, et y deviennent fibres con- stitutives de la partie interne de ce cordon, fig. 1. Une autre particularité importante de la moelle de Tropidonotus, c'est que les fibres de ce faisceau externe, devenues fibres longitudinales du cordon latéral, émettent, pen- dant leur trajet ascendant et descendant dans la moelle, des collatérales courtes se ramifiant dans les parties voisines de la substance grise et des collatérales longues qui se dirigent en avant, en suivant la limite de la substance blanche et de la substance grise, pour venir s'épanouir et se terminer dans la zone la plus périphérique de la corne antérieure entre les cellules radiculaires motrices. Les collatérales réflexo-motrices de Cajal proviennent donc, dans la moelle de Tropidonotus, des fibres radiculaires du faisceau externe, contrairement à ce qui existe dans la moelle épinière des oiseaux et des mammifères. Ces collatérales réflexo-motrices man- quent totalement aux fibres du faisceau interne, ainsi que nous le verrons bientôt. Cette disposition particulière des fibres du faisceau externe ne semble pas appartenir en propre à la moelle épinière de Tropidonotus. Dans un travail déjà ancien, publié en 1864, sur la moelle épinière de Vipera beriis, Grimm(i) signale également le fait que les fibres radiculaires du faisceau externe pénètrent jusque dans la partie interne du cordon latéral qu'il désigne sous le nom de Substantia spongiosa; et, chose remarquable, il décrit également l'existence de fibres à direction antéro-postérieure situées sur la face latérale de la corne antérieure, à la limite de la substance blanche et de la substance grise : " Bemerkenswerth sind noch ^, dit-il (2), « die an « der unteren Hâlfte der grauen Massen lângs der ausseren Peripherie hin- « ziehenden Fasern, welche sich theils nach aussen in die weisse Substanz « wenden, wo sie oft bis zu der ausseren Peripherie zu verfolgen sind, " ôfters aber fruher verschwinden, theils bis in die Substantia spongiosa « verlaufen und wahrscheinlich mit den Fasern der dritten Portion der « oberen Wurzel zusammen y. Il est évident pour nous, en présence des (i) Grimm : Ein Beitrag ^ur Ketiiitniss vom Dau des Rûckenmarkes voit Vipera berus Lin. Archiv f. Anat, uud Phys., 1S64, pp. 5o2-5ii. (2) Grimm : Lo:. cit., p. 5io. ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 131 observations que nous avons faites sur la moelle de Tropidonotiis, que Grimm a eu sous les yeux les prolongements protoplasmatiques appartenant aux cellules radiculaires, dont les branches s'épanouissent entre les fibres de la substance blanche, et les collatérales réflexo-motrices qui dépendent des fibres radiculaires du groupe externe, prolongements protoplasmati- ques et collatérales réflexes qui s'entrelacent sur la face latérale de la sub- stance grise dans la moelle de Tropidonotiis. La racine postérieure, après avoir abandonné les fibres du faisceau ra- diculaire externe, continue quelque peu son trajet sur la face externe de la moelle; puis ses fibres constitutives, formant le faisceau radiculaire interne, s'infléchissent en dedans pour pénétrer dans la moelle. La longueur du trajet intra-médullaire de ces fibres n'est pas la même pour toutes (fig. !)• Les fibres les plus voisines du faisceau externe, c'est-à-dire les fibres radicu- laires moyennes, se bifurquent en branches ascendante et descendante dès leur entrée dans la moelle, dans la mince zone de substance blanche qui recouvre la corne postérieure et qui correspond, au moins topographique- ment, à la lone marginale de Lissauer des vertébrés supérieurs. Les fibres radiculaires internes pénètrent plus avant dans la moelle en contournant la corne postérieure; leur bifurcation se fait dans presque toute l'étendue du cordon postérieur jusqu'à une petite distance du septum médian dorsal. De par l'endroit où les fibres du faisceau interne se bifurquent, on peut donc distinguer dans ce faisceau une portion médiane et une portion latérale. De ce mode de pénétration dans la moelle des fibres radiculaires posté- rieures, il résulte que la ^one d'irradiation de ces fibres s'étend depuis la partie postérieure du cordon latéral jusqu'à la partie interne du cordon postérieur en contournant la face convexe de la corne postérieure. Cette large zone d'irradiation, nettement visible sur des coupes transversales, FIG. 1, se voit très bien également sur des coupes longitudinales, ainsi que le prouve l'examen de notre fig. 6. Cette subdivision du faisceau radiculaire interne en une portion mé- diane et une portion latérale se justifie encore à un autre point de vue. Les branches de bifurcation, qui proviennent des fibres radiculaires du faisceau interne, donnent naissance à un grand nombre de collatérales se ramifiant et se terminant dans la substance grise. Nous avons vu plus haut que, chez les oiseaux et les mammifères, ces collatérales se divisent en trois groupes ; collatérales courtes, collatérales moyennes et collatérales longues ou réflexe- 13- A. VAN GEHUCHTEN motrices. Dans la moelle de Tropidonotiis, la disposition n'est pas la même : toutes les collatérales s'épanouissent dans la substance grise de la corne posté- rieure; elles appartiennent donc toutes au groupe des collatérales courtes. Dans la moelle des oiseaux et des mammifères, les collatérales du faisceau interne se divisent encore en collatérales directes et en collatérales croisées. Les collatérales directes naissent plutôt des fibres de la portion latérale, tandis que les collatérales croisées semblent provenir de préférence des fibres de la portion médiane. Dans la moelle de Tropidonotus, on ne trouve pas la même structure : ici, les collatérales croisées proviennent presque exclusivement des fibres de la portion latérale; tandis que les collatérales directes naissent des fibres de la portion médiane. Les premières se dirigent d'abord directement en avant; puis après un court trajet, elles se recourbent horizontalement en dedans, passent le septum médian dorsal, où elles s'entrecroisent avec celles du côté opposé, et s'épanouissent dans la substance grise de la corne posté- rieure du côté opposé. Cette commissure postérieure, formée exclusivement de collatérales sensitives, constitue en quelque sorte une limite transversale que dépassent rarement les collatérales directes nées des fibres de la portion médiane, fig. 1. Par cette subdivision du faisceau radiculaire interne en une portion médiane et une portion latérale, chaque racine postérieure se trouve donc divisée en trois portions : une portion interne, une portion moyenne et une portion externe. Les fibres de la portion interne de chaque racine, une fois arrivées dans la moelle, constituent le faisceau radiculaire externe pénétrant dans la partie postérieure du cordon latéral. Les fibres de la portion moyenne de chaque racine pénètrent dans la mince zone de substance blanche qui recouvre la corne postérieure, tandis que les fibres de la portion externe de chaque racine pénètrent dans la substance blanche du cordon postérieur. Ces fibres radiculaires moyennes et externes, arrivées dans la moelle, consti- tuent le faisceau radiculaire interne. . Cette même subdivision des fibres de la racine postérieure en trois por- tions est admise par Grimm pour la moelle épinière de Vipera beriis. Pour lui aussi, les fibres de la commissure postérieure sont en connexion avec les fibres radiculaires moyennes : - die zweite « , dit-il en parlant des trois portions dans lesquelles se divise la racine postérieure à la périphérie de la substance blanche de la moelle (i), - die zweite erreicht das iiusserste Ende (i) Grimm : Loc. cit., p. 5og. ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 133 " des oberen Hornes und geht, fast ohne eine Faser zu entsenden, in Form « eines Bandes schrâg nach unten zur Mittellinie und bildet durch Vereini- « gung mit einem analogen Biindel der anderen Seite die Commissura « superior. - Entre les observations de Grimm sur la moelle de Vipera et nos obser- vations sur la moelle de Tropidoiwtiis, il y a cette différence fondamentale, que pour Grimm les fibres de la commissure postérieure sont la continua- tion directe des fibres radiculaires moyennes, tandis que pour nous cette commissure postérieure est exclusivement formée par des collatérales nées de ces mêmes fibres radiculaires. La distribution des fibres radiculaires postérieures dans la moelle épi- nière de Lacerta agilis semble être, d'après les observations de Cajal, toute différente de celle que nous venons de décrire pour la moelle de Tropido- notiis. ^ Pour les racines postérieures, y dit-il (i), « se vérifie aussi le plan u général. Chaque fibre se bifurque, dans la substance blanche, en une bran- « che ascendante et une branche descendante et de ces branches naissent " les collatérales qui se terminent dans la substance grise, soit de la corne « antérieure, soit de la corne postérieure ". Dans la figure ii de son travail, Cajal reproduit, dans chaque moitié de la moelle, deux ou trois fibres radiculaires postérieures qui pénètrent dans la moelle, contournent la corne postérieure et se bifurquent dans la partie externe du cordon postérieur. Ces fibres radiculaires émettent des collatérales courtes qui se terminent dans la substance grise de la corne postérieure. Il est à remarquer que ces observations de Cajal sont très incomplètes et demandent à être vérifiées et com.plétées, d'autant plus que, ni dans le texte ni dans les figures, on ne trouve signalées les collatérales réflexo-mo- trices. Schaffer distingue également trois portions aux racines postérieures de la moelle de Tropidonotus, mais la façon dont les fibres constitutives de ces trois portions se comportent dans la moelle est toute différente de la descrip- tion que nous avons donnée plus haut. Les fibres de la portion médiale (2), dit-il, - schmiegen sich dem inneren Rand des Hinterhorns an und wenden (i) Cajal : Loc. cit., p. 45. « El comportamiento de las raices posteriores se verifica tambien segun el plan gênerai. Cada fibra se bi'urca en la substancia blanca en rama ascendente y descen- dante, y de estas ramas brotan colatcrales terminadas en la substancia gris, y a del asta anterior y a de la poster! or. » (2) Schaffer : Loc. cit., p. 164. 134 A. VAN GEHUCHTEN « sich einestheils in élégant geschwungenen Bôgen, dessen Concavitât dein « Centralkanal zugekehrt ist, in das Vorderhorn, zu dessen vorderer Zell- « gruppe ; hier lôsen sich die bis dorthin zumeist compacten Bundel in « zahireiche Fasern auf; anderntheils, und dies gilt fur die medialsten « Fasern, umkreisen sie den Centralkanal, um sich in die Vordercom- « missur einzusenken. Somit hat die mediale Portion der Hinterwurzeln « einen zweifachen Verlauf; die mehr ausseren Fasern derselben bilden die « sog. Antero-posteriores , d. h. die direct in das Vorderhorn einstrahlenden « Hinterwurzeln; die mehr inneren Fasern der medialen Portion hingegen « wenden sich mit einen auswarts convexen Bogen, dem Centralkanal it umkreisend, zu-r Vordercommissur, um in den contralateralen Vorder- « strang sich einzusenken. •' D'après cette description de Schaffer, les fibres radiculaires postérieures pénétreraient directement, comme telles, dans la substance grise de la moelle. Nous savons, par les recherches con- cordantes de ces dernières années, que ce ne sont pas les fibres radiculaires, mais bien les collatérales qui en naissent, qui pénètrent dans la substance grise. Ces collatérales elles-mêmes se diviseraient alors, d'après Schaffer, en deux groupes : les unes s'étendent jusque dans la corne antérieure et représenteraient les collatérales réflexo-motrices des oiseaux et des mammifères. Or, nous avons vu plus haut que, dans la moelle de Tropi- donotiis, ces collatérales réflexo-motrices proviennent des fibres du faisceau externe. Les autres collatérales des fibres de la portion médiale pénètrent dans la commissure antérieure pour se rendre dans la cordon antéro-latéral du côté opposé. Nous verrons, en étudiant la substance grise de la moelle, que ces fibres commissurales décrites par Schaffer ne dépendent pas des fibres radiculaires postérieures, mais qu'elles représentent les prolongements cy- lindraxiles de cellules nerveuses situées dans la corne postérieure. Les fibres de la portion moyenne se rendraient, d'après Schaffer, de la partie externe des cordons postérieurs, à travers la substance gélatineuse de Rolando, en partie dans le cordon latéral et en partie dans le groupe latéral de la corne antérieure. Or, nous avons vu sur nos coupes que toutes les collatérales qui proviennent des fibres du faisceau radiculaire interne, aussi bien de sa portion médiale que de sa portion latérale, sont des col- latérales courtes se terminant exclusivement dans la substance grise de la corne postérieure. D'où viennent ces différences profondes entre les obser- vations de Schaffer et les nôtres? S ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 135 Les descriptions données par Schaffer concordent avec les figures sur lesquelles il se base et surtout avec sa fig. 6, mais ses figures ne nous parais- sent pas reproduire des coupes de moelle de Tropidonotus. Pour la fig. 6, la chose nous parait incontestable : nous n'avons en effet jamais trouvé les cordons postérieurs aussi développés que les représente Schaffer ; et de plus, les collatérales longues provenant des fibres externes du cordon postérieur n'existent pas dans la moelle de la couleuvre. Nous croyons ne pas nous tromper en déclarant que la fig. 6 de Schaffer, loin de re- produire une coupe transversale de la moelle de Tropidonotus, doit plutôt appartenir à la moelle épinière d'un mammifère. Quant à la fig. 7 et sur- tout à la FIG. S du travail de Schaffer, nous serons moins afïirmatif : ces coupes pourraient bien provenir de la moelle de Tropidonotus, mais ni l'une ni l'autre de ces deux figures peuvent servir de base à la description faite par Schaffer ; dans ces figures, en effet, les collatérales longues, si abon- dantes dans la fig. 6, ont complètement disparu et on y voit même une ébauche de la commissure postérieure sensitive que nous avons observée dans nos préparations. Structure de la substance grise. La substance grise de la moelle est formée principalement par des cel- lules nerveuses et par un entrelacement inextricable de fines fibrilles ner- veuses. Nous étudierons successivement ces deux éléments constitutifs de toute substance grise centrale. A. Les cellules nerveuses. Les cellules nerveuses de la substance grise de la moelle épinière de Tropidonotus appartiennent toutes au groupe des cellules nerveuses à cylin- dre-axe long. Dans aucune des nombreuses préparations que nous avons étudiées, nous n'avons rencontré des cellules nerveuses à cylindre-axe court ou cellules de Golgi, dont l'existence a été signalée par presque tous les auteurs dans la substance grise de la corne postérieure chez les oiseaux et les mammifères. Les cellules nerveuses à cylindre-axe long comprennent les cellules radiculaires et les cellules des cordons. Les cellules radiculaires antérieures occupent exclusivement la région antéro-latérale de la corne antérieure, fig. 1. Nous les avons décrites plus 136 A. VAN GEHUCHTEN haut avec les fibres de )a racine antérieure. Dans aucune de nos préparations, nous n'avons observé les cellules radiculaires postérieures décrites par von Lenhossek, Cajal, Van Gehuchten, Retzius et Martin dans la moelle embryonnaire du poulet. Retzius, dans ses recherches sur la moelle de Jropidonotus, est arrivé au même résultat négatif. Les cellules des cordons se divisent encore en deux groupes : les cel- lules des cordons proprement dits ou cellules des cordons tautomères, dont le prolongement cylindraxile se rend dans la substance blanche de la moitié correspondante de la moelle, et les cellules commissurales ou cellules des cor- dons hétéronières, dont le prolongement cylindraxile passe par la commis- sure antérieure de la moelle pour se rendre dans le cordon antéro-latéral du côté opposé. Cellules commissurales. De toutes les cellules constitutives de la moelle, les cellules commis- surales sont certainement celles qui s'imprègnent le plus facilement par le chromate d'argent. On en trouve de nombreux exemplaires dans presque toutes les coupes que l'on examine. Ce fait a frappé également Retzius : ~ Die Zellen j?, dit-il (i), « welche sich in den Tropidonotus Embryonen am '• reichlichstenundschônsten farben liessen, waren die Commissurenzellen». Aussi dans les fig. i , 2 et 3 de la pl. XXI et dans les mêmes figures de la PL. XXII reproduit-il un grand nombre de cellules commissurales. Mais les cellules commissurales reproduites par Retzius dans les figures de sa pl. XXI proviennent d'embryons de 4 centim. de longueur : ces cellules sont encore en pleine évolution, car presque tous les prolongements cylindraxiles se ter- minent, dans la commissure antérieure, par des cônes de croissance. Les cellules commissurales reproduites dans les figures de sa pl. XXII provien- nent d'embryons plus âgés mesurant 8 cent, de longueur : un grand nombre de ces cellules ressemblent en tous points à celles que nous avons obtenues dans nos coupes. Les embryons que nous avons examinés sont cependant plus âgés que ceux que Retzius a eus à sa disposition : ils mesuraient de 8 à 10, II et même 12 cent, de longueur; aussi la lumière du canal central était-elle, dans nos coupes, considérablement plus petite que Retzius ne l'a reproduite dans ses figures. Nos observations serviront donc en partie à confirmer et en partie à compléter les observations si importantes du savant suédois. (i) Retzius : Loc. cit., p. 43. ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 137 Les cellules commissurales existent dans toutes les régions de la sub. stance grise. Retzius semble ne les avoir obtenues imprégnées par le chro- mate d'argent que dans la corne postérieui-e et dans la zone moyenne de la substance grise. Nous les avons rencontrées également en nombre considé- rable dans toute l'étendue de la corne antérieure. Le volume de ces cellules commissurales est excessivement variable. A côté de cellules volumineuses, presque géantes, pourvues d'un nombre considérable de prolongements protoplasmatiques envahissant quelquefois, par leurs ramifications, toute l'étendue de la substance blanche d'une moitié de la moelle depuis la partie la plus reculée du cordon postérieur jusqu'à la surface du cordon antérieur, fig. 8 et 9, on trouve des cellules nerveuses excessivement petites, pourvues d'un petit nombre de prolongements proto- plasmatiques s'épanouissant dans la substance blanche voisine, fig. 10, il et 12; entre ces deux formes extrêmes, on rencontre alors toutes les formes intermédiaires. Les cellules volumineuses sont nécessairement peu nombreuses; on n'en rencontre généralement qu'une seule dans une coupe. Elles peuvent occuper toutes les régions de la substance grise : les cornes postérieures aussi bien que les cornes antérieures, ainsi que les régions intermédiaires. Pour ne pas multiplier outre mesure le nombre de nos dessins, nous avons reproduit dans les fig. 8 et 9 un certain nombre de ces cellules volumineuses em- pruntées à des coupes différentes de la moelle. L'examen de ces figures pourra mieux que toute description donner une idée de la richesse de ces cellules en prolongements protoplasmatiques et des régions étendues de la moelle qu'elles envahissent par leurs ramifications protoplasmatiques. Le prolongement cylindraxile de ces cellules volumineuses est généra- lement très épais. Il naît quelquefois directement du corps cellulaire, fig. 8 et 9, a; le plus souvent, il provient d'un gros tronc protoplasmatique à une distance plus ou moins éloignée de la cellule d'origine, fig. 8 et 9, b. Il se dirige alors vers la commissure antérieure, en longeant quelquefois la limite de la substance grise et de la substance blanche de la moelle, traverse cette commissure pour s'incliner entre les fibres les plus internes du cordon an- térieur de la moelle du côté opposé. Les petites cellules commissurales occupent également toutes les ré- gions de la substance grise de la moelle. Nous avons reproduit dans les fig. 10, 11 et 12 un certain nombre de ces cellules commissurales situées dans la corne postérieure, fig. lO, la région moyenne de la substance grise, 19 138 A. VAN GEHUCHTEN FiG. 11, et la corne antéi-ieure, fig. 13. Pour rendre toutes ces cellules comparables entre elles, nous les avons dessinées toutes à la chambre claire au même grossissement (Zeiss D, 2), aussi bien les cellules des FIG. 8 et 9 que celles des fig. 10, il et 12. Le prolongement cylindraxile de chacune de ces petites cellules com- missurales, considérablement plus grêle que celui des cellules volumineuses, pénètre dans la commissure antérieure qu'il traverse, pour se recourber soit entre les fibres constitutives du cordon antérieur, soit entre celles du cordon latéral. Il nous serait difficile de décrire les multiples aspects sous lesquels peu- vent se présenter ces cellules commissurales; un coup d'œil jeté sur les FIG. 10, 11, 12, 15 et 16 en dira plus long que la meilleure des descriptions. Nous voulons cependant attirer l'attention sur la cellule a de la fig.11, qui occupe la partie la plus dorsale de la corne postérieure dans le voisinage immédiat du septum médian; sur la cellule b' de la même figure, dont le corps cellulaire se trouve presque caché entre les fibres de la substance blanche du cordon latéral ; sur la cellule b de la fig. 9 et la cellule c de la FIG. 15, dont le corps cellulaire forme presque partie constitutive de la commissure antérieure et dont un des prolongements protoplasmatiques passe par la commissure antérieure pour se terminer entre les fibres du cor- don antérieur du côté opposé. Les cellules reproduites dans les trois fig. 10, 11 et 12 ont été prises dans de nombreuses coupes de la moelle. Nous ne les avons réunies dans ces trois figures que pour mieux faire ressortir que les cellules commissurales peuvent occuper et occupent en réalité toutes les régions de la substance grise. Une question importante à résoudre est celle de savoir comment se comportent les prolongements cylindraxiles de ces cellules commissurales à leur arrivée dans la substance blanche du cordon antéro-latéral. Des coupes longitudinales et frontales passant par la commissure blanche antérieure, FIG. 13 et 14, montrent, en toute évidence, qu'arrivés dans la partie interne du cordon antérieur, ces prolongements cylindraxiles se bifurquent généra- lement en deux branches d'égale épaisseur, dont l'une devient une fibre as- cendante et l'autre une fibre descendante de la moelle. Quelquefois cepen- dant, le prolongement cylindraxile se recourbe simplement, sans se diviser, soit en bas, fig. 14, b, soit en haut. Cette disposition a été observée égale- ment par Retzius. Mais un détail important qui n'a pas été signalé par ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTÉBRÉS 139 Retzius et que nos coupes montrent avec une netteté remarquable, c'est qu'en se recourbant, en haut ou en bas, les branches de bifurcation s'inclinent également en dehors, de telle sorte qu'elles quittent bientôt la partie interne du cordon antérieur pour devenir libres longitudinales, soit dans la partie externe de ce cordon, soit dans la partie ventrale du cordon latéral, fig. 13. Cellules des cordons. Les cellules des cordons de la moelle épinière de Tropidonotus sem- blent avoir résisté, dans les préparations de Retzius, à l'imprégnation par le chromate d'argent ^ Was sodann die Strangiellen betrifft, so habe ich sic « viel seltener als die Commissurenzellen gefârbt gefunden.... Nach Allem « was ich gesehen habe, verhalten sie sich auch bei den Ophidiern wie bei « anderen Wirbelthieren. Die Axencylinderfortsâtze laufen in die Strânge " derselben Halfte des Riickenmarks hinein und biegen sich um (i) ■'. Nous avons obtenu ces cellules, colorées en noir, dans presque toutes nos préparations. Aussi insisterons-nous quelque peu sur elles. Les cellules des cordons peuvent être divisées en deux groupes suivant qu'elles envoient leurs prolongements cylindraxiles dans la substance blanche du cordon antéro-latéral ou dans celle du cordon postérieur. Cellules du cordon antéro-lateral. Ces cellules des cordons, dont les prolongements cylindraxiles vont devenir des fibres constitutives du cordon antéro-latéral, présentent un volume excessivement variable; les unes sont volumineuses et envahissent parleurs prolongements protoplasmatiques des régions étendues de la substance de la moelle; les autres présentent un corps cellulaire excessivement petit, d'où naissent quelques prolongements proto- plasmatiques courts et peu ramifiés. Entre ces deux extrêmes, on trouve toutes les formes intermédiaires. Nous avons réuni dans la fig. 15 quelques-unes de ces cellules volumi- neuses que nous avons rencontrées dans des coupes différentes. Cette figure prouve que ces cellules volumineuses peuvent occuper toutes les régions de la substance grise de la moelle. Leurs prolongements cylindraxiles, épais comme ceux qui dépendent des cellules commissurales volumineuses, s'in- fléchissent vers la substance blanche du cordon antéro-latéral. La cellule la plus volumineuse que nous avons rencontrée dans nos préparations est celle que nous avons reproduite dans la fig. 16, a. (i) Retzius : Loc. cit., p. 44. 140 A. VAN GEHUCHTEN Ce qui la caractérise, c'est le volume énorme du corps cellulaire, l'épais- seur considérable des prolongements protoplasmatiques qui en naissent et dont plusieurs n'ont pu être poursuivis dans tout leur trajet, parce qu'ils se recourbaient dans la coupe pour s'épanouir dans la moelle suivant son axe longitudinal; enfin la distribution particulière des prolongements protoplas- matiques antérieurs qui traversent la commissure antérieure et peuvent être poursuivis jusqu'à la périphérie de la moelle entre les fibres constitutives du cordon antéro-latéral. Les petites cellules des cordons, dont les prolongements cylindraxiles se rendent dans le cordon antéro-latéral, occupent également les diverses régions de la substance grise. Dans la fig. 17, nous avons reproduit un certain nombre de ces cellules ayant leur siège dans la corne postérieure, tandis que dans la fig. 18 nous avons réuni quelques types de cellules des cordons des régions moyennes et antérieures de la substance grise. Arrivés dans la substance blanche du cordon antéro-latéral, les prolon- gements cylindraxiles de ces cellules nerveuses se bifurquent le plus souvent en une branche ascendante et une branche descendante ; quelquefois cepen- dant ils se recourbent simplement soit en haut, soit en bas, pour devenir une fibre constitutive de ce cordon, fig. 19 et 20. Cellules du cordon postérieur. Les cellules des cordons dont les pro- longements cylindraxiles se rendent dans la substance blanche du cordon postérieur sont excessivement nombreuses dans la moelle épinière de Tropidonotus. Retzius en reproduit quelques-unes dans les figures 2 et 3, PI. XXI, et les figures i et 2, PI. XXII. Elles sont cependant beaucoup plus nombreuses que semblent le faire croire ces figures de Retzius. Dans un grand nombre de nos préparations, nous n'avons observé, imprégnée en noir, qu'une seule cellule des cordons postérieurs comme le montrent les figures du travail de Retzius; mais dans un certain nombre de coupes où l'imprégnation était plus complète, nous avons observé, dans une même corne postérieure, jusque cinq cellules nerveuses envoyant leurs prolonge- ments cylindraxiles dans la substance blanche du cordon postérieur. Nous avons reproduit dans la fig. 21 toutes les cellules du cordon postérieur que nous avons obtenues imprégnées dans une même coupe de la moelle. Les prolongements cylindraxiles de toutes ces cellules nerveuses se rendent, après un trajet plus ou moins complexe, jusque dans la région moyenne du cordon postérieur. ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES I4I La FiG. 22 reproduit également les cellules du cordon postérieur d'une seule coupe de la moelle; mais ici les prolongements cylindraxiles se rendent tous dans un faisceau de fibres nerveuses occupant la partie la plus latérale du cordon postérieur, dans l'angle de bifurcation de la racine postérieure en faisceau radiculaire externe et faisceau radiculaire interne. A la périphérie de cette corne postérieure, on tro.uve une cellule allongée à grand axe paral- lèle à la surface de la moelle, analogue aux cellules nerveuses que Cajal a décrites dans la substance gélatineuse de Rolando chez les oiseaux et les mammifères sous le nom de cellules marginales. Les cellules des cordons postérieurs occupent exclusivement la sub- stance grise de la corne postérieure. Ce sont des cellules à corps petit, pourvu d'un petit nombre de prolongements protoplasmatiques et dont les prolongements cylindraxiles minces et délicats se rendent après un trajet plus ou moins flexueux dans toutes les régions du cordon postérieur. A cause de l'importance spéciale de ces cellules nerveuses, nous en avons représenté encore un certain nombre dans les fig. 12, 23 et 24. Arrivés dans le cordon postérieur, ces prolongements cylindraxiles peuvent se comporter de deux façons différentes : ou bien ils se bifurquent en une branche ascendante et une branche descendante, comme le prouvent quelques-unes des cellules des fig. 12, 21 et 22, ou bien ils se recourbent simplement dans la substance blanche. Ces observations sur les cellules des cordons postérieurs ont leur im- portance; elles prouvent que, chez la couleuvre au moins, une assez bonne partie des fibres des cordons postérieurs ne représentent pas les branches de bifurcation des fibres radiculaires postérieures. D'après les recherches de Cajal, ces cellules semblent être également assez fréquentes dans la moelle embryonnaire du poulet. Par contre, dans la moelle des mammifères, leur nombre est beaucoup plus réduit : - Von allen Strangzellen des Riicken- " markes, dit von Lenhossek (i), sind weitaus am sparlichsten die Zellen " die ihren Nei-venfortsatz zu einem Bestandtheil der Hinterstrange wer- « den lassen r,. La conclusion, dit-il plus loin (2), que l'on peut tirer de ces observations est : « dass an der Bildung der Hinterstrange ausser den Hin- « terwurzelfasern unzweifelhaft auch einige Nervenzellen der Hinterhôrner " durch ihren Achsencylinderfortsatz beteiligt sind, dass aber ihr Anteil « daran bei ihrer beschrânkten Zahl gewiss nur sehr gering sein kann ». Ci) von Lenhossek : Der feinere Bau des Nerversystems im Lichte neuester Forschungen ; Aufl., 1S95, p. 354. (2) Ibid., p. 355. 142 A. VAN GEHUCHTEN Parmi les nombreuses cellules commissurales de la moelle que nous avons observées dans nos coupes, nous en avons rencontré quelques-unes dont le prolongement cylindraxile se bifurque dans la substance grise elle- même pour donner naissance à deux branches, dont l'une se rend dans le cordon latéral du même côté de la moelle, tandis que l'autre passe par la commissure antérieure pour se rendre dans le cordon antéro-latéral du côté opposé. Ces cellules, dont quelques-unes ont été reproduites dans les FiG. 10, a, et 16 c, appartiennent au groupe des « bilateralen Kommissu- renzellen ^ de von Lenhossek, nos cellules hecatéromères. Nos observations sur la moelle épinière de Tropidonoliis prouvent donc que toutes les fibres constitutives de la commissure antérieure représentent des prolongements cylindraxiles de cellules commissurales situées dans toutes les régions de la substance grise et notamment dans la partie la plus dorsale des cornes postérieures. Ces faits sont en opposition avec les obser- vations que ScHAFFER a faites sur la moelle de Tropidonotus en se servant de la coloration à l'hématoxyline d'après la méthode de Weigert. D'après Schaffer, les fibres de la commissure antérieure proviennent en partie de la portion médiale des racines postérieures et du cordon latéral, en partie aussi de la corne et de la racine antérieure. " Die Fasern " der Vordercommissur, » dit-il, « stammen zum Theil aus der medialen « Portion der Hinterwurzeln. Ein betrachtlicher Antheil jedoch wird aus « Seitenstrangfasern gebildet.... Ein fernerer Antheil der Vordercommis- ^ surfasern stammt aus dem Vorderhorne resp. Vorderwurzeln. ^ Les fibres commissurales décrites par Schaffer et reproduites par lui dans les fig. 7 et 8 de son travail existent réellement dans la moelle de Tropidonotus; mais comme la méthode de Weigert ne colore que la gaine de myéline des fibres nerveuses, sans fournir le moindre renseignement sur les connexions qui existent entre les fibres nerveuses et les cellules nerveuses, Schaffer n'a pu se rendre un compte exact de l'origine des fibres qu'il a eues sous les yeux. Ce qui le prouve, c'est que les fibres commissurales, que dans le texte de son travail il déclare être en continuation directe avec les fibres radiculaires postérieures (2), ne sont, dans les figures qui accom- pagnent son travail et sur lesquelles il se base (fig. 7 et 8 de la pl. IX (i) Schaffer : Loc. cit., pp. iC5 et i66. (2) « Es sei mir gestattet » dit-il p. 167, « an diesem Orte hervorzuheben, dass die folgenden Faser- « zûge : directe HinterwurzeUaser durch das Vordercommissur zum gekreuzten VorJerstrangc..., fur die « Ringelnalter sicher constatirte Thatsachen reprasentiren ». ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 148 et figure schématique intercalée dans le texte), que des fibres qui com- mencent dans les cornes postérieures, sans que l'on puisse voir la moindre continuité entre elles et les fibres radiculaires postérieures. La méthode de GoLGi, ayant sur la méthode de Weigert l'immense avantage d'im- prégner à la fois et les cellules nerveuses et les fibres nerveuses, nous montre que les fibres commissurales des cornes postérieures existent en réalité, mais qu'elles proviennent de cellules nerveuses situées dans ces régions grises dorsales. La même interprétation s'applique aux fibres commissurales provenant, d'après Schaffer, de la corne antérieure. Quant aux fibres commissui-ales que Schaffer représente dans la figure schématique de la moelle d'Anffiiis fragilis comme provenant des fibres longitudinales du cordon latéral, elles ne représentent, à nos yeux, que des fibres commissurales provenant de cellules nerveuses situées dans la substance grise de la moitié opposée de la moelle et qui, après avoir tra- versé la commissure, se rendent jusque dans le cordon latéral, c'est-à-dire des fibres en tous points identiques à celle que nous avons reproduite dans notre fig. il, b. En dehors de ces cellules nerveuses, cellules commissurales ou cellules des cordons, envahissant par leurs ramifications protoplasmatiques les régions grise et blanche d'une moitié de la moelle, nous avons observé fréquemment, dans nos coupes, des cellules volumineuses occupant une partie de la région grise médiane située en arrière de la coupe du canal central, fig. 25, région assez nettement limitée en arrière par le faisceau dorsal de la commissure postérieure formé exclusivement par les collaté- rales des fibres radiculaires moyennes, en avant par le faisceau ventral, beaucoup plus épais, de cette même commissure constitué par les collaté- rales des fibres du cordon antéro-latéral. Ces cellules sont remarquables par leur position médiane en arrière de la coupe du canal central, par leur corps cellulaire volumineux et par leurs nombreux prolongements protoplasmatiques longs et épais qui traversent, des deux côtés, la substance grise de la rnoelle, pour aller s'épanouir en par- tie entre les ramifications terminales des nombreuses collatérales nées des fibres des cordons postérieurs, en partie dans les régions moyennes de la substance grise et entre les fibres constitutives de la moitié dorsale du cor- don latéral des deux côtés de la moelle. Nos fig. 18, a, 23, a, 24, a, et 25, a, reproduisent quelques-unes de ces cellules spéciales; elles peuvent donner 144 A. VAN GEHUCHTEN une idée de leur richesse en prolongements protoplasmatiques et des régions étendues de la moelle qu'elles envahissent par leurs ramifications. Ces cellules dorsale^ médianes, comme nous les appellerions volontiers, ont été observées également par Retzius : « Einzelne Zellen, dit-il (i), " welche im hinteren Umfang in der Nâhe der Mittellinie resp. der Ka- " nalspalte, liegen, entwickeln sich zu machtigen Zellenkôrpern, zu einer « Art « Riesenzellen ^^ deren lange, weit ausgebreitete Dendriten grosse « Partien des Riickenmarksquerschnittes durchspinnen und nicht nur in « einer Halfte derselben bleiben, sondern auch oft weit in die andere hin- « iiberlaufen «. Retzius range ces cellules dans le groupe des cellules com- missurales. Nos observations prouvent que si quelques-unes de ces cellules envoient, en réalité, leur prolongement cylindraxile à travers la commis- sure antérieure jusque dans le cordon antérieur du côté opposé de la moelle, FiG. 23 et 24, il en est d'autres dont le prolongement cylindraxile se rend dans la partie dorsale du cordon latéral pour y devenir une fibre constitu- tive de ce cordon, fig. 18 et 25. B. Les fibrilles nerveuses. Le second élément constitutif principal de la substance grise de la moelle est représenté par de fines fibrilles nerveuses, qui ne sont rien autre que les nombreuses branches collatérales et terminales nées des fibres longi- tudinales des diff"érents cordons de la moelle envahissant par leurs divisions et leurs subdivisions toutes les régions de la substance grise de la moelle. Ces collatérales ne paraissent pas avoir été imprégnées par le chromate d'argent dans les préparations que Retzius a faites de la moelle épinière de Tropidonotus. Il ne les signale pas dans le texte de son travail et ne les reproduit dans aucune de ses figures. Sur des coupes provenant de la moelle dun embryon de ii à 12 cen- timètres de longueur, on voit ces collatérales, presque complètement déve- loppées, former dans presque toute l'étendue de la substance grise un plexus inextricable. Une seule région de la substance grise de la moelle se montre plus pauvre en ramifications cylindraxiles : c'est la l'égion médiane comprise entre le faisceau dorsal et le faisceau ventral de la commissure postérieure et caractérisée par la présence de ces cellules volumineuses que nous avons décrites sous le nom de cellules dorsales médianes. (i) Retzius : Loc. cit., p. 44. ÉTUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 145 Nous avons essayé de reproduii-e dans la fig. 25 l'aspect d'une coupe transversale montrant les collatérales des différents cordons. Nous devons avouer cependant que, dans nos préparations, l'entrelacement des fibrilles nerveuses de la substance grise était beaucoup plus compact que nous n'avons pu le rendre dans notre dessin. Les collatérales nées des fibres des cordons postérieurs sont toutes des collatérales courtes; elles se ramifient et se terminent dans la substance grise de la partie tout à fait dorsale des cornes postérieures. Les collaté- rales qui proviennent des fibres les plus externes se dirigent en dedans pour constituer, avec les collatérales des mêmes fibres du côté opposé, le faisceau dorsal de la commissure postérieure. Toutes les autres collatérales présentent cette caractéristique que leurs ramifications terminales ne dé- passent que rarement les fibres de ce faisceau dorsal; mais, tandis que les collatérales des fibres moyennes s'épanouissent dans cette substance grise suivant un plan transversal, on voit les collatérales qui proviennent d'un petit faisceau de fibres nerveuses situé de chaque côté du septum médian se diri- ger directement en avant pour s'arrêter plus ou moins brusquement dans le voisinage de la commissure. Des coupes longitudinales et antéro-posté- rieures passant par cette partie interne des cordons postérieurs montrent que ces collatérales s'épanouissent dans la substance grise suivant un plan vertical. Arrivée dans le voisinage de la commissure postérieure, chacune de ces coUatéi^ales se bifurque en une petite branche ascendante et une petite branche descendante, dont les ramifications terminales vont s'entrela- cer avec les ramifications analogues venues des collatérales voisines. Nous avons reproduit dans la fig. 26 une seule fibre de cette partie interne du cordon postérieur pour bien montrer l'épanouissement vertical des colla- térales qui en proviennent. Les fig. 27 et 28 prouvent que ce n'est pas là une disposition particulière aux collatérales de l'une ou de l'autre des fibres de ce faisceau interne, mais bien une disposition commune à toutes. On dirait, à voir ces coupes transversales et longitudinales, que, dans le cours de leur développement, ces collatérales, arrivées dans le voisinage de la commissure postérieure, ont été arrêtées par les fibres de cette commissure dans leur marche en avant et que, changeant de direction, elles se sont épanouies dans le sens vertical. Ce qui apporte un appui à cette manière de voir, c'est que, sur les coupes d'embryons plus jeunes, on voit les collaté- rales destinées à la commissure postérieure atteindre déjà la ligne médiane, alors que les collatérales internes encore peu développées se terminent par ïo 146 A. VAN GEHUCHTEN un petit cône de croissance dans le voisinage plus ou moins immédiat des cordons postérieurs. Les collatérales nées des fibres qui constituent la mince zone de sub- stance blanche recouvrant la corne postérieure se ramifient et se terminent dans la substance grise voisine. Les collatéi^ales des fibres du faisceau radiculaire externe se ramifient en partie dans les régions moyennes de la substance grise; les autres, les plus nombreuses et les plus importantes, s'inclinent en avant en for- mant un petit faisceau de fibrilles nerveuses à direction antéro-postérieure à la limite de la substance blanche du cordon latéral et de la substance grise voisine et vont s'épanouir entre les cellules radiculaires de la corne antérieure. Les fibres du cordon latéral envoient de nombreuses collatérales dans les régions moyennes et antérieures de la substance grise : les unes, courtes, se ramifient et se terminent dans la substance grise de la moitié correspondante de la moelle ; les autres beaucoup plus longues traversent le septum médian en arrière du canal central et forment l'élément constitutif principal du faisceau ventral de la commissure postérieure. Les collatérales qui proviennent des fibres du cordon antérieur se comportent comme les collatérales du cordon latéral : les unes, directes, se terminent dans la substance grise de la moitié correspondante de la moelle; les autres, croisées, vont se terminer dans la substance grise du côté opposé; parmi ces collatérales croisées, les unes passent incontestablement par la commissure postérieure, les autres, plus nombreuses, traversent la com- missure ventrale, fig. 29. A leur entrée dans la substance grise, ces collatérales nées des fibres des différents cordons présentent d'abord toutes un trajet rectiligne, sans divisions ni branches collatérales. C'est seulement quand ces collatérales ont pénétré jusque dans les régions centrales de la substance grise qu'elles se divisent et se subdivisent d'une façon plus ou moins complexe. C'est là le motif pour lequel la sub- stance grise de la moelle, sur des coupes où l'imprégnation par le chromate d'argent a bien mis en évidence les collatérales des fibres nerveuses, pré- sente un aspect différent dans la zone périphérique et dans ses régions centrales. Dans la zone périphérique prédominent les fibrilles rectilignes rayonnant de tous les points de la substance blanche dans la substance grise, FIG. 30; entre ces fibrilles rectilignes, on rencontre cependant les ra- ' ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES I47 mifications terminales de collatérales venues, soit des fibres du côté opposé de la moelle, soit des fibres des régions blanches voisines. Dans les régions centrales de la substance grise, on ne trouve plus que le plexus nerveux formé par l'entrelacement inextricable des ramifications terminales de toutes les collatérales, fig. 25. Un point intéressant à étudier, c'est le mode de développement de ces collatérales. Nous avons reproduit dans notre fig. 31 la coupe transversale de la partie inférieure de la moelle d'un embryon de Tropidonotus de 8 cent, de longueur montrant les collatérales des différents cordons de la moelle dans leur premier stade de développement. Chacune des collatérales du cordon antéro-latéral se présente comme une simple fibrille à trajet légèrement ondulé, pénétrant plus ou moins loin dans la substance grise et se terminant, au grossissement employé, par un petit épaississement triangulaire ou fusiforme. Ce bout libre épaissi caractérise l'extrémité libre du plus grand nombre des collatérales imprégnées; on le retrouve à l'extrémité libre de presque toute collatérale en voie de développe- ment. Il représente pour la collatérale, en petit, le cône de croissance du prolongement cylindraxile découvert par Cajal dans la moelle embryon- naire du poulet et retrouvé depuis par d'autres auteurs. Retzius l'a observé également sur les prolongements cylindraxiles de toutes les cellules ner- veuses dans la moelle d'embryons de Tropidonotus de 4 cent, de longueur. Examinés à un grossissement plus considérable (Zeiss, D, 4), ces cônes de croissance présentent généralement deux ou trois petites branches épineuses. Les collatérales des cordons postérieurs se terminent également par un petit épaississement triangulaire ; celles des fibres internes du cordon suivent un trajet antéro-postérieur, comme dans des moelles plus dévelop- pées, tandis que les collatérales des fibres externes prennent une direction transversale, première ébauche du faisceau dorsal de la commissure postérieure. A ce moment du développement embryologique, le canal central de la moelle épinicre occupe encore la plus grande partie du diamètre antéro- postérieur de la moelle. Si on compare notre fig. 31 à la coupe de la moelle d'un embryon de Tropidonotus de i'j cent, de longueur, fig. 2."î, on voit que, dans le cours du développement, la lumière du canal central se rétrécit par suite de l'oblitération de sa partie dorsale. C'est à travers cette partie oblitérée du 148 A. VAN GEHUCHTEN canal que passent les collatérales du cordon antéro-latéral pour aller con- stituer le faisceau ventral de la commissure postérieure. Comment se produisent et l'oblitération de la partie dorsale du canal central et la pénétration des collatérales du cordon antéro-latéral à travers cette partie oblitérée? Le canal central de la moelle épinière de Tropidonotus, comme celui de la moelle de tout vertébré, est tapissé par une rangée de cellules épithé- liales qui représentent les corps des cellules épendymaires. Ces cellules épendymaires présentent, sur des coupes de la partie inférieure d'un em- bryon de 6 cent, de longueur, la disposition typique et régulière que Retzius a décrite et figurée pour la moelle d'embryons de 4 centim. de lon- gueur. Les corps des cellules épendymaires juxtaposés, fig. 32, limitent la lumière du canal central; ils sont pourvus d'un prolongement périphé- rique, recouvert de quelques petites branches épineuses et s' étendant jus- qu'à la surface libre de la moelle, où il se termine par un petit épaississe- ment conique. Les cellules épendymaires antérieures, beaucoup plus courtes également, présentent une disposition différente suivant qu'on les examine sur la ligne médiane ou quelque peu en dehors de cette ligne : les cellules médianes présentent un trajet rectiligne, tandis que les cellules latérales s'incurvent légèrement en avant et en dehors. Si on examine maintenant la disposition des cellules épendymaires sur une coupe de moelle d'un embryon de i 1 à 12 centim. de longueur, moelle sur laquelle la lumière du canal central est considérablement réduite, on voit que les cellules épendymaires de la face antérieure et des faces laté- rales du canal central ont conservé leur disposition primitive, fig. 33 et 34, quoique sur toute la longueur de la partie oblitérée de ce canal ces cellules ne soient plus en rapport avec la cavité centrale. La seule modification intervenue est que les cellules épendymaires postérieures, médianes et latérales, se sont allongées; leur prolongement interne est devenu beau- coup plus long, de telle sorte qu'il est resté, au moins pour les cellules médianes et les cellules immédiatement voisines, en connexion avec la lumière du canal, fig. 33 et 35. On dirait qu'au fur et à mesure que le canal s'oblitère d'arrière en avant, ces cellules s'allongent pour venir occuper la place qui résulte de cette oblitération. Ces faits montrent que, dans l'oblitération de la partie dorsale du canal central, les cellules épendymaires latérales ne jouent aucun rôle actif : elles conservent leur disposition première; les seuls éléments qui se modi- fient sont les cellules épendymaires postérieures; celles-ci tendent à conser- ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 149 ver leur connexion primitive avec la paroi du canal central et s'allongent au fur et à mesure que ce canal rétrécit son diamètre antéro-postérieur. Le pourquoi de cette oblitération progressive du canal central et de cet accroissement correspondant du prolongement interne des cellules épendymaires postérieures nous échappe complètement. Ce sont les cellules épendymaires postérieures médianes, étendues entre le canal central et la face postérieure de la moelle, qui forment les éléments constitutifs du septiim médian dorsal. Pendant que ces modifications surviennent dans le diamètre antéro- postérieur du canal central et dans la disposition des cellules épendy- maires, les collatérales des différents cordons ont continué à pénétrer plus avant dans la substance grise de la moelle : les bouts libres ou cônes de croissance des collatérales du cordon antéro-latéral, poussés ou attirés par une force énigmatique vers la partie médiane de la moelle, s'insinuent entre les éléments constitutifs de la substance grise. Cette poussée ou cette attraction est tellement forte, semble tellement irrésistible et à ce point aveugle, qu'un grand nombre de ces collatérales se dirigent même vers la partie persistante du canal central, de telle sorte que, sur presque toutes les coupes que l'on examine, on trouve des collatérales engagées par leur cône de croissance entre les corps des cellules épendymaires, aussi bien des faces latérales que de la face antérieure du canal central. Arrivées là cepen- dant, elles semblent rencontrer un obstacle à leur marche en dedans; elles se recourbent alors quelquefois en avant vers la commissure antérieure, le plus souvent en arrière en longeant la face latérale du canal central dans un trajet plus ou moins flexueux; puis, au niveau de la partie oblitérée du canal, elles s'infléchissent en dedans pour pénétrer dans la substance grise du côté opposé de la moelle. Il est évident que, pendant cette progression de toutes ces collatérales vers la partie médiane, un grand nombre s'ar- rêtent et se terminent dans la substance grise de la moitié correspondante de la moelle. Les détails de ce développement progressif des collatérales ressortent nettement des fig. 36 à 42, qui toutes ont été dessinées soigneusement à la chambre claire. Pour ne pas donner à ces figures de trop grandes pro- portions, nous n'avons dessiné que la coupe du canal central et l'extrémité libre des collatérales du cordon antéro-latéral qui, arrivées dans le voisinage du canal central, tendent à passer la ligne médiane. Dans les fig. 33 à 40, le canal central n'était oblitéré que dans une 150 A VAN GEHUCHTEN partie de son étendue; un grand nombre de collatérales ont pénétré par leurs cônes de croissance jusque entre les corps des cellules épendymaires, quelques-unes se sont recourbées en arrière en prenant une direction antéro- postérieure. En arrière de la coupe du canal central, les collatérales com- mencent à passer la ligne médiane et, une fois au-delà, elles poussent de petites branches collatérales. Dans les fig. 40 à 42, le canal central est oblitéré davantage, les cônes de croissance s'étendent déjà plus loin dans la substance grise du côté opposé et le nombre des collatérales qui ont passé la ligne médiane s'est accru. En contournant l'extrémité postérieure du canal central, un grand nombre de ces collatérales décrivent une courbe à concavité antérieure nettement prononcée. Au fur et à mesure que la lumière du canal se l'étrécit, le nombre des collatérales qui passent la ligne médiane augmente ; en même temps qu'elles s'allongent, ces collatérales commencent par émettre de petites branches latérales, par présenter des divisions et des subdivisions. Les cônes de croissance s'affaiblissent et tendent à disparaître. Cependant cette dispari- tion du cône de croissance ne survient pas en même temps pour toutes les collatérales; même sur des coupes d'embryons de 12 centim. de longueur, où les collatérales envahissent par leurs ramifications toutes les régions de la substance grise et où le faisceau ventral de la commissure postérieure semble avoir atteint son développement complet, on trouve encore, par ci par là, surtout dans le voisinage du canal central, les cônes de croissance de quelques collatérales en voie de développement, fig. 25. Cette étude du mode de développement des collatérales nées des fibres de la substance blanche de la moelle nous semble intéressante à un autre point de vue; elle peut aider à élucider la question de l'existence ou de la non-existence d'anastomoses entre les ramifications cylindraxiles dans la substance grise du système nerveux central. Il est évident que sur une coupe de la moelle, où toutes les collatérales sont complètement développées et où toutes sont imprégnées par le chromate d'argent, comme c'était le cas pour la coupe reproduite dans notre fig. 25, l'examen le plus soigneux et le plus attentif ne parviendra pas à résoudre la cjuestion ; ces collatérales entrelacées dans tous les sens par leurs branches de division et de subdivi- sion induisent trop facilement en erreur. L'examen de moelles plus jeunes, dans lesquelles les collatérales ne sont pas encore complètement développées, tranche nettement et indiscuta- blement la question en faveur de la non-existence des anastomoses, puisque ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES Ifjl sur les coupes faites dans ces moelles on voit à l'évidence chacune des col- latérales se terminer par un cône de croissance. Il ne peut venir à l'esprit de personne d'admettre, par exemple, l'existence d'anastomoses entre les fibrilles nerveuses de la substance grise dans la coupe que reproduit notre FiG. 31. Dans les premiers temps du développement embrj'ologique, les ramifications cylindraxiles des cellules nerveuses restent donc indépen- dantes les unes des autres. Mais les anastomoses ne pourraient-elles pas survenir plus tard, ne pourraient-elles pas constituer, en somme, le terme final du développement des collatérales et ne pourrait-on pas admettre que cette force énigmatique qui pousse ou qui attire les collatérales des cordons antéro-latéraux vers les régions médianes de la substance grise est uniquement l'attraction que ces collatérales exercent les unes sur les autres, attraction qui ne s'épuise que par la fusion de leurs ramifications terminales? Mais s'il en était ainsi, pourquoi les collatérales des cordons postérieurs n'obéissent-elles pas à l'attraction des collatérales voisines et pourquoi s'arrétent-elles dans la substance grise de la partie dorsale des cornes postérieures? D'ailleurs, ce qui prouve mieux que tous les raisonnements que l'hypothèse que nous venons d'émettre n'est pas l'expression de la réalité, c'est que si on suit, sur des moelles d'embryons de plus en plus âgés, le développement pro- gressif des collatérales, on voit les cônes de croissance disparaître au fur et à mesure que les collatérales progressent, qu'elles se divisent et se subdi- visent, sans pourtant observer la fusion de leurs ramifications terminales. De plus, si on étudie des coupes provenant de la moelle d'embryons où les collatérales ont atteint leur développement complet, dans lesquelles le chromate d'argent n'a imprégné qu'un petit nombre de ces collatérales, FIG. 43, on pourra poursuivre ces quelques collatérales dans toute leur étendue et on verra toujours toutes leurs branches de division et de sub- division se terminer par des bouts libres. De tous ces faits et de toutes ces considérations, nous croyons pouvoir conclure qu'avec les méthodes d'investigation dont nous disposons actuel- lement les ramifications cylindraxiles des cellules nerveuses se terminent librement. Ce fait de l'indépendance des éléments nerveux est d'ailleurs admis actuellement par le plus grand nombre des neuro-histologistes. Quelques voix discordantes se sont élevées cependant pour combattre ce qu'elles appellent - la théorie de l'indépendance des éléments nerveux. " Il n'entre pas dans le cadre de ce travail de relever les objections qui ont l52 A. VAN GEHUCHTEN été émises ni d'en discuter la valeur; mais, parmi les travaux les plus récents publiés dans le but de prouver l'existence véritable d'anastomoses entre fibres nerveuses distinctes, il en est un (i), publié en Belgique, dans lequel les auteurs plaident vigoureusement en faveur de l'existence d'anas- tomoses, non pas dans le sj'stème nerveux central, qui n'a pas fait l'objet de leurs recherches, mais dans le système nerveux périphérique. Nous avons attentivement lu et relu ce travail, nous avons examiné soigneuse- ment les nombreux photogrammes qui l'accompagnent et nous sommes arrivé à la conviction que les conclusions de ce travail, en ce qui concerne les anastomoses, ne sont pas d'accord avec les faits sur lesquels elles se basent et que l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses distinctes ne se trouve nullement prouvée dans ce travail. Nous allons tâcher, en nous tenant scrupuleusement au texte (2) des auteurs, de faire pénétrer la même conviction dans l'esprit de nos lecteurs. Heymans et Demoor ont étudié, au moyen de la méthode de Golgi, linnervation du cœur chez un certain nombre de vertébrés. Leurs recher- ches principales semblent cependant avoir été faites chez la grenouille et la souris. En étudiant l'innervation du cœur de la grenouille, les auteurs se demandent s'il existe des anastomoses entre des fibres différentes, et voici textuellement comment ils s'expriment (3) : « Faisons d'abord observer qu'une fibre nerveuse apparemment formée « par un seul cylindre-axe primitif s'étend dans la substance musculaire à " des distances considérables, côtoyant différentes trabécules auxquelles " elle donne des ramifications latérales, s'infléchissant dans les directions « les plus variées et donnant au niveau d'autres trabécules des branches « latérales aussi volumineuses que celle qui parait continuer la fibre. Les « branches latérales qui partent de cette fibre au niveau de ces différents (i) Heymans et Demoos : Étude de i' innervaiion du ccvur des vertébrés à l'aide de la méthode de Golgi; Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par TAcadémie royale de médecine de Bel- gique, T. XIII, ÎS94. (2) Nous tenons à faire remarquer que toutes nos citations du travail de Heymans et De.moor ont été empruniées au texte publié dans les Mémoires couronnés et autres Mémoires de l'Académie royale de Médecine de Belgique. Cette remarque a son importance. Le travail sur l'innervation du cœur a été publié également dans les Aechives de Biologie (t. XIII. fasc. IV, pp. 619-676), sous le même titre Étude de l'innervation du cœur des vertébrés à l'aide de la méthode de Golgi, mais le texte primitif a subi certaines modifications. Cela soit dit pour que les lecteurs, qui n'ont à leur disposi- tion que les Archives de Biologie, ne puissent nous accuser, à tort, de ne pas avoir copiés crupuleu- sement, comme nous le déclarons, le texte des auteurs. (3) Loc. cit., pp. 25 et 26, ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS l53 « faisceaux musculaires sont-elles réellement des ramifications ou ne sont- ~ elles pas plutôt? des branches anastomosées avec d'autres fibres nerveuses " primitives? Pour notre part, nous admettons cette dernière hypothèse (i) " pour les raisons indiquées (2), et aussi parce que nous avons vu la même « disposition anatomique là où les faisceaux de fibres pénétrant dans la " paroi ventriculaire commencent à se ramifier. Bref, nous admettons sans " pouvoir toutefois le démontrer d'une manière péremptoire, que les rami- « fications de fibres nerveuses primitives différentes s'anastomosent entre « elles. Nous nous rangeons donc entièrement à l'opinion exprimée par " Merkel au Congrès des anatomistes de Gôttingen : Zahlreiche Untersu- ii chungcn liber periphere Nervenendigungen haben sicher erwiesen dass an « den Endstellen Netze vorkommen welche von mehrere Nervenfasern ver- " sorgt werden. « De ce texte, que nous avons tenu à reproduire en entier, il ressort en toute évidence que si Heymans et Demoor admettent, dans le cœur de la grenouille, l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses distinctes, ils ne s'appuient pas sur des anastomoses réellement inies par eux au microscope, mais uniquement sur ce fait, que nous croyons bien observé, qu'un cylindre- axe primitif émet des branches latérales aussi volumineuses que celle qui parait continuer la fibre. Ces branches latérales sont considérées par eux comme des branches anastomotiques, sans qu'ils se soient donné la peine de les poursuivre pourvoir, si, en réalité, elles proviennent d'autres fibres ner- veuses ou bien si, dans leur trajet ultérieur, elles ne se résolvent pas elles- mêmes en branches de division et de subdivision plus grêles. Ces branches latérales ne sont donc pas des ramifications, uniquement parce qu'elles sont aussi grosses que la fibre dont elles émanent. Mais si cette raison avait la moindre valeur, nous pourrions la retourner contre Heymans et Demoor et dire : ces branches latérales ne sont pas des branches anastomotiques, parce que la fibre à laquelle elles se réunissent n'augmente pas en épaisseur à son point de réunion ou de fusion avec chacune d'elles. Heymans et Demoor croient donc que le cylindre-axe d'une fibre nerveuse doit diminuer de vo- lume après l'émission de chacune de ses collatérales. Mais tous ceux qui ont appliqué la méthode de Golgi à l'étude du système nerveux central savent, par expérience, que cela n'est pas. Que l'on examine, par exemple, une coupe (i) Dans le texte des Archives de Biologie, le mot hypothèse a été remplacé par manière de i-oir. (i!) Ces raisons indiquées, nous les avons cherchées en vain dans le texte du travail. SI 154 A. VAN GEHUCHTEN longitudinale de la moelle de n'importe quel vertébré montrant imprégnées les fibres de la substance blanche avec les collatérales qui en naissent, on verra manifestement qu'e le cylindre-axe d'une fibre nerveuse peut émettre de nombreuses collatérales sans pour cela diminuer d'épaisseur (voir nos FiG. 5, 26, 27 et 28). Bien plus, Sala (i) dans la moelle des batraciens, VON Lenhossek(2) chez l'homme et nous-même(3) chez la truite, nous avons montré que le prolongement c)'lindraxile d'une cellule nerveuse peut aug- menter d'épaisseur au fur et à mesure qu'il s'éloigne de sa cellule d'origine et cela malgré les collatérales qui en naissent. Le même fait s'observe pour le cylindre-axe des fibres nerveuses périphériques. Dans nos recherches sur les terminaisons nerveuses libres intra-épidermiques, nous (4) avons figuré des cylindre-axes périphériques qui s'épaississent pendant leur trajet entre les cellules épidermiques. Le fait donc qu'une fibre nerveuse émet " des branches latérales aussi volumineuses que celle qui paraît continuer la fibre y> ne prouve rien, ni pour ni contre l'existence d'anastomoses; et c'est cependant, nous tenons à le répéter, appuyés sur ce seul fait que Heymans et Demogr admettent les anastomoses dans le cœur de la grenouille. Il est même curieux de suivre, par le texte même du travail, la modifi- cation qui s'est faite insensiblement dans l'esprit des auteurs et qui fait que, presque à leur insu, ils transforment une hypothèse en un fait indiscutable : « Pour notre part, disent-ils tout d'abord (5), nous admettons cette dernière 1^ hypothèse... " (c'est-à-dire l'existence d'anastomoses}. Quelques lignes plus loin, l'idée d'hypothèse s'efface dans leur esprit; ils parlent d'un fait qu'ils ne savent cependant prouver d'une manière péremptoire « Nous admettons, « sans poiwoir toutefois le prouver d'une manière péremptoire, que les rami- « fications des fibres nerveuses primitives différentes s'anastomosent entre « elles. ^ Et immédiatement après, cette dernière restriction, ce manque de preuve s'évanouit et ils concluent : " Nous nous rangeons donc entièrement r, c'est-à-dire sans aucune restriction, « à l'opinion exprimée par Merkel r, opinion qui admet comme « sicher erwiesen " l'existence d'un réseau dans les terminaisons nerveuses périphériques. (ij Sala ; Estructura de la medida cspinal de los bairacios; Barcelone, 1892. (2) VON Lenhossek : Der feincre Bau des Nervensystem...., iSgS, p. 33o. (3) Van Gehuchten : La moelle épiniere de la truite, La Cellule, t. XI, i« fasc , iSgS. p. i3o. (4J Van Gehuchten : Les terminaisons nerveuses intra-épidermiques che^ quelques mammifères ; La Cellule, t. IX, 2' fasc , 1893, fig. 11, 14 et i5. (5) Lo;. cit., pp. 26 et 27. ETUDE DE LA JIOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 155 Ce même manque de logique se retrouve un peu plus loin : « Nous « nous plaçons, disent-ils (i), sur le terrain de l'observation; plus la réduc- ^ tion est complète, plus les anastomoses " apparentes ou réelles r, se mul- « tiplient; y — jusqu'ici la proposition est conforme aux faits observés — « et là où l'imprégnation est générale, Tanastomose constitue la règle. -^ Ici ils ne disent plus si ce qui est la règle est l'anastomose apparente ou bien l'anastomose réelle. De ces citations, nous pouvons conclure en toute rigueur que, dans le cœur de la grenouille, les auteurs n'ont i>ii aucune anastomose véritable. Ont-ils obtenu de meilleurs résultats dans le cœur de la souris? Voici comment ils s'expriment, à la page 33 de leur travail, en parlant des fila- ments nerveux du myocarde : - Ces filaments nerveux donnent, sur tout - leur parcours, des branches latérales qui se ramifient à leur tour et dont « la plupart vont s'anastomoser avec d'autres branches nerveuses. Comme « les photogrammes sont très démonstratifs, nous n'insistons pas sur la des- « cription du trajet des éléments nerveux.... -i Et plus loin, pp. 33 et 34 : « Les ramifications de fibres forment autour et dans les trabécules muscu- « laires un plexus très riche, dont les branches s'anastomosent en de très " nombreux endroits. On remarque ici (phot. 22 à 26) fréquemment des " anastomoses entre les grosses fibres, anastomoses ailleurs si difficiles à " constater, parce qu'elles échappent à l'observation par suite de la lon- " gueur du trajet des fibres ou de leur passage dans un plan plus profond. " On observe donc réellement, comme les photogrammes l'indiquent, un « riche réseau de fibres enlaçant les trabécules musculaires et pénétrant " entre les éléments qui les constituent. L'examen de ces photogrammes " et celui des coupes encore davantage entraînent la conviction qu'il existe '• des anastomoses entre les diverses ramifications. Un pareil réseau s'ob- « serve dans au moins la moitié de l'étendue de chacune des coupes faites à ^ travers le cœur de souris. Partout la même continuité, partout les mêmes " anastomoses entre les ramifications d'une même fibre et celles des fibres « différentes nous parait indiscutable (2). On peut faire des objections à - telle ou telle anastomose en particulier, mais le nombre de ces anasto- " moses est tellement considérable qu'il a suffi à des amis histologistes de ^ jeter un coup d'œil sur nos préparations pour être convaincus de leur " existence (2) ». (i) Loc. cit., pp. 25 et 27. (2) Le texte a été modifié dans les Archives de Biologie. 156 A. VAN GEHUCHTEN De ce texte, il semble donc ressortir que, dans le cœur de la souris, les anastomoses entre fibres nerveuses abondent; elles seraient même telle- ment évidentes que les auteurs, renonçant à toute description, se contentent de renvoyer aux photogrammes 22 à 26 qui sont, disent-ils, à ce point de vue tout à fait démonstratifs. Nous avons donc examiné ces photogrammes et nous sommes d'avis que l'on ne peut pas leur demander une preuve qu'ils sont incapables de fournir. A l'exception du photogramme 26 qui a été exé- cuté à un grossissement de 720 D, tous les autres photogrammes ont été faits à des grossissements trop faibles. Pour le photogramme 22, le grossisse- ment emplo3^é n'est que de 90 D; pour les photogrammes 23 et 24, il atteint 180 D et pour le photogramme 25, il est de 360 D. Nous estimons que, même à un grossissement de 360 D, il doit être très difficile, si pas impossible, de constater si, en un point donné, il y a entre deux fibres nerveuses anastomose réelle ou simplement superposition ou entrecroisement. La même difficulté persiste quelquefois à des grossissements plus forts, et dans bien des cas, pour trancher la question, nous avons été obligé d'étaler la coupe sur un verre couvre-objets, afin de pouvoir l'examiner par les deux faces. Heymans et Demoor en conviennent d'ailleurs eux-mêmes. A la page 25 de leur tra- vail, nous lisons en effet : " Si nous examinons nos nombreuses préparations « à des grossissements divers, depuis les grossissements moyens jusqu'aux « plus forts (Zeiss, obj. apoch. 2 mill., oc. 12), il est d'abord hors de doute « qu'on distingue un certain nombre de plans successifs contenant des fibres « ou des fibrilles nerveuses distinctes qui ne s'anastomosent pas au niveau « où on l'aurait cru à des grossissements plus faibles ». Ainsi donc de l'aveu même des auteurs', des anastomoses qui paraissaient réelles aux grossisse- ments ordinaires n'étaient que des entrecroisements ou superpositions de fibrilles nerveuses à des grossissements plus forts. Pour établir ce dernier fait, ils ont dû recourir à l'objectif apochromatique de 2 millim. de Zeiss avec l'ocul 12. La question n'est donc pas si facile à trancher que Heymans et Demoor semblent le croire ; aussi ne comprenons-nous pas comment ils aient pu écrire : « mais le nombre des anastomoses est tellement considé- '. rable qu'il a suffi à des amis histologistes de jeter un coup d'œil sur nos " préparations pour être convaincus de leur existence. " Il ne reste donc plus à l'appui de leur thèse que le photogramme 26 exécuté à un grossissement de 720 D. Les auteurs n'expliquent pas ce pho- togramme dans le texte de leur mémoire, mais dans le texte explicatif des photogrammes publié à la fin du travail, ils disent, p. 52 : "La netteté de ETUDE DE LA MOELLE EPINIERE CHEZ LES VERTEBRES 157 « ce réseau à ce grossissement démontre que les fibres qui le constituent se « trouvent dans un même plan. ^ Nous ne partageons pas cette manière de voir : le protogramme 26 montre une légère différence de teinte entre les fibres nerveuses qui y sont reproduites, preuve manifeste à nos yeux que ces fibres se trouvent dans deux plans différents. Nous sommes convaincu que si les auteurs avaient étalé cette coupe sur un verre couvre-objets et s'ils l'avaient examinée par les deux faces avec un grossissement convenable, ils n'auraient vu que des fibrilles entrecroisées. La preuve de l'existence d'anastomoses entre les fibres nerveuses du myocarde de la souris n'est donc pas fournie par les recherches de Heymans et Demoor. Ici aussi, on observe dans leurs conclusions le même manque de logique, signalé plus haut à propos de leurs recherches sur le cœur de la grenouille. Le fait observé est celui-ci : ^ ces filaments nerveux donnent, " sur tout leur parcours, des branches latérales qui se ramifient à leur tour « et dont la plupart (nous soulignons) vont s'anastomoser avec d'autres « branches nerveuses; " et quelques lignes plus loin, dans leur conclusion, cette légère restriction disparaît et ils disent : « Partout la même conti- « nuité, partout les mêmes anastomoses entre les ramifications d'une même « fibre et celles des fibres différentes nous paraît indiscutable. « Cette preuve de l'existence d'anastomoses ne se trouve d'ailleurs dans aucun des nombreux photogrammes qui accompagnent leur travail. Il est évident que nous laissons hors de cause les photogrammes 13, 37, 38, 44, 33, 34, 45 et 46 qui n'ont pas été exécutés d'après les préparations micros- copiques, mais qui ne sont que la reproduction de dessins. De l'avis de Heymans et Demoor, le dessin ne mérite guère de confiance; leur travail porte, en effet, comme devise : " Le dessin d'après nature n'est qu'un " schéma — ^ ; et à la p. 14, nous lisons : « quel que soit le talent du " dessinateur, un dessin d'après nature ne peut jamais prétendre qu'à une " ressemblance plus ou moins parfaite : il n'est que l'expression plus ou " moins exacte de la manière dont l'observateur interprète la préparation « qu'il a sous les yeux. " Il est superflu, croyons-nous, de faire ressortir que, si nous avons analysé attentivement le mémoire de Heymans et Demoor, c'est uniquement pour montrer que la preuve de l'existence d'anastomoses entre fibres nerveuses périphériques n'a pas, quoiqu'ils en disent, été fournie par ces auteurs. Nous n'avons, à l'égard de l'existence ou de la non-existence d'anastomoses, aucune idée préconçue. Si nous sommes partisan convaincu de l'indépen- 158 A VAN GEHUCHTEN dance des neurones, c'est uniquement parce que, dans toutes nos recherches, nous avons vu les prolongements protoplasmatiques et cylindraxiles des cel- lules nerveuses se terminer librement. Si cependant la preuve de l'existence d'anastomoses devait être fournie sans conteste, nous serions le premier à accueillir ce fait et à le défendre avec la même ardeur, avec laquelle nous soutenons pour le moment l'opinion contraire (i). Structure de la substance blanche. La substance blanche des différents cordons de la moelle est formée presque exclusivement, au moins chez des embrj^ons de loà 12 centimètres de longueur, de fibres nerveuses longitudinales entremêlées avec les prolon- gements protoplasmatiques périphériques provenant de cellules nerveuses de la substance grise et avec les prolongements périphériques provenant des cellules épendymaires. Toutes les fibres nerveuses des différents cordons, en montant et en descendant dans la moelle, émettent de nombreuses collatérales qui pénè- trent dans la substance grise. Les fibres des cordons postérieurs représentent en majeure partie les branches de bifurcation ascendantes et descendantes des fibres radiculaires postérieures. Un certain nombre cependant de ces fibres ne sont que les prolongements cylindraxiles de cellules nerveuses situées dans les cornes postérieures. (i) L'existence d'anastomoses entre les fibres nerveuses du myocarde a été admise, comme un fait établi, par Heymans dans un récent travail de vulgarisation ;i . Nous nous serions abstenu de le citer, si notre savant collègue de l'Université de Gand n'avait cru bon de parler dans ce travail, avec un mélange mal dissimulé d'ironie et de dédain, des « histologistes de la fin du XIX" siècle », « des observateurs du microscope », qui soutie:inent que les neurones sont indépendants les uns des autres. Pour ne pas prolonger outre mesure la discussion, nous nous contentons de soumettre à la méditation du lecteur la phrase suivante du travail précité : c< Cette influence qu'exercent les uns sur CI les autre-; les différents centres ou les différents neurones s'opère, d'après nombre d'histologistes de la Cl fin du XIX» siècle, à dislance, à travers une substance prétendument non nerveuse. L'inéluctable Cl logique de notre organisation cérébrale (!) a amené les physiciens à créer l'hypothèse de l'élher pour CI expliquer les actions à distance, à travers l'espace interplanétaire ou iutermoléculaire; par contre, les c< observateurs du microscope n'éprouvent pas le besoin de la continuité d'un substratum à la conduc- (c tion de l'excitation nerveuse, celle-ci sautant d'un neurone à l'autre, comme font les enfants dans les Cl prés, d'un bord du ruisseau à Vautre. >> (Note ajoutée pendant la correction des épreuves.) (i) Heymans : Le cœur; Revue des questions scientifiques, deuxième sc;rie, t. X, oct. i8q6, pp. 5.(9 et 562. ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS I59 Les fibres du cordon antéro-latéral représentent en bonne partie les prolongements cjdindraxiles des cellules des cordons, aussi bien de la sub- stance grise de la moitié correspondante que de celle de la moitié opposée de la moelle. Un grand nombi^e des fibres du cordon antéro-latéral doivent cependant être des fibres descendantes, ayant leurs cellules d'origine dans les parties supérieures du névraxe. Neuroglie. Dans la moelle épinière d'embryons de 8 à lo centim. de longueur, toute la neuroglie est constituée exclusivement par les cellules épendymai- res, FiG. 33, dont les unes sont en rapport intime, par leur extrémité inter- ne, avec la lumière du canal central, tandis que les autres, celles qui sont situées de chaque côté du septum médian dorsal, ont perdu toute connexion avec ce canal à la suite de l'oblitération de sa partie postérieure. Entre ces cellules épendymaires t3'piques, on rencontre cependant déjà, par ci par là, une cellule pourvue d'un prolongement périphérique en tous points sembla- ble aux prolongements périphériques des cellules épendymaires voisines, mais dont le corps cellulaire est situé à une distance variable de la coupe du canal central. Ces éléments représentent sans aucun doute des cellules épendymaires en voie de transformation en cellules de neuroglie. Les embryons que nous avons eus à notre disposition étaient trop jeunes pour nous permettre de suivre toutes les phases de cette transformation. APPENDICE. Les observations consignées dans le présent travail ont été faites pen- dant les mois de juin et juillet 1895. Le travail lui-même, rédigé pendant le mois de décembre 1895, a été déposé dans la forme ci-dessus, à l'x^cadémie royale de médecine de Belgique le 14 janvier 1896, portant comme devise : " C'est surtout pour l'anatomie des centres nerveux qu'il est vrai de dire que l'anatomie comparée doit éclairer l'anatomie humaine. » Sa publication a été retardée par des circonstances indépendantes de notre volonté. Dans le courant de cette année, il a paru deux publications sur les cellules constitutives des ganglions spinaux. l6o A. VAN GEHUCHTEN Spirlas (i) a observé des cellules multipolaires dans les ganglions spi- naux d'un embryon de vache de 9 centimètres de longueur. Il considère les prolongements surnuméraires comme des dendrites et ne se prononce passur le rôle physiologique qu'il faudrait leur attribuer. Il signale aussi l'existence de cellules nerveuses donnant naissance à trois prolongements cylindraxiles ; mais, contrairement à ce que nous avons observé chez la couleuvre, deux de ces prolongements seraient destinés à la racine postérieure et un seul se rendrait dans le nerf périphérique. DoGiEL (2) a étudié au moyen de la coloration au bleu de méthylène les cellules des ganglions spinaux de quelques mammifères adultes. Il décrit, dans ces ganglions, l'existence de deux types cellulaires nettement distincts par la façon dont se comporte leur prolongement cylindraxile : des cellules à cylindre-axe long ou cellules du premier type et des cellules à cylindre-axe court ou cellules du second type. Les cellules à cylindre-axe long sont les cellules typiques ordinaires des ganglions spinaux. Chez l'adulte, elles sont généralement unipolaires. Dogiel signale cependant l'existence de quelques rares cellules bipolaires et même de cellules multipolaires. Nous empruntons au travail de Dogiel une observation de Cajal, qui nous avait échappé. Le' savant espagnol a observé, après Disse, l'existence de prolongements surnuméraires courts aux cellules bipolaires des ganglions spinaux d'embryons de poulet(3). Lors de la transformation des cellules bi- polaires en cellules unipolaires, ces prolongements disparaissent et le corps cellulaire devient sphéro'idal ou légèrement polyédrique. Il est probable, dit-il, que les expansions que Schaffer (c'est Disse, sans aucun doute, que Cajal veut dire) a décrites récemment aux cellules des ganglions spinaux des batraciens sont de la même nature, c'est-à dire des prolongements courts, rudimentaires, destinés à disparaître chez l'adulte. Nous avons émis, dans le courant de notre travail, une opinion semblable. Le fait de l'existence de cellules multipolaires dans les ganglions spinaux de mammifères adultes, constaté par Dogiel, prouve que cette manière de voir n'est pas tout à fait conforme à la réalité. La persistance de ces prolongements surnuméraires (i) Spirlas : Zur Kenntniss der Spinalgangtien der Sâugetiere; Anatom. Anzeiger. Bd XI, 1896, pp. 629—634. (2) Dogiel : Der Bail der Spinalganglien bei dcii Sâugctieren; Anatom. Anzeiger, Bd. XII, 1896, pp. 140—152. (3) Cajal ; Los ganglios y plexos iterviosos del intestino de los mjinifcros y pequenas adicio- lies a nuestros trabajos sobre la medtila y gran simpatico général; Madrid, 23 nov., 1893, p. 44. ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS l6l chez l'adulte ne modifie, cependant, en rien l'explication que nous avons cru pouvoir en donner. DoGiEL a vu également le prolongement central d'une cellule unipo- laire se bifurquer dans le voisinage de la cellule d'origine, de sorte qu'il existe, dans les ganglions spinaux, des cellules nerveuses donnant naissance à trois prolongements, qui vont devenir cylindre-axes de fibres nerveuses. Enfin, détail intéressant à signaler, le prolongement unique de la cel- lule unipolaire, avant de se bifurquer, émettrait une, deux ou trois collaté- rales, déjà signalées par Spirlas, se terminant dans le ganglion lui-même. A côté de ces cellules ganglionnaires typiques, Dogiel signale l'exis- tence d'un second type cellulaire jusqu'ici inconnu de tous ceux qui ont fait des recherches sur les cellules des ganglions spinaux. Il a pour caractéristique que le prolongement unique de la cellule nerveuse ne quitte pas le ganglion, mais se bifurque un grand nombre de fois dans l'intérieur du ganglion lui- même, pour donner naissance à un grand nombre de branches, qui vont se terminer par des [ramifications péricapsulaires et péricellulaires autour des éléments du premier type. Ces cellules du second type seraient elles-mêmes en connexion avec les ramifications terminales des quelques fibres sympathiques qui pénètrent dans chaque ganglion spinal, de telle sorte que ces cellules du second type serviraient à transmettre à toutes les cellules du premier type tous les ébranlements nerveux amenés par les fibres sympathiques. Nous devons déclarer que, dans nos nombreuses recherches, nous n'avons jamais obtenu imprégnées par le chromate d'argent ces cellules spéciales signalées par Dogiel. EXPLICATION DES FIGURES FIG. 1. Coupe transversale de la moelle d'un embryon de lo centim. de lon- gueur. Les cellules du ganglion spinal droit, presque toutes bipolaires, proviennent d'un embrj'on de 8 centim. de longueur, tandis que les quelques cellules unipolaires du ganglion spinal gauche proviennent d'un embryon de ii centim. de longueur. FIG. 2. Cellules multipolaires des ganglions spinaux d'un embryon de lo cen- tim. de longueur : rp, racine postérieure. FIG. 3. Ganglion spinal d'un embryon de lo centim. : a, cellule bipolaire ty- pique ; b, cellule bipolaire, dont le prolongement interne se bifurque en une branche destinée à la moelle et une autre pénétrant dans un nerf périphérique ; rp, racine postérieure. FIG. 4. Ganglion spinal d'un embryon de lo centim. : a, cellule bipolaire ty- pique; b, cellule multipolaire pourvue d'un prolongement protoplasmatique épais et non ramifié; c, cellule unipolaire, dont le prolongement unique donne naissance à un prolongement central et deux prolongements périphériques. FIG. 5. Cellule multipolaire d'un ganglion spinal d'un embryon de ii centim. FIG. 6 et 7. Entrée des fibres des racines postérieures dans la moelle. FIG. 8 et 9. Différents t5'pes de cellules géantes des cordons hétéromères : a, cellules dont le prolongement cylindraxile naît du corps cellulaire ; b, cellule dont le prolongement cylindraxile naît d'un gros tronc protoplasmatique ; c, petite cellule commissurale située dans la commissure antérieure. FIG. 10. Différents types de cellules des cordons hétéromères de la corne posté- rieure : a, cellule dont l'axone se bifurque dans la substance grise : l'une des branches se rend dans le cordon latéral du même côté, l'autre passe par la commissure antérieure. FIG. 11. Différents tj-pes de cellules des cordons hétéromères des régions moyennes de la substance grise : a, cellule située dans la partie la plus dorsale de la corne postérieure ; b, cellule dont l'axone se rend dans la partie postérieure du cordon latéral. FIG. 12. a, petites cellules des cordons hétéromères de la corne antérieure ; b, cellule analogue, dont le prolongement cylindraxile émet une collatérale dans la substance grise du côté opposé ; c, cellules tautomères des cordons postérieurs. FIG. 13. Coupe longitudinale frontale passant par la commissure antérieure et montrant la bifurcation des axones des cellules commissurales dés leur entrée dans le cordon antérieur. l64 A. VAN GEHUCHTEN FIG. 14. Coupe longitudinale, quelque peu oblique en arrière et en dehqrs, passant par la commissure antérieure : a, cellules des cordons hétéromères, dont l'axone se bifurque dans le' cordon antérieur ; b, axone d'une cellule hétéromère se recourbant simplement en bas. FIG. 15. Différents types de cellules géantes des cordons tautomères, dont l'axone se rend dans le cordon antéro-latéral : a, cellule hétéromère, dont le corps occupe la commissure antérieure. FIG. 16. a, cellule tautomère, dont les prolongements protoplasmatiques traver- sent la commissure antérieure; b, cellules hétéromères de la corae antérieure; c, cel- lule hécatéromère. FIG. 17. Différents types de cellules du cordon antéro-latéral siégeant dans les cornes postérieures. FIG. 18. Cellules du cordon antéro-latéral siégeant dans les cornes antérieures et dans les régions moyennes de la substance grise : a, cellule dorsale médiane envoyant son axone dans la partie postérieure du cordon latéral. FIG. 19. Coupe longitudinale sagittale : a, cellules des cordons, dont l'axone se bifurque dans la partie antérieure du cordon antéro-latéral ; b, cellules des cor- dons, dont l'axone se recourbe en haut; c, axone se recourbant en bas; d, axone d'une cellule des cordons postérieurs. FIG. 20. Coupe longitudinale sagittale : a, fibre radiculaire postérieure du faisceau radiculaire interne ; a! , fibre radiculaire postérieure du faisceau radiculaire externe se bifurquant dans le cordon latéral ; b, prolongement cylindraxile d'une cel- lule de la corne postérieure se bifurquant dans le cordon latéral ; cl, cordon laté- ral ; cp, cordon postérieur. FIG. 21. Cellules tautomères des cordons postérieurs provenant d'une même coupe : cl, cordon latéral. FIG. 22 Cellules tautomères du cordon postérieur obtenues imprégnées dans une même coupe : cl, cordon latéral ; frp, fibres radiculaires postérieures. FIG. 23. a, cellule dorsale médiane, dont l'axone passe p)ar la commissure an- térieure : b, cellules tautomères des cordons postérieurs; b' , cellule dont l'axone envoie une collatérale dans la corne postérieure. FIG. 24. a, cellule dorsale médiane, dont l'axone passe par la commissure an- térieure; b, cellules tautomères des cordons postérieurs; b' , cellule marginale de Cajal. FIG. 25. Coupe transversale de la moelle avec les collatérales : a, cellule dor- sale médiane occupant la partie de la substance grise comprise entre le faisceau ventral et le faisceau dorsal de la commissure postérieure. FIG. 26. Une fibre longitudinale de la partie interne du cordon postérieur. FIG. 27 et 28. Fibres de la partie interne des cordons postérieurs avec les collatérales qui en naissent. I ÉTUDE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ LES VERTÉBRÉS 1 65 FIG. 29. Collatérales des fibres du cordon antérieur passant par la commis- sure ventrale. FIG. 30. Les collatérales du cordon antéro-latéral n'émettent pas de branches dans la première partie de leur trajet. FIG. 31. Coupe transversale de la partie inférieure de la moelle d'un embryon de 8 centim. montrant les cônes de croissance des collatérales. FIG. 32. Cellules épendymaires dans la partie inférieure de la moelle d'un embryon de 6 centim. de longueur. FIG. 33. Quelques cellules épendymaires de la moelle d'un embryon de 10 centim FIG. 34. Cellules épendymaires postérieures médianes et latérales dans la moelle d'un embryon de 10 centim. FIG. 35. Quelques cellules épendymaires postérieures latérales. FIG. 36 à 42. Coupes de la moelle à différents stades du développement montrant le passage des collatérales derrière la lumière du canal central. FIG. 43. Quelques collatérales de la moelle d'un embryon de 10 centim. 23 I PhiiK-lir I. ---^-V^cG-ehuchlen aud r.cU.cUl Xiiti . Crie LTieie . SC-. N rianche IL - ■i-ianGiha.ch.teu ad na^. L:Ui LTieif- ^c Planche JH . ' ^ u^ieis, -«'^ I RECHERCHES SUR L'ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA PAR Maurice HEN^EVAL Docteur en sciences naturelles, ASSISTANT A l'iNSTITUT ZOOLOGIQUE DE l'uNIVERSITÉ DE LoUVAIN. (Mémoire déposé le lo janvier 1897 J 24 RECHERCHES SUR L'ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA APERÇU HISTORIQUE. Différents auteurs se sont occupés de l'huile de Cossus. Lyonnet paraît avoir, le premier, porté son attention sur ce produit. Il suppose que cette sécrétion exerce une action corrosive sur le bois et sert à la chenille pour attaquer ce tissu à l'aide de ses mandibules. Meckel nous dit que c'est une huile éthérée (âtherisches Oel) et qu'elle distille facilement. Il en signale les propriétés de solubilité dans l'eau, l'alcool et l'éther, dans l'acide nitrique à chaud, dans l'acide sulfurique à chaud, qui la colorerait en violet, et dans les alcalis ; elle serait au con- traire insoluble dans l'acide chlorhydrique. Plateau a étudié le produit de sécrétion des glandes à essence de la chenille du Cossus ligniperda dans son grand travail sur les phénomènes de la digestion chez les insectes. Le liquide coloré que dégorge l'animal, quand on le saisit ou qu'on l'irrite, n'est pas le produit des organes sécréteurs; ce n'est autre chose que le contenu de l'œsophage. Au point de vue de ses propriétés physiques, le produit de sécrétion est un liquide jaunâtre ou incolore, d'une odeur forte, pénétrante, désagréable. Le microscope n'y révèle pas d'éléments spéciaux figurés; sa densité est inférieure à celle de l'eau, sur laquelle il flotte. Il se comporte comme une huile, tachant le papier qu'il rend transparent. Au point de vue chimique, les premiers essais semblent indiquer une huile grasse; en effet, le liquide ne se dissout pas dans l'eau ou fort peu; il est soluble dans l'alcool et l'éther. Quelques gouttes abandonnées à l'air pendant 12 heures ne changent aucunement d'aspect; l'ammoniaque le coagule subitement, au lieu de le 170 Maurice HENSEVAL dissoudre, ce qui indique au moins la présence de substances en solution. La teinture alcoolique d'iode détermine une coloration brunequi vireau verdâtre. L'action prolongée du liquide sur l'empois d'amidon n'amène aucune formation de sucre. La salive est neutre. Le liquide sécrété diffère donc beaucoup de la salive ordinaire des insectes. On trouve les mêmes notions éparpillées dans de nombreux livres, souvent très généraux, — Brehm, Rolleston, — où il est question de la chenille du Cossus, très connue des naturalistes. OBSERVATIONS PERSONNELLES. Comme le dit le professeur Plateau, le produit de sécrétion des glan- des maxillaires de la larve de Cossus paraît, à première vue, être une huile grasse. En la soumettant à l'analyse, nous avons bientôt acquis la con- viction qu'il s'agissait d'un corps tout différent, bien plus rare dans la physiologie animale. Nous nous sommes occupé, dans ces recherches, du produit tel qu'il se trouve dans le réservoir de la glande. Nous recueillions de préférence les grands individus qui possèdent le plus de substance; nous disséquions soigneusement l'appareil glandulaire et, après avoir bien nettoyé la surface externe du réservoir pour écarter le sang et les substances qui pourraient souiller le produit, nous l'incisions et recueillions les gouttes qui s'en échappent dans de petits tubes en verre que nous scellions à la lampe pour que la substance ne s'altère pas avant son utilisation. Ces recherches ont été faites au laboratoire de chimie biologique sous la direction de M. le professeur Ide, auquel nous présentons nos vifs remerciements. PROPRIÉTÉS PHYSIQUES. Solubilité. Elle est insoluble dans l'eau. Elle est très soluble dans l'éther, l'alcool absolu, le chloroforme et la benzine. Densité. La densité est d'environ 0,85. La détermination approximative de cette densité a été faite de la manière suivante : On pèse une quantité indéterminée avec le vase qui la contient. On lui soutire alors 0,46 centimètre cube au moyen d'une pipette graduée RECHERCHES SUR L'ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA l?! donnant exactement les cinquantièmes de centimètre cube. On repèse la masse indéterminée restante avec le vase. La différence des deux pesées constitue le poids de la portion enlevée. Or, 0,4-6 ce. pesait 0,3928 gr. Volatilité et point d'ébullition. La solution alcoolique, comme la suspension dans l'eau, soumise à la distillation, laissait passer la substance dans la première partie de l'opération (i). La détermination du point d'ébullition nous a opposé beaucoup plus de difficultés. Cette détermination a été tentée d'abord au bain d'huile d'après la méthode ordinaire. Une petite gouttelette de la substance, contenue dans un fin tube fermé à l'une de ses extrémités, était chauffée graduellement au bain d'huile, afin de saisir le moment où tout l'air s'échapperait d'un tube capillaire noué et renversé dans la substance. Mais le point d'ébullition de la substance étant supérieur à celui du bain, nous n'avons pas obtenu de résultats. Alors, nous avons essayé la distillation directe sous une pression forte- ment négative. Le vide se faisait par une forte pompe aspirante à eau, qui maintenait durant toute l'expérience la colonne de mercure de notre manomètre à envi- ron 0,74 centim. Il régnait ainsi dans l'appareil une tension d'environ deux centim., dont le principal facteur était probablement la vapeur d'eau. La petite cornue plongeait entièrement dans un bain d'acide sulfurique concentré. Un thermomètre plongeait au même niveau dans le bain que nous agitions fréquemment à l'aide d'une baguette de verre. Dans les premiers essais, nous amenions de l'air par un tube capillaire au fond de la substance, dans le but de faciliter l'ébullition et d'éviter son surchauffement. Malheureusement, la substance se mit à mousser dans ces circonstances, au point de compromettre entièrement l'opération. Les résul- tats qui suivent ont donc été obtenus pour la substance en contact simple avec les parois du verre, sans intervention d'aucun adjuvant. Dans deux expériences préliminaires, nous avons chauffé jusque vers 200°; chaque fois, nous avons chassé toute la substance dans un petit (i) Elle ressemble à ce point de vue à la plupart des essences végétales : les essences de menthe, de mélisse, d'anis, etc. 172 Maurice HENSEVAL réfrigérant, où elle se condensait. Chaque fois, il restait un petit résidu brun : ce résidu était solide à froid et ne dégageait plus l'odeur de l'essence de Cossus fraîche. Déjà à 150°, nous avions remarqué que la substance brunissait dans la cornue. Le distillât est clair, limpide, moins jaunâtre que la substance primi- tive et en possède l'odeur caractéristique. Dans une troisième distillation, étant déjà un peu orienté sur ce qui se passait, nous avons observé ce qui suit : A 120" et sous une pression négative de 74 centim., la pression baro- métrique étant de 76 centim., il ne passa rien. Nous avons maintenu cette température pendant 3/4 d'heure. A 150° et sous la même pression négative, aucun nouveau phénomène ne se produit après 20 minutes. A 160° et sous la même basse pression, la plus grande partie de la substance passe franchement, absolument claire et limpide. Il reste au fond de la cornue un petit résidu brun, solide, ressemblant tout à fait au résidu des expériences précédentes. .> Il y a donc probablement là un mélange de deux substances que des distillations fractionnées successives permettront de séparer et de purifier. Chauffée directement à la flamme dans une capsule de platine, l'es- sence de Cossus disparait intégralement, avant le rouge sombre, en brûlant avec une flamme très carbonée. Remarque. Les analyses qui suivent ne portent pas sur l'une ou l'autre de ces substances, mais sur l'ensemble. Le lecteur verra, par ce qui suit, que ran,alyse du mélange nous a donné de très précieux renseignements. Nous avons dû d'ailleurs exécuter toutes ces recherches avec environ 2 centimètres cubes de substance et en n'employant que de petites portions à la fois. PROPRIÉTÉS CHIMIQUES. Réaction. L'essence de Cossus possède une réaction acide à frais (i). Elle ne se saponifie pas. Elle n'est donc constituée, ni en tout ni en partie, par des graisses. Il) Plateau l'a observée neutre. Nous ne savons à quoi peut tenir cette divergence. RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 173 Une lessive alcoolique de KOH additionnée de la matière est soumise à l'ébullition pendant deux heures au bain-marie, sous un simple réfrigé- rant ascendant. Après ce traitement, la moindre gouttelette de la solution alcoolique donne encore dans l'eau une forte émulsion : des savons n'en donneraient pas. Mais il fallait exclure une saponification partielle et constater à cet effet l'absence de traces même d'acides gras. Dans ce but, une solution alcoolique de trois gouttes de substance, bouillie avec KOH pendant plusieurs heures, fut fortement étendue d'eau. Soumise à la distillation, elle laissa passer l'essence reconnaissable à son odeur et s'éclaircit en même temps, tout comme le ferait une autre émulsion qui n'aurait pas subi le contact de KOH. Cette solution éclaircie présente encore une légère odeur de la sub- stance ; l'acidification la trouble légèrement, mais ce trouble n'est pas con- stitué par des acides gras. En effet, même après une heure de chauffage au bain-marie, il n'apparaît pas trace de voile, ni à la surface, ni au bord du verre. Ce trouble a plutôt une tendance à se déposer. 1° L'essence de Cossus ne contient pas daiote. Deux gouttes de la substance, mises à digérer à froid avec H^SO^ an- glais, brunissent, puis noircissent en 48 heures. La substance ainsi suffisam- ment attaquée est traitée par la méthode de Kjeldahl et ne donne pas trace de NH,. Cette recherche a été répétée avec une seconde quantité plus considé- rable de substance et a donné le même résultat. 2° Elle ne contient pas de phosphore. La substance, mise en contact à froid avec des lamelles de K pur, laisse dégager de petites quantités de gaz sans s'échauffer notablement et change d'aspect physique : il se produit une masse ressemblant à de l'axonge. Le tout est mis au contact d'une quantité abondante d'eau. Le filtrat est mis dans une capsule d'argent, évaporé, additionné de KOH et de KNO3, mis en fusion, redissous, fortement acidifié à l'acide nitrique et additionné de molybdate de NH.. Ni immédiatement, ni au bain-marie, il ne se produit de précipité le premier jour; un léger dépôt, formé le lendemain, est jeté sur le filtre, lavé à l'acide nitrique et redissous dans NH,. 174 Maurice HENSEVAL Cette solution ne donne pas trace de phosphate ammoniaco-magnésien. Cette recherche a été répétée avecle même résultat sur 0,3850 de sub- stance, traitée de la même manière, sauf que le K a été fondu en présence de la substance pendant quelques instants. 3° Celte substance contient du soufre. Ce fait, de haute importance, a été établi par plusieurs méthodes : a) En attaquant, comme plus haut, la substance par du K pur, puis en l'oxydant par le mélange de KNO3 et de KO H ; b) En attaquant la substance par le K pur et en l'oxydant par l'eau de Br; c) En soumettant la solution alcoolique de l'essence à l'ébullition prolongée avec la KO H pendant de longues heures (voir plus loin). La solution alcoolique, diluée dans l'eau additionnée d'éther, est dé- cantée; la portion aqueuse évaporée est traitée par le mélange de KNO3 et de KOH. d) La substance additionnée d'acide nitrique fumant dans un tube scellé, chauffée pendant une heure entre 120° et 140°, est redissoute dans l'eau. Toutes ces solutions ont donné en présence d'HCl libre et de beau- coup d'eau un fort précipité avec le BaCh. La présence du soufre ne sau- rait donc être douteuse. 4° Dosage du soufre. a) 0,2476 de la substance sont mis à froid, pendant 48 heures, en présence d'abondantes pellicules de K pur. Le léger échauffement est combattu par l'immersion dans l'eau froide. La substance est devenue assez régulièrement solide. Le tout est dissous dans l'eau. Une résine so- lide surnage; nous filtrons, lavons complètement cette substance, mais en négligeant de la redissoudre (petite perte possible par rétention). Le filtrat, traité comme pour l'analyse qualitative, donne après inciné- ration 0,1776 de BaSO^, ce qui équivaut à 0,0244 de soufre, soit très ap- proximativement 10 0/0. b) 0,0443 de substance chauffés en tube scellé avec 3 grammes d'HNO, fumant, pendant 2 heures à 140°, sont extraits sans perte de substance et sans accidents et dissous dans l'eau. RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 175 Évaporé pour chasser l'HNÛ., redilué, acidifié à l'HCl, le précipité de BaSO^, très soigneusement lavé, est incinéré et pesé. Nous trouvons 0,0167 de BaSO<, ce qui correspond à 5,2 0/0 de soufre. Mais comme nous ignorons si tout le S a été oxydé par cette méthode, que d'autre part la substance est suffisamment attaquée pour entrer en solution aqueuse, nous reprenons le filtrat de BaSO^, nous le concentrons dans une capsule d'argent, nous l'évaporons à sec et traitons le résidu par le KNO. et la KOH. La nouvelle solution est acidifiée comme d'habitude. Malheureusement, un accident est survenu dans le courant de nos opérations et nous n'avons pu évaluer le S qui restait. Nous sommes donc obligé de nous en tenir aux 10,0/0 trouvés par la première recherche. 5° Outre le soufre, cette substance ne contient que du carbone et de rhydrogène. Il nous restait, en ce moment, un peu plus de 3 décigrammes de sub- stance pour faire l'analyse élémentaire. a) Une première analyse élémentaire, dans le courant d'O sec, avec le CuO comme oxydant et le chromate de Pb pour arrêter le soufre, a été faite sur 0,1601 de substance. La combustion, menée très prudemment dès le début, paraissait se faire très lentement. Déjà, tout le tube à combustion était chauffé, depuis quelques minutes, sur toute sa longueur, quand brusquement le dégage- ment de CO5 s'est produit tumultueusement. Un déficit de C par oxyda- tion incomplète est donc à craindre dans les résultats. Cette analyse préliminaire nous a donné : Poids de la substance employée . 0,1601 CO, 0,4210 H,0 0,1579 Ce qui correspond à C 72,01 0/0 H 10,95 0/0 b) Une deuxième analyse porta sur 0,1511 de substance. Elle fut menée avec plus de prudence, de sorte que, le moment de la combustion rapide arrivé, le dégagement de CO^,, pour être encore rapide, ne devint cependant pas inquiétant. 176 Maurice HENSEVAL Cette fois-ci, nous obtenons une proportion de C un peu plus forte, mais la même proportion de H. Poids de la substance employée . o,i5ii CO, 0,4300 H,0 0,1497 Ce qui correspond à C ...... . 77,61 0/0 H ...... . 11,01 0/0 Conclusion. Le chiffre n 0/0 peut être considéré comme exact pour l'H. Pour le C, nous sommes très autorisé provisoirement à considérer le chiffre de 77,61 0/0 comme très rapproché de la réalité. Le soufre nous ayant donné 10 0/0, — que nous pouvons considérer comme un chiffre très approximatif, — il en résulte que la substance ne contient pas d'O. En effet, si nous additionnons nos chiffres, nous obtenons : C 77,61 0/0 H 11,01 S ...... . 10,00 98,62 0/0 Ce résultat très satisfaisant nous autorise à dire d'abord que l'essence de Cossus n'est pas un mélange de produits fort hétérogènes, étant donné qu'il n'y a pas trace de substance azotée et que les substances oxygénées n'y sont certainement qu'à l'état d'impuretés. Il ne serait pas étonnant que la réaction acide soit due à une im- pureté. Notons en effet que la glande de certaines chenilles, — Bauchdvusen deScHâFFER, — produit d'après Poulton de l'acide formique. Or, cetteglande est, pensons-nous, morphologiquement homologue de la glande maxillaire de la larve de Cossus. En outre, elle a la même structure et elle est égale- ment tapissée par une cuticule interne. Il ne serait donc pas impossible que la glande du Cossus produise aussi une petite quantité d'acide formique, suffisante pour donner la réaction acide au tournesol. Nous pouvons donc penser que ce pourrait être un mélange d'hydro- carbures soufrés ou d'hydrocarbures soufrés et non soufrés. Enfin, si c'était une substance chimique unique, sa formule minima approximative serait C.^HjjS. Tout fait entrevoir qu'avec des quantités un peu plus notables de cette substance on pourra en détermine;" la con- stitution chimique. RECHERCHES SUR l'eSSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 177 NATURE CHIMIQUE. Voici les premières données que nous avons obtenues, à ce point de vue ; l'étude complète exigera de plus grandes quantités de substance et de plus longues recherches. 1° L'essence de Cossus contient un noyau aromatique. Cette conclusion découle de la manière dont la substance lie le brome. On peut présenter le brome sous différentes formes : a) En solution éthérée sur la solution éthérée de la substance ; b) Comme eau de Br sur la solution éthérée de la substance; c) Ou comme brome en nature sur la substance en nature. Cette dernière méthode qui serait la plus directe réussit mal à cause de la consistance butyreuse des liquides. La meilleure, la plus commode, est la seconde : la solution éthérée de la substance secouée avec l'eau de brome. Le brome se lie en très grande quantité. Nous nous sommes assuré que ce n'est pas l'éther, mais bien la substance qui prenait cette grande quantité de Br (i). La substance est donc saturée de brome par la seconde méthode, à la lumière du jour et à la température ordinaire. Ensuite, on évapore l'éther et l'excès de Br contenu dans l'eau; la substance bromée ne surnage plus à l'eau, mais tombe au fond, où elle forme une grosse gouttelette. Le pro- duit de bromurisation est donc un peu plus dense que l'eau. Ce brome est-il entré dans un noyau aromatique ou dans des chaînons gras? On sait qu'en général des solutions concentrées de KOH arrachent tout le brome des chaînons gras, tandis que le brome introduit dans les chaînons aromatiques ne se laisse pas influencer. Nous avons donc soumis la substance en solution alcoolique à l'action de la KOH à froid pendant une heure, et à chaud pendant 1/2 heure; il ne nous restait plus qu'à séparer les bromures de l'essence, ce qui s'obtint comme il suit : chasser l'alcool, reprendre le résidu' par l'éther, secouer la solution éthérée avec de l'eau dans l'entonnoir à décantation ; on obtient ainsi une solution aqueuse contenant l'excès de KOH et les bromures de K qui se sont formés et une solution éthérée contenant le dérivé encore bro- mure ou non de l'huile essentielle. (i) L'éther décolore peu à peu le brome, mais en petite quantité. 178 Maurice HENSEVAL Après plusieurs lavages et décantations successifs, on peut considérer chacune de ces solutions comme pures. Il est alors facile de constater par le AgNO-, plus HNO3 pour acidifier, qu'une assez grande quantité de Br a été arrachée par la KO H. D'autre part, la substance dissoute dans l'éther retient encore beaucoup de brome. Pour le déceler, il faut évaporer l'éther, reprendre le résidu, détruire la molécule par le mélange de KNO5 et de KO H, et voir si dans les pro- duits de décomposition il y a du brome. La réaction fut franchement positive. Nous avons répété plusieurs fois cette opération avec le même résultat. 2° Le S est intimement incorporé dans la molécule. Sept heures d'ébullition de la substance avec une solution alcoolique de KO H et 48 heures de digestion à froid n'en détachent que la plus petite partie. Après une longue action de la KOH en solution alcoolique, il s'est fait un dédoublement partiel : le soufre a quitté la molécule et un produit à odeur empyreumatique distille isolément avec les premières gouttes d'alcool. Il est inutile d'ajouter, après ce que nous savons par l'analyse élémen- taire, que ce soufre n'y est certainement pas contenu sous la forme oxydée à saturation. Une série de recherches nous en avaient convaincu avant les résultats de l'analyse élémentaire. Nous savions déjà qu'il n'y avait là ni un sulfate, ni un sulfhydrate combiné, ni un sulfure. ORIGINE PHYSIOLOGIQUE. Ce qui prête surtout à cette question im certain intérêt, c'est cette idée répandue, mais préconçue et erronée suivant certains physiologistes, que la cellule animale fonctionne autrement que la cellule végétale, est sous la dépendance de celle-ci, qui lui sert ce dont elle a besoin, et ne vit qu'en défaisant ce que la première a fait. Quoi qu'il en soit de cette question de biologie générale, dans le cas présent, on peut à ce point de vue se poser deux questions : , , RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA 179 1° Les larves trouvent-elles dans leur alimentation soit l'huile essen- tielle elle-même, soit plutôt des corps voisins qui lui serviraient à fabriquer cette huile? Dans ce cas, les glandes ne feraient que collecter ces produits en les modifiant peut-être, pour les excréter ensuite. La larve de Cossus vit sous l'écorce de divers arbres : pommier peu- plier, orme, etc. Elle s'y nourrit de la partie la plus riche en substances nutritives. Aucun corps, analogue à l'essence de Cossus, n'a été signalé dans ces écorces. En nourrissant les larves avec des corps d'une composition chimique bien connue, tels que les pommes qui leur conviennent parfaitement, on pourrait résoudre aisément cette question. 2° Si les larves n'empruntent pas à l'extérieur l'essence ou sa matière première, est-ce bien la glande toute seule qui la fabrique? Nous avons fait à ce sujet la recherche suivante : Trois gros animaux ont été dépouillés de leur glande; les parties pos- térieures du corps, ligaturées du côté blessé, sont lavées dans l'éther, de ma- nière à enlever les traces d'essence qui pourraient adhérer à leur surface. Après cette opération préalable, ces fragments sont broyés et séjour- nent dans l'éther pendant trois jours. L'éther décanté, filtré, évaporé, aban- donne un résidu assez notable, dont la proportion ne nous surprend pas, vu les grandes quantités de graisse que ces animaux possèdent. Ce résidu n'a pas V odeur, ni une odeur analogue à celle si perceptible de la substance sécrétée. Mais cependant en le traitant par l'eau de Br, nous constatons que ce résidu éthéré contient un corps absorbant une grande quantité de Br. Nous avons voulu nous assurer qu'il se forme un produit brome aromatique, A cet effet, nous traitons la solution alcoolique du nouveau produit par la KOH à froid en grand excès, nous diluons dans l'eau, nous ajoutons une quantité notable d'éther et nous décantons. Le Br, qui aura formé de l'HBr par substitution, sera entraîné par la KOH à l'état de bromure dans la partie aqueuse, tandis que le Br absorbé par le pouvoir additionnel d'une molécule aromatique reste dans l'éther. Le AgNOj révêle de part et d'autre la présence d'une quantité notable de Br. Nous croyons donc que la glande n'effectue pas seule tout le travail de fabrication de l'essence. Elle peut trouver dans l'organisme des corps. l8o Maurice HENSEVAL non pas identiques, mais ayant certaines propriétés analogues et s'en servir pour faire l'essence. Nous tenons à rapporter, sans préjuger de rien, un fait qui nous a vivement intéressé; récemment, en traitant à chaud un produit de bromu- risation, nous fûmes frappé par l'odeur de ce qui s'échappait du vase. Cette odeur nous parut une odeur connue et après un moment de réflexion, sans songer au lieu d'origine de l'animal, nous avons cru sentir l'odeur de pom- mes. Nous n'avons fait ce rapprochement qu'ultérieurement : plusieurs de nos animaux avaient été pris sur des pommiers et le produit qui donne l'arôme aux pommes est aussi un produit complexe de nature essentielle. Il ne serait donc pas étonnant que nous trouvions une relation entre ces deux essences. Nous rechercherons prochainement si le corps dont nous venons de parler ne se produit pas surtout dans le tissu adipeux si abondant dans la larve, tissu qui paraît être un véritable magasin de produits variés. Que l'essence soit élaborée exclusivement dans la glande, ou que le tissu adipeux prenne part à ce travail, la production d'un corps de ce genre par des cellules animales, normalement et en grande quantité, est un fait remarquable et nous ne pensons pas que l'on ait signalé rien de sem- blable dans la physiologie animale. Mais, répétons-le, si ce fait est intéressant, il ne nous cause pas une surprise exagérée, parce que nous ne sommes pas de ceux qui pensent en- core que la cellule végétale est un être à part, capable de faire des choses qui sont interdites à la cellule animale. Nous admettons à priori que, s'il existe des différences entre l'activité chimique de certaines cellules végétales et celle de certaines cellules ani- males, ces dernières peuvent pourtant tout ce que peuvent les premières, sans pour cela le faire régulièrement. Et si certaines cellules végétales peuvent fabriquer de toutes pièces des produits tels que les huiles essentielles sulfurées ou non, il n'y a rien d'étonnant à ce que des cellules animales spéciales le fassent également. RÉSUMÉ. Propriétés physiques. L'huile de Cossus est un liquide jaunâtre ou incolore, d'une odeur particulière très pénétrante. Elle est insoluble dans l'eau; solublc dans l'éther, l'alcool absolu, le chloroforme et la benzine. RECHERCHES SUR L ESSENCE DU COSSUS LIGNIPERDA l8l Sa densité est d'environ 0,85 à la température ordinaire. Sous la pression atmosphérique ordinaire, son point d'ébullition est supérieur à celui de l'huile (200°). Par la distillation directe, on parvient à séparer deux parties : l'une passe à la température de 160°, sous une tension de deux centim. ; l'autre, moins volatile, reste dans la cornue. Chauffée directement dans une capsule de platine, elle ne laisse pas de résidu. Propriétés chimiques. 1° L'huile de Cossus possède une réaction acide à frais. 2° Elle est formée essentiellement par trois éléments : le carbone, l'hydrogène et le soufre : l'analyse centésimale révèle qu'ils y sont conte- nus dans les proportions suivantes : C 77,61 0/0 H 11,01 0/0 S ...... 10,00 0/0 L'huile de Cossus est donc ce qu'on est convenu d'appeler une huile essentielle, soit une huile essentielle pure, dont la formule minima serait CojHjjS; soit une huile essentielle résultant d'un mélange d'hydrocarbures soufrés ou, ce qui est plus probable, d'hydrocarbures soufrés et d'hydrocar- bures non soufrés. 3° Quant à sa nature chimique, nous pouvons dire : Cl) qu'elle contient un noyau aromatique ; b) que le soufre est intimement incorporé dans la molécule et qu'il n'y est pas contenu sous la forme de sulfate, de sulfhydrate ou de sulfure. 4° Il est probable que la glande ne fabrique pas son huile de toute pièce, mais qu'elle emprunte à l'organisme des corps chimiques voisins qu'elle utilise en les transformant. Peut-être que les arbres dans lesquels vivent les larves fournissent déjà une molécule similaire. BIBLIOGRAPHIE p. Lyonnet : Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule ; La Haj^e, 1762. H. Meckel : Mikrographie einiger Drûsenapparate der niederen Thiere; Muller's Archiv, 1846. Rolleston : Forms of animal life ; Oxford, 1870. F. Plateau : Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les insectes ; Mémoires de l'Académie royale de Belgique, in-40, t. XLI, 1875. M. Henseval : Etude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des larves d'insectes; La Cellule, t. XI, fasc. 2, 1896. Id. : Les glandes buccales des larves de trichoptères ; La Cellule, t. XII, fasc. I, 1897. Id. : Les glandes à essence du Cossus ligniperda ; La Cellule, t. XII, fasc. I, 1897. 26 I LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE PUBLIE PAR J. i3. UAlvNOl, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE, G. GILSON, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET d'eMBRVOLOGIE, J. L)ile nucléaire amorphe, ou Kernsaft. Cependant plusieurs savants ont rompu récemment avec la tradition en admettant l'existence de notre réseau, ou du moins d'un appa- reil filamenteux dans cette partie du noyau. Tels : Bolles-Lee(3), Schnei- der(4), Reinke(5), Wilson(6), Heidenhain(7) et d'autres encore. Qu'on nous permette seulement une observation à ce sujet. Deux de ces auteurs ont trouvé moyen, à cette occasion, de céder à la manie du jour, en créant des mots nouveaux pour désigner des choses connues. La lanthanine de Heidenhain et Vœdématine de Reinke ne sont en effet que l'enchylème globulinifère du réseau plastinien. Ils sont aussi inutiles et aussi mal ap- pliqués que la métaxine de Schwarz, qui ne désigne non plus que l'enchy- lème du réseau des corps chlorophylliens. VI. Jusqu'ici, à propos de caryoplasme et de cytoplasme, nous avons toujours parlé de réseau plastinien; nous pensons, en effet, que telle est la structure fondamentale de l'élément organique. Certains auteurs admettent encore la structure ^/z/a/re; d'après eux, les filaments qui courent dans la masse plasmique seraient libres et indépen- (i) VAN Beneden et Neyt : Nouvelles recherches sur la fécondation et la division mitosique de l'ascaride mégalocéphale; Bull. Acad. des Se. Belgique, 1SS7, 3" série, t. XIV. (2) Boveri : ZellenSludien, I. und II. Jena, 1887-1888. (3) BoLLES Lee : Sur le Nebcnkern et sur la formation du fuseau dans les spermatocytes des Hélix; La Cellule, t. XI, 2, 1896. (4) Schneider : Zetlstrukturen; Zoolog. Anz., 1891, n" 335; et Untersuchungen ùber die Zellen; Arb. a. d. zool. Inst., Wien, IX, 2, iSgi. (3) Reinke : Zcllstudien; Arch. f. mikr. Anat., t. 43, 1S94, p. 377; et Zellstudien, 2. Theil ; Ibid., t. 44, 1895, p. 25g. (6) WiLSON et Mathews : Maturation, fertilisation and polarity in thc echinoderm egg. New liglit on thc ■ quadrille of centres « ; Journ. of morphology, X, 1895, p. 3i6. — Wilson : Archoplasm, centrosome and chromatin in the sea urchin egg; Ibid., XI, 1S95, p. 443. (7) Heidenhain ; Uehcr Kern imd Protoplasma; Leipzig, 1892. 204 J- B. CARNOY et H. LEBRUN dants, non reliés par des trabécules transversales. Cette manière de voir perd du terrain de jour en jour, et les efforts qu'a faits récemment Heiden- hain(i) pour la remettre en faveur ne paraissent pas devoir être couronnés de succès. Reste, en présence de la théorie réticulaire, la théorie alvéolaire de BiiTSCHLi (2). On le sait, les partisans de cette opinion considèrent le protoplasme et le noyau comme étant formés de vacuoles ou d'alvéoles contiguës, mais séparées par une mince enveloppe amorphe, une manière d'écume à bulles plus ou moins régulières. De fait, cette prétendue structure se voit à frais ou après fixation sur certains objets. Mais elle n'est pas géné- rale et elle n'est jamais originelle. Elle est due à une modification introduite par les circonstances, et 5»/7o/;/ par les réactifs, dans la structure primitive. D'après nos observations, dans la plupart des exemples cités par Butschli dans ses diverses publications et par ses partisans, il s'agit, quoi qu'ils en disent, de véritables vacuoles, c'est-à-dire d'enclaves aqueuses, si petites soient-elles. Or, les enclaves sont toujours accidentelles. En grandissant, elles repoussent les mailles du réseau en les accumulant à leur périphérie, tantôt sous la forme d'une membranule réticulée, mais tantôt aussi sous la forme de simples cordons. Dans le premier cas, on peut parler d'alvéoles, mais il n'en est plus de même dans le second. Car, alors les vacuoles sont entourées de cordons minces et largement séparés les uns des autres; toutes les vacuoles communiquent largement et librement entre les petits cordons; on ne peut donc plus parler de structure alvéolaire, puisqu'il n'y a pas de cloison séparatrice. Ce cas est beaucoup plus fréquent que le premier. L'existence de ces .cordons se constate aisément avec un bon objectif; en maniant doucement la vis micrométrique, ils apparaissent et disparaissent tout d'un coup, tandis que les membranules persistent. Dans tous les cas, une digestion attentive et ménagée dégage soit les trabécules repoussées des cloisons vacuo- laires, soit les trabécules libres du réseau ; ces cloisons ne sont pas amor- phes, elles conservent des traces non équivoques de leur structure primitive. Comme toutes les enclaves, ces vacuoles sont transitoires. Après leur dis- (i) Heidenhain : Neiie Untersuchungen iiber die Centratkorpcr und ihre Be:^ie/iungcn :;um Kern und Zcllprotoplasma; Arch. f. mikr. Anat , t. 43, 1S94, p. 423; et Cytomechanische Studicn; Arch. f. Entwickelungsmech., I, 4, iSgS, p. 473. (2) Butschli : Wcitere Mittheilungen ûber die Structur des Protoplasmas ; Verhaudl. d. naturf. meJ. Vereins, Heidelberg, N. F., IV. Ed., 4. Hft., 1890; Untersuchungen ûber inikroskopische Schàume und das Protoplasma; Leipzig, 1892, etc. LA VESICULE DES BATRACIENS 205 parition, les trabécules se distendent et reprennent leur position régulière originelle. Ce n'est pas le lieu d'entrer dans de plus amples développements à ce sujet et de reproduire ici toutes les critiques, la plupart fondées, qui ont été formulées contre la théorie de Butschli; qu'il nous suffise d'avoir constaté que la structure vacuolaire ou alvéolaire n'est jamais primitive, qu'elle n'est qu'accidentelle et modificatrice de la vraie structure réticulaire. Quant à la théovie granulaire de Altmann (i), elle ne peut être mise en opposition ni en parallèle avec la théorie réticulaire. Elle va plus loin et veut pénétrer plus avant dans l'intimité de la structure organique. Elle admet que la matière organisée est, en dernière analyse, formée de granules d'une petitesse extrême, pouvant se multiplier par division et se disposer de diverses façons pour constituer la trame de la matière vivante. Si cette théorie était prouvée, elle constituerait le complément heureux de la struc- ture réticulaire : les trabécules du réseau seraient formées par la juxtaposi- tion linéaire et parallèle de granules élémentaires. Entendues en ce sens, les vues de Altmann pourraient être prises en considération ; il resterait seu- lement à les contrôler par des observations minutieuses. Or, cela n'est pas fait, loin de là. Malheureusement Altmann et ses partisans n'ont pas ainsi compris la question. Ils font confusion entre les granules de toute sorte et des plus accidentels de l'enchylème, voire même les enclaves véritables, et les granules de la partie organisée, c'est-à-dire du réseau, les seuls qu'il faudrait considérer comme les éléments essentiels de la cellule. Cette confusion est regrettable, car elle jette le discrédit sur une théorie qui, appliquée au réseau et à l'élément nucléinien, aurait pu être soumise à un examen sérieux. Nous avons très souvent constaté, surtout après digestion, que les tra- bécules étaient noueuses et se désagrégeaient en granules d'égal volume. Nous verrons bientôt que l'élément nucléinien de la vésicule des batraciens se résout également en une infinité de granules de même dimension. Voilà les choses qu'il faudra étudier de plus près. L'enchylème doit être laissé de côté dans cette question, car il n'est pas organisé. C'est un liquide tenant en dissolution ou en suspension les composés organiques et inorganiques les plus divers, entre lesquels se passent continuellement les réactions chi- miques les plus complexes; c'est le laboratoire de la cellule et du noyau. Les granules qu'on y trouve y sont accidentels et transitoires, leur position et leurs relations n'ont rien de fixe, de stable; ils ne peuvent donc con- stituer un élément organisé. (i) Altmann : Die' Elemcntivorganismcn und ihre Be^ichiingen ^ii dcn Zcllcii; Leipzig, 1S90. 206 J. B. CARNOY et H. LEBRUN IL Nous avons dit, en second lieu, que nous n'avions rien de bien important à ajouter à notre résumé de 1884 sur la constitution essentielle du noyau. Nous devons aussi quelques mots d'explication à ce sujet. I. Il 5' aurait peut-être lieu de parler ici de Vliistone. Ce corps, décou- vert en 18S4 par Kossel (1) dans les globules rouges de l'oie, a été récem- ment retrouvé par lui et ses élèves (2) dans les leucocytes du thymus, où il existe en combinaison avec la nucléine sous la forme de nuclêo-histone. Kossel (3) vient de signaler la présence de l'histone dans les cellules sper- matiques de l'esturgeon et du saumon. Cette nouvelle substance est un com- posé d'albumose, sorte de peptone, avec une base, la protamine. A la matu- rité, l'albumose disparaît dans les cellules spermatiques et la protamine est mise en liberté. Celle-ci peut alors se combiner avec l'acide nucléinique, pour former la nucléine que Miescher a extraite de la tète des spermato- zoïdes. L'avenir dira si l'on doit étendre cette découverte à la généralité des noyaux; il y aurait alors un nouvel élément à signaler. Remarquons ce- pendant que cette albumose dérive vraisemblablement des globulines du caryoplasme, à la façon des peptones de digestion ; il ne faudrait donc y voir qu'un produit secondaire, et non originel. IL Nous avons vu plus haut, qu'il y avait dans l'enchylème cytoplas- matique une nucléo-albumine, une vitelline, à côté des globulines. D'après Halliburton (4), il en serait de même dans l'enchylème du noyau. Mais, comme ce chimiste ne parle pas du réseau caryoplasmatique, il est possible que la nucléo-albumine qu'il signale ne soit autre que la plastine de ce réseau. La présence d'une vitelline dans l'enchylème nucléaire n'aurait rien d'étonnant, du reste. Car, si nos vues sur la reconstitution du noyau, à l'aide des couronnes polaires, sont justes, il doit en être ainsi ; c'est en effet dans le cytoplasme que la nouvelle membrane découpe le plasma du noyau en formation ; originellement, celui-ci doit donc avoir la même con- stitution que le premier. (1) Kossel : Ueber einen peptonartigcn Bestamitheil des ZeUkcnies \ Zeilschr. f. pliysiol. Chemie, VIII, 1SS4, p. Su. (2) t.iLiENFELD : Zur Chemie dcr Leucocyten ; Zeitschr. fur physiol. Chemie, XVIII, 1894. — Kossel et Neumann : Veber Nuclcinsàttre und Thyminsàure ; Ibid., XXII, 1S96. (3) Kossel : Ueber die basischen Stoffe des Zellkenies ; Sitzb. d. Prcuss. Akad. d. Wiss., XVIII, 1896. (4I Halliburton : On ihe chemical physwlogy 0/ thc animal cell ; Brit. med. Journ., 1S93. LA VESICULE DES BATRACIENS 207 III. On a fait récemment beaucoup de bruit autour de la découverte d'un nouvel élément cellulaire :nousvoulons parler des ''Sphères attractives,,. Cette découverte nous a toujours laissés froids et incrédules ; voici pourquoi. Lorsque nous terminions un travail sur la segmentation des œufs des nema- todes (1), GiLSON vint nous montrer des préparations d'œufs en segmentation de l'Ascaris megalocephala, portant au sein des asters des corps sphériques, d'apparence particulière, que nous ne pûmes rattacher sûrement aux asters et au cytoplasme. Il est vrai que les préparations étaient assez rétractées et mal conservées. Plus tard, dans le but de retrouver ces figures, Gilson nous fit de nouvelles préparations avec tous les soins désirables. Les images avaient un tout autre aspect. Nous nous trouvions en présence de magni- fiques asters, montrant au centre un enchylème modifié, s' étendant entre les rayons sur une certaine zone, comme cela se voit sur la plupart des figures de division. C'étaient donc des asters ordinaires. Aussi, grand fut notre étonnement à l'apparition des mémoires de Ed. van Beneden et Neyt (2), et de Boveri (3). Le premier de ces auteurs a vu dans ces corps sphériques, dont nous venons de parler, des corps autonomes et indépendants. Il les a appelés sphères attractives, en les considérant comme un nouvel élément constitutif et permanent de la cellule. D'après nos observations, ces sphères n'avaient aucun de ces ca- ractères. Elles n'étaient que du cytoplasme ordinaire, modifié pour former la portion centrale des asters. Cette portion est toujours dès le début en continuation de réseau avec le cytoplasme et, lorsque les asters sont déve- loppés, on suit leurs filaments depuis la périphérie jusqu'au centre de figure. Boveri trouve dans l'œuf une masse particulière qu'il appelle archo- plasme, et à laquelle il fait jouer le même rôle dans la division, que E. VAN Beneden à ses sphères attractives. Nous connaissions aussi ce corps et nous en avions reconnu la nature depuis longtemps, nous l'avions même figuré (4). Il n'est pas non plus un élément nouveau et permanent de la cellule. Car, il disparaîtra bientôt en se fusionnant totalement avec le cytoplasme. L'archoplasme ne contribue donc en rien à la segmentation ; (i. Publié le i5 décembre iSS6, dans le t. III de La Cellule. (2I E. VAN Beneden & Neyt : Nouvelles recherches sur la fécondation et la division milosique chc:; l'ascaride mégalocéphale ; Bull, de l'Acad. royalt: de Belgique, o« série, t. 14, 1SS7. (3) Boveri : Zellen-Studicn, Heft 2. Die Befruchtung und Teilung des Ei^s von Ascaris me- galocephala; Jena, 18SS. (4) J. B. Carnoy : La Cytodiérese de l'œuf. La vésicule germinative et les globules polaires che:; quelques Nématodes ; La Cellule, t. III, i, iSSO, PI. VII, fig. 2o3, 204, 2o5 et 2i5. 2o8 J B. CARNOY et H. LEBRUN il ne se divise, ni ne peut se diviser pour donner naissance aux sphères que l'on trouvera aux pôles de la première figure. Tout ce que Boveri, et tous les auteurs après lui, ont écrit sur l'archoplasme et le rôle qu'il aurait eu à jouer dans la division, doit donc être considéré comme non avenu et tomber dans l'oubli. C'est pourquoi nous avons toujours combattu l'existence de cet élément nouveau dans nos leçons publiques, et devant les élèves qui viennent tra- vailler dans nos laboratoires. Nous nous en sommes toujours tenus stricte- ment, dans notre enseignement, à la conclusion de la Cytodiérèse : Les figures cinétiques sont l'œuvre commune du noyau et du cytoplasme; le noyau livre le fuseau et ses bâtonnets, le cytoplasme, les asters; les cor- puscules polaires, dont l'origine est douteuse, existent souvent, mais, peuvent manquer en tant que corps figurés. L'erreur profonde de E. van Beneden et de Boveri était assurément fort regrettable. Mais il faut regretter plus encore, au nom de la science, la levée de bouclier de Flemming pour couvrir le nouveau-né. L'enthou- siasme qu'un savant si haut placé mit à célébrer „la plus grande découverte depuis celle du noyau", entraîna tous les cytologistes, jeunes et vieux. Au lieu d'examiner et de contrôler sévèrement, la chose en valait la peine, on s'emballa. Il fallut trouver des sphères attractives partout, dans les cellules au repos, comme dans les cellules en division. Et l'on vit surgir une montagne de travaux, plus singuliers et plus incohérents les uns que les autres : une immense tour de Babel! Que de méprises, que de confusions, que de con- tradictions, que d'erreurs! On chercherait en vain un pareil exemple de débordement dans l'histoire de la cytologie. Cela seul aurait suffi à prouver que l'on faisait fausse route, qu'on s'était lancé à la poursuite d'une chi- mère. On a pris, en effet, pour des sphères attractives les corps les plus disparates : Nebenkern, Dotterkern, débris de fuseau, enclaves, portions radiées du cytoplasme, granules et amas de granules, entourés ou non d'une zone claire, et, en général, tous les éléments de nature inconnue ou énigmatique, tels que ceux que nous avons jadis figurés chez les crustacés (i). Et l'on a fait jouer à tous ces corps, si différents de nature, le même rôle actif et essentiel dans la division. On a parlé aussi de leur rôle phylogéné- tique — naturellement — en les comparant au macronucleus et au micro- nucleus des infusoires ! C'était de l'affolement! (i) Là Cytodiérèse, etc., fig. 246. /, h, 247, 2.18, 25o à 252. LA VESICULE DES BATRACIENS 209 La réaction ne pouvait manquer de se produire. On examina. Plusieurs savants découvrirent sans tarder que la zone corticale appartenait bien à l'aster ou au cytoplasme. Entre temps, Bolles Lee (i) vient administrer un bon coup de balai dans le fatras accumulé surtout par les élèves de Flemming et leurs imitateurs. Loin de servir à la division, bon nombre de leurs sphères attractives, Nebenkern et autres, sont des corps en voie de régression, voués à une désagrégation et à une résorp- tion certaine. Déjà, on avait reconnu que des corps analogues étaient pro- menés passivement dans le cytoplasme pendant la division, sans y prendre part et sans subir la moindre m.odification (2). Restait le corpuscule central et sa zone médullaire. On en fit un centra- sotne. Union adultérine entre le c3'toplasme et un corps étranger, qui devait aboutir au divorce. Voici, en effet, qu'on trouve des corpuscules nus, c'est-à-dire sans zone hyaline (3). Celle-ci ne fait donc pas partie inté- grante du centrosome, et n'est pas indispensable. On s'en prit bientôt au corpuscule lui-même; plusieurs observateurs le cherchèrent en vain dans divers objets. Bolles Lee insiste particuliè- rement sur ce point : malgré les recherches les plus précises et les plus pa- tientes, opérées à l'aide d'une technique irréprochable, il n'a pu rencontrer de corpuscule dans les figures des spermatocytes des Hélix. Il serait inutile d'insister davantage. En présence de ces faits, on se demande involontairement : que reste- t-il de cet élément nouveau, essentiel et permanent de la cellule? 1° Une chose est dès aujourd'hui certaine. L'archoplasme de Boveri est un corps destiné à disparaître dans le cytoplasme. La sphère attractive de E. van Beneden, la sphère directrice de Gui- GNARD, le périplaste de Vejdovsky, l'ancien kinoplasme de Strasburger, n'existent pas comme tels. Ce sont des parties intégrantes du cytoplasme qui se modifient transitoirement en vue de la division, de la formation des asters. Ces modifications débutent en un point, et portent à la fois sur le réseau et l'enchylème Elles sont plus ou moins profondes et étendues : (0 A. Bolles Lee : La régression du fuseau caryocinétique. Le corps problématique de Plat.ner et le ligament intercellulaire de Zi.mmermann dans les spermatocytes des Hélix; La Cellule, t. XI, I, 1895. (2) La Cytodiérese, p. 3ii. (3) Il y a longtemps que ces deux variétés de corpuscules ont été signalées : La Cytodiérese, p. 34g. 2 10 J. B. CARNOY et H. LEBRUN c'est là ce qui explique toutes les variations qu'on remarque dans les asters, particulièrement à leur centre. Or, après la cinèse, -ces modifications s" effacent plus ou moins rapide- ment et le cytoplasme reprend son aspect ordinaire. Parfois le centre de l'aster persiste plus longtemps, près du noyau; on n'a pas manqué non plus de prendre cela pour une sphère attractive. On l'aurait même vu se diviser pour donner les deux nouvelles sphères de la segmentation suivante. N'est-ce pas de la haute fantaisie? Qu'on cesse donc une bonne fois de nous parler encore de sphère attractive, d'archoplasme, de zone corticale, de zone médullaire, etc. ; ces mythes doivent être relégués dans le domaine de la légende! 2° Reste le corpuscule central. Il y a plusieurs observations à faire à son sujet. a) Le corpuscule central n'est pas nouveau non plus; c'est \ antique corpuscule polaire, il en a tous les caractères et remplit le même rôle. S'il en est ainsi, il est évident que le mot centrosome, qu'on lui applique aujour- d'hui, doit être rejeté. Ce terme consacre une méprise et a reçu d'ailleurs les significations les plus diverses; tandis que le mot corpuscule polaire a toujours eu un sens précis, et a pour lui le mérite de la priorité. b) Le corpuscule polaire est un corps autonome, sui generis, sans con- nexion organique avec le cytoplasme et d'une tout autre nature. La sphère attractive existerait, qu'il faudrait l'en distraire. Il est dans le protoplasme comme un corps étranger, morphologiquement parlant. Il est donc indé- pendant. C'est le seul élément dont on puisse se demander s'il est un corps constant et permanent de la cellule. Les partisans de la permanence du corpuscule polaire admettent assez généralement aujourd'hui que le premier corpuscule provient du Mittel- stiick ou, d'une manière plus générale, du corps du spermatozo'ide. Il se porterait vers les noyaux de conjugaison et se diviserait pour fournir les deux corpuscules de la première segmentation. Après la cinèse, ceux-ci se diviseraient à leur tour, chacun de leur côté, en vue de la seconde cinèse, et ainsi de suite indéfiniment. Il se maintiendrait donc dans les 'cellules pendant leur repos entre les cinèses, et dans les cellules adultes qui n'en- trent plus en division. C'est pour appuyer cette manière de voir que l'on a recherché ces corps avec tant de zèle dans les cellules quiescentes les plus diverses, et d'aucuns ont cru les y avoir trouvés. C'est simple; mais est-ce bien conforme à la réalité? On nous permettra d'en douter. LA VESICULE DES BATRACIENS 211 Car les nombreuses observations que nous avons faites relativement au corpuscule polaire, qui était déjà étudié spécialement à Louvain en 1S85, nous autorisent à rejeter la théorie que nous venons d'exposer. Elle ne repose pas sur les faits ; elle a été édifiée sur certaines apparences de pré- parations, mal faites ou mal interprétées sous l'empire d'idées préconçues. Mais nous devons clore ce chapitre déjà trop long. Nous avons donc eu de bonnes raisons pour ne pas admettre l'existence de ce prétendu élément nouveau, essentiel et permanent de la cellule. Les travaux de van Beneden et de Boveri sont aussi de ces travaux couverts de fleurs, mais malheureux et contagieux, qui font rétrograder la science au lieu de la servir. Après un long et pénible détour de dix années, la cytologie se retrouve tout ensanglantée au point où elle était en i885. C'est triste !.... Matériaux et Méthodes pour l'étude de la vésicule germinative des batraciens. Notre étude a commencé en 1887. Elle a été longue et très laborieuse; nous nous sommes souvent comparés à deux galériens condamnés à dix ans de travaux forcés. Il a fallu d'abord plus d'une année pourpouvoirs'orienter.chez les diverses espèces, dans le dédale inextricable des innombrables figures, toujours si étranges et si variées, que leur vésicule présente dans les multiples étapes de son développement. Ensuite, il a fallu exécuter, examiner, comparer des cen- taines de mille coupes, prises dans un très grand nombre d'individus, à toutes les époques de l'année, à tous les âges de l'œuf! Et puis, que de mesures, que de croquis, que de dessins ! C'est un travail qu'un seul homme ne pourrait entreprendre (1). Cependant la lumière se fit peu à peu, grâce surtout : a) à l'étude com- parée des étapes correspondantes dans les diverses espèces : ce qui demeu- rait indéchiffrable dans l'une, prenait les caractères de l'évidence dans telle ou telle autre, et, b) à la facilité avec laquelle on peut constater la réso- lution des nucléoles de la salamandre à certaines étapes Aujourd'hui, nous (i) Sans l'habileté technique, le courage et la patience inlassables, le talent d'observation de mon assistant, je n'aurais jamais pu mener ce travail à bonne fin. Le lecteur bienveillant qui lui trouve- rait quelque mérite, voudra bien en attribuer une large p.irt à M. Lebrun. J. B. Carnoy. 212 J. B. CARNOY et H. LEBRUN pourrions presque dire, au premier coup d'œil, à quel animal et à quelle époque précise du développement de l'œuf, se rapporte telle préparation déterminée. Nous avons parcouru tout le groupe des batraciens : les Urodclcs et les Anoures. Matériaux. Il est de la plus haute importance, pour faire une étude fructueuse de la vésicule germinative des batraciens, de n'employer que des animaux vivant en liberté dans leur milieu naturel. En effet, dans les individus maintenus en captivité, la vésicule présente fi-cquemment des phénomènes patholo- giques. L'élément nucléinien, surtout, subit des altérations, des désagréga- tions qui ne sont pas sans rappeler certaines figures naturelles, provenant de la résolution normale des nucléoles : résolution dont il sera si souvent question dans ce mémoire. Aussi, pour éviter toute erreur et toute confu- sion, nous sommes-nous astreints à n'employer que des ovaires extraits d'in- dividus saisis en liberté, ou expédiés des Ardennes belges à Louvain, immé- diatement après leur capture. Nous avons d'ailleurs tenu compte des phé- nomènes d'ovolyse qui se manifestent çà et là, même dans de pareils matériaux. Pour nos dessins et nos descriptions, nous n'avons utilisé que les œufs tout à fait normaux; tous les œufs douteux ou louches, qu'un œil exercé reconnaît assez aisément, ont été soigneusement écartés. Méthodes de préparation. Il ne suffit pas d'avoir en sa possession des matériaux de choix, il faut encore qu'ils soient convenablement traités. Voici comment nous avons procédé à leur préparation. Nous avons examiné les œufs à frais, et après l'action des fixateurs, gazeux et autres. a) Pour étudier les noyaux frais, on crève les œufs sur porte-objets avec une aiguille, ou un fin scalpel dans une goutte d'eau ou de sérum; on ap- plique alors délicatement un couvre-objets assez grand sur le contenu épanché. En écrasant lentement, on voit bientôt apparaître le noyau dans la masse jaunâtre. Sous un faible grossissement, on reconnaît aussitôt les nucléoles au milieu des enclaves vitellines, qui pourraient rester adhérentes à la membrane du noyau. Si alors on soulève le couvre-objets, avec précaution, le noyau aplati LA VÉSICULE DES BATRACIENS 2 13 reste très souvent attaché au verre; on enlève tout ce qui l'entoure avec un buvard et, après une légère dessiccation, on peut fixer ce noyau, au moyen des fixateurs gazeux : acide osmique en vapeur, alcool sulfureux, etc., pour le colorer ensuite au vert de méthyle, ou le soumettre à des réactions mi- crochimiques. b) Fixation. Le plus souvent nous avons fixé les ovaires in toto, en les plongeant dans les solutions fixatrices, après avoir au préalable fait au moyen de ciseaux quelques ouvertures, afin d'obtenir une pénétration ra- pide. Après de nombreux essais avec les liquides chromiques, — liqueur de Flemming, de Hermann, acide chromique (Schultze (i), Born (2), Jor- dan (3) ), bichromate, liqueur de Perenyi, etc., nous avons complètement renoncé à leur emploi : leur faible pouvoir de pénétration, la longueur des manipulations, la difficulté du lavage, mais surtout leur tendance à dégrader les pièces et à y introduire des vacuoles, nous les ont fait rejeter d'une ma- nière absolue. La solution au sublimé de Gilson nous a donné des résultats incomparablement supérieurs : son action est plus rapide, elle est d'une ma- nipulation plus facile et permet l'emploi des colorations les plus variées; en outre, elle conserve beaucoup mieux les objets dans leur état naturel. Le sublimé neutre saturé, ou même acidulé (Rossi (4), Grônroos (5) ), lui est de loin inférieur. Les ovaires jeunes y étaient laissés 15 minutes environ; les plus âgés, de 3/4 d'heure à 1 heure, puis lavés pendant une heure et passés dans les alcools jusqu'à l'alcool à 80°. Tous les auteurs qui ont étudié l'ovaire des batraciens sont unanimes à reconnaître que la plus grande difficulté à surmonter est d'obtenir un enrobage convenable. Les œufs se durcissant très fort sous l'influence de la chaleur, ou par une déshydratation trop prolongée, les coupes en séries sont presque impossibles ; en eff'et, après une demi-heure de séjour dans la paraffine fondue à 52°, l'œuf est cassant et s'effrite sous le rasoir, comme de la craie. Dans l'espoir d'obtenir une imprégnation suffisante, on (i) Oscar Schultze : Untersuchiingen ùber die Reifiing u- à 700 y-. La deuxième période coïncide avec la seconde année; à son issue les œufs mesurent environ 1400 jj-. Enfin la troisième période s'étend jxxsqu.' en ]mn suivant, c'est-à-dire qu'elle comprend aussi une année ; alors les œufs sont mûrs et possèdent 3600 jj-, en moyenne. Nous avons établi ces trois divisions dans le développement de l'œuf, en nous basant sur les caractères particuliers de la résolution des nucléoles, c'est-à-dire sur le genre de figures qui en résulte. Nous croyons inutile de faire remarquer que ces chiffres n'ont qu'une valeur relative, mais suffi- sante cependant pour fixer l'attention du lecteur. En réalité, ces périodes sont loin d'avoir partout la même durée. Car les figures d'une période peuvent se continuer plus ou moins longtemps suivant les individus, suivant les circonstances de nutrition, de milieu, etc. Il arrive même que, chez certains animaux, les figures d'une période sont supprimées. Ce serait une grave erreur de croire que la succession de nombreux phénomènes que nous allons décrire soit, de fait, soumise à des lois mathématiquement rigou- reuses. Nous allons commencer par l'étude des métamorphoses de l'élément nucléinien, pendant ces trois périodes. CHAPITRE I. Métamorphoses de l'élément nucléinien (PI. I à III). § 1 . Première période (Pl. I). Les phénomènes qui se passent dans l'élément nucléinien, durant la première période, sont précisément les plus difficiles à saisir. Cet élément s'y présente, en effet, sous les aspects les plus divers et les plus étranges, et, à première vue, il semble bien difficile de rattacher les figures entre elles, et de les sérier. Cette partie de notre travail nous a demandé beaucoup de temps; il a fallu étudier minutieusement et comparer des milliers de coupes, prises sur des individus jeunes et adultes, avant de nous orienter dans ce labyrinthe. Nous croyons, grâce à l'étude comparative que nous avons faite 31 222 J- B. CARNOY et H. LEBRUN de cette période dans les divers groupes de batraciens, être arrivés à des résultats satisfaisants. La Pl. I est consaorée à cette première période. Celle-ci peut se diviser en deux temps : i° Disparition de l'élément nucléinien primitif; 2° Résolutions diverses des nucléoles. 1° Disparition du filament nitcleiuien primitif. Les FiG. 1, 6, 15. 18 et 22 représentent des œufs très jeunes qui vien- nent d'entrer en développement. Les plus petits mesurent 28 i-^ à 30 ;•'■, et leur noyau 1 8 \>- environ, moyenne des deux diamètres. Le noyau des jeunes œufs est variable d'aspect, mais on peut constater aisément que sa structure première est typique. C'est-à-dire qu'on y dé- couvre un élément nucléinien filamenteux, qui paraît dans bien des cas con- tinu; on n'y voit guère d'extrémités libres, aussi longtemps du moins qu'on ne rencontre pas de nucléoles, fig. 1, 12 et 18. Ces trois figures repré- sentent des noyaux vus par leur surface extérieure. De pareils noyaux ne sont pas précisément très communs, surtout chez certains individus. Car la formation des nucléoles commence souvent de très bonne heure et, alors, la continuité du filament est brisée, ainsi que nous allons le voir. Nous n'avons, disons-le en passant, jamais rencontré de nucléoles plasmatiques bien nets dans ces œufs. Après l'enlèvement de la nucléine, il ne reste aucun corps figuré dans le noyau; on y voit seulement parfois des amas granuleux et irréguliers de caryoplasme, qui ne rappellent en rien les vrais nucléoles, toujours si bien définis. Les premiers nucléoles que l'on aperçoit dans le noyau tirent leur ori- gine du filament nucléinien. Celui-ci se scinde, ou se disloque, çà et là, en tronçons, irréguliers d'abord, mais qui prennent bientôt la forme sphérique, FIG. 2, 15 et 22. Dans la fig. 2, on voit trois nucléoles situés sur le trajet du boyau et dont un est encore en continuité avec lui. Dans la fig. 15, l'élément nucléinien s'est disloqué, et les fragments irréguliers et plus ou moins longs qui en résultent s'ordonnent en sphérules nombreuses. Ici, la dislocation est totale; enc, il n'y a plus trace du filament nucléinien normal, ce dernier n'est plus représenté que par les nucléoles. C'est là un fait très important, que nous avons eu soin de vérifier avec beaucoup de soin. Chez la salamandre, ce fait est assez rare dans les œufs aussi jeunes que ceux de la fig. 15. Ha- bituellement, il se forme un certain nombre de nucléoles, et le restant du filament primitif persiste, comme dans la fig. 2 et 22. Dans cette dernière, LA VESICULE DES BATRACIENS 2 23 on voit quatre nucléoles entourés d'une auréole claire d'enchylème caryo- plasmatique. Ils résultent de la coalescence des portions du filament qui se trouvaient à cet endroit. Bien souvent, en effet, on constate que tous les filaments qui bordent l'auréole sont coupés nets, comme dans la fig. 31 a, Pl. V, qui est tout à fait démonstrative. Nous appellerons nucléoles pri- mitifs, les nucléoles ainsi formés aux dépens d'une portion ou de la totalité de l'élément nucléinien primitif. Lenombre de ces nucléoles est très variable; la portion restante du filament varie en raison inverse du nombre ou de la grandeur de ces corps. Les phénomènes dont le boyau restant est le siège pendant cette période sont surtout remarquables. Car, il ne se maintient pas; bientôt, tout en augmentant de volume, il va se désagréger en une infinité de granules minuscules, et disparaître pour toujours. Le mode suivant lequel se fait cette résolution est assez variable dans ses détails. Étudions d'abord le mode le plus général et, par conséquent, principal : nous voulons dire la résolution en magma. a) Résolution en magma. Elle consiste dans la dissociation graduelle de l'élément nucléinien en une sorte de magma informe, fig. 6 et 7 et fig. 19 et 20, Pl. I; fig. 26 et 27, Pl. V; fig. 14 et 15, Pl. VL Nous avons marqué, dans ces figures de la salamandre, du pleurodèle et des tritons, la formation et quelques- uns des innombrables aspects que ce magma présente chez les divers groupes de batraciens, pour ne pas multiplier inutilement les dessins dans chacun d'eux. Car toutes ces figures, et une multitude d'autres, plus étranges les unes que les autres, se retrouvent partout, mais surtout chez la salamandre. Le boyau nucléinien, d'abord normal, se gonfle, prend des contours' fort irréguliers et un aspect très granuleux, fig. 6. A mesure que le noyau grandit, il continue à s'élargir de plus en plus: le nombre de ses granules devient immense, et bientôt ses anses finissent par se rejoindre et se fusion- ner en amas irréguliers de toute forme et plus ou moins reliés entre eux, fig. 7, et fig. 26, 27 de la Pl. V. Souvent, chez la salamandre surtout, la fusion devient complète, on n'a plus alors devant, soi qu'un magma unique formé d'une infinité de granules distribués dans sa masse assez irrégulière- ment, mais parfois aussi dune manière homogène, fig. 29, Pl. V, fig. 14, Pl. VI. La forme de ces magmas est très variable : ici, ils sont sphériques; 31. 224 J ^- CARNOY et H. LEBRUN là, ils sont en fera cheval; ailleurs, ils présentent des anfractuosités ou des lobes, etc., etc. Sur les coupes, on voit souvent à leur intérieur des solutions de conti- nuité, des espèces de vacuoles plus ou moins volumineuses, fig.29, Pl. V. En un mot, rien n'est plus polymorphe, ni plus bizarre ; il n'y a pas deux noyaux ni deux coupes semblables, et ce serait perdre son temps que d'en faire une description plus minutieuse. Au commencement de cette résolution, les gros cordons, et ensuite la masse granuleuse qui en résulte, occupent tout l'intérieur du noyau ; les nucléoles primitifs y sont plongés irrégulièrement. Mais à mesure que le noyau grandit, il se produit autour du magma une zone hyaline qui n'est autre que du caryoplasme réticulé, comme dans la fig. 8, par exemple. Cela vient de ce que l'amas granuleux ne s'étend pas proportionnellement au dé- veloppement du noyau ; il reste confiné vers le centre, sans doute parce que toutes ses parties tiennent ensemble. Il n'en est pas ainsi dans les fig. 19 et 20, tirées d'une autre salamandre jeune. Ici, le magma remplit tout le noyau. On remarquera, en outre, que l'aspect de ces figures diffère des précédentes. Les granules des cordons primitifs se sont isolés de bonne heure pour se répandre librement dans tout le caryoplasme. Cette différence est d'ailleurs d'importance secondaire. Dans les fig. 1 à 5, au contraire, les cordons pri- mitifs se maintiennent plus longtemps sans se fusionner et sans donner naissance à un magma continu ; on peut encore les suivre dans la fig. 4. Ils se disloquent plutôt et tombent en tronçons séparés, dont les granules •se détachent peu à peu. L'émiettement se poursuit et le noyau prend tôt ou tard l'aspect de la fig. 5, dans laquelle, à côté des derniers débris de dislo- cation, on constate la présence d'une très grande quantité de granules isolés. b) Resolution par irradiation. A côté de ce premier mode de résolution il en est un second que l'on pourrait appeler résolution par irradiation. Ce mode se rencontre rarement chez la salamandre. Nous en donnons deux exemples, pris sur deux individus jeunes, représentés d'une part par les FIG. 12, 13 et 14, d'autre part par les fig. 22 à 25. Les fig. 12 et 22 reproduisent deux noyaux très jeunes, où le boyau nu- cléinien est particulièrement net et à contours réguliers. A mesure de l'agran- dissement du noyau, les anses s'éloignent l'une de l'autre, en perdant leur régularité et en devenant granuleuses. En même temps, le caryoplasme s'ir- radie tout autour, à la façon des rayons d'un aster, fig. 13, 14 et 23. Nous LA VESICULE DES BATRACIENS 2 25 rencontrerons bien des fois dans le cours de ce travail de pareilles irradia- tions; nous aurons donc l'occasion d'y revenir. Qu'il nous suffise pour le mo- ment de constater le fait. Or les granules des cordons se détachent alors un à un et cheminent à la file sur les rayons plastiniens, pour se répandre dans tout le noyau et se porter finalement à la périphérie. Pendant ce travail, ils se disloquent plus ou moins, mais ils se maintiennent toujours en tronçons très longs et sinueux. Cependant les anses s'épuisent peu à peu et finissent par disparaître. On voit, sur la fig. 24, les derniers restes de ces anses de- venus très pauvres en granules, et en voie de s'effacer complètement. Dans toutes les coupes du noyau de la fig. 25, il n'y en avait plus aucune trace; tout y était résolu en granules minuscules. Telles sont les différentes modalités de la résolution granuleuse de l'élé- ment nucléinien primitif, chez la salamandre. La résolution en magma est de loin la plus fréquente; elle ne fait défaut chez aucun individu jeune ou vieux. L'autre mode est plus particulier et ne se rencontre que çà et là, sur un petit nombre d'œufs, à côté du mode principal. Nous avons cepen- dant rencontré un jeune individu, où presque tous les noyaux présentaient la résolution par irradiation dans toute sa pureté; c'est de lui que nous avons tiré les fig. 22 à 25. Il est très difficile de déterminer la durée de cette résolution primi- tive. Car, le plus souvent, ainsi que nous le dirons bientôt, les premiers nucléoles formés entrent eux-mêmes en résolution et donnent de nou- velles figures, avant que la première ne soit entièrement terminée. Ainsi, dans les fig. 5, 20 et 24, où la première résolution est très avancée, il est vrai, mais non terminée cependant, les gros nucléoles vacuoleux qu'on y voit sont mûrs ; il y en a même un dans la fig. 24 qui est en voie de déve- lopper ses filaments. Or, ces éléments se mêlent aux anciens et il devient difficile de déterminer quand ceux-ci ont disparu. Le no3^au de la fig. 5 mesurait 72 \>^ sur 64 ■,., celui de la fig. 20, 88 jj. sur 56 1^- et celui de la fig. 24, 70 i^- sur 63 !^ Ces chiffres sont assez concordants et, si on les rapproche de ceux de la fig. 25 : 68 i^ sur 64 1^, où la résolution est achevée, mais où les nucléoles ne sont pas encore mûrs, on est assez au- torisé à admettre que la résolution du filament primitif est terminée lorsque le noyau mesure environ 68 i^ à 70 <>■ de diamètre moyen. Ce n'est là évi- demment qu'un chiffre approximatif. Le diamètre moyen des œufs de ces figures oscillait entre 114 \>- et 138 i^-. Voilà donc le boyau primitif disparu, désagrégé en une infinité de gra- 226 J- B. CARNOY et H. LEBRUN nules répandus partout, mais surtout accumulés à la périphérie du noyau. Que deviennent ces granules? Ils se dissolvent en grande partie et leurs produits passent par osmose dans le cytoplasme. Mais il en est toujours de privilégiés, en tout semblables aux autres, d'ailleurs, qui restent dans le noyau. Ils se groupent contre la membrane nucléaire en nombre variable pour former des nucléoles nouveaux, c'est-à-dire de seconde génération, et que nous appellerons nucléoles secondaires. On a dessiné quelques-uns de ces groupes de granules dans la fig. 24. Tous les petits nucléoles, collés contre la membrane, dans les fig. 3, 4, 5, 14, 19, 20 ont cette origine secondaire. Nous reviendrons plus tard sur ces faits, qui sont absolument certains. Les granules ne servent donc jamais à reconstituer l'élément nucléinien en filament ordinaire, qui serait comme la continuation de l'ancien. Celui-ci, comme tel, a disparu pour toujours. Après avoir perdu une grande quantité de sa substance, il n'est plus représenté que par les nucléoles primaires et secondaires. Etant supposé que les premiers ne soient joas encore entrés en mouvement, lorsque tous les granules superflus sont dissous, le noyau ne renferme plus que des nucléoles et un caryoplasme hyalin typique. La FIG. 25 approche de ce terme, mais on y voit encore des granules, qui ne tarderont pas à s'effacer. On a représenté dans la fig. 4, Pl. IV et fig. 5 et 7, Pl. VI, des noyaux où ce degré de dissolution est atteint; e^i dehors des nucléoles, on n^y voit plus trace d'élément nucléinien d'aucune sorte. Il est plus difficile de rencontrer des figures semblables chez la salamandre, parce que les gros nucléoles se résolvent trop tôt, fig. 24. 2° Dissolutions et figures nucléolaires, pendant la première période. A partir de ce moment, l'histoire de la vésicule germinative n'est plus que l'histoire de la résolution et de la réformation successive et indéfini- ment répétée des nucléoles. Nous avons laissé l'œuf au moment où les premiers nucléoles vont entrer en mouvement, à la fin de la résolution en granules du filament primitif. Or, ces nucléoles vont subir le même sort que ce dernier. Après avoir donné, ce que nous appellerons pour abréger, des figures, ils se dés- agrégeront en granules. Pour se résoudre, les nucléoles abandonnent la périphérie et se portent vers l'intérieur du noyau ; on peut dire que c'est général : toutes nos figures en font foi. Avant la période de maturité, ils ont le plus souvent un aspect homogène; ils sont uniformément colorés i:>ar l'hématoxyline. En approchant LA VESICULE DES BATRACIENS 227 du moment où ils vont donner leur figure, ils augmentent beaucoup de vo- lume. En même temps, ils se creusent de vacuoles, fig. 16, et on y aperçoit des filaments tortillés ou formant rés<»au, fig. 5, 20, et 24. — Les vacuoles sont naturelles, car on les aperçoit aisément sur le vivant. — Enfin, ils de- viennent déhiscents, c'est-à-dire qu'ils se répandent dans le caryoplasmc sous les formes les plus variées, et dont l'étude est aussi neuve qu'intéressante. Ces figures varient notablement pendant la première période avec les individus que l'on examine, contrairement à ce qui aura lieu dans les pé- riodes suivantes. a) Résolution en magma secondaire. Considérons un premier individu jeune, celui dont les fig. 1 à 16 ont été tirées, et dont les fig. 6 et 7 ont été analysées à propos du magma pri- maire. La FIG. 8 représente aussi un magma semblable, mais qui dérive de la résolution des nucléoles, c'est-à-dire qui est secondaire. Voici comment les choses se passent. Dans la fig. 15, Pl.'VI, on voit quatre gros nucléoles à peu près mûrs. Or, ces nucléoles ne tarderont pas à se résoudre sur place en amas ou traî- nées granuleuses informes, qui continueront le magma primitif. Si l'on n'avait pas assisté à cette déhiscence toute particulière des nucléoles, on croirait, ce que nous avons cru nous-mêmes assez longtemps, que l'on a toujours affaire au magma primaire. De fait, cependant, celui-ci a disparu ; c'est un nouveau qu'on a sous les yeux. Celui-ci peut persister assez longtemps, enti-etenu qu'il est par de nouvelles déhiscences successives. C'est à dessein que nous avons reproduit la fig. 8. Nous croyons qu'elle représente la fin du magma secondaire. On peut voir au nombre incalculable de granules nucléiniens qui émigrent à la périphérie pour s'y dissoudre, combien la résolution du magma est active. Il ne peut tarder à disparaître, du moment qu'il n'est plus alimenté par les nucléoles. Or, nous savons par nos observations répétées que les deux gros nucléoles pâles, qui sont dans le caryoplasme au sommet de la figure, vont inaugurer un nouveau genre de résolution, dont nous allons parler. Le noyau de la fig. 8 mesurait io8 -; celui de la fig. 10, 200 [j. sur 190 [J- et celui de la fig. il, 200 ,j. sur 278 |j.. La forme anormale de ce dernier vient de la pression exercée sur lui par un œuf voisin. La résolution en boudins s'est donc maintenue assez longtemps. L'œuf, dont le noyau est reproduit parla fig. 11, était le plus volumineux de l'ovaire, chez cet individu jeune, sacrifié en mai, et dont les ovocytes de la première génération avaient par conséquent un peu plus d'une année. Cet œuf mesurait 504 i>- sur 672 1^, et son noyau 278 i'- sur 200 i^. LA VÉSICULE DES BATRACIENS 2 29 Faisons remarquer dès maintenant que la fig. 11 indique la transition aux FIG. 30 et 31, qui représentent un nouveau mode de résolution dont il sera question plus loin, à la deuxième f)ériode. c] Résohilion serpentine. L'individu dont nous venons d'analyser les figures est un des plus com- pliqués que nous avons rencontrés. lien est d'autres dont les allures sont plus simples : la résolution en magma secondaire est sautée. En même temps les figures en boudins sont remplacées par d'autres, qui sont toutes différentes. Tel était le cas pour l'animal qui a fourni les fig. 26 et 27. C'était un indi- vidu jeune, comme le précédent, et sacrifié comme lui en mai. Seulement les œufs étaient moins développés; le plus volumineux, celui de la fig. 27, ne mesurait que 380 ij. sur 304 p- et son noyau 168 p. sur 164 h-; il était donc plus petit que celui de la fig. 11. 'Voici ce que nous avons observé chez cet individu. Le filament nucléinien, particulièrement remarquable par sa régularité et la netteté de ses contours, se gonfle très vite et se résout en granules qui se répandent d'une manière uniforme dans tout le noyau ; on n'y perçoit plus trace de cordon. Ce magma primaire persiste pendant quelque temps. Mais bientôt, avant même qu'il ait disparu, les nucléoles primaires débitent un appareil filamenteux, irrégulier, comme celui de la fig. 24. On trouve déjà des figures semblables dans les noyaux qui n'ont que 50 ,j:. Peu à peu le magma se dissout et tous les noyaux prennent l'aspect des fig. 26 et 27. Les nucléoles ici deviennent énormes, et, au moment de la déhiscence, ils projettent dans le caryoplasme des traînées nombreuses et des masses fila- menteuses des plus irrégulières. Ces masses ne tardent pas à s'épandre à leur tour, en dégageant des ramifications assez robustes d'abord, mais deve- nant ensuite d'une ténuité excessive et envahissant tout le noyau. Chose remarquable, ces ramuscules courent tous sur les trabécules du réseau caryoplasmique, en y décrivant des sinuosités capricieuses pour passer de l'une à l'autre. Ces détails se voient aisément sur les deux figures précitées, où le sommet du noyau n'est pas encore envahi. On pourrait appeler ce mode particulier, résolution serpentine. Comme dans les figures en boudins, les filaments, d'abord homogènes, deviennent bientôt moniliformes et tombent en granules d'une grande pe- titesse. Nous verrons que ce mode de résolution en serpenteaux est très répandue à cette première période. En terminant, nous ferons remarquer S2 ■23o ]■ B. CARNOY et H. LEBRUN que, dans les œufs plus âgés, les fig, 28 et 29 font suite aux précédentes, et sont remplacées ensuite par les fig. 30 et 31. d) Résolution filamenteuse en groupes étoiles. Chez un troisième individu, très jeune, sacrifié aussi en mai, on trouvait généralement les fig. 18 à 21. Les noyaux jeunes, de i8 \i- à 20 p., fig. 18, possèdent un filament en apparence continu, assez pâle et granuleux. Il ne tarde pas à se désagréger en granules d'une grande petitesse, qui se répan- dent partout pour produire le magma primaire de la fig. 19; le noyau de cette figure mesure 48 \i. sur 52 i-^. Le magma est peu colorable, et il conserve son aspect jusqu'au stade de la fig. 20 : 56 [x sur 88 a. Dans cette dernière figure, on remarquera que les nucléoles ont beaucoup grossi depuis le stade précédent, et qu'ils ont tous les caractères de la maturité; en effet, ils se co- lorent très fortement par l'hématoxyline. Les nucléoles secondaires se résolvent en une masse très dense de fila- ments d'apparence particulière. Les granules nucléiniens y sont disposés distinctement en petits groupes plus ou moins étoiles. Ces groupes, d'abord jetés pèle-méle, apparaissent plus tard, à mesure que le no3'au grandit, comme disposés en séries, comme étages sur les filaments, fig. 21, Nous avons constaté sûrement la résolution granuleuse des nucléoles primaires, mais nous n'avons pu voir s'ils émettaient réellement des filaments. On peut admettre qu'il en est ainsi, en considérant ce qui se passe dans les œufs plus âgés, comme celui de la fig. 21. Sur cette figure, l'appareil fila- menteux est évident dans le nucléole en plein épanouissement du milieu de la figure, et dans les bras qui s'en dégagent. D'après cela, nous croyons que les premiers nucléoles de la fig. 20 donnent aussi de pareils filaments, mais qui demeureiit cachés au milieu des granules du magma primitif. Il n'y aurait donc pas de magma secondaire. Ce qui est certain, c'est que la forme en boudins fait totalement défaut ici, aussi bien que chez le second individu; la forme filamenteuse étoilée la remplace. Quant au nucléole de gauche de la fig. 21, il entre seulement en mouvement; la partie représen- tée en noir est encore à l'état de repos, l'autre s'avance pour le résoudre. Remarquons en passant la grande quantité de granules nucléiniens, provenant des résolutions précédentes, qui se rendent vers la périphérie du caryoplasme. La FIG. 21 a été prise sur l'œuf le plus volumineux de l'ovaire; il mesu- rait seulement 228 [j. sur 260 ,a, et son noyau 112 ,;,. Les œufs étaient donc encore beaucoup moins avancés dans ce troisième individu, le plus petit, LA VESICULE DES BATRACIENS 231 du reste, que nous ayons trouvé en mai, parmi ceux qui étaient sortis de l'eau l'année précédente. * Chez cet individu, à côté des noyaux à magma primaire, nous avons rencontré aussi des noyaux qui présentaient la résolution irradiante comme dans les fig. 12 à 15. Les figures de cette sorte étaient aussi rares ici que chez le premier individu; c'est toujours la résolution en magma qui constitue la règle générale à l'époque primitive, Les formes filamenteuses à groupes étoiles que nous venons d'étudier ne sont pas communes; nous ne les avons rencontrées que chez deux indi- vidus jeunes. Les figures qui font suite à la fig. 21 nous sont donc inconnues. Mais, les nombreuses observations que nous avons faites sur ces animaux nous auto- risent à affirmer que ce mode est le pendant de la résolution en boudins et de la résolution serpentine. Il se continuera donc pendant quelque temps encore pour aboutir aussi aux fig. 30 et 31. Cela n'est pas douteux pour nous. e) Résolution en goupillons. Nous aurons à mentionner plus loin, en parlant des individus adultes, un quatrième genre de résolution, dans lequel les premiers nucléoles donnent naissance à des goupillons, fig. 17. Malheureusement, nous n'avons jamais rencontré de figures semblables dans les jeunes individus que nous avons eus sous la main. Ce cas nous paraît exceptionnel. En résumé, à la suite de la résolution du filament primitif, plusieurs formes se présentent pendant les resolutions nucléolaires. 1° Parfois magma secondaire, qui est bientôt remplacé par une des formes suivantes. 2° Toujours une des formes qui suivent : a) Forme en boudins. b) Résolution serpentine, de loin la plus fréquente. c) Filaments à groupes étoiles. d) Goupillons, très rarement. Ici se pose une question. Nous venons de voir que tous les individus que nous avons étudiés présentaient le même genre de figures dans tous leurs œufs, à partir de la forme magma. Les uns les ont en boudins, les autres en serpenteaux, ou en groupes étoiles. On pourrait nous demander s'il en est toujours 232 J. B. CARNOY et H. LEBRUN ainsi, si, par exemple, à la suite d'une résolution en boudins dans les œufs encore jeunes, on ne peut pas rencontrer la résolution serpentine dans les œufs plus gros' : en un mot, si les différents modes de résolu- tion ne peuvent pas alterner chez le même animal. Nous ne pouvons faire de réponse catégorique à cette question. Nous devons cependant affirmer que tous les individus que nous avons sacrifiés, soit en mai, soit en juillet, soit en octobre et novembre, présentaient des images semblables, sauf ini seul, dans lequel les œufs jeunes portaient des boudins bien caractérisés, tandis que les plus âgés avaient des serpen- teaux. Il est bien possible que les circonstances internes ou externes puissent faire varier le mode de résolution; nous avons même des raisons de penser qu'il en est ainsi chez d'autres batraciens. Mais ce que nous avons vu sur la salamandre ne permet pas de l'affirmer. Quoi qu'il en soit, les cir- constances ni les saisons ne peuvent avoir beaucoup d'action sur les figures de la seconde et de la troisième période, dont nous allons parler. Car, à part quelques détails insignifiants, les images sont les mêmes chez tous les individus, tués à n'importe quelle époque de l'année. Remarque. Un mot, pour finir, sur les fig. 15 et 16. La FIG. 15, nous le savons, marque la transformation totale de l'élé- ment filo'ïde primitif en nucléoles primaires. On ne rencontre pas commu- nément de pareils noyaux chez la salamandre; cependant on en trouve, çà et là, quelques-uns chez la plupart des individus. Quel est le sort de ces nucléoles? Nous croyons, sans en avoir la certitude, qu'ils sont destinés à se résoudre en magma, comme l'aurait fait le filament d'où ils dérivent, par ce motif,- uniquement, que l'on ne trouve pas d'autres images sur les noyaux qui suivent en âge, les boudins et les serpenteaux n'apparaissant que beaucoup plus tard. Quant à la fig. 16, elle était seule de son esjîèce, au milieu des autres, chez l'individu qui a fourni les fig. 1 à 16. Les granules qui existent encore au sein de ce noyau prouvent suffi- samment qu'il est à la fin d'une résolution. Or, étant donné son volume : 132 p- sur 104 i-i, et le volume de l'œuf : 2401-^ sur 2081-^, on peut penser qu'il porte les derniers vestiges de la résolution du magma secondaire. Les chiffres donnés plus haut, à propos de la fig. 8, autoriseraient cette conclusion. D'un autre côté, l'aspect des nucléoles mûrs ne rappelle nulle- LA VÉSICULE DES BATRACIENS 233 ment le faciès habituel de ceux qui pi^oduisent soit les boudins, soit les serpenteaux. Mais il rappelle tout à fait celui des nucléoles qui se débitent prématurément en plumeaux, comme dans la fig. 17(0. En outre, les nucléoles sont déjà accumulés à un pôle, comme ils le sont également dans cette figure. Pour ce double motif, nous croyons que ce noyau sporadique aurait donné des goupillons, au lieu de subir la résolution serpentine. Il y aurait là un de ces cas exceptionnels qu'on rencontre si fréquemment en biologie. § 2. Deuxième période (Pl. II). Il y a peu de chose à dire sur ce qui se passe dans la vésicule germina- tive pendant la seconde période du développement de l'ovocyte, c'est-à-dire jusqu'au mois de mai-juin suivant. Les figures fournies par les nucléoles qui se succèdent sont, en effet, peu variées, quoique assez compliquées. Les résolutions de )a première période se continuent si les œufs n'ont pas atteint leur volume ordinaire, c'est-à-dire 550 \>. à 600 p., comme dans la FIG. 11 et la FIG. 28, qu'on peut considérer comme représentant l'état du noyau à la fin de la première année, sauf, bien entendu, de nombreuses exceptions. 1° Examinons d'abord quelques animaux jeunes. a) Chez un individu, sacrifié en mai, présentant les figures en boudins, succédant au magma secondaire, comme dans les fig. 9, 10 et il, nous avons rencontré dans les œufs immédiatement plus âgés les fig. 30 et 31. Ces figures inaugurent un nouveau mode de résolution, que nous appellerons résolution hétérogène. Elles servent de transition aux fig. 32 à 35, qui se vo3'aient sur les œufs plus gros, et qui sont le type de ce mode de résolution. L'œuf le plus volumineux mesurait 1 180 \>., et son noyau, 250 \>.. Les enclaves sont aux deux tiers du chemin entre la membrane de l'œuf et le noyau. b) Ensuite, dans un second animal, jeune aussi, sacrifié en mai et qui portait les figures de la résolution serpentine, comme dans les fig. 25 à 28, la fig. 29 était fréquente. Cette figure est très intéressante, parce qu'elle marque la fin d'une résolution et le début d'une nouvelle. Ce stade conduit directement à la fig. 32, qu'on voyait sur les plus gros œufs, mesurant (1) Nous parlerons plus loin, p. 234, d, de l'individu exceptionnel qui a fourni cette figure. 234 J B. CARNOY et H. LEBRUN 1400 ,j. et leur noyau 300 i---. La fig. 29 indique donc le passage à la résolu- tion hétérogène; elle correspond aux fig. 30 et 31 qui sont plus communes. c) Enfin, sur un troisième individu du même âge, aussi à résolution serpentine, mais tué à la fin de juin, c'est-à-dire un mois et demi plus tard, on constatait, à côté des fig. 26 à 28, la présence des fig. 30, 31 et 33. En outre, dans les œufs les plus volumineux, qui avaient en moyenne 1390 i^ et leur noyau 310 .j., on trouvait de magnifiques figures, identiques à celles des fig. 36 et 37. Ces deux dernières figures inaugurent le dernier mode de résolution, celui en pattes d'oie ou d'anémone, qui se continuera, avec des variantes sans doute, pendant toute l'année suivante. Elles forment donc la limite entre la seconde et la troisième période. 2° Jetons aussi un regard sur les individus adultes. Chez les individus adultes on trouve exactement les mêmes figures que dans les précédents. On rencontre, en effet, chei tous, la fig. 29 ou les FIG. 30 et 31, comme faisant suite aux résolutions de la première période. Nous n'avons trouvé qu'un cas exceptionnel, qui mérite d'être mentionné. Ce cas se rapporte aux fig. 17 et 38. d) Ces figures proviennent de deux individus adultes qui avaient été capturés en même temps, à Bonn, au mois de mai 1892, par H. Lebrun. Ce qui les caractérisait, c'était l'uniformité de leurs résolutions nucléolaires pendant la 1'= et la 2^ période. Comme toujours, le filament primitif se trans- forme en magma, d'ailleurs assez peu fourni. Les premiers nucléoles mûrs qui sont identiques d'aspect à ceux de la fig. 16, se développent en traînées plumeuses, que l'on peut distinguer nettement au milieu des restes du magma, avec un bon objectif. On arrive ainsi aussitôt à la fig. 17, dont le noyau mesure 140 tj. sur 4S y.. On voit, au bas de cette figure, plusieurs nu- cléoles en mouvement, dont les cordons se répandent dans le caryoplasme, en produisant finalement des figures en goupillon bien caractérisées. Ces cordons sont bosselés; ils se scindent bientôt en petits blocs qui s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre, à mesure de l'allongement, puis se débitent en granules. Entretemps, le caryoplasme s'est fortement irradié et l'on voit tous les granules marcher à la file sur les rayons, pour se répandre au sein du noyau, comme l'indique le milieu de la figure. A mesure que les nucléoles mûrs de diverses générations avancent dans le caryoplasme, pour s'y résoudre, il s'en forme constamment de nou- veaux à la périphérie, nous le savons déjà. Or, tous ces nucléoles donnent les mêmes figures pendant très longtemps. Témoin la fig. 38, qui marque LA VESICULE DES BATRACIENS une étape beaucoup plus avancée. L'œuf a 692 ,ji sur 248 y-, et le noyau 240 a sur 96 ,,.. On voit particulièrement bien ici les blocs irréguliers et vo- lumineux, dans lesquels se partagent les cordons, encore plus irréguliers, issus des nucléoles : du nucléole central, par exemple, qui est en plein débit. Nous remarquerons aussi sur cette figure que, parmi les granules qui courent sur les fils du caryoplasme, il y en a de volumineux, non encore résolus dans leurs granules élémentaires, qui se détachent comme tels et s'accumulent sur une zone en dedans des nucléoles périphériques. Nous reviendrons sur ce point, qu'il suffit de signaler ici. Lorsque les œufs arrivent au volume de 6S0 ,j. sur 664 ,x,' et le noyau à celui de 204 |j. sur 224 ,/, la réso- lution des nucléoles prend un autre caractère; elle se fait en patte d'oie, ou patte d'anémone, comme dans les fig. 36 et 37. L'œuf arrive donc à la troi- sième période avec un seul genre de résolution : la résolution en goupillons; toutes les figures en boudins ou en serpenteaux, ainsi que toutes les figures hétérogènes sont supprimées. Les pattes font leur apparition beaucoup plus tôt que partout ailleurs; elles commencent dès le début de la seconde période. Ce cas est assurément fort intéressant, mais, d'après nos recherches, il est exceptionnel chez la salamandre. Figures de la seconde période. Ce qui caractérise avant tout la seconde période, ce sont les figures hétérogènes et celles qui y conduisent en servant de transition. Décrivons brièvement ces figures. Dans la fig. 29, la résolution serpentine va se terminer, bien que le noyau soit encore rempli de filaments spirillaires. On voit, en effet, au milieu des serpenteaux, quatre ou cinq nucléoles qui se résolvent tout autre- ment. Ils se débitent en un ou plusieurs longs filaments, assez réguliers de forme, pelotonnés et enchevêtrés : comme on le voit au bas de la figure, où un nucléole est déjà bien développé. On remarquera, en outre, que la figure renferme plusieurs asters; ce qui indique que des filaments plumeux, comme ceux des figures suivantes, ont été coupés par le rasoir. La fig. 30 a pour but de montrer ces goupil- lons. On y voit leur origine et leur développement. L'immense nucléole — il tenait sur six coupes — qui s'y trouve, donne naissance à un grand nombre de filaments irréguliers et grossiers, mais qui s'uniformisent en se développant. A droite, on voit de ces filaments qui se transforment en plu- 236 J. B. CARNOY et H. LEBRUN meaux; à gauche, ceux-ci sont dans tout leur épanouissement. A mesure qu'ils s'allongent, ils se scindent en blocs plus ou moins rectangulaires, qui s'éloignent l'un de l'autre. En même temps le caryoplasme s'irradie en aster sur tout leur trajet. Les blocs nucléiniens sont destinés à se désagréger. Ils se débitent en granules, qui se répandent dans le noyau en suivant les rayons du goupillon, ainsi qu'on peut le voir sur les deux figures suivantes, où les plumeaux sont plus âgés. Cette fig. 30 fait certainement suite à la forme spirillaire, car il n'est pas rare d'y voir encore un grand nombre de filaments tortueux; telle est même la règle générale. Il n'est pas douteux pour nous que les granules nombreux, qui sont répandus dans tout le caryo- plasme de cette figure, ne proviennent de la résolution' des spirilles en gra- nules, comme cela a toujours lieu à la fin d'une résolution. L'œuf de la FIG. 30 mesurait environ 590 ij., et son noyau 200 i^-. La FIG. 31 indique un stade plus avancé. On y remarque encore des nu- cléoles qui se résolvent en plumeaux; mais on en voit aussi qui se résolvent en filaments tortueux et irréguliers, comme dans la fig. 29, et comme ceux qui existent encore dans la fig. 32, qui est plus âgée. L'apparition de sem- blables filaments indique toujours que l'on est au seuil de la résolution hété- rogène. Remarquons, en outre, que les trois grands plumeaux de la fig. 31 portent çà et là, mais surtout à leurs extrémités, des filaments ondulés assez longs et très délicats. Ces filaments sont dus à ce que certains blocs, au lieu de. se résoudre directement en granules, se transforment préalable- ment en fils déliés. Or, ces sortes d'images indiquent également le stade hétérogène, fig. 32 et 33. L'œuf de la fig. 31 mesure environ 730 ,j. et son noyau 230 ij.. Les FIG. 32, 33, 34 et 35, tirées de quatre individus différents, ne peu- vent que nous donner une très faible idée des figures si variées et si capri- cieuses de cette période. Nous avons surtout eu en vue de montrer la résolu- tion des nucléoles. Or, à ce stade ceux-ci perdent beaucoup de leur volume; ils sont relativement petits et cachés dans le caryoplasme très granuleux. Il faut donc une certaine attention pour les voir, et surtout pour constater avec certitude que toutes les figures que l'on remarque en proviennent. Dans la fig. 32, on aperçoit plusieurs nucléoles mûrs qui s'avancent de la périphérie vers l'intérieur du noyau. Ils sont creusés de vacuoles très petites, et il est aisé de s'assurer qu'ils sont filamenteux. Dans la fig. 33, en haut et à droite, on en voit plusieurs au début de la déhiscence. Or, il n'y en a pas deux qui se résolvent de la même façon. L'un émet de nom- LA VESICULE DES BATRACIENS 237 breux bourgeons, l'autre un chapelet de sphérules, un troisième des fila- ments tortueux, un quatrième un filament spirale d'une grande régularité, enfin un dernier, après avoir produit des sphérules, émet des filaments d'une grande minceur. Dans la fig. 34, les nucléoles plus réguliers dévident leur filament par une ou par deux extrémités. Ce filament porte des épaississements ou de petites protubérances sphériques comme on le voit au milieu de la figure; ou bien il envoie de très minces pédicelles terminés par une boule. A la fin, ces filaments sont résorbés, et les sphérules persistent seules dans le caryoplasme; le sommet de la figure indique ce détail. Enfin, dans la fig. 35, les nucléoles, d'une irrégularité remarquable, se débitent aussi en un filament continu, qui finit par devenir un peloton régu- lier. Tous les stades de cette transformation sont indiqués dans la figure. Les divers pelotons de la fig. 32 se sont formés de cette manière; un peu à gauche du centre, on aperçoit quatre ou cinq nucléoles qui commencent à s'étendre. Mais il y a d'autres images encore dans les fig. 32 et 33. En haut, à gauche et à droite de la fig. 32, à gauche, en bas et en haut de la fig. 33, on voit des figures allongées, portant latéralement et au sommet de longs filaments tortueux et déliés. Nous avons déjà parlé de ces images à pro- pos des trois plumeaux de la fig. 31. Supposons que ceux-ci portent sur toute leur étendue des filaments analogues à ceux qu'on voit à leur sommet, nous aurons les images des fig. 32 et 33, dont nous parlons. Les blocs, issus du filament nucléolaire, au lieu de s'émietter sur place, s'allongent en filaments; cela ressort à toute évidence des fig. 32 et 33. Nous connaissons l'origine et la constitution des goupillons de ces figures. Seulement le lecteur nous permettra d'appeler son attention sur le plumeau situé un peu à droite du centre de la fig. 33. A sa base, il remarquera une sorte de patte d'anémone, analogue à celle des fig. 36 et 37. C'est en effet à cette époque que ce mode particulier apparaît, et il n'est pas rare, à la fin de la résolution, hétérogène, d'en rencontrer au milieu des autres figures. Nous voici donc arrivés à la fin de ce que nous avons appelé la seconde année du développement de l'ovocyte. Mais, en réalité, cette période peut durer plus ou moins longtemps. Quelques mots à ce sujet. Les FIG. 31 et 32 appartiennent au même individu. Nous avons dit plus haut que la fig. 31, dont l'œuf mesurait 730 .j., porte déjà des indices certains de la résolution hétérogène. Sur des œufs plus âgés, de 936 (.>., cette 33 238 J- B. CARNOY et H. LEBRUN résolution battait son plein. Or Fœuf de la fig. 32 avait 1900 ij-. Chez cet individu la résolution hérétogène a commencé tôt, et s'est prolongée très tard. C'est, du reste, le plus gros œuf dans lequel nous ayons rencontré encore ce mode de résolution. L'œuf de la fig. 29 mesurait 740 ;j. sur 584 a, l'œuf le plus âgé des figures hétérogènes, analogues à celle de la fig. 33, mesurait 1774 ;j. et son noyau 396 |j.. L'œuf de la fig. 33 avait 1550 v-; celui de la FIG. 34, 1700 ;j., et celui de la fig. 35, seulement 1080 .j.. Nous avons trouvé pourd'autresœufs, IlOo;^ 1250U., 1400 ;;.. Nous n'avons jamais noté de chiffre aussi bas ni aussi élevé à la fois que pour l'individu des fig. 31 et 32. D'un autre côté, les figures en pattes d'anémone, caractéristiques de la dernière période, et qui toujours mettent fin à la période précédente, peuvent appa- raître déjà dans des œufs de 1370 .j.. Celui d'où a été prise la fig. 36 mesu- rait 1390 |j. seulement. De ce double chef, la durée de la période secondaire peut donc être très variable. Nous n'avons rencontré qu'un seul individu où elle fût supprimée; nous en avons parlé plus haut, p. 234, d. Toutes les figures hétérogènes, comme celles qui ont précédé, subis- sent la désagrégation granuleuse. Mais les granules qui en résultent sont de dimension très différente. En général les goupillons se résolvent en gra- nules minuscules, qui cheminent sur les rayons. Cependant, à cette pé- riode, une partie des blocs centraux persiste et se transforme en sphérules, FIG. 33, en haut à droite. Dans les figures particulières, allongées et portant latéralement et au sommet de longs et minces filaments tortueux, ceux-ci se transforment en chapelets, de granules très ténus, tandis que la partie centrale d'où ils partent se transforme en sphérule, fig. 32 et 33. Nous avons déjà dit que les filaments moniliformes et bourgeonnants de la fig. 34 laissaient après eux des amas linéaires de sphérules assez volumi- neuses. Enfin les filaments uniformes et pelotonnés des fig. 31 et 35, à droite; de la fig. 32, au centre; et de la fig. 33, à gauche, se débitent éga- lement en chapelets dont les grains sont plus ou moins volumineux, suivant le diamètre des filaments, et qui finissent par se séparer les uns des autres et se répandre dans le noyau. Or, tous ces éléments cheminent de concert vers la périphérie, en formant une zone concentrique assez large, fig. 35, qui s'écarte de plus en plus du centre, en même temps que les sphérules aug- mentent de volume, fig. 33 et 32. Alors, un certain nombre de ces sphérules se portent contre la membrane, fig. 32, en haut, fig. 33, en bas, pour for- mer une nouvelle génération de nucléoles, tandis que tout le reste se dissout et disparaît. I LA VESICULE DES BATRACIENS 239 § 3. Troisième période (Pl. III). Nous voici arrivés à la dernière année, ou plutôt à la dernière période. Les résolutions nucléolaires et les figures qui en résultent sont beau- coup plus simples et plus uniformes; elles sont aussi plus générales, car elles sont communes à tous les individus; les variations qu'on y remarque sont d'ordre tout à fait secondaire. Nous avons appelé ce mode, résolution en pattes d'oie, ou en pattes, tout simplement. Au début, et pendant un certain temps, ces pattes sont grandes, très développées. Plus tard, elles s'atténuent, se réduisent, pour disparaître dans beaucoup d'œufs arrivés à maturité. Figures de la troisième période. Donnons quelques mots d'explication sur les figures de ce mode. Les débuts du phénomène sont clairement indiqués sur la fig. 37. Le nucléole central émet ses premières protubérances. Les deux nucléoles d'en bas sont plus avancés; leur corps à presque disparu pour faire place à un grand nombre de pattes de toute sorte, toujours très irrégulières et tellement variées que pas deux ne se ressemblent. Sur le nucléole de gauche, l'une d'elle se détend pour donner un de ces plumeaux qu'on remarque sur les deux fig. 36 et 37. Ces transformations sont des plus faciles à observer sur de bonnes coupes. Les plumeaux, ou goupillons, de la fig. 36 sont analogues à ceux que nous avons décrits déjà. L'irradiation caryoplasmatique y est très étendue; en coupe transversale — au bas de la figure — elle donne lieu à un aster des mieux caractérisés, dont les rayons se continuent toujours avec les tra- bécules ordinaires; la coupe du cordon nucléinien y simule un corpuscule po- laire. Les granules qui cheminent sur les rayons sont de grosseur inégale. Chemin faisant, les uns se débitent en granules d'une finesse excessive, les autres se maintiennent sous la forme de nucléoles minuscules dans le caryo- plasme. La figure montre ces deux sortes de granules; les gros sont bien visibles au pourtour, principalement à gauche de la figure. Dans la fig. 37, l'image est un peu différente. Les massifs, échelonnés sur l'axe du plumeau, sont plus volumineux et très irréguliers de forme; en outre, plusieurs d'entre eux émettent des filaments secondaires, soit granu- leux, soit terminés par une boule. L'irradiation est beaucoup plus faible. Aussi les massifs se résolvent-ils sur place en granules à peine visibles qui 240 J. B. CARNOY et H. LEBRUN cheminent sur les trabécules ordinaires du réseau; ils pâlissent peu à peu, ainsi que l'indique la figure, et finissent par s'évanouir avec le goupillon lui-même. Une autre modification plus importante se présente dans les œufs un peu plus âgés : œufs de 1920 à 2360 \j.; noyau de 360 à 430 ;j.. Nous avons dit que, dans la figure précédente, certains massifs du filament axial émettaient çà et là des filaments secondaires. Ici, ce cas est général, fig. 40, 41 et 42. Les nucléoles forment encore des pattes d'oie, fig. 41 et 42 ; mais, en même temps qu'ils émettent de gros bourgeons, on voit déjà en sortir des anses filamenteuses bouclées. Bientôt les bourgeons et le corps lui-même du nucléole, se fragmentent en tronçons assez volumineux, sphériques ou, le plus souvent, très irréguliers, qui s'étendent dans une ou plusieurs directions, en s'isolant les uns des autres. Or, chacun de ses massifs se transforme alors en filaments. Il s'en dégage de tous côtés des anses bouclées, entre-mêlées de filaments simples, fig. 42, en haut, fig. 41, au milieu. En même temps que le déroulement se fait, la figure s'étend de plus en plus en longueur par l'écartement, et aussi par la fragmentation successive des massifs primi- tifs. Il en résulte de longs goupillons à rayons latéraux ansiformes d'une délicatesse étonnante; on ne se lasserait pas de les admirer. La fig. 40 n'en est qu'une caricature grossière. Au début les filaments sont assez homogènes; ils ne tardent pas, cependant, à prendre l'aspect granuleux moniliforme de la fig. 40. Les granules y sont égaux et serrés les uns contre les autres. Ils grossissent peu à peu. Comme toutes les autres, ces belles figures sont vouées à la destruc- tion. Les filaments tombent en morceaux; les granules s'en isolent; en un mot, le goupillon disparaît pour faire place à un immense amas de sphé- rules minuscules. Ces phénomènes sont évidents sur les fig. 43 et 44; dans cette dernière, la résolution touche à sa fin; il ne reste plus que des débris de filaments, et les sphérules sont plus volumineuses. A la fin d'une désagré- gation semblable, la partie du noyau où les figures sont réunies, se gorge de sphérules et de granules de grandeur et d'aspect divers. Celles que nous avons marquées en noir vont devenir des nucléoles; elles sont en marche pour venir rejoindre les anciens nucléoles à la périphérie. Les autres sont vides, ou le seront bientôt. La nucléine s'y dissout, en effet, et il en reste une coque ou membrane très mince, paraissant formée de grains juxtaposés d'une petitesse extrême; — ils sont beaucoup trop marqués par la gravure. — Ces coques sont brillantes et ne prennent pas du tout les colo- LA VÉSICULE DES BATRACIENS 24 1 rants; elles paraissent de nature plastinienne. Elles sont de dimensions aussi variables que les sphérules d'où elles dérivent; il y en a qui sont à peine visibles, d'autres sont aussi volumineuses que les nucléoles nouveaux; on dirait qu'un dissolvant a passé d'un coup sur elles. La période de ces figures brillantes n'est pas très longue. Elles dimi- nuent d'ampleur, les boucles disparaissent et sont remplacées par des fila- ments simples et beaucoup plus courts, fig. 42, goupillon de gauche. Dès lors, elles ne changent plus guère d'aspect jusqu'à la maturité de l'œuf; elles ne font que se réduire de plus en plus. Ce sont ces figures qu'il nous reste à décrire. Les FIG. 45 et 47 proviennent d'individus sacrifiés en mai, un bon mois avant la ponte. Dans la fig. 45, les goupillons sont identiques à celui de la FIG. 42, dont nous venons de parler. Les pattes sont remplacées par de gros- ses sphérules provenant de la résolution du nucléole, et qui donnent ensuite naissance à des plumeaux. Ceux-ci ont les rayons formés par des expansions nucléiniennes de diverse forme. Les unes sont très ténues et terminées par une ou plusieurs sphérules; les autres sont moniliformes. On rencontre encore assez souvent quelques boucles sur les figures de ce genre. Peu à peu les granules se détachent et se répandent en très grand nombre sur les tra- bécules caryoplasmatiques, ainsi que l'indique la figure. Il y a encore des pattes sur la fig. 47, mais elles sont courtes, massives et très irrégulières. En se développant, elles se débitent en une longue série de masses informes, anguleuses, de tout volume, plus ou moins espacées les unes des autres. Quelques-unes de ces masses émettent des ramifications secondaires ayant les mêmes caractères; d'autres produisent des minces fi- laments ondulés, et même des boucles. Dans les pattes, et aussi dans les blocs, mais surtout dans les pattes jeunes, on aperçoit un grand nombre de sphérules très colorées, au milieu d'un substratum qui l'est moins. Ces sphé- rules sont reliées entre elles dans les pattes, et ce sont elles qui, lors du débourrement, donnent les masses échelonnées sur les filaments. Elles ne sont que des portions de l'élément nucléinien du nucléole; ce sont encore des corps complexes qui, grâce au gonflement qu'ils subissent, laissent voir leurs éléments. Peu à peu, les masses échelonnées sur les cordons déroulés pâlissent et disparaissent, laissant en place leurs granules et sphérules de toute dimen- sion. Ceux-ci se répandent alors partout, comme l'indique la figure. Les fig. 46, 48 et 50 ont été prises sur des individus différents, comme 242 J. B. CARNOY et H. LEBRUN exemples de ce qui se passe dans la vésicule des œufs presque mûrs, depuis le 20 mai jusqu'au 20 juin. Les FiG. 46 et 48 .ont à peu près le même mode de résolution. Elles sont très instructives. D'abord, on voit à toute évidence le filament nucléinien à l'intérieur des nucléoles quiescents, fig. 48; ces nucléoles si- mulent de vrais noyaux et ils en ont tous les caractères : membrane, caryo- plasme, élément nucléinien. Ensuite, sur les nucléoles en activité, on con- state, on ne peut plus clairement, la continuation des filaments sortis avec le filament intérieur. Le moindre doute ne peut subsister sur ces deux points; c'est par dizaine de fois que nous avons rencontré des figures aussi démon- stratives que celles-ci, à cette période. Dans les nucléoles au repos, on peut voir que le filament est bosselé, comme formé de petites masses accolées. Or, lorsque leur contenu se déroule dans le carj'oplasme, ces petites masses se séparent et s'espacent régulièrement, comme on le voit sur les figures. Mais bientôt elles se résolvent entièrement en granules minuscules, placés généralement à la périphérie de l'amas. Ces figures sont admirables de délicatesse. On peut remarquer, sur la fig. 46, quelques boules soit sur le trajet, soit au sommet des cordons sortis, ou bien de volumineux appendices latéraux — nucléole au sommet de la figure. — Ces différents corps sont dus à ce que des boucles ou des amas d'anses du filament quiescent ne se déroulent pas à leur sortie, mais restent comme agglutinés. En effet, ils se déroulent bientôt en filaments analogues à ceux qui les ont précédés. Jetons maintenant un regard sur les fig. 50 et 51. La première représente la section d'un noyau complet, au grossissement de DDX2. A la périphérie, on aperçoit un très grand nombre de petits nucléoles se résolvant en sphérules, le plus souvent disposées en grappe. On a des- siné une de ces grappes à-un plus fort grossissement au bas de la fig. 51. A l'intérieur du noyau se trouvent des nucléoles beaucoup plus gros, aussi en voie de résolution, mais donnant de tout autres figures. La fig. 51 en re- présente plusieurs à un plus fort grossissement : Apoc. 1,30 X 4. Au début de leur débourrement, ils se bossèlent ou bourgeonnent en prenant des formes capricieuses. Les anses que l'on aperçoit alors ne sont pas simples, elles sont formées de plusieurs filaments très minces fortement accolés. En effet, on les voit donner naissance à des filaments d'une excessive ténuité et sin- gulièrement conformés, ainsi que la figure l'indique. Les petits nodules de nucléine qui les composent ici se débitent en granules, là donnent naissance à des filaments minuscules, souvent étoiles. Sur leur trajet, ou à leur extré- LA VÉSICULE DES BATRACIENS 243 mité, on remarque de gros amas ou des sphérules qui donnent aussi naissance à des ramifications secondaires. A la fin, tout se transforme en granules qui s'éparpillent de tous côtés. Dans le caryoplasme de la fig. 50, on voit de nombreux petits nucléoles de récente formation, dont plusieurs ont déjà pro- gressé jusqu'à la membrane. Le lecteur aura été frappé à l'aspect de la fig. 50 par la présence de nombreux groupes binaires de filaments croisés, et il aura peut-être songé à une division longitudinale d'un cordon primitif unique. Et, en effet, si l'on ne soupçonnait pas qu'ils peuvent provenir des nucléoles, on admettrait aisément qu'ils sont simplement accolés ou juxtaposés aux masses noires terminales, et qu'ils sont le résultat d'une division. Il faut bien dire ici que les apparences sont trompeuses. Car, il est tout à fait ceiiain que ce sont des figures de résolution nucléolaire. En outre, les deux filaments qui se croisent n'appartiennent pas toujours à un même nucléole, mais à deux nucléoles différents. Ces figures ne tardent pas, du reste, à disparaître pour toujours. Les fines granulations dont le car'yoplasme est gorgé, sont le pro- duit de leur résolution. L'œuf de la fig. 46, du 3i mai, mesurait 3520 ;j., et son no3'au 380 ix sur 448 <'.. L'œuf de la fig. 47, du 3t mai, mesurait 8240 .j. en moyenne, et son noyau 340 ,j. sur 520 [ji. Celui de la fig. 48, du i juin, me- surait 3600 ,ji, le noyau 440 .;. sur 560 i^.. Pour la fig. 49, du 5 juin, nous avons compté pour l'œuf : 3380 u, et pour le noyau : 340 sur 410 n. Enfin, l'œuf de la fig. 50, du 10 juin, nous a donné les chiffres suivants : œuf, 3650 a; noyau, 489 jj- sur 620 |j-. Ces nombres sont assez variables, comme on le voit. En cela, rien de surprenant. Car les œufs à une période donnée ne sont pas tous également avancés et, en outre, ils n'ont pas tous le même volume au moment de la fécondation. Avant de passer aux figures suivantes, nous croyons utile de dire un mot sur le nombre des nucléoles renfermés dans le noyau des œufs précé- dents. Ce nombre est aussi variable. Nous en avons compté 515, tous volumineux, comme ceux que nous reproduisons, dans le noyau de la fig. 47; il y en avait 27 en résolution. Celle-ci avait déjà commencé depuis I quelque temps; car le caryoplasme renfermait un certain nombre de gra- nules, comme 1 indique du reste le dessin. Dans les fig. 46 et 48, elle était au contraire à son début. On ne voyait, en effet, dans le caryo- plasme ni granules colorables, ni figures en désagrégation. Des 350 gros nucléoles du noyau de la fig. 46, huit seulement émettaient leurs fila- 244 J ^- CARNOY et H. LEBRUN ments. Le noyau de la fig. 48 renfermait 252 nucléoles, dont 10 en résolution. Nous ferons remarquer en passant que l'examen le plus mi- nutieux de toutes les coupes ne nous a fait découvrir la moindre trace d'élément nucldinieii, en dehors des nucléoles et de leurs filaments. Dans le noyau de la fig. 49, il y avait 976 nucléoles, dont 20 en résolution semblable; les gros blocs parallèles, dont le plus grand diamètre était per- pendiculaire à la direction de la figure, se débitait sur place en sphérules de divers volumes, et qui cheminaient ensuite dans le caryoplasme. Celui-ci, dans sa moitié inférieure renfermant les nucléoles, avait l'aspect de notre dessin, tandis que sa moitié supérieure était dépourvue de tout granule ; il n"y avait donc pas très longtemps que la résolution était en vigueur. Nous avons dit que le noyau de la fig. 50 portait deux sortes de nucléoles. Les périphériques, petits, à résolution en grappe de sphérules, y sont au nombre de plus de 600. On compte aussi près de 600 nucléoles volumineux cen- traux, dont 26 en résolution et portant les filaments croisés, dont nous avons parlé. Il nous reste à décrire l'état du noyau dans les œufs d'un individu sa- crifié le 25 juin, c'est-à-dire quatre ou cinq jours avant la formation des globules polaires. Nous avons dit en commençant que, dans les œufs jeunes, le noyau est excentrique, qu'il est toujours plus rapproché d'un des pôles de l'œuf Le noyau se maintient dans cette position durant tout le développement, sans se rapprocher beaucoup de la membrane; on trouve toujours entre lui et cette dernière une couche sensible de protoplasme, chargé plus tard d'en- claves. Mais au moment de la maturité cette couche diminue peu à peu d'épaisseur; le noyau se met donc en mouvement pour venir enfin se coller contre la membrane de l'œuf Pendant cette ascension graduelle l'état du noyau ne change guère. Nous avons trouvé sur tous des images identiques à celles que nous avons décrites tout à l'heure en parlant des fig. 46, 48, 49 et 50. Mais, vers le 25 juin, la résolution des nucléoles semble prendre un autre caractère. Nous avons été assez heureux pour rencontrer un indi- vidu où cette résolution était à son premier début. Elle présente des phéno- mènes très intéressants. Pendant toute la troisième période, les nucléoles sont localisés au pôle inférieur du noyau, comme dans la fig. 39. Le pôle supérieur de ce noyau, c'est-à-dire le pôle qui est le plus rapproché de la membrane de l'œuf, est situé au bas de la figure. On voit que la grande majorité des nucléoles est LA VESICULE DES BATRACIENS 245 ramassée au pôle opposé, situé vers l'intérieur de l'œuf. Ce phénomène est général. Il faut dire cependant que l'on trouve presque toujours quelques nucléoles placés un peu partout contre la membrane du noyau, ainsi qu'on le remarque sur la fig. 39. Quand les nucléoles vont entrer en résolution, ils se détachent un à un, ou en petit nombre à la fois de l'amas polaire et s'avancent un peu dans le caryoplasme; c'est là qu'ils produisent leurs figures. Celles-ci sont donc aussi situées près du pôle inférieur. La fig. 39 rend bien l'aspect du noyau à ce moment. C'est ce pôle inférieur qui est reproduit dans la plupart des dessins de la Pl. III, fig. 40, 44, 45 à 49. Les figures formées par le premier groupe de nucléoles s'évanouissent rapi- dement, et sont remplacées par d'autres nucléoles qui s'avancent à leur tour; et ainsi de suite jusqu'à épuisement complet de l'amas polaire. La résolu- tion est donc progressive et dure plus ou moins longtemps, suivant l'état de maturité des nucléoles. Entretemps, de nouveaux nucléoles se reforment constamment près des anciens et il arrive fréquemment que les premiers formés entrent en résolution avant que ceux de la génération antérieure ne soient épuisés, ce qui fait que le noyau est rarement sans figures. Cepen- dant, lorsqu'on arrive juste au moment où une résolution commence, il n'est pas rare de rencontrer, à la troisième période, des noyaux qui en sont dé- pourvus et qui ne présentent plus la moindre trace de la résolution anté- rieure. Nous avons appelé plus haut l'attention du lecteur sur le noyau des fig. 46 et 48 qui se présentait précisément avec ces caractères. C'était aussi le cas pour les œufs mûrs de l'individu du 25 juin. Il nous a été impossible, en parcourant toutes les coupes, de retrouver le moindre indice d'un élé- ment nucléinien quelconque en dehors des nucléoles. C'est là un premier fait d'une très grande importance. On remarquera ensuite sur la fig. 52 que le noyau, contigu à la mem- brane, est situé au fond d'une fossette. Celle-ci est produite par l'inflexion vers l'intérieur de l'épithélium qui entoure l'œuf; elle est assez profonde et assez large. On la voit facilement à l'œil nu, d'autant plus que l'œuf est marqué en cet endroit d''une tache claire. Cette tache est due au noyau sous-jacent. Les enclaves qui le masquaient jusque-là ayant été rejetées latéralement, son caryoplasme blanc et brillant apparaît nettement à travers l'épithélium de la fossette. Les œufs mûrs avaient tous ces caractères. On peut voir sur la même fig. 52 que le caryoplasme est ridé ou plissé; ces plis sont indiqués par les lignes plus sombres et disposées concentri- quement à la concavité du noyau. On dirait que celui-ci subit une pression qui tend à diminuer son volume radial ; ce qui produit des plissements dans 3i 246 J- B. CARNOY et H. LEBRUN sa masse. On peut admettre que cette pression est double. D'un côté le no3'au monte vers le pôle, ainsi que nous l'avons dit précédemment, sous l'influence, sans doute,- de la pression prédominante que le protoplasme et ses enclaves toujours grandissantes exercent sur son pôle inférieur ; d'un autre côté, l'inflexion de la membrane folliculaire, tout en écartant les en- claves, doit exercer sur lui une pression assez considérable et en sens inverse. Il en résulte que le noyau doit s'aplatir et s'étendre latéralement. Pendant que ces phénomènes se passent, les nucléoles changent de position. Ils sont rejetés latéralement, et montent vers le pôle supérieur en suivant la membrane nucléaire. Quant aux nucléoles ils sont sur le point d'émettre leurs filaments; deux seulement commencent leur résolution. On a reproduit fidèlement dans la fig.53, à un plus fort grossissement, la coupe qui renfermait ces deux nucléoles. Parmi les autres, quelques-uns sont gonflés et vacuoleux : ils entrent en mouvement; le plus grand nombre est encore à l'état de repos. Ils étaient seulement au nombre de loo environ. L'œuf mesurait 3750 \i., son noyau 430 a. Les figures suivantes, fig. 54 et 55, proviennent d'un autre œuf du même animal. Les phénomènes sont un peu plus avancés. Quatorze nucléoles déroulent leur contenu sous la forme d'un peloton tortillé d'un aspect particulier, fig. 55. Les anses sont assez régulières, homogènes et à contours bien dessinés. Les autres nucléoles sont dans le même état que ceux de la fig. 52, seulement il y en a davantage qui sont vacuoleux. Ils étaient beaucoup plus nombreux que dans l'œuf précédent ; on pouvait en compter plus de 600. On a reproduit dans la fig. 55 une coupe pratiquée suivant la direction xx de la fig. 54; seulement, on y a dessiné tous les nu- cléoles en résolution qui étaient éparpillés sur les autres coupes. Pour le reste, le noyau était identique au précédent, comme on peut le voir sur la fig. 54; son caryoplasme est aussi libre de tout granule, il est ratatiné et porte de nombreux plissements. En terminant, nous insisterons sur ce fait que presque tous les œufs mûrs de cet animal, une quinzaine au moins, étaient dans le même état que ceux que nous venons de décrire. Dans aucun, malgré les recherches les plus minutieuses, non seulement nous n'avons point rencontré de filaments, de tronçons ou de bâtonnets nucléiniens dans tout le noyau, mais pas même de granules colorables. Les globules polaires qui vont se former devront donc nécessairement emprunter leurs bâtonnets aux nucléoles, ou aux fila- ments qui en dérivent. LA VESICULE DES BATRACIENS 247 RÉSUMÉ. On peut synthétiser les faits que nous venons de décrire, en choisissant quatre types, caractérisés par leurs résolutions pendant la période primaire, les figures étant les mêmes aux deux autres périodes : 1° Type à résolution serpentine. a) Filament nucléinien primitif; formation de nucléoles primaires, FiG. 1 et 22. b) Sa résolution habituelle en magma primaire, fig. 6 et 7. c) Magma secondaire, qui peut faire défaut, fig. 8. d) Résolution serpentine qui se continue jusqu'à la fin de la première période, fig. 26 à 28. e) Commencement à la 2'=période soit par fig. 29, soit par fig, 30 et 31. /) Figures hétérogènes des fig. 32, 33 ou 35. g) Figures en pattes qui inaugurent la troisième période, fig. 36 et 37. h) Grandes figures à boucles, fig. 40 et 41. /) Suivies des fig. 45 à 50 jusqu'à la maturité. 2° Type à résolution en boudins. a), b), c), les mêmes que dans le type précédent. d) Résolution en boudins, remplaçant les serpenteaux, fig. 9, 10 et il. e) La deuxième période indiquée par les fig. 30 et 31. /), g), h\ i), identiques au précédent. 3° Type à résolution filamenteuse étoilée. Il coïncide avec les précédents, sauf que, en d, les serpenteaux et les boudins sont remplacés par des filaments à étoiles étagées. 4° Type à résolution en plumeaux. a) et b) comme dans les deux premiers types. c) Résolution en goupillons, fig. 17, 18, qui se continue, avec certaines modifications de détail, jusqu'aux figures en pattes, fig. 36. Ici, d, e,f, sont donc supprimés. Le premier type est le plus commun : sur lo individus, il y en a au moins 6 qui le présentent. Le second type se rencontre aussi assez souvent, sur des individus adul- tes comme sur des individus jeunes, mais beaucoup moins fréquemment. Le troisième type est rare; nous ne l'avons remarqué que sur deux indi- vidus jeunes. Le quatrième est aussi très rare; nous n'avons vu les fig. 17 et 38 pendant la première période que sur deux salamandres adultes. 248 J. B. CARNOY et H. LEBRUN CHAPITRE II. Le Caryoplasme et le Cytoplasme. § I. Le Caryoplasme. Cette partie de la vésicule germinative ne présente rien de spécial; elle est formée d'un réseau et d'un enchylème chargé d'albumine. Le réseau est déjà visible sur les plus jeunes noyaux, entre les anses nucléiniennes, sous la forme de trabécules brillantes et très déliées. Mais c'est surtout dans les noyaux où le filament se transforme de bonne heure en nucléoles primaires qu'il apparaît dans son ensemble et avec une net- teté remarquable, comme dans les trois noyaux de la fig. 15. Il se marque davantage pendant le développement : ses mailles s'élargissent et se multi- plient; les trabécules s'épaississent et acquièrent de la consistance, fig. 2, 3, 9, etc. L'enchylème est généralement hyalin, légèrement granuleux. Cepen- dant l'aspect qu'il présente varie beaucoup suivant l'âge et les circonstances. Tantôt il est tout à fait hyalin ; tantôt, au contraire, il est chargé de gra- nules, tellement qu'il est difficile de distinguer nettement son réseau. Mais ce sont là des modifications communes à tous les noyaux. A la fin de la troisième période, on peut y voir des plissements, ainsi que nous l'avons mentionné plus haut, à propos des fig. 52 et suivantes. Sur des préparations fixées à l'aide de bons réactifs, c'est-à-dire n'intro- duisant pas l'eau dans les cellules, on ne perçoit dans le caryoplasme jeune aucune trace d'alvéoles ni de vacuoles; on ne pourrait prendre pour telles que les mailles hyalines du réseau. Ce serait verser dans une confusion et une erreur profonde, car toutes ces mailles communiquent entre elles et ne sont jamais séparées par des parois. Cependant, à partir du moment où les vacuoles font irruption dans le cytoplasme, ainsi que nous allons le voir, le caryoplasme peut aussi devenir vacuoleux. Mais cet état n'est pas perma- nent; les vacuoles ne sont que transitoires et le réseau reprend son aspect primitif. Il n'est pas inutile de faire remarquer aussi que ces vacuoles ne sont pas limitées par des membranules; elles donnent seulement naissance en se développant à des cordons plasmatiques, séparés les uns des autres, de telle façon qu'elles communiquent toutes entre elles. Il y a loin de là à la structure alvéolaire véritable. LA VESICULE DES BATRACIENS 249 Le caryoplasme a été dessiné à tous les âges; nous renvoyons le lec- teur à nos figures. Il est peu d'objets aussi favorables à son étude que les œufs de batraciens, spécialement ceux de la salamandre. Nous avons déjà mentionné un détail intéressant qui se représente souvent au cours du développement. A certains moments, le réseau subit des modifications dans l'ordonnance de ses trabécules. Celles ci s'irradient à partir d'un centre ou d'un cordon. C'est-à-dire que les trabécules qui se suivent sur une certaine étendue dans le sens du rayon, ou perpendiculairement au cordon, se rectifient pour former un filament plus ou moins long, rattaché à son extrémité au réseau ordinaire, tandis que les trabécules transversales disparaissent. Ainsi se forme un aster ou, quand il s'agit d'un cordon, une sorte de goupillon. Celui-ci, vu en section longitudi- nale optique, présente naturellement la forme d'un plumeau, et, en section transversale, celle d'un aster, fig. 13, 14, 23, 17. En parcourant les planches de ce travail, le lecteur constatera combien ces sortes de figures sont fré- quentes, chez les batraciens, pendant toute la durée du développement de la vésicule germinative. Retenons qu'elles sont une dépendance du caryo- plasme. § 2. Le cytoplasme et ses enclaves. Les FIG. 1, 6, 15, 18 et 22 représentent des œufs très jeunes, au début de leur développement. Ces œufs possèdent une membrane bien évidente, quoique très mince. On la voit surtout nettement aux endroits où le protoplasme s'est contracté accidentellement sous l'influence des réactifs; mais aussi, avec de bons ob- jectifs apochromatiques, sur les œufs parfaitement conservés, et même sur les œufs vivants, lorsqu'on les examine en coupe optique équatoriale. Leur protoplasme est d'une délicatesse extrême et d'une grande beauté. Sur les matériaux irréprochables de fixation, ils présentent un aspect homo- gène, très finement et très régulièrement granuleux; on ne peut y découvrir la moindre trace de structure alvéolaire, pas plus que sur les œufs vivants. Mais entre les granules de l'enchylème on aperçoit un réseau trabéculaire, très régulier et d'une grande finesse. Nous avons fait de notre mieux pour le reproduire dans les figures précitées; dans les fig. 18 et 22, on a atténué les granules, pour mieux faire ressortir le réseau plastinien. Les vacuoles ne se voient que sous l'influence des réactifs qui altèrent l'homogénéité du 250 J. B. CARNOY et H. LEBRUN protoplasme des œufs vivants (i). Le protoplasme a donc une structure réti- culée tout à fait typique. Le réseau se maintient avec tous ses caractères pendant la première partie du développement de l'ovocyte. La disposition concentrique des mailles, qui s'indiquait déjà dans le jeune âge, fig. î8, s'accentue davantage, surtout près du noyau. Nous avons souvent constaté un fait intéressant sur des œufs où le noyau s'était contracté sous l'influence de la chaleur, pendant l'enrobage. La membrane nucléaire, en se retirant, déchire souvent d'une manière très irrégulière la couche de protoplasme qui lui est contiguë. Or, on peut voir alors, avec la plus grande netteté : ici un foule de trabécules brisées, là les mailles conservées et intactes du réseau. Ces détails sont évidents. La structure réticulée persiste donc très longtemps, sans qu'on puisse y découvrir la moindre vacuole ; pourvu que les préparations soient irréprochables. Cependant, à un certain moment, celles-ci apparaissent pour se main- tenir jusqu'à la fin du développement; ce moment est celui de l'élaboration des enclaves. Ceci nous conduit à dire un mot, en passant, de la formation de ces corps. Enclaves. Les enclaves apparaissent pendant la première période, lorsque les œufs mesurent environ 300 .j., et leur noyau 120 .a. Ce sont là des chiffres moyens et approximatifs. Elles naissent dans le cytoplasme, généralement à une petite distance de la membrane, parfois plus loin vers l'intérieur. Le premier indice de leur formation se révèle par l'aspect plus hyalin de certaines plages très limitées, fig. 57 (2). D'abord en petit nombre, une à trois, elles apparaissent plus nombreuses à gauche et à droite des initiales, en formant un arc concentrique à la membrane. Il est assez difficile de lire dans ces plages. Les trabécules semblent plus épaisses et l'enchylème plus homo- gène et beaucoup plus dense; on dirait que chaque maille est remplie d'une masse d'albumine solide. Cet aspect ne persiste pas longtemps. Car, bientôt (1) Voir plus haut : Méthodes de fixation. (2) IWAKAVVA : The gencsis of thc egg in Triton; Qiiat. Journal, v. XXII. iiew seiies, 1SS2, a vu ces plages formatrices chez le Triton. Il se content; de dire que les plaques naissent près de la périphérie par paquets opaques de granules, qui restent longtemps nettement limités. Nous croyons inutile de parler de l'opinion erronée de Will, de Leydig, etc. — cités plus haut — qui voudraient faire dériver les granules vitellins du Dotterkern ou des corps figurés, nucléoles ou autres, qui sortiraient du noyiiu. LA VESICULE DES BATRACIENS 251 les mailles s'éclaircissent par un apport d'eau ; en même temps les trabécules se couvrent de granules d'une petitesse extrême et se colorant fortement par l'hématoxyline ; c'est pourquoi, à ce moment, les petits territoires ainsi formés se distinguent aisément au sein du cytoplasme incolore. Ces granules sont la première ébauche des plaques vitellines. On doit admettre qu'il se forme d'abord des globulines dans l'enchy- lème des plages formatrices. Or, les albumines ont un pouvoir osmotique considérable ; c'est prin- cipalement à cette propriété qu'il faut attribuer la première apparition des vacuoles dans renchylème,commele fait justement remarquer M. Ts\vett(i), à propos des vacuoles qui naissent dans les mailles du réseau des corps chlorophylliens. Cet afflux d'eau paraît nécessaire à la formation des en- claves vitellines. Car, chez les végétaux, on constate également cette réplé- tion aqueuse dans les cellules de l'endosperme au moment où doivent s'éla- borer les grains d'aleurone et les cristallo'ïdes qui s'y déposent. En s'accu- mulant dans les mailles des foyers, l'eau repousse l'enchylème et ses jeunes enclaves granuleuses contre les trabécules; c'est pour cette raison que les granules vitellins sont toujours collés sur les filaments du réseau, fig.58. A la base des plages formatrices, les vacuoles primitives augmentent rapidement de volume et peuvent devenir énormes. Elles repoussent ainsi leréseau lui-même devant elles en produisant des cordons puissants, qui leur sont interposés. Ces cordons sont farcis de granules vitellins, déjà plus vo- lumineux et plus apparents, fig. 59. Généralement, les foyers du début s'étendent latéralement par enva- hissement et finissent par se fusionner. Il en résulte une bande continue située d'un côté de l'œuf, qui progresse constamment par ses extrémités et finit par envahir tout le pourtour de l'œuf. A la base de cette zone, se trouvent les grandes vacuoles disposées en cercle continu; au-dessus, une bande de vacuoles plus petites, dont les cor- dons portent une telle quantité de granules qu'on ne peut plus y voir, à moins que sur des coupes d'une extrême minceur : à peu près comme au sommet de la FIG. 60 et 61. Entretemps, les enclaves augmentent de volume. Les grandes vacuoles se coupent ensuite en vacuoles plus petites par des cordons qui se détachent des cordons primitifs. En outre, il s'en forme de nouvelles à la base, qui subissent le même sort, fig. 60. On voit aussi (1) M. TswETT : Etudes de physiologie cellulaire, etc.; Dissert., Genève, 1S96. 252 J. B. CARNOY et H. LEBRUN sur cette figure que l'eau pénètre dans le cytoplasme, demeuré vierge jusque là, en dessous de la zone précédente et le rend spongieux. Les grandes vacuoles disparaissent alors pour toujours et l'œuf prend l'aspect de la FIG. 61. Pendant que ces phénomènes se passent, les enclaves, toujours confi- nées dans les cordons, s'avancent progressivement sur ceux-ci et pénètrent bientôt dans le cytoplasme sous-jacent; elles se déposent alors, souvent au nombre de plusieurs, dans chacune des vacuoles. Ainsi, peu à peu toute la zone extérieure du protoplasme est vacuo- lisée; sa structure première est modifiée, il est réduit à un grand nombre de cordons, dans le sens botanique du mot. Seule, la bande interne qui longe le noyau sur une étendue variable, a conservé ses caractères originels, comme on le voit au bas de la fig. 61. Lorsque les plages de formation sont assez distantes l'une de l'autre, elles peuvent rester indépendantes beaucoup plus longtemps. On voit alors des zones de corps isolés, semblables à ceux des fig. 58 et 59. A la fin ce- pendant ils arrivent à se toucher et se fusionner en couche continue. Lorsque les œufs ont 6oo ,j. de diamètre, et leur noyau, 200 ij., les enclaves ont envahi environ le tiers ou une petite moitié du cytoplasme. Il nous reste à décrire un phénomène dont nous ne pouvons garantir la généralité, mais qui néanmoins se constate fréquemment. On a fait remar- quer plus haut, à propos de la fig. 61, que la vacuolisation avait respecté une large zone autour du noj'au. Or, il apparaît souvent à cette étape de nouveaux foyers d'enclaves près de la membrane nucléaire, ainsi qu'on l'a noté sur la fig. 62. Les nouvelles plaques qui s'y forment augmentent rapi- dement de volume, en même temps que la vacuolisation se complète. Elles émigrent en traversant la partie restée libre du cytoplasme, vers les an- ciennes, déjà volumineuses. La fig. 62 (1) a pour but de montrer ces détails sur un œuf de l'âge des fig. 30 et 31. En bas, le noyau avec ses plumeaux; au milieu, la zone du cytoplasme où se forment les nouvelles enclaves; en haut, le bord interne de la zone des enclaves anciennes ; les nouvelles viennent s'y ajouter et s'y intercaler. C'est ainsi que se complète la forma- tion des réserves. Nous croyons qu'il ne se forme pas d'enclaves en dehors des foyers prédestinés; elles se répandent de là dans toute la masse cellulaire. Car, c'est seulement dans les œufs déjà âgés de 1300 ;j. à 1400 ,x et dont le noyau me- (i) Les plages formatrices ont éié très mal reproduites par le graveur. LA VESICULE DES BATRACIENS 253 sure 300 jjL environ, que ces corps ont envahi tout le cytoplasme jusqu'au noyau. Or, il y a déjà longtemps alors .qu'il ne s'en forme plus de nouvelles, elles sont déjà toutes très grosses et à peu près d'égal volume. Quant à leur forme, il est bien vrai que les corps vitellins ne sont pas des plaques, en prenant ce mot dans le sens de lamelles. Si l'on acceptait ce sens, Schultze (i), Fick (2), etc., auraient raison de le rejeter. Mais on veut indiquer par là qu'ils ne sont pas des corps amorphes : sphériques, ovoïdes ou elliptiques, ainsi que semblent Tadmettre ces auteurs; mais qu'ils sont cristallins, c'est-à-dire terminés par des facettes et des angles. Ce sont, en effet, de vrais cristalloïdes, comme ceux des grains d'aleurone du ricin, de la noix de Para, et d'un très grand nombre de végétaux. Les facettes se voient aisément à frais et après fixation, chez tous les batraciens. Lorsqu'on les examine en lumière polarisée, ils restent obscurs, mais ils sont entourés d'un mince liséré très brillant, comme s'ils étaient doués d'une membranule biréfringente. Ils nous paraissent appartenir au système cubique, comme les cristalloïdes du ricin. Sur les corps vitellins volumineux de la salamandre on distingue aisément des faces quadratiques bien caractérisées (3). Les vacuoles, à une certaine période, sont répandues partout. A partir de ce moment, le cytoplasme conservera cet aspect structural parti- culier. Inutile de dire qu'il est dû à un phénomène secondaire. Ensuite, on aurait tort de penser, avec plusieurs auteurs, que le cytoplasme présente alors la structure alvéolaire de Butschli. Car il n'en est rien. Les vacuoles ne sont pas séparées par des cloisons continues, comme les alvéoles d'un gâteau d'abeille. Elles sont séparées par des cordons plasmatiques très li- mités, très étroits, qui sont loin de s'étendre sur tout le pourtour d'une vacuole et de former un mur entre elles. Les vacuoles communiquent toutes ensemble, largement, entre les cordons; de manière que les enclaves peuvent passer sans peine de l'une à l'autre sans rien briser. Le C3'toplasme ressemble à une éponge dont toutes les cavités communiqueraient entre elles, sa masse n'étant traversée que par des travées isolées et de mince épaisseur. Il y a loin de cette structure vacuolaire à la structure alvéolaire de Butschli; à aucune époque, celle-ci n'existe normalement dans les œufs de batraciens. (1) Schultze : L. c. (2) R. Fick : Ueber die Reifuiig u. Befrucht. d. Axolotleics; Leipzig, 1S93. (3) La forme cristalline est moins accusée sur les plaques vitellines que sur les cristalloïdes vé- gétaux; cela tient vraisemblablement à ce que la vilelliue y est mélangée, ou associée en combinaison lâche, avec une portion notable de lécithine. 35 254 J- B. CARNOY et H. LEBRUN Ajoutons que les travées ou cordons ne sont pas des masses amorphes; elles sont formées d'un très grand nombre de mailles plus ou moins défor- mées, mais évidentes. Leur ensemble représente tout le protoplasme réticulé primitif. Lorsque les enclaves cernent le noyau, l'œuf doit encore acquérir plus de la moitié de son volume. Il se forme de nouvelles vacuoles dans les cordons préexistants ; ceux-ci sont ainsi divisés en plusieurs bras qui restent unis ensemble. Les enclaves aqueuses se multiplient donc de plus en plus et, à la maturité, on ne trouve plus généralement qu'une seule plaque vitelline dans chacune d'elles. Ajoutons encore quelques mots sur les phénomènes chimiques qui in- terviennent dans la formation de ces corps. Nous considérons les plaques vitellines comme étant des produits de l'activité du noyau et du cytoplasme : celui-ci fournirait les globulines, le noyau, l'acide paranucléinique. Les vitellines sont, en effet, des paranucléo- albumines, c'est-à-dire des combinaisons de paranucléine avec une albumine, qui est ici une globuline. D'où vient l'acide paranucléinique? Nous avons vu que les granules nucléiniens issus des figures nucléolaires se dissolvaient en grande partie à chaque résolution, une petite portion seule- ment étant réservée pour l'élaboration des nucléoles nouveaux. Or, nous con- naissons les produits de l'hydrolyse de la nucléine et des nucléo-albumines du noyau; les albumines se détachent et l'acide nucléinique est mis en liber- té. Celui-ci, en perdant ses bases, se transforme en acide paranucléinique. Or, l'acide du noyau soit avant, soit après s'être débarrassé des bases xanthini- ques, passe par osmose à travers la membrane nucléaire et diffuse dans le cytoplasme. Dans les plages formatrices, il rencontre les globulines de réserve imbibées d'eau, et se combine avec elles pour former la paranu- cléine d'abord, la vitelline ensuite. Telle est, à notre avis, l'origine de ces granules colorés qui apparaissent dans les premiers foyers de formation des enclaves, et dans ceux qui naîtront par la suite. Ils grossissent ensuite, à la façon d'un cristal dans un bain nourricier, à mesure que de nouvelles quantités d'acide paranucléinique arrivent du noyau et que de nouvelles globulines s'élaborent. Au début du développement de l'œuf, il ne se forme pas de plaques vitellines, pour plusieurs raisons : l'élément nucléinien qui entre en réso- lution est relativement peu fourni; la formation de nombreux nucléoles nouveaux à l'aide des granules en consomme une partie assez notable; enfin, LA VESICULE DES BATRACIENS 255 l'acide paranucléinique qui s'échappe du noyau est consacré à la nutrition et au développement, considérable à cette époque, du réseau plastinien ; les plastines sont en effet probablement des composés de cet acide avec un albuminoïde. Il faut que l'élément nucléinien, représenté par les nucléoles, se soit beaucoup multiplié, accru, pour qu'une portion de Facide paranu- cléinique puisse être consacré à la formation de la vitelline. Il en est de même pour les globulines du cytoplasme qui doivent y participer. La cel- lule se nourrit d'abord; c'est seulement lorsque l'élaboration dépasse ses besoins, qu'elle accumule des substances de réserve. Le lecteur remarquera que nous faisons seulement intervenir l'osmose dans le phénomène que nous décrivons. En effet, selon nous, la membrane nucléaire est imperforée; ensuite, on voit les granules et les sphérules de résolution se dissoudre à l'intérieur du noyau ; ils ne passent donc pas comme tels à travers sa membrane. C'est là un fait qu'il faut accepter. D'ailleurs nous devons affirmer que, durant les années que nous avons consacrées à l'étude des batraciens, nous n'avons jamais rien vu, sur des préparations irréprochables, qui pût faire soupçonner la sortie du noyau d'un corps figuré quelconque, sphérule ou nucléole (i). Nous sommes con- vaincus que les auteurs qui ont parlé de ces sortes d'expulsions, comme WiLL, Leydig, etc., ont eu devant eux des œufs malades ou des objets mal conservés, endommagés par les réactifs, ou qu'ils se sont trompés sur la nature des corps, prétendument d'origine nucléaire, qu'ils ont remarqués dans le cytoplasme. (i) Sur les œufs d'animaux tenus en captivité, nous avons constaté fréquemment — rarement sur ceux d'animaux vivant en liberté — la présence de corps intravitellins, décrits par les auteurs (Will, Leydig, Creti, etc.l ; ainsi que la pullulation et la pénétration des cellules folliculaires dans le cyto- plasme (RûGE, MiNGAZZiNi); l'immigration des globules blancs dans le vitellus (RticE); les bourgeonne- ments plus ou moins accentués de la vésicule germinative (Will, Creti, etc.); en un mot, des dégra- dations de tonte sorte dans l'œuf et ton noyau. Ce sont là autant de phénomènes morbides ou de dégénérescence, ainsi que l'ont fort bien noté Creti, Mingazzini et Rûge. Sur les œufs normaux de batraciens, on ne voit rien de semblable; on n'y rencontre jamais, en particulier, de corps intravi- tellins, dérivant soit du protoplasme, soit du noyau. Dans sa fig. loo, Leydig représente de ces corps dans un œuf de salamandre ; ils proviendraient du noyau. Cet œuf, tel qu'il est dessiné, est cerlai- nement anormal ou dégradé par les manipulations. Will : Ueber die Entstehung d. Dotiers, etc. bei den Ampliibicn, etc.; Zoolog. Anz., VII, iSS-|, p. 272. Leydig : Bcitrâge ^. Kcniitiiiss d. thier. Eies, etc ; Spengel's zool. Jahrb., III, 1S8S. G. RiiGE : Vorgâiige am Eifollikel d. Wirbeltinere; Morph. Jahrb , t. i5, 1S89, p. 491. C. Creti : Sulla degencratione Jîsiologica prim. d. vitello d. ova, etc.; Richerche etc.; publicafe dal prof. ToDARO, iSgS, p. 173, P. Mingazzini : Corpi liitei veri e falsi, etc.; Ibidem, iSgS, p. io5. 256 J. B. CARNOY et H. LEBRUN Les phénomènes d'hydrolyse, tels que ceux que nous venons de décrire, à propos des nucléo-albumines du noyau, constituent une loi biologique gé- nérale. Ils interviennent toujours lorsqu'un échange de corps solides ou non diosmosables doit se faire entre cellules, car cet échange ne peut avoir lieu que par osmose. Témoin la dissolution des corpuscules graisseux, des grains de fécule, des grains d'aleurone, etc. Cette loi subsiste pour les échanges à effectuer entre le noyau et le cytoplasme; il ne pourrait en être autrement. i II. LE PLEURODELE (Pleurodeles Waltlii Mich.). Le R. P. Pantel a bien voulu nous envoyer de Madrid les animaux qui ont servi à nos recherches; nous lui sommes très reconnaissants pour son extrême obligeance. Malheureusement, nous n'avons pu disposer que d'un petit nombre de femelles, jeunes et adultes, une quinzaine environ. Ce n'est pas assez pour sérier toutes les figures avec assurance. La description qui va suivre ne s'applique qu'aux objets soumis à notre examen; on trouvera, peut-être, bien des variations nouvelles sur d'autres individus. Cependant, les faits que nous avons pu recueillir suffisent amplement à remplir notre but principal, à savoir : prouver que l'élément nucléinien primitif disparait et que toutes les figures qui suivent ne sont pas reliées entre elles, qu'il s'en produit de nou- velles à chaque génération nucléolaire pour remplacer les anciennes qui se sont évanouies ; en un mot, que les phénomènes essentiels qui se passent dans la vésicule sont identiques à ceux que nous avons décrits chez la salamandre. Nous n'avons trouvé, dans la Bibliographie, aucune indication sur les œufs du pleurodèle. Le cytoplasme et le caryoplasme. Les œufs du pleurodèle sont beaucoup moins volumineux que ceux de la salamandre; à la maturité ils mesurent de 1400 à 1500 \>-, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas la moitié de leur volume. Ce serait nous répéter que de décrire à nouveau le cytoplasme et le caryoplasme de ces œufs. On peut voir sur les fig. 1, 2. 24, 25 et 31 de la Pl. IV, le protoplasme des jeunes œufs avec son réseau délicat et son enchylème presque homogène, tant les granules y sont petits et disposés régulièrement. On n'y voit aucune trace de vacuoles ou d'alvéoles. Dans les œufs plus âgés, le réseau est plus difficile à apercevoir, parce que l'enchy- lème est extrêmement chargé de granules ; on le voit toujours nettement près du noyau, surtout lorsque celui-ci est rétracté. 258 J. B. CARNOY et H. LEBRUN A un moment donné, les enclaves apparaissent de la même façon que chez la salamandre; seulement il nous a paru que les foyers, aussi disposés en cercle, naissaient indifféremment, tantôt près de la membrane, tantôt au milieu du cytoplasme, voire même près du noyau. Ce sont là des différences de peu de valeur. Le cytoplasme se vacuolise aussi à cette occasion, mais nous n'avons pas remarqué ces grandes vacuoles qui appa- raissent à la base des plages formatrices chez la salamandre; elles restent beaucoup plus petites. Elles n'en font pas moins leur œuvre. Le cytoplasme devient spongieux, et les plaques vitellines vont se loger dans les en- claves aqueuses pour achever leur développement. Il y a déjà des foyers bien formés dans les œufs de 200 i^. à 250 i>-, dont le noyau mesure 120 [j. à Les enclaves cernent le noyau lorsque les œufs ont environ 700 i-"- et le noyau 275 \>-. Quant au caryoplasme, il est représenté dans la plupart de nos figures. Il est la copie de celui que nous avons décrit chez la salamandre; seule- ment les granules de l'cnchylème sont généralement plus abondants. On y voit assez souvent des vacuoles régulières, simulant une structure alvéolaire, surtout à la période moyenne du développement. Elles ne sont pas plus que celles du cytoplasme limitées par des cloisons, elles ne sont séparées que par des cordons très minces et communiquent toutes entre elles; ce point a été suffisamment élucidé plus haut, p. 252. L'élément nucléinien (Pl. IV et V). Les nombreuses métamorphoses que cet élément subit sont très ana- logues à celles que nous avons décrites chez la salamandre. On peut affir- mer, d'une manière générale, qu'on y trouve les mêmes figures : des magmas, des boudins, des goupillons, des pattes d'oies, etc., etc. Les modes de résolution sont aussi les mêmes, cependant nous n'y avons pas constaté la résolution serpentine, qui est si commune pendant la première période chez la salamandre. A côté de cette première différence, on peut en signaler d'autres. Pendant les deux premières périodes, les nucléoles restent beau- coup plus petits chez le pleurodèle. On n'y rencontre pas ces nucléoles gigantesques de nos Pl. I et II, dont il est si facile de suivre les évolutions et les figures. Aussi, faut-il apporter beaucoup plus d'attention pour saisir ces phénomènes ; ils pourraient aisément passer inaperçus pour un œil in- attentif. En général aussi, les figures ont un autre aspect. Elles sont moins LA VESICULE DES BATRACIENS 259 délicates et régulières, moins amples; elles sont plus noueuses, granuleuses, plus tortillées ou en zig-zag, plus maigres; enfin, moins variées. Les asters qui les accompagnent sont aussi moins étendus. A la première période, la résolution qui prédomine chez la salamandre, c'est la résolution en magma; la résolution irradiante de l'élément nucléinien primitif y est exceptionnelle, et, lorsqu'elle existe, elle est suivie d'autres fi- gures, en particulier de serpenteaux. Ainsi que nous l'avons dit, nous n'avons rencontré qu'un seul individu où, à la suite de la résolution primaire, on trouvât immédiatement des goupillons. Or, chez le pleurodèle, à en juger par nos animaux, les choses se passent autrement. Ce qui était l'exception chez la salamandre y devient la règle. Nous n'avons trouvé la résolution en magma que chez un seul de nos individus ; tous les autres ont montré la résolution irradiante, à laquelle succédaient immédiatement les figures en goupillons. Commençons notre exposé par la description de ce mode le plus com- mun. I. Premier type. Il est représenté par les figures de la Pl. IV et les trois premières de la Pl. y, c'est-à-dire par les fig. 1 à 23. Les plus jeunes individus portaient les fig. 1 à 8. Un animal plus âgé, les FIG. 1 à 12. Enfin, chez deux adultes, toutes les figures, depuis la fig. 1 jusqu'à la FIG. 23, étaient représentées. La sériation de ces figures nous paraît ainsi suffisamment établie. Il nous suffira de les décrire brièvement. 1° Première période. Les plus jeunes œufs mesurent 26 \>. à 28 i-»-, et leur noyau 14 i^ à 18 p-. Celui-ci, chez tous les individus, se présente sous deux aspects. Le pre- mier, qui est de loin le plus commun, est indiqué par la fig. 1, a. L'élément nucléinien, en boyau continu, est étalé dans toute la cavité nucléaire. Les noyaux de cette sorte sont toujours très beaux; nulle part on ne peut mieux constater la continuité du filament, en faisant manœuvrer la vis micromé- trique. Ce filament est tout à fait granuleux, même dans les plus jeunes œufs. L'autre aspect est indiqué par la fig. 2, a. L'élément nucléinien s'est ramassé au centre en serrant ses anses ; on voit alors à la périphérie une partie de caryoplasme libre : soit ordinaire; soit, comme dans la figure, étiré 260 J B. CARNOY et H. LEBRUN sous la forme de cordons délicats, rattachés à la membrane. De semblables noyaux avec du caryoplasme typique sont représentés dans les fig. 24 et 25. Ces noyaux particuliers sont assez communs. Ils ne sont certainement pas le résultat de l'action contractante des réactifs; ils sont normaux. a) Résolulion du filament primitif. Ces deux sortes de noyaux, fig. 1 et 2, a, se comportent de la même manière dans la suite du développement. A. mesure de leur agrandissement, les anses nucléiniennes s'écartent en augmentant de diamètre et devenant de plus en plus granuleuses. Déjà, à cette époque, la résolution irradiante se fait ; le caryoplasme se charge de granules qui se rendent à la périphérie pour élaborer les premiers nucléoles secondaires, fig. 2, b. Dans la fig. 3 les phénomènes de désagrégation sont plus avancés. Les anses se sont lar- gement étendues et deviennent de plus en plus pauvres en granules, qui s'en détachent constamment. Il se forme de nouveaux nucléoles, les plus âgés grossissent. Enfin la désagrégation est complète. Alors, pourvu que les premiers nucléoles formés ne soient pas déjà en résolution, on ne trouve plus dans le noyau aucune trace d'élément nucléinien quelconque, fig. 4. Cette figure ne présente plus même de granules dans son caryoplasme. De pareilles images ne sont pas précisément communes. Ce qui est moins rare, ce sont les noyaux dans lesquels l'élément filamenteux n'existe certainement plus, mais qui renferment encore beaucoup des granulations nucléiniennes. Du reste, nous savons que ces granules sont voués à la dissolution, ou bien seront consacrés à la formation de nucléoles. L'élément primitif a donc dis- paru comme tel. Nous avons rencontré la fig. 4 sur deux œufs d'un individu, et sur trois d'un autre. Ces œufs mesuraient, les uns 148 p., les autres 160 p. et les noyaux 88 ,j. et 90 p.. A ce propos, nous nous permettons une remarque. L'œuf de la fig. 3, où la résolution est déjà très avancée, mesurait seulement 84 .j. et son noyau 48 |j.. Il a fallu un temps considérable pour amener cet œuf aux dimensions de la FIG. 4. Que s'est-il passé durant cet accroissement? Personne ne peut le savoir. On peut admettre très bien qu'une où plusieurs résolutions nu- cléolaires se sont déjà effectuées, et que l'œuf de la fig. 4 a été saisi à la fin d'une de ces résolutions. C'est pourquoi on ne pourrait affirmer catégorique- ment que l'élément primitif a disparu seulement dans les œufs de 148 jj. ou de 160 |j.. Ce que nous voulons établir, c'est qu'à ce moment il n'existe certainement plus. I LA VÉSICULE DES BATRACIENS 201 11) Résolutions et figures nucléolaires. Les résolutions nucléolaires ont toutes les mêmes caractères jusqu'au stade des fig. 9 et 10, c'est-à-dire jusqu'au moment où l'œuf atteint 400 .x de diamètre et son noyau 200 p.. Ces chiffres, nous le répétons, ne s'appli- quent qu'aux animaux que nous avons étudiés. Ces caractères sont indiqués dans les fig. 7 et 8. On verra, à gauche et en haut de la fig. 7, un massif de nucléoles en voie de résolution. Ainsi que nous l'avons dit, ces corps sont denses et petits ; ils grossissent très peu avant de se débourrer. Ils émettent un corps filamenteux, irrégulier, bos- selé, formé de petits tronçons ou d'amas nucléiniens granuleux. Le caryo- plasme s'irradie à mesure que ce corps s'allonge, mais irrégulièrement aussi, les rayons sont de toute longueur et souvent en zig-zag. Il en résulte un plumeau grossier et contourné. Les plumeaux ou goupillons sont mieux accentués dans la fig. 8, à gauche, où l'on a figuré quatre nucléoles résolus, pris sur deux coupes du même œuf. Ils sont t3^piques pour la période qui nous occupe; seulement nous ferons remarquer qu'on en trouve de plus gros dans beaucoup d'œufs. Le nucléole d'en haut qui a conservé sa forme est resté dans l'auréole radiée qui entoure souvent les nucléoles au repos, — comme dans la fig. 9, par exemple. — Celui qui suit est tout à fait déroulé, mais l'extrémité du cordon est encore dans l'auréole. On trouve fréquemment de pareilles images. L'origine nucléolaire des deux plumeaux inférieurs est aussi évidente. Ces sortes de figures font déjà suite à la fig. 4. La fig. 5 représente un noyau à la fin d'une de leur résolution. On a placé tous les débris de plumeaux qui se trouvaient encore dans les diverses coupes; il n'en reste que peu de chose et le caryoplasme est déjà bien nettoyé. La résolution est plus avancée encore dans la fig. 6; ici, toute trace de figure a disparu ; c'est à peine si l'on voit encore quelques vestiges des dernières granulations. II en était ainsi dans toutes les coupes. Voici donc encore un noyau où l'élément filamenteux fait totalement défaut. Il mesurait 106 jx, et son œuf 200 [j.. Cet œuf, provenant du même animal que celui des fig. 4 et 5, on pour- rait se demander s'il ne serait pas possible de calculer la durée d'une généra- tion de nucléoles. On pourrait admettre que leur résolution y marche assez rapidement, car le noyau de la fig. 6 n'est pas beaucoup plus volumineux que celui des fig. 4 et 5 (1). Mais ces considérations ne peuvent aboutir à Voir les chiffres à l'explication des planches. 30 26-2 J. B. CARNOY et H. LEBRUN rien de sérieux, parce qu'on ne peut savoir ce qui s'est passé dans ce noyau, on ne peut savoir surtout s'il se trouvait dans l'état de celui de la fig. 4, lorsqu'il avait son volume et son âge. 2" Deuxième période. C'est avec ces sortes de goupillons que l'œuf arrive au volume des FIG. 9 et 10. Nous les considérons comme caractéristiques de la période secondaire; car la résolution y est hétérogène, comme chez la salamandre. La fig. 9 p«°ut se rapprocher de la fig. 30 ou 31 de la Pl. II. Les plumeaux y sont identiciues. Des deux cotés les nucléoles envoient des cordons qui sont formés de blocs étages et espacés, produisant de larges irradiations dans le caryoplasme. La seule différence qu'on y remarque provient du volume des nucléoles. Ceux de la salamandre, très volumineux, produisent un grand nombre de cordons, ceux du pleurodèle, un seul. On voit dans la fig. 9, à gauche et en bas, deux nucléoles qui se mettent en mouvement. Ils se débitent en tranches parallèles à peu près d'égale épaisseur, ce qui leur im- prime un caractère tout particulier. Le nucléole s'allonge alors par un pôle en écartant ses tranches, qui se scindent elles-mêmes en petites masses sépa- rées, comme cela se voit, à droite, sur le nucléole à moitié débité. Une fois que la figure est déroulée, les corps centraux se désagrègent et leurs granules se répandent de tous côtés sur les rayons et dans le caryoplasme. A cette période, les nucléoles deviennent plus volumineux et donnent naissance aux images de la fig. 10. A côté de ceux qui ne donnent qu'un filament, on en voit qui en donnent plusieurs, comme chez la salamandre. Chacun d'eux donne naissance à un goupillon. Mais ce n'est pas tout. On voit en même temps dans ces noyaux de tout autres figures. Il faut d'abord ajouter ici celles de la fig. 40, Pl. V, qui sont entremêlées aux premières. Les nu- cléoles de cette figure donnent naissance à des pelotons qui restent tels, en bas, ou qui s'allongent dans une direction en formant des boucles à l'aide de leurs anses nombreuses, en haut de la figure. Toutes les boucles ici se tiennent et appartiennent au même filament ; la constitution de ces figures, malgré leur ressemblance, est donc toute différente de celle que nous avons attribuée à la fig. 40 de la salamandre, qui n'appartient pas, du reste, à cette période. Enfin, çà et là, dans presque tous les noyaux, on peut remarquer ces singuliers goupillons formés de longs et minces filaments qui ont été mentionnés à propos de la fig. 32, Pl. II, en haut, à gauche LA VÉSICULE DES BATRACIENS 203 et à droite (i). En résumé, à part leur volume, toutes ces figures mélan- gées reproduisent la résolution hétérogène de la salamandre, avec tous ses caractères. Dans les œufs de même volume, on rencontre parfois la fig. Il, ou une figure analogue, que nous ne faisons que mentionner en passant. La plupart des nucléoles restent à leur place et envoient à l'intérieur du noyau des fila- ments noueux, dont beaucoup se résolvent en sphérules moniliformes, tandis que les autres se transforment en plumeaux. Nous n'avons rencontre de fi- gures semblables qu'à cette période. Celle ci se clôture sans tarder par la fig. 12, qui a été prise à un faible grossissement : DX2. Ce noyau ne renfermait plus que des goupillons réguliers et on y observait des pattes d'oie. Elle forme donc la transition à la troisième période. Le lecteur voudra bien remarquer la disposition des nucléoles. Ils sont situés surtout d'un côté, et ils s'avancent jusqu'à une cer- taine distance pour se résoudre. Cette disposition rappelle celle que nous avons mentionnée chez la salamandre, et elle se maintiendi'a en général jusqu'à la maturité, Pl. V, fig. 23. L'œuf de la fig. 12 avait en mo3'enne 6oo |j. et son noyau 275 \>-. Avant d'aborder la troisième période, nous devons dire un mot de l'in- dividu adulte qui a fourni la fig. 18 et les suivantes. Chez ce ple.urodèle, les figures de la seconde période n'existaient pas. A partir de la dissolution irradiante du filament primitif, tous les œufs jusqu'à celui de la fig. 18, montraient des résolutions analogues à celles de cette figure ou des fig. 7 et 8. Les œufs, qui par leur volume appartenaient à la période secondaire, ne faisaient pas exception. Tel était celui d'où a été tirée la fig. 18. Les goupillons y sont plus irréguliers encore que ceux de la fig. 8, mais ils sont de même genre. Ils sont formés de grosses masses gra- nuleuses, plus irrégulières les unes que les autres, et envoyant çà et là des prolongements nucléiniens filamenteux et étoiles. Au bas de la figure, on remarquera cinq nucléoles qui commencent leur résolution. La plupart émettent une bande enroulée en spirale, dans laquelle on aperçoit de minces filaments granuleux. En se débandant, elle se scindera en gros tronçons, qui, à leur tour, dérouleront leur appareil filoïde, qui est visible sur les gou- pillons. D'autres se résolvent en filaments ténus qui se tiennent et donnent des masses mamelonnées des plus capricieuses, ou des formes en éventail. (i) Nous avons jugé inutile de reproduire ces sortes de figures chez le pleurodèk', parce qu'elles sont la copie fidèle de celles de la fig. 33. 264 J- ^- CARNOY et H. LEBRUN L'œuf mesurait 680 \>-, son noyau 2 85 i>: Les œufs un peu plus âgés ne présentaient plus aucune de ces images étranges, mais bien les pattes et les plumeaux de la fig. 19, En traitant delà salamandre, nous avons signalé aussi un individu excep- tionnel, dans lequel les figures de la période secondaire étaient supprimées. 3° Troisième période. Comme chez la salamandre, les figures en patles sont communes à tous les individus ; nous la décrivons donc une fois pour toutes, brièvement, d'ailleurs, ces figures ayant déjà été esquissées dans leurs traits essentiels. Les FIG. 13 à 17 ont été prises sur les œufs d'un même individu, à divers degrés de leur développement jusqu'à la maturité. On voit que ces figures se ressemblent; les pattes sont peu développées et les plumeaux qu'elles donnent peu étendus; elles se réduisent à mesure qu'avance la maturité. Dans les fig. 13 et 14, les pattes sont en grappe de sphérules; à gauche de la FIG. 14, un nucléole qui n'a pas encore développé son plumeau. La FIG. 15 marque les diverses étapes de la résolution des nucléoles, entourés tous de leur zone hyaline. En a, le nucléole entre en activité ; en b, il forme sa patte en grappe; en c, il développe son goupillon, qui est particulière- ment fourni. Dans la fig. 16, le déroulement du cordon se fait directement, sans l'intermédiaire des pattes; en b, on remarquera le cordon tortillé à l'intérieur du nucléole. Le nucléole c de la fig. 17 montre un nucléole boursoufifîé spongieux identique à ceux de la fig. 51 de la salamandre; les filaments qui s'en échappent se croisent également. Il en est de même en b : les filaments plumeux des deux nucléoles en grappe se croisent aussi dou- blement. En a, on a indiqué la résolution particulière d'un nucléole, lais- sant échapper des gerbes de filaments ténus. On rencontre souvent de ces résolutions particulières et extravagantes. Chez l'individu qui a fourni ces figures, la résolution en pattes a com- mencé très tôt; le noyau de la fig. 13 n'avait que 240 ij-, et l'œuf 600 i*-. Les œufs très avancés en m.aturité de la fig. 17 mesuraient 1 240 |j. et 1 2S0 |j-, leurs noyaux 410 |ji et 420 i^.. Jetons maintenant un coup d'œil sur les fig. 19 à 23, tirées de l'indi- vidu ayant fourni la fig. 18. L'œuf d'où a été prise la plus jeune figure en patte que nous ayons pu trouver était relativement volumineux. Nous lui avons trouvé 780 \>- de diamètre, et à son noyau .300 l-^. Ce mode de résolution a donc commencé plus tard que dans l'animal précédent. I I LA VÉSICULE DES BATRACIENS 205 Dans la fig. 19 : a, b, c, d indiquent le début de la formation des pattes moniliformes aux dépens des nucléoles ; en e et/, elles ont déployé leurs plumeaux; les deux goupillons de droite ont déjà perdu beaucoup de leurs granulations. La FIG. 20 représente les mêmes phénomènes dans un œuf plus avancé. En a, le nucléole s'est ouvert pour laisser sortir les doigts de sa patte; on voit que ceux-ci se continuent avec le filament intérieur. En b, il s'est détaché des protubérances moniliformes un ou plusieurs goupillons très irréguliers, qui envoient çà et là des ramificatioits nucléiniennes secondaires dans le caryoplasme. La FIG. 21, Pl. V, montre de très jolies figures minuscules, extraites de trois œufs âgés. En a et b, la formation de la grappe à l'aide d'un nu- cléole. Les nucléoles àe c et d sont comme couronnés d'une plantule en miniature; on dirait de petites floridées d'une délicatesse extrême. LaFiG 22 prise à un plus fort grossissement — apochr. 2,0 x 8 — a pour but de montrer les détails d'une de ces résolutions. En a, le nucléole gonflé et d'aspect vacuoleux s'apprête à projeter son contenu. En b, sa membrane a cédé, et l'appareil filamenteux, très visible, commence à s'étaler en dehors. La figure c montre la même chose. On voit le caryoplasme s'en échapper sous la forme d'un gros cordon hyalin, qui emporte avec lui des blocs déta- chés du boyau nucléinien, et qui s'allongera aussi longtemps que le nucléole ne sera pas épuisé. On a dessiné, en d, une portion d'un des cordons voisins bien développé, pour montrer la désagrégation des blocs primitifs étages, en granules et sphérules innombrables qui se répandent à la file sur tout le réseau caryoplasmique. Toutes ces figures sont réellement admirables. L'œuf de la fig. 22 était presque mùr, il avait à peu près 1400 ;j., son noyau 395 1^. On a dessiné dans la fig. 23, à un faible grossissement, DX^, le noyau d'un œuf voisin, également mùr, mais où une résolution ne faisait que com- mencer. En effet, son caryoplasme était entièrement libre de granulations, il contenait se;ulement quelques pattes avec leurs plumeaux, semblables aux ■ trois qui sont dans le dessin. Enfin, cette figure a pour but aussi de faire voir la disposition latérale des nucléoles, et la manière dont ils s'avancent pour se résoudre. L'œuf mesurait 1360 \>-, et son noyau 404 |j:. 266 J- B. CARNOY et H. LEBRUN IL Second type. Le deuxième mode est caractérisé par la résolution en viagina. C'est à ce mode que sont consacrées les fig. 24 à 30. L'animal, l'unique que nous ayons rencontré avec ces figures, était très jeune; ses plus gros œufs mesuraient seulement 172 ij- et leurs noyaux, 80 |j-. Il nous a paru très intéressant, par ce fait surtout que nous n'avons pu dé- couvrir dans les œufs les plus petits, la moindre trace d'un élément nu- cléinien filamenteux normal. Déjà les œufs, dont le noyau ne mesure que 13 !'■ ou 14 [,., sont dans l'état de ceux de la fig. 24, b, c, ci. Les masses nucléolaires centrales de ces noyaux ont les formes les plus diverses. Les unes sont sphériques, a, et souvent alors déchiquetées sur les bords; les autres sont en fer à cheval, t>, c, e; ou en anneau, d. Elles paraissent homogènes ; mais avec un bon objectif on constate aisément qu'elles sont formées d'anses filamenteuses très serrées, entre lesquelles peut passer la lumière. Le boyau primitif a donc dû se ramasser de bonne heure au centre du noyau, en manière de nucléole. Pendant la rétraction du filament primitif, il s'en détache assez souvent des tronçons donnant naissance à de petits nucléoles qui entourent la masse centrale, c, e. Or, toutes ces figures doivent donner des magmas; en effet, il n'y avait pas un seul œuf dans tout l'animal qui en fût dépourvu. Cette transforma- tion est très aisée à suivre sur les jeunes œufs. Les anses de la fig. 24, a, grossissent et s'étendent pour donner la fig. 25, — cette figure est empâtée, on y distingue difficilement les blancs qui séparent les cordons — qui passe insensiblement aux fig. 26 et 27, dans lesquelles on reconnaît le magma typique. Les figures en fer à cheval subissent le même sort et aboutissent à la FIG. 29. On ne peut conserver ici le moindre doute sur cette transformation, et, par conséquent, sur la genèse des magmas à l'aide de l'élément nucléi- nien primitif, en passant par l'intermédiaire de la fig. 24. Aussitôt que la résolution commence, on voit apparaître les premiers nucléoles secondaires à la périphérie du noyau, fig. 26, 27, 29. Le noyau de cette dernière figure, la plus avancée de toutes, n'avait que 50 \i-. Nous ne pourrions dire quand ce premier magma disparait. En effet, les nucléoles ne tardent pas à mûrir, et ils se résolvent aussi en magma se- condaire qui alimente le premier. Ils grossissent beaucoup et sont très denses, fig. 15 de la Pl. "VI ; à la fin, ils deviennent granuleux et donnent naissance à des amas ou des traînées comme celles de la fig. 28. C'est sur- I LA VÉSICULE DES BATRACIENS 20? tout chez ce pleurodèle, que nous avons pu saisir avec certitude la formation du magma secondaire, grâce à la résolution si évidente des nucléoles ; nous regrettons de ne pas en avoir figuré un exemple. Les œufs les plus âgés, fig. 30, étaient encore à l'état de magma secondaire. On peut juger du degré d'activité de la résolution par le nombre im- mense de granules qui s'accumulent à la périphérie, dans les fig. 28 et 30. Contre la membrane nucléaire, on distingue au moins trois générations de nucléoles secondaires. III. Troisième type. Il nous reste à décrire un troisième type, représenté aussi par un seul individu, dont les plus gros œufs offraient la résolution hétérogène de la seconde période. Les fig. 31 à 44 ont trait à ce troisième mode. 1° Première période. Les œufs très jeunes s'y présentent sous deux aspects, en ce qui con- cerne leur noyau. Dans la plupart, l'élément nucléinien filamenteux y existe sous la forme typique, fig. 31, a; chez les autres il s'est ramassé en grosse sphérule centrale, fig. 41. Parlons d'abord des premiers. 1° Le filament primitif, quoique très régulier et à contours bien nets, commence à se scinder de bonne heure pour former des nucléoles. On en voit deux volumineux dans le noyau supérieur de la fig. 31 ; ce noyau ne mesurait cependant que i6 |j.. Il y en a quatre dans le noyau inférieur, me- surant 2o jx. Nous avons déjà expliqué leur genèse, p. 222. Rapprochons de ces deux noyaux, les figures b, c, e, fig. 31, qui sont très fréquentes et qui se présentent toujours avec les mêmes caractères. On peut les interpréter de la manière suivante. Nous regardons le nucléole infé- rieur de b et c, et les deux nucléoles latéraux de e, comme étant les nucléoles primitifs de û, le restant du filament de a s'étant débité en tronçons dans b, c, e, pour former de nouveaux nucléoles. La fig. b est particulièrement intéressante; le reste du filament primitif s'est scindé en sept pelotons, dont trois s'organisent déjà en nucléole, en condensant leurs anses. En d et /, nous n'avons pas trouvé de gros nucléoles primitifs ; la scission en nucléoles nombreux et de volume variable n'y est pas moins évidente. Un fait incon- testable, c'est que l'élément nucléinien, dans la grande majorité des jeunes œufs de cet individu, se transforme directement et totalement en nucléoles, 268 J. B. CARNOY et H. LEBRUN sans se résoudre d'abord en granules. Nous avons mentionné un cas sem blable chez la salamandre, Pl. I, fig. 15, mais il y était exceptionnel. Nous avons étudié avec soin le sort de ces nucléoles. Ils se résolvent de bonne heure, nous avons "constaté le fait sur des noyaux qui mesuraient à peine 30 jj.. Déjà dans la fig. 31, c, on peut remarquer que le gros nucléole est à point; et il n'est pas impossible que les traînées que l'on voit en f, ne soient déjà le produit des nucléoles qui y sont attachés. Quoi qu'il en soit, sur des noyaux un peu plus âgés, on rencontre aisé- ment des nucléoles en mouvement. Leur résolution a lieu en minces plu- meaux filamenteux, d'un aspect particulier qui rappelle tout à fait la résolu- tion étoilée de la fig. 21 de la salamandre. Ces caractères sont marqués dans les fig. 32, 34, et dans les fig. 42 et 43 dont il sera question plus loin. On voit, sur la fig. 32, quatre ou cinq nucléoles émettant leur contenu; ici, ce sont des filaments simples, là, des filaments doubles ou géminés, et parfois croisés. Ces derniers ne sont pas très rares à cette période; sans connaître leur origine, on pourrait y voir une division longitudinale. Toutes ces productions portent ctagées de petites masses nucléiniennes, qui se désagrègent en étoiles. La fig. 34 présente les mêmes phénomènes; on y voit un, deux ou trois plumeaux délicats, simples ou ramifiés, attachés en- core à leur nucléole d'origine. Le caryoplasme s'y est irradié davantage que dans la figure précédente. Les résolutions continuent de la sorte, avec beaucoup de variantes, jusqu'à l'âge de la fig. 36, dont le noyau mesure 130 |jl. On rencontre de temps en temps des images analogues à celle de la FIG. 33. Les nucléoles s'y résolvent en anneau moniliforme, ouvert ou fermé, en même temps que d'autres envoient des séries linéaires de sphérules. Toute ces productions tombent finalement en granules. Sur les noyaux plus âgés, à partir de 100 |^ environ, on trouve fréquem- ment la FIG. 35. La plupart des nucléoles se résolvent en bras étoiles ter- minés par des sphérules, ou en courts filaments en chapelet. D'autres émet- tent des filaments plus allongés, également bosselés qui se transforment souvent en plumeaux étoiles. On arrive ainsi insensiblement et par degrés à la fig. 36 et aux suivantes, FIG. 37 et 38. Elles sont caractérisées par ce que les nucléoles émettent des boules sessiles, ou portées par un mince pédicelle, placées les unes à la suite des autres ou en étoile. Dans les fig. 38, les nucléoles ressemblent à des basides de champignon portant leurs spores. Ces groupes restent tels, LA VÉSICULE DES BATRACIENS 269 OU produisent un plumeau à leur extrémité, fig. 39. Lorsqu'ils sont dépour- vus de goupillon, chaque boule émet des sphérules de plus en plus petites et finit par s'épuiser. Dans la fig. 36, comme dans les figures précédentes, les résolutions se font un peu partout, mais surtout près de la périphérie. A l'âge de la fig. 37, les nucléoles s'avancent vers le centre et s'y accumulent en masse pour se résoudre, fig. 38. Nous n'avons remarqué ce phénomène qui rappelle ce qui se passe normalement chez d'autres batraciens, le triton, par exemple, que sur cet individu et à cette période. La fig. 39 représente également le groupe central d'un œuf plus âgé. Dans la fig. 37, qui indique le commencement d'une résolution, il restait encore quelques débris de goupillons, analogues à ceux de la fig. 36. Mais dans les œufs plus âgés, dans lesquels la résolution se faisait en boules, sans plumeaux, il était impossible d'en découvrir : rien que des nucléoles et leurs sphérules de résolution. C'était le cas pour la fig. 38. On remarque dans le caryopiasme des fig. 36, 37 et 38 un très grand nombre de granules nucléiniens d'une extrême petitesse. C'est qu'en effet les sphérules provenant des boules se scindent en corps de plus en plus petits et, finalement, en granulations minuscules, fig. 38. L'œuf de cette figure mesurait 520 ,,. en moyenne, et son noyau, 200 ix. 2° Seconde période. La FIG. 39 inaugure la seconde période. Elle représente la fin d'une résolution bourgeonnante et le commencement d'un mode tout différent. Les nucléoles de droite, à boules stipitées, sont les derniers de-la résolution qui s'achève. Les petites sphérules disséminées et les granules, en nombre incal- culable, en proviennent également, sans aucun doute. Les gros nucléoles vacuoleux et ceux qui émettent leur figure sont d'une génération nouvelle; ils arrivent au centre pour entrer en résolution à leur tour. Celle-ci présente des caractères particuliers. Les nucléoles se gonflent et tout leur contenu filamenteux se ramasse sur la zone équatoriale en laissant à nu le plasma hyalin central. Ce phénomène sera mieux élucidé plus tard. Il en résulte un anneau qui se détend et finit par se briser. Aîûts il s'allonge par une de ses extrémités en un long plumeau. Tous ces détails sont clairement indi- qués sur la figure. On voudra bien remarquer que les nucléoles se résolvent de la même façon dans la fig. 40, seulement l'anneau s'y brise plus tôt. Cette ressemblance nous permet d'admettre que la fig. 39 inaugure la seconde période. 37 270 J. B. CARNOY et H. LEBRUN Nous avons déjà parlé de la fig. 40. Nous n'y avons mis qu'un genre de figui'c. Mais le noyau en montrait bien d'autres, toutes celles qui ont été indiquées plus haut, p. 262, à propos de la fig. 10, et qui se rencon- trent toujours dans la résolution hétérogène. Les œufs de la fig. 39 et 40 avaient sensiblement le même volume; ils mesuraient en diamètre 665 |j-, et leur noyau 254 ,a. Ces chiffres sont plus élevés que ceux qui ont été donnés pour la période secondaire dans le premier type. 30 Figures particulières. Nous avons dit que, dans certains noyaux de l'individu que nous étudions, l'élément nucléinien se ramassait au centre, en manière de nu- cléole, FIG. 4J. Cette particularité se présentait surtout à un endroit de l'ovaire, où l'on rencontrait en même temps les figures qui suivent, fig. 42, 43 et 44. Nous avons déjà analysé des figures semblables. En a, fig. 41, le peloton est encore visible dans la masse centrale. Lors de la rétraction, il s'en est sans doute détaché des fragments qui ont fourni les petits nucléoles périphériques. En b, le filament primitif est tellement condensé que la niasse qu'il forme paraît absolument homogène. Nous n'avons rencontré qu'une seule fois la fig. 42. Il semble bien naturel d'admettre que l'on a sous les yeux un nucléole central, en tout semblable à celui de a de la figure précédente, qui entre directement en résolution en projetant, par une ouverture, un certain nombre de filaments à groupes étoiles. Ceux-ci proviendraient du filament primitif, qu'on voit encore à l'intérieur. Tout se passerait donc comme dans un nucléole ordi- naire des fig. 32 et 34. Nous croyons que la fig. 43 doit s'expliquer de la même manière. Seule- ment, ici le gros nucléole central subirait la résolution en magma; comme il le fait, nous l'avons vu, dans les fig. 25 et suivantes. Nous avons compté une dizaine de noyaux semblables. Les petits nucléoles périphériques entrent, au contraire, en résolution filamenteuse étoilée ; ils se conduisent donc comme les mêmes corps des FIG. 32 et 34. Ce novau avait 60 ij.; le précédent, 48 p.. Enfin, la fig. 44 représente évidemment une résolution en boudins, comme dans la salamandre. Nous n'avons trouvé ces figures que dans un I I I LA VESICULE DES BATRACIENS 27 1 seul œuf, dont nous reproduisons une coupe. Ces boudins ont absolument la même constitution que dans la fig. 9, Pl. I ; nous y renvoyons le lecteur. Cette figure est certainement due à la résolution des nucléoles secondaires; elle fait suite, sans doute, comme chez la salamandre, au magma de la fig. 43, car l'œuf était plus âgé que celui de cette dernière figure; son noyau mesurait loo i^. Il a été intéressant pour nous de constater que ce genre de résolution, que nous n'avions point vu sur les individus mis à notre disposition, peut exister chez le pleurodèle. Nous ne doutons pas qu'on le retrouve normalement sur d'autres sujets, pendant la première période. Résimie. En résumé, les trois types que nous avons distingués sont caractérisés uniquement par les figures nucléolaires de la première période : Dans le premier type, les nucléoles, à partir de la résolution irradiante du filament primitif, donnent toujours des goupillons jusqu'à la seconde période. Au contraire, dans le second, la résolution primitive se fait en magma, et les nucléoles, pendant assez longtemps, produisent également un magma secondaire. Il est regrettable que nous n'ayons pas trouvé d'œufs plus âgés chez cet individu; il eût été intéressant de constater s'ils présentaient les figures en boudins, comme chez la salamandre après le magma secondaire. Le troisième type présente deux caractères particuliers. D'abord, dans la plupart des noyaux, le filament originel se scinde totalement en nucléoles; il disparaît donc très tôt, sans subir de résolution. Ensuite, les nucléoles primaires et secondaires donnent des figures très variées: ici, des goupillons; là, des anneaux; ailleurs, des groupes radiés de sphérules ; enfin, d'autres subissent la résolution bourgeonnante pendant un temps assez considérable. Remarquons d'ailleurs que les résolutions particulières des fig. 41 à 44 appartenaient également à cet individu. On pourrait presque dire que chaque génération de nucléoles a ses allures spéciales, tellement qu'il serait impossible de caractériser ce type par un genre déterminé de résolution. Cependant, lorsqu'on examine de près les diverses figures, on constate que les nucléoles ont une tendance marquée à se résoudre en sphérules, simples ou stipitées, plutôt qu'en cordons ou en plumeaux. Le filament primitif s'était déjà comporté de même; il s'est, en effet, désagrégé en un grand nombre de sphérules nucléolaires. Aperçu général sur les Nucléoles. I. Constitution chimique des nucléoles. Il est à peine besoin de parler encore de la nature chimique de ces corps ; nous ne pourrions que rappeler les expériences microchimiques dont les résultats ont été consignés dans la „ Biologie " ^i), et dont nous avons déjà parlé antérieurement, p. 200. a) Ils disparaissent dans tous les dissolvants ordinaires de la nucléine. Après l'action de ces réactifs, on constate un résidu réfractaire, qui est plus ou moins marqué suivant l'âge des nucléoles. Il augmente à mesure qu'ils approchent de leur résolution, comme on peut le constater en opérant sur les corps volumineux qui ont été décrits dans ce travail. Lorsqu'ils sont jeunes, il arrive souvent qu'on ne trouve aucun résidu ; sans doute parce que le gonflement, produit par le dissolvant, disloque l'élément plastinien si délicat, et que les débris en sont emportés par le liquide. Le chlorure de sodium à 10 0/0 les gonfle, mais ne les dissout nullement. L'ammoniaque a une action particulière; elle ne parvient pas à les dis- soudre. Peut-être faudrait-il admettre que la nucléine se trouve dans les nucléoles à l'état de nucléo-histone, ou du moins qu'ils renferment de l'histone, ou un corps analogue en quantité notable ; on sait en effet que cette substance est précipitée par l'ammoniaque. Le liquide digestif artificiel enlève une portion notable de la masse nucléolaire, mais il laisse intacte une portion, notable aussi, qui est blanche, brillante et a tout à fait l'aspect de la nucléine. En effet, une goutte de potasse ou de soude très diluée l'enlève instantanément; il en est de même de l'acide chlorhydrique concentré. Si Zacharias avait employé un de ces dissolvants, il eût vu disparaître aussi le résidu de ses digestions sur les nucléoles de grenouille (2). Il faut se garder, dans les expériences avec le (1) La Biologie, p. 222-224. (2) Voir plus haut, p. 201, 197. 274 J- B. CARNOY et H. LEBRUN liquide digestif, de faire durer trop longtemps son action, et d'élever la température. Car il peut alors attaquer la nucléine elle-même et en faire disparaître une partie notable. Milroy vient d'insister à nouveau sur ce point (i). L'action du liquide digestif sur les nucléoles prouve qu'ils ren- ferment une nucléo-albumine, dont l'albumine se digère, p. 197. Les figures formées par les nucléoles en résolution disparaissent éga- lement par l'action des dissolvants de la nucléine. Il faut dire la même chose des granules et sphérules éparpillés dans le caryoplasme, après chaque résolution. Inutile d'ajouter que ces réactions doivent être opérées à frais, ou sur des objets fixés sur l'heure, enrobés et coupés immédiatement. Plus tard ils deviennent plus ou moins réfractaires ; ils le deviennent tout à fait quand ils ont été conservés pendant un certain temps dans l'alcool. Ces faits sont connus depuis longtemps (2). b) Ensuite, le vert de méthyle colore ces corps; assez faiblement, il est vrai, mais d'une manière très appréciable pourtant. Lorsqu'on applique ce réactif sur des œufs entiers, on n'obtient le plus souvent qu'un résul- tat peu sensible ; en effet, le liquide pénètre difficilement jusqu'au noyau. On est plus heureux avec des noyaux isolés, dégagés du cytoplasme, surtout lorsqu'on les écrase doucement pour en faire sortir les nucléoles intacts; ceux-ci prennent alors une teinte verte très nette. Ce sont d'ailleurs les seuls éléments du noyau qui prennent le vert de méthyle, lorsque leur for- mation est achevée; nous l'avons constaté à maintes reprises. Nous avons dit plus haut, en parlant des méthodes employées, que le vert de méthyle colorait aussi les nucléoles sur les objets fixés et traités d'une certaine façon (3). c) Les travaux récents de Macallum(4) et de Gilson(5) ont démontré la présence du fer dans l'élément nucléinien. En outre, Gilson a montré qu'à l'état naturel, il est loin d'être saturé (1) Milroy ; Ueber die Eiwcis Vcrb. d. Nucleiiisdure, etc.; Zeits. f phys. Chem., XXII, 1896, p. C07. (2) La Biologie; p. 210. (3) Voir plus haut, p. 2i5. (4) MacaLlum : On tlie démonstration uf thc présence of iron in chromatin by micro-chemicat methods; Proc. Roy. Soc, vol. I, 1891, p. 277. — On the distribution of assimilated iron com- pounds, otilcr tkan hœmoglobin and hœmatins in animal and végétal cells; Quater. Journ. of Mie. Se, vol. 38, part. 2, new ser. (5) Gilson : On the affinity of nuclzin fur iron and ollier substances; Rep. Brilish Association for the advaacement of science, 1892, p. 77S. LA VESICULE DES BATRACIENS 275 de fer. On peut lui en faire absorber une grande quantité et l'en charger jusqu'à permettre d'obtenir, à l'aide des réactifs de ce métal, une coloration aussi élective qu'avec les meilleurs colorants nucléaires. Il a remarqué éga- lement que l'élément nucléinien possède une affinité semblable pour un grand nombre d'autres métaux. Nous avons fait ces réactions sur les nucléoles des batraciens, en suivant les indications de notre collègue. Voici les résultats concluants auxquels nous sommes arrivés. Les réactions se font sur porte-objets. 1° Pour déceler le fer dans les nucléoles, les coupes séjournent à froid pendant trois jours dans la solution suivante : Ferri cyanure au lo^^ . . . . i vol. Acide acétique à 1,063 ... 1 vol. Eau distillée ..... i vol. Après un lavage de cinq minutes, les nucléoles se détachent en bleu foncé sur le caryoplasme très légèrement teinté de la même nuance; après une heure de lavage, les nucléoles seuls conservent une belle teinte bleue. 2° Pour démontrer leur affinité pour le fer et d'autres métaux, nous fai- sons séjourner l'objet pendant 16 heures, à froid, dans la solution suivante : Citrate de fer, à 15 0/0 . . . 5o ce. Alcool sulfureux et acétone . . 25 ce. Après un lavage de 1/4 d'heure, on porte la préparation à la couveuse, à 50°, dans du sulfhydrate d'ammoniaque, pendant 2 heures; tous les nucléoles sont alors colorés en noir. Si l'on veut obtenir une belle coloration bleue, rappelant celle du vert de méthyle, il suffit de placer ensuite la préparation pendant 1 minute dans une solution de ferric3^anure de K acidulée. 3° La solution mixte suivante nous a donné, comme à Gilson, une réaction plus tranchée : Stlfate ferreux .... 5ogr Chlorure de nickel . 50 gr Chlorure de zinc 25 ce Acide sulfurique concentré lo ce Eau. 400 gr On ajoute quelques cristaux de sulfite de soude. 276 ' J B. CARNOY et H. LEBRUN Après traitement à froid, pendant 16 heures, on place la préparation dans le sulfhydrate d'ammoniaque pendant 2 heures à froid, et 2 heures à 50°. On lave 1/4 d'heure, puis on la plonge dans le ferricyanure pendant le même temps. On obtient ainsi une réaction très nette : les nucléoles seuls sont d'un bleu intense, le caryoplasme est incolore. Nous pourrions ajouter d'autres réactions. Celles-ci suffisent pour pou- voir affirmer que les nucléoles des batraciens se sont en tout comportés comme l'élément nucléinien typique des cellules épithéliales de l'intestin, du foie, des testicules, etc., étudiées par les auteurs précités. II. Constitution organique des nucléoles. Les nucléoles sont des noyaux en miniature. Certes, il est impossible assez souvent de rien voir dans un nucléole au repos, surtout lorsqu'il est jeune; il paraît homogène. Ce n'est là qu'une apparence. Car, en réalité, il n'est jamais homogène; il renferme toujours un appareil nucléinien filamenteux, plongé dans un plasma et logé dans une coque mince. Que de fois n'avons-nous pas décrit le débourrement du filament? Lorsque le rasoir vient à couper un nucléole, fig. 42, en bas, on y distingue parfaitement tous les éléments d'un noyau : membrane, caryo- plasme réticulé, filament nucléinien. Nous avons vu maintes fois de pareil- les sections chez la salamandre et le pleurodèle. Il n'est pas rare, surtout à la troisième période, qu'on distingue ces mêmes éléments dans les nucléoles au repos, fig. 48. Ensuite, au début de la résolution, on constate la même structure dans tous les nucléoles : nos figures le démontrent suffisamment. Qu'on se rap- pelle, par exemple, les figures en boudins, où les filaments nucléiniens sont plongés dans un magma plastino-albuminoïde, analogue au caryo- plasme, FIG. 9, etc. Pendant la dernière période, il arrive fréquemment que le cordon emporte avec lui la partie plasmatique, et laisse en place la coque vide du nucléole, fig. 48. Dans la fig. 22, c, Pl. V, on voit parfaitement la portion plasmatique sortir de la membrane brisée en emportant les blocs de nucléine. Il y a beaucoup de noyaux dont la constitution n'est pas aussi évidente que celle des nucléoles des batraciens. LA VESICULE DES BATRACIENS III. Genèse des nucléoles. ■Il Nous avons distingué plusieurs sortes de nucléoles, d'après leur mode de formation : à) Les nucléoles primaires qui s'élaborent aux dépens du filament nucléinien primitif; ils sont donc organisés dès l'origine, comme ce dernier. b) Les premiers nucléoles secondaires qui sont dus à des associations de granules provenant de la désagrégation de l'élément nucléinien. Ces associations naissent contre la membrane nucléaire. Un certain nombre, parfois considérable, de granules viennent se placer chacun au point de jonction des trabécules du réseau caryoplasmatique, sur une aire d'étendue variable. Cet ensemble se limite et se sépare du caryoplasme par une membrane, et le nucléole est achevé. Les corps de cette catégorie sont donc aussi organisés dès leur naissance; ils sont constitués par de petites masses nucléiniennes reliées entre elles par des travées plastiniennes. Il n'est donc pas étonnant qu'ils puissent contenir un filament, qui deviendra surtout visible à leur maturité. La FiG. 24 indique le début de la formation de ces groupes; ce n'est qu'après avoir parlé des tritons que nous pourrons donner plus de détails à ce sujet, en expliquant les figures de la Pl. XII, qui s'y rapportent. Nous ne pourrions fixer d'une manière précise quand ce mode de for- mation des nucléoles prend fin. Il s'en fait certainement plusieurs généra- tions successives; car on rencontre encore ce mode sur des œufs qui ont près de 400 \>- et leur no3'au 160 \>-. Mais il est difficile de distinguer les groupes de granules prédestinés, sur des œufs volumineux. En effet, on ne peut constater leur présence avec certitude que sur des coupes renfermant la calotte d'un noyau, afin qu'ils soient vus de face. Or, très souvent de pa- reilles coupes sont recouvertes d'une couche de protoplasme granuleux qui masque le noyau. Ensuite, dans les gros noyaux, les granules de résolution sont si nombreux à certains moments que toute leur paroi en est recouverte. Il y a cependant lieu d'admettre que ce mode se poursuit durant toute la première période, car la résolution y est toujours granuleuse. Nous ferions volontiers un rapprochement entre ces phénomènes et la reconstitution d'un noyau, après la cinèse. Car, ils nous semblent apporter un nouvel appui à la thèse qui a été soutenue dans la Cytodiérèse(\). Nous voyons ici des amas de granules de nature nucléinienne enrober à (1) La Cyiodiércse, p. 35o. 33 278 J- B. CARNOY et H. LEBRUN l'aide d'une membranule une certaine portion de caryoplasme, comme le font, dans le cytoplasme, les bâtonnets des couronnes polaires ; c'est donc bien sous l'influence de ces derniers que le noyau se bâtit une nouvelle demeure. c) Quoi qu'il en soit, il se forme bientôt de nombreux nucléoles nou- veaux, que l'on pourrait appeler tertiaires, par un procédé un peu différent. Leurs premiers éléments constitutifs naissent également à l'intérieur du noyau, loin de la membrane et au milieu des figures de résolution dont ils proviennent. Mais ce ne sont plus des granules. Ce sont des parties de la figure qui, au lieu de se résoudre en granulations élémentaires, s'en dé- tachent sous la forme de sphérules de diverse dimension. On peut distinguer de ces corps sur presque toutes les figures en résolution que nous avons re- produites, à partir de la seconde période. Tantôt, ce sont des filaments pelo- tonnés qui se scindent en articles : par exemple, dans les fig. 31 et 35, à droite. Les filaments ou les boucles des goupillons subissent souvent le même sort, fig. 43 et 44, 47 et 49. Tantôt, ce sont les blocs centraux des plumeaux, fig. 33, à droite et au centre; ou bien, les masses de moindre volume situées sur les rayons, fig. 32, 33, 36, 38, qui s'arrondissent et persistent, au lieu de se désagréger. Parfois aussi, ce sont les sphérules qui sont portées par les filaments de résolution, fig. 34 et 50, ou par les pattes, fig. 36, 37, etc. Tous ces corps cheminent de concert en formant une zone concen- trique, fig. 32, 33, 35, 38, durant la seconde période; ou un arc de cercle seulement, quand les nucléoles se ramassent tous à un endroit déterminé, comme cela a lieu pendant la dernière étape. Chemin faisant, il y en a beaucoup qui se dissolvent, avant d'arriver à la membrane; nous avons insisté sur ce point en expliquant la fig. 44. Un petit nombre seulement persiste pour former une génération nouvelle, sans que nous puissions dire ce qui distingue ces prédestinés des autres; car en apparence ils sont tous identiques. On pourrait admettre que les sphérules qui se résorbent sont celles où les granules étaient déjà désunis, désagrégés dans la figure; tandis que dans celles qui persistent, ils seraient encore reliés ensemble, comme dans le cordon sortant du nucléole lui-même. Ils forme- raient donc encore un tout organique, capable de se nourrir et de donner un nouveau nucléole organisé, dans lequel on distinguera bientôt un cordon, aussi bien que dans les nucléoles des générations précédentes : témoins les FIG. 42, 46 et 48. LA VESICULE DES BATRACIENS 2 79 Telle est, exquissée à grands traits, la genèse des sphérules prédestinées à la reconstitution des nucléoles tertiaires. Or, cette reconstitution peut se faire de deux manières. 1° Nous avons constaté souvent, pendant la résolution hétérogène, que les sphérules s'associaient plusieurs ensemble pour former un nucléole, absolument comme le font les granules pendant la première période, fig. 56, On aperçoit sur cette figure des corps, variables de nombre et de volume, réunis en amas distincts. Les globules de résolution, en arrivant près de la membrane, se groupent sur une aire déterminée, se fusionnent plus ou moins en formant des sphères plus volumineuses, irrégulières et bosselées. ■ Cet -ensemble ne tarde pas à se limiter par une membrane qui enrobe une certaine portion de caryoplasme interposé. Au début, on aperçoit encore les sphérules constitutives à l'intérieur du nucléole, mais celui-ci présente bientôt une structure uniforme par la fusion de tous ses éléments — à droite de la figure — , et rien alors ne peut plus faire soupçonner sa singulière origine. Il faut donc arriver à point pour surprendre leur genèse. C'est ce qui fait sans doute que l'on ne peut rien en apercevoir sur beaucoup de noyaux. Cependant, nous l'avons surprise assez souvent sur divers individus, pour croire à sa généralité pendant la seconde période tout entière. La fig. 56 provient de l'œuf qui a fourni la fig. 33, qui en marque la fin. 2° Loin de nous cependant la pensée de vouloir en faire un mode ex- clusif. Car nous avons vu, pendant la seconde période, des images qui com- mandent la réserve. Lorsque les sphérules arrivent en petit nombre contre la membrane, qu'elles sont très isolées les unes des autres, elles peuvent se transformer directement en nucléoles par simple accroissement. Quoi qu'il en soit, il est certain que c'est exclusivement ce mode qui fonctionne pendant la dernière période du développement de l'œuf, à partir des figures en pattes. Jamais, en effet, nous n'avons rencontré alors d'image analogue à celle de la fig. 56. Les jeunes nucléoles, si petits soient-ils, restent toujours indépendants et se développent isolément. Ainsi naissent chez la salamandre et le pleurodèle, toutes les généra- tions successives des nucléoles secondaires et tertiaires à Vaide des produits de la résolution antérieure. Ce n'est pas ce que pensait Schultze, dans son travail sur les batraciens (i). "Il admettrait difficilement, dit-il, que les débris des nucléoles puissent en reproduire une nouvelle génération; ils se dissol- vent comme lors de la maturité de l'œuf. „ C'est là une erreur totale. fi) G. Schultze : 1, c. 28o J. B. CARNOY et H. LEBRUN IV. Nombre de générations nucléolaires. A chaque résolution il se forme de nouveaux nucléoles. Cela est abso- lument certain. D'un autre côté, il est impossible d'énumérer le nombre de résolutions qui se succèdent, mais ce nombre est évidemment très considérable. Chez la salamandre et le pleurodèle, les nucléoles donnent leurs figures successivement, les uns après les autres. A l'inverse de ce qui a lieu chez d'autres batraciens, où tous les nucléoles d'une génération vien- nent se présenter en même temps au centre du noyau, ces corps s'avancent un peu seulement dans le caryoplasme, au nombre de deux à trente, rare- ment plus, pour s'y résoudre. Or, nous avons des raisons de penser que leurs figures disparaissent très vite. Car, bien souvent, on trouve de grands goupillons qui tombent en granules d'un bout à l'autre, comme en témoigne la FiG. 43; l'endroit où ces figures se défont est littéralement bondé de gra- nules. Ce qui ne serait pas, si la désagrégation était lente; en effet, ces granules se portent sans tarder vers la membrane nucléaire. Malgré le grand nombre des nucléoles, leur évolution en figures ne peut donc durer très long- temps. Quand cette évolution est terminée, les nucléoles de la génération suivante sont mûrs et entrent eux-mêmes en mouvement. Aussi, trouve-t-on presque toujours, à toute époque, des figures dans les coupes d'un noyau. Qui dira le nombre de générations qui se sont succédées pendant les trois longues années que dure le développement de l'ovocyte, et la quantité de nucléine que le noyau a dû élaborer pour alimenter des milliers de nucléoles volumineux? N. Nombre et position des nucléoles. Le nombre des nucléoles est, en effet, considérable. Les nucléoles primaires varient beaucoup sous ce rapport, suivant la portion plus ou moins grande de l'élément nucléinien qui est consacrée à leur formation. Il y en a de o à 30; habituellement, il y en a de 2 à 6. Les premiers nucléoles secondaires sont beaucoup plus nombreux; dans les œufs encore très jeunes, on en trouve parfois plus de 100. Leur nombre augmente toujours de plus en plus et, à la fin de la première période, on en compte facilement de 400 à 500, comme dans les noyaux des fig. 10, 29 et 30. Dans les figures hétérogènes, fig. 32 et 33, nous en avons trouvé de 1000 à 1 100. Enfin, pendant la 3*^ période il y en a généralement de 500 à 1000, et plus. LA VÉSICULE DES BATRACIENS 28 1 Ce nombre est d'ailleurs très variable d'un œuf à l'autre; qu'on se rap- pelle les chiffres que nous avons inscrits plus haut, à propos des œufs mûrs. Ensuite, plus la résolution d'une génération est avancée, moins il reste de nucléoles à la périphérie. Remarquons, en outre, que les corps dont on fait la numération ne sont pas tous nés de la même résolution; il y en a toujours de deux générations différentes, parfois de trois : des gros, des moyens et des petits qui viennent d'arriver ou qui sont en voie de se former. On peut con- stater ce fait sur beaucoup de nos ligures. Quant à leur position, nous n'en dirons qu'un mot. Pendant les deux premières périodes, ils sont assez également distribués sur tout le pourtour de la membrane. Il n'est pas rare cependant d'en voir plus au pôle inférieur. Cette exception devient la règle pendant la troisième période, ainsi qu'on peut le constater sur la fig. 39, Pl. II, et sur la fig. 23, Pl. V. Néanmoins, on trouve presque toujours encore quelques nucléoles distribués contre la membrane, même à l'autre pôle (i). VI. Division et fusion des nucléoles. Certains auteurs : Hertwig (2), Schultze (3), Iwakawa (4), etc., ont avancé que les nucléoles des batraciens se multipliaient par étranglement. AuERBACH (5j va jusqu'à soutenir qu ils dérivent tous d'un seul nucléole primitif, par division et subdivision successives. Pas plus que Jordan (6) chez le triton, nous n'avons vu rien de semblable chez la salamandre et le pleurodèle; selon nous, ce mode de multiplication n'existe pas. Ses partisans auront sans doute eu sous les yeux des images analogues à notre fig. 56, qu'on pourrait interpréter dans leur sens, si on n'en connaissait la signifi- cation. Quant à la singulière opinion d'AuERBACH, le lecteur sait ce qu'il doit en penser. Mais les nucléoles peuvent se fusionner et produire des masses vo- lumineuses. Cette fusion n'a jamais lieu à la périphérie, pendant leur repos; (i) RiiGE : L. c. dans sa fig g3 représente bien cette disposition polaire des nucléoles. (2) O. Hertwig : Beitrâge ^ur Kcnnlniss dcr BilJiing, Bcfruchtung, etc.; Morphol. Jahrb., 1877, t. III. (3) Schultze : Loc. cit. (4) Iwakawa : The Genesis of thc Egg in Triton; Quat. Journ. of micr. se, vol. XXIV, new ser,, 1SS2, p. 260. (5) AuERBACH : Zm- Kenntniss dcr thicrischen Zcllcn ; Sitzungsber. d. Akad. Berlin. iSgo, p. 741. (6) Jordan : Loc. cit. 282 J. B. CARNOY et H. LEBRUN les nucléoles ne font alors que se reconstituer. Elle se constate seulement entre nucléoles qui s'avancent dans le caryoplasme, pour achever leur ma- turité et s'y résoudre. A ce moment, ils se fusionnent aisément s'ils viennent à se rencontrer. On dirait même qu'ils ont une tendance à se rechercher; nous avons vu plus d'une fois des traînées hyalines dans le caryoplasme déchiré, de part et d'autre de deux gros nucléoles accolés : indices du chemin assez long qu'ils avaient dû suivre pour arriver à se toucher. C'est à l'aide de ce procédé, que paraissent se former ces immenses nucléoles, qui tiennent sur trois à six coupes de dix microns : comme celui de la fig. 30, et ceux des FIG. 26 à 28. Cette attraction des masses nucléiniennes en activité nous a toujours frappés ; elle rappelle à l'esprit ce qui se passe au sein de l'œuf entre les noyaux de conjugaison. VII. Nucléoles et caryoplasme. Rappelons seulement deux faits. Les nucléoles pendant leur élaboration enrobent une partie du caryo- plasme, du moins à la première et à la seconde période; il n'y a plus lieu d'insister sur ce premier point. Le second concerne l'irradiation du caryoplasme sous l'influence des nucléoles. Ce ne sont pas seulement les filaments émis par ces corps, lors de leur résolution, qui la produisent en donnant naissance aux goupillons. Les nucléoles eux-mêmes, en s'avançant dans le caryoplasme pour y achever leur maturité, y déterminent la même modification, fig. 8, 29, 30 à 33 de la salamandre, et fig. 9 et 10 du pleurodèle. On voit sur toutes ces figures des nucléoles encore au repos, entourés d'une auréole extérieure, dont les rayons s'étendent parfois très loin. Il faut bien admettre que c'est l'élément nucléinien qui est la cause de ce phénomène. Comment agit-il? Peut-être à l'aide de l'histone qui renferme une albumose. Celle-ci agissant à la façon d'un ferment soluble (i) dissoudrait les granules de l'enchylème pour le rendre hyalin et en même temps produirait une modification ou une exci- tation dans le réseau, et par suite sa disposition en rayons. C'est là une simple hypothèse. Quoi qu'il en soit, nous voyons dans cette action incon- testable des nucléoles et de leurs figures sur le caryoplasme, la confirma- tion d'une thèse soutenue dans la r, Cytodiérèse «, à savoir : que c'est sous l'influence du noyau que se forment les asters de division (2). (1) La Cytodiérèse, p. 365. 12 Ibidem. LA VÉSICULE DES BATRACIENS 283 VIII. Nucléoles et figures de résolution. Les nucléoles ne se résorbent pas directement, en pâlissant d'abord pour se dissoudre ensuite. Ils ne s'effritent pas non plus en morceaux ou en granulations plus ou moins grossières, qui finissent d'ailleurs par se dissoudre à leur tour. Telle est, cependant, l'opinion généralement admise par tous ceux qui ont écrit sur les nucléoles des batraciens. Ces corps ne pâlissent pas, ni ne tombent en morceaux. Au contraire, à mesure qu'ils approchent de leur maturité, ils gagnent en densité et pren- nent les matières colorantes avec beaucoup plus d'intensité. Ensuite, ils lancent leur contenu dans le caryoplasme sous la forme d'une figure, souvent très belle, et toujours très compliquée. Tout notre travail a eu pour but de décrire ces figures, qui sont connues du lecteur. Mais ces figures sont éphémères; ce sont des figures de résolution. En effet, toutes leurs parties nucléiniennes se transforment finalement en une infinité de granules ou de sphérules minuscules, qui émigrent aussitôt vers la périphérie du noyau, pour s'y dissoudre ou reformer de nouveaux nu- cléoles. Cette résolution granuleuse est certaine. On peut la constater aisé- ment, et en suivre les étapes successives sur toutes nos figures, principa- lement sur celles de la troisième année; on y voit les goupillons se dégarnir complètement de leurs granules, tandis que leurs rayons font retour au caryoplasme ordinaire. Ainsi, aucune de ces figures n'a de lien organique avec les précédentes, ni avec les suivantes. Toutes proviennent de générations nucléolaires diffé- rentes; toutes s'évanouissent, aussitôt que nées. C'est donc bien inutilement et en s'appuyant sur des observations erronées, que Born (i) et, après lui, Jordan (2) se sont évertués à montrer que toutes ces figures sont la même figure, qui se continuerait directement et sans discontinuité, à partir de l'élé- ment nucléinien primitif, à travers tous les âges de l'œuf. Car, l'élément primitif a disparu très tôt et totalement par résolution granuleuse. Il ne peut donc réapparaître comme tel au sein du noyau, après s'être atténué et dérobé pour un temps aux yeux de l'observateur (3); il ne reste de lui que quelques granules privilégiés. Ceux-ci, par un procédé vraiment remar- quable, reconstituent, réorganisent à l'aide du caryoplasme un autre élément (1) Born : L. c. (2) Jordan : L. c. (3) Born : Loc. cit. 284 J- ^- CARNOY et H. LEBRUN sous la forme de nucléoles qui, en s'étalant, feront reparaître une forme filamenteuse nouvelle dans le noyau. Tout le reste, c'est-à-dire la majeure partie de sa masse, est voué à une dissolution définitive et sert de nourri- ture à l'œuf. Toutes les figures suivantes font de même; elles sont toutes transitoires. C'est grâce à ce procédé merveilleux de reconstitution inces- sante, que l'élément nucléinien peut parvenir sous les formes les plus diver- ses, par étapes séparées, et malgré ses désagrégations et ses pertes répétées, jusqu'aux cinèses polaires. O. ScHULTZE (ij a versé dans une erreur semblable. D'après lui, à une époque déjà avancée du développement de l'œuf, l'élément primitif tom- berait en granules qui, séance tenante, s'ordonneraient en séries pour reconstituer les filaments nucléiniens : définitifs, cette fois, et se maintenant comme tels jusqu'à la maturité. Nous savons qu'il n'en est pas ainsi. L'élément primordial disparaît tôt; celui que ScHULTZE désigne sous ce nom provient des nucléoles qui fonctionnent déjà depuis longtemps. Les granules ne s'ordonnent jamais en filaments. Enfin, il y aura encore un grand nombre de générations nuclé- olaires et filamenteuses qui naîtront et disparaîtront tour à tour, l'une après l'autre, jusqu'à l'époque des globules polaires. Nous allons retrouver dans un second groupe d'urodèles, les Tritons, tous les phénomènes que nous venons d'analyser chez la salamandre et le pleurodèle. (l) o. ScHULTZE ; L. c. EXPLICATION DES PLANCHES. Les figures ont été généralement dessinées avec l'apochromatique i,3o ou 2,0, de Zeiss, et l'oculaire compensateur 4. Seulement, les dimensions des plus grandes ont été réduites de i/3 ou de 1/4 : ce qui ne peut présenter d'inconvénient, les mesures de toutes nos figures étant données en microns. On a indiqué dans le texte celles qui ont été reproduites à un autre grossissement, plus faible ou plus fort. PLANCHE I [Salamandre). Les figures i à 16 proviennent d'un jeune individu. FIG. 1. Œuf jeune avec filament nucléinien primitif. O : 28 [i; N : 18 [x. FIG. 2. Commencement de la résolution de ce filament; formation des nucléoles primaires à ses dépens. O : 64 sur 56; N : 32 sur 36. FIG. 3 et 4. La résolution s'achève en une sorte de magma. Formation des premiers nucléoles secondaires contre la membrane nucléaire. FIG. 4. O : 72 sur 78; N : 48 sur 36. FIG. 5. Fin de la résolution. Les premiers nucléoles vont entrer eux-mêmes en résolution. O : 120 sur 108; N : 72 sur 64. FIG. 6 et 7. Premières étapes de la résolution en magma typique. En 7, les nucléoles secondaires apparaissent. FIG. 6. O : 28 sur 32; N : 18 sur 20. FIG. 7. N : 36 sur 40. FIG. 8. Magma secondaire, dû à la résolution des nucléoles primaires et se- condaires. O : 268 sur 240; N : 108 sur 112. FIG. 9. Résolution en boudins typiques. O : 260 sur 298; N : 112 sur i38. FIG. 10. Les boudins s'étendent dans le caryoplasme. O : 5i8 sur 480; N : 190 sur 200. FIG. H. Ils s'étendent de plus en plus. Fin de la résolution. O : 504 sur 672; N : 278 sur 200. 39 286 J B. CARNOY et H. LEBRUN FIG. 12, 13 et 14. Résolution irradiante du filament primitif; les nucléoles primaires sont presque mûrs. FIG. 12. N : 25 sur 22. FIG. 13. O : 88 sur 84; N : 56 sur 54. FIG. 14. O : 104 sur 96; N : 64 sur 62. FIG. 15. Tout le filament primitif se transforme en nucléoles primaires nom- breux. a. O : 36 sur 24 ; N : 18. FIG. 16. Figure particulière, isolée au milieu des autres. On n'y voit pas d'élément nucléinien filamenteux. Nucléoles de divers âges; les plus gros vont émettre leur figure. O : 208 sur 240; N : i32 sur 104. FIG. 17. Tirée d'un individu adulte, le même qui a fourni les fig. 38 à 44. Résolution précoce en goupillon. N : 140 sur 48. FIG. 18 à 21. Provenant d'un individu jeune. FIG. 18. Filament nucléinien primitif d'un œuf très jeune. O : 3o; N : 19. FIG. 19 et 20. Sa résolution en magma primaire. Dans la fig. 20, les nu- cléoles primaires sont mûrs. FIG. 19.' O : 100 sur 88; N : 52 sur 48. FIG. 20. O : 148 sur i36; N : 56 sur 88. FIG. 21. Résolution des nucléoles en appareil filamenteux à groupes étoiles. O : 288 sur 260; N : 112. FIG. 22 à 25. Prises d'un individu très jeune. Résolution irradiante. Dans la fig. 25 le filament primitif a disparu. Dans la FIG. 24, il en reste encore des débris; les premiers nucléoles se résolvent en filaments; formation des nucléoles secondaires à l'aide de granules. FIG. 22. O : 28 sur 32; N : 18 sur 20, FIG. 23. O : 98 sur 92; N : 45 sur 48. FIG. 24. O : i38; N : 70 sur 65. FIG. 25. O : 120; N : 68 sur 64. FIG. 26 à 29. Résolution serpentine. Les FIG. 26 et 27 proviennent d'un jeune animal. FIG. 26. Gros nucléole en résolution dans un caryoplasme dépourvu de tout élément nucléinien. O : 170; N : 90 sur 71. FIG. 27. Elle marque tous les stades de la résolution des nucléoles en ser- penteaux ; au sommet le caryoplasme n'est pas encore envahi. O : 38o sur 304; N : 168 sur 164. FIG. 28. Provenant d'un individu adulte. Fait suite aux précédentes ; les serpenteaux sont plus épais et granuleux. O : 520 sur 632; N : 220 sur 240. Gross. : D X 4- LA VÉSICULE DES BATRACIENS 287 FIG. 29. Provient aussi d'un individu adulte. Fait suite aux précédentes. Les nucléoles commencent à se résoudre autrement. Cette figure marque la fin de la première période. O : 740 sur 584 ; N : 236 sur 2S0. PLANCHE II. FIG. 30. Immense nucléole, tenant sur six coupes, donnant naissance à un grand nombre de goupillons. Début de la seconde période. O : 584 sur 610; N : 180 sur 208. FIG. 31. Résolution hétérogène; plusieurs sortes de figures. O : 720 sur 740; N : 200 sur 262. FIG. 32. Résolution hétérogène dans un œuf plus avancé en âge. Les nou- veaux nucléoles marchent vers la périphérie sur une zone régulière. O : 2040 sur 1720; N : 400 sur 528. FIG. 33. Même résolution dans un œuf provenant d'un autre individu. Même observation concernant les nucléoles nouveaux. O : 1640 sur 1484; N : 440 sur 384. FIG. 34. Même résolution, mais les filaments, issus des nucléoles, sont noueux et se désagrègent en sphérules. O : 1700; N : 240 sur 340. FIG. 35. Même résolution. Grand nombre de nucléoles en voie d'émettre leurs filaments minces et réguliers. Nombreux nucléoles nouveaux distribués zur une zone circulaire. Provenant d'un autre individu adulte. O : loSo; N : 328 sur 38o. FIG. 38. Faisant suite à la fig. 17. Nucléoles se résolvant en plumeaux. Œuf encore jeune. O : 692 sur 248; N : 240 sur 96. FIG. 36 et 37. Elles proviennent du même individu adulte. Résolution en pattes d'oie, indiquant, la 3° période. FIG. 36. O : 1390; N : 235 sur 36o. ~" L'œuf de la fig. 37 est plus âgé. O : 1468; N : 3io sur 352. PLANCHE III. FIG. 39 à 44. Proviennent du même individu que fig. 17 et 38. FIG. 39. Faible grossissement, A X 4, pour montrer la disposition unilatérale des nucléoles, et la plage de résolution occupée par les plumeaux. FIG. 40. Grandes figures en goupillons bouclés. Elles proviennent de la ré- solution des nucléoles, comme l'indiquent les deux figures suivantes. 39. 288 J. B. CARNOY et H. LEBRUN FIG. 41 et 42. Divers nucléoles en voie de former leurs pattes et d'émettre leur contenu sous la forme de blocs séparés, lesquels donnent ensuite naissance aux filaments et aux boucles du goupillon. Au bas de la fig. 42, 'deux nucléoles coupés; on y voit leur membrane, leur car3'oplasme et leur élément nucléinien. FIG. 43. Désagrégation sur place, en granules ou sphérules, des figures bouclées. FIG. 44. La désagrégation est presque achevée. A côté des sphérules pleines, futurs nucléoles, un nombre incalculable de sphérules dissoutes, vides. FIG. 40. O : i8oo sur 2240; N : 844 sur 482. FIG. 43. O : 2100 sur 236o ; N : 368 sur 400. Les FIG. 45 à 50, provenant d'individus différents, indiquent la résolution des nucléoles pendant la dernière étape, avant la maturité. FIG. 45. Les nucléoles émettent des boules, qui produisent ensuite les plu meaux grossiers, à rayons couverts de sphérules de toute dimension. O : 3640 ; N : 892 sur 520. FIG. 49. Même facture, mais à figures plus réduites. O : 338o; N : 340 sur 410. Dans ces deux figures, le caryoplasme est entièrement rempli de granules ou sphérules de résolution. FIG. 46. On voit, sur cette figure, les cordons à groupes étoiles encore ren- fermés en partie à l'intérieur des nucléoles. O : 3520; N : 38o sur 448. FIG. 47. Elle marque le commencement d'une résolution. Nucléoles nombreux dont quelques-uns seulement ont formé des pattes, et émis en même temps de longues séries de blocs irréguliers et isolés. Le caryoplasme est presque dépourvu de grsjiules de résolution. O : 3240 ; N : 340 sur 520. FIG. 48. A peu près la même que fig. 46. On remarquera l'élément nu- cléinien tortillé à l'intérieur des nucléoles encore au repos. O : 35oo; N : 440 sur 56o. FIG. 50. Faible grossissement, D X 2, pour montrer l'ensemble de la vésicule. Nombreux nucléoles périphériques, petits, en résolution sphérulaire. Les nucléoles intérieurs, volumineux, émettant leur minces cordons étoiles, et souvent croisés deux à deux. FIG. 51. Mêmes nucléoles plus fortement grossis : i,3o X 4- O : 355o; N : 620 sur 480. FIG. 52. Noyau à maturité, provenant d'un individu sacrifié le 24 juin. Le groupe des nucléoles s'est placé latéralement. Le caryoplasme est plissé ; on n'y voit aucun granule d'une résolution antérieure. La membrane folliculaire s'est infléchie pour former la fossette. — Grossissement : A X 4- FIG. 53. Groupe de nucléoles plus fortement grossi : i,3o X 4- Deux seulement commencent à dérouler leur filament. LA VÉSICULE DES BATRACIENS 289 FIG. 54. Autre no3'au du même animal, dans le même état que le précédent, c'est-à-dire au premier début d'une résolution. Aucun granule, aucun élément nucléinien dans le caryoplasme. FIG. 55. Coupe exécutée dans le noj'au précédent, suivant la ligne xx. On a dessiné sur cette figure tous les nucléoles en résolution du no5'au, au nombre de 14. O : 3750 ; N : 435, moyenne des deux diamètres. FIG. 56. Formation de nucléoles nouveaux, pendant la seconde période, à l'aide des sphérules de résolution qui viennent se grouper à la périphérie et s'entourer d'une membranule. FIG. 57 à 62. Formation des enclaves vitellines. FIG. 57. Plages formatrices naissant dans le cytoplasme. FIG. 58. Deux de ces plages plus avancées : elles se vacuoliscnt, les jeunes enclaves se montrent sous la forme de petits granules sur les trabécules. FIG. 59. Deux groupes encore plus âgés; les vacuoles ont grandi et sont devenues plus nombreuses; les enclaves deviennent plus volumineuses et remplissent les cordons. FIG. 60. Portion de la bande circulaire formée par la fusion des plages va- cuolisées. Les enclaves ont augmenté de volume ; elles se dirigent sur les cordons vers l'intérieur du cytoplasme, qui se vacuolise à son tour pour recevoir les plaques vitellines. FIG. 61. Les grandes vacuoles sont coupées par des cordons et divisées en vacuoles de plus en plus petites; la vacuolisalion du cytoplasme s'étend vers le noyau. FIG. 62. ■ Nouvelles «plages formatrices près du noyau; les enclaves récentes qui s'y forment se répandent dans le cytoplasme, en se dirigeant vers les anciennes, déjà volumineuses. PLANCHE IV et V (Pleuvodèle) Premier type : FIG. 1 à 23. Deuxième tj'pe : FIG. 24 à 30. Troisième tj'pe : FIG. 31 à 44. PLANCHE IV. FIG. 1, a. Grossissement : i,3o X 6- Œuf très jeune; filament nucléinien nor- mal, déjà granuleux. O : 3o sur 20; N : i5. FIG. 1, b. Noyau plus avancé; granules du filament plus évidents; nucléoles primaires. O : 52 sur 40 ; N : 2S sur 24. FIG. 2, a. Œuf très jeune, avec élément nucléinien ramassé au centre du noyau. O : 25 sur i5; N : i3. 290 J- B. CARNOY et H. LEBRUN FIG. 2, b. Noyau plus âgé; le filament se résout en granules; nucléoles se- condaires à la périphérie. N : 3o sur 25. FIG. 3. Noj-au plus avancé; la résolution granuleuse s'accentue; nucléoles pri- maires et secondaires contre la membrane nucléaire. O : 84 sur 76; N : 48 sur 44. FIG. 4. La résolution irradiante est achevée; caryoplasme dépourvu de granules et d'éléments nucléiniens. O : 160 sur 148; N : 90 sur 88. FIG. 5. Fin de la résolution en goupillons des nucléoles. O : 172 sur 160; N : 100 sur 96. FIG. 6. État du no3'au quand la résolution est complète; plus d'élément nu- cléinien figuré ; quelques groupes de granules seulement dans le caryoplasme. O : 200; N : 106, en moyenne. FIG. 7. Goupillons émis par les nucléoles au milieu d'une résolution. O : 208 sur 180; N : 118. FIG. 8. Même phénomène dans un œuf plus âgé. O : 280 sur 248; N : 112 sur 128. FIG. 9. Période secondaire. Résolution des nucléoles en plaques parallèles, donnant ensuite naissance à des plumeaux. O : 260 sur 26S; N : 144 sur 140. FIG. 10. Grossissement : D X 4- Nucléoles émettant un ou plusieurs filaments, à masses nucléiniennes serrées, se transformant ensuite en longs goupillons. O : 392 sur 460; N : 200 sur 220. FIG. 11. Résolution exceptionnelle des nucléoles. O : 404 sur 416; N : 224 sur 172. FIG. 12. Longs goupillons, comme dans la fig. 10. Faible grossissement : D X 2. Disposition unilatérale des nucléoles; ils s'avancent à l'intérieur du noyau pour s'y résoudre. O : 600; N : 275, en moyenne. FIG. 18. Résolution particulière des nucléoles chez un individu adulte (voir texte). O : 680; N : 285. FIG. 13 à 17; FIG. 19 à 22. Résolution en pattes, pendant la troisième pé- riode. Œufs de divers volume, depuis 700 [j. jusqu'à 1400 \>., leur noyau mesurant de 260 [A à 480 |j.. La résolution des nucléoles en figures variées est suffisamment indiquée dans tous ces dessins. PLANCHE V. FIG. 21 et 22. Nous venons d'en parler. FIG. 23. Vue générale du noyau dans un œuf très voisin de sa maturité. Dis- position latérale des nucléoles. Figures en goupillon. Le caryoplasme est vierge de granules et d'élément nucléinien, en dehors des nucléoles et de leurs figures. O : i36o; N : 372 sur 436. LA VESICULE DES BATRACIENS 29! FIG. 24 à 30. Résolution en magma. FIG. 24. Jeunes œufs et jeunes noyaux. Dans ceux-ci, l'élément nucléinien s'est ramassé, au centre du caryoplasme hyalin, sous diverses formes ; il est très dense. O : 28; N : 14 à 16. FIG. 25. Les anses nucléiniennes commencent à s'écarter, après s'être gonflées. O : 42; N : 22. FIG. 26 et 27. Elles sont séparées d'avantage et s'épandent en magma. Dans la FIG. 27, on voit de jeunes nucléoles secondaires à la périphérie. FIG. 26. O : 72 sur 60; N : 38 sur 42. FIG. 29. Magma en fer à cheval avec vacuoles; nouveaux nucléoles contre la membrane. O : 92 sur 1 1 2 ; N : 5o en moyenne. FIG. 28 et 30. Magmas secondaires en désagrégation, comme l'indique le nom- bre immense des granules répandus dans le caryoplasme. FIG. 28. O : 148; N : 80. FIG. 30. O : 172; N : 88. FIG. 31. Jeunes œufs et jeunes noyaux d'un autre individu. En a, formation des nucléoles à l'aide de portions du bo3'au primitif; on voit les bouts coupés des anses de ce filament. En b, c, d, e et f, formation de nombreux nucléoles; le fila- ment primitif disparait. En c, le premier nucléole formé est déjà presque mùr. a, O : 52 sur 36; N ; 18. FIG. 33. Résolution particulière des nucléoles en anneaux moniliformes. O : 100 sur 72; N : 56 sur 48. FIG. 32. Résolution normale des nucléoles en filaments, souvent géminés, à groupes étoiles. N : 68 sur 65. FIG. 34. Même genre de résolution dans un noyau un peu plus âgé; on voit le filament à l'intérieur des nucléoles. N : 88 sur 72. FIG. 35. Résolution un peu spéciale en rameaux étoiles et portant des sphérules. O : 172 sur 260; N ; 116 sur 82. FIG. 36. Les nucléoles donnent naissance à de grosses boules terminées par des goupillons. N : 128. FIG. 37. Faible grossissement : D X 2. Les nucléoles s'apprêtent à se résoudre en boules, sans plumeaux. N : 145. FIG. 38. Les nucléoles se portent au centre pour se résoudre en sphérules par une sorte de gemmation. O : 520; N : igo, en moyenne. FIG. 39. Commencement de la période secondaire; nucléoles en anneaux, don- nant ensuite de longs filaments radiés. O : 720 sur 610; N : 260 sur 248. 292 J B. CARNOY et H. LEBRUN FIG. 40. Certains nucléoles se résolvent en pelotons; d'autres en longs fila- ments qui se tortillent en anses bouclées N : 270 sur 260. FIG. 41 à 44. Figures particulières provenant du même animal. FIG. 41. Deux jeunes noyaux, dont l'élément nucléinien s'est condensé au centre du caryoplasme en une sorte de nucléole-noyau. En a, quatre petits nucléoles dé- tachés du filament primitif. a, O : 48 sur 40; N : 25 sur 22. FIG. 42. Le gros nucléole central en résolution filamenteuse à groupes étoiles. N : 48. FIG. 43. Les petits nucléoles se résolvent comme dans la figure précédente, tandis que la masse centrale donne naissance à un magma. N : 60. FIG. 44 Figure sporadique en boudin. O : 184 sur 180; N : 100 sur 88. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION. § 1. Le noyau et la vésicule genninative 1° Le noyau ...... 2° Le nucléole et les taches de Wagne.i 30 Remarques au sujet des observations ultérieures Constitution chimique du noyau et des nucléoles; critique de l'opinion de Schwar, Nucléines et plastines .... Parachromatine et paranucléine Nucléoles plasmaliques et nucléinicns ; critique de l'opinion de Zacharias Autonomie du noyau .... Structure réticulaire du noyau et du cytoplasme Structure filaire ..... Structure alvéolaire ; critique de la théorie de Bûtschu Structure granulaire; théorie d'ALTMANN L'histone du noyau .... Nucléo-albumine du noyau .... Archoplasme et sphères attractives; critique des travaux de E. Van Beneden et Bov Corpuscule polaire et centrosome . § 2. Matériaux et méthodes pour l'étude de la vésicule genninative des batraciens. Matériaux ..... Méthodes de préparation . . , . Fixation. ..... Coloration ..... 191 191 192 194 195 195 19S 199 202 2o3 2o3 304 205 206 206 207 210 211 212 212 2l3 2l5 Première Partie. I.BS UROD ELES. La Salamandre. Ape'rçu général .... Les trois périodes du développement de l'ovocyte 219 221 Chapitre I. Métamorphoses de l'élément nucléinien. § I. Première période. 1° Disparition du filament nucléinien primitif a) Résolution en magma . b) Résolution irradiante . 222 223 294 J. B. CARNOY et H. LEBRUN 2° Dissoluiions et figures nucléolaires pendaiit la première période a) Résolution en magma secondaire b) Résolution en boudins. , c) Résolution serpentine. . d) Résolution étoilée e) Résolution en goupillons Remarques . § 2. Deuxième période. Aperçu général .... Résolution hétérogène; figures de la 2" période § 3. Troisième période. Figures en pattes d'oie Goupillons bouclés Figures réduites . Figures en peloton à la maturité Résumé 227 227 227 229 23o 23 1 332 233 235 239 240 241 244 247 Chapitre II. Le Caryoplasme et le Cytoplasme. § 1 . Le Caryoptasme. Sa structure réticulée Son irradiation dans les figures § 2. Le Cytoplasme et ses enclaves. Structure réticulée des jeunes œufs. Introduction des vacuoles . Premièris plages formatrices des enclaves Apparition des plaques vitellines Migrations des enclaves dans le cytoplasme . Plages . formatrices supplémentaires . Structure vacuolaire définitive des œufs Phénomènes chimiques de la formation des corps vitellins Corps intravitellins .... 248 249 249 25o 25o 25 1 2S2 252 253 254 255 II. II Le Pleui-otièle. Le Cytoplasme et le Caryoplasme L'élément nuctéinien .... Premier type. 1° Première période .... a) Résolution irradiante du filament primitif b) Figures nucléolaires en goupillon . 2° Deuxième période .... Résolution hétérogène 30 Troisième période . . , . Résolution en pattes Second type. Résolution en magma de la première période 257 258 259 260 261 262 262 264 264 266 LA VESICULE DES BATRACIENS 295 III. Troisième type. lo Première période .... Résolution totale du filament primitif en nucléoles Figures nucléolaires variées z° Seconde période; figures hétérogènes . Figures particulières Résumé .... 267 267 268 269 270 271 Aperçu général sur les nucléoles. I. Constitution chimique des nucléoles II. Leur constitution organique . III. Genèse des nucléoles : a) Primaires b) Secondaires : première période . c) Tertiaires : seconde et troisième période IV. Nombre des générations nucléolaires . V. Nombre et position des nucléoles VL Division et fusion des nucléoles VII. Nucléoles et caryoplasme VIII. Nucléoles et figures de résolution Explication des planches 273 276 277 277 278 280 280 281 282 283 285 t If i f Planche I. %/' #= «r* -^ %.s , ••< > '-i « ♦ S' / ^ ' ;?^ > V /■-; FLg. IS -mm SM' '*^ Ftg.te Fig.l9 ■^':^-V /'^ ''=' :i.*.' e ft^SlSàt %.£' ^:^^3P?rr" 5^"A,% Fig.2S z^^ii^^-^^^^v^/-^^^.. 1.^ U^/ û^:-^ à^^^^0^^fS^:'Z^--^T^t^^ Fig.SO ,i^>fife^^ %, £'« Flg.S3 Ftg.SB J B. Carnou ad nat.deltn. Ltth F Pepermane.3ruxelle.i J Neirynch sculp. *^/\- ' i r Planche IL ^ycn{/ ///rnn/ //' ''^<;~. _ > ►Hi FU/.ÎS J B. drix^x: id nat Jclin Llth KPepermar.s Bruxdies J Neirynclx ^Tuip. r Phnchf III. v/ /a ///{n/r/?r mk é^^^ ^ ^' , -f.i- 1 -jC*v Fy.45. %4? %.4i' • •• •.■,». " .• ■ .. • • V -■• •* À' . • \» fta.o/ ^ ,1„ • . - . • • • J^ ' ♦ • • 'H ■ ' J J . 9' * Itf Fin. .50 J- 3- Carnoy. ad nacdehn. Liih K PepermAn^. Bruxelies. J.Nejrt/ncA ffcu/p. 4 4 r y/ /r/ ///r/ //U /( A l'Itincho III % "^\ T^p «.-•î^ .*j'.^. ,*-■.?■ ?►«,' /■'( b^.?. Piif 5^ l-'uj (>0 /■[ •••;•■.».• C£> ij^ '■'î/ '"j /•.X:. ■• FtgûH '.'< C<.Tri<.y!.-!h'L,-lrU!; sr/nMa' . •/-■■ Planche IV r//t{ arw Fig- 19 %- # Fcg.9 1*1'' J^-^l-i _T_ .M'i\\'! ^.>-~Cv »M.^7 , ..^•i-!"^ '5Éfeji^4;'' ^ '%. %«..ff^-^.J*' Fig SO ï^' '„' ■,.■ -*-^ ' ^w • *»' ■'■"• ^ •'.^^. -4^ 'St^ V ..l \ *-v)' .»*!.*■■ •! %. 7 / ■■• — S— lit*- FUI. s Fis. Il /Vy. /O e % /7 /■iy. /■> Fiq. I', Fiy. /J j. £s. Carnou ad naC. delin. J. NeiryncA scu/p ■ i i f Planche J C/. Y/?rrU'U' •\. * * 9 .^ ■\ rv< ^ Fig.il i "' • ' ■ -'•'"y-' - •■■ •.• • * •••• ^^ivi-^ •' • ''-■•"■ai'.* - ' fio. 52 Fig.n H%^^ -K« i^-- • • ^S'' / -■."^, i-^ / ^ ^ j %■ -3/ %. .34 Fig.^l Fig.^0 J B. C^rnoy. a Die chromsauren Salze, besonders doppeltchrom- saures Kali, sind flir die Untersuchung der Zellkerne gânzlich umbrauch- bar. « Desgleichen glaubte Barfurth (3), obschon die doppeltchromsauren Salze fiir seine Untersuchungen im Uebrigen nur indicirt waren, von ihrer Anwendung dennoch absehen zu miissen r, da sie, wie Flemming nachge- wiesen, die Mitosen nicht conserviren. - Lowit(4.) beschreibt die Wirkung des Kal. bichromie, wie folgt : •' Die Kerne sind in eine homogène Blase verwandelt und lassen auch nach der Filrbung keine chromatischen Klumpen mehr hervortreten. « Aus den sehr eingehenden chemisch-mikroskopischen Untersuchungen von Schwarz(5) muss ich mir erlauben folgenden langeren hierhergehôrigen Abschnitt anzufuhren : ^ In concentrirter Losung von doppeltchromsauren Kali ist das Chromatin und die Kernmembran unlôslich. Die Fibrillen und Grundsubstanz quellen gleichmassig « und « im Kern quellen Linin und Paralinin stark auf, wâhrend das Chromatin und das Amphipyrenin der Membran voUstândig unlôslich bleiben. Die Membran wird namentlich sehr deutlich, da der Kerninhalt entweder das Aussehen einer Flussigkeit annimmt oder ganz fein punctirt durchsichtig wird... Die Kernkorperchen sind nur unvollkommen lôslich, sie zerfallen meist in einzelne Stucke oder verandern doch wenigstens ihre Gestalt. « In einer Tabelle (S. 184) fasst er dies sehr ubersichtlich folgendermassen zusammen : Chromatin-unloslich ; (i) Carnoy : La biologie cellulaire; S. 210. (2) W. Pfitzner : Die Epidermis der Amphibien ; Morphol. Jalirbuch, 1880, S. 469 (S. 4S1I. (3) D. Barfurth : Zur Régénération der Gcivebe; Arch. f. mikrosk An.t, 1891, Bd. 37, S 406. (4) M. LôwiT : Ueber Neubildiing und Beschaffenhcit der wcissen Bliitkorperchen. Ein Beitrag :{ur Zelllehre; Ziegler's Beitràge z. path. Anat. u. z. allg. Path., 1S91, Bd. 10 iS. 214). (5) Frank Schwarz : Die morphologische und chemische Zusamme.'.set^ung des Proioplasmas ; Beitràge zur Biologie der Pflanzen von Colin, i?92, Bd. 5 (S. 117). 45 344 Eugen BURCHARDT Linin (Geriistsubstanz) — stark quellend; Paralinin (Zwischensubstanz) - — stark quellend; Pyreniii (Nucleolen) — particll loslich ; Amphipyrenin (Kernmembran) — unlôslich. Der Vollstandigkeit-wegen môge auch Rawitz (i) angefuhrt werden, welcher dem Kal. bichromie, eine ^ kernfeindliche Tendenz ^ zuschreibt. Endlich blieben noch die Untersuchungen von Auerbach (2), die allen schon angeftihrten zwar zeitlich vorangingen, die ich aber absichtlich an letzter Stelle bringe, weil sie besonders gut im Stande sind, uns die Schwie- rigkeiten unseres Gegenstandes zum Bewusstsein zu bringen, wie sie auch, zum Theil wenigstens, die Erklarung daftir zu geben vermôgen, dass sich in der Beantwortung dieser scheinbar so einfachen Frage doch gewisse Abweichungen ergeben konnten. Auerbach beobachtete dasVerhalten freier Kerne in aufsteigenden Concentrationen von doppeltchromsaurem Kalium und fand dabei je nach dem Gehalt einen hochst merkwtirdigen Wechsel von Quellung und Erhârtung, der sich aber nur verstehen lâsst, wenn man folgende von ihm aufgestellte Tabelle (S. 39) vor Augen hat : DOPPELT-CHROMSAURES KALI. PROCENTE. 10.0000 1.5000 ' Schrumpfung i 1 .2000 obère Erhârtungsregion. 2.0000 ; , . . r\ ^^ \ obère Région mnerer Quellung. j untere Erhârtungsregion. Quellung der \ der Kerne ( 0.0300 \ untere Région innerer Quellung. Nucleoli j 0.0060 0.0000 Ueber-x\ufquellung. BezLig nchmend hierauf legt er die Wirkung der gebrauchlichen star- keren Lôsungen wie folgt aus (S. 37) : « Man sieht, dass wenn nicht die kurze Untérbrechung von 1,5 — 2 o/u ware, nur eine einzige, den concen- trirten Lôsungen angehôrige Erhârtungsregion vorhanden ware... Dazu kommt, dass in doppelt-chromsauren Kali die beiden zuletzt genannten Regionen nicht rein sich darstellen. Die geringe Hôhe derselben in Verbin- dung mit der verschiedenen Widerstandsfâhigkeit der Kerne bringt es mit sich, dass immer eine Anzahl der Kerne in abweichenden Zustiinden sich (i) Rawitz : Ccntiosoma und AtliacUonssj.'/idrcn u. s. tv.; Arr.li. f. mikrosk. Anat., iSgS, Bd. 44, S. 555 iS. 57S). (2) L. Auerbach : Organolosische Stu.iien; Breslau, 1S74, S. 3/ u. ff. I BICHROMATE UND ZELLKERN 345 befindet, welche entweder schon der nachst oberen oder der niichst unteren Région entsprechen. -^ Besonders interessirt uns ferner, wenn er weiterhin sagt (S. 65) : " In concentrirten Lôsungen von mehr als i o/o Gehalt stim- men die intracellularen Veranderungen der Kerne ganz mit denen isolirter iiberein. ^ II. Eigene Untersuchungen. Nachdem ich somit im Vorhergehenden ein môglichst getreues Bild der Veranderungen gcgeben habe, welche nach den bis jetzt vorliegenden Erfalirungen der Zellkern unter der Einwirkung der Bichromate erleidet, will ich nun auf meine eigenen Untersuchungen eingehen. Hierbei wird es aber nicht so sehr meine Aufgabe sein die, wie wir gesehen haben, schon so oft und so grtindlich bearbeiteten gebrauchlichen doppeltchromsauren Salze eineni womôglich noch grlindlicheren Studium zu unterwerfen — denn das halte ich inderThat fiir unmôglich ~ als vielmehrdem zweiten in Flem- ming's - Warnungstafel - enthaltenen Theil, der sich auf die ungenannten ^ anderen Chromsalze „ bezieht, cine priicize Beantwortung zu Theil wer- den zu lassen. Den Anlass, auch dicsen Punct in's Auge zu fasscn, erhielt ich gelegent- lich anderweitiger, ziemlich ausgcdehnter Untersuchungen mit allen mir zuganglichen einfach- und doppeltchromsauren Salzen, in ihrem Verhalten zu den verschiedensten Geweben und Zellproducten, normalen wie patholo- gischen, wie auch auf Bactérien, soweit sic sich im Gewebe finden. Hierbei zeigte sich als ein fur mich, der ich bei meinen Arbeiten ailes andere als be- giinstigt wurde, uniiberwindliches Hinderniss das immerhin erwâhnens- werthe Factum, dass ein Theil der chemischen Verbindungen unterhalb eines gewissen Temperaturgrades iiberhaupt nicht mehr auftrat, so dass ich dièse umfassenderen Untersuchungen zwei Winter hindurch unter- brechen und endlich ganz aufgeben musste. Nur dem Umstande, dass die im Folgenden zu beschreibenden Verbindungen zwischen Bichromaten und Zellkern dieser Beschrânkung nicht unterworfen sind, verdanke ich es, dièse Untersuchungen weiter verfolgen und, trotz einigen Mangels an Material, zu einem relativen Abschluss bringen zu konnen. Als Material fiir meine Untersuchungen dienten mir im Winter Mâuse und Fische, in der warmeren Jahreszeit Frosche und Kruten. Letztere sind 346 Eugen BURCHARDT bei der relativcn Grosse ihrer Kerntheilungen hierzu recht geeignet (i), wlihrend Fische, wenigstens aile von mir benutzten, wegen der Kleinheit ihrer Mitosen schon so liohe Anforderungcn an den Beobachter stellen, dass ich von ihrer Benutzung nur abrathen kann. Die Kerne der Maus stehen in Bezug auf Grosse und Deutlichkeit — und ich mochte bemerken, dass beides nicht iinmer Hand in Hand geht — so ziemlich in der Mitte ; aber auch bei ihnen ist die Auflôsung der Theilungsfiguren schon ailes andere als leicht, wenn man nicht bestândig mit Immersionen arbeiten will (2). Bei allen genannten Thieren ist der ganze Verdauungskanal eine, wenn auch ungleich reichc, Fundstiitte fur Zelltheilungen. Mitosen i m Darm wurdcn bekanntlich zuerst 1882 von Pfitzner (3) gesehen, ihr regelmassiges Vorkommen im ganzen Intestinaltract dann von BizzozERO (4) und seinen Schlilern auf das Eingehendste bei verschieden Wirbelthieren verfolgt, so bei Hund, Kaninchen, Meerschweinchen und Maus. Ihre genauere Vertheilung und ihre Bedeutung fiir den Ersatz des Deckepithels zeigte Bizzozero gleichfalls (5). AehnlicheBefundemachteCLOETTA(6) beiVôgeln(Taube, Huhn, INIeise, Amsel, Sperling). Von MoRPURGO f7) wurde im Besondern der Einfluss des Hungerns auf die Zahl der Zelltheilungen untersucht, und sagt hieriiber Bizzozero (8) in einem zusammenfassenden Vortrag folgendes : " Dans les organes où, normalement, il existe déjà un processus de néoformation cellulaire par karyokinèse, ce processus persiste aussi dans les périodes les plus graves de l'inanition aiguë de l'organisme, et il persiste aussi bien dans les organes adultes que dans ceux qui se trouvent en voie d'accroissement. L'unique (i) In diesem Puncte mochie ich die Krôie dem Frosche noch vorziehen. {2) Ich bedienle mich {;ewôhnlich der Objective 7 uud 9 von Hartnatk, und nur zur Conirolle des 2 mm. Apochrorr.ntes. (3) Pfitz.ner : Dcobachtungen iibcr iveileres Vorkommcn der Kan-okincse; Arch. f. mikcosk. Anat., 1882,. Ed. 20, S. 142. (.() Bizzozero e Vassale : Siilla produ^ione e siilla regencra^ionc Jisiologica degli clcmcnti glandolari; Arcbivio per le scienze meJiche, 1S87, vol. XI, p. igS. (5) Bizzozero ; Uebcr die schianc/i/ormigen Drû^eii des Magen, Darmkanals und die Be^ieliungen ilires Epitliels jh dcin Obcrflàclienepitlic! der Schlciinliaul ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1892, Bd. 40, S. 325. (6) M. Cloetta ; Bcitrag ^ur >ni/;rosl,opischcn Anatomie des Vogeldarms ; Arch. f. mikrosk. Anal., 1S93, Bd. .ji, S. SS. (7) B. MOBi'URGO : Siil processo Jisiologieo di neofurma^ione cellulare durante la inani^ione aciita dcU'organismo; Archivio per le scienze meJiche, 18S8, vol. XII, p. SgS. (S) Bizzozero ; Accroissement et régénération dans l'organisme- Archives italiennes de Biologie, 1894, Tome 21, p. 1 10. BICHROMATE UND ZELLKERN 347 différence qu'on remarque, à cet égard, entre les organes affamés et les or- ganes bien nourris, c'est que, dans les premiers, le nombre des mitoses est moindre et, par conséquent, la prolifération cellulaire moins active. ^ Schon Flemming (i) librigens war es aufgefallen, dass wahrend bei gut geftitterten Amphibienlarven die Gewebe voiler Theilungsfiguren steckten, sie bei hungernden fehlten. Abnahme derselben beim Hungern sah auch Peremeschko (2) in den Hautepithelien bei Triton cristatiis, ebenso in den rothen Blutkorperchen desselben Thieres Bizzozero und Torre (3). Diesen Punct wollte ich deshalb nicht unerwahnt lassen, weil auch ich an Amphibien, die ich selbst gefangen und langere Zeit ohne Nahrung ge- lassen hatte, eine merkliche, flir meine Untersuchungen naturlich nur nach- theilige, Abnahme der Zelltheilungen im Verdauungskanal zu constatiren hatte. Der Umstand, dass dièses Organ in Folge sciner Umhtillung durch eine zusammenhângende Schicht glatter Muskeln von fixirenden Fltissig- keiten cher schwer durchdrungen wird — und dies ist selbst bei den kleinen von mir gebrauchten Thieren schon recht merklich — konnte ftir dièse Art von Untersuchungen nur als ein Vortheil angesehn werden. Und in der That habe ich mich davon iiberzeugen konnen, dass ein anderes Organ, das gleichfalls reich an Mitosen ist, namlich der Hoden (Maus), gerade wegen der ungevvôhnlichen Leichtigkeit, mit welcher bei ihm auch sonst ungenii- gende Fixirungsmittcl die Kerntheilungsfiguren gut fixiren, ganz ungeeignet ist, um fur derartige Untersuchungen als A'ersuchsobject zu dienen. Dies ist um so mehr der Fall, als der Hoden auch in anderer Beziehung eine hochst bedeutungsvoUe Ausnahme abgiebt, ein Punct, auf den ich spâter in Bestatigung schon altérer Beobachtungen von Flemming ausftihrlich einzu- gehen haben werde. Die doppeltchromsauren Salze, welche in den Kreis dieser Untersu- (i) W. Flemming : Uebcr das Verhalten des Kerns bei der ZelUheiliiug und ùber die Bedeiitung mekrkeniiger Zellcn; Virch. Arch , 1879, Bd. 77, S. 1 (2) Peremeschko : Ueber Theilung der thierischen Zellen; Arch. f. niikrosk. Anat., 1S79, Bd. i5, S. 437. (3) Bizzozero e Torre : Sulla prodii^ione dei globuli rossi iiellc varie classi dei vertebrati; Archivio per le scienze mediche, 1S84, vol. VII, p. 3fii. Anm. Eine wertvolle Zusammenstellung der Arbeiten italienischer Forscher ùber Zelltheilung unter abnoimen Bedingungen gieht Bizzozero : Ueber die Régénération der Elemente der Gewebe unter pa- tliologischen Bedingungen; Centralbl. f. d. medicin. Wissenschaften, 1SS6, S. 81. 348 Eugen BURCHARDT | chungen gezogen werden konnten, waren das Ammonium (ij ', Kalium ', Natrium -, Caesium % Rubidium ', Lithium \ Magnésium ', Barium -, Strontium ', Calcium ', Aluminium ^, Zincum ' und Cuprum ' bichromicum. (Argent, bichrom. ist nur în Spuren, Hj^drargyr. biclirom. in Wasser gar nicht lôslich.) Ohne Zweifel wâre es erwUnscht gewesen aile dièse Salze in gleicher Reinheit, als purissima, anwenden zu kônnen, und fur die Entscheidung einiger Nebenfragen wird dies allerdings nôtig sein. Jedoch ist dieser Man- gel fur das Endurtheil iiber den eigentlich characteristischen Unterschied dieser Salze in ihrem Verhalten zum Kern ohne grosse Bedeutung. Dass ich mich bei der Herstellung aller hier in Betracht kommenden Losungen und Mischungen der grôssten Accuratesse befleissigt habe, moge deshalb besonders erwâhnt sein, weil ich meinen Nachuntersuchern dieselbe Sorgfalt an's Herz zu legen aile Ursache habe. Einige dieser Salze, und zwar gerade die interessantesten unter ihnen, sind in der That ailes andre als indifférente Kôrper, und vermogen schon geringe Abweichungen von den angegebenen Mischungsverhaltnissen recht abweichende Resultate zu geben ! Zur Priifung dieser Salze wurden in erster Linie gleich starke und in der ganzen Reihe an Gehalt zunehmende Losungen hergestellt, in welche kleine Stiickchen frisch ausgeschnittenen Darmes — daneben auch andre Organe wie Leber, Niere, Riickenmark u. s. w. — eingelegt wurden. Nach 24 stiindigem Harten wurden die Stiickchen fur einen Tag in haufig ge- wechseltem Wasser ausgewaschen und in Alcohol nachgehartet. Mikrotom- schnitte von iojj. Dicke, bei Maus und Fisch auch diinncr, wurden den verschiedensten Farbungen unterworfen und meist in Nelkenoel unter- sucht. Je nachdem die Eigenart der Wirkungsweise der einzelnen Salze dazu aufforderte, wurde weiter die Dauer des Aufenthalts in den Losungen wie die des Auswaschens variirt. Da bei diesem, wie ersichtlich, sehr einfachen Verfahren wenigstens eine Reihe zu gleicher Zeit oder, wenn zeitlich getrennt, doch bei ziemlich derselben umgebenden Temperatur zur Ausfuhrung kam, konnte der Man- geleines gleichen und bestandigen Warmegrades kaum in Betracht kommen, ri) AUe Salze stammten ans dem Laboratorium von E. Merck in Darmstadt. FQr die Darstel- lung des Magnésium (aucli als purissimum) und des Strontium bichrom., die im Handcl niclit vor- handen waren, bin ich Htrrn Merck zu dem grôsslen Danke verpflichtet. 1 = Purissimum; 2 ^ purum ; 3 = Reinlieit nicht angegeben, jedenfalls geringer als purum. BICHROMATE UND ZELLKERN 349 und dies um so weniger, als ich mich tiberzeugen konnte, dass bei willkiir- lich variirten Temperaturen der Losungen Differenzen im Bilde der Kerne nicht zu erkennen waren. Dagegen wUrde bei vergleichenden Untersuchun- gen liber die Veranderungen an den Zellleibern wohl auch auf diesen Punct wie auch auf vollkommene Reinheit aller Salze zu achten sein. Ein weiterer Einwurf, der nicht ohne Weiteres unberucksichtigt bleiben durfte, war der, ob nicht bei der Einwirkung aller dieser wassrigen Losun- gen irgcnd welche der am Kern zu beobachtenden Veranderungen, zum Theil wenigstens, auf die Wirkung des Wassers zuruckgefiihrt werden musste. Wenn iiberhaupt, so musste sich dieser Umstand an den schwachen Concentrationen besonders geltend machen. Beobachtungen liber die Veranderungen des Zellkerns und seiner Be- standtheile unter Einwirkung von Wasser finden sich bei Auerbach (i), Flemming '2), Zacharias (3), KossEL (4), Carnoy (5), LowiT (6) und bei Sci-IWARZ (7). Bei dem ausserordentlichen Differiren dieser Beobachtungen, was nicht zum kleinsten Theil in der Verschiedenheit der untersuchten Gewebe (Pflanzenzellen, Thierzellen) seine Erklarung finden mag, glaube ich es mir ersparen zu kônnen, auf die Resultate dieser Forscher einzugehen, und dies um so mehr als sich bei meinen darauf gerichteten Versachen heraus- stellte dass die Zellkerne, bei einem mit meinen librigen Versuchen liber- einstimmenden Verfahren, dasselbe Bild darboten, wie Kerne von Stiick- chen, die dieselbe Zeit an der Luft gelegen und dann in Alcohol eingelegt waren. Der einzige Unterschied bestand vielléicht darin, dass die Kerne an den dem Wasser direct zugânglichen Stellen noch etwas mehr eckig, wie geschrumpft, aussahen. Dièses négative Ergebniss ist wohl darauf zuriick- zufuhren, dass einmal reines Wasser in einigermassen festes Gewebe nur schr schwer eindringt — ein Umstand der schon in der gut erhaltenen Con- (1) Auerbach : Organologisc/ie Sludien, 1874. (2) Flemming : Studien ûber die Entwicklungsgeschichle der Najaden; Sitzungsber. d. Wicn. Acad. d. Wissensch., 1875, S. Si, S. 145; u. Zdlsiibstan:^, Kern und Zellthcihing, 1SS2, S. 100. (3) E. Zacharias : Botan, Zeit., 1881. S. 169, und i8S5, S. 262. (4I A. KossEL : Ueher ei:en pepton artigen BestandHieil des Zellkerns; Zeitsclir. f. phys. Chcmie i883, Bd. 8. (5) Carnoy ; Biologie cellulaire, 1884, S. 20S. (6) M. LôwiT : Ueber Xeubilduitg und Bescluiffenheit der weissoi Blulkorperclwn ; Ziegler's Beitràge z. path. Anal., 1891, Bd. 10. (yi Fi ANK Schwarz : Die morphologisclie und cheniis^he Zasamincnset^uiig des Protoplasmn; Beiirage z. Biologie d. Pfl.inztn von Colin, 1892, Bd. 5, S. 87-99. 350 Eugen BURCHARDT sistenz des Stiickes zum Ausdruck kommt — und dass zweitens der Zell- korper ein weiteres Hinderniss fur das Eindringen des Wassers abgiebt. Schon alte Beobachtungen (Dujardin) haben ja erwiesen, dass frisches Protoplasma fur Wasser iiur schwer durchgangig ist. Ein weiterer Beweis fiir die Indifferenz des reinen Wassers wird sich ferner im Verlaufe dieser Untersuchungen daraus entnehmcn lassen, dass nicht nur schon sehr geringeMengenvonSauren und Salzen in den Mischun- gen einen deutlichen Einfluss ausliben, sondern dass auch geringe Variatio- nen in diesen an sich so niedrigen Concentrationen das Résultat in Bezug auf Erhaltung der Kernstructur merklich zu beeinflussen vermogen. Ich glaube mich demnach zu dem Schlusse berechtigt, dass die Veriln- derungen, welche am Kern nach Einvvirkung wassriger Losungen der Bi- chromate anzutreffen sind, in der That der Wirkung der letzteren zuge- schrieben werden miissen. Meine Untersuchungen haben nun ergeben, dass nicht aile doppelt- chromsauren Salze den Kern in gleicher Weise verandern, sondern dass sie sich in dieser Beziehung in zwei Reihen trennen. Die eiue Reihe uinfasst die Sal^e, ivelche die Kenislriiciiir {erstôrcn, die andere diejenigen, ipelche sie erhalten. Zu den ersteren, den kcrn:{erstorenden, gehoren Kaliiiin, Caesium, Rubidium, Nairium, Lithium — also aile Sal{e der Alkalimetalle —, ferner Ammonium, Magnésium, Stronlium und Zincum bichvomicum. Wahrend meinen Beobachtungen nach unter allen diesen Salzen kaum zwei sein werden, die sich zum Zellleib ganz gleich verhalten, ein Umstand, der sich schon in dem oft sehr verschiedenen Hârtungsgrade der Gewebe bei im Uebrigen selbstverstândlich gleicher Behandlung ausdriickt, der aber nur unter Beobachtung der schon vorher erwahnten Cautelen vôllig gleicher Reinheit und Temperatur in exacter Weise zu erledigen sein wird, ist der Einfluss aller dieser Kôrper auf den Zellkern ein derart ahnlicher, dass es geniigt, einen einzigen davon zur naheren Besprechung herauszanehmen. Hierzu môge das Kalium bichromicum als das bei Weitem am haufig- sten benutzte dienen. Was ich am Kern nach Einwrrkung dièses Salzes gesehen habe, kônnte ich nicht besser und kiirzer als mit den Worten Lowit's geben : « die Kerne sind zu einer homogenen Blase verwandelt und lassen auch nach der Farbung keine chromatischen Klumpen mehr hervor- treten. -^ Von diesem Bilde zeigte sich nur hier und da in so fern eine Ab- weichung, als in einigcn wenigen Kernen doch noch ein bis zwei mcist BICHROMATE UND ZELLKERN 351 ungleich grosse KlUmpchen zu sehenwaren, diesich aber an dem im ubrigen, mit Haematoxjdin, ganz gleichmassig gefârbten Kerninhalt nicht durch starkere Farbung auszeichneten. Ob dies Nucleolen sind oder Chromatiu- klumpchen, vermagich nicht zu entscheiden; nach ScHWARz(i)ist Chromatin in Kal. bichrom.-Losung vollig unloslich, aber die Substanz der Nucleo- len (Pyrenin) auch nur zum Theil loslich. Es ist mir ferner aufgefallen, dass bei langerem Verweilen des Gewebes in der Kal. bichrom.-Losung die Kernfarbung mit Haematoxylin eher noch schlechter ausfiel. In diesem Puncte tritt uns einer der Unterschiede in dem Verhalten der Kerne nach Hârtung in reiner Lôsung von Kal. bichrom. und nach Be- handlung mit IMliLLER'scher Flussigkeit entgegen, bei der bekanntlich die Farbbarkeit des Kerns mit der Dauer der Hiirtung eine bessere wird. Dieser Unterschied ist aber, wie ich besonders Flemming gegenliber hervorheben mochte, nicht der einzige und auch nicht der wichtigste. Gegentiber der vollig diffusen Auflosung des Chromatins in dem Kal. bichromicum-Kern, zeigt der mit MiiLLER'scher Flussigkeit behandeltedas Chromatin in ungleich grosse Kltimpchen vertheilt. Doch findet sich dies mehr ausgesprochen an dem ruhenden als an dem mitotischen Kern. An letzterem erscheint das Chromatin wenn auch nicht diffus doch derart verquollen, dass man hier und da Mitosen zwar noch errathen, aber jedenfalls nicht mit Sicherheit erkennen kann. Demnach lasst sich nicht sagen, dass Kal. bichrom. und MtiLLER'sche Fliissigkeit gleich wirken, eher noch dass durch den Zusatz von Natrium sulfuricum die Wirkung des Kal. bichrom. auf den Kern abge- schwacht wird (2). Dieser Vorgang muss um so râthselhafter erscheinen, als auch schwefelsaures Natron ftir sich allein am Kern jede Structur zum Ver- schwinden bringt. Ailes was bis jetzt von der Wirkung des Kal. bichrom. gesagt worden,, gilt nun, wie schon bemerkt, auch filr die anderen oben aufgezahlten kernzerstôrenden Salze. Es lasst sich aber doch zeigen, dass, obschon dièse Wirkung qualitativ eine durchaus analoge ist, sie dennoch in den einzelnen Salzen dem Grad nach verschieden sein muss. Um sich hiervon zu ûberzeugen, muss man (i) Frank Schwarz : Die morphologiscJie iind chcmische Ziisainmenset^ung des Protoplasmas; Beitr. z, Biologie d. Pflanzea von Cohn, 1S92, Bd. 5 (Tabelle S. 184). (2) Amn. Dièse Abschwachung fûhrt gerade. bei làngerer Einwiikung, zu einer grùndlicheren Vcr- bindung mit gewissen Gcwebsbestandiheilen, z. B. mit den Myelinscheiden. Noch richliger wiirde es vielleicht sein, die MÛLLERSche Lôsung anzusehen als eine Flussigkeit von ganz besonderen Eigenschaf- ten, die sich bis jetzt nur empirisch feststellen, nicht erklaren lassen. Bei Anwendung von Magnésium sulfuricum an Stelle des Natr. suif, wird der Kern so homogen wie nach Einvvirkung der reinen Lô,ung von Kal. bichrom.; er fàrbt sich aber leicht und slark mit Haemat-ixylin. 46 352 Eugen BURCHARDT den wassrigen Lôsungen dieser Salze Essigsiiure zusetzen. Von der kernfi- xirenden Eigenschaft dieser Silure ist zum Studium der karyokinetischen Theilung schon friih Gebrauch gemacht worden. Da auch bei meinen Un- tersuchungen die Essigsâure eine nicht unbedeutende Rolle spielt, konnte ich nicht umhin, auch mit ihr entsprechende Versuche anzustellen, indem ich kleine Stiicke Darm in 2 — 5 0/0 Essigsâure auf 24 Stunden (auch we- niger) einlegte, auswusch und in Alcohol nachhartete. Hierbei fand ich zu meiner Ueberraschung, dass dieselben Farbstoffe, welche gleichzeitig mit Essigsâure angewandt, das Chromatin gut und distinct farben, wie Methyl- griin (Strasburger, Carnoy) und Bismarkbraun (Mayzel), bei der von mir gewahlten Anordnung so gut wie keine Affinitat ftlr dièse Kernsubstanz zeigen, Dasselbe gilt fiir Haematoxylin, wiihrend andre basische Anilinfar- ben das ganze Gewebe diffus farben. Nur Carmin erwies sich hier als brauchbar, doch iiberzeugt man sich an diesen Praeparaten schon ohne jede Farbung bei der einfachen Betrachtung in Nelkenoel, dass die Mitosen in ihrem chromatischen wie achromatischen Theil vollkommen erhalten sind. Setzt man nun wassrigen (z. B. 5 0/0) Lôsungen von Ammonium, Kalium, Strontium, Zincum bichromicum 5 0/0 Essigsâure zu, so unterliegt die Mitose zwei antagonistisch wirkcnden Kriiften, der zerstôrenden der Bichromate, der erhaltenden der Essigsâure. Wenn wir nun sehen, dass die Mitosen nach Behandlung mit diesen Lôsungen ungleich gut erhalten sind, und zwar am besten in der Zink- am schlechtesten in der Ammonium-Lô- sung, so sind wir berechtigt dem Zinc, bichrom. weniger kernzerstôrende Eigenschaft zuzuschreiben als dem Strontium, Kalium und besonders dem Ammonium bichrom. Die Wirkung- dieser Salie auf den Kern ist also eine gleichartige, aber nicht eine gleichstarke. Noch auf einen Punct mochte ich hinweisen, der vielleicht fur das Ver- stândniss der Wirkung dieser Salze nicht ohne Bedeutung sein wird, dass sich namlich die Wirkung dieser Bichromate in allen Concentrationen, star- ken (2-5 0/0) wie schwachen (i : 1000), in gleicher Weise iiussert. Die Angabe Flemming's (s. oben), dass man durch sehr verdunnte Lôsungen von Kal. bichrom. (0,1 0/0) die Theilungsbilderoft sehr schôn conserviren kann, habe ich. an den von mir untersuchten Objecten wenigstens, nie bestatigen kônnen. Wenn ich jetzt zur Besprechung der Salze ubergehe, welche die Kern- structur erhalten, betrete ich ein Gebiet, das, so viel ich weiss, der Beo- bachtung bis jetzt entgangen ist. BICHROMATE UND ZELLKERN 353 Abgesehn von der Neuheit verdienten dièse Salze, besonders auch von Seiten der physiologischen Chemiker, eingehende Beriicksichtigung, weil, soweit ich als Nicht-Chemiker dièse Verhâltnisse zu durchschauen vcrmag, erst ihre Kenntniss eine richtige Auffassung von der Wirkung der Bichro- mate auf den Zellkern iiberhaupt ermôglichen wird. roti allen von inir itntersuchten Salien gehoren in dièse Reiiie das Calcium^ Bariiim iiiid Ciiprmu bichroniicinn. Operirt man mit rein wassrigen Losungen diescr drei Salze, so iiber- rasclit als erstes eine Besonderheit, nâmlich das aussersrewohnlich p-eringe Eindringungsvermôgen und,\vas damit zusammenhangt, die abnorme Harte der damit behandelten Organstlickchen. An Stlicken, welche in 1/2 0/0 Losungen von Calcium, Barium oder Cuprum bichromicum 24 Stunden gehartet, ausgewaschen und in Alcohol nachgehârtet sind, finden wir die Mitosen conservirt. Aile Stadien der Kerntheilung sind an derartigen Praeparaten zu erkennen, nicht zu sehen ist die achromatische Figur. Die ruhenden Kerne zeigen ihr Chromatin nicht diffus, sondern unregelmâssig in Kliimpchen vertheilt ; der Zellleib ist schr hell, fast ohne Structur, offenbar schlecht erhalten. Dièse Schnitte farben sich kaum mit Anilinfarben und auch nur sehr schwach in Haematoxylin. Es bedarf dcshalb schon scharfer Betrachtung am die schwach gefarbten Chromosomen zu erkennen. Leichter gelingt dies bei Anwendung starkerer Losungen dieser Salze z. B. I 0/0. Hier ist die chromatische Figur nach Farbung in Haematoxylin leicht zu erkennen, die achromatische Figur unsichtbar, der Zellleib zwar geschrumpft aber mit Kôrnchen und Fâden gefuUt, also schon besser con- servirt. Schon dièse 1 0/0 LiJsungen dringen aber so schwer ein, dass, ganz abge- sehn von der Schrumpfung, dieser Umstand allein die practische Verwer- thung dieser Bichromate in reinen wassrigen Losungen ausschliesst. Sie beweisen uns aber — und darauf kommt es hier in erster Linie an — dass wir in diesen drei Salien Kôrper l'or uns liaben, die, ini Gegensaii ^ii der grossen Zabi der kernierstôreriden Bichromate, die Structur des Zellkern s erhalten. Was sie erhalten, ist aber, im Allgemeinen, der chromatische Theil des Kerns, nicht der achromatische. \^on diesen drei Salzen gehoren zwei, das Calcium und Barium, der- selben chemischen Gruppe an, der der alkalischen Erden. Im Besitze der Kenntniss von dem eigenthUmlichen Verhalten dieser beiden Erdalkalien, 354 Eugen BURCHARDT musste dieselbe Frage natlirlich fiir das dritte Salz dieser Gruppe, das Strontium, sich aufwerfen. Solange mir dièses letztere nun nicht zugangig war, glaubte ich anneh- men zu diirfen, dass ihm wahrscheinlich dieselbe VVirkung auf den Kern zukommen wiirde wie dem Calcium und Barium bichromicum. Dafursprach nicht so sehr ihre chemische Zugehorigkeit — obschon wir ja sclion fiir eine ganze Gruppe, die der Alkalien, voile Uebereinstimmung im Verhalten zum Zellkern zu constatiren hatten — als vielmehr eine schon altère und gesi- cherte Erfahrung auf chemisch-physiologischem Gebiete. Als Green (i) 1887 seinen interessanten Fund mittheilte, dass schwe- felsaures Calcium das Blut zum Gerinnen bringe, glaubte er zu gleicher Zeit dièse VVirkung dem Barium und Strontium absprechen zu miissen. Dagegen konnten Ringer und Sainsbury (2) drei Jahre spater feststel- len, dass Strontium und Barium dieselbe Wirkung auf Blut haben wie Calcium, wenn auch in geringerem Grade. Der entgegengesetzte Befund von Horne(3), welchen nach seinen Experimenten diesen Kôrpern einen die Blutgerinnung verhindernden Einfluss zuschreiben zu miissen glaubte, konnte nicht gegen meine Annahme sprechen, da ja auch dieser Forscher allen drei Erdalkalien eine gleiche Wirkung zuschrieb, in der Weise, dass Barium am stârksten, schwacher das Strontium, am schwâchsten die Cal- ciumverbindungen wirken sollten. Nur dem ausserordentlichen Entgegenkommen des Herrn E. Merck verdanke ich es nun, mich hier vor einem Fehlschluss bewahrt zu haben, denn : Strontium bichromicum erhdlt nicht, trie Calcium und Barium, son- der n es lerstôrt den Kern. Dièses abweichende und so intéressante Verhalten des Strontiumsalzes ist um so bemerkenswerther, als es eine andre redit auffallende Eigenschaft mit den beiden andren Erdalkalien gemein hat. Aile drei Salze sind nam- lich hygroskopisch, am wenigsten das Strontium, schon mehr das Barium- salz, mit dem sich aber noch bequem operiren lasst, das Calcium bichro- micum jedoch in so hohem Grade, dass man sich beim Abwâgen desselben (il J. R. Green : On certain points conncctcd n'ith Ihe coagulation of th(^ blond; Journ. ofPhysiol., 1887, vol. 8, p. 354. (2) Rincer and Sainsiîurv : Tlie influence of certain salts upon tlie act of clotting; Journ. of Physiol., 1890, vol. XI, p. 36o. (3) R. M. HoRNK : The action of Calcium. Slroutium and Barium salis in yrevcnting coagulation of Dlood; .lourn. of Physiol , I5i|'j, vol. XI.\, p 356. ■ BICHROMATE UND ZELLKERN 355 beeilen muss (i). x\uffallend ist nun, dass auch das dritte fixirende Salz, das Cuprum bichrom. in hohem Grade hygroskopisch, fast zerfliesslich ist (2). Dass dièse Eigenschaft, mehr weniger stark Wasser anzuziehen, einen Einfluss auf die Hartung liaben mag, lâsst sich wohl annehmen, dass auch auf den Vorgang der Fixirung, erscheint wenig wahrscheinlich. Bei der Beschaftigung mit diesen Bichromaten erliebt sich eine Reihe von Fragen, die sich, wie mir scheint, zum grôssten Theil nur auf rein cheinischen Wege, sei es in vitro oder durch ein mikroskopisch-chemisches V^erfahren analog dem von Fischer (3) angevi^andten, beantworten lassen werden. Jedoch ist est moglich, einige derselben auf rein histologischem Wege zu lôsen. Da dièse fast durchweg mit der practischen Vervverthung der kernfixirenden Bichromate einigen Zusammenhang haben, ziehe ich es, um Wiederholungen zu vermeiden, vor direct auf letzteren Punct einzu- gehen. Bei Nachuntersuchung meiner Angaben wird man sich tiberzeugen, dass, so einfach die Sache bis hierhcr lag, mit diesem Schritte die eigent- lichen Schwierigkeiten beginnen. Da, w-'ie erwahnt, schon die i 0/0 rein wassrigen Losungen dieser Salze zu schwer eindringen, kann es sich offenbar nur darum handeln, Kôrper zuzusetzen, welche den so entstandenen Mischungen einen genii- genden Grad von Penetrans zu verleihen vermogen ohne das specitische Vermôgen dieser Bichromate aufzuheben. Dièse x\ufgabe erscheint, auf den ersten Blick, ziemlich leicht, da wir ja derartige Substanzen schon seit langem kennen und taglich anwenden, wie z. B. Essigsâure und Ameisensaure. Von der letzteren muss ich nun sagen, dass sie mir in keiner Combina- tion ein auch nur einigermassen brauchbares Résultat geliefert hat. Aber auch die Essigsâure hat, flir sich allein zugesetzt, in keiner Con- centration Befriedigendes geleistet, was im Hinblick auf ihre hervorragende kernfixirende Eigenschaft einigermassen iiberraschen muss. Bei diesen Versuchen ergeben sich aber zwei Puncte von Wichtigkeit. Erstens zeigt (1) Cale, bichrom. ist auch in hohem Procentsatz in Wasser lôslich; durch weniges Umschûtteln lâsst sich eine 5o "/o Lôsung herstellen. Ks wijrde sich viclleicht empfehlen dièses Salz in 40 "/o Lôsung (40 -|- 60 aqua) direct aus dem Laboratorium zu beziehen. (2) Von den kernzer;fôrenden Salzen ist ferner auch das Magnes, bichr. etwa^ hygroskopisch. {}} At.FR. Fischer : New, Beitrâge ^iir Kiitik der Fi.virungsmi't/ioden ; Anatom. Anzeiger, iSgS, BJ. 10, S. 76g (d. h. Versuche mit in bc-stimm'er Weise herg.;s'elUen Mischungen g'.:kann'.er Zell-und Kernsloffe). 356 Eugen BURCHARDT sich namlich, dass der Gehalt an Bichromat nicht unbetrachtlich zunehmen muss, um mit den essigsauren Losungen iiberhaupt eine einigermassen geniigende Conservirung der Kerne zu erhalten, und zweitens, dass der Gehalt an Bichromat fur die drei Salze nicht derselbe sein darf. Nehmen wir fur Calcium bichrom. die Formel : Cale, bichrom. (4 0/0) 60 cm. -\- Aqu. dest. 35 ccm. -f Acid. acet. glac. 5 ccm., so ergiebt sich fiir Barium bi- chrom. dieselbe Formel, fiir das Cupfersalz aber : Cuprum bichrom. (6 0/0) u. s. w. Hieraus geht hervor, dass in Verbindung mit Essigsaure anstatt der 1 0/0 Losungen beim Calcium und Barium solche von ungefilhr 2 1/2, beim Cuprum bichrom. eine solche von cr. 3 i/i maliger Starke erforderlich ist. Es ist mir nicht gelungen festzustellen, ob Calcium oder Barium starker wirkt, obschon es fiir mich keinem Zweifel unterliegt, dass eine leichte Dif- ferenz zwischen beiden vorhanden ist. Die darauf gerichteten Untersuchun- gen haben zu widersprechenden Resultaten gefiihrt und wird dièses Verhalt- niss wahrscheinlich erst festzustellen sein, wcnn auch das Bariumsalz als purissimum vorliegen wird. J'om Cuprum bichroinicuin dagegen ist es po/lkouitneu siclier, dass ilim eine bedeutend schn'àchere kernjîxireiide Wirkung -ukoiiimt als den beiden andeven Sa /{en. Des Weiteren macht sich bei den rein essigsauren Losungen dieser Bichromate die Eigenschaft der Essigsaure, die Structur des Zellkôrpers zu vernichten, in so hohem Masse geltend, dass auch schon aus diesem Grunde von dieser Verbindung abzusehen sein wurde. Schon an friiherer Stelle habe ich darauf aufmerksam gemacht, dass sich in Praeparaten aus rein wassrigen Losungen nicht nur die Structur des Zellkerns sondern auch die des Zellleibes erhalten zeigt. Hieraus gehl hervor, dass es nicht angeht, die beiden Reihen der Bichromate nach iher allgemeinen Wirkung einander gegeuuberiustellen a/s den Zellleib conser- virende Bichromate auf der einen und rein kernfixirende Bichromate auf der anderen Scite. Wenn wir nun schen, dass die giinstige Wirkung des Calcium, Barium, Cuprum bichrom. auf den Zellleib durch Essigsaure aufgehoben wird, so giebt uns dies einen Fingerzeig nach vvelcher Richtung wir zu experimen- tiren haben, besonders wenn wir eine zweite Erscheinung mitberlicksichti- gen, welche sich dem Beobachter in den rein essigsauren Bichromatlosun- gen darbietet. Es zeigen sich hier namlich nicht selten ziemlich gut erhaltene BICHROMATE UND ZELLKERN 357 Mitosen in der Nahe der Oberfliichen, aiso dort wo die Lusungen am ersten zur Wirkung kommen konnten, wahrend die tiefer gelegenen Kerntheilun- gea schlecht fixirt sind. Was nothig ist, ist also der Zusatz von Korpern, welche die Einwirkung der essigsauren Losungen zu egalisiren vermôgen und zugleich dem nachtheiligen Einfluss der Essigsaure auf das Kytoplasma entgegenwirken. Es ist mir nun gelungen eine ganze Reilie derartig wirkender Korper(i) zu finden und fur ihre Combinationen sicliere P'ormeln aufzustellen. Hier Icommen vor allen in Betracht die kernzerstôrenden Bichromate (Kal., Ammon., u. s. w.). Verbindet man gleiche Theile eines fixirenden und eines nichtfixirenden Bichromates, z. B. Calcium bichrom. 4 0/0 -f- Kalium bichrom. 4 0/0 part, aeq., so dringt zwar dièse Mischung verhalt- nissmâssig leicht ein, aber die Kerne sind zerstort. Vergleichende Unter- suchungen haben nun gezeigt, dass, um die Kernstructur zu erhalten, eine derartige Mischung einen hoheren und zwar einen bestimmten Gehalt an Calcium besitzen muss, wahrend es auf einen bestimmten Procentsatz an Kalium weniger ankommt. Bei Cale, bichr. (4 0/0) 60 part. -|- Kal. bichr. (4 0/0 oder 5 0/0) 3o part, sind die Mitosen conservirt, aber ungentigend. Ueberhaupt ist mir durch die alleinige Combination beidej Arten von Bi- chromaten eine vollkommene Fixirung der Kerntheilungen nie gelungen. Dies wird erst erreicht durch den Zusatz von Essigsaure, am besten nach folgenden Formeln : I. a) Calcium bichrom. 4 n/o — 60 vol. Kalium bichrom. 5 0/0 — 30 vol. Acid. acet. glac. 5 vol. b) Barium bichrom. 4 0/0 wie a). c) Cuprum bichrom. 6 0/0 - - 60 vol. Kalium bichrom. 5 0/0 — 30 vol. Acid. acet. glac. 5 vol. Von diesen drei Mischungen glaube ich I-b) (essigsaure Barium-Kalium- Losung) am meisten empfehlen zu konnen. Bei a) und c) — nicht bei b)! -- lasst sich fur Kalium das Ammoniumsalz einsetzen, jedoch ist das Résultat schon etwas verschieden. (i) Anm. Ich bi;i wcit cntcrnt zu glauben, dass d;e von mir angewandtcn dieeinzigen brauchbare-. seien. 358 Eugen BURCHARDT Es ist sogar wichtig sich zu uberzeugen, dass nicht jedes der kernzer- storenden Bichromate in demselben Verhaltniss eintreten kann, wie ich dies fiir Strontium und Zincum bichrom. des Genaueren verfolgt habe. Nicht wenig intéressant ist es, wenn wir sehen, dass ein gewisser Zu- satz von kernzerstorendem Bichromat zu den essigsaureu Losungen der kernfixirenden Bichromate die Kerntheilungen um Vieles besser conservirt als letztere allein. Dass auch die Structur des Zellkôrpers durch obige Mi- schungen ziemlich gut dargestellt wird, ist nach ihrer Zusammensetzung verstandlich (i). Ans dem bisher Gesagten ergiebt sich eine grosse Uebereinstimmung dieser drei Salze mit der Chromsaure, selbstverstândlich mit den stârkeren Concentrationen derselben. In beiden Fallen finden wir Conservirung der Kerntheilungen, jedoch mit dem Unterschiede, dass in Chromsâurepraepa- raten ausser der chromatisclien auch die achromatische Figur — wenn auch nicht immer gut — erhalten ist, in den Praeparaten aus den Bichromatlo- sungen dagegen nur die chromatische, nicht die achromatische Figur. Die wenigen Ausnahmen von letzterem Befunde, auf die spâter einzugehen sein wird, kônnen an dieser fiir die ungeheure Mehrzahl der thierischen Zellen giiltige Auffassung nichts andern. Das Verhaltniss nun, in dem die Chrom- saure in den von mir angefiihrten und noch anzuftihrenden Mischungen an Stelle der Bichromate einzutreten hat, ist ein recht constantes. Eine i o/o Chromsâurelôsung ersetzt eine 4 0/0 Calcium- oder Barium- und eine 6 0/0 Cuprumlôsung. Die Wirkung der Chromsaure als Chromatin- fixirendes — nicht als Nuclein-fallendes(2) — Mittel zu loogesetzt, wurden sich also dièse Kôrper zu einander ungefahr verhalten wie folgt : Chromsaure : Calcium (Bariumj bichr. : Cuprum bichr. = 100 : 25 : 17. (1) Aiim. Dies habe ich besonders an der Niere der Maus und des Frosches verfolgt, wobei ich entgegen Sauer {Ncue Untersuchungen iiber das Nierenepithel und sein Verhalten bei der Harnab- sonderung; Arch. f. mikrosk. Anat., iSgS, Bd. 46, S 109) bei ersterem Thiere bessere Conserfirung sah als bcim Frosch. Auch vermochte ich so, allerdings bei vcrmindertem Gehalt an Essigsâure, die fibrillilre Structur der Ganglienzelle darzustellen und auch zu fàrben. (2) .4)!)». Obschon selbstverstândlich die Fixirung der chromatischen Structur in der Hauptsache auf Fàllung des Nucleins beruhen muss, ist dies an Zellen, selbst an freien Kernen nicht zu bestimmen. Mit dem Chromatin kann sich der Histologe beschàfiigen, mit dem Nuclein nur der Chemiker. Auf dièse Unterscheidung hat schon Joh. Frenzel hingewiesen (Arch. f. mikrosk. Anat., 1886, Bd. 27, S. 3). Dafur spricht auch die Anschauung Kossel's und seines Schùlers Heine {Die Mikrochcmie der Mitose u. s. w.; Zeitschr. f. physiol. Chemie, 1896; Bd. 21, S. 494; u. Kossel : Ueber Niicleine; XIV. Congr. f. innere Medizin, 1896, S. i83;. S. auch Bolles Lee et Henneguyj Traité des méthodes techniques de l'anatoinie microscopique, 1896, S. 35/. BICHROMATE UND ZELLKERN 359 Das besondre Verhalten dieser drei Bichromate kônnte die Vermu- thung aufkommen lassen, dass ihre kernfixirende Eigenschaft vielleicht gar nicht den Salzen als solche zukomme,sondern dass sie,als wenig stabile Kôr- per, schon in ihren wassrigen Lôsungen Chromsaure abscheiden liessen, womit ihre Wirkung auf nichts anderes als auf die bekannte Eigenschaft dieser Saure zuriickgefiihrt werden milsste. Dieser Gedanke liegt um so nalier, wenn man sieht, dass ans der Lôsung des Barium-, nicht dagegen des Calcium- und Cuprum bichrom., unmittelbar nach der Auflosung ein Niederschlag ausfallt(i). Da derselbe jedoch, sogleich nach der Bereitung der Lôsung abfiitrirt, sich nicht wieder bildet, so kann es sich offenbar nicht um eine fortlaufende Zersetzung und wohl liberhaupt nicht um Zerset- zung handeln. Dies lasst sich aber auch in vollkoramen iiberzeugender Weise auf rein histologischem Wege zeigen. Ebenso nâmlich wie es moglich war den wassrigen Lôsungen der kern- fixirenden Salze durch Zusatz von kernzerstôrenden Bichromaten die Eigen- schaft des gleichmâssigen Eindringens zu verleihen, gelingt dies auch durch Zusatz von Chromsaure. Der Gehalt an Chromsaure muss in diesem Falle ein so geringer sein, dass letztere, fur sich allein angewandt, nicht hârtend sondern aufweichend, macerirend wirken wiirde, ungefahr i : 4000. Wenn wir somit finden, dass ein Zusatz von Chromsaure, so gering er auch sein mag, die wassrigen Lôsungen dieser Bichromate nicht schwerer, sondern leichter eindringen macht, so ist damit zweifellos widerlegt, dass ihre fixi- rende Wirkung auf freier Chromsaure beruhen kônne (2). Dièse Sal^e jpir- ken also als solche. Auch die Bichromat-Chromsaure-Mischung wird erst brauchbar durch Zusatz von Essigsâure. Der Chromsaure âhnlich wirkt, in derselben nie- drigen Concentration, Picrinsâure und Platinchlorid. Da dièses letztere die besten Bilder giebt, wird es geniigen, die Zusammensetzung fur seine Mi- schungen zu geben. Dièse sind : (1) Anm. Dassclbe findet statt in der Zinklôsung. Ich muss aber daran erinnern, dass beide Salze ■ nicht ganz rein waren, das Bar. bichr. » purum ••, das Zinc, bichr. noch weniger rein. Beide Lôsungen mussen, um von Niedersclilàgen freie Praeparate zu erlialten, iillrirt werden. (2) Anm. Die intéressante und schwierige Frage, wie dièse Wirliung zu Stande lîommt, ob viel- leicht doch bei der Veibindung mit den Substanzen des Kerns eine Zerlegung statthat, sei den Chemi- kern empfohlcn. 47 36û Eugen BURCHARDT II. a) Cale, bichrom. 4 o/o - - 60 vol Platinchlorid i : 1500 - - 40 « Eisessig - -5 » b) Bar. bichrom. 4 0/0 wie a) c) Cuprum bichr. 6 0/0 — 60 vol. sonst wie aj. Fiir dièse drei Kôrper gilt, das schon geringe Zunahme der Concentra- tion das Résultat verschlechtert. Auch bei Anvvendung dieser Mischungen ist, wie nach Behandlung mit den unter I aufgefiihrten, die achromatische Figur nicht erhalten. Gerade Platinchlorid ist nun aber, wie wir seit Hermann wissen, ein ausgezeich- netes Mittel um sie zur Darstellung zu bringen. Es blieb deshalb zu unter- suchen, ob nicht durch starkere Concentrationen der zerstôrende Einfluss des Calcium, Barium und Cuprum bichromie, aufgehoben werden kônnte. Derartige Mischungen habe ich noch zwei mit aufsteigendem Gehalt an Platinchlorid gefunden, die aber beide, trotz ihrer sonstigen Brauchbarkeit, diesen Theil der Kerntheilungsfigur auch nicht conserviren. Die Formeln derselben sind : III. Cale. (1) bichrom. 2 0/0 — 60 vol. Platinchlorid i : 300 — 30 vol. Eisessig 5 vol. IV. Cale, bichrom. 1 0/0 — 60 vol. Platinchlorid 1 0/0 — 30 vol. Eisessig — 5 vol, Da in diesen Mischungen, besonders aber der letzten, der Gehalt an Platinchlorid ein nach sonstigen Erfahrungen fur die Darstellung der achro- matischen Figur durchaus gentigender sein mlisste, da ausserdem einem anderen darin enthaltenen Agens, der Essigsâure, dieselbe Wirkung zu- kommt, lasst sich schliessen, dass dièse drei Bichromate schon einen stark {ersturenden Einfluss au/ die achromatische Figur ausûben. Dafur spricht (1) Fur die andren Salze wegen Mangels an Material nicht versucht. BICHROMATE UND ZELLKERN 36 I auch, dass ein hôherer Gehalt an Essigsaure, der nach Flemming (i) in dem Osmiumgemisch dièses Autors aine grossere Deutlichkeit der achro- matischen Fadenfigur bewirken soll, dies in meinen Mischungen auch nicht vermag, selbst nicht bei 15 0/0 Essigsaure (2). Ein Vergleich der Platinchlorid enthaltenden Mischungen zeigt das intéressante Verhâltniss, dass mit Zunahme an Platinchlorid der Gehalt an Bichromat abnehmen muss. Es wiire angezeigt, diesen Punct weiter zu verfolgen, und zu bestimmen bei welchen Mengen beider Salze die achro- matische Kernfigur — wenn iiberhaupt — zur Darstellung gebracht wird. Es wUrde also zuerst die entsprechende Mischung fur 1/2 0/0 Cale, bichrom. festzustellen sein, was mir leider ans Mangel an Thieren nicht mehr môg- lich war. Ein weiterer Kôrper, der in Verbindung mit essigsauren BichromatliJ- sungen brauchbare Mischungen giebt, ist Sublimât. Die besten Bilder erhielt ich mit folgender Mischung : V. Cale, bichrom. 2 0/0 — 60 vol. Sublimât 1 o/o — 30 vol. Eisessig 5 vol. In dieser Verbindung zeigt sich eine deutliche Differenz zwischen dem Calcium- und dem Bariumsalz. Die fiir letztere giiltige Formel konnte ich jedoch aus Mangel an Material nicht mehr aufstellen; ebensowenig die fiir Cupr. bichrom. Verbindungen von Bichromat und Sublimât wurden angegeben von Foa(3) (1891) und Zenkek(4) (1894J. In beiden Losungen spielt das Kal. bi- chrom. -in Formder MiiLLER'schen Fllissigkeit — die Rolle des diluirenden Agens, wâhrend in meiner essigsauren Calcium-Sublimat-Lôsung gerade umgekehrt dem Sublimât dièse Aufgabe zufallt. Meine unter I angegebenen Mischungen hingegen zeigen in so fern eine gewisse Uebereinstimmung mit (1) W. Flemming : Ueber die Theilung und Kernformen bei Leucocyten ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1891, Bd. 37, S. 249. (2) Anm. Es wàre angezeigt, deranige Mischur'gen mit Cuprum sulfur. zu suchcn, das nach Frank ScHWARZ (libr. cit., S. 122), die achromatiscVie Figur in hervorragender Weise darstellen soll, allerdings bei AuflOsung der chromatischen. (3i P. FoA : Neuere Uniersuchungen ûber die Bildung der Eletnente des Blutes; Internat. Beitr. z. wissensch. Medicin. Festschr. f. Virchow. Berlin, i8gi, S. 49(1. (4) KoNR. Zenker : Chromkali-Sublimat-Eisessig als Fixirungsmittel ; Mûnch. med. Wochenschr., 1894, S. 532. 362 Eugen BURCHARDT der Foa's und Zenker's, als in ihnen allen dem kernzerstôrenden Kal. bi- chromie, eine analoge Wirkung zukommt (i). Wie ich bei Besprechungder diluirenden Eigenschaft des Kal. bichrom. und der Chromsâure hervorgehoben habe, ist fiir die damit bereiteten Mi- schungen Essigsâure unentbehrlich. Da dieser Sâure aber ein hôchst nach- theiliger Einfluss auf die Zellstructur zukommt und ein solcher wohl auch in den Essigsâure enthaltenden Mischungen als vorhanden anzunehmen ist, habe ich, wie schon frtihere Autoren, gesucht, ohne dièse Sâure auszukom- men. Es hat sich denn auch gezeigt, dass einige der aufgefiihrten Mischungen auch ohne Essigsâure brauchbar sind, allerdings unter der Bedingung, dass die Stiickchen sehr klein genommen werden. Es sind dies die Lôsungen mit Platinchlorid (Il und III) (2) und die Sublimatmischung (Cale, bichrom. 20/0 — 60 vol. + Sublimât 1 0/0 — 30 vol.). Die Resultate dieser Essigsâure freien Mischungen haben aber in so fern meinen Erwartungen nicht entsprochen, als gerade die Structur des Zellleibes durchaus nicht besser erhalten war, wâhrend sie am Kern aller- dings ein etwas abweichendes Bild verursachten, das wohl verlohnt, dièse Versuche nachzumachen. In derartigen Praeparaten, besonders bei denen aus der Calcium-Sublimatlôsung, zeigen sich nâmlich die Chromosomen auffallend dlinner als nach Fixirung in den Essigsâure haltigen Mischun- gen (3). Damit hângt offenbar auch zusammen, dass nur nach Behandlung mit dieser Calcium-Sublimat-Lôsung die Kerne der Erythrocyten des Frosches ein deutliches Chromatinnetz erkennen lassen. Ferner zeigen die Chromosomen nach dieser Fixirung merkwiirdig verzerrte Formen, die ganz an die Abbildungen Strasburger's erinnern. Das Ungewohnliche ist nun aber, dass sie von diesem Forscher gerade nach Fixirung mit Essigsâure (1 0/0) — genauer Essigsâure-Methylgriin (4) — gesehn wurden. Dagegen wiirde mein Befund mit einer schon âlteren An- gabe von Peremeschko (5) gut tibereinstimmen. Bei vergleichenden Unter- suchungen mit Fixirung durch Essigsâure und Chromsâure fand dieser Autor, dass erstere Sâure (1/3 — 1 c/o) die Fâden ziemlich dick, glânzend, (1) Anm. Hierher wâre auch die Modification der FLEMMiNo'schen Mischung von Merkei. za recli- nen. (Anatom. Hefte, 1891.1 (Ersatz der Chromsâure durch 5 "/o Kal. bichrom. -Lùsung.) (2) Formel IV konnte darauf hin nicht mehr untersucht werden. (3) In diesen allen variirt iibrigens die Dickc sehr. (4) Nach Cabnoy wirkt Methylgrûn fur sich allein schon fixirend. (5) Peremeschko : Ueber die Theilwig der rothen Blutkorperchen bei Amphibien; Ccntralbl. f. d. mcJicin. Wissenschaft, 1879, Bd, 17, S. 6"]'^. BICHROMATE UND ZELLKERN 303 ;?/c/2/ stark gebogen und gewunden darstellte, wahrend Chromsâure feine, minder glânzende, lângere und stark gebogene Chromosomen lieferte. Zu demselben Résultat kam Flemming (i) : r, Bei Behandlung mit Her- MANN'sche Lôsung (die stark essigsaurehaltig ist) sowie Chromessigsaure und Methylgrtin-essigsâure findet man dagegen (d. i. im Gegensatz zur Chromsâure. E. B.) die chromatischen Faden uberhaupt sehr dick, und die Spaltung in den Knâuelformen, auch dem spâteren, selten erkennbar. « Um die Beschreibung der fixirenden Bichromate abzuschliessen moge ervvâhnt sein, dass sie auch in sehr schwachen wassrigen Lôsungen (i : looo) am Kern ein anderes Bild hervorrufen, als z. B. Kalium bichromicum. Bei letzterem ist der Kern homogen, bei ersteren dagegen ist das Chromatin in der Mehrzahl der Zellen unregelmâssig klumpig. In den schwachen Chrom- sâurelôsungen (i : 1500 und darunter) wird es gleichmassig feingranulirt. Bei allen drei Arten von Kôrpern also ein verschiedenes Bild ! Im Anschluss mogen einige Winke liber die beste Art der Farbung ihren Platz finden. Hier ware vor AUem zu constatiren, dass in dieser Be- ziehung zwischen den kernzerstôrenden und den kernfixirenden Bichroma- ten in so fern ein Unterschied besteht, als die mit ersteren behandelten Praeparate sich verhâltnissmassig leicht mit Haematoxylin farben, wârend die letzteren die Kerne fiir diesen Farbstoff ungeeignet machen. Wenn ich Eingangs, in scheinbarem Widerspruch hiermit, die Haematoxylinfarbung gerade nach der Behandlung mit 1 0/0 Calcium-Losung empfahl, so beruht dies nur darauf, dass dièse Praeparate mit einer zu schwachen Concentra- tion dièses Salzes behandelt, also im Grunde ungeniigend hxirt und, wie derartige Praeparate immer, nur schwach und unrein fârbbar sind. In der That ergiebt auch Haematoxylin hier — wenn auch noch am brauchbarsten — keine blaue sondern eine braune und ailes andere als starke Farbung. Vergleicht man dagegen genligend starke Lôsungen, die in diesem Falle dann auch bei den kernzerstôrenden Salzen einen Zusatz von Essigsaure erhalten miissen, so ist dieser Unterschied in der Fârbbarkeit zwischen den beiden Reihen der Bichromate durchaus markirt. Bei den fixirenden Sal- zen geben dann nur die Anilinfarben brauchbare Tinctionen,die umgekehrt fiir die kernzerstôrenden Salze ohne Werth sind. Es giebt aber ein kernzer- stôrendes Bichromat, das in Bezug auf sein tinctorielles Verhalten in der (1) W. Flemming : Ncue Beitràge ^iir Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., iSgi, Bd. Sy, S. 685. (S. 745.) 364 Eugen BURCHARDT Mitte steht, d. h. keine gute Farbung mit Haematoxylin und ziemlich gute Tinctionen mit Anilinfarben giebt, das ist das Zincum bichromicum. Nicht aile basischen Anilinfarben sind nach Fixirung in den aufge- zahlten Bichromatmischûngen verwendbar. Ganz unbrauchbar ist Methyl- griinunddemnachauch die EnRLicH-BiONDi'sche Dreifarblôsung. Methylen- blau fârbt nur schwach,schon starker Toluidinblau, welches sich bei einigen dieser Mischungen in 3 0/0 Ammon.-carbon.-Losung gelôst empfiehlt. Die iibrigen basischen Farben sind in gesattigter wassriger Losung verwendbar, weniger Saffranin, welches langeres Farben erfordert, als besonders Fuch- sin und Methylviolett. Im Allgemeinen geniigt 5 Minuten Einlegen, nur bei der Calcium-Sublimat-Losung ist die Dauer auf 20-30 Minuten zu verlan- gern. Wie auch gefârbt sein mag, stets ist stark mit Alcohol auszuziehen. Die VAN GiESON'sche Farbung — ohne Vorfarbung mit Haematoxylin — ist auch hier, wie ich mich unter Andcrem auch an Geschwtilsten uber- zeugt habe, von hohem Werth fiir den Nachweis des Bindegewebes. Zu ihrem Gelingen bedarf es in unserem Fali jedoch zweier Momente, einmal einer bestimmten Zusammensetzung und zweitens der Verwendung des S.-Rubins an Stelle des S.-Fuchsins. Wie ich Weigert(i) gegeniiber be- haupten muss, ist es ein zweifelloses Verdienst Kultschitzky's (2) die Auf- merksamkeit auf d?s S.-Rubin gelenkt zu haben, dcnn es kommt diesem, besonders fiir Bindegewebe, ein mehr électives Fârbungsvermôgen zu als dem zwar starker aber auch mehr diffus farbenden S. Fuchsin. Auch kann ich bestâtigen — ich hatte dies librigens schon vor Kenntniss der erst- genannten Arbeit Kultschitzky's selbst gefunden — dass zu einer guten Differenzirung das directe Uebertragen der Schnitte aus der S.-Rubin- Picrin-Lôsung in Alcohol erforderlich ist. Zuverlassige Bilder giebt folgende Mischung : Picrinsaure (1 : 300) 9 Theile_(- S.-Rubin (conc. wassr. Los.) I Theil. Um zugleich die Kerne zu farben — was ich aber im Allgemeinen nicht empfehle — dient die Vorfarbung mit Methylviolett. Nach Fuchsin- kernfârbung lâsst sich Poirier's Blau oder S.-Violett in Picrinsaure gelôst anwenden. Die VAN GiESON'sche Gegenfarbung ist nun fiir die hier behandelten Bi- chromate von weiterer, mehr theoretischer Bedeutung in so fern, als man sich unschwer tiberzeugen kann, dass sie an mit Calcium bichromie, behan- I (1) Anatom. Heftc, i8q3, S. lo. (2) N. KuLTSCHiTZKY : Eùie neuc Fdrbung der Neuroglia; Anatom. Anzeiger, iSgS, S. 357, und : Zur Frage ûber dcii Bail der Mil:;; Arch. f. mikrosk Anat., iSgS, Bd. 46, S. 673 (Bindegewebsfârbung). BICHROMATE UND ZELLKERN 365 delten Praeparaten ein viel schlechteres, direct gesagt ungeniigendes, Bild giebt, als an Praeparaten, die durch Barium- oder Cuprum-Lôsung gegan- gen sind. Da in diesem Puncte die beiden letzt genannten Salze mit den kernzerstôrenden Bichromaten (z. B. Kalium, Ammonium, Magnésium, Strontium, Zincum) iibereinstimmen, so ist es klar, dass dem Calcium bi- chroinicuin eine gani besondere Wirkuug aiif Bindegeivebe {iikomiuen nniss, die nilher zu praecisiren mir allerdings nicht môglich ist. Ich habe nun weiter gefunden, dass die schwaclie und mehr diffuse Bmdegewebsfar- bung in Calciumpraeparaten verbessert wird durch die Verbindung mit Platinchlorid. Dièses Salz besitzt, selbst in den schwâchsten Concentra- tionen, die Eigenschaft, auch die feinsten Fasern distinct hervortreten und besser fârbbar zu machen. Aber selbst dann macht sich beim Calcium bi- chromie, gegeniiberdem Barium und Cuprum noch der Uebelstand geltend, dass auch die Zellgrenzen, sei es in Folge von Fârbung der Membran oder der Kittsubstanz, gefârbt hervortreten. VVenn es sich deshalb um den Nach- weis feinster Bindegewebsfasern handelt, wie z. B. des feinen Netzes zwischen den glatten Muskelzellen, auf welches vor nicht langer Zeit Rib- BERT (1) hingewiesen hat, vermag nur Barium oder Cuprum bichromicum, vorzugsweise in Verbindung mit Platinchlorid (Formel II b und c) zweifel- lose Bilder zu geben. Sublimât haltige Mischungen schliessen die van GiESON'sche Fârbung aus. Beabsichtigt man neben den Kernen auch den Zellleib zu farben, so gelingt dies durch Nachbehandlung mit Verbindungen von Picrin- und Chromsâure wobei, je nach dem Gehalt an Chromsaure das Protoplasma entweder Chrom- oder Anilinfarbe annimmt. Solche Mischungen sind : Picrinsâure i o/o — i Theil und Picrinsaure i o/o — i Theil. Chromsaure i o/o — 2 Theile Chromsaure 2 0/0 — 2 Theile. Die letztere nur bei sehr feinen Schnitten. Nach starkeni Fârben in Fuchsin oder, noch besser, Methylviolett kommen die Schnitte auf einige Minuten in die Picrin-Chromsiiure-Lôsung um direct in Alcohol (2) iiber- tragen zu vverden. Um diesen Abschnitt abzuschliessen die Angabe, dass ungefahr das 40 fâche Volum des Stiickes erforderlich ist und dass die Stuckchen etwas (1) RiBBERT : Uber die Aiiivendung der von Mallory fur das Centralnervensystem empfohlenen Farblosung auf andere Gexvebe; Centralbl. f. allgem. Pathol. und f. paihol. Anat., 1S96, Bd. 7, S. 427, (2) Vielleicht besser Picrinsâure-AIcohol. 366 Eugen BURCHARDT grôsser sein diirfen als bei den meisten Fixirungsmitteln, Sublimatmischun- gen und besonders die ZENKER'sche Lôsung ausgenommen. Bei Beschreibung der Kernbilder aus Calcium-, Barium- und Cuprum- praeparaten habe ich wiederholt darauf hingewiesen, dass sich an derartig fixirten Mitosen nur die chromatische Figur erhalten zeigt, wahrend der achromatische Theil der Mitose nicht zu sehen ist. Es musste sogar con- statirt werden, dass diesen Saizen ein hochgradig zerstorender Einfluss auf diesen Theil der Kerntheilungsfigur zukommt. Wie wir nun aus. den in der Einleitung mitgetheilten Beobachtungen wissen, dass es Zellen giebt, deren Kern dem deletaren Einfluss der nach ihrer allgemeinen Wirkung wohl mit Recht -5 kernzerstôrende « genannten Bichromate nicht erliegen (Embryonal- zellen-MAYZEL; Eizellen-FLEMMiNG), so finden sich auch Zellen, die unter dem Einfluss der kernerhaltenden Bichromate ein von der grossen Masse der Zellen abweichendes Bild zeigen. Auch hier ist es ein Mehr an Conser- virung,in so fern ausser der chromatischen auch die achromatische Theilungs- figur erhalten ist. Am Ausgesprochendsten ist dies der Fall im Hoden und in Pflanzenzellen. Von letzteren habe ich nur die Bluthen der Haselnuss daraufhin un- tersucht und bemerke dièses Verhâltniss auch nur, weil es in einem gewis- sen Zusammenhang stehen mag mit einer alten, auch von Flemming (i) bestatigten Erfahrung, dass bei Pflanzen die achromatischen Fâden beson- ders deutlich sind. Ob das von mir beobachtete Verhalten gegeniiber diesen Bichromaten zu verallgemeinern sein wird, dies zu untersuchen muss ich den Botanikern iiberlassen. Von grôsserem Interesse fiir uns ist das abweichende Bild in den Zellker- nen des Hodens. Dass sich die Geschlechtszellen iiberhaupt Reagentien gegen- iiber anders verhalten als die meisten librigen Gewebszellen ist von Flem- ming(2) besonders hervorgehoben worden, und — was damit offenbar im (i) \V. Flemming : Beitràge :;ur Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserscheinungen ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1880, Bd. 18, S. i5i. (2) W. Flemming : Seue Beitràge ^»c Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., 1891, Bd. Sy, S. 685 (S. 688, Anm.). Anm. Nicht immer braucht das abweichende Verhalten der genannten Zellen gegeniiber Reagentien zu einer bcsseren Conservirung der Kernthcilungsfiguren zu fûhren. Fur die HoJcnzellen des Solaman- ders giebt Flemming (Neue Beitràge !;ur Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikrosk. Anat., 1887, Bd. ag, S. 389 (S. 3991, sogar direct das Gegentheil an, auch fur sein Osmiumgemisch. BICHROMATE UND ZELLKERN 367 Zusammenhang steht — auch ihren directen Abkommlingen, den Furchungs- zellen, scheint dièse Eigenschaft noch zuzukommen. In Bezug auf die letzteren darf ich wohl auf die Beobachtung von Mayzel verweisen, dass in den Embryonalzellen des Hiihnchens die Kerntheilungen selbst durch Kalium bichromicum niclit zerstôrt werden, waiirend ich fur dasselbe Salz Flemming's Beobachtung am Eikern anfuhren konnte. Was hier aber vor Allem betont zu werden verdient, ist die weitere Mittheilung desselben Autorsfi), dass an diesen drei Zellenarten-, Hoden-, Ei-undFurchungszellen • — auch die achromatische Figur besonders leicht und deutlich darzustelien ist. Fur die Hodenzellen findet dièse Angabe also eine weitere Bestâtigung bei der Behandlung derselben mit den kernfixirenden Bichromaten. Ei- (2) und Furchungszellen daraufhin zu untersuchen war mir nicht moglich. Einen fur die Deutung der Bichromatwirkung nicht unwichtigen Punct habe ich leider bei Zeiten zu untersuchen vergessen, namlich ob die Hoden- zellen nach Hârtung in Kalium bichromicum uberhaupt die Mitosen erhal- ten zeigen und, wenn dies der Fall ist, ob auch die achromatischen Faden sichtbar sind. Das erstere glaube ich bei dem sonstigen gleichartigen Ver- halten der Geschlechtszellen Reagentien gegenuber annehmen zu diirfen. Doch bliebe dièse Untersuchung — was den zweiten Punct betrifft auch fur Ei- und Furchungszellen — noch auszuftihren. Immerhin scheinen mir schon die bis jetzt vorliegenden Erfahrungen von den allgemeinen Wirkungen aller doppelt chromsauren Salze, zusam- mengehalten mit den im Vorhergehenden aufgezâhlten Abweichungen, es zu gestatten uns vorzustellen, wie die Kernbilder, in ihrem Wechsel von vôlliger Zerstorung bis zu voUkommener Erhaltung, zu Stande kommen môgeii. Fiir dasselbe Salz kônnen Verschiedenheiten in der Darstellung der Kerne selbstverstandlich nur auf Verschiedenheiten in der chemischen Zu- sammensetzung der Kerne selbst zuriickgefuhrt werden. Wenn daher Kalium bichromicum die chromatische Structur aller {?) anderen Kerne zerstôrt, nicht aber die der Geschlechts- und Furchungszellen, so muss, wie dies auch schon Flemming fur die Eizelle angenommen hat, der Grund hier- fur in chemischen Eigenheiten dieser Zellen liegen. (i) W. Flemming : Beitrâge ;f»r Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserschcinungen ; Arch. f. mikrosk. Anat., 1880, Bd. 18, (S. 172 u. 184). (2) Anm. Bei Untersuchung der Eierstockseier von Fischen fand ich vereinzelt Mitosen, und zwar ausnehmend grosse in Follikelzellen. Sie zeigten nichts von achromatischer Figur, ganz ebenso wie andre nicht der Fortpflanzung dienende Zellen. 48 368 Eugen BURCHARDT In erster Linie wiirde hier das Chromatin selbst in Frage kommen, indem wir von ihm annehmen konnten, dass es in der einen Art von Kernen mit Kalium bichromicum eine stark quellende Verbindung eingeht, in an- deren Kernen — • der Minderheit — dagegen eine nichtquellende. Ftir eine Quellung des Chromatins spricht nun aber, abgesehn von deni Aussehn des Kerns in toto, das aber dafiir nicht als beweisend angesehn werden kann, sehr wenig. Aus den Angaben Auerbach's, welchcr bei denselben Concentrationen von 1,2 — 2 0/0 Erhartung und Quellung des Kerns cons- tatirte, lâsst sich nichts Bestimmtes entnehmen. Entscheidender sind die Untersuchungen von Schwarz, nach denen das Chromatin bei Einwirkung von concentrirter Lôsung von Kalium bichromicum vôllig unlôslich und dem Aussehn nach unverandert bleibt, wahrend die Kernstoffe, welche friiher unter der Bezeichnung « Kernsaft » zusammengefasst wurden, das Linin und Paralinin, also die Geriist- und Zwischensubstanz, stark quellen sollen. Aber auch fiir das Linin halte ich den Beweis, dass es selbststandig aufquillt und nicht vielmehr durch energische Umsetzungen in deni flussi- gen Theile des « Kernsaftes « gewaltsam auseinander gerissen wird, fiir durchaus nicht erbracht. Die angefiihrten Beobachtungen und Bilder von Flemming und Klein sprechen direct dagegen. Meiner Meinung nach ist die mikroskopische Beobachtung iiberhaupt nicht im Stande in einem so complicirt gebauten Kôrper, wie es der Zellkern mit seinem Neben- und Durcheinander von chemisch zusammengesetzten, geformten und unge- formten Stoffen ist, eine so feine Diagnose zu stellen. Nur die grôbsten Erscheinungen, wie Schwund und Nichtschwund leicht kenntlicher geform- ter Theile, Zu- oder Abnahme derselben, dièse auch nur in ihren ausge- sprochendsten Graden, sind unter dem Mikroskop mit Sicherheit zu bestim- men. Dickerwerden irgend eines der geformten Bestandtheile spricht noch lange nicht fur Quellung desselben, weil sonstige durch das Reagens hervorgerufene Niederschlage, sei es von Eiweifs oder Salzen, sich auch auf die geformten Theile ablagern. Derartige Niederschlâge(i) sind durchaus nicht immergranular, konnen vielmehr selbst bei sehr starken Vergrôsserungen voUig homogen aussehen, (1) Anm. Auf Niederschlage aus dem Kernsaft (Kerngrundsubslanz) greift auch Flemming {Ueber die W'irkung von Chroinosmiumessigsàiire auf den Kern; Arch. £. mikrosk. Anat,, i8g5, BJ. 43, S. 162), zurûck zur Erkiàrung des verschieJeneii Ausschens der peripheiischen und centralen Kerne in mit seiner Mischung fixirteii Praeparaten, gegenûber Rawitz {Centrosoma und Attractionssphâre in den ruhenden Zellen des Salamanderhodens; dasselbe Archiv, i8o5, Bd. 44, S. 555), welcher der Osmiumsàure eine a kernfeindliche Tendenz » zuschreibt àhnlich der des Kalium bichrom. Ucbrigens hatte auch Flemming frûher (Beitràgc yur Kenntniss der Zelle und ihrer Lebenserscbeinungen; Arch, f. mikrosk. Anat., 1879, \ BICHROMATE UND ZELLKERN 369 wie ich dies an ausgefâlltem Haemoglobin in den rothen Blutkorperchen von Fischen nach Behandlung mit doppeltchromsauren Salzen wiederholt selbst beobachten konnte. So ist auch die verschiedene Dicke der Chromo- somenbei Einwirkung verschiedener Reagentien wie Chrom- und Essigsaure oder bei Anwendung der in dieser Arbeit angegebenen Mischungen, flir mich wenjgstens und bis zum Beweis des Gegentheils, auf nichts anderes zurtickzufiihren aïs auf derartige Niederschlâge. Specifische Farbstoffe, welche hier die Entscheidung bringen kônnten, besitzen wir nicht. Was wir besitzen, sind mehr weniger sichere Fdrbitngsverfahreu, bei denen das Object, von deni Augenblicke wo wir es lebend in Behandlung nehmen bis zu dem Puncte wo wir es unter dem Mikroskop betrachten, einem bestimm- ten und in allen seinen Stadien praecis ausgefilhrten Vorgang unterworfen ist. Scheinbar unbedeutende Abweichungen kônnen, ohne dass wir daflir eine Erklârung wiissten, zu ganz entgegengesetzten Resultaten fiihren, wie ich dies fiir das Methylgriin fand, welches mit Essigsaure zugleich auf den lebenden Kern einwirkend, sich mit Chromatin in fast specifischer Weise verbindet (Carnoy), dagegen secundar nach vorhergegangener Fixirung durch Essigsaure angewendet, sogut wie keine Affinitât zum Chromatin besitzt, und dies in rein wassriger wie in essigsaurer Lôsung. Dasselbe ergab sich fur Bismarkbraun. In ahniicher Weise erhalten wir nach Fixirung in reiner SublimatlôsungmitMethylgrlineine sichere Chromatinfarbung, keine solche dagegen nach Anwendung von essigsaurer Sublimatlosung. Farbungen konnen demnach nur unter ganz bestimmten Bedingungen zum Beweis herangezogen werden, wahrend unter veranderten Bedingungen ihr positiver oder negativer Ausfall uns nichts zu sagen vermag. Nur von der rein chemischen Méthode wird in diesen|Fragen Aufschiuss zu erwarten sein. Die Schwierigkeiten jedoch, die sich ihr bei Bearbeitung der Zelle und noch mehr des Kerns entgegenstellen, sind ofifenbar so grosse, dass wir fur die mcisten dieser Fragen wohl noch lange auf Antwort zu warten haben werden. Leider scheinen derartige Untersuchungen mit den Bichromaten von Seiten der Chemiker, deren Autoritat in den vorliegenden Untersuchungen den Ausschlag geben kônnten, bis jetzt nicht angestellt worden zu sein, wenigstens muss ich gestehen in der einschlagigen Littera- tur vergebens danach gesucht zu haben. Nur eine Angabe Lilienfeld's (i) Bd. 16, S. 3o2 (S. 3i5 u. 328)) darauf hingewicsen, dass der Osmiumsâurc in aasgesprochcn;n Masse die Eigenschalt zuliommt die ruhenden Epiihtl- und Bindesubs.auzkerne quellen zu machen. (i) Léon Lilienfeld : Haematohgische Vntersitchtatgen ; Arch. f. Physiol., 1892, S. ii5. 370 Eugen BURCHARDT konnte hier herangezogen werden und wiirde allerdings, sollte sie sich be- statigen, von grosser Bedeutung sein. Dieser Forscher suchte naclizuweisen, dass die Blutplâttchen aus Nuclein bestehen und ihren Ursprung ans den Kernen der Leucocyten herleiten. Beim Auffangen eines Bluttropfens in Kalium bichromicum sollen dièse ^ Nucleinplattchen « nun sehr stark lichtbrecliend und deutlich werden, eine Beobachtung, die jedenfalls auf das Gegentheil von Quellung des Nucleins und also wohl auch des Chroma- tins hindeuten wiirde. Derartige Versuche in vitro mit kâuflichem Nuclein selbst anzustellen habe ich lieber unterlassen, da die Reinheit des Kôrpers erste Bedingung ist, und ich mich davon nicht hatte uberzeugen kônnen. Immerhin halte ich es schon nach den vorliegenden Angaben fiir rich- tiger die diffuse Vertheilung des Chromatins nach Einwirkung von Kalium bichromicum und der analogen Bichromate nicht auf primâre Verquellung als vielmehr auf eine gewaltsame Zersprengung in Folge stiirmischer Quel- lung des ungeformten Kernsaftes zuriickzuflihren. Dièse secundare und rein passive Zerstôrung derchromatischen Structur wird um so verstândlicher, wenn wir annehmen, dass Kalium bichromicum und die ihm gleichwirkenden Salze sich mit dem Chromatin ebenso langsam und ebenso wenig fest (i) verbinden wie mit Eiweisstoffen liberhaupt, dass demgemâss dem Chromatin, besonders im Beginn der Bichromatvvirkung, nur eine sehr geringe Widerstandsfahigkeit zukommen wiirde. Von derselben Voraussetzung ausgehend môchte ich die Erhaltung der chromatischen Structur in einigen Kernen — denen der Geschlechts- und Furchungszellen — nicht auf besondere chemische Beschaffenheit ihres Chromatins, sondern auf abweichenden Chemismus des ungeformten Kern- saftes zuriickfiihren. Allerdings findet sich gerade fiir die Spermatozoen bei 'LiLiENF-ELB {Haematolog-ische Untersuchiingen, S. i32) die Angabe, dass in ihnen dass Nuclein in schwerloslicher Form vorkomme, und wurde es danach ganz annehmbar erscheinen, auch dem Chromatin der Hodenzellen die gleiche Eigenschaft zuzulegen. In Wirklichkeit aber ist dièses « schwerlôs- liche Nuclein ^ bis jetzt nur in den Spermatozen des Lachses (Miescher) gefunden worden, in denen es nach Altmann in F^orm der freien Nuclein- saure enthalten ist. Diesen Befund fiir die Spermatozoen anderer oder gar aller Thiere zu verallgemeinern ist durchaus nicht gestattet, da Kossel(2) (i) Anm. Dièse Veibindungen werden von fast allen Autoren, die sich darûbei- ausgesprochen haben, als wenig feste betrachtet, selbst schon gegenûber Wdsser. Das letztere muss ich aber, gestûtzt auf anderweitige Untersuchungen mit diesen Salzen, besirciten. (2) A. KossEL : Ueber Nucleine; Verhandl. d. 14. Congr. f. innere Medicin, 1896, S. i83. BICHROMATE UND ZELLKERN " 371 ausdriicklich hervorhebt, dass freie Nucleinsâure am genannten Orte ausser beim Lachs bei keinem anderen Thiere, selbst nicht bei anderen Fischen, angetroffen wurde. Besonderheiten des Chromatins (Nucleins) der Ei-(i) oder Furchungs- zellen sind meines Wissens bis jetzt nicht gefunden worden. Einfachei^ liegt die Sache bei den kernfixirenden Bichromaten, dem Calcium, Barium und Cuprum bichromicum. Dièse fixiren die chromatische Structur aller Zellkerne. Sie gehen also mit dem Chromatin (Nuclein) eine schnell eintretende und wahrscheinlicli feste Verbindung ein, in derselben Weise wie sie iiberhaupt Eiweissstoffe (2) aus wassrigen Losungen augen- blicldich auszufallen vermogen. Sie sind jedoch weit entfernt vollkommene Fixirungsmittel zu sein, stehen vielmehr, sowohl in Bezug auf Conservirung des ZelIIeibes wie des Zellkerns, hinter anderen, wie z. B. dem Sublimât, weit zuriick. Trotzdem mochte ich einige der angegebenen Mischuugen, besonders im Hinblick auf ihre Billigkeit, das Fehlen von Niederschlagen, die leichte Chromatin- und scharfe Bindegewebesfârbung, fiir durchaus brauchbar und, was die Erhaltung der Zellstructur betrifft, den einfachen Chromsauremischungen fur durchaus uberlegen erachten. Was dièse drei Saize im Kern fiir gewôhnlich nicht darstellen, ist die achromatische Figur. Auch hier tritt uns die Frage entgegen, ob dieser Mangel in der Fixirung auf directe Zerstorung der achromatischen Fâden in Folge von Quellung des Achromatin (3) zuruckzufuhren ist oder ob auch hier, wie bei den kernzerstôrenden Bichromaten, secundâre Zerstorung in Folge von Quellung einer Substanz des flussigen Kernsaftes anzunehmen ist. Fiir letztere Annahme scheinen mir nun Bilder zu sprechen, die mir nicht so selten in den Zellen der Darmdriisen aufgestossen sind, aber wie ich ausdriicklich bemerken muss, nur bei der Maus, nie bei Frosch und Krote. Da finden sich nâmlich zwischen den auseinander gewichenen Toch- tersternen ganz deutlich ein auch zwei achromatische Fâden ausgespannt (i) .4»»!. Das \'itellin, frûher a!s Nuclei;.-. jetzt als Paranucl-'inverbhidung angesehn, ist keine Sub- stanz des Kerns sondern des ZelUeibes! (2I Anm. Ob auch durch dièse Salze nicht l'àllbare Eiweissstoffe existiren, was wahrscheinlich, bleibt zu untersuchen. (3) Anm. Die Subslânz der achromatischen Fàden, die nach den Erfahrungen der letzten Jahre in ihrem mittleren die Chromosomen verbindendea Theile (\'erbindung5faden) aus dem achromatischen Netze des ruhenden Kernes hervorgehen soUen. ist verschieJenilich benannt worden, so « Parachromatin » von Pfitzner, « Paranuclein » von Fhenkel. (Congrès international de Rome, iSg.S, Arch. ital. de Biologie, i8g5, Bd. 22, VllI.) Die letztere Bezeichnung ist ganz ungeeignet, da wir unter ihr seit Jahren etwas ganz anderes verstehen, nâmlich eincn Bestandhcil des Vitellin. 37 2 Eugen BURCHARDT odei^, dies allerdings recht selten, ein breites homogènes Band, in dem sich zwar kaum etwas von Streifung erkennen lasst, welches aber auf nichts anderes als auf die achromatischen Verbindungsfaden zuruckgefuhrt werden kann. Soll man nun annehmen, dass in diesen Kernen das Achromatin eine besondere chemische Zusammensetzung besitze oder dass gar nur einem oder zweien von den vielen achromatischen Fâden dièse Besonderheit zu- komme? Eine derartige Annahme scheint mir ganz unhaltbar, wahrend dièse abweichenden Bilder mit der Voraussetzung einer von aussen kommenden zerstorenden Gewalt recht gut vereinbar sind. Wenn sich ferner in den Zellen des Hodens — nicht denen des Nebenhodens -- die achromatische Figur regelmâssig erhalten findet, so môchte ich auch dies nicht auf abwei- chende Constitution des Achromatins aïs vielmehr auf abweichenden Che- mismus ihres fliissigen Kernsaftes zuriickfiihren. Fiir die erste Annahme haben wir ja ~ wenn man nicht das abweichende Bild selbst dafiir anfiihren wollte — keinerlei Unterlage, wahrend wir aus den jetzt schon gar nicht so spârlichen Beobachtungen liber Theilnahme des Kerns an der Sécrétion, z. B. in Form von aus dem Kernsaft in den Zellleib tibertretenden Granula, auf Differenzen in der chemischen Zusammensetzung des Kernsaftes in ver- schiedenen Zellarten, wie auch der Kerne derselben Zellart in verschiedenen Zustanden derselben, zu schliessen unbedingt berechtigt sind. m . Sch lussfolger nugen . Ich glaube dernnach bei allen Bichromaten den Icernzerstôrenden wie den kernfixirenden, zwei Eigenschaften annehmen zu konnen, welche, an verschiedene Kernsubstanzen, die geformten einerseits die ungeformten an- dererseits angreifend, einander in Bezug auf das endgtiltige mikroskopische Bild antagonistisch sind. Je nach dem Ueberwiegen der einen oder der anderen dieser Eigenschaften und, nicht zum Mindesten, je nach der Con- stitution des fliissigen Kernsaftes wird entweder vôllige Zerstorung, oder vôUige Erhaltung oder aber irgend ein Mittel zwischen Beiden resultiren mûssen. In dieser Weise wird es auch verstandlich, weshalb schon friihere Untersucher wie z. B. Flemming ^^ unter ganz uncontrollirbaren Bedin- gungen « mit dem Kalium bichromicum manchmal sei es n sehr massige Erhaltung - der Kernfiguren oder selbst r schône Conservirung ^ dersel- ben erhalten konntcn und nach Auerbach, der ja auch schon die verschie- I BICHROMATE UND ZELLKERN 373 dene Widerstandsfahigkeit der Kerne in Rechnung gesetzt hatte, ^ immer eine Anzahl der Kerne in abweichenden Zustânden sich befindet ". Erinnern wir uns jetzt des fruher erwahnten abweichenden tincto- riellen Verhaltens des Zincum bichromicum, beriicksichtigen wir ferner den Umstand, dass dièses Icernzerstôrende Salz in Verbindung mit Essig- saUre von allen Salzen derselben Reihe die beste, und zwar eine fast brauchbare Conservation der Mitose ergiebt, dass es sicli weiter, wie ich jetzt hinzusetzen muss, von ihnen allen durch sein ausserordentlich geringes Eindringungsvermôgen — dies selbst in verhaltnissmâssig schwacher Con- centration von z. B. I o/o — auszeichnet, dass es endlich, als Diluens wie Kal. bichrom. in Formel I gebraucht, nur in viel schwacherer Concentra- tion zulâssig ist, so werden wir nicht zôgern, diesein Ziiiksûl{ seine Stelle aufder Grenue ppischen beiden Arien von Bichromaten an{uweisen. Demnach wurde es nicht richtig sein die Bichromate als zwei, ihren chemischen Afhnitaten zum Zellkern nach, vôllig différente Reihen von Salzen aufzufassen, vielmehr w^erden wir in ihnen, trotz der Verschieden- heit der von ihnen hervorgerufenen Bilder, eine ein\ige Reihe von Kôr- pern zu sehen haben, die sich je nach dem Verhaltniss der beiden ihnen allen zukommenden antagonistischen Eigenschaften gruppiren lassen. Wenn mir auch bis jetzt, in Folge der grossen Schwierigkeiten derar- tiger Untersuchungen und, nicht zum Mindesten, der ungleichen Reinheit der mir zuganglichen Praeparate, die genaue Einordnung dieser Kôrper nicht raôglich ist, so môchte ich doch glauben, dass dièse Reihe wahrschein- lich mit dem Natriumsalz beginnen, iiber Ammonium, Kalium u. s. w. durch das Zinksalz zum Cuprum, Calcium und Barium (Barium und Cal- cium) ubergehen wird. Strassbwg i. Els., i. Màr:{ 189"; X^ ES VALVES SEPTALES DE L' 0 W E N I A PAR Gustave GILSON PROFESSEUR A l'UnIVERSITÉ DE LoUVAIN (Mémoire déposé le 30 77iars 1897.) 40 I I LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA VON Drasche, dans sa monographie de ÏOiPeuia(i), décrit la disposi- tion des diverses cavités somatiques de ce ver et indique exactement leur nombre, qui ne correspond pas à celui des métamères. Il ne s'attache pas, toutefois, à faire l'étude de la structure des septa qui ferment ces comparti- ments et il les considère évidemment comme de simples cloisons conjoncti- vo-musculaires sans intérêt particulier. Quant aux rapports de ces cavités avec l'extérieur, il déclare ne pas les connaître et n'avoir découvert chez VOjpenia ni néphridies ni autres voies éliminatrices quelconques pour les produits génitaux qui s'y forment : r Die Geschlechtsproducte sind an den -^ hinteren zwei Dritteln des Abdomen angehâuft und sieht man sie in der V ganzen Leiberhôhle bis in die Kiemen flottiren. Wie gelangen sie nach n aussen? Sind Segmentalorgane vorhanden? Fragen die ihrer Lôsung » noch harren. - Aux quelques indications fournies par von Drasche sur la situation des septa et aux questions qu'il pose lui-même s'arrêtent donc les données publiées sur deux points dont nous avons entrepris l'étude : les rapports des divers compartiments cœlomiques entre eux et leurs relations avec l'exie'rieur. Voici d'après nos recherches et sous une forme succincte les traits les plus saillants de la disposition des compartiments cœlomiques, de leurs cloisons séparatrices et des pertuis qui les mettent en rapport avec le milieu extérieur. I. Les compartiments périviscéraux sont moins nombreux que les métamères. Le premier métamère qui porte l'orifice buccal et la couronne de prolongements branchiaux possède son compartiment cœlomique dis- (i) VON Drasche : Beitrâge ^Kr feincroi Anatomie dev Polychaeten ; Zweites Heft : Anatomie von Owenia fusi/onnis, Wien, iS85. 378 G. GILSON tinct, séparé du deuxième par un septum. Puis viennent deux métamères très courts, dont les cavités non séparées par un septum forment un com- partiment unique, fermé en arrière par le deuxième septum. C'est la deuxième chambre cœloniique. Les trois segments suivants, IV, V et VI, manquent également de septum et leurs cavités confondues forment la troisième chambre très vaste. Au-delà du sixième métamère, tous les segments sont séparés par un sep- tum. En outre, le neuvième métamère contient un septum supplémentaire. Le compartiment céphalique forme une seule cavité impaire, mais imparfaitement divisée par une cloison horizontale que nous décrirons. Tous les autres compartiments sont divisés en deux chambres longitudi- nales séparées l'une de l'autre par un mésentère supérieur, par l'intestin et par un mésentère inférieur, disposition qui rappelle les annélides inférieurs: Polygovdiiis, etc. II. Aucun des septa ne constitue une cloison parfaite et toujours étanche. Les uns présentent en certains points de leur pourtour des dé- fauts d'attache à la paroi, des fentes, établissant ou pouvant établir dans certaines conditions une communication entre les deux métamères voisins. Les autres présentent de véritables perforations. Certaines d'entre ces perforations sont munies d'un appareil muscu- laire puissant et complexe, fonctionnant comme un sphincter. On trouvera plus loin une description de ces curieux organes repré- sentés en sph dans les fig. 2, 3, 4, 5. Plusieurs septa ont à la fois des fentes marginales et des perforations à sphincter. On voit donc que nous ne pouvons nous rallier à l'avis de von Drasche, quand il affirme que les septa en général ne sont perforés que par l'intestin et les vaisseaux sanguins : " nur von Darm und Blutgefdssen durchbohrt. „ III. La cavité cœlomique de certains métamères est en communica- tion avec l'extérieur. d) Le sixième métamère présente chez les femelles, de chaque côté, un entonnoir cilié appliqué contre le troisième septum. Cet entonnoir est muni d'un court canal qui perfore la paroi du corps et se jette dans un tube sinueux purement épithélial logé dans la cavité épidermique et situé par conséquent en dehors de la membrane basale, fig. 9 et 12. Celui-ci s'avance jusqu'au cinquième métamère et débouche à l'extérieur par un pore très étroit plus ou moins allongé en fente. LES VALVES SEPTALES DE L OWENLA 379 Chez le mâle, il y a d'abord deux entonnoirs semblables à ceux de la femelle. Mais on trouve en outre un peu au-devant des premiers une seconde paire qui n'a aucun rapport avec le septum et dont le limbe s'étale sur la paroi musculaire du corps. Ils s'ouvrent comme les premiers dans le canal épithélial. Chaque canal épithélial porte donc deux entonnoirs, un terminal et un latéral, fig. 25. Dans les deux sexes, entonnoirs et canaux épithéliaux occupent la face dorsale du sixième métamère. Ces organes constituent les voies élimina- trices des produits génitaux. Voilà qui répond à la question posée par von Drasche. b) Au niveau des septa Y et VII, il existe, fig. 20, 21 et23, deux invagi- nations de l'épiderme s'avançant dans l'épaisseur du septum et se terminant au sphincter lui-même, tout contre un diverticule du canal septal. Il n'est pas impossible que ces tubes servent à introduire de l'eau dans la cavité périviscérale. Toutefois, n'étant pas parvenu jusqu'ici à démontrer la com- munication de leur lumière avec cette cavité, nous laissons sur ce point planer quelque doute. Des productions semblables, mais beaucoup moins développées, se re- marquent au niveau de la plupart des autres septa, sauf les derniers. Mais à partir du septum A'III, elles sont certainement dépourvues de toute communication avec la cavité du corps. Leur signification, toutefois, est la même et sera discutée plus loin. IV. Les entonnoirs génitaux représentent vraisemblablement des né- phridies modifiées. Les tubes épithéliaux ont peut-être la même significa- tion. On peut aussi se demander si les canaux septaux et leurs sphincters ne représentent pas les restes transformés des néphrostomes de néphridies disparues. La portion glandulaire, à fonction urinaire, des néphridies typiques- fait complètement défaut chez VOivenia. L'évacuation urique doit se faire par une autre voie. V. A l'appui de ces diverses propositions nous apportons une descrip- tion détaillée de la structure des divers métamères et spécialement des or- ganes septaux et des voies génitales. Cette description ne sera guère que l'explication d'une série de dessins destinés à donner au lecteur une idée plus nette des dispositions dont nous venons de parler. Nous y ajouterons quelques remarques ou aperçus comparatifs. 38o G. GILSON L'étude de toutes ces dispositions est entourée de difficultés. Aussi n'est-il pas surprenant que certains organes aient entièrement échappé à VON Drasche. Ajoutons que si les observations de notre savant devancier ont laissé à glaner après "lui, les nôtres n'ont pas la prétention de clore l'étude de ces questions. Nous décrivons chez VOivenia des dispositions intéressantes qui, à notre connaissance, n'ont été signalées chez aucun anné- lide et qui font de ce genre une forme remarquable parmi les tubicoles. Mais l'attention des chercheurs étant éveillée, il est à penser que les données fournies par nous seront bientôt complétées, et nous avons des raisons de prévoir que l'on ne tardera pas à découvrir dans d'autres genres des dispo- sitions analogues à celles dont on va lire la description et qui paraissent admirablement adaptées à la vie tubicole. Disposition et rapports des divers métamères entre eux et avec l'extérieur, Premier métamère. C'est le segment qui porte l'orifice buccal et la couronne d'appendices branchiaux. On pourrait l'appeler la tête. Les tentacules branchiaux possèdent des vaisseaux sanguins et une ca- vité propre qui est en libre communication, à la base, avec la cavité du segment céphalique. Ils reçoivent donc, outre le sang, le liquide cœlomique. Sous la bouche, on trouve un organe très remarquable, découvert par VON Drasche : l'organe labial, fig. 2, o. l. C'est un bourgeon épithélial bilobé en avant. Ses deux lobes sont for- més de cellules épithéliales cylindriques très hautes et très claires. Des muscles variés s'y attachent; ils servent, les uns à le faire saillir, les autres à le rétracter. Nous n'avons pas à décrire ici cet organe, ni à rechercher sa signification morphologique. Disons seulement qu'on ne peut lui donner le nom de prostoniiiDii, puisque ce terme indique un organe situé au-devant de l'orifice buccal. Nous le désignerons sous le nom de metastoiniitiu, pour la facilité du langage. Nous devions signaler son existence afin de pouvoir indiquer une disposition particulière de la cavité du premier métamère (i). Cette cavité est divisée en deux compartiments : l'un dorsal, l'autre ven- tral, par une cloison incomplète, horizontale Cette cloison comprend deux lames conjonctivo-musculaires s'insérant, d'une part, sur les parties laté- rales de Torgane labial qui fait saillie à l'intérieur, et de l'autre sur la paroi du corps. En avant, elles se rattachent à la face antérieure du corps, et en arrière elles se soudent au premier septum. (i) Nous pensons que le Metastomium est un organe destiné à la préhension des particules so- lides dont l'animal recouvre son tube. C'est aussi l'opinion de notre ami IM. A Watson de Slieffield, dont on connaît les belles observations sur la confection du tube des annélides (i). Nous avons prié ce savant de vérifier le fait sur des individus trouvés à Llanfairfechan, Galle du Nord, qu'il possède en aquarium. Bien que cette observation soit entourée de difficultés, nous pensons qu'elle mènera à la confirmation de celte hypothèse. (i) A. T. Watson : The tube-building habits of « Terebella littoralis » ; Journ. of the R. Mie. Soc, iSgo, Ibidem : Observations on the tube-forming habits of « Panthalis Oerstedi » ; Port Erin Biologi- cal Siaiion, iSgS. 382 G- GILSON Cette cloison horizontale dont le métastomium fait partie, du moins quand il est rétracté et saillant à l'intérieur, est incomplète : derrière cet organe, il existe une large communication entre la chambre dorsale et la chambre ventrale. Il va sans dire que la protraction et la rétraction du mé- tastomium font varier dans une large mesure l'étendue de la cloison hori- zontale : pendant la protraction, la saillie interne disparait presque complè- tement ; les membranes latérales sont alors tendues et ont la forme de lames étroites; l'orifice qui les sépare derrière l'organe est très large. Le contraire a lieu pendant la rétraction. Premier septiim. Le premier septum, qui sépare la première cavité segmentaire du com- partiment cœlomique suivant, est une membrane assez mince, à trame conjonctive et parcourue de fibres musculaires de direction variée. Nous n'y découvrons pas de perforation. Il est cependant certain que la première cavité métamérique communique avec la seconde. En effet, Claparède (i) avait déjà remarqué que les œufs se rencontrent parfois dans la cavité cé- phalique et jusque dans les appendices branchiaux eux-mêmes. Nous avons pu vérifier l'exactitude de cette assertion. Or, le segment céphalique ne contient pas de gonades; celles-ci s'arrêtent au cinquième segment. Il faut donc que les deux premiers septa présentent des solutions de continuité quelconques capables de livrer passage aux produits génitaux. Ces passages existent, mais il n'est pas toujours aisé de les voir. Ce sont des défauts d'at- tache du système à la paroi du corps, qui se rencontrent sur la face latérale, mais très dorsalement. On les voit en pas dans la fig. 2, au voisinage des vaisseaux qui passent dans la tête. Il n'ont pas une forme bien régulière, et ne sont pas toujours des trous complètement libres; des fibres muscu- laires les obstruent d'ordinaire en partie et les œufs qui sont assez gros doivent pour y passer déranger quelque peu ces fibres ou bien se déformer eux-mêmes. Il est évident pour nous que ces passages, comme ceux que nous allons décrire dans le deuxième septum, sont destinés spécialement au transport du liquide cœlomique et non pas à celui des éléments génitaux. Ceux-ci n'ont, en effet, rien à faire dans les segments antérieurs au deuxième septum. Leur présence dans ces segments, quoique fréquente, est accidentelle. Il semble même qu'une fois engagés dans la tète les œufs ont quelque peine à (i) Claparède : Les aiinélidcs chéloyodes du golfe de Naples; Mém. de la soc. di; physique et d'hist. nat. de Genève, XX, 1870. LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 383 s'en échapper. En effet, nous avons noté à deux reprises la présence de nombreux'œufs dans la cavité céphalique et les branchies d'individus qui avaient pondu. Il ne restait plus aucun œuf mùr dans les segments pos- térieurs. Ceux qui étaient logés dans la tête paraissaient en voie d'altéra- tion : presque tous avaient pris des formes irrégulières, amiboïdes, avec des pseudopodes parfois très longs, fig. 3. Deuxième et troisième métamères. Comme nous l'avons dit plus haut, ces deux métamères sont très courts et leurs cavités sont confondues en une seule par suite de l'absence com- plète de cloison septale entre eux. La segmentation de ce tronçon du corps n'est indiquée que par des détails extérieurs, les faisceaux de soies, un tore uncinigère, et par certains organes internes. Les glandes filières, dont nous avons décrit deux paires, s'ouvrent à côté de ces mêmes faisceaux(i). Deuxième septum. Le deuxième septum séparant le tronçon formé par la fusion du deux- ième et du troisième métamère d'avec le quatrième présente des parti- cularités qui vont nous arrêter quelque peu. Sa structure est complexe et son étude nous a opposé d'assez grandes difficultés. Les fig. 4 à 7 servi- ront à en expliquer le détail. Notons tout d'abord que l'intestin subit à la limite du quatrième et du cinquième métamère une brusque réduction de calibre. Il existe à ce niveau un tronçon intestinal étroit et rectiligne s'ouvrant en avant et en arrière dans des portions à large calibre fortement plissées, fig. 2. Ce tronçon mince appartient encore au troisième métamère : le septum s'insère sur le pourtour de son extrémité postérieure. Il est logé dans le réces- sus septal r qui est un enfoncement très caractérisé de ce septum, fig. 6, r. ~ La même figure fait voir qu'il est muni d'une puissante tunique mus- culaire, véritable anneau constricteur qui, sur les objets fixés, se montre toujours violemment contracté, à tel point que parfois la lumière du canal est entièrement oblitérée. Passons maintenant à l'étude d'organes spéciaux voisins du tronçon mince de l'intestin, mais appartenant au septum lui-même. (i) G. GiLSON : Les glandes filières de l'Owenia fusi/onnis ; La Cellule, t. X, fasc. 2, iSgS. 50 384 G. GILSON Le deuxième septum est l'un de ceux qui sont perforés. Il présente deux canaux septaux munis de sphincters et un muscle spécial : le croissant dorsal. Croissant dorsal. Nous donnons ce nom à un faisceau de fibres contenu dans la partie du septum qui est déprimée vers l'arrière. Il forme la partie supérieure et les parties latérales de cette dépression, dans la cavité de laquelle on trouve le tronçon musculaire de l'intestin. On le trouve en c, d, dans les fig. 2, 4, 5 et 6, qui donnent, en le montrant sectionné dans des sens divers, une bonne idée de sa disposition. La direction générale de ses fibres est circulaire et entourante par rapport au tube digestif, auquel elles forment comme un second manteau recouvrant au-dessus et sur les côtés l'anneau constricteur, au, c. En bas, ces fibres se rattachent à deux masses musculaires, sph, dont nous allons parler et par leur union avec celles-ci se trouve formé un anneau musculaire complet appartenant au septum, distant de l'intestin mais l'en- tourant entièrement, fig. 4, 5 et 6. Canal sepial et sphincter. Les perforations du deuxième septum ont la forme de deux canalicules longs, grêles et sinueux, percés dans une énorme masse musculaire ovoïde, située dans le septum, à droite et à gauche, un peu plus bas que l'intestin. Ces masses musculaires sont des appareils sphinctériens complexes. Notons d'abord exactement leur situation : elles sont comprises dans la paroi inférieure et un peu latérale de la dépression du septum qui loge le tronçon mince de l'intestin au même niveau que le croissant dorsal dont elles reçoivent les branches, fig. 5, c, d, sp/i. Ces organes comprennent divers faisceaux de fibres que l'on distingue dans les fig. 4 à 7, mais dont nous n'avons pu déterminer exactement la direction, parce qu'on les trouve, dans les coupes, disposés de différentes façons suivant le degré de contraction dans lequel ils ont été fixés et suivant la position qu'affectaient le septum et les masses sphinctériennes au moment de la section. Notons seulement que sur une coupe quelconque on trouve généralement des fibres coupées en long et d'autres en travers. Si la coupe est transversale, on en voit toujours un grand nombre coupées en long et s'attachant d'une part au croissant dorsal, de l'autre à la forte membrane basale de l'épidermc au voisinage du cordon nerveux, fig. 4 et 5. 1 I LES VALVES SEPTALES DE l'OWENIA 385 Le canal septal, ainsi que nous l'avons dit, suit un trajet sinueux dans l'épaisseur de la masse sphinctérienne. Sa lumière est toujours très étroite, souvent entièrement oblitérée par la contraction violente de l'organe. Aussi est-il extrêmement difficile d'en suivre le trajet sinueux et d'en découvrir les orifices. Une autre cause ajoute encore à la difficulté de cette recherche : c'est la minceur de sa paroi propre. Elle n'est guère indiquée dans les coupes que par une ligne de très petits no)'aux entourés d'un peu de proto- plasme. On ne parvient pas à y discerner de limites cellulaires. Aussi n'est-ce pas sans peine que nous sommes arrivé à en déter- miner les deux extrémités. Son orifice antérieur est situé dans le réces- sus de la cavité du quatrième métamère qui se trouve compris dans la dépression cylindrique du septum, fig. 5 et 7, o c s (7. Il y occupe une position un peu latérale et externe. L'orifice postérieur s'ouvre dans le cinquième métamère vers le bas, non loin du mésentère inférieur, fig. 6, o c sp. Il est évident que les masses sphinctériennes et le croissant dorsal ne sont pas des organes entièrement indépendants l'un de l'autre. Leur con- traction simultanée rétrécit l'anneau qu'ils constituent ensemble. Elle doit avoir pour résultat de comprimer l'intestin et de renforcer l'action constric- trice du manchon musculaire, vie, propre à ce dernier. Mais il est très vrai- semblable aussi que le croissant dorsal fournit à certaines fibres sphincté- riennes un point d'appui. Manquant de données précises sur la direction réelle et les insertions de divers faisceaux qui constituent les sphincters, nous ne pouvons faire la part exacte de leur action dans le mécanisme de l'appareil. Notons seulement que s'il est certain que les fibres à direction oblique s'attachant d'une part au croissant dorsal etdel'autreà la basale épidermique ont pour effet de comprimer le canal septal, il doit y en avoir, dans le reste du faisceau, certaines dont la contraction produit au contraire la dilatation~ de ce même canal. En effet, si ténu qu'il se montre d'ordinaire dans les sec- tions, le canal septal est susceptible d'être dilaté notablement. Il est certain que, du moins chez les femelles, son diamètre peut devenir au moins égal à celui des œufs qui sont assez volumineux, fig. 3. Cela n'est pas douteux, puisqu'ils constituent la seule voie par laquelle ceux-ci peuvent passer du cinquième métamère dans le tronçon antérieur au deuxième septum, où on les trouve souvent accumulés en grand nombre. Ajoutons que nous avons constaté directement cette dilatation. Nous possédons en effet deux séries 386 G. GILSON de coupes dans lesquelles l'extrémité postérieure d'une des glandes filières du cinquième métamère, refoulée vers le haut par une cause qui nous échappe, s'était engagée dans le canal septal dilaté et faisait longuement saillie dans le compartiment cœlomique antérieur. Le sphincter dans ces objets avait été saisi par le réactif en état de dilatation et fixé sans avoir le temps de se contracter complètement. La glande y était à peine comprimée. Il est donc certain que le grêle et sinueux canal que l'on trouve dans la masse sphinctérienne contractée peut se transformer par le jeu de certains faisceaux en un simple anneau court et large. Signalons encore dans les fig. 5 et 7 l'existence d'un petit faisceau ^/n de fibres musculaires, appartenant au mésentère inférieur et reliant l'intes- tin à la paroi inférieure du corps. Il a évidemment un rôle dans le jeu com- plexe de l'appareil septal. Paroi musculaire des métamères. Elle comprend dans les quatre premiers segments les deux éléments habituels de la paroi du corps des annélides : des fibres longitudinales et des fibres circulaires situées en dehors des premières. On les voit en f m c et / m l dans la fig. 24. Les éléments circulaires se continuent en couche interrompue dans les branchies elles-mêmes. Dans tout le reste du corps, c'est-à-dire en arrière du quatrième métamère rudimentaire qui fait suite au deuxième septum, les fibres longitudinales seules existent. Nous n'y pouvons découvrir la moindre trace de fibres circulaires, von Drasche, au contraire, admet qu'il existe une musculature circulaire sur toute la longueur du corps, mais déclare que dans » l'abdomen '^, c'est-à-dire la portion qui fait suite au deuxième septum, elle est extrêmement mince et difficile à distinguer : » Die Ringmuskulatur ist im Thorax recht kràftig ausgebildet, » wird jedoch im Abdomen so schwach, dass sie nur mit starkeren Vergrôs- « serungen, als eine unterhalb des Hypoderms liegende doppelt contourirte » Linie zu erkennen ist. « Il est très probable que ce que l'auteur prend pour une couche muscu- laire circulaire n'est autre chose que la membrane basale épidermique qui est très forte sur toute la surface du ver. On voit aisément une infinité de fibres longitudinales en contact immédiat avec cette basale, mais en dehors de la région antérieure, on ne trouve jamais la moindre trace de fibres cir- culaires. Celles-ci font donc complètement défaut en arrière du quatrième métamère. Nous insistons sur ce fait remarquable et nous indiquerons dans LES VALVES SEPTALES DE l'0WENL\ 387 nos remarques et conclusions la corrélation qui existe entre l'absence d'élé- ments circulaires et la présence des curieuses productions que nous décrirons sous le nom d'organes septaux. La structure des fibres musculaires de VOivenia et celle du revêtement cœlomique font l'objet d'une note spéciale que nous livrons à l'impi-ession en même temps que ces pages. Quatrième, cinquième et sixième métamères. En arrière du tronçon formé parles métamères II et III, à cavité con- fondue, on trouve encore un compartiment cœlomique résultant de la fu- sion de plusieurs chambres métamériques. Il n'existe pas de septum entre les segments W et V, ni entre ce dernier et le Yl". Ici encore la segmenta- tion est accusée par les faisceaux de soies et les glandes filières, et, en outre, par deux tores uncinigères, fig. 1, // et ts. L'accord ne règne pas entre les auteurs au sujet du nombre de méta- mères qu'il faut compter dans la région antérieure du corps de YOivenia. Deux d'entre les premiers naturalistes qui se soient occupés de notre anné- lide, Grube (i) et Claparède (2), n'admettaient que deux segments dans le tronçon postcéphalique qu'ils appellent '-le thoraX". Kôlliker(3), qui en avait décrit trois, fut critiqué sur ce point par Claparède. von Drassche (4) soutint plus tard, comme Kôlliker, qu'il en faut compter trois. Ces diver- gences s'expliquent par la petitesse du troisième faisceau de soies qui avait échappé aux deux premiers observateurs. Enfin, en iSgS, nous mimes abso- lument hors de doute l'existence d'un métamère occupant le numéro \W dans la série, en montrant qu'il existe au-devant du premier tore uncinigère, non seulement un troisième faisceau de soies très petit, mais encore une troi- sième paire de glandes filières, — organes indubitablement métamériques. Ces glandes, comme les faisceaux de soies qu'elles accompagnent, sont de dimensions extrêmement faibles' et présentent des signes non équivoques d'atrophie. Leur canal excréteur n'arrive plus jamais à percer la membrane basale; aussi ont-elles perdu toute fonction et toute utilité pour l'animal. (i) Grube : Besdireibung neiier oJer wenigcr bekanntcr .Annelideu; Arch. f. Nalurgeschichte, 12. Jahrg , 1S46. (2) Claparède : Les annélides chctopodes du Golfe de Naplcs; Mémoires de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Geiève, t. XX, 1S70. (3) Kôlliker : Kur-e Bericht einer im Herbst 1864 an der Westkûste von Scliottland ange- steilten vergleichend-analomischen Untersuchung ; Separat-Abdruck aus der naturwissensch. Zeitschrift, B. V, Wurzburg, 1S64, Z. 11. (4) VON Drasche : Loc. cit. 388 G. GILSON Nous trouvons en elles un cas très remarquable et absolument indiscutable d'organes en voie de régression, un exemple frappant à ajouter à la série déjà si longue de productions méritant le nom de restes anceslraiix et qui sont d'un si haut intérêt aTu point de vue transformiste (i). L'existence de quatre métamères au-devant du premier tore uncinigère est donc certaine. Mais si Kôlliker et von Drasche ont bien résolu la question du nombre des segments, ils n'ont pas indiqué exactement la situa- tion du deuxième septum et se trompent quant à la région à laquelle il convient d'attribuer le quatrième métamère. von Drasche dit ceci du premier septum : ^ Es grenzt das Kopf-Mundsegment von den drei ver- - schmolzenen Thoraxsegmenten ab. r^ Il assigne donc au tronçon post- céphalique, qu'il appelle thorax, trois segments fusionnés, c'est-à-dire qu'il place au-devant du deuxième septum le quatrième métamère dont, avec KoLLiKER, il soutient l'existence. Or, en cela il est dans l'erreur : le deu- xième septum, s 2, s'insère à la paroi du corps au-devant de l'embouchure de la glande rudimentaire, ^j, et de son faisceau de soies, /j, fig. 2. Le métamère IV, quoique situé au-devant du premier tore, /, se trouve en arrière du deuxième septum, s 2, et n'appartient pas au soi-disant thorax. Il n'est pas fusionné avec les deux segments post-oraux communicants, puisqu'un septum l'en sépare, mais bien avec le tronçon suivant formé par les métamères V et VI, puisque sa cavité se confond avec la chambre com- mune de ce tronçon. Disons que nous sommes tombé nous-méme dans cette erreur, lors de nos recherches sur les glandes filières, un peu paixe que nous étions porté à considérer comme juste l'opinion de von Drasche, qui était dans le vrai, contre ses devanciers, au sujet du nombre des segments, mais aussi à cause d'une disposition particulière du septum qui est de nature à induire en erreur, si l'on se borne à l'étude de coupes sagittales ou transversales. La FIG. 2, qui est une coupe horizontale, montre en effet que cette membrane dans sa partie moyenne, en dehors du récessus qui loge le croissant dorsal et les canaux septaux, occupe le même niveau que le premier tore uncinigère. Cette partie est maintenue à ce niveau par la résistance de l'intestin, lié lui-même à la paroi par deux lames mésentériques longitudinales. Mais sa partie externe ou marginale, à droite et à gauche, se relève brusquement et va s'attacher à la paroi au-devant du troisième faisceau de soies et de sa glande atrophiée, et non pas derrière. (1) G. GiLSoN : Les glandes JUières de » l'On'enia fusiformis » ; La Cellule, t. X, fasc. 2, 1893. LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 389 Ainsi donc, limitée en avant par le deuxième septum que nous venons de décrire, la cavité du quatrième segment communique pleinement en arrière avec celle du cinquième. Il n'existe pas non plus de septum entre le cinquième et le sixième septum. Cependant leur limite est très nettement indiquée. A l'extérieur, elle est marcjuée par un tore uncinigère et par une paire de faisceaux de soies. Intérieurement, l'autonomie de ces métamères est indiquée ici encore par la présence d'une paire de glandes filières dans chacun d'eux et par un sillon dans la tunique musculaire. Quant au tube digestif, il ne présente à la limite des deux segments aucune modification. On trouve donc en arrière du deuxième compartiment cœlomique, formé par les métamères II et III confondus, un troisième compartiment formé par les cavités réunies du quatrième, du cinquième et du sixième segments. Ce compartiment triple est en communication directe avec tout ce qui l'en- toure : il communique avec le compartiment qui le précède, avec celui qui le suit, et avec l'extérieur. Il s'ouvre dans le compartiment antérieur par les deux canaux septaux gardés par les puissants sphincters que nous venons de décrire dans le deu- xième septum. En arrière, il communique avec le septième métamère, non par des canaux septaux, mais par de simples fentes. Enfin, il est mis en rapport direct avec l'extérieur par des voies spé- ciales qui servent à l'élimination des produits génitaux. Nous allons décrire brièvement ces deux derniers rapports. Troisième septum. Comme nous venons de l'indiquer, c'est une cloison dépourvue de per- foration et, par suite, de sphincters septaux. Le croissant dorsal y existe cependant, sous une forme un peu modi- fiée. Il comprend deux faisceaux musculaires courant du mésentère dorsal au mésentère ventral sur les côtés du tube digestif. La fig. 11 le montre en cd dans une section horizontale. On peut remarquer en même temps dans cette figure que l'intestin se rétrécit en traversant le septum, mais sans ac- quérir un muscle constricteur spécial, comme il le fait au niveau du deu- xième septum. Les voies de communication entre les deux segments voisins sont ici, comme au niveau du premier septum, des défauts d'attache de la cloison à la paroi du corps; mais elles sont mieux définies que ces dernières. Ce sont 3go G- GILSON deux fentes bien nettes situées sur la face dorsale à peu de distance de la ligne médiane. On les distingue le mieux sur des coupes sagittales, comme celle qui est reproduite, fig. 10. On voit dans ce dessin le bord supérieur du septum légèrement épaissi s'engager dans une gouttière nette et régu- lière entaillée dans la couche musculaire de la paroi du corps. Un passage, pas., existe entre ce bord libre et le fond de la gouttière. Dans l'objet auquel se rapporte la fig. 10, la même disposition se constatait sur six coupes assez épaisses; la fente s'y étendait depuis le voisinage du mésentère dorsal jus- qu'au voisinage de l'entonnoir génital. Ce passage en fente peut être oblitéré par la contraction des fibres mus- culaires qui courent dans le septum lui-même et qui forment à son bord libre un léger bourrelet. Nous avons pu constater que la fente dorsale est courbe et que les fibres marginales doivent, en se tendant, en redresser le bord septal libre et l'appliquer contre la paroi du corps au fond de la gouttière. Il parait évident que si en même temps la couche musculaire de cette paroi se contracte, gagnant ainsi en épaisseur aux deux lèvres de la gout- tière, celle-ci doit s'accentuer davantage et gagner en profondeur, tout en se fermant et pinçant le bord septal qui y est engagé. Notons que cette gout- tière n'est pas toujours aussi caractérisée que dans notre dessin, mais elle peut aussi l'être davantage. Il n'est pas douteux que les fentes dorsales doivent à certains moments s'ouvrir pour laisser passer non seulement le liquide cœlomique, mais encore les éléments génitaux qui y flottent vers le moment de la reproduction, au commencement de l'été. Mais il est très vraisemblable aussi qu'à d'autres moments elles se ferment réellement, par le mécanisme que nous venons d'indiquer, interceptant alors toute communication entre le sixième et le septième métamère. Signalons ici une particularité du mode d'attache du septum à la paroi. Le bord de. cette membrane s'enfonce plus ou moins dans l'épaisseur de la couche des muscles pariétaux, sans s'unir à la basale épidermique, ainsi qu'on le remarque dans la fig. 10, du côté du tore uncinigère. Mais en deux points situés sur les côtés du corps, elle s'avance au contraire jusqu'à la basale et s'}' unit par quelques fibres. De plus, en ce point on remarque une saillie conique de l'épithélium analogue à celle que nous indiquons en / é, dans la fig. 22, où le sixième septum présente la même particularité. Nous reviendrons sur ce détail qui peut avoir une certaine importance au point de vue de la signification des productions que nous décrirons sous le nom de tubes épidermiques. LES VALVES SEPTALES DE LOWENIA 391 Canaux génitaux. C'est le sixième inétamère qui, dans les deuxsexes, porte les voies élimi- natrices des cellules génitales, voies que vonDrasche avait en vain recher- chées. Elles sont fort peu compliquées, mais leur disposition est intéressante. Ces organes établissent une communication directe entre le cœlome et l'extérieur, c'est-à-dire que leur disposition est celle des organes néphridiens typiques. Ainsi que nous l'avons dit, ils comprennent chez la femelle une paire d'entonnoirs ciliés et un canal longitudinal et chez le mâle deux paires d'entonnoirs semblables s'ouvrant chacun dans un même canal longitudinal identique à celui de la femelle. Les uns comme les autres sont des organes dorsaux. On le constate dans la fig. 12, section transversale, où se voient à la fois les entonnoirs, inf, coupés en long et les canaux longitudinaux, ce, coupés en travers. Infiindibiilum. Ils apparaissent dans les fig. 9, 12, 13 et 17 sous la forme de cônes très évasés s'étalant sur la face interne de la couche musculaire pariétale. Ces cônes ne sont pas réguliers, ainsi que pourrait le faire croire l'examen des sections représentées. En étudiant des coupes qui ne font qu'effleurer ces organes ou bien des sections un peu épaisses, on reconnaît l'existence de quatre côtes inégales saillantes à leur face interne. La paroi de ces en- tonnoirs est formée de très petites cellules ciliées à noyaux relativement gros ; elles sont si serrées les unes contre les autres qu'on a de la peine à en saisir les limites. Les cils sont toujours difficiles à voir, soit parce qu'ils sont rabattus contre les cellules, soit parce qu'ils sont emprisonnés dans un coagulum qui souvent encombre une partie de la cavité cœlomique. Un court canal part du fond de la dépression ciliée et marche directe- ment vers l'extérieur, à travers la couche musculaire. Il perce l'épaisse membrane basale et se continue avec le conduit épithélial qui est situé à l'extérieur. Ce canal infundibulaire est droit et de calibre à peu près égal. Il est revêtu extérieurement par une membrane hyaline qui est une dépen- dance de la basale de l'épiderme, avec laquelle elle se fusionne sur tout le pourtour du petit pore qui y est percé. Cette membrane se poursuit sous l'entonnoir lui-même en s'amincissant beaucoup. Elle s'étend même au-delà des bords du cône cilié et se recourbe alors vers l'extérieur. On en trouve des prolongements qui, marchant à travers la masse musculaire, finissent par rejoindre la basale épidermique et se confondre encore avec elle. 51 392 G. GILSON La forme et la structure des entonnoirs varie fort peu selon le sexe. La paire unique de la femelle présente un canal droit, un peu moins long peut-être que celui des deux paires du mâle, mais la différence est très faible. Cette paire occupe-la même position que la première paire du mâle : toutes deux sont adossées au troisième septum et légèrement couchées vers le bas. Leur canal perce un peu obliquement la membrane basale. La deuxième paire du mâle est située plus haut, c'est-à-dire en plein dans le sixième segment et non pas à sa limite. Il est d'ordinaire un peu moins béant ; son canal marche droit vers l'extérieur ; il perce directement la lame basale, rencontre sous elle le conduit épidermiquc, c. e., et y dé- bouche sans autre particularité. Cet entonnoir vu sur une coupe longitu- dinale du ver paraît plus resserré que celui de la première paire; dans les coupes transversales, il a le même aspect. On ne remarque aucun appareil musculaire particulier qui puisse être considéré comme constricteur ou dilatateur des entonnoirs génitaux. Il est possible qu'ils ne sont perméables que lorsque la paroi musculaire du corps est en relâchement. Cependant le revêtement que leur fait la substance résistante et élastique de la membrane basale en protège peut-être le con- duit contre toute compression. Canal génital. C'est une production fort remarquable. On le distingue aisément en examinant la face dorsale du sixième segment. Il apparaît alors sous la form.e d'une ligne opaque tantôt blanche, tantôt noirâtre, courant sur pres- que toute la longueur de ce segment. Quand elle est noirâtre, on l'aperçoit même à Toeil nu. von DRAsqHE connaissait cette ligne. Il l'a même repré- sentée dans la fig. i de son travail. Mais il n'a pas soupçonné qu'elle con- stitue précisément cette voie éliminatrice des produits génitaux qu'il avoue si sincèrement ne point connaître. Le trajet du canal génital est extrême- ment sinueux. Il décrit des zigzags à angle aigu d'un aspect très étrange, FIG. 1, ce. Si on le distingue extérieurement, c'est grâce à sa situation extrêmement superficielle : ainsi que nous l'avons dit plus haut, il est situé en dehors de la membrane basale, dans la couche épithéliale elle-même. On le voit en c, e, dans les fig. 9 et 12. Les fig. 13 14 et 15 montrent sous un grossissement assez fort la disposition des cellules de sa paroi. Il y est évident que ce canal dérive de l'épiderme par la fermeture d'une gouttière. LES VALVES SEPTALES DE L'0WENL\ 393 Le sillon superficiel qui persiste le plus souvent au-dessus de lui, fig. 14 et 15, apparaît comme le reste d'une gouttière embryonnaire, dont le fond seul devient un canal. A son extrémité supérieure, il s'ouvre tout simplement en repassant à l'état de gouttière béante, ainsi qu'il est représenté dans la FIG. 16. Il arrive qu'on le trouve ainsi ouvert sur une assez grande longueur. C'est une imperfection, un état d'inachèvement, rappelant chez l'adulte le mode de formation de l'organe chez l'embryon. Il existe, en dehors du conduit génital, une gouttière dans laquelle s'ou- vrent les glandes filières, qui y déversent un produit analogue à la soie des insectes, fig. 12, gt. s. Nous pouvons l'appeler gouttière de la soie. Or, ce sillon en certains points devient très profond et se ferme même complète- ment par application de ses bords, sans que pourtant la soudure s'y établisse, fig. 12. D'autre part, nous venons de dire que le conduit génital à son ex- trémité supérieure passe souvent à l'état de simple gouttière. Dans ce cas, il ressemble étonnamment au sillon de la soie et l'on ne peut alors s'empêcher de le considérer comme dérivant lui-même d'un simple sillon semblable, qui autrefois était ouvert même chez l'adulte, et de regarder en même temps la gouttière de la soie comme un organe en voie de formation et bien près de donner naissance lui aussi à un canal semblable au canal génital. Cette gouttière paraît être là pour nous mettre sous les yeux le processus de la formation du conduit génital. &"■ Septième metamère. Ce segment communique en avant avec le sixième par les fentes dor- sales du troisième septum que nous venons de décrire. Il est fermé en arrière par le quatrième septum, muni de deux canaux ou pores septaux, à sphincter peu puissant. Enfin, il est sans communica- tion avec l'extérieur. Quatrième septum. Sa structure présente peu de complication. On y distingue deux perfo- rations. Elles sont analogues à celles du deuxième septum; mais leur arma- ture musculaire est infiniment moins puissante. Elle apparaît en coupe comme un très léger épaississement du bord de la perforation, fig. 18, s^ et es. A plusieurs reprises, nous avons trouvé dans nos coupes cette per- foration septale fortement dilatée et traversée par l'extrémité libre de la 394 G, GILSON glande filière du huitième métamère, fig. 18, gl, à gauche. Celle-ci semblait s'y être engagée sous l'action d'un violent courant venant de l'arrière, qui l'aurait renversée en avant et entraînée de force dans le compartiment an- térieur. Il est probable que ce phénomène, ici comme au niveau du deu- xième septum où nous l'avons signalé plus haut, se produit lors de la fixa- tion, quand l'action du réactif provoque dans la paroi et dans toutes les parties musculaires du corps des contractions spasmodiques intenses. A l'état de constriction modérée, la perforation septale, vue de face, présente l'aspect d'une boutonnière allongée, oblique. Fentes dorsales. Outre ces perforations, nous avons noté, entre les métamères 'VII et 'VIII, deux autres passages : deux fentes dorsales, analogues à celles du troisième septum. Nous ne les avons pas représentées. Leur présence n'est pas constante : nous n'en avons pas trouvé trace dans deux individus sur quatre que nous avons examinés à ce point de vue. Huitième métamère. La cavité est en rapport en avant, comme nous venons de le dire, avec celle du septième, par les deux pores peu musclés du quatrième septum, et, parfois, par deux fentes dorsales. En arrière, il communique avec le neu- vième par deux canaux septaux percés dans le cinquième septum et munis au contraire d'un appareil musculaire très puissant. En outre, il est possible qu'il soit en communication avec l'extérieur par deux invaginations épider- miques aboutissant à cet appareil musculaire, ainsi que nous allons le voir. Cinquième septum. Il contient deux organes septaux analogues à ceux du deuxième sep- tum, c'est-à-dire deux canalicules creusés dans une masse musculaire glo- buleuse. Les FIG. 19, 20 et 21 donnent une idée de leur structure et de leur situation. On y remarque d'abord des fibres obliques ou à direction plus ou moins circulaire, coupées en divers sens. Elles constituent la grande masse de l'organe et trouvent leurs homologues dans les fibres semblables des or- ganes du deuxième septum. Mais il y existe un autre organe musculaire qui manque au deuxième septum, un faisceau spécial très long qui traverse l'organe et vient fixer LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 395 l'une et l'autre de ses extrémités à la paroi musculaire du corps, fig. 19 et 23. Il n'est point aisé de déterminer l'effet que doit produire la contraction de chacun des divers faisceaux de fibres qui constituent l'organe septal; mais il parait certain que ce dernier faisceau a pour effet de dilater la lumière du canal septal. Celui-ci court en effet parallèlement au trajet de ce faisceau et en dedans de lui, c'est-à-dire plus près de l'axe du corps de l'animal. Du moins ce faisceau doit avoir cette action, quand sa contraction coïncide avec le relâchement des fibres circulaires ou obliques qui contournent le canal septal et sont constrictives de ce canal. Nous pouvons donc l'appeler muscle dilatateur, m d. Ce septum contient encore un croissant musculaire dorsal analogue à celui du deuxième. Le tube digestif en le traversant prend aussi un calibre plus faible et s'entoure d'un puissant anneau musculaire. Canal septal. On le voit dans la fig. 19 en c,s. Il est plus direct que celui du deuxième septum. Notez en c une petite cavité remplie d'un coagulum granuleux. Elle est située sous le muscle dilatateur, mais communique avec le canal septal. Tubes épidermiques. Nous donnons ce nom à deux tubes qui relient les organes septaux à la surface du corps. Les fig. 20 et 21 les montrent en /, é. Ils apparaissent nettement comme des invaginations de l'épiderme; leurs cellules présentent les caractères des éléments de ce feuillet, avec lequel elles se continuent du reste sur le pourtour de l'orifice externe. Ces tubes sont situés dans l'intérieur même de la membrane hyaline du septum, qui s'ouvre pour les recevoir en deux feuillets continus sur les côtés avec la basale épidermique. Des fibres musculaires appartenant au faisceau sphinctérien s'insèrent sur eux près de leur extrémité. Les fig. 19, 20 et 21 représentent trois coupes parallèles et successives intéressant le même organe. La première, fig. 19, ne comprend que l'organe septal et son muscle dilatateur ; le tube épidermique n'y est pas intéressé dans la section. Dans la seconde, fig. 20, le tube épidermique est effleuré; l'organe septal n'est plus coupé dans son plein, mais seulement dans sa portion inférieure près du point où certaines de ses fibres s'attachent à ce tube. Enfin dans la troisième, fig. 21, le tube 396 G. GILSON épidermique est coupé dans toute sa longueur, encore un peu obliquement cependant, tandis que l'organe septal n'est plus visible. Le septum seul est figuré, s'attachant à un point assez voisin de l'extrémité de ce tube, mais ce point n'est pas exactement le bout. L'extrémité, en effet, s'incurve un peu en haut vers l'organe septal et reçoit directement les fibres du faisceau sphinctérien que l'on voit en coupe oblique en sph dans la fig. 20. Quelques fibres sont pourtant encore visibles dans l'épaisseur du septum en /, m, FIG. 21 . La direction oblique des tubes épidermiques explique la disposition des organes dans ces trois coupes. La fig. 23, qui a trait au septum sui- vant, montre mieux, grâce à l'obliquité de la coupe elle-même, le mode d'attache du faisceau musculaire au tube épithélial. Nous avons vainement cherché à constater l'existence, au sommet du tube épidermique, d'une perforation qui établirait une communication entre le cœlome et l'extérieur. Ce sommet s'ouvre, il est vrai, jusque tout près de la cavité c, mais nous n'avons pu découvrir une continuité réelle de cette dernière avec la lumière du tube épidermique. Nous le regrettons, car la question présente un grand intérêt : si cette communication était constatée, il faudrait regarder ces tubes, avec l'appareil musculaire qui s'y fixe, comme des sortes de robinets, permettant d'intro- duire dans la cavité périviscérale une certaine quantité d'eau ou bien d'éva- cuer, au contraire, une certaine quantité de liquide cœlomique. Nous avons fait quelques recherches en vue de décider la question expérimentalement. Trois Ojpenia furent placés dans un vase contenant de l'eau de mer additionnée de 2 o/oo de ferrocyanure de potassium. Ils s'y maintinrent en vie sans paraître incommodés. Après huit jours de séjour, ils furent placés dans l'eau de mer pure pendant quelques minutes et soigneusement lavés, puis fixés par une solution de sublimé et de perchlorure de fer qui donnait un précipité bleu dans l'eau de mer du vase où les vers avaient vécu. Le liquide cœlomique ne présenta pas de coloration bleue. Mais sur des coupes pratiquées à la paraffine, la masse musculaire de l'organe septal présentait chez l'un des trois individus une teinte bleu pâle. Ce fait semble indiquer qu'une certaine quantité d'eau avait été introduite dans l'intérieur du corps par le tube épithélial. Nous avons été empêché par le manque de matériaux de pousser plus loin ces recherches, aussi nous voyons-nous forcé, pour le moment, de laisser planer quelque doute au sujet de la fonction des tubes épithéliaux et de remettre à plus tard la solution de la question de savoir LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 397 s'ils ne sont que des prolongements imperforés, sortes d'apoph3'-ses épithé- liales donnant insertion au muscle de l'organe septal ou bien des canalicules munis à leur sommet d'un pore très ténu s' ouvrant dans le canal septal, c'est-à-dire en définitive dans le cœlome comme les pores dorsaux des oli- gochètes. Nous inclinons toutefois vers la dernière hypothèse. Neuvième métamère. Fermé en avant par le cinquième septum avec ses organes septaux et ses tubes épidermiques, il est divisé en deux compartiments successifs par un septum supplémentaire situé à peu de distance du premier. En arrière il est fermé par le septième septum, muni d'organes semblables à ceux du cinquième. Sixième septum. La FiG. 19 montre que ce septum, très mince, s'insère à la tunique musculaire pariétale. Il pénètre dans un sillon qui s'enfonce plus ou moins profondément dans cette tunique et s'y termine tantôt en s'efïilochant, tan- tôt par un bourrelet légèrement épaissi et très net. Ce sillon, en deux en- droits situés à droite et à gauche de la ligne médiane dorsale, devient très peu profond et disparaît même. En ces points, le bord légèrement bourrelé du septum est libre de toute adhérence et il existe sous lui deux fentes par lesquelles les deux compartiments du neuvième métamère communiquent entre eux. La fig. 22 indique une autre particularité de l'insertion de ce septum. En deux points situés sur les faces latérales, mais un peu dorsale- ment, on voit quelques fibres rectilignes relier, en passant à travers les muscles pariétaux, le bord du septum à une protubérance conique de l'épi- derme. Ce sont les seuls endroits où il existe une connection directe entre le septum et la membrane basale de l'épiderme. Ces protubérances sont identiques à celles que nous avons signalées à propos du troisième septum. Notons que le sixième septum ne contient pas de croissant dorsal et que l'intestin en le traversant ne présente ni amincissement ni anneau sphinctérien. Nous nous sommes demandé quelle peut être la signification de ce si- xième septum. A-til la même valeur que les autres, et dans ce cas le com- partiment dont il forme la paroi postérieure a-t-il la valeur d'un métamère? Nous ne le pensons pas. La surface de ce segment ne porte ni tore uncini- 398 G. GILSON gère, ni faisceau de soie, ni aucun détail métamérique. L'insertion peu pro- fonde du septum à la paroi du corps, l'absence de croissant musculaire dans son épaisseur, et de toute modification du tube digestif au point de passage indiquent une valeur différente. C'est un septum supplémentaire et l'on peut concevoir sa présence comme le résultat d'un défaut de rencontre entre les deux sacs métamériques qui par l'application de leurs parois op- posées forment les septa ordinaires. Il aurait alors la valeur d'un demi- septum et le cinquième septum, ne représentant de son côté que l'autre moitié, c'est-à-dire la paroi postérieure du sac métamérique antérieur, au- rait la même signification de demi-septum. Septième septum. Il présente la même disposition que le cinquième, c'est-à-dire qu'il con- tient deux organes septaux, munis d'un long faisceau musculaire dilatateur et d'un tube épithélial. Il possède aussi un croissant dorsal, et le tube digestif en le traversant prend la forme d'un tronçon rectiligne muni d'une gaine musculaire épaisse. Nous n'en avons représenté qu'une seule section presque horizontale mais légèrement oblique, fig. 23. Cette section entame à la fois le tube épidermique et l'organe septal de façon à montrer l'insertion des fibres musculaires du sphincter, spli, sur l'invagination épithéliale. Dixième métamère et suivants. On compte généralement vingt-cinq métamères chez VOwenia, bien que l'on observe sous ce rapport quelques variations individuelles. Ils deviennent très courts au voisinage de l'extrémité. Les derniers surtout sont très réduits et les septa y sont très rapprochés. Toutes ces cloisons possèdent des per- foration munies d'un sphincter plus ou moins puissant et en deux points de leur pourtour on trouve presque toujours des saillies épidermiques ana- logues et homologues aux tubes épithéliaux que nous venons de signaler. Toutes sont donc perméables. On peut trouver des œufs ou des spermato- zoïdes jusque dans le dernier compartiment. Mais tous ces compartiments grâce aux appareils sphinctériens, peuvent être isolés les uns des autres. L'intestin, à partir du douzième métamère, ne présente plus ni tron- çon rectiligne à son passage à travers le septum, ni anneau musculaire propre, ni croissant dorsal. Au lieu d'un rétrécissement, il présente au con- traire au niveau du septum une dilatation lenticulaire, fig. S5. I LES VALVES SEPTALES DE LOVVENIA 399 Ajoutons que les appareils obturateurs des perforations septales devien- nent de plus en plus faibles ; à partir du onzième métamère, ils se réduisent à peu près à ce qu'ils sont dans le quatrième septum. La présence de gros œufs dans les derniers métamères indique que les organes septaux, même dans les dernières cloisons, peuvent s'ouvrir assez largement. La destination de ces anneaux septaux postérieurs n'est cepen- dant nullement de permettre le passage des éléments génitaux. Les gonades s'arrêtent en général au quinzième métamère. Leurs produits doivent évi- demment traverser les septa antérieurs pour arriver au sixième métamère et sortir par les entonnoirs et le canal épithélial. Mais ils n'ont rien à faire en arrière. Ici comme dans la tète et les branchies, les éléments qu'on y trouve y sont plutôt égarés et il semble qu'une fois engagés dans la cavité de ces métamères rudimentaires ils ont quelque peine à s'en dégager, car ici aussi nous les avons trouvés alors que la ponte était achevée. Les segments à gonades étaient vides et les quelques œufs qui restaient en arrière du quinzième métamère montraient des indices de dégénérescence. REMARQUES ET CONCLUSIONS. On sait que les septa ou dissépiments qui séparent des métamères ad- jacents sont très souvent, chez les annélides, des cloisons incomplètes, lais- sant le liquide cœlomique passer d'un compartiment à l'autre avec plus ou moins de facilité. Mais nous n'avons trouvé dans la littérature aucune mention de perfo- rations septales régulières, munies d'appareils d'occlusion. Nous pensons donc que les organes, dont nous venons de faire la des- cription, sont des productions d'un genre nouveau, et dignes de fixer l'atten- tion des zoologistes. Il nous reste à présenter au lecteur quelques remarques sur leur fonc- tion physiologique et leur signification morphologique. 1° Usage des organes septaux. A. Leur principal usage est évidemment de régler le passage du li- quide cœlomique d'un segment à l'autre. Outre son rôle nutritif et respiratoire, ce liquide joue encore un rôle mécanique. La contraction de la paroi musculaire d'un certain nombre de métamères le refoule dans les régions voisines relâchées, dont il tend alors à dilater la cavité pour lui donner une forme sphéro'idale. 52 400 G- GILSON Si la tunique musculaire longitudinale de ces régions reste relâchée, les métamères s'allongent sous la simple action de la pression exercée par le liquide cœlomique; ils ont aussi une tendance à se dilater, puisqu'ils tendent vers la forme spKéroïdale. Si la contraction des fibres circulaires survient, elle s'oppose à cette dilatation et tend à accentuer encore le phénomène de l'allongement. Si, au contraire, les fibres circulaires restant relâchées, les longitudi- nales se contractent, les métamères auront une tendance à gagner en diamètre. La déformation du corps est donc sous la dépendance de ces trois fac- teurs : la pression du liquide cœlomique, l'action des fibres circulaires, et l'action des fibres longitudinales. Ces trois facteurs interviennent déjà dans les phénomènes de déforma- tion que peut présenter un seul métamère isolé. Mais le rôle mécanique du liquide prend plus d'importance et devient plus évident, lorsque plusieurs métamères sont en communication grâce à l'absence ou à la perméabilité des septa. Or, la déformation des diverses régions des corps constitue le seul mode de locomotion dont jouisse la généralité des tubicoles. Ces vers ne se meuvent dans leur tube ou leur galerie qu'en allongeant une partie de leur corps, raccourcissant le reste de leur organisme, fixant cette dernière partie, puis allongeant de nouveau la première, et ainsi de suite. Et le meilleur moyen qu'ils aient de fixer la portion de leur corps qui sert momentané- ment de point d'appui à celle qui est en mouvement, c'est de dilater cette portion suffisamment pour la faire adhérer sur tout son pourtour à la paroi du tube ou de la galerie. Rappelons-nous, donc, la constitution de la paroi du corps et des septa dans notre annélide. Tout d'abord la paroi des métamères est dépourvue de fibres circu- laires, sauf tout en avant, où on en trouve au niveau des métamères i, 2, 3 et du métamère atrophié 4. Les fibres longitudinales, au contraire, y forment partout une couche extrêmement puissante. Tous les septa, sauf le premier, le troisième et le sixième (qui est un septum supplémentaire), présentent des perforations munies de puissants anneaux musculaires. Les trois septa qui en sont dépourvus portent des fentes marginales, LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA 40 1 défauts d'attache à la paroi du corps. Le bord septal de ces fentes s'engage dans un sillon transverse de la tunique musculaire. Il est courbé et muni de fibres musculaires, dont la contraction doit avoir pour effet de le ramener à la direction rectiligne et d'obturer la fente elle-même. Enfin, le plus grand nombre des septa s'unissent avec des invaginations cylindriques ou coniques de l'épiderme, et il est possible que les plus déve- loppées d'entre celles-ci s'ouvrent dans un recessus du canal septal. La présence des remarquables organes septaux des fentes dorsales, et peut-être des tubes épidermiques, paraît être en rapport avec l'absence des fibres circulaires dans la paroi du corps. En effet, la contraction des fibres circulaires produit une élongation active des métamères d'un annélide. Faisons abstraction pour un instant de l'action du liquide cœlomique. Dans ce cas, l'élongation du corps d'un ver dépourvu de fibres circulaires résultera uniquement du retour des fibres longitudinales préalablement con- tractées à leur longueur naturelle. Le phénomène n'aura rien d'actif et pré- sentera la faiblesse et la lenteur caractéristiques de l'extension musculaire. Mais VOwenia privé de fibres circulaires dispose d'un mécanisme de transmission qui lui permet de transporter en un point quelconque de son organisme la force développée en un autre par la contraction des fibres lon- gitudinales. Il peut à son gré faire passer le liquide cœlomique d'une région quelconque de son corps qu'il contracte, dans un compartiment quelconque antérieur ou postérieur à cette région et qu'il maintient en état de relâche- ment. Là il peut l'arrêter en fermant les valves du septum qui ferme ce compartiment. Si alors les fibres longitudinales demeurent relâchées, le compartiment s'allongera sous l'action du liquide comprimé. Cet allongement sera donc le résultat non seulement de l'élongation de fibres musculaires de la région par simple retour de ces éléments à leur longueur d'extension, mais encore de la constriction active des fibres longitudinales d'une région éloignée. La force est transmise par voie hydraulique. Malgré l'absence de fibres circu- laires, l'élongation sera donc aussi un phénomène d'un caractère actif et ra- pide comme la contraction d'un muscle. Nous venons de dire que la pression exercée par le liquide cœlomique tend en réalité à donner au compartiment fermé une forme sphéro'idale. Cependant il n'est pas douteux que l'allongement doit l'emporter sur l'aug- mentation en diamètre, car c'est dans ce sens que la force rencontre la moindre résistance, aussi longtemps que les muscles demeurent en relâche- 402 G GILSON ment. En effet, la solide membrane basale de l'épiderme oppose un obstacle puissant à la dilatation du tronçon dans tous les sens, au-delà d'une certaine limite. Mais cette limite est très vite atteinte dans le sens transversal ou diamétral, tandis que dans le sens longitudinal elle est reculée grâce au plissement annulaire que les fibres longitudinales y créent normalement. Ces plis ne sont effacés que lorsque l'élongation est aussi complète que possible. Si l'animal veut ensuite raccourcir le tronçon qu'il vient d'allonger, il peut y arriver par deux moyens : en relâchant la paroi musculaire de la région éloignée qui a fourni la force motrice, ou bien, si la pression est plus faible au-delà qu'en deçà du septum dont il tient les valves fermées, en ou- vrant simplement ces valves. Les fibres longitudinales du tronçon allongées au-delà de leur dimension normale reviendront sur elles-mêmes en vertu de leur élasticité et le liquide cœlomique quittera le compartiment qui se rac- courcira. Mais si le ver veut rendre ce mouvement de rétraction plus rapide et plus accentué, il contractera les fibres longitudinales du tronçon considéré, en ayant bien soin d'ouvrir les valves d'au moins l'un des septa qui le ferment. Le tronçon se raccourcira alors davantage, car le raccourcissement des fibres dépassera la limite minimum de l'état de repos. Sans doute, les fibres, comme tout muscle, en se contractant s'élargissent, mais il n'en résulte pas nécessairement que le tronçon qu'elles entourent va gagner en diamètre et dépasser en ce sens sa dimension normale à l'état de repos. En effet, l'élargissement de l'ensemble de la paroi musculaire se fera d'abord du côté de la moindre résistance, c'est-à-dire dans l'hypothèse, du côté intérieur, car du côté extérieur la basale offre encore une résistance très grande. La cavité cœlomique se rétrécira, mais le diamètae extérieur n'augmentera pas nécessairement. Si au contraire, l'animal ferme les septa qui limitent le tronçon et con- tracte ses fibres longitudinales, le liquide cœlomique leur offrira un obstacle invincible. La pression s'y élèvera, le compartiment tendra à prendre la forme sphéro'idale et gagnera en diamètre, forçant alors la résistance de la basale. En outre, l'épaississement de la paroi en contraction ne pourra plus se faire seulement du côté de la cavité cœlomique, puisque celle-ci est remplie d'un liquide comprimé, deuxième cause de dilatation circulaire. Mais n'oublions pas que YOivenia habite un tube étroit. Tout segment LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 403 qui gagne en diamètre se trouve bientôt accolé à ce tube par toute sa sur- face et si la cause dilatante continue à agir, il se trouve violemment serré contre cette paroi et y deviendra solidement adhérent. Dès lors, cette partie du corps sera fixée et pourra servir du point d'appui aux portions situées en avant ou en arrière. Un regard sur la fig. 25 qui est demi-schématique permettra au lec- teur de se faire une idée plus complète encore des principaux avantages que fournit à l'animal l'existence de septa étanches munis de valves soumises à l'action nerveuse. La présence de fibres circulaires dans la portion antérieure au deuxième septum est en rapport avec la présence d'organes éminemment extensibles et rétractiles : les tentacules branchiaux. Ces tentacules peuvent être étendus et rétractés par la simple action du liquide cœiomique. Supposons que le troisième compartiment du corps, formé par les mé- tamères 4, 5 et 6, ainsi que le quatrième, (septième métamère,)qui commu- nique avec lui par des fentes, et le cinquième, (huitième métamère,) dont nous supposons les valves ouvertes, contiennent du liquide cœiomique comprimé par l'élasticité des parois et même par la contraction des muscles pariétaux, les valves du septum 5 étant fermées. C'est la condition qui est réalisée dans la FIG. 25. Si alors l'animal ouvre les valves du septum 2, le liquide com- primé venant d'arrière s'y précipitera et allongera toute la partie antérieure du corps, puisque "le septum 1 est perméable. Les tentacules branchiaux eux-mêmes peuvent s'allonger, si leurs muscles propres le permettent et si la pression est suffisante. Mais cette partie antérieure munie d'organes délicats est la seule qui fasse saillie hors du tube à certains moments (sauf pendant la ponte). Il est donc à désirer, semble-t-il, qu'elle jouisse d'une certaine indépendance. Cette indépendance lui est donnée par sa tunique contractile circulaire. La contraction de cette tunique, quand les valves du septum restent fermées, ont pour effet d'augmenter l'allongement du tronçon, d'y élever la pression et de provoquer l'élongation des tentacules. Si une alerte survient, le ver se hâtera de relâcher ses fibres circulaires et de con- tracter ses fibres longitudinales. Toutefois, si la commotion est forte, le péril imminent, l'animal ouvre aussi les valves du septum 5 et changera les con- ditions de pression des segments postérieurs au septum 2. Il rétractera plus profondément dans son tube toute la moitié antérieure de son corps. Mais hormis ce cas de retraite profonde, il paraît que l'expansion des tentacules branchiaux et de la région antérieure, appelée tète par von 404 G. GILSON Drasche et Claparède est sous la dépendance spéciale des fibres circu- laires que seule cette région possède. Ces diverses remarques suffisent à notre thèse : la présence des per- forations munies de sphincters ou valves septales est en rapport avec l'ab- sence de fibres circulaires. Elles permettent au ver d'allonger activement les divers tronçons de son corps, d'en dilater activement aussi diverses por- tions qu'il peut isoler en fermant ces valves, et enfin de raccourcir active- ment encore certains tronçons sans leur faire subir une dilatation qui dé- passe le diamètre normal de quiescence, quand il prend soin d'ouvrir large- ment au préalable les valves qui laissent le liquide cœlomique s'échapper vers d'autres portions du corps. Grâce aux organes septaux, l'animal exerce donc un contrôle parfait sur tous les tronçons de son organisme tubulaire et en commande à son gré et avec une grande précision la dilatation ou l'élongation. Ces faits ainsi interprétés rendent compte de la difficulté extraordinaire que l'on éprouve à extraire un Ojvenia de son tube. L'animal se laisse plutôt briser en tronçons que de céder aux tractions, quelque adresse et quelque patience qu'on mette en œuvre. Et, fait très remarquable et qui donne une éclatante confirmation à notre interprétation, les deux tronçons que l'on obtient en cassant le ver par traction demeurent aussi opiniâtrement adhérents au tube que le fait l'organisme entier lorsqu'il est intact. Les sphincters restent fermés et les parois irritées demeurent en contraction spasmodique. B. Outre cet usage hydrodynamique, les perforations septales ont évidemment encore pour usage de laisser passer les produits génitaux, œufs et spermatozoïdes. En effet, les gonades situées le long du mésentère ventral ne s'avancent pas, vers la tête, au-delà du cinquième métamère. Le quatrième, rudimentaire, en est dépourvu. Or, nous avons dit qu'on peut trouver des œufs et des spermatozoïdes jusque dans les branchies. Les orga- nes septaux, si ténu que soit leur canal, peuvent se dilater suffisamment pour laisser passer ces corps. En arrière, elles vont très loin et dépassent parfois le quinzième segment. Or, pour sortir du corps, les œufs et les spermatozoïdes n'ont d'autre voie à suivre que les entonnoirs génitaux et le canal épider- mique du sixième métamère et, pour y arriver, ils doivent traverser toute une série de septa. En outre, la présence très fréquente de produits géni- taux jusque dans les derniers métamères postérieurs montrent que ces élé- ments traversent les organes septaux avec la plus grande facilité. LES VALVES SEPTALES DE l'oWENIA 405 On doit admettre aussi que, lors de l'émission des produits génitaux, les organes septaux doivent jouer un rôle important dans le mécanisme de balayage qui entre en jeu et qui fait marcher le contenu des compartiments cœlomiques i à 6 vers l'arrière, vers les entonnoirs, et celui de tous les com- partiments postérieurs vers l'avant, pour l'expulser par les mêmes parties. Il est clair que la pression intracœlomique seule peut forcer les œufs à traverser le long, étroit et sinueux canal épidermique et, comme régulateurs de cette pression, les organes septaux jouent probablement un rôle dans cette opération. 2° Usage des tubes épilhéliaux. Nous avons dit que nous n'avons pu démontrer péremptoirement la perforation de ces invaginations de l'épiderme, qui aboutissent aux valves septales de quelques septa, 5j, 5(5 et aussi 57, où ils présentent un dévelop- pement variable. Toutefois, nous sommes très porté à croire que leur lu- mière communique avec la petite cavité diverticulaire du canal septal, FiG. 19 et 23, c. S'il en est ainsi, leur rôle est évident : ils servent à intro- duire une certaine quantité d'eau de mer dans le cœlome, lorsque la chose devient nécessaire pour les besoins du mécanisme hydraulique. Il n'est pas impossible, en effet, que les entonnoirs et le canal épidermique ne laissent échapper continuellement une certaine quantité de liquide cœlomique, et ces pertes doivent être réparées. Il est vrai que le tube digestif suffit peut-être ici comme chez tant d'autres animaux à maintenir dans le cœlome la quantité d'eau qui est né- cessaire. Mais outre l'indication fournie par la perforation de ces tubes, si son existence était démontrée avec rigueur, il faut tenir compte de ce fait que lors de l'expulsion des produits génitaux une grande quantité de liquide est rapidement éliminée, et c'est peut-être alors que certains faisceaux cie l'organe septal dilatent le canalicule et permettent à l'eau extérieure d'entrer rapidement. Tel est peut-être l'usage des perforations de la paroi ou pores cutanés qu'on a décrit chez divers annélides. 3° Usage du canal épidermique. La raison d'être de ce canal est facile à saisir. UOiPenia ne sort jamais de son tube. Il n'en fait jamais saillir que la partie antérieure au deuxième septum, quand il étend ses tentacules respi- 4o6 G. GILSON ratoires, et il est toujours prête à rétracter brusquement cette partie à la moindre alerte. La dénudation d'une partie de son corps l'expose en effet à de multiples dangers. Rentré dans sa solide gaine pierreuse, il est au contraire à l'abri des attaques de la plupart de ses ennemis (i). Or, pour expulser les œufs ou les spermatozoïdes, il est obligé de faire saillir son corps jusqu'à ce que l'orifice génital soit visible au-delà de l'extrémité de son tube protecteur. Si les tubes épidermiques n'existaient pas, il devrait dénuder ses six premiers segments, puiscjue les entonnoirs perforent la paroi musculaire et la basale épidermique tout au bas du sixième métamère. Mais grâce à ce long tube superficiel, il gagne la longueur du sixième segment, c'est-à-dire du plus long segment du corps, puisque l'orifice du canal est situé tout près de l'extrémité supérieure de ce segment. 4° Signification morphologique des organes septaiix.. L'absence totale de néphridies proprement dites est l'un des traits les plus saillants de l'anatomie de YOivenia. Aussi est-on porté à se demander ce que sont devenus ces organes si caractéristiques, et à en rechercher des traces dans l'organisation si remarquable de ce ver. Au sujet des entonnoirs génitaux, on peut ici, comnie dans bien d'autres vers, émettre l'hypothèse qu'ils ont la valeur de néphridies modifiées, ayant perdu la fonction sécrétoire et adaptée à la fonction génitale. Mais il y a d'autres productions qui pourraient bien représenter aussi des restes de néphridies. Tout d'abord, on peut se demander si les perforations septales avec leur sphincter n'occupent pas la place des néphrostomes qui, dans les cas les plus typiques, sont des perforations des septa traversées par l'extrémité du tube néphridien. Leur répétition à droite et à gauche plaide en faveur de cette manière de voir. En outre, les tubes épithéliaux qui marchent vers les sphincters sep- taux pourraient bien représenter la petite portion basale, épiblastique, des néphridies. La même signification peut être attribuée aux boutons épithé- liaux coniques plus petits dont on trouve aussi une paire dans la plupart des dissépiments. Dans cette hypothèse, la portion moyenne, sécrétante, des néphridies aurait complètement disparu, mais il y aurait des traces de leurs deux extrémités : le sphincter septal serait un reste de l'extrémité néphros- (i) G, GiLSON ; Les glandes fiU'ures de l Otvenia fiisiformis; La Celluli;, t. X, fasc. 2, 1893. LES VALVES SEPTALES DE LOWENIA 4O7 tomale, le tube ou le cône épidermique en i-eprésenterait la portion termi- nale avec l'orifice cutané de l'organe. Les uns et les autres de ces organes-restes se sont adaptés à d'autres fonctions. Les premiers sont des valves commandant le passage du liquide cœlomique d'un compartiment dans un autre; et parmi les seconds, les uns, plus développés que les autres, sont peut-être munis d'une perforation api- cale et servent alors à l'introduction de l'eau dans le cœlome; les autres, plus petits et certainement imperforés, ne sont que des restes, attestant l'existence des néphridies disparues. 4° Signification du canal épithélial du sixième métamère. Nous avons déjà attiré l'attention du lecteur sur la structure remar- quable de ce canal qui semble être encore en voie de formation. Il dérive d'une gouttière qui se ferme, et son inachèvement, la non fermeture fré- quente de cette gouttière au voisinage de l'extrémité antérieure semble démontrer qu'il est encore en voie d'allongement. Avec le temps, il arrivera peut-être jusqu'à la limite de la portion antérieure, que les besoins de la respiration et de la nutrition obligent l'animal à dénuder souvent. Sa signification est donc celle d'une production nouvelle, c'est un or- gane en voie de développement, dont la formation paraît provoquée par les conditions de vie de l'animal dans un tube qui l'enserre étroitement. Sa position superficielle si remarquable est probablement destinée à se modifier. Il deviendra profond, compris sous la basale d'abord, puis sous la musculaire elle-même, pour occuper ainsi à la fin la position normale des canaux chez les annélides les plus différentiés. Nous ne trouvons signalées dans la littérature que deux productions analogues. Ce sont le canal déférent du Libyodriliis, décrit par Beddard^i) et celui du Sparganophiliis signalé par Benham(2). Mais le cas de l'Owenia est infiniment plus remarquable, parce qu'on y surprend le tube encore im- parfaitement constitué aux dépens d'une gouttière, et parce qu'on y découvre avec tant d'évidence, ainsi que nous l'avons indiqué, la raison pour laquelle le canal se forme, les services qu'il rend à l'animal tubicole. On voit que VOwenia est un ver extrêmement remarquable à bien des (i) F. E. Beddard : On the structure 0/ an earthworm allied to Nemcrtodriliis ; Quart. Journ. Mie. Se, vol. XXXII, part 4. (2) W. B. Benham : A new engUsh gcnus of aquatie Oligochaeta (Syarganopliilus) bclunging io the family RhinodnlidM : Quart. Journ. M;c. Se ., vol. XXXIV, part 2. B.'î 408 G. GILSON points de vue. Il doit être rangé parmi les formes qui paraissent traverser de nos jours une période de modifications actives, comme si leur adaptation aux conditions actuelles de leur existence était encore récente. Il présente des organes en voie de régression et d'autres en voie de développement. Parmi les premiers, citons les glandes filières atrophiées du quatrième métarnère, que nous avons découvertes et décrites dans un autre travail(i); puis le quatrième segment lui-même qui est extrêmement réduit, enfin les néphridies qui ne sont plus représentées que par les entonnoirs génitaux, et peut-être par les organes septaux et les paires de tubes épithéliaux des sixième, septième et huitième septa, réduits à de simples tubercules dans les autres cloisons. La fonction sécrétoire de la néphridie a donc totalement disparu. Nous dirons dans un autre mémoire ce qui la remplace vraisemblablement. L'état inférieur, régressif, de ses centres nerveux compris tout entiers dans l'épiderme, en dehors de la membrane basale, constitue encore un trait remarquable de sa structure. Enfin, comme organe en voie de formation, nous avons signalé le canal génital sous épidermique. UOxvenia est donc un animal d'un grand intérêt au point de vue de l'anatomie et de la physiologie des annélides et plus particulièrement encore au point de vue transformiste. (1) G. GiLsoN : Loc. cit. BIBLIOGRAPHIE j'oiz Drasche : Beitrlige zur feineien Anatomie der Polychaeten. Zweites Heft : Anatomie von Oivenia fusiformis. Wien, Gerold Sohn, i885. Claparcde : Les annélides chétopodes du Golfe de Naples; Mémoires de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Genève, t. XX, 1870. 1) Recherches sur les annélides sédentaires; ibid., t. XXII, 1873. Watson : The tube building habits of Terebella littoralis; Journal of the Royal Microsc. Society, iSgo. 1) Observations on the tube forming habits of Panthalis Oerstedi; Port Erin Biological Station, iSgS. G.Gilson: Les glandes filières de VOivenia fusiformis; La Cellule, t. X, fasc. 2, 1893. Gritbe : Beschreibung neuer oder weniger bekannter Anneliden; Arch. f. Naturgeschichte, 12. Jahrg., 1846. Kulliker : Kurze Bericht einer im Herbst 1864 an der Westkùste von Schottland angestellte vergleichend-anatomische Untersuchung ; Séparât Abdruck aus der naturwissensch. Zeitschrift, B. V. Wiirz- burg, 1864. F. E. Beddard : On the structure of an Earthworm allied to Nemertodrilus; Quait. Journ. Micr. Se, vol. XXXll, part 4. ir. n. Bcnham : A new English genus of Aquatic Oligochasta (Sparganophiliis) belonging to the family Rhinodrilidœ ; Quart. Journ, Mie. Se, vol. XXXIV, part 2. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I. FIG. 1. Partie antérieure de YOiuenia fiisiformis et de sa gaine. Croquis à main libre. Vue dorsale. Le premier métamère, m i , ou segment céphalique, porte des tentacules branchiaux, br. Il est séparé du deuxième par un dissépiment. Les trois métamères suivants, dont le dernier est très court et ne porte qu'un faisceau de soies rudimentaire, constituent ce que Claparède appelait le thorax. Ces trois segments ne sont pas divisés par des septa. Le quatrième métamère, m 4, est séparé du troisième par un septum. Il porte en avant deux faisceaux de soies et un tore uncinigère, ti. Le cinquième communique pleinement avec le quatrième; pas de septum. Il porte en avant deux faisceaux de soies et un tore uncinigère, t::. On remarque sur ce segment deux lignes opaques, fortement ondulées en zig-zag à angles aigus, gd. Ce sont les deux tubes génitaux, canaux épithéliaux situés en dehors de la membrane basale. Leur orifice est situé tout en avant, en og. L'animal s'expose le moins possible hors de son tube. Il est probable qu'il ne s'en dégage jamais plus qu'il n'est indiqué dans ce dessin, c'est-à-dire jamais au- delà de la partie antérieure du premier métamère et cela seulement lors de l'ex- pulsion des produits génitaux. Tu, tube formé du produit des glandes filières et de corps étrangers, grains de sable, fragments de coquilles. Ceux-ci ont été en partie enlevés. En certains points, l'on constate encore, cependant, la disposition imbriquée que le ver leur donne. La portion antérieure de ce tube, dépourvue de corps étrangers, enserre étroi- tement le corps. Le septième métamère, m 7, porte deux faisceaux de soies et un tore; il est séparé du sixième par un septum. Outre un sillon médian, sd, la face dorsale porte deux sillons latéraux. L'un externe (gt. c.) est la gouttière de la soie; il reçoit les embouchures des glandes filières et en conduit le produit vers la partie antérieure, où il est utilisé pour la construction de la gaine protectrice, tube de consistance cartilagineuse, et où il est employé aussi comme ciment pour l'agglutination des corps étrangers dont l'animal revêt son étui. FIG. 2. Gr. : Obj. A, lentille inférieure dévissée. Oc. 2. Section longitudinale horizontale de la partie antérieure du ver. Le premier segment céphalique, m /, est séparé du second par un septum. Celui-ci ne possède pas d'organes septaux. 11 présente sur les côtés, mais plutôt 412 G. GILSON dorsalement, deux fentes, pas, défauts d'attache à la paroi, qui établissent un pas- sage entre les métamères w / et m s. ol est l'organe labial sectionné en travers. Rappelons qu'il sert à la construction du tube. Le deuxième septum, 5 -% ' qui sépare les métamères 1114 et m 5, possède des organes septaux non visibles dans cette section qui est trop dorsale. Le croissant dorsal et l'anneau constricteur de l'intestin y sont au contraire intéressés et visibles en cd et me. FIG. 3. Gr. : Obj. A, Oc. 4. Œufs qui s'étaient engagés dans le segment céphalique et jusque dans les bran- chies. Ce segment seul contenait des œufs mûrs dans cet individu qui avait pondu. Cette circonstance et la forme irrégulière des œufs, indice de dégénérescence, montrent que la pénétration de ces éléments dans la partie antérieure du corps est accidentelle. FIG. 4. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Section transversale à l'union du quatrième et du cinquième métamére. Le deu- xième septum, s 2, est entamé. Les sphincters septaux, sph, montrent l'un et l'autre la section du canal septal, es, au sein de leur masse formée de fibres diversement orientées. Notez que les fibres à direction verticale, — les plus nombreuses, — prennent insertion sur la membrane basale mince, mais très solide, de l'épiderme. Le muscle constricteur de l'intestin, me, et le croissant dorsal, cd, y sont éga- lement intéressés, le dernier assez faiblement. Attirons l'attention du lecteur sur un point qui sera étudié dans un autre mé- moire : la disposition remarquable du cordon nerveux abdominal, fig. 2, 4, 5 et 6. Ce cordon qui présente une structure extrêmement inférieure est impair, non divisé en ganglions et situé en dehors de la membrane basale. Il est compris dans l'épais- seur de l'épiderme et en parait encore imparfaitement séparé. Le collier périœso- phagien, ep, visible dans la fig. 2 présente la même disposition. FIG. 5. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Section passant immédiatement en arrière de la précédente. Le sphincter septal du côté droit montre en ocs l'orifice antérieur du canal septal. Ce canal s'ouvre donc en avant dans un espace, r, simple récessus du qua- trième métamére, compris dans la profonde dépression du septum qui loge le tron- çon musculaire de l'intestin. Le croissant dorsal, ed, y est sectionné dans son plein. Sous le tube digestif, on voit en mi le mésentère inférieur, et sur ses faces latérales on découvre des fibres musculaires verticales, fm, qui doivent avoir pour effet d'abais- ser l'intestin en le rapprochant du cordon nerveux. FIG. 6. Gr. : Obj. AA, Oc. 4. Section longitudinale verticale effleurant le tronçon mince de l'intestin, dont elle entame le muscle constricteur. Elle montre nettement la disposition du septvnn lui-même. Cette membrane est profondément déprimée vers l'arrièic. Sa dépression, ouverte en avant, loge le tron- LES VALVES SEPTALES DE L OWENIA 413 con musculaire de l'intestin. Elle est limitée en haut par le muscle croissant dorsal, cd. En bas, sa paroi est conjonctive, sauf en deux points où elle comprend les deux sphincters septaux. En ocs, on aperçoit l'orifice postérieur du canal septal, s'ouvrant dans la cavité du cinquième métamère. FIG. 7. Gr. : Obj. AA, Oc. 4. Coupe horizontale entamant les métamères 4 et 5, et passant beaucoup plus bas que celle dont la fig. 2 est la reproduction. Le croissant dorsal n'y est pas intéressé, tandis que les sphincters, organes plus ventraux, le sont. Le sphincter gauche, côté inférieur de la figure, montre en ocsp l'orifice postérieur du canal septal, s'ouvrant dans la cavité du métamère V; et en ocsa, un court tronçon et l'orifice antérieur du même canal, s'ouvrant dans un espace r qui appartient au récessus septal r des fig. 4, 5 et 6. En mi et fm, on retrouve le mésentère inférieur et les fibres musculaires ver- ticales coupées en long dans la fig. 5. La comparaison des fig. 4, 5, 6 et 7 donne une idée nette de la disposition des organes septaux et du trajet sinueux du canal septal au travers de la masse sphinctérienne. PLANCHE II. FIG. 8. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Portion gauche d'une coupe horizontale entamant les métamères III, IV et V. Elle montre que le quatrième métamère atrophié existe, puisqu'il y a en/J un fais- ceau de soies, et en g 3 une glande filière rudimentaire, qui lui appartiennent. Elle indique aussi que le deuxième septum, s 2, s'insère à la paroi du corps au-devant de lui. Ce dernier fait prouve que le quatrième métamère appartient au troisième compartiment cœlomique et non pas au deuxième. ts et g ^ sont respectivement le tore uncinigère et la glande filière du cinquiènie métamère. FIG. 9. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Coupe sagittale latérale entamant le sixième et le septième segment. Elle montre les deux entonnoirs génitaux du mâle, in/, s'ouvrant dans le canal épidermique, ce. Le premier entonnoir est couché contre le septum s J. FIG. 10. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Coupe sagittale latérale, plus voisine de la ligne médiane que la précédente. Elle fait voir en pas le passage en fente qui établit sous le troisième septum une communication entre les métamères VI et VII. C'est un simple défaut d'attache du bord de ce septum. Ce bord contient un faisceau de fibres musculaires qui ne sont pas indiquées dans la figure. 414 G- GILSON FIG. 11. Gr. : Obj. A, Oc. 4 Coupe horizontale comprenant les portions adjacentes des métamères VI et VII. V, vaisseau sanguin. z, intestin. Les lignes indicatrices de ces deux lettres sont mal terminées, La substance granuleuse est le sang contenu dans le vaisseau L'intestin, quoique in- diqué, V, se reconnaît à son épithélium prismatique. Au niveau du septum s ->, on le voit s'amincir et prendre la forme d'un tube rectiligne. En s'insérant sur ce tube, le septum acquiert un anneau musculaire ; c'est le croissant dorsal. FIG 12. Gr. : Obj. D, Oc. i. Coupe transversale d'un Owenia mâle. Elle intéresse la deuxième paire d'enton noirs, inf. ce, canal épidermique. gts, gouttière de la soie. gom, gonade mâle. FIG. 13. Gr. : Obj. D, Oc. 3. Portion d'une coupe transversale entamant un des entonnoirs de la deuxième paire du mâle. sp, spermatozoïdes pénétrant déjà dans l'organe. mb, membrane basale épidermique. On voit le pédoncule de l'entonnoir s'ouviir dans le canal épidermique. Notez la disposition des cellules qui constituent ce dernier. Sa paroi du côté extérieur n'est formée que par la juxtaposition de ces cellules. Toutes appartiennent encore à la couche épithéliale; aucune n'appartient en propre au tube. Il y est manifeste que ce dernier dérive d'une gouttière de cet épithélium et n'en est encore que très imparfaitement séparé. FIG. 14, 15 et 16. Gr. : Obj. 1,12, Oc. 2. Trois aspects de la section du tube épidermique génital. La fig. 16 est une coupe passant par l'orifice de ce canal qui dans cet individu avait la forme d'une fente assez allongée. Le tube y repasse à l'état de gouttière. FIG. 17. Gr. : Obj. D, Oc. 2. Portion d'une coupe transversale entamant un des deux entonnoirs de la fe- melle. Le pédoncule de l'organe est un peu plus court que celui du mâle. ce, canal épidermique. FIG. 18. Gr. : Obj. A, Oc. 2. Coupe horizontale intéressant les métamères VII et VIII. Le septum y est per- foré à droite et à gauche par un court canal ou pore septal, es. A gauche, on trouve une des glandes filières, gl, du huitième métamère engagée dans ce pore. Les bords du canal septal sont munis d'un anneau musculaire assez faible qui s'y montre en section sous la forme d'un léger épaississement. LES VALVES SEPTALES DE L'OWENIA 415 PLANCHE III. FIG. 19. Gr. : Obj. AA, Oc. 2. Section sagittale latérale à la cavité des métamères VIII et IX Elle est des- tinée à montrer la position et la structure de l'organe septal s S, cinquième septum. s é, sixième septum, supplémentaire, imperforé, mais muni de deux fentes dor- sales non visibles dans cette coupe. es, canal septal. c, petite cavité communiquant avec le canal septal, dont elle n'est qu'un diver- ticule. Elle est remplie d'une substance granuleuse. spli, fibres musculaires diversement orientées formant le sphincter septal. On retrouve la section de quelques-unes de ces fibres à gauche, de l'autre côté du ca- nal septal. md, muscle dilatateur du canal septal parcourant ce dernier dans toute sa lon- gueur FIG. 20. Gr. : Obj. AA, Oc. 4. Section parallèle à la précédente. sph ,_ portion du sphincter septal, à laquelle se rattachait immédiatement la por- tion gauche de l'organe septal de la fig. 19. té, tube épithélial traversant la couche musculaire. Il n'est encore qu'effleuré un peu obliquement par la section. FIG. 21. Section suivante. Le tube épithélial est entamé presque suivant son axe. Le sphincter n'est presque plus intéressé dans la coupe. On n'en voit plus que quelques traces en fm. FIG. 22. Gr. : Obj. AA, Oc. 4. Portion d'une coupe horizontale un peu oblique du neuvième métamère, au ni- veau de l'insertion du septum 5 ô, accessoire, à la paroi du corps. té, tube épithélial rudimentaire, peut-être homologue aux tubes épithéliaux des organes septaux bien développés des septa 5, 7 et 8. Le septum 6 se termine comme ailleurs par un petit bourrelet perdu au milieu de la masse musculaire. Mais de ce bourrelet partent quelques fibres se reliant au petit bouton épithélial. Ces fibres ne se trouvent que dans deux coupes adjacentes. FIG. 23. Gr. : Obj. AA, Oc. 4. Coupe horizontale à l'union des métamères VII et X. Elle intéresse l'organe septal, analogue à celui du cinquième septum. Cet organe y est coupé de façon à indiquer, mieux que les fig. 20 et 21, l'insertion des fibres sphinctériennes, spfi, sur le tube épidermique, té, au voisinage de son extrémité. 54 4i6 G. GILSON md, muscle dilatateur. c, cavité diverticulaire du canal septal. s ;:■, septième septum. ;, FIG. 24. Gr. : Obj. AA, Oc. 2. Section horizontale intéressant les trois premiers métamères, m /, m :, m 3. SI, premier septum. fmc, fibres musculaires circulaires qui n'existent que dans ces trois métamères. .< fml, fibres musculaires longitudinales. | FIG. 25. Figure semi-schématique. F, individu femelle, vu en coupe horizontale sur toute sa longueur. / à 25, série de métamères. 1 1, 1 2, 1 3, etc., tores uncinigères. Il est supposé que les métamères postérieurs au cinquième septum s'étant con- tractés ont envoyé le liquide cœlomique en avant de ce septum. Ce liquide a tra- versé les pores septaux du quatrième septum, s 4, et les fentes dorsales du septum à entonnoirs, s 3. Il a pu arriver ainsi jusqu'au quatrième métamère, atrophié. Mais là, il s'est trouvé arrêté par le septum 2, dont les valves septales étaient fermées. Aussi les trois segments antérieurs et les tentacules branchiaux sont-ils restés ré- tractés. Au contraire, tous les métamères compris entre le septum 2 et le septum 5 se sont trouvés distendus par ce liquide. En outre, le cinquième septum s'est fermé et a emprisonné le liquide dans ces segments; aussi la dilatation manifeste de toute la région comprise entre 52 et s 3 peut-elle être due en outre à la contraction des fibres longitudinales. Cette région dilatée adhère au tube protecteur de l'animal. Comme le liquide cœlomique y est sous pression, le ver n'a qu'à ouvrir les valves de son deuxième septum pour que la partie antérieure de son corps subisse une dilatation plus ou moins caractérisée sous l'action du liquide cœlomique qui pourra y pénétrer. M, canal épidermique du mâle, portant deux entonnoirs. Planclu- I. r r. // r ///r/ _.. _-■.■ ~' Pepermar:^ Brc.-:^ Planche II. r /rf7?/rr f--.,/ 7/ Fiq.15 i^iî/t r.^ 't>>':/ ni<'j!.'=- r>nMy'^-0-fijj H Ou^pr-uC' , oculp P/cmche /// r,,: /'r ///^/ fiibp Fx^.n riçf2s G Q;/so7î ati *îe/ tfé/.'ra '^lOi Fel>,^P^JJ^r/na?i^ '^nvy^cile^ />;_.'i..r .'.-i^/r TABLE DES MATIÈRES DU TOME XII I. Les glandes buccales des larves de trichoptères, par Mauvice Henseval 5 II. Les glandes à essence du Cossus ligniperda, par Maurice Henseval 17 III. Les sécrétions gastriques. Contribution à l'étude de la physiologie nor- male et pathologique de l'estomac, par le D'' A. Verhaegen . 3i IV. La glande impaire de l'Hajmenteria officinalis, par H. Bolsius . 99 V. Contribution à l'étude de la moelle épinière chez les vertébrés, par A. van Gehuchten . . . . . . . ii3 VI. Recherches sur l'essence du Cossus ligniperda, par Maurice Henseval. 167 VII. La vésicule germinative et les globules polaires chez les batraciens, par J. B. Carnoy et H. Lebrun ..... 189 VIII. Le développement séminal dans le genre Veronica, par Alph. Meunier. 297 IX. Bichromate und Zellkern, von Eugen Burchardt . . ' . 335 X. Les valves septales de l'Owenia, par Gustave Gilson. . . 375 iU ■••/.> V &^>% T* .^* ^y^-lj §1 ■H /^'W"t *^,}l , >k- ^..ij^>- %■■<> }ïf< ^.«M^M/;^