H2-" à • -A - 4 , A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'place, 38. rue de la MonDaie. igo5 Ifil La Fécondation et la Segmentation CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI PAR le Docteur Rufin SCHOCKAERT. {Mémoire déposé le 1 juillet 1904.) La Fécondation et la Segmentation CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI INTRODUCTION. Dans nos deux premiers mémoires sur l'ovogénèse chez le Thysano- ^oon brocchi, nous avons exposé les phénomènes de la maturation jusqu'à l'expulsion du second globule polaire inclusivement. Nous réservions pour une publication ultérieure l'étude de la première segmentation. Des voyages d'étude et d'autres circonstances, aussi bien que la diffi- culté du travail, nous ont imposé de longs délais. A certains moments même, nous avons été sur le point de renoncer à la publication des résultats acquis, à cause des nombreux points obscurs, qu'il était diffi- cile, ou même impossible, d'élucider. Les encouragements bienveillants de Messieurs les Professeurs Grégoire et Janssens nous ont toutefois soutenu dans nos recherches et nous ont engagé à exposer la troisième et dernière partie de notre étude sur la fécondation du Thysano^oon . Bien que nous n'ayons pu trancher toutes les difficultés et bien que les résultats obtenus soient parfois négatifs et, de ce chef, opposés à certaines observations faites ailleurs, nous croyons avoir contribué en quelque me- g Rufln SCHOCKAERT sure à la connaissance des phénomènes si obscurs et tant controversés de la première segmentation. Nous diviserons notre travail en trois parties. La première comprendra l'étude du pronucléus mâle; la seconde, celle du pronucléus femelle; la troisième, celle de la figure de première segmentation et de la reconstitu- tion des noyaux. Pour terminer, nous dirons quelques mots au sujet de la seconde et de la troisième segmentation. Méthodes. Voir notre premier travail. Nos figures ont été dessinées les unes au prisme Nachet, les autres sans prisme. On comprend donc que les proportions de grandeur ne soient pas toujours exactement les mêmes. Il n'en résulte néanmoins aucun détriment au point de vue de l'étude des phénomènes essentiels que nous exposerons, car tous les derniers dessins rendent aussi fidèlement que possible l'aspect de nos figures. CHAPITRE I. Pronucléus mâle. Art. I. Spermatozoïde; sa transformation en pronucléus mâle. Selenka (81) croyait que le spermatozoïde pénètre dans l'ovule immé- diatement après la ponte, van der Stricht a observé que cette pénétration se fait le plus souvent avant la ponte; néanmoins, il n'a constaté la présence du spermatozoïde dans l'œuf qu'après la formation de la première figure de maturation. Nous l'avons trouvé dans l'ovule à une étape moins avancée encore. Très souvent, nous l'avons observé dans des œufs où les centrosomes viennent d'apparaître et où la membrane nucléaire est encore intacte. Fait curieux, jamais nous ne l'avons surpris au moment même où il traverse la membrane ovulaire. L'endroit de pénétration semble indifférent : tantôt le spermatozoïde se trouve plus près du pôle animal, tantôt plus près du pôle végétal. Une fois entré à un endroit quelconque de l'œuf, il chemine vers le noyau encore intact ou la première figure déjà constituée : aucun indice ne permet de soupçonner l'endroit de son passage. Tous les œufs normaux FECONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 9 non pondus et arrivés au stade de la première figure renferment un sperma- tozoïde et n'en renferment en général qu'un seul. Nous n'avons observé qu'un seul œuf renfermant un paquet de filaments qui doivent correspondre à plusieurs spermatozoïdes. Nous croyons donc avec van der Stricht que la polyspermie constitue un phénomène exceptionnel chez le Thysano\oon. A son entrée dans l'œuf, le spermatozoïde a la forme d'un long filament ténu et enroulé plus ou moins sur lui-même, sp, fig. 1 et 2, Pl. I. Pas plus que van der Stricht, nous n'y avons découvert une portion terminale épaissie qui correspondrait à la tète. Il est engagé dans les irradiations astériennes de la figure achromatique ovocytaire et ne modifie en rien leur orientation. Immédiatement après la ponte de l'ovule, le spermatozoïde fila- menteux et mince se raccourcit et s'épaissit en partie, sp, fig. 3, 4, 6, b, Pl. I. Il est formé alors de deux portions distinctes : une partie assez épaisse qui prend intensément les matières colorantes, et une partie moins épaisse que la première et se colorant plus faiblement; la première se tasse sur elle-même; la seconde est en tire-bouchon et semble en train de se désagréger. Bientôt il ne reste plus que la masse compacte, à laquelle est parfois attaché un petit appendice, reliquat de la portion plus pâle, fig. 6, a, d, e; cet appen- dice ne tarde pas à disparaître. La masse compacte affecte les formes les plus irrégulières. Il est inu- tile de les décrire; il suffit, pour s'en rendre compte, de considérer nos fig. 6,/, g, e, 8 et 9, sp, Pl. I. Ce qu'il y a de remarquable, c'est l'irrégu- larité de ses contours par suite des nombreuses saillies qu'elle forme. Le volume de la masse spermatique compacte est également très variable. Les œufs qui renferment le spermatozoïde ainsi modifié sont au stade de la première métaphase, fig. 8 et 9. Depuis ce stade jusqu'à la formation de la deuxième figure de maturation inclusivement, la masse spermatique compacte est le siège d'un phénomène intéressant, qui la transforme en pronucléus mâle présentant la structure d'un noyau au repos. Les auteurs qui ont étudié les planaires, von Klinckowstrom, Fran- cotte, van der Stricht et van Name, n' expliquent guère la genèse du pronucléus mâle. Ils se bornent à dire que le spermatozoïde se contracte, devient court et épais, perd son aspect homogène et se transforme en vési- cule. Nous avons suivi de plus près cette transformation. Comme nous l'avons déjà dit dans une de nos thèses annexées à nos deux mémoires que nous avons présentés au concours pour les bourses de voyage de l'État, « le pronucléus mâle se forme par la désagrégation de la masse nucléinienne du 10 Rufln SCHOCKAERT spermatozoïde, désagrégation qui semble être l'effet d'un gonflement accom- pagné d'une espèce de vacuolisation". Expliquons maintenant cette thèse à l'aide de nos figures. Les fig. Q,f, g, d, 8 et 9, sp, représentent ce que nous avons appelé la masse nucléinienne du spermatozoïde, c'est-à-dire la masse spermatique compacte et homogène dont nous avons parlé plus haut. Elles sont em- pruntées à des ovules à la première métaphase. Les fig. 7, a-j, 10 et 11, 11, sp, empruntées à des ovules qui sont à la première anaphase et au début de la formation de la seconde figure de maturation, représentent les étapes successives de la transformation de la masse spermatique, c'est-à-dire la formation du pronucléus mâle. La fig. 7, a, en montre la première étape. Une grande partie de la masse spermatique est encore compacte et homogène, mais nous voyons d'un côté une zone plus ou moins claire qui n'est plus compacte. Elle est limitée par une membrane très mince, qui semble se continuer avec le pourtour de la partie homogène. A l'intérieur de cette zone, il y a des travées chromatiques granuleuses se rattachant, d'une part, à la membrane de la zone claire et, d'autre part, à la masse encore compacte. C'est là l'aspect que présente la masse spermatique au premier début de sa transformation. Comment faut-il expliquer cette transformation? Nous croyons que c'est simplement un phénomène de vacuolisation qui gonfle et désagrège la masse spermatique compacte. Du liquide se dépose à la partie périphérique de cette masse ; il écarte les unes des autres diverses portions de la masse chromatique, qui restent attachées à la masse principale et constituent les travées chromatiques. Dans la fig. 7, b, la vacuolisation s'est faite sur presque tout le pour- tour de la masse spermatique ; il en résulte une masse centrale plongée en grande partie dans un suc nucléaire clair; certaines portions épaisses sont encore à la périphérie et se confondent avec la membrane déjà très distincte et limitant plusieurs vacuoles claires. Les fig. 7, c, d, e, sont plus avancées encore; la masse plus ou moins compacte et épaisse ne touche plus direc- tement la membrane et plonge entièrement dans la zone claire, qui est parcourue par des travées plus nombreuses. La vacuolisation ne se fait pas seulement dans les parties périphé- riques de la masse spermatique; elle entame aussi le centre de cette masse, fig. 7, b, c, d, e, 10, n, sp; celle-ci renferme alors des espaces non colorés, des vacuoles qui la désagrègent. Au fur et à mesure que cette vacuolisation FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE TIIVSANOZOON BROCCH1 1 1 s'opère, la masse spermatiquc se défait de plus en plus et se résout en un réseau chromatique dont le développement est en corrélation avec la dés- agrégation des portions épaisses restantes, fig.7,/, g, h, i,j. Le pronucléus mâle est constitué : il a un volume notablement plus grand que la masse compacte. Une fois constitué par la désagrégation de la masse spermatique com- pacte, le pronucléus mâle renferme un réseau chromatique, fig. 7,f, g, il, n, sp. Mais dans ce réseau, il apparaît des granules chromatiques isolés, dérivés également, croyons-nous, de la désagrégation de la masse nucléi- nienne du spermatozoïde. Parmi ces granules épars, fig. 7, h et /, il y en a généralement quelques-uns plus grands que les autres. Ce sont, d'après nous, les futurs nucléoles. Ces granules, colorés d'abord intensément, se gonflent, fig. 7, d, et perdent leur affinité pour les matières colorantes. Bientôt, il s'y forme des vacuoles, fig. 7, h et i, et les nucléoles définitifs ainsi constitués ressemblent beaucoup aux nucléoles primaires de l'ovocyte de premier ordre ; ils n'en diffèrent que par l'absence d'une calotte plus ou moins sombre qu'on observe à ces derniers. Après l'expulsion du second globule, on n'en observe plus de trace : ils disparaissent probablement par une fonte progressive et n'interviennent pas dans la première figure de segmentation. Nous abandonnons maintenant l'étude du pronucléus mâle pour la re- prendre au moment où il se rapproche du pronucléus femelle pour donner naissance avec celui-ci à la première figure de segmentation. Nous nous occuperons à présent d'un élément qui apparaît dans l'ovocyte au début de la transformation de la masse spermatique compacte, nous voulons dire le spermocentre. Art. II. Spermocentre. Le nom de spermocentre, tel que l'entendent en général les auteurs, signifie l'élément : a) dérivé du Mittelstuck ou pièce intercalaire du sper- matozoïde, b) destiné à fournir les corpuscules de division de la première figure de segmentation. Nous avons hésité à donner ce nom à l'élément dont nous allons par- ler; malgré de patientes recherches, nous n'avons trouvé aucune relation entre une portion bien définie du spermatozoïde et l'élément en question ; en outre, nous avons la conviction que ce •'Spermocentre-' n'intervient en rien dans la genèse des corpuscules centraux de la première segmentation. Il con- viendrait peut-être de le nommer, par exemple, corpuscule résiduel, parce 12 Rufin SCHOCKAERT que, comme nous le verrons plus tard, il gagne les parties périphériques de l'ovule et finit par disparaître longtemps avant la première segmenta- tion. Toutefois, pour ne pas compliquer la description et ne pas paraître inventer un organite nouveau, nous lui conserverons le nom consacré par l'usage, en attendant qu'on établisse sûrement sa véritable signification par de nouvelles recherches aboutissant à des conclusions concordantes. Il est à remarquer, en effet, que, jusque maintenant, de nombreuses divergences d'opinion régnent au sujet de la signification de cet élément et de son inter- vention dans la première figure de segmentation. Au moment où l'on peut reconnaître avec certitude le ^ spermocentre, celui-ci est représenté par un corpuscule homogène, arrondi et coloré inten- sément en noir par l'hématoxyline ferrique, fig. 8, spc. Il a à peu près le même volume que le centrosome de la première figure de maturation à la métaphase et se trouve dans une zone exempte de boules vitellines. Cette zone a une structure réticulée et est parcourue par de très petites irradiations partant du corpuscule homogène. C'est cette dernière particularité qui per- met de le reconnaître et de le distinguer de tout autre corpuscule coloré, par exemple des boules vitellines qui sont quelquefois colorées en noir à ce stade. Nous appellerons le corpuscule homogène du nom de spermocentro- some; les irradiations entourant le spermocentrosome constituent l'aster spermatique; l'ensemble, c'est le spermocentre. Quelle est l'origine du spermocentre? La plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question croient qu'il a été introduit dans l'oeuf avec la tête du spermatozoïde. Toutefois, la question est loin d'être résolue. van der Stricht, qui a étudié avant nous la maturation chez le Thysa- no^oon, a consacré quelques pages à cette question. Il croit que le spermo- centre dérive du spermatozoïde. Il le figure sous la forme d'un petit cor- puscule attenant d'abord au pronucléus mâle encore compact et homogène. Nous croyons que c'est plutôt par analogie avec ce qu'on a décrit ail- leurs que le savant professeur de Gand admet l'origine » mittelstuckienne« du spermocentre. En effet, ni avant sa pénétration dans l'ovule, ni après, le spermatozoïde ne montre aucune portion distincte que l'on peut appeler Mittelsttick. Si le spermatozoïde donne naissance au spermocentre par une partie qui s'en détache, c'est par une portion de sa chromatine dont nous ne pouvons pas reconnaître l'origine ou la signification. Nous avons, comme van der Stricht, observé des figures où, à côté de la FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 13 masse compacte du spermatozoïde, nous avons trouvé un corpuscule déta- ché, que l'on devrait considérer comme le futur spermocentre, fig. 4, a, et 5, a. Mais à ce moment il est impossible de dire que c'est là la pièce intercalaire devenant spermocentre : aucune irradiation, aucun aspect spécial de ce corpuscule ou du cytoplasme avoisinant ne permettent de le considérer comme tel. La présence d'un corpuscule tout à côté de la masse compacte du spermatozoïde ne pourrait-elle pas être l'effet de la section du rasoir à travers un spermatozoïde incurvé ou pelotonné sur lui-même? Nous n'osons donc pas nous baser sur ces préparations pour considérer le spermocentre comme une portion détachée du spermatozoïde. Nous n'avons à vrai dire rencontré qu'une figure, fig. 12, Pl. II, en haut, paraissant plaider en faveur de cette opinion. A côté de la masse spermatique encore compacte, ;/, sp, nous voyons, en sp, c, un spermocentre bien caractéristique, décoloré en partie et renfermant un granule à son intérieur. De courtes irradiations en partent de tous côtés. Toutefois, le voisinage du spermocentre avec le futur pronucléus spermatique ne suffit pas pour faire admettre son origine spermatique. Aussi, bien que nous croyons, comme van der Stricht, que le spermocentre dérive du spermatozoïde par une portion qui s'en détache, nous ne pouvons le prouver d'une façon adéquate et décisive. Une fois détaché du spermatozoïde, le spermocentre semble s'en éloi- gner bien vite. En effet, dans les fig. 8 et 9, Pl. I, qui représentent le premier fuseau de direction et où le spermatozoïde, sp, forme encore une masse compacte et bosselée, le spermocentre, spc, est déjà très écarté de cette masse. Fait remarquable, le spermocentre se trouve presque toujours à la périphérie de l'ovule, parfois même immédiatement en contact avec la membrane ovulaire, comme s'il avait une tendance à fuir le voisinage de la zone ovocytaire où se passent les phénomènes essentiels de la maturation. van der Stricht a noté que le détachement de l'ébauche des spermocentres et son éloignement du pronucléus mâle varient d'après le siège du sperma- tozoïde. Si celui-ci se trouve dans le voisinage du pôle végétal ou au centre de l'ovule, le spermocentre s'en détacherait et s'en éloignerait plus vite que dans le cas où le spermatozoïde se trouve à la périphérie de l'ovule ou dans le voisinage du pôle animal. Nous n'avons observé aucune relation entre ce détachement plus ou moins précoce du spermocentre et la position du spermatozoïde. En effet, dans la fig. 8, Pl. I, le spermatozoïde épaissi et encore homogène se trouve 14 Rufin SCHOCKAERT à la périphérie de l'ovule et tout près du pôle animal, et déjà le spermo- centre est très écarté du spermatozoïde. Dans la fig. 12, Pl. II, en haut, au contraire, le spermatozoïde se trouve plus près du pôle végétal de la figure et le spermocentre en est encore très rapproché. Le moment du détachement du spermocentre est très variable. Dans les fig. 8, 9, Pl. I, représentant la première métaphase, le spermocentre est déjà très écarté du spermatozoïde; dans la fig. 12, Pl. II, où la deu- xième figure est presque formée, il en est encore très rapproché. La fig. 9, Pl. T., prouve encore que ce détachement peut être très précoce. En effet, le spermocentre est séparé de la masse spermatique par toute la première figure. Il est probable que si le spermocentre dérive du spermatozoïde, il s'en est détaché très tôt au moment de la pénétration de celui-ci dans l'œuf, et que la première figure de maturation formée ultérieurement s'est inter- posée entre les deux. D'après Conklin (02), l'aster spermatique n'apparaît pas dans l'ovule avant que le noyau spermatique n'absorbe des substances achromatiques, c'est-à-dire avant que, d'après nous, il ne se vacuolise. Il suffit d'observer nos fig. 8 et 9, Pl. I, pour constater qu'il n'en est pas ainsi chez le Thysano^oon. Étudions maintenant la structure du spcrmocentrosome . Nous avons vu que, lorsqu'on peut le reconnaître comme tel, le sper- mocentrosome a la forme d'un corpuscule arrondi et homogène, très avide des matières colorantes nucléaires; il se trouve au milieu d'une petite zone claire de protoplasme exempte d'enclaves et parcourue par quelques minces irradiations qui constituent l'aster spermatique. Bientôt après, sa structure se modifie. D'après van der Stricht, „le centrosome (spermatique), d'abord homogène, se transforme en une sorte de vésicule renfermant une substance plus ou moins colorable, au sein de laquelle on trouve un, fig. 59, ou deux, fig. 60 et 58, grains saphraninophiles «. Ceux-ci dérivent, d'après l'auteur, de la division du corpuscule central primitif. Nous avons observé une semblable transformation du spermocen- trosome. Alors que dans la fig. 8, Pl. I, celui-ci constitue encore une boule compacte et homogène, dans la fig. 9 il n'est plus coloré en totalité : autour de la masse centrale colorée intensément en noir, il y a un mince liséré clair limité par une membrane, à laquelle aboutissent les mêmes irradia- FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 15 tions que celles qui convergent, au début, au spermocentrosome homogène. L'aspect du spermocentrosome de la fig. 9 est donc dû à une décoloration centripète du spermocentrosome compact. Nous avons décrit un phénomène semblable dans le centrosome de la première figure de maturation. — Dans la fig. 12, Pl. II, en haut, la décoloration est plus prononcée et il ne reste plus comme portion colorable qu'un petit granule arrondi ou centriole. Le plus souvent, le spermocentrosome décoloré renferme deux granules, fig. Il, Pl. I, fig. 13, a, Pl. II, en haut. D'après van der Stricht, les corpuscules sont, au début, reliés l'un à l'autre par un pont intermédiaire homogène, qui prend bientôt l'aspect d'un petit fuseau formé de fibrilles. Nous n'avons jamais observé ces fibrilles. Dans nos figures, qui pourtant nous paraissent très bien conser- vées, les deux corpuscules ou centrioles ne sont pas reliés par des filaments formant un fuseau. Pas plus que dans le centrosome restant dans l'œuf après l'expulsion du premier globule polaire, nous n'avons observé dans le spermocentre la centrodesmose d'HEiDENHAiN ou le Centralspindel dans le sens de Hermann. Nous venons de voir que le spermocentrosome perd sa colorabilité de la périphérie vers le centre et renferme alors un ou deux centrioles. Mais il arrive fréquemment qu'il ne se décolore pas d'une façon centripète. Très souvent, la décoloration se fait irrégulièrement de façon à lui donner une structure réticulée, assez malaisée à étudier, fig. 10, spe, Pl. I, fig. 13, d, Pl. IL Sur les trabécules de ce réseau, on voit, en nombre indéterminé, des nodules plus colorés que le reste. Le réseau se décolore ultérieurement et alors on voit dans le spermocentre trois, quatre ou cinq granules, fig. 13, c, b, Pl. IL Ces granules ne sont, d'après nous, que les nodules plus colo- rés des fig. 10, Pl. I, fig. 13, d, Pl. II, mis en évidence par la disparition des substances chromatophiles dispersées sur le réseau primitif du spermo- centrosome. D'après cette explication, les granules multiples ne dériveraient pas de la division du corpuscule primitif unique, mais préexisteraient et se montreraient d'emblée lors de la décoloration du spermocentrosome!1). Dans ces figures, fig. 13, c, b, pas plus que dans les fig. il, Pl. I, fig. 13, a, Pl. II, où il n'y a que deux corpuscules spermatiques, nous n'avons pu distinguer ni fibrilles sous forme de fuseau, ni d'autres irradiations partant de ces corpuscules multiples. i1 Caknoy et Lebrun ont décrit une transformation semblable du corpuscule spermatique chez l'Ascaris 197). !Ô Rufln SCHOCKAERT Quant à l'origine de l'aster spermatique, c'est-à-dire des irradiations qui convergent à la périphérie du spermocentrosome, d'aucuns admettent qu'elles dérivent de la pièce intercalaire du spermatozoïde; d'autres croient qu'elles se forment aux dépens du cytoplasme ovulaire; d'autres encore estiment que leur partie centrale, immédiatement en contact avec le sper- mocentrosome, dérive de ce dernier, et leur partie périphérique du cyto- plasme ovulaire. van der Stricht tient cette dernière opinion; il croit que la partie centrale, la couche corticale de la sphère attractive, appartient au centrosome au même titre que la couche corticale de la sphère attrac- tive de l'ovocyte de premier ordre et qu'elle naît aux dépens de la substance même du centrosome spermatique. Nous devons faire remarquer que dans nos préparations les rayons qui entourent le centrosome spermatique ne sont pas bien nets, ni ne se prolongent pas bien loin pour se mettre en contact avec la charpente filaire du cytoplasme ovulaire ('). Ces irradiations sont très frêles : c'est plutôt une disposition quelque peu irradiée d'une zone claire protoplas- mique. On ne voit pas une partie périphérique distincte de la partie cen- trale. En outre, nous avons prouvé dans notre premier mémoire que la couche corticale de la sphère de première maturation ne dérive pas du centrosome; elle ne constitue qu'une portion de l'aster différenciée sur place après la formation de celui-ci. Par conséquent, l'argument par ana- logie tiré de l'aspect de la sphère de première maturation ne peut valoir dans le cas présent pour attribuer une origine spermocentrosomique à la partie centrale des quelques irradiations qui partent du spermocentrosome. Nous croyons qu'elles sont simplement formées par la différentiation, sur place, du réseau cytoplasmique ovulaire autour du centrosome spermatique. Les figures dans lesquelles nous avons étudié le spermocentre repré- sentent des ovules depuis la métaphase de la première figure jusqu'à celle de la deuxième. Pendant toute cette étape de l'évolution de la maturation, il est très manifeste et se rencontre dans tous les œufs. Au contraire, après cette étape, c'est-à-dire à partir de la métaphase de la seconde figure, il nous a été impossible de le retrouver. Peut-on conclure de ce fait qu'il a disparu, qu il n'existe plus dans l'œuf? (') Nous n'avons pas dessiné dans nos figures les restes du réseau primitif du protoplasme ovulaire, dissocié par la formation et l'accumulation des enclaves dans ses mailles. FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 17 On pourrait dire : - Pour affirmer qu'un organite disparait, il faudrait assister à sa désagrégation, à sa fonte progressive. Aussi longtemps qu'on n'observe pas les stades successifs de sa disparition, on ne peut pas dire qu'il est absent et qu'il a disparu : son absence apparente peut être due à un défaut de technique ou à un état spécial de l'organite en question qui ne permet pas de le mettre en évidence -. Cette remarque a certes une certaine valeur; mais pour dire que le spermocentre persiste et se transforme plus tard en corpuscule central de la première segmentation, il faudrait un argument de fait. Or, si nous ne nous trompons, aucun auteur n'a établi avec une certitude complète la persistance du spermocentre depuis le moment de son apparition dans l'œuf jusqu'au stade de la première segmentation et sa transformation en corpus- cule central de la figure. Partout il y a des lacunes. Quant à nous, comme nous l'avons déjà dit, malgré les recherches les plus minutieuses, nous n'avons pu retrouver le spermocentre après la métaphase de la deuxième figure de maturation. Depuis ce moment, nous n'avons observé aucun élé- ment qui le rappelle. Pourtant notre technique est la même pour les diver- ses étapes de l'évolution de l'œuf, et les œufs où on l'observe encore pré- sentent le même aspect que ceux qui sont un peu plus avancés et où on ne le retrouve plus. Une même préparation renferme des ovocytes à la méta- phase et à l'anaphase de la seconde figure; dans les uns on le trouve, dans les autres on ne le trouve plus. Fait intéressant : dans les fig.8 et 9, Pl. I, où le spermocentre vient d'apparaitre d'une façon caractéristique, il est logé à la périphérie de l'ovule; très souvent même, il est en contact immé- diat avec la membrane ovulaire, fig. 8, comme s'il était sur le point de quitter l'œuf! Ne pourrait-on pas trouver là la cause de sa disparition dans les œufs qui sont à un stade de développement plus avancé que ceux où on l'observe en cet endroit? La fig. 14, Pl. II, en haut, représente une section d'un œuf à la pre- mière figure. Nous y voyons trois petits asters, au centre desquels il y a un granule irrégulier. On pourrait supposer que ces asters dérivent du spermocentre. Nous ne le croyons pas. En effet, jamais nous n'avons observé la séparation des granules du spermocentre; en outre, rien n'in- dique que les asters dont nous parlons dérivent des granules spermo- centrosomiques : en effet, il n'y a pas de trace de Centralspindel dans le sens de fibres reliant les granules l'un à l'autre. Nous pouvons ajouter que cet ovocyte est encore au stade de la première cinèse, pendant lequel les ,8 Rufln SCHOCKAERT deux centrioles se trouvent toujours à l'intérieur du spermocentrosome, et que dans une autre coupe du même œuf on trouve un spermocentre carac- téristique. Nous croyons que ce sont là des asters accessoires décrits par van der Stricht, fig. 62, Mead (98), Lilie (98), Conklin (02), etc. Dans tous les cas, ces asters ne s'observent jamais après la deuxième figure de maturation, ce qui prouve que, même s'ils dérivaient du spermocentre, ils ne se transmettent pas à la première figure de segmentation. Ici on pourrait nous demander quelles sont la signification et la destinée du spermocentre. Nous avouons volontiers que nous n'en savons rien. Ce que nous avons eu en vue, c'est d'exposer simplement ce que, après de pa- tientes recherches, nous avons trouvé dans nos préparations. Le soi-disant spermocentre est, d'après nous, un élément encore énigmatique tant au point de vue de son origine qu'au point de vue de sa destinée. Espérons que de nouvelles recherches, entreprises sans aucune idée préconçue, viendront bientôt éclaircir cette question, qui, à en juger d'après les diver- gences des auteurs, est loin d'être résolue. Quoi qu'il en soit, nous sommes convaincu que le spermocentre disparait longtemps avant la première segmentation. CHAPITRE II. Pronucléus femelle. Art. I. Formation du pronucléus femelle. Dans notre second mémoire sur l'ovogénèse du Thysano^oon, nous avons décrit très sommairement la formation du pronucléus femelle. Après l'expulsion du second globule, les chromosomes du pôle interne de la figure se tassent les uns contre les autres. Ils deviennent granuleux, fig. 1, Pl. II, et se transforment en un noyau irrégulier et multilobé, fig. 2 et 3, a, b, c, Pl. II. Nous espérions alors pouvoir trouver, par une étude plus approfondie, le mécanisme d'après lequel les chromosomes donnent nais- sance au pronucléus femelle. Nous devons avouer que nous n'y sommes pas parvenu. Nous avons observé, il est vrai, que les chromosomes donnent naissance à des vési- cules, qui, en se fusionnant, constituent le pronucléus, mais nous ne savons pas par quel mécanisme se forment ces vésicules. Nos figures, tout en étant très belles, ne permettent pas de suivre pas à pas les modifications que FÛCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE ÏHYSANOZOON HROCCHI 19 subissent les chromosomes restant dans l'œuf après l'expulsion du second globule polaire. Il est probable qu'il y a autant de vésicules qu'il y a de chromosomes; toutefois, il n'est pas possible de les compter, parce qu'elles se confondent les unes avec les autres. A l'endroit où certaines vésicules sont assez bien isolées et caractéristiques, nous voyons à leur intérieur des travées chroma- tiques granuleuses offrant parfois l'aspect d'un réseau. Nous croyons que cet aspect est dû à une vacuolisation des chromosomes, semblable à ce que Grégoire et Wygaerts ont décrit dans les chromosomes du Trillium. Les diverses vésicules dérivées des neuf chromosomes ovulaires se fusionnent bien vite et forment un noyau dont l'aspect multilobé trahit l'origine et le mode de formation. Dans la fig. 3, a, b, Pl. II, on retrouve encore des traces de plusieurs vésicules; mais à une étape suivante, le noyau fe- melle, par suite de la fusion des diverses vésicules chromosomiques, pré- sente une structure nettement réticulée, fig. 3, c : ce réseau est formé par des travées granuleuses dérivées des chromosomes ovulaires. Dans cet état, le pronucléus femelle a l'aspect d'un noyau au repos. Sa membrane est for- mée probablement par une partie du protoplasme entourant les chromo- somes et qui se serait condensée par suite du dépôt de liquide nucléaire autour des chromosomes. Siège. Le pronucléus femelle se trouve d'abord à l'endroit de la cou- ronne polaire interne de la deuxième figure de maturation, fig. 4, ;/. ov., Pl. II; mais peu à peu il se rapproche de la périphérie de l'ovule, en su- bissant un phénomène notable d'accroissement, fig. 5, Pl. II. Ses contours s'arrondissent, son élément nucléinien devient plus abondant et il y apparaît des nucléoles clairs absolument semblables à ceux du pronucléus mâle. A ce moment, il a le même aspect que le pronucléus mâle qui a subi un phéno- mène d'accroissement parallèle. Il n'y a plus moyen de les distinguer l'un de l'autre : leur structure est absolument la même, fig. 5, Pl. IL Art. IL Ovocentre. Dans notre dernier mémoire, nous avons déjà dit que les centrosomes de la deuxième figure de maturation sont constitués d'abord par un petit granule ou centriole dérivé du centrosome de la première figure. Ce petit granule donne naissance à une vésicule claire ou centrosphère, à laquelle aboutissent les irradiations astériennes et fusoriales. Dans la centrosphère d'un œuf à la métaphase de la deuxième figure, nous avons cru observer 2o Rufln SCHOCKAERT trois granules. Mais comme cette figure est peu distincte et que nous n'avons observé qu'une seule fois cet aspect, nous ne saurions en conclure que la centrosphère ovulaire renferme un ou des centrioles au stade de la métaphase. Ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'au retour polaire de la deuxième figure, la centrosphère ne renferme certainement pas de centriole. Bien plus, la centrosphère elle-même devient de moins en moins distincte, fig. 2, Pl. II; elle finit par se confondre avec les irradiations de l'aster, qui persistent encore quelque temps après l'expulsion du second glo- bule, van Name, von Klinckowstrôm, Mac Farland ont fait la même con- statation. Nous ne pouvons soupçonner l'existence antérieure d'un centro- some ovulaire que par la convergence des rayons astériens en une zone plus ou moins restreinte située en dedans du pronucléus femelle, fig. 4, Pl. II. Les rayons de l'aster ovulaire eux-mêmes ne tardent pas à disparaître, et alors les deux pronucléi se rapprochent l'un de l'autre et ne sont accom- pagnés d'aucun centrosome, ni d'aucune irradiation, fig. 5, Pl. II. Nous pouvons donc affirmer que, chez le Thysano{oon, le centrosome et la sphère ovulaire disparaissent complètement après l'expulsion du second globule polaire. CHAPITRE III. Première segmentation. Art. I. Siège et constitution des pronucléi. Après la disparition des rayons de l'aster ovulaire, les deux pronucléi sont situés à la périphérie de l'œuf dans une zone claire de cytoplasme réti- culé, fig. 5, Pl. II. Cette zone est beaucoup plus restreinte que celle que l'on observe dans les ovules où la seconde figure existe encore. Il semble que les enclaves vitellines ont été tenues à distance par les irradiations de la figure, et que, à mesure que celles-ci disparaissent, elles ont une tendance à empiéter sur le terrain de la zone cytoplasmique réticulée et à refouler les pronucléi à la périphérie de l'ovule. Pendant et après la disparition de l'aster ovulaire, les deux pronucléi, comme nous l'avons déjà dit, subissent d'une façon parallèle un accroissement de volume notable. Comparer fig. 2, 4, 5, et fig. 6, 7, 9, Pl. II. En même temps, leur structure se modifie. Certaines portions du réseau chromatique primitivement uniforme s'épais- sissent et forment des filaments à structure granuleuse et éparpillés irrégu- FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON I'.ROCCHI 2 1 lièrement dans le noyau. Le reste du réseau perd sa nucléine et forme une trame achromatique; celle-ci ressemble beaucoup au réseau cytoplasmique qui entoure les pronucléi ; elle n'en diffère que par une coloration plus foncée, qui trahit sa nature chromatique antérieure, fig. 6, 7, 9, Pl II. Dans l'ovocyte de premier ordre, nous avons décrit un phénomène semblable : certaines portions de l'élément nucléinien s*épaississent et sont destinées à former les chromosomes de la première figure de maturation; d'autres por- tions se désagrègent et disparaissent. Nous avons appelé cette partie qui ne prend pas part à la constitution des bâtonnets du nom de nucléine résiduelle. Il en est de même dans les pronucléi : toute leur nucléine du stade d'accroissement ne participe pas à la formation des chromosomes de la première segmentation. Il n'y a que les tronçons épaissis, fig. 6, 7, 8, 9, Pl. II, qui y participent; le reste, que nous pouvons appeler » nucléine résiduelle des pronucléi -, se transforme en une trame de plastine, qui participera à la formation du fuseau. Wilson (95), Griffin (99), Lillie (Ol), CONKLIN (02 ), HEIDENHAIN (93), RuCKERT (93), KORSCHELT, FOL (79), Todaro (93) et Gardiner (98) ont décrit le même phénomène soit dans la première figure de maturation, soit dans la figure de la première segmentation. Art. II. Origine des centrosomes de la première segmentation . La question de l'origine des centrosomes de la première segmentation a été l'objet de discussions et de controverses si nombreuses qu'il nous est impossible d'en exposer ici toute la bibliographie. Nous nous bornerons à citer les opinions émises jusqu'à présent, sans entrer dans les discussions qu'elles pourraient entraîner. D'après Boveri (87, 92), les corpuscules de la première segmentation dérivent du spermatozoïde : c'est le centrosome spermatique seul qui apporte le stimulus de la division de l'œuf et qui est, par conséquent, l'élément fécon- dant propre. Cette théorie a eu longtemps de la vogue; mais dans ces der- nières années, elle a été fréquemment combattue. En effet, on sait depuis longtemps que des centrosomes de segmentation apparaissent dans les œufs parthénogénétiques ; ils ne dérivent donc pas du spermatozoïde. D'autre part, plusieurs auteurs (voir la bibliographie détaillée dans l'ouvrage de Conklin, 02, p. 28) ont décrit des faits qui tendent à démontrer que les centrosomes de segmentation peuvent dériver du centrosome ovulaire ou même pourraient naitre indépendamment des centrosomes ovulaire ou sper- matique. 2 2 Rufin SCHOCKAERT Reste enfin à citer la théorie du quadrille des centres (Fol, 91), qui attribue les deux centrosomes de segmentation à la fusion deux à deux des centrioles-filles ovulaires et spermatiques. Cette théorie a été également battue en brèche par de nombreux auteurs. Il est manifeste, d'après ce qui précède, qu'autour de l'origine des cen- trosomes de segmentation il règne une grande obscurité. D'après Conklin, cet état de choses prouve que le problème est très difficile et très compli- qué, et qu'on a trop peu d'éléments pour formuler une règle générale à ce sujet. Nous allons, sans aucune idée préconçue, exposer nos propres obser- vations chez le Thysano^oon; puis nous en tirerons les conclusions qui en découlent naturellement. La première apparition des centrosomes de la première segmentation se fait dans les œufs où les pronucléi, après la désagrégation partielle de leur réseau chromatique, renferment certains tronçons nucléiniens épaissis, fig. 6, 7, 8, 9, Pl. II. Ils se présentent sous la forme de petits corpuscules arrondis et entourés de quelques irradiations qui permettent de les distin- guer d'autres granules éparpillés souvent dans le cytoplasme avoisinant. Examinons de plus près ces figures. D'abord, dans la plupart des cas, fig. 6 et 7, les deux centrosomes sont très écartés l'un de l'autre et séparés par presque toute l'épaisseur d'un des pronucléi. Aucune trace de Central- spindel ne s'observe entre les deux. Du fait de leur éloignement initial et de l'absence d'un Centralspindel lors de leur première apparition, on peut conclure qu'ils apparaissent d'emblée tous les deux et ne dérivent pas de la division d'un corpuscule primitivement unique. Au contraire, dans l'œuf dont nous avons représenté une coupe en fig. 9, on constate que les centrosomes se trouvent entre les pronucléi et sont très rapprochés l'un de l'autre; toutefois ils semblent appartenir chacun à un des pronucléi. Dans ces deux sortes de figures, fig. 6 et 7 et fig. 9, ils sont chacun en connexion avec un des pronucléi : la membrane de ceux-ci est dissoute et disparait dans le voisinage de leur centrosome respectif. La fig. 8 représente un aspect que nous n'avons rencontré qu'une seule fois : les deux centrosomes, situés entre les deux pronucléi, sont reliés par une espèce de Centralspindel. Il n'y a cependant pas là de vrai Centralspindel. En effet, la disposition dont nous parlons peut et doit être expliquée par l'entrecroisement des rayons astériens provoqués sur place par chaque centrosome et assez longs déjà pour se toucher FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 23 et contracter des connexions de part et d'autre en formant une espèce de fuseau. Dans les figures telles que fig. 6 et 7, Pl. II, qui sont bien plus nombreuses que les figures telles que fig. 8, Pl. II (nous n'en avons observé qu'un cas), les centrosomes apparaissent d'emblée l'un assez distant de l'autre et ne sont jamais reliés par un Centralspindel. Pour- quoi donc devrions-nous admettre, de par la fig. 8 seule, l'existence d'un corpuscule primitivement unique qui s'est divisé en deux, si nous pouvons si facilement expliquer l'existence d'une espèce de Centralspindel par l'entrecroisement et la fusion des irradiations voisines des deux asters? Aussi c'est à dessein que nous avons dit plus haut : vrai Centralspindel. Ce nom, en effet, signifie un fuseau qui s'est formé aux dépens d'un corpuscule primitivement unique divisé en deux et qui réunit les deux corpuscules- filles pendant qu'ils s'écartent l'un de l'autre. Or, chez le Thysano\oon il n'y a rien de semblable : les fig. 6 et 7 le montrent suffisamment. Elles indiquent que les centrosomes, dérivés chacun d'un des pronucléi, apparaissent d'emblée comme tels et ne sont pas reliés par un Centralspin- del. Dans la fig. 8, on peut d'ailleurs constater, aussi bien que dans les fig. 6 et 7, que chaque centrosome est en connexion avec un des pronucléi : l'un d'eux est manifestement en connexion avec le pronucléus b; quant à l'autre, il doit être considéré comme appartenant au pronucléus a : en effet, celui-ci s'avance jusque près de lui par une protubérance où la membrane vient de disparaitre La fig. 8 ne constitue donc pas un cas différent, quant à l'apparition des centrosomes, de celui des fig. 6 et 7, et nous pouvons répéter que les corpuscules de la première segmentation apparaissent sépa- rément près de chaque pronucléus et ne sont pas reliés l'un à l'autre par un vrai Centralspindel. Après avoir décrit les diverses sortes de figures où nous voyons la pre- mière apparition des centrosomes de la première segmentation, il sera utile de récapituler nos observations positives et négatives au sujet de leur origine. i. Jamais nous n'avons vu persister le spermocentre avec ses deux centrioles aux stades finaux de la deuxième figure de maturation. Après l'expulsion du second globule, il n'en reste plus de trace. -'. Jamais nous n'avons observé un ou deux centrioles dans la centro- sphère ovulaire à la fin de la deuxième figure; après l'expulsion du second globule, toute trace de la sphère ovulaire ne tarde pas à disparaitre. 3. Pendant quelque temps, les deux pronucléi, se présentant sous la 24 Rufln SCHOCKAERT forme de noyaux au repos, se trouvent rapprochés l'un de l'autre et ne sont accompagnés d'aucun élément qui puisse représenter une sphère ou un centrosome. 4. Enfin, lorsque les pronucléi, rapprochés l'un de l'autre, se dis- posent à la première segmentation, les deux centrosomes apparaissent d'emblée à des endroits plus ou moins écartés l'un de l'autre; ils ne sont pas reliés primitivement par un Centralspindel et sont chacun en connexion avec un des pronucléi. Voilà les faits. Tirons-en les conclusions. * Les centrosomes de la première segmentation ne dérivent pas du spermocentre ni de l'ovocentre; ils ne dérivent pas non plus de la division d'un corpuscule primitivement unique, mais ils prennent naissance d'emblée tous les deux, chacun près d'un des pronucléi avec lequel ils sont en con- nexion intime. Nous croyons donc que chaque pronucléus donne naissance à un centrosome. « Il reste encore un point obscur. Les centrosomes préexistent-ils comme tels ou sous la forme de corpuscules dans les pronucléi et en sortent-ils pour produire la figure achromatique, comme l'ont décrit Carnoy et Le- brun (97) dans l'Ascaris? Nous ne le pensons pas. En effet, nous n'avons observé dans les pronucléi aucun élément caractéristique qui en sortirait pour constituer les centrosomes. Nous croyons plutôt que les centrosomes de la première segmentation sont des éléments de nouvelle formation. Conklin admet que les centrosomes de segmentation dérivent l'un de la sphère ovulaire, l'autre de la sphère spermatique. Toutefois, il pense qu'ils pourraient bien être des produits de nouvelle formation sans relation génétique avec les centrosomes ovulaire et spermatique. Lilie(oi), de même, croit que les centrosomes de la première segmentation ne dérivent pas des centrosomes ovulaires ou du spermocentre, mais qu'ils sont des produits ovulaires de nouvelle formation : ~egg products of new origin « ('). Cette opinion diffère pourtant de la nôtre : d'après nous, les centrosomes de la première segmentation ne sont pas des produits ovulaires, mais l'un d'eux apparaîtrait sous l'influence du pronucléus mâle, et l'autre par l'acti- vité du pronucléus femelle. (') Citation de Conklin, p. 27. FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 25 Art. III. Figure de la première segmentation . Après avoir exposé notre opinion sur l'origine des centrosomes de la première segmentation, étudions plus longuement leur évolution et la for- mation de la figure. Comme nous l'avons déjà dit, l'endroit où apparaissent les centrosomes est très variable. Le plus souvent très écartés l'un de l'autre, fig. 6 et 7, Pl. II, ils peuvent aussi apparaître l'un assez près de l'autre, fig. 8, Pl. II. Mais quel que soit l'endroit de leur apparition, ils provoquent tout autour d'eux des irradiations qui dissocient la membrane pronucléaire et finissent par se rencontrer dans la zone située entre les deux centrosomes. C'est par la rencontre et la fusion de ces irradiations que se forme le fuseau. Il n'y a pas de règle fixe pour l'origine de celui ci. Dans la fig. 8, il aura une origine cytoplasmique, puisque la rencontre des irradiations astériennes se fait dans le cytoplasme; dans les fig. 6 et 7, il aura une origine nucléaire, parce que les irradiations produites par les centrosomes passeront, pour se fusionner, dans une partie d'un ou de deux pronucléi. Le réseau achroma- tique des pronucléi, après la disparition de leur membrane, se confond avec le réticulum cytoplasmique avoisinant et dès maintenant la figure de la pre- mière segmentation est constituée. Le fuseau se développe aux dépens du réseau et les asters augmentent d'étendue; leurs irradiations se continuent périphériquement avec le réticulum achromatique, fig. io. il, Pl. II, et fig. 12. 13, Pl. III. Comme le fuseau se forme par l'entrecroisement et la fusion, entre les deux centrosomes, des irradiations astériennes, et comme les centrosomes peuvent apparaitre à des endroits variables, sa direction par rapport à l'œuf sera également variable, fig. io, Pl. II, fig. 12, Pl. III. Mais pendant qu'il se développe et acquiert sa forme définitive, il se place tangentiellement à la périphérie de l'œuf, dans un plan perpendiculaire à la direction qu'avait le fuseau de la première et de la seconde cinèse matura- tive, fig. il, Pl. II, fig. 13, Pl. III. La zone achromatique réticulée, peu étendue au stade du repos des pronucléi, s'étend de plus en plus, comme si les enclaves vitellines étaient repoussées par la figure qui est en train de se former. Par suite de la disparition de la membrane des pronucléi, il est difficile de délimiter la zone qui appartient à chacun d'eux; toutefois, avant la formation de la figure, il n'y a pas de fusion proprement dite des deux pronucléi. Contrairement à ce qu'a décrit Francotte, nous n'avons pas observé dans notre objet que l'un des pronucléi est encore intact, alors que dans l'autre la membrane a déjà disparu et que les chromosomes sont déjà 26 Rufln SCHOCKAERT formés : tous les deux se disposent à la première segmentation d'une façon parallèle. Les divers tronçons du filament nucléinien épaissi et formé anté- rieurement aux dépens du réticulum chromatique se rapprochent les uns des autres et forment une espèce de peloton, fig. 10 et il, Pl. II. C'est l'état spirémateux des chromosomes. Nous avons décrit un phéno- mène semblable dans l'ovocvte de premier ordre; aussi nous ne nous y étendons pas davantage Ce qu'il y a de remarquable, c'est que dans la fig. 10, Pl. II, on distingue encore nettement deux spirèmes séparés, dérivés l'un du pronucléus mâle, l'autre du pronucléus femelle. Au con- traire, dans la fig. il, Pl. II, où le fuseau est entièrement constitué, cette distinction n'est plus possible : il n'y a qu'un groupement de filaments chromatiques à l'équateur du fuseau. Le peloton, d'abord granuleux, fig. 10, ne tarde pas à s'épaissir, se condenser et devenir homogène. C'est à ce moment qu'il se segmente en tronçons bien définis ou chromosomes, fig. 12 et 13, Pl. III. Ceux-ci présentent bientôt une division dans le sens de leur longueur et sont épar- pillés irrégulièrement à l'équateur du fuseau : aucun aspect spécial ne permet de reconnaître leur origine paternelle ou maternelle. La fig. 14, Pl. III, représente la métaphase de la première segmen- tation. Les chromosomes se trouvent bien alignés à l'équateur du fuseau et y subissent la division indiquée dans la fig. 12 et 13. Leurs moitiés longitudinales sont attirées vers un des pôles, d'une façon différente, d'après l'insertion des fibres fusoriales sur chacune d'elles. Dans notre second mémoire, nous avons expliqué longuement la cause de la variabilité de forme des chromosomes à la métaphase et à l'anaphase de la première figure. A l'exemple de Grégoire (99), Strasburger (oo), Janssens (01), de Sinéty (on, nous l'avons attribuée à la variabilité de l'insertion des fibres fusoriales, insertion qui peut être médiane, terminale et subterminale. Dans la figure de la première segmentation, nous voyons la même variabi- lité d'insertion. Ainsi, dans le chromosome a, fig. 14, Pl. III, les fibres fusoriales sont insérées à un bout de chacune des deux moitiés longitudi- nales et celles-ci sont attirées vers leur pôle respectif par une de leurs extrémités. Dans le chromosome c, l'insertion est médiane et les deux moitiés longitudinales sont attirées vers les pôles par leur milieu et forment par le fait même un anneau allongé; à l'équateur de cet anneau, on peut voir l'endroit où les deux bouts sont encore plus ou moins accolés. Dans le FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 27 chromosome b, l'insertion est subterminale; les deux branches, étant atti- rées plus d'un côté que de l'autre, se séparent du côté le plus proche du point d'insertion; leurs extrémités libérées s'incurvent en forme de crochet, tandis que leurs deux autres bouts restent encore rapprochés l'un de l'autre. Comme on le voit aisément, c'est une division longitudinale des bâtonnets qui donne naissance aux chromosomes filles de la première segmentation. On pourrait nous demander pourquoi nous admettons ici une division longitudinale, alors que dans la première figure de maturation, qui ressem- ble assez bien à celle de la première segmentation, nous avons décrit une division transversale. Les raisons de notre manière de voir sont multiples. D'abord, l'ensemble de nos figures de maturation ne nous permettait pas d'admettre une division longitudinale des bâtonnets de la première figure, alors qu'il nous était facile d'en expliquer toutes les formes par l'existence d'une division transversale. En second lieu, dans la première figure de segmentation, les chromosomes en se mettant au fuseau présentent mani- festement une division longitudinale, contrairement à ceux de la première maturation. Enfin, avant de se séparer, les chromosomes-filles ne sont pas soudés par un ou les deux bouts : ils sont plutôt accolés ou juxtaposés sur une longueur plus ou moins considérable, fig. 14, Pl. III, ce qui prouve que ce sont bien les deux moitiés longitudinales des chromosomes primitifs. Dans la première figure de maturation, au contraire, les chromosomes à la métaphase ne présentent pas cette particularité (voir notre second mémoire et fig. i, 2, 3, 4, 8, 9, Pl. I). Quelle que soit leur forme, anneaux, bâton- nets recourbés en crosse à leurs extrémités ou bâtonnets longs et droits, ils n'offrent pas de solution de continuité au niveau de l'équateur du fuseau. Ce fait plaide en faveur de notre opinion au sujet de la valeur des chromosomes-filles de la première figure de maturation. Ceux-ci ne sont pas dus à la division longitudinale des chromosomes primitifs, mais bien à leur division transversale, alors que les chromosomes-filles de la première segmentation constituent sûrement les deux moitiés longitudinales des bâtonnets primitifs. La fig. 15, Pl. III, montre l'anaphase de la première figure de seg- mentation. Nous y voyons trois sortes de chromosomes-filles : î) il y a des chromosomes en forme de bâtonnets allongés et droits, a; 2) il y en a en forme d'anses ou de V, c; 3) il y en a en forme de bâtonnets recourbés en crosse à une de leurs extrémités, b. 28 Rufin SCHOCKAERT Ce sont les trois formes correspondantes aux trois formes de chromo- somes à la métaphase. Les chromosomes filles, une fois séparés l'un de l'autre, cheminent vers leur pôle respectif et s'y tassent les uns contre les autres ; il n'y a plus moyen alors d'y reconnaître les trois formes antérieures, fig. 16. Dans une coupe transversale d'une couronne polaire, nous avons pu nous rendre compte que, dans la première figure de segmentation, il y a i8 chromo- somes, c'est-à-dire le nombre double de chromosomes des cinèses de maturation. Les chromosomes, arrivés aux deux pôles de la figure, ne tardent pas à se modifier : ils s'allongent, deviennent granuleux et se transforment en vésicules limitées par des travées de granules. Les vésicules se fusionnent en formant un noyau multilobé, à structure réticulée uniforme, fig. 17 et 18. Pas plus dans ces figures que dans les fig. 19 et 20, qui sont un peu plus avancées, les noyaux reconstitués ne sont partagés en deux plages plus ou moins distinctes. Pendant la reconstitution des noyaux filles, il se fait, dans un plan perpendiculaire à la direction du fuseau, une rainure, un enfoncement dans la zone cytoplasmique réticulée, fig. 17 et 18. Cet enfoncement gagne le fuseau, le coupe et sépare l'une de l'autre deux régions de la zone ovulaire exempte d'enclaves. Les deux cellules de l'embryon sont par le fait même bien délimitées, fig. 20; les irradiations fusoriales disparaissent rapidement dans chacune d'elles. Il est pourtant à remarquer que l'étranglement ne gagne pas la zone ovulaire bourrée d'enclaves : ce n'est que la partie cyto- plasmique réticulée qui participe à la segmentation proprement dite. Q'advient-il du centrosome et de la sphère pendant ces transfor- mations ? Le centrosome, constitué d'abord par un petit granule, fig. 6, 7, 8, 9, 10, Pl. II, se gonfle pendant la formation de la figure, fig. 13, Pl. III, se décolore et se transforme en une centrosphère plus ou moins claire, à laquelle aboutissent, sans y pénétrer, les irradiations astériennes et fuso- riales, fig. 12, 14, 15, Pl. III. Cette centrosphère a des contours irréguliers et est à son maximum de développement à la fin de l'anaphase, fig. 16. Jamais nous n'avons pu y reconnaître des centrioles bien définis. Pendant la reconstitution des noyaux, elle diminue de volume, s'aplatit, fig. 18, et finit par disparaître. Les irradiations astériennes disparaissent également, FECONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THVSANOZOON BROCCHI 20. de sorte que les noyaux-filles au repos ne sont accompagnés ni d'un aster ni d'un centrosome quelconque, fig. 19, 20, Pl. III. Pendant le stade du repos des noyaux-filles, fig. 20, stade caractérisé par l'absence de sphère ou centrosome, les enclaves vitellines envahissent ici aussi la zone cytoplasmique réticulée qui entoure les noyaux et refoulent ceux-ci à la périphérie de l'œuf. Nous croyons que cet envahissement de la zone cytoplasmique réticulée par les enclaves est la conséquence de la disparition des irradiations astériennes. Cette particularité s'observe égale- ment après la deuxième division de maturation. Appendice. Pour finir, nous dirons quelques mots encore de la se- conde et de la troisième segmentation. Comme nous l'avons déjà dit, les noyaux-filles reconstitués renferment un réseau chromatique uniforme, fig. 19, 20. Mais peu avant la seconde segmentation, certaines portions de ce réseau s'épaississent en forme de filaments ou tronçons semblables à ceux qu'on observe dans les pronucléi avant la première segmentation, fig. 21. Ce sont également ces tronçons qui vont donner naissance aux chromosomes après avoir passé par l'état spirémateux. Le reste du réseau chromatique ou nucléine résiduelle se décolore et se transforme en un réseau achromatique, qui ne diffère du réseau cytoplasmique que par une coloration légèrement plus sombre. C'est à ce moment qu'apparaissent les centrosomes, à des endroits plus ou moins écartés l'un de l'autre, sous la forme d'un petit granule. Dans la fig. 21, ils sont déjà le centre d'un aster très manifeste et sont reliés l'un à l'autre par un mince fuseau qui occupe une partie du noyau : à ce niveau, la membrane nucléaire vient de disparaître. Quelle est l'origine des centrosomes de la seconde segmentation? Plusieurs auteurs ont décrit la persistance du centrosome de la pre- mière segmentation jusqu'à la seconde et même jusqu'aux segmentations ultérieures. Aussi croient-ils que les corpuscules centraux de la deuxième segmentation dérivent du centrosome de la première et qu'ils se trans- mettent à la troisième, et ainsi de suite. Nous croyons q'ue les choses ne se passent pas ainsi chez le Thysano- \oon. En effet, jamais nous n'avons pu discerner un centriole bien défini dans les centrosphères de la première segmentation; de plus, celles-ci dimi- nuent de volume à la fin de l'anaphase, fig. 18, et disparaissent, fig. 19; malgré les recherches les plus minutieuses, nous n'avons pu trouver près ou 30 Rufin SCHOCKAERT dans les noyaux-filles au repos un centrosome ou une sphère quelconque, qui leur serait transmis par la première figure de segmentation, fig. 20. Nous croyons donc que les centrosomes de la seconde segmentation sont eux aussi des éléments de nouvelle formation, comme signe et effet de l'activité des noyaux-filles, qui, après leur reconstitution, se sont développés pour se diviser bientôt après. La fig. 22 représente la métaphase de la deuxième segmentation. Les chromosomes, divisés longitudinalement, se trouvent à l'équateur du fuseau et sont plus grêles que ceux de la première segmentation. Les centro- somes sont encore constitués par un petit granule un peu plus volumineux qu'au moment de leur apparition. Le fuseau se trouve orienté tangentiel- lement à la périphérie de l'œuf et est un peu plus petit que celui de la première segmentation. La fig. 23 montre les deux cellules à la fin de l'anaphase : les chromo- somes allongés et minces se trouvent tassés les uns contre les autres. Il n'y a plus de trace ni d'une sphère, ni d'un centrosome; il n'y a que la conver- gence des rayons astériens, qui laisse soupçonner l'existence antérieure d'un centrosome ou d'une centrosphère. Lorsque les noyaux sont reconstitués, on n'observe plus ni sphère ni irradiations astériennes. Aussi nous croyons que les centrosomes de la troisième segmentation apparaissent également de novo. Leur forme et le mode de leur apparition ne diffèrent en rien d'ailleurs de ceux de la seconde segmentation. Faisons encore remarquer que les quatre premiers noyaux pendant et après leur reconstitution ne présentent jamais deux plages plus ou moins distinctes. Les figures de la troisième segmentation et des suivantes sont très jolies. Nous croyons que leur étude serait très intéressante au point de vue embryologique. Toutefois, nous n'avons pu nous en occuper. Aussi nous terminons ici la troisième et dernière partie de nos recherches sur l'ovogé- nèse et la fécondation du Thysano\oon brocchi, avec l'espoir d'avoir contri- bué pour une faible part à la connaissance de quelques phénomènes inté- ressants de la première segmentation. FÉCONDATION ET SEGMENTATION CHEZ LE THYSANOZOON BROCCHI 31 CONCLUSIONS. Résumons, sous la forme de conclusions, les principaux résultats de cette troisième étude sur l'ovogénèse et la fécondation chez le Thysano\oon. Chapitre I. Le spermatozoïde, filamenteux et mince lors de sa pénétration dans l'ovule, se raccourcit et s'épaissit en partie après la ponte de l'œuf. La par- tie épaisse forme une masse compacte et à contours irréguliers; la partie non épaissie pâlit, s'enroule en tire-bouchon et disparaît. Le pronucléus mâle se forme par la désagrégation de cette masse com- pacte, désagrégation qui semble être l'effet d'un gonflement accompagné d'une espèce de vacuolisation. Le pronucléus mâle ainsi constitué renferme un réseau chromatique. Bientôt il y apparaît des nucléoles qui, d'abord colorés intensément, perdent leur affinité pour les matières colorantes, se vacuolisent et disparaissent avant la formation de la première figure de segmentation. Le nspermocentre» est constitué d'abord par un corpuscule homogène, spermocentrosome, entouré d'une zone irradiée, aster spermatique. Le spermocentrosome se décolore ultérieurement et l'on peut y voir soit deux, soit plusieurs centrioles, qui ne sont jamais reliés par un vrai Central- spindel. Nos figures ne permettent pas d'établir de quelle façon le spermo- centre dériverait du spermatozoïde. Le spermocentre, très apparent depuis la métaphase de la première figure jusqu'à celle de la deuxième, finit par disparaître après la seconde métaphase et ne participe pas à la constitution de la première figure de segmentation. Nous ne connaissons pas sa fonction, ni sa signification. Chapitre IL Après l'expulsion du second globule, les chromosomes du pôle interne de la figure se tassent les uns contre les autres, deviennent granuleux et se transforment en un noyau multilobé, à structure réticulée. Pendant cette transformation des chromosomes ovulaires en pronucléus, la sphère ovu- laire disparait complètement, de sorte que, quelque temps après l'expul- sion du second globule polaire, l'œuf ne renferme pas de corpuscule ovu- laire ou d'ovocentre qui serait destiné à participer à la formation de la première figure de segmentation. 32 Rufin SCHOCKAERT Chapitre III. Pendant leur stade de repos, les deux pronucléi renferment un réseau chromatique et ne sont accompagnés d'aucune sphère. Après ce stade, ils subissent, d'une façon parallèle, un accroissement de volume notable. Cer- taines portions du réseau chromatique s'épaississent pendant que le reste, ^nucléine résiduelle, se décolore et se transforme en un réseau achroma- tique. Pendant que ces transformations s'opèrent, on voit les centrosomes de la première segmentation apparaître d'emblée tous les deux, chacun près d'un des pronucléi avec lequel il est en connexion intime. Nous croyons donc, que les centrosomes de la première segmentation sont des organites de nouvelle formation, nullement en connexion avec une sphère ovulaire ou spermatique préexistante. Les centrosomes produisent tout autour d'eux, à l'endroit où ils appa- raissent, des irradiations. Le fuseau se forme par l'entrecroisement et la fusion, entre les deux centrosomes, de ces irradiations. Pendant la formation de la figure, les tronçons persistants du réticulum pronucléaire se ramassent en deux espèces de pelotons distincts (état spiré- mateux des chromosomes) qui, plus tard, donnent naissance chacun à 9 chromosomes. Ceux-ci, une fois constitués, s'éparpillent irrégulièrement à l'équateur du fuseau et subissent une division longitudinale. Les deux moitiés ou chromosomes-filles sont attirées vers les pôles de la figure d'une façon différente d'après l'insertion des fibres fusoriales, insertion qui peut être médiane, terminale ou subterminale. Le centrosome de la première figure de segmentation, constitué d'abord par un petit granule, se gonfle, se décolore ensuite et se transforme en une centrosphère claire, à laquelle aboutissent les asters. Pendant la télophase de la première figure, cette centrosphère, avec les irradiations qui l'accompagnent, disparaît, de sorte que les noyaux-filles au repos ne sont accompagnés d'aucune sphère. Les noyaux reconstitués ne sont pas parta- gés en deux plages plus ou moins distinctes. Les centrosomes de la seconde segmentation apparaissent également de novo et le réticulum chromatique des noyaux-filles donne naissance aux chromosomes d'après le même mécanisme que celui de l'ovocyte de premier ordre et des deux pronucléi. Après l'anaphase de la figure, toute sphère disparaît, de sorte que les centrosomes de la troisième segmentation, — et probablement des divisions suivantes, — n'ont aucune connexion avec des sphères antérieures et sont, eux aussi, des organites de nouvelle formation. BIBLIOGRAPHIE. 1887-92 Boveri, Th. » 1897 Carnoy et Lebrun 1902 1901 .S79 1897 1S98 1898 1899 1891 1894 I QOI l8g5 1898 Conklin, Edw. de Sinity Fol, H. Francotte, P. » Gardiner, Edw. Grégoire, V. igo3 Grégoire et Wygaerts Guignard, L . Heidenhain, M. Janssens, F. A , Korschelt, E. lilie, F. R. : Zellenstudien. I, II, III, IV; Zeitschrift f. Naturw. : Befruchtung; Erg. d. Anat. u. Entw., I. : La fécondation chez Y Ascaris megalocephala ; La Cel- lule, XIII. : Karyokinesis and cy tokinesis ; Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, Second séries, v. XII, p. I. : Recherches sur la biologie et l'anatomie des phasmes ; La Cellule, t. XIX, Ie1' fasc. : Recherches sur la fécondation etc.; Mém. Soc. Phys. et d'Hist. nat. de Genève, t. 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L'IMMUNITE Revue critique pour les années 1903=1904 PAR le Docteur Paul LECONTE {Mémoire déposé le 5 décembre 1904.) 11 L'IMMUNITE Revue oritiçpjie 12010.3? les années 1903-1904. INTRODUCTION. Depuis quelques années, l'étude de cette branche captivante de la méde- cine a pris une extension des plus remarquables. L'immunité dépend de facteurs variés. Les expérimentateurs ont dû éparpiller leurs efforts, et la bibliogra- phie s'accroît avec une étonnante rapidité. Ce mémoire contient exclusivement la revue critique des travaux ré- cents, 1903-1904 août, qui concernent les anticorps. Il est destiné à faire suite aux bibliographies qui ont été publiées par Leblanc en 1901 et par Ide en 1902 et 1903. Nous ne prétendons pas mettre au jour une bibliographie sans lacunes; on travaille l'immunité dans un grand nombre de laboratoires et les travaux se publient dans trop de revues diverses. Nous craignons spécialement qu'il ne nous échappe des travaux anglais. Nos prédécesseurs Leblanc et Ide, après avoir donné in extenso la bi- bliographie de points spéciaux qui concernaient leurs expériences propres, se sont contentés de faire une liste des travaux contemporains ; ils n'y ont ajouté que des brèves annotations, désignant à l'attention spéciale du lec- teur certaines critiques ou bien certains points très importants pour la théorie générale. Le professeur Ide nous a demandé de faire, pour notre 82 Paul LECONTE part, un exposé plus étendu des travaux que nous pûmes nous procurer, et d'élaborer des vues d'ensemble pour certaines matières plus spécialement embrouillées. Nous désignons spécialement au lecteur les mémoires qui donnent un aperçu historique détaillé d'une question; le travailleur de la- boratoire y trouvera des points de repère précieux et s'évitera beaucoup de recherches. Nous classons la revue des travaux en chapitres spéciaux. Certains mé- moires touchent à des parties très diverses, nous en reparlons alors plu- sieurs fois; d'autres traitent des détails très spéciaux, nous les rapprochons alors de quelque grande catégorie de recherches. Nous évitons autant que possible de donner de l'importance aux polé- miques sur les hypothèses courantes, à moins qu'elles ne soient accom- pagnées d'observations nouvelles. Nous savons que les discussions dogma- tiques intéressent de moins en moins la légion des jeunes expérimentateurs contemporains et les créateurs d'hypothèses eux-mêmes montrent assez d'impartialité aujourd'hui pour ne pas transformer leurs créations en dogmes, mais pour les présenter seulement comme des idées directrices dans les recherches. Être ainsi utile à beaucoup de travailleurs, en attendant que les biblio- graphies plus complètes aient le temps de paraître, telle est notre seule ambition en publiant le résultat de notre travail. l'immunité 83 Chapitre I. Extension de la production d'anticorps. Certains expérimentateurs, s'inquiétant peu du mécanisme de l'immu- nisation, essaient les méthodes habituelles de vaccination contre de nou- veaux microorganismes, poisons, ferments ou substances quelconques. i° L' agglutination microbienne. Le phénomène de l'agglutination que produit le sérum des animaux vaccinés contre les microbes a permis aux bactériologistes de différencier des espèces confondues jusqu'ici et de rapprocher des races ayant beaucoup de parenté entre elles. Le caractère nettement spécifique des agglutinines n'est pas mis en doute par les pathologistes. Signalons d'abord le fait suivant, qui intéresse cette méthode d'obser- vation elle-même. L'agglutination du bacille typhique a son degré optimum entre 500 et 55°, dit Weil (54), et non pas à 37°. Pour le staphylocoque, le vibrion du choléra et le bacille de la tuberculose, l'auteur fit la même observation. Moser et von Pirquet ! 55) ont cultivé longtemps des streptocoques sor- tant du sang de scarlatineux. Le sérum obtenu au moyen de ces strepto- coques les agglutinait, ce qui fut démontré tant microscopiquement que macroscopiquement. Le sérum de ces scarlatineux agglutinait aussi ces streptocoques, cepen- dant pas d'une façon très évidente. Neufeld (56) réussit à immuniser des lapins avec des streptocoques. Après quelques injections de cultures tuées, il injecta de suite dix lapins avec des cultures vivantes. Aussi leur sérum contint-il vite des substances agglutinantes et immunisantes. Ces substances étaient non seulement actives contre les souches primitives, mais aussi contre d'autres. Des souches viru- lentes étaient moins agglutinées que les non virulentes. Le streptocoque trouvé dans la scarlatine ne fut pas reconnu spécifique. Comme Kolle et Otto ont pu différencier les staphylocoques pyogènes de staphylocoques non virulents au moyen d'un sérum, ainsi Jaeger trouva une agglutinine spéciale aux coques de la méningite cérébro-spinale épidémique. Parmi les 22 souches examinées, 21 fois le coque de Jaeger fut 84 Paul LECONTE reconnu identique à celui de Weichselbaum. Le microcoque catarrhal, quoique très semblable, n'a rien de commun avec le méningocoque. Nos compatriotes Dewaele et Sugg (59) isolent un streptocoque du sang et du pus des varioleux de Gand et d'Anvers, ainsi que des prin- cipaux vaccins d'Europe. Par l'agglutination, ils montrent que ce strepto- coque est spécial à la petite vérole et ne se retrouve pas ailleurs. Si on n'était pas très sévère pour ces thèses, on se contenterait de leurs expé- riences pour admettre que c'est bien là le microbe de la petite vérole. Mais les auteurs eux-mêmes laissent la question en suspens. Signalons enfin les faits intéressants de Schorlmeyer de Hambourg sur le bacille du paratyphus : ils nous montrent un parasite donnant toutes les lésions du typhus ordinaire, mais formant des agglutinines distinctes de celles du bacille d'EBERTH. Nous clôturons ce paragraphe sans nous arrêter à une foule de petits faits d'intérêt très restreint. 20 Anticorps microbiens divers. L'injection de produits microbiens provoque, outre la formation d'ag- glutinines, celle d'antitoxines, bactériolysines, coagulines, sensibilisatrices, etc., autant d'anticorps plus précieux probablement pour la thérapeutique que les agglutinines. Dans ce champ d'investigation, il y a encore beaucoup à faire pour distinguer les variétés d'anticorps qui se forment, et pour re- connaître les conditions les plus favorables au développement de ces utiles substances. Shaw(i6) étudia l'immunisation des animaux contre le bacille typhique. Il injecta des animaux avec des toxines obtenues par digestion des bacilles et trouva que ces animaux furent immunisés contre le bacille vivant. Ce sérum peut immuniser d'autres animaux. Les animaux injectés de bacilles vivants s'immunisaient aussi, seule- ment leur sang était moins bactéricide que celui des animaux de contrôle sains et non injectés. Cohn (17), d'autre part, rendit immuns les bacilles typhiques eux- mêmes contre le sérum antityphique. Cultivés dans le sérum actif de lapins, les bacilles s'habituent à ce milieu et résistent même à des sérums beaucoup plus actifs que celui dans lequel ils sont cultivés. Leur reproduc- tion ultérieure dans le bouillon conserve les mêmes propriétés. Cependant, celles-ci se perdent si le sérum n'est pas renouvelé ou bien s'il est con- servé à la température de la couveuse. l'immunité 85 Kasten(i8) complète et contrôle les expériences cI'Hofmann. L'inocu- lation sous-cutanée de vibrions du choléra, de bacilles typhiques, comme de staphylocoques, produit chez le lapin non seulement de l'agglutinine, mais encore de la bactériolysine. Les mêmes cultures tuées avant l'inocu- lation donnèrent des résultats identiques. Boldyreff (19) relate d'abord l'expérience que Dserzgowsky fit sur lui- même. Celui-ci s'injecta en 24 fois du poison diphtérique environ 4300 doses mortelles pour cobaye. A la fin de son expérience, chaque centimètre cube de son sang contient une unité immunisante d'antitoxine, de façon à sup- porter à la fois 1700 doses mortelles. Boldyreff s'injecta 36 jours de suite des doses croissantes, de 1/10000 à 8/10 de dose mortelle pour cobaye, somme toute 5 doses mortelles. Après ces multiples injections, il eut au total 600 unités antitoxiques dans son sang, soit 0,4 d'unité immunisante par centimètre cube, ce qui suffit amplement pour combattre une injection diphtérique. Ce qui prouve que l'immunisation active chez l'homme est possible pour le bacille de la diphtérie. Todd (20) s'occupa de la dysenterie. Le bacille spécifique cultivé sur un milieu très alcalin donna une toxine soluble. Le cheval et le lapin se mon- trèrent très sensibles à cette toxine. De plus, cette toxine ne fut pas détruite par un chauffage à 700 centigrade pendant une heure, alors qu'à 8o° centi- grade elle fut annihilée. Enfin, injectée au cheval, cette toxine produit une antitoxine. Celle-ci ne se combine pas immédiatement avec la toxine in vitro, mais après un certain temps et selon la température. Rodhain (90) étudie le principe qui se développe dans le sérum des animaux injectés de streptocoques et qui, mis in vitro en présence de leuco- cytes et de microbes, excite les leucocytes à la phagocytose de ces microbes, phénomène déjà observé par Marchand. Ce principe ne semble être ni une agglutinine ni une antitoxine, mais un agent spécial. Rodhain précipite cet anticorps par la méthode de Hofmeister, et il reconnaît qu'il se retrouve exclusivement dans le groupe des euglobulines. Par les rapports du congrès de la •> British médical Association", nous voyons que Bulloch a signalé à son tour l'existence de cette substance spéciale qui provoque ou permet la phagocytose : il donne à cette sub- stance le nom d'opsonine. Chez les carcinomateux, Mertens (2 1) croit à l'existence d'un poison spécifique dans le sang, démontrable par précipitation. 86 Paul LECONTE Engel('2 2), de son côté, injecta à un lapin du sérum sanguin de deux carcinomateux. L'immun-sérum de cet animal fut ensuite mis en présence de sang normal humain, comme de sang de ces deux malades. Dans un premier cas, l'auteur obtint un anticorps, dans le second plusieurs lapins ne donnèrent rien. Ces dernières expériences s'attaquant aux problèmes les plus obscurs de la pathologie sont presque condamnées d'avance à la stérilité scienti- fique et thérapeutique. 3° Anticorps de tissus et poisons. Depuis que Bordet et Metchnikoff nous apprirent en 1 895 que l'injection de cellules et de sucs normaux entraîne souvent la formation d'anticorps spécifiques, nous possédons là une méthode précieuse pour la physiologie et la pathologie des organes. Bien maniée, cette méthode donne les plus beaux résultats. Ainsi de Moor et van Lint (23) ont trouvé un sérum antithyroïdien. Voici leur technique : la glande est extirpée au chien, broyée avec de la solution physiologique et du sable dans le mortier, passée à travers une toile métallique, puis injectée au cobaye, au lapin ou au pigeon. Les injections furent faites de 3 à 5 fois avec des intervalles de 2 à 8 jours. Trois jours après, ils saignaient l'animal et le sang fut centrifugé pendant 20 à 30 minutes. Ils vaccinèrent ensuite des cobayes par injection avec intervalles de 4 à 5 jours. Les chiens injectés avec le sérum que pro- duisirent ces cobayes présentaient des symptômes d'hypothyroïdie comme par thyroïdectomie. Notons que les cobayes traités par une méthode lente ne produisent pas de sérum antithyroïdien. Des pigeons, comme aussi des lapins, donnent également du sérum antithyroïdien. Il fut encore intéres- sant d'observer que le cobaye injecté à l'iodothyrine Bayer ne s'immunise pas et que son sérum introduit dans la circulation d'un chien n'y provoque pas de réaction ; donc ce produit ne représente pas les éléments actifs com- plets de la glande. Ensuite, le sérum antithyroïdien est légèrement agglutinant et hémoly- tique. Il agglomère aussi les émulsions thyroïdiennes, cependant pas d'une façon démonstrative (contra Sartirana). Enfin, les animaux injectés présentent des altérations histologiques dans leur glande thyroïdienne. Comme conclusion finale, les auteurs admettent que le sérum antithy- l'immunité «7 roïdien a une action sur la glande elle-même et sur tout l'organisme par intoxication. Skrobansky (24) traita des cobayes à l'ovaire de lapin et leur sérum devint plus hémolytique. Ce phénomène, qui n'est pas neuf, est dû à l'injec- tion de receptors communs aux globules rouges et aux ovaires. Les lapins injectés d'ovaires de vache offrirent un sérum non actif. Deux autres lapins injectés de corps jaunes ont donné un sérum également faible : chez le premier, il fallut 1 10 cm3 pour l'hémolyse complète; chez le second, 1/20 cm3 donna la dissolution complète. Des cobayes immunisés d'ovaire de souris blanche ne produisent pas de sérum hémolytique, mais de l'agglutinine. Ainsi à 1/40 et 1/50, ce sérum forma des caillots compacts, tandis que le sérum normal de cobaye demande un rapport de 4 : 10 au moins pour agglutiner. Ces immun-sérums furent ensuite mis en présence de sperme de lapin. D'une part, l'auteur prit 2 gouttes de sérum immun de cobaye avec 1 goutte de sperme de lapin, émulsion à 1/10 dans la solution physiologique, d'autre part 2 gouttes de sérum normal de cobaye avec la même quantité de sperme. Après i5 minutes, une différence notable fut observée : dans le premier cas, les spermatozoïdes restèrent en mouvement, alors que, dans le second cas, tout mouvement avait cessé. Dans des expériences similaires avec du sérum de lapin injecté d'ovaire et de corps jaune de vache, les spermatozoïdes du taureau restèrent intacts. Enfin, le même auteur injecta deux lapins femelles avec 7 cm3 d'im- mun-sérum de cobaye. Après 10 jours, ces animaux furent sacrifiés et leurs ovaires fixés. Dans les ovaires du premier, les œufs étaient en dégénéres- cence avec chromatolyse, comme après un empoisonnement de diphtérie ou de variole. Chez le second, l'ovaire avait moins changé. D'autres glandes furent aussi mises en expérience. Ainsi Theohari et Babes (25) injectèrent à des chèvres une émulsion de muqueuse gastrique de chien. Cette injection reprise trois à quatre fois avec un intervalle de 10 à 15 jours produisit un sérum délétère pour la muqueuse gastrique et intesti- nale du chien. Tandis que le sérum normal est inoffensif, cet immunsérum injecté à raison de 4 cm3 par kilo tue endéans les 10 et 15 minutes. A l'au- topsie, les animaux morts ainsi ont une muqueuse congestionnée depuis l'estomac inclusivement jusqu'au gros intestin exclusivement. — Ce même sérum, à la dose de 1/2 à 1 1/2 cm3, produit des vomissements, des diarrhées avec hémorrhagie intestinale deux heures après l'injection, et la mort 6 à 12 88 Paul LECONTE 1 2 heures plus tard dans l'hypothermie. — Des doses moindres ont donné une sécrétion abondante de mucus et de suc hyperacide dans l'esto- mac. Il est à remarquer que le gros intestin est resté indemne dans toutes ces expériences. L'examen histologique de la muqueuse gastrique ainsi rendue malade fut aussi fait. Dans l'hypopepsie, les cellules principales ne contiennent pas de pepsinogène et sont réduites à un réticulum. Dans l'hyperchlorhydrie, l'auteur trouve de l'accumulation de liquide dans les cellules bordantes, alors que les cellules principales avaient emmagasiné du pepsinogène. Le dosage des combinaisons du chlore ne peut se localiser que dans les cellules principales et les cellules bordantes. Cependant une conclusion définitive n'est pas à tirer ici, parce qu'il y a doute dans ce cas entre la gas- trite et le dérangement fonctionnel. Weichardt (26) trouva une toxine de la fatigue et son antitoxine correspondante. Après quelques échecs dans des expériences faites chez des souris, l'auteur prit des cobayes et des lapins, et alla directement prendre la toxine dans le muscle fatigué. Ces muscles d'animaux fatigués furent exprimés et réduits en bouillie, ensuite injectés à des animaux de même espèce. La toxicité de ce jus fut grande, mais, comme l'analyse bactériolo- gique le démontra, elle était due en majeure partie à des microorganismes. Cependant le jus recueilli aseptiquement tua encore les animaux dans de nouvelles expériences. Un contrôle fait avec le jus de muscle non fatigué donne un résultat franchement différent. Étudiant ensuite les différentes propriétés de cette toxine, l'auteur la reconnut thermolabile; car, après un séjour de 2 heures à une tempéra- ture de 560, elle devint inactive; d'autre part, la toxine conservée non chauf- fée augmenta en toxicité les 48 premières heures, et c'est seulement après 8 jours conservée au toluol et dans la glace qu'elle devint inactive. Puis du plasma musculaire stérile, qui d'abord fut pour ainsi dire non toxique, le devint entièrement le lendemain ; et l'accroissement de cette propriété peut être accéléré par la chaleur. Des injections intrapéritonéales faites chez le lapin produisent un sé- rum antitoxique, avec lequel l'auteur put neutraliser in vitro et in corpore la toxine correspondante. Landsteiner et Jaeger (88) injectent des substances colloïdes inorga- niques et observent les changements obtenus. A une concentration faible, ils agglutinent les hématies et paralysent les spermatozoïdes. Les bacilles typhiques ne sont pas agglutinés. L'IMMUNITÉ Ng L'acide silicique a un pouvoir précipitant sur le sérum sanguin, qui est annihilé par un excès de sérum.- (les phénomènes paraissent permettre une certaine comparaison avec le corps immunisant. Muraschew('8ç>) applique aussi la théorie d'EHRUCH à la coagulation du sang. Alter (87) applique la théorie d'EHRUCH à l'épilepsie et la paralysie; il y trouve des toxines et des antitoxines spéciales (?). Kullmann (45) trouve que l'extrait de carcinome d'organes exsangues est très hémolytique. Ensuite, le sérum de lapins traités avec cet extrait se montra aussi riche en hémolysine. Enfin, cet extrait de carcinome dissout non seulement le sang humain, mais encore le sang de différentes espèces d'animaux. L'interprétation de ce genre d'expériences exige, croyons-nous, beau- coup plus de réserve. Si on injecte à un lapin du sérum d'épileptique ou de tissu de cancéreux, on injecte avant tout les éléments normaux du sang et des tissus humains, et ces lapins livreront des sérums très toxiques pour l'homme normal ou malade. Les hémolysines se développent très irréguliè- rement chez le lapin; on ne peut conclure de simples coïncidences. Il fau- drait des expériences comparatives rigoureuses faites avec un même immun- sérum chez l'homme sain et chez l'homme malade. Or, ces épreuves ne sont pas faites et ne sauraient se faire sans audace criminelle : les doses gravement toxiques et les doses à effet léger sont très rapprochées et très inconstantes, quand on injecte un sérum quelconque à un animal. Dans l'urémie, d'après Wolze (46), le sérum humain a perdu son pou- voir hémolytique pour le sang de lapin. Après l'urémie, cette propriété est reconquise. Misser et Dœring trouvent que le pouvoir dissolvant du sang d'uré- miques a disparu et ils présentent cette particularité comme symptôme de diagnostic. Senator (47) n'a pas trouvé ce phénomène dans un cas donné; donc des observations ultérieures sont nécessaires. Voici maintenant quelques expériences d'immunisation faites avec des substances entièrement étrangères à l'organisme. Jacobsohn injecta, à des lapins et à une chèvre, de la pulpe de levure, soit d'abord 1 gr. de zymine avec 10 cm5 de solution de chlorure de sodium à 0,9 %, par doses croissantes jusqu'à 4 gr. de zymine dans 20 cm5 de solution de chlorure et cela dans un espace de 3 à 4 semaines. Ces in- 90 Paul LECONTE jections donnèrent souvent des abcès stériles. Deux animaux sur les huit en expérience sont morts, les six autres ont fourni du sérum. Un etienmeyer de 100 cm5 contenant 5 cm' d'une solution de sucre à 80 0/o et 5 cm5 de sérum immun avec 2 gr. de zymine et 0,2 gr. de toluol est mis à la couveuse. Après i, 2, 3 jours, on pèse et évalue la déperdition en COj. Un ballon de contrôle est mis en regard contenant du sérum normal. Dans la première expérience, il ne se produisit qu'une perte de 1/10 de gaz carbonique comparativement au contrôle avec le sérum normal. Dans des expériences ultérieures, l'influence inhibitive fut moindre. Dans des solutions plus faibles jusqu'au titre de 1/13, l'inhibition resta démonstrative. Enfin, il est à constater que l'anticorps ne neutralise dans ces expériences que 3 à 4 doses de ferment, tandis que les antitoxines diphtéritique et téta- nique neutralisent plusieurs milliers de fois la toxine. Schuetze (28) voulut par immunisation différencier les espèces de le- vures en recherchant le pouvoir agglutinant et précipitant de leur antisérum respectif, mais ces expériences eurent un résultat négatif. Cela est conforme aux résultats déjà anciens de Malvoz. Le même auteur fut plus heureux en travaillant la stéapsine. Il réussit à produire l'anticorps correspondant chez le lapin. En présence de l'immun- sérum, le ferment perdit son activité et ne décomposa plus l'huile de ricin. Nous ne pouvons clore ce chapitre sans faire remarquer que bien des expériences de ce genre n'ont pas été confirmées ultérieurement. Les sper- matotoxines, les néphrotoxines, les hépatotoxines ont été rendues très sus- pectes. Les anticorps de la morphine, de l'arsenic, de la solanine ont été définitivement écartés. Les sérums anticancéreux, antiépileptiques, n'ont aucun crédit. Une partie de ce chapitre risque fort de se trouver infirmée par les ex- périences de contrôle. Nous nous abstenons ici de toute critique détaillée. Chapitre II. Applications médico-légales. Les précipitines servent en médecine légale pour la distinction entre les sangs de différentes espèces. Nous passons sous silence les discussions de priorité à ce sujet. Pour la littérature antérieure à ces dernières années, nous pouvons renvoyer au mémoire de Wassermann (30). L IMMUNITÉ 91 Le volume de Nuttall (36) rappelant les nombreuses expériences faites par l'auteur à ce sujet forment ici le recueil de documents le plus important. Voici l'avis de Wassermann : si une espèce A a été immunisée avec du sérum de l'espèce B, celle-ci précipite toutes les solutions albumineuses de cette espèce B, comme le sperme, l'extrait musculaire, le pus, le lait, et non pas le sérum d'une troisième espèce. Pourtant, il est incontestable, croyons-nous, qu'une électivité rigoureuse fait défaut. On a déjà proposé de rendre l'électivité rigoureuse par absorp- tion partielle (77). Voici maintenant comment Hauser (31) procède dans l'examen médico- légal du sang humain. Les lapins sont injectés avec du sang de placenta et du sang de cadavre, tout en évitant soigneusement la tuberculose. Les injec- tions se font deux fois par semaine à la dose de 24 cm', de façon à injecter en tout i5o cm3. Le sérum immun donna instantanément un trouble avec le sérum humain et un précipité quelques minutes plus tard. Il est cependant à remarquer que ce sérum trouble en outre le sang de porc, de veau et de poule. La différentiation est la plus nette à la dilution de 1/30. Une demi- heure suffit au sérum humain pour produire un trouble à la température de la couveuse, alors que les sérums d'animaux laissent le liquide clair pendant 6 à 8 heures et ne donnent que des traces de précipité après 24 heures. La méthode capillaire, c'est-à-dire l'emploi de tubes capillaires, donne les mêmes résultats. Comme conclusion, l'auteur admet que cette méthode n'est à employer qu'avec des soins très minutieux. Les animaux produisant le sérum sont à vérifier régulièrement et le médecin doit posséder entièrement la méthode. Marx et Ehrenroth (33) proposent ensuite une méthode très simple pour différencier le sang humain du sang de mammifères. En effet, disent- ils, les hématies humaines sont rapidement agglutinées et hémolysées par du sérum étranger. L'agglutination en présence du sérum humain ne s'ob- serve pas. Du sang desséché comme tel, ou le liquide provenant du lavage de linge, de bois, de sable, de papier buvard souillé de sang avec la solution physiologique est mis sur un porte-objet. A ce liquide, on ajoute du sang recueilli par piqûre d'un doigt. Ce mélange doit être observé pendant 92 Paul LECONTE 15 minutes. Plus la substance desséchée est fraîche et plus la solution est concentrée, plus l'agglutination se fait rapidement. L'auteur a mis en expérience du sang desséché de cheval, de chien, de veau adhérent depuis 3 ans à du linge, ou du sang humain adhérent depuis deux semaines à deux ans à du linge, du papier buvard, du bois; en outre des sangs de lapin, de porc, de vache, de mouton desséchés et adhérents à du linge, du sable, du buvard et du bois depuis deux semaines à un an, furent aussi mis à l'épreuve. Toutes ces expériences don- nèrent le même résultat positif. Cependant l'auteur reconnaît que l'emploi presque journalier de la méthode est nécessaire pour donner de l'assurance. Meyer (34) fit des recherches biologiques avec des substances prove- nant de momies. Il se procura d'abord la musculature de la nuque d'une momie d'il y a cinq mille ans, puis la musculature de la jambe et du corps d'une momie d'enfant datant d'il y a deux mille ans, enfin la musculature d'une jambe. Ces différents matériaux additionnés de 15 cm3 de solution physiologique furent mis dans la glace pendant 24 heures et puis filtrés jusqu'à la clarté parfaite, qui ne fut pas obtenue dans le second cas. Pour les expériences de contrôle, l'auteur prit du sang humain, du sang de rat et du sang de chat. Les lapins qui devaient produire le sérum furent injectés d' exsudât pleural, de sérum de sang placentaire, et de liquide d'ascite. Dans la première série d'expériences, le sérum par exsudât pleural est troublé par l'extrait de sang humain, par l'extrait de la substance n° 1, comme par l'extrait n° 3, alors que l'extrait de sang de chat resta clair. En- suite, le sérum de lapin non injecté ne donne pas de précipité avec l'extrait de sang humain, l'extrait de la substance n° 1, comme l'extrait n° 3, et l'ex- trait de sang de chat. L'immun-sérum dû au sérum de sang placentaire ne put être rendu clair; cela ne peut être qu'un accident fortuit. Enfin arrive le sérum dû aux injections de liquide ascitique. Il fut pré- cipité par l'extrait de sang humain, par l'extrait n° 1, comme par l'extrait n° 3. Il resta clair avec l'extrait de sang de rat. Le sérum de lapin non injecté resta inactif sur l'extrait de sang humain, l'extrait n° 1, l'extrait n° 3, l'extrait de sang de rat. D'où l'auteur conclut que la réaction des précipitines se conserve même dans des substances datant de milliers d'années. L IMMUNITE 93 Chapitre III. Union des receptors et des anticorps. Les opinions sur la composition de la toxine microbienne, sur le rôle de l'antitoxine, comme sur la manière suivant laquelle les deux se com- binent, sont toujours des plus partagées. A côté de l'école d'EHRUCH, on en trouve encore mainte autre dissidente. Trop d'observateurs interviennent incidemment dans cette difficile question, pour que nous puissions citer ici tous les faits qui y ont rap- port ; nous nous contenterons de citer les principaux auteurs. Grueber et von Pirquet (6o), dans leur polémique avec Ehrlich, n'admettent pas : i° la multiplicité des poisons ayant une action qualita- tive identique, mais bien une toxicité différente par avidité plus ou moins grande pour l'antitoxine. 2° Il existe non plus aucune raison pour se représenter autrement la toxicité des poisons microbiens que celle d'autres poisons organiques. 3° La modification de la toxine en toxoïde ayant des affinités diffé- rentes pour l'antitoxine est possible, mais elle n'est pas démontrée. 4" Une affinité faible entre la toxine et l'antitoxine, avec combinaison dissociable et combinaison dans des proportions diverses, expliquerait la longue incubation. 5° La formation d'antitoxine n'a rien de commun ni avec l'action toxique des poisons ni avec l'immunité : a) en effet, beaucoup de sub- stances inoffensives donnent lieu à des anticorps; b) des animaux non réceptifs pour certaines toxines produisent néanmoins des anticorps; c) en présence d'anticorps en proportion considérable, la sensibilité au poison peut se maintenir et augmenter même; d) l'immunité cellulaire peut s'ac- quérir sans production d'anticorps; e) les anticorps prennent naissance à d'autres endroits que ceux où agissent les poisons. 6° Les anticorps spécifiques ne sont pas des substances normales d'un organisme, mais ils se produisent par introduction de substances étran- gères et leur production a le caractère d'une sécrétion. 7° La faculté de produire des anticorps repose sur des propriétés spéciales inconnues de la structure chimique des corps producteurs. La cause première de la production d'anticorps est, comme dans l'empoison- nement, la combinaison chimique des corps étrangers avec certaines parties composantes des cellules. 94 Paul LECONTE 8° La combinaison neutre de toxine et d'antitoxine n'excite pas la production d'antitoxine. Le caractère chimique en est tout autre que celui des parties composantes. Ehrlich (61) réfute ainsi point par point l'attaque de Grueber : i° Dans le règne végétal, la multiplicité des poisons est admise pour beaucoup d'espèces. D'autres auteurs reconnaissent la complexité du poi- son de serpent, la complexité des ferments de la levure. 2° La solanine et la saponine produisent aussi des anticorps. A la 3e objection, l'auteur a déjà répondu antérieurement. 4° L'explication de la période d'incubation repose sur des expériences et non sur la fantaisie. 5° L'auteur a des publications antérieures pour démontrer que la pro- duction d'antitoxine est en relation avec l'immunité, et pour répondre à la 6e, 7e et 8e objection. Bordet(6i), étudiant une alexine et une antialexine, montre qu'une quantité d'antialexine, incapable de neutraliser complètement plus de 6 doses mortelles d'alexine, exerce cependant une influence telle qu'en sa présence 24 doses mortelles déterminent moins rapidement l'hémolyse que ne le fait une dose mortelle unique. L'antialexine se répartit donc sur l'alexine en présence conformément à la notion des proportions variables. Différentes toxines perdent par le temps leur toxicité sans l'interven- tion de l'antitoxine par apparition de la toxoïde au dépens de la toxine. Il est admissible encore que l'oxygène, la lumière et d'autres agents diminuent les propriétés de la toxine. von Dungern (62) penche également du côté d'EHRLiCH : i° La combinaison de la toxine diphtérique avec l'antitoxine ne se fait pas d'après le schéma de la combinaison de l'ammoniaque et de l'acide borique. 2° Les phénomènes observés dans la combinaison ne sont admissibles qu'avec la complexité de la toxine diphtérique. 3° Cette complexité s'explique le mieux par la toxone et l'épitoxi- noïde. Cette dernière est en quantité remarquable dans le bouillon. 4° La combinaison d'abord faible du poison avec l'antitoxine devient ultérieurement plus stable. Morgenroth (64), après des expériences sur le cobaye et le lapin, trouve que le cobaye injecté sous la peau supporte autant que le lapin injecté dans les veines, la dose L -f- et la dose L o sont identiques chez les deux animaux. L IMMUNITE 95 En outre, ces mêmes animaux sont 2 1/2 plus sensibles s'ils sont injectés directement dans le cœur. Il admet donc que la combinaison de la toxine avec l'antitoxine est lente à se produire : elle est plus rapide dans des solutions plus concen- trées. Le tissu conjonctif accélère également cette combinaison et lie forte- ment la toxine, d'où nécrose et chute des poils. 1/6, au minimum 1/8, de la dose mortelle suffit pour produire cet effet. Par tâtonnement, l'auteur trouve la limite des doses qui donne la nécrose, la chute des poils et la paralysie sans phénomène général. Ces réactions ne sont explicables que par la présence de la toxine. Wassermann et Bruecke (65) ont cherché à démontrer que la toxine se combine à l'antitoxine sans la détruire et que cette combinaison peut se défaire clans l'organisme. Un cobaye, injecté au préalable de suprarénine, reçoit une dose non mortelle de mélange toxine-antitoxine et meurt après 6 jours, alors que le témoin reste indemne. Cette expérience confirme l'opinion de Meyer et Ransom, que la toxine tétanique remonte le long des cylindraxes, tandis que l'antitoxine prend la voie sanguine et lymphatique. Or ici, la voie sanguine fut fermée par la su- prarénine. Donc, il faut admettre que la combinaison toxine-antitoxine peut encore se défaire dans un organisme vivant. La première preuve convaincante d'un détachement d'amboceptor déjà uni fut donnée par Morgenroth (Mtinch. med. Woch., 1903, n° 2; voir lit- térature citée par Ide). Des globules rouges chargés de beaucoup d'ambo- ceptors, lavés de tout liquide imbibant, mis en présence de globules frais, leur abandonnent suffisamment d'amboceptor pour les hémolyser tous. Sachs (66) travailla aussi la tétanolysine : i° à 0,7 cm5 de poison, il additionna 0,8 cm3 de sérum, puis encore 1.3 de poison 18 heures plus tard; 2° il mélangea directement 2.0 cm* de poison à 0.8 cm3 de sérum. Les deux portions furent ensuite allongées jusqu'à concurrence de 4 cm! avec l'eau physiologique. Après 20 minutes, l'auteur en détermina le pou- voir hémolytique. Comme résultat final, le premier contenu se montra io fois plus fort que le second. L'expérience, répétée 2.4 heures après le mélange, donna le même résultat. D'où il faut aussi conclure à la complexité du poison. La toxine serait dans ce cas une substance qui n'est plus hémolytique sous io° de température. L'auteur ne put démontrer s'il existe encore en plus de 1 epitoxinoïde. 13 g6 Paul LECONTE Romer et von Behring (67) ont étudié l'action du courant galvanique sur le poison tétanique, sur l'antitoxine correspondante, et sur le mélange toxine-antitoxine. Les courants faibles rendent les solutions de toxine plus toxiques, et les toxines produisant peu de réaction sont activées par le passage de ces courants. D'autre part, l'antitoxine perdait de son pouvoir. Ensuite, le mélange de toxine et d'antitoxine perdait sa toxicité. A tous ces phénomènes, les auteurs ne donnent pas d'explication; ils les ont simplement observés. Kraus et Joachim (68) s'occupent surtout de l'immunité passive par injection d'antitoxine. Celle-ci disparaît après certain temps dans le sang. Elle n'y produit pas d'anti-antitoxine. Ces injections, tout en immunisant d'une façon passive l'organisme, n'y provoquent aucun dommage. Zanger (69) affirme que la théorie de Ehrlich est forcée dans différents cas et que l'immunité est souvent plus facilement explicable. Les corps en litige se rapprochent par leurs propriétés plutôt des colloïdes que des acides et des bases. Swellengrebel (70) cherche aussi à simplifier la théorie de Ehrlich. Il suppose dans la molécule toxine plusieurs groupes d'haptophores, aux- quels correspond un groupe de toxophore. Il conçoit tous les hapto- phores identiques, et le receptor également. Ce receptor libéré formerait l'unité d'antitoxine. Donc, pour la neutralisation de la toxine, tous les hap- tophores sont à lier ; ainsi il faudrait plusieurs molécules d'antitoxine pour une molécule de toxine. Les solutions à haptophores libres intoxique- raient les animaux sursensibles et seraient en même temps antitoxiques et toxiques. Lôwenstein (71) a trouvé dans les filtrats de bacilles de la diphtérie comme dans ceux des streptocoques la réaction des Catalases de Lowe. La neutralisation de la toxine se ferait indépendamment de ces corps. Les fil- trats cités plus haut décomposent vivement l'eau oxygénée sans bleuir la teinture de gayac. La neutralisation des toxines par l'antitoxine se fait au- trement que par l'eau ogygénée, car celle-ci décompose la toxine. L'eau oxygénée peut remettre l'antitoxine en liberté dans une solution neutre de toxine-antitoxine. Moll (98), dans son travail sur les précipitines, croit pouvoir conclure que les receptors albuminoïdes ne sont pas liés par l'anticorps pour former les précipités. Il croit retrouver inattaquée toute la serine d'une solution sur laquelle une précipitine de cette serine a agi. Il trouve encore de la l'immunité 97 caséine dans une solution saturée d'une anticaséine. Ces analyses, dont il ne donne pas le détail, semblent trop rudimentaires et exposées à trop d'erreurs pour donner de la probabilité à son opinion si divergente, con- traire à tant de faits soigneusement observés. Jacoby (94) constate et commente le fait suivant. Il produit un sérum anticrotonique. Il constate qu'en ajoutant de très petites quantités d'antilysine à la crotine, l'effet de cette dernière paraît exagéré, au lieu d'avoir faibli. L'explication proposée selon la théorie d' Ehrlich est ingénieuse, mais elle est peut-être fragile : à côté de la toxine (crotine), il y aurait une toxoïde peu toxique, mais plus avide de l'anticorps que la toxine elle-même. Ehrlich et Madsen appellent pareille toxoïde, prototoxoïde : ainsi les premières masses d'anticorps présentées seraient captées par ces prototoxoïdes. L'affaiblissement de la toxine virulente ne se produirait donc pas : au contraire même, la toxicité de la solution obtenue serait exaspérée ; pour se l'expliquer, il suffit d'admettre que, lorsque le mélange de toxines et de toxoïdes s'attaque aux érythro- cytes, les toxoïdes se chargent d'une part des érythrocytes, sans leur faire du mal par la suite. L'immobilisation de ces toxoïdes laisse par conséquent les toxines seules maîtresses des receptors du sang. Cette hypothèse des prototoxoïdes date déjà de 1898 (Ehrlich : Deutsch. med. Wochenschrift). Disons en terminant qu'on ne saurait assez relire les innombrables faits accumulés par Ehrlich et ses élèves depuis six ans sur la question de l'union des receptors et anticorps. Les publications de 1902 sont surtout importantes pour tous ceux qui veulent juger de ces questions. Annexe. -- Mécanisme de l'hémolyse. Hans Sachs a continué ses expériences antérieures démontrant la complexité de l'hémolyse conformément à la théorie d'EHRLiCH et de Mor- genroth. A cet effet, il suit les deux méthodes de ces auteurs : par le froid, il sépare lamboceptor du complément et puis il inactive le sérum pour le réactiver ensuite par un sérum non hémolytique. I. Il observa qu'un sérum fœtal d'une espèce donnée ne con- tient en général pas l'hémolysine du sérum d'adulte. Cette propriété hémolytique fut facilement conquise par addition de sérum d'adulte inactivé. Ainsi le sérum de fœtus de vache, qui ne dissout pas le sang q8 Pau1 LECONTE de cobaye, peut être rendu actif par du sérum inactif de vache adulte : 0.5 cm3 de sérum foetal plus 1 cm3 d'une émulsion de sang de cobaye à 5 °/0 ne donna rien. L'addition de 0,3 cm3 de sérum inactif d'adulte suffit pour provoquer l'hémolyse presque complète. De même, le sérum foetal de vache ne dissout pas le sang de lapin, à moins d'être activé par le sérum d'adulte : 1.0, 0.5, 0.31 cm3 avec 1 cm3 d'émulsion de sang de lapin à 5 °/o n'ont produit l'hémolyse qu'activés par 0.5 cm5 de sérum d'adulte inactif. Ensuite, il essaie d'enlever l'amboceptor du sérum en le mettant à o° pendant 3 heures en contact avec une émulsion de sang de lapin, mais le résultat en est négatif et l'hémolyse s'obtient quand même. Aussi, par di- gestion à 370, l'amboceptor de vache est-il peu lié par l'hématie du lapin. D'où il faut admettre que l'amboceptor, en lui-même peu avide, se lie réel- lement aux hématies, mais que son avidité devient grande après sa réunion au complément. II. Le sérum de chien ne dissout pas le sang de lapin. Mais cette fois, l'auteur n'a pas de sérum de fœtus à sa disposition, seulement le sérum de chien a des compléments en excès. Ainsi, des composants non actifs deviennent actifs par addition de quantités non actives par elles-mêmes : 0.075 cm5 de sérum actif de chien donne avec 0.35 cm3 de sérum inactif une hémolyse complète. III. L'action de solutions salines concentrées fait obstacle à l'hé- molyse. Deux séries de tubes contiennent chacune 0.5 cm3 d'émulsion de sang de cobaye 20 °/0) 0.2 cm3 de solution saline (NaCl 9 °/o) et une certaine quantité de sérum actif de chien; au tout, on additionne encore du 0.85 °/0 NaCl. Après 2 heures à 37°, aucune hémolyse ne se fait. Le filtrat addi- tionné ensuite d'une goutte de sang de cobaye est dilué avec 1.3 cm3 d'eau. La série A reçoit enfin de la solution saline à 85 °/0; la série B, 0,2 de sérum inactif de chien. En présence de solution saline, il fallut 0,3 cm5 de sérum actif de chien pour déterminer une certaine hémolyse; avec du sérum inactif de chien, 0,075 cm3 suffirent pour donner une trace d'hémolyse. L'auteur conclut que l'hémolyse, soit normale soit artificielle, se fait conformément aux hypothèses d'EHRLiCH et de Morgenroth. Quinan (99), chercheur californien, étudie l'hémolyse, qu'il nomme éry- l'immunité 99 throlyse. Il isole l'euglobuline, la pseudoglobuline et l'albumine d'un sérum hémolytique et constate qu'aucune de ces substances isolées ne produit à elle seule l'hémolyse. Remarquons que l'auteur semble oublier constam- ment que pour obtenir une hémolyse, il faut des alexines, et que celles-ci ne résistent pas aux manipulations analytiques des albuminoïdes ni même à la dialyse. Les multiples constatations, déjà anciennes, à ce sujet ne sont donc pas infirmées par ce travail dissident, et les conclusions que l'auteur applique aux anticorps spécifiques pourraient tout au plus s'appliquer aux alexines; et en ce cas, elles n'ont plus rien de neuf pour les Européens. Quant aux anticorps spécifiques les plus variés, malgré Quinan, ils se sont constamment trouvés parmi les précipités de pseudoglobulines ou d'euglo- bulines [Dieudonné, Lemaire et Ide, Wolf, Leblanc, Pick et Spiro, Rodhain (90)]. Dans l'étude de l'immunité naturelle, Kraus et Lippschûtz (85) ont trouvé chez le cheval et la chèvre une antihémolysine normale, qui met les hématies à l'abri de la dissolution comme ferait le sérum d'animaux immunisés. Cette antihémolysine normale a cependant des limites plus restreintes que l'antihémolysine obtenue par immunité artificielle. Chapitre IV. Action élective des précipitines et des anticorps en général. L'action si élective des anticorps pour les microbes, les cellules ou les albuminoïdes injectés, est encore l'objet de divergences d'opinion, d'ordre plutôt théorique. Cette électivité se constate le plus clairement dans les précipitines qui se forment après l'injection des protéïdes isolés du sérum. Leblanc, en faisant des antisérines qui ne précipitaient pas les globulines et récipro- quement des antipseudoglobulines qui ne touchaient ni aux euglobulines ni aux serines, mit en avant la théorie de la formation d'un anticorps pour chaque substance albuminoïde. Le Prof. Ide (77), qui fit la précédente revue des travaux, a traité au long l'historique de cette question spé- ciale. Nous résumons en quelques lignes l'état de cette question pour donner ensuite les travaux récents. lOO Paul LECONTB D'abord, il faut mettre à part la question de la spécificité des précipi- tines telle que les médecins légistes l'appliquent depuis les travaux de vul- garisation de Wassermann et Uhlenhuth. L'antisérum-cheval précipite fort le sérum-cheval et aussi un peu les sérum-vache, sérum-homme, etc., de sorte qu'il n'est pas question d'une action élective sur l'espèce animal, d'une Art-reaction. Les antisérums intenses permettent d'en faire un con- trôle évident. Le livre de Nuttall (36) réunit d'innombrables observations à ce sujet. Il est donc très probable qu'il existe dans les espèces animales diffé- rentes substances communes, ou seulement des substances qui ont dans leur structure moléculaire des portions communes, des receptors communs, dirait Ehrlich, pour réserver toutes les possibilités. Aussi les antisérums qui ne sont pas spécifiques peuvent être rendus rigoureusement spécifiques par absorption élective. Un anti-sérum de cheval, qui troublait faiblement du sérum de vache, peut satisfaire son affinité pour le sérum de vache et précipiter encore le sérum de cheval. Il est vrai que l'addition de sérum de vache à cet antisérum peut avoir introduit un dissolvant des précipitats de vache, ou quelque autre agent troublant, non soupçonné. Néanmoins, l'explication la plus pro- bable est celle de l'absorption élective d'un receptor commun. La même hypothèse basée sur les mêmes faits a été d'ailleurs émise pour les anti- corps s'attaquant à des cellules diverses d'un même animal obtenus par l'injection d'une seule espèce de ces cellules. Pour les précipitines d'albuminoïdes divers d'un même sérum, la ques- tion est plus difficile à résoudre et plus importante au point de vue général. Si l'action n'est pas rigoureusement élective pour ces anticorps, nous sommes obligé d'admettre que la précipitine n'est pas chimiquement ou moléculairement élective : nous serions obligé d'admettre par exemple que l'antisérine peut encore s'accrocher à l'un ou l'autre des crochets hapto- phores de la pseudoglobuline. Mais il se présente ici des difficultés de technique qui mettent en doute la valeur de beaucoup d'observations. Les méthodes de séparation des divers protéïdes d'un même sérum sont pleines de difficultés : et on ne peut conclure de résultats négatifs concernant l'électivité, si on ne s'est pas imposé les contrôles les plus rigoureux. C'est pour tourner cette difficulté que M. Ide a fait exécuter à son la- boratoire des expériences d'absorption élective sur les antisérines et anti- l'immunité mi globulincs (77). Ces expériences devant être exposées dans le travail de M. Nachtergael qui suit le nôtre dans cette même revue, nous nous abstenons d'en parler plus longuement. Depuis la fin de 1902, quelques travaux ont encore paru sur cette question. Moi-L (98) fait des precipitines d'albuminoïdes du sérum et ne constate aucune spécificité rigoureuse; mais il ne nous donne ni détail ni contrôle de ses expériences. La question est trop difficile pour être approchée de sa solution par des observations aussi simples. Sacconaghi (78) laissa digérer du sérum de cheval à la pepsine et à la trypsine. Les solutions résultant de cette digestion furent ensuite injectées pendant longtemps à des lapins. Ces animaux donnaient des sé- rums précipitant chaque solution employée à l'immunisation. Cette préci- pitation ne fut en aucune façon diminuée après une digestion préalable du sérum pendant une demi-heure à 560 et 6o° C. Il serait très erroné d'en conclure que l'injection de peptones donne des anticorps. Les digestions trypsiniques sont toujours incomplètes, et les digestions pepsiniques de sérums complets sont très suspectes du même dé- faut. Voir à ce point de vue la littérature de M. Ide (77). Paltauf(Si), dans un article sur la précipitation et l'agglutination, fait le parallèle de ces deux réactions, en rapprochant diverses obser- vations antérieures. Ainsi Krauss reconnaît des relations entre l'agglu- tinine et la précipitine. Winterberg avance que l'injection des filtrats de cultures produisent l'agglutinine et la précipitine. Koch croit que les substances qui se précipitent et s'agglutinent sont des substances sem- blables. Kraus et von Pirquet trouvent que, en diluant le sérum anti- typhique par addition de filtrat de culture, le pouvoir précipitant diminue plus vite que le pouvoir agglutinant, donc qu'il faut moins de substance agglutinante que de substance précipitante pour fournir les réactions respectives. D'après Radjewski et Beljaeff, après avoir épuisé du sérum immunisé le pouvoir précipitant, le pouvoir agglutinant reste encore in- demne, ce que Wassermann confirme. Pick a chauffé à 6o° du sérum antityphique et reconnaît que celui-ci ne précipite plus, tout en conti- nuant à agglutiner. L'auteur, qui est très autorisé dans ces questions, croit qu'il existe des haptophores communs avec des groupes actifs différents, la précipitation et l'agglutination seraient des phénomènes partiels. 102 Paul LECONTE Nous estimons ces faits de microbiologie très peu aptes à élucider ces questions. Si l'on arrive à prouver l'existence d'haptophores com- muns, ce sera sans doute dans les divers protéïdes d'un même sérum ; or, il est permis de douter de leur existence dans ce cas. Les expériences de Nachtergael sur l'existence de plusieurs serines et antisérines pour un même sérum apportent un grand argument pour l'électivité moléculaire des précipitines : nous renvoyons pour le détail au mémoire suivant. Chapitre V. Multiplicité des alexines. Les alexines sont aussi nommées couramment compléments par l'école d'EHRLicH, ou cytases par l'école de Metchnikoff, sans compter de mul- tiples dénominations isolées qui ne se sont pas vulgarisées. Leur étude est très difficile, parce que leur nature reste énigmatique. Leur appliquer une définition rigoureuse est impossible, et toute tentative prématurée dans ce sens ne ferait que soulever d'inutiles discussions. Appelons alexines tous ces agents fragiles, qui détruisent les cellules ou microbes préparés par l'action des Immunkôrper. Ne refusons pas le nom d'alexine à l'un ou l'autre de ces agents mystérieux parce qu'il présente une variation dans un caractère quelconque qu'on a cru constant jusqu'ici : tout ce domaine est trop obscur. Depuis quatre ans, la multiplicité et la variété des alexines, réunies parfois dans un seul sérum, deviennent de plus en plus évidentes. Mais il faut d'abord mettre à part un groupe de substances, qui se laissent bien extraire des cellules et provoquent la dissolution des hématies, mais dont les propriétés physiques ne permettent pas de les classer dans la catégorie des alexines. Ce sont ces compléments thermostables, résistant à des chaleurs de 1200 au moins, qui ont surgi dans la littérature en l'année 1902, grâce aux recherches de Korschun et Morgenroth, Donath, Land- steiner, Dômeny, Kyes et Sachs. Ces lysines se sont montrées solubles dans l'alcool, l'éther et le chloroforme et semblent appartenir pour la plupart au groupe chimique des acides gras, les savons et les lécithines. Le l'immunité 103 travail de Kyes et Sachs (1903, Berl. kl. Woch., nos 2-4) est à lire concer- nant cette question. Levaditi (5) démontre que ces fausses alexines apparaissent surtout par Tautolyse des tissus riches en cellules, les ganglions, la rate, etc. Le suc extrait à frais des ganglions ne possède qu'un faible pouvoir cytolytique dû à des alexines vraies. Mais en abandonnant ce suc, pendant quelques heures, à l'action de ses propres ferments protéolytiques (le terme rdiastase- est mal choisi ici), il s'y développe des agents hémolysants nouveaux très puissants, mais qui ne sont pas des alexines : car la chaleur ne les détruit pas et leurs caractères physiques les rapprochent des savons et des lécithines. Quant au ferment protéolytique qui opère l'autolyse des tissus et met ces fausses alexines en liberté, il est thermolabile et pourtant on ne peut le confondre avec les alexines d'après une expérience de Levaditi, p. 204, 1. c. Ces faits nous montrent à quelle complexité de phénomènes on se heurte en faisant des extraits d'organes à basse température : la chimie physiologique a connu de nombreuses surprises analogues. De petites quantités de vraies alexines contenues dans un suc frais d'organes ne peuvent donc être révélées avec sûreté que grâce à de multi- ples précautions. Combien dé travaux anciens sur la présence d'alexines en divers milieux deviennent suspects du chef de ces circonstances trompeuses. Pour les vraies alexines elles-mêmes, des constatations de plus en plus fréquentes montrent qu'elles peuvent être multiples dans un même milieu. Le même mémoire de Levaditi (5) nous fait distinguer celle qui s'at- taque aux globules rouges (cytase hémolytique) et celle qui s'attaque aux bactéries (cytase bactériolytique). Rappelons les compléments résistant aux températures de 60° décou- verts par hasard chez des chèvres normales par Ehrlich et Morgenroth, en 1900. Et déjà en 1902, Tarassevitch (') eut l'occasion de reproduire toute une série de cas où la présence de plusieurs alexines avait été con- statée. Une certitude absolue ne ressort pas de chaque expérience, car dans un sujet aussi difficile, il reste toujours des doutes. Cette année même apporte par les travaux de deux de nos compa- (') Annales de l'Institut Pasteuk, 1902, p. i3o. 14 104 Paul LECONTE triotes un élément de trouble inattendu. Pirenne (15) et Remy (7 et 8) étudient tous deux le pouvoir bactéricide pour le charbon dans le sérum normal de rat. Abstraction faite des divergences qui séparent nos confrères dans l'interprétation de leurs résultats, les faits qu'ils présentent sont très intéressants et il en résulte à l'évidence que la bactérie du charbon et les bactéries apparentées subissent l'action d'une alexine exceptionnelle. En effet, elle ne se détruit qu'à la température de 64°, elle se conserve long- temps, même à la lumière solaire; elle filtre beaucoup plus facilement que les alexines ordinaires. Si pourtant il s'agit d'une vraie alexine, comme les expériences de Remy le démontrent assez bien, nous devrions con- clure des multiples expériences de Pirenne et de Remy qu'il existe deux alexines dans le sérum de rat, la première hémolytique et vibrionicide, et la seconde bactéridicide : cette seconde serait tellement méconnaissable qu'au laboratoire de Liège on doute de sa nature alexique. Si maintenant il fallait entrevoir, d'après Metchnikoff et ses élèves, que la première des deux alexines de ce sérum se laissera subdiviser en une macrocytase attaquant les hématies et les cellules, et une microcytase atta- quant les microbes, cela permettrait déjà de distinguer trois alexines plus ou moins électives dans le même sérum. Ainsi, les écoles franco-belges arri- veraient spontanément à cette conception des alexines multiples et partiel- lement électives, telle que Ehrlich et ses collaborateurs l'ont conçue en l'appuyant de faits assez probants (voir Berl. kl. Woch., 1902, nos 14, 15, 21, 27 et 35). Il existe donc certainement dans la nature une grande variété des sub- stances qu'on désigne comme alexines. Même il a été possible de confondre avec elles des corps qui se sont révélés ultérieurement comme savons ou lécithines. Quelle réserve extrême il faudra donc avant de pouvoir affirmer qu'un liquide ou un genre de cellules ne possède pas d'alexines ou en possède. A fortiori, combien il faudra de précautions pour reconnaître l'origine de ces corps. Chapitre VI. Lieu de formation des alexines. Il était naturel de se demander dès le début quels organes ou cellules fabriquent ces substances, et Metchnikoff a jeté les premiers soupçons sur L IMMUNITE 105 les globules blancs du sang, dont il avait découvert tant de propriétés re- marquables. Nous ne rappellerons pas les discussions anciennes sur ce sujet; une critique historique assez détaillée en a été faite par Falloise (6). Il est admis maintenant, même par Metchnikoff, que les globules blancs vivants ne sécrètent pas l'alexine; ce n'est qu'altérés ou désagrégés qu'ils libéreraient l'alexine : donc, le plasma riche en globules polynu- cléaires vivants ne contient pas plus de microcytase que le plasma pauvre : beaucoup d'expériences anciennes et certaines observations récentes en font encore foi (9). Il est admis que les globules mononucléaires ne fournissent pas de microcytase ni pendant leur vie ni après leur destruction. Parmi les produits d'extraction des leucocytes polynucléaires, il y a de l'alexine; il en est de même de l'extrait des organes qui sont considérés comme les foyers de formation de ces leucocytes : les ganglions et la rate. Toutefois, la quantité d'alexine contenue dans ces organes est très petite proportionnellement à celle qu'on trouve dans le sérum. Il faut faire des extraits concentrés pour obtenir de l'effet, alors que le sérum de beaucoup d'animaux se montre très riche en alexines. Le pouvoir bactéricide s'étudie depuis bientôt quinze ans; il pré- occupait les bactériologistes avant la découverte des antitoxines, alexines, etc.; on ne tarda pas à établir ce paradoxe que des animaux dont le sérum était très bactéricide s'infectaient facilement quand on leur injectait les mi- crobes dans le sang. Il fallait bien reconnaître que le sang inaltéré ne devait pas jouer le même rôle que le sérum in vitro, si non tous les microbes infectés auraient dû subir l'action bactéricide. Dès lors, il était légitime d'établir que le pouvoir bactéricide se développe pendant la coagulation du sang, et Metchnikoff, faisant un pas de plus, ne considéra ici comme fac- teur important dans la coagulation que la destruction des leucocytes. Les recherches plus récentes ayant désigné des rôles distincts à l'am- boceptor et à l'alexine dans le mécanisme du pouvoir bactéricide, l'influence de la coagulation ne fut pas longtemps admise pour l'amboceptor du sérum. Il ne s'agit donc plus que de répondre à la question : l'alexine préexiste-t- elle dans le plasma? Mais remarquons bien qu'il y a là deux pas à faire pour la théorie de Metchnikoff : i° prouver que la coagulation met les alexines en liberté, 20 prouver que c'est l'altération des leucocytes qui est le facteur important dans la coagulation. io6 Paul LECONTE Le plasma contient-il des alexines? Notre compatriote Falloise a exposé en 1903 (6) un historique étendu de cette question et relate les nombreux faits pour et contre la théorie. Et depuis lors, les contradictions, apparentes du moins, n'en continuent pas moins à surgir entre les expérimentateurs. Il nous semble qu'il faut placer en première ligne ce même travail de Falloise, d'autant plus que cet auteur reconnaît avoir commencé ses recherches avec le vif espoir de confirmer la théorie de Metchnikoff et il n'a rencontré que des faits contraires à cette théorie. Falloise étudie la présence de l'alexine hémolytique de sangs nor- maux (chien, lapin, bœuf, mouton, porc, coq). Il prépare le plasma par toutes les méthodes connues (propeptone, extrait de sangsue, oxalates, fluo- rures, vase paraffiné, veine isolée), et il trouve des alexines dans les divers plasmas, où elles sont aussi abondantes que dans les sérums correspon- dants. De plus, il montre que plusieurs des objections formulées contre ces méthodes par Metchnikoff ne se confirment pas, pour autant que l'expéri- mentation puisse les atteindre. Ce travail de Falloise nous paraît très im- portant, car pour cette question les résultats positifs sont plus significatifs que les résultats négatifs. Ces observations sont confirmées par les travaux suivants qui ont aussi rapport à l'alexine ou complément hémolytique. Sachs (38), en dosant les compléments après l'injection de sang étran- ger au lapin, constate que, vers le 3e ou 4e jour, la teneur en compléments baisse notablement : or, c'est le moment de la disparition des globules étrangers. L'auteur considère comme très probable que les compléments sont employés pour cette disparition : il faut donc qu'ils préexistent dans le plasma. L'objection de Levaditi (Ann. de l'Institut Pasteur, 1901) que l'injection de substances étrangères détruit les globules blancs ne semble pas acceptable ici, puisque cette diminution des compléments ne survient que plusieurs jours après l'injection. Simnitzky (9) se demande aussi si le complément circule librement dans le plasma sanguin vivant. Voici comment il a expérimenté. Des cor- puscules sanguins de bœuf sont décantés et lavés à l'eau physiologique, puis injectés à un lapin. L'animal est ensuite examiné sous le rapport de la quantité de complément du sérum, comme du nombre de leucocytes. Le sérum de lapin normal ne dissout pas le sang de bœuf, parce que le complément normal de ce sérum ne se fixe pas aux hématies de bœuf. Il y l'immunité 107 existe cependant des variations individuelles, des exceptions. Cette injec- tion de sang de bœuf change le nombre des leucocytes ; reste à voir si elle influence le complément en quantité. Les 8 lapins, pesant entre 1735 grs et 7.450 grs et injectés de globules sanguins provenant de 1 7 cm"' à 28 cm5 de sang, sont examinés après 20 mi- nutes et fréquemment pendant 24 heures; ils donnent tous un résultat semblable : le nombre de leucocytes diminue et la quantité de complément reste immuable. Ce résultat est confirmé par les expériences de Bellei (10). Il injecte d'abord à un lapin des corpuscules sanguins de cobaye pour obtenir du sérum anticobaye. Celui-ci est introduit dans la cavité péritonéale de trois cobayes aux doses respectives de 5, 2 et 1 cm5 après avoir été rendu inactif par une température de 560 pendant une demi-heure. Dans les trois cas, le plasma et le sérum furent rougis; dans les deux premiers, le sérum fut plus riche en hémoglobine que le plasma. Dans deux autres expériences, avec des quantités d'antisérum moin- dres, de 0,2 à 0,00156 cm5, in vitro en présence du sang de cobaye à 1/10, l'hémolyse y fut complète après une demi-heure. Dans trois nouvelles expériences identiques, l'auteur mesura l'hémo- globine dissoute à l'hémoglobinomètre. Neuf dernières expériences faites dans le même sens que les trois pre- mières par injection intrapéritonéale donnèrent toujours le même résultat, c'est-à-dire hémolyse tout aussi prononcée dans le sérum que dans le plas- ma, toujours accompagnée d'hémoglobinurie. Somme toute, le plasma se montra hémoly tique à peu près au même degré que le sérum. D'où l'auteur conclut que l'alexine circule déjà dans le sang avant la mort du leucocyte. Lowit et Schwarz (53) n'ont rencontré aucun plasma exempt de fer- ment. Ainsi la question de l'existence d'un pouvoir bactéricide du sang normal reste pendante pour ces auteurs. Enfin ils concluent à l'insuffi- sance des méthodes actuelles. Herman (1) trouve en faveur de la thèse contraire différentes observa- tions, mais il étudie l'alexine bactéricide du charbon que nous savons être toute spéciale. Le plasma sanguin est obtenu dans le vaisseau même chez le cheval par la pesanteur, chez le lapin, le cobaye et le rat par centrifu- gation. L'auteur examine d'abord le pouvoir bactéricide du sérum normal de rat blanc en présence de bacilles de l'anthrax et trouve que ces bacilles, 108 Paul LECONTE après l'action du plasma additionné de sérum, produisent sur gélose des filaments plus pâles et moins réfringents qu'après l'action du plasma addi- tionné de solution physiologique. Seconde expérience : le mélange de plasma de poule et d'une émulsion d'hématies de lapin d'une part, d'autre part le mélange de sérum de poule et des globules rouges de lapin démontrent simplement un pouvoir aggluti- nant pour le plasma, alors que le sérum est en même temps hémolytique (l'agglutination exerce son pouvoir sans alexine, l'hémolyse ne peut se faire sans elle). L'auteur a encore immunisé des lapins contre le bacille typhique et le bacille de Sirault. Ici, dans les deux cas, le sérum et le plasma se sont montrés également agglutinants. Un cobaye immunisé avec le vibrion cho- lériforme donna un sérum agglutinant, plus ou moins bactériolytique, tan- dis que le plasma n'altère pas le vibrion. Enfin, le plasma d'un cobaye rendu fortement hémolytique pour le lapin, dissolvait moins rapidement les globules rouges que le sérum cor- respondant. Kisskalt(86) avance que le pouvoir protecteur de l'organisme est situé dans les leucocytes grâce à la phagocytose; que l'immunité naturelle n'est pas préformée dans le sérum. La virulence du microbe serait due à la résistance des leucocytes. Il s'agit précisément de savoir si la phagocytose n'est pas due à une action antérieure des plasmas. Chapitre VII. Lieu de formation des anticorps. Nous comprenons comme anticorps tous les Immunkôrper des Alle- mands, aussi bien les agglutinines et les sensibilisatrices que les précipitines et les antitoxines. Tous ces corps se rapprochent des substances albumi- noïdes, spécialement des globulines du sérum, avec lesquelles ils ont beau- coup de qualités communes : tous ces corps ont une action très élective, si non rigoureusement spécifique. Jusqu'ici, rien ne nous autorise à admettre une origine différente pour chaque groupe d'anticorps; il est vrai que rien ne s'oppose non plus à cette conception. D'autre part, il est déjà très probable qu'il n'y a rien de commun entre les tissus producteurs d'anticorps et les producteurs d'alexines. L IMMUNITÉ 109 Il est reconnu que même l'extrait de globules blancs circulant dans le plasma ne livre pas les anticorps. En effet, l'extrait aqueux des leucocytes libres du sang ne fournit aucun corps intermédiaire, Immunkdrper, sensi- bilisatrice, agglutinine ou antitoxine. Ensuite, le plasma se montre indubitablement chargé d'anticorps dès avant toute coagulation. Il y a des auteurs récents qui mettent encore ce fait en discussion ; ces auteurs sont sans doute induits en erreur par les dis- cussions qui s'élèvent encore sur l'origine des alexines. Pour la production des anticorps, les soupçons se portent sur les organes leucopoïétiques : moelle osseuse, rate, ganglions; malheureusement, les résultats catégoriques se font attendre tout comme pour les alexines. Parcourons les faits nouveaux. Levaditi (5) compare l'apparition d'immobilisines dans le sang et dans les extraits d'organes du lapin après l'injection de spirilles. Ces spirilles injec- tés vivants pénètrent dans le sang et, par conséquent, dans tous les organes. L'Immunkorper apparaît dans la rate, les ganglions lymphatiques, l'épi- ploon et la moelle osseuse vers le 5e jour après l'injection, en même temps que dans le sérum : à ce moment, l'extrait d'autres organes-témoins est inactif. Toutes les précautions semblent prises pour être à l'abri de fortes illusions. Dans une seule observation, la moelle osseuse parait active au 4e jour, alors que le sérum est encore inactif. L'auteur considère cette obser- vation comme précieuse pour sa thèse; pour les lecteurs, elle aura la valeur de toutes les observations isolées. L'auteur rappelle dans son mémoire les travaux de Pfeiffer et Marx, de Wassermann et de Deutsch, qui ont constaté des faits parallèles pour d'autres anticorps. Il discute à la fin l'origine leucocytaire des anti- corps, tout en reconnaissant à son tour que les leucocytes circulant dans le sang ne contiennent pas d'amboceptors. La note académique de Kraus et Levaditi (14) est trop peu documen- tée pour nous prouver que les précipitines (après injection intrapéritonéale) apparaissent dans les extraits d'épiploon avant d'apparaître dans le sérum sanguin. Figari (2 et 3) pense que l'antitoxine et l'agglutinine ne circulent pas librement dans le sang. Dans la tuberculose, ces substances se trouvent en petite quantité dans le plasma, mais en masses plus considérables dans les parties figurées du sang. Antérieurement, le même auteur a déjà relaté que, d'après Maragliano, UO Paul LECONTE comme d'après Arloing et Courmont, le sérum de cheval et de vache im- munisés est beaucoup plus agglutinant si on lui ajoute de l'extrait de cor- puscules blancs. Donc encore une fois, le pouvoir agglutinant trouverait son origine dans les éléments figurés. Donath et Landsteiner (4) n'affirment pas catégoriquement où les substances actives du sérum surgissent, mais avancent seulement l'hypo- thèse probable que ces substances viendraient de l'appareil lymphatique. Dans ce sujet, il se manifeste encore beaucoup d'opinions tendan- cieuses. Nous n'avons aucun intérêt à noter ces préférences théoriques, plus nuisibles qu'utiles à la recherche de la vérité. De fait, on ne trouve guère d'organes méritant sans restriction le titre de producteurs d'anticorps ni par la précocité spéciale de leur provision d'anticorps, ni par leur richesse en anticorps. Si on voulait renverser le raisonnement de beaucoup d'ob- servateurs, on prouverait aussi bien que la source des anticorps se trouve dans le plasma même. Certains organes leucopoïétiques contiennent des anticorps au mo- ment ou d'autres, comme le foie, les reins, les poumons, n'en contiennent pas encore; mais c'est tantôt l'un, tantôt l'autre qui mérite les plus sérieux soupçons d'après l'animal en expérience. Rappelons que de plus, dans les cas où la rate paraissait devoir se mettre au premier rang, l'enlèvement préalable de la rate ne semblait guère retarder l'apparition des anticorps : l'enlèvement de la rate chez un animal déjà vacciné diminuait la richesse en anticorps, mais l'opération elle-même avec ses conséquences opératoires pourrait bien être incriminée dans le trouble survenu. Enfin, si on compare le sérum et l'extrait des organes leucopoïétiques, le sérum reste au tout premier rang, tant pour la précocité de l'apparition des anticorps que pour la richesse de sa provision à n'importe quel moment. Les réserves exprimées par Deutsch en 1899 pour les agglutinines (Ann. de l'Institut Pasteur, p. 720) nous semblent toujours applicables. Chapitre VIII. Influences secondaires. Nuttall (36) a élaboré une méthode pour mesurer exactement le vo- lume des précipités formés par les précipitines. Le dépôt formé après 24 heures est aspiré dans des tubes de calibre connu et la hauteur de la L IMMUNITE 1 i I colonne aspirée est mesurée soigneusement. Que cette appréciation vaille mieux que celle de la hauteur du dépôt dans un tube quelconque, nous le voulons bien; mais il y a tant de facteurs secondaires qui modifient l'ac- tion des précipitines, qu'il ne saurait être question de mesurer ainsi la force réelle d'une précipitine. On connaît déjà de multiples influences adjuvantes ou inhibantes qui s'exercent sur les agglutinines et les précipitines. L'interprétation des phé- nomènes est toujours très difficile : tantôt il ne semble être question que de conditions physiques (présence de NaCl), tantôt il faut soupçonner des fac- teurs plus intimes, agglutinoïdes et précipitinoïdes. Michaelis (92) met en évidence une série de facteurs qui empêchent l'action des précipitines; la plupart des faits signalés ne sont que la con- firmation plus précise d'observations antérieures : i° toute espèce de solu- tions albumineuses, à haute dose d'environ 10 : 1, empêche la formation des précipités; 2° l'excès de précipitable exerce la même action à des doses bien moindres, mais d'une manière spécifique; 3° la précipitine chauffée vers 68 à 700 est fort retardée et affaiblie dans son action, mais l'auteur retire à ce propos son hypothèse émise en 1902, en vertu de laquelle la précipitine serait composée d'un amboceptor et d'un complément; 40 la précipitine chauffée à 720 empêche l'action de la précipitine fraîche grâce à la formation probable d'une précipitinoïde. Tous ces points sont illustrés par des expériences comparées en série, très claires et convaincantes. L'au- teur cite les auteurs allemands qui ont déjà traité ces mêmes questions. Oppenheimer (Q5) mesure chez des lapins l'élimination d'albumine par les urines après l'injection de blanc d'œuf, de sérum de cheval ou de bœuf. Il constate que le blanc d'œuf injecté provoque une albuminurie, mais l'al- bumine urinaire ne représente dans une série d'expériences qu'une propor- tion variant de o à 64 /„ de l'albumine injectée. Il ne vérifie pas si cette albumine urinaire est une partie de l'albumine injectée. L'auteur conclut que l'albumine injectée est en partie retenue et utilisée par l'organisme. Il ne voit que peu de relation entre l'immunité acquise et l'albuminurie (contra Hamburger). Enfin, il estime que l'injection d'albumines étran- gères ne doit pas provoquer d'aussi graves néphrites que le pensent Le- moine et Linossier. Remarquons toutefois que le sérum de cheval est le moins toxique des sérums : le blanc d'œuf est aussi très peu toxique. L'unique injection du sérum très toxique de bœuf à la haute dose de 30 ce. pour un lapin IV 15 ! ! 2 Paul LECONTE dont le poids n'est pas indiqué, ne donne pas d'albuminurie; cela méri- terait contrôle. Oppenheimer (96) croit devoir démontrer encore que l'absence d'action de la trypsine sur les anticorps n'est qu'une illusion due à la difficulté de détruire complètement les albuminoïdes par la trypsine. Cette question a été résolue dans ce sens par Leblanc en 1901 (La Cellule), alors que toute une bibliographie sur cette question spéciale avait déjà surgi antérieure- ment. Depuis lors, cette question a encore été reprise plusieurs fois. Un autre travail d'OppENHEiMER et Aron (97) étudie in extenso la ré- sistance du sérum à la trypsine : il est heureux que ce fait soit de plus en plus mis en relief, il semble trop peu connu des expérimentateurs de l'im- munité. MEKKEL(7v)eut l'occasion de constater l'hérédité du pouvoir précipitant des sérums. Voici son observation plus détaillée : Un lapin mâle et une femelle, tous deux immunisés contre le sang humain, eurent cinq jeunes. Deux de ceux-ci furent sacrifiés avant qu'ils n'eurent pris le lait maternel. Leurs sérums donnaient avec le sérum humain un précipité net, quoique moins abondant que celui provoqué par le sérum de la mère. Malheureu- sement, les trois jeunes restants sont morts trop tôt pour voir si ce pouvoir précipitant se serait maintenu comme tel ou conservé par la lactation. La transmissibilité des anticorps de la femelle à son fœtus fut prouvée par Ehrlich il y a 10 ans, au moyen de l'antiricine. Kreidl et Mandl (48) ont constaté que l'hémolysine d'immunisation peut se reporter du fœtus à la mère, alors que le sang de celle-ci ne contient pas d'hémolysine. Ainsi chez des chèvres, ils ont injecté du sang de vache à un ou plusieurs fœtus. La présence d'hémolysine dans le sérum maternel fut constatée, même dans une observation prolongée. Aussi dans les premiers stades comme dans les derniers stades de la vie intrautérine, l'organisme peut-il produire l'hémolysine. Czeczowiczka (49) mit en expérience 80 animaux et trouva que l'hémo- lysine comme la cytotoxine produit la dégénérescence graisseuse ordinaire de l'appareil lymphatique et non pas une dégénérescence spéciale. Muller (35) étudie l'influence de la nutrition sur la production des anti- corps. Pour certaines espèces de microbes, le pouvoir agglutinant diminue pendant l'état de jeune de l'animal (pigeon), alors que pour d'autres genres de microorganismes ce pouvoir s'accentue. Il est également à remarquer que la résistance de l'animal ne va pas parallèlement avec le pouvoir ag- glutinant de son sérum. l'immunité 1 13 Le changement d'alimentation comme l'absorption d'alcool produi- sirent une sensibilité plus grande pour différentes bactéries. Donc, la production d'anticorps a certains rapports avec la nutrition et l'alimentation. Nagelschmidt (80) démontre l'existence d'une précipitine latente dans le sang humain défibriné. Chez trois des quatre lapins immunisés contre le sang humain, le sérum précipitait avec l'hémoglobine humaine, le qua- trième ne donnait pas cette réaction : seulement, on put le réactiver par addition de sang défibriné humain. Ensuite, sept sérums différents restaient inactifs sur douze en présence d'une solution de sang défibriné, alors que tous sans exception précipitaient une solution de corpuscules sanguins. D'où il faut conclure qu'il existe une iso- ou autoprécipitine latente. Simnitzky(q) s'occupe du dosage des compléments dans le sérum d'ani- maux. Il rechercha d'abord la quantité de complément contenue dans le sérum de lapin. 56 lapins furent observés sous ce rapport, parmi lesquels 10 étaient dans des conditions parfaitement identiques (même nourriture, examen à la même heure). 1/20 de cm5 de sérum additionné à 1/2 ctrf' d'émulsion de globules rouges de bœuf dans la solution physiologique est nécessaire dans 30 cas pour obtenir une hémolyse complète. Dans les 26 autres cas, il fallut 1/30 cm3. Avec 1/40 cm3, l'hémolyse fut faite chez 27, ébauchée chez 5. Pas d'hémolyse du tout à 1/50 chez 26 lapins et à 1/60 chez 30 derniers. Ce qui confirme l'idée de von Dungern qu'on trouve un complément dans tout sérum normal de lapin, tout en y admettant des variations in- dividuelles. Chez deux lapins ayant des abcès, le complément fut trouvé en moindre quantité, comme le dit également Metalnikoff. Ensuite, le complément agit dans des atmosphères artificielles (l'oxy- gène fut raréfié, ou enrichi de C02, H ou CO) d'une façon toujours identique. Il nous arrive assez brusquement de divers côtés un peu de lumière sur cette énigmatique question de la réaction spécifique des toxines, telle que la tuberculine de Koch nous la montre depuis 14 ans. Les expériences et explications de v. Pirquet (83) sont les plus signi- ficatives à ce point de vue. Il observe d'abord des enfants injectés à diffé- 16 1 1 4 Paul LECONTE rentes reprises de sérum en quantité notable; puis il fait systématiquement des injections de sérum au lapin. Et il constate que les phénomènes réac- tionnels du sérum (fièvre, douleurs, éruption cutanée) paraissent après une période d'incubation de plus en plus courte et que la réaction devient de plus en plus locale. La réaction se produit au moment même où le sérum injecté disparaît de la circulation. Or, l'animal immunisé, conte- nant des précipitines, immobilise et transforme très tôt la masse étrangère; l'animal non immunisé commence peu à peu à faire des précipitines après la première injection, l'albumine étrangère est à peine entamée au début; puis au moment où les précipitines deviennent abondantes, la transforma- tion des albumines injectées devient rapide et la réaction éclate. Ces vues sont en concordance avec divers faits. Behring (84) étudie depuis quelque temps la Ueberempfindligkeit, la sensibilité exagérée aux tuberculines qui survient au cours des injections de Koch; il attribue aussi à la présence d'anticorps la sensibilité spéciale aux tuberculines. Sachs (38), étudiant le sort de sérums injectés à des animaux, constate aussi qu'ils traînent trois à quatre jours dans l'organisme presque sans diminuer en quantité, puis ils disparaissent en 24 heures. Il se peut bien que l'on soit sur la bonne voie pour l'interprétation de ce phénomène resté très obscur jusqu'ici. Annexe. — Toxines et lysines simples. Jacoby (94) étudie la crotine ou extrait des graines de croton, et il montre que ce poison produit une hémolyse, qui ne semble pas l'effet d'un amboceptor et d'un complément, mais d'un -agent unique, comme cela semble être le cas pour les lysines ou toxines extraites des microbes (diphtérie, tétanos, staphylocoques). Le poison chauffé à 6o° a perdu son effet, et il est impossible de le réactiver par des sérums d'animaux. Volk et Lippschutz (40) ont surtout étudié la bactériohémolysine. i° Le bicarbonate de soude à 1/10 produit l'hémolyse. Une solution de sang additionnée de plus ou moins de chlorure de sodium se trouble. Le même résultat s'obtient avec le sulfate de soude, le sulfate de magnésie, le sulfate d'ammoniaque et le chlorure de baryum. Les hématies lient la bactériolysine et notamment la staphylolysine et la vibriolysine. 20 Les auteurs démontrent la multiplicité des lysines. En effet, une lysine passe le filtre, l'autre ne passe pas. Ensuite, ils tâchent de produire de l'antilysine. l'immunité 115 3° A côté de la vibriolysine, les expérimentateurs ont trouvé une lysinoïde comparable à la toxoïde de la diphtérie pour ses rapports avec la lysine. Ils sont parvenus à immuniser des animaux contre cette lysinoïde. Des expériences semblables avec la staphylolysine ont donné un résultat négatif. D'autres microorganismes produisent aussi l'hémolysine. Calamida(41) a trouvé, à l'instar de la tétanolysine, un produit hémolytique du bacille du choléra des poules. Ce poison avait le plus d'action sur les hématies de lapin quand on emploie les cultures âgées de 1 2 jours. Dans le protoplasme de streptocoques surgit, d'après Schlesinger (42) une lysine qui s'épanche dans le bouillon de culture. Cette lysine, qui est une vraie toxine, est facile à détruire. Meinicke (43) a examiné au point de vue hémolytique 65 souches de vi- brions du choléra et 23 souches de vibrions semblables à celui du choléra. Il est d'avis que la méthode de culture sur plaques d'agar au sang n'est pas à employer et que la zone claire qui entoure les colonies ne démontre pas la présence d'hémolysine; somme toute, le vrai vibrion du choléra ne produit pas d'hémolysine. Krauss (44) confirme l'avis de l'auteur précédent. Trois cultures de vi- brions du choléra dans le bouillon ne produisirent pas d'hémolysine ni après 1 jour ni après 3 à 6 jours. D'autres vibrions cependant ont une action hé- molytique. La zone claire qu'on observe chez ces derniers autour des colo- nies dans les cultures sur plaque d'agar au sang n'apparaît pas chez le vibrion du choléra. Ce pouvoir hémolytique et la production de la zone claire sont très démonstratifs. BIBLIOGRAPHIE. Nous avons tâché de réunir tous les travaux parus sur les différents chapitres de l'immunité depuis juillet igo3 à juillet 1904. Cette série ferait ainsi suite à la littérature publiée par Leblanc en 1901 {'), et par Ide en 1902 (8) et en igo3 juillet ('). Nous sommes presque sûr que certains mémoires nous auront échappé. Comme les sources sont si nombreuses, la besogne est d'autant plus difficile, tant pour nous que pour les autres travailleurs. Dans le nombre d'auteurs cités, il y en a qui ont publié antérieurement à juillet igo3; nous les avons repris vu leur intérêt particulier. 1. Herman : Bulletin de l'Académie royale de Belgique, XVIII, n° 2. 2. Figari : Berliner klinische Wochenschrift, 1904, n° 7. 3. Figari : Gazetta degli Ospedali, igo3, n° 77. 4. Donath et Landsteiner : Zeitschr. fur Hyg. und Infectionskrankheiten, Bd XLIII, Heft 3. 5. Levaditi : Annales de l'Institut Pasteur, mars tgo3, août 1904. 6. Falloise : Bulletin de l'Académie royale de Belgique (Sciences), igo3, p. 52i. 7. Remy : Mém. cour, de l'Acad. royale de Belgique, Fasc. III-IV, Tome XVIII. 8. Remy : Annales de l'Institut Pasteur, mai igo3. 9. Simnitsky : Mûnchener medic. Wochenschrift, igo3, n° 5o. (') Leblanc : Contribution à l'étude de l'immunité acquise; La Cellule, t XVIII, ad fasc, 1901. (2) Ide : Hémolyse et antihémolyse; La Cellule, t. XX, ad fasc, igo3. I3) Ide : Contribution à l'étude de l'immunité acquise. Hémolyse et antihémolyse ; Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, 38 novembre 1903. 10g Paul LECONTE 10. Bellei ■ Ibid., 1904, n° 2. il. Swert : Centralbl. fur Bakteriol. und Parasit., 1903, Bd 33. 12. Lambotte ■" Ibid. j3. Hewlet : Arch f. experim. Patholog. und Pharmacodynamie, Bd 49, Seite 3o3. 14. Kraus et Levaditi : Compte-rendu de l'Acad. des Se, 5 avril 1904. iS. Pirenne : Centralbl. f. Bakt., Ie Abth., Orig , 1904, XXXVI, nos 2, 3 et 5. 16. Shaw : Lancet, 3 oct. igo3 17. Cohn : Zeitsch. f. Hyg. und Infectionskrankh., Bd 45, H. 1. 18. Kasten : Deutsche medic. Wochenschrift, n° 36, igo3. 19. Boldyreff : Russky Wratsch, n° 3g, igo3. 20. Todd : British medic. Journal, 5 déc. igo3. 21. Mertens : Deutsche medic. Wochenschrift, n° 6, 1904. 22. Engel : Ibid , n° 48, iqo3. 23. De Moor et Van l.int : Mém. cour, de l'Acad. royale de médecine de Bel- gique, T. 18, Fasc. III-IV, igo3. 24. Skrobansky : Mûnchener medic Wochenschrift, n° 44, igo3. 2 5 Theohari et Babes : Romania médicale, i5 octobre igo3. 26. Weickardt : Mûnchener medic. Wochenschrift, n° 1, igo4. 27. Jacobsohn : Ibid., n° 5o, igo3. 28. Schutze : Deutsche medic. Wochenschrift, n° 10, 1904. 29. Schutze : Zeitschrift fur Hygiène und Infectionskr , Bd 44, H 3. 30. Wassermann : Deutsche medic. Wochenschrift, n° 12, 1904. 3i. Hauser : Ibid., n° 16, 1904. 32 Hauser : Mûnchener med. Wochenschrift, n° 7, 1904. 33. Marx et Ehrenroth : Ibid., n° 7. 1904. 34. Meyer : Ibid., n° i5, 1904. 35. Millier : Wiener klinische Wochenschrift, n° n, 1904. 36. Nuttall : Blood immunity. London. 1904. 37. Nuttall : Journal of Hygiène, IV, 2 avril 1904. 38. Sachs : Arch. fur Anat. und Phys., Abth. f Phys., igo3, p. 5o2. 3g Sachs : Mûnchener med. Wochenschr., n° 7, 1904. 40. Volk et Lippschiitz : Wiener klin. Wochenschrift, n° 5o, 1903. 41 Calamida : Centralbl. fur Bakteriologie, Bd 35, n° 5. 42. Schlesinger : Zeitsch. fur Hygiène und Infectionskr., Bd 44, H. 3. 43. Meinicke : Deutsche med. Wochenschr., n° 23, 1904. 44. Kraus : Wiener klin. Wochenschrift, n° 5o, 1903. 45 Hullmann : Berliner klin. Wochenschrift, n° 8, 1904. 46. Wolze : Centralbl. fur innere Medicin, n. 27, igo3. 47. Senator : Berliner klin. Wochenschrift, n° 8, 1904. 48. Kreidl et Mandl : Wiener klin. Wochenschrift, n° 22, 1904 I. I M M 11 N me HQ 49- Czecz au lieu d'obtenir une solution complète, on obtient un dépôt qui a tous les caractères d'un précipité de serine provoqué par l'antisérine ('). En effet, ce dépôt additionné de traces de soude caustique se dissout et reparaît par neutralisation à l'acide acétique (voir Leblanc). Il ne saurait donc être question d'une euglobuline qui tarde de se dissoudre dans la solution physiologique. Enfin, dernière vérification intéressante, cette solution, centrifugée et additionnée de serine en petite quantité, ne donne plus aucun précipité, ce qui devrait arriver s'il y avait encore des antisérines libres. Nous pouvons conclure de ces expériences que : i° la combinaison du corps et de l'anticorps s'était formée malgré l'absence de précipité visible; 2° on peut faire apparaître le précipité de corps et d'anticorps empêché par un excès de corps précipitable en enlevant cet excès de précipitable; 3° toute l'antisérine disponible a été employée; 4° la combinaison ne s'est pas scindée par la précipitation au Am2S04. Nous avons voulu savoir si la quantité de précipité obtenue n'avait pas été diminuée par l'excès de serine, en même temps qu'il importait de con- trôler des expériences aussi significatives. Pour cela, nous avons recom- mencé cette expérience avec deux lapins, en menant les expériences parallèlement. (') Un précipité témoin d'un sérum de cheval à demi-saturation (soit pseudoglobulines et euglobulines) dialyse et mis en solution physiologique a donné une solution limpide. LES PRÉCIPITINES ET LES PRÉCIPITABLES DU SÉRUM 137 Les deux lapins ont été injectés avec des quantités égales de serines de cheval. Nous cherchons dans quelle proportion se faisait la précipitation ma- xima pour le sérum de lapin A ; nous avons trouvé que c'était dans la proportion de 1/20 de corps pour 1 d'anticorps. La précipitation était em- pêchée, ou à peu près, avec 2 volumes de serine pour 1 volume d'antisérine. Cela étant, nous avons fait deux parts du sérum de chaque lapin. l I. i5 cm3 d'antisérine -I- 3o cm3 de serine. Lapin A. „ . , , , . (II. i5 cm3 dantisénne -+- 0,70 cm3 de senne. 1 I. i5 cm3 d'antisérine -|~ 3o cm3 de serine. Lapin B. \ tt „ .,,.,. . , , . . I II. i5 cm" dantisénne -4- 0,75 cm3 de senne. Le tout est traité comme dans l'expérience précédente, c'est-à-dire mis à la demi-saturation, puis à la dialyse. On retire du dialyseur, on ramène les solutions I et II au même volume et en solution physiologique et on laisse déposer pendant 24 heures pour comparer la valeur des dépôts. \ I. Donne un précipité de 3/40. Couleur sombre, mal déposé, trouble. Lapin A. < I II. » 9/41. T . „ l I. » iS/39. Lapin B. ( IL » 5/39. Devant la différence énorme des résultats, nous dosons le sérum du lapin B, ce que nous avions négligé de faire, et nous constatons que le sérum B est beaucoup plus fort que le sérum A. 1 cm3 de sérum antisérine -f- 1/20 cm3 de serine cheval = précipité de 5/14. i) -)- 1/10 » = » 5/14. » + 1/2 » = » 8/17. 1, _j_ 1 » = » 17/24. Préc. mal tassé. » -f- 2 » = » 3/42. La valeur des dépôts après tassement est souvent difficile à comparer, et nous n'avons plus qu'une maigre confiance dans la mesure quantitative de ces dépôts. La méthode de Nuttall serait soumise aux mêmes caprices des dépôts. Nous devons donc nous contenter de voir dans ces secondes expé- riences le contrôle qualitatif de la première expérience. Avant de terminer, nous tenons à présenter à notre maître, M. le Pro- fesseur Ide, l'hommage de notre profonde gratitude pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger nos travaux. 138 A. NACHTERGAEL CONCLUSIONS DE NOS RECHERCHES. L'absorption élective appliquée sur les antipseudoglobulines et les an- tisérines permet de rendre celles-ci chimiquement électives. Les solutions amphotères de serines et antisérines contiennent, il est vrai, des antisérines libres et des serines libres, mais ces antisérines excé- dantes sont incapables de réagir sur les serines excédantes : tout se passe donc comme si on agissait avec un mélange de plusieurs antisérines inéga- lement fortes sur un mélange de serines et comme si chaque antisérine était rigoureusement élective. La multiplicité des serines d'un même sérum de- vient très probable par ce fait même. Quand l'excédant de précipitable dissout ou empêche un précipité spé- cifique, il s'agit d'une simple action redissolvante : en effet, l'enlèvement de l'excès de précipitable réalisé pour les antisérines rend l'insolubilité à la combinaison spécifique; il n'y a même aucune antisérine libre dans le mé- lange primitif. LA Formation des Chromosomes hetérotypiques DANS LA SPOROGÉNÈSE VÉGÉTALE IV. La Microsporogénèse de Drosera rotundifolia, Narthecium ossifragum et Helleborus fœtidus, PAR Jules BERGHS, DOCTEUR EN SCIENCES, ASSISTANT DE BOTANIQUE. Institut Carnoy, Louvain. — Laboratoire du Prof. Grégoire. (Mémoire déposé le i féviier igo5.) 19 La Formation des Chromosomes liérolypiques DANS LA SPOROGÉNÈSE VÉGÉTALE Dans notre dernier mémoire sur la formation des chromosomes hété- rotypiques, nous annoncions notre intention d'étendre nos recherches à d'autres plantes et de les faire porter spécialement sur des espèces à chro- mosomes courts. L'interprétation que nous avons défendue, — l'hypothèse de la conjugaison longitudinale des chromosomes au stade synaptique abou- tissant à un spirème, qui ensuite se dédouble en ses deux éléments constitutifs pour former ainsi les deux chromosomes-filles de la première cinèse, — cette interprétation, disons-nous, avait bien été adoptée presque en même temps par Allen (04) ('). Mais d'autre part, Strasburger (04), Overton (04) et Rosenberg (04) avaient proposé, — précisément pour des objets à bâtonnets courts, — une interprétation toute différente. C'est dans le but de vérifier si l'hypothèse de l'accolement, telle que nous venons de la définir, ne s'ap- plique pas aussi à ces plantes, que nous avons repris, dès l'été dernier, l'étude de Galtonia, de Drosera, de JSlarthecium, d'Osmunda, auxquels nous avons ajouté en hiver l'Helleborus. Toutes ces plantes ne se sont pas montrées également favorables pour l'étude que nous poursuivons, et nous n'avons retenu que le Drosera, le Narthecium et YHelleborus. Nous sommes à même de confirmer, disons-le tout de suite, l'interprétation proposée déjà pour YAllium et le Convallaria. Au moment de mettre fin à nos recherches sur la réduction chromo- somique, nous tenons à remercier vivement M. le Professeur Grégoire, — sous la direction de qui toutes nos études ont été conduites, — pour les conseils bienveillants qu'il n'a cessé de nous prodiguer. (') Une conjugaison semblable a été décrite par plusie urs observateurs zoologistes : Sciirei- ner (04), Maréchal (04), Tretjakoff (o5). 14- Jules BERGHS I. Observations personnelles. A. Drosera rotundifolia. La fig. 1 montre le noyau tel qu'il est au début des phénomènes ciné- tiques, au moment de subir la contraction synaptique. L'élément chromo- somique y affecte une structure filamenteuse ou quelque peu réticulée. Les filaments ont un parcours irrégulier et sinueux : la chromatine, inégalement répartie sur leur longueur, leur donne un aspect granuleux ou effilé sem- blable à celui que nous avons déjà noté dans VAllium et le Convallaria. La coloration à l'hématoxyline ferrique ne permet pas d'y découvrir deux con- stituants morphologiques, un substratum purement lininien supportant de place en place des granulations chromatiques bien définies et autonomes. S'il y a lieu réellement de distinguer entre un substratum lininien et la chromatine, il faut reconnaître que celle-ci n'existe pas sous la forme de corpuscules indépendants, attachés au substratum, mais qu'elle imprègne celui-ci et s'y trouve inégalement distribuée. Les noyaux représentés par les fig. 3 et 4 sont un peu plus avancés : déjà dans les loges voisines, on observe la contraction synaptique, fig. 5. Les filaments chromatiques montrent à ce moment un arrangement par paires tout à fait remarquable et qu'on n'observe nullement aux stades pré- cédents. Ces » dualités « rayonnent surtout autour du nucléole, ou bien, arrivées à sa proximité, elles se recourbent et retournent vers la membrane nucléaire. Souvent, les deux filaments ainsi appairés sont plus ou moins parallèles, avec des alternatives de rapprochement et d'écartement ; souvent aussi, ils apparaissent entrelacés, comme le montre la dualité a de la fig. 2 (noyau coupé tangentiellement). Ainsi que nous le disions plus haut, les loges voisines de celles où nous avons pris les fig. 3 et 4 montrent déjà la contraction synaptique. La fig. 5 représente un noyau à ce dernier stade. On remarque de suite que le grumeau synaptique n'est pas un amas de granules chromatiques, mais bien un enchevêtrement de filaments granuleux. La plupart de ces derniers sont, comme ceux des fig. 1-4, minces et étirés; mais aussi on peut observer, sur les bords de la masse contractée, qu'ils ont conservé leur arrangement par paires, fig. 5, en a. D'autres, au contraire, sont plus épais, par exemple LA FORMATION DES CHROMOSOMES HÉTÉROTYPIQUES 143 fig. 5, en b, et plus réguliers. Souvent, on voit ceux-ci se décomposer en deux filaments minces parallèles ou divergents. Le stade ultérieur est représenté dans la fig. 6. Cette figure montre un noyau où tous les filaments sont épais : quelques-uns révèlent encore clairement leur nature double. Enfin, le noyau passe à la disposition de la fig. 7. Une contraction ramasse tous les segments chromatiques dans une zone du noyau. Épais et homogènes dans leur épaisseur, ils ne présentent aucune trace de composi- tion ou de clivage; de plus, on ne reconnaît pas, entre ces filaments épais, un arrangement par paires. Cette disposition se série immédiatement après celle qui est représentée dans la fig. 6. C'est d'un semblable noyau que se dégage le spirème typique représenté par la fig. 8. Le grumeau se détend et les segments chromatiques se distribuent régulièrement dans la cavité nucléaire. Telle est la sériation des stades observés dans le Drosera. Cette séria- tion, il importe de le remarquer, est sans aucune sorte de lacune, et il ne peut y avoir le moindre doute à son sujet. La signification nous en semble très claire. Ces figures s'expliquent par l'accolement graduel de filaments minces deux à deux aboutissant à la formation de filaments épais, les tron- çons spirématiques. Dans YAllium et le Convallaria, c'est au stade de contraction synaptique que nous avons décrit l'accolement. Nous avons observé à ce stade des fila- ments minces appairés mélangés à des filaments plus épais du double; nous voyions de plus que certains de ces filaments épais sont nettement doubles sur certaines portions de leur longueur. Dans le Drosera rotundifolia, les phénomènes sont encore plus clairs et plaident plus nettement encore pour l'accolement des filaments minces deux à deux. Nous voyons, en effet, les filaments chromosomiques s'ordonner en paires dès avant le synapsis; nous les voyons se rapprocher de plus en plus durant le synapsis et enfin s'ac- coler en un filament épais. Étant donné que ces différents aspects doivent certainement se placer avant le stade de spirème épais, il est impossible de ne pas les considérer comme représentant l'accolement de filaments minces deux à deux. Le spirème se transforme bientôt en strepsinema par suite de son » dé- doublement longitudinal*., fig. 10. En ce moment, tous les filaments sont de nouveau disposés par paires tout comme au stade des fig. 3 et 4. Néan- moins l'aspect est tout autre. Les moitiés constitutives de chacun des tron- çons spirématiques sont plus nettement caractérisées, plus épaisses et plus 144 Jules BERGHS courtes; ces tronçons n'affectent plus de position définie par rapport au nucléole. Grâce à leur raccourcissement, on peut maintenant les suivre sur toute leur longueur, ce qui permet de les compter dès ce moment. Ce sont les chromosomes hétérotypiques, formés de deux chromosomes-filles, mais longs encore et ténus. Les tronçons strepsinématiques, avons-nous dit, résultent du dédouble- ment longitudinal du spirème. Cela est très clair. Ce dédoublement débute dans la fig. 8 par quelques fentes. Ces fentes se multiplient, fig. 9, et achèvent de décomposer tous les segments spirématiques en deux « moitiés longitudinales*, fig. 10; et ainsi est atteint le stade strepsinema. Ce n'est donc aucunement par le repliement des segments spiréma- tiques, fig. 8, sur eux-mêmes que le strepsinema est produit, fig. 10, mais c'est bien par un dédoublement longitudinal. L'opinion de Dixon (95 et 01 ), récemment encore insinuée par son auteur dans un compte rendu signé par lui dans » Nature «, 5 janvier 1905, ne se vérifie certes pas plus pour le Drosera que pour Lilium, Allium et Convallaria, et nous verrons qu'elle n'est pas non plus applicable à Narthccium et Helleborus. La sériation exacte et précise s'oppose entièrement à l'admission d'un repliement et d'un accolement postspirématiques. Nous avons dit que, aussitôt le clivage achevé, on peut compter les chromosomes. Nous ne pensons pas toutefois que le spirème soit continu à aucun moment, et qu'à cet instant il viendrait de se segmenter transversa- lement. Nous croyons, en effet, que dans les cellules microsporocytaires, comme dans les somatiques, il n'existe pas de peloton continu; seulement ce n'est qu'au stade strepsinema qu'il est pour la première fois possible de distinguer nettement tous les chromosomes. En effet, l'épaississement, qui commence dès que l'accolement se fait, a déjà quelque peu raccourci les segments chromosomiques; ensuite, maintenant que les chromosomes sont dédoublés et qu'ils écartent leurs moitiés à des distances très variables, il est moins aisé de confondre les bouts de deux chromosomes voisins ; ce qui n'est pas le cas pour les segments du spirème encore longs et également homogènes et entiers. On ne saurait alors nettement délimiter les chromo- somes, bien qu'à toute profondeur du noyau on observe des bouts libres ('). Nous attachons ici au terme » dédoublement longitudinal - la signi- fication spéciale qu'a définie Grégoire (04) et voulons uniquement signifier (') Dans sa note récente, Rosenberg se rallie aussi à l'opinion de Grégoire (o3 et 04) niant l'existence d'un peloton continu. LA FORMATION DES CHROMOSOMES HETEROTYPIQUES 1,15 par là l'apparition de deux filaments à la place d'un seul apparemment in- divis suivant sa longueur, sans tenir par là ce dédoublement pour une réelle division longitudinale. En effet, le segment qui subit le clivage est dû à un accolement de deux filaments, et le dédoublement n'est que la réapparition de ceux-ci. Ils ne se sont jamais soudés : il n'y a eu qu'une application intime. -- Nous n'étudions pas la nature du spirème dans le Droscra et le Narthecium, celle-ci étant plus claire et mieux définie dans VHelleborus. Nous nous contentons de rappeler que les filaments qui lui ont donné naissance en s'appairant portaient de la chromatine sur toute leur longueur. La dernière transformation subie par les tronçons spirématiques pour devenir chromosomes définitifs consiste simplement dans leur épaississe- ment et leur raccourcissement graduels, fig. il, 12, 13, 14. La fente de dédoublement subsiste toujours constituant à tout moment la séparation des chromosomes-filles. Il ne se fait aucun repliement semblable à celui que décrivent Farmer et Moore (03), Gregory (04) et Williams (04). Les bâtonnets mûrs de Drosera, fig. 13 et 14, présentent les formes ordinaires : deux bâtonnets-filles juxtaposés et rapprochés ou se tenant par un bout et écartant les autres, ou se faisant vis-à-vis avec une légère sépa- ration entre les deux, fig. 13. Ils sont trop courts pour qu'un entrelacement soit possible; tout au plus chevauchent-ils parfois un peu l'un sur l'autre. Telle est la sériation et l'enchaînement des aspects. Nous n'y trouvons qu'une seule explication. C'est celle qu'a relevée Grégoire (04) et que nous résumons ici. Les filaments chromosomiques qui s'associent deux à deux pour se séparer ensuite au stade strepsinema représentent des chromosomes somatiques. Le synapsis comporte donc une conjugaison de chromosomes somatiques deux à deux. C'est la métaphase hétérotypique qui va séparer ces chromosomes vers deux pôles différents. La vraie réduction ne s'opère donc qu'alors. La réduction prophasique n'est qu'apparente. Elle ne fait qu'établir entre les chromosomes des relations telles que le mécanisme cinétique pourra distribuer n/2 chromosomes à chaque pôle. Nous n'insistons plus dans ce travail sur les arguments indirects qui appuient cette explication : ils sont exposés dans nos précédents mémoires. B. Narthecium ossifragum. Cet objet ne se prête que difficilement à une étude approfondie des phénomènes de maturation : les noyaux y sont très petits. Néanmoins, on !46 Jules BERGHS peut y observer les principaux stades et y trouver une confirmation de la sériation que nous avons établie pour Allium, Convallaria et Drosera. La fig. 15 montre le noyau au début des phénomènes cinétiques. Les filaments chromatiques y semblent fort anastomosés et disposés en une structure réticulée; cependant des lignes maîtresses se dessinent. Les seg- ments chromatiques apparaissent granuleux : cet aspect est dû à leur étire- ment et à l'inégalité de leur condensation. Il ne nous a pas été donné de trouver le stade de filaments appairés présynaptiques; des noyaux du type de la fig. 15, on passe graduellement, dans une même loge, à ceux du type représenté par la fig. 16; la con- traction synaptique envahit progressivement les filaments chromatiques et les entasse dans un coin de la cavité nucléaire. Comme le montre clairement la fig. 16, la structure de l'élément chro- matique, même durant le synapsis, est purement filamenteuse : jamais la nucléine ne se défait en un amas de granules. De plus, dans le Nartheciitm, on observe à ce stade le mélange de fila- ments minces et épais, l'existence d'appairements chez ces filaments minces, aboutissant déjà en maint endroit à la constitution de filaments épais, fig. 16. Ici aussi se produit un accolement de deux segments chromosomiques amenant la constitution du peloton. Nous observons, en effet, des noyaux en synapsis où le filament a été épaissi de cette façon, fig. 18; parfois ces noyaux montrent encore un indice de l'accolement qui a été fait, une fente restant encore béante, par exemple fig. 17 en x. Suivent maintenant : le déroulement des segments contractés et la for- mation du spirème, fig. 19; le dédoublement du spirème produisant le strepsinema, fig. 20; la maturation des segments strepsinématiques deve- nant les chromosomes hétérotypiques doubles, fig. 20, 21 et 22. Les stades que représentent les fig. 20, 21 et 22 montrent suffisamment que dans le Nartheciitm les phénomènes s'enchaînent comme dans le Drosera, et qu'il ne s'y fait aucun repliement, ni avant le strepsinema ni après. Les bâtonnets mûrs, fig. 23, sont très petits et difficiles à analyser. C. Helleborus fœtidus. Le microsporocyte au sortir du repos est représenté par la fig. 24. Le noyau est pourvu d'un élément chromatique très abondant. Celui-ci affecte la forme de filaments irrégulièrement renflés, noueux ou variqueux. Des LA FORMATION DES CHROMOSOMES HETEROTYPIQUES 1 47 anastomoses latérales assez nombreuses les relient entre eux. De plus, il arrive parfois que plusieurs se rencontrent : il en résulte des amas assez irréguliers, des empâtements dont ils s'écartent de nouveau en un parcours capricieux. Dans cette structure, nous reconnaissons l'aboutissement d'une vacuolisation active subie par les chromosomes depuis la télophase précé- dente et arrivant jusqu'à leur donner une structure filamenteuse. Les renflements irréguliers qui donnent aux filaments l'aspect granu- leux qui les caractérise ne sont pas du tout des granulations autonomes. Les filaments, en effet, sont chromatiques sur toute leur longueur. — Nous ne disons pas qu'ils sont uniquement chromatiques, mais qu'ils contiennent de la chromatine sur toute leur longueur. — Ces granulations apparentes ne sont que des nodosités, des varicosités résultant de la façon même dont se forment les filaments chromosomiques. Elles sont dues au retrait des la- melles vacuolaires et des anastomoses latérales. Pour le comprendre, il faut remonter à l'origine de la structure nu- cléaire quiescente. Nous le ferons dans notre dernière partie. Dans les fig. 25 et 26, cet ensemble de filaments chromatiques est sur le point de subir la contraction synaptique. Quand la contraction a été des plus violentes, le grumeau synaptique présente souvent l'aspect d'un amas considérable de nodosités chromatiques paraissant libres, fig. 25. Toutefois, ceci n'est qu'une apparence, comme le montrent les fig. 27, 28 et 29. Les noyaux que ces figures représentent sont empruntés à la même loge polli- nique et au même niveau de la coupe que celui rendu par la fig. 25. On voit le noyau contenant des filaments. Mais ceux-ci étant très noueux et très variés, il en résulte à première vue un aspect granuleux. A l'entrée du synapsis, le noyau microsporocytaire de l' Helleborus pré- sente également les dispositions si typiques de l'accolement. On voit très clairement des filaments appairés. Dans les noyaux, fig. 27 et 28 par exemple, bien que la contraction synaptique soit déjà venue brouiller les aspects, on reconnaît manifestement un appairement. Le fond de noyau rendu par la fig. 29 le montre également. Ces appairements vont aboutir à un accolement, comme il ressort des fig. 26 et 30. Les quelques filaments qui s'échappent de la masse contractée le montrent clairement encore : des dualités s'y observent présentant divers degrés d'écartement entre les deux branches et en même temps on trouve des segments épais résultant de l'union des filaments minces. Ici aussi, il se produit donc une conjugaison de filaments au synapsis. 20 148 Jules BERGHS Il en provient un noyau contracté où le filament chromatique est uniformé- ment épais, fig. 31. Le peloton s'en dégage, fig. 32 et 33. Produit par le » couplement« de deux filaments nucléiniens, le spirème possède une constitution en harmonie avec son origine. Les filaments qui lui ont donné naissance étaient étirés et variqueux. En s'appliquant, leurs nodosités arrivent souvent à se superposer et le spirème est par le fait même » perlschnurartig», c'est-à-dire, plus exactement, inégalement épais. La coloration différencie assez nettement les parties épaisses de celles qui le sont moins. Cependant on n'est pas en présence d'une succession de disques enchâssés séparément dans un ruban de linine : sur tous les points de l'étendue du spirème, la chromatine se trouve répartie comme elle l'était sur les filaments minces générateurs. Le spirème se dédouble longitudinalement. Ce clivage s'annonce déjà assez tôt dans le noyau engagé encore dans la contraction synaptique, fig. 32, par une zone claire dessinant l'axe longitudinal des segments chro- matiques. C'est la fente d'accolement qui reparait. Elle s'accentue rapide- ment et bientôt le strepsinema est atteint, fig. 34. Nous arrêtons nos observations ici et ne donnons pas la série des formes d'épaississement que prennent les tronçons strepsinématiques deve- nant chromosomes I mûrs. Mottier (03 et 04) la reconstitue complètement telle que nous la montrent nos préparations. L'auteur américain, corrigeant son opinion de 97 et de 98, ne signale aucun recourbement de tronçons chromatiques, ni une conjugaison subséquente des branches recourbées. II. Critique. De la description qui précède, il résulte que, dans le Drosera, le Nar- thecium et Y Rellebonis, la formation des chromosomes hétérotypiques s'ac- complit d'après le schéma que nous avons établi précédemment pour le Lilium, YAllium et le Convallaria. Des filaments minces se dégagent du noyau sporocytaire quiescent, s'accolent longitudinalement deux à deux et donnent naissance au spirème. Cet accolement n'est que temporaire. Bientôt les deux filaments se séparent à nouveau et chaque tronçon spirématique se dédouble en les deux filaments entrelacés du strepsinema. Ces deux filaments entrelacés sont les chomo- somes-filles I. En effet, ils n'ont plus à subir qu'un simple raccourcissement. LA FORMATION DES CHROMOSOMES HÉTÉROTYPIQUES 149 Dans le Lilium, YAllium et le Convallaria, de même que dans le JSar- thecium et YHelleborus, l'accolcment se passe au début de la contraction synaptique. Par suite de cette coïncidence, l'observation de ce phénomène, si important dans le processus de maturation est très délicate, et les figures à première vue ne paraissent guère démonstratives. Toutefois, la réalité du phénomène d'accolement ne laisse place à aucun doute. En effet, ce qui frappe immédiatement et vivement l'observateur, c'est la différence d'épaisseur entre le filament qui entre en synapsis et celui qui s'en dégage; ce dernier est pour le moins deux fois plus épais. Cherchant alors les stades d'épaississement intermédiaires, on n'en trouve point; l'épaississement est brusque. Il ne peut donc s'agir d'un dépôt sur les filaments présynaptiques de nucléine venue d'ailleurs. Une application suivant la longueur de deux ou de plusieurs filaments peut seule l'expliquer. De fait, le mélange de fila- ments minces et épais dans un même noyau, les dualités souvent constatées entre ces filaments minces, dualités indiquées simplement ou aboutissant déjà à une union et ainsi à la formation des filaments épais, nous ont per- mis de conclure à l'existence d'un accolement longitudinal des filaments gé- minés. La masse synaptique étant compacte et ne se prêtant nullement à l'analyse, ce sont uniquement les filaments moins tassés sur les bords du grumeau ou ceux qui ont échappé à la contraction et surtout ceux qu'on observe plus nettement dans une coupe tangentielle, qui ont révélé ces dis- positions servant de base à notre interprétation. Le Drosera complète favorablement ces figures pour ainsi dire frag- mentaires empruntées aux autres plantes. En effet, même avant que la contraction synaptique soit venue confondre en un magma inextricable tout l'appareil nucléinien, l'appairement de filaments y est manifeste et aussi régulier qu'on peut le souhaiter; ensuite, durant la contraction synaptique, on le voit aboutir graduellement à l'accolement. La sériation que nous venons d'exposer pour le Drosera rotundifolia ne se superpose nullement à celle que Rosenberg (04) propose pour la même plante. D'après cet auteur, aux dépens de l'appareil nucléinien, — un ensemble de filaments quelque peu réticulés, — qui après la contraction synaptique se déroule dans la cavité nucléaire, s'élaborent 20 masses de nucléine, correspondant chacune à un chromosome somatique. Ces blocs se réunissent deux par deux formant ainsi un nombre réduit de chromosomes hétérotypiques doubles. L'auteur n'aurait observé ni spirème véritable ni clivage longitudinal. Il applique cette interprétation uniquement aux plantes 21 150 Jules BERGHS à chromosomes courts; pour celles à chromosomes longs, il reconnaît la probabilité d'une hypothèse analogue à celle de von Winiwarter, celle-là même que nous défendons. Les observations que nous venons de rappeler montrent qu'il n'y a pas lieu de distinguer deux procédés différents de réduction; les phénomènes sont identiques dans les plantes à chromosomes longs et dans celles à bâ- tonnets courts. Nos observations montrent aussi que celles de Rosenberg étaient incomplètes ('). La théorie de la réduction qu'a proposée Strasburger (04) d'après sa dernière étude de la rnicrosporogénèse et qui a été admise par J. B. Over- ton (04) pour la macrosporogénèse, ne peut non plus s'appliquer aux plantes que nous venons d'étudier. Nous empruntons l'exposé de cette opinion au travail de Overton {Thalictrum purpurascens, macrosporogénèse) : » La chromatine s'amasse en groupes autour de certains centres, qui » pendant le synapsis se présentent très clairement, et abandonne les r, filaments lininiens qui se colorent faiblement. Strasburger nomme ces r> centres » gamocentres « et le produit de la soudure des granules chroma- » tiques ou »gamosomes«, des «zygosomes«. Le nombre de zygosomes est » 12, qui est aussi le nombre réduit de chromosomes. Ce synapsis est, » sans doute aucun, le stade préparatoire de la division hétérotypique, et » Strasburger admet qu'il est le fait le plus important du processus de » cette division. Du synapsis sort le peloton, qui se segmente plus tard » en 1 2 chromosomes L'essence de la division hétérotypique réside » dans la division transversale de chromosomes bivalents, qui seront par- r, tagés entre les cellules-filles comme chromosomes univalents. Une divi- y> sion longitudinale précède la division transversale des chromosomes » bivalents, mais les produits de ce clivage restent unis pendant la division » hétérotypique, et ne se séparent que lors de la IIe division, pour arriver » aux noyaux petites-filles. » Dans aucun de nos objets, nous n'avons trouvé de traces des zygo- centres au stade de contraction synaptique. Jamais la nucléine ne quitte son substratum et ne se met en granules : toujours le grumeau synaptique (') Au moment où nous mettons la dernière main à ce travail, nous recevons un tiré à part que son auteur, M. le Professeur Rosenberg, a eu la gracieuseté de nous envoyer. Il y reprend l'étude des divisions de maturation végétales. Ses recherches confirment pleinement les nôtres. Dans Listera ovata, Tanacetum vulgare, Arum maculatum et dans le Drosera longifolia, l'accole- ment longitudinal synaptique a été observé, ainsi que le dédoublement longitudinal et 1' « achève- ment » des chromosomes par épaississement et raccourcissement. LA FORMATION DES CHROMOSOMES HÉTÉROTYPIQUES 1 5 1 se révèle comme une pelote de filaments enchevêtrés. De plus, la division longitudinale ne fait pas régression dans ces objets, et la fente persiste jusque dans les chromosomes définitifs où elle sépare les deux bâtonnets-filles. L'accolement nécessaire à la réduction de nombre se produit au synapsis et se passe entre deux filaments chromosomiques minces. Comme nous l'avons rappelé au début de ce travail, l'hypothèse de l'accolement a été presque simultanément avancée par Schreiner dans son étude sur la spermatogénèse des vertébrés, par Allen pour la microsporo- génèse de Lilium canadense. Il y a peu de temps, Maréchal a décrit l'ac- colement comme un stade de l'ovogénèse des Sélaciens, et Tretjakoff le signale dans les spermatocytes d'Ascaris megalocephala. La description d'ALLEN présente avec la nôtre des points de comparai- son intéressants. Cet auteur décrit notamment un appairement de filaments se dessinant déjà avant le synapsis et réalisant l'accolement pendant ce stade, processus analogue à celui que nous venons de décrire pour le Dro- sera. Mais pour Allen, l'accolement est une soudure réelle de deux fila- ments par toutes leurs parties, granulation chromatique à granulation chro- matique, filament de linine à filament de linine. Le peloton ainsi formé est un filament continu portant des disques chromatiques enchâssés à courts intervalles dans un ruban de linine. Aussi le clivage du spirème est-il réel, débutant par la bipartition des disques et s'achevant par le fendillement du substratum. Cette unité du spirème serait en rapport avec l'hérédité : chaque groupe de filaments géminés représente, en effet, un chromosome paternel et un chromosome maternel et leur soudure aurait pour effet de mélanger les propriétés dont les granules chromatiques sont les porteurs. De cette description, il faut rapprocher celle de Mottier (04). Mottier attribue au peloton une structure analogue et admet la réalité du clivage, moins toutefois la signification spéciale quAxLEN leur accorde. Mottier, en effet, n'a pas vu l'accolement et considère le synapsis comme un stade artificiel et sans portée ; le peloton se dégage tout simplement du réseau nucléaire par concentration graduelle de celui-ci. Nous croyons que telle n'est pas la nature du spirème ni celle de son clivage, et cela résulte, ainsi que nous allons l'exposer, de la constitution même du réseau nucléaire quiescent qui lui donne naissance. Dans cette discussion, nous nous appuierons spécialement sur nos ob- servations concernant YHelleborus, le spirème y étant plus épais que dans le Droscra et le Narthccium, et nous ferons appel à deux figures que nous 152 Jules BERGHS avons insérées dans nos précédents mémoires sans les commenter (I. Lilium, fig. iA, — II. Allium fistulosiim, fig. 19). Dans leur travail fondamental sur la reconstitution du noyau et la formation des chromosomes dans les cellules somatiques, Grégoire et Wygaerts ont démontré que la reconstitution du réseau nucléaire à la télophase ne comporte pas la réapparition de corpuscules chromatiques autonomes. Les «granulations" chromatiques des réseaux chromosomiques ne sont que les parties renflées d'une trame générale uniforme. D'après ces auteurs, dans l'appareil nucléaire il y a peut-être à distinguer un substra- tum achromatique et une substance chromatique. Mais, si cette distinc- tion existe, il faut admettre que la substance chromatique imprègne le substratum achromatique et qu'elle n'existe pas sous la forme de corpus- cules autonomes qni seraient fixés sur le substratum. La preuve que ces auteurs apportent pour leur théorie est tout le processus de reconstitution du noyau au moyen de chromosomes tassés autour du pôle de division, et celui de la formation des chromosomes prophasiques au moyen du réseau nucléaire. Les chromosomes télophasiques, sans former de spirème continu, s'alvéolisent graduellement, devenant ainsi autant de réseaux élémentaires qui, en se juxtaposant, donnent le réseau total. Celui-ci, d'après le degré de vacuolisation, prend une structure alvéolaire ou réticulée. Telle aussi est l'origine du système nucléinien qui appartient au jeune noyau microsporocytaire : il dérive des bâtonnets sporogoniaux en nombre n, tassés autour du pôle de la dernière division de multiplication. — Nous avons observé la vacuolisation pour V Allium fistulosum (II, fig. 1 et 2). — La vacuolisation a été très active et elle a duré longtemps ; aussi les bâtonnets si homogènes et si trapus à leur origine ont été décomposés en un ensem- ble de filaments renflés et sinueux, reliés de ci de là par des anastomoses latérales, derniers vestiges des vacuoles, fig. 1, 15, 24. Ces filaments pos- sèdent la même nature chimique et la même constitution morphologique que les chromosomes dont ils proviennent, c'est-à-dire qu'ils sont formés d'un substratum imprégné de nucléine. L'accolement se fait entre deux filaments de cette nature; et le spirème, produit de cette façon, n'est donc aucunement une suite de disques s'échelonnant dans la gaine de linine. Il est chromatique en tous ses points. Allen (04) attribue une origine différente aux filaments chromoso- miques. Le noyau quiescent montre des blocs chromatiques reliés par des tractus lininiens; graduellement, la chromatine quitte les blocs et se dispose LA FORMATION DES CHROMOSOMES HETEROTYPIQUES 153 en granules sur la charpente lininienne; les blocs s'épuisent lentement et le nombre de granules s'accroît. Après l'achèvement de ce processus, les fila- ments s'unissent deux à deux pour constituer un peloton. A cet effet, ils se soudent l'un à l'autre, granule à granule, linine à linine, et le spirème qui en résulte présente donc un aspect moniliforme. Dans les cellules que nous avons étudiées, nous n'avons observé à aucun stade de leur développement l'existence des blocs chromatiques décrits par Allen. Parfois dans les cellules-mères très grandes, comme dans le lis et VHelleborus, aux environs de la contraction synaptique, par exemple fig. 24, on observe des apparences de blocs. Mais cela n'a rien de commun avec ce que décrit Allen. En effet, les filaments sont déjà nettement carac- térisés à ce stade, et les blocs résultent de la rencontre de plusieurs d'entre eux en un même point. D'ailleurs en maniant la vis micrométrique, on dé- compose souvent ces amas en leurs constituants. Mottier (04) attribue à l'élément nucléaire du tout jeune microsporo- cyte la structure typique suivante : un réseau de linine, portant en ses points nodaux des corpuscules chromatiques. Par la rupture des anasto- moses ce réseau se transforme en un filament. Celui-ci, mince et entière- ment sinueux au début, se contracte ensuite en s'épaississant; les granula- tions se soudent en corpuscules plus gros, «les disques chromatiques -, et ainsi est produit le spirème moniliforme. Cette description du réseau nucléaire, comme on le voit, n'est pas du tout en rapport avec le mode d'origine de celui-ci. D'ailleurs, nous n'avons jamais observé la structure décrite par Mottier. De plus, le spirème n'est nullement du à un épaississement graduel du filament chromatique initial par condensation lente : il se forme rapidement et tout d'une pièce par accolement longitudinal de deux segments chromosomiques minces. En raison de la manière dont le peloton se forme, sa constitution mor- phologique est la même que celle des filaments générateurs : il n'est donc pas formé d'une succession de disques chromatiques sur un fond de linine, comme le déclarent Allen et Mottier, mais il est chromatique dans toute son étendue ('). La coloration, d'ailleurs, ne dénote pas deux constituants morphologiques différents, comme le voudraient ces auteurs. Elle prend sur toute la longueur du spirème; mais comme les filaments accolés sont inégalement épais et condensés, les nœuds formés par la rencontre de sem- ('J Tout récemment encore, Martin» Mano 04), Moll (o5) et Sypkens (o5) ont nié l'existence de deux constituants morphologiques différents, la chromatine et la linine, dans l'élément nucléinien. 154 Jules BERGHS blables renflements font saillie et se colorent plus vivement, donnant au spirème un aspect monilifbrme. Notons encore que ces renflements dé- bordant sur les deux côtés du filament spirématique ne se correspondent pas aussi régulièrement qu'ils devraient le faire s'ils appartenaient à des disques se succédant à intervalles réguliers (Lilium, fig. 1 et iA; Allium, fig. 18 et 19). Ces saillies s'espacent aussi librement que les nœuds dans les segments préspirématiques. On le constate aisément, surtout alors que la fente longitudinale se dessine dans l'axe du spirème et sépare de nouveau les deux filaments, fig. 31 et 32 (I. Lilium, fig. iA; II. Allium, fig. 19). Le clivage du peloton n'est donc pas réel, dans le sens où l'entendent Allen et Mottier : il n'est que la réapparition des segments primitive- ment appairés. Nous ne croyons pas qu'il y ait eu soudure parfaite entre les deux filaments accolés pour faire le spirème, comme le pense Allen. Le mode de clivage du spirème maturatif est trop différent de celui du spirème somatique. Dans le spirème hétérotypique, en effet, la fente de clivage s'annonce très tôt, dès la contraction synaptique des filaments épais, par une ligne axiale claire, fig. 31, et reste longtemps indiquée de cette façon ; ensuite, brusquement elle se fait séparation très large parfois, tout comme si les filaments étaient indépendants. Ce procédé de dédoublement ne ressemble guère au fendillement classique des tronçons spirématiques somatiques. D'ailleurs, comme on le sait, les deux moitiés sœurs produites par le clivage manifestent la plus grande indépendance mutuelle : elles se séparent et se rejoignent en allures capricieuses. Il nous reste à toucher un mot de la contraction synaptique elle- même. La naturalité en a encore été niée récemment par Mottier (04) ; le ramassement de l'élément nucléinien durant ce stade serait uniquement dû, d'après lui, à une sensibilité spéciale du noyau en ce moment vis-à-vis des liquides fixateurs. Partant, la contraction n'aurait pas de signification spéciale. Nous croyons qu'il faut distinguer ici la contraction elle-même des autres phénomènes dont le noyau est le siège. Il est certain qu'en ce mo- ment un accolement se produit et que les filaments se portent l'un vers l'autre : là est le fait essentiel du stade synaptique. La contraction est-elle un fait naturel accompagnant cet accolement, ou bien est-elle, en partie du moins, due aux réactifs? Il faut remarquer d'abord qu'il ne semble pas qu'on puisse rendre compte du synapsis tout simplement par une sensibilité à l'égard des réactifs. LA FORMATION DES CHROMOSOMES HÉTEROTYPIQUES 1 5o En effet, nous avons observé sur le vivant une certaine contraction. — De plus, pourquoi cette sensibilité serait-elle si spéciale aux noyaux hété- rotypiques végétaux et animaux? Enfin, l'orientation constante des fila- ments spirématiques au sortir du synapsis indique bien que nous sommes en présence d'un stade naturel, en partie du moins, fig. 7, 18, 32. Si donc la contraction reconnaît pour cause l'action de réactifs, ce ne peut être que comme cause partielle, se manifestant par suite de phéno- mènes d'accolement qui se passent en ce moment. Et peut-être pourrait-on dire que le phénomène naturel consiste dans un certain ramassement, peu prononcé, de l'élément chromatique en une zone du noyau, ramassement provenant de deux causes : la disposition des chromosomes de la télophase précédente et le rapprochement des filaments deux par deux en vue de l'accolement. Le ramassement serait accentué par les réactifs. L'admission d'une sensibilité spéciale durant le synapsis, durant l'accolement, et en même temps la considération d'une orientation constante des bâtonnets dans le noyau, rendraient compte de plusieurs faits intéressants. D'abord cela expliquerait que, dans la sériation des noyaux d'une même loge, sur matériel fixé, on trouve côte à côte des grumeaux synaptiques sans dualités en même temps que d'autres avec dualités et accolements presque achevés : la sensibilité aux réactifs doit, en effet, être plus grande au début du rap- prochement que lorsque celui-ci aboutit à l'accolement. Ensuite cela expli- querait encore pourquoi le synapsis de filaments épais, c'est-à-dire après l'accolement entièrement achevé, présente toujours le même aspect et, com- paré au synapsis de filaments minces, parait bien plus naturel et nullement artificiel; pourquoi encore ce synapsis à filaments épais se déroule graduel- lement en un spirème typique et très régulier : ce dernier synapsis serait, en effet, dû uniquement au rapprochement, et à l'orientation des segments chromatiques. Sur matériaux fixés, par conséquent, la contraction violente et partiel- lement artificielle est due aux réactifs, du moins aux premiers stades de l'accolement. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle, lors de nos obser- vations sur le vivant (Allium fistulosum), nous n'avons pu rencontrer que le synapsis de filaments épais et spirématiques. 156 Jules BERGHS CONCLUSIONS. Comme dans nos travaux précédents, nous concluons ici encore que le stade synapsis est celui où s'accomplit la réduction apparente. i° » Les filaments minces qui se dégagent du réseau nucléaire s'ac- » colent deux par deux au stade synapsis, et constituent ainsi des tronçons » spirématiques en apparence simples, mais doubles en réalité. « 2. « Lors du » dédoublement longitudinal «, ces filaments reparais- » sent, plus ou moins indépendants, mais définitivement groupés deux par » deux. « 3° » Ils deviennent ensuite, en se condensant, les chromosomes-filles » de la première cinèse. « 4° - Chacun de ces filaments minces accolés représente un des chro- - mosomes somatiques qui sont entrés dans la constitution du noyau, à la » dernière cinèse sporogoniale. La réduction numérique de la prophase n'est » donc qu'apparente. La vraie réduction ne s'opère que par la séparation y des chromosomes-filles vers les deux pôles de la première cinèse, et par « conséquent celle-ci doit être dite réductrice, c'est-à-dire effectuant la ré- r> duction de nombre. « (Grégoire, 1904.) BIBLIOGRAPHIE. 1 904 A lie» 1 qo5 Dixon 1 904 Grégoire igo3 Grégoire et Wygaerts 1904 1904 1905 igo3 1904 1904 Maréchal Martins Mano Moll Mottier Mottier Overton, J. B. 1 904 Rosenberg 1905 Rosenberg 1 904 Schreiner, A.& K.E. 1 904 Strasburger 1 904 Tretjahojf 1 904 Berghs 1904 » 1904 )) : Chromosome réduction in Lilium canadense; Bot. Gaz., 3y. : Compte rendu dans « Nature », 5th January. : La réduction numérique des chromosomes et les cinèses de maturation; La Cellule, t. XXI, 2d fasc. : La reconstitution du noyau et la formation des chro- mosomes dans les cinèses somatiques. I. Racines de Trillium grandiflorum et télophase homœotypique dans le Trillium cernuum; La Cellule, t. XXI, ir fasc. : Ueber die morphologische Entwickelung der Chromoso- men im Keimblaschen des Selachiereies; Anat. Anzeig. : Nucléole et chromosomes dans le méristème radiculaire de Solanmn et de Phaseolus ; La Cellule, t XXII, fasc. 1. : Présentation of the thesis of Dr Sypkens « On the nuclear division of Fritillaria imperialis » ; Konink. Akad. van Wetens , Amsterdam. : The behavior of the chromosomes in the spore mother cells of the higher plants etc.; Bot. Gaz., 35. : Fecundation in plants Washington. : Ueber Parthenogenesis bei Thalictrum purpurascens ; Ber. Deut. Bot. Ges., B. XXII, H. 5. : Ueber die Reductionsteilung in Dr oser a ; Med. fr. Stock- holm's Hôgskolas Bot. Instit : Zur Kenntnis der Reductionsteilung in Pflanzen ; Bota- niska Notiser, Hôftet ia. : Die Reifungsteilungen bei den Wirbeltieren ; Anat. An- zeig. : Ueber Reductionsteilung; Sitz. Ber. der K. Preus. Akad. der Wiss .- Die Spermatogenese bei Ascaris megalocephala ; Archiv fur micr. Anat., B. 65, H. 2. : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. I; La Cellule, t. XXI, fasc. 1. : Id., II; La Cellule, t. XXI, fasc. 2. : Id., III; La Cellule, t. XXII, fasc. 1 EXPLICATION DES FIGURES. Xous nous sommes servi tantôt de l'objectif apochromatique i 3o de Zeiss, et tantôt de ïapochromatique i.i5 de Koritska, et des oculaires compensateurs 12 et 18. Les grossissements obtenus ainsi sont les suivants : i.3o Zeiss X " = ^00 1 i5 Koritska X 12 = 2000 1 3o Zeiss X 18 = 225o i.i5 Koritska X 18 = 3ooo Les dessins ont été faits avec l'aide du prisme de Nachet, à la hauteur de la platine du microscope. PLANCHE I. Drosera rotundifolia. FIG. 1 . Microsporocyte au début des phénomènes cinétiques. FIG. 2 Coupe tangentielle d'un noyau dans lequel les filaments chromosomiques s'appairent. En a, deux de ces filaments s'entrelacent. FIG 3 et 4. Noyaux montrant l'appairement des filaments. FIG. 5. Synapsis Filaments géminés et accolés Mélange de filaments minces et de filaments épais FIG. 6. Deux fonds de noyaux où l'accolement est presque réalisé. Quelques segments montrent encore leur composition. FIG. 7 Synapsis. L'accolement est achevé. Les filaments chromosomiques sont uniformément épais. FIG. 8. Spirème. FIG. 9. Début du dédoublement longitudinal du spirème. l6o Jules BERGHS FIG. 10 Stades d'épaississement intermédiaires des segments strepsinématiques devenant chromosomes hétérotypiques. FIG. il et 12. Stades d'épaississement intermédiaires des segments strepsiné- matiques devenant chromosomes hétérotypiques. FIG. 13 et 14. Chromosomes hétérotypiques mûrs. Narthecium ossifragum. FIG. 15. Noyau microsporocytaire près de subir la contraction synaptique. FIG. 16. Synapsis Filaments minces et épais, dualités, accolements. FIG. 17 Synapsis L'accolement est achevé. En a subsiste encore un der- nier écartement FIG. 18. Synapsis de filaments épais et homogènes. FIG 19. Spirème. FIG. 20 et 21. Segments strepsinématiques en épaississement. FIG. 22 et 23 Chromosomes hétérotypiques mûrs. PLANCHE II. Helleborus fœtidus. FIG. 24. Noyau microsporocytaire avant la contraction synaptique. FIG. 25. Synapsis. Apparence granulaire. FIG. 26. Synapsis. Mélange de filaments minces et épais. Dualités et accolements. FIG. 27, 28 et 29. Fonds de noyaux synaptènes montrant les appairements des filaments. FIG. 30. Filaments ayant échappé à la contraction synaptique. Dualités, ac- colements. FIG. 31. Synapsis de filaments épais FIG. 32. Déroulement du spirème. FIG. 33. Spirème. FIG. 34. Strepsinema. Planche I J.Berghs, ad uol 1/1 1 . Imp. L Meuasi l Brux I.ith A.Hacha Planche. Il »À.- Élf sAw? 27 .•:-.-, : SE 28 <î ■ i * ■^x il 30 J.Berqhs. a/1 mil del -^y ;:; 31 A.HcuJia Lilh Les phénomènes de maturation dans l'ovogénèse et la spermatogénèse DU CYCLOPS STRENUUS PAR le Dr Paul LERAT Institut Carnoy, Louvain. — Laboratoire du Prof. Grégoire. {Mémoire déposé le 2- mars igoS.) 22 Les phénomènes de maturation dans i'ovogénèse et ta spermatogénèse DU CYCLOPS STRENUUS Les études de Ruckert (93 et 94) sur le Cyclops strenuus sont consi- dérées par la plupart des auteurs comme ayant établi définitivement pour cet objet le schéma de la réduction que Korschelt (02) a appelé le schéma postréductionnel. Il y a quelquesannées, on décrivit des cas de plus en plus nombreux d'ovogénèse, de spermatogénèse et de sporogénèse végétale, dans lesquels les chromosomes-filles de la première cinèse subissent, durant l'ana- phase I, une division longitudinale préparant les chromosomes-filles de la seconde cinèse. Le schéma postréductionnel était donc ainsi exclu de ces cas. C'est alors que M. le Prof. Grégoire nous engagea à reprendre l'étude des cinèses de maturation dans le Cyclops. Nos recherches s'étendent à l'ovogénèse et à la spermatogénèse et ne s'attachent qu'à un seul point : la maturation dans ses rapports avec la réduction numérique. Nous aurons toutefois l'occasion de faire des observations intéressantes sur le nucléole. Nous offrons à M. le Prof. Grégoire, qui a été notre maître et notre conseiller pendant plusieurs années de recherches, l'hommage de nos sin- cères remerciements. 164 Paul LERAT HISTORIQUE. Il est inutile de rappeler les travaux de Haecker, sur les Cyclops, antérieurs à 1893-94; l'auteur a lui-même, à la suite des travaux de Ruckert, abandonné ses anciennes opinions. En 1893-04, Ruckert décrit la maturation dans le Cyclops strenuus, le Diaptomus gracilis et VHetcrocope robusta. C'est le Cyclops qu'il étudie le plus complètement. Après avoir exposé très clairement les vicissitudes d'opinions de Haecker et les liens qui rattachent ses travaux, ceux de vom Rath et d'IsHiKAWA aux idées de Weismann, il reprend l'observation des cinèses de maturation chez le Cyclops strenuus. Sans insister avec précision sur l'origine des bâtonnets avant la période d'accroissement, il décrit ainsi leurs modifications avant et pendant les cinèses de maturation. Les chromosomes sont formés de deux filaments enroulés. Ils s'épais- sissent, se déroulent et se raccourcissent. Leur nombre est la moitié du nombre normal, les cinèses somatiques ayant 22 bâtonnets. Chacun de ces bâtonnets doubles, dont les moitiés sont nées de la division longitudinale d'un bâtonnet unique à l'origine, se segmente à nouveau, mais transversa- lement, et vient, sous forme de tétrade, se ranger à l'équateur. La première cinèse, celle qui sépare le premier globule polaire, entraîne les dyades; la seconde divise chaque dyade en ses unités. Il intervient donc successivement une division longitudinale équation- nelle pour le premier globule polaire et une division transversale réduction- nelle pour le second globule. La réduction numérique de la prophase I n'est qu'apparente, et c'est la seconde cinèse qui, en dissociant les dyades en leurs éléments, effectue la réduction. En 1895 et 1896, Haecker adopte, pour le Cyclops strenuus, la descrip- tion de Ruckert, mais il propose pour le Cyclops brevicornis une interpré- tation toute différente. Il observe là jusqu'à l'équateur la même série de transformations que Ruckert et voit ensuite remonter au pôle 12 bâton- nets-filles en forme de V. Ceux-ci s'accolent deux par deux et forment des croix tétravalentes ; la cinèse d'où naît le second globule polaire les divisera dans un plan perpendiculaire au plan d'accolement des V. Il y aurait donc ici double réduction : des 24 bâtonnets somatiques, 12 demeurent dans la cellule sexuelle et ces 12 en deviennent 6 par accolement. LES PHÉNOMÈNES DE MATURATION 1 65 Dans un dernier mémoire, paru en 1902, Haecker développe son hy- pothèse de i8g6 sur le Çyclops brevicornis. A l'équateur, il voit les 12 chro- mosomes rangés en deux plans superposés de 6 bâtonnets doubles. Chacun, dit-il, a la valeur de tout un groupe quaterne. Ces deux plans sont distants l'un de l'autre et dans l'intervalle existe une paroi séparatrice, une - Schei- dewand - ; elle est formée d'un double contour qui enserre un protoplasme différencié, colorable, et se renfle devant les endroits où les chromosomes sont coudés en A à angle obtus. D'ailleurs, il n'hésite pas à considérer cette - Scheidewand - comme le résultat d'un mauvais traitement par les réactifs. Le retour polaire est rapide. Il sépare les moitiés longitudinales de toutes les tétrades et ces moitiés remontent de chaque côté sur deux plans; elles s'accolent alors de la façon que nous venons de dire. Comme depuis l'œuf, les chromosomes paternels et maternels sont restés individualisés à travers toutes les divisions successives ; comme d'autre part, suivant Haecker, l'un des plans de l'équateur est paternel et l'autre maternel, ce n'est qu'à la couronne polaire que se mêlent les bâtonnets paternels et maternels et qu'ils fusionnent les qualités ancestrales de plusieurs gé- nérations. C'est donc ici qu'a lieu la véritable fécondation en même temps que la vraie réduction dans le nombre des bâtonnets. Pour cela, ceux-ci s'accolent par leur milieu et prennent la forme d'X, qui se couperont bien- tôt à l'entrecroisement de leurs branches, dans le plan perpendiculaire à celui de leur accolement. LE MATERIEL ET LA METHODE. Le Cyclops strenuus est le seul objet sur lequel porte cette étude. Il convient de le décrire pour éviter ainsi toute contestation ; Lameere le caractérise comme suit : Les antennules, formées de dix-sept articles, ne s'étendent que jusqu'au troisième anneau céphalo-thoracique ; leurs trois derniers articles allongés, plus longs que les précédents, sont sans carène; le pénultième est moins long que le dernier; leurs articles intermédiaires n'ont pas de couronne de denticules. Les soies qui terminent les appendices de l'extrémité abdomi- nale ne sont guère plus longues que ces appendices; le corps est robuste, d'une coloration blanchâtre. Longueur : mâle, 2 mm., femelle, 2 mm. 5. Pour recueillir les Cyclops, on puise à même l'eau des mares, de préfé- 166 Paul LERAT rence parmi les plantes du bord. Puis on jette toute cette pêche dans un entonnoir couvert d'un papier filtre, et tandis que l'eau s'écoule goutte à goutte, on retire les plantes et les animaux qu'on peut saisir, larves d'insec- tes, coléoptères, etc. L'eau baissant de plus en plus, les Cyclops se trouvent bientôt accumulés dans le fond de l'entonnoir. On les tue rapidement en les noyant dans la liqueur de Gilson, où ils demeurent environ dix minutes. La couleur saumon qu'ils avaient prise dans le sublimé s'atténue lentement et passe au rose pâle. Quand ils sont tombés au fond du vase où l'on a crevé le papier filtre, on les lave à l'eau pendant une demi-heure. Il faut alors s'assurer de leur espèce. On les examine au microscope, où l'œil s'accoutume vite à distinguer le Cyclops strenuus sans attendre la véri- fication minutieuse des caractères anatomiques. L'enrobage se fait à la paraffine dans de petits tubes à essai, où l'on peut facilement changer les liquides sans perdre les animaux ; quand la ma- nipulation est terminée, on brise le tube pour obtenir le cône de paraffine solide. Il est important au cours de cet enrobage de faire séjourner les Cyclops pendant dix minutes dans l'alcool au tiers et pendant six heures environ dans l'alcool à 500. Tout l'enrobage doit se faire très lentement. Le débit des pièces en lames minces offre les difficultés qu'on ren- contre chez les animaux chitineux. Sous le rasoir, la carapace du Cyclops se délabre et s'effrite, mais les organes internes, surtout l'appareil génital restent intacts, si bien qu'on peut en obtenir des coupes fines, jusque 3 \j. d'épaisseur. Pour colorer les coupes, le mieux est d'employer l'hématoxyline au fer de Heidenhain; la coloration est nette et indélébile. Les autres méthodes usuelles, même celle au Carmin borax, que Rùckert recommande, m'ont semblé de loin inférieures. Enfin, les préparations ont été examinées à la double immersion à l'huile de cèdre, avec l'objectif apochromatique 1,30 de Zeiss et l'oculaire 12 et scrupuleusement dessinées à la chambre claire. 6000 Cyclops environ ont été employés pour ce travail. Si nous avons tenu à expliquer par le menu tous ces détails de la mé- thode, c'est afin d'éviter des contestations nombreuses. On sait d'ailleurs, depuis les expériences de Fischer (99), toute l'importance des manipula- tions lorsqu'on veut apprécier l'exactitude des résultats. 167 OVOGENESE. L'ovaire du Cyclops strenuus, fig. i, est oblong; l'une de ses extré- mités est très allongée; dans le cul de sac qu'elle forme se trouvent les plus jeunes éléments de la lignée sexuelle. L'autre pôle de l'ovaire, qui se con- tinue avec l'oviducte sans démarcation précise, renferme des ovocytes déjà bien développés. Les cinèses de maturation se passent dans l'oviducte. Enfin, les ovisacs ne contiennent que des embryons aux premiers stades de leur développement. I. Sériation générale. Nous établirons d'abord la succession des différents stades qui consti- tuent toute l'ovogénèse pour reprendre ensuite l'analyse de chacun d'eux. La fig. 1 représente une coupe totale de l'ovaire; on y peut suivre tous les stades de l'évolution sexuelle jusqu'à la fin de l'accroissement des ovo- cytes ovariques. i. On trouve d'abord, quand le rasoir a rencontré l'endroit propice, une grande cellule, fig. 1, A, quatre ou cinq fois plus grande que ses voi- sines, très distincte, occupant la partie la plus reculée de la glande. Nous l'appellerons cellule apicale. Haecker ne l'a pas décrite dans le Cyclops et le Diaptomus, non plus que Woltereck dans le Cypris. 2. La cellule apicale est entourée d'une foule de petites cellules, fig. l, B, dont l'élément chromatique est assez abondant; on ne leur voit pas de limites bien nettes; ce sont plutôt des noyaux plongés dans une masse commune de protoplasme. De ces noyaux, quelques-uns sont en division cinétique. Il est bien clair que ces petites cellules sont des ovo- gonies de différentes générations et que cette seconde zone représente la yone de multiplication. La zone des ovogonies n'est pas étendue. Sa limite vis-à-vis de la zone suivante est marquée par une ou deux rangées de cellules en repos parfait. Nous allons voir que ce stade de repos fait la transition entre les dernières divisions ovogoniales et les ovocytes. ihS Paul LERAT 3. Dans la large zone qui suit, le noyau entre alors en synapsis, C. On y voit l'élément chromatique ramassé dans une région de la cavité nu- cléaire. Il faut distinguer deux sortes de noyaux en synapsis. Dans les uns, les filaments composant le grumeau synaptique sont minces. Au contraire, dans d'autres, les filaments synaptiques sont épais. Sans admettre que la contraction synaptique soit entièrement naturelle, nous croyons cependant que, si elle est due à l'intervention des réactifs, ce ne peut être qu'en partie. Voici nos raisons : i° Il est manifeste que l'orientation du synapsis est indifférente : dans certaines cellules, le grumeau est attaché à droite, dans d'autres à gauche, en avant ou en arrière par rapport à l'axe de l'ovaire. On ne peut donc pas trouver là une direction identique de tous les grumeaux, comme elle ne manquerait pas de se produire s'il s'agissait uniquement d'une alté- ration due aux réactifs. 2° Le synapsis se rencontre, pour un objet donné, dans une étendue assez considérable, mais nettement limitée, delà glande génitale; il n'existe ni avant, ni après, pas même exceptionnellement. Il serait extraordinaire qu'une influence des réactifs fut limitée précisément à ce stade. D'autre part, on a trouvé le synapsis dans un grand nombre d'objets. 4. Vient ensuite une zone fort restreinte, D, dans laquelle le filament épais, se détendant au milieu de la cavité nucléaire, mais demeurant encore nettement chrornatophile, subit un dédoublement longitudinal. C'est, pensons-nous, ce stade de filament épais, longitudinalement di- visé, que Haecker (92) a pris pour une figure de diasterde la dernière cinèse ovogoniale. D'après l'auteur, les anses chromatiques de la dernière anaphase ovogoniale ne rentreraient pas au repos, mais persisteraient telles quelles jusqu'à la première cinèse maturative. Elles subiraient dès la télophase ovogoniale une division en long préparant les chromosomes-filles de la pre- mière figure. Ruckert (92) interprète comme Haecker la succession des phénomènes dans le Pristiurus. Dans tous les autres objets, au contraire, on trouve un repos après la dernière cinèse goniale; qu'il nous suffise de citer Woltereck dans le Cypris ( 1 898), Winiwarter dans le lapin et l'homme (1900), Giardina dans les insectes (1902), Janssens dans le triton (1904), Maréchal dans le Pristiurus et le Scyllium (1904). La question de savoir si cette figure correspond au dernier diaster ovo- LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 1 69 gonial ou si elle fait suite à un repos est d'une grande importance. Si c'est un diaster, la division longitudinale qu'on y trouve est vraie, nécessaire- ment. Si, au contraire, cette division en long fait suite à un repos et à un synapsis, il se pourrait, ainsi que nous le verrons plus loin, que le clivage ne fût qu'apparent ou plutôt qu'il n'eût pas la valeur d'une division longitu- dinale authentique. Quoi qu'il en soit, il est absolument certain chez le Cyclops que la dernière cinèse ovogoniale est suivie d'un repos et que les filaments dédoublés en long ne représentent pas un diaster ovogonial. Les consi- dérations suivantes et l'examen des figures le démontreront : i° Ce stade à filaments dédoublés ne se rattache aucunement à des figures de division somatique. Au contraire, il est séparé de la zone de ces divisions par une longue plage de cellules en synapsis. 20 On ne trouve jamais à ce moment deux noyaux voisins se corres- pondant symétriquement l'un à l'autre, ainsi que cela devrait être si ces figures étaient anaphasiques. 3° Ajoutons enfin que cette interprétation est confirmée par la compa- raison avec tant d'autres objets animaux ou végétaux, où des faits identiques furent observés. 5. La zone de dédoublement longitudinal du filament épais est suivie d'une zone très vaste d'accroissement ovocytaire. On y peut distinguer deux régions : dans l'une, fig. l, E, Pl. I et II, le noyau perd sa colorabilité et le protoplasme s'accroît considérablement, sans former toutefois d'en- claves figurées. Cette période est si longue qu'elle occupe à elle seule tout le reste de l'ovaire, c'est-à-dire plus des trois quarts de la glande. Dans l'autre région, qui débute dans l'oviducte, — et qui n'est donc pas représentée dans notre coupe totale, — commence l'accroissement métaplas- mique, fig. 7 à il. Il est caractérisé par la production d'enclaves vitelhnes, la formation d'un réseau nucléaire, la recoloration des chromosomes, cer- taines transformations de ceux-ci aboutissant bientôt à leur condensation définitive, enfin par le développement énorme du nucléole. 6. Ment enfin la zone des cinèses de maturation. Cet aperçu synthétique nous permettra de considérer séparément chacun des stades que nous avons mentionnés. Ainsi nous étudierons : 23 170 Paul LERAT 1 . La cellule apicale ; 2. Les ovogonies; 3. Le synapsis : a) à filaments minces; b) à filaments épais (ou spirème) ; 4. Le dédoublement longitudinal ; 5. L'accroissement ; 6. Les cinèses de maturation. II. Étude détaillée. 1. Cellule apicale. Nous avons déjà dit que ni Haecker ni Woltereck n'ont observé, dans leurs objets, la cellule apicale. D'après eux, l'ovaire commence d'emblée par un certain nombre de petites cellules, le » Keimpolster «. Au contraire, nous avons trouvé à la première assise des cellules géni- tales de l'ovaire une grande cellule, fig. 1, A, riche en chromatine, que son volume et ses caractères empêchent d'assimiler aux cellules voisines. En effet, bien qu'elle ne soit pas séparée de ces dernières par une membrane distincte, elle offre un noyau quatre ou cinq fois plus grand que les noyaux qui l'entourent. Cette cellule possède un nucléole volumineux, un proto- plasme différencié, sans enclaves, et un réseau nucléaire à larges travées, où l'on reconnaît, semble-t-il, des cordons chromosomiques. Quels sont le rôle et la signification de cette cellule apicale? Haecker (97) décrit, dans l'embryon du Diaptomus denticornis, deux cellules qu'avec une persévérance et un bonheur étonnants il poursuit, au milieu des premiers cloisonnements embryonnaires, dans la cœloblastula et la gastrula. Il les nomme Urgenitalzellen. Toutefois, l'auteur n'a pas suivi ces cellules jusque dans la glande définitive. Il considère néanmoins comme certain que les petites cellules qui constituent le « Keimpolster « doivent provenir de la division des Urgenitalzellen. Nous avons aussi, dans l'embryon du C. stre- mius, observé souvent deux cellules semblables à celles que décrit Haecker. Ces cellules ont-elles un rapport avec la cellule apicale? Nous ne pouvons le dire. D'autre part, la cellule apicale fournit-elle en se divisant les cel- lules ovogoniales? Il est impossible de l'affirmer ou de le nier. D'une part, LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 171 la différence très grande entre les dimensions de la cellule apicale et celles des ovogonies semble incompatible avec l'hypothèse de la formation de celles-ci aux dépens de la première. Mais d'autre part, Woltereck admet, pour le Cypris, que la multiplication des ovogonies se fait par une pullula- tion périodique, alternant avec des périodes de repos. La même interpréta- tion parait s'appliquer au Cyclops, où l'on n'observe que rarement des divi- sions ovogoniales. Cela étant, on pourrait admettre aussi que la cellule api- cale traverse des périodes alternatives de division active et de repos. Il faut encore noter un détail fort important. Haecker affirme que, déjà dans les cellules génitales primordiales, le nombre des chromosomes est réduit à n/2 (16 chez le Diaptomus, 12 chez le Cyclops). Dans les Urgenital- zellen et la cellule apicale, nous avons au contraire toujours compté plus de 1 1 bâtonnets, sans pouvoir cependant fixer leur nombre précis. 2. Zone de multiplication. — Ovogonies. Les ovogonies, fig. i, B, — issues peut-être de la cellule apicale, ■ sont riches en substance chromatique. Le noir d'HEiDENHAiN les colore intensément; les mailles du réseau sont inextricables et resserrées dans un noyau d'un fort petit volume. Il faut signaler l'existence constante d'un nucléole, masse noire perdue dans le no)^au. L'endroit que cette masse occupe semble indifférent ; presque toujours, elle a des connexions si nombreuses avec les filaments chroma- tiques que, n'étaient son volume, sa forme nettement sphérique, on la pren- drait volontiers pour un renflement du peloton. Dans certaines cellules, le nucléole paraît unique. Dans beaucoup d'autres, il est double, et les deux masses nucléolaires situées généralement l'une auprès de l'autre ont des dimensions égales. Haecker (02) a récem- ment insisté sur la présence de deux nucléoles dans tout le » Keimbahn « du Cyclops brevicornis. Nous avons rencontré parfois différents stades de la division des ovogonies. Le nombre des cellules en division est restreint. La cinèse est rapide. Chose importante à constater, le nombre des chromosomes n'est pas réduit. La couronne équatoriale se présente comme une barre noire au milieu d'un fuseau grêle, où l'on distingue quelques filaments. Il existe aux pôles de ce fuseau deux petits corpuscules, qui sont sans doute des centrosomes. !72 Paul LERAT La zone des ovogonies, nous l'avons vu plus haut, se termine par une ou deux rangées de cellules au repos. La disposition du noyau n'y est pas différente de ce qu'elle est dans les ovogonies des générations précédentes. On dirait, à première vue, que le réseau chromatique est formé d'un ensemble de plaquettes chromatiques réunies par des tractus achromatiques. Mais, à y regarder de plus près, on se rend compte que ces apparentes plaquettes ne sont que des parties renflées d'une trame générale. 3. Zone des synapsis. Dans notre description des stades qui vont suivre, nous négligeons le nucléole. Nous en indiquerons l'évolution dans un chapitre spécial. Il est difficile de saisir le passage de la disposition en réseau que nous venons de mentionner à celle qui lui fait rapidement suite, nous voulons dire le synapsis à filaments minces, fig. i, C, et fig. 2, a, b, c, d. Toutefois on voit, entre la zone des noyaux quiescents et celle du synap- sis, quelques cellules dans lesquelles le noyau semble rempli de filaments minces encore imparfaitement dégagés du réseau, et correspondant aux noyaux appelés par Winiwarter (oo) du nom de leptotènes. Mais nous devons reconnaître que, dans le Cyclops, ce stade est difficile à élucider. La contraction des filaments minces débute donc d'ordinaire brusque- ment. Il en résulte un magma assez compact, à peu près sphérique et dont les bords présentent souvent de nombreuses bosselures. Souvent, ce magma apparaît tellement dense qu'on n'y peut découvrir aucune structure. Mais dans les cas favorables, lorsque la décoloration est suffisante, on peut facilement se rendre compte que ce grumeau est forme d'un ensemble de filaments. Le reste du noyau est vide de tout élément différencié, fig. 1, C, et fig. 2, a, b, c, d. L'orientation du grumeau par rapport à l'axe de l'ovaire est tout à fait indifférente. Il est refoulé contre la membrane et paraît adhérer à celle-ci sur une certaine étendue. De plus, nous n'avons jamais pu constater dans le protoplasme, excessi- vement restreint à ce moment, une formation quelconque qu'on puisse rap- procher d'une sphère ou d'un cytocentre; et par conséquent nous ne pouvons confirmer les observations des auteurs qui ont admis que la contraction se produit toujours du côté où est située la sphère. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 1 73 Le magma synaptique est souvent assez compact. Mais il est très fréquent de trouver des noyaux où quelques filaments émergent de la masse. Ils se présentent généralement d'un même côté du grumeau et allongent leurs anses dans l'espace vide de la cavité nucléaire. Ces anses sont toujours formées d'un filament grêle, unique, parfois un peu noueux. Deux faits très importants sont à signaler dès maintenant : c'est d'abord que la transition entre le synapsis à filaments minces et le synapsis à fila- ments épais dont il va s'agir tout à l'heure, fig. 3, est extrêmement brus- que. Parfois, on rencontre dans un même noyau, sortant du magma unique, des filaments minces et des filaments épais; mais il n'y a nulle part d'inter- médiaire : on ne trouve jamais de stade d'épaississement reliant graduelle- ment le filament mince au filament épais, fig. 2 et 3. C'est ensuite la présence à ce stade d'appariements (Paarungen) plus ou moins nombreux entre les filaments minces. Dans certains noyaux, on voit un filament d'abord épais se continuer en deux filaments grêles distincts qui divergent, puis se réunissent ou rentrent séparément dans la masse chromatique, fig. 2, c et d, fig. i (le premier synapsis à gauche, en bas). De ce synapsis à filaments minces, on passe au synapsis à filaments épais. Il sort du grumeau des filaments gros, doubles en épaisseur de ceux qui sont entrés en contraction, fig. 3 et fig. 1, çà et là. A mesure qu'ils émer- gent du grumeau, ils s'ordonnent naturellement en anses, parfois très régu- lières, dont l'orientation dépend de la manière dont la coupe s:est présentée au rasoir. Souvent, ces anses dirigent leur convexité vers la cavité nu- cléaire. Le filament en est lisse ou un peu bosselé; on n'y trouve jamais de disques ni de plaques chromatiques insérées en une série linéaire sur un ruban achromatique. Dans les cas favorables, on compte assez facilement le nombre des anses, et on voit qu'elles existent, dès ce moment, en nombre réduit. Ces anses aboutissent toutes au magma; il est donc impossible de savoir si elles sont réunies ou non en un peloton continu. Le dégagement des filaments spirématiques ne se fait cependant pas entièrement dès maintenant. Durant toute la période d'accroissement ova- rique, il persiste une sorte de magma chromatique situé dans la région synaptique primitive et dans lequel viennent se terminer les anses chroma- tiques libres dans le reste de leur longueur. Ces anses ne vont se dégager qu'au moment où les œufs seront arrivés dans l'oviducte. Nous reviendrons 174 Paul LERAT sur ce magma chromatique, qui présente une certaine importance au point de vue du nucléole. 4. Dédoublement longitudinal. Ce dédoublement apparaît bientôt çà et là dans les anses épaisses et coïncide avec une certaine détente de toute la masse chromatique, fig. l, D, et fig. 4, a, b, c. Il n'a pas grande régularité et ne se présente jamais comme le clivage de disques chromatiques; souvent les moitiés sont tor- dues ou entrelacées plutôt que juxtaposées. On voit ainsi d'une masse chro- matique marginale, quelquefois fragmentée en deux, s'échapper de nom- breux filaments divergents, souvent fendus en long; après avoir couru jusqu'au pôle opposé du noyau, ils rentrent bientôt dans la masse origi- nelle. D'autres fois, la masse sidérophile est centrale et des prolongements doubles en partent en rayonnant vers la membrane. On dirait une araignée dans sa toile. Nous parlerons plus tard du nucléole. Avant de poursuivre l'évolution des ovocytes, il convient de chercher le sens des phénomènes qui se sont succédé dans le champ du microscope. Quelles relations unissent les filaments minces de iovocyte avant le sy- napsis et les tronçons spirematiques qui naissent de ce dernier? C'est là toute la question. De ce qui précède, il résulte que la série des intermédiaires est la suivante : Filaments minces et longs. — Synapsis à filaments minces. — Synap- sis offrant à la fois des anses à filaments minces et des anses à filaments épais, et montrant en même temps des filaments appariés. — Déroulement du synapsis en anses épaisses. — Dédoublement en long de ces anses. Le mérite d'avoir établi le premier la sériation des aspects que nous venons de décrire revient à von Winiwarter foo), qui l'a étudiée chez le lapin et chez l'homme : filaments minces (noyau leptotène), synapsis mince à dualités (noyau synaptène), filament épais (noyau pachytène), dédouble- ment longitudinal (noyau diplotène). Cet auteur considère comme l'interprétation la plus probable, sinon cer- taine, l'hypothèse qui suit : les filaments minces s'accolent deux à deux, donnant naissance ainsi à un filament épais qui se dédouble ensuite en ses deux éléments constituants. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 175 L'hypothèse d'un accolemcnt préspirématique a été reprise par Gré- goire (04) et Berghs (04) chez diverses plantes, par Schreiner (04) chez les poissons, Maréchal (04) chez les sélaciens, Rosenberg (04) chez les végétaux, Tretjakoff 104) chez Y Ascaris. Nous trouvons dans notre objet certaines données qui, sans suffire par elles-mêmes à établir l'hypothèse de l'accolement, sont de nature cependant à confirmer les données favorables à cette interprétation qu'on a décou- vertes dans d'autres objets et à faire admettre que l'hypothèse de l'accole- ment est la plus vraisemblable pour le Cyclops. Voici ces données : 1) Dualité des filaments minces : dans certains synapsis à filaments minces, on constate dans une anse écartée du grumeau que celle-ci est double en son milieu, unique et épaisse à ses extrémités, fig. 2, c, d. Ces aspects, il importe de le noter, s'observent à un stade qui précède cer- tainement le stade à spirème épais, fig. 3. Qn ne peut donc pas les confondre avec les aspects de dédoublement longitudinal qui font suite à ce dernier stade, fig. 4, et ils ne peuvent avoir d'autre signification que celle d'un véritable accolement de filaments minces deux à deux. C'est l'argumen- tation de Winivvarter pour les animaux et de Grégoire et Berghs pour les végétaux, fondée sur la présence d'un stade à spirème épais indivis entre deux stades à dualités. 2) L'existence simultanée dans un même noyau d'anses minces et d'anses épaisses ajoute à ces faits une probabilité de plus. 3) Passage brusque du filament mince au filament épais : il n'existe nulle part d'apparence d'épaississement graduel du spirème, ni de filament à volume intermédiaire entre le mince (leptotène) et l'épais (pachytène). Le filament épais a dès le début un volume double de celui du filament mince. Ainsi que l'admet Grégoire (1904), il semble bien clair que les filaments qui s'accolent deux à deux représentent des chromosomes somatiques ; par conséquent, chaque nouveau chromosome, né du synapsis, est bivalent dans le sens de son épaisseur et que ce sont ces filaments minces qui reparaissent lors du dédoublement longitudinal. Comme nous verrons d'autre part que ce sont ces moitiés longi- tudinales qui sont distribuées aux deux pôles de la première cinèse de maturation, la réduction durant le synapsis n'est donc qu'une pseudo- réduction et la vraie réduction se passe à la couronne équatoriale de la première division. !76 Paul LERAT Ces conséquences, nous les rappellerons après l'étude de cette cinèse elle-même. Faisons seulement remarquer maintenant que, si, comme l'a admis Haecker, le nombre de chromosomes était réduit dès avant le stade ovocyte, on ne pourrait pas appliquer au Cyclops l'hypothèse de l'accole- ment et l'interprétation de la réduction qui s'y rattache. Seulement, nous avons vu que dans le Cyclops strenuus la réduction numérique n'apparaît pas avant le stade ovocyte. 5. Zone d'accroissement Chez le Cyclops, l'étude de cette zone est de toute première importance. Elle fournit une solution définitive au double problème qui se pose dans toute ovogénèse au sujet de cette période : 1) Les chromosomes persistent-ils comme tels? 2) Y a-t-il persistance de la division en long et les moitiés longitudi- nales vont-elles devenir les branches constitutives de chaque chromosome I définitif? Les auteurs, on le sait, sont partagés. Carnoy et Lebrun (97-02), en ce qui concerne le premier point, nient toute persistance des chromosomes. Woltereck (98) admet aussi que, dans le Cypris, l'élément chromatique disparaît durant le stade d'accroissement. Winiwarter (oo) dans les mam- mifères, Giardina (02) dans les insectes, décrivent la formation d'un réseau quiescent à l'aide des chromosomes divisés longitudinalement. Enfin, Hartmann (02) et Guenther (03) admettent que les chromosomes se ramassent en un nucléole, d'où ils se dégageraient plus tard. D'un autre côté, une foule d'auteurs admettent la persistance des chromosomes durant toute la période d'accroissement. Seulement, beaucoup reconnaissent qu'à un certain moment ils deviennent indistincts et plus ou moins invisibles. Touchant le second point, il faut rappeler que plusieurs auteurs ne considèrent pas les deux moitiés de la division longitudinale comme destinées à devenir les branches constitutives des chromosomes de la première cinèse. Tels sont, entre autres, Ruckert (92) pour les sélaciens, Schockaert (02) pour les planaires. Haecker, dans le Cyclops et le Diaptomus, dessine durant tout le stade d'accroissement des chromosomes très nets, lisses et clairement formés de LES PHÉ.NOMKNES DE LA MATURATION 1 77 deux moitiés longitudinales. Nous n'avons jamais observé de cas semblable, c'est ce qui nous autorise à croire que Haecker a schématisé ses dessins. L'intérêt primordial du Cyclops est précisément qu'il permet d'une part d'observer des transformations assez notables des chromosomes et de con- stater d'autre part que ceux-ci ne perdent pas leur autonomie et que leurs moitiés longitudinales deviennent en se condensant les deux branches de chaque bâtonnet définitif, c'est-à-dire, comme nous le verrons, les chromo- somes-filles I. C'est ce que nous allons décrire. Plus haut, nous avons dit qu'il faut diviser la zone d'accroissement en deux zones secondaires : la première, où le protoplasme est sans enclaves, s'étend jusqu'aux confins de l'ovaire; la seconde, où le deutoplasme appa- raît dans le protoplasme, commence à l'endroit où les œufs arrivent dans l'oviducte au voisinage du canal intestinal. Première zone d'accroissement (jusqu'à la limite distale de l'ovaire). Le phénomène le plus apparent de cette période d'accroissement, c'est l'augmentation de volume de l'ovocyte. Le protoplasme cellulaire ne parait pas se modifier. Il est toujours con- stitué d'un réseau très fin, vide d'enclaves et dans la masse duquel setrouvent les noyaux. Le plus souvent, il n'existe pas de membrane cellulaire visible. Dans quelques parties cependant, où les œufs sont le plus tassés les uns sur les autres, une mince ligne à double contour les délimite. Cela se rencontre surtout dans le voisinage du bord libre de l'ovaire; les cellules y sont pres- sées et chacune d'elles s'enfonce dans la masse en forme de coin, ce qui donne à l'ensemble des ovocytes un aspect radié, fig. l. Quant aux noyaux, ils sont toujours nettement circonscrits par une membrane. Ils augmentent rapidement de volume jusqu'à devenir au bout de la zone d'accroissement dix à quinze fois plus volumineux qu'après le synapsis. Il se passe, pendant ce temps, des modifications dans la structure de ces noyaux. Les anses chromatiques doubles se détendent de plus en plus et se granulisent; elles subissent surtout une décoloration graduelle commençant souvent du côté convexe des anses, tandis que les parties qui sortent ou qui s'enfoncent dans le pâté chromatique demeurent plus vivement colorées, fig. 1, E, Pl. I et II. Cette décoloration partielle des anses les rend un peu moins nettes et surtout elle rend indistinctes leurs dualités. Mais ■2-1 l78 Paul LERAT quelque granuleux, quelque pâles que deviennent les filaments, on les suit toujours très facilement et de plus, chose importante, on ne voit jamais disparaître les dualités. Elles restent toujours apparentes dans les tronçons d'anses qui demeurent bien colorés. Ces tronçons offrent ceci de particulier qu'ils sont déjà plus lisses près du pâté chromatique que dans leurs parties éloignées, comme si la différentiation était d'autant plus rapide que le fila- ment double est plus près de ce pâté. Durant toute cette période qui nous occupe, il n'existe rien de diffé- rencié dans le noyau, sauf le pâté chromatique et les anses chromatiques doubles. Il n'y a donc pas encore de réseau caryoplasmique. Il arrive un peu plus tard que les anses du peloton se libèrent partiel- lement et prennent une certaine autonomie. Celle-ci, d'ailleurs, n'est jamais complète à ce stade. On peut ainsi trouver dans le noyau quelques tron- çons isolés d'une longueur variable fendus longitudinalement ou du moins séparés en deux portions voisines. Ce sont déjà les bâtonnets, dont l'exis- tence et les caractères s'affirmeront surtout dans la zone suivante. Deuxième zone d'accroissement (dans l'oviducte). Elle offre les particularités suivantes : 1) La formation des enclaves vitellines; 2) L'apparition d'un réseau à l'intérieur du noyau; 3) Des transformations assez considérables dans les chromosomes, aboutissant à leur achèvement. 4) Des modifications importantes du nucléole. Nous ne nous arrêtons pas au premier de ces points; le quatrième trouvera sa place quand nous traiterons du nucléole ; étudions ici les deux autres. D'abord le réseau nucléaire. En général, il semble se former d'une façon extrêmement rapide. Dans les coupes où nous voyons l'ovaire en continuité avec l'oviducte, le con- traste entre les ovocytes ovariens et ceux de l'oviducte est extrême. Les premiers ne montrent, dans la cavité nucléaire, que les anses chromoso- miques assez décolorées; les seconds, au contraire, ont un noyau rempli d'un réseau assez abondant, dans lequel sont engagés les chromosomes ; ce réseau est lui-même assez vivement coloré, fig. 9, 10, il, et ses trabécules portent un grand nombre de granulations chromatiques. Au sein de ce réseau, on reconnaît toujours nettement les chromosomes, ainsi que nous allons le voir. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 179 Quelle est l'origine de ce réseau et comment s'ébauche-t-il? Nous avons observé parfois certains noyaux de la zone d'accroissement métaplas- mique, dans lesquels le réseau n'est pas encore formé. Alors, on constate l'une des deux dispositions des fig. 6 et 7. Ou bien la plupart des chromo- somes sont transformés en une sorte de bandes réticulées et granuleuses, réunies entre elles par quelques brides chromatiques; ou bien ils se conser- vent assez lisses dans une cavité où apparaissent quelques plages de réseau. Faut-il considérer ces dispositions comme intermédiaires entre les noyaux dépourvus de réseau et ceux qui sont remplis d'un réseau abondant et admettre alors que celui-ci se formerait graduellement, peut-être aux dépens des chromosomes eux-mêmes? Nous ne pourrions répondre à cette question. Nous croyons cependant qu'en général le réseau se forme assez brusquement. Et nous mettrions volontiers cette apparition brusque en rapport avec le moment où se forme le réseau et avec l'aspect qu'il présente au moment de sa formation. C'est lorsque les ovocytes arrivent au contact du canal intestinal que le réseau apparaît au moment où l'œuf reçoit une nourriture abondante, et il se montre, ainsi que nous l'avons dit, sous une forme extrêmement granuleuse. Nous ne serions pas éloigné de penser que nous sommes là en présence d'un phénomène trophique, et que le réseau représente en quelque sorte un dépôt de substances nucléaires nouvelles se faisant rapidement dès que la nourriture afflue dans l'œuf. Voyons maintenant les transformations des chromosomes. On pourrait dire qu'elles consistent en une certaine expansion de leur substance, suivie, bientôt après, d'une reconcentration de celle-ci, amenant les chromosomes à prendre leur forme définitive. Chacun d'eux est d'abord transformé en une sorte de petit réseau granuleux, plongeant dans le réseau extrachromoso- mique et rattaché à ce dernier. Les fig. 7, 9, 10, il, 14 montrent nette- ment ces modifications chromosomiques. Les fig. 15, 16, 17, 18, 19 repré- sentent au contraire la reconcentration progressive des chromosomes. Toute cette série de figures est extrêmement instructive, car elle pos- sède une valeur probante toute spéciale au point de vue des deux questions que nous posions plus haut au sujet de la période d'accroissement, p. 176. Il faut remarquer, en effet, que les modifications dont nous venons de par- ler ne se produisent pas en même temps ni avec la même importance dans tous les chromosomes. Certains d'entre eux devancent pour ainsi dire leurs compagnons, et à tout moment on voit, dans le noyau à côté de chromo- somes réticulisés, d'autres chromosomes, dont une partie au moins est déjà i8o Paul LERAT concentrée et lisse, fig. 9, 10, 11. Il y a plus, dans ces portions lisses on discerne toujours très nettement les deux moitiés longitudinales. Et nous suivons celles-ci sans interruption jusque dans les chromosomes définitifs. C'est grâce à ces deux circonstances que nous pouvons établir les deux con- clusions suivantes : î) Il y a persistance des chromosomes. Et c'est précisément l'avantage du Cyclops de laisser voir, à tous les instants du développement, au moins des portions individualisées des chromosomes. Le noyau n'est jamais exclu- sivement occupé par un réseau dont certaines travées représentent les bâtonnets ou leurs axes, sans que ces travées possèdent de caractères morphologiques spéciaux. Au contraire, c'est ce qu'on trouve souvent dans d'autres objets; chez les batraciens et les poissons, les tronçons chromosomiques disparaissent par décoloration graduelle ; ailleurs, on les voit engagés dans un réseau où ils sont méconnaissables. Ici, si nous les voyons se décolorer, si nous les voyons s'engager dans un réseau, nous pouvons affirmer cependant, grâce à la présence constante de portions lisses, que ces bâtonnets persistent sans interruption. Et ce cas du Cyclops est fort important. Il en résulte, en effet, qu'il faut admettre la persistance des bâtonnets même dans les cas où les tronçons deviennent invisibles ou méconnaissables, c'est-à-dire dans les cas où leurs modifications sont plus considérables que dans le Cyclops. 2) Les moitiés longitudinales des anses deviennent les branches des bâtonnets. Nous avons suivi, étape par étape, les moitiés longitudinales du chro- mosome, depuis son origine synaptique jusqu'à son achèvement. Nous pouvons ainsi affirmer qu'à aucun moment de cette évolution ne se produit un repliement semblable à celui qu'ont décrit plusieurs auteurs pour la spermatogénèse. Les deux branches constitutives du chromosome définitif sont les deux moitiés longitudinales. 6. Les cinèses de maturation. Quand, après ces multiples transformations, les chromosomes de l'ovocyte sont mûrs et vont se diviser pour l'expulsion du premier globule polaire, on les trouve épars dans le noyau, au nombre de onze, fig. 17, 18, 19, 20, 2J. Chacun d'entre eux est double et ses deux moitiés sont lisses, nettement circonscrites, uniformément colorées. Ils occupent aussi LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION l8l bien le centre du noyau que sa périphérie. Leurs moitiés constitutives ont entre elles des rapports variables : elles restent parallèles ou se montrent enlacées ou sont croisées en forme de X très allongés, mêmes figures. Ruckert, on le sait, décrit des chromosomes en forme de tétrades. Les deux branches constitutives de chacun d'entre eux seraient fendues trans- versalement. Nous n'avons jamais observé ces tétrades. En analysant les chromosomes avec la combinaison : objectif apochromatique 1.30 de Zeiss et oculaire 12, nous constatons toujours facilement que les deux branches sont tout à- fait continues. Ce n'est qu'ait moment oit les chromosomes s'attachent aux fibres du fuseau, fig. 22, 23, 24, que nous rencontrons dans les unes polaires des aspects ressemblant un peu à ceux que décrit le pro- fesseur de Munich. A ce stade et dans ces conditions, nous observons par- fois, au milieu de certaines branches, un endroit plus clair, une portion plus pâle, correspondant assez bien à l'étranglement décrit par Ruckert. Mais en mouvant la vis micrométrique et en poursuivant ces anses dans la pro- fondeur, on se rend très bien compte de la continuité des branches. Leurs portions claires s'expliquent simplement de la façon suivante : comme tous les plans de la coupe ne se trouvent pas au point en même temps, si l'on dispose le microscope de manière à voir au point les deux portions termi- nales des branches chromosomiques, il en résultera que les deux portions médianes, situées maintenant l'une au-dessus, l'autre au-dessous du niveau de vision claire, n'apparaîtront que d'une façon voilée. Elles se montreront donc plus claires, et feront l'effet d'une fente transversale. On se rend faci- lement compte de la vérité de cette interprétation en faisant mouvoir la vis micrométique. On suit alors les deux petites proéminences formées au- dessus et en dessous du chromosome par les deux portions médianes soule- vées déjà vers les pôles, fig. 23, 24. Si on ajoute à cela le fait que, très souvent, la chromatine montre une tendance à s'accumuler aux extrémités, on comprend facilement comment des apparences de groupes quaternes peuvent se produire sans avoir cependant la signification qu'on leur a attribuée. Il existe de nombreuses variétés dans la forme des chromosomes. Les deux branches sont parallèles, croisées, enlacées, disposées en V ou en Y. Quelquefois, dans le protoplasme moins dense autour des bâtonnets, on aperçoit les moitiés de ceux-ci réunies entre elles par des brides très minces qu'on voit courir dans l'espace clair qui les sépare, fig. 20 et 21; ces brides persistent parfois plus tard et donnent alors à la couronne équatoriale des 182 Paul LERAT aspects spéciaux. La - Scheidewand « de Haecker se rapproche fort de cette disposition ; peut être ne faut-il voir là qu'un accident de préparation, ainsi que Haecker l'admet pour la membrane séparatrice. C'est alors que certains filaments du fuseau qui s'ébauche s'insèrent sur les bâtonnets. Souvent, on voit à l'endroit de cette insertion un petit cône d'implantation très visible : c'est une légère éminence dont la base fait corps avec le bâtonnet, qui est aussi colorée que lui et d'où partent vers le pôle les filaments fusoriaux. Le lieu de l'insertion est variable : on l'observe indifféremment au milieu du chromosome, au bout de ce dernier ou excen- triquement, entre le bout et le milieu. C'est ainsi que se trouvent réunis chez le C. strenuus les trois types d'insertion classiques pour les végétaux : i) l'insertion médiane où les parties du bâtonnet de chaque côté de l'endroit d'insertion sont égales =, fig. 25, 26; 2) l'insertion terminale qui ne divise pas le bâtonnet par son implan- tation =, fig. 25; 3) l'insertion subterminale où les filaments s'attachent au bâtonnet en dehors de son milieu et délimitent ainsi deux parties inégales =, fig. 26. Telles sont les formes des chromosomes lorsqu'ils se rangent au plan équatorial. La figure équatoriale est bien un plan et non pas une cou- ronne : on trouve, en effet, des bâtonnets à toutes les profondeurs de la cellule dans les ovocytes vus de profil, et dans ceux vus du pôle, on ob- serve, outre les bâtonnets de la circonférence, plusieurs bâtonnets centraux. A l'équateur, ces chromosomes montrent toujours leurs deux moitiés superposées. Jamais on n'y rencontre de groupes quaternes; jamais nous n'avons trouvé, dans les nombreuses figures à ce stade, la moindre appa- rence qui pût ressembler à une tétrade. De plus, les bâtonnets ne restent pas raides et parallèles comme dans les schémas de Ruckert. La variété de leurs insertions fait varier aussi leurs formes dès le début de l'anaphase. Ils prennent nettement la forme de deux V opposés (^) quand leur in- sertion est médiane, fig. 25, 26. Ils se coudent aussi, mais inégalement, quand leur insertion est subter- minale ([]), fig. 26. LES PHENOMENES DE LA MATURATION 183 Ils se relèvent tout droit quand leur insertion est terminale ( ), fig. 25. Mais tandis que leurs extrémités symétriques affrontées jusqu'alors s'écartent un peu, mais toujours en regard l'une de l'autre, on voit, dès que commence l'anaphase, plusieurs bâtonnets se diviser dans le sens de leur longueur, soit dans une de leur branches, soit dans leurs deux branches à la fois. Ces V doubles ou ces V à trois branches ont des moitiés égales ou inégales selon l'insertion des bâtonnets dont ils proviennent. Ce phénomène n'est nullement une apparence : les plus forts grossis- sements démontrent encore l'existence d'une fente longitudinale, tandis qu'ils montraient plus haut la continuité dans les prétendues fentes transversales de Ruckert. Il n'est pas non plus une exception. Toutes nos figures en font foi. Il est impossible enfin d'expliquer cette constance de la division en long par un accident de préparation, puisque jamais à des périodes précédant l'anaphase de semblables aspects ne nous ont apparu. Il importe de remarquer ceci pour l'interprétation de nos figures : au moment où, comme nous l'avons dit, nous voyons des chromosomes divisés en long opposés deux par deux à l'équateur, nous comptons certainement de chaque côté le nombre réduit complet de chromosomes. On ne pourrait donc pas expliquer nos figures de la façon dont Haecker a expliqué les figures du Cyclops brepicomis, à savoir en admettant l'existence de deux plans de six chromosomes doubles. Cette interprétation suppose en effet qu'il n'existe de chaque côté de l'équateur que la moitié du nombre réduit. Dans le Cyclops stremtiis, puisque les figures comportent de chaque côté de la ligne équato- riale le nombre réduit complet de chromosomes, il est clair que ce stade constitue l'anaphase, que nous sommes en présence du commencement de séparation dicentrique des chromosomes vers les pôles; et par conséquent la division montrée par ces chromosomes ne peut être qu'une vraie division longitudinale, à mettre sur le même pied que toutes les divisions longitu- dinales tant de fois décrites dans les chromosomes-filles de la première cinèse de maturation. Quel est le sort ultérieur des bâtonnets? Donnent-ils sans repos le second globule polaire? Ruckert l'affirme et cette affirmation a pour elles toutes les vraisemblances. Nous ne saurions pas l'établir définitivement, parce que nous n'avons jamais pu poursuivre un œuf jusqu'au terme de sa 1^4 Paul LERAT maturation. Par comparaison avec tous les autres objets, nous pouvons l'admettre ici comme logique et seule possible. En tous cas, les faits qui précèdent, dûment constatés dans le Cyclops strenuus, font rentrer cet objet dans le schéma de tant d'autres où l'on a établi qu'une division longitudinale à l'anaphase I préparait les chromo- somes-filles de la seconde cinèse. Le nucléole dans l'ovogénèse. L'ovogénèse du Cyclops offre au sujet du nucléole des données intéres- santes, surtout si on les rapproche des observations faites dans les autres objets, et nous faisons principalement allusion aux rapports éventuels entre les chromosomes et le nucléole. Au repos qui précède la période d'accroissement, nous avons observé dans les jeunes ovocytes un et souvent deux nucléoles. Que deviennent-ils pendant le synapsis? Au début, le nucléole conserve son individualité pendant un certain temps : quelques cellules le montrent encore tout à fait indépendant. Bientôt, le nucléole ne demeure plus nettement distinct du grumeau sidérophile. A-t-il persisté, ou bien a-til disparu, ainsi que l'admet d'Hol- lander (04) pour les oiseaux? Nous inclinons à croire qu'il subsiste. On remarque en effet, dans le magma synaptique, une tache plus foncée, parais- sant homogène et se distinguant ainsi de l'amas enchevêtré des filaments chromosomiques. D'autre part, lorsque un peu plus tard les chromosomes vont se dégager les uns des autres, on reconnaîtra, tout à fait distincte et assez volumineuse d'emblée, une tache nucléolaire incolore parmi les em- pâtements chromatiques très noirs. Souvent, une fois libéré du grumeau, le nucléole reprend sa forme plus ou moins sphérique d'autrefois. Les modifications sont surtout importantes à partir du moment où commence l'accroissement deutoplasmique de l'ovocyte, c'est-à-dire à partir du moment où les ovocytes arrivent au contact du canal intestinal, fig. 8 et suivantes. Après une décoloration partielle, qui coïncide avec une coloration plus foncée des chromosomes, le nucléole se charge à nouveau de matière chro- matophile; puis, tandis que se forme le réseau chromatique et que les chromosomes se condensent et deviennent de plus en plus sidérophiles, le nucléole lui-même pâlit insensiblement. A cette période, il a grandi comme i ES DE ! \ MATURATION 1 85 l'ovocyte et son volume est considérable. Il a la forme d'une boule et con- tient de nombreuses vacuoles pressées les unes contre les autres, qui lui donnent une apparence réticulée, in;. 12. Mais ce stade est passager. La sphère s'allonge ou s'étrangle, se con- tourne de mille façons, perd ses vacuoles- et par conséquent l'apparence de son réseau intérieur. Le nucléole prend la forme d'un boyau large et irré- gulicr dont la couleur s'unifie de plus en plus. A ce moment, il contient encore de la chromatine. Celle-ci prend bientôt un aspect bizarre : au sein du nucléole apparaît, nettement dessinée, une masse chromatique noire, rétractée et parfois rattachée par des brides à la périphérie du nucléole. On dirait d'une chromatolyse, dans le sens propre du mot. Cette résolution chromatique s'achève, comme le montre la fig. 9 qui présente trois frag- ments de nucléole à des moments différents de la chromatolyse. Elle vide complètement le boyau nucléolaire de son contenu sidérophile. Alors, le nucléole n'apparait plus que comme une tache amorphe et sans structure, nettement délimitée au milieu du réseau caryoplasmique. Quelquefois coexistent encore divers fragments. On peut poursuivre très loin des tronçons de nucléole parmi les filaments du fuseau dans la cou- ronne équatoriale. On le retrouve encore à l'anaphase sous forme d'une sphère perdue dans le protoplasme différencié. Pendant tous ces remaniements, les chromosomes gagnent ce que perd le nucléole, comme si ce dernier leur cédait peu à peu la chromatine dont il est d'abord rempli. Cet échange expliquerait le remaniement total de la nucléine durant le stade d'accroissement; elle expliquerait aussi l'atrophie du nucléole et permettrait de découvrir, du moins partiellement, son utilité et son rôle dans la maturation des cellules sexuelles. Quoi qu'il en soit, il y a certainement, dans le Cyclops, distinction par- faite entre le nucléole et les chromosomes ; leurs rapports ne sont que des échanges de substance et non des relations morphologiques directes. Le grand nucléole fragmenté de l'ovocyte durant les derniers stades de l'ac- croissement n'est pas autre chose que le nucléole du stade présynaptique. Il semble que ce nucléole du Cyclops a la même valeur que celui de tant d'autres objets, celui des échinodermes par exemple. Il faudrait donc, cette assimilation une fois reconnue, admettre qu'il n'y a pas non plus dans ces objets de rapports morphologiques directs entre le nucléole et les bâtonnets. Peut-être aussi, comme nous l'avons vu plus haut, le nucléole chez le 23 1 86 Paul LERAT Cyclops strenuus est-il de nature à éclairer le problème obscur encore de la signification du nucléole en général. Car, il est remarquable que cet organe prend ici son développement considérable et son grand volume à partir du moment où les œufs arrivent dans l'oviducte au contact du canal intestinal. Ce fait est accompagné de circonstances concomitantes qui en complètent la portée : l'expansion des chromosomes, la formation du réseau extrachromosomique, la vacuolisation et la dilatation du nucléole lui-même, après une colorabilité momentanée, enfin l'apparition constante d'enclaves vitellines dans le protoplasme. Ce sont tous là, semble-t-il, des phénomènes trophiques à rapprocher les uns des autres, mais pour lesquels nous ne proposons pas d'hypothèse générale. Il existe encore ici une particularité à mettre en rapport avec ce qu'on observe chez les poissons et les batraciens : l'empâtement chromatique du début du stade d'accroissement apparaît quelquefois sous forme de plusieurs gouttelettes de chromatine qu'on dirait avoir coulé sur les filaments chro- mosomiques, fig. 5. Puis ces gouttelettes se concrètent en îlots plus grands. Les nucléoles des batraciens et des poissons ne sont-ils pas formés de gouttelettes semblables devenues indépendantes? Maréchal (05) vient pré- cisément de signaler cet aspect en gouttelettes que présentent les nucléoles des poissons. Nous ne faisons que suggérer cette hypothèse. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 187 SPERMATOGÉNÈSE. Sériation. La glande testiculaire a la forme d'un Y dont les branches supérieures se terminent par les spermiductes. C'est à la pointe de la branche unique inférieure que naissent les plus jeunes cellules de la lignée spermatogéné- tique. A mesure qu'on s'éloigne de cet endroit, on rencontre des cellules de plus en plus différenciées, de plus en plus petites, jusqu'aux spermatozoïdes tout formés. Nous avons représenté dans la fig. 31 une coupe totale du testicule. La sériation, sauf en ce qui concerne la deuxième cinèse, y est nette et confirme pleinement celle de l'ovogénèse. Nous ne rencontrons pas ici la cellule apicale nettement caractérisée et distincte de ses voisines comme elle se trouve dans l'ovogénèse. Le cul-de- sac du testicule est occupé par un certain nombre de grandes cellules, montrant souvent des stades de division. La zone de ces cellules se continue avec une zone assez longue de spermatogonies. Une zone très longue de synapsis à filaments minces fait suite à celle-ci, puis viennent le synapsis à filaments épais, la division longi- tudinale, l'achèvement des chromosomes et enfin les cinèses de maturation. Ces trois dernières zones, outre qu'elles sont très restreintes, sont aussi mal délimitées les unes d'avec les autres. Nous allons reprendre ces différentes zones en détail, dans les points seulement qui ont quelque intérêt et en omettant tous les faits connus qui n'ont plus d'importance critique. 1. Zone de multiplication. Il y a peu de chose à dire sur les cellules qui occupent le sommet de la glande et sur les spermatogonies. Notons seulement deux faits très impor- tants pour la comparaison de nos observations avec celles de Haecker. C'est que, dans les divisions observées dans cette zone, nous comptons, sinon le nombre normal précis de chromosomes (la numération parfaite est tou- jours assez difficile), du moins un nombre approchant, environ une ving- ! 88 Paul LERAT taine. Il résulte de là que, dans le Cyclops strenuus, la réduction du nombre des chromosomes (réduction apparente ou réelle, peu importe ici) ne se montre pas durant la période de multiplication. C'est ici, comme dans le plus grand nombre de cas (sinon tous), à la prophase spermatocytaire que le nombre — apparaît pour la première fois. 2 Notons un second fait. C'est que, ici comme dans l'ovogénèse, le stade de la division longitudinale dont nous parlerons bientôt ne succède pas directement à l'anaphase de la dernière cinèse goniale, mais en est séparé par un repos, fig. 31 et 33, et par une longue étape de synapsis mince, fig. 31 et 34. La coupe 31 en est une preuve évidente. 2. Zone des synapsis. Le synapsis à filaments minces, fig. 31 et 34, présente un aspect tout spécial, car la contraction n'y forme pas un grumeau aussi compact que dans l'ovogénèse : une partie du grumeau est constituée par des filaments très distincts, tandis qu'une autre portion offre l'apparence d'une masse chromatique amorphe, où l'on ne peut à première vue découvrir aucune structure. Que représente cet amas chromatique? Est-ce une partie des fila- ments plus massés, plus denses que les autres? Ou plutôt n'est-il pas constitué par le nucléole? Au premier examen, la forme sphérique de la masse appuie cette der- nière hypothèse. Mais d'autre part, lors de la détente du synapsis, on ne trouve plus de trace de cet amas chromatique ; il arrive aussi que, durant le stade de contraction, on distingue dans cet amas lui-même une tache plus claire ou plus foncée qui doit correspondre au nucléole. D'ailleurs, quand cette masse est décolorée davantage, elle se montre, elle aussi, constituée d'un ensemble de filaments (çà et là dans la fig. 31). Pendant ce synapsis, nous avons observé aussi des dualités pareilles à celles de l'ovogénèse, fig. 34. Elles n'apportent pas à l'hypothèse de l'acco- lement une preuve péremptoire; mais, rapprochées des dualités de filaments constatées dans l'ovogénèse du C. strenuus et d'aspects semblables observés dans d'autres objets, elles comportent la même interprétation. Et cela d'autant plus que, dans la spermatogénèse, la transition entre le synapsis à filaments minces et le synapsis à filaments épais (fig. 31, en a) est extrê- mement brusque. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 1 89 Nous admettons donc encore ici que les chromosomes hétérotypiques sont bivalents, et que chacun d'eux résulte de la conjugaison, au stade sy- naptique, de deux chromosomes somatiques. Cela est en rapport, ainsi que dans l'ovogénèse, avec le fait que la réduction numérique n'apparait qu'au stade cyte I, contrairement à l'opinion de Haecker. 3. Préparation des chromosomes. Il est moins facile, dans la spermatogénèse, de suivre l'évolution ulté- rieure du spirème. Les stades se succèdent très rapidement et se trouvent un peu mélangés; on retrouve cependant très nets les aspects caractéris- tiques de la division longitudinale, fig. 31, 35, 36, 37 et 38, débutant dès le synapsis épais, et on observe le raccourcissement progressif des moitiés longitudinales qui deviennent les branches constitutives des chromosomes I, fig. 39, 40, 41, 42. A aucun moment, nous n'observons de fait en faveur de l'hypothèse d'un repliement subi par les chromosomes pour former les deux branches constitutives de chaque chromosome de la première cinèse. Ce point n'est cependant pas tout à fait aussi clair ici que dans l'ovogénèse. 4. Cinèses de maturation. Dans les cinèses de maturation, l'étude détaillée des différentes parti- cularités présente certaines difficultés. La constitution des chromosomes I répond au schéma général, fig. 41, 42. Ces chromosomes sont souvent formés de deux branches plus ou moins entrelacées ou croisées. Il n'existe nulle part ni tétrade ni apparence de tétrade, ni début de division transversale. Partant, les figures des métaphases sont classiques et pareilles en tout point aux figures de l'ovogénèse : on y reconnaît divers types de l'insertion des bâtonnets, comme nous l'avons décrit plus haut, fig. 43, 44, 45. Il importe de plus de remarquer que les formes mêmes des chromo- somes à la métaphase sont incompatibles avec une constitution en tétrade. Et il suffit de comparer nos fig. 43 à 50 avec les figures correspondantes de Ruckert dans l'ovogénèse pour se convaincre de l'évidence de cette assertion. Dès le début de l'anaphase s'observent les formes classiques de la divi- sion en long des bâtonnets-filles, à savoir les aspects de la division hétéro- typique de FLEMMING, FIG. 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51. i moitiés longitudinales «, sont en réalité des chromosomes bivalents. 192 Paul LERAT Dans la spermatogénèse, les chromosomes atteignent leur forme défini- tive par le simple raccourcissement des tronçons chromosomiques et les deux moitiés longitudinales deviennent en se condensant les deux branches constitutives de chaque chromosome définitif de la première cinèse. Dans l'ovogénèse au contraire, les tronçons chromosomiques, après leur division longitudinale, passent par un long stade d'accroissement, pendant lequel ils subissent d'assez importantes transformations. Néanmoins, ils persistent certainement dans leur autonomie et de plus leurs moitiés longi- tudinales persistent au même titre et deviennent, en se raccourcissant, les deux branches constitutives des chromosomes de la première cinèse. Ceux-ci ne sont pas de vraies tétrades. Les cinèses de maturation sont identiques dans les deux cas. Ce sont les branches constitutives des chromosomes qui se séparent à la première cinèse. Ces branches subissent, durant l'anaphase, une vraie division longi- tudinale qui prépare, selon toute vraisemblance, les chromosomes-filles de la seconde cinèse. La première cinèse est donc hétéroty pique , et la seconde homéoty- pique. C'est la cinèse hétérotypique qui effectue la réduction numérique (qui n'avait été qu'apparente à la prophase; et par conséquent le C. strenuus vérifie le type préréductionnel. BIBLIOGRAPHIE. Berghs Cartwy et Lebrun Fischer Giardina, A. Grégoire Haecker, V. jfaiissens Korschelt et Heider Lebrun, H. 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Tous nos dessins ont été exécutés à l'aide de la combinaison : obj. i,3o Zeiss (d. f. 2) X oc- I2- PLANCHE I. FIG. 1. Coupe totale de l'ovaire depuis la cellule apicale jusqu'à la fin de la Ie période d'accroissement. (La suite de cette figure occupe la plus grande partie de la planche II) A. Cellule apicale : noyau beaucoup plus considérable que les noyaux voisins. B. Zone des ovogonies et de leur multiplication. C. Zone des synapsis à filament mince et à grumeau compact. On voit dans les premiers ovocytes en synapsis soit une masse informe tout entière chromatique, soit le plus souvent quelques filaments minces qui émergent de cette masse. Dans une cellule (la plus proche, dans la figure, de la lettre C), un filament, unique et plus épais à ses extrémités, est double vers le milieu de son trajet. Dans quelques cellules, le magma moins compact déjà laisse voir un filament épais. D. Zone du dédoublement longitudinal des chromosomes Les anses qui sortent du magma chromatique sont toutes divisées en long, souvent très nettement. Souvent aussi, le magma est fragmenté et les anses doubles réunissent les fragments. E. D'ici jusqu'au pôle de l'ovaire, les ovocytes sont de plus en plus grands. Ils subissent des décolorations partielles, et la chromatine du magma abandonne peu à peu ce dernier ; les anses se libèrent du grumeau ; quelquefois, la division en long y est peu apparente ou même effacée. Le protoplasme cellulaire augmente plus encore que le noyau ; il n'est jamais chargé d'enclaves. Les contours cellulaires sont marqués quelquefois. FIG. 2, a, b, c, d. Différents types de synapsis à filaments minces. Dans 2, d, accolement de deux filaments minces. Deux filaments sortent du magma, cheminent parallèlement l'un à l'autre, se recourbent ensemble en se rapprochant. FIG. 3. Synapsis à filament épais, indivis. FIG. 4, a, b, c. Déroulement et « dédoublement longitudinal » du filament épais. Les anses chromatiques s'irradient du magma et sont plus colorées aux abords de celui-ci 196 Paul LERAT FIG. 5, a et b. Comme pour la fig. 4. De plus, le magma chromatique est fragmenté. FIG. 6, a et b. Le filament chromatique se granulise et sa division en long est moins apparente. FIG. 7. Ovocyte au second stade de la période dé" maturation (dans l'oviducte). Chromatinisation très forte. Les tronçons chromatiques, très granuleux, sont encore doubles. Ils sont complètement indépendants du nucléole; il n'existe pas encore de réseau caryoplasmique. FIG. 8. Ébauche du réseau caryoplasmique autour de certains bâtonnets. Il existe des bâtonnets dont une partie est déjà lisse et l'autre encore granuleuse. FIG. 9. Les bâtonnets granuleux dans le réseau caryoplasmique où leur colo- ration seule les distingue. L'un d'entre eux est déjà lisse tout entier, un autre l'est en partie. FIG. 10. Les chromosomes s'individualisent de plus en plus dans le réseau chromatique. Le nucléole central est tout à fait décoloré. PLANCHE II. FIG. 11. Elle comprend un grand nombre des stades précédents de l'évolution des bâtonnets; certains y sont déjà presque achevés. Le nucléole pâle et fragmenté commence à se vacuoliser. FIG. 12. Noyau avec nucléole complètement vacuolisé au centre. FIG. 13. Fragments de nucléole en forme de boudin, au début et à la fin de leur décoloration. FIG. 14. Même étape que dans la fig 11. FIG. 15. Les bâtonnets à un stade ultérieur. Ils sont complètement libres, assez grêles, souvent lisses, toujours doubles. Gros boyau nucléolaire et fragments de nucléole PLANCHE III. FIG. 16. Comme la figure précédente. Les tronçons du boyau nucléolaire sont moins décolorés. FIG. 17, 18, 19. Les chromosomes à un moment proche de leur constitution définitive. Leurs moitiés sont trapues, lisses, croisées le plus souvent. Renflement terminal à l'extrémité des bâtonnets. LES PHÉNOMÈNES DE LA MATURATION 1Q7 FIG. 20, 21. Formation du fuseau. Il existe souvent une bride fine unissant L'une à l'autre les branches des chromosomes. FIG. 22. Figure équatorialc vue du pôle. La couronne est pleine. Il n'y a pas de division transversale des chromosomes. FIG. 23. Aspect de couronne équatoriale analogue aux ligures où Rùckert considère chaque chromosome comme une tétrade. Les branches chromosomiques sont bien continues. FIG. 24. Couronne équatoriale vue du pôle avec les différents types d'insertion; nulle part il n'y a apparence de division transversale. FIG. 25. Les chromosomes à l'équateur vus un peu obliquement. Cette figure ressemble à celle de Haecker, où cet auteur range les bâtonnets à l'équateur en deux séries superposées. La source de son erreur doit être une figure comme celle-ci. FIG. 26. Le premier début de l'anaphase. La branche supérieure du second chromosome offre bien clairement une fente dans sa grande moitié. FIG. 27. Anaphase; les bâtonnets à insertion subterminale n'offrent rien de remarquable Au milieu, chaque chromosome-fille à la forme d'un V à trois branches. FIG. 28. Nouveaux aspects de la division longitudinale des bâtonnets-filles. Les deux extrêmes offrent le type subterminal, les bâtonnets moyens le type terminal où la division longitudinale est déjà très nette. FIG. 29. Comme fig. 27 et 28. FIG.. 30. Belle figure d'anaphase avec la division longitudinale des chromo- somes-filles. PLANCHE IV. Spermatogénèse. FIG. 31. Coupe totale du testicule. FIG. 32. Division des spermatogonies (télophase). FIG. 33. Réseau du spermatocyte au repos avant le synapsis. FIG. 34. Synapsis à filaments minces et épais. FIG. 35. Synapsis à filaments épais. FIG. 36. Dédoublement longitudinal. FIG. 37 et 38. Aspects de déroulement du synapsis. FIG. 39. Les chromosomes doubles. içg Paul LERAT FIG. 40. Les chromosomes à un stade plus avancé. FIG. 41 et 42. Les chromosomes définitivement constitués. FIG 43 et 44. Métaphase I : aspects divers des différents types d'insertion. FIG. 45. Le début de la division longitudinale des chromosomes-filles I. FIG. 46. Deux V doubles à l'anaphase. FIG. 47. Deux V à trois branches. FIG. 48 et, surtout, 49 et 50. La division longitudinale à la fin de l'ana- phase. TABLE DES MATIÈRES. Historique Le matériel et la méthode 164 165 Ovogénèse I. Sériation générale .... II. Etude détaillée .... i. Cellule apicale .... 2. Zone de multiplication. — Ovogonies 3. Zone des synapsis 4. Dédoublement longitudinal 5. Zone d'accroissement . 6. Les cinèses de maturation Le nucléole dans l'ovogénèse. 167 170 170 171 172 174 176 180 184 Spermatogénèse. iati m ......... . 187 1. Zone de multiplication ...... 187 2. Zone des synapsis ....... 188 3. Préparation des chromosomes . 189 4- Cinèses de maturation ...... 189 Comparaison de l'ovogénèse et de la spermatogénèse et conclusions. 191 Bibliographie Explication des planches 193 i95 ".< B /> 51 6x "»» <.'■ h «4 f - ''V^:>K!<;\>;/ /.y // ta. '<2? £g? l T « # ».,^-» . . PlancheM •• . * •*• ° 16 l L'/ 20 ,<' • .' •S eo • ' • • • 27 f> s*: > % l 17 /.Y fO sn\ ■V;** - . .*•• J • 26 • • • • ■ • ••. 20 19 % •• • 4À1 • e • • • ?$!»$ • •• 30 ■ HP M H £5 ^ ^^ 4 ■ H .5/ ^ il Vf» V." ^ :;:; '"- g^ i'J t £ # Sfr*» " A ii * » W 44 ^ 47 & 46 if ^ i 3 Gsi *^ ' Le Fuseau hétérotypique DE PARIS QUADRIFOLIA PAR Jules BERGHS Docteur en sciences Professeur a l'Ecole agricole de Waremme. Institut Garnoy, Louvain. — Laboratoire du Prof. Grégoire. (Mémoire déposé le 10 avril igoS.) 27 Le Fuseau hétérotypique DE PARIS QUADRIFOLIA Il y a peu de microsporocytes aussi volumineux que ceux de Pans quadrifolia. Nous avions espéré nous en servir lors de notre étude de la réduction; mais le noyau trop richement fourni en nucléine ne permet pas une analyse facile des phénomènes maturatifs. Seuls le protoplasme et la figure achromatique s'y dessinent avec une netteté admirable. Aussi Mon- sieur le Professeur Grégoire nous a-t-il engagé à les étudier. Dans cette petite note, nous décrirons simplement la formation du fu- seau hétérotypique de Paris, et, d'après les faits décrits, nous toucherons en quelques mots l'origine du fuseau et sa valeur morphologique. La littéra- ture du fuseau hétérotypique, il est vrai, est très chargée, et nombreuses sont les variantes d'opinions des auteurs, nombreuses les sériations des stades qu'ils lui font traverser. Allen 103) en a donné un aperçu complet, auquel nous renvoyons le lecteur ('). En terminant cette note, nous comparerons la sériation qu'offre le Paris avec celle qu'esquisse cet auteur comme représentant la suite des stades essentiels que parcourt, durant sa formation, le fuseau hétérotypique des spermaphytes. (') Allen : The early stages nf spindle-formation in tlic pollen-mather-eells <>f Larix; Armais of Botany. v. XXVII. n" LXXI. ioo3. 23 204 Jules BERGHS Formation du fuseau. La fig. 1 représente une cellule-mère définitive, telle que l'anthère nous l'offre au sortir de l'hiver ('). Le stade de contraction synaptique est terminé, et toute la cavité nucléaire est occupée par les nombreuses anses des segments spirématiques (s). En dehors de ce spirème et d'un nucléole assez petit, le noyau ne renferme aucune autre formation figurée de nature quelconque, tel le caryoplasme. Le protoplasme qui entoure le noyau possède une structure uniforme, d'apparence réticulée. Il est entièrement imbibé du liquide cellulaire, et ses mailles sont de largeur égale, tant aux environs du noyau que près de la membrane de la cellule. Les trabécules qui circonscrivent les mailles ne montrent aucune distribution spéciale autour du noyau : elles sont dépour- vues de toute orientation radiale ou concentrique par rapport à ce dernier. L'observation directe ne permet pas de trancher avec une certitude absolue, si la structure est purement réticulée, c'est-à-dire si les trabécules sont toutes filamenteuses, ou bien si quelques alvéoles sont incorporées dans le réseau. Nous croyons toutefois que la structure du protoplasme de Paris est purement réticulée dans toute son étendue. En effet, les mailles ap- paraissent partout avec des contours non pas sphériques mais polyédriques ; de plus, lorsqu'on manie la vis micrométrique, les fibres limitantes dispa- raissent rapidement et les aspects réticulés varient incessamment. Le réseau est dépourvu de granulations saillantes. Les microsomes, très petits, qu'on observe distribués partout à la surface du réseau, ne sont que des points nodaux. Une mince membrane délimite le noyau d'avec le réseau, une simple couche limitante entre les deux liquides, nucléaire et cellulaire, dans laquelle les filaments cytoplasmiques viennent se terminer en se tassant légèrement. (') Nos objets ont été fixés sur place à l'aide des fixateurs de Hermann, Flemming et Bouin. La coloration par l'hématoxyline ferrique de Heidenhain a été constamment appliquée', soit seule, soit combinée à un colorant protoplasmique. f1) La chromatine de Paris parait être très visqueuse, — à tous les stades de son évolution elle se montre telle, — et ses tronçons sont étirés, variqueux Aussi les différents aspects qu'y offrent les phénomènes du clivage longitudinal et de l'épaississement ultérieur diffèrent-ils notable, ment en clarté de ceux que d'autres plantes étudiées simultanément nous ont montrés. LE FUSEAU HETEROTYPIQUE DE PARIS QUADRIFOLIA 205 Telle est encore la structure du microsporocyte, plus tard, quand les chromosomes s'achèvent et que le raccourcissement a déjà notablement épaissi leurs moitiés-filles, fig. 2. Les segments chromatiques paraissent encore aussi - gluants *, et ils manifestent une tendance à s'amasser au centre du noyau. De place en place, on observe dans la cavité nucléaire une traînée plus mince, colorable comme la nucléine, unissant les tronçons chromatiques entre eux ou à la membrane du noyau, --ou bien on observe l'étirement d'un bout de chromosome en pointe très longue, — comme si les corps chromosomiques visqueux, après avoir été accolés les uns aux au- tres ou attachés à la membrane, s'écartaient maintenant, restant unis au point de contact par un pont fait de leur substance étirée. Des changements plus considérables en même temps que de nouveaux phénomènes s'observent quand les chromosomes ont presque acquis leur forme définitive, fig. 3. L'aspect qui caractérisait le microsporocyte jusqu'à ce moment s'est pour ainsi dire brouillé. A première vue, le protoplasme ne se montre plus le même près de la membrane du noyau et près de celle de la cellule. La lumière de ses mailles est plus étroite et plus allongée aux environs du noyau, et en même temps les trabécules semblent s'orienter concentriquement par rapport à ce dernier. Cette apparence s'observe sur une zone assez large autour du noyau, mais n'existe pas aux bords de la cellule. Les mailles périphériques sont nettement visibles, et sans orien- tation concentrique. Les trabécules y paraissent moins tendues et plus onduleuses. La transition entre ces deux zones de protoplasme n'est pas brusque : elles passent graduellement l'une dans l'autre. Partant de la membrane cellulaire, de la région où le protoplasme affecte une structure réticulée régulière, on voit, en allant vers la vacuole nucléaire, les mailles s'orienter graduellement en direction parallèle au noyau et en même temps s'aplatir. Dans le voisinage direct du noyau, elles sont très plates et allongées, et le noyau apparaît entouré d'un feutrage assez dense. Ce feutrage garde encore toutefois la structure réticulée. Nous ne sommes encore en présence que d'un réseau étiré. A l'intérieur du noyau, la tension augmente en ce moment : les chro- mosomes se ramassent de plus en plus au centre. En même temps, les traî- nées d'apparence chromatique se multiplient, allant d'un chromosome à l'autre, ou d'un chromosome à la membrane nucléaire. Celle-ci, très gon- flée, parait prête à céder en certains de ses points. 2o6 Jules BERGHS Au stade que représente la fig. 4, tous les chromosomes se sont ramas- sés au centre du noyau. La membrane nucléaire a cédé et le feutrage qui lui était adhérent envahit la cavité. En ce moment, on observe la structure nettement filamenteuse du feutrage. Beaucoup de ses filaments, il est vrai, sont encore ramifiés, mais l'aspect d'un réseau étiré tout autour du noyau, décrit à la fig. 3, s'est perdu. La zone protoplasmique tapissant la mem- brane cellulaire reste réticulée; mais les mailles paraissent s'élargir et deviennent plus irrégulières, passant graduellement dans la zone feutrée. Cependant l'invasion du noyau par les filaments concentriques ne se fait pas par la marche en avant régulière et égale en tous points de ceux-ci. C'est plutôt un rabattement à partir de certains centres et, en tous ces centres, il n'est pas également rapide. Des uns, les fibres divergent vers le noyau en faisceaux pointus, des autres, en dômes à peine saillants, fig. 4. Cette disposition est surtout marquée, quand presque toute la cavité nu- cléaire est couverte du treillis filamenteux, fig. 5. Les traînées irrégulières trouvées dans le noyau lors de la première orientation du protoplasme, fig. 3, disparaissent graduellement sous le couvert des fibres envahissantes, fig. 4 et 5, sans montrer ce qu'elles deviennent. De même, le nucléole a disparu. Sans doute s'est-il évanoui lors de la disparition de la membrane nucléaire. En ce moment, nous sommes ainsi en présence d'une formation fila- menteuse produite tout autour du noyau et dont les fibres s'affaissent maintenant sur ce dernier à partir de différents centres. Cette formation est le fuseau jeune, et les centres de rabattement sont les pôles multiples de l'ébauche fusoriale. Il faut suivre son achèvement et le passage à la bi polarité. Le rabattement des fibres fusoriales sur l'amas chromosomique s'achève brusquement, et simultanément la cellule et le fuseau s'allongent. La forme définitive du fuseau s'accuse déjà : il devient nettement bipolaire. Des pôles secondaires indiqués plus haut, peu de restes s'observent encore, si ce n'est une ondulation, vers le dehors, des fibres fusoriales à leur niveau. Mais l'extension du fuseau n'est pas encore complète : elle se parfait parle redressement progressif de ces ondulations, fig. 7 et 8, aboutissant à la for- mation de deux cônes aigus. Le protoplasme réticulé extérieur, avec lequel le fuseau était en conti- nuité dès les premiers instants de sa genèse, — il en est encore ainsi main- tenant, — se ressent dans sa structure de l'affaissement de la zone feutrée. Ses mailles s'élargissent et se défont partiellement sous la traction centri- LE FUSEAU HÉTÉR0TYP1QUE DE PARIS QUADR1FOLIA 207 pète : elles se distendent, fig. 4 et 5, et plus tard, lorsque le fuseau s'al- longe et pousse ses pôles jusque contre la membrane cellulaire, elles se distribuent le long de ses côtés, en demeurant rattachées aux filaments fusoriaux, fig. 6. 7 et suivantes. Aussi le fuseau et la zone réticulée ne constituent-ils qu'un même tout, en deux portions distinctes, passant gra- duellement l'une dans l'autre et en parfaite continuité. Le fuseau se tasse davantage et la portion réticulée s'éclaircit encore, fig. 7 et 8. En même temps, le chaos des chromosomes se défait : ceux-ci se mettent en contact d'insertion avec le fuseau, fig. 7 et 8, et vont ensuite occuper sa région équatoriale, fig. 12. Le fuseau, entièrement achevé, est tendu d'une extrémité à l'autre de la cellule microsporocytaire. La plupart de ses fibres vont d'un pôle à l'au- tre : certaines d'entre elles paraissent s'arrêter aux chromosomes, fig. 10, il, 12. Il ne nous a pas été donné de voir les faisceaux de fibres que beaucoup d'auteurs représentent comme saisissant pour ainsi dire les chromosomes. Nous insistons sur ce fait que toujours le fuseau reste en parfaite con- tinuité avec le protoplasme encore réticulé. Il n'est nullement une forma- tion spéciale isolée dans une masse granuleuse ou filamenteuse indépen- dante. On l'observe aisément sur des coupes tangentielles, diversement dirigées, du microsporocyte à ce stade, fig. 9, 10. il, 12, 13, 14. Nous insistons tout spécialement sur ces figures, extrêmement démonstratives. Les pôles fusoriaux ne se terminent pas nécessairement à la membrane limitante du protoplasme. Tel est bien le cas général, mais souvent aussi ils ne font que l'approcher, fig. 7 et 11. Durant l'anaphase, quand les chromosomes-filles se rapprochent des pôles et ont subi déjà la division longitudinale anaphasique, un curieux phénomène s'observe dans le fuseau, fig. 15. Les deux pôles sont encore marqués, ainsi que les fibres qui en divergent vers les couronnes des bâtonnets-filles, — bien que moins clairement qu'au stade du monaster; — mais entre les deux couronnes polaires, la portion du fuseau dégagée par l'écartement des chromosomes ne montre plus l'orientation longitudinale de ses fibres. Elle prend plutôt un aspect réticulé en tout semblable à celui qui appartient à la zone protoplasmique qui entoure le fuseau à tous les moments de son développement. Certes, en maniant la vis micrométrique, on observe encore dans ce réseau des orientations de fibres vers les deux pôles. Mais elles sont rares et ne reconstituent nullement l'apparence du fuseau ordinaire. Nous avons dit plus haut que, lors de l'insertion des chromosomes au 2o8 Jules BERGHS fuseau et de la constitution de la couronne équatoriale, fig. 6, 7, 8, 10, 12, une partie des fibres fusoriales paraissait se terminer aux chromosomes, et une autre s'étendre entre les deux pôles (Centralspindel, Zug- et Sttitz- fasern). Ce n'est pourtant aucunement le fonctionnement spécial de ces deux sortes de fibres fusoriales qui cause l'aspect noté à la fig. 15. D'après les auteurs, les fibres d'insertion se contracteraient, ramèneraient ainsi les chromosomes aux pôles et, durant le voyage anaphasique, le centre du fu- seau s'appauvrirait en fibres, tandis que les cônes polaires s'accentueraient davantage. Nous ne croyons pas que dans le Paris ce soit là le mécanisme de l'action fusoriale, ni que ce soit là l'origine de l'apparente désorganisa- tion du fuseau. En effet, les cônes terminaux du fuseau de cette plante ne s'accentuent nullement durant l'anaphase. De plus, au tassement polaire nous verrons le fuseau reparaître brusquement, aussi fourni qu'avant l'ana- phase, fig. 16, 17. C'est à d'autres phénomènes que cette * désorganisation" du fuseau, lors de l'anaphase, est due. Le fuseau, nous le savons, est toujours en continuité parfaite avec le réseau périphérique ; ou mieux, il n'est que la partie cen- trale du réseau général spécialement ordonné. Lors de l'achèvement du fu- seau par le rabattement rapide de ses fibres, nous avons signalé son allon- gement en même temps que celui de toute la cellule, et l'orientation cor- respondante du réseau non utilisé dans le fuseau. Cet.allongement lui donne sa forme définitive, celle d'un ensemble de fibres tendues entre les deux pôles, et efface les cônes accessoires en étirant leurs filaments constitutifs. Au stade où nous sommes maintenant, les chromosomes-filles, disposés en couronnes larges, s'avancent vers les pôles de division, fig. 15. Arrivés près de ceux ci, ils ne se sont pas encore rapprochés les uns des autres, et les couronnes-filles sont aussi larges qu'était la couronne équatoriale. Aussi la cellule apparaît maintenant plus ronde et moins effilée qu'aux stades précédents de fuseau entièrement achevé. En s'arrondissant, la cellule rac- courcit son axe, en même temps que celui du fuseau, et les fibres fusoriales tendues au début par l'allongement de la cellule se détendent maintenant. Cette détente des fibres se fait sentir principalement dans le centre de la cellule dégagé par l'écartement des couronnes anaphasiques, et les fila- ments fusoriaux à ce niveau, en se recourbant, produisent l'aspect réticulé toujours caractéristique de ce stade. Cette désorganisation partielle du fuseau n'est d'ailleurs que tempo- raire. Lors du tassement polaire, le fuseau reparaît brusquement, aussi net LE FUSEAU HÉTÉKOTYl'Iol 1 DIÎ PARIS OUADRIFOLIA 209 et aussi complet qu'au stade de la couronne équatoriale. Seulement, ses cônes polaires se sont élargis et le grumeau des chromosomes intimement ramassés occupe leurs sommets. Les bâtonnets sont montés jusque tout contre la membrane cellulaire; ils tendent à dépasser le niveau du sommet du fuseau. En même temps, la cellule s'est allongée de nouveau et sa lon- gueur dépasse de beaucoup sa largeur, fig. 16 et 17. C'est à la poussée des bâtonnets vers l'endroit de reconstitution du noyau qu'est due la réappari- tion brusque du fuseau. En effet, la cellule en s'allongeant tend de nouveau ses fibrilles protoplasmiques et détruit l'arrangement en réseau qui tendait à s'établir entre les deux pôles, par suite du relâchement précédent. Les noyaux-filles vont se reconstituer maintenant. Le fuseau se défait et le protoplasme redevient homogène. Le liquide nucléaire se dépose entre les chromosomes et les sépare. Il se forme ainsi la vacuole nucléaire ('), se distendant dans le protoplasme qui l'entoure de toutes parts, fig. 19. Aucun peloton-fille continu n'est reconstitué; les bouts libres des chro- mosomes se terminent n'importe où dans la cavité nucléaire. Lors du tassement polaire, l'équateur du fuseau semble se boursoufler; les filaments, à ce niveau, se soulèvent vers l'extérieur, fig. 16. Plus tard, fig. 19 et 18, une ligne blanche se projetant exactement sur l'équateur sépare les deux cellules-filles. Est-ce une réelle séparation, une fente, ou est-ce une formation cellulosique entièrement réfringente? L'observation ne permet pas de trancher. Toujours est-il que les fibres protoplasmiques y aboutissent et s'ar- rêtent à ses bords. Elle n'a pas été précédée par la formation d'une plaque cellulaire, telle que les auteurs la décrivent, c'est-à-dire une différentiation ou un amas de substance, sur les fibres fusoriales, coupant le milieu du fuseau d'un trait colorable (2). Le protoplasme reprend maintenant la structure réticulée et l'orienta- tion fusoriale se détruit, fig. 19 et 18. Comme le dit Blackman ('), » the (') Cfr. Grégoire et Wygaerts : La reconstitution du noyau et la formation des chromosomes dans les cinèses somatiques. I. Racines, etc.; La Cellule, t. XXI, ir fasr., igo3. — Maktins Mano : Nucléole et chromosomes dans le méristème radiculaire de Solanum tuberosum et de Phaseolus vul- garis; La Cellule, t. XXII, ir fasc, 1904. (•) Récemment Sypkens a observé et décrit le même fait : On the nuclear division of Fritillaria imperialis, ]>rcsented by Prof. Mou., Kon. Akad. d. Wetensch. te Amsterdam, 25 Ja- nuari igo5. (3) Blackman : On the cytological featurcs of fertilisation and related phenomena in Pinus sylvestris; Phil. Trans. of R. Soc. of London, séries B, v. 190. 2io Jules BERGHS spindle simply fades away in the gênerai cytoplasm «. Le fuseau redevient réseau. La poussée de la vacuole nucléaire se dilatant lors de la reconstitu- tion télophasique, ainsi que l'arrondissement de la cellule-mère cloisonnée en deux cellules-filles, en sont la cause. Cette poussée fait cesser la tension des filaments entre le noyau et la lamelle séparatrice des cellules-filles, et les force à se recourber, détruisant ainsi l'arrangement parallèle. Ce n'est que sur les côtés du fuseau, là où les fibres sont tendues obliquement, que l'arrangement fusorial peut subsister un certain temps encore, fig. 18. Origine du fuseau. Sa valeur morphologique. D'après les observations que nous venons d'exposer, le fuseau de Paris est purement cytoplasmique . En effet, le noyau ne concourt à sa formation par aucune de ses par- ties. A tout moment de son existence, le noyau hétérotypique de Paris est dépourvu de vrai caryoplasme, c'est-à-dire d'un réseau achromatique dis- tinct de l'élément nucléinien. Nous avons observé à certains stades, dans la cavité nucléaire, des trainées d'apparence achromatique, fig. 2 et 3 ; mais quelle que soit leur origine, on ne constate pas leur participation à la forma- tion du fuseau. Elles disparaissent sans laisser de traces, ou, si elles entrent dans la composition du fuseau, elles n'y jouent qu'un rôle très effacé, à en juger par leur quantité restreinte. Le nucléole aussi disparait lors du rabattement du fuseau et de la disparition de la membrane nucléaire en se dissolvant, sans doute, dans le liquide qui remplit maintenant toute la cellule. On ne peut observer si sa substance sert à l'édification du fuseau, mais il est certain que cette sub- stance comme telle ne se dispose pas en filaments pour renforcer ceux du fuseau. Le fuseau hétérotypique de Paris est donc d'origine cytoplasmique, en très grande partie du moins. De plus, il n'est que le cytoplasme gênerai, spécialement ordonne en vue de la division de la cellule. Beaucoup d'auteurs, à la suite de Strasburger, distinguent dans le cytoplasme deux parties, de rôle différent : le kinoplasme chargé de former les fibres fusoriales, et le trophoplasme à fonction nutri- LE FUSEAU HÉTÉROTYPIQUE DE PARIS QUADRIFOLIA 2 1 1 tive ('). Le premier, d'après Strasburger, aurait une structure Jibrilhiiic, le second une structure alvéolaire. Mais tous les auteurs ne délimitent pas aussi exactement ces deux protoplasmes. Ainsi Allen (03) considère comme kinoplasme les trabécules des mailles du protoplasme, et ce qu'elles contiennent, comme trophoplasme. Nous ne croyons pas que, d'après les faits observés durant la formation du fuseau de Paris, il faille distinguer deux portions dans le protoplasme, telles que Strasburger les conçoit. En effet, durant le repos, le cytoplasme ne possède que le réseau comme unique constituant régulièrement organisé. Ce réseau donne le fuseau en perdant sa structure réticulée et en s'orien- tant spécialement sous l'influence des phénomènes dont le noyau et la cel- lule sont le siège. Il ne sert pas entièrement à former le fuseau : la zone périphérique n'est jamais atteinte par les modifications fusoriales ; la struc- ture réticulée y est conservée ; mais elle reste toujours en relation directe avec celle du fuseau et passe graduellement en elle (2j. De plus, à la fin de la division, le fuseau redevient le réseau cytoplasmique, en perdant son orientation. Le fuseau de Paris n'est ainsi que le cytoplasme spécialement ordonné en vue de la division de la cellule. Sériation des stades essentiels de la formation du fuseau. Allen (03;, dans son étude de la genèse du fuseau hétérotypique de Larix, dont il étend les conclusions à tous les spermaphytes, admet que le stade du feutrage concentrique à la membrane nucléaire est nécessaire- (') Cfr. Strasburger (ç3) : Ueber die Wirkungssphàre der Kerne und die Zellgrôsse, Jena, Fischer. — Id. (97) : Ueber Cytoplasmastructuren, Kern- und Zelltheilung ; Jahrb. fur wiss. Bot., XXX. H. 2 und 3. — Id. (00, : Ueber Reductionstheilung..., etc. — Osterhout (97) : Ueber Ent- stehung der karyokinetischen Spindel bei Equisetum; Jahrb. fur wiss. Bot., XXX, H. 2. — Smith (00) : The achromatic spindle in the spore-mother-cells of Osmunda regalis; Bot. Gaz., v. XXX. Etc. (2i La formation du fuseau par orientation du cytoplasme général a été décrite dans le Pellia epiphylla. Grégoire et Berghs : La figure achromatique dans le Pellia epiphylla; La Cel- lule, t. XXI, ir fasc, 1904. Les stades successifs de l'orientation y sont particulièrement clairs. Beaucoup d'auteurs ont conclu également à l'absence d'une substance spéciale formatrice du fuseau. Nous citons Blackman (98) : Op. cit. — Byxbee (00) : Proc. of the Cal. Acad. of Se, Bot , v. II. — Ferguson (01) : An. of Bot., v. XV, n» 58. 212 Jules BERGHS ment précédé par un stade d'orientation radiale des fibres, et que ce feu- trage est simplement produit par affaissement de ces fibres tendues radia- lement. Dans le Paris quadrifolia, le » radial stage « n'existe pas, et le feutrage ne lui est donc pas dû. Les multiples cônes qu'on observe peu après la disparition de la mem- brane nucléaire ne sont pas dus non plus chez le Paris à un «actual outward movement of the ends of some of the fibres ofthe central mass*, c'est-à-dire des fibres qui se sont formées à l'intérieur du noyau. En effet, l'appareil filamenteux du noyau de Paris est très pauvre et le fuseau se rabat de l'ex- térieur sur le noyau à partir de certains centres. Ce n'est d'ailleurs que par simple extension du fuseau que les cônes secondaires s'effacent, c'est-à-dire par étirement de leurs fibres dans le fu- seau général, et non pas par leur fusion en deux cônes, les deux pôles du fuseau définitif, comme le dit Allen. CONCLUSIONS. i° Le fuseau hétérotypique de Paris est cytoplasmique. 2° Il n'y a pas lieu de distinguer deux constituants du cytoplasme : le kino- et le trophoplasme, du moins dans le sens rigoureux des termes, tels que Strasburger les a définis. 3° Le fuseau résulte simplement de l'orientation graduelle du réseau cytoplasmique général et redevient réseau, à la fin de la cinèse. 4° La sériation proposée par Allen (03) n'est pas rigoureuse pour tous les spermaphytes. EXPLICATION DES PLANCHES. Ni us nous sommes servi de l 'objectif apockromatique i.3o de Zeiss et de l'oculaire com- pensateur 12. L'image a été agrandie par une projection de i5 cm. en dessous de la platine du microscope. PLANCHE I. FIG. 1. Microsporocyte pris au sortir de l'hiver FIG. 2. Les chromosomes s'épaississent et se ramassent au centre du noyau. FIG. 3 Les chromosomes ont presque atteint leur forme définitive et s'accu- mulent au centre. Le feutrage concentrique au noyau se forme. FIG. 4. La membrane du noyau s'est effacée, et le feutrage se rabat sur ce dernier à partir de différents centres FIG 5. Le rabattement s'achève. FIG 6. La cellule microsporocytaire s'allonge et le fuseau s'étire Les cônes secondaires disparaissent. FIG. 7. Le fuseau est achevé et les chromosomes se dégagent pour s'y insérer. FIG. 8. Fuseau achevé. Les chromosomes vont s'ordonner en couronne équa- toriale. PLANCHE II. FIG 9, 10 et 11. Coupes tangentielles du fuseau montrant la continuité des fibres fusoriales avec les fibres piotoplasmiques réticulées. FIG. 12. Début de la dislocation polaire. 29 214 Jules BERGHS FIG 13. Pôle de fuseau, vu d'en haut Continuité des fibres avec le proto- plasme non modifié. FIG. 14. Coupe oblique montrant la même continuité. FIG. 15. Anaphase. Désorganisation apparente du fuseau. FIG. 16. Tassement polaire Second fuseau. FIG. 17. Tassement polaire Coupe oblique montrant la continuité des fibres protoplasmiques et fusoriales. FIG. 18 (')■ Reconstitution télophasique Le fuseau s'est presque entièrement réticulisé FIG. 19. Reconstitution télophasique. Début. Ligne claire coupant l'équateur du fuseau. (!) Une distraction du photographe a fait intervertir l'ordre des fig. 18 et 19. La kig. 19 devrait occuper la place de la fig. 18. d'après la sériation logique des stades. Planche I . - -• ; ' - - ~* à ^ * ■■■'■■■ ' s / -L^al • < J- Hbrgiis, ad. nat. delir L. I.agaeri-, Photo, Bruxelles. Planche II -v/-' » ; -- 1 l'K s ♦..* L-* JL ^ *.> , ^ */\.: * * V i3 14 ^m^^^^k ' 9 m, . • 0 1 1 5 1% û « ^n ^| ift 1 V ^*^r ■ ■*'■*&.?. 16 17 ■■• mi %ké£À '■ •■ ■ ■ £ ■ - / . '.. 1 ' $ tfcj&%. 18 $8§s& - 19 J- taons, »d. „«. délia. L. I VGAIUI , PI LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDÉ PAR J. B. CARNOY, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE IÎIOLOCIE CETLIT-A I R I-, PUBLIÉ PAR G. CjlLyoON, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE El' d'eMURVOLOGIE, a l'Université catholique de Louvain TOME XXII i'1 FASCICULE I. Les résultats acquis sur les cineses de maturation dans les deux règnes (Premier Mémoire). Revue critique de la littérature par Victor GREGOIRE. II Spermatogenèse dans les batraciens III. — Évolution des auxocytes mâles du Batracoseps attenuatus, par F. A. JANSSENS. III. Concerning the sécrétion of ferments by the liver cells and some of the changes observable in them during digestion, by E. WACE CARLIER. »r*iac : 25 francs. LIERRE LOUVAIN Typ. de JOSEPH VAN IN & O', A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'placc, 38. rue de la Monnaie. igo5 LES RÉSULTATS ACQUIS SUR les Cinèses de maturation DANS LES DEUX RÈGNES CREMIER MÉMOIRE.) Revue critique de la littérature. PAR Victor GREGOIRE, Professeur de Botanique et de Cytologie a l'Université de Louvain. I Dépose le tS avril kjoS.) 29 Les résultats acquis sur (es Ginèses de maturation DANS LES DEUX RÈGNES INTRODUCTION. I. But et portée de cette étude. Nous nous occupons, depuis plusieurs années déjà, de la question des cinèses de maturation dans les deux règnes et de leur relation avec la réduction chromosomique. Nous avons eu, à l'Institut Carnoy, l'occasion d'observer les phénomènes de cette période dans un bon lot d'objets, tant animaux que végétaux (1). Jointe à ces observations personnelles nom- breuses et éclairée de leur vive lumière, une étude attentive de la littéra- ture, — et nous voulons dire par là une étude impartiale et minutieuse des (i) Nous avons observé les phénomènes de la maturation dans les objets suivants : Microspo- rogénèse : Lilium lancifolium, Lilium martagon, Allimn fistulosum, Paris quadrifolia, Convallaria maialis, Narthecium ossifragum, Trillium grandiflorum , Drosera rohtndifolia , Hclleborus fœtidus, Equisetum limosum, Osmunda regalis. — Macrosporogénèse .- Funkia ovata, A llium fistulosum. — Ovogénèse animale : Cyclops strouius, Thysano\oon brocchii, Stylochus napolitanus, Scyllium cani- cula. Pristiurus melanostomus, Trigla hirundo, Gastcrosteus aculeatus, Amphioxus lanceolatus, Ciona intcstinalis. Polyceras quadrilineata. — Spermatogénèse animale : Cyclops strenuus, Homarus vulgaris. Nous avons étudié ces objets soit sur des préparations personnelles, soit sur des préparations de nos élèves. De plus, nous devons à l'obligeance de plusieurs de nos amis, — que nous remercions ici très vivement, — d'avoir pu observer d'autres objets encore : Spermatogénèse de Triton (Janssens), de plusieurs Orthoptères (Sinetv), de Batrachoseps (Janssens et Dumee); ovogénèse à' Ascaris (Lebrun). des Batraciens (Lebrun), d'Aplysia (Janssens et Elrington). 2 22 Victor GREGOIRE documents fournis par les figures des auteurs, — nous a convaincu que l'on peut, sans difficulté, sortir du chaos tdù semblent se débattre maintenant les différentes interprétations, et arriver, sur cette question, à l'unité tant désirée. La conclusion à laquelle nous a conduit notre étude est la suivante. Dans un bon nombre d'objets, le processus des cinèses de maturation répond certainement à un seul et même schéma : le schéma que nous appellerons plus tard hétérohoméotypique \ En ce qui concerne les autres objets, — si l'on ne tient compte que de ceux dont l'étude n'est pas à abandonner complète- ment ou à refaire à nouveau, --il faut dire que d'abord ils n'apportent aucune preuve contre le schéma établi pour le premier groupe, et que même on trouve chez eux des indices très nets de ce schéma. Ce que nous voudrions faire ici, c'est exposer cette étude critique de la littérature à laquelle nous nous sommes livré. Notre but n'est donc pas simplement de résumer les nombreux travaux parus, d'en juxtaposer les conclusions et d'énumérer les auteurs qui sont favorables à une opinion et ceux qui en patronnent une autre. » Auctores non numerandi sed ponde- randi. « Ce que nous voulons faire, c'est dégager la valeur des observations d'après les documents publiés. Inutile d'ailleurs d'ajouter que nous ne jugeons pas les auteurs, mais que nous apprécions les faits. Il nous faut indiquer avec plus de précision le genre d'unité auquel nous pensons pouvoir arriver. On classe assez souvent les opinions d'après l'interprétation totale qu'elles appuient, suivant que les auteurs admettent ou rejettent une division rédactionnelle, ou bien selon que cette division serait localisée à la première ou à la seconde cinèse. Ce procédé conduit malheureusement à classer sous une même rubrique des auteurs qui, tout en aboutissant à un même résultat final, n'en expliquent pas moins de façons toutes différentes et parfaitement contradictoires des phénomènes et des apparences absolument identiques et réclamant à toute évidence une inter- prétation commune. Une unité qui serait établie sur de semblables rapprochements d'au- teurs nous semble vouée à un effondrement rapide. C'est une unité beaucoup plus profonde que nous pensons pouvoir légitimement admettre à la suite de notre étude. Nous pensons que l'unité existe entre tous les objets au point de vue du processus lui-même des cinèses de maturation, au point de vue du méca- nisme qui amène certains effets importants et du stade où ceux-ci se pro- LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 223 duisent. Les variations qui peuvent se présenter d'un objet à l'autre ne constituent que des modalités accessoires d'un même processus essentiellement identique. — Cette idée ressortira mieux dans la suite. Il va sans dire que nous ne prétendons pas établir définitivement toutes nos conclusions. Nous prions le lecteur de ne voir dans cet essai qu'une tentative loyale et sincère d'arriver à cette unité que tout le monde désire, mais dont plusieurs déjà semblent avoir fait leur deuil ('). Et au cas où nous nous serions trompé, nous nous trouverions très heureux et amplement récompensé de notre long et dur labeur, si, pour combler les lacunes ou écarter les incertitudes que nous signalerons, on exposait avec plus de détails ou même on reprenait à nouveau les observations litigieuses. Nous aurions ainsi atteint le but de notre travail. II. Plan de cette étude. Ainsi que nous l'avons dit dans une note récente (04), il est utile, au point de vue de la discussion, de subdiviser en deux grandes périodes la longue étape des phénomènes de maturation, c'est-à-dire cette étape qui, à partir du repos de la dernière cinèse goniale, s'étend jusqu'à la reconsti- tution des quatre cellules de la tétrade : une première période, comprenant tous les phénomènes qui aboutissent à édifier, aux dépens du réseau nu- cléaire quiescént, les chromosomes I définitifs, constitués régulièrement, comme nous le verrons, de deux branches plus ou moins parallèles; une seconde période, embrassant les deux cinèses proprement dites, c'est-à-dire tous les phénomènes qui débutent par la mise au fuseau des chromosomes définitifs I. Nous diviserons notre travail en deux parties correspondant à ces deux périodes et nous commencerons par l'étude de la seconde période, qui fera l'objet de ce premier mémoire. Cette façon de faire soulèvera peut-être l'objection suivante : à établir ainsi la comparaison entre tous les auteurs au sujet d'une période isolée de l'autre, on risque de ne pas saisir la portée réelle des faits. Il se pourrait en effet que, dans deux objets différents, un même phénomène, important pour les cinèses de maturation, soit situé à deux stades différents; par con- (') Peut-être trouvera-t-on fort légère cette appréciation de Henneguy (04) sur les cinèses de maturation : « On a attaché à la manière dont se fait la réduction numérique des chromosomes une importance beaucoup trop grande, et le fait seul de cette réduction est à retenir » (page 656) ! ! ! 224 Victor GRÉGOIRE séquent, la comparaison ne pourrait s'établir entre ces objets qu'en considé- rant toute l'étendue de la maturation. L'objection serait capitale si l'on s'engageait a priori dans la voie que nous voulons suivre. Mais ce n'est pas a priori que nous nous sommes décidé à diviser ainsi notre étude. C'est parce que, de fait et a posteriori, nous avons constaté que l'unité peut et doit se faire, en ce qui concerne les deux périodes, non seulement au point de vue de X effet final, mais aussi au point de vue de tout le mécanisme (voir p. 2221; c'est pour cela, disons-nous, que nous avons, en vue d'une plus grande clarté, choisi cette division de notre travail d'après les deux périodes. Nous dirons même plus, - et ceux-là nous comprendront qui ont suivi de près l'orientation où s'engage depuis quelque temps l'étude des cinèses de maturation, — nous dirons que, dans une étude comparative, il est néces- saire, pour la discussion, de séparer la deuxième période de la première; et cela parce qu'on ne peut pas, dans l'état actuel de la question, tenir compte de la plupart des interprétations qui ont été données au sujet de la valeur des deux branches constitutives de chaque chromosome définitif I. C'est qu'en effet la première période n'a été étudiée que fort incomplètement dans le plus grand nombre des objets et, pour ne pas emmêler définitivement la question, il est nécessaire de ne considérer, dans la plupart des descrip- tions, que leurs données sur la deuxième période. Cela deviendra évident dans notre IIe partie. Nous ne considérerons donc dans cette première partie que les phéno- mènes des deux cinèses proprement dites à partir du moment où les chro- mosomes définitifs sont constitués. Seulement, nous appellerons ici » forme définitive des chromosomes I -, non pas la forme qu'ils possèdent au moment précis où ils vont s'insérer au fuseau, mais celle qu'ils montrent quelque temps avant cela, quelque temps avant qu'ils aient achevé complètement leur concentration et leur homogénisation. Nous les considérerons à partir du moment où ils sont, comme nous le verrons, constitués de deux branches plus ou moins parallèles. Limitant ainsi l'objet de notre première partie, nous ne toucherons donc pas la question de Xorigine des branches chromosomiques I et, par con- séquent, nous n'aurons à discuter ici que deux interprétations générales : d'abord celle qui recourt, pour former les chromosomes-filles II, à une divi- sion transi'ersale des chromosomes-filles I et ensuite celle qui, au contraire, admet, pour cela, une division longitudinale des chromosomes-filles I. La LES RESULTATS ACQUIS SUE LES CINÈSES DE MATURATION 225 première interprétation se rattache à ce que Korschelt et Heider (03) ont appelé le schéma postréductionnel et nous la désignerons ici sous ce nom. La seconde interprétation peut, au contraire, s'accorder aussi bien avec le schéma préréductionnel qu'avec le schéma eumitotique des mêmes auteurs. La décision entre ces deux types dépend, en effet, de la valeur à attribuer aux brandies des chromosomes 1. Si ces branches sont des moitiés longi- tudinales véritables, c'est alors le schéma eumitotique qui se vérifierait. Si elles représentent, au contraire, des chromosomes somatiques complets, c'est le schéma préréductionnel qui serait vrai. Or, cette question de la valeur des branches chromosomiques I dépend de l'étude de la première Période et, par conséquent, nous ne l'étudierons que dans notre seconde partie. Ce n'est donc que dans notre seconde partie que nous pourrons trancher entre le schéma préréductionnel et le schéma eumitotique. Nous désignerons ici cette seconde interprétation, définie de la sorte, sous le nom de schéma hétérohoméotypique. Nous définirons plus tard d'une façon plus précise cette dénomination. Nous ne suivrons pas dans notre exposé l'ordre taxonomique. Nous discuterons les observations faites sur les différents groupes dans l'ordre qui nous semblera le plus favorable pour l'étude comparée ('). III. Nomenclature. Un nom nous semble utile pour désigner l'ensemble des processus communs à la fois à la tétrasporogénèse végétale (Cryptogames et Phanéro- games), à la spermatogénèse animale, et à l'ovogénèse animale : nous proposons le nom de tétradogénèse , destiné ainsi à désigner la série des phénomènes qui, dans les deux règnes, amènent la formation des cellules reproductrices en tétrades. Ce nom a l'avantage de spécifier nettement la caractéristique commune de ces différentes genèses cellulaires, et de les distinguer ainsi de toute autre formation de cellules reproductrices, telles que sont, par exemple, les anthérozoïdes des Bryophytes et des Ptérido- phytes, ou la cellule-oosphère des Phanérogames, etc. De même, nous appellerons provisoirement du nom de tétradocytes les cellules qui donnent naissance aux tétrades reproductrices (les sporo- (') Nous réserverons, pour un chapitre spécial, à la fin de notre travail, la discussion des don- nées que nous possédons sur les Protozoaires et sur les végétaux qui ne forment pas de tétraspores. 226 Victor GRÉGOIRE cytes I, les spermatocytes I, les ovocytes I), et dyadocytes les deux cellules issues de la première cinèse de maturation et qui n'ont plus à se diviser qu'une fois. Nous appellerons enfin tétradogones les quatre cellules repro- ductrices de chaque tétrade ('). Nous disons que certains de ces noms seraient provisoires. En effet, nous proposerons plus tard d'appeler hétérocytes les cellules tétradocytes et de dénommer homéocytes les cellules dyadocytes. Ces deux noms, nous le verrons, marqueraient plus nettement encore le caractère propre de ces deux sortes de cellules. Nous devons aussi préciser le sens de quelques dénominations con- cernant les stades de la cinèse. Nous comprendrons sous le nom de métaphase toute la durée de la figure équatoriale jusqu'au moment où les deux chromosomes-filles, en marche vers les pôles, ne sont plus en contact. Ce stade comprend donc le commencement de l'écartement des deux chromosomes-filles. A partir du moment où les deux chromosomes-filles en marche vers les pôles cessent de se toucher, la figure entre en anaphase. Nous donnerons le nom âUntercinèse à l'ensemble des phénomènes qui se passent depuis la fin de l'anaphase I, c'est-à-dire depuis le tassement des chromosomes-filles I au pôle, jusqu'au moment où les chromosomes II sont nettement reconnaissables dans les noyaux-filles. Ce stade, nous le verrons, peut présenter un développement très variable, d'après les différents objets, et c'est précisément pour établir la comparaison entre ces objets que nous avons trouvé nécessaire d'employer ce nom. Il offre l'avantage de ne rien préjuger sur la nature des phénomènes qui marquent le passage d'une cinèse à l'autre. (') Lotsy (04) a proposé récemment le nom de gonotokontes pour désigner ce que nous appelons ici tétradocytes. Nous trouvons à ce nom l'inconvénient de ne pas indiquer la caractéristique com- mune à toutes les « maturations » et de s'appliquer, dans les plantes, aussi bien aux cellules-mères d'anthérozoïdes qu'aux cellules-mères des tétraspores. PREMIERE PARTIE. De la métaphase I à la télophase II 30 LES RÉSULTATS ACQUIS SUN LES CINÈSES DE MATURATION !2Q PREMIERE SECTION. LA SPOROGÉNÈSE VÉGÉTALE. Nous commençons par l'étude des végétaux : nous pensons pouvoir y établir facilement un accord parfait entre les auteurs en ce qui concerne la période que nous étudions ici. CHAPITRE PREMIER. La première cinèse. § 1. Constitution des chromosomes définitifs I. La plupart des descriptions (') sont concordantes au sujet de la con- stitution des chromosomes I, peu de temps avant leur mise au fuseau. Dans presque tous les objets, on les a décrits comme formés de deux branches continues, parallèles ou croisées ou entrelacées et présentant souvent des formes en V, en X, en Y, fig. 1, 2, 3, 6. On a cependant mentionné, dans certains végé- Fig. i. Chromosomes I , , , ., , , . , ,. ..., , ... taux, des chromosomes en tétrades, c est-a-dire con- dennitits, Liliitm speciosum (pollen) (Grégoire, 99). stitués, comme les autres, de deux branches, mais Fig. 2. Chromosomes I définitifs de Trillium grandiflorum (pollen) (original). Fig. 3. Chromosomes I définitifs de Lilium martagon (pollen) (Mottier, o3). (') Toutes, sauf quelques-unes dont nous allons parler. — Nous donnerons plus loin, dans notre synthèse générale, la classification de toutes les descriptions. !30 Victor GRÉGOIRE dont chacune est divisée transversalement [Calkins (97) dans le Pteris, fig. 4, Osterhout (97) dans VEquisetum, fig. 5, Atkinson (99) dans VArisœ- * ^ Q * * Ù * t * Fig. 4- Tétrades dans le Pteris (Calkins, 97). Hé** Fig. 5. Tétrades dans \'Eqaisetutn (Osterhout, 97). m<3, Ikeda(o2) dans le Tricyrtis}. Mais ce ne sont là, nous allons le voir, que de fausses tétrades, des tétrades apparentes. Considérons d'abord VEquisetum limosum où les groupes quaternes seraient très nets. Nous avons nous-même représenté, fig. 6, les chromo- somes de cette plante. On s'a- perçoit au premier aspect que les dessins d'OsTERHOUT, fig. 5, ont été notablement sché- matisés. On reconnaît ensuite clai- rement que la constitution des chromosomes définitifs de VEquisetum est identique à ce qu'elle est dans les autres plantes. Ici comme partout, les chromosomes sont simple- ment constitués de deux branches continues disposées de façons fort diverses. Le plus souvent, ils ne montrent même pas l'apparence de tétrades. Parfois, l'un ou l'autre chromosome présente à première vue une certaine ressem- blance avec un groupe quaterne; mais cet aspect est sans signification. Car même dans ce cas, les branches sont parfaitement continues. L'apparence de tétrades tient à deux causes : d'une part, les chromo- somes manifestent souvent une tendance à se condenser davantage en leurs Fig. 6. Chromosomes I définitifs. Equisetum limosum (original). (') Nous insistons sur cette notion de la tétrade. Car les groupes quaternes dont nous allons nier l'existence chez les végétaux sont simplement ceux qui seraient formés de deux branches, homologues des deux branches des autres chromosomes, mais divisées transversalement. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 231 extrémités. Il arrive alors que ces dernières se colorent plus intensément ou même se renflent quelque peu, donnant ainsi à chaque branche, si elle est assez courte, la forme d'un biscuit. D'autre part, les deux branches du chromosome sont rarement droites; le plus souvent, elles sont courbées et affectent, lorsqu'elles sont courtes et trapues, une forme de vibrion. Il en résulte que les quatre extrémités chromosomiques, — surtout dans les chro- mosomes en X, — arrivent à se trouver sur un même plan, différent de celui où gisent les portions médianes. L'aspect - tétrade - apparaitainsi nettement à certain niveau de l'installation microscopique. Une preuve encore que telle est bien l'origine et la valeur des prétendus groupes quaternes, c'est que, même dans les objets à chromosomes très longs et ne montrant pas même l'apparence de tétrades, il arrive cependant parfois qu'on ob- serve de petits bâtonnets ressemblant à des groupes quaternes, fig. 2. Ajoutons enfin que, à la métaphase, fig. 7 et 13, les chromosomes de Y Eqiiisetum n'offrent absolument rien d'une apparence tétradique. Après ces remarques au sujet de l' Equisetum, nous n'aurons plus à nous arrêter longtemps aux autres descriptions de groupes quaternes. Ceque nousvenons de dire s'applique, en effet, très clairement au Pteris, dont tous les chromoso- mes, même dans les figures de Calkins, fig. 4, montrent deux branches parfaitement continues, mais parfois un peu renflées à leurs extrémités, parfois aussi demeurées en coalescence l'une sont certainement pas des tétrades avec l'autre en certains endroits ('). D'ailleurs, Stevens (98), Strasburger (00), Farm er- M 00 re (03) (*) et Gregory (03 et 04) ont montré que les chromosomes des Fougères n'ont que l'apparence de tétrades. L'étude de Y Arisœma et du Tricyrtis n'a pas encore été reprise, mais il n'y a pas de doute que ces objets rentreront, comme les Equisetum et les Fig. 7. Métaphase I à'Equisc- tum limosum. Les chromosomes ne (!) Nous devons ajouter que nous n'avons jamais compris que Haeckek attribuât à ces figures l'importance si grande qu'il leur accordait en 1897 et 1899. (2) Farmer-Moore (04) viennent de le montrer encore, par des figures d'une netteté remar- quable, dans leur travail récent, paru après la rédaction de ces pages. 232 Victor GRÉGOIRE Fougères, dans le type général. Les figures cTAtkinson montrent d'ailleurs, à la métaphase surtout, la continuité des branches chromosomiques; et, dans le Tricyrtis, Ikeda a observé lui-même les formes classiques en V, en X, en Y. Ajoutons que nous aurons plusieurs fois l'occasion de rencontrer dans les objets animaux de faux groupes quaternes. C'est le cas notamment pour ces chromosomes-là mêmes auxquels on avait comparé les tétrades végé- tales ('). Il n'y a donc pas de tétrades chromosomiques dans les végétaux. La constitution des chromosomes I y est partout la même : deux branches continues, ou parallèles, ou croisées, ou divergentes, ou entrelacées {-). § 2. Métaphase. La question capitale concerne l'insertion Comment se disposent, par rapport au plan c de chaque chromosome? b c d e j Fig. S. Schémas de l'insertion ce en juxtaposition » (b, c, d) et de l'insertion « en superposition » (e, /). En a, le « chro- mosome définitif ». le chromosome total subirait — ou achèverait située elle aussi dans le plan équatorial, fig des chromosomes au fuseau. 'quatorial, les deux branches Les auteurs sont divisés en deux groupes. i. Un certain nombre, — quelques-uns seulement, ■ — ont admis ou admettent que, à la métaphase, les deux branches, fig. 8, a, sont jux- taposées dans le plan équato- rial, fig. 8, b, insertion que nous désignerons à l'avenir sous le nom d'insertion en juxtaposition. Ainsi attaché, — une division longitudinale . 8, c, fig. 9, a, et se trouve- (') Guignakd (97) et Strasbueger (00) ont aussi mentionné la présence de fausses tétrades dans le Nymphœa. — Farmer (94) avait décrit, dans le Pallavicinia, des groupes quaternes, mais sans préciser le mode de leur formation. Depuis lors, dans VAneura pinguis, Farmer-Moore (04) ont observé des chromosomes typiques, sans aucune apparence de tétrades, et présentant une grande ressemblance avec ceux de Y Equisctum, fig. 6. (2) Nous toucherons plus loin la question de la présence, dans chacune de ces branches, d'une division longitudinale. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 233 rait par là dédoublé en deux chromosomes-filles de la même forme que lui-même, fig. 8, d, fig. 9, /', constitues connue lui de deux branches. Fig. g. Insertion « en juxtaposition ». Schéma de Dixon (01). Cette opinion est celle de Belajeff (94 et 98), de Dixon (95 et 01) et de Andrews (01). Elle avait été soutenue aussi par Mottier (97, et 97J, par Strasburger (97) et par Strasburger-Mottier (98); mais ces derniers au- teurs ont, dans la suite (00, 03), délaissé cette façon de voir et se sont ralliés à l'insertion que nous allons maintenant décrire. 2. Le plus grand nombre des auteurs, — tous les.botanistes autres que Belajeff, Dixon et Andrews ('), — admettent une insertion en superposi- tion, c'est-à-dire une insertion telle que les deux branches se trouvent, à la métaphase, superposées l'une à Vautre et orientées vers deux pôles différents, fig. 8, e. Ce sont ces deux branches qui se séparent l'une de l'autre à l'ana- phase et elles constituent les chromosomes-filles I, fig. 8, /. Telles sont les deux interprétations en présence. Nous pensons que l'on doit considérer comme définitivement établi que V insertion est en superposition. <£--'2M r8 ®T a b c d e Fig. 10. Métaphase I dans le Lilium speciosum (pollen) (Grégoire, 99). Insertion « en superposition ». Il existe d'abord un très grand nombre d'objets où ce mode d'insertion est tout à fait évident 11 suffit dans ces cas de comparer les formes définitives (') Voir la liste dans la Synthèse Générale. 234 Victor GREGOIRE des chromosomes I avec les formes du début de la métaphase pour con- stater que les deux chromosomes-filles qui, à ce dernier stade, se trouvent orientés vers les deux pôles, représentent bien les deux branches prophasi- ques. On peut comparer, par exemple, les fig. l, 2, 3, 6, re- spectivement avec les fig. io, 12, 11, 13. D'ailleurs, les aspects mê- mes de la métaphase ne s'expli- quent que par cette insertion. Les chromosomes d, fig. 10; a, fig. il; a, b,c, e, fig. 12; sont absolument incompatibles avec le schéma de Dixon, fig. 9 et 10. Ajoutons enfin que plusieurs auteurs, ainsi que nous l'avons vu, après avoir admis une insertion en juxtaposition, se sont prononcés, à la suite d'un examen nouveau, pour l'insertion en superposition. abc Fig. ii. Métaphase I dans le Lilium Martagon (pollen) (Strasburgek, oo). Insertion en superposition. abc d e Fig. 12. Métaphase I dans le Trillium grandiflorum (pollen) (original). Insertion en superposition. Parmi les objets où l'on a décrit ce dernier mode d'insertion, il est peut-être des cas où les figures des auteurs ne sont pas assez nombreuses pour l'établir définitivement. Les auteurs, en effet, n'ont pas toujours repré- senté le stade précis où les chromosomes s'attachent aux fibres fusoriales. Malgré cette lacune, les figures publiées pour les cas incomplets sont trop semblables à celles des objets voisins mieux étudiés pour ne pas appeler la même interprétation. Quant aux descriptions de Belajeff, de Dixon et de Andrews, nous ferons les remarques suivantes. D'abord, les observations de Dixon et de Belajeff se rapportent à des objets ( Lilium, Iris), qui ont été étudiés plu- LES RÉSULTATS ACQUIS tNÈSES DE MATURATION 235 sieurs fois depuis lors (Grégoire, Strasburger, Mottier, Farmer-Moore), et qui ont montré des exemples typiques d'insertion superposée. De plus, Belajeff ne représente pas ce stade et Dixon ne fournit aucune figure démonstrative de son schéma. Même, le chromosome a de sa figure 6, fig. 14, mon- tre les branches d' un chromosome rattachées à deux pôles différents. Andrews ne donne non plus aucune figure de l'insertion juxtapo- sée. Et il faut remarquer que Mottier, sous la direction de qui les recherches de An- drews ont été achevées, a depuis cette époque changé sa façon de voir et admis l'insertion en superposition. Fig. i3. Métaphase I dans VEquisetum limosum (original). Insertion en superpo- sition. Fig. 14. Un des chromosomes de la fig. 6 de Dixon (01). Nous considérons donc comme absolument établi que les deux branches constitutives de chaque chromosome définitif I sont, dans toutes les plantes, les chromosomes-filles de la première cinèse : elles se séparent l'une de l'autre, dans chaque chromosome, à la première figure. Il y a une seconde question à considérer au sujet de l'insertion des chromosomes. Elle concerne le point de leur longueur où ils s'attachent au fuseau. Nous dirons que l'insertion est médiane, lorsque les deux branches sont fixées aux filaments achromatiques en un point voisin de leur milieu, fig. il, c; 12, d ; 6; l'insertion est terminale, lorsqu'elles sont fixées près d'une de leurs extrémités, fig. 10, a, c, d; il, a; 12, a, b, c ; 6 et 13; l'insertion est intermédiaire, lorsque le point d'attache est situé à peu près à mi-chemin entre le milieu du chromosome et une de ses extrémités, fig. 10, b, e; il, b; 12, e; 6 et 13. § 3. Fin de la métaphase et anaphase I. — Division longitudinale des chromosomes=filles I. La plupart des auteurs botanistes admettent, actuellement, que, à un stade plus ou moins avancé de la métaphase ou de l'anaphase, chacun des chromosomes-filles I subit une division longitudinale. (Nous désignerons 31 236 Victor GRÉGOIRE celle-ci sous le nom de division longitudinale anaphasique.) (') Ces auteurs sont : Guignard (98), Grégoire (9Qet04), Wiegand (99), Strasburger (95, 00 et 04), Juel (00), Kôrnicke (01), Schniewind-Thies (01), Ernst (o?,), Coker (03), Mottier (03 et 04), Farmer-Moore (03 et 04), Gregory (03 et 04), Rosenberg (04), Allen (04), Overton (04). Quelques auteurs, au contraire, ont décrit ou décrivent une division transversale de chacun des chromosomes-filles, durant leur voyage polaire. Ce sont : Belajeff (94 et 98), Ishikawa (97 et 01), Atkinson (99), Andrews (01). D'autres, enfin, ne mentionnent, durant cette étape, aucun phénomène spécial : Sargant (96 et 97), Dixon (95 et 01), Schaffner (97 et 01) {-). 1. Nous nous arrêterons d'abord aux travaux du premier groupe, et nous verrons que l'interprétation de ces auteurs est tout à fait démontrée, en notant toutefois, ainsi que nous l'avons déjà dit, que la » division longi- tudinale anaphasique « peut apparaître plus ou moins tôt, parfois dès la fin de la métaphase, parfois seulement à l'anaphase. Dans un bon nombre d'objets, on constate deux ordres de faits : d'abord, les chromosomes, à la métaphase, montrent, dans la même plante et dans la même figure, plusieurs des types d'insertion que nous ve- nons de distinguer, p. 235, fig. 6, 10, 11, 12, 13 : insertion médiane, terminale, intermédiaire; parfois même, les trois types sont réunis dans la même couronne équato- fig. 15. Liimm spedosum (pollen). Division riale. D'autre part, les figures de longitudinale anaphasique. a. v simples;*, veau- ]& fin de ,& méta hase et les •li-s; c, V doubles. (Grégoire, 99.) figures anaphasiques présentent aussi, dans la même plante et dans la même cinèse, deux ou trois types différents de chromosomes : les uns ont la forme de „ V simples «, parfois fendus à leur angle, fig. 15, a; 16, a ; 18, 19, 21, 22; d'autres offrent l'aspect (') On comprendra aisément pourquoi nous ne la désignons pas sous le nom de seconde division longitudinale. Cette dernière dénomination suppose, en effet, que l'on considère les chromosomes-filles I comme les moitiés d'une première division longitudinale Or, nous ne préjugeons rien, dans cette première partie, touchant la valeur des chromosomes-filles I, nous espérons même montrer, dans notre seconde partie, que les chromosomes-filles I ne sont pas des moitiés longitudinales véritables. (2) Nous ne nous arrêtons pas aux travaux, — trop incomplets pour la question actuelle, — de Farmer (g5), de Davis (99), de Murbeck (02), de Williams (04), de Stevens (99). La description de Duggar (00) est aussi assez indécise. — Nous devons faire remarquer aussi que nous n'avons pas entre les mains le travail de Schaffner sur le Lilium philadelphicnm (97). LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION î37 abc 16. Trillium grandiflorum (pollen). Division longitudinale anaphasique. a, V simples; 6, V eau- dés; c, V doubles (original). de V dédoublés, de - V doubles -, fig. 15, c; 16, c; 17, b et c; 18, 20, 21, 23; d'autres, enfin, ont une forme intermédiaire entre les deux précédentes : ils sont, en général, constitués d'un V se prolongeant, à son angle, soit en une petite branche indivise, soit même en un petit V, cette petite branche ou ce petit V étant rabattus vers l'équa- teur; ce sont des » V caudés «, fig. 15, b; 16, b; 17, a; 18, 19, 21, 22. En présence de ces deux faits, — insertions diverses et formes ana- phasiques différentes, — une seule interprétation est possible : il est évident que les chromosomes-filles I ont subi une division longitudinale. En effet, sans l'intervention d'une telle division, les chromoso- mes-filles à insertion terminale au- raient pris, à l'anaphase, la forme d'un bâtonnet droit; les chromoso- mes-filles à insertion médiane au- raient présenté l'aspect d'un V ; ceux à insertion intermédiaire, la forme d'un bâtonnet un peu re- courbé en hameçon. Il faut qu'une division longitudinale soit intervenue pour transformer les bâtonnets droits de l'insertion terminale en * V simples -, pour transformer les bâtonnets recourbés de l'insertion intermédiaire en - V caudés - et pour transformer les V de l'insertion médiane en » V doubles «. En d'autres termes, les variétés anaphasiques répondent précisément aux variétés de l'insertion, pourvu qu'on admette pour les chromosomes- filles I une division longitudinale. Mais il est à peine nécessaire d'insister, les figures sont plus éloquentes que tout commentaire. A côté de ces objets très démonstratifs, il faut placer les cas (') où on a décrit, pour tous les chromosomes, d'une part, une insertion terminale, et d'autre part, une forme en V à la fin de la métaphase et à l'anaphase. abc Fig. 17. Lilium Martagon (pollen). Division longitudinale anaphasique. a, V caudés; b et c, V doubles. (Strasbfrger, oo.) (■) Le Naias (Guignard, 98); V Hemerocallis , le Funkia (Strasburger, 00); le Galtonia (Strasburger, 04). 2 38 Victor GRÉGOIRE Il est clair que les V simples de l'anaphase ne peuvent provenir que de la di- vision longitudinale des chromosomes-filles insérés terminalement. — Nous plaçons néanmoins ces objets dans une catégorie spé- ciale; c'est qu'en effet nous ne sommes pas convaincu qu'on n'y trouve qu'un seul mode d'insertion. Nous pensons qu'un examen nouveau y découvrirait divers types de chromosomes métaphasiques ('). Fig. iS. Tradcscantia virginica (pollen). Division longitudinale anaphasique. V simples, V caudés, V dou- bles. (Strasburger, oo.) Parmi les objets où on a décrit une division longitudinale anaphasique, quelques-uns sont peut» être encore indécis ou incomplètement étudiés. Ernst, dans la macrosporogénèse du Trillium, n'au- rait observé que des « Andeutungen « de cette divi- sion. Peut-être y a-t-il moyen de trouver plus que cela; le pollen de la même plante montre, en effet, des exemples typiques de la division longitudinale anaphasique durant le début de l'anaphase, fig. 16 et 22. — Nous pensons aussi que les fig. 23, 24, a, et 26 de Gregory ne montrent peut-être pas, ainsi que le pense l'auteur, les moitiés longitudinales anaphasi- ques, mais plutôt des chromosomes-filles I, à inser- tion médiane, encore indivis ; et nous croyons que ce n'est que plus tard qu'ils vont subir la division longitudinale, ainsi que Strasburger (00) l'a vu dans YOsmunda. - - Wiegand ne se prononce qu'avec ré- serve sur l'existence d'une division longitudinale ana- phasique dans le Convallaria. En réalité, les figures de l'auteur ne sont pas démonstratives. Quoi qu'il en soit, la parfaite ressemblance de tous ces objets, incomplètement étudiés peut-être, avec ceux qu'on a mieux analysés ne permet pas de douter qu'il s'y produit bien aussi une division longitudinale anaphasique, d'autant plus que cette division existe, ainsi que nous allons le voir, même dans les objets où on avait décrit une division transversale. Fig. 19. Helleborus fceti- dus (pollen). Division longi- tudinale anaphasique. v sim- ples et v caudés. (Mottier, o3.) (') C'est Heuser (84) qui constata le premier, en ce qui concerne les végétaux, une division longitu- dinale anaphasique. Celle-ci fut ensuite décrite, du moins comme probable, par Farmer (95) et, d'une façon plus certaine, par Strasburger (95). Les auteurs se fondaient sur le fait de l'insertion terminale de tous les chromosomes et sur la présence, à l'anaphase, de tous V simples. En réalité, on observe aussi des insertions autres que la terminale. Aussi, ces auteurs abandonnèrent-ils bientôt leur opinion. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 239 C'est ici le moment de dire un mot de l'ébauche de division longitu- dinale qui a été plusieurs fois décrite dans les chromosomes-filles I, dès la pro/?Aase[SARGANT(96et97), Guignard(98), Grégoire(99). Strasburger(oo), Mottier (03)]. Si ce phénomène est réel, on comprend quelle confirmation en résulterait pour la division longitudinale anaphasique. Mais nous avons préféré ne pas insister sur ces apparences. Nous conservons, en effet, cer- tains doutes sur leur interprétation. Ces indices de division longitudinale ont toujours été décrits comme consistant en un double alignement de granules chromatiques sur un substratum encore indivis. Or, dans les nom- breuses cinèses somatiques que nous avons eu nous-même l'occasion d'ob- server récemment, jamais nous n'avons constaté que la division longitudinale débutât de cette façon. Nous ne voulons pas toutefois nier l'existence de cette division longi- tudinale précoce, nous sommes même persuadé, pour des raisons d'ana- logie, qu'elle se produit réellement, seulement nous pensons que ce point demande de nouvelles recherches, dans des objets très clairs ('). 2. Passons maintenant au second groupe de descriptions, celles qui comportent une division transversale des chromosomes-filles I. Nous ne rappelons que pour mémoire l'opinion de Strasburger et de Mottier, en 97 et 98. Les auteurs, ayant depuis lors repris et complété leurs obser- vations, ont changé leur façon de voir. Leur interprétation reposait d'ail- leurs sur l'admission d'une insertion en juxtaposition. C'est aussi sur une semblable admission que repose l'hypothèse de Belajeff. D'après l'auteur, les V anaphasiques qui résulteraient de l'inser- Ce fut Guignard qui, en 1898, eut le mérite de reprendre l'hypothèse de Stkasbueger (q5). L'ar- gumentation de l'auteur est la même que celle qui avait guidé précédemment F armer et Strasburger. Seulement par suite de l'unicité de son type d'insertion, le Naias n'était pas à même de rendre compte des apparences observées dans les objets où on avait sûrement constaté des insertions autres que la terminale. Nous eûmes (99) la bonne fortune d'observer, dans le Lilium speciosum, d'abord les différentes insertions et ensuite les divers types anaphasiques qui y correspondent, les v simples, les V caudés, les v doubles. Ces deux ordres de faits établissaient définitivement l'existence d'une division longitudinale anaphasique. Ils furent ensuite retrouvés dans un bon nombre de plantes, surtout par Strasburger en 1900. (') Farmer-Moore (o3 et 04) et Gregorv (o3 et 04) décrivent une division longitudinale dans ce qu'ils considèrent comme les futures branches chromosomiques Nous ne pourrons discuter cette interprétation que dans notre seconde partie. Nous aurons, en effet, à rechercher alors si l'opinion des auteurs est correcte au sujet de l'origine des branches chromosomiques. — Pendant que ces pages sont à l'impression, nous recevons le nouveau mémoire de Allen (o5l L'auteur y dessine, fig. 3i, une véritable fente dans le corps d'un chromosome-fille, à la prophase. 240 Victor GRÉGOIRE Fig. 20. Fin de la mé- taphase I dans Alliiim fistulosum (pollen) (Stras- burgek, oo). Division lon- gitudinale anaphasique. Fie 21. Noyaux-filles I dans Allium (Strasburger, oo). V caudés, V simples. tion juxtaposée se briseraient à leur angle, accomplissant ainsi une divi- sion transversale. Or, nous avons vu que, même dans les objets étudiés par Belajeff, l'insertion est en superposition. Cela étant, les figures de l'auteur viennent corroborer notre interprétation : elles montrent, en effet, très nettement des V caudés et des V simples. Ishikawa, dans ÏAllium, et Atkinson, dans le Trillium, ont aussi décrit des chromosomes-filles I divisés transversalement. Leur interprétation repose sur deux points : les auteurs auraient constaté, d'une part, une insertion médiane pour tous les chromosomes I, et d'autre part, une seule forme anaphasique pour tous les chromosomes-filles, la forme d'un v simple, brisé à l'angle. S'il en était ainsi, il est clair que la fente des V, à leur angle, aurait la valeur d'une division transversale. — Ces observations appellent aussi un complément et une correction. Strasburger (oo) a établi que 1 Allium pos- sède les différentes insertions et aussi les différents types de l'anaphase, y compris les V doubles, fig. 20 et 21. Ces deux caractères se retrouvent de même dans le Trillium, fig. 12 et 16. Il y a plus, les figures d'ATKiNSON plaident pour cette interprétation. L'auteur dessine, en effet, des insertions terminales et intermédiaires; de plus, les fig. 22 et 23, empruntées à son mémoire, montrent, la première, des V simples et des V caudés, et la seconde, un V double. On a encore invoqué, en faveur d'une division transversale anaphasique, les cas où l'on a décrit des tétrades. On admettait, en effet, que les dyades qui se séparent à la première cinèse sont constituées de deux tronçons Fig. 22. Anaphase I du Trillium grandiflorum, (pollen) i Atkinson, gg). V simples, V caudés. Fig. 23. Fin de l'anaphase I dans Trillium grandiflorum (Atkinson). V double, le troi- sième à partir de la gauche. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 24 1 transversaux du spirème. Ces cas sont le Pteris (Calkins, 97) et l' Equise- tum (Osterhout, 97) ('). Or, nous avons déjà vu que ces tétrades ne sont pas authentiques, que les chromosomes sont, là comme ailleurs, constitués de deux branches parfaitement continues, parallèles ou croisées. De plus, les formes métaphasiques et anaphasiques de YEquisetum sont les formes typiques, fig. 7 et 13. Nous avons même observé, dans nos préparations de cette plante, la division longitudinale anaphasique. Enfin, XOsmunda (Stras- burger, 00J, le Pteris (Gregory, 04), le Galtonia (Strasburger, 04) et le Dr osera (Rosenberg, 04) se sont montrés, malgré leurs petits chromosomes, entièrement concordants avec les plantes à chromosomes plus allongés. En résumé, il n'y a aucun fait en faveur d'une division transversale anaphasique. Au contraire, les objets où on avait décrit ce phénomène et qui, depuis lors, ont été réétudiés (tous, sauf X Arisœmà) sont rentrés dans le schéma de la division longitudinale anaphasique. 3. Il faudrait enfin considérer les auteurs qui n'ont rien observé de spécial à l'anaphase. Nous ne nous y arrêterons pas longuement. En effet, si on ne tient compte que de ceux qui ont étudié ex professo cette question, il faut remarquer que leurs objets ou des objets voisins ont été repris et décrits d'après le mode établi sous notre i°. — Schaffner (01) ne mentionne pas, dans son texte, la division longitudinale anaphasique. Mais les figures de l'auteur pour l'anaphase (fig. 48-57) mises en regard de ses figures de métaphase (fig. 39-47) la démontrent très clairement. Nous pouvons donc conclure : dans toutes les tétradogénèses végétales, les chromosomes-filles I se montrent, — - dès la métaphase ou seulement à une anaphase plus ou moins avancée, — dédoublés longitudinalement . La question qui se pose maintenant est celle de savoir quelle est la relation entre la division longitudinale anaphasique I et la seconde cinèse. La réponse à cette question dépend d'abord de l'analyse des modifications subies par les chromosomes-filles I durant l'intercinèse. Elle dépend ensuite de l'étude de la seconde cinèse elle-même. Nous commencerons par ce dernier point. (') Atkinson (99) n'a pas pu élucider la destinée des « tétrades » qu'il a décrites dans YArisœma ; il n'a pu décider si c'est la première ou la seconde cinèse qui est réductionnelle 242 Victor GREGOIRE CHAPITRE DEUXIEME. La seconde cinèse ('). Un fait caractérise la seconde cinèse au point de vue qui nous occupe : c'est que ni la prophase II ni la métaphase II ne comportent une division longitudinale qui formerait les chromosomes-filles aux dépens de chromosomes-mères d'abord indivis; mais les chromosomes II (*), dès qu'ils se dégagent de la disposition intercinétique , se montrent constitués chacun de deux branches destinées à se séparer l'une de l'autre lors de la métaphase. Cette conclusion admise par presque tous les auteurs (Belajeff, Ishikawa, Gtjignard, Grégoire, Strasburger, Mottier, Allen, etc.)(3) se déduit de très nombreuses observations, quelle que soit d'ailleurs l'interprétation qui ait été admise pour la première anaphase. Dans tous ces cas, il est clair en premier lieu que les chromosomes II, dès le début de leur apparition, Fig. 24. Chromosomes II dans le Podophyllum peltatum (pollen) (Strasburger, 00). a b c Fig. 25. Ilde cinèse dans le Lilium speciosum (pollen) (Grégoire, 99). a, mise au fuseau, vue du pôle; b et c, anaphase. sont constitués de deux branches, fig. 24; et il est clair en second lieu que ce sont ces deux branches qui, dans chaque chromosome, se superposent l'une à l'autre lors de la métaphase et se séparent ensuite vers les pôles, fig. 25 Ç). (') Certains auteurs ne l'ont pas étudiée, mais leur description peut se compléter par celle d'autres observateurs. (2) Réunis ou non en un peloton, il importe peu en ce moment. (3) Nous mentionnerons plus loin les exceptions. (4) Nous ne discuterons que plus tard l'application aux végétaux de l'hypothèse proposée par Haecker pour le Cyclops brevicornis. LES I US ACQ ES CINÈSES DE MATURATION 243 On a cependant décrit à plusieurs reprises une division longitudinale au cours de la seconde cinèse; mais ces observations ne sont pas démonstra- tives ou même elles doivent s'expliquer dans le sens de l'interprétation la plus générale dont nous venons de parler. Les travaux auxquels nous faisons ici allusion(') sont ceux de SARGANT(g6et97) sur le Lilium Martagon, de Dixon (95 et 01) sur le Lilium longiflorum , de Schaffner (01) sur 1" Erythronium et enfin d'ERNST (02) sur le Paris et le Trillium. Avant tout, il faut remarquer, et ceci est fort important, qu'il n'y aurait aucune répugnance à admettre que, dans certains cas, la prophase II com- porte des aspects de division longitudinale : nous reviendrons plus tard sur ce point. Seulement, nous pensons qu'e» réalité on ne connaît, dans les vé- gétaux, aucun cas de division longitudinale débutant, — ou paraissant dé- buter, - — seulement au cours de la seconde cinèse. D'après Sargant, les chromosomes II en forme de V se fixeraient au fuseau par leur angle en juxtaposant les deux branches dans le plan équa- torial. Chacun des V subirait ensuite, à la métaphase, un clivage longitu- dinal dont les moitiés se sépareraient vers les pôles. — Nous avons déjà (en 1899) montré que l'auteur a été trompée par certains aspects. En effet, dans les mêmes objets et dans des objets très voisins, on a depuis lors constaté plusieurs fois que ce sont les deux branches de chaque chromosome qui s'écartent l'une de l'autre vers les pôles. En 1895 et 1901, Dixon décrit aussi une division longitudinale à la métaphase II, mais il faut noter que l'auteur ne reproduit aucune image de ce stade et que, de plus, en 1901, il n'exprime son avis qu'avec beau- coup de réserve. Il n'y a donc pas là d'observation contradictoire avec les constatations si nettes et si nombreuses que nous avons rappelées plus haut et qui se rapportent d'ailleurs à des objets extrêmement voisins de ceux qu'a étudiés le professeur de Dublin. D'après Schaffner, les chromosomes II en forme de V subiraient aussi à l'équateur une division longitudinale très nette. — Nous ferons sim- plement remarquer que l'auteur ne reproduit pour tout document que des figures d'anaphase. D'ailleurs, ces figures elles-mêmes renferment des bâ- tonnets recourbés en hameçon, formes qui évidemment ne peuvent provenir du clivage longitudinal de V insérés par leur angle. C'est Ernst qui est le plus catégorique au sujet de l'existence d'une division longitudinale au cours de la seconde cinèse. Il représente, fig. (') Nous ne mentionnons que pour mémoire la description de Strasburger-Mottier (qS) et celle de Mottier (o7s) Les auteurs ont modifié dans la suite leur manière de voir. 32 244 Victor GRÉGOIRE 26, a, b, des chromosomes déjà presque formés et qui subiraient un clivage longitudinal débutant par une bipartition régulière de disques chromatiques. — A notre avis, il est hors de doute que le Pa?-is et le Trillium rentrent dans le schéma général. Les aspects de bipartition granulaire que montre la fig. 26 nous paraissent représenter non pas un clivage réel, mais unétatdevacuolisa- tion chromosomique plus ou moins avancée. Nous avons, en 1903, étudié en détail cet état alvéolaire des bâtonnets à la télophase et à la prophase so- matiques dans le Trillium. Mottier le représente dans les chromosomes maturatifs de l'intercinèse, fig. 32. Strasburger le mentionne aussi dans le Galtonia et la fig. 28 le montre dans le Paris lui-même. Nous croyons que c'est cet aspect que l'auteur a considéré, en le schématisant, comme le début d'un clivage longitudinal. Et cela d'autant plus que nulle part la division lon- gitudinale des chromosomes ne présente semblable régularité (Grégoire, o3). abc Fig. 26. Prophase de la IIde cinèse, dans le Paris quadrifolia (sac embryonnaire) (Ernst, 02). De plus, il suffit de comparer les chromosomes de la fig. 26, c, — (que l'auteur tient pour définitifs et constitués déjà de leurs chromosomes filles), — avec ceux de la fig. 26, b, -- (subissant, d'après Ernst, un clivage longitu- dinal), — pour constater que les deux branches de chaque chromosome de la fig. 26, c, représentent bien les branches divergentes ou croisées que l'on distingue déjà dans les chromosomes de la fig. 26, b. Ajoutons enfin que, dans la microsporogénèse du Trillium (Atkinson) et du Paris (inédit), le schéma général se vérifie de la façon la plus claire. On voit donc que l'on n'a démontré aucun cas de division longitudinale débutant à la seconde cinèse, et il semble hors de doute qu'il faut étendre à tous les objets végétaux étudiés jusqu'ici la conclusion que nous avons for- mulée dès le début de ce chapitre : la seconde cinèse ne comporte pas de division longitudinale, mais les chromosomes-mères II apparaissent, dès le début, constitues de leurs chromosomes-filles. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 245 CHAPITRE TROISIÈME. Intercinèse. Deux points nous sont acquis : d'une part, les chromosomes-filles I sont clivés longitudinalement lorsqu'ils parviennent aux pôles et ce caractère appartient à la première cinèse maturative à l'exclusion de toute autre cinèseC)', d'autre part, et cela encore à l'inverse de toute autre cinèse, les chromosomes de la seconde division maturative sont dès le début constitués de leurs deux chomosomes-filles sans l'intervention d'un clivage longitudi- nal. Il semble que la seule façon naturelle de relier ces deux points corres- pondants et caractéristiques des cinèses maturatives consiste à les expliquer l'un par l'autre et à regarder la division longitudinale de la première ana- phase comme préparant, dès lors, les chromosomes-filles II. Et c'est bien ce que pensent la plupart des auteurs. Plusieurs objections se sont néanmoins élevées; pour y répondre et mieux apprécier toute la question, il nous faut analyser de près les phéno- mènes de Yintercinèse. Exposons avant tout les objections. Haecker (99,) ne nie pas la réalité de la division longitudinale anaphasi- que des chromosomes-filles I, mais il croit pouvoir admettre que cette divi- sion s'oblitère, bientôt après, définitivement, et que les chromosomes-filles II prennent naissance par une division transversale des chromosomes-mères II. Mottier (03 et 04) n'est pas aussi radical que Haecker. Il reconnaît que les chromosomes-filles II sont le produit de la division longitudinale anaphasique I , mais il est porté à admettre que chacun des chromosomes II complets ne correspond pas nécessairement à un chromosome-fille I com- plet. Chacun des chromosomes II pourrait, pense l'auteur, ré- C. Vt- sulter de l'union de moitiés Fig. 27. Schémas destinés à représenter l'interprétation longitudinales empruntées à de Mottier (o3) pour la formation des chromosomes II. , ,. rr , , deux dmerents chromosomes- filles I. Cette combinaison, l'auteur en explique comme suit la possibilité. B. (') Nous avons (o3 et 04) montré que les aspects considérés par van Beneden (87), Reinke (94), Hof (98) et Merriman (04) comme représentant une division longitudinale anaphasique dans les chro- mosomes somatiques n'ont pas cette signification. 246 Victor GRÉGOIRE A la fin de l'anaphase I, les V chromosomiques, — dont chaque branche représente une moitié longitudinale, — se soudent les uns aux autres en un spirème continu, fig. 27, A. Ce spirème continu reparait à la prophase II; or, il est possible, pense Mottier, qu'il ne se segmente pas aux endroits qui correspondent à toutes les soudures de deux chromosomes-filles I. Il pourrait se segmenter parfois en des endroits correspondant à la séparation des deux moitiés longitudinales d'un même chromosome, c'est-à-dire cor- respondant aux angles des V aboutés. Si nous désignons par a— a, b — b.... les chromosomes-filles I clivés longitudinalement, nous pouvons représenter l'idée de Mottier en disant qu'il se forme un peloton a — a, b—b, c — c...., fig. 27, A, et que ce peloton se décompose, — à la prophase II, — non pas en a — a, b — b, c- c...., fig. 27, B, mais bien en a — b, b — c, c — d et ainsi de suite, fig. 27, C. Nous allons maintenant, pour trancher la question, étudier les phéno- mènes de l'intercinèse. Il nous faut répondre à deux questions : d'abord, les chromosomes- filles 1 gardent-ils, durant l'intercinèse, leur autonomie, pour devenir, après l'intercinèse, les chromosomes II? Ensuite, les branches constitutives des chromosomes II prophasiques sont-elles les moitiés longitudinales anapha- siques des chromosomes-filles I? Il faut une réponse affirmative à ces deux questions pour pouvoir considérer la division longitudinale anaphasique I comme préparant les chromosomes-filles II. La première de ces questions se dédouble à son tour : les chromosomes- filles I perdent-ils, durant l'intercinèse, ainsi que le pense Mottier, leur indépendance terminale, par la soudure de leurs extrémités en un peloton continu; ensuite, perdent-ils leur indépendance latérale, en se confondant les uns avec les autres dans le réseau nucléaire? Au total, trois points à élucider. i. Nous croyons pouvoir affirmer sans aucune réserve qu'il ne se forme pas, à la fin de l'anaphase I, un peloton-fille continu ('). Il faut noter d'abord, ainsi que nous allons le dire, qu'il y a plusieurs cas où il ne se produit aucune reconstitution nucléaire, où les chromosomes- (!) Guignaed 198), pour le Naias, et Atkinson (99), pour le Trillium, admettent la même conclusion. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 247 filles I passent directement au fuseau de la seconde figure. Dans ces objets, il ne peut pas même être question de la formation d'un peloton continu. La grande importance de ces cas, c'est qu'ils montrent que, même s'il se formait parfois un peloton continu, il ne faudrait accorder à ce phénomène aucune importance essentielle. De plus, même dans les objets où il se reconstitue une vacuole nu- cléaire, il ne se forme pas de peloton-fille. ■ Cela est d'abord tout à fait évident dans bon nombre de cas. Les bâtonnets se terminent librement à la membrane nucléaire et leurs ex- trémités ne se mettent à aucun moment en relation les unes avec les autres. Il y a plus : on observe souvent des dispositions incompatibles avec la Fig. 28. Noyau-fille I du Paris quadrifolia (pollen) (original). Fig. 29 Noyau-fille I du Trillinm grandiflorum (pollen) (Atkinson, 99). formation d'un spirème continu. On voit souvent, en effet, les deux extré- mités d'un même chromosome dirigées l'une vers l'autre, fig. 28 et 29. — La présence de V doubles, mélangés à des V simples, est encore un obstacle à la formation d'un spirème continu, ainsi que nous l'avons montré, en 1903, p. 65-6. Parfois, il est vrai, on rencontre des extrémités de chromosomes voisins plus ou moins en contact, mais, -- ainsi que nous l'avons fait remarquer pour les cinèses somatiques en 1903 et ainsi qu Atkinson l'avait noté déjà en 1899, -- cette disposition est due à une sorte de poussée exercée par la membrane nucléaire sur certaines extrémités chromosomiques, d'où il résulte que ces dernières sont, dans certains cas, amenées accidentellement en contact. Notre conclusion s'appuie encore sur ce fait qu'on n'a produit jusqu'ici aucune figure démonstrative de la formation d'un peloton. Il faut noter d'abord que beaucoup d'auteurs se contentent de mentionner cette soudure bout à bout de tous les chromosomes. D'autres, Schniewind-Thies foi) et Ernst (02), renvoient à des figures qui non seulement ne démontrent 248 Victor GRÉGOIRE pas la formation d'un peloton, mais prouvent plutôt le contraire (fig. 88 de Schniewind-Thies et fig. i'i de Ernst). Il n'y a que Strasburger (98, 00) et Mottier (98, 03 et 04), qui ont étudié de plus près la question. Nous avons déjà dans un autre mémoire (03), - au- quel nous renvoyons le lecteur, — montré que les figures de ces auteurs s'expliquent par des contacts accidentels. Les fig. 30 et 31, par exemple, empruntées à Mot- tier (03) démontreraient plutôt la non- Fig. 3o. Fin de l'anaphase I du Lilium Martagon (pollen) (Mottier, o3). Fig. 3i. Noyau-fille I du Lilium Martagon (Mottier, o3). formation d'un peloton continu. D'ailleurs, dans son dernier travail, Stras- burger (04) ne mentionne plus pour le Galtonia la formation d'un spirème('). Ce n'est pas la peine de nous arrêter à la question de l'existence d'un peloton-mère continu à la prophase de la seconde cinèse. Puisqu'il n'y a pas de peloton continu à la fin de l'anaphase I, puisque, d'autre part, ainsi que nous allons le voir, les chromosomes-filles I ne perdent pas leur indé- pendance latérale, il est clair que les apparences d'un peloton continu à la prophase II ne peuvent être attribuées qu'à des contacts fortuits, ou à des soudures accidentelles. 2. Examinons maintenant la question de l'indépendance latérale des chromosomes, durant l'intercinèse. Au point de vue des modifications subies par les chromosomes durant l'intercinèse, et en général au point de vue de la reconstitution nucléaire, les végétaux ne se comportent pas tous de la même façon. Dans quelques cas, peu nombreux, on observe une transition directe de la première cinèse à la seconde. Il n'y a même pas formation d'une vacuole nucléaire. Les chromosomes-filles I se rangent au fuseau II immédiatement après le tassement polaire [Schniewind-Thies (01) dans le Convallaria, (') Allen (04) n'a pas pu observer non plus une fusion des extrémités chromosomiques. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 249 Ikeda (02) dans le Tricyrtis, Farmer (94) dans le Pallavicinia, Moore (03) dans la même plante]. Ce cas, on le voit, n'est pas fréquent dans les végétaux. Le plus souvent, il existe une tendance vers un stade de repos : la vacuole nucléaire se forme et les chromosomes subissent une certaine alvéolisation. Ce dernier phénomène peut toutefois présenter tous les degrés possibles. Dans un grand nombre d'objets, l'alvéolisation, quelle qu'elle soit, ne s'avance pas Fie 32. chromosomes- jusqu'à rendre indistincts les contours latéraux des filles 1 ahéoiisés dans le chromosomes. En d'autres termes, on discerne net- Tradescantia virginica (Poi- tement durant i>intercinèse, les bandes chromosomi- len) (Mottier, o3'. ques alvéolisées. C'est notamment le cas pour le Lilium speciosum (Grégoire, 99), pour les nombreux objets étudiés par Strasburger (00), pour le Naias (Guignard, 98), pour le Trillium et le Paris (Ernst, 02), le Symplocarpus et le Peltandra (Duggar, 00), le Ruppia rostellata (Murbeck, 02), etc. Il semble même que cette interprétation s'ap- plique au Tradescantia si l'on en juge par la fig. 32, empruntée à Mot- tier (03), bien que cette figure soit considérée par l'auteur comme montrant que ail identity of chromosomes is lost. A côté de ces cas nombreux, il en existe d'autres où l'alvéolisation semble assez accentuée pour qu'on ne puisse plus discerner latéralement les bandes chromosomiques. On voit donc que, dans beaucoup d'objets, quelles que soient les transformations des chromosomes, il demeure évident que ceux-ci ne perdent pas leur indépendance latérale. Parfois même, ils passent directement de la première à la seconde figure. D'autre part, étant donnée la parfaite res- semblance des deux cinèses dans tous les objets, étant donné de plus que les dispositions diverses de l'intercinèse se rattachent les unes aux autres comme les termes d'une série graduelle, on ne peut douter que, même si on trouvait des exemples de repos parfait, il faudrait interpréter ces cas à la lumière des autres et admettre que là aussi les chromosomes gardent, durant l'intercinèse, leur autonomie latérale. De la réponse que nous avons faite à la première et à la seconde question, il résulte que les chromosomes-filles I gardent leur autonomie complète durant l'intercinèse et deviennent les chromosomes II. 250 Victor GREGOIRE 3. Il ne reste donc plus à élucider que notre troisième point : les branches constitutives des chromosomes II prophasiques sont elles les moi- tiés longitudinales anaphasiques des chromosomes-filles I? Cela encore est certain. Même avant d'étudier de plus près la façon dont se comportent, durant l'intercinèse, les moitiés longitudinales anaphasiques, et quelle que soit cette attitude, il semble qu'une réponse affirmative se dégage avec évidence des faits que nous possédons dès maintenant. Nous savons que les chromo- somes II ne sont autres que les chromosomes-filles I ; que ces derniers se sont dédoublés longitudinalement à l'anaphase; que, enfin, les chromosomes II sont, dès le début, constitués de leurs chromosomes-filles parfaitement distincts. Cela étant, il est clair qu'à moins de démontrer rigoureusement la disparition définitive de la division longitudinale anaphasique I et la production des chromosomes-filles II par un autre mécanisme, on doit admettre que ces derniers sont bien les moitiés longitudinales de la pre- mière anaphase. Or, cette démonstration, on ne l'a jamais tentée ('). Mais étudions de plus près la façon dont se comportent durant l'inter- cinèse les moitiés longitudinales anaphasiques. Chez les animaux, on observe souvent que les chromosomes-filles I pas- sent directement à la prophase II en conservant nettement distinctes leurs branches longitudinales. Dans les végétaux, nous venons de le voir, ces cas ne sont pas fréquents. Le Convallaria, le Tricyrtis, le Pallavicinia en offrent, à notre connaissance, les seuls exemples. Dans les autres objets, on trouve toute une série graduelle d'aspects divers, au point de vue de la netteté des moitiés longitudinales pendant l'intercinèse. Dans certains cas, où un noyau se reforme plus ou moins, les branches longitudinales, surtout dans les V simples et les Vcaudés, demeurent Fig. 33. Chromosomes-filles I vacuolisés dans . .... , „ .... ,.„ , ., . .,. . ,, T1 néanmoins plus ou moins distinctes, du- le Tnlluim grandiflorum (pollen) (original). Ils t » ont conservé nettement indépendantes leurs moi- railt l'intercinèse, et On les Suit jusque nés longitudinales. dans les chromosomes prophasiques II, dont elles constituent les deux branches, fig. 33. Mais dans d'autres cas, le repos est plus accentué et on ne peut suivre les moitiés longitudinales. (') Il faut remarquer d'ailleurs que Haecker n'a pas maintenu longtemps l'hypothèse qu'il fit en 1899 sur cette question. Dans son Référât de cette année, il oppose son interprétation à l'explication que nous avions donnée nous-même des phénomènes. Mais dans l'appendice de ce même Référât, concernant le mémoire où Strasburger confirmait nos conclusions, il reconnaît le rôle physiologique de la division longitudinale anaphasique. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 251 De tout cela il résulte que la persistance des moitiés longitudinales est évidente pour bon nombre d'objets et nous voulons dire par là que les moitiés longitudinales de l'anaphase I deviennent, à n'en pas douter, les branches constitutives des chromosomes II. Cela étant, il est clair, encore une fois, que c'est à la lumière de ces objets qu'il faut interpréter ceux où un repos plus avancé obscurcit les moitiés longitudinales. Ces derniers cas sont, en effet, reliés aux premiers par des transitions graduelles et de plus, les phénomènes de la première et de la seconde cinèse sont com- muns à tous les objets. Il n'y a donc pas de doute que l'intercinèse doit avoir partout la même valeur et que partout les branches longitudinales de l'anaphase I conservent leur autonomie et deviennent les branches consti- tutives des chromosomes II. Ajoutons, dès maintenant, que la comparaison entre animaux et végétaux enlèvera toute hésitation. En raison de ce que nous venons de dire, — et ceci est fort impor- tant, — nous ne rejetons pas la possibilité des apparences de division longitudinale au commencement de la seconde cinèse. Il pourrait se faire en effet que, surtout dans les V doubles, les moitiés anaphasiques I se rap- prochent assez considérablement pour que les chromosomes II paraissent se diviser à nouveau. Mais il faudrait dire alors que cette division ne serait qu'apparente et constituerait simplement la réapparition des moitiés lon- gitudinales anaphasiques intimement rapprochées. Un rapprochement si étroit n'est d'ailleurs pas un obstacle à la persistance autonome des branches longitudinales. On voit souvent dans les prophases et métaphases matura- tives et somatiques les chromosomes-filles devenus tout à fait indistincts et on ne peut pas douter cependant qu'ils conservent leur indépendance. De plus, le fait que les chromosomes somatiques, en s'alvéolisant, deviennent indiscernables les uns d'avec les autres durant le repos, n'est pas un obsta- cle à leur autonomie. Il en est de même, évidemment, pour les moitiés lon- gitudinales anaphasiques, durant l'intercinèse. Nous concluons ce chapitre en disant que les chromosomes-filles I deviennent, après l'intercinèse, tes chromosomes II et que les deux branches constitutives des chromosomes II, — c'est-à-dire les chromosomes-filles II, - ne sont pas autre chose que les moitiés longitudinales anaphasiques des chromosomes-filles I. 33 252 Victor GREGOIRE CONCLUSION. Nous pouvons résumer dans les traits suivants l'histoire des chromo- somes durant la seconde période des cinèses de maturation dans la sporo- génèse végétale. Les chromosomes I définitifs sont toujours constitués de deux branches continues, diversement disposées l'une par rapport à l'autre, fig. 34, A. Fig. 34. Schéma de la cinèse hérérotypique dans les Végétaux. A, formes définitives des chro- mosomes ; B, insertion en superposition et en des points divers (insertion intermédiaire, médiane, terminalel ; C, V caudés, V doubles, v simples produits par la division longitudinale anaphasique ; D, fin de l'anaphase, absence de peloton-fille; E, alvéolisation des chromosomes-filles I ; ils conservent, distinctes, leurs moitiés longitudinales. Ces deux branches sont les chromosomes-filles de la première cinèse. En effet, elles se superposent l'une à l'autre, à l'équateur du premier fuseau, fig. 34, B, et se séparent vers les deux pôles, fig. 34, C. Dès la fin de la métaphase ou durant l'anaphase, les chromosomes-filles I subissent une vraie division longitudinale (division longitudinale anaphasique), — peut- LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 253 être parfois ébauchée dès la prophase, — et qui leur donne différentes formes, d'après les modes divers d'insertion chromosomique à la méta- phase, fig. 34, C. La suite montre que les moitiés longitudinales ainsi produites deviendront les chromosomes-filles de la seconde cinèse. Les chromosomes-filles I ne se soudent pas en un peloton continu, fig. 34, 7). L'intercinèse n'est marquée qu'assez rarement par une recon- stitution nucléaire voisine de l'état quiescent. Dans certains cas même, le passage d'une cinèse à l'autre est direct, les chromosomes-filles I se pla- çant tout de suite, sans l'intervention d'aucune reconstruction nucléaire, au fuseau de la seconde cinèse. Le plus souvent, les chromosomes-filles su- bissent, à l'intérieur de la vacuole nucléaire, une alvéolisation plus ou moins accentuée, mais qui, dans beaucoup de cas, n'empêche pas les bandes chro- mosomiques de demeurer bien distinctes latéralement les unes des autres, FIG. 34, E. Fig. 35. Schéma de la cinèse homéotypique dans les végétaux. A, les chromosomes-filles I, redevenus homogènes et constitués de leurs moitiés longitudinales; B, ces dernières se superposent, dans chaque chromosome, Tune à l'autre, à la métaphase, et s'écartent l'une de l'autre vers les pôles; C, les quatre noyaux définitifs. A la fin de l'intercinèse, les chromosomes II apparaissent, dès le début, constitués de deux branches, fig. 35, A. Il est certain que les chromosomes- filles I conservent leur autonomie complète durant l'intercinèse, et qu'ils deviennent les chromosomes II ; il est certain aussi que les deux branches constitutives de chaque chromosome II sont bien les moitiés longitudi- nales anaphasiques des chromosomes-filles I. Ce sont ces deux branches qui se séparent l'une de l'autre à la métaphase II, fig. 35, B, C, et par conséquent les chromosomes-filles II sont les moitiés longitudinales ana- phasiques des chromosomes-filles I. 254 Victor GREGOIRE Les deux cinèses de maturation vérifient donc, en ce qui concerne la seconde période, les caractères de Yhétérotypie et de Xhoméotypie, tels que, à la suite de Flemming, ils ont été précisés par Meves (96) et par Stras- burger (00). Pour la période qui nous occupe, la caractéristique de l'hétéro- typie consiste dans la division longitudinale anaphasique; la caractéristique de l'homéotypie réside en ce que les chromosomes-filles de cette cinèse sont préparés dès la cinèse précédente par une division longitudinale. Nous disons que ce sont là les caractéristiques de ces cinèses pour la seconde période; c'est qu'en effet, dans notre seconde partie, lorsque nous aurons étudié la première période, nous aurons à établir d'autres caractères fonda- mentaux de l'hétérotypie, et nous verrons alors que la division longitudinale anaphasique est en quelque sorte un caractère secondaire. Nous désignerons donc, à l'avenir, la suite des phénomènes que nous venons de décrire sous le nom de schéma hétérohoméoty pique, schéma dont les processus sont les suivants : î) Les deux branches constitutives des chromosomes I définitifs se séparent l'une de l'autre, dans chaque chromosome, à la première cinèse. 2) Les chromosomes-filles I subissent, dès la fin de la métaphase ou durant l'anaphase, une division longitudinale. 3) Les chromosomes-filles I, ainsi constitués, gardent, durant Tinter- cinèse, leur autonomie. Les chromosomes-filles I deviennent les chromo- somes II et les moitiés longitudinales anaphasiques deviennent les branches constitutives des chromosomes IL 4) Ce sont ces branches, — et par conséquent les moitiés longitudi- nales anaphasiques, — qui se séparent, dans chaque chromosome, à la seconde figure. Rappelons encore la remarque que nous avons faite plus haut touchant la possibilité de rencontrer, à la seconde cinèse, des apparences de division longitudinale (voir p. 250- Le lecteur comprendra maintenant que ce schéma, ainsi que nous l'avons dit plus haut, p. 224, s'oppose directement au processus postréduc- tionnel, mais qu'il laisse ouverte la question du processus préréductionnel et du processus eumitotique. Le schéma hétérohoméotypique, tel que nous le définissons ici, n'implique, en effet, aucune conclusion sur la valeur des branches constitutives des chromosomes de la première cinèse, question qui devrait être tranchée, pour pouvoir décider entre le schéma préréductionnel et le schéma eumitotique. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 255 En d'autres termes, il résulte de notre étude que la seconde cinèse n'est pas réductionnellc, et que, s'il y a réellement une cinèse rédactionnelle, ce ne peut être que la première. Il nous restera à voir, dans notre seconde partie, si la cinèse hétérotypique est une cinèse réductrice, en étudiant pour cela la valeur des branches chromosomiques. Le lecteur comprendra aussi pourquoi nous proposons d'appeler du nom de hétérocytes les sporocytes I, et du nom de homéocytes les sporo- cytes IL Ces deux dénominations indiquent la nature toute spéciale de la cinèse que chacune de ces espèces de cellules est appelée à subir. Nous ne nous arrêterons pas ici à discuter les différentes acceptions qu'on a voulu donner à ce nom de hétérotypie, nous toucherons cette ques- tion à la hn de notre travail. 256 Victor GRÉGOIRE DEUXIÈME SECTION. LA SPERMATOQÉNÈSE ANIMALE. On sait que c'est dans la spermatogénèse animale que l'on décrivit, pour la première fois d'une façon définitive ('), la division longitudinale anapha- sique des chromosomes-filles I. C'est Flemming qui, en 1887, observa nettement ce phénomène dans la salamandre. Seulement, l'auteur ne put pas élucider la destinée de cette division longitudinale. Flemming ne con- naissait d'ailleurs pas à cette époque la succession régulière des deux cinèses de maturation. C'est seulement plus tard, ■- après que Hermann, en 89, eut confirmé, dans la salamandre, l'existence d'une division longitudinale anaphasique des chromosomes-filles I, — que Meves (96) admit, pour ce même animal, l'interprétation qui dans l'entretemps avait été proposée par Strasburger(95) pour les végétaux et qui considère la division longitudinale anaphasique comme préparant les chromosomes-filles de la seconde cinèse. Le schéma hétérohoméoiy pique (v. p. 254), ainsi établi, fut ensuite con- trôlé, comme nous allons le voir, dans un bon nombre d'objets. Voici la série historique des descriptions qui appuient ce schéma : Meves (96), dans la salamandre; Mac Gregor 199), dans YAmphiuma; von Ebner(99), dans le rat; Kingsbury (99), dans le Desmognathus ; Eisen (00), dans le Batra- choseps (incomplètement); Montgomery (00 et 01), dans le Peripatus et de nombreux hémiptères; Janssens (01), dans le triton; de Sinety (01), dans plusieurs orthoptères; Kingsbury, à nouveau (02), dans le Desmognathus; Nichols (02), dans VOniscus; Lerat (02), dans le Cyclops; Meves (02), dans la Paludina (incomplètement); Farmer et Moore (03 et 04), dans la salamandre, la Periplaneta, l'axolotl; Montgomery (03), dans le Pletodon et le Desmognathus; Janssens et Dumez (03), dans le Batrachoseps et le Pletodon; Schreiner (04), dans les Poissons. Avant de commencer notre revue des observations faites sur différents groupes animaux, nous rappelons que nous ne suivons pas l'ordre taxono- mique, mais que nous exposons les descriptions dans l'ordre qui nous a paru le mieux adapté à la clarté de la discussion (2). (') Le phénomène avait été déjà signalé par Flemming en 1882 et par Heuser (dans les végétaux) en 1884. (2) Nous ne parlerons pas, dans ce chapitre, des études sur la spermatogénèse de l'Ascaris. Nous traiterons en même temps, plus tard, de l'ovogénèse et de la spermatogénèse dans cet animal. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 257 CHAPITRE PREMIER. Batraciens. A tout seigneur tout honneur. C'est letude des Batraciens qui a amené Flemming à la découverte de l'hétérotypie ; nous commencerons par ce groupe. Toutes les descriptions, sauf celle de vom Rath ('), s'accordent dans les points essentiels et se complètent d'un objet à l'autre. § 1. Métaphase et anaphase I. Les formes des chromosomes définitifs sont semblables à celles que nous avons rencontrées partout dans les végétaux : deux branches ou juxta- posées ou, plus souvent, diversement croisées et entrelacées ou parfois Fir.. 36. Chromosomes hétéro- typiques de triton (Janssens, 01). FlG. 37 Insertion en superposition, dans le triton, métaphase I (Janssens, 01). FlG. 38. Division longitudi- nale anaphasique dans la sala- mandre (Meves, 96). Fig. 3g. Division longitudi- FlG. 40. Division longitudi- nale anaphasique dans l'Am- nale anaphasique dans le Batra- phhima (Mac Gregor, 99). choseps (Janssens et Dumez, o3). réunies seulement à leurs deux extrémités, l'ensemble prenant alors la forme d'un anneau, fig. 36. Tous les auteurs s'accordent de plus à dire, — et leurs figures le mon- (') Nous ne nous arrêterons pas à la description de vom Rath. Elle a été complètement acartée par tous les observateurs subséquents. 258 Victor GRÉGOIRE trent clairement, — que ce sont ces deux branches qui s'écartent l'une de l'autre vers les pôles de la première figure, fig. 37. Les auteurs reconnaissent enfin que, dès le début de l'anaphase ou un peu plus tard, les chromosomes-filles I montrent très nettement une divi- sion longitudinale anaphasique (p. 235-6), fig. 38, 39, 40. Il suffit, dans les différents objets, de mettre en regard les figures d'insertion et les figures d'anaphase pour se convaincre de la réalité de cette division longitudinale. Il serait bien inutile de chercher à ces apparences une autre explication. Aucun auteur d'ailleurs ne l'a tenté. Janssens (oi) a décrit, dans le triton, une division longitudinale des branches chromosomiques dès la prophase, ainsi que cela avait été admis dans les végétaux par Sargant, Guignard, Grégoire et Strasburger. La fig. 22 de l'auteur montre, en réalité, dans un chromosome, une fente lon- gitudinale partielle assez nette ('). § 2. Intercinèse et seconde cinèse. L'étude de cette période est ici encore de toute première importance. Il s'agit de savoir si la division longitudinale anaphasique I prépare les chro- mosomes-filles II. Tous les auteurs répondent affirmativement à cette ques- tion. Ils observent que les chromosomes II, — identiques aux chromosomes- filles I, — sont, durant la prophase, constitués de deux branches, fig. 41 et 44. Ces branches représentent les moitiés longitudinales des chromosomes- filles I et ce sont elles qui se séparent l'une de l'autre, dans chaque chromo- some, à la IIde figure, fig. 42. Toutefois, il y a dans les descriptions un peu de divergence et, parfois, un peu d'incertitude et nous devons nous arrêter assez longuement sur la présente question. Les points qu'il faut trancher ici sont les suivants : Premièrement. Les chromosomes-mères II sont-ils bien identiques aux chromosomes-filles I ou bien pourraient-ils être formés de tronçons ayant appartenu à différents chromosomes-filles I (Mottier)? Deuxièmement. Les branches plus ou moins parallèles qui, à un mo- ment donné, constituent les chromosomes-mères II sont-elles bien les moi- tiés longitudinales produites par la division anaphasique I ? (') Notons encore ici que Farmer-Moore (o3 et 04) et Montgomery (o3) décrivent aussi une divi- sion longitudinale dans ce qu'ils considèrent comme les deux branches chromosomiques. Seulement nous ne pouvons pas discuter ici la description de ces auteurs ; nous aurons à voir dans notre seconde par- tie si les portions qu'ils considèrent comme les deux branches chromosomiques possèdent bien cette valeur. LES RÉSULTATS : S CINÈSES DE MATURATION 259 Troisièmement. Ces mêmes branches sont-elles réellement les chro- mosomes-filles II? Sont-elles destinées à se séparer l'une de l'autre, dans chaque chromosome, à la métaphasc 11 ? Telles sont les trois questions auxquelles il faut être fondé à donner une réponse affirmative pour pouvoir admettre que la division longitudinale anaphasique I prépare les chromosomes-filles II. Cette réponse affirmative, nous avons déjà vu que les auteurs la don- nent, du moins implicitement, en se ralliant à la conclusion générale qui s'en déduit. Toutefois, certains points font difficulté. Rappelons d'abord que Mottier (v. p. 2451 a admis pour les végétaux que les chromosomes-mères II ne sont pas nécessairement identiques aux chromosomes-filles I. L'auteur admet la formation d'un spirème continu à l'anaphase I et rien ne prouve, d'après lui, que ce peloton va se segmenter, lors de la prophase II, aux points où s'est faite, à la télophase précédente, la soudure des chromosomes-filles I. D'autre part, d'après certains auteurs (Meves, Mac Gregor), la divi- sion longitudinale anaphasique devient indistincte pendant l'intercinèse, et les chromosomes II, d'abord indivis, doivent subir une division longitudi- nale. Celle-ci, toutefois, ne serait pour les auteurs que la réapparition de la division anaphasique. Mais on pourrait trouver que ce dernier point n'est pas certain. Enfin, une dernière difficulté résulte de la possibilité d'une interpréta- tion suggérée par Kingsbury (02). Les chromosomes II ont souvent une forme d'X. Si nous désignons par aetb les deux branches croisées de l'X, on peut se représenter de deux laçons différentes les mouvements métapha- siques de la IIde cinèse. Le second fuseau pourrait séparer les deux branches a et b ; c'est l'opinion générale, et Kingsbury la tient pour plus vraisem- blable. Mais le second fuseau pourrait aussi séparer deux chromosomes- filles complexes --- et --- formés chacun de deux tronçons transversaux 2222 empruntés aux deux branches de l'X. Dans ce second cas, la seconde cinèse serait réductionnelle, mais d'après un type spécial ('). Telles sont les difficultés. Nous considérons néanmoins comme certain qu'il faut donner à nos trois questions, posées plus haut, une réponse affir- mative. (') Cette interprétation, dont Kingseukv entrevoyait la possibilité, n'est pas à confondre avec une hypothèse en apparence assez semblable formulée par II.ixker (02). Nous ne discuterons cette dernière que lorsque nous examinerons les observations de II niai; sur le Çyclops brevicornis. 34 2ÔO Victor GREGOIRE i. Commençons par la troisième. Il résulte à toute évidence de nom- breuses figures des auteurs que les deux branches qui, à un moment donné de la prophase, constituent les chromosomes II, fig. 41 et 44, sont bien les chromosomes-filles II, c'est-à-dire se séparent l'une de l'autre à l'anaphase. Nous donnons comme exemple les figures de Mac Gregor (99), fig. 41 et 42. Il suffit, pour se convaincre de ce que nous venons de dire, de comparer ces deux figures. Les figures de Kingsbury elles-mêmes le démontrent. Il n'y a presque pas de chromosomes présentant la forme régulière en X que suppose et exige l'hypothèse de l'auteur américain. De plus, la fig. 29 de l'auteur montre nettement que ce sont les deux branches de chaque chro- mosome qui se superposent l'une à l'autre, lors de la métaphase, et qui se Fig. 41. Chromosomes II se rangeant au fuseau dans Amphiuma (Mac Gregor, 99). Fig. 42. Anaphase II dans Amphiuma (Mac Gregor, 99). séparent vers les pôles. Ajoutons enfin qu'il est bien difficile de se repré- senter le mécanisme invoqué par Kingsbury. Il faut donc répondre affirmativement à la troisième question posée plus haut. 2. Il en est de même en ce qui concerne la première question. Il est clair d'abord, d'après toutes les figures, que les chromosomes-filles de la télophase I ne se soudent pas bout à bout en un peloton continu, fig. 43. Ensuite, dans la grande majorité des cas, on ne perd de vue, à aucun moment de l'intercinèse, la distinction des contours latéraux chromoso- miques et cela quel que soit le degré d'alvéo- lisation des bâtonnets. Les figures de Kings- bury, fig. 43, entre autres, sont extrêmement instructives à cet égard. Ces deux constatations établissent avec certitude que, dans la plupart des cas, contrairement à l'hypothèse Fig. 43. Chromosomes-filles I durant l'intercinèse dans Desmo- gnathus (Kingsbury, 02). LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 2ÔI proposée par Mottier pour les végétaux (v. p. 245), — les chromosomes- mères II sont bien identiques aux chromosomes-filles I. Toutefois, on a décrit dans certains objets un état de reconstitution nucléaire assez voisin du repos (Janssens, chez le triton). Au sujet de semblables observations, nous ferons remarquer qu'il nous semble impossible d'admettre, pour des phénomènes tout à fait identiques dans les différents objets et en même temps caractéristiques d'un stade tout spécial, deux interprétations totalement différentes. Il est évident qu il faut interpréter les quelques cas moins clairs d'après les enseignements concordants fournis par un grand nombre d'objets plus faciles à analyser. Or, les phénomènes des deux cinèses maturatives, abstraction faite de l'in- tercinèse, sont identiques dans tous les Batraciens, et en même temps, ils sont tout à fait caractéristiques de ces deux cinèses. Si donc, dans certains objets, la tendance vers le repos est assez accentuée pour qu'on perde de vue les chromosomes-filles I, il faudra néanmoins admettre que ceux-ci y persistent tout aussi bien que dans les cas plus nombreux où leur autonomie est nettement sauvegardée. Et cela est d'autant plus vrai que parfois, dans un même objet, on trouve des variations au point de vue de l'intercinèse. C'est ainsi que chez le triton (Janssens, 01) les deux cinèses se suivent durant l'été sans l'inter- vention d'aucun repos, tandis qu'au printemps l'intercinèse est plus longue et marquée même par un stade où les chromosomes seraient indistincts. Il est bien évident que la signification des cinèses de maturation ne varie pas d'après les saisons, et que, par conséquent, au printemps aussi bien qu'en été, et quel que soit le degré de repos, les chromosomes persistent dans leur autonomie intégrale. Il est clair, ici comme dans les végétaux, que le » repos interciné- tique - est une disposition accessoire, sujette à varier, mais qui n'influence pas le cours essentiel des cinèses. 3. Il ne nous reste donc à trancher que la seconde question : quelle est la valeur des moitiés constitutives de chaque chromosome II prophasique, fig. 41 et 44? Représentent-elles les moitiés longitudinales des chromo- somes-filles I? Il faut rappeler avant tout que, dans plusieurs cas, il est tout à fait évident que les moitiés longitudinales anaphasiques se maintiennent dis- tinctement pendant l'intercinèse et constituent les deux branches des chro- mosomes-mères II, fig. 43 et 44 de Kingsbury. Dans d'autres objets 262 Victor GREGOIRE (triton), il arrive que les chromosomes s'alvéolisent plus ou moins considé- rablement. Mais néanmoins, dès que les chromosomes II apparaissent à la prophase, ils sont composés de deux branches et présentent un aspect identique à celui des chromo- somes-filles I à la fin de l'anaphase ; il est donc cer- tain, là aussi, que les branches des chromosomes II sont les moitiés longitudinales anaphasiques des chromosomes-filles I. Il n'y a que la salamandre FiG.44. Chromosomes II pro- ., . ht L i\t •- „ ,, et 1 Amphiuma ou Meves et Mac Gregor aient phasiques dans Desmognathas r l (Kingsbuky, 02). décrit une disparition, durant l'intercinèse, de la division longitudinale anaphasique. En présence de ces faits, il nous semble évident que, même en admet- tant la rectitude des observations de Meves et de Mac Gregor, il faudrait appliquer encore une fois les considérations générales auxquelles nous avons fait plusieurs fois appel, et expliquer les cas moins clairs à la lumière des objets plus typiques. Il faudra donc dire que, dans la salamandre et dans Y Amphiuma, les moitiés longitudinales anaphasiques, bien que deve- nues indistinctes, n'ont cependant pas perdu leur autonomie. Ce sont elles qui redeviennent distinctes lors de la division longitudinale apparemment nouvelle des chromosomes prophasiques II (v. p. 251). Un rapprochement des moitiés longitudinales anaphasiques suffisant pour les rendre indistinctes n'a d'ailleurs rien d'étonnant ni de malaisé à interpréter, ainsi que nous l'avons dit plus haut (p. 25 1). Nous pouvons donc conclure que les chromosomes-filles I sont conser- vés, durant l'intercinèse, dans leur autonomie intégrale, qu'ils se dédoublent à la métaphase II en leurs moitiés longitudinales anaphasiques et que, par conséquent, la spermatogénèse des Batraciens s'accomplit d'après le mode hétérohoméoty pique (v. p. 254.J. chapitre deuxième. Insectes. Un grand nombre d'auteurs ont étudié la spermatogénèse dans ce groupe. Les discordances sont très importantes et paraissent irréductibles. Nous allons voir néanmoins que, pour la seconde période (v. p. 223), le désaccord n'est pas définitif et que même on peut arriver à l'unité. Nous classerons les descriptions en plusieurs groupes. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 2Ô3 Premier Groupe : ORTHOPTÈRES. Nous commencerons par l'examen des observations de Mac Clung (oo, 02) sur Hippiscus, Orchesticas, Anabrus et d'autres genres, de de Sixéty (01) sur Orphania denticauda, Stenobothrus parallelus et vagans, Œdipoda miniata et Nemobius sylvestris, de Sutton (03) sur Brachystola magna, de Farmer-Moore (03) sur Periplaneta. § 1. Première cinèse. Tous les auteurs sont d'accord au sujet de la constitution des chromo- somes I, quelque temps avant leur mise au fuseau. Tous y ont reconnu les formes classiques : deux branches ou parallèles, ou croisées, ou entrelacées, ou bien encore disposées en forme d'anneaux ou de V, fig. 45 et fig. 48 ('). De plus, tous les auteurs décrivent dans chacune de ces branches une divi- sion longitudinale. Le désaccord commence au sujet de l'insertion des chromosomes au fuseau et au sujet de la première anaphase. D'après de Sinéty et Farmer- Moore, les deux branches chromosomiques sont, à la métaphase, superposées l'une à l'autre (v. p. 232-3). Elles se séparent l'une de l'autre vers les pôles et achèvent, à une anaphase plus ou moins avancée, la division longitudinale qui s'est ébau- chée à la prophase. Au contraire, d'après Mac Clung et Sutton, ig. 45. Chromosomes pro- phasiquesi dans v Orchesticus les deux branches de chaque chromosome se (Mac Clung, 02). trouvent insérées en juxtaposition (v. p. 232-3). Elles sont situées toutes deux à un même niveau, dans le plan équatorial. Le chromosome total ainsi inséré se clive dans le plan équatorial en ses deux moitiés longitudinales, chacune ayant la même forme que le chro- mosome total, et ce sont ces moitiés longitudinales qui se séparent vers les pôles sans montrer, durant l'anaphase, aucun phénomène spécial. Sutton n'insiste pas sur cette description qu'il se contente d'énoncer, mais Mac Clung s'efforce de l'établir et nous devons, avant d'entamer la discussion, exposer avec plus de détails son interprétation. (') On rencontre toutefois des formes spéi iali s, 'les chromosomes en croix. Nous devrons y revenir plus loin, à la fin du chapitre sur les Insectes. 264 Victor GRÉGOIRE Les fig. 45 et 46, ci, montrent les chromosomes de VOrchesticus peu de temps avant la fin de la prophase. Ils sont constitués de deux branches, dont chacune est divisée lon- gitudinalement. A la fin de la prophase, les moitiés longitu- dinales se rapprochent inti- mement dans chaque branche de manière à devenir indis- tinctes, fig. 46, b. Il y a plus : on voit s'effacer complètement la démarcation transversale Fig. 46. Schéma des mouvements chromosomiques, dans 1 j i_ 1 1 ,,, .?< a ht r , ■ 1 entre les deux branches, cest- 1 hypothèse de Mac Clung (original). ' à-dire la distinction de celles- ci au point où elles sont aboutées, fig. 46, c. Le chromosome total prend ainsi la forme d'un bâtonnet allongé et indivis. C'est ce bâtonnet qui se place au fuseau, en s'y attachant de la façon indiquée par la fig. 46, ci, en sorte que les deux branches primi- tives a et [3 se trouvent, au même niveau, dans le plan équatorial. Puis, sans que la fente longitudinale, qui existe voilée dans chaque branche (',), reparaisse clairement, on voit les deux moitiés longitu- dinales de tout le chromosome, — dont chacune est elle-même formée de deux branches, se rendre vers les pôles, fig. 46, e et f, où elles vont passer rapidement au second fuseau. Cette interprétation, Mac Clung l'appuie sur deux faits (oo, p. 83 et 02, p. 217). D'abord, l'auteur observe, dans une même a mitose, toute la série des formes chromoso- Fig. 47- Figure de Mac Clung (oo) mjques qui indique, selon lui, le mouvement destinée à montrer les stades successifs 1 de la séparation des deux moitiés Ion- graduel de séparation des deUX moitiés lon- gitudinales dans un chromosome. ■,. , __ ,-, ,, gitudinales, fig. 47. Ensuite, 1 auteur, — sans apporter toutefois de figures correspondantes, — dit avoir constaté » l'in- sertion juxtaposée « (v. p. 232) pour les formes en anneau ou en boucle. Telles sont les deux interprétations en présence pour la première cinèse des orthoptères. Voyons-en maintenant la valeur. (') Dans notre schéma, nous avons, pour faire mieux saisir la portée de l'opinion de l'au- teur, indiqué en e la réapparition de la fente longitudinale. Pour rendre correctement la pensée de Mac Clung, il faut dans notre schéma remplacer e et f par toute la fig. 47. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINHSES DE MATURATION 2Ô5 Fie. 48. Chromosomes I prophasiques de Orplia- nia denticauda (de SINÉ- TY, Ol). Fig. 4g. Insertion des chromosomes I dans Or- phania denticauda (de Si- néty, 01). 1. Il est d'abord certain que l'interprétation de de Sinéty et de Farmek Moore est la seule légitime pour leurs objets et cela aussi bien concernant l'insertion que tou- chant les formes anapha- siques. En premier lieu, l'inser- tion est clairement en super- position. Les fig. 48 et 49, 50 et 51 (empruntées à de Sinéty), tout à fait sembla- bles à celles des végétaux et des batraciens, sont d'une grande netteté. On remarque- ra surtout, dans la fig. 49 et aussi dans la fig. 52, les chromosomes en boucle insé- rés non pas par le coude, mais par leurs extrémités libres, de façon à orienter les deux bran- ches vers deux pôles diffé- rents. De telles dispositions contredisent directement l'in- terprétation de Mac Clung. — De plus, les formes anaphasiques en bâtonnets recourbés ou en V caudés (p. 237), fig. 53, s'opposent aussi à cette interprétation. En effet, l'hypothèse Fig. 5o. Formes définiti- ves des chromosomes I et début de métaphase dans Ste- nobothnts (de Sinéty, oi). Fig. Si. Métaphase I dans Stenobothrus (de Sinéty, oi). Fig. 52. Métaphase I à' Œdipoda . en vue po- laire. Les boucles tournent leur coude vers l'extérieur (de Sinéty, oi). Fig. 53. Division longitudinale anaphasique dans Stenobothrus (de Sinéty, oi). de Mac Clung requiert pour tous les bâtonnets une insertion médiane (v. p. 235). Or, les formes anaphasiques dont nous venons de parler supposent nécessairement une insertion intermédiaire (v. p. 235). 266 Victor GRÉGOIRE En second lieu, il n'y a pas à douter de l'existence d'une division lon- gitudinale anaphasique (v. p. 236) dans les objets étudiés par de Sinéty et Farmer-Moore. Ici encore, trois types de formes anaphasiques, des V sim- ples, des V caudés, des V doubles (v. p. 236-7), correspondent à trois types d'insertion métaphasique, fig. 53. Cela a été établi nettement par de Sinéty ('). — Rappelons d'ailleurs que de Sinéty a observé très nettement, dès la prophase, la division longitudinale des branches chromosomiques. 2. Il est donc certain que l'interprétation de de Sinéty et de Farmer- Moore s'applique aux objets que ces auteurs ont étudiés. Mais il y a plus : nous pensons que l'explication de Mac Clung et de Sutton ne s'applique même pas aux animaux qui ont fait l'objet de leurs études. La description et l'interprétation de Mac Clung présentent de grandes lacunes. a) En premier lieu, même en admettant que la fig. 46, d, ou 47, a, représente bien la forme de tous les chromosomes au moment de leur mise au fuseau, il faudrait encore, pour établir l'hypothèse de Mac Clung, démontrer que, dans ces formes, les deux moitiés transversales a et p re- présentent bien les deux branches, parallèles ou croisées, des chromosomes de la fig. 45 : toute l'interprétation de Mac Clung repose, en effet, sur ce point. Or, cette démonstration, Mac Clung ne la fournit pas. D'abord, Fauteur ne dessine pas, — ce qu'il faudrait faire, — les stades de transition entre les chromosomes de la fig. 45 et ceux de la fig. 47, a : en d'autres termes, il ne montre pas les différents stades de la sériation qui est représentée dans notre fig. 46, a-d, sériation supposée par son inter- prétation. De plus, l'argument puisé par l'auteur (v. p. 263) dans la considération des différentes formes par lesquelles passerait un même chromosome, au cours de la métaphase, est sans valeur pour démontrer son interprétation. En effet, les formes seraient les mêmes dans le cas où la première méta- phase séparerait vers les pôles les deux branches constitutives des chromo- somes de la fig. 45. Enfin, quant à l'argument que fourniraient les chromosomes en an- neau, il faut remarquer que l'auteur ne figure nulle part l'insertion d'un (') Il faut remarquer que Mac Clung (02), dans sa critique du mémoire de de Sinéty, n'a pas révoqué en doute cette division longitudinale. — Ces pages étaient rédigées lorsqu'à paru le mémoire in extenso de Farmer-Mooke 04), démontrant encore la division longitudinale anaphasique dans Periplaneta. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 267 de ces chromosomes. Au contraire, de Sinéty a vu nettement ces chromo- somes annulaires insérés en superposition, c'est-à-dire en rattachant une branche à un pôle, et l'autre branche à l'autre pôle, fig. 49 et 52. b) En second lieu, l'auteur ne démontre pas que la fig. 47, a, repré- sente le mode d'insertion uniforme de tous les chromosomes et que les diverses formes métaphasiques d'une même cinèse correspondent aux stades successifs par lesquels passe chacun des chromosomes. On pourrait consi- dérer tout simplement que ces formes variées sont, ici comme ailleurs, le résultat des divers modes d'insertion présentés par les différents chromo- somes d'une même couronne équatoriale. C'est ainsi, en effet, que s'expli- que, dans les nombreux objets que nous avons déjà rencontrés et dans ceux que nous passerons encore en revue, la variété des formes métaphasiques. C'est ainsi, entre autres, qu'elle s'explique très nettement dans le cas des Orthoptères étudiés par de Sinéty et Farmer-Moore. En présence de ces lacunes, nous devons reconnaître que rien dans les observations de Mac Clung ne justifie l'interprétation de l'auteur pour les phénomènes de la métaphase I. Mais nous irons plus loin et nous dirons que les figures de Mac Clung plaident en faveur de l'interprétation que nous avons vu jusque maintenant se vérifier pour les Végétaux, pour les Batraciens et pour divers Ortho- ptères. En effet, d'une part, les figures prophasiques, fig. 45, et métaphasiques, fig. 54, de Mac Clung sont absolument semblables, malgré une coalescence assez prononcée des chromosomes, aux figures des Végétaux, des Batraciens et des autres Orthoptères. D'autre part, dans ces derniers objets, les figures sont très claires, montrent constamment la distinction entre les branches chromosomiques et permettent, par con- séquent, de suivre leur évolution; tandis que les figures de Mac Clung, — prises peut-être à une trop petite échelle, — montrent des chromosomes extrêmement difficiles à étudier par suite du rapprochement étroit de leurs parties constitutives. Cela étant, — et étant donné de plus que l'interprétation de Mac Clung est dépourvue de tout appui, — il nous semble nécessaire d'interpréter les figures de l'auteur à la lumière des observations semblables, mais infiniment plus claires, faites sur d'autres objets et entre autres sur des objets voisins 35 Fig. 54. Métaphase I dans Y Hippiscus Clung. 268 Victor GRÉGOIRE de ceux qu'a étudiés Mac Clung. Et il nous semble certain, d'abord, que, dans les chromosomes de la fin de la prophase, fig. 47, a, les deux bran- ches primitives, -- celles de la fig. 45, — sont, non pas aboutées, mais placées parallèlement l'une à l'autre ; ensuite, que ces branches se super- posent l'une à l'autre à Péquateur, et par conséquent se séparent l'une de l'autre vers les pôles ; enfin, que le point d'attache au fuseau est variable d'un chromosome à l'autre et n'est pas, uniformément pour tous, le point médian. Tout cela résulte de la comparaison des figures de Mac Clung avec celles, beaucoup plus claires, des autres auteurs. En ce qui concerne Sutton, il faut faire plusieurs remarques : d'abord, l'auteur ne fait qu'énoncer son hypothèse sans l'appuyer d'aucun document. Sutton, en effet, ne donne aucune figure de la métaphase, et c'est grand dommage, car la beauté des figures prophasiques du Brachystola semble promettre des figures métaphasiques fort instructives. Ensuite, la ressem- blance frappante des chromosomes du Brachystola, non seulement avec ceux des Orthoptères étudiés par de Sinéty, mais aussi avec ceux des Vé- gétaux et des Batraciens, justifie complètement l'application au Brachystola de l'interprétation si clairement démontrée pour les autres groupes que nous venons de citer. § 2. Intercinèse et seconde cinèse. En ce qui concerne l'intercinèse et la seconde cinèse, les orthoptères sont très instructifs. Tous les auteurs ont observé une transition directe d'une mitose à l'autre, de Sinéty a constaté nettement que les chromo- somes télophasiques I, toujours constitués de leurs deux moitiés longitudi- nales, s'installent immédiatement au second fuseau et s'y dissocient en leurs deux éléments, et il est évident que la seconde cinèse sépare dans chaque chromosome les moitiés longitudinales produites à la première anaphase. Mac Clung et Sutton ont d'ailleurs observé que les chromosomes II ne subissent pas de division longitudinale, mais sont, dès le début, consti- tués de leurs chromosomes-filles. Nous ne pouvons douter que les objets étudiés par Mac Clung et Sutton doivent s'interpréter comme ceux qu'a observés de Sinéty. Nous conclurons donc que le schéma hétérohoméotypique s'applique certainement à plusieurs orthoptères. Le processus postréductionnel n'est démontré pour aucun de ceux dont nous parlons maintenant, et même l'ap- LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 269 plication à eux tous du schéma hétérohoméotypique est l'hypothèse de loin la plus probable. Nous passons maintenant à examiner d'autres descriptions ayant trait aux orthoptères. Cet examen va confirmer la conclusion que nous venons d'émettre. Fig 55. Tétrades du Gryllotalpa (VOM Rath, 92). Fig. 56. Métaphase I dans le Gryllotalpa (vom Rath, 92). Gryllotalpa (vom Rath, 92). Le travail de vom Rath est connu. L'auteur y dessine, à la fin de la prophase, fig. 55, des tétrades remarquables, constituées de quatre chroma- tides sphériques très éloignées les unes des autres. Ces groupes quaternes se dédoublent au premier fuseau, fig. 56, en deux dyades et celles-ci à leur tour se dissocient durant la seconde cinèse en leurs deux chromatides. Il faut remarquer d'abord que, par elle-même, une telle description de cette période n'est pas incompatible avec le schéma de Yhétérohoméotypie (p. 253). Celui-ci serait, en effet, sauve- gardé dans le cas où on admettrait que les deux éléments de chaque dyade prennent naissance par une division longitudinale. Par conséquent, si nous admettions la rectitude des faits décrits par vom Rath, nous devrions ren- voyer à notre seconde partie, — où nous parlerons de la formation des chro- mosomes, — la discussion de leur interprétation. Mais nous croyons pouvoir dire que les faits ont été incomplètement observés par l'auteur et que le Gryllotalpa réclame de toutes nouvelles recherches. Les tétrades de la fig. 55 (de même d'ailleurs que tout l'ensemble du dessin) sont certainement schématisées à un très haut degré. Nulle tétrade, s'il en existe, ne montre cet écartement exagéré des éléments consti- tuants (4). La figure de la métaphase, fig. 56, n'est pas moins schématique et est certainement fausse. L'auteur, en effet, représente et décrit une insertion (') Les portions achromatiques de cette figure sont tout à fait fantaisistes. Nous verrons, d'ailleurs, en plusieurs occasions, que l'auteur montrait une tendance prononcée à la schématisation !70 Victor GREGOIRE indépendante de chacun des quatre éléments de la tétrade disposés en deux séries. Enfin, il faut reconnaître que, même en admettant les tétrades et la signification que leur accorde vom Rath, il est totalement impossible de décider si ce sont les moitiés transversales ou les moitiés longitudinales qui se séparent à la première cinèse ('). Pour nous, étant donné que, dans un très grand nombre d'Ortho- ptères, plusieurs auteurs ont retrouvé les formes absolument typiques de chromosomes définitifs; étant donné, d'autre part, ce que nous savons sur les pseudotétrades, nous sommes certain qu'on retrouvera dans le Gryl- lolalpa les formes chromosomiques observées ailleurs. Et la même remarque s'applique aux figures de métaphase. Nos observations sont d'autant plus légitimes que vom Rath dessine lui-même peu de temps avant la fin de la prophase, fig. 57, des chromoso- mes identiques à ceux des autres ortho- ptères et que, de plus, [ainsi que l'ont déjà fait remarquer Boveri (92) et Rueckert (94)], vom Rath passe sans transition des formes chromosomiques à deux branches de la fig. 57 aux formes à quatre granules de la fig. 58. Nous nous croyons donc autorisé à conclure que l'étude du Gryllotalpa doit être complètement reprise et les résultats acquis pour les autres Ortho- ptères ne nous permettent pas de douter qu'on retrouvera là aussi le pro- cessus hétérohoméotypique. Fig. 57. Branches chromosomiques dans le Gryllotalpa (vom Rath, 92). Fig. 58. Début des « tétrades » dans le Gryllotalpa (vomRath, 92). Caloptenus femur rubrum (Wilcox, 95 et 96). Wilcox a proposé pour le Caloptenus une interprétation toute spéciale. Les chromosomes définitifs seraient des tétrades en forme d'anneau. L'au- teur conçoit ces tétrades, fig. 59, 60, comme formées de quatre corpuscules- chromosomes réunis par des portions achromatiques formées elles-mêmes d'un faisceau de fibres lininiennes. I1) Pour ces différentes raisons, nous n'avons jamais compris que l'on choisît si souvent, même dans d'excellents traités, les figures de vom Rath comme des figures typiques. Nous dirons franche- ment notre avis : on devrait définitivement bannir ces figures de toute étude de la question actuelle. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION Î71 Fig. 5g. Chromosomes I du Ca- loptenus Wilcox, 951. Le sens des cinèses dépend de V origine des » tétrades « , que l'auteur décrit de la façon suivante. Le noyau est d'abord occupé par douze segments en haltère, constitués chacun de deux corpuscules, - - chromosomes* terminaux, a-b, c-d, e-f, etc., » connected by a thread composed of numerous linin fïbers «. Ces haltères s'asso- cient deux à deux en 6 groupes, dont chacun prend la forme d'un anneau, fig. 59 et 60. — Parfois, la différentiation des » chromosomes" terminaux est retardée jusqu'à la métaphase. Au fuseau I, les anneaux se placent soit tangentiellement, soit radiairement. De plus, ils peuvent présenter soit l'aspect d'un carré, soit celui d'un losange. En tout cas, ce sont les segments a-b, c-d, c'est-à-dire les haltères primitives, qui se séparent l'un de l'autre, dans chaque chromosome, vers les pôles. A la se- conde cinèse. ces dyades se dédoublent en leurs deux éléments. L'auteur considérant chacun des quatre corpuscules chromatiques d'un anneau, fig. 59 et 60, comme représentant un chromosome somatique, il en résulte que, pour lui, les deux cinèses sont rédactionnelles. Après tout ce que nous avons vu au sujet des Orthoptères, on com- prendra que cette description de l'auteur appelle bien des remarques, d'au- tant plus que, pour la plupart de ses figures, Wilcox s'est contenté d'un grossissement de 68o, ce qui est trop faible. Voyons en premier lieu l'interprétation de l'auteur sur l'origine et la constitution des chromosomes I. On peut dire qu'elle n'est pas du tout établie par les figures et que celles-ci réclament une autre explication. En effet, aucun dessin ne montre les dou^e segments chromatiques isolés dont parle l'auteur. Dans les schémas 8 et 9 de Wilcox, p. 10, ici fig. 61, on reconnaît au contraire très clairement 6 chromosomes montrant les deux branches parallèles ou entrelacées qu'on a observées partout. -- Les figures 242 et 243, ici fig. 59, contiennent les formes classiques en V, en X, en Y et en il. — Enfin, les anneaux définitifs Fig. 60. Schémas de la formation et de la constitution des chromo- somes I dans le Caloptenus (Wil- cox, g5). Fig. 61. Schémas de la formation des chromosomes I dans Caloptenus (Wilcox, g5). 272 Victor GREGOIRE (même figure) n'ont pas non plus le sens que leur donne l'auteur. Les soi- disant * chromosomes - granulaires qu'il y montre font corps avec les deux rubans qui semblent les porter et sont simplement les portions terminales, plus renflées et plus colorées, de ces rubans. L'apparition de ces portions plus renflées ou plus colorées doit d'ailleurs tenir à des circonstances spéciales, car l'au- teur montre lui-même des anneaux qui ne possèdent aucun aspect de tétrade, fig. 62. Ajoutons encore que les schémas 6 et 10 Fig. 62. Chromosomes I de Calop- , , tenus (Wilcox, 95). de 1 auteur, fig. 60, non seulement sont con- tredits par les figures réelles qui montrent des rubans et non des faisceaux de fibres, fig. 59, mais que, de plus, ils sont impossibles à expliquer. Comment, en effet, se formeraient les deux ponts transversaux de fibres qui, à l'aide de deux segments parallèles, pro- duiraient une figure carrée? En second lieu, en ce qui concerne la métaphase I, nous ne trouvons dans les figures réelles de l'auteur rien qui justifie ses figures schématiques. Nous y trouvons simplement, à une échelle malheureusement trop res- treinte, les formes ordinaires de chromosomes métaphasiques montrant la séparation des deux branches constitutives. L'interprétation de Wilcox n'est donc nullement démontrée et se trouve contredite par les figures réelles de l'auteur. Ces figures rapprochent le Calop tenus des autres orthoptères, dont les cinèses plus claires et mieux analysées s'expliquent par le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Deuxième Groupe : HÉMIPTÈRES. Pentatoma, etc... (Montgomery, 98, 01, 02). Montgomery a étudié à plusieurs reprises la spermatogénèse dans de nombreux Hémiptères (98, 01 .,, 02). Pour la période qui nous occupe ici, l'auteur se rattache au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Il décrit des chromosomes en forme de » dumbbell « , se plaçant au fuseau de façon à ce que la constriction soit dans le plan équatorial. Durant l'anaphase, les deux chromosomes-filles montrent eux-mêmes une constriction, qui est la réapparition d'une division longitudinale prophasique, et ce sont les deux moitiés de ce clivage qui se séparent au second fuseau. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 273 Nous devons avouer que nous n'osons pas nous appuyer sans réserve sur les figures de Montgomery, en faveur du schéma hétérohoméotypique('). Les aspects que l'auteur dessine d'une division longitudinale anaphasique sont opposés à tous les cas connus d'une semblable division. Montgomery représente, en effet, dans les bâtonnets -filles une constriction perpendicu- laire à l'axe du fuseau, figures 196 et 200. Or, partout ailleurs, la fente longitudinale anaphasique est parallèle à l'axe du fuseau. Ces figures semblent d'ailleurs en contradiction avec l'interprétation de Montgomery lui-même. D'après lui, la division longitudinale anaphasique serait la réapparition de la division longitudinale prophasique. Or, celle-ci, d'après l'auteur encore, traverse dans toute sa longueur le chromosome I et par conséquent chacune de ses branches-filles. Elle devrait donc réapparaître, à l'anaphase, sous la forme d'une fente traversant dans sa longueur le chromosome-fille et située par consé- quent dans le plan axial du fuseau. Néanmoins, nous pensons qu'en complétant la des- cription de Montgomery, on arrivera à établir définiti- vement pour ces objets le schéma hétérohoméotypique. Fig. 63. Division Ion- „ . c , ,, rr gitudinaie anaphasique Certaines figures de 1 auteur, en effet, rappellent tout dans le Nabis iMontgo- à fait les images caractéristiques et claires des autres MERV, 02). tétradogénèses. De plus, Montgomery n'a étudié les petits chromosomes des hémiptères qu'avec de trop faibles grossissements (i 12X6). Enfin, en 1902, dans le Nabis, l'auteur a vu plus nettement la division longitudinale anaphasique, fig. 63. Anasa tristis (Paulmier, 99). Paulmier décrit, à la fin de la prophase, des - tétrades « formées de quatre chromatides ovales fort rapprochées l'une de l'autre, fig. 64; ces tétrades montrent un grand et un petit axe : les deux branches longues re- présentent pour l'auteur deux moitiés longitudinales, coupées chacune par une fente transversale. — Les tétrades se placent au fuseau de façon à situer leur grand axe dans un plan méridien. -- Elles se dissocient ensuite en deux dyades, en achevant ainsi la division transversale ; les dyades, sans l'intervention d'aucun stade de repos, se partagent au second fuseau en leurs deux éléments, c'est-à-dire en deux moitiés longitudinales. ,1 Nous verrons que l'auteur est arrivé dans le Peripatus à des résultats plus complets. 274 Victor GREGOIRE FlG. 64. « Tétrades » de VAnasa tristis | Paulmier, 99). Il faut d'abord remarquer que, dans sa conclusion finale, cette descrip- tion se rattache au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Si le processus des deux cinèses est bien tel que le décrit Paulmier, il n'y aurait qu'un point à vérifier pour juger de l'interprétation de l'auteur : c'est celui de savoir si la fente située dans le grand axe de la tétrade est bien une fente longitudi- nale. Nous devrions donc remettre à notre seconde partie, — où nous étudierons la ge- nèse des chromosomes, - - l'examen de l'opi- nion de Paulmier. Néanmoins, nous croyons devoir faire dès maintenant plusieurs réserves au sujet des \ figures et de l'interprétation de l'auteur, en ce Éf'ÉÉt 1^X1 (lu' concerne la seconde période (v. p. 223). D'abord, Paulmier passe directement, sans aucune transition, de l'étape de la fig. 66 à celle de la fig. 64. Par conséquent, même en admettant son interprétation de la fig. 66, — c'est-à-dire en admettant que, dans cette dernière figure, les chromosomes sont formés de deux branches longitudinales divisées trans- versalement, — il s'ensuit que l'on ne peut pas reconnaître sûrement dans les chromosomes de la fig. 64 les parties constitutives de ceux de la fig. 66. On ne peut donc pas trancher le point de savoir quelle est, par rapport aux fentes des chromosomes de la fig. 66, la va- leur des fentes des chromosomes de la fig. 64. Il y a donc là une lacune à combler. De plus, le prétendu étranglement trans- versal des tétrades, fig. 64, nous semble bien peu de chose, pour qu'on puisse y découvrir réellement une division transversale. On pourrait voir simplement, dans cette figure, des branches chromosomiques en forme de biscuit un peu renflées à leurs extrémités. En d'autres mots, les tétrades de Paulmier ne sont peut-être qu'apparentes. Fig. 65. Métaphase I dans VAnasa tristis (Paulmier, 99). Fig. 66. Chromosomes I prophasi- ques de VAnasa, non encore définitifs (Paulmier, 99). Fig. 67. Vue polaire de la meta phase I dans VAnasa (Paulmier, 99) LES RESULTATS ACQUIS SUE LES CINÈSES DE MATURATION 275 Enfin, l'auteur ne démontre nullement que les branches chromoso- miques se couchent sur le fuseau, clans un plan méridien. Les figures méta- phasiques, fig. 65, s'expliquent aussi aisément si l'on admet que les deux longues branches de chaque chromosome se sont d'abord superposées l'une à l'autre au fuseau (v. fig. 8, e), et se sont ensuite séparées l'une de l'autre vers les pôles (v. fig. &,f), ainsi que cela se passe dans tant d'objets très clairs. La fig. 67 nous semble plaider pour cette interprétation. Elle paraît montrer les grandes branches placées, non pas parallèlement, mais perpendiculairement à l'axe du fuseau. Pour ces raisons, nous ne pouvons considérer la description de Paul- mier, pour la seconde période, comme définitive et nous croyons que l'étude de YAnasa doit aussi être reprise. Syromastes (Gross, 04). Les chromosomes du Syromastes seraient constitués de quatre éléments de contour ovale. Les tétrades sont cependant plus longues que larges, Fig. 68. Tétrades dans le Syromastes (Gross, ( Fig. 69. Chromoso- mes I prophasiques du Syromastes . Gi;oss,04). Fig. 70. Métaphase I dans le Syromastes (Gross. 04). Fig. 71. Métaphase I i.i ns le Syromastes 1 Gross, 04 . fig. 68. L'auteur appelle dès ce moment dyades chacun des groupes binaires aboutés dans le sens du grand axe. Il considère comme longitudinale la fente qui sépare ces dyades l'une de l'autre, c'est-à-dire la fente qui est perpendiculaire au grand axe de la tétrade, et il tient pour transversale la fente qui sépare les deux éléments dans chaque dyade. Le premier fuseau sépare, fig. 72. Métaphase vers les pôles, les deux dyades de chaque chromosome, I dans le Syromastes r ' J 1 fig. 70. Durant l'anaphase ou même dès la métaphase, les deux éléments de chaque groupe binaire se resoudent l'un à l'autre, fig. 72. Après être demeurés quelque temps tassés aux pôles, les chromosomes reparaissent. Ils présentent une con- striction transversale et montrent bientôt aussi un étran- glement longitudinal. Ce sont les moitiés séparées par (Gro- Fig. 73. Métaphase II dans le Syromastes (,Gross, 04 36 276 Victor GRÉGOIRE l'étranglement transversal qui vont se séparer l'une de l'autre vers les pôles de la seconde figure, fig. 73. Quant aux rapports des chromosomes II avec ceux de la première cinèse, l'auteur les définit comme il suit : l'ébauche de division longitu- dinale observée dans les chromosomes II prophasiques correspondrait à la ligne de séparation des deux éléments des dyades anaphasiques I, c'est-à- dire à la ligne de division transversale séparant deux éléments que nous pouvons appeler a et b; puisque cette ébauche de division ne sert pas à la deuxième cinèse et que celle-ci, au contraire, se fait à l'aide d'une division transversale nouvelle, il en résulte que la seconde figure séparerait, non pas les moitiés transversales primitives a et b, mais des moitiés transver- sales du complexus ab. La seconde cinèse serait ainsi rédactionnelle, mais d'une façon toute spéciale. Nous ne pouvons en aucune façon considérer cette description comme correspondant aux faits, surtout en ce qui concerne la seconde cinèse. Elle contient plusieurs lacunes importantes. L'auteur, d'ailleurs, n'a employé que des grossissements de 1000. Cela nous paraît trop faible pour l'étude de si petits chromosomes. En raison surtout de la remarque que nous venons de faire, nous ne sommes pas du tout convaincu que les chromosomes I possèdent réellement la forme de tétrades. Nous avons vu plusieurs fois combien l'illusion est facile en cette matière. L'auteur d'ailleurs n'explique pas suffisamment les formes classiques en Y que montrent ses figures 38, 39, 43 (ici, fig. 69). Ensuite, des figures 44 à 50 (ici, fig. 70), il ne ressort pas que le grand axe des -tétrades- soit placé parallèlement à l'axe du fuseau, ainsi que le pense l'auteur. On ne discerne plus dans ces chromosomes un grand et un petit axe. La fig. 71 montre, d'ailleurs, fort nettement un chromo- some se dissociant, au premier fuseau, en ses deux longues branches. De plus, les figures de l'auteur contiennent une con- tradiction : les figures 46-50 (ici, fig. 70j (vue faciale), représentent les dyades placées tangentiellement au fu- seau, tandis que la figure 51 (ici, fig. 74) (vue polaire), Fig. 74. Métaphase les montre placées radialement. 1 du Syromastes vue Enfin, les chromosomes anaphasiques seraient en polaire Gross, 04). r -, , . XT , - • 1 1 ui forme de sphères. Nous n avons jamais vu semblables chromosomes et nous estimons qu'il faudrait étudier le Syromastes à l'aide de plus fortes lentilles. La seconde cinèse est sujette à plus d'objections encore. La constriction LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES HE MATURATION 277 transversale et l'étranglement longitudinal décrits par Gross nous semblent bien peu de chose pour pouvoir appuyer des déductions aussi importantes que celles de l'auteur. Dans tous les objets, la distinction de deux moitiés constitutives, dans chaque chromosome II, est beaucoup plus nette. — De plus, le sens que l'auteur donne à la seconde cinèse, comparativement à la première, n'est pas du tout démontré. Gross suppose que l'ébauche d'étranglement longitudinal des chromosomes II rappelle la fente des dyades I et que la constriction transversale de ces bâtonnets II est de nouvelle formation. Nous ne voyons rien dans les figures qui justifie cette interprétation. Nous croyons donc pouvoir conclure que les observations de Gross sur le Syromastes n'ébranlent pas le schéma hétérohoméotypique et que cet objet réclame de toutes nouvelles recherches ('). Pyrrhocoris (Henking, 90- D'après Henking (91), dans le Pyrrhocoris, le noyau contiendrait, à la n fin de la prophase, non pas - (12) chromosomes complets, mais le nombre normal n (24). Ces chromosomes, en forme de sphères, se rangeraient à l'équateur en deux niveaux. Chaque noyau-fille hériterait donc 12 chromo- somes complets qui, à la seconde métaphase, subiraient une division pro- bablement longitudinale. Cette description, si elle répondait aux faits, s'allierait aisément avec le schéma hétérohoméotypique. Cependant, en présence des nombreux travaux qui ont paru jusqu'à cette heure sur les insectes et dont aucun n'a décrit, à la fin de la prophase, la présence du nombre normal de corps chromosomiques isolés, on comprendra que nous estimions nécessaire d'étu- dier à nouveau cet objet. D'ailleurs, les figures mêmes de l'auteur n'appuient aucunement son interprétation. Le seul argument résiderait dans le fait que, à la fin de la prophase, l'auteur aurait observé plus de 12 » corps chromosomiques" isolés. Or, nous devons avouer que cela ne nous semble pas ressortir des figures. (') Il importe de remarquer l'attitude réservée gardée par Hakcker (04,) à l'endroit des observations de Gross, bien que cependant celKs-ci paraissent confirmer son interprétation du Cyclops brevicornis. 278 Victor GREGOIRE Troisième Groupe : COLÉOPTÈRES. L'interprétation de Holmgren (01) pour la spermatogénèse de Silpha se rapproche de celle de Paulmier. Les chromosomes ont, d'après l'auteur, la forme d'anneaux allongés et constituent des » tétrades -, fig. 75. Ils se couchent sur le fuseau, leur grand axe étant parallèle à l'axe de figure, fig. 76, a, puis les anneaux s'ouvrent soit d'un seul côté (toute la fig. 76), soit de deux côtés. Dans le premier cas, la moitié détachée se retire d'abord vers les pôles, fig. 76. Au diaster, chaque chromosome prend la forme d'un biscuit; la constriction transversale du biscuit correspond au point de courbure des demi-anneaux métaphasiques, fig. 76, a, maintenant redressés. « Les chromosomes-filles I se placent au fuseau II fig. 75. chromosomes i dé- de façon à situer leur étranglement dans le plan finitifs de Silpha i Holmgren, oi ï. , . , , , , . . , -, ,,. . . Prétendues tétrades. equatonal, et les deux moitiés délimitées par cet étranglement se séparent vers les pôles. D'après l'auteur, la fente placée dans le grand axe des anneaux primi- tifs I, fig. 75, c'est-à-dire la fente qui sépare les deux branches de chaque demi-anneau métaphasique, fig. 76, a, correspond à une division longitu- dinale. C'est cette fente qui s'achève à la se- conde cinèse et, par conséquent, celle-ci est équationnelle. Cette description est encore, dans sa con- clusion finale, conforme au schéma hétéro- homéotypique (v. p. 254). Néanmoins, nous devons garder vis-à-vis d'elle la même attitude de réserve que nous avons prise à l'égard des descriptions de Montgomery et de Paulmier. D'abord, les chromosomes I ne sont pas des tétrades; ce ne sont même pas toujours des anneaux allongés, ainsi que le dit l'auteur, mais simplement des chromosomes à deux branches, fig. 75, a. Ensuite, rien ne démontre que les an- neaux couchent leur grand axe sur le fuseau, parallèlement à l'axe de figure; en d'autres termes, rien ne démontre que les anneaux métaphasiques, fig. 76, a, soient simplement les » anneaux « Fig. 76. Ouverture graduelle des anneaux à la métaphase I dans Silpha, d'après Holmgren (oi). LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 279 prophasiques, couchés sur le fuseau. L'auteur passe, en effet, sans transi- tion, d'un stade prophasique, fig. 75, à un stade métaphasique avancé, fig. 76. Il n'a pas observé le véritable stade de l'insertion des chromosomes au fuseau. De plus, les formes métaphasiques s'expliquent en partie, il est vrai, par une adhérence inégale entre les extrémités équatoriales des chromosomes- filles, mais elles sont dues aussi à des insertions diverses (v. p. 235). Enfin, comme preuve de son interprétation de la seconde cinèse, l'auteur ne donne qu'une figure métaphasique. Cela est insuffisant. Devant ces lacunes, on conçoit qu'on ne puisse pas considérer cet objet comme élucidé. Pour notre part, nous retrouvons dans les figures de Holmgren les aspects prophasiques et métaphasiques si souvent décrits pour une foule d'objets, et nous ne doutons pas que le Silpha ne doive s'interpréter de la même façon que les Orthoptères d'après de Sinéty et Farmer-Moore. Avant d'abandonner les Insectes, il nous faut dire un mot de certaines formes chromosomiques spéciales qu'on rencontre dans ce groupe, nous voulons parler des chromosomes prophasiques en forme de » croix*. Nous désignons par là non pas les chromosomes en X, formés de deux branches croisées, mais des chromosomes constitués de 4 éléments, dont chacun pos- sède la forme d'un bâtonnet coudé à angle droit en un point variable de sa longueur et qui se trouvent juxtaposés en un seul plan, en tournant tous leur angle vers un même point, fig. 45, 50, 66, 70, et de façon à prendre, dans l'ensemble, la forme d'une croix à bras égaux ou à bras inégaux. Ces formes chromosomiques, il faut le remarquer, se trouvent toujours mélangées dans un même noyau hétérocytaire aux formes plus ordinaires comportant deux branches parallèles ou croisées. Nous avons préféré ne pas nous arrêter, dans notre révision des travaux sur les insectes, à ces chromosomes en croix. Deux questions, en effet, se posent à leur sujet : d'abord, quelles sont, dans ces chromosomes, les parties qui correspondent aux deux branches constitutives des chromosomes ordi- naires; ensuite, comment se comportent-ils à la métaphase I? Or, le premier de ces points relève de notre seconde partie, et, en ce qui concerne le second, il ne peut subsister le moindre doute que ces chromosomes se comportent, à la métaphase I, comme tous les autres chromosomes, c'est-à-dire qu'ils s'y dissocient en deux parties qui sont homologues des deux branches constitu- tives des chromosomes typiques. L'unité dans tous ces phénomènes est trop 2 8o Victor GREGOIRE profonde et trop générale pour que les différents chromosomes d'un même noyau puissent évoluer de façons essentiellement diverses ('). CHAPITRE TROISIEME. Protrachéates. Peripatus balfouri (Montgomery, 01). Nous avons vu plus haut que Montgomery n'a donné qu'une des- cription trop sommaire de la spermatogénèse dans les Hémiptères, et qu'il n'y a pas suffisamment établi son interprétation, le schéma hétéro- homéotypique (v. p. 254). Chez le Peripatus, l'auteur (01) a étudié avec plus de détails la sperma- togénèse, et ses figures montrent plus nettement certains traits du processus hétérohoméotypique. On y reconnaît les formes classiques des chromosomes prophasiques, fig. 77, l'insertion en superposition, c'est-à-dire le rattache- ment à deux pôles différents des deux branches constitutives de chaque Fig. 77. Chromosomes I défi- nitifs dans le Peripatus balfvuri (Montgomery, oi). Fig- 78. Insertion en superpo- sition dans le Peripatus (Mont- gomery, 01 1. Fig. 79. Anaphase I dans le Peripatus (Montgomery, oi). chromosome, fig. 78, les différentes façons d'insertion chromosomique (v. p. 235), fig. 78, enfin, - - bien que d'une façon incomplète, ainsi que nous allons le dire, la division longitudinale anaphasique (v. p. 236), fig. 79. Le passage de la première cinèse à la seconde y est direct et il n'y a pas de doute que les deux branches de chacun des chromosomes II repré- sentent bien les deux moitiés longitudinales anaphasiques de la première cinèse. Le Peripatus s'adapte donc, ainsi que le conclut Montgomery, au schéma hétérohoméotypique. (') Pendant que ces pages sont à l'impression, nous recevons le nouveau mémoire de Mont- gomery, sur la spermatogénèse de Syrbula (Orthoptère) et de Lycosa (Arachnide). L'auteur décrit les phénomènes d'après le schéma hétérohoméotypique. Il confirme donc, en ce qui concerne le Syrbula, les conclusions auxquelles sont arrivés de Sinéty et Farmer-Mooke pour les Orthoptères, et il contredit, en ce qui touche la seconde période, la description de Mac Clung et de Sutton . LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 28l Nous ferons toutefois une remarque au sujet des figures de l'auteur pour la première anaphase. La fig. 78 montre nettement, ainsi que nous venons de le dire, qu'il y a différentes insertions dans le Peripatus. Or, s'il en est ainsi, on doit trouver à l'anaphase différents types de chromo- somes-filles longitudinalement divisés, non seulement des V simples, mais aussi des V caudés et des V doubles (v. p. 236-7). Or, les figures de l'auteur ne montrent aucun chromosome-fille de ces deux dernières formes. C'est pourquoi nous ne considérons pas encore comme définitivement démontrée dans cet objet l'existence de la division longitudinale anaphasique. CHAPITRE QUATRIEME. Crustacés. Cyclops strenuus (Lerat, 02). Lerat (02) a étudié la spermatogé- nèse dans le Cyclops strenuus. Il n'a pu trouver malheureusement que des fi- gures de la première cinèse. Mais elles montrent très clairement les différentes insertions chromosomiques (v. p. 235), fig. 80, ainsi que la division longitu- dinale anaphasique (v. p. 236-7), fig. 80 et 81. Il n'y a donc pas de doute que la spermatogénèse du Cyclops strenuus s'accomplit d'après le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Fig. So. Metaphase I dans le Cyclops stre- nuus (Lerat, 02). Fig. 81. Chromo- somes-filles de l'ana- phase I dans le Cyclops strenuus ( Lerat. 02 . Division longitudinale anaphasique. Astacus fluviaiilis (Prowazek, 01 et 02). Fig. 82. Prétendues tétrades de V Astacus (Prowazek, oi). Dans YAstacus, Prowazek (01 et 02) décrit des » recht deutliche Bilder von Vierergruppcn «, que l'auteur con- çoit à la façon de Rueckert. Il nous parait évident que les figures chromo- somiques de Prowazek ne montrent que les formes habituelles, constituées 282 Victor GRÉGOIRE de deux branches continues diversement disposées l'une par rapport à l'autre, fig. 82, et qu'elles ne sont que de fausses tétrades ('). Oniscus asellus (Nichols, on. Dans YOniscus asellus, Nichols (oij admet que la première cinèse sé- pare les deux branches constitutives de chaque chromosome. En ce qui concerne la seconde cinèse, l'auteur ne peut trancher la question de savoir s'il s'y produit une division longitudinale ou bien une division transversale des chromosomes. La description de Nichols est donc tout à fait incomplète pour ce qui touche à la période que nous étudions dans notre première partie. UOniscus constitue d'ailleurs, nous avons eu nous-même l'occasion de le con- stater, — un objet d'une étude extrêmement difficile. Un seul point semble ressortir des figures de l'auteur : c'est que ce sont les deux branches chromosomiques qui se séparent à la première cinèse. Homarus vulgaris (Labbé, 04). Le travail de Labbé (04) concerne toute la maturation. Voici d'a- bord la description assez étrange de l'auteur, concernant ce que nous appelons ici la seconde période (y. p. 223). Les chromosomes I du homard sont, à un moment donné de la prophase, constitués de deux branches disposées en V, en X, etc. Ces branches ont montré à un stade précédent une division longitudinale. Chacun des chromosomes devient bientôt une vésicule ovalaire (protétrade), qui » se transforme en tétrade » par condensation de la chromatine en deux, trois ou d'emblée en quatre » granules chromatiques intensément colorables qui forment un quaterne » régulier «. Ces tétrades constituent au fuseau I une » figure équatoriale en couronne -, et chaque granule montre l'indice d'une division perpendi- culaire au plan équatorial, division que l'auteur considère comme l'indice d'une deuxième division longitudinale préparatoire à la seconde cinèse. A la seconde figure, - les dyades se placent dans le plan fusorial, leur grand r> axe étant perpendiculaire au plan équatorial; chaque granule étant divisé - en deux, elles semblent des microtétrades. A la télophase, les sperma- » tides sont séparées par un pont fusorial; les noyaux réniformes montrent 1 Pour le reste des cinèses, les ligures trop serrées et presque indéchiffrables ne fournissent aucun renseignement. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 283 - encore les microdyades dont chacune doit représenter un demi-chromo- - some. - L'auteur conclut que la première division longitudinale (celle de la prophase I), aussi bien que la seconde (celle de la métaphase I) sont inutiles. Elles sont indépendantes de la formation des tétrades et ne semblent qu'une sorte de rappel de ce qui se passe dans les cinèses ordinaires. Cette étude renferme vraiment trop de lacunes pour pouvoir servir de base à une interprétation quelconque et surtout pour appuyer une explica- tion qui ferait du homard une exception unique parmi tous les organismes. Avant tout, en l'absence de figures et étant données, d'autre part, les formes chromosomiques de VAstacus, fig. 82, nous nous permettons de douter de l'existence dans le homard de tétrades véritables, formées de granules isolés. De même, rien ne démontre que les étranglements observés par l'auteur dans les chromosomes des métaphases I et II aient une signification quel- conque. Rien surtout ne prouve qu'il s'agisse là d'une division longitudinale ébauchée. Mais même si on admettait tout cela, il faudrait reconnaître que l'in- terprétation de l'auteur, pour la marche des cinèses, est sans appui. D'abord, l'auteur ne touche même pas le point fondamental des rapports entre les quatre corpuscules des soi-disant tétrades et les deux branches primitives des chromosomes. — De même, il ne donne aucun renseignement sur le mode d'insertion des chromosomes à l'équateur I, ce qui serait absolument indispensable pour élucider la valeur respective des deux cinèses. — L'auteur - ne pense pas « que la division longitudinale ébauchée dans les chromosomes à la métaphase I soit un vestige de la pre- mière division longitudinale prophasique. Il » admettrait « plutôt que c'est le début d'un second dédoublement longitudinal préparatoire à la seconde cinèse. Mais, de ces deux assertions, fondements de son hypothèse, l'auteur n'apporte aucune preuve. En ce qui concerne la seconde cinèse, l'auteur se contente encore une fois d'affirmer les relations qu'il admet entre les chro- mosomes II et les chromosomes I. On voit donc que Labbé laisse sans démonstration tous les points qui auraient dû être élucidés pour pouvoir formuler son interprétation finale si extraordinaire. Cet objet est donc entièrement à réétudier. Nous ajouterons d'ailleurs que, après avoir observé nous-même des coupes de testicule du homard, nous n'engageons personne à étudier, dans cet animal, les phénomènes des cinèses de maturation, en ce qui touche la seconde période. 37 284 Victor GRÉGOIRE CHAPITRE CINQUIÈME. Myriapodes. Ce groupe a été étudié par Blackman (01) et par Bouin et Collin (02) (<). Blackman n'a pas suivi de près, dans le Scolopendra, les figures chro- matiques de ce que nous avons appelé la seconde période. Notons seule- ment que l'auteur observe, à la prophase, les formes caractéristiques de chromosomes hétérotypiques en V, en X, en Y r), fig. 83. Bouin et Collin énoncent, au contraire, pour le Geophilits, des conclusions au sujet du problème actuel : les chromosomes I prophasiques en forme de » sphérules « se divisent transversalement en -deux granules «, qui se séparent à la métaphase. Parvenues au pôle, ces granula- fig. 83. chromoso- tions se soudent en un peloton continu qui, à la pro- mes I dans Scolopendra . T T . . , , , (Blackman. oi phase II, se segmente en chromosomes pareils a des «grains minuscules-. Ceux ci se disposent bientôt à l'é- quateur, où ils se divisent transversalement. Les auteurs ne considèrent toutefois comme certaine que la division transversale des chromosomes I. Celle des chromosomes II pourrait n'être que la réapparition d'une division longitudinale précédente. Les auteurs concluent que la réduction s'effectue probablement par deux divisions transversales. Cette interprétation appelle plusieurs remarques. D'abord, si la descrip- tion des auteurs est exacte, il faut reconnaître que cet objet est détestable pour l'étude du sujet actuel et qu'on n'en peut tirer de conclusions d'aucune sorte. En effet, il semble bien impossible de savoir si la division en deux d'une rsphérulc constitue une division transversale à mettre sur le pied de ce qu'on appelle ailleurs de ce même nom ; de plus, à la seconde cinèse, comment fixer la valeur de la bipartition d'une -granulation minuscule-? L'objet, tel qu'il est décrit, serait donc à condamner au point de vue actuel. Mais nous pensons que la description des auteurs est incomplète et ne représente pas les données des figures réelles. D'abord, il faut se rappeler Nous n'avons malheureusement pas pu prendre connaissance du dernier mémoire de Black- man sur les Myriapodes : On the Chromatin in the Spermatocytes of Scolopendra héros; Biol. Bull., Vol. V, 1903. C'est bien à tort que l'auteur désigne les bâtonnets de la fig. 83 sous le nom de « tétrades typiques ». RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 285 que Blackman a observé, clans des objets tout voisins, les formes classiques de chromosomes, fig. 83, possédant les deux branches typiques, et nous ne doutons pas qu'on les retrouvera dans le Geophilus. De plus, la fig. 84, à laquelle les auteurs renvoient au sujet de la formation d'un peloton continu, ne montre vraiment rien d'un te] peloton. Elle en prouve plutôt l'absence. Enfin, clans la fig. 85, on voit nettement les chromosomes II, non pas en fig. Sa. Fin de l'anaphase I dans Geophi- lllS (BOUIN-COLLIN, 02j. fig. 85. Chromosomes II dans Geophilus (Bouin-Collin, 02). forme de granulations minuscules, mais constitués, dès la prophase, de deux branches rappelant les ■ formes classiques. Ces différentes points contredisent directement l'interprétation des auteurs. Ils ne sont cependant par eux-mêmes décisifs pour aucun schéma, et la conclusion à tirer de notre étude, c'est que, si on peut arriver à interpréter cet objet, ce sera dans une voie toute différente de celle qu'ont indiquée Bouin et Collin. CHAPITRE SIXIEME. Vers. La spermatogénèse a d'abord été étudiée par Calkins (95) dans le Lumbricus. D'après l'auteur, les chromosomes définitifs sont des tétrades formées de quatre chromatides granulaires. Ces tétrades se dédoublent, 286 Victor GRÉGOIRE à la première cinèse, en deux dyades, et celles-ci, à leur tour, se dissocient en leurs éléments à la seconde cinèse. L'auteur considère une des fentes de la tétrade comme longitudinale et l'autre comme transversale, mais il ne peut pas trancher la question de savoir si c'est la fente transversale ou la fente longitudinale qui est utilisée pour la première cinèse. D'après la description de l'auteur, nous ne pouvons donc pas savoir si le Lumbricus vérifie le schéma postréductionnel ou s'il s'adapte au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Et de fait, nous devons reconnaître avec Calions que, si les choses se présentent bien ainsi qu'il le dit, il n'y a pas moyen de trancher dans cet objet la question actuelle. Nous pourrions donc ne pas nous arrêter plus longtemps au Lumbricus. Nous tenons toutefois à faire une remarque au sujet des prétendues tétrades que l'auteur aurait observées. Les figures que Calkins donne poul- ies chromosomes définitifs s'interprètent tout aussi bien sans admettre cette constitution tétradique. Elles montrent simplement deux branches continues, un peu en forme de biscuit et parallèles ou croisées. Nous savons d'ailleurs que l'auteur applique assez facilement ce nom de tétrades à des chromo- somes qui ne possèdent pas la structure quaternaire (v. p. 230-231). De plus, les figures d'anaphase ne montrent vraiment rien de dyades, mais simple- ment des branches bien continues. Au sujet du Lumbricus, nous pouvons donc conclure que cet objet est ou bien à condamner complètement dans l'étude actuelle ou bien à examiner à nouveau. Dans le Sagitta bipunctata, Stevens (03 et 04) n'a pu arriver à aucun résultat définitif en ce qui concerne la seconde période des cinèses de maturation. L'auteur dessine, en 1904, des chromosomes I composés de deux branches. D'après l'interprétation qu'elle ne fait que proposer, les chromo- somes ainsi constitués seraient, à la première cinèse, partagés en deux tronçons transversaux doubles et la seconde cinèse séparerait les deux branches des chromosomes-filles ainsi formés. Stevens, nous le répétons, ne fait qu'indiquer cette interprétation, sans l'appuyer d'aucune figure. Nous ne nous y arrêterons donc pas et nous ferons simplement remarquer que nous ne connaissons aucun cas où les chromosomes I, - - ainsi que cela devrait être dans l'interprétation de Stevens, -- se placent au fuseau en orientant leurs deux branches parallè- lement à l'axe de la figure. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 287 CHAPITRE SEPTIÈME. Bryozoaires. Dans le Pedicellina, L. Dublin (05) décrit des chromosomes I définitifs constitués, comme ailleurs, de deux branches disposées en forme d'anneaux ou en forme de deux barres parallèles. Ces chromosomes s'insèrent au fuseau de façon à placer leur grand axe parallèlement à l'axe du fuseau lui-même. La première cinèse comporte donc une segmentation transversale de ces anneaux et de ces barres parallèles. Généralement, on ne reconnaît plus, durant l'anaphase, les deux moitiés constitutives de chaque dyade. Après un tassement polaire assez considérable, les chromosomes reparaissent sous la forme de bâtonnets montrant une constriction transversale, correspon- dant probablement à la fente qui séparait les deux éléments dans chaque dyade de la première anaphase. Ces chromosomes se placent au fuseau de façon à situer leur constriction transversale dans le plan de l'équateur, et à se dédoubler ainsi en leurs deux éléments. Il faut ajouter que l'auteur considère comme une division longitudinale la fente qui sépare les deux branches parallèles ou les deux branches d'an- neau dans les chromosomes I. Cette description, encore une fois, correspond, dans son résultat final, au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254), en ce qu'elle admet que les chromosomes-filles II prennent naissance par une division longitudinale subie par les chromosomes-filles I dès la première cinèse elle-même. Seule- ment, ce résultat final serait atteint par un mécanisme tout différent de celui que nous avons vu se réaliser dans tant d'objets. La divergence capi- tale réside en ce que l'auteur admet que la première cinèse ne sépare pas, comme ailleurs, les deux branches constitutives de chaque chromosome I. Nous devons avouer que, loin de trouver, dans les figures de Dublin, la démonstration de son interprétation, nous y trouvons, au contraire, sur- tout si on les compare avec les figures semblables, mais plus claires, ren- contrées dans tant d'autres objets, la preuve du schéma général, en ce qui concerne la première métaphase. Les anneaux circulaires figurés par l'auteur, à la couronne équatoriale, fig. 32, 34, 35, ne laissent plus reconnaître les deux points oit se serait faite la soudure en anneau des deux branches primitives; par conséquent, on ne peut pas trancher, dans ces chromosomes, la question de savoir si, à la cou- ronne équatoriale, ces deux points sont situés, ainsi que le prétend Dublin, dans un plan axial ou bien s'ils sont situés dans le plan équatorial ; en d'au- 288 Victor GRÉGOIRE très termes, on ne peut pas, d'après ces chromosomes annulaires, décider comment sont orientées, par rapport au plan équatorial, les deux branches primitives. Il n'y a donc que les chromosomes formés de deux branches bien distinctes qui pourraient permettre de trancher la question. Or, la fig. 35 seule montre, à la couronne équatoriale, un chromosome que l'on pourrait considérer comme ayant placé ses deux branches parallèlement à l'axe du fuseau. Seulement, cette forme chromosomique peut tout aussi bien s'inter- préter en admettant que les deux branches primitives se sont d'abord superposées l'une à l'autre, à léquateur, qu'elles s'écartent maintenant l'une de l'autre vers les pôles et que chacune d'elles montre une division longitu- dinale anaphasique. L'interprétation de Dublin n'est donc pas démontrée. D'ailleurs encore, si l'opinion de Dublin était vraie, il faudrait, pour expliquer les formes de la plupart des chromosomes à la première méta- phase, admettre que les deux branches primitives se sont tellement rappro- chées dans chaque chromosome qu'elles sont devenues indistinctes et que tout le chromosome a pris la forme d'un bâtonnet indivis. Or, d'abord, cela est invraisemblable. De plus, cela est contredit par les dimensions en épaisseur présentées par les différents chromosomes. En effet, l'épaisseur totale des chromosomes métaphasiques dont les deux branches seraient rap- prochées jusqu'à devenir indistinctes est égale, non pas, — ainsi que cela devrait être dans l'hypothèse de Dublin, -- au double de l'épaisseur des branches des chromosomes demeurés en anneau, c'est-à-dire des chromo- somes qui conservent leurs branches écartées, mais elle est égale à l'épais- seur de chacune des branches de ces derniers chromosomes, fig. 35. Pour nous, en comparant les formes présentées par les chromosomes I à la métaphase, fig. 35, 36, 37, 41 , avec les formes des chromosomes propha- siques, fig. 30 et 3 1 , en rapprochant aussi les figures de l'auteur de tant d'au- tres figures plus claires, nous ne pouvons douter que, dans le Pediccllina, les deux branches des chromosomes I prophasiques s'orientent, à la métaphase, vers deux pôles différents et se séparent par conséquent l'une de l'autre. En ce qui concerne la suite des cinèses, il est difficile de tirer des figures de cet objet des renseignements définis. chapitre huitième. Mollusques. Les données que nous possédons sur la spermatogénèse des Mollus- ques n'apportent, pensons-nous, qu'une contribution encore incomplète à l'élucidation de la question actuelle. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 289 Paludina vivipara (Meves, o Nous commencerons par rappeler les recherches de Meves (02) sur la Paludina, bien qu'elles soient les plus récentes ('). L'auteur y décrit les deux cinescs maturatives comme deux cinèses somatiques ordinaires. Les chromosomes-filles I ne subiraient pas de division longitudinale durant l'anaphase. Cette division ne se produirait qu'à la prophase IL Meves n'a pas observé non plus le stade précis de l'insertion des chromosomes I au fuseau. Pour admettre que les deux branches se séparent l'une de l'autre, dans chaque chromosome, à l'équateur, Meves s'appuie à bon droit sur la ressemblance entre les figures de la Paludine et celles de la Salamandre. La description de Meves, dans sa conclusion totale, se rattache au fond au schéma hétérohoméotypique. Nous croyons toutefois qu'elle exige un complément d'information. Nous sommes persuadé qu'un examen atten- tif amènera à découvrir dans les chromosomes filles I une division longitu- dinale anaphasique, qui s'y présentera sous l'aspect que l'on observe, par exemple, dans YAllium (v. fig. 20) et dans les Fougères (Strasburger, 00). Ce qui nous le fait penser, c'est cette même raison d'analogie qui a guidé Meves dans l'interprétation de la métaphase I. - Nous sommes convaincu que la Paludine rentrera complètement dans le schéma hétérohoméotypique. Hélix pomatia. La spermatogénèse a été étudiée dans Y Hélix pomatia par Bolles Lee (97), par Prowazek (01 ,, oi2) et par Ancel (03) (2). D'après Bolles Lee, - - et Ancel, qui en ce point confirme complètement Bolles Lee, - les chromosomes prophasiques 1 sont constitués de deux branches plus ou moins parallèles ou croisées, fig. 86, mais ces branches finissent par se rapprocher intimement et même se fu- Fig. S6. Chromoso- mes 1 définitifs dans sionner. 11 en résulte des chromosomes homogènes en Helixpomatia Bol forme de corps sphériques, ovales ou quadrilatères. Ces Lee, 97 "* 1 chromosomes se placent à l'équateur, fig. 87, et y su- bissent une division dans un plan perpendiculaire à l'axe du fuseau. D'après les auteurs, on ne peut pas affirmer que cette division métacinétique sépare Les recherches d'AuERBACH sur le même objet ne fournissent aucun renseignement pour la seconde période. (2) Nous n'avons pas eu à notre disposition le premier mémoire de Prowazek. 290 Victor GREGOIRE les deux branches qui, à un stade précédent, constituaient les chromosomes : il s'est produit, en effet, une fusion totale de ces dernières en un » nouvel élément «. Bolles Lee et Ancel ne tranchent donc pas la question de la valeur de la première cinèse. Durant l'intercinèse, il est probable que les chromosomes-filles I gardent leur autonomie. Lors de la seconde division, ils se placent à l'équateur en orientant leur grand axe dans un plan méridien, puis ils se segmentent transver- salement en chromosomes-filles. Nous avons plusieurs remarques à faire au sujet de cette description. Touchant la première cinèse, il est vrai que, si les chro- mosomes-filles se rapprochent si intimement que le décrivent les auteurs, l'étude seule de la métaphase I dans Y Hélix est impuis- sante à trancher la question de savoir si ce sont les deux branches primitives qui se séparent à l'anaphase, et ce qu'il faudrait en déduire, ainsi que le fait Bolles Lee lui-même, — c'est qu'on ne peut tirer de cet objet aucun enseignement concernant la valeur de la première cinèse. Seulement, nous pouvons nous éclairer ici de la lumière d'autres objets. On doit reconnaître, en effet, que les figures prophasiques et métaphasiques de Y Hélix, fig. 86, 90 et 87, rappellent à s'y méprendre les figures correspon- dantes d'un grand nombre d'animaux, qui présentent d'autre part l'avantage de conserver bien distinctes leurs branches chromoso- miques et dans lesquels on constate à toute évidence que ces branches se séparent à la première métacinèse. Cela étant, nous ne doutons pas que la même inter- prétation doit s'appliquer à YHelix. Il y a plus : nous reconnaissons dans les figures d'ANCEL, fig. 87, les différents types d'insertion rencontrés ailleurs. Au sujet de la seconde cinèse, il faut remarquer que c'est uniquement sur l'inspection des figures méta- cinétiques que les auteurs se fondent pour admettre une division trans- versale des chromosomes II. Or, dès la prophase, ces chromosomes sont nettement constitués de deux branches, fig. 88. Il aurait fallu, pour élu- Fig. 87. Métaphase I dans Hélix pu matia (Anxel, o3). Fig 8S. Chromosomes II prophasiques dans Hélix (Bolles Lee, 97). LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION JÇ;1 ciller la seconde cinèse, remonter à l'origine de ces branches, en suivre la destinée, rechercher si ce ne sont pas elles qui se séparent au second fuseau. En présence de cette lacune, nous ne pouvons pas accepter la conclusion des auteurs. Nous croyons pouvoir donner des figures de Bolles Lee, pour la seconde cinèse et l'intercincse, une interprétation différente de celle de l'auteur et de Ancel, et cela encore en nous aidant de la comparaison de ces figures avec celles qu'ont fournies tant d'autres objets. D'abord, étant donnée la constitu- Fig. Sq. Intercinèse dansYHelix bollesLee, tion des chromosomes prophasiques II, fig. 88, il nous parait certain que ce sont les deux branches constitu- tives de ces chromosomes qui vont se séparer à l'anaphase II. Ensuite, il faut remarquer que de la fig. 89, — empruntée à Bolles Lee, — il ressort très nettement que les chromosomes-filles I sont, dès la fin de l'anaphase I, constitués de deux branches. Comme, d'autre part, les chromosomes-filles I gardent leur autonomie durant l'intercinèse, il n'y a pas de doute que les deux branches qui les constituent à la fin de l'anaphase I, fig. 89, sont bien identiques aux deux branches dont sont formés les chromosomes propha- siques II, fig. 88, et par conséquent, il semble certain que les chromosomes- filles II ne sont pas autre chose que les deux branches qui se montrent, dès l'anaphase I, dans les chromosomes-filles I. En réunissant maintenant nos conclusions touchant la première et la seconde cinèse, on voit qu'il ne reste plus qu'un point à trancher pour aboutir au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254) : les branches constitu- tives des chromosomes-filles I anaphasiques, fig. 89, sont-elles des moitiés transversales ou bien des moitiés longitudinales de ces chromosomes-filles I? Dans le premier cas, Y Hélix s'adapterait au schéma postréductionnel; dans le second, il relèverait du schéma hétérohoméotypique. C'est la seconde hypothèse qui nous paraît se déduire de la comparaison des figures d'Hélix avec celles de tant d'objets. fig. 90. chromoso- En résumé : l'interprétation commune de Bolles ?£99 leur milieu, soit en un point intermédiaire, fig. 95. L'auteur a reconnu clairement la division longitudinale anaphasique, fig. 96. Enfin, il a observé que la seconde cinèse suit la première sans intervalle de repos et que les chromosomes-filles I s'y dédoublent en leurs moitiés longi- tudinales. Le Cymbulia est donc un exemple net de l'hétérohoméotypie. Tous les points que nous venons de mentionner ressortent des figures de l'auteur ('). U Aplysia bipunctata [Jans- sens et Elrington (04)] four- nit, pour certains points, un exemple encore plus clair du schéma hétérohoméotypique (p. 254). Les auteurs, il est vrai, n'y décrivent pas les formes présentées par les chro- mosomes I avant la mise au fuseau. Ils pensent même que, au moment de l'ouverture du noyau, l'élément chromosomi- que posséderait la forme d'une ou de plusieurs bandelettes Fig. 97. Division longitudinale anaphasique dans Aplysia (Janssens et Elrington. 04. \?« **f Vf ? tées complètement en chro- mosomes isolés. C'est donc uniquement par analogie que nous pouvons admettre que les deux chromosomes-filles de la première cinèse dans YAplysia corres- Fig. 98. Chromosomes- filles I, durant l'intercinèse dans Aplysia (Janssens et Elrington, 04 . Fig. 99. Métaphase II dans Aplysia (Janssens et Elring- ton, 04). 1 Notons cependant dès maintenant que les observations de Nekrassoff ne suffisent pas pour justifier l'interprétation que l'auteur donne de la première cinèse. Après avoir décrit ce que nous venons de rappeler, l'auteur conclut que les cl romosomes-filles de la première cinèse sont for- més par une division longitudinale. Il importe de remarquer que cette interprétation ne se déduit pas des observations de Xekrassoff. De ces observations, on ne peut conclure qu'une seule chose, c'est que le premier fuseau sépare les branches constitutives des chromosomes I. Pour connaître la signification de la première cinèse, il faudrait, outre cela, rechercher l'origine de ces deux branches. Or, Xekrassoff n'apporte aucune donnée sur ce point. 39 3QO Victor GREGOIRE pondent bien aux deux branches qui, généralement, constituent les chro- mosomes I prophasiques. Quoi qu'il en soit, les auteurs ont observé des exemples très clairs d'insertion médiane et d'insertion intermédiaire (p. 235) et de plus, dès la métaphase ou le début de l'anaphase, ils ont retrouvé une division lon- gitudinale extrêmement nette des chromosomes-filles, produisant des V caudés et des V doubles (p. 236-7), fig. 97 et 98. De plus, X Aplysia montre nettement la persistance autonome, durant l'intercinèse (sans repos), des moitiés longitudinales anaphasiques, fig. 98, et la séparation dicentrique de celles-ci au second fuseau, fig. 99. Ces observations de Nekrassoff et de Janssens et Elrington, surtout si on les rapproche les unes des autres et si on les compare à celles de Boveri, ne laissent aucun doute sur l'application aux Mollusques du schéma hétérohoméotypique. Nous allons d'ailleurs trouver des confirmations de ce schéma dans les autres Mollusques, même dans ceux où on avait décrit le schéma postré- ductionnel. Il faut avant tout mettre en relief un point très important : c'est que toutes les descriptions de l'ovogénèse dans les Mollusques s'accordent à dire que, durant l'intercinèse, il ne s'y manifeste aucun repos, les chromosomes- filles I passant directement au fuseau II. Mais il y a plus : d'après tous les auteurs, les chromosomes-filles qui se séparent à la seconde cinèse sont des branches qui, depuis l'anaphase I, constituaient les chromosomes-filles I. Il n'y a donc en réalité qu'un seul point à discuter, c'est le processus de la première cinèse, et cela pour décider la valeur des branches anaphasiques des chromosomes-filles I. Zirphœa (Griffin, 99). Nous discuterons d'abord les observations de Griffin sur le Zyrphœa. Dans cet objet, les chromosomes seraient, à la fin de la prophase, composés de deux branches, — deux moitiés longitudinales, d'après l'auteur. Celles-ci, orientées d'abord de façons diverses, se soudent bientôt par leurs extrémités et, en s'écartant dans le reste de leur longueur, arrivent à se disposer en forme d'anneaux, fig. 100. Les anneaux eux-mêmes, en subissant des dépressions dans les quatre sens indiqués par les flèches, fig. 100, se LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 30I s0" Fig. 100. transforment en des croix (dénommées » tétrades « par l'auteur). Les chro- mosomes cruciformes s'implantent au fuseau de façon à ce qu'un des bras de la croix gise dans le plan équatorial et l'autre dans un plan axial. La première cinèse dissocie ensuite ces croix en deux V, op- posés par leur ouverture, et ces V. durant l'anaphase, se brisent à leur angle. Les chromosomes-filles I, constitués ainsi de deux branches, passent sans repos au fuseau II, où ces branches se séparent vers les deux pôles. L'auteur n'a pas pu trancher le point de savoir où se trouvent, dans les chromosomes cruciformes de la métaphase I, les deux points où s'est faite la soudure des deux branches primitives. Griffin ne sait pas si ces points de soudure se trouvent aux extrémités du bras axial ou bien s'ils sont situés aux extrémités du bras équatorial. Il n'a donc pas pu décider si c'est la première ou la seconde cinèse qui est réductionnelle. Ainsi que nous l'avons noté plus haut, toute la question se ramène à la discussion de la première cinèse. Touchant celle-ci, nous ferons remar- quer que les figures de l'auteur n'appuient pas son interprétation et qu'elles s'adaptent tout à fait au schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). Sans entrer dans de longues discussions, nous noterons d'abord que les figures méta- phasiques, fig. 101, montrent des chromo- somes autres que des chromosomes en croix dont un bras serait placé axialement et l'autre situé dans le plan équatorial (v. le second chromosome, à gauche de la figure). De plus, les croix chromosomiques de la métaphase correspondent tout à fait aux formes classi- ques des chromosomes à ce stade, formes dans lesquelles on constate claire- ment, ailleurs, la séparation dicentrique des deux branches constitutives de chaque chromosome prophasique. L'interprétation de Griffin ne nous semble donc aucunement appuyée par ses figures. Celles-ci nous paraissent, au contraire, rentrer dans les aspects classiques de l'hétérohoméotypie. En tous cas, en présence des ob- servations de Nekrassoff et de Janssens-Elrington, de nouvelles recher- ches sont nécessaires. Fig. ioi. Métaphase I dans Zi phœa crispata (Griffin, 991. 302 Victor GRÉGOIRE Limnœa (Linville, oo). D'après Linville, les chromosomes I de Limnœa se présentent, à la fin de la prophase, sous la forme de petits bâtonnets. De ce stade, l'auteur passe directement, — lui-même note cette lacune, — à la figure méta- phasique complètement constituée. Linville y décrit des chromosomes en forme de bâtonnets allongés sur le fuseau et présentant trois renflements, deux terminaux et un médian (semblables à ceux de la fig. 103). Les deux chromosomes-filles qui, dans ces chromosomes, sont en train de se séparer l'un de l'autre, sont dus, d'après l'auteur, à une division lon- gitudinale. A la prophase II, les chromosomes ont la forme d'haltères. Comme, d'autre part, l'auteur observe parfois, à la ire anaphase, des chro- mosomes-filles présentant une constriction transversale, il en conclut que cette constriction correspond à l'étranglement des haltères de la 2de pro- phase, et il admet que les chromosomes-filles II sont dus à une division transversale des chromosomes-filles I. Il se rallie donc au schéma post- réductionnel. Il faut reconnaître que cette description de Linville, — faite d'ail- leurs d'après des grossissements trop faibles : 523, — n'établit, en aucune façon, le schéma postréductionnel. D'abord, les données qui concernent la première cinèse sont trop incomplètes pour permettre aucune conclusion ; il est d'ailleurs certain que les chromosomes I doivent être, dans cet objet comme partout ailleurs, constitués de deux branches. De plus : la forme en haltères des chromosomes II prophasiques provient probablement, il est vrai, de ce qu'ils sont, dès lors, composés de leurs deux chromosomes-filles; mais le fait que les chromosomes-filles I montrent parfois, eux aussi, une constriction transversale, ne possède aucune signification. Cette constric- tion est due simplement, — ainsi que nous le verrons encore bientôt, — à la sorte d'étirement subi par les chromosomes-filles, lors de l'ascension polaire. Ceux-ci, durant cet étirement, s'allongent et s'effilent, mais ils de- meurent néanmoins plus épais à leurs deux extrémités et c'est ce qui leur donne la forme de biscuits. L'étude de la Limnœa, — si toutefois elle est possible, — est à reprendre. Crepidula (Conklin, 02). Dans le Crepidula, Conklin (02) a été intrigué par la variété des for- mes chromosomiques qu'il a rencontrées à la prophase. Il y décrit trois LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 303 types de chromosomes, les uns bipartites, d'autres tripartites, enfin d'autres tétrapartites, fig. 102 ; de même, à la métaphase, on rencontre des aspects varies. A l'anaphase, les chromosomes-filles I prennent toujours une forme cubique ou -tetrafoil» et, à la prophase II, ces chromosomes reparaissent formés de deux branches. Ce sont ces dernières qui se séparent ensuite à la métacinèse. L'auteur ne peut as- surer aucune conclusion au sujet de la valeur respective des deux mitoses. Nous croyons pouvoir affirmer encore une fois que le Crepidula rentre dans le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). D'abord, les formes de la prophase se ramènent Fig. 102. Chromo- * r r somesi dans Crepidula simplement aux diverses variétés présentées dans tous les objets par un même type essentiel : deux branches, soit parallèles, soit croisées, soit en V, en X ou en Y, soit en anneaux. De même, les formes de la métaphase s'expliquent simplement par des in- sertions différentes (voir p. 2 35). Ce qui semble ré- sulter nettement des fi- gures de CoNKLiN,cesont les points suivants : d'a- bord, la première cinèse sépare les deux branches composantes de chaque chromosome (fig. 1 , 9 et 1 3 de l'auteur, ici, fig. 103). Ensuite, on trouve dans le Crepidula beaucoup d'insertions presque ter- minales (v. p. 235), fig. 103. Enfin, la fig. 104 montre nettement des chromosomes-filles constitués de deux branches juxtaposées longitudinale- ment. ■ — Par conséquent, puisque l'insertion est souvent presque termi- nale, fig. 103, les deux branches des chromosomes anaphasiques, fig. 104, ne peuvent représenter que des moitiés longitudinales des chromosomes- filles I (v. p. 237). Si l'on complète cela par ce que Conklin a vu de la seconde cinèse et de l'intercinèse, le schéma hétérohoméotypique s'en déduit tout naturellement. Fig. io3. Fin de la métaphase I dans Crepidula (Conklin, 02 1. Fig. 104. Fin de l'anaphase I daxisCrepidula [Conklin,o2). 304 Victor GRÉGOIRE Unio (Lillie, 01). Dans Y Unio complanata, Lillie (01) n'a pas non plus formulé de con- clusion définitive et complète au sujet de la maturation. Seulement, certains points de sa description s'écartent du schéma hétérohoméotypique et cepen- dant nous pensons, d'après les figures de l'auteur, que ce schéma s'applique aussi à 1' Unio. D'après Lillie, les chromosomes I sont formés de deux branches dont chacune présente deux étranglements. Au fuseau I, chaque chromosome place son grand axe parallèlement à l'axe de la figure et, ensuite, se divise transversalement par une fente passant entre les deux constrictions. Les chromosomes anaphasiques reprennent bientôt la forme trigranulaire du chromosome-mère et subissent, à la seconde cinèse, une division longi- tudinale. L'auteur, cependant, n'ayant pu élucider l'origine des » tétrades « de la prophase I, ne tranche pas la question de la réduction. Notons d'abord qu'il ne laut attribuer aucune importance à ces con- strictions transversales dont parle Lillie. Elles ne jouent d'ailleurs aucun rôle dans l'interprétation de l'auteur ('). D'après Lillie, les chromosomes I couchent leur grand axe dans un plan méridien; mais il faut remarquer que l'auteur identifie à tort la forme des chromosomes en pleine métaphase avec celle des chromosomes propha- siques. Lillie n'a pas observé le stade très important où les chromosomes s'insèrent au fuseau et, par conséquent, il ne peut avoir les éléments néces- saires pour décider de l'interprétation des figures de métaphase dans leurs rapports avec celles de la prophase. Pour nous, nous rencontrons dans les figures de Lillie des caractères identiques à ceux que nous venons de relever dans les figures de Conklin et qui plaident assez clairement en faveur de notre schéma hétérohoméoty- pique. Haminea solitaria (Smallwood, 04). Dans Y Haminea solitaria, Smallwood (04) propose, en ce qui concerne les cinèses de maturation, une description toute spéciale, d'où il conclut à une division transversale des chromosomes à la première cinèse, sans pou- voir trancher la nature de la division des chromosomes à la seconde figure. (') Peut-être aussi trouvera-t-on avec nous que la combinaison i.3o X *> es' 'roP feible pour l'étude de cet objet. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 305 La première ébauche des chromosomes apparaît à l'auteur sous la forme de 16 vésicules, - - 16 est le nombre réduit, -- couchées sur le fuseau et contenant des granulations chromatiques. Celles-ci se concentrent ensuite au milieu de la vésicule, où elles donnent naissance à de vrais chromo- somes, de forme trilobée, montrant trois protubérances enfilées, et couchés sur le fuseau parallèlement au grand axe de ce dernier. Puis, la membrane des vésicules disparaît, les chromosomes prennent la forme de bâtonnets allongés et se coupent transversalement en deux chromosomes-filles qui se rendent aux pôles. L'intercinèse et la seconde cinèse diffèrent d'après les individus. L'au- teur distingue deux types, qui peut-être caractérisent deux variétés de la même espèce. Ces deux types diffèrent surtout en ce qui touche les trans- formations des chromosomes-filles I durant l'intercinèse. Mais dans tous les cas, les chromosomes II se présentent avec une forme si réduite qu'il est impossible de dire si la division qu'ils subissent est transversale ou longitudinale. Nous ferons remarquer que l'interprétation de l'auteur pour la pre- mière cinèse n'est pas démontrée. Elle repose uniquement sur ce point que les chromosomes I se formeraient seulement au moment où le fuseau se constitue et qu'ils prendraient la forme de bâtonnets droits, couchés suivant l'axe du fuseau. S'il en était bien ainsi, il n'y aurait pas à douter de l'inter- prétation de Smallwood : il faudrait admettre une division transversale des chromosomes à la métaphase. Mais nous croyons que les choses se passent tout autrement. Nous pensons qu'il y a, avant l'arrangement des chromo- somes à l'équateur, un stade où les chromosomes eux-mêmes sont constitués, comme partout, de deux branches et nous sommes convaincu que ce sont ces deux branches qui, en s'écartant l'une de l'autre vers les pôles, donnent naissance à ces formes trilobées qui ont frappé l'auteur ('). Il faut remarquer, en effet, que de semblables formes sont très fré- quentes dans une foule d'objets, où elles correspondent certainement à la séparation des deux branches chromosomiques. Celles-ci, en s'écar- tant l'une de l'autre, subissent nécessairement un certain étirement. Mais elles demeurent plus renflées là où elles sont attachées aux fibres fuso- riales, c'est-à-dire à leur extrémité polaire, et aussi là où elles sont encore attachées l'une à l'autre, c'est-à-dire à leur extrémité équatoriale. Si donc (') Nous considérons les vésicules décrites par l'auteur comme des productions dues aux réactifs. 3o6 Victor GREGOIRE l'insertion du chromosome est terminale, on verra apparaître deux lobes terminaux et un lobe médian, celui ci formé par le rapprochement étroit des extrémités équatoriales des deux chromosomes-sœurs. Ce qui nous autorise à douter de l'interprétation de Smallwood et à admettre plutôt l'explication que nous venons de lui opposer, c'est d'abord la ressemblance frappante des figures métaphasiques de Haminea avec celles que l'on trouve si souvent ailleurs et qui s'expliquent certainement de la façon que nous venons de dire. C'est ensuite le fait que, dans tous les objets, on trouve, comme nous l'avons vu, des chromosomes constitués, dès avant la mise au fuseau, de deux branches plus ou moins parallèles. Nous montrerons même, dans notre seconde partie, que les deux branches chromosomiques sont préparées dès avant le stade d'accroissement, lors du synapsis qui précède ce stade. Pour dire toute notre pensée, nous ajouterons que nous sommes certain que l'on trouvera, dans les figures de l'anaphase de Haminea, une division longitudinale des chromosomes-filles (la figure 28 de l'auteur nous semble en contenir des indices), et par conséquent X Haminea rentrera dans le schéma hétérohoméotypique (p. 254). Enteroxenos (Bonnevie, 05). Le travail récent de Bonnevie (i5 avril 1905), — paru après le dépôt de notre mémoire, - - contient une description toute spéciale de la seconde période pour l'ovogénèse de Enteroxenos ôstergreni. Les chromosomes I présentent généralement les formes classiques : deux branches diversement disposées et affectant souvent des aspects de tétrades. D'après l'auteur, ces deux branches ne sont destinées à se séparer ni à la première ni à la se- conde cinèse. A la première métaphase, les chromosomes, qui sont souvent de forme aplatie, se clivent parallèlement à leur large surface, c'est-à-dire de façon à donner naissance à deux chromosomes-filles absolument sembla- bles aux chromosomes-mères, possédant, comme eux, la forme tétradique. De même, à la seconde cinèse, les chromosomes tétradiques se clivent en- core une fois en deux chromosomes -filles tétradiques. Cette description, on le voit, est toute spéciale. Mais elle ne nous pa- raît pas établie par les figures et l'argumentation de l'auteur. En ce qui concerne la première cinèse, Bonnevie s'appuie sur le fait que les chromo- somes-filles seraient, à l'anaphase, absolument semblables, en forme et en grandeur, aux chromosomes-mères, fig. 27, a et b . Il faut remarquer d'abord LES RÉSULTATS ACQUIS SU] I Cl [ÈSES DE MATI RATION 3(>7 que des formes anaphasiques identiques à celles que représentent ces figures se retrouvent dans tous les objets, où il est évident d'autre part que ce sont les branches constitutives des chromosomes I qui se séparent à la première cinèse. Ensuite, si on admet notre schéma hétérohoméotypique, c'est-à-dire si on admet que les chromosomes -filles de la première figure sont bien les branches constitutives des chromosomes prophasiques, et que de plus ces chromosomes-filles subissent durant l'anaphase une division longitudinale, il est clair qu'ils seront à l'anaphase constitués de deux branches et que, en ce point, ils ressembleront aux chromosomes-mères. La fig. 29 de l'auteur, comparée avec les nombreuses figures anaphasiques que nous avons obser- vées, nous semble montrer clairement la division longitudinale anapha- sique. La fig. 39 de l'auteur pour la seconde cinèse est plus difficile à inter- préter. Mais nous ne sommes pas convaincu que Bonnevie n'ait pas con- fondu des stades de la première cinèse avec des stades de la seconde, et nous devons attendre le mémoire in extenso pour nous former une opinion. CHAPITRE DEUXIEME. Turbellariés. A. Dcndrocœles marins. Les Dendrocœlcs marins ont été cités plusieurs fois, par Haecker surtout, comme un exemple très net du schéma postréductionnel. Mais les recherches de Schockaert ont montré définitivement que c'est, là aussi, le schéma hétérohoméotypique (p. 254) qui se vérifie. Thysanoioon (Van der Stricht, 97, Schockaert, 02). Nous considérerons avant tout les des- criptions les plus complètes de l'ovogénèse dans ce groupe, celles de Van der Stricht (97) et de Schockaert (02) sur le Thysano\oon brocchii. Les auteurs sont d accord en ce qui con- cerne les formes définitives des chromosomes réalisant le type classique, fig. 105. De plus, tous deux décrivent une -insertion superpo- sée- (v. p. 232) et la séparation dicentrique des deux branches chromosomiques à la pre- mière cinèse. Cela ressort nettement de la com- 40 Fig. io5. dans le Thy kaert, 02). Chromosomes I définitifs sano^oon brocchii Schoc- 308 Victor GREGOIRE paraison des figures prophasiques, fig. 105, avec celles de la métaphase, FIG. 106. Mais à partir de ce moment, les deux descriptions divergent. D'après Van der Stricht, les chromosomes-filles I, courbés en forme de V, passent, sans repos, à la seconde figure. C'est en se j ^ L 1 | brisant à leur angle, par une division trans- B il | versale, qu'ils produisent les chromosomes- f filles de la seconde cinèse. Le Thysano\oon Fig. io6. Métaphase i dans le relèverait ainsi du type postréductioiinel. Thysano^oon (Sciiockaert, 02)- D' après Schockaert, au contraire, les chromosomes-filles I, dès l'anaphase, se dédoublent longitudinalement. Ainsi constitués, ils passent directement, du moins en général, au second fuseau où ils se dissocient en leurs deux éléments longitudinaux. Le Thy- sanon Schockaert, 02 . plus observé que, dans leur ensemble, les g 4L 4 3i0 Victor GRÉGOIRE chromosomes II présentent les formes caractéristiques des chromosomes- filles I divisés longitudinalement, fig. ill et 109-110. Il est donc certain que les moitiés longitudinales anaphasiques I se séparent au second fuseau, et par conséquent, le Thysano\oon rentre dans le schéma hétérohoméo- ty pique. Pour bien saisir la valeur des observations de Schockaert, il faut d'abord, ainsi que nous venons de le dire, les comparer avec celles qui ont été faites sur tant d'autres objets et il faut considérer de plus que les obser- vations de Van der Stricht et de Schockaert ne sont pas au fond essen- tiellement contradictoires entre elles. Les recherches de Schockaert com- plètent pour ainsi dire, en ce qui concerne la question actuelle, celles de Van der Stricht. C'est encore ici le fait de ne pas avoir insisté sur les différentes insertions et les différentes formes anaphasiques qui a dérobé à Van der Stricht la vraie signification des phénomènes. Le travail de V. Klinckovstroem (97) et surtout ceux de Fran- cotte (98; ne contiennent, sur la question actuelle, que des données fort incomplètes. V. Klinckovstroem, dans le Prosthecerœus vittatus, ne commence son étude des chromosomes qu'au moment où ces derniers se trouvent déjà à la métaphase. Il signale des formes de poignard, de crochet, d'anneau, de lancette. Les deux chromosomes-filles sont parfaitement symétriques, ils se correspondent » spiegelbildlich", et l'auteur en conclut qu'ils doivent re- présenter deux moitiés longitudinales. A la seconde cinèse, — qui suit la première après une légère transformation des chromosomes-filles — ceux-ci reparaissent sous deux aspects différents. Normalement, ils possèdent la forme d'une croix, tandis que, dans certains œufs, ils ont la forme d'un bâtonnet. Les chromosomes en croix se partagent en deux, suivant une diagonale de la croix > '. <. Les chromosomes en forme de bâtonnet pa- raissent, au contraire, se diviser transversalement. Mais l'auteur n'a pas pu se renseigner avec précision sur ce dernier phénomène. Klinckovstroem considère comme acquis, — à la suite des recherches antérieures aux siennes, — que les chromosomes I doivent être bivalents et qu'il doit y avoir une cinèse réductionnelle. D'autre part, la première cinèse est, selon lui, équationnelle, ainsi que nous venons de le rappeler; il faut donc admettre, dit-il, que c'est la seconde cinèse qui est réductrice. Cette description, on le voit, est incomplète et ne peut, — contraire- ment à ce qu*en a pensé Haecker, — être considérée en aucune façon LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 3 1 1 comme démonstrative du schéma postréductionnel. D'abord, l'auteur n'a analysé ni les formes des chromosomes I définitifs, à la fin de la prophase, ni les modes d'insertion des branches chromosomiques I au fuseau, ni les formes anaphasiques. - - De plus, l'auteur n'a pas suivi Y origine des formes en croix de la seconde cinèse, ni la façon dont ces croix s'insèrent au fuseau. Ce sont là autant de lacunes fondamentales, en présence desquelles il est impossible de trancher la question actuelle. - - Remarquons enfin que l'au- teur a reconnu lui-même ces lacunes et que son interprétation repose uni- quement, ainsi que nous l'avons vu, sur les considérations théoriques sui- vantes : il faut, dit Klinckovstroem, pour expliquer la réduction, admettre une division transversale des chromosomes; comme d'autre part la symé- trie des chromosomes-filles I, à l'anaphase, indique qu'ils proviennent d'une division longitudinale, c'est donc à la seconde cinèse qu'il faut nécessaire- ment localiser la division transversale. -- Quoi qu'il en soit de la nécessité d'admettre une division transversale pour expliquer la réduction, ce raison- nement de l'auteur est sans valeur. En effet, la symétrie des chromosomes- filles I, à l'anaphase, n'implique pas que ces derniers soient de vraies moitiés longitudinales. Cela s'explique simplement par le fait que, avant leur mise au fuseau, les chromosomes I sont constitués de deux branches égales plus ou moins parallèles. Cela ne préjuge donc rien touchant la va- leur de ces deux branches. Pour nous, les observations de Klinckovstroem, rapprochées de celles de Schockaert, s'interprètent tout naturellement d'après le schéma hétéro- homéotypique. Les quelques figures de l'auteur rentrent tout à fait dans ce schéma. On y trouve les divers modes d'insertion à la première cinèse, et les formes du début de la seconde cinèse ne sont pas autre chose que les V simples et les V doubles de l'anaphase I. Nous ne nous arrêterons pas longtemps à la partie des mémoires de Francotte (y8) qui concerne la question actuelle. L'auteur tient les chro- mosomes des polyclades (Leptoplana tremellaris, Crcloporus papillosus, Prosthiostomum sipunculus) pour homologues des groupes quaternes de vom Rath. Il se fonde, pour l'admettre, sur la ressemblance entre les chro- mosomes prophasiques et métaphasiques des Polyclades et les stades correspondants décrits par vom Rath dans certains Copépodes marins. Une fois admise cette conception des chromosomes I, l'auteur, «appliquant aux Polyclades les raisonnements que von Klinckovstroem a formulés pour 312 Victor GRÉGOIRE Prosthecerœus vittatus et que vom Rath a proposés antérieurement «, se rallie au schéma postréductionnel. Il faut reconnaître que les recherches de Francotte ne démontrent rien de ce schéma. U unique donnée sur laquelle l'auteur s'appuie est celle que nous venons de rappeler : elle réside dans la comparaison entre les figures de la Trémelline et les images des Copépodes marins d'après vom Rath. Or, ces dernières sont extrêmement schématiques. Elles ne dé- montrent pas du tout la nature tétradique des chromosomes et n'éclairent en rien la marche de la première cinèse. Quant au » raisonnement « que l'auteur dit emprunter à vom Rath, nous ne nous y arrêterons pas. Nous ne ferons remarquer qu'un point. En admettant même que les chromosomes des Copépodes marins et des Polyclades soient de vraies tétrades, on ne pourrait décider le sens de chacune des deux cinèses qu'en étudiant de plus près l' insertion des chromosomes au premier fuseau; cela serait nécessaire pour trancher le point de savoir laquelle des deux cinèses séparerait les moitiés transversales ; or, ni vom Rath ni Francotte n'ont étudié ce stade. On ne peut, au sujet de la présente question, retirer qu'une seule donnée des mémoires de l'auteur : c'est la ressemblance entre les aspects qu'il a observés et ceux qu'ont décrits Klinckovstroem, Van der Stricht et Schockaert. Van Name (99), dans le Stilochus, ne se prononce pour aucun schéma. Notons seulement que l'auteur a observé les formes classiques ('). B. Planaires d'eau douce. D'après Mattiesen (04), les chromosomes I, dans Dendrocœlum et Planaria, sont d'abord constitués de deux branches diversement enlacées, (') Les études sur les Polyclades fournissent un bel exemple du danger qu'il y a à se contenter de «compter» les auteurs qui, dans leurs conclusions, se prononcent pour tel ou tel schéma. Haecker, en 1899, faisait ressortir l'accord remarquable qui existait, au point de vue de l'interprétation des cinèses maturatives, entre Klinckovstroem, Francotte et Van der Stricht, et il opposait, assez malicieuse- ment, cette belle entente à la désunion qui régnait dans le camp des botanistes. Or, nous pouvons maintenant juger de la valeur de cette entente sur les Polyclades. Nous savons que les mémoires de V. Klinckovstroem et de Francotte ne peuvent pas entrer en ligne de compte en faveur du schéma postréductionnel. Nous avons vu, en effet, les lacunes importantes que présentent les obser- vations de ces auteurs. Toute l'interprétation de Klinckovstroem ne repose que sur des considéra- tions théoriques, et celle de Francotte, ainsi que le dit Van der Stricht, « s'appuie sur les ob- servations de vom Rath ». Le mémoire de Van der Stricht est donc le seul dont il eut fallu tenir compte, dès iSgg, en faveur du schéma postréductionnel. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 3 1 3 et que l'auteur considère comme le produit d'une division longitudinale. Ces chromosomes sont au nombre de 8 (nombre normal de l'espèce). A la première cinèse, quatre de ces chromosomes dédoublés se rendent à un pôle et quatre à l'autre pôle. Pendant la prophase II, les moitiés longitudinales se séparent complètement l'une de l'autre dans les quatre chromosomes demeurés dans l'œuf. Les 8 chromosomes simples ainsi formés sont distri- bués quatre par quatre aux deux pôles de la seconde figure. Cette description, on le voit, pourrait s'adapter au schéma hétéroho- méotypique, puisque la seconde cinèse séparerait des moitiés longitudinales des chromosomes-filles de la première. Néanmoins, nous ne pouvons pas la considérer comme définitive. Il faut indiquer d'abord les bases de l'interprétation de Mattiesen. L'auteur n'a rencontré de figures ni de la première ni de la seconde anaphase. Seulement il aurait constaté, d'un côté, 8 chromosomes à la prophase I et, d'un autre côté, seulement 4 chromosomes dans le premier diaster. C'est de là qu'il conclut que la première cinèse partagerait les 8 chromosomes en deux groupes de quatre. De même, il aurait constaté 8 chromosomes à la seconde prophase, tandis que, à la seconde anaphase, il n'aurait observé que 4 bâtonnets. C'est pourquoi il admet que la seconde cinèse sépare aussi 8 chromosomes en deux groupes de quatre. Enfin, dans les cinèses de egmentation, Mattiesen n'aurait rencontré que 8 chromosomes, ce qui sconfirmerait solidement son interprétation. Si les numérations faites par l'auteur étaient bien exactes, il faudrait certainement admettre une interprétation du genre de la sienne. Seulement, ces numérations ne nous semblent pas établies. Dans la figure 28, où Mattiesen représente les chromosomes demeurés dans l'œuf après la première anaphase, il est assez difficile de compter les chromosomes, mais il est évident qu'ils s'y trouvent en un nombre plus grand que quatre. Et cela d'autant plus que dans la fig. 29 (prophase II), les 8 chromosomes, ■ qui, d'après Mattiesen, devraient représenter les moitiés longitudinales des quatre chromosomes de la figure 28, — sont au contraire parfaitement semblables à ces derniers. Dans la figure 32, qui représente le diaster de la seconde cinèse, il est aussi fort difficile de décider le nombre exact des chromosomes. Enfin, la figure 46 'cinèse de segmentation), dans laquelle l'auteur compte seulement 8 chromosomes, nous parait au contraire en montrer au moins treize. 314 Victor GRÉGOIRE Dans ces conditions, étant donnée d'autre part la spécialité assez étrange du mécanisme invoqué par l'auteur (séparation dicentrique de chromosomes complets à la première cinèse, dissociation des chromosomes II en leurs deux moitiés longitudinales dès la prophase), étant donnée encore la res- semblance des figures de Mattiesen avec celles des Polyclades ('), étant donnés enfin les renseignements que l'auteur apporte sur les stades de synapsis et de spirème (2), nous nous croyons autorisé à réclamer de nou- velles recherches sur les planaires d'eau douce et à attendre le résultat de ces nouvelles investigations pour admettre une interprétation définie. CHAPITRE TROISIEME. Échinodermes. Paru en même temps que celui de Schockaert sur les Polyclades, le travail de Bryce (01) sur Y Echinus conclut aussi sans aucune restriction au schéma hétêrohoméotypique (p. 254)- A la métaphase I, fig. 112, les chromosomes-filles sont insérés terminalement ou à peu près. Ils ac- quièrent, par suite d'une division longitudinale, ^ *^ 4 V V ^a f°rme de v, fig. 112. Sans aucune reconstitu- • » tion nucléaire, ils passent au fuseau II et s'y fig. H2. chromosomes de la dédoublent en leurs deux éléments longitudinaux. métaphase et de l'anaphase I dans VEchinus, vus de profil et Nous n'avons qu une légère réserve à formuler de face (Bryce, on. au gujet je cette description : c'est que, peut-être, l'insertion médiane et l'insertion intermédiaire (v. p. 235) se vérifient pour certains chromosomes 1 et que, par conséquent, on retrouvera, à l'ana- phase, non pas seulement des V simples, mais aussi des V doubles ou des V caudés (v. p. 236-7). Il n'est pas inutile de relever que l'auteur a observé des tétrades appa- rentes, mais qu'-une analyse attentive de ces tétrades lui a montré qu'elles sont composées de deux bâtonnets courts et trapus placés côte à cote. (') Ressemblance que l'auteur fait lui-même ressortir. (!/ Cet argument ne pourra être développé que dans notre seconde partie, lorsque nous étudierons la première période. LES RÉSULTATS ACQUIS SI K LES CINÈSES DE MATURATION 315 CHAPITRE QUATRIÈME. Copépodes. Nous arrivons au groupe d'animaux qui, pour beaucoup d'auteurs, a semblé fournir des exemples indiscutables du schéma postréductionnel. Nous ne mentionnons que pour mémoire les recherches faites par Haec- ker sur les Copépodes antérieurement à 1895. L'auteur lui-même en abandonna les conclusions à la suite des travaux de Rueckert. Il reste maintenant en pré- sence les recherches de Rueckert sur le Cyclops strenuus et quelques autres gen- res (93 et 94), celles de Haecker sur le Canthocamptus (95), celles du même au- teur sur le Cyclops brevicornis (95, 02, 1 1 , celles de vom Rath (95) sur divers Copépodes marins et celles de Lerat (02) sur le Cyclops strenuus. Nous examine- , „ . . . rons en premier lieu les travaux qui se Fig. n3. Fin de la prophase I dans le r ^ Cyclops stremws (Rueckert, 93 et 94i. rapportent au Cyclops strenuus. Cyclops strenuus (Rueckert, 93 et 94, Lerat, 02). D'après Rueckert, les chromosomes définitifs I du Cyclops strenuus, fig. 113, sont constitués de deux branches parallèles, -- moitiés longitudi- nales, pour l'auteur, dont chacune montre une fente transversale, fente incomplète toutefois, car elle est traversée par un large pont de linine. Les deux branches se su- perposent l'une à l'autre, au fuseau I, et s'écartent l'une de l'autre, vers les ësgÇGz V V *S ^ S* ' < 1 1 1 o Fig. 114. Metaphase I dans le Cyclops strenuus (Rueckert, 93 et 94). pôles, FIG. 114 et 115. L'intercinèse ne compor- te aucun repos. Les chro- mosomes-filles I, trans- versalement étranglés, fig. 116, se rangent à la Fig. n5. Anaphase I dans seconcIe figure de façon à le Cyclops strenuus (Rueckert, 93 et 94). coucher leur grand axe le 41 316 Victor GREGOIRE 05,0' OO Po°°Ofi00OoO°0 °0« 0°0°o° Fig. 116. Chromosomes pro- phasiques II dans le Cyclops strenuus (Rueckert, 94). Fig. 117. Métaphase II dans le Cyclops strenuus (Rueckert, 94). long du fuseau, fig. 117. Les moitiés transversales se distribuent aux deux pôles. C'est donc pour ainsi dire le schéma mathématique de la postréduction. Les figures dont Rueckert accompagne sa description nous ont tou- jours semblé extrêmement schématiques. Nous avons toujours été frappé de ne retrouver nulle part, dans aucun des nombreux ob- jets que nous avons eus sous les yeux, des figures de prophase I, de méta- phase I, d'anaphase I et de cinèse II, semblables à celles qui sont représentées par l'auteur. Aussi trouvâmes-nous nécessaire de reprendre l'étude du Cyclops strenuus. Nous en confiâmes le soin à l'un de nos élèves, M. Lerat. Il ne put malheureusement pas obtenir la série complète de tous les stades. Ses observations s'arrêtent à l'anaphase I. Telles qu'elles sont, néanmoins, elles suffisent à montrer que la description de Rueckert ne s'applique pas au Cyclops strenuus et que cet objet s'adapte lui aussi au schéma hétérohoméoty pique fp. 254). Avant tout, une remarque préliminaire. La comparaison des figures de Lerat, fig. 118 et 119, d'une part avec celles des autres objets aux- quelles elles sont identiques et, d'autre part avec celles de Rueckert, fig. 113-115, dont elles diffèrent considé- rablement, montre nettement le caractère schématique de ces dernières. La préven- n fc **on Qul en résuhe contre les figures du % 1^ professeur de Munich se trouve encore ag- gravée par le fait que cet auteur ne s'est servi pour son étude que de la combinaison optique : obj. 1,30, d. f. 2 X oc. 4. Examinons maintenant de plus près la description des deux auteurs. En ce qui con- cerne la constitution des chromosomes I définitifs, Lerat a trouvé, à l'in- verse de Rueckert, les formes typiques observées ailleurs : deux branches parallèles, croisées, entrelacées ou divergentes en forme de V, fig. 118. Fig. 118. Les chromosomes I définitifs dans le Cyclops strenuus (Lf.rat, 02). LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 317 De plus, en étudiant les chromosomes avec les oculaires 12 et 18, on constate facilement que les branches chromosomiques sont parfaitement continues et ne présentent aucune fente transversale. Et cela s'observe nettement durant toute la prophase, fig. 118. Les dessins de Rueckert s'expliquent en partie par certains aspects qu'on observe parfois au manient de la mise au fuseau. On dirait voir alors, au milieu de certaines branches, un endroit plus clair, une petite portion plus pâle correspondant assez bien à 1'» étranglement « décrit par Rueckert. Seulement, il n'y a là rien d'une fente transversale quelconque. Cette appa- rence d'un espace plus clair est due simplement au commencement de l'écartement dicentrique des deux branches, au point précis où elles sont saisies par le fuseau. En leur point d'attache aux fibres fusoriales, les deux branches sont un peu soulevées dans deux directions opposées. Les portions ainsi écartées légèrement vers les pôles se trouvent donc en deux niveaux différents l'un de l'autre et différents aussi du niveau où gît la portion restante du chromosome. Si donc celle-ci est mise nettement au point, — en vue polaire, — l'endroit correspondant à l'insertion dans chacune des branches, ne se trouvera pas dans le plan de vision claire et il apparaîtra par conséquent sous la forme d'une vague discontinuité. Mais, en manœu- vrant la vis micrométrique, on constate à toute évidence qu'il n'y a aucune fente réelle ('). Nous sommes absolument certain qu'il n'y a pas, dans le Cyclops strenuus, les tétrades que décrit Rueckert. La suite des cinèses confirme d'ailleurs complètement ce point. A l'équateur, Lerat constate, de même que Rueckert, une insertion superposée (p. 232), fig. 119, mais, contrairement au professeur de Munich, il retrouve les divers modes d'insertion (p. 235) : terminale, intermédiaire, médiane, fig. 119. Cela encore est contre l'hypothèse de Rueckert; celle-ci requiert, en effet, pour tous les chromosomes, une insertion médiane. Enfin, au début de l'anaphase, fig. 119, Lerat fig. 119. Métaphase 1 et dé- observe les formes classiques de la division longi- but de l'anaphase I dans le Cv- . , , . . . dops strenuus (Lerat, 02). ' tudinale des chromosomes-filles, les V simples, les V caudés, les V doubles (v. p. 236-7). Pour faire ressortir la portée de ces aspects, il importe de remarquer Rappelons d'ailleurs que Rueckert a toujours observé un pont de linine traversant la fente de chaque branche. Ce prétendu pont de linine n'est pas autre chose que la projection, un peu vague, sur le plan de vision nette, de la partie soulevée de chaque branche. 3 1 8 Victor GRÉGOIRE que les figures dont nous parlons ici montrent, à l'équateur, deux rangées de oii{e chromosomes. Le nombre onze étant le nombre réduit dans cette espèce, il en résulte que l'on doit considérer ces figures comme anaphasi- ques et non pas, — ainsi que le propose Haecker pour des aspects sembla- bles dans le C. brepicornis, comme représentant des chromosomes I complets groupés en deux niveaux. La fente qu'on observe dans les chro- mosomes situés aux deux côtés de l'équateur, est donc bien une division longitudinale anaphasique. Malheureusement, Lerat n'a rien observé au-delà du début de l'ana- phase. Mais, quoi qu'il en soit, on peut conclure que la première cinèse présente dans le Cyclops streiiinis toutes les allures les plus caractéristiques du schéma hétérohoméotypique; et on ne peut douter que le Cyclops strenuus rentre, pour la première cinèse, dans ce schéma. En ce qui concerne la seconde cinèse, les recherches de Lerat, bien que ne s'étendant pas à ce stade, montrent néanmoins que les figures de Rueckert sont fort schématiques et l'interprétation de l'auteur sans fonde- ment. Il est certain, en effet, que les V simples, les V caudés, les V doubles observés par Lerat à l'anaphase I se maintiennent à travers la brève inter- cinèse et, par conséquent, les fig. 5 et 6 de Rueckert (94), ici fig. 116 et 117 ne peuvent répondre à la réalité. Malgré l'absence de documents au sujet de la seconde cinèse, nous trouverions déraisonnable de supposer sans aucune preuve que ce stade est, dans le Cyclops strenuus, tout différent de ce qu'il est ailleurs, alors que, d'autre part, la première cinèse y est parfaitement identique à celle de tous les autres objets, tant végétaux qu'animaux. Nous croyons pouvoir conclure que le Cyclops strenuus rentrera com- plètement dans le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254) ('). (') Korschelt (o3) n'a pas saisi complètement la pensée de Lerat. Il écrit, en effet, que ce dernier considérerait comme plus probable la formation des chromosomes-filles I par une division longitudinale. Or, cette question de l'origine des chromosomes-filles I, Lerat la réserve expressément comme devant être tranchée par l'étude de toute la prophase I. — Korschelt pense aussi que l'on pourrait donner, des figures métaphasiques de Lerat, une interprétation différente de celle qu'en propose l'auteur et que nous venons de démontrer nous -même. Korschelt n'indique pas cette autre explication. Peut-être veut-il signifier que l'on peut interpréter les figures de Lerat dans le sens d'une préréduction, et alors nous ferions encore remarquer que notre élève, mal compris en ce point par Korschelt, laisse expres- sément ouverte la possibilité de cette interprétation (*). Mais si Korschelt veut dire que la division longitudinale anaphasique des chromosomes-filles I n'est pas certaine, nous avouons que nous ne trouvons pour notre part aucun motif à semblable hésitation. ('] Dans son mémoire in extenso qui paraîtra dans cette revue, peu de temps avant le présent travail, Lerat considère les branches chromosomiques I comme représentant des chromosomes somatiques complets et il se prononce pour la préréduction . LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 3 1 9 Fig. 120. « Tétrades» dans Y Heterocope robusta (Rueckert, g3). Fig 121. Métaphase I dans Y Heterocope ro- busta (Rueckert, 931. Heterocope robusta et Diaptomus gracilis (Rueckert, 93). Outre le Çyclops strenuus, Rueckert étudie aussi, dans son mémoire de 1 893, l' Heterocope robusta et le Diaptomus gracilis. L'auteur n'y a suivi que la première cinèse. Il y observerait des tétrades tout à fait typiques, fig.. 120, et il se fonde là-dessus pour y admettre le schéma postréduction- nel ('). Ces observations nous paraissent tout à fait insuffisantes, et les objets réclament de nouvelles recherches. Il faut remar- quer ici encore que l'au- teur n'étudie ces petits chromosomes qu'à l'aide de la combinaison i ,30X6. Cela étant et connaissant, d'autre part, ce que nous savons sur les fausses tétrades, nous ne pouvons sans plus ample information admettre l'existence des groupes quaternes que dessine l'auteur. De plus, les figures de méta- phase, fig. 121, nous paraissent ou trop schématiques ou trop défavorables pour l'étude actuelle. Canthocamptus (Hacker, 95) et Copépodes marins (v. Rath, 95). En 1895, Haecker reprit l'étude du Canthocamptus et vom Rath celle de plusieurs copépodes marins. C'est surtout à élucider l'origine des » groupes quaternes « que les auteurs consacrent leurs soins et leurs figures. Vom Rath y ajoute seulement quelques dessins de métaphase. Uunique appui dans ces travaux pour le schéma postréductionnel réside dans la constatation qui y aurait été faite de tétrades véritables, formées de deux branches longitudinales, divisées transversalement. Après tout ce que nous avons vu dans les pages précédentes, nous ne pouvons vraiment pas nous contenter des figures qui ont été publiées par les auteurs pour admettre même la vraisemblance d'une division, trans- versale des branches chromosomiques à la prophase, d'autant plus que les figures de vom Rath présentent, comme toutes les figures de cet auteur, le défaut d'une excessive schématisation. Pi Toutefois, dans l' Heterocope robusta, l'auteur n'a pas pu décider si la maturation est préréductionnelle ou postréductionnelle. 320 Victor GRÉGOIRE Cyclops brevicornis (Hacker, 95, 02, 04). Nous devons enfin nous arrêter spécialement aux dernières recherches de Haecker (95, 02 et 04) sur le Cyclops brevicornis. La description et l'in- terprétation de l'auteur, exposées avec une grande clarté, s'écartent considé- Fig. 122. Schéma des cinèses de maturation dans le Cyclops brevicornis (H.ecker, 04). rablement de celles qui concernent d'autres objets, et même de celles qui se rapportent au Cyclops strenuus. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 321 Voici en résumé la description de Haecker : le nombre normal des chromosomes, dans le Cyclops brepicornis, est de 24; les ovocytes, à la veille d'abandonner l'oviducte, possèdent 1 2 chromosomes bivalents rangés en une disposition que l'auteur désigne sous le nom de figure provisoire, fig. 122, A, 127, a et 128, a : ils se trouvent disposés six par six en deux niveaux, aux deux côtés du plan équatorial. La constitution de ces chro- mosomes est, d'après l'auteur, identique à celle des chromosomes du Cantho- camptus et du Cyclops strenuus. Chacun d'eux est un groupe quaterne con- stitué de deux moitiés longitudinales (M étranglées transversalement. Une sorte de cloison (Scheidewand) installée au niveau de l'équateur sépare en ce moment les deux étages chromosomiques, fig. 122, A, 127, a, 128, a. Bientôt le fuseau se forme dans le noyau et la Scheidewand disparait, fig. 122, B. L'auteur n'a pas rencontré un seul exemple de couronne équa- toriale et c'est pour cela qu'il n'a pu observer directement comment se produit le partage, entre les deux pôles, des éléments de chaque groupe quaterne. C'est de la considération des figures de diaster que Haecker déduit la nature de ce partage. On observe, en effet, à chacun des deux pôles, à la fin de la première cinèse, 12 anses simples non divisées longitu- dinalement, fig. 122, C, et 123. Haecker en conclut que, à l'anaphase I, ce sont les » moi- tiés longitudinales « de chaque groupe qua- terne, - c'est-à-dire les deux branches chromosomiques, - - qui se sont séparées l'une de l'autre vers les pôles. A partir de ce moment, se passent des phénomènes plus importants encore. Durant l'intercinèse, les 12 anses bivalentes s'associent deux par deux en s'opposant l'une à l'autre par leur côté convexe, fig. 122, D. Au sein des groupes tétravalents ainsi formés, chacune des deux anses se brise en son angle, fig. 122, E. Chacune des moitiés transversales d'une anse entre en rapport et s'unit avec une des moitiés transversales de l'anse asso- ciée, fig. 122, E. D'un groupe tétravalent a b -\- o-n, fig. 122, D, il se fait donc deux groupes bivalents an et b-o, fig. 122, E. Tout cela s'achève à l'équateur du fuseau IL Bientôt, les dyades a-n et b-o se séparent l'une de ""ff /"î \ '0 °o 1 1 \ 1 1/1 O^ 0^ F oo wy 0 ■ 0 Fig. 123. Anapha se I dans le Cy clops l irevicornis (Haecker, 02). (') Nous désignons sous ce nom, d'après la conception de Haecker, les deux branches chromosomiques, mais sans nous prononc.r sur leur valeur. 3 y. 2 Victor GREGOIRE l'autre et se rendent vers les pôles, fig. 122, F. Par suite de ce manège, le noyau de l'œuf mûr possède six chromosomes bivalents formés chacun par l'union de deux chromosomes univalents ayant appartenu à deux diffé- rents chromosomes bivalents de la première cinèse. L'auteur a de plus observé, clans la première segmentation, î 2 chromosomes, qui seraient donc, eux aussi, bivalents. Haecker attribue une très grande importance à ces échanges inter- chromosomiques de la seconde cinèse, à ce qu'il appelle la synmixie. Il considère qu'un chromosome bivalent de la première cinèse est formé de deux chromosomes de même origine, soit deux paternels, soit deux mater- nels. A la seconde cinèse, il se ferait un échange réciproque entre chromo- somes paternels et chromosomes maternels. Chacun des chromosomes bivalents de l'ovotide sera ainsi à la fois paternel et maternel. Telle est l'interprétation de Haecker. Avant d'en examiner de près les fondements, nous voudrions montrer d'abord que, si elle était vraie, elle ne pourrait, contrairement à ce que pense l'auteur (02, p. 347, et 04, p. 195), s'appliquer à aucun autre objet que le Cyclops brevicornis. Voici pourquoi. La description de Haecker s'écarte en deux points de toutes les des- criptions usuelles : le mécanisme de la première cinèse et, surtout, les échanges interchromosomiques de la seconde. Touchant la première cinèse, nous disons à dessein : le mécanisme. En effet, la valeur de la première cinèse serait, d'après Haecker, identique à ce qu'elle est ailleurs : elle séparerait les deux branches de chaque chro- mosome I (les deux moitiés longitudinales pour l'auteur). Mais le mécanisme est spécial en ceci que, d'abord, les chromosomes, d'après Haecker, pren- draient, à la prophase, des positions qui simulent une métaphase ou une anaphase, et que, ensuite, la métaphase elle-même serait tellement rapide qu'on ne pourrait pas la rencontrer dans les préparations. Or, sur ces deux points, le Cyclops brevicornis serait isolé. D'abord, en faveur de l'arrange- ment prophasique des chromosomes en deux étages, l'auteur ne cite et peut citer que les observations de Korschelt sur Y Ophryotrocha. Mais nous avons vu plus haut que ce dernier objet requiert de nouvelles études, ainsi d'ailleurs que le remarque Haecker lui-même. Au sujet de la brève durée du stade métaphasique, Haecker écrit que : » Hier, wie bei sovielen andern Zellformen, dièse Phase sehr rasch ablâuft". Cette appréciation de l'auteur nous semble en contradiction avec un grand nombre de données. Il est reconnu, en effet, que l'une des figures qu'on LES RÉSULTATS ACQUIS SUB LES CINESES DE MATURATION 323 rencontre le plus est la métacinèse dans le sens précis où la définit Haecker (« die Voneinanderlôsung der Spalthaelften «) et tous les auteurs en montrent de beaux exemples. Dans le Cyclops strenuus, entre autres, c'est bien le stade que nous avons rencontré le plus fréquemment, en dehors de la prophase, dans les préparations de Lerat. A cela peut-être Haecker répondra-t-il que, précisément, c'est à tort qu'on a tenu pour métaphasiques les figures à deux niveaux de chromosomes, qui, à son avis, doivent être considérées comme précédant la métaphase. Mais cette interprétation serait sans nul doute erronée. Dans les figures que les auteurs appellent métaphasiques, nous avons insisté sur ce point n à propos du Cyclops strenuus, — on observe non pas deux niveaux de - 4 chromosomes ('), ainsi que le requiert l'interprétation de Haecker, mais M deux niveaux de - et, par conséquent, ces images représentent bien la distribution, à chacun des pôles, de - chromosomes-filles. C'est surtout en ce qui concerne les échanges syntnixiques de la seconde cinèse que Haecker cherche des appuis dans les données de la littérature. Il trouve d'abord, dans les observations de Montgomery, des processus différents en eux-mêmes, mais de signification identique. Ce point toutefois touche la première période et nous n'avons pas à y entrer ici. Disons seulement dès maintenant que la question des con- jugaisons chromosomiques est tout autre dès qu'on la place sur le ter- rain de la première période. — L'auteur insiste encore et surtout sur » die grosse Aehnlichkeit, welche die bei Cyclops auftretenden H- und X-fôrmigen Figuren, welche durch die Paarung der elterlichen Chromo- somen zu Stande kommen, mit den bei manchen andern Objecten (See- planarien, Tritonen, Liliaceen) an der gleichen Stelle der Reifungspe- riode beobachteten X-fôrmigen Elementen zeigen*. L'assimilation de l'au- teur, ici encore, ne nous semble pas justifiée, et son interprétation doit demeurer isolée. En effet, pour pouvoir faire remonter à des appariements de chromosomes-filles I lorigine des - croix « chromosomiques de la seconde cinèse et pour admettre la marche de cette dernière telle que la conçoit Haecker, il faudrait constater plusieurs points. Il faudrait d'abord que ces croix, — représentant, d'après H.ecker, deux chromosomes bivalents 1 ' 1 11 désignant le nombre normal. 42 324 Victor GREGOIRE associés, — fussent en nombre - à la télophase I, à la prophase II et à la 4 métaphase II; de plus, les chromosomes-filles II anaphasiques devraient, eux aussi, être en nombre -; et enfin, ces derniers devraient tous, en se 4 rendant aux pôles, posséder la forme de V. Or, dans tous les objets étudiés à ce point de vue, notamment dans tous ceux que mentionne Hacker à l'appui de sa théorie, on observe ce qui suit : a) les croix de la télophase I et de la cinèse II, — ou, plus généralement, les chromosomes II, — existent en nombre - [Grégoire (99), fig. 26 et 35, ici fig. 124; Schockaert (02), fig. 34 et 40, ici fig. 125; Juel (00), fig. 14, etc.]; b) les chromosomes- filles II sont aussi en nombre - ; c) enfin, ils possèdent souvent la forme de bâtonnets un peu recourbés à leur extrémité polaire, fig. 126. — D'ailleurs, dans les objets cités par Hacker, les branches chromoso- <& C H*f fe Fig. 124. Chromosomes II Fig. 125. Chromosomes II dans Fig. 126. Anaphase II dans le Liliam speciosum (Gré Tliysano^oon brocchii (Schockaert, dans le Lilium speciositm goire, 991. 02). (Grégoire, 99). iniques II sont certainement les moitiés longitudinales anaphasiques I, et ce sont ces branches qui se séparent au second fuseau. — Ajoutons enfin, que toute l'hypothèse de H.ecker est inapplicable aux cas où le n nombre réduit de chromosomes est impair (Thysano^oon - =. 9, Cyclops strenuus -- = u, Sagitta - =9, Paludina - = 7, Mantis - = 7, etc.). On voit donc que l'interprétation de H/ECker, si elle se vérifiait pour Cyclops brevicornis, ne pourrait s'appliquer qu'à ce seul objet. Mais examinons maintenant de plus près les fondements de l'opinion LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 325 de l'auteur dans le Cyclops brevicornis lui-même, et voyons d'abord si une autre explication de la Ie cinèse n'est pas plus plausible. Voici quelle serait cette autre explication. On pourrait penser que les fig. 122, A et B, 127, a, 128, a, représentent, non pas un aspect prophasique, mais la métaphase elle- même ('); les chromosomes situés de chaque côté du plan équatorial seraient des chromosomes filles subissant la division longitudinale anaphasique (v. p. 236). Si cette interprétation est légitime, il faudrait admettre que, dans cette figure, il existe à chaque niveau, aux deux cotés de l'équateur, non pas six chromosomes seulement, ainsi que le pense H.ecker, mais 1 2 chro- mosomes, représentant chacun une des branches de l'un des 12 chromosomes prophasiques. Ainsi interprétées, les figures rentreraient dans le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). On voit donc que l'interprétation des figures de H.ecker pour la première cinèse, dans le Cyclops brevicornis, ne dépend que d'un seul point : les fig. 126, A etB, 127, a, et 128, a, sont-elles prophasiques, ainsi que l'admet Hacker, ou bien sont-elles métapha- siques? Or, c'est cette se- conde hypothèse qui nous semble la vraie. D'abord l'argument apporté par l'auteur en faveur de son interpré- tation ne nous parait aucunement convaincant. H/ecker s'appuie sur les fig. 127, b, et 128, b, qui montreraient, en vue polaire, le même stade que celui des fig. 127, a, et 128, a. Or, les fig. 127, b, et T28, b, ne contiennent, dit l'auteur, que 6 chromosomes chacune, et par conséquent les fig. 127, a, et 128, a, com- portent deux niveaux de 6 chromosomes seulement. Elles ne peuvent donc correspondre à la métaphase, puisque celle-ci, ainsi que le prouvent les figures d'anaphase, fig. 123, comporte la migration de 12 bâtonnets vers chaque pôle. Tel est l'argument de H.ecker, pour prouver que les fig. 127, Fig, 127. « Figure provisoire >j dans le C. brevicornis vue faciale; b, en vue polaire (Hjecker, 02). O, vO 00 Fig. 128. Comme la fig. 127. (') Ou peut-être le début de l'anaphase. Nous emploierons ici le nom de métaphase, en in- cluant le commencement de la séparation anaphasique. 326 Victor GRÉGOIRE a, et 128, a, sont prophasiques. — Nous devons avouer que rien ne nous paraît démontrer le fondement de cette argumentation ; rien ne nous pa- raît démontrer que les fig. 127, b, et 128, b, sont bien des vues polaires du stade des fig. 127, a, et 128, a. C'est même le contraire qui semble vrai. En effet, dans les fig. 127, b, et 128, b, les chromosomes sont distribués sans ordre et, en partie du moins, radiairement, tandis que, dans les fig. 127, #, et 128, a, ils sont placés tangentiellement ; c'est pourquoi nous pensons que les fig. 127, b, et 128, b, montrent, incomplètement, les chromosomes prophasiques, tandis que les fig. 127, a, et 128, a, montrent le début de l'écarté ment anaphasique. Quoi qu'il en soit, l'interprétation de l'auteur n'est pas démontrée. Ensuite, si les fig. 127, a, et 128, a, ne sont pas métaphasiques, il semble impossible d'expliquer le partage anaphasique des chromosomes. En effet, ou bien ce partage se ferait par l'intermédiaire d'une vraie figure métaphasique, ou bien il se produirait sans l'intervention d'une semblable figure. Dans la première hypothèse, il faudrait qu'il existât une transition entre l'étape des fig. 127, a, 128, a, et celle de la métaphase, et, ensuite, une transition entre cette dernière et l'anaphase. Or, cette double transition supposerait un remaniement considérable des- positions chromosomiques, et on devrait certainement en observer des traces, contrairement à ce que dit H.ECKER. Dans la seconde hypothèse, c'est-à-dire si on n'admet pas que les ^groupes quaternes^ se trouvent, à un moment donné, rangés en une cou- ronne équatoriale, comment expliquer alors la distribution aux deux pôles d'une moitié de chaque chromosome de la fig. 122, Al Les connaissances que nous possédons maintenant sur le mécanisme de la mitose ne nous permettent pas de nous représenter une moitié de chacun des chromosomes ab, no, fig. 122, A, — situés de deux côtés différents de l'équateur, — se rendant vers le même pôle, tandis que les autres moitiés de ab et de no seraient transportées vers l'autre pôle. — C'est là une seconde raison qui nous fait penser que les fig. 122, A et B, 127, a, 128, a, sont bien méta- phasiques, — ou anaphasiques. Enfin, nous en appelons encore, et d'une façon toute spéciale, à la ressemblance étonnante que l'on peut constater entre les figures que nous discutons et tant de figures certainement métaphasiques observées ailleurs, en particulier dans le Cyclops strenuus. Cette ressemblance, relevée d'ail- leurs par Hacker, est, disons-nous, étonnante : non seulement les » chro- LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 327 mosomes - des fig. 127, a, et 128, a, sont bien régulièrement distribués en deux niveaux, mais ils sont de plus parfaitement symétriques d'un niveau à l'autre ; ils sont, au total, en forme de V tournant leur courbure vers le pôle; ils montrent une division longitudinale absolument identique à celle de tant de chromosomes-filles hétérotypiques et se rapprochant tout parti- culièrement de celle qu'on observe dans le Cyclops strenuus, fig. 119. La ressemblance dont nous parlons ici est d'autant plus significative que, en dehors des fig. 127, a, et 128, a, H.ecker n'observe rien qui rappelle le stade, ailleurs si long (M de métaphase. H.ecker a lui-même, à plusieurs reprises, insisté fort justement sur l'importance des similitudes constatées entre tant d'objets. Il nous parait que la ressemblance est surtout frap- pante ici et qu'elle exige nécessairement l'unité d'interprétation. Pour ces diverses raisons, nous considérons comme métaphasiques les fig. 127, a, 128, a, 122, A et B, et nous admettons que les chromosomes- filles I dans le Cyclops brevicornis, comme dans le Cyclops strenuus, subissent une division longitudinale anaphasique. En ce qui concerne la IIde cinèse, nous dirons que les observations de H.ecker nous semblent appeler un complément. Les remarques que nous venons de faire au sujet des figures de Hacker pour la Ire cinèse et l'inter- prétation que nous avons donnée pour ces figures nous portent à penser que l'auteur a schématisé les aspects de la seconde mitose. En résumé, l'interprétation de H.ecker, si elle s'appliquait au Cyclops brepicomis, devrait néanmoins demeurer tout à fait isolée. De plus, elle n'est pas démontrée même pour le C. brevicornis et il y a de bonnes raisons de penser que la première cinèse s'accomplit, dans cet animal, d'après le schéma hétérohoméotypique (p. 254). CHAPITRE CINQUIÈME. Némathelminthes. Ascaris megalocephala. Tous les auteurs qui ont étudié V Ascaris megalocephala (ovogénèse ou spermatogénèsej (*) y ont retrouvé des tétrades, d'abord observées par 1 Spécialement dans le Cyclops strenuus. Les auteurs qui ont étudié l'Ascaris sont très nombreux. Ce sont Van Beneden et Ju- lin 84 . Van Beneden 83. Nussbaum (84), Carnoy (86 et 871, Boveri (87 et 88), Brauer (92), Hertwig go , Carnoy et Lebrun 97 , Sabaschnikoff (97), Moszkowski (02), Montgomery(o4), Boveriio-)). 328 Victor GRÉGOIRE Carnoy (86). Ces tétrades sont toutefois bien différentes de celles qu'on a décrites ailleurs, même abstraction faite de leur mode de formation. Elles sont constituées non pas de quatre granules, ni non plus de deux branches fendues transversalement, mais de quatre bâtonnets allongés, juxtaposés parallèlement en un faisceau ('). Boveri, le premier, en 1S87, émit l'opi- nion que chacun de ces groupes quaternes se dédouble, à la première cinèse, en deux dyades, et que celles-ci, sans intervention d*aucun repos, se dissocient, au second fuseau, en leurs deux éléments. Ces données furent ensuite admises par tous les auteurs {-). S'il en est bien ainsi, c'est-à-dire si les tétrades se dédoublent bien de la façon qui a été décrite par Boveri, on voit que le sens des deux cinèses, dans Y Ascaris, dépend uniquement de l'origine et du mode de formation des tétrades elles-mêmes, et que, par conséquent, l'on ne peut pas, dans cet animal, étudier la seconde période séparément de la première. Nous ferons seulement remarquer ici que, ayant observé nous-mème les figures de l'As- caris, nous y avons trouvé plusieurs aspects qui sont fort difficiles à inter- préter et nous estimons que des recherches nouvelles sont tout à fait nécessaires. — De plus, nous insistons sur la différence que nous venons de signaler entre les tétrades de l'Ascaris et celles qu'on a décrites ailleurs. On représente trop souvent les groupes quaternes de l'Ascaris comme con- stitués de quatre chromatides splieriques. C'est ainsi que R. Hertwig (03) écrit : » Sehr hâufig findet man die so charakteristischen Tetraden oder Viererkugeln. Von der 2 Chromosomen der A. megalocephala z. B. besteht ein jedes aus 4 kugeligen Teilen, die in der Weise angeordnet sind, dass sie die Ecken eines Quadrats einnehmen- (p. 470). Cette description in- exacte des tétrades de 1 Ascaris est certainement la source de beaucoup de confusion dans la question actuelle. Après l'achèvement de notre mémoire, nous recevons les deux travaux que Tretjakoff(04) consacre à l'ovogénèse et à la spermatogénèse dans l'As- caris megalocephala. D'abord l'ovogénèse : en ce qui concerne les quatre éléments de la » tétrade «, l'auteur fait remarquer que, avant de se trouver dans la position décrite par Boveri, - - c'est-à-dire, avant d'être placés, pa- rallèlement les uns aux autres, suivant les quatre arêtes d'un prisme carré, (') Nous n'avons pas cru nécessaire de reproduire des figures de l'Ascaris. Le souvenir en est certainement présent à tous nos lecteurs. Sauf par Moszkowski 102 . LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 329 - ils se trouvent d'abord nettement disposés en deux -groupes binaires-. Il observe de plus que les quatre bâtonnets tic la tétrade montrent, dans cer- tains cas, une division transversale. Touchant le partage de ces tétrades au cours des deux cinèses, Tretjakoff se rallie à la description de Boveri. Seulement, l'auteur considère les deux groupes binaires qui composent une tétrade de Y Ascaris comme correspondant chacun à une tétrade des Copépodes, c'est à-dire à un chromosome bivalent divisé longitudinalement. La -tétrade^ de Y Ascaris aurait donc pour symbole — r~\ t. L'auteur ad- 3, D C Q met, de plus, que la première cinèse sépare les moitiés longitudinales de chacun de ces groupes binaires, c'est-à-dire qu'elle dédouble la tétrade en ab -f- cd et ab-fed. La seconde cinèse, au contraire, sépare, dans les dyades, les chromosomes bivalents, c'est-à-dire qu'elle dédouble la dyade ab -|- cd en ab et cd. La seconde cinèse serait ainsi réductrice, mais d'une façon spéciale. Dans la spermatogénèse, Tretjakoff décrit des chromosomes ana- logues à ceux de l'ovogénèse. Il reconnaît que, d'après les cas normaux, il est impossible de se renseigner sur la façon dont se partagent les chro- mosomes au cours des deux cinèses. Seulement, il a observé certains cas anormaux qui éclairent vivement, selon lui, la marche des divisions. Dans ces cas, - chez la variété bivalens, - le noyau possède, à la fin de la prophase, non pas deux groupes quaternes, mais quatre groupes binaires, nettement distincts et séparés les uns des autres. Les deux branches qui constituent chacun de ces groupes binaires sont, d'après l'auteur, des moitiés longitudinales. De plus, Tretjakoff observe dans ces chromosomes une division transversale. Aussi considère-t-il encore ces groupes binaires comme des chromosomes bivalents divisés longitudinalement, c'est-à-dire comme des tétrades du type des Copépodes. Or, à la première métaphase, ces groupes binaires se dédoublent en leurs moitiés longitudinales. Dans la suite, les éléments chromosomiques subissent une sorte de désagrégation, par suite de laquelle il est difficile de se renseigner sur la marche exacte de la seconde cinèse. L'auteur admet, toutefois, que cette dernière distri- bue à chacun des deux pôles deux chromosomes bivalents. La première mitose serait donc équationnelle et la seconde réductionnelle, ainsi que dans l'ovogénèse. On voit que la description et l'interprétation de Tretjakoff s'écartent considérablement du schéma de Boveri. Nous devons reconnaître toutefois qu'elles ne sont pas établies. 330 Victor GRÉGOIRE D'abord, dans l'ovogénèse, l'auteur ne démontre pas que ce ne sont pas les groupes binaires qui se séparent à la première cinèse. Dans la sper- matogénèse, il dit lui-même que ce point ne ressort pas de l'étude des cas normaux. Quant aux cas anormaux, il faudrait d'abord établir sûrement leurs relations avec les cas normaux et, de plus, il faut avouer que les figures de Tretjakoff, à partir de la métaphase, sont fort difficiles à élucider et qu'il est malaisé de se faire une opinion d'après leur inspection. Les recherches de Tretjakoff montrent que l'Ascaris n'était pas en- core assez complètement étudié, mais elles ne nous semblent pas élucider définitivement cet objet difficile. C'est aussi la remarque qui nous semble devoir être faite au sujet des observations de Moszkowski (02). Sagitta (Boveri, 90, Stevens, 04). Il faut d'abord rappeler un fait observé par Boveri (90) dans le Sagitta et qui est favorable au schéma hétérohoméotypique. L'auteur a constaté que les chromosomes-filles I sont divisés longitudinalement dès l'anaphase I. Seulement, l'auteur n'a pas étudié les relations entre ces chro- mosomes filles et les branches constitutives des chromosomes prophasiques, ni non plus le sort ultérieur des moitiés longitudinales anaphasiques. De la description de Boveri, il faut rapprocher celle de Stevens (04) : l'auteur observe, dans le Sagitta elcgans, les mêmes aspects que Boveri a constatés dans le Sagitta bipunctata, c'est-à-dire des chromosomes-filles I constitués, dès la métaphase, de deux branches juxtaposées suivant leur longueur; mais il faut d'abord répéter la remarque que nous venons de faire à propos de Boveri. Il faut noter de plus que, observant, à la métaphase, entre les deux branches constitutives de chaque chromosome-fille I un écartement plus grand que celui qui existe entre les deux chromosomes- filles eux-mêmes, Stevens est portée à considérer les deux - moitiés « anaphasiques de chaque chromosome-fille I comme représentant deux chromosomes accolés. L'auteur se rallierait ainsi au schéma postréduc- tionnel. Il est à peine nécessaire de faire remarquer le caractère purement hypothétique de cette interprétation. En résumé, le Sagitta n'apporte jusqu'ici qu'une seule donnée intéres- sante, c'est que les chromosomes-filles I sont constitués de deux branches juxtaposées suivant leur longueur. Le mémoire de Carnoy (87) sur divers Nématodes contient des figures fort intéressantes. Mais ces objets réclament de nouvelles recherches. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 331 C H A TI T R E SIXIEME. Annélides. Ophryotrocha (Korschelt, 95). Dans VOphryotrocha puerilis (Korschelt, 95), les cinèses de maturation présenteraient, selon les différents œufs, deux modalités différentes. L'une cependant est plus importante que l'autre et dans son Lehrbuch, récemment publié (03), Korschelt ne rappelle que celle-là. En voici les grands traits. A la fin de la prophase, quatre chromosomes {nombre normal de l'espèce), formés chacun de deux branches, fig. 129, a, se rangent au fuseau en deux groupes binaires; dans chacun de ceux-ci, l'un des chromosomes est orienté vers un pôle, et le second vers l'autre pôle, fig. 129, b et c. La première cinèse distribue ainsi à chacun des deux pôles deux chromosomes complets. La fente qui sépare les deux branches de chaque chromosome s'oblitère durant l'anaphase, fig. 129, d, et ne reparaît qu'à la fin de ce stade : à ce moment, les deux branches se séparent complètement dans chaque chromo- some et la couronne polaire est faite de quatre corps chromatiques indé- pendants, fig. 129, e. Les » chromosomes-filles « I reparaissent, à la pro- phase II, formés de leurs deux branches et celles ci se séparent ensuite mz- a b c d e Fig. 129. Première cinèse dans V Ophryotrocha puerilis (Korschelt, g5). l'une de l'autre. Ajoutons que, d'après l'auteur, la fente qui sépare les deux branches de chacun des 4 chromosomes I, fig. 129, a, b, c, représente une division longitudinale. L'interprétation de Korschelt, on le voit, peut se rattacher au schéma hétérohoméotypique, tel que nous l'avons défini ip. 254). Il faudrait, pour 43 332 Victor GREGOIRE cela, considérer les chromosomes de la fig. 129, a, comme correspondant chacun, non pas à un chromosome maturatif complet des autres objets, mais simplement à une des branches d'un tel chromosome, branche qui serait divisée longitudinalement. La différence entre cet objet et les autres consisterait alors en ce que les branches constitutives des chromosomes I, ailleurs réunies dès le début, se trouveraient au contraire ici séparées jusqu'au stade de métaphase. Il faudrait donc considérer YOphryotrocha comme présentant une variante du schéma hétérohoméotypique. Malheureusement, nous ne croyons pas pouvoir accepter, telles qu'elles sont, les observations et l'interprétation de Korschelt, et notre hésitation à les admettre est fondée sur deux considérations. C'est d'abord la variation constatée par l'auteur dans le nombre et la forme des chromosomes chez cet animal. Les cellules somatiques, d'après Korschelt, montrent quatre ou huit chromosomes; de même, la métaphase maturative I posséderait, au fuseau, parfois deux niveaux de deux chromo- somes en forme de bâtonnets, fig. 129, d, parfois deux niveaux de quatre chromosomes, fig. 130. De plus, l'anaphase I montre parfois quatre chro- mosomes en forme de M , fort isolés les uns des autres, fig. 131; enfin, la métaphase II, fig. 132, comporte toujours quatre chromosomes en forme d'anses, nettement distincts les uns des autres, ne pouvant, semble-t-il, représenter, en aucune façon, deux groupes de deux moitiés longitudinales. Ces données soulèvent la question de l'existence, dans YOphryotrocha, de deux types différents, l'un à 4, l'autre à 8 bâtonnets somatiques. Et il faudrait avant tout élucider ce point pour pou- voir interpréter les figures de maturation. Notre hésitation est fondée, en second lieu, sur la nature même du processus cinétique, tel qu'il est décrit par Korschelt. Le mode d'insertion au fuseau I, fig. 129, c et d, la disparition si com- plète, à l'anaphase, fig. 129, d, de la distinction fig i3o. Métaphase i, à deux entre les branches chromosomiques, auparavant rangs de 4 chromosomes, dans . . . YOphryotrocha (Korschelt). si marquée, la séparation si considérable de ces branches durant la fin de l'anaphase, ces différents points, sans nous sembler impossibles à admettre, nous paraissent du moins réclamer une solide confirmation. En ce qui concerne spécialement l'insertion métaphasique I, il faut remarquer d'abord qu'on n'a pas d'exem- ple démontré de chromosomes couchant leur grand axe dans un plan axial LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 333 de la figure, et que, de plus, d'après les figures de l'auteur, les deux chromosomes doubles seraient toujours groupes sur une même face du fuseau et cela très étroitement, c'est-à-dire suivant deux génératrices très voisines, fig. 129, d. Or, dans Y Ascaris bivalens, les deux chromosomes, - qui, d'abord, placent leur grand axe perpendicu- lairement à l'axe de la figure, — sont, le plus souvent, disposés sur une portion assez considé- Fig. i3i. Anaphase i, à rable du pourtour fusorial. Le plus souvent, l'un 4 chromosomes en iorme de ,, , i r n > • -i 1 v, dans vophryotrocka kor- d eux etant vu de face> 1 autre n est visible que scsŒi/r de profil. — Nous doutons d'autant plus de l'in- ,\ terprétation de Kokschelt que la fig. 129, a, _^ïjj|r, montre des chromosomes possédant les formes y'\Y tout à fait classiques et que, pour toutes les se- condes cinèses, Korschelt dessine quatre chromo- Fig. i3z. Metapnase II, en * vue polaire, dansi' Ophryotrocha somes en forme de V, fig. 132, absolument indé- l Kokschelt). , , , pendants les uns des autres. En un mot, bien que l'interprétation de Korschelt soit une confirma- tion, au point de vue de la signification finale, du schéma que nous défen- dons ici, et que nous considérons comme général, il faut reconnaître que cette interprétation n'est pas établie et que YOphryotrocha réclame de nou- velles recherches. Nous pensons qu'un examen nouveau y fera découvrir le processus hétérohoméotypique, mais s'accomplissant d'après le schéma qui se vérifie dans les autres objets (fj. Ilyodrilus et Rhynchelmis (Vejdovsky et Mrazek, 03). Dans l'ovogénèse de Yllyodrilus et du Rhynchelmis, Vejdovsky et Mrazek (03) n'ont pas suivi complètement l'évolution chromoso- mique. Néanmoins, les auteurs adoptent pour leurs objets l'interprétation qui, disent-ils, a été » festgestellt « dans les Polyclades par Klinckov- stroem, Francotte et Van der Stricht, c'est-à-dire le schéma postréduc- tionnel. Voici les données des auteurs : à la prophase, dans Y Ilyodrilus, les chromosomes I présentent les formes classiques, fig. 133; par analogie avec les autres objets, les auteurs admettent que chacune des branches (') J'ai confié à un de mes élèves l'étude de la spermatogénèse et de l'ovogénèse dans V Ophryo- trocha. J'ai pu observer déjà, dans la spermatogénèse, des figures metaphasiques semblables à ce qu'on voit ailleurs, et tout à fait différentes de celles qu'a données Korschelt pour l'ovogénèse. 334 Victor GRÉGOIRE Fig. i33. Chromosomes I définitifs dans Yllyodrilus (Vejdovsky et Mra- zek, e3). *<\\n Fig. 134. Formes chromosomiques de la métaphase I dans Yllyodrilus (Vejdovsky et Mrazek, o3 . serait bivalente; à la métaphase, les chromosomes possèdent le plus souvent la forme d'un/, fig. 134 et 135. Les deux chromosomes-filles Onaturlich bivalent") se raccourcissent à l'anaphase, puis se replient en deux et les deux branches ainsi délimitées, — représentant chacune un chro- mosome somatique, — se rapprochent assez intimement, fig. 136. A la seconde cinèse, les deux branches se croisent de différentes fa- çons, fig. 137, et se séparent l'une de l'autre lors de la métaphase. Cette description appelle plusieurs re- marques. L'interprétation des auteurs repose au fond sur deux points : la comparaison de leurs images avec celles des autres objets, spécialement les Polyclades, et ensuite les apparences de l'anaphase I, fig. 136. Or, dans ces deux considérations, nous voyons plutôt des arguments en faveur du schéma O T hétérohoméotypique. Nous avons vu, en effet, . I m que les figures des Polyclades et de tant d'au- lx ^& A 0 très objets s'expliquent par ce schéma. Celui- I / f ci ressort d'ailleurs des figures des auteurs; «^ V les formes en f sont dues simplement à des insertions intermédiaires ou presque termi- nales, associées, dans les métaphases, à des médianes, fig. 135. Cela étant, certains des V anaphasiques, — cette forme est commune à tous les chromosomes, fig. 136 ('), — s'ex- pliquent et ne peuvent s'expliquer que par une division longitudinale des chromosomes- filles I. — Les auteurs trouvent l'origine des V anaphasiques dans un repliement subi par les chromosomes, mais ils n'apportent aucun essai de démonstration de ce phénomène, dont personne jusqu'ici n'a vu de trace et qui est d'ailleurs incompatible avec la présence de différentes insertions. Fig. i35. Métaphase I dans Yllyo- drilus (Vejdovsky et Mrazek, o3). X A A Fig. i36. Chromosomes-filles I à l'anaphase dans Yllyodrilus (Vejdov- sky et Mrazek, o3). (') On trouverait certainement, en examinant de plus près, des formes en v doubles et en V caudés. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 335 + -M ^ -^ J) Les figures des auteurs pour la première cinèse plaident donc en faveur du schéma hétérohoméotypique. Il en est de même pour les figures de la seconde mitose. Elles montrent à la prophase, fig. 137, les V simples et les V doubles que l'on trouve partout ailleurs et qui doivent provenir de la division longitu- dinale des chromosomes-filles I. Encore une fois, les observations de Vej- dovsky et Mrazek non seulement ne démon- trent pas le schéma postréductionnel, mais sont plutôt favorables au schéma hétéroho- méotypique. Les recherches de Foot (94) sur YAllolo- bophora ne fournissent qu'un renseignement au point de vue actuel. La fig. 138 montre clairement les divers modes d'insertion. Il en est de même des figures de Gathy (00) pour la Clepsine et le Jubifex, et de la fig. 20 de Wilson (99) pour le Nereis. Fig. 137. Chromosomes II propha- siques dans Vllyodrilus (Vejdovsky et Mrazek, o3). Ces pages étaient écrites lorsque nous avons reçu le numéro de l'American Journal of Anatomy (05) contenant l'intéressant mé- moire de K. Foot et E. Strobell sur la prophase et la métaphase I dans YAllolobo- phorafœtida. Les splendides photographies des au- teurs montrent clairement les chromosomes I formés de deux branches diversement en- lacées et divisées longitudinalement. Elles prouvent aussi fort nette- ment que la première cinèse sépare les deux branches de chaque chro- mosome I et enfin que les chromosomes-filles I manifestent encore durant l'anaphase leur division longitudinale. Pour ces points, la description des auteurs est donc une remarquable confirmation du schéma hétéro- homéotypique. Fig. i38. Métaphase I et début de l'anaphase dans Allolobophora Foot, 94)- 336 Victor GRÉGOIRE CHAPITRE SEPTIÈME. Géphyriens. Thalassema (Griffin, 99). Le Thalassema mellita (Griffin, 99) présente des figures absolument semblables à celles que nous avons si souvent rencontrées. L'auteur les interprète d'après le schéma postréductionnel. Nous espérons montrer, au contraire, qu'elles s'expliquent mieux dans l'hypothèse hétérohoméoty- pique (p. 254). Voici la description de Griffin. Les formes de chromosomes peuvent se ramener à un même type : »a doppel rod-, fig. 139. Au fuseau, les deux branches se su- perposent l'une à l'au- tre et se séparent vers les pôles. Dans les cas que l'auteur tient pour Fig. i3q. Chromosomes I définitifs dans le Thalassema (Griffin, qqi. . ,,. typiques, 1 insertion est médiane (p. 235). Les chromosomes-filles prennent ainsi à l'anaphase la forme de V, qui, ensuite, se brisent à leur angle par une division transver- sale. Ainsi constitués, les chromosomes-filles I passent directement au fu- seau II, où ils se dissocient en leurs deux éléments. — Il faut ajouter à cette description que certains chromosomes présentent parfois, d'après l'au- teur, des formes ^unusual and asymetrical". On voit que, en ce qui concerne les formes des chromosomes I et la séparation dicentrique de leurs deux branches à la Ire anaphase, la descrip- tion de Griffin correspond à notre schéma. — Le point qui sert de base à l'interprétation postréductionnelle de l'auteur réside en ce que celui-ci attri- bue à tous les chromosomes une insertion médiane. Ce point, disons-nous, est fondamental dans l'hypothèse de l'auteur. En effet, une insertion médiane uniforme est requise pour qu'on puisse et doive considérer tous les V ana- phasiques comme représentant simplement une branche chromosomique, un chromosome -fille I recourbé, et considérer ensuite la rupture angulaire de ces V comme une division transversale ('). — Or, des fig. 140 et 141, il M 0 0 I ( ' ) Nous avons fait une remarque analogue à propos des observations de Van der Stricht sur le Thysano\oon. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 337 nous semble ressortir avec évidence que le Thalassema présente différents types d'insertion, non seulement l'insertion médiane, mais aussi l'inser- tion intermédiaire et l'insertion presque terminale (v. p. 235). D'ailleurs, ainsi que nous le faisions remarquer plus haut, l'auteur le reconnaît lui- FlG. 140. Formes prétendument c. unusual » des chromosomes I Fig. 141. Métaphase I dans le métaphasiques dans le Thalassema "(Griffin, 99). Thalassema (Griffin,99.i. Diver- ses insertions chromosomiques. même. Seulement, ces différentes formes d'insertion, Griffin les range arbitrairement en typiques et non-typiques et, ne s'attachant qu'aux formes soi-disant typiques, — les insertions médianes, — il ne poursuit pas dans leur évolution les formes -unusual-. Il nous paraît clair, au contraire, qu'il n'y a là ni disposition typique, ni disposition atypique, 'mais simplement, ainsi que dans tous les objets, de la variété dans un détail non essentiel : l'endroit de fixation des chromosomes au fuseau. Ajoutons que la comparai- son des figures du Thalassema avec les images absolument semblables d'une foule d'autres objets suffit à enlever toute hésitation. Ce rapprochement montre que les chromosomes de la fig. 140 sont absolument typiques. Cela étant, il en résulte d'abord que l'interprétation de Griffin, sup- posant une insertion médiane, loin d'être démontrée, est au contraire con- tredite parles figures. Mais de plus, nous sommes convaincu que le Thalas- sema répond pour la première cinèse au schéma hétérohoméotypique. En effet, étant données, d'une part, diverses insertions chromosomiques et étant donné, d'autre part, que tous les chromosomes-filles anaphasiques pos- sèdent au moins la forme de V, il est impossible d'admettre que c'est uni- quement à une insertion médiane que les chromosomes-filles devraient cette forme en V. Certains de ces V anaphasiques doivent être dus à une division longitudinale subie par les chromosomes-filles à insertion terminale ou in- termédiaire, — division qui se trouve d'ailleurs indiquée dans le premier et le second chromosome de la fig. 140. 338 Victor GRÉGOIRE On voit donc que les figures de Griffin, loin d'appuyer le schéma postréductionnel, fournissent, au contraire, pour la première cinèse, de clairs indices du schéma hétérohoméotypique et nous sommes convaincu qu'un examen nouveau du Thalassema y ferait retrouver plus nettement les variétés anaphasiques de chromosomes dont nous avons si souvent parlé : les V simples, les V doubles, les V caudés. En ce qui concerne la seconde cinèse et l'intercinèse, le Thalassema établit d'une façon extrêmement démonstrative que les branches-filles des chromosomes II ne sont pas autre chose, ainsi que l'a bien relevé Griffin, que les moitiés constitutives des chromosomes-filles I anaphasiques. Si donc, — ainsi que tout porte à le penser, — ces moitiés constitutives sont bien des moitiés longitudinales, il en résulte que le Thalassema se rangera définitivement et complètement au schéma hétérohoméotypique. Phascolosoma (Gerould, 04). D'après Gerould, les chromosomes ovocytaires du Phascolosoma ont la forme d'anneaux ou de bâtonnets allongés. Us s'insèrent au fuseau de fa- çon à placer leur grand axe parallèlement à l'axe du fuseau lui-même. Ils se brisent ensuite transversalement, accomplissant ainsi une division réduc- tionnelle. Les chromosomes filles ont la forme d'U et leurs deux branches représentent des moitiés longitudinales. A la seconde cinèse, les U se bri- sent à leur coude et par conséquent la seconde cinèse est équationnelle. Cette description pourrait encore une fois s'adapter au schéma hétéro- homéotypique. Cependant, nous ne pouvons pas la considérer comme défi- nitive. Il faut remarquer qu'elle renferme une grande lacune au point de vue de l'interprétation de l'auteur lui-même. Gerould, en effet, mentionne, à la métaphase I, des bâtonnets droits à côté des anneaux. Or, il n'explique pas comment ces bâtonnets droits se comportent pour donner, à l'anaphase, des chromosomes en U, ni surtout comment les deux branches de ces chro- mosomes en U, même s'ils se produisaient, auraient la valeur de moitiés longitudinales. Pour nous, il est certain que la fig. 1 de l'auteur représente des chro- mosomes à insertion variable, dans lesquels les deux branches constitutives primitives (') se séparent l'une de l'autre vers les pôles. Les anneaux méta- phasiques correspondent à des chromosomes à insertion médiane, et les (') L'auteur ne décrit malheureusement pas les chromosomes prophasiques : c'est une autre lacune. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 339 bâtonnets droits métaphasiqucs correspondent à des chromosomes à inser- tion terminale ou intermédiaire. Et nous sommes convaincu que l'on peut trouver, à l'anaphase I et à la prophase II, non seulement des chromosomes en U, mais aussi des chromosomes en V doubles. CHAPITRE HUITIÈME. Bryozoaires. Dublin (o5) décrit, pour l'ovogénèse dans le Pedicellina, un processus identique à celui qu'il expose pour la spennatogénèse (v. p. 287). Il faut appliquer ici les mêmes remarques que nous avons faites plus haut à propos des recherches de l'auteur sur la spermatogénèse. Ici encore, aucune figure ne démontre que les chromosomes placent leurs deux branches parallèlement à l'axe du fuseau. Au contraire, la comparaison entre les formes de la métaphase et celles de la prophase, le rapprochement entre les figures de Pedicellina et celles de tant d'autres objets, enfin l'épaisseur égale des bâtonnets droits qui remontent aux pôles et des branches des chromo- somes annulaires, tout cela montre que, ici encore, ce sont les deux branches constitutives qui, dans chaque chromosome, se séparent l'une de l'autre à la première cinèse (v. p. 287). Notons en outre que l'intercinèse n'est marquée, d'après l'auteur, par aucun repos et que, de plus, les chromosomes II se montrent, dès qu'ils apparaissent, constitués de deux branches qui se séparent ensuite à la seconde figure. Ce sont là des éléments incomplets encore, mais qui s'accor- dent fort bien avec le schéma hétérohoméotypique. CHAPITRE NEUVIÈME. Tuniciers. Dans le Styelopsis (Julin, 92), le noyau ovocytaire et le noyau sperma- tocytaire contiennent d'abord l'un et l'autre quatre chromosomes que l'au- teur désigne sous le nom de chromosomes primaires. Seulement, tandis que, dans la spermatogénèse, ces quatre chromosomes demeurent indivis, dans l'ovogénèse, au contraire, ils se dédoublent par une division longitu- dinale en huit chromosomes secondaires qui s'isolent les uns des autres. Dans le spermatocyte, les quatre chromosomes primaires se placent à 44 340 Victor GRÉGOIRE l'équateur en deux rangs superposés; ils se dissocient ensuite en deux dyades qui, elles-mêmes, à la seconde figure, se dédoublent en leurs élé- ments. La spermatide ne contient donc qu'un chromosome. Dans l'ovocyte, l'auteur n'a pas observé les cinèses elles-mêmes, mais il constate que le premier polocyte possède quatre chromosomes, tandis que le second polo- cyte et l'ovotide en contiennent chacun deux. Il admet donc que, des 8 chromosomes secondaires, 4 sont demeurés dans l'œuf à la première cinèse et 2 à la seconde cinèse. Les observations de Julin ne sont accompagnées d'aucune figure; d'autre part, elles sont, de l'aveu de l'auteur lui-même, fort incomplètes. Il est donc impossible de se former une opinion au sujet de la maturation dans ces animaux. Il faut pour cela attendre une étude plus détaillée et plus complète. Nous ferons remarquer une seule chose ici : c'est que la dis- cordance signalée par l'auteur entre la spermatogénèse et l'ovogénèse est bien étrange et fort en opposition avec tout ce que nous savons d'ailleurs. CHAPITRE DIXIÈME. Batraciens. Des travaux assez nombreux qui ont paru jusqu'à cette heure sur l'ovogénèse des Batraciens, aucun n'a conclu au schéma postréductionnel. Toutefois, malgré une conclusion finale assez identique, les interprétations des auteurs se contredisent totalement et cela au sujet de figures toutes semblables. Carnoy-Lebkun et ensuite Lebrun ont admis, pour les cinèses maturatives, un mécanisme tout spécial. King, la première, a retrouvé dans le Bufo des caractères du véritable schéma hétérohoméotypique (v. p. 254) et, tout récemment, Janssens s'est rallié, pour le triton, à ce même schéma. Rappelons d'abord les interprétations de Carnoy-Lebrun et de Le- brun. Dans le triton, Carnoy-Lebrun (99) admettent que les chromosomes I sont d'origine nucléolaire : à la fin de la période d'accroissement, ce sont certaines masses nucléolaires qui deviennent les chromosomes de la pre- mière figure. Chacun des nucléoles-chromosomes, de forme allongée, s'at- tache au fuseau par une de ses extrémités, fig. 142, a, et ensuite se clive longitudinalement, fig. 142, b, dans le plan équatorial («division longitu- dinale équatoriale «). Les deux moitiés ainsi formées glissent sur le fuseau de part et d'autre de l'équateur, fig. 142, c, et tout le chromosome tend à prendre la forme d'un bâtonnet parallèle à l'axe de figure. Pendant que se LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 34 1 produit la marche inverse des deux moitiés, tout le bâtonnet subit une di- vision longitudinale nouvelle orientée dans un plan axial (» division longi- tudinale axiale-) et débutant par la portion du chromosome encore couchée à l'équateur, fig. 142, d et e. Par là, le chromosome acquiert deux lobes latéraux que les auteurs appellent les ailes du bâtonnet. Ensuite le mouve- ment ascensionnel vers les pôles s'arrête et un mouvement inverse débute : les deux ailes, une fois formées, tendent à se développer dans le plan équa- c a b c d e f g h * i k l Fig. 142. Schéma de la Ire cinèse d'après Carnoy-Lebrun (99). torial en entraînant de nouveau vers ce plan les portions polaires des chro- mosomes, fig. 142,/. Ce mouvement se continuant, tout le chromosome est bientôt ramené à la forme d'un U couché dans le plan équatorial, fig. 142, g, et dont chaque branche représente une aile. Cet U est fendu dans sa longueur : c'est la trace de la «division longitudinale équatoriale-. Bientôt, il se brise transversalement à son coude, achevant ainsi en réalité la •> division longitudinale axiale, fig. 142, h. Les deux ailes devenues libres et oblitérant pour quelque temps la fente qui les traverse, fig. 142, i, che- vauchent l'une sur l'autre, fig. 142, j, de façon à se superposer, fig. 142, k, et à se séparer ensuite vers les pôles, fig. 142, /. — ■ La seconde cinèse succède à la première sans intervalle de repos. Les V de l'anaphase précédente, fig. 143, a, se rectifient, b, en même temps que re- paraît leur fente lon- a b c de f g h gitudinale, c. Les deux Fig. 143. Schéma de la 2- cinèse d'après Carnoy-Lebrun moitiés longitudinales se détachent l'une de l'autre, d; elles se comportent comme les deux ailes des chromosomes I et finissent par être distribuées aux deux pôles, e-j. D'après les auteurs, la seconde cinèse séparerait donc des moitiés longitudinales formées dès la première cinèse. Mais les deux cinèses s'accompliraient d'après un méca- nisme extrêmement compliqué et tout spécial. 342 Victor GRÉGOIRE Lebrun (02) simplifia considérablement,] dans la suite, cette interpré- tation. D'après l'auteur, les corps nucléolo-chromosomiques prennent d'a- bord la forme d'un bâtonnet couché sur le fuseau suivant l'axe de ce dernier. Ce bâtonnet forme ensuite deux protubérances équatoriales, qui, en s' accroissant et en retirant à elles toute la substance des portions axiales, forment des ailes de plus en plus considérables, en sorte que tout le chromosome finit par prendre la forme d'un U gisant dans le plan équatorial et attaché au fuseau par son coude. Cet U se divise en deux moitiés longitudinales qui se rendent aux pôles. Les chromosomes- filles ainsi formés passent à la seconde figure. Ils s'attachent au fuseau de façon à prendre, eux aussi, comme les chromosomes de la première cinèse, la forme d'U. Ces U se dédoublent ensuite longitudinalement. Avant de faire l'examen des interprétations de Carnoy-Lebrun et de Lebrun, il nous faut exposer les recherches de King (01 et 02) et de Jans- sens (04). King a étudié à deux reprises l'ovogénèse du Bufo lentiginosus. Le premier mémoire de l'auteur décrit un processus hétérohoméotypique (v. p. 254) : les chromosomes sont formés de deux branches entrelacées, présentant les diverses dispositions observées ailleurs et montrant, dès la prophase, les indices d'une division longitudinale. Ces deux branches se séparent à la première cinèse et se divisent longitudinalement à l'anaphase. Les moitiés de cette division reparaissent dans les chromosomes II et sont distribuées aux deux pôles de la seconde cinèse. D'après cette description, incomplètement établie, il est vrai, le Bufo présenterait donc une grande ressemblance avec le Thysano^ooii, étudié par Schockaert. Seulement dans une note préliminaire publiée l'année suivante, King, sans rejeter toutefois le schéma hétérohoméotypique, modifie assez notablement sa description en ce qui concerne la prophase et la métaphase I : l'auteur se rapproche, sur ce point, de l'opinion de Lebrun. Les chromosomes, provenant chacun d'un amas de granules, auraient la forme de « masses irrégulières «. Celles-ci s'é- tendraient sur le fuseau en produisant sur leur corps trois protubérances : deux terminales, une médiane. La protubérance médiane se développerait ensuite aux dépens des parties polaires du chromosome et, en même temps, elle se partagerait en deux ailes. Le V ainsi formé se dédoublerait longitu- dinalement en deux chromosomes-filles. — On voit donc que, sauf la divi- sion anaphasique des chromosomes-filles, la description de King pour la première cinèse se rapproche de celle de Lebrun. Enfin Janssens (04), dans une note préliminaire, décrit en quelques LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 343 mots pour le triton le schéma hétérohoméotypique. L'auteur trouve dans l'ovogénèse du triton des images comparables à celles de la spermatogénèse dans le même animal. Telles sont les diverses interprétations. Dans cette première partie, nous ne toucherons pas la question des rapports entre nucléoles et chromo- somes. Nous ne considérerons ceux-ci qu'à partir du moment où ils sont sur le point de se placer à l'équateur. Une première question concerne la mise au fuseau des chromosomes I et la métaphase I. Rappelons que, dans tous les objets bien analysés, les chromosomes I prophasiques sont constitués de deux branches et que ce sont ces dernières qui, à l'équateur, se superposent l'une à l'autre pour se séparer vers les pôles. D'après Carnoy-Lebrun, Lebrun, King, au con- traire, les chromosomes I ne sont pas, avant leur mise au fuseau, constitués de leurs chromosomes-filles. C'est à l'équateur seulement qu'ils subiraient une première division donnant naissance aux bâtonnets-filles. Il nous semble que la première interprétation ressort clairement des figures de Lebrun considérées en elles-mêmes et de leur comparaison avec celles des autres objets. La fig. 144 montre, dans le Diemyctilus ('), les chromosomes de la fin de la prophase, et la fig. 145, les chromosomes arrivant à l'équateur. Lebrun considère les formes de la fig. 144 comme représentant non pas les deux branches chromosomiques qui constituent Fie. 144. Fin de la prophase I dans le Diemyctilus torosus (Lebrun, 02). Fig. 145. Insertion des chromosomes I au fuseau dans le Diemyctilus torosus (Lebrun, 02). 1 II sera facile d'appliquer aux différentes figures publiées par Carnoy et Lebrun les re- marques que nous allons faire sur le Diemyctilus. 344 Victor GRÉGOIRE régulièrement les chromosomes hétérotypiques, mais comme représentant simplement diverses dispositions éphémères des nucléoles en voie d'évo- lution. Ces images, on le voit, ressemblent extrêmement aux figures habi- tuelles de chromosomes définitifs et métaphasiques, figures qui sont carac- téristiques des cinèses de maturation. Une telle ressemblance nous parait fort éloquente et ne nous semble pas pouvoir s'allier avec l'admission d'une interprétation radicalement différente dans les divers cas. Nous pensons donc que les chromosomes de la fig. 144 montrent déjà les deux branches- filles qui vont se séparer à la première cinèse et que la fig. 145 représente ces mêmes branches, déjà insérées au fuseau et rattachées chacune à un pôle différent. Cela ressort encore de la comparaison entre la fig. 144 et la fig. 145. Dans cette dernière, on reconnaît nettement, superposées l'une à l'autre et rattachées chacune à un pôle différent, les deux branches que l'on distingue dans les chromosomes de la fig. 144. De plus, le Bufo, ainsi que nous allons le voir, montre, on ne peut plus clairement, les deux branches entrelacées des chromosomes propha- siques, fig. 146. Ajoutons enfin que l'étude de toute l'évolution de l'ovocyte, depuis la dernière cinèse ovogoniale, -- telle qu'elle a été résumée par Janssens (04), — confirmera dans notre seconde partie l'interprétation que nous venons de donner. Quant aux observations de King, il faut remarquer que l'auteur a obser- vé en 1901 les formes classiques de la prophase, fig. 146, et il est certain que les chromosomes à trois renflements dont elle parle en 1902 représentent non pas des chromosomes en formation, mais, de même que dans un si grand nombre d'objets, les deux chromosomes-filles en marche vers les pôles et encore attachés l'un à l'autre par leur extrémité équatoriale. Nous trouvons donc dans les observations de Carnoy, Lebrun et King des confirmations de l'interprétation démontrée, en ce qui concerne la métaphase I, pour tant d'objets et qui a été admise par Janssens pour le triton. En ce qui concerne, en second lieu, la suite des cinèses de matura- tion, les diverses descriptions se complètent heureusement. D'abord, King, fig. 147, et Janssens ont observé la division longitudinale anaphasique. Pour juger de la valeur des figures de King, il importe de faire ressortir la LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 345 ressemblance que présentent les bâtonnets anaphasiques de Bufo avec ceux de Thysano\oon (Schockaert). D'autre part, Janssens retrouve, dans l'ovogénèse du triton, les V doubles caractéristiques de tant de cinèses ma- turatives et dont la signification est hors de conteste (v. p. 236-7). ,^^^^zz",~~" Fig. 146. Chromosomes I dans le Bufo lentiginosus Fig. 147. Anaphase I dans le Bufo len- (King, oi). tiginosus (King, 01). Division longitudinale anaphasique. Rappelons enfin que Carnoy et Lebrun ont constaté l'absence de re- pos durant l'intercinèse; que, de plus, King et Janssens ont suivi jusqu'au second fuseau les moitiés longitudinales anaphasiques et que, enfin, ces auteurs ont observé la séparation dicentrique de ces moitiés longitudinales à l'anàphase II. Nous conclurons donc que l'ovogénèse des Batraciens se fait, elle aussi, d'après le schéma hétérohoméotypique (p. 254)- Le travail de Jenkinson (04) sur Y Axolotl, — dont nous n'avons eu connaissance qu'après la rédaction de notre mémoire, — n'étudie pas com- plètement la question actuelle. Il contient cependant quelques données intéressantes, confirmant ce que nous venons de dire. L'auteur observe d'abord une figure métaphasique I, absolument sem- blable à celle de tant d'autres objets. De plus, à la IIde cinèse, il montre, dès le début, des chromosomes complètement divisés en deux branches lon- gitudinales. Puisque, d'après l'auteur, il n'y a pas de repos intercinétique, il est clair que ces branches des chromosomes II ont pris naissance par une division longitudinale des chromosomes-filles I anaphasiques. 346 Victor GRÉGOIRE QUATRIÈME SECTION. SYNTHÈSE GÉNÉRALE. Nous allons maintenant, dans une vue d'ensemble, dégager les traits du schéma qui nous semble appelé à devenir définitif pour la seconde période des cinèses de maturation (') dans les deux règnes. Après avoir classé les différentes descriptions d'après leur portée au sujet de la réduction, nous reverrons chaque stade des cinèses, et cela d'une façon comparée, à la fois dans les deux règnes et dans tous les objets (*). Cette « Synthèse Générale « n'est évidemment qu'un résumé des trois sections précédentes. La démonstration des différents points qui la com- posent doit être cherchée dans l'exposé que nous venons de terminer. § 1. Formes définitives des chromosomes. Le point de départ de la période que nous étudions ici est commun pour tous les objets : partout, la constitution des chromosomes définitifs I est essentiellement la même : ils sont formés de deux branches continues, soit parallèles, soit plus ou moins divergentes, soit disposées en anneaux, soit diversement croisées et entrelacées, et qui parfois peuvent être divisées longitudinalement. Cette conception s'applique d'abord, de l'avis des auteurs eux-mêmes, au plus grand nombre des objets. De plus, nous avons montré que, lorsque toutefois les documents publiés suffisent pour se former une opinion, cette conception s'applique aussi à tous les objets où on a décrit des formes divergentes. A ce sujet, il faut considérer surtout les prétendues tétrades. Il faut bien se garder de mettre sur un même pied toutes les tétrades qu'on a décrites. On doit, au contraire, les grouper en deux catégories : dans certains objets, il serait nécessaire, d'après les figures et le texte des auteurs, (') De la métaphase I à la télophase II. (2) Nous ne tiendrons plus compte ici de certaines descriptions trop incomplètes ni de cer- tains objets trop difficiles à élucider, d'après les observations existantes. Nous renvoyons le lecteur, pour ces cas, aux sections précédentes . LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 347 d'admettre que les groupes quaternes sont composés, comme tous les chro- mosomes maturatifs I, de deux branches, mais que celles-ci seraient dédou- blées transversalement. Dans une seconde catégorie d'objets, au contraire, une telle division transversale n'est impliquée ni dans le texte ni dans les figures des auteurs. Considérons d'abord les tétrades classiques de l'Ascaris. Elles appar- tiennent à la seconde catégorie. Elles sont, en effet, constituées de quatre bâtonnets allongés, juxtaposés latéralement, et par conséquent rien n'y in- dique une division transversale de deux branches chromosomiques (p. 328). Il n'en est pas de même des tétrades du type admis par Rueckert et Haecker. Elles ne pourraient s'expliquer, en effet, que par une division transversale des deux branches chromosomiques ('). Seulement, il faut re- connaître que toutes ces tétrades ne sont qu'apparentes. Rappelons d'abord qu'on a parfois décrit sous ce nom des chromosomes qui n'ont même pas l'aspect de groupes quaternes : Astacus et Hélix (Prowazek), Pteris (Cal- kins). En outre, dans presque tous les cas, une étude nouvelle des objets a montré, non seulement que nombre de tétrades ont été dessinées d'une fa- çon extrêmement schématique : Equisetum, p. 230, Hélix, p. 293, Gryl- lotalpa, p. 269, mais que, de plus, les prétendues tétrades sont constituées comme tous les autres chromosomes. En effet, les branches sont toujours continues et de plus, dans un même noyau, on trouve de soi-disant •'groupes quaternes - associés soit à des chromosomes en V ou en Y, soit à de très longs chromosomes, formes qui ne présentent même pas l'apparence de tétrades (s). Plusieurs circonstances peuvent d'ailleurs rendre compte des aspects tétradiques pris par certains chromosomes. Dans beaucoup de cas, l'ori- gine s'en trouve dans la petitesse même des branches chromosomiques et dans leur tendance à s'arrondir et à se renfler un peu en leurs extrémités. Les chromosomes prennent ainsi facilement, surtout lorsqu'ils sont un peu courbés, l'aspect d'un groupe de quatre sphérules juxtaposées (v. p. 230-1). Dans les copépodes, les apparences de fentes transversales sont dues, en (') Nous ne parlons pas ici des tétrades en croix décrites par plusieurs auteurs dans les insectes. Nous devons réserver leur discussion pour notre seconde partie. (2) Comparer ce que disent des fausses tétrades Bolles Lee (97), Bryce (01), Nekrassoff (o3). Schreiner 04 On voit que nous ne pouvons pas nous ranger à l'avis de Meves (02) qui, tout en se refusant à admettre l'existence d'une cinèse réductionnelle, considère cependant comme établie la formation de tétrades et cela d'après le type décrit par Rùckert et H.ïcker. Selon nous il n'existe aucune tétrade qui soit constituée de deux branches parallèles divisées transversalement. 45 348 Victor GRÉGOIRE partie du moins, au début de l'écartement métaphasique des deux branches chromosomiques (v. p. 317). Outre les exemples de tétrades dont un examen nouveau a montré la vraie signification, il en est quelques autres qui n'ont pas été contrôlés; mais si on tient compte de la comparaison de ces objets avec les objets voisins, il apparaît certain que là aussi il n'y a que de fausses tétrades. Nous conclurons que, dans tous les objets, les chromosomes I, au moment de se ranger à l'équateur, sont composés de deux branches continues, parallèles, divergentes, croisées ou entrelacées. L'étude des deux cinèses de maturation, à partir de la métaphase I, a précisément pour but de rechercher comment se comportent ces deux branches. § 2. Opinions des auteurs au sujet de la IIde période (') des cinèses de maturation. La plupart des observateurs sont partagés entre deux grandes inter- prétations, mais avec des variantes diverses. Outre cela, il faudra mentionner quelques façons de voir particulières. I . Un grand nombre d'auteurs ont adopté le schéma hétérohoméotypique (v. p. 254). A la métaphase I, les branches de chaque chromosome se super- posent l'une à l'autre. Elles se séparent ensuite l'une de l'autre vers les pôles et subissent, dès la métaphase ou durant l'anaphase, une division longitudi- nale («division longitudinale anaphasique*). Après une intercinèse plus ou moins longue, marquée par des transformations plus ou moins accentuées des chromosomes-filles I, ceux-ci reparaissent et, au second fuseau, ils se dissocient en leurs moitiés longitudinales (voir le schéma, p. 252 et 253). Ce type, on le voit et il importe de le noter, laisse ouverte la question de l'existence d'une cinèse réductrice. Ce qu'il implique, c'est que la seconde cinèse n'est pas réductionnelle, mais il ne tranche pas le point de savoir si la première cinèse est équationnelle ou réductionnelle. La solution de cette question dépend, en effet, de la valeur à attribuer, d'après leur origine, aux deux branches constitutives de chaque chromosome I ; elle dépend par con- séquent de l'étude de la première période. Contradictoire avec le schéma (') De la métaphase I à la télophase II. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 349 postréductionnel, le schéma hétérohoméotypique s'associe par lui-même aussi bien avec l'hypothèse préréductionnelle qu'avec l'interprétation eumi- totique. Les auteurs de cette première catégorie sont les suivants : pour la sporogénèse végétale : Strasburger (95), Guignard (98), Grégoire (99), Wiegand (99), Strasburger (00), Juel (00), Koernicke (01), Schniewind- Thies (01), Ernst (02), Farmer-Moore (03 et 04), Gregory (03 et 04), Coker (03), Strasburger (04), Grégoire (04), Rosenberg (04), Allen (04), Over- ton (04); pour la spermatogénèse animale : Meves (96), Mac Gregor (99), Von Ebner (99), Kingsbury (99), Eisen (00), Janssens (01), de Sinéty(oi), Montgomery (00 et 01), Kingsbury (02), Nichols (02), Lerat (02), Me- ves (02), Farmer-Moore (03 et 04), Montgomery (03), Janssens et Dumez (03), Schreiner (04) ; pour ïovogénèse animale : Boveri (90), Bryce (01), KlNG (Ol), SCHOCKAERT (02), LERAT (02), NeKRASSOFF (03), JANSSENS et Elrington (04) et Janssens (04) (')• Certains auteurs, sans adopter ce schéma dans toutes ses parties, ont produit des descriptions qui s'en rapprochent au point de vue de la signi- fication équationnelle de la seconde cinèse. Ce sont : Paulmier (99) et Holmgren (01), d'après qui la première cinèse réaliserait, dans de vraies tétrades, la division transversale, la seconde cinèse séparant, au contraire, les moitiés longitudinales; Carnoy et Lebrun (99), décrivant deux divisions longitudinales simultanées dès la première cinèse, mais d'après un méca- nisme tout particulier; Lebrun (02;, d'après qui la première cinèse aussi bien que la seconde comporteraient une division longitudinale, à la méta- phase; Sargant (96 et 97), Schaffner (01), Dixon (95 et 01) Meves (02), Tschassownikow (05), décrivant une division longitudinale à la seconde cinèse ; Korschelt (95) et Mattiesen (04) admettant, à la première cinèse, la séparation de chromosomes complets, longitudinalement divisés et dont les deux moitiés seraient les chromosomes-filles de la seconde ; enfin Dublin (05) et Gerould (04), d'après qui les deux branches chromoso- miques, — représentant des moitiés longitudinales, — se partageraient en deux segments transversaux au premier fuseau et se sépareraient ensuite l'une de l'autre à la seconde cinèse-. II. Une autre catégorie d'auteurs, assez nombreux, se range au schéma postréductionnel. Tous admettent que les chromosomes-filles II sont (') H faut ajouter Foot et Strobeli. (o5), pour ce qui concerne la première cinèse. 350 Victor GRÉGOIRE produits par une division transversale des chromosomes-filles I ('). Mais les avis sont partagés au sujet du mécanisme des cinèses. Les uns admettent une insertion superposée (p. 232) des branches chromosomiques I. Ce sont celles-ci qui se séparent à la première figure et qui subissent, dèsl'anaphase ou seulement plus tard, une division transversale. Les partisans de cette opinion sont les suivants : pour la sporogénèse végétale : Calkins (97), Atkinson (99) et Ishikawa (97 et 01); pour la sp er m ato genèse animale : vom Rath (92), Calkins (95), Bolles Lee (97), Wilcox (95 et 96), Ancel (03), Bouin et Collin (01); pour Yovogénèse animale : Rueckert (93 et 94), Haecker (95), vom Rath (95), von Klinckovstroem (97), Francotte (97 et 98), Van der Stricht (97), Griffin (99). Linville (00), Vejdowski et Mrazek (03). D'autres auteurs, partisans du schéma postréductionnel, admettent que les deux branches chromosomiques, représentant chacune un chromosome somatique, se juxtaposent au fuseau (v. p. 232), — c'est-à-dire se placent toutes deux dans le plan équatorial, --et que la première figure séparerait des moitiés longitudinales de ces branches. La seconde cinèse, ensuite, distribuerait aux deux pôles ces branches elles-mêmes. Ces auteurs sont : pour les végétaux : Belajeff (94 et 98); pour la spermatogénèse animale : Mac Clung (00 et 02), Sutton (03). III. Les opinions qui, dans leur signification finale, divergent des deux schémas que nous venons de rappeler pourraient s'y rattacher sous le nom de variétés synmixiques {-). Elles admettent, en effet, pour la seconde cinèse, des échanges entre les chromosomes-filles I. — Mottier (03) se range pour la première cinèse au schéma hétérohoméotypique, mais il pense que les chromosomes II pourraient être formés de moitiés longitudinales ayant appartenu à deux chromosomes-filles I différents (v. p. 245). — Haecker (95, 02 et 04) admet, au contraire, pour la première cinèse, le schéma postréductionnel, mais il décrit, durant l'intercinèse et à la pro- phase II, une association, deux à deux, des chromosomes-filles I, suivie de leur segmentation transversale et de la reformation de chromosomes-filles II à l'aide de tronçons transversaux ayant appartenu à différents chromo- somes-filles I (v. p. 32 0- — Gross (04) se rattache au fond à l'interpréta- tion de Haecker. (1) Parmi ces auteurs, plusieurs admettent deux cinèses réductionnelles. (2) Le nom synmyxie est dû à Hacker (02). LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 351 Tels sont les principaux schémas. L'aboutissement des longues discus- sions précédentes, que nous allons résumer ici, a été de démontrer que le schéma hétérohoméoty pique, dans sa première modalité, est seul établi; que, d'autre part, aucune autre interprétation n'est prouvée, et enfin que les descriptions divergeant du schéma hétérohoméotypique contiennent des indices nettement favorables à cette interprétation. C'est ainsi à une unité parfaite que nous pensons pouvoir ramener tous les cas dont l'étude a été suffisamment détaillée. § 3. Insertion des chromosomes I au fuseau. L'étude de l'insertion des chromosomes I au fuseau est de première importance. Elle constitue le point de départ indispensable de toute inter- prétation. On a décrit très différemment la manière dont les chromosomes se placent au fuseau pour constituer la figure métaphasique. Pour la grande majorité des cas, — dans le schéma hétérohoméotypique aussi bien que dans le schéma postréductionnel, — on a admis que les deux branches de chaque chromosome sont, à l'équateur, superposées l'une à l'autre et orien- tées vers deux pôles différents : » insertion superposée « (v. le schéma, p. 232). — Dans un petit nombre d'objets (Belajeff, Dixon, Andrews, MacClung, Sutton), on a décrit une - insertion juxtaposée- : les branches chromoso- miques se placeraient côte à côte, à un même niveau, dans le plan équatorial (v. le schéma p. 232). — Ailleurs, on a admis (Paulmier, Gross, Holm- gren, Dublin, Gerould) que les chromosomes couchent leur grand axe sur le fuseau parallèlement à l'axe de ce dernier. — D'après Korschelt, Henking, Mattiesen, la première cinèse séparerait des chromosomes com- plets constitués, dans XOphryotrocha et les Planaires, de leurs deux branches. — Dans les batraciens, Carnoy-Lebrun, Lebrun, King décrivent, au début de la métaphase, des chromosomes compacts et homogènes non constitués de deux branches ; d'autre part, Bolles Lee, Ancel et Tschas- sownikow admettent, dans Y Hélix, que les deux branches primitives se re- soudent avant la métaphase en un corps chromosomique nouveau, où elles perdent probablement leur indépendance. — Enfin, dans le Cyclops brevi- cornis, Haecker (02) admet que la cinèse I sépare les branches chromoso- miques, seulement l'auteur n'aurait pas observé de véritable métaphase. Telles sont les différentes descriptions. Voyons ce qu'il faut en penser. 352 Victor GRÉGOIRE I. Une chose d'abord est tout à fait certaine, c'est que, dans un très grand nombre de cas, l'insertion est nettement superposée. Cela résulte à toute évidence de la comparaison entre les formes des chromosomes, au moment précis où ils s'insèrent au fuseau, et les formes qu'ils possèdent im- médiatement auparavant. On peut dire, et cela est fort significatif, que l'insertion superposée a été constatée pour tous les cas où, dans les chromo- somes I, les branches constitutives demeurent tout le temps bien distinctes et où on peut ainsi suivre facilement et sûrement leur évolution complète. II. L'insertion juxtaposée, au contraire, n'est démontrée pour aucun cas, et de plus, même là où on l'a décrite, elle doit faire place à une inser- tion superposée. En effet, le Lilium et V Iris ont été réétudiés depuis les travaux de Dixon et de Belajeff et ils ont montré nettement cette der- nière insertion. — Andrews ne fait qu'affirmer son interprétation. — Mac Clung n'apporte aucune figure démonstrative en faveur de l'insertion juxta- posée dans les orthoptères. L'auteur ne produit pas la sériation des stades qui serait requise. D'autre part, la ressemblance de ces objets à chromo- somes coalescents avec les objets voisins à chromosomes clairs et où de Sinéty démontre une insertion superposée, cette ressemblance réclame nécessairement une interprétation identique pour les deux cas. — Enfin, Sutton se contente d'énoncer son interprétation pour le Brachystola sans l'appuyer d'aucun document. III. En ce qui concerne l'interprétation de Paulmier, etc., nous avons vu qu'elle ne ressort en aucune façon des figures publiées, et nous avons montré que les objets étudiés par ces auteurs attendent de nouvelles recherches. IV. Nous avons démontré la même chose au sujet des objets étudiés par Korschelt, Mattiesen, et Henking. L'interprétation de ce dernier auteur est même certainement fausse. V. Dans les batraciens, nous avons vu que les figures de Lebrun et de King montrent nettement, d'abord, des chromosomes composés comme ailleurs de deux branches constitutives et, ensuite, à la métaphase, la super- position de ces deux branches. Janssens annonce d'ailleurs qu'il a retrouvé, dans l'ovogénèse du triton, les figures si claires de la spermatogénèse dans le même animal. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINESES DE MATURATION 353 Quant à l'Hélix, les figures de Bolles Lee, cTAncel et de Tschas- sownikow qui, par elles-mêmes, ne plaideraient pour aucune interprétation, deviennent très claires lorsqu'on les rapproche de toutes les images cor- respondantes auxquelles elles ressemblent parfaitement, et elles doivent aussi s'expliquer par une insertion superposée des deux branches primitives. VI. Enfin, dans le Cvclops brevicornis, nous avons montré que cer- taines figures, considérées par Haecker comme prophasiques, doivent être regardées comme métaphasiques et comme montrant la séparation dicen- trique des deux branches chromosomiques. Nous croyons pouvoir conclure de toute notre étude que, dans tous les cas clairs et complètement étudies, les branches des chromosomes I se su- perposent l'une à l'autre à l'équateur et qu'il faut étendre cette interpréta- tion aux objets moins clairs ou moins complètement analysés. § 4. Anaphase I. — Division longitudinale des chromosomes-filles I. Au sujet de la fin de la métaphase et de toute l'anaphase, il faut tenir compte surtout de deux grandes interprétations : celle qui admet une divi- sion » longitudinale anaphasique « des chromosomes-filles I et celle qui admet, au contraire, une division transversale de ces derniers. Après avoir parlé .de ces deux façons de voir, nous dirons quelques mots de certaines descriptions divergentes. Avant tout, il faut remarquer que l'élucidation des phénomènes de l'anaphase I dépend de deux points qui ont été souvent négligés et dont l'omission a entraîné de graves erreurs d'interprétation. Ces deux points sont, d'abord, la variété des formes métaphasiques due à la diversité des points d'attache des chromosomes au fuseau : — les chromosomes peuvent présenter une insertion soit terminale ou a peu près, soit médiane ou à peu près, soit intermédiaire ou à peu près (voir p. 235); — et, ensuite, la variété des formes anaphasiques : dans la plupart des cas, en effet, il n'y a pas seulement, — ainsi qu'on l'a souvent décrit, — des chromosomes en forme de V simples, mais aussi des chromosomes en V caudés ou en V doubles (v. p. 236-7). Nous avons relevé souvent l'importance de ces deux faits. I. En premier lieu, il est certain que, dans de très nombreux cas, ■— tous ceux où on l'a décrite (v. p. 236, 256 et 297) — il se produit, à la fin de la métaphase ou à l'anaphase, une division longitudinale des chromo- 354 Victor GRÉGOIRE somes-filles I (» divison longitudinale anaphasique «). Cela résulte à toute évidence de la comparaison des formes chromosomiques de la fin de la métaphase ou de l'anaphase avec les formes du début de la métaphase. La présence concomitante, durant l'ascension polaire, de V simples, de V eau- dés, de V doubles ou au moins de deux de ces formes, ne trouve son expli- cation que dans une division longitudinale subie par des chromosomes-filles à insertions diverses. Si, parmi les cas décrits, il en existe quelques-uns qui ne sont pas com- plètement démonstratifs, la parfaite ressemblance qu'ils montrent avec les objets plus clairs et plus complètement étudiés ne laisse place à aucun doute sur leur interprétation. Nous insistons tout spécialement sur cette ressemblance parfaite qui existe entre toutes les tétradogénèses tant animales que végétales, qu'il s'agisse de sporocytes, d'ovocytes ou de spermatocytes. Cette ressemblance est vraiment très frappante et, ainsi rapprochés, les objets s'éclairent et se complètent l'un l'autre. Il faut d'ailleurs relever dès maintenant un fait d'une haute significa- tion : c'est que, toutes les fois qu'on a repris de plus près l'étude d'objets où l'on avait d'abord nié une division longitudinale anaphasique, les nou- velles recherches ont abouti à établir cette division (Liliitm, Trillium, Pte- ris, Allium, Iris, Thysano\oon, Cyclops strenuus, Orthoptères, Mollusques, Batraciens, Poissons). Ajoutons enfin que, dans plusieurs objets, les chromosomes-filles I montrent, dès la prophase, l'ébauche d'une division longitudinale. II. D'autre part, il faut reconnaître que l'on n'a, dans aucun cas, dé- montré l'existence, à l'anaphase, de chromosomes-filles I divisés transversa- lement. Il y a plus : même dans les cas où l'on a décrit une apparence de ce genre, c'est plutôt une division longitudinale qu'il faut admettre, du moins, dans les objets où les observations actuellement existantes per- mettent de se former une opinion. C'est d'abord dans certains objets dont les chromosomes seraient en tétrades qu'on a décrit cette division transversale anaphasique des chromo- somes-filles I (Vom Rath, Ruckert, Hacker (95), Calkins, Atkinson); dans plusieurs cas même, l'admission de cette hypothèse ne reposait que sur la constatation de prétendues tétrades. Or, d'une part, nous avons vu que, dans les objets dont nous parlons ici, les tétrades ne sont qu'apparentes : en réalité, les deux branches chromosomiques sont parfaitement continues. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 355 D'un autre côté, les observations ultérieures sur ces différents objets ou sur des objets voisins ont fait reconnaître non seulement que les premières des- criptions avaient été trop schématiques, mais que, de plus, la métaphase et l'anaphase y présentent les mêmes formes que dans les objets de la pre- mière catégorie, formes ducs à des insertions variables et à une division longitudinale anaphasique. Nous croyons même avoir montré que les images du Cj'rtops brevicornis doivent probablement s'interpréter dans ce sens. On a de plus décrit une division transversale anaphasique dans des objets dépourvus de tétrades même apparentes et possédant des chromo- somes allongés. On se fondait, dans ce cas, sur différentes raisons. Parfois, on partait de l'existence d'une insertion juxtaposée (v. p. 232) [Belajeff, Andrews, Strasburger (97) et Mottier (97)]; mais nous avons vu que l'in- sertion est toujours superposée (v. p. 232) et cela est très clair notamment dans les objets étudiés par les auteurs que nous venons de citer. — Dans d'autres cas, l'hypothèse d'une division transversale anaphasique repose, d'une part, sur l'insertion médiane de tous les chromosomes et, d'autre part, sur la présence exclusive de V simples, brisés en leur angle, à l'anaphase (Atkinson, Ishikawa, Griffin, Van der Stricht). Or, ceux de ces objets qui ont été réétudiés ont montré les insertions variables et les formes ana- phasiques diverses en V simples, en V caudés, en V doubles; même, nous l'avons vu, les figures des auteurs dont nous parlons en ce moment mon- trent ces différents caractères. — Dans un autre cas encore, Wejdowsky et Mrazek (03) expliquent la division transversale anaphasique par un replie- ment des chromosomes-filles I suivi de leur rupture à l'angle de repliement. Nous avons vu que ces auteurs ne démontrent pas ce repliement et que leurs figures s'expliquent très naturellement dans le schéma hétérohoméo- typique. — Enfin, comme fondement de l'hypothèse que nous discutons maintenant, Linville (00) mentionne un étranglement observé dans les chromosomes-filles I. Cet étranglement, qui serait perpendiculaire, d'après l'auteur, à l'axe du fuseau, est certainement dépourvu de toute signification. On voit donc qu'aucun cas de division transversale anaphasique n'a été établi et que, même dans les objets où ce phénomène a été décrit, c'est plutôt une division longitudinale anaphasique qu'il faut admettre. III. Il nous reste à dire un mot au sujet des descriptions de l'anaphase qui ne rentrent pas, du moins complètement, dans l'un des schémas géné- raux que nous venons de discuter. De ce nombre sont d'abord les interprétations qui se rapprochent de 46 356 Victor GRÉGOIRE l'hétérohoméotypie en ce qu'elles admettent des chromosomes-filles I dédou- blés longitudinalement à l'anaphase, mais qui s'en séparent en décrivant une constitution ou une insertion toute spéciale des chromosomes I (Paulmier, Holmgren, Dublin, Gerould). Nous avons montré que ces travaux ne peuvent passer pour définitifs. Les figures de Holmgren, entre autres, contiennent des indices évidents que le Sylpha se rattache aux formes ha- bituelles. Un bon nombre d'auteurs n'ont rien décrit de spécial durant l'ana- phase I : les uns admettent d'ailleurs une division longitudinale à la seconde cinèse et se rattachent ainsi au schéma hétérohoméotypique (Sargant, Dixon, Meves (02) Lebrun (02), Moore (96); d'autres, au contraire, y ad- mettent une division transversale et se rattachent par conséquent au schéma postréductionnel (Bolles Lee, Ancel, Bouin-Collin, Mac Clung, Sutton); d'autres enfin ne se rallient à aucune interprétation (Conklin, Lillie). Il faut remarquer en premier lieu, comme nous le verrons bientôt, que la division transversale admise par quelques-uns de ces auteurs à la seconde cinèse n'est pas démontrée ou même est contredite par les figures (Bolles Lee, Ancel, Bouin-Collin); ensuite, que plusieurs de ces observations ont été complétées par des recherches faites dans les mêmes objets ou dans des objets tout voisins, et que cette nouvelle étude a fait découvrir la division longitudinale anaphasique (c'est le cas pour les observations de Sargant, Dixon, Mac Clung, Lebrun, Moore'); de plus, que certains objets n'ont été qu'incomplètement étudiés ou sont trop défavorables à ce genre de recherches (Conklin, Lillie, Bouin-Collin); enfin, que la ressemblance parfaite, des figures dessinées avec celle d'autres objets plus clairs [Meves (02)] ou même certains indices des figures des auteurs (Bolles Lee, Tschas- sownikow) rendent infiniment probable que l'on découvrira, dans les objets où on ne l'a pas encore vue, une division longitudinale anaphasique. En ce qui concerne les descriptions toutes spéciales de Carnoy et Lebrun, Lebrun, Korschelt, Henking, Rawitz, Labbé, Mattiesen, nous avons vu que, toutes, elles réclament des compléments et des corrections et que celles qui ont été reprises ont abouti à confirmer notre schéma. Nous pouvons conclure et résumer en disant que, dans un très grand nombre d'objets, il est certain que les chromosomes-filles I subissent une division longitudinale anaphasique ; que, d'autre part, on n'a établi aucun cas opposé à ce type et que même les indices fournis par les observations LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 357 existantes plaident en faveur de l'extension de ce schéma à tous les objets dont l'étude n'a pas été par trop imparfaite ou par trop difficile. Nous tenons d'ailleurs à rappeler encore ici le fait extrêmement signi- ficatif que nous avons déjà relevé plus haut, nous voulons dire la modifica- tion dans un sens hétérohoméotypique, de toutes les descriptions postréduc- tionnclles dont les objets ont été étudiés à nouveau. C'est cette convergence des observations détaillées et approfondies vers le schéma que nous défen- dons ici qui autorise notre espoir d'arriver sur ce terrain et sur cette base à l'unité tant désirée. § 5. La seconde cinèse. Tels étant les phénomènes de la première cinèse, la question qui se présente est celle de savoir si les moitiés longitudinales anaphasiques I sont destinées à se séparer l'une de l'autre à la seconde figure, si elles constituent en un mot les chromosomes-filles de la seconde cinèse. C'est bien cette inter- prétation, nous l'avons démontré, qui est la vraie. Nous rappellerons d'abord ce qui concerne la seconde cinèse, puis les phénomènes de Vinter cinèse. La plupart des auteurs sont d'accord au sujet des deux points suivants qui sont le résumé de toute la seconde cinèse : les chromosomes II sont, dès le début de la prophase II, constitués de deux branches; ce sont ces branches qui représentent les chromosomes-filles de la seconde cinèse et vont, dans chaque chromosome, se séparer l'une de l'autre à l'équateur du fuseau. Ces deux points, qui sont peut-être ceux au sujet desquels l'accord est le plus parfait entre les auteurs, ressortent à toute évidence d'un très grand nombre de documents. Plusieurs observateurs se sont cependant opposés à cette interprétation. Sargant, Schaffner et Dixon (ce dernier avec beaucoup de réserve) ont décrit une division longitudinale des chromosomes à la me'taphase II. Mais ces auteurs ne démontrent pas leur interprétation et les études reprises sui- des objets identiques ou voisins ont corrigé et complété ces descriptions sûrement erronées. — D'autres auteurs (Ernst, Meves (96), Mac Gregor, Schreiner) auraient vu les chromosomes II d'abord indivis subir à la prophase une division longitudinale qui serait la réapparition de la division anaphasique. Cette description n'est pas radicalement incompatible, nous le verrons bientôt, avec l'ensemble des observations. Néanmoins, en présence des données acquises sur des objets voisins et en tenant compte des figures 35« Victor GREGOIRE des auteurs, nous ne croyons pas pouvoir accepter sans contrôle ces inter- prétations. Les figures de Ernst surtout ont été mal expliquées; elles mon- trent, dès le début de la prophase, des chromosomes-filles nettement distincts et ce sont des aspects d'alvéolisation chromosomique que l'auteur a pris pour des indices de division longitudinale. -- Bolles Lee, Ancel, Bouin- Collin décrivent une division transversale à la métaphase II. Nous avons montré que, d'après les figures des auteurs, les chromosomes II sont, dès la prophase, constitués de leurs branches-filles («). -- Reste enfin l'interpré- tation synmixique de Haecker. Nous avons vu que, même si elle était vraie pour le Cyclops brevicornis, elle ne pourrait en tout cas s'appliquer à aucun des objets auxquels Haecker a pensé pouvoir l'étendre. De plus, l'interpré- tation que nous avons donnée pour la première cinèse dans le Cyclops bre- vicornis (division longitudinale anaphasique) semble exclure, même pour cet animal, l'interprétation de Haecker. § 6. Intercinèse. C'est surtout dans l'étude de ce stade que le rapprochement comparatif des observations apporte une vive lumière. Il montre, à toute évidence, que les moitiés longitudinales anaphasiques I vont devenir les chromosomes- filles II. Pour que cela se vérifie, il faut en premier lieu que les chromosomes- filles I gardent, durant l'intercinèse, leur autonomie intégrale, c'est-à-dire il faut que les chromosomes-filles I deviennent, après l'intercinèse, les chro- mosomes II; il faut en second lieu que les deux branches constitutives des chromosomes II prophasiques soient bien les moitiés longitudinales des chromosomes-filles I. Or, ces deux points sont certains. I. Le premier résulte des considérations suivantes. Dans un grand nombre de cas, les chromosomes-filles I passent directement, sans aucune reconstitution nucléaire, au fuseau de la seconde figure : Convallaria (Schnie- wind), Pallavicinia (Farmer, Moore), Tricyrtis (Ikeda); Thysano^oon, in- sectes, mollusques, poissons, batraciens. Dans une autre série de cas, très nombreux aussi, la vacuole nucléaire se reforme et les chromosomes subis- sent une alvéolisation, parfois à peine marquée, parfois plus ou moins pro- noncée. Néanmoins, il n'y a ni peloton-fille à l'anaphase I, ni peloton-mère (') Le travail de Tschassownikow a confirmé notre interprétation. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 359 à la prophasc II; de plus, tout le temps que dure l'intercinèse, les chromo- somes-filles I conservent des contours latéraux nettement distincts. Ces deux groupes de cas, où l'autonomie complète des chromosomes est donc évi- dente, comprennent la plupart des objets. Outre ces cas, il en existe quelques- uns où la reconstitution nucléaire, - - l'alvéolisation des chromosomes-filles I, — est assez avancée pour amener la formation d'un réseau chromatique au sein duquel on perd de vue la trace latérale des chromosomes. Mais ces cas, — où d'ailleurs il n'existe pas non plus de peloton continu, — ne peuvent faire aucune difficulté. Il est clair en effet que, s'ils ne démontrent pas l'autonomie des chromosomes, ils ne prouvent pas non plus le contraire. Ils pourraient tout au plus, considérés en eux-mêmes et isolément, laisser la question en suspens. Seulement, il est de toute évidence que ces quelques ob- jets doivent s'interpréter à la lumière de l'ensemble des cas que nous avons rappelés plus haut dans nos deux premiers groupes. Cela est évident, d'abord, parce que les figures de première et de seconde cinèse présentent partout une identité remarquable et exigent donc partout une intercinèse de portée identique. Cela est évident ensuite parce que ces cas à noyaux réticulés ne constituent pas une disposition diamétralement opposée aux autres : ils représentent pour ainsi dire le chaînon ultime d'une série graduelle de dis- positions d intercinèse dont les unes sont constituées par un passage direct de la première à la seconde division et dont les autres réalisent des approxi- mations de plus en plus accentuées vers le réseau quiescent. Cette gradation, qui relie toutes les formes d'intercinèse, justifie sans aucun doute possible une interprétation identique pour tous les cas. Enfin, tout cela est encore renforcé d'une façon invincible par le fait que, dans un même objet, — Triton (Janssens), Thysano\oon (Schockaert), — on trouve, selon les cas, différentes dispositions intercinétiques, soit le passage direct, soitun réseau quiescent. Il est donc certain, absolument certain, que, dans tous les objets, les chromosomes-filles I gardent leur autonomie durant l'intercinèse et devien- nent les chromosomes II. II. Il n'est pas moins certain, en second lieu, que les branches com- posantes des chromosomes II prophasiques sont bien les moitiés longitu- dinales anaphasiques I. Cela résulte nettement de la comparaison de toutes les observations que nous possédons sur l'intercinèse. Voyons, pour commencer, les objets où on a décrit une division longitu- dinale anaphasique. Nous y distinguons encore, comme dans le paragraphe 36o Victor GRÉGOIRE précédent, trois séries de cas. Dans les objets où le passage de la première cinèse à la seconde est direct, on suit sans discontinuer les deux moitiés longitudinales anaphasiques jusqu'au fuseau IL Cela est assez rare dans les végétaux [Convallaria et probablement Tricyrtis), mais se vérifie assez fréquemment dans les animaux. Dans la seconde série de cas, caractérisée pas une reconstitution nucléaire incomplète, il arrive souvent aussi que les deux branches longitudinales, surtout dans les V simples et les V caudés, demeurent nettement dictinctes durant toute l'intercinèse : le Trillium, le Desmognathus, entre autres, en fournissent de beaux exemples. Enfin, les cas de reconstitution nucléaire assez complète doivent encore, et pour les raisons données plus haut, s'interpréter à la lumière des autres. Il est même possible que, durant l'intercinèse, les moitiés longitudinales en arrivent à se rapprocher si étroitement que le chromosome total de la prophase II paraîtrait d'abord indivis. Cela n'empêcherait pas que, même dans ces cas, il faudrait admettre que les moitiés longitudinales anaphasiques I ont gardé leur autonomie et deviennent les moitiés constitutives des chromosomes II. Il importe d'ailleurs de remarquer que, à la fin de l'anaphase, les branches longitudinales sont, l'une par rapport à l'autre, tout aussi indé- pendantes que le sont, les uns par rapport aux autres, les chromosomes d'un diaster somatique. Le problème de leur persistance autonome à travers l'intercinèse n'est donc pas plus difficile que celui de la persistance auto- nome des chromosomes somatiques au sein du repos nucléaire. Parmi les objets pour lesquels on a décrit une division transversale ana- phasique I ou bien pour lesquels on n'aurait observé rien de spécial à l'ana- phase I, ceux dont l'étude n'a pas encore été reprise ne peuvent fournir aucun renseignement complet sur le point actuel. Toutefois, — en écartant les objets dont l'étude a été par trop fragmentaire ou bien s'est montrée trop ardue, — on peut, d'après les figures des auteurs et en s' aidant de la comparaison avec les objets voisins, conclure sans hésiter que, toujours, les deux branches composantes des chromosomes II sont des branches qui, dès l'anaphase I, se trouvaient différenciées dans les chromosomes-filles I. D'autre part, nous savons qu'aucun cas n'a été démontré de division trans- versale anaphasique et qu'au contraire les objets sur lesquels nous possédons assez de documents se prêtent mieux à l'admission d'une division longi- tudinale anaphasique. Il ne nous semble donc pas téméraire d'admettre que, dans tous les cas, ce sont des moitiés longitudinales anaphasiques I qui deviennent les chromosomes-filles IL LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 36 1 § 7. Conclusion générale. — État de la question des cinèses de maturation. Nous pouvons donc, en terminant, répéter la conclusion que nous an- noncions au début de ce travail : dans un grand nombre d'objets, le pro- cessus des cinèses de maturation répond parfaitement à un seul et même schéma, le schéma hétérokoméotypique tel que nous l'avons défini p. 254. » 1) Les deux branches constitutives des chromosomes I définitifs se séparent l'une de l'autre, dans chaque chromosome, à la première cinèse. 2) Les chromosomes-filles I subissent, dès la fin de la métaphase ou durant l'anaphase, une division longitudinale. 3) Les chromosomes-filles I, ainsi constitués, gardent, durant l'inter- cinèse, leur autonomie. Les chromosomes-filles I deviennent les chromo- somes II et les moitiés longitudinales anaphasiques deviennent les branches constitutives des chromosomes II. 4) Ce sont ces branches, — et par conséquent les moitiés longitu- dinales anaphasiques, — qui se séparent, dans chaque chromosome, à la IIde figure. « En ce qui concerne les autres objets, — si l'on ne considère que ceux dont l'étude n'est pas à abandonner complètement ou à refaire d'une ma- nière plus approfondie, — il faut dire que, loin d'apporter aucune preuve contre le schéma établi pour le premier groupe, ils fournissent au contraire des indices très nets de ce schéma. Le schéma hétérohoméotypique, nous l'avons fait remarquer plusieurs fois, ne s'oppose qu'au seul schéma postréductionncl et force à conclure uni- quement que, s'il existe une cinèse réductrice, ce ne peut pas être la seconde cinèse de maturation. — Cinèse réductrice, disons-nous, et nous voulons signifier par là une cinèse qui distribuerait aux deux pôles des chromosomes somatiques complets et qui donc effectuerait réellement la réduction d'un nombre n de chromosomes à un nombre — . 2 Mais deux possibilités restent ouvertes au sujet de l'existence d'une semblable cinèse et toute la question porte sur la valeur à attribuer aux branches constitutives des chromosomes I. Si l'on tient ces dernières pour de véritables moitiés longitudinales d'un segment chromatique primitif, il faudra dire que la cinèse hétérotypique est équationnelle au même titre que la cinèse homéotypique. Si, au contraire, on démontre que les deux branches 362 Victor GRÉGOIRE représentent chacune un chromosome somatique complet, il en résultera que la cinèse hétérotypique, en dissociant ces deux branches, serait l'artisan de la vraie réduction. Dans la première hypothèse se vérifierait le schéma eumitotique; dans la seconde, au contraire, le schéma préréductionnel. La question du mécanisme de la réduction numérique se trouve donc ramenée pour tous les objets à un seul point : comment se forment les branches composantes de chacun des chromosomes I définitifs? L'étude de ce problème fera l'objet de notre seconde partie. Disons-le dès maintenant, c'est le schéma préréductionnel dont nous espérons démontrer la réalité ('). En terminant cette première partie de notre travail, nous rappelons encore que les pages précédentes ne constituent qu'un essai. Notre but sera atteint si l'on reprend ou si l'on expose avec plus de détails les observations litigieuses dont nous avons révoqué en doute la valeur probante. Nous avons eu, au cours de ce travail, à formuler d'assez nombreuses critiques. Nous nous sommes résigné à le faire parce que nous avons conscience d'être prêt à reconnaître, si on nous le démontre, — que nous nous sommes trompé. (') Nous aurons aussi, dans notre seconde partie, à caractériser complètement l'hétérotypic et l'homéotypie et à faire ressortir les traits qui les distinguent des cinèses somatiques. BIBLIOGRAPHIE. N. B. Cette liste bibliographique est loin de comprendre tous les mémoires qui ont été publiés sur la question de la maturation. D'abord, nous ne nous oc- cupons, dans notre première partie, que des travaux qui concernent la seconde pé- riode des cinèses maturatives. De plus, nous avons omis à dessein, dans notre re- vue critique, de nous arrêter à bon nombre de travaux qui ne contiennent que des données par trop incomplètes, ou dans lesquels les auteurs se contentent d'exprimer leur opinion sans l'appuyer d'aucun document. Notre liste bibliographique ne com- prend que les mémoires dont nous avons fait l'examen. L'astérisque indique les travaux que nous n'avons pas eus à notre disposition. Quelques erreurs se sont glissées dans l'indication des dates, au cours de notre mémoire ; le lecteur les rectifiera aisément I. Sporogénèse végétale. 1904 Allen, C E. : Chromosome réduction in Lilium canadense ; Bot. Gaz., vol. XXXVII. igo5 » •' Nuclear division in the Pollen mother-cells of Lilium canadense; Annals of Botany, vol. XIX. 1901 Andrews, F. M. : Karyokinesis in Magnolia and Liriodendron with spécial référence to the behavior of the chromosomes; Beih. z. Bot. Centralbl., XI. 1899 Athinson, G. F. : Studies on réduction in plants; Bot. Gaz., XXVIII. 1894 Belajeff, W. : Zur Kenntniss der Karyokinese bei den Pflan- zen ; Flora. 1898 » : Ueber die Reductionstheilung des Pflanzen- kerns; Ber. Bot. Ges., vol. XVI. 1904 Berghs, J. : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. I. Depuis le spi- rème jusqu'aux chromosomes mûrs dans la mi- crosporogénèse à'Allium fistulosum et de Lilium lancifolium (speciosum) ; La Cellule, t. XXI. 47 364 Victor GREGOIRE 1897* igo3 1899 i8g5 1901 1900 1902 1894 i8g5 1895 i8g5 igo3 1904 1899 1899 igo3 1904 Calkins, G. N. Coker, W. C. Davis, Br. M. Dixon, H. Duggar, B. M. Ernst, A. F armer, J. B. Fariner, J. B., and Moore Grégoire, V. Grégoire. V., et Wygaerts, A. Grégoire, V. Chromatin-reduction and tetrad-formation in Pteridophytes ; Bull . Torrey Bot. Club, vol. XXIV. On the Gametophytes and Embryo of Taxo- dium; Bot. Gaz., vol. XXXVI. The spore mother cell of Anthoceros ; Bot. Gaz., XXVIII. On the chromosomes of Lilium longiflorum; Proc. of the Roy. Irish Academy. On the first mitosis of the spore mother cells of Lilium; Notes from the Botanical Labora- tory of Trinity Collège, Dublin. Studies on the development of the pollen- grains in Symplocarpus and Peltandra; Bot. Gaz., XXIX. Chromosomenreduktion, Entwickelung des Em- bryosackes und Befruchtung bei Paris quadri- folia L. und Trillium grandiflorum, Salisb.; Flora, vol XCI. Studies in Hepaticse; Ann. of Bot., VIII. On spore formation and nuclear division in Hepaticse; Ann of Bot., IX. Ueber Kernteilung in Liliumantheren, beson- ders in Bezug auf die Centrosomenfrage ; Flora. On the division of the chromosomes in the first Mitosis in the Pollen mother cell of Li- lium; Journ. of the Roy. Micr. Soc. New investigations into the réduction pheno- mena of animais and plants; Proc Roy. Soc, vol. LXXII. On the maiotic Phase (Réduction Divisions) in animais and plants ; Quart. Journ. micr. Science, vol. XLVIII. Les cinèses polliniques dans les Liliacées; Bot. Centralbl. Les cinèses polliniques dans les Liliacées ; La Cellule, t. XVI. La reconstitution du noyau et la formation des chromosomes dans les cinèses somatiques, I; La Cellule, t. XXI. La réduction numérique des chromosomes et les cinèses de maturation; La Cellule, t. XXI. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 365 igo3 1904 189S 1898 1884 1902 1897 1897 1903 1904 1902 Heuser, E Ikeda, T. Ishikawa, C. 1901 » 1900 Juel, H. 0. 1901 Koemiche, M. 1904 Merriman, M, 1903 Moore, Andrew C. 1897 Motiier, D. M Gregory, R. P. : The réduction division in Ferns; Proc. Roy. Soc, vol XXIII. » : Spore formation in Leptosporangiate Ferns ; Ann. of Bot., vol. LXXI. Giiignard, !.. : Les centres cinétiques chez les Végétaux; Ann. Se. Nat., Bot. » : Le développement du pollen et la réduction chromatique dans le Najas major ; Arch. de l'Anat. micr., t. II. : Beobachtungen ùber Zellkernteilung ; Bot. Cen- tralbl., vol. XVII. .• Studies on the physiological functions of anti- podals and related phenomena of fertilization in Liliaceae. I. Trycirtis hirta; Bull, of the Coll. of Agr., Tokyo. : Studies on reproductive éléments. Die Entw. der Pollenkœrner von Allium fist. ; Journ. Coll. Se. Imp. Univ. Tokyo, vol. X. : Ueber die Chromosomenreduktion bei Larix leptolepis; Beih. z. Bot. Centralbl., vol. XL : Beitrage zur Kenntnis der Tetradenteilung ; Jahrb. f. wiss. Bot., vol. XXXV. : Studien am Embryosack-Mutterzellen ; Sitzb. d. Niederrh. Ges. : Végétative Cell division in Allium; Bot. Gaz., XXXVII. : The mitoses in the spore mother cells of Pal- lavicinia; Bot. Gaz , vol. XXXVI. : Beitrage zur Kenntnis der Kernteilung in den Pollenmutterzellen einiger Dikotylen und Mo- nokotylen ; Jahrb. wiss. Bot., vol. XXX. » : Ueber das Verhalten der Kerne bei der Ent- wicklung des Embryosackes etc. ; Jahrb. wiss. Bot., vol. 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Bot. Ges., vol. XV. : Ueber Reduktionsteilung, Spindelbildung, Cen- trosomen etc. ; Jena. : Ueber Reduktionsteilung; Sitzungsber. Koenigl. Preuss. Akad. Wiss., vol. XVIII. : The development of the microsporangium and microspores in Convallaria and Potamogeton ; Bot. Gaz., vol. XXVIII. : Studies in the Dictyotaceae. I. The Cytology of the Tetrasporangium and the germinating Tetraspore; Ann. of Bot, vol. LXIX. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 367 II. Spermatogénèse et ovogénèse animales. UjOO 1896 1902 1903* 1905 1901 Ancel P. Auerbach, L. Blackmanu, M. Il' Bonnevic, K. Bouiii, P. et Collin, R. 1887 Boveri, Th. 1888 » 1890 » 1904 » 1892 Brauer, A . 1892* » 1901 Bryce, Th. II. 1902 » 1895 Calhins, N. G. 1886 Carnoy, J. B. 1887 » 1897- 1900 Carnoy ci Lebrun : Histogenèse et structure de la glande herma- phrodite d'Hélix pomatia; Archives de Biologie, vol. XIX. .- Untersuchungen ùber die Spermatogénèse von Paludina vivipara; Jen. Zeitschr. f. Naturwiss., vol. XXX. (N. 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XVII. .- The development of Phascolosoma ; Arch. de Zool exp. et génér., Notes et Revue. : Studies on the maturation, fertilization and cleavage of Thalassema and Zirphsea ; Journal Morph., vol. XV. : Die Eibildung bei Cyclops und Canthocamptus ; Zool. Jahrb., vol. V. ; Das Keimblàschen, seine Elemente und Lage- veninderungen ; Arch. f. mikr. Anat., vol. XLI. : Die Vorstadien der Eireifung; Arch. f. mikr. Anat., vol. XLV. : Ueber die Selbststàndigkeit der vàterlichen und LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 369 1897 189S 1899 1899 1902 1904 1891 1904 1888 1890 igo3 1901 1900 1901 igo3 1904 Haeckcr, V. mùtterlichen Kernsubstanz vvahrend der Em- bryonalcntwicklung von Cyclops brevicornis ; Arch. f. mikr. Anat , vol. XLVI. Weitere Uebereinstimmungen zwischen den Fort- pflanzungsvorgiinge der Thiere und Pfianzen ; Biol. Centralbl., W 17. » : Ucber vorbereitende Teilungsvorgânge bei Tie- ren und Pflanzen ; Verh. d. Zool. Ges., vol. VIII. » : Die Reifungserscheinungen; Ergebn. Anat. u. Entw. Gesch., vol. VIII. » : Praxis und Théorie der Zellen- und Befruch- tungslehre. Jena. » : Ueber das Schicksal der elterlichen und gross- elterlichen Kernanteile. Morphologische Beitrâge zum Ausbau der Vererbungslehre ; Jen. Zeit- schr f. Naturwiss., vol. XXXVII. » : Bastardierung und Geschlechtszellenbildung. Ein kritisches Référât ; Weismannsche Festschrift. Henking, H. : Ueber Spermatogenese und deren Beziehungen zur Eientwicklung bei Pyrrhocoris apterus L. ; Zeitschr. wiss. Zool., vol. LI. .- Les Insectes Paris. : Beitrâge zur Histologie des Hodens; Arch. f. mikr. Anat., XXXIV. : Vergleich der Ei- u. Samenbildung bei Nema- toden ; Arch. f mikr. Anat., vol. XXXVI. : Eireife und Befruchtung. In : Handbuch der vergleich. und experim. Entwickelungslehre der Wirbeltiere, herausgeg. von O. Hertwig. Ueber den Bau der Hoden und die Sperma- togenese von Silpha carinata ; Anat. Anz., vol. XXII. : Rapprochement entre les cinèses polliniques et les cinèses sexuelles dans le testicule des Tritons; Anat. Anz., vol. XVII. « : La spermatogenese chez les Tritons ; La Cel- lule, t. XIX, 1. Jansscns et Dumez : L'élément nucléinien pendant les cinèses de maturation des spermatocytes chez Batracho- seps attenuatus et Pletodon cinereus ; La Cel- lule, vol. XX. 2. faussais et Elringion : L'élément nucléinien pendant les cinèses de Henneguy, F. Henuann, F. Hertwig, O. Hertwig, R. Holmgren, Nils Janssens, F. A . 370 Victor GRÉGOIRE 1904 1904 1892 1901 1902 1899* 1902 1897 1902 1897 1898 189S Jansscns, F. A. Jenkinson jfulin, Ch. King, Helen D. Kingsbury, B. F Klinckowsirôm, A . V. 1895 Korschdt, E. 1903 Korscliclt und Heider 1904 Labbé, A 1902 Lebrun, H. Lee, A . (Balles) Lenhossek, M. V. Louhjanow, S. M. maturation dans l'œuf de YAplysia punctata; La Cellule, vol. XXI, 2. ■ Das chromatische Elément wâhrend der Ent- wickelung des Ovocytes des Triton ; Anat. Anz., Bd 24 1 Observations on the maturation and the ferti- lization of the egg of Axolotl; Quaterly Journ. of microsc. Science, 48. ■ Structure et développement des glandes sexuelles. Spermatogénèse et ovogénèse chez Styelopsis gros- salaria; Bull. Scient. Nord de la France et Belgique, t. XXV : The maturation and fertilization of the egg of Bufo lentiginosus ; Journ. Morph., vol. XVII. ; Preliminary note on the formation of the first polar spindle in the egg of Bufo lentiginosus; Anat. Anz., vol. XXI. : The reducing divisions in the spermatogenesis of Desmognathus fusca; Zool. Bull., vol. II. : The spermatogenesis of Desmognathus fusca; The Amer. Journ. of Anat., vol. I. : Beitrâge zur Kenntniss der Eireifung und Be- fruchtung bei Prostheceraeus ; Arch. f. mikr. Anat., vol. XLVIII. : Ueber Kernteilung, Eireifung und Befruchtung bei Ophryotrocha puerilis; Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. LX. : Lehrbuch der vergleichenden Entwicklungsge- schichte der wirbellosen Tiere. Jena. : Sur la formation des tétrades et les divisions maturatives dans le testicule du Homard; C. R. Ac. Se. de Paris, vol. CXXXVIII. : La vésicule germinative et les globules polaires chez les Anoures. Les cinèses sexuelles des Anoures ; La Cellule, t. XIX. : Les cinèses sexuelles chez Diemyctilus torosus ; La Cellule, t. XX, 1. : Les cinèses spermatogénétiques chez l'Hélix pomatia ; La Cellule, t. XIII. : Untersuchungen ûber Spermatogénèse; Arch. f. mikr. Anat., vol. LI. : Contribution à l'étude de la spermatogénèse chez la souris blanche; Arch. Se. Biol., t. 6. LES RESULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 371 1902 igo5 1901 1900 1904 1904 igoo 1902 1899 1896 1902 1898 1899 1900 1901 1902 Levai, P. : Levai, P. : Lillie, F. R : Linville, H. R. : Lotsy, J. P. : Mattiesen : Me. Clmig, C. E. : » Me. Gvegor, J. H. : Meves, F. : Montgomevy, Th. H. La première cinèse de maturation dans l'ovo- èse et la spermatogénese du Cyclops strenuus; Anat. Anz., vol. XXI. Les phénomènes de maturation dans l'ovogé- nèse et la spermatogénese du Cyclops strenuus ; La Cellule, t. XXII. The organisation of the egg of Unio, based on a study of its maturation, fertilization and clea- vage; Journ. Morph., vol. XVII. Maturation and fertilization in Pulmonate Gas- tropods; Bull. Mus. Comp. Zool Harvard Coll. Boston, vol. XXXV. Die Wendung der Dyaden beim Reifen der Tiereier als Stùtze fur die Bivalenz der Chro- mosomen nach der numerischen Reduktion; Flora, vol. XCIII. Ein Beitrag zur Embryologie der Susswasser- dendrocœlen ; Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. LXXVII. The spermatocyte divisions of the Acrididœ ; Bull. Univ. Kansas The spermatocyte divisions of the Locustidas; Bull. Univ. Kansas. The spermatogenesis of Amphiuma ; Journ. Morphol., vol. XV, suppl. Ueber die Entwicklung der mânnlichen Ge- schlechtszellen von Salamandra maculosa; Arch. f. mikr. Anat., vol XLVIII. Ueber oligopyrene und apyrene Spermien und liber ihre Entstehung an Paludina und Pygasra; Arch. f. mikr. Anat., vol. LXI. The spermatogenesis up to the formation of the spermatid; Zool. Jahrb., vol. XII. Chromatin reduktion in the Hemiptera; Zool. Anz., vol. XXII. The spermatogenesis of Peripatus Balfouri up to the formation of the spermatid; Zool. Jahrb , Abt. Anat. und Ont., vol. XIV. A study of the chromosomes of the germcells of Metazoa; Trans. Amer. Philos. Soc, vol. XX. Further studies on the chromosomes of the Hemiptera heteroptera; Proc. Acad. Nat. Se. Philadelphia. 372 igo3 1904 1905 1896 1902 1903 1901 1902 1898 1899 1901 * 1901 1902 1892 1893 i8g5 Victor GREGOIRE Monigomery, Th. H . : The heterotypic Maturation mitosis in Amphibia and its gênerai significance; Biol. Bull., vol. IV. » : Some observations and considérations upon the Maturation phenomena of the germ-cells; Biol. Bull., vol. VI. 1) : The spermatogenesis of Syrbula and Lycosa with gênerai considérations upon chromosome- réduction and the hétérochromosomes; Proc. of the Acad of Sciences, Philadelphia. Moore, J. E. S. : On the structural changes in the reproductive cells during the spermatogenesis of the Elasmo- branchs; Quart. Journ micr. Se, vol. XXXVIII. Moszkoîcski , M. : Zur Richtungskôrperbildung von Ascaris mega- locephala ; Arch. f. mikr. Anat, vol. LIX. Nekrassoff : Untersuchungen liber die Reifung und Befruch- tung des Eies von Cymbulia peronii; Anat. Anz., vol XXIV. Nkhols, Louise : The spermatogenesis of Oniscus asellus with spécial référence to the history of the chroma- tin ; Amer. Naturalist, vol. XXXV. » : The spermatogenesis of Oniscus asellus with spécial référence to the history of the chro- matin ; Proc. Amer. Philosoph. Soc. Philadel- phia, vol. XLI. Paulmier, F. C. : Chromatinreduction in the Hemiptera ; Anat. Anz , vol. XIV. » : The spermatogenesis of Anasa tristis; Journ. Morphol., vol. XV, suppl. Prowazek, S. : Spermatologische Studien. I. Spermatogenese der Weinbergschnecke ; Arb. Zool. Inst. Wien, vol. XIII. » : Zur Vierergruppenbildung bei der Spermato- genese; Zool. Anz., Bd 25. i) .- Ein Beitrag zur Krebsspermatogenese ; Zeitschr. f wiss. Zool., vol. LXXI Rath, O. (vom) : Zur Kenntnis der Spermatogenese von Gryl- lotalpa vulg. ; Arch. f mikr. Anat., vol. XL. » : Beitràge zur Kenntnis der Spermatogenese von Salamandra maculosa; Zeitschr. f. wiss. Zool., vol. LVII. » : Neue Beitràge zur Kenntnis der Chromatin- reduction der Samen- und Eireife ; Arch. f. mikr. Anat., vol. XLVI. LES RÉSULTATS ACQUIS SUR LES CINÈSES DE MATURATION 373 1898 1893 1894 1897 RawiU, B. Rueckert, J. » Sabaschnikoff, M. 1902 Schochaert, R. 1904 Schreiner, A., und Schreiney, K. E. 1 go5 » 1901 1901 1904 1903 1904 1902 1904 1904 igo5 i883 Sinéty, R. (de) Smallwood, W. M. Stevens, N. M. Sutton, W. S. Tretjahoff, D. Tschassownikow, S. Van Beneden, E. Untersuchungen iiber Zellteilung. II. Die Tei- lung der Hodenzellen und die Spermatogenese bei Scyllium can ; Arch. f. mikr. Anat , vol. LUI. Zur Eiveifung bei Copepoden ; Anat. Hefte, IV. Die Chromatinreduction bei der Reifung der Sexualzellen ; Ergebn. Anat. und Entw.-Gesch., vol. III. Beitrage zur Kenntnis der Chromatinreduction in der Ovogenese von Ascaris megalocephala ; Bull. Soc Imp Nat. Moscou. L'ovogénèse chez le Thysanozoon etc. IIe partie; La Cellule, t. XX. Die Reifungsteilungen bei den Wirbeltieren. Ein Beitrag zur Frage nach der Chromatin- reduction; Anat. Anz., vol. XXIV. Ueber die Entwickelung der mannlichen Ge- schlechtszellen von Myxine glutinosa ; Archives de Biologie, vol. XXI. Cinèses spermatocytiques et chromosome spé- cial chez les Orthoptères; Compt rend. Acad. Se. Paris, T. CXXXIII. Recherches sur la Biologie et l'Anatomie des Phasmes ; La Cellule, t. XIX. The maturation, fertilization and early cleavage of Haminea solitaria; Bull, of the Muséum of compar. Anat. Harv. Coll., vol. XLV, 4. The ovogenesis and spermatogenesis of Sagitta bipunctata; Zool. Jahrb., Abt f. Anat. und Ontog , vol. XVIII. Further studies on the ovogenesis of Sagitta ; Zool. Jahrb., Abt. f. Anat. und Ontog., vol XXI. On the morphology of the chromosome group in Brachystola magna; Biol. Bull., vol IV. Die Spermatogenese bei Ascaris megalocephala; Arch. f. mikr. Anat., vol LXV. Die Bildung der Richtungskôrperchen in den Eiern von Ascaris megalocephala; Arch. f. mikr. Anat., vol. LXV. Ueber indirekte Zellteilung bei der Spermato- genese von Hélix pomatia ; Anat. Hefte, vol. XXIX, Heft 2. Recherches sur la maturation de l'œuf, la fé- 374 Victor GREGOIRE 1884 Van Beneden, E., et Julin, C. 1897-8 Van der Stricht, O. 1899 1903 i8g5 1896 1899 Van Name, W. G. Vcjdowshy, Fr., et Mrazek Wilcox, E. V. W il son, E. B. condation et la division cellulaire; Arch. de Biol., t. IV. La spermatogénèse chez l'Ascaride mégalocé- phale; Bull. Acad. Roy. Se. Belg., 3« série, t. VII. La formation des deux globules polaires et l'apparition des spermocentres dans l'œuf de Tliysanozoon; Arch. Biol., t. XV. The maturation, fertilization and early develop- ment of the Planarians; Trans. Connecticut Acad., vol. X. Umbildung des Cytoplasma wahrend der Be- fruchtung und Zellteilung nach den Untersu- chungen an Rhynchelmis-Ei; Arch. fur mik. Anat., Bd. LXII. Spermatogenesis of Caloptenus fémur rubrum and Cicada tibicen ; Bull. Mus. Comp. Zool. Harvard Coll. Boston, vol. XXVII. Further studies on the spermatogenesis of Ca- loptenus ; Bull. Mus. Comp. Zool. Harvard Coll. Boston, vol. XXIX. On protoplasmic structures in the eggs of Echinoderms and some other animais; Journ. of Morph., XV, Suppl. ERRATUM. C'est par erreur que Nichols a été indiqué parmi les partisans du schéma hétérohoméotypique (p. 256 et 349), et Andrews parmi les partisans du schéma postréductionnel (p. 236). TABLE DES MATIÈRES. Introduction. I. But et portée de cette étude II. Plan de cette étude. III. Nomenclature. 221 223 225 PREMIERE PARTIE. DE LA METAPHASE I A LA TÉLOPHASE IL PREMIERE SECTION. La sporogénèse végétale. Chapitre Premier — La première cinèse. § i. Constitution des chromosomes définitifs I . § 2. Métaphase ......... § 3. Fin de la métaphase et anaphasel. — Division longitudinale des chromosomes-filles I Chapitre Deuxième. — La seconde cinèse ....... Chapitre Troisième. — Intercinèse ........ Conclusion. — Le schéma hétérohoméoty pique ..... 229 232 235 242 245 252 DEUXIEME SECTION. La spermatogénèse animale. Chapitre Premier. — Batraciens. § 1. Métaphase et anaphase I g 2 Intercinèse et seconde cinèse Chapitre Deuxième. — Insectes Premier Groupe : Orthoptères . § 1. Première cinèse. 5; 2. Intercinèse et seconde cinèse Descriptions spéciales Deuxième Groupe : Hémiptères . Troisième Groupe : Coléoptères . Chapitre Troisième. — Protrachéates Chapitre Quatrième. — Crustacés . Chapitre Cinquième. — Myriapodes. Chapitre Sixième. — Vers . 257 258 262 263 263 268 269 272 278 280 281 284 285 376 Victor GREGOIRE Chapitre Septième. Chapitre Huitième Chapitre Neuvième. Chapitre Dixième. — Bryozoaires. — Mollusques . — Poissons — Mammifères 287 288 2g3 296 TROISIEME SECTION. Chapitre Premier. 1- \J Y \J — Mollusques . 6 *-■'<-= V tlll mail. 297 Chapitre Deuxième. — Turbellariés. 307 Chapitre Troisième. — Echinodermes 3l4 Chapitre Quatrième. — Copépodes . 3i5 Chapitre Cinquième. — Némathelminthes 327 Chapitre Sixième. — Annélides 33i Chapitre Septième. — Géphyriens . 336 Chapitre Huitième. — Bryozoaires. 33g Chapitre Neuvième — Tuniciers 33g Chapitre Dixième. — Batraciens . 340 QUATRIEME SECTION. Synthèse générale. § 1. Formes définitives des chromosomes I .... . §2. Opinions des auteurs au sujet de la Hde période des cinèses de maturation § 3. Insertion des chromosomes I au fuseau ..... §4. Anaphase I. — Division longitudinale des chromosomes-filles I. § 5. La seconde cinèse ........ § 6. Intercinèse ......... § 7. Conclusion générale. — État de la question des cinèses de maturation 346 348 35i 353 357 358 36i Bibliographie 363 spematogénèse dans les batraciens. m. Évolution des Auxocytes mâles DU BATRACOSEPS ATTENUATUS PAR F. A. JANSSENS PROFESSEUR A L UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. (Mémoire déposé le 18 avril igoS.) Évolution des Auxocytes mâles DU BATRACOSEPS ATTENUATUS Nous présentons aujourd'hui au lecteur un troisième mémoire sur la spermatogénèse dans les batraciens. Le but principal de ce travail est d'étudier certaines formations qui ont été signajfSfs d'abord par Eisen (oo) ; son but secondaire est de fournir une explication objective de la genèse du stade du bouquet, que nous avons décrit dans nos publications antérieures. Nous croyons que les données que nous fourniront ces deux études aideront puissamment à l'élucidation de l'histoire de l'élément nucléinien dans l'ovocyte des batraciens. Nous ne voulons plus revenir sur des questions que nous croyons vi- dées. Nous pensons qu'à partir du bouquet parfait l'explication que nous avons donnée du sort des chromosomes est maintenant très bien établie. Après les interprétations les plus variées, on en est arrivé, en effet, à une explication qui se trouve déjà en germe dans les mémoires classiques de Flemming. Dans ces derniers temps, quelques voix discordantes s'étaient fait entendre. Nous pensons que les travaux de Janssens et Dumez (03), J. Berghs (04) et Grégoire (04) (') les ont suffisamment discutées. Aussi ne J. Bketland Farmer & J. E. S. Moore [On the maiotic phase (réduction divisions) in animais and fiants] o5) viennent de publier le travail étendu que faisait prévoir leur note préliminaire. Ce travail semble ignorer ce qui a été écrit dans ces derniers temps sur cette question. Nous attendons en tout cas, pour notre part, une réponse aux arguments que nous avons fait valoir en collabora- tion avec M. R. Dumez avant de reprendre la discussion. Nous avons déjà parlé en 1901 du second synapsis et nous l'avons interprété. Jaxssens & Dumez l'ont étudié longuement dans leur travail de igo3. Nous en publions aujourd'hui encore un certain nombre de figures et nous mettons à la fin de nos planches une série presque continue des stades qui le suivent jusqu'à la mise au fuseau. Notre sériation ne nous laisse aucun doute, même après lecture du travail de Montgomery (04), ainsi que de celui de H. Farmer & Moore (o5). 3^o F A. JANSSENS comptons-nous plus revenir sur cette question. De la sériation même et de la suite de nos figures, il se dégagera cependant de nouveau une preuve de ce fait que les chromosomes doubles des prophases de l'hétérotypie résultent du clivage des anses du bouquet suivant toute leur longueur. Ce travail a été fait sur des testicules que nous devons à l'obligeance de M. le Dr H. Lebrun et qui ont été fixés par nous aux liquides de Her- mann et Carnoy. Les préparations ont été faites en partie par nous et par M. le Dr R. Dumez. Nous tenons à remercier ici ces Messieurs de leur précieuse collaboration. Chapitre I. Sériation des stades dans l'évolution de l'auxocyte. Pendant les mois d'hiver, les testicules du Batracoseps sont réduits à deux filaments grêles ratatinés faisant songer à des sacs vides. Pendant les mois du printemps, ces filaments grossissent par leur bout postérieur ou proximal. A la fin du printemps et au commencement de l'été, on trouve dans l'animal un organe pair ayant la forme d'un fuseau très allongé ou plutôt d'un cylindre ou d'un boudin bien rempli et turgescent. Il s'est for- mé, par une prolifération très active, un tissu cellulaire compact. Les pre- mières cinèses ont donné naissance à des spermatogonies. Le réveil de l'or- gane se progage de proche en proche à partir du bout proximal et il arrive un moment où tout le sac testiculaire est rempli de cellules jeunes de nou- velle formation. A tout moment, les éléments les plus jeunes, se rapprochant donc le plus des cellules-mères primitives, se trouveront au bout antérieur par rapport à l'animal, ou distal par rapport au testicule, et les cellules les plus avancées se trouveront toujours au bout postérieur ou proximal et c'est là que l'on trouvera les éléments se rapprochant le plus des spermatozoïdes achevés. Il y aura un moment où l'on trouvera les dernières cinèses soma- tiques ou au moins goniales au bout distal, tandis que dans la partie pro- ximale de l'organe on aura des spermatides en voie d'évolution vers le sper- matozoïde achevé. De tels testicules se trouvent vers les mois de mai et de juin. On comprend qu'ils sont extrêmement utiles pour l'établissement d'une sériation rationnelle. Des coupes longitudinales passant par l'axe mé- dian de l'organe montrent tous les stades de l'évolution des sperrnatocytes et des spermatides. Nous nous trouvons donc dans le Batracoseps en pré- ÉVOLUTION DES AUXOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 381 sensé d'un organe qui, au point de vue de la sériation des stades, offre le même avantage que les loges des anthères des liliacées. Les divers stades de l'évolution des auxocytes se suivent avec une telle régularité qu'il peut arriver qu'on les rencontre successivement tous ou presque tous en faisant mouvoir sous l'objectif une seule coupe du bout distal, où l'on a les der- nières cinèses spermatogoniales, jusque vers les deux tiers de l'organe, où se trouvent les cinèses hétérotypiques. Nous avons cru qu'il était indispensable de donner au lecteur une idée de cette sériation. Pour cela, nous avons pris une de nos coupes les plus complètes du mois de juin et nous en avons fait une série de microphoto- graphies à l'aide de l'objectif apochr. :>. mm., O. N. 1.30, muni de l'oculaire 6, surmonté du petit cône photographique de Fuess. Nous installons le microscope à la limite distale de la coupe et faisons une photographie, puis nous faisons jouer la vis du mouvement de droite à gauche du chariot at- taché à la platine de manière à obtenir un champ nouveau dont le bord droit est contigu au bord gauche du premier champ photographique, nous faisons une nouvelle photographie, et ainsi de suite. Les diverses photogra- phies ainsi obtenues représentent fidèlement une bande qui serait découpée parallèlement au grand axe de l'organe et aurait la largeur d'un champ du microscope. Les tout premiers stades de l'évolution du spermatocyte ne se trouvaient pas dans cette coupe. La bande commence au troisième stade de la sériation, dont nous allons donner maintenant une idée avant de pas- ser à leur description détaillée. Il y a une étape qui attire immédiatemeut l'attention dans les batra- ciens et d'une façon plus générale dans tous les animaux. C'est le stade du bouquet. Les éléments chromatiques du noyau affectent à ce stade une dis- position toute particulière qui fut, si nous ne nous trompons, tout d'abord signalée parBoLLEsLEE(97). Elle a été décrite ensuite par un certain nombre d'auteurs et nous l'avons pour notre part retrouvée dans tous les auxocytes mâles et femelles que nous avons eus sous le microscope. Nous pensons qu'il a une importance considérable et que de son explication parfaite dé- pend toute l'interprétation de l'hétérotypie. Dans ses grandes lignes, cette étape peut être définie de la manière suivante : un stade de l'évolution des auxocytes, pendant lequel l'élément nucléinien affecte la forme d'anses, dont les extrémités sont tournées vers la sphère protoplasmatique et dont les cour- bures se trouvent au pôle opposé. Les anses sont en nombre réduit n/2, n représentant le nombre de bâtonnets dans les cinèses somatiques. Cette étape, comme nous l'avons fait remarquer dans nos travaux antérieurs, se distingue 382 F- A. JANSSENS par trois particularités importantes des prophases somatiques animales or- dinaires. Dans ces dernières, i° les anses des bâtonnets tournent leurs cour- bures vers la sphère; 2° le nombre de ces anses est double de celui du bouquet; 3° ce stade est, dans les cinèses somatiques, une des prophases immédiates de la cinèse, tandis que dans les auxocytes elle est séparée de la première cinèse de maturation par une série de phénomènes qui sont ca- ractéristiques de l'hétérotypie. Dans les spermatocytes, ce stade est très long. Ces considérations nous amènent naturellement à diviser toute l'évo- lution de l'auxocyte en trois grandes périodes : i° la période de préparation du bouquet parfait; 2° le bouquet; 3° les stades qui suivent le bouquet jusqu'à la mise au fuseau de l'hétérotypie. Nous ne ferons ici qu'indiquer ces stades tout en leur donnant des noms simples et facilement compréhensibles en partie empruntés à nos prédécesseurs. I. Avant le bouquet : i° Télophases des dernières divisions spermatogoniales. 2° Stade de repos suivant ces divisions. Ce stade correspond au stade deutobroque de von Winiwarter (oi). 3° Résolution des blocs chromatiques du stade de repos et apparition de filaments minces donnant au noyau un aspect spirématique caractéris- tique. C'est un stade analogue au leptotène de von Winiwarter, mais le filament spirématique est moins dégagé. Nous l'appellerons stade du spi- rème des auxocytes ou auxospirème, photogr. 1. 4° Dès que le filament spirématique devient évident, on voit qu'il commence à se faire une orientation vers le côté du noyau où se trouve la sphère. Le bouquet commence à s'indiquer. Nous appellerons ce stade le bouquet grêle, photogr. 2. 5° Stade de la première formation des filaments épais. A ce stade, on trouve des filaments épais du côté de la sphère, que nous appellerons le pôle proximal du noyau. On continue à observer des filaments minces de l'autre côté ou pôle distal. Nous l'appelons le stade du bouquet amphitène, photogr. 3 et 4 en partie. IL Pendant le stade du bouquet parfait, ou bouquet épais, les anses du noyau affectent successivement deux orientations différentes par rapport à la sphère. Ce stade correspond au pachytèue de von Winiwarter. Il correspond aussi au stade décrit dans les plantes, par Berghs, sous le nom de spirème épais, photogr. 4 à 12. EVOLUTION DES ATJXOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 383 i° Pendant une première période, les anses du bouquet ont leurs ex- trémités libres tournées vers la sphère. C'est le stade du bouquet oriente, photogr. 4 à 8. 20 Pendant une deuxième période, le noyau subit une déviation par rapport à la sphère et les anses occupent bientôt une situation qui est à angle droit avec celle du bouquet orienté. Nous l'appellerons le stade du bouquet transverse, photogr. 9 à 12. III. Après cela, le bouquet se déforme. i° On voit apparaître d'abord au pôle distal du noyau un clivage longitudinal des anses. Ce stade dure quelque temps et s'achemine lente- ment vers la séparation complète des anses en deux moitiés longitudinales. Nous le désignons par le nom de prostrepsinema, photogr. 13 et 14. 2° Nous réservons le nom de strepsinema, adopté déjà par les bota- nistes, au stade où cette division est complète. Ce dernier correspond au stade des noyaux diplotènes de von Winiwarter, photogr. 15, 16 et la moitié de 17. 3° Vient ensuite le stade de tension nucléaire que nous avons décrit dans nos deux travaux antérieurs. Il correspond à V » angular spireme stage- de Eisen, sa fig. 34, photogr. 16, 17a et b, et quelques noyaux de 18. 4° Les anses doubles deviennent bientôt libres et se rapprochent de la sphère. C'est le stade du relâchement des anses, photogr. 18. 5° Enfin, on a la mise au fuseau de l'hétérotypie, photogr. 19. On remarquera que dans cette énumération nous n'avons pas parlé du stade généralement décrit sous le nom de synapsis et que beaucoup d'au- teurs ont signalé dans les plantes et les animaux. Le synapsis a été observé sur le vivant par Miss Sargant (97). Berghs (04) a trouvé aussi qu'on peut observer à ce moment sur le vivant une con- traction dans le contenu du noyau. Beaucoup d'auteurs ont décrit un stade analogue dans les animaux; nous ne citerons ici que Moore (95), qui l'a signalé le premier dans le testicule des poissons et a donné son nom à ce stade, et von Winiwarter (01), qui le retrouve dans les œufs des mammi- fères et donne aux noyaux qui possèdent le grumeau chromatique le nom de noyaux srnaptènes. Nous ferons remarquer aussi que certains auteurs, comme J. Maréchal (04) et Schreiner (04), n'ont pas retrouvé ce stade avec la même netteté dans les œufs des poissons. 384 p- A JANSSENS Nous gardons, pour ce qui regarde les batraciens, l'opinion que nous avons émise dans notre étude sur les Tritons. Elle peut se résumer de la manière suivante. Le noyau possède, au commencement de l'évolution de l'auxocyte des batraciens, une sensibilité toute spéciale aux réactifs. Il est probable qu'il renferme à ce moment une substance susceptible de coagulation fa- cile avec contraction concomitante. Ce qui donne le plus de poids à cette manière de voir, c'est que les testicules de Batracoseps (comme des autres batraciens que nous avons observés) mal fixés renferment de nombreux noyaux ayant absolument les caractères de noyaux synaptènes. On les trouve dans les cystes renfermant des cellules au stade d'auxospirème, de bouquet grêle et de bouquet amphitène. On peut se faire une conviction sur cette question en observant des testicules fixés insuffisamment avec de bons réactifs. Les cystes de la périphérie sont souvent bien fixés dans ce cas et on y trouve des figures absolument typiques des divers stades dont nous venons de parler, tandis que dans la masse centrale du tissu cellulaire très compact, où le réactif n'a pas ou trop peu pénétré, on trouve des synapsis absolument typiques. Le lecteur se rendra compte de l'objectivité de cette remarque en examinant comparativement les photogr. 2 et 123. Avant de clore ce chapitre, nous voulons aussi attirer l'attention du lecteur sur la durée comparative des divers stades dont nous venons de parler. On a de sérieuses raisons pour croire que cette durée est exprimée par le nombre de cystes qui sont au même stade. Or, ce nombre lui-même est fonction des longueurs de testicule dont les noyaux sont au même stade; il se trouve donc assez bien représenté par les longueurs de la bande pho- tographiée. Les photogr. 1, 2 et 3 correspondent respectivement aux stades auxospirème, bouquet grêle et bouquet amphitène. Le photogr. 4 contient encore quelques noyaux à ce dernier stade. A partir de là jusqu'au pho- togr. 12 inclusivement, nous observons tous noyaux au stade du bouquet épais. 13 et 14 comprennent des noyaux en prostrepsinema. Puis on arrive en 15, 16 et la première moitié de 17 au strepsinema proprement dit. Ces deux stades ont une durée assez forte. A partir de ce moment, les choses se précipitent de telle manière que les derniers stades ne s'étagent plus d'une façon aussi nette. Nous voulons faire remarquer ici la durée très longue du stade du bou- quet et la longueur correspondante de testicule qui comprend les cellules à ce stade. On le verra plus loin, les figures du stade amphitène et celles du prostrepsinema se ressemblent beaucoup. Avec la plus mauvaise volonté du ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 385 monde, il est cependant impossible de les confondre à cause de l'énorme espace qui les sépare. Cette dernière remarque nous amène tout naturellement à étudier les phénomènes qui se passent dans les noyaux amphitènes. Chapitre II. Formation des anses épaisses du bouquet. • Nous avons vu dans le chapitre précédent que le bouquet parfait à anses épaisses ou bouquet pachytène, dont nous avons parlé dans nos publi- cations antérieures, est précédé par un stade de bouquet leptotène ('). Entre les deux, nous trouvons un stade très important ou bouquet am- pbitène, dont nous devons parler maintenant. A la fin du bouquet leptotène, on trouve des noyaux dans lesquels les parties proximales des anses sont très souvent associées deux à deux sans qu'il y ait cependant des soudures à observer. Nous avons reproduit un de ces noyaux dans notre fig. 15 {■). Si l'on n'avait que des figures pareilles, on ne pourrait pas en conclure que ces filaments se souderont réellement deux à deux suivant toute leur longueur. Heureusement à de très faibles distances de ces noyaux, nous trouvons le stade amphitène, dont la fig. 36 donne une bonne idée. Au pôle proxi- mal, le noyau possède la structure du bouquet pachytène, fig. 42, tandis qu'au pôle distal il conserve l'apparence du bouquet grêle (3), fig. 14 et 15. L'étude attentive de ce stade dans des objets dont la fixation et la coloration (') (') Disons ici, sans plus insister, que le dernier de ces stades se retrouve, mais plus diffi- cilement, dans les urodèles indigènes et en particulier dans les tritons. Dans ces animaux cepen- dant, il est beaucoup plus difficile, pour ne pas dire plus, de poursuivre ses modifications. Nous nous expliquons très bien, quand nous revoyons nos meilleures préparations de ces animaux, que nous ne soyons pas parvenus, en 1901, à trouver les divers aspects dont nous parlerons ici. (!) Cette figure représente sur un même plan presque tous les filaments chromatiques du noyau. C'est pour cette raison que, surtout aux environs de la sphère, le noyau semble si encombré. Ce stade a été entrevu par nous dans les Tritons, fig. 3i, igoi, mais nous en avons donné à ce moment une explication que nous devons abandonner devant les faits évidents que le Batracoseps nous révèle. (4) Pour la fixation, nous préférons, à tous les liquides, celui de Carnoy. Comme on le sait, il est formé d'un mélange à parties égales d'alcool absolu, d'acide acétique cristallisable et de chlo- roforme, dans lesquels on dissout à saturation du sublimé corrosif. Ce liquide ne se conserve pas, il s'éthérifie et l'acétate d'éthyle formé ne reste pas dissous. Il ne faut donc jamais en avoir une ré- serve. Les objets sont débités en petits morceaux ou bien sont entaillés suivant leur longueur. Ils séjournent dans le fixateur jusqu'à ce qu'ils tombent au fond. Le liquide de Hermann (18 à 24 heures) nous a aussi donné de bons résultats. — La coloration a été faite à la méthode de Heidenhain. 51 386 F. A. JANSSENS ont été parfaites, nous donne l'explication de la formation des anses épaisses du bouquet parfait (*). Dans la fig. 36, même plusieurs des filaments épais sont bifides du côté distal. Nous en trouvons au moins quatre dans cette cellule, qui montrent cette particularité d'une façon bien nette. — Du côté proximal, on trouve un filament épais unique qui s'avance vers la sphère ; du côté distal, ce fila- ment se résoud en deux filaments grêles analogues à ceux des stades anté- rieurs et à ceux qui remplissent pendant tout le stade amphitène le pôle distal du noyau. Si l'on considère que l'état leptotène précède le stade qui nous occupe et que l'état pachytène le suit, il devient évident que les fila- ments pachytènes ou anses du bouquet résultent de l'accolement des fila- ments leptotènes deux à deux. Les fig. de la planche IV représentent divers cas particuliers de cette soudure dessinés d'après diverses de nos meilleures préparations. Elles sont absolument démonstratives et nous pourrions-nous passer de les étu- dier en particulier. Nous avons toutefois certaines observations à faire à propos d'elles et c'est pourquoi nous les passerons en revue. Les noyaux du Batracoseps sont si grands qu'on doit nécessairement les débiter en plusieurs sections pour pouvoir les étudier. Nous avons fait et étudié des coupes microtomiques assez épaisses pour que certains noyaux ne fussent pas entamés. Ces coupes nous ont été très utiles pour d'autres détails de ce travail, mais n'ont pas pu nous fournir de renseignements pour élucider le phénomène qui nous occupe ici. Cela tient principalement à la nature même de l'élément nucléinien. Dans beaucoup de plantes et d'animaux, l'élément nucléinien se vacuo- lise très puissamment à l'état de repos. Dans ces derniers temps, Gré- goire et ses élèves (2) ont attiré l'attention sur ces faits. Dans notre objet, les filaments chromatiques ont un aspect spumeux et épineux, qui s'ex- plique très aisément en admettant une vacuolisation de la masse chro- mosomiale. Nous n'avons pas l'intention ici de nous attarder à cette question ; nous voulons uniquement faire remarquer que la forme épineuse des filaments embrouille les figures et qu'on doit nécessairement recourir à des noyaux coupés en plusieurs tranches pour trouver des images nettes et démonstra- tives. Il se fait ainsi que dans peu de nos figures nous pouvons poursuivre (') Nous avions déjà observé des figures analogues dans le Pletodon, mais sur des prépara- tions fixées à la solution de Gilson, qui n'est pas assez fidèle pour cet objet. 42) Voyez surtout les travaux de Grégoire et Wygaerts (o3) et de J. Kowalski (04). ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 387 les filaments grêles sur une grande longueur, attendu qu'ils sortent de la coupe. L'accolement commence au pôle proximal du noyau. Parmi les figures les plus claires que nous ayons trouvées pour ce stade primitif, nous signalons les fig. 20 et 21. Dans la dernière, le filament double inférieur est à peine soudé aux environs du pôle, tandis que l'anse supérieure est déjà complètement soudée. Dans la fig. 20, les quatre bouts touchant au pôle sont déjà épaissis, tandis que trois d'entre eux se résolvent aisément en filaments séparés du côté opposé. Les fig. 20 et 21 nous mettent déjà en présence de ce fait très curieux que les deux filaments devant constituer une branche épaisse peuvent être consi- dérablement espacés avant la soudure. A ce point de vue, nous trouvons deux sortes de paires de filaments. Dans les unes, les filaments leptotènes courent presque parallèlement avant leur accolement en un seul filament pachytène, fig. 22, 23, 24, en bas, 26, 27(7, 28, 29, 35, 37, au milieu; dans d'autres, les filaments leptotènes qui s'associent forment entre eux un angle plus ou moins obtus, fig. 21, 24c, 25, 21b, 30, 31, 32, 33, 34, 36. Dans certains cas, l'écart est tellement considérable que bien longtemps ils ont constitué pour nous une difficulté très grande d'interprétation. Il en est ainsi, par exemple, pour les paires, fig. 31, 32, 34#. C'étaient même des aspects de ce genre qui nous avaient fait rejeter cette interprétation (03) pour le Pletodon. Parfois, on croirait que le filament pachytène vient buter à angle droit contre un filament leptotène pour s'y terminer, fig. 25, 31, 32, 34b ('). Une ob- servation plus attentive cependant conduit toujours, si la préparation est soigneusement fixée, à la conclusion certaine que la figure peut s'interpréter autrement. Une observation attentive des figures citées conduira, nous le pensons, le lecteur à la même conclusion. Ce sont ici, comme toujours, les cas clairs et certains qui doivent fournir une explication pour les cas difficiles. Les fig. 21, 24, 26 , 33 et 29 mènent évidemment à l'interpréta- tion de la fig. 30a. Or, il serait peu rationnel de donner une interprétation différente à deux groupes trouvés dans le même noyau. Les groupes de la 1 Toutes les figures dont il s'agit ici ont été prises à l'intérieur de la préparation, c'est- à-dire non aux environs immédiats de la surface de section produite par le rasoir. On peut pour- suivre les filaments chromosomiaux au-dessus comme en dessous de l'endroit de soudure. Nous avons observé bien souvent aux environs de la surface de section des filaments pachytènes se terminant tout contre un lilament leptotène. Peut-être même que certaines figures en T doivent s'interpréter par une simple contiguïté. Mais ces difficultés n'infirment en aucune façon notre interprétation pour les cas clairs. 388 F- A- JANSSENS fig. 30 doivent donc recevoir tous les deux la même interprétation. Ils sont d'ailleurs si semblables à tous les points de vue qu'il nous paraît impossible de leur donner des significations différentes. A mesure que l'on avance dans le testicule vers le bouquet pachytène, on voit que le pôle proximal se dégage de plus en plus et bientôt tout le noyau est envahi par les filaments gros. Il reste pendant quelque temps encore certains filaments grêles qui ne se soudent pas au pôle distal, mais bientôt la soudure est complète et dès ce moment nous arrivons au long stade du bouquet pachytène, dont nous nous sommes déjà occupé pré- cédemment (01, 03). Conclusions. Cette étude mène à la conclusion que les filaments pachytènes ré- sultent d'une soudure très précoce des filaments leptotènes. Cette sou- dure se fait pendant une étape spéciale que nous avons appelée le stade amphitène et qui correspond au stade synapsis des plantes et de certains animaux. Nous retrouvons les figures synaptiques à ce stade dans les objets mal fixés. Littérature. Des faits analogues à ceux que nous avons exposés dans ce chapitre ont été signalés, par un certain nombre d'auteurs, dans l'évolution des cellules sexuelles tant des plantes que des animaux. C'est von Winiwarter (01) qui a proposé l'hypothèse des accolements précédant le stade des filaments épais. L'interprétation des images qu'il a décrites et dessinées était hardie à ce moment, et bien des cas figurés par lui pourraient être discutés. D'autres figures, cependant, répondent à des accolement réels. En tout cas, les études ultérieures ont donné raison à sa manière de voir. Schoenfeld (01) a voulu voir des accolements dans des rapproche- ments de certains filaments. Il trouve parfois les filaments réunis trois par trois. Schoenfeld pense que ces rapprochements n'ont aucun rôle à jouer dans les mitoses de maturation, p. 49. Il nous paraît d'ailleurs difficile de ramener sa sériation au schéma de von Winiwarter, que nous croyons de- voir adopter dans ses grandes lignes. Nous avons signalé en 1903 (Janssens & Dumez) des apparences moins ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 389 claires que celles que nous trouvons aujourd'hui. Elles ne nous avaient pas convaincu. En 1904, il parut presqu'en même temps trois mémoires différents. Il faut citer en première ligne le travail de Jules Berghs, qui fut déposé à la rédaction de » La Cellule* le 20 juin 1904, mais qui avait été envoyé au con- cours universitaire six mois avant cette date. Dans ce travail, l'auteur dé- montre ces propositions (conclusions, p. 394) : Pendant le synopsis, on observe des dualités évidentes, des rapprochements de filaments deux à deux. Ces rapprochements ne peuvent s'interpréter que comme l'accolement longi- tudinal de deux filaments amenant la formation du «spirème épais-*. Indé- pendamment de ce travail parurent, la même année, trois autres travaux, qui arrivent à la même conclusion. L'un, dû à A. & K. E. Schreiner (04), est une importante note préliminaire qui a paru dans Y» Anatomischer Anzeiger*; le second, dû à Allen (04), parut dans la » Botanical Gazette «; le troisième, dû à J. Maréchal (04), parut dans 1'» Anatomischer Anzeiger «. Le premier et le troisième de ces deux travaux nous intéressent sur- tout, parce qu'ils décrivent des accolements dans des animaux. A. & K. E. Schreiner ont trouvé ces figures dans les testicules de poissons (cyclos- tomes et squalidés), et J. Maréchal dans leurs œufs (squalidés). Le fait se confirme d'ailleurs de jour en jour. En 1905, Tretjakoff et Rosenberg ont trouvé des accolements, le premier dans les testicules d'Ascaris, le second dans un grand nombre de plantes. Un de nos élèves, M. Van Molle, trouve en ce moment des accole- ments démonstratifs dans les testicules de mammifères. Nous croyons donc que le fait, qui est particulièrement évident dans les sporocytes des plantes et dans les testicules de Batracoseps, se retrouvera dans tous les noyaux auxocytaires, tant mâles que femelles, et cela dans les deux règnes. Chapitre III. Les chromoplastes des auxocytes de Batracoseps. Il existe au stade bouquet dans les spermatocytes du Batracoseps des corps qui y ont été découverts par Eisen et nommés par lui chromoplastes. Il les définit de la manière suivante : 39o F. A. JANSSENS » One or more rounded and jpell defined bodies foitnd in the nucleus, either free or attached to the leaders and the chromosomes. Chromoplasts guide the formation of the chromosomes, just as the archosomes guide the formation of the spindles. Variously named karyosome, net knot, Netz- knoten, Nucleolus, etc. « Nous soulignons la partie de cette définition que nous croyons justifiée. Le nom donné par Eisen à ce corps fait allusion à une fonction qu'il ne possède certainement pas et qui serait celle de produire les chromosomes. Nous trouvons cependant que nous pouvons lui conserver ce nom, parce que Eisen a le mérite d'avoir appelé le premier l'attention sur cette forma- tion. Eisen a tort, d'après nous, d'assimiler ses chromoplastes à des nu- cléoles se colorant en noir par la méthode d'HEiDENHAiN, p. 29. Ce n'est pas là ce qui caractérise ces productions, c'est leur rapport intime avec l'élément nucléinien ou les chromosomes. Eisen considère aussi comme caractéristique l'existence d'» endochromatic granules « dans les chromo- plastes. Ces "granules^ sont, d'après nous (01), des vacuoles ou petites bulles d'air. Ils ne montrent pas la réfringence spéciale, dont parle Eisen, quand la préparation a été bien déshydratée, mais on les obtient absolu- ment caractéristiques quand la préparation a été desséchée un moment ou quand le montage de la coupe s'est fait rapidement. Eisen lui-même avoue que ces corpuscules ne se colorent par aucun colorant (p. 30) et le membre de phrase suivant est caractéristique d'une bulle d'air microscopique entou- rée de toutes parts d'une substance noire : » While each granule is highly refractive in the center, its outline is, on the contrary, very dark, so dark indeed that it would almost seem as if it was surrounded by a shell of some particular substance «. Et il ajoute : * Wether that is the case, wether the dark margin is only the effect of refraction, I hâve not been able to ascertain «. Il n'y a pas de doute qu'il existe des ouvertures ou des- vacuoles sem- blables dans la masse des chromoplastes, fig. 14, 16, 17, 45, 46, etc., et bien souvent ces vacuoles ou ouvertures sont plus profondes que celles qu'on trouve dans les nucléoles ordinaires. Nous avons même souvent remarqué que ces ouvertures traversent le chromoplaste de part en part. Nous ver- rons que cette remarque a son importance. C'est surtout au stade du bouquet épais et du strepsinema qu'on ob- serve les chromoplastes avec les caractères que leur reconnaît Eisen, p. 31. Ce sont alors des corps très denses, à surface extérieure lisse et arrondie. EVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 391 Nous devons cependant compléter ici considérablement la description de Eisen. Souvent, en effet, ils sont allongés en boudin, fig. 43, 45, 46. 52, et dans ce cas ils se trouvent en relation avec plusieurs chromosomes. D'autres fois, ils ont une forme sensiblement sphérique, fig. 44, 48/, en bas, 49, 50, et dans ce cas ils ne sont en relation qu'avec une seule anse entière encore, fig. 44 au milieu et 47, ou déjà divisée, fig. 48/, 49, 50. Parfois le chromoplaste est très allongé et s'incurve; alors il ne se voit entièrement qu'en faisant aller la vis micrométrique, fig. 43, 51. Il est souvent unique dans ce cas. D'autres fois, il se bifurque et devient alors un corps très complexe, fig. 48 / et II. Nous sommes sûr que le corps que nous décrivons ici est bien celui qui a été décrit par Eisen et dessiné dans ses fig. 12, 17, 21. Le chromoplaste est à certains points de vue un nucléole, mais il se distingue de toutes les productions analogues en ce qu'il se troupe toujours en relation intime avec l'un ou l'autre chromosome qui semble se perdre dans la masse. Nous avions d'abord l'intention de le nommer » nucléole nucléinien « pour marquer par là sa relation intime avec les chromosomes ou éléments nucléiniens. Mais ce mot a été employé principalement par Carnoy dans un sens bien particulier qu'il ne convient pas de changer au risque d'introduire une grande confusion dans la délicate question des nucléoles. Il s'agit de voir maintenant quelle est l'origine et la signification de ce corps et aussi quel est son sort. A mesure qu'on remonte la série des stades évolutifs des auxocytes, on voit se modifier graduellement la figure des chromoplastes. Dans les noyaux amphitènes déjà, ils se montrent très anguleux et cha- cune des pointes dont ils sont hérissés est en relation avec un filament leptotène, fig. 18, 19, 36, 37, 40, 41. Déjà ici, il a souvent la forme d'un anneau souvent très irrégulier, fig. 40. Dans les noyaux leptotènes, on re- trouve la même figure, fig. 14, 15, 16 17. L'anneau, s'il existe, est plus régulier, fig. 16. Immédiatement avant le bouquet grêle, au stade auxo- spirème, le chromoplaste est toujours une masse chromatique qui se trouve en relation avec les filaments minces du spirème en formation. La fig. 13 est catégorique à ce sujet et ne laisse subsister aucun doute. Dans le stade deutobroque, qui correspond au stade de repos des dernières spermatogonies, le chromoplaste est généralement très reconnaissable. Il se présente le plus 392 F. A. JANSSENS souvent sous la forme d'une grosse masse chromatique beaucoup plus irré- gulière que les nucléoles très sidérophiles qui existent à côté d'eux et qui sont le plus souvent au nombre de deux, fig. 8, 9, 11, 12. Leurs pointes sont en relation avec le réseau plus ou moins grossier qui existe à ce mo- ment. Ici aussi, on retrouve la forme annelée. On trouve dans le réseau nucléaire à ce stade des masses plus fortes ou des blocs de nucléine analogues à ceux que nous avons trouvés dans les Tritons (oi). Mais c'est à un stade immédiatement antérieur que ces blocs se montrent beaucoup plus nettement. Ce stade, représenté par les fig. 5, 6, 7, 8, peut être nommé celui des télophases les plus avancées des dernières cinèses somatiquçs. On y retrouve le plus souvent les chromoplastes sous la forme d'une masse unique en relation avec des séries bien orientées de blocs de nucléine, que nous reconnaissons déjà à ce moment comme des restes non équivoques des chromosomes. Jusque dans ces derniers temps, ces cellules étaient les plus jeunes que nous eussions eues sous le micros- cope. A ce moment, il nous semblait très probable que les chromoplastes résultaient de la soudure très intime des chromosomes aux télophases à la faveur du rapprochement. D'après beaucoup d'auteurs, il y aurait fusion à ces stades très avancés. Nous avons parlé de cette question dans notre tra- vail en collaboration avec Dumez (03). Nous y disions que dans les télo- phases hétérotypiques le tassement au pôle ne va pas jusqu'à la fusion. Grégoire & Weygaerts (03, p. 16) sont aussi d'avis que ce tassement est naturel, mais que la fusion serait plutôt l'effet de réactifs (note au bas de la pagej. Depuis, nous avons trouvé dans de nouvelles préparations des stades plus jeunes encore, fig. 1, 2, 3, 4. Ces figures nous montrent très nette- ment certains chromosomes encore presque entiers au pôle et nullement en contact si intime avec leurs voisins. D'autre part, elles montrent aussi que les chromoplastes se sont bien formés aux pôles des télophases, à l'endroit où les divers V chromosomiaux sont réunis par leurs pointes. 11 semble qu'une substance intensément sidérophile, une sorte de nucléine, soit venue empâter tout le pôle de la figure à ce moment. Il se peut qu'il s'agisse là d'un exsudât des chromosomes eux-mêmes. Cette dernière hypothèse sem- ble corroborée par ce fait que tous les noyaux des auxocytes à leurs pre- miers stades, depuis les télophases jusqu'au bouquet leptotène, ont un fond franchement teinté de noir par I'Heidenhain. Nous avions déjà observé cette particularité pour les Tritons (01). ÊVOI l i'ION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 393 Ces premières figures ne sont pas seulement instructives pour nous fixer sur l'endroit exact de l'apparition des chromoplastes, elles nous ex- pliquent aussi leurs formes. Entre autres, la forme en anneau trouve une explication très naturelle par les fig. 1, 2, 4. On sait que dans les batra- ciens les chromosomes se groupent nettement en couronnes aux deux pôles de la cinèse. A l'endroit des corpuscules centraux, il existe le plus souvent une ouverture dans cette couronne, là où les pointes des V se rencontrent. La fig. 4 démontre que, même à des télophases très avancées, cet espace persiste. Il n'y a pas de doute, nous semble-t-il, sur l'identité de cette for- mation avec celle qu'on retrouve à des stades beaucoup plus postérieurs, comme au stade leptotène, fig. 16. Même au stade amphitène, on observe encore des restes d'une telle disposition, fig. 40. Nous sommes donc pleinement justifié en concluant que le chromo- plaste prend naissance aux dernières télophases spermatogoniales et qu'il résulte d'un empâtement dû au dépôt d'une substance sidérophile entre les pointes des V chromosomiaux aux pâles de la figure. Nous devons nous demander maintenant ce que deviennent les chro- moplastes après le stade du bouquet. Les fig. 48, 51, 52 nous démontrent qu'ils subsistent pendant le strep- sinema. Très souvent, ils y restent entiers et y affectent bien nettement la forme d'un boudin plus ou moins allongé. A la fin de ce stade, cependant, quand les chromosomes appairés commencent nettement à s'individualiser et à se parfaire comme des éléments indépendants, ils diminuent graduel- lement de volume, fig. 49, 50, 52, 53. Enfin, quand les chromosomes per- dent graduellement leur aspect vacuoleux et hérissé, on les voit en même temps se fondre, fig. 55, de telle manière que pendant le stade de tension nucléaire on n'en trouve d'ordinaire plus de traces, fig. 56. A fortiori, au moment de la mise au fuseau, plus rien n'indique qu'une formation pareille ait jamais existé dans le spermatocyte, fig. 57 et suivantes jusqu'à 64. Nous devons donc dire qu'à mesure que le chromosome se remplit de substance sidérophile, le chromoplaste diminue de volume. Il est donc naturel de le considérer comme une substance destinée à être absorbée par les chromo- somes à la fin du stade auxocytaire, comme il semble qu'elle a été excré- tée par eux au commencement de ce stade. La conclusion dernière de ceci serait qu'une partie au moins de la substance chimique des chromosomes est retravaillée dans ce long stade et 52 394 F- A- JANSSENS que par conséquent, quant à sa matière, un chromosome des télophases spermatogoniales n'est pas identique avec ce même chromosome aux pro- phases hétérotypiques. Cette conclusion n'est pas aussi radicale, beaucoup s'en faut, que celle émise par Carnoy & Lebrun pour l'évolution de l'élé- ment chromatique dans l'œuf, mais elle nous en rapproche quelque peu. Cette conclusion nous permet aussi de conserver à ces formations le nom de chromoplaste. qui leur a été donné par Eisen. Le savant américain prenait ce nom dans un sens morphologique; nous le prenons dans un sens trophique. Chapitre IV. Signification des anses du bouquet et, partant, des dyades hétérotypiques. Dans notre travail de 1903, nous avons appelé l'attention (p. 426) sur un fait important, c'est qu'à un stade plus ou moins jeune les anses du bou- quet sont en continuité du côté du pôle proximal du noyau. Le même fait a été observé dans les œufs de poissons par Schreiner (04, p. 563). Nous devons, avant de poursuivre notre description, donner quelques explica- tions supplémentaires à ce sujet. Le phénomène de la continuité des extrémités des anses s'observe sou- vent entre filaments pachytènes, fig. 24c, 27a, 37(7, avec une entière cer- titude, mais [et ceci est un correctif à notre travail précédent] ce phéno- mène n'est pas général à ce stade, fig. 42. — Au stade leptotène, on trouve souvent aussi des filaments fins s'incurvant du côté du pôle proximal, fig. 14, 15, 59, Pl. VII. Mais ici encore on trouve bien certainement des filaments qui se terminent librement au pôle. A la fin du stade amphi- tène, nous avons de rares fois trouvé deux filaments leptotènes enroulés en torsade et nettement en continuité du côté de la sphère, fig. 38, 39. Le rapprochement des deux parties semble être en retard dans ces cas pour une cause qui nous échappe pour le moment. De l'interprétation exacte de ces phénomènes dépendra la signification à attribuer aux anses du bouquet. Il y a, en effet, deux interprétations con- traires en présence. i° Les filaments qui s'incurvent ainsi aux environs de la sphère repré- sentent les chromosomes des télophases des dernières cinèses goniales et leur point de courbure représente la pointe des V de ces chromosomes. ÉVOLUTION DES SPERMATOCVTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 395 '/' B 2° Ou bien les anses du bouquet pachytène représentent les chromo- somes spermatogoniaux soudes deux à deux suivant toute leur longueur et les pointes des V sont noyées dans le chromoplaste au pôle distal du noyau. i° Discussion de la première hypothèse. Il faudrait supposer, dans cette première interprétation, que les bouts libres des chromosomes se trouvent dans les chromoplastes et qu'ils vont s'y souder deux à deux pour forme)- les anses ■*»■ du bouquet une fois que les chromoplastes auront disparu. Deux cas peuvent se présenter ici. A. Parfois deux chromosomes viennent se superposer et on aura alors des anses pachytènes s'incurvant au pôle proximal, fig. 2\b, 24c, 27a, 30a, 37. B. D'autres fois, les deux branches d'un même V s'en- roulent l'une autour de l'autre, fig. 38, 39 (24<3, 25, 33, 38£ et bien d'autres pour- raient s'interpréter de cette manière), et dans ce cas Yansepachytène future viendra se terminer librement au pôle proximal. Dans le cas A, une anse pourrait être formée de 4 moitiés de chromosomes différents. Dans le cas B, une anse serait formée de 2 chromosomes soudés par leurs 4 bouts libres. Enfin, il resterait le cas où une anse serait formée d'un côté de deux moitiés de deux chromosomes différents et de l'autre côté d'un chromo- some incurvé, ce serait le cas AB. Ainsi se trouveraient interprétées très facilement les diverses formes des chromosomes avant leur mise au fuseau. Si les dyades ont leurs bouts libres, elles proviendraient du cas A; si les deux bouts étaient soudés de manière à former un anneau, on serait en présence du cas B; et, enfin, si d'un côté seulement les bouts sont soudés, on serait en présence du cas AB. On sait que ces diverses formes de dyades se présentent dans presque toutes les hétérotypies qu'on a étudiées. 396 F. A. JANSSENS Ainsi s'interpréterait très naturellement aussi cette particularité obser- vée par plusieurs auteurs de l'existence d'un épaississement au milieu d'une dyade, comme nous l'avons signalé en 1901, p. 77, ou l'existence d'une so- lution de continuité constatée au milieu des deux bâtonnets parallèles dans les copépodes par Ruckert, Hacker et vom Rath. Si l'on admettait cette manière de voir, il faudrait dire que la première des deux cinèses de maturation serait réductionnelle au sens de Weismann et cela d'une façon quelque peu différente pour les divers cas, A, B et AB. Mais les considérations très intéressantes de Boveri (04) sur les rapprochements à faire entre les phénomènes des cinèses de maturation et les lois de Mendel (65) ne trouveraient plus d'application ici, du moins pour les chromosomes B et AB. En effet, examinons le cas d'une anse B. Elle est composée de deux parties parallèles " , formées par le recourbement avec soudure aux bouts libres de deux chromosomes a et b. Lors des anaphases, la section se fait à la pointe des V et il remonte au pôle de part et d'autre a b - et -. Le chromosome peut se présenter au fuseau de n'importe quelle façon, le résultat sera toujours le même. Dans le cas A, il en est tout autrement. Désignons, par exemple, 4 chromosomes des télophases par a, b, c, d. Ils pourront se souder dans les chromoplastes de deux façons différentes. Ou bien on aura : a c ou bien : b c Si cette dyade se met au fuseau comme elle est figurée, les deux spermato- cytes II recevront dans le premier cas - — r- —5 — , dans le second cas au 2 2 a d 2 2 contraire — — - . Mais il y a plus. Les deux autres moitiés de c b c 2 2 ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 397 et d entreront dans un autre groupement chromosomial avec deux autres chromosomes, par exemple e et f, et on pourra avoir les deux cas suivants, d'après la façon dont ces deux dyades se mettront au fuseau : c c 2 2 t° c d 2 2 d c 2 2 Dans le premier cas, les spermatocytes II recevront de par ces deux dyades a c . c e a e 2 2 2 2 2 ' '2 b+Ë+Ë+I b f 2 ' 2 2 ' 2 2 2 c'est-à-dire que les chromosomes c et d passeront en entier dans un des deux spermatocytes, tandis que dans le second cas les spermatocytes recevront 2222 2222 En d'autres mots, il pourra se faire que le cas A, quant au résultat dernier à obtenir, retombe dans le cas B. On voit par là que si cette première hypothèse se vérifiait, il pourrait se faire que dans certains cas les deux spermatocytes II reçoivent chacun la moitié transversale de chacun des chromosomes, et dans ce cas il n'y aurait pas à proprement parler réduction au sens de Boveri. D'autre part, il pourrait aussi se faire, dans certains cas exceptionnels, que les bâtonnets entiers se trouvent distribués entre les deux spermatocytes II et alors on rentrerait dans les cas de Boveri. Cette interprétation part de cette hypothèse que la situation des chro- mosomes par rapport à la sphère et aux corpuscules centraux est restée ce qu'elle était aux télophases spermatogoniales. Il est certain que les fila- 398 F. A. JANSSENS ments chromatiques ont conservé des relations avec les sphères tant au bouquet leptotène, fig. 14. 15, 58, Pl. VII, 59, Pl. VII, que pendant le long stade pachytène, fig. 62, Pl. VII, 63, Pl. VII. 2° Discussion de la deuxième hypothèse. On peut considérer aussi les anses du bouquet pachytène comme étant les chromosomes des télophases goniales réunis deux à deux suivant toute leur longueur, de telle manière que l'anse elle-même représenterait deux chromosomes et que les courbures des V se trouveraient au pôle distal du noyau, c'est-à-dire au pôle opposé à la sphère. Cette interprétation semble, à première vue, forcée et en contradiction avec les faits rapportés sous le i°. Nous croyons cependant, après une étude minutieuse, devoir nous tenir à cette manière de voir, et nous allons exposer les raisons de cette préférence. I. La raison primordiale de cette interprétation se trouve dans la sériation presque ininterrompue des stades successifs depuis les télophases jusqu'à l'apparition bien nette des anses. Aux dernières télophases spermatogoniales, la sphère munie de ses deux corpuscules centraux se trouve du côté où les courbures des V des chromosomes, fig. 1 à 4, viennent de disparaître, et où, à leur place, s'est formé le chromoplaste. On trouve les sphères à cette place presque pendant tout le stade des noyaux deutobroques, fig. 6, 8, 10. Les sphères se trouvent généralement vers l'intérieur de la cavité du cyste, et les chromoplastes les touchent presqu'immédiatement, fig. 65, 66, Pl. VII. La sphère gardera sa place dans la suite, mais il n'en est pas de même du contenu du noyau. Vers la fin du stade deutobroque et surtout au com- mencement de l'auxospirème, le chromoplaste se montre à une certaine distance de la sphère, fig, il et 65£, 66, Pl. VIL A mesure que l'évolution du spirème avance, le chromoplaste se trouve généralement de plus en plus loin de la sphère, fig. 12, 13, 67. Enfin, généralement au stade du spirème et du bouquet grêle, le chromoplaste occupe le pôle distal du noyau par rapport à la sphère, fig. 14, 15. 68. A notre avis, on ne peut expliquer la suite de ces figures que par un mouvement du noyau. Nous avons signalé des mouvements analogues des noyaux pendant le stade du bouquet parfait et dans les spermatocytes II (oi et 03, p. 428), et Ivar Broman (01) en a signalé dans les spermatides. ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 399 Il ne peut s'agir ici, en effet, d'un mouvement isolé des chromoplastes à l'intérieur du noyau et cela pour deux raisons : i° à cause de l'aspect du reste du noyau et 2° à cause de la forme que prend la sphère à ce moment. i° On trouve généralement dans le noyau des auxocytes à un stade très jeune, outre le chromoplaste très volumineux, deux nucléoles, dont l'un le plus souvent aux environs du chromoplaste et l'autre à une certaine dis- tance de celui-ci, fig. 9, 12, 13 ('). Or, à travers tous les stades successifs que nous avons décrits, ces corpuscules gardent généralement leur situation respective dans la cavité nucléaire, fig. 8, 9. il. 12, 13, 67. D'autre part, les autres parties du noyau, par exemple les parties visibles des chromo- somes, gardent pendant tout le temps leur orientation par rapport au chromoplaste, fig. 11, 13, 67. Cela indique qu'il s'agit ici d'un mouvement d'ensemble du contenu du noyau. 2° La sphère prend aussi souvent à ces stades une figure particulière; elle porte une sorte de queue dont l'extrémité aboutit au chromoplaste, fig. 12, 13, auquel, pendant quelque temps encore, adhère une substance plus claire et réfringente, fig. 8, il. 12, renfermant parfois des granules analogues aux corpuscules centraux, fig. 8, il et qui ressemble à un idio- some. Ces figures indiquent clairement, à notre avis, que le noyau et la sphère ont subi, l'un par rapport à l'autre, un déplacement. Or, comme la sphère reste immobile, Pl. VII, fig. 65, 66, 67, 68, c'est le noyau qui s'est déplacé. Il faut donc admettre que les chromosomes très déformés à ce mo- ment, mais qui n'en existent pas moins, ont subi le même déplacement. Ce fait est assez clairement indiqué par la fig. 67. On doit donc logiquement admettre que la courbure des V des chro- mosomes goniaux reste encastrée dans le chromoplaste et se trouvera par conséquent au pôle distal pendant les stades suivants : leptotène, fig. 14, 15, amphitène, fig. 36, et pachytène, fig. 42. S'il en est réellement ainsi, comment peut-on interpréter l'existence, à ces stades, de la continuité frappante de certains filaments à l'endroit où ils touchent le pôle proximal du noyau, fig. 14, 21, 24, 27, 37, 38, 39 ? Ces faits s'expliquent très bien par les soudures qui peuvent se produire entre les extrémités libres des chromosomes pendant les télophases de la cinèse. (') Il est probable que l'origine de ces nucléoles est analogue à celle des chromoplastes, FIG. 6, 8, 11. 400 F. A. JANSSENS Nous avons, en 1901, appelé l'attention sur ces soudures, p. 58 et 61. Nous pensions alors que chaque bout de chromosome entrait en relation intime avec le bout du chromosome voisin et qu'il se constituait ainsi un peloton unique. Nous avons fait remarquer à cette époque que les endroits d'union pouvaient s'observer parfaitement depuis les phases les plus jeunes du spirème, p. 61, et nous nous trouvions en droit de dire qu'à chaque cinèse le peloton se scindait aux mêmes endroits pour reconstituer les chromosomes des télophases. Depuis, nous avons remarqué que ces rappro- chements avec soudure aux télophases ne constituent pas une règle géné- rale et que beaucoup de bouts chromosomiaux restent indépendants de leurs voisins. Il n'en reste pas moins incontestable que le rapprochement des extré- mités chromosomiales peut être tel que pendant les premiers stades spiré- matiques plusieurs chromosomes restent unis ou au moins très voisins à leurs bouts. Voici quelles sont les raisons que nous avons pour admettre une sou- dure temporaire, plutôt qu'une continuité véritable. i° Il est rare, pour ne pas dire plus, qu'on ne voie pas à ces endroits de courbure une structure plus faible du filament, fig. 24c, 37a et b, et même 38c, qui indique que la soudure n'est pas très complète. 20 Parfois, on peut constater avec certi- tude qu'il s'agit d'une contiguïté seulement, fig. 21, en bas. ('). Il en est aussi certainement ainsi pour les deux filaments leptotènes, fig. 24#, qui se sont enroulés pour former le bout pachytène à cet endroit. De plus, 30 un grand nombre de filaments leptotènes se terminent librement au pôle, fig. 14, 15, 59/7, Pl. VII. Ce dernier fait emporte la conviction. IL II est un fait qui vient corroborer toute notre interprétation : c'est la continuité des filaments lepto- et pachytènes à trai>ers le chromo- plaste. Au stade pachytène, cette continuité est bien certaine et non seule- ment on trouve toujours, de part et d'autre, des chromoplastes allongés à ce stade des filaments chromatiques qui se correspondent, fig. 43, 44, 45, 46, mais il arrive dans certaines circonstances (de fixation et de coloration) que l'on peut poursuivre les chromosomes à travers la masse du chromo- plaste, fig. 44. Dans ces cas, on voit clairement qu'il y a continuité par- (') Le filament double a' se recourbe immédiatement pour revenir s'accoler à la membrane nucléaire. Nous pensons que cet accolement est temporaire et analogue à celui des filaments, ïig. 39, en bas, et 37è, à gauche. ILUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 401 faite entre le filament qui entre dans le chromoplaste et celui qui en sort ('). Nous pouvons donc conclure en disant que la seconde interprétation de ces deux hypothèses, p. 394, cadre beaucoup mieux avec l'ensemble des faits que nous observons dans le testicule du Batracoseps. En effet, i° le chromoplaste se forme et reste à la pointe des V des chromosomes sper- matogoniaux, et 2° le noyau, par un mouvement d'ensemble s' opérant pendant les premiers stades spermatocytaires (télophases, deutobroque et auxospirème), se retourne de i8o° de manière que les bouts libres des V doivent arriver presque en contact avec la sphère, qui reste immobile pen- dant ce mouvement. D'après cette manière de voir, la signification d'une anse du bouquet est simple. Elle résulte de l'accolement pendant le stade amphitène de deux chromosomes spermatogoniaux. Cet accolement commence du côté de la sphère et finit au chromoplaste. Pendant le long stade du bouquet, les anses sont simples et par aucune méthode cytologique nous ne parvenons à y reconnaître la moindre trace de dualité. Au stade du prostrepsinema, chaque anse commence à se cliver sui- vant sa longueur du côté du chromoplaste, fig. 48, 49, 50, et nous sommes mis en présence de figures qui rappellent très fort celles du stade amphi- tène. Il est toutefois impossible de confondre ces deux formations et cela pour plusieurs raisons. i° Le stade du prostrepsinema se trouve dans le testicule à une dis- tance considérable du stade amphitène. La sériation est absolument cer- taine (p. 384) et empêche complètement toute confusion. 20 La figure de ce stade diffère considérablement de l'amphitène. A. Les anses n'y sont plus orientées vers la sphère. B. Les chromoplastes y affectent presque toujours la forme de boudins Nous ne nous dissimulons pas qu'il existe des cas d'une interprétation difficile. Il arrive qu'on trouve un nombre impair de filaments en relation avec un chromoplaste. Dans ces cas, le plus souvent on voit ou bien une aspérité du chromoplaste à la limite de la coupe, qui peut très bien être considérée comme donnant insertion à un filament chromatique se trouvant dans une autre coupe, ou bien un filament qui aboutit au chromoplaste en dessous ou au-dessus de celui-ci, fig. 51, en bas et au milieu du chromoplaste. 11 est donc généralement possible de trouver une explication objective à ces apparentes exceptions. Quand le chromoplaste est allongé, il porte très souvent un filament chromosomial à ses deux extrémités. Nous pensons que celui-ci le traverse suivant son axe longitudinal et que c'est même à cause de cela qu'il possède cette forme en bou- din, fig. 43. 53 402 F- A. JANSSENS ou de nucléoles à surface bien arrondie, fig. 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49. 50, 51, 52. De plus, ces corps sont souvent tombés en morceaux à cette époque, fig. 44, 47, 48/, 49, alors que dans les noyaux amphitènes le chromoplaste est unique et porte des aspérités. C. L'association des filaments jumeaux est ici beaucoup plus régu- lière. Ils ne s'éloignent jamais beaucoup l'un de l'autre. Cela n'empêche que l'un ou l'autre groupe du prostrepsinema peut présenter des analogies frappantes avec des groupes amphitènes. On peut comparer à ce point de vue les fig. 28, 29, 33, 35 du stade amphitène avec les fig. 48 à 52 du prostrepsinema. Or, ce sont précisément ces comparai- sons qui nous permettent de dire avec une grande probabilité que les fila- ments qui se séparent pendant le stade du prostrepsinema sont les mêmes qui se sont associés pendant le stade amphitène. S'il en est ainsi, les deux parties d'une dyade hétérotypique repré- sentent deux chromosomes différents des cinèses somatiques. La figure hétérotypique sera dans ce cas réductrice aussi bien au sens de Weismann qu'au sens de Boveri (04). Les rapprochements vraiment frappants que Boveri (04) fait à ce point de vue entre l'étude anatomique du chromosome, tant dans les cinèses somatiques que dans les cinèses de la maturation, et les phénomènes de la fécondation d'un côté et les lois de Mendel (65) de l'autre côté, trouveraient leur application ici. Boveri (04) admet que lors du synapsis deux chromosomes, l'un mâle et l'autre femelle (plus exactement de la race du mâle et de la femelle), entrent en conjugaison par soudure à leurs bouts. La séparation de ces deux chro- mosomes se ferait d'après lui dans la deuxième cinèse de maturation. Nous admettons que la conjugaison de deux chromosomes homologues de races diverses se fait au stade amphitène (') suivant toute la longueur de ces derniers et que leur séparation s'opère pendant la première cinèse de ma- turation. Au point de vue du résultat final et de l'application de ces phéno- mènes aux lois de Mendel, le résultat est le même. Au point de vue de la réduction, il ne reste ici qu'une difficulté, grande, à notre avis,, c'est l'expli- cation même de la soudure si intime de ces deux chromosomes pendant tout le stade du bouquet. Cette soudure ressemble plus à une fusion qu'à une juxtaposition temporaire. Il reste là certainement un point délicat à éclairer. Nous comptons y revenir dans un travail ultérieur. Nos observations sont enfin en concordance avec celles de Berghs (04), (') Pendant le synapsis des auteurs. ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 403 Grégoire (04Ï, etc. Ce dernier fait apporte un argument de plus en faveur de la deuxième hypothèse que nous avons émise. Résumé. D'après tout ce qui précède, il est extrêmement probable, pour ne pas dire plus, que les 12 anses du bouquet chez le Batracoseps résultent de la soudure deux à deux et suivant toute leur longueur des 24 chromosomes des dernières cinèses somatiques. Cette soudure commence au bout libre des anses et s'achève aux chromoplastes. Elle a lieu pendant un stade très important, que nous avons appelé stade amphitène. Pendant le stade du bouquet épais ou stade pachytène, les anses ne révèlent pas la moindre trace de dualité. Pendant le stade du prostrepsinema, on voit apparaître, à commencer du côté des chromoplastes, des filaments grêles appairés résul- tant du clivage des anses pachytènes. Le clivage progresse rapidement et aboutit à la production de dyades, dont les éléments ont une grande res- semblance avec les filaments qui se sont soudés pendant le stade amphi- tène. Ce sont ces dyades qui seront séparées pendant la première cinèse de maturation ou hétérotypie. Il est donc très probable que les deux sper- matocytes II reçoivent chacun 12 chromosomes entiers, c'est-à-dire la moitié des 24 chromosomes des dernières cinèses spermatogoniales. Chapitre V. Appendice. § 1. Grandeur comparative des divers noyaux du testicule de Batracoseps. 11 nous a paru intéressant de rechercher quelle pourrait être la relation de volume entre les divers noyaux que l'on trouve dans les testicules de Batracoseps. Pour cela, nous considérons que, les noyaux étant de petites sphères ou des ellipsoïdes, leurs volumes sont entre eux comme les cubes de leurs diamètres (pour les noyaux ellipsoïdaux, nous avons pris la moyenne du plus grand et du plus petit diamètre). Nous avons mesuré dans une même coupe une vingtaine de noyaux aux mêmes stades et nous avons pris la moyenne des diverses mesures. Pour les spermatogonies, les spermatocytes II et les spermatides, nous 404 F. A. JANSSENS Cube de la moyenne des diamètres 7-5 13.8 i5.6 18.4 ent 15.4 6.96 3.37 avons pris les stades de repos complet. Pour les spermatocytes I, nous avons pris plusieurs stades. Voici les chiffres que nous avons obtenus : Spermatogonies Auxocytes : i° Bouquet leptotène 2° Bouquet pachytène 3° Strepsinema 4° Tension nucléaire et relâchement Spermatocytes II Spermatides Il semble, d'après cela, que le noyau des auxocytes possède un volume double des noyaux spermatogoniaux. Le chiffre 15.6 exprime le volume relatif des noyaux en bouquet et des noyaux poststrepsinématiques. Il ex- prime donc bien le volume relatif de l'auxocyte pendant presque toute son évolution. Or, ce chiffre est sensiblement égal à deux fois 7.5, qui est le chiffre relatif des noyaux spermatogoniaux. On remarquera aussi que le stade du strepsinema correspond à une période de gonflement subit, auquel fait suite un stade d'affaissement que nous avons qualifié de stade de tension nucléaire. Ce stade est donc passager et il reste établi que les noyaux des spermatocytes I en pleine évolution ont deux fois le volume des noyaux spermatogoniaux. Si nous comparons à présent le volume des spermatocytes I et des spermatocytes II, nous trouvons une relation inverse. Les noyaux des sper- matocytes II ont à peu près un volume égal à la moitié de ceux des sperma- tocytes I. Pour le bouquet leptotène, cette relation est pratiquement exacte : 13.8 : 6.96 = 1.98 ; pour le bouquet pachytène, l'excès du côté de ce dernier n'est pas grand, 1 5.6 : 6.96 = 2.24. Nous pouvons donc dire avec certitude que le stade de repos qui suit l'hétérotypie n'est pas comparable à un stade de repos somatique. En effet, s'il en était ainsi, les noyaux des spermato- cytes II devraient avoir, après leur stade de repos, le même volume que ceux des spermatocytes I. En d'autres mots, il n'y a pas d'accroissement de chromatine pendant le stade de repos entre les deux cinèses de maturation. D'autre part, les noyaux des spermatocytes II ont sensiblement le même volume que ceux des spermatogonies. S'ils contiennent la même ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 4o5 quantité de nucléine qu'une spermatogonie ordinaire, celle-ci doit avoir subi pendant un stade analogue au repos somatique un accroissement du simple au double, comme cela a lieu d'une cinèse somatique à l'autre. Cet accroissement ne peut avoir eu lieu après l'hétérotypie, donc il a eu lieu avant ('). Il est logique d'admettre que cet accroissement a eu lieu pendant le stade auxocytaire. C'est ainsi qu'on s'explique pourquoi le noyau auxocytaire a un volume double de celui des spermatogonies. Il y a plus. De même qu'au stade de repos qui suit l'hétérotypie il n'y a pas d'accroissement des chromosomes, de même après les télophases ho- méotypiques ce stade d'accroissement n'existe pas. En effet, les noyaux des spermatides ont à peu près la moitié du volume de ceux des spermatocytes II, 6.96 : 3.37 = 2.06. En d'autres termes, la spermatide ne renferme dans son noyau que la moitié de la masse chromatique qui se trouve dans un noyau de spermatogonie. Nous pouvons schématiser les phénomènes de la façon suivante. Com- parons ce qui se passe dans deux cinèses somatiques successives avec ce qui se passe pendant les cinèses de maturation. Nous supposons que le vo- lume de l'élément chromatique est 1 à l'état de repos. Dans ces deux sché- mas, p. 406, nous avons donné aux noyaux les dimensions moyennes prises à la chambre claire Abbé, au niveau de la table de travail, avec l'objectif apo- chromatique 2 mm. et l'oculaire compensé 6 (voir les schémas à la p. 406) (!). Tâchons actuellement de préciser encore mieux les questions et de déterminer à laquelle des cinèses sexuelles répond l'accroissement auxocy- taire. Supposons qu'une cellule somatique de Batracoseps ne renferme que deux bâtonnets, n = 2. Le volume total de l'élément chromatique à l'equa- leur d'une cinèse ordinaire étant 1 , chaque chromosome aura 1/2 du volume. Aux anaphases de cette cinèse, chaque bâtonnet aura 1/4 du volume de l'élément chromatique total, les deux bâtonnets ensemble en auront 1/2. Pendant le repos, il y aura des phénomènes d'accroissement qui feront en sorte qu'à la métaphase suivante chacun des bâtonnets aura repris son volume normal, c'est-à dire 1/2 du volume total de la figure équatoriale. Appliquons ces données à ce qui se passe pendant toute la période de maturation (voir les schémas à la p. 407). On verra plus bas, p. 407, quelle est la signification exacte de cette égalité de volume entre le noyau somatique et celui des spermatocytes II. C2) Ces figures ont été réduites dans la relation de 3 : 2. 4o6 P. A. JANSSENS P. w J w p X w en w w z C/3 W H O w cri W t/2 -W z .2V3. 6 4S ai s H 5 <" g g g Q G w ■3 S *> t! S >£ o o S* •a S-o w 3 X w a» ai VI •« •a) p, S b 'o o ■Su eu J3 P. O rt 03 ,o 3 C o ■a aj aj w 0 a) R ri 0) •O a c j3 û> rt p. B S o. g£> 3 S •aj t/ï s S ÛJ ri g " •ai s • O ni a) ■a G 'u tn c -jr Il en [/] o a) S g- ■>;> 4> a * = 'S o.» a W rî U) O u' £•3 m s Ë - c -j -r c M m '-C •* 9 .-, "3 l. ir. S a-s?M ils si 35 -T3 — 5 c g S ^ - s -. .s„a. .S"9 o o fi e — o « — G ^ S rt § ^ S « » "> •~ e ^> J 2 - U fj J S. e 0) o -C — O PL, o -v u Cl, S s (_ -\N ) C Jf ) ^cE) ^ <*> c^~) C o R ^3 o ~ o 0 C- ft — ai ^3 — 0) 0 3 u B J C^Z) \^ D c ^ ) c 5^ ) (T ^ ) c_ •^ ) c * ) d .* ) c ^ ) Si a. a 5 o •o H_ (4.8Q)3 X 64 153 UrTH' = " R'2H' == 4R'aH' == D'2H' == (4.26/ X 43 ~ 7» ~~ l,Q6, La relation de volume serait exactement 2, si la mensuration nous avait donné pour la longueur moyenne des plus longs chromosomes homéoty- piques le chiffre 42.5 au lieu de 43. On ne peut exiger davantage. Ce résultat constitue un contrôle de notre méthode et prouve aussi indirectement que les chromosomes des spermatides, tout en possédant des proportions différentes des chromosomes somatiques, possèdent cependant le même volume que ces derniers. Les déductions théoriques de nos mensurations de noyaux se trouvent donc pleinement vérifiées par nos mensurations faites sur les chromosomes eux-mêmes. Sco lie. Il y a la même relation entre le volume des chromosomes en cinèse et le volume des noyaux à l'état de repos. Ce scolie donne de la probabilité à la théorie que nous exposons dans le paragraphe suivant et qui dit que dans le noyau tous les chromosomes se touchent. Cette étude de mensuration nous mène à cette autre conclusion, que les cinèses hétérotypiques sont composées de deux parties : i° une cinèse ordinaire dont les divers stades sont complètement brouillés, et 2° un phé- nomène de réduction dans le nombre des bâtonnets. Nous arrivons ainsi, indépendamment de Grégoire (04), identiquement à la même conclusion à laquelle il est arrivé lui-même par une voie différente de la nôtre et indé- pendamment de nous. Nous disions que les phénomènes de la cinèse homéotypique sont ab- solument bouleversés. Mettons en regard les divers phénomènes qui se passent pendant l'évolution de maturation. 4,2 F. A. JANSSENS CINÈSE HOMÉOTYPIQUE. PHÉNOMÈNE DE RÉDUCTION. Télophases. Repos avec accroissement précédant l'homéotypie. Stade leptotène. Spirème de l'homéotypie. Stade amphitène. Association de deux chromosomes suivant toute leur longueur. A uxocyte. Accroissement qui devrait se faire pendant le repos suivant l'homéo- typie. A naphase hétéroty pique. Clivage des chromosomes de volume Réduction du nombre des chromo- double ayant déjà subi leur épais- somes aux anaphases par une fi- sissement. Ce phénomène de cli- gure cinétique achromatique, vage devrait se produire à la mé- taphase homéotypique. Métaphase homéotypique. Au point de vue achromatique, méta- phase ordinaire. Au point de vue de la chromatine, séparation de chromosomes parfaits ayant déjà subi l'accroissement qui ne se produirait dans une cinèse ordi- naire qu'après les télophases de cette cinèse. ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 413 Résumé, On peut exprimer les lois que nous venons de mettre en évidence de la manière suivante. i° La masse des chromosomes ne se double qu'une fois pendant toute la période de maturation et cela pendant le stade auxocytaire. 2° Il n'y a pas d'accroissement en quantité pendant les deux stades de repos qui suivent chacune des figures de maturation. 3° Chacune des dyades qu'on trouve aux métaphases de l'hétérotypie équivaut en volume à 4 chromosomes des métaphases somatiques. 4° Chacun des chromosomes anaphasiques de cette même figure équi- vaut en volume à 2 chromosomes d'une métaphase somatique. 5° Chaque chromosome qui remonte au pôle dans l'homéotypie ré- pond en volume à un chromosome d'une métaphase somatique. 6° Il n'y a qu'une cinèse proprement dite parmi les figures sexuelles, c'est la cinèse homéotypique. a) Son stade spirème répond à l'auxospirème et au bouquet grêle des auxocytes. b) L'augmentation en volume qui se fait dans une cinèse ordinaire après les télophases a lieu ici avant la méta- phase pendant le stade auxocytaire. c) Le phénomène de clivage et de sé- paration des chromosomes-filles, qui devrait se produire pendant la méta- phase homéoty-pique, se produit pendant ou peu après la métaphase hété- rotypique. d) L'anaphase homéotypique ne fait que porter aux pôles des bâtonnets déjà longtemps séparés et ayant déjà depuis le stade du bouquet le volume qu'ils ne devraient normalement acquérir qu'après les télophases de cette figure. Voilà autant de conclusions indubitables pour le Batracoseps. Nous croyons qu'elles se vérifieront pour toutes les cinèses de maturation. § 2. Quelques données sur la structure des chromosomes dans les auxocytes. Nous ne désirons pas offrir ici au lecteur une théorie sur la structure des chromosomes, mais présenter quelques observations que nous croyons de nature à éclaircir tant soit peu cette question très obscure. Nous avons déjà fait observer dans notre travail en collaboration avec Dumez (03) que les chromosomes du Batracoseps semblent plus épais que ne le ferait croire la partie colorée en noir, p. 428. Nous revenons à cette question. 4i4 F. A. JANSSENS La fig. 47 a été faite d'après une partie nucléaire avoisinant la mem- brane du noyau. On peut y reconnaître très nettement que le chromo- some est intensément vacuolisé. Grégoire & Wygaerts (03) ainsi que Ko- walski (04) ont attiré particulièrement l'attention ces derniers temps sur ces phénomènes de vacuolisation des chromosomes dans des noyaux au repos. L'un des chromosomes, figurés en la fig. 47, longe la membrane sur une assez forte longueur et il est possible de l'étudier un peu mieux que les au- tres. Il passe à travers un morceau de chromoplaste (ou il le renferme en lui). Il est très facile de voir sur la figure que le chromosome ne se limite pas à la partie franchement colorée en noir. Cette dernière ne constitue que son axe, mais il s'étend lui-même assez loin de droite et de gauche de cette ligne. De plus, il semble terminé par une membrane nettement apparente ici. Nous prions le lecteur de bien vouloir croire que notre figure n'a été nullement schématisée. Le chromosome supérieur gauche de cette même figure est très démonstratif aussi à ce point de vue. Il semble d'après cela que le chromosome du bouquet soit un boudin très large, qui dans son axe porte une partie plus dense et plus chromatique. Il s'en faut que les figures soient toujours semblables à la fig. 47. Le noyau sur lequel elle est prise se trouvait au centre de la coupe. Vers la périphérie de la coupe, la fixation a été beaucoup plus puissante. Bien sou- vent alors, l'axe central se dessine plus nettement. Ceci est surtout le cas pour le strepsinema, fig. 54. On trouve toutes les apparences intermédiaires entre ces figures extrêmes. On remarquera que l'axe chromosomial peut être interrompu. Nous croyons que ce cas se présentera quand une vacuole s'est produite dans l'axe lui-même. Nous nous sommes demandé si dans la profondeur des noyaux une structure analogue peut s'observer. Nous sommes le premier à dire qu'il n'en est pas toujours ainsi. Mais très souvent on retrouve autour de la par- tie chromatique des chromosomes une partie très vacuolisée, et pour cette cause probablement peu colorée, qui s'étend de tous côtés autour de cet axe et est limitée par une membrane souvent assez nettement indiquée, fig. 42, au milieu à droite, 43, en bas, 44, au milieu, 45, 46. Il en est de même au stade du strepsinema, fig. 50, 53. Nous avons remarqué que souvent l'épaisseur du chromosome, quand on prend comme chromosome l'ensemble de la partie axiale et des parties non ou peu chromatiques, correspond assez bien à l'épaisseur du chromo- some achevé prêt à se mettre au fuseau : comparez les fig. 50, 53 et 64; ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MAI ES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 415 les chromosomes achevés seraient plutôt un peu moins épais que les chro- mosomes du strcpsinema. Nous ne disons rien de la nature de ces membranes limitantes, parce que nous ne pouvons rien en savoir. Nous ferons cependant remarquer qu'une substance demi fluide non terminée par une limite anatomique prendrait une figure sphérique et ne pourrait pas conserver si régulièrement sa forme cylindrique à travers tous les phénomènes de la cinèse et du repos, comme nous l'ont indiqué nos mensurations du paragraphe précédent. Les chromosomes se touchent-ils tous dans le bouquet et le strepsi- nema? Cela nous semble probable, surtout parce que dans le bouquet tous les axes des chromosomes sont sensiblement équidistants. Ce fait est très remarquable et doit bien avoir une explication. Celle que nous fournissons comme provisoire nous paraît reposer sur des données positives non équi- voques. S 3. La sphère à travers l'évolution de l'auxocyte. Nous ne voulons encore une fois présenter ici que quelques re- marques discrètes. Ce qui nous engage à dire un mot à propos d'une ques- tion aussi délicate que celle de la sphère, de l'idiosome, des corpuscules centraux et en général de la figure achromatique, c'est l'existence incontes- table de la relation qui existe entre toutes ces productions et l'élément chromatique pendant toute l'évolution de l'auxocyte. Cette relation a été bien souvent soupçonnée. Tous les auteurs qui ont figuré le stade du bou- quet le représentent orienté vers la sphère. Schoenfeld (01), p. 50, attri- bue la formation du synapsis et la rétraction de la masse synaptique vers la sphère à l'action des diplocentres. A. & K. E. Schreiner (04) trouvent aussi que les filaments minces formés pendant les premières phases du synapsis sont orientés vers la sphère sous l'influence régulatrice de cette dernière ou mieux des centrioles, p. 574. Ni l'un ni l'autre de ces auteurs ne trouvent cependant de relations directes entre l'élément chromatique et les éléments achromatiques pendant ce stade. D'Hollander (04) représente des noyaux où les filaments fins sortant du synapsis prennent la direction de la sphère. Nous avons insisté dans plusieurs travaux antérieurs sur cette orienta- tion. Nous pensons qu'elle se produit sous l'influence de la figure achro- matique. 416 F. A. JANSSENS Nous ne pensons pas que, pendant tout le stade auxocyte, le proto- plasme entourant le noyau du spermatocyte rentre au repos. Pendant toute l'évolution, il est possible sur des préparations particulièrement bien fixées de voir dans le protoplasme de la cellule une infinité de filaments rayonnants. A certains moments, l'orientation a comme centre deux corpuscules plus ou moins bien limités et qui sont, à n'en point douter, les centrosomes ou centrioles des auteurs. Le plus souvent, ces corpuscules se trouvent au centre de la sphère, qui, dans ces cas, est assez régulière, fig. 12, 14, Pl. III, et 60, 61, Pl. VIL Ils peuvent cependant aussi se trouver à l'ex- térieur de la sphère et dans ces cas ils sont ordinairement entourés d'un espace clair analogue à une auréole. Ils forment alors une sorte d'idio- some, fig. 58, 59/(?,), 64 de la Pl. VIL Mais très souvent aussi, l'orientation est beaucoup moins régulière et les divers rayons n'aboutissent nullement à deux corpuscules plus ou moins nettement limités, fig. 15, 62, Pl. VII, 63, Pl. VIL On peut dire que ce dernier cas se présente surtout à deux moments importants de l'évolution auxocytaire pendant le stade amphitène et vers la fin du stade du bouquet orienté. Le plus souvent en même temps la sphère elle-même est disloquée et méconnaissable, fig. 15, 36, 42, à trois profondeurs différentes, 62, Pl. VII, 63, Pl. VIL Meves avait déjà décrit ce fait dans la salamandre, et Eisen parle des déformations de la sphère dans le Batracoseps. Dans toutes les préparations qui permettent d'observer l'organisation rayonnante du protoplasme, on voit que les rayons sont en relation avec les filaments chromatiques du noyau. Il y a donc des raisons sérieuses pour croire que l'orientation de l'élément nucléinien est sous la dépendance des rayons du protoplasme et que les bâtonnets ne perdent à aucun moment leur contact avec la figure achromatique. A la fin du stade leptotène et au commencement de la soudure des filaments chromosomiaux pendant le stade amphitène, on observe dans le protoplasme une double orientation et dans le noyau une orientation double analogue, fig. 15. Ce fait nous avait déjà frappé autrefois dans les tritons. Il s'impose lors d'une observation minutieuse du Batracoseps. Il arrive souvent que cette double orientation se produit vers deux centres du pro- toplasme de la même cellule. Il en est ainsi dans les fig. 58 et 59, Pl. VII, ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 4 1 7 où l'une de ces orientations semble avoir l'idiosome comme centre, fig. 59/, Pl. VII, et l'autre les morceaux de la sphère, fig. 59//, Pl. VII. D'autres fois, cette orientation semble se faire vers des points qui se trouveraient dans des cellules voisines. Enfin, les filaments chromatiques, en s'approchant de la sphère, se con- tournent plus ou moins en hélice. On peut quelque peu se rendre compte de ce fait par la fig. 15, qui reproduit un grand nombre des filaments chro- matiques qui, à diverses profondeurs, s'approchent du pôle proximal du noyau. Quand on regarde un noyau semblable du côté du chromoplaste vers la sphère et qu'on fait jouer la vis du microscope de manière à s'approcher graduellement de cette dernière, on remarque que tous les filaments dé- crivent une courbe hélicoïdale droite |'i en s'approchant du pôle proximal. Nous ne sommes pas parvenu à établir des relations entre tous ces aspects et nous en sommes réduit à faire des hypothèses pour les expliquer. Nous attendons des renseignements plus complets pour exprimer ces der- nières. Nous continuons nos études sur cet objet. Résumé. Nous pouvons considérer comme établi : i° qu'il existe une relation entre l'appareil cinétique filamenteux et rayonnant qu'on observe pendant toute l'évolution dans le protoplasme des auxocytes et les chromosomes de leurs noyaux ; 2° que les centres cinétiques y affectent des formes très variables : tantôt ce sont des corpuscules centraux plus ou moins nets, et à d'autres stades on n'observe rien de semblable ; tantôt on trouve de belles sphères bien régulières, et à d'autres stades ces productions paraissent détruites et on n'en trouve que des débris plus ou moins informes. Louvain, le 1 8 mars igoS. (lj Dans le sens du mouvement des aiguilles d'une montre. 55 LITTERATURE. 1904 1904 (1 février) 1904 (20 juin) » 1897 Bol les Lee, A 1904 Boveri, Th igo5 Bretland , J . , Fariner &> M 'oore,J. E.S. 1901 1904 (3o juin) 1900 igo3 Grégoire, V., &• Wygaerts, A. 1904 (5 mai) Allen : Botanical Gazette, Bd iy. Berghs, Jules : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. I. Depuis le spirème jusqu'aux chromosomes mûrs; La Cellule, t. XXI, i' fasc. : La formation des chromosomes hétérotypiques. II. Depuis la sporogonie jusqu'au spirème définitif; La Cellule, t. XXI, 2<* fasc. : Les cinèses spermatogénétiques chez Yllelix pomatia; La Cellule, t. XIII. : Ergebnisse ùber die ^Constitution der chro- matischen Substanz des Zellkerns. Iena, G. Fischer. ; On the maiotic phace (Réduction divisions) in animais and plants; Quat. Journ. of micr. Se, vol. 48, IV. Bromann, : Ueber die gesetzmâssige Bewegungs- und Wachsthumserscheinungcn (Taxis und Tropis- formen) der Spermatiden, ihre Centralkorpcr, Idiosomen und Kerne ; Arch f. micr. Anat., Bd 59. D'Hollander : Recherches sur l'oogénèse et le noyau vi- tellin de Balbiani chez les oiseaux; Arch. d'Anatomie microscopique, t. VII, fasc. 1. Eisen, G. : The spermatogenesis of Batracoseps ; Journal of Morphology, v. XVII. La reconstitution du noyau et la formation des chromosomes dans les cinèses somatiques; La Cellule, t. XXI. Grégoire, V. : La réduction numérique des chromosomes et les cinèses de maturation; La Cellule, t. XXI, fasc. 2. 56 420 F. A. JANSSENS igoi (20 juin) Janssens, F. A. igo3 (i5avril) Janssens,F.A.,&'Dumez,R, 1904 1904 (23. Juli) i865 1904 1895 1905 1896 1897 1901 Koivalski, J. Maréchal, J. Mendel, Gregor Montgomery, Thos. H. (Jy.) Moore Rosenberg Sargant Schœnfeld 1904 (avril) Schreiner, A., S* K. E. (déposé le 21 février) 1904 (Juillet) » 1900 von WinkoarUr ■ La spermatogénèse chez les tritons; La Cellule, t. XIX, fasc. 1. L'élément nucléinien pendant les cinèses de maturation des spermatocytes chez Batraco- seps attenuatus et Pletodon cinereus ; La Cel- lule, t. XX, là fasc. : Reconstitution du noyau et formation des chromosomes dans les cinèses somatiques de la larve de Salamandre; La Cellule, t. XXI. : Ueber die morphologische Entwickelung der Chromosomen im Keimblâschen des Selachier- eies; Anat. Anz , E-d XXV, N. 16. : Versuche ùber Pflanzenhybriden ; Verhandl. der Naturf. Ver. in Brûnn, Bd IV. Heraus- gegeben von E. Tschermak. Leipzig, Engel- mann, 1901. : Some observations and considérations upon the maturation phenomena of the germ cells ; Biological Bulletin, vol. VI. ; On the structural changes in the reproduc- tive cells during the spermatogenesis of Elasmobranchs ; Quat. Journ. of Micr. 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Bouquet pachytène orienté. A gauche, deux derniers noyaux amphitènes. Dans tous les noyaux, on trouve encore des filaments grêles. PHOTOGR. 5. Idem, orientation plus parfaite. PHOTOGR. 6. Idem. PHOTOGR. 7. Idem. Dans certains noyaux, on observe déjà un déplacement des anses par rapport à la sphère. PHOTOGR. 8. Idem. La déviation est plus accentuée. PHOTOGR. 9. Stade du bouquet pachytène transverse. PHOTOGR. 10. Idem PHOTOGR. il. Idem. PHOTOGR. 12. Idem. PHOTOGR. 13. Prostrepsinema. PHOTOGR. 14. Idem. PHOTOGR. 15a. Strepsinema. PLANCHE II. Les photogrammes portant les lettres a et b sont pris au même niveau du testicule. PHOTOGR. 156. Strepsinema. PHOTOGR. 16. Strepsinema et tension nucléaire. PHOTOGR. 17a. Strepsinema avancé et tension nucléaire. 422 F- A. JANSSENS PHOTOGR. 17&. Tension nucléaire et stades ultérieurs. Au haut, deux anses relâchées encore bien orientées. En bas, une mise au fuseau. PHOTOGR. 18a. Relâchement des anses. On retrouve la forme et l'orientation des anses du bouquet, mais elles sont doubles. PHOTOGR. 18b. Tension nucléaire et relâchement. Même remarque que pour a. PHOTOGR. 19. Relâchement et mise au fuseau. PHOTOGR. 20. Bouquet d'après une préparation épaisse. PHOTOGR. 1, 2, 3. Synapsis. D'après un testicule insuffisamment fixé à la solution de Carnoy, vers le milieu de la préparation. Stade correspondant aux photogr. 1, 2, 3 de la Pl. I. Les Planches III, IV, V, VI ont été lithographièes d'après nos dessins. Nous avons fait cet essai pour obtenir le moelleux du crayon qui reproduit mieux la nature à ces grossissements. L'essai est satisfaisant. Sauf indication contraire, les figures ont été prises à l'apochromatique 2 mm. i,3o ou 1,40 de Zeiss, oculaire 18, à la chambre claire ^'Abbé au niveau de la table de travail. Le gros- sissement est aux environs de 3ooo diamètres. Pour les appareils d'éclairage employés, voyez Janssens et Dumez (o3). PLANCHE III. FIG. 1, 2, 3, 4. Télophases des dernières cinèses spermatogoniales. FIG. 5, 6, 7. Télophases les plus avancées de ces cinèses. FIG. 8, 9, 10, 11. Stade du repos suivant les dernières cinèses spermatogoniales correspondant au stade deutobroque de von Winiwarter (00). FIG. 12, 13. Stade auxospirème. FIG. 14, 15. Stade du bouquet grêle (Fig. 14 prise à l'apochr. i,5, O. N. i,3o de Koristka, ocul. 12, grossissement à peu près le même). FIG. 16, 17. Chromoplastes vus du pôle distal au stade leptotène. FIG. 18, 19. Chromoplastes vus du pôle distal au stade amphitène. PLANCHE IV. Filaments pris dans des noyaux au stade amphitène. FIG. 20, 21, 22, 23 en bas. Stades les plus jeunes. FIG. 33. Filament amphitène en relation avec un chromoplaste. FIG. 36. Une cellule entière au stade amphitène. Une croix X indique la place du pôle proximal dans les fig. 24, 37 et 38. ÉVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 423 PLANCHE V. FIG. 40. Chromoplaste en anneau au stade amphitène. FIG. 41. (Apochr i,5 mm., O. N. i,3o, Koristka, ocul. 12.) Chromoplaste au stade amphitène. FIG. 42. Cellule au stade du bouquet orienté (préparation peu décolorée). Le noyau à droite aurait dû être dessiné retourné de go°, les extrémités des anses pachytènes vers les trois figures de gauche qui représentent les diverses parties de la sphère à 3 niveaux différents. Les lignes pleines donnent les limites des morceaux de la sphère du niveau inférieur FIG 43. Stade du bouquet pachytène moyennement décoloré. Chromoplaste allongé en boudin dans la profondeur du noyau. FIG. 44. Même stade, préparation très décolorée, noyau des environs du bord de la préparation (fixation très bonne). On voit des filaments pachytènes traverser les chromoplastes à quatre places différentes, une fois dans le plan du dessin, trois fois perpendiculairement à ce plan. FIG 45. Même stade, préparation surcolorée. FIG. 46. Même stade. FIG. 47. Chromosomes pachytènes à la surface d'un noyau très peu décoloré. Préparation très bien fixée. FIG. 48 I, II. Deux figures d'un même noyau à deux niveaux différents. Stade du prostrepsinema. FIG. 49, 50. Prostrepsinema. FIG. 51. Prostrepsinema. Chromoplaste très compliqué en relation avec 12 moitiés d'anses chromosomiales subissant le clivage longitudinal (figurées schéma- tiquementl, dont 10 sont bien visibles sur la figure, un (en bas) est indiqué et le I2me (non figuré) s'attache au tubercule moyen du chromoplaste. PLANCHE VI. FIG. 52. Strepsinema. FIG. 53. Strepsinema Quatre anses chromosomiales accolées à la membrane nucléaire entrent dans les restes du chromoplaste, s'incurvent et s'approchent du pôle proximal dans la profondeur du noyau (quatre bandes estompées). FIG. 54. Paires strepsinématiques à la surface de 2 noyaux : I tout au bord d'une préparation (fixation trop puissante), II un peu plus profondément. FIG. 55. Calotte d'un noyau en strepsinema très avancé. Trois anses strepsi- nématiques confluent en un endroit où l'on trouve les derniers restes du chromoplaste. Elles continuent toutes les trois leur chemin en s'enfonçant dans le noyau (bandes doubles plus pâles de droite et de gauche au-dessus et bande double estompée au milieu et en dessous du chromoplaste). L'anse qui aboutit à l'endroit où se trouve : fig. 55, a été coupée en partie par 424 F. A. JANSSENS le rasoir. Cette figure précède immédiatement le stade de tension, fig. 56. Quand les anses strepsinématiques sortent de ce stade, fig. 60, leurs éléments n'ont pas une épaisseur beaucoup plus forte et leur figure et leur orientation sont sensiblement con- servées. FIG. 56. Coupe équatoriale d'un noyau au stade de la tension nucléaire. Les dyades sont tendues dans la cavité nucléaire. Celles qui ne longent pas la mem- brane se trouvent très rapprochées par cette tension. On y distingue cependant encore parfaitement les deux éléments du strepsinema. Cette tension produit au centre du noyau un nœud en partie inextricable, mais dont les éléments deviennent évidents aux stades suivants, fig. 60. Nous ne pensons pas que ce nœud (improprement nommé second synapsis) se forme à la place occupée par le chromoplaste. FIG. 57. Apochr. 2 mm. i,3o. ocul. 8. Fin du stade de tension. Les anses se dégagent déjà nettement. On voit qu'elles ont conservé leur forme et leur orientation. Les fig. 57, 58, 59, 61, 62, 63, 65 ont été ajoutées à une échelle plus petite pour montrer l'identité de forme et d'orientation entre les anses du bouquet, les anses doubles du strepsinema qui entrent dans le stade de tension nucléaire, et celles que l'on observe après ce stade et dont les figures précitées sont des exemples. Il ne se produit donc pas pendant ce stade un repliement avec accotement, et le rapprochement entre les dyades est temporaire et de courte durée (vu le petit nombre de noyaux au stade de tension). FIG. 58. Apochr. 2 mm., ocul. 8. Stade du relâchement un peu plus avancé. On voit, en haut et à gauche, le tout dernier reste du chromoplaste, qui relie encore deux anses à leur Courbure. En bas et à gauche, on observe l'endroit occupé par le nœud de tension. FIG. 59. Apochr. 2 mm., ocul. 8. Quelques anses d'un stade peu postérieur au précédent. Les bouts des anses sont tournés vers le spectateur. FIG. 60. Coupe équatoriale d'un noyau en relâchement. L'endroit occupé par le nœud de tension se voit nettement au milieu de la figure. Les dyades qui longent la membrane nucléaire ont été en général coupées 2 fois. On compte beaucoup plus de 12 couples, ce qui prouve qu'on a ici à faire à des anses, dont la courbure se trouve dans la coupe supérieure et les bouts libres dans la coupe inférieure (des 3 coupes faites dans ce noyau). FIG. 61. Apochr. 2 mm., ocul. 8. Fin du stade du relâchement et commencement du stade de la mise au fuseau. Remarquez la forme d'anse des dyades et leur orientation. La sphère se trouve à droite et en bas de la figure. FIG. 62. Apochr. 2 mm., ocul. 8. b, une anse dans un cyste au stade de la mise au fuseau; a, une anse dans un cyste au stade du strepsinema avancé. Ces deux figures se trouvaient séparées seulement par les parois des cystes. a précède le stade de tension (2e synapsis), b le suit. Les deux formes sont identiques et les deux moitiés des dyades ont indubitablement la même signification. EVOLUTION DES SPERMATOCYTES MALES DU BATRACOSEPS ATTENUATUS 425 FIG. 63. Apochr. 2 mm., ocul. 8. Stade de la mise au fuseau vu du côté du bout libre des anses. FIG. 64. Apochr. i,5 mm., ocul. 12, Koristka. Stade de la mise au fuseau, vue latérale. On remarquera l'existence de trabécules qui réunissent les divers éléments du noyau : les diverses parties d'une même dyade ainsi que les diverses anses entr'elles. Ces ligaments plaident en faveur de la formation de ces diverses parties dans la position qu'elles occupent à ce stade très avancé. FIG. 65. Apochr. 2 mm., ocul 8. Les anses sont groupées autour du fuseau qu'on voit en coupe transversale et équatoriale. PLANCHE VII. Les fig. 58 à 64 renferment des données sur la figure achromatique. FIG. 58. Apochr. 2 mm 1,40, ocul. 12. Stade de l'auxospirème. FIG. 59. Apoch. 2 mm 1,40, ocul. 12. Stade du bouquet grêle. La sphère est rarement aussi régulière à ce stade. La ligne nette et continue en I figure le contour de la sphère en II. FIG. 60. Apochr. 2 mm. 1,40, ocul. 12. Sphère au stade du bouquet amphitène. FIG. 61. Apochr. 2 mm. 1,40, ocul. 12. Strepsinema. FIG. 62. Apochr. 2 mm. 1,40, ocul. 12 Stade du bouquet orienté. On remarque les filaments achromatiques en contact avec les chromosomes et les restes du fuseau. Absence de centrioles bien nets. FIG. 63. Idem. FIG. 64. Apochr. 2 mm., ocul. 6. Strepsinema. Trois cellules réunies par les restes des fuseaux (une quatrième cellule se trouve dans un plan plus profond). Les centrioles géminés ne se trouvent pas dans les sphères. FIG. 65. Apochr. 2 mm., ocul. 6. Stade deutobroque. FIG. 66. Idem. FIG. 67. Apochr. 2 mm., ocul. 6. Commencement de l'auxospirème. FIG. 68. Apochr. 2 mm., ocul. 6. Commencement du bouquet grêle. FIG. 69, 70, 71. Dimensions relatives approximatives des chromosomes à l'équa- teur : 69 d'une cinèse somatique, 70 d'une hétérotypie, 71 d'une homéotypie. TABLES DES MATIÈRES. Chapitre I. Sériation des stades dans l'évolution de l'auxocyte Chapitre II. Formation des anses épaisses du bouquet. Conclusions ...... Littérature. ...... Chapitre III. Les cliromoplastes des auxocytes de Batracoseps Chapitre IV. Signification des anses du bouquet. i° Discussion de la première hypothèse 2° Discussion de la deuxième hypothèse Résumé ....... 38o 385 388 388 389 394 395 3g8 4o3 Chapitre V. Appendice. § 1. Grandeur comparative des divers noyaux du testicule de Batracoseps Grandeur relative des chromosomes . Scolie ....... Résumé ....... § 2. Quelques données sur la structure des chromosomes des auxocytes § 3. La sphère à travers l'évolution de l'auxocyte Résumé ....... Littérature ........ Explication des planches ...... 403 405 411 4l3 4i3 4X3 417 419 421 l'I.ANCHE I 4k i - • * i % ih % 4 ■■:>•■ ! 3 <> *»£< «a <7u ., VA %}T ... ^MF '/V , M* ;'3%% ... /.-5 8k f" ^ -^L ê V V* sa • * S ( i A ' ? r 16 17 b 18 b k ^ / te 19 20 1. 2. 3 F A. Janssens Phot. Bellotti Photocoll. Planche Z7T Et A.Janasens, ad nab.dej. Xiith: Qiele louanii. Planche N. Fr. A . Janssens ad.nel.de]. Ldh : Gicle Lnuvaui Planche V Fig- 48 (i) Fi# 48(11 ■ Fr.A.Janssens ad nat. del Planche VT Kg. 62 V#»N 16* Fig.65 m S^h Fig 64- Ficf.60 $£ Fiq.65 %. 61 Ti-.A. Janssens ad nat.de/ Lit h: Cricle. Lovami PlanchelTl mm c ^ QC^TÏ' W 68 Concerig tue sécrétion of ferments Dy the ilver cens and some o! me changes observable in Mem during digestion BY E. WACE CARLIER, M. D., F. R. S. E., etc., Professor of Physiology in the University of Birmingham. (Memoir received i. Aitgust igoS.) 57 THE SECRETION DP FERMENTS BY THE LIVER CELLS of ttie cives observable in ttiem Burino dieti It is well known that the bile contains several ferments that hâve a digestive value, the most important of thèse, as pointed out by Pawlow ('), is a ferment which acts upon those of the pancreatic juice greatly increasing their efficacy and which, moreover, is présent in the bile in considérable amount. This ferment can only be derived directly from the liver cells, and therefore, signs of its manufacture should be demonstrable in cells by ordinary histological methods. In a previous paper I (2) described the changes occurring in the fundus glands of the Newt's stomach conséquent upon the production by them of the ferments of the gastric juice, and similar changes can be seen to occur in the fundus glands of mammals during secretory activity. I concluded, therefore, that in the présent case it would be advisable to study the liver of some mammal whose diet was not very différent from that of man him- self. Undoubtedly the ape, or even the monkey, would hâve furnished the best material, but I was constrained by the number of animais required and the prohibitive price at which monkeys are sold in this country to seek some animal that could be easily and cheaply obtained at ail times. I there- (2) Carlier : Changes that occur in some cells of the Newt's stomach during digestion ; La Cellule, t. XVI, and Proc. Roy. Soc. Edin., vol. XXII. (') Pawlow : The tvork of the digestive glands. Translation. London, 1902. 432 E. WACE CARLIER fore selected the white rat as the most suitable for the purpose, because it is an omnivorous feeder and can be quickly bred in confinement. Unfor- tunately the rat is a secretive animal, rarely eating at once the whole of the food supplied to it, preferring to put aside a certain portion to be consumed at leisure. I therefore set about to détermine how much food a hungry ani- mal would eat at once without reserving any. After a few trials I succeeded in determining to a nicety, for body weight of animal, what quantity of each kind of food required in the experiment sufficed for a full meal without leaving any over, by which means alone uniform results could be hoped for. Ail the animais were kept under exactly similar conditions for a time and, only full grown maie rats used, to eliminate, as far as possible, any fallacy that might be introduced by différences of previous feeding and sexual function. Préparation of the tissues. The animal was killed with coal gas, its thorax immediately opened to expose the heart, the apex of which was removed and a cannula filled with normal saline at the body température passed through the opening and securely tied in the aorta. From this cannula, which was connected with a vessel containing warm normal saline raised three feet above the level of the operating table, fluid was allowed to flow through the vessels until it escaped from the heart in a clear stream. The vessel was next filled with a fixing solution [picrocorrosive formalin, Mann (')] warmed to body tem- pérature, and about half a litre passed through the animal. This fixative was selected from many that were tried, both for immersion and injection, as giving the most uniform results. When the animal had become cold the liver was dissected out, eut up into small pièces, placed in 50 °/0 alcohol and taken up the alcohol séries into chloroform and thence into paraffin in the usual way. The sections were eut of uniform thickness on the rocking microtome set to four teeth of the toothed wheel, fioated out on warm water, mounted on albuminised slides and dried. In ail cases a controll section from the liver of a fasting rat was placed on each slide and the staining so carried out that the controll section was stained to exactly the same tint throughout the séries. Various staining methods were used, most useful amongst which were (') For description of methods used see Mann, G. : Physiological Histology. Oxford, 1902. CONCERNING THE SECRETION OF FERMENTS BY THE LIVER CELLS 433 Mann' s methyl blue eosine (long method), Mann's toluidin blue eosinc, Mac Allum's method for unmasking albuminoid iron and M. Heidenhain's iron alum haematoxylin method for photographie purposes. The sections were cleared in inspissated turpentine and mounted in turpentine balsam. The examination was carried out with Leitz 1/12 oil immersion objective and No. 1 2 compensating eyepiece. First séries of experiments in with the animais were îed on a mixed diet containing proteids, fats and carbohydrates, i. e. bread and milk. Thirteen adult maie white rats of approximately the same weight and âge were kept each in a separate cage in the same room and fed on a mixed diet for three weeks, to create a digestive habit. At the end of that time they were made to fast for 24 hours; twelve were now fed with a full meal, as previously calculated, of the same mixed diet, and the thirteenth killed fasting as a control. Of the fed rats one was killed at the end of every hour until the whole had been sacrificed. Appearances presented by the liver cells of the fasting rat, fig. 1. In the rat, Glisson's capsule is reduced to a minimum. Nevertheless, with a little care, it is possible to détermine accurately the boundaries of the lobules. For this purpose methyl blue is very helpful, as it stains ail connective tissues intensely blue. During fasting the envelope of the liver cell is distinctly visible, and the cytoplasm fills it completely in an uniform manner, i. e. there is no vacuolation présent in the cells except in a few cases where a somewhat clear space immediately surrounding the nucleus may be observed. Contained in the cytoplasm is an apparently structureless material arranged in clumps, more abundant in some cells than in others, though présent to some extent in ail. It is best seen in spécimens stained with toluidin blue eosine, in which it assumes a deep red colour, whilst the cytoplasm, amongst which it lies, is reddish grey, and with Heidenhain's haematoxylin it stains deep black. What the nature of this material may be I can at présent only surmise. It is not glycogen because (a) it is abundant after a long fast, and (b) because it gives none of the reactions charac- teristic of that substance; neither is it due to the action of any particular fixative, for it is présent in spécimens prepared from the liver oi ail the 434 E- WACE CARLIER animais used in determining the most reliable fixing agent, and they were many. Nor it is peculiar to the rat, as it occurs in the livers of many of the smaller domestic animais, and apparently also in that of man. Many cells also contain numerous fine, highly refractile particles of a greenish grey colour, situated mostly between the nucleus and the bile capillary, but occasionally scattered throughout the cytoplasm. They hâve not been observed within the nucleus. Thèse particles vary considerably in size, but are always minute; they appear similar to those recorded by me (') in the liver of the hedgehog during hibernation, and well known to exist in this gland in the amphibia and hibernating reptiles during their periods of torpor. The cytoplasm contains no fat. The nucleus, of which there may be two, is rounded or oval in shape, plump, rather poor in chromatin when compared with the nuclei of some gland cells; it stains deeply and is distributed partly under the capsule in small irregular karyosomes and partly upon the nucleoli in the form of crescentic masses. The linin network is very fine and difficult to recognise. The nucleoli, which are often multiple, are of moderate size, do not stain bright red with eosine, and occupy various positions in the nucleus, not unfrequently they lie close to the nuclear envelope and may occasionally be seen causing it to bulge somewhat as if in process of passing through. The extrusion of nucleoli is, however, not at ail a conspicuous feature of cells of the fasting animal, and it is not at any time accompanied by expul- sion of the chromatin that may hâve been adhèrent to them whilst centrally placed. The liver cells immediately bordering on the portai tracts are much smaller than those in the remainder of the lobule, being only about half as big, fig. 2 et 3; they are usually uni-nucleated and characterised by a denser and doser arrangement of the cytoplasm, which causes them to stain somewhat more deeply than the others; they contain some structureless material, but no refractile granules as far as my observations go. The capillaries between the liver cells are not dilated and the stellate cells, which are an inconspicuous feature in the liver of thèse animais, offer no peculiarities for comment. (') Carlier : Contributions to the histology of the hedgehog; Journ. Anat. and Physiol , v. 27. CONCERNING THE SECRETION OF FERMENTS BY THE LIVER CELLS 435 Appearances présentée by the liver cells i hour afterfeeding. The cell walls are distinct, the cells well filled without much vacuola- tion and the structureless material, which does not stain so vividly as in the fasting animal, is abundant, though arranged in smaller masses. The highly refractile granules hâve entirely disappeared, and, as they do not again make their appearance throughout the whole séries of experiments, will not again be alluded to. The nuclei are swollen, pale looking and either contain very little chromatin, or this has been so altered that it no longer stains vividly with methyl blue but exhibits a pale slate colour instead. The nucleoli, therefore, appear more prominent, though they hâve scarcely increased in size and are almost invariably situated just under the nuclear membrane, or are in process of passing through it, or even lying in the cytoplasm beyond it. The présence of an iron and phosphorous holding substance situated in the cytoplasm, in the immédiate vicinity of, and derived from, the nucleus is easily revealed by Me Allums method. The capillaries are not enlarged and the stellate cells exhibit no change. Appearances presented by the liver cells 2 hoitrs afterfeeding. The cell outlines are distinct, though pale and somewhat irregular, the cytoplasm is mostly aggregated round the margins and about the nucleus, leaving the greater part of the cell body clear, i. e. there is much vacuolation, which in some cells is carried to an extraordinary degree; the structureless material is abundant, vividly coloured, and situated, not in the vacuoles, but in the cytoplasm, which also stains more deeply with eosine than previously, having a reddish rather than a greyish tint. The nuclei are shrunken, pale and almost devoid of chromatin, though a few in the outer zone of the lobules are swollen and becoming clouded ; the nucleoli are few in number and much prezymogen can be revealed around the nuclei by appropriate methods. The capillaries are dilated. Appearances presented by the liver cells 3 hoitrs afterfeeding. The cells are no longer shrunken but swollen to some extent with distinct outlines, and contain fewer and smaller vacuoles, but the structure- less material is less abundant, more diffuse, and less vividly stained than in the preceeding préparations. 436 E. WACE CARLIER The nuclei appear still somewhat shrunken, though they stain more deeply and contain nucleoli in increased number. The capillaries are less dilated. Appearances presented by the liver cells 4 hours a/ter feeding. The cells whose outlines are distinct and appear neither swollen nor wrinkled, though they exhibit rnuch vacuolation, especially around the nucleus, and contain abundance of structureless material stained of a dull red colour. The nuclei are plump with centrally placed nucleoli and contain as much chromatin as in the resting condition. The capillaries are narrow. Appearances presented by the liver cells S hours af 1er feeding. In the outer zone of the lobules the cell outlines are somewhat in- distinct and irregular, the cytoplasm is not vacuolated to any extent and contains little structureless material. Their nuclei are slightly wrinkled and contain little or no deeply stained chromatin, but the nucleoli are large and often either just under the capsule or in process of migration through it. In the middle and inner zones of the lobules the cells présent the same appearances as in the preceeding spécimens. The capillaries are dilated. Appearances presented by the liver cells 6 hours a/ter feeding. The changes noted in the outer zone of the lobules in the 5 hour spécimens hâve now extended to the middle and inner zones, and, in addition, the cytoplasm is much vacuolated even to almost complète dis- appearance in some cases; very little structureless material is visible, that présent staining of a bright scarlet colour. The nuclei are very pale, often much wrinkled, and the nucleoli are large, migrating or lying in the cytoplasm. In the outer zone many cells are swollen, clear and filled with glycogen; they resemble in appearance those figured by Afanassiew (') in the dogs liver after a copious meal of potato. The capillaries in this zone are narrow ; elsewhere they are dilated. (') Afanassiew : Ueber anatomische Verànderungen der Leber wâhrend vet schiedener Thàtig- keitsçuslànde ; Archiv f. d. ges. Physiol., Bd 3o. CONCERNING THE SECRETION OF FERMENTS BY THE LIVER CELLS 437 Appearances présentée by the liver cells 7 hours aftcr fccding. Thc cells are very pale but contain somewhat more structureless material; most of the nuclei are pale and wrinkled, but in the outer zone of sorae lobules they are swollen and présent that clouded appearance which I hâve elsewhere shown to be thc first stage in nuclear repair of chromatin; nuclei in this condition are not numerous, but, where présent, occur in groups of several together. The capillaries are dilated. Appearances pi'esented by the liver cells (S hours a/ter feeding. In thèse préparations the appearances presented by the cells resemble closely those of the 7th hour; but a few more nuclei in the outer zone of ail the lobules exhibit clouding. Appearances presented by thc liver cells g hours after feeding. Much glycogen is présent in the cells; but the cytoplasm has still a washed out look and contains some dusky vermillion stained structureless material. In the middle and inner zones many of the nuclei are still wrink- led, but in the outer zone ail the nuclei are swollen and clouded, as are some of those along the outer border of the middle zone. The capillaries are slightly dilated. Appearances presented by the liver cells 10 hours after feeding. Thèse spécimens closely resemble those of the uth hour, but more nuclei of the middle zone are swollen and clouded. Appearances presented by the liver cells 11 hours after feeding. In the outer zone of the lobules the cells are full of glycogen, but con- tain little structureless material which however still stains of a scarlet colour, most of the nuclei of thèse cells are clearing or cleared up and contain many deeply staining karyosomes, they are still somewhat swollen. In the middle and inner zones, the cells contain progressively less glycogen, their nuclei are ail swollen and clouded, but some of those of the middle zone are evidently becoming clearer. The capillaries are narrow. 58 438 B- WACE CARLIER Appearances présentée by the liver cells 12 hours after jeeding. Ail the cells contain abundance of glycogen, their nuclei hâve practi- cally ail become clear with deeply staining newly formed chromatin. The capillaries are narrow. From the foregoing one may conclude that the nuclei of the liver cells exhibit two distinct periods of activity during the course of the digestion of an ordinary meal. The first period begins soon after the meal is ingested and long before any of the food has entered the duodénum; the nuclei part with much of their chromatin to form a prezymogen and thereby become exhausted; repair, however, soon sets in and they come to rest between the 3rd and 4th hour. They do not long remain at rest, but are prompted between the 4'11 and 5th hours to manufacture more prezymogen. This second period of activity lasts longer than the first, the secretory process is more intense, and complète recovery is delayed until the end of the i2th hour. No doubt the prezymogen so formed is converted into zymogen within the cytoplasm, but it never appears in the form of granules so familiar in gastric and pancreatic cells; it must, therefore, leave the cells in a diffuse form and pass into the bile to be stored in the gall bladder until required. Second séries of experiments with a purely proteid diet. After weighing and ségrégation the rats employed in this séries were fed for a few days on a purely proteid diet to accustom their digestive System to this kind of food. They were then made to fast for 24 hours, given a full meal (by weight) of lean raw beef, killed as before at intervais of one hour and treated as detailed under séries No. 1. Appearances presented by the liver cells 1 hour after feeding. The cell outlines are indistinct, the perl-grey stained cytoplasm is ground-glass-like in appearance and exhibits numerous small vacuoles with sharp mai-gins. Structureless material appears to be absent from the small cells round the portai tracts and from those at the lobular margins general- ly ; it is présent in very small amount elsewhere. Many nuclei are somewhat swollen and contain little chromatin; that présent being reduced to small CONCERNING THE SECRETION OF FERMENTS BY THE LIVER CELLS 439 round deeply staining particles adhèrent to the linin network; this is an early stage of fatigue. Others are small with somewhat wrinkled outlines and little chromatin. The nucleoli are large, often quite close to the nuclear envclope, and in one or two cases migration of them into the cytoplasm was observed. The nuclei of the small cells round the portai tracts are ail wrinkled. The capillaries are dilated. Appearances presented by the liver cells 2 hours after feedbig, fig. 4. The outlines of the cells are somewhat more distinct and irregular in places, the cytoplasm, which appears composed of small spherules, still stains of a perl grey colour, but exhibits a slightly pinker hue than in the previous spécimens; some small vacuoles are présent hère and there but are nowhere conspicuous objets. The small cells round the portai tracts hâve dense cytoplasm of a redder tint than that of the other cells, their nuclei are small, rounded and very clouded, showing that they are recovering after exertion; a pheno- menon exhibited, likewise, by their cytoplasm. In the lobular cells, the nuclei are large, swollen and clouded in the outer zone, whilst in the middle zone they contain pale staining chromatin in small quantity, and in the inner zone they are as in the preceeding spécimens. In this way the lobules are distinctly marked off into three zones, the outer in full repair, the middle with swollen nuclei and slightly vacuolated cytoplasm and the inner with cytoplasm more vacuolated and the nuclei distorted. The structureless material is very scanty, but more abundant in the outer zone cells. The capillaries are dilated. Appearances presented by the liver cells 3 hours after feeding. The cell outlines are fairly distinct and not distorted, the cytoplasm is arranged in coarse spherules in ail the cells, most closely packed in the small cells lining the portai tracts which stain deeply, less closely packed elsewhere; there are no vacuoles présent except in the immédiate neigh- bourhood of the intra-lobular veins. Ail the nuclei are plump and contain deeply staining karyosomes in normal amount; they appear to be resting. The structureless material is présent in fair quantity throughout the lobules, except in the immédiate neighbourhood of the portai tracts, where it is found in small amount only. The capillaries are not dilated. 440 E. WACE CARLÏER Appearances presented by the liver cells 4 hours a/ter feeding. The cell outlines are not at ail distinct, especially in the outer zone of the lobules, though the cells are well filled with fine ground glass-like cyto- plasm; but in the middle zone it is arranged in fine spherules, whilst in the inner zone it consists of coarse spherules; no vacuoles are présent in this zone though a few small ones may be detected in the others. The struc- tureless material is similar in amount and distribution to that which obtains in the cells of the 3rd hour spécimens. The nuclei of ail the cells contain plenty of deeply staining chromatin with nucleoli of increased size. The capillaries are not dilated. Appearances presented by the liver cells S hours a/ter feeding; fig. 5. The cell outlines are again indistinct, the finely spherular greyish stained cytoplasm fills the cells with but few vacuoles, which, however, increase in number towards the centre of the lobules. Hère and there an irregular shaped nucleus may be seen, but in the majority of cases the nuclei are resting, though a good many nucleoli are in progress of migra- tion. The structureless material is similar in amount and arrangement to that described in the 3rd hour cells. The small cells bordering the portai tracts are very conspicuous and their cytoplasm, which consists of very coarse spherules, stains deeply; their nuclei are very wrinkled, small, deeply stained and clouded to such an extent that the nucleoli are almost invisible. The capillaries are not dilated. Appearances presented by the liver cells 6 hours af ter feeding. The small cells round the portai tracts no longer stain more deeply than the others, though their nuclei are still somewhat clouded; elsewhere the cell outlines are invisible, and the cytoplasm, which consists of small spherules as in the small cells, is greatly vacuolated. Some nuclei are swollen and stain less deeply, others are wrinkled and ail contain many nucleoli, some of which are migrating. The structureless material is scanty and diffuse in arrangement, no large clumps being visible. The capillaries are dilated, especially towards the centre of the lobules. Appearances presented by the liver cells 7 hours a/ter feeding. The cells bordering on the portai tracts are indistinguishable from the others except by their size, want of vacuolation and the largeness of their CONCERNING THE SECRETION OF FERMENTS BY THE L1VER CELLS 44 l spherules. The cell outlines are much more distinct and the cells swollcn especially in the middle and inner zones where there are also many large vacuoles, the cytoplasm is composed of moderately coarse spherules. Many nuclei are swollcn and clouded, they contain few nucleoli of which only one hère and there is migrating; the structureless material is rather more abundant than in the previous spécimens though still diffuse with slight tendency to run into clurnps. The capillaries are slightly dilated. Appearances presented by the liver cells 8 hours after feeding, fig. 6. The cells are well filled with cytoplasm precipitated in very large spherules and containing a few small vacuoles of about the same diameter as the spherules, especially in the small cells bordering the portai tracts which stain of a pinkish grey tint. Ail the nuclei are swollen, rounded and cloudy, some more than others, the nucleoli are as a rule small, a few large ones in process of migration being, however, présent. The structureless material is again abundant and arranged in large masses. The capillaries are not dilated, or only slightly so. At this hour, therefore, ail the cells are in process of repair after zymogen formation. The large size of the cytoplasmic spherules during this and the previous hour is worthy of note, because, though they are artificial products of fixation, their size may be taken as an index of the amount of coagulable material taken up from the blood to assist in both cellular and nuclear repair. In this séries of préparations we are again confronted with the fact that the liver cells hâve twice been called upon to produce prezymogen. The first sécrétion is already well on the way by the end of the first hour, recovery from which is fairly advanced by the end of the second hour and completed an hour later; the second, beginning between the 4th and 5th hours is more intense and of longer duration and hardly completely recovered from by the end of the ^ K /s Imprimerie j. Frimât, Bruxelles Planche II. ' ^ •. 13 r, » ■ < •♦^ 15 M 3fë /6 -*s' /•:. U\ ttw/iVr 7W/0/. n Imprimerie 7. Frimai, Bruxelles TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXII. I. La fécondation et la segmentation chez le Thysanozoon brocchi, par le Dr Rufin Schockaert ..... 5 II. La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. — III. La microsporogénèse de Convallaria maialis, par Jules Berghs . . . . . . . 41 III. Nucléole et chromosomes dans le méristème radiculaire de Sola- num tuberosum et Phaseolus vulgaris, par Thomaz Martins Mano ......... 55 IV L'immunité. — Revue critique pour les années 1903-1904, par le Dr Paul Leconte ...... 79 V. Rapports entre les précipitines et les précipitables du sérum, par A. Nachtergael ....... 123 VI. La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. — IV. La microsporogénèse de Drosera rotundifolia, Narthecium ossifragum et Helleborus fœtidus, par Jules Berghs. i3g VII. Les phénomènes de maturation dans l'ovogénèse et la spermato- génèse du Cyclops strenuus, par le Dr Paul Lerat . . 161 X' III Le fuseau hétérot\-pique de Paris quadrifolia, par Jules Berghs. 201 IX. Les résultats acquis sur les cinèses de maturation dans les deux règnes (Premier mémoire). — Revue critique de la littérature, par Victor Grégoire . . . . 219 X. Spermatogénèse dans les batraciens III. - Évolution des auxo- cytes mâles du Batracoseps attenuatus, par F. A. Janssens . 377 XI. Concerning the sécrétion of ferments by the liver cells and some of the changes observable in them during digestion, by E. Wace Carlier. ........ 429 ^i'il.'i WH,)I 1-IHKAHY UH 1 TJ in, ?*%*r tSrsr *-j& «*XS •*." 'j**~ f /*^ 2m - 'f