f ' r€ ;r,-^; v* î - > > ^•^yt «S^T* *£« 1 i .^v*v VJT & 1. 1 ^H Ar**'1' /Ils" *t> 3 l \ ? &* f* LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDÉ PAR T. B. CARNOY, PROFESSEUR DE BOTANIQUE ET DE niOLOGIE CELLULAIRE. PUBLIÉ PAR G. GILSON, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET d' EMBRYOLOGIE. a l'Université catholique de Louvain TOME XXIII i' FASCICULE I. La spermiogénèse dans l'écureuil, par J. VAN MOLLE. II. Le noyau et la cinëse chez le Spirogyra, par Jules BERGHS. III. Les cellules de la lignée mâle chez le Notonecta glauca L., avec des détails plus étendus sur la période d'accroissement et sur celle de transformation, par J. PANTEL & R. de SINÉTY. Prix : S -=4 francs. LIERRE LOUVAIN Typ. de JOSEPH VAN IN & U«, A. UYSTPRUYST, LibraIRE, Grani'place, 38. rue de la Monnaie. igc6 \U% / \ LA SPERMIOGENESE DANS L'ÉCUREUIL PAR J. VAN MOLLE, ÉLÈVE EN DOCTORAT DE ZOOLOGIE. (Mémoire déposé le 18 novembre igoS.) La Spermiogénèse dans l'Écureuil INTRODUCTION. Conditions de travail. a) Matériel. Avant de nous fixer pour l'étude de la spermiogénèse dans les mammi- fères, nous avons examiné attentivement les testicules de taureau, de chien, de lapin, de rat, de souris, de taupe, de cobaye, de hérisson et d'écureuil. Le hérisson nous a paru le plus beau au point de vue des éléments histo- logiques jusqu'au moment où nous avons eu sous les yeux des préparations d'écureuil, que nous préférons à cause des dimensions remarquables de la spermatide et de ses produits. b) Fixation. Notre matériel a été fixé aux liqueurs de Herman, de Bouin, de Carnoy et de Gilson. Les plus belles fixations nous ont été fournies par la liqueur de Bouin. c) Préparation et coloration. Les coupes d'une épaisseur de 7,5 \>- ont été collées à l'albumine de Meyer, et étalées à l'eau distillée. Elles ont été colorées à la triple coloration : safranine-violet de gentiane-orange G, et principalement à l'hématoxyline de Heidenhain, avec une teinte de rouge Congo pour le protoplasme. 8 J. VAN MOLLE d) Observation. Nous avons observé à la lumière du condensateur à immersion de Beck, avec l'aide du semi-apochromatique et surtout de l'apochromatique de Koristka. Qu'il nous soit permis, au début de ce travail, d'exprimer toute la re- connaissance que nous devons à M. le Professeur Janssens. C'est lui qui a été notre initiateur. C'est son expérience, ce sont ses conseils qui nous ont guidé pas à pas dans cette difficile question. C'est grâce à lui, enfin, que nous avons pu mener cette étude à bonne fin. Chapitre I. ÉTAT DE LA QUESTION. Nous n'avons pas l'intention de donner une littérature complète de la spermiogénèse, fût-ce même de celle des mammifères en particulier. Il a paru en 1902 une monographie de Fr. Meves (12), qui résume les acquisi- tions scientifiques dans ce domaine. Nous avons comparé les appréciations de cet auteur avec les originaux de tous les mémoires qu'il signale et relate pour la spermiogénèse des mammifères, et nous reconnaissons à ce travail une grande fidélité. Il dispensera tous ceux que la question n'intéresse pas de plus près de recourir à l'examen des études étendues. Pour une littérature plus reculée, on peut en référer à une monogra- phie semblable de Herman (21) et, avant lui, à un aperçu sur la littérature ancienne donné par Waldeyer en 1897. Nous devons, en outre, signaler quelques publications qui ont vu le jour depuis lors : Retzius : Weitere Beitràge \ur Kenntnîss der Spermien des Menschen und einiger Sâugetiere ; Biolog. Unters., N. F., Bd 10. Merlin : On the spcrmato-oon of the rat; Journal Quekett Micr. Club, série II, v. 8. Mosselman et Rubay : Spermatogcncsc du cheval; Annales de Méd. vétér., 1903. Wederhacke : Zum Ban und \um Histogenèse der menschlichen Sa- men-ellen\ Anat. Anz., Bd XXVII, N. 12/13. Vialleton : La spermatogénèse che\ les mammifères et l'homme; Lyon médical, 1892. LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L ECUREUIL 9 Pour la structure du testicule et la sériation de ses divers éléments, nous renvoyons au travail de Regaud (22). Nous indiquerons brièvement où en est la question de l'origine et du sort de la spermie à la suite de tous ces travaux. Dans un but de clarté, nous verrons successivement i° les termes de la transformation : le spermatozoïde achevé et la spermatide ; 2° l'évolution elle-même. § I. Les termes de l'évolution. A. Le spermatozoïde achevé. Le spermatozoïde achevé se compose d'une tète sans structure visible. Au-dessus de la tête, on trouve un capuchon qui la couvre jusqu'à sa moi- tié et a parfois la forme d'un appareil de pénétration. Enfin, du côté opposé, il y a la partie appendiculaire, la queue. Celle-ci, parfois simple filament, accuse d'autres fois une structure compliquée. Cette complication réside dans la partie antérieure ou pièce intercalaire, trait d'union entre la queue et la tète, qui se compose d'un segment antérieur, le cou, à structure com- plexe, et d'un segment postérieur, la pièce intercalaire proprement dite, portant, en bas, le plateau ou anneau de Jensen. Cette deuxième partie montre dans les cas favorables une structure spiralée. B. La spermatide. Le spermatozoïde dérive d'une cellule ordinaire, la spermatide, l'équi- valent d'une tétraspore mâle. Cette cellule contient un noyau ordinaire, une sphère, des restes du fuseau, des centrosomes, un corps chromatoïde et du mitochondre. § 2. Les transformations. Il s'agit dans la spermiogénèse de décrire l'évolution de la spermatide en spermatozoïde. Nous allons pour cela prendre en particulier chaque élé- ment de la spermatide et voir ce qu'il devient dans le spermatozoïde. A. Transformations de chacun des éléments. 1. Le noyau. 11 est à peine besoin de dire que, depuis l'étude de von Lenhossék (8) sur le spermatozoïde du rat, tous les auteurs sont d'accord pour admettre que le noyau de la spermatide se transforme en tète de spermatozoïde. 10 J. VAN MOLLE 2. La sphère et l'acrosome. D'après von Lenhossék (8), la sphère n'a aucun rapport avec les restes du fuseau. Pour d'autres, par contre, elle ne serait que le ramassement de ces restes. On l'appelle encore archoplasme, idioplasme, idiosome. Les auteurs admettent unanimement que la sphère donne naissance au capu- chon céphalique. Dans ce capuchon, on trouve à un moment donné l'acro- some ou appareil de pénétration. D'après von Lenhossék, l'apparition de celui-ci serait assez soudaine. Al' encontre de cette assertion, Niessing (14), qui a étudié, outre le rat, la souris et le cobaye, dit que l'acrosome se forme par confluence d'un grand nombre de granules contenus chacun dans une petite vacuole. Il en résulte une grosse masse colorable logée contre le noyau dans une vacuole à l'intérieur du capuchon. Une origine ana- logue est admise par Meves (11), Benda (3), Moore (16). Pour Schoen- feld (15), l'acrosome provient du noyau, von Korff voit une vésicule, mais pas d'acrosome. D'après Meves (11), dans le cobaye, l'acrosome ne se met en contact avec le noyau qu'après sa formation, von Korff (6), dans le Phalangista vulpina, constate que le capuchon ne suit pas le noyau dans ses mouvements. Celui-ci est différemment coiffé par le capuchon aux divers stades de son développement. De plus, dans cet objet, le capuchon ne laisse pour toute trace dans le spermatozoïde qu'une surface un peu plus colorable sur la tète. Une seconde partie de la sphère, qui n'a pas servi à la formation du capuchon, se sépare, va en liberté dans le protoplasme et s'y détruit. 3. La queue. La queue est le second élément qui contribue beaucoup à donner au spermatozoïde son aspect particulier. Nous pourrions rappeler les théories avancées à propos de son origine par von Bardeleben( 18-1 g), Niessing (13- 1 4), Benda (1). Mais ces auteurs se sont finalement ralliés à la thèse de von Lenhossék (8), que plus personne ne met en doute aujourd'hui : la queue provient de l'élément centriolaire. Dans les détails de cette genèse, il y a pourtant des variantes. Von Lenhossék observe jusqu'au bout les centrioles sous forme de deux granules. Meves (m) constate qu'assez tôt après la deu- xième cinèse de maturation un des deux centrioles, celui muni du filament, a la forme d'une équerre; l'ensemble se fixe à la membrane nucléaire. Gra- duellement, les deux centrioles se résolvent en une série de granules qui LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 1 l s'agencent différemment pour aboutir à la formation du cou et de la pièce intercalaire du spermatozoïde. Schoenfeld (15), dans le taureau, trouve aussi une équerre, mais il lui attribue une autre origine et lui donne une autre destinée. Enfin, von Korff (6) ne constate, comme von Lenhossék, que des centrioles en granule. 4. Le mitochondre et le corps chromatoïde. Depuis Benda (2), on admet que le mitochondre sert de matériel à la formation de la membrane spiralée signalée par von Brunn en 1 884. Meves croit plutôt que la spirale se dépose directement sur la pièce intercalaire, parce que, au moment de sa formation, il n'existe plus qu'elle : la man- chette aussi (v. ci-dessous 5) a disparu. Schoenfeld insinue que le filament spirale pourrait provenir non du mitochondre, mais du corps bàtonoïde, qui est une formation centriolaire. Le corps chromatoïde, d'après von Lenhossék (8), doit son origine au noyau. D'après Moore(iô), il proviendrait, au moins en partie, du proto- plasme. Il sert aux enveloppes de la pièce intercalaire. Moore le voit se résoudre en un groupe de corpuscules. Cet auteur, ainsi que Herman (5) et Benda (1), semble parfois l'avoir confondu avec les centrioles. 5. La manchette. Il apparaît à une certaine époque dans la partie inférieure du noyau de la spermatide une formation membraneuse, à laquelle les auteurs ont donné le nom de manchette. Trois hypothèses ont surgi à propos de son origine : i° Von Lenhossék (8) et Niessing(i3) sont d'avis qu'elle ne provient pas d'un soulèvement de la membrane nucléaire; le premier de ces auteurs pense qu'elle serait une différentiation cytoplasmique. 2° Schoenfeld (15) penche vers le soulèvement; il croit avoir observé à la manchette des contours doubles. 3° Enfin, Meves (1 1) représente la manchette débutant par une frange de filaments qui naissent à l'équateur du noyau. Par soudure latérale, ces filaments constitueraient une membrane. B. Aperçu général et division en périodes. L'ensemble de toutes ces transformations particulières se poursuit en trois étapes, que Meves a indiquées. 12 J. VAN MOLLE i° Durant la première période, depuis la fin de la deuxième division de maturation jusqu'à l'origine de la manchette, nous assistons a) à la for- mation du capuchon et de l'acrosome, b) à la soudure des centrioles munis du filament axil au noyau de la spermatide. 2° La deuxième période débute par l'apparition de la manchette et la séparation de la partie de la sphère qui n'a pas servi à la formation du ca- puchon. La spermie se fixe dans les prolongements des cellules de Sertoli ou cellules basales nourricières et commence à s'allonger. Pendant cet al- longement s'observent les plus importantes transformations au noyau et aux centrioles. 3° La disparition de la manchette marque le commencement de la troisième période. La pièce intercalaire prend sa forme définitive et se munit d'un épaississement spirale. Le spermatozoïde s'achève par la sépa- ration de la plus grande partie du protoplasme. Il se retire des prolonge- ments des cellules de Sertoli et gagne la lumière du tube séminifère. Nous sommes en présence du spermatozoïde achevé et libre, prêt à quitter la gonade. Chapitre IL OBSERVATIONS PERSONNELLES. Pour la compréhension plus facile de ce qui va suivre, nous prions le lecteur de vouloir bien examiner d'abord les planches et de lire les explications très détaillées qui se trouvent à la fin du travail. Il se rendra mieux compte de la sériation générale, en même temps qu'il pourra remar- quer bon nombre de détails dont la description serait à la fois compliquée et fastidieuse au sein de l'exposé. Dans le but aussi de donner des transformations une vue d'ensemble plus nette, nous avons intercalé dans le texte du § î des figures schéma- tiques auxquelles nous renvoyons dans cet exposé de la synthèse des trans- formations. Dans le § 2 (p. 19), nous reprendrons l'étude détaillée de chacun des éléments de la spermie. § I. Idée générale de l'évolution. A. Division en périodes basée sur les mouvements de la sphère. Nous avons vu dans l'exposé de l'état de la question que l'évolution de la spermatide en spermatozoïde se laisse tics commodément partager en LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L'ÉCUREUIL 13 trois périodes. Nous apportons à cette division, précisée par Meves, quel- ques légères modifications, qui auront l'avantage de montrer qu'elle se base non sur l'apparition de formations particulières isolées, mais sur l'anatomie générale de la cellule, et nous dirions volontiers sur sa dynamique. Durant la première période, nous sommes encore nettement en présence de spermatides, c'est-à-dire de cellules libres et arrondies. Durant les deux autres, la cellule est manifestement sous une influence extérieure. Nous n'avons pas l'intention de nous arrêter à la dynamique de la spermie, mais nous ne pouvons nous empêcher d'appeler l'attention du lec- teur sur l'impression que produit à ce point de vue son observation à ces différents stades. Au début de la deuxième période, alors que l'influence de la cellule de Sertoli commence à se faire sentir sur la spermatide, il parait y avoir dans celle-ci une double réaction à cette influence. D'une part, le capuchon, avec le noyau auquel il adhère, est entraîné ou se porte dans les prolongements des cellules basales nourricières, où il se fixe; d'autre part, la sphère et le protoplasme qui la contient sont repoussés ou s'éloi- gnent vers la lumière du canal. De cette double tendance semble résulter l'étirement qui caractérise la deuxième période. Au début de la troisième période, cet équilibre est renversé. La tête et le capuchon se retirent des cellules de Sertoli, tandis que le protoplasme et ce qu'il contient de non adhérent à la tête se rapprochent de la membrane basale. De ce mouvement inverse résulte, en premier lieu, la séparation de la majeure partie du protoplasme, qui se ramasse en boule de plus en plus colorable et va se faire résorber près de la membrane basale [v. Broman (23)]; en second lieu, la libération du spermatozoïde achevé, qui, grâce à son mouvement de retrait, gagne la lumière du tube séminifère. Tel est l'état dynamique qui permet d'établir une division en périodes distinctes dans toutes ces transformations. Nous constatons donc que la sphère joue un rôle important dans tous ces mouvements. B. Nomenclature. La nomenclature que nous présentons au lecteur réserve des noms semblables aux éléments anatomiques dont les noyaux sont comparables. Ce sont, en effet, les noyaux qui appellent tout d'abord l'attention de l'ob- servateur. Nous avons conservé le nom de spermatides à toutes les tétra- spores qui possèdent un noyau sensiblement sphérique, schém. 1, 2. Dès 14 J. VAN MOLLE que les noyaux commencent à s'allonger sous l'influence de retireraient de toute la cellule, nous nous trouvons en présence des spermies. Ce nom, employé jusqu'ici pour désigner d'une façon générale tous les stades d'évo- lution de la spermatide en spermatozoïde, aura dans ce travail une signifi- cation plus restreinte et désignera les cellules, schém. 3, 4, 5, qui, tout en n'ayant plus les caractères de la spermatide, ne possèdent cependant pas encore ceux du spermatozoïde. Cette dernière désignation s'appliquera à tous les éléments dont le noyau a perdu toute structure interne constatable, schém. 6, 7, et a acquis en même temps le contour extérieur de la tête du spermatozoïde achevé. Première Période. Cellules libres et arrondies. Deuxième Période. Cellules se ratta- chant à la membrane basale par les cellules de Sertoli, et s' al- longeant. Spermatides. Sphère indifférente. Deutérospermatides. La sphère entre en mouvement. Protospermies. Le noyau s'allonge; la manchette est très apparente. Deutérosperm ics . Le no)'au se mo- difie profondément. Noyaux sphériques. Noyaux allongés. Troisième Période. Les éléments s'al- longent davantage et se libèrent. / Prospermato{oïdes. Diverses étapes avant la forme défi- nitive. Spermatozoïdes ache- vés. Noyaux aplatis et re- courbés sans struc- ture interne visible. LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 15 C. Idée générale des transformations. Dans cet aperçu sommaire, qui servira de plan pour nous orienter lors de l'étude des éléments en particulier, nous partirons de la spermatide, nous montrerons successivement les principales modifications qui s'y effectuent, et enfin, nous indiquerons la constitution du spermatozoïde achevé. i . La spermatide. Quels sont les éléments que contient la jeune spermatide au sortir des cinèses de maturation? La spermatide type comprend dans son proto- plasme, outre le noyau, une sphère, des restes du fuseau avec un corpus- cule intercellulaire en forme d'anneau, une équerre qui représente le ou les centrioles, un corps chromatoïde, et enfin, quelques granulations chroma- tophiles, que nous rattachons à ce dernier plutôt que de les grouper en un élément nouveau, qui serait le mitochondre, fig. 10. Ce sont là les éléments dont doit dériver le spermatozoïde. 2. L'évolution . a) Prem ière période . Au sortir de la deuxième division de maturation, nous trouvons, après une reconstitution suffisante du noyau, fig. 13, que le corpuscule intermé- diaire avec les restes du fuseau a disparu. La sphère, qui fut la dernière à rester en rapport avec l'anneau intercellulaire, est en contact avec le noyau. Près du point de contact sur le noyau, on aperçoit toujours l'équerre et le corps chromatoïde. Les premières modifications de la spermatide s'observent à la sphère. Il se dépose entre elle et le noyau, schém. l, fig. 14-17, une substance l^aline qui adhère au noyau et le déprime. Plus tard, schém. 2, fig. 19 et suivantes, c'est le noyau qui, en reprenant sa forme arrondie, s'enfonce en partie dans cette substance et s'en fait comme une coiffe qui constituera le capuchon. Ce stade est atteint vers la fin de la première période. b) Deuxième période. A. Deutérospermatides. Au début de la seconde période, dans la deu- térospermatide, il apparaît, au milieu de la surface d'adhésion du capuchon au noyau, un centre plus colorable, schém. 3, fig. 24-27, dont la netteté, 16 J. VAN MOLLE la colorabilité et les dimensions augmentent rapidement, fig. 29-31 et 35-37. C'est l'acrosome qui, dans laprolospermie, envahira tout le capuchon, schém. 4 et fig. 35-37. La nucléine, qui dans la spermatide tapissait la membrane nucléaire d'un réticulum très chromatique, schém. 1, fig. 9-13, montre dans la deu- térospermatide un ramassement central, schém. 2 et 3, fig. 18. L'équerre glisse le long du noyau vers le pôle opposé à celui où s'est formé le capu- chon. Le corps chromatoïde a accompagné l'équerre dans sa migration et se tient dans son voisinage. Schém. 1. Période I. Spermatide. Schém. 2. Schém. 3. Période II. Deutérospermatide jeune. Période II. Deutérospermatide. Fin. 5. ou sph. = sphère, c. ou cap. = capuchon, e. ou cq. = équerre. c. chr. ou c. c. = corps chromatoïde. ». = noyau, m. = manchette, a. = acrosome. /. e. = ligne équatoriale. A l'équateur du noyau de la deutérospermatide se manifeste une dif- férentiation de la membrane nucléaire, schém. 2, fig. 19 et suivantes. Cette membrane y est très mince, transparente et non garnie de chromatine; sou- vent même, elle semble interrompue à ce niveau. Peu après, il s'y forme autour du noyau un bourrelet circulaire et hyalin, fig. 20, limité à sa par- tie supérieure par une ligne nettement apparente, que nous appelons ligne équatoriale, fig. 21-24 et 29. Ce bourrelet descendra le long de l'hémisphère inférieur, fig. 21-23, dépassera le pôle, schém. 3, fig. 25-27, et en même temps deviendra plus visible : c'est l'ébauche de la manchette. En ce moment, la sphère se détache du noyau et s'en va en liberté dans le protoplasme, schém. 3, fig. 25, 26, 28-31. La deutérospermatide alors commence à s'allonger : elle passe au stade de protospermie. LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L ÉCUREUIL 17 B. Protospermies. Le noyau du côté des cellules de Sertoli tend à sortir du protoplasme et se fixe par son capuchon dans les prolongements de ces cellules. La sphère en globule ouvert du côté du noyau, schém. 3-6, se retire le plus loin possible de lui, schém. 6, fig. 31 et 34, et la cellule s'étire, schém. 4, fig. 32 et suivantes. C. Deutérospermies. Pendant le restant de cette période, nous assis- tons aux modifications suivantes. 1 . Dans le noyau : a) la chromatine se prend progressivement en une masse centrale, schém. 4 et 5, fig. 22-35, de moins en moins colorable, schém. 5, fig. 36-40, à mesure que le reste du noyau acquiert une colora- tion diffuse croissante, schém. 5, fig. 36 et suivantes. Le résultat de ces deux processus inverses est une coloration uniforme du noyau, schém. 6, fig. 41 et suivantes. Nous avons appelé deutérospermie la cellule où se fait ce changement caractéristique. b) Le noyau s'aplatit, fig. 35 et suivantes. c) Sa calotte inférieure (sous la ligne équatoriale) s'enfonce lentement dans l'hémisphère supérieur, schém. 5, fig. 36-41. oa/f. Schém. 4. Schém. 5. Schém. 6. Schém. 7. Pér. II. Protospermie. Pér. II. Deutérospermie. Pér II. Prospermatozoïde. Pér. III. Spermatozoïde. acr. = acrosome. c. ou cap. = capuchon. /. e. = ligne équatoriale. m. = manchette, a. = anneau, c. b. = corps bàtonoïde. v. = vésicule hyaline. /. = filament axil. sph. = sphère, t. = tète. d. = diverticule du cou. c.c/ir. = corps chromatoïde. b.c. — bas du capuchon, p. c. = pièce intercalaire, q. = queue. 37 18 J. VAN MOLLE 2. Uacmsome disparaît dans la deutérospermie, schém. 5, fig. et suivantes. Le capuchon transparent, fig. 38 et suivantes, reprendra dans le prospermatozoïde une structure vacuolaire colorable, schém. 6 et 7, FIG. 43, 45 et 47. 3. La manchette paraît franchement tant dans la prospermie que dans la deutérospermie, schém. 4 et 5. Dans le prospermatozoïde, schém. 6, ses deux insertions s'observeront l'une à la partie inférieure du noyau actuel, qui est l'équateur primitif, l'autre à l'anneau de la pièce intercalaire, schém. 6. 4. Uéquerre a évolué en pièce intercalaire, schém. 3-7, fig. 31 et suivantes. c) Troisième période. Prospermato{oïde. Au début de la troisième période, le noyau de l'élément séminal a l'aspect d'une tète de spermatozoïde. Les changements d'équilibre dans la cellule, qui marquent le début de cette troisième période, effectueront en grande partie les modifications que le prospermatozoïde doit encore subir pour devenir le spermatozoïde achevé. La tension longi- tudinale de la cellule se relâche : le protoplasme et ce qu'il contient de non adhérent au noyau se ramasse le long de la queue vers la tête du sperma- tozoïde. Celle ci se dégage des cellules de Sertoli. En même temps, la pièce intercalaire s'allonge, schém. 7, fig. 48 et suivantes, la spirale s'orga- nise aux dépens du corps bâtonoïde, la manchette se défait en membrane simple, schém. 7, fig. 48 et suivantes. Plus tard, toute la pièce intercalaire se reserre, fig 52 54, schém. 7, et le protoplasme se sépare du spermato- zoïde, qui se porte dans la lumière du tube séminifère, fig. 55-57. 3. Le spermatozoïde. Dès ce moment, nous avons affaire à un spermatozoïde achevé. Il se compose i° d'une tête aplatie et incurvée surmontée d'un capuchon assez irrégulier; 2° d'un cou bien distinct; 3° d'une queue d'aspect homogène, dont la partie antérieure est en réalité la pièce intercalaire jusqu'à l'anneau de Jensen et comprend la spirale et la manchette. LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 19 § 2. Étude détaillée des transformations de chaque élément en particulier. Après cette revue générale qui servira à nous orienter, nous pouvons entamer l'examen détaillé de l'évolution des différents éléments de la cel- lule qui nous occupe. Nous examinerons successivement le noyau, la sphère et le corps chromatoïde, le capuchon, le centriole, et enfin la manchette. A. Le noyau. Dans cette étude du noyau, nous passons, pour y revenir à un moment plus opportun (voir C de ce paragraphe), la part qu'il prend à la formation du capuchon et les modifications de forme qu'il subit de ce chef. Nous au- rons également l'occasion de reprendre les transformations que subit sa membrane lors de l'origine et du développement de la manchette (voir E de ce paragraphe). 1 . Évolution. a) Première période. Reprenons la spermatide à sa sortie de la deuxième cinèse de matura- tion. La chromatine de la nouvelle spermatide, fig. 9, est ramassée en une petite sphère intensément colorable. Cette sphère est creuse et, en se vacuo- lisant ('), fig. 10 et 11, donne lieu à un réseau chromatique disposé à la face interne de la membrane nucléaire en formation, fig. 12 et 13. Après une reconstitution suffisante du noyau, le capuchon commence à s'organiser (voir C). Dès qu'il est formé, nous trouvons le noyau entouré à moitié du capuchon et celui-ci coiffé de la sphère, fig. 18. Une fois cette formation achevée, nous observons les premiers mouvements du noyau et de la sphère. C'est le début de la deuxième période. Nous sommes alors en présence de deutérospermatides. b) Deuxième période. A. Deutérospcrmatide. Dès le début de ce stade, la manchette com- mence à se former. On aperçoit à l'équateur du noyau les premiers indices (') Voir Grégoire et Wygaerts (24). 20 J. VAN MOLLE d'une différentiation, dont nous traiterons sous E de ce paragraphe. L'équerre s'attache au pôle inférieur du noyau. Enfin, dans celui-ci même, la chromatine s'est déjà en partie ramassée en un grumeau central, fig. 19 et suivantes, rattaché au réseau périphérique par des filaments réticulés. Dans le capuchon est apparu un acrosome très colorable, fig. 29. Au mo- ment où la manchette a acquis un développement considérable, la sphère, séparée du noyau, commence à provoquer l'étirement de la deutérosperma- tide de manière à la faire passer au stade de spermie. Durant ce stade, le noyau subit ses plus profondes modifications. B. Protospevmie. Dans la protospermie, la membrane nucléaire de nouvelle formation comprise entre les deux attaches circulaires du bour- relet de la manchette est nécessairement encore d'une consistance faible. Cette bande, de préférence aux autres parties de la membrane nucléaire, cède à l'étirement, schém. 4, entre /. c. et m; l'allongement qui en résulte caractérise la protospermie, fig. 32-35. C. Deutérospermic. Au stade de deutérospermie, le noyau réagit contre l'étirement tout en s'aplatissant dans le plan passant par la queue et le corps bâtonoïde. Il arrondit ses contours, fig. 36 et suivantes. L'hémi- sphère inférieur perd en colorabilité et rentre dans l'hémisphère supérieur. Il se forme ainsi sous la ligne équatoriale une sorte de gouttière, fig. 37, 38 et 41. L'hémisphère supérieur constituera dans la suite toute la surface externe de la tète du spermatozoïde. Il résulte de ces mouvements que le noyau allongé du stade protospermie a été diminué de moitié en longueur et est ramené à peu près aux proportions qu'il avait dans la deutérosperma- tide, sauf qu'il a subi un aplatissement. De plus, les deux insertions de la manchette, la ligne équatoriale et le pôle inférieur du noyau, sont rame- nées sensiblement au même niveau, celui du cou, fig. 41 à 43. Enfin, le noyau se rétrécit à son pôle inférieur, l'ouverture équatoriale devenue la partie la plus inférieure du noyau se contracte graduellement jusqu'à ne plus laisser passer que le cou du spermatozoïde, fig. 43. Le noyau a pris la forme définitive de tête de spermatozoïde; nous avons en ce moment un prospermatozoïde. Dans la troisième période, cette tête n'éprouve plus que des modifica- tions de courbure. LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 2 1 2. Observations. a) La ligne cquatoriale. Lors du rétrécissement du noyau dont nous venons de parler et qu'on observe au niveau de la ligne équatoriale, le cercle équatorial lui-même ne participe pas à ce mouvement général de retrait. Il garde donc ses dimen- sions. Le noyau s'en détache, mais reste cependant en relation avec lui par une expansion membraneuse qui le convertit en un anneau aplati. Au bord extérieur de cet anneau s'attache le feuillet externe de la manchette, fig. 43 et 45 (voyez aussi, p. 31 et suivantes, E. La manchette). b) L'aspect du noyau. A. tonne. Le noyau bosselé et irrégulièrement allongé de la proto- spermie est devenu dans la deutérospermie d'un contour plus régulier et arrondi, en même temps qu'il s'est aplati. C'est le premier grand changement dont l'achèvement détermine le début du stade de prosper- matozoïde. B. La nucléine. Une seconde transformation contribue tout aussi puissamment à amener cet aspect. Elle a trait à l'état de la chromatine dans le noyau. Dans la deutérospermie, la chromatine ne se montre plus que sous la forme d'un bloc central, fig. 36 et suivantes, assez irrégulier, s'enfonçant plus haut dans la tête avec la calotte inférieure et restant à une distance fixe du cou, indiquée par une ligne parallèle au bord supérieur de celui-ci, fig. 37-40. La substance du noyau, dans laquelle plonge la nu- cléine, prend une coloration diffuse, fig. 37 et suivantes, le grumeau central nucléinien, par contre, devient moins colorable, jusqu'à ce que cette mo- dification dans la colorabilité ait produit dans les spermies une coloration uniforme qui ne permette plus de reconnaître aucune structure, fig. 41 et suivantes. Pendant le stade de prospermatozoïde, la colorabilité de la tête diminuera de nouveau, fig. 47 et suivantes, sans cependant laisser appa- raître une structure quelconque. Que devient donc en ce moment l'élément nucléinien? Son mode de disparition semble indiquer qu'il est seulement rendu invisible dans la substance qui l'entoure et qui possède des pro- priétés chromatophiles analogues. Il faudrait, pour élucider cette question, pouvoir étudier la reconstitution de la tète du spermatozoïde en noyau normal dans l'œuf après la fécondation. 2 2 J. VAN MOLLE C. Asymétrie. Il y a dans toute cette évolution du noyau encore une particularité intéressante à noter. Nous y remarquons, dès l'attache de l'équerre, une singulière asymétrie. L'axe, reliant le centre du capuchon au centriole, ne passe pas par le centre du noyau et ne le partage pas en deux parties symétriques, fig. 31 et suivantes. L'hémisphère latéral du noyau, adjacent au corps batonoïde, est plus grand que l'autre et, au moment de l'étirement dans la protospermie, le noyau surplombe de ce côté le corps batonoïde. Outre cette première asymétrie, il en apparaît une seconde dans le spermatozoïde; elle consiste dans la double courbure du noyau, fig. 52 et suivantes : les deux angles inférieurs de la tête sont relevés, par contre, le sommet de la tête est abaissé, fig. 53 et 57. Le centriole est attaché un peu du côté concave de la tête aplatie, du côté ventral, comme le dit Meves(ii). Il suit de ces particularités de forme qu'on ne saurait faire passer aucun plan de symétrie par la tète du spermatozoïde. Si l'on veut le couper par un plan qui a la direction de la plus grande surface, on est arrêté par les courbures de la tête et par la situation du centriole un peu du côté concave. Si, par contre, on prend le plan perpendiculaire, on aura de part et d'autre des hémisphères de courbure et de dimensions diffé- rentes; de plus, au cou, il y aura d'un côté le corps batonoïde, et de l'autre le diverticule (voyez D. Le centriole, p. 27). B. La sphère et le corps chromatoïde. 1 . La sphère. Nous observons la sphère durant toute l'évolution des éléments sexuels. Déjà dans les spermatocytes, et même dans les spermatogonies, mais là avec une délimitation plus diffuse, on distingue près du noyau une partie de protoplasme plus condensé et nettement circonscrit, fig. 1-4. Dans les cas plus favorables, on lui reconnaît une structure finement fibrillaire, très serrée, assez homogène et différente de celle du protoplasme. Lors des cinèses, cette sphère se divise, reste la dernière en communi- cation avec les restes du fuseau, fig. 7-12, et finalement, pendant que l'an- neau intercellulaire faisant fonction de corpuscule intermédiaire disparait, la sphère prend place contre le noyau, fig. 12 et 13. Nous verrons la part qu'elle prend à la formation du capuchon (voyez C, p. 24). Au moment de l'achèvement de celui-ci, elle est étalée au-dessus de lui. C'est alors que dé- bute la deuxième période. Nous avons vu (chap. II, § 1, A) quelle influence LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 23 la sphère semble exercer sur l'état dynamique de la cellule pendant la deuxième et la troisième période. Dans la deutérospermatide, la sphère se sépare d'abord du capuchon, glisse le long du noyau, fig. 19 et suivantes, s'en détache au pôle inférieur et s'en éloigne en liberté dans le protoplasme. Dans les proto- et deutérospermies, nous la retrouvons le plus loin possible du noyau, jusque dans les cellules effilées, dont la queue n'est munie que d'une étroite gaine de protoplasme, arrondie un peu au bout pour la con- tenir. Ce n'est pas un globe fermé. Du côté de la tète, elle est toujours en communication libre avec le protoplasme, fig. 28-31, et se confond graduellement avec lui. Du côté opposé, elle possède une membrane, par- fois très chromatique et garnie de granulations. Lorsque le protoplasme se rapproche de nouveau de la tète en se ramassant le long de la queue, la sphère est perdue de vue dans les granulations sidérophiles, qui augmen- tent alors en nombre à l'intérieur du protoplasme, en même temps qu'en volume et en intensité de colorabilité. Nous avons dit (chap. II, § i, A) quel rôle important la sphère nous semble jouer dans ces phénomènes. Elle participe ensuite à la régression générale du protoplasme et se sépare de la tête avec lui, fig. 52. La sphère est donc un organe qui ne reste pas définitivement acquis pour le futur spermatozoïde; son rôle n'est que transitoire. 2. Le corps chromatoïde. Le corps chromatoïde est un second organe non persistant de la cellule sexuelle mâle. Déjà dans les auxocytes nous trouvons un certain nombre de granulations au sein du protoplasme, fig. 2 et 4; quelques-unes sont même déjà de véritables globules; mais nous ne pouvons pourtant les grouper encore ni les définir comme un organe unique. Ce n'est que dans les sper- matocytes de deuxième ordre, que nous rencontrons assez constamment une masse chromophile plus considérable et arrondie, fig. 7. Enfin, dans la spermatide, cette masse est très importante, allongée et contournée, fig. 10, 13a et b et suivantes. Près d'elle, nous trouvons encore d'autres granula- tions de grandeurs diverses, que nous croyons pouvoir adjoindre au corps chromatoïde plutôt que de les grouper en un élément nouveau qui cor- respondrait au mitochondre de Benda et de Meves, fig. 9, Il et 12. Cet ensemble avec l'équerre se place près du noyau sur le bord de la sphère, puis sur le bord du capuchon à mesure qu'il se forme, fig. 13-17. Il gagne 24 J VAN MOLLE le pôle inférieur du noyau en même temps que 1 equerre, fig. 18. Dès l'ap- parition de la manchette, le corps chromatoïde se retrouve constamment près de son bord inférieur, fig. 23, 25-27 et suivantes, et s'éloigne du noyau à mesure qu'elle en dépasse le pôle inférieur. En même temps, la masse se fractionne en granules, fig. 34, 41 et 47, qui prennent parfois une position très symétrique sur le bord de la machette. Plus tard, ces granules se rapprochent davantage de la sphère. Enfin, elles se perdent avec celle-ci dans les granulations de la régression protoplasmique. La signification du corps chromatoïde nous paraît assez problématique. Sa proximité de la manchette lors de la formation de cette dernière semble indiquer qu'il par- ticipe à sa différentiation. C. Le capuchon céphalique. i. Histoire. a) Débuts du capuchon. L'origine du capuchon nous ramène à la jeune spermatide dont le noyau est à peine reconstitué. L'évolution de cet organe nous permettra de compléter ce que nous avons dit de la sphère et du noyau. Dans la jeune spermatide, lorsque la sphère est venue en contact avec le noyau, on aperçoit à un moment donné qu'il s'y dépose à l'endroit de ce contact une substance hyaline qui prend la forme d'une vacuole, fig. 14. La sphère, à mesure que cette vacuole s'agrandit, l'entoure en demi-lune, dont les cornes arrivent jusque près du noyau. Bientôt même ce mince contact, qui persistait entre la sphère et le noyau, se brise d'un côté, fig. 16 et 17. La vacuole hyaline en se formant adhère au noyau. D'abord sphérique et enfonçant la membrane nucléaire, fig. 14, elle s'adapte graduellement au noyau; le déprime et lui donne de ce côté une surface aplatie. Au plus grand développement de ce stade, schém. 1, fig. 16 et 17, nous trouvons dans le protoplasme de la spermatide un corps sphérique nettement com- posé de deux hémisphères distincts; celui muni d'un réseau chromatique est le noyau; l'autre hyalin est le capuchon. Au-dessus de lui s'étale la sphère. Lorsque le no)'au reprendra la forme sphérique, les adhérences qu'il a contractées avec le capuchon se conservent ; par suite, il s'enfonce en lui comme dans une coiffe. Le capuchon est étalé sur le noyau, fig. 21, comme la sphère l'est sur lui. LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L ÉCUREUIL 25 b) Modifications. — L'acrosome. Peu après, la sphère se sépare du capuchon d'abord, fig. 19 et 21-23, et du noyau ensuite, fig. 24-26. Le capuchon hyalin, lors de sa formation, prend bientôt une coloration diffuse, fig. i9, parfois percée de quelques vacuoles. En même temps, on aperçoit au centre de sa surface d'adhésion avec le noyau une coloration plus foncée assez nettement circonscrite, fig. 24. C'est l'acrosome. Il gagne rapidement en étendue, fig. 25-27, et en intensité de coloration. Au bout de peu de temps, il envahit tout le capu- chon, qui devient ainsi une masse d'un noir intense, fig. 29-31. Lors de sa réapparition plus complète, après un court laps de temps d'effacement, il subit l'allongement dans la protospermie et prend l'aspect d'un organe irré- gulièrement conique, fig. 35 et 36, posé sur le noyau. Dans la deutéro- spermie, le capuchon, comme le noyau, s'aplatit et régularise ses contours. De plus, il se troue progressivement et irrégulièrement, fig. 37, et devient à la fin de ce stade presque transparent sans cependant devenir hyalin. Dans le prospermatozoïde, le capuchon reprend de la colorabilité, mais est toujours troué de nombreuses petites vacuoles, incolores, fig. 43, 45 et 47. Dans le spermatozoïde, ces vacuoles auront grandi et diminué en nombre. Finalement, il n'en reste que trois ou quatre percées diffusément dans la masse d'un capuchon de colorabilité homogène, fig. 48 et suivantes. La coloration un peu plus intense qu'on observe au sommet du capuchon, dans les fig. 55 et 56, tient à ce qu'il est recourbé à cet endroit. 2. Théorie du capuchon. A propos de cette évolution, trois questions se posent : quel est l'ori- gine du capuchon? quel est son rôle? quel est son sort? a) Origine. On peut dire que les auteurs sont unanimes pour dire que le capu- chon est une partie de la sphère. Il nous semble que cette proposition est trop catégorique. Le capuchon doit manifestement son origine à la sphère, mais nous ne lui trouvons rien qui nous permette de l'identifier avec elle. Ainsi la sphère a toujours une structure finement fibrillaire, que le capuchon ne présente jamais; elle prend les colorants protoplasmiques, alors que le capuchon, quand il est colorable, a de fortes préférences pour les colorants nucléaires. La sphère n'est jamais si intimement unie au noyau que le capu- 26 J. VAN MOLLE chon ; elle n'influe jamais directement sur la forme du noyau et semble jouir d'une plus grande indépendance à son égard. Dès les premiers débuts du capuchon, celui-ci est nettement distinct de la sphère, qui conserve son aspect propre. Enfin, lors de la séparation de la sphère du noyau, celle-ci a un volume qui n'est pas moindre que celui qu'elle avait avant la forma- tion du capuchon. Nous croyons donc que la sphère, tout en ayant une part prépondé- rante dans la formation du capuchon, n'évolue pourtant pas elle-même en partie en capuchon. A cette formation concourt en même temps le noyau, au contact duquel se produit et se dépose la substance hyaline du futur capuchon. b) Rôle. Quel est le rôle du capuchon céphalique? Les différentes modifications et altérations que nous lui avons trou- vées doivent lui assigner un rôle nutritif. C'est lui qui sert d'intermédiaire entre la tête de la spermie et les cellules de Sertoli. Dès qu'il est formé, il commence à remplir ce rôle, qui est d'ailleurs également important, avons- nous vu, pour l'économie de l'étirement des spermies. Que penser de l'acrosome? Nous ne rencontrons cet élément que dans la première moitié de l'évolu- tion du capuchon. Nous lui trouvons une origine se rapprochant assez bien de celle décrite par von Lenhossek (8). Quant aux aspects de Niessing (14), nous ne trouvons rien dans le capuchon qui y ressemble, si ce n'est dans les prospermatozoïdes. Seulement les vacuoles du capuchon ne contiennent aucun granule; elles confluent jusqu'à un certain point; mais en ce moment il n'y a plus de trace de ce qu'on pourrait appeler acrosome, à moins de l'identifier avec le capuchon. Il n'y a en tout cas pas lieu dans cet objet d'admettre pour l'acrosome une origine par confluence de vacuoles et de granules, semblable à celle décrite par Niessing (14) et, après lui, par MOORE(IÔ), MEVES(ll) etBENDA(l). c) Sort. Le capuchon persiste jusque dans les stades les plus avancés dans le testicule. Nous avons vu des spermatozoïdes vivants retirés de la vésicule séminale de cobaye, et qui ont une forme très semblable à celle des sper- matozoïdes d'écureuil; ils étaient munis de leur capuchon. Son rôle en ce LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 27 moment est-il encore nourricier? Et, cela étant, n'est-il que nourricier? Ou bien est-il en même temps un appareil de pénétration? Toujours est-il qu'il semble peu outillé pour cette dernière fonction. Son aspect flasque et par- fois globuleux semble plutôt lui assigner un rôle de protection, fig. 51, 54 et 57. Pour répondre à ces questions, encore une fois, il faudrait étudier la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf. D. Le centriole. i . Origine et premiers développements. C'est du centrosome ou centriole que provient presque tout l'appareil appendiculaire du spermato\6ide, sauf l'enveloppe de la pièce intercalaire. Nous devons remonter bien haut dans l'histoire des éléments spermatiques pour retrouver les premières modifications du centriole, qui le préparent à devenir une queue de spermatozoïde. Dans les jeunes spermatocytes déjà, nous trouvons à la surface du noyau, près de la sphère, deux corpuscules très colorables. Dans les stades primitifs du synapsis, fig. i ('), nous constatons que ces deux centrioles ont chacun la forme d'une équerre. Nous suivons ces deux équerres durant les différents stades des auxocytes, fig. 2-4. A la première cinèse de maturation, fig. 5 et 6, nous en trouvons une à chaque pôle du fuseau; elles occupent donc ici également la place du corpuscule central. Parfois elles sont déjà divisées, fig. 6, pour la cinèse suivante : on en voit déjà deux à un même pôle. Après le court état de repos du spermatocyte de deuxième ordre, fig. 7, où l'on trouve encore l'équerre, on en aperçoit de nouveau une à chaque pôle du deuxième fuseau, fig. 8. Il en échoit ainsi finalement une à chaque jeune spermatide, fig. 9 et suivantes. C'est ici, dans la spermatide seulement, que Meves(ii) remarque la première fois l'équerre, qui proviendrait d'un des deux granules centriolaires. Schoen- feld (15) n'observe d'équerre, ou de crosse, comme il l'appelle, qu'au mo- ment de l'allongement de la pièce intercalaire; elle proviendrait de la rup- ture de l'anneau du cou (voir et comparer la fin de cette subdivision D). Enfin, Wassilief (19), dans la Blatta irermanica, observe l'équerre déjà dans les auxocytes et même plus tôt. Seulement, à mesure que la cellule se divise, il n'observe plus que des bâtonnets, branches de l'équerre divisée, et enfin, dans les spermatides, les centrioles se réduisent à de simples gra- nules. Comparez avec ceci le développement considérable de l'équerre que (') Voyez, pour la signification de ce stade, Berghs (25), Grégoire (26) et Janssens (27). 28 J. VAN MOLLE nous observons avant le stade spermaticle et surtout depuis que ce stade est atteint. En dehors de ces objets qui se rapprochent plus spécialement de notre étude de spermiogénèse, le centriole en équerre a encore été signalé dans des ovules d'animaux; il se retrouve aussi dans certaines cellules soma- tiques; on l'a également observé dans les plantes. Je renvoie, pour la litté- rature de cet organe, au travail de Halkin (20) sur le Polystomum integer- rimum. L'auteur y décrit ses observations sur les centrioles en équerre, déjà avant l'expulsion du premier globule polaire, et donne à cette occasion un résumé complet et fidèle des observations faites avant lui dans ce sens ('). De plus, dans la spermatide, alors que le noyau n'est pour ainsi dire qu'un tassement polaire, l'équerre apparaît pourvue à une de ses branches d'un mince filament, très petit au début, mais qui gagne rapidement en longueur et en épaisseur. C'est l'ébauche du filament axil de la queue du spermatozoïde. Von Lenhossek (8) et Meves (m) l'ont signalé déjà à ce stade. Lorsque la sphère a repris contact avec le noyau, l'équerre reprend aussi la place qu'elle occupait déjà dans les auxocytes; elle se met dans le plan déterminé par la surface de contact de la sphère et du noyau, fig. 13, 16, 17. Dans la deutérospermatide, la branche libre de l'équerre a notable- ment grandi, le filament s'est beaucoup allongé et la branche de l'équerre qui le porte a un peu grossi. Elle glisse alors, fig. 18, le long du noyau vers le pôle opposé à l'endroit où s'est formé le capuchon. L'équerre, en se fixant là, détermine la position de deux pôles au noyau. Nous appelons pôle supérieur celui où s'est formé le capuchon, et pôle inférieur celui où s'est fixée l'équerre. Celle-ci, en se fixant, détermine également dans le noyau l'asymétrie que nous lui avons reconnue. Elle se fixe au noyau par la partie proximale de sa branche libre. L'angle de l'équerre déforme un peu le noyau en s'y enfonçant, fig. 28 et 31, de sorte qu'au début le filament n'est pas dans -le prolongement en ligne droite qui relie le centre du capuchon au point d'attache de l'équerre. On observe déjà dans la deutérospermatide les débuts de la différen- tiation de cette équerre. La branche libre devient très longue, fig. 18, 19, 24 et suivantes, c'est le corps bâtonoïde signalé par Schoenfeld. Cet auteur le fait toutefois dériver autrement du centriole, et il est en tout cas, pour 1 Depuis que ce mémoire a été déposé, il a paru un travail de A. et K. E. Schreineb (28), qui traite des centrioles dans les cellules sexuelles mâles du Myxine glutinosa. Les centrioles qu'ils observent sont en forme de bâtonnets et se multiplient par bourgeonnement. LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 29 lui, indépendant de l'équerre (voir le début de ce paragraphe). Le corps bà- tonoïde est un peu plus épais à l'endroit où l'équerre s'attache au noyau, fig. 27. Cet épaississement qui, en somme, appartient tout aussi bien à l'autre branche, est un premier renflement du corps de l'équerre, fig. 28, schém. 2 et 3; un peu sous lui, on voit un second renflement. Ces deux premiers renflements constitueront le cou. Enfin, un troisième renflement, un peu plus indépendant, est rattaché aux deux premiers par une partie plus étranglée, le cou : c'est le futur anneau, schém. 2 et 3. Déjà dans la deutérospermatide, on voit une substance hyaline, v, fig. 28, 32, 34 et 38, d'un côté le long du filament axil. Elle part de la lumière de l'anneau; à peu de distance de lui, elle se réunit en une vacuole que le filament axil contourne, puis elle longe de nouveau celui-ci. C'est le début du premier revêtement que se fait le filament axil. Étant données les particularités de structure à son apparition, son évolution, sa durée (voir, pour plus de détails, l'explication des planches), il semble provenir de l'équerre et par elle peut-être du noyau (voir l'explication de la fig. 32). Dans la protospermie, fig. 32-34, le noyau et la manchette s'étalent sur le corps bàtonoïde qui les déprime en gouttière. Dans la deutérosper- mie, le corps bàtonoïde s'appuie contre la manchette; celle-ci rencontre en lui un obstacle à l'étirement et se laisse percer par lui, fig. 43. Dans le prospermatozoïde, en effet, fig. 44-46, le corps bàtonoïde est compris, comme tout le reste du centriole jusqu'à l'anneau, entre les deux feuillets de la manchette. 2. Constitution intime et détaillée de l'équerre. Déjà dans les protospermies, l'équerre commençait à dévoiler la struc- ture compliquée à laquelle elle a abouti dans le prospermatozoïde. Nous la considérons comme composée d'un corps et de deux branches. A. Le corps est la partie commune aux deux branches, fig. 30 et 31, cou; il constituera le cou du spermatozoïde. C'est une pièce conique, dont les contours sont très chromatiques en coupe optique, fig. 35, 38, 41, 42 et 43, schém. 4-6. C'est la coupe optique des deux bases de ce cône tronqué qui constituaient les deux premiers renflements que nous avons constatés à l'équerre dans la deutérospermatide, fig. 28, schém. 2 et 3. Ce cou porte, en bas, du côté opposé au corps bàtonoïde un diverticule très colorable. A ce corps se rattachent les deux branches. 3o J. VAN MOLLE B. La branche latérale, ou corps bâtonoïde, — la future spirale, — s'attache au cou du côté opposé à celui où se trouve le diverticule. D'abord, elle semble être en continuité avec la partie antérieure du cou seulement, mais le développement ultérieur montre que la base du corps bâtonoïde s'élargit à mesure que le cou croît en longueur. Cet élargissement produit la résolution des deux bords de cette base, dont nous voyons alors nettement les coupes optiques aller rejoindre le haut et le bas du cou, fig. 45 et suivantes. C. La branche droite fait le prolongement du cou ; elle se constitue d'un cône faisant suite au cou et qui, à sa partie distale et rétrécie, aboutit assez brusquement à un renflement annulaire, dont se dégage le filament axil, fig. 43-45 et 47, schém. 5 et 6. 3. Disposition définitive. Dans le prospermatozoïde, l'insertion inférieure de la manchette se re- trouve à l'anneau dont nous venons de parler. La partie conique faisant suite au cou s'allonge alors considérablement, fig. 48 et 49, pour consti- tuer la pièce intercalaire proprement dite; l'anneau s'éloigne de la tète et entraîne avec lui le feuillet interne de la manchette, fig. 50. Celle-ci, dont la tension se relâche en même temps, se défait ainsi en feuillet simple en- tourant tous les produits de l'équerre jusqu'à l'anneau. Ensuite, par rétré- cissement, l'anneau prend la même épaisseur que la pièce intercalaire et la queue, fig. 52 et suivantes; la manchette s'applique intimement à la pièce intercalaire et le corps bâtonoïde, compris entre ces deux, doit nécessaire- ment s'y retrouver. Nous pensons que c'est lui qui donne la spirale appa- raissant en ce moment sur la pièce intercalaire, fig. 53 et 54. Le cou jus- qu'ici était transparent et n'avait de coloré que le diverticule et les coupes optiques des bords, fig. 33-47. Dans le spermatozoïde, on le voit subite- ment traversé, du haut vers le bas, d'un filament coloré qui, arrivé au niveau du diverticule, se bifurque et envoie une branche vers chaque bord de la pièce intercalaire, fig. 51 et 56. Vu de côté, sur la tranche, le cou ne laisse apercevoir aucune modification. On a de la sorte la disposition typique décrite par Meves pour le spermatozoïde de cobaye. De fait, l'ap- parition de cette structure sur le cou n'est due qu'au corps bâtonoïde qui, en se repliant sur la pièce intercalaire pour s'y enrouler en spirale, profile sur le cou les coupes optiques des bords de sa base élargie et le début LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 31 de sa partie plus étroite, fig. 51-56. Ainsi le filament central et le filament latéral opposé au diverticule correspondent aux deux coupes optiques de la base du corps bâtonoïde, tandis que le filament qui se dirige vers le diver- ticule du cou est le début du corps bâtonoïde s'enroulant en spirale autour de la pièce intercalaire. 4. Conclusions. Nous pouvons donc dire que le filament axil, le cou du spermatozoïde, ainsi que l'anneau de Jensen dérivent de l'équerre de la sperrnatide. Dans notre objet, l'équerre des auxocytes ne se fractionne pas d'abord en deux bâtonnets qui, à leur tour, aboutissent à deux granules (comme cela a été vu, dans la Blatta germanica, par Wassilief), mais elle donne naissance, au cours des deux cinèses de maturation, à quatre équerres complètes, dont il en échoit une à chaque sperrnatide. Pendant toute l'évolution de la sper- rnatide, l'équerre, malgré toutes les modifications qu'elle subit, reste une pièce unique. Elle ne se résoud pas en granules, comme le pense Meves (1 1). Dès le début, elle est constituée de trois parties : un corps qui donnera le cou avec son diverticule, une branche latérale qui constituera le corps bâ- tonoïde, et une branche axile qui produit le filament axil et reste en conti- nuité avec lui. La branche axile comprend aussi un anneau, qui sera plus tard l'anneau de Jensen. Dans le cours du développement, le corps s'allonge et le diverticule prend l'aspect d'une petite sphère ou granule très colorable. Pour rester en contact avec le cou, la base du corps bâtonoïde s'élargit beaucoup et dès ce moment semble être bifurquée. Cette explication simple et bien documentée interprète très aisément toutes les figures, même celles de la plupart des auteurs. E. La manchette. 1 . Origine et développement . C'est vers la fin de la première période que nous observons au noyau les premières modifications qui vont donner lieu à la manchette. La mem- brane du noyau jusqu'ici était assez épaisse et très chromatique sur toute sa surface; dès maintenant, elle se montre, au contraire, très mince à l'équateur, fig. 19, m, et suivantes; au niveau de cette bande, elle ne prend plus que fort peu ou bien plus du tout la matière colorante. Comme la 32 J. VAN MOLLE calotte supérieure du noyau se rétrécit un peu au-dessus de cette bande, la partie chromatique de la membrane du noyau s'infléchit vers l'extérieur, tout en devenant plus ténue, fig. 21, 22 et 23. Vue de face, cette incurva- tion produit au-dessus de la bande claire un cercle noir autour du noyau; nous l'appelons la ligne équatoriale, fig. 24. Dans les endroits favorables, on perçoit que cette partie chromatique incurvée de la membrane nuclé- aire chromatique se continue dans la bande hyaline avec une membrane fine qui fait bourrelet autour du noyau, fig. 20 et suivantes. Ce bourrelet contient une substance fluide et est bordé d'une membrane très peu dif- férentiée; nous sommes en présence d'un organe en formation. L'excrois- sance prend parfois des aspects écumeux, fig. 25 et 26, soit à cause de l'infiltration du liquide hyalin même du noyau, soit grâce à la structure du protoplasme dans lequel elle doit s'insinuer en se développant. Cette irrégularité de formation fait qu'au début la manchette se distingue très peu dans le protoplasme. Cependant, un observateur averti retrouvera assez bien la partie hyaline en communication avec la ligne équatoriale et faisant tout le tour du noyau, fig. 27. Le repli circulaire de la membrane nucléaire descend dans la deutérospermatide le long du noyau, le dépasse et con- tourne le corps bâtonoïde. On peut faire deux hypothèses sur la nature du bourrelet qui entoure le noyau à son équateur : i° ou bien il s'agit bien d'une hernie de la mem- brane du noyau, 2° ou bien la membrane du noyau disparait suivant un grand cercle, et une substance hyaline s'épanche en dehors du noyau, il se produit ensuite une membrane limitante qui se met en continuité avec celle du noyau ('). Ces deux hypothèses nous semblent toutes deux nanties d'une certaine probabilité. Nous admettons cependant de préférence qu'il s'agit bien d'une hernie produite par une augmentation de turgescence du noyau agissant sur une partie circulaire très peu résistante de sa membrane. A l'appui de cette manière de voir, nous présentons les aspects de cer- tains noyaux dérangés de leur place, fig. 21, 22, 23, ainsi que la fig. 20, qui est prise sur un noyau aberrant en retard de développement. Ici la her- nie est plus chromatique, parce que le noyau a conservé des dimensions plus faibles. Mais nous retrouvons toutefois dans des noyaux non dérangés de précieuses indications de la continuité de la membrane nucléaire avec (') Peut-être cette distinction n'est-elle qu'une question de mots. Tout dépend de la théorie qu'on adopte sur la nature de la membrane nucléaire. LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 33 celle de la manchette en formation, fig. 25, 26 et 27 (voir explication des planches). La membrane interne de la manchette est parfois plus chromatique et plus visible que l'autre. On voit déjà cette particularité de très bonne heure, fig. 27. C'est même cette membrane interne qui a été considérée jusqu'à présent comme la manchette toute entière, tandis que le feuillet externe a échappé à des observateurs très sagaces. Il est, en effet, d'une observation très délicate, fig. 27 et 31. Il y a lieu ici de rappeler la position du corps chromatoïde sur l'union des deux feuillets du repli manchettaire. A mesure que le repli se forme, il vient en contact avec ce corps et passe outre du côté interne; ce n'est donc que lorsque le repli a obtenu ses dimensions définitives que l'influence du corps chromatoïde pourra se manifester du côté externe du repli et lui com- munique aussi une plus grande colorabilité, indice probable d'une différen- tiation plus profonde, fig. 27, 30 et 31. Dans la protospermie, déjà en fig. 28, par suite de la tension longitu- dinale, les deux feuillets de la manchette s'appliquent l'un contre l'autre; de plus, la sphère, en glissant d'un côté le long de la manchette, puis en s'en détachant, la tiraille de ce côté ; l'irrégularité qui en résulte est aug- mentée par suite du corps bàtonoïde qui, de son côté, force la manchette à s'étaler sur lui et à le contourner. La torsion résultant de ces deux actions latérales engendre des plis longitudinaux dans les membranes de la man- chette; et nous ne serions pas étonné que ce seraient ces plis que Meves, observant les débuts de la manchette en ce moment, aurait pris pour des filaments dont la soudure latérale produira une membrane. La manchette offre d'ordinaire en coupe optique la figure de deux traits rectilignes partant directement de l'équateur du noyau, fig. 35, et qui se perdent dans le protoplasme en se rapprochant. Nous pouvons dire que c'est l'aspect normal de cette partie de la spermie. D'autres fois, quand l'application des deux feuillets est plus intime, les traits sont plus nets et se terminent par un petit bourrelet, fig. 29. Celui-ci se montre parfois être la coupe optique d'un anneau qui entoure complètement la queue, fig. 42. Vers la fin du stade de protospermie et durant tout le stade de deuté- rospermie, on observe de nouveau nettement les deux feuillets de la man- chette, fig. 37 et suivantes, l'externe s'attachant à l'équateur, l'interne au pôle inférieur du noyau près du centriole. Von Korff a plusieurs figures qui semblent, à première vue, ne pas 34 J. VAN MOLLE pouvoir cadrer avec notre interprétation du noyau. Le centriole s'attache non au pôle inférieur du noyau, mais sur le côté et de là part une espèce de fourche dont les branches se dirigent vers le bas du noyau, schém. 8a. Nous croyons que ces aspects du noyau ne sont dus qu'à l'asymétrie de l'attache du centriole au noyau. D'ailleurs, une figure précédente de von Korff, reproduite aussi dans le schém. 8, donne une vue latérale de la tète du spermatozoïde; elle montre que réellement le centriole et le » cône su- périeur « du noyau sont reliés par F" axe principal". Ce que von Korff appelle le »cône inférieur" n'est en réalité que l'hémisphère latéral qui sur- plombe un espace délimité en haut par sa fourche. Celle-ci, dès lors, n'est que le bord de la dépression du pôle inférieur du noyau. Cet aspect est plus caractéristique dans le Phalcmgista vulpina, parce que l'asymétrie des deux hémisphères y est encore plus marquée que dans notre objet. De plus, cet aspect persiste dans le spermatozoïde achevé, parce que, dans le Phalangista, la tête du spermatozoïde n'est pas aplatie et conserve donc une surface basale plus considérable. Schém. 8. Schém. 8a. Schém. 8*. Figures reproduites de von Korff. Protospermic vue un peu d'en dessous. acr. = acrosome. /. e. = ligne équatoriale. m. = manchette. m. c. = membrane cellulaire. Dans l'écureuil, nous retrouvons un aspect analogue dans la protosper- mie, schém. 8b. Rappelons la figure asymétrique produite par l'attache uni- latérale de l'équerre (voir § 2 de ce chapitre, subdivision A). Tenons compte LA SPERMIOGENÈSE DANS L ÉCUREUIL 35 ensuite de la gouttière que le corps bàtonoïde produit dans le fond du noyau qui le surplombe (voir D de ce paragraphe, stade de protospermie). Si, à ce moment de son développement, nous observons le noyau un peu d'en dessous, de sorte à avoir le corps bàtonoïde au milieu, nous aurons l'aspect correspondant à la fourche de von Korff; c'est-à-dire nous verrons le fond plus ou moins triangulaire du noyau dont les bords sont affinés par la manchette passant au-dessus de lui. L'équerre est à l'angle supérieur de ce triangle, tandis que les deux côtés adjacents sont formés par la manchette qui s'attache au bord du noyau. De plus, nous voyons par cette figure quelle est la cause de la gouttière. Elle provient de l'étirement du noyau suivant l'axe capucho-centriolaire. Cette traction s'applique à l'endroit de l'insertion de la manchette, mais elle se trouve contrecarrée par la résis- tance du corps bàtonoïde qui détermine dans le noyau une dépression en forme de gouttière. Enfin, ce corps bàtonoïde se projette sur le filament axil et semble se confondre avec lui. Dans nos figures, cet aspect devient moins caractéristique à mesure que la tète s'aplatit. A propos de la figure de von Korff, que nous avons reproduite dans le schém. 8a, nous nous permettons d'appeler l'attention sur la membrane festonnée qui part de la tète et se poursuit jusqu'à l'anneau fermant la pièce intercalaire. Dès que cette membrane paraît, l'auteur ne voit plus la manchette. La suite de cette étude montrera que ce ne peut être que la manchette dépliée et nettement structurée qui produit cette apparence. 2. Dernières modifications et forme définitive. Revenons maintenant à notre manchette. Dans les deutérospermies, on observe très bien en bas la courbe qui fait l'union des deux feuillets de la manchette, fig. 29, 37 et 38, et les deux in- sertions de celle-ci se trouvent, à la fin de ce stade, sensiblement au même niveau au bas du noyau, fig. 42 et suivantes. Nous avons montré, dans l'étude du noyau (A de ce paragraphe), que l'insertion extérieure se fait par l'intermédiaire du cercle équatorial ; l'insertion interne se retrouve main- tenant au centriole. Dans le prospermatozoïde, le cercle cède enfin égale- ment à l'étirement; il fléchit, fig. 44 et 45, e, et ne sera plus dès maintenant que la partie supérieure de la manchette. Entre les deux feuillets de celle-ci se retrouve le corps bàtonoïde, depuis que l'insertion du feuillet interne est descendue jusqu'à l'anneau, fig. 44-46. Nous ne savons comment se fait le 36 J. VAN MOLLE déplacement de cette insertion. La membrane de la manchette glisse-t-elle le long du cou? ou bien s'accole-t-elle à l'anneau et se résorbe-t-elle ensuite entre celui-ci et le pôle inférieur du noyau? Nous n'avons pu le déterminer. Le résultat final est en tout cas que la manchette contient tous les produits de l'équerre jusqu'à l'anneau, y compris le corps bâtonoïde. Lorsque la pièce intercalaire du prospermatozoïde s'allonge, l'insertion inférieure de la man- chette, qui est à l'anneau, suit cet anneau dans son éloignement du cou, fig. 48 et 49. La manchette se dégaine donc et n'est plus composée dès lors que d'un seul feuillet. Ce feuillet unique représente pour la moitié supé- rieure le cercle équatorial et le feuillet externe, pour la moitié inférieure le feuillet interne de la manchette primitive. L'interprétation que nous donnons ici repose sur des figures très dé- monstratives, fig. 48 et 49. Nous ne nous dissimulons cependant pas qu'elle rencontre une objection très grave. En effet, la manchette dégainée portant l'anneau à sa partie inférieure et composée d'un seul feuillet n'est pas plus longue que la manchette double des stades plus jeunes. Nous ne parvenons à nous rendre compte de ce fait qu'en disant qu'elle doit être revenue sur elle-même, parce qu'elle ne subit plus maintenant la même traction, fig. 50. Les plissements que von Korff figure à ce que nous croyons être la man- chette dans son objet à ce stade (sa figure 24), sont un argument en faveur du relâchement auquel nous faisons allusion ici. 3. La spirale. La plupart des auteurs ont signalé l'existence d'une spirale autour de la pièce intercalaire du spermatozoïde achevé. Il nous a été donné d'aper- cevoir dans notre objet, fig. 53 et 54, assez rarement, il est vrai, une struc- ture analogue, un peu avant que la pièce intercalaire se montre homogène et en tout semblable au reste de la queue. Nous constatons donc une spi- rale et même son apparition est assez soudaine. Nous croyons qu'elle doit son origine au corps bâtonoïde, qui s'enroule autour de la pièce intercalaire. En faveur de cette interprétation, nous apportons les arguments suivants. Tout d'abord, elle explique la soudaineté avec laquelle apparaît cet élément alors que d'ailleurs aucune autre modification aperçue dans la pièce inter- calaire ne nous prépare à son apparition si subite. Nous savons en second lieu très sûrement que le corps bâtonoïde se trouve entre la manchette et la pièce intercalaire; comme ces deux s'appliquent par après intimement, le corps bâtonoïde doit aussi s'appliquer contre la pièce intercalaire. Enfin, LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L'ÉCUREUIL 37 nous avons un indice de cet enroulement dans la structure qui apparaît subitement sur le cou du spermatozoïde, fig. 51, 55-57, et dont nous avons vu l'explication en D de ce paragraphe. Étant donné cet ensemble, nous croyons que le corps bâtonoïde orga- nise la spirale. Schoenfeld dit qu'il croit avoir vu des aspects de ce genre. Nous croyons de plus que la manchette sert de support à cette spirale. En faveur de cette hypothèse, nous renvoyons aux fig. 47 et 49. On y aper- çoit au bout distal du corps bâtonoïde une traînée ou une granulation chro- matique qui est due probablement à une soudure de ce bout distal avec un objet contre lequel il bute; cet objet n'est autre que la membrane de la manchette. Nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'avoir sous les yeux des figures plus belles pour ce phénomène : les granulations se disposaient régu- lièrement en cercle autour du bout distal du corps bâtonoïde et recevaient de lui des irradiations chromatiques. On peut aussi se rendre compte d'une diminution de longueur que subit le corps bâtonoïde lors de ces modifica- tions de la manchette et qui serait due à sa soudure progressive. D'ailleurs, déjà Benda (2) signale une membrane spiralée, et le principal argument de Meves contre cette conception était la disparition de la manchette avant l'apparition de la spirale. 4. Résumé et conclusions. Nous concluons donc en disant que la manchette est un repli circulaire de la membrane du noyau. Nous constatons en second lieu qu'on ne peut parler d'une chute ou destruction de la manchette. Celle-ci persiste, en effet, entourant la pièce intercalaire et servant probablement aussi de support à la spirale formée par le corps bâtonoïde. En même temps, elle revient sur elle-même par son élasticité et finit par s'appliquer intimement sur la pièce intercalaire. Cette interprétation est très simple. Elle explique non seulement toutes les étapes successives qu'une étude minutieuse de cet organite nous a révélées, mais aussi les nombreux faits déjà ammoncelés par nos prédécesseurs autour de cette question. 38 J. VAN MOLLE Chapitre III. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS. § I, Indication de l'origine de chaque élément du spermatozoïde. Nous donnons ici comme résumé de cette étude l'analyse du spermato- zoïde achevé. Nous y trouvons : 1. Une tête aplatie, incurvée, et dont les deux coins inférieurs sont relevés. Le réseau nucléaire du noyau a pâli et est caché dans la colorabilité uniforme de son contenu. 2. Le capuchon qui recouvre la moitié supérieure de la tête et con- tinue sa courbure. Il est de coloration plus sombre. 3. Le cou, qui se dégage du pôle inférieur du noyau primitif. Ce pôle ressort parfois un peu de l'ouverture laissée par la calotte supérieure rétrécie à sa base. Nous avons suffisamment étudié la structure du cou (chap. II, § 2, D). 4. La pièce intercalaire proprement dite qui comprend, à partir de son axe, a) le filament axil avec une gaîne de substance colorable; b) la pièce intercalaire, produit de la branche droite étirée de l'équerre; e) la manchette, provenant de la membrane nucléaire ; celle-ci est garnie à son intérieur d'une spirale qui n'est que le corps bâtonoïde, produit de la branche latérale de l'équerre; d) la membrane cellulaire, avec un reste de protoplasme. 5. L'anneau de Jensen, fermant en bas la pièce intercalaire. 6. A partir de là, on n'a plus que la queue entourée peut-être encore jusqu'à une certaine distance d'un reste de protoplasme. Plus loin, elle s'ef- file en simple filament axil. Tous ces éléments, passé le cou, ne forment dans le spermatozoïde qu'une queue uniforme et sans structure visible. § 2. Conclusions neuves les plus importantes de ce mémoire. i . La disparition du réseau nucléaire de la spermatide dans le sper- matozoïde est due probablement à son enrobage dans une substance de colorabilité au moins égale. LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L ÉCUREUIL 39 2. Le capuchon n'est pas une partie de la sphère; il est organisé par elle sous l'influence du noyau. 3. L'acrosome qui surgit à un moment donné dans le capuchon n'est qu'une apparition transitoire. 4. Les mouvements de la sphère ont une influence prépondérante sur l'orientation de la cellule reproductrice. 5. La sphère se retrouve dans le protoplasme jusqu'à ce qu'elle se sépare du spermatozoïde avec lui. 6. Le centriole sous forme d'équerre se retrouve en double déjà dans les spermatocytes. 7. L'équerre unique qui échoit à la spermatide se retrouve dans le cou et la pièce intercalaire : elle donne le cou, la pièce intercalaire, l'anneau de Jensen, le filament axil et probablement aussi la spirale du sperma- tozoïde. 8. La spirale est probablement un produit du corps bâtonoïde, branche latérale de l'équerre ; elle se dépose sur la manchette. 9. La manchette est à l'origine une hernie circulaire de la sperma- tide; elle est primitivement formée d'un feuillet double. 10 La manchette persiste dans le spermatozoïde achevé en feuillet simple. Elle supporte probablement la spirale et entoure la pièce inter- calaire. AUTEURS CITES. Benda 3 » 4 Herman 5 » 6 Korff (von) 7 Lenhossek (von) 8 » 9 .Meves 10 II 12 Neuere Mitteilungen ùber die Histogenèse der Sâugetier- spermatozoen ; Verh. d. physiol. Ges. zu Berlin, Jahrg. 1896-97. Ueber die Entstehung der Spiralfaser des Verbindungstùckes der Sâugetierspermen ; Verh. d. anat. Ges. Kiel, 1898. Ueber die Spennatogenese der Vertebraten und hôherer Evertebraten ; Verh. d. phys. Ges. zu Berlin, Jahrg. 1897-98. Beitrâge zur Kenntniss der Spermatogenese ; Arch. f. mikr. Anat., W 5o, 1897. Bemerkungen ùber die chromatoiden Kôrper der Samen- zellen ; Anat. Anz., Bd 14. Zur Histogenèse der Spermien von Phalangista vulpina ; Arch. f. mikr. Anat., Bd 60, 1902. Ueber Spennatogenese bei Saugetieren. Tùbingen, 3. April 1897. Untersuchungen ùber Spermatogenese; Arch. f. mikr. Anat., Bd 58, 1898. Zur Entstehung der Achsenfaden menschlicher Spermato- zoen; Anat. Anz., Bd 14, 1897. Ueber das Verhalten der Centralkôrper bei der Histoge- nèse der Samenfaden von Mensch und Ratte ; Verh. d. anat. Ges. Kiel, 1898. Ueber Strucktur und Histogenèse der Samenfaden des Meerschweinchens; Arch. f. mikr. Anat., Bd 58, 1899. Strucktur und Histogenèse der Spermien ; Ergebn. der Anat. und Entwickl., B'1 XI, 1901. J. VAN MOLLE i3 Niessing i 5 Schoenfeld 16 Moore '7 20 21 22 23 25 Wassilief 18 Bardeleben (von) 19 » Halkin Herman Regaud Broman 24 Grégoire S- Wygaerts Berghs 26 Grégoire 27 Janssens 28 Schreiner, A. & K. E. Kurze Mitteilung ùber Spermatogenese ; Anat. Anz., Bd 18, 1900. Die Betheiligung v. Centr. u Sph. an Aufbau der Samen- faden der Sàugetieren ; Arch. f. mikr. Anat., Bd 48. La spermatogenese chez le taureau ; Bibl. anat., Nancy, 1900. Some points in the spermat. of Marnmalian ; Intern. Monat- schr. f. Anat. und Phys., 11. Zur Spermatogenese bei Blatta germanica; Anat. Anz., XXV, N. 11, 1904. Die Entstehung der Sarnenkôrper ; Anat. Anz., Bd 11, 1896. Ueber Spermatogenese bei Monotremen und Beuteltieren ; Verh d. anat. Ges. Berlin, 1896. Recherches sur la maturation, la fécondation et le déve- loppement du Polystomum integerrimum ; Arch de Biol., XVIII, fasc. II, 1901. Strucktur und Histogenèse der Spermatozoen. II; Ergebn. der Anat. und Entwickl., Bd VI, 1896. Études sur la structure des tubes séminifères et sur la spermatogenese chez les mammifères ; Arch. dAnat. mi- crosc, t. IV, 1901. Ueber gesetzmàssige Bewegungs- und Wachstumserschei- nungen (Taxis- und Tropismenformen) der Spermatiden, ihrer Centralkôrper, Idiosomen und Kerne ; Arch. f. mikr. Anat., Bd 59, 1902. : La reconstitution du noyau et la formation des chromo- somes dans les cinèses somatiques; La Cellule, t. XXI, ir fasc, igo3. La formation des chromosomes hétérotypiques dans la spo- rogénèse végétale. I à IV ; La Cellule, t XXI, fasc. ir et 2d, t. XXII, fasc. i"- (1904-05). La réduction numérique des chromosomes et les cinèses de maturation; La Cellule, t. XXI, fasc. 2d, 1904. Évolution des auxocytes mâles du Batracoseps attenuatus ; La Cellule, t. XXII, 2d fasc, 1905. : Ueber die Entwickelung der mânnlichen Geschlechtszellen von Myxine glutinosa. II. Die Centriolen und ihre Ver- mehrungsweise ; Arch. de Biol., t. XXI, fasc. 3 et 4, 1905. EXPLICATION DES FIGURES. Les dessins ont été pris à la hauteur de la platine du microscope à l'aide du prisme de Nachet. Les grossissements obtenus sont avec l'oculaire compensateur 12 : a) pour l'apochrom. de Koristka, 160 mm., 2000 gross. lin. (A.); b) pour le semi- apochrom ., dans les mêmes conditions, gross. lin = 1800 (S.) et avec tirage com- plet du tube, gross. lin., 11S0 (S. T.). Les figures non marquées d'une lettre sont prises avec le dispositif A. ABREVIATIONS. a. anneau. eq. equerre. acr. acrosome. m. manchette. cap. capuchon. n. noyau. c.b. corps bâtonoïde. p.i. pièce intercalaire c. chr. corps chromatoïde. r-f. restes du fuseau c. im. corpuscule intermédiaire. sph. sphère. d diverticule. V. vésicule. e. équateur. PLANCHE I. FIG. 1. Auxocyte au stade synapsis. Il montre, appliqués contre la sphère, deux centrioles en forme d'équerre et disposés parallèlement. FIG. 2, 3. Auxocytes au stade pachytène montrant aussi les deux équerres contre la sphère ; celle-ci est plus nettement délimitée. FIG. 4 Stade plus avancé. On remarque de plus en cette cellule une sphé- rule très colorable dans le protoplasme et qui est peut-être un commencement de formation du corps chromatoïde. Remarquez aussi l'élément nucléinien poussant une pointe hors du noyau entre les deux équerres. 44 J. VAN MOLLE FIG. 5. Première cinèse de maturation. On voit l'équerre au pôle du fuseau; d'un côté, elle est nettement au point. La sphérule colorable est aussi présente. FIG. 6. Même cinèse, montrant déjà à un pôle l'équerre divisée en deux or- ganites semblables pour la division suivante. FIG. 7. Spermatocyte de second ordre. Le noyau se reforme, l'équerre est pré- sente, le corps chromatoïde aussi ; la sphère est encore en rapport avec l'anneau intercellulaire. FIG. 8. Deuxième cinèse de maturation, montrant l'équerre à chaque pôle du fuseau. FIG. 9. Noyaux après le tassement polaire de la deuxième cinèse de maturation et débuts de la reconstitution du noyau. Dans a, on voit la masse chromatique plus claire au centre; elle est donc creuse. Dans b, on voit le creux encore en commu- nication avec le protoplasme et des restes du fuseau Dans b aussi, on voit net- tement l'équerre qui est déjà munie de son filament et est logée près de la mem- brane. A la limite de la cellule, on voit l'anneau intercellulaire, c. im. ; reste de l'étranglement du fuseau. Il n'est pas en continuation avec les filaments fusoriaux encore en rapport avec le noyau b. Celui-ci a donc éprouvé un mouvement de ro- tation dans le protoplasme. FIG. 10. Spermatide type montrant nettement ses différents éléments : le noyau en reconstitution, le corps chromatoïde, l'équerre, la sphère, qui n'est plus en com- munication avec l'anneau intercellulaire et ne l'est pas encore avec le noyau. FIG. 11. Noyau déjà davantage reconstitué; la nucléine prend une position périphérique. L'équerre est munie d'un filament. FIG. 12. Noyaux reconstitués Équerres munies de leur filament. Sphères en contact avec le noyau et brisant leurs derniers liens avec le corpuscule intercellulaire. FIG. 13a. Noyaux de spermatide déjà en transformation. La sphère adhère au noyau, ce qui est un début de la formation du capuchon. Le corps chromatoïde et l'équerre ont pris leur position fixe sur le noyau, près de la sphère. Remarquez le long filament dont les équerres sont déjà munies. Observez de plus la forme al- longée, arrondie et régulière à la fois du corps chromatoïde. FIG. 13b Cette figure représente deux corps chromatoïdes ; elle montre com- ment il est en quelque sorte constitué d'un boyau contourné bordé d'un côté d'une espèce de membrane. FIG. 14, S. T. Ce noyau nous montre les débuts de la formation du capuchon. C'est le dépôt d'une substance hyaline entre le noyau et le sphère; celle-ci est repoussée du noyau, qui lui-même se laisse déjà un peu déformer par cette substance. FIG. 15. Noyau au même stade II montre bien l'effort supporté par la sphère de la part du futur capuchon ; il montre de plus la nature très chromatique de la surface de contact du capuchon et du noyau. LA SPERMIOGÉNÈSE DANS h ÉCUREUIL 45 FIG. 16. Stade du double hémisphère. Le noyau chrom-atique est un des hé- misphères, le capuchon est l'autre. A la limite des deux, on a le corps chroma- toïde projeté ici sur le noyau, et l'équerre à côté de lui. La sphère est étalée sur le capuchon. FIG. 17. Même stade. Mais ici on voit tout le pourtour du contact entre le noyau et le capuchon. Le corps chromatoïde se présente sous la forme de plu- sieurs granules disposés en cercle. Dans le noyau, il y a déjà un ramassement cen- tral de nucléine. FIG. 18. L'équerre et le corps chromatoïde sont descendus le long du noyau pour prendre une position opposée à celle du capuchon. Celui-ci est caché par la sphère, qui de ce côté-ci tend déjà à se séparer de lui et à descendre aussi le long du noyau. Le ramassement central de la nucléine est déjà très marqué. Remar- quez aussi comment la branche libre de l'équerre s'est allongée ; la branche courte, par contre, a grossi et semble déjà se scinder transversalement. Notez enfin la po- sition non centrale de l'équerre par rapport à la sphère et son mode d'attache au noyau. FIG. 19. Dans cette figure, nous voyons la sphère glisser le long du noyau; le capuchon jusqu'ici hyalin est devenu déjà plus colorable. Le bloc central de nu- cléine du noyau est net. Le corps chromatoïde est granuleux. L'équerre enfin pré- sente déjà un grand développement de sa branche libre ou corps bàtonoïde et une différentiation plus marquée de sa branche plus courte : le futur cou et la pièce intercalaire ; sur la membrane nucléaire, on observe une interruption d'un côté vers le milieu. FIG. 20. Noyau retardataire et resté petit; grâce à cette circonstance, on re- marque mieux les deux replis latéraux de la membrane nucléaire, m, qui font le tour du noyau en réalité et qui donneront la manchette. On observe dans le capu- chon un corps très coloré, l'acrosome. FIG. 21, S., 22, S. T , 23, S. T. Trois noyaux dérangés. La sphère va quitter le capuchon Le dérangement a produit une séparation en quelque sorte de. la moitié supérieure et de la moitié inférieure du noyau; grâce à cette séparation, le repli de la membrane nucléaire, qui va donner la manchette, se trouve en un état de tension plus considérable ; par suite son contour est plus régulier et on peut le suivre depuis sa dérivation de la calotte supérieure du noyau jusqu'à sa jonction avec la mem- brane nucléaire de la calotte inférieure. La courbure de la membrane nucléaire à l'endroit où commence la manchette produit un cercle entier autour de l'équateur du noyau. En dessous du plan de ce cercle, le noyau paraît plus hyalin; cet aspect est dû à la présence d'une substance hyaline à ce niveau. Tout autour de la calotte supérieure, à l'intérieur de la membrane nucléaire chromatique, on ob- serve une zone claire. FIG. 24. Ce noyau présente une ligne équatoriale très nette. La sphère se sépare du noyau. Dans le capuchon, on remarque une substance plus sombre contre le noyau, c'est l'acrosome. 46 J. VAN MOLLE FIG. 25, S. T., 26, 5. T. Deux dessins d'un même noyau : le premier vers le milieu, le second plus superficiel. Cette particularité nous montre nettement la genèse de la manchette. L'acrosome est devenu volumineux. Le capuchon entoure le noyau jusqu'à l'équateur et y repose sur la boursouflure manchettaire. Celle-ci est très irré- gulière et vacuolaire; on suit son contour entier grâce au jeu du diaphragme et de la lumière oblique. Dans la fig. 26, qui est la vue superficielle, on aperçoit mieux l'aspect vacuolaire de la manchette au début; de môme, on y voit la continuation de la boursouflure avec la bande hyaline sous la ligne équatoriale. FIG. 27, S. T. Dans cette figure, on remarque déjà une différentiation assez avan- cée du cou, c'est-à-dire d'une partie de l'équerre. On aperçoit la manchete délimi- tée en haut par la ligne équatoriale, le long du noyau présentant un aspect hyalin. La formation s'étale d'un côté par dessus le corps bàtonoïde. Remarquez ici com- ment la membrane interne de la manchette est chromatique ; l'examen superficiel ne montre que ces deux traits; ce n'est que grâce à la lumière oblique qu'on dé- cèle leur continuité avec le contour d'une substance hyaline remontant jusqu'à l'équateur. Le corps bàtonoïde est figuré au même niveau que la manchette. Il semble pénétrer entre les deux feuillets de cette dernière. En réalité, le feuillet in- , terne contourne le corps bàtonoïde. On n'a pas figuré ce détail pour ne pas com- pliquer la figure. PLANCHE II. FIG. 28. L'apparente résolution équatoriale de la membrane nucléaire est visi- ble ici. Les deux membranes de la manchette sont en ce moment très chroma- tiques. On ne peut voir ni leurs rapports avec la ligne équatoriale, ni leur conti- nuité du côté distal. Observez le défoncement du noyau par l'insertion de l'équerre. FIG. 29, 5. Noyau vu un peu d'au-dessus; l'acrosome est très colorable. On voit la continuation de la ligne équatoriale avec la manchette. De plus, à celle-ci on observe d'un côté le double repli et en bas le .bouton marquant l'arc de jonc- tion des deux replis. Du côté droit, on voit l'arc en œillet, parce que les deux membranes s'appliquent de nouveau plus haut FIG. 30, S. T. On voit ici également d'un côté la continuité des deux feuillets de la manchette L'acrosome n'a pas encore envahi tout le capuchon. Remarquez le corps chromatoïde près du bord inférieur de la manchette. FIG. 31. Le noyau commence à s'allonger par suite de l'étirement qu'il subit depuis que la sphère a émigré du côté libre du protoplasme. L'équerre est déjà très différentiée. FIG. 32. Noyaux jumeaux et déjà très allongés dont les équerres ont produit un anneau commun. A cet anneau se voit comme une vacuole qui semble sortir de lui. Cette figure explique ce que l'on aperçoit déjà à la fig. 28, c'est-à-dire le LA SPERMIOGENESE DANS L ECUREUIL 47 long du filament on voit un liquide hyalin qui par endroit' se réunit en goutte, puis continue de nouveau en traînée le long du filament. Ce liquide semble donc sortir du cou, que nous verrons être en réalité un organe creux. Il sert à habiller le filament axil sur une grande partie de sa longueur et à en faire la queue pro- prement dite. On voit aussi le liquide et la vacuole dans les fig. 34, 35, 38 et 41. A un stade plus avancé, on ne les voit plus, mais par contre, au lieu d'avoir un fin filament axil, nous observons une queue plus épaisse. C'est probablement que le liquide lui-même qui entoure le filament est devenu colorable. FIG. 33. Noyau très allongé. A ce stade, le capuchon est plutôt moins colo- rable que les prolongements des cellules de Sertoli, dans lesquels il est fixé ; l'acrosome ne se voit plus. La nucléine est franchement ramassée en une masse centrale. En ce moment, le noyau s'est déjà assez bien aplati ; la figure nous offre sa plus large surface. On remarque comment il y a du côté du corps bâtonoïde une calotte plus grande du noyau, qui s'étale à la suite de la manchette sur le corps bâtonoïde. A ce ni- veau, le noyau se laisse déprimer par lui en gouttière. Cette particularité n'a pu être rendue par le dessin. L'équerre est déjà nettement différentiée en cou, corps cylindrique dont nous voyons la coupe optique. A ce cou se rattachent d'un côté le corps bâtonoïde, et de l'autre, par une substance plus étroite et moins colorable, un renflement annu- laire dont sort le filament axil. FIG. 34. Stade analogue, mais la figure montre mieux le contour bosselé et irrégulier du noyau ; de plus, on aperçoit la limite inférieure de la manchette en cercle entourant la queue. FIG. 35. Dans cette figure, on remarque d'abord que le capuchon a repris une colorabilité intense; même le liquide nucléaire devient colorable. L'étirement plus prononcé du noyau permet de voir nettement l'insertion extérieure de la manchette à l'équateur du noyau. Par contre, le feuillet interne ne se voit pas ici. FIG. 36, S. T. Le ramassement nucléaire central commence à s'apercevoir plus diffusément au milieu du liquide nucléaire colorable aussi. La ligne équatoriale est très marquée. La partie sous-jacente du noyau est étriquée et commence à s'enfon- cer dans la calotte supérieure qui se creuse pour la recevoir. Le cou est très net ; la coupe optique de la manchette se terminant en bourrelet indique l'existence d'un repli double. FIG. 37, S. T. Les deux parties, — inférieure et supérieure, — du noyau con- tinuent à se compénétrer ; le contour du noyau s'arrondit et se régularise. L'acro- some dans le capuchon se résout. La nucléine devient de plus en plus invisible dans le noyau. Enfin sur cette figure, on suit tout le contour de la manchette depuis l'équateur jusqu'à la membrane interne près du noyau. FIG. 38, S. T. L'acrosome a disparu ; dans le capuchon, on aperçoit des vacuoles hyalines, venant probablement des cellules de Sertoli. La pénétration de la partie 48 J. VAN MOLLE inférieure du noyau dans sa calotte supérieure continue; en même temps, le noyau devient de coloration encore plus uniforme et parfois presque transparente. D'un côté, on voit bien les deux feuillets de la manchette. FIG. 39. Cette figure rend mieux l'aspect presque transparent du prospermato- zoïde en ce moment, empêchant de discerner parfois la limite de la calotte infé- rieure du noyau ; elle montre aussi bien le parallélisme entre le bord inférieur du bloc central de nucléine et le bord supérieur du cou. FIG. 40. Montre la deutérosperrnatide au même stade, mais vue plus de côté et esquissant déjà la courbure qui a permis à Meves de distinguer à la tête du spermatozoïde achevé une face ventrale et une face dorsale. FIG. 41. La compénétration des deux parties du noyau continue. La tête du spermatozoïde gagne en coloration, surtout à sa partie inférieure, où nous avons vu en dernier lieu la masse nucléinienne, mais les limites de celle-ci ne sont plus per- ceptibles. L'équateur se resserre un peu et se rapproche du cou. On voit nette- ment de part et d'autre les deux insertions de la manchette. Le corps bâtonoïde commence à passer à travers la membrane interne. Le capuchon non marqué ici est transparent, comme dans la figure suivante. FIG. 42. La compénétration des deux parties du noyau est achevée; le con- tour extérieur actuel est formé par l'ancienne calotte supérieure. Dans le rétrécisse- ment du noyau à son équateur pour former le pôle inférieur actuel, la ligne équa- toriale n'a pas suivi complètement; elle persiste et on voit sa coupe optique très chromatique du côté droit. Ce cercle équatorial, qui est d'origine membraneuse, s'est écarté du noyau, et celui-ci a donc à l'intérieur de cette première membrane une membrane nucléaire nouvelle, dont nous avons vu commencer la différentiation dans les fig. 21 et 22. On voit dans la manchette la coupe optique de plis longitudi- naux occasionnés par le corps bâtonoïde. On voit aussi tout le bord inférieur de la manchette, m, entourant la queue. Remarquez, près de la sphère, l'amas de gra- nules, qu'est devenu le corps chromatoïde. FIG. 43. Le capuchon redevient colorable, mais est parsemé de vacuoles. Il persiste toujours une zone hyaline au contact du noyau. On voit bien ici l'équa- teur, e. e., persistant au bas de la tête et donnant attache au feuillet externe de la manchette. Le cou est bien développé. La queue est grosse et on n'y distingue plus le filament axil. FIG. 44. Cette tête montre bien tout le contour de la manchette ; elle con- tourne le corps bâtonoïde. Celui-ci a donc pénétré à l'intérieur de la manchette, dont l'insertion inférieure se retrouve en ce moment à l'anneau de la pièce inter- calaire. FIG. 45. Le capuchon est énorme, colorable et rempli de petites vacuoles; il descend autour de la tète plus bas que le milieu; sa limite y est indiquée par une ligne plus sombre. Au pôle inférieur, on voit de part et d'autre l'équateur ancien, LA SPERMIOGÉNÈSE DANS L ÉCUREUIL 49 e. e., faisant saillie et donnant attache au feuillet externe de la manchette. Au cou, on remarque nettement le diverticule qui a paru depuis la fig. 37. Du côté opposé, on voit le corps bàtonoïde qui s'attache au cou par une base élargie. A l'anneau, on voit l'insertion inférieure et interne de la manchette. FIG. 46. Noyau vu obliquement; mais on y suit bien toute la manchette, depuis le cercle équatorial jusqu'à l'anneau, en contournant le corps bàtonoïde. FIG. 47. La tête redevient moins colorable, sans cependant laisser paraître l'élément nucléinien. Le protoplasme se rapproche de nouveau de la tète, le corps bàtonoïde se termine en courbe contre une membrane que l'on ne perçoit pas et qui ne peut être que la manchette. La queue de ce spermatozoïde a été suivie un peu plus loin que dans les autres figures. FIG. 48, 5. T. Les vacuoles du capuchon ont diminué en nombre, mais augmenté en grandeur; elles sont aussi plus diffuses. La pièce intercalaire proprement dite, c'est-à-dire la partie comprise entre le cou et l'anneau, s'étire ; l'insertion interne de la manchette accompagne l'anneau. FIG. 49, S. T. Remarquez le bord chromatique du capuchon ; c'est la coupe op- tique d'une courbure. Ici également, nous observons l'allongement de la pièce interca- laire et le dépliement de la manchette. Remarquez au bout du corps bàtonoïde un point d'adhésion. FIG. 50. Spermatozoïde vu sur la tranche, montrant la courbure du capuchon et l'anneau rattaché à la tête par la manchette. FIG. 51. L'anneau ici paraît isolé même de la queue. Sur le cou apparaît la structure typique décrite par Meves. Elle est due au repliement du corps bàtonoïde sur lui, à l'intérieur de la manchette. Voir pour plus de détails au chapitre de l'équerre. FIG. 52. Spermatozoïde à tête courbée. L'anneau s'est rétréci et est sur le point de devenir invisible dans l'épaisseur uniforme de la queue et de la pièce intercalaire. FIG. 53, S. T., 54, S T. Structure de la pièce intercalaire que l'on parvient parfois à distinguer. C'est très probablement un épaississement spirale dû à l'applica- tion du corps bàtonoïde et de la manchette sur la pièce intercalaire. FIG. 55, 56, 57. Spermatozoïdes achevés. On n'y distingue plus que le ca- puchon, la tète, le cou bien structuré, et enfin une queue homogène. La fig. 57 donne une vue de côté pour montrer la courbure. TABLE DES MATIÈRES. Introduction Conditions de travail a) Matériel . b) Fixation c) Préparation et coloration d) Observation CHAriTEE I. État de la question. § i. Les termes de l'évolution. A. Le spermatozoïde achevé . B. La spermatide .... § 2. Les transformations .... A. Transformations de chacun des éléments. i. Le noyau .... 2. La sphère et l'acrosome 3. La queue .... 4. Le mitochondre et le corps chromatoïde 5. La manchette .... B. Aperçu général et division en périodes . 9 9 9 9 9 9 10 10 ri 11 11 Chapitre IL Observations personnelles. § 1. Idée générale de l'évolution ...... A. Division en périodes basée sur les mouvements de la sphère B. Nomenclature. C. Idée générale des transformations. 1. La spermatide. 2. L'évolution a) Première période b) Deuxième période c) Troisième période 3. Le spermatozoïde 12 12 i3 M i5 i5 i5 18 18 52 J. VAN MOLLE Étude détaillée des transformations de chaque élément en A. Le noyau . . • • i. Évolution a) Première période b) Deuxième période 2. Observations a) La ligne équatoriale . b) L'aspect du noyau B. La sphère et le corps chromatoïde i. La sphère 2. Le corps chromatoïde C. Le capuchon céphalique i. Histoire. a) Débuts du capuchon . b) Modifications. — L'acrosome. 2. Théorie du capuchon. a) Origine . b) Rôle c) Sort D. Le centriole . . ■ • î. Origine et premiers développements 2. Constitution intime et détaillée de l'équerre 3. Disposition définitive . 4. Conclusions E. La manchette. i. Origine et développement 2. Dernières modifications et forme définitive 3. La spirale 4. Résumé et conclusions particulier 19 19 19 19 19 21 21 21 22 22 23 24 24 24 25 25 25 26 26 27 27 29 3o 3i 3l 3i 35 36 37 Chapitre III. Synthèse des résultats. § 1. Indication de l'origine de chaque élément du spermatozoïde. § 2. Conclusions neuves les plus importantes de ce mémoire 38 38 Auteurs cités Explication des figures 41 43 che I. cl, Clip 55 54 56 :i7 47 57 . . . Le et la le Snirocyra PAR Jules BERGHS DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES PROFESSEUR A L'ÉCOLE AGRICOLE DE WAREMME. Institut Carnoy, Louvain. — Laboratoire du Professeur Grég oire. (Mémoire déposé le 20 février igoô.) Le Noyau et la Cinèse chez le Spirogyra. A la suite des travaux publiés par lui-même et par ses élèves sur la cinèse somatique dans les plantes supérieures, M. le Professeur Grégoire nous a engagé à reprendre l'étude de la division chez le Spirogyra, dans le but de rechercher si l'on pouvait, en ce qui concerne le noyau et la cinèse, arriver à un schéma unique s'appliquant à la fois aux plantes supérieures et aux plantes inférieures. Nous tenons à remercier, dès le début, M. Gré- goire de sa bienveillante direction au cours de notre travail. Première Partie. L'élément chromatique. A. Historique. La première étude des cinèses chez le Spirogyra date de 1875 et est due à Strasburger. Publiée dans son mémoire - Zellbildung und Zellthei- lung«, elle fut revue et augmentée dans chacune des éditions ou traduc- tions successives de ce travail (M. Les processus de la division furent ainsi de plus en plus complètement étudiés dans quatre espèces différentes (Spi- rogyra orthospira, nitida, crassa et majuscula), soit sur matériel frais et vivant, soit sur matériel fixé. Nous donnons ici le résumé des résultats con- signés dans la dernière édition, celle de 1880. Le nucléole — ou les deux nucléoles — qu'on observe dans le noyau produit la plaque équatoiïale. Pour cela, lorsque la division est imminente, (') L'ouvrage de Strasburger eut trois éditions, 1S75, 76 et So. — Nous avons aussi sous la main la traduction française de J. J* Kickx, professeur à l'université de Gand, 1876. 56 Jules BERGHS il tombe en granules, et ceux-ci, peu après, s'ordonnent en une couronne équatoriale (Sp. majuscula). Ou bien, plus simplement encore, le nucléole prend un aspect granuleux et devient directement la plaque équatoriale (Sp. nitida). Cette couronne se partage ensuite en deux parties dont chacune reconstitue un des noyaux-filles ; dans ceux-ci reparait le ou les nucléoles. Macfarlane (81) observe dans la cavité nucléaire, outre le nucléole, un certain nombre de filaments. Se trouvant, d'une part, en continuité avec les filaments protoplasmiques qui suspendent le noyau dans la cavité cel- lulaire, ces filaments nucléaires, à leur tour, soutiennent le nucléole dans la cavité du noyau. Une membrane revêt le nucléole et dans ce dernier s'ob- serve encore un nucléolo-nucleus. Le noyau ainsi constitué subirait, d'après l'auteur, une espèce de division directe, sans formation de plaque équa- toriale. En issj, Strasburger reprend à nouveau l'étude des Spirogyra. Il décrit alors deux constituants dans le noyau quiescent : le nucléole et le réseau nucléaire. Ce dernier consiste en un système filamenteux, fait de protoplasme hyalin et portant des microsomes relativement peu nombreux et moins colorables que le nucléole. Il est probable que le réseau est formé d'un filament unique. Lors de la division, le nucléole disparaît : sa sub- stance est entièrement utilisée par le filament nucléaire qui s'accentue gra- duellement et décrit de multiples circonvolutions ou anses dans la cavité du noyau. Ces anses s'ordonnent bientôt parallèlement entre elles et en même temps parallèlement à l'axe du futur fuseau. 11 en résulte la forma- tion de la plaque équatoriale et celle-ci présente l'aspect d'une série de bâtonnets juxtaposés. La plaque se dédouble, et les deux moitiés se rendent aux pôles, tous les bâtonnets prenant la forme d'U. Arrivés au pôle, les segments se disposent d'abord en un peloton continu, puis reforment un réseau. Dans ce dernier apparaissent des amas de substance réfringente, se soudant bientôt en une masse totale, qui est le nucléole. La même année, Flemming (82) étudie à son tour le Spirogyra. Il arrive à des résultats analogues à ceux que Strasburger venait de publier. La plaque équatoriale est produite à l'aide de la chromatine du nucléole et de celle du réseau environnant. Le nucléole disparait après avoir cédé sa chromatine. Le spirème est excessivement ténu, et fortement ramassé au centre de la cavité nucléaire en un amas d'apparence granulaire. Il donne les LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 57 bâtonnets et par là la plaque équatoriale. La partie achromatique du ré- seau, d'après Flemming, n'est pas destinée à recevoir le dépôt de chroraa- tine du nucléole, comme le dit Strasburger (82),, mais sera employée à la formation du fuseau. Seule, la chromatine du réseau, unie à celle du nu- cléole, donne naissance au spirème. Tangl (82) attribue l'origine de la plaque équatoriale au nucléole seul. Strasburger, en 18S4, à propos du travail de Flemming (82), revient en quelques mots sur la division du Spirogyra tiitida. Il maintient qu'au début de la division le réseau nucléaire se retire sur le nucléole pendant que celui-ci prend un aspect granuleux et corrodé, et que c'est aux dépens de cette masse double que se fait la plaque équatoriale. Des données bibliographiques qui précèdent, il résulte que le nucléole de Spirogyra a été considéré au début comme contenant la plus grande partie de la substance chromatique et comme intervenant en rang principal dans la constitution de la plaque équatoriale. La structure périnucléolaire était considérée comme très pauvre en substance chromatique. D'ailleurs, on le voit, le rôle, la structure et l'évolution du réseau et du nucléole étaient loin d'être déterminés. Carnoy, en 1884, propose une interprétation nouvelle touchant le noyau de Spirogyra. » C'est un noyau, dit-il, où le boyau nucléinien s'est 1 normalement localisé au centre de la cavité nucléaire, laissant tout le * reste vide et uniquement occupé par le caryoplasme, et s'y est entouré » d'une mince membrane, faisant ainsi un nouveau noyau au milieu de y> l'ancien. « Le « nucléole- contient donc à l'intérieur d'une membrane tout l'élément chromatique. Carnoy propose de l'appeler nucléole-noyau. Zacharias (85) s'oppose à la manière de voir de Carnoy. Il considère le nucléole de Spirogyra comme purement plastinien et analogue à celui des plantes supérieures. Il lui refuse toute participation à la formation de la plaque équatoriale. Seul le réseau nucléaire, unique dépositaire de la chromatine, concourt à la former. L'opinion de Carnoy fut appuyée par Meunier (87) dans une étude détaillée de plusieurs espèces de Spirogyra. Cet auteur donne de la struc- ture du nucléole la description suivante. Il possède une membrane propre,--- quoique fort réduite, et renferme toute la nucléine du noyau. Celle-ci est 58 Jules BERGHS exclusivement confinée dans un étui de plastine, qu'elle remplit plus ou moins complètement, et le filament ainsi formé est pelotonné à l'intérieur du nucléole. En dehors du nucléole, toute substance chromatique fait ab- solument défaut. L'étude de Meunier comporte de nombreuses expériences sur le nucléole au repos, ainsi que l'observation de la cinèse sur matériel frais ou fixé. En 1888, Strasburger reprend encore l'étude des cinèses de Spiro- gyra et son interprétation nouvelle se rapproche de celle qu'il a énoncée en 1882. Dans le Spirogyra polytœniata, il voit le réseau périnucléolaire, d'abord pauvre en chromatine, s'accentuer ensuite, se colorer de plus en plus, devenir un spirème moniliforme. Celui-ci, plus tard, se segmente en 1 2 chromosomes. Le nucléole disparait vers la fin de la formation du peloton. Lors de la télophase, les chromosomes s'allongent de nouveau en filaments qui bientôt se réticulisent. Dans le réseau apparaissent des masses nucléo- laires élémentaires qui, en se soudant, donnent naissance au nucléole définitif. Strasburger dénie donc, à cette époque, toute participation du nu- cléole à la formation de la plaque équatoriale. Il se prononce contre l'opi- nion de Carnoy et Meunier, et se rallie à l'interprétation de Zacharias, considérant le nucléole comme de nature plastinienne. D'ailleurs, Zacharias, en 1888, à deux reprises, oppose aux expériences de Meunier celles qu'il a faites lui-même et qui lui ont permis de recon- naître dans le nucléole des Spirogyra une formation analogue au nucléole des plantes supérieures. Il interprète les observations de Meunier en di- sant que cet auteur, au lieu d'étudier le nucléole au repos parfait, a étudié vraisemblablement un des stades de la prophase où le nucléole a disparu déjà et où sa place est occupée par le filament nucléinien épaissi et contracté. Degagny, en 1890, propose une opinion toute différente. Il trouve de la chromatine et dans le noyau et dans le nucléole. Ce n'est pourtant que le nucléole seul qui intervient dans la formation de la plaque équatoriale. La chromatine du réseau est repoussée aux pôles au début de la cinèse, puis, durant la télophase, est partiellement employée à former la membrane nu- cléaire, le reste réintégrant le noyau-fille en reconstitution, pour y formel- le réseau. LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 59 Le premier, Moll (1893) recourut aux coupes microtomiques pour l'étude du Spirogyra. D'après cet auteur aussi, la majeure partie de la chro- matine est concentrée dans le nucléole. Moll reprend les expériences de Meunier pour déterminer la structure du nucléole et arrive aux mêmes ré- sultats : il admet dans le nucléole l'existence d'un ou de plusieurs boyaux nucléiniens. Cependant, il se sépare de Meunier en ce qui concerne la fa- çon dont ces boyaux forment la plaque équatoriale. D'après Meunier, la membrane du nucléole disparaît au début de la cinèse, et le boyau ainsi libéré se déroule. Il se fragmente ensuite et les segments se disposent en couronne équatoriale. Moll décrit un mécanisme tout autre. La chromatine quitte entièrement le nucléole en s'écoulant par la pointe; et le nucléole vidé disparait. Cette chromatine va se porter sur un filament achromatique provenant probablement du protoplasme nucléaire. Ce filament se condense, se contracte et, par segmentation, produit 12 chromosomes. La télophase et la reconstitution des noyaux-filles n'ont pas occupé le professeur de Groningen. Degagny, en 1894, 1895 et 1896, continue ses observations sur diffé- rents Spirogyra vivants ou fixés. Seulement ses travaux sont d'une lecture fort pénible, aucune figure ne montrant au lecteur les multiples change- ments que l'auteur verrait se succéder dans le noyau. Nous nous contentons de rappeler ici que Degagny modifie son opinion de 1890 et qu'il fait déri- ver maintenant la plaque nucléaire du filament chromatique qui, au début de la cinèse, se pelotonne sur le nucléole et est imbibé ainsi d'une partie de sa substance. Le reste du nucléole est évacué plus tard sous la forme d'une gouttelette. Midzkewitch (98), à. l'instar de Moll, applique les fines méthodes cytologiques dans son étude de la cinèse du Spirogyra. Il décrit quelques faits nouveaux. D'après ses recherches, c'est bien le nucléole, et lui seul, qui fournit la plaque équatoriale. Le réseau nucléaire n'y intervient aucu- nement. Au début de la cinèse, le nucléole perd 'sa membrane et prend un contour irrégulier. Bientôt on distingue dans sa masse deux constituants de colorabilité différente : d'une part, des granulations chromatiques en nombre fixe (24), — et ce sont les chromosomes — incluses, d'autre part, dans une masse lininienne. Les chromosomes se fendent longitudinalement à l'équateur, et les moitiés remontent aux pôles, entraînant avec elles la masse lininienne qui s'est également clivée et ordonnée spécialement au 6o Jules BERGHS fuseau. Lors de la reconstitution télophasique, les bâtonnets et les segments lininiens se fondent ensemble en une masse unique. Un résultat tout différent fut obtenu la même année, 1898, par Van Wisselingh. Cet auteur, il est vrai, inaugure une méthode nouvelle d'étude du noyau, l'usage de l'acide chromique en solution de 40 0/0 qui, en dis- solvant progressivement les différentes parties du noyau, révélerait ainsi sa structure. L'auteur, à la suite de ses études, distingue deux types de ci- nèses : les unes avec formation de segments chromatiques visibles avant la couronne équatoriale, d'autres dépourvues de semblables segments. Le nucléole intervient, dans toutes les cinèses, de la même façon : il donne deux des douze chromosomes que le Spirogyra possède, — s'il y a deux nucléoles, chacun fournit un chromosome; — les dix autres sont formés par le réseau périnucléolaire. Dans le cas du premier type, cinèse avec formation de segments, le réseau se condense en dix bâtonnets ; dans le second, il se retire simplement sur le nucléole, et forme ainsi directement avec lui la couronne équatoriale. Durant la reconstitution nucléolaire, seuls les chromosomes nucléolaires concourraient à former le nouveau nucléole. D'après Van Wisselingh, il y aurait donc un boyau chromatique dans le nucléole, ainsi que le disent Meunier et Moll, mais il ne donnerait que deux chromosomes. En 1900, l'auteur applique encore cette même méthode à Spirogyra triformis et setiformis, et maintient ses conclusions antérieures contre l'in- terprétation de MlDZKEWITCH. Telles sont, à grands traits, les données de la bibliographie concernant l'évolution du nucléole et du réseau nucléaire dans le Spirogyra. Comme on le voit, les opinions des auteurs sont très divergentes, malgré les nom- breux points de contact de leurs descriptions. B. Méthodes. Nous nous sommes efforcé de nous procurer un matériel de choix et abondant, et nous l'avons traité d'après les méthodes cytologiques qui sont employées avec succès par tous les observateurs dans l'étude des plantes supérieures. Une sériation exacte et complète, établie d'après les prépara- tions obtenues de cette façon, pourra permettre l'interprétation des phéno- mènes de division qui se passent dans l'intéressante conjuguée qui nous occupe. LE NOYAU ET LA CINÈSE CHEZ LE SP1ROGYRA 6l Avant d'exposer nos méthodes, nous devons faire rémarquer que nous ne sommes pas parvenu, à l'aide des » Systématiques « qui sont à notre disposition, à déterminer avec certitude l'espèce de Spirogyra qui fait l'ob- jet de ce travail. Nous pouvons dire seulement que notre Spirogyra res- semble assez bien au Spirogyra nitida ; de plus, nous avons trouvé notre algue en stations abondamment peuplées et en culture presque pure, extrê- mement peu mélangée à d'autres algues. Nous sommes donc certain de n'avoir étudié qu'une seule espèce. Fixation. Nous nous sommes servi des fixateurs de Herman, Bouin et Flem- ming, — ce dernier d'après la formule indiquée par Moll (93). Tous trois ont donné de bons résultats et ont permis une coloration ultérieure facile. Nous avons fixé notre matériel sur place en deux fois et à trois mois de distance (12 juin et 12 septembre 1904) : la première fois à 9 1/2 heures du soir, la seconde fois aux environs de minuit. Chaque récolte nous a rap- porté de nombreuses figures de division. Enrobage. L'enrobage est certes le point le plus important et le plus difficile de la préparation du matériel. Moll (93), qui le premier a détaillé cette algue au microtome, décrit une méthode très sûre, mais aussi très compliquée. Nous avons préféré ne pas la suivre et faire simplement le mélange des différents liquides avec la lenteur voulue pour ne pas provoquer la contrac- tion. Le dialyseur ordinaire à membrane semiperméable suffit pour rem- placer l'eau de lavage par les alcools faibles, concentrer celui-ci et y mélan- ger le xylol ou le chloroforme. Nous avons évité la contraction en ajoutant, un à un, au chloroforme contenant les filaments de l'algue, des blocs de paraffine douce de volume connu, en laissant ensuite s'achever la fusion de chacun d'eux et son mélange avec le chloroforme avant d'en ajouter un au- tre, le tout à l'étuve de 400. Nous avons, de la même façon, remplacé la paraffine douce par la paraffine dure, élevant en même temps graduelle- ment la température, et nous avons inclus dans la paraffine dure. Nous avons toujours laissé les algues en faisceaux dans la situation où elles se disposent naturellement quand on les retire par petits paquets du fossé où elles vivent. Dans la paraffine, nous avons étalé à plat ces mêmes faisceaux de façon à obtenir des coupes en majorité longitudinales. 62 Jules BERGHS Coloration . Les coupes d'épaisseur variable, 5, 7 1/2, 10 ou 25 microns, ont été colorées de préférence à l'hématoxyline ferrique de Heidenhain. Quelques- unes l'ont été à la safranine anilinée, soit seule, soit combinée avec le vert Lumière d'après la méthode de Benda. C'est l'hématoxyline qui donne toujours les plus beaux résultats. C. Observations. Noyau au repos. Le noyau quiescent est de forme sphérique, et quelque peu bossue aux points où s'insèrent les plus forts cordons suspenseurs, fig. 1. Une forte membrane l'enveloppe, et il est rempli par une formation réticulée, en- tourant ordinairement un nucléole, fig. 1, 3, 4, rarement deux, fig. 2. Dans le cas où il existe deux nucléoles, ceux-ci sont plus petits que les nucléoles solitaires. Le nucléole est toujours également avide de colorant. Le plus généra- lement, il paraît homogène, ne montrant aucune vacuole à son intérieur. Cependant nous avons rencontré des cas, - - ordinairement dans les prépa- rations colorées à la safranine, mais aussi quelquefois dans les coupes à l'hématoxyline, -- où il existe dans le nucléole une vacuole centrale, fig. 5. Le nucléole n'est pas revêtu d'une membrane spéciale. Le réseau est variable dans son aspect et sa colorabilité. Il varie d'aspect d'après l'âge de la cellule. Dans les cellules vieilles, il est moins fourni : c'est un ensemble de traînées filamenteuses, irrégulières, de con- struction et d'allure capricieuses, fig. 3, plus nombreuses près de la mem- brane nucléaire que près du nucléole. Dans les cellules jeunes, il paraît plus abondant, à trabécules plus rapprochées et d'aspect étiré, fig. 1, 2, 4. — Il varie aussi, avons-nous dit, en colorabilité. Plus le noyau est éloigné de la prophase, c'est-à-dire plus il est proche de la reconstitution télopha- sique qui lui a donné naissance, et plus aisée est la coloration du réseau, fig. 2, 4, 41. Les noyaux vieux, qui ne se divisent plus, possèdent eux aussi un réseau plus chromatophile. L'hématoxyline ferrique les colore d'un noir d'ébène; la safranine alliée au vert Lumière, d'un rouge sale. De la chromatine existe donc peut-être dans le réseau du noyau quiescent. LE NOYAU ET LA CINÈSE CHEZ LE SPIROGYRA 63 Prophase. Comme nous venons de l'insinuer, l'approche de la division s'annonce par une diminution de colorabilité du réseau périnucléolaire. La substance chromatophile, qui paraissait auparavant imprégner sa structure, ne s'y décèle plus. Aussi est-il d'une couleur gris terne (Heidenhain) ou d'un vert clair (Benda). Sa forme générale se maintient; peut-être ses mailles su- bissent-elles une légère dilatation concomitante à l'agrandissement du noyau, fig. 6, 7, 9. Bientôt le nucléole perd son aspect homogène et lisse, ses contours deviennent irréguliers. Toutefois, il reste intensément colorable, fig. 6, 7, 8, 9. Dans les noyaux où il y a deux nucléoles, ils subissent tous deux ce changement, fig. 8. Dans toutes nos préparations, nous n'avons trouvé qu'un seul cas, re- présenté par la fig. 7, où, à côté d'un nucléole d'aspect irrégulier et vive- ment coloré, on observe un autre nucléole, sphérique, pâle et vacuolisé, comme le sont les nucléoles des plantes supérieures vers la fin de la pro- phase. N'ayant rencontré ce cas qu'une seule fois, nous ne pouvons en essayer une explication. Nous ne croyons pourtant pas qu'il faille considé- rer ce nucléole pâle comme la membrane enveloppante d'un nucléole unique dont le contenu se serait normalement vidé à ce stade de la pro- phase. En effet, si c'était là l'explication véritable, nous aurions dû rencon- trer dans nos multiples préparations de nombreux exemples analogues. De plus, le nucléole nous est toujours apparu dépourvu de membrane : d'ail- leurs, l'existence d'une membrane n'est pas conciliable avec la façon dont le nucléole prend naissance lors de la reconstitution du noyau après la télo- phase ; nous le verrons plus loin. Enfin le nucléole pâli dont nous parlons est lui-même creusé de vacuoles et ne peut donc représenter une enveloppe vidée. Le nucléole, avons-nous dit, a perdu l'aspect homogène qui le carac- térisait durant le repos. Il semble granuleux dans toute sa masse; mais, sur les bords, des filaments apparents se dessinent, fig. 6, 7, 8, 9. Ceux-ci décrivent une légère courbe dans la cavité nucléaire et rentrent dans la masse dense dont ils semblent sortir. Un même » filament" se poursuit, lorsqu'on manœuvre la vis micrométrique, sur une assez grande épaisseur de la coupe, et on le voit successivement en courbe plus grande ou plus 64 Jules BERGHS petite couvrir la masse du nucléole. Aussi croyons-nous que beaucoup de ces filaments sont de véritables lamelles, des calottes hémisphériques se recouvrant mutuellement et coiffant le centre toujours opaque du nucléole, fig. 8, 9. Le nucléole ressemble, pour ainsi dire, à une sphère formée de calottes ou d'écaillés de grandeur croissante, se soulevant après avoir été emboîtées. La paroi de ces lamelles, vue en coupe ou à plat, paraît granuleuse et indique par là une inégalité de distribution de la substance qui les compose. Le centre plus dense du nucléole présente toujours cet aspect granuleux. Bientôt la structure apparemment lamellaire-écailleuse se défait et le nucléole ressemble mieux à une pelote de filaments intimement ramassés, sur la périphérie de laquelle quelques filaments font saillie. Ces derniers dessinent, dans la cavité nucléaire, des prolongements droits ou sinueux, brusquement tronqués ou rentrant dans la masse en décrivant un angle aigu, fig. 6, 7. Pendant que le nucléole subit ce processus de désorganisation et ac- quiert un aspect filamenteux, on observe souvent des différences assez mar- quées entre les filaments. Elles se constatent principalement sur les bords de la masse, fig. 7, 9. La plupart des filaments qui s'engagent dans l'espace périnucléolaire sont courts, c'est-à-dire ne s'y avancent qu'à une faible dis- tance; de plus, ils sont granuleux. D'autres, au contraire, sont plus longs et plus larges, et paraissent uniformément denses et lisses. On peut même les rencontrer complètement dégagés du nucléole et dispersés au sein du ré- seau environnant, fig. 7. Ces deux genres de filaments sont de nature dis- tincte, ainsi que le prouvera la suite des phénomènes. En effet, le nucléole, au stade où il paraît entièrement granulisé, mon- tre bientôt une diminution de colorabilité contrastant très fort avec celle qui l'a caractérisé jusqu'ici. Seuls les filaments plus larges et plus denses que nous venons de signaler, ont conservé toute leur affinité pour les colo- rants. On les distingue maintenant, non seulement quand ils sont situés en dehors du nucléole, mais aussi quand ils se projettent sur lui, fig. 10. On peut même les compter; ils sont constamment au nombre de douze. Ce sont les chromosomes, ainsi que le prouvera davantage encore la suite de leur histoire. Le nucléole existe encore près d'eux sous forme d'un disque irrégulier, pâle et granuleux. D'après la description que nous venons de donner des phénomènes LE NOYAU ET LA CINÈSE CHEZ LE SPIROGYRA 65 prophasiques, on voit que les chromosomes se dégagent du nucléole quies- cent au sein duquel ils étaient contenus. Le réseau périnucléolaire n'est pas intervenu dans leur constitution. Pendant toute la durée des évolutions prophasiques décrites, ce réseau n'a pas changé d'aspect. Sa colorabilité par les réactifs de la chromatine s'était déjà perdue avant que le nucléole ne se désorganisât, fig. 6, 7, 8, 9, 10. Les chromosomes se raccourcissent rapidement, fig. il, 12. Leur po- sition est toujours déterminée : ils paraissent se projeter sur le nucléole et être en contact intime avec lui. Nous n'avons pas saisi le début du clivage longitudinal des bâtonnets, sans doute à cause de leur petitesse; mais nous avons observé fréquemment des chromosomes récemment divisés, fig. 13, et ici, comme dans tant d'objets, la division longitudinale des chromosomes est un phénomène prophasique. Métaphase. Les chromosomes dédoublés se montrent toujours en projection sur le nucléole; ils s'en distinguent d'ailleurs par leur colorabilité plus vive. La membrane du noyau s'est, en ce moment, considérablement allongée et le fuseau envahit la cavité nucléaire. Le nucléole, tout en conservant son aspect granuleux et pâle, montre une certaine orientation de sa masse. Les granules semblent ordonnés en stries, parallèles aux filaments fusoriaux, qui eux-mêmes sont en contact avec le nucléole, fig. 16, lia, 18, 19,7. Ce dernier occupe le centre de la figure, et les chromosomes dispersés d'abord sans ordre sur toute sa surface, fig. Il, 12, 13, se rangent bientôt sur une seule ligne à l'équateur de la figure de division, fig. 16. En ce moment, ils semblent entrer en rapport plus intime avec le nucléole et s'enfoncer en quelque sorte dans sa masse, au sein de laquelle ils paraissent souvent entourés d'une petite auréole claire. Anaphase. Les fig. lia, 18 montrent la couronne équatoriale au début de sa dislocation. Les formes qu'affectent alors les chromosomes sont représen- tées par la fig. 11b. On y remarque d'abord que les chromosomes sont de grandeur inégale, fig. 11b en d et/; et, de plus, qu'ils affectent les formes anaphasiques ordinaires des chromosomes somatiques dans les plantes su- 66 Jules BERGHS périeures, selon que leur insertion est plus ou moins voisine de leur extré- mité, fig. 17b, lia, 18, 19a. Les chromosomes, en ce moment, sont encore plus colorables que le nucléole, et celui-ci paraît strié dans le sens du fu- seau. Toutefois il est encore en une seule masse, bien que les chromosomes- filles s'orientent déjà vers les deux pôles. Bientôt, quand les moitiés-filles s'ébranlent pour l'ascension vers les pôles, le nucléole montre une augmentation d'affinité pour les colorants, et presque simultanément l'on constate qu'il se partage en deux portions, sui- vant l'équateur. L'apparence granuleuse du nucléole se maintient néan- moins, ainsi que la striation indiquée plus haut. Les bâtonnets, petits déjà de nature, s'étirant un peu encore sous l'action du mouvement dicentrique, se confondent bientôt avec la masse du nucléole : quelques lignes maî- tresses, un peu plus accentuées, permettent seules de les identifier, fig. 19b en x. Peu après, on les perd entièrement de vue, fig. 20. A partir de ce moment, nous voyons remonter vers les pôles deux masses granuleuses, striées suivant le fuseau et qui sont, à première vue, des moitiés du nucléole. On ne discerne plus les deux constituants de la plaque équatoriale, et cependant nous savons que les chromosomes se trouvent engagés dans la partie inférieure de ces masses * nucléolaires- filless bordant des deux côtés la fente équatoriale qui les sépare. Les deux moitiés du nucléole s'écartent davantage et une nouvelle dis- position s'y observe bientôt. Quand elle est nettement accentuée, fig. 23, 24, 25, on croirait voir remonter aux pôles des bâtonnets somatiques ordi- naires et non pas une masse granuleuse comme celle qui s'est partagée à l'équateur, fig. 19b, 20, 21. Ces formations d'aspect chromosomique ne sont aucunement comparables aux chromosomes de Spirogyra décrits à la prophase. Il s'agit maintenant de savoir comment, aux dépens du nucléole, se sont produits ces nouveaux bâtonnets, et quels sont les rapports de ces derniers avec les vrais chromosomes, les petits bâtonnets prophasiques et métaphasiques. Dans les masses granulaires en ascension polaire, au sein desquelles les petits chromosomes se sont confondus, on voit d'abord se dessiner des lignes plus importantes, souvent nettement doubles dès leur apparition. Ces lignes s'accroissent et s'accentuent davantage, paraissant absorber les quelques striations plus minces qui existent encore à côté d'elles, fig. 23, et bientôt on est en présence d'un groupement anaphasique de bâtonnets possédant une forme que l'on dirait copiée sur celle d'une cinèse soma- LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 67 tique ordinaire, fig. 25, 26. Les «chromosomes" anaph'asiques apparents sont donc faits de la substance du nucléole jointe à celle des chromosomes véritables. Il faut noter encore, dans cette anaphase du Spirogyra, deux faits très frappants. C'est d'abord le nombre de ces gros bâtonnets. Il n'y en a plus que six, alors qu'à la prophase nous avons compté douze petits chromo- somes. En second lieu, chacun des six » bâtonnets" paraît nettement double suivant la longueur, fig. 23, 24, 25, 26. Il suffit d'écraser ces bâtonnets sous le front de l'objectif pour les décomposer chacun en deux parties, FIG. 24. Granuleux au premier instant de leur formation, ces «bâtonnets « épais deviennent de plus en plus lisses et denses durant le voyage polaire et, quand le tassement polaire vient couronner l'anaphase, ils paraissent homo- gènes et lisses. L'aspect double qui caractérisait chacun d'eux ne s'est pas entièrement perdu, fig. 28. Leur tassement est en tout point semblable à celui d'une cinèse somatique ordinaire, c'est-à-dire qu'il consiste en un magma central dense d'où émergent les branches de certains «chromo- somes" plus longs que les autres ou en retard sur leurs congénères, fig. 27. Ces chromosomes constitués en partie aux dépens de la matière nu- cléolaire sont, pendant toute la durée de l'anaphase, d'une coloration aisée. Cependant, quand, par une décoloration ultérieure, on extrait le colorant qui s'y était fixé, on constate que toujours les extrémités équatoriales re- tiennent énergiquement la matière colorante, alors que tout le reste l'a déjà cédée, fig. 25, 26, 28. Ces portions plus colorées, qui coiffent les extrémi- tés équatoriales des «chromosomes" anaphasiques, affectent souvent des formes bien définies qui rappellent les petits chromosomes métaphasiques. Nous savons, d'autre part, que ceux-ci sont logés sur les lèvres de la fente équatoriale qui a partagé la masse nucléolaire en deux moitiés-filles. Nous croyons donc que ces parties plus colorables représentent les chromosomes véritables. Elles sont d'ailleurs deux à terminer chacun des six gros chro- mosomes de l'anaphase, fig. 28. La substance nucléolaire, d'après la description que nous venons de donner, se serait donc concentrée en douze segments correspondant aux douze chromosomes et qui se seraient mis en rapport intime avec ces der- niers. Cela semble résulter directement de l'examen des faits. Mais il reste un point fort obscur : comment expliquer la présence, à la fin de l'anaphase, non pas de douze bâtonnets nucléolo-chromosomiques, mais seulement de 68 Jules BERGHS six bâtonnets doubles? Nous n'avons à formuler à ce sujet aucune hypo- thèse satisfaisante. Nous ne saurions non plus définir les rapports exacts qui s'établissent, durant l'anaphase, entre les segments nucléolaires et les vrais chromosomes. Puisque ceux-ci se greffent constamment sur les extré- mités équatoriales des bâtonnets nucléolaires, ils paraissent garder une certaine indépendance à leur égard, comparable à celle qu'ils possédaient alors que, durant la métaphase, ils se projetaient sur le nucléole. Nous constatons, par conséquent, que et les chromosomes et le nu- cléole se partagent entre les deux noyaux-filles, le nucléole lui aussi par voie de segments. Télophase. Le tassement polaire «les chromosomes s'opère à une certaine distance de l'extrémité du fuseau, et l'amas chromosomique est entouré de toutes parts par le protoplasme fusorial. Celui-ci s'avance jusque tout contre lui et entre les branches saillantes des chromosomes. Ces branches bientôt se retirent' sur la masse centrale et celle-ci s'arrondit, fig. 27, 28, 29. Le noyau va reprendre maintenant son activité chimique et acquérir sa forme de repos. Grégoire et Wygaerts (03), dans leur étude sur la reconstitution du noyau somatique dans les plantes supérieures, attribuent l'origine de la vacuole nucléaire au dépôt, dans l'intérieur de l'amas chromosomique et autour de lui, du liquide qui va constituer l'enchylème nucléaire. Nous observons, au début de la reconstitution du noyau qui nous occupe, des phénomènes analogues. Le grumeau chromosomique se gonfle un peu, et son aspect perd en homogénéité; des taches plus claires se dessinent dans sa masse, fig. 29. En même temps, les extrémités des bâtonnets, qui buttent contre le proto- plasme environnant, s'écartent un peu les unes des autres : on croit même voir reparaître en elles l'indication de leur nature double, fig. 29. Entre les extrémités ainsi écartées, le protoplasme ne pénètre pas, mais il est tendu en arceau au-dessus d'elles, fig. 29 et 30. Nous voyons dans ces phénomènes la première apparition de l'enchylème nucléaire se déposant d'abord dans la masse chromosomique, la gonflant et tendant à la creuser, se déposant ensuite à l'extérieur de cette masse, écartant les extrémités des chromosomes et repoussant le protoplasme, qui forme dôme. Ce processus s'accomplit rapidement tout autour du noyau, fig. 30. LE NOYAU ET LA CINÈSE CHEZ LE SPIROGYRA 69 Le pourtour de la masse chromatique est érodé ; celle-ci est bordée par une rangée de vacuoles ou de gouttelettes liquides, refoulant le protoplasme. Le contenu des vacuoles est absolument homogène : aucune formation fi- breuse ou autre n'y est tenue en suspens. L'amas chromatique se creuse aussi de vacuoles, et il paraît bientôt ajouré et criblé de trous. Le volume du noyau augmente, grâce surtout aux vacuoles périphériques qui devien- nent considérables, fig. 31. Le bord extérieur de ces vacuoles délimite la cavité nucléaire. La membrane du noyau, à l'état naissant, est donc sim- plement la couche périphérique du protoplasme refoulée de plus en plus sous la pression de l'enchylème nucléaire. Elle est encore en contact en maint endroit avec la substance chromatique du noyau; elle est formée, en effet, d'arceaux qui s'implantent sur les extrémités chromosomiques, et c'est ce qui fait qu'elle n'est pas encore circulaire, fig. 31. Dès le début de la vacuolisation, il ne nous a plus été donné de distin- guer les petits chromosomes d'avec les segments nucléolaires. La masse chromatophile en vacuolisation parait homogène en tous ses points. Le point important à poursuivre maintenant concerne la formation du nucléole dans cet amas nucléaire vacuolisé. Peu de temps après que la vacuolisation a atteint son maximum, fig. 31, on observe une diminution en nombre et en netteté des vacuoles centrales, fig. 32. Leurs parois semblent s'affaisser comme si elles n'étaient plus turgescentes et s'accumuler en un magma au centre du jeune noyau. Les vacuoles périphériques sont encore très nettes et très grandes; seule- ment leur parois radiales chromatiques deviennent de plus en plus minces à partir de leur point de contact avec la membrane nucléaire. La vue de l'en- semble du noyau produit l'impression que le liquide vacuolisant est expulsé graduellement des vacuoles centrales vers les périphériques, ce qui pro- voque une agglomération centrale de la substance chromatique. Cette agglomération centrale s'accuse de plus en plus clairement et bientôt une formation dense et compacte occupe le milieu du noyau. Les lamelles chromatiques radiales, qui bordent les vacuoles périphériques, ne tardent pas à se retirer vers ce magma central, et les vacuoles périphé- riques elles-mêmes confluent en une grande vacuole où plonge un amas chromatique, fig. 32, 33, 34. Du coup, la membrane nucléaire, libre d'attaches avec le grumeau chromatique, s'arrondit. En ce moment le noyau-fille présente exactement l'aspect suivant : 70 Jules BERGHS une membrane sphérique enfermant un liquide où baigne un amas chro- matique à contours irréguliers, bosselé et hérissé de protubérances. L'amas central ne peut être autre chose que le futur nucléole plongeant dans l'en- chylème qui est le facteur de la turgescence nucléaire. On le voit d'ailleurs s'arrondir de plus en plus et devenir le nucléole sphérique que possède le noyau-fille au sortir de la télophase, fig. 34 à 41. Le nucléole a absorbé toute la substance chromatophile du noyau, c'est-à-dire et les chromosomes et les segments nucléolaires, et, en dehors de lui, il n'existe rien dans la cavité nucléaire si ce n'est un liquide homo- gène. Aucune membrane ne le sépare de ce liquide, la formation d'une pareille membrane est d'ailleurs incompatible avec le mode d'origine du nucléole. Lorsque le nucléole est en voie de s'arrondir et que les lamelles limi- tantes des vacuoles périphériques s'écoulent dans sa masse, la jeune mem- brane nucléaire parait être le siège de nouveaux phénomènes. Très mince à son origine, elle s'épaissit et en même temps de nombreuses granulations apparaissent sur tout son pourtour, fig. 37. Celles-ci s'accroissent en traînées irrégulières pénétrant dans la cavité périnucléolaire, ou mieux tapissant le bord interne de la membrane nucléaire d'un ensemble granuleux-filamen- teux sans forme précise, fig. 35, 36, 38. Cette formation augmente de plus en plus en direction centripète, s'engageant toujours plus profondément dans la cavité nucléaire vers le nucléole, fig 39, 40, 41, et bientôt elle finit par toucher ce dernier. En même temps sa structure se précise; elle con- siste en un ensemble de filaments étirés, capricieux, formant soit un réseau soit un système alvéolaire; il est difficile d'analyser cette structure. C'est ainsi que se reforme le réseau du noyau quiescent. Nous ne savons d'où vient ce réseau périnucléolaire, qui se diffé- rencie de la périphérie du noyau vers le centre, ni quelle est sa valeur. Nous constatons seulement que, au fur et à mesure qu'il se forme, le proto- plasme fusorial qui entoure le noyau se désorganise et diminue, fig 30 et 33 à 41. Ces deux phénomènes sont-ils simplement concomitants ou bien sont-ils en corrélation l'un avec l'autre? Nous ne pouvons trancher ce point. Ce réseau jeune fixe aisément l'hématoxyline ferrique ainsi que la safranine; cependant dans une coloration double, lorsqu'on fait agir, par exemple, le vert-lumière, le colorant chromatique s'extrait facilement et le colorant protoplasmique le remplace en donnant au réseau une teinte verte. De plus, après une coloration simple à I'Heidenhain, une décoloration rapide à l'alun ferrique ou à l'alcool extrait rapidement du réseau le colorant LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 71 chromatique. Le nucléole, au contraire, ne présente pas une coloration aussi fugace : il retient énergiquement le réactif de la chromatine. Aussi nous croyons que la substance du nucléole est autre que celle du réseau. Nous avons décrit, au commencement de cet exposé, des noyaux quies- cents munis de deux nucléoles et nous savons que ce cas est peu fréquent. Nous n'avons, dans nos préparations montrant les stades télophasiques, trouvé aucune indication quant aux processus de la formation de ces deux nucléoles. Toutefois nous croyons pouvoir l'expliquer comme suit : ainsi qu'il résulte de l'examen de la fig. 31, les vacuoles périphériques peuvent parfois être très grandes et s'avancer jusqu'au centre du noyau en reconsti- tution. Le cas n'est pas impossible que deux de ces vacuoles très grandes, placées aux extrémités d'un même diamètre, viennent à se rencontrer au centre et partagent le grumeau chromatique en deux portions. Nous savons en effet que, à un moment donné, les vacuoles centrales se vident et que leur contenu est expulsé dans les vacuoles périphériques qui grandissent. La séparation ainsi créée entre les deux masses chromatiques continuerait à subsister et, par la condensation subséquente décrite plus haut, deux nucléoles seraient produits. Pour finir l'exposé de nos observations, il n'est pas inutile de comparer les stades télophasiques avec les aspects prophasiques; car, ainsi que l'ont rappelé Grégoire et Wygaerts (03) et Martins Mano (o5), ces stades s'éclai- rent et s'expliquent les uns par les autres. Durant la prophase, nous avons vu le nucléole se désorganiser; sa masse d'abord s'est soulevée en écailles ou en calottes, et ensuite est devenue compacte et d'aspect granuleux; les petits chromosomes s'en sont échappés. A la télophase, les segments nucléolaires portant à leur extrémité équatoriale les petits chromosomes subissent, après le tassement polaire, une vacuolisation active; nous voyons alors le nucléole se constituer par l'affaissement des parois vacuolaires centrales en une masse dense, et sur cette masse se retirent les lamelles des vacuoles périphériques, c'est-à-dire les bouts étirés des segments nucléolaires de l'anaphase portant les chromosomes petits. Par conséquent, dans le Spirogyra, la télophase représente aussi, pour ainsi dire, une prophase renversée. Résumé. Pour faciliter la critique qui va suivre, nous résumons brièvement les faits observés durant la caryocinèse de Spirogyra : i° Le » réseau nucléaire « n'est pas de nature chromatique; tout au 72 Jules BBRGHS plus dans le noyau quiescent porte-t-il un peu de chromatine. Il n'intervient pas dans la formation des chromosomes. 2° Le nucléole, du moins à la prophase, contient tout l'élément chroma- tique. Il ne disparaît à aucun moment de la cinèse. Il n'a pas de membrane. 3° Le nucléole est de nature double comme la prophase le montre. Il s'en dégage 12 chromosomes véritables. Ceux-ci se divisent en long et s'ordonnent en couronne équatoriale pendant qu'une seconde substance, de nature autre, reste en place, conservant la forme de nucléole. Cette seconde substance est moins avide de colorant. 4° Lors de l'anaphase, cette seconde portion du nucléole pâlit, puis se segmente transversalement en deux groupes de bâtonnets qui remontent aux pôles avec les chromosomes. Ces » bâtonnets « sont au nombre de 6, mais sont doubles dans leur longueur. Les vrais chromosomes se trouvent fixés deux par deux aux extrémités équatoriales de ces segments. 5° Le noyau se reconstitue aux dépens de ces segments de nature double. Ceux-ci subissent une vacuolisation active, puis se condensent en un nucléole où les deux substances sont de nouveau confondues. 6° Il n'y a ni peloton-mère, ni peloton-fille. 7° La membrane nucléaire n'est pas autre chose qu'une couche proto- plasmique périphérique. 8° Le » réseau nucléaire « se reforme graduellement, à la télophase, par voie centripète. D. Critique. Dans les cinèses de Spirogyra, c'est donc le « nucléole - qui se partage entre les deux noyaux-filles. Il contient tout l'élément chromosomique de la cellule. Seulement, comme Midzkewitch l'a dit le premier, sa nature n'est pas simple. On y constate deux constituants morphologiques distincts qui se partagent tous deux par la cinèse : un constituant chromosomique, comparable à l'appareil de même nature dans les plantes supérieures, et qui fournit les chromosomes véritables; ensuite un autre constituant de nature différente - - Midzkewitch le tient pour lininien — qui se partage aussi par segments et qui, de ce chef, n'a pas d'équivalent évident dans les plantes supérieures. Le réseau nucléaire ne joue aucun rôle dans la forma- tion de la plaque équatoriale. Tangl (82), Carnoy (84), Meunier (87), Moll (93), Midzkewitch (98), l'ont déjà constaté. La meilleure preuve en est que les bâtonnets sont déjà achevés et la figure équatoriale presque dé- finitive, alors que ce réseau subsiste encore invariable. LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 73 Aucun des auteurs cités dans la notice bibliographique — Midzkewitch excepté — n'a noté le fait de la vraie nature double du nucléole de Spiro- gyra. C'est la cause de la grande diversité des interprétations. Peut-être la méthode suivie dans leurs observations par la plupart des auteurs, c'est-à-dire l'étude de filaments entiers sans recourir aux coupes microtomiques, expli- que-t-elle pourquoi ils n'ont pas discerné la nature réelle du nucléole. Nous ne discuterons pas par le menu toutes les observations de nos devanciers. Nous indiquerons seulement en quelques mots les aspects réels qui, dans la cinèse de Spirogyra, semblent justifier les diverses interprétations, mais qui, après application des méthodes fines de la cytologie, paraissent être de portée tout autre. Au commencement de la prophase, avons-nous vu, le nucléole subit une espèce de désorganisation : sa masse se soulève en écailles, se défait en filaments et finit par prendre l'apparence d'un amas de granules, fig. 6, 7, 8, 9. Presque tous les auteurs ont observé ce fait. Il peut arriver, avons-nous dit, que les formations périphériques de la masse écailleuse-filamenteuse s'écartent plus ou moins loin de sa partie centrale toujours plus dense et se distribuent dans la cavité environnante, fig. 6, 14; ou bien encore, plus tard, lorsqu'elles sont de nouveau ramas- sées au centre et ont reconstitué un nucléole d'apparence granuleuse, il peut se faire que les chromosomes vrais, mis en liberté lors de la désagré- gation nucléolaire, soient restés dispersés dans la cavité périnucléolaire, fig. 10. Dans ces deux cas, on constate, au sein du réseau, la présence de formations filamenteuses, colorables par les colorants chromatiques, et indépendantes, à première vue, du nucléole. Nous croyons que l'interprétation de Zacharias (85, 88, a et b) et celle de Strasburger (88) reposent sur l'observation d'u*n fait analogue. D'après ces auteurs, en effet, ces formations filamenteuses constitueraient un pelo- ton produit par la condensation du réseau nucléaire; ce peloton se seg- menterait ensuite en chromosomes. Le nucléole, d'après eux, n'intervient nullement dans la formation du peloton : il est de nature plastinienne et disparait au début de la production de cette formation filamenteuse. Nous ne pensons pas que les phénomènes prophasiques soient réellement tels que les décrivent les deux auteurs que nous venons de citer. En effet, les segments chromatiques observés en dehors du nucléole sont ou bien des portions filamenteuses nucléolaires, ou bien les chromosomes émigrés pré- cédemment du nucléole. Les cas où on ne constate pas, au centre de ces 74 Jules BERGHS filaments, un corps nucléolaire, doivent s'expliquer par une désorganisation plus complète du nucléole, fig. 14. De plus, comme nous l'avons déjà dit, cette structure d'aspect spirématique n'est pas le produit de la condensa- tion du réseau : celui-ci avait déjà perdu sa colorabilité avant que le nu- cléole ne cessât d'être sphérique et homogène, et depuis lors il n'a plus subi de changement; il reste, pour ainsi dire, impassible durant les phénomènes prophasiques qui nous occupent. D'autres auteurs, Carnoy(84) et Meunier(S7) ont noté cette immobilité du réseau périnucléolaire en même temps que la production d'un grumeau de filaments par désorganisation du nucléole, fig. 6, 7, 8, 9. C'est sans doute, la raison de la conception qu'ils se sont faite du nucléole de Spirbgyra (nu- cléole-noyau). Mais nous avons vu que les filaments constituant l'amas dés- agrégé du nucléole ne représentent pas le boyau nucléinien, ainsi que l'ont pensé Carnoy et Meunier : en effet, ces filaments ne donnent pas les chro- mosomes. Ceux-ci s'en distinguent très nettement. Ils s'échappent de cette masse nucléolaire filamenteuse dans laquelle ils étaient d'abord contenus. La cinèse de Spirogyra est plus compliquée, comme nous l'avons vu, et l'élément figuré chromatique aux dépens duquel se reconstituent les noyaux-filles est de nature double. Quant à l'existence de ce boyau nucléi- nien dans le nucléole au repos, elle est aussi contredite par nos prépara- tions. En effet, si la structure du nucléole était telle que le pensent les auteurs, si elle faisait du nucléole un second noyau au milieu du grand noyau, on devrait observer cette structure dans les différentes coupes du nucléole, ainsi qu'on observe, dans les différentes coupes d'un noyau, la structure de ce dernier. Or, nous n'avons jamais fait semblable constatation. On voit aussi que la cinèse ne s'accomplit pas d'une façon aussi simple que celle qui a été décrite par Strasburger en 1880 et 1884 et par De- gagny en 1890. D'après ces auteurs, l'amas granuleux provenant de la transformation du nucléole se partagerait simplement en deux. Le nucléole prend, il est vrai, un aspect granulaire, fig. il, 12, 13; mais cet aspect cache d'autres phénomènes. Strasburger (82) et Flemming (82) ont attribué la formation de la pla- que équatoriale au concours de la chromatine du réseau et de celle du nu- cléole. Degagny (94. 95, 96) admet un processus analogue. D'après les deux premiers auteurs, le nucléole disparait après avoir cédé sa chromatine au spirème qui se forme et que Flemming décrit comme très ramassé et d'appa- rence granuleuse. Nous croyons que le spirème de Flemming n'est pas autre LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 75 chose que le nucléole désorganisé, fig. 6, 7, 8, 9. L'auteur ne dessine d'ail- leurs pas d'autre stade prophasique. Quant à l'opinion de Strasburger (82), d'après qui la partie achromatique du réseau formerait le substratum des- tiné à recevoir la chromatine du nucléole et à devenir ainsi le peloton, nous ferons remarquer que l'auteur n'a représenté ce stade par aucune figure. Nous avons déjà dit plus haut quelle est la signification exacte des filaments chromatiques qu'on observe en dehors du nucléole. Moll (93) admet, avec Carnoy et Meunier, l'existence, dans le nucléole quiescent, d'un ou de plusieurs filaments nucléiniens. Toutefois ces filaments ne servent pas, comme tels, à la formation du spirème. A l'approche de la cinèse, la chromatine quitte le nucléole en s'écoulant goutte à goutte par une protubérance qui se forme sur ^lc nucléole lui- même. Ces gouttelettes chromatiques se déposent en traînées qui se dis- tribuent dans la cavité nucléaire et forment le peloton. Ce substratum, sur lequel se déposent les gouttelettes, est probablement dû, d'après l'au- teur, non pas au nucléole, mais au plasma du noyau. Le réseau paraît ne pas prendre part à la formation du substratum ; en effet, l'auteur le voit subsister jusqu'au stade de la couronne équatoriale, et les figures le représentent toujours distinct du peloton en formation. Le spirème se segmenterait en 12 chromosomes. Nous ferons remarquer que les figures annexées au travail du savant professeur de Groningen ne montrent pas cet écoulement progressif de la nucléine et la formation simultanée d'un peloton, non plus que la dispari- tion du nucléole et la formation des 12 chromosomes. Elles représentent toujours simplement le nucléole vacuolisé, entouré de filaments d'appa- rence chromatique. Nous n'avons pas observé le dégorgement graduel du nucléole, ni l'accroissement du prétendu spirème. La pointe d'écoulement, où s'insérerait le peloton naissant, n'existe pas dans notre matériel et le nucléole ne disparaît jamais. Nous croyons que les dessins un peu schéma- tisés de Moll représentent l'aspect de désorganisation du nucléole, fig. 6, 7, 8, 9, 14, ou bien le stade où celui-ci, se ramassant de nouveau en boule granuleuse, laisse les vrais bâtonnets dispersés autour de lui, fig. 10. La cinèse de Spirogyra est donc toute spéciale. Le corps nucléolaire du repos y fournit seul l'élément chromatique. Il ne se fait aucun peloton dans le cours de la division ni au moyen du réseau nucléolaire, ni au moyen du nucléole tout seul, ni par le concours des deux. Les auteurs, Strasburger, (82, 84, 88), Flemming (82), qui décrivent 7 6 Jules BERGHS à la prophase un peloton produit aux dépens du réseau nucléaire avec ou sans le concours du nucléole, voient ce peloton se reconstituer après le tas- sement polaire, se réticuliser ensuite, s'étirer, et, dans le réseau ainsi pro- duit, ils voient apparaître des granulations qui, par leur union, constituent le nucléole. Ce nucléole fixerait la plus grande partie de la chromatine, et le réseau environnant serait le même que celui du noyau quiescent. En réalité, le processus est tout autre. Le peloton-fille n'existe pas. La vacuolisation creuse directement les chromosomes tassés en magma compact : quand elle est très avancée, fig. 31, l'ensemble du noyau présente l'aspect d'un appa- reil filamenteux disposé en un réseau; mais ce n'est pas un réseau véritable, c'est la masse spongieuse des chromosomes. Ensuite, dans les stades ulté- rieurs, toute la masse chromosomique se ramasse en un nucléole, fig. 32 et suivantes, et aucune de ses parcelles n'est laissée dans la vacuole périphé- rique. Celle-ci est vide ou plutôt remplie d'un liquide homogène, et le ré- seau s'y forme de l'extérieur vers l'intérieur. Meunier, qui admet l'origine du nucléole par ramassement des chro- mosomes anaphasiques, n'a pas observé le vrai processus. Les bâtonnets ne s'aboutent pas pour former le boyau et ne s'entourent pas d'une mem- brane. En effet, la membrane nucléaire apparait, il est vrai, tout contre eux dès le début de la vacuolisation, mais elle est distendue graduellement sous la poussée des vacuoles de plus en plus turgescentes. Plus tard, lors de la concentration des lamelles vacuolaires en un nucléole, elle reste à la même place sans disparaître et délimite la cavité du noyau-fille. Le réseau n'est donc pas une portion cytoplasmique circonscrite par une seconde membrane apparaissant au milieu du cytoplasme lui-même, concentriquement au nu- cléole : cette seconde membrane ne se forme pas. On voit donc que nos recherches confirment les résultats obtenus par Midzkewitch et les complètent. Il nous reste encore à dire un mot des travaux -de Van Wisselingh (98, 00, 02). Cet auteur a appliqué à l'étude de Spirogyra une méthode nouvelle, celle de la dissolution progressive des éléments de la cellule et du noyau. Il a obtenu de cette façon des résultats tout nouveaux et qu'il ne nous a pas été donné de retrouver. La méthode employée par le savant hollandais est plutôt faite pour étu- dier la nature chimique des différentes substances du noyau et de la cellule. Encore est-il difficile d'apprécier la garantie d'exactitude de semblable mé- thode : en effet, nous constatons bien la dissolution qui se fait, mais non pas les réactions préalables qui peuvent la précéder. La méthode cytolo- LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 7 7 gique consistant dans la coloration élective des différentes parties d'une cellule est uniquement destinée à démontrer l'agencement et la position respective de ces différentes parties, et elle atteint bien son but; elle ne le dépasse que quand on lui demande la nature chimique de ces parties. Toutefois, il est possible qu'elle donne quelques résultats exacts dans cette direction. Nous avons appliqué la méthode de coloration à un matériel fixé de la même façon que celui auquel VanWisselingh applique sa méthode de dis- solution, et la disposition des différents éléments de la cellule en cinèse s'est révélée tout autre que ce qu'indique l'auteur. Les réactifs que nous avons employés ne peuvent avoir détruit l'aspect des choses; c'est le re- proche qu'on pourrait faire plutôt à ceux de Van Wisselingh, et il nous semble que l'auteur, en se basant sur sa méthode, ne peut pas conclure à ce qui se passe dans la cellule vivante en cinèse. Nous avons, d'ailleurs, appliqué à plusieurs reprises la méthode de dissolution par l'acide chromique à 40 %, et nous avons tenté de mettre en lumière les deux chromosomes que l'auteur attribue à tout nucléole au re- pos, ou bien le chromosome unique qui appartient à chaque nucléole dans le cas où il y a deux corps nucléolaires. Nous ne sommes pas parvenu à les retrouver, fig. 42. Après quelques instants de séjour dans l'acide chromique, le nucléole, homogène d'abord, montre un changement d'aspect : son centre présente des endroits plus réfringents, de contours et de nombre variables, fig. 42, a, b, c. Sont-ce des vacuoles, ou bien sont-ce des formations spéciales, qui auraient pu donner l'illusion du peloton de Meunier ou des deux chromosomes de Van Wisselingh? Nous ne le savons pas nette- ment. En tous cas, si ce sont des corps d'une nature différente de celle du reste du nucléole, ils ne sont pas continus ni nécessairement au nombre de deux, fig. 42, a, b, c, e. D'ailleurs, les nucléoles géminés se conduisent de façon identique et présentent à leur intérieur plusieurs lignes plus réfrin- gentes, de formes diverses, fig. 42, d, et non pas une seule, comme le prétend VanWisselingh. — Laissant toujours agir l'acide chromique sur le nucléole, on voit celui-ci varier encore d'aspect : les formations de nature quelconque qui se dessinent dans son milieu confluent au centre, et le nucléole prend l'aspect d'une bulle d'air observée au microscope, fig. 42,/. Le centre plus clair s'étend davantage, fig. 42, g, h; bientôt le nucléole crève en prenant une forme érodée, fig. 42, i, et disparaît, entièrement dissous par l'acide. Nous maintenons donc la rectitude des observations de Midzkewitch, que 10 Jules BERGHS les nôtres corroborent, et nous croyons que la méthode de VanWisselingh n'est pas faite pour étudier la morphologie du noyau. Durant ces expériences, nous avons fait des constatations intéressantes quant à la rapidité de disparition des différentes parties du filament sous l'action de l'acide chromique. Peut-être est-il utile de les rappeler : dispa- raissent en premier lieu les filaments suspenseurs et la membrane nucléaire ; le réseau résiste plus longtemps, mais il s'efface avant le nucléole. Seconde Partie. La figure achromatique. Dans cette seconde partie de notre travail, nous nous occuperons prin- cipalement de l'origine des fibres fusoriales et non pas du fonctionnement du fuseau, de sa régression et de la division de la cellule-mère. La question la plus importante est celle de savoir si le réseau périnucléolaire participe à la formation du fuseau. A. Historique. L'opinion le plus généralement tenue par les auteurs est que le fuseau est d'origine cytoplasmique. Strasburger l'énonça en 1874 et la confirma en 1882, 1884, 1888, ainsi que Tangl (82); Midzkewitch (98) l'adopte aussi, ainsi que Van Wisselingh (02). Ces auteurs ont tous observé la formation du fuseau aux dépens d'amas protoplasmiques situés aux pôles du noyau, seulement ils diffèrent touchant l'explication du mode d'après lequel le fuseau se met en contact avec la plaque équatoriale. C'est qu'en effet, dans le Spirogyra, la membrane nucléaire subsiste jusqu'à un stade très avancé de la cinèse : nous l'observons encore au début de l'anaphase. D'après. Strasburger et Midzkewitch, les filaments produits dans les amas cytoplasmiques polaires pénètrent dans la cavité nucléaire en traversant sa membrane et viennent se rencontrer au centre de la figure. D'après Van Wisselingh, au contraire, les filaments fusoriaux ne traversent pas la mem- brane, mais entourent le noyau d'un revêtement de fibres. Flemming (82) attribue toute l'origine du fuseau à la partie achroma- tique du noyau. Il a observé les amas de substance protoplasmique aux pôles du noyau; mais d'après lui, ces amas ne servent pas à former le fuseau : ils disparaissent et se dispersent de nouveau le long de la mem- brane cellulaire en suivant les filaments suspenseurs du noyau. La raison LE NOYAU ET LA CINESE CHEZ LE SPIROGYRA 79 pour laquelle Flemming refuse toute participation au protoplasme cel- lulaire dans la formation du fuseau est que, dans le Spirogyra, la mem- brane nucléaire subsiste jusqu'au début de l'anaphase inclusivement. Une opinion intermédiaire est tenue par Meunier (87). D'après lui, le fuseau est en partie cytoplasmique, dû au protoplasme accumulé au-des- sus des pôles du noyau, et en partie caryoplasmique. B. Observations et Critique. Les faisceaux suspenseurs protoplasmiques sont régulièrement distri- bués autour du noyau quiescent, fig. 1, 2, 3, 4. Terminés en pointe du côté de la spirale chlorophyllienne, ils s'élargissent au contact de la mem- brane nucléaire. Les filaments qui les composent ne se terminent pas tous à la membrane du noyau ; quelques-uns se recourbent et descendent le long de celle-ci, l'entourant d'un feutrage très lâche et peu fourni, fig. 2. Durant la prophase, au moment où le nucléole perd son aspect homo- gène, la bipolarité du noyau s'indique clairement et les préparatifs du fu- seau se dessinent. Au-dessus des portions de la membrane nucléaire qui se trouvent sur le trajet de l'axe longitudinal de la cellule, deux faisceaux se renforcent de chaque côté et s'accroissent rapidement. Leurs pointes diver- gent vers la membrane latérale de la cellule, et leurs bases, se rencontrant sur l'axe, s'élargissent au contact de la membrane nucléaire. Leur axe propre est oblique à celui du noyau, fig. 6, 7, 10. Ces faisceaux à corps triangulaire plus large ne sont pas uniquement dus à la fusion de plusieurs faisceaux primitifs en deux groupes. En effet, la seule union de tous ceux-ci ne suffirait pas à expliquer la rapide augmentation qu'on constate dans le nombre de fibres : il y a un réel accroissement par production de fibres nouvelles. Le léger feutrage qui entoure le noyau ne s'accroît aucunement, non plus que les faisceaux suspenseurs latéraux. Au contraire, on constate fréquemment une diminution d'importance dans ces derniers, fig. 6 et 7. L'augmentation des deux faisceaux terminaux continue; bientôt leurs bases se compénètrent et leurs corps viennent à se toucher, coiffant le noyau d'une calotte en forme de trapèze, fig. 11, 12. La membrane nucléaire a subi en ce moment une assez forte dilatation. Le nucléole s'est entièrement défait et sur sa masse granuleuse gisent les bâtonnets. Le réseau n'a subi aucun changement dans sa structure : aucune orientation définie ne s'y observe. Le noyau s'allonge maintenant dans la direction des calottes de fibres. 80 Jules BERGHS Peu après le début de cet allongement, on observe des filaments dans la cavité nucléaire; ils touchent le nucléole par une extrémité et, de l'autre, aboutissent à la membrane nucléaire où ils sont en continuité avec certaines fibres de l'amas extérieur, fig. 12. Ces filaments deviennent de plus en plus manifestes et nombreux, fig. 14, et bientôt l'on est en présence d'une bande de fibres réunissant les deux pôles de la cellule et passant par le noyau et le nucléole. C'est le fuseau, fig. 15. La membrane nucléaire sub- siste encore également nette ; seulement elle s'est allongée considérablement et atteint presque la longueur du fuseau lui-même, fig. 15. En ce moment, les bâtonnets sont près de la métaphase. Le réseau périnucléolaire ne s'observe plus sous la bande striée du fu- seau. Qu'est-il devenu? Il vient de se désorganiser et a abandonné la forme définie qu'il affectait durant le repos et la prophase. Toutefois il n'a pas pris part à la formation du fuseau, soit en donnant la partie intranucléaire de celui-ci [Meunier (87)], soit en le produisant entièrement [Flemming (82J]. En effet, alors que les filaments fusoriaux se montrent déjà nombreux dans le noyau, on n'observe aucune orientation spéciale des trabécules variqueu- ses du réseau, fig. 12, 14. Il a conservé l'aspect qui le caractérisait dans le noyau quiescent, et les fibres fusoriales intranucléaires, qui se voient en projection surlui, s'en distinguent aisément. Peut-être ses mailles se sont- elles un peu dilatées en concordance avec la dilatation du noyau lui-même. Plus tard, quand le fuseau s'achève et que concomitamment le noyau s'est allongé, on ne voit plus le réseau périnucléolaire; sa substance s'est désor- ganisée. Toutefois celle-ci se laisse encore deviner. En effet, le vert Lu- mière, à ce stade, communique à toute la cavité nucléaire une teinte vert pâle se localisant encore de-ci delà en des granules irréguliers ou en une traînée mal définie, sur laquelle tranchent bien la membrane nucléaire et les fibres fusoriales colorées en rouge sale par la safranine. De plus, le fu- seau, comme nous le verrons plus loin, ne couvre pas encore tout le noyau. A la hauteur du nucléole, la membrane nucléaire déborde de chaque côté, laissant ainsi une zone libre où s'observent encore longtemps des débris du réseau, orientés à l'aventure, fig. 14, 15, 18. Les filaments qui forment le fuseau à l'intérieur du noyau ne sont donc pas dus au réseau périnucléolaire; ils viennent d'ailleurs. Ils sont tou- jours en continuité parfaite avec les fibres extérieures et doivent être en rapport avec celles-ci. On pourrait faire deux hypothèses : ces filaments sont peut-être la continuation des filaments extérieurs à travers la mem- LE NOYAU ET LA CINÈSE CHEZ LE SPIROGYRA 8l brane nucléaire et, dans ce cas, le fuseau aurait pénétré dans le noyau en perforant la membrane; ou bien ils sont extérieurs au noyau et l'entourent, et nous les voyons en projection sur le noyau dilaté et allongé. Nous croyons que c'est la première hypothèse qui est vraie et que, clans le Spirogyra, le fuseau pénètre dans le noyau d'arrière en avant. En effet, la membrane nucléaire reste intacte jusqu'après la formation du fuseau, et les filaments de ce dernier sont réellement à l'intérieur de la membrane et non pas en simple projection sur elle. A toute profondeur du noyau, on les observe en grand nombre. De plus, nous les voyons passer à travers la membrane du noyau. A l'endroit de passage, on remarque un léger enfoncement de celle-ci, une petite poche où s'engage le filament extérieur qui se continue ensuite dans le noyau, fig. 14. Ou bien on remarque encore que le filament, continu depuis la masse nucléolaire jusqu'au pôle du fuseau, passe entre deux bourrelets au niveau de pénétration, fig. 14, comme si la substance de la membrane était refoulée et accumulée par la fibre se forant une ouverture. L'aspect que prend le noyau durant la formation du fuseau s'oppose aussi à l'interprétation qui expliquerait ce dernier phénomène simplement par le rabattement d'un feutrage extérieur au noyau et non pas par péné- tration centripète. En effet, ce feutrage latéral n'est que bien pauvrement fourni; il ne suffirait pas à produire le fuseau si dense. Mais de plus, le noyau montre clairement que ce rabattement ne se fait pas. Nous l'avons déjà dit, le noyau déborde toujours un peu des deux côtés du fuseau fraî- chement achevé, fig. 12, 14, 15, 17, a, 18, en x, ou, plus clairement, le fuseau ne couvre du noyau qu'une bande aussi large que le nucléole. Cette bande s' étalant sur toute la longueur du noyau est terminée à ses extré- mités par la coiffe trapézoïdale des deux triangles cytoplasmiques réunis. Si le fuseau se faisait par rabattement des fibres qui englobent le noyau, ces zones libres ne devraient pas exister sur le côté ; le noyau devrait être entièrement recouvert. Au contraire, la pénétration, par une marche d'arrière en avant du fu- seau dans le noyau, explique seule la présence de ces zones libres. En effet, les triangles de fibres cytoplasmiques accumulées aux pôles ont leurs axes disposés obliquement par rapport à l'axe du noyau et du fuseau achevé. De plus, comme nous l'avons dit déjà, le noyau se dilate fortement dès la méta- phase. De ces deux circonstances, il résulte que les filaments fusoriaux, pé- nétrant obliquement dans le noyau, viendront se rencontrer autour du nu- 82 Jules BERGHS cléole sans avoir rempli toute la cavité nucléaire. Ainsi s'expliquent les zones libres qui persistent dans le noyau, en x, fig. 12, 14, 15, 17, a, 18. Nous croyons donc que l'origine du fuseau est cytoplasmique, et qu'il pénètre dans le noyau d'arrière en avant. Cette pénétration est rapide, fig. 14, 15. Les deux moitiés viennent se rencontrer au centre et s'insèrent au nucléole. La membrane nucléaire s'allonge maintenant très fort : elle vient pres- que au contact des pôles fusoriaux. En même temps elle perd en largeur, fig. 17<7, 18, 19a. Les zones latérales libres du noyau disparaissent gra- duellement, et le léger feutrage qui entoure le noyau est mis en contact avec le fuseau. Quand la membrane nucléaire touche les pôles par ses extré- mités, elle n'a plus que la largeur du fuseau lui-même et s'observe dans les côtés périphériques de celui-ci, fig. 19, a. Toutefois elle est encore entière. Les chromosomes se sont maintenant ordonnés en couronne équato- riale. Dès le début de l'anaphase, la membrane commence à disparaître. On la perd d'abord de vue dans la région polaire, fig. 20, 22. Elle a entièrement disparu lorsque la masse nucléolaire s'est divisée à son tour, fig. 23, 25, 26. Il est impossible de dire ce que la substance du réseau devient pendant l'achèvement du fuseau et après la disparition de la membrane. Nous avons seulement constaté qu'il ne prend aucune part à la formation de la figure achromatique, pas plus d'ailleurs qu'à celle de la figure chromatique. Nous admettons donc avec Strasburger, Midzkewitch et Van Wis- selingh que le fuseau de Spirogyra est d'origine purement cytoplasmique et non pas nucléaire, soit partiellement (Meunier), soit totalement (Flem- ming). Les fibres fusoriales, formées en dehors du noyau, pénètrent dans son intérieur et ne l'enveloppent pas, comme le pense Van Wisselingh. BIBLIOGRAPHIE. 1882. Strasburger 1882. Flemtning 1882. Taugl 1875. Strasburger : Ueber Zellbildung und Zelltheilung. Jena, 2e édition, 1876; 3e édit. , 1880. 1876. Id. : Sur la formation et la division des cellules. Édit. revue et corrigée, traduite par J. J. Kickx. Jena. 1881. J. M. Macfarlane : The structure and division of the vegetable Cell ; Trans. Bot. Soc. of Edinburgh, vol. XIV, p. 191 et seq. 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Nucléole à vacuole centrale d'après une préparation à la safranine. FIG. 6. Le nucléole se désorganise. Le protoplasme s'accumule aux deux pôles du noyau. FIG. 7. Noyau à deux nucléoles. Cas extraordinaire. Un nucléole pâle non chromatique. Un second, chromatique, se désorganisant. En x, les chromosomes. FIG. 8. Noyau à deux nucléoles chromatiques en train de se désorganiser. FIG. 9. Nucléole dissocié ; on voit les chromosomes en x. FIG 10. Les bâtonnets sont sortis du nucléole. Le réseau périnucléolaire est encoie intact. FIG. 11. Les chromosomes disposés sur le nucléole. — Le protoplasme con- tinue à s'amasser aux pôles du noyau. — Noyau dilaté. FIG. 12. Les fibres fusoriales pénètrent dans le noyau dilaté. En x, les zones du noyau où le fuseau ne pénétrera pas. FIG. 13 Division longitudinale des petits chromosomes. Noyau dilaté. FIG. 14. Coupe mince oblique du noyau. Le fuseau pénètre de l'extérieur vers l'intérieur du noyau à travers la membrane. — En x, zone libre. — Noyau dilaté. FIG 15. Bâtonnets sur le nucléole. — Fuseau presque achevé — Le noyau s'allonge. — En x, zone libre. FIG. 16. Couronne équatoriale. Chromosomes et nucléole. FIG. 17 a. Couronne équatoriale. Fuseau achevé. Noyau allongé. En x, zone libre. FIG. 17 b. Formes des bâtonnets. Grossissement 3ooo X. augmenté encore par la projection de l'image 16 cent, plus bas que la platine du microscope. 86 Jules BERGHS FIG. 18. Fuseau achevé. Couronne équatoriale. — En x, zone libre. FIG. 19 a Les petits chromosomes séparent leurs moitiés longitudinales. — Nucléole pâle. — Noyau très allongé. FIG. 19 b. Début de l'anaphase. — Nucléole très coloré — En x, les petits chromosomes. FIG. 20. Division du nucléole. On perd de vue les petits chromosomes. FIG. 21. Distribution nouvelle de la substance nucléolaire. FIG. 22 Gros bâtonnets se formant. FIG. 23. Anaphase. Gros bâtonnets. FIG. 24. Anaphase écrasée à dessein sous le front de l'objectif. Les gros bâ- tonnets paraissent doubles. FIG. 25 et 26. Anaphase Gros bâtonnets. Apparences de dualités. FIG. 27. Tassement polaire très coloré. FIG. 28. Tassement polaire décoloré. Les extrémités restent très colorées et paraissent doubles. FIG. 29. Début de la vacuolisation du noyau-fille. FIG. 30. Noyau-fille. Vacuolisation un peu plus avancée. FIG. 31. Noyau-fille vu du pôle Vacuolisation très avancée. FIG. 32, 33, 34. Noyau-fille vu du pôle. Origine de la masse nucléolaire centrale. FIG. 35. Première apparition du réseau nucléaire. FIG. 36. Nucléole presque sphérique. — Réseau. FIG. 37. Nucléole. — Granulations contre la membrane nucléaire. FIG. 38. Nucléole. — Réseau se formant contre la membrane nucléaire. FIG. 39 et 40. Nucléole — Réseau s'accroissant. FIG. 41 Noyau-fille entièrement reconstitué. Nucléole et réseau. FIG. 42. Le noyau et le nucléole après action de l'acide chromique à 40 0/0. — Vacuoles (?) apparaissant dans le nucléole. Planche I J.Berghs ad. ncub deL A.Hacha, ixth PUcnc/n-R ê & î ~^=t s y / < ^: K # /j \ • : a * 4 17 7 b * ! /7« - -V 7 0 • , • • •> ? I 2/ «"• x \ sX •• /.:7 /V //y « •• . « » V - X~. a;-' -15?*- #-' //> * £3 a u S {* v ■ M IH J.Mergfbs. acL. ruxù. del . L. Mu vas s et. unp. Brxux. 24 A HaxJva PluncJuzM ■J.Berghs ad. naù deL . ■jus s et. imp.Brux A.Hadi<± LES CELLULES DE LA LIGNÉE MÂLE CHEZ LE NOTQNECTA GLAUCA L, avec âes détails plus étendus sur la période d'accr et sur celle de transformation PAR J. PANTEL & R. de SINÉTY. (Mémoire déposé le ig mars igoô.) 11 Les cellules de la lignée mâle CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. INTRODUCTION. 1. Objet. Insecte de tous les pays et de toutes les saisons, remarquable d'ail- leurs par sa taille et encore plus par ses habitudes singulières, le Notonecta glauca est une des espèces qui s'imposent d'elles-mêmes au chercheur. En le prenant pour sujet d'observation, nous voulions avant tout nous assurer l'avantage d'un matériel abondant et toujours à portée; il s'est trouvé qu'il en offre deux autres, intéressant de plus près l'étude : c'est, d'une part, qu'il possède des cellules sexuelles très volumineuses et, d'autre part, que ces cellules évoluent avec une extrême lenteur. La spermie adulte ('), der- nier terme de la série mâle, à laquelle nous limiterons nos recherches, est d'un type colossal, mesurant I2mm et plus de long sur 2,2 p- de large dans (i) Il est bien tard pour faire le procès de termes aussi usuels que ceux de spermatozoïde et de zoosperme; on peut dire néanmoins que, sans induire personne en erreur, ils ont le désavantage de rappeler les vermicuH spermatis de la microscopie primitive et qu'il y aurait en somme profit à les abandonner à la désuétude. Nous regrettons de nous trouver en contradiction, sur ce détail de nomenclature, avec l'au- teur de l'un des intéressants mémoires qui précèdent le nôtre dans ce même fascicule, et dont un tiré à part nous a été gracieusement envoyé tandis que notre manuscrit était déjà chez l'imprimeur. Pour M. Van Molle (06), le terme spermie aurait désigné jusqu'ici « tous les stades d'évolution de la spermatide en spermatozoïde » et il propose d'en restreindre la signification aux cellules qui « tout en n'ayant plus les caractères de la spermatide ne possèdent cependant pas encore ceux du permatozoïde ». C'est en réalité restreindre la signification de spermatide et changer totalement celle de spermie. M. Van Molle reconnaît bien, indirectement, que ce dernier terme est synonyme de spermatozoïde par le seul fait qu'il emploie au sens de tout le monde le terme dérivé, sper- miogénèse (Waldeyer, o3). s Ç)o J PANTEL & R. de SINÉTY sa région moyenne; on peut l'étudier par coupes à peu près comme on fait les petits organismes. Cet élément, d'autre part, au lieu d'atteindre son état définitif au voisinage de la dernière mue de l'insecte, au printemps ou au commencement de l'été, ne se montre que plusieurs mois après, au début de l'arrière-saison, tout le long intervalle compris entre ces deux époques étant occupé par les stades évolutifs intermédiaires. En raison de ces deux circonstances qui se retrouvent dans toutes les cellules de la lignée mâle, bien qu'à des degrés divers, on pouvait espérer que certaines structures, peut-être assez répandues, mais n'offrant dans d'autres espèces que des dimensions trop réduites ou une existence trop fu- gitive pour pouvoir être aisément observées, se prêteraient ici à une étude plus circonstanciée. Effectivement, nous n'avons pas tardé à nous voir en présence d'un assez grand nombre d'images d'un aspect nouveau, parfois très inattendu ou même déconcertant. Toute notre ambition ira à les dé- crire avec sobriété et à les figurer avec exactitude. Quant aux hypothèses que nous serons amenés à émettre çà et là pour essayer de rattacher les faits par un lien logique, nous les abandonnerons volontiers en présence d'observations nouvelles ou d'une plus heureuse interprétation de celles que nous présentons. Notre étude embrasse l'ensemble des phénomènes spermatogénétiques ; toutefois l'évolution de la spermie sera notre objectif principal, les autres questions n'étant traitées que secondairement et en vue de celle-ci ('). (l) La sperraatogénèse du Notonecta est, peut-on dire, un sujet neuf. A part quelques notes présentées à l'Académie des Sciences à titre de communication préliminaire du présent travail (02, a, b). nous ne trouvons guère dans la bibliographie que le mémoire de Gilson (84), où il soit question de cette espèce. L'auteur n'a pas manqué d'y relever les dimensions exceptionnelles de la spermie : « c'est, dit-il, le Xotonecta glanca qui possède les spermatozoïdes les plus longs et les plus gros que nous connaissions; ils ont, en effet, un centimètre et demi de longueur; ceux du Lithobhts peuvent seuls leur être comparés sous le rapport de la taille » (op. cit., p. 125). Sa fi- gure 227 donne une très bonne idée d'un cyste mûr isolé. Pourtant, il semble que cet actif pion- nier de la spermatogénèse des arthropodes, à qui l'on doit les premières explorations d'un si grand nombre de types, n'ait eu sous les yeux, pour celui-ci, que des individus sexuellement mûrs. Sans cela nous ne nous expliquerions pas cette remarque faite, p. 123, à propos des genres Aphrophora, Hydromctra, Nepa et Notonecta, que « les phénomènes de la spermatogénèse y sont fort simples et présentent peu de particularités dignes d'être mentionnées ». La lenteur dans l'évolution générale entraîne comme conséquence qu'à une époque donnée les coupes du testicule offrent une monotone uniformité, en même temps que de profondes différences par rapport à celles d'une autre époque. De là d'assez sérieuses difficultés pour la sériation des images, quand on ne s'astreint pas à l'étude méthodique de toute la suite des phénomènes. On peut ajouter, d'après la remarque de Wielowïeyski (o5), que le Notonecta n'est pas tenu en général pour un objet facile à traiter histologiquement. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCV L. Ql 2 . Méthodes. Notre matériel a été fixé à peu près exclusivement par les liqueurs de Flemming et de Bouin. Chacun de ces mélanges offre, dans le cas actuel, de précieux avantages et de réels inconvénients : nous ne les considérons pas comme des succédanés pouvant se remplacer; ce sont plutôt des réac- tifs complémentaires qui doivent intervenir à tour de rôle au cours de la recherche. Le Flemming donne d'ordinaire des fixations plus vigoureuses, surtout des figures de division et des premiers stades de la spermatide, mais il dur- cit et rend cassante Y ébauche procéphalique ; il produit en outre, par rapport à l'hématoxyline ferrique, un premier mordançage énergique à l'excès, qui rend difficile ou même impossible une bonne décoloration régressive de certaines structures. Le Bouin fixe bien le cytoréticulum du spermatocyte I; il ne durcit pas outre mesure et permet en général de ménager à souhait la décolora- tion : il s'impose comme le réactif de rigueur pour les dernières phases de la période de transformation et pour la spermie adulte; par contre, il s'est montré insuffisant pour la spermatide jeune, notamment pour l'ébauche périaxile, les calottes et les corpuscules archoplasmiques. Nous ne ferons que peu de remarques sur le modus operandi. Les organes destinés à être coupés doivent en général recevoir une attitude qui facilite l'orientation ultérieure. A cet effet, ils sont étalés encore vivants sur porte-objet dans une goutte d'eau salée physiologique, durcis superficiellement dans l'attitude voulue par un premier arrosage de liqueur fixatrice ('), puis portés dans le bain de fixage définitif. Seules les dilacérations sur porte-objet permettent, comme dans les objets similaires, l'étude des spermies in toto. On peut opérer sur le testi- cule, à l'époque convenable; mais les spermies y sont toujours emprison- nées dans les enveloppes cystiques et il est difficile de les libérer sans les embrouiller outre mesure; il est plus commode de préparer celles qui sont déjà libres dans les canaux déférents ou dans le long canal spirale qui con- stitue le pédicule de la spermathèque chez les femelles. Ces organes étant mis sur le porte-objet dans une goutte d'eau salée additionnée de salive (') Cette petite manipulation préalable est nécessaire, vu la forme des testicules, dès que ces organes sont un peu développés ; elle est sans inconvénient pour la bonne conservation, pourvu qu'elle soit rapide. 9 2 J. PANTEL & R. de SINETY (dont l'albumine servira de colle), on détermine leur rupture par une trac- tion longitudinale modérée et on laisse leur contenu sortir de lui-même en un pinceau modérément fourni, s'étalant bien et offrant des éléments orien- tés dans le même sens; on égoutte et après quelques instants, quand les filaments sont sur le point de se dessécher, on fixe par un arrosage de for- mol picro-acétique ('). Sans omettre d'éprouver sur notre matériel un assez grand nombre d'autres teintures, nous avons coloré très habituellement par l'hématoxy- line au fer, et seulement dans des buts spéciaux par la fuchsine suivie du carmin d'indigo picriqué ou du bleu Unna. A moins d'indication contraire, nos descriptions se rapporteront à l'hématoxyline venant après le Bouin. Les termes de » substance chromophilc ou de ^chromophilic et leurs op- posés, dont nous ferons fréquemment usage, seront définis par cette double condition qui leur donne une signification relativement précise et suscep- tible de contrôle. Maison d'études philosophiques et scientifiques, S. J. Gemcrt (Hollande), septembre igoS. (') Les spermies adultes craignent la dessiccation, mais point du tout l'action des réactifs; elles doivent être comptées parmi les éléments anatomiques les moins sensibles. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 93 PREMIÈRE PARTIE. Généralités et période de multiplication. A. Idée générale du testicule chez le Notonecta C'est un organe allongé, indivis à son extrémité proximale (définie par rapport au canal déférent), bifurqué à une certaine distance de cette extré- mité, les branches de bifurcation s'atténuant de plus en plus à mesure qu'elles s'allongent et s' enroulant en hélices plates. Les deux hélices sont régulières chez la larve et même chez le jeune imago où elles constituent d'élégantes volutes se laissant aisément ramener dans un même plan, fig. i ; plus tard, elles se déforment considérablement, sauf au sommet. L'organe déroulé et rectifié mesure quelques millimètres seulement chez le jeune imago et 2 centimètres dans son état de complet développement. Il est massif d'une extrémité à l'autre durant toute la période qui précède la ma- turité sexuelle; c'est le départ successif des faisceaux de spermies, rendus libres par la déhiscence dégénérative de leurs enveloppes, qui le creusera. Morphologiquement et anatomiquement ce testicule est un de ceux qui se laissent le plus immédiatement homologuer à l'ovaire. Si l'on fait ab- straction de la zone de multiplication, ordinairement introuvable chez l'imago, même très jeune, et reléguée chez la larve au sommet des volutes, on peut dire qu'il résulte de la juxtaposition intime de sept follicules longi- tudinaux, lesquels courent d'un bout à l'autre de l'organe, se séparant, au niveau de sa bifurcation, en deux faisceaux respectivement de 4 et de 3, pour constituer les deux branches ('). Chacun d'eux est un long sac à mince paroi entièrement bourré de cystes et en relation par un canalicule indivi- duel avec le très long canal déférent commun. Sur la coupe d'ensemble, (') Il existe également 7 gaines ovigères dans l'organe femelle. Ce même nombre 7 est ca- ractéristique chez plusieurs hémiptères homoptères, aussi bien pour les follicules mâles que pour les gaines femelles : Anasa tristis (Paulmier, 99) et Syromasles marginatus (*) (Gross, 04) ressemblent sur ce point à Notonecta, et nous pourrions ajouter quelques autres noms d'après nos préparations. Dans le genre Apliis, il n'y a, d'après Stevens (o5a), que 6 lobes mâles et 6 lobes femelles. (•) Le genre américain Anasa et le genre européen Syromasles sont systématiquement très voisins l'un et l'autre de la famille des Coreidœ. 94 J. PANTEL & R. de SINETY fig. 1, on distingue bien 4 follicules intéressés sur une longueur considé- rable et, à la partie inférieure, en /, 3 des canalicules évacuateurs coupés obliquement. Il est à peine besoin de dire que les follicules avec leur canal individuel sont immédiatement homologables aux gaines ovigères et à leur calicule. Les parois folliculaires sont très pareilles à celles des cystes. Extérieu- rement, on trouve autour de tout le faisceau la tunique générale ordinaire; c'est une délicate enveloppe d'épaisseur très réduite, mais de structure complexe, riche notamment en éléments contractiles, cellules trachéolaires et trachées ; les cellules adipeuses si fréquentes chez d'autres espèces font ici défaut. B. Cystes folliculaires. Tel qu'on le conçoit actuellement, un cyste est une colonie de cellules sexuelles de même génération, sœurs deux à deux, à évolution synchrone, individualisée dans une poche d'apparence épithélioïde. La forme de ces amas est polyédrique chez le Notonecla, et isodiamétrale jusqu'à la période de transformation. Elle s'allonge progressivement durant cette période, tandis que les éléments s'allongent eux-mêmes et se parallélisent; finale- ment le cyste devient un faisceau cylindroïde un peu atténué aux deux bouts, entouré d'une mince enveloppe plurinucléée, mais à limites cellu- laires indistinctes, ayant la longueur de la spermie adulte. a) Nombre de cellules. Bien que le nombre des éléments réunis en cyste constitue une donnée de première importance pour l'interprétation du groupe, il ne semble pas avoir été, jusqu'à ces dernières années, l'objet de recherches suffisamment précises. Sutton (02) s'est appuyé sur le nombre des spermatocytes I chez le Brachystola pour en conclure que cette génération cellulaire est précédée dans cette espèce d'un nombre fixe, 8, de divisions des spermatogonies IIres. Plus récemment, à l'occasion de leurs recherches sur le lombric, Bugnion et Popoff (o5a et o5b) viennent de publier d'intéressantes obser- vations comparées sur les processus spermatogénétiques, dans lesquelles ils prennent précisément pour base le nombre des éléments dans les faisceaux définitifs de spermies. Il se dégage de leurs déterminations que ces fais- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 95 ceaux, ou colonies spermatiques, atteignent, peut-être' chez tous les méta- zoaires, certainement dans plusieurs groupes, un nombre typique fixe; que chaque colonie représente la descendance d'une même cellule germinale dont les générations successives ont évolué synchroniquement en doublant, à chaque division, la population du cyste (-accroissement en proportion géométrique"). Ces faits paraissent bien établis et peut-être suffisait-il de les rappe- ler ('). Nous dirons néanmoins quelle en est la physionomie concrète dans notre objet, nos observations devant servir de base à quelques considéra- tions ultérieures et ayant d'ailleurs été faites indépendamment de celles de Bugnion et Popoff, que nous n'avons pu connaître qu'après coup. Remarquons tout d'abord que ce serait une entreprise à peu près illusoire de vouloir compter directement les éléments d'un cyste dès qu'ils sont un peu nombreux et tant qu'ils conservent leur forme isodiamétrale. La numé- ration est possible, au contraire, facile même, quand ils se sont allongés en spermies; ils forment alors un faisceau qui, chez le Notonecta, est parallèle à l'axe de figure du testicule rectifié et dont il est aisé d'obtenir des coupes transversales. C'est ensuite affaire de pure patience de dessiner sommaire- ment à la chambre claire la partie axiale de chaque spermie et de comp- (') L'idée que le contenu du cyste représente la descendance d'une même cellule primitive est en réalité aussi ancienne que la notion de cyste (_La Valette, 1S76, Rana ■ les anatomistes l'admettent assez généralement, sans démonstration d'ailleurs. L'idée qu'il s'accomplit dans le cyste, avant l'apparition des spermatocytes I, un nombre fixe et spécifique de divisions, a été insinuée par divers observateurs, par exemple par Paulmier (99) et M'Gkegor (99), et catégoriquement formulée par Sutton. Il y a tout lieu de la croire fondée pour un certain nombre de groupes, notamment pour les hexapodes. Il ne faut pas oublier néan- moins qu'il existe beaucoup d'autres groupes où les premières apparences ne paraissent pas lui être favorables. Ces apparences tiennent sans doute à des causes très variées, dont nous ne pouvons songer à entreprendre ici la discussion; disons seulement que les auteurs les apprécient de fait très diversement : 10 chez les poissons inférieurs et les mollusques, les Schreiner (04, Myxiné] et Meves (o2a, Paludina) admettent simplement la probabilité d'un nombre variable de divisions; 2° chez les annélides, où il est fréquent de trouver des colonies définitives correspondant à des nombres différents de divisions, Bugnion et Popoff (o5a, o5b. Lumbricus) ont reconnu que cette circonstance tient à ce que la période de multiplication est coupée en deux par une période de dissociation, durant laquelle les colonies déjà formées subissent, comme telles (les auteurs ne s'ex- pliquent pas sur le mécanisme du phénomène), un nombre plus ou moins grand de bipartitions successives; 3° chez un chilopode, Scittigera forceps, où Medes (o5) observe une grande dispropor- tion entre les populations des cystes, à la période de maturation et à la fin de la période de multiplication, cet auteur admet que les cystes se sont divisés; nous aurons l'occasion de revenir un peu plus loin sur cette interprétation particulière. 12 q6 J- PANTEL & R. de SINÉTY ter les dessins ('). En appliquant ce procédé à un assez grand nombre de colonies choisies parmi les plus prospères et visiblement bien respectées par la technique, nous avons obtenu des chiffres qui ont varié de 245 à 248. Le nombre des éléments n'est donc pas mathématiquement fixe dans un cyste. Il n'est pas non plus absolument quelconque : il peut s'abaisser plus ou moins, mais il se rapproche d'autant plus de 256 que la colonie est mieux conservée, sans s'élever jamais au-dessus de cette limite. On peut donc dire, en acceptant que c'est là le nombre typique, que le nombre des spermies dans les faisceaux du Notonecta est une puissance exacte de 2 (256 = 2S). Il s'ensuit qu'il faut voir dans chacune de ces colonies la des- cendance d'une cellule-mère à laquelle on remonte par 8 générations suc- cessives. En général, le nombre des spermies dans le cyste définitif sera pour un insecte donné 2", 11 étant le nombre typique de l'espèce, et celui des éléments dans un cyste plus jeune 2'", ri étant le numéro d'ordre de la génération cellulaire intracystique. Nous sommes amenés, on le voit, à admettre comme nombre typique un nombre déductif plutôt qu'expérimental; c'est évidemment à cause des unités qui succombent au cours du développement des colonies. Les dégéné- rescences sont fréquentes, en effet, dans tous les groupes zoologiques, et peut- être spécialement chez les Trachéales^), où elles n'atteignent pas uniquement les spermatogonies, comme le pense Wilcox (95). On en observe d'isolées qui appauvrissent les colonies; celles-là surviennent, semble-t-il, à toutes les époques (3). Peut-être y en a-t-il aussi de générales, chez le Notonecta, qui 1 Une circonstance très favorable ici, c'est que les dessins individuels des spermies se trouvent alignés suivant certaines directions, la plupart du temps rectilignes et parallèles, comme on peut s'en rendre compte sur les fragments de cyste dessinés fig 133. Le procédé pratique de numération à la chambre claire a été employé déjà par Rugnion et Popoff (op. cit.). A propos des caryolyses qu'il a lui-même observées dans l'ovogénèse du lapin., von Wi- niwarter (on, rappelle qu'il en a été signalé d'autres par Flemming (1887) dans la spermatogénèse de la salamandre, par Van Beneden et Julin (18S4) dans celle de l'Ascaris, par Henking, Wilcox, Montgomerv et Paulmier dans celle de divers insectes. (3) P. Bouin (o3) a constaté chez Lithobius, Geophilus, Scolopendra , que beaucoup de sper- matocytes périssent normalement et servent à la nutrition des survivants, qui s'en emparent, ou directement, ou après dissolution. La dégénérescence se manifeste de bonne heure par la conden- sation du cytoplasme et l'état pyenotique du noyau. Voilà donc des colonies de spermatocytes appauvries par les dégénérescences, sans que l'on puisse d'avance assigner une limite à celles-ci : rien n'empêchera, par suite, de trouver des cystes spermatocytaires moins peuplés que des cystes spermatogoniaux. N'est-ce pas ce qui se serait produit dans le cas du Scutigera, si semblable à celui ci? Medes n'examine pas l'hypothèse des dégéné- LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 97 réduiraient le cyste à sa seule enveloppe de cellules végétatives. On peut remarquer, en effet, si l'on explore de bas en haut les niveaux successifs d'un testicule jeune, qu'au lieu de parvenir aux massifs de cellules germi- nales par des cystes de plus en plus jeunes, comme c'est le cas ordinaire, il arrive souvent qu'on passe brusquement d'une zone à cystes relativement âgés et normaux, à une zone uniquement occupée par des compartiments vides. Il s'agirait ici d'une destruction en masse qui aurait en quelque sorte décapité le follicule. Mais nous ne pouvons nous exprimer qu'avec réserve au sujet de ces compartiments inoccupés, n'étant point parvenus à nous faire, sur leur signification, une opinion définitive; il se pourrait qu'au lieu de cystes vidés, ils représentent des cystes n'ayant jamais été remplis. b) Enveloppe cystique. Elle est constituée d'une couche de cellules d'aspect épithélial, relati- vement hautes dans les cystes jeunes, plus tard laminaires, soudées entre elles sans distinction de limites. Aux approches de l'époque où les spermies doivent être rendues libres, on remarque dans les noyaux cystiques des signes manifestes de dégénérescence. Tous ces noyaux — ils sont assez nom- breux dans chaque cloison - - nous ont paru identiques, même à maturité. Les cellules de paroi sont, avec les cellules sexuelles, les seuls consti- tutifs du cyste. La nature des cellules d'enveloppe a fait l'objet de discussions qui ne sont pas encore closes pour tous les entomotomistes. Notre intention n'est pas de nous y engager. Il nous suffira de constater en passant que nos ob- servations sur le Notonecta confirment l'opinion soutenue par l'un de nous à propos des phasmes (02), d'accord avec les récentes données de l'embryo- logie, que l'enveloppe des cystes est formée de cellules folliculaires, origi- nellement distinctes des cellules sexuelles. Cette vue, qui est également celle adoptée par Meves (02J, au sujet du Pygœra, trouverait un appui solide dans la condition particulière des com- rescences et préfère admettre une dissociation de la colonie. Sans vouloir contester la valeur de cette interprétation pour quelques cas très particuliers, nous croyons que bien plus généralement les appauvrissements relèvent simplement des dégénérescences. Bugnion et Popoff recourent à une autre explication encore pour rendre compte des petits écarts entre le résultat de la numération et le nombre typique : ils supposent un retard dans la division de quelques cellules. Nous ne pensons pas que, chez les insectes du moins, les petites différences de synchronisme dans les mouvements cinétiques puissent se manifester de cette manière. Elles ne le peuvent pas en tout cas lorsque la numération se fait sur les spermies. g8 J. PANTEL & R. de SINÉTY partiments vides signalés un peu plus haut, si la signification que nous leur avons attribuée avec doute était définitivement établie. Les cellules en sont isodiamëtrales et disposées en une assise simple, d'apparence franchement épithéliale, rappelant l'assise folliculaire des gaines ovigères. On n'y sur- prend, dans les cas malheureusement trop rares que nous avons pu exami- ner, aucune tendance à prendre l'aspect des cellules germinales et, par suite, nous ne poumons y voir ni des spermatogonies primaires, avec Sut- ton (oo) et Voinov (03), ni des cellules initiales indifférentes, avec Kor- schelt et Heider (02), ni un syncytium indifférent, avec Holmgren (01); encore moins peut-on y voir des éléments conjonctifs, avec Paulmier (99) et Gross (04) ('); à vouloir les ramener à l'un des t)qjes des éléments tissu- laires communs, c'est aux cellules épithéliales qu'il faut les rattacher. c) Formation des cystes. Autre question discutée, étroitement rattachée à la précédente, dont elle est néanmoins distincte, puisqu'elle vise directement le mécanisme de l'association, non la nature des unités. Deux facteurs paraissent intervenir dans ce mécanisme. Le premier, et sans doute le plus important, c'est le fait que les cellules-sœurs, aux di- verses divisions qui fournissent la population du cyste, demeurent étroite- ment juxtaposées, au lieu de se disperser, et forment un groupe qui tend de lui-même à conserver son intégrité. Cela est si vrai que dans un grand nombre de cas la plasmodiérèse ne s'achève pas, les éléments demeurant unis par une masse banale de protoplasme, comme il a été souvent observé en particulier chez les insectes. Par là les colonies se trouvent individuali- sées d'elles-mêmes, indépendamment de leur enveloppe. L'autre facteur est la tendance propre des cellules végétatives à se ré- pandre parmi les cellules-mères des colonies et à s'étaler à leur surface. Nous n'avons pas fait d'observation particulière à cet égard, chez le Noto- necta, mais cette tendance a été mentionnée récemment même dans des groupes très éloignés des arthropodes, où les cystes sont généralement bien moins caractérisés, chez les poissons (Schreiner, 04) et les porifères (Gô- (') Henneguy (04) admet bien que les cellules « cystogènes » doivent être homologuées à celles de l'épithélium ovarique et ont probablement comme celles-ci une origine mésodermique, mais il lui paraît néanmoins que ces cellules, au lieu de prendre ici le caractère épithélial, « deviennent plutôt des éléments conjonctifs », tout en conservant d'ailleurs une certaine activité et servant comme l'épithélium ovarique à nourrir les cellules sexuelles. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAL'CA L. 99 rich, 04). Elle peut aller jusqu'à transformer la cellule végétative en un sac qui se ferme autour de la cellule sexuelle, fig. 12 de Gôrich; mais en général plusieurs cellules simplement aplaties se juxtaposent en une enve- loppe pluricellulaire. De là deux types de parois cystiques abondamment réalisés chez les insectes : les parois uninucléées (à un seul -noyau femelle - de Gilson), et les parois plurinucléées (à plusieurs » noyaux femelles "); d'après ce que nous avons dit plus haut, celle du Notonecta appartient à ce dernier. De toutes manières l'enveloppe du cyste se constitue graduellement et devient complète à une époque qui n'est pas nécessairement la même chez toutes les espèces : tantôt c'est la cellule-mère qui se trouve emprison- née avant la première division intracystique, ainsi que cela parait être le cas pour Hydrophilus (De Bruyne, 1899), tantôt c'est seulement le groupe résultant d'une ou de plusieurs divisions, comme le décrivent Korschelt et Heider (02). Ce qu'on ne saurait admettre sans aller contre la notion de colonie cystique telle que nous avons cherché à la préciser, c'est que l'en- veloppe dont il s'agit pût se former autour d'un groupe quelconque de cellules sexuelles n'ayant entre elles aucun lien génétique. Une telle idée, admise, semble-t-il, par Paulmier(99J pour Anasa, admise certainement par Holmgren (01) pour une catégorie de spermatogonies chez Staphylinus, est déjà en opposition avec le fait partout si manifeste du synchronisme évolutif. C. Diverses générations cellulaires de la période de multiplication. Notre intention n'est pas de nous occuper longuement de ces stades reculés, difficiles à trouver dans notre objet, à cause de sa précocité parti- culière (') et sur lesquels nous n'avons recueilli que des renseignements fragmentaires. Laissant de côté le point de vue descriptif, nous désirons uniquement mettre quelque peu en relief la distinction, souvent très impré- cise dans la bibliographie, de deux catégories de cellules se succédant chro- nologiquement et conduisant à la distinction correspondante de deux sous- périodes de multiplication. (') Cette précocité parait commandée par la lenteur exceptionnelle des phénomènes durant les périodes d'accroissement et de transformation et celle ci à son tour a sa raison d'être dans les di- mensions insolites de la spermie définitive. 100 J. PANTEL & R. de SINÉTY Aucune incertitude ne saurait exister sur la réalité objective de ces deux catégories d'éléments spermatogoniaux, les uns antérieurs à la forma- tion des cystes, les autres fournissant la population même des cystes. Sut- ton (oo), auteur de belles et fructueuses recherches sur cette période de la spermatogénèse, a proposé pour les désigner les noms déjà employés par M'Gregor (99) de spermatogonies Ires et IIres, et il semble qu'il n'y ait qu'avantage à les employer. Les spermatogonies Ires correspondent aux » cellules germinales primor- diales - des auteurs, aux «grandes spermatogonies- de Meves (96) et pro- bablement aussi aux «spermatogonies de Ier ordre- de Janssens (02). Elles sont caractérisées par leur situation isolée parmi les cellules végétatives, l'absence de synchronisme évolutif et de tout autre indice (sauf peut-être la taille) permettant de fixer leur âge et de reconnaître celles qui appartien- nent à une même génération. Le nombre des divisions qu'elles subissent avant de se transformer en spermatogonies IIres n'est point déterminé ('). Les spermatogonies IIres sont les -spermatogonies- simplement dites des auteurs, les « moyennes et petites spermatogonies « de Meves, les «spermatogonies de IIe ordre- de Janssens. Leur caractéristique est de ne se présenter qu'en cystes à développement synchrone. Sutton ajoute pour Brachystola une particularité anatomique importante, savoir qu'au lieu d'être simplement vésiculeux comme dans les spermatogonies Ires, le noyau présenterait des saillies sacciformes correspondant aux divers chromosomes ; mais il reste à déterminer l'extension de ce caractère. Enfin, et ce dernier trait est également à souligner, le nombre n des divisions jusqu'à l'appari- tion des spermatocytes I parait être fixe et spécifique, au moins chez les insectes, et tel que l'on ait N = 2", en appelant N le nombre des sperma- tocytes I dans un cyste complet (ou le 1/4 du nombre des spermies). Par ce dernier caractère comme par leur synchronisme évolutif, les sper- matogonies ÏIres s'éloignent considérablement des spermatogonies Ires pour se rapprocher des spermatocytes. Il semble donc qu'il y ait lieu de distin- guer les deux catégories, dans les schémas classiques de la spermatogénèse, à peu près comme nous le proposons ci-après, fig. 1 du texte (p. 102). L'à-propos de cette modification, qui revient à couper en deux la période de multiplication, ressortira surtout de la comparaison avec l'ovogénèse. (>) D'après M'Gkegor, les spermatogonies 1res se multiplieraient normalement par acinèse chez VAmphiuma, mais il semble difficile de concilier cette manière de voir avec les idées généralement admises sur la division directe. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. ÎOI Les attributs auxquels nous faisons appel pour distinguer les deux sortes de spermatogonies semblent être en défaut pour le classement de la cellule-mère du cyste(') : doit-on la considérer comme spermatogonie IIre ou comme spermatogonie Ire? Dans son premier travail sur le Brachystola, Sutton (oo) avait adopté la seconde alternative, mais il est revenu plus tard (02), avec raison, croyons-nous, sur cette manière de voir. Même anté- rieurement à sa division, la cellule dont il s'agit peut être, dans certains cas, constituée topographiquement à l'état de colonie unicellulaire par l'en- veloppe cystique et on ne peut de toute manière la considérer que comme le premier terme de la série intra cystique. L'idée de colonie à une cellule est aussi celle qui correspond au symbole algébrique N = 2", pour le cas particulier n — o. D. Parallélisme entre la spermatogénèse et 1 ovogénèse chez les insectes (-). La lignée femelle débute, comme la lignée mâle, par une suite de cel- lules germinales ou ovogonies Ires auxquelles il est aisé, d'après le peu que l'on sait de leur histoire, de reconnaître les mêmes attributs qu'aux sperma- togonies correspondantes. D'autre part, l'homologie des derniers tronçons des deux lignées, correspondant aux divisions maturatives, est depuis long- temps établie. A vrai dire, elle le fut dès 1877, le jour où Giard reconnut aux globules polaires la signification de cellules rudimentaires, et les beaux travaux, venus plus tard, de Platner, Boveri, O. Hertwig n'ont fait que mettre en lumière, en les confirmant par des faits très bien étudiés, les rapprochements suggérés par cette première vue. Peut-on paralléliser d'une façon aussi satisfaisante les tronçons moyens compris entre les gonies Ires et les cytes? Ici la difficulté est incontestable, (') Nous employons cette désignation simplement pour indiquer la première cellule du cyste, sans prétendre lui attribuer des caractères particuliers de structure ou d'évolution qui peuvent de fait lui appartenir, mais dont l'étude est à faire. Sutton (oo) a émis l'idée qu'il existe probable- ment une période de repos marquant le passade d'une spermatogonie Ire à l'état de spermatogonie lire, comme il en existe une au passage de la dernière spermatogonie lire à la forme de spermatocyte. C'est une hypothèse à vérifier. (2) Il pourra paraître à quelques lecteurs que les considérations proposées dans ce paragraphe ont un caractère trop général, presque trop didactique, pour être bien à leur place dans un travail de recherche. Elles ne sont pourtant que des conséquences de la spécificité du nombre n qu'il nous a paru utile d'indiquer brièvement. 102 J. PANTEL & R. de SINÉTY peut-être même insoluble dans bien des cas. Elle disparaît néanmoins par- tout où existent des cellules vitellogènes ('). On voit tout de suite, en effet, B Sff.Ii 1 *. II Ah • • » a • • • •• e e e I /\ /\ • • • • d.a. d.s aee. dm Og.I ® a • • • «  > Og.II.C.V. Oc, P. O.A Fïg1. /. Évolution comparée des cellules sexuelles chez les insectes. .1, lignée mâle: B. lignée femelle. d. a. — période de multiplication par divisions asynchrones, en nombre indéter- miné; cellules isolées. d. s. — période de multiplication par divisions synchrones, en nombre spécifique; cellules de la même descendance en colonie. ace. — période d'accroissement. d. m. — période de maturation. Sg. I — Spermatogonies primaires. Sg. II — Spermatogonies secondaires (colonies homogènes, individualisées génétiquement et topographiquement toujours, anatomi- quement parfois). Se. — Spermatocytes (en colonies homo- gènes). Spermatides Og. I — Ovogonies primaires. Og. Il C. V. — Ovogonies secondaires et cel- lules vitellogènes (ce groupes germinaux » de Giardina, colonies hétérogènes individua- lisées génétiquement toujours, topographi- quement et anatomiquement parfois, à des degrés variables). Oc., P. — Ovocytes et Ir globule po- laire (colonies hétérogènes). O..P. — Ovotide et globules polaires. (') Du moins partout où des cellules vitellogènes se montrent associées aux cellules sexuelles, soit topographiquement grâce aux éléments folliculaires, soit anatomiquement par des continuités résultant de plasmodiérèses incomplètes. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 03 que le schéma modifié auquel nous avons été conduits pour la spermato- génèse se superpose exactement à celui de Giardina (01) pour l'ovogénèse, fig. i, B ; que le * groupe germinal" de cet auteur, formé d'éléments à évo: lution synchrone, associés génétiquement aussi bien que topographique- ment, est l'homologue d'une colonie cystique de la spermatogénèse; que les r> divisions différentielles", dont la découverte a excité parmi les biolo- gistes un si légitime intérêt, sont des divisions d'ovogonies IIres se répétant un nombre déterminé de fois, n, pour conduire à l'ovocyte, comme celles des spermatogonies IIres, pour conduire au spermatocyte ('). Ces colonies ovogoniales sont hétérogènes, il est vrai : il n'y a dans chacune d'elles, fig. /, B, qu'une cellule sexuelle ou ovogonie proprement dite, les autres étant dépossédées de cette dignité et évoluant en cellules nourricières; mais c'est là le résultat d'une déviation manifestement secon- daire, commandée par les exigences spéciales de l'œuf définitif, qui masque à peine superficiellement les homologies de fond; les différences qui en proviennent sont de même ordre que celles qui vont s'établir durant la période de maturation, toujours d'ailleurs pour une raison de préférence en faveur de l'œuf, entre la cellule sexuelle et les globules polaires. Dans la lignée masculine, où aucune nécessité biologique n'exigeait une semblable évolution des éléments suivant deux directions différentes, les colonies sont homogènes, tant dans la période de multiplication que dans celle de maturation. Pourtant les cas d'hétérogénéité ne font pas tota- lement défaut dans celle-ci, comme le montre la très intéressante décou- verte de Meves (03) chez les hyménoptères sociaux (Apis, Bombus, Vespa ). D'après les observations de ce biologiste, la Ie division maturative n'est représentée, dans les types dont il s'agit, que par l'excision d'un lobe cyto- plasmique ayant la signification d'un spermatocyte I avorté; la IIe division f'i La question se pose assez naturellement de savoir si le nombre typique des divisions goniales est le même dans les deux lignées, pour une espèce donnée. Sur ce point, la bibliogra- phie ne contient encore que peu de renseignements. Chez un Aphis étudié par Stevens (o5a), ce nombre serait plus grand dans la lignée mâle que dans la lignée femelle. Il y aurait une forte inégalité de même sens entre les deux lignées du Dytiscus marginalis si l'on admet que cette espèce, dans laquelle Bugnion et Popoff ont trouvé des faisceaux de 1024 spermies> ce qui sup- pose 256 spermatocytes I ou S divisions goniales, est celle-là même où Giardina (on a signalé seulement 4 divisions différentielles; cette identification paraît d'ailleurs très vraisemblable, vu la grande dispersion géographique du Dytiscus marginalis. La disproportion bien connue entre les nombres définitifs des germes mâles et femelles, pour une même espèce, se manifesterait non seu- lement dans la spécialisation originelle des cellules germinales ou dans leur multiplication, mais encore dans le nombre des divisions synchrones. L3 104 J PANTEL & R. de SINÉTY se fait, mais est inégale comme dans la lignée femelle, chez Apis et Bombus et sépare un spermatocyte II de dimensions naines, ayant la valeur d'un globule polaire mâle (') (elle est égale comme à l'ordinaire chez Vespa). A côté des différences tenant à l'hétérogénéité des colonies femelles, il en faut signaler d'autres qui résultent de leur mode d'individualisation topographique et de la disparition des cellules vitellogènes. L'ovogonie peut habiter une même loge avec les autres cellules du groupe germinal, mais elle peut aussi s'isoler à des degrés divers. Les cellules vitellogènes, en tout cas, dégénèrent pendant la période d'accroissement, comme dé- génèrent plus tard les globules polaires et finalement la descendance complète d'une gonie-mère de cyste sera réduite à un œuf dans la lignée femelle, tandis que dans la lignée mâle elle forme un riche faisceau de spermies. Néanmoins il s'agit encore là de différences secondaires ayant pour raison d'être la nécessité d'accumuler dans l'œuf une abondante réserve de matériel trophique. Les données manquent, jusqu'ici, semble-t-il, pour poursuivre le pa- rallélisme au-delà de la classe des hexapodes. Peut-être ne trouvera-t-on pas chez les autres métazoaires l'équivalent des divisions différentielles, dont la généralité d'ailleurs n'est pas encore démontrée pour les insectes. La fonction vitellogène peut être dévolue à des éléments n'ayant aucun lien génétique avec la cellule sexuelle et de ce chef on est privé du meilleur critérium pour reconnaître les colonies ovogoniales. On est privé aussi, dans la plupart des cas, du moyen fourni par les localisations topographiques : les exigences des cellules femelles au point de vue des échanges nutritifs ne pouvant être satisfaites dans un amoncellement qui les soustrairait individuellement au contact des cellules végétatives, elles existent de préférence dans des cystes unicellulaires, chacune entourée 1 II convient de rappeler dans le même ordre d'idées, ne serait-ce que pour mémoire, l'iné- galité de condition qui serait introduite dans les spermies par le « chromosome accessoire » de M'Clung (o hétérochromosome » de Montgomery ), suivant l'opinion récemment émise par Wallace (o5) : cet élément serait l'apanage exclusif des véritables spermies physiologiques, si bien que celles qui ne le reçoivent pas (3 sur 4 chez les arachnides) seraient vouées à la dégénérescence ; l'auteur n'hésite pas à les rapprocher des globules polaires. Il nous semble prématuré de trop appuyer sur des faits qui peuvent n'avoir qu'un caractère exceptionnel. La relation entre la non-existence de l'hétérochromosome et la dégénérescence des spermies demande à être étudiée de plus près. Elle est déjà infirmée par les recherches de Ste- Vens (o5b)- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 105 de son enveloppe protectrice et nourricière; par là les liens génétiques avec l'ovogonie-mère ne sont pas détruits, mais rien ne permet plus de les apercevoir. Quoi qu'il en soit de ces restrictions, ce sont les faits observés chez les insectes qui permettent de suivre de plus près l'homologie fondamentale, qui se poursuit tout le long de l'évolution des cellules sexuelles, comme ils ont permis de reconnaître l'unicité de type des organes germigènes, au point de vue morphologique et architectonique. DEUXIÈME PARTIE. Période d'accroissement. Chapitre I. LE NOYAU, fig. 2, 3, 6, 8-19, 21-23. A. État dans le jeune spermatocyte I. Les cellules, au stade de la fig. 2, sont sensiblement plus grandes que les dernières spermatogonies; tout fait supposer néanmoins que leur accrois- sement a été rapide et qu'il s'agit d'éléments très jeunes. C'est le stade qui correspond à l'alignement régulier des cystes en follicules longitudinaux; il s'observe sur la plus grande partie du testicule chez les très jeunes larves de 1 2-1 5mm et est déjà relégué au sommet des spires chez les larves âgées, fig. 1, b. Le noyau, dans ces jeunes spermatocytes, est une vésicule d'environ 10 ,,. de diamètre, paraissant tout d'abord manquer de limites propres, la membrane ne se reconstituant que très lentement (') après la télophase spermatogoniale. L'élément nucléaire s'y présente sous la forme de petites masses que des traînées linéaires relient en un réseau à larges mailles, masses d'autant moins distinctes que la cellule est moins jeune et qui ne tardent pas à per- dre leur individualité, le tout se transformant en un système de boucles ') Blackmax ,û3 a observe la même particularité chez le Scolopendra héros. loô J. PANTEL & R. de SINÉTY lâches, irrégulièrement moniliformes, se développant sans ordre dans la cavité, fig. 2, 3, B, C, ou paraissant parfois assez régulièrement orientées suivant des méridiens, fig. 3, A. Nous n'avons pu jusqu'ici rattacher aucune signification précise à cette orientation, peut-être faute d'avoir étudié un assez grand nombre de cellules à ce stade. Il nous est nommé- ment impossible de dire si le nombre des anses est le même que celui des chromosomes à la prochaine métaphase. En dehors des cordons ou en continuité avec l'un d'eux on remarque assez fréquemment de petits amas de substance chromophile que l'on dirait avoir échappé à la trans- formation. Il existe un volumineux nucléole plasmique, simple ou lobé, qui reste incolore dans les préparations bien différenciées, fig. 2, et en tout cas se distingue des masses nucléiniennes par son contour arrondi, son aspect homogène et une sorte de semi-translucidité facile à apprécier. Le fond général de la vésicule nucléaire est absolument clair et sans structure. B. Premières modifications. Localisation sélective de la chromatine. L'état de choses décrit se modifie de bonne heure. Le gros nucléole semble se transformer en une masse très chromophile demeurant d'un noir intense, .dans les coupes mêmes où les plus jeunes cellules le montrent déco- loré, très opaque et comme finement grenu, fig. 3, B, C. Corrélativement les cordons moniliformes perdent leur chromophilie. Le phénomène est difficile à analyser dans le détail, mais il existe en tout cas, entre le stade où tout se colorait dans ces cordons et un stade ultérieur où tout demeure pâle, une étape intermédiaire caractérisée par une alter- nance de nodules noirs et de substance incolore, d'où résulte une sorte de striation transversale parfois très marquée, fig. 3, A, fig. 6. Toutes ces modifications se réduisent quant aux faits à une formule simple : la substance chromatique abandonne peu à peu les cordons et va se condenser sur le nucléole. Le mécanisme intime de la migration peut être interprété de diverses manières. A un premier examen des anses chromatiques striées, on s'arrê- terait volontiers à l'idée d'un élément nucléaire constitué suivant le schéma de Schwarz, avec charpente de linine et granules, tantôt fixes, tantôt LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. ÎOJ errants, de chromatine. Dans cette hypothèse, où l'on prend comme point de départ l'indépendance substantielle de la chromatine vis-à-vis de son support, il serait aisé de comprendre qu'elle abandonne le squelette des cor- dons pour se porter sur un autre point. Nous croyons néanmoins pour notre part que l'ensemble des faits et certaines circonstances de l'évolution ulté- rieure s'expliquent mieux dans la supposition d'une substance nucléinienne originellement unique. Il suffirait d'admettre qu'au stade qui nous occupe cette substance devient le siège d'un travail intime de remaniement où elle serait scindée en deux dérivés : dérivé chromophile d'une part, représen- tant seul le matériel des chromosomes de la future métaphase et émigrant, au fur et à mesure de son élaboration, pour se condenser autour du nucléole ou peut-être même autour de quelqu'autre point privilégié; dérivé achro- mophile, d'autre part, probablement pauvre en acide nucléique, dépourvu de tout rôle actif dans les divisions maturatives, véritable résidu voué à la disparition, bien que demeurant en place momentanément et retenant la forme du cordon primitif. Le phénomène semble avoir dans son ensemble la signification d'une épuration ou d'une sélection chromatique. La condensation de la substance sélectionnée se fait avant tout, si pas exclusivement, autour du plasmosome. Ce corps revêt de la sorte l'aspect du volumineux chromosome spécial si visible à ce stade chez un grand nombre d'insectes, mais indistinct chez le Notonecta, si toutefois il y existe. Il nous a semblé qu'une partie de la chromatine pouvait exceptionnellement se condenser en dehors du nucléole, pourtant nous ne pouvons nous exprimer sur ce point qu'avec doute. C Évolution générale ultérieure. a) Accroissement de l'ensemble. La vésicule nucléaire s'accroît, d'abord rapidement, puis lentement, dans des proportions que le rapprochement des fig. 2, 14, 21, dessinées à la même échelle, permet d'apprécier; son diamètre moyen, au voisinage de la prophase active, est de 25 v-. b) Accroissement et résolution de l'amas chromatique L'amas chromatique s'accroît tout d'abord considérablement, sans perdre son aspect nucléoliforme, soit en raison des apports successifs 108 J PANTEL & R. de SINÉTY de chromatine, tant que les cordons continuent d'en céder, soit par nutri- tion, comme les autres parties de la cellule. Bientôt il s'y manifeste un gonflement considérable de toute la masse, accompagné d'une altération générale des contours qui ne permet plus de le rattacher à une forme définissable. C'est le premier indice d'une modification intime de structure que nous pouvons appeler, en utilisant le terme appliqué par Carnoy et Lebrun à la description de phénomènes analogues, la » résolution -. L'aspect devient de plus en plus granuleux; toute la formation parait se métamorphoser en un monceau irrégulier de corpuscules chromatiques distincts et de moins en moins serrés les uns contre les autres, sensiblement de même grandeur et isodiamétraux, de forme arrondie ou anguleuse, ayant de la tendance à demeurer groupés, malgré l'expansion générale de l'ensemble; cet état est représenté fig. 9. Ce n'est que la première étape de la résolution. L'on ne tarde pas à voir se dessiner, dans les endroits les plus travail- lés de la formation, des sortes de gros cordons de granules, irrégulièrement tordus par places, qui tendent à se développer, fig. 10, il, aux dépens de la masse compacte primitive. La figure de résolution est unique dans un très grand nombre de cas, et il semble dès lors que l'on doive la considérer typiquement comme telle. C'est un cordon qui s'allonge en s'arnincissant, sans doute par glissement des corpuscules les uns sur les autres, et se constitue en anneau déformé, fig. 14, en boucle irrégulière, fig. 15, ou en boucle régulière à deux bran- ches équivalentes, tantôt ouvertes, fig. 17, tantôt tordues, fig. 19. Souvent aussi, au lieu d'une figure, on en trouve plusieurs, fig. 12, 13, 21-23. Cela peut tenir simplement à ce que la coupe ne contient que des tronçons de la formation totale, mais il y a des cas où cette interprétation ne saurait être acceptée. Nous voulons parler de noyaux bien complets où la résolution paraît être en retard, fig. 21-23, les corpuscules chromatiques constituant des amas trapus de forme, qui rappellent la première phase du mouvement de désagrégation, bien que la cellule se trouve au voisinage immédiat de la prophase active. Nous n'avons pas pu nous assurer si ces figures multiples correspondent à des amas de condensation originellement distincts ou si elles sont le résultat d'une fragmentation; en tout cas, elles sont toujours en petit nombre et ne sauraient représenter telles quelles les chromosomes de la future métaphase. Dans les cas de complète résolution les corpuscules chromatiques LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 OQ. s'isolent les uns des autres et peuvent former un cordon rigoureusement unisérié, fig. 19, ou même un véritable semis irrégulier, fig. 16. Il faut noter comme une circonstance assez fréquente, pouvant n'être pas sans rapport avec telle particularité à signaler plus loin, lors de l'individua- lisation des chromosomes, que les figures les plus dégagées peuvent pré- senter une partie serrée, où la résolution semble demeurer moins complète, fig. 14. Les corpuscules paraissent homogènes dans la plupart des prépara- tions; mais dans les Heidenhain bien épuisés, venant après fixation au formol picro-acétique prolongée (huit jours), ils montrent un nodule noir entouré d'une zone incolore. Nous ne sommes point parvenus à nous faire une opinion arrêtée sur la nature des liens qui les retiennent. Dans quelques cas la continuité du cordon paraît due à une sorte de gangue achromophile, fig. 14, 15; d'autres fois la séparation des éléments parait complète, — exagérée d'ailleurs par l'action des réactifs, — sans qu'on puisse apercevoir une substance inter- posée, fig. 19. On pourrait concevoir qu'il s'agit, en effet, de corpuscules libres, mais ayant une tendance à se disposer en série et à se souder grâce à une différenciation périphérique de leur substance qui peut être plus ou moins prononcée. Nous retrouverons plus loin, dans la formation des chro- mosomes, une circonstance qui appuie l'idée d'une différenciation allant pour chaque granule de la périphérie au centre ('). Terminons par une observation relative à la chromophilie. Très pro- noncée lorsque les corpuscules sont encore condensés dans le corps nucléoli- forme, elle subit ensuite une diminution continue, mais très lente, disparait momentanément dans le cordon de résolution, au voisinage de la prophase active, — la fig. 17 est prise d'un noyau qui se trouvait dans ces condi- tions, — pour reparaître et se montrer très intense au moment où vont s'élaborer les chromosomes hétérotypiques. c) Sort de la partie résiduelle. Tandis que la chromatine sélectionnée passe par cette série de trans- formations qui conduisent à l'élaboration définitive du matériel chromoso- (') Dans un cas qui nous parait très analogue, ainsi que nous le verrons plus loin, Medes (o5) trouve qu'au sortir de l'amas les chromosomes se prennent dans une substance flottante achroma- tique, qui se resserre ultérieurement autour d'eux et finit par leur former une enveloppe. ll<3 J. PANTEL & R. de SINÉTY mique, les cordons chromatiques originels subissent une évolution d'un caractère tout opposé, visiblement régressive La chromophilie y disparait successivement, d'abord des parties minces, ensuite des amas plus épais, ceux-ci pouvant continuer quelque temps de se colorer au centre, tandis que leur partie périphérique est devenue pâle. Très tôt après c'est la struc- ture qui est altérée : les contours s'estompent graduellement et le tout se transforme en un matériel granuleux qui se désagrège et se répand dans le liquide nucléaire. Vis-à-vis des colorants ce matériel se comporte comme les trabécules du cytoréticulum. Il est toujours abondant et constitue un fond chargé qui contraste avec le fond vide des premiers stades, fig. 2, 3, 6. Ses relations génétiques avec les cordons ne sont pas douteuses; pourtant notre pensée n'est pas de lui attribuer une figure définie dans la cellule vivante; il ne constitue, lorsque la régression est un peu avancée, qu'une substance dégradée, sans doute semi-liquide et diffusée, peut-être à titre de produit ultérieurement utilisable dans des phénomènes synthétiques, dans tout le corps du noyau. Les traitements l'y font apparaître sous deux aspects très différents l'un de l'autre : dans les fixations ordinaires les granules sont amoncelés et irrégulièrement sériés suivant certaines directions, de ma- nière à simuler un grossier réseau, fig. 11-15, i7, 18, 21-23; dans les fixa- tions énergiques par les liquides osmiques (partie périphérique des pièces), ils sont uniformément épais, fig. 19. Il n'y a d'ailleurs dans cette homogé- néisation de la substance fondamentale du noyau que l'accentuation d'un phénomène déjà signalé par Flemming et observé depuis par divers tra- vailleurs. dj Nucléoles. Un semis de nucléoles, de dimensions petites ou moyennes, apparaît fréquemment, bien que pas toujours, au moment de la résolution, fig. il, 18, 19, 21-23. Peut-être proviennent-ils d'une désagrégation du gros nucléole primitif qui a été enrobé par la chromatine et que nous n'avons pas vu reparaître, lors de la résolution, sous une forme identifiable. Peut-être aussi représentent-ils des sphérules détachées des cordons, et ayant échap- pé, pour ainsi parler, temporairement à la dégradation. Ces corpuscules, en tout cas, ne sauraient avoir une grande importance, n'existant pas dans tous les noyaux. Ils sont destinés à disparaître sans intervenir activement dans aucun phénomène ultérieur, mais ils traverseront néanmoins toute la LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 111 période maturative et pourront se montrer dans une partie quelconque de la cellule. D. Critique et bibliographie. a) La condensation sélective de la chromât ine peut-elle être rapprochée du synapsis? Cette condensation étant le seul phénomène de contraction nucléi- nienne que nous ayons pu surprendre, durant toute la période d'accroisse- ment, la question se pose d'elle-même de savoir si c'est le synapsis. Afin de raisonner notre réponse, nous nous voyons obligés de nous arrêter quelque peu à l'étude de ce stade important d'après les données de la littérature. Ne pouvant songer à une révision complète de ces données déjà très en- combrantes, nous rappellerons seulement, en les groupant sous quelques titres distincts, celles qui semblent marquer une étape dans l'évolution des idées ou qui pourront nous servir plus directement pour définir le cas du Notonecta. 1. Notion originelle du synapsis. Le nom de «synaptic phases a été proposé par Moore (95) pour désigner ce stade, caractérisé par une tendance à la contraction et par une polarisation spéciale des anses chro- matiques, qui sépare la période spermatogénétique à ;/ chromosomes de la n période à -. Il y a donc à distinguer sous le nom de «synapsis* une double réalité objective : la condition particulière de la chromatine qu'il rappelle étymologiquement et le fond même du phénomène réductionnel (pseudo-réductionnel), quel qu'il soit ('). 2. Synapsis au sens de contraction chromatique. La contraction visée par la description originelle de la phase synaptique a reçu ultérieu- (') Cette dualité est exprimée à nouveau dans un mémoire publié récemment en colla- boration par Fakmer et Moore (o5), où les phénomènes synaptiques sont présentés comme la cohérence par paires des chromosomes préméiotiques (*) (préréductionnels) accompagnée d'une distribution spéciale, souvent polarisée, de la chromatine (il s'agit de deux contractions, chez Blatta et Osmunda). (*) L'expression « rnaiotic phase » des auteurs anglais doit passer, croyons-nous, dans notre langue avec l'orthographe que nous adoptons ici (attOJffU) . 14 1,2 J PANTEL & R. de SINETY rement de von Winiwarter le nom de «stade grumeau- (M; elle consiste en un rassemblement des chromosomes souvent excentrique, dense du côté de la membrane, lâche du côté qui regarde l'intérieur du noyau. Bien que décrite dans un très grand nombre d'espèces des deux règnes, cette contraction ne peut pourtant pas être considérée comme un phéno- mène ou un stade absolument général. Citons, parmi les observateurs qui ne l'ont pas rencontrée dans leurs objets : Baumgartner (04, Gryllus), Blackman (03, Scolopendra), Bonnevie (05, Enteroxenos), Guenther (03, Hydra), Stevens (o5b, Stenopelmatus, Aphis). Son interprétation a donné lieu à des opinions très peu concordantes : 1 . Pour un assez grand nombre d'auteurs, c'est un phénomène artifi- ciel : Janssens (01, tritons, 05, Batrachoseps), M'Clung (00, Acrididœ, 02, Locustidœ), A. & K. E. Schreiner (04, Myxine, 05, Tomopteris), Wallace (05, Arachnides). 2. D'autres le croient normal. C'est l'opinion formellement exprimée par von Winiwarter (00) (2). Berghs (04), reprenant des observations déjà faites par Sargant, a pu en voir des indices sur le vivant (microsporogé- nèse); pourtant sa pensée définitive est que les réactifs doivent l'accentuer (o5b); c'est aussi celle de Lerat (o5), d'après ses observations sur le Cyclops stremtus. 3. Le phénomène accepté comme naturel, absolument ou sous ré- serves, on en a demandé l'explication à des causes diverses. Berghs (04) met en avant l'orientation des chromosomes lors de la télophase goniale et leur rapprochement dans l'appariement. ScHOENFELD(iyoi , spermatogénèse du taureau) fait intervenir une attraction centrosomique sur les chromo- somes ; son opinion a été critiquée par Berghs et ne peut, en effet, être acceptée, au moins pour tous les cas. Tellyesnicsky (05) ne voit dans les images synaptiques qu'un manque de synchronisme dans l'évolution des (') Me Clung (o5) propose celui de « synizesis ». Le phénomène de la contraction chromatique avait été signalé à diverses reprises, antérieu- rement au mémoire de Moore, comme on peut le voir dans l'excellente révision bibliographique de von Winiwarter (oo, p. 116). Strasburger (041 rappelle qu'il l'avait lui-même observé dès 1882 dans les cellules-mères du pollen. La Valette (86, fig. 7) a figuré chez Blatta une disposition synaptique bien caractérisée et signalé l'orientation des « Schleifenbundel ». (2) « Il est donc plus probable que le stade de grumeau est une étape constante dans la genèse des produits sexuels mâles et femelles chez les animaux aussi bien que chez les végé- taux » (p. 121). LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 113 deux moitiés du noyau : l'une serait encore à l'état dé spirème fin, tandis que l'autre serait déjà à celui de spirème épais. Le moins qu'on puisse accorder, semble -t-il, c'est que lorsque la pseudo-réduction se produit au cours de la période d'accroissement — ce qui n'a pas lieu nécessairement — la condition particulière qu'elle introduit dans l'élément chromatique paraît avoir de la tendance à se manifester, soit par le phénomène du «grumeau «, soit par celui du «bouquet" (Eisen, Janssens) qui en est une forme parente, cette tendance s'exagérant d'ail- leurs sous l'action des traitements. 3. Synapsis au sens de pseudo-réduction. Trois explications géné- rales ont été imaginées, au sujet du fond même du phénomène. 1 . Théorie de l'accolement longitudinal des chromosomes. La discussion des diver- ses circonstances du grumeau a conduit von Winiwarter (oo) à cette idée que les filaments présynaptiques, minces et simples, dans le sens de la longueur, se parallélisent d'abord deux à deux, puis s'accolent intimement en donnant des filaments postsynaptiques épais, bien que simples en apparence. Les segments chromatiques filamenteux «étant réunis deux par deux, leur nombre est nécessairement réduit de moitié* (p. 107); de là la conséquence que le clivage ultérieur dans les noyaux diplotènes « ne sera pas une véritable division longitudinale, puisque deux parties non semblables s'écartent l'une de l'autre* (p. 121). 2. Théorie de l'origine paternelle et maternelle des chromosomes conjugués. L'idée fon- damentale de von Winiwarter vise seulement la forme des chromosomes simples qui se conjuguent et la manière dont ils se mettent en rapport; celle de Montgomery (1901, Trans. Amer. Phil. Soc.) précise leur nature : les deux éléments qui se conjuguent en un chromosome hétérotypique sont d'origine respectivement paternelle et maternelle et homologues entre eux (de forme et de grandeur correspondantes). Prises en elles-mêmes, les deux interprétations ne s'excluent pas; la seconde peut toujours se superposer à la première avec son caractère plus ou moins hypothétique, mais la réciproque n'est pas vraie, l'origine pater- nelle et maternelle pouvant être défendue même dans des cas où il ne sau- rait être question d'accolement longitudinal. L'idée de von Winiwarter est particulièrement applicable sur le ter- rain de l'observation et sans préoccupation théorique ultérieure, lorsque l'apparition du nombre réduit s'accompagne de contraction chromatique en grumeau ou de polarisation en bouquet. C'est dans ce sens qu'elle a été u4 J. PANTEL & R. de SINÉTY précisée et développée dans toute une série de travaux dus au Prof. Gré- goiki ou exécutés sous sa direction par Berghs 104, 05ai o5b) sur la microsporogénèse, par Maréchal (04, 05) et Lerat (05) sur l'ovogénèse et la spermatogénèse. D'après ces travaux, le synapsis est un stade où les chro- mosomes somatiques, au nombre de 11, s'unissent en - paires, bivalentes en largeur, ce qui constitue une pseudo-réduction ; à la métaphase et à l'ana- phase de la cinèse hétérotypique les paires seront dissociées en leurs éléments, les chromosomes simples, qui seront distribués entiers aux cellule-filles, en quoi consiste la réduction vraie. Telle est aussi la conclu- sion de Janssens (05), qui a pu suivre la marche même de la conjugaison dans le * bouquet amphitène- du Batrachoseps, L'explication de Montgomery est plus exigente du côté des vues théo- riques. Il ne lui faut rien moins qu'un déplacement de l'acte le plus intime de la fécondation, une sorte d'inhibition qui tiendrait cet acte en suspens à travers toute la série des générations cellulaires du développement ontogé- nique, jusqu'au cyte I ('). Par contre, elle est plus élastique du côté des applications. Elle s'accommode évidemment des apparences objectives qui semblent indiquer un accolement longitudinal, qu'il y ait ou non contrac- tion en grumeau, et c'est de cette manière qu'elle est adoptée par A. et K. E. Schreiner (04, Mrxine, 05, Tomopteris) et Stevens (o5a, Aphis), pour ne parler que des zoologistes. Elle s'accommode d'une association en série, -end-to-end- comme l'a voulu Montgomery lui-même et comme le veut Si/tton (02, Brachystola). Enfin, rien n'empêche de l'étendre à d'autres cas où les chromosomes, sans se conjuguer massivement, combi- neraient leur substance ou leurs particules constitutives dans un élément remanié, car même alors la provenance d'un tel élément pourrait être à la fois paternelle et maternelle . 3. Théorie de l'élaboration particulaire des chromosomes hétérotypiques. On peut désigner ainsi, semble-t-il, l'interprétation proposée par Strasburger (04), d'après (') Boveki 04, p. 74) explique la conjugaison qui surviendrait alors par une attraction se manifestant à un moment donné entre les chromosomes homologues. (s) Dès son apparition, l'hypothèse de Montgomery est entrée en jouissance Je la déjà conquise par celle de l'autonomie des chromosomes et n'a pas peu contribué, à son tour, à accroître celle-ci. L'une et l'autre ont rencontré un sérieux appui dans la double série de chromo- somes homologues entre eux et homologues aux chromosomes réduits, trouvée par Sutton 02) dans les spermatogonies du Brachystola. Ce résultat très remarqué a été confirmé par Baumgart.ner 04) chez le Grylhis domesticus et par Montgomery lui-même chez les amphibien^ LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 115 les gonotocontes du Thalictrum purpurascens. Nous la résumons aussi sommairement que possible. Les chromosomes ne s'unissent pas massivement. Leur contenu chro- matique abandonne son support de linine sous la forme de granules (gamo- somes), pour se porter autour de certains centres 'gamocentres), qui se il manifestent en ce moment, au nombre de -, dans la vésicule nucléaire. ' 2' On peut admettre que ce sont les gamosomes d'un chromosome paternel et de son homologue maternel qui se portent sur le même gamocentre. L'en- semble des gamosomes réunis autour d'un gamocentre et mutuellement influencés constitue un \ygosome. Celui-ci représente la partie chromatique d'un chromosome hétérotypique ; d'abord indivis, il se partage bientôt (transversalement chez l'espèce étudiée) et se distend en files de granules qui s'associent à de la linine pour former des filaments. Dans la pensée de l'auteur, les gamosomes sont des particules inobser- vables, des unités morphologiques élémentaires servant de support aux propriétés héréditaires; elles seraient susceptibles de réagir les unes sur les autres et de s'interchanger lors de la formation du zygosome, si bien que les deux chromosomes nouveaux auxquels celui-ci donnera lieu contien- draient chacun un complexe de chromatine paternelle et de chromatine maternelle, complexe variable, permettant de comprendre la diversité qui s'observe dans les descendants des mêmes progéniteurs et la dissociation Mendellienne dans les hybrides ('). 4. Époque du synapsis. La pseudo-réduction ne semble pas s'effec- tuer à la même époque dans les deux lignées de cellules sexuelles pour une même espèce, ni dans toutes les espèces pour une même lignée. Dans l'ovogénèse, les stades du grumeau et du bouquet paraissent généralement précédés d'un stade repos bien caractérisé, à chromatine en réseau : von Winiwarter (oo, mammifères!, Giardina (02, Mantis), Maré- chal (05, poissons), Bonnevie (05, Enteroxenos), Lerat (05, Cyclops). Ils y devancent d'ailleurs beaucoup les phénomènes cinétiques proprement dits, vu la prolongation de la période d'accroissement, et peuvent en être séparés par un deuxième repos (von Winiwarter, Giardina, Bonnevie). Dans la spermatogénèse il faut séparer, semble-t-il, les espèces à gru- meau ou à bouquet de celles qui n'offrent aucune apparence de ce genre. 1 Dans un travail plus récent (o5), Strasburger et ses élèves se rattachent aux idées de von Winiwarter et de Grégoire. Il6 J- PANTEL & R. de SINÉTY Chez les premières, la pseudo-réduction précède immédiatement le spirème épais, comme il ressort de toutes les descriptions; elle appartient par suite à la prophase de la Ire cinèse dont elle constitue l'incident le plus remarquable ('). La définition d'une époque, pour les autres, paraît difficile. Divers auteurs y reculent le synapsis jusqu'à la télophase de la division spermato- goniale : Sutton (02, Brachystola), Blackman (03, Scolopendra) (2). Cette manière de voir peut bien correspondre, en effet, à une des variantes du phénomène; nous devons néanmoins appeler l'attention sur une cir- constance qui ne saurait être indifférente dans la question et qui ne semble pas avoir été prise en considération. La télophase comporte tou- jours, même dans les cinèses somatiques, une certaine contraction des chromosomes, le » tassement polaire « de Grégoire et Wygaerts (04), qui n'a de soi aucun rapport avec une conjugaison par paires. On a quelque peine à comprendre comment cette condition banale de la chromatine couvrirait le phénomène de la réduction chez quelques espèces, non chez toutes. La différence peut tenir à un état de maturité spécifique et variable, c'est possible; mais il semble de toute manière que la résolution des cas douteux ne pourra s'appuyer à cette époque sur la contraction comme telle; que ces cas douteux devront être soumis à une discussion d'autant plus sévère que le tassement tend de lui-même à donner l'illusion d'une contraction synaptique ; qu'enfin l'on ne pourra reporter la réduction à cette époque reculée que si les chromosomes sortent du tassement nettement en nombre réduit (5). !') Il faut probablement ranger dans cette catégorie des espèces qui, sans présenter de bou- quet proprement dit, montrent un stade peut-être réductible au bouquet, comme le Gryllus (Baum- GARTNEK, 04). (2) On- sait que dans son travail sur Pentatuma (Euchistus) Montgomery (98) a décrit et figuré l'amoncellement synaptique de la chromatine après la formation du spirème; mais ce savant biologiste a abandonné depuis (1901, Trans. Amer. Phil. Suc. o5) cette manière de voir, pour reporter le synapsis à une époque beaucoup plus reculée. Les données qui précèdent supposent que la réduction se place à une époque plus ou moins variable, mais toujours comprise entre la dernière division goniale et la première maturative ; Vojnov fo3) croit pouvoir la placer entre les deux maturatives : « A cause de la fusion habituelle 1. des chromosomes, pendant les divisions de maturation, je n'ai pu les compter. Mais, considérant « le nombre et la forme que possèdent les chromosomes, pendant la métaphase de la première di- « vision, et vu les données établies par d'autres (par qui?) pour des cas analogues, je crois que « l'on peut admettre que les spermatocytes de deuxième ordre contiennent douze chromosomes-fils, « et les spermatides six. La réduction numérique des chromosomes s'effectue donc pendant la deu LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 1 7 5. Le cas de Notonecta. Nous n'avons rencontré dans cette espèce ni grumeau ni bouquet, nous ne pouvons donc songer à une identification du synapsis basée sur des images de cette nature. A première vue il ne semblerait pas impossible que le rassemblement sélectif de la chromatine, dont nous avons parlé et qui paraît tenir une place importante parmi les phénomènes de la période d'accroissement, fut lié à une élaboration particulaire au sens de la théorie de Strasburger. Les phénomènes présenteraient sans doute quelques différences par rap- port à ceux du Thalictrum : il faudrait supposer que les zygosomes, au lieu de se constituer dans un état de dispersion, se constituent dans un état de rapprochement, comme si les gamosomes, en même temps qu'ils obéissent à leur attraction mutuelle, deux à deux, étaient sollicités par le nucléole; il faudrait supposer surtout qu'ils ne se dégagent pas de l'amas aussi complè- tement individualisés et condensés que dans le cas typique; mais ce ne seraient là après tout que des différences secondaires. Quant au caractère sélectif manifesté par l'abandon d'une partie de la chromatine, il n'aurait rien que de très conforme à la signification générale de remaniement et de renouveau que l'on peut bien reconnaître au synapsis. Rappelons que Janssens, après avoir admis cette idée de remaniement à propos des tritons (01), dans un sens un peu différent, il est vrai, y revient à propos du Batrachoseps (o5). Mais, hàtons-nous de le dire, ces rapprochements doivent être subor- donnés à la signification de la - caryosphère - des chilopodes et celle-ci ne semble pas leur être favorable. b) L'amas de chromatine sélectionnée paraît être une » caryosphère « . Blackman (oi, 03) a signalé chez le Scolopendra héros un » pseudo- germinal-vesicle stage-, durant lequel le noyau serait dans la même condi- tion que la vésicule germinative dans l'œuf immature. Toute la substance colorable des chromosomes y est accumulée et condensée autour de l'»ac- cessory chromosome «, constituant avec lui une formation caractéristique, la - caryosphère «, qui est un complexe de chromatine, de linine et de « xième division de maturation » (p. 220). L'auteur avait déjà annoncé ce résultat surprenant dans sa Note aux Comptes rendus (02). Il parle aussi de synapsis, à propos du spermatocyte I, et lui attribue en général les caractères décrits chez les Sélaciens et chez le Pentatoma (Moore, Mont- gomery), mais évidemment sans y voir de relation avec le phénomène réductionnel . , ,S J PANTEL & R. de SINETY caryolymphe, *a miniature nucleus-, ou un - nucléole-noyau « de Car- n noy ('). Au début de la prophase active, la caryosphère donne origine à - chromosomes filamenteux qui en sortent successivement, plus au chromo- some accessoire globuleux qui reparaît. Cette formation n'est point caracté- ristique des spermatocytes, les spermatogonies la montrent également. Des faits analogues ont été retrouvés dans un autre chilopode, le Scu- tigera forceps, par Medes (05), qui signale dans la caryosphère, en plus des chromosomes ordinaires et du chromosome accessoire, une - true nucleolar portion - (*). Il serait difficile de ne pas homologuera cette formation le volumineux amas de chromatine sélectionnée que nous avons décrit chez le Notonccta. Mêmes circonstances de formation : remaniement des chromosomes fila- menteux et dédoublement de leur substance en un résidu qui se montre bientôt achromatique, puis dégénère, et une substance très chromophile émigrant sur un corps nucléoliforme, que nous n'avons pu, il est vrai, caractériser comme chromosome accessoire. Même évolution ultérieure : la formation, très condensée à l'origine, se gonfle peu à peu, devient grossiè- rement granuleuse et se résout en épais cordons de granules, souvent clivés et tordus (comparer les fig. 9 et 10 de Medes avec nos fig. 9 et il), aux dépens desquels s'élaborent successivement les filaments minces, qui sont la forme de passage, et les diplosomes, qui sont la forme définitive des chromosomes hétérotypiques. Or, la caryosphère n'est point pour Blackman un amas synaptique, c'est simplement un état de la chromatine propre aux cellules sexuelles qui doivent traverser une longue période de repos. Le synapsis aurait lieu, chez la scolopendre étudiée, à la télophase de la division spermatogoniale et la réduction serait accomplie avant même que la membrane nucléaire soit reconstituée; dans tous les cas favorables, l'auteur a pu compter (') Dès lors que Blackman accepte sans réserve l'identification de sa caryosphère avec le nucléole-noyau de Carnoy, nous ne voyons pas bien la nécessité d'une désignation nouvelle et s'il l.ill.nl in choisir une, il nous eût paru préférable d'éviter toute allusion à une forme qui peut faire défaut, comme nous allons le voir. (!) Nous ne sommes pas complètement sûrs d'avoir saisi la pensée des auteurs américains au sujet de la substance achromatique. D'une part, il semble que la charpente achromatique des chro- mosomes demeure en place, au moment de la formation de la caryosphère et dégénère ultérieure- ment ; d'autre part, il y a aussi de la linine ou une gangue nucléolaire dans la caryosphère con- stituée. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 19 16 chromosomes filamenteux, plus le chromosome accessoire, ce nombre étant celui de la métaphase subséquente. La valeur du fait comme crité- rium est décisive et l'affirmation de son existence formelle, bien que les figures n'aient rien de bien contraignant. Nous n'avons fait chez le JS/otonecta aucune observation précise sur la dernière télophase spermatogoniale, mais le parallélisme des phénomènes ul- térieurs incline à supposer que la pseudo-réduction s'y opère probablement, pour l'époque et pour le mode, comme dans l'espèce étudiée par Blackman. c) La caryosphère de Blackman est peut-être asse\ répandue dans les cellules mdles. On trouve dans la littérature quelques descriptions qui semblent se rapporter à une formation de ce genre; nous en signalerons deux, relatives l'une à un porifère, l'autre à un insecte. 1. Guenther(o3) a trouvé que dans le spermatocyte I de l'hydre la chromatine se rassemble en un grumeau dense, presque homogène, assez persistant, finissant par se résoudre en un amas de sphérules de plus en plus régulières. C'est pour lui le synapsis. Sa pensée parait être que le fond du synapsis comporte une élaboration et une sorte de triage de la chroma- tine. Il rapproche le grumeau dont il s'agit ici du nucléole décrit par lui dans l'ovocyte d'une holothurie, nucléole qu'il conçoit comme une goutte sécrétée par l'appareil nucléaire où se réunirait la chromatine pour s'y trier et s'y ordonner en vue de la division. C'est sans doute une idée assez conforme à la signification générale du synapsis d'y supposer un certain remaniement, nous l'avons vu plus haut; mais l'exemple du Notonecta nous montre que l'existence d'un remanie- ment chromatique ne suffit pas pour affirmer celle du synapsis. Le grumeau décrit par Guenther ne serait-il pas plutôt à rapprocher d'une caryosphère? 2. Voinov (04) a décrit dans le spermatocyte I du Gryllus campestris un réseau de linine achromophile et un corps de forme ovalaire, le «corps nucléinien double- qui représente toute la chromatine. C'est un complexe résultant de l'union de deux masses distinctes à l'origine, ultérieurement soudées, dont l'une aurait la signification d'un nucléole nucléinien. Baom- gartner(o-i) croit pouvoir identifier cette formation avec le nucléole ordi- naire et le chromosome accessoire qu'il trouve lui-même dans une espèce 15 12o J PANTEL & R. de SINETY voisine (Gryllus domesticus) ; pourtant, à prendre le texte de Voinov dans sa teneur, c'est manifestement avec la caryosphère que l'identification doit être faite. d) Abandon de chromatine dans les cellules sexuelles. Nous reviendrons quelques instants sur la formation de la caryosphère et le rejet de substance chromosomique dont elle s'accompagne. Pour Blackman et Medes, cette substance est la charpente de linine. Interprétation très obvie au premier coup d'ceil : il parait tout naturel de supposer une séparation de deux constitutifs que l'on concevait comme simplement superposés. Mais il convient de remarquer que les études récentes dans lesquelles on a cherché à élucider la constitution du réseau chromatique en partant de sa première formation, celles de Grégoire et Wygaerts (04) qui ont ouvert la voie dans cette direction, pour les cellules végétales, celles de Kowalski (04), qui l'ont suivie pour les cellules ani- males, ne sont pas favorables à l'idée d'une dualité de constitution morpho- logique. Martins Mano (05), Sypkens (04), Berghs fo5b) (') ne l'admettent pas davantage. Pour nous, nous répétons que nous avons vu les anses chromoso- miques entièrement noires (par I'Heidenhain) à une époque reculée, variées de noir et de blanc plus tard; mais ce mélange de teintes nous semble s'expliquer par la transformation d'une substance originellement unique plus naturellement que par un déplacement de granules sur leur support. La formation de la caryosphère se présente en réalité comme le résul- tat d'un triage de parties qui ne préexistaient pas, mais s'élaborent aux dépens de l'ancienne chromatine. La substance moins riche en acide nu- cléique prend la signification d'un rebut voué à la dégénérescence; l'autre est une chromatine remaniée qui constitue le matériel jeune des chromo- somes. Elle est entièrement chromatique à l'origine et néanmoins on pourra y voir plus tard des nodules plus colorables comme noyés dans une gangue (') Dans l'ovocyte des poissons téléostéens. Maréchal (o5) ne trouve de réseau achromatique ni au stade synapsis ni au stade spirème ; il apparaît des filaments formant réticulum. mais qui ne sont pas achromatiques. Le même observateur pourtant semble admettre dans un travail anté- rieur qu'il peut exister des chromosomes sans chromatine : « Ich gebrauche also hier das Wort « Chromosom » ohne Rùcksicht auf das vorhandene oder nicht vorhandene Chromatin » (04, p. 394). Nous préférerions parler de chromosomes à chromatine modifiée. On sait bien que le terme « chro- matine » ne correspond pas à une composition chimique absolument définie et que l'identité bio lo- gique des formations dites chromatiques n'exige pas une telle fixité. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 12 1 moins colorable, non qu'elle se soit associée à de la linine — d'où serait-elle venue? — mais simplement parce qu'elle a subi une modification ulté- rieure. Le chromosome, comme tout organite cellulaire, est le siège d'un travail intime qui en remanie incessamment la substance; son homogénéité n'est au fond qu'une apparence. Un rejet de chromatine a été signalé à plusieurs reprises durant l'élaboration des chromosomes réductionnels. Les frères Bouin (02) ont trouvé que chez le Lithobius forficatus et le Geophilus linearis «toute la chromatine enfermée dans le noyau du sper- matocyte de premier ordre n'est pas utilisée pour la constitution des chro- mosomes. Une certaine partie de cette substance ou bien dégénère rapide- ment, ou bien s'agglomère en petits amas qui disparaissent peu à peu dans le cytoplasme avec les résidus nucléolaires« (op. cit., p. 76). Les recherches de Bonnevie (05) sur l'ovocyte de Enteroxenos mon- trent que, lors de la résolution du deuxième réticulum chromatique, il se fait une séparation entre le matériel des chromosomes définitifs et un sur- plus très considérable de chromatine, voué à la dégradation, lequel se dés- agrège en granules. Le chromosome X décrit par Stevens (05b) chez un Stenopelmatus a les allures d'un chromosome accessoire durant une partie de son évolution, mais il se détruit avant la IIe division maturative, après s'être présenté, durant le repos intercinétique, comme un noyau minuscule adjacent au grand noyau; l'auteur pense qu'il pourrait n'avoir au fond que la significa- tion d'un chromosome de rebut. Pour H.ecker (04), il y aurait sélection de chromatine même lors de l'édification des chromosomes somatiques. Ce biologiste se réfère, en émettant cette manière de voir, aux observations de Calkins sur la vésicule germinative et le noyau de segmentation de Crepidula, où les chromosomes se formeraient par une condensation locale de granules, à la manière des spores dans les bactéries, une grande partie de la substance chromatique demeurant étrangère au phénomène. Tous ces faits sont immédiatement à rapprocher du rejet de chroma- tine dans la formation de la caryosphère. Il y en a d'autres qui ont avec ce rejet une relation plus éloignée, bien qu'ils rentrent dans la même catégo- rie; tel l'abandon de chromatine sous la forme d'^anneau chromatique- dans l'ovogénèse du Dytiscus (Giardina) ou sous celle de granules rési- duels dans la formation des « chromosomes diminués - chez Y Ascaris (BOVERI). 122 J. PANTEL & R. de SINÉTY Bonnevie suppose que l'abandon dans le cas de l'ovogénèse pourrait correspondre à un surplus de chromatine, développé en vue des réactions caryo-cytoplasmiques qui président à la formation des réserves vitellines et n'ayant plus de raison d'être une fois ces réserves constituées. Cette hypo- thèse ne serait pas applicable telle quelle aux spermatocytes du Notonecta où il ne s'élabore pas de vitellus nutritif, mais elle le deviendrait, si au lieu de ce travail d'ordre trophique, on parlait des travaux de croissance et de transformations cytoplasmiques : ceux-ci, sans doute, sont des travaux in- ternes qui demandent des échanges actifs entre le noyau et le cytoplasme, au moins au même titre que les autres, et nous verrons dans le chapitre suivant qu'ils prennent chez le Notonecta une importance particulièrement remarquable. e) Sur quelques phénomènes secondaires pouvant se rattacher à la for- mation ou à la désagrégation de la caryosphère. Nous voulons parler de l'état particulier que prend le fond même du noyau et de l'apparition de sphérules nucléolaires, deux points sur lesquels la coïncidence est complète entre les résultats obtenus par Medes (05) et les nôtres. La formation de la caryosphère s'accompagne, chez le Scutigera comme chez le Notonecta, de l'envahissement de la vésicule nucléaire par une ma- tière dense, susceptible de se montrer après les traitements sous la forme d'un réseau granuleux, fig. 9-1 5 de Medes. Nous avons rattaché cette sub- stance à la chromatine de rebut. Pour Medes, ce n'est pas de la chroma- tine qui est abandonnée, lors de la formation de la caryosphère, mais de la linine; le réseau actuel est un »linin network" où est intervenue une coa- lescer.ee de matière (op. cit., p. 166). Les sphérules que nous avons interprétées comme des nucléoles desti- nés à disparaître, sans pouvoir d'ailleurs en préciser l'origine, se montrent dans les spermatocytes du Scutigera forceps, avec la même variété de di- mensions et de situation (dans le noyau ou le cytoplasme) et la même incon- stance. Medes les considère comme des granules métaplasmiques et croit pouvoir les identifier avec des » ergastoplasmiques - (sic) de P. et M. Bouin, qui proviendraient de la désagrégation des fibres du fuseau et disparaî- traient à la prophase de la Ie division maturative. Nous sommes contraints, pour notre part, d'écarter cette interprétation, les sphérules que nous avons observées ayant une origine nucléaire et des allures tout autres que les LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 123 formations ergastoplasmiques. Peut-être y aurait-il lieu de comparer ces corpuscules à ceux que Moore et Robinson (o5) ont récemment signalés comme provenant de la désagrégation du nucléole, dans les spermatocytes du Periplaneta ; mais ces auteurs attribuent au nucléole dont ils s'occupent les caractères d'un chromosome accessoire et il semble dès lors que nous manquions d'une base commune pour établir des rapprochements. Chapitre II. LE CORPS CELLULAIRE, fig. 2-13, 18-22 A. Caractères généraux et constitution au début de la période d'accroissement, fig. 2, 3. Au stade de la fig. 2 le corps cellulaire est peu volumineux compara- tivement au noyau, mais il grandit très vite. Le contour extérieur est poly- édrique, la membrane forte, le cytoplasme clair; on ne voit dans celui-ci qu'un petit nombre de trabécules ondulées, premier indice de la structure qui s'y établira bientôt, et un semis de granules microsomiques irrégulière- ment distribués. Il existe une » sphère « volumineuse, en continuité de substance avec une formation annexe juxta-nucléaire. La sphère, fig. 2, B, 3, A, C, comprend un centriole granuliforme, entouré d'une auréole claire et une gangue abondante de substance archo- plasmique achromophile, à contour externe souvent irrégulier. Ce sont les facteurs de constitution ordinaires de la sphère dans les spermatocytes. Le centriole est visiblement celui de la dernière division spermatogoniale; il suffirait à lui seul pour caractériser la gangue comme reste d'aster. Celle ci n'offre guère qu'une particularité exceptionnelle, c'est qu'au lieu d'être dé- veloppée concentriquement par rapport à l'auréole centriolaire, elle affecte une forme générale oblongue et s'étend vers le noyau. Ce que nous comprenons sous la désignation déformation annexe est un système de condensations chromophiles ou pseudochromosomes (?) d'une allure assez insolite. De face et à un très fort grossissement, c'est un amas de bâtonnets tortueux plus ou moins serrés et enchevêtrés, parfois méan- driques, fig. 5, ps, noyés dans la gangue sphérienne et souvent largement débordés par elle (') ; l'ensemble de l'amas est généralement isodiamétral, mais nous en avons rencontré de toute forme, même de linéaires. De profil, (') Effet de projection à interpréter par la fig. 4. 124 J- PANTEL & R. de SINÉTY on voit comme une palissade irrégulière ou une sorte de végétation directe- ment portée par le noyau, fig. 3, A, B, C, fig. 4, ps. Quels que soient les détails secondaires de forme et de structure, deux traits demeurent tou- jours et sont particulièrement remarquables, à savoir : les rapports de contact avec la membrane nucléaire et les rapports de compénétration avec la gangue sphérienne. B. Évolution de la sphère et de rapplique juxta-nucléaire annexe, fig. 4-13. Tout cet ensemble est destiné à disparaître, mais à des époques diffé- rentes : le centriole d'abord, plus tard la gangue, et plus tard encore les derniers restes de l'applique. a) Centriole. Sa disparition se place à un stade compris entre ceux des fig. 3, 4 et 9. Parfois il nous a paru qu'elle avait eu lieu sur place, sans s'être annoncée autrement que par une diminution de colorabilité; dans quelques cas il nous a semblé remarquer un déplacement préalable vers le noyau. b) Gangue achromophile. Le centriole disparu, toute la gangue s'affaisse sur l'applique juxta- nucléaire (') et les deux forment un système lié qui évolue temporairement d'un mouvement commun. Bientôt néanmoins la masse achromophile com- mence à diminuer, comme si elle s'usait lentement par la périphérie et sa disparition finit par être complète longtemps avant celle du matériel chromophile. Nous n'avons pas analysé le phénomène dans ses derniers détails. Une sorte d'alveolisation que l'on voit dans la gangue aux très forts grossisse- ments, fig. 4, et la continuité des petits accidents périphériques avec les (') Il s'agit là d'un phénomène très marqué dont on peut prendre une idée en comparant les vues de profil, fig. 4 et 9. Il peut avoir une signification cytologique générale sur laquelle nous nous contenterons d'appeler l'attention en passant. Il tend à prouver que le centriole perd sa con- dition de corps figuré et morphologiquement actif en même temps que sa colorabilité spécifique. On ne peut pas dire, en effet, qu'il reste en place, mais invisible : la gangue continuerait à demeurer centrée sur lui. On ne peut guère dire non plus qu'il a émigré : la gangue qui était assez sensible à son influence pour affecter un contour ovalaire, quand il occupait la position qui correspond à la fig. 4, ne se serait-elle pas modifiée dans son contour pour le suivre dans ce déplacement supposé ? LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 25 trabécules du cytoplasme laisseraient supposer qu'il y a retour d'une sorte de substance fondamentale à l'état de réticulurn, mais ce ne peut être là en tout cas qu'une partie du processus; jamais nous n'avons observé de détente générale et graduelle comme il semble qu'il devrait s'en montrer s'il s'agissait d'une simple décondensation : l'amas diminue, mais demeure dense jusqu'à la fin; il semble qu'il faille admettre, au moins comme un facteur important, une désagrégation particulaire suivie d'une dispersion des produits dans l'enchylème environnant. c) Annexe juxta-nucléaire . Son évolution propre comprend une première phase que l'on pourrait considérer comme progressive, car elle semble impliquer des phénomènes de croissance, contemporains d'ailleurs de ceux de la cellule elle-même, et que l'on peut à tout le moins caractériser comme phase d'expansion. L'en- semble des bâtonnets originels s'affaisse sur le noyau et s'étale considéra- blement en surface, arrivant à recouvrir parfois plus du tiers de la périphé- rie nucléaire, fig. 9, ps. Le mouvement d'expansion s'accompagne d'un remaniement de la structure et souvent d'une division plus ou moins complète. La modification structurale semble comporter une fragmentation des bâtonnets filamenteux; l'ensemble en tout cas devient une lame chromo- phile d'aspect plus homogène quoique spongieuse ou spumeuse, pouvant offrir des crêtes ou saillies variées. Les éléments qui constituent cette lame sont souvent irréguliers et trop fusionnés pour qu'on puisse les définir indi- viduellement; pourtant la forme de sphérule finit généralement par devenir prédominante parmi eux, fig. 6 (applique en fer à cheval, projetée sur le noyau), fig. 7 (applique divisée, prise d'une coupe tangentielle ne mon- trant pas le noyau). La division porte à la fois sur le matériel chromophile et sur la gangue. Parfois, elle est simplement indiquée par un golfe plus ou moins profond, fig. 6; souvent il y a partage réel de la formation en deux ou trois îlots qui peuvent demeurer en communication par des ponts, fig. 7, ou devenir totalement indépendants, comme nous croyons l'avoir observé plusieurs fois. Les fig. 6, 7 montrent les aspects dans les vues de face, la fig. il l'aspect en coupe perpendiculaire (cas d'une division en trois ilôts). La fig. 10 contient un détail remarquable que nous ne pouvons pas considérer comme fortuit, vu sa fréquence relative. L'applique pseudo- 126 J PANTEL & R. de SINÈTY chromosomique y est séparée de la membrane nucléaire, m. n., qui est devenue fort épaisse dans cette région et très colorable. Cela indique-t-il que les pseudochromosomes cèdent de la substance au noyau ou en reçoi- vent de lui? Ces pseudochromosomes ne seraient-ils qu'une forme de pas- sage prise temporairement par une partie de la chromatine résiduelle? Ces questions que l'observation des images provoque pour ainsi dire d'elle- même, demeurent pour le moment sans réponse. La phase d'expansion à laquelle se rapportent les mouvements qui viennent d'être signalés est bientôt suivie de la concentration, puis de la résorption totale de l'annexe. La concentration devient sensible après la disparition de la gangue. Le matériel chromophile se réunit en sphérules d'abord petites et assez nombreuses, fig. 12, cellule de gauche, ps, puis plus grandes et moins nombreuses; finalement on voit un corpuscule unique, fig. 12, cellule de droite, et fig. 13, ps. Ce corpuscule final résulte, à ce qu'il nous paraît, de coalescences suc- cessives. Il a le plus souvent la forme d'un cône émoussé appuyé par sa base sur le noyau. Sa structure est homogène. Sa chromophilie, prononcée au moment de sa formation, ne tarde pas à s'affaiblir et bientôt après on cesse de le distinguer. Sur la coupe dessinée fig. i, il est impossible de le retrouver dans une seule cellule des deux derniers cystes de chaque folli- cule, tandis qu'on le voit sans difficulté dans presque toutes celles des cystes précédents. Il semble donc qu'il y ait disparition pure et simple, sans passage à une forme définissable. C. Évolution du cytoplasme. a) Caractères du cytoplasme durant les premières phases de l'accrois- sement, fig. 6-13. Dès que la cellule est entrée dans sa période de croissance, la structure du cytoplasme s'accentue et s'uniformise, prenant dans toute l'étendue du corps cellulaire un même aspect très particulier, dû à l'existence d'une trame réticulée du type le mieux marqué et le plus vigoureux. Les filaments de cette trame sont robustes, bien calibrés en eux- mêmes, mais inégalement chargés de granules qui leur donnent un aspect barbelé, flexueux-ondulés, à anastomoses relativement rares. Lorsque rien ne gène leur course, ils tendent à s'orienter parallèlement au contour du noyau, fig. 11, 12. Cette allure, que l'on peut considérer comme typique, LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 127 est très sensiblement influencée par la formation chromophile juxta- nucléaire, surtout sous sa dernière forme de corpuscule unique, fig. 13 : on voit les trabécules se relever de part et d'autre de la formation pour prendre une direction radiale, parfois en réservant au-dessus d'elle un espace vide comparable à un puits, parfois en formant un pinceau axial isolé dans un vide annulaire. Lorsque la cellule s'allonge accidentellement, les mailles du cytoréticulum s'allongent dans le même sens. L'intérieur des mailles est occupé par un enchylème généralement clair; les corpuscules punctiformes que l'on y voit ne sont souvent que la coupe transversale, matérielle ou optique, de trabécules perpendiculaires. Tout cet ensemble, filaments et granules, se décolore complètement dans les cellules jeunes; il demeure d'un bleu léger au voisinage de la divi- sion, dans les Bouin-Heidenhain bien épuisés. b) Changements précurseurs de la prophase active, fig. 18-23. 1. Dans les parties profondes. Un changement total d'aspect et un affaiblissement sensible de la colorabilité générale témoignent, à un mo- ment donné, d'un travail interne dont les produits sont multiples. On voit apparaître en premier lieu les corpuscules archoplasmiques, c. a. Nous désignerons ainsi une catégorie de formations figurées d'appari- tion très précoce, appelées à traverser toute la période maturative pour se retrouver dans la spermatide, où nous les verrons prendre part au dévelop- pement de l'armature procéphalique de la spermie. De forme globuleuse ou oblongue, de contour généralement bien arrêté et comme formé par une membranule, de structure homogène bien que présentant parfois un nodule central plus dense, ces corpuscules sont très petits au moment de leur pre- mière apparition, mais croissent rapidement jusqu'à une taille définitive assez uniforme, dont on peut se faire une idée en comparant les figures ci- dessus indiquées avec quelques autres des Pl. II et III, où le même détail est reproduit ; ils sont pâles dans les préparations bien épuisées, le plus sou- vent pourtant ils retiennent une légère teinte qui les fait bien ressortir sur le fond général. Nous nous expliquerons plus loin au sujet du terme que nous adoptons pour les désigner et que nous substituons à celui de ^cor- puscules idiozomiques secondaires « de nos communications préliminaires (02J. L'apparition des corpuscules archoplasmiques est bientôt suivie d'un remaniement général et profond de la structure cytoréticulaire. Les vigou- 16 l28 J PANTEL & R. de SINETY reuses trabécules décrites plus haut se désagrègent, partiellement du moins, en un matériel granuleux qui difflue dans l'enchylème et masque plus ou moins complètement la trame résiduelle — ■ «trame nouvelle" serait peut- être plus exact. — Les aspects de la cellule deviennent très variables pour le fond du cytoplasme : on en trouve d'uniformément granuleuses, fig. 18, 19, cet état pouvant tenir d'ailleurs à une fixation excessive, comme c'est probablement le cas pour la fig. 19; mais on peut dire que l'état normal est une hétérogénéité marquée. L'hétérogénéité ne tient pas à la seule destruction de l'ancienne structure ; il semble se faire dans le matériel gra- nuleux qui résulte immédiatement de cette destruction un triage, certaines parties demeurant en place, tandis que d'autres se concentrent à peu de distance du contour nucléaire. Sous cette forme nous avons un deuxième produit d'élaboration d'origine cytoplasmique, que nous pourrions appeler le - matériel nébenkernien simple-, m. n. s., fig. 21, 22, parce qu'il fournit le substratum principal du Nebenkern de la spermatide; nous préférerons l'appellation de » matériel périaxile simple «. Ce matériel présente des degrés très divers de condensation et de localisation, mais on peut dire en général qu'il a de la tendance à former, un peu au-delà du noyau, une zone granuleuse, d'abord très discontinue et mal arrêtée sur les bords, fig. 21, puis plus complète et mieux individualisée, fig. 22. Les corpuscules archoplasmiques et le matériel de condensation sont des productions constantes, ayant à jouer dans l'évolution de la spermie un rôle précis : elles ne font probablement défaut dans aucune cellule, dès cette époque, bien qu'elles échappent parfois à l'observation, sans doute par suite d'un vice de technique. Il y en a d'autres que nous avons fré- quemment observées, mais auxquelles leur inconstance nous empêche jus- qu'ici de reconnaître des attributions nécessaires. Ce ne serait probablement pas trop s'aventurer que de les rapporter aux mitochondries filamenteuses ou - chondromites « de Benda. Elles se présentent sous la forme de bâton- nets droits ou bouclés, de longueur très variable, fig. 18, 20, 21, m. n.f., ou simplement sous celle de granules, tout cela intensément sidérophile. Nous n'avons observé ces inclusions que dans des cellules vigoureusement fixées, à la périphérie des pièces. Elles survivent aux divisions maturatives et se retrouvent telles quelles dans la spermatide où elles sont englo- bées par le matériel condensé simple, lors de l'organisation de l'ébauche périaxile (Nebenkern). On peut donc les considérer comme des éléments utilisables, quand ils se sont élaborés, mais dont la spermatide peut se LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 12Ç passer. L'histoire ultérieure de l'ébauche périaxile noua donnera peut-être la clé de ce singulier caractère. En attendant, nous pouvons désigner ces formations sous le nom de «matériel périaxile figuré-. Notons, pour rendre compte de certaines particularités assez fréquentes dans nos préparations, que le remaniement structural dans lequel s'élaborent les formations décrites ne se généralise pas toujours du premier coup dans toute l'étendue du corps cellulaire. Dans beaucoup de cas il demeure long- temps incomplet. Des îlots du réticulum primitif se voient alors dans la cellule, quelquefois circonscrits par un contour bien arrêté et comme en- capsulés, simulant une sorte de « sphère « à grosse structure, fig. 18, r. r., quelquefois passant par des transitions insensibles au substratum environ- nant, fig. 21, mêmes lettres. 2. Dans la région périphérique. On est frappé, lorsqu'on examine une préparation bien différenciée au point de vue chromatique, de voir la zone pénnucléaire entièrement incolore, tandis que les parties périphériques ont gardé la teinte bleue (Bouin-Heidenhainj des stades précédents. Il y a aussi des modifications, dans ces parties, mais dirigées dans un autre sens : ce sont les propriétés d'ordre plutôt physique, telles que l'extensibilité et la plasticité, qui s'y exagèrent dans l'élaboration des » excrescences hya- lines* (Platner), la structure et les propriétés histochimiques conservant à peu près leurs caractères. Notre intention n'est pas de nous arrêter longtemps à la formation des excrescences, nous indiquerons seulement au passage ce qui parait être plus caractéristique dans le phénomène. Une remarque d'abord sur les circonstances où il se produit. Il est contemporain de deux autres dont la coexistence parait surprenante au premier abord : une dernière poussée de croissance dont il est impossible de ne pas être frappé en comparant la suite des figures et un moindre rap- prochement mutuel des cellules au sein du cyste. On est surpris, disons- nous, de constater un accroissement manifeste et une apparition de vides intercellulaires que l'on ne saurait attribuer normalement à des dégénéres- cences. Il semble intervenir un agrandissement des cavités cystiques et fol- liculaires, mais qui ne peut être en tout cas que passif, l'état actuel des cel- lules de paroi, déjà violentées par le véritable tiraillement en tous sens qu'elles ont subi durant toute la période d'accroissement, ne supportant pas l'hypothèse d'une extension active. L'espacement des cellules qui se mani- feste au début de la période de maturation tient avant tout à la transforma- l3o J. PANTEL & R. de SINÉTY tion en spermies qui se passe dans des cystes plus ou moins voisins et par suite de laquelle les parois cystiques, cessant d'être soutenues, cèdent à la pression du dedans. Or, on dirait que les cellules, au moment où se pro- duit la décompression externe, n'y répondent pas par une détente égale de toutes leurs parties : les parties centrales où a commencé de se faire le tra- vail de remaniement demeurent condensées, tandis que la zone périphé- rique subit seule une expansion qui paraît excessive par places et comme due à des tiraillements. Les trabécules du réticulum primitif semblent se conserver dans cette zone sans s'y multiplier, les mailles qu'elles circonscrivent devenant seule- ment plus grandes en raison de l'accroissement cellulaire. De là une struc- ture lâche d'un caractère particulier qui souvent rappelle un parenchyme végétal, fig. 21, tr. r., fig. 33, e. r., e. ps. On en a des exemples typiques de part et d'autre de la membrane commune qui sépare deux cellules se touchant par une large surface; mais où elle se développe surtout, c'est dans les prolongements pseudopodiques et dans les carrefours, ou lieux de réunion de parties appartenant à des cellules différentes. Il se forme là un gros réseau aréole qui dans beaucoup de cas ne laisse plus reconnaître les membranes, les cellules paraissant partiellement fusionnées. Les choses achèvent de se caractériser par le découpage des lanières pseudopodiques, développées surtout aux stades suivants et tendant à se localiser, suivant qu'il a été remarqué à plusieurs reprises, au voisinage des centres cinétiques. Le développement de ces excroissances offre une physionomie diffé- rente suivant qu'il se fait dans une région où la membrane est devenue indéformable, soit par suite de son épaisseur, soit par suite des adhérences qu'elle a contractées, ou bien dans des légions où elle a conservé sa sou- plesse. On dirait dans le premier cas que la cellule s'excorie et que les pseu- dopodes se forment exclusivement à l'intérieur, par une alternance de rétractions et d'expansions, fig. 21, tr. r., e.; tandis que dans le second ces alternances se produisent avec intervention de la membrane. S'il s'agit des carrefours, nous ne pouvons guère nous expliquer les images que nous y avons observées fréquemment qu'en admettant une résorption des mem- branes primitivement accolées. D'une manière générale, la tendance de la membrane soit à s'isoler soit à se résorber est tellement marquée à cette époque et durant les mouvements cinétiques, qu'il est fréquent de trouver des cellules totalement ou partiellement dénudées, par exemple fig. 18, 19, 33. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 3 1 D. Rapprochements avec les données de la littérature. a) Sphère du spennatocyte I. Moore (94) y distingue deux constitutifs chez les mammifères (rat et cobaye) : l'archoplasme, qui est un ^residual spindle fibres-, et les centro- somes. Ces deux constitutifs se séparent à la fin de la longue prophase de la Ire cinèse et l'archoplasme se résorbe en totalité, si bien que » for a short time after this the cells contain no archoplasmic body- (p. 141 1. Meves (96) fait de la sphère une étude très approfondie, chez la sala- mandre. Il fait remarquer que les petites spermatogonies (après la dernière division spermatogoniale) ne contiennent pas tout d'abord de sphère pro- prement dite; celle-ci s'y constitue, dès l'entrée dans la période d'accroisse- ment, par l'accumulation autour du microcentre d'une substance spécifique. Contrairement à Rawitz (1894), il trouve qu'elle est nettement structurée et y distingue : i° une couche externe en forme de membrane très épaisse, 2° une zone externe claire, 30 une zone interne entourant immédiatement le corpuscule central, qui est le plus souvent dédoublé 'toujours, probable- ment, contre Rawitz). Il y a parfois des formations filamenteuses chromo- philes qui se montrent au milieu du matériel sphérien, mais à titre plutôt exceptionnel. Les restes fusoriaux peuvent se condenser entre les sphères de deux cellules voisines (ponts inter-sphériens) et dans ce sens il est vrai que le matériel du fuseau peut prendre part à la formation de la sphère. Lorsque les mouvements préparatoires à la mitose commencent à s'accen- tuer dans le noyau, la sphère se désagrège, sa partie centrale montrant quelque temps une tendance prononcée à s'appliquer contre le noyau et à s'y étaler (centrosomes encore visibles). Après l'apparition des premières radiations astériennes, le matériel de la sphère proprement dite ne forme qu'un amas de fragments dispersés sans ordre parmi les filaments. Meves ne se prononce pas sur le sort définitif de ces débris; il émet seulement l'idée qu'ils peuvent constituer une partie au moins des corpuscules fuso- riaux de Kostanecki. Sa fig. 71 montre deux spermatocytes II au repos de l'intercinèse, dans chacun desquels se trouve un amas de matière con- densée, interprété dans la légende comme reste de sphère. von Lenhossék (98) reprend l'étude de la sphère dans les objets déjà étudiés par Moore. Les données à relever dans son important travail sont : i° que la sphère du spennatocyte est bien mieux caractérisée que celle de 132 J. PANTEL & R. de SINÉTY toute autre cellule et n'a rien de commun avec une sphère attractive de Van Beneden, les centrosomes en sortant avant la division pour aller se placer aux pôles du noyau; 2° qu'elle est d'autant plus développée que l'armature céphalique de la spermie sera plus grande, détail très significatif, bien ap- préciable par comparaison chez le cobaye et le rat; 30 qu'elle se dérobe à l'observation à la métacinèse, subissant sans doute une dissolution qui per- met la distribution de sa substance aux deux cellules-filles ; 40 que la raison de toutes ces particularités doit être cherchée dans ses relations avec la future spermie. A. et K. E. Schreinek (04) trouvent que dans le spermatocyte I du Myxine la sphère est semblable à celle de la spermatogonie, durant la première partie de la période d'accroissement ; semblable aussi à peu de détails près à celle décrite par Meves dans la salamandre. Ce qui en con- stitue le trait particulier le plus remarquable dans leur objet, c'est qu'à l'époque du synapsis il s'y élabore une ou deux vésicules qui sont une première ébauche de l'apex de la spermie, mais qui ne traverseront les anaphases durant la période maturative qu'en se dissolvant, pour se recon- stituer après. En résumé, la sphère des spermatocytes I, bien étudiée chez les verté- brés, est un quantum de substance fusoriale (Moore) ou de substance spé- cifique (Meves), qui disparait comme corps figuré (Moore, von Lenhossék, A. et K. E. Schreiner) ou se fragmente (Meves'i durant les mouvements cinétiques proprement dits. Nous n'avons pour notre part aucune raison d'admettre l'intervention d'une substance particulière chez le Notonccta, et nous pensons que tout un ensemble de circonstances : la précocité de la formation, son aspect général, la présence autour du centriole d'une auréole très régulière, ne permet guère d'y voir autre chose qu'un aster condensé. Les principales différences de cette sphère par rapport à celles des verté- brés semblent être i° que les centrioles y disparaissent de très bonne heure, au début même de la période d'accroissement; 20 que la masse archoplasmique y est associée à une formation pseudochromosomique annexe et subit, avant de disparaître à son tour, une assez longue évolution. b) Formation pseudochromosomique. Le système chromophile, que nous avons décrit ci-dessus, situé entre le noyau et la sphère et conservant jusqu'à sa résorption ses rapports de contact avec l'un et l'autre, nous parait devoir être rapproché des ^pseudo- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 133 chromosomes^ et des » capsules centrales « trouvés par Heidenhain i> « >) chez le Proteus anguinus. Les pseudochromosomes sont des *chromosomen- oder schleifenartige Faden« que l'auteur identifie aux chondromites de Benda et Meves et aussi, au moins pour partie, aux •> Archoplasma-Schleifen* de Her- mann. Leur rapprochement avec les chromosomes est justifié par leur forme et leur colorabilité. Heidenhain les a observés dans l'éminence cyto- plasmique qui contient la sphère, dans les spermatocytes I à noyau excen- trique, plus ou moins amoncelés ou dispersés dans toute l'éminence; mais il fait remarquer qu'on ne les rencontre pas dans toutes les cellules. Une capsule centrale est un -kern- oder spiremartige Korper- logé dans le territoire de la sphère, renfermant quelquefois, pas toujours, la sphère elle-même; ayant la forme d'une capsule très colorable, fenètrée, que l'on pourrait concevoir comme le résultat d'une modification concen- trique du cytoplasme, avec participation des pseudochromosomes. En somme, ces derniers éléments constitueraient un corps qui tiendrait lieu de sphère et se développerait en peloton nucléiforme. Comment l'idiozome et ses corpuscules centraux s'y trouvent-ils renfermés, Heidenhain ne peut le dire. Il a trouvé parfois, dans des cellules d'un autre type, moins riches en cytoplasme, un amas de granules « wie ein Meniscus liber den Kern hinweg gekrummt" (p. 525). Heidenhain se montre constamment préoccupé de rattacher les forma- tions qu'il décrit aux mitochondrics de Benda, Meves, comme matériel fondamental de départ et aux chondromites comme première forme d'orga- nisation de ce matériel. Cette identification n'est pas acceptée sans réserves par Van der Stricht (04), les pseudochromosomes et les capsules centrales (dont il faut rapprocher les » centrophormies * de Ballowitz) se montrant toujours en rapport étroit avec la sphère, ce qui n'a pas lieu pour les chondromites en général. En attendant le verdict définitif de la technique de Benda, qui n'a pas encore été appliquée à la résolution de ces cas douteux, Van der Stricht considère les deux catégories de formations comme distinctes mor- phologiquement, sans nier qu'elles puissent avoir même origine et même fonction générale, les pseudochromosomes n'étant peut-être que des chon- dromites à un stade ultérieur d'évolution. Prenant occasion de ses recherches sur les cellules séminales des chilopodes, matériel qui lui est depuis longtemps familier, P. Bouin (05) 134 J. PANTEL & R. de SINETY fait une révision comparée des formations cytoplasmiques propres aux cel- lules sexuelles et conclut ainsi son mémoire : « En résumé, nous pensons que les différenciations cytoplasmiques décrites dans les cellules sexuelles femelles et mâles sous les noms de pseudochromosomes, capsules centrales, spicules. chondriomites, mitochondries, filaments ergastoplasmiques sont des formations homologues. Nous croyons également que les bâtonnets du Nebenkern, les anses archo- et archiplasmiques, les filaments kinoplas- miques se rattachent aux précédentes et représentent une de leurs formes évolutives «. La formation chromophile ci-dessus décrite chez le Notonecta comme annexe de la sphère ne nous paraît point séparable des pseudochromo- somes du Proteus. Notre fig. 5, p. s., rappelle d'une manière frappante les aspects méandriques des fig. 2 et 3, B, de Heidenhain. Peut-être les rap- prochements seraient-ils plus étroits et pourraient-ils se poursuivre sur un plus grand nombre de points si cet auteur avait fait connaitre l'évolution de ses éléments; on peut se demander, par exemple, si la forme de mé- nisque rencontrée dans une autre catégorie de cellules ne prendrait pas alors la signification d'un stade intermédiaire, comme notre forme com- pacte, fig. 7 et 8. Malgré le fond de traits communs, toutefois, la formation du Noto- necta conserve une physionomie à part, due beaucoup moins à son poly- morphisme évolutif qu'à ses rapports avec le noyau. De tels rapports doivent être pris en sérieuse considération, semble-t- il, quand il s'agit de classer la formation; sa destination finale doit aussi entrer en ligne de compte. Nous sommes tout disposés à souscrire à la ten- tative d'unification générale qui vient d'être faite dans le beau travail de Bouin, mais les analogies fondamentales et de genre, si l'on peut parler ainsi, ne sauraient exclure des différences de groupes subordonnés ou d'es- pèces. Il est instructif de remarquer que ces mêmes spermatocytes dans lesquels nous voyons actuellement des pseudochromosomes accolés au noyau et destinés à une complète résorption, montreront un peu plus tard des formations filamenteuses, ni, n.f., fig. 20, mitochondriennes à bien plus de titres, qui n'auront ni les mêmes rapports, ni le même sort final : faudrait-il réunir tout cela sous un même nom d'espèce ou de variété mor- phologique? LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 135 c) Phénomènes périphériques. Nous ne comptons pas nous occuper dans le chapitre actuel des rap- prochements critiques exigés soit par les corpuscules archoplasmiqucs, soit par le premier matériel, simple ou figuré, de l'ébauche périaxile : ce sont des questions qui trouveront mieux leur place dans un chapitre ultérieur; ici nous dirons seulement quelques mots du remaniement cytoplasmique général et des modifications périphériques de la cellule. Voinov (03; a signalé chez le Cybister Rœseli certaines particularités relatives à la période qui nous occupe, où l'on peut reconnaître une assez étroite analogie avec le Notonecta. Le cytoplasme présente chez ce coléoptère une zone interne plus dense et une zone externe à laquelle » de nombreuses fibrilles spongio- plasmiques (parties de la zone interne) donnent un aspect vacuolaire- (p. 198). Cette zone, en outre, acquiert une plasticité spéciale qui se mani- feste non seulement par la production de prolongements pseudopodiques, mais aussi par des fusions normales de cellule à cellule : » deux sperma- tocytes arrivés à ce stade de différenciation se rapprochent l'un de l'autre et agrandissent de plus en plus leur face de contact... la membrane com- mune de séparation disparaît.... « (p. 199). La fusion ne se fait que par la zone externe hyaline et n'influence pas l'évolution ultérieure : les deux éléments fusionnés se divisent comme s'ils étaient isolés. La zone externe du cytoplasme est inerte, tandis que s'accomplissent les divers mouvements cinétiques. La plasticité de la zone périphérique ne va pas aussi loin, chez le No- tonecta, mais les fusions partielles et les excoriations dont nous avons parlé montrent bien qu'elle est réelle. Très réelle aussi l'inertie relative qui s'y manifestera surtout au moment des divisions. Nous pensons que pour avoir la véritable physionomie des faits il faut concevoir que l'activité de la cel- lule se localise de bonne heure dans le noyau et dans la région circum- nucléaire d'abord, dans le noyau et les ébauches spermatidiales plus tard. Le reste du corps cellulaire n'étant appelé en définitive qu'à être abandonné à titre de matériel de rebut ou trophique, il est moins étonnant qu'il contracte des fusions dont l'individualité de la cellule n'aura pas à souffrir, ou qu'il subisse des séparations passives d'importance négligeable. Les excrescences, vues pour la première fois chez les lépidoptères par Platner (86), ont été décrites plusieurs fois depuis. Meves (00, Pygœra), Voinov (03, Cybister) signalent cette circonstance, vérifiée dans notre maté- 136 J PANTEL & R. de SINÉTY riel, qu'elles se trouvent généralement dans la région des centres cinétiques où elles tendent à constituer un faisceau en éventail. Meves (97J a signalé chez la salamandre des prolongements qui se développent considérablement à une certaine époque pour disparaître plus tard et qui pénètrent parfois dans les cellules voisines. Sa fig. iq (op. cit.) montre dans le cytoplasme une inclusion circulaire qui est pour l'auteur la coupe d'un bras saisi dans ces conditions. Il est à peine besoin de dire que de telles images ne peu- vent avoir qu'une ressemblance de forme avec les restes de cytoréticulum d'aspect encapsulé dont il a été question plus haut. TROISIÈME PARTIE. Période de maturation. A. Première division maturative, fig. 23-34. a) Chromosomes. La figure chromatique est d'un type malingre, dans les cinèses matu- ratives du Notonecta, et peu favorable à une analyse détaillée des phéno- mènes morphologiques; si nous nous y arrêtons, c'est principalement par raison de continuité et d'orientation générale dans la marche de notre travail. 1. Première élaboration prophasique. Le ou les cordons de cor- puscules chromatiques distincts qui représentaient la dernière forme de ré- solution de la caryosphère se transforment d'abord en un certain nombre d'anses continues, linéaires, de configuration et de grandeur variée, qui se montrent de préférence à la périphérie du noyau. Nous reproduisons, fig. 24-30, les formes qui nous ont paru les plus typiques. Ce sont des fila- ments robustes et flexueux, des anneaux petits et réguliers, ou grands et déformés, des boucles en V ou en U, dont il nous a été impossible de déter- miner le nombre. Cette transformation paraît se placer à une époque un peu variable par rapport à l'état du cytoplasme : on trouve des cellules où le noyau présente encore la structure du repos, tandis que les asters sont déjà très développés, fig. 23. Elle se fait rapidement; de ce chef elle n'est qu'excep- tionnellement représentée dans les coupes et les diverses unités d'un même cyste ne montrent pas rigoureusement la même phase. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 137 Les rapports génétiques de ces éléments filamenteux avec les cordons corpusculaires de la période d'accroissement ne paraissent pas douteux. On peut dire qu'ils sont matériellement authentiqués par l'existence, à l'un des bouts de la boucle, d'un reste de matériel incomplètement résous, FIG. 25, 27, 29. Au point de vue de l'aspect général et de la structure il y a quelques différences, tenant sans doute à la phase évolutive, dont les principales ressortent bien de lat comparaison des fig. 25 et 27. Tandis que l'unique boucle visible dans ce dernier noyau est formée d'un gros filament, bien calibré et homogène, les deux boucles du noyau précédent (représentées à un plus fort grossissement, fig. 26) offrent une série linéaire de nodules de condensation noyée dans une gangue moins colorable, bien calibrée dans la petite boucle supérieure, moniliforme dans la grande boucle inférieure. Les trois fig. 28, 29, 30 sont relatives au même stade que la fig. 27. Les données qui précèdent semblent bien établir qu'il faut voir dans ces boucles de la prophase des files de corpuscules chromatiques devenues homogènes. L'homogénéité définitive exclut l'idée de deux constitutifs mor- phologiques. On y arrive, il est vrai, par des intermédiaires où l'on a une structure hétérogène, mais ces intermédiaires s'échelonnent et tendent à montrer la transformation graduelle d'une substance unique bien plutôt que l'association de deux substances. L'examen attentif de ces circonstances conduirait seul à admettre, ici encore, l'unicité morphologique des chromo- somes, quand même nous n'aurions pas la difficulté, très réelle néanmoins, de dire d'où viendrait la linine. Conformément à cette idée on pourrait admettre, comme rendant à peu près compte des images, le processus suivant. Une fois rangés en série, les corpuscules chromatiques tendraient à s'allonger en même temps qu'ils deviendraient le siège d'une transformation progressive, marchant de la périphérie 'au centre, qui en rendrait la sub- stance plastique et adhésive vis-à-vis de leurs congénères. Il se constituerait par là un cordon continu, nécessairement bosselé à l'origine et demeurant tel tant que prédomine la substance non modifiée, mais qui s'uniformise en raison même des mouvements internes qui s'y passent et de la tendance originelle de tout ce matériel à se constituer en formations linéaires. 2. Élaboration ultérieure. Les fig. 31 et 32 se rapportent aux dernières étapes de la prophase. Sur la première, où la membrane est encore complète, quatre chromosomes sont visibles, courts et trapus, trois en l38 J- PANTEL & R. de SINÉTY forme de double granule, un en forme d'anneau massif dont l'évolution est manifestement en retard sur celle des autres. La seconde, où la mem- brane est partiellement résorbée, ne laisse voir qu'un chromosome bien caractérisé, en haltère ramassé; les autres corpuscules colorables, visibles çà et là dans le cytoplasme, appartiennent aux formations décrites dans le chapitre précédent. On peut dire que la forme définitive, pour la presque totalité des chromosomes, est le double granule ou ^diplosome« signalé par P. et M. Bouin (02) dans le Lithobius forficatus et le Geophilus linearis et retrouvé par Medes (05) dans le Scutigera for ceps. Nous n'avons pas rencontré les intermédiaires qui permettraient de concevoir la véritable constitution de ces doubles masses et leur dérivation des formes antérieures. Dans le cas étudié par les frères Bouin il s'agit d'un amoncellement des microsomes et de leur condensation en * masses chromatiques dans chacune desquelles se différencient presque aussitôt deux granules juxtaposés ou diplosomes» (p. 76). Les auteurs considèrent néanmoins comme vraisemblable que l'une quelconque de ces masses soit constituée par deux amas de microsomes, issus de deux régions correspondantes du double réticulum qui a précédé. Medes a trouvé que les diplosomes sont le résultat de la condensation de tétrades massives, pareilles à celles qui ont été décrites par Blackmann (03) dans le Scolopendra héros. 3. Chromosomes a la métaphase et a l'anaphase. Dans les vues po- laires de la couronne équatoriale nous avons compté tantôt 12, tantôt 13 chromosomes, sans pouvoir jusqu'ici rattacher cette différence à une cause assignable. Ils sont de taille inégale, mais pareils de forme, sauf un, indi- qué dans nos figures chr. sp. ?, cjui se distingue par ses dimensions beau- coup plus grandes, sa forme et son allure générale. Est-ce le «accessory chromosome^ de M'Clung? Nous nous abstien- drons de l'examiner. La question du chromosome accessoire (hétérochromo- some de Montgomery) s'est notablement compliquée dans la littérature de ces dernières années. Quelques auteurs tendent à la restreindre, ce qui en rend l'étude plus précise, mais en laissant en dehors d'autres questions qui peuvent ne pas en être séparables; d'autres l'étendent, pour éviter cet incon- vénient, mais en y laissant subsister plus de vague. Nos recherches sur le Notonecta ne nous fournissant pas jusqu'ici les éléments d'une discussion fructueuse sur ce point particulier, nous nous bornerons à indiquer les principaux caractères individuels du chromosome qui nous occupe. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 139 C'est un chromosome qui ne fait défaut dans aucune cellule ('). Il est proportionnellement aux autres de taille très grande et n'a jamais la forme d'un diplosome. Il se présente comme un corps massif, irrégulier, duquel émergent plusieurs tiges courtes et robustes, tellement orientées que dans bien des cas l'on s'arrêterait sans peine à l'idée d'une double croix ou d'un système de doubles V. Nous avons pu constater sa participation à l'une et l'autre division, fig. 33, 35. A l'anaphase de la Ire division ce chromosome demeure en retard sur les autres, comme font généralement les chromosomes spéciaux les mieux caractérisés. Stevens (05J a remarqué cette même particularité, à la Ire division maturative, chez un chromosome de Aphis CEnotherœ qui n'est ni un -accessory chromosome « - - il n'y en a pas chez les aphidiens, — ni le plus grand des chromosomes ordinaires; les noyaux-filles reconstitués, les deux éléments de ce chromosome se montrent encore réunis dans le sper- matocyte II par un filament de linine, d'où l'auteur conclut qu'on peut attribuer le retard à des connexions spéciales (-). Nous ne pensons pas que ce soit le cas pour le Notonecta où les particularités du chromosome excep- tionnel semblent relever plutôt de sa masse très prépondérante, de sa forme plus enchevêtrée, qui ne saurait comporter la même mise au fuseau que celle des doubles granules et surtout de son état moins avancé par rap- port à la séparation de ses éléments constituants (3). La couronne équatoriale est d'un type régulier, assez fréquemment observé dans le cas de chromosomes petits et trapus. Elle comprend un anneau périphérique, plus une ou deux unités situées au centre, comme par exemple chez Y Anasa (Paulmier, 99), le Syromastes (Gross, 04). Les doubles chromosomes sont couchés en long sur le fuseau, de telle sorte que leurs deux éléments se trouvent en superposition et séparés par le plan équa- torial. Nous avons reproduit fidèlement, fig. 33, la condition particulière du chromosome exceptionnel, telle qu'elle apparaît dans cette vue de côté, mais l'aspect en est très variable d'une cellule à l'autre. (1) Ce n'est donc pas à lui qu'il faut attribuer la diversité des résultats dans les numérations. (2) Stevens fait bien observer qu'il ne s'agit pas d'une particularité accidentelle : « This « phenomenon seems to be a peculiar characteristic oi one of the chromosomes in this peculiar « division. I hâve never seen an exception, nor hâve I ever seen anything similar in the second « spermatocyte division or in fact in any other mitosis » (p. 322). P) On peut dire que pour la forme diplosome la séparation des éléments est réalisée avanl la constitution de la figure caryocinétique, l'anaphase ne faisant que les distribuer ; pour la forme exceptionnelle, au contraire, les conditions se rapprochent beaucoup plus de celles des chromosomes hétérotypiques ordinaires. I4û J. PANTEL & R. de SINETY La séparation anaphasique se fait sans amener de changement dans les éléments des diplosomes, lesquels se mettent en marche tantôt rigoureuse- ment en même temps, tantôt les uns en retard sur les autres. Le chromo- some exceptionnel présente déjà une forme complexe et une véritable du- plicité, fig. 34, dont nous nous abstiendrons, faute de données, de définir la signification exacte. ',-,' b) Figure achromatique. Autant la figure chromatique est grêle et réduite, autant l'achroma- tique est riche et bien développée. Les asters surtout sont d'une grandeur et d'une beauté que nous n'avons vues chez aucun autre insecte; nous ne pouvons guère les comparer qu'à ceux de l'ovocyte de certains annélides, où il est à remarquer que les chromosomes sont aussi très petits. Il semble que les deux constituants de la figure cinétique se développent en rapport inverse, dans les cas les mieux caractérisés, comme si les microcentres dépensaient sur le cytoplasme l'excédent d'activité qui reste libre du côté des chromosomes. 1. Centres cinétiques. Ils sont constitués, comme dans les types où ils sont le plus complets, par le centriole ('), la centrosphère et l'aster. Les centrioles ont la forme ordinaire de sphérules punctiformes. Nous ne les avons jamais suivis depuis leur disparition, au début de la période d'accroissement, jusqu'à la formation des asters et nous n'avons aperçu ceux-ci que lorsqu'ils étaient déjà bien indépendants et assez écartés l'un de l'autre. Nous ignorons par suite quel est le véritable état de choses au pre- mier commencement des mouvements cinétiques. Ce que l'on peut dire, c'est que, les deux asters une fois constitués, leur centriole se divise avant même la métaphase, fig. 32, les deux centrioles-filles demeurant juxta- posés et fonctionnant comme un centre unique jusqu'à la métaphase, fig. 33, bien que tendant à s'éloigner de plus en plus l'un de l'autre. La centrosphère apparaît comme une auréole claire assez grande, généralement bien arrondie. Dans beaucoup de cas, on la croirait limitée exclusivement par les extrémités internes des radiations astériennes, mais dans d'autres on lui reconnaît une enveloppe membraniforme très nette, assez colorable et généralement déformée, fig. 24 (centre du haut). Une déformation comparable à celle-là a été signalée par Meves (02 J dans les l1 Nous suivrons la nomenclature de Mivi LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 141 cellules mâles du Lithobius (op. cit., fig. 157) et par Boveri ( 1 90 1 ) dans les blastomères primaires d'Ascaris. Les rayons astériens se montrent, une fois la figure bien développée, comme des filaments robustes, flexueux, bien marqués dans la région distale, où ils sont très séparés et finissant par se perdre parmi les granulations cytoplasmiques, assez mal individualisés et très serrés dans la région proximale. Les deux asters enveloppent complè- tement le fuseau et entrecroisent quelques-uns de leurs rayons dans la région de l'équateur. 2. Fuseau. Il est de forme bi-conique et constitué de filaments qui se présentent sous deux aspects assez différents, suivant qu'ils sont libres ou en rapport avec les chromosomes. Dans le premier cas ils sont bien individualisés, minces, à trajet flexueux; dans le second, on dirait des rubans ou de petits faisceaux bien tendus, d'autant plus larges que le chro- mosome auquel ils servent de support est plus volumineux. Il est curieux de constater que ce ruban peut être dévié de son trajet dans le cas du gros chromosome exceptionnel, ce qui rend le profil du fuseau asymétrique, fig. 33. Dans son ensemble la figure achromatique du Notonecta rappelle de près celle des chilopodes, où Bouin (04, Geophilus) et Medes (<>5, Scutigera) dérivent le fuseau proprement dit du caryoplasme. Nous n'avons pas fait de constatation probante pour ou contre cette manière de voir, mais elle nous parait répondre le mieux à la suite des images dans notre objet. Toute ou presque toute la partie du cytoplasme qui avoisine le noyau est organisée en aster, dès avant la résorption de la membrane, fig. 24, et celle-ci réalisée on voit les rayons astériens s'étendre à travers la substance de fond du noyau, manifestement à ses dépens; on comprendrait difficile- ment que cette substance ne s'organisât pas de la même manière, sur place, en filaments fusoriaux. c) Formations cytoplasmiques. La manière d'être des formations diverses dont nous avons vu la pre- mière apparition à la fin de la prophase lente peut se caractériser d'un mot, en disant qu'elles se répandent avec une certaine régularité, dans le cyto- plasme qui demeure en dehors de la figure caryodiérétique, de manière à être distribuées par contingents égaux aux cellules-filles. Les condensations périaxiles se reconnaissent aisément dans toutes les l42 J. PANTEL & R de SINETY cellules, où elles finissent toujours par présenter une distribution régulière lorsque la figure de division est complète, fig. 33, 34, soit qu'elles aient pris de bonne heure cet état de dispersion, fig. 24, soit qu'elles aient persisté sous la forme de zone discontinue jusqu'aux derniers stades de la prophase, fig. 32. On ne retrouve pas aussi aisément ni aussi généralement les corpus- cules archoplasmiques, leur faible colorabilité et la présence du matériel granuleux dans lequel ils plongent étant des obstacles sérieux à leur identi- fication. Nous ne pensons pas néanmoins qu'ils disparaissent. B. Deuxième division maturative, fig. 34-37. a) Absence dintercinèse ( ' ] ; figure achromatique. La manière dont les deux cinèses de maturation se succèdent est en général assez variable, même à ne considérer que les trachéates. P. et M. Bouin (02) et P. Bouin (04) ont signalé chez Lithobius et Geophilus l'exis- tence d'un repos interposé, qui a été confirmée par Blackman (o3) pour Scolopendra et par Medes (05) pour Scutigera. Baumgartner (04) a trouvé un » semi-resting stage « dans le genre Gryllus et Stevens (05J un stade de reconstitution du noyau chez un Stenopelmatus. Par contre, le repos intercinétique est nul, la deuxième figure s' établissant sans prophase réelle chez les locustiens étudiés par M'Clung (02) et par de Sinéty (02); cette figure s'établit même aux dépens de la première chez le Tenebrio molitor, d'après Stevens (05b). Ce dernier cas est aussi celui du Notonecta, où il n'y a, à parler stricte- ment, ni télophase de la première division, ni prophase de la deuxième, les deux se trouvant combinées dans une image mixte, qui n'est ni l'une ni l'autre. La fig. 34 en donne une idée. On remarque tout d'abord, en com- parant cette figure aux deux précédentes, que l'ascension aux pôles est accompagnée d'un accroissement considérable et subit du corps cellulaire, réalisé aux dépens de l'épaisseur. On voit se marquer en même temps les débuts de la plasmodiérèse d'une part et le premier établissement de la deuxième figure d'autre part. La plasmodiérèse débute, comme dans les cas analogues, par une inva- ('; Grégoire (o5). LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 143 gination équatoriale de la membrane, ici visible seulement sur la droite de la figure, et l'apparition d'un corps intermédiaire à l'équateur du faisceau fusorial. Ce faisceau nous paraît représenter simplement l'ensemble des filaments de la figure précédente qui ne portaient pas de chromosome, non un système de fibres nouvelles [-fuseau tertiaire* de Bouin (04)] ('). Il subit un rétrécissement, durant l'allongement de la cellule, qui n'est toute- fois pas aussi marqué qu'à la télophase suivante et les filaments s'en étalent en gerbe irrégulière (Bouin) de part et d'autre du corps intermédiaire. 11 semble qu'il y ait eu un étranglement équatorial, en réalité c'est une détente polaire due à l'établissement de la deuxième figure. Celle-ci débute par le dédoublement du centre cinétique, phénomène dont nous croyons avoir eu sous les yeux les phases les plus caractéris- tiques. La centrosphère se transforme d'abord en un ellipsoïde dont les foyers sont occupés par les deux centrioles, ce changement retentissant aussitôt sur l'ensemble des rayons astériens qui s'ovalise également. Bien- tôt après, on trouve qu'il s'est constitué autour de chaque centriole une centrosphère et un aster distincts, les deux asters nouveaux étant visible- ment contenus dans l'espace clair occupé précédemment par l'aster primitif, maintenant en régression. C'est donc improprement que l'on parlerait de division pour le centre cinétique : le centriole seul se divise par bipartition, le reste, aster et probablement aussi sphère, subissant une régression mo- mentanée pour se réorganiser immédiatement après autour des deux cen- trioles-filles devenus indépendants. Le dédoublement du centre cinétique amène un changement considé- rable dans la condition du fuseau. Au lieu de conserver sa forme conique, celui-ci s'élargit sensiblement au sommet, tandis que la centrosphère s'ova- lise, puis la région proximale de ses fibres constitutives semble prendre part à la régression des filaments astériens; par là les connexions se trouvent détruites aux extrémités polaires et l'ensemble du faisceau filamenteux se rétracte, dirait-on, vers la région équatoriale, en s'étalant et en divergeant, (') Bouin a distingué dans la figure achromatique des spermatocytes I du Geophilus : i" un fuseau primaire, différencié entre les centrosomes durant la plus grande partie de la prophase, qui semble disparaître avant la fin de cette période ; 2° un fuseau secondaire d'origine nucléaire, le vrai fuseau de la figure, disparaissant après l'anaphase; 3° un fuseau tertiaire, édifié pendant la télophase aux dépens de fibrilles cytoplasmiques différenciées au niveau de la zone équatoriale, fi- brilles rassemblées en une formation étranglée en forme de gerbe (fuseau de séparation), qui per- siste longtemps entre les cellules-filles. 18 '44 J. PANTEL & R de SINETY un peu comme ferait un faiseau de fibres élastiques noyé dans un milieu fluide, que l'on rendrait libre après l'avoir tendu. La fig. 34 se rapporte à un stade un peu plus avancé, mais ces mouvements y sont encore recon- naissables. Dès qu'elle est achevée, la nouvelle figure achromatique est entière- ment pareille, sauf les dimensions, à celle de la première cinèse, fig. 35. Nous n'avons pas pu nous rendre compte si le fuseau qui en fait partie est bien le même que celui qui réunit les jeunes centres, au moment où ils s'éloignent pour aller s'établir aux pôles, fig. 34 (cellule supérieure), mais nous n'avons remarqué d'autre part aucun indice qui soit opposé à cette identification, bien que nous ayons eu sous les yeux un stade très avancé où la résorption du reste fusorial de la première figure était imminente. b) Figure chromatique. L'absence de télophase se caractérise pour les chromosomes par l'ab- sence de tassement polaire : ils demeurent épars à une certaine distance du pôle, constituant un amas irrégulier, d'aspect anaphasique. C'est dans cette condition qu'ils vont être soumis à l'action des centres nouveaux pour entrer, pour ainsi dire d'emblée, en métaphase. Remarquons en passant que la relation ici manifeste entre la forme ouverte et dilatée du sommet fusorial et l'absence de tassement polaire confirme l'opinion de Grégoire et Wygaerts (04, p. 5|) que le degré du tassement dépend comme cause principale de Informe du fuseau. A la métaphase, on trouve les chromosomes sous la forme de doubles corpuscules légèrement allongés, disposés comme dans la première cinèse, fig. 35 et 36, sauf le chromosome exceptionnel, qui se divise en donnant deux V opposés par le sommet {'). Medes (05) a également observé chez le Scutigera que les chromosomes sont en haltère dans la deuxième figure comme dans la première. Nous devons ajouter que nous avons rencontré plusieurs métaphases vues de côté où les deux éléments du futur haltère n'étaient pas encore en ligne le long du filament, mais se présentaient comme les branches d'un V très ouvert à sommet extérieur ; cette apparence serait très favorable à l'idée d'une division longitudinale et tendrait à jus- tifier, pour cette phase des phénomènes réductionnels, le schéma hétéro- homéotypique de Grégoire (05). (') Nous ne voudrions pourtant pas, en l'absence d'un nombre suffisant d'observations, affirmer que cette figure soit invariablement réalisée. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 45 A la télophase les chromosomes subissent un tassement polaire ty- pique, bientôt suivi de l'apparition de la membrane, fig. 37. Celle-ci nous a paru être exclusivement cytoplasmique à cette époque et formée suivant le processus admis pour les végétaux par Grégoire et Wygaerts (04). La comparaison des figures montre suffisamment que les autres phé- nomènes, tels que la distribution du matériel périaxile et la plasmodiérèse, se présentent essentiellement comme dans la première cinèse. Le reste fusorial est beaucoup plus étroit, comme l'était le fuseau lui-même, et les filaments en sont moins échevelés. QUATRIÈME PARTIE. Période de transformation (spermiogénèse). Chapitre I. DE LA RECONSTITUTION DU NOYAU A LA NUTATION EXCLUSIVEMENT, fig. 38 -50, 141-145. A. État de la spermatide après la reconstitution du noyau. Les restes de la figure achromatique, centre et faisceau fusorial, ne disparaissent qu'après avoir survécu quelque temps à la reconstitution nucléaire, fig. 38. Le centriole se soustrait le premier à l'observation ('). Bientôt après, l'aster montre une structure graduellement plus indé- cise; finalement, il est remplacé par un réticulum cytoplasmique où l'on peut reconnaître encore quelque temps une disposition rayonnante des trabécules. Le changement n'est au fond qu'un retour à la structure origi- nelle. La disparition du reste fusorial a lieu très sensiblement à la même époque et ne semble pas s'effectuer d'une autre manière. En tout cas, nous n'avons jamais pu voir qu'il se ramassât, comme on l'a souvent décrit chez d'autres espèces, en un ballot ou en une formation quelconque définissable ayant un rôle morphologique ultérieur; il peut intervenir par sa substance dans l'édification de l'ébauche périaxile, à peu près comme l'aster intervient (') Medes (o5) a fait la mèine observation chez le Scutigera. 146 J- PANTEL & R. de SINÉTY dans celle du cytoréticulum ou peut-être des corpuscules archoplasmiques, mais ce ne sera pas en tant que corps figuré. La fig. 39, où sont reproduites deux cellules-sœurs, au stade qui suit immédiatement ces régressions, peut donner une idée générale de la jeune spermatide au repos. Le noyau en est grossièrement réticulé. On dirait que les chromo- somes sont sortis du tassement polaire sous la forme de petites masses irrégulières, anguleuses, reliées entre elles par de fines traînées. Cet état est assez éphémère : bien accentué au stade de la fig. 38, il est encore reconnaissable dans la cellule de gauche, fig. 39, mais déjà altéré dans celle de droite. Le corps cellulaire est surtout caractérisé par une grande hétérogé- néité, tenant à la présence de diverses formations cytoplasmiques. Sont à mentionner comme caractéristiques de ce stade, bien que pas nécessaire- ment visibles dans toutes les cellules : î. Les condensations déjà décrites comme matériel périaxile simple. Elles forment une zone à peu près continue qui circonscrit l'espace précé- demment occupé par l'aster et englobe le noyau ('). 2. Les corpuscules formateurs des »calottes«, parfois sous une forme filamenteuse, c. cf., beaucoup plus souvent sous une forme spumeuse, c. c. sp. Il s'agit ici de différenciations cytoplasmiques très spéciales, que l'on serait tenté de rapporter au matériel périaxile figuré, si l'on ne tenait compte que de leur forme, vu surtout le polymorphisme bien connu de ce matériel, mais que leur chromatisme et leur destination nous obligent à mettre à part. Ce sont des filaments ondulés, généralement plus minces et plus pointus aux deux bouts que ceux du matériel périaxile figuré, pouvant présenter un léger renflement vésiculeux et incolore qui leur donne l'aspect d'une écaille vue de profil, ou de petits amas irréguliers et vésiculeux. L'identification de ces deux sortes d'ébauches est on ne peut plus nette à l'époque actuelle; nous nous abstiendrons de décider si leur première appa- rition ne remonterait pas plus haut, comme nous avons cru pouvoir l'ad- mettre tout d'abord. 3. Les corpuscules archoplasmiques signalés à la fin de la période d'accroissement. Nous avons déjà fait observer qu'ils ne sont pas toujours visibles, bien qu'ils ne manquent probablement dans aucune cellule. (') Nous répétons que le matériel périaxile figuré n'est pas toujours observable, soit qu'il n'existe pas dans toutes les cellules, soit qu'il n'y soit pas révélé par la technique LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 147 B. Changements nucléaires. Le noyau subit dans son ensemble, durant l'étape qui nous occupe, un accroissement considérable, que l'on peut aisément apprécier par la com- paraison des figures, malgré d'assez grandes variations individuelles. Il se fait dans l'élément nucléaire un changement structural profond. Au système de corpuscules chromosomiques irréguliers et anguleux suc- cèdent des sphérules, d'abord en grand nombre, petites et très colorables, fig. 40-44, ensuite successivement plus rares, plus grandes et moins colo- rables; finalement toute la chromatine se trouve condensée en un, parfois en deux caryosomes volumineux qui demeurent grisâtres dans les Heiden- hain bien épuisés. Les sphérules, une fois formées, se fusionnent suivant toute vraisemblance. Quant à leur première formation, bien que nous n'ayons pu l'analyser avec toute la rigueur désirable, nous ne serions pas éloignés de penser qu'elle comporte un remaniement particulairc un peu comparable à celui décrit plus haut, dans la formation de la caryosphère. Il reste dans la cavité nucléaire des traînées ou cordons désagrégés et un fond plus ou moins abondant de substance précipitiforme dont l'aspect rappelle d'assez près celui dont nous avons dû nous occuper à propos de ce premier phénomène. Le caryosome est souvent limité par une couche corticale plus dense et plus colorable que l'intérieur, relativement lisse ou hérissée d'aspé- rités parfois assez allongées, fig. 48-50. Il nous a paru qu'il y avait lieu de distinguer dans ces accidents superficiels une sorte de squelette appartenant au caryosome et un remplissage de granules, faisant plutôt l'impression d'un précipité surajouté ('). Parallèlement à la transformation en caryosomes de l'élément nucléaire, il faut signaler l'apparition d'un système plus ou moins riche de sphérules d'un chromatisme bien différent, que l'on ne peut guère assimiler qu'à des plasmosomes. Elles sont dessinées en noir franc dans les fig. 46-48, tandis que les caryosomes y sont gris. Ce sont des corpuscules d'une existence temporaire, dont l'apparition se rattache peut-être à l'histoire des ^calottes'-. (') Stevens (o5b) a décrit dans la spermatide d'un Stenopelmatus (Locust.) des transformations donnant lieu à des images très analogues aux nôtres, mais ayant pour l'auteur une tout autre signi- fication : c'est le volumineux chromosome X des spermatogonies et des spermatocytes, devenu tempo- rairement invisible durant la Ile cinèse, qui se reconstitue dans la spermatide sous la forme d'une masse chromatique en continuité avec le spirème, pour disparaître plus tard. Chez le Gryllus campestris il existe, d'après Voinov (04), une masse unique de chromatine, condensée aux dépens d'un réseau typique. 148 J PANTEL & R. de SINETY Ce qui est en tout cas hors de doute, nous croyons devoir appuyer sur ce point, c'est qu'il existe à l'époque actuelle deux sortes de corps nucléoli- formes, dans la spermatide, se comportant très différemment dans les colo- rations doubles par le magenta et le bleu Unna, les unes retenant le rouge — les sphérules de nouvelle formation, — les autres prenant le bleu — les caryosomes. C. » Calottes *. Les corpuscules qui représentent l'ébauche de ces formations vont grandissant et prennent une structure de plus en plus spongio-vésiculeuse, fig. 40-44. On les voit à un moment donné devenir rares dans le cytoplasme, puis en disparaître complètement, tandis que les calottes proprement dites font leur apparition contre la membrane nucléaire, d'ordinaire sous forme d'applique peu épaisse destinée à croître, fig. 45, c, et souvent aussi, nous semble-t-il, sous celle de corps déjà proéminent, fig. 46-48. A son état de complet développement, une calotte se présente comme une sorte de dôme dont la hauteur et la largeur atteignent dans quelques cas la moitié de la largeur même du noyau. La structure en est grossière- ment aréolée, serrée du côté du noyau et très lâche en dehors. Leur nombre dans une même cellule est assez variable, d'autant plus grand qu'elles sont moins développées; nous en avons compté jusqu'à neuf autour d'un même noyau. Le chromatisme de ces formations est un de leurs caractères les plus clignes de remarque. Comme degré il varie d'une partie à l'autre, étant gé- néralement très faible en dehors et très accentué dans la région dense qui avoisine le noyau. Comme genre, il est analogue mais non identique à celui de certains noyaux : les calottes demeurent noires dans les Flemming- Heidenhain, comme l'ensemble du noyau, bleues dans les magenta-UNNA comme les caryosomes et jaune olivâtre dans les Benda. Cette dernière réaction, dont nous avons cherché à garder le souvenir dans la fig. 141, les sépare, semble-t-il, de la grande famille des mitochondries et de leurs dérivés, à laquelle on pourrait être incliné par d'autres caractères à les rattacher. Les rapports génétiques de ces formations avec les ébauches que nous leur avons attribuées ne sauraient être mis en doute. Ils reposent beaucoup moins sur la substitution des unes aux autres, dans la spermatide, que sur l'identité des réactions chromatiques et de la structure, identité qui se mani- feste davantage à mesure que l'on examine des ébauches plus développées, LES CELLULES DE LÀ LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 49 qu'elles soient libres ou déjà fixées contre le noyau. Il ne-paraît pas d'ailleurs que cette fixation soit nécessairement commandée par une taille déterminée : on peut trouver simultanément des calottes minuscules déjà en place et des ébauches spumeuses fort grandes encore libres dans le cytoplasme. L'existence de ces annexes nucléaires est limitée à une période assez restreinte, comprise entre les stades des fig. 45 et 48. Au voisinage de la nutation, elles se déprennent de la membrane nucléaire pour retomber dans le cytoplasme, fig. 49, c, où elles dégénèrent rapidement sans laisser de traces reconnaissables. Quelle signification faut-il leur attribuer? On ne peut s'exprimer qu'avec beaucoup de réserve au sujet de formations si singulières d'allure, proba- blement sans précédent en cytologie ('). Les relations de contact avec le noyau qu'elles contractent dès qu'elles sont constituées, qu'elles rompent au moment où elles vont entrer en dégénérescence, comme des organites n'ayant plus de raison d'être, ne permettent guère de douter qu'elles ne soient destinées ou à introduire quelque chose dans la cavité nucléaire ou à en soutirer quelque chose. Cette dernière hypothèse s'accorderait mal avec le fait de la dégénérescence immédiatement subséquente. La première répond assez bien à tout un ensemble de faits. L'apparition des calottes autour du noyau est contemporaine de celle des sphérules nucléoliformes à l'intérieur et il est habituel de rencontrer une ou deux de ces sphérules vis-à-vis de chaque calotte, fig. 47. Ces circonstances sont moins frappantes (') Martini (o5) a rencontré chez un protozoaire des formations adossées au noyau (fig. 28a) qui n'ont probablement avec celles-ci que des analogies fort éloignées. Pacaut et Vicier (o5), d'autre part, ont signalé dans certaines cellules salivaires de Y Hélix pomatia des « calottes » ou « croissants chromopliiles » prenant naissance au contact du noyau. Cet emploi nou- veau d'un terme déjà utilisé dans notre communication préliminaire (02a) et que nous avons dû pour cela maintenir, ne pourrait manquer d'amener de la confusion ; nous croyons utile de préciser ici, pour écarter cet inconvénient, les analogies et les différences que l'on peut remarquer entre les formations sommairement décrites par les auteurs cités et celles qui nous occupent. Sont communes : La situation contre le noyau, La tendance à se colorer fortement. Sont différents : Le mode d'apparition : les croissants chromophiles de VHelix se montrent d'emblée contre le noyau, les calottes du Xotonecta se forment de rudiments intracytoplasmiques. Le mode de disparition : les croissants se détachent et se transforment en «parasomes » (ceux-ci étant appelés à se métamorphoser en «bandelettes chromophiles» qui se résorbent à la péri- phérie de la cellule), tandis que les calottes ne se détachent que pour dégénérer. L'affinité vis-à-vis des colorants spécifiques : par ce caractère les croissants de l'Hélix se laissent homologuer aux chondriomites, non les calottes du Notonecta. 150 J PANTEL & R de SINETY lorsqu'on examine des préparations noires, mais quand on voit, dans celles traitées au magenta-UNNA, une ou deux sphérules rouge vif se montrer à peu près toujours et exclusivement à cette place, on ne peut guère se dé- fendre de la pensée qu'elles ont été produites par les calottes mêmes, un peu à la manière d'une sécrétion, car leur chromatisme ne permet pas d'admettre qu'elles y préexistassent comme telles. Nous ne pouvons pas définir avec une entière précision la nature de ces sphérules; peut-être sont-elles des nucléoles plasmiques, peut-être aussi faut-il y voir de la chromatine à un autre état que celle des caryosomes actuellement présents dans le noyau (leur coloration est la même que celle des chromosomes des figures de division et des noyaux folliculaires, dans les préparations traitées par le magenta et le bleu Unna). Nous avons adopté cette dernière interprétation dans nos communications préliminaires (o2a, o2b). Après de nouvelles recherches, nous ne pouvons ni la condamner, ni nous y attacher absolument, à l'exclusion de la première ('). D. Formation de l'ébauche procéphalique. Pour des raisons qui seront indiquées au dernier article de ce chapitre, nous désignerons sous le nom d'ébauche procéphalique la formation com- plexe qui donnera l'armature apicale de la spermie. Les figures qui montrent le mieux le développement progressif de cette formation sont par ordre : fig. 41, 43, 142, 143, 46, 48, 49, 144, 145. Trois sortes d'éléments que l'on peut considérer comme autant d'ébau- ches primordiales y interviennent : les vésicules archoplasmiques (Moore), les corpuscules archosomiques et les corpuscules archoplasmiques. i . Les vésicules apparaissent çà et là dans le cytoplasme sous forme de globules clairs, fig. 43, 142, à surface parfaitement lisse comme celle d'une gouttelette liquide. Elles se teignent diversement dans les colorations, mais toujours faiblement, en » jaunâtre dans les Bouin-Heidenhain bien (') Le nucléole des cellules séminales du Pcriplaneta americana étudié par Moore et Ro- binson (o5) et par eux homologué sans hésitation à l'« accessory chromosome» de M'Clung — nous doutons que l'homologation soit acceptée par ce dernier biologiste, — se différencierait dans la spermatide immédiatement après la reconstitution du noyau et n'aurait que la signification d'un rejet de chromatine. Même mis à part tout rapprochement avec le chromosome accessoire, le corps nucléolaire dont nous parlons ici serait tout autre chose, soit comme origine, soit comme destination, ainsi que nous aurons à l'exposer un peu plus loin. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 151 épuisés, en gris de fer après les fixations osmiques. Leur structure est gé- néralement tout à fait hyaline; après l'action de quelques réactifs tels que le sublimé, elle montre un grain brillant et grossier que l'on comparerait vo- lontiers à celui d'un amas d'hématies de vertébré vues à un grossissement moyen. 11 faut ajouter que les vésicules les plus hyalines superficiellement offrent souvent ce granulé à l'intérieur, lorsqu'elles ont été entamées par le rasoir. Dans ces mêmes circonstances, on se rend compte qu'il existe une mince croûte périphérique, plus dense que son contenu. Ces globules, nombreux et petits à leur apparition, deviennent succes- sivement plus rares et plus volumineux, vraisemblablement par suite de coalescences, et finissent par constituer un corps unique, de dimensions presque comparables à celles du noyau, qui s'accole à celui ci en se dépri- mant plus ou moins suivant la surface de contact, fig. 48, 49, 144. Ajoutons, pour rendre compte d'un détail visible dans plusieurs figures, qu'il existe presque toujours un vide de rétraction entre la vésicule et le cytoplasme environnant, tantôt sous la forme d'auréole complète, fig. 43, 46 (en bas), 142, tantôt sous celle de fente en croissant, fig. 48. 2. Les corpuscules archosomiques se montrent presque toujours par unités dans les vésicules, comrbe de petites sphères de substance sidéro- phile à contour net, fig. 46 (dans la vésicule inférieure) et 143 (dans les trois vésicules visibles). Dans les coalescences des vésicules, ils se fusionnent vraisemblablement eux-mêmes et il se constitue par là une sphère volumi- neuse, fig. 48, 144, qui nous paraît être l'^archosome- de Moore (»acro- sorae» de Lenhossék). La vésicule archoplasmique montre en outre, dans cette même fig. 48, un semis superficiel de granules obscurs que nous avons observés assez souvent ; c'est peut-être du matériel archosomique en voie d'élaboration. ;j. Les corpuscules archoplasmiques, dont nous nous occupons en der- nier lieu, sont les premiers par rang d'ancienneté, puisque nous les avons rencontrés déjà dans le spermatocyte I. Ils offrent dans la jeune sper- matide les mêmes dimensions moyennes, la même allure générale et la même dispersion irrégulière que lors de leur première apparition, fig. 41. Quand apparaissent les vésicules, ils montrent de la tendance à se grou- per autour d'elles et finalement à les recouvrir comme d'une couche de boulets. De là des images très variables, suivant le stade du processus et les conditions de la coupe, d'une élégance particulière lorsque celle ci per- met de voir un grand cercle de la vésicule définitive, fig. 48, 49. Sur la fig. 46 (vésicule supérieure) la disposition est du même type, mais moins 19 15- J. PANTEL & R. de SINETY régulière. Les amas de corpuscules visibles sur les fig. 45 et 47, en l'ab- sence de toute vésicule, correspondent à des coupes superficielles. Les rapports qui s'établissent entre les corpuscules archoplasmiques et la vésicule définitive demandent à être étudiés d'un peu plus près. Ce n'est ni d'un simple rapprochement qu'il s'agit, ni d'une fusion qui finirait par amener l'absorption massive du corpuscule, comme nous l'avons cru tout d'abord (o2a), mais de rapports de contact très intimes et néanmoins tem- poraires qui rappellent par certains traits ceux que nous avons signalés entre les calottes et le noyau. Malgré l'intimité du contact et l'adhérence qui en résulte, lorsque les calottes se détachent du noyau, les corpuscules archoplasmiques se détachent de la vésicule pour devenir libres comme elles dans le cytoplasme et comme elles s'y résorber peu à peu. Le phénomène s'annonce par un allongement radial du corpuscule, fig. 48, parfois par un soulèvement en pointe de la membranule vésiculaire, fig. 144, qui pourra demeurer très longtemps reconnaissable, fig. 57. 60, 63, 146, 147, 149. Cette double circonstance : l'allongement ou la pédiculisation du corpuscule et le soulèvement de la vésicule au point de contact, témoigne en même temps de l'adhérence contractée et de l'intensité du tactisme négatif (') qui la détruit. Les corpuscules détachés, nous pouvons considérer l'ébauche procé- phalique comme achevée en tant qu'ébauche. Nous y distinguons deux constitutifs : i° Une partie fondamentale achromophile ou gangue archoplasmique, volumineuse, de forme arrondie, de structure homogène. La surface en est tantôt lisse, tantôt creusée de sinuosités ou hérissée de courts prolonge- ments dont quelques-uns encore en rapport avec des corpuscules archo- plasmiques. 2° Une partie chromophile incluse, Yarchosome, intensément noire dans les Heidenhain même bien épuisés, pourpre sombre dans les magenta- Unna. Cette formation — et il faut en dire autant des formations chromo- philes ultérieures qui en dériveront plus ou moins directement — acquiert sous l'action de certains réactifs fixateurs, spécialement sous celle des fixa- teurs osmiques, une remarquable dureté. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'elle est coupée; si elle est rencontrée par le rasoir, elle est emportée devant le tranchant, en laissant dans la gangue un tunnel à contours plus ou moins corrects. Nous employons ce terme pour éviter une longue périphrase, sans prétendre préciser les causes réelles du mécanisme ici en jeu. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 153 Quelle est l'origine de ces deux constitutifs? Nous avons renoncé à ac- quérir une véritable certitude à cet égard; pourtant nous croyons pouvoir admettre comme très vraisemblable qu'ils ont été élaborés par les corpus- cules archoplasmiques. Les raisons à l'appui de cette manière de voir trouveront mieux leur place dans les rapprochements bibliographiques; ajoutons seulement ici que, même sur le terrain de l'hypothèse, nous nous abstiendrons de décider s'il faut admettre l'élaboration directe par les cor- puscules de chacune des deux substances ou d'une seule. La terminologie dont nous avons fait usage trouvera également sa justification dans les rapprochements avec les données de la littérature. E. Ebauches caudales. a) Formation de l'ébauche périaxile (Nebenkern des auteurs), fig. 40- 44, 141-143, 47-49. Cette importante ébauche se développe dès le premier âge de la sper- matide aux dépens du matériel déjà décrit dans le spermatocyte I sous le nom de matériel périaxile simple ou figuré. Son processus de formation a toutes les apparences d'une condensation du matériel simple, qui en- globerait le matériel figuré, quand il en existe, celui-ci ne laissant re- connaître tout d'abord aucune modification. Souvent la condensation porte d'emblée sur presque tout le matériel et l'on voit succéder à la zone plus ou moins complète où il était répandu, d'abord un amas plus dense cu- puliforme, dont la coupe est un croissant émoussé, fig. 40, puis un corps globuleux, fig. 41, sans qu'on aperçoive dans le cytoplasme un reste bien défini de la même substance. D'autres fois le corps globuleux s'indivi- dualise dans une région épaisse de la zone primitive, y grandit par de nouveaux apports et commence même à y modifier sa structure avant que tout le matériel qui doit en faire partie s'y soit réuni, fig. 141, 46. Lorsqu'il existait des formations figurées, on les trouve inaltérées ou plus ou moins gonflées, mais encore reconnaissables dans le corps globuleux, fig. 42, 43. L'ébauche constituée sous cette forme, le premier changement que l'on y observe est un remaniement structural où les formations figurées disparaissent comme telles, tout l'ensemble prenant un état finement granuleux. 154 J. PANTEL & R. de SINÉTY Viennent un peu plus tard les modifications caractéristiques souvent décrites chez d'autres insectes : apparition de petites aréoles allongées, sans orientation fixe, fig. 46; apparition de lignes finement moniliformes ou finement striées transversalement, souvent parallèles les unes aux autres et formant des systèmes capricieusement ondulés qui font songer à une strati- fication fortement tourmentée, fig. 141-143; enfin substitution à ces struc- tures de zones concentriques régulières, se développant de la périphérie vers le centre, fig. 47-49. Tous ces détails structuraux sont très inégale- ment accentués dans les préparations, suivant la fixation, et d'une défini- tion difficile. Nous verrons plus loin l'idée synthétique relativement simple que l'on peut s'en faire, comme aussi la signification générale du remanie- ment dont ils sont l'expression. b) . Apparition du filament axile primitif . La plus jeune spermatide où nous ayons vu le filament axile est repro- duite fig. 49. Le filament est colorable à cette époque; il naît d'une sphé- rule que l'on dirait parfois encastrée dans un petit épaississement discoïde de la paroi nucléaire, tandis que d'autres fois nous l'avons vue simplement accolée. L'épaississement dont il s'agit n'est pas très prononcé, mais se remarque aisément à cause de sa colorabilité et se montre en vue latérale comme une courte barre transversale ('). La sphérule est, suivant l'opinion généralement acceptée, le centriole de la dernière cinèse devenu temporairement invisible. Nous n'avons au- cune raison péremptoire pour nous prononcer soit en faveur de cette manière de voir, soit contre elle. Toutefois, pour désigner le corpuscule dont il s'agit, nous adopterons de préférence le terme » blépharoplaste « qui a l'avantage de rappeler sa fonction et ses rapports actuels, ainsi que son homologie avec le corpuscule de même nom dans la spermiogénèse végétale. Quant au disque sur lequel est appliqué le blépharoplaste, c'est une ébauche cervicale, non une ébauche caudale proprement dite; nous nous en occuperons dans le chapitre suivant. (•) Cet ensemble de parties minuscules : disque, sphérule punctiforme et filament, ne pou- vait guère être représenté au faible grossissement de la figure (apochr. 2 X ocul. 6) qu'indistinct ou caricaturé. Nous n'avions pas complètement évité le premier inconvénient dans notre dessin et une retouche que nous avons cru devoir demander au graveur nous a fait tomber dans le second. Nous prions le lecteur de juger de la disposition ici décrite par la partie supérieure de la fig. 1121'is. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 f> 5 F. Le corps cellulaire proprement dit. La spermatide est sensiblement isodiamétrale pendant une bonne par- tie de l'étape que nous embrassons ici et n'offre qu'exceptionnellement des prolongements pouvant rappeler les excrescences. Dès que les ébauches procéphalique et périaxile sont en place, fig. 48, 49, elle est définitivement polarisée et commence à s'allonger. Le volume total et l'importance biologique du cytoplasme diminuent progressivement à mesure que se développent dans son sein, et sans doute aux dépens de son meilleur matériel plastique, les différenciations par les- quelles il doit entrer dans la constitution de la spermie. Au stade de la fig. 49, il ne forme plus qu'un milieu de remplissage fort réduit, qui tend à se réunir autour du noyau et des ébauches. C'est là que se concentre désormais, presque exclusivement, la vitalité de la cellule. Les deux détails symétriques marqués (?) dans la fig. 49 nous sont totalement inconnus comme signification. Ce sont deux bâtonnets assez robustes, colorables, que l'on aurait classés aux stades précédents parmi les formations filamenteuses appelées à intervenir dans la formation de l'ébauche périaxile, mais il ne semble pas qu'ils puissent recevoir encore cette interprétation, au moment où cette ébauche, déjà remaniée dans sa structure, est sur le point de s'allonger. G. Rapprochements avec les données de la littérature a) Ébauche de l'armature procéphalique (ou du perforatorium). î . Chez les vertébrés. Il est assez ordinaire en biologie de deman- der aux groupes inférieurs la solution de problèmes que l'on n'aborderait pas fructueusement du premier coup dans les groupes supérieurs. Cet ordre semble avoir été renversé dans la question qui nous occupe ici : nos con- naissances les plus précises sur l'origine de l'armature procéphalique de la spermie ont été fournies par l'étude des mammifères d'abord, des autres vertébrés ensuite et sont dues aux beaux travaux de Benda, Moore, Meves, von Lenhossék, dont les résultats, concordants pour le fond, ont été confirmés par la généralité des recherches faites depuis sur les vertébrés. Parmi ces travaux nous rappellerons les principaux et ceux qui viennent le plus directement à notre sujet. 156 J- PANTEL & R. de SINÉTY Benda ( 1 Sq i , mammifères) observe dans l'archiplasme (idio{ome de Meves) une vacuole avec grain Colombie inclus qui se sépare plus tard du reste archiplasmique voué à la résorption; la vacuole devient le capuchon céphalique et le grain, le «Spitzenknopf». Moore (94, mammifères) trouve qu'il se reconstitue dans la jeune sper- matide des masses archoplasmiques n'ayant aucun rapport actuel avec les centrosomes, mais qu'il croit dérivées des précédentes fibres fusoriales, vu leur analogie avec l'archoplasme des spermatocytes. Leur structure est d'abord granuleuse. Bientôt il y apparaît de petits globules clairs, les vési- cules archoplasmiques, incluant un granule sombre, Yarchosome. A la suite de fusions successives, il se constitue finalement une seule grande vésicule et un seul archosome, tandis qu'il reste un résidu archoplasmique sans emploi ultérieur, destiné à être résorbé. von Lenhossék (98, rat, cobaye) fait remarquer que la » sphère « du spermatocyte I est d'autant plus développée que le capuchon céphalique et la pièce chromophile que ce capuchon revêt dans la spermie doivent l'être eux-mêmes davantage; que cette formation n'a aucun rapport avec la future figure achromatique, mais se désagrège pour que sa substance puisse se distribuer aux cellules-filles, puis se reconstitue dans la spermatide, sans toutefois y offrir de relation ni avec le fuseau ni avec les corpuscules cen- traux. La reconstitution est graduelle et se fait par coalescence des particules de la substance spécifique de la sphère, auparavant dispersées. Le corps formé est tout d'abord homogène et arrondi ; il y apparaît bientôt par diffé- renciation une partie centrale claire, la vacuole de Benda, et dans celle-ci un granule arrondi colorable, ébauche du -> Spitzenknopf-, pour lequel von Lenhossék propose le nom à'acrosome. Ce corpuscule naîtrait par différen- ciation de la substance de la vésicule » plotzlich, wie durch einen Schop- fungsakt- (p. 280). Le sort ultérieur des trois sortes de parties : reste de sphère, "vésicule, acrosome, est celui déjà indiqué par Benda. Meves, après un premier travail sur la salamandre (97J où il a retrouvé les faits observés chez les mammifères par les auteurs précédents, reprend en détail l'étude du cobaye (99). Ses conclusions sont, pour le fond, confir- matives de celles de ses devanciers ; pourtant il trouve que les vésicules ne se montrent pas avant les grains colorables (contre Moore), ceux-ci pouvant faire leur apparition déjà dans les spermatocytes (Niessing, Meves). Ce fait l'amène à révoquer en doute le mode de formation attribué par von Lenhossék à ces corpuscules et critiqué aussi ultérieurement par Nies- sing (00). LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 157 M'Gregor (99, Amphiuma) constate comme les observateurs précé- dents que dans la spermatide le centrosome est dès le début extérieur à la sphère. Celle-ci se forme par transformation directe du dernier aster, avec participation de l'ancienne substance sphérienne. Une ou plusieurs vacuoles y apparaissent, avec granules colorables, comme dans le cas typique de von Lenhossék. Loisel ro2, moineau) aurait vu les corpuscules centraux dans la sphère de la très jeune spermatide; plus tard l'ébauche de l'armature céphalique comprend une masse liquide et des granulations qui ailleurs sont persis- tantes et forment Y acrosome de Lenhossék, mais qui disparaissent chez le moineau; le liquide -au début est certainement une sécrétion propre ou une liquéfaction de l'archoplasme, mais plus tard... il provient surtout d'une excrétion du suc nucléaire-. Pour les granulations, -il est facile de voir que ce sont des excrétions figurées du noyau-, p. 137. Broman (1902, Bombinator\ trouve aussi les deux corpuscules centraux dans l'idiozome; il convient de dire que la spermiogénèse de l'espèce étu- diée est très particulière, les corpuscules centraux se fixant définitivement à la partie antérieure de la tète. Les faits observés par Stephan (03, sélaciens), Branca (04, axolotl) rentrent dans le processus général; ceux décrits par les Schreiner (04, myxine) également, mais avec cette particularité que la vacuolisation de la sphère se produirait déjà dans le spermatocyte I, en donnant lieu à un - Blâschen « qui traverse les divisions maturatives comme la sphère elle- même, c'est-à-dire en disparaissant aux métaphases pour se reformer après. Les auteurs assimilent cette vésicule à celle de la salamandre et des mam- mifères et ont reconnu qu'elle fournit plus tard la partie antérieure de la tète. Van Molle enfin (06), partant de l'idée » que les auteurs sont una- nimes pour dire que le capuchon est une partie de la sphère « (p. 25), s'attache à montrer qu'il est simplement élaboré par elle et émet l'opinion que le noyau concourt probablement à cette élaboration. 2. Chez les invertébrés. L'origine de la pièce apicale est un des points les plus débattus de la spermiogénèse des invertébrés et sur lequel les données objectives demeurent les plus incomplètes et les plus impré- cises. Korschelt et Heider (02) signalaient déjà quatre opinions différentes à ce sujet; il faut plus que doubler ce nombre. On a assigné comme ébauche primordiale : ,58 J PANTEL & R. de SINÉTY 1. L'idiozome. Telle est l'opinion de Thesing (04, céphalopodes), Bô- senberg (04, arachnides), Tonniges (02, Lithobius). Les descriptions de Thesing et de Tonniges rappellent de près celles des auteurs qui se sont occupés des vertébrés. L'idiozome dont parle Bôsenberg est formé des «Zentralspindelfasern «. Henneguy (04) est porté à croire que l'idiozome est une formation constante de la spermatide chez les insectes et y donne toujours origine à la pièce apicale ('). 2. Un corpuscule central entouré d'une sphère. HoLMGREN ( 1Q01 , 1903, SilpJlà) distingue trois corpuscules centraux dont un, s'entourant d'une sphère, donnerait la pièce apicale (2). Ce dernier corpuscule est-il bien autre chose qu'un archosome? 3. Le mitosome de Henking (91, Pyrrhocoris). Ce terme, souvent rappelé dans la littérature, n'y a pas toujours le sens intentionnellement vague attribué par l'auteur (5). Henking, pour qui le Nebenkern est formé d'une partie des - Verbindungsfasern - et d'une * Dottersubstanz « (matériel mitochondrien.) préexistant dans les spermatocytes, n'indique ni dans son texte ni dans ses figures la participation de cette dernière à l'édification du mitosome. Celui-ci apparaît d'abord comme une sphérule adjacente au noyau, qui lui parait être plutôt un amas de fibres fusoriales recoquillées. L'étude de l'objet est sans doute à reprendre sur ce point. Nous ferons remarquer néanmoins que d'après les figures, le mitosome se formerait de la région juxta-nucléaire du fuseau, c'est-à-dire d'un matériel qui peut être considéré comme astérien et par suite sphérien au sens de M'Gregor. 4. Une masse détachée d'un Nebenkern d'origine fusoriale. C'est l'opinion de STEVENS (<>:>,,' pour un Stenopelmatus, renouvelée de celle de Platner (1889, -small mitosome«) pour les gastéropodes. 5. Une masse détachée du Nebenkern, mais d'origine non fusoriale. Ce serait pour Paul- mier (99, Anasà) un rudiment qu'il assimile d'une part au «small mitoso- me- de Platner, au - Mitosom « de Henking, mais auquel d'autre part il (') Scheef.n (o5) a trouvé chez YAsearis une vésicule claire dont il n'a pu préciser la pro- venance, mais dont l'évolution ultérieure est vraiment analogue à celle des vésicules archoplasmiques. ('-) Au sujet de cette opinion, il convient de rappeler celle des auteurs comme Niessing (1896) qui plaçaient le corpuscule central à l'apex de la spermie. Elle a été critiquée entre autres par VON Lenhossék (çS). Sous une forme un peu différente, la même opinion est reprise par Foot et Stro- bell (02) qui trouvent dans Allolobophora , à la base de la pièce apicale, un corpuscule ayant les allures d'un centrosome, sans préjudice pour l'existence de deux autres, aux deux bouts du segment intermédiaire. (3) C'est à tort que dans certains ouvrages Henking est cité comme dérivant la pièce api- cale purement et simplement du Nebenkern. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 159 dénie explicitement une origine fusoriale. Comme il le dérive du Neben- kern, qui pour lui ne contient rien d'autre qu'un reste de fibres du fuseau et une grande prédominance de »yolk mass« (matériel mitochon- drien), il faut conclure que ce serait ce dernier matériel qui donnerait ori- gine à l'ébauche procéphalique. Il parait difficile de soutenir cette manière de voir, en présence du rôle bien déterminé qui semble être dévolu aux for- mations mitochondriennes. 6. Le cytoplasme. Calkins (95, Lumbricus) dérive le *spur« simplement de la partie du cytoplasme par laquelle la spermatide était fixée sur le blastophore. 7. Le nucléole. D'après Nusbaum (99), la chromatine se rétracte chez Y Hélix lutescens et dans le soulèvement apical de la membrane formé par le suc nucléaire passe le nucléole, qui devient le Spitzenknopf, conformé- ment aux idées de Godlewski. Prowazek (o i ) adopte la même manière de voir pour Hélix pomatia et admet aussi que le nucléole prend part à la formation du granule obscur de la pièce apicale chez Oryctes nasicornis. Nous rencontrerons plus loin une circonstance qui nous fournira l'occasion de revenir sur ce dernier détail. 8.. Le chromosome accessoire. Pour VoiNOV (03, Cybister), la sphère qui don- nera plus tard le bouton terminal se présente comme *un corps sphérique, assez grand, entouré d'une zone claire sphérique... à côté de la sphère se trouve une masse cytoplasmique homogène, délicate, pâle, de forme irré- gulière. Cette masse tantôt entoure la sphère de tous les côtés, faisant mieux ressortir l'auréole claire du corpuscule de la sphère, tantôt est située sur un côté de la sphère « (p. 225). L'auteur admet sans hésitation que la sphère ainsi décrite, dont les ressemblances sont manifestes avec une vési- cule archoplasmique incluant un archosome et adjacente à un résidu d'ar- choplasme, n'est en réalité que le chromosome accessoire transformé ('). 3. Discussion du cas du Notonecta. D'après les données fournies principalement par les vertébrés et rappelées ci-dessus, l'on peut résumer dans les points suivants la manière d'être du corps archoplasmique (idio- zome des auteurs) dans la spermatide. (') Les transformations qui se passent dans la spermatide « ont peu à faire, dit Voinov, pour le transformer (le chromosome accessoire) en sphère : elles n'ont, en effet, qu'à changer un peu sa nature chromatique, arrondir les angles (il était carré), et donner un contour régulier à l'auréole, » p. 226. Il faut de plus, sans doute, pour achever l'illusion, qu'elles différencient auprès de lui le résidu archoplasmique parfaitement vu et dessiné par l'auteur, fig. 49, 5i, etc. 20 l6o J. PANTEL & R. de SINETY i. Ce n'est pas une » centrothèque * entièrement pareille à celle des précédentes générations cellulaires, puisqu'il ne renferme pas en général les centrioles, n'ayant avec eux, suivant le mot de Moore, que des rapports potentiels. 2. Il peut dériver de l'aster ou de la centrosphère de la dernière divi- sion, seuls ou complétés par du matériel sphérien reçu des spermatocytes (Bombinator, A mphiuma). 3. D'autres fois il semble que ce dernier matériel y prédomine. On en aurait une certaine preuve dans les rapports de .grandeur qui existent parfois, suivant la remarque de von Lenhossék (cobaye), entre la centro- thèque du spermatocyte I et l'armature apicale de la spermie. Ces rapports s'expliquent bien si l'on admet que la substance sphérienne préparée long- temps à l'avance dans le spermatocyte parvient au rudiment qui fournira la pièce apicale de la spermie. Ce rudiment serait ainsi sphérien par sa substance, bien qu'il n'ait aucun rapport actuel avec les centrioles. 4. Il finit par s'élaborer aux dépens de sa substance une vésicule claire achromophile et dans celle-ci une sphérule chromophile, qui sont les constitutifs de l'ébauche procéphalique proprement dite. Le reste de l'archoplasme se sépare finalement de cette ébauche et dégénère ('). Si maintenant nous reportons notre attention sur les faits décrits dans le Notonecla, il nous parait difficile de ne pas accepter l'homologie de l' ébauche procéphalique proprement dite que nous y avons décrite avec la vésicule et Varchosome des vertébrés : il y a identité complète de polarité, d'allure générale et d'évolution, du moins pour le fond des phénomènes. Reste à étendre l'homologation aux rudiments primaires desquels dé- rive cette ébauche définitive. Ces rudiments ne sont autres, pour les vertébrés, les céphalopodes et les chilopodes, que la sphère de la spermatide, tandis que chez le Noto- necta nous croyons les voir dans les corpuscules archoplasmiques. En d'au- tres mots, nous considérons ces corpuscules comme une sphère dissociée. Les raisons de cette homologation, que nous proposons d'ailleurs comme plausibles, nullement comme indiscutables, sont : i° l'absence d'une (') Van Molle a parfaitement raison d'affirmer que le capuchon est un produit d'élabora- tion. non une partie constitutive de la sphère, seulement nous ne croyons pas que les auteurs l'aient considéré autrement. Quant à l'idée d'une influence nucléaire qui interviendrait dans sa formation, les conditions particulières de notre objet, où nous voyons les vésicules archoplasmiques se former n'importe où, aussi bien loin du noyau que près de lui. ne nous permettent pas d'y adhérer. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 6 l sphère ou corps archoplasmique du type ordinaire, dans une spermatide où tout paraîtrait en favoriser la mise en évidence, s'il existait réellement; 2° les rapports très particuliers de ces corpuscules avec les vésicules archo- plasmiques, rapports inexplicables en dehors de l'hypothèse adoptée, ren- trant par contre d'eux-mêmes dans le caractère général des archoplasmes spermatidiaux. Toute la différence entre cet archoplasme multiple et l'archoplasme unique ordinaire tiendrait au mode particulier suivant lequel le matériel sphérien du spermatocyte I se transmet à la spermatide. Toujours il se désagrège et se diffuse durant quelque temps dans le cytoplasme, seule- ment tandis que dans les cas ordinaires il traverse dans cet état la période de maturation, pour ne reprendre une forme propre que dans la sperma- tide, chez le Notonecta il se réunirait en corpuscules définis dès la fin de la période d'accroissement, en corpuscules petits et nombreux toutefois, pou- vant aisément se distribuer aux cellules-filles en lots équivalents ('). Ce serait là un caractère exceptionnel ayant en quelque sorte la signification d'une accélération de développement ou de différenciation, puisque la coalescence du matériel sphérien ne se réalise en général que dans la spermatide. Dans cet ordre d'idées, l'exception offerte par le Notonecta est à rappro- cher de celle du cobaye, où Meves a vu les granules colorables déjà dans l'idiozome du spermatocyte I, et de celle du Myxine, où les Schreiner ont fait une constatation analogue pour la vésicule archoplasmique. On peut objecter contre ces interprétations qu'à l'époque où les vési- cules commencent à se montrer dans le cytoplasme on en trouve qui sont entièrement libres, sans rapport même de simple voisinage immédiat avec les corpuscules archoplasmiques. Le fait est très réel, mais ne nous paraît pas de nature à écarter néces- sairement l'hypothèse adoptée. Il est assez naturel d'admettre que parmi les corpuscules archoplasmiques ceux qui sont entrés les premiers en acti- vité sont aussi les premiers épuisés et peuvent disparaître bien avant que soit constituée l'ébauche procéphalique définitive. Les vésicules trouvées libres n'auraient que la signification de vésicules déjà abandonnées par (') En présentant les corpuscules archoplasmiques du spermatocyte I comme des dérivés de la sphère, nous ne voulons pas prétendre que toute leur substance actuelle en ait réellement fait partie, cette substance s'étant sans doute accrue comme la généralité des constituants cellulaires ; nous ne voulons pas nier non plus qu'il puisse s'en former de nouveaux dans la spermatide, peut- être aux dépens du matériel astérien. 1 62 J. PANTEL & R. de SINÉTY leurs corpuscules producteurs, ce qui n'empêche pas qu'elles puissent ulté- rieurement ou se fusionner avec d'autres vésicules, ou se mettre en rapport avec d'autres corpuscules archoplasmiques encore actifs. Il demeure vrai néanmoins que les corpuscules archoplasmiques sem- blent se montrer de préférence autour des vésicules volumineuses et in- cluant de la substance archosomique. Faut-il en conclure que leur rôle consiste plutôt, à une époque avancée du moins, dans l'élaboration de cette substance? Il nous reste à rendre raison de la terminologie employée. Nous avons écrit : corpuscules archoplasmiques au lieu de corpuscules idio^omiques comme dans nos communications préliminaires, tout d'abord parce que le terme idio\ome introduit par Meves est actuellement aban- donné par lui, et surtout parce qu'il nous paraît avantageux d'éviter, à propos de la spermatide, toute appellation supposant une relation avec les centrioles. Le terme *archoplasme«, employé par Moore dans l'accep- tion très générale depuis longtemps définie par Boveri (1888), répondait à cette condition; nous en avons formé le dérivé complexe corpuscule ar- choplasmique ( 1). Vésicule archoplasmique et archosome sont également empruntés à Moore. Archosome est synonyme de «farbbare Korn« (Benda) et de "Akrosom- (von Lenhossék). Nous lui avons donné la préférence sur le terme de Benda parce qu'il est plus court et plus précis; sur celui de von Lenhossék, parce qu'il a sur lui la priorité de date. Il est vrai que ce der- nier a été beaucoup plus généralement accepté ; on en est même venu à lui attribuer un sens plus étendu que l'auteur, en le faisant souvent synonyme de pièce apicale, mais il n'y a là qu'un motif de plus d'en éviter l'emploi. b) Ébauche périaxile (Nebenkcm des auteurs). 1 . .Définition objective. Dans son excellent travail sur le Neben- kcm des cellules séminales, Meves a caractérisé cette formation à la fois par son rôle et son origine : i° le Nebeukern se place derrière la tête de la spermie et fournit la gaîne qui revêt la partie intracellulaire de la queue (y Mittelstiick-); 20 il provient des cytomicrosomes de V. La Valette, qui ne sont autre chose que des mitochondries de Benda. (1) Le principal avantage du terme « archoplasme » est d'exprimer que l'ébauche proccphalique provient du même matériel que la figure achromatique des cinèses, sans préciser dans chaque cas s'il a fait partie de la dernière ou s'il constitue un legs remontant plus haut. LES CELLQLES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 63 Cette définition très précise constituait un progrès et permettait d'éli- miner toute une série d'inclusions qui ont reçu de divers auteurs le nom de Nebenkern sans avoir le moindre rapport avec celle étudiée par La Valette et Butschli. Pourtant il est aisé de voir qu'elle associe deux caractères dont l'inséparabilité n'est pas encore démontrée. Si nous devons réserver le nom de Nebenkern pour une formation qui fournit la gaine et est de nature mitochondriale, quel nom donner à une autre qui formerait la gaine, bien que non mitochondriale? Il paraît dangereux de dire a priori qu'une telle formation ne se rencontrera pas ('). Korschelt et Heider (02) préfèrent définir le Nebenkern par le rôle seul et sont amenés à en distinguer de deux sortes, les uns d'origine mito- chondriale, les autres d'origine fusoriale. Les exemples allégués pour cette dernière catégorie sont pris de travaux antérieurs à celui de Meves, mais il n'en manque pas qu'on peut emprunter à des travaux postérieurs, par exemple parmi les insectes : Gryllus (Baumgartner (2), 02), Blatella (Ste- vens, o5b), Cybister (Voinov, 03); parmi les autres invertébrés : Hélix (Bolles Lee (3), 02). Notre objet ne nous fait pas une nécessité de plaider pour le Neben- kern fusorial, mais à considérer la question en elle-même nous ne concevons pas bien pourquoi un caractère unique, indiscutablement général, ne suffi- rait pas pour définir la formation qui nous occupe et puisque tout le monde est d'accord qu'elle intervient dans la constitution de la gaine caudale, il y a tout avantage à adopter cette destination pour sa caractéristique. 2. La question de terminologie. Le terme Nebenkern est sûre- ment à abandonner. Sur ce point la conviction est faite chez tous ; ce n'est que par un entraînement d'habitude ou par des exigences de rapproche- ments bibliographiques que l'on peut s'expliquer son emploi encore si fré- quent. Déjà Moore (94) faisait remarquer que ce terme, dans la littérature allemande, »is a refuge for structures destitute of homology* (p. 142) (*). (') Erlanger (1896) voulait comme Meves définir le Nebenkern par son origine et sa desti- nation, mais il exigeait précisément une origine fusoriale. (2) Baumgartner a tort d'ailleurs de rattacher à l'état fibrillaire de son matt-riel primitif la structure qui apparaît plus tard dans le Nebenkern Nous avons identiquement la même structure avec un matériel primitif sûrement étranger au fuseau. (3) « Je puis affirmer que le Nebenkern provient du fuseau avec autant de certitude que l'on peut affirmer qu'un chêne provient d'un gland » (p. 204). Ancel (o3) combat cette opinion. (4) On relèverait sans peine jusque dans les travaux récents des indices du sens imprécis qui s'est attaché à cette désignation; chez Hélix, par exemple, Ancel (o3) et Tschassownikow (o5) identifient le Nebenkern avec Yidiofome de Meves (Ancel écrit « idiosome »). 164 J PANTEL & R. de SINETY Meves a travaillé avec un réel mérite à dissiper la confusion qu'il recou- vrait. Ce savant a proposé de le remplacer par celui de » Mitochondrien- kôrper«, souvent employé depuis et introduit par Henneguy(o4) dans notre langue sous la forme équivalente de nchondriosome^. Le nouveau terme, en soi très précis, a l'inconvénient de faire abstraction du caractère objectif principal. Suivant le sens des remarques faites ci-dessus, c'est avant tout, c'est même uniquement la destination qu'il convient de rappeler. L'expres- sion un peu complexe, pourtant suffisamment claire, d'ébauche de la gaine périaxile, par abréviation ébauche périaxile, répond à cette exigence. Nous verrons plus loin qu'il s'agit d'un rudiment à évolution compliquée, mais bien définie. Il se constitue sans doute toujours aux dépens d'un matériel élaboré et remanié, comme le demandent les transformations qu'il doit subir, mais on peut douter que ce matériel doive nécessairement passer par une forme préalable déterminée, par la forme mitochondriale plutôt que par la forme fusoriale, par exemple. 3. Nature du matériel périaxile chez le Notonecta. Ce maté- riel, de fait, nous paraît être mitochondrien, chez le Notonecta. A ce point de vue, nos résultats concordent pleinement avec ceux de Meves (oo, Py- gœra, Paludina), de Prowazek (o i , Oryctes), et aussi, pour le fond, avec ceux de Henking (Qi, Pyrrhocoris) et de Paulmier(99, Anasa). Ces deux derniers auteurs attribuent à l'ébauche périaxile une origine mixte, princi- palement vitelline et partiellement fusoriale; mais Meves a très justement fait observer, d'une part que leurs figures ne font pas la conviction pour ce qui est de la participation du reste fusorial et d'autre part que leur sub- tance vitelline n'est, d'après les analogies avec Pygœra, qu'un amas de mitochondries. Peut-être pourrait-on dire que dans toutes les spermatogénèses où s'éla- borent des mitochondries bien caractérisées, ces différenciations contribuent à former la gaîne. Depdolla (o5) admet que même chez le Lumbricus des masses mitochondriennes finissent par former autour du Mittelstïïck une gaîne anhiste colorable. Tel est aussi, malgré les caractères particuliers de la formation définitive, le rôle des mitochondries chez les mammifères ('). Le matériel périaxile fondamental et constant que nous avons appelé simple a une structure très fine, comme dans le cas de Myxine (A. et K. E. (') Chez le triton, Bertacchini (oo) dérive la partie périphérique de la pièce intercalaire du corps intermédiaire de Flemming. Cette opinion, déjà proposée dans un travail antérieur (1898), a été critiquée par Meves (02b). LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 65 Schreiner); on n'y distingue pas comme dans celui de Pygœra (Meves) des vésicules formées d'une écaille colorable et d'un contenu clair, mais la suite de l'évolution fait bien voir que ces deux substances y sont présentes ou s'y différencient de bonne heure. Le matériel figuré est identique d'aspect et de réactions chromatiques aux chondromites décrits par Meves (04) dans les cellules nourricières du jeune sac pollinique du Nymphœa. Ce sont des filaments homogènes où les grains ont perdu toute individualité, du moins après fixation. Il faut rappeler ici que Benda (03) a reproché à Meves de conclure prématurément à la nature mitochondrienne du matériel nébenkernien tant qu'elle n'a pas été contrôlée par l'emploi de sa technique spéciale. Pourtant, s'il attaque cette espèce de vice de forme, c'est sans mettre sé- rieusement en doute le fond ; il trouve pour cela trop d'accord entre les faits décrits chez le Pygœra et ceux qu'il a observés lui-même chez le Blaps. Il dit même explicitement, en parlant du Nebenkern des insectes étudié par La Valette : * Besonders ist, wie Meves richtig hervorhebt, in dem Nebenkern der Spermatiden sicher von mir bei Blaps und von Meves bei Pygœra gefundene Mitochondrienkorper zu erkennen « (p. 773). Nous avons essayé sur quelques préparations la technique de Benda, sans parvenir à colorer autrement qu'en rouge vineux, fig. 141, l'ébauche périaxile et son matériel formateur encore diffus; mais il convient de rap- peler que si ce n'est pas là la coloration typique des formations mitochon- driennes, c'est souvent la seule que l'on obtienne, de l'aveu de l'auteur ('). (M Nous ne pouvons abandonner la question des mitochondries sans rappeler les opinions très particulières de Rohde et de Goldschmidt. a) Rohde (04) trouve dans les « sphères » des cellules ganglionnaires d'un mollusque marin (Tethys) des formations filamenteuses qu'il identifie avec les mitochondries et les chondromites des auteurs. Or, les sphères, d'après lui, se forment en dehors des cellules pour s'y introduire une fois formées et s'y désagréger de diverses manières. Cette circonstance l'amène à se demander si les for- mations filamenteuses ne sont pas des parasites ; mais comme les auteurs ont trouvé que dans les spermies les mitochondries forment la gaine du Mittelstûck, on ne pourrait admettre l'hypothèse, dit-il, qu'en supposant que cette gaîne est pour le parasite un moyen de passer à la génération suivante. Rohde recule devant cette conséquence (avec raison, certes!) et conclut simplement que l'énigme des mitochondries n'est pas encore expliquée. b) Le mémoire de Goldschmidt (04) est de ceux qu'on lit avec intérêt, bien que pas tou- jours sans étonnement. Sa théorie est comprise pour le fond dans les deux affirmations suivantes : i» Toute cellule animale a un noyau somatique ou des échanges et un noyau propagateur ou des transmissions héréditaires 2° La séparation des deux noyaux est le plus souvent incomplète : on a d'ordinaire un noyau essentiellement propagateur, mais encore mixte, le noyau au sens vulgaire du mot, et une masse principale du noyau somatique logée dans le cytoplasme sous la forme de « Chromidialapparat » ; ,66 J PANTEL & R. de SINÉTY Chapitre II. NUTATION ET PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS, JUSQU A L'ALLONGEMENT DE L'ÉBAUCHE PROCÉPHALIQUE, fig. 50-73, 148-155. A. Nutation. Nous avons proposé cette désignation pour un stade très caractéristique et d'assez longue durée chez le Notonecta, qui débute par le recul de l'ébauche procéphalique vers l'ébauche périaxile et se termine par son retour au pôle antérieur du noyau. Le premier phénomène, succédant à l'état parfaitement polarisé de la spermatide et à l'attitude droite qui en est l'expression, fig. 50, donne lieu à des images qui font penser à une incli- nation de tète, fig. 54, 57, tandis que le second rétablit le premier état de choses et est comparable à un redressement, fig. 64-70. A partir de la fig. 50, nos dessins ne représentent généralement que la partie centrale de la cellule, noyau et ébauches, ou tout au plus un reste de cytoplasme autour de ces parties, fig. 57 (il faut excepter la fig. 58, qui correspond à des conditions spéciales). Pour en faciliter l'étude, nous leur avons donné une orientation conventionnelle uniforme : l'axe de la sperma- clle devient complète dans quelques cas. spécialement dans la spermatogénèse des métazoaires où le noyau somatique apparaît à l'état de corps mitochondrien. La spermie, suivant l'auteur, est conformée comme un trypanosome ou un intusoire. Le noyau propagateur, simple support de l'hérédité, y est pour ainsi dire mis au repos dans la tête, tandis que le noyau somatique, sous la forme de corps mitochondrien, présiderait aux fonctions nutritives et de mouvement, qui doivent, comme on sait, se prolonger parfois longtemps avant la fécondation. La conclusion que nous devons dégager de là, c'est que la gaine caudale est un noyau. Vraiment l'état actuel de nos connaissances sur les formations chromophiles qui peuvent apparaître dans le cytoplasme, avec une signification si variée, ne demande pas une telle révolution d'idées et les faits nouveaux apportés par Goldschmidt ne les changent pas à ce point; c'est assez qu'ils les enrichissent Ajoutons encore que d'après le même observateur, Vanneau du Dytiscus, le chromosome accessoire et le corps mitochondrien seraient des formations homologues, ayant la signification de noyaux so- matiques séparés, ce qu'il cherche à rendre sensible par le rapprochement de trois figures emprun- tées respectivement à Giardina {Dytiscus), à Sutton (Brachystola) et à Meves (Pygcera). Ces trois figures présentent de fait quelque chose de commun, mais si cette ressemblance toute de surface pouvait en imposer dans le sens de Goldschmidt, il faudrait voir là une preuve de plus que nos dessins, même quand ils sont soignés, sont par eux-mêmes des représentations objectives bien insuffi- santes. Il suffit de songer à l'évolution ultérieure du corps mitochondrien pour demeurer pleinement convaincu qu'il ne peut aucunement être rapproché ni de l'anneau du Dytiscus ni du chromosome accessoire. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. L 67 tide, défini par le noyau et les ébauches postérieures, • est placé de préfé- rence verticalement. Il convient de dire tout de suite pour expliquer la physionomie assez particulière de ces figures que la nutation coïncide avec une transformation rapide des ébauches caudales. La première phase de la nutation consiste essentiellement dans un déplacement de l'ébauche procéphalique suivant un méridien du noyau, dé- placement d'avant en arrière, qui l'amène à devenir tangente aux ébauches caudales. Il a lieu par glissement, non par roulement, à ce qu'il nous parait, car les formations internes de l'ébauche dont nous aurons à nous occuper un peu plus loin se montrent essentiellement dans la même situation par rap- port au noyau, soit au début du déplacement, fig.52, soit à la fin, fig. 57. Le glissement n'altère pas les rapports intimes de contact entre les deux corps. En même temps que le déplacement de l'ébauche, beaucoup d'images comme celles reproduites fig. 54, 57, obligent d'admettre une incurvation de l'axe spermatidial, à laquelle nous avons attribué quelque temps la pré- pondérance dans le phénomène général; ce n'en est qu'un facteur secondaire, mais trop bien caractérisé, dans certains cas, pour pouvoir être négligé. Sur la signification de la nutation nous ne sommes point parvenus à nous faire une idée arrêtée. C'est un phénomène lié, semble-t-il, au déve- loppement et au redressement de l'amphisome (ci-après), mais il est difficile de savoir pourquoi et de quelle manière. Nous ignorons également quel en est le mécanisme. On peut bien dire qu'il est le résultat d'un tactisme spé- cial agissant entre les ébauches caudales, fixes de leur nature, et l'ébauche procéphalique, mobile; mais ce n'est guère qu'énoncer les faits en termes à peine différents. Le plus étrange est de voir ce tactisme changer de signe peu de temps après que les ébauches se sont rapprochées et déterminer le redressement. Cette deuxième phase de la nutation ne survient que lorsque l'ébauche procéphalique, profondément modifiée, coiffe le noyau comme d'un casque (dernières figures de la série indiquée). C'est un mouvement de glissement inverse du premier, mais qui paraît s'accompagner d'une rotation partielle de la masse générale, en sorte que la formation chromophile (l'amphisome), précédemment couchée, se trouve redressée, fig. 62, 64, 65, etc. B. Phénomènes nucléaires concomitants. La vésicule nucléaire dans son ensemble éprouve une réduction de vo- lume considérable, facile à suivre sur la série des figures, tandis que son contenu figuré se modifie profondément. 21 16* J. PANTEL & R. de SINETY Le caryosome, après avoir conservé quelque temps encore ses grandes dimensions, fig. 51-55, 148, se rapetisse, fig. 58-60, et finit par disparaître. On trouve à sa place un petit nombre de sphérules creuses, retenant le rouge dans les colorations par le magenta et le bleu Unna (où le ca- ryosome demeurait bleu), que l'on ne peut guère considérer que comme les produits de sa transformation; on voit une de ces sphérules, fig. 61, 62, 65, 66, 67, etc. Les traînées ou cordons flottants, plus ou moins bien caracté- risés comme parties de l'élément nucléaire figuré, diminuent d'importance et paraissent gagner la périphérie; on dirait que tout le noyau passe gra- duellement à un état de vacuité relative. Le sort du nucléole, plus exactement du corps nucléolaire, quelle qu'en soit la complexité, réclame une attention spéciale. On reconnaît, en l'étudiant sur des préparations traitées par le magenta-UNNA, que cet élé- ment disparait peu à peu de la vésicule nucléaire, généralement à ce qu'il semble, après s'être morcelé en menus fragments. Or, à la même époque, on commence à trouver, au milieu de la surface de contact du noyau et de l'ébauche procéphalique, un petit amas de granules, fig. 51b,s, c, e., éry- throphiles comme les nucléoles, qui semblent se fusionner bientôt en un corps unique. Ce corps minuscule, dont nous aurons à nous occuper dans le paragraphe suivant, demeure assez longtemps contigu au noyau, mais fait manifestement saillie dans la substance même de la gangue procé- phalique. Si l'on tient compte de ces faits et du sort ultérieur de ce quantum de substance érythrophile, on peut à peine échapper à l'idée qu'il a été fourni par le corps nucléolaire et que, par suite, celui-ci intervient pour sa part dans l'évolution de l'ébauche procéphalique. Nous nous en tenons pourtant à une simple indication dubitative à ce sujet, estimant que dans tout ce qui touche à l'histoire extrêmement compliquée de cette évolution nous devons- plutôt rester en deçà des apparences. Il faut dire aussi que l'on peut trouver des restes de substance érythro- phile clans le noyau, même après la formation du corpuscule qui nous occupe; pourtant il ne semble pas que ce fût là une difficulté sérieuse à l'encontre de l'hypothèse faite. On conçoit, en effet, que la migration nu- cléolaire, si elle existe, ait lieu successivement, soit que les granules se transportent massivement comme tels, soit que l'on admette plutôt l'in- tervention de phénomènes particulaires de dissolution et de reconstitution; on comprendrait même qu'elle n'exclue pas nécessairement la persistance temporaire d'un reliquat destiné à ne disparaître de la cavité nucléaire que LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 69 peu à peu. Ce qui complique un peu les apparences, c'est que les débris érythrophiles provenant de la transformation et de la désagrégation du cary- osome, fig. 153, peuvent affecter eux-mêmes l'aspect de résidus nucléolaires. C. Phénomènes procéphaliques. a) Disparition du volumineux archosome. Au voisinage immédiat de la nutation l'archosome disparaît presque soudainement de l'ébauche procéphalique : on trouve des cystes à ce stade où il ne fait défaut dans aucune cellule et d'autres, à peine plus avancés, où il n'existe dans aucune. La disparition de l'archosome est précédée d'un déplacement, qui l'amène à la périphérie de la gangue achromophile, et d'une déformation : il s'aplatit sensiblement, son contour externe arrivant à se confondre avec celui de la gangue, tandis que son contour interne demeure beaucoup plus convexe, fig. 50 et 145; on dirait, dans cet état, une inclusion enchâssée, plutôt que noyée, dans la substance achromophile. Nous n'avons pas rencontré dans nos préparations le stade immédiate- ment suivant. Diverses circonstances portent à supposer qu'il y a expulsion progressive, peut-être gouttelette à gouttelette - les contours et l'aspect général semblent indiquer qu'il s'agit d'une masse semi-liquide, — au tra- vers de la pellicule limitante de la gangue. C'est bien une sortie quelconque qu'il faut admettre, car une disparition simplement apparente, par perte soudaine de chromophilie, ne rendrait compte ni des phénomènes prélimi- naires, ni du fait plus significatif que la masse archosomique conserve jus- qu'au dernier moment sa chromophilie intense et son contour net. C'est aussi, nous semble-t-il, une sortie successive. Il ne nous est point arrivé de rencontrer en dehors de la gangue une masse chromophile d'un tel volume ('). D'ailleurs, dans un grand nombre de cas on trouve, enchâssées à la périphé- rie de celle-ci, de petites masses chromophiles très nettement délimitées, que nous ne pouvons bien nous expliquer que comme des restes archosomiques, FIG. 53, 55, 57, 115, 170. b) Formation et évolution de ï -amphisome*. î. Premiers rudiments. Malgré notre désir de ne pas ajouter à la complication de la terminologie, nous nous voyons forcés d'employer un (') La masse colorable marquée (?) dans la fig. 109 ne se laisse pas identifier sûrement; rien n'empêcherait d'y voir l'archosome déformé et en voie de régression. 170 J- PANTEL & R. de SINETY mot nouveau pour désigner une formation très spéciale qui succède à l'ar- chosome et semble posséder durant toute une période une véritable auto- nomie. Ce mot dans notre pensée fait allusion à la bipolarité fonctionnelle que nous aurons bientôt à signaler dans l'organite dont il s'agit. L'amphisome se constitue de trois rudiments tout d'abord bien dis- tincts : d'un globule pourpre, fig. 51 et 51bis, g. e., d'un globule cyano- phile, g. cy., et d'un corpuscule dérivé du système érythrophile, c. e., déjà signalé ('). Il ne nous est pas possible de préciser avec une entière certitude l'origine de ces trois facteurs. Nous avons déjà admis comme vraisemblable que le dernier pourrait provenir immédiatement du corps nucléolaire (2) ; le premier se rattache sans doute à l'archosome dont il a sensiblement la chromasie, tandis que le second, cyanophile comme la gangue, mais plus intensément, se serait différencié à ses dépens. Nous n'avons ni le droit ni le désir d'insister sur ces hypothèses; ce qui est hors de conteste, c'est l'existence des trois sortes de parties. 2. Forme primitive. Les deux globules se remarquent les premiers, avant même la disparition de l'archosome, fig. 50, 145. D'abord éloignés l'un de l'autre, ils se juxtaposent bientôt en se portant vers la périphérie, le globule cyanophile sur la ligne qui joint les centres de figure de l'ébauche procéphalique et du noyau, le globule pourpre en dehors, fig. 146; en même temps ils s'accroissent très sensiblement. C'est alors qu'apparaît, vis-à-vis du globule cyanophile, le troisième élément, fig. 147. Sa forme typique est celle d'une capsule à concavité tournée vers le noyau, dont la coupe optique apparaît souvent comme un double granule allongé. Du côté de l'ébauche procéphalique cette capsule a de la tendance à se mettre en rapport avec le globule cyanophile par une partie plus ou moins étirée. Tandis que cette pièce se modèle, le globule pourpre s'allonge en gran- dissant'et se modifie jusqu'à se transformer en une masse birenflée dont le bout libre est plus ou moins conique ou piriforme. Par là se trouve con- stitué l'amphisome sous sa forme primitive. C'est un système continu de (') Nous employons les expressions J 'Avekbach non dans leur sens historique, mais uni- quement dans leur sens étymologique, pour indiquer la teinte caractéristique de ces rudiments dans les préparations au Bouin traitées successivement par le magenta et le bleu Unna. (2) Par suite médiatement des calottes, s'il est vrai que celles-ci introduisent dans le noyau la substance érythrophile, à allures nucléolaires, que nous avons vu apparaître à leur voisinage, dans le noyau. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 171 parties hétérogènes, trichrome, de forme allongée et trirenfiée, appliqué contre le noyau par la capsule, un peu comme pourrait l'être une sangsue par sa ventouse et couché au-dessous de la surface limitante de la gangue procéphalique, toujours du côté des ébauches caudales, fig. 147, 148. On peut pour la commodité des descriptions y distinguer une partie principale ou corps, dérivé des deux globules primitifs, et une pièce d'appui dérivée des granules érythrophiles nucléolaires. Comme on se l'imagine bien, l'aspect de l'amphisome dans les prépa- rations est extrêmement variable et dépend de plusieurs circonstances. Avant tout, de l'orientation. Ce n'est qu'en vue exactement latérale, fig. 57, 59, 109. 110. 147. 148, que l'on peut reconnaître la forme décrite. Dès qu'on s'éloigne même très peu de cette condition, la silhouette est altérée, fig. 52. La configuration de la pièce d'appui n'est pas rigoureusement la même dans chaque cellule. Au lieu de la forme de cupule, il n'est pas rare qu'elle montre celle d'une molette de peintre ou d'un disque dont la partie centrale envoie vers le corps une tige courte et robuste, fig. 59. La forme du corps peut aussi varier. L'un des étranglements originels disparaît parfois, fig. 53 La fig. 54 montre un amphisome dont la partie externe semble s'isoler, la région moyenne paraissant renflée annulairement. Dans la fig. 56, les trois constitutifs sont redevenus distincts (action des réactifs?), l'externe étant très développé et montrant un puissant renflement en anneau (ce cas pourrait peut-être se rapporter à un stade ultérieur). L'action des réactifs doit contribuer dans une large mesure aux modi- fications. Nous serions portés à admettre qu'une contraction énergique peut séparer l'amphisome du noyau, tantôt sans en altérer la forme, comme dans les deux cellules isolées par dissociation (et redevenues isodiamétrales par rétraction spontanée), fig. 109, 110, tantôt en amenant la transformation de la pièce d'appui en un bouton, fig. 53, 55 ('). L'aspect de l'amphisome dans la fig. 58, prise d'une cellule isolée par dissociation et rétractée, s'ex- pliquerait par un décollement total et une orientation perpendiculaire au plan du papier, tout le corps de la formation se projetant suivant un cercle obscur et la pièce d'appui apparaissant comme un double granule. Parfois l'amphisome est complètement masqué par une accumulation (') Il serait possible que ces deux images se rapportent à un stade ultérieur, quand l'am- phisome se détache de lui-même; néanmoins l'état de la cellule qui est encore complètement in- timée ne semble pas l'indiquer. 17: J. PANTEL & R. de SINÉTY de substance chromophile, dans des cellules où les autres conditions paraî- traient favoriser sa mise en évidence, fig. 63. Nous aurions pu multiplier beaucoup les exemples de ces aspects plus ou moins incolites, souvent étranges et- difficiles à expliquer. Nonobstant cette difficulté, la grande prédominance des cas proposés par nous comme typiques — nous les avons observés par centaines, — porte à croire que telle est bien leur signification. 3. Forme définitive. Les phénomènes qui se rattachent à son ap- parition s'accomplissent durant le redressement de la spermatide. Signalons en premier lieu une modification dans la gangue achromo- phile. Il s')' produit une sorte de tuméfaction latérale très différente d'aspect suivant son état de développement. On remarque d'abord comme une souf- flure qui se développerait sphériquement autour du globule cyanophile de l'amphisome, celui-ci lui demeurant tangent intérieurement du côté de la pièce d'appui, fig. 60; cette soufflure, à en juger par les colorations, serait formée d'une substance plus condensée que celle de la gangue, moins con- densée que celle du globule (est-ce un produit d'émission de la pièce d'appui, se diffusant sphériquement? (')). Un peu plus tard, c'est un lobe volumineux que l'on trouve, toujours limité par un contour arrondi, mais souvent défor- mé; l'amphisome finit par y être englobé tout entier et s'y montre toujours immédiatement au-dessous de la surface limite externe, si bien qu'il se voit dans les vues superficielles et disparait dans les vues profondes, fig. 61 et 62, A, B. L'existence de ce lobe est temporaire. Il se déforme bientôt de plus en plus et se fusionne avec la gangue générale, l'amphisome devenant alors tout à fait superficiel (*). Les modifications de ce dernier organite, à l'intérieur du lobe, sont des plus singulières. Les fig. 149-151 montrent qu'il se déprend du noyau i1) Nous ne savons rien sur le fond de ces curieux phénomènes, mais nous ne pouvons guère décrire les images sans nous aider d'une supposition de ce genre. Il est à remarquer que la sphère de diffusion n'est pas concentrique avec le globule i yanophile; nous devons la concevoir comme une bulle de savon qui serait soufflée pur la pièce d'appui, si l'on nous permet de recourir à cette image. Elle va grandissant, toujours en demeurant contiguë à cette pièce, comme la bulle de sa- von au bout du chalumeau, et englobant successivement tout l'amphisome, fig. 60, 149. (-! La présence de ce lobe, aux diverses étapes de son évolution, et celle d'autres conden- sations sphériques, en général concentriques avec le corps principal de la gangue, dont nous ne parlons pas en détail parce qu'elles ne nous ont laissé voir aucune relation avec les phénomènes essentiels, ne contribuent pas peu à compliquer les images, à l'époque qui nous occupe. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1/3 avec une certaine violence (',), la pièce d'appui ne suivant le globule cyano- phile dans son retrait qu'en abandonnant sur le noyau une parcelle de sa substance. Un peu plus tard une séparation se produit entre le renflement distal et le reste de l'amphisome. Le premier demeurant en place contre le noyau s'y étale en une applique à profil triangulaire, y, fig. 151, tandis que les deux autres se relèvent en exécutant un mouvement de rotation qui éloigne * du noyau, fig. 152. La rotation finit par atteindre 900. Tandis qu'elle s'exécute, de nouveaux changements interviennent : le renflement p s'élargit de manière à déborder a, le système a(3 se rapproche de y et le tout subit une torsion qui amène la forme représentée fig. 153 (■). Ces phénomènes externes paraissent accompagnés d'un travail interne de remaniement, comportant, suivant toute probabilité, des échanges de substance entre les parties dérivées des constitutifs primordiaux et se tra- duisant par des changements chromasiques. Dans le cas de la fig. I49'"s, c'est le globule cyanophile, «, qui paraît avoir communiqué sa chromasie au renflement suivant; pourtant les fig. 150, 151 — empruntées à la même pré- paration — relatives à un stade sûrement postérieur et où le globule p est pourpre comme la partie détachée, y, tendent à faire supposer que ces sortes de changements peuvent se placer à une époque un peu variable. De toutes manières on ne tarde pas à trouver des cystes où tout l'amphi- some se colore en pourpre, du moins dans ses parties superficielles. Au stade de la fig. 153 il y a encore un mélange de parties rouges et bleues dont le contraste ne fait que rendre plus manifeste la torsion. Viennent ensuite des images qui correspondent au redressement de la spermatide presque complet, fig. 64, ou complet, fig. 65 et suivantes. Le lobe latéral s'est résorbé dans la masse générale de la gangue, celle-ci affectant la forme d'un casque où le noyau s'enfonce successivement davantage. On y voit des parties chromophiles à divers degrés, de forme très variable : systèmes de sphères concentriques, fig. 64; plages superfi- cielles limitées par un contour sinueux, fig. 65, à droite; dômes élevés, fig. 66, 70; ceinture basale plus ou moins complète et plus ou moins déve- loppée, celle-ci ne faisant jamais défaut à partir d'un certain stade. ' Il s'agit ici d'un phénomène normal, comme le montre la suite, tout différent du décol- lement accidentel dont nous avons parlé plus haut. (•) L'état correspondant à cette figure est un stade bien caractérisé qui peut s'observer dans des cystes entiers ; il suppose de la part de l'amphisome un mouvement de translation sur le noyau et un roulement sur lui-même exprimé par l'aspect de torsade. ,74 J. PANTEL & R. de SINETY L'amphisome, devenu extérieur, se présente de nouveau comme un corps trirenflé qui n'est pas sans ressemblance de forme avec le primitif; mais il faut se souvenir que la pointe d à-présent correspond à la base d'autrefois. Cette pointe, formée par une atténuation de la partie apicale, fait généralement saillie en dehors de la gangue, cette circonstance permet- tant de reconnaître l'amphisome même dans des cellules où il se projette sur une masse chromophile qui en masque le profil, comme c'est le cas pour la cellule fig. 66. L'apparence trirenflée est temporaire; elle n'indique plus, comme dans la forme primitive, l'existence de trois parties distinctes : bientôt les faits montrent qu'il n'y en a que deux. Tandis que le renflement basai tend de plus en plus à se séparer par étranglement et à s'individualiser en une boule très régulière, qui demeure toujours en contact avec le noyau, les deux autres ensemble s'allongent et finalement se transforment, soit en col de gourde étiré, fig. 69, soit en massue, fig. 70. L'amphisome définitif est alors constitué. Morphologiquement c'est un corps chromophile d'origine multiple, dont la partie proximale arron- die en boule est toujours appliquée contre le noyau, dont la partie distale est allongée et appliquée plus ou moins lâchement contre la gangue de l'ébauche procéphalique. Fonctionnellement ce corps est constitué d'une partie proximale à tendances nucléipètes et d'une partie distale à tendances nucléifuges. Les faits déjà exposés laissent entrevoir ce double rôle, qui s'affirmera de plus en plus explicitement dans la suite. 4. Destination. '• Par sa partie nucléifuge l'amphisome paraît agir comme un déterminant matériel, qui provoquerait l'étirement de l'ébauche procéphalique et par suite celui de toute la région antérieure de la spermatide. Cette mise en marche des phénomènes d'étirement comporte deux mo- dalités légèrement différentes. Tantôt la région distale de l'amphisome s'allonge en demeurant comme enchâssée dans la gangue. On trouve alors que celle-ci émet dans la même direction un cône d'étirement, fig. 69, et que ce cône est plus ou moins chargé de substance chromophile, comme si la gangue ne s'était allongée qu'après s'être incorporé un complément matériel cédé par l'amphisome. Beaucoup plus fréquemment la région distale de celui-ci s'allonge en une massue latérale d'abord trapue, fig. 70, puis filiforme, fig. 71, dont le caractère le plus singulier est d'être libre dans presque toute sa région LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 175 moyenne. Toujours nous en avons vu l'extrémité distale appliquée sur la gangue, mais l'état sinueux de la partie mince, fig. 71, 154, 155, ferait aisé- ment songer à un appendice ayant flotté dans le cytoplasme (bien que retenu à la base par la boule juxta-nucléaire) avant de se mettre en rapport avec la région antérieure de l'ébauche procéphalique. Quoi qu'il en soit de ce détail, on remarque dans ce second cas : i° que, sans jamais s'étirer en pointe, le bout de la massue demeure renflé, comme s'il y avait là une réserve d'une substance emmagasinée pour un emploi ultérieur; 2° qu'il se forme en avant de la région de contact de ce renflement avec la gangue un cône d'allongement mixte, formé en majeure partie de substance achromo- phile, mais laissant voir des incrustations ou des traînées de substance chromophile, fig. 71, 154, 155. La partie supérieure de la gangue une fois lancée dans le mouvement nucléifuge, tout le reste, noyau compris, suit par entraînement, dans l'un comme dans l'autre cas ('). Si l'on admet, comme nous croyons pouvoir le faire dans l'état actuel de nos recherches, que les incrustations chromophiles du premier cône d'allongement sont d'origine amphisomienne — nous ne voyons pas quelle autre origine on leur pourrait assigner — et que ce cône ne se constitue pas sans l'englobement préalable de ces particules, l'amphisome se trouve suffisamment caractérisé comme le déterminant de la transfor- mation de l'ébauche procéphalique en armature procéphalique définitive. C'est un déterminant qui entre en quantité dans les phénomènes ; il n'agit qu'en cédant sa substance et en perdant son individualité. Durant les premières phases de l'allongement général, la massue s'étire en un fila- ment de plus en plus mince que l'on suit sans difficulté de la boule basale au renflement terminal, fig. 154, 155; mais ensuite on cesse de la distinguer. Durant quelque temps encore, elle sera représentée par son renflement terminal, de forme et de situation si caractéristiques, fig. 73, ou par des traînées discontinues reconnaissables; puis ces derniers restes finissent eux-mêmes par disparaître et la substance homogène que l'on a sous les yeux ne diffère de la gangue quiescente des périodes antérieures (') Broman (oib) a déjà trouvé chez la salamandre que l'allongement du noyau est déter- miné par l'idiozome. Nous cherchons à préciser davantage en localisant la cause déterminante dans un organite idiozomique. Van Molle (06) incline à attribuer l'étirement de la spermatide à l'influence combinée de la cellule de Sertoli et de la sphère, chez l'écureuil. Cet observateur reconnaît en général que les mouvements de la sphère ont une influence prépondérante sur l'orientation de la cellule reproductrice. 22 1 76 J PANTEL & R. de SINÉTY que par le mouvement d'étirement dont elle est animée désormais et qui ne prendra fin qu'avec la maturation complète de la spermie. 2. Tandis que la partie distale de l'amphisome subit son évolution particulière, sa partie proximale conserve sa situation juxta-nucléaire sans paraître céder de sa substance ni prendre part à l'étirement. Sa forme se maintient quelque temps globuleuse, souvent bien distincte — il existe même parfois une véritable séparation d'avec les parties voisines, fig. 71, 155, — d'autres fois disparaissant dans la substance chromophile environ- nante, fig. 72; ensuite elle s'aplatit en se déformant et finit par ne plus être reconnaissable, sa substance se fusionnant vraisemblablement avec celle de la gangue. Cette partie de l'amphisome ne paraît pas avoir une destination aussi nettement marquée que la précédente. On dirait toutefois qu'elle influe, peut-être mécaniquement et par le seul fait de sa position, sur les rapports de l'ébauche procéphalique avec le noyau. Déjà lorsqu'elle est encore indi- vidualisée comme sphère et surtout à l'époque où elle se déforme en se fusionnant avec la gangue environnante, on remarque dans celle-ci des tendances nucléipètes de plus en plus prononcées. Il suffit d'un coup d'œil sur les figures pour reconnaître que par sa base devenue chromophile l'ébauche procéphalique envahit progressivement le contour du noyau, celui-ci s'y trouvant par là enchâssé de plus en plus profondément. Or, l'envahissement prédomine du côté opposé à l'amphisome, jusqu'à y attein- dre le voisinage du pôle caudal. L'aspect très particulier auquel donne lieu cet état de choses ne fait que se caractériser dans le même sens en s'accen- tuant aux stades suivants. D. Changements au pôle postérieur du noyau. a) - Changements dans l'ébauche périaxilc. Rétrogradation. Nous proposant d'étudier en détail, dans un chapitre à part, la struc- ture et l'évolution de l'ébauche périaxile, nous nous bornerons ici à indiquer sommairement les modifications principales qu'elle subit durant l'étape qui nous occupe. C'était une masse unique au stade de la fig. 50, mais on peut dire qu'elle se divise très tôt après, suivant le plan médian qui passe par le fila- ment axile, ce filament se glissant en quelque sorte entre les deux moitiés et le tout prenant un mouvement rapide d'allongement. L'allongement, LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 77 pour l'ébauche se fait aux dépens de l'épaisseur. Elle se présente bien- tôt, en vue longitudinale, comme une large bande filamenteuse arrondie à son bout proximal, à filaments peu réguliers et pas très denses, où dans certains cas l'on ne distingue pas les deux moitiés constitutives, fig. 53, 54. D'autres fois, celles-ci sont assez distinctes, elles apparaissent comme un système de deux vésicules très allongées et juxtaposées, compre- nant entre elles le filament axile et pouvant avoir leur bout libre à un niveau un peu différent, fig. 57, 63. Nous ne possédons aucune donnée sur les extrémités distales. Ce n'est que fortuitement qu'elles se rencontreraient dans un même plan avec les extrémités proximales correspondantes, vu la longueur et les inflexions de toute la formation ; elles se perdent d'ailleurs, avec les autres queues du même cyste, dans un fouillis inextricable. En plus des mouvements internes qui en modifient la structure, l'ébauche périaxile subit dès le début de la nutation un déplacement in toto, une rétrogradation qui l'éloigné considérablement du noyau. Ce n'est pas l'un des traits les moins curieux de son évolution compliquée. Cet éloigne- ment, dont nous ignorons complètement le mécanisme, n'est d'ailleurs que temporaire; il est suivi d'un retour vers le noyau qui s'accomplit durant le redressement de la spermatide. quand l'ébauche, déjà profondément modi- fiée, est sur le point de se transformer en gaine périaxile. Mais il convient de remarquer que les deux mouvements, de recul et de retour, sont de na- ture bien différente : le premier est un déplacement d'ensemble qui pour- rait, à la rigueur, relever d'une cause extrinsèque; le second est un mouve- . ment de croissance de bas en haut, nécessairement intrinsèque, grâce au- quel l'ébauche remonte jusqu'au noyau, plus exactement jusqu'à une forma- tion spéciale qui s'est développée au pôle postérieur du noyau, durant la régression et dont nous allons nous occuper. b) Développement du * collier*. Nous ne prenons pas ce terme dans le sens de »cou«. Le cou, «Halz>- des auteurs allemands (Eimer, Ballowitz, Waldeyer), est un court tron- çon de la spermie; le collier n'est pour nous tout au plus que la partie périphérique et comme l'enveloppe de ce tronçon. 1 . Son ébauche ciliée. De très bonne heure et pour ainsi dire dès la première apparition du blépharoplaste au pôle postérieur du noyau, il se développe autour de lui, contre la membrane nucléaire ou à ses dépens, un épaississement discoïde très chromophile qui s'élargit progressivement 17g J. PANTEL & R de SINÉTY jusqu'à la fin de la nutation. Il paraît nu à l'origine, mais tandis que l'ébauche périaxile rétrograde il s'y développe une touffe de filaments externes qui semblent pousser des divers points de sa surface comme le fila- ment axile du blépharoplaste (')• Ce sont des cils relativement robustes, à l'origine assez divergents, flexueux, pas très serrés et peu colorables. Ils croissent en longueur pendant toute la durée de la nutation, se rectifient et deviennent plus ou moins convergents. Les fig. 52, 57, 63 montrent quel- ques aspects de cette garniture ciliée dans des cellules où elle paraît moins développée; elle est plus longue dans les fig. 55, 148, 149, 150, 152. Nous avons dit que l'épaississement cilifère était discoïde ; plus exac- tement, c'est une couronne dont le creux est occupé par le blépharoplaste, élargi lui-même à cette époque et aplati. La couronne est-elle blépharo- plastique ou nucléaire? Peut-être n'est-elle ni l'un ni l'autre exclusivement. La membrane du noyau pourrait en fournir la trame fondamentale et le blépharoplaste un constitutif complémentaire, qui serait la raison spéciale de sa chromophilie et de sa tendance à émettre des cils (-). ! Transformation de cette ébauche. Cette transformation est im- médiatement réductible à celle d'un anneau plat se changeant en un cylin- dre ou en un tronc de cône creux, ayant pour diamètre moyen le diamètre intérieur de l'anneau. Commencée à la fin du redressement de la sperma- tide, elle est complète au stade de la fig. 72, à la fin de l'étape que nous étudions dans le chapitre actuel. Les fig. 62, 64, 71 en montrent des phases intermédiaires, les fig. 72, 73 la dernière phase. Pour plus de clarté, nous la décrirons sur le diagramme ci-après, y?g\ 2 du texte. A est l'état de choses initial. PP est l'ébauche ciliée, en couronne ou anneau plat, vue en coupe diamétrale (on n'a pas tenu compte des cils). « est le blépharoplaste, aplati à cette époque, isolé idéalement d'après les phénomènes ultérieurs; en réalité il est et demeure contigu à l'anneau, (') Il existe des cellules à peine plus avancées que celle reproduite fig. 49, où les cils déjà développés forment une touffe oblique, adjacente à l'ébauche périaxile. (s) Peut on aller jusqu'à y voir un blépharoplaste annulaire, dérivé par division du blépha- roplaste proprement dit? C'est là une idée qui ne peut manquer de paraître singulière, tant elle s'éloigne des schémas admis, mais que l'on peut néanmoins discuter. Dans les spermiogénèses les mieux connues (ce ne sont malheureusement pas celles des insectes), il existe deux corpuscules cen- traux résultant d'une division très précoce, ayant chacun un rôle déterminé. Nous n'en trouvons qu'un dans le Notonecta : de ce côté, l'hypothèse n'aurait rien que d'acceptable. La véritable dif- ficulté vient, nous semble-t-il, du fait que chez les mammifères Meves a trouvé, comme nous le verrons plus loin, une garniture de filaments n'ayant rien de commun avec les corpuscules centraux ; il serait étrange que les filaments eussent ici une origine centro-corpusculaire. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 79 tandis que celui-ci se transforme. En B le bord interne de l'anneau est descendu et le reste s'est rétréci : on a une couronne rebordée inférieu- rement, d'un diamètre extérieur moindre que le 5 a 3 ' ' primitif, d'un diamètre intérieur toujours réglé sur celui du blépharoplaste. Ces mouvements se ^^, B poursuivant dans le même sens, le rebord, ou col, augmente graduellement de hauteur aux dépens de l'anneau plat et toute l'ébauche se trouve fina- le! lement transformée en un manchon tronconique (plus tard exactement cylindrique), D, offrant, à |„j D un niveau un peu variable, un diaphragme inté- rieur constitué par le blépharoplaste. Fis-. 2. Diagramme tvt • *. 6 5 Nous pouvons remarquer en passant que c est de la formation du collier : * * * blé haro lastc- ^a première partie de la cellule parvenue à l'état 83, ébauche cilifère; - de maturité. Nous retrouverons ce collier dans la a, b, c, d, phases successives spermie a(]ulte à peu près tel qu'il est maintenant, de sa transformation en collier. ... seulement un peu élargi et rigoureusement calibré. 3. Le sort des filaments. Sur ce point nous devrons nous borner à exposer quelques données. La touffe large et modérément fournie que l'on voyait au début se rétrécit progressivement pendant la transformation de sa membrane de support. Par le fait même, les éléments en apparaissent plus ramassés et moins distincts. Nous ne les avons jamais vu émerger de la surface laté- rale du collier. Nous n'avons pas vu davantage qu'ils se raccourcissent ou dégénérassent en laissant la place libre. Il existe toujours une formation plus ou moins distinctement filamenteuse faisant la continuité entre le bord inférieur du collier, quand il est presque achevé, et l'extrémité anté- rieure de l'ébauche périaxile, alors en voie de remonter, profondément transformée et offrant, de son côté, une vague fibrillation longitudinale, fig. 122. Du côté du collier cette formation rappelle incontestablement la touffe ciliée, aussi longtemps que la transformation de l'ébauche est incom- plète, fig. 69, mais on n'aperçoit ensuite qu'une gaine tubulaire d'appa- rence uniforme, fig. 70 et suivantes. Ces faits tendraient à faire supposer que les cils se fusionnent en don- nant naissance à une membrane tubulaire. L'étude du développement de la gaine nous montrera que cette membrane, si elle se forme réellement, comme cela est très vraisemblable, ne peut avoir qu'une existence éphé- 180 J PANTEL & R. de SINETY mère. Elle aurait à remplir un rôle important, néanmoins, qui serait de guider la véritable gaine périaxile dans son ascension vers le collier. E. Le reste du corps cellulaire. En même temps qu'elles se polarisaient dans leur structure interne, à la fin de l'étape précédente, les spermatides s'orientaient comme un tout dans le cyste, toutes les têtes se plaçant à la périphérie et du côté posté- rieur du follicule. Cette orientation s'accentuera et se complétera avec les progrès de la transformation, les spermies finissant par former un fais- ceau où elles seront non seulement couchées côte à côte, les têtes au même niveau, mais couchées dans la même situation, comme nous le verrons plus loin; elle nous semble relever des causes internes du développement de la cellule, non de tropismes externes dont le siège ne serait pas assignable ici, vu la composition partout uniforme de la paroi cystique {'). L'orientation s'accompagne de l'allongement de l'ébauche périaxile et celui-ci entraîne celui du corps cellulaire. Au stade de la nutation, lorsque la paroi cystique s'est distendue sous la poussée combinée des allonge- ments individuels, la cellule considérée in situ est en quelque sorte dif- forme : au volumineux ensemble géminé formé par le noyau encore très gros et l'ébauche procéphalique, fait suite une immense traînée caudale, étroitement et indistinctement accolée à celle des éléments voisins. Le corps cellulaire proprement dit ne peut d'aucune manière s'individualiser. (') Giardina (01) conclut de ses observations sur le Dytiscus que la polarité et les autres prédéterminations de l'œuf sont des manifestations d'une organisation spécifique. Nous pensons la même chose de la spermie. Les opinions des auteurs sur le sujet sont fort peu d'accord : Meves (97a) suppose que les excrescences hyalines peuvent servir aux spermatides à se pla- cer parallèlement. On aurait là tout au plus une raison du comment, non du pourquoi. Nous avons vu du reste que les excrescences donneraient plutôt lieu à des fusions périphériques. Gkoeben (99) reconnaît au phénomène de l'orientation des faisceaux de spermies une cause morphologique : le fait que ce sont des cellules flagellées pouvant être considérées comme des cellules épithéliales et devant avoir le flagellum vers le lumen du tube séminal (cette considération n'est d'aucune valeur dans le cas des cystes pleins); à cette cause s'en ajoute une autre d'ordre physiologique : une excitation trophique. Il est juste de remarquer que cet auteur ne traite que les vertébrés et les mollusques, où la cellule de Sertou et la cellule basale fournissent un appui à ses hypothèses. Broman (oib) invoque les tactismes, un trophotactisme pour donner le commencement à la dlélisation, un homocytotactisme pour l'achever. Loisel (02) attribue encore plus à cette catégorie de causes. La cellule de Sertoli « déter- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 8 1 Dans la région antérieure, on distingue parfois assez longtemps une zone réticulée dépourvue de limites propres, fig. 57, mais la partie la plus con- sidérable de la masse cytoplasmique est bientôt refoulée en arrière, autour de l'ébauche périaxile. Là on trouve souvent et pendant longtemps des amas plus ou moins considérables de grumeaux, de boules déformées, de caillots de diverses grandeurs, qui ne peuvent guère être considérés que comme des produits de dégénérescence de la substance cytoplasmique. L'idée à laquelle on est conduit par la suite des images, c'est que la vie de la cel- lule se concentre de bonne heure dans le noyau et les ébauches que nous avons passées en revue, le reste du corps cellulaire étant voué à une régres- sion dont les produits servent de pabulum nutritif aux parties plus vitales. Après le redressement et dès que commence l'allongement de l'armature procéphalique, toute la partie antérieure de la cellule parait nue. Si elle baigne dans une substance à caractères indécis, celle-ci parait avoir les simples attributions de milieu nutritif, nullement le caractère de partie intégrante. Ce n'est pas sans surprise que l'on voit une cellule de cette forme étrange se remettre en boule dans le contenu extravasé du cyste, même au stade de la pleine nutation, fig. 58, 108-110. Ses dimensions dans ces conditions anormales ne diffèrent pas beaucoup de celles qu'elle avait avant la polarisation, comme on peut s'en convaincre en se reportant aux figures précédentes. Il faut en conclure que le développement de la gaîne caudale consiste dans une modification de structure et de forme de l'ébauche péri- axile, plutôt que dans sa croissance. mine des phénomènes de chimiotaxie positive qui expliquent : l'allongement des noyaux des sperma- tides en tètes de spermatozoïdes, l'orientation constante de ces dernières par rapport à une cellule de Sertoli, enfin leur enfoncement plus ou moins grand dans cette cellule », p. 162. Cette expli- cationv a l'inconvénient d'accaparer en faveur d'une cause très particulière, l'influence de la cellule de Sertoli, un effet général qui se produit identiquement de la même manière en l'absence de cette cellule et de toute cellule analogue. Bolles Lee (04b) fait intervenir l'cthyaloplaste», une formation très singulière, mais quelque peu insaisissable, dont la suppression produirait un grand trouble dans les derniers mémoires du distingué cytologiste. « Cette translation (des noyaux vers la cellule basale) est due à l'élongation de l'hyaloplaste. . L'extrémité polaire de celui-ci trouve un point fixe contre la membrane cellu- laire ; en conséquence, lorsqu'il s'allonge, il transporte le noyau avec lui, l'éloigné du pôle et le pousse dans la région antipolaire qui se trouve être celle qui avoisine la cellule basale II serait donc superflu d'invoquer, pour expliquer cette migration des noyaux, un caryotaxis ou tactisme quelconque ». p. 436. 182 J- PANTEL & R. de SINÉTY E. Rapprochements avec les données de la littérature. a) JSutation. Ce phénomène que nous avons cru devoir mettre quelque peu en relief se présente chez le Notonecta avec une physionomie très particulière, surtout à cause des relations qu'il y laisse entrevoir avec le développement de l'amphisome, l'organite chromophile qui donnera le branle aux grandes transformations du pôle antérieur. Mais pour être plus remarquable dans cette espèce il n'est pas nouveau dans ses traits essentiels : les deux dépla- cements, inverses l'un de l'autre, de l'ébauche procéphalique ont été décou- verts chez le Pyrrhocoris par Henking (qi ), puis revus par Voinov chez le Cybister (03); la rotation nucléaire qui semble intervenir dans le phéno- mène, du moins comme facteur secondaire, se rattache à une tendance du 1 . v- noyau assez souvent signalée. Ce n'est pas deux, mais trois déplacements que signale Henking. Au moment où le Nebenkcrn prend la forme d'un « Weissbrot - (c'est-à-dire se divise en deux moitiés allongées), le -mitosomc, apparu tout d'abord près du pôle caudal, se porte au pôle antérieur; il revient ensuite à sa position de départ, tandis que le noyau paraît tourner un peu sur lui-même dans le même sens (') et se divise en un fragment plus clair qui est rejeté et une masse plus importante, avec grain colorable inclus; celle-ci se transporte définitivement au pôle antérieur, y subit, contre le noyau, un aplatissement asymétrique et finit par fournir la plus grande partie de la pointe de la spermie. Cette description résumée suffit pour montrer que les phénomènes ont été étudiés de très près par Henking (2). Le premier des trois déplacements qu'il mentionne appartient pour nous à la polarisation interne de la sperma- tide; il ne peut exister, en tant que déplacement postéro-antérieur, que dans les espèces où l'ébauche procéphalique se forme tout d'abord au voisinage du pôle caudal. Chez celles où elle se constitue, comme chez le Notonecta, aux dépens de vésicules archoplasmiques situées n'importe où, son appari- (') a Oft macht es den Eindruck, als wenn der Kern sich etwas in dem Sinne der Wande- rung des Mitosoma mit umboge und umdrehte », p. 713. (2) Henking a été frappé par la singularité de ces déplacements alternatifs du mitosome ; il a peur qu'on ne veuille pas y ajouter foi : « Die von mir im Vorhergehenden beschriebene drei- fache Wanderung des Mitosomas aufwârts, abwàrts, und wieder aufwârts ist vielleicht im Stande, Misstrauen gegen meine Angaben zu erweeken. Da will ich noch einmal ausdriicklich betonen, dass die mitgetheilte Reihenfolge ganz unzweifelhaft ist », p 713. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 83 tion au pôle antérieur, lors de la polarisation, ne saurait être considérée comme le résultat d'une migration d'arrière en avant. Le mouvement de recul qui suit est la première phase de la nutation. L'abandon d'un quan- tum de substance plus claire, paraissant vouée à la dégénérescence, qui se fait à la fin de ce mouvement, ne peut avoir que la signification d'un départ de substance archoplasmique. L'ébauche, à partir de là constituée, comme à l'ordinaire, d'un fond moins colorable et d'une formation incluse chromo- phile ('), émigré vers le lieu marqué d'avance pour sa transformation. Voinov (03) retrouve le triple déplacement de la sphère signalé par Henking et observe qu'une rotation du noyau semble prendre part à ces mouvements. Cette rotation serait d'ailleurs beaucoup plus considérable chez le Cybister que chez le Pyrrhocoris et le Notonecta, comme on le voit par ce passage : » dans la fig. 551', on voit même l'extrémité amincie et arrondie du Nebenkern, qui avance jusqu'au pôle antérieur du noyau. Il est évident que le filament axile et son enveloppe n'ont pas bougé par eux- mêmes, mais ce résultat a été obtenu grâce à une rotation de 1 8o° du noyau, à la suite de laquelle le pôle postérieur est devenu antérieur et a entraîné avec lui l'extrémité de la future queue du spermatozoïde « (p. 237). Wilcox (95) a certainement vu la nutation chez la cigale. Bien que les dessins de cet auteur soient, comme on sait, extrêmement malingres et sans légendes, il est impossible de ne pas reconnaître dans sa fig. 31, par exemple, le phénomène qui nous occupe. Nous pourrions relever dans la littérature de la spermiogénèse plusieurs indices du genre de celui-ci. La tendance du noyau de la spermatide à tourner sur lui-même, à diverses époques de son évolution, a été signalée chez le Phalangista (von Korff, 02, trois rotations alternatives de 900), chez l'écureuil (van Molle, 06, une rotation par suite de laquelle le reste de l'étranglement du fuseau ne se trouve plus en continuité avec les filaments fusoriaux qui adhèrent encore au noyau), et chez le Tenebrio (Stevens, osb, une rotation de 1800 du noyau ou de son contenu). b) Données intéressant l'histoire de l'amphisome. Les données relatives aux phénomènes qui s'accomplissent au pôle antérieur de la spermatide, au moment où elle commence à s'allonger, sont (') Il parait difficile de ne pas conclure de cette identité des phénomènes à celle des forma- tions qui les présentent. Pour notre part, nous sommes très portés, ainsi que nous l'avons insinué au chapitre précédent, à voir dans le « mitosome » de Henking une masse archoplasmique. 23 [84 J- PANTEL & R. de SINETY en général trop sommaires pour que nous puissions songer à des rappro- chements poussés jusqu'aux détails. Nous signalerons pourtant quelques points qui pourraient correspondre à de véritables contacts entre la sper- miogénèse du Notonecta et celle d'autres types. On peut considérer comme des faits appartenant plus ou moins direc- tement à l'histoire de l'amphisome : i° l'expulsion par l'ébauche procépha- lique (ou vésicule archoplasmique) de la plus grande partie de l'archosome; 2° la participation au moins douteuse du corps nucléolaire au développement de l'ébauche procéphalique; 30 l'affaissement asymétrique de cette ébauche sur le noyau; 40 l'apparition à son intérieur de formations chromophiles variées. Or, sur ces divers points la littérature contient des renseignements plus ou moins explicites. 1. L'expulsion de l'archosome n'est pas signalée comme telle, il est vrai, mais certaines figures, d'ailleurs très claires et très soignées, de Voi- nov (03) s'interpréteraient bien dans ce sens ('). Dans la fig. 53, on aurait en 5, non la sphère, comme le pense l'auteur, mais un volumineux archo- some logé dans sa vésicule archoplasmique. Dans la fig. 54, cet archosome serait sorti (non pas probablement sans laisser dans la vésicule un reste destiné à la formation d'un amphisome, qui peut se dérober par sa petitesse à l'observation). Pour Voinov, il s'est différencié en ses deux parties : le bouton terminal ou acrosome, incolore, et le reste de la sphère, obscur. Mais cette interprétation a contre elle : 1 " le fait que le véritable reste de sphère coexistait avec la masse noire, fig. 52; 20 le fait que l'acrosome de von Lenhossék, loin d'être une sphérule incolore, est au contraire un grain colorable. 2. Prowazek (01) admet que chez VOryctes nasicornis le nucléole prend part à la formation du granule sombre de la » Spitzentheil -. 3. L'affaissement asymétrique de l'ébauche procéphalique sur le noyau est mentionné par Henking chez le Pyrrhocoris, par von Lenhossék (98) chez les mammifères (comme forme asymétrique de la » Kopfkappc -). On en voit des indices dans de nombreuses figures çà et là. 4. Les données sur des formations plus ou moins compliquées, déve- loppées à l'intérieur de l'ébauche procéphalique, sont plus nombreuses; en les rappelant, toutefois, nous ne prétendons pas donner à entendre que (') C'est à regTet que nous nous voyons amenés à discuter une interprétation autrement que sur l'observation directe des objets Nous ne pouvons le faire qu'avec toute la réserve que com- mande cette circonstance et pour appeler l'attention de l'auteur sur le doute, nullement pour le résoudre. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUC\ L. 1 85 nous considérons toutes ces formations comme homologues entre elles et avec l'amphisome. Chez l'axolotl, Bkanca (04) signale à la base de la vésicule archoplas- mique une plaque chromophile, d'où s'élève une formation conique, baso- phile en bas, acidophile en haut, qui monte suivant l'axe; formation tem- poraire, disparaissant avant la vésicule. Il faut attendre le travail détaillé qui doit compléter cette communication préliminaire, mais dès à présent on ne peut qu'être frappé de la bichromicité et de l'existence temporaire attribuées à cette pièce, deux caractères que nous avons vu appartenir à l'amphisome. Scheben (05) décrit chez Y Ascaris une condensation discoïde appa- raissant sur la surface de contact de la vésicule avec le corps réfringent, et donnant origine à une tige axiale montante. Au lieu d'un disque et d'une tige montante, Tonniges (02) a décrit chez le Litliobius une tige descendant d'un granule apical, qui traverse suc- cessivement la vésicule (ébauche procéphalique), une calotte chromophile développée autour de la partie supérieure de la tète et la tète elle-même. c) Rétrogradation . Le recul de l'ébauche périaxile a été remarqué chez divers insectes, si nous en jugeons par les dessins publiés. La fig. 620 de Henneguy (<> 4 1, relative à un Forficula, les fig. 27, 28 de Baumgartner (02), relatives à un Gryllus, la fig. 156 de Stevens (o5b), relative au Blatella germanica, ne laissent pas de doutes à cet égard. Par contre nous n'avons trouvé aucune indication sur le mouvement inverse d'ascension. Les auteurs semblent envisager cette descente le long du filament axile plutôt comme un flux de substance nébenkernienne ('). d) Collier et garniture ciliée de son ébauche. 1. Collier et "Schwanzmanschette^. Les analogies du collieravec la manchette caudale de von Lenhossék et Meves sont trop grandes pour qu'on puisse renoncer à les trouver jamais identiques, mais elles sont mêlées de trop de dissemblances, vu les données que nous possédons actuellement, pour qu'on puisse affirmer encore cette identité. (') Stevens dit au sujet de la figure citée : « Fig. i56 shows how the spindle-substance goes into the tail and gradually disappears as the tail lengthcns » (p. 9). !B6 J PANTEL & R. de SINETY Rappelons que d'après von Lenhossék (98) la formation déjà signalée par Kolliker (1856) comme -hyalines Rohr'- et comparée à tort à une vési- cule (Schwanzblase), apparaît chez le rat comme une formation en manchette, ouverte en arrière et fixée par son bord antérieur autour du pôle postérieur du noyau. Très large à son origine, elle se rétrécit ensuite en s'allongeant et entoure le filament axile d'une délicate enveloppe, au niveau du » Mittel- sttick". C'est à tort qu'on en a expliqué la formation par un soulèvement de la membrane nucléaire (Biondi, Benda, Hermann, Niessing, etc.); point de doute que ce ne soit une différenciation locale délimitant la partie du cytoplasme qui doit accompagner le spermatozoïde. Meves (99) reprend l'étude de cette formation chez le cobaye. Il con- firme le fait qu'elle constitue un tube ouvert en arrière, non une vésicule, mais il donne de son origine une tout autre explication. La manchette com- mence à apparaître sous la forme de «Faserkorb^. Il se développe dans le corps cellulaire un système de filaments partant de la surface du noyau et formant un anneau autour du corpuscule central, qui ne sont ni parallèles ni convergents par rapport au filament axile, mais contenus dans un autre plan et tous inclinés de la même manière. Ces filaments, pour lesquels l'au- teur préfère la dénomination de fibres ('), sont tout d'abord assez courts ; ils croissent ensuite en longueur comme en épaisseur et finissent par se souder latéralement les uns aux autres. A partir de là, la Schipan{manscliette est constituée à l'état de membrane fermée. Elle continue de s'allonger sous cette nouvelle forme en se rétrécissant, mais de bonne heure elle perd ses relations avec la tête et finit par disparaître, souvent en laissant comme ré- sidu un ou plusieurs filaments épais. Les travaux de Niessing (00), von Korff (02), Loisel (02) contiennent sur la manchette caudale quelques renseignements assez sommaires. Nies- sing revient sur ses premières idées personnelles pour accepter celles de Meves au sujet de l'origine de cette formation. Von Korff (02) la décrit chez Phalangista sans pouvoir dire quelle en est l'origine ; elle y présente cette particularité qu'au moment où elle se détache, elle est entraînée avec le capuchon, lui-même caduc dans ce type. Loisel (02) ne peut décider si elle est due à un soulèvement de la membrane nucléaire ou au cytoplasme. Schœnfeld (00) revient à l'ancienne conception d'un soulèvement de la membrane nucléaire, en la modifiant toutefois profondément : ce n'est plus d'une vésicule ou hernie simple qu'il s'agit, mais d'une hernie annu- (') « Die Fâden oder besser Fasern... » (p. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 87 laire, si bien que la formation aura un double feuillet -à l'instar du tablier mésentérique, par exemple-' (p. 89). Après son complet développement elle se détache du noyau et dégénère. Van Molle (06) explique comme Schœnfeld la première formation de la manchette aux dépens d'un bourrelet annulaire et par suite sa constitu- tion originelle à l'état de tube à deux feuillets; il se sépare de lui dans la manière d'en comprendre le développement ultérieur et le sort définitif. Les deux anneaux d'insertion des deux feuillets membraneux descendent successivement vers le pôle postérieur, l'interne d'abord, l'externe ensuite, et le feuillet interne se dégaine, la manchette se trouvant transformée par là en un tube à feuillet simple (sans que sa longueur pourtant en paraisse accrue, ce que l'auteur explique par un retrait). Sous cette forme, elle per- siste dans le spermatozoïde achevé, autour de la pièce intercalaire (segment intermédiaire). L'auteur insinue en passant que certains plis longitudinaux dont il explique la formation ont pu donner à Meves l'illusion de filaments. La Schwan\manschette est donc pour Meves et un assez grand nombre de spermiologistes un tronçon de tube caduc, formé par la soudure côte à côte de filaments, sans intervention de leur membrane de support, tandis que le » collier « du Notonecta est un tube persistant, formé tout entier par la membrane de support des cils, sans intervention de ceux-ci. S'il y a une manchette caudale dans notre type (nous ne voulons ni l'affirmer ni le nier, bien que nous soyons très portés à l'admettre), c'est le tronçon de tube tem- poraire formé peut-être par la soudure des cils, en arrière du collier, qui la représenterait. Quant à la théorie de van Molle, nous ne pouvons que la rappeler sans en apprécier les bases objectives, ne connaissant pas la spermiogénèse de l'écureuil, mais il est de notre sujet de constater qu'elle n'est point applica- ble au collier. S'il s'agit en particulier des filaments décrits par Meves, les caractères que nous avons trouvés à la garniture ciliée du Notonecta d'une part, et aussi la netteté des figures du savant biologiste de Kiel ne nous inclineraient pas personnellement vers l'interprétation de van Molle. 2. Collier et formation post-céphalique des céphalopodes. The- sing(04) a décrit chez les poulpes une formation rappelant le collier, au pre- mier aspect, mais offrant trois cloisons transversales au lieu d'une (fig. 16 de l'auteur), celle d'en haut constituée par un disque chromatique, les deux autres par les deux corpuscules centraux. Le segment supérieur est nu- cléaire par son mode de développement. L'auteur ne se prononce pas au 188 J- PANTEL & R. de SINETY sujet du segment postérieur, mais il penche pour une origine cytoplas- mique. Pourtant, sa fig. 12, qui en montre un état très jeune, ne serait pas pour faire exclure l'idée d'une formation appendiculaire comparable à un - Faserkorb » . Serait-il impossible qu'il y eût dans ce type coexistence d'un collier nucléaire et d'une manchette caudale y faisant suite? 3. Garniture ciliée chez les chilipodes. Dans son excellent tra- vail sur le Lithobius, qui nous a offert ailleurs des analogies si frappantes avec le Notonecta, Tonniges (02) décrit une différenciation cytoplasmique développée autour des centrosomes et consistant, ce semble, en une con- densation à aspect fibrillaire, qu'il rapproche du » Faserkorb « de Meves. Les fibres en sont d'abord parallèles au filament axile, puis deviennent concourantes en formant un système fermé (?) en arrière. Blackman (01) avait certainement rencontré la même structure chez le Scolopendra, où il signale des «strands of linin extending parallel to the axial filament-, à propos de sa fig. 37. H ne nous paraîtrait pas impossible que la fig. 160 de Meves (02J représentât un des aspects de cette même formation chez Lithobius. Nous ne doutons point que la plupart de ces données ne se rapportent à une formation très analogue à la garniture ciliée du Notonecta. Elles sont malheureusement très fragmentaires et il faut attendre de nouvelles recherches pour savoir jusqu'où se poursuivent les rapprochements. L'existence chez les insectes d'une formation ciliée susceptible, sans doute, de se présenter suivant les types sous bien des aspects, ne peut guère manquer d'amener la révision de quelques structures. Par exemple, malgré notre considération pour un travail que nous avons trouvé très concis et plein de faits, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander si la - middle pièce « décrite et figurée par Stevens (o5b) chez un Stenopelmatus ne dissimulerait pas une garniture ciliée de très petites dimensions. Le centrosdme allongé, que l'auteur décrit comme appliqué d'abord contre le noyau par toute sa longueur, pourrait correspondre à un des aspects de notre ébauche ciliée vue par la tranche, le filament axile paraissant issu d'une de ses extrémités, soit par suite d'une direction accidentellement très oblique, soit plutôt parce que le disque ne serait pas vu tout entier. La formation conique pourrait n'être que la garniture de cils, ou un collier beaucoup plus atténué en arrière que celui du Notonecta. Nous devons nous abstenir d'affirmer, mais nous indiquons dans quelle direction nous nous croirions personnellement obligés de chercher, après les résultats fournis par notre objet. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 89 Chapitre III ALLONGEMENT DE L'ARMATURE PROCÉPHALIQUE ET PHÉNOMÈNES CONCOMITANTS, JUSQU'A L ÉTAT DÉFINITIF. Pl. IV et fig. 156, 157 (changement de grossissement à partir de la fig. 79). A. Phénomènes procéphaliques. a) Avant la première résorption de la vésicule nucléaire, fig. 74-88. Par suite du mouvement nucléifuge qui s'est déclai'é dans la plus grande partie de sa masse, l'armature procéphalique se trouve rapidement étirée en un cône de plus en plus effilé, tandis que se poursuit dans sa par- tie basale, chargée de substance chromophile, le mouvement nucléipète unilatéral qui fait comme couler cette substance vers le collier. Le noyau prend part, passivement ce semble, à l'étirement général, et se trouve amené à occuper une sorte de niche oblongue, que l'on dirait creusée aux dépens de la partie chromophile de l'armature. Le fond et tout particulièrement les bords latéraux de cette niche montrent, aux premiers stades de l'allongement, une grande tendance à émettre des sortes de prolongements pseudopodiques généralement robustes et trapus, de forme souvent capricieuse, qui proéminent à l'intérieur de la vésicule ou tendent à l'enlacer extérieurement, fig. 74-78. Vus de face et en raccourci, ceux de ces prolongements qui dépendent du fond en impose- raient quelquefois pour des détails d'un élément nucléaire vigoureux. Plus tard la niche s'allonge de plus en plus, d'ordinaire en se simpli- fiant, bien qu'il ne soit pas rare d'y reconnaître encore, dans les vues de face de la région antérieure, des traînées longitudinales ou des points obscurs, fig. 86, 88, qui correspondent à des crêtes ou à des saillies verruciformes du fond, et que les bords latéraux tendent toujours, surtout vers le bas, à émettre des lobes enlaçants de toute forme, fig. 79-82. Les aspects sous lesquels se présente alors la partie centrale de la jeune spermie sont à peine plus uniformes qu'après la nutation. Ils varient non seulement avec le développement de la substance chromophile et les accidents de forme de la niche, mais encore avec l'orientation par rapport à l'observateur. Dans les vues dorsales, la vésicule nucléaire peut être presque totalement dissimulée sous le fond sombre de la niche qui se projette sur elle, le noyau n'étant reconnaissable que grâce au collier, toujours très net, igo J. PANTEL & R. de SINÉTY ou aux épaississements internes, s'il en existe, fig. 83. Dans les vues laté- rales, cette vésicule peut laisser reconnaître les deux bords de la niche, fig. 85, former une boursouflure que l'on dirait séparée du reste du noyau, fig. 87, et offrir d'autres variantes que nous n'avons pas pris soin de représenter. b) Entre les deux résorptions nucléaires, fig. 89-97. La fig. 89 pourrait être empruntée au même cyste que la précédente, tant est faible la différence des stades, et néanmoins les rapports de l'arma- ture procéphalique avec le noyau y sont tout autres. Il n'existe plus de niche. Le noyau est réduit à la partie conique, immédiatement située au-dessus du collier, qui jusqu'ici a été préservée plus ou moins complète- ment des envahissements de la gangue procéphalique. Tout l'intérêt de celle-ci, à cette époque, se concentre dans la partie qui avoisine immédiatement le noyau restant. Dans les cellules qui se pré- sentent bien à l'observation on voit là, de part et d'autre de l'ébauche céphalique - - bande médiane à pointe inférieure ondulée ou spiralée, — deux biseaux chromophiles descendants, fig. 89, que l'on pourrait prendre à première vue pour des dépendances de l'élément nucléaire, mais qui dé- rivent en réalité des bords de la niche disparue. Originellement, c'étaient des épaississements pariétaux formés l'un vis-à-vis de l'autre au-dessus de l'ébauche céphalique, fig. 88. Actuellement, ce sont des prolongements que la gangue procéphalique envoie dans la cavité nucléaire restante. Ils en longent intérieurement la membrane, sans y adhérer, pouvant s'en sé- parer sous l'action des réactifs, fig. 89, 91, 93. Suivant l'orientation de la cellule, les deux sont visibles, fig. 89, 90, 93, ou l'un des deux est dissimulé, FIG. 91, 92, 94. A mesure que l'étirement continue, l'armature procéphalique et le noyau sont progressivement amenés à la largeur à peu près définitive de la spermie. Dans cet état, fig. 95-97, la résorption définitive de la cavité nucléaire est imminente et des rapports de contact immédiat vont s'établir entre la substance de l'armature et la tète proprement dite. c) Durant les dernières transformations, fig. 10Ô-107. Nous n'avons pas rencontré de stade intermédiaire à celui de la fig. 97, où la cavité nucléaire est encore relativement grande, et celui des fig. 100 LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 19 1 101, où elle est presque totalement ou totalement comblée. En tout cas, les mouvements qui amènent ce nouvel état de choses nous paraissent n'être que la continuation de ceux que nous avons déjà signalés : descente pro- gressive de la substance de la gangue dans l'espace compris entre la tête et la membrane nucléaire restante, avec résorption corrélative de la caryo- lymphe. Au stade de la fig. 100, ces phénomènes touchent à leur terme, seulement on ne voit sur cette figure ni le collier ni la gaine caudale qui y fait suite. La figure suivante, dans laquelle la tête, /, et la gouttière caudale, g. c, qui est venue s'y accoler, sont entièrement noyées dans la substance de l'armature procéphalique, met sous les yeux les véritables rapports définitifs. L'homogénéisation finit par se faire, au point de vue des affinités histochromatiques, d'un bout à l'autre de l'armature, avec des circonstances de détail un peu différentes pour la base et pour les autres niveaux. A la base, la chromophilie tend de plus en plus à se localiser dans la couche limite, au voisinage de la tête, fig. 95 97, et finit par disparaître sans alté- ration préalable. Plus haut, sa disparition définitive est en général précédée du virage à un ton plus noir, tout différent de celui des chromosomes, en même temps que d'une fragmentation des plages chromophiles, tantôt très irrégulière, tantôt offrant une sorte de régularité; les fig. 98 et 99 donnent un exemple du bariolage qui résulte de là, soit en surface, soit en épaisseur, à un niveau très éloigné de la tète et sur des spermies relativement jeunes; la fig. 100 montre, dans une spermie plus développée et pas très loin de la tête, un reste de plage chromophile en voie de morcellement, qui a pris un aspect de noyau. B. Phénomènes nucléaires. a) Allongement, fig. 74-88. Après la réduction progressive de volume qui a caractérisé l'étape pré- cédente, le noyau subit, suivant l'axe de la spermie, un étirement considé- rable, qui fait plus que sextupler sa hauteur première. Il s'agit là sans doute d'une déformation plutôt que d'un accroissement : la vésicule nucléaire passe de l'état globuleux, sous lequel sa surface extérieure était minima, à l'état de lame aplatie, sous lequel un même volume réel peut offrir une surface limitante incomparablement plus étendue. Pourtant, des aspects comme celui de la fig. 87 feraient aisément songera une hyperturgescence; 24 192 J PANTEL & R. de SINÉTY il n'y aurait rien de bien surprenant à ce que, au voisinage de la résorption dont nous allons parler, il se produisit dans la partie qui doit disparaître un phénomène pathologique de cette nature. b) Résorption partielle de la vésicule nucléaire (première résorption). Nous appelons résorption, faute d'un terme plus approprié, la dis- parition d'une très grande partie de la vésicule nucléaire, qui survient au voisinage des stades des fig. 87, 88, lorsque l'ébauche de la tête est déjà bien caractérisée comme telle. Un pareil phénomène, portant sur les 4/5 ou les 5/6 de la hauteur du noyau, constitue sans doute l'un des traits les plus remarquables de la spermiogénèse que nous étudions. Nous aurions voulu le suivre dans le détail pour en saisir le mécanisme intime; malheureu- sement les images que nous avons eues sous les yeux, bien que très expli- cites pour les faits, laissent subsister beaucoup d'incertitude sur le mode. De très bonne heure une distinction se marque dans le noyau entre la partie qui doit disparaître et celle qui doit persister. Celle ci est proximale par rapport au collier, courte, de forme tronconique, généralement claire et toujours circonscrite latéralement par une membrane homogène, mince et flexible; la première est distale, très haute, oblongue, plus ou moins obscure, sauf le cas où des parties minces se projettent à vide, à parois toujours hétérogènes et épaissies par places. L'une est un tronçon jusqu'ici sauvegardé de l'envahissement de l'armature procéphalique et réservé pour l'organisation de la tête, dont l'ébauche ne tarde pas à s'y montrer; l'autre est la partie envahie, correspondant à la niche; elle est exempte de chro- matine figurée, les détails sombres que l'on peut y remarquer n'étant que des élevures ou des crêtes pariétales. La résorption paraît comprendre fréquemment, comme phase prépara- toire, un véritable emprisonnement de la vésicule nucléaire sous un manteau de substance procéphalique. Le phénomène se produirait de préférence vers le bas, un peu au-dessus de la partie persistante, à un niveau où les bords de la niche montrent une tendance marquée à émettre l'un vers l'autre des lobes très variés de forme, qui peuvent se souder en une ceinture complète; c'est sans doute le cas pour la fig. 80. Il pourrait aussi se réaliser à d'au- tres niveaux : dans cette même cellule, les bords de la niche procéphalique sont sensiblement rapprochés vers le haut, et une sorte de hernie indi- quée (?) donnerait à penser qu'un tronçon de vésicule est déjà englobé, au-dessus de la partie encore visible. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. I 93 De toutes façons, l'existence d'un emprisonnement, préalable comme phase normale demeure très douteuse. Nous croyons que la résorption est préparée beaucoup plus ordinairement et plus directement par deux saillies opposées de la niche procéphalique, plutôt profondes que superficielles. On remarque ces deux processus déjà aux premiers débuts de la période d'étirement, sous la forme de deux condensations lobiformes en apparence isolées de l'armature, fig. 73, et on les retrouve à la fin, dans des cellules où la résorption est imminente, fig. 88. Aux stades intermédiaires, ils peuvent être plus ou moins reconnaissables sous la forme de bandes som- bres se faisant vis-à-vis, fig. 79, 82, 83, 85, 86. Ces deux avancements tendent à oblitérer et doivent oblitérer de fait, en se développant, la cavité nucléaire et de là résulte équivalemment l'amputation de la partie destinée à disparaître. Elle est, dès ce moment, comme frappée de mort et incapable de défendre son intégrité contre la tendance de l'armature procéphalique à régulariser ses propres contours. Il semble, en effet, que le fond de la niche s'épaississe de plus en plus en repoussant en dehors la vésicule nucléaire, et en déterminant sa résorption. Celle-ci peut porter sur les deux facteurs anato- miques, membrane et caryolymphe ; il est possible aussi que la membrane, devenue successivement plus mince, éclate en laissant échapper en nature le contenu de la vésicule, puis se résorbe elle-même insensiblement. On trouve bien des images où la résorption, déjà complète à un niveau, n'est pas encore faite à un autre, fig. 87, mais il ne nous a pas été possible de découvrir, même dans ces cas, des indices plus expressifs du travail de destruction. c) Développement de la tête, fig. 79, 80, 85, 87-97. Afin de préciser le langage, nous appellerons tête, en restreignant quelque peu le sens courant de ce mot, l'élément nucléaire figuré de la spermie ('). Le noyau traverse toute une période pendant laquelle son élément chromatique nous échappe totalement, en tant que corps figuré. Les restes de formations filamenteuses ou vésiculeuses, signalés à la fin de l'étape précédente, ont disparu et quand on ne trouve pas le noyau entièrement clair, comme fig. 74-78 (nous rappelons que les détails visibles dans quel- (') La tête de la spermie se définit d'ordinaire : la partie dérivée du noyau. Nous sommes obligés de dire : la partie dérivée du corps nucléaire ou des chrornosomes. 194 J. PANTEL & R. de SINETY ques-uns de ces noyaux dépendent des parois de la niche), on n'y voit qu'un dépôt précipitiforme de granules colorables, libres à l'intérieur, fig. 135, ou accolés à la membrane, un peu comme des granules acciden- tels. Dans l'état actuel de nos observations, nous devons admettre que l'élément nucléaire passe par un état de non-visibilité, correspondant peut- être à une désagrégation en granules insaisissables. La première ébauche de la tête serait due à leur condensation. Elle apparaît, suivant l'axe de la partie du noyau qui survivra à la première résorption, sous la forme d'une ébauche dont la densité, la correction de contours et la chromophilie augmentent progressivement. C'est d'abord comme une coulée descendante, une sorte de stalactite dont la base cor- respond au bord inférieur de la niche et est en continuité avec son con- tenu plus ou moins indéfinissable, fig. 156, 79-82. Sa structure est alors finement granuleuse. Plus tard, ce rudiment s'individualise nettement dans toutes ses parties; il apparaît alors comme une pièce allongée, lingui- forme et droite dans le haut, conique-linéaire et en zigzag ou spiralée dans son trajet inférieur, fig. 89-94. Sa structure devient en même temps plus serrée et homogène, sa chromophilie intense, surtout vers le bas. La situation de la partie linguiforme n'est pas axiale, mais périphé- rique. C'est une conséquence de sa genèse : formée aux dépens du contenu de la niche qui était devenue à la fin une excavation superficielle, elle occupe quelque temps encore cette position, se montrant comme encastrée entre les deux biseaux chromophiles de l'armature procéphalique. Le reste s'allonge en une tige toujours tourmentée, parfois aplatie en disque à son extrémité, fig. 92, comme s'il était animé d'un mouvement de descente trop rapide pour les dimensions de la cavité actuellement disponible ('). Celle-ci s'allonge bientôt, toujours en se rétrécissant. L'ébauche cépha- lique se condense de plus en plus et se présente quelque temps sous la forme d'une baguette irrégulière, à extrémité supérieure plus ou moins amincie en pointe, fig. 96, à extrémité inférieure ordinairement bouclée en point d'interrogation renversé, le blépharoplaste et la gouttière caudale, alors très robuste, faisant obstacle de ce côté à son mouvement de descente. (') La FIG. 94, où la spirale n'a qu'un seul tour, mais large, presqu'en anneau, et où la cavité nucléaire libre est particulièrement courte, semble bien indiquer que la formation des zig- zags ou des spirales est conditionnée par cette circonstance; cette figure est prise d'un cyste où toutes les cellules offraient d'ailleurs le même aspect. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 95 d) Deuxième résorption de la vésicule nucléaire et modelage définitif de la tête, fig. 100-107. Cette deuxième et dernière phase de la résorption nucléaire semble se précipiter au dernier moment, un peu comme la première, car on trouve des cellules où elle est déjà complète, fig. 101, la tète différant très peu de ce qu'elle était dans la vésicule ovalaire de la fig. 97. Toutefois, nous ne pouvons attribuer au phénomène que des caractères déductifs, n'en ayant pas rencontré tous les stades. Nous avons admis en parlant de l'armature procéphalique qu'elle pé- nétrait graduellement dans la cavité du noyau. Ce n'est pas là une suppo- sition, mais une donnée certaine basée sur ce que la membrane nucléaire se montre dans certains cas extérieure par rapport aux processus de l'ar- mature, fig. 89, 91, 93. Le noyau à cette époque et depuis longtemps n'est pas, comme c'est l'ordinaire, une vésicule entièrement close par sa membrane. Non seulement il s'y est fait au- pôle caudal une large ouver- ture correspondant à la lumière du collier, mais nous sommes obligés d'admettre encore que toute sa région antérieure, dépourvue de membrane propre, est en communication immédiate avec l'armature. Cette communication s'est établie peut-être de bonne heure, grâce à une résorption progressive de la membrane; tout porte à croire qu'elle existe dès le stade du noyau étiré, lorsque les parois de la niche émettent dans l'intérieur de la vésicule des ramures que l'on ne peut guère concevoir ni comme perforantes, par rapport à la membrane nucléaire, ni comme revê- tues d'une invagination de cette membrane. Du reste la question de l'époque est secondaire. Ces relations données, nous ne voyons qu'une manière de concevoir le passage de la fig. 97 à la fig. 101, celle que nous avons décrite en traitant de l'armature procéphalique. La substance de celle-ci remplace en réalité la caryolymphe, disons plus radicalement, tout ce qui n'est pas chromoso- mique, dans un envahissement progressif qui détermine la résorption conco- mitante ou l'expulsion du contenu nucléaire résiduel. La membrane latérale se trouve par là comme transplantée sur un corps étranger et ne tarde pas à dégénérer, suivant toute vraisemblance. En tout cas, il devient impossible de la distinguer; dans les préparations les plus nettes, c'est l'armature procéphalique avec ses caractères propres que l'on voit s'insérer directement sur le bord supérieur du collier, fig. 101, 102 et surtout 157. Le modelage de la tête s'achève rapidement. Son extrémité postérieure, i qô J. PANTEL & R. de SINÉTY encore bouclée sur la fig. 101, se rectifie, tandis que son extrémité apicale s'aiguise en pointe. La présence de la gouttière caudale, dont l'ascension est contemporaine de ces dernières modifications, influe sur la situation définitive, qui est toujours extra-axiale et aussi sur la forme : on remarque en effet, sur les vues latérales, que le profil interne forme au-dessus de la gouttière une saillie plus ou moins accentuée, fig. 107. G. Phénomènes post-céphaliques Nous ne comptons nous occuper ici ni de la formation de la gaine périaxile, que l'on voit se continuer en arrière avec le collier, ni proprement des modifications du filament axile comme tel. Nous dirons seulement quelques mots du collier lui-même, du blépharoplaste et de la partie supé- rieure de la gouttière caudale, en tant que ces parties intéressent plus ou moins directement l'étude de la tète. a) Collier. Au début de l'étirement, il s'élargit un peu, surtout vers le bas, et devient cylindrique. Les parois en sont toujours plus épaisses que celles des par- ties attenantes, si bien qu'il fait souvent l'impression, surtout en vue super- ficielle, d'un tronçon plus sombre coupé net. Sa colorabilité, très prononcée tant qu'il s'élaborait, diminue progressivement dès qu'il est formé : pendant longtemps on le distingue à la raideur de ses lignes de contour plutôt qu'à une différence de teinte, et ce n'est qu'avec de grandes difficultés qu'on l'in- dividualise encore sur la spermie adulte; cependant, nous l'y avons vu avec toute la netteté désirable, fig. 157. Un des caractères les plus saillants de cette pièce, abstraction faite de ses intéressantes relations internes, c'est qu'elle constitue comme le gabari sur lequel se règle l'épaisseur de toute la spermie, dans son immense région moyenne : l'armature procéphalique doit se rétrécir jusque là, malgré son état apparent de masse consistante et la gaine caudale aussi, malgré l'état flottant de ses parois. b) Blépharoplaste et * gouttière*. De l'état de disque sous lequel il constituait un diaphragme transver- sal complet, durant l'allongement de l'ébauche procéphalique, le blépharo- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 Q7 plaste passe, au voisinage de la première résorption, à celui d'un bouchon conique moins large que le collier, fig. 85-89. Une communication directe se trouve par là établie entre la cavité nucléaire et celle de la gaine. A peu près à la même époque, le filament axile éprouve d'importantes modifications, dont le détail nous occupera au chapitre suivant et qui nous obligent à le considérer dès maintenant comme décomposé, dans le sens de la largeur, en un cordon excessivement délicat, le véritable filament axile définitif, indistinct dans les figures de la Pl. IV, et en un dérivé très puis- sant, la -gouttière caudale^, qui apparaît dans ces figures comme une colonne pleine. C'est ce constitutif seul qui nous occupe ici. Les mouvements de la gouttière se combinent avec ceux de l'ébauche céphalique pour déterminer à l'intérieur du collier des changements très spéciaux, pouvant se passer à des époques quelque peu différentes — ils auraient eu lieu déjà pour les cellules des fig. 88, 89, 93, et seraient par contre à peu près saisis sur le fait dans les cellules plus avancées, fig. 95, 97. -- Tandis que la tète descend, la gouttière monte et tend à pousser devant elle le blépharoplaste. De là un antagonisme qui peut se traduire quelque temps par la fixité de cet organite et la forme en boucle du rudiment céphalique, mais dont l'issue définitive paraît être la suivante : d'une part, la gouttière, se déprenant du blépharoplaste, se glisse entre la tète et la paroi du collier, pour continuer sa marche ascendante, fig. 97 ; d'autre part, la tète se rectifie en se détendant et en expulsant ce même blépharoplaste de l'intérieur du collier. Ces mouvements accomplis, le blépharoplaste se montre encore quel- que temps à cette place, sous la forme d'un tronc de cône à grande base supérieure, puis nous le perdons de vue, peut-être à cause du développe- ment de plus en plus considérable de la gouttière et de sa chromophilie prédominante. Quant à cette formation elle-même, les figures montrent clairement qu'elle remonte à côté de la tête, dont elle finit par longer les deux tiers inférieurs. Nous reviendrons ci-après sur les fig. 103-106. igS J PANTEL & R. de SINÉTY Chapitre IV. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE LA QUEUE. Pl. V, sauf la fig. 140. Fig. 108-114. gross. : 2X6; les autres, gross. : 2 X 12. Une coupe transversale de la queue, pratiquée de préférence pas trop loin du collier, dans une spermie assez jeune, montre deux facteurs de constitution : un fond de substance achromophile, la gaine, et une forma- tion chromophile complexe noyée dans ce fond, le filament axile proprement dit avec un dérivé de ce filament, beaucoup plus important que lui en di- mension et beaucoup plus compliqué de forme, la gouttière caudale. Gaîne et gouttière se développent successivement plutôt que simultanément, si bien que le développement de la queue comprend une première période caractérisée principalement par les changements de l'ébauche périaxile et une seconde qui se confond avec l'évolution du filament axile. A. Évolution de 1 ébauche périaxile. a) Changements avant la nutation, fig. 112-114. Sur les coupes longitudinales qui passent par l'axe de ses deux moitiés, l'ébauche périaxile se présente comme un système de deux formations oblongues, de deux faisceaux grossièrement striés en long, accolés l'un contre l'autre et comprenant entre eux le filament axile. La fig. 112, qui correspond à ces conditions, ne laisse pas reconnaître de différence entre les parties périphériques et les parties profondes de ces faisceaux; celles-ci pourtant sont en général plus claires et à structure moins serrée. La coupe transversale, fig. 113, ajoute quelques données plus expli- cites. i° Les éléments de la striation sont des cordons robustes, noyés dans un enchylème plus ou moins clair et homogène, disséminés sans ordre à l'intérieur du faisceau, et tendant à former au moins une zone régulière à la périphérie; leur structure est hétérogène : on y remarque une âme plus dense qui se montre nettement chromophile dans beaucoup de cas et comme une gangue enveloppante achromophile, à contour externe plus ou moins dégradé. 20 Les deux faisceaux plongent dans une faible quantité d'une substance parfois assez condensée, qui forme entre eux une cloi- son médiane et autour d'eux une mince enveloppe ; cette substance, où l'on voit un semis irrégulier de points obscurs, ne paraît pas être autre LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 1 99 chose que le cytoplasme résiduel, y Le filament axile .peut occuper une situation quelconque dans la cloison médiane; il est souvent placé, comme dans le cas actuel, plus ou moins latéralement par rapport à l'ensemble. 4° Enfin la coupe de la membrane cellulaire est visible sous la forme d'une ligne mince, tantôt appliquée, tantôt flottante, montrant qu'à partir de cette époque la largeur de la spermatide, dans sa région caudale, est réglée par celle de l'ébauche périaxile. La fig. 114 nous met en présence d'une image peut-être exception- nelle, bien que nous l'ayons observée plusieurs fois, instructive en tant qu'elle manifeste la variabilité d'allures de l'ébauche périaxile. Les deux faisceaux ne s'y montrent pas cylindriques, mais en gouttière et engrenés l'un dans l'autre. Leur structure présente des différences considérables par rapport aux cas typiques : les cordons constitutifs, formés toujours d'une âme filiforme sombre et d'une épaisse enveloppe moins dense, paraissent ici beaucoup plus gros et contigus, non disséminés dans un fond anhiste. On pourrait admettre que la substance liquide ou semi liquide élaborée par les mitochondries primitives (Meves), qui baigne d'ordinaire les cordons, est susceptible d'être expulsée, tandis que ceux-ci se rassemblent les uns contre les autres, grossis, réellement ou apparemment, par suite d'une plus grande condensation et d'une individualisation plus nette de la substance achromophile. b) Changements pendant la première phase de la nutalion. i. Renseignements empruntés aux cellules rétractées, fig. 108- lll. Nous avons reproduit en tète de la Pl. V quatre spermatides au stade qui nous occupe, rétractées en boule à la suite d'une expulsion traumatique de leur cyste, mais non altérées, semble-t-il, dans leur structure interne ; elles faisaient partie d'un amas qui a pu être traité et sectionné avec le testicule d'où il provenait. La première et la troisième cellule de cette petite série ne montrent l'ébauche périaxile que sous la forme d'une plage claire, ovale, plus ou moins régulièrement zonée parallèlement à ses contours. Dans la quatrième, où le noyau n'est d'ailleurs pas visible et où l'ébauche procéphalique ne contient aucun détail chromophile, la rétraction a laissé subsister un court appendice, /. cf. L'aspect offert par l'ébauche périaxile témoigne que dans la rétraction, au lieu de se mettre en boule comme le cytoplasme, cette ébauche se replie, un peu comme le pied d'une 25 J. PANTEL & R. de SINETY vorticelle, en formant contre les parties centrales un amas spirale ou en zig-zag. De cet amas, le rasoir a séparé ici une anse considérable, formée des deux faisceaux accolés, dont les sections montrent bien, surtout d'un côté, les cordons constitutifs, et un grand tronçon distal, intéressé longitu- dinalement, qui aboutit à l'appendice. Mais c'est surtout dans la deuxième cellule, fig. 109, que les circon- stances de la rétraction sont de nature à montrer la manière d'être de l'ébauche périaxile. Elle s'est repliée en zig-zag, de telle sorte qu'elle a pu être intéressée à trois niveaux différents. Les images doubles résultantes, numérotées /, II, III, doivent être considérées comme des sections droites, malgré le contour oblong de plusieurs d'entre elles, les cordons internes s'y montrant coupés droit; ce sont les sections respectives des régions proximale, intermédiaire et distale. Or, la comparaison de ces sections droites entre elles et avec celle représentée fig. 113 (même grossissement) établit les deux données suivantes : i° Dans une même ébauche périaxile, le nombre des cordons consti- tutifs des faisceaux est d'autant plus petit à un niveau donné que les fais- ceaux sont plus grêles à ce niveau. 20 Dans des ébauches de stades différents, le nombre des cordons est d'autant plus petit que le faisceau considéré est plus grêle et par suite plus avancé. L'allongement ne se produit pas aux dépens de l'épaisseur indivi- duelle des cordons, comme on pourrait se l'imaginer tout d'abord, il se produit aux dépens de leur nombre, soit que les unités qui disparaissent d'un niveau se transportent longitudinalement comme telles, à mesure que l'ébauche s'allonge, soit que l'on imagine des remaniements structuraux et un transport particulaire de substance. Un autre renseignement fourni par la même fig. 109, c'est que la plus grande largeur des faisceaux ne correspond pas toujours à leur bout proxi- mal, comme sembleraient l'indiquer certaines images, fig. 57, 63. 2. Renseignements empruntés aux coupes des cellules in situ, fig. 115-119. D'après ces coupes, les modifications de l'ébauche péri- axile marchent avec rapidité. Sur des vues en long, fig. 115, les deux faisceaux ne se montrent bientôt que comme un système de deux cavités tubuleuses arrondies à leur bout proximal, renfermant un petit nombre de cordons longitudinaux assez irréguliers d'allure, parfois anastomosés, les cavités étant circonscrites elles-mêmes par des cordons semblables, mais réguliers. Au fort grossissement (apoch. 2 x '-) que nous utiliserons LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 20 1 désormais dans les dessins de cette planche, tous ces cordons se décom- posent en traînées grossièrement moniliformes, à grains mal arrêtés sur les bords, qui se fusionnent souvent sur un parcours plus ou moins considérable. Les coupes transversales correspondantes, fig. 116, confirment qu'il s'agit en effet de tubes à section circulaire, dont la lumière est occupée par un nombre successivement plus petit de cordons. Les parois en sont for- mées par une rangée de cordons pareils à ceux de l'intérieur, mais serrés les uns contre les autres et devenant par là facilement indistincts. Tout l'ensemble plonge dans un fond de substance généralement plus sombre, peu considérable en quantité, parsemée de points colorables plus ou moins abondants, qui n'est que le reste de cytoplasme déjà signalé. A mesure que les faisceaux deviennent plus minces, c'est-à-dire à me- sure que l'ébauche avance dans son évolution, il se fait dans l'ensemble de l'image des .simplifications dont la marche générale se suit bien sur les fig. 117-119. i° Le fond résiduel de cytoplasme, qui occupait jusqu'ici l'es- pace compris entre les faisceaux et la membrane cellulaire, diminue et finit par disparaître, du moins en tant que partie normalement présente. -j° Les cordons intérieurs disparaissent aussi, après avoir successivement diminué en nombre, la section transversale de toute l'ébauche se présentant quelque temps comme un 8 de chiffre à boucles vides. 3° Cette dernière figure bien- tôt perd sa régularité, les derniers cordons qui en constituent les deux fais- ceaux tendant à fusionner leurs substances achromophiles en une masse commune où les parties chromophiles axiales conservent encore quelque temps leur individualité, sous la forme de points noirs; la fusion est com- plète pour les cellules B et D de la fig. 119 et dans cette dernière les deux amas de fusion forment une seule figure en U, dont les branches correspon- dent chacune à un des faisceaux. Le filament axile est ordinairement bien distinct à cette époque; toute- fois, lorsqu'il ne se signale point par sa position médiane, il peut aisément être confondu avec les éléments chromophiles de l'ébauche, surtout s'il vient à être englobé par la masse de fusion, comme il semble que ce soit le cas pour la fig. 119, D. c) Changements pendant la deuxième phase de la nidation; formation définitive de la gaine caudale, fig. 120-128. i. D'après les coupes longitudinales. Lorsque les deux faisceaux de l'ébauche périaxile, successivement amincis et appauvris en cordons, se 2o2 J- PANTEL & R. de SINÉTY disloquent pour se transformer en gaine, la cellule se présente en vue lon- gitudinale comme fig. 120 et suivantes. La queue forme une large bande assez hétérogène, où la région proximale, correspondant à la garniture ciliée devenue moins distincte, se fusionne sans transition visible aves les parties qui suivent. Il faut distinguer dans celles-ci un fond général peu colorable et un système inclus de cordons chromophiles. Le fond est plus ou moins fibrillaire, assez fréquemment chargé çà et là de petits amas de substance condensée, de grandeur et de contours variables, offrant parfois une assez grande uniformité d'aspect et sériés en files, comme les noyaux de certaines variétés de tendons, gr. c. Ces amas ne sont probablement que des résidus cytoplasmiques en régression, tandis que la substance du fond général dériverait immédiatement de la fusion des parties achromophiles des cordons périaxiles; nous verrons dans l'examen des coupes transversales la justification de cette hypothèse. Dans cette substance de fond sont noyés trois cordons chromophiles : le filament axile, linéaire et continu, avec deux filaments satellites plus forts, dissociés en petites masses presque punctiformes, parfois visiblement allon- gées, fig. 120-123, e. p. Le parcours de ces derniers filaments est tortueux : ce n'est qu'en faisant varier la mise au point qu'on peut les suivre. Il n'est pas absolument sûr que leur état de dissociation soit normal, pourtant nous devons dire que nous l'avons observé régulièrement à ce stade et sur des préparations dont la fixation ne paraissait pas en défaut. A un titre ou à un autre, nous avons là un dérivé de l'ébauche péri- axile, actuellement profondément modifiée. L'interprétation à laquelle nous croyons pouvoir nous arrêter, c'est que ces deux filaments discontinus con- tiennent toute la substance chromophile qui formait précédemment l'âme des cordons plus haut décrits, et représentent les rudiments immédiats de la gaine caudale. Leur manière d'être à leur extrémité proximale présente des différences variables avec le stade évolutif, qui semblent se rattacher au mouvement d'ascension vers le noyau, compensateur de la rétrogradation, déjà signalé plus haut : ils se montrent d'abord recourbés l'un vers l'autre, de manière à former ensemble une boucle unique, assez éloignée du noyau, fig. 120; mais bientôt après ils semblent se rectifier en s'isolant et remontent jusque très près du noyau, fig. 121-123. Nous n'avons pas rencontré de stades plus avancés où ils fussent reconnaissables sous cette même forme de ligne ponctuée;, c'est sans doute que les corpuscules qui les constituent ne tardent pas à se fusionner dans le sens de la longueur en LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 203 donnant deux filaments continus, et qu'à partir de ce moment il est difficile de dire, d'après les vues longitudinales, si l'on n'a pas affaire à la gaine tubuleuse déjà constituée. Malgré cette lacune dans les images, il nous paraît très problable que les rudiments dont nous traitons vont se raccorder avec le bord postérieur du collier, quand il est formé, et que par suite la gaine caudale dérive tout entière de l'ébauche périaxile ('). 2. D'après les coupes transversales. L'étude de ces coupes éta- blit : i° que les rudiments immédiats de la gaine se constituent sous la forme de deux forts cordons chromophiles - - les cordons discontinus des vues longitudinales; — 2° que ces rudiments, situés de part et d'autre du filament axile, prennent bientôt la forme de gouttière et se soudent l'un à l'autre en un tube qui est la gaine caudale. La fig. 124, bien que relative à un stade un peu antérieur à celui de la fig. 120, est instructive pour faire le passage de 119 à 125. La cellule B est encore au stade de 119 (cellule A), avec cette particularité assez excep- tionnelle que les cordons y sont dispersés sans ordre. La cellule E est en avance, au contraire, et au stade de 125. C et D peuvent être considérées comme offrant la disposition typique au stade actuel : la fusion des cordons a donné deux masses à section triangulaire qui se font vis-à-vis, de part et d'autre du filament axile. Dans A la disposition est la même, à cela près que les masses de fusion confluent autour du filament, et qu'il existe un amas de cytoplasme résiduel. Les différences de détail sont très nom- breuses, de cellule à cellule; pourtant le sens général de la transformation n'est pas douteux pour qui a sous les yeux l'ensemble d'un cyste. Les amas plus ou moins importants de cytoplasme résiduel, que l'on peut rencontrer à toutes les époques et à tous les niveaux, contribuent pour une grande part à augmenter la diversité des aspects. La fig. 125 est la coupe transversale d'un groupe de queues au stade (') Nous ne pouvons néanmoins nous exprimer qu'avec réserve sur ce point particulier, n'étant point parvenus à exclure avec une entière certitude la participation des cils péripolaires à la for- mation de la gaine, ni à constater directement l'ascension des cordons jusqu'au bord postérieur du collier. Une autre remarque restrictive doit être faite sur le mécanisme de ce dernier phénomène. Nous avons admis pour l'expliquer un mouvement de croissance, soit des cordons, que nous con- sidérons comme les rudiments de la g-aine, soit de la gaine récemment constituée. Cette vue ne s'impose pas, bien qu'elle nous paraisse de beaucoup la plus adéquate aux faits. Il ne serait pas impossible que l'ascension des rudiments discontinus, si manifeste en soi si l'on compare les fig. 120 et 121, fut avant tout le fait de leur rectification et ne comportât comme cause fondamentale qu'une sorte d'élasticité de leur substance constitutive. ■204 J. PANTEL & R- de SINÉTY de la fig. 122 ('). En dépit d'une physionomie assez nouvelle, toute la différence qu'elle présente par rapport à la précédente (cellules C, D) con- siste en ce que les axes chromophiles des cordons primitifs, dont les coupes punctiformes étaient éparses dans une gangue commune, sont maintenant réunis ensemble et isolés de cette gangue. Par suite, il existe pour chaque cellule une triade de corpuscules colorables : la section punctiforme du filament axile et deux images plus grandes, tendant à se placer en oppo- sition par rapport à lui, qui ne sont, croyons-nous, que les sections des deux cordons discontinus visibles sur les coupes longitudinales et considérés comme les rudiments immédiats de la gaine. Cette identification rencontre, il est vrai, une difficulté dans le fait que l'épaisseur des deux sortes de formations paraît tissez différente, dans les fig. 122 et 125, mais' il con- vient de remarquer que les régions ne sont pas identiques : la section trans- versale, comme le montre sa situation dans le cyste d'où elle est prise, est pratiquée à un niveau où l'ensemble de l'ébauche, destiné à s'étirer gra- duellement, peut être actuellement plus épais que dans la région proximale où l'évolution est plus avancée. La fig. 109 nous a déjà préparés à com- prendre cette inégale grosseur de l'ébauche périaxile, suivant les régions où on l'examine. Quant à la substance non colorable, éminemment chan- geante de contour et de situation, qui se voit en plus des formations précé- dentes, à l'intérieur de la membrane cellulaire, elle est formée par les gangues achromophiles des cordons primitifs, maintenant agglomérées sans distinction de côté et associées parfois à des résidus cytoplasmiques. A un stade un peu plus avancé, bien qu'antérieur à l'achèvement du col- lier, fig. 126, la triade chromophile a pris une forme très caractéristique : les trois corpuscules sont en série, le moyen toujours punctiforme, les deux extrêmes en forme de croissant et comprenant entre eux un écartement con- stant. La substance achromophile, en règle générale, a disparu. La mem- brane cellulaire circonscrit un espace de plus en plus petit, par suite de l'étirement continu de la queue et est elle-même à la veille de disparaitre. On n'en trouve plus de traces, en effet, sur la fig. 127, relative à un stade à peine plus avancé que la précédente; l'on peut dire que la (') La détermination du stade auqviel correspond une coupe de ce genre serait en général très difficile et incertaine d'après les coupes transversales du testicule, mais il n'est pas rare que les coupes longitudinales d'un cyste montrent, à une distance plus ou moins considérable des noyaux, des faisceaux de queues qui, par suite d'une inflexion fortuite, ont été sectionnées transversalement ; on a ainsi, avec une sûreté d'identification parfaite, les deux images relatives à un même stade évolutif. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 205 gaîne caudale y est constituée ('). On remarque, en effet, que les cornes des croissants se sont prolongées et soudées à leur vis-à-vis, de manière à former une figure unique, oblongue, fermée, dont le filament axile occupe le milieu. Dans l'espace, on a par suite un tube méplat, à parois planes minces, à parois latérales arrondies et épaissies en forme de gouttière. Sous cette forme la gaine conserve encore la trace de son origine bila- térale. Les parois en sont hétérogènes, au point de vue de la chromophilie et de l'épaisseur, les deux gouttières latérales étant très épaisses et beau- coup plus colorables que les minces lames d'union. Peu à peu se fait une distribution égale de substance sur tout le pourtour et les propriétés phy- siques, en particulier la résistance à la déformation et l'élasticité, devenant égales partout, la forme plate fait place à la forme cjdindrique. La fig. 128, relative au stade des fig. 70, 71, quand le collier est achevé ou presque achevé, montre que le contour de la queue, en même temps qu'il est circu- laire, offre une épaisseur à peine prédominante suivant deux régions oppo- sées. L'excès de chromophilie a pris fin avec le travail plastique d'élabora- tion; l'ensemble ne se colore plus désormais que très difficilement. La gaîne caudale est en général bien calibrée dans sa région proximale. Plus loin elle peut présenter des déformations de contour, des élargisse- ments locaux, paraissant tenir à une évolution encore incomplète. Enfin, il est possible qu'elle subisse ultérieurement une différenciation sur laquelle nous aurons à revenir. d) Résume. Sélection matérielle dans l'évolution de la gaîne. Le travail évolutif que nous venons d'analyser dans les paragraphes précédents peut être schématisé en quelques mots. Originellement impaire, l'ébauche périaxile s'est divisée, au moment de s'allonger, en deux moitiés ou faisceaux de cordons, comprenant entre eux le jeune filament axile. Aux dépens de chaque faisceau et comme résul- tat d'une élaboration structurale assez compliquée, s'est édifié, sous la forme d'un cordon d'abord cylindrique-linéaire et discontinu, bientôt après (') Nous interprétons les images concrètes que nous avons eues sous les yeux, sans vouloir préciser si la membrane cellulaire se résorbe toujours exactement à cette époque. Il nous parait plus conforme au caractère général des résorptions dégénératives que le phénomène se passe graduel- lement et à des époques un peu variables. Il pourrait être considérablement retardé dans des cas exceptionnels, p. ex. au niveau d'une accumulation de cytoplasme résiduel, et ainsi s'expliquerait la présence anormale de la membrane dans une des queues du groupe reproduit fig. 130. 2o6 J PANTEL & R. de SINETY creusé en gouttière et probablement continu ('), le rudiment immédiat de la gaîne. Les deux gouttières, placées en regard l'une de l'autre et comprenant entre elles le filament axile, se sont soudées ensuite bord contre bord, le filament se trouvant par ce mécanisme introduit dans l'axe d'un tube à contour fermé, qui est la gaine caudale. Celle-ci subit quelques modifica- tions complémentaires : dans le sens de la largeur, elle se régularise par une distribution égale de substance; dans celui de la longueur, elle con- tinue de s'allonger, son bout proximal venant se mettre en continuité avec le bord postérieur du collier, alors formé, tandis que sa région distale continue de s'étendre en arrière. Les deux rudiments immédiats ne représentent en quantité que la mi- nime partie des faisceaux de cordons et par suite de la volumineuse ébauche impaire primitive. Le reste, ou soit l'ensemble des gangues achromophiles, a été abandonné sous forme de matériel de rebut pour disparaître bientôt, d'ordinaire avant la membrane cellulaire. L'édification de la gaine comporte donc une sélection de matériaux, déjà contenus, mais insuffisamment élaborés dans l'ébauche périaxile. Les changements structuraux qui ont attiré à bon droit l'attention de tous les observateurs qui se sont occupés du Nebenkern, ne vont pas en réalité à la formation directe de la gaine; leur raison d'être est tout entière dans le triage et la séparation des particules qui doivent seules y intervenir. Il est curieux de constater que ces particules affectent, aussi longtemps que le modelage de la gaîne est inachevé, une intense chromophilie. B. Évolution du filament axile. a) Remarques sur les premiers états observes. Les plus jeunes filaments axiles que nous ayons vus partaient du pôle postérieur du noyau, non de la périphérie cellulaire, et paraissaient ■constitués par un cil chromophile robuste, dépourvu de tout accident, fig. 49. Est ce bien là la forme primitive de cet organite et lavons-nous vu tout entier? Nous nous abstiendrons de trancher cette importante question, une observation négative, même répétée plusieurs fois comme celle-ci, n'ayant pas par elle-même une valeur probante absolue. Un peu plus tard, quand l'ébauche périaxile se scinde en deux moitiés sous le filament axile et commence à s'allonger, nous avons trouvé celui-ci (') Nous ne pouvons pas assigner avec précision le moment nù s'établit la continuité. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 207 sous la forme dessinée à part, fig. Il2bis. Elle est remarquable par la pré- sence d'un certain nombre de sphérules colorables distribuées le long du filament et d'un renflement fusiforme, relativement volumineux, qui semble le terminer. Nous n'avons pas pu nous rendre compte si les sphérules sont constantes ou fortuites. Le renflement est normal à ce stade et toujours nous l'avons vu dans la direction du filament, quoique séparé, dans les cas que nous avons eus sous les yeux, par des solutions de continuité plus ou moins importantes, bien explicables si l'on tient compte des inflexions en tout sens du parcours général ('). La signification de ces accidents demeure pour nous très probléma- tique. On peut se demander si le renflement fusiforme ne représenterait pas un second corpuscule blépharoplastique, le second centriole de la sper- matide, dont les rapports avec la périphérie de la cellule nous auraient échappé. Cette manière de voir, que nous ne pouvons pas entièrement écarter, permettrait d'attribuer à la spermie une véritable pièce inter- médiaire; mais l'ensemble des apparences ne sont pas pour elle, jusqu'ici. Une seconde hypothèse consisterait à voir dans le renflement quelque chose de comparable au cône d'accroissement de l'axone dans les cellules nerveuses (S. Ramon y Cajal), c'est-à-dire, au fond, une accumulation temporaire de substance formée là par accroissement et destinée à être ultérieurement étirée en fil. Les sphérules, si tant est qu'elles fassent partie du filament axile, seraient des excroissances locales appelées à dis- paraître par un phénomène de même genre. Mais, hàtons-nous de le dire, le sort définitif de ces deux sortes d'accidents nous échappe en réalité : jamais, à partir de l'époque actuelle, nous n'avons pu identifier l'extrémité libre du filament axile, ni retrouver sur son parcours le moindre vestige d'un renflement local ou d'une excroissance. b) Changements antérieurs à la deuxième résorption nucléaire, fig. 129-132. Depuis l'époque reculée à laquelle se rapportent les observations pré- cédentes jusqu'au moment où la gaine est complètement formée et la partie antérieure de la spermatide lancée dans son mouvement d'allongement, le filament axile se présente sous la forme ordinaire. Mais à partir de là, il se (!) Il convient de rappeler ici que, dans Pygœra, Meves (02a, fig. 121) a trouvé un renfle- ment à l'extrémité du filament extracellulaire. 26 208 J PANTEL & R. de SINETY déclare suivant son épaisseur un mouvement de croissance et de transfor- mation qui ne prendra même pas fin avec l'achèvement morphologique de la spermie, car nous le verrons se continuer pendant son vieillissement. Ce mouvement débute par une croissance en épaisseur qui se localise dans un plan longitudinal : la forme filamenteuse passe à la forme rubanée et la section transversale s'allonge en un trait linéaire, court et robuste, fig. 129. Bientôt après, le ruban semble s'être partagé par une fissure longitudi- nale en deux parties, dont une filiforme, l'autre rubanée comme la bande primitive, mais plus étroite, fig. 130, qui, au lieu de rester dans un même plan, se placent l'une derrière l'autre, fig. 131. Ces phénomènes, qui sont accompagnés d'un accroissement en diamètre de la gaîne caudale, se passent au voisinage de la première résorption nucléaire. A l'époque de cette résorption, la coupe transversale conserve la même allure, seulement la bande rubanée s'est considérablement élargie et épaissie, fig. 132. La chromophilie s'est accentuée et toute la forma- tion se colore à l'instar de la tète. Une substance de remplissage fait sa première apparition entre la gaine, considérablement agrandie, et la for- mation axile, sans qu'on puisse décider si elle est élaborée par celle-là ou par celle-ci. c) État de la formation axilc dans la spermie définitive, fig. 133-139. î. Région proximale dans la spermie jeune; gaîne caudale a cette époque. La dualité apparue durant la période précédente se maintient. Sur les coupes transversales, qui sont d'ailleurs notablement plus larges, la formation chromophile se décompose en une image simple, punctiforme, correspondant dans l'espace à un filament délié, et en une image compli- quée beaucoup plus grande, en forme d'U, correspondant à une gouttière : nous l'appellerons, pour abréger, la gouttière caudale. Le filament, d'une allure très uniforme toutes les fois qu'il est bien distinct, représente probablement le filament axile proprement dit. Il est à noter qu'il s'arrête au niveau postérieur du collier et demeure, suivant toute vraisemblance, en rapport avec le blépharoplaste, tandis que la gouttière se prolonge seule le long de la tète. Sur ce dernier point la fig. 133 contient des renseignements très nets. La partie A de cette figure est prise d'une coupe où la plupart des cellules ont été intéressées au-dessous du collier et quelques-unes au-dessus, savoir : la 4e de la série î, la 6e de la série 2, la 5e de la série 3, la 3e de la série \ ; or, celles-ci ne montrent que les sections LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 209 de la gouttière et de la tête, la première sous la forme d'un croissant obtus, la seconde sous celle d'un gros point ou d'un croissant plus petit et opposé (la formation axile, moins distincte dans la cellule 5e de la série 4, a été omise). La partie B, où nous nous sommes astreints à dessiner les mêmes éléments coupés quelques dizaines de microns plus bas, montre partout la gouttière et le filament avec les caractères ci-dessus décrits. La gouttière est un dérivé du filament axile, qui présente son plus grand développement en épaisseur et sa plus grande complication de forme dans la région post-céphalique. A ce niveau et à l'âge que nous supposons, sa section transversale donne lieu à plusieurs remarques. Elle est asymé- trique : l'une des branches est toujours plus robuste et lobée, l'autre plus mince et simple, et c'est en face du bout arrondi de celle-ci que l'on voit la coupe punctiforme du filament. Il n'est pas rare que quelques-uns des petits tronçons compris entre les deux faces d'une coupe soient acci- dentellement couchés, au cours des manipulations, et on peut constater dans ces cas que le côté lobé se présente, en vue longitudinale, comme une large bande sombre, le côté simple comme une bande mince, fig. 134. Si l'on compare entre elles les diverses régions d'un cyste coupé trans- versalement, on ne peut qu'être frappé de leur homogénéité. La formation axile y est comme découpée au même emporte-pièce pour tous les éléments et orientée de la même manière. En convenant de considérer comme face ventrale le côté de la spermie qui correspond à la convexité de la gouttière — nous verrons un peu plus loin la raison de cette convention, — on peut dire i° que le filament axile proprement dit est situé typiquement à gauche et 20 que tous les éléments d'un cyste regardent du même côté ('). En plus des données sur la formation axile ou partie actuellement chromophile de la queue, la fig. 133 en contient d'autres, relatives à sa partie achromophile, qu'il convient de remarquer en passant. La substance de fond, qui commençait à se montrer au stade de la fig. 132, enrobe maintenant en la débordant toute la formation axile, tandis qu'à une assez grande distance au-delà se voit une ligne fine, mais bien marquée, formant polygonage. En dépit de leur parfaite netteté, ces apparences nous ont paru très dis- cutables comme interprétation. Si on se laisse surtout impressionner par les rapports actuels de la gangue avec la formation axile qu'elle revêt, on est porté à y voir un dérivé de celle-ci, et dans ce cas la gaine serait tout entière (') Meves (97) a fait chez la salamandre une observation analogue. 2io J. PANTEL & R. de SINÉTY représentée par la membranule à contour polygonal. Mais le rapproche- ment de l'état de choses actuel avec celui de la figure précédente permet- trait tout aussi bien de considérer cette substance comme un dérivé pa- riétal et dans ce cas la gaîne de la spermie comprendrait toute la queue moins la formation axile. La première hypothèse explique mieux la sépa- ration artificielle de la membrane polygonale dans l'action des réactifs; elle est conforme à l'opinion de Meves au sujet du cobaye. La seconde s'harmoniserait mieux avec la nature des ébauches primitives. La séparation en une membranule externe libre et une couche adhé- rente à la formation axile est en tout cas temporaire. La queue finit par devenir un cordon plein, où la zone périphérique est tellement pâle, dans les préparations bien décolorées, qu'il ne nous a pas été possible d'en tenir compte dans les fig. 136, 137, 138. 2. RÉGION PROXIMALE DANS LA SPERMIE PLUS AGEE, FIG. 136, 137. La gouttière caudale devient très massive, à mesure que la spermie vieillit, et se transforme en une baguette pleine dont la section transversale est tou- jours convexe ventralement, mais plane ou à peine concave dorsalement. Sous cette nouvelle forme, l'asymétrie de conformation que nous avons signalée dans l'état jeune n'est pas totalement masquée : le côté droit, cor- respondant au côté lobé ou rebordé de la forme déjà décrite, est plus atté- nué et a une autre silhouette que le côté gauche, auquel correspond le fila- ment axile proprement dit. Celui-ci est beaucoup moins facile à identifier que dans l'état jeune. Sa section transversale n'apparaît le plus souvent que comme un court prolon- gement linéaire de l'angle gauche de la gouttière, fig. 136. Ce n'est que dans de très bonnes conditions d'observation (immersion double, bon cen- trage de la source lumineuse) et dans des cystes particulièrement favorables qu'on l'isole, avec une complète netteté, sous sa forme ordinaire de point noir, fig. 137. Cette partie de la formation axile demeure constamment semblable à elle-même et au filament primitif. 3. Région distale, fig. 135, 138, 139. Il n'est pas douteux pour nous que la formation axile, après avoir conservé sur un long parcours les formes qui viennent d'être décrites, ne subisse des simplifications graduelles et ne redevienne dans tous les cas un filament simple, comparable au fila- ment de départ. Malheureusement, les images que nous avons eues sous les yeux ne correspondent ni à un niveau, ni à un âge déterminés avec toute LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 11 la précision que nous aurions souhaitée; nous ne pouvons les proposer que comme des jalons assez incertains, indiquant à peine la marche probable des transformations. La fig. 135, empruntée à un testicule d'hiver, se rapporte à une région éloignée de la tète. La section de la gouttière y affecte une forme en triangle isocèle surbaissé ou en V à peu près symétrique, et le filament axile est situé dorsalement, dans le plan de symétrie. Les divers élé- ments du groupe n'ont pas l'orientation uniforme que nous avions remar- quée jusqu'ici : quelques-uns semblent avoir tourné sur eux-mêmes de 900, tandis que les autres demeuraient en place. Une perturbation de ce genre est fréquente dans les testicules âgés, comme on peut le voir encore fig. 138. Elle indique un cyste en voie de se vider et semble prouver que le mouvement de progression des spermies s'accompagne d'un mouvement de rotation autour de leur axe. Nous reproduisons fig. 138 une image souvent observée dans des tes- ticules d'hiver, où l'on dirait i° que le filament axile ne s'est pas coloré, 20 que la section de la gouttière, fortement arquée et symétrique, a pris la forme d'un C, 3° que la partie périphérique des éléments est demeurée invi- sible. Les dimensions réduites de toute la coupe indiquent un niveau très reculé, mais nous ignorons quel est l'état correspondant de la région proxi- male et des régions intermédiaires. La fig. 139, prise d'un testicule de fin janvier, contient quelques ren- seignements qui se raccordent mieux avec les données antérieurement ac- quises. La grosseur moyenne des éléments indique tout d'abord qu'il s'agit d'un niveau reculé, mais encore très éloigné de l'extrémité. Quelques-uns, parmi ces éléments, ont été intéressés un peu plus loin — par suite de leur situation dans le faisceau, — comme l'indique leur grosseur moindre, et ceux-là ne montrent aucune sorte de formation chromophile, d'où il faut conclure que le filament axile proprement dit est achromophile à cette époque et à ce niveau, et que la gouttière, toujours chromophile de sa na- ture, a cessé d'exister. D'autres éléments, intéressés un peu plus haut, con- tiennent la section punctiforme d'un filament qui ne peut être que la gout- tière simplifiée de forme et sur le point de disparaître, le premier groupe faisant voir que ce n'est pas le filament lui-même. On peut donc conclure que la gouttière caudale constitue un fort cordon, d'une grande longueur sans doute, mais qui s'atténue en une pointe graduellement plus fine et dis- paraît bien avant la gaîne elle-même, c'est-à-dire bien avant que la queue 212 J. PANTEL & R. de SINÉTY soit réduite au seul filament axile. Cette conclusion est entièrement con- forme aux résultats fournis par les préparations in toto. d) Chromophilie de la gouttière caudale. La gouttière se colore en général comme la tète, et en même temps qu'elle, en noir violet dans les Bouin-Heidenhain, en rouge par la fuchsine basique. Cette aptitude à fixer les colorants nucléaires s'accentue avec l'âge et on trouve, dans certains cas, qu'elle est plus marquée que chez la tête. La partie de la gouttière qui monte jusqu'au-dessus du collier, le long de la tête, donne lieu à quelques remarques spéciales. Dans beaucoup de cas, elle ne se distingue en rien du reste, fig. 101, 102, 107; mais si on insiste sur la décoloration, on voit souvent se produire des localisations chromatiques inattendues. Parfois toute la formation se décolore, à l'ex- ception de l'extrémité, qui demeure visible sous la forme de deux gros traits, bien arrêtés en avant, s'estompant en arrière, un peu obliques et s'appliquant sur la tête, fig. 106. Le plus souvent la partie qui résiste à la décoloration se présente comme une formation oblongue, bien arrêtée dans tout son contour et correspondant à la région moyenne de la tête, fig. 105. Et enfin on trouve des cas où cette partie oblongue étant colorée intensé- ment, la partie post-céphalique de la gouttière l'est légèrement et le tronçon compris entre les deux, point du tout ou à peine, fig. 103, 104. Il semble donc qu'il y ait, à l'extrémité de la gouttière caudale, une région distincte du reste par une chromophilie et, jusqu'à un certain point, par un contour propres. Sa situation presque axiale et sa forme, qui est celle d'une tête de spermie du type le plus commun, en imposeraient facilement pour la véri- table tète, si l'on n'avait pas suivi les phénomènes de développement. e) Hypothèses sur son rôle. La gouttière caudale est une formation venue tardivement, mais qui continue son mouvement de croissance longtemps encore après que les au- tres sont entrées dans le repos : c'est dans les spermies âgées, extraites à la fin de l'hiver de la spermathèque de la femelle, que nous lui avons trouvé le plus grand développement. Cette circonstance suffirait déjà pour faire soupçonner une destination liée en quelque manière au physiologisme de l'élément complètement mur. On peut y voir avant tout une formation protectrice, une sorte de LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 1 3 squelette de soutien qui serait par rapport au filament axile ce qu'est la corde dorsale par rapport au tube nerveux d'un embryon de vertébré. Un rôle de ce genre paraît bien lui appartenir en raison de sa masse, de sa forme et de sa texture serrée. Mais ces fonctions passives pourraient coexister avec un rôle plus actif. Dérivée du filament axile, qui est essentiellement moteur, la gouttière pourrait être un organite complémentaire de mouvement, plus robuste et adapté à des effets spéciaux dont on conçoit bien l'utilité, si on se rappelle les dimensions extraordinaires de la spermie. Le filament, à cause de sa symétrie parfaite autour de son axe, est mobile indifféremment dans tous les azymuts; la gouttière, en raison de son asymétrie, peut être apte à polariser dans un plan les inflexions quelconques qui lui sont transmises, ou qui y prennent automatiquement naissance, et par là des mouvements d'ondulation quelconques se trouveraient transformés en une sorte de rep- tation où les points d'appui seraient mieux utilisés. Les quelques observa- tions sur les mouvements des spermies vivantes que nous rapporterons plus loin, trop peu nombreuses, il est vrai, pour fournir une base sérieuse d'argumentation, ne sont pas opposées à cette manière de voir. C. Rapprochements avec les données de la littérature. a) Évolution de l'ébauche pe'riaxile che^ les insectes. Les espèces sur lesquelles nous possédons le plus de renseignements se distribuent en deux groupes, suivant que l'ébauche, avant de s'allonger, subit une division en deux moitiés, comme chez le Notonecta : Blatta (La Valette, 86), Pyrrhocoris (Henking, 91). Anasa (Paulmier, 99), Oryctes (Prowazek, 01); ou demeure indivise : Pygœra (Meves, 00), Gryllus (Baumgartner, 02), Cybistev (Voinov, 03) et plusieurs autres (Henneguy,- 04). Il est à prévoir que les circonstances de l'évolution ultérieure seront assez différentes d'un groupe à l'autre, mais les différences devront se révéler surtout dans la formation définitive de la gaine, sur laquelle les recherches sont actuellement très incomplètes. Nous rappellerons, pour les deux, les données plus ou moins sommaires des observateurs. 1. Premier groupe. La Valette fait déjà cette constatation que les moitiés du Nebenkern s'allongent en devenant filamenteuses. D'après Henking, l'allongement s'accompagne d'abord d'une augmen- 2 14 J PANTEL & R. de SINETT tation de volume, jusqu'à un maximum qui précède, d'après la figure à laquelle renvoie l'auteur, le redressement de la spermatide, puis se fait sim- plement aux dépens de l'épaisseur. C'est ainsi, ajoute Henking, que le Nebenkern prend part à la formation du filament caudal ('). En réalité, le comment de cette participation n'est pas expliqué; nous pouvons pourtant déduire des figures de Fauteur que les choses se passent chez le Pyrrhocoris comme chez le Notonecta. Nous voulons parler des fig. 102-106, simple- ment présentées dans la légende comme coupes transversales de filaments caudaux successivement plus âgés tet par conséquent plus longs). La pre- mière correspond manifestement à notre fig. 116, et les suivantes se rap- portent à un stade un peu plus avancé, comme nos fig. 117-119. La queue n'a pas encore perdu sa condition bilatérale, mais la section en 8, avec boucles occupées par des cordons en voie de disparaître, peut être considé- rée comme caractéristique, à cette époque. Paulmier a fait sur YAnasa des constatations précises, quoique incom- plètes. Lorsque l'allongement s'est déclaré, la coupe transversale du Neben- kern montre au milieu de chaque moitié un espace rond, correspondant à une vacuole longitudinale. Un peu plus tard la gaine caudale perd sa du- plicité de constitution, pour devenir une couche uniforme qui entoure de tous côtés le filament axile, même chez le spermatozoïde mûr. Il convient d'ajouter néanmoins que Paulmier ne rejette pas l'idée d'une intervention du cytoplasme dans l'édification de la gaine (p. 256). Prowazek trouve que les deux parties du Nebenkern prennent en s'al- longeant un aspect fibrillaire et donnent deux différenciations filiformes qui accompagnent le filament axile. 2. Deuxième groupe. Deux faits principaux sont signalés par Me- ves chez le Pygcera : 1 le filament axile ne traverse pas le corps mitochon- drial; 20 le corps mitochondrial finit par se transformer en un faisceau filamenteux qui entoure le filament axile. Baumgartxer considère le Nebenkern du Gryllus comme formé, avant son allongement, par une masse centrale dense et une membrane périphé- rique, celle-ci isolée par une zone claire. Tout d'abord il se déplace le long du filament axile, s'allonge et perd sa membrane, puis sa substance cen- trale s'étend sur ce filament et forme autour de lui une gaine. (') « So nimmt er (der Nebenkern) Theil an der Bildung des Schwanzfadens », p. 712. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 I ."> Voinov a obtenu des images qui sembleraient indiquer une division en deux moitiés, mais » cette division du Nebenkern en deux moitiés est due au centrosome. La baguette centrosomique, qui n'avait aucune rela- tion avec le Nebenkern dans la première phase, s'en rapproche et se place dessus. L'enveloppe et la masse centrale du Nebenkern se replient autour de la baguette centrosomique qu'elles entourent de toutes parts, — de là l'apparence optique d'une division. Le centrosome se trouve donc au milieu du Nebenkern, ayant une longueur égale à ce dernier-, p. 227. Plus tard, le Nebenkern accompagne la baguette centrosomique dans son développement (p. 247). Pour Henneguy, le corps mitochondrial demeure le plus souvent in- divis, s'allonge en devenant fusiforme et finit par entourer le filament axile en prenant un aspect filamenteux. Les citations que nous pourrions encore ajouter seraient en général moins explicites que les précédentes. En résumé, les travaux rappelés établissent : i° la transformation im- médiate de l'ébauche périaxile en un faisceau, double ou simple, de cor- dons; 20 la transformation définitive en une gaîne simple. Le mécanisme de cette transformation n'est pas étudié ou est ramené à une coulée de substance autour du filament axile, que l'exemple du Nolnneeta oblige à n'accepter qu'avec réserve. b) Complexité du filament axile dans le sens de la longueur ; pièce intermédiaire. La distinction génétique de tronçons clans le filament caudal, et par suite l'identification d'une pièce intermédiaire (Verbindungsstuck, Mittel- stiick), est subordonnée à la distinction de deux blépharoplastes évoluant en série, ou l'un derrière l'autre ('). Or, la question des blépharoplastes en général est particulièrement confuse quand il s'agit des arthropodes. 1. Le genre Lithobiits, où tout un ensemble d'indices nous ferait sup- poser d'étroites analogies avec le Notonecta, a fourni à Tônniges (02) et à Meves (02J des résultats qui ne sont que partiellement concordants. Il (') D'après Waldeyer (o3), le «Verbindungsstuck», difficile à définir par sa forme, doit l'être par son origine : c'est le tronçon contenant le dérivé du corpuscule central périphérique. Sa dis- tinction est particulièrement nette chez les mammifères, où le dérivé dont il s'agit est entouré d'une spirale d'origine mitochondrienne. 27 2 1 6 J PANTEL & R. de SINETY existe deux corpuscules centraux d'abord périphériques, allant se mettre en rapport avec le noyau, pendant qu'un filament pousse du corpuscule distal ; mais tandis que pour Tônniges le Mittelstiick n'est finalement représenté — après une évolution assez compliquée du corpuscule distal — que par un court tronçon compris entre les deux corpuscules, pour Meves il correspond à toute la partie intracellulaire du filament axile, et représente par conséquent la partie de la spermie de beaucoup la plus longue, celle qui chez le Notonecta est revêtue par la gaine. Cette façon de concevoir la pièce intermédiaire, très conforme à l'idée primitive de Schweigger-Seidel (56), a l'avantage, comme le remarque Meves, de supporter l'homologation avec la pièce de même nom des vertébrés : chez les invertébrés comme chez les vertébrés ce serait le tron- çon revêtu d'une garniture annexe mitochondrienne. Nous avons dû néan- moins nous abstenir de déterminer cette pièce dans notre objet, où nous n'avons rencontré ni un double corpuscule central bien caractérisé, ni un filament périphérique ('). 1. Chez les insectes, les corpuscules blépharoplastiques se présentent très diversement. Il y en a de bacillaires, en V dans les spermatocytes, en bâtonnet flagellé dans la spermatide : lépidoptères (Meves, Henneguy), Cybister (Voinov, 03), Blatta (Wassilief, 04). Voinov distingue trois parties dans le filament axile de la spermatide en voie d'allongement : la partie dérivée de la baguette centrosomique, limitée au Nebeiikern, la partie filamenteuse intracellulaire et la partie terminale extracellulaire; la première, après s'être différenciée pour donner 1' - appendice céphalique-, forme la partie axiale du Mittelstiick. Beaucoup plus fréquemment ils sont punctiformes. On en a observé deux dans le genre Caloptenus (Wilcox, 96, Henne- guy, 04), mais placés à côté l'un de l'autre et émettant chacun un filament qui se soude à son congénère pour former le filament axile (pour Wilcox, les deux corpuscules finissent par se fusionner). Le cas le plus ordinaire, comme le remarque Henneguy, c'est qu'après (') Nous rapportons l'état de nos recherches sans prétendre qu'un stade antérieur ne nous ait pas échappé. Nous devons même dire, au sujet de la duplicité du corpuscule, que plus d'une fois, au stade des fig. 85 et suivantes, nous avons vu au-dessous du blépharoplaste tronconique un granule punctiforme bien distinct, mais nous n'avons pas encore pu nous assurer que cette ap- parence n'était pas accidentelle. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 217 avoir vu disparaître le corpuscule central dans la jeune spermatide, on ne le revoit plus tard qu'au pôle postérieur du noyau, donnant origine, au moins en apparence, au jeune filament axile. Aussi plusieurs observateurs se prononcent-ils expressément contre l'existence d'une pièce intermédiaire chez les insectes (Ballowitz, go, Paulmier, 9g). Nous ne trouvons pas dans la littérature des données très explicites sur deux corpuscules pla- cés en série. Prowazek (îgoi) en admet bien l'existence chez Oryctes, où ils seraient séparés par un court tronçon du filament dérivé du fuseau central primitif, mais il reconnaît qu'il n'en a pas obtenu des images bien nettes. Holmgren ( 1 90 1 ) aurait vu trois centrosomes chez Silpha, dont un seul néanmoins interviendrait clans la formation du filament axile. Stevens (05,,) signale, chez Stenopelmatus , une » middle pièce accostée latéralement par un corpuscule central qui, d'abord punctiforme, s'est allongé en bâtonnet. c) Complexité dans le sens de l épaisseur. Les faits que nous avons exposés, d'après les coupes transversales, de- mandent à être rapprochés de ceux que l'on connaît chez les batraciens, les mollusques et les insectes. 1 . Batraciens, a. Urodèles. Les premières spermies dont les coupes transversales aient été étudiées fructueusement sont celles des urodèles. Meves (97, fig. 49) a trouvé que chez la salamandre la section du fila- ment axile n'est pas ronde, mais en fer à cheval, à concavité dorsale et à convexité ventrale ('). La membrane ondulatoire descend dans la concavité et est en continuité de substance avec le filament, dont elle dépend sans doute histogénétiquement; son bord libre est épaissi en un filament margi- nal qui se prolonge en arrière bien plus que la membrane elle-même, si bien que le tronçon terminal de la spermie est exclusivement formé par lui. M'Gregor (99, fig. 37) décrit chez VAmphiuma une complexité encore plus grande. Le filament axile se décompose en un filament à rigole, iden- tique à celui de la salamandre, et un filament rond, situé ventralement, qui se soude à ses extrémités au filament à rigole. L'auteur accentue l'idée, émise déjà par Meves, que le filament marginal de la membrane ondulatoire ne peut être qu'un dérivé du filament axile. (') Meves définit le côté dorsal, comme Czermak (1879), par la présence de la membrane ondulatoire. 2i8 J. PANTEL & R. de SINÉTY b. Anoures. Sans le secours des coupes, la spermie très spéciale du Bombinator a fourni à Broman (oob) des résultats qui éclairent vivement toute la question. Il existe dans la queue deux filaments réunis par une membrane, l'un plus épais, non mobile, que l'auteur appelle avec von La Valette \& filament de soutien (Stutzfaden), l'autre plus mince, plus long, parcourant le bord libre de la membrane ondulatoire et 'dépassant plus ou moins le premier en arrière, pour lequel il propose le nom de filament mo- teur (Bewegungsfaden). Broman affirme l'existence générale de ces deux sortes de filaments chez les batraciens et en assigne les caractères : le fila- ment moteur est mince et après macération demeure en rapport avec les corpuscules centraux; le filament de soutien est robuste et formé secon- dairement. Dans un travail ultérieur (oij, le même observateur émet l'idée que, des deux filaments existant chez le Pelotâtes, l'un a probablement la signi- fication de filament moteur, l'autre celle de filament de soutien et même qu'il pourrait exister, chez les spermies mobiles en général, un appareil de soutien pour l'élément actif. Il prend occasion de là pour exprimer sa ma- nière de voir sur la nomenclature des filaments caudaux : s'il en existe deux, réunis par une membrane ondulatoire, c'est le filament marginal qui est le «Bewegungsfaden'- ; le filament accessoire de YAmphiuma n'est qu'un second -Stutzfaden", comme le montrent les rapports qu'il conserve aux deux extrémités; il peut exister en outre des « Extrafaden-, etc. La formation axile du Notonecta (nous désignons ainsi le complexe du filament axile et de son dérivé) supporte parfaitement les interprétations de Broman pour les anoures et fournit quelques données nouvelles qui en justifient l'extension aux urodèles. D'une part, en effet, le filament mince et rond qui s'arrête en avant à la hauteur du blépharoplaste et s'étend en arrière jusqu'à l'extrémité de la spermie, a tous les caractères du filament marginal des batraciens, et est par suite le «Bewegungsfaden-; tandis que la gouttière, incomparablement plus robuste, mais formée secondairement et n'ayant en dernier lieu aucun rapport avec le blépharoplaste, est un « Stutzfaden «. Nous avons fait usage des désignations : filament axile proprement dit et gouttière caudale, des noms à signification corrélative pouvant constituer plutôt un inconvénient, pour une spermie qui n'aurait que le filament ordinaire. Si l'on compare maintenant le Notonecta avec les urodèles, il est im- possible de ne pas homologuer la gouttière au filament à rigole, et c'est LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 19 cette homologation, pour le remarquer en passant, qui nous a fait con- sidérer comme côté dorsal, dans notre type, celui de la concavité. Par suite, le filament axile ou » Hauptfaden - n'est pas, comme le veulent Meves (97a, o2b), M'Gregor (99) et Waldeyer (03), le gros filament à rigole, mais le filament marginal de la membrane ondulante, suivant l'idée de Broman. C'est du reste la seule manière de comprendre cet important détail, justement signalé par Meves, que ce dernier filament existe seul dans le tronçon terminal. 2. Mollusques et insectes. D'après BollesLee (04^, 04J, le «cylin- draxe (') comprend, chez Hélix pomettia, une gaine anhiste, V endolemme , deux fibres ou endoslyles (l'endostyle primaire et l'endostyle accessoire), et une substance de remplissage d'apparence granuleuse ou plutôt finement réticulée. Tout cet ensemble est logé dans la gaine externe ou exolemme. Les endostyles se fusionnent, à un certain niveau, en une fibre unique; l'endostyle primaire aboutit, en haut, au centre du plateau terminal (niveau du cou) et l'endostyle accessoire, formé un peu plus tard, au bord du même plateau. La section de l'un et fautre filament est arrondie (représentée fig. 42, o4u, au gross. de 6000 diam.). Chez les coléoptères, Ballowitz (90) a trouvé deux types de flagellum caudal, caractérisés par la présence ou l'absence d'une fibre de soutien (Stùtzfaser). Dans le premier, pour nous de beaucoup le plus intéressant, il existe un filament rigide, quoique flexible et élastique, auquel s'accole d'un côté une fine crête ayant à son bord libre une fibre marginale (Saumfaser), et contenant du côté de la fibre de soutien une fibre moyenne; ces deux derniers filaments sont décomposables en fibrilles par macération. Dans le second type, il existe un filament marginal, un filament moyen, un filament interne. Enfin, Voinov (03) a trouvé plus récemment, chez Cybister, que la por- tion proximale du filament axile grossit, puis se divise longitudinalement en deux baguettes, dont l'une reste en continuité directe avec la tète et la queue, tandis que l'autre perd son union avec la queue et, demeurant fixée sur la tête seule, forme 1'- appendice céphalique-. Point de doute qu'il n'y ait dans ces divers types de formations axiles des analogies avec celle du Xotonecla ; pourtant les données ne nous pa- (') On ne peut s'empêcher de regretter cet emploi nouveau d'un terme ayant déjà en neu- rologie une signification bien déterminée. 2 20 J. PANTEL & R. de SINETY raissent pas suffisantes, d'un côté comme de l'autre, pour supporter des rapprochements un peu précis. Pour Bolles Lee, l'endostyle primaire n'est pas un dérivé du corpuscule polaire, mais de 1'» hyaloplaste- et la forma- tion de l'endostyle accessoire demeure problématique. Les résultats de Ballowitz, fort intéressants en eux-mêmes, puisqu'ils représentent, après ceux de La Valette, les premiers renseignements que l'on possède sur la complexité du filament axile dans le sens de sa largeur, sont exclusivement empruntés à des macérations de spermies adultes; ils demandent à être interprétés par la spermiogénèse et par l'étude des sections transversales. Quant à ceux de Voinov, ils n'ont peut-être avec les nôtres que des ana- logies plus éloignées. Chapitre V. LA SPERMIE ADULTE. A. Description générale et observations physiologiques. La spermie achevée est un robuste filament de 2,2 [a de diamètre et d'une longueur colossale, atteignant près d'un centimètre et demi, ainsi que Gilson en a depuis longtemps fait la remarque ('). Elle a un contour poly- gonal, au moins in situ. Sa grosseur est uniforme au voisinage de la tête, en arrière comme en avant, et sur une grande étendue; elle s'atténue aux deux extrémités qui se terminent en pointe fine, l'antérieure un peu plus brusquement, la postérieure plus insensiblement et en se prolongeant, croyons nous, en un long cil. Si l'on cherche à déterminer les longueurs respectives des diverses parties, on trouve que : L'armature procéphalique mesure environ 1500 ^ ou 1,5mm., très approximativement le dixième de la longueur totale; La tête, 15-18 y. ; Le collier, 4 !->■ ; La queue proprement dite, filament terminal compris, forme le seg- ment de beaucoup le plus long, segment complexe dans lequel nous ne (!) Les spermies des Lithobius, suivant Gilson lui-même, sont du même ordre de grandeur. Celles de diverses espèces, citées par Waldevek (o3) comme remarquables au point de vue de la taille, atteignent seulement 2 mm. : Discoglossus pictus, parmi les vertébrés ; Cypris ovum (ostracode), parmi les invertébrés. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 2 1 A '■;■ B m T. G. c. F. a. G. c. (!) Bl. n G. - G.c. Fig. 3. Région céphalique de la spermie achevée (synthétique). Gross. : 225o. A — Profil. Côté dorsal à droite : A. p., armature procéphalique; T., tête; Cl., collier; Bl., blépharoplaste; G., gaine caudale; G.c, gouttière caudale. B — Coupe transversale au niveau m n : T., tète; G.c, gouttière caudale. C — ■ Coupe au niveau m' n' -. F. a., filament axile; G.c, gouttière cau- dale. pouvons pas déterminer les lon- gueurs propres des deux parties successives. Pour concréter notre descrip- tion et pour l'abréger, nous réunis- sons dans une figure synthétique, fig. 3 du texte, les données em- pruntées à diverses images objec- tives déjà étudiées. Cette figure est restreinte à la région céphalique supposée vue de profil, la face ven- trale à gauche, et faite à un gros- sissement de 2250 diamètres envi- ron. Elle donne lieu aux remarques suivantes. En ne consultant que la mor- phologie externe, on ne distingue- rait dans cette spermie que trois tronçons : i° l'armature procépha- lique, longue ; 2° le collier, très court; 30 le segment caudal, colos- salement long. Si l'on tient compte de l'ana- tomie, il est impossible d'y établir une division en tronçons, ou de la sectionner idéalement en parties qui soient, en même temps, alignées en série et morphologiquement dis- tinctes, divers mouvements de crois- sance ayant altéré les rapports ori- ginels et amené des pénétrations mutuelles. La tète, engagée par ses trois quarts antérieurs dans la sub- stance de l'armature procéphalique, parcourt en arrière toute la lon- '(') Le trait indicateur doit être prolongé jusqu'à la formation en fer à cheval. 222 J PANTEL & R. de SINETY gueur du collier, pièce d'origine nucléaire il est vrai, au moins partiel- lement, mais que ses rapports avec le blépharoplaste font rapporter au tronçon post-céphalique ou cou. D'autre part, la gouttière caudale s'engage en sens inverse dans ce même collier et se prolonge, accolée à la tête, jusqu'en pleine substance procéphalique, si bien qu'on pourrait intéresser dans une même section transversale le cou, l'armature procéphalique, la tête et une formation caudale. On peut néanmoins ramener la spermie du Notonecta aux schémas ordinaires, à celui de Waldeyer (03), par exemple, en en définissant les parties par leur genèse et leurs rapports internes vrais, et en évitant d'y attacher l'idée d'une sériation linéaire qui n'existe pas. Nous croyons devoir y admettre quatre parties principales : 1. U armature procéphalique {') (- Vorderstiick « de Waldeyer, - Spiess - de Retzius), située en avant et dérivée d'une ébauche propre, ayant la forme d'une pyramide ou d'un cône très aigu, entourée à sa base par le collier et creusée de deux cavités longitudinales où sont reçues la tète et la partie supérieure de la gouttière caudale. 2. La tête, dérivée exclusivement de l'élément chromosomique du noyau, plongée tout entière dans la substance de l'armature et n'affleurant nulle part à la surface (2). 3. Le cou, dérivé directement ou indirectement du blépharoplaste — (') La désignation que nous avons adoptée rappelle celles de Loisel (02, armature cépha- liqué) et de Gilson (84, segment procéphalique); le terme armature nous a paru plus indépendant d'une forme déterminée que celui de segment. La nomenclature de cette partie de la spermie n'est que trop riche déjà en synonymes, mais nous pensons que l'on doit éviter comme trop peu com- préhensives, ou comme insuffisamment justifiées, les appellations qui visent une forme particulière, ou un rôle simplement supposé d'après cette forme. Ballowitz 104) est d'avis à ce sujet « dass bis jetzt noch fur keine einzige Spermiumart n.i D sei, dass ihre besondere Form durch die besonderen Verhâltnisse, unter welchen der betreffende Samenkôrper an und in das zu befruch- tende Ei gelangt, mechanisch bedingt wird » (p. 110). Ces conditions particulières de la tète demandent à être rapprochées de celles décrites par Stephan (o3) chez les sélaciens. Le manchon céphalique de cet auteur est une formation très spéciale, d'une colorabilité à part, développée entre la masse chromatique du noyau et l'acrosome (armature procéphalique), sous la forme d'une capsule ou d'une urne dont les bords se rabattent et se prolongent, pour constituer à la tète une véritable coiffe. Cette coiffe, plus tard, finit par être un manchon dans lequel la tète, allongée et condensée, pénètre « comme une bougie dans un chan- delier ». Il y a là des analogies manifestes avec l'état de choses que nous offre le Notonecta, mais accompagnées de dissemblances paraissant irréductibles. i° La substance qui descend autour de la tête, chez le Notonecta, ne constitue point une formation autonome, c'est la base même de l'ar- mature procéphalique; 2° cette descente de substance n'est pas un retroussement, mais la prolon- gation directe des bords même de l'armature. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. l'ébauche ciliée, que l'on peut considérer comme l'un de ses rudiments, est une partie de la membrane nucléaire à la différenciation de laquelle le blé- pharoplaste n'est probablement pas étranger, - - comprenant une partie superficielle, le collier, qui forme douille à la partie basale de l'armature procéphalique, et une partie profonde, le blépharoplaste lui-même, qui siège immédiatement en arrière de son bord postérieur ('). 4. Le segment caudal ou la queue. Nous désignerons ainsi tout ce qui reste de la spermie, les parties précédentes enlevées. C'est un segment com- plexe, comprenant trois constitutifs définissables pour leur compte : i° le filament axile proprement dit, s'étendant (probablement) du blépharoplaste à l'extrémité de la spermie; 20 la gouttière caudale, dérivé local du filament axile, allant du tiers antérieur de la tète à un niveau indéterminé, mais sûrement très reculé; 30 la gaine caudale, faisant suite au collier et se pro- longeant bien plus que la gouttière, jusqu'à un niveau au-delà duquel le filament axile prendrait toutes les allures d'un flagellum terminal. La par- tie de ce segment qui est revêtue de la gaine — c'est de beaucoup la plus considérable — a peut-être (?) la signification d'une pièce intermédiaire OVerbindungsstiick- ou « Mittelstiick « des auteurs allemands, » middle pièce « des auteurs anglais). Ajoutons quelques remarques physiologiques. Cette spermie nous a semblé être très paresseuse et d'une grande vulnérabilité. Impossible d'en observer les mouvements après dilacération du testicule mùr ou des canaux déférents, même en employant comme milieu du sang de chenille ou le sang même de l'insecte. Nous ne les avons (l) Waldeyer caractérise le cou comme un tronçon n'appartenant pas à la tète (origine non nucléaire), n'appartenant pas à la queue (non traversé par le filament axile), et donnant dans la fécondation une sphère rayonnée dérivée du spermocentre ; c'est une sorte d'articulation correspon- dant au corpuscule central antérieur et à ses dérivés. D'après cela, comme le fait très bien re- marquer Meves (o2b), le cou, chez les urodèles et les sélaciens, ne serait autre que le « Mittelstiick » ou le « Verbindungsstûck » de beaucoup d'auteurs. Pour Bolles Lee (04a), le cou est une articulation reliant la tête au corps (chez l'escargot et le triton). « Il a pour but vraisemblablement de faciliter la désarticulation de la tète lors de la fécondation. Il n'existe, ni dans le cou ni ailleurs, aucun « centrosome » ou « corpuscule cen- tral » (p. 110). Nous ne pouvons d'aucune façon mettre en doute l'existence d'un corpuscule blépharoplastique, et il ne parait pas qu'on en puisse faire abstraction dans la caractéristique du cou. Si celui-ci devait être envisagé rigoureusement comme une articulation, ce serait, dans notre type le plan transversal conduit par le bord postérieur du collier, cette dernière pièce devenant alors une sim- ple annexe de l'armature procéphalique; mais nous croyons que cette définition trop géométrique ne respecterait pas suffisamment les rapports d'origine. 28 !24 J. PANTEL & R. de SINETY vus qu'en examinant directement le long canal translucide, roulé en spirale, qui constitue le pédoncule de la spermathèque de la femelle. Ces mou- vements étaient lents et consistaient dans une sorte de tremblotement ondulatoire. Les faisceaux de spermies examinés en masse, à l'œil nu ou à la loupe, offrent le plus souvent, après fixation comme à frais, un éclat nacré carac- téristique, tenant, semble-t-il, à des inflexions sinusoïdes très régulières, que l'on pourrait considérer peut-être comme la trace persistante des on- dulations serpentiformes observées au microscope, chez les spermies en mouvement. B. La spermie comme cellule. Après l'étude analytique où nous avons cherché à suivre le développe- ment successif des parties définitives de la spermie, il n'est pas inutile de jeter un coup d'œil sur les parties anciennes de la spermatide et d'en préciser le sort individuel. Du noyau primitif, nous ne retrouvons dans la spermie achevée que la partie essentielle, le corps chromosomique; le caryoplasme, s'il existait ('), en tout cas la caryolymphe et la membrane nucléaire ont été résorbés (-); il faut excepter néanmoins la partie de la membrane qui est devenue le collier. Au point de vue du noyau, la spermie est dans la condition d'une cellule ordinaire au stade du tassement polaire télophasique, avec une indistinction des chromosomes encore plus grande. Le centriole est représenté, ou directement, ou peut-être indirecte- ment, grâce à des transformations intermédiaires inconnues, par le corps blépharoplastique et la formation axile qui semble en provenir par un phénomène de croissance. Le cytoplasme différencié constitue l'armature procéphalique et la gaine caudale. Du cytoplasme non différencié et de la membrane cellulaire, il ne reste aucune trace. Nous avons inutilement fait effort pour vérifier dans cet objet (') L'existence d'un caryoplasme au sens de Carnoy est difficile à démontrer dans nos pré- parations. Rappelons que Grégoire & Wygaerts (04) ne l'ont pas vu intervenir, dans leur analyse de la reconstitution du noyau. Meves (97) a constaté chez la salamandre des phénomènes analogues : on ne voit plus Je membrane nucléaire dés que la tête est condensée, elle est dissoute ou étroitement appliquée ; le suc nucléaire s'est mêlé au cytoplasme et les travées de linine ont été dissoutes ou englobées. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 25 d'anciens schémas de la spermie, en cherchant à voir la condensation progressive du cytoplasme et l'application définitive de la membrane sur les nouvelles formations. Le cytoplasme ne se condense pas, au moment de l'allongement, mais s'écoule en quelque sorte en arrière, comme il a été décrit par plusieurs observateurs ; ce refoulement s'accompagne de la rup- ture de la membrane, devenue d'ailleurs très caduque, et la partie antérieure de la spermie se dégage; le cytoplasme refoulé survit assez longtemps, mais finit par se résorber aussi bien que la membrane, comme le montre la suite des coupes transversales. Les meilleures coupes de l'armature pro- céphalique sont parfaitement homogènes et sans enveloppe, fig. 140; celles de la queue n'en montrent pas d'autre que la gaine. Toutes les parties de la spermatide, du moins tous ses constituants cellulaires essentiels — la membrane cellulaire et celle du noyau ne sont que des zones limites plus ou moins différenciées, --se retrouvent dans la spermie (.'). NOTES ADDITIONNELLES. Chromatisme et plasticité morphogénique. Nous ne voulons pas revenir ici sur les variations chromasiques du noyau. Les faits que nous avons signalés, à mesure que l'occasion s'en présentait, rappellent ceux qui ont été décrits par Henking(9i) chez les insectes et par Regaud (01) chez les mammifères. Henneguy (04) fait une excellente révision de toute la question et conclut par un rapprochement intéressant entre l'ovogénèse et la spermatogénèse : il existe dans l'un et l'autre processus une longue période durant laquelle, l'activité nutritive de la cellule étant très grande, le noyau s'appauvrit en acide nucléique et perd son affinité pour les colorants nucléaires ordinaires; cette activité se mani- feste, dans le cas de l'ovogénèse, par une croissance considérable du corps cellulaire et l'accumulation de réserves vitellines et, dans celui de la sper- (') Notre conclusion est, pour le fond, celle de tout le monde et c'est pour cela que nous avons désiré la formuler explicitement. Bolles Lee (04b) arrive pour Hélix à une idée très différente, qui tendrait à redonner de la consistance à l'ancienne conception des noyaux libres: mais elle tout entière sur o tion encore si peu connue que son auteur appelle c< hyaloplaste » : « Le fide de l'e got n'est pas même une cellule histologiquement différenciée; il n'est qu'un noyau différencie; son corps ayant été formé tout entier par le reste de ce noyau », p 2 26 J PANTEL & R. de SINÉTY matogénèse, par les changements de forme et les différenciations protoplas- miques nécessaires à l'évolution de la spermie. Une différence relative à l'époque, c'est que le maximum d'activité trophique précède les divisions maturatives dans l'ovogénèse et les suit dans la spermatogénèse ('). L'objet de la note actuelle est d'indiquer rapidement les rapports que nous avons observés entre le chromatisme des formations cytoplasmiques ou centrocorpusculaires de la spermatide et l'activité évolutive de ces mêmes formations. Le blépharoplaste ne commence à se colorer qu'au moment où son activité se manifeste par l'émission du filament axile. Le filament lui-même est chromophile tant qu'on y surprend des mouvements de croissance en longueur ou en épaisseur, mais il devient achromophile dans la spermie achevée. La gouttière, qui en dérive génétiquement, demeure très chromo- phile jusque dans les spermies âgées de la fin de l'hiver, sans doute parce qu'elle ne cesse point de manifester des mouvements internes de croissance, qui en modifient la grosseur et le contour. L'ébauche ciliée du collier est très chromophile lors de son apparition et tant qu'elle se transforme; une fois transformée, elle cesse de se colorer. L'ébauche procéphalique renferme, aux diverses époques de son exis- tence, un mélange de parties chromophiles et de parties achromophiles, mais les premières semblent avoir un rôle passif, les secondes un rôle actif, particulièrement manifeste dans l'amphisome et dans les biseaux qui enva- hissent, à un moment donné, la cavité nucléaire. Or, le tout devient achro- mophile dès que les mouvements morphogéniques ont pris fin. Nulle part la relation dont il s'agit n'est plus évidente que dans l'évo- lution de la gaîne. Sans même remonter à la première élaboration du ma- tériel figuré, filaments ou corpuscules divers, intensément colorables, qui peuvent intervenir dans la constitution de son ébauche impaire, nous voyons le matériel de la formation définitive se montrer d'abord, dans cette ébauche; à l'état de corpuscules colorables dispersés, et se réunir ensuite en deux cordons en gouttière, qui présentent leur maximum de colorabilité au moment où ils se modèlent le plus activement. La gaîne achevée, la chro- mophilie y disparaît pour toujours. Nous ne pouvons malheureusement signaler que le côté extérieur des phénomènes, nos recherches n'ayant point porté sur les modifications chi- Nous avions exprimé une idée anal umumcation préliminaire 02b). LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 227 miques qui leur correspondent. Ces premières indications suffisent néan- moins pour montrer : i° que des variations chromasiques peuvent être liées à des variations d'activité, dans les ébauches cytoplasmiques de la spermie aussi bien que dans l'élément nucléaire; 2° que, tandis que dans celui-ci ces variations sont liées aux échanges caryocytoplasmiques et se mani- festent principalement par des modifications du cytoplasme, dans le cas des ébauches elles paraissent liées à la plasticité même de ces formations et se manifestent par leur évolution morphogénique. Jusqu'où va l'analogie entre les deux sortes de chrotnasie et jusqu'à quel point l'une dépend de l'autre, c'est ce que peut seule montrer l'étude chimique, ou du moins une étude histochromatique plus complète. Dès à présent on peut soupçonner que les ébauches des diverses parties de la spermie, le noyau mis à part, s'élaborent aux dépens d'un matériel sélec- tionné, où prédominent peut-être des nucléo-albumines. Les chromosomes demeurent-ils individuels dans la spermiogènèse du Notonecta? Pour fournir au lecteur les éléments d'une réponse à cette question in- évitable, nous rappellerons dans cette note les modifications que nous avons eu à signaler dans le corps nucléaire, à diverses époques de la transforma- tion de la spermatide. Les masses chromatiques anguleuses dégagées du tassement polaire et formant réseau, dans la spermatide jeune, font bientôt place à un système de sphérules dont le nombre nous a paru très variable. Un peu plus tard, ces sphérules à leur tour sont remplacées par un caryosome volumineux, bien distinct par son aspect général, sa structure et sa chromasie : on ne peut guère concevoir ce caryosome que comme formé par l'accumulation successive de particules provenant de la désagrégation des sphérules précé- dentes; il coexiste, il est vrai, du moins dans un grand nombre de noyaux, avec des traînées filamenteuses, irrégulières, qui paraissent parfois y adhé- rer, mais celles-ci ont plutôt l'apparence de restes destinés à disparaître, et seraient-elles chromosomiques qu'il faudrait encore voir dans le caryosome la plus grande partie du corps nucléaire. Au caryosome se substituent, pendant le redressement de la sperma- tide, de nouvelles sphérules, à aspect nucléolaire, creuses, paraissant con- stituer comme une étape d'une sorte de désagrégation générale. Bientôt après, en effet, toute formation figurée semble avoir disparu de la cavité 228 J PANTEL & R. de SINETY nucléaire : elle paraît entièrement vide pendant l'allongement de la sper- matide, ou ne contient que des granules. Il est difficile de s'arrêter à une hypothèse déterminée, touchant le véritable état de l'élément nucléaire à ce moment, mais, dans l'état actuel de nos recherches, l'une des moins plausi- bles parait être celle de la persistance des chromosomes individuels. La vésicule nucléaire, d'ordinaire parfaitement claire, ne laisse reconnaître aucun corps figuré, si ce n'est tout au plus un semis de granules, qui semblent adhérer de préférence à la membrane. Si l'on veut que les chro- mosomes aient conservé une figure consistante, il faut les reconnaître dans ces granules, ou peut-être dans d'autres particules encore plus petites qui se dissimuleraient contre l'armature procéphalique ('). Le squelette achroma- tique des chromosomes, si tant est qu'il ait jamais existé, n'est pas 'mieux conservé que leur partie chromatique; nous avons inutilement cherché, soit dans l'amas de granules, soit en dehors, des filaments ou d'autres for- mations figurées quelconques, même incolores {-). Les circonstances de la formation de la tête ne paraissent pas favoriser davantage l'idée de la persistance individuelle. Nous avons vu qu'elle se constitue aux dépens de granules très fins et très diffus à l'origine, qui se concentrent graduellement suivant l'axe du noyau en une baguette axiale. Le phénomène est successif, lent, et progresse de bas en haut, la conden- sation pouvant être très grande du côté du collier quand elle s'annonce à peine au côté opposé, d'où la forme de stalactite à pointe dense et à base granuleuse, si caractéristique durant toute une période (5). (') Prowazek (oi) admet que chez Oryctes la chromatine passe par un état poussiéreux (staubartig . Jurant l'allongement de la tète Gross (04) semble avoir rencontré chez Syromastes des conditions très analogues à celles que nous venons de rappeler chez Notonecta : la chromatinc d'exister sous forme de masses distinctes; on a l'impression qu'elle est devenue liquide et se trouve à l'état de dissolution dans le caryoplasme, ou du moins qu'elle est divisée au point de paraître homogène. Van Molle (06) trouve, chez l'éi ureuil, que la chromatine, après s'être ramassée en un bloc central assez irrégulier (analogue au caryosome de Notonecta?), finit par se soustraire à l'observation; il admet que cette disparition peut n'être qu'une apparence, due à ce que l'élé- ment nucléaire plongerait dans une substance de propriétés chromatophiles semblables. Évidemment cette hypothèse est toujours faisable, dans notre cas ; nous n'osons pas dire qu'elle soit appuyée. (2) Beaucoup d'auteurs, à la suite de H j:cker, font reposer la continuité des chromosomes sur la substance achromatique C'est la lininc, remarque Strasburgek 04), qui unit les gamosomes en chromosomes et détermine leur forme, leur grandeur et leur nombre. (3) Baumgartner oj a vu également la tète se former par une condensation de granules, chez Gtyllus Là, seulement, le résultat de la condensation est un tube creux, non une baguette- pleine. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. APPENDICE. Phénomènes cyto-tératologiques. A. Corpuscules chromosomiques (?) dans les divisions maturatives, fig. 158, 159. Il existe en très grand nombre, dans certains spermatocytes, des cor- puscules chromophiles qui, à la métaphase de la première cinèse, se mettent à l'équateur comme de minuscules chromosomes. On se rend compte, dans les vues latérales, fig. 158, qu'ils occupent en hauteur toute la zone qui correspond aux vrais chromosomes, les uns plus près, les autres un peu plus loin de l'équateur, et les vues polaires montrent qu'ils se dis- persent, en profondeur, dans toute l'épaisseur du fuseau, fig. 159. La ressemblance avec des chromosomes serait complète, s'il y avait bipartition et ascension consécutive aux pôles. Nous ne savons rien de ce dernier point, n'ayant pas rencontré de stade postérieur à la métaphase, et nous nous abstiendrons d'affirmer catégoriquement le premier, bien que nous ayons vu plusieurs fois des doubles granules, placés l'un au dessus de l'autre, qui inclineraient à le faire admettre. Nous ignorons également la condition première de ces corpuscules. Leur signification demeure donc problématique. On pourrait y voir, en effet, des corpuscules chromosomiques, peut-être des particules qui se sont trouvées trop dispersées, au moment de l'individualisation des chromosomes hétérotypiques, et ont échappé ainsi à la coalescence, ou bien des particules résultant d'une désagrégation pathologique. On pourrait aussi les considérer comme des granules du matériel périaxile, lequel est particulièrement abon- dant dans les cellules dont il s'agit. Il faudrait admettre, dans ce cas, que des particules n'ayant rien de commun avec la substance chromosomique peuvent être influencées par les centres caryocinétiques. Cette anomalie s'est rencontrée dans presque toutes les cellules d'un cyste. Les cystes adjacents étaient normaux. Le même testicule a offert plusieurs autres cas de structures anormales, dont quelques-uns étudiés ci -après. 230 J. PANTEL & R. de SINETY B. Doubles noyaux de même grandeur, dans le spermatoeyte I, paraissant fonctionner comme un seul La fig. 160 est prise de la même préparation que les deux précédentes. Nous y avons reproduit deux spermatocytes en prophase active, l'un nor- mal, devant servir de terme de comparaison, l'autre bi-nucléé. Les deux noyaux de celui-ci sont équivalents entre eux et leur volume total est très comparable au volume d'un noyau ordinaire ; ils sont rapprochés l'un contre l'autre et aplatis sur leurs faces en regard. Ce qui fait l'intérêt de ce cas tératologique, c'est que les deux noyaux paraissent former un système combiné, fonctionnant comme le noyau unique des cellules voisines. Il ne s'est développé, comme dans la cellule normale, que deux asters, lesquels se trouvent déjà en opposition par rap- port au complexe nucléaire, dans le plan médian qui en sépare les deux éléments. On peut donc dire qu'il allait se constituer une seule figure caryocinétique. Nous avons rencontré à quatre ou cinq reprises des spermatocytes bi-nucléés, moins avancés que celui-ci, mais du même type. L'origine des deux noyaux ne peut être une fusion syncytiale, leur petitesse relative et celle du corps cellulaire ne supportant pas cette suppo- sition. C'est donc une bipartition nucléaire, dont il resterait à préciser la nature et l'époque. Si l'on suppose une cinèse, ce ne pourrait être que la dernière cinèse spermatogoniale, puisque les deux noyaux sont manifeste- ment au stade spermatoeyte; il faudrait donc admettre que toute l'anomalie consiste dans la suppression de la plasmodiérèse, mais alors on s'explique- rait difficilement que le corps cellulaire, en réalité double, ait à peine la grandeur d'un corps cellulaire normal. Peut-être l'interprétation la moins inacceptable serait-elle de supposer une division directe du noyau, survenue à n'importe quel stade de la période d'accroissement, sans doute dans des conditions pathologiques de la cellule qui, au lieu d'avoir une issue fatale, ont été finalement suivies d'un retour à l'état normal. C. Noyaux multiples et inégaux, dans la spermatide, fig. 162. Il s'agit ici d'une anomalie assez rare dans les spermatides isolées, mais très fréquente dans les complexes syncytiaux dont nous devons nous occu- per ci-après. La figure en présente un cas typique, bien que des plus simples. La spermatide est au stade très jeune qui suit immédiatement la reconstitution du noyau; l'aster n'est pas encore complètement désorganisé LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2,;l et le matériel de la future ébauche périaxile forme, à la façon ordinaire, une zone périphérique presque régulière. L'anomalie consiste en ce qu'il existe deux noyaux, de taille inégale. Plutôt que des noyaux, ce sont des "Caryo- mérites- de Goldschmidt (1902), ou des noyaux partiels, formés aux dépens de deux lots inégaux de chromosomes (sur ce mode de formation l'étude des complexes syncytiaux fait la pleine conviction). La formation des noyaux partiels se rattache immédiatement à l'apti- tude que montrent les chromosomes à élaborer, individuellement (*caryo- mères« de Fol, »idiomères« de HLecker), ou par groupes (caryomérites), une vésicule et une membrane, comme le fait dans les cas ordinaires le système complet des chromosomes. Sans parler ici de la lignée femelle, où les chromosomes vésiculeux sont plus répandus, on connaît un certain nombre de cas, dans la lignée mâle, où il se forme normalement des caryo- mères ou des caryomérites; mais leur existence ne marque qu'une étape de la reconstitution du noyau définitif : ils finissent par se fusionner totale- ment (télophase homéotypique de Trillium cernuum, Grégoire et Wy- gaerts, 04, télophase des deux divisions maturatives de Scutiger a forceps, Medes, 05), ou partiellement (télophases spermatogoniales de Brachystola, Sutton, 00 et 02), dans ce dernier cas en donnant un noyau à sacculations digitiformes. En plus de ces noyaux partiels temporaires, Meves en a fait connaître de persistants, dont il faut faire deux catégories : les uns se montrent dans le développement des spermies oligopyrènes et apyrènes et appartiennent par conséquent à un processus général atypique (02J; les autres sont par- ticuliers à des cellules proprement tératologiques, telles que certaines spermatogonies plurinucléées de la salamandre (94). C'est à cette dernière catégorie qu'il faut rattacher ceux qui nous occupent ici. L'occasion déterminante qui donne lieu à la formation des noyaux partiels n'est autre, d'après Grégoire et Wygaerts, que le degré du tasse- ment polaire. Nos observations sur les complexes syncytiaux, par lesquels nous croyons devoir expliquer le cas actuel, confirment de la façon la plus nette cette vue : l'apparition des caryomérites devient la règle, dès que les conditions de la figure caryocinétique sont défavorables au tassement ('). (') Pourtant cette condition, qui parait nécessaire, n'est pas par elle même suffisante: il faut de plus que les chromosomes aient spécifiquement de la tendance à se vacuoliser. Farmfr et Shove (o5) ont trouvé que fréquemment, dans la cinèse hétérotypique du Tradescantia, certains chromo- somes ne font pas retour aux pôles et se retrouvent après la reconstitution des noyaux dans le cytoplasme, où ils paraissent simplement dégénérer. 29 232 J. PANTEL & R. de SINÉTY D. Spermatocytes I fusionnés, fig. 161. Nous croyons pouvoir considérer comme des spermatocytes fusionnés des amas plurinucléés plus ou moins importants, que l'on rencontre dans certaines conditions à côté des spermatocytes normaux. Sans donner une idée complète des proportions qu'ils peuvent atteindre, car nous en avons rencontré qui paraissaient occuper les 3/4 du cyste et présentaient sur une seule coupe plus de vingt noyaux, la fig. 161 permet de faire à leur sujet quelques constatations utiles. L'état des noyaux et du cytoplasme est iden- tiquement celui des spermatocytes isolés. Le stade correspond au remanie- ment structural et au développement périphérique d'excrescences qui pré- cèdent la prophase active; il existe çà et là, à la périphérie et à l'intérieur, des plages réticulées de diverses formes, comme nous en avons signalé dans les spermatocytes normaux, et de nombreux corpuscules archoplasmiques sont disséminés dans le fond granulé général. La première idée qui se présente à l'esprit, quand on a sous les yeux en même temps ces amas et les spermatocytes normaux du même cyste, c'est que les premiers se sont constitués, à une époque sans doute récente, par un fusionnement des cytoplasmes. C'est aussi celle-là que nous adop- tons après un examen attentif de toutes les circonstances : les amas dont il s'agit sont des complexes syncytiaux, non des cellules plariiutcle'ecs. On ne peut pas les considérer comme des cellules uniques dont le noyau aurait subi des divisions directes répétées, car on ne comprendrait alors, ni l'énorme accroissement de taille du corps cellulaire, ni la ressem- blance parfaite des noyaux avec ceux des cellules normales. On ne peut pas davantage y voir une cellule où des caryocinèses répé- tées n'auraient pas été suivies de cytodiérèse. Il paraît tout d'abord plus difficile d'écarter cette deuxième interprétation, et néanmoins, nous ne pou- vons pas plus l'accepter que la précédente. L'idée des caryocinèses est principalement exclue par la condition actuelle des noyaux. Nous verrons au stade suivant ce processus de division agir précisément sur ce complexe plurinucléé, mais ce sera pour donner naissance à des noyaux très inégaux entre eux, ou à des caryomérites, et l'on ne voit pas pourquoi cette même inégalité ne se serait pas montrée dans les divisions précédentes, si elles s'étaient vraiment réalisées dans une masse indivise de cytoplasme. Ajoutons qu'il serait bien plus difficile encore de concevoir comment, dans des con- ditions anormales maintenues pendant la longue suite de générations cellu- LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 233 laires que supposerait l'accumulation finale, souvent si considérable, des noyaux, l'évolution de l'ensemble aurait continué sa marche avec la même régularité que dans les cellules isolées, le corps cytoplasmique offrant à la fin rigoureusement la même grandeur et le même stade que s'il provenait d'une addition. On se rappelle d'autre part qu'au voisinage de la prophase active il se produit aisément, aux angles des cellules, des fusions partielles, suivies, lors de l'espacement des spermatocytes, de véritables excoriations locales, ou d'amputations de saillies. Ce fait rend très acceptable l'hypothèse d'une fusion accidentellement complète et permanente. Il suffit en effet que la plasticité des zones périphériques et leur aptitude à se souder, avec résorp- tion consécutive des membranes, s'exagèrent, sous l'influence de certaines causes tératogéniques, pour que les fusions se généralisent et qu'il en ré- sulte un amas désormais indivis. Parmi les îlots réticulés qui se remarquent dans le cytoplasme, beau- coup n'ont que la signification de restes de réticulum incomplètement re- manié, mais d'autres, surtout parmi ceux qui ont un aspect plus prononcé de parenchyme, correspondent très vraisemblablement à des angles ou à des zones périphériques de fusion. Relativement aux noyaux, la figure contient un renseignement qu'il im- porte de remarquer. On voit qu'ils ne conservent pas nécessairement leurs distances, au sein de la masse cytoplasmique commune : on en trouve de très rapprochés entre eux, comme les deux d'en bas, et d'isolés, comme celui d'en haut. Il faut donc admettre qu'ils peuvent se déplacer et peut-être se porter éventuellement les uns vers les autres, sous l'influence d'une attrac- tion qu'il n'y a aucun inconvénient à appeler homotactique. Ces déplace- ments supposent un trouble profond dans l'individualité cellulaire et repré- sentent le point de départ immédiat d'autres anomalies, qui vont se produire au stade suivant. E. Le syncytium au stade des divisions maturatives, fig. 163. La fig. 163 reproduit un fragment de coupe de syncytium au stade de la Ire métaphase. Il s'est constitué des figures pluripolaires irrégulières; on compte quatre groupes de chromosomes déformés et quinze ou seize microcentres, la plupart distribués sans ordre. Le groupe^, qui se présente le mieux à l'observation, forme un système *34 J. PANTEL & R. de SINETY complexe, pouvant se définir comme une association d'une figure 4-polaire et d'une figure 3-polaire ayant deux microcentres communs. La première de ces figures est relativement régulière. Il y existe un fuseau principal et les chromosomes sont visiblement en marche vers les pôles correspon- dants. Mais ces chromosomes sont en même temps tiraillés, comme l'in- dique leur déformation, et sollicités vers deux pôles secondaires situés à environ qo° des premiers. On peut prévoir qu'il se produira l'une des deux éventualités suivantes, ou peut-être les deux à la fois, savoir : i° que l'in- fluence des pôles secondaires finira par détacher des couronnes-sœurs un certain nombre de chromosomes; 20 que tout au moins elle les retardera à des degrés divers dans leur migration vers les pôles principaux et rendra impossible un tassement polaire régulier. Dans l'un et l'autre cas, on se trouve dans les conditions favorables à la formation de caryomérites et l'ob- servation des stades suivants montre qu'ils prennent naissance en grand nombre. La deuxième figure n'est contenue qu'en partie dans le plan de la coupe. On voit en tout cas que les chromosomes y sont fort irréguliers de forme et très irrégulièrement disposés; l'un d'eux s'étire en pointe vers chacun des trois centres, modification que l'on remarque d'ailleurs fréquem- ment. On voit avec netteté, grâce à la distribution particulière des filaments achromatiques, qu'un même centre peut agir sur deux groupes distincts de chromosomes, c'est-à-dire sur deux noyaux. Il serait inutile de s'étendre sur les groupes B et C, qui donneraient lieu au fond à des remarques analogues. Partout, tiraillement des chromo- somes en sens divers, par où l'on peut conjecturer qu'ils seront distribués finalement en groupes très irréguliers et inégaux. Ces irrégularités dans la distribution des chromosomes ne semblent pas imputables à la fusion des cellules comme telle, mais aux déplacements des noyaux à travers la masse syncytiale. Par suite de ces déplacements, les centres d'une cellule donnée ne prennent probablement pas leurs posi- tions normales vis-à-vis de son noyau et sont amenés par contre à agir sur des noyaux étrangers. L'existence, dans le cytoplasme, de nombreuses plages parenchymoïdes, x, confirme l'hypothèse faite au sujet de la fig. 161. Ces plages ne peuvent plus représenter des restes de cytoréticulum des parties profondes, comme celui de la fig. 18, car on n'en trouve jamais à ce stade dans les spermato- cytes normaux; elles ne peuvent donc que correspondre aux saillies périphé- riques des cellules, toujours remarquables par leur structure lâche et à gros- sière réticulation. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 235 F Complexes spermatidiaux, fig. 164-170 Sous ce titre nous réunirons, suivant l'ordre de leurs stades évolutifs, un certain nombre de complexes plurinucléés qui n'ont probablement pas tous le même point de départ. Beaucoup sans doute proviennent des fusions anciennes signalées plus haut, mais d'autres peuvent devoir leur origine à des fusions plus tardives, ou à la suppression de la plasmodiérèse dans les divisions maturatives ('). La suite des phénomènes ne semble pas être sensiblement influencée par la différence d'origine. L'assemblage une fois constitué, nous avons tou- jours trouvé qu'il évolue pendant quelque temps comme les éléments libres du même cyste, et synchroniquement avec eux. Cependant, malgré cette continuation des mouvements généraux, des déviations de détail, plus ou moins importantes, peuvent se remarquer et, en tout cas, des phénomènes de régression surviennent à partir d'une certaine époque. Ce n'est que dans des cas où le groupe offrait une constitution relativement simple que nous en avons trouvé des stades assez avancés, indiquant peut-être que son évolution pouvait se poursuivre jusqu'à la formation de spermies mon- strueuses. 1 . La fig. 164 est empruntée à un cyste où à peu près toutes les cel- lules étaient en continuité les unes avec les autres, par leurs prolongements réticulés. De ce chef, on serait fondé à admettre que le complexe dessiné est dû lui-même à une fusion, mais on peut l'attribuer avec une égale vraisemblance à la suppression de la plasmodiérèse dans les divisions maturatives. On y reconnaît du premier coup quatre spermatides jeunes, pareilles de tous points à la spermatide isolée qui a fourni la fig. 162. La distribution de ces éléments, dans la masse indivise de cytoplasme, est régulière et leurs territoires respectifs sont nettement indiqués, en dehors des zones claires qui correspondent aux asters en régression, par le matériel des ébauches (') Le phénomène des fusions syncytiales n'est probablement pas indépendant de la forma- tion des excrescences, du moins des excrescences réticulées, et il est possible qu'il se produise à une époque un peu variable, entre les spermatocytes I et II ou même entre les jeunes spermatides, tant que persiste cette plasticité particulière de la cellule, qui se manifeste par la tendance di prolongements à se souder à ceux de se?- congénères. Mais les fusions qui se produisent pendant les divisions maturatives, si tant est qu'il y en ait, doivent probablement se compliquer de m in divisions cytoplasmiques. 236 J PANTEL & R. de SINÉTY périaxiles. Le désordre tératologique est minimum ; il se trahit néan- moins par l'apparition de caryomérites, ou petits noyaux multiples, à la place du noyau normal. C'est là le trait principal. Chez le Notonecta, les noyaux se dissocient, non seulement dans les caryocinèses irrégulières, dont la figure précédemment examinée nous a fourni un exemple, mais aussi dans les conditions beaucoup plus simples de la figure actuelle, sous la seule influence de la cause tératogène qui a déterminé la fusion cytoplasmique, ou la suppression de la plasmodiérèse. Au stade un peu plus avancé de la fig. 165, les caryomérites conservent encore leur distribution par petits groupes de même provenance. Le cyto- plasme offre le même aspect et contient les mêmes formations figurées que les cellules normales. Il s'est constitué un nombre d'ébauches périaxiles égal à celui des cellules, mais nous ne saurions dire toutefois si ce fait est constant. 2. Bientôt après le désordre évolutif s'accentue, fig. 166-167. Les noyaux sont volumineux, malgré leur condition de simples caryo- mérites, seulement leur aspect est assez normal et tient, pour quelques-uns, à une hypertrophie visible. Le corps nucléaire y est le plus souvent insai- sissable; à sa place, on ne voit dans la vésicule nucléaire que des granules précipitiformes, en traînées irrégulières. Enfin, le nombre des noyaux réunis en un même groupe est beaucoup plus grand qu'aux stades jeunes. Pour expliquer cette différence, on pourrait supposer avec Maximow (ci-après) des divisions directes consécutives à l'hypertrophie (nous n'avons pourtant remarqué aucune circonstance qui soit de nature à appuyer cette interpré-' tation), mais il nous paraît qu'il faut aussi tenir compte des déplacements qui doivent intervenir, comme nous l'avons constaté pour les complexes spermatocytiques, certains groupes de noyaux pouvant par là s'enrichir aux dépens de certains autres. Il apparaît aussi des irrégularités dans le cytoplasme. Les ébauches continuent de s'organiser, sans toutefois se mettre en rapport avec les noyaux : la polarisation des cellules, si caractéristique à ce stade, à l'état normal, ne se manifeste pas. Les ébauches périaxiles occupent une position quelconque, parfois au milieu d'un groupe de noyaux, parfois dans une région cytoplasmique libre; leur état de développement n'est pas toujours le même pour toutes celles d'un même complexe, fig. 166; souvent elles sont mal caractérisées comme structure, bien que faciles à identifier dans les coupes, grâce à une auréole de rétraction, fig. 167. Les ébauches pro- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. céphaliques, dont quelques-unes sont très complètes sur la fig. 167, ne manifestent aucune tendance à se porter sur les noyaux. Pourtant, si le caryotactisme est devenu inefficace vis-à-vis des deux ébauches principales, il persiste à l'égard des calottes, que l'on voit appli- quées en grand nombre sur divers noyaux. 3. La fig. 168, relative à un stade à peine plus avancé, nous met en présence d'une régression proprement dite, laquelle affecte des caractères assez particuliers. La nécrobiose n'atteint pas d'emblée tout l'ensemble, mais se montre rigoureusement localisée dans un territoire, où elle frappe d'ailleurs tout : fond de cytoplasme, noyaux, ébauches. Cet ensemble hété- rogène, k. r., paraît comme encapsulé dans une membrane périphérique, qui n'est autre, sans doute, que la couche limite, un peu condensée, du cytoplasme encore sain ; on dirait un véritable kyste intracellulaire, où les structures caractéristiques, encore quelque temps reconnaissables, s'effacent graduellement pour se fondre dans un fond homogène, criblé de vacuoles. Nous possédons fort peu de renseignements sur les stades ultérieurs. Il nous a paru que le kyste de régression augmentait progressivement et que par contre les dimensions du complexe total diminuaient à mesure que de nouvelles parties y étaient englobées; mais nous ignorons si les phéno- mènes se poursuivent dans le même sens jusqu'à la disparition complète de ce complexe, ou s'il en survit une partie, qui continuerait d'évoluer sous une forme plus simple. 4. Les deux figures suivantes, par lesquelles nous terminons cette série d'anomalies, montrent, en effet, des complexes plus simples, pa- raissant susceptibles d'évolution ultérieure; seulement l'origine peut en être entendue de diverses manières. Sans chercher à discuter ce point, puisque nous nous voyons dans l'impossibilité de conclure pour une interprétation plutôt que pour une autre, nous nous bornerons à indiquer l'état actuel et le sort probable de ces spermatides tératologiques. La fig. 169 est à rapprocher, pour le stade, des fig. 48 et 167. Il existe deux noyaux juxtaposés, beaucoup plus petits que le noyau ordi- naire, bien que de structure normale ; l'un des deux est accosté par deux calottes très proéminentes. La différence principale par rapport aux ano- malies précédemment décrites, c'est que ces noyaux sont nettement polari- sés : les pôles antérieurs sont occupés individuellement par des ébauches procéphaliques bien complètes, tandis qu'une ébauche périaxile unique, de dimensions exceptionnellement grandes, correspond aux deux pôles posté- 238 J PANTEL & R. de SINÉTY rieurs en commun. Il n'existe aucun indice de dégénérescence, et on peut supposer que l'évolution se serait poursuivie, peut-être jusqu'à la constitu- tion d'une spermie monstrueuse à deux tètes et à une queue (?). La fig. 170 correspond à la nutation. C'est la figure tératologique la plus avancée que nous ayons rencontrée. Pour la constitution générale, elle est presque la contrepartie de la précédente : un groupe de noyaux et plu- sieurs ébauches caudales, mais une seule ébauche procéphalique, de taille gigantesque. Les noyaux sont au nombre de trois, peut-être même de quatre, dont deux bien visibles sur la coupe et un troisième à peine aperçu en profondeur; leur structure est normale; on y reconnaît en particulier le volumineux caryosome si caractéristique du stade. Les pôles postérieurs sont marqués par des ébauches ciliées très nettes, mais nous n'y avons vu ni blépharoplastes ni filaments axiles. L'ébauche procéphalique n'est en rapport qu'avec l'un des noyaux; elle contient un amphisome primitif de dimensions exceptionnelles, à profil piriforme, s'appliquant sur le noyau par une partie linéaire. G. Rapprochements avec les données de la littérature. a) Les complexes plurinucléés dans la spennatogénèse. Nous ne rappellerons que pour mémoire une catégorie de spermatides tératologiques souvent signalées, sous le nom de spermatides géantes, dont la principale irrégularité consiste dans une taille égale à plusieurs fois celle des spermatides normales. De telles cellules ont été observées chez les hémiptères par Henking (91, Pyrrhocoris), Wilcox (95, Cicada, Paul- mier (99, Anasa), Gross (04, Syromastes), et chez les mollusques par Bolles Lee (04b, Hélix). Très généralement elles ont été attribuées à la suppres- sion des divisions maturatives. Paulmier a particulièrement insisté sur leur développement et fondé sur l'analyse détaillée de leurs caractères une intéressante démonstration de la persistance des corpuscules centraux. Nous n'avons pas rencontré ce genre d'anomalie. Des complexes plurinucléés ont été décrits, chez les vertébrés et les insectes, par Moore (94, chien), Meves (97b, homme), Montgomery (98, Euchistus), Maximow (1899, ooa, oob, divers animaux), Regaud (ooa, oob, divers mammifères), Broman (ooa, 02, Bombinator, divers vertébrés), Voi- nov (03, Cybister), A. & K. E. Schreiner (04, Myxine). Les travaux de LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. >.]'■) Broman, Maximow, Regaud portent ex professo sur le sujet. Maximow a traité du matériel pathologique, mais les figures qu'il y a rencontrées sont les mêmes que celles qui apparaissent accidentellement dans les objets physiologiques. A vrai dire, celles-ci se produisent sous l'influence de causes tératogènes, qui mettent très réellement les cellules dans des con- ditions pathologiques au moins temporaires. La principale question agitée à propos de ces complexes est celle de leur genèse. Trois processus ont été mis en avant. i° La division directe ou la fragmentation du noyau. Moore n'en veut pas d'autres pour expliquer les amas plurinucléés du chien; Maximow y fait appel au moins secondairement. 2. La fusion syncylia/e. C'est la principale cause pour Maximow, qui persiste à croire son opinion suffisamment appuyée, malgré les objec- tions élevées par Regaud. Montgomery décrit explicitement comme syncytia des complexes for- més d'un grand nombre d'éléments, pouvant représenter tout le contenu du spermatocyste. Ils correspondent, comme nos spermatocytes fusionnés, à la période d'accroissement (synapsis et tëlophase, suivant la regrettable nomen- clature de l'auteur). Ces groupements sont temporaires; leurs éléments se séparent avant les divisions maturatives et évoluent ensuite normalement ; toutefois, on trouve des groupes bi- ou trinucléés, restes des agrégations primitives, qui se divisent par polymitoses. Voinov a trouvé chez le Cybister, à côté de fusions physiologiques de spermatocytes, conduisant à quatre spermies normales, des/usions dégéné- ratives aboutissant à des résorptions. 3° Des irrégularités dans la division indirecte. Ainsi pensent Bro- man, Regaud et les Schreiner. A propos de la polémique engagée entre Maximow et Regaud, Broman fait observer que les deux contradicteurs peuvent avoir partiellement raison et rappelle, à l'appui de l'opinion de Maximow, les expériences de Driesch (1893,1 sur les œufs d'oursin, et de Roux (1896) sur les cellules de segmentation de la grenouille. Les irrégu- larités mitosiques, d'autre part, sont indubitables, dans bien des cas. Ces irrégularités peuvent consister, d'après Broman : a) dans le partage inégal des chromosomes, d'où deux noyaux-filles inégaux ; b) dans l'absence de migration aux pôles, d'où un seul noyau conte- nant la totalité des chromosomes destinés aux deux noyaux-filles; 30 240 J. PANTEL & R. de SINETY c) dans l'absence de cytodiérèse. Regaud énumère un grand nombre de variantes : a) suppression de la cytodiérèse dans la deuxième division matura- tive (deux noyaux normaux et égaux); b) mitose tripolaire régulière sur le spermatocyte II (trois noyaux normaux et égaux); c) mitose quadri- ou quintipolaire régulière (4-5 noyaux normaux et égaux) ; d) plusieurs mitoses pluripolaires régulières sur des spermatocytes binucléés (noyaux nombreux et égaux); e) mitoses pluripolaires irrégulières (noyaux nombreux et inégaux). Nos conclusions générales, d'après le matériel fourni par le Notonecta, ne diffèrent pas de celles de Broman. Nous admettons des fusions syncy- tiales, et nous pensons en avoir indiqué des preuves valables a) dans les caractères comparés des noyaux et du cytoplasme (masse et structure), b) dans les tendances plastiques et adhésives de la zone périphérique du spermatocyte I. Nous admettons des irrégularités dans les processus diéré- tiques du noyau et du cytoplasme, dont la physionomie peut être déter- minée en grande partie a) par les déplacements antécédents des noyaux, b) par la tendance des chromosomes à se constituer, isolément ou par groupes, en noyaux partiels. Les complexes que nous avons eu à exami- ner, bien que susceptibles d'une évolution restreinte, paraissent plutôt voués à la dégénérescence, et il n'est pas impossible que l'hypertrophie nucléaire invoquée par Maximow y intervienne, à un moment donné, pour compliquer les images. S'il s'agit en particulier des groupements formés par les spermato- cytes I, il est manifeste que ceux du Notonecta rappellent de très près ceux de YEuchistus, surtout si l'on compare l'état des noyaux et leur tendance à se grouper; mais il existe pourtant entre les deux cas des différences importantes. D'après Montgomery, les spermatocytes fusionnés diffèrent des sper- matocytes libres par une plus grande abondance de cytoplasme et de vitel- lus; ils se séparent avant les divisions, au moins le très grand nombre, pour évoluer désormais normalement, sans que la fusion temporaire entraîne de soi des dégénérescences ['); ils ne sont au fond, probablement, que des (') L'auteur trouve des cellules en dégénérescence, dans son matériel, mais sans proportion numérique avec les éléments des syncytia. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 24 1 spermatocytes suralimentés, et cette dernière circonstance serait la seule cause de leur agrégation en une masse indivise. Nous n'avons pu retrouver chez le Notonecta aucun de ces caractères, et par suite la fusion des éléments ne nous parait pas réductible directement à la surnutrition. Il faut encore ajouter que les syncytia seraient beaucoup plus fréquents chez l'Euchistus, à en juger par l'individu étudié, puisqu'ils ont été rencontrés dans tous les follicules. Mais une comparaison valable doit porter sur un grand nombre d'individus. Pour notre part, nous avons étudié des centaines de Notonecta, récoltés à toutes les époques et dans trois localités différentes : Gemert (Hollande), Sn-Fiel (Portugal), Sarria-Barcelone (Espagne), et c'est seule- ment dans un petit nombre d'exemplaires, capturés en été dans cette der- nière localité, que nous avons trouvé des syncytia spermatocytiques. b) A propos des cinèses pluripolaires. On trouve, dans les travaux que nous venons de rappeler, des figures reproduisant divers types de polycinèses irrégulières, par exemple les fig. 42b de Henking, i 14 et 1 15 de Schreiner, 10 de Broman (ooa), auxquelles on peut ajouter la fig. 20 de Tschassownikow (05, Hélix). Les proportions de ces figures ne dépassent pas généralement celles d'une cellule géante proprement dite, et demeurent en tout cas fort loin des complexes syncy- tiaux dont nous avons voulu donner une idée par notre fig. 163. Au point de vue des phénomènes cinétiques, ces derniers complexes peuvent être rapprochés de la couche syncytiale sous-jacente au germe segmenté, ou parablaste, de la truite (voir, par exemple, la fig. 606 de Prenant, Bouin et Maillard, 04). Il existe, sans doute, entre les deux sortes de processus, des différences capitales : l'un est typique et tend de soi à la formation de noyaux normaux, l'autre tératologique et lié ordinairement, peut-être même fatalement, à des dégénérescences. On peut dire néanmoins que la plupart des déviations observées dans les complexes tératologiques du Notonecta ne sont guère que l'exagération de déviations moindres, signalées par Henneguy (96) dans l'embryon de la truite. Parmi les remarques, déjà faites par cet observateur, dont nous avons pu reconnaître la justesse sur notre matériel, rappelons seulement les suivantes : iu Si les noyaux disséminés dans la masse cytoplasmique indivise sont espacés, ils évoluent normalement; s'ils sont rapprochés, il s'ensuit des altérations dans la marche des phénomènes. 242 J PANTEL & R. de SINÉTY 2° Les altérations observées peuvent provenir de ce qu'une même sphère est commune à plusieurs fuseaux, de ce que plus de deux sphères agissent sur un même noyau, ou de ce qu'une sphère appartenant à une figure peut influencer une figure voisine. On peut admettre que, du seul chef de la fusion syncytiale réalisée entre les spermatocytes I, les phénomènes diérétiques tendraient à se déve- lopper, dans les complexes du Nolonecta, comme dans les formations com- parables du parablaste de la truite, ou de l'endoderme de certaines plantes phanérogames; mais il intervient une perturbation, que nous croyons pou- voir imputer directement aux déplacements des noyaux au sein de la masse cytoplasmique, et indirectement à l'altération de l'individualité cellulaire. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 243 CONCLUSIONS GÉNÉRALES ET RÉSUMÉ. PÉRIODE DE MULTIPLICATION. 1. Il existe chez les insectes un nombre spécifique, n, de géné- rations intracystiques de spermatogonies IIres, tel que l'on ait, en appelant AT le nombre des éléments dans un cyste de spermatocytes Ires : N = 2n. 2. La population d'un cyste de spermatogonies IIrcs est l'homo- logue d'un » groupe germinal « (Giardina) de l'ovogénèse; l'une et l'autre correspondent à une sous-division particulière, bien caractérisée, de la période de multiplication (période des cinèses synchrones). PÉRIODE D ACCROISSEMENT. 3. Chez le Notonecta, la chromatine se localise de bonne heure autour du nucléole en une - caryosphère - (Blackman), dont la formation paraît avoir la signification d'un remaniment sélectif et s'accompagne d'un abandon de chromatine de rebut; à un stade plus avancé, la caryosphère se gonfle et se résout en corpuscules chromatiques de même grosseur, qui se disposent en cordons d'abord très gros, puis plus déliés; la réso- lution typique et complète (on observe de nombreuses variantes) parait correspondre à un cordon final unique. 4. Le nucléole ne reparaît pas comme tel lors de la résolution; il reste en général à l'un des bouts du cordon un groupe de corpus- cules d'un chromatisme distinct conservant leur affinité pour le magenta lorsque les autres la perdent, au voisinage de la prophase active, - que l'on pourrait considérer comme le produit de la résolution propre du nucléole et une forme de passage, à laquelle succéderaient bientôt de nombreuses sphérules nucléolaires visibles dans un grand nombre de cellules. 5. Nous n'avons observé ni » grumeau * ni » bouquet -; si la pseudo-réduction (synapsis) ne s'effectue pas lors du rassemblement sélectif de la chromatine, il est très probable qu'elle a eu lieu déjà, sans doute à la télophase de la dernière division spermatogoniale. 6. La sphère spermatocytique est formée d'une partie fondamentale : centriole et gangue achromophile environnante (dérivé astérien), et d'une 244 J PANTEL & R. de SINÉTY annexe : amas unilatéral de pseudochromosomes appliqué contre le noyau. Le centriole disparu, la gangue s'affaisse sur l'applique de pseudochromo- somes, puis se résorbe lentement, comme si elle s'usait par sa surface libre. L'amas pseudochromosomique passe d'abord par une phase d'expansion, durant laquelle il se transforme en une lame spongieuse plus ou moins dé- coupée ou divisée, pouvant recouvrir une étendue considérable de la surface nucléaire, la gangue prenant d'ailleurs part à ces découpures tant qu'elle n'a pas disparu; cette phase est suivie d'une concentration et d'une réduc- tion successives de la substance chromophile, laquelle finit par disparaître, après s'être montrée en dernier lieu sous la forme d'un groupe de sphérules ou sous celle d'un corpuscule en cône émoussé. 7. Durant les premières phases de l'accroissement, la structure du cy- toplasme, uniforme dans tout le corps cellulaire, est caractérisée par un cy- toréticulum robuste, à grandes mailles. Au voisinage de la prophase active, cette structure est remplacée dans toute la zone profonde par une trame fondamentale plus fine, sur laquelle se détachent : a) des corpuscules archo- plasmiques et du matériel périaxile simple (premiers rudiments des ébauches procéphalique et périaxile de la spermatide); b) occasionnellement, du ma- tériel périaxile figuré et des îlots ou restes plus ou moins modifiés du cyto- réticulum primitif. A la même époque, la zone périphérique offre en général une grosse structure réticulée (ce qui semble indiquer qu'elle n'a point pris part au remaniement d'où proviennent les ébauches); elle manifeste de la tendance à se découper en excrescences, et ses sommets saillants peuvent se souder à ceux des cellules voisines (carrefours de fusion). PÉRIODE DE MATURATION. Première division. H. Il s'élabore aux dépens des cordons de résolution de la caryosphère des anses chromatiques filamenteuses qui se disposent de préférence à la périphérie du noyau. Elles paraissent dues à la sériation linéaire des cor- puscules et à une différenciation substantielle accompagnée de fusions bout à bout. La forme définitive des chromosomes ordinaires est le diplosome; elle se montre avant même la disparition de la membrane ; à la méta- phase, on compte soit 11, soit 12 diplosomes i'). (') Nous nous abstenons de décider si L'inconstance tient à une simple anomalie ou à une autre cause. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLATJCA L. 245 y. Il existe en plus des chromosomes ordinaires un chromosome ex- ceptionnel ne faisant défaut dans aucune cellule. Il est beaucoup plus mas- sif que les autres et n'a jamais la forme de diplosome, son évolution se montrant toujours en retard (les diplosomes sont des chromosomes hétéro- typiques à évolution très hâtive, dans lesquels les chromosomes simples sont déjà séparés, la figure n'ayant qu'à les distribuer); il semble prendre part aux deux divisions ' . 10. La figure achromatique est très développée dans son ensemble. Les centrioles se divisent avant la métaphase, les centrioles-filles demeurant juxtaposés, et fonctionnent jusqu'à l'établissement de la IIe figure comme un centre unique. La centrothèque est très inégalement distincte dans les diverses cellules; elle montre souvent, mais non toujours, une membranule irrégulière colorable. L'aster est exceptionnellement riche, à rayons très longs. Le fuseau est assez probablement d'origine nucléaire, au moins pour partie. 11. Le matériel périaxile simple subsiste sûrement pendant la méta- phase; il est rejeté à la périphérie par la figure achromatique et simplement partagé, lors de la plasmodiérèse, comme le cytoplasme qui lui sert de sup- port. Le matériel figuré se comporte de la même manière, lorsqu'il existe. Quant aux corpuscules archoplasmiques, nous ne pouvons que nous expri- mer dubitativement à leur sujet (*). 12. La plasmodiérèse est précédée d'un allongement considérable du corps cellulaire. Le reste fusorial, en double pinceau à filaments lâches et flexueux, paraît constitué du fuseau central métaphasique mon néoformé); pour passer à la forme actuelle, ce fuseau n'a point subi une véritable con- striction, mais il s'est allongé en s'amincissant, puis ses éléments se sont détendus en s'écartant les uns des autres, de part et d'autre du plan équa- torial, quand leurs connexions polaires ont été détruites; le dédoublement précoce des centres influe sans doute sur l'écartement et par suite sur la forme du double pinceau; il existe un corps intermédiaire. (') D'après cela, il ne saurait être question ni d'un véritable « accessory chromosome» ou « heterotropic chromosome ». au sens récemment précisé dans les remarquables études de Wilson , ni d'un « m — chromosome » de cet auteur. (8) Nous avons cru à leur persistance d'après des images dont la valeur démonstrative nous parait maintenant discutable. Il se pourrait qu'ils disparaissent momentanément pour ne se re- constituer que dans la spermatide. j46 J PANTEL & R. de SINÉTY Deuxième division. 13. Il n'y a pas d'intercinèsc, la télophase I et la prophase II se super- posant dans une figure mixte. 14. Le dédoublement du centre cinétique, commencé de très bonne heure par la bipartition du centriole, s'achève avant l'individualisation com- plète du spermatocyte II : un écartement progressif des centrioles-filles dé- termine d'abord l'ovalisation, puis une résorption temporaire de la centro- thèque et des rayons astériens ( ' ), immédiatement suivie de leur reformation autour de chaque centriole. Une fois achevée, la nouvelle figure achro- matique est en tout semblable à la précédente. 15. Les chromosomes ordinaires sont de même forme et ont -entre eux les mêmes rapports de grandeur que dans la Ire figure; le chro- mosome exceptionnel se divise, dans les cas observés, en donnant deux V ouverts du coté des pôles. Le partage du matériel périaxile et la plas- modiérèse se font comme dans le spermatocyte I ; le reste fusorial est en double pinceau conique à filaments raides, et porte un corps intermédiaire. PÉRIODE DE TRANSFORMATION. Stades-repères. 16. On peut prendre comme repères, pour distinguer les princi- pales étapes de la spermiogénèse du Notonecta et classer chronologique- ment les phénomènes : a) la polarisation de la spurmatide; b) les deux mou- vements de la nutation; c) le double temps de la résorption nucléaire. 17. La spermatide est polarisée lorsqu'elle perd sa condition de cellule isodiamétrale, et que son noyau montre un pôle antérieur occupé par l'ébauche procéphalique et un pôle postérieur occupé par l'ébauche périaxile. La polarisation s'accompagne d'une orientation uniforme de tous les élé- ments du cyste. Ces deux phénomènes dépendent directement des causes internes de l'évolution spécifique {■). (') Dans son beau mémoire définitif, que nous regrettons de n'avoir pu consulter qu'après l'impression de notre texte, Bonnevie (06) décrit chez Enteroxenos (ovocyte I) des images très semblables à celles qui nous servent ici de base. (2) Aux observateurs cités dans le texte, pour qui la cause de ces phénomènes réside en dehors des cellules, il faut ajouter Regaud (02), qui rattache la fasciculation des spermies à la contrac- tilité du protoplasme syneytial (cellule de Sertoli), chez les mammifères. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 247 18. La nutation survient très tôt après la polarisation; elle comprend une apparence d'inclination, tenant au recul de l'ébauche procéphalique, et une apparence de redressement, dû à son déplacement en sens inverse; le premier de ces mouvements est contemporain de l'allongement de la queue, le second annonce celui de l'ébauche procéphalique et du noyau. 19. La résorption de la vésicule nucléaire s'accomplit en deux temps : le premier fait disparaître presque soudainement les 4/5 ou même les 5/6 antérieurs de la vésicule fortement étirée, lorsque l'ébauche de la tête est déjà bien reconnaissable dans la partie restante; le second se place à l'époque où cette ébauche est presque entièrement modelée, et consiste en ce qu'elle est littéralement enrobée dans un mouvement de descente de la substance procéphalique. Phénomènes nucléaires. Développement de la tête. 20. La vésicule nucléaire s'accroît considérablement depuis l'indivi- dualisation de la spermatide jusqu'au voisinage de la nutation, fig. 38-50, puis diminue jusqu'au redressement, fig. 51-65. Ce dernier phénomène est suivi de près par une très grande élongation ayant toutes les apparences d'un étirement passif, fig. 71-88, et survenant après une descente unilaté- rale de la substance procéphalique. La partie antérieure, qui correspond à la niche procéphalique, se résorbe lorsque la tète commence à se montrer à l'état de rudiment, et la partie postérieure lorsqu'elle est presque achevée; ces deux résorptions sont déterminées par l'intrusion progressive de la sub- stance procéphalique dans la cavité nucléaire ('). 2 1 . La membrane nucléaire ne persiste pas dans la spermie (à l'exception de la partie différenciée employée à la formation du collier); elle est résorbée par régions, d'abord les parties sur lesquelles vient s'ap- pliquer la substance procéphalique, et plus tard celles qui se trouvent reportées à l'extérieur de cette substance, lorsqu'elle a envahi la cavité nucléaire {■). (') L'introduction de la substance procéphalique est due, dans la première résorption, à l'épaississement du fond de la niche, et dans la seconde, à un mouvement de descente de sa 1 (2) Tout semble indiquer que la membrane nucléaire se résorbe de bonne heure partout où elle vient en contact avec l'ébauche procéphalique. si bien que pendant l'allongement la cavité du noyau n'est limitée par elle que sur le devant de la niche et dans la partie postérieure jusqu'ici non envahie par cette ébauche. 31 248 J- PANTEL & R. de SINÉTY 22. L'élément nucléaire, après s'être présenté quelque temps comme un réseau à gros nœuds anguleux, fig. 38, passe successivement par l'état de sphérules pleines, nombreuses et très colorables, fig. 43, de caryosome volumineux, unique ou double, peu colorable, fig. 49, de sphérules multi- ples, creuses, à aspect nucléolaire (dernières phases de la nutation), puis il semble disparaître en tant que corps figuré, ou se pulvériser en granules très fins (allongement de la vésicule) ; bientôt après il reparaît dans la région pos- térieure du noyau sous la forme d'une colonne médiane de granules qui se condense toujours davantage de bas en haut et s'individualise en une forma- tion bien définie, le rudiment immédiat de la tête; après la première résorp- tion, ce rudiment affecte la forme très caractéristique d'un corps allongé, linguiforme dans sa partie antérieure, conique et ondulé ou spirale dans sa partie postérieure, fig. 89; il devient la tête définitive en se condensant encore et en prenant la forme d'une baguette droite atténuée en avant et généralement renflée vers l'axe de la spermie, au-dessus de l'extrémité de la gouttière. 23. Un système de nucléoles, qui paraissent faire leur première ap- parition vis-à-vis des calottes (peut-être sous leur influence (?)), coexiste avec les caryosomes. Ces nucléoles diminuent de volume pendant la nutation, se fragmentent et finissent par se résorber soit à l'intérieur, soit à l'extérieur du noyau, sauf peut-être un amas de très petits corpuscules qu'ils fourni- raient à l'amphisome. Calottes nucléaires. .M ?4. Les calottes sont des formations cytoplasmiques propres à la jeune spermatide, se présentant comme des corps vésiculo-réticulés, arrondis en dôme, qui s'appliquent en nombre variable sur la membrane du noyau. Leurs rudiments primordiaux consistent dans des filaments, des écailles vésiculeuses, ou, plus généralement, de petits amas d'aspect spumeux, qui apparaissent çà et là dans le cytoplasme, peu de temps après la reconstitu- tion du noyau. Leur existence est temporaire : elles se détachent du noyau avant la nutation pour retomber dans le cytoplasme où elles dégénèrent. 25. Le rôle des calottes est douteux. Leur chromatisme ne permet de les rattacher ni aux pseudochromosomes, ni aux mitochondries; il ne parait pas impossible qu'elles élaborent au profit du noyau la substance des sphé- rules nucléolaires qui leur sont contemporaines et se montrent de préférence LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 249 vis-à-vis d'elles; ces sphérules interviendraient plus tard, par une partie de leur substance, dans la formation de l'amphisome. Développement de l'armature procéphaligue. a) Formation de l'ébauche procéphaligue. 26. Une fois constituée, à l'époque de la polarisation, cette ébauche comprend une masse globuleuse de substance achromophile, qui s'accole au pôle antérieur du noyau, et un corps chromophile inclus, l'archosome ^Moore), typiquement représenté pas une sphère relativement volumineuse. 27. La gangue se constitue, durant l'étape comprise entre la reconsti- tution du noyau et le premier mouvement de nutation, aux dépens des vési- cules archoplasmiques (Moore); celles-ci apparaissent çà et là dans le cyto- plasme, comme des gouttelettes d'une substance liquide ou semi-liquide, qui se réunissent finalement, vraisemblablement par confluence. 28. L'archosome provient des corpuscules archosomiques, apparus, d'ordinaire par unités, dans les vésicules et fusionnés en même temps qu'elles. 29. Les vésicules archoplasmiques et les corpuscules archosomiques sont probablement élaborés par le système des corpuscules archoplas- miques. Ces derniers éléments, de forme généralement ovalaire, de taille à peu près uniforme, font leur première apparition dans le spermatocyte I, au voisinage de la prophase active, et reparaissent dans la jeune spermatide aussitôt après son individualisation; on peut les supposer formés aux dépens d'un matériel ayant fait partie des asters spermatocytiques et spermatidien, ce qui revient à en considérer l'ensemble comme une sphère dissociée. D'abord dispersés dans le cytoplasme, les corpuscules archoplasmiques tendent à s'ordonner en couche régulière autour des plus grandes vésicules archoplasmiques et finalement autour de l'ébauche procéphalique; ils con- tractent avec celle-ci une adhérence intime qui se détruit au voisinage de la nutation, époque où ils retombent dans le cytoplasme pour y dégénérer bientôt. b) Changements dans l'ébauche procéphalique, avant son allongement. 30. Ces changements, contemporains de la nutation, se réduisent au développement de l'amphisome, développement que l'on peut concevoir comme réalisé en deux temps principaux. 250 J PANTEL & R. de SINÉTY 3 i . L'amphisome primitif se constitue pendant le premier mouve- ment de nutation. Typiquement et tel qu'il se présente dans les vues de profil, c'est un corps trichrome, fig. 57, 148bis, comprenant : i° une pièce d'appui érythrophile, conformée en minuscule entonnoir et appliquée sur la surface de contact de l'ébauche procéphalique et du noyau; 2° un corps allongé, couché vers les ébauches caudales et formé d'un globule proximal cyanophile et d'une pièce distale érythrophile ('), plus ou moins étranglée et birenflée. La pièce d'appui dérive d'un système de granules qui se sont montrés tout d'abord comme encastrés dans la membrane nucléaire (ou dans la couche-limite de la gangue procéphalique qui en tient lieu), et ont peut- être été fournis par le corps nucléolaire ; le globule cyanophile a pour rudi- ment primordial une sphérule de même chromasie, différenciée au sein de la gangue procéphalique, et la pièce distale, une sphérule érythrophile con- temporaine de la précédente (voisinage de la nutationj, qui proviendrait plutôt de l'archosome. 32. L'amphisome définitif apparaît durant le redressement de la spermatide et représente le précédent, retourné et remanié dans sa struc- ture ("-). Il est dressé latéralement par rapport à la gangue procéphalique et s'appuie sur le noyau par un renflement globuleux dérivé du renflement distal, tandis que le reste, dérive du renflement intermédiaire, du renfle- ment proximal et de la pièce d'appui, tend à s'allonger. L'ensemble, d'abord polychrome et plurirenflé, ne tarde pas à se montrer entièrement érythro- phile et à se modeler en une boule juxta-nucléaire (région à tendances nucléipètes), et une partie allongée en massue ou en col de gourde (région à tendances nucléifuges). c) Allongement. 33. Par sa partie nucléifuge, l'amphisome paraît être le déterminant matériel de l'allongement : c'est au-devant de son apex que se forme, dans l'ébauche procéphalique, le premier cône d'allongement; ce cône entraine de la substance chromophile qui parait être cédée par l'amphisome. 34. L'amphisome ne tarde pas à perdre son individualité. La sub- stance de sa partie nucléifuge est entraînée dans l'étirement de la gangue et (') Plus exactement, pourpre dans les magenta-UNNA, comme l'archosome. <'■) Les dérivés des rudiments primordiaux, encore séparables dans l'amphisome primitif, fig. 56, sont intimement fusionnés dans l'amphisome définitif. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 25 1 et finit par devenir indistincte; celle de la partie nucléipète semble se diffuser, à la base de la jeune armature procéphalique, en formant une ceinture irrégulière où entre aussi, suivant toute vraisemblance, un com- plément de substance chromophile élaborée au sein de la gangue elle- même; c'est de cette partie basale, où la chromophilie persiste jusqu'à l'achèvement de la spermie, que dépendent les changements ultérieurs : formation de la niche procéphalique et mouvements amenant la double résorption nucléaire. 35. La niche est une excavation latérale de la jeune armature procé- phalique, logeant la partie du noyau sur laquelle portera la première résorp- tion. Sa formation tient i° à la descente de la substance procéphalique sur un côté du noyau, 2° à l'étirement qui résulte du mouvement nucléifuge de l'ensemble. La limite inférieure de la coulée procéphalique n'est pas marquée par une ligne nette. Les bords de la niche sont diversement acci- dentés et tendent parfois à se réunir en formant une ceinture complète; le fond émet assez fréquemment des saillies verruciformes ou des crêtes qui proéminent dans la cavité du noyau; il existe en outre, tout à la base de la niche, deux processus se faisant vis-à-vis qui se sont formés dès le début de l'allongement et reparaissant au moment de le première résorption, bien qu'ils aient pu s'affaisser dans l'intervalle en devenant plus ou moins in- distincts. 36. La première résorption parait conditionnée par deux circonstances principales : i° les deux processus symétriques s'accroissent l'un vers l'autre en oblitérant la cavité nucléaire ; 20 le fond de la niche s'épaissit de plus en plus en repoussant la partie correspondante du noyau, l'armature procépha- lique tendant à régulariser ses contours; la cavité nucléaire se trouvant ainsi progressivement envahie, la caryolymphe et la membrane externe se résor- bent à mesure. 37. Après la première résorption, il existe de part et d'autre de la jeune tête deux pointes ou biseaux très chromophiles, qui paraissent dériver des deux processus symétriques; elles perdent peu à peu leur ap- parente individualité, tandis que la substance procéphalique descend dans la cavité nucléaire résiduelle et finit par enrober exactement la tète, ce qui amène la résorption définitive du liquide nucléaire et de la membrane latérale. 252 J. PANTEL & R. de SINÉTY Développement du collier. 38. Le collier est une formation tubulaire en forme de manchon, renfermant le blépharoplaste (avant la dernière rectification de la tête) ou située immédiatement en avant de lui (dans la spermie achevée). On peut le considérer comme la partie périphérique du cou. 39. Son ébauche apparaît, au voisinage de la nutation, comme une plaque chromophile discoïde, plus rigoureusement, en couronne, formée autour du blépharoplaste par différenciation de la membrane nucléaire ('). Elle donne bientôt naissance à une touffe de cils externes qui entourent le filament axile, tandis que l'ébauche pénaxile rétrograde. Dès que la sper- matide se redresse, la couronne se transforme, son bord interne prenant un mouvement de descente, sans changer de diamètre, et devenant le bord postérieur du manchon, tandis que le bord externe se rétrécit et devient le bord antérieur. 40. Le sort définitif des filaments demeure douteux. Il n'est pas impossible qu'ils forment temporairement une manchette caudale analogue à celle des Mammifères (Meves), qui aurait peut-être pour fonction de guider le mouvement ascendant de la jeune gaine caudale. Développement de la formation axile. 41. Un blépharoplaste en forme de sphérule apparaît au pôle posté- rieur du noyau un peu avant la nutation, quand l'ébauche périaxile, encore impaire, est sur le point de se diviser et de s'allonger. Tantôt on le voit simplement accolé à la membrane nucléaire, tantôt il semble enchâssé dans son épaisseur et proémine dans la cavité. Quand l'ébauche ciliée s'est transformée en collier, on trouve que le blépharoplaste est devenu discoïde et forme un diaphragme transversal à son intérieur (s). Au voisinage de la première résorption nucléaire, la forme de disque passe graduellement à celle de corpuscule tronconique ou oblong, et c'est dans cet état que le (') Formation très semblable, à ce stade, à la plaque annulaire qui parait assujettir le filament axile, chez Enteroxenos (Bonnevie, 06). Les ressemblances ne se maintiennent pas aux stades qui suivent. (2) Il est fréquent de rencontrer une sphérule colorablc soit en avant du diaphragme blé- pharoplastique, soit en arrière. Nous n'avons pu jusqu'ici attacher une signification précise à ces accidents. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 253 blépharoplaste est repoussé hors du collier, dans la dernière rectification de la tête. 42. Le filament axile primitif semble pousser du blépharoplaste. Nous ne lui avons jamais vu de partie extracellulaire; un renflement fusiforme qui semble bien lui appartenir, à l'époque du premier allongement de l'ébau- che périaxile, fait plutôt l'impression d'un accident terminal et intracellulaire. Durant l'allongement de l'ébauche procéphaliqueetdu noyau, la région proxi- maie du filament axile se différencie, sur une longueur impossible à déter- miner, mais en tout cas très considérable, en filament axile proprement dit (Bewegungsfaden de Broman) et gouttière caudale (Stiitzfaden). Le phéno- mène débute par la transformation en un ruban; celui-ci se scinde ensuite en une partie filiforme et une partie encore rubanée, qui se placent l'une derrière l'autre; la partie filiforme conserve son état originel, tandis que le ruban s'accroît considérablement, en largeur comme en épaisseur, et se creuse en une gouttière à concavité dorsale et à bords dissemblables; le filament axile proprement dit est situé le long du bord gauche. La condition asymétrique de la formation axile ne parait pas, toutefois, se maintenir à tous les niveaux. En avant, la gouttière perd de bonne heure ses relations avec le blépharoplaste et remonte le long de la tète, jusqu'au tiers antérieur de celle-ci; en arrière, elle se simplifie successivement et finit par disparaître bien avant la gaine elle-même. Développement de la gaîne caudale. a) Formation de l'ébauche périaxile impaire. 43. L'ébauche périaxile proprement dite est achevée en même temps que l'ébauche procéphalique et se présente comme un volumineux corps sphérique, plus ou moins distinctement zone à la périphérie, siégeant au pôle postérieur du noyau. Elle se constitue aux dépens d'un matériel fon- damental ne manquant jamais et d'un matériel accessoire faisant souvent défaut, ou du moins demeurant invisible, qui se différencient déjà dans le spermatocyte I et traversent tels quels les divisions maturatives. 44. Le matériel fondamental, ou matériel simple, a la valeur de fines condensations mitochondriennes. Il apparait, au voisinage de la pro- phase active, comme l'un des produits du travail interne dans lequel la structure cytoplasmique est alors complètement remaniée, et tend à former, 254 J- PANTEL & R. de SINÉTY autour du noyau d'abord et ensuite autour de la figure caryocinétique, une zone plus ou moins continue. Cette zone se divise, aux deux plasmodiérèses, comme le cytoplasme qui lui sert de support. Dans la jeune spermatide elle s'ouvre d'un côté, en libérant le noyau, et se ramasse finalement en un corps globuleux, d'abord uniformément grenu, qui ne tarde pas à montrer des apparences de vacuoles allongées, de stries ondulantes et de stries régulières concentriques. 45. Le matériel accessoire, ou matériel figuré, consiste dans des fila- ments flexueux ou bouclés, homogènes, très colorables après une énergique fixation, que l'on peut considérer comme des chondromites à éléments indistincts. Quand ils existent (peut-être leur absence apparente ne tient-elle qu'à une insuffisance de la technique), ces filaments sont englobés dans la condensation définitive du matériel simple; on les retrouve dans l'ébauche globuleuse, où ils ne tardent pas à se fusionner. Ces deux formes du ma- tériel périaxile ne paraissent différer que par le degré de différenciation. b) Evolution de cette ébauche et formation des rudiments immédiats de la gaine. 46. Au voisinage de la nutation, l'ébauche périaxile se partage en deux moitiés qui demeurent juxtaposées et commencent aussitôt de s'allonger, en même temps qu'elles reculent sensiblement le long du filament axile (rétrogradation) et se modifient dans leur structure. 47. Le mécanisme de la division est inconnu. Elle se fait sous le filament axile, qui était tout d'abord tangent à l'ébauche impaire et qui semble tomber dans le sillon séparateur. 48. La modification structurale transforme les deux moitiés de l'ébauche en faisceaux de cordons longitudinaux relativement robustes, irréguliers et grossièrement moniliformes, serrés les uns contre les autres à la périphérie, où ils constituent une véritable enveloppe, lâches à l'intérieur, qui ne tarde pas à offrir l'aspect d'une longue vacuole. Ces cordons sont formés d'une partie axiale chromophile et d'une partie périphérique achro- mophile. 49. Pendant le premier mouvement de la nutation, les faisceaux s'allongent aux dépens de leur épaisseur générale et du nombre de cordons correspondant à un niveau donné. Lorsque ce nombre est descendu à 3-6, les cordons se fusionnent latéralement dans chaque faisceau, les enveloppes LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 255 achromophiles en une gangue unique, bientôt rejetée, les corpuscules chro- mophiles en un filament unique, discontinu au moment de son individuali- sation, que l'on peut considérer comme le rudiment immédiat de la gaine. c) Formation de la gaine. 50. Déjà situés de part et d'autre du filament axile par suite de leur mode de formation, les deux rudiments immédiats se transforment en gout- tières longitudinales et se soudent bords contre bords en l'emprisonnant. Le tube ainsi formé, d'abord aplati et d'une épaisseur inégale, prédominante suivant le plan médian des gouttières, s'arrondit bientôt à la suite d'une distribution uniforme de sa substance. 51. En avant, les rudiments immédiats ou la gaine déjà fermée re- montent vers le collier (mouvement compensateur de la rétrogradation), soit effet de croissance proprement dite, soit simple phénomène d'exten- sion; en arrière, ils se prolongent très loin, jusqu'à un niveau indéterminé. 52. La substance formatrice de la gaine paraît être le produit d'une sélection à deux degrés, réalisée dans un double remaniement structural : un premier remaniement porte sur le cytoplasme du spermatocyte I et sépare le matériel mitochondrien qui s'individualise en ébauche périaxile ; un autre, que nous observons dans cette ébauche même et qui est toute la raison d'être de ses remarquables changements structuraux, amène le déga- gement de certaines particules qui s'y trouvaient disséminées et la forma- tion des rudiments immédiats de la gaine (1). Spermie adulte. 53. La spermie adulte est un très long filament atténué en pointe à ses deux extrémités, sans renflement indiquant la situation de la tète. 54. Celle-ci n'est visible qu'après coloration. Elle a la forme d'une baguette chromatique enrobée, en même temps que la partie antérieure de la gouttière caudale, dans la substance de l'armature procéphalique; elle n'affleure nulle part à la surface. (') La sélection est sans doute nécessaire, mais sa modalité peut varier. Nous voyons déjà chez le Xotonecta que le matériel mitochondrien, qui en représente de fait le premier résultat, peut ne pas aller jusqu'à la différenciation en matériel figuré et il n'est pas évident que la forme de matériel simple ne puisse pas avoir son équivalent dans un autre état de la matière cytoplasmique. 32 256 J- PANTEL & R. de SINÉTY 55. L'armature procéphalique est une pyramide très aiguë, de struc- ture homogène, en longueur comme en épaisseur, dont la base reçoit la tête et la partie supérieure de la gouttière et s'engage dans le collier. 56. Le cou paraît représenté profondément par le blépharoplaste, situé immédiatement en arrière de la tête, et superficiellement par le collier, qui après avoir longtemps renfermé le blépharoplaste finit par se trouver placé immédiatement en avant de lui, et entoure, à la façon d'une douille, la base de l'armature procéphalique. 57. Le segment caudal comprend, sur une très grande longueur à partir du cou : i° une formation axile complexe (filament axile proprement dit ou filament moteur et gouttière caudale ou filament de soutien); 20 une formation périphérique, décomposable en gaine proprement dite dérivée des rudiments immédiats, et en substance de remplissage, élaborée par la gaine ou par la formation axile, qui paraît se continuer en avant avec la substance de l'armature procéphalique. 58. La membrane nucléaire de la spermatide (à l'exception de la partie qui s'est différenciée en ébauche du collier), la membrane cellulaire et le cytoplasme non différencié en ébauches spermatidiales ne sont point représentés dans la spermie. Chromatisme et plasticité morphogénique 59. De même que les variations chromatiques du noyau sont liées aux phénomènes de croissance et de différenciation cytoplasmiques, celles des parties les plus actives, dans les ébauches spermatidiales (amphisome et plus tard partie basale de l'ébauche procéphalique, ébauches du collier et de la gaîne, gouttière caudale), paraissent être en relation avec la plasticité morphogénique de ces mêmes parties. Phénomènes cyto-tératologiques a) Corpuscules chromosomoides dans les divisions maturatives. 60. Dans certaines métaphases 1, on trouve en très grand nombre des corpuscules intensément sidérophiles qui se sont mis à l'équateur comme de minuscules chromosomes, avec cette seule différence qu'ils sont dispersés à l'intérieur de la couronne formée par les chromosomes vrais LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 257 (granules chromatiques ayant échappé à la condensation, durant la forma- tion des chromosomes hétérotypiques?J. b) Doubles noyaux de même grandeur, dans le spermatocyte I. 61. Deux noyaux égaux, issus vraisemblablement d'une division directe survenue dans des conditions pathologiques passagères, paraissent former dans certains spermatocytes un système combiné équivalant à un noyau normal et donnant lieu à une seule figure caryocinétique. c) Noyaux multiples inégaux, dans la spermatide . 62. Le noyau peut se dissocier, surtout dans les spermatides groupées, en noyaux partiels, caryomères (Fol) ou caryomérites (Goldschmidt), qui semblent se former dès que les conditions de la figure caryocinétique sont défavorables au tassement polaire (confirmation des vues de Grégoire et Wygaerts). d) Syncytia spermatocytiques. 63. Il n'est pas très rare de rencontrer, durant la période d'accroisse- ment, des amas syncytiaux pouvant comprendre la majeure partie des éléments d'un cyste. Les noyaux y offrent la structure normale; seulement, au lieu de conserver leurs distances originelles, ils se déplacent en prenant des positions quelconques. Par suite de ces déplacements, les microcentres d'une cellule donnée n'occupent plus leur situation normale par rapport à son noyau et se trouvent amenés par contre à agir sur des noyaux étrangers ; de là des figures pluripolaires très irrégulières, au stade des divisions matu- ratives, conduisant à des groupes très divers de chromosomes et à des caryo- mérites. e) Complexes spermatidiaux . 64. Des complexes plurinucléés correspondant aux premiers stades de la spermiogénèse paraissent avoir pour origine soit les fusions spermato- cytiques déjà signalées, soit des fusions plus récentes ou même des irrégu- larités dans les processus diérétiques. La tendance des noyaux à se déplacer au sein de la masse indivise de cytoplasme, et celle des chromosomes à se constituer en caryomérites paraissent influer considérablement sur la phy- sionomie de ces complexes. Bien que susceptibles d'évoluer quelque temps comme les éléments normaux du même cyste et synchroniquement avec eux, 2 58 J PANTEL & R. de SINÉTY ils ne tardent pas à montrer des anomalies dans leur structure interne : absence de polarisation, hyperturgescence des vésicules nucléaires et altéra- tions de l'élément chromatique ; puis l'on y voit apparaître des plages de dégénérescence, offrant quelque ressemblance avec des kystes encapsulés, qui grandissent aux dépens des parties environnantes. Rien ne prouve que la dégénérescence ne finisse pas par frapper tout le complexe. Exceptionnel- lement, on rencontre quelques figures relatives à un stade plus avancé (nutation), qui sembleraientannoncer la formation de spermies monstrueuses. ERRATA. Page g3, note ('), ligne 2, au lieu de homoptères lire hétéroptères. » g3, note (*), au lieu de très voisins l'un et et Vautre lire très voisins, l'un et l'autre. » 170, lignes 7 et 9 en remontant, ) au lieu de capsule lire cupule. » 171, ligne 2 en descendant, 1 » 2oq, note, \ » 217, ligne i3 en remontant, > au lieu de 97 lire gy,,. » 224, note (2), ' de quelques termes emploies tas ce mémoire. Amphisome (corps à double tendance), organite prenant naissance dans l'ébauche procéphalique et lui devenant ensuite extérieur, formé alors d'une boule proxi- male appliquée contre le noyau, à tendances nucléipètes, et d'une pièce allon- gée, latérale par rapport à la gangue procéphalique, à tendances nucléifuges, fig. 69, 70. Cette forme définitive est précédée d'une forme primitive organi- sée pendant le premier mouvement de la nutation : corps trirenflé, appliqué contre le noyau par une pièce d'appui en cupule et couché vers les ébauches caudales, fig. 57, 59 Applique juxta-nucléaire (formation annexe, formation pseudochromosomique), amas de pseudochromosomes (?) accolés au noyau et plongeant d'autre part dans la substance achromophile de la sphère, au début de la période d'accroissement, fig. 4, 5, 8, 9 Archoplasme (Boveri). Nous avons employé ce terme et ses dérivés dans leur ac- ception la plus large, pour indiquer une substance ayant fait partie de la figure achromatique, notamment de l'aster, soit dans la dernière division, soit dans les précédentes. Arehosome (Moore) = grain colorable (Benda) = aerosome (von Lenhosskk), sphérule chromophile logée dans la vésicule archoplasmique définitive et consti- tuant avec elle l'ébauche procéphalique proprement dite, fig. 48, 144. Armature procéphalique = segment procéphalique (Gilson) = armature cépha- lique (Loisel) — Vorderstiick (Waldeyer), la plus antérieure des parties con- stitutives de la spermie. Blépharoplaste (Webber), corpuscule duquel semble pousser le filament axile. Calottes, différenciations cytoplasmiques en forme de dômes, s'accolant au noyau, dans la jeune spermatide, fig. 47. Carrefours de fusion, plages réticulées formées par la fusion de parties saillantes appartenant à des cellules distinctes, fig. 33, 34, 161, e. r., 163, x. Collier, partie en forme de manchon, dépendant du cou par son origine; il entoure la base de l'armature procéphalique et est traversé en long par la tête et la gouttière caudale, fig. 157, fig. 3 du texte, p. 221. 260 J. PANTEL & R. de SINETY Cordons périaxiles, éléments longitudinaux des faisceaux périaxiles, ou des deux moitiés de l'ébauche périaxile en voie d'allongement, fig. 115, 116. Corpuscules archoplasmiques, système de corpuscules de môme forme et de mêmes dimensions moyennes représentant une sphère dissociée et dont la substance a probablement fait partie soit de l'archoplasme spermatocytique, soit de l'archo- plasme spermatidial, fig. 18, 39, c. a., 49, 145; ils paraissent contribuer, comme la sphère des vertébrés, à l'élaboration de l'ébauche procéphalique. Corpuscules archosomiques, sphérules chromophiles incluses dans les vésicules ar- choplasmiques; premiers rudiments de l'archosome, fig. 143. Corpuscules formateurs des calottes, rudiments des calottes se différenciant dans le cytoplasme sous une forme filamenteuse ou spumeuse, fig. 39, 43, c. c.f., c. c. sp. Ébauche du collier (ébauche ciliée), pièce en. forme de couronne différenciée au- tour du blépharoplaste, aux dépens de la membrane nucléaire ; elle émet des cils externes qui constituent la garniture ciliée périaxile et se transforme en collier par descente progressive de son bord interne et rétrécissement de son bord externe. Ébauche périaxile (ébauche de la gaîne périaxile) = Nebenkern des auteurs, à l'époque de la polarisation, fig. 47, e. p. Justification de ce terme, p. i63. Ébauche procéphalique, formation complexe qui donnera l'armature procéphalique, définitivement constituée au moment de la polarisation et comprenant deux con- stitutifs : un fond de substance achromophile ou gangue et une inclusion chro- mophile volumineuse, l'archosome, fig. 48, e. pr. Faisceaux périaxiles, les deux faisceaux de cordons moniliformes résultant de la division et de la transformation immédiate de l'ébauche rjériaxile, fig. 115, 116. Formation axile, toute la partie de la queue qui dérive directement ou indirecte- ment du blépharoplaste : filament axile proprement dit et gouttière. Gangue archoplasmique, le fond de substance achromophile, dans la sphère du spermatocyte I. Gangue procéphalique, le fond de substance achromophile (vésicule des auteurs) dans l'ébauche procéphalique; elle dérive directement ou indirectement de la confluence des vésicules archoplasmiques. Gouttière caudale, dérivé local du filament axile primitif ; c'est un puissant cor- don creusé d'une rigole dorsale, représentant un filament d'appui (La Valette, Broman) et remontant le long de la tète, fig. 132-134. Matériel périaxile simple, fines condensations mitochondriales apparaissant à la fin de la période d'accroissement et se réunissant, dans la spermatide, pour former le fond de l'ébauche périaxile, fig. 22, 40. Matériel périaxile figuré, chondromites d'aspect homogène pouvant apparaît la même époque que le matériel simple et être englobés par lui dans sa con- centration en ébauche périaxile, fig. 20, 42. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 26 1 Niche procéphalique, excavation unilatérale de l'ébauche procéphalique formée, pen- dant l'allongement de cette ébauche, par une descente asymétrique de sa substance ; elle loge la partie du noyau qui doit disparaître dans la première résorption nucléaire, fig. 76-85. Nutation, phénomène contemporain de l'allongement de la queue, comprenant une apparence d'inclination de la spermatide due au recul de l'ébauche procépha- lique vers le pôle caudal, fig. 54, 57, et une apparence de redressement te- nant à un déplacement inverse de la même ébauche, fig. 64, 70. Polarisation de la spermatide, stade auquel son noyau montre un pôle antérieur et un pôle postérieur, fig. 48. Rétrogradation, mouvement de recul des deux faisceaux périaxiles, fig 57. Rudiments immédiats de la gaîne, les deux séries linéaires de corpuscules chro- mophiles résultant de la fusion des axes des cordons périaxiles; ils se trans- forment en gouttières longitudinales qui se trouvent placées de part et d'autre du filament axile, fig. 122, 126. Vésicules archoplasmiques (Moore), les premiers rudiments de la gangue procé- phalique, fig. 43, 142. LISTE BIBLIOGRAPHIQUE. Nous ne ferons figurer sur cette liste que les travaux directement consultés et que nous indiquons dans notre texte par les deux derniers chiffres de leur date de publication. Un certain nombre d'autres, que nous n'avons pu citer que sur des ré- férences, ont été indiqués toujours par leur millésime complet et souvent, en plus, par leur titre abrégé ou celui du périodique. Chaque mention bibliographique sera suivie de chiffres mis entre crochets, in- diquant les pages du présent mémoire où l'ouvrage est cité. igo3 1S90 1904 1902 1904 igo3 1904 Ancel, P. : Histogenèse et structure de la glande herma- phrodite (ÏHelix pomatia (Linn.); Arch. de Biol., t. XIX [i63]. Ballmvitz. E. : Untersuchungen ûber die Struktur der Sperma- tozoen, zugleich ein Beitrag zur Lehre vom fei- neren Bau der kontraktilen Elemente. Die Sper- matozoen der Insekten. (I. Coleopteren) ; Zeitschr. f. wissensch. Zool., Bd. 5o [217, 219]. » : Ueber die Spermien des Flussneunauges (Petro- myzon fluviatilis L ) und ihre merkwùrdige Kopf- borste; Arch. f mikr. Anat., Bd 65 [222]. Baumgartner, W. J. : Spermatid transformations in Gryllas assimilis, with spécial référence to the Nebenkern; Kansas Uni- versity Science Bull., vol. I [i63, 1 85, 2i3, 228]. » : Some new évidences for the individuality of the chromosomes; Biol. Bull., vol. VIII [112, 114, 116, 119, 142]. Benda, C. : Die Mitochondria; Ergebn. d. Anat u. Entw , Bd. XII [i65]. Berghs, J. : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale II. Depuis la sporogé- nèse jusqu'au spirème définitif dans la microspo- rogénèse de VA llium fistulosum; La Cellule, t. XXI [112, 114]. 33 2Ô4 190 5i, 1900 1901 1 go3 1905 1906 1904 1903 1904 ign5 J. PANTEL & R. de SINETY Bergks, J. Bertacchini, P. Bhuhnan. M. W. Bonnevie, K. Bôsenberg, H. Bouin, P. 1902 Bouin, P. et M. 1904 Boveri, Th. 1904 Branca : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. III. La microsporogénèse de Convallaria maialis; La Cellule, t. XXII [114]. : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. IV La microsporogénèse de Drosera rotundifolia, Narthecium ossifragum et Hel- leborus fatidus ; La Cellule, t. XXII [112, 114, 120]. : Intorno ail' istogenesi dei nemaspermi di Triton crist. Riposta aile osservazioni di Meves e Me Gregor ; Intern. Monatschr. f. 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Ergastoplasme, pseudochromosomes et mitochon- dria, à propos des formations ergastoplasmiques des cellules séminales chez Scolopendra cingulata; Arch. de Zool. expér. et gén., (4), t. 3 [i33]. : Réduction chromatique chez les myriapodes; C. R. de l'Assoc. des Anat., IVe sess. [121, i38, 142J. : Eigebnisse ùber die Konstitution der chromati- schen Substanz des Zellkerns. Jena [114]. : Les premiers stades de la formation du sperma- tozoïde chez l'axolotl; Arch. de Zool. expér. et gén , (4), t. 2, N. et R. [i57, i85]. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 26e igooa HjOOl, Il igoir, Il igoib » I()0 2 » igo5a Bugnion, E., et Popoff, N. igo5i, " i8g5 igo5 lgo5 Fanncv,j . 1j., and Moore.J.E.S. igo5 F armer, J . B,, and Shove, D. igo2 Foot, K , and Strobell, E. Ch. igoi igo2 1884 1904 Broman, 1. : Ueber Riesenspermatiden bei Bombinator igneics ; Anat. Anz., Bd. 17 [238, 241]. n : Ueber Bau u. Entwickelung der Spermien von Bombinator igneas; Anat. Anz., Bd. 17 1 218]. » : Notiz ùber das Halsstùck der Spermien von Pe- lobates fusais, nebst kritischen Bemerkungen ùber die Nomenklatur der Spermienschwanzfâden ; Anat. Anz., Bd. 20 [218]. 11 : Ueber gesetzmâssige Bewegungs- und Wachstums- erscheinungen (Taxis- und Tropismenformen) der Spermatiden, ihrer Centralkôrper, Idiozomen und Kerne; Arch. f. mikr. Anat., Bd. 5g [175, 180]. : Ueber Bau und Entwickelung von physiologisch vorkommenden atypischen Spermien ; Anat. Hefte, I. Abt., Bd. XVIII [238]. : La spermatogénèse du lombric (L. agricola); C. R. des séances du VIe Congrès intern. de Zool., Genève [g4, g5, g6, g7, io3]. n : La spermatogénèse du lombric terrestre (Lumbri- cus agricola Hoff.j; Arch. de Zool. expér. et gén., (4), t. III [94, 95]. Calkins.G.N. : The spermatogenesis of Lumbricus; Journ. Mor- phol., vol II [i5g]. Depdolla : Untersuchungen ùber die Spermatogénèse von Lumbricus terrestris ; Zool. Anz., Bd. 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ABRÉVIATIONS GÉNÉRALES (fig. 1 mise à part) : a., archoplasme ; — a. p., armature procéphalique ; — as.p.nf., amphisome, partie nucléifuge ; — as. p. np., amphisome, partie nucléipète ; — M., blépharoplaste ; — c, calotte; — c a., corpuscule archoplasmique ; — ccf., corpuscules formateurs des calottes, forme fi- lamenteuse; — c c. sp., ici., forme spumeuse; — ct.pt., contour de l'ébauche pro- céphalique; — chy.sp.?, chromosome exceptionnel; — ci., cordons internes de l'ébauche périaxile; — cl., collier; — c p., cordons périphériques de l'ébauche pé- riaxile; — oy., cytoplasme; — e., excrescences formées sans participation de la mem- brane; — e. c, ébauche ciliée du collier; — e. p., ébauche périaxile; — e. pr., ébauche procéphalique; — e.ps., excrescences pseudopodiques ; — e. y., excrescences réticulaires ; — _/., filament axile; — g., gaine caudale; — g. c , gouttière caudale; — g- cl'-> globule cyanophile; — g. e-, globule érythrophile ; — gr. c, grumeaux cyto- plasmiques de dégénérescence; — h. y., kyste de régression; — l., lacune; — m. n., membrane nucléaire; — m.n.f., matériel périaxile figuré; — m. n. s., matériel pé- riaxile simple; — n., noyau; — p. c, paroi cystique; — p. y., plage réticulée pa- raissant en continuité avec un syncytium voisin; — ps., pseudochromosomes (?); — y., substance résiduelle; — r. e., reste d'excrescences ou de zones périphériques lâches; — y. y., reste du cytoréticulum primitif; — /., tète; — t. à., tronçon dis- tal; — ty.y., tractus réticulaire; — v., vacuole accidentelle; — ■ v. a., vésicule ar- choplasmique; — v. n , vésicule nucléaire; — v. ». d., id., partie disparaissant à la première résorption; — v. n. p., id., partie persistant après la première résorption. TECHNIQUE : B-B, Bouin, Benda ; — B-H, Bouin, Heidenhain ; — B- M-U, Bouin, magenta, bleu-LTNNA; — F-B, Flemming, Benda; — F-C, Flemming, Cajal (fuchsine indigo-picrique) ; — F-H, Flemming, Heidenhain; — H-C, Her- mann, Cajal. Dessins à la hauteur de la platine. On a indiqué, entre crochets, les pages du texte où l'on se réfère aux figures. 274 J PANTEL & R. de SINETY PLANCHE I. Période d'accroissement et premiers débuts de la période maturative. Combinaison optique : pour la fig. 1, A X 2 (gross. : 3o); pour les fig. 4 et 5, apochr. Zeiss 2, i.3o X ocul.11 (gross. • i5oo); pour toutes les autres, apochr. 2X6 (gross. : j5o). FIG 1. Coupe d'ensemble d'un testicule très jeune (larve de i2mm). — a, ré- gion des spermatogonies ; — b, cyste de spermatocytes I au stade des fig. 2, 3; — c, portion de paroi folliculaire coupée obliquement; — d, paroi folliculaire cou- pée normalement ; — e, paroi de cyste ; — /, trois canaux évacuateurs, coupés obli- quement ; — MN, niveau approximatif des fig. 6-10; — M'N\ niveau des fig. 11-12; — M"N", niveau de la fig. 13. — Les limites cellulaires sont indistinctes à ce faible grossissement, mais on peut par contre apprécier déjà l'accroissement pro- gressif et le changement d'aspect des noyaux. B-H [93, 94, io5]. FIG. 2. Trois cellules très jeunes, avant l'apparition d'une membrane nucléaire bien arrêtée. Dans chaque noyau, un volumineux plasmosome décoloré. Dans le corps cellulaire de B, une sphère avec centriole coloré et l'applique juxta-nucléaire de pseudo-chromosomes (?) ; dans A la sphère est peu visible, l'applique très nette. B-H [io5, 106, no, 123]. FIG. 3. Trois cellules plus avancées. Les plasmosomes, bien au point dans B, C (celui de A est vu en profondeur), ont retenu le colorant grâce à un revê- tement de chromatine venue des cordons chromatiques ; c'est le premier début de la caryosphère. Les cordons chromatiques sont mieux individualisés et plus moniliformes. La sphère a participé à l'accroissement général; elle est visible dans toutes ses parties en A et C, incomplètement (applique seule) en B. B-H [106, noj. FIG. 4. La sphère de la cellule A (figure précédente) à un fort grossissement; la gangue archoplasmique a laisse voir un vague squelette réticulé (') ; l'applique ps a un aspect palissadique. B-H [124]. FIG. 5. Coupe superficielle d'une cellule à un stade très voisin du précédent, montrant la sphère de face Gangue archoplasmique a très développée en largeur. Applique juxta-nucléaire ps à éléments méandriques, imitant un peloton nucléaire. Noyau non visible. B-H [123, 134]. Fig. 6-13. Cellules de plus en plus avancées, sur lesquelles on peut suivre la régression de la sphère, les débuts de la résolution caryosphérienne et l'accentuation progressive du cytoréticulum. (') Dimensions du centriole exagérées dans la gravure. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 275 FIG. 6. Les cordons nucléaires, devenus très nettement moniliformes, ont une disposition rayonnante. La sphère se projette sur la partie gauche du noyau dont elle recouvre une grande étendue; l'applique, grossièrement ponctuée, est en fer à cheval, modérément débordée par la projection de la masse archoplasmique. Cyto- réticulum déjà bien marqué, à mailles sensiblement orientées autour du noyau. B-H [106, no, 125]. FIG. 7. Coupe superficielle ; sphère vue de face Formation pseudochromoso- mique divisée en deux moitiés sensiblement de même importance, maintenues en continuité par des ponts, à structure ponctuée-spongieuse Masse archoplasmique as sez indistincte. B-H [i25, 134]. FIG. 8. Mômes conditions que fig. 6. Formation pseudochromosomique indi- vise, mais perforée et à contour très irrégulier, débordée par la projection de la masse archoplasmique. B-H [134]. FIG. 9. Cellule de même âge montrant la sphère de profil. Dans le noyau, un amas volumineux, paraissant peu coloré parce qu'il est vu en profondeur, très grossièrement granuleux : la masse nucléoliforme de chromatine sélectionnée ou « ca- ryosphère » de Blackman ; çà et là dans la cavité nucléaire quelques restes de cor- dons encore bien colorés. Sphère en croissant, recouvrant le 1/4 du contour nu- cléaire et réduite à la masse d'archoplasme a et à l'applique ps, celle-ci paraissant for- mée de sphérules chromophiles, celle-là d'une substance homogène achromophile, visiblement affaissée sur l'applique. B-H [108, 118, 124, 1 25]. FIG. 10. Cellule un peu plus âgée; même orientation. Caryosphère à résolu- tion plus avancée, représentée par d'épaisses bandes et des amas irréguliers de cor- puscules chromatiques. Sphère comme dans la cellule précédente, avec cette parti- cularité que l'applique est nettement séparée du noyau et que la partie correspon- dante de la membrane nucléaire, très sensiblement épaissie, est colorable comme les pseudochromosomes. B-H [108, 125], FIG. 11 Stade plus avancé. Caryosphère remplacée par un cordon de réso- lution unique en apparence, assez régulier, lâchement pelotonné. Cavité nucléaire occupée par un grossier réseau précipitiforme non chromatique, avec semis de pe- tits nucléoles. Sphère fragmentée en trois masses distinctes (peut-être bien réunies dans un autre plan), de même aspect, ayant les mêmes constituants que la sphère unique des figures précédentes. Cytoréticulum devenu très vigoureux. B-H [108, 110, 118, 125, 126]. FIG. 12. Deux cellules contiguës, à un stade légèrement plus avancé. Cordons chromatiques moins réguliers que dans la figure précédente et discontinus, d'ailleurs contenus incomplètement dans le plan de la coupe. Archoplasme disparu ; il ne reste de la sphère que l'applique juxta-nucléaire, en voie de se concentrer avant de disparaître elle-même et représentée, dans la cellule de gauche, par un groupe de sphérules petites, dans la cellule de droite par une sphérule unique plus grande. B-H [108, 110, 126]. 276 J PANTEL & R. de SINÉTY FIG. 13. Même stade. Élément nucléaire représenté par trois amas de cor- puscules se détachant médiocrement du réseau précipitiforme fondamental, qui ne sont que les sections des anses vues de face dans la fig. 11. Applique juxta- nucléaire concentrée en un volumineux cône émoussé ps. Les trabécules du cyto- réticulum, remarquablement robustes et peu anastomosées, se relèvent au voisinage de ce corpuscule pour prendre une direction générale radiale. B-H [108, no, 126, 127]. Fig 14-17. Quelques types de la figure chromatique fournie par la résolution de la caryosphère. FIG. 14. Noyau à un stade assez voisin de celui de la fig. 13 Élément chromatique en anneau déformé, se présentant comme un système de deux anses en < réunies par leurs bouts, constitué par des corpuscules chromatiques tendant à se mettre en série ; vers le bas un massif de ces corpuscules paraissant corres- pondre à une résolution moins complète de la caryosphère. Nombreux petits nu- cléoles çà et là dans la cavité nucléaire. B-H [108, 109, 110]. FIG. 15. Même stade Élément chromatique en forme de bande corpusculaire à trajet partie rectiligne, partie irrégulièrement bouclé; corpuscules paraissant unis par leurs zones périphériques moins colorables. Pas de nucléoles. B-H [108, 109, no]. FIG. 16. Un élément chromatique isolé, formé de corpuscules anguleux, pa- raissant disséminés sans ordre. F-C [109]. FIG. 17. Noyau à un stade très voisin de la prophase active. Élément chro- matique en forme de V, à corpuscules volumineux, assez régulièrement arrondis, mal sériés, ayant perdu leur affinité pour les colorants nucléaires. Pas de nucléoles. F-C [108, 109, 110]. Fig. 18-23. Derniers stades de la période d'accroissement. FIG. 18. Cellule à l'époque du remaniement cytoplasmique, dépouillée de sa membrane et hérissée de saillies périphériques. Noyau sensiblement au même état que dans les figures précédentes. Cytoréticulum transformé en une trame fine sur laquelle se détachent des formations nouvelles appelées à intervenir dans la consti- tution de la spermie : les corpuscules archoplasmiques c. a., formés probablement de l'an- cienne substance sphérienne temporairement dispersée, et les corpuscules chromophiles variés de forme et de dimensions constituant le matériel périaxile figuré m. 11. f. Il existe en r. r. un îlot de cytoréticulum non encore remanié, imitant une sphère fi- lamenteuse. En e le corps cellulaire se prolonge en une excrescence à grosse struc- ture réticulée-fibrillaire. B-H [110, 128, 129, i3o, 234]. FIG. 19. Cellule dénudée. Élément chromatique à corpuscules anguleux, for- mant vers la droite un amas d'où se détachent deux cordons unisériés tordus l'un sur l'autre; substance de fond finement ponctuée (fixation osmique), avec semis de nucléoles. Cytoréticulum entièrement remanié, assez homogène, ne laissant reconnaître que des corpuscules archoplasmiques. H-C [108, 109, no, 128, i3o]. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 277 FIG. 20. Coupe superficielle d'une cellule au même stade, riche en matériel périaxile figuré de forme filamenteuse (chondromites) et en corpuscules archoplas- miques. B-H [128, 134]. FIG. 21. Même stade que fig. 18, état du cytoplasme plus typique. Noyau comme fig 13, avec nucléoles. Région circumnucléaire du cytoplasme à structure ser- rée, presque homogène, contenant, sous la forme d'îlots plus condensés, une quan- tité considérable de matériel périaxile simple m. ». s., des corpuscules archoplasmiques c. a. et des corpuscules filamenteux m. n.f.; région périphérique à structure lâche, tendant à se séparer de la membrane et à se découper en excrescences ; celles-ci définitivement constituées en e (contour de la membrane complété d'après celui du cyste), en voie de formation en tr. r. à l'état de tractus réticulés; entre les deux régions une zone intermédiaire à réticulum parenchymoïde, incomplète et inégale- ment distincte comme structure, paraissant constituer par places un reste du cyto- réticulum primitif r. r. F-H [108, 110, 128, 129, i3o]. FIG. 22. Noyau comme figure précédente; son contour présente suivant un diamètre deux élevures paraissant fortuites. Structure du cytoplasme fine et serrée dans toute la région centrale ; matériel périaxile disposé en une zone circumnucléaire régulière, interrompue au-dessus des élevures du noyau ; çà et là des corpuscules archoplasmiques et des sphérules punctiformes qui ne sont probablement que des nucléoles émigrés ; structure forte et lâche reléguée à la périphérie, principalement dans les parties saillantes où s'élaborent des excrescences. B-H [108, 110, 128]. FIG. 23. Cellule au début de la prophase active. Noyau encore au même état que dans les figures précédentes. Deux asters en voie d'organisation (centrioles non contenus dans le plan de la figure) occupent une grande partie du corps cytoplas- mique et interrompent ou repoussent en dehors la zone du matériel périaxile. En r. r., des restes du cytoréticulum primitif. Des corpuscules archoplasmiques, recon- naissables à leur forme globuleuse, disséminés çà et là en dehors des asters, avec des corpuscules bacillaires ou punctiformes (matériel périaxile figuré ou bien nu- cléoles) Saillies périphériques à structure lâche. B-H [108, 110J. PLANCHE II. Cinèses maturatives et début de la spermiogénèse. Combinaison optique : pour la fig. 26, apochr. 2, i.3o X '2 (gross. : i5oo) ; pour toutes les autres, apochr. 2 X 6 (gross. : "j5o). Fig. 24-34. Première cinèse. FIG. 24. Prophase active. Des anses filamenteuses se sont formées aux dépens de l'élément chromatique des stades précédents ; le réseau précipitiforme et les nu- 278 J. PANTEL & R. de SINÉTY cléoles persistent. Deux asters très développés ; dans l'un d'eux un centriole entouré d'une centrothèque à zone corticale chromophile, irrégulière. Matériel périaxile ré- pandu dans tout le cytoplasme et dissimulant les autres inclusions. Sur les côtés le corps cytoplasmique est dépris de la membrane et rétracté. B-H [i36, 140, 141, 142]. FIG. 25 Noyau un peu plus avancé. Deux bandes chromatiques bouclées, l'une en forme d'anneau déformé, avec amas résiduel de corpuscules non sériés. Fond uniformément grenu (fixation osmique, de même que pour les fig. 27-30). Nombreux nucléoles. H-C [i36, 137]. FIG 26. Les deux bandes chromatiques à un fort grossissement. On voit net- tement, surtout sur celle d'en haut, une série axiale de nodules plus denses. H-C [|36, i37|. FIG. 27. Une seule bande visible, en forme de boucle à branches croisées; près de la membrane, en bas, deux autres bandes en coupe? H-C [ 1 36, i3yj. FIG. 28. Trois bandes, en U ou en V. H-C [i36, i3y]. FIG. 29. Une seule bande, rappelant par sa forme la bande corpusculaire de la fig. 19. Des nucléoles ('). H-C [i36, 137]. FIG. 30. Plusieurs anses de formes diverses, dont une en anneau régulier vu obliquement. H-C [i36, 1 3 7 j . FIG. 31. Noyau plus avancé. Les anses filamenteuses sont remplacées pour la plupart par les chromosomes définitifs en forme de diplosome ; il existe encore un anneau, très massif. Fond en réseau granuleux. B-M-U [i3y]. FIG. 32. Stade de la disparition de la membrane. Un seul chromosome vi- sible. Membrane partiellement résorbée. Un seul aster visible dans la coupe, très développé ; centriole déjà divisé ; rayons robustes, flexueux et paraissant parfois bi- furques à leur extrémité distale, où ils tendent à se confondre avec des trabécules ordinaires. Cytoplasme comme fig. 22, 23 ; en haut et à droite, des excrescences pseudopodiques, auxquelles prend part la membrane cellulaire. B-H [ 1 37, 140, 142]. FIG. 33. Métaphase, vue équatoriale. Trois chromosomes visibles, divisés. Fu- seau sensiblement renflé du côté du chromosome exceptionnel. Matériel périaxile repoussé en dehors par la figure achromatique ; zone périphérique fortement réticu- lée et comme excoriée par places, la plage e. y. paraissant correspondre à un car- refour qui aurait été commun à plusieurs spermatocytes. H-C [i3o, i3g, 140, 142]. FIG. 34. Anaphase avancée, pouvant être considérée en même temps comme prophase de la IIe cinèse Les chromosomes ne se sont point tassés; le chromo- some (?), déjà divisé, semble-t-il, est en retard sur les autres. A chaque pôle les centrioles se sont éloignés l'un de l'autre (un seul visible en haut et en bas) et les nouveaux asters sont en grande partie constitués. Le fuseau, modérément ré- (') Nous n'avons pas acquis pour tous les cas la certitude que ces corpuscules à aspect de nucléole ne correspondent pas à la section transversale d'une anse chromatique. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2 79 tréci à l'équateur et offrant à ce niveau un corps intermédiaire, s'étale en gerbe vers les centres. Le corps cellulaire s'est considérablement allongé suivant l'axe de la figure (d'où le rétrécissement du fuseau) ; sa division débute à droite de la figure par une invagination de la membrane qui va à la rencontre du corps intermédiaire ; le matériel périaxile forme autour de la figure achromatique, dans chacune des deux cellules, une zone assez distincte; en e. ps., des "excrescences pseudopodiques et en e. r. une plage réticulée paraissant avoir la signification d'un carrefour commun à plusieurs cellules. H-C [140, 142, 144]. Fig. 35-37. Ile cinèse. FIG. 35. Métaphase, vue équatoriale. Chromosomes ordinaires de même aspect que dans la Ire figure; chromosome exceptionnel divisé en deux V opposés par le sommet. Matériel périaxile très nettement localisé autour de la figure achromatique en une zone régulière. Aux extrémités polaires, de puissantes excrescences à struc- ture lâche, dont plusieurs coupées transversalement. B-H [i3g, 144]. FIG. 36. Métaphase, vue polaire, n chromosomes (chromosome exceptionnel compris) disposés en couronne creuse et un douzième intérieur. Épaisse zone de matériel périaxile; de courtes excrescences réticulées. H-C [144J. FIG. 37. Télophase. Chromosomes au stade de tassement, ayant déjà élaboré une vésicule nucléaire. Asters non modifiés. Fuseau étiré par suite de l'allongement anaphasique, et régulièrement dilaté vers les centres ; il existe un corps intermé- diaire. Membrane plasmodiérétique presque complète. Matériel périaxile constituant dans chaque cellule une zone renfermant l'aster et le noyau, interrompue vis-à-vis de celui-ci par le reste fusorial. H-C [145]. Fig. 38-43. Premiers stades de la spermiogénêse. Formation de l'ébauche périaxile. FIG 38. Les chromosomes se dégagent du tassement et se constituent en ré- seau. Le reste comme fig. 37. H-C [145, 146]. FIG. 39. Deux spermatides-sœurs à un stade un peu plus avancé. Chroma- tine encore en réseau dans la cellule de gauche et déjà en sphérules dans celle de droite. Asters remplacés par un cytoréticulum vaguement rayonnant, en voie d'uni- formisation. En plus du matériel périaxile simple, toujours à l'état de zone à peu près continue, et des corpuscules archoplasmiques, on voit apparaître dans le cyto- plasme les corpuscules formateurs des calottes, petits amas spumeux c. c sp., filaments ou écailles c. c. f. (deux amas spumeux non désignés par des lettres, dans la cellule de gauche) [146]. FIG. 40. Stade plus avancé. Vésicule nucléaire sensiblement accrue et dispo- sition sphérulaire de la chromatine accentuée. Matériel périaxile en voie de con- centration en un seul amas, tendant à occuper le milieu du corps cellulaire, con- cave du côté du noyau ; place de l'aster encore reconnaissable à un aspect plus clair et à l'orientation des trabécules cytoplasmiques ; çà et là des corpuscules for- mateurs des calottes et des corpuscules archoplasmiques. F-H [147, 148, 1 53]. 35 -2 8o J. PANTEL & R. de SINETY FIG. 41. Une cellule en vue superficielle montrant l'ébauche périaxile consti- tuée à l'état de corps globuleux. Dans le cytoplasme devenu plus uniforme, comme structure fondamentale, se détachent g corpuscules archoplasmiques et 6 corpuscules formateurs des calottes du type spumeux, un de ceux-ci contenant en outre un cor- puscule filamenteux qui en sort en se bouclant. F-H 1 147, 148, i5o, i5i, i53]. FIG 42. L'ébauche périaxile contient, en plus du matériel simple qui en constitue le fond, des formations figurées chromophiles (voir fig. 20). F-H [147, 148, i53]. FIG. 43. Noyau et ébauche périaxile au même état. Première apparition des vésicules archoplasmiques v. a. ; des corpuscules formateurs des calottes sous leur dou- ble forme. [147, 148, i5o, i5i, 1 53]. PLANCHE III. Spermiogénèse : de la formation de l'ébauche périaxile à l'allongement de la spermatide. Combinaison optique : pour l'ensemble des figures, apochr. 2, i.3o X 6 (gross. : j5o) ; pour les détails 51b,s, 55b,s, 56, 59b,s, 60bls, apochr. 2X12 (gross. : i5oo). FIG. 44. Sphérules de chromatine moins colorables. Corpuscules spumeux plus développés qu'aux stades précédents, pouvant être considérés comme des calottes non en- core appliquées sur le noyau ; on voit en outre dans le cytoplasme quelques corpuscules archoplasmiques et des condensations étoilées de signification indécise. B-H [147, 148]. FIG. 45. Deux calottes à peine saillantes, c, sont déjà appliquées sur le noyau, une troisième, plus grande, étant encore libre dans le cytoplasme; un nid de cor- puscules archoplasmiques amoncelés probablement au voisinage d'une vésicule non contenue dans la coupe, non plus que l'ébauche périaxile. F-H [148, 14g, i52], FIG 46. Cellule aux approches de la polarisation. Deux sortes de sphérules dans le noyau : un caryosome peu colorable, volumineux, et divers plasmosomes (?) actuellement plus colorables que lui. Cinq calottes de petites dimensions, déjà appliquées, et plusieurs corpuscules spumeux encore libres. Deux vésicules archoplasmiques inégales, la plus grande presque opposée à l'ébauche périaxile, au milieu d'un essaim de cor- opuscules archoplasmiques, la seconde contenant un granule archosomique et accostée par un seul corpuscule archoplasmique Ébauche périaxile à structure peu marquée, moins colorée dans cette coupe que le reste de matériel périaxile simple encore vi- sible dans le cytoplasme; vers le bas de la figure, deux corpuscules de matériel figuré. F-H [147, 148, i5o, i5i, i53, 154]. FIG. 47. Caryosome non visible pour cette mise au point ; sphérules nucléo- laires (?) situées en regard des calottes, l'une d'elles paraissant allongée vers la msm- LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 28 1 brane nucléaire. Trois grandes calottes, plus denses et plus chromophiles du côté du noyau. Ébauche procéphalique non contenue dans la coupe, sa position étant seulement indiquée par un amas de corpuscules archoplasmiques. Ébauche périaxile très développée, à structure périphérique striée-zonée, séparée du cytoplasme par une auréole de rétraction. F-H [147, 148, 149, i52, 154]. FIG. 48 Cellule polarisée et déjà allongée. Caryosome très grand, à zone cor- ticale plus dense et chargée de tubercules -saillants ; une sphérule colorable volumi- neuse sans relations spéciales et trois petites, au voisinage de la calotte de droite. Ébauche procéphalique complètement constituée au pôle antérieur du noyau, avec un volumineux archosome sphérique et un semis de granules archosomiques (?) ; une couronne de corpuscules archoplasmiques, dont plusieurs allongés radialement, en- toure immédiatement l'ébauche ; un vide de rétraction visible à droite montre qu'il n'y a pas continuité de substance. Ébauche périaxile comme dans la figure précé- dente, marquant le pôle postérieur du noyau F-H [147, 148, 14g, i5o, i5i, i52, i54, [55, 237]. FIG. 49. Stade plus avancé. On ne voit dans le noyau, en plus du caryosome, que de rares traînées chromatiques et un assez grand nombre de granules superficiels plus colorables que le caryosome. Les calottes se sont détachées du noyau ; l'une d'elles, c, est libre dans le cytoplasme. Les corpuscules archoplasmiques paraissent comme vidés et se détachant de l'ébauche procéphalique. Le blépharoplaste est visible au pôle postérieur dans un petit épaississement discoïde de la membrane nucléaire et émet, tangentiellement à l'ébauche périaxile, un filament que l'on ne poursuit pas jusqu'à la périphérie. L'ébauche périaxile est devenue ovalaire. Le cytoplasme pré- sente deux détails (?) de signification indécise ; il est dépris de la membrane en plusieurs endroits et rétracté. F-H [147, 14g, i5o, i5i, 154, 1 55, 206]. FIG. 50. Stade très voisin de la nutation. Noyau comme figure précédente. Dans l'ébauche procéphalique, l'archosome, devenu superficiel, est sur le point d'être expulsé, et deux petits globules, premiers rudiments de l'amphisome, ont fait leur apparition. Quelques corpuscules archoplasmiques en régression encore visibles. Blé- pharoplaste et filament axile invisibles et ébauche périaxile incomplète sur la coupe B-M-U [147, 166, 16g, 170]. Fig. 51-57, 59-73. La spermatide n'est représentée que par sa région centrale : noyau, ébauche procéphalique et partie des ébauches annexées au pôle postérieur. FIG. 51 et 51bls. Stade notablement postérieur (premier mouvement de la nu- tation), formation de l'amphisome primitif. Noyau comme fig 50. Les deux glo- bules, de chromasie différente, se sont rapprochés du noyau, le globule érythrophile en dehors, le globule cyanophile en dedans, et un système de granules érythrophiles, venus apparemment du noj'au, sont encastrés dans la membrane nucléaire, en re- gard du globule cyanophile. B-M-U |i68, 170]. FIG. 52. Stade plus avancé. Noyau apparemment au même état (en réalité ayant perdu ses corpuscules nucléolaires), caryosome à accidents superficiels très al- 2b2 J PANTEL & R. de SINETY longés. Dans l'ébauche procéphalique, l'amphisome primitif est constitué : i° du glo- bule interne demeuré sphérique, 2° du globule externe allongé vers la périphérie et limité en dehors par une zone plus colorée, et 3° de la pièce d'appui, sorte d'en- tonnoir appliqué sur le noyau, dérivé des granules érythrophiles. Au pôle postérieur, l'ébauche ciliée fait son apparition. B-H [167, 168, 171]. FIG. 53. Stade plus avancé pour l'ébauche procéphalique, moins avancé pour les annexes du pôle postérieur. Dans l'amphisome, la pièce d'appui est ramassée en une sphérule et le globule distal allongé est divisé par un étranglement en une partie cupuliforme et une partie globuleuse. Le blépharoplaste se projette nettement en dehors de la membrane nucléaire, pour sa meilleure mise au point; il en part un mince filament axile qui se perd dans l'ébauche périaxile, maintenant éloignée du noyau et allongée. La situation respective des ébauches procéphalique et péri- axile est celle qui correspond à la fin du premier mouvement de la nutation. B-H [168, 169, 171, 177]. FIG. 54. Même stade. Caryosome à verrucosités superficielles robustes. Am- phisome vu dans des conditions défavorables, montrant seulement deux pièces de même colorabilité (Heidenhain), dérivées probablement du globule distal; l'une de ces pièces porte un bourrelet annulaire. Blépharoplaste en contact avec le noyau. Ebauche périaxile encore peu éloignée, arquée vers l'ébauche procéphalique, le noyau ayant un peu tourné sur lui-même, tandis que cette dernière descendait vers le pôle postérieur F-H [166, 167, 168, 171, 177]. FIG. 55 et 55b,s. Même stade pour l'ébauche procéphalique, stade plus avancé pour les ébauches dépendant du pôle postérieur. Amphisome au même état que fig. 53, avec cette différence que la partie dérivée du globule distal est bi-renflée ; il existe à la périphérie de l'ébauche procéphalique un reste d'archosome non en- core expulsé. Blépharoplaste comme encastré au milieu de l'ébauche ciliée; cils rares et longs. Ébauche périaxile non visible. B-M-U [168, 169, 171, 178]. FIG. 56. Un amphisome dissocié en trois pièces, l'externe, dérivée du glo- bule distal, beaucoup plus grande et munie d'un bourrelet annulaire B-H [171]. FIG. 57. Profil typique à la fin du premier mouvement de la nutation. Noyau exceptionnellement plus riche en traînées chromatiques, sans caryosome. Amphisome dirigé comme toujours vers le filament axile; pièce d'appui en entonnoir, le reste vaguement trirenflé, à article externe modelé sur le contour de l'ébauche procépha- lique; celle-ci présente sur plusieurs points des denticules dus au départ des cor- puscules archoplasmiques ; il existe encore un reste d'archosome et une vacuole ac- cidentelle. Ébauche ciliée très développée, cils de longueur moyenne. Filament axile croisant obliquement la direction des cils pour s'engager entre les deux moitiés de l'ébauche périaxile, maintenant très éloignée du noyau. B-H [i52, 166, 167, 169, 171, 177, 178, 181, 200). FIG. 58. Spermatide entière extraite par piqûre et rétractée ; stade des figures précédentes. Dans l'ébauche procéphalique, l'amphisome parait totalement séparé du LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 283 noyau et se présente comme un système de trois globules : deux petits qui cor- respondent probablement à la pièce d'appui, et un grand qui serait le corps vu en raccourci. En e. p., la section des deux moitiés de l'ébauche périaxile, à cordons constitutifs bien distincts. B-H [166, 168, 171, 181]. FIG. 59 et 59bis. Autre profil de l'amphisome primitif; la pièce d'appui (trop noire sur la gravure) a la forme d'un disque emmanché. Noyau en voie de rape- tissement. B-H [168, 171]. FIG. 60 et 60bis. Premier rudiment du lobe latéral qui se développe autour de l'amphisome pendant la deuxième phase de la nutation. La position de l'ébauche ciliée, reconnaissable à son épaisseur et à sa colorabilité, dans la partie inférieure du contour nucléaire, montre que la spermatide est encore inclinée. Le lobe naissant se présente comme une soufflure sphérique ayant déjà englobé la boule proximale et une partie de la pièce distale de l'amphisome, celle-ci offrant à son intersection avec la bulle une zone transversale claire (rétraction ?). B-H fi52, 168, 172]. FIG. 61. Phase du redressement. — A . Vue superficielle montrant le corps de la gangue procéphalique déjeté transversalement et le lobe latéral dressé; l'amphisome définitif, logé dans ce lobe, paraît scindé en une boule juxta-nucléaire nucléipète et une pièce bi-renflée nucléifuge (solution de continuité purement apparente); la vési- cule nucléaire est incomplètement visible. — B. Vue profonde. L'amphisome n'est plus visible; les contours du lobe latéral paraissent épaissis (effet de projection); l'intérieur du noyau n'est occupé que par une sphérule creuse et un matériel gra- nuleux peu abondant; l'ébauche ciliée, les cils, le filament axile sont visibles. B- M-U [168, 172]. FIG. 62. Mêmes conditions. Sur l'image profonde, B, où l'on reconnaît encore le plan inférieur de l'amphisome, on voit que l'ébauche ciliée est déjà en voie de transformation pour donner le collier. B-M-U [167, 168, 172, 178]. FIG. 63. Figure non sériée (même stade que fig. 57), montrant un des aspects que l'on observe fréquemment, lorsque l'amphisome primitif est rendu indistinct par une accumulation de substance chromophile. B-H [ 1 52, 172, 177. 178, 200]. FIG. 64. Phase du redressement. Vésicule nucléaire presque sans chromatine figurée, à contour très déformé au pôle postérieur par le développement du collier ; lobe latéral disparu ; amphisome définitif dressé sur le côté de la gangue procépha- lique, sa partie nucléifuge atténuée en pointe ; dans la gangue, à partir de l'amphi- some, un système de deux soufflures vésiculeuses se superposant, sauf du côté op- posé à l'amphisome; contour externe de la gangue denticulé comme fig. 57; les cils péripolaires se continuent en apparence avec l'ébauche périaxile, actuellement très modifiée. B-H [166, 167, 173, 178]. FIG. 65 Stade du redressement total. Amphisome de face, offrant des inéga- lités de coloration ; à droite, dans la gangue procéphalique, une plage envahie par 284 J PANTEL & R. de SINÉTY une substance plus chromophile, limitée par une ligne sinueuse. B-M-U [i66, 167, 168, I73J. FIG. 66. La région plus chromophile a la forme d'un dôme élevé qui se pro- longe par sa base au-dessus du noyau ; l'amphisome, projeté sur ce dôme (qui de- vrait être plus noir sur la figure), n'est reconnaissable qu'à sa pointe apicale. B-H [166, 168, 173, 174]. FIG. 67. La substance chromophile envahit, sous la forme de zone régulière, toute la base de la gangue procéphalique. B-H [166, 168]. FIG. 68. L'amphisome est déjà modifié dans sa partie nucléifuge; toute la base de la gangue est envahie à deux degrés d'intensité et suivant des contours différents par la substance chromophile. B-H [166]. FIG. 69. Début de l'allongement, première modalité. Gangue procéphalique comme fig. 67, sauf pour le contour externe; partie nucléifuge de l'amphisome en- tièrement appliquée et en forme de col de cornue; premier cône d'allongement formé immédiatement en avant de ce col et entraînant de la substance chromophile ; noyau avec un seul corpuscule figuré, en sphérule creuse ; collier presque entièrement constitué. B-H [166, 174, 179]. FIG. 70. Début de l'allongement, deuxième modalité. Gangue procéphalique avec zone basale et dôme chromophiles ; partie nucléifuge de l'amphisome allongée en massue, libre dans sa région proximale, appliquée par son renflement terminal ; gaîne caudale constituée, en continuité avec le collier; garniture ciliée disparue ou transformée. B-H [166, 173, 174, 179, 2o5] FIG. 71. La partie basale de la gangue commence à s'étendre unilatéralement sur le noyau ; la partie nucléifuge de l'amphisome est mince et flottante dans sa région proximale, renflée insensiblement et appliquée dans sa région distale ; le pre- mier cône d'allongement se forme en avant du renflement apical. B-H [174, 175, 176, 178, 205]. FIG. 72. Boule nucléipète de l'amphisome indistincte, ne s'étant pas plus co- lorée que la zone chromophile de la gangue (celle-ci devrait d'ailleurs être plus noire sur le dessin) ; partie nucléifuge tendue sur le côté gauche de la gangue ; cône d'al- longement transformé en un long cordon (incomplètement reproduit) qui entraîne des particules chromophiles. B-H [176, 178]. FIG. 73. Stade plus avancé. L'allongement se manifeste dans tout l'ensemble de l'ébauche procéphalique et dans le noyau. La base chromophile de la gangue descend inégalement sur le noyau ; l'amphisome n'est visible que par son renflement apical, toujours situé à la base du cône d'allongement; et celui-ci entraîne de la substance chromophile; le noyau est entièrement clair; sa paroi présente deux lobes latéraux d'épaississement dus probablement à une descente de substance procéphalique; le collier est très nettement arrêté dans sa forme. B-H \ij5, 178, 193]. LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 255 PLANCHE IV. Spermiogénèse : allongement de la partie antérieure et dernières transformations de la spermatide. Combinaison optique : pour les fig. 74-78, apochr. 2, i.3o X 6 (gross. : 75o) ; pour les autres, 2 X 12 (gross. : i5oo). Fig 74-88. Période du noyau étiré, avant la première résorption. FIG. 74. Armature procéphalique en cône allongé, à cordon terminal incom- plet; sa base est chromophile et descend unilatéralement le long du noyau étiré, en lui formant une niche dont le bord visible est sinué-lobé ; il existe le long du cône, à droite en bas et à gauche en haut, de la substance chromophile localisée en traînées. F-H [189, 193]. FIG. 75, 76. Le tronçon proximal de l'armature peut seul désormais être re- produit; il semble être parallèle, vu sa longueur; la disposition en niche de la base s'accentue; la vésicule nucléaire, de plus en plus allongée, paraît vide, les détails punctiformes visibles, fig. 76, se rapportant à des saillies du fond même de la niche. F-H [189, ig3]. FIG. 77. Stade plus avancé, vue de profil. Le bord de la niche nucléaire est très découpé et très chromophile; à partir du i/3 inférieur, il s'avance sur la vé- sicule nucléaire de manière à la dissimuler. F-H [189, 193]. FIG. 78. Vésicule nucléaire visible sur toute sa longueur; une ligne oblique plus chromophile à peu de distance de cette vésicule. F-H [189, ig3]. FIG. 79. Vésicule nucléaire de face. Bords de la niche régularisés, avec un processus lobiforme vers le i/3 inférieur, très prononcé à droite de la figure; pre- mier rudiment de la tête sous la forme d'une condensation axiale de chromatine granuleuse. F-H [189, ig3, 194]. FIG. 80 Vésicule nucléaire de profil, sans formations chromatiques figurées, les deux points obscurs qui s'y aperçoivent n'étant que la coupe optique de saillies appartenant à l'armature; vers le 1/4 inférieur, la substance procéphalique devient enveloppante par rapport au noyau et fournit un lobe ascendant; à partir de ce niveau, la couche dont elle revêt le noyau s'amincit et laisse voir par transparence la tête t; il existe un peu au-dessus du noyau une hernie vésiculeuse de signifi- cation incertaine; la gaîne caudale et la formation axile se laissent poursuivre jus- qu'à un amas cytoplasmique chargé de grumeaux en dégénérescence. F-H [189, ig2, 194]. 286 J. PANTEL & R. de SINÉTY FIG. 81. Vésicule nucléaire (incomplète) vue de face; le rudiment de la tête a la forme d'une stalactite de substance granuleuse et au-dessus de lui les bords de la niche émettent l'un vers l'autre des processus dont deux paires semblent être réunies par des traînées. F-H [189, 194]. FIG. 82. Mômes conditions générales. Un seul bord de la niche est visible, excepté au niveau des processus. F-H [189, ig3, 194]. FIG. 83. Région de la niche nucléaire vue par derrière. On reconnaît par transparence, sous la couche de substance procéphalique, le rudiment de la tète, de forme sinueuse, et deux lobes obscurs appartenant aux bords de la niche; le blé- pharoplaste, précédemment discoïde, devient conique. B-H [190, ig3]. FIG. 84. Cellule dont le noyau paraît exceptionnellement peu allongé (*). B-H. FIG. 85. Vésicule nucléaire vue de face en bas, de profil en haut, très al- longée; il existe à une assez grande distance au-dessus du rudiment céphalique une traînée axiale de granules destinés peut-être à son accroissement; la substance pro- céphalique est chromophile au voisinage du noyau. B-H [190, ig3]. FIG. 86. Vésicule nucléaire de face; à la hauteur du rudiment céphalique, exceptionnellement assez éloigné du collier, deux lobes pariétaux à peine marqués; vers le haut une bande médiane et deux gros points obscurs, correspondant à une crête et à deux tubercules saillants du fond de la niche. B-H [189, 193]. FIG. 87. L'ébauche de la tête a pris la forme d'un cône ondulé très chro- mophile ; la vésicule nucléaire est déjà résorbée (ou du moins dissimulée sous la substance procéphalique) sur une hauteur considérable à partir de la tête, mais per- siste dans la région apicale sous la forme d'une hernie allongée; la substance pro- céphalique, légèrement chromophile sur tout le tronçon qui avoisine le noyau, se prolonge à côté du rudiment céphalique en une pointe aussi colorée que lui; le collier est vu superficiellement, sous la forme d'un tronçon obscur laissant recon- naître le blépharoplaste conique. B-H [190, 191, 192, 193, 197]. FIG. 88. Vésicule nucléaire sortant des limites de la figure. Rudiment de la tète en cône ondulé se prolongeant dans le collier; la partie du noyau où il se trouve est très claire et tend à être isolée du reste par deux lobes chromophiles pariétaux qui s'avancent l'un vers l'autre; la partie destinée à disparaître offre vers son milieu une bande axiale et un gros point sombres de même signification que ceux de la fig. 86; le blépharoplaste s'est séparé de la gouttière caudale et de- meure en place, tandis que celle-ci monte dans le collier (le filament axile propre- (') Il se pourrait que les fig. 83, 84 fussent à reporter plus haut, bien que l'état du blé- pharoplaste y soit plus avancé que dans les précédentes. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 287 ment dit est invisible, depuis la différenciation de la gouttière). B-H [189, 190, 192, i93, 197]. Fig. 89-97. De la première à la seconde résorption exclusivement. FIG 89. Première résorption effectuée; il ne reste de la vésicule nucléaire que le court tronçon postérieur où se voit l'ébauche de la tête ; cette ébauche est devenue linguiforme dans sa partie antérieure et paraît engagée entre deux pointes chromophiles descendantes dépendant de l'armature procéphalique. B-H [194, 195, 197]- FIG. 90. Ébauche de la tête spiralée dans sa partie libre; Tune des pointes satellites est à peine visible; blépharoplaste invisible. B-H [190, 194]. FIG. 91. Vue un peu latérale par rapport à l'ébauche céphalique; la partie linguiforme de celle-ci se projette sur la substance procéphalique et dissimule l'une des pointes chromophiles ; sa partie conique ne descend pas dans le collier ; celui-ci, vu en coupe tangentielle, apparaît comme un tronçon obscur, sans blépharoplaste ni gouttière. B-H [190, 194, ig5], FIG. 92. Conditions générales très semblables, mais pointe de l'ébauche émoussée en bouton discoïde à l'intérieur du collier et à peu de distance de la gouttière (l'écartement est sans nul doute une apparence due à la rétraction). B-H [190, 194]. FIG. 93. Vue de face, les deux pointes chromophiles visibles; le blépharo- plaste a reculé jusqu'au bord postérieur du collier. B-H [190, 194, ig5, 197]. FIG. 94. Vue un peu latérale, une des pointes étant invisible; la partie libre de l'ébauche céphalique forme un seul tour de spire, très large; le collier est vu superficiellement et son bord antérieur se projette comme une ligne transversale (d'ailleurs un peu trop marquée dans le dessin). B-H [190, 194]. FIG. 95. Vue de face, stade plus avancé. L'armature procéphalique s'est étirée à sa largeur définitive ; ses deux lobes ou pointes chromophiles sont reconnaissables, mais rapetisses ; l'ébauche céphalique est devenue une tige inégale, recourbée en 5 à son bout postérieur, en avant du blépharoplaste ; la gouttière caudale est encore à peine remontée. B-H [190, 191, 197]. FIG. 96. Vue latérale permettant de constater que la partie antérieure de la tête est située très superficiellement dans la substance de l'armature; l'on ne voit que l'une des pointes satellites, rapetissée et divisée en deux parties; le bout pos- térieur de la tète est recourbé (blépharoplaste invisible). B-H [190, 191, 194]. FIG. 97. Les pointes chromophiles ont disparu comme telles, le bord limite de l'armature procéphalique étant seulement plus colorable ; la tête se rectifie et s'atté- nue en s'allongeant ; le blépharoplaste et la gouttière sont dans le même état que fig. 93. B-H [190, 191, 195, 197]. 36 288 J PANTEL & R. de SINETY FIG. 98, 99. Groupes d'armatures procéphaliques au stade des figures précé- dentes, mais coupées loin de la tète, longitudinalement et transversalement; on y voit des restes irréguliers de substance chromophile. B-H [igi] Fig 100-107. Dernières phases de la transformation et spermie adulte. FIG 100. La gaine caudale, le blépharoplaste et le collier sont demeurés in- visibles; la seconde résorption est à peu près complète, la substance procéphalique étant descendue le long de la tête et de la gouttière, en réservant néanmoins au- tour de celle ci un vestige de la cavité nucléaire; la tête se voit sur le bord gauche de la figure sous sa forme définitive de tige droite, atténuée en pointe en avant; la gouttière, devenue très large, s'est avancée jusqu'au milieu de la tête ; il existe dans l'armature procéphalique un reste de substance chromophile offrant quelque analogie d'aspect avec un noyau très allongé et très condensé. B-H [190, 191]. FIG. 101. Profil typique de la jeune spermie. La tète, complètement encas- trée dans la substance procéphalique, n'est pas encore rectifiée à son bout postérieur, dans cet exemplaire; elle atteint le bord postérieur du collier et a manifestement refoulé le blépharoplaste (raison d'être de la forme recourbée); la gouttière remonte jusqu'au milieu de la tète et s'incline légèrement sur elle; le collier et la gaine caudale ont acquis la largeur de l'armature procéphalique. B-H [191, 195, 196, 212]. FIG. 102. La tête est rectifiée sur toute sa longueur B-H [195, 212]. FIG. 103. Le collier et le blépharoplaste cessent de se distinguer; la tête, intensément colorée et bien isolée sur tout son pourtour, offre vers son i/3 anté- rieur une saillie interne ; la gouttière caudale, modérément colorée, semble s'arrêter brusquement au niveau du bout céphalique postérieur, mais se continue en réalité, incolore et indistincte, pour ne se terminer que vers le milieu de la tête, par un tronçon, g. c, intensément coloré, qui simule une formation indépendante. B-H [212]. FIG. 104. Aspect très analogue, la continuité entre les deux parties de la gouttière étant néanmoins indiquée par un trait linéaire et le tronçon chromophile venant se mettre en contact avec la tête; celle-ci de forme moins accidentée B-H [212]. FIG. 105. La gouttière caudale est totalement décolorée et invisible, sauf dans sa région terminale bactériforme ; la gaine est distincte de son contenu (gouttière, filament axile et substance achromophile qui les enveloppe). B-H [212]. FIG. 106. Décoloration très poussée. La tête, demeurée très noire, est vue presque de face; la gouttière caudale n'est reconnaissable qu'à une tache sombre (teinte bleutée) bien arrêtée en avant, s'estompant en arrière, sur laquelle se pro- jette la tête. B-H [212]. FIG. 107 Spermie âgée, région céphalique vue de profil. La gouttière cau- dale est devenue très large et s'avance jusqu'au i/3 antérieur de la tête. B-H [196, 212]. LES CELLULES DE LA LIGNÉE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 289 PLANCHE V. Spermiogénèse : étude spéciale de la queue (la dernière figure exceptée). Combinaison optique : pour les fig. 108-114, apochr. 2, i.3o X 6 (gross. : 75o); pour les autres, même objectif X ocu^- l- (gross. : i5oo). Fig. 108-111. Cellules extraites par piqûre en milieu indifférent et rétractées avant fixation, montrant la manière d'être de l'ébauche périaxile. Stade de la nutation. FIG. 108. Noyau excentrique offrant un très volumineux cai'3'osome à zone corticale plus colorable d'où rayonnent des traînées chromatiques Ébauche procé- phalique centrale, avec une inclusion globuleuse très colorée ne pouvant être que l'amphisome primitif devenu libre et coupé tranversalement; il existe encore dans le cytoplasme de nombreux corpuscules archoplasmiques vidés, offrant l'aspect de va- cuoles Ébauche périaxile éloignée du noyau, ses deux moitiés étant ramassées et roulées l'une contre l'autre en une masse ovalaire à stries concentriques. B-H [181, 199]. FIG. 109. Noyau comme figure précédente Ébauche procéphalique montrant un amphisome primitif typique vu de profil, bicolore, dépris du noyau, mais à peine déplacé. Ébauche périaxile formant à droite trois zigzags intéressés transver- salement, chacun d'eux comprenant les deux moitiés de l'ébauche ici aplaties l'une contre l'autre et montrant les sections transversales des cordons constitutifs. Il existe dans le cytoplasme des corpuscules archoplasmiques en voie de résorption et en (?) une masse colorable de signification douteuse. B-H [169, 171, 181, 199, 200]. FIG. 110. Diffère de la précédente par l'état de l'ébauche périaxile qui paraît enroulée comme fig. 108 et par l'absence de l'inclusion (?) B-H [171, 181, 199]. FIG. 111. Coupe superficielle ne comprenant ni le noyau ni aucune forma- tion chromophile intérieure à l'ébauche procéphalique. Corps cellulaire incomplète- ment ramassé sur lui-même, un mince tronçon distal, t. d., à structure indéchiffrable, faisant suite à la partie rétractée de l'ébauche périaxile ; on voit de celle-ci un long segment simple, parcouru par des cordons longitudinaux et un segment double plus court, logé entre le précédent et l'ébauche procéphalique, dont les sections trans- versales laissent reconnaître la distribution des cordons constitutifs. B-H [199]. Fig. 112-114. Coupes in situ de l'ébauche périaxile, à un stade qui suit de près celui des fig. 49, 50. FIG. 112. Coupe longitudinale comprenant le noyau, l'ébauche périaxile divi- sée en deux moitiés ovales -allongées, striées, le filament axile entre les deux moi- tiés et un reste de cytoplasme impossible à délimiter extérieurement, au milieu des 2go J. PANTEL & R. de SINÉTY autres éléments; l'inégalité apparente des deux moitiés de l'ébauche tient à ce qu'elles n'ont pas été intéressées de la même manière, et la large échancrure de gauche est due à la superposition d'une ébauche voisine B-H [198]. FIG. 112b,s. Le filament axile isolé; en haut l'ébauche ciliée encore nue; en bas un renflement fusiforme situé sur la direction du filament et paraissant lui appartenir. [154, 207] FIG. 113 Coupe transversale, type ordinaire. L'ébauche consiste en deux fais- ceaux de cordons logés dans deux vésicules claires et remplies d'une substance fi- nement granuleuse, creusées dans un cytoplasme dense et semé de points colorables ; les cordons comprennent une âme chromophile et une gangue pâle; le cytoplasme forme entre les deux cavités une cloison médiane (où est logé le filament axile) et tout autour une couche membraniforme, très mince en dehors; la membrane cel- lulaire est distincte et flottante sur une grande partie du pourtour F-H [198, 200]. FIG. 114. Coupe transversale, type exceptionnel. Chaque faisceau est logé dans une masse distincte de cytoplasme, façonné en gouttière et engrené avec son con- génère; les cordons sont plus gros et paraissent plonger directement dans le cyto- plasme; la membrane cellulaire est visible. F-H [199]. Fig. 115-119. Coupes au stade de la pleine nutation. FIG. 115. Coupe longitudinale montrant le noyau l'ébauche procéphalique (avec reste d'archosome) intéressée superficiellement, l'ébauche ciliée avec le blépha- roplaste et le filament axile, et l'ébauche périaxile; celle-ci comprend, de part et d'autre du filament axile, deux longues vésicules arrondies en avant, incomplètes en arrière, dont l'intérieur est occupé par un petit nombre de cordons longitudinaux peu réguliers, parfois anastomosés, vaguement moniliformes, de même que la coupe des parois; on n'a pu tenir compte du cytoplasme ni de la membrane. B-H [169, 200]. FIG. 116 Coupe transversale correspondant à une ébauche périaxile un peu plus grande On reconnaît que les parois des vésicules sont formées de cordons périphériques, c. p., serrés les uns contre les autres et par place indistincts, mais constitués comme les cordons internes, c. i. ; le filament axile, / , un reste de cyto- plasme servant de substance de remplissage et la membrane cellulaire sont visibles. B-H [200, 201, 214]. FIG. 117. Deux queues à un stade légèrement plus avancé ou à un niveau plus reculé. Dans celle de droite, les deux vésicules sont de grosseur inégale ; le nombre des cordons est notablement réduit, surtout à l'intérieur, et plusieurs d'entre eux renferment deux âmes chromophiles. B-H [200, 201, 214]. FIG. 118. Trois queues du même cyste, en avance d'évolution ou coupées un peu plus loin. Les cordons internes ont disparu, sauf dans l'un des faisceaux de la cellule de droite ; les cordons périphériques perdent leur disposition régulière ; les filaments axiles sont très reconnaissables dans les cellules extrêmes; l'espace circon- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 29 1 scrit par les cordons n'est pas plus clair que le cytoplasme extérieur. B H [200, 201, 214]. FIG. 119. Groupe du même cyste, encore plus avancé que le précédent. Le cytoplasme a disparu et il ne reste à l'intérieur de la membrane cellulaire entière- ment flottante que les faisceaux de cordons en voie de transformation et le filament axile. — A , C, cordons encore distincts, mais très réduits en nombre; B, cor- dons fusionnés en deux tubes de substance achromophile présentant çà et là des grains colorés et comprenant entre eux le filament axile ; — D, cordons fusionnés en deux bandes épaisses qui sont unies entre elles et paraissent avoir englobé le filament axile. B-H [200, 201, 2o3, 214]. Fig. 120-127. Coupes au stade du redressement de la spermatide ou du modelage du collier. FIG 120. Coupe longitudinale ne comprenant que le noyau et un tronçon de la bande caudale. Le filament axile n'est visible que dans sa région proximale, comme dans la généralité des figures ; les cils tendent à devenir indistincts dans une substance de fond qui ne paraît pas autre que celle où plonge l'ébauche péri- axile ; celle-ci est transformée en un système de deux cordons chromophiles discon- tinus, flexueux, paraissant se réunir en avant; dans le fond cytoplasmique se voient des grumeaux de substance condensée et en dégénérescence. B-H [202, 203]. FIG. 121. Coupe comprenant le noyau, l'ébauche procéphalique et un tronçon de la bande caudale. Les cordons dérivés de l'ébauche procéphalique paraissent re- monter vers le noyau ; la membrane cellulaire est visible et flottante, à gauche de la bande caudale. B-H [202, 2o3]. FIG. 122 et 123. Même stade pour l'ensemble et mêmes parties que fig. 120, évolution de l'ébauche ciliée plus avancée. Le blépharoplaste paraît être devenu dis- coïde et l'ébauche ciliée forme autour de lui une couronne qui commence à se transformer en cylindre ; les deux cordons discontinus sont libres ; la membrane est visible dans fig. 122. B-H [179, 202, 2o3, 204]. FIG. 124 Coupe transversale d'un groupe de queues à placer plus exactement après la fig. 119; stades ultérieurs de la transformation des cordons. A . les cordons sont fusionnés en une seule bande située à droite, où l'on distingue le fi- lament axile isolé dans un espace clair médian, et les parties chromophiles des cordons non encore fusionnées; une partie de la gangue achromophile s'est déjà isolée. — B, cellule moins avancée; les cordons sont encore distincts et distribués sans ordre autour du filament axile. — C, image particulièrement typique : les derniers cordons de chaque faisceau forment, de part et d'autre du filament axile, une seule colonne à section triangulaire, où les parties chromophiles sont encore distinctes. — D, même stade; les deux images triangulaires sont en communication à droite, et par là il y a passage à la bande unique de A. — E, stade plus avancé; on reconnaît un peu vaguement trois corpuscules colorables : l'un punctiforme, la coupe du filament axile (plus à gauche, sur le bord supérieur de la substance achro- 292 J. PANTEL & R. de SINÉTY mophile), deux plus massifs et un peu allongés, résultant du fusionnement des par- ticules colorables dispersées dans les images triangulaires précédentes ; ces trois corpuscules tendent à sortir de la gangue, ici accolée à la membrane en un seul amas. B-H [2o3]. FIG. 125. Groupe au stade de la cellule E de la figure précédente; il paraît correspondre aux fig. 120-123, mais suppose une région où les petites masses sé- riées en cordons seraient plus grosses. On retrouve dans toutes les sections les trois corpuscules ayant la signification indiquée et tendant à se mettre en série, le fila- ment axile au milieu, en s'isolant de la substance achromophile. B-H [2o3, 204]. FIG. 126. La triade de corpuscules s'est régularisée et les corpuscules extrêmes se sont transformés en croissants opposés qui tendent à s'unir en embrassant le fila- ment axile; il n'existe plus de substance achromophile et le contour de la mem- brane cellulaire est notablement rapetissé. B-H [204]. FIG 127. La membrane a disparu, la gaîne caudale est constituée, mais aplatie. B-H [204]. Fig. 128-132. Coupes transversales pendant l'allongement de la partie antérieure de la sper- matide. FIG. 128. La gaîne s'arrondit, mais la bilatéralité de son origine est encore reconnaissable. B-H [205]. FIG. 129. L'épaisseur des parois s'est uniformisée; le filament axile s'aplatit en ruban. B-H [208]. FIG. 130. Le filament axile se divise, dans plusieurs des queues reproduites, en deux parties inégales, encore juxtaposées ; la gaîne s'est élargie et offre un con- tour irrégulier ; il existe dans le groupe un élément exceptionnel où la membrane cellulaire et un reste important de cytoplasme sont encore présents, comme fig. 125, la gaîne caudale étant déjà constituée en g. B-H [2o5, 208]. FIG. 131. Les deux parties du filament axile se sont placées l'une derrière l'autre et sont très dissemblables : l'une à section punctiforme est le filament axile proprement dit, l'autre, à section allongée, déjà épaissie et un peu arquée est la gouttière caudale. B-H [208]. FIG. 132. Toutes les parties s'accroissent, sauf le filament axile; il apparaît une nouvelle substance achromophile qui tantôt se montre accolée à la gaîne, tan- tôt entoure les formations axiles. B-H [208, 209]. Fig. 133-139. Coupes transversales de la queue chez la spermie jeune et âgée. FIG. 133. Coupe d'un même groupe de spermies achevées, mais jeunes, à deux niveaux différents, à travers le collier ou en arrière de la tète; les colliers et les gaines caudales forment carrelage et sont séparés par un vide de rétraction de la substance achromophile. — A , niveau plus élevé ; les éléments 5e de la série I, 6e de la série II, 2e et 5e de la série III, 3e de la série IV mon- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 293 trent en même temps la gouttière simplifiée et la tête, les autres, sauf le dernier dont la partie axile n'a pas été reproduite, montrent la gouttière dans sa plus grande complication de forme et le filament axile. — B, niveau à quelques dizaines de [a du précédent ; toutes les images contiennent le filament axile et la gouttière ; elles sont orientées de la même manière ; la gouttière est asymétrique et le filament axile est accolé à son bord simple (côté gauche de la spermie). B-H [208, 209]. FIG. 134. A droite, coupe transversale de trois éléments au même stade, re- présentés sans la gaîne; à gauche, profil de deux tronçons, accidentellement couchés dans les manipulations. B-H [209], FIG. 135. Groupe de queues à un âge probablement peu avancé, mais à un niveau reculé. La gouttière s'est simplifiée et est devenue symétrique ; le filament axile est ramené sur le plan médian ; la gaîne n'est pas déprise de son contenu ; les 6 éléments du bas ont tourné de 900 par rapport à ceux du haut. B-H [194, 210, 211]. FIG. 136. Spermies âgées, région proximale de la queue. Les formations axiles sont seules visibles ; la gouttière s'est fortement épaissie à son milieu et le rebord accessoire de son côté droit n'est plus distinct; le filament axile est représenté par une simple saillie de l'angle gauche de la gouttière (le côté convexe définit par convention la face ventrale de la spermie). B-H [210]. FIG. 137. Groupe emprunté à un faisceau plus âgé ou coupé plus près de la tête; le filament axile est distinct. B-H [210]. FIG. 138. Groupe représenté par les gouttières seules; âge et niveau indéter- minés; orientation altérée. B-H [210, 211]. FIG 139. Région de disparition de la gouttière, dans un faisceau âgé. En haut, quelques éléments où l'on voit un point coloré ne pouvant correspondre qu'à la gouttière devenue filiforme, le filament axile étant achromophile à cette époque; en bas, ce point a disparu et le contour général externe, notablement rapetissé, indique un niveau reculé. B-H [210, 211]. FIG. 140. Groupe de spermies coupées en avant de la tète, pour la compa- raison avec les images précédentes. B-H [225]. PLANCHE VI. Spermiogénèse : stades isolés, à intercaler dans la série générale. Combinaison optique : pour les fig. 141-150, 152-155, apochr. 2 X ocul. 6 (gross. : 75o); pour les figures bissées et les fig. 151, 156, 2 X l2 {gross. : i5oo); pour la fig. 157, 2 X J8 (gross. : 225o). 2Q4 J PANTEL & R. de SINÉTY Coloration (on n'a reproduit que les teintes des parties principalement visées dans les descriptions) : pour 141, méthode Benda; pour 142, 143, 155-157, hèmatoxyline ferrique après le Bouin; pour les autres figures, magenta-XJ nna. FIG. 141. Chromatisme comparé de l'ébauche périaxile et des calottes. L'ébauche périaxile, où s'observent déjà quelques lignes ondulées indiquant le premier chan- gement de structure, a pris la même teinte vineuse que le matériel simple encore épais dans le cytoplasme ; une calotte déjà appliquée contre le noyau présente une teinte olivâtre (trop jaune sur la reproduction). F-B [148, 1 53 , 154, i65]. FIG. 142. Stade de la fig. 43. Les vésicules archoplasmiques naissantes, ici entourées d'un vide de rétraction, prennent la même teinte que plus tard la gangue procéphalique ; les corpuscules archoplasmiques paraissent dispersés sans ordre dans le cytoplasme. B-H [i5o, 154]. FIG 143. Stade ultérieur. Vésicules moins nombreuses, mais plus grandes et logeant un granule archosomique, la plus volumineuse se montrant de plus envi- ronnée de corpuscules archoplasmiques ; trois masses spumeuses, formatrices des calottes, se voient libres dans le cytoplasme B-H |i5o, i5i, 154] Fig. 144-155 Série permettant de suivre la formation de l'amphisome; noyau (noir) et ébauche procéphalique (bleue) seuls reproduits. FIG. 144. Stade de la fig. 48. Caryosome bleu, sphérules nucléolaires rouges; l'ébauche procéphalique ne contient encore que l'archosome, d'un pourpre sombre; les corpuscules archoplasmiques ne se sont pas colorés ; ils se déprennent de l'ébauche à l'état de sacs vides. B-M-U [i5o, i5i, 1 52]. FIG. 145. Stade de la fig. 50. En plus de l'archosome devenu superficiel, on trouve dans l'ébauche procéphalique un globule érythrophile et un globule cya- nophile ; les corpuscules archoplasmiques sont dépris, mais encore rangés avec ordre; le noyau contient trois corpuscules rouges B-M-U [i5o, 169. 170]. FIG. 146. Archosome expulsé; les deux globules s'accroissent et tendent à occuper près du noyau des positions déterminées ; il reste une sphérule nucléolaire assez volumineuse. B-M-U [ 1 52. 170]. FIG. 147, 147kis. Stade de la fig. 51 (l'ébauche procéphalique devrait être penchée). Les deux globules se sont accrus et mis en contact; l'un d'eux s'allonge en dehors ; de très petits corpuscules érythrophiles, paraissant fournis par le noyau, se montrent sur la membrane nucléaire, vis-à-vis du globule cyanophile ; une sphé- rule nucléolaire se projette sur le caryosome B-M-U [i52, 170, 171]. FIG. 148, 1481:iis. Amphisome primitif dans sa forme typique, vu de profil; pour cette mise au point la pièce d'appui paraît formée de trois granules ; la pièce dérivée du globule érythrophile est allongée et tend à s'étrangler; dorénavant on ne LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2Ç5 voit dans le noyau, à la place du ou des nucléoles, que des granules rouges peu importants et ressemblant plutôt à des débris. B-M-U [168, 171, 178]. FIG. 149, i49bis. Stade plus avancé, correspondant au redressement de la spermatide. Amphisome primitif vu de profil, au moment où le renflement cyano- phile, a, va se détacher du noyau en entraînant une partie de la pièce d'appui ; le lobe accessoire de l'ébauche procéphalique est en voie de développement (voir fig. 60); le renflement intermédiaire, B, bien que dérivé du globule érythrophile, est demeuré bleu; le blépharoplaste a pris le magenta. B-M-U [i52, 172, 173, 178]. FIG. 150, 150bis. Le corps de l'amphisome primitif est scindé en deux parties, l'article externe, y de la figure précédente, s'appliquant exactement sur le noyau et affectant temporairement un contour triangulaire, tandis que les deux autres ensemble sont libres dans le lobe accessoire ; la pièce d'appui a abandonné sur le noyau une partie de sa substance. B-M-U (172, 173, 178]. FIG. 151. Amphisome et lobe accessoire au même état, d'après une autre cellule. B-M-U [172, 173]. FIG. 152. Stade ultérieur, caractérisé par le redressement et la modification de la partie de l'amphisome qui est devenue libre ; le renflement a s'éloigne de plus en plus du noyau et le renflement 3 s'élargit transversalement. B-M-U [178]. FIG. 153. Etat correspondant au redressement presque complet de la sperma- tide. Les éléments de l'amphisome semblent s'être réunis à nouveau en un tout qui aurait subi un mouvement de torsion en se déplaçant sur le noyau ; ce tout peut désormais recevoir le nom d'amphisome définitif. B-M-U [173]. Fig. 154-157. Allongement et forme définitive de la région céphalique. FIG 154. Même stade et mêmes conditions de l'ébauche procéphalique que fig. 71 ; on voit mieux l'entraînement de substance chromophile par le premier cône d'étirement ; la partie de la gangue qui descend le long du noyau n'est pas entièrement imprégnée de substance chromophile. B-H [175]. FIG. 155. Même stade que fig. 73; on voit très distinctement l'amphisome à partie intermédiaire filiforme, flexueuse et flottante, à renflement terminal volumi- neux et typiquement appliqué; le cône d'étirement entraîne de la substance chromo- phile; à la base de l'ébauche procéphalique, à gauche de l'amphisome, la substance chromophile est localisée dans une plage triangulaire. B-H [175, 176]. FIG. 156. Stade de la fig. 79 ; la tête s'organise sous la forme d'un amas de granules; au-dessus d'elle les bords de la niche s'avancent l'un vers l'autre en lobes obtus ; il existe vers le milieu de la vésicule nucléaire, en face d'une saillie latérale peu prononcée, un tubercule conique dépendant du fond, vu obliquement; un tubercule semblable, mais vu de face, donne lieu à une petite image annulaire, au haut de la vésicule B-H [194]. FIG. 157. Spermie âgée vue de profil (stade de la fig. 107), laissant recon- naître exceptionnellement le collier. B-H [io5, 196]. 37 2Q6 J PANTEL & R. de SINÉTY PLANCHE VII. Phénomènes cyto-tératologiques. Combinaison optique : apochr. 2, i,3o X 6 (gyoss. : 750). FIG. 158. Spermatocyte I en métaphase, vue équatoriale. Outre deux diplo- somes normaux, il existe dans la région équatoriale du fuseau un grand nombre de petits corps colorables, affectant les allures de minuscules chromosomes surnumé- raires. En dehors de la figure cinétique, le cytoplasme est abondamment chargé de matériel périaxile simple et figuré ; plusieurs corpuscules ovalaires se laisseraient sans peine identifier comme corpuscules archoplasmiques. B-H [229]. FIG. 159. Vue polaire correspondante. Les corpuscules anormaux sont dispersés sur toute l'épaisseur du fuseau; le chromosome exceptionnel est représenté par une masse très volumineuse de configuration indéchiffrable; le contour cellulaire présente, outre des excrescences des types ordinaires, des saillies qui logent un filament chro- mophile paraissant appartenir au matériel périaxile figuré. B-H [229]. FIG. 160. Deux spermatocytes I au stade de la prophase active, l'un normal, l'autre bi-nucléé. Les chromosomes sont peu ou point visibles. L'intérêt de l'ano- malie consiste en ce que les deux noyaux paraissent constituer un système combiné équivalent à un noyau unique et appelé à fournir le matériel d'une seule couronne équatoriale, la cellule ne contenant que deux asters. B-H [23o]. FIG. 161. Trois spermatocytes I au stade de la résolution de la caryosphère, fusionnés en syncytium. Noyaux normaux, dont deux très rapprochés, ce qui sup- pose un déplacement intracytoplasmique ; cytoplasme offrant la diversité de structure périphérique et profonde des cellules normales au même stade, abondamment pourvu de matériel périaxile simple et de corpuscules archoplasmiques, ceux-ci ayant une membranule corticale et un granule central colorables. Des aires réticulées, d'im- portance et de contours variés, paraissent correspondre soit à des restes de cyto- réticulum profond non remanié, soit à des carrefours périphériques englobés dans la masse fusionnée. B-H [232, 234]. FIG. 162. Jeune spermatide au stade de la désagrégation de l'aster. Deux noyaux inégaux ayant la signification de caryomérites, dont l'un à un seul chro- mosome. B-H [23o, 235]. FIG. 163. Fragment de coupe d'un syncytium au stade de la Ie métaphase maturative. Quatre groupes irréguliers de chromosomes, dont deux forment un seul système complexe, A, et seize asters sont visibles. Le complexe A donne lieu à une figure polycinétique comprenant, dans le plan de la coupe, deux fuseaux complets croisés et deux fuseaux incomplets. Il existe de nombreuses plages réticu- LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 2g7 lées à apparence parenchymoïde, x, situées profondément et correspondant suivant toute vraisemblance à des carrefours périphériques des cellules primitives. La péri- phérie de l'amas présente la texture lâche et les processus ordinaires (voir le texte). B-H [233, 241]. PLANCHE VIII. Phénomènes cyto-tératologiques. Même combinaison optique. FIG. 164. Complexe plurinucléé correspondant à quatre spermatides au stade de la résorption de l'aster. La distribution du matériel périaxile permet de rétablir approximativement les limites cellulaires. Les noyaux sont remplacés par des groupes de caryomérites de grandeur inégale. Il existe des excrescences réticulées qui se continuaient avec celles d'autres complexes ou de spermatides isolées. B-H [235]. FIG. 165. Complexe paraissant correspondre à trois spermatides au stade de l'individualisation de l'ébauche périaxile. Trois groupes de caryomérites et trois ébauches périaxiles avec matériel périaxile figuré. Des corpuscules archoplasmiques, des grains colorables et de petits amas de condensation se voient dans le cytoplasme; la vésicule (?) difficile à caractériser n'est peut-être qu'un caryomérite se présentant mal à l'observation. La région périphérique à structure lâche, p.r., était en continuité avec un autre complexe. B-H [236J. FIG. 166. Fragment à un stade plus avancé. Huit noyaux ou caryomérites paraissant hypertrophiés, à peu près groupés autour d'une ébauche périaxile zonée, une seconde ébauche périaxile d'apparence plus homogène se trouvant isolée à droite de la figure (absence de polarisation). De nombreuses vésicules archoplasmiques environnées de corpuscules archoplasmiques. En r.r, un ilôt de cytoplasme non remanié ou un reste de carrefour périphérique englobé. B-H [236]. FIG. 167. Portion d'une coupe très étendue fournie par un complexe au stade où les cellules normales sont polarisées. Nombreux noyaux ou caryomérites amoncelés en deux groupes; leur structure interne est mal définie et ne laisse point reconnaître les formations à contours nets des cellules normales ; il existe de nom- breuses calottes de toutes dimensions, appliquées sur les noyaux ou libres. Nombreuses \,vésicules archoplasmiques simples ou entourées de corpuscules, avec ou sans archo- some. plusieurs offrant les dimensions d'une ébauche procéphalique définitive, mais n'ayant aucune tendance à se porter sur un noyau ; dans deux de ces ébauches, en haut et à droite de la figure, la vésicule a été emportée par le rasoir. Deux ébauches périaxiles caractérisées, à structure peu marquée, dont l'une logée dans un 2g8 J- PANTEL & R. de SINÉTY îlot cytoplasmique ne tenant à l'ensemble de l'amas que par deux points. Des plages de cytoréticulum primitif ou de carrefours périphériques, d'aspect déjà modifié dans le sens de la régression. B-H [236, 237]. FIG. 168. Coupe superficielle d'un complexe volumineux, à un stade plus avancé. Douze noyaux ou caryomérites très inégaux sont groupés en arc de cercle. Il existe des calottes, libres ou appliquées, quelques-unes communes à deux noyaux. Deux ébauches périaxiles. L'état dégénératif se révèle par l'existence d'une sorte de kyste intraprotoplasmique joù sont amoncelés, dans une substance de fond criblée de vacuoles, des noyaux, des ébauches périaxiles encore reconnaissables et des restes altérés, compacts, difficiles à identifier. B-H [237]. FIG. 169. Complexe à deux noyaux, au stade de la polarisation de la sper- matide. Les noyaux sont équivalents et paraissent normaux ; l'un des deux porte deux calottes très proéminentes; ils sont polarisés : les pôles antérieurs sont occu- pés individuellement par deux ébauches procéphaliques bien constituées et les pôles caudaux le sont en commun par une ébauche périaxile géante. B-H [237]. FIG. 170. Complexe plurinucléé, au stade de la nutation. Deux noyaux ayant la structure caractéristique de ce stade sont intimement juxtaposés dans le plan de la figure, et un troisième apparaît vaguement en profondeur: les deux premiers sont polarisés : les pôles caudaux ont développé une ébauche ciliée (sans filament axile visible) et l'un des pôles antérieurs est occupé par une ébauche procéphalique géante, où l'on reconnaît un amphisome primitif piriforme, de dimensions propor- tionnées, et un très petit reste périphérique d'archosome. B-H [169, 238]. TABLE DES MATIÈRES. Introduction. i. Objet 2. Méthodes 8g 91 PREMIERE PARTIE. Généralités et période de multiplication, iccta A. Idée générale du testicule chez le Noto B. Cystes folliculaires a) Nombre de cellules b) Enveloppe cystique c) Formation des cystes C. Diverses générations cellulaires de la période de multiplication D. Parallélisme entre l'ovogénèse et la spermatogénèse chez les insectes 93 94 94 97 98 99 loi DEUXIEME PARTIE. Période d'accroissement. Chapitre I. LE NOYAU, fig. 2, 3, 6, 8-19, 21-23. A. État dans le jeune spermatocyte I . B. Premières modifications. Localisation sélective de la chromatine . C. Évolution générale ultérieure a) Accroissement de l'ensemble b) Accroissement et résolution de l'amas chromatique c) Sort de la partie résiduelle d) Nucléoles .... D. Critique et bibliographie a.) La condensation sélective de la chromatine peut-elle être rapprochée du synapsis î 1. Notion originelle du synapsis 2. Synapsis au sens de contraction chromatique 3. Synapsis au sens de pseudo-réduction. 1. Théorie de l'accolement longitudinal des chromosomes 2. Théorie de l'origine paternelle et maternelle des chromosomes con jugués ...... io5 106 107 107 107 109 110 m ni ni ni n3 n3 n3 300 J. PANTEL & R. de SINETY 3. Théorie de l'élaboration particulaire des chromosomes hétérotypiques 4. Époque du synapsis. ..... 5. Le cas de Notonecta ..... b) L'amas de chromatine sélectionnée paraît être une « caryosphère » c) La caryosphère de Blackman est peut-être assez répandue dans les cellules mâles d) Abandon de chromatine dans les cellules sexuelles . . , e) Sur quelques phénomènes secondaires pouvant se rattacher à la formation ou à la désagrégation de la caryosphère . 114 lis 117 117 119 120 Chapitre II. LE CORPS CELLULAIRE, fig. 2-13, 18-22. A. Caractères généraux et constitution au début de la période d'accroissement, fig. 2, 3 B. Évolution de la sphère et de l'applique juxta-nucléaire annexe, fig. 4-13 a) Centriole. ...... b) Gangue achromophile ..... c) Annexe juxta-nucléaire ..... C. Évolution du cytoplasme ..... a) Caractères du cytoplasme durant les premières phases de l'accroissement, fig. 6-13 b) Changements précurseurs de la prophase active, fig. 18-23. 1. Dans les parties profondes . Apparition des corpuscules archoplasmiques Remaniement du cytoréticulum Apparition du matériel, simple ou figuré, qui s'organisera plus tard en ébauche périaxile 2. Dans la région périphérique. D. Rapprochements avec les données de la littérature a) Sphère du spermatocyte I. b) Formation pseudochromosomique . c) Phénomènes périphériques. 115 124 124 124 125 126 126 127 127 127 127 128 129 i3i i3i i32 i35 TROISIEME PARTIE. Période de maturation. A. Première division maturative, fig. 23-34 a) Chromosomes 1. Première élaboration prophasique 2. Élaboration ultérieure 3. Chromosomes à la métaphase et à 1 b) Figure achromatique 1. Centres cinétiques 2. Fuseau c) Formations cytoplasmiques B. Deuxième division maturative, fig. 34-37 a) Absence d'intercinèse ; figure achromatique b) Figure chromatique anaphase i36 i36 136 I37 i38 140 140 141 141 142 142 144 LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 301 QUATRIÈME PARTIE. Période de transformation (spermiogénèse). Chapitre I. DE LA RECONSTITUTION DU NOYAU A LA NUTATION EXCLUSIVEMENT, fig. 38-50, 141-145. A. B. C D. E. F. G. État de la spermatide après la reconstitution du noyau Changements nucléaires Calottes .... Formation de l'ébauche procéphalique . Ébauches caudales a) Formation de l'ébauche périaxile (Nebenkern des auteurs), 143, 47-49 b) Apparition du filament axile primitif Le corps cellulaire proprement dit Rapprochements avec les données de la littérature a) Ébauche de l'armature procéphalique (ou du perforatorium) i. Chez les vertébrés . 2. Chez les invertébrés 3. Discussion du cas du Notonccta b) Ébauche périaxile i. Définition objective . 2. La question de terminologie. 3. Nature du matériel périaxile chez le Notonecta fig. 40-44, 141 i45 147 148 i5o i53 153 .54 i55 i55 155 i55 i57 i59 162 162 163 164 Chapitre II. NUTATION ET PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS, JUSQU'A L'ALLONGEMENT DE L'ÉBAUCHE PROCÉPHALIQUE, fig. 50-73, 148-155. A. Nutation ...... B. Phénomènes nucléaires concomitants C. Phénomènes procéphaliques .... a) Disparition du volumineux archosome b) Formation et évolution de l'uamphisome» . 1. Premiers rudiments .... 2. Forme primitive .... 3. Forme définitive .... 4. Destination. .... D. Changements au pôle postérieur du noyau a) Changements dans l'ébauche périaxile. Rétrogradation b) Développement du « collier ». 1. Son ébauche ciliée .... 2. Transformation de cette ébauche 3. Le sort des filaments E. Le reste du corps cellulaire .... 166 167 169 169 169 169 170 172 174 176 176 177 177 178 179 180 302 J. PANTEL & R. de SINÉTY Rapprochements avec les données de la littérature a) Nutation. .... b) Données intéressant l'histoire de l'amphisome c) Rétrogradation .... d) Collier et garniture ciliée de son ébauche . i. Collier et « Schwanzmanschette » 2. Collier et formation post-céphalique des céphalopodes 3. Garniture ciliée chez les chilopodes . 182 182 i83 185 i85 185 187 Chapitre III. ALLONGEMENT DE L'ARMATURE PROCÉPHALiaUE ET PHÉNOMÈNES CONCOMITANTS, JUSQU'A L'ÉTAT DÉFINITIF. Pl. IV et fig. 156, 157 (changement de grossissement à partir de la fig. 79) Phénomènes procéphaliques ..... a) Avant la première résorption de la vésicule nucléaire, fig. 74-88 b) Entre les deux résorptions nucléaires, fig 89-97 c) Durant les dernières transformations, fig. 100-107 Phénomènes nucléaires .... a) Allongement, fig. 74-88 . b) Résorption partielle de la vésicule nucléaire (première résorption c) Développement de la tête, fig. 79, 80, 85, 87-97 d) Deuxième résorption de la vésicule nucléaire et modelage définitif de la tète fig. 100-107 .... Phénomènes post-céphaliques a) Collier ..... b) Blépharoplaste et « gouttière » 189 189 190 190 191 191 192 i93 i95 196 196 196 Chapitre IV. ÉTUDE PARTICULIÈRE DE LA QUEUE. Pl. V, sauf la fig. 140. Fig. 108-114, gross. : :X6: !es autres, gross. X'2 A. Evolution de l'ébauche périaxile ... a) Changements avant la nutation, fig. 112-114 b) Changements pendant la première phase de la nutation 1. Renseignements empruntés aux cellules rétractées, fig. 108-111 2. Renseignements empruntés aux coupes des cellules in situ, fig. 115-119 c) Changements pendant la deuxième phase de la nutation; formation définitive de la gaine caudale, fig. 120-128 1. D'après les coupes longitudinales 2. D'après les coupes transversales d) Résumé. Sélection matérielle dans l'évolution de la gaine B. Évolution du filament axile .... a) Remarques sur les premiers états observés . b) Changements antérieurs à la deuxième résorption nucléaire, fig. 129-132 c) Etat de la formation axile dans la spermie définitive, fig. 133-139. 1. Région proximale dans la spermie jeune; gaine caudale à cette époque 2. Région proximale dans la spermie plus âgée, fig. 136, 137 3. Région distale, fig. 135, 138, 139. 198 198 199 199 200 201 201 203 zo5 206 206 207 208 208 210 210 LES CELLULES DE LA LIGNEE MALE CHEZ LE NOTONECTA GLAUCA L. 303 d) Chromophilie de la gouttière caudale .... e) Hypothèses sur son rôle ...... Rapprochements avec les données de la littérature a) Évolution de l'ébauche périaxile chez les insectes . 1. Premier groupe ...... 2. Deuxième groupe ...... b) Complexité du filament axile dans le sens de la longueur ; pièce intermédiaire c) Complexité dans le sens de l'épaisseur .... 1. Batraciens ....... a) Urodèles ...... b) Anoures ...... 2. Mollusques et insectes ..... 212 212 213 213 2l3 214 2l5 217 217 217 218 219 Chapitre V. LA SPERMIE ADULTE. A. Description générale et observations physiologiques B. La spermie comme cellule 220 224 NOTES ADDITIONNELLES. Chromasie et plasticité morphogénique ..... Les chromosomes demeurent-ils individuels dans la spermiogénèse du Notonecta ? 225 227 APPENDICE. Phénomènes cyto-tératologiques. A. Corpuscules chromosomiques (?) dans les divisions maturatives, fig. 158, 159 B. Doubles noyaux de même grandeur dans le spermatocyte I, paraissant fonctionner comme un seul ..... C. Noyaux multiples et inégaux dans la spermatide, fig. 162 D. Spermatocytes I fusionnés, fig. 161 . E. Le syncytium au stade des divisions maturatives, fig. 163 F. Complexes spermatidiaux, fig. 164-170. G. Rapprochements avec les données de la littérature a) Les complexes plurinucléés dans la spermatogénèse . b) A propos des cinèses pluripolaires. Conclusions générales et résumé. Définition de quelques termes employés dans ce mémoire Bibliographie ...... Explication des figures ..... 229 23o 23o 232 233 235 238 238 240 243 259 263 273 Planche I /"■•■ . a . Planche JZ / et Rde Swéiy adnal. de/ Luh.De Tbllenaere frères. Brux Planche III i Planche IV 100 .op. .np 10 'I 10à ■ E Biesemans. i. Plani he 1 •''/"' ■'/' 108 -- C./'' td 110 --eu. //'/ //.? /// 112 //i O /'M1 I :" . . - 117 *. ./"- ■ /S C • -• //.? . «*.«. , e.c. m c. •V- .7 0 © © /:',<■ 72# s > - \ _ m r 4-- ' 135 12,9 * ^ * A A A * A. A A A A A A A XSVV 130 X 131 /i: r :s -7 9 a '' Û ■? à @ fi g ® "a * < « / r 0 * t ****** «7 D3 0 O °C C O C 138 133 ■ ■ ■ ■ . : '-■, ■ .- /.v.v /**? . "- - Plnnohp 17 141 m : 150 hs f42 Or 153 h}.° -H'i 155 ; 156 157 JFbntelr adnat de/. -re /rèrcs.Briix- F Biesemans Scu/p Planche THT. * ,„/■'., • S 158 •■ /'.- *' -, i ' '^^ ' . - ■ planche 1'/// . li ;. : , LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDÉ PAR J. D. C^A-IVJNOY, PROFESSEUR UË BOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE. PUBLIÉ PAR \J, GlLoON, l'ROFI'SSHUR DE ZOOLOGIE ET d'kMBRVOLOGIE, a l'Université catholique de Louvain TOME XXIII 2<1 FASCICULE I. La structure de l'élément chromosomique au repos et en division dans les cellules végétales (racines d'Allium), par Victor GRÉGOIRE. II. Purification du bios de Wildiers, par le D' René DEVLOO. III. Note de technique. — Un nouveau médium solidifiable pour le montage des préparations microscopiques, par G. GILSON. IV. Contribution à l'étude de la spermiogénèse dans l'Ophryotrocha puerilis, par V. GRÉGOIRE & W. DETON. I=»ri3c : ± €> frEinos. LIERRE LOUVAIN Typ de JOSEPH VAN IN & (.", A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'placc, 38. rue de la Monnaie. 1906 La structure de l'élément chromosomique AU REPOS ET EN DIVISION DANS LES CELLULES VÉGÉTALES (RACINES D'ALLIUM) PAR Victor GRÉGOIRE, Professeur de Botanique et de Cytologie a l'Université de Louvain {Mémoire déposé le 2S mai igoô.) 38 La structure le riment etnisorip au repos et eu flivisioo naos les cellules végétales RACINES D'ALLIUM) Le présent mémoire, étudiant les phénomènes de la cinèse dans les racines de divers Allium, est la continuation de notre travail sur le Tril- lium. Nous prions cependant le lecteur de ne pas le considérer simplement comme une confirmation des résultats acquis pour le Trillium et comme une extension à d'autres objets de ces mêmes résultats. Nous y avons poussé plus à fond l'analyse des structures chromosomiques et nous pensons être arrivé sur ce point à des constatations nouvelles et fort importantes. Chapitre I. Quelques points de critique. Avant d'entamer la description de l'évolution chromosomique dans Y Allium, nous voudrions revenir sur quelques points de notre interprétation des phénomènes dans le Trillium. Certaines parties de notre description ont été mal comprises, d'autres ont provoqué des critiques. Nous voudrions préciser les unes, consolider les autres. § I. Les « corpuscules chromatiques ». Notre étude précédente nous a conduit à admettre que, dans l'élément chromosomique du noyau quiescent, chez le Trillium, on ne peut, micros- copiquement, distinguer deux constituants morphologiques : d'une part, des «corpuscules» chromatiques, autonomes, bien définis, bien individualises, qui seraient fixés, d'autre part, sur un substratum achromatique. De plus, 312 Victor GRÉGOIRE nous avons montré que, à aucun moment, les tronçons spirématiques ne sont constitués par un alignement de disques chromatiques sur un ruban achromatique. Nous avons, au sujet de cette interprétation, deux remar- ques à faire. A. Plusieurs auteurs [Koernicke (04), Strasburger (05), Allen (05), Miyaké (05), Olive (06)] ont compris la conclusion que nous venons de rap- peler comme si nous avions affirmé que le réseau chromosomique et les chromosomes seraient exclusivement constitués de substance chromatique. Notre pensée cependant n'est pas et n'a pas été telle. Nous avons dit, il est vrai, que, défait, chez le Trillium, dans tous les noyaux quiescents que nous avons observés dans la zone méristématique et la zone sous-méristé- matique, l'élément chromosomique se colore tout entier par les réactifs nucléaires : nous avons donné cela, entre autres, comme argument pour prouver que, dans ces noyaux, les formations que l'on pourrait prendre pour des granulations autonomes ne sont, en réalité, que les renflements nodaux d'une trame unique. Seulement, nous tenons à y insister, nous avons expressément admis que, peut-être, l'élément chromosomique est composé de deux substances (ou de deux groupes de substances), l'une, achromatique, formant la trame, l'autre, chromatique, portée par la trame. Ce que nous avons affirmé ('), c'est que, chez le Trillium, la substance chromatique ne se manifeste pas, à l'examen microscopique, sous la forme de corpuscules distincts, autonomes, nettement définis, comparables en quelque sorte à des cristallisations, portés (aussi indépendamment que des perles par un fil) sur la trame achromatique et constituant des unités mor- phologiques, des organites indépendants. Ce point va se préciser mieux encore dans un instant. Nous avons, ainsi que nous venons de le rappeler, admis la possibilité de l'existence de deux substances dans l'élément chromosomique. Nos ob- servations sur le Trillium nous obligeaient à cette attitude réservée. Main- tenant, en tenant compte des aspects que l'on observe dans les noyaux vieux, — ainsi que nous le verrons plus tard, — et surtout en tenant compte des modifications de l'élément chromosomique durant la période d'accrois- sement dans lovocyte animal, nous devons dire, à l'inverse de Van Wisse- lingh(98), Moll(04), Sypkens(o5), que nous considérons comme très vrai- semblable la constitution de l'élément chromosomique aux dépens de deux (') C'est aussi de la façon que nous allons maintenant indiquer qu'il faut comprendre les descriptions de nos élèves, Kowalski (04), Martins Mano (04), Berghs (04). l'élément chromosomique dans les cellules végétales 313 groupes de substances. Seulement, et ici va apparaître mieux encore la divergence qui nous sépare des théories corpusculaires, - - nous tenons que la substance chromatique imprègne le substratum achromatique, qu'elle se trouve sur ce dernier non pas sous la forme de corpuscules indépen- dants, mais à l'état d'imprégnation. Dans les noyaux jeunes, la trame achro matophile est entièrement imprégnée de substance chromatophile. Mais parfois il peut se faire que, en certains points du réseau, il se produise une sorte de dissociation de ces deux substances. Il pourra arriver que la substance chromatique, abandonnant certaines parties de la trame achromatophile, tende à s'accumuler en des endroits limités, de préférence aux croisements nodaux de la structure. Ce ramassement pourra même aller jusqu'à donner à la substance chromatique ramassée une forme sphé- rique et, à un premier examen, on croira se trouver en présence d'un certain nombre de corpuscules sphériques autonomes, réunis par des tractus inco- lores. Pour trancher la vraie nature de ces granulations apparentes, il faudra suivre toute leur évolution, rechercher la façon dont elles arrivent à se ma- nifester, et si on constate qu'elles sont dues à un simple ramassement, en certains points, de la substance chromatique, qui imprégnait auparavant tout le substratum, on devra dire qu'elles ne représentent pas des corpus- cules autonomes, qu'elles ne représentent pas des unités morphologiques. Or, nous verrons que c'est bien ainsi que les choses doivent s'expliquer dans ÏAllium. B. Il y a un second point sur lequel nous désirons préciser la portée que nous avons accordée à notre interprétation des structures chromosomi- ques. C'est que, dans notre précédent travail, nous avons laissé de côté la question théorique de savoir si les lois de la transmission héréditaire, après croisement, telles qu'elles ont été d'abord établies par Mendel, exigent la présence, dans la cellule, de particules représentatives des propriétés élé- mentaires : nous n'avons pas non plus touché le point de savoir si ces particules, au cas où la physiologie les démontrerait nécessaires, devraient être localisées dans le noyau et même dans l'élément chromatique de celui-ci. Nous n'avons, concernant cette double question, adopté aucune attitude et nous entendons encore n'en choisir aucune dans le présent mémoire. C'est uniquement sur le terrain de l'observation microscopique que nous nous sommes placé et que nous voulons rester. Ce que nous avons nié, c'est l'existence de granulations autonomes, apparaissant telles au microscope. Tâchons de préciser davantage l'état du problème. 314 Victor GRÉGOIRE Au sujet des données microscopiques sur le point actuel, on peut se poser deux questions : on peut se demander d'abord si on découvre au mi- croscope des formations que l'on doive prendre nécessairement pour des corpuscules autonomes, c'est-à-dire des formations telles que leur simple analyse morphologique suffise à les faire interpréter comme des corpuscules indépendants, comme des imités morphologiques; dans l'affirmative, l'ob- servation morphologique viendrait donc confirmer les conclusions de la physiologie, au cas où celle-ci exigerait la présence de particules représen- tatives. On peut se poser une seconde question : dans le cas où l'observation morphologique seule ne suffirait pas à imposer l'admission de granulations autonomes, et où cependant la physiologie l'exigerait, pourrait-on au moins dire que ce sont les particules ainsi requises qui nous apparaissent dans les apparentes granulations du réseau chromatique et des chromosomes? Telles sont les deux questions que l'on peut se poser. Que faudrait-il maintenant pour pouvoir les trancher ? En premier lieu, pour être forcé par la morphologie à considérer les granulations apparentes comme des corpuscules autonomes, il faut évidem- ment d'abord que, par la coloration ou par d'autres réactions, elles se distinguent nettement d'un substratum qui les porterait. Mais cela même ne suffit pas. Supposons en effet, ainsi que nous venons de le dire et ainsi que nous l'admettons, qu'une substance colorable imprègne un substratum incolorable et que, soit en certains moments de l'évolution du noyau, soit par suite de circonstances spéciales, cette substance colorable se ramasse en certains points, on obtiendra, tout aussi bien que dans le cas de corpus- cules autonomes, un aspect de granulations apparentes, colorées, fixées sur un substratum incolore. On voit donc que la différence de colorabilité ne suffit pas à trancher le différend. Il faudra, pour décider la question, des considérations tirées de la morphologie et de l'évolution de ces prétendues granulations, il faudra remonter à leur origine. En second lieu, pour être autorisé au moins à localiser dans les por- tions plus colorées du réseau nucléaire les particules ou les groupes de par- ticules qui seraient, d'autre part, exigées par la physiologie de l'hérédité, encore une fois, une différence de coloration ne suffira pas. Il faudra en outre que la morphologie et l'évolution de ces parties plus colorées ne soient pas telles qu'elles obligent à les regarder comme de simples ramassements de substance. Et si c'est bien de cette dernière façon qu'il faut interpréter les apparences, il faudra donc conclure que le microscope ne nous répète L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 315 rien qui puisse avoir la valeur de particules représentatives, éventuellement exigées par la physiologie. Tel étant l'état de la question, il faut remarquer que les auteurs qui admettent des corpuscules autonomes n'interprètent pas tous de la même façon les données de l'observation microscopique. La plupart d'entre eux se sont contentés de constater une différence de colorabilité entre des parties plus épaisses et des parties plus minces dans la trame du réseau nucléaire, pour admettre que les parties plus épaisses et plus colorées représentent des unités morphologiques autonomes. D'autre part, ils se sont appuyés sur la présence de tronçons spirématiques constitués par un alignement de disques chromatiques sur un ruban achromatique ('). Strasburger (05), au contraire, dans le travail récent où il discute nos observations sur le Trillium, se montre beaucoup plus réservé en ce qui concerne l'interprétation des structures quiescentes. 1. Il reconnaît qu'il est fort difficile de mettre en évidence des corpus- cules autonomes dans le réseau du repos. La coloration plus intense ou même différente de certaines parties pourrait en effet, concède l'auteur, s'interpréter comme due à un plus grand ramassement de substance. 2. De plus, Strasburger semble admettre que les corpuscules élé- mentaires ou leurs groupements, au lieu de constituer les portions plus épaisses de la trame, sont plutôt parfois incluses dans celles-ci (-). 3. Ensuite, et ceci est important, Strasburger admet que, outre le substratum achromatique et les corpuscules chromatiques, il peut exister sur les chromosomes une substance imprégnante de provenance nucléo- laire et qui voilerait la vraie structure des bâtonnets. 4. Enfin, d'après Strasburger, ce qui établit l'autonomie des granu- lations apparentes qu'on observe durant le repos, c'est qu'on les voit, au stade spirème, se rallier les unes aux autres en groupes bien définis, placés en alignement sur les rubans chromosomiques et constituant ce qu'on a appelé les chromomères (3). Seulement, et il importe de le noter, c'est uni- quement au spirème maturatif que l'auteur en appelle, et il s'en réfère (>) Nous parlerons bientôt de l'interprétation toute spéciale de Miss Mekriman. (2) C'est aussi l'interprétation de Allen (04 et o5) pour la structure quiescente du noyau sporocytaire dans le Lilium canadense. (3) Strasburger adopte, pour désigner les chromomères, la dénomination weismannienne (les ides). Ajoutons encore que pour l'auteur les vrais corpuscules élémentaires sont très petits. L'auteur les appelle les pangènes; ils sont, dans le repos, souvent groupés en pangénosomes et ce sont ceux-ci qui, à leur tour, se réunissent en ides le long du spirème. 3i6 Victor GRÉGOIRE surtout aux observations de Allen (05) sur le spirème hétérotypique dans le Lilium canadense. On comprendra mieux maintenant la portée des observations que nous avons décrites dans le Trillium et de celles que nous allons exposer dans Y Allium. 1° En ce qui concerne le réseau dans le Trillium, nous avons montré que les « granulations * qu'il porte ne sont que les renflements nodaux d'une structure uniforme. Cela résultait non seulement de la colorabilité de tout le réseau, — dans tous les noyaux, méristématiques et sous-méristématiques, que nous avons étudiés, — mais aussi de la morphologie même de ces gra- nulations apparentes. Dans Y Allium, nous montrerons en plus que, même dans les cas où une certaine différence de colorabilité existe entre différentes parties du réseau dans les noyaux vieux, néanmoins on n'est pas encore au- torisé par le seul examen morphologique à considérer ces granulations ap- parentes comme des corpuscules autonomes, comme des unités morpholo- giques (première question de plus haut) et même que tout plaide d'une façon décisive contre une semblable assimilation (seconde question de plus haut). En outre, nous constaterons que les renflements nodaux ne se mon- trent pas constitués par une agglomération de petits corpuscules. Sans nier donc la possibilité de Yexistence de particules représentatives, nous dirons qu'on ne les voit pas dans le réseau. 2° En second lieu, pour ce qui touche le spirème, nous verrons que l'étude des divers Allium confirme pleinement nos conclusions dans le Trillium, c'est à-dire que le spirème somatique ne possède certainement pas une « constitution discoïdale - et ne montre donc pas ce qu'on pourrait prendre pour des corpuscules physiologiques. Nous conclurons que l'étude du spirème maturatif (') reste la seule ressource pour la possibilité d'une constatation microscopique de corpuscules chromatiques autonomes. § II. Interprétation de Miss Merriman. Dans notre travail précédent, nous avons décrit la transformation des chromosomes télophasiques comme consistant en une alvéolisation assez irrégulière. De même, à la prophase, nous avons décrit les bandes chromo- (') Nous publierons prochainement les résultats de recherches actuellement presque achevées sur la structure du spirème hétérotypique. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 317 somiques primitives comme possédant elles aussi une structure alvéolaire irrégulière et nous avons montré que l'édification des chromosomes défini- tifs consiste en une concentration progressive de ces bandes. Ces idées, — confirmées d'abord par les recherches de nos élèves Kowalski (04), Berghs (04), Martins Mano(o4), — ont été, sauf des restrictions touchant la valeur des granulations apparentes, admises par IHLecker (04), Strasburger (05) et tout récemment par Schreiner (06). Miss Merriman (04), au contraire, ne connaissant d'ailleurs pas notre mémoire à l'époque où elle écrivait, a proposé une interprétation toute différente concernant les transformations télophasiques et prophasiques des éléments chromosomiques. D'après l'au- teur, les bandes de la prophase sont constituées par des groupes quaternes de corpuscules chromatiques, disposés les uns à la suite des autres en une série longitudinale. Des tractus achromatiques lininiens réunissent ces cor- puscules les uns aux autres, d'abord au sein d'un même groupe quaterne, ensuite d'un groupe quaterne à l'autre, fig. A, a. L'édification du chromo- n « ss © S S n trxrn nsm mm cas **+ &* ^c^ a b c d e f g Fig. A. Schéma de Merriman (04) pour les transformations prophasiques et télophasiques des chromosomes : dans la rangée supérieure, en coupe transversale, dans la rangée inférieure, en vue de face. some définitif consiste, d'après Merriman, en ceci : d'abord, les corpuscules de chaque tétrade se rapprochent les uns des autres et se soudent en un anneau, b, c, d; ensuite, les anneaux ainsi superposés se rapprochent les uns des autres à leur tour et se soudent en un cylindre creux qui est le chromosome, d. Ces cylindres creux, par division longitudinale, se scindent en deux cylindres-filles, e. Dans ceux-ci, à la fin de l'anaphase, on voit reparaître les anneaux constitutifs, f, et, plus tard, dans ces anneaux, les quatre corpuscules élémentaires, réunis comme à la prophase par des fils lininiens, g. Nous aurons bientôt l'occasion de contrôler cette interprétation de Merriman sur YAllium lui-même et nous verrons qu'elle ne repose que sur 39 3 18 Victor GRÉGOIRE une schématisation des aspects observés ('). Contentons-nous ici de montrer qu'elle ne peut en aucune façon s'appliquer au Jrillium. Voici nos raisons, d'abord en ce qui concerne la télophase : on observe souvent plusieurs alvéoles en un même niveau horizontal du chromosome- fille; en outre, les lamelles montantes sont aussi développées ou même plus développées, aussi colorables ou même plus colorables que les portions transversales; enfin, la structure demeure, au moins jusqu'à un repos très avancé, entièrement colorable et il n'y a moyen de distinguer aucune formation qu'on pourrait prendre pour des corpuscules autonomes. En un mot, c'est une structure alvéolaire très irrégulière. Qu'on veuille bien le remarquer, les dispositions que nous observons ne sont pas seulement telles qu'elles ne montrent pas les aspects qui auraient été observés par Miss Merriman; il y a plus, elles sont incompatibles avec l'application au Trillium de l'interprétation de l'auteur : c'est le cas, par exemple, pour la présence de plusieurs alvéoles contiguës en un même niveau horizontal du chromosome. Cette apparence est directement opposée à l'existence des groupes corpusculaires quaternes de Miss Merriman. Tout ce que nous venons de dire touchant la télophase s'applique aussi bien à la prophase. Il est clair que là aussi les bandes chromoso- miques ne sont que des bandes irrégulièrement alvéolisées et ne montrant en aucune façon une structure tétradique régulière. Chapitre II. Observations sur les Allium cepa, ascalonicum, porrum f). § I. Télophase. Les chromosomes-filles, arrivés à la pointe du fuseau, se ramassent en un tassement polaire assez dense, d'où émergent les extrémités chromoso- miques, fig. l. Ce tassement, toutefois, n'est pas si accentué dans la zone périblématique, où l'on remarque en même temps que les pôles des fuseaux sont plus aplatis qu'ailleurs. Les bâtonnets commencent à subir, dès avant la formation de la va- cuole nucléaire, le phénomène iïalvéolisation que nous avons décrit dans (') Disons dès maintenant que A. & K. E. Schreiner (06) ont remarqué aussi le caractère de schématisation de certaines figures de Merriman. (2) Tous nos objets ont été fixés par la liqueur de Hermann et colorés d'après la méthode de Heidenhain. L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 31Q le Trillium, fig. 2. Cette alvéolisation est très nette : on voit le corps de chaque chromosome creusé de nombreuses cavités, petites et de formes très variables, contenant évidemment un liquide non miscible à la substance chromosomique, non miscible non plus à l'enchylème protoplasmique et qui constituera plus tard l'enchylème nucléaire. Par suite de cette alvéolisa- tion, la substance chromosomique se trouve distribuée maintenant en la- melles de différentes épaisseurs et de formes diverses ; toutefois, nous ne pouvons pas dire s'il y a un moment où la constitution des chromosomes télophasiques serait uniquement alvéolaire. La substance chromosomique apparaît plutôt, dès que le phénomène d'alvéolisation s'accuse, distribuée en membramiles, en lamelles, en filaments, de sorte que la vraie structure de chaque chromosome est plutôt celle d'une bande spongieuse. Dans le Trillium, — aux chromosomes très épais, — les alvéoles ou les mailles, abondantes et souvent au nombre de plusieurs en un même niveau, donnent aux bandes spongieuses une organisation fort irrégulière. Dans les bâtonnets longs et minces de VAllium, il n'est pas rare, il est vrai, de trouver aussi plus d'une alvéole ou plus d'une maille au même niveau transversal du chromosome; néanmoins, le plus souvent, les alvéoles sont distribuées en une seule rangée le long du chromosome. C'est ce qui donne aux bandes spongieuses une certaine régularité, fig. 2. Nous n*avons pas jugé nécessaire de représenter le début des phéno- mènes d'alvéolisation. Ce début se manifeste dès le tassement polaire. On voit souvent, dans un même diaster, certains chromosomes encore homo- gènes, tandis que d'autres montrent déjà, en quelques points du moins, l'apparition de petites cavités. Les aspects que nous venons de décrire, montrant une rangée axiale de vacuoles, fig. 2, sont ceux que Hof (98) a pris pour une division longi- tudinale des chromosomes télophasiques. On voit, à la simple inspection de nos figures, que ce n'est pas là le phénomène qui se produit ici. L'in- terprétation de cet auteur a dû résulter d'une certaine schématisation des aspects observés. On voit aussi que notre description, pour VAllium comme pour le Trillium, s'écarte de celle de Merriman dessinant des arrangements ré- guliers de granules chromatiques en étages quaternes. Les raisons que nous avons fait valoir à propos du Trillium contre l'interprétation de l'auteur s'appliquent aussi bien au cas des divers Alliitm. Voici ces rai- sons : d'abord, quoi qu'il en soit plus tard, il est certain qu'au stade de 320 Victor GRÉGOIRE bandes chromosomiques, fig. 2 et 3, la substance chromatique n'est pas distribuée en forme de granulations, — nous allons revenir sur ce point, — mais en forme de membranules, de lamelles, de filaments. En outre, toutes ces parties présentent les dispositions, les aspects les plus varia- bles et elles sont d'épaisseur très diverse. Il se trouve assez fréquemment plusieurs alvéoles ou plusieurs mailles en un même niveau transversal du chromosome. Enfin, les portions marginales qui, d'après Miss Merri- man, devraient représenter des filaments achromatiques, réunissant des groupes quaternes de granules, sont elles-mêmes très nettement chroma- tiques. Tout cela ressort de nos fig. 2 et 3, et il est à peine besoin d'in- sister. On se rend compte, à la simple inspection des figures, que la sub- stance chromatique n'affecte pas la disposition décrite par Miss Merriman, mais qu'elle se trouve distribuée dans les bandes chromosomiques au hasard d'une alvéolisation assez capricieuse, en formant au total une struc- ture spongieuse. Notre description de l' alvéolisation télophasique des bâtonnets a été confirmée, ainsi que nous l'avons rappelé plus haut, par H/Ecker (04), Ko- walski (04), Berghs (04), Strasburger (05), A. et K. E. Schreiner (06) ('). — Sijpkens (04), dans les cinèses endospermiques de Fritillaria, observerait simplement que les chromosomes tombent pour ainsi dire en morceaux anastomosés. Dans toutes les cinèses à longs chromosomes — semblables à ceux de la Fritillaria, — nous avons toujours observé une alvéolisation des bâtonnets. C'est ce qui nous fait penser que peut-être Sijpkens n'a pas analysé tous les stades. Mais peut-être aussi les divisions se suivent- elles, dans l'endosperme de Fritillaria, avec une grande rapidité, en sorte que les transformations chromosomiques de la télophase ne se produi- raient que dans une mesure très restreinte. Ajoutons cependant que Strasburger en i8«4 notait, dans les chromosomes télophasiques de l'en- dosperme de Fritillaria, un aspect spirale, correspondant certainement à une alvéolisation. Il importe de faire remarquer, pour la comparaison de nos observa- tions avec celles de Miss Merriman, que les aspects montrés par les fig. 2 (') On peut ajouter aussi que Nemec (04) dessine, dans les télophases de YAllium cepa, des chromosomes alvéolisés. Karpoff (04) décrit la transformation des chromosomes en bandes s tell aires, elles-mêmes formées de plaques chromatiques. Nous reviendrons sur cette description de l'auteur à propos de la prophase, et nous verrons que les bandes stellaires correspondent certainement à nos bandes spongieuses et les plaques chromatiques à des alvéoles superposées. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 321 et 3 représentent les dispositions qui précèdent immédiatement le repos, fig. 4 et 5. On ne pourrait donc pas nous objecter que, peut-être, entre le stade des fig. 2 et 3 et le stade de repos, il se trouve des étapes intercalées où les chromosomes prendraient la disposition régulière dessinée par Miss Merriman. De l'examen des fig. 1, 2 et 3, une autre conclusion importante se dé- gage : dans YAllium ccpa, — et il en est de même dans tous les Allium que nous avons étudiés, ainsi que dans VOrnithogalum et le Vicia faba, — il ne se forme pas de peloton-fille continu ('), c'est-à-dire que les chromosomes -filles ne se soudent pas par leurs extrémités l'un à l'autre en un filament continu; cela est tout à fait certain ("'). La fig. 2 montre les chromosomes-filles déjà spongieux et conservant encore cependant leurs extrémités fort éloi- gnées les unes des autres dans la position qu'elles affectent au tassement polaire. La formation d'un spirème continu est donc ici impossible. Il est évident que le noyau va achever de se reconstituer, simplement par le dépôt de liquide nucléaire autour de cet amas chromosomique réticulisé. Dans la fig. 3, la membrane nucléaire est déjà formée, l'alvéolisation des chromosomes a atteint un état voisin de celui du repos. Néanmoins, les extrémités chromosomiques font encore saillie sur le pourtour du noyau et ici encore la formation d'un peloton continu est impossible : il est trop tard. Touchant ce point : la non-formation d'un peloton continu à la télo- phase, il n'y a pas moyen de conserver le moindre doute et nous considérons ce point comme définitivement acquis. Nous ne nous arrêtons plus à décrire dans Y Allium la formation de la membrane nucléaire (Hautschicht cytoplasmique) et la production des anas- tomoses (portions marginales des chromosomes étirées après le tassement polaire). Ces phénomènes sont ici identiques à ceux que nous avons décrits dans notre mémoire sur le Trillium, auquel nous renvoyons le lecteur. § II. Repos. Granulations chromatiques. Du stade des fig. 2 et 3 au stade du noyau quiescent, fig. 4 et 5, la transition est facile. La transformation des chromosomes en bandes (') Merriman décrit encore ce peloton. Depuis notre travail sur le Trillium, Strasburger, au contraire, a abandonné à ce sujet son ancienne façon de voir. Sijpkens considère aussi comme peu vraisemblable la formation d'un spirème continu. (~) Nous avons vu (o3) la même conclusion se dégager avec certitude de l'étude du Trillium. 322 Victor GRÉGOIRE spongieuses s'accentue, la vacuole nucléaire s'agrandit et s*arrondit, les es- paces laissés auparavant libres entre les bandes chromosomiques voisines s'effacent, et le réseau nucléaire est achevé. Il y a plusieurs choses à noter touchant ce réseau. D'abord, de ce qui précède il résulte qu'il est constitué, dans toute la force du terme, par la juxtaposition de réseaux élémentaires, constitués chacun par un chromosome alvéolisé et rattachés les uns aux autres par des anastomoses chromatiques. La fig. 2 est on ne peut plus claire à cet égard. Le réseau nucléaire est ici encore un réseau de réseaux. Ensuite la structure de ce réseau n'est ni purement alvéolaire ni pure- ment filamenteuse ou réticulaire. Nous avons vu que chaque -réseau chro- mosomique « montre des membranules, des lamelles, des filaments, et affecte une structure spongieuse. Il en est de même du réseau nucléaire total. Alvéolaire, réticulaire ou alvéolo-réticulaire, la structure du noyau quiescent, et c'est là le point essentiel, — est formée par la juxtaposition de chromosomes vacuolisés Enfin, il faut noter un point plus important, et nous voulons parler de l'existence et de la valeur des granulations chromatiques. Nous trouvons ici une confirmation des idées que nous avons émises à propos du Trillium touchant la valeur de ces prétendues granulations autonomes, idées que nous avons précisées plus haut. Rappelons d'abord qu'il y a deux modalités dans l'hypothèse de l'existence de corpuscules chromatiques autonomes. La plupart des auteurs tiennent pour des corpuscules autonomes les por- tions plus épaisses et plus colorées qu'on observe dans le réseau. Pour Allen et Strasburger, au contraire, ces portions plus épaisses et plus colorées en général seraient de nature lininienne, mais elles incluraient des corpuscules chromatiques. Nous distinguerons deux cas extrêmes de réseau nucléaire, l'un consti- tué par les noyaux qu'on observe dans la zone de division, l'autre, au con- traire, représenté par les noyaux qu'on observe dans les zones où toute division a cessé depuis longtemps. (') Sijpkens (04) pense que les noyaux endospermiques de Frititlaria sont uniquement réticu- laires et non pas en parties alvéolaires. Il en est peut-être de même dans les noyaux A'AUium. C'est pourquoi nous choisissons l'expression de structure spongieuse. Nous disons peut-être ; il est souvent, en effet, très difficile, même dans les coupes fort minces, de décider si une maille donnée correspond à une vraie maille de réseau ou bien à une alvéole. L'essentiel pour nous et ce que nous voulons surtout mettre en relief, c'est que la structure de chaque réseau chromosomique est le résultat d'une alvéolisation progressive. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 323 Un mot d'abord concernant l'expression : noyau quiescent. Ce qui caractérise la cinèse, ce sont les chromosomes, c'est-à-dire la forme chro- mosomique prise par le réseau chromatique. Un noyau est donc quiescent lorsqu'on n'y reconnaît plus, - - et qu'on n'y discerne pas encore, — les aspects chromosomiques, c'est-à dire lorsqu'on n'y suit plus la trace des bandes chromosomiques. Cela ne veut donc pas signifier que dès ce mo- ment les chromosomes ont achevé de se transformer, qu'ils entrent dès lors, jusqu'à la cinèse suivante, dans un état d'immobilité morphologique. Non; ils continuent à se modifier et c'est pourquoi on peut distinguer plusieurs degrés de repos nucléaire. Dans l'usage courant, il semble que l'expression de » noyau au repos- correspondrait à une manière d'être bien définie du noyau, vers laquelle tendraient les modifications télophasiques et qui, une fois atteinte, persisterait au moins quelque temps dans une certaine stabi- lité. Nous pensons au contraire que, entre deux cinèses, la modification des chromosomes est constante et continue, et qu'on peut seulement y distinguer deux étapes : extension par alvéolisation, après une cinèse; re- concentration, en vue de la cinèse suivante. Revenons à la question des granules. Dans tous les noyaux quiescents de la ione de division active, fig. 4 et 5, l'élément chromosomique se colore dans toute son étendue et aussi intensément en un endroit qu'en un autre, même dans les parties les plus minces Trois choses peuvent donner l'illusion de granulations indépendantes : d'abord des portions assez lon- gues, plus renflées, demeurées plus épaisses lors de l'alvéolisation ; ensuite des renflements nodaux véritables, c'est-à-dire des portions polyédriques, affectant la forme des renflements angulaires qui sont situés aux points de rencontre des cellules du collenchyme; enfin, des coupes optiques de parties qui s'enfoncent dans la préparation et qui, par conséquent, paraissent plus épaisses et plus noires que les autres ('). Il importe de noter que cette dispo- sition est commune à toute la zone de division. Les apparentes granulations de ce stade ne peuvent donc certainement pas, telles qu'elles sont, corres- pondre à des unités morphologiques. Seulement, on pourrait, en admettant l'hypothèse de Strasburger dont nous avons parlé plus haut, penser que, à ce stade, les granulations véritables ne sont pas encore dégagées de la gangue non chromosomique, mais chromatophile, qui les enrobe, mais que plus tard elles apparaîtront à découvert; il nous faut donc étudier des noyaux plus âgés, loin de la zone de division. (') Chamberlain (o3) a déjà fait remarquer, à propos d'un autre sujet, les aspects de gra- nulations vivement colorées présentés par les filaments vus en coupe optique. 324 Victor GRÉGOIRE Dans les noyaux plus vieux, l'aspect est un peu différent de ce que nous venons de voir. En effet, il est vrai que beaucoup des granulations apparentes qu'on y aperçoit ne sont que des sections optiques de filaments s'enfonçant dans la coupe, ou bien des travées plus épaisses de la trame générale. Mais on y distingue aussi parfois assez nettement des parties vivement colorées et de forme plus ou moins sphérique d'avec des parties filamenteuses et non colorées, fig. 6, 7 et 8 ('). Faut-il d'abord considérer les portions colorées comme renfermant une substance chimique qui n'existe pas dans les portions incolores? Nous le pensons et nous trouvons ici un motif - - entre autres — d'admettre dans le réseau chromosomique deux groupes de substances, les unes, achroma- tiques, formant un substratum, d'autres, chromatiques, portées par ce sub- stratum. Ce qui nous porte à admettre cela, c est la forme sphérique que prennent beaucoup des portions plus colorées, fig. 6, 7, 8, forme qui ne s'expliquerait pas si elles étaient simplement les renflements nodaux, plus vivement colorés, — d'une structure homogène, alvéolaire ou réticulaire, et qui ne se comprend bien qu'en les considérant comme formées d'une substance différente de celle qui constitue la trame et accumulée en certains points de celle-ci. Ajoutons que certaines des parties minces sont encore vivement colorées et que par conséquent l'achromatophilie de la plupart des tractus minces ne peut pas avoir pour seule cause leur minceur elle- même, mais doit tenir à leur constitution chimique. Cependant, malgré cette différence de substance, il ne peut certaine- ment être question de considérer ces portions plus épaisses et plus colorées comme de vrais corpuscules autonomes. Au contraire, la genèse de ces apparentes granulations, rapprochée des caractères morphologiques qu'elles présentent, montre qu'elles résultent simplement d'un ramassement de plus en plus considérable de la substance chromatique imprégnant primitive- ment tout le réseau, mais abandonnant ensuite certaines portions de la trame achromatique et s'accumulant en d'autres, de préférence aux points nodaux. En effet, si on suit les transformations des noyaux quiescents depuis le moment où ils viennent de cesser leurs divisions, à la base du méristème, jusqu'à la zone où les divisions ont depuis longtemps cessé et qui ne contient donc que des noyaux vieux, on ne voit en aucune façon (') Nous avons observé cela dans les noyaux vieux de la zone de grand allongement, fig. 6. Mais nous avons dessiné aussi, fig. 7 et 8, des noyaux vieux du connectif dans les anthères de Lilium speciosum. On y observe mieux encore la structure dont nous voulons parler. L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 3 '-! 5 des corpuscules se dégager, se libérer, pour ainsi parler, d'une structure où ils se seraient trouvés précédemment enfermés. On constate plutôt que les portions reliant les points nodaux deviennent, tout en s'effilant graduel- lement, de moins en moins colorables, tandis que, en même temps, les portions nodales, d'abord polygonales, prennent peu à peu un contour sphérique et restent seules colorables, fig. 6, 7 et 8. On voit clairement que la matière chromatique coule pour ainsi dire graduellement vers les points nodaux. Cette interprétation qui se dégage de l'examen des formes de transition est, d'autre part, la seule qui s'accorde avec la morphologie de ces granula- tions. 11 faut remarquer en effet qu'elles présentent les formes et les dimen- sions les plus diverses, ainsi que le fera saisir un simple coup d'œil sur les figures. Bon nombre sont, il est vrai, sphériques, ainsi que nous venons de le dire, mais la plupart sont encore fort irrégulières et très variables et cela suffirait déjà à les faire regarder comme des ramassements de substance. Il y a plus, on peut, dans un même noyau, observer les transitions dont nous venons de parler, fig. 7 et 8. Certaines parties chromatiques sont encore polygonales, tandis que d'autres sont déjà bien sphériques et, d'autre part, on trouve, à côté de filaments minces incolores, d'autres filaments minces encore colorés, que la substance chromatique n'a pas encore abandonnés. En résumé, les plus parfaites de toutes les «granulations», c'est-à-dire les formations que l'on pourrait, à première vue, prendre le plus aisément pour des granulations autonomes, ne sont que des sortes de gouttelettes de substance chromatique, celle-ci ayant coulé sur le substratum de manière à se rassembler, fort irrégulièrement d'ailleurs, en certains endroits quelconques. Elles ne peuvent donc pas correspondre à des particules idioplasmiques, au cas où de telles particules seraient requises par la physiologie de l'hérédité. Les parties plus épaisses et plus colorées de la trame nucléaire, dans les noyaux vieux aussi bien que dans les noyaux méristématiques, ne sont donc ni ne peuvent être des corpuscules autonomes. Mais ne peut-on pas dire, avec Strasburger et Allen, que ces portions incluent, enrobés, pour ainsi parler, dans leur masse, les véritables petits corpuscules élémentaires? Nous sommes convaincu que non ('). D'abord, quel que soit l'état de la décoloration, nous ne voyons aucun indice de cette structure granuleuse dans les renflements nodaux. De plus, et ceci est plus grave, Allen conçoit les renflements nodaux comme formés par la linine, dilatée et épaissie en (') Nous continuons à ne parler que de corpuscules qui pourraient être visibles au microscope. 40 326 Victor GRÉGOIRE ces endroits, et portant dans sa masse les vraies granulations chromatiques. Or, ici, nous voyons, dans les noyaux vieux, des » granulations « nodales entièrement chromatiques et, ainsi que nous venons de le dire, leur genèse et leur morphologie indiquent qu'elles sont formées par le ramassement de la substance chromatique qui a quitté en partie le substratum qu'elle im- prégnait d'abord tout entier. Ajoutons d'ailleurs que c'est dans les noyaux sporocytaires que l'auteur américain a décrit cette structure. Lorsque nous étudierons, dans notre prochain mémoire, la question de la structure de l'élément chromosomique dans les noyaux maturatifs, nous aurons l'occa- sion d'examiner de plus près les fondements de l'interprétation de Allen. Disons seulement dès maintenant que les formations décrites par l'auteur correspondent à des tronçons de chromosomes qui n'ont subi qu'imparfai- tement l'alvéolisation et que les granules apparents sont les renflements nodaux de ces structures alvéolaires. On le voit donc : il ne reste plus qu'un moyen d'admettre, dans le ré- seau nucléaire, la présence de corpuscules chromatiques microscopiquement constatables. C'est de recourir a l'hypothèse de Strasburger et de dire que ces corpuscules demeureraient tout le temps voilés par une substance nucléo- laire imprégnante. Seulement, cette hypothèse nous paraît dépourvue de fon- dement. Nous ne nions pas que le nucléole ne fournisse ou ne puisse fournir de la substance aux chromosomes ou au réseau chromosomique, mais ce qui nous semble dépourvu de fondement, c'est d'admettre que cette sub- stance d'origine nucléolaire venant imprégner le substratum chromoso- mique serait la cause que les corpuscules constitutifs n'y apparaîtraient pas. Voici pourquoi. Si on constatait nettement et sans hésitation, dans cer- tains cas, l'existence de corpuscules indépendants, et cela de telle sorte qu'on devrait leur reconnaître une importance notable, il faudrait nécessai- rement expliquer les cas où ces corpuscules ne s'observent pas, en admettant qu'ils sont voilés par une substance étrangère. Or, il n'y a pas, à notre con- naissance, un seul cas où, dans la cinèse somatique — nous allons revenir sur ce point, - on observe nettement et sans hésitation de semblables cor- puscules. Il n'y a donc pas de raison, nous semble-t-il, de recourir à l'hypo- thèse du savant professeur de Bonn. On pourrait encore dire : soit, on ne voit pas ces corpuscules; mais néanmoins la théorie les exige sans aucun doute. Je répondrai : admettons même que la théorie les exige, il resterait encore à démontrer que les cor- puscules requis doivent être tels qu'ils seraient visibles au microscope, ainsi que cela est impliqué dans l'hypothèse que nous discutons. L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 327 Les conclusions que nous venons de formuler se dégagent de nos obser- vations sur les noyaux de YAllium et de VOrnithogalum, ainsi que sur les noyaux de Lilium et de Trillium. Elles s'appuient, d'autre part, sur des recherches faites par nos élèves et contrôlées par nous-mème dans le Sola- num, le Phaseolus, la Salamandra, YAllium fistulosum. Peut-on, d'autre part, opposer à notre description des observations concluantes faites sur d'autres objets? Il n'en est aucune, à notre connaissance. Rappelons que Sijpkens nous a confirmé pleinement en ce qui concerne les noyaux encore sujets à se diviser. L'auteur n'a pas étudié les noyaux vieux. Parmi les au- teurs qui ont admis l'existence de granulations autonomes, si on ne s'arrête pas à ceux qui ne font que mentionner cette opinion sans la démontrer ni à ceux qui prennent, sans plus, des portions plus colorées pour des corpus- cules autonomes, il n'y a à tenir compte que de Allen, de Strasburger, de Merriman, de Karpoff. D'abord, quant aux deux derniers, leurs obser- vations se rapportent aux noyaux de la zone de division et il est clair qu'ils ont pris pour des granulations autonomes simplement des renflements de la structure unique générale. Strasburger se base principalement sur la considération du spirème, ainsi que nous l'avons rappelé. Enfin, Allen ne touche ce point qu'au sujet des sporocytes et nous attendrons de discuter cet objet pour comparer nos observations avec celles de l'auteur. Nous verrons, comme nous l'avons dit, que les prétendus granules inclus dans la trame du réseau sont des traces d'alvéolisation. En résumé, aucun cas n'existe de constatation bien authentique de corpuscules autonomes dans le résea'u quiescent. (f) Nous pouvons donc conclure toute cette partie en disant que, seule, l'étude de la constitution du spirème chromosomique pourrait encore ap- porter des éléments favorables à l'hypothèse des corpuscules élémentaires. C'est d'ailleurs à cette étude que Strasburger fait surtout appel. Nous allons traiter ce point dans le paragraphe suivant. § III. Prophase. 1 . Les bandes chromosomiques. La prophase comporte une série de processus absolument identiques à ceux qui se passent dans le Trillium. (') Dans son récent mémoire, Olive (06) décrit, chez YËmpusa, des réseaux nucléaires homo- gènes et entièrement colorables, bien que paraissant, à première observation, constitués de corpus- cules chromatiques et de tractus achromatiques. C'est une confirmation de notre façon de voir. 328 Victor GRÉGOIRE Le début est représenté dans les fig. 9, 10 et il (la fig. 9 ne représente qu'un fond de noyau). Le réseau chromatique est maintenant transformé en une série de bandes alvéolo-réticulées ou spongieuses, réunies par quel- ques anastomoses latérales. On voit clairement que ces bandes se sont formées simplement par un ramassement du réseau chromosomique suivant certaines directions. Le réseau s'est, pour ainsi dire, découpé en une série de tranches plus ou moins parallèles et dont chacune possède la même structure que le réseau total lui-même. C'est comme si, dans ce réseau, on avait fait passer un râteau. Image seulement, car ce qui s'est réellement produit, c'est une concentration. Quelle est la structure réelle de ces bandes? Elle est naturellement identique à celle du réseau dont elles ne sont que des portions, identique aussi à celle des bandes télophasiques dont la juxtaposition et l'anastomisa- tion ont donné naissance au réseau (M. Elles sont donc alvéolo-réticulaires, spongieuses, présentant la substance chromosomique, — chromatophile dans toute son étendue, - distribuée d'une façon assez irrégulière en membra- nules, en lamelles, en filaments. On n'y distingue pas de vraies granulations autonomes. Miss Merriman décrit, au contraire, dans de semblables bandes une structure bien régulière, consistant, ainsi qu'à la télophase, en une superposition de groupes quaternes de granules rattachés les uns aux autres, en un même niveau et d'un niveau à l'autre, par des tractus lininiens. Dans la suite, les granules de chaque quaterne se rapprocheraient les uns des autres de façon à former un anneau; ensuite les anneaux superposés se rapprocheraient eux-mêmes et ainsi se constitueraient les chromosomes homogènes de la prophase (v. fig. A, p. 31 7). Nous avons déjà montré plus haut que cette conception ne s'applique certainement pas au Trillium. Les fig. 9, 10 et il montrent qu'elle ne s'applique pas non plus à ÏAllium. On voit d'abord qu'il n'y a pas de vraies granulations chromatiques distinctes d'un substratum achromatique; que, au contraire, les bandes sont formées d'un ensemble de lamelles toutes colorées, mais présentant en certains points des parties plus épaisses ou plus saillantes et qui prennent l'aspect de corpuscules. On remarque ensuite, ce qui est directement contre l'interprétation de Miss Merriman, que les lamelles verticales ou montantes sont aussi fortement chromatiques que les (') Dans la comparaison des bandes prophasiques avec le réseau quiescent, il ne faut pas perdre de vue que ces deux stades présentent de grandes variétés, au point de vue du nombre et de la dimension moyenne des mailles ou alvéoles, ainsi que sous le rapport de leur distribution. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 329 lamelles horizontales ou transversales. Enfin, on observe que, dans tout cet ensemble,, les lamelles chromatiques sont distribuées sans aucun ordre; elles sont des épaisseurs les plus diverses; elles délimitent des cavités ou des mailles aux dimensions les plus variables ; il s'en trouve assez souvent plusieurs au même niveau. En un mot, ainsi que nous le disions à propos de l'aspect pris par les chromosomes à la télophase, les chromosomes présentent manifestement une structure alvéolaire dans laquelle les lamelles limitantes sont toutes chromatophiles et les bandes chromosomiques mon- trent l'irrégularité que manifestent les structures alvéolaires en général ('). C'est surtout dans les aspects de coupe transversale que Miss Mer- riman a cru constater la présence de groupes quaternes de granules. Nous avons représenté une semblable coupe dans la fig. 12 (correspondant à la fig. 8 de Merriman). On y distingue parfois, il est vrai, des aspects de groupes quaternes. Mais il est clair cependant que la substance colorable se trouve encore ici en forme de lamelles. Seulement, les bandes chromoso- miques sont rattachées les unes aux autres par des anastomoses en nombre variable ; il en résulte, en certains points de la surface de ces bandes chro- mosomiques, une sorte d'étirement qui leur donne en coupe transversale des contours polyédriques, et il peut arriver que, par suite de la présence de quatre anastomoses, la section transversale de la bande chromosomique prenne la forme d'un groupe quaterne. Cette forme n'est d'ailleurs pas plus fréquente que d'autres : on trouve en effet beaucoup de sections transver- sales de contour trigonal ou montrant seulement deux protubérances; on en trouve aussi qui présentent plus de quatre protubérances. En un mot, la section transversale de la bande chromosomique montre simplement la coupe d'une membrane alvéolaire plus ou moins épaisse, mais ayant pris, par suite d'étirement, un contour polyédrique. Nous croyons pouvoir dire ici encore que Miss Merriman a schématisé les aspects observés. La transformation de ces bandes en chromosomes homogènes, tels qu'on les voit dans la fig. 19, se produit simplement, ainsi que dans le Trillium, par une concentration progressive de la substance chromoso- mique. Seulement, cette concentration peut présenter deux variétés et ceci est fort important. (') Nous nous arrêtons longuement à la description de Miss Merriman. C'est qu'elle repré- sente l'essai le plus complet qui ait été fait d'analyser les phénpmènes de la figure chromatique dans VAllium cepa. Il importe donc de faire ressortir nettement les divergences de vue qui nous séparent et de discuter nos observations en regard de celles de l'auteur. 330 Victor GRÉGOIRE Dans certains cas, la bande chromosomique conserve, jusqu'au mo- ment où elle devient ruban chromosomique définitif, une structure alvéo- laire. Par suite de la confluence des membranules les unes dans les autres, les cavités alvéolaires se restreignent de plus en plus et finissent par s'obli- térer. Durant tout le temps de la concentration, le tronçon chromosomique garde donc toujours une certaine épaisseur et demeure presque de la même longueur. Il ne donne naissance en aucun moment à un filament mince et allongé. C'est ce qu'on observe dans la série des fig. 11, 13, 19. Dans d'autres cas, la bande chromosomique semble se dérouler en un filament mince, fort allongé et présentant un contour en zigzags, comme s'il était constitué d'une série de petits arcs de cercle placés bout à bout, fig. 14 et 15. En réalité, voici ce qui s'est passé. La bande primitive, nous l'avons vu, est formée par une rangée d'alvéoles. Les lamelles, soit longi- tudinales, soit transversales, qui limitent ces alvéoles, sont de diverses épaisseurs. Si la concentration, au lieu de se faire également dans toutes les parties de la bande chromosomique, se fait en sorte que la substance coule, pour ainsi parler, vers les portions plus épaisses de la structure, vers certaines lamelles, tantôt horizontales, tantôt verticales, en sorte, par con- séquent, que ces lamelles s'épaississent aux dépens des autres, il en résul- tera un filament, constitué par la réunion, bout à bout, de toutes ces parties épaissies. Et comme ces parties peuvent être soit horizontales, soit vertica- les, le filament total aura nécessairement une forme en zigzags. Cette con- stitution disparaîtra évidemment au cours de la concentration ultérieure. Ce second type de concentration est représenté par les fig. 10, 14, 15, 16. Que telle soit bien l'interprétation des apparences, cela nous semble évident. La comparaison des figures de bandes primitives avec celles de filaments en zigzags est décisive. De plus, et ceci est absolument convain- cant, on trouve toujours sur les filaments en zigzags des tractus encore alvéolaires, fig. 14. Ce sont des portions dans lesquelles la concentration se fait, ainsi que dans le premier type, à la fois pour toute l'épaisseur de la bande chromosomique. Il est d'ailleurs évident qu'il ne peut pas y avoir de différence essentielle entre les deux modes de formation des chromo- somes. L'existence de ces deux modalités de concentration chromosomique est fort importante à un point de vue théorique. On voit d'abord que c'est le second type qui a donné naissance à l'ancienne opinion, -- qu'on trouve dans beaucoup ou même dans tous les traités, — d'après laquelle il se L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 331 dégagerait du réseau chromatique un filament mince, comme si une ligne maîtresse du réseau accaparait toute la substance chromatique au détriment des autres parties. Ensuite, et ceci est plus important, ce second type nous semble abso- lument décisif contre l'interprétation de Miss Merriman, ainsi que nous le verrons dans un instant. Sijpkens (05) n'a pas observé dans les noyaux de Fritillaria et de Tulipa la formation de bandes spongieuses. D'après lui, les chromosomes prennent naissance simplement par la disparition des anastomoses laté- rales et par l'égalisation des parties précédemment plus épaisses. Cette façon de prophase rentre, on le voit, dans le type décrit par Martins' Mano(o4). Une chose qui nous étonne cependant, c'est que ce type semble correspondre au cas de noyaux à petits chromosomes et que cependant le Fritillaria et le Tulipa ont de longs bâtonnets. Si réellement Sijpkens n'a pas observé de bandes spongieuses comme premier début de la formation des chromosomes, nous pensons devoir attribuer ce fait à ce que, dans ses objets, les transformations télophasiques des chromosomes sont, par suite de la succession rapide des cinèses, peu accentuées. Nous avons touché ce point plus haut. Karpoff (04), au contraire, a observé les bandes spongieuses dans le Vicia Faba. Seulement, l'auteur en donne une description assez différente de la nôtre. Le réseau nucléaire donnerait d'abord des plaques chroma- tiques, sortes de rondelles formées d'une partie centrale claire et d'une por- tion périphérique portant des corpuscules chromatiques. Ces plaques, en s'enchaînant en une file régulière, constitueraient des » bandes stellaires « et celles-ci se transformeraient en chromosomes. La fig. 2 de l'auteur, qui représente d'après lui les plaques chromatiques, correspond tout à fait à notre fig. 12; il est clair que celle-ci représente la coupe transversale des bandes alvéolaires ou bandes stellaires de l'auteur. Les » plaques chromatiques « n'ont donc pas la valeur, -- que leur attribue Karpoff, — d'» organisations transitoires « formées pendant la caryocinèse. Elles cor- respondent simplement à des alvéoles du ruban spongieux. Ajoutons que les membranules de ces alvéoles (les portions périphériques des plaques chromatiques d'après Karpoff) ne portent pas, — cela ressort des dessins mêmes de l'auteur, — des corpuscules chromatiques autonomes. 332 Victor GREGOIRE 2. Structure des chromosomes. Les « disques chromatiques -. Nous avons vu plus haut que c'est à l'étude de la constitution du spirème qu'il revient de trancher la question des corpuscules représentatifs microscopiques. Aussi avons-nous donné toute notre attention à élucider le point de savoir si, à un moment donné de l'évolution prophasique des chromosomes, la substance chromatique se révèle au microscope sous la forme de disques alignés sur un ruban achromatique. En ce qui concerne le Trillium, nous avons dû donner à cette question une réponse tout à fait négative. Il en va de même en ce qui touche nos divers Allium et XOrni- thogalum. A aucun moment de la prophase, nous ne voyons les chromo- somes constitués d'une semblable façon. Même, à aucun moment, nous ne voyons les chromosomes montrer une disposition régulière quelconque de parties chromatiques sur un support achromatique. Toutes les formes et constitutions diverses par lesquelles passent les chromosomes au cours de la prophase peuvent se synthétiser dans les trois aspects que nous avons représentés dans les fig. 9, il, 13, 19 ou 10, 14, 15, 16. a) D'abord, l'aspect d'une bande alvéolaire dans laquelle la substance chromatique est distribuée en lamelles et en filaments irréguliers, fig. 9, 10 et 11. Nous avons, plus haut, analysé cette structure; on ne peut en aucune façon y voir une disposition régulière de granulations autonomes. b) Le second stade présente, ainsi que nous l'avons vu, deux varié- tés, fig. 13 et fig. 14 (v. page 325). Or, clans aucun des deux types, rien ne ressemble à des disques. Le seul examen des figures suffit à en convaincre sans plus ('). Dans le premier type, la structure est assez irrégulière, fig. 13, et il est impossible de la décrire en détail; on ne peut dire qu'une seule chose, c'est que l'on se trouve en présence d'un ruban alvéolisé en train de se concentrer et de s'homogénéiser. Dans le second type, fig. 14, la structure alvéolaire disparaît assez rapidement pour faire place à un filament ondulé, mais, dans celui ci, tout est coloré et rien n'offre l'aspect de granu- lations indépendantes. c) Enfin, au troisième stade, on se trouve en présence d'un ruban presque homogèneetencore une fois entièrement chromatophile, fig. 16et 19. Nous devons ajouter, pour faire ressortir la valeur de nos observations, (1) Ce n'est d'ailleurs pas encore à ce moment que les auteurs ont décrit des disques. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 333 que nos préparations sont parfaitement colorées et nettement différenciées. Nous avons observé des coupes très décolorées, dans le but de constater si une différenciation de plus en plus considérable par l'alun ne ferait pas ap- paraître des disques. Nous n'en avons jamais observé. Les rubans chromo- somiques se décolorent et pâlissent dans toute leur étendue d'une manière uniforme et conservent une même teinte sur toute leur longueur. Par conséquent, dans les divers Allium étudiés et dans l'Omit hogalum pas plus que dans le Jrillium, les chromosomes prophasiques ne présentent une structure discoïdale. Peut-on attribuer à cette conclusion une valeur plus large et l'étendre à la cinèse somatique en général? Nous le pensons. Rappelons d'abord qu'une semblable interprétation s'est dégagée de l'étude, qui a été faite par nos élèves, de la cinèse somatique dans le Solanum, dans le Phaseolus, dans la Salamandra. Dans le Solanum et le Phaseolus, la conclusion était on ne peut plus claire. Nous-mème avons encore observé une disposition identique dans les racines de Vicia, dans les cellules somatiques du nucelle et de l'anthère dans le Funkia et le Galtonia. D'autre part, nous ne connaissons aucun cas bien démontré de structure discoïdale dans les cinèses somatiques. Nous avons déjà touché ce point dans notre travail sur le Trillium. Ajoutons ici quelques notes. D'abord, plusieurs auteurs ont mentionné, en faveur de la structure discoïdale, une disposition » perlschnurartig « du spirème [Hof, Rosen, Zimmermann (')]. 11 est clair, d'après nos observations, que cette structure correspond simplement aux bandes alvéolisées qui précèdent les chromosomes lisses et homogènes. Le seul cas bien clair d'une représentation de disques chromatiques distincts se trouve dans les observations déjà anciennes de Strasburger (84) sur le Fri- tillaria. Or, Sijpkens, dans ce même objet, n'a pas retrouvé cette constitu- tion et, de plus, Strasburger lui-même ne mentionne plus actuellement ce cas et c'est surtout à l'étude du spirème maturatif qu'il en appelle. Mottier (97) et surtout Allen (05 et or>) ont dessiné aussi des disques chromatiques, mais seulement dans le spirème hétérotypique. Karpoff (04) homologue ses » plaques chromatiques « avec les Chromatinkiigeln de Pfitzner. Nous avons déjà vu que ces plaques chromatiques correspondent simplement aux alvéoles des bandes chromosomiques. Le dessin de l'auteur, fig. 3, n'a (') Zimmermann note expressément qu'il n'a pas observé de disques, mais seulement une dis- position « perlschnurartig ». 41 334 Victor GREGOIRE d'ailleurs rien de commun avec les disques chromatiques classiques. Enfin, nous devons mentionner ici une conception de Allen (05) que l'auteur n'ap- plique qu'au spirème maturatif, mais qu'on voudra peut-être étendre au spirème somatique. D'après cet auteur, lorsque les chromomères ne sont pas nettement visibles ou même ne sont en aucune façon visibles sur le spirème maturatif, ils trahissent néanmoins leur présence par certaines petites protubérances qui font saillie sur les bords du chromosome, fig. B Fig. B. (empruntée à Allen). Or, nous aussi, nous voyons souvent, même sur le spirème somatique, de semblables protubérances, fig. C empruntée au Tril- lium. Seulement, il est tout-à-fait clair qu'elles n'ont pas le sens que leur attribue Allen. Ce ne sont que des vestiges d anastomoses latérales entre les chromosomes voisins. Là où les anastomoses s'attachent au corps du chromosome, elles présen- tent toujours une sorte de renflement conique. Il est assez naturel que ce cône, même lorsqu'il est vu de profil, apparaisse plus coloré que le chromo- some lui-même. Mais cela est bien plus vrai lors- que ces cônes d'implantation sont observés en coupe optique. Ils apparaissent alors plus épais qu'en vue faciale et, en outre, plus intensément colorés et, lorsque les anastomoses se brisent, ces cônes d'implantation font assez aisément l'effet de granulations. Que les protubérances dessi- nées par Allen soient bien de semblables vestiges d'anastomoses, c'est ce qui ressort à toute évidence de la figure que nous avons reprise au Tril- Fig. C. L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 335 Hum. Cela ressort aussi de ce qu'on en observe souvent, non seulement sur deux bords des rubans chromosomiques, mais aussi en d'autres points de leur pourtour. Elles correspondent là aux anastomoses qui relient, entre eux, les chromosomes des différents niveaux. En résumé, nous croyons pouvoir conclure qu'on ne peut opposer à nos observations sur Trillium, Allium, Ornithogalum, Vicia, Phaseolus, Solarium, Salamandra, aucun cas de disques nettement constatés. Et, par conséquent, nous croyons pouvoir étendre à toute ciuàse somatique notre thèse de l'absence de disques chromatiques. S'il en est ainsi, on ne voit donc rien, dans le spirème, que l'on pourrait considérer comme des parti- cules représentatives, même au cas où de tels corpuscules seraient réclamés pour l'explication des phénomènes de la transmission héréditaire. Nous disons : on ne voit pas de disques. Mais peut-on encore aller plus loin et dire que les apparences observées s'opposent à l'admission de disques dans le spirème? Nous le pensons, et voici pourquoi. On ne pour- rait, nous parait-il, sauver l'existence de semblables disques qu'en recou- rant à l'une des deux hypothèses suivantes : ou bien les disques enfilés sont tellement serrés les uns contre les autres que leur distinction n'appa- rait pas, ou bien (hypothèse de Strasburger) ils sont comme enrobés et comme noyés dans une substance nucléolaire, mais chromatophile, qui imprègne tout le ruban chromosomique. Or, la première hypothèse est contredite absolument par l'évolution des rubans chromosomiques. Il faudrait, en effet, aux termes de cette hypothèse, admettre que tout ce qui constitue la substance colorable des chromosomes est formé de corpuscules. Or, rappelons-nous l'évolution de cette substance : elle est au début distribuée uniformément dans des lamelles d'alvéoles; puis, elle se ramasse et se concentre de plus en plus et elle arrive ainsi à former un ruban continu et homogène de plus en plus épais où les cavités alvéolaires se sont oblitérées; parfois même elle se distribue en un filament zigzagant, mince et long. Il nous parait impossible de se représenter, durant toute cette évolution, la substance colorable existant à l'état de corpuscules étroitement rapprochés. Il est nécessaire, si l'on doit admettre une enfilade de disques, de ne pas considérer la substance colorable comme formée, toute entière, exclusivement de la matière des disques, mais de la regarder comme de nature double, ainsi que le fait Strasburger et de dire que les vrais corpuscules seraient noyés dans une substance colorable de prove- nance nucléolaire ou autre. 336 Victor GRÉGOIRE Cette seconde hypothèse est-elle admissible? Nous nous contenterons ici de répéter une remarque que nous avons faite plus haut au sujet des structures chromosomiques quiescentes, c'est que rien, dans les phénomènes de la cinèse somatique, ne justifie, n'appuie cette hypothèse. Il est clair qu'il faudrait l'admettre si, par l'étude de certains cas évidents, il était dé- montré que les chromosomes possèdent une structure discoïdale. Seule- ment, ainsi que nous venons de le rappeler, il n'existe aucun cas de consta- tation semblable dans le spirème somatique. Nous pensons donc qu'on n'est pas autorisé à recourir à l'hypothèse de Strasburger. Seulement nous nous réservons de revenir sur ce point lorsque nous étudierons, prochaine- ment, dans le spirème maturatif, la valeur des formations qui ont été décrites comme des disques par Mottier, Allen, Strasburger. En résumé, les tronçons spirématiques ne montrent certainement pas, dans les cinèses somatiques, des disques chromatiques. De plus, rien n'y justifie l'admission de semblables structures. L'étude du spirème maturatif est la seule ressource qui demeure aux auteurs partisans de ces disques ('). Un second point touchant la constitution des chromosomes concerne la structure tubulaire qui leur est assignée par Merriman. Nous ferons d'abord remarquer, à l'encontre de cette hypothèse, que le second type décrit plus haut pour la concentration chromosomique — type comportant la formation d'un ruban en zigzag — s'oppose directement à la conception de l'auteur touchant la formation des anneaux chromatiques. Ensuite, les sections transversales des chromosomes ne montrent une cavité centrale qu'aux stades initiaux de leur développement, alors qu'ils possèdent encore la structure alvéolaire. 3. Absence de spirème continu. Un point qui est d'une complète évidence dans toutes les plantes que nous avons étudiées, c'est que, à aucun moment de la prophase, il n'existe un spirème continu, ainsi que cela a été décrit par tant d'auteurs (■). Dès (') Nous verrons, dans un mémoire prochain, qu'il n'y a pas non plus de disques dans le spirème hétérotypique. (-) Il est à peine utile de faire remarquer que, en étudiant nos préparations à ce point de vue, nous ne tenions compte que des extrémités chromosomiques certaines, c'est-à-dire de celles qui ne pouvaient en aucune façon être considérées comme des sections des chromosomes. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 337 qu'elles apparaissent, les bandes chromosomiques, encore alvéolaires et spongieuses, sont entièrement indépendantes les unes des autres par leurs extrémités et elles demeurent telles durant toute la prophase. Cela ressort de toutes les figures de ce stade que nous rencontrons dans nos préparations. Nous en avons reproduit ici quelques-unes, fig. 10, il, 13-19, qui suffi- ront, pensons-nous, à emporter la conviction du lecteur. Nous dirons même que jamais, absolument jamais, nous n'avons rencontré des aspects qui pourraient sembler favorables à l'hypothèse d'un spirème continu. Nous avons, entre autres, recherché des aspects semblables à ceux que Nemec (99) dessine dans sa fig. 33. Or, toujours, nous avons constaté que les chromo- somes, soit déjà devenus lisses, soit encore à l'état de bandes spongieuses, sont parfaitement indépendants les uns des autres dans leurs extrémités. Nous n'avons rien trouvé de pareil à l'aspect dessiné par Nemec. Il n'y a donc pas lieu, dans les cinèses somatiques, de distinguer, — ainsi que le font la plupart des traités, — entre un stade de peloton continu et un stade àe peloton segmenté. De même que, à la télophase, le réseau s'est constitué par la juxtaposition de n chromosomes indépendants, ainsi, à la prophase, Je réseau nucléaire se décompose d'emblée en n chromo- somes isolés et indépendants, rattachés seulement les uns aux autres par des anastomoses latérales. Si nous rapprochons en un seul faisceau nos observations sur le Tril- Hum où nous avons pour la première fois nié l'existence d'un spirème continu à la prophase somatique, nos observations actuelles sur plusieurs plantes, celles de notre élève, T. Martins, sur le Solanum et le Phaseo/us, où l'absence d'un spirème est tout-à-fait évidente, si nous rappelons encore que récemment Strasburger s'est rallié à notre interprétation, nous nous croyons autorisé à conclure que, dans aucune cinèse somalique végétale, il ne se produit de spirème continu (') et, en tout cas, si parfois on constate des aspects qui sembleraient établir l'existence d'un semblable spirème, il faudrait dire qu'il ne peut s'agir là que d'apparences accidentelles et non d'un phénomène essentiel. Sijpkens a apporté récemment à notre conclusion une confirmation in- téressante. Par la méthode de Van Wisselingh (acide chromique), il a ob- servé, dans des noyaux conservés entiers, les extrémités libres des chromo- somes. (') Nous n'hésitons d'ailleurs pas à étendre cette conclusion aux cinèses somatiques animales. Qu'on se rappelle seulement les récentes observations de Schreiner (06) et de Bonnevie (06). 338 Victor GREGOIRE 4. Autonomie des chromosomes. Des observations que nous venons de décrire nous ne pouvons nous empêcher de déduire, avec certitude, la thèse de la persistance autonome des chromosomes entre deux cinèses successives ('). En effet, nous voyons, à la télophase, qu'il ne se produit ni une réunion bout à bout des chromo- somes en une unité supérieure (un spirème continu), ni une confusion la- térale des chromosomes les uns dans les autres. Au contraire, nous voyons des chromosomes parallèles les uns aux autres, bien distincts les uns des autres par leurs extrémités et par leurs contours latéraux, réunis seulement les uns aux autres par des anastomoses d'étirement, nous voyons, disons- nous, ces chromosomes se transformer chacun pour son compte en un réseau élémentaire, en sorte que, dans toute la force des termes, le ré- seau nucléaire n'est pas autre chose qu'un certain nombre de réseaux élémentaires juxtaposés. De même, à la prophase, nous ne voyons pas se former aux dépens du réseau un spirème continu qui devrait ensuite se segmenter en chromosomes indépendants. Le réseau se décompose tout de suite en un certain nombre de bandes chromosomiques indépendantes. De plus, celles-ci apparaissent au début simplement comme des tranches du réseau, en sorte que le réseau total se décompose, dans toute la force des termes, en une série de réseaux élémentaires juxtaposés et apparaît ainsi, au premier début de la prophase, sous l'aspect qu'il possédait tout à la fin de la télophase. Les bandes chromosomiques de la prophase montrent d'ailleurs, — malgré leur parallélisme général, — une certaine irrégularité de distribution qui correspond tout-à-fait à la disposition des bandes télo- phasiques dans le jeune noyau. Cela étant, il nous parait clair que, si chaque chromosome se rèticuli- sail isolément dans une vacuole nucléaire spéciale et si, par conséquent, il se formait soit autant soit presque autant de vacuoles nucléaires qu'il y a de chromosomes, les phénomènes de la reconstitution nucléaire, à la télo- phase, et de la reformation chromosomique, à la prophase, seraient essen- tiellement identiques à ceux que nous constatons dans le cas d'une seule vacuole nucléaire. (') Nous limitons expressément ici notre conclusion et ne parlons pas de ce qui se passe durant l'accroissement ovocytaire. Néanmoins, nous aurons bientôt l'occasion, dans la Ile partie de notre mémoire synthétique sur les cinèses de maturation, de montrer que, même durant l'accrois- sement ovocytaire, les chromosomes gardent leur individualité. L ÉLÉMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VÉGÉTALES 339 Or, c'est là, au fond, le sens de cette - autonomie chromosomique « que nous admettons. Ce que nous voulons précisément dire par là, c'est que, dans le noyau quiescent, les chromosomes, tout en s'accroissant et en se modifiant — peut-être même considérablement, - au cours du métabo- lisme, persistent et se maintiennent de la façon dont ils se maintiendraient si chacun d'eux était enfermé dans une cavité spéciale et y subissait les phénomènes de modification et de croissance dont il est le siège au sein du noyau unique. Si les chromosomes ainsi enfermés chacun dans une vacuole spéciale se reconcentraient après avoir passé chacun par un stade d'expan- sion et d'accroissement, on serait certainement autorisé à dire que les individus chromosomiques ont persisté. Or, nos observations montrent qu'il en va tout-à-fait de même dans le cas où les chromosomes sont tous enfermés côte à côte dans une cavité commune. Tout cela est vrai quelles que soient les modifications subies par les chromosomes, pourvu seulement qu'ils ne disparaissent pas entièrement, à un moment donné, et que ces modifications ne soient que des phénomènes de nutrition et de croissance. Les chromo- somes pourraient d'ailleurs, à un moment donné, être dépouillés de toute leur substance chromatique et être réduits à leur substance achromatique sans cesser pour cela d'être les organites porteurs de chromatine, de la façon dont un leucoplaste est un chromatophore. La conclusion de l'autonomie chromosomique est la seule qui s'accorde bien avec nos recherches. Mais elle devient pour nous tout-à-fait évidente si nous rapprochons nos observations de celles qu'a faites notre élève, Th. Martins Mano, sur les cinèses méristématiques de Phaseolus et de Solanum. Dans ces dernières plantes, les chromosomes ne subissent, à la télophase, qu'une légère modification de structure. Dans le réseau quies- cent, on voit les chromosomes persister sous forme de travées plus épaisses. Or, à la prophase, ce sont ces travées qui, reprenant leur colorabilité, deviennent les chromosomes de la nouvelle cinèse ('). Dans le cas des plantes étudiées par Martins, la persistance des chro- mosomes entre deux cinèses successives est donc tout-à-fait évidente. Or, on le remarquera, les phénomènes dans Y Al Hum, ainsi que dans le Tril- lium, sont essentiellement identiques à ceux du So/aniun et du Phaseolus, sauf, chez les premières plantes, une transformation plus profonde de cha- (') Rosenberg (o5) a observé des conditions analogues dans d'autres plantes, bien que, toutefois, l'étude de l'auteur se soit bornée aux noyaux quiescents vieux et n'ait pas analysé la formation des chromosomes à la prophase. 340 Victor GREGOIRE cun des chromosomes, transformation subie par chacun d'eux isolément et qui n'a rien à voir avec la façon de leur réunion en un réseau. C'est pourquoi nous sommes absolument convaincu qu'il faut définir de la façon suivante un noyau à.' Allium : une cavité vacuolaire contenant 16 chromosomes alvéolisés; et il faut concevoir le réseau total comme formé à' autant de plages réticulées qu'il y a de chromosomes. Avant de quitter ce sujet de l'autonomie chromosomique, nous vou- drions encore toucher deux points. Nous désirons d'abord rappeler ici une donnée empruntée aux cinèses de maturation et qui nous paraît très impor- tante, ne fût-ce que pour énerver certaines objections qu'on pourrait faire à la thèse de l'autonomie chromosomique. Nous avons, dans un mémoire récent ('), montré que l'intercinèse — - nous avons donné ce nom à l'étape de transition entre la cinèse hétéroty- pique et la cinèse homéotypique — peut être marquée soit par un passage direct d'une division à l'autre (les chromosomes-filles I se rangeant, immé- diatement après l'anaphase I, au fuseau homéotypique), soit par une recon- stitution nucléaire assez accentuée, soit par l'une quelconque des nom- breuses dispositions intermédiaires entre ces deux types extrêmes. Nous avons rappelé que parfois, clans un même objet, on a constaté, suivant les circonstances, soit la transition directe, soit la reconstitution nucléaire. De cela nous avons déduit que, quel que soit, dans certains objets, le degré de transformation télophasique des chromosomes-filles hétérotypiques, il est néanmoins certain, pour d'impérieuses raisons d'analogie, que ces chromo- somes y persistent dans leur autonomie aussi bien que dans les cas de transition directe. Et il s'ensuit qu'on saisit là, pour ainsi dire, sur le vif, la persistance des chromosomes dans un réseau où ils sont indiscernables. Voici maintenant ce qui en résulte au point de vue général de l'auto- nomie chromosomique. C'est d'abord que la transformation des chromo- somes télophasiques en un réseau quiescent ne peut pas être un obstacle à la conservation de leur autonomie. Ensuite, si la persistance des individus chromosomiques est aussi évidente entre les deux cinèses de maturation malgré les transformations d'alvéolisation, il n'y a aucune raison de douter ailleurs de cette persistance, entre deux cinèses successives. (') Les résultats acquis sur les cinèses de maturation dans les deux règnes (premier mémoire) ; La Cellule, t. XXII, 2<1 fasc, igo5, p. 358-35g. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 341 Le second point que nous voulons toucher concerne le prétendu cas de -régénération^ du nombre des chromosomes. En iyo3, nous rappelions que le fait de la réapparition du nombre normal de chromosomes dans les sporophytes qui, chez les fougères, ont pris, par apogamie, naissance sur le prothalle (à - chromosomes), constitue une objection à la thèse de l'auto- nomie. Une difficulté du même genre résidait dans les constatations qui auraient été faites par Delage et Wilson touchant la réapparition du nombre normal dans les segmentations consécutives aux parthénogenèses artificielles. Boveri a déjà répondu (04 et 05) aux objections tirées de la parthéno- genèse artificielle et de la mérogonie; il a montré que, lorsque le nombre des chromosomes dans la larve est réellement double du nombre réduit, on peut expliquer cela par la production de monasters lors de la première cinèse de segmentation de l'œuf. Kostanecki (04) a de plus constaté, dans certaines de ses expériences de parthénogenèse sur Mactra, que la forma- tion des deux premiers noyaux-filles n'est pas suivie de la division du corps cellulaire, mais que ces deux noyaux-filles se réunissent l'un à l'autre, pour prendre part, ensemble, à la division suivante, ce qui rétablit le nombre normal. En ce qui concerne les sporophytes d'origine apogame chez les fou- gères, Farmer, Moore et Digby (03) ont constaté que la formation des bour- geons adventifs qui leur donnent naissance est amorcée par la fusion de deux noyaux appartenant à des cellules voisines. L'objection que nous avons rappelée plus haut est donc écartée. Il n'y a, dans aucun de ces cas, forma- tion de n chromosomes, à l'aide d'un réseau qui se serait édifié aux dépens de - bâtonnets. 2 Seulement, les observations de Kostanecki et de Farmer-Moore- Digby ont une portée plus grande, à notre avis. Nous allons tâcher de la faire saisir. Tout récemment, à propos de la production de larves amphicaryo- tiques dans la parthénogenèse artificielle, Driesch (05) faisait justement remarquer que, en expliquant avec Boveri, par des monasters, la produc- tion de semblables larves, il est fort vraisemblable que l'on n'a pas assigné totalement la cause du phénomène. Le nombre considérable de larves am- phicaryotiques qu'il a lui-même constatées dans ses récentes recherches rend probable pour Driesch qu'il y a là autre chose qu'une production 42 342 Victor GRÉGOIRE fortuite de monasters, entraînant la réapparition du nombre normal, mais que plutôt il se passe là un phénomène de régulation, c'est-à-dire que le monaster ne serait que le moyen pour la production des larves amphica- ryotiques aux dépens d'eeufs non fécondés, par eux-mêmes hémicaryotiques. Cette conclusion de Driesch nous semble s'appliquer avec plus de force encore aux cas décrits par Farmer-Moore-Digby et par Kostanecki. En effet, dans les sporophytes d'origine apogame, il nous paraît impossible de considérer la fusion de deux noyaux, provenant de deux cellules diffé- rentes et se réunissant dans l'une d'elles, comme un phénomène pathologique se produisant par hasard : il nous parait clair qu'il faut considérer ce phéno- mène comme destiné à rendre aux cellules qui seront le point de départ du sporophyte, le nombre normal de chromosomes, et par conséquent comme un phénomène de régulation. Cela d'autant plus que cette fusion nucléaire se produit régulièrement. Et il en est de même, nous semble-t-il, pour ce qui concerne la réunion des deux premiers noyaux de segmentation dans le cas du Mactra. Cela étant, les observations dont nous parlons constitueraient, au cas où elles seraient confirmées, une preuve invincible de l'autonomie des chro- mosomes. Elles montreraient, en effet, que, lorsqu'il s'agit pour un orga- nisme de reconstituer dans un noyau réduit le nombre normal de chromo- somes, il n'y a pour cela qu'un moyen, c'est de prendre à un autre noyau les chromosomes manquants. Cela établirait d'une façon évidente que les chromosomes ne sont pas des formations qui peuvent se reconstituer de toutes pièces aux dépens d'une certaine quantité de substance, mais bien des organites permanents, qui ne peuvent que s'hériter et se transmettre par division. 5. Division longitudinale. La division longitudinale des chromosomes se produit toujours pen- dant la prophase, bien avant la métaphase. Elle se réalise assez souvent alors que, dans le cytoplasme, le fuseau n'est encore qu'ébauché, ou même alors que l'orientation fusoriale ne se dessine pas encore. Cela correspond avec ce qui a été vu souvent ailleurs par nous-mème et par d'autres auteurs. Aussi faut-il considérer comme une règle générale que la division longitudi- nale est un phénomène prophasique. Le fait que cette division peut se pro- duire avant toute orientation fusoriale suffirait à démontrer, s'il le fallait L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 343 encore, qu'elle constitue un phénomène autonome clés chromosomes et n'est en rien sous la dépendance de la figure achromatique. Le moment précis où se produit la division longitudinale varie d'une plante à l'autre et probablement d'un noyau à l'autre dans une même plante. Il est certain qu'elle se produit souvent dans des chromosomes déjà notablement raccourcis et épaissis, devenus déjà lisses et tout-à-fait homogènes. La fig. 19 montre, en effet, des chromosomes homogènes où ne se manifeste pas encore le début de la scission longitudinale. Cela parait être le cas le plus général, sinon unique, dans VAllium cepa. Au contraire, dans VAllium porrum, fig 17 et 18, nous voyons souvent (') la division lon- gitudinale déjà fort accentuée dans des rubans chromosomiques qui sont encore longs et minces par endroits et qui, surtout, montrent une homo- généisation et une concentration peu avancées, tellement qu'on pourrait, au premier examen, se croire simplement en présence de bandes alvéo- laires. Certains tractus montrent même encore le contour en zigzag dont nous avons parlé, fig. 18. Il n'y a pas de doute cependant que, dans ces rubans, ce sont bien les deux moitiés longitudinales qui sont en train de se former, fig. 17 et 18. Karpoff (04) semble d'ailleurs avoir constaté les mêmes conditions dans le Vicia faba, fig. 5. Nous allons revenir sur ce point qui, à notre avis, place dans une lumière toute nouvelle le phéno- mène de la division longitudinale. Quelle est la nature intime de la division longitudinale? Dans le Tril- liuni, nous avons vu que la scission débute par de petites fentes axiales se produisant dans un ruban entièrement chromatophile où n'existe pas trace de disques chromatiques. Nous en avons conclu, — sans toucher à la ques- tion de la signification ultramicroscopique du phénomène, — que l'examen microscopique n'autorise pas à considérer la division longitudinale comme le clivage d'unités morphologiques rangées en file sur un substratum commun. Cette conclusion a été confirmée par l'étude de Mano sur Solanum et Pha- seolus et de Kowalskt sur la salamandre. C'est aussi celle qui se dégage de nos observations sur les divers Allium. En effet, quel que soit le moment où se produit la division longitudi- nale, jamais elle n'est précédée par un stade où le spirème porterait des disques enfilés; jamais non plus les deux moitiés-sœurs ne montrent sem- (') Souvent, disons-nous, et non pas toujours. La fig. 16 montre que VAllium porrum suit parfois le type de X Allium cepa. 344 Victor GRÉGOIRE blables corpuscules. D'ailleurs notre conclusion, formulée dans les termes que nous avons soulignés plus haut, doit s'étendre à tous les objets végé- taux étudiés au point de vue de la cinèse somatique. Nous renvoyons pour ce point à notre mémoire sur le Trillium ('). Nous ferons seulement remar- quer ici un détail d'une extrême importance, c'est que les seuls cas où les auteurs aient réellement décrit et dessiné un clivage de disques sont tous empruntés au spirème hétérotypique [Mottier (97 et 03), Strasburger (05), Allen (05), Farmer(os)] (2). L'hypothèse d'un clivage longitudinal d'unités morphologiques de taille microscopique ne trouve donc pas dans les cinèses somatiques sa justification morphologique. Mais peut-on au moins dire qu'elle est compa- tible avec les faits observés? Nous allons répondre à cette question. C'est ici que vont nous servir les aspects constatés plus haut dans Y Allium por- 77/772, FIG. 17 et 18. Fick (05) a déjà fait ressortir que, si la division longitudinale doit réel- lement partager en deux une série d'unités morphologiques, le moment le mieux adapté pour la production du phénomène paraîtrait être celui où le spirème, encore long et mince, peut ainsi porter un plus grand nombre de semblables unités enfilées. D après ce que nous avons vu dans Y Allium pomtm, on pourrait croire que de semblables conditions y sont réalisées, étant donné le moment très précoce où y apparaît la division longitudinale. Seulement, les aspects de division longitudinale observés dans V Allium porrum (et dans Vicia faba, d'après le dessin de Karpoff) nous semblent constituer une objection insurmontable à l'hypothèse d'un clivage de cor- puscules. En effet, il résulte des fig. 17 et 18 que la division longitudinale, (') Grégoire, V., & Wygaerts, A. : La reconstitution du noyau et la formation des chro- mosomes dans les cinèses somatiques. I. Racines de Trillium grandiflorum et télophase homœotvpique dans le Trillium cernuum; La Cellule, t. XXI, ir fasc, 1904, p. 43-44. Karpoff décrit le clivage longitudinal de ses plaques chromatiques, mais nous savons que ces plaques ne correspondent pas aux disques des auteurs. D'après Merriman, la division lon- gitudinale comporterait la bipartition des anneaux superposés qui formeraient le spirème. Nous avons vu que ces anneaux n'existent pas. En ce qui concerne le « clivage longitudinal », ou mieux, ainsi que nous préférons l'appeler, le « dédoublement longitudinal » du spirème hétérotypique, disons dès maintenant que de nouvelles recherches (dont nous publierons sous peu le résultat) nous ont com- plètement convaincu d'un fait que nous avons admis dès le début, c'est qu'il n'y a, dans le spi- rème hétérotypique, qu'un clivage apparent. Contrairement à l'interprétation de Allen, les deux filaments conjugués ne sont, à aucun moment, réellement soudés l'un à l'autre; ils ne sont que rapprochés tout en conservant leur réelle distinction. Il n'y a donc pas lieu de rechercher là un clivage de disques, ce qui d'ailleurs ressort des figures et de la description de A. et K, E. Schrei- ner (06) et de Bonnevie (06). l'élément chromosomique dans les cellules végétales 345 dans ces plantes, se produit, du moins en partie, dans les bandes alvéolaires elles-mêmes : ces bandes ne doivent pas, comme ailleurs, se concentrer d'abord en un ruban indivis, pour se cliver seulement plus tard, mais elles se transforment de suite, du moins dans certaines portions, en deux fila- ments, en complétant la fente déjà réalisée en partie par leurs alvéoles. Il y a passage direct de notre fig. 10 à notre fig. 17, ainsi que de la fig. 3 aux fig. 4 et 5 de Karpoff. S'il en est ainsi, on voit qu'il est impossible d'admettre le clivage de corpuscules microscopiques superposés. La divi- sion longitudinale consiste simplement dans la formation de deux filaments aux dépens d'une bande du réseau. De cette constatation faite sur YAllium porriun, il résulte même plus encore : c'est que l'on ne peut pas, dans la cinèse somatique, considérer la division longitudinale comme ayant pour but de diviser en deux séries homologues une série primitive de corpuscules autonomes, quels que soient les corpuscules qu'on voudrait admettre. Toute conception de division lon- gitudinale qui supposerait un clivage égal de corpuscules quels qu'ils soient est contredite par nos fig. 17 et 18. Cela est directement opposé à l'idée qu'on se fait généralement du rôle de la division longitudinale et il est clair qu'il faut chercher dans une autre orientation la signification de ce phénomène. Comment faut -il se la représenter? Nous ne nous arrêterons pas ici à cette question; nous aurons bientôt, dans un autre mémoire, l'occasion de la discuter. Nous nous con- tentons ici d'appeler l'attention toute spéciale du lecteur sur l'extrême im- portance de nos fig. 17 et 18. 6. Naturalité des structures nucléaires. Dans ses récents travaux, v. Tellyesniczky (02 et 05) s'est prononcé catégoriquement contre la naturalité des structures nucléaires quiescentes. D'après l'auteur, le noyau au repos ne renferme aucune structure cohérente, aucune structure qui formerait une trame continue. La partie essentielle du noyau est le liquide nucléaire. Dans ce dernier plongent deux sortes de for- mations : des nucléoles et, représentant l'élément chromatique, des caryo- somes. Mais tous deux s'y trouvent sous la forme de corps isolés, sans con- nexion les uns avec les autres. Au début de la mitose, la substance des caryosomes se répand à l'état diffus dans le suc nucléaire. Ensuite, à partir d'un grand nombre de points initiaux, s'édifie graduellement le spirème, 346 Victor GRÉGOIRE d'abord mince, puis s'épaississant de plus en plus. Le spirème est donc une formation toute nouvelle, prenant naissance de toutes pièces aux dépens d'une substance amorphe. A la télophase, les chromosomes se dissolvent, pour ainsi parler, et se transforment en liquide nucléaire. Ce n'est que plus tard que, dans ce suc nucléaire, apparaissent les caryosomes, n'ayant donc aucune relation morphologique avec les chromosomes et constituant une formation toute nouvelle. Tellyesniczky considère comme des altérations artificielles toutes les structures décrites jusqu'à ce jour dans les noyaux quiescents. Il nous paraît que les faits que nous avons décrits en 1903 et ceux que nous venons de décrire maintenant suffisent à montrer que cette conception de l'auteur est totalement inadmissible. Nous avons précisément fait dès lors et répété maintenant l'étude que l'auteur réclame en 1905, c'est-à-dire l'analyse, pas à pas, des transformations télophasiques et prophasiques des chromosomes. Et c'est précisément ce qui nous force à rejeter l'interpré- tation de Tellyesniczky. Si nous considérons d'abord le réseau quiescent tel qu'il se montre entre deux cinèses successives, dans les régions de division active, nous rappellerons que nous suivons graduellement, pas à pas, les modifications progressives qui, à la télophase, transforment chacun des chromosomes en un réseau élémentaire et aboutissent ainsi à donner naissance au réseau total. De même, à la prophase, nous suivons, pas à pas, à travers des transitions insensibles, la formation des chromosomes aux dépens, non pas d'une substance amorphe, mais du réseau lui-même. Or, il est, évidemment, impossible d'admettre que l'action des réactifs produise des apparences qui constituent ainsi une série graduelle ininterrompue entre deux stades natu- rels (le stade de chromosomes télophasiques et le stade de chromosomes prophasiques, stades reconnus comme naturels par Tellyesniczky). Les dispositions provoquées par les réactifs ne pourraient pas singer, pour ainsi dire, une évolution régulière et graduelle, inverse, à la prophase, de ce qu'elle est à la télophase. Il suffit, nous parait-il, d'examiner la coupe d'une pointe de racine d'Alliitm pour demeurer convaincu de l'inadmissibilité de l'interprétation de l'auteur. En ce qui concerne maintenant les noyaux plus vieux, nous avons vu que l'on peut encore ici suivre graduellement les transformations qui amènent insensiblement les noyaux qui viennent de cesser leurs divisions à l'état de noyaux adultes. Ici encore notre argument s applique. L ELEMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 347 Quant aux noyaux animaux, les observations que nous avons pu faire avec notre élève Kowalski sur les cinèses somatiques de la larve de sala- mandre nous permettent de nous prononcer non moins catégoriquement contre l'hypothèse de Tellyesniczky. Chapitre III. Quelques observations complémentaires. Télophase hétérotypique et cinèses nueellaires dans le Paris quadrifolia. Nous joignons à notre étude de la cinèse somatique cette description de la télophase hétérotypique parce qu'elle montre, avec une clarté com- plète, certains traits communs à toute télophase somatique ou maturative. A la fin de l'anaphase, les chromosomes se groupent étroitement à l'extrémité du fuseau 0 tassement polaire*). Contrairement à l'opinion de Lawson (03), il ne s'agit pas ici d'une fusion des bâtonnets : en effet, on suit encore nettement les contours de ces derniers et surtout nous allons voir, fig. 20 et 22, les chromosomes se dégager à nouveau de ce groupe- ment si étroit. Nous ajouterons que, d'après nos observations nombreuses, nous ne pouvons expliquer la fusion dessinée par Lawson que comme un effet des réactifs. Dans les fig. 20 et 22, on voit les chromosomes, — ayant conservé encore les formes anaphasiques, - écartés les uns des autres au sein du liquide nucléaire, mais réunis les uns aux autres par des anastomoses. Celles- ci sont nettement chromatiques. Leur forme trahit encore ici leur origine. Elles résultent sans aucun doute de l'étirement de certaines portions marginales des chromosomes, portions par lesquelles ces derniers sont demeurés adhérents lors de la détente du tassement polaire. La membrane nucléaire apparaît on ne peut plus clairement comme la couche périphérique du protoplasme qui enveloppe la vacuole nucléaire, FIG. 20, 21, 22. \J absence de peloton-fille continu est de toute évidence. Non seulement il ne se forme pas de peloton continu, mais même on n'observe jamais de contacts accidentels entre deux chromosomes. Toutes les extrémités chro- mosomiques viennent se terminer à la membrane ou bien, tout au plus, sont légèrement repoussées par elle. Et cela se constate durant toute l'in- tercinèse, durant toute la reconstitution nucléaire imparfaite qui marque la 348 Victor GRÉGOIRE transition entre les deux cinèses maturatives. ■ De plus, on observe que les branches d'un même chromosome sont parfois, lorsque la membrane les repousse, orientées l'une vers l'autre, disposition qui s'oppose à la forma- tion d'un peloton continu, fig. 20 et 22. - - Enfin les V doubles de l'ana- phase hétérotypique conservent, dans le noyau, leurs V-filles bien dis- tincts, fig. 21. 11 est donc impossible que de semblables chromosomes entrent dans la constitution d'un peloton continu. Les transformations chromosomiques sont aussi intéressantes à suivre, fig. 22 et 23. Les chromosomes ne subissent pas ici la série tout-à-fait complète des modifications qui, dans la cinèse somatique, édifient le réseau. Néanmoins ils sont le siège d'une alvéolisation plus ou moins avancée. C'est encore bien d'une alvéolisation qu'il s'agit ici et non pas de l'acquisition d'une structure régulière, ainsi que le décrit Merriman. Et c'est là l'intérêt de ce point. En effet, d'abord la substance chromatique est distribuée fort irrégu- lièrement, fig. 23; de plus, on observe plusieurs alvéoles juxtaposées sans aucun ordre au même niveau; enfin, il n'y a pas de vraies granulations, mais simplement des portions plus épaisses d'une trame unique générale. Ces aspects sont, d'autre part, instructifs à un titre tout spécial. En effet, les branches chromosomiques qui subissent ici l'alvéolisation, sont les deux moitiés longitudinales de la division anaphasique hétérotypique. Cette circonstance, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer (04), prononce sans appel contre l'assimilation proposée par Merriman entre les aspects de division longitudinale anaphasique des chromosomes-filles hétéroty- piques et les phénomènes d'alvéolisation télophasique de tout chromosome- fille même somatique. Tels sont donc les enseignements qui ressortent en toute clarté de l'intercinèse maturative dans le Paris : tassement polaire sans fusion, anastomoses chromatiques formées par étirement, membrane nucléaire d'origine cytoplasmique, absence de peloton-fille continu, alvéolisation des bâtonnets sans acquisition d'une structure régulière et se distinguant par- faitement d'une division longitudinale. Ajoutons une autre donnée fort im- portante. Les fig. 20 et 22 montrent, on ne peut plus clairement, que le nucléole ne se forme pas aux dépens de certaines portions des chromosomes, mais qu'il apparaît bien isolé de ceux ci. Dans les cinèses somatiques du nucelle, chez le Paris, nous avons observé des aspects de télophase et de noyau quiescent qui corroborent toute notre interprétation de ces stades, fig. 24 et 25. Nous ne nous y arrêtons pas davantage. L'ÉLÉMENT CHROMOSOMIQUE DANS LES CELLULES VEGETALES 349 CONCLUSIONS. I. Succession des phénomènes. Les chromosomes-filles, à la fin de l'anaphase, se tassent autour du pôle, sans toutefois se fusionner les uns avec les autres. Ils se dégagent ensuite les uns des autres dans la vacuole nucléaire qui se forme, mais demeurent réunis les uns aux autres par des anastomoses qui ne sont pas autre chose que certaines portions marginales des chromosomes eux-mêmes, plus ou moins étirées. Les chromosomes su- bissent une alvéolisation graduelle assez irrégulière qui les transforme en autant de réseaux élémentaires. Le réseau total est donc un » réseau de réseaux-. — A la prophase, le réseau total se décompose en une série de bandes spongieuses ^bandes chromosomiques) qui, en ramassant et en con- centrant leur substance, arrivent à former des rubans homogènes qui sont les chromosomes définitifs. Ceux-ci subissent toujours leur division longitu- dinale bien avant la métaphase, - - et cela est une règle générale pour la cinèse somatique, — mais ils peuvent la subir, soit lorsqu'ils sont déjà arrivés à l'état de rubans homogènes, soit lorsqu'ils sont encore sous forme de bandes alvéolaires. Les bandes spongieuses de la télophase et de la prophase ne montrent pas la disposition régulière qui a été décrite par Miss Merriman. Les plaques chromatiques de Karpoff correspondent aux membranules alvéolaires. II. Structure de l'élément chromosomique. Il est vraisemblable que l'élément chromosomique est formé de deux groupes de substances, les unes achromatophiles, constituant un substratum, les autres chromato- philes portées par ce dernier. La substance chromatophile ne se révèle pas au microscope sous la forme de corpuscules indépendants qui seraient fixés sur le substratum, mais bien sous la forme d'une matière imprégnant le substratum lui-même et pouvant, par moments, abandonner certaines por- tions de ce dernier pour s'accumuler en quelques points. Durant le repos qui sépare deux cinèses successives, non seulement on n'observe aucune gra- nulation autonome authentique, mais même on ne distingue aucune sorte de formations qui présenteraient l'apparence de semblables granulations. Durant les repos nucléaires plus avancés ou définitifs, on observe bien des corpuscules apparents, mais cependant, ce ne sont certainement pas des corpuscules autonomes, ils représentent simplement des amas quelconques 43 350 Victor GRÉGOIRE de substance chromatophile. Cette interprétation résulte de l'étude de leur genèse et de leur évolution. La matière chromatophile n'existe d'ailleurs pas non plus sous la forme de petits corpuscules inclus dans le substratum lininien et, enfin, rien ne paraît justifier l'hypothèse de l'existence d'une matière nucléolaire imprégnante voilant la vraie structure des chromo- somes. A la prophase on ne distingue, à aucun moment, sur les tronçons chromosomiques, un alignement de disques chromatiques. Ces conclusions s'appliquent, pensons-nous, à tous les objets étudiés jusqu'à cette heure. Les aspects du repos et de la cinèse somatique ne four- nissent donc aucun appui à l'hypothèse de particules représentatives qui seraient telles qu'elles pourraient être observées au microscope. On ne voit aucune formation qui puisse correspondre à semblables particules. III. Division longitudinale. D'après l'étude des cinèses somatiques, on ne peut dire qu'une seule chose, c'est que la division longitudinale con- siste dans le clivage d'un ruban chromosomique. On ne voit jamais rien qui correspondrait à un clivage de disques dis- posés en une série longitudinale. Au contraire, le fait que la division longi- tudinale peut se produire dans des bandes encore alvéolisées montre qu'on ne peut pas la concevoir comme réalisant le partage d'unités morpholo- giques qui seraient rangées sur le spirème et qui se diviseraient chacune en deux. IV. Autonomie des chromosomes. Il ne se forme certainement pas de peloton continu à la télophase : les chromosomes entrent indépendants dans le réseau quiescent; de même, à la prophase, il ne se forme certaine- ment pas de peloton continu : les chromosomes sortent individuels du réseau quiescent. Il ne se produit pas non plus de confusion latérale entre les chromosomes télophasiques. Toutes les apparences de la télophase et de la prophase, les phénomènes de la formation du réseau et de la forma- tion des chromosomes s'unissent à d'autres données pour établir solidement la thèse de l'autonomie des chromosomes. BIBLIOGRAPHIE. o5 o5 04 06 04 o5 o3 o5 o5 o3 o5 o3 04 Chamberlain Driesch Farmer and Moore Farmer, Moore and Digby Fiok Grégoire et Wygaerts Allen : Nuclear division in the pollen mother-cells of Li- lium canadense; Ann. of Bot., vol. 19. » : Das Verhalten der Kernsubstanzen wâhrend der Synapsis in den Pollenmutterzellen von Lilium ca- nadense; Jahrb. f. wiss. Botanik, XLII. Berghs : La formation des chromosomes hétérotypiques dans la sporogénèse végétale. II; La Cellule, t. XXI. Bonncvie : Untersuchungen ùber Keimzellen. I. Beobachtungen an den Keimzellen von Enteroxenos ostergreni; Ien. Zeits., XXIV. Boveri : Ergebnisse ùber die Konstitution der chromatischen Substanz des Zellkerns. Iena. » : Ueber die Abhângigkeit der Kerngrôsse und Zel- lenzahl der Seeigellarven von der Chromosomenzahl der Ausgangszellen. Iena. Mitosis in Pellia; Bot. Gaz., vol. 36. Zur Cytologie parthenogenetischer Larven von Stron- gylocentrotus ; Arch. f, Entwick.-Mech., XIX. On the maiotic phase (réduction divisions in ani- mais and plants); Quat. Journ. of Micr. Science, vol. 48. Preliminary note on apogamy ; Proc. Royal Soc, vol. 71. Betrachtungen ûber die Chromosomen, ihre Indivi- dualitàt, Réduction und Vererbung; Arch. f. Anat. und Physiol. La reconstitution du noyau et la formation des chromosomes dans les cinèses somatiques ; La Cel- lule, t. XXI. Grégoire : La réduction numérique des chromosomes et les cinèses de maturation ; La Cellule, t. XXI. 352 o5 04 98 04 o3 04 04 o3 04 04 o5 o5 97 o3 04 99 04 06 Victor GRÉGOIRE Grégoire : Les résultats acquis sur les cinèses de maturation dans les deux règnes; La Cellule, t. XXII. Hacker : Bastardierung und Geschlechtszellenbildung ; Zool. Jahrb., Suppl. VII. Hof : Histologische Studien an Vegetationspunkten ; Bot. Centralbl., LXXV. Karpoff : La caryocinèse dans les sommets des racines chez Vicia faba; Trav. de l'Inst. Agron. de Moscou. Koemiche : Der heutige Stand der pflanzlichen Zellforschung ; Ber. der deutsch. bot. Gesells., XX Kostanecki : Cytologische Studien an kùnstlich parthenogenetisch sich entwickelnden Eiern von Mactra; Arch. f. mi- krosk. Anat., LXIV. Kowalshi : Reconstruction du noyau et formation des chromo- somes dans les cinèses somatiques de la larve de salamandre; La Cellule, t. XXI. Lawson : On the relationship of the nuclear membrane to the protoplast; Bot. Gaz. Martins Mano : Nucléole et chromosomes dans le méristème radi- culaire de Solanum tuberosum et Phaseolus vulgaris ; La Cellule, t. XXII. Merriman : Végétative cell divisions in Allium; Bot. Gaz., 37. Miyaké : Ueber Reduktionsteilung an den Pollenmutterzellen einiger Monokotylen ; Jahrb. f. wiss. Bot., XLII. Moll : Présentation, à TAcad. des Se Amsterdam, du travail de Sijpkens. Mottier : Beitrage zur Kenntniss der Kernteilung in den Pol- lenmutterzellen einiger Dikotylen und Monokotylen ; Jahrb. f. wiss Bot., XXX. » : The behavior of the chromosomes in the spore mother cells of higher plants and the homology of the pollen and embryosac-mothercells ; Bot. Gaz., vol. 35. » : Fecundation in plants. Washington. Nemec : Ueber die karyokinetische Kernteilung in der Wur- zelspitze von Allium cepa; Jahrb. f. wiss. Bot., XXXIII. » : Ueber die Einwirkung des Chloralhydrats auf die Kern- und Zellteilung; Jahrb. f. wissensch. Bot., XXXIX. Olive : Cytological studies on the Entomophtoreœ ; Bot. Gaz, 41. l'élément chromosomique dans les cellules végétales 353 g5 Rosen : Beitrage zur Kenntniss der Pflanzenzellen ; Cohn's Beitrage, VI. 04 Rosenberg : Ueber die Individualitàt der Chromosomen im Pflan- zenreich; Flora, 93. 06 Schreiner. A., und K. E. : Neue Studien ùber die Chromatinreifung der Ge- schlechtszellen; Archives de Biologie, XXII. 04 Sijpkens : Die Kernteilung bei Fritillaria impcrialis ; Recueil des travaux botaniques néerlandais. 84 Strasburger : Die Controversen der indirekten Kernteilung ; Jahrb. f. wiss. Bot., XLII. » : Die stofflichen Grundlagen der Vererbung im or- ganischen Reich. Iena. 02 Tellyesniczky (von) : Zur Kritik der Kernstrukturen ; Arch. f. mikr. Anat., 60. 05 » ; Ruhekern und Mitose; Arch. f. mikr. Anat., 66. 99 Wisselingh (van) : Ueber das Kerngerùst ; Bot. Zeit., 5y . 96 Zimmermann : Die Morphologie und Physiologie des pflanzlichen Zellkernes. Iena. EXPLICATION DES FIGURES, Toutes les figures ont été dessinées à la hauteur de la platine du microscope ; on s'est servi, pour toutes les figures, sauf pour la fig. 4, de la combinaison : obj. i.3o; 2 mm. Zeiss X oc. 18. La fig. 4 a été dessinée à l'aide de l'obj. i/i5 de Koristka X oc- I2- FIG. 1. Allium cepa. — Tassement polaire. FIG. 2 et 3. A. cepa. — Alvéolisation des chromosomes. FIG. 4 et 5. A. cepa. — Noyaux quiescents dans la zone de division active. FIG. 6. A. c. — Noyau quiescent de la zone sous-méristématique. FIG. 7 et 8. L. spcciosum. — No)'aux quiescents du connectif de l'anthère. FIG. 9. A . ascalonicum. — Tronçons des bandes chromosomiques de la prophase. FIG. 10. A. porrum. — Bandes chromosomiques de la prophase. FIG il. Même stade dans VA. cepa. FIG. 12. A . cepa. — Bandes chromosomiques en coupe transversale FIG. 13. A . cepa. — Concentration et homogénéisation des bandes chromo- somiques. FIG. 14. A. porrum. — Même stade Filaments minces en zigzag. FIG. 15. A. cepa. — Même stade. FIG. 16. A. porrum. — Rubans chromosomiques presque homogènes, vers la fin de leur concentration. FIG. 17 et 18 A . porrum. — Division longitudinale précoce. FIG 19. A . cepa. — Les chromosomes achevés. FIG. 20, 21, 22, 23. — Paris quadrifolia. — Différents aspects de l'intarcinèse dans les microsporocytes. FIG. 24 et 25. Paris quadrifolia. — Télophase et noyau quiescent dans les cellules somatiques du nucelle. TABLE DES MATIÈRES. Chapitre I. Quelques points de critique. § i. Les a corpuscules chromatiques » § 2. Interprétation de Miss Merriman 3ii 3i6 Chapitre II. Observations sur les Allium cepa, ascalonicum, porrum. § i. Télophase § 2 Repos. Granulations chromatiques § 3. Prophase i. Les bandes chromosomiques 2. Structure des chromosomes 3. Absence de spirème continu 4. Autonomie des chromosomes 5. Division longitudinale 6. Naturalité des structures nucléaires 3i8 321 327 327 332 336 338 342 345 Chapitre III. Quelques observations complémentaires. Télophase hétérotypique et cinèses nucellaires dans le Paris quadrifolia 347 Conclusions Bibliographie Explication des figures . 349 35 1 355 Planche /. S» 7 • % «s . V* •#v f. \t? ^«^. » /// nr '^"ÏÏO.a.J 10 ! m 181 . r' c/ Berghs adnat . PlaricheR. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS PAR le Dr René DEVLOO, ASSISTANT A LA CLINIQUE MÉDICALE. Travail du laboratoire de chimie biologique de l'Institut Carnoy. (Mémoire dépose le 25 juin igo6. 44 r URIFICATION DU BIOS DE WlLDIERS. AVANT-PROPOS. Avant d'exposer notre travail, il convient de rappeler en peu de mots l'histoire du bios de Wildiers. La théorie de Pasteur affirmant que les cellules de levure étaient ca- pables de se reproduire en milieu contenant exclusivement des sels miné- raux et du sucre était universellement acceptée. Avant les travaux de Wildiers (1), cette théorie n'était pas mise en doute. Mais la surprise fut grande lorsque Wildiers, en préparant des mi- lieux minéraux pour cultures de levures dans les conditions reconnues les plus favorables pour la fermentation, reconnut que l'ensemencement de ces milieux avec une quantité minime bien déterminée de cellules de levure, Saccharomyces cerevisice I [ Hansen), ne permettait point à ces cellules de se développer; mais il lui suffisait d'ensemencer un peu plus largement pour voir survenir à bref délai un développement franc et net. Plus tard, on reconnut la même chose pour les autres levures. Et cependant les mêmes quantités de levures qui ne prolifèrent guère sur les milieux minéraux or- dinaires se multiplient et fermentent vivement sur du moût stérile. Cet ensemencement plus large en milieu minéral apporte-t-il la sub- stance que le petit nombre de cellules de levure trouve dans le moût? 362 René DEVLOO La question fut tranchée en faveur de la dernière hypothèse. En tuant des cellules de levure sèche par une ébullition prolongée dans l'eau, Wil- diers reconnût que l'addition d'une certaine quantité de cette émulsion à un milieu minéral ordinaire permettait aux mêmes petites quantités de levure, incapables de se développer en milieu minéral, de se reproduire d'une façon rapide et abondante. Il y a donc eu apport non de cellules vi- vantes, mais d'une substance extraite de ces cellules tuées et dont les cellules de levure ont besoin pour vivre et se développer dans un milieu minéral. Le fait est clair : à côté des substances minérales considérées jusque alors comme seules nécessaires, il y a besoin absolu d'une substance nouvelle pour faire marcher les cellules de levure. Or, quelle est la nature de cette substance? Des expériences sur les produits d'incinération des cellules de levure permirent bientôt à Wildiers d'exclure la possibilité de toute substance minérale. Ensuite, après une ébullition des cellules dans l'eau, on obtient une émulsion que le filtre Chamberland permet de diviser en deux parties : une première, renfermant des granulations de cellules mortes, incapable de jouer le rôle de la substance active; une seconde, soluble dans l'eau, qui passe à travers le filtre, et qui contient cette substance : c'est le bios de Wildiers. En vue de limiter d'aussi près que possible le caractère chimique de cette substance, quelques réactions de solubilité, de modifications par les acides ou bases inorganiques et de précipitation par les sels métalliques furent faites, mais ne permirent point de le saisir. Ainsi elle est insoluble dans l'alcool absolu et dans l'éther anhydre; une ébullition pendant une 1/2 h. en présence de H,S04 à la concentration de 5 0/0 ne la modifie guère, tandis qu'une concentration de 20 0/0 ou une solution de NaOH à 5 0/0 l'altèrent notablement. Enfin, les précipitants métalliques, comme l'acétate de Pb, HgCL, AgNO, neutre, acide ou ammoniacal, ne la précipitent guère. Des cultures faites avec addition d'urée, d'asparagine, d'analine, de tyrosine, de bases nucléiniques (adénine, guanine), d'acide nucléinique du thymus, de créatine, de produits de digestions pepsiniques et trypsiniques d'albumines chimiques pures, d'édestine et d'ovalbumine, montrèrent à l'évidence que la substance en question n'est aucun de ces corps. Wildiers (1) a montré encore que cette substance existait aussi dans l'extrait de viande de Liebig et dans le moût avant l'addition de levure PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 363 et Amand (2) a établi que ce n'est pas la cellule de levure qui produit la substance active, mais qu'au contraire elle l'utilise pour se multiplier. Un moment on attribua une certaine probabilité à l'hypothèse que le bios de Wildiers pourrait n'être qu'un contrepoison servant à neutraliser quelque poison subtil des milieux minéraux. Le cuivre fut surtout soup- çonné comme poison de ce genre (3). Mais le travail d'AMAND (4) sur ce sujet rendit cette hypothèse si invraisemblable que ses auteurs mêmes admirent qu'il fallait l'abandonner (5). Le fait de Wildiers fut corroboré par un élève de Lassar de Vienne, Kossowicz (6), qui conclut à l'indispensabilité absolue du bios pour la mul- tiplication des cellules de levure. Puis ce même auteur (7) reconnut que les microbes sont capables de faire du bios, et qu'une culture minérale de le- vure marche dès qu'une impureté de microbes vient s'y ajouter. C'est à cette symbiose de levures et de microbes dans la plupart des cultures de Pasteur que Kossowicz attribue le succès historique de Pasteur. Notre travail était sous presse, quand nous primes connaissance d'un nouveau travail sur le bios, du Dr Pringsheim (4), qui cherche à en restreindre la valeur. Le Professeur Ide s'est chargé de vérifier ces nou- velles assertions et d'y répondre par un nouveau travail, qui doit paraître dans le même recueil. La question discutée n'intéresse d'ailleurs pas nos recherches. 364 René DEVLOO INTRODUCTION. Depuis trois ans, nous avons cherché sans relâche à purifier la sub- stance active du bios de Wildiers. A moins qu'un heureux hasard ne mette le chercheur brusquement de- vant l'inconnue à l'état de pureté, la détermination d'un agent actif inconnu, mêlé à une foule d'autres substances organiques, comporte deux périodes. La première période, la plus ardue et la plus longue, est celle de l'isole- ment graduel de la substance active; la seconde est celle où la substance présumée pure est livrée aux mains d'un chimiste de profession pour en déterminer la formule chimique. Ces deux genres de recherches exigent en général l'intervention de deux expérimentateurs différents. Le chimiste de profession refuse son concours tant qu'on ne peut lui livrer mieux qu'un mélange complexe de substances. Le biologiste devra généralement se déclarer incompétent de- vant l'analyse d'une molécule organique. Nous avons entrepris le travail du, biologiste, et nous espérons l'avoir mené suffisamment loin; nous croirions faire mauvaise besogne à vouloir entreprendre une analyse chimique, car pour la mener sagement, il faudrait être préparé par des années d'études spéciales, que nous n'avons pas faites. Notre besogne n'a pas été facile ; les débuts surtout furent pleins d'in- certitude. Autant le bios de Wildiers montre une réaction nette, pondé- rable et mensurable, sur les cultures minérales de levures, autant son isole- ment au milieu des innombrables substances étrangères qui l'accompagnent a présenté de difficultés. Wildiers avait essayé déjà succinctement la plupart des bases dont on parle en physiologie, il avait essayé les précipitants les plus usuels, et devant l'insuccès de ces premiers essais, il avait laissé prévoir que l'in- connue indispensable à la levure ne serait pas si facile à saisir à l'état de pureté. Nous en avons fait la dure expérience, et si le bios de Wildiers n'avait pas eu un rôle aussi exceptionnel sur la vie de la levure, puisque c'est la seule substance organique à côté du sucre qui lui paraisse indispen- sable, et si la réaction du bios n'avait été aussi claire, aussi constante, aussi PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 365 tentatrice pour l'expérimentateur, qui voit toujours les cultures se réveiller sous son influence, nous aurions peut-être abandonné la recherche systéma- tique en question. Il est pourtant fort peu probable qu'on serait jamais arrivé à rencon- trer notre inconnue par chance ou hasard heureux. Comme nous le verrons, la molécule active du bios est, selon toute probabilité, une nouvelle venue dans la chimie physiologique et elle se cache dans une substance qu'on croit suffisamment connaître et où on ne soupçonne même pas la présence d'une inconnue. En effet, d'après nos recherches, c'est une base qui se trouve dans les lécithines à côté ou, ce qui est plus probable, à la place de la choline, mais sans avoir en apparence aucune parenté avec la choline même. La lécithine et la choline sont connues depuis environ un demi-siècle; tous les éminents chimistes qui ont édifié nos connaissances de ces admira- bles molécules ont eu notre inconnue comme impureté dans leurs capsules et n'y ont pas fait attention. Nous pourrions résumer en ces quelques lignes le résultat de notre travail de trois années. Aujourd'hui la vérification en est facile et demande à peine une semaine de travail : mais nous sommes en droit sans doute de montrer, tout en prouvant notre assertion, par quel patient labeur nous sommes arrivé à ce résultat. Marche générale de nos recherches. L'extrait organique qu'on obtient en faisant bouillir de la levure com- merciale, lavée au préalable à l'eau froide, se présente, quand il est bien évaporé, sous forme d'une masse sirupeuse, ressemblant assez bien à l'ex- trait de viande; malheureusement cet extrait est probablement aussi com- plexe que le Liebig lui-même. C'était notre point de départ. Wildiers avait bien signalé que le Liebig contenait aussi du bios ; mais nos expé- riences nous montrèrent dès le début que l'extrait de viande est bien moins actif que l'extrait de levure et qu'à travailler le Liebig nous aurions perdu du temps et de l'argent. Notre prédécesseur au laboratoire de Louvain, Wildiers 0 ), avait montré que l'acétate de plomb, le premier purificateur qu'on applique à 366 René DEVLOO tous les mélanges organiques, n'entraine pas de traces de bios. C'était le seul point bien déterminé. Pendant toute une période, nous travaillâmes à isoler directement le bios dans l'extrait de levure. D'un côté, nous cherchions à lui trouver un dissolvant spécial dans les excipients organiques usuels : alcool, éther, acé- tone, etc. D'un autre côté, nous lui cherchions un précipitant spécial parmi les précipitants des bases organiques : mercure, argent, molybdène, wolfram, platine. Longtemps nous insistâmes recommençant sans trêve nos expé- riences avec les précipitants, avec lesquels certains résultats nous avaient encouragé; mais les difficultés étaient trop grandes; tantôt la complexité du mélange empêchait le précipitant d'agir convenablement (molybdène, wolfram), tantôt le précipitant ayant agi, les impuretés concommittantes nous empêchaient de nous libérer du métal toxique, comme ce fut le cas pour le mercure, le platine et même pour l'argent. La complexité de l'extrait de levure nous apparaissant alors comme le plus grand inconvénient, nous cherchâmes une autre source de bios. C'est ainsi que nous examinâmes une série d'extraits végétaux au point de vue de leur action sur la levure. Nous recherchions par là même la répartition du bios dans le règne végétal. Au cours de ces recherches, nous fûmes frappé de ce fait, que le bios se trouvait précisément dans les substances que le traité de Meyer et Jacob- son et le dictionnaire de Wurtz énumèrent comme sources de la choline. Nous fûmes ainsi mis sur la piste de la choline, et nous nous adres- sâmes par conséquent à l'extrait de jaune d'œuf, de bile et finalement de lécithine saponifiée. Cette piste fut la meilleure. Pendant tout un temps, nous crûmes que la substance active du bios serait de la choline ou plutôt un dérivé direct de la choline. Poursuivant activement cette piste, nous reconnûmes d'une part que les lécithines les moins impures, et tirées des sources les plus variées, nous livraient constamment le bios; mais d'autre part nous devions reconnaître que ni la choline ni aucun dérivé possible de la choline n'étaient en cause. C'est en étudiant ces molécules assez simples et en expérimentant sur ces mélanges moins complexes, que nous reconnûmes les véritables précipitants du bios, et, mieux renseigné à ce point de vue, nous pûmes reprendre avec plus de sûreté et de succès la purification du bios dans l'extrait de levure lui-même, comme dans d'autres extraits végé- taux riches en bios, tels que l'opium et l'extrait d'ergot de seigle. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 3Ô7 Pour terminer, nous nous attachâmes à l'analyse de la lécithine elle- même, puisqu'elle nous présentait le moyen de préparer du bios mélangé à un minimum d'impuretés. Et c'est par cette voie longue et détournée que nous espérons nous trouver enfin devant une substance suffisamment pure pour entrevoir un travail utile de la part de chimistes professionnels. Modification à la méthode des cultures. Wildiers et Amand préparaient comme suit les flacons pour les cul- tures de levure. 1. Un. milieu minéral composé de : ioo cm* d'eau distillée et phosphate bipotassique 0,5 °/0. phosphate bisodique 0,5 °/0- 25 cm3 d'une solution de sels minéraux / sulfate de magnésium 0,5 °/0- chlorure d'ammoniaque 0,5 °/0. carbonate de calcium o, 1 °/0- 2. 10 grs de sucre saccharose par ballon. 3. Eventuellement les extraits soupçonnés de contenir le principe actif du bios. 4. Après stérilisation et refroidissement des ballons, on ensemençait ceux- ci au moyen d'une quantité de cellules telle qu'elles ne fermentent pas à elles seules, quand il n'y a pas de bios en présence. Les ballons ainsi préparés étaient mis à la couveuse à une température d'environ 250. Les ballons étant surmontés de barboteurs ou d'appareils de Crispo, les gaz de fermentation éventuelle passent à travers H2S04 concentré, qui retient H20 et ne laisse passer que C02. En pesant tous les jours les bal- lons, on les voit perdre en poids quand ils fermentent : 125 grs de milieu de culture, chargés de 10 grs de sucre et de bios à satiété, peuvent perdre ainsi près de 2 grs par jour et en peu de jours le sucre est épuisé. Toutes conditions égales d'ailleurs, moins il y a de bios et plus la fer- mentation traîne : après une période de 2 à 4 jours pendant laquelle les 45 368 René DEVLOO pertes quotidiennes sont croissantes, la culture a atteint son maximum de pouvoir destructif de sucre; la valeur des pertes quotidiennes reste assez constante et perdure telle tant qu'il y a suffisamment de sucre en présence. Un exemple tiré du travail d'AMAND (2) montre très clairement ce fait. Il prend une série de 6 de ses milieux ordinaires préparés comme il est dit, et il y additionne des quantités différentes d'extrait de levure : i/8, 1/4, 1/2, 1, 2, 4 ce. Expérience 1 Expérience 2 Expérience 3 Expérience 4 Expérience 5 Expérience 6 tn 125 ce. liq. min. 125 ce. liq. min. 125 ce. liq. min. 125 ce. liq. min. 125 ce. liq- min. 125 ce. liq. min. o 10 gr. sucre io gr. sucre 10 gr. sucre 10 gr. sucre 10 gr. sucre 10 gr. sucre i/8 ce. bios 1/4 ce. bios 1/2 ce. bios 1 ce. bios 2 ce. bios 4 ce. bios 2 0.00 o.o5 o.io 0.20 O.IO o.3o o.3o 0.40 o.5o 1.00 1.20 3 1.60 2 10 2 20 1.20 o.5o 0.80 0.20 4 0.50 0.80 o.85 5 0.40 0.70 0.25 6 0.20 0.40 0 50 0.20 0.20 7 0.25 0 40 0 40 O.IO 8 0.2O 0 50 o.3o 9 0.20 0.45 o.5o o.35 10 0.30 ii 0.25 Il est clair ici que les levures présentent une marche d'autant plus ra- pide et abondante qu'elles ont été ensemencées avec plus de bios. Les chiffres 0.30, o.5o, 0.80, 1.60, 2.10, 2.20, qui marquent les plus grandes pertes quotidiennes, sont les plus importants pour juger de la quantité de bios ajouté. L'unité de bios est représentée par une quantité qui, ajoutée à un flacon, permet aux levures une fermentation mesurée en perte de CO, égale à 1 .5o gr. environ vers le 3e ou 4e jour. Aussi, quand nous disons, au cours de nos expériences, » 1 unité de bios ^, c'est une quantité dp bios prise de n'importe quelle source qui, d'après dosage anté- PURIFICATION DU BIOS DE W1LDIERS 369 rieur sur une quantité équivalente, a permis une perte de C02 égale à 1 .50 environ. Dans la série qui suit, nous faisons le dosage du bios d'un extrait de levure en additionnant à 3 flacons respectivement des quantités propor- tionnelles à 1/6, 1/2, 1. Expérience 1 Expérience 2 Expérience 3 JOURS Flacon Flacon Flacon avec 1/6 bios avec 1/2 bios avec 1 bios 2 0 0 commence 3 O IO O.40 i.5o 4 O.70 O.80 1.20 5 O.70 O.80 0.60 6 O.40 O.60 Le flacon du n° 3 donne une perte maximale par jour de 1 .50, et nous convenons de dire que tous les flacons, additionnés avec une quantité cor- respondante de la même solution, ont reçu une unité de bios. Souvent, dans nos expériences ultérieures, nous faisons le contrôle suivant : à des flacons qui n'ont pas présenté de fermentation malgré l'addition d'une inconnue, nous additionnons ensuite cette unité de bios d'extrait de levure pour voir s'il n'y avait pas de poison en présence. Ce contrôle est précieux pour l'affirmation des faits que nous avançons. Quand nous disons ultérieurement « tel précipité ne contient pas le bios », ce n'est pas seulement parce que les levures n'ont pas fermenté après l'addition de ce précipité, mais en outre parce que nous avons prouvé que le précipité en question n'est pas toxique, une addition ultérieure de bios à la même culture ayant aussitôt mis la fermentation en activité (voir plus loin ex- périence 1, p. 373, et expérience 24, p. 3S0). La méthode de Wildiers et d'AMAND présentait le grand désavantage de demander des stérilisations continuelles à l'autoclave et surtout de ne nous livrer les résultats positifs ou négatifs qu'après plusieurs jours : en moyenne 4 à 6 jours. Notre procédé simplifie la méthode et, surtout, fait gagner du temps. 370 René DEVL00 i° Nous préparons une vingtaine de flacons avec les 125 ce. de rai- lieu minéral sucré sans bios et nous les stérilisons tous à la fois. 2" Nous les ensemençons avec des quantités de levure qui ne pro- voquent aucune marche à elle seule : cette quantité est de 1/5 à 1/10 de ce. d'une culture, de levure sur moût; ou bien 1/2 à 1/4 de ce. de levure cultivée sur milieu minéral avec 1 unité de bios. Tous les flacons ainsi préparés sont mis à la couveuse à 25°. 3° Enfin, quand nous avons une substance à essayer, nous la stérili- sons par une courte ébullition dans une capsule de porcelaine et, avec une pipette graduée stérile, nous additionnons le gramme ou les quelques grammes de liquide encore très chaud à un des ballons préparés et ense- mencés déjà depuis plusieurs jours. Or, voici le résultat. Tandis que tous les flacons en réserve ne donnent aucune marche, dès le lendemain d'une addition de bios le flacon en cause montre une fermen- tation bien lancée. Nous le pesons, et le repesons 24 heures plus tard; par expérience nous savons que la perte constatée alors correspond à la perte maximale de l'ancienne méthode; en cas de doute, d'ailleurs, nous pouvons faire une nouvelle pesée après un nouveau délai d'un jour. Donc, cette méthode nous dispensait de la préparation continuelle de nouveaux flacons et des stérilisations quotidiennes qui prennent autant de temps pour un flacon que pour vingt. Ensuite, au lieu de devoir attendre 3 jours au moins avant d'entrevoir un résultat, l'allure du flacon le len- demain de son emploi nous laissait prévoir des résultats bien positifs, et en 48 heures on évaluait en unités de bios la valeur de la substance additionnée. Le gain de temps fut si énorme que nous estimons que nous avons pu faire en deux jours par la nouvelle méthode ce qui demandait une semaine par l'ancienne. De plus, la méthode présente ce côté élégant, que tous les flacons en- semencés qui attendent, servent quasi de témoins à côté de ceux qui ont reçu les principes actifs. Nos tableaux d'expériences faits par cette méthode ne donnent généra- lement plus qu'un chiffre : la perte en poids due à la fermentation entre la 24e et la 48e heure après l'addition du principe actif, et cette perte est l'équivalent de la perte maximale donnée par l'ancienne méthode. D'ail- leurs, toutes nos cultures se faisaient en 1 25 ce. de milieu comme dans l'ancienne méthode. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 371 Dans tous les cas douteux, nous examinons au microscope les cultures qui ont fermenté, pour voir si la culture de levure est restée pure. Les résultats des rares cultures infectées de microbes ont été rejetés comme non avenus. Nous donnons ici une série d'expériences pour montrer la marche de nos flacons dès qu'ils étaient additionnés de bios. La quantité de bios additionnée est respectivement 1 ce, 2 ce, 3 ce. d'une solution d'extrait de levure purifié par le Pb. i° Flacons : milieu minéral sucré, ensemencement avec 4 à 6 gouttes d'une levure cultivée sur moût, soit 1/5 à 1/10 de ce. Mise à la couveuse pendant 1 semaine. Aucun dégagement de CO, ne se produit. 20 Alors 3 flacons sont additionnés de bios. DATE DES PESÉES 1 ce. bios 1 ce. bios 3 ce bios ir' 24 hs api es l'addition de bios 2° 48 » 1) O Mousse o.qo O Mousse I.IO Mousse déjà à la ire pesée Perte 1 .40 3° 72 » » Perte représentant celle de 1 unité de biot 372 René DEVLOO EXPERIENCES PERSONNELLES. Chapitre I. Action fies dissolvants et des précipitants snr le iios de WMiers. Nous donnons ici les premiers résultats que de longues recherches nous ont donnés en travaillant exclusivement sur l'extrait de levure. Ces résultats n'ont été que très peu satisfaisants et n'ont pas révélé de carac- tères nets du principe actif. Des méthodes, que nous reconnûmes bonnes ultérieurement, échouaient ou réussissaient irrégulièrement quand nous les appliquions directement à l'extrait de levure purifié seulement par la préci- pitation préalable à l'acétate de plomb. A. ALCOOL. I. Action de l'alcool seul. L'extrait de levure forme une masse sirupeuse très soluble dans l'eau : l'addition d'acétate de plomb basique (sous-acétate) ou neutre y a produit un fort précipité qui ne contient pas de bios. Le filtrat libéré du Pb par H, S peut être reconcentré au bain-marie et nous sert de point de départ. Avec l'acétate de plomb, nous avons introduit une grande quantité d'acide acétique que l'ébullition et l'évaporation ont écarté en partie, mais il reste beaucoup d'acétates à la place des chlorures, sulfates, etc., que le plomb a enlevés L'alcool concentré redissout très peu de substances de cet extrait. Nous avions donc intérêt à chercher l'action de l'alcool sur la masse, pour voir à quelle concentration le bios se précipite. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 373 A une solution aqueuse concentrée nous ajoutons des quantités exac- tement mesurées d'alcool à q5 "/„, de manière à faire des mélanges équiva- lents à l'alcool de 50 %, 60 °/0, 75 °/0 ou 80 %• 1. Alcool de 50 7, à. 70 °/o — 75 7„- L'alcool à 50 °/0 provoque une précipitation blanche, cristalline, assez abondante, qui est en grande partie inorganique. Ce précipité, redissous dans une petite quantité d'eau et reprécipité par l'alcool en concentration équivalente, donne une masse saline blanche qui ne contient pas de bios. L'alcool donne en outre entre 50 °/0 et 75 °/0 une nouvelle précipitation abondante présentant encore les mêmes caractères. Nous nous sommes assuré que ces précipités ne contiennent pas de bios. Dans une première série, nous additionnons nos flacons avec le préci- pité alcoolique à 50 "/„ livré par une quantité d'extrait de levure corres- pondant à 1/2, 1 1/2, 4 1/2 unités de bios. SÉRIE I. Précipité : alcool à So °/0- JOURS Expérience I 1/2 unité Expérience 2 Expérience 3 i 1/2 unité j 4 1/2 unités I 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 0 0 0 Les mêmes flacons -j- 1 unité bios. t .40 i.3o 374 René DEVLOO D'après ces expériences, on voit bien que l'alcool à 50 °/0 ne précipite pas le bios et que les flacons additionnés de ces précipités libérés de l'al- cool ne sont pas toxiques. Dans une seconde série, nous expérimentons avec l'extrait de levure traité par l'alcool à 75 7o! on additionne le précipité et le filtrat avec des quantités qui proviennent de 1/2 unité. SÉRIE II. Expérience 4 Expérience 5 JOURS Précipité alcool Filtrat alcool 1/2 unité 1/2 unité I 0 0 2 0 0 3 0 o.So 4 0 0.20 On répète l'expérience 4 en présence de 1 unité de bios, pour voir s'il n'y a pas de toxicité. 1.40 Les nos 4 montrent que l'alcool à 75 °/„ ne précipite pas le bios. L'ex- périence 5 prouve que tout le bios est dans le filtrat. Nous pourrions même faire atteindre à l'alcool une concentration de 8o° quand la solution d'extrait de levure n'est pas concentrée sans entraîner de bios ; mais dans les solutions riches, il commence déjà à se mêler au précipité. Ce résultat nous permet au moins une nouvelle purification écartant la plupart des sels inorganiques, NaCl, Na2S04, NH4C1, qui s'introduisent par les neutralisations nécessaires après l'action d'autres agents. Ces sels ne sont pas fort nuisibles à la culture de levure et ne masqueraient pas vite la présence du bios pour le développement des cellules; mais l'alcool à 70 °/0 nous a rendu constamment des services dans toutes les méthodes em- ployées ultérieurement. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS H 75 2. Alcool de 75 à 95 %• Au-delà de la concentration de 75 °/o> l'alcool précipite une masse brune qu'on croirait pulvérulente au premier moment, mais qui ne tarde pas à adhérer aux parois du vase en se transformant en une masse sirupeuse épaisse. Dès que le précipité prend ce caractère et même dès qu'il devient coloré, il contient du bios. Nous avons repris dans l'eau, isolément, les filtrats et précipités ainsi formés, reconcentrant chaque fois leurs dissolutions aqueuses au bainmarie, puis les précipitant à l'alcool de plus en plus concentré. Nous parvenions bien encore à obtenir de faibles précipités d'aspect pulvérulent et peu riches en bios, et des filtrats à haute concentration alcoolique (8o et 85°) riches en bios; mais la séparation n'était plus nette. Au-delà de 90 "/„, le filtrat est presque décoloré, mais contient encore du bios. Donc dans cette série, nous additionnons au flacon n° 6 le précipité alcoolique à 95 "/0 après redissolution dans l'eau et évaporation de l'alcool : le flacon n° 7 reçoit le filtrat correspondant. SÉRIE III. Expérience 6 Expérience 7 JOURS Précipité alcool g5 % Filtrat alcool g5 °/0 de 8 unités de 2 unités I 0 0 2 O O 3 I.80 0.20 4 I.ÔO 5 i.5o 6 0.80 Les expériences 6 et 7 indiquent que l'alcool même à 95 °/o ne ^it qu'une séparation incomplète du bios. 46 376 René DEVLOO II. Alcool, éther, — acétone, chloroforme. Nous essayâmes de provoquer des précipités dans les solutions alcoo- liques voisines de 80 °/0 par l'addition d'éther, d'acétone ou de chloroforme: un volume de ces corps pour deux volumes d'alcool. Les précipités formés paraissaient très inégalement teintés et certains restaient pulvérulents et se déposaient bien. A ce point de vue, X éther paraissait le plus efficace; le dépôt se faisait bien et restait pulvérulent tout en décolorant fort le filtrat. L'acétone donnait un précipité très teinté; le chloroforme donnait un précipité qui filtrait mal. Malheureusement, les cultures faites avec les filtrats ou les précipités marchaient toutes plus ou moins fortement; les précipités contenaient bien la majeure partie du bios; mais la méthode ne donnait aucun résul- tat applicable. Cette quatrième série comporte donc des expériences faites sur ces précipités et sur ces filtrats. Les précipités sont libérés de leur alcool, éther, acétone et chloroforme par dissolution dans l'eau et évaporation. Nous partons pour chaque opération de quantités de bios valant 4 unités environ. Les filtrats libérés de leurs excipients sont additionnés dans la même proportion. SÉRIE IV. Expériences sur les précipités. Expérience 8 Expérience 9 Expérience 10 JOURS 2 vol. alcool 80 % 2 vol. alcool 80 "/„ 2 vol. alcool 80 °/0 1 vol. d'éther 1 vol acétone 1 vol. chloroforme Précipité de 4 unités Précipité de 4 unités Précipité de 4 unités 3 ? ? ? 4 O.60 0.40 o.3o 5 O.70 O.90 0.90 6 1 .00 O.80 0 60 PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 377 Expériences sur les filtrats. Expérience 1 1 Expérience 12 Expérience 13 JOURS 2 vol. alcool 8o % 2 vol. alcool 80 °/0 2 vol. alcool 80 % î vol. d'éther 1 vol. acétone 1 vol. chloroforme Filtrat de 4 unités Filtrat de 4 unités Filtrat de 4 unités I 0 0 0 2 ? ? ? 3 o.5o O.40 O.7O 4 o.5o o.5o i.3o 5 1.00 o.go 1.00 6 0.60 0.40 0.60 Second précipité. Les filtrats précédents ont été traités séparément, après nouvelle concentration, par l'alcool à 8o°/0; un trouble s'y est formé, et à la masse trouble on a ajouté respectivement de l'éther pur, de l'acétone et du chlo- roforme en grande quantité. De nouveaux précipités se sont formés plus ou moins nettement; il était surtout net pour l'éther. La série 5 fait voir la marche que présentent respectivement ces préci- pités et ces filtrats libérés de tout excipient; nous en additionnons une quan- tité = 6 unités pour tous les précipités et 3 unités pour les filtrats d'éther et acétone et 1 1/2 unité pour le filtrat chloroformique. SÉRIE V. Précipités. JOURS Expérience 14 Alcool 80 % Éther 6 unités Expérience 15 Alcool 80% Acétone 6 unités Expérience 16 Alcool 80 °/0 Chloroforme 6 unités .70 i.5o 378 René DEVLOO Filtrats. Expérience 17 Expérience 18 Expérience 19 JOURS Alcool So % Éther Alcool 8o»/0 Acétone Alcool 80 »/0 Chloroforme 3 unités 3 unités 1 1/2 unité I O 0 0 2 0 0 O 3 ? i.o5 0.25 4 i.8o i.i5 0.45 5 I .00 0.75 o.3o 6 0.70 0.60 0.40 Ces expériences, depuis 14 jusqu'à iq, montrent nettement que l'al- cool, l'éther, l'acétone, le chloroforme sont incapables de précipiter complè- tement le bios; ils ne permettent guère de préciser davantage le caractère chimique de notre inconnue. III. Alcool + HC1, alcool + RLSO,, alcool + oxalate ammonique. Beaucoup de bases solubles dans l'alcool donnent des chlorhydrates ou sulfates beaucoup moins solubles que la base même ou que les sels formés par la base avec les acides organiques. Nous devions donc essayer l'action de l'alcool sur ces sels. Une solution aqueuse concentrée de l'extrait de levure fut donc char- gée de HC1 ou de H2S04, jusqu'à ce que la réaction au papier rouge de Congo révélât un excès d'acide inorganique libre. Chacun de ces acides précipitait une partie notable de l'extrait dans l'alcool à 75 °/o ; les précipités nettement cristallins et blancs se déposaient et filtraient bien. Les précipités des sulfates étaient notablement plus volumineux que ceux des chlorhydrates. Les précipités exprimés de toute leur eau-mère, redissous et repréci- pités dans les mêmes conditions, étaient ensuite libérés de leur acide, tout PURIFICATION DU BIOS DE WI LDI ERS 379 comme les filtrats, soit par le carbonate d'argent pour HC1, soit par le car- bonate de Ba pour H,SOr Or, tous les filtrats étaient très actifs; aucun des deux sels, sans être toxique, ne contenait de bios et ne permettait à la levure de se développer. Donc dans une sixième série, nous additionnons à nos flacons les pré- cipités de chlorhydrate et de sulfate redissous dans l'eau et libérés de l'acide. Nous partons d'un extrait de levure contenant environ 20 unités de bios et nous additionnons le 1/4 de ce qui a été précipité, correspondant à 5 unités environ. Les filtrats libérés de l'alcool et de l'acide sont addi- tionnés dans la même proportion. (Expériences d'après notre nouvelle méthode.) SÉRIE VI. JOURS CHLORHYDRATE SULFATE Expérience 20 Expérience 21 Précipité 5 unités Précipité 5 unités 3 4 Ces mômes flacons additionnés de i unité bios. i.3o Marche nette Tableau des filtrats correspotidants. JOURS Expérience 22 Filtrat correspondant au chlorhydrate 5 unités Expérience 23 Filtrat correspondant au sulfate 5 unités Marche nette 38o René DEVLOO Les expériences 20 et 2 1 prouvent clairement que le chlorhydrate et le sulfate de la base éventuelle (bios) ne sont pas insolubles dans l'alcool; les expériences 22 et 23 montrent qu'ils passent dans le filtrat. Sans être dépourvue d'intérêt, cette voie nous laissait encore sans issue. Nous n'avons pas même utilisé cette purification dans nos recherches ultérieures. Pour obtenir l'oxalate correspondant, nous avons traité notre extrait de levure en solution aqueuse par l'oxalate aminonique. Un précipité blanc se forme immédiatement. Nous nous en débarrassons par filtration, et le filtrat est additionné d'alcool jusqu'à concentration de 70'/, à 75°/oJ un nouveau précipité se forme. Mais ni l'oxalate insoluble dans l'eau, ni celui qui est insoluble dans l'alcool (naturellement débarrassés du radical oxa- lique par Ba(OH)2 à chaud et en excès et débarrassés de Ba(OH)2 par le courant de CO, et de Na2S04), ne contiennent le bios. Seul l'oxalate soluble dans l'alcool (débarrassé du radical oxalique, comme les insolubles) con- tient du bios. Cette sixième série montre la marche des flacons de l'oxalate insoluble dans l'eau, de l'oxalate insoluble dans l'alcool et de l'oxalate soluble dans l'alcool. Les trois corps sont libérés comme il vient d'être dit. SÉRIE VII. Expérience 24a Expérience 24/' Expérience 25 JOURS Oxalate Oxalate Oxalate insoluble dans insoluble dans soluble dans l'eau l'eau l'alcool et dans l'alcool I O o O 2 0 o Mousse 3 0 0 1 .IO 4 O o o 3o Les flacons 24^ et 246 additionnés de 1 unité bios 0 1.10 0.40 1.40 0.70 PURIFICATION DU BIOS DE WI LDI ERS 38 1 L'oxalate éventuel de notre inconnue est donc soluble dans l'eau et dans l'alcool ; les oxalates insolubles dans l'eau et dans l'alcool ne con- tiennent pas de bios. B. COMPOSÉS MERCURIELS. Les sels mercuriels, spécialement le sublimé, entrent en réaction régu- lière avec les bases ammoniacales. Soupçonnant, non sans raison, que le bios est une base organique amidée, nous devions avant tout le traiter par le mercure. I. Sublimé en solution acide. L'extrait de levure, purifié par le plomb et l'alcool, est encore légère- ment acide; l'addition de sublimé accentue le caractère acide du mélange. Une solution aqueuse concentrée d'extrait donne un précipité avec le HgCl2 seul; il est blanc et peu abondant. Il ne contient pas de bios. Un extrait en solution alcoolique à 70 °/0, additionné d'une solution alcoolique de HgCl2, donne un précipité qui paraît plus abondant et se filtre mieux, mais il ne contient guère de bios. Les précipités mercuriels doivent être soigneusement libérés de tout mercure par H2S. Mais ces premiers précipités ne correspondent pas aux composés amides Nr. I 0 0 0 0 2 0 0 0 0 3 0 0 0 0 4 0 0 0 0 Les mêmes flacons additionnés de 1 unité bios. o o 0.20 o 0.20 0.40 o 0.90 o 0.80 PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 393 Deuxième partie. Nous préparons alors nos flacons avec des alcaloïdes et glucosides divers; tous restent inactifs, 2 sont toxiques : le sulfate de quinine et l'émétine. Il nous fallût additionner quelques gouttes de HC1 à l'hyoscia- mine, au nitrate d'aconitine et à l'émétine pour permettre leur dissolution dans l'eau. Nous expérimentons sur les alcaloïdes et glucosides en ajoutant de chacun 0,20 ctgr. La marche faible et retardée d'un jour pour le chlorhy- drate de pilocarpine ne mérite pas qu'on s'y arrête ; alors que 5 à 6 ctgr. de bios brut extrait de levures donnent déjà l'unité, il est clair que si 20 ctgr. de chlorhydrate de pilocarpine ne donnent que 0,30 gr. le 3' jour, ce corps ne constitue pas la molécule active. Le contrôle au bios indique nettement que la plupart de ces composés ne sont pas toxiques pour la cellule de levure. JOURS Expérience 55 Hyosciamine Expérience 56 Sulfate d'atropine Expérience 57 Strychnine Expérience 58 Sulfate de quinine Expérience 59 Diurétine 1 0 O O 0 O 2 0 O o O O 3 O o 0 o o 4 O o 0 o 0 Les mêmes flacons -|- i unité bios, sauf celui de l'expér. 57 qui ne reçoit que 1/2 unité bios. o 1 90 o i.5o o 0.60 o 1.90 JOURS Expérience 60 Cocaïne Expérience 61 Saponine Expérience 62 Nitrate d'aconitine Expérience 63 Émétine Expérience 6+ Chlorhydrate de pilocarpine I 0 0 O 0 O 2 0 O O O O 3 0 O O O o.3o 4 0 O O O Les flacons 60 et 63 reçoivent 1/2 unité bios; les flacons 61 et 62, 1 unité bios. o 0.70 1.00 o 0.80 o 1.90 394 René DEVLOO Troisième partie. Les trois extraits les plus actifs rivalisant réellement avec l'extrait de levure étaient donc l'extrait de belladone, l'extrait thébaïque et l'extrait de Bonjean. L'extrait thébaïque contenant jusque 20 °/0 d'alcaloïdes, nous eûmes la curiosité de voir si les alcaloïdes de l'opium ne contenaient pas de bios. Nous fîmes la précipitation par l'acide phospho-molybdique, qui réussit beaucoup plus facilement ici que pour l'extrait de levure, et la réponse fut catégorique : le bios n'était pas précipité : donc les alcaloïdes de l'opium ne contenaient pas de bios. On additionne à 1 flacon une certaine quantité d'alcaloïdes d'opium précipités par l'acide phospho-molybdique et à un autre flacon une certaine quantité du filtrat phospho-molybdique. JOURS Expérience 65 Précipité phospho-molybdique Expérience 66 Filtrat phospho-molybdique O o.o5 1.45 1.00 Le flacon 65 additionne de 1 unité bios. 0 1.60 Les alcaloïdes de la poudre d'opium ne jouent pas le rôle de bios. Le bios est donc extrêmement répandu dans le règne végétal, ce n'est pas une molécule exceptionnelle, elle se trouve dans les tissus les plus variés. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 395 Chapitre III. Rapport dn bios et je la cboline. Mis en possession des faits relatés au chapitre précédent, nous fûmes frappé du commentaire fait à propos de la choline par Meyer et Jacobson dans leur traité de chimie (8). Ils disent : - Im Pflanzenreiche ist Cholin sehr verbreitet; durch Spaltung entsteht es aus dem Alkaloïd des weissen Senfsamens (Sinapin); frei kommt es im Fliegenschwamm, im Hopfen (daher auch im Bierwiirze und Bier), ferner in sehr vielen fetthaltigen Samen vor, so im Baumwollsamen, Bockshornsamen, Wickensamen und in den Arecantissen «. A ce moment, nous ne connaissions pas encore d'une façon certaine les principales réactions du bios de l'extrait de levure : de plus, sans être la choline elle-même, le bios pourrait être une fraction de la molécule de cho- line. Nous crûmes ne pas devoir négliger cette voie et bien nous en prit. Nous tombâmes ainsi sur le compagnon habituel et le plus intime du bios lui-même. SÉRIE XIII. I. i. Expériences sur la choline de lécithine impure. La choline nous était présentée au laboratoire de chimie biologique sous forme d'une solution alcoolique dérivant de saponifications anciennes de lécithine de jaune d'oeuf. Cette solution donnait intensément la réaction de la choline avec la solution alcoolique de PtCl4. Théoriquement, nous n'aurions dû avoir là que de la choline pure; mais nous verrons plus loin que cela n'est pas; appelons donc cette solution, choline impure. Son influence sur les cultures de levure était évidente : comme dans les cas où on ajoute du bios, la mousse de fermentation apparaissait dès le lendemain. Expérience 67 JOURS | Certaine quantité de choline de lécithine impure o O.70 O.70 La choline de lécithine contient donc du bios. 396 René DEVLOO En évaporant à sec une quantité de choline égale à celle qui a été em- ployée par notre expérience, nous obtenons un poids de 0,04 gr.; or ce poids paraissait lourd alors que, comme il a été dit plus haut, 0,03 à 0,06 gr. d'extrait de levure brut donne déjà l'unité. La marche n'indiquant qu'une demi-unité, il aurait fallu admettre que l'unité en choline atteignait au moins 0,08 gr. 2. Expériences sur la choline de lécithine purifiée. La petite provision de choline étant épuisée, nous commençâmes à préparer nous-mème de la lécithine par la méthode de Hoppe-Seyler (Qj : épuisement de 20 jaunes d'ceufs par l'éther : les jaunes d'ceufs ainsi dé- graissés et décolorés étaient soumis à l'alcool concentré chaud qui libère de la lécithine, assez pure; cette lécithine, que le premier traitement par l'éther n'a pas enlevée et qui ne devient libre que par l'action de l'alcool à chaud, est, croit-on, unie à un protéïde sous forme de lécithalbumine. Mais nous remarquons qu'on fait ainsi en même temps l'extrait alcoolique du jaune d'ceuf : le bios pourrait donc être un produit préformé soluble dans l'alcool et insoluble dans l'éther. Nous prîmes donc un soin spécial à reprendre l'extrait alcoolique évaporé par l'éther sec (tenu pendant 24 heures en pré- sence de CaCl2). Effectivement, il se forma un résidu A insoluble dans l'éther, que nous centrifugeons : et la solution éthérée absolument limpide est éva- porée, reprise par l'alcool, saponifiée à chaud par la baryte caustique. Écartementde la baryte par C02, puis H2S04, précipitation par l'acétate plombique, libération du Pb par H2S, évaporation, reprise par l'alcool à 700. Cette nouvelle solution de choline de lécithine purifiée est encore active, tandis que le résidu insoluble A n'était guère actif. Cette choline présente nettement la réaction caractéristique au chlorure platinique. Le résidu insoluble dans l'éther était même très peu soluble dans l'eau; on l'emploie comme tel additionné à un flacon. JOURS Résidu Expérience 68 A insoluble dans l'éther Expérience 69 Lécithine saponifiée 1 O O 2 o 0 3 0 1.20 4 o 1.00 5 o O.4O L'expérience 68 marche après addition de 1 unité bios. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 397 SERIE XIV. II. i. Expériences sur la choline de bile complète. Nous décidons alors de nous adresser à une autre source de choline, celle qui lui a donné son nom : la bile. Suivant Wurtz (10), nous saponi- fions la bile à la baryte et purifions en passant par le Pb. Le résidu excep- tionnellement peu coloré cristallin donne les plus belles réactions de choline avec le PtCl4. Et cette choline de bile complète additionnée à un flacon est encore active. JOURS Expérience 7 0 Choline de bile I O 2 Quelques bulles 3 o.3o 4 0.20 5 o.6o 2. Expériences sur la choline de la lécithine biliaire. Wurtz dit que cette choline de la bile dérive probablement de la lécithine contenue dans la bile. Voulant nous en assurer, nous traitons la bile comme suit. Un litre de bile, étendue de son volume d'eau, est additionné de H2S04 tant qu'il se forme un précipité. Ce précipité vert, volumineux et gluant, est formé d'acides biliaires, de cholestérine et sans doute de lécithine. Il est soluble dans l'alcool et les alcalis, moins bien dans l'éther. a) La partie non précipitée acide est claire; nous la traitons par l'acé- tate de Pb et l'alcool : ce résidu n'est pas actif et n'est pas toxique, le bios n'est donc pas dans la partie aqueuse de la bile. b) Le précipité gras, formé par l'H2SO+ sur la bile, est repris par l'alcool, saponifié (la cholestérine et l'acide cholique restent inattaqués), puis traité comme la bile complète et nous obtenons ainsi de la choline im- pure extraite de la lécithine biliaire. Cette choline impure est encore active. 398 René DEVLOO Dans l'expérience 71, nous additionnons à un flacon une partie de la bile non précipitable par H2S04. Dans l'expérience 72, nous additionnons à un flacon la partie de la bile précipitable par H2S04, traitée par l'alcool et saponifiée. JOURS Expérience 71 Partie non précipitée par H.SOj Expérience 72 Partie précipitée par HÎS01 saponifiée = choline extraite de la lécithine biliaire 2 3 4 5 6 0.40 0.75 o.85 o.3o Le flacon 71 additionné de 1 unité bios. i.3o Conclusion : les bases de lécithine biliaire contiennent de la substance active - bios «. SERIE XV. III. Chlorhydrate de choline commerciale comme telle ou modifiée par la présence de Ag,0. Tant de coïncidences ne pouvaient être un effet du hasard. Nous avons voulu purifier notre choline de lécithine pure par la précipitation au chlo- rure platinique, mais ce précipité était si difficile à libérer de son platine qu'il fallut des courants répétés de H2S et des évaporations pour voir dis- paraître enfin le dépôt noir de platine. Nous achetons alors du chlorhydrate de choline (Merck), qui est une choline de synthèse, et nous en additionnons à diverses reprises à des fla- cons, après nous être assuré sur des échantillons de l'identité du produit commercial par le chlorure de platine. Le chlorhydrate de choline com- merciale n'avait aucune action et n'était pas toxique aux doses moyennes. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 399 JOURS Chlorhydrate de choline Expérience 73 i5 ctsri. Expérience 74 5o ctgr. I o o 2 0 o 3 0 o 4 0 o Les mêmes flacons additionnés de i unité bios. 1.40 0.20 Le chlorhydrate de choline est inactif. Nous libérons alors la choline comme telle en chauffant légèrement la solution de chlorhydrate avec de l'oxyde d'argent fraichement précipité : la choline libérée se révèle par sa réaction fortement basique; nous laissons évaporer cette solution pour l'altérer en partie, puis nous l'additionnons comme base. Cette choline altérée reste inactive sans être toxique. JOURS Chol Expérience 75 ne traitée par AgjO 1 O 2 0 3 O 4 O Le même flacon additionné de 1 unité bios. Nous répétons toutes ces expériences avec les mêmes résultats : il n'y a pas de doute, il faut exclure la choline même. 49 400 René DEVLOO SERIE XVI. IV. Expériences sur les dérivés de la choline. La question se pose : n'est-ce pas un dérivé de la choline. La molécule de celle-ci est bien établie. HO-Nc CH3 CH, -CH3 CH2 I CH,OH Ses produits d'altération naturelle sont des tri-, di- et monométhyl- amines et l'oxyéthylamine; ce ne peuvent être que : .N ^H2 c< H, CH, N 4- -0) -m + + + .a 13 + 3 +3 U) 'S j" 5 0) z ■S ai 4- + à 0 -o z fc " ci S o, ri 03 + o" z 00 "ri" m + o + U PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 403 a o v» o cS •01 w Tous les précipités formés se dissolvent par addition d'eau o ET Ë « 0 >• 1 1 1 + Faible si la solution est concentrée 4- £ T ni S Chlorhydrate de choline commerciale + + + Soluble dans un excès 1 c Ë « 35 (S ■8 + + + + Soluble dans un excès + Soluble dans beaucoup d'eau 1 O E Ë + + 1 + 1 1 • Diéthylamine 1 ' 1 1 1 + g a» c Ë — >% ja ■2 1 1 1 3 ■S •0) u H 1 1 + Très net co c « 'H. "0 ■a a. 1. Acide phospho- molybdique avec quelques gouttes de HsSOt 2. N° 1 + HNO, sous l'action de la chaleur du bain-marie 1 a + Sh = .ST ^ 0 0 0 co 0 ~ 'rt 3 3 „? £ U « s en 4. lodure double de Hg et de K u cas X + JS g a bjD ni -J04 René DEVLOO Nous cueillons donc ici des renseignements très intéressants en même temps que des réactifs très nets pour la choline elle-même. Remarquons : i° le traitement préconisé pour différencier la choline par le PtCl4 n'est d*abord pas spécifique pour cette substance. De plus, le platine est un violent poison pour les cultures et ne se laisse enlever com- plètement des milieux organiques ni par le H, S, ni par la réduction au formiate de soude. Nous nous demandons avec frayeur à combien d'erreurs sont exposées les analyses du platine par ces méthodes courantes pourtant dans beaucoup de laboratoires. Seule l'incinération laisse récupérer tout le platine. C'est une des raisons pour lesquelles nous ne pûmes pas purifier nos cholines de la lécithine par le PtCf, : tentatives vaines que nous avions entreprises dès le début. 2° Le HgS04 agit tout autrement que le HgCL + Ba(OH), et les physiologistes qui croient pouvoir employer indifféremment les deux sels de mercure encourent de sérieux mécomptes. 3° L'iodure double de Hg et de K, chose curieuse, s'attaque aux corps que le HgCL + Ba(OH)2 ne touche pas et vice-versà. 4° L'acide phospho-molybdique précipite d'une façon très nette les bases quaternaires (tétra et choline) et les tertiaires, laissant les primaires et secondaires en solution. 5° Les HgCL et Ba(0H)2 précipitent nettement les aminés qui ont conservé un H au moins fixé sur N ; en effet les combinaisons formées sont /H /H /CH, N^— H N^-CH; et N^ -CH, ^Hg-OH ^Hg-OH ^Hg-OH Les bases tertiaires et quaternaires ne sont plus attaquables par le mercure dans ces conditions. Inutile de dire que ce sont les deux dernières réactions qui devaient nous servir à nous libérer de la choline, et qu'à partir de ce moment nous tournions tous nos efforts sur l'application de ces deux méthodes à la puri- fication de l'extrait de levure, de l'opium et de l'ergot et plus tard de la choline de lécithine. Mais il nous restait à vérifier avant tout l'inactivité éventuelle des pro- duits d'altération de la choline même. Aucune des quatre méthylamines, ni aucune des quatre éthylamines, PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 405 ni la neurine ne se montra active ni comme chlorhydrate neutre ni après libération de la base et transformation en carbonate neutre. Restait à expérimenter la formule un peu spéciale de la glycolamine N< H, c2LCH2 I OH ou OH CH2 I C-NH. H, dont les caractères chimiques sont indiqués au tableau des réactions. Ce corps n'est pas dans le commerce, mais le professeur Henry qui a approfondi l'étude de tous ces groupements nous donna le moyen d'en faire par l'éthylénoxyde et l'ammoniaque. C"2 I^^^O + NH3 C cHîOH H, C_Ë^NH, La glycolamine resta inactive : et il en fut de même du glycocolle qu'on f C=°OH | pourrait obtenir par oxydation de la glycolamine J ! et du glycol ( H2 C-OH HLCNH, que la choline pourrait libérer C- OH H2 La série suivante d'expériences fut faite par l'addition des produits à formule chimique nettement connue. Expérience 76 Expérience 77 Expérience 78 Expérience 79 JOURS Glycol 20 ctgr. Glycocolle 20 ctgr. Glycolamine basique 1/2 ce. d'une solution au 1/4 d'eau Glycolamine (même quantité) neutralisée par HC1 1 0 O O O 2 O O 0 O 3 0 O 0 0 4 O O O O Les mêmes flacons additionnés de 1 unité bios. o 1.40 o 0.80 o.5o o 0.60 o.5o o 1 .40 4o6 René DEVLOO Nous avions craint que la glycolamine basique ne fût toxique de par sa réaction basique intense, et nous l'avons neutralisée par HC1 avec le faible espoir de voir le chlorhydrate jouer le rôle de bios. L'expérience 79 indique nettement qu'il n'en est rien. Nous avouons ne pas avoir eu le courage de faire la glycolamine mé- H thylée N CH3 qui n'a encore été signalée nulle part et dont on n'a CËiCH2 l OH pas même fait la synthèse jusqu'ici. Si ni la glycolamine, ni la diméthyl- amine, ni la diéthylamine ne sont actives, il est peu probable que la glycol- amine méthylée puisse être le corps recherché. Nous arrivons ainsi à cette conclusion que ni la choline, ni aucun des dérivés de la choline actuellement connus ne jouent le rôle de bios. Et pourtant le bios se retrouve constamment à côté de la choline. Chapitre IV. Le bios de la lécitliine. Le bios étant une substance extrêmement soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool absolu et dans l'éther sec, il ne pouvait être question d'attri- buer à la molécule de lécithine comme telle l'action spéciale du bios. Pourtant, quand nous additionnons beaucoup de lécithine en émulsion ou dissoute dans un peu d'alcool chaud aux cultures, celles-ci manifestent en 24 heures la présence du bios. L'addition de la lécithine commerciale stérilisée, en la mettant en suspension dans l'eau bouillante, fait marcher les levures dès le 2d jour : un gros morceau de lécithine commerciale prise à la même source addi- tionnée comme telle sans stérilisation avait la même action. Croyant à une modification de la lécithine par l'eau, nous traitâmes la lécithine par 3 gr. d'alcool chaud, et encore la levure se mettait abon- damment en marche dès le lendemain. Ces notables masses de lécithine ne surnageaient pas longtemps dans les cultures, mais toutes formaient le len- demain avec le milieu déjà en mousse une émulsion uniforme. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 407 Nous faisons suivre ici quelques chiffres obtenus par l'addition de différentes lécithines. SÉRIE XVII. Expérience 80 Expérience 81 Expérience 82 Lécithine commerciale Lécithine commerciale Lécithine purifiée par JOURS émulsion émulsion éther anhydre dans l'eau bouillante dans l'eau froide solution 1 gr. environ o.45 gr. dans l'alcool chaud I 0 0 O 2 I.80 o.5o I.60 3 I.IO 0.40 4 o.5o 5 o.5o 6 o.5o L'altérabilité de la lécithine dans l'eau est extrêmement grande : un échantillon de lécithine parfaitement soluble dans l'éther anhydre, mis pen- dant quelques minutes dans l'eau en ébullition, donnait un trouble notable quand, après évaporation de l'eau, on le reprenait par de l'éther anhydre : cela prouve bien la grande altérabilité des lécithines dans l'eau chaude. La saponification de la lécithine dans le milieu de culture est proba- blement complète en peu de temps. La lécithine, additionnée soit en sus- pension dans l'eau froide, soit en solution alcoolique, donnait la même rapidité de marche qu'après saponification dans la soude. Expérience 83 Expérience 84 JOURS Lécithine comme telle dans l'eau froide o,45 gr. Lécithine saponifiée à la soude quantité correspondant à 0.45 gr. de lécithine I 0 O 2 o.5o 0.40 3 0.40 0.70 4 o.5o O.60 50 408 René DEVL00 La quantité de lécithine nécessaire est notable et indique bien qu'une petite partie seulement de sa molécule est active. Une unité de bios serait représentée par un gramme de lécithine com- merciale au minimum. Un gramme de lécithine commerciale ne renferme qu'environ 0,6 de vraie lécithine, le reste est de la graisse. Or 0,6 de lécithine ne contient que 0,01 1 d'azote, qui correspondrait à 0,095 de cho- line : mais une partie seulement de cet azote dépend de la choline, comme nous le verrons. SÉRIE XVIII. Malgré les improbabilités extrêmes de succès, il fallait au moins faire un essai avec les molécules non basiques qui dérivent par saponification ou altération de la lécithine. O C-O-C— (CH.U-CH, C_0-C-(CHJI6-CH3 II O C— 0-P o .OH O C ■H, ,N-(CH,), C

2e Échantillon. N 0,031 *3i : 0,087 <-• Dans aucun des deux cas la richesse en azote n'atteignait donc la pro- portion nécessaire pour que 1 atome de N corresponde à 1 atome de P. Ou bien la base qui remplace la choline dans une partie des molécules de lécithine n'est pas plus azotée que la choline elle-même, elle serait donc simple aminé, ou bien cette pseudolécithine est exceptionnellement riche 4 1 2 René DEVLOO en phosphore, et alors il ne s'agit plus de lécithine. En tous cas, l'existence d'une seconde base dans chaque molécule de lécithine est exclue. Ou bien on conservera le nom de lécithine à toutes les graisses phos- phorées quelle que soit la base qu'elles contiennent, ou bien, réservant le nom de lécithine à la formule de structure classique, il faudra donner un nom nouveau à la molécule grasse et phosphorée qui contient la base active du bios. Cette question de mots importe peu en ce moment. Nous avons aussi dosé séparément l'azote de la choline et l'azote de la biosine retirées d'échantillons de lécithine saponifiée. Nous obtenons N choline : N biosine : : 9,5 : to. La quantité de biosine est donc aussi notable que celle de choline. Pour nous, l'essentiel est d'avoir trouvé une source de bios qui nous livre la substance active très peu mélangée, à moins d'admettre tout à coup que la choline peut être remplacée par toute espèce de molécules basiques; mais il y a lieu de croire que peu de bases ont cette propriété. Il est même probable que la choline et la biosine ne forment que les deux produits basiques dérivant des lécithines. En ce cas, en partant d'une lécithine aussi pure que possible, en écartant la choline par l'acide phospho- molybdique, en précipitant la biosine par le mercure, le chimiste n'aurait plus devant lui qu'une molécule, les savons, la glycérine, le phosphate et la choline étant éliminés. Nous avons profité de cette pureté pour vérifier sur des échantillons minimes de biosine les réactifs suivants : Le PtCl4 alcoolique n'y forme aucun précipité; Le nitrate d'argent et la baryte ne forment aucun précipité blanc; l'acide phospho-tungstique n'y cause qu'un trouble minime; L'iodure double de mercure et de potassium n'y forme aucun précipité. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 413 Aperçus spéciaux. I. Les rapports de la biosine et de la choline. Peut-être des lecteurs seront-ils tentés, malgré tout, de considérer la biosine comme une molécule dérivant par altération de la choline. Il nous semble que cette hypothèse est devenue tout-à-fait improbable; voici pour quelles raisons. i° La choline est certes très altérable, non seulement quand on con- centre ses solutions basiques, mais même quand on évapore au bain-marie les solutions de chlorhydrate ; de là ces longues discussions sur la neurine et la choline. Nous avons intentionnellement évaporé la choline comme telle et son chlorhydrate, et jamais les produits d'altération n'ont donné la moindre activité à la culture de levure. 2° Nous avons mis à l'essai toute la série des bases méthyliques et éthyliques, depuis les aminés primaires jusqu'aux quaternaires, ainsi que la neurine, la glycolamine, même le glycol et le glycocolle, sans jamais retrouver la moindre activité sur les cultures. 3° En présence de ces résultats négatifs, nous devons faire remarquer que la lécithine qui n'a subi aucune autre manipulation que sa mise en émulsion dans le milieu de culture, donne d'emblée une marche corres- pondant à peu de chose près à la complète dose de biosine qu'on peut retirer de cette même lécithine saponifiée. Il faudrait donc admettre, pour être conséquent dans cette hypothèse, que la choline unie à la lécithine su- bit très facilement une altération qu'ultérieurement il n'y a pas moyen de lui faire encourir, ni dans des circonstances analogues, ni par des procédés beaucoup plus altérants. En attendant donc la détermination de la molécule de la biosine, nous considérons comme improbable toute ressemblance avec la choline. IL Poids de l'unité présumée. Nous pouvons entrevoir aujourd'hui combien de centigrammes de bio- sine sont nécessaires pour faire marcher une culture de 125 ce. 414 René DEVLOO En effet, 45 ctgr. de lécithine commerciale pure, mise en émulsion, donnait une marche se rapprochant sensiblement de celle de la demi-unité de bios de Wildiers. Estimons donc l'unité de bios à environ 1 gr. de léci- thine commerciale. Nous savons que le poids moléculaire de la lécithine (775 environ d'après les radicaux gras) correspond à 3i de P et à 14 de N. Or, 1 gr. de lécithine ordinaire ne contient que 0.011 d'azote (voir p. 408); la moitié de cet azote revient à la choline, le reste à la biosine, soit 0.006 de N. La biosine ne contenant probablement que 1 N, si son poids moléculaire n'était pas plus élevé que celui de la choline 1 24, nous aurions pour l'unité de biosine contenant 6 mgr. de N un poids de 53 mgr. Il est probable que ce poids moléculaire reste notablement en dessous de 1 24. En effet, il nous est arrivé de prendre le poids de 10 unités d'extrait de levure purifié par le Pb et l'alcool, et ces 10 imites séchées au bain- marie ne pesait que 60 ctgr., donc 1 unité pèserait au maximum 6 ctgr. Ou bien la molécule de la biosine sera très petite, ou bien la majeure partie de notre produit purifié d'extrait de levure, de belladone, d'opium ou d'er- got sera de la biosine : au moins la moitié, probablement les trois quarts. Cela est déjà très avantageux pour les recherches ultérieures, et on pourra se servir de ces extraits pour étudier en grand les propriétés de la biosine. L'azote qu'on doit livrer à un milieu de 125 grs sous forme de biosine revient donc quasi sûrement à environ b mgrs : ce ne sera pas plus, en tous cas. Cet azote peut servir à former des quantités de levure vivante allant jusqu'à 300 mgrs d'après des évaluations inédites : ces 300 mgrs de levure vivante contiennent au maximum 20 °/0 d'albuminoïde, soit 60 milligrs, et 60 milligrs d'albuminoïdes correspondent^ au taux de 16 0/0 d'azote, à 9.6 mgr. d'N. D'autre part, la levure en se développant épuise et transforme tout le bios du milieu de culture d'après Amand. Donc, les 6 mgrs d'N du bios formeraient la majeure partie de l'azote albuminoïde de la levure. La confirmation de ces données déjà si probables montrerait le rôle prédo- minant du bios comme aliment azoté de la cellule levurienne, et nous nous trouverions ainsi aux antipodes de la thèse de Pasteur pour l'aliment azoté de la levure. Nous ne mettons ces chiffres en regard les uns des autres que pour montrer l'intérêt biologique qui s'attache de plus en plus à cette question. III. Source des recherches futures. En ce moment la biosine pure devant être cherchée dans la lécithine et celle-ci ne livrant par gramme de produit commercial que 3 à 4 cen- PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 4 1 5 tigrammes de biosine, la préparation de la substance par cette voie sera coûteuse. L'étude graduelle de ses propriétés permettra peut-être d'arriver à une purification complète en partant de l'extrait de levure, de belladone, d'opium, d'ergot de seigle, même d'opium dépouillé de sa morphine, dont la valeur commerciale doit être nulle. Tous ces produits contiennent de la biosine en abondance, i kilogr. de levure sèche commerciale, valant 1 fr., livrera autant de biosine que 500 grs de lécithine se vendant près de 150 frs. VI. Méthodes pratiques applicables à la purification des extraits de levure et des extraits végétaux. Nous traitons comme suit la levure, l'opium et les extraits de belladone ou d'ergot pour en extraire le bios à son maximum de pureté. La levure bouillie ou les extraits mis dans l'eau chaude sont addi- tionnés de sous-acétate de plomb en léger excès : la filtration élimine à la fois les cellules tuées et les matières déféquées par le plomb. Ce filtrat est acidulé par H,S04 jusqu'à réaction franche au papier rouge de Congo. Nouvelle filtration pour écarter le sulfate de plomb. Nous concentrons à ce moment le filtrat au bain- marie en évitant de le laisser se concentrer trop fort, H,SO+ noircirait la masse et détruirait un peu de bios. Le liquide réduit au dixième de son volume est devenu fort acide; nous additionnons un peu d'eau oxygénée, puis l'acide phospho-molybdique ; le filtrat est neu- tralisé par BaCOj, puis alcalinisé au bain-marie par Ba(0H)2. Refiltrée et traitée par C02 pour écarter l'excès de baryte, la solution est prête pour l'addition de HgCl2 qui donne d'emblée le précipité blanc, la solution étant neutre; on continue ensuite à ajouter du HgCl2 et du Ba(0H)2 alternative- ment sans s'écarter notablement de la neutralité. Dès que le précipité jaune de HgO apparaît, on s'arrête. Ce précipité jeté sur le filtre est lavé à l'eau, puis acidulé par HC1(H2S04) qui le redissout (sauf le sulfate de baryum qui se forme), enfin passé au courant de H2S pour écarter le mercure. Il faut bien vérifier en ce moment l'absence de mercure et de baryum et il faut neutraliser à la soude avant d'évaporer à sec. Le produit fort concentré, mais encore en solution aqueuse, peut être additionné de 4 volumes d'alcool concentré. Il se forme un précipité de la majeure partie du sel de cuisine ou du sulfate sodique formé par la neutralisation. Le filtrat alcoolique évaporé laisse une masse cristalline, légèrement teintée de jaune. C'est la méthode pour obtenir de grandes quantités de produit à bon compte. 51 416 René DEVLOO Pour obtenir le produit le plus pur, comme nous l'avons établi au chap. IV, il faut appliquer les mêmes réactions aux produits de saponifica- tion d'une lécithine aussi pure que possible. Dans toutes ces opérations, il ne se fait de perte sérieuse de bios que lorsqu'on veut l'extraire de son précipité mercuriel par H2S. Il y a avantage à dissoudre le précipité mercuriel dans H Cl ou H2S04, qui favorisent l'attaque de H2S. En effet, la simple mise en suspension du précipité dans l'eau distillée avant le passage de H2S ne permet pas de récupérer tout le bios, car la reprécipitation au HgCl2 + Ba(OH)2 nous donnait toujours un précipité blanc qui était beaucoup moins volumineux que le précipité primitif. Il est vrai que, même après l'addition de HC1 et H2S, nous ne récupérons pas encore tout le bios, mais la perte n'est de loin pas aussi considérable. Il faut noter encore que cet HC1 ne redissout pas tout le précipité mercuriel formé ou mieux l'addition de HC1 ne nous permet pas d'obtenir une solution parfaitement débarrassée de substance insoluble. Aussi nous avons soin de filtrer avant de traiter par le courant de H2S. Le filtrat acide contient certes la plus grande partie du bios. La partie insoluble en gé- néral est très minime. Sur un bios de l'extrait de levure, obtenu après ces opérations en ne tenant compte que de la partie du précipité mercuriel soluble dans H Cl, nous avons fait les réactions suivantes. Ni l'iodure double de Hg et de K, ni le AgNO.; en solution acide, neutre ou alcaline, ne donnent de précipité; le PtCl4 alcool ne donne qu'un léger nuage après quelque temps; l'acide phospho-wolframique y produit un précipité notable. Enfin, ce bios ainsi purifié est reprécipité très nettement en blanc par HgCl2 4- Ba(OH)2 et il suffit de l'addition de quelques gouttes de HC1 pour voir le tout se redissoudre. Nous avons voulu nous assurer de la nature du produit mercuriel insoluble dans HC1 en recherchant s'il contenait du bios. Ce précipité en suspension dans l'eau ne lâche pas son mercure sous l'action de H2S ; même à chaud, il faut absolument l'intervention du (NH4lS. Ainsi libérée de son mercure, nous avons additionné une partie de cette substance à un flacon et cette addition a permis le développement des levures, mais d'une façon très modérée. C'est là un phénomène qui explique pourquoi il y a toujours une perte de bios après la précipitation au mercure, le précipité ne lâchant pas com- plètement son mercure sous l'action de H2S. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 4»7 TABLEAU DES SUBSTANCES ACTIVES ET DES SUBSTANCES INACTIVES. Nous donnons ici en tableau les substances qui se présentent nette- ment comme substances actives ou inactives du bios de Wildiers. Substances actives. Substances inactives. 1. Extraits de levure, d'opium, d'ergot et de belladone. Filtrat à l'acétate de plomb. Précipité HgCl2-f Ba(OH)2. Partie non entraînée par les vapeurs d'eau en solution alcaline. Précipité alcoolique jusqu'à 80 °/0. Précipité alcoolique (alcool à 70 °/0) des chlorhydrates, sulfates et oxalates. Précipité Ag'NO, en solution acide, neutre ou alcaline. Précipité phospho-molybdique. Précipité HgClj en solution acide. Précipité HgKIo2. Précipité PtCl4 -j- alcool. 2. Extraits de plantes diverses. Très forts : belladone, ergot, opium. Moins forts : noix vomique, quinquina, scille. Tous les alcaloïdes de l'opium. Les alcaloïdes et glucosides suivants : hyoscyamine, sulfate d'atropine, strych- nine, sulfate de quinine?, diurétine, cocaïne, saponine, nitrate d'aconitine, émétine, chlorhydrate de pilocarpine. 3. Produits de la bile. Bile saponifiée. Partie grasse de la bile, saponifiée. Partie des bases biliaires précipitable par HgCl, + Ba(OH),. Filtrat aqueux de la bile saponifiée. Partie des bases biliaires précipitable par l'acide phospho-molybdique. 418 René DEVLOO 4. Produits de la lécithine. Lécithine commerciale. Lécithine commerciale purifiée par l'éther sec. Lécithine de jaune d'œuf (méthode de Hoppe-Seyler). Lécithine émulsionnée. Lécithine saponifiée. Partie des bases de la lécithine précipi- table par HgCl2 -f- Ba(OH)4. Partie insoluble dans l'éther des léci- thines commerciales et des lécithines extraites du jaune d'œuf. Partie des bases de la lécithine précipi- table par l'acide phospho-molybdique. 5. Chlorhydrate de choline et dérivés. Chlorhydrate de choline commerciale comme telle, ou après ébullition, ou après ébullition en présence de AgsO et évaporation ultérieure. Série de corps que la choline pourrait donner comme produits d'altération : la neurine, les mono-, di-, tri- et tétra- méthylamines, les mono-, di-, tri- et tétra- éthylamines, le glycol, le glycocolle, la glycolamine, la glycolamine méthylée, très pro- bablement. 6 Substances qui entrent dans la formule de la lécithine. Savons, glycérine et glycérophosphates. PURIFICATION DU BIOS DE WILDIERS 4 1 9 CONCLUSIONS. Le principe actif du bios de Wildiers est une molécule qui se trouve dans les lécithines telles qu'on les a préparées jusqu'ici. C'est une base azotée sans rapports avec la choline, elle est probable- ment mono-azotée, une aminé présentant encore un H libre du radical ammonique : cela résulte de ses caractères indubitables d'être précipitable par HgCl2 + Ba(OH)2, et d'être soluble dans la solution d'acide phospho- molybdique. Les caractères chimiques connus peuvent être résumés comme suit : i° Elle est très soluble dans l'eau. 2° Elle n'est pas distillable. 3° Les chlorhydrate, sulfate et oxalate correspondants sont solubles dans l'eau et dans l'alcool à 75°. 4° Elle se laisse précipiter par le HgCL neutralisé par BaiOH), sous forme d'un composé mercuriel blanc dont le mercure est difficilement en- levé au complet si l'on n'agit pas sur le produit assez purifié. Toutes les autres méthodes qui nous la donnent sous forme de précipité ne nous la livrent pas sous une forme acceptable. Elle se laisse précipiter incom- plètement par l'alcool à partir de 8o°, et par un mélange des excipients suivants : 2 vol. alcool 8o° avec i vol. d'éther, d'acétone ou de chloroforme, ou alcool 8o° avec l'éther, l'acétone ou le chloroforme en grande quantité. 5° L'alcool en dessous de 8o°, l'acétate neutre ou basique de plomb, l'argent en solution acide, neutre ou basique, le mercure en solution acide, l'acide phospho-molybdique, l'acide phospho-tungstique, PtCl4 même en solution alcoolique, l'iodure double de Hg et K, sont incapables de la précipiter. 6° Elle forme une molécule richement répandue dans la nature et n'est aucune des molécules alcaloïdiques ou glucosiques que les chimistes ont pu isoler à l'état de pureté. 7° Nous l'avons trouvée toujours à côté de la choline, sans lui trouver de rapport chimique avec elle, puisque ni la choline commerciale ni les 420 René DEVLOO produits d'altération de cette choline (ceux que nous livrent le commerce, ceux provenant de l'ébullition, de l'évaporation simple, de l'ébullition en présence de Ag20) ne peuvent la remplacer dans les milieux minéraux sucrés pour permettre aux levures un développement franc et rapide. 8° Elle remplace la choline dans les lécithines telles qu'on les prépare maintenant pour environ la moitié de la substance azotée. C'est probable- ment la base d'un corps gras et phosphore qui ressemble à la lécithine. En terminant ce travail, nous sommes heureux d'adresser nos plus sincères remercîments à Monsieur le Professeur Ide, qui nous a dirigé dans nos recherches laborieuses. BIBLIOGRAPHIE, i Wildiers 2 A mand 3 Fernbach Windisch Deherain et Demoussy 4 A mand Kossowicz 8 Meycr und Jacobson, P. g Hoppe-Seyhr i o Wurtz : Nouvelle substance indispensable au développement de la levure; La Cellule, t. XVIII, 2d fasc. : Disparition du bios de Wildiers dans les cultures de levure ; La Cellule, t. XXI, 2&*> rr *&e + Ni ^sA jH&pf •■ *«*H ^h*J VjK r&: ** £ *âM **> _-* * V/ . 5 s M*a H&i > /-•