*. :^y -^ ^-k ^ •:^:*««^. ^-< '^1»-^ "^V'^- .J^' / '^ .-^ LA CELLULE J I ^ LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDli PAR J. B, CARNOY, PROFRSSKUR UH BOI \NiyL'H Hl TiK BIOLOGIE CBLLULAIRF, PUBLir. PAR G. GILSON, PROFKSSKUR lîH ZOOLOr.IK HI' D«MRRVOE.OniE , A l' Université catholique de Louvain TOME XXX icr FASCICULE I. La spermatogenèse dans les mammifères. — III. Les spermatocytes leptotènes et amphitènes dans le Taureau, par Lucien VAN HOOF. II. Réseau protoplasmique et chondriosomes dans la genèse des myofibrilles, par P. GAUDISSART. III. Microsporidies parasites des larves de Simulium (Thelohania varians), par le D^ Paul DEBAISIEUX. IV. Cinèses atypiques dans les cellules adipeuses de larves de Pyrrhocoris apterus L. avec quelques remarques sur le centrosome, par J. KOWALSKI. V. Merocystis kathae Dahin. Une Aggregate de Buccinum undatum. par Charles FOULON. VI. Études sur les Microsporidies. — II. Glugea danilewskyi L. Pfr. ; III. Glugea mùlleri L. Pfr.. par Paul DEBAISIEUX. VII. Les Microsporidies parasites des larves de Simulium. II. par Paul DEBAISIEUX et Louis GASTALDI. *zr±3C : S5 £icst.TX<3S. LIERRE LOUVAIN Typ. de JOSKPH van IN & (."'. A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'place, 38. rue de la Monnaie. I919 LA SPERMATOGÉNÈSE DANS LES MAMniirÉRES. III. Les spermatocytes leptotènes et amphitènes dans le Taureau PAR Lucien VAN HOOF, CANDIDAT EN MÉDECINE. (Alémoire déposé le 7 mars igi3.) LA SPEEWATOGÉNÈSE DANS LES MAMMIFÈRES III. Les spermatocytes leptotènes et amphitènes dans le Taureau INTRODUCTION. Dans son travail sur la spermatogénèse du Taureau, ScHOENFELD(igoi) a émis une h3'pothèse sur le mécanisme de la réduction basée sur des faits d'observation tout spéciaux qui n'ont été mentionnés que par lui, nous voulons parler des granulations quaternes des spermatocytes jeunes. On ne peut accorder qu une valeur relative aux critiques iormulées par les auteurs postérieurs à Schoenfeld au sujet de cette idée, attendu que ceux-ci n'ont jamais fait que comparer aux observations faites chez le Taureau celles qu'ils avaient recueillies dans d'autres mammifères. Il semblait même c]ue le Taureau méritât, de par cette étude, une place spéciale en dehors du schéma spermatogénétique assez général des Mammifères et que son mécanisme réductionnel revêtît une forme quelque peu aberrante. Porté à croire cependant qu'une observation minutieuse nous ferait retrouver ici comme ailleurs un processus dont l'unité est beaucoup plus probable que la diversité, nous avons entrepris d'en décrire les premières étapes. Mettant en pratique les idées que nous avons développées ailleurs au sujet de la technique de fixation et de coloration, nous avons tâché de nous procurer un matériel à l'abri de tout reproche. De petits morceaux de testicule de Taureau, prélevés aussitôt après l'abattage, ont été fixés dans diverses solutions, surtout dans celle de Carnoy. Les préparations ont été colorées à l'hématoxyline ferrique de Heidenhain. Grâce à ce procédé, les noyaux 1 lo^ S^ 8 Lucien VAN HOOF synaptés sont rares; surtout à la périphérie des coupes les jeunes stades nous ont paru clairs et détaillés. Nous avons fait l'étude des jeunes sper- matocytes le plus possible dans un seul et même tube séminifère poursuivi dans une série ininterrompue de préparations. Nous essayerons dans cette courte notice de décrire aussi exactement que possible l'évolution des spermatocytes jeunes, d'apporter un nouvel argument en faveur de la théorie de laccolement longitudinal des chromo- somes dans les périodes lepto- et amphitène, que nous avons trouvées très démonstratives dans les testicules de Taureau bien fixés, et de déterminer par le fait même la signification exacte des granulations quaternes décrites par SCHOENFELD. Ce travail a été exécuté au Laboratoire de Cytologie et de Biologie de l'Institut Carnoy, Université de Louvain, et sous la direction de Monsieur le Professeur F. A. Janssens. Nous le prions d'agréer nos remercîments très sincères pour la bienveillance avec laquelle il a mis ses connaissances et son expérience à notre service. § I. Les petites spermatogonies. Voulant étudier spécialement le premier développement des spermato- cytes, nous avons remonté à la spermatogonie de second ordre. Ce qui la caractérise le mieux, c'est l'existence dans son noyau d'éléments filamenteux à côté de blocs chromatiques irréguliers et en relation avec eux, fig i et 2. Elle diffère beaucoup des spermatogonies-mères qui renferment dans leurs noyaux un ou plusieurs nucléoles bien arrondis et qui n'ont, sauf au moment des cinèses, aucun élément filamenteux nettement chromatique. Cinèses des petites spermatogonies. Elles co'ïncident avec la période pachytène des spermatocytes et suivent de près l'expulsion des spermato- zoïdes. Elles ressemblent beaucoup aux cinèses des grandes spermatogonies, mais sont de taille réduite. Nos fig. 3, 4, 5 et 6 représentent l'évolution de la prophase et l'apparition des chromosomes aux dépens des éléments chro- matiques peu caractérifés de la spermatogonie. On remarquera dans la FIG. G la fissuration longitudinale de ces chromosomes au moment de la métaphase; les éléments de la couronne équatoriale sont disposés, tantôt LES SPERMATOCYTES LEPTOTENES ET AMPHITENES DANS LE TAUREAU g par deux, tantôt par trois chromosomes clivés convergeant vers le centre de la figure. Remarquons en passant que malgré nos recherches nous n'avons pu mettre en évidence dans ces spermatogonies les '^cristalloïdes- qui, d après MoNTGOMERY (iQn), devraient caractériser certaines d'entre elles dans les tubes séminifères de l'homme. Aux mêmes stades et dans les mêmes préparations nous les trouvons cependant comme un organite constant du protoplasme sertolien. A moins que ces cristalloïdes de la cellule de Sertoli et ceux des spermatogonies ne soient microchimiquement distincts, nous ne pouvons donc pas accuser notre technique. Quant au nombre de chromosomes mobilisés dans ces cinèses nous avons fait des recherches aussi précises que la clarté de ces objets le per- mettent. Dans des coupes de 20 :-i, où les noyaux peuvent se trouver dans leur entier, nous avons compté quelquefois 20 ou 22 chromosomes, assez souvent 22, fig. 6, ou 24, jamais plus de 24. Comme d'autre part, et d'accord avec Schoenfeld, nous en avons compté 12 dans des couronnes équatoriales d'hétérotypies, nous croyons que le nombre 24 est très proba- blement le nombre normal de chromosomes du Taureau. g II. Les spermatocytes croûtelleux. Après la cinèse des petites spermatogonies, les chromosomes télopha- siques se trouvent disposés dans le nouveau noyau d'une manière typique. Comme le montre la fig. 8, les V simples convergent par leurs pointes vers le centre du noyau très petit. Alors que ces chromosomes n'ont pas encore perdu leurs formes, on les retrouve peu après dispersés sans ordre, fig. 9. A partir de ce moment le noyau subit un accroissement progressif et les gros filaments chromatiques qui l'occupent se mettent à confluer en se dé- formant, fig. 10 et 11. Certains endroits des chromosomes s'amincissent, d'autres au contraire s'épaississent ou se rencontrent avec des voisins. Il en résulte bientôt des masses chromatiques considérables à côté de quelques éléments isolés ayant encore le caractère filamenteux, fig. 12 et 13, et de fines travées à peine perceptibles et qui seraient de la linine. Quand les derniers vestiges de chromosomes ont disparu au profit des blocs chroma- tiques, on peut considérer les spermatocytes croûtelleux formés, fig. 14. Cette évolution rapide, dont nos figures donnent une idée plus claire que toute description, ne correspond en rien à celle que Schoenfeld ex- lO Lucien VAN HOOF pose. Pour lui la masse chromatique télophasique se résoud en petits gra- nules qui confluent ensuite pour former des scutelles surtout périphériques. Or. nous n'avons jamais trouvé ces éléments granuleux et, à notre avis, le terme - scutelles - est peu approprié pour désigner des masses colorables épaisses dont quelques-unes seulement touchent à la membrane nucléaire. (Cependant dans les spermatocytes croûtelleux du Rat, les blocs chroma- tiques s'étalent beaucoup plus sous cette membrane et méritent donc l'ap- pellation de ^ scutelles ^ [Van Hoof, igii]). § III. La période leptotène. Les noyaux des spermatocytes croûtelleux renferment donc des blocs irréguliers très chromatiques que nous considérons comme des chromo- plastes, c/zr, suivant les idées de Janssens (igoS) et une sorte de réseau achromatique difficile à déchiffrer ('), fig. 14. Très rapidement s'annoncent les transformations de ce noyau en noyau leptotène et il semble qu'elles suivent le même processus que celui que nous avons décrit dans le Rat et signalé dans le Chien (Van Hoof, 1912). La fig. 15 donne une idée de la première étape de constitution des chromosomes leptotènes. L'appareil achromatique a fait place à des travées en apparence assez solidaires les unes des autres et sidérophiles. Les chromoplastes, chi\ ont perdu leurs contours nets, et font corps commun avec de vrais filaments entortillés bien colorés et que l'on peut même poursuivre à l'intérieur de leur masse. Ils semblent aussi se dévider et ils perdent progressivement leur opacité. L'enchylème nucléaire est chargé d'un peu de chromatine diffuse. Plus tard, dans un noyau légèrement grandi, ces caractères s'accentuent, fig. 16. L'enchylème nucléaire est très sombre, et on y distingue, outre de minces filaments encore assez entortillés, des endroits plus obscurs où les chromo- somes leptotènes n'ont pas encore pu se dévider complètement et qui sont les vestiges des blocs chromatiques. Seul persiste un gros nucléole (12) accolé à la membrane du noyau et très sidérophile. Il ne faut plus alors que de légères modifications pour que nous ayons le spermatocyte leptotène typique. L'enchylème nucléaire s'éclaircit et les chromosomes nouvellement formés, bien qu'ils soient encore très tortueux, (') Comme nous le répéterons plus loin, ces éléments filamenteux achromatiques sont si in- constants, leurs variations sont tellement soumises au genre de fixation employé, qu'ils nous semblent être assez souvent des « Artefacts >> dûs à l'action coagulante des réactifs sur renchylème nucléaire, LES SPERMATOCYTES LEPTOTENES ET AMPHITENES DANS LE TAUREAU II se caractérisent avec netteté, fig. 17; en quelques endroits de plus en plus rares ils sont cependant encore embrouillés et il est difficile de les y pour- suivre sans les confondre avec leurs voisins. Dans la fig. 18 il ne reste plus qu'un seul de ces vestiges de chromoplastes et les chromosomes sont plus épais et plus nets et, de même que dans la fig. 19, on remarquera que les bouts libres des filaments ont une tendance marquée à s'orienter. Il se fait ainsi que suivant lincidence du rayon visuel les chromosomes leptoténiens paraissent disposés, tantôt sans ordre aucun, fig. 20 b, 2i, tantôt suivant l'aspect caractéristique du bouquet, fig. 19, 20 a. Les chromosomes ont donc changé progressivement d'aspect. Grêles et tortueux peu auparavant ils se sont épaissis au fur et à mesure que l'enchylème s'éclaircissait et que les derniers restes des chromoplastes disparaissaient. On trouve souvent plusieurs nucléoles disposés sans ordre dans le bouquet et qui n'en sont pas indépendants : ils sont probablement aussi des vestiges des blocs chromatiques. Localisation de cette période. Le faible accroissement du noyau à cette période et aux suivantes co'incide avec une grande célérité des transformations chromatiques. Paral- lèlement à celles-ci l'évolution des spermies se poursuit activement. Dés le début de cette période paraissent les premiers indices de la fissuration strepsiténique et 1 idiosome des spermies se différencie et donne naissance au filament axial. Lorsque le bouquet leptotène est achevé, les spermatides situées au-dessus de ces noyaux forment un capuchon céphalique, et leurs manchettes ne commencent à se dessiner que quand l'amphitène se carac- térise avec évidence. Se préparant à cette période importante, les anses chromatiques des noyaux leptoténes viennent se ranger plus ou moins parallèlement les unes aux autres surtout en un pôle du noyau correspondant aux bouts libres des anses, fig. 20 a, 24, 25, 26, et même aux courbes des anses éloignées de ce pôle, fig. 22, 23. Remarquons que dans les fig. 25 et 26 quelques éléments chromatiques ressemblent à des granulations quaternes et ne sont autre chose que des parties symétriquement épaissies d'anses leptoténes accouplées : ce sont là les premiers indices de l'amphitène. On peut aussi rencontrer des cas exceptionnels où les noyaux leptoténes retardataires accompagnent des amphitènes nets dans des épithéliums plus âgés. Il faut 12 Lucien VAN HOOF attribuer cela à des juxtapositions des spires de la bande hélicoïdale qui forme le tube séminifère d'après les idées de Regaud (igoi). Ce cas indique l'activité intense du travail spermatogénétique à cette période, puisque la place occupée par elle peut être inférieure à un tour de spire. ■^^ IV. La période amphitène. Localisation de cette période. Elle se caractérise avec évidence au même stade où les capuchons cépha]ic]ues des spermies se détachent et disparaissent, alors que leurs têtes sont peu colorées et leurs manchettes distinctes. Associés à ces éléments on trouve encore des spermatocytes I âgés au début du strepsi- néma, fig. 37, que l'on peut nettement identifier par la présence d'un corps chromato'ïde. Dans les noyaux des jeunes spermatocytes, les fins chromosomes ont déjà commencé à s'accoler au niveau de leurs bouts libres, fig. 25 et 26. Il résulte de cette modification des anses multiples et ténues occupant un pôle du noyau et se terminant toutes au pôle opposé par des appariements où la soudure n'est pas encore complète. Graduellement les anses se fusionnent suivant toute leur longueur et les chromosomes doubles ainsi formés se laccourcissent et s'épaississent. Nous trouvons donc des dualités chromosomiales évidentes et d'un aspect tout spécial, fig. 27, 28 et 29. Le long des filaments accouplés apparaissent des granulations arsez considérables. Ces granulations ou épaississements sont situés symétriquement de filament à filament. Souvent deux couples de ces granules se rapprochent suivant la longueur d'une paire de filaments et donnent l'illusion d'une tétrade, d'un granule quaterne compris dans cette paire. Cette disposition n'existe qu'à condition que lamphiténe soit achevé, c'est-à-dire que les chromosomes leptotènes qui, appairés, consti- tuent l'anse amphitène soient très rapprochés l'un de l'autre, pour qu'une relation puisse physiquement s'établir entre eux. Le lecteur constatera que certaines des dualités des fig. 27, 28 et 29 (marquées 1) ne remplissent pas cette condition et que par conséquent leurs deux moitiés longitudinales ont gardé l'aspect du filament leptotène, ténu et dépourvu d'épaississements. LES SPERMATOCYTES LEPTOTÈNES ET AMPHITÈNES DANS LE TAUREAU l3 Lorsque la fixation est bonne, cette structure toute spéciale est bien évidente, fig. 30. Nous nous trouvons donc en présence, non pas de gra- nules quadrijumeaux enfilés sur un filament, mais de filaments appairés et portant symétriquement des épaississements. En outre, les chroirosomes subissent encore des coudures brusques et nombreuses, et entre les groupe- ments quaternes les parties intermédiaires du chromosome sont très peu colorables, fig. 31 et 32. Il se peut ainsi qu'à première vue l'observateur se croie en présence de tétrades nageant librement dans le noyau. Mais en faisant varier en profondeur la mise au point du microscope on se rend fa- cilement compte que les granulations quaternes sont rattachées les unes aux autres pour former par leur ensemble des filaments très réels. On re- marquera aussi que les épaississements symétriques ne sont pas toujours régulièrement rapprochés en tétrades; on trouve fréquemment des groupes de 2, de 6 et de 8 granules. Il se pourrait que par la formation de ces épais- sissements la chromatine des tronçons chromosomiaux qui retient l'un gra- nule quaternc à l'autre ait considérablement dimmué au profit de ces der- niers. Jamais nous n'avons pu individualiser dans le noyau des granules quadrijumeaux véritablement isolés en grand nombre, puis enfilés sur un filament unique, suivant le type décrit par Schoenfeld. Pendant que dans le voisinage les grandes spermatogonies entrent en cinèse, cette évolution intéressante de l'amphitène s'achève : les filaments chromatiques deviennent plus réguliers, la trace de l'accolement, c'est-à-dire le sillon clair longitudinal, s'atténue, fig, 33 et 34, La disposition générale des chromosomes en anses orientées persiste avec évidence, fig. 34, et les bouts libres de ces anses regardent la sphère où se trouvent deux petits centrioles. Ainsi se constituent les noyaux pachytènes à bouquet bien orienté qui occupent une grande longueur du tube séminifère, fig. 35 et 36, et le strepsinéma, fig. 37, ne débutera que lors de l'évolution à la période leptotène d'une nouvelle génération de spermatocytes. Discussion des résultats. Le lecteur aura remarqué que dans la description qui précède, nous n avons pas signalé la présence de synapsis dans les spermatocytes du Tau- reau. C'est que, en choisissant avec soin les parties périphériques les mieux fixées de nos préparations, nous avons pu éviter les aspects coagulés d'observation difficile et que nous avons jugés artificiels dans un mémoire précédent CVan Hoof, igia). La zone synaptée, observée dans les parties 14 Lucien VAN HOOF mal fixées, est assez limitée. D'accord avec Swaen et Masquelin (i885) et ScHOENFELD (iQOi), nous la situons aux environs et pendant la période amphitène (noyaux à granules quaternes). De même que Schoenfeld nous admettons que, après la cinèse des petites spermatogonies, les jeunes spermatocytes forment des éléments assez semblables aux spermatogonies croùtelleuses. Mais à partir de là nos idées différent considérablement. Les spermatocytes du type a de Schoen- feld sont synaptés, et de la masse du coagulum se détachent des filaments chargés de granulations et reliés aux granules de la surface nucléaire, qui proviennent de la désagrégation des scutelles périphériques. Dans le sper- matocyte du type b ces filaments chargés de granules et convergeant vers la masse synaptique centrale se présentent, tantôt parallèles, tantôt en Y; dans ce dernier cas - il s'agit d'une fusion de deux filaments voisins •<. Il nous semble qu'une très mauvaise fixation peut seule avoir fourni ces images à l'auteur : l'agglutination des chromoplastes au centre du noyau à une époque encore éloignée du synapsis typique en témoigne. Il se pour- rait aussi que ces noyaux correspondent déjà à ceux que nous avons désignés du nom de leptotènes, mais avec coexistence de tassement synap- tique; ce que fauteur désigne comme filaments de linine se fusionnant longitudinalement ne serait autre chose (jue de vrais chromosomes évoluant vers l'accolement de l'amphitène. En dehors des filaments de linine chargés de granulations chromophiles, l'auteur n'a remarqué à cette période aucun élément chromosomial. Nous avons observé au contraire au début de la période auxocytaire l'évolution très caractéristique des filaments chroma- tiques aux dépens des blocs chromatiques, c|ui, loin de s'agglutiner ou de se "Synapter '-, se désagrègent individuellement et ne donnent pas naissance à des granules, mais se dévident en chromosomes. A moins que, comme nous le (lirons plus loin, Schoenfeld n'ait confondu le leptoténe avec le pachytène en le plaçant postérieurement aux noyaux à granules quaternes dans ses fig. 21 à 23, planche II, il n'a donc pas décrit cette période, que nous avons trouvée cependant claire et facile à mettre en évidence. Nous ne pouvons admettre comme très réels lesJilcTincnls de linine de cet auteur; nous croyons volontiers à un défaut dans la fixation ou la colo- ration, qui lui a fait prendre souvent des chromosomes pour des filaments achromatiques, de même qu'il a donné une signification plasmatique aux LES SPERMATOCYTES LEPTOTÈNES ET AMPHITÈNES DANS LE TAUREAU l5 grands nucléoles cependant très sidérophiles des cellules indifférentes. Que le lecteur ne se persuade cependant pas que nous ne reconnaissons aucun élément achromatique dans les noyaux des spermatocytes. On peut obser- ver quelquefois, soit des sortes de réseaux achromatiques où les organites nucléaires colorables sont suspendus, soit des filaments ténus reliant ces divers corps entre eux. Leur coloration est difficile, leur étude malaisée, leur aspect variable selon la méthode de fixation employée; leur évolution n'amène rien de nouveau, rien de bien intéressant dans les modifications actives qui transforment la chromatine. Leur faible quantité et leur in- constance nous engagent à ne pas leur attribuer trop d'importance, d'autant plus que nous nous demandons encore si la limne n'est pas un produit de l'action des fixateurs ayant précipité l'enchylème nucléaire. Les spermatocytes du type c de Schoenfeld sont constitués au centre par un " réticulum presque indéchiffrable formé par l'entrecroisement et l'anastomose des filaments centrifuges •' et à la périphérie par des granules qui, par double division ou par simple juxtaposition, sont devenus quadri- jumeaux. Par la disparition des filaments se forme ensuite le spermatocyte du type d : les granules quadrijumeaux, d'abord périphériques, se déplacent ensuite vers un pôle du noyau sous l'influence de l'archoplasme. Dans les cellules du tyoe e, les groupes quaternes se libèrent de la masse synaptique et se placent en file, leurs centres étant dans la direction les uns des autres. Un filament d'abord achromatique se dessine entre eux, puis se charge de chromatine, il en résulte -un spirème fendillé en quatre segments par dou- ble division longitudinale ". Enfin les granules diminuent et disparaissent au profit du filament achromatique. Il semble bien difficile de concilier cette manière de voir avec la nôtre. Comme nous l'avons dit, Schoenfeld ne mentionne pas les chromosomes nets de la période leptotène, et leur juxtaposition deux par deux en vue de l'accolement longitudinal. 11 omet cette période, mais on la retrouve dans les figures de ses spermatocytes du type b à filaments appairés ou en Y ou de ses spermatocytes du type _/" qu'il place plus loin. 11 passe immédiate- ment aux cellules à granules quaternes qui sont, avons-nous dit, des noyaux amphitènes. La grande divergence de vues qui existe entre Schoenfeld et nous, réside dans le fait de l'indépendance des groupes quaternes affirmée par cet auteur, et d'autre part leur relation intime avec le chromosotne lep- l6 Lucien VAN HOOF totène en même temps que leui" formation aux dépens de ce dernier que nous avons défendues. D'après Schoenfeld le granule quaterne forme le chromosome; d'après nous le chromosome forme le granule quaterne. Tout le mécanisme de la genèse du chromosome aux dépens des gra- nules quadrijumeaux n'est qu'une fragile hypothèse où le synapsis et la centrotaxie jouent un grand rôle. Le point capital à élucider est la nature et l'origine du trait d'union, chromatique d'après nous, qui reliera les gra- nules. D'après Schoenfeld c'est un nouvel élément, un filament achroma- tique sur lequel ils s'enchaînent; d'après nous le trait d'union est antérieur aux granules, c'est le chromosome leptotène, donc un filament nettement chromatique, aux dépens duquel se formeront des épaississements S3'mé- triques pendant l'accolement longitudinal. Le chromosome qui en résulte est pour Schoenfeld formé de quatre éléments juxtaposés; pour nous il constitue une dualité régulièrement granuleuse. Nous apportons comme arguments en faveur de cette idée nos dessins et nos observations faits également dans les meilleures conditions que nous ayons pu réaliser. De plus, nous appelons l'attention du lecteur sur un fait assez démonstratif que nous fournissent les dessins de Schoenfeld : par la juxtaposition de gros granules en quadruple rangée il n'obtient dans ses no}'aux pachytènes qu'un filament bien ténu. D'autre part un spirème com- posé de quatre filaments juxtaposés peut se montrer sous divers angles et présenter en projection l'apparence tantôt de deux, tantôt de trois filaments juxtaposés. Or, de tels aspects n'apparaissent jamais, ni dans les dessins de Schoenfeld, ni dans les nôtres, ni surtout dans l'objet examiné avec les meilleures lentilles. La numération des granules quadrijumeaux ne nous a apporté aucun éclaircissement nouveau concernant leur signification. Rappelons à ce sujet que Schoenfeld en a signalé de 38 à /[S. Nous avons fait des recherches à la chambre claire dans des préparations d'une épaisseur de 20 [a, nous avons compté les paires de granules et divisé nos résultats par deux et obtenu de cette façon les chiffres extrêmes de 24 à 40 granulations quadrijumelles, en moyenne 2g à 3o. Ces nombres n'ont aucun rapport intéressant avec celui des chromosomes des cinèses somatiques ou de maturation. Il nous montre simplement que les 12 chromosomes réductionnels de ces noyaux ne peuvent comporter en moyenne que de 2 à 3 tétrades. Or, nous trouvons rarement LES SPERMATOCYTES LEPTOTENES ET AMPHITENES DANS LE TAUREAU I7 des chromosomes faits d'une seule tétrade, plus souvent des chromosomes de quatre granules quaternes et plus. Quelle est donc la signification des granules quadrijumeaux, ou plus exactement des épaississements symétriques ? Au point de vue morphologique ces épaississements établissent fré- quemment des rapports d'un chromosome à l'autre : ils semblent fréquem- ment confluer, fig. 28 à 32. Mais nous ne pouvons voir au-delà de l'obser- vation microscopique, et il se peut que ces relations soient une manifesta- tion d un processus déchanges importants au point de vue de l'hérédité et qui resteront peut-être longtemps mystérieux. En même temps que le pachytène s'accentue, les granules perdent leur netteté et se confondent avec le reste du chromosome et avec le chromosome accolé, fig. 33 à 35. Pendant la période pachytène il ne restera que peu de traces de ces épais- sissements, mais plus tard, quand le strepsinéina sera bien accentué, les chromosomes produits par cette fissuration seront fréquemment monili- formes (Schoenfeld, igoi, fig. 25 à 27, planche II) et cela d'une manière symétrique pour les deux moitiés du chromosome fissuré. Regaud (igio) a objecté aux figures que Schoenfeld reproduit de cette étape spermato- génétique le défaut de ne pas suivre dans leur accroissement une progression parallèle à leur âge : les fig. 21, 22 et 23, planche II, sont notablement plus petites que la fig. 20, a ; les premières représentent des spermatocytes du type/, les secondes des cellules du type é*. Remarquons d'autre part que dans nos figures la progression de taille est faible, mais existe; et que la série de figures de Schoenfeld correspondrait beaucoup mieux à la nôtre si les fig. 21, 22, 23 de cet auteur étaient placées avant la fig. 17, comme spermatocytes » leptotènes«. Faut-il conclure que l'auteur n'a pas tenu un compte assez scrupuleux de l'âge du tube séminifère où il a relevé ces figures? Cela se peut, et nous affirmons à cette occasion que nous avons éta- bli très soigneusement les âges respectifs de nos dessins, de peur de tomber dans une semblable erreur; et si cette hypothèse est vraie, Schoenfeld aurait donc représenté des noyaux leptotênes sous le titre de pachytènes jeunes et les vrais pachytènes à filaments épais, fig. 23 b, planche I, comme des stades avancés des noyaux à chromosomes antérieurement ténus et tassés. En corrigeant dans ce sens la série de ses figures, la pro- gression de croissance devient parfaitement vraisemblable. Une telle erreur est encore excusable, l'évolution de ces éléments est si rapide que les spermies du tube séminifère ne sont plus que des jalons très vagues. j8 Lucien VAN HOOF Nous avons trouvé que le moyen le plus sûr d'y remédier était de choisir un tube séminifère s'étendant sur une grande longueur dans la préparation, et, connaissant ainsi facilement le sens du développement de l'épithélium, nous sommes sur de la justesse de notre série. La péi'iode finale de l'amphitène que nos fig. 33 et 34 représentent et que caractérise l'atténuation des épaississements symétriques au profit des parties intermédiaires des chromosomes et l'achèvement de la soudure longitudinale, échappe donc à Schoenfeld, pour qui du spermatocyte à groupes quadrijumeaux au spermatocyte pachytène synapté il n'y a plus de transition. Bref, d'après ce qui précède, dans la description de cet auteur, l'omission de certains types caractéristiques de spermatocytes, des défauts dans la technique et peut-être une erreur dans la sériation de la lignée séminale ont été à la base d'une hypothèse que nous ne pouvons donc admettre. Enfin, l'accentuation de ces épaississements symétriques dans les sper- matocytes du Taureau pourrait faire croire que cet animal possède là un caractère différentiel d'avec les autres mammifères. Rappelons donc en terminant que Brauer (i§93) (') les a signalés dans VAscai-is, Grégoire (189g) dans les Lis et que nous les avons observés et dessinés avec assez bien de netteté dans le Rat (Van Hoof, 1892, fig. 011-21, 011-22, Planche I). Benda (1906) n'admet pas les granulations en tétrades, même pas chez le Taureau. Nous nous rangeons certes à cet avis tout en admettant que les épaississements symétriques et constants peuvent simuler des groupements quaternes. Ceux-ci sont pour Schoenfeld des organites destinés à devenir une partie de spirème; pour nous au contraire ils sont un simple accident chromatique de l'anse lepto-amphitène en évolution. (') Cité par Schoenfeld. LES SPERMATOCYTES LEPTOTÈNES ET AMPHITÈNES DANS LE TAUREAU IQ CONCLUSIONS. 1. Pour ce qui regarde les étapes de la spermatogénèse que nous venons d'étudier, le Taureau se range dans le schéma probablement général des Mammifères, tel que nous l'avons exposé précédemment dans le Rat. 2. La plus grande partie de la masse chromosomiale télophasique des cinèses des sperinatogonies de 2"^"^ ordre s'agglutine pour former les chromoplastes des spermatocytes croùtelleux. Ces chromoplastes ne se désagrègent pas en granules, mais des filaments apparaissent dans les blocs chromatiques comme s'y étant formés et comme partie intégrante de ces organites, et s'en libérant au début de la période leptotène. 3. Il existe des noyaux amphitènes où les chromosomes minces s'ac- colent longitudinalement pour iormer les anses pachytènes. 4. Des épaississements chromatiques apparaissent d'une manière constante et symétriquement de filament à filament sur les chromosomes appairés des anses amphitènes, simulant parfois des groupes quaternes. 5. Le synapsis n'empâte par les noyaux leptotènes et amphitènes bien fixés. BIBLIOGRAPHIE. 1906 Bcnda, C. 1893 Brauer, A. 1899 Grégoire, V igoS Janssens, F. A. 191 1 Montgomery, Th. H. 1901 Regaud. Cl. I9I0 » I90I Schcenfdd, H. i885 Swaen et Masquelin 191:4 Van Hoof, L. 191; ; Die Spermiogenese der Monotremen. Semon's Zool. Forschung. in Austr Fischer, Jena. : Zur Kenntnis der Spermatog. von Ascaris niegalo- cephala : Arch. f. mikr. Anat., Bd. 42. ; Les cinèses polliniques dans les Liliacées ; La Cellule, XVI. .• Évolution des auxocytes mâles du Batrachoseps at- tcnuatus ; La Cellule, XXH, fasc. 2. .• Différenciation of the human cells of Sertoli; Biol. Bulletin, vol. XXI, n" 5. ; Études sur la structure des tubes séminifères et sur la spermatogénèse chez les Mammifères; Arch. d'anat. micros., t. IV, fasc. I, II, TII. Idem; Arch. d'anat. micros., t. XI, fasc. II et III. ; La spermatogénèse chez le Taureau; Arch. de Biol., t. XVIII. fasc. L .• Études sur la spermatogénèse; Arch. de Biol., t. IV. ; La spermatogénèse dans les Mammifères. I. L'évo- lution de l'élément chromatique dans la spermato- génèse du Rat; La Cellule, t. XXVII, 2^ fasc. Idem. II. Le synapsis dans les spermatocytes des Mammifères; La Cellule, t. XXVII, 2^ fasc. EXPLICATION DES FIGURES. Ces dessins ont été exécutés au moyen de la chambre claire de Abbe-Apathy, à la hauteur de la table de travail. Microscope Koristka, cbject. imin. homog. iji^ semi- apochr. et ocul. compens. 12. FIG. 1. Petite spermatogonie déjà assez proche de la cinèse. FIG. 2. Petite spermatogonie se préparant à la prophase. FIG. 3 et 4. Idem : les chromosomes qui prendront part à la cinèse se dé- gagent des masses chromatiques. FIG. 5. Prophase. FIG. 6. Idem, schématique. Sauf deux, tous les chromosomes ont été représentés. FIG. 7. Métaphase à chromosomes clivés. FIG. 8. Télophase : V simples convergeant par leurs pointes vers le centre du novau. FIG. 9. Jeune spermatocyte : les chromosomes télophasiques ont perdu l'ordon- nance précédente. FIG. 10. Idem : les chromosomes commencent à se déformer et à confluer. FIG. 11. Idem. FIG. 12. Idem : des chromoplastes importants sont déjà formés. FIG. 13. Idem : les chromoplastes s'achèvent, il n'y a plus que quelque vestiges de chromosomes. Quelques éléments de linine. FIG. 14. Jeune spermatocyte croûtelleux. chr = chromoplaste. FIG. 15. Début de la désagrégation des blocs chromatiques en leurs dérivés filamenteux : origine du chromosome leptotène. Enclwlème nucléaire légèrement assombri, chr = chrouioplaste; n = nucléule. FIG. 16. Achèvement de cette transformation. L'enchylème nucléaire est très obscur, chr = chromoplaste; n ^= nucléole. 24 Lucien VAN HOOF FIG. 17. Noyau leptotène à filaments grêles et tortueux, contenant encore des masses imparfaitement désagrégées. L'enchylème nucléaire est clair, chr = chromo- plaste. FIG. 18. Noyau leptotène plus avancé, chr = chromoplaste. FIG. 19. Fragment de noyau leptotène où s'indique une orientation. FIG. 20. a) Bouquet leptotène orienté. Quelques anses parallèles. b) Fragment de noyau leptotène. FIG. 21. No3-au leptotène. Les bouts libres des anses commencent à s'appairer. FIG. 22. Des appariements se dessinent aux courbes des anses. FIG. 23. Idem. FIG. 24. Bouquet leptotène, appariements en vue de l'accolement amphitène. FIG. 25. Idem. FIG. 26. Idem : quelques épaississements symétriques aux bouts libres appairés. FIG. 27. Spermatocyte amphitène. Des épaississements symétriques apparaissent sur plusieurs paires de chromosomes où ceux-ci sont le plus rapprochés. Dans d'autres (b) ils font défaut. FIG. 28. Fragment de noyau amphitène : « granules quadrijumjeaux ». l, frag- ment de dualité dont les éléments peu rapprochés sont dépourvus de granulations. FIG. 29. Idem : les épaississements symétriques font défaut là où les chro- mosomes sont peu rapprochés. FIG. 30. Spermatocyte amphitène à filaments granuleux. FIG. 31. Idem. FIG. 32. Idem. FIG. 33. Fragment de noyau amphitène : début de la fusion des filaments accolés. FIG. 34. Achèvement de la période amphitène : les épaississements symétri- ques s'atténuent et les filaments accouplés se soudent. FIG. 35. Spermatoc3-te pachytène. FIG. 36. Spermatocyte pachj^tène à un âge plus avancé. FIG. 37. Début du strepsinéma. TABLE DES MATIÈRES. Introduction § I. Les petites spermatcii;onies § II. Les spermatocytes croùtelleiix § in. La période leptoténe. § IV. L.i période amphitène Discussion des résultats . Conclusions Bibliographie Explication des figures 9 lo 12 i3 19 21 23 ^m ^1 û / U / ^"^ ■# 3* V m li Z9 L. Van HooP adnai Jtl. y^' «5 n iO Imp F. Gteh. Lcuvain. J Suvwife . lith Brux Réseau protoplasmique et chondriosoraes dans la genèse des myofibrilles PAR P. GAUDISSART, CANDIDAT EN MÉDECINE. Institut Carnoy, Louvain. - Laboratoire du Prof. V. Grégoire. (Mémoire déposé le iS juin igi3.) Réseau protoplasmique et chondriosomes dans la genèse des myofibrilles. Les auteurs qui ont étudié la genèse des myofibrilles les font provenir d'une différenciation subie par des éléments plasmatiques. Mais il règne une assez grande divergence d'interprétation. On peut, pensons-nous, grouper les opinions en deux catégories. Pour certains auteurs, ce serait une structure fondamentale du proto- plasme, soit réticulaire, soit alvéolaire, qui, par l'orientation et la modifi- cation de ses travées ou de ses lamelles, fournirait les fibrilles musculaires. Pour Carnoy (84) et Van Gehuchten (86), Heidenhain (gg) et Prenant (04-11), la structure protoplasmatique qui entrerait ici en jeu serait un réseau. Pour BUtschli et Schewiakoff (gi), il s'agit au contraire d'un système alvéolaire. Mais, alors que 'Van Gehuchten et Carnoy décrivent, même dans la fibre musculaire adulte, la persistance d'un réseau et expli- quent par là la striation, les autres auteurs que nous venons de citer pensent que la fibre musculaire ne contient que des fibrilles indépendantes, juxta- posées, et elles-mêmes striées, ainsi que le décrivent d'ailleurs la majorité des histologistes modernes. Une seconde catégorie d'auteurs fait intervenir dans la genèse des structures musculaires un élément granulaire; mais dans cette interprétation générale il faut distinguer deux tendances, d'après la conception que les auteurs se font au sujet des granules qui interviendraient dans la fibrillo- génèse. Tandis que Godlewski (02) et Mlodowska (08) ne précisent pas davan- tage la valeur de ces corpuscules et disent simplement qu'ils se rangent sur des filaments, comme des perles sur un fil (Mlodowska), d'autres histolo- gistes au contraire ont attribué à ces corpuscules une valeur mitochondriale et ont émis des conceptions de plus en plus nettes concernant leur rôle dans la fibrillogénèse. 3o P- GAUDISSART Benda (gg) qui, le premier, étudiant les muscles de la queue de la sala- mandre, mentionne les mitochondries, admet que celles-ci, se déposant sur des filaments — dont l'auteur n'indique pas l'origine, — forment ainsi les disques anisotropes des fibrilles. Meves (07-07-og) va plus loin : sans décrire d'une façon détaillée les phénomènes, il attribue à l'élément mitochondrial un rôle exclusif dans la genèse des myofibrilles, comme d'ailleurs dans la genèse de toutes les structures fibrillaires en général. A. Schockaert (08), sans entrer non plus dans les détails, adopte, avec des modifications secondaires, cette manière de voir, et l'applique au myocarde. Meves n'avait publié aucune figure touchant cette question; c'est Duesberg (og), qui, en précisant la conception de Meves, s'efforça de la démontrer. Prenant le myoblaste à ses débuts, il le suit jusqu'à sa différen- ciation complète. Il décrit les chondriosomes, d'abord isolés et assez courts, s' allongeant graduellement au fur et à mesure que s'allonge le myoblaste. Les fibrilles homogènes ainsi formées se différenciei t en fibrilles striées, par suite d'un ramassement régulier de la substance mitochondriale en certains points de la fibrille. Tandis que Leplat (ii) et Luna (i3) se sont rangés à l'interprétation de Duesberg, Levi (12), au contraire, s'est prononcé contre elle. L'auteur s'en tient d'ailleurs à des conclusions négatives. Ayant établi que le nombre des chondriosomes est sensiblement le même dans les cellules embryonnaires et dans les cellules musculaires adultes, il conclut que ces corpuscules n'ont pas, dans la fibrillogénèse, le rôle que leur attribue Duesberg. D'après ce que nous venons de dire, on peut résumer dans les questions suivantes les points qui, concernant Id. première origine des myo^hnWes, demandent de nouvelles études : ces éléments proviennent-ils exclusive- ment d'une structure, soit alvéolaire, soit réticulaire, du protoplasme, comme le prétendent les auteurs de la première catégorie; ou bien des granules prennent-ils une part à leur formation, ainsi que l'entendent les autres au- teurs? Si cette dernière hypothèse est la vraie, quelle est la nature de ces granules? sont-ils, ou non, mitochondriaux? Enfin ne pourrait-on admettre dans la première origine des fibrilles musculaires une collaboration de deux éléments : un élément réticulaire ou alvéolaire et un élément granulaire? Les recherches que nous avons entreprises sur la genèse des myofi- brilles nous permettent d'apporter sinon une réponse complète à ces ques- tions, du moins des éléments de solution que nous croyons nouveaux. Comme RÉSEAU PROTOPLASMIQUE ET CHONDRIOSOMES 3l le problème présent est fort débattu, nous avons jugé utile de faire con- naître nos résultats, concernant \a première orig-ine des myofibrilles, avant même d'avoir achevé nos recherches sur la différenciation de la fibrille striée définitive. C'est à l'inspiration de M. le Professeur Grégoire que nous avons entrepris ces recherches. Si nos efforts n'ont pas été tout à fait infruc- tueux, malgré la difficulté de la question, c'est à la savante direction, aux conseils éclairés de notre dévoué Maître que nous le devons. Aussi tenons- nous à lui témoigner ici le respectueux hommage de notre profonde gra- titude. Méthodes. Toutes nos observations ont porté sur des embryons de poulet. Les réactifs employés ont été : i) le liquide de Regaud IV : Formol commercial 20 cm"'. Bichromate de potasse à 3 "/j 80 cm". Le fixateur, conservée l'abri de la lumière, était remplacé chaque jour par de la liijueur fraichement préparée, et cela pendant une semaine. 2) Le Benda (formule modifiée de Meves) : I Ac. chromique i °/o 60 cm'. > Ac. osmique 2 "/o i^ cm'. f Ac. acét. glac. 20 gouttes. La durée de fixation était également de 6 à 7 jours. Nous avons pris les précautions les plus minutieuses en vue d'assurer une bonne pénétration du liquide. A cet effet, les embryons enlevés de l'œuf étaient plongés encore vivants dans du réactif pur ou faiblement dilué. La membrane amniotique était immédiatement déchirée, et des incisions étaient pratiquées dans la région dorsale, afin de mettre les myotomes en contact immédiat avec le liquide. Les pièces furent ensuite lavées pendant 24 heures, déshydratées, enro- bées, coupées à 5 ji. Après avoir séjourné 24 heures dans 1 alun à 3 "/ot à froid après le Benda, à 35° après le Regaud, elles furent plongées 24 heures dans l'hématoxyline de Heidenhain, puis différenciées. Les deux méthodes nous ayant fourni des résultats également satisfai- 32 p. GAUDISSART sants, nous avons emprunté nos dessins indifférenament à l'une ou à l'autre de nos deux séries de préparations. Nous n'avons d'ailleurs dessiné que des endroits présentant les carac- tères reconnus d'une bonne fixation - mitochondriale " : noyaux homo- gènes, chondriosomes non fragmentés. DESCRIPTION DES PREPARATIONS. Nous diviserons en stades (') les processus de différenciation, et à cha- que stade correspondra un dessin. Il va de soi que cette division n'a qu'une valeur purement descriptive. Stade I. FiG. i. Méthode de Benda. Ce dessin représente une portion d'un myotome encore peu diffé- rencié. On y voit la bande de myoblastes dans toute son épaisseur. Ce stade est caractérisé par la présence, dans le protoplasme, de deux éléments figurés : a) Des chondriosomes, nombreux, courts, nettement colorés, non encore orientés dans le sens de l'axe de l'embryon. A côté de chondriosomes plus ou moins flexueux, présentant la forme ordinaire de ces éléments dans les cellules indifférentes, on en voit d'autres, de lormes très particulières : certains sont infléchis en L, d'autres en U, d'autres encore en polygone ouvert. Toutes ces formes sont, en un mot, caractérisées par des coudures brusques, formant un angle, droit, aigu ou obtus. De plus, les extrémités libres de ces chondriosomes ne tranchent pas nettement sur le fond du protoplasme. bj Par places, on voit se détacher, sur le fond du protoplasme, de petites plages réticulées; les mailles semblent formées de filaments, et non de la- melles, car, en maniant la vis micrométriciue, on les voit disparaître instanta- nément. Des mailles peuvent aussi apparaître isolées. Leur forme est carrée, triangulaire ou polygonale; les contours en sont bien nets; de leurs angles partent parfois des filaments qui vont se perdre dans le protoplasme. A côté des trabécules assez nettement dessinées sur le fond, on en ob- (I) Nous n'avons pas fondé notre sériation des stades sur les durées d'incubation : nous avons observé, à ce point de vue, trop de variation. Nous avons plutôt tenu compte de la localisation deç aspects dans un même embryon. RÉSEAU PROTOPLASMigUE ET CHONDRIOSOMÈS 33 serve qui sont à peine visibles. Celles qui apparaissent clairement sont d'ail- leurs elles-mêmes très pâles; leur teinte, jaunâtre, est très différente de la coloration des chondriosomes, et entre ces derniers éléments et le réseau, il y a toujours un contraste bien marqué. Stade II. FiG. 2. La figure provient de la coupe qui a fourni aussi la fig. 1, mais d'une partie plus antérieure de l'embryon. Les mailles du réseau, non encore orientées, sont plus nombreuses, plus grandes et plus visibles qu'au stade I. Dans la partie moyenne de la figure, entre deux noyaux, on distingue une anse chondriosomale, à convexité dirigée vers le bas. Des deux extré- mités de l'anse partent deux filaments qui aboutissent aux deux angles inté- rieurs d'une maille trapézoïdale à base supérieure. Des deux angles opposés du trapèze divergent deux filaments qui vont se perdre dans le protoplasme. La boucle de l'anse présente, du côté opposé, une formation analogue. Notons que l'élément réticulaire est d'autant plus coloré qu'il est plus proche des chondriosomes. A droite et en dessous du noyau de droite, on voit plusieurs mailles d'une coloration aussi foncée que les chondriosomes. Sur le noyau de gauche, mais dans un plan supérieur, il y a une formation analogue : trois travées parallèles très colorées, réunies par de minces travées pâles, per- pendiculaires aux trois premières. Enfin, en dessous du noyau de droite, on voit tout un réseau de mailles indépendantes, mais beaucoup plus gran- des et plus visibles qu'au stade précédent. Stade III. Fig. 3; même coupe, partie plus antérieure de l'embryon. La figure représente un myoblaste isolé. Nous n'y avons reproduit qu'une partie de la structure protoplasmique. On y reconnaît très claire- ment le réseau des stades précédents, mais une disposition nouvelle appa- raît ici : les mailles du réseau, plus développées et mieux définies que dans la FIG. 2, sont maintenant nettement orientées suivant le grand axe du myo blaste. Le nombre des chondriosomes isolés, indépendants, est très faible; d'autre part, les mailles présentent, surtout sur leurs travées longitudinales, des parties épaisses, allongées, manifestant la réaction caractéristique des chondriosomes et dont les dimensions ne diffèrent guère de celles des chon- driosomes du début. L'apparence totale est celle d'un réseau encore peu 34 P- GAUDISSART colorable sur lequel se trouvent fixés des chondriosomes, la distinction entre chondriosomes et réseau étant plus ou moins nette suivant les régions. Dans la partie inférieure de la figure, on voit encore des parties de réseau très minces et très pâles. Stade IV. Fig. 4. Embryon plus âgé; fixation : Regaud IV. L'orientation de toute la structure dans le sens longitudinal des myo- blastes est maintenant tout à fait nettement accusée. En a, on voit une plage réticulée, encore irrégulière et dont les travées sont fortement colorables par les méthodes mitochondriales. Cette plage est très semblable à celles que l'on observe aux stades précédents, fig. 2, en haut. La portion de structure qui se trouve en b est fort intéressante. Ce sont des fibrilles, mais reliées en un réseau, ou mieux, un réseau â longues mailles étirées. En c, les fibrilles sont plus longues, plus indépendantes bien que rattachées aussi par places les unes aux autres. Elles portent des renflements étirés, irréguliers, qui retien- nent l'hématoxyline comme les chondriosomes voisms. Stade V. Fig. 5; autre coupe d'un même embryon; somite plus avancé. La disposition générale ne diff'ère pas notablement de celle du stade précédent. On y remarque seulement que les fibrilles se dégagent de plus en plus du réseau et qu'elles sont mieux marquées. Toutefois les aspects réticulaires sont encore conservés en plusieurs points. Les tractus chroma- tiques que portent les fibrilles présentent ici aussi une ressemblance frap- pante avec les chondriosomes. Stade VI. Fig. 6; même embryon. On peut maintenant poursuivre de très longues fibrilles, réunies encore en de très longues mailles. Les tractus chromatiques, de réaction mito- chondriale, ne sont plus si marqués que précédemment. L ensemble des fibrilles prend ainsi un aspect plus lisse et plus régulier. Le protoplasme contient encore des chondriosomes isolés. Stade VIL F'ig. 7; même embryon. Le progrès, par rapport au stade VI, consiste en ce que les fibrilles sont devenues plus indépendantes. En certains endroits, les anciennes con- RÉSEAU PROTOPLASMIQUE ET CHONDRIOSOMES 35 nexions réticulaires n'apparaissent plus que sous forme d'anastomoses amincies ou même brisées. Il est cependant impossible de méconnaître que les fibrilles représentent des parties, devenues prépondérantes, d'un réseau antérieur. Dans les stades ultérieurs, les fibrilles sont devenues encore plus nettes. Nous n'avons pas représenté ces aspects. Nous avons seulement reproduit, dans la fig. 8, une disposition que l'on observe à un stade assez avancé. On y trouve des fibrilles extrêmement longues, vivement colorables, mani- festant déjà, à une extrémité, la formation des disques. Deux choses sont remarquables : d'abord, les deux fibrilles très distinctes de la partie gauche de la figure se rejoignent vers la droite en un point à partir duquel nous n'arrivons à distinguer qu'une fibrille unique; de même, à l'extrémité droite, la fibrille unique se prolonge par deux fibrilles et par un troisième filament. Ce sont là, nous parait-il, des restes de l'ancienne structure réticulaire. En second lieu, la partie gauche de la figure contient un bon nombre de fi- brilles incolores visiblement reliées, par endroits, en de grandes mailles. Le protoplasme renferme encore des chondriosomes isolés. INTERPRÉTATION. Il sera utile d'énoncer dès le début linterprétation à laquelle nous ont conduit nos recherches. Nous pensons que les fibrilles musculaires ne pro- viennent ni exclusivement d'un réseau plasmatique, ni exclusivement de mitochondries ou d'un autre élément granulaire, mais qu'elles résultent de la coopération de mitochondries avec une structure réticulaire, différente, du moins au moment où elle entre en jeu, des mitochondries elles-mêmes. C'est ce réseau, - dont la valeur et la signification n ont pas à nous occu- per pour le moment, — qui, en s'orientant, fournit la première ébauche des fibrilles musculaires; mais, de leur côté, les mitochondries, en se fixant sur ce réseau, lui apportent certaines substances qui s'y incorporent et contri- buent au développement des myofibrilles. C'est ce que nous allons établir. A. Rôle du réseau. Nous avons déjà vu, dans notre description, que le myoblaste, aux premiers stades, montre, outre les chondriosomes, des plages réticulaires, dont les travées, par leur coloration et leur forme, apparaissent bien dis- tinctes de l'élément mitochondrial, fig. i et 2. 36 P- GAUDISSABT Nos FiG. 1, 2, 3 nous ont aussi permis d'a.-sister à la transformation graduelle de ce réseau : on y voit les mailles, d'abord petites, s'agrandir ensuite, puis s'orienterdans le sens de l'axe du mvoblaste. Les fig. 4, 5. 6. 7, montrent la progression ultérieure du phénomène; on y voit la structure réticulaire faire place peu à peu à une structure d'apparence fibrillaire. Nous voulons dire par là que seules les travées longitudinales, considéra- blement allongées et épaissies, demeurent nettement visibles. Quelle est la valeur de ce réseau? Est-il réellement et dès son origine indépendant des mitochondries ou bien ne résulte-t-il pas plutôt d'une trans- formation d'éléments mitochondriaux qui, en s'anastomosant et se décolo- rant, donneraient naissance à une structure réticulaire? Nous reviendrons plus loin sur cette question, mais dès maintenant nous pouvons dire qu'une chose nous parait certaine, c'est que le réseau représenté par nos fig. i et 2 ne provient pas d'une transformation qui se produirait, en ce moment, dans les chondriosomes. Réseau et chondriosomes sont, en effet, à ce stade, deux choses nettement distinctes jiar leur coloration et leur épaisseur. Nulle part on ne décèle de transition entre les deux formations, telle que serait par exemple un réseau formé de chondriosomes devenus plus minces et moinscolorables. Par conséquent, si le réseau dont nous parlons est d'origine mitochondriale, c'est à un stade plus précoce, antérieur au stade où nous sommes, qu'il faudrait rechercher les phénomènes de sa production. B. Râle des chondriosomes. Que les chondriosomes, de leur côté, prennent part à la fibrillogénèse, c'est ce qui nous parait aussi assez clair dans nos préparations. Il nous semble que les formes manifestées par les chondriosomes au début de la fibrillogénèse ne peuvent s'interpréter que par des relations qu'ils contrac- tent avec le réseau plasmatique en train de s'orienter. Dans notre fig. i, les chondriosomes ne présentent pas les allures typiques de ces éléments dans les cellules ordinaires, tels qu'on les observe dans la fig. 9 par exem- ple, empruntée à un tube du corps de Wolff. Les chondriosomes de la FIG. 1 sont en effet coudés, parfois à deux reprises. Puisque, ainsi que nous l'avons vu plus haut, la fig. 2 montre deux éléments distincts, réseau et chondriosomes, et non pas un réseau chondriosomique en voie de décolo- ration, les formes de la fig. l, qui précèdent immédiatement le stade de la fig. 2, ne peuvent s'expliquer qu'en admettant que les chondriosomes se RÉSEAU PROTOPLASMIQUE ET CHONDRIOSOMES Z"] moulent sur un réseau indépendant d'eux-mêmes. Ajoutons une remarque : le fait que, dans des préparations analogues, les cellules du corps de Wolff renferment des chondriosomes typiques prouve que la disposition mitochon- driale que nous invoquons ici n'est pas due à la fixation. L'intervention des mitochondries apparaît plus clairement encore aux stades ultérieurs. Au stade II, fig. 2, en effet, on voit que la substance mitochondriale a davantage épousé les lignes maîtresses de la structure fondamentale réticulaire. Aux stades suivants, fig. 3, 4, 5, en même temps que le nombre des chondriosomes diminue dans les espaces interfibrillaires, on voit les fibrilles, de plus en plus définies, devenir aussi plus colorables. Cela parait bien con- firmer que cette colorabilité leur vient de la substance mitochondriale qui s'y est déposée. Nous n'avons pas pu suivre le détail de cette application des chondrio- somes, sur la structure réticulaire. Disons seulement qu'il nous semble que le chondriosome, au lieu de s'allonger tout d'une pièce sur le filament, s'y répand plutôt d'une façon plus ou moins régulière. Enfin, aux stades ultérieurs, fig. 6 et 7, les fibrilles, nettement colo- rables, sont très accentuées et vont dès lors subir leur différenciation, stade que nous avons laissé en dehors de nos recherches. C'est le moment de revenir à la question de la valeur du réseau primitif incolore des fig. 1 et 2. On pourrait, à ce sujet, émettre plusieurs hypo- thèses : ou bien ce réseau provient lui-même d'une transformation des chondriosomes, qu'il faudrait cependant, ainsi que nous l'avons vu plus haut, supposer réalisée à un stade très précoce, antérieur à la fig. i; ou bien il représente une structure fondamentale du protoplasme indifférent, lui appartenant en tant que tel; ou bien enfin il résulte d'une différenciation que subit le protoplasme de la cellule myoblastique à l'efiet, précisément, d'engendrer les fibrilles. Touchant la première hypothèse, on pourrait rappeler que Meves (io), tout en attribuant aux chondriosomes la production des fibrilles collagènes, admet cependant qu'entre le stade : plastosomes isolés, et le stade : fibrilles collagènes, il doit se trouver un stade de réseau — que l'auteur n'a pas ob- servé, --- où les chondriosomes, ayant perdu leur colorabilité spécifique, se sont disposés en réseau, mais sans avoir acquis déjà la colorabilité des fibres collagènes. 38 P- GAUDISSART On pourrait adapter cette hypothèse à notre cas, et penser que notre réseau incolore correspond précisément à ce stade intermédiaire entre mito- chondries isolées et fibrilles, les chondriosomes continuant d'ailleurs, après avoir donné naissance au réseau, à lui fournir des matériaux pour son déve- loppement. Nous n'avons pas étudié les mitochondries des cellules embryonnaires; nous ne pouvons donc pas déterminer d'une façon définitive si le réseau dont nous parlons provient d'une transformation directe du chondriome. Cette hypothèse nous paraît cependant très peu probable. Au stade de notre fig. 1, le réseau extramitochondrial est formé de travées tellement minces et tellement peu apparentes que Ion comprendrait difficilement qu'il provînt de mitochondries anastomosées. En outre, on ne voit pas pourquoi un réseau mitochondrial s'amincirait d'abord et devien- drait incolorable, pour s'épaissir ensuite et devenir à nouveau colorable par les mêmes méthodes mitochondriales. Il nous semble donc que le réseau est génétiquement indépendant des mitochondries et appartient au proto- plasme dans lequel celles-ci sont plongées. Si cela est vrai, il nous faut choisir entre la seconde et la troisième des interprétations que nous avons énoncées plus haut, à savoir : le réseau représente-t-il une structure fondamentale du protoplasme ou provient-il d'une différenciation fibrillogénétique d'un protoplasme homogène? Le fait que le réseau n'apparaît qu'en quelques plages serait favorable à cette der- nière hypothèse, mais, pour trouver dans ce fait un argument décisif, il faudrait d'abord établir qu'un réseau primitif ne pourrait exister, tout en demeurant invisible et n'apparaissant qu'au moment des transformations qui conduisent à la fibrillation. Nous nous trouvons d'ailleurs ici devant le très difficile problème de l'organisation fondamentale du proto[ilasme. Nous avions, dans l'espoir de le résoudre pour notre objet, commencé à préparer du matériel traité par diverses méthodes de fixation. Mais nous n'avons pas tardé à constater que l'étude comparative que nous voulions entreprendre, nous aurait retenu fort longtemps et, tout incomplets qu'ils demeurent, nos résultats nous ont paru valoir d'être publiés, à cause de leur importance pour la question des chondriosomes. Quoi qu'il en soit en effet du point dont nous venons de parler et même quoi qu il en soit de notre interprétation plus générale sur la valeur cytoplasmique et non pas mitochondriale, du réseau lui-même, nos recherches, en tout cas, établissent un fait nouveau : c'est que, pour donner naissance aux fibrilles, les mitochondries collaborent avec RÉSEAU PROTOPLASMIQUE ET CHONDRIOSOMES SQ un réseau, non entrei'ii parDuESBERG('). La conception decedernier auteur: •^ chaque mrofibrille n'est qu'un chondriosorn»^ filamenteux modifié'^, bien que séduisante à première vue, parait, après un examen plus approfondi, ne pas répondre à la réalité. Notre interprétation s'écarte donc à la fois de celle qui ne voit dans la structure musculaire qu'un réseau transformé et de celle qui attribue tout aux chondriosomes. Les partisans de la première opinion n'ont pas tenu compte des chondriosomes, — que d'ailleurs les méthodes anciennes ne mettaient pas en évidence, — mais les parrains de la seconde ont mé- connu le rôle du réseau. Ce n'est d'ailleurs que graduellement et après de nombreux tâtonnements que nous sommes arrivé à notre interprétation. Au début de nos recherches, nous fumes assez longtemps sur le point de nous ranger complètement à l'avis de Duesberg. Cependant un détail sur lequel M. le professeur Grégoire appela dès lors notre attention, semblait demeurer inexpliqué dans l'hypothèse du professeur de Liège, nous voulons dire la présence de fibrilles incolores, minces, assez peu dis- tinctes, que nous trouvions, fig. 8, mélangées en assez grand nombre à des fibrilles bien colorées. Dans l'hypothèse où les myofibrilles proviendraient de chondriosomes dans lesquels la matière mitochondriale se ramasse en disques, nous ne comprenions pas quel rôle il fallait accorder à ces fila- ments minces et incolores. Il ne peut être question d'attribuer cet aspect à une décoloration accidentelle de fibrilles déjà colorables, car on trouve les filaments incolores mélangés à des chondriosomes parfaitement colorés, et d'autre part, le nombre de ces fibrilles, d'abord peu élevé, grandit ensuite, pour diminuer plus tard au fur et à mesure qu'apparaissent les fibrilles co- lorables. Notre objection à la thèse de Duesberg nous apparut d'autant plus sérieuse que l'auteur lui-même dessine ces filaments incolores, fig. i8 et 20, mais sans les mentionner dans sa description, et sans leur donner place dans son schéma de la page 647, fig. J. Nous fumes ainsi entraîné à chercher un lien entre ces fibrilles inco- lores et les fibrilles colorables. Certains aspects nous firent penser que ces dernières résultent d'une association de fibres incolores, donnant lieu à une formation naturellement plus colorable, ou bien inversement que la fibrille colorable, en se dédoublant, donne naissance à des fibrilles plus minces et peu colorables. Mais ces deux hypothèses ne nous satisfirent (') Rappelons que Benua admit lui aussi que les mitochondries ne font que collaborer avec des fibrilles d'une autre origine. Seulement, l'auteur ne tait intervenir les chondriosomes que pour produire les disques anisotropes. 40 P. GAUDISSART point. Nous voyions en effet des fibres fort colorables qui, certainement, ne provenaient pas du groupement de plusieurs fibrilles minces, et d'un autre côté, au lieu de trouver des images nettes de bipartition, nous ren- contrions plutôt des aspects de ramification irrégulière ou d'anastomisation. Ces dernières images nous conduisirent à admettre que les fibrilles naissent d'une structure réticulaire, elle-même déjàcolorable par place sous les réac- tifs mitochondriaux, mais demeurant encore incolore dans d'autres portions. Enfin, remontant plus haut vers l'origine des fibrilles, nous trouvâmes les aspects des fig. l et 2, nous montrant que le réseau d'où proviennent les fibrilles est en réalité un réseau de fond, sur lequel se déposent les chon- driosomes. Dans notre hypothèse il est facile d'expliquer l'accroissement du nombre des fibrilles : il résulte, en partie du moins, de ce que de nou- velles portions de réseau se régularisent et s'orientent. Levi (12), pour rejeter la participation directe des chondriosomes à la formation des fibrilles, allègue que le nombre des mitochondries ne dimi- nue pas pendant la différenciation. Mais cet argument est sans valeur si on admet que les chondriosomes peuvent se multiplier, au fur et à mesure que certains d'entre eux servent à la différenciation. D'ailleurs les filaments colorés de la fig. 22 de l'auteur représentent-ils vraiment des chondriosomes, ou bien ne sont-ils pas plutôt un stade de la transformation du réseau en fibrilles (du moins par places)? Il est intéressant de faire remarquer que Levi a, lui aussi, nettement dessiné des fibrilles incolores fort nombreuses, et qu'elles semblent bien souvent provenir d'un réseau. CONCLUSIONS. Les chondriosomes prennent part à la formation des fibrilles muscu- laires. Cependant on ne peut pas dire qu'une myofibrille soit un chondrio- some filamenteux modifié. En effet la toute première production de fibrilles se réalise aux dépens d'un réseau incolore, qui est, du moins alors, indépen- dant des chondriosomes. Ceux-ci collaborent avec ce réseau, en se déposant sur ses travées. Mais ce sont les travées elles-mêmes qui deviennent, en s'orientant, les fibrilles. Nous n'avons pas pu élucider complètement la si- gnification de ce réseau : il semble bien avoir une origine indépendante des mitochondries et représenter une structure du fond protoplasmique, mais nous devons laisser en suspens la question de savoir si ce réseau plasmatique appartient à l'organisation fondamentale du protoplasme ou s'il provient lui-même d'une première étape de la différenciation - fibrillogénétique -, INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. 1S99 iSgt 1884 1909 191 2 igi I 1902 1899 igio iqii 191 i igi3 19071 igoy* igog Benda, C. BiUschli und Scheiciakoff Carnoy, J. B. Duesberg, J. Firkct, y. Godleitsky, E. Hiidcnhain, M. Hdven, H. Lcplat, G. Lcvi Lniia, E. Meves, Fr. Weitere Mitteilungen iiber die Mitochondria ; \^erh. der ph3's. Gesellsch. zii Berlin, iSqS-iSgg. Ueberden ieineren Bau der quergestreiften Muskeln von Arthropoden; Biol. Centralbl., 11. La Biologie Cellulaire. 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Sulla presunta piartecipazione dei condriosomi alla differenziazione cellulare; Arch. ital. di Anatomia e di Embriologia, X. Sulla importanza dei condriosomi nella genesi délie miofibrille; Anat. Anz., Bd. 43. Ueber Mitochondrien bzw. Chondriokonten in den Zellen junger Embryonen; Anat. Anzeiger, 3i. Die Chondriokonten in ihrem Verhaltnis zur Filarmasse Flemmings; Anat. Anzeiger, 3i. LIeber Neubildungquergestreifter Muskelfasernnach Beobachtungen am Hiihnerembryo; Anat. Anz., 34. 42 p. GAUDISSART 1908 igo3. 1904, 1905 igi I 1912 igo8 1886 1S87 1888 Mlodowsha, S. Prenant, A. Schockaert, A. Van Gehuchten, A . Zur Histogenèse der Skelettmuskeln; Bul. del'Acad. des sciences de Ciacovie. Questions relatives aux cellules musculaires; Arch. de Zoologie expérimentale. Problèmes cj'tologiques généraux soulevés par l'étude des cellules musculaires; Journ. de l'Anat. et de la Phys., 47. Les Cellules musculaires. Etude de Cytologie et d'Histophysiologie générale; Rev. gén. se. pures et appl., 23. Nouvelles recherches comparatives sur la structure et le développement du myocarde chez les ver- tébrés; Arch de BioL, 24. Etude sur la structure intime de la cellule mus- culaire striée; La Cellule, 2. Etude sur la structure intime de la cellule musculaire striée; Anat. Anzeiger, 2. Étude de la structure intime de la cellule mus- culaire striée chez les vertébrés; La Cellule, 4. EXPLICATION DES FIGURES. Toutes les figures ont été dessinées, à la hauteur de la platine du microscope, à l'aide de la chambre claire ^'Abbe. Notre microscope était muni de l'abject, apoch. Zeiss i. ?o, 2 mm., de l'oc comp. iS et d'un condensateur holoscopique \\'atson. Nous avons toujours observé en lumière artificielle. FIG. 1. Plages réticulées et chondriosonies dans un embryon dont le somite pos- térieur, dessiné ici, ne présente encore, à sa partie profonde, qu'une rangée de myo- blastes. FIG. 2. Id. dans le même embr\'on. FIG. 3. Myoblaste du somite immédiatement antérieur à ceux des dessins pré- cédents. FIG. 4. Trois systèmes fibrillaires appartenant à un des somites postérieurs d'un embryon, présentant, déjà dans ses parties les plus avancées, quelques fibrilles moni- I if ormes. FIG. 5. Quelques systèmes fibrillaires d'une partie plus avancée du même em- bryon. FIG. 6. Deux systèmes fibrillaires d'une partie encore plus différenciée du même embrj/ on . FIG. 7. Quelques fibrilles plus différenciées du même embr3'on. FIG. 8, Fibrille musculaire d'un embryon dont les parties les plus différenciées contiennent des éléments complètement difterenciés. Cette fibrille montre des restes de la structure réticulaire. FIG. 9. Tube du corps de Wolff de l'embryon qui a fourni les fig. 4, 5, 6. Planche I */ n^'^ 0 / r^ V. iC' A \\ \ V '•■'<: '^ jr^' /IS e .; 6 fis. ^% ^ ^^J '^m P Seid2Sjei!x ad zmi. dsJ ■naere frères Brux T Biesemam-. ScuJp Giflèses alypiiiues oens les cellules adipeuses ne larïes ne Pyrriioeorls aplerus L avec quelques remarques sur le cenliusome PAR J. KOWALSKI, LICENCIÉ-ÈS-SCIENCES, DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES DE l'uNIVERSITÉ DE LOUVAIN. (Mémoire déposé le /"' juillet igi3.) 13 8S avec quelques remarques sur le centrosome. [. § I. INTRODUCTION. En nous tenant à ce que dit Berlese dans son ouvrage sur les in- sectes, non rares sont les observations de divisions cinétiques dans les cel- lules adipeuses des insectes métaboliques. Cette multiplication cellulaire est surtout active pendant la mue. Nous n'aurions donc pas cru utile de signaler les observations que nous avons faites dans les cellules adipeuses en voie de division d'un insecte hétéro-métabolique, Pyrrhocoris apteriis, si cette division caryocinétique ne présentait certaines particularités qui nous semblent intéressantes au point de vue cytologique. Presque toutes les cellules en division, et elles sont très nombreuses, présentent, soit dans la figure achromatique, soit dans la figure chromatique, une asymétrie plus ou moins totale, conduisant à la formation de cellules dissemblables, soit dans la grosseur, soit dans le nombre de leurs noyaux. Par ce terme d'asymétrie nous entendons toutes les modalités di- verses qu'on a signalées, ne rentrant pas dans le cadre de la mitose ty- pique. On sait que les mitoses anormales peuvent se classer, d'après Hanse- MANN, en deux groupes principaux, les mitoses asymétriques, incluant la variété de mitoses dites hyper- et hypochromatiques, et les mitoses pluri- polaires. Le caractère différentiel des premières est une distribution très inégale aux deux cellules-filles de la substance chromatique de la cellule-mère, ainsi que la formation de cellules-filles de grosseur différente. Une conséquence de cette distribution inégale des chromosomes aux cellules-filles est la formation de cellules hyper- et hypochromatiques, c'est-à-dire de cellules 84 J- KOWALSKI possédant un nombre de chromosomes plus grand ou moins grand que les cellules normales de même espèce. Les mitoses pluripolaires ou mitoses anormales du second groupe sont caractérisées par la présence de plus de deux centres cinétiques dans la cel- lule, d'où la formation de plusieurs fuseaux cytoplasmiques. Cette variété de mitoses atypiques peut conduire à la formation de plusieurs cellules- filles, qui peuvent être d'ailleurs de taille inégale. Ces divisions cellulaires atypiques se rencontrent dans les tissus pathologiques, tumeurs cancé- reuses, sarcomes, ostéosarcomes, inflammations, h3^pertrophies d'organes. On peut aussi les provoquer expérimentalement en faisant agir divers agents chimiques sur des tissus en voie de néo-formation. C'est à Galeotti que l'on doit cette observation chez la Salamandre. Nemec a constaté aussi de tiès intéressantes variations dans la marche nor- male de la mitose en soumettant les racines de diverses plantes à l'action du chloral. § 2. LITTÉRATURE. Pour nous en tenir aux auteurs qui ont signalé des variations mito- siques dans les cellules adipeuses d'insectes, et dont les observations par là même se rapprochent des nôtres, nous citerons de Sinéty. Chez un phasme adulte, Lcptynia attenuata, cet auteur a constaté que les cellules adipeuses étaient susceptibles de se diviser par cinèses. Les figures mitosiques étaient très abondantes; l'auteur attribue cette pullulation à une réaction provoquée chez l'insecte par la présence de plusieurs larves parasites d'un insecte dip- tère, le Thrixion. A propos de ces divisions mitosiques, l'auteur fait remarquer : i" que la division se produit sans qu'il y ait retour à l'état embryonnaire, le mou- vement se localisant autour du noyau, le reste du cytoplasme étant occupé par des vacuoles graisseuses; 2° que les tronçons du boyau nucléinien à la prophase se montrent creusés suivant leur axe d'une cavité tubulaire ; ce serait la première indication de la division longitudinale des chromosomes; 3° à la métaphase, le nombre des chromosomes apparaît bien supérieur à celui des divisions somatiques ordinaires; ces mitoses étaient donc hyper- chromaticjues. L'auteur ne signale pas par ailleurs d'autres anomalies dans les cinèses. Le second auteur qui a observe des cytodiérèses atypiques dans les cellules adipeuses d'insectes adultes est Meunier. Cet auteur a constaté CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES 85 chez une Blatte adulte parasitée par une microsporidie des mitoses dans le tissu adipeux à Bacillus ciieiioti. Ces mitoses, dit cet auteur, sont le plus souvent asymétriques et multipolaires. Il admet, indépendamment du pre- mier auteur cité, dont il semble ignorer et le travail et l'opinion, une rela- tion de cause à effet entre la présence de la microsporidie et l'existence de ces mitoses dans les cellules à Bacillus cueiwti. On le voit donc, ces observations se rapportent à des insectes adultes et secondement à des insectes parasités. Admettre une relation de cause à effet entre la présence du parasite et l'existence de mitoses atypiques est donc fort probable; ces auteurs en effet n'ont pas constaté de semblables divisions dans des insectes de mêmes espèces normaux. Ces deux auteurs diffèrent cependant en ce que de Sinéty, comme nous l'avons dit, afiirme que la division se produit sans qu il y ait retour à l'état embryonnaire. Meunier, au contraire, soutient que " dans les lobes où la marche du parasite est lente, les cellules à bacilles éloignées du centre d'infection réagissent; elles perdent leurs caractères différentiels et font re- tour au type embryonnaire. Cette réaction des tissus de l'hôte vis-à-vis du parasite détermine l'apparition d'un tissu de néoformation qui rappelle certaines tumeurs cancéreuses -. Dans le cas qui nous occupe nous avons longtemps cherché quelle pou- vait bien être la cause des nombreuses anomalies que présentent le proces- sus de la division cinétique, et ne trouvant nul parasite dont la présence eût pu troubler l'ordre rigoureux de la cytodiérèse, nous avions d'abord pensé à mettre ces désordres cinétiques au compte de l'état physiologique particulier où se trouvait l'insecte que nous étudions. Cet insecte, en effet, était une jeune larve de Pyrrhocoris aptcrus, mesurant de 4 à 5 millimètres de longueur, qui se préparait à muer, comme le témoignait le liquide parfois très abondant situé entre l'hypoderme et la cuticule, liquide qui par scui abondance eût déterminé l'exuviation de la vieille cuticule. Les organes génitaux mâles étaient encore en voie de développement. Or, ce moment de la mue, comme on le sait, est pour tous les animaux qui présentent ce phénomène, et en particulier pour les insectes, un moment critique, phy- sio-pathologique, amenant dans l'organisme des troubles profonds de nutri- tion. C'est l'instant de la crise de maturité génitale, comme l'a appelé Ferez, et c'est cet état particulier qui a servi à cet auteur de base pour étayer sa théorie de la métamorphose (or, la mue ne diffère de la vraie mé- tamorphose que par un degré de simplification). Cet auteur, on le sait, 86 J KOWALSKI suppose en cet instant de la métamorphose la production de toxines et de stimulines par les disques imaginaux, toxines qui amèneraient la destruc- tion des vieux tissus, stimulines qui hâteraient le développement des his- toblastes, petits éléments aux dépens desquels doivent se construire les tissus neufs. La présence de toxines dans l'organisme en ce moment de la mue expliquerait cet affaiblissement, cette fragilité de l'organisme qui rend en effet critique ce passage. Elle expliquerait aussi parfaitement ces ano- malies dans la division cellulaire, puisque expérimentalement on a pu les provoquer par l'introduction de poisons dans l'organisme. Metanilkoff n'a-t-il pas du reste, il y a peu de temps, démontré expé- rimentalement la présence de substances toxiques dans les tissus des larves sur le point de subir la nymphose? Du sang prélevé chez une larve de Galteria, à deux ou trois jours de la métamorphose, et injecté à une larve jeune, détermine chez celle-ci une sorte de paralysie passagère. Mais en étudiant de nouveau très attentivement toutes nos coupes, nous avons fini par découvrir particulièrement dans une, un amas de bac- téries. Celles-ci étaient, il est vrai, surtout nombreuses en dehors de la coupe et pouvaient dés lors faire croire à un apport étranger de ces éléments au moment du montage de la préparation, mais notre attention ayant été éveillée de ce fait, nous finîmes par en découvrir au sein même des tissus, tissu sanguin, tissu conjonctif, tissu adipeux; leur nombre était certes bien moins grand que dans l'amas signalé plus haut; mais il n'y avait pas de doute à avoir, ces bactéries provenaient de ce lieu d'infection. L'étendue du champ d'envahissement était cependant très limité, puis- que, nous le répétons, nous n'avons trouvé ces bactéries que dans deux ou trois coupes, sur une centaine que comprenait la section transversale de l'insecte. Nous croyons cependant, que l'infection des toxines sécrétées par ces bactéries était suffisante pour s'étendre à l'organisme entier, et provo- quer ces troubles cinétiques que ce travail a pour but de mettre en relief. Nous signalons aussi la présence d un organisme que nous avons trouvé implanté dans le tissu conjonctif limitant en dedans le tissu adipeux. Nous l'avons dessiné fig. 48. C'est sans doute un organisme parasite; nous n'avons pu préciser sa détermination. Peut-être est-ce encore à lui que nous devons rapjorter la cause des troubles cinétiques cellulaires? Tous ces désordres cependant ne sont pas, à notre avis, imputables à la présence de toxines au sein de l'organisme. Certains trouvent naturel- CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES 87 lement leur raison dans une action mécanique qu'exerçait dans le terri- toire cellulaire la présence de très nombreuses et très grosses vacuoles graisseuses. Il y avait hypertrophie du tissu adipeux, fait déjà signalé à l'époque de la mue. C'est à ces deux causes que nous rapportons donc les troubles cyto- diérétiques observés. Les mitoses asymétriques bipolaires trouveraient plus particulièrement la raison de leur déformation dans une cause méca- nique : le tait de très nombreuses vacuoles graisseuses. — Les mitoses asymétriques pluripolaires seraient les seules vraiment pathologiques dues à l'infection toxique créée dans l'organisme de l'insecte par les bactéries dont nous venons de parler. Le fait d'avoir observé de ces mitoses pluripo- laires dans d'autres cellules, telles que les amœbocytes du sang, semble le démontrer. La localisation extrême des bactéries, et par suite la faible in- toxication pour l'organisme entier, plaident encore pour admettre que seul les mitoses asymétriques pluripolaires, assez rares, relèvent bien d'une cause pathologique. Les cellules ne retournent jamais à l'état embryonnaire pour se divi- ser, comme l'a constaté de Sinéty, et cela est vrai, contrairement à ce qu'affirme Meunier dans son objet d'étude, aussi bien pour les cellules adipeuses en division, voisines du lieu d'infection, que pour celles qui en sont éloignées. § 3. iMÉTHODE. L'insecte étudié avait été fixé au Bouin aussitôt sa capture. Pour la coloration des coupes, nous ne nous sommes servi que de la méthode de Heidenhain à l'hématoxyline ferrique, avec un colorant plasmatique, le rouge Bordeaux. Les chromosomes et les éléments chromatiques apparais- sent bien nets, noirs, sur le reste de la cellule, qui est d'une couleur rouge vineux. § 4. OBSERVATIONS. I. Corps adipeux. Chez la larve de Pyrrhocoris, le corps adipeux ne présente ni cellules à urates, ni cellules à bactéro'ides, mais seulement les cellules adipeuses proprement dites. On ne peut non plus distinguer les deux sortes de tissu adipeux que Berlese a signalées dans beaucoup de larves métaboliques : le 88 J. KO"WALSKI tissu adipeux distal (compris entre l'épiderme et la membrane péritonéale), et le tissu adipeux proximal (compris entre cette membrane et le tube di- gestif). Dans les cellules adipeuses que nous avons eues sous les yeux, on n'apercevait aucun produit déposé, graisse ou albuminoïdes. La présence de larges et de très nombreuses vacuoles au sein du cytoplasme indiquait seule le dépôt d'une grande quantité de graisse durant la vie, graisse que les manipulations avaient fait disparaître. Au milieu de ces cellules adipeuses, au voisinage de la couche épider- mique, se voient de grosses cellules à protoplasme homogène : les Oeiio- cytes. Nous n'avons jamais observé chez celles-ci de divisions cellulaires. Les variations que présentent le chromatisme de leur noyau et de leur protoplasme témoignent chez les cellules d'un intense métabolisme en ce moment de la mue. Nous nous proposons d'étudier ces cellules dans un prochain travail. 2. Cellules adipeuses au repos. Les limites des cellules adipeuses sont parfois difficiles à préciser : cela tient à la petite couche de cytoplasme que les vacuoles graisseuses ont refoulé à la périphérie de la cellule et à l'irrégularité de cette même couche protoplasmique, du fait des compressions inégales qu'elle a subies de la part des vacuoles adjacentes. De cette couche périphérique de cytoplasme partent, par une base élargie, formant pied, des traînées de cytoplasme, plus ou moins larges, ramifiées, aboutissant à la plage cytoplasmique qui environne le noyau. Cette plage de cytoplasme est très variable, soit dans sa position dans la cellule, soit dans sa forme, soit dans ses dimensions. Les vacuoles graisseuses en grossissant réduisent parfois tellement le cyto- plasme circumnucléaire, qu'il semble ne plus y en avoir autour de ce der- nier. Le liquide graisseux vient baigner d'un côté ou d'autre la surface externe du noyau, et la tension superticielle du liquide vacuolaire étant plus forte que celle de la substance visqueuse du noyau, celui-ci, de rond qu'il est lorsque le cytoplasme l'environne de toutes parts, fig. l, 2, devient irrégulier et se creuse de concavités, fig. 3, 4, 5. Sa position dans la cellule est aussi le fait des vacuoles, et de central il peut occuper une position tout à fait excentrique, à toucher la membrane cellulaire. Le nombre des noyaux est variable. Généralement unique, fig. 1, sou- vent double, fig. 2, 3, nous avons trouvé des cellules en renfermant jusqu'à CINESES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES >^g quatre, fig. 4. Nous verrons plus loin comment se constituent les cellules plurinucléées. Faisons remarquer dès maintenant la relation de proportionnalité qui existe entre la masse du noyau et celle du cytoplasme, proportionnalité mise en évidence par Hertwig et ses élèves et connue sous le nom de j' Kernplasmarelation -. Les fig. 2, 3, 4, 8. 32, 33, 34, 44 en sont de bons exemples. A l'état soit-disant de repos de la cellule, le réseau nucléaire a peu d'affinité pour les colorants basiques; on y distingue très nettement, à cause de leur grande affinité pour ces mêmes colorants, plusieurs nucléoles niiclei- iiiens. Ils peuvent parfois, mais rarement, être demeurés réfractaires à la co- loration par suite probablement d une transformation chimique de leur substance; leur teinte dès lors voisine celle du réseau nucléaire, c'est-à-dire qu'ils se colorent, comme ce dernier, par le rouge Bordeaux. Très souvent, le nombre des nucléoles du noyau est compris entre sept et neuf, fig. 3, 5; ils sont souvent de même grosseur, sphériques, entourés parfois d'une auréole claire, fig. l. Plus rarement, ce nombre est dépassé soit par la présence de beaucoup plus petits nucléoles, également colorés en noir, soit par la présence de nucléoles égaux aux premiers; une fois seule- ment, nous en avons compté quinze dans une cellule. Ces nucléoles, que nous appellerons supplémentaires vu le nombre relativement constant des nucléoles principaux, proviennent-ils de la division de ceux-ci, nous ne sau- rions le dire positivement; toujours est-il que souvent lorsqu'il y a des nucléoles supplémentaires, on les trouve à côté d'un gros nucléole; ceci semblerait indiquer leur origine aux dépens des gros. Comme l'a constaté MoNTGOMERY daus Ics œufs de différents groupes d'animaux, on peut dire que le volume total de la masse des nucléoles est sensiblement constant dans les noyaux des cellules adipeuses que nous avons observées. Nous di- sons dans les noyaux et non dans les cellules, car celles-ci pouvant renfer- mer plusieurs noyaux issus de division atypique, la cellule possède de ce fait plus de nucléoles que les cellules normales à un noyau. Notons que ces nucléoles sont en nombre moins élevé dans les noyaux des cellules d'autre espèce, telle que les œnocytes. Tous les nucléoles sont indépendants du réseau nucléaire, ce qui se remarque surtout dans l'état de quiescence de la cellule, où leur affinité pour les colorants basiques les détache bien de la trame du réseau, qui a 14 go J. KOWALSKI plus d'affinité pour les colorants acides. Lorsque la cellule se prépare à la division, cette différence dans l'affinité de ces deux éléments du noyau s'at- ténue et à un moment il est très difficile de dire ce que sont devenus les nucléoles. Un autre fait, qui rend très difficile d'établir le sort des nucléoles au début de la prophase, est le fait de l'égalité, en forme, en volume, en nom- bre quelquefois, des nucléoles et d'un certain nombre des chromosomes qui se forment à la prophase aux dépens du réseau nucléaire, et apparaîtront sous leur forme définitive à la métaphase. On sait en effet que, d'après Gross, l'insecte Pyrrhocoris compte 12 chromosomes dans les cellules sexuelles et 24 dans les cellules somatiques. C'est bien le même nombre que nous avons retrouvé dans les cellules adipeuses de l'insecte étudié, mais ces chromosomes sont d'inégale grandeur : on en compte 16 en forme de bâtonnet, S en forme de petites sphères ('), fig. 11, 12. Or, les nucléoles sont souvent en même nombre, ont la même forme, même vo- lume, même coloration que les petits chromosomes. Dans la fig. 9 pou- vons-nous dire que les masses irrégulières de chromatine que l'on remarque dans le noyau en prophase sont les nucléoles, dont la substance passe in- sensiblement dans le réseau pour contribuer à la formation des futurs chro- mosomes, ou ces masses sont-elles les ébauches de ces chromosomes que la concentration des trabécules du réseau, puis des filaments nucléiniens constitue peu à peu? Nous ne saurions le dire. La FIG. 7 semblerait plaider en faveur de la première hypothèse. Les ma.sses chromatiques de ce noyau sont irrégulières avec petits prolonge- ments. De l'une de ces masses, m, se détache très nettement un filament plus épais, plus colorable, qui ressemble tout à fait à un fragment du ré- (1) Comme on peut le voir dans ces mêmes figures, un certain nombre des chromosomes présentent une division longitudinale. Mais nous voulons attirer l'attention sur les chromosomes q. q', qui simulent des groupes quaternes, particulièrement l'ensemble des éléments q. Le groupe q' n'est pas réellement un groupe quaterne, car il est composé de deux chromosomes non frères s'entrecroisant en formant un petit arc de cercle. Cette courbure ne se remarque qu'en suivant l'objet dans son parcours à l'aide de la vis micrométrique. A première vue il semble qu'on a un groupe quaterne devant soi. Il en va de même du groupe q; mais ici, c'est un même chromosome sphériq.'.e qui s'est fendu longitudinalement et dont la partie médiane dans chacune de ces moitiés longitudinales est excessivement amincie. Nous n'avons donc pas affaire à des groupes quaternes réellement con- stitués, mais on voit combien facilement serait réalisée dans le groupe q, une vraie tétrade, puisqu'il suffirait que les parties amincies se brisent transversalement. Nous n'avons cependant pas noté de vraies tétrades comme plusieurs auteurs en ont signalé dans les cellules somatiques d'espèces va- riées. Ils les considèrent comme des figures pathologiques. Nous n'avons constaté que des apparences de tétrades. CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES QI seau de la eig. 9, d où naissent les chromosomes. Ici, les nucléoles sem- blent se désintégrer en un filament nucléinien, la substance des nucléoles fournit un appoint dans la constitution des chromosomes. (^es cjuelques points notés sur les nucléoles, soit dans les cellules au re- pos, soit au commiencement de la division cellulaire, nous ont écarté un peu de notre sujet, mais les nucléoles étant des organites si énigmatiques, il nous a paru utile de noter ce qu'une étude attentive dans des cellules où ils apparaissent bien nous a révélé d'intéressant. 3. Cellules adipeuses en division. Nous abordons maintenant l'étude de la division cellulaire, et pour mettre un peu d'ordre, nous considérerons d'abord le cas des cinèses asy- métriques bipolaires, puis celui des cinèses pluripolaires, auquel nous join- drons l'exposé de diverses particularités relatives au centrosome et un essai d'explication de cet organe si énigmatique. a) Cmèses asymétriques bipolaires. Comme dans la variété il ne peut exister de règle, il nous est impos- sible de donner un aperça général du processus que suit la cellule pour se diviser. Mieux que toute description générale, qui ne peut se faire, un re- gard jeté sur les fig. 16 à 27, et 36 à 43, que nous avons multipliées à cette fin, dira quelle variété, quelle asymétrie, se présente dans les cellules adi- peuses que nous étudions. Les figures mêmes ne rendent parfois que très imparfaitement le degré où est poussée cette irrégularité, car pour la clarté du dessin, nous avons été forcé soit de ne faire figurer dans nos dessins qu'un seul plan, soit de ramener à un plan quand cela pouvait se faire des détails qui se trouvent dans des plans différents. Le détail de chaque figure sera donné lors de la description de celles-ci, à la fin de ce travail. Cette asymétrie porte autant sur la partie chromatique que sur la par- tie achromatique de la figure mitosique. Elle peut être telle que celle-ci devient méconnaissable. a) Asymétrie à la métaphase. Pour mieux faire apprécier au lecteur cette asymétrie, nous avons dessiné, fig. 15, une plaque équatoriale typique telle que la présente une 92 J. KOWALSKI division régulière, et fig. 16 à 27, diverses cellules en métaphase. L'irré- gularité de la figure à ce moment de la division est évidente et très curieuse. Pour l'expliquer, il faut remonter à l'origine du rapprochement des chro- mosomes formés, plus haut même, au moment de la concentration du ré- seau nucléaire à la prophase, et à celui de la disparition de la membrane nucléaire qui s'effectue à peu près à ce moment. Quand nous disons que la membrane nucléaire disparait, nous voulons simplement dire que la surface de séparation des deux liquides visqueux de nature colloïdale, nu- cléaire et cytoplasmique, s'efface par suite de l'égalité qui s'établit entre les tensions superficielles de ces deux substances. Il n'y a pas à proprement parler de membrane nucléaire. Au moment où s'efface la surface de séparation entre le noyau et le cytoplasme, et ce moment est assez précoce, fig. 9, puisque l'homogénéisa- tion des chromosomes est encore peu avancée, le réseau nucléaire étant au stade appelé « spirème - ('), au moment dis-je de la disparition de la membrane nucléaire, une fraction de la substance chromatique s'échappe parfois du noyau et s'engage dans une trainée de cytoplasme qui rayonne autour du noyau, fig. 9; cette portion chromatique s'isole de la masse prin- cipale. Mais il peut aussi arriver que la membrane nucléaire disparaisse plus tard, lorsque l'homogénéisation des chromosomes est plus avancée et que ces derniers ont pris leur forme définitive. Dans ce cas, ce ou ces chromosomes en s'engageant, ou mieux entraînés (■), fig. il, 13, dans une traînée de cy- toplasme, sont soustraits par la présence des vacuoles graisseuses à l'action dynamique des centres (que ces centres cinétiques soient constitués par les centrosomes ou non), qui déterminent les deux pôles de la cellule vers les- quels convergent les chromosomes. Ils vont donc ou bien demeurer en re- tard sur les autres chromosomes lors du rassemblement de ces derniers à la platjue cellulaire, fig. 13, 14, ou bien demeurer à l'état d épave au milieu (') Nous ne désignons par ce terme que le moment où les chromosomes sont encore filamen- teux et n'ont pas acquis leur concentration définitive. Nous ne prétendons nullement, en employant ce terme, dire qu'il n'y a qu'un filament continu qui se dégage à la prophase du noyau au repos. Nous ne l'avons pas plus observé dans cet objet que chez la Salamandre, où nous avons, il y a quelques années, étudié la formation des chromosomes au.\ dépens du réseau quiescent nucléaire. (■') Cet entraînement n'est pas dû à l'action mécanique du rasoir, comme on pourrait l'ob- jecter, qui aurait séparé un ou plusieurs chromosomes de la masse principale formée par ceux-ci. Cela peut se produire parfois, nous ne le nions pas, mais nous avons constaté maintes fois des cas où manifestement une semblable cause mécanique ne peut être invoquée pour expliquer l'en- trainement d'un ou de plusieurs chromosomes, par exemple lorsque ceux-ci sont situés dans un plan intermédiaire aux plans de coupe, supérieur et inférieur. CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES g3 du cytoplasme, fig. 23, 27. Semblables à des débris qu'un obstacle ou qu'un remous a entraînés hors du fil de l'eau et qui se décomposent dans une anfractuosité de la berge, de même, ces chromosomes, hors du courant cel- lulaire, dégénèrent pendant l'achèvement de la division cellulaire, fig. 41. D'autres chromosomes peuvent même s'engager dans les vacuoles ren- fermant le licjuide graisseux; cela peut se produire lorsque les vacuoles très fortes pressent de trop près le noyau; la vacuole ou mieux le liquide qu'elle contient fait irruption dans la partie du caryoplasme où gisent les chro- mosomes, et certains sont entraînés mécaniquement dans les vacuoles grais- seuses, FIG. 35, 40. Ceux-là sont aussi soustraits à l'action des centres cinétiques de la cellule. Que vont-ils devenir? Ils dégénèrent au sein de la petite quantité de cytoplasme qu'ils ont entraînée avec eux lors de l'irrup- tion du liquide vacuolaire. Une autre cause peut encore à la métaphase soustraire des chromo- somes à l'action des deux centres dynamiques de la cellule. C'est l'asymé- trie de la figure fusoriale cytoplasmique. Aussi variée que la figure nucléaire est la figure cytoplasmique ou fuso- riale dans les cellules adipeuses en division. Cette figure est rarement symé- trique comme dans la fig. 15, où on aperçoit deux sortes de filaments, les uns épais, les autres minces. Le plus souvent cette asymétrie est totale, c'est-à-dire qu'il n'existe plus ni plan, ni axe, ni point de symétrie. Le fuseau se dispose, il est per- mis de le dire, comme il peut aux dépens des traînées cytoplasmiques que les vacuoles graisseuses ont laissées dans la cellule. La présence de si nom- breuses vacuoles graisseuses, matière inerte, a segmenté à la façon des mailles d'une éponge le cytoplasme de la cellule. L'effet a été de réduire, de morceler le territoire cytoplasmique de la cellule, de telle sorte que les filaments du réticuluai ne peuvent s'orienter que difficilement vers les pôles de la cellule. Mieux que toute description, qui ne peut embrasser tous les cas, l'in- spection des figures montrera la variété d'aspect de la figure fusoriale pen- dant la cinèse. Parfois elle ne peut se former que d'un côté de la plaque équatoriale, fig. 19, parfois, fig. 17, de part et d'autre de cette plaque ap- paraît la figure fusoriale, mais l'une et l'autre des moitiés sont dissymé- triques : tandis qu'une des moitiés a la forme d'un cône à surface concave, l'autre moitié est au contraire renflée, l'intérieur même du fuseau étant oc- cupé par une vacuole graisseuse qui en distend les parois. 94 J. KOWALSKI P) Asymétrie à l'anaphase. Aucune règle ne préside à l'arrangement des fibres cytoplasmiques fu- soriales. Qu'advient-il dès lors, pour les chromosomes qui, à la métaphase, puis à l'anaphase, sont attachés à ces fibres du fuseau? Les chromosomes guidés par les filaments dans leur ascension polaire seront obligés de se plier à l'asymétrie de la figure cytoplasmique, fig. 21. De là des figures comme celles représentées fig. 25. Au lieu de s'avancer vers les pôles de la cellule en ligne de front, les chromosomes s'acheminent vers eux en ligne de file. De là, plus tard, à la télophase, la formation de noyaux ayant subi une sorte de pivotement, tel que celui d'une des cellules de la FIG. 42. Si le fuseau, gêné dans sa formation par les vacuoles, ne saisit (') pas tous les chromosomes à la plaque équatoriale, une partie des chromosomes demeurant sans guide dans leur ascension polaire demeurent en arrière, se perdent pour ainsi dire en chemin et dégénèrent, fig. 16, 35. Il peut arriver aussi que la plaque équatoriale se fractionne, et chaque groupe de chromosomes s'achemine vers les pôles à sa guise et dans les conditions particulières que sa position, son volume, la forme de la figure fusoriale cytoplasmique créent pour chacun, fig. 22, 27, 31, 36. Il peut arriver enfin, et le cas n'est pas rare, que la plage cytoplas- mique périnucléaire ayant été si réduite par les vacuoles graisseuses, le fu- seau n'ait pas eu la place de se former et de se développer, fig. 18. Les chromosomes-frères réunis à la plaque équatoriale ne peuvent dès lors s'acheminer vers les pôles où tend à les entraîner à la période anaphasique le mouvement dynamique bipolarisé de la cellule. Ils dégénèrent alors en masse, comme le témoigne l'affaiblissement de leur capacité tinctoriale. La cellule a ici vainement tenté de se multiplier. L'hypertrophie graisseuse qui a saisi la cellule et semble s'être accrue durant même la période de di- vision, l'a empêchée d'arriver au terme de son activité cinétique. La cellule dégénère et meurt privée de sa portion qui règle son métabolisme : le noyau. Il pourrait se faire aussi que le noyau revienne au repos sans achever sa division, comme l'ont constaté les deux frères Hertwig sur des œufs (I) C'est là une façon de parler en concordance avec le mode courant d'explication que l'on donne du fuseau achrcmalique. On verra plus loin comment il faut l'entendre quand nous aurons dit la manière dont nous interprétons les filaments fusoriaux. CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES qS d"oursins en voie de segmentation, lorsqu'on fait agir sur eux divers agents chimiques. La masse chromosomique n'a qu'à se vacuoliser pour reconsti- tuer le réseau nucléaire quiescent. La diminution de leur pouvoir chroma- tique que l'on constate dans l'amas des chromosomes pourrait s'interpréter aussi comme l'indice d'un commencement de vacuolisation. Ce phénomène, au lieu de survenir un peu plus tard, au tassement polaire, comme c'est le cas des caryodiérèses normales, surviendrait plus tôt dans ce cas-ci et appa- raîtrait à la métaphase. •f) Asymétrie à la télophase. De l'inégalité de volume, de la différence de forme des deux moitiés de la figure fusoriale, résulte une conséquence importante, c'est que les masses chromatiques filles, montant vers les pôles, peuvent être très iné- gales; autrement dit, les cellules-filles reçoivent des quantités très inégales de chromatine, fig. 35, 38, 40, 4i. L'une sera donc hyperchromatique, l'autre hypochromatique. A l'état de repos, ces cellules aun^it des noyaux de dimension très inégale. Si par ailleurs une des masses chromatiques se fragmente, comme nous l'avons dit, par le fait de la forme du fuseau cyto- plasmique. on aura finalement des cellules-filles telles que nous en ofl"rent les FIG. 45, 3. Une des cellules-filles renferme un noyau; l'autre en contient deux. La formation de semblables cellules plurinucléées peuvent aussi se for- mer, nous semble-t-il, du fait de la formation incomplète ou même de l'ab- sence de formation de la membrane intercellulaire. La zone où s'effectuera la séparation des cellules-filles est indiquée par le dépôt sur les filaments connectifs du fuseau d'une substance prenant for- tement l'hématoxyline. Ce dépôt se manifeste sous l'aspect de petits points très chromatiques disposés côte à côte comme les fibres elles-mêmes du fuseau. C'est la - plaque fusoriale -. Elle est ici toujours très étroite. Ces dépôts en s'épaississant et se fusionnant constituent plus tard un amas très chromatique, dit - corps intermédiaire de Flemming ^. Ni la plaque fusoriale, qui n'est en somme que l'ébauche du •■ corps intermédiaire de Flemming, ni ce dernier organe ne contribuent à la sépa- ration des cellules-filles. Si, en effet, la séparation dans la région fusoriale se faisait par délamination de la plaque fusoriale ou du corps intermédiaire, on devrait trouver les deux parties de ces éléments de part et d'autre de la g6 J- kov;;alski fente de séparation. Or, on ne constate jamais cela. La plaque fusoriale, puis le corpuscule intermédiaire de Flemming restent indivis au milieu de la fente de séparation qui provient d'un sillon de la surface cellulaire. Ce sil- lon s'approfondit et lorsqu'il arrive à l'endroit où se trouve la plaque fuso- riale, ses deux lèvres s'écartent, laissant celle-ci intacte. Les deux cellules peuvent être depuis longtemps distinctes, séparées, que le corps intermé- diaire de Flemmimg demeure encore indivis, sur le faisceau restant des fibres du fuseau, fig. 42, 43, 44, 45. C'est là le dernier lien qui rattache encore entre elles les deux cellules-filles. Le corps intermédiaire doit plus tard dégénérer, mais nous ne l'avons pas constaté. Quel est le rôle de cet organe passager et de la plaque fusoriale? Nous ne saurions le dire. La place de ce dépôt toujours dans la région équato- riale de la cellule, son apparition avant l'étranglement du corps cellulaire semblent indiquer qu'il est en rapport avec la bipartition de ce dernier, mais dans notre objet la plaque fusoriale ne sert certainement pas directement à la division du cytoplasme, fig. 42-45. Cette division est donc simplement le fait d'un étranglement du corps de la cellule. Si cet étranglement ne se produit pas, la cytodiérèse restera incomplète : le noyau se sera bien scindé, le cytoplasme restera indivis ('); en un mot, il n'y aura pas multiplicatiou de cellules : on aura une cellule plurinucléée. Or, cette absence d'étranglement du corps cellulaire arrive souvent dans notre objet à la télophase, du fait de la présence des vacuoles graisseuses. On comprend facilement en effet que ces dernières gênent l'action dy- namique qui porte en ce moment la cellule à se diviser en deux moitiés ou mieux en deux parties, car les parties séparées peuvent être fort inégales, suivant qu'une des cellules-filles a reçu plus ou moins de substance chro- matique en partage. C'est encore là un exemple de cette relation intime qui s'établit entre le noyau et le cytoplasme et que Hertwig a mise en lu- mière. Nous avons dit que les points d'épaississement qui apparaissent à la télophase sur les filaments interpolaires du fuseau sont des dépôts de substance. Ces dépôts se formeraient, comme dit Le Dantec, dans la zone (') Ce cas a été aussi constaté par Demoor dans les jeunes poils staminaux de Tradescantia viiginica que l'on soumet à l'action de divers gaz : acide carbonique, ammoniaque, chloroforme, etc. La division nucléaire s'achève comme dans les conditions normales, mais la division du plasma ne suit pas. La division cellulaire reste incomplète dans une de ses parties : le plasma. CiNksES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES 97 calme qui s'établit à la rencontre des deux mouvements tourbillonnaires nouvellement reconstitués par la reformation de deux noyaux. Ce qui tend à faire considérer ces points chromatiques comme des dépôts, c'est le fait que le dépôt ne se forme pas et qu'il n'apparaît pas, par suite, de plaque fu- soriale, ni de corps intermédiaire de Flemming, lorsque une vacuole grais- seuse s'est formée dans la région fusoriale. La présence d'une substance inerte, comme la graisse, rompt les échanges interprotoplasmiques qui naissent du fait de la reconstitution des deux nouveaux noyaux et le dépôt résiduel de ces échanges ne peut s'effectuer, fig. 37, 38, 40, 41, 46. Or, nous avons remarqué que lorsque ce dépôt résiduel, c'est-à-dire la plaque fusoriale et le corpuscule intermédiaire, ne se forme pas, l'étrangle- ment du corps cellulaire, du cytoplasme, ne s'effectue pas non plus. La présence du premier semble conditionner la formation du second. Enfin la formation de cellules plurinucléées peut encore avoir une autre origine : la présence de plus de deux centres cinétiques dans une cellule, c'est-à-dire la présence de plusieurs fuseaux. Ceci nous conduit à parler des cinèses asymétriques pluripolaires. b) Cinèses pluripolaires et question du centrosome. Si les cinèses que nous avons jusqu'à présent examinées sont excessi- vement nombreuses, celles que nous envisageons maintenant sont relative- ment plus rares et le plus souvent tri polaires. Les fig. 20, 22, 28-33 donnent quelques exemples de ces divisions anormales dans le tissu adipeux. Nous renvoyons le lecteur pour le détail concernant chacune de ces figures à l'explication des planches qui accom- pagnent ce travail. La FIG. 48 représente une cellule migratrice du sang, un amœbocyte ou leucocyte présentant, lui aussi, une division anormale pluripolaire, mais la pluripolarité est plus accusée, puisqu'on peut constater dans cette cinèse un nombre plus considérable de centres d'échanges chromoso-plasmiques, les uns et les autres manifestés par un petit dépôt centrosomique. Des détails que nous donnerons avec chaque dessin, des nombreuses observations que nous avons faites relatives aux centrosomes, tant dans les cinèses bipolaires que dans les pluripolaires, nous voulons essayer de tirer quelques conclusions générales à leur sujet et, des conséquences qui en dé- coulent, tenter une théorie de cet organe cellulaire encore si énigmatique. 15 98 J. KOWALSKI Par plusieurs points elle se rattache à celle que de nombreux et savants chercheurs ont déjà bâtie à ce propos; elle n'a donc pas le mérite d'être entièrement neuve, mais précisément parce qu'elle concorde sur certains points avec des opinions déjà émises, qu'elle s'appuie sur les faits reconnus en même temps que sur nos propres observations, nous voulons croire qu'elle ne sera pas complètement inutile et que, par les idées qu'elle pourra suggérer, elle contribuera comme toutes celles qui l'ont précédée à jeter un peu de clarté dans le mécanisme si complexe de la cellule. a) Faits observés. Nous rangeons les faits observés par nous sous un certain nombre de points. 1° Dans les cellules adipeuses, les oenocytes, et généralement toutes les cellules en division de Pyrrhocoris, les centrosomes, quand ils existent, sont petits, parfois réduits à un point excessivement ténu, coloré en noii par l'hématoxyline ferrique. 2° On ne remarque que très rarement un aster bien caractérisé rayonnant autour des corpuscules polaires, comme Gross les figure dans les cellules spermatocytaires de ce même insecte, Pyrrhocoris. Une seule fois nous avons noté un aster bien défini dans le proto- plasme relativement abondant qui entourait le pôle. Nous devons ajouter que dans ces mêmes cellules spermatocytaires de l'insecte jeune que nous avons examiné, nous n'avons pas non plus observé la sphère bien caracté- risée représentée par Gross dans son travail sur la spermatogénèse chez Pyrrhocoris apterus. C'est probablement à un insecte parfait que cet auteur s'est adressé dans son étude. Cette différence dans le développement de l'aster tiendrait-elle au stade ontogénique des insectes étudiés? Dans les cellules adipeuses où peu de protoplasme environne le centrosome par suite du morcellement du cytoplasme par le dépôt graisseux, rien d'étonnant à ce que l'aster ne se développe pas ou que très peu. Que représente l'aster en effet, sinon la manifestation visible des échanges invisibles métaboliques qui se passent entre le centrosome et le protoplasme. Là où celui-ci est ab- sent, rare, ou dont l'activité est ralentie, affaiblie par une surcharge de matières inertes, il est tout naturel que ces échanges soient abolis, ou du moins si peu intenses qu'ils ne se manifestent pas par l'orientation centrée des filaments cytoplasmiques. CINESES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES QQ 3° Nous n'avons jamais observé la bipartition d'un centrosome au commencement de la division cellulaire. Nous n'avons observé les centro- somes d'une façon certaine qu'à la métaphase, ou du moins à la fin de la prophase, lorsque le fuseau bien constitué a acquis son maximum de gran- deur et de netteté, et lorsque les masses chromosoiniques provenant de la division longitudinale des chromosomes sont nettement polarisées vers les pôles de la cellule. 4" Les divisions cellulaires normales ont des centrosomes relative- ment plus gros que les cinèses anormales bipolaires. 5° Le centrosome peut souvent faire défaut dans les cinèses bipolaires à l'un ou à l'autre des pôles de la cellule, lorsque le cône au sommet duquel il aurait dû normalement se trouver, est tronqué par une vacuole grais- seuse. 6° La pluripolarité avec plus de deux centrosomes se manifeste prin- cipalement dans les cellules hyperchromatiques. 7° Dans les cellules hypochromatiques ou à chromaticité normale plusieurs fuseaux peuvent exister, mais un certain nombre d'entre eux peuvent ne pas avoir de centrosomes. 8" La formation des centrosomes semble conditionnée par la grosseur du cône fusorial y aboutissant, cône qui lui-même est proportionnel à la masse chromatique, chromosomique, correspondante ('). Maintes fois nous avons constaté des variations sensibles dans la taille des centrosomes. Aux plus gros correspondaient des masses chromatiques plus considérables, aux plus petits, des masses chromosomiques plus faibles. Quand cette masse est très réduite, constituée par un, deux chromosomes, le fuseau peut bien exister, mais il n'y a pas de centrosome. 9° La disposition relative des masses chromatiques, leur orientation, règlent l'orientation des fuseaux, le lieu d apparition des centrosomes, leur grosseur. P) Conséquences de ces faits et essai général d'interprétation du centrosome et de la figure achromatique. De ces faits nous tirons les conséquences suivantes relatives à la nature du centrosome et à son origine. (•) Les figures de Oaleotti (Wilson : The cell ... p. g8) représentant des mitoses pathologiques dans des cellules cancéreuses de l'homme, montrent aussi ce fait d'une façon frappante. lOO J- KOWALSKI Pendant la division cellulaire des relations intimes existent entre la substance primordiale du noyau, la chromatine ou les éléments qui la représentent, les chromosomes, d'une part, le fuseau et les centrosomes d'autre part. Dans la cinèse, la formation des chromosomes s'accompagne toujours de la production de filaments fusoriaux, c'est-à-dire de l'orientation conique convergeant vers deux points opposés de la cellule des filaments du réseau protoplasmique. Les centrosomes, eux, peuvent être ou ne pas être, c'est-à-dire peuvent ne pas apparaître sous une forme figurée. La figure fusoriale est donc la manifestation d'un fait universel, primordial au com- mencement de toute division mitosique. Le centrosome est la manifestation d'un fait moins répandu, secondaire au début de la cinèse. Quel est ce fait universel et primordial dont le fuseau est l'expression? C'est le fait d'un métabolisme intense et polarisé qui se passe entre le noyau et d'une façon plus précise entre la substance essentielle, base de toute ac- tivité nucléaire, la chromatine et le cytoplasme. Ce n'est pas un fait nou- veau dans sa nature, puisque toute la vie végétative de la cellule se résume en ces mots : échanges réciproques de matière entre le noyau et le cyto- plasme, mais c'est un fait nouveau dans son mode, dans sa façon d'être, puisque pendant la vie reproductrice de la cellule, ces cchanges deviennent bipolarisés de rayonnants qu'ils étaient. La vie de la cellule en ce moment de son existence se concentre pour ainsi dire, devient plus intense en deux points opposés, les pôles de la cellule. Cette intensité de vie ou, ce qui re- vient au même, cette intensité d'échanges nucléo-plasmiques se traduit par l'orientation fusoriale bipolarisée des filaments du réticulum cytoplasmique. Il y a deux cônes fusoriaux semblables opposés par leur base, parce cjue les chromosomes à la métaphase sont scindés longitudinalement et consti- tuent deux masses chromatiques de volumes égaux, qui ont même activité métabolique vis-à-vis du cytoplasme environnant. Les échanges molécu- laires entre les deux masses chromatiques, constituées par les chromosomes et le cytoplasme, sont de même valeur. Mais les deux masses chromatiques sont-elles inégales, les échanges moléculaires chromoso-cytoplasmiques deviennent eux-mêmes d'intensité inégale, et cette inégalité se traduit à l'œil par une différence de volume des deux cônes fusoriaux. La masse chromosomique normale se divise-t-elle par une action mécanique ou par suite de troubles survenus dans le d3'na- misme cellulaire en plus de deux lots, chacun de ceux-ci deviendra le centre d'échanges métaboliques et, suivant leur masse, leur position, donnera nais- CINESES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES lOI sance à un fuseau achromatique, d'où l'apparition de cinèses à plusieurs fuseaux diversement orientés, de volume, de taille différents. En un mot, la figure fusoriale est l'expression morphologique visible des courants invisibles d'échanges qui se passent entre les chromosomes et le cytoplasme. Mais ces échanges ne sont pas unilatéraux. Entre ces deux éléments, chromosomes et cytoplasme, les échanges sont bicoliatéraux. La figure astérienne sous sa forme la plus simple (c'est-à-dire conver- . gence d'un certain nombre de rayons vers un centre commun) est l'expres- sion morphologique de ce courant métabolique inverse du premier, et allant du cytoplasme vers la masse chromatique du noyau. Deux courants s'établissent donc inverses l'un de l'autre et centrés vers les pôles de la cellule, où ils se rencontrent. Nous devons donc imagi- ner ces points, ou mieux cette région, comme une région calme où nul mou- vement tourbillonnaire ne se manifeste. Si donc les échanges de nature chimique qui se passent entre chromosomes et cytoplasme amènent la for- mation de dépôts chimiques, ce sera précisément dans ces deux régions calmes de la cellule qu'ils devront s'effectuer et apparaître. Ces dépôts chimiques ne sont autres que les éléments figurés dénommés centrosomes ou corpuscules centraux. Ces dépôts peuvent revêtir les formes les plus variées ou des formes simples : un corpuscule uniciue, deux points, plusieurs granulations, un ou plusieurs bâtonnets; ou des formes complexes : nodule plus ou moins con- sidérable à structure alvéolaire, système de nodules épais ou réunis par des branches contournées, ramifiées, etc.; toutes variétés de centrosomes décrits et figurés par les auteurs dans les cellules animales les plus diverses. Dans une même cellule en division, les deux dépôts centrosomiques peuvent être de grosseur différente. Ces variétés de dépôts sont conditionnées par la forme du fuseau. Il n'y a là rien que de très naturel puisque la forme, le volume du fuseau dépen- dent de la nature, de l'intensité, de la direction des échanges nucléo-cyto- plasmiques; or, ces caractères peuvent être des plus variables d'une cellule à une autre, d'une espèce de cellule à une autre. Ces résidus chimiques des échanges chromoso-cytoplasmiques pour- raient dans notre hypothèse ne pas se produire, soit que la nature des échanges fût telle qu'elle n'amenât la production d'aucun précipité chi- mique, soit qu'aussi la production de celui-ci passât inaperçue du fait de son I02 J- KO^VALSKI utilisation immédiate par la cellule. Ainsi s'expliqueraient les cas de divi- sion cellulaire où l'on n'a constaté aucun dépôt centrosomicjue aux som- mets du fuseau. Mais le plus souvent il y a au sommet des deux extrémités du fuseau un dépôt centrosomique Ce résidu des échanges chromoso-plasmiques n'est pas inerte et ne demeure pas inactif. A son tour il donnera lieu à des réactions chimiques, qui, comme tout à l'heure, se manifesteront parfois par l'apparition d'une figure spéciale rayonnante autour du centrosome : la sphère attractii'e. Cette figure manifesterait donc les courants centrifuges d'échanges qui s'établissent entre la substance centrosomique et le cyto- plasme environnant, comme la figure astcrieniie représente les échanges métaboliques centripètes entre le cytoplasme et le dépôt centrosomique. Dans les cellules riches en cytoplasme, ces échanges seront plus in- tenses, la sphère attractive sera bien développée. Dans les cellules pauvres en cytoplasme, elle le sera moins. Les microsomes qui parfois s'observent sur les filaments rayonnes de la sphère attractive sont des dépôts analogues au dépôt centrosomique, du moins quant à leur origine. Leur rôle semble- rait au contraire nul, à l'inverse de celui du centrosome. L'aspect grossiè- rement granulé de la substance corticale de la sphère attractive pourrait aussi fort bien s'interpréter comme un précipité chimique qui s'est formé à la limite de la zone d'échanges centrifuges du centrosome avec le cyto- plasme. Cette substance corticale serait constituée par une poussière de microsomes. L'idée de considérer les centrosomes comme des dépôts locaux de sub- stances qui par leur action chimique créent autour d'eux la formation astrale des filaments cytoplasmiques, a du reste été maintes fois exprimée par plu- sieurs auteurs, tels que Wilson, Morgan, Carnoy, Bûtschli, etc. Nous la répétons seulement parce que nous voulons rassembler en un tout homo- gène quelques-unes des opinions émises sur les divers éléments de la figure achromatique et montrer que notre manière de comprendre le centrosome est appuyée de plusieurs côtés par des vues autrefois énoncées et d'an- ciennes observations. En quoi consistent ces échanges qui se passent entre le centrosome et le cytoplasme? Nous inclinerions à les envisager comme des échanges ma- tériels. La cellule utiliserait la substance centrosomique durant toute la ci- nèse. Une partie provenant de la décomposition apparaîtrait dans certains cas sous la forme de dépôts, les microsomes, qui dégénéreraient peu à peu CmàsES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES Io3 dans le plasma cellulaire. Autrement dit, la substance centrosomique s'use- rait au fur et à mesure qu'elle serait produite par l'activité chromosomique, c'est-à-dire lactivité du noyau. La cellule en dépenserait dans la mesure où le noyau la lui fournit. Si la dépense égale les recettes, la masse centroso- mique demeure invariable durant toute la cinése. Si la dépense centrosomique est plus active ou moins active que la production de cette substance, celle-ci diminuera ou au contraire augmen- tera de volume, toutes variations que l'on a observées dans la masse du centrosome au cours de la division cellulaire. Si l'utilisation du dépôt centrosomique se poursuit après l'instant où cesse la production, le centrosome disparaîtra après la cytodiérèse sans qu'il en demeure de traces dans la cellule : le centrosome sera dans ce cas un organe temporaire. Si, au contraire, le dépôt continue à s'effectuer après l'instant où cesse la dépense de la substance centrosomique par la cellule, le centrosome de- meurera sous une forme figurée pendant le stade de repos : le centrosome sera alors un organe permanent qui pourrait remplir diverses fonctions d'ordre cinétique dans la cellule, comme certaines opinions tendent à l'ad- mettre par exemple dans les cellules ciliées, les spermatozo'ïdes. Il est un fait qui, dans notre hypothèse, reste à expliquer, c'est la bi- partition dans certains cas d'un centrosome primitivement unique en deux autres, qui, s'éloignant l'un de l'autre, viennent occuper les deux pôles de la cellule au moment de la métaphase. D'abord, on peut se demander si dans les cas observés il y a bien eu bipartition. On a vu un centrosome, puis, dans une autre cellule, deux cen- trosomes côte à côte, on a tiré la conclusion : le premier s'est scindé en deux, sans montrer le processus de cette scission. Pour nous, nous expliquerions cette soi-disante bipartition de la façon suivante. Dès le commencement de la prophase, par suite des échanges métabo- liques qui s'effectuent entre la masse chromatique du noyau et le cyto- plasme, un dépôt se constitue en un point de la cellule, c'est le centrosome. Mais bientôt la bipolarisation de la cellule apparaît : ce mouvement bipo- larisé saisit tous les éléments de la cellule, en particulier les chromosomes qui sont constitués plus ou moins en ce moment en éléments homogènes et ont commencé à se scinder longitudinalement. La masse nucléinique pri- mitive du noyau qui a produit, par suite des échanges entre elle et le cyto- 104 "^^ KOWALSKI plasme, le premier dépôt centrosomique, en se scindant en deux, produira deux courants d'échanges intraprotoplasmiques. Ces deux courants seront d'abord presque de même direction et un second dépôt centrosomique se constituera dans la zone tranquille, où les courants moléculaires d'échanges inverses l'un de l'autre viendront se rencontrer. Ce second dépôt centroso- mique sera donc voisin du premier. Mais le mouvement bipolarisé s'accen- tuant de plus en plqs, ces dépôts centrosomiques avec leur aster s'écarte- ront progressivement l'un de l'autre, en même temps que les deux masses chromatiques, constituées du même nombre de chromosomes-frères, se déli- mitent mieux et s'ordonnent à l'équateur de la cellule dans une orientation bipolaire. Les centrosomes pourront néanmoins demeurer unis par quel- ques filaments cytoplasmiques orientés de l'un à l'autre et qui constituent, dans certains cas, plus tard, les filaments que l'on a appelés bipolaires. Ils seraient l'expression des actions moléculaires qui se passent entre les deux dépôts centrosomiques, dont la substance, certes la même chez l'un et l'autre, peut différer en concentration et en quantité. En résumé donc, le centrosome d'après notre manière de voir ne serait /// d'origine cytoplasmiqnc, ni d'origine nucléaire exclusivement. Il pro- viendrait et du cytoplasme et du noyau et serait un dépôt de substances chimiques précipitées, mais encore actives et utilisables, produit par l'action des échanges moléculaires métaboliques, qui ne cessent de se faire pendant la période reproductrice de la cellule comme pendant sa période végéta- tive. Quelle serait la nature de ces substances déposées qui constituent le centrosome? Ce sont d'abord, avons-nous dit plus haut, des substances en- core douées d'énergie chimique, utilisables encore pour la cellule. Ce sont des centres d'échanges métaboliques, échanges qui peuvent être du reste si faibles qu'ils ne se manifestent pas à la vue par l'orientation des filaments du réticulum cytoplasmique en une sphère attractive. C'est le cas des cel- lules adipeuses de Pyrrhocoris comme en général celui des cellules pauvres en cytoplasme. Prenant admet que le centrosome est un excès de chromatine que le métabolisme a créé. N'ayant pu trouver place dans le noyau qui possède son coefficient normal de cette substance, celle-ci s'est déposée dans le cyto- plasme. CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES Io5 Nous sommes d'accord avec cet auteur pour admettre l'origine méta- bolique du centrosome. Nous ne le sommes pas lorsqu'il considère ce dépôt comme constitué par de la chromatine, car la raison qu'il donne ne peut s'appliquer à notre cas, c'est-à-dire aux cellules adipeuses de Pyrrhocoris, pas plus qu'à bien d'autres. Dans notre objet, les centrosomes sont si petits que la quantité de chromatine est insignifiante. On comprend dès lors avec peine l'incapacité du noyau à conserver ce léger excès de chromatine. On ne pourrait jusqu'à un certain point concevoir cette incapacité et l'inapti- tude du noyau à renfermer un léger excès de chromatine, en sus de la quantité normale, que si la chromatine était vraiment l'idioplasme ou la substance servant physiquement de base aux caractères héréditaires. Or cela n'est pas prouvé et, dans cette question, le cytoplasme semble devoir être aussi pris en considération. Le caractère histo-chimique que le centrosome présente de se colorer avec les mêmes colorants histologiques que la chromatine du noyau n'est pas non plus, croyons-nous, une raison suffisante pour homologuer la sub- stance du corpuscule polaire à celle de la partie chromatique du noyau, car comme le dit Prenant lui-même : t certaines réactions de coloration du centrosome sont jusqu'à un certain point caractéristiques «. Certains corps du reste prennent également les colorants de la chro- matine pendant la cinèse, tels les microsomes, les dépôts d'épaississe- ment (') qui apparaissent à la télophase sur les filaments interpolaires et forment ]a. plaque fusoviale, puis le corps intermédiaire de Flemming, après la coalescence de ces dépôts d'épaississement. Dira-t-on cependant que tous ces corps sont de la chromatine? Si les centrosomes ne sont pas de la chromatine, de quelle substance peuvent-ils être constitués? Il est aussi difficile de le préciser chimique- ment pour ces éléments qu'il l'est pour tout autre organe de la cellule. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que la substance centrosomique (') Les centrosomes et ces épaississements auraient ainsi même origine et ne seraii nt que des résidus des réactions intraprotoplasmiques, mais tandis que les épaississements fusorianx de la plaque fusoriale seraient inertes, les dépôts centrosomiques seraient actifs. Les premiers, inertes, s'accroissent à mesure' que le dépôt se poursuit. Les points d'épaississement grossissent et finissent ainsi par s'unir : c'est le corps intermédiaire de Flemming. Les seconds sont aussi des dépôts chi- miques, mais actifs, qui se détruisent au fur à mesure de leur production en provoquant de nou- velles réactions intracytoplasmiques; de là généralement leur grosseur invari.able et le rayonnement cytoplasmique qui les environne. Nous avons dit plus haut, page io3, comment il faut interpréter les cas où on observe un accroissement des centrosomes durant la division cellulaire. 16 Io6 J- KO^ATALSKÏ est un résidu chimique extrêmement actif, peut-être à pouvoir fortement réducteur comme le suppose Mathews, dont l'action s'étend à toute la cel- lule et également en tous sens : le rayonnement homogène dont le centro- some est le centre l'indique. Ces échanges centrosomo-plasmiques sont d'une autre nature que les échanges chromoso-plasmiques. Ces derniers, dont provient le centrosome, sont en effet polarisés dans une direction. Il faut considérer la substance centrosomique comme une substance iutennédiaire du métabolisme nucléo-cytoplasmique au temps de la divi- sion et par conséquent spécifique, comme l'est le métabolisme lui-même dans chaque espèce de cellule. Nous arrivons ainsi à la même conclusion que Heidenhain, qui par d'autres considérations soutient la spécificité de la substance des centrosomes. Un rapprochement s'impose dès lors à l'esprit entre deux éléments de la cellule : le centro'iome et le nucléole. Le centrosome serait, pour la cellule, pendant la division un organe analogue au nucléole, pendant le stade de repos. D'après H.dcker, en effet, le nucléole doit être considéré comme un produit de sécrétion ou d'excrétion du noyau, dont la masse serait propor- tionnelle à l'intensité des échanges métaboliques qui ont lieu entre le noyau et le plasma cellulaire. La substance nucléolaire serait d'après l'expression de cet auteur un » Abspaltungsprodukt des Stoffwechsels -, un produit ré- siduel, un produit intermédiaire du métabolisme, qui, pendant l'activité végétative de la cellule et du no^'au, se dépose à côté ou sur les filaments chromatiques du noyau. Pendant le repos ou au commencement de la mi- tose ce produit est chassé hors du noyau comme une sécrétion, soit sous une forme dissoute, soit sous la forme figurée. En précisant cette notion, Montgomery Heidenhain ont montré que la substance résiduelle nucléolaire était en rapport avec l'accioissement du noyau. Son rôle serait donc un rôle végétatif. Le rôle au contraire de la substance résiduelle centrosomique serait un rôle cinétique. Elle pourrait être cette substance X réclamée par Prenant, spéciale- ment active, qui expliquerait la cytodiérèse (Traité d' Histologie, t. I, p. 257). Le centrosome remplacerait pendant la période de division le nu- cléole, dont le rôle serait limité à la période végétative de la cellule. Il est curieux en effet de constater que le plus souvent le ou les nucléoles dispa- raissent au commencement de la division au moment où apparaissent les centrosomes; et inversement, ceux-ci disparaissent souvent à leur tour, à la télophase, quand les nucléoles refont leur apparition. CINESES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES I07 Les centrosomes, comme nous l'avons dit, ne seraient pas les centres cinétiques primordiaux indispensables à la cellule pour entrer en division, mais leur présence figurée ou non est indispensable pour l'achèvement complet de cette division, de même que le nucléole ou, pour préciser, la substance nucléolaire serait nécessaire au noyau pour achever son complet développement. On peut supposer que chez les Métazoaires, ce double rôle, végétatif et cinétique, aurait été dévolu par division du travail cellulaire, à deux or- ganes différents : le nucléole et le centrosome, double fonction qui chez certains Protozoaires, tels que Euglena (Kenten), Amœba (Schaudinn), Paramœciitm (R. Hertwig), Spirochona gcmniipara (Balbiani), est ac- complie par un seul organe intranucléaire, - le nucléole-centrosome. - Il y aurait eu chez les Métazoaires durant la phylogénèse perfectionnement du mécanisme cellulaire. Les stades de passage de ce perfectionnement dans le dynamisme cel- lulaire se retrouveraient dans les Métazoaires, chez qui on a constaté la formation du centrosome aux dépens du nucléole, par exemple : Ascaris (Carnoy et Lebrun, Brauer), Thysano{oon Brocchi (Schockaert, Gé- rard), soit que les centrosomes demeurent dans le noyau, soit qu'ils soient chassés au dehors au temps de la division cellulaire. LISTE BIBLIOGRAPHIQUE. 1909 1893 Berlese, A . Brauer, Aug. 1897 Carnvy, J. B., et Lebrun, H. 1906 i8q5 1893 1S87 1910 1895 Le Dantec, F. Dcmoor, jf. Galcutti, G. 1906 Gruss, J- IS99 HcBcker, V. 1895 » I89I Hansemann, D. 1907 Heidenhain, M. 1908 Hertwig, R. Herhvig, O. et R. Hvulhert, C. Kenten, jf. : Gli Insetti. Vol. I. Milan, .• Zur Kenntnis der Spermatogenese von Ascaris megalocephala ; Arch f. mikrosk Anat., XLII. ; La fécondation chez V Ascaris megalocephala; La Cellule, t. Xin. ; Traité de Biologie. Paris. .- Contribution à l'étude de la physiologie de la cellule (indépendance fonctionnelle du protoplasme et du noyau); Arch. de Biol., XIIL ; Ueber experimentelle Erzeugung von llnregelniiis- sigkeiten des karyokinetischen Processes; Beit. z. pathol. Anat. u. z. Pathol., XIV, 2. lena, Fischer. ; Die Spermatogenese von Pyrrhocoris aptcrus L ; Zool. Jahrb., lena. .• Praxis und Théorie der Zellen und Befruchtungs- lehre. lena. Die Vorstadien der Eireifung; Arch. f. mikr. Anat., Bd. 43, p. 246. .' Karyokinese und Cellularpathologie; Berl. klin. Wochensch., n" 42. .• Plasma und Zelle. i. Lieferung, lena. ; Ueber neue Problème der Zellenlehre; Arch. f. Zellforsch., t i. ; Ueber den Befruchtungs- und Teilungsvorgang des lierischen Eies unter dem Einfluss âusserer Agentien; lenaische Zeitsch., XX. : Les Insectes. Encyclop. scient. Paris .• Die Kerntheilung von Euglena viridis ; Zeitsch. f. wiss. Zool., LX. IIO J. 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Certains apparaissent environnés d'une auréole claire. FIG. 2. X oc. 4. Cellule adipeuse au repos binucléée. Les deux noyaux sont de taille très inégale Dans le gros no3'au de très nombreux nucléoles, mais tiès différents de grosseur, tous a\-ant très fortement pris la coloration Fond du noyau très pâle. Le petit noyau très pâle sans nucléole Petite masse chromatique isolée dans le cytoplasme. FIG. 3. X oc. 4. Deux cellules adipeuses au repos, l'une uninucléée, l'autre binucléée, provenant l'une et l'autre de la division d'une même cellule-mère, mais dont les chromosomes se sont répartis inégalement aux deux cellules-filles. L'une est donc hyperchromatique par rapport à l'autre. A remarquer comment s'est faite la division du territoire cellulaire : elle s'est opérée proportionnellement à la masse chromatique qui s'acheminait respectivement vers les pôles de la cellule-mère. FIG. 4. X oc. 4. Une cellule adipeuse quadrinucléée provenant probablement d'une division pluripolaire. Cellule fortement hyperchromatique. Le volume du cy- toplasme s'est accru dans les mêmes proportions. Comparer la grandeur de cette cellule avec celle des cellules fig. 1, 4, toutes dessinées au même grossissement. FIG. 5. X oc. 4. Novau au repos d'une cellule adipeuse montrant la défor- mation du noyau par la pression qu'exercent sur lui les vacuoles graisseuses Huit nucléoles nucléiniens. FIG. 6. X oc. 4. Noyau montrant la forme sphérique que prend cet organe cellulaire dans la cellule adipeuse quand les vacuoles graisseuses n'exercent pas di- rectement leur pression sur lui. Le cytoplasme environne tout entier le noyau. Com- mencement de la sortie du repos. Concentration du réticulum nucléinien. On distingue encore deux nucléoles nucléiniens. ÎI2 J. KOVS^ALSKI FIG. 7. X oc. 8. Noyau au commencement de la prophase; les nucléoles se désagrègent : leur substance passe dans les filaments qui par concentration donneront les chromosomes; particulièrement visible en in. — Remarquer le contour du noyau, qui, d'arrondi au repos, passe souvent à cet aspect par suite de l'augmentation des vacuoles graisseuses et la diminution de tension osmotique du suc nucléaire à ce moment de la prophase. Pas de membrane nucléaire différenciée. FIG. 8. X oc. 4. Cellule binucléée. Commencement de la prophase. Formation des chromosomes aux dépens du réseau quiescent. Les deux noj-aux sont au même stade Les filaments sont fortement chromatiques. A gauche, un point ressemblant à un centrosome, peu marqué, c {?). FIG. 9. X oc. 8. Prophase. Formation des chromosomes. Les nucléoles g sem- blent concourir à la formation des filaments qui donneront à un stade ultérieur les chromosomes. Le noyau moins pressé par les vacuoles a conservé sa forme arrondie, mais la tension osmotique s'égalise entre le suc nucléaire et le suc plasmatique. Quelques filaments, a, s'engagent dans le C3'toplasme environnant, où ils pourront donner un chromosome qui se trouvera ainsi séparé des autres plus tard. FIG. 10. X OC. 8. Cellule hyperchromatique. Prophase. Le noj-au commence à perdre sa forme arrondie. Cela est surtout \isible à un plan supérieur. On n'aper- çoit pas de centrosomes. FIG. 11. y oc 4. Prophase. Chromosomes achevés et montrant, du moins certains, la division longitudinale. On en compte 16 en forme de bâtonnets droits ou courbes, et 8 en forme de petites sphères. La limite nucléaire tend à dispa- raître et un chromosome, de ce fait, est entraîné dans un des prolongements cytoplasmiques circumnucléaires. FIG. 12. X oc. 8. Prophase. Chromosomes formés et divisés longitudinalement; les deux formes de chromosomes s'apen^-oivent; les uns sont en forme de petites sphères, les autres en forme de petits bâtonnets. Le chromosome isolé semble avoir été entraîné mécaniquement loin des autres, car il se trouve au plan inférieur de la coupe FIG. 13. X oc. 8. Chromosomes achevés. Deux chromosomes aberrants, a, situés à deux plans différents. Un seul centrosome bien visible. FIG. 14. X oc. 4. Métaphase. Un chromosome aberrant et plusieurs autres chromosomes formant un petit lot à part. Figure achromatique tout à fait incomplète par suite de la grande masse graisseuse. Un centrosome (?) tellement petit qu'il y a lieu de se demander si on a affaire à un vrai centrosome CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES Il3 FIG. 15. X oc. 4. Métaphase régulière et dans la figure chromatique et dans la figure achromatique. Deux sortes de filaments dans le fuseau, les uns gros, plus chromatiques, les autres plus petits, moins achromatiques; deux centrosomes égaux relativement gros. Pas d'aster bien formé. FIG. 16. X oc. 4. Métaphase irrégulière, située à côté de celle dessinée à la FIG. 15. Une partie des chromosomes a de la plaque équatoriale dégénèrent, ils sont moins chromatiques et, leur activité métabolique cessant, ils ne concourent plus avec les autres chromosomes à la formation de la figure fusoriale. Les filaments du fuseau sont ténus. Deux centrosomes, mais beaucoup plus petits que ceux du fuseau de la FIG. 15. — Le centrosome c' présente cette particularité de n'avoir pas pris l'hématoxyline : il se présente sous la forme d'une petite sphère réfringente. FIG. 17. X ôc. 4. Métaphase, asymétrique dans la figure achromatique, le cône fusorial supérieur est comprimé par les vacuoles graisseuses : sa surface est con- cave. Le cône fusorial inférieur est au contraire gonflé par une vacuole qui occupe son intérieur et lui donne presque la forme sphérique. Très belle fibnllation du fuseau. Deux centrosomes bien marqués intermédiaires comme grosseur entre ceux des FIG. 15 et 16. — Le centrosome c présente une vague figure astrale autour de lui. FIG. 18. X oc. 4. Métaphase. Plaque équatoriale vue de profil. Les cônes fusoriaux sont incomplets à cause de la présence de vacuoles graisseuses. Celles-ci ont empêché la formation des dépôts centrosomiques. A remarquer la position très excentrique de la figure chromatique par raiiport au territoire de la cellule. FIG. 19. X oc. 4. Métaphase. Figure achromatique asj-métrique : n'existe que d'un côté de la plaque équatoriale. LIne partie seulement des courants d'échange chromoso-plasmiques amène la formation du dépôt centrosomique, car une vacuole graisseuse en interrompt une partie. Aussi voit-on double fibrillation, une convergente dans un plan supérieur avec le centrosome, l'autre non convergente se terminant au bord d'une vacuole. FIG. 20, a, b. X oc. 4. Métaphase dissymétrique. Le dessin ne rend que très imparfaitement le degré d'as3miétrie de cette division cellulaire; aussi avons-nous joint au dessin un schéma de cette curieuse métaphase vue en perspective, afin que le lecteur puisse mieux s'en rendre compte. La masse chromosomique dessine un cordon sinueux dans des plans différents et chacune des sinuosités crée une ou plu- sieurs figures fusoriales suivant la grosseur, la disposition des globules graisseux. Trois centrosomes, d et c", assez voisins l'un de l'autre. FIG. 21. X oc. 4. Métaphase. Figure achromatique, asymétrique. Le centro- some c, dans un plan optique supérieur, distant de 7 \x de celui du centrosome c' . Asymétrie encore par rapport à une ligne cd passant par les deux centrosomes et 17 114 J. KOWALSKI due aux vacuole vv' qui troublent la régularité des échanges chromosomiques. Le cours des échanges est détourné de la ligne normale. Les dépôts centrosomiques se déposeront par conséquent asymétriquement. FIG. 22. X oc. 4. Métaphase dissymétrique. Plaque équatoriale en deux par- ties, une grosse ' masse, m, une autre plus grêle, mais plus longue, n, dont la partie gauche se recourbe en boucle en remontant à un plan supérieur. Les deux masses chromatiques forment un seul fuseau à Ja partie supérieure terminé par un centro- some. — Plusieurs petits fuseaux à la partie inférieure sans centrosomes. FIG. 23. X oc. 4. Métaphase. Diss3-métrie de la ligure achromatique. Un chro- mosome aberrant, a, au milieu d'un f)eu de cytoplasme. FIG. 24. X oc. 4. Une des cellules en métaphase, plaque équatoriale vue du pôle; à remarquer son irrégularité de contour due à la pression qu'exerce tout autour le liquide des vacuoles. Cellule, en anaphase ; asymétrie dans la figure achromatique; le cône fusorial supérieur est régulier, avec filaments gros et d'autres plus minces, terminé par un centrosome sans aster — le cône fusorial inférieur est incomplet, une vacuole graisseuse a gêné sa formation et le dépôt centrosomique n'a pu s'effectuer de ce côté. — Dans les masses chromosomiques, légère fente. FIG. 25. X oc. 4. Noyau en anaphase. Les chromosomes-frères s'écartent les uns des autres, mais seulement vers une de leurs extrémités, qui sont par ailleurs dans des plans relativement éloignés : 9 |j.. Par l'autre extrémité, les chromosomes- frères sont encore unis dans un plan interuiédiaire à ceux des extrémités. De cette disposition de la masse chromatique naît une disposition embrouillée des fuseaux. Un centrosome seulement visible, c, très petit. FlCi. 26. X oc. 4. Cellule en métaphase. Commencement de l'anaphase. Vue passant par un plan optique moyen par rapport à l'épaisseur de la coupe, qui est de 10 [t.. Les deux masses chromosomiciues sœurs forment un x, étant encore unies par leur milieu. Les deux branches inférieures de l'x plus courtes que les deux branches supérieures. Un cône de filaments achromaticiues correspond à chaque groupe — le fuseau inférieur est plus petit que le fuseau supérieur, qui présente un centrosome excessivement petit, d — un autre centrosome, c, qui n'a pas de symétrique. — A un plan un peu supérieur un chromosome aberrant, a. — A ce même plan un certain nombre de chromosomes plus ou moins réunis en une masse homogène et représentés plus vaguement sur la figure. Ils donnent de petits fuseaux qui se su- perposent à celui dessiné à droite; ils n'ont pas été dessinés pour ne pas compliquer la figure. FIG. 27. X oc. 4. Cellule en métaphase. Plaque équatoriale vue oblique- ment; aussi le dessin très difficile ne rend que très imparfaitement la réalité. Un CINESES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES IID centrosome unique, c; le symétrique n'a pu se former par suite de la présence d'une vacuole; à un plan inférieur, des chromosomes, a, a', aberrants de la masse principiale, commencent à dégénérer chromaticité plus faible; une vague striation, témoignage de leur activité métabolique, s'aperçoit dans le cytoplasme qui entoure les chromo- somes a'. FIG. 28. X oc. 4. Cellule hyperchromatique en métaphase. — Vue équatoriale ressemblant à une vue polaire. Trois centrosomes, c, c", dans un même plan supérieur, c' dans un plan inférieur distant de 6 [j. du [irécédent. c. c', de même taille, plus colorés et plus gros que c" — Dans un plan inférieur au fuseau du centrosome c'\ un quatrième fuseau sans centrosome. FIG. 29. X oc. 4. Cellule hyperchromatique. Métaphase très dissymétrique. Une grosse partie de la chromatine, m, disposée en amas superposés sur la droite de la cellule. L'autre partie s'étend vers la gauche en une bande régulière, m'. Cette por- tion de la masse chromosomique est dans un plan inférieur à celui de la portion droite et une vacuole, v, interposée au centre même de la cellule. Le fuseau est de ce fait plus épais dans la partie droite que dans la partie gauche. Une va- cuole, v', à la partie supérieure empêche même la partie supérieure gauche du fuseau de se former. Deux centrosomes, c, c\ à ce fuseau. L'extrémité gauche de la bande chromosomique, ni', développe un petit fuseau spécial, terminé par deux autres cen- trosomes très petits, c", c'". FIG. 30. X oc. 4. Cellule hyperchromatique. Métaphase jiluripolaire. Trois cen- trosomes : c" dans un plan supérieur aux pilans des deux autres; c' dans un plan inférieur; c dans un plan moyen. La partie nucléaire en V dans un plan bien supérieur à la partie nucléaire morcelée. Dépôt centrosomique, c', formé par les deux masses chromatiques qui constituent les branches du V, symétrique par rapport à elles et plus gros que les dépôts centrosomiques, c' et c, constitués respectivement par une seule des branches du V. FIG. 31. X oc. 4. Cellule en métaphase. Ressemblant un peu à la cellule dessinée fig. 26. Une partie des chromosomes, au nombre de trois, font bande à part et déterminent chacun pour leur compte de petits fuseaux qui convergent à la partie inférieure seulement vers un centrosome, c"; vers ce même centrosome con- vergent les filaments d'un fuseau partant de la branche inférieure droite de l'.x incomplet que forme toute la masse chromatique Deux autres centrosomes, c, c', — les trois, très petits. FIG. 32. X oc. 4. Cellule hyperchromatique en métaphase. Trois masses chro- mosomiques situées à des plans optiques différents : m à un plan supérieur ; à cette masse de chromosomes correspondent le centrosome c et le centrosome c'. — m à un plan un peu inférieur à celui de m; à cette masse correspondent le centrosome c' et le centrosome c", mais ce dernier pour une portion seulement de la masse m', Il6 J. KOWALSKI la portion gauche. — ni" à un plan plus inférieur encore ; à cette troisième masse correspond un seul centrusome, c". — Le centrosome c', correspondant à la plus grande masse chromatique, est le plus gros des trois. FIG. 33. X oc. 4. Cellule hyperchromatique. Métaphase pluripolaire : trois cen- trosomes : c, c' dans un plan supérieur à c" ; la masse chromatique m dans un plan supérieur au restant des chromosomes. Figure excessivement asymétrique et que le dessin ne peut rendre qu'imparfaitement. FIG. 34. X oc. 4. Cellule hj'perchromatique en métaphase. Les deux masses chromatiques sont séparées l'une de l'autre; elles doivent représenter respectivement l'une et l'autre un noj-au. Cette cellule serait une cellule binucléée dont les deux noyaux se divisent simultanément, mais l'orientation des plaques équatoriales serait différente pour l'une et l'autre masse chromosomique . celle de droite, m, est vue de profil; celle de gauche, m', est en vue polaire. Les deux centrosomes, c, c', ne s'aperçoivent donc que pour la masse m. FIG. 35. X oc. 4. Anaphase. Figure fusoriale as3'métrique. Masses chromoso- miques inégales par suite d'une partie des chromosomes qui s'est égarée en route durant leur ascension vers les pôles. Un seul centrosome, du coté où le fuseau est achevé. FIG. 36. X oc. 4. Cellule en métaphase. La plaque équatoriale scindée en deux parties, chacune possède vers le bas un cône fusorial sans centrosomes; celui du haut commun aux deux masses chromosomiques de la plaque équatoriale et ter- miné par un centrosome, c. — A un plan légèrement supérieur, un amas de chro- mosomes destinés, semble-t-il, à dégénérer; car ils ne paraissent pas participer au mouvement cinétique. FIG. 37. X oc. 4. Télophase. Les deux centrosomes, c, c', encore visibles. Autour de c un petit aster. Les filaments du fuseau interpolaires dérangés de leur rectitude par un dépôt graisseux qui commence à se former à l'intérieur du fuseau. Tassements polaires encore homogènes. FIG. 38. X oc. 4. Télophase plus avancée que la précédente. Les tassements polaires commencent à se vacuoliser. Les deux masses chromatiques sont de volumes inégaux. Les filaments interpolaires sont, plus encore que dans la figure précédente, dérangés de leur course rcctiligne, toujours du fait de la même cause : la présence d'une vacuole graisseuse qui s'étend jusqu'au tassement polaire de gauche et façonne par sa pression le noyau en formation. Les centrosomes ont disparu. FIG. 39. X oc. 4. Télophase. Le tassement polaire m en forme de V, dirigé suivant l'axe de la cellule; la branche droite est à un plan supérieur à celui de la branche gauche; celle-ci est fortement vacuolisée et baigne en partie dans une vacuole ; la branche droite est au contraire encore homogène comme le tassement CINÈSES ATYPIQUES DANS LES CELLULES ADIPEUSES llj polaire ni'. Le tassement polaire m doit cette position allongée suivant l'axe de la cellule à un pivotement pendant l'ascension polaire. Plus de centrosomes. Plus de traces de fuseau. FIG. 40. X 00. 4. Télophase dissymétrique, et quant à la forme des deux tassements polaires et quant à la masse de chromosomes répartie dans chacun des noyaux. En a, chromosome aberrant environné d'un peu de cytoplasme. Le tasse- ment polaire en V commence à se vacuoliser. Filaments du fuseau peu visibles. L'aspect fibrillaire disparaît. Une vacuole graisseuse allongée au milieu des restes de la ligure achromatique. FIG. 41. X oc. 4. Télophase. Les masses chromosomiques inégales à chacun des pôles, d'où formation de deux noyaux inégaux. Commencement de vacuolisation. Deux chromosomes ou deux masses chromosomiques aberrantes, a, entourées d'une zone plus claire nettement séparée du protoplasme environnant. Les masses chro- matiques semblent dégénérer : chromaticité moindre. FIG. 42. X oc. 4. Télophase. Vacuolisation des tassements polaires qui ont pivoté et tendent à prendre une position suivant l'axe longitudinal de la cellule. Le fuseau est réduit à quelques filaments resserrés dans le plan équatorial de la cellule. Petite plaque fusoriale intercellulaire. La cellule est scindée par un sillon et un étranglement. Les deux bords du sillon s'écartent l'un de l'autre au niveau de la plaque fusoriale. formant comme les deux bords d'une boutonnière dont la plaque fusoriale occupe le centre. — L^n centrosome, c, encore bien visible. FIG. 43. X oc. 6. Télophase pour montrer l'aspect irrégulier, lobé que peuvent prendre les no3'aux. \'acuolisation de la masse des chromosomes; dans la cellule de gauche cette vacuolisation est plus avancée dans la portion de la masse qui se trouve à un plan inférieur. Les nucléoles nucléiniens ont refait leur apparition, on en compte neuf, ils sont fortement chromatiques à l'inverse du réseau nucléaire qui devient acidophile et a pris la coloration rouge-Bordeaux. — La séparation des deux cellules-filles s'effectue par un sillon dont les deux bords s'écartent de part et d'autre du « corps intermédiaire de Flemming », qui est ici très volumineux. FIG 44. X oc. 4. Télophase. La séparation des cellules-filles est complète, mais elles demeurent encore réunies par le faisceau resserré des fibres fusoriales sur lesquelles se trouvent le dépôt d'épaississement qui constitue le d corps intermédiaire de Flemming ». Celui-ci ne participe pas à la séparation des deux cellules, il se trouve en effet entre les deux cellules-filles déjà complètement séparées et lui-même est in- divis. Les deux centrosomes encore visibles, c, c'. F"IG. 45. X "C. 4. Télophase. Formation de deux cellules-filles, dont l'une binu- cléée, l'autre uninucléée. Commencement de la vacuolisation dans chacun des tasse- ments chromatiques. Comme dans la figure précédente, la séparation des deux cellules- Il8 J. KOWALSKI filles est complète, alors qu'il reste encore entre les deux un pont d'union formé des restes des fibres fusoriales. Sur celles-ci, entre les deux cellules distinctes, se voient deux microsomes chromatiques ; dépôts d'épaississement des filaments, qui en gros- sissant et se réunissant donneront le « corps intermédiaire de Flemming ». A remar- quer comment s'est faite la séparation des masses cytoplasmiques : proportionnelle- ment aux masses chromatiques. VHj. 46. X "c. 4. Télophase asymétrique. — Une des cellules-filles renferme deux masses chromosomiques; l'autre une seule. Commencement de la vacuolisation de ces masses. Une vacuole graisseuse occupe le milieu des filaments connectifs et les dérange de leur parcours. Les centrosomes invisibles. Nulle trace de bipartition du corps cellulaire. — P'ormation d'une cellule trinucléée 1"IG. 47. X oc 4. Télophase. Vacuolisation des tassements polaires. Quatre masses chromatiques situées deux par deux en des plans différents; celles de droite, d, d\ dans le plan supérieur, réunies par quelques filaments fusoriaux au milieu desquels on distingue très vaguement une ébauche de plaque fusoriale; les masses de gauche, g, g', dans le plan inférieur, réunies entre elles par quelques minces filaments fuso- riaux et à peine réunies aux masses d, d' ; que cette mince liaison vienne à se rompre par le fait des vacuoles graisseuses, chacune des masses en se vacuolisant donnera respectivement un novau. On aura finalement une cellule quadrinucléée comme celle représentée fig. 4. On ne distingue aucun centrosome. FIG 48. X oc 12. Amœbocyte en division. Cinèse pluripolaire, cinq centrosomes. On ne distingue pas d'asters. Masse chromatique très irrégulière, disposée dans des plans très différents. La disposition de chacune des portions de la masse chroma- tique règle la formation, la disposition, de la figure achromatique et du centrosome correspondant. FIG. 49. X oc. 8. Microorganisme parasite implanté dans la lame conjonctive interne, /. c. i., bordant le corps adipeux. Il mesure 7 jj- 8 de longueur, 3 fj. 5 de largeur. Formé de deux parties à peu près de même taille, séparées par une portion plus claire légèrement concave du côté implanté dans la lame conjonctive. A l'ex- térieiu'. correspondant à cette zone, un sillon en étranglement. Le bord est plus clair et comme ponctué. A la partie antérieure, deux petites taches en forme de boules plus grosses que les points bordants, p. b. Le corps est C(;loré en noir : on ne distingue aucune structure. TABLE DES MATIÈRES. § I. Introduction § 2. Littérature § 3. Méthode § 4. Observations 1. Corps adipeux 2. Cellules adipeuses au repos 3. Cellules adipeuses en division a) Cinèses asymétriques bipolaires a) Asymétrie à la métaphase |3) Asymétrie à l'anaphase y) Asymétrie à la télophase b) Cinèses asymétriques pluripolaires et question du centrosome a) Faits observés . . . ■ • (3) Conséquences de ces faits et essai général d'interprétation du centrosome et de la figure achromatique § 5. Bibliographie ...... § 6. Explication des figures . . . . ■ PAGES 83 87 88 88 88 91 91 92 94 95 97 98 100 109 III PkHU^h<^i. J-Kowàhi-ù adnat.cfel. Lith-Be Tollena.ere frère^rux. J\j3ieseTnazis ùcu±p Planchf^ 1/ j/shcsJ. nair.df/. liciiDe ToUenaere rreres iz-rux. r JDlfù-'êl/iaT^^ . ^ -IIlu iMerocystis kathœ Dakin Une Aggrégate de Buccinum undatum PAR Charles FOULON ÉTUDIANT EN MÉDECINE. Institut de Zoologie, Louvain. - Laboratoire du Prof. Debaisieux. (Alémoire dcposé le i août igi4.) 18 t Ce nous est un pieux devoir de rappeler la carrière débutante d'un de nos meilleurs élèves et la mort glorieuse d'un héroïque soldat. Charles FOULON travailla pendant plusieurs années en notre laboratoire; esprit curieux, perspicace et passionné de science, il ne tarda pas à se distinguer, et ses premières recherches faisaient présager un bel avenir. Le i^r août 1914 il fut rappelé par la mobilisation; avant de partir, il nous confia le manuscrit de cette étude sur le Merocystis; ce travail échappa heureusement à la sauvage destruction de notre laboratoire privé. Le 21 juin 191 7, il fut tué par un obus dans l'hôpital de Hoogstade, tandis qu'il prodiguait ses soins aux blessés. Sa vaillante conduite lui avait valu la décoration de l'Ordre de Léopold et la Croix de guerre. Il n'a pas eu la joie de voir paraître sa première œuvre, mais il a obtenu la gloire qui couronne les braves ; nous gardons le regret d'avoir perdu un excellent élève, mais nous avons la fierté de savoir qu'il est mort dans l'héroïsme du devoir. Paul DEBAISIEUX. Em. Merocystis kathae Dakin UNE AGGRÉGATE DE BUCCINUM UNDATUM INTRODUCTION. Le protozoaire dont nous avons entrepris l'étude fut découvert par Dakin (ii) dans l'organe rénal des Buccins de Port-Erin (1. O. M.), et dé- terminé par lui comme une coccidie polysporocystidée, qu'il appelle Mero- cystis kalhœ. Ses observations concernant ce parasite nous ont paru suscep- tibles d'une interprétation différente; nos recherches nous ont fait relever une quantité de faits nouveaux tant au point de vue du cycle évolutif qu'au point de vue cytologique, et nous avons été conduit à attribuer à cette es- pèce des caractères différents de ceux donnés antérieurement. Il en résulte que cette espèce acquiert un rang nouveau dans la classification des proto- zoaires. Le Merocystis doit être considéré comme une Aggrégate, et comme telle, son étude offre un intérêt spécial; jusqu'à présent les Aggrégates n'étaient connues que par des espèces parasites de quelques céphalopodes; rarement on y trouve des infections pures, ce qm rend l'étude difficile. Le Alerocystis nous offre à ce point de vue un matériel de choix, et de plus son étude révèle plusieurs détails qui jettent un peu de lumière sur la signi- fication de certains éléments de structure et sur le rang systématique des Aggrégates. Les Aggrégates sont des parasites à hôtes alternants; dans le buccin, on trouve tous les stades de reproduction sexuée; la schizogonie y fait complè- tement défaut. L'hôte intermédiaire dans lequel la reproduction asexuée a lieu ne put être découvert jusqu'à présent, toutes les recherches faites à Port-Erin étant restées infructueuses. Si les circonstances le permettent, elles seront reprises à la saison prochaine. 124 Charles FOULON Le matériel que nous avons employé fut fixé et coloré de manières di- verses; les meilleurs résultats furent obtenus par la fixation au liquide de BouiN et la coloration à l'hématoxyline de Heidenhain, suivie de coloration au rouge Congo. Les fixations au Benda, 48 heures ou huit jours, et au sublimé alcool furent également employées; les colorations à l'hématoxyline de Delafield diluée, avec mordançage à l'alun de fer et diff^érenciation dans le même milieu ou dans l'eau acidulée, nous ont donné de bons renseignements sur la structure du caryosome; les colorants de Giemsa, de Borrel (rouge Magenta et picro-indigo-carmin), de Mann et de Dobell (14a) (hématéine alcool) furent employés à titre de contrôle. Nous avons pu obtenir des buccins infectés grâce à l'amabilité de M. Chadwick, qui a bien voulu nous envoyer de Port-Erin du matériel fixé; nous lui adressons ici tous nos remerciements, et nous tenons à remer- cier spécialement M. le Prof. Debaisieux, qui a mis à notre disposition du matériel qu'il a récolté sur place et qui nous a aidé et encouragé de ses conseils. Dans les pages qui vont suivre, nous exposerons d'abord nos observa- tions personnelles; elles ont trait à la reproduction sexuée seulement. Nous envisagerons successivement l'évolution : i) das macrogamètes ; 2) des microgamétocytes ; 3) de la sporulation. Chacun de ces chapitres sera suivi de la comparaison de nos résultats avec ceux des autres auteurs. Dans une seconde partie, nous discuterons ces observations au point de vue : i) du cycle d'évolution ; 2) du rang systématique à attribuer à l'espèce, et à la famille des Aggrégates. Nous terminerons, enfin, en résumant brièvement nos conclusions. Au cours de ce travail, il nous arrivera souvent de toucher à l'une ou à l'autre question de cytologie; nous en réservons l'étude approfondie pour un travail ultérieur; cela nous permettra d'appuyer nos conclusions sur des observations étendues à d'autres genres d' Aggrégates; nous n'avons pas pu encore réunir tout le matériel désirable pour ce travail. MEROCYSTIS KATH.î: DAKIN 125 A. OBSERVATIONS PERSONNELLES. 1. Macrogamète. Les plus jeunes parasites que l'on rencontre dans l'organe excréteur du buccin sont tous des gamètes. Il parait certain qu'ils proviennent de mérozoïtes, eux-mêmes le fruit d'une schizogonie qui a lieu, très probable- ment, dans un hôte intermédiaire. Les mérozoïtes, charriés par le torrent circulatoire, s'arrêtent dans le rein, où ils évoluent. Les premiers stades qu'il nous fut possible de reconnaître comme ap- partenant certainement au parasite, sont des éléments de 12 à 20 i^- de dia- mètre. Il ne nous fut pas possible de déterminer le sexe de ces parasites jeunes; ce n'est qu'à la fin de l'accroissement qu'il nous fut donné de le reconnaître; nous donnerons à propos de la microgamétogonie les caracté- ristiques qui la distinguent de la macrogamétogonie. Les jeunes stades, fig. i-3, sont entourés de noyaux hôtes, parfois nombreux, tassés à la périphérie, parfois hypertrophiés et entourant plus ou moins le parasite, fig. 5. Celui-ci possède un gros noyau, complètement rempli de granules et de bâtonnets chromatiques, supportés eux-mêmes par un substratum légèrement colorable; il contient, entouré d'un zone libre, un caryosome intensément colorable, fig. 1. Le caryosome est souvent logé à la périphérie du noyau; dans un cas nous avons trouvé deux granules ca- ryosomiens logés dans un même noyau, fig. 3. Le protoplasme, compara- tivement au noyau, est peu développé, fig. 1-5. La première modification qui apparaît, et qui apparaît très tôt, est la disposition que prennent les éléments chromatiques du noyau. Ils se logent à la périphérie, tout contre la membrane nucléaire, fig. 1, 2. En même temps l'accroissement commence et il affecte beaucoup plus le protoplasme que le noyau. Pendant toute la période d'accroissement, la chromatine péri- phérique reste apparente. Ces éléments, observés par Dakin (ii), doivent sans doute être homologués à ceux que Siedlecki (98) observe dans les " Coccidies de la Seiche " et à ceux que Moroff (08) décrit chez Y Aggre- gata legeri comme filaments achromatiques entremêlés d'éléments chroma- tiques et se disposant à la périphérie du noyau. 126 Charles FOULON Tandis que l'accroissement progresse on se rend mieux compte de la structure du protoplasme; elle est réticulo-alvéolaire, visible surtout dans les préparations colorées à l'hématoxyline. Il est bourré de fins granules de toutes formes, très réfringents. Au voisinage du noyau, le réseau présente une disposition plus ou moins radiée; ses travées sont en connexion avec la périphérie du noyau à contours dentelés,- fig. 6, 9. Peu à peu le parasite grandit; il atteint un diamètre de loo |j- et le dé- passe pour atteindre un diamètre maximal de i5o à 200 H-. Une structure curieuse se voit dans le caryosome; il est formé de deux assises chromatiques de colorabilités différentes : l'une périphérique, inten- sément colorable par l'hématoxyline; l'autre interne, moins colorable, fig. 4. Dans la sphère interne il existe encore un amas chromatique, fig. 5-8, formé souvent d'un granule central et d'une sphère périphérique, fig. 7. Enfin, dans bien des cas la partie externe la plus chromatique présente en un point de la périphérie un orifice en forme d'entonnoir, faisant commu- niquer les régions centrales avec les parties périphériques, fig. 5, 6, 8. et souvent aussi une zone externe, faiblement chromatique, englobe tout le caryosome, fig. 5, 6, 8, 9. En résumé, le caryosome sous sa forme la plus complexe présente au centre un élément très chromatique à granule central, entouré à peu de distance d'une première sphère chromatique. Cette partie centrale plonge dans un espace plus clair à structure nettement radiée, fig. 7. Les assises périphériques sont : une épaisse enveloppe très chromatique percée d'un orifice et entourée elle-même d'une assise moins colorable, fig. 6. En dehors du caryosome, le noyau contient des éléments chromatiques plus ou moins filamenteux, chargés de granules; ils sont situés à quelque distance de la membrane et reliés au caryosome par de très fines travées disposées radiairement, fig. 5, 7. En dehors de ces éléments, le noyau est clair et pas colorable. A la fin de l'accroissement, le noyau est le siège de modifications inté- ressantes. D'abord l'amas chromatique central du caryosome se désagrège, fig. 9, 10; en même temps tout le noyau, en dehors des éléments chroma- tiques, devient uniformément colorable par les colorants protoplasmiques (rouge Congo), fig. 10, n, etc. Ce fait semble être dû à ce que le contenu de la sphère interne du caryosome difflue dans le noyau, fig. 8, et est en harmonie avec ce qui a été décrit par Moroff (08). Cet auteur observe que la substance centrale du caryosome se dissémine avant la partie péri- MEROCYSTIS KATH-E DAKIN 127 phérique et il croit même que le passage se fait par de nombreux orifices de l'enveloppe corticale. Le caryosome se trouve dès lors réduit à la sphère chromatique intensément colorable; elle est de structure assez homogène avec de nombreux alvéoles; au centre traînent quelques débris chroma- tiques, FIG. 10-12. Les éléments chromatiques du noyau, qui étaient restés groupés près de la membrane, s'éparpillent un peu, fig. lO, 11, puis se disposent autour du reliquat caryosomien, fig. 13. Finalement ce dernier reste du caryosome disparait lui-même; on dirait que sa substance se porte sur les éléments chromatiques du noyau, venus se disposer autour de lui, fig. 13, 14, et à la fin de l'accroissement le volumineux noyau du macrogamète possède un contenu uniformément colorable, très finement granuleux qui donne l'im- pression d'un coagulum très délicat ; au centre se trouve une sphère creuse formée de tous les éléments chromatiques, courts filaments entor- tillés et entremêlés de granules, fig. 14. Toute trace de caryosome a géné- ralement disparu. Les observations que nous avons pu faire sur la structure du caryosome et l'édification des éléments chromatiques qui participeront aux cinèses ultérieures concordent en bien des points avec les observations d'autres auteurs. La formation du caryosome par deux substances de colorabilité diffé- rente fut souvent observée chez les Aggrégates : Labbé (96), Siedlecki (98-05-07), Léger et Duboscq (08), Moroff (08) et également chez le Me- rocysih kathœ par Dakin (ii). L'origine de ces deux substances est décrite de façon différente suivant les auteurs. Labbé (96), Siedlecki (07) et Moroff (o3) croient à la différen- ciation de la zone centrale à l'intérieur du caryosome primitif; par contre, Léger et Duboscq (08) admettent la pénétration d'un caryosome sidéro- phile dans' le nucléole de plastine. Il nous parait fort peu probable que cette description se vérifie dans l'espèce qui nous intéresse; mais nous n'oserions pas l'affirmer, car notre conviction se base sur l'aspect de très jeunes stades du caryosome, et la formation de ceux-ci aux dépens du mé- rozoïte nous fait défaut. De même nous n'osons pas nous prononcer quant à la nature des diverses assises chromatiques du caryosome. Touchant cette question, les avis sont également partagés. Labbé [gS) et Siedlecki ad- 128 Charles FOULON mettent que la couche périphérique est formée de chromatine vraie ou basi- chromatine, colorable par les colorants basophiles, tandis que la zone in- terne (oxychromatine) serait à rapprocher de la pyrénine ou de la plastine. Léger et Duboscq (o8) admettent une constitution à peu près inverse, et MoROFF (08) est d'un avis en quelque sorte intermédiaire, en ce sens qu'il n'admet pas de distinction nette entre ces chromatines différentes, qui se transformeraient l'une dans l'autre. Nos colorations différentielles, furent trop peu concluantes pour que nous puissions nous prononcer, et d'autre part nous croyons qu'il est pré- maturé d'aborder cette discussion aussi longtemps que les rôles respectifs de ces différents constituants ne seront pas établis et que leur homologie dans de nombreux objets ne sera pas mise en évidence. Quant au rôle du caryosome total, il est partiellement mis en évidence par son évolution dans le macrogamète et par celle que nous décrirons plus loin, à propos des microgamétocytes. Une partie de sa substance se porte sur les filaments peu colorables du noyau (filaments achromatiques ou de plastine de Moroff), éléments qui prendront part aux cinèses. Cette interprétation concorde assez bien avec ce que Moroff (08) observe chez Aggregala legeri. Cet auteur croit, sans oser l'affirmer, à la persistance des éléments chromosomiens; ceux-ci viennent se grouper autour des sphérules chromatiques et se chargent à leurs dépens de très fins petits granules colo- rables. Léger et Duboscq (08) observent un ^ spirème pâle " dès le début de la désintégration nucléolaire dans le schizonte. 11 devient plus colorable par absorption de substance nucléolaire dissoute; ensuite, du reliquat du caryosome il sort un - spirème - très colorable et celui-ci bientôt disparaît, tandis que le spirème pâle devient beaucoup plus colorable. Cette descrip- tion, réserves faites pour le second spirème, s'harmoniserait assez bien avec ce qui s'observe dans le Merocystis kathœ; par contre Dobell (14^) décrit que le caryosome donne naissance à une quantité de granulations fines qui forment un amas de petits grains et filaments très fins qui sont des « chro- mosomes « irréguliers. Disons enfin que Dakin (ii) croit à l'expulsion du caryosome dans le protoplasme. Il ressort de nos observations que dans le cas présent l'un des rôles du caryosome est certainement de servir de réserve chromatique, réserve qui est répartie aux chromosomes au moment des cinèses. Aussi, malgré les objections de Léger et Duboscq (08), croyons-nous pouvoir considérer le MEROCYSTIS KATH^ DAKIN 129 caryosome comme formé de trophochromatine par opposition à l'idiochro- matine du noj'au; mais nous ne voulons donner à ces termes qu'une signi- fication restreinte, applicable seulement au rôle fonctionnel des éléments chromatiques à un moment donné, et non pas le sens absolu qui entraine le dualisme nucléaire (Schaudinn) ou la signification que leur donne SiEDLECKi (o5) quand il admet que le caryosome est de la chromatine végé- tative qui disparaît lors des multiplications sexuées. 2. Microgamétogonie. On peut distinguer plusieurs périodes lors de la formation des micro- gamètes : a) L'accroissement du microgamétocyte. b) La multiplication nucléaire et la formation des cytomères. c) L'achèvement et la libération des microgamètes. a) Accroissement du microgamciocyte. Comme nous l'avons dit plus haut, les tout jeunes stades ne sont pas reconnaissables des stades correspondants du macrogamète. Pendant l'ac- croissement, on voit très souvent des gamètes à caryosome intensément co- lorable; la structure interne échappe donc, et il n'est pas possible de dire si au centre de la sphère existe un amas chromatique. A la fin de l'accroissement, on reconnaît le microgamétocyte. Semblable au macrogamète, il s'en distingue par l'allure du caryosome. Celui-ci est constitué simplement de deux couches chromatiques, l'une externe très co- lorable par l'hématoxyline de Heidenhain, l'autre interne, homogène, moins colorable, fig. 15; ces deux éléments ne sont pas très nettement limités l'un par rapport à l'autre, fig. 16. — Après coloration à l'hématoxyline de Delafield, on observe une colorabilité inverse. Il semble que la zone ex- terne soit moins colorable, et au début elle n'est pas nettement limitée de la zone interne moins colorable. L'évolution du caryosome et du noyau diffère de celle que nous avons observée dans le macrogamète. La sphère périphérique se contracte, décoiffe en quelque sorte la sphère interne, fig. 17, 18, et bientôt le caryosome se présente sous forme d'une sphère assez peu chromatique, avec quelques 19 l3o Charles FOULON grands alvéoles, à laquelle est accolée une calotte très chromatique, vacuo- laire, représentant la sphère externe, fig. 19. L'un (Je ces éléments constituants persiste longtemps : c'est la partie interne du caryosome ou la sphère la plus homogène à quelques vacuoles; l'autre difflue dans le noyau. Dès lors le contenu nucléaire, clair jusqu'à présent, devient uniformément colorable par les colorants protoplasmiques (rouge Congo) et présente ce même aspect de très fin coagulum déjà ob- servé pour le macroganiète, fig. 19. Le microgamétocyte reste cependant facilement reconnaissable grâce à la présence d'un gros caryosome reliquat de la zone centrale, fig. 2i, 23, 27. Les éléments chromatiques du noyau, qui jusqu'à présent étaient res- tés groupés à la périphérie, s'éparpillent dans le noyau, fig. 20, et bientôt échappent plus ou moins à la vue, n'étant plus apparents que comme de petits filaments et de petits granules disséminés, fig. 21, 22. b) Àlultiplicalion nucléaire et /o?'mation des cytomères. Quand l'accroissement est achevé, les divisions nucléaires s'annoncent par le fait que le noyau émigie vers la périphérie du parasite et entre en contact avec elle, fig. 22; il y a même une légère invagination de la mem- brane du microgamétocyte à l'endroit où le noyau entre en contact avec elle, et en même temps la lumière entre le noyau et le protoplasme devient moins nette ou plutôt moins régulière, de nombreux prolongements nuclé- aires sinsinuant entre les mailles protoplasmiques, fig. 20-22. La cavité nucléaire persiste cependant et nous n'observons pas la diffusion du caryo- plasme et des éléments caryosomiens dans le protoplasme, ainsi que Moroff (o8) le décrit pour Y Aggrcgala legeri. Dans cette espèce, il observe que le fuseau de division plonge directement dans le protoplasme; il est vrai que le fait parait être exceptionnel et qu'il ne se retrouve pas dans les autres espèces d'Aggrégates étudiées par cet auteur. Le noyau ayant atteint la périphérie, ses éléments chromatiques se condensent plus ou moins, soit sous la forme de petits filaments assez grêles et de nombreux fragments granuleux, fig. 21, soit en bandes épaisses sup- portant les granules chromatiques, fig. 24. La première division nucléaire est généralement du type multipolaire, fig. 25, 26, mais nous ne pouvons affirmer que ce type soit constant. MEROCYSTIS KATH.E DAKIN l3l FiG. 23. Le noyau s'étire irrégulièrement, chacun de ses pôles entrant en contact avec la paroi du parasite. Les éléments chromatiques peuvent se présenter différemment : ou bien ils sont éparpillés en petits éléments granuleux très nombreux, fig. 23, ou bien ils sont disposés en quelques filaments tout chargés de granules, fig. 25, 26. Il ne semble pas que ces deux aspects soient des stades différents d'une division évoluant suivant un type unique; il paraît plus probable, comme on le verra pour les di- visions ultérieures, qu'il existe des variantes dans l'aspect des divisions. Le granule caryosomien peut être expulsé assez tôt dans le protoplasme, FIG. 25, ou bien il peut être départi à l'un des noyaux-filles, fig. 26, 27. Les noyaux-filles, après une période de repos qui parait être très courte, se divisent à nouveau, fig. 28, et bientôt la division du microgamétocyte en cytomères a lieu. La segmentation du protoplasme, qui conduit à la for- mation d'un nombre restreint de loges, débute par l'apparition de fentes très étroites, que l'on devine plutôt qu'on ne les voit au milieu des mailles du protoplasme, fig. 29. Les loges, d abord polygonales, fig. 30, acquièrent des contours plus nets et plus arrondis. Il semble que les cytomères soient d'abord uninucléés, chacun possédant un gros noyau au repos avec bandes chromatiques peu colorables mais bien distinctes, fig. 30. Ce stade, très éphémère, est bientôt suivi de multiplications nucléaires à l'intérieur de chaque cytomère. Les divisions nucléaires peuvent être d'aspects très variés et, fait cu- rieux, les différents types se rencontrent dans un même macrogamétocyte. Les fig. 31, 33, 35 et 37 ont été dessinées d'après les aspects rencontrés dans un seul microgamétocyte. Premie?' type. Dans ce mode de caryocinèse, qui est très parfait, il y a une espèce de prophase; dans le noyau qui s'accole à la paroi du cytomère, on voit les éléments chromatiques filamenteux éparpillés se disposer assez régulièrement en bandes épaisses, plus ou moins achromatiques, qui supportent de très nombreux granules chr( matiques, fig. 31. A l'anaphase on voit que ces filaments, que l'on serait tenté d'appeler chromosomes, convergent au pôle vers un point central, fig. 32; il ne nous fut pas possi- ble cependant de découvrir un centriole. Les filainents sont peu nombreux; nous ne voulons pas affirmer que leur nombre soit constant, mais plusieurs fois nous en avons observé six à chaque pôle; il paraît même n'y en avoir que trois incurvés en anse. Ces filaments très longs montrent nettement la structure que nous avons décrite plus haut. i32 Charles FOULON Tandis qu'à la télophase les éléments chromatiques se tassent aux pôles, certains filaments restent très longtemps unissants, fig. 34. Le deuxième type, dérivant du premier, est la division multipolaire, FIG. 37. Ce type est relativement rare dans les cytomères; dans l'aspect dessiné, on voit très nettement qu'en un des pôles, situé semble-t-il dans l'axe de division principale, existent, côte à côte, deux centres de con- vergence des filaments chromatiques; divergeant de là, les uns se dirigent au pôle opposé, les autres à des pôles secondaires. Uti troisième type de division, en apparence beaucoup moins parfait, consiste dans un simple étirement suivi d'étranglement du noyau, fig. 35. Celui-ci contient cependant un réseau filamenteux chargé de petits granules chromatiques. Dans de rares cas nous avons rencontré des aspects semblables à ceux de la FIG. 38. Toute la chromatine nucléaire est condensée au centre du noyau, dont la cavité est légèrement colorable par les colorants protoplas- miques. Nous ne pouvons déterminer la signification de cet aspect; peut- être est-ce une télophase, peut-être n'est-ce qu'un aspect anormal, altéré ou dégénéré. Les divisions se succèdent rapidement, fig. 39; les noyaux deviennent très nombreux dans chaque cytomère; parfois, fig. 39, on retrouve dans le protoplasme de l'un d'eux le reliquat caryosomien du microgamétocyte primitif. c) Achèvement et libération des tnicrogamètes. Les divisions nucléaires cessent; les noyaux sont tous disposés à la périphérie des cytomères, leurs contours se régularisent, ils deviennent à peu près sphériques, fig. 40-42. D'abord on aperçoit encore des filaments entortillés formant un peloton très chromatique; plus tard les noyaux se condensent et, tout en diminuant de volume, deviennent plus intensément colorables. La membrane du microgamétocyte primitif se déchire, les cytomères libres continuent leur évolution au voisinage l'un de l'autre, fig. 42. La mise en liberté des microgamètes peut être précoce, fig. 40; cependant elle ne se fait généralement que quand leur évolution est presque achevée et MEROCYSTIS KATH.E DAKIN l33 qu'ils sont arrivés à maturité; ils ont alors une forme ovoïde, acuminée à une extrémité, sont d'aspect homogène et intensément colorables, fig. 43. La formation des microgamètes par bipartitions successives du noyau est admise par la plupart des auteurs. Seul Siedlecki (g8) avait cru qu'ils naissent par recondensation de la chromatine éparpillée dans le proto- plasme. On a vu combien ces divisions nucléaires sont variées; il est indu- bitable cependant qu'elles se rattachent à un même type fondamental. Nous n'avons jamais observé de type aussi parfait que ceux dessinés par MoROFF (08) et présentant un fuseau achromatique et des centrosomes; cet auteur note d'ailleurs l'absence de ce type chez Aggregata siedlecki. De ce que nous n'ayons pas vu de centrosome, il ne résulte d'ailleurs pas qu'il n'existe pas de centres d'attraction ; il nous parait même que, sous forme figurée ou non, ils doivent exister. (]ette conviction se base sur l'allure de certaines cinèses, dans lesquelles on voit les éléments chromatiques conver- geant parfaitement vers un point, et elle se base aussi sur l'aspect des ci- nèses multiples. Celles-ci, en effet, sont très probablement du type bipolaire et elles sont dues à la succession rapide des cinèses, fig. 37 | Dobell (14^)], ou à la division précoce des centres d'attraction, fig. 25. 26. Nous ne croyons pas à l'existence, au moins dans l'espèce qui nous intéresse, des divisions multiples réelles telles que Moroff (08) les décrit pour Aggregata jacmetti, c'est-à-dire de celles qui montrent plusieurs centres d'attraction apparaissant simultanément. 3. Sporulation. Dans l'exposé des phénomènes de sporulation il est bon de distinguer quatre périodes : a) La fécondation. b) La multiplication nucléaire. c) L'isolement des sporoblastes. d) La formation des sporozoïtes. a) La fécondatiofi. Quand le macrogamète a achevé son accroissement et que le caryo- some a complètement disparu, fig. 14, le noyau, resté jusqu'à présent au l34 Charles FOULON centre du parasite, émigré vers la périphérie; ses contours, comme nous l'avons déjà observé pour le niicrogamétocyte, sont irréguliers, fig. 44, et ce noyau ne contient qu'une sphère creuse, chromatique, formée de tous les filaments nucléaires condensés. Le noyau ne reste pas sphérique, mais s'allonge considérablement, devient fusiforme, accolé à la membrane par une de ses extrémités aiguës; il traverse le macrogamète presque de part en part, FIG. 46, 47. Des aspects comme ceux de la fig. 45 restent énigmatiques; malgré la présence d'une sphérule caryosomienne, nous croyons devoir les considérer comme appartenant à un macrogamète, à cause de l'aspect des éléments chromatiques qui, en peloton de fins filaments entremêlés de quelques gra- nules, sont excessivement chromatophiles. Lorsque le noyau a atteint la périphérie par une de ses extrémités, les éléments chromatiques qui, d'abord disposés en sphère creuse, se sont plus ou moins éparpillés, se portent tout près de la membrane. Cette migration s'accompagne d'une espèce d'étirement, les filaments étant en quelque sorte traînés dans le noyau, fig. 47. On voit de longs filaments chromati- ques tantôt presque rectilignes, tantôt brusquement coudés en angle, qui sortent du peloton chromatique et traversent le no3'au. Nous croyons, contrairement à l'opinion de Dobell (14^), que cet as- pect précède la pénétration du microgamète dans le macrogamète, car il s'observe parfois alors que le noyau n'a pas encore ou a à peine atteint la pé- riphérie du parasite. Le noyau fusiforme vient en contact en un point avec la membrane, et ce contact devient de plus en plus étendu, jusqu'à ce que le noyau s'accole largement contre elle et redevienne sphérique; il contient le peloton chro- matique finement filamentaire, et nous avons observé une fois, fig. 48, un granule chromatique tout contre la membrane; peut-être est-ce le microga- mète fécondant ou plutôt un reliquat de ce microgamète. Il ne nous est d'ailleurs pas possible d'établir avec précision le moment de la pénétration du microgamète, n'ayant pas observé le phénomène; tout ce que nous pou- vons dire, c'est qu'elle doit avoir lieu entre le moment où le noyau entre en contact avec la périphérie et la première mitose; les aspects que le Mero- cy stis offre à ce stade sont trop semblables à ceux que l'on rencontre pen- dant la fécondation des Coccidies pour qu'il puisse exister le moindre doute à cet égard. Nous avons rencontré une seule fois dans le noyau à ce stade un aspect MEROCYSTIS KATH.E DAKIN l35 très particulier, mais d'interprétation douteuse. Le noyau du macroga- tnète, FiG. 46, allongé et presque en contact avec la périphérie, est absolu- ment libre de tout élément chromatique figuré; mais il possède tout près de la membrane un petit noyau très nettement limité et contenant, en même temps que de fins filaments peu chromatiques, des granules également peu colorables. Cet aspect rappelle étrangement celui que Léger et Duboscq (o8) ont observé dans la schizogonie des Aggrégates, immédiatement avant les premières divisions; ces auteurs l'interprètent comme noyau de reconstitu- tion, c'est-à-dire que dans le noyau accru il y a délimitation d'un petit noyau qui contient le spirème chromatique et qui seul se divise, tandis que la plus grande partie du noyau ancien disparait. Il fut impossible d'établir avec certitude l'homologie du stade qui nous intéresse avec ceux décrits par Léger et Duboscq, à cause de la rareté des aspects observés et à cause du manque de stades de transition. b) Multiplicatioji nucléaire. Immédiatement après la fécondation, le noyau s'applique largement contre la membrane du zygote. Le peloton de filaments chromatiques se détend et les filaments qui s'en échappent sont épais, très chromatiques, formés de granules agglomérés autour d'un substratum central, fig. 49. Tout le reste du noyau est de structure uniforme, très finement granuleux, se colorant par les colorants protoplasmiques. La première division sporogoniale est généralement multipolaire, fig. 50, mais nettement différente de celle que nous avons décrite dans la microgamétogonie, fig. 25, '-6. Les éléments chromatiques ne sont pas éparpillés dans le noyau, mais condensés; ils sont très intensément colo- rables et paraissent trapus ; ajoutons qu'il n'y a pas de reliquat caryosomien. Les divisions ultérieures des noyaux du sporonte sont reconnaissables des divisions nucléaires de microgamétocyte par ces mêmes caractères : la colorabilité très forte des éléments chromatiques et leur condensation au centre du noyau. Le type de ces divisions parait être moins parfait que celui que nous avons vu plus haut : la masse chromatique, formée de filaments entortillés et entremêlés de granules, s'étire, s'étrangle et se divise, fig. 50; parfois la masse chromatique en division apparaît formée de granules et de bâtonnets i36 Charles FOULON plus ou moins orientés, fig. 51. Nous n'avons pas observé de centriole ni de centres d'attraction ni de fuseau achromatique. Un grand nombre de divisions du même type se succèdent, et ce jus- qu'à ce que toute la périphérie du sporonte soit bordée de noyaux, FIG. 52-55. c) L'isolement des sporoblastes. Les noyaux se trouvent régulièrement disposés à la périphérie du spo- ronte, FIG. 55. L'envahissement du centre doit être assez brusque. Nous n'avons, en effet, observé que rarement des aspects indiquant le début du jihénomène, fig. 56; les stades ultérieurs qu'il nous a été donné de voir, FIG. 57, montrent l'envahissement déjà très avancé; quelques noyaux se trouvent encore disposés régulièrement près de la membrane. Quand l'envahissement est complet, le protoplasme se segmente. La structure finement alvéolaire qu'il a conservée depuis le début de l'évolution se transforme peu à peu. Certaines travées acquièrent une importance plus grande par leur longueur et leur netteté; le protoplasme se cloisonne en à peu près autant de loges qu'il y a de noyaux, fig. 58. Les noyaux sont le plus souvent disposés dans un angle de ces loges polyédriques et paraissent être au repos. Peu à peu les contours des loges se dessinent plus nette- ment, les angles s'arrondissent et les sporoblastes s'individualisent sous la forme de petites sphères tassées les unes contre les autres et contenues à l'intérieur du sporonte au nombre de plusieurs centaines, fig. 58. Il arrive aussi que la réduction du sporonte en sporoblastes se fait progressivement; des noyaux s'isolent dans une petite plage du proto- plasme, tandis que d'autres restent pendant quelque temps encore groupés à plusieurs dans une masse protoplasmique commune, fig. 59. Quand on examine les sporoblastes isolément, on observe que ce sont des éléments de i5 à 20 v- de diamètre. Le noyau semble sortir du repos, il est de structure spongieuse, fig. 60, 61; parfois on en observe en divi- sion, fig. 63. Sur les préparations fixées au sublimé on voit que le proto- plasme forme au voisinage du noyau une plage plus dense, homogène, fig. 61, tandis qu'ailleurs il est largement vacuolisé. Dans les objets fixés au BouiN ou au Benda, on observe dans le protoplasme une sphérule bien délimitée, fig. 60, colorable par les colorants protoplasmiques ; elle fixe MEROCYSTIS KATH.t DAKIN 13/ également l'hématoxyliiie qui disparait par une différenciation poussée assez loin; souvent alors le centre reste coloré, tandis que la périphérie est diffé- renciée, FiG. 60, 62. Nous n'avons pas pu établir l'origine de cette curieuse formation; elle est complètement absente quand les noyaux sont encore régulièrement disposés à la périphérie du sporocyste, fig. 55; elle appa- raît lorsque la fragmentation commence, fig. 58, 59. Nous croyons, sans oser l'affirmer, que chaque sporoblaste ne possède primitivement qu'une seule de ces sphérules et qu'elles se divisent ultérieurement, fig. 62. MoROFF (o8) les a observées dans plusieurs Aggrégates de la Seiche; elles se formeraient par agglomération de granules chromatiques; leur significa- tion est douteuse. d) Formation des sporo{oïtes. La formation des sporozoïtes a lieu soit à l'intérieur de la membrane du sporonte, soit après éclatement de celle-ci et dissémination des sporo- blastes. Le noyau unique s'allonge, s'étire, s'étrangle et se divise en deux noyaux-filles, fig. 61-65; il paraît garder sa structure spongieuse durant tout ce processus. Les noyaux-filles restent au nombre de deux dans l'im- mense majorité des cas; exceptionnellement ils se divisent une seconde fois; la spore contiendra alors quatre sporozoïtes. Aux dépens des deux noyaux se forment deux éléments trapus, recour- bés en demi-cercle, très colorables, de structure spongieuse, fig. 66-69. A côté d'eux persistent une masse plus ou moins condensée de protoplasme, les deux sphères protoplasmiques homogènes et des granules réfringents; la membrane de la spore est plissée, épaisse et réfringente. Nous trouvons- nous en présence du sporozoïte mûr? et quelle est la part que prend le pro- toplasme dans sa formation? Nous ne pouvons actuellement répondre à ces questions, ce qui exigerait l'examen de matériel frais. Nous n'avons vu le sporozoïte en liberté qu'exceptionnellement et dans des conditions telles qu'une rupture artificielle de la spore était évidente. Il faut admettre que la mise en liberté a lieu en dehors du rein de buccin. 20 l38 Charles FOULON B. DISCUSSION DES OBSERVATIONS. 1. Le cycle. D'après la description que nous venons de donner, le cycle évolutif du Merocystis kathœ peut se résumer comme suit : La schizogonie est inconnue; elle se passe probablement dans un hôte intermédiaire. Les mérozoïtes, parvenus dans le tissu de la glande excré- trice du buccin, se transforment, les uns en macrogamètes, les autres en microgamétocytes. Les macrogamètes subissent un énorme accroissement et sont caracté- risés par un caryosome à forme complexe; sa partie centrale se répand la première dans le caryoplasme, puis la partie périphérique se disperse égale- ment ; le plus souvent, le caryosome a complètement disparu à la fin de l'accroissement. Le microgamétocyte s'accroit aussi beaucoup; son caryosome est de structure plus simple; la zone centrale se dévagine de la zone corticale et cette dernière se disperse dans le cytoplasme; à la fin de l'accroissement, la zone centrale persiste, au moins en grande partie, dans le noyau. Les pre- mières divisions du microgamétocyte sont du type multipolaire ; après production d'un nombre restreint de noyaux, il y a formation de cyto- mères par cloisonnement du protoplasme; puis, par cinèses de types variés, il se forme dans chaque cytomère un grand nombre de noyaux, aux dépens de chacun desquels naitra un microgamète. La fécondation a lieu par pénétration d'un microgamète dans le ma- crogamète, et cette fécondation est bientôt suivie de multiplication du noyau du zygote; les noyaux-filles, très nombreux, se disposent régulièrement à la périphérie. Chaque noyau s'isole alors avec une petite portion de proto- plasme et forme un sporoblaste ; à l'intérieur de celui-ci, par division nu- cléaire, se forment deux sporozoïtes; la spore est formée et prête à être expulsée. Cette évolution est notablement différente de celle qui a été décrite par Dakin (ii). D'après cet auteur, les microgamètes se forment à la péri- phérie du parasite, fig. 53-56; le zygote se divise en kystes secondaires, FiG. 30, 39, qui ultérieurement vont donner un amas de spores, fig. 58, dans lesquelles existe un seul sporozo'ite, fig. 60-62. Il nous paraît évident MEROCYSTIS KATH.î: DAKIN l3g que Dakin, tout en observant fort bien des stades isolés, a fait une confusion essentielle en ce qui concerne leur sériation. Il a considéré comme appar- tenant au début de la sporogonie les stades de microgamétogonie, et inver- sement, comme microgamétogonie les stades de formation des spores. Il nous parait impossible de soutenir sa façon de voir; en effet : 1° On voit nettement les microgamètes mûrs groupés autour de petits amas protoplasmiques qui correspondent aux cytomères provenus de la fragmentation de la grande masse protoplasmique primitive (microgaméto- cyte), FiG. 40-43. 2° On voit nettement les sporoblastes s'individualiser dans la masse protoplasmique unique (sporonte), fig. 56-58. Il peut y avoir une frag- mentation partielle du sporonte, ce qui amène la formation exceptionnelle de quelques amas plurinucléés, fig. 59. 3° Quant à la formation de deux sporozoïtes dans chaque spore, elle est évidente, fig. 63-69, et il est malaisé de comprendre comment elle a échappé à Dakin. Le cycle, tel que nous le concevons, concorde assez bien avec celui que MoROFF admet pour les Aggregata; mais il (o6d!, o6b) admet que la fécon- dation n'a lieu qu'après la formation de sporoblastes, qu'il appelle les ma- crogamètes. Cet auteur, dans son travail d'ensemble (oSj, est d'ailleurs moins affirmatif sur ce point. Il nous parait évident que la fécondation a lieu à la fin de l'accroisse- ment du macrogamète, et cette façon de voir concorde avec celle de SiEDLECKi (o8) et de Dobell (14^). Cette façon de voir se base sur l'impos- sibilité qu'il y a à ce que les centaines de sporoblastes soient fécondés iso- lément, étant donné qu'ils sont renfermés dans une membrane homogène; et elle se base sur la concordance parfaite des aspects que nous considérons comme stades de fécondation avec les aspects correspondants si souvent décrits chez les Coccidies (Debaisieux, iu, ii); d'ailleurs, sans que nous ayons vu le moment exact de la pénétration du microgaméte dans le macro- gamète, la succession des stades que nous avons observés est amplement suffisante pour que nous puissions affirmer qu'ils représentent des proces- sus de fécondation. 21 140 Charles FOULON 2. Classification. Se basant sur les caractères établis par lui, Dakin range ce parasite dans le groupe des Polysporocystidœ; Mcrocystis nov. g. Si l'on veut situer Merocystis dans la classification des Coccidies don- née par Léger (ii), il faudrait créer une famille nouvelle à ranger parmi les Eimeridœ poly^oïca, entre les Barouxidœ et les Caryoti-ophidœ. Cette famille serait caractérisée par le fait que les nombreuses spores sont di- zoïques, fait qui a échappé à l'observation de Dakin. Mais une interprétation toute différente s'impose; il faut considérer le Merocystis kathœ comme une Aggrégate, et le nom lui-même devra proba- blement être changé par celui qui fera la revision complète des Aggrégates. Comme caractères d' Aggrégates le Merocystis présente : 1° Absence de schizogonie à côté de la sporogonie, ce qui entraine la nécessité d'un habitat différent pour la schizogonie. 2° Évolution caractéristique du caryosome nettement divisé en zones concentriques. Il est vrai que ce fait a été observé chez le Caryotropha mesnili (Siedlecki, o5, 07), mais la systématique de ce genre n'est pas en- core définitivement établie, et, nous basant sur un travail actuellement en cours au laboratoire de Louvain, nous croj'ons que cette espèce devra éga- lement être rapprochée, si pas assimilée, aux Aggrégates. 3° Premières cinèses microgamétogoniques et sporogoniques généra- lement multiples, et cinèses de type très parfait. 4° Remarquons, enfin, les dimensions considérables du parasite, et la concordance parfaite entre beaucoup d'aspects du Merocystis et ceux des Aggrégates. Deux caractères distinguent nettement le Merocystis des Aggrégates connues jusqu'à présent : 1° La dimension restreinte des microgamètes. 2° Les spores à deux sporozoïtes. Les espèces décrites en possèdent trois, quatre ou davantage, jusqu'à 24. Rappelons cependant que Mero- cystis montre parfois des spores anormales à quatre sporozoïtes. Reste la question de savoir où il convient de ranger les Aggrégates elles-mêmes. Schneider (83), Labbé (96), Siedlecki (gS), Laveran (98) et beaucoup d'auteurs antérieurs les or.t considérées comme des Coccidies; Moroff MEROCYSTIS KATH.E DAKIN I4I (06, 08), LÉGER et DuBOSCQ (06-07-08) les envisagent comme des Gréga- rines. Ils appuient leur façon de voir sur le fait qu'il existe une copula chez les Aggrégates, qu'elles ont des sporocystes dérivant directement de la co- pula, qu'elles ont des centrosomes et des fuseaux, et qu'elles possèdent de volumineux microgamètes. Une note préliminaire de Dobell (14^) nous annonce qu'il a observé, comme Siedlecki (08), que les Aggrégates se fécondent par hétérogamie, et que l'ookyste donne plusieurs sporocystes; il rapproche donc les i'\ggré- gates des Coccidies. Cette façon de voir est confirmée par nos observations; nous trouvons également l'existence d'une hétérogamie très accentuée, nous voyons de plus la formation de nombreux sporocystes aux dépens du zygote, et aussi que dans le Alerocystis les microgamètes sont petits et que les fuseaux et centrosomes font défaut, ce qui d'ailleurs était observé déjà pour d'autres espèces (Moroff, 08). Nous n'hésitons donc pas à nous rallier à l'opinion de Dobell et à rattacher les Aggrégates aux Coccidies. RESUME ET CONCLUSIONS. 1. Le Merocystis kathœ, parasite de l'organe rénal de Buccinum undatum, est une Aggrégate; les Aggrégates constituent une famille de Coccidies. 2. Le macrogamète et le microgamétocyte subissent l'un et l'autre un accroissement considérable; ils sont caractérisés par leur caryosome, formé de deux substances différentes. 3. Le caryosome du macrogamète, très complexe, disparaît complète- ment à la fin de l'accroissement, la zone centrale se dispersant la première dans le cytoplasme. 4. Le caryosome du microgamétocyte est plus simple et la zone cor- ticale difflue d'abord dans le cytoplasme, tandis que la zone centrale laisse un gros reliquat chromatique. 5. Les microgamètes se forment dans des cytomères nés du micro- gamétocyte. 142 Charles FOULON 6. La fécondation a lieu par la pénétration d'un microgamète dans le macrogamète, à la fin de l'accroissement. 7. Le zygote donne naissance à de nombreux sporoblastes; les spores possèdent deux sporozoïtes. 8. Les divisions nucléaires sont de type très élevé, nettement diffé- rentes dans le sporonte et dans le microgamétocyte. BIBLIOGRAPHIE. 1914a UobcU I9I4Ô » igoS Jacqitemet 1896 Labbé 191 1 Dakin : Notes on a new coccidian (Merocystis kathce n. gcn. n. spe.J; Arch. f. Protist., t. 23, p. 14S. 1910 Debaisieux : Recherches sur les Coccidies. I. 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Études cytologiques et cycle évolutif de la Coccidie de la seiche; Ann. Inst. Pasteur, vol. 12. Ueber die Bedeutung des Caryosomes ; Bull. Acad. Se Cracovie (Mathémat. et Se. naturelles). Structur und Lebensgeschichte von Caryotropha mesnili; Bull. Acad. Se. Cracovie (Mathémat. et Se. naturelles). Sac à Psorosperniies ; Mém. Ac. R. Belgique, vol. 26. EXPLICATIOiN DES PLANCHES. Les observations ont été faites à l'aide de robjectif apochromatique à immersion 2 mm. de Koritska et des oculaires de Zeiss. Le grossissement linéaire approximatif est indiqué pour chaque dessin. La projection à la chambre claire a été faite un peu en dessous de la platine du microscope. PLANCHE I. Gamétogonie. FIG. 1. Jeune gamonte indifférencié à noyau contenant un gros caryosome h(3mogène et des corpuscules chromatiques périphériques. Des cellules de l'hôte sont intimement accolées au parasite. Fixât. Bouin. X looo. FIG. 2. Jeune gamonte indifférencié accru. Fixât. Bouin. X looo. FIG. 3. Gamonte indifférencié dont le noyau présente la particularité de con- tenir deux corps caryosomiens. Fixât. Bouin. X looo. Macrogamétogonie. FIG. 4. Macrogamète jeune. Le noyau montre tous les corpuscules chromatiques situés près de la membrane, et un caryosome à zone périphérique chromatique et à partie centrale claire renfermant un corps chiomatique Fixât. Bouin. X looo. FIG. 5. Macrogamète plus avancé. Le carj'osome possède une zone très chro- matique à quelque distance de la périphérie et un amas chromatique dans la partie centrale plus claire. Fixât. Bouin. X looo. FIG. 6. Noyau de macrogamète montrant les mêmes particularités et de plus l'orifice en entonnoir existant dans la sphère très chromatique du caryosome. Fixât, sublimé-alcool. X 385. 146 Charles FOULON FIG. 7. Noyau de macrogamète. Le cai'3-osome montre un corpuscule central lui-même formé de différentes assises de chromaticité différente ; la zone claire est traversée de fines travées radiairement disposées. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 8. Noyau de macrogamète. La substance peu chromatique du caryosome semble diffluer dans le noyau. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 9. Noyau de macrogamète. La cavité nucléaire est uniformément remplie d'une substance peu colorable dans laquelle plongent les corpuscules chromatiques. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 10. Noyau de macrogamète. Les corpuscules chromatiques s'éparpillent dans tout le noyau ; le caryosome est en dégénérescence et perd sa chromaticité. Fixât. Bouin. X 385. F"IG. 11. No3au de macrogamète. Le carjosome est réduit à une sphère creuse à paroi mince. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 12. Id. Les corpuscules chromatiques se groupent autour du reliquat car3'osomien. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 13. Noyau de macrogamète. Le caryosome a presque complètement dis- paru. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 14. Noyau de macrogamète. Le caryosome a disparu; les corpuscules chromatiques sont groupés en sphère autour de l'emplacement du caryosome; la cavité est uniformément remplie d'une substance peu colorable; les contours du noyau sont peu nets; il envoie des prolongements entre les mailles protoplasmiques. Fixât. Bouin. X 385. Microgamétogonie. FIG. 15. No)'au de microgamétocyte. Le caryosome est formé d'une partie centrale et d'une zone périphérique alvéolaire. F"ixat. Bouin. X 385. FIG. 16. Noyau de microgamétocjte. La portion périphérique du caryosome se ramasse en un pôle du caryosome. Fixât, sublimé-alcool. X 385. FIG. 17. Noyau de microgamétocyte. La portion périphérique du caryosome, complètement lamassée en lui pôle, coiffe en calotte la partie centrale, qui se libère. Fixât. Bend.\, X 385. FIG. 18. Noyau de microgamétocyte. Les deux éléments constituants du ca- ryosome libérés; la partie périphérique dégénère. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 19. Id. en un stade plus avancé. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 20. Noyau de microgamétocyte. La partie centrale du caryosome seule persiste ; les corpuscules chromatiques bien formés sont éparpillés dans le n03au, ne laissant libre qu'une petite zone autour du caryosome. Fixât. Bouin. X 385. MEROCYSTIS KATH^ DAKIN 147 FIG. 21. Le noyau du microgamétocyte progresse vers la périphérie du pa- rasite; tout le contenu nucléaire uniformément rempli de corpuscules chromatiques. Fixât. BouiN. X 385. FIG. 22. Le noyau du microgamétocyte largement en contact avec la membrane du parasite; les corpuscules chromatiques en fins granules et bâtonnets se ramassent. Fixât. BouiN. X 385. PLANCHE II. FIG. 23. Première division. Elle est du type bipolaire; le noj'au est largement en contact avec la membrane en deu.x points; les éléments chromatiques sont épar- pillés en fins granules et bâtonnets; le reliquat caryosomien persiste sous la forme d'une sphérule peu chromatique. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 24. Le noyau du microgamétocyte largement en contact avec la mem- brane; les éléments chromatiques sont condensés sur quelques épais filaments; le reliquat caryosomien est présent. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 25. Première division. Elle est du t}pe multipolaire; le noyau est lar- gement en contact avec la membrane en au moins quatre points; les éléments chroma- tiques sont éparpillés en bâtonnets disposés plus ou moins en filaments; le reliquat carj'osomien est expulsé dans le protoplasme. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 26. Première division du type multipolaire. Les éléments chromatiques disposés en filaments granuleux; le reliquat caryosomien persiste dans le noyau. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 27. Microgamétocyte à plusieurs noyaux. Le reliquat caryosomien persiste dans un des noyaux. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo, FIG. 28. Microgamétocyte à plusieurs noyaux en division. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. FIG. 29. Microgamétocyte à pilusieurs noyaux. La formation des c5'tomères est ébauchée par le clivage du protoplasme. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. FIG. 30. Microgamétocj'te divisé en plusieurs cytomères. Les noyaux, un seul par cytomère, sont au repios. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 31. Division nucléaire dans les cytomères. Stade de prophase. Fixât. Bouin. X 1000. FIG. 32. Id. Stade d'anaphase ; centres d'attraction polaire évidents. Fixât. Bouin. X 1000. FIG. 33. Id. Trois anses chromatiques en un pôle. Fixât. Bouin. X 1000. FIG. 34. Id. Stade de télophase; deux filaments chromatiques unissants per- sistent. Fixât. Bouin. X 1000. 148 Charles FOULON FIG. 35. Division nucléaire dans le cytomère. Type plus simple. Fixât. Bouin^ X 1000. FIG. 36. Id. Stade de télophase. Fixât. Bouin. X 1000. FIG. 37. Id. Type multipolaire. Fixât. Bouin. X 1000. FIG. 38. Cytomères à noyau de type énigmatique; repos ou dégénérescence. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 39. Microgamétocyte divisé en cytomères et montrant de très nombreuses divisions nucléaires. Le reliquat caryosomien persiste dans le protoplasme de l'un des cytomères (^). Fixât. Bouin. X 385. FIG. 40. CA'tomères libérés. Les noyaux se condensent; certains s'isolent com- plètement (^). Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. FIG. 41. Les noyaux se condensent dans les cytomères; quelques-uns s'isolent. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. FIG. 42. Idem. FIG. 43. Microgamètes libres. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. PLANCHE III. Sporulation. FIG. 44. Microgamète dont le noyau se porte vers la périphérie du parasite en s'allongeant foitement. Éléments chromatiques disposés en sphère, à comparer avec l'aspect de la fig. 14, auquel cet aspect fait suite. Fixât. Bouin. X 385. F~IG. 45. Noj-au probablement de macrogamète, à aspect énigmatique. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 46. Noyau de macrogamète à la période de fécondation. Présente près de la paroi une formation d'interprétation douteuse. Fixât, sublimé-alcool. X 385, FIG. 47. Noyau de macrogamète à la période de fécondation. Les éléments chromatiques disposés en filaments minces, rectilignes, à coudures brusques. Fixât. Bouin. X 5oo. FIG. 48. Le noyau [probablement après la pénétration du microgamète (^)] reprend sa forme sphérique. Les éléments chromatiques se condensent fortement en un peloton. F'ixat. Bouin. X 385. FIG. 49. Préparation à la première division du zygote. Les éléments chroma- tiques, très fortement colorables, sont ramassés en quelques filaments trapus, très granuleux. Fixât. Bouin. X 385. MEROCYSTIS KATH^ DAKIN 149 FIG. 50. Première division nucléaire dans le sporonte ; type multipolaire. Les éléments chromatiques, très colorables, sont condensés en quelques filaments épais, et n'occupent qu'une faible partie de la cavité nucléaire. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 51. Divisions bipolaires dans le sporonte. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 52. Idem. FIG. 53. Noyau.x au repos. Éléments chromatiques fortement ramassés. Fixât. Bouin. X 385. FIG. 54. Divisions ultérieures. Fixât, sublimé-alcool X 66o. FIG. 55. Nombreux noyaux dans le sporonte. Ils sont tous situés à la pé- riphérie, contre la membrane; le protoplasme ne montre aucune tendance à la seg- mentation. Fixât, sublimé-alcool. X 5oo. FIG. 56. Les noyaux du sporonte ne se divisent plus; ils commencent à en- vahir les portions centrales du parasite. Fixât, sublimé-alcool. FIG. 57. Tout le protoplasme est envahi par des noyaux; quelques-uns sont encore groupés contre la paroi du sporonte. F'ixat. Benda. FKi. 58. Les sporoblastes se forment par clivage rapide du protoplasme; une membrane limite chaque portion uninucléée du protoplasme; dans chaque sporoblaste apparaît une zone protoplasmique homogène, peu chromatique. Fixât, sublimé-alcool. FIG. 59. Cas rare où une portion isolée du protoplasme du sporonte contient plusieurs noyaux et plusieurs plages peu chromatiques. Fixât. Bouin. X i5oo. FIG. 60. Sporoblaste montrant le noyau unique et la plage peu chromatique imparfaitement différenciée, le centie restant très coloré. Fixât. Bouin. X i5oo. FIG. 61. Sporoblaste à noj-au unique et plage peu chromatique. Fixât, su- blimé-alcool. X i5oo. FIG. 62. Sporoblaste à no3-au unique et deux plages peu chromatiques Fixât. Bouin. X i5oo. FIG. 63. Sporoblaste avec noyau en division. Fixât, sublimé-alcool. X i5oo. FIG. 64. Sporoblaste à deux noyaux. Fixât. Bouin. X i5oo. FIG. 65. Idem. Fixât, sublimé-alcool. X i5oo. FIG. 66. Deux sporozoïtes naissent aux dépens de deux noyaux du sporoblaste. Fixât, sublimé-alcool. X i5oo. FIG. 67. Spores avec deux sporozoïtes et deux plages peu chromatiques dans le reliquat protoplasmique. Fixât, sublimé-alcool. X i5oo. FIG. 68. Id. Fixât. Bouin. X t5oo. FIG. 69. Id. Fixât. Bouin. X i5oo. Zi Planche f. ':^*-^%. /.? « ^^■yi> y-'*4t ',/". I ..:f:^ /-^ ,<^ ^ s-. , y>,; .; 1 •fji ~-«f!/'i ^*' H'- n /-y <■'•< Qû C -Fou/on a d naC. del. Lith.KJa.ccf) -S' Gilles -Bruy:. c.Bies em sixi s o >' ui/s. P/antAf^n. C.FbxxIon ad'nat.cfsi. Lith. H. Jaco b S' Gifles - Brux. F3ieseinans Sculp. PJanchP III ■jy^:^. 46- 47 ^ % ■J? % ^ ^ ic%: ■ >v, _--J .7/ ^7 ^ ■ f.9 6.3 fjï CTouIcn 'i'! nrit. :-/ Études sur les Microsporidies II. Glugea danilewskyi L. Pfr. III. Glugea mûlleri L Pfr. PAR Paul DEBAISIEUX, PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ. Institut de Zoologie, Louvain. (Mémoire déposé le i juin igiS.) 23 f Etudes sur les Microsporidies MATERIEL. Il y a quelques mois nous avons décrit \ Eimeria cystis-fellecv, coccidie parasite de la vésicule biliaire de Tropidoiiotiis natrix (14). Plusieurs des animaux sacrifiés pour l'étude de ces parasites ont montré l'existence de petits kystes à microsporidies localisés dans les muscles. L'étude de ces microsporidies était presque achevée, quand elle se trouva arrêtée par l'incendie de la ville de Louvain, dans lequel toutes nos préparations furent anéanties. Les pièces fixées ayant heureusement échap- pé à la destruction, nous avons repris l'étude. Des difficultés de technique et la petitesse de l'objet ont rendu le travail assez malaisé; il fut d'autre part facilité par la comparaison avec un parasite d espèce très voisine. Le hasard nous fit examiner des kystes musculaires de Gammarits lo- custa L.; nous y trouvâmes également des microsporidies. Des prépara- tions microscopiques révélèrent la très grande ressemblance des deux in- fections tant au point de vue de la réaction de l'hôte qu'au point de vue de la structure et du cycle des parasites. Beaucoup d'observations faites sur l'une des espèces furent confirmées par l'étude de l'autre; des points obscurs dans l'évolution de l'une devinrent plus clairs par l'étude de l'autre. Des points douteux subsistent cependant encore. METHODES. Les deux espèces de microsporidies ont été étudiées par les mêmes méthodes. i54 Paul DEBAISIEUX Les frottis suivis de divers modes de fixation ont donné des résultats fort peu satisfaisants. Les coupes ont constitué le procédé d'étude le plus généralement employé; les résultats sont satisfaisants à condition de faire des coupes très minces; leur épaisseur ne peut pas dépasser 2 \^ ou 2,5 |j.. Pour obtenir des coupes parfaites de cette minceur, il est nécessaire d'isoler le plus possible les kystes des tissus voisins et, dans le Gammarus, des productions chitineuses. Les fixateurs donnent des résultats assez différents suivant leur pou- voir de pénétration. La tumeur est formée d'un ensemble d'alvéoles clos à membrane peu perméable; les fixateurs à lacide acétique sont dès lors les plus favorables. Les solutions de Flemming, de Zenker et surtout de BouiN (aqueux ou alcoolique suivant Brazil, o5-o6) ont donné de bons ré- sultats. Le sublimé-alcool, plus énergique, et la solution de Benda, quoique moins bons, ont été souvent employés, afin de permettre l'application des colorants incompatibles avec les réactions acides. D'une façon générale, les aspects que montrent les préparations varient assez bien suivant le fixateur employé; nous dirions volontiers que c'est un avantage, car leur étude com- parative conduit à écarter les accidents de préparation et à ne retenir que les aspects essentiels. La meilleure coloration est obtenue par l'hématoxyline de Heidenhain. L'éosine-azur de Giemsa (voie humide) est précieuse comme coloi'ant diffé- rentiel, surtout dans l'étude des spores; la safranine (procédé de Babès) donne de bons résultats pour la mise en évidence du filament spirale dans la capsule polaire. La coloration n'est jamais tout à fait satisfaisante; il semble, surtout pour le parasite du Gammarus, que les substances nucléaires aient un fai- ble pouvoir électif. La différenciation est dès lors fort difficile et toutes les préparations sont en demi-teinte. Bien d'autres colorants que ceux que nous venons de citer ont été employés à titre d'essai et n'ont pas donné de bons résultats. Dans une première partie nous comptons décrire séparément les deux espèces étudiées; dans une seconde partie nous discuterons les données qui ressortent de l'une et de l'autre de ces études, d'abord au point de vue du cycle d'évolution, ensuite au point de vue de la structure des spores. Enfin nous envisagerons la question du rang systématique qui convient aux deux espèces de microsporidies. ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES l55 I. PARTIE DESCRIPTIVE. A. Qlugea danilewskyi L. Pfr. Aspect macroscopique. Le Glugea danilejvskyi, — nous verrons au chapitre consacré à la sys- tématique pourquoi nous nommons ainsi cette espèce, parasite le Tvopi- donotiis natrix. L'infection se manifeste par la présence de petits kystes blanchâtres logés dans les muscles, surtout dans les intercostaux; on les trouve également dans les spinaux et il semble qu'ils puissent exister aussi dans les tendons et même dans les ligaments intervertébraux. Les kystes sont allongés dans le sens des fibres et mesurent de o,5 à 2 mm. de long; on en trouve une dizaine ou une vingtaine dans les animaux les plus para- sités. Aspect microscopique. Les kystes incisés ou blessés laissent échapper leur contenu en un lait chanchâtre ; examiné au microscope, ce liquide niontre une infinité de spores, tantôt presque toutes isolées, tantôt réunies en petits amas de quatre à trente individus. En coupe, l'aspect que présentent les tumeurs est très variable. Dans un premier type, fig. 1, les spores sont réunies en petits amas, entourés chacun d'une membrane hyaline formant alvéole. Tous ces alvéoles se pressent les uns contre les autres se déformant mutuellement. Entre eux se trouvent, très irrégulièrement dispersés et assez rares, des stades jeunes, eux aussi entourés d'une membrane hyaline. La tumeur est entourée par du muscle; des fibres musculaires, en tout petits faisceaux et plus ou moins atrophiées, sont enclavées entre les amas de spores; des travées conjonctives plus ou moins développées traversent la tumeur; quelques noj'aux muscu- laires de l'hôte se voient isolés à la périphérie ou dans la tumeur. Si l'on examine la paroi kystique à un fort grossissement, fig. 4, on observe à certains endroits la disposition suivante : à la périphérie il y a du muscle; immédiatement en dessous une espèce de membrane assez chro- l56 Paul DEBAISIEUX matique, irrégulière, striée, séparant le muscle d'une zone de protoplasme sous-jacent; dans ce protoplasme, où traînent peut-être quelques fibres mus- culaires atrophiées, existent des noyaux-hôtes assez volumineux; enfin au centre, la tumeur proprement dite, formée d'alvéoles qui renferment les spores et les éléments jeunes; dans les parois alvéolaires, quelques faisceaux musculaires. Il semble évident que la membrane, le protoplasme, et en partie au moins les parois alvéolaires, appartiennent à l'hôte. Dans un second type de tumeur, fig. 2, on trouve encore les spores réunies en amas irréguliers entremêlés de quelques rares stades jeunes ; on ne trouve plus guère de fibres musculaires. Une couche de tissu conjonctif contenant quelques amas sporaux sépare la tumeur des muscles voisins ; c'est une assise réactionnelle qui enkyste la tumeur. Enfin dans un troisième type, fig. 3, toute la tumeur est formée par un amas compacte de spores mûres tout à fait indépendantes les unes des autres; parfois quelques petits amas sporaux persistent, surtout à la péri- phérie où une zone de protoplasme de l'hôte, un peu plus dense, sépare la masse de la tumeur d'une large assise conjonctive périphérique. Il est hors de doute que les trois types sont des aspects successifs pré- sentés par une même tumeur, le premier représentant la tumeur jeune en voie d'évolution et d'accroissement, le dernier une tumeur âgée, enkystée, dont le développement est arrêté. C'est sous cet aspect que l'on trouve le plus souvent la tumeur, au point que pendant longtemps et dans de très nombreux objets étudiés nous n'avons trouvé que lui. "Vainement nous avons essayé d'y découvrir des stades jeunes et de comprendre l'évolution du pa- rasite. Description des divers stades. Nous voudrions dans ce chapitre ne donner que la description des stades successifs sans insister sur leur interprétation. Il est cependant im- possible de faire abstraction de toute interprétation (ne fût-ce que pour dé- nommer les divers aspects décrits), mais nous y reviendrons dans le cha- pitre de synthèse, discutant alors notre façon de voir, faisant ressortir les points douteux et analysant le pour et le contre des questions hypothé- tiques. On peut distinguer : a) Multiplication nucléaire et formation des plasmodies. ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDI ES l5y b) Formation des spqroblastes. c) Formation des spores. d) Retour aux stades initiaux. a) Multiplication nucléaire et formation des plasmodies. Les stades jeunes se rencontrent éparpillés et logés entre les kystes se- condaires ou kystes sporaux. Parfois ils sont isolés, parfois ils sont groupés en Ilots formés de vingt à trente parasites à des âges différents, fig. 5. Les plus jeunes individus sont uninucléés, de dimensions variables, mesurant 2, 3 ou 4 |ji; le noyau entouré d'une aréole claire apparaît comme un granule chromatique dont il est impossible, vu sa petite dimension, d'analyser la structure, fig. 5. Le stade uninucléé est éphémère et rare; tandis cjue le parasite s accroît, les divisions nucléaires se succèdent sans repos. Les divisions, au moins dans le cas le plus fréquent, sont d'un type assez simple; très souvent, et ce surtout avant une division, le granule nu- cléaire apparaît formé de deux granules constituants, fig. 5, 16. Dès que commence l'étirement nucléaire, on observe deux petits amas chromatiques en chaque pôle; puis un peu plus tard on voit quatre granules réunis, sui- vant l'axe des pôles, par deux filaments plus ou moins chromatiques, FIG. 6,7, 10, 11. A la télophase, les filaments unissants s'étant rompus, chaque noyau-fille est formé par deux granules élémentaires; bientôt il se divise à nouveau. Dans certaines préparations on se rend compte de l'exis- tence de deux granules — probablement caryosomiens - qui, dès la pro- mitose, se portent aux pôles du noyau en division, fig. 18, 19. Dans ce cas on rencontre parfois, fig. 19, des aspects fusoriaux rappelant ceux décrits par SwARCZEwsKY (14) dans Glugea (Pleistophora ou Ichthyosporidium) gigantea. Parfois les noyaux au moment de la division, surtout de la pre- mière, présentent un aspect un peu différent : les petites masses chroma- tiques sont moins nettement limitées, plus volumineuses, plus granuleuses; ces noyaux en division plongent dans une vacuole claire, fig. 7, 8, 9. Cet aspect est beaucoup plus rare que le précédent. Faut-il lui attribuer une signification spéciale? Les différences sont parfois si peu marquées, fig. 7, que nous ne le croyons pas. A côté de ce mode de multiplication nucléaire caractérisé par le fait que les noyaux-filles se séparent après chaque division, il en existe un autre, à première vue différent. Les noyaux-filles ne s'éparpillent pas dans le pro- l58 Paul DEBAISIEUX toplasme et restent plus ou moins reliés entre eux; il peut y avoir ainsi formation de nombreux noyaux, groupés au centre du protoplasme, et plon- geant dans un espace clair, fig. 12-14. Ce n'est que plus tard que les noyaux-filles se dispersent dans le protoplasme où ils restent quelque temps encore unis entre eux, à deux ou à plusieurs, fig. 15. Ce mode de multiplication nucléaire pourrait être interprété comme une multipartition simultanée; mais l'aspect des premiers stades, fig. 12, et du stade final, FIG. 15, dans lequel on voit les noyaux doubles en voie de division bi- polaire, semble indiquer que l'on se trouve en présence d'une variante de la division habituelle, les divisions bipolaires se succédant très rapide- ment. L'aboutissant de cette première période de l'évolution est un parasite plasmodial, fig. i6, 17, dont les nombreux noyaux montrent une tendance au dédoublement et à la division. La question se pose de savoir si les parasites à ces stades ne peuvent pas se cloisonner irrégulièrement et donner des plasmodies à nombre res- treint de noyaux ou même des parasites uninucléés qui recommencent le cycle. Des aspects comme celui de la fig. 18 plaident en faveur de cette hypothèse, mais nous devons reconnaitre qu'ils ne sont pas probants. b) Fo?-maiion des sporoblastes. Le processus d'évolution habituel de la plasmodie est la résolution en parasites uninucléés. Dans une plasmodie, à nombre de noyaux indéter- miné, le phénomène s'annonce par l'apparition autour de chaque noyau d'une vacuole claire, fig. 20, 21, puis le protoplasme se cloisonne et bien- tôt toute la plasmodie est réduite en éléments uninucléés indépendants, fig. 23. Le noyau de chacun de ces éléments est assez volumineux; il est formé d'un amas irrégulier très chromatique, le plus souvent nettement dé- doublé; il montre même une ébauche de division et on observe aisément que chaque amas polaire est formé de deux masses chromatiques élémen- taires, fig. 22. On pourrait se demander si chacun de ces individus ne se divise pas encore avant de s'isoler définitivement, fig. 28. Nous ne le croyons pas; nous basant sur la dimension des noyaux et sur leur aspect double qu'ils conservent longtemps dans les parasites individualisés, nous croyons au contraire que l'on a affaire à une véritable ébauche de division amenant la formation d'une copula autogamique. Les phénomènes évolutifs qui se passent dans les parasites à ce stade ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES I Sq sont difficiles à suivre; nous n'avons pu les observer que sur des prépara- tions fixées au Bouin. Au début de cette période il semble y avoir un ac- croissement des individus uninucléés ou plutôt à noyau double, fig. 26, 27; peut-être n'est-il dû qu'à la turgescence provoquée par le fixateur. Les no3'aux sont peu chromatiques, diffus et contiennent de nombreux granules. Il est malaisé de se rendre compte de ce qui se passe à chaque stade; mais souvent on observe des aspects très caractéristiques à noyau allongé paraissant double et peut-être même cloisonné par une membrane médiane, FiG. 24. 25; souvent aussi on observe dans le protoplasme accolé au noyau deux granules chromatiques. D'autres stades sont à grand noyau diffus, FIG. 26, 27; comparés au stade précédent à noyau plus dense, mais nette- ment dédoublé, fig. 22, 23, ils indiquent un éparpillement chromatique par lequel l'ébauche de division disparait. Nous insistons sur ces aspects parce qu'ils représentent à nos yeux les stades de fécondation ; chaque élé- ment provenant de la division de la plasmodie serait une copula autoga- mique. Nous discuterons plus loin cette façon de voir, nous bornant ici à l'indiquer afin de faciliter et de rendre plus claire la description de l'évolu- tion ultérieure. Les copulse autogamiques se ramassent sur elles-mêmes, ne remplis- sant plus toute la cavité du kyste secondaire et bientôt chacune se divise. Chaque noyau-fille hérite de deux granules très chromatiques intimement accolés; à la télophase ils restent longtemps unis entre eux par une ou deux travées assez colorables, fig. 29, 30, 31. Aux dépens de chaque amas polaire un noyau se reforme, le protoplasme se divise, fig. 32, 33, et il y a formation de deux sporoblastes aux dépens de la copula autogamique. Ce processus est certainement le plus fréquent; nous ne croyons pas que la copula puisse se transformer directement en sporoblaste ni que deux divisions successives fassent naître quatre sporoblastes d'une seule copula; nous n'oserions cependant pas nier le fait. c) Formation des spores. Le processus de transformation du sporoblaste en spore est plus aisé à suivre dans le Glugea miilleri que dans cette espèce-ci, où la ténuité des spores rend l'observation difficile. Le sporoblaste s'allonge, et le noyau, assez volumineux, sphérique, se porte à une des extrémités que nous considérerons comme postérieure, fig. 34 35, 39. Les premiers phénomènes qui se passent alors sont diffi- 24 l6o Paul DEBAISIEUX ciles à établir; les aspects sont excessivement variables, fig. 34-38, et il nous est impossible de les sérier dans les objets étudiés ici. Le processus devient clair à partir du moment où au-devant du noyau postérieur il existe dans le protoplasme une traînée de substance plus colorable, fig. 39, 41. Un granule très colorable apparaît alors à la partie antérieure de la spore, et autour de lui se forme une vacuole claire, fig. 42. Une vacuole se forme également à la partie postérieure de la spore et s'aggrandit en même temps que la vacuole antérieure; il en résulte que le protoplasme se condense à la partie médiane et périphérique de la spore. Il forme un anneau équa- torial et un fin trajet tabulaire unit les cavités antérieure et postérieure, FIG. 42, 43, 44. Dans la vacuole antérieure on distingue ultérieurement une structure plus complexe; le granule chromatique est en relation par un filament co- lorable avec un amas chromatique assez volumineux situé à la partie posté- rieure de la vacuole, fig. 44-46, 49. Dans la vacuole postérieure un granule informe représente sans doute le noyau; quelques travées colorables existent généralement, souvent en tigelle axiale, fig. 46, 50; nous n'avons pas pu déceler de filament spirale. Sur matériel frais il ne nous fut pas non plus possible de provoquer la dé- vagination du filament, mais les essais ne furent pas assez nombreux pour nous permettre de nier son existence, et il nous fut impossible d'obtenir du nouveau matériel frais. Parmi les spores on en observe de dimensions très diverses; en moyenne elles mesurent 3 à 4 |j. de long, mais il en existe de notablement plus grandes, de 6 à 7 |j-, fig. 49, 50. Elles sont relativement rares, soit en majorité dans un kyste secondaire, soit isolées dans un kyste bourré de spores moyennes. Il existe aussi des spores plus petites que la moyenne; on peut évidemment parler de macrospores et de microspores, mais il ne semble pas que ces deux types constituent des catégories distinctes. Il est probable que les sporoblastes très allongés, fig. 36-38, donneront naissance à des macrospores. d) Retour aux stades initiaux. On rencontre parfois des individus plasmodiaux réunis à plusieurs dans un même kyste secondaire, fig. 51-53. Il n'est pas possible d'admettre dans ce cas la résolution d'une plasmodie en éléments uninucléés : nous avons vu plus haut c]ue celte division protoplasmiquc se lait en une lois, non par ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES l6l cloisonnements successifs, et seulement quand les divisions nucléaires ont cessé. Une autre interprétation est très probable et confirmée par l'aspect représenté par la fig. 51 : lorsque la division sporoblastique est ébauchée, il arrive que les sporoblastes ne s'isolent pas ou ne se transforment pas en spores; les divisions nucléaires se succédant, ils se transforment en plas- modies; entre celles-ci se forment des membranes de kystes secondaires, FIG. 53, et de la sorte le cycle est régénéré et recommence dans le même hôte. Les stades des fig. 50, 5i, 52 font suite à ceux des fig. 29, 30, 31, et précèdent les aspects initiaux, fig. 5. B. Qlugea mulleri L. Pfr. Aspect macroscopique. Le Glugea mïilleri parasite les muscles de Gammarus locusta L. Il infecte en abondance et à toute saison les animaux récoltés dans les envi- rons de Louvain. L'infection se reconnaît aisément à l'examen extérieur de l'animal vivant : les faisceaux musculaires parasités apparaissent, à travers la carapace chitineuse plus ou moins transparente, sous forme de filaments blancs de o,5 à 2 mm. de long; les faisceaux parasités se trouvent surtout à la partie postérieure du corps; il y en a parfois un seul, parfois une di- zaine dans un même animal; nous avons toujours observé qu'ils restent in- dépendants les uns des autres. Aspect microscopique. De même que pour l'espèce précédente le contenu de la tumeur s'échappe dès que celle-ci est sectionnée, et il contient en abondance de petits amas de spores. Elles sont réunies en nombre très variable, parfois par quatre seulement, au maximum à une trentaine. En coupe microscopique l'aspect des tumeurs est assez constant et sem- blable à l'aspect du type I ou II, décrit plus haut pour le Glugea danilews- kyi. En général cependiint l'infiltration du tissu musculaire par les para- sites est plus marcjuée et la limite entre tissu sain et tissu infecté est vague. Parfois l'analogie entre les infections produites par les deux espèces j52 Paul DEBAISIEUX est telle qu'à première vue il est difficile de reconnaître les préparations provenant de l'une ou de l'autre; ce n'est que par l'analyse des détails qu'on peut les distinguer. On a vu que les aspects décrits pour Gliigea danilewskyi correspondent à des tumeurs d'âge diffèrent et que le type III représente la tumeur en- kystée. Il est probable que dans le Gamjnarus la tumeur ne vieillit pas au point de pouvoir s'enkyster, la vie de l'hôte étant trop brève. Description des divers stades. a) Multiplication nucléaire et formation des plasmodies. Les stades jeunes se rencontrent isolés ou en îlots parfois uninucléés, généralement multinuclées, fig. 54, 59. Dans les divisions nucléaires on observe que dès que les noyaux-filles atteignent les pôles, et alors qu'ils sont reliés encore par un filament unissant, ils sont formés de deux gra- nules, FIG. 54, 60, 61. On observe parfois très nettement l'existence de deux granules polaires unis entre eux par un mince filament et situés au pôle bien avant que les éléments chromatiques du noyau soient en anaphase; ils sont probablement de nature caryosomienne, fig. 55. Nous n'avons pas observé la multiplication nucléaire par éparpillement simultané de nombreux noyaux, telle qu'elle apparaît parfois dans le Glu- gea danilexpskyi, fig. 12-15; par contre on observe des individus à grand noyau vacuolaire, fig. 56-59, et parfois il existe dans le protoplasme de nombreuses enclaves granuleuses très chromatiques périnucléaires, fig. 57. Ces aspects rappellent beaucoup ceux décrits par Swarczewsky (14, fig. 10) dans le Glugea gigantea. Nous reviendrons plus loin sur leur interpré- tation. b) Formation des sporoblastes. Par segmentation du protoplasme la plasmodie se résout en éléments simples; les noyaux sont entourés d'une aréole claire et sont dédoublés, fig. 63-86; plus tard les copulae autogamiques dimiinuent de volume n'oc- cupant plus toute la cavité du kyste secondaire, fig. 66. Les noyaux sont nettement dédoublés, mais il est plus rare et plus difficile que dans l'espèce précédente d'observer le développement nucléaire et le diplocaryon autoga- mique, fig. 65-67. Coninie nous l'avons déjà fait remarquer, la netteté des préparations de cette espèce laisse en général à désirer; malgré le grand ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES l63 nombre de préparations faites avec les colorants les plus variés, fort peu ont montré une différenciation satisfaisante entre noyau et protoplasme. Guidé par les observations faites sur le Ghigea dauileipskyi, on s'oriente assez aisément dans l'analyse des aspects observables ici et l'on observe les mêmes stades que ceux décrits pour la première espèce. Chaque copula donne naissance à deux sporoblastes. La division nu- cléaire est très nette : lors de la télophase il existe deux granules distincts en chaque pôle; ils restent longtemps unis entre eux par deux filaments plus ou moins colorables, fig. 68-71. Deux noyaux-filles se reforment et le protoplasme se segmente, fig. 72, 73. c) Formation des spores. La formation des spores est plus facile à étudier dans cette espèce que dans le Gliigea danilejvskyi; il n'y a aucun doute possible que le processus soit absolument analogue dans les deux espèces. Les spores de Ghigea miilleri sont jilus grandes que celles de Ghigea danileivskyi; leurs dimen- sions moyennes sont de 5 à 6 |-^ sur 2 à 3 i-^. Les sporoblastes prennent une forme ovoïde; le noyau se porte au gros bout ou extrémité postérieure, tandis qu'à l'extrémité antérieure un granule chromatique apparaît dans le protoplasme; il est généralement entouré d'une vacuole, fig. 74-76. Ce granule est colorable en rouge réfringent par la safranine; par l'éosine-azur il est également coloré en rouge, étant beau- coup plus électif pour cette teinte que le noyau lui-même. L'origine de ce granule n'est pas connue et nous ne savons s'il provient du noyau ou pas; il parait naître clans le protoplasme, mais, comme nous l'avons vu plus haut, il est possible que les premiers phénomènes d'évolution du sporoblaste échappent à l'investigation, et par conséquent toute affirmation serait ici prématurée. La vacuole antérieure se développe jusqu'à n'être plus séparée de la membrane sporale que par une très mince couche protoplasmique, qui pro- bablement disparaît tout à fait ; le granule chromatique augmente de vo- lume, devient plus irrégulier, fig. 76-78, se transforme alors en haltère; l'une des masses est appliquée au sommet de la spore, un peu excentri- quement, et reliée par une tige à l'autre masse qui est au contact du proto- plasme, fig. 82, 84. Le noyau, postérieur, se dilate considérablement et finalement toute l'extrémité obtuse de la spore est occupée par une vaste vacuole séparée la- 164 ^aul DEBAISIEUX téralement de la membrane sporale par un rnince manchon de protoplasme, FiG. 76-84. La partie chromatique du noyau, réduite à un grumeau irré- gulier, se retrouve soit à la partie postérieure de la vacuole, soit latérale- ment, FIG. 80-83, ou bien le noyau est invisible, se trouvant probablement caché dans le protoplasme, fig. 84. Le protoplasme se trouve comprimé entre la vacuole antérieure et la postérieure, prenant au centre de la spore la forme d'une lentille biconcave; un canalicule, généralement excentrique, traverse le protoplasme et fait com- muniquer la chambre antérieure avec la chambre postérieure, fig. 80, 81, 83, 84. Le protoplasme tapisse la vacuole postérieure de la spore et c'est là qu'apparaît le filament spirale; généralement apparent, il est le mieux mis en évidence par la coloration à la safranine. Il forme deux à trois tours de spire, FIG. 80-84, et il semble que l'une de ses extrémités soit en relation avec le canalicule qui fait communiquer les deux vacuoles. Nous n'avons pas pu provoquer la dévagination du filament spirale. Ajoutons que assez souvent on peut observer au centre de la vacuole postérieure une tigelle axiale, fig. 80, et disons aussi que dans cette espèce, de même que dans la plupart des microsporidies, les dimensions des spores sont très variables; il n'est pas possible cependant de séparer par une li- mite nette les microspores des macrospores. d) Retour aux stades initiaux. De même que dans le Gliigea danilejvskyi, on trouve dans cette espèce des plasmodies réunies dans un même kyste secondaire, fig. 85, 86. Nous avons dit plus haut que probablement ils dérivent de sporo- blastes incomplètement séparés et régénèrent par divisions nucléaires répé- tées les stades initiaux du cycle. Les fig. 85, 86 font donc suite aux fig. 68, 69. II DISCUSSION. Dans la première partie de cette étude nous nous sommes borné à décrire; il nous reste à motiver et à discuter notre façon de voir en même temps qu'à la comparci aux résultats acquis par d'autres. Nous envisage- rons successivement : A. Le cycle d'évolution et les diverses particularités qu'on y rencontre. ETUDES SUR LES MICROSPORIDIES i65 B. Les spores, leur structure et leur formation. C. Le rang systématique des espèces étudiées ici. A. Le cycle d'évolution. Le cycle d'évolution du Gliigea danilejpskyi et du Glugea mulleri, tel que nous le concevons, peut se résumer dans le schéma suivant : Il y a deux cycles distincts : l'un suppose le changement d'hôte et les spores assurent la conservation du germe pendant la période extracorpo- relle (i-io, i3-i8); l'autre évolue tout entier dans le corps de l'hôte (1-12-1). l66 Paul DEBAISIEUX Le premier cycle comprend une période de multiplication végétative ou de reproduction agame qui se fait par bipartitions successives du noyau et aboutit à la formation de plasmodies (i-5). Une variante dans le Glugea danileu'skyi consiste dans l'éparpillement simultané des noyaux-filles (2', 3', 4'), une autre dans le Glugea miïlleri consiste dans la production de grands noyaux (2", 3"). Suit une seconde période de reproduction sexuée; les plasmodies se résolvent en copulae autogamiques (6-9), aux dépens de chacune naissent deux sporoblastes (10, i3-i5), chaque sporoblaste donne une spore (i5-i8). La partie du cycle qui consiste dans la transformation de la spore en individu asexué jeune, nous est inconnue; elle est accom- pagnée de la désagrégation de l'hôte, qui libère la spore, et de l'ingurgi- tation de celle-ci par un individu-hôte. Le second cycle comprend une période du multiplication végétative analogue à celle du premier cycle (i-5); puis une période de reproduction sexuée dont la première partie ou "la formation des copulae autogamiques est également analogue à celle du premier cycle (6-g) et dont la seconde con- siste dans la régénération de stades végétatifs uninucléés ou plasmodiaux aux dépens de la copula autogamique, qui en ce cas ne se transforme pas en sporoblastes (11-12-1). Ce cycle d'évolution, qui nous parait le plus probable, diffère notable- ment de ceux qui ont été décrits jusqu'à présent; et cependant nous avons la conviction que des espèces à évolution très analogue ont déjà été étu- diées. 1° A considérer le cycle dans son ensemble, nous écartons l'idée d'une forme végétative se transformant en plasmodie et donnant par différencia- tion endogène des r, pansporoblastes « et des spores. Cette évolution fut admise pour Glugea, Duboscquia. Myxocystis par Mrazek (97), Hesse (o5), AwERiNZEw et Femor (il), Stempell (04), Thélohan (95), Ferez (o5) et beaucoup d'autres. Mrazek (97) a répudié cette théorie (10). D'après elle, chacune des tumeurs que nous voyons ne serait qu'un seul parasite plasmo- dial; on ne pourrait parler d'individualités nouvelles que pour les spores et lors de leur libération. Cette façon de voir est insoutenable : chaque para- site végétatif uninucléé ou plasmodial constitue un individu isolé et indé- pendant des autres, isolés dans un kyste secondaire, à la formation duquel le tissu-hôte concourt. Chaque tumeur est formée de milliers d'individus indépendants, provenus de la multiplication d'un individu primitif, et infil- trant le tissu de l'hôte d'une façon diffuse. ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES itj 2° La multiplication végétative présente de grandes analogies avec la période correspondante décrite par Swellengrebel (14) pour Glitgea (Ichthyosporidium), a des analogies avec ce qui fut décrit par Caullery et Mesnil (o5-o6) pour plusieurs haplosporidies et n'est pas incompatible avec les descriptions de Fantham et Porter (12) pour Noseina apis. Elle consiste dans la transformation de petits agamontes uninucléés en plasmodies qui se résolvent alors en individus uninucléés (à noyau double), FiG. 5-21 et 54-62. Les multiplications nucléaires se font très généralement par bipartitions successives; dans Gliigea danileivskyi on retrouve l'épar- pillement simultané de noyaux-filles, fig. 12-15, et dans Glugea niitlleri la formation de grands noyaux, fig. 56, 57, 59, l'un et l'autre décrits par SWARCZEWSKY (14), 3° La fécondation constitue la période la plus discutée du cycle des microsporidies. Beaucoup d'auteurs n'en parlent pas; d'autres croient à la fécondation après sortie du germe amiboïde binucléé hors de la spore, Fantham et Porter (12), Stempell (02, 04, og); d'autres croient à l'hétéro- gamie avant la formation des sporoblastes, Mercier (og), Swarczewsky (14); d'autres enfin donnent une description qui permet de croire à l'autogamie avant la formation des sporoblastes, Swellengrebel (ii), Caullery et Mesnil (o5-o6). Sans nier que la fécondation puisse s'achever dans la spore dont le noyau unique pourrait être formé de deux moitiés — nous ne le nions pas, mais nous n'y croyons pas ! — il nous paraît certain qu'elle est ébauchée avant la formation des sporoblastes. Le fait que cette façon de voir cadre avec ce que nous connaissons de tant d'autres protozoaires, que les indivi- dus uninucléés s'isolent de la plasmodie et que leur noyau subit des modi- fications profondes avant de subir une nouvelle division, que cette division sporogoniale a une allure différente des divisions antérieures, appuie notre façon de voir. Dans les espèces étudiées ici, on ne peut admettre une hétérogamie, premièrement parce que aucun des aspects observés ne la représente, ensuite parce que la succession des stades, telle qu'elle s'impose, ne laisse pas de place à une hétérogamie. Le nombre d'individus, résultant de la division de la plasmodie, paraît égal au nombre de noyaux plasmodiaux, et le nombre de copulse paraît égal au nombre d'individus provenus de la plas- modie. Reste l'autogamie : la description de Swellengrebel (ii) pour le Glu- 25 j58 Paul DEBAISIEUX gea (Pleistophora) gigantea est, il est vrai, contredite par Swarczewsky (14) qui étudie le même objet. Il serait difficile et imprudent de partager l'avis de l'un ou de l'autre de ces auteurs sans avoir les préparations sous les yeux, surtout qu'on doit regretter de la part de l'un des dessins trop sché- matiques, et de la part de l'autre des dessins faits, pour les stades en ques- tion, d'après des préparations imparfaitement fixées. D'autre part, nous avons décrit un processus d'autogamie dans les Thelohania (i3) et de nou- velles recherches, Debaisieux et Gastaldi (i5), confirment l'existence de ce processus, qui est remarquablement net. Quoique les aspects soient moins clairs dans les Gliigea étudiés ici, nous sommes convaincu qu un proces- sus analogue y existe. Le fait qu'il existe un stade à noyau nettement dédoublé ne paraît pas être discutable, fig. 22-27, 63-67; les raisons que nous venons d'énoncer, qui conduisent à croire à l'existence à ce moment d'une fécondation, celles qui empêchent de croire à une hétérogamie, le fait que les noyaux plasmo- diaux se dédoublent progressivement, et la comparaison avec le processus établi pour le Thelohania, conduisent à considérer ces aspects de noyaux dédoublés comme des copulse autogamiques. Disons encore que Schuberg (10) donne des dessins (n» 43) non in- terprétés dans le texte qui montrent nettement des diplocarya avant la sporulation, ce qui conduit à croire qu'un processus analogue à celui admis ici existe pour le Pleistophora longijïlis. 4° La spoi'Ogonie est annoncée par la formation de deux sporoblastes aux dépens de la copula autogamique. Swellengrebel (ii) croit qu'il ne se forme qu'un seul sporoblaste, qui se transforme en spore; Swarczewsky (14) décrit la division du sporonte en deux ou plusieurs sporoblastes. Dans les Glugea étudiés ici, il est certain que la copula se divise géné- ralement, et rien ne fait croire qu'elle se divise plus d'une fois; mais, comme nous l'avons fait remarquer dans la partie descriptive, si on peut affirmer que la production de deux sporoblastes est la règle, on ne peut affirmer qu'elle soit sans exceptions. La transformation du sporoblaste en spore étant sans relation avec la discussion du cycle évolutif, elle lera l'objet d'un chapitre spécial, 5° Le retour à la reproduction végétatii'e. On a vu plus haut que les parasites à noyau double, provenus de la fragmentation des plasmodies, peuvent, subissant une ou plusieurs divisions nucléaires, ne pas donner des sporoblastes, mais régénérer le cycle végétatif, fig. 51-53; 85, 86. Nous ne ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES lÔQ croyons pas que le fait d'auto-infection par des stades de sporogonie ou par des spores ait déjà été décrit pour les microsporidies. Nous l'avons adnnis pour le Thelohania varians (i3), où - les jeunes mérontes paraissent provenir, en grand nombre du moins, de la libération sur place du germe amiboïde d'une spore, mais très probablement d'une spore non nuire ou d'une variété de spore non durable et dépourvue de capsule polaire «. Le fait se confirme et se généralise par de nouvelles recherches sur le même objet, Debaisieux et Gastaldi (i5). Dans d'autres groupes un retour ana- logue aux stades végétatifs après la fécondation fut parfois observé, notam- ment chez les flagellâtes, pour Copromonas subtilis, par Dobell (o8). a) Une première question qui se pose est de savoir si ce retour à la multiplication végétative ne se fait pas avant la fécondation; on aurait alors affaire à une véritable schizogonie donnant des mérozoïtes qui recommencent le C3^cle ; cette évolution, classique chez les protozoaires, a notamment été décrite pour Glugca gigantea; mais dans les Ghigea qui nous intéressent il n'y a rien de semblable; les stades qui régénèrent le cycle, sont à diplo- caryon ; et il paraît bien dès lors y avoir fécondation au moins ébauchée. b) Quant aux raisons qui conduisent à admettre ce retour aux stades végétatifs, elles résident dans l'interprétation des aspects reproduits par les FiG. 51-53 et 85, 86. Ces aspects ne peuvent pas être interprétés comme un cloisonnement progressif de plasmodie végétative; car, comme nous l'avons vu, quand la plasmodie se cloisonne, les noyaux ne sont plus en division et sont au contraire dans un stade de repos relatif, entourés d'une aréole claire; de plus le cloisonnement plasmodial n'est pas progressif, mais les copulae s'isolent simultanément. L'aspect seul des stades observés et des dessins suffit d'ailleurs à les rapprocher des divisions de copulae en sporo- blastes. Un argument théorique pourrait à la rigeur appuyer cette façon de voir : la transformation des copulse en stades végétatifs explique l'accrois- sement continu de la tumeur et l'existence d'ilôts épars de parasites jeunes. Ces îlots épars expliqués par la division d'éléments végétatifs uninucléés conduiraient à supposer la migration de ces éléments à l'intérieur de la tu- meur, ce qui est incompatible avec l'existence des kystes secondaires. j^o Paul DEBAISIEUX B. Formation des Spores. La première description de formation des spores fut donnée par Thélohan (gS). Il observe dans le sporoblaste trois noyaux; lun d'eux concourt à la formation de la capsule polaire, les deux autres restent dans le protoplasme et donnent le germe amiboïde. Cette description devint classique et par la suite les chercheurs ne firent que la compliquer davantage. Stempell (04) observe quatre noyaux, deux capsulogènes et deux amiboïdes; Léger et Hesse (07), Mercier (08, 09), Fantham et Porter {12), Schroder (og) décrivent tous, — avec des variantes, — cinq noyaux dont deux amiboïdes, deux valvaires et un capsulogène. Schuberg (10) donne une description toute différente; il n'existe d'après lui qu'un seul noyau à côté duquel peuvent exister en nom- bre variable des granules métachromatiques ; le noyau serait logé dans la zone annulaire du protoplasme. Ohmori (12) confirme plusieurs des obser- vations de ce dernier auteur, et nous-méme (i3) nous nous sommes déjà rallié, sur plusieurs points, à sa façon de voir. Enfin Swarczewsky (14) observe dans le sporoblaste une division équipolaire du noyau semblable à celle qui a précédé la formation des deux sporoblastes. Le noyau postérieur formé de deux granules, reste dans la spore; le noyau antérieur, d'abord formé de deux granules, dégénère; un des fragments qui en dérive, change de colorabilité et donne le granule chromatique antérieur de la spore. L'existence d'une zone équatoriale de protoplasme fut fréquemment dessinée sans être interprétée. Stempell (04) fait observer qu'elle peut être perforée; Schuberg (10) met le fait bien en lumière; Fantham et Porter (12) font observer qu'elle est traversée par le filament spirale. La capsule polaire fut généralement considérée comme un élément bien défini, à membrane propre. Stempell (04), Fantham et Porter (12) font observer que le filament spirale se prolonge dans la vacuole posté- rieure. Schuberg (10) n'admet pas la capsule polaire comme élément dé- fini; le filament spirale se trouve inclus dans la vacuole postérieure; dans l'antérieure on observe une tige simple. Nos observations nous conduisent aux conclusions suivantes : Le noyau dans le sporoblaste est unique, logé à la partie postérieure; à ce niveau se développe la vacuole postérieure et le noyau persiste dans la spore, réduit à un grumeau chromatique. D'après l'interprétation de Schuberg (10), cette masse chromatique ne serait qu'un granule métachro- ETUDES SUR LES MICROSPORIDIES I7I matique; le no3au serait logé dans le protoplasme. Quant à nous, nous n'avons jamais pu découvrir de noyau dans le protoplasme, même après l'usage de l'éosine-azur, employée par Schuberg; d'autre part, l'élément postérieur du sporoblaste, alors que celui-ci est encore bien colorable, a un aspect si parfaitement nucléaire qu'il nous parait impossible de mécon- naître sa nature, fig. 34, 35, 39, 74, 75. La transformation de ce noyau en grumeau chromatique avec formation à sa place d'une vacuole est certes très énigmatique, mais nous ne voyons pas actuellement d'autre explication possible des stades observés. La place que le noyau occupe finalement dans la spore mûre se trouve à un endroit quelconque de la périphérie de la vacuole postérieure dans laquelle il fait hernie; il peut se trouver à la partie supérieure de cette vacuole et alors disparaître dans le protoplasme. Il n'est pas question de noyaux valvaires; il n'existe d'ailleurs pas deux valves, mais une seule enveloppe sporale. Quant au noyau capsulogène, son existence est douteuse. Il y a un granule chromatique qui est en relation avec l'appareil cnidaire. Ce granule, qui apparaît à la partie antérieure de la spore, est de colorabilité nettement différente de celle du noj^au; mais il n'est pas impossible qu'il provienne du noyau, soit par expulsion, soit même par division. La description que Swarczewsky (14) donne de cette formation, nous paraît en tout cas fort sujette à caution; et nous sommes très enclin à croire qu'il a pris pour une division post-sporoblastique, ce qui n'est qu'une division pré-sporoblastique ordinaire. D'autre part, nous croyons à l'existence dans la spore d'éléments chro- midiaux, qui concourent à la formation de l'appareil cnidaire. Il existe en effet dans les spores jeunes de Glugea danileipskyi des traînées chroma- tiques dans le protoplasme, fig. 39, 4i; la formation du filament spirale aux dépens de chromidies a été observée sur des objets très favorables — dans les cnidoblastes de métazoaires — par Moroff (10) et dans les spores de myxosporidies par Awerinzew (08). Le protoplasme, qui d'abord occupe tout le sporoblaste jeune, est pro- gressivement refoulé par le développement des vacuoles antérieures et pos- térieures ; il est finalement réduit à un mince revêtement de la paroi sporale et à un disque biconcave au centre de la spore. Un fin canalicule, généralement excentrique, traverse ce disque [Schuberg (10), Fantham et Porter (12)]. Uappareil cnidaire. Nous n'employons pas le terme de capsule polaire, car il n'existe pas de capsule propre; les deux vacuoles et leur contenu font 172 Paul DEBAISIEUX paitie de cet appareil Dans la vacuole antérieure il existe deux granules chromatiques, réunis par une mince tigelle; l'un est au contact de la mem- brane sporale, l'autre au contact du protoplasme. Cette particularité de même que toutes celles observées jusqu'ici dans la spore, sont communes aux deux espèces étudiées. La vacuole postérieure présente un aspect différent, suivant l'espèce étudiée. Dans le Gliigea mïilleii il existe un filament bien distinct et par- fois une columelle centrale semblable à celle décrite par Schuberg (10). Le filament ne paraît pas se prolonger dans la vacuole antérieure; son ex- trémité fixe se trouverait au bord du canalicule protoplasmique. Dans le Gliigea danilewskyi on observe parfois la columelle, mais jamais le fila- ment. La conception que l'on peut se faire du fonctionnement de l'appareil cnidaire est évidemment hypothétique; nous croyons qu'il se compose de deux parties bien distinctes : dans la vacuole antérieure existe un méca- nisme d'éclatement; dans la vacuole postérieure se trouve le filament spi- rale, dévaginable en doigt de gant à travers le canalicule protoplasmique. Avant de terminer ce chapitre, nous voudrions dire un mot des spores observées par Swarczewsky (14) dans Gluqea gigantea. Les dessins qu'il en donne ressemblent à s'y méprendre aux aspects que l'on rencontre dans Gliigea i7iulleri : vacuole antérieure avec granule terminal, relié au proto- plasme, situé en une zone équatoriale; vacuole postérieure sans filament spirale. L'auteur rattache cette espèce aux haplosporidies. Nous parlerons bientôt de la systématique; qu'il nous suffise de dire ici que par ses spores, le Ghigea gigmitea est étroitement apparenté au Gliigea mulleri. C. Systématique. a) L'espèce. La microsporidie que nous avons trouvée dans les muscles de Tro- pidonotus natrix est très probablement la même que celle décrite par Danilewsky (91) dans les muscles de batraciens et de reptiles, où elle pro- voque des tumeurs fusiformes blanches de i mm. à i,5 mm., dans les- quelles il y a des spores de 3 à 4 i-i. Pfeiffer [gSb] dénomme le parasite Glugea danilewsky; Labbé (99) l'appelle Pleistophora danilewsky et le dé- crit : " Masses plasmiques irrégulières dans les cellules musculaires, for- mant de petites sphères granulées, ayant jusqu'à i cm. de long. Les plus ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES I 7 J petites masses plasmiques ont de 3 à 4 i^- de long. Vésicules de 16 à 640 |J-, à membrane mince, renfermant 8 à 100 spores. S;)ores de 3 à 4 j-"-, pii'i- formes ou ovalaires, réfringentes. Filament ?- La microsporidie trouvée dans les muscles de Gammariis lociista L. paraît être la même que celle décrite dans ce même hôte par Pfeiffer (g5(3, g5b), dénommée par lui Glugea inii/leri, espèce qui a des sporo- blastes donnant naissance à un nombre variable de spores. Se basant sur ce caractère, Labbé (99) dénomme cette espèce Pleislophora miiUeri et donne comme diagnose : ^ Vésicule sphérique de 10 à 40 t-^ contenant 8 à 32 spores. Spores piriformes avec filament de i5 i-"-, sortant par l'éther ". Stempell (gi, 92) étudie une microsporidie m\isc\x\3,\xe de Gammarus et remplace le nom de Pleislophora iniilleri par celui de Thelohania inïdleri, sous prétexte que dans l'espèce qu'il étudie le nombre de spores est de 8 dans chaque sporoblaste. L'infection, fait-il observer, se caractérise par l'as- pect blanchâtre de l'hôte infecté. Aucun des stades dessinés par Stempell ne ressemble à ceux que nous avons observés; nous ne trouvons à ce fait qu'une seule explication, c'est que cet auteur s'est trouvé en présence d'un parasite appartenant à un autre genre que celui décrit par Pfeiffer et étu- dié ici, et qu'il a eu tort de le dénommer mûlleri. L'identité des deux espèces décrites ici avec des espèces antérieure- ment connues, détermine les dénominations spécifiques qui doivent leur être attribuées : danileipskyi et miilleti. b) Le genre. Quant à la dénomination générique qui leur convient, elle est plus ma- laisée à établir. Ce n'est pas qu'il manque de classifications de iTiicrospori- dies; au contraire, il y en a trop; mais le nombre de genres dont l'évolution est définitivement établie étant fort resti-eint, les caractères envisagés sont ou bien sujets à caution ou bien arbitraires, et les classifications sont provi- soires. Il sera nécessaire d'en refaire une, mais il faut attendre. Plutôt que de recourir à des classifications, il vaut mieux comparer directement aux autres espèces connues et aux types génériques établis. Que les deux espèces étudiées ici appartiennent au même genre est évident et ne demande pas de commentaires. De plus : 1° Elles appartiennent au même genre que Pleistophora longifilis de ScHUBERG (10); la structure des spores, leur nombre variable dans chaque alvéole, l'aspect des stades jeunes et surtout l'aspect général de la tumeur, ly^ Paul DEBAISIEUX non décrit par l'auteur, mais rendu nettement par ses photogravures, ne laissent pas de doute à ce sujet. 2° Elles ressemblent beaucoup, par l'allure générale de l'infection de même que dans la plupart de leurs stades, au Gliigea gigantea (Pleisto- phorag.) Svvellengrebel{ii1. Cette espèce, réétudiée par Swarczewsky(i4), a été différemment décrite par lui; et certains des stades qu'il observe res- semblent étonnamment à ceux décrits ici; notamment l'allure des plasmo- dies, les multipartitions simultanées des noyaux, les divisions des sporo- blastes et enfin les spores. Nous avons discuté plus haut les interprétations émises concernant l'évolution de cette espèce qui, débaptisée par Swakc- ZEWSKY, devient Y Ichthyosporidiiim gigaiiteuni et appartient aux haplo- sporidies. 3° Elles appartiennent indubitablement au même genre que le Glu- gea anomala (Thél.) décrit comme Nosema a. par Labbé (99). Cette affir- mation paraîtra erronée si l'on s'en rapporte à l'étude de cette espèce par Stempell(o4). Nous avons nous-même repris cette étude, dont les résultats seront publiés sous peu, et ayant le Gliigea anomala sous les yeux, nous pouvons affirmer que la description aberrante, donnée par Stempell, est fausse. Cette espèce à une ressemblance telle avec les deux espèces étudiées ici cju'il n'y a pas de raison de les séparer génériquement. Nous avons donc l'embarras du choix quant à un nom générique à ap- pliquer aux deux espèces étudiées ici. Nosema? Pleistophora? Ichthyospo- ridîum? Gliigea? Gliigea a le droit de primogéniture pour lui; mais il y a plus : l'analogie qui existe avec le Gliigea anomala, qui est le type du genre créé par Thélohan (gi), conduit à admettre les deux noms de Gliigea dani- lewskyi (L. Pfeif.) et de Gliigea mullevi (L. Pfeif.). c) La famille. Nous venons de voir que les deux espèces qui nous intéressent ont de grandes ressemblances avec le Pleistophora gigantea (Ichthyospoi'idium gi- ganteumj, et que cette espèce est rangée par Swarczewsky (14) parmi les haplosporidies. On pourrait se demander si les parasites étudiés ici ne sont pas aussi des haplosporidies; nous croyons au contraire que c'est y Ichthyosporidiiim qui doit reprendre rang parmi les microsporidies. Les deux raisons principales données par Swarczewsky pour motiver la mutation, sont : 1° Qu'il ne voit pas de filament spirale dans la spore. — Nous n'en ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES lyS voyons pas non plus dans Glugca daniletvskyi à spores analogues à celles de Iclilhyosporidiiim giganteiim, et cependant toute l'évolution et tous les aspects de cette espèce sont si semblables à ceux de Glugea miilleri qu'il n'y a pas moyen de les séparer l'un de l'autre. 2° Qu'il n'observe pas de stades intracellulaires. — Toute l'évolution se fait cependant comme pour beaucoup d'autres microsporidies dans les tissus avec modification dans les cellules et hypertrophie des noyaux- hôtes. Ajoutons que dans le Pleistophora (Ccvlosporidiimi) periplanetœ, que SwARCzEwsKY range parmi les haplosporidies pour cette même raison, nous venons de découvrir des stades intracellulaires indubitables (observa- tions non encore publiées). La conclusion qui se dégage de cette discussion, forcément un peu longue, c'est que les parasites musculaires du Tropidouotiis et du Gamma- rus sont le Glugea daniletvskyi et le Glugea mulleri, deux microsporidies. 26 BIBLIOGRAPHIE, i^) igoS A'ie'crinzew igii Aie'erinzew et Femor : igo5-o6 Brazil igoS-oô CauUery et Mesnil i8gi Danileiasky igi3 igi4 igo5 i8gg 1907 1908 1909 Debaisieux 191 5 Debaisieux et Gastaldi igoS Dobcll I gog Doflcin 1 9 1 2 Fantham et ^ ??«îe Porter Hesse Labbé Léger et H esse Mercier Studien ueber parasitische Protozoen ; Trav. Soc. Natur. S'-Pétersbourg, t. 38. Studien ueber parasitische Protozoen. — Sporenbil- dung bei Glngea anomala; Arch. f. Protist., t. 23. .- Reproduction des Grégarines ; Arch. Zool. exp. et génér., 4^ série, t. 4. .' Recherches sur les Haplosporidies ; Arch. Zool. exp. et génér., 4= série, t. 4. : Ueber die Myxoparasiten der Amphibien u. Reptilien; Centralbl. Bakt., t. 9, p. g. .■ Microsporidies parasites des larves de SimuUum; La Cellule, t. 3o. : Recherches sur les Coccidies. IV, Eiineria Cystis-felleœ ; La Cellule, t. 3o. : Microsporidies parasites des larves de Simiiliiim. II; La Cellule, t. 3o. ■ Copromonas subtilis; Q. J. M. Se, t. 52, p. yS. ■ Lehrbuch der Protozoenkunde; II. Edit. lena. ; The Morphology and Life-history of Nosema apis; Ann. trop. Med. Parasit. Liverpool, t. 5, p. i63-ig5. .• Sur Myxocysiis mrazeki; C. R. Soc. Biol. Paris, vol. 58. .• Sporozoa. Dans : Das Tierreich; Berlin- Friedlànder. ; Sur une nouvelle Myxosporidie parasite de la Sar- dine; C. R. Ac. Se. Paris, t. 145, p. 85. ■ Sur le développement et la structure des spores de Thclohania giardi; C. R. Ac. Se. Paris, t. 146, p. 33. .- Contribut. à Tétude de la sexualité chez les myxo- sporidies et les microsporidies; Ac. Se. Belgique. Sciences. Mémoires, série II, t. 2. (i) On voudra bien excuser les lacunes qui pourraient exister dans la bibliographie, la destruction des ouvrages de fond lors de l'incendie de la Bibliothèque Universitaire et l'impossibilité de recevoir les travaux parus depuis le mois d'août 1914 en sont la cause 178 Paul DEBAISIEUX igi2 Minchin : Introduction of the stud_y of the Protozoa ; London, Arnold, igio Moroff : Entwickl. der Nesselzellen bei Anemonia; Arch. f. Zellforsch., t. 4. 1897 Mrazek : Ueber eine neue Sporozoenform ans Limnodrillus ; Sitz. Ber. der Gesel. f. Wiss. Prag. iqio 1) : Sporozoenstudien : zur Auffassung der Myxocystiden; Arch. f. Protist., t. 18. 1Q12 Ohmori : Nosciiia bombycis; Arb. kais. Gesundheitsamt, t. 40, p. 108. iQo5 Perc:: : Microsporidies parasites des Crabes d'Arcachon ; Bull. Stat. Biol. Arcachon, t. 8. iQoS " .• Sur une (jlugéide nouvelle parasite des Balanus ama- ryllis; C. R. Soc. Biol. Paris, t. 57, p. i5o. i8gi Pfciffer : Die Protozoen als Krankheitserreger, 2= édit. i8g3 n •• Untersuchungen ueber den Krebs, die Zellerkrank- ungen und die Gewebesbildung der Sporozoen. i8q5j{ )) ; Die Protozoen als Krankheitserreger. Nachtrage I. Corresp. Blatter allg. arztl. Verein. Thuringen, n" i. Idem. lena. Thelohania chœtogastris ; Arch. f. Protist., t. 14. Schuberg : Microsporidien aus dem Hoden der Barbe ; Arb. kais. Gesundheitsamt, t. 33. Pleistophora miilleri; Zool. Anz , t. 24, p. i5y. Thdohania miilleri; Zool. Jahrb,, t. 16. Nosema anomalum ; Arch. f. Protist., t. 4. Nosema bombycis; Arch. f. Protist., t. 16. The life-history of Pleistophora gigantea; Parasito- logy, t. 4. Ueber den Lebenc3xlus einiger Haplosporidien; Arch. f. Protist., t. 33. Recherches sur les M3-.\osporidies; Bull. Se. France et Belgique, t. 26. Sur deux protozoaires nouveaux parasites des muscles de poisson; C. R. Ac. Se. Paris, i8gi. 1895 è 1909 1910 » Schrôder Schuberg 1901 Stempell 1902 M 1904 » 1909 1912 Swcllengrebcl 1914 Swarczeivsky 1895 Thélohan 1891 » EXPLICATION DES FIGURES. La combinaison optique (Zeiss), employée pour les dessins, est robjectif : i,3o dist. foc. 1,5 mm. X oculaire compens. iS (grossissement linéaire 3ooo); seuls les dessins I, 2, 3, faits à l'oculaire 2, sont au grossissement de 333, soit à la réduction au 1/9 de l'échelle. La projection est faite au niveau de la platine par le prisme Nachd; une échelle de comparaison, établie au micromètre oculaire de Zeiss, se trouve en tête de la planche L La légende de chaque dessin est suivie de l'indication de la méthode employée : B. = Fixateur de Bouin. H. = Hématox5'line de Heidenhain. Z. =- )) Zenker. g. = Éosine-azur de Giemsa. F. = » Flemming. Sa. = Safranine de Babès. S. = Sublimé-alcool. PLANCHE I. Glugea danilewskyi L. Pfr. FIG. 1. Partie de tumeur du type I. Limitée par deux faisceaux musculaires; des travées conjonctives et de petits faisceaux musculaires atrophiés traversent la tumeur; les spores et les individus jeunes sont groupés dans des k}stes secondaires. S. H. FIG. 2. Partie de tumeur du type II Peu d'éléments jeunes; les spores sont réunies dans des kystes secondaires ; une épaisse couche de tissu conjonctif, dans lequel sont éparpillés des amas de spores, sépare la tumeur des faisceaux musculaires voisins. X. H. FIG. 3. Partie de tumeur du t_vpe III. Les spores forment une masse com- pacte; une épaisse couche de tissu conjonctif réactionnel dans laquelle traînent des spores enk3'ste la tumeur. S. G. FIG. 4. Paroi de la tumeur Les kystes secondaires sont séparés par quelques fibres musculaires; au voisinage de la tumeur une assise de protoplasme avec un noyau-hote, puis une membrane irrégulière très chromatique, enfin à la périphérie le muscle normal. B. H. l8o Paul DEBAISIEUX FIG. 5. Amas d'individus jeunes végétatifs au milieu des kystes sporaux. Ils sont à des stades différents, les uns uninucléés, les autres plasmodiaux. B. H. FIG. 6. Première et seconde division nucléaire dans des individus végéta- tifs. S. H. FIG. 7. Divisions nucléaires d'un aspect plus diffus. S. H. FIG. 8. Idem. FIG. 9. Idem F'IG. 10. Seconde division nucléaire; deux granules polaires unis par deux filaments légèrement colorables. S. H. FIG. 11. Divisions nucléaires ultérieures. S. H. FIG. 12. Divisions nucléaires se succédant rapidement sans que les noyaux- filles s'isolent complètement. S. H. FIG. 13. Tous les noyaux-filles non individualisés restent groupés dans un espace clair au milieu du protoplasme. F. H. FIG. 14. Idem. Un peu plus avancé. S. H. FIG. 15. Les noj'aux-filles, sans être complètement séparés, se répandent dans le protoplasme. S. H. FIG. 16. Individu végétatif au stade plasmodial. B. H. FIG. 17. Idem; très nombreux noyaux situés à la périphérie. F. H. FIG. 18. Plasmodie peut-être en voie de cloisonnement. Les divisions nu- cléaires montrent l'existence de deux granules polaires réunis entre eux par un filament peu colorable. B. H. FIG. 19. Plasmodie; les noyaux sont entourés d'une aréole claire; ils montrent une ébauche de division qui permet de constater les mêmes particularités que celles signalées dans la fig. précédente B. H. FIG. 20. Plasmodie; les noyaux sont entourés d'une aréole claire et pins ou moins dédoublés. B. H. FIG. 21. Idem. FIG. 22. Par résolution de la plasmodie les copulae autogamiques s'indivi- dualisent dans le kj'ste se, indaire. Les noyaux montrent nettement des ébauches de division. B. H. FIG. 23. Idem ÉTUDES SUR LES MICRO ■^P(1R1 DIES l8l FIG. 24. Une copula isolée à noyau double. B H FIG. 25. Idem. FIG. 20. Cofiulse individualisées dans le kyste secondaire; noyaux parfois à ébauche de division, parfois assez volumineux, diffus, à limites vagues. B. H. FIG. 27. Idem. FIG. 5 8. Idem. Une division nucléaire de t\-pe énigmatique. B. H. FIG. 29. Copulae dans le k\-ste secondaire. L'une d'elles subit la division sporoblastique. B. H. FIG. 30. Copulœ et divisions sporoblastiques à des stades différents B. H. FIG. 31. Divisions sporoblastiques. S. H. FIG. 32. Idem plus avancées. B. H. FIG. 33. Individualisation des sporoblastes. B. H. FIG. 34. Sporoblastes jeunes; une copula existe probablement encore au mi- lieu d'eux. B. H. FIG. 35. Sporoblastes jeunes S. H. FIG. 36. Sporoblaste jeune; sa dimension fait croire qu'il donnera une grande spore. Stade énigmatique. B. H. FIG. 37. Idem. FIG. 38. Idem. FIG. 39. Sporoblastes jeunes, première ébauche de la structure des spores. B. H. FIG. 40. Spores mures. S H. FIG. 41. Transformation du sporoblaste en spore. B. H. FIG. 42. Idem. FIG. 43. Idem. FIG. 44. Idem. S. H. FIG. 45. Spore. S. H. FIG. 46. Idem. FIG. 47. Idem. B. H. FIG. 48. Idem. B. H. FIG. 49. Spore volumineuse en formation. B. H. FIG. 50. Spore volumineuse. B. H. l82 Paul DEBAISIEUX FIG. 51. Retour aux stades végétatifs : formation de plasmodies aux dépens de la copula. Ce dessin fait suite aux dessins 3o, 3i. F. H. FIG. 52. Idem. B. H. FIG. 53. Idem, plus avancé. F. H. PLANCHE II. Glugea mùlleri L. Pfr. FIG. 54. Individus végétatifs jeunes à différents stades d'évolution. B. H. I'"IG. 55. Premières et secondes divisions nucléaires; existence de granules polaires. S. H. FIG. 56. Individu végétatif à grand noyau. B. H. FKi. 57. Idem. Nombreuses enclaves protoplasmiques périnucléaires. B. H. FKj. 58. Restauration de deux noyaux après la première division. B. H. Sa. FIG. 59. Individus végétatifs, noyaux de dimensions variables. B. H. Sa. FIG. 60. Plasmodie avec divisions nucléaires; deux granules chromatiques en chaque pôle et filament unissant. S. H. FIG. 61. Idem. FIG, 62. Début du cloisonnement de la plasmodie. S. H. FIG. 63. Idem; ébauche de division nucléaire. B. H. FIG. 64. Idem. FIG. 65. Les copulae autogamiques sont individualisées; le dédoublement nu- cléaire est nettement visible. B. H. FIG. 66. Idem. FIG. 67. Idem. L'une des copula montre le début de la division sporo- blastique. S. H. FIG. 68. Division sporoblasti(iue. B. H. FIG. 69. Idem. B. H. Sa. FIG. 70. Idem. B. H. Sa. FIG. 71. Idem. Téloi)hase. B. H. F'IG. 72. Isolement des sporoblastes. B. H. ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES l83 FIG. 73. Sporoblastes isolés, no\-aux vagues. B. H. Sa. FIG. 74. Formation des spores. Le granule antérieur est coloré en rouge ré- fringent. B. H. Sa. FIG. 75. Idem. FIG 76. Idem. FIG. 77. Idem Même coloration du granule antérieur. S G. FIG. 78. Idem. Le granule antérieur franchement rose, le noyau postérieur à peine rose, tout le reste bleu. S. G. FIG. 79. Formation de spore. B H. Sa. FIG. 80. Spore. B. H. FIG. 81. Spore. B. H. Sa. FIG. 82. Spore B. H. Sa. FIG. 83. Spore. B. H. Sa. FIG. 84. Spore. B. H. Sa. FIG. 85. Retour aux stades végétatifs; formation de plasmodies aux dépens des copulse. Ce dessin fait suite aux dessins 68, 69. B, H. FIG. 86. Idem. S. H. 27 P/anr/ie/. o^ .5 . ^ -SO/i /^(/ea ^lanclea^d^l ^/i /V :i»?' A .>&'.' m '-r;i:x ■S6. •-« v,i''^ Mt* " •''^0'' Ô4\ «a. '^, • # 3/ .*^ ' i /2 /J S.9 ■30 J7 'hl /4 24 3o' /.S /S /S J7 19 18 3i 46 47 4 g 40 .y"C 40 F ûeàaKieux adnat i/el. Z/&//J^Cq6 S'GV/es-Brux I.'Bjeseniâins ù'cuJp^ P/anr/)eII ( ^'/> /y/y PDebais-ieux ad nal.del NJaeob ^'Gu/es-ar r. ù :es^:iiu;:^ i, cu^. Les Microsporidies parasites des larves de Simulium II Paul DEBAISIEUX, et Louis GASTALDI, FESSEUR A l'université, ÉTUDIANT EN MÉDECINE, LOUVAIN. MONTEVIDEO (uRUGUAy). (Mémoire déposé le 2S décembre igiS.) 28 Les Microsporidies parasites des larves de Simulium II INTRODUCTION. La larve de Siiuitliitni parait être un hôte de choix pour les proto- zoaires parasites; les études qui en furent faites sont relativement nom- breuses. Des microsporidies y furent découvertes par Léger (97) et baptisées par lui Gliigea varians. Elles furent ensuite étudiées à trois reprises par LuTz et Splendore (o3, 04. 08), qui les désignèrent d'abord comme T/iclo- hania sp. ind., puis plus tard comme Nosema simiilii, espèce possédant quatre formes distinctes : a, p, ■,■ et S. L'un de nous (13) publia également un travail sur ces microsporidies. Dans cette étude une espèce était décrite à part; les autres, réunies sous la dénomination de Thélohania varians, étaient considérées provisoirement comme appartenant à une même espèce. « Nous avons eu parfois, écrivions- nous alors, beaucoup de peine à coordonner les variantes et à les rapprocher d'un même type u ^p. 48), et ailleurs : « le cycle général et bien des stades sont analogues, et les variantes qui les distinguent ne sont pas assez impor- tantes pour justifier ac/!/e//e/?zt^»/ la création d'une espèce nouvelle- (p. 5i). Un travail de Strickland (i i) traite succinctement de ces mêmes para- sites et dans un mémoire ultérieur (i3) il décrit dans les larves de Simulium américains trois espèces distinctes de microsporidies qu'il appelle Glugea tnullispora, bracteata etfibrata, plus un parasite énigmatique, qu'il croit être une grégarine. Nous n'eûmes malheureusement connaissance du mémoire qu'assez tardivement, après la publication de notre précédent travail; nous résolû- mes dès lors de reprendre l'étude de nos préparations en tenant compte des idées de Strickland. Le travail fut différé de mois en mois, et le 26 août l88 Paul DEBAISIEUX & Louia GASTALDI 1914, lors de l'incendie de la ville de Louvain, tout notre matériel fut dé- truit par le feu. Nous avons récolté de nouveaux matériaux et avons eu la chance d'en trouver en très grande quantité; leur étude nous a conduits à conclure à l'existence d'au moins quatre espèces différentes de microsporidies. Le parasite énigmatique décrit par Strickland fut également retrouvé; il esta rapprocher du genre Polycaryum (Stempell, o3). Son étude détail- lée fera l'objet d'une note spéciale. MATÉRIEL ET MÉTHODES. La récolte des larves fut faite dans un ruisseau des environs de Louvain durant tout Ihiver (janvier à mars) et tout l'automne (octobre à décembre) igi5. Ces larves proviennent de la même localité que celles que nous avons antérieurement étudiées (i3) ; la détermination de l'adulte, qui fut aimable- ment faite au Musée de Bruxelles, a conduit à les dénommer Meliisina [Si- mitlium) maciilata. Meig., mais encore une fois cette détermination n'est que probable, car, comme le fait remarquer Grûnberg (10), il existe de nombreuses espèces insuffisamment connues ou douteuses. Des centaines de larves furent étudiées sur le vivant; et plus de trois cents individus parasités furent fixés et débités en coupes. Les fixateurs employés furent le Bouin, le Zenker, le Brasil (picro- formol-acétique alcoolique), le sublimé-alcool et le Benda. Les trois pre- miers nous ont donné les meilleurs résultats. Comme colorants nous avons surtout employé l'hématoxyline au fer de Heidenhain suivie de coloration protoplasmique au rouge Congo. Le Borrel, le Delafield et le Giemsa ne furent utilisés que comme procédés de comparaison. Le présent travail n'est en somme que le complément d'un mémoire antérieur; ce fait nous permettra de traiter assez sommairement des ques- tions déjà approfondies. Par le fait qu'il fut possible de dissocier des espèces, l'interprétation des stades observés est devenue plus aisée et plus simple; grâce à l'abondance des matériaux, il est possible de compléter les obser- vations antérieures; (]uelques-unes doivent être infirmées. Dans une première partie nous décrirons en détail et séparément les quatre espèces observées ; LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM I 89 dans un second chapitre nous discuterons leur rang systématique et justifierons les noms que nous leur attribuons ; dans un troisième chapitre nous discuterons et analyserons les notions générales qui ressortent de l'étude particulière. I. PARTIE DESCRIPTIVE. I. Thélohania multispora Strick a) Aspect g en éral . Les tumeurs sont multiples et régulières. Dans un cas d'infection rela- tivement jeune, les divers stades d'évolution du parasite sont disposés avec ordre dans chaque tumeur; les plus jeunes à la périphérie, puis une assise de sporoblastes réunis par loo ou 200 en amas sphériques enfin au centre des spores isolées. Dans un autre cas, où l'infection parait cependant plus avan- cée, on ne rencontre pas de spores libres; même mûres, elles restent groupées en petits amas; il n'y a pas d'assises distinctes dans la tumeur. L'aspect général correspond en ce cas à celui représenté par Strickland (i3) dans sa figure 2, planche 4. Les noyaux-hôtes, quand ils existent dans la tumeur, sont très rares et assez volumineux; une couche différenciée en membrane sépare la tumeur des tissus voisins, fig. 1. Ce parasite est très rare : nous ne l'avons rencontré que dans deux cas d'infection. b) Évolution. 1, Multiplication végétative. On rencontre parfois des parasites uni- nucléés. Les divisions nucléaires qu'on y observe fig. 2, 3, montrent net- tement l'existence dans le noyau de deux masses chromatiques distinctes; on les retrouve à la télophase, séparées lune de l'autre; il existe deux filaments unissants, qui persistent assez longtemps entre les deux noyaux-filles. Les stades jeunes se présentent plus souvent sous la forme plasmodiale, FIG. 1, 4. Dans les noyaux au repos peu chromatiques, il y a souvent de fins granules réunis deux à deux en haltère; fréquemment il y en a deux situés aux pôles du noyau; leur présence semble annoncer une division immi- nente, durant laquelle ils joueront le rôle de corpuscules directeurs. Les divisions nucléaires dans la plasmodie, fig. 5, sont analogues à celles ob- servées dans les individus uninucléés. igo Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI Parfois les divisions nucléaires sont en apparence plus compliquées, FiG. 6. Dans les noyaux-filles on voit nettement un dédoublement; ils pa- raissent constituer un véritable diplocaryon; durant la division elle-même, il semble que deux noyaux se divisent simultanément et parallèlement. Nous verrons dans d'autres espèces des exemples plus démonstratifs de ce phénomène, fig. 66 à 77; il doit y être interprété comme division de diplo- caryon donnant deux diplocarya-fiUes. On peut se demander s'il existe une différence essentielle entre les divisions nucléaires relativement simples, FIG. 2, 3, 5, et celles, plus compliquées, qui paraissent doubles. En effet, dans les premières divisions il existe nettement un dédoublement des deux noyaux-filles en deux masses chromatiques élémentaires et il y a deux fila- ments axiaux ; il existe de plus des stades de transition entre les deux types extrêmes de division, qui parfois paraissent coexister dans une même plas- rnodie, fig. 5, 6. et enfin dans certaines espèces, notamment dans le Plis- iopho' cl simitlii, on observe presque toujours, si pas exclusivement, des di- visions de diplocarya. 2. Formation des i^ygotes. Après un nombre variable de divisions nucléaires, tous les noyaux de la plasmodie se disposent à la périphérie de celle-ci et ses contours deviennent irréguliers; un cloisonnement, commen- çant par la périphérie, isole de petites plages protoplasmiques uninucléées, FIG. 7. Les noyaux se développent, puisse dédoublent; les deux moitiés restent accolées, fig. 8, ou se séparent plus ou moins en deux croissants à sommets convergeant deux à deux, fig. 7, 9. L'examen de nos dessins et l'étude des préparations montrent qu'il existe bien ici un dédoublement nu- cléaire et pas un accolement de deux noyaux plasmodiaux (Swarszewsky, 14). Nous verrons plus loin que ce fait n'est pas toujours aussi clair et que l'interprétation des préparations peut prêter à discussion. Dans le cas pré- sent on est conduit à admettre le dédoublement nucléaire, et le diplocaryon, dont nous allons étudier l'achèvement, est dès lors autogamique au premier degré (Autogamie psedogamique d'après Hartmann, og). Le cloisonnement de la plasmodie s'accentue, fig. 9-12; dans le proto- plasme apparaissent des traînées plus denses d'abord, puis plus colorables, et bientôt tellement électives pour la coloration à Ihcmatoxyline que la dif- férentiation est très laborieuse. Les noyaux dédoubles s'accroissent, fig. 10, les moitiés constituantes restent bien isolées; d'abord très denses, elles se développent et deviennent nettement filamentaires LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM ICI Au stade suivant on voit les deux moitiés du diplocaryon se fusionner en un seul noyau, fig. 13. L'individu à ce stade doit être considéré comme un zygote à noyau formé de filaments entremêlés. 3. Sporogonie. Les zygotes restent unis en petits amas noyés dans une masse très chromatophile née par différentiation du protoplasme. Ils évoluent synchroniquement, mais indépendamment les uns des autres, et donnent naissance à des sporoblastes. Les divisions nucléaires successives montrent un aspect tout particulier que nous n'avons rencontré que dans cette seule espèce, fig. 14. Il existe une figure achromatique très nette, qui rappelle un fuseau. Elle est généralement formée de quatre filaments, qui convergent aux pôles, où ils apparaissent un peu plus épais et où existent parfois deux centres d'attraction fig. 14. Les éléments chromatiques sont répartis en nombreux granules; leur nombre est difficile à préciser; à la pla- que équatoriale, il y en a environ huit; lorsqu'ils s'éparpillent durant l'ana- phase, on en compte jusqu'à dix huit. A. la télophase, fig. 15, les amas polaires sont formés par les granules chromatiques assez régulièrement disposés au nombre de huit ou neuf. A la seconde division nucléaire, le nombre des granules paraît subir une réduction ; on en compte environ huit à la plaque équatoriale, et jamais plus de dix durant l'anaphase et la télophase. Il ne nous fut pas possible d'établir avec certitude quel est le nombre de spores qui naissent aux dépens de chaque zygote. Il existe certainement deux divisions nucléaires successives; à en juger par leurs dimensions et par la dimension des sporoblastes, il en existe très probablement trois; nous ne croyons pas qu'il en existe davantage; le nombre des sporoblastes dans chaque amas comparé au nombre de zygotes, justifie cette opinion. Nous estimons donc qu'il nait 8 spores aux dépens de chaque zygote; c'est pourcjuoi comme nous le verrons plus loin, cette espèce doit être con- sidérée comme une Thclohaiiia. Les sporoblastes provenus de plusieurs sporontes restent accolés et groupés en amas sphériques, fig. 17. La forte chromaticité de la substance qui les entoure ne permet pas de suivre leur évolution. Parfois on distingue un assez gros noyau à l'une de leurs extrémités. Tandis que les sporoblastes se transforment en spores, la substance chromatique interstitielle disparaît, employée sans doute à la formation des membranes sporales. Les spores peuvent s'isoler complètement ou ig: Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI rester groupées en amas; leurs dimensions approximatives sont 4 — 5X3|^. Nous n'avons pas observé de macrospores. 2. Thélohania fibrata Strick a) Aspect gé?i éra l . Les tumeurs, uniques ou multiples, sont à contours irréguliers et en- voient des prolongements de toute forme entre les divers organes de l'hôte. 11 n'existe aucune régularité dans la disposition des divers stades du para- site ; ils sont complètement entremêlés. Les spores jeunes restent parfois groupées en petits amas de huit, mais les spores mûres sont indépendantes les unes des autres et disséminées dans toute la tumeur. Dans les prépara- tions fixées les spores, spécialement rebelles à 1 action de tous les réactifs, sont toutes ou presque toutes déformées, incolores, réfringentes; cet aspect des spores caractérise à première vue les tumeurs formées par cette espèce et augmente l'apparence de désordre qu'on y observe, fig 19. Il ne semble pas y avoir de membrane enkystante autour de la tu- meur; sur préparation, un simple trait, analogue à une limite de cellule quelconque, la sépare des tissus sains. Les noyaux-hôtes englobés dans la tumeur sont relativement peu nom- breux, par comparaison avec leur excessive abondance dans le Plistophora simula. '- (^es noyaux sont volumineux et généralement analogues à ceux que nous rencontrerons dans le Th. bracteata fig. 40. Mais parfois ils présentent un aspect tout spécial fig. ItJ; ils contiennent des chromosomes formés de disques empilés; dans ce cas particulier, il est aisé d'établir leur origine avec certitude; ils proviennent des glandes salivaires, mais sont parfois fortement hypertrophiés et peuvent atteindre 170 ;'. b) Évolution. I. Multiplication végétative. Les plasmodies à noyaux simples sont rares, fig. 20. Les noyaux dans ce cas sont assez grands et montrent un réseau chromatique diffus; ils se rencontrent rarement en voie de division. Par contre les individus végétatifs mononucléés ou paucinucléés, fig. 21, 22, à noyaux doubles, sont très fréquents. Leur forme très variable générale- ment étirée, fig. 2i, indique la division du protoplasme. L'origine des noyaux doubles est difficile à établir; certains aspects conduisent à admettre un dédoublement des noyaux simples fig. 21. 22; LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM IQS mais d'autres aspects très nombreux font croire à l'accolement de deux noyaux de la plasmodie, fig. 21''. Dans l'une et l'autre hypothèse, on se trouve en présence d'une autogamie par pasdogamie ; mais est-elle du pre- mier degré ou bien, les noyaux plasmodiaux étant peu nombreux, du se- cond ou du troisième degré? La question nous parait insoluble, tant le rôle joué par l'interprétation est ici important. On pourrait soutenir l'une ou l'autre hypothèse; peut-être les deux sont-elles vraies. Les divisions nucléaires que l'on observe dans les individus végétatifs sont généralement assez compliquées, fig. 24, 25; elles doivent être inter- prêtées comme divisions doubles évoluant simultanément dans deux noy- aux accolés. 2. Formation des {ygoies. Elle est analogue à celle qui existe dans le Thêlohariia multispora, mais s'en distingue par le fait que les individus à noyau double ne se transforment que lorsqu'ils sont isolés fig. 26, 27. Chaque diplocaryon évolue alors individualisé; le zygote est plus volumi- neux que dans l'espèce précédente. 3. Sporogonie. La première division sporogoniale a lieu suivant un type beaucoup moins parfait que celui décrit dans le Th. multispora. On observe une simple condensation aux pôles des filaments nucléaires du zy- gote, FIG. 29. La seconde division suit immédiatement la première, fig. 30; parfois on y remarque l'existence de deux granules polaires unis par un filament achromatique, fig. 31; lors de l'isolement des noyaux-filles, ce fi- lament persiste assez longtemps, fig. 32. La troisième et dernière division, FIG. 33, est plus parfaite que celles qui la précèdent, et il existe parfois des aspects qui rappellent ceux observes dans la premièie espèce étudiée. Le protoplasme du sporonte jeune est de structure alvéolaire uniforme, FIG. 29, 30; quand les noyaux-filles s'isolent, il persiste une plage alvéolaire autour de chacun d'eux, mais les autres portions protoplasmiques du spo- ronte deviennent plus denses, de structure homogène, fig. 32-34- Dans nos préparations, ce protoplasme modifié se cartictérise par le fait qu'après une différentiation convenable il fixe fortement le rouge Congo. Cette par- ticularité permet de reconnaître aisément les stades de sporogonie des sta- des végétatifs qui ne fixent que l'hématoxyline. Le nombre de sporoblastes nés dans chaque sporonte est égal à huit; il peut exister de légères variations de nombre, il ne s'écarte jamais beau- 29 194 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI coup de la valeur moyenne de huit. Les sporoblastes s'individualisent par formation d'une membrane propre autour de chacun d'eux, fig. 35. Il existe un noyau unique dans chaque sporoblaste; la formation des spores est im- possible à suivre, l'altération des stades de sporogonie parles réactifs étant excessive. L'existence de la membrane du sporonte est assez éphémère. Plus que dans aucune autre espèce la dimension des spores varie, fig. 36, 37; elles mesurent en moyenne 7X3, 5|j-; les macrospores sont très nom- breuses, 4. Retour aux stades végétatifs. Les sporoblastes peuvent se trans- former en stades végétatifs, sur place, sans qu'il y ait changement d'hôte. Les FIG. 38 et 39 représentent des aspects du parasite que l'on rencontre souvent. L'existence à l'intérieur de la membrane d'une substance amorphe réagissant aux colorants comme la substance interstitielle des sporontes indique que les parasites à ce stade dérivent du zygote. D autre part les individus contenus dans la membrane ne peuvent être des sporoblastes; ils sont trop grands pour donner des spores ordinaires; ils sont trop nombreux et à contours trop irréguliers pour donner des macrospores; nous croyons qu'après libération et par division nucléaire ils régénèrent les stades ini- tiaux, plasmodiaux ou à noyau double. Cette façon de voir rend compte de l'irrégularité dans la disposition de tous les stades parasitaires, de leur mélange à l'intérieur de la tumeur. 3. Thelohania bracteata Strick. a) Asp ect gén éral . Les tumeurs sont à contours assez irréguliers. La disposition des di- vers stades parasitaires à l'intérieur de la tumeur est parfois irrégulière, sans ordre; d'autres fois il existe au centre une masse compacte de spores isolées. L'aspect de la préparation rappelle alors celui reproduit par Strickland (i3) dans son dessin 2, planche 2. Parfois les spores sont disposées en petits ilôts isolés étoiles, formés de huit spores. Les spores sont très régulières, subsphériques; elles ne sont guère déformées par les réactifs et intensément colorables. Il existe des macrospores peu nombreuses. Il n'y a pas de véritable membrane enkystante autour de la tumeur. Les noyaux sont entremêlés aux parasites et se présentent sous deux aspects assez difiérents. Parfois ils sont relativement nombreux, et par analogie on LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM ig5 peut les identifier comme étant des noyaux de cellules graisseuses, mais hypertrophiés, pouvant atteindre dix fois le volume normal; dans quelques préparations où la tumeur est métastatique, il existe de petits amas parasi- taires à l'intérieur de cellules graisseuses. D'autres fois on voit dans la tu- meur de très grandes fentes ou des lacunes, remplies de granulations chro- matiques et de quelques filaments; elles contiennent une ou plusieurs sphères chromatiques nucléolaires. La FiG. 40 représente une de ces lacunes choisie parmi les plus petites; il faut les considérer comme des noyaux-hôtes considérablement hypertro- phiés et altérés, mais il est difficile de les identifier; ils offrent certaines analogies avec les noyaux musculaires qui, normalement assez volumineux, plongent dans une masse de protoplasme très lâche et non différenciée, ac- colée aux fibrilles musculaires. b) Évolution. L'évolution de cette espèce présente de grandes analogies avec celle des deux espèces précédentes; qu'il nous suffise de noter quelques particu- larités. Tous les stades de l'évolution sont beaucoup plus petits que dans le Th.fibrata. Les plasmodies végétatives, fig. 41, sont excessivement rares dans nos préparations; par contre la résolution en diplocarya, fig. 42,43, 46, est fréquente. Il est possible que les sporontes plurinucléés puissent régénérer des stades végétatifs comme cela s'observe dans l'espèce précédente; cela expliquerait l'abondance des aspects représentés fig. 43 et 46. Quand le zygote est formé par fusion des deux noyaux constituants, une différentiation protoplasmique analogue à celle déjà observée plus haut, a lieu; dans cette espèce elle débute par l'apparition de gros granules chro- matiques périphériques, fig. 48, 49. Les divisions nucléaires sporogoniales sont très simples, fig. 49-54, et on observe très nettement, à la télophase, que les noyaux-filles sont formés de deux amas chromatiques élémentaires et unis par deux filaments achromatiques, fig. 50, 54. Les sporoblastes naissent au nombre de huit dans chaque sporonte, fig. 56 57; ils contiennent un noyau unique à côté duquel apparaît un granule chromatique très net, fig. 57. Les sporoblastes se transforment en spores; quand elles sont mûres, elles possèdent une membrane épaisse, ré- sistante; elles sont subsphériques et mesurent 3 -4X2,5 — 3 {y. Leur struc- igô Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI ture interne est parfois visible; elles possèdent deux vacuoles terminales séparées par un disque protoplasmique lenticulaire, fig. 58. Dans la va- cuole antérieure existent deux granules reliés en haltère par une tigelle; dans la vacuole postérieure, on devine le filament spirale, qui paraît court, à un tour de spire. Il existe des macrospores peu nombreuses, fig. 59, 60. 4. Plistophora simulii L. et Spl. Cette espèce est très variable. Elle se présente sous différentes formes bien définies; nous avons été tentés d'établir pour elles des espèces distinc- tes, mais outre que cette ?» systématisation " à outrance est sans portée au point de vue de l'étude que nous poursuivons — étude du cycle et étude cyto- logique, — la subdivision en espèces distinctes parait inopportune. Il existe en effet entre les formes définies des formes de transition difficiles à ranger dans l'une ou l'autre catégorie, et les différences entre elles ne portent pas toujours sur des caractères assez importants pour justifier leur disjonction spécifique. La différence spécifique étant cependant possible, nous ne vou- lons pas décrire simultanément toutes les formes; nous en distinguerons trois principales, faisant abstraction des formes douteuses ou intermédiaires. LuTZ et Splendore (04, 08) ont décrit deux formes du Nosema simulii type Plisiophora. Ils les désignent comme forme a et forme ;3. La descrip- tion qu'ils en donnent ne nous permet pas de les identifier avec certitude à celles que nous observons; nous désignerons donc ces dernières comme formes y, 0 et i. Forme y. aj Aspect gén éral . Les tumeurs, uniques ou multiples, sont arrondies, régulières, parfois lobées, mais à lobes plus ou moins pédoncules et arrondis. A leur intérieur les divers stades du parasite sont disposés avec une très grande régularité, FIG. 61 : à la périphérie, des stades jeunes, puis une assise concentrique de zygotes et de sporontes, puis une assise de sporoblastes et de spores grou- pées en amas de 20 ou 3o, enfin au centre une accumulation considérable de spores mûres indépendantes. La figure 3 pi. 2, de Strickland (i3) re- produit à s'y méprendre l'aspect de la forme étudiée ici. — Dans des cas de très forte infection on trouve, à côté des tumeurs régulières, des amas irréguliers de parasites disposés sans ordre et envahissant des tissus divers. LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM ig7 La tumeur est parfois limitée par une membrane bien définie, fig. 63; d'autres fois par une simple paroi comme dans le Th. fibrata ; d'autres fois elle n'est pas limitée du tissu sain en général adipeux, fig. 62^. On observe même quelquefois des spores mûres ou des sporoblastes en petit nombre à l'intérieur des cellules graisseuses. Dans toute la masse de la tumeur, mais surtout à la périphérie, existent des noyaux un peu plus grands que les parasites eux-mêmes; ils sont ex- cessivement nombreux assez réguliers et à gros nucléole, fig. 61, 63; parfois, mais rarement, ils sont en cinèse (analogue à la fig. 103). Ces noyaux sont certainement des noyaux-hôtes (nous reviendrons plus tard sur cette affir- mation) et très probablement des noyaux de cellules graisseuses. b) Évolution. I. Multiplication végétative. Les stades plasmodiaux sont excessive- ment rares, si tant est qu'ils existent, dans les tumeurs en pleine évolution. La FIG. 62 représente le seul aspect plasmodial que nous avons ob- servé dans toutes les préparations des différentes formes de cette espèce; et c'est celle dont nous avons rencontré le plus grand nombre d'exemplaires. Cette plasmodie est située à la limite de la tumeur, là où anormalement du tissu sain est en voie d'envahissement. — La fig. 63*^ représente un stade assez énigmatique, peut être plasmodial, rencontré dans une tumeur de forme intermédiaire peu définie. Tous les autres stades jeunes, et ils existent par milliers à la périphérie de la tumeur, sont uninucléés; le noyau est presque toujours double, fig. 61, 64, 78. Quelle est l'origine de ces diplocaria? Par l'étude de cette forme nous n'avons pu nous en faire aucune idée. Les individus uninucléés à noyau simple se divisent-ils pour donner deux individus uninucléés? Nous n'en avons pas trouvé la preuve. Des as- pects comme ceux de la fig. 66^ pourraient le faire croire, mais il est plus probable qu'ils représentent, vus de côté, une division analogue à celle de la fig. QQb. Des aspects comme celui de la fig. 65 peuvent représenter aussi bien un dédoublement du noyau simple qu'une division de ce no3'au préludant à la division du protoplasme; ils sont d'ailleurs assez vagues. Les divisions de noyaux doubles sont par contre excessivement fré- quentes, FIG. 66 — 77. Les deux moitiés se divisent parallèlement et généra- lement elles sont indépendantes l'une de l'autre; dans chacune il existe un filament axial — peut-être est-il double; et lors de la télophase il est aisé ig8 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI de se rendre comjîte que chaque moitié est formée de deux masses chroma- tiques élémentaires, fig. 66, 68, 69. L'aspect de ces divisions est assez variable; très souvent il arrive que durant l'anaphase il y a torsion à iSo" de l'axe de division, ce qui amène le croisement des filaments axiaux ou des travées chromatiques, fig. 73—75; il arrive aussi que les filaments axiaux paraissent se fusionner en leur por- tion médiane, fig. 72. A la télophase les amas polaires sont formés de diplo- carya-filles, fig. 75 77, et dès que la membrane nucléaire apparaît, le pro- toplasme se segmente, fig. 77. Il est impossible de trancher avec certitude la question de savoir si chaque diplocarj'on se divise une ou plusieurs fois, suivant le processus que nous venons de décrire. Étant donné qu'il existe un nombre énorme de diplocarya et que nous n'observons leur formation que par des divisions de type double, étant donné que ces divisions elles-mêmes sont nombreuses, nous sommes conduits à croire à des divisions répétées d'un même di- plocaryon. 2. Fonnalion du zygote. Un diplocaryon en apparence semblable à tous les autres, mais généralement situé à quelque distance à l'intérieur de la tumeur, se transforme en zygote. Le noyau formé de deux masses chro- matiques très denses possédant peut-être un corpuscule central, fig. 78, se développe. Tandis qu'il s'accroit, sa structure filamentaire devient de plus en plus apparente, fig. 79, 80 (Hesse, 04). Les deux moitiés consti- tuantes, d'abord accolées se fusionnent complètement et le zygote est formé, fig. 81, 82. Dans le zygote on observe fréquemment des aspects synapti- ques (Swarczewsky, 14, fig. 26 et 27); n'ayant pu écarter l'idée de la par- ticipation des réactifs à leur production, nous ne voulons pas insister sur ces stades. 3. Sporogonie. La première division sporogoniale est annoncée par le fait que les éléments chromatiques du zygote s'orientent plus ou moins régulièrement et qu'au milieu d'eux apparaît une travée axiale qui s'étire prématurément et semble servir de guide aux éléments chromatiques, fig. 83. Ce ou ces filaments axiaux se reconnaissent aisément dans quelques préparations spécialement bien différentiées; les filaments décolorés fixent le rouge Congo et apparaissent très nettement au milieu des éléments chro- matiques colorés par l'hématoxyline. En coupe transversale ces derniers rayonnent autour de la travée axiale. LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM IÇÇ FiG. 84 (dessinée d'après la forme o). Au cours de l'évolution de la mitose, la travée axiale apparait nettement formée de deux filaments, fig. 85, 86, souvent ils supportent chacun un granule chromatic}ue, fig. 87. Les divisions sporogoniales se succèdent en nombre variable, fig. 90, 91 ; il se forme 20 à 3o sporoblastes, puis ceux-ci, plus ou moins groupés en rosace, fig. 92, 93, se transforment en spores. Chaque sporoblaste possède un gros noyau, fig. 93; bientôt à côté de lui apparaît dans le protoplasme un granule légèrement chromatique, fig. 94; son origine nucléaire n'est pas prouvée. Autour de ce granule, qui s'accroît un peu, naît une grande vacuole que nous considérons comme antérieure, fig. 95, 96 A ce moment apparaît une vacuole postérieure, fig. 95, qui entoure parfois un prolongement pro- toplasmique axial, fig 96. Le protoplasme se condense dans la partie mé- diane de la spore en un disque biconcave, fig. 97 100; il devient très chro- matophile. Le granule antérieur se développe en haltère, fig. 99, 100, donnant probablement un appareil d'éclatement; dans la vacuole postérieure apparait le filament spirale, fig. 98 — 100 (Schuberg, 10). A part ce détail, la formation des spores dans le Plistophora simulii concorde absolument avec celle que nous avons décrite chez le Glugea millleri et chez le G. danileivskyi (Debaisieux, i5). Nous ne reviendrons pas ici sur la discussion de ce processus, que nous avons étudié en détail à propos de ces espèces. Les spores mesurent en moyenne 6-8X3,5 — 5 ^t-. Il existe des macro- spores. La fig. 101 représente un aspect d'interprétation douteuse que nous envisageons comme étant une régénération, par le sporonte divisé en sporo- blastes, des stades initiaux à diplocaryon. Si cette interprétation est exacte, elle conduit à conclure à la formation du diplocaiyon par segmentation d'un seul noyau primitif. Forme 0. a) Aspect général. Cette forme, dans les cas fréquents où son type est bien défini, se pré- sente sous un aspect qui permet de la reconnaître à première vue de la forme y. Là où les tumeurs sont régulières, arrondies, les divers stades du parasite sont disposés avec ordre, mais pas en zones concentriques régulières. Les stades jeunes sont groupés en cônes, dont les bases sont appliquées à la 200 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI paroi de la tumeur. Dans ces cônes les stades les plus jeunes sont périphé- riques, les plus avancés sont centraux; tout le centre de la tumeur est oc- cupé par des spores mûres et il existe des traînées de spores qui séparent les cônes et s'étendent jusqu'à la paroi, fig. 102. Les stades de diplocaryon sont plus grands que dans la forme précé- dente et les deux noyaux sont plus diffus, fig. 103—107. Les stades de formation du zygote et les divisions sporogoniales sont également plus grands que dans la forme y. Les noyaux-hôtes, probablement graisseux, sont très nombreux, mais plus irréguliers et plus volumineux que dans la forme précédente; ils pos- sèdent très souvent trois et quatre sphérules chromatiques nucléolaires. Les aspects de cinèse sont assez fréquents, fig. 103. b) Evolution. L'évolution générale est analogue à celle de la forme y Le stade diplocaryon est très fréquent; les noyaux sont plus grands, moins intensivement colorables et moins compacts que dans la forme pré- cédente. Parfois on est conduit à croire que les deux noyaux du diplocaryon proviennent de la segmentation dun noyau unique, fig. 104—106; voyez également les fig. ii5 - iig, Debaisieux (i3). Des aspects comme ceux de la fig. 105 paraissent spécialement probants; dans chaque - demi-noyau **, il existe un grumeau chromatique et les deux sont plus ou moins reliés l'un à l'autre par une travée plus colorable. L'examen attentif des préparations ne permet cependant pas d'affirmer l'exactitude de cette façon devoir; il existe tant de stades d'interprétation douteuse que l'on est amené à douter; il existe même des aspects où l'accolement de deux noyaux provenant d'in- dividus mononucléés paraît probable. Il n'y aurait plus dans ce cas d'autogamie, à quelque degré que ce soit. Bref, il nous parait impossible de trancher la question de savoir si le diplocaryon est toujours autogamique ou non. La formation des spores aux dépens des sporoblastes, fig. 108 - il4, est analogue à celle décrite plus haut. Parfois l'existence d'un canalicule excen- trique unissant la vacuole antérieure à la postérieure est très nette, fig. 1 13. Il existe des macrospores énormes, fig. 114. LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM 20I Forme =-. Cette forme, que nous avons rencontrée trois fois, est caractérisée par le fait que sur le vivant la tumeur, vue au travers du revêtement chitineux de la larve, est rouge sang, et non pas, comme dans tous les autres cas, blanc laiteux. Une de ces tumeurs dilacérée et examinée à frais a montré que la colo- ration était due à la présence dans les sporontes et même entre les sporo- blastes d'une quantité de petits granules brun-rouge plus ou moins réfrin- gents, animés de mouvements browniens. Les deux autres tumeurs fixées et débitées en coupes ont donné des préparations absolument semblables à celles du type o. II. SYSTÉMATIQUE. a) Genre. Les microsporidies du Simiilium ont été dénommées Gliigea varions par LÉGER (97); Strickland (i3) distingue trois espèces et leur conserve le nom générique de Glugea. Ce nom n'est pas approprié. L'un de nous (i5) a décrit deux espèces de Glugea caractérisées par la production de deux sporoblastes aux dépens du zygote, et l'étude de l'espèce type de Glugea anomala (Debaisieux, 16) révèle la même caractéristique. LuTZ et Splendore (03,04) désignent ces microsporidies comme Thé- loliania sp. ind., puis plus tard (08) comme Nosema simulii a, j3, y et S, les deux premiers étant du type Plistophora, les deux derniers du type Thélo- hatiia. Encore une fois le nom de Nosema créé par NâcELi (57) pour le Nosema bombycis, espèce à évolution toute différente, ne convient pas ici ; par contre les noms génériques de Plistophora (multisporées d'après Henne- GUY et Thélohan, 92) conviennent parfaitement aux espèces étudiées ici. b) U espèce. Un caractère nous fait malheureusement défaut pour faire la compa- raison des espèces étudiées ici avec celles décrites antérieurement : c'est la longueur du filament spirale. Malgré des centaines d'essais faits par les procédés les plus divers, nous n'avons jamais obtenu cette dévagination. Dans nos recherches antérieures, nous l'avions provoquée une fois par l'éther probablement dans le 7 hélohatiia Jibrata . Malgré cette lacune nous croyons pouvoir établir comme suit les noms spécifiques des espèces : 30 202 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI I. I.a première espèce étudiée ici correspond indubitablement au Glugca inultispora Strick. Cette identification est basée sur l'étude des des- sins de Strickland (i3) ; quant à la diagnose qu'il en donne, elle est fautive, parce que l'évolution du parasite en question lui était inconnue. Elle doit être modifiée comme suit : Zj'gotcs se formant à la périphérie du plasmodium végétatif; ils se dé- veloppent sans se séparer l'un de l'autre et donnent chacun H sporoblastes (nombre probable). Tous les sporoblastes se développent côte à côte; les spores restent groupées en amas considérables. Spores de 4 — 5X3 |j^. Lon- gueur du filament? Cette diagnose justifie le nom de Thelohania multispora Strick. Il y a une opposition qui pourrait paraître étrange entre le mot Thelohania (octo- sporé) et le qualificatif multispora. Il ne nous semble pas cependant qu'il y ait lieu de changer le nom spécifique, qui caractérise bien la particularité de cette espèce. 2 et 3. La seconde espèce étudiée est octosporée, à spores assez gran- des, à peu près deux fois aussi longues que larges; elle ressemble à la troi- sième espèce, octosporée aussi, mais à spores plus petites subsphériques. Deux espèces de microsporidies octosporées furent observées par Strickland (i3) et par Lutz et Splendore (08). Elles diffèrent l'une de l'autre par la même particularité que celle que nous observons ici. C'est ce qui nous autorise à rapprocher notre forme 2 du Glugea Jîbrata Strick. et notre forme 3 du Glugea bracteata Strick. et de les appeler Thelohania Jî- brata et Thelohania bracteata. Les diagnoses données ne correspondent cependant pas parfaitement, loin de là. Pour le Glugea fibrata, Strickland donne comme suit la mesure des spores : 6X3,5 \>, et Lutz et Splendore donnent pour le Nosema simu- la $^ 5_5 5x3— 3,5 \i. Nous trouvons en moyenne 7X3,5 1^. D'autre part la tumeur telle que la dessine Strickland montre des assises assez régulières, tandis que nous observons des tumeurs formées de parasites très irrégu- lièrement entremêlés. Pour le Glugea bracteata, Strickland donne comme suit la mesure des spores 3X2,5 i)-, filamicnt environ 18 [x, et Lutz et Splendore donnent pour le Xoscnn siniulii -,-, 3,5X2,5:^., filament 35|^. Nous trouvons en moy- enne 3—4X2.5-3 !s filament? La disposition des parasites dans la tumeur telle que la dessine Strickland est plus régulière que celle que nous obser- vons en général, et l'aspect qu'il dessire dans la fig. 4, pi. 2, ne fut jamais LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM 203 retrouvé par nous. Nous considérons d'ailleurs ce stade de « myxospori- dium -i comme impossible et croyons à une erreur de la part de l'auteur. Strictement nous pourrions créer des espèces nouvelles différentes et de celles de Strickland et de celles de Lutz et Splendore. Mais les études sur les microsporidies nous ont habitués à rencontrer des variantes de des- cription, dues et à des différences d'observation, et à des différences de préparation, et à des variations du parasite lui-même. Aussi nous ne croy- ons pas à l'existence de six Thélohania parasites du Snniiliiim et nous n'hé- sitons pas, vu les analogies qui existent entre les descriptions qui en furent données, à ne reconnaître que deux espèces Voici les diagnoses que nous établissons suivant nos observations; elles complètent celles données par d'autres. Thélohania Jïbraia. Zygote donnant 8 spores; spores moyennes de 7x3,5 (j-; leurs dimensions sont très variables et il existe de nombreuses macrospores. Tumeur irrégulière; les stades divers sont entremêlés sans ordre. Thélohania bracteata. Zygote donnant 8 spores; spores de 3-4X 2,5 - 3 |x; régulièrement subsphériques; peu de macrospores. Tumeur irré- gulière; les stades divers, généralement entremêlés, sont fortement tassés, ce qui donne un aspect très dense à la tumeur. 4. Quant à la quatrième espèce étudiée, elle est caractérisée par le fait que le nombre de spores naissant du diplocaryon est supérieur à 8, elle appartient dès lors au genre Plisiophora. Elle est à rapprocher de JSosema simula a et |3 type Plistophora de Lutz et Splendore. Comme nous l'avons vu plus haut, cette espèce est polymorphe; on y trouve des variantes qui, si l'on poussait plus loin l'étude systématique, con- stitueraient peut-être des variétés, peut-être des espèces. Pour les raisons données plus haut (p. 196), nous ne parlons ici que de formes différentes et gardons le nom spécifique de simulii créé par Lutz et Splendore et appli- qué par eux aux formes a et 3 à rapprocher des formes y, l et e observées par nous. Le Plistophora simulii est caractérisé par : Zygote donnant plus de spores, souvent vingt à trente. Spores ovalaires de 6-SX3,5 -5 p-, par- fois des macrospores; tumeurs assez régulières, les parasites à divers stades y sont régulièrement répartis. Espèce polymorphe. 31 204 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI Forme y. Stades jeunes disposés en assise annulaire à la périphérie de la tumeur; parmi ces stades jeunes existent de très nombreux diplocarya à noyaux très denses et très chromatophiles, fig. 64—78; noyaux-hôtes petits et très nom- breux. Forme 8. Stades jeunes disposés en cônes à bases appliquées à la périphérie de la tumeur; diplocarya à noyau généralement plus diffus; les différents sta- des d'évolution du parasite généralement plus grands que dans la forme précédente. Noyaux-hôtes très nombreux, généralement assez grands, à plusieurs nucléoles. Forme e. Analogue à la précédente, tumeur rouge vif sur le vivant. Comme nous l'avons dit plus haut, la distinction entre les formes n'est pas toujours aisée; il existe des formes douteuses et intermédiaires. III. DISCUSSION. Nous avons exposé ailleurs comment nous croyons qu'il faut concevoir le cycle évolutif des microsporidies (Debaisieux, i5, texte-fig. i). Les recherches sur les microsporidies des larves de Simuliitm confir- ment cette façon de voir ; leur évolution est analogue dans ses grandes lignes à celle décrite pour les Glugea miilleri et danilewskyi: elle en diffère cependant, d'une part par l'absence de certains stades, d'autre part par la netteté plus grande de quelques périodes de l'évolution et par l'existence d'aspects non observés ailleurs. Les stades végétatifs à grand noyau unique et les multiplications végé- tatives par multipartition simultanée (Swakczewsky, 14, Debaisieux, i5) n'ont pas été observés dans les parasites des larves de Simulium. Les noyaux-hâtes existent presque toujours à l'intérieur des tumeurs parasitaires. Ils sont tantôt petits et assez normaux, fig. 61, 103, parfois énormes, anormaux et hypertrophiés. La signification de ces noyaux est très discutée. D'après certains au- teurs (Mrazek, 97; Hesse, o5; Ferez, o5, 08; Stempell, 04, 10; Awerinzew et Femor, II), ce seraient des noyaux végétatifs de microsporidies; par bour- LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM 2o5 geonnement ils donneraient les stades jeunes. D'après d'autres (Korotneff, 62; Mercier, 08; Schrôder, og; Schuberg, 10; Mrazek, 10), ce sont les noyaux hypertrophiés des cellules-hôtes. Déjà antérieurement nous nous sommes ralliés à cette façon de voir en nous basant sur le fait que ces noy- aux se divisent par des cinéses à type de métazoaires (Debaisieux, i3, fig. 120). Notre opinion se confirme par des arguments nouveaux : 1° Dans le Plistophora simulii, on observe des cinèses du type méta- zoaire, fig. 103. 2° Dans les tumeurs de Thélohaniafibrata, il existe parfois des noyaux hypertrophiés qui, à cause de leur structure, fig. 19, doivent nécessaire- ment être considérés comme des noyaux de glande salivaire. 3° Dans le Plistophora simulii, il existe parfois une continuité envahis- sante entre la tumeur et le tissu adipeux, fig. 62. Il est facile dans ce cas de constater l'identité des noyaux graisseux et des grands noyaux contenus dans la tumeur. 4° Dans certains cas d'infection intense par le Plislophofa simulii ou par le Thélohania bracteata, la tumeur est métastatique et il existe de petits amas de parasites dans des cellules adipeuses normales. Les stades de diplocaryon analogues à ceux qui existent ici ont été plu- sieurs fois décrits chez les microsporidies; Swellengrebel, 12, les considère comme provenant d'une autogamie au premier degré; Swarczewsky, 14, étudiant la même espèce, les considère comme formés par accolement de deux noyaux plasmodiaux, par conséquent comme autogamiques à un degré plus distant; Hartmann, 09, CAULLERvet Mesnil, o5, les observent chez les Haplosporidies, mais ne se prononcent pas sur leur origine. D'après ce que nous avons vu, les diplocarya sont autogamiques au pre- mier degré chez le Thélohania multispora. Ils sont également autogami- ques chez les Thélohania fibrata et bracteata, mais il est difficile de dire si c'est au premier degré, c'est-à-dire si les deux moitiés d'un même noyau plasmodial restent accolées, ou si c'est au troisième ou quatrième degré, c'est-à-dire si deux des noyaux plasmodiaux peu nombreux s'accolent; rien n'empêcherait d'ailleurs que les deux modes d'autogamie coexistent. En ce qui concerne le Plistophora simulii, nous avons dit plus haut que beaucoup d'aspects plaident en faveur de l'autogamie au premier degré, et son exis- tence est très probable; l'existence de l'hétérogamie est cependant possible. La formation de diplocarya et de zygotes par accolement de deux noy- aux plasmodiaux a été décrite pour les mycétozoaires par Kr^nzlin, 07, et 2o6 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI Jahn, o8. Il n'y aurait pas autogamie certaine dans ce cas, parce que la plas- modie serait formée par fusion de plusieurs plasmodies plus petites. Dans les microsporidies qui nous intéressent ici, aucun processus de fusion de plasmodies ne paraît exister; d'ailleurs même pour les mycétozoaires l'exis- tence de cette évolution paraît douteuse depuis que Jahn, ii, a modifié sa première façon de voir. Les divisions de diplocarya sont un phénomène constant dans toutes les espèces étudiées ici. Il faut considérer comme telles les divisions d'as- pect très particulier, fig. 66 - 77, dans lesquelles on observe deux divisions bien distinctes évoluant parallèlement. Elles donnent naissance à deux di- plocarya-filles, fig. 77-78. On serait tenté d'attribuer à ces divisions, qui ont lieu avant la forma- tion du zygote, la signification de divisions rédactionnelles. Les phénomènes " peut-être réductionnels '- que nous avons antérieurement décrits, Debai- siEux, i3, p. 56, n'ont jamais été observés dans le présent matériel. Nos premières préparation ayant été brûlées, nous ne pouvons reprendre leur étude; mais l'inconstance des aspects dessinés, Debaisieux, i3, fig. 57 — 71, conduit à leur dénier une importance essentielle. Le rôle réductionnel des divisions du diplocaryon est également hypo- thétique, et le fait que les divisions doubles paraissent pouvoir se répéter plus ou moins souvent ne milite pas en faveur de cette interprétation. BIBLIOGRAPHIE. rgi I Atueyinzew et Femor igo5 CaulUry et Mesiiil igi 3 Debaisieux igiS » 19 16 » 1893 1904 igoS 1908 1911 1892 1907 1897 1908 1908 Gurley 1 9 1 o 6 ) iiiiberg 1 gog Hartmann 1892 Henveguy et Thélohan H esse KoYoineff Kràmlin Léger : igo8 L«'g'«' et Hagenmùller igo3 La/2 et Splendore 1904 Mercier • Studien ùber parasitische Piotozoen. Sporenbildung bei Glugea anomala; Aich f. Protist., t. 23. : Recherches sur les Haplosporidies ; Arch. Zool. ex. et génér., 41^ série, t. 4. : Microsporidies parasites des larves de Simulium Thélo- hania variaiis; La Cellule, t. 3o. Études sur les microsporidies; L.i Cellule, t. 3o. Études sur les microsporidies. IV. Glu^^ea anomihi; La Cellule, t. 3o. .- On the classification of the Myxosporidia ; Bull. U. S. Fisch. Comm., vol. 11. .- Diptera. Die Siisswasserfauna Deutschlands. Jena, Fischer • Autogamie bei den Protisten ; Arch. f. Protist., t. 14. .• Myxosporidies parasites des muscles chez quelques crus- tacés décapodes; Ann de Microgr., t. 4. ; Le développement de Thélohania légeri;C. R. Soc. Biol., t. 56. Myxocysiis mrazeki ; C. R. Soc. Biol., t. 57. : Myxomyceten Studien., 7. Ceratomyxa; Ber. Deut. Bot. Gesell., t. 26. Myxomyceten Studien., 8. Der Sexualakt; Ibid., t. 29. : Myxosporidium bryzoïdes; Zeit. wiss. Zool., t. 53. .• Zur Entwicklungsgeschichte der Sporangien bei den Tri- chien und Arcyrien; Arch. f. Protist., t. g. .■ Sur une nouvelle myxosporidie de la famille des Glu- géides ; C. R. Ac. Se. Paris, t. i25. Recherches sur les Glugéides parasites des animaux d'eau douce ; C. R. Ass. franc. Avanc. Se , 26* sess. Ueber Pebrine und verwandte Myxosporidien ; Centralbl. f. Bakt., Orig., t. 33. Ueber Pebiine und verwandte Myxosporidien. Nachtrag; Ibid., t. 36. Ueber Pebrine und verwandte Microsporidien; Ibid., t. 46. Néoplasies du tissu adipeux chez les Blattes parasitées par une microsporidie; Arch. f. Protist., t. 11. 2o8 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI 1897 Mrazek : Ueber eine neue Sporozoenform aus Limnodrillus ; Sitz - Ber. der Gesel. f. Wiss. Prag. 1910 » Zur Auffassung der Myxocystiden ; Arch. f. Protist., t. 18. 1857 Nàgeli : Ueber die neue Krankheit der Seidenraupe; Bot. Zeitsch., t. i5. igi2 Ohmori : Nosema bombycis; Arb. Kais. Gesundheitsamt, t. 40. 1905 Pétez : Sur une glugéide nouvelle de Balanus amaryllis : Glu- gea stempelli; C. R. Soc. Biol., t. Sy. 1908 11 Duhoscqia légeri; C. R. Soc. Biol., t. 65. 1909 SchrôJef : Thélohama chatogastris ; Arch. f. Protist., t. 14. 1010 Schuberg : Microsporidien aus dem Hoden der Barbe; Arb Kais. Gesundheitsamt, t. 33. 1903 Sietiipell : Beitrag zur Kenntnis der Gattung Polycaryum; Arch. f. Protist.. t. 2. 1904 I) Nosema anomalum; Arch. f. Protist., t. 4. 19 ro » Morphologie der Microsporidien; Zool. Anz., t. 33. 1911 Suichlaiid : Some parasites of Siniulmm larvce ; Biol. Bull. Woods Hole, t. 21. 1913 I) Further observations on the parasites of Simulium larvae ; Journ. of Morphol , t. 24. 1914 SwarcMwsky : Ueber Lebencyclus einiger Haplosporidien ; Arch. f. Protist., t. 33. igil Swellengrehel : Plistophora giganiea a parasite of Creiiilahrus; Kon. Akad. Wetensch., Amsterdam. 1912 » The life-history of Plistophora gigantea ; Parasitology, t. 4. EXPLICATION DES PLANCHES. Les dessins ont été faits à l'aide de l'objectif apockromatiqne à immersion 2 mm. de KoRiSTKA et de l'oculaire 18 de Zeiss = X 225o diam La projection à la chambre claire a été faite un peu en dessous de la platine du microscope. Une échelle rendant compte du grossissement est reproduite en tête de la première planche. Les figures 19, 40, 61 et io3, dessinées à l'oculaire 6, sont réduites au [/3, et la figure 102, dessinée à l'oculaire 2, est réduite au i/g par rapport à cette échelle. Les dessins sont faits d'après des préparations fixées au BouiN et colorées à l'hématoxyline de Heidenhain et au rouge Congo. Les exceptions à cette règle sont mentionnées après l'ex- plication de la figure. PLANCHE I. Thélohania multispora. FIG. 1. Portion périphérique de la tumeur; quelques stades plasmodiaux limi- tés à gauche par une zone différentiée qui sépare la tumeur du tissu voisin (X). et en contact à droite avec des amas de sporoblastes. FIG. 2 — 3. Stades mononucléés avec divisions nucléaires. FIG. 4 Plasmodie; les noyaux montrent des ébauches de division. FIG. 5. Plasmodie; noyau en division. FIG. 6. Plasmodie; les noyaux montrent des divisions doubles, qui représentent sans doute des divisions de diplocaryon. FIG. 7. Plasmodie en voie de cloisonnement; certains noyaux se dédoublent pour former les diplocarya. FIG. 8. Id en un stade plus avancé. FIG. 9 — 10. Plasmodie avec diplocarya formés. FIG. 11. Éparpillement des noyaux des diplocarya. FIG. 12. Id.; le cloisonnement de la plasmodie est achevé; les diplocarya restent unis par du protoplasme différencié. FIG. 13. Zygotes issus d'une même plasmodie et restant réunis. FIG. 14. Première division sporogoniale des zygotes. 2IO Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI FIG. 15. Télophases de la premièie division sporogoniale FIG. 16. Télophases de divisions ultérieures. FIG. 17. Amas de sporoblastes, provenus de plusieurs sporontes issus d'une même plasmodie. FIG. 18. Spores mûres; leur structure n'est pas visible. PLANCHE II. Thélohania fibrata. FIG. 19. Portion périphérique de la tumeur; un noyau de glande salivaire y est englobé. Les divers stades du parasite sont disposés sans ordre dans la tumeur; les spores sont généralement aplaties et déformées. Dessin réduit au i/3. FIG. 20. Stade plasmodial à noyaux peu nombreux. Fix. Zenker. FIG. 21. Individus mononucléés et individus, binucléés au moment de la divi- sion du protoplasme. La plupart des noyaux sont en diplocaryon ; ceux-ci se forment peut-être par dédoublement nucléaire, peut être par accolement de deux noyaux (X)- Fix. Zenker. FIG. 22. Individus à diplocaryon. Fix. Zenker. FIG. 23. Division nucléaire; les deux filaments unissant les noyaux-filles sup- portent un corpuscule chromatique. FIG. 24. Division de diplocarj'on ; il existe deux granules chromatiques Fix. Zenker. FIG. 25. Télophases et reformation de diplocarya-fiUes. FIG. 26. Id. et stades faisant croire à la formation du diplocaryon par dé- doublement nucléaire. FIG. 27. Individus à diplocaryon à moitiés denses et bien distinctes. FIG. 28. Zygote. Fix. Zenker. FIG. 29. Première division sporogoniale. FIG. 30. Secondes divisions sporogoniales. FIG. 31. Id. Stade plus avancé; existence de deux granules polaires et d'un filament achromatique médian. Fix. Zenker. FIG. 32. Id. Télophase. Formation de quatre noyaux dans le sporonte, dans le protoplasme duquel apparaît la différentiation qui amènera l'isolement des sporo- blastes. Fix. Zenker. FIG. 33. Troisièmes divisions sporogoniales. FIG. 34 Huit sporoblastes formés d'un noyau et d'un peu de protoplasme, unis les uns aux autres par du protoplasme différentié. — Il n'y a que six sporo- blastes visibles sur le dessin. LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM 211 FIG. 35. Sporoblastes individualisés. Fix. Zenker. FIG. 36. Spore mûre; sa structure interne n'est pas visible. FIG. 37. Macrospore. Fix. Zenker. FIG. 38 39. Individualisation dans le sporonte de grands éléments mononu- cléés, qui régénéreront probablement les stades végétatifs. Fix. Zenker. Thélohania bracteata. FIG. 40. Portion de la tumeur englobant un noyau-hôte hypertrophié, lacu- naire. Les divers stades du parasite sont disposés sans ordre. Dessin réduit au i/3. FIG. 41. Plasmodie avec noyaux montrant des ébauches de division. FIG. 42. Plasmodie avec diplocarya. Début de cloisonnement du protoplasine. FIG. 43. Isolement des individus à diplocaryon. FIG. 44. Division nucléaire. FIG. 45. Division nucléaire double à axes croisés. FIG. 46. Développement des diplocarya. Fix. Zenker. FIG. 47. Formation du zygote. Fix. Zenker. FIG. 48. Zygote. Apparition à la limite du protoplasme de granules de dif- férentiation. FIG. 49. Première division sporogoniale. Accentuation de la différentiation protoplasmique. FIG. 50-52. Id. Télophase. FIG. 53. Sporonte à deux noyaux. Fix. Zenker. FIG. 54. Secondes divisions sporogoniales. FIG. 55. Sporonte à quatre noyaux. Fix. Zenker. FIG. 56. Sporonte à huit noyaux. Fix. Zenker. FIG. 57. Sporoblastes réunis par huit. Chaque sporoblaste possède un gios noyau et un petit granule chromatique dans le protoplasme. FIG. 58. Spore mûre. Vacuole antérieure avec formation en haltère, vacuole postérieure contenant le filament spirale apparemment court. FIG. 59—60. Macrospores. PLANCHE III. Plistophora simulii. FIG. 61. Portion périphérique de la tumeur. Les différents stades du parasite sont régulièrement disposés en assises concentriques. Nombreux noyaux- hôtes petits à gros nucléole et à nombreux granules chromatiques. Dessin réduit au i 3. 212 Paul DEBAISIEUX & Louis GASTALDI FIG. 62. Individu plasmodial situé à la limite de la tumeur à un endroit où elle envahit les cellules adipeuses voisines. FIG. 63. Portion périphérique de la tumeur. On y voit trois noyaux-hôtes des individus à diplocaryon et un stade énigmatique peut-être plasmodial. Une mem- brane sépare la tumeur du tissu voisin. Dessiné d'après une tumeur à parasites de forme intermédiaiie peu définie. FIG. 64. Individus à noyau en diplocaryon. FIG. 65. Stade énigmatique : peut-être dédoublement nucléaire pour former le diplocaryon, peut-être division de diplocaryon. FIG. 66. Divisions nucléaires. En b, division de diplocaryon, en a, la même diMsion vue de profil ou bien division simple. FIG. 67 74. Divers aspects de division de diplocaryon. FIG. 75 — 77. Télophase et reconstitution de deux diplocarya-fiUes. FIG. 78. Deux individus à noyau en diplocaryon. FIG. 79-80. Développement du diplocaryon. FIG. 81—82. Zygote. FIG. 83. Ebauche de la première division sporogoniale. Les filaments chro- matiques sont orientés; au milieu d'eux apparaît une travée médiane achromatique. FIG. 84. Le même stade que le précédent vu en coupe médiane (ce dessin est fait d'après la forme o). FIG. 85 — 86. Première division sporogoniale. FIG. 87-88. Id. Télophase. FIG. 89. Sporonte à deux noyaux. FIG. 90. Divisions sporogoniales ultérieures. FIG. 91. Divisions sporogoniales à un degré plus avancé encore. Deux aspects particuliers isolés de la masse des parasites. FIG. 92—93. Individualisation des sporoblastes. FlG. 94. Sporoblastes à gros noyau et à granule chromatique logés dans une vacuole. Fix. sublimé-alcool. FIG. 95 — 100. Stades successifs de la transformation du sporoblaste en spore. Fix. Sublimé-alcool. FIG. 101. Aspect établissant probablement le passage de la sporogonie aux stades végétatifs à diplocaryon. Plistophora simulii, forme o. FIG. 102. Aspect général de la tumeur, les stades jeunes disposés en cône à base appliquée contre la paroi, et entourés de toutes parts de spores isolées. Dessin réduit au 1/9. LES MICROSPORIDIES PARASITES DES LARVES DE SIMULIUM 2l3 FIG. 103. Portion périphéii(]ue de la tumeur montrant de nombreux noyaux- hôtes assez grands à plusieurs nucléoles. Un de ces noyaux est en cinèse. Dessin réduit au i/3. Fix. Zenker. FIG. 104 — lOô. Stades de noyau simple et de diplocarya semblant indiquer la formation de ces derniers par dédoublement des premiers, FIG. 107. Divisions de diplocarya. FIG 108. Deux sporontes à limites peu indiquées; dans l'un quatre noyaux en division, dans l'autre éléments plus ou moins individualisés dont la disposition indique la commune origine aux dépens d'un même zygote. FIG. 109. Sporoblastes à gros noyau et à granule chromatique extranucléaire. Fix. sublimé-alcool. FIG. 110 — 118. Transformation de sporoblaste en spore. Fix. sublimé-alcool. FIG. 113. Spore mûre. Fix. sublimé-alcool. FIG. 114. Macrospore. Fix. sublimé-alcool. 32 1^1 TABLE DES MATIEKES P.\GES Introduction ........ 187 Matériel et Méthodes ....... 188 I. Partie descriptive ....... 189 I. Thélohania multispora Strick. ... 189 a) Aspect général ... 189 b) Évolution ...... 189 2 Thélohania librata Strick. .... 192 a) Aspect général ..... 192 b) Évolution ...... 192 3. Thélohania bracteata Strick. ..... 194 a) Aspect général .... 194 b) Évolution ...... iqS 4 Plistophora simulii L. & Spl . . . . . 196 Forme y . 196 a) Aspect général ..... 196 b) Évolution ...... 197 Forme 8 . . . ■ . . 199 a) Aspect général .... 199 b) Évolution . .... 200 II System atique ....... 201 III Discussion ....... 204 Bibliograph ie . 207 Explication des planches ..... 209 P/àmAe / '/^/r // m?//"/ /yy/r //"/j, ( '?r//'r. ^ yf //o // r—'V . IH) ^-^^ \Wky\-_ »u JOJ' .m *%;/.' *^^^ /■} irofâf k JJ J2 ^-^v. i^-^m A, ^ l^^^"^ (■' ■■ ^S 13 IS PDebaisieia ad nat clf! Ùfh.nJù^ .■:^Sff/^ il'/.,.:' .'■'.•f^i'.V7i3j7.S' Si'u/p. Planche II PDebsrsieux c/ L Gislaidi -ad nat n'e' Litfi H. Jacob "^■G'il/es Brux FBiesen^sn.'' C\^:i:p- P/mcfie///. 'xé^Ùyi€^'-^ia^ -^mA. '.cul. Sz^.et^oJ/iy. JOi'/i PDebaisteuK et L.GastaMc ad natdef. LilhHJacob.'^Qinei-Bfu:. F Biesemans Sculp. LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDÉ PAR J . r> . OAKNOy, PROFESSEUR IJE BOTANlQfK ET I)H lUOLOCIH CHLLULAIRE, PUBklÉ PAR O'. VjriijOCjW, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE HT o' EMBRYOLOGIE, A l'Université catholique de Louvain TOME ZXX 2d FASCICULE I. Etudes sur les Microsporidies. ^ IV. Glugea anomala Monz., par Paul DEBAISIEUX. II. Coelomycidium simulii, nov. gen.. nov. spec, et remarques sur l'Amœbidium des larves de Simulium, par Paul DEBAISIEUX. III. Notes sur le Myxidium liberkûhni Bûtsch, par Paul DEBAISIEUX. IV. Haplosporidium i Minchiniai chitonis Lank , Haplosporidium nemertis. nov. sp.. et le groupe des Haplosporidies, par Paul DEBAISIEUX. V. Recherches sur la maturation des œufs parthenogenetiques dans l'Aphis palmae. par le B™ V. B. de BAEHR. VI. Observations cytologiques sur le cytoplasme d'un Saprolegnia, par A. GUILLIERMOND. VII. La Spermatogenèse et l'Ovogenêse chez le Saccocirrus major, suivies d'une discussion générale sur le mécanisme de la réduction chromatique, par le B™ V. B. de BAEHR. *x-i3K: : -4:0 fx-£»,iLCis. LIERRE LOUVAIN Typ de JOSEPH VAN IN & C'^ A. UYSTPRUYST, Libraire, Granj'place, 3^i. rue de la Monnaie. 1920 Études sur les Microsporidies IV. Glugea anomala Monz. PAR Paul DEBAISIEUX, PROFESSEUR A LUNIVERSITÉ DE LOUVAIN. (Mémoire déposé le lo janvier içi6.) 33 F Etudes sur les Microsporidies, IV. INTRODUCTION. Historique. Les microsporidies de l'épinoche (Gaslerosteus acii- leatiis L.) sont depuis longtemps connues et ont fait couler pas mal d'encre (Labbé, 99); mais les problèmes que leur étude soulève sont loin d'être ré- solus et le présent travail n'a la prétention ni de répondre à tous ni de les solutionner définitivement. Les tumeurs sous-cutanées de l'épinoche furent découvertes en Belgi- que par Gluge (38); la nature parasitaire de ces tumeurs ne fut reconnue que plus tard, et Moniez (87) donne au parasite le nom de Noseina ano- mala Monz. Le nom générique Nosetna créé par Nëgeli (57) pour une espèce toute différente (Ohmori, 12), le Nosetna bombycis, ne peut convenir à l'espèce qui nous intéresse, et Thélohan (91) crée pour elle le genre Glu- gea, rappelant ainsi l'auteur qui le premier décrivit les tumeurs qu'elle provoque; il dénomme le parasite Glugea microspora Thél. Gurley (g3) lui rend son nom spécifique primitif et l'appelle Glugea anomala Monz. Ce nom est actuellement admis et le parasite des tumeurs de l'épinoche constitue dès lors l'espèce type du genre Glugea. Stempell (04) a fait l'étude détaillée de cette espèce; il décrit de nom- breuses particularités qui cadrent difficilement avec les observations faites sur l'évolution et la cytologie d'autres microsporidies. La description de Stempell fut plusieurs fois mise en doute (Schrôder, og, Doflein, og, Mrazek, 10, Schuberg, 10); cependant dans une note plus récente (10) il maintient, sans apporter d'observations nouvelles son ancienne façon de voir; il proteste même, sur un ton auquel nous ne sommes pas habitués dans les travaux scientifiques, contre ceux qui -^discutent ou interprètent des faits qu'ils n'ont pas vus eux-mêmes, façon de faire qui ne fait pas avancer nos connaissances d'un pas! •' 2i8 Paul DEBAISIEUX Ce qu'il avait vu lui-même avait malheureusement été observé sur du matériel fixé au sublimé-alcool et au formol à 4 "/„ à action prolongée pen- dant plusieurs années! C'est sans doute à la défectuosité de son matériel qu'il faut attribuer ses erreurs et également au fait qu'il a étudié, comme tumeur en pleine évolution et formant des métastases, un cas qui n'offrait que des stades en dégénérescence et même en histolyse. Un travail d'AwERiNZEw et Femor (ii) se rapporte à une période très limitée du cycle d'évolution; il confirme en somme les idées de Stempell. Enfin une très longue étude de Weissenberg (i3) réfute la plupart des vues erronées des précédents auteurs et donne du Glugea aiiomala une des- cription qui cadre beaucoup mieux avec ce qui est connu des autres micro- sporidies. Nos recherches nous ont conduit à confirmer une grande partie des con- clusions de "Weissenberg; quelques-unes nous paraissent prématurées; d'autre part, malgré la surabondance des détails qu'il observe, la plupart des phénomènes cytologiques et le processus de fécondation lui ont échappé. Le mâî/cTze/ qui servit à cette étude provient d'un ruisseau des envi- rons de Louvain; parmi les milliers d'épinoches pêchées il n'y en avait guère que 3 ou 4 7o d'infectées; nous avons pu nous en procurer environ 70. Une soixantaine de tumeurs furent fixées et soumises à l'examen microsco- pique; les autres servirent à l'examen sur le vivant et à des essais d'infec- tion artificielle. Les méthodes furent variées : les fixateurs de Zenker, de Bouin, la mo- dification alcoolique de ce dernier conseillée par Brasil (o5), de Benda de Flemming faible et le sublimé-alcool à chaud furent tour à tour employés. Les deux premiers nous donnèrent les meilleurs résultats au point de vue de la conservation des figures cytologiques; le sublimé-alcool, ainsi que nous l'avons observé pour beaucoup d'autres objets, donne une fixation trop éner- gique avec coagulations et condensations intranucléaires irrégulières et in- formes. Dans beaucoup de cas nous nous sommes bien trouvé de fixer les kystes après en avoir incisé la membrane, ce qui favorise la pénétration des réactifs; la fixation de kystes intacts est cependant requise pour ne pas altérer la disposition du contenu. Comme colorants nous ne citerons que l'hématoxyline de Heiden- HAiN avec ou sans coloration au rouge Congo. ÉTUDE SUR LES MICROSPORIDIES, IV 2ig Un grand nombre d'autres colorations furent essayées ou employées dans un but spécial; nous les rappellerons au cours du mémoire. Disons ici que la mise en évidence du filament spirale de la spore fut obtenue une fois par l'action pendant 24 heures de la glycérine en solution de 10 à 20 %; le plus grand nombre des filaments furent dévaginés. L'exjié- rience fut reprise souvent par le même procédé, et bien d'autres réactifs furent essayés; tous ces nouveaux essais restèrent infructueux. Ce travail est divisé en deux parties : dans la première, descriptive surtout, nous ne discuterons qu'occasionnellement l'un ou l'autre point d'im- portance secondaire, évitant ainsi de l'allourdir par des considérations néces- sairement un peu longues et pas toujours concluantes. Ces considérations seront rassemblées dans une seconde partie, de discussion. A. PARTIE DESCRIPTIVE. I. Aspect macroscopique. Les tumeurs se présentent généralement isolées ; parfois il en existe deux ou trois sur le même individu, mais elles sont indépendantes les unes des autres. Leur siège est excessivement variable, soit sur une nageoire paire ou impaire, soit à la paroi de la cavité branchiale, soit à la cornée, soit sur une partie quelconque de la surface du corps. Nous n'en avons pas trouvé sur les organes internes. Leur aspect varie, mais en somme assez peu. Tantôt la tumeur est une sphérule parfaite, blanche, pouvant atteindre 3 millimètres, accolée au corps par une base rétrécie; tantôt elle forme une protubérance à peine hémisphérique, sans coloration particulière, la pig- mentation de l'épiderme étant restée intacte; dans quelques cas ces pro- tubérances sont plus ou moins déprimées et on les diagnostique à pre- mière vue comme des tumeurs vidées de leur contenu. Une fois nous avons pu suivre l'évacuation du contenu d'une tumeur hémisphérique; par une déchirure de la peau le contenu s'écoula et pendant deux jours des lambeaux blanchâtres flottèrent rattachés aux lèvres de la plaie; après restauration une petite tumeur sphérique d'un demi-millimètre siégeait au niveau de la cicatrice; elle disparut après une quinzaine de jours sans laisser de traces (Thélohan, 92, Braun, g3j. La forme sphérique peut probablement se détacher en entier du corps et ne crever que ultérieurement (Thélohan, 90). Enfin, dans un seul cas nous avons observé une tumeur mùriforine à 6 ou 7 kystes accolés. 220 Paul DFBAISIEUX A la dissection les tumeurs sphériques se séparent facilement du corps; quant aux tumeurs plus profondes, après incision de la peau elles appa- raissent comme les précédentes parfaitement blanches, presque sphériques, et peuvent être aisément énucléées; on les fait sortir en entier de leur loge. Il semble dès lors que le kyste entouré de sa membrane soit sans rapport avec le tissu voisin ; nous verrons cependant plus loin qu'en fait des lam- beaux du tissu conjonctif sont entraînés avec le kyste, à la membrane du- quel ils adhèrent. II. Aspect microscopique. La tumeur est logée dans le derme entre les faisceaux de cellules con- jonctives fibrillaires riches en substance connective; des lacunes remplies de sang avoisinent généralement la paroi du kyste; il existe souvent une couche de tissu conjonctif à cellules modifiées, en assises concentriques; l'èpiderme est normal. Autour des tumeurs en plein développement et nous n'envisagerons momentanément que celles-là, il existe une membrane continue de 5 à lo i^- d'épaisseur, qui sépare le kyste du tissu conjonctif voisin, fig. 1, 2, 5. Très élective [)our la plupart des colorants, cette membrane apparait plus ou moins hyaline après décoloration ; elle est de structure feuilletée. On la con- sidère souvent comme appartenant en propre à la tumeur et formée par elle (Stempell, 04, VVeissenberg, i3); cette façon de voir est loin d'être prouvée (voir 2'' partie, § II). Dans la tumeur proprement dite on peut distinguer trois zones ; la pre- mière — contre la membrane — est bien distincte par rapport à la seconde; celle ci est sans limites nettes par rapport à la troisième. Les deux dernières sont schématiquement séparées l'une de l'autre pour la facilité de la des- cription. I. Immédiatement sous la membrane existe une assise continue de protoplasme, fig. 1, 2. Cette zone d'épaisseur variable est nettement limitée du côté de la membrane; du côté interne, elle se prolonge entre les divers éléments figurés de la seconde zone. Dans les préparations surcolorées, on note que les mailles du réseau protoplasmique sont chargées d'une infinité de fines granulations; elles se décolorent quand la différentiation est con- duite à point. L'aspect de cette zone est alors uniforme ; cependant dans quelques préparations le réseau est moins apparent à la périphérie, fig. 1, ETUDES SUR LES MICROSPORIDIES, IV 221 et parfois aussi l'accumulation des granules colorables s'arrête à quelque distance de la membrane. Dans cette zone de protoplasme uniforme existent parfois quelques enclaves excessivement ténues quelques très petits granules chromatiques entourés d'une aréole claire, fig. 6, 2" partie i> II. 2. Dans la seconde zone, le protoplasme fondamental contient de très nombreux noyaux fig. \ — 4. Il n'y a pas de limite réelle entre cette zone et la précédente, mais elles paraissent être séparées tant les noyaux appa- raissent nombreux en un même niveau. A première vue on observe de grands no3''aux ; ils sont tantôt s(ihéri- ques, à beau réseau chromatique et à un ou plusieurs globules nucléolaires, FIG. 2, 3; tantôt très irréguliers, presque déchiquetés, en lambeaux allon- gés, ils paraissent être en dégénérescence, fig. l, 3. Entre ces gros noyaux en existent une infinité de petits; les uns, situés surtout du côté de la périphérie, sont isolés; ils plongent dans un espace clair et sont entourés d'une petite couche protoplasmique distincte du pro- toplasme fondamental, fig. 1, 2: d'autres sont réunis en plasmodies. Parmi celles-ci, beaucoup sont fortement allongées, disposées en faisceaux plus ou moins entortillés, fig. 4; d'autres sont subsphériques. fig. 1. A la partie interne de la zone moyenne se trouvent de grandes vacuoles, qui contiennent des individus uninucléés provenus de la fragmentation des plasmodies et tous les stades de sporulation, fig. 4. 3. Enfin toute la zone centrale du kyste est bourrée de spores mûres. Elles sont réunies en nombre variable, mais restreint, dans de petits kystes sporaux tassés les uns contre les autres, séparés seulement par une mince membrane qui représente probablement le dernier reste des travées du pro- toplasme fondamental. Au centre de la tumeur, ces membranes elles-mêmes disparaissent et toutes les spores sans être tassées, ne forment plus qu'un seul ensemble. Cette troisième zone constitue la partie de loin la plus volumineuse de la tumeur; son diamètre est dix fois, vingt fois supérieur à celui des zones périphériques. Comme nous lavons déjà dit, elle se confond plus ou moins avec la seconde zone ; on rencontre des kystes sporaux à la périphérie de la seconde et des prolongements protoplasmiques dans la troisième; il existe même des ilots d'éléments jeunes, qui paraissent perdus au centre du kyste. Nous étudierons d'abord l'évolution des éléments qui sont certainement parasitaires, puis les grands noyaux hypertrophiés. 222 Paul DEBAÎSIEUX III. Les stades parasitaires. a) Multiplications végétatives et formation des plasmodies. Les plus jeunes éléments parasitaires sont uninucléés, fig. 7; autour du noyau chromatique il y a généralement un espace clair, puis une petite zone de protoplasme distinct du protoplasme voisin. Une membrane limi- tante est parfois difficile à reconnaître, tant ces éléments sont petits; elle apparaît clairement dans des parasites plus âgés, fig. i3. Presque toujours ces noyaux sont en voie de division; on y distingue deux granules plus sombres situés en deux pôles opposés; ils deviennent de plus en plus nets, apparaissent réunis entre eux par une mince travée; ils diminuent de volume, tandis que les éléments chromatiques se ramassent à l'équateur, fig. 8. Quand la situation polaire des granules et la disposition équatoriale des éléments chromatiques sont acquises, il semble que les granules soient doubles et qu'il y ait deux filaments unissants. Le phénomène n'est pas cer- tain ; il se devine plutôt qu'il ne se voit, mais est rendu probable par l'aspect de 1 anaphase. Pendant l'anaphase, les éléments chromatiques semblent dit- fluer sur deux filaments directeurs, fig. 9; arrivés au pôle, ils sont nette- ment groupés en deux masses distinctes, fig. lO; entre les deux amas po- laires, deux filaments chromatiques existent; ils supportent parfois un ou deux granules médians, fig. 10. A la télophase les deux noyaux-filles se reforment; ils restent longtemps unis par une travée légèrement colorable et enfin se séparent, fig. ii, 12. La division, au lieu d'être complète peut n'être que nucléaire et il y a alors formation de plasmodies. On en rencontre à 2, 4, 5 ... 3j noyaux, fig. 1. 3, 4. Ces plasmodies prennent une forme très allongée ne possédant que un ou deux noyaux sur un même plan transversal; leur protoplasme est nettement distinct du protoplasme voisin; parfois une mince zone claire l'en sépare. Les divisions nucléaires y sont analogues à celles déjà décrites ; elles se succèdent rapidement et leur grand nombre permet d'étudier aisé- ment tous les stades, fig. 13— 15. Souvent il y a, comme dans le premier cas d'ailleurs, des aspects fusoriaux, fig. 3, 13. Après un certain nombre de divisions nucléaires, variable suivant les individus, les plasmodies perdent leur forme allongée, se ramassent sur elles- mêmes, et deviennent globuleuses, fig. 16. Dès lors les noyaux ne se divi- ÉTUDES SUR LES MICROSPOKIDIES, IV 223 sent plus; ils plongent dans le protoplasme entourés d'une aréole claire; il est impossible à cause de leur petitesse de suivre les processus qui se pas- sent en eux, mais très fréquemment ils montrent des aspects de dédouble- ment, FiG. 16—19. Jamais nous n'avons observé d'aspect qui permette de croire qu' au lieu d'un dédoublement il existe un accolement de deux noyaux. La plasmodie se résout en individus plus simples; par cloisonnement irrégulier du protoplasme, il se forme des plasmodies paucinucléées, fig. 17—19, puis uninucléées, fig. i9, 20. Les individus binucléés sont très fréquents, fig. 19. Ici aussi on serait tenté de croire à l'existence de deux individus conjugués ou tout au moins de deux noyaux-sœurs destinés à se fusionner. Après de longues et patientes observations, nous avons dû nous résoudre à conclure qu'il n'en est rien ; les individus binucléés ne sont qu'un stade transitoire de la résolution des plasmodies en individus uninucléés. b) Formation des sporoblastes. Les plasmodies se résolvent en individus uninucléés à noyau double, FIG. 20, 21; ils sont probablement le siège d'un processus de fécondation; ultérieurement ils se divisent pour donner deux s[)oroblastes. La significa- tion qui est attribuée à ces stades du parasite sera discutée plus tard. Nous considérons comme zygotes formés par un diplocaryon autogamique les individus provenant de la résolution de la plasmodie et comme sporontes ces même individus dès qu'ils montrent une ébauche de division en sporo- blastes. Les zygotes, Vacuolenzellen de "Weissenberg (i3), plongent en nombre variable dans la grande vacuole occupée primitivement par la plasmodie, FIG. 21. Cet espace est nettement limité, mais il est difficile de dire s'il possède une membrane propre. A suivre sa formation il semble que non. Quoi qu'il en soit, il existe une quantité d'espaces clos, dans lesquels se dé- velopperont les spores et que 1 on peut dénommer les kystes secondaires. Les copulas autogamiques ne possèdent qu'un seul appareil nucléaire, mais ce noyau apparaît double, et ce très nettement, au point que parfois les deux constituants sont séparés l'un de l'autre, fig. 20. Comme nous l'avons dit, aucune observation ne nous permet de croire à l'accolement de deux noyaux primitivement distincts. Lorsque ce que nous supposons être un processus de fécondation (2"^ partie, § v) est achevé, nous nous trouvons en présence d'un sporonte dont 34 224 **^"' DEBAISIEUX le noyau unique se réduit par une mitose unique en deux sporoblastes. Ce fait est à rapprocher de ce qui s'observe si nettement chez les microspori- dies des larves de Simulium (Debaisieux et Gastaldi, i5), où une grande copula, nettementdédoublée, se transforme en un zygote unique, qui aussitôt se divise par une mitose simple. La division nucléaire sporoblastique se présente exactement sous le même aspect que celle décrite dans les plasmodies, fig. 22 -29 : apparition de deux granules très chromatiques réunis en haltère; mise en place de ces granules aux pôles et condensation à l'équateur des éléments chromati- ques, FIG. 22, 23; anaphase suivant deux filaments directeurs, fig. 24, et enfin à la télophase existence de deux masses chromatiques en chaque pôle FIG. 25-29. Une particularité cependant : avant la restauration des deux noyaux- filles, on voit apparaître dans le protoplasme deux plages plus chromatiques que l'on peut suivre ultérieurement jusque dans le sporoblaste, fig. 25—27, 29-31. Par étranglement chaque sporonte donne deux sporoblastes, fig. 29. Rien n'autorise à croire à la répétition du processus et à la formation de 4 ou de 8 sporoblastes par sporonte (Swarczewsky, 14). Une fois nous avons vu deux divisions sporoblastiques dans un même sporonte. fig. 27. Ce cas tout à fait exceptionnel doit être interprêté comnie provenant d'une copula autogamique double, deux noyaux étant restés anormalement grou- pés dans une même masse de protoplasme par fragmentation incomplète de la plasmodie. c) Formation des spores. Les spores se forment de la même façon que dans Glugea danilen'skyi et G. miillcri (Debaisieux, i5), mais les différents stades sont difficiles à suivre. Le noyau du sporoblaste, d'abord double à la télophase de la division sporogoniale, fig. 29, 30, devient simple ultérieurement, fig. 31. Les enclaves chromatiques du protoplasme qui apparaissent lors de la division sporogoniale, fig. 25—27, 29—31, pourraient donner naissance au granule extranucléaire, d'où dériveront les éléments de la vacuole antérieure de la spore; mais il nous paraît beaucoup plus probable qu'elles doivent être comparées aux différentiations du protoplasme qui apparaissent dans les sporontes de Thélohania et de Plisiophura (Debaisieux et Gastaldi, i5) et qui interviennent dans la formation des enveloppes sporales. ÉTUDES SUR LES MICROSPOKIDIES, IV 225 Dans les sporoblastes naissent une vacuole antérieure et une posté- rieure. Le noysiu paraît rester longtemps dans la vacuole postérieure, fig. 33, 35: il est probable que finalement il disparaît dans la zone protoplas- mique lenticulaire qui existe entre les deux vacuoles, fig. 37, 38. Dans la spore mùie il existe i) une petite vacuole antérieure, dans la- quelle se trouvent logés deux granules chromatiques réunis par une mince travée, 2) une vacuole postérieure plus volumineuse, dans laquelle est en- roulé le filament spirale, 3) entre les deux un disc[ue biconcave de proto- plasme, FIG. 37, 38. ci) Retour aux stades initiaux. L'hypothèse de la régénération des stades jeunes aux dépens des spo- rontes sans transformation en spore, — hypothèse que nous avons émise à propos des microsporidies du Simulium et des Ghigea du Tropidonotus et du Gammarus (Debaisieux et Gastaldi, i5, Debaisieux, i3, i5) — trouve dans cet objet un argument nouveau et de grande valeur. On est frapoé de rencontrer parfois dans les préparations des individus volumineux, à noyau unique relativement énorme et très dense, fig. 46. Ces stades sont rares; nous n'en avons guère observé qu'une quinzaine d'exemples; ils se trouvent dans la zone moyenne de la tumeur, parfois renfermés dans un kyste secondaire, parfois logés dans le protoplasme fon- damental ; ils sont toujours nettement distincts, à contours nets, isolés du tissu voisin. Ces stades sont analogues aux stades végétatifs à grand noyau et à multiplication simultanée décrits par Swarczewski (14) dans le Glugea gigjntea, retrouvés par nous dans le Ghigea danilewskyi (14) et également dans le Plistophora periplanetœ (observations non publiées). L'origine de ces parasites se rattache indubitablement aux sporontes. Reprenant l'étude de l'évolution du sporonte, nous voyons en effet qu'ils ne se transforment pas toujours en deux spores. On rencontre fréquemment des divisions qui, au lieu de se faire suivant le grand axe du sporonte, fig. 24, 25, évoluent excentriquement, fig. 39. Il convient cependant de n'attribuer que peu d'importance à cette diffé- rence d'allure; quoiqu'elle soit très nette, l'étude des préparations ne nous permet pas d'écarter l'hypothèse d'une intervention des réactifs dans sa pro- duction. Mais on rencontre aussi des sporontes dans lesquels les divisions nucléaires se succèdent sans division du protoplasme, et cela sans qu'il puisse être question de la production de plusieurs spores, fig. 40—42. Dans 226 Paul DEBAISIEUX ces cas on se trouve en présence de la formation, aux dépens des sporontes, de plasmodies analogues à celles que nous avons rencontrées au début de l'évolution. On rencontre aussi des sporontes qui se développent énormément avec ou sans division nucléaire, fig. 43, 44. Enfin il existe des parasites logés dans le protoplasme fondamental, mais absolument analogues à des spo- rontes libérés du kyste sporal, fig. 45; leur noyau croit progressivement jusqu'à atteindre l'aspect de la fig. 46. Ces observations conduisent à conclure : 1° que le sporonte peut dans le kyste secondaire donner naissance à des plasmodies et de la sorte régénérer le cycle; 2° que sorti du kyste secondaire le sporonte peut évoluer de même dans le protoplasme fondamental; ce processus, qui apparaît très probable par l'étude des préparations, ne pourrait pas être affirmé d'une façon irréfu- table, si l'on ne connaissait pas les cas intermédiaires du 1°. On pourrait en effet confondre des sporontes avec des éléments uninucléés jeunes; 3° que le sporonte peut donner naissance à un individu uninucléé à noyau énorme qui se transforme probablement en plasmodie par multi- partition simultanée. Nous n'avons pas observé cette transformation, ce qui s'explique par la rareté des stades en question; mais on peut déduire cette conclusion avec grande probabilité par ce qui fut observé dans des espèces voisines (Gliigea gigantea et Glugea danilewskyi). IV. Les noyaux hypertrophiés et le protoplasme fondamental. Il existe de grands noyaux très variables, nombreux dans la zone moy- enne de la tumeur. Ils sont surtout abondants à la limite de la zone externe et moyenne, mais il y en a également qui sont logés beaucoup plus profon- dément. Ils plongent directement dans le protoplasme fondamental. Ils sont d'aspect très variable; tantôt plus ou moins sphériques, petits ou grands, à réseau chromatique lâche et bien marqué, à un ou plusieurs globules nucléolaires, fig. 2. 3; tantôt très irréguliers, ils paraissent étirés et sont presque déchiquetés en lambeaux allongés et entortillés, fig. i, 3. Le contenu nucléaire est dans ce dernier cas plus dense, finement réticulé, et il s'y trouve de nombreuses enclaves chromatiques de toutes dimensions; les limites nucléaires sont parfois fort vagues ; les enclaves se rencontrent parfois isolées dans le protoplasme fondamental. Le dernier aspect répond parfaitement à l'image d'un noyau en dégénérescence fig. 3, 48. ETUDE SUR LES MICROSPORIDIES, IV 227 La dimension de ces noyaux est très variable; ils sont parfois énormes, ils sont parfois tout petits, de la grandeur même des parasites uninucléés, dont il est fort malaisé de les distinguer. A ne regarder que ces stades pe- tits, on pourrait admettre l'origine des noyaux hypertrophiés et des jeunes éléments parasitaires aux dépens de noyaux primitifs semblables (Awerin- ZEw, lo, Weissenberg, i3). Comme l'a établi Weissenberg (i3), en opposition avec Awerinzew et Femor (io) et Stempell (04), les grands noyaux dégénèrent et n'ont au- cun rapport avec la formation des sporontes. Dans quelques préparations, on observe dans le protoplasme de la zone externe, de très petits granules chromatiques entourés d'une petite vacuole, FiG 6; ils sont distincts des très nombreuses granulations qui se décolorent après différentiation convenable. Ils sont souvent au nombre de quatre réunis deux à deux par un filament à peine perceptible et disposés en croix; d'autres fois ils sont à deux réunis par un filament unissant; d'autres lois encore ils sont isolés ou bien ils sont groupés en nombre très variable et irré- gulièrement disposés. Parfois, mais très rarement, ces amas chromatiques rappellent par leur disposition et en petit les divisions nucléaires du para- site FIG. 6. La signification de ces éléments figurés contenus dans le protoplasme fondamental reste énigmatique. Nous avons cru longtemps qu'il fallait les regarder comme donnant naissance aux grands noyaux hypertrophiés, et même aux noyaux parasitaires proprement dits. Il faudrait en ce cas les considérer comme des chromidies ; mais les cas de formation chromidiale des noyaux que nous connaissons ne ressemblent guère à ce que nous voyons ici; puis d'une part les agglomérats de granules sont si irréguliers et si va- riables, et d'autre part leur existence est si inconstante qu'il nous parait impossible d'admettre qu'ils donnent naissance à des noyaux de structure simple et constante. Si ces granules chromatiques ont un rapport quelcon- que avec les noyaux des kystes, ils représentent peut-être les derniers sta- des de leur désagrégation. Cette hypothèse explique et leur variabilité et leur inconstance. V. Tumeurs d'aspect différent. Nous n'avons considéré jusqu'à présent qu'un seul type de tumeur, celui de la tumeur en voie d'accroissement normal, renfermant les éléments parasitaires en pleine évolution. 228 Paul DEEAISIEUX Il nous faut parler maintenant des tumeurs jeunes et des tumeurs en dégénérescence. Tumeurs jeunes. Nous n avons pas eu la chance de découvrir les premiers aspects de développement de la tumeur. La plus jeune que nous ayons observée me- sure environ 70 i^, la fig. 53 en reproduit à peu près la moitié. Elle est logée à côté de deux tumeurs plus grandes mais complètement indépendantes et le fait qu'elle ne contient que des stades tout jeunes du parasite prouve qu'elle est au début de sa formation. Elle est plus petite que la jeune tumeur observée par Weissenberg (i3) et elle en diffère essentiellement. Cet auteur observe une limite très nette entre la tumeur et le tissu conjonctif, et il en conclut à la nature plasmodiale de la membrane future; nous observons au contraire que la limite de la tumeur est vague et que la membrane. (]ui apparaît déjà très mince, se continue en entier avec des travées du tissu conjonctif, fig. 53'^. Weissenberg observe des noyaux végétatifs jeunes (Primârkerne) et des plasmodies jeunes (Primârschlauche), dont il fait deux éléments nette- ment différents, quoique dérivant l'un de l'autre, et croit que les plasmo- dies binucléées pourraient provenir par fusion de deux « Primârschlauche ^ uninucléés; nous observons ces même éléments, irjais ne voyons entre eux d'autre différence que celle qui distingue deux stades successifs de la mul- tiplication végétative. Enfin Weissenberg ne voit pas de noyaux hypertrophiés, mais des tra- vées plus denses du réseau fondamental chargées de granules chromatiques, qui dérivent, dit-il, des - Primârkerne « et donneront plus tard des noyaux hypertrophiés. Nous voyons au contraire des noyaux hypertrophiés nom- breux, parfaitement formés. Nous aurons l'occasion de revenir sur ces observations dans la seconde partie. Tumeurs en dégénérescence. Il existe de nombreuses formes de tumeurs à première vue très diffé- rentes des tumeurs normales. Leur étude comparée montre qu'elles se rattachent toutes au type habituel, dont elles ne sont que des aspects ré- gressifs. La régression de la tumeur peut se faire alors que la membrane en- kystante est intacte, fig. 48. Dans ce cas les divers stades jeunes du para- ETUDES SUR LES MICROSPORIDIES, IV 22g site n'existent plus, ou tout au moins n'apparaissent pas n'étant pas électifs pour les colorants. 11 existe de petites masses de protoplasme plus ou moins isolées — des reliquats de plasmodies, — qui sont sans noyaux ou à nom- breux petits granules; parmi elles il y a de grands noyaux hypertrophiés, dont le contenu est morcelé en très nombreux granules chromatiques. Dans d'autres cas la membrane a éclaté (cas de la fig. 47) ou est partiel- lement résorbée (cas de la fig. 49) et le kyste plus ou moins vidé de son contenu possède une paroi affaissée, fig. 47. La membrane elle-même, qui à certaines places est normale, est ailleurs très dilatée, tibrillaire, vague- ment limitée par rapport au conjonctif voisin ; et tandis que des cellules conjonctives se rencontrent dans l'épaisseur de la membrane, il y a d'autre part des faisceaux de fibrilles de la membrane qui se perdent dans le tissu conjonctif, fig. 47. Enfin dans certaines tumeurs la membrane a complète- ment disparu et le kyste est limité par une épaisse paroi conjonctive, FIG. 51. A l'intérieur de ces tumeurs en régression existent de très nombreuses cellules conjonctives et des leucocytes, fig. 47, 50, 51 ; le fait que ces élé- ments appartiennent à Ihôte est démontré par ce que leur noyau se divise par cinèse de métazoaire, fig. 5i, /. Dans les tumeurs existent encore des reliquats de noyaux hypertrophiés bien reconnaissables, fig. 50 b, et de nombreux éléments en dégénérescence, de nature douteuse, produits kysti- ques ou leucocytes fig. 47, c, 50, a. Il existe encore et surtout des produits kystiques divers en voie de phagocytose; il est difficile parfois de les identifier, mais les spores phagocytées se reconnaissent à première vue, fig. 47, e, 51, e, 52. Bref, dans ces derniers cas on se trouve en présence de tumeurs éclatées ou à membrane résorbée; leur contenu est partiellement évacué, partielle- ment il dégénère sur place; la cavité de la tumeur est envahie par du tissu conjonctif et par des leucocytes qui phagocytent les éléments kystiques restés à l'intérieur de la membrane. B DISCUSSION. I. Tumeurs en dégénérescence. Weissenberg (i3) a déjà observé des tumeurs en dégénérescence et con- state que plusieurs des aspects dessinés par Stempell (04) et interprétés 23o Paul DEBAISIEUX comme reformation de nouveaux noyaux ne sont en réalité que des aspects de phagocytose. Nous partageons complètement cette façon de voir et croy- ons qu'il n'est pas superflu de l'appuyer par la comparaison des dessins de Stempell et des nôtres. Stempell (04) décrit des tumeurs dont la membrane enkystante est résorbée sous l'action du protoplasme intérieur. Il y observe des noyaux d'aspect très divers, analogues à ceux de nos fig. 50 — 52. Il les considère tous comme parasitaires. Les noyaux hypertrophiés se désagrégeraient en granules chromidiaux, puis par recondensation de ces chromidies, fig. 50, a et 51, a, il y aurait formation de nouveaux noyaux isolés dans une petite masse protoplasmique ou rcunis dans une plasmodie, fig. 50, b et 51, /'. Ces nouveaux noyaux s'accroissent, fig. 47, c et 51, c, et de nouveau par expulsion de petits granules, fig. 47, li et 51, d, donnent des sporoblastes et des spores. Mais les noyaux c ne disparaissent pas lorsqu'ils produisent des spores et restent accolés au sporonte, fig. 52, 47, e et 51, e. Ils per- sistent comme " noyaux végétatifs >•; c'est une des preuves de leur nature parasitaire. Awerinzew et Femor (11) confirment — assez vaguement d'ailleurs — la façon de voir de Stempell. A première vue cette conception parait baroque ; après l'étude de quel- ques préparations elle devient insoutenable. Le seul point exact, c est que la membrane enkystante de la tumeur ou bien se déchire ou bien est résorbée. Il faut ne jamais avoir comparé les noyaux qui existent dans ces tumeurs avec les noyaux-hôtes voisins pour nier leur identité; il ne faut pas regarder bien attentivement les aspects de noyaux grumeleux et granuleux, fig. 47, 50, 51. a, b, d et fig. 35 à 48 de Stempell, pour y reconnaître des aspects de dégénérescence. L'existence de noyaux-hôtes à 1 intérieur des tumeurs en dégénérescence est prouvée par le fait que l'on en rencontre en cinèse, fig. 51, /'. Le rôle phagocy- taire de ces cellules est évident, fig. 47, 51, d, e, 52, et fig. m à 114 de Stempell. II. La membrane. Autour du kyste, tel qu'il apparaît dans la grande majorité des cas, se trouve une membrane non cellulaire assez épaisse, fig. 1, 2, 5. Observée par la plupart des auteurs qui ont étudié cette espèce, elle est regardée par eux comme dérivée de la tumeur (Stempell, 04, Weissenberg, i3); « elle semble même représenter l'ectoplasme " (Thélohan, gS); ^ sans nier toutefois que dans certains cas le tissu conjonctif puisse produire autour ÉTUDES SUR LES MICROSPORI DIES, IV 23l de la masse parasitaire une sorte de membrane « (Thélohan, go). Par contre dans le Glugea stephani, Hagenmûller, gg, observe une membrane enk3'stante qui résulte d'après lui de la réaction de l'organisme, et Pérez, o5, note - une mince enveloppe conjonctive réactionnelle appartenant à l'hôte - autour des kystes de Glugea stempelli. Deux hypothèses existent donc en ce qui concerne l'origine de la mem- brane kystique; l'une et l'autre sont soutenables; ni l'une ni l'autre n'est prouvée, les arguments n'étant pas décisifs. La formation de la membrane aux dépens de la tumeur s'appuie sur : 1° La colorabilité de la membrane (Stempell, 04); mais Weissen- BERG constate que la Pikrofuchsine et que la méthode de Calleja colorent la membrane comme la substance coUagène conjonctive. Nous observons nous-méme que a) la fuchsine acide et l'orcéine (deux colorants considérés comme spécifiques) et le bleu de méthylène polychro- me réagissent exactement de même sur la membrane kystique et sur la substance connective du tissu conjonctif. b) Le picro-indigo-carmin de BoRREL donne la même coloration vert-bleu à la membrane et à la sub- stance connective là où celle-ci est épaissie en gros faisceaux, c) L'héma- toxyline est énergiquement fixée par la membrane comme par le tissu conjonctif modifié adjacent à la tumeur, d) Le Giemsa colore tout différem- ment la membrane et les tissus voisins, quand une rétraction ou une dé- chirure rend la membrane libre et facilement pénétrable ; mais dans les mêmes préparations, là où la membrane reste adjacente aux tissus, le colo- rant réagit comme en c. 2° Le fait que les jeunes tumeurs sont à protoplasme nettement li- mité sans membrane (Weissenberg, i3). Le fait par lui-même ne prouve pas grand chose; et d'ailleurs nous constatons dans les tumeurs jeunes, FiG. 53, que le protoplasme n'est pas nettement limité; qu'il existe une mince membrane et que par place elle se continue en entier avec les tra- vées conjonctives. 3° Le fait qu'il existe tout près de la membrane des inclusions réagis- sant presque comme la membrane elle-même et qui sont sans doute de même nature (Stempell, 04, Weissenberg, t3). Mais rien ne prouve que ces inclusions soient produites sur place; elles peuvent naître et naissent parfois par invagination de la paroi, et dans ce cas leur existence n'est dé- monstrative ni en un sens ni dans l'autre. La formation de la membrane aux dépens du tissu de l'hùte s'appuie sur : 35 232 Paul DEBAISIEUX 1° L'aspect du tissu conjonctif au voisinage de la tumeur, où il ac- quiert un aspect particulier; les cellules plus petites sont plus tassées les unes contre les autres; la substance connective est plus colorable dans cette zone. 2° L'aspect de la membrane, qui est de structure feuilletée; sa limi- tation par rapport au protoplasme kystique est toujours nette, tandis que des fibrilles se prolongent dans le tissu conjonctif, fig. 5, 47, 53". Lorsque, par l'action des réactifs, le kyste se rétracte légèrement, la déchirure se fait entre le protoplasme kystique et la membrane; cette dernière reste généra- lement unie au tissu conjonctif. Bref, l'origine de la membrane kystique chez Glugea anomala n'est pas établie et il ne nous parait pas probable quelle puisse l'être par l'étude de cette espèce; cependant nous verrons plus loin que nous considérons les tumeurs comme formées de cellules-hôtes hypertrophiées et parasitées; la question de l'origine de la membrane se réduirait donc à savoir si elle est formée par les cellules-hôtes parasitées ou par les cellules-hôtes saines voi- sines. Cette façon de poser la question lui enlève presque tout intérêt, in. Les noyaux hypertrophiés. a) Leur destinée. D'après Stempell (04), les noyaux hypertrophiés donneront directe- ment naissance aux noyaux de sporonte et le protoplasme du sporonte provient d une partie du noyau végétatif, dont une autre partie reste intacte. Awerinzew et Femor (ii) confirment et précisent cette façon de voir. Voyez également Hesse (o5), Ferez (o5, 08), Strickland (i3). ■Weissenberg (i3) établit la fausseté de cette interprétation; nous ne pouvons que confirmer sa façon de voir, et nous avons dit plus haut à pro- pos des tumeurs en dégénérescence quelle est l'origine des erreurs d'inter- prétation de Stempell. b) Leur origine. D'après Stempell (04), les noyaux hypertrophiés sont des noyaux vé- gétatifs du parasite; d'après Awerinzew et Femor (ii), les petits noyaux de la périphérie de la tumeur donneraient directement les grands noyaux hypertrophiés; ils pourraient aussi dégénérer et se désagréger; d'après Weissenberg (i3), les petits noyaux (Primârkerne) donneraient de petits amas chromatiques très irréguliers, plongeant dans du protoplasme con- ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES, IV 233 dense et soit directement soit en confluant ils donneraient les grands noy- aux hypertrophiés. D'après tous ces auteurs, les noyaux hypertrophiés seraient des noyaux végétatifs du parasite lui-même. Cette interprétation nous paraît fantaisiste. Nous avons vu qu'il existe des noyaux hypertrophiés de toutes dimen- sions et que les plus petits se confondent avec les individus uninucléés du parasite. A en juger uniquement d'après les préparations, il est possible que les petits noyaux primitifs évoluent les uns pour donner des plasmodies, des sporontes et des spores, les autres pour donner directement des noyaux hypertrophiques (Awerinzew). Mais nous ne concevons pas que les noyaux primitifs se résolvent en grumaux chromatiques informes et que secondai- rement ils donnent avec du protoplasme condensé des noyaux aussi parfaits que les noyaux végétatifs (fig. 2, fig. 3 de Weissenberg). Ce que Weissen- BERG considère comme ébauche des noyaux h3qiertrophiés nous semble être des produits de désagrégation de ces mêmes noyaux, fig. 2 en bas et à droite, fig. 3 à droite, fig. ii et 36 de Weissenberg) et c'est le cas de ses préparations à en juger d'après le peu de détails qu'il observe dans les noyaux jeunes. Le grand argument de Weissenberg, c'est que dans une tu- meur de 8o [)■ il ne voit que ces granulations irrégulières; or nous avons dit plus haut que dans une tumeur de 70 [^ il existe des quantités de noyaux hypertrophiés parfaitement formés. Par le seul examen des petits noyaux il serait donc possible de croire que les noyaux hypertrophiés proviennent par accroissement des noyaux parasitaires; mais il existe une autre interprétation qui cadre beaucoup mieux avec ce cjue l'on sait des microsporidies, et à laquelle nous nous ral- lions s les noyaux hypertrophiés de toutes dimensions seraient des noyaux provenus d'une (ou peut-être de plusieurs) cellules-hôtes envahies par le parasite Devenu irrégulier et ramifié, ce noyau se multiplie par étrangle- ment et bourgeonnement; certains fragments devenus très petits et très simples ne peuvent être distingués des no3'aux parasitaires, très simples aussi ; d'autres dégénèrent, d'autres se réduisent de plus en plus et fina- lement dégénèrent à leur tour. Ce qui nous fait admettre cette façon de voir c'est que : ic L'existence de noyaux parasitaires végétatifs n'est démontrée pour aucune microsporidie, et d'autre part la nature hôte des noyaux hypertro- phiés est dans bien des cas nettement établie. Korotneff (92) la décrit, en un mémoire remarquablement concis, chez le Myxosporidium bryioïdes, et il appuie sa thèse par des dessins très démonstratifs. Mrazek (lo) observe 234 Paul DEBAISIEUX dans les tumeurs de Myxocystis des noyaux hypertrophiés absolument semblables à ceux que nous observons ici et établit d'une façon certaine leur nature lymphocytaire; ce qui donne plus de valeur encore à sa thèse, cest qu'elle contredit sa façon de voir antérieure (Mrazek, 97). Nous avons nous- même observé la présence de grands noyaux analogues à ceux que nous rencontrons ici et provenant incontestablement de l'hôte, dans les tumeurs à microsporidies des larves de Sinndium (Debaisieux, i3, Debaisieux et Gastaldi, i5). Dans ces cas les noyaux-hôtes hypertrophiés sont excessi- vement polymorphes. Cette façon de voir est soutenue également par Mercier (08), Schrôder (og) et Schuberg (10). 2" Les noyaux hypertrophiés se comportent comme des noyaux anor- maux; ils sont très polymorphes, dégénèrent dans les tumeurs âgées, et leur état ne paraît pas être en relation avec le degré de développement de la tumeur ni avec le développement des parasites. l'V. Les divisions nucléaires. Les divisions nucléaires apparaissent toutes semblables, qu'elles ap- partiennent au cycle de multiplication végétative ou au cycle de la sporo- gonie. A la prophase, il existe deux petits granules disposés aux pôles et unis par une mince travée peu colorable, fig. 8, 22. A en juger d'après certains aspects spécialement nets de la sporogonie, fig. 23, et par l'évolution ultérieure de la mitose, chacun de ces granules et la travée unissante sont de bonne heure dédoublés. Au moment de l'anaphase les éléments chromatiques se portent aux pôles, coulent le long des deux travées conductrices, fig. 9, 24, et à la télo- phase les noyaux-filles, formés de deux masses bien distinctes, restent unis assez longtemps par les deux filaments chromatiques. Ceux-ci portent sou- vent un ou deux granules chromatiques intermédiaires, fig. 10, 14, 1.5, 25—27. Il existe souvent des aspects de fuseau, fig. 3, 13, 22, 23, mais il n'existe pas de différence essentielle entre les mitoses à apparence de fu- seau et les autres; toutes deux se rencontrent lors des divisions végétatives et lors des divisions sporogoniales ; la différence d aspect est probablement due uniquement à l'action plus ou moins parfaite des fixateurs. Nous avons vainement cherché des divisions doubles, des divisions de diplocarya, analogues à celles qui existent chez les PUstophora et les Glu- ÉTUDE SUR LES MICKOSPORIDIES, IV 235 gea du Simiilium (Debaisieux et Gastaldi, i5), et à celles décrites par SwARCZEWSKY (i5), et reproduites dans ses fig. 3o et y5. Parfois on croirait voir l'ébauche d'une pareille division fig. 17, mais l'interprétation de cet aspect est fort douteuse, et la division ne s'achève pas. D'autre part, toutes les divisions se font sur des noyaux plus ou moins dédoublés (Debaisieux et Gastaldi, i5), et toutes sont analogues à celles dessinées par Swarc- zewsky dans ses fig. 3i — 40 et 76 à 7g. Thélohan (65), le premier, a observé une division sporogoniale chez le Gliigea anomala; Stemfell (04) ne dessine pas de divisions nucléaires; Awerinzew et Femor (ii) observent une seule division végétative (sporogo- niale d'après eux), enfin Weissenberg (i3) observe, sans en remarquer les détails et sans leur attribuer leur vraie signification, des mitoses végétatives et une sporogoniale. Swarczewsky (14) observe, dans des espèces voisines, des divisions doubles lors de la sporogonie et simples lors des divisions végétatives. Cette description, qui faciliterait beaucoup l'interprétation, ne se vérifie malheu- reusement pas dans le Glugea anomala. Nous avons nous-méme (i5) ob- servé des divisions absolument analogues à celles qui existent ici dans deux autres espèces de Glugea. W . Le cycle d'évolution. Le cycle d'évolution du Glugea anomala est analogue à celui que nous avons décrit et discuté en détail (i5) pour le G. danilewskyi et le G. viill- leri ; on rencontre dans l'espèce étudiée ici quelques stades plus clairs et certaines modalités spéciales. Nous ne croyons pas à l'existence d un „ myxosporidium - ou d'un r trophozoïte '• à noyaux bourgeonnants; on a vu plus haut que les noyaux hypertrophiés sont très probablement des noyaux-hôtes; ils sont en tout cas sans relation avec le cycle d'évolution du parasite. La multiplication végétative du parasite se fait par divisions nucléaires successives et aboutit à la formation de plasmodies; par cloisonnement elles se résolvent en individus contenant chacun un des noyaux de la plas- modie. Ce noyau est nettement double et le diplocaryon est autogamique au premier degré, car il n'}' a pas trace d'accolement de deux noyaux lors de la résolution de la plasmodie. Le diplocaryon se transforme probable- ment en un noyau zygotique unique et se divise. Le zygote donne deux sporoblastes qui se transforment en spores. La formation de deux spores 236 Paul DEBAISIEUX aux dépens du zygote est caractéristique du genre Glitgea, dont nous étu- dions ici le type. Des sporontes peuvent se transformer en stades végétatifs et régénérer le cycle; ce processus constitue un mode de réinfection au sein même de la tumeur. Nous avons longuement discuté ailleurs (i5) le détail de la formation des spores; les observations faites sur cet objet ne font que confirmer notre façon de voir; nous n'y reviendrons pas. L'existence d'un processus de fécondation entre le moment de la résolution des plasmodies et celui de la formation des sporoblastes est établi par : 1" Le fait que des noyaux nettement doubles, fig. 20, 21, se divisent par une mitose unique, fig. 22—24; 2° le fait qu'entre les divisions végétatives et la division sporogoniale il existe une longue période de transformations nucléaires inexplicable si la dernière division a la même signification et la même valeur que les premières; 3° la comiparaison avec le Glugea danileivskyi et le Gliigea mulleri et surtout avec les microsporidies des larves de Siinulimn. Deux autres hypothèses concernant le moment de la fécondation pour- raient être soutenues et demandent à être discutées : 1° On pourrait nier tout processus de fécondation; se basant sur le fait que le dédoublement nucléaire — le diplocaryon — observé, fig. 20, 21, ressemble à celui cjui existe aux télophases végétatives, fig. 12, et que les divisions sporogoniales, fig. 22—29, ressemblent aux divisions végétatives, fig. 13 — 15, on dirait : par multiplication nucléaire naissent des plasmo- dies; celles-ci se résolvent en individus uninucléés et la succession des di- visions continuant, chaque individu uninucléé en donne deux qui se trans- forment en spores (Weissenberg, 13). Mais il faut remarquer que le stade diplocaryon, fig. 20, 21, ne peut pas être comparé à une télophase, étant très éloigné de toute division nuclé- aire; ensuite cette façon de voir ne rend pas compte de la raison d'être de la longue période que traversent les noyaux entre les dernières divisions végétatives et la division sporogoniale; et l'on ne comprendrait pas pour- quoi les divisions végétatives cesseraient dans la plasmodie pour reprendre une fois encore après isolement des individus-filles. Or, l'étude d'autres microsporidies montre que c'est précisément à ce moment qu'a lieu la for- mation de la copula ou du diplocaryon (Swellengrebel, ii, Swarczewsky, 14, Debaisieux, r5, DEBAisiEUxet Gastaldi, i5); voyezégalementCAULLERY ÉTUDES SUR LES MICROSPORIDIES, IV 237 et Mesnil, o5) ; d'autre part la ressemblance des mitoses végétatives et des sporogoniales et l'existence du diplocaryon avant la fécondation sont établies pour d'autres microsporidies (Debaisieux, i5, Debaisieux et Gastaldi, i5). 2° D'après Swarczewski (14), les divisions végétatives seraient sui- vies de la formation d'une copula (diplocaryon autogamique d'après Swel- lengrebel, 12). Il n'y aurait pas formation de zygote, mais une mitose de maturation (que nous considérons comme sporogoniaie) diviserait la copula en deux copu las-filles, dont l'une donnerait l'appareil d'éclatement delà spore et l'autre par fusion de ses deux moitiés donnerait le noyau unique de la spore mûre ou du germe amibo'i'de. Remarquons d'abord que les deux noyaux-filles de la division ont même valeur et donnent certainement chacun un noyau de spore. 11 reste alors en faveur de l'hypothèse de Swarczewski, que la division nucléaire parait double et a un aspect réductionnel, et que le noyau de la spore est double lors delaformation, fig. 30, et ne devient unique qu'un peu plustard, FiG. 31. Mais toutes les divisions végétatives paraissent doubles et tous les noyaux-filles en télophase sont doubles, et cela enlève toute valeur aux ar- guments de Swarczewski. De plus, si l'on considère ce qui se passe lors de la sporogonie des Thélohania, par exemple, on observe que dans ce genre il y a trois divisions sporogoniales successives; toutes trois paraissent dou- bles et les noyaux-filles sont formés de deux masses chromatiques élémen- taires qui se confondent en un seul noyau à chacune des trois périodes de repos. Il n'est donc pas question pour le Thélohania de divisions réduc- tionnelles ni de fécondation dans la spore : chez le Glugea les phénomènes sont les mêmes, mais au lieu de trois divisions sporogoniales donnant huit sporoblastes, il n'y a qu'une division sporogoniaie qui donne deux sporo- blastes. Ne pouvant admettre aucune de ces deux hypothèses et nous basant sur les arguments donnés plus haut, nous considérons que les stades qui se pla- cent entre les divisions végétatives et la division sporogoniaie appartiennent à un processus de fécondation qui est une autogamie au premier degré. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. i. Le genre G/z/^ea est caractérisé par la formation de deux spores aux dépens du zygote. 238 Paul DEBAÎSIEUX 2. Le cycle suivant lequel le Glugea aîtotnala évolue dans les tumeurs du Gastei osteiis débute par une période de multiplication végétative qui donne des plasmodies; celles-ci se résolvent en diplocarya, qui se transfor- ment probablement en zygote. Le zygote se divise par une division sporo- goniale en deux sporoblastes, qui se transforment en spores. 3. La fécondation est autogamique par pœdogamieau premier degré. 4. Des sporontes peuvent se transformer en stades végétatifs et régé- nérer le cycle. 5. Les noyaux hypertrophiés de la tumeur sont voués à la dégéné- rescence et proviennent très probablement des no3'aux-hôtes. ô. L'origine de la membrane kystique soit aux dépens de la tumeur, soit aux dépens des tissus voisins, est douteuse; mais la tumeur étant très probablement formée de cellules-hôtes parasitées et hypertrophiées, la membrane serait en tout cas produite par du tissu-hôte et non par les parasites. BIBLIOGRAPHIE. I q 1 1 A werinzew et Femor 1 905 Brasil 1893 Brami igo5 Caullery et Mesnil igi3 Debai$iei(x 1 9 1 5 1) igi5 Debaisieux et Gastaldi 1 909 Doliein i838 G/ag« 1893 Gurley 1,899 Haqtnmiilhr 1905 H esse 1892 Korotneff 1899 Lahbc 1908 Mercier I9I2 Minchin 1887 Meniez 1897 Mrazek igio Sporenbilduiig bei Ghtç;ea anomala; Arch. f. Protist., t. 23. Nouvelles recherches sur la reproduction des Grégarines monocystidées ; Arch. Zool. ex. et g., 4"^ série, t. 4. Berichte ûber tierische Parasiten, II; Centr. Bakter.. Orig., t. i3. Recherches sur les Haplosporidies; Arch Zool. ex. et g., 4' série, t. 4. Microsporidies parasites des larves de Simulium ; La Cel- lule, t. 3o. Études sur les microsporidies, Glugea danikwskyi et G. vûilleri; La Cellule, t. 3o. Microsporidies des larves de Simulium, II; La Cellule, t. 3o. Lehrbuch der Protozoenkunde ; lena, Fischer. 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Protist., t. 33. •■ The life history of Plistophora gigaiitea ; Parasitology, t. 4. : Contribution à l'étude des Myxosporidies; Ann. de Mi- crographie, t. 2. ; Sur deux protozoaires nouveaux parasites des muscles de poisson; C. R. Soc. Biol., t. 43. ; Note sur le Glugea microspora ; C. R. Soc. Biol., t. 44. : Recherches sur les Myxosporidies; Bull. Se. France et Belgique, t. 26. ; Beitriige zur Kenntnis des Zeugungskreises der Micro- sporidien Glugea anomala und Glugea hertwigi; Arch. f. mikrosk. Anat., II, t. 82. EXPLICATION DES FIGURES. La combinaison optique (Zeiss) employée pour tous nos dessins put Vobjectif i,5 mm. et l'oculaire i8 (grossissement linéaire 3oooJ. La projection put faite au niveau de la platine du microscope par le prisme Nachet. FIG. 1. Partis périphérique du kyste. En dehors de la membrane un globule rouge. La membrane nettement feuilletée; la zone de protoplasme fondamental est moins dense à la périphérie. La zone moyenne contient de nombreux noyaux hy- pertrophiés la plujart irréguliers et des éléments parasitaires jeunes à différents sta- des d'évolution. Fix. sublimé-alcool. FIG. 2. Partie périphérique du kyste. En dehors de la membrane un noyau conjonctif. La membrane est de structure uniforme et la zone de protoplasme fon- damental régulièrement alvéolaire. La zone moyenne contient de nombreux noj'aux hypertrophiés sphériques, un seul irrégulier, et des éléments parasitaires jeunes. Vers le centre de la tumeur, sporoblastes et spores dans des kystes sporaux. Fix. Bouin. FIG. 3. Partie de la tumeur comprenant les zones externe et moyenne. Un grand noyau hypertrophié globuleux à trois éléments nucléolaires; d'autres irréguliers en dégénérescence. Parasites uninucléés et paucinucléés en division. Fix. Zenker. FIG. 4. Zone moyenne de la tumeur. Parasites uninucléés et plasmodies bou- dinées montrant de nombreuses divisions nucléaiies. Stades de sporogonie et spores contenues dans des kj'stes sporaux. Fix. Zenker. FIG. 5. La membrane kystique. Nettement limitée du protoplasme kystique, elle est très chromatique à sa partie centrale, tandis qu'elle est moins chromatophile et de structure feuilletée à sa partie périphérique. Les assises externes se confondent avec les faisceaux de différentiation conjonctive. Deux noyaux conjonctifs. Fix. Brasil. FIG. 6. Différents aspects des granules chromatiques qui existent parfois dans la zone externe de la tumeur. Ces granules sont groupés de façon très variable; parfois, mais très rarement, ils rappellent en petit les divisions nucléaires des parasites jeunes. Fix. Brasil. FIG 7 Parasite uninucléé. Fix. Bouin. FIG. 8. Aspect de la division nucléaire dans un parasite uninucléé; premier stade Fix. Zenkek 242 Paul DEBAISIEUX FIG. 9. Aspect de la division nucléaire dans un parasite uninucléé. Anaphase. Fix. BouiN. FIG. 10. Idem. Plus avancé. Fix. Brasil. FIG. 11—12. Idem. Télophases et isolement des individus-filles. Fix. Zenker. FIG. 13. Plasmodie boudinée contenant de nombreux noyaux en division. Fix. BouiN. FIG. 14 — 15. Idem Anaphases. Fix. Brasil. FIG. 16. Plasmodie globuleuse, dérivée des précédentes Noyaux au repos. Fix. Zenker. FIG. 17 — 18. Idem. Début de cloisonnement du piotoplasme, plusieurs noyaux sont nettement doubles. Fix. Zenker. FIG. 19. Idem. Le cloisonnement du protopla.<:me est plus avancé. Fix. Bouin. FIG. 20. Diplocarya isolés Fix. Bouin. FIG. 21. Idem. Fix. Brasil. FIG. 22. Premier aspect de division sporogoniale. Les sporontes sont renfer- més dans le kyste sporal. Fix. Brasil. FIG. 23. Idem. Dans l'un des sporontes on voit nettement deux granules di- recteurs à chaque pôle et deux filaments unissants. Fix sublimé-alcool. FIG. 24. Divisions sporogoniales; anaphase. Fix. Bouin. FIG. 25 — 26. Idem; apparition de deux plages chromatiques dans le proto- plasme. Fix. Bouin. FIG. 27. Idem. Un sporonte anormal à deux noyaux en division. Fix. Bouin. FIG. 28. Divisions sporogoniales. Télophase. Fix. Bouin. FIG. 29. Les deux sporoblastes se séparent. Fix. Bouin. FIG. 30. Sporoblastes; quelques-uns à noyau encore dédouble. Fix. Bouin. FIG. 31. Sporoblastes. Plages chromatiques dans le protoplasme. Fix. Bouin. FIG. 32. Sporoblastes à gros noyau unique. Fix. Brasil. FIG. 33 — 35. Différents stades de sporogonie. Fix. sublimé-alcool. FIG. 36 — 37. Spores mûres montrant une vacuole antérieure dans laquelle existent deux granules chromatiques unis l'un à l'autre; un disque médian de pro- toplasme; une vacuole postérieure dans laquelle, exceptionnellement, le filament spirale est visible. Fix. sublimé alcool. FIG. 38. Spore dont le filament spirale est dévaginé par l'action de la glycérine. FIG. 39. Divisions nucléaires évoluant excentriquement à l'intérieur de sporon- tes. Fix. Bouin. ÉTUDE SUR LES MICROSPORIDIES, IV 2^3 FIG. 40. Sporonte se transformant en plasmodies analogues à celles de la période végétative. Dans l'un d'eux division normale, dans l'autre deux divisions nucléaires. Fix. Zenker. FIG. 41—42. Idem. Plus avancé. Fix. Bouin. FIG. 43. Sporontes contenus dans le kyste sporal ; l'un deux considérablement développé. Fix. Bouin. FIG. 44. Idem. Plusieurs sporontes très développés, l'un d'eux binucléé. Fix. Bouin. FIG. 45. Sporontes libres dans le protoplasme fondamental. Leur noyau s'ac- croît progressivement. Fix. Brasil. FIG. 46. Idem. Individu énorme à noyau très développé. Fix. Bouin FIG. 47. Partie de tumeur éclatée, partiellement vidée de son contenu et en- vahie par du tissu conjonctif et par des leucocytes. Membrane à structure feuilletée à limite peu nette, c, leucocytes ou éléments kystiques en dégénérescence; d, gra- nules de dégénérescence ; e, spores phagocytées. Fix. Zenker. FIG. 48. Partie de tumeur en dégénérescence. La membrane est normale ; un no3'au hypertrophié à granules très fragmentés; protoplasme fondamental assez colo- rable, granuleux ; stades parasitaires jeunes, granuleux, peu électifs pour les colorants. Fix. Bouin. FIG. 49. Partie de tumeur en dégénérescence, à un stade plus avancé que le précédent. Membrane conservée seulement à certains endroits de la périphérie. Nom- breuses spores et amas protoplasmiques granuleux irréguliers. Fix. Bouin. FIG 50. Partie de tumeur éclatée et envahie par du tissu externe, a, élé- ments parasitaires en dégénérescence; b, reliquat des grands noyaux hypertrophiés. Fix. Bouin. FIG. 51. Partie de tumeur envahie par du tissu externe : a, éléments pa- rasitaires en dégénérescence; b, noyaux hypertrophiés en dégénérescence ou leucocytes; c, éléments kystiques en dégénérescence; d, granules; e, spores en phagocytose; /, cinèse d'un noyau de l'hôte. Fix. Bouin. FIG. 52. Spores en phagocytose. Le noyau de la cellule phagocytante accolé aux spores. Fix. Bouin. FIG. 53. Partie de tumeur jeune représentant à peu près la moitié de la coupe totale. Il n'existe pas encore de stades de sporogonie; les éléments parasitaires sont uninucléés ou en plasmodies paucinucléées. La membrane kysti(]ue, à certains en- droits C), se continue en entier avec les travées du tissu conjonctif. TABLE DES MATIÈRES. Introduction Historique M atériel Méthodes . Partie descriptive Discussion I. II. III. IV. V. I. Aspect macroscopique . II. Aspect microscopique III. Les stades parasitaires . IV Les noyau,\ hypertrophiés et le V. Tumeurs d'aspect différent Tumeurs en dégénérescence La membrane . Les noyaux hypertrophiés Les divisions nucléaires Le cycle d'évolution Résumé et conclusions Bibliographie Explication des figures protoplasme fondamental Pages 217 218 2l8 219 220 222 226 227 22g 23o 232 234 235 237 239 241 /^/(inrhej. PDeàs/sJe. '7.'eax an ns/ ■ '' ' "' i7//e^ -Brux FÉ^esemans b'.:;ilf Planche II. wm ^ ^ W P Debàimeax ad nat dei. Lifh. H.Jâcùb ^-'Gilles -Brux F Blesen^ân:^ ^':ulp- P/anrficM J/ ^^i^S^ ,ifp:^(^'^-^^a S3 P DebàlSKUX id nât (/»/ LimUJûcoh ''Gf/ferBtu.y "Breseman^ Scu/o eœlomycidium simuli NOV, GEN.. NOV. SPEC. et remarques sur l'Amœbidium des larves de Simulium PAR Paul DEBAISIEUX, PROFESSEUR A L UNIVERSITÉ DE UOUVAIN. (Mémoire dépose le 2^ décembre i()i(>.) 37 Cœlomycidium simulii NOV. GEN, NOV. SPEC, et remarques sur rAmœbidium des larves de Simulium Dans un travail sur les microsporidies des larves de Simulium (De- BAisiEUx et Gastaldi, i5i, nous avons signalé que ces larves hébergent le parasite énigmatique découvert en Amérique par Strickland (l3). L'étude que nous en avons laite nous conduit à créer pour lui un nouveau genre, Cœlniuvcidium: elle est loin de satisfaire toute notre curiosité, mais elle a don.ne, croyons-nous, tous les résultats actuellement accessibles. Nous avons dit ailleurs i i5l (juelle est la provenance des larves de Si- mulium (Melusina maculata Meig., détermination probable) et quelles furent les méthodes employées pour 1 étude de leurs parasites. Nous n'avons que quelques remarques à ajouter. L'étude du Cœlomycidium de- mande du matériel abondant, car le plus .souvent chaque larve n'héberge qu un seul stade mille lois répété du parasite, et elle exige du matériel ré- colté à toutes les saisons de l'année, car les aspects du parasite \arient beaucoup d'une saisun à lautre. Pendant prés de trois ans nous avons lait à la station des Simulium des pèches répétées. La dissection et la fixation des larves doivent être faites le plus tôt possible après leur récolte car les parasites dégénèrent rapidement, et il faut immerger la larve dans le fixateur dès qu'elle est incisée, car la pUii^art des stades parasitaires sont plasmo- lysés jiar le contact de l'eau. La plupart de nos dessins sont faits d'après des préparations Hxées à la liqueur de Bouin et colorées par 1 héniatoxyline de Heidenhain suivie d'un colorant protoplasmi(]ue; beaucoup d'autres fixateurs et colorants furent cependant employés. Les stades flagellés, libres dans l'eau, furent Hxés sur porte-objet par lacide osmique à o,5 "/o, séchés et colorés à l'hémato- xyline ou au Giemsa Les préparations ainsi obtenues furent soigneusement contrôlées par l'étude sur le vivant et sur coupes. 25a Paul DEBAISIEUX I. PARTIE DESCRIPTIVE. A. Aspect macroscopique et étude sur le vivant. On trouve des larves de Simuliuiu pentlant jncsque toute l'année. A la fin de l'hiver et au |iriiitemi*s les individus adultes, ceux qui ont hiverné, sont assez rares; par contre on trouve sur les feuilles et les tiges immergées des amas d'œufs de plusieurs centimètres et des jeunes larves de i à 2 mil- limètres réunies en colonies compactes; pendant l'été et l'automne on en trouve à tous les stades de développement, les unes toutes jeunes, les autres transformées en nymphes; pendant l'hiver on trouve des larves complète- ment développées et des nymphes. Le iait cjue les larves vivent cote à côte en grand nombre, facilite la transmission de l'intection ; les divers parasites libérés du corps d'une larve sont immédiatement ingères par une autre. La larve adulte mesure environ un centimètre de long; la région pos- térieure est un peu plus grosse que la partie antérieure; ranim.al est légè rement transparent, de teinte grisâtre. Nous avons dit ailleurs iiJ, i5) ([ue l'infection par diverses microsporidies se reconnait sur le \ ivant à ce (|ue une ou plusieurs tumeurs limitées, blanc laiteux, gonflent et déforment la larve; elles sont plus ou moins visibles par transparence ou bien même for- ment une hernie franchement blanche à la surface du corps. L. "infection par le Cœlomycidiiim se reconnait assez facilement à ce que la larve est uniformément et parfois considérablement dilatée, de teinte brunâtre dans les cas d'infection jeune, blanc gris dans les cas d'infection avancée ou d'infection d'hiver. L'infection par le Cœloiuycidiitni est généralement pure, mais elle jieut coexister, à tous les stades de développement, avec des tumeurs de Thélohavia ou de Plistophora. I. Formes dete. .\u printemps on trouve parfois dans la cavité générale de la larve des stades parasitaires mesurant :S à Mi \>. de diamètre, à protoplasme très transparent et contenant i. -i et jusqu'à 10 noyaux assez grands et bien vi- sibles. Nous considérons ces stades comme étant de jeunes formes d'été. Ils peuvent être mêlés à d";iiitres stades du iiarasite. Depuis la tin du printemps juscju'au début de l'hiver on frouM: exclu- sivement des formes toutes différentes. Dès axant l'ouverture de la larve on observe, par transparence et au microscope, des centaines de parasites CCKLOMVCIDIUM SIMULII XOW GEN., NOW SI'EC. 2DI passivement mobiles à l'intérieur du corps par suite des contractions de l'hôte; à l'incision de la larve ces parasites s'échappent soit en amas, i[uand ils sont encore adhérents aux tissus de l'hôte, soit isolément (juand ils sont déjà libérés dans les cavités de la larve. Ces parasites sont sphériques de dimension variable, ils peuvent atteindre et même dépasser loo y- ; ils sont à protoi.)lasmc Hnement granuleux sans zone périphérique distincte, fig. 9. Il est à remar(]uer que ces i)arasites abandonnes dans l'eau s'altèrent rajn- dement; la plasmolyse intervenant ils se morcellent en masses secondaires; souvent une zone périphérique iri-éi^'ulirre hyaline se forme avant le morcel- lement du parasite. A un stade plus avancé chaque parasite contient, à l'intérieur d'une mer.ibrane à peine visii^le, des milliers de parasites-filles individualisés riG. 10, qui souvent se meuvent d'une façon saccadée et oscillante. Çjuand ces gros parasites entrent en contact avec l'eau, la plupart crèvent, soit im- médiatement soit après (juclques minutes, le contenu est expulsé en une colonne compacte dans laciuelle on observe un tourmillement rapide, puis tous les parasites-filles se disséminent dans le liquide ambiant. A peine libé- rés, ils sont agités de mouvements oscillatoires saccadés, sans changement de place, dus à des détentes successives d'un Hagellum ; puis bientôt, ([uand le flagellum est libéré, fig. 28, il y a mouvement de translation rapide. Parfois les germes tiagellés sont déjà libérés à l'intérieur de la larve et s'éparpillent dès qu'on incise celle-ci. Parmi les larves abandonnées dans un cristallisoir, avec de l'eau traiche, quekjues-unes éclatèrent spontané- ment, laissant échapper un nuage laiteux formé de germes Hagellés. 2. Formes dhiver. ûj Pendant tout 1 hiver, dès que l'on incise des larves parasitées, il s'en échappe des centaines de parasites sphériques opaques mesurant i8 à iSo :'■ de diamètre; ils sont très finement granuleux, entourés d une mince zone hyaline qui n'est pas nettement séparée du centre granuleux, (juel- ques parasites — parfois beaucoup dans un même liôte - possèdent une zone périphérique hyaline très épaisse mesurant le quart ou même la moi- tié du rayon total, et nettement séparée du contenu granuleux dans lequel existent des corpuscules réfringents, fig. 46, 47. Il existe parfois des amas de 5 — lo 2o petits parasites de ce type. hj Un tout autre aspect du parasite ne représente, croyons-nous, qu'une modification, peut-être dégénérative de la forme précédente. 252 Paul DEBAISIEUX l^t'S individus les plus simples pusscdcnt au csiitie un amas prcjto- plasniique compact à corpuscules réfringents, puis une épaisse envelop|)e transi)arente et périphériciuement une memlnane hyaline leuilletée i ig. 55. Souvent plusieurs amas piotoplasmiijues isolés sont groupés dans une même membrane hyaline feuilletée, fig, 56; ces amas peuvent mesurer i5o;). et ]-»lus encore. Parfois il e.xiste 2 5 20 masses protoplasmicjucs iso- lées; il semble qu'elles résultent de la fragmentation de la niasse protoplas- mique primitive, iiarfois les zones transparentes se sont fusionnées et con- tiennent de nombreu.x amas protoplasmiques. dont cpiehiues-uns, moins bien limités, semblent se désagréger, fig. 57. 58. Cet aspect se rencontre isolé, ou bien dans les larves (jui abritent également la forme précédente ou bien dans les nymphes. C'est la seule forme parasitaire cjuc iious ayons rencontrée dans les n3'mphes. On trouve tantôt 40 à Sc) individus de cette tbrrne dans un niéme hôte, tantôt (]uel- ques individus seulement. 3. Infection mixte. yuelc]ues larves récoltées vers la mi-décembre étaient infectées en même temps par des parasites de la forme d'été et par des parasites du premier type de la forme d'hiver. Ces derniers st)nt petits, groupés à plu- sieurs et se reconnaissent aisément à leur opacité plus grande. De nom- breux germes flagellés uninuclécs existent dans ces larves. B. Étude sur matériel fixé. Kn règle générale, les centaines de parasites d'une même larve sont tous exactement au même stade; ils différent entre eux par leurs dimen- sions, qui \arient du simple au décuple, par le nombre des noyaux, qui varie proportionnellement, mais tous ces noyaux sont au même stade de leur évo- lution. Exceptionnellement l'un ou l'autre parasite se trouve a un stade tout différent de ses centaines de voisins, et dans quek|ues rares larves la juxta position de stades différents permet de se rendre compte du passage de l'un à l'autre. I. Stades d'ete, a) Stades jeunes. Des larves récoltées au mois d avril nous ont mon- tré l'mfection à son premier degré. L'anatomie de la larve est normale; de grandes quantités de tissu adipeux s'y rencontrent. CcÈLOMvciniu^r simclii xo\'. gen., nov. spf.c. 253 Les parasites par milliers sont subsphériques ou irréguliers, petits ou grands (3 à Jo;-"), uiiinucléés ou multinucléés. Fif,. 1. On les rencontre libres dans la cavité «énérale, et insinués dans tous les interstices cellulaires; ils attaquent surtout les cellules adipeuses proximales, fig. l, et distales (uri- (]ues), FIG. 2. Certains parasites sont partiellement enclavés dans la cellule graisseuse et i)artiellenient libres, i'ig. 1, ce qui conduit à attribuer à la plasmodie la laculté de se mou\oir, et de se nourrir successn'ement aux dépens de divers éléments de l'hote. Le protoplasme d(>s parasites jeunes est finement granuleux et homo- gène, avec parfois (pudques lins granules colorables; les noyaux, relative- ment grands, à membianc jieu distincte, contiennent une grosse niasse de réserve chromatique (caryosoine?) et de fins filaments et granules beaucoup moins colorables, généralement ramassés en un petit amas intormc. Le mécanisme des divisions nucléaires est difficile à analyser en détail; les di- visions sont ceitainement du type bipolaire fig. 1, 7. La fixation et la coloration de ces stades, comme de beaucoup d'autres, hélas!, sont rarement parfaites, et le plus souvent on n'observe dans le protoplasme c]ue des gru- meaux chromatiques informes, à peine entourés d'une aréole claire; cela nous explique l'opinion de Stkickland (i3i, qui croit à l'existence, pendant la i-ilus grande partie de la vie du parasite, de - diftusly scattered chromatic masses -. Un trou\e [larlois des stades jeunes dans des larves toutes bouirées de liarasites, arrivés au terme de leur évolution estivale. La fig. 2 est em- pruntée à une lar\c remplie de parasites transformés déjà en germes uni- nucléés flagelles, fig. 28; les parasites qui sont logés dans des cellules adipeuses distales sont caractérisés par leurs petits noyaux; ils présentent une ressemblance frappante avec les germes uninucléés eux-mêmes^ et nous \errons plus loin (]u'ils en proviennent probablement. Les FIG. 5 et 6 sont intc-ressantes parce; qu'elles montrent, d'une part, l'aspect de noyaux jiarasitaires imparfaitement fixés, et d'autre part, la grande ressemblance ipii existe entre des parasites jeunes et des cellules de l'hôte (l'une d'elles, Fir;. 5, est en mitosei. La fig. 4 représente probablement un tout jeune |)arasite intracellulaire. l'') Accroissement. Les parasites s'accroissent aux dépens des tissus de la lar\e; l)ient6t tout le tissu adipeux proximal disparait, le corps est littéralement bourré et gonflé jiai^ des plasmodies parasitaires; elles sont comprimc'^es et mnuh'es les unes sui" les autres. Elles sont de dimensions 254 ^^"' DEBAISIEUX très variables (i5 à loo :- et plus) ; le protoplasme est de structure uniforme, sans enclaves; les noyaux, très nombreux, sont semblables aux noyaux des stades jeunes, mais la masse chromatique de réserve est généralement plus petite au repos, fig. -.1, 14, et irrégulièrement éparpillée dans les noyaux en division, fig. 12, 13. Durant les divisions on n'obser\e d'autres détails (|u un ètiromcnt irréguliei' du réseau nucléaire. (■) Scii'iu cil talion des plasmodies. Les plasmodies se résolvent en une niultitudi' d'individus ur.inucléés; mais avant que ce fait ne se produise, les noyaux se modifient. La réserve chromatique disparaît, les filaments nucléaires sont beaucoup plus nets, mieux individualisés et très chromati- ques, Fir;. 15, 16; sous cette forme les noyaux se divisent encore, ils s'al- longent, les filaments constitutifs sont assez irrégulièrement disposés suivant le grand axe, et il semble (|u'ils cntouifnt en faisceau une travée axiale lé- gèrement colorablc unissant deux granules directeurs, fig. 17; en coupe équatoriale on voit les éléments du noyau ra3'onnant autour de cet axe central. -- Les aspects de noyaux sans masses chromatiques sont fréquents, mais ceux de noyaux volumineux avec filaments nucléaires très chromati- ques et liicn individualisés, fig. 15 — 17, sont rares; nous avons cependant rencontré une lar\e où ils se trouvaient exclusivement et en très grand nombre. Le protoplasme se segmente, et il se forme des individus à un seul gros noyau, fig. 19; ce noyau se divise une dernière lois encore, fig. 20. et chaque individu en donne deux autres à petit noyau, fig. 20, 21. — 11 semble que cette dernière transformation puisse offrir des variantes, que tantôt la segmentation du j^rotoplasuie soit progressive isolant des ilôts plasmodiaux qui à leur tour se cloisonnent, que tantôt la segmentation n'ait lieu qu'après l'achèvement de la dernière division nucléaire. d) /■ornialioii des \oospnres. Les individus uninucléés mesurant 3 à 4;j, possèdent un protoplasme homogène, pas de membrane distincte et un noyau bien colorable, sphériciue, de i à 2 y, fig. 21. Bientôt apparaît dans le protoplasme un fin filament en rapport avec un petit granule chromatique juxta-nuclèaire ou intranucléaire ; c'est l'ébau- che du Hfigellum, iig. 22. Ensuite apparaissent des ccMpuscuIes chromati- ques, assez irréguliers, sou\'ent allongés, en nombre variable, fig. 23; ils deviennent plus épais et se moulent souvent en demi-cercle à la périphérie du protoplasme, fig. 24; tout en s'accroissant, ils se condensent en deux ou CCELOMVCIDIUM SIMULII NOV. GEN., NOV. SPEC. 255 trois masses volumineuses, fig. 25, et enfin en une seule accolée au noyau, FIG. 26. Le germe flagellé est alors complètement évolué; d'après ce que l'on peut contrôler sur le vivant, le flagellum est uni au noyau à sa base, il émerge du protoplasme et est enroulé autour de la zoospore en un tour de spire complet. La signification du noyau accessoire accolé au noyau est énigmatique. 11 est formé par la réunion des granules chromatiques mitochondriaux, FIG. 23, et étant donné qu'au cours du développement ceux-ci se disposent en cordons semi-circulaires périphériques, fig. 24, il est permis de supposer qu'ils jouent un rôle dans l'édification du flagellum. (') Zoospores. Généralement les germes flagellés sont libérés déjà à l'intérieur de la larve, et se répandent en quantité innombrable dans tous les interstices du corps. La larve éclate alors spontanément. La zoospore mesure 6 à 8 i^-, fig. 28 (après fixation il y a condensation du protoplasme!. Dans le protoplasme existe un no3'au piriforme à sommet — disons antérieur — dirigé vers la périphérie; un noyau accessoire assez volumineux se trouve à la partie postérieure du noyau. Sur le vivant le noyau est clair, le noyau accessoire forme une masse un peu plus dense; après fixation au sublimé-alcool le noyau accessoire est beaucoup plus chro- matophile (hématoxyline) que le noyau proprement dit; après coloration au GiEMSA il est bleu sombic, tandis que le noyau proprement dit est rouge franc. (Les fig. 29—31, 33. 34, 39 reiModuites d'après des préparations co- lorées au GiEMS.\ sont rendues en ton sur ton; en réalité les préparations montrent le n(J3'au rouge et le noyau accessoire bleu.) A côté du noyau et du noyau accessoire existe un amas fie quelques granules réfringents. Le flagellum est en rapport par sa base avec la partie antérieure du noyau; il possède un segment intra-protoplasmique et un long segment libre qui mesure une vingtaine de ;j., fig. 28—32. Le flagellum est d'abord enroulé autour du corps protoplasmique, il se libère ensuite. Parmi les zoospores libérées nous avons parfois observé de petits in- dividus uni- ou paucinucléés, fig. 27. Ce sont évidemment des germes fla- gellés incomplètement évolués; ils rappellent étrangement et ont semble-t- il, la même valeur que les parasites jeunes, ftg. 2, dont nous avons parlé plus haut. Nous croyons que la propagation de l'infection dans l'hôte lui- même peut se faire par eux. 38 256 . Paul DEBAISIEUX f) Evolution des loosporcs. Les zoosporcs examinées sous couvre- objet s'altèrent apiès un quart d'heure; conservées dans l'eau pure elles dé- génèrent après deux ou trois heures, et des essais de conservation dans de l'eau continuellement agitée et aérée n'ont pas donné de meilleurs résultats. Les zoosporcs se transforment en germes ainiboïdes, et ce processus parait être un phénomène normal. Parmi les zoospores examinées dans l'eau, on observe constamment des individus amiboïdes; on les observe déjà dès la libération des zoospores, on les observe plus fréc|uemment quelques minutes après la mise en liberté, on les retrouve après deux et trois heures. Parmi ces germes amibo'ïdes les uns possèdent un flagellum réduit, le corps proprement dit contient le novau, le noyau accessoire et quelques granules réfringents, une portion du protoplasme est plus claire avec quelques vacuoles, fig. 33— 35 ; cette portion protoplasmique est mue de mouvements rapides et saccadés ne rappelant que de loin des mouvements amibo'ïdes. La fig. 35 reproduit quatre formes successives prises par un même individu en un espace de temps d'environ 5 secondes. D'autres germes amiboïdes, à corps mobile, sont terminés antérieurement par un prolongement court plus épais qu'un flagellum, battant rapidement, une ou deux fois par seconde, fig. 36, 37. D'autres enfin sont dépourvus de tout flagellum, fig. 39, 38; cette dernière figure représente quatre aspects successifs observés en lo secondes sur un même individu. Comme nous l'avons dit, nous n'avons i)u maintenir les zoospores en vie Cjue pendant (juelques heures; nous n'a\ons pendant ce temps observé aucun aspect ([ui permette de supposer iju'd y a copulation entre deux indi^'idus. 2. Stades d'hiver. a) Première forme. Plusieurs larves récoltées vers la mi-décembre montrent une forme d'infection intéressante. Les cavités du corps contien- nent par endroit des quantités de parasites d'été au stade de la segmenta- tion plasmodiale; ailleurs, également localisés par place, existent des stades d'hiver aux premières étapes de leur formation, fig. 40-42, 44, 45. Parmi ceux-ci on observe des parasites de 8 à i5 \>- de diamètre, ils possèdent un volumineux noyau de 4 \j.. cjui contient un gros caryosometrès chromatophile et quelques filaments chromatiques dans le cytoplasme clair. Le proto- plasme est tantôt clair et homogène, fig. 40, 41, tantôt chargé de petites enclaves irrégulières colorables, fig. 4i 44, tantôt bourré de grosses en- CŒLOMYCIDIUM SIMULII NOV. GEN., NOV. SPEC. 267 clavcs intensénient colorables, fig. 44. A coté des parasites uninucléés il en existe à 2, 3, 5 noyaux, fig. 44, 45. Tous ces parasites sont entourés d'une enveloppe hyaline assez épaisse; ils sont généralement réunis en petits amas accolés par l'enveloppe hyaline. (Sur coupes ils n'apparaissent pas accolés, parce que la membrane d'enxclopjie est presque toujours devenue invisible dans les milieux éclaircissants, fig. 44. i Dans un même amas on trouve des individus uni- ou paucinuclécs. et des parasites à protoplasme chargé de grosses enclaves, de petites enclaves ou sans enclaves, fig. 44. Dans ces mêmes larves on trouve des parasites volumineux, mesurant une trentaine de \>, et semblables à ceux que nous allons décrire. Des centaines de larves infectées récoltées pendant l'hiver contiennent, soit rares soit en grand nombre, des parasites de grande taille (60 \>- en moy- enne) à nombreux gros noyaux, à protoplasme riche en enclaves. Le corps protoplasmique est protégé par une en\'eloppe d'épaisseur variable mesu- rant souvent le tiers du diamètre total, fig. 47; sur le vivant elle est parfaitement transparente, sur les coupes elle est généralement déchirée ou arrachée, peu colorable, fig. 4b; bien apparente avant éclaircissement des préparations, elle est généralement invisible après, fig. 49 — 51. Le protoplasme est bourré de grosses enclavesqui, après la fixation au BouiN, Zenker, Bend.\, sont intensément colorables par la plupart des co- lorants nucléaires (hématoxyline, safranine, violet de gentiane, carmin, rouge magenta, etc.), fig. 44. 49, 51, 53. I^eur coloration résiste énergique- mcnt à la différeiitiation prolongée, elles sont si nombreuses qu'elles masquent le plus souvent les noyaux du jiarasite. Après fixation au subli- mé-alcool, ces enclaves sont moins colorables et sont parfois invisibles, fig. 50, 52; on découvre par contre des granules chromatophiles formant une assise continue près de la membrane, fig. 50. L'épreuve à l'acide osmicjue donne au parasite entier une teinte brune assez foncée; mais en écrasant le parasite, on voit que les enclaves ne sont pas spécialement colorées et qu'elles sont de teinte jaune. Les noyaux sont semblables à ceux décrits dans les stades d'hiver jeu- nes; ils se divisent par bipartition, le caryosome étant conserve et fonction- nant comme nucléo-centrosome, fig. 51. Il est probable que les divisions sont synchrones dans un même parasite, mais qu'elles se succèdent très lentement; cette lenteur est un rapport avec la physiologie de la forme d'hiver qui parait être une forme latente à fonctions végétatives très ralen- ties. Nous avons examiné nombre de milliers de parasites d'hiver sur des 25s Paul DEBAISIEUX séries de coupes provenant de plus de cent larves infectées récoltées à des époques différentes; nous n'a^■ons découvert cju'un seul cas certain de divi- sion nucléaire, fig. 51. La fig. 52 représente an aspect nucléaire parfois observé sur des préparations lixées au sublimé-alcool (déplorable fixateur nucléaire, hélas!) ; peut-être représente-t-elle une prophase et fait-elle soup- çonner qu'il y a division intranucléaire avec tassement des éléments chro- matiques à côté du caryosome. On rencontre parfois dans des larves à infection d'hiver caractérisée, des parasites uni- ou paucinucléés groupés dans une enveloppe commune. Ils proviennent probablement de la fragmentation de gros parasites en in- dividus plus simples, fig. 54. hj Seconde forme. Nous avons dit en parlant de laspect des para- sites vivants que certains sont polykystiques, fig. 56-61. Sur préparation fixée ces parasites présentent un protoplasme clair et des noyaux volumi- neux analogues aux noyaux de la forme d'hiver, i ig. 57 6i ; parfois les noyaux présentent anormalement deux caryosomes, fig. 60. Ces individus sont petits, paucinucléés et tassés à plusieurs dans une capsule commune; ils paraissent provenir, par morcellement, d'un individu plus volumineux et être entourés d'une capsule de tissu réactionnel sécrété par les cellules hôtes. C. L'Amœbidium des larves de Simulium. Cette espèce, que nous croyons être celle décrite par Ch.\tton et Rou- BAUD (og), fut assez fréquemment observée dans le rectum des larves cjue nous avons étudiées. Le parasite est de forme nénjatoide très grêle et peut atteindre plusieurs centaines de microns en longueur. Le corps plasmodial est revêtu d'une membrane résistante qui, à la partie antérieure, sert à la fixation du parasite, fig. 62, 63. Le protoplasme est complètement homo- gène; sur les préparations fixées on voit, sauf chez les individus très grêles, une grande cavité centrale qui se i^olonge sur toute la longueur du parasite; parfois le parasite est localement dilaté et possède une large cavité cen- trale. Les noyaux sont très nombreux et disposés irrégulièrement dans le protoplasme, ils sont volumineux à très gros caryosome chromatique, fig. 64, et ressemblent étonnamment aux noyaux des stades d'hiver de Cœlo- mycidium , fig. 45. Nous n'avons pas eu l'occasion d'observer des divisions nucléaires ni aucun stade d'évolution. CCKLOMVCIDIUM SIMULII N0\'. GEN., N0\'. SPEC. L'5(J II. INTERPRÉTATION ET DISCUSSION Malgré de patientes recherches, la connaissance que nous avons du cycle évolutif du Cœloniycidium est encore incomplète. I" L'Évolution des stades d'été, fig. 1—39, aboutit à la production de germes tlagellés (jue l'on jieut appeler zoospores, en comprenant ce terme dans le sens large qu'admet Minchin iiil. Les noyaux se multiplient par bipartition; des cinèscs i probablement deuxl, de tj^pe particulier, dépour- vues de caryosomc, précèdent immédiatement l'individualisation des zoo- spores; celles-ci, d'abord flagellées, deviennent ensuite amibo'ides et perdent le flagellum; aucun phénomène de conjugaison ne peut être observé entre elles; des zoospores incomplètement difi'érentiées peuvent, semble-t-il, pro- pager l'infection dans le même hotc, riG. 27, 2. Les zoospores sont évidemment à rapprocher de celles que l'on len- contre chez les mycétozoaircs, les phytomj'xidées et les chytridinées. Le fait que leur formation est précédée de cinèses de type spécial, dans lesquelles le caryosome a disparu, fut observé dans ces divers groupes (Maire et Tison, og, et ii; Winge, iJ; Bailly, 12, etc.). Ce rapprochement conduit à considérer que les zoospores sont vraisemblablement en rapport avec des phénomènes de fécondation. Les mycétozoaircs ont des zoospores que Kr.ïnzlin (07), Jahn (08) et d'autres considèrent comme le résultat d'une fécondation suivie de deux ci- nèses de maturation; plus tard Jahn ( i i i les considère comme des gamètes formés après deux cinèses de maturation et destinés à se fusionner; la se- conde façon de \o\v s'appuie sur des arguments solides et sera sans doute confirmée dans la suite. La reproduction sexuée des phytomyxidées est en- core inconnue. Chez les chytridinées on connaît la reproduction sexuée de quelques espèces seulement (Lœwenthal, o5, Barrett, 12, Kusano, 12, 'Wager, i3, etc.). Dans tous ces cas les zoospores peuvent se reproduire di- rectement et asexuellement, ou bien sexuellement après copulation; la re- production asexuée se fait généralement par sporanges peu protégés, tandis que la reproduction sexuée se fait par des zygotes, puis des sporanges à membrane épaisse (sporanges durables); les modalités de la copulation sont très variables : un seul cas retiendra notre attention, c'est celui de YOlpi- dium vicia' (Kusano, 12). Les zoospores possèdent un long flagellum; 1° elles servent de point de départ à la reproduction agame. Elles devien- 26o Paul DEBAISIEUX ncnt amiboïdes, perdent leur Hagellum, pénètrent dans une cellule-hote et s'y accroissent. Les noyaux se multiplient par des divisions qui - resseinble ainitosis -; lors des dernières divisions - the nucleolus disappears... mitotic division is quite certain -; le zoosporange reproduit des zoospores; 2" elles servent de point de départ à la reproduction sexuée, l^eux zoospores se fu- sionnent; après accroissement de la capsule et épuration nucléaire, les deux noyaux se fusionnent; le zygote est formé. L'accroissement continue, le noyau se multiplie par mitoses, les noyaux sont beaucoup plus volumineux et plus chromatiques que dans le zoosporange agame; le cytoplasme est compact et contient - larger and smaller globules like oil drops -, une épaisse membrane le protège; l'aboutissant i)robable de la reproduction sexuée parait être des zoosporcs. Les dessins donnés par Kusano, plus en- core que la description, suggèrent un rapprochement étroit entre YOlptdium vicia: et le Cœlomycidium simulii. Nous nous bornons à signaler ce rapprochement; l'exemple de ÏOlpi- dium l'icicc comble dans notre esprit les lacunes cjui existent dans nos ob- servations. Nos observations nous conduisent à croire que les zoospores propagent l'infection dans l'hôte primitif, mais malgré des recherches et des essais répétés nous n'avons pas observé leur c<>i)ulatioii, ni dans l'hôte, ni en dehors de lui. Il nous est donc impossible d'établir avec précision la signification complète des zoospores de Cjflonn-ciciitiiii. 2" Les formes d'hiver, iig. 40—61. a) Elles appartiennent à la même espèce que les formes d'été. En effet, pendant tout l'été on ne rencontre (ju'une forme, et pendant tout l'hi- ver on ne rencontre que l'autre; aux saisons de transition certaines larves renferment les deux formes et l'examen sur le \ivant montre avec évidence leur parenté. (Jue l'on n'objecte pas la grande différence entre forme d'hi- ver et forme d'été; nous venons de signaler une différence aussi marquée chez YOlpidium viciœ, nous la rencontrerons plus loin encore chez le Poly- Cijriuni. Enlin rappelons simplement cjuc les formes d'été dégénérant au contact de l'eau, produisent une enveloppe hyaline. b) L'origine des formes d'hiver n'a pu être observée; elles i)roviennent très probablement du développement des zoospores. cj Quant à la destinée des formes d'hiver, la seule chose que nous sachions, c'est qu'elles peuvent se fragmenter en individus plus simples, FiG. 54, et probablement produire de la sorte et sur place de nouveaux sta- des d'hiver uninucléés; ce processus parait être exceptionnel. CŒLOMVCIDIUM SIML'LU NOV. GEN., NOV. SPEC. 201 Les aspects décrits plus haut comme second type des formes d'hiver appartiennent probablement à des parasites dégénérés sous l'influence ré- actionnelle des tissus-hôtes. Ce qui confirme cette façon de voir, c'est que ces aspects furent trouvés en petit nombre, et à l'exclusion de tous autres, dans les nymphes. Stkickland (i3) considère que les larves infectées ne subis- sent jamais la nvmphose, parce que les histoblastes des larves infectées sont arrêtés dans leur développement, et que par conséquent il n'y a pas de nymphes infectées. V.u lait les nvmphcs sont infectées, mais elles le sont par des parasites peu nombreux, et partant peu nocifs, arrêtés dans leur évolution et même déj^énérés par la réaction des tissus-hôtes. Nous n'avons observé aucun stade qui indique une transformation des stades d'hiver en stades d'été, ou qui établisse une transition entre eux. Il nous parait dès lors peu probable que les premiers se transforment sur place; il est plus probable qu'au printemps les stades d'hiver évoluent libre- ment dans l'eau. 3" Les slaJes d' Amœbidiurn rencontrés dans l'intestin des larves de Simulium font peut-être partie du cycle d'évolution du Cœlomycidium. Cette hypothèse, qui ne repose sur aucune observation directe et qui paraît même un peu extraordinaire, est fondée sur les quelques remarques sui- vantes : a) Une espèce d Aiuœbidiinn se rencontre sur les larves de Simu/iiiiu, tl'autres se rencontrent sur les phyllopodes ou dans leur intestin (Ch.atton, 06, a et /', R.\.\BE, 121. \.' Aiua'bidiuiu iuoi!ic{i i L.\bbé, gg) se rencontre éga- lement sur un cooépode. Dans les larves de Simiiliiiin on rencontre le Ccvlomvcidiinn, dans les ph^yllopodes on rencontre les Polycariiini braiichipodianuni et lœve qui ont une parenté étroite avec le Ca'loinycidiuin, et on y rencontre également le Cœlosporidiii>n chvdcricola qui ai)partient vraisemblablement à la même famille (pie les espèces précédentes. b) Il existe une ressemblance frappante de taille et de structure entre les novaux d'hiver du Ccvlonn'cidiiiin et les noyaux de ï Ainœbidiinn du Siiniiliiiii! , rio. 53, 61. cj On ne connaît de Y Aniabiiliuin qu'un cvcle probablement incom- plet (Chatton, of), a et b\. UAnuvbidiiini parasiticimi, le seul qui soit plus ou moins bien connu, forme des kystes à membrane épaisse, dans lesquels s'accumulent, comme chez Polycar\-m}i, Oelosporidiiim et Bhisliilidiiini, des réserves décrites comme graisseuses. 262 Paul DEBAISIEUX dj ITEREZ (o3. '-)5) décrit succinctement le BLnUilidinni p(vdophloriim, parasite des œufs pondus et des tout jeunes embryons de Daphnia obtusa; (^HATTON (08) y décrit des zoospores {]ui se libèrent en sortant par un prolongement en goulot de la membrane parasitaire. Les recherches de Chatton font nettement apparaître la parenté cjui rattache le Blasliilidiiini au Cœlouiycidiuin et également aux Ch\'tridinées. Or. une forme externe enkystée, qui appartient probablement au même parasite, présente des rela- tions de parenté frappantes avec les kystes à' Ainabidium . Chatton conclut en disant : - par leur habitat, leur mode de fixation et leur structure in- time, ces parasites énigmatiques présentent avec les Amcebidiuin d indéni- ables ressemblances -. c) Mesnil et Marchoux (97), dans la description ciu'ils donnent de Ca'losporidhnn cliydencola, disent avoir trouvé sur le même hôte - des ecto- parasites évoluant tout à fait comme les Anuebidiuiu. 11 est impossible de dire si cet ectoparasite constitue un cycle particulier de développement de Ca'lospnn'diuin : mais ce que l'on peut affirmei-, c'est qu'il en est très voisin -. /) Ar.EXEiEFE (14I, en étudiant Y Ic/it/ij-osporidiimi ^ûstcrophi/iim, c|ui est certainement apparenté au Ca'lomycidium, écrit ; - à ce stade, (jn ne peut manquer d'être frappé de la ressemblance (jue présente cette forma- tion régulièrement sphériquc avec les kystes ù'Amœbid'.inn pavasiticiim -. Si l'identité entre le Co'lomvcidiuiu et Y Aniœbidiiiiu se confirme dans l'avenir, la signification des stades d'hiver du premier deviendrait plus claire; le parasite aurait un cycle endogène (formes d'été) et un cycle exo- gène (Amd'bidiuni évoluant comme l'a décrit Chatton, 06 a et b). Les formes d'hiver seraient les homologues des formes exogènes, mais représen- teraient un cycle d'hibernation évoluant lentement à l'intérieur clu corps et à l'abri des conditions extérieures défavorables. III. SYSTEMATIQUE. Le Cœlomycidium fut découvert et succinctement décrit par Strickland (i3), qui nous dit : - I sent prepared spécimens of the parasites to Profes- sor Calkins, who very kindly replied that they probably belonged to the order gregarinida. I hâve not, howcver, sufficient stages to be certain of this, but if this be the case, there are one or two characters which are CŒLOMYCIDIUM SIMULII NOV. GEN., NOV. SI'EC. 203 not quite in accordaiice witli tliosc usually connected witli gregarinida «. Strickland a raison de réserver son jugement ; il est inutile d'insister sur l'impossibilité de ce rapprochement. Nous allons passer en revue quelques espèces qui paraissent appartenir à la même famille que le Oeloiiiycidiimi; nous verrons ensuite quelle est cette famille et quelles sont ses affinités. a) Espcces j'oisiiics. Stemi'Ell ioj! est parvenu à écrire trois études sur le genre Polyca- liiini et à ne donner cjuc des descriptions d'aspects assez incohérents. En glanant dans son texte et surtout en comparant ses dessins, nous arrivons à la conviction cjuc Polycaiimn et Cœlomycidiiim sont deux genres à affi- nités étroites. Il existe deux espèces : le Polycariiiin braiichipodianum, pa- rasite de Braiichipiis ^Tiibei, caractérisé par des formes discoïdes, à capsule portant des striations sur la tranche; le PolycariiDU lœpe, parasite de Daphnia longispina, cjui possède des formes lenticulaires. Ce dernier mon- tre des stades à épaisse membrane hyaline lamellaire à protoplasme chargé de - graisse -, (jui disparait par la fixation à l'alcool, qui est colorablc en - brun et même en noir - par l'acide osmique, qui est très colorable et diffi- cilement différentiable par l'hématoxyline, et des formes à protoplasme plus clair à membrane mince; chaque hôte n'héberge généralement qu'un stade bien déterminé du parasite. Les formes à membrane mince donnent des - spores - uninucléêes arrondies à une extrémité, très aiguës à l'autre, et -probablement très mobiles sur le vivant-; d'après la description et les dessins nous sommes persuadé que ces - spores - sont des germes flagel- lés. Les individus enkystés - pourraient être des formes d'hiver, les indivi- dus sporulants des formes d'été -. Stempell (o3) et Caullerv et Mesnil (o51 rapprochent avec raison les Polycariiiin de Qvlosporidium chydericola, Mesnil et Marchoux (97). Cette espèce possède des formes enkystées en boudins de 60 à 100 u, à membrane épaisse, à gouttelettes graisseuses, à noyaux vacuolaires avec nu- cléole chromatique; et des formes probablement propagati\es à membrane mince et sans réserves graisseuses. Le parasite décrit par Ferez (o3, o5) sous le nom de BlastnlidiiDii p"-- dophtorwn fut rangé déjà par Caullery et Mesnil à côté de Cœlosporidiiim et de Polvcaryiiin. Chatton (08) y a découveit des zoospores, et la des- cription qu'il donne de cette espèce établit sa parenté avec Oe/oin]-cidiuiu. 3',) 264 Paul DEBAISIEUX Caullekv et Mesnil (o5) groupent les espèces précédentes p(.nir en former la famille des Qelospoj-idiida', et croient pouvoir en rapprocher toute une série de parasites cju'ils réunissent sous la dénomination générique de Seriinisporidiiim Pfr. Ces parasites sont trop peu connus pour qu'il soit opportun d'en discuter les affinités. Les Berlrainia sont dans le même cas. Leurs aspects plasmodiaux, leurs spores nues ont conduit Caullery et Mesnil (o5) à supposer une parenté avec les CfflosporiâHdcV. Cette opinion paraît confirmée par l'examen superficiel de Bertramia cisperospora Fritsch, que nous avons trouvé dans des Brachionus pola EmrpjG. (forme aniphicerosj, récoltés dans les étangs de Tcnniercii. L,es hôtes hébergeaient en même temps deux formes, les unes boudinées à nombreuses spores rap- pelant les formes d'été de Cœlomycidiiim les autres sphériques à enveloppe hyaline à granules réfringents, rappelant les formes d'hiver de cette espèce. Le matériel récolté ne se prêta pas à une étude cytologique. Cependant les conclusions des études de Konsuloff (12, 14) sur le Bertramia rendent impossible le rapprochen"ient entre ce genre et d'autres genres connus; mais les détails que décrit cet auteur sont si particuliers qu'ils demandent con- firmation avant d'être admis. Bertram (92), quoique n'ayant pas découvert de zoospores chez les Bertramia, a songé à les rapprocher des Chytridinées. Le Bertramia biifniiis Kiî^G (07) nous parait être mal dénommé; l'aspect des spores rappelle d'une façon frappante l'aspect des spores de microspo- ridies (Debaisieux, i5, i6). Il est vrai que l'auteur n'a pas observé de filaments spirales, mais le fait n'a rien il'étonnant, étant donné cju'il n'a eu à sa disposition que du matériel fixé et représenté seulement par un seul objet. Chatton et Brodskv, oq (voyez également Pénard, i3\ décrivent un Spha'rita de VAniirta Umax, ijui par ses stades plasmodiaux, par ses stades moruliformes et par ses zoospores, a une grande ressemblance et une pa- renté évidente avec Ci-loinyciditim. Ce parasite doit être rangé avec les Spharita de Dangeard (86, gS), parmi les Chytridinées olpidiacées. Les recherches de de Beauchamps (14^! sur l'évolution et les affinités de Dermocrstidium doivent nous arrêter un instant. Les parasites qu'il étudie sont groupés en tumeurs à membrane nette dans la peau des tritons. Ils se multiplient d'abord par bipartitic^ns. puis par divisions nucléaires ré- pétées ils donnent des plasmodies à membrane distincte. Dans les plasmo- dies, des germes uninucléés s'individualisent, et libérés dans l'eau ils se présentent sous forme de zoospores de 2,5 \>- à fiagellum très long. L'auteur croit avec raison avoir affaire -à peu près sûrement à une Chytridinée - . Il cu;lomvcidil'm simulii now gen., nov. spec. 265 identifie ce parasite avec le Dcrniocysticiiiini de Perez ( i3l, Léger (14) et DuNKERLEV (14) ; - il scmblc tout à fait invraisemblable qu'il s'agisse d'un parasite différent. Il semble plausible que le parasite puisse, suivant les cir- constances, évoluer de deux façons : en éléments de propagation constitués par les zoospores nageant dans l'eau, qui transmettraient l'infection d'un animal à un autre, sans doute directement par voie cutanée; en éléments de résistance, constitués par des cellules à inclusions, qui seraient éliminés en masse et resteraient inactifs dans le milieu jusqu'au jour où ils germe- raient d'une façon inconnue-. Si Id légitimité de cette identification se vé- rifie, la conclusion est logique et il existerait une parenté certaine entre Derniocyslidiiiui et (jrlojuycidiuin. Les recherches de Léger et Duboscq (09) sur le Cliytridiopsis n'au- torisent pas le rapprochement entre cette espèce et le (ji'loujiycidiiini ; par contre celles de Trégouboff j iji sur Chytridoidcs conduisent cet auteur à conclure — un peu prématurément nous semble-t-il — que les particularités de cette espèce -la rapprochent encore plus des Chytriclinées, et par là même justifient la situation des Cdirtridiopsides au voisinage de ce groupe. - La description par Alexeieff (14) d'Ichthyosporidiiiiii i^ûsternplii/iini, quoique très incomplète et entachée d'h3'pothèses, fait cependant ressortir de nombreuses caractéristiques (\m rattachent cette espèce au (jrlomyci- dium . b) La famille et les affinités. D'après tout ce que nous venons de voir, les affinités naturelles de Cd : Sur un nouveau genre de Chytridiacées parasite des Rhizopodes et des Flagellâtes; Bull. Soc. Bot France, t. 33. \^g5 1) Mémoire siu" les parasites du noyau et du protoplasme; Le Botaniste, t. 4. 1915 D(baiiieu\ : Etudes sur les microspoiidies, II. Gliigea danUewskyi, III. G. millier i ; La Cellule, t. 3o. 1916 » Études sur les mien ispioridies. I\'. Glugea anomala : La Cellide. t. 3o. igi5 Dtbaisieiix ci Gaiialdi : Les Microsporidies parasites des larves de Sitiiiiliiiui, IL La Cellule, t. 3o. 270 Paul DEBAISIEUX ir)i4 rf« Beauchamps : l-^vnlution et afTmil(''s des Dermocystidium : C. R. Ac. Se. Paris, t. i5S. \qoj a Dcflein : Fortpflanzungscicheinuni^en hei AmOben uiid \eiwandtc Organismcn ; Sitz. Bei-, Ges. f. Morpli. u. Physinl. iqoy b Dofhin : Amôbenstiidien ; Arcli. f. Piotist., t. m. ir)i_l Dimkerhy : Dermocyitidium pusula parasite de Tiutla faiio; Zt'»'\. Anz , t. 44. iqoS Jahn : Myxomyceten Stiidi(Mi. 7. Cemiomyxa ; Lier. d. d. liot. Gesel., t. 25. igii Jahn: Mvxomvceten Stiidicn, S. Der Sexualakt; Ibid., t. 29. iQoy King : Bertraniia biifouis ; Vvnc. Acad. Nat. Se l^hiladelphia. ir)i2 Kvimiloff : Ueber die Kolalorparasiteii, Bertraniia nspcrospora ; .'\rch. f. Prot., 't. 27. i()i4 )) Ueber den Rntatorpnrasit. Beiiiamia citchlanis n. sp. ; ArcIi. f. Prot., t. 3i. iqoy Kràinlin : /ur Eiitwieklungsgcscliichte der Sporangien bei den Tri- chien und Arcyrien; Arcli. f. Prot.. t. 9. 1012 Kusaiio : On the lifediistory and cylolog}- df a ncw Oljiidiuni, with spécial référence to the copulation of m «tile isoga- metes; Journ. Coll. agricul. Imper. Unix-. Toky.j, t. .| . iSgq Lahbé : Sporozoa (l)a.s Tierreich). Berlin, iMiedliinder. i,)i4 Léger : Sur un nouveau protistc du genre Dermocystidium parasite de la Truite; C. R. Ac. Se. Paris, t. i58. 1909 Léger et Duhoscq : Sur les Chytridiopsis et leur évolution; Arch znol. exp. et g.. Série 5, t. i. igo5 Lowenihal : Wcitere l'ntersuchungen an Ch}tridiaceen ; Ai eh. f. Prot., t. 5. 1909 Maire et Tison : La Cytologie des Plasmodiophoracées et la classe des Phytomyxina; Ann. de Mycologie, t. 7. iqii n Nouvelles reclierclies sur les Plasmodiophoracées ; Ibid., t. 9. 1S97 Mesnil et Marchoux : Sur un Sporozoaire nouveau (Ccclosporidium chydericola) intermédiaire entre les Sarcosporidies et les Aniahidium ; C. R. Ac. Se. Paris, t. 12.5. 1912 3//"(///« .• Introduction to the study of the Prntozoa ; I.ondon, Arnold. 1910 Pavillard : État actuel de la Protistologie végétale; Progrcssus Rei Botanicœ, t. 3. n,i3 l'éitard : Nouvelles recherches sur les Amibes du groupe Terii- cola; Arch. f. Prot., t. 28. igo3 Ferez : Sur un organisme nrnivcan parasite des embryons de Daphnies; C. R. Soc. Riol., t. 55. • tCELOMYCIDIUM SIMULII NOV. GEN., NOV. SPEC. 27I iQo5 Ferez: W^uvelles observations sur le l^lasiulidium puduphtcrum ; C. R. Sor. BioL, t. 5.S. i()i3 » Dermocysiidiiim piisula; Arch. zool. cxp. et «4., t. 52. igi-! Raahe : T.es divisions du no\au chez Amahidium parasiticum ; Ibid., Si-' série, t. 10. 1903 Skmpell : ISeitrag- zur Kenntnis dor (jattuni,' l'olycavyum ; Arcli. f. Prot , t. 2. 1913 Strkkland : Further observations on tlip parasites of Simulium larvac; jourii. iif Morpli., t. 24. igi3 Tregouboff : Cliytridiopsides schizophylli n. j;., n. sp.; Arcli. zool. exp. l't g., Xotes et Revues, t. 5_'. 1913 Wager : The life-historv and cytology of Polyphagus eiiglena; Ann. of Bot., t. 27. ior3 Winge : C}'tological studios in the Plasmodiophoracea ; Ark. for Bo- tanik, t. 12. 40 EXPLICATION DES PLANCHES. La combinaison optique (Zeiss) employcc pour les dessins fut fonnée de l'objectif imm. 1.5 m.m. et de l'oculaire iS {gross. lin. 3ooo). Quelques dessins marqués sur les planches de l'indication « i'3 ii sont exécutés à l'aide de Voculaire 6 {gross. lin. looo). La projection fut faite an niveau de la platine du microscope par le prisme Nachet. L'échelle de grossissement en tête de la planche I rend compte de la dimension réelle des dessins exécutes avec l'oculaire iS. Ahrévi AXIONS : B. Liqueur fixatrice de Bouin. Z. » » Zenker. S. Sublime alcool. H. Colorant hcmatoxyline de Heidenhain. D. )) « Delaeield. PLANCH E I. Formes d'été. FIG. 1. Cellule graisseuse pioximale attaquée par plusieurs parasites jeunes uninucléés ou plasmodiaux. L'une des plasmodies (à gauche, en haut) est partiel- lement libre, partiellement entrée dans la cellule graisseuse ; une autre (à gauche, en bas) est complètement libre et possède des noyaux en division. Ce même hôte contient imiquement, mais en noml)re énorme, des jiarasites au même stade. B. H. FIG. 2. Cuticule chitineiise et cellules graisseuses distales (uriques) contenant des parasites jeunes uninucléés on plasmodiaux. Ce même hôte héberge surtout des païasites beaucoup plus évolués, se résolvant en ;^ùospores. Z. H. FI(j. 3. Jeune parasite uninucléé en divisi(}n nucléaire. B. H. FI(j. 4. Probablement un jeune parasite intracellulaire. B. H. FIG. 5. Cellules de l'hôte, l'une d'elles en cinèse, et parasite. B. H. 274 Paul DEBAISIEUX FIG. 6. Idem. Les plasmodies parasitaires semblent à première vue avoir la chromatine disposée en appareil chromidial. Cet aspect, dû à une conservation imparfaite, représente en réalité des noyaux individualisés, dont plusieurs même sont en division. B. H. FIG. 7. Parasites jeunes, avec noyaux en division. B. H. FIG. 8. Parasite jeune, avec no\aux au repos. B. H. FIG. 9. Aspect sur le vivant d'un parasite plasmodial, à comparer avec les aspects fixés des ric. 13 à 18. Dimensions réduites au i/3. FIG. 10. Aspect sur le vivant d'un parasite se transformant en zoospores, à comparer avec les aspects fixés des fig. 19 à 26. Portion du parasite sphériquc réduite au 1/3. F"IG. 11. Fragment d'un parasite plasmodial à noyaux contenant de voUuni- neuses enclaves chromatiques. B. H. FIG. 12. Parasite au même stade. B. H. FIG. 13. Idem. Le dessin ne représente qu'un segment allant du centre à la périphérie de la plasmodie. B. H. FIG. 14. F'ragment de plasmodie avec des noyaux au repos; les éléments extracar)osomiques sont bien visibles. B. H. FIG. 15. Idem. Le corps chromatique de réserve disparaît; le réseau chrn- matique est nettement visible et bien formé. B. H, FKj. 16. Même stade que le précédent avec divisions nucléaires. B. 11. FIG. 17. Idem. L'n axe achromatiijue parait former le centre de la figure mitotique. B. H. I'"IG. 18. Stade plasmodial avec divisions nucléaires sans réserve chroma- tique dans les nov^aux; elles appartiennent aux dernières divisions nucléaires. B. H. FIG. 19. Résolution de la plasmodie en éléments iminucléés; certains de ces novaux montrent déjà une ébauche de division B, II. FIG. 20. Même stade plus avancé : plusieurs noyaux en voie de division; l'un des individus (à droite) possède deux noyaux-filles, résultat de la division. B. H. FIG. 21. l'ragment d'un individu réduit en zoosporoblastes B. H. FIG. 22. Dans le protoplasme des zoosporoblastes apparaît une ébauche de filament, en ra])port avec le no)au. Z. H. FIG. 23. De fins granules chromatiques apjiaraissent dans le protoplasme des zoosporoblastes. B. H. C(KLOMVCll)lUM SIMULII NON'. GEN., NOV. 5PEC. 270 I-'K;. 24. Les cnclaxos chruinatiqucs deviennent [ilus iniiioiUmtes ; sou\ent m tigellc boudinée. B M. FKi. 25. Accentuation du même processus; les enclaves clmnnatiques se ré- duisent à un ninau accessoire généralement intensément colorable. Z. H. l'"IG. 26. Zousiiures mûres; contenant un no\-au auquel est accolé le noyau accessoire. B. H. l'^IG. 27. Zoospores et individus unis ou paucinucléés (comparez i-ig. 2) sortis du corps de la larve après éclatement spontané. Les zoospores possèdent ini gros novau accessoire postérieur assez peu colmable, un noyau piriforme antérieur, en relation avec le flagellum, et un jietit amas de (Quelques granules réfringents. Les flagella apparaissent assez courts, parce qu'ils sont sectionnés par le rasoir. 1!. H. l'IG. 28. Zoospore observée sur le vivant, composée comme indiqué ci dessus l''IG. 29—31. Zoospores libres, composées comme indiqué ci-dessus Fixât, sur porte-objet à l'acide osmique, coloration (jIEMSA. Le dessin est reproduit en ton sur ton ; la préparation montre le no\-au rouge franc, le noyau accessoire bleu sombre; les granules réfringents sont colorés en bleu, mais facilement décolorables. (Quelques vacuoles dans le protoplasme. FIG. 32. Zoospore libre dans l'eau depuis plus d'une heure Acide osmiiiue. H. FIG. 33. Zoospore se transformant en amibospore. .Acide osmique, Chkmsa. Coloration réelle comme {tour les fig. 29 — 31. la partie inléricure du protoplasme très claire, partie supérieure un peu plus colorable. I-IG. 34. Idem. l'IG. 35. .Amibospores possédant encore une ébauche de fiagellum. Le dessin reproduit cjuatrc aspects d'un même individu observé sur le vivant pendant environ 5 secondes. ¥\G. 36 — 37. Idem, .\spect sur le vu-ant, le prolongement inférieur, plus épais ipi'un flagellum, bat rapidement; la partie supérieure protoplasmique est légè- rement annboïde. b"IG. 38. Amibospores. Différents aspects d'un même individu \ivant observé jicndant S .'i lo secondes. FIG. 39. Amibospore. .Vcide osmique, Che.msa. Coloration réelle comme pour les riG. 29—31. PLANCHE II. Formes d'hiver. FK.. 40 — 42. Parasites uninucléés, jeunes formes d'hiver observées dans une ar\ e à infection simultanée par des formes d'hiver et d'été (mi-décembre). B. IL 276 Paul DEBAISIEUX l'Ui. 43. I'"ormes d'hiver jeunes unimu'léées. S. H. l'I*' 44. l'onnes d'hiver jeunes avec ou sans enchives piiitniil.tsiiiii|iirs. Les diftéronts individus sont groupés en ]>etit amas, séparés l'un de l'autre par une membrane hyaline devenue invisible sur la préparatinn éclaircie. l^réparatiMH pro- venant de la même larve que celle des ik;, 40—42. J!. II. hl(r. 45. l-'(jrine d'hiver jerme, jiaucinucléée et sans enclaves. Même piépa- ration (]ue le dessin précédent. B. H. l'Kj. 46. Deux formes d'hiver observées sur h- \i\ant, entourées d'iuie nnn( c membrane ]i\aline. Le dessin ne leproduit (pi'uu sei^nient des indi\i'lus entiers, et est réduit au i/j du grossissement habituel. l'Ki. 47 }'"orme d'hiver à ép;iisse membrane. Dessin fait d'après le \ivant et léduit au 1 3. l'K-i. 48. L'orme d'hiver; dessin réduit au i/j et mDUtr.int l'aspect de la menibrani' siu' ccaipes colorées dans ce but. S. D. L'Rj. 49. iMagment d'une plasmodie fc}rn)e tl'hiver. B. II. l'I(,. 50. Idem. S. H. Il<'. 51. li'cui, les noyaux sont t'u division. D. H. i'iCi. 52. Idem. L'allure particulière des nnyaux repiésente pi obableiucnt l.i préparation à la division. S. H. L"I<>. 53. L'ragment d'une [ilasmodie forme d'hivei-. Z. H. l'Ui. 54. l'orme d'hiver se résolvant m plasmcjdies plus simples. Dessin n''- tluit au i/i. il. PI. l'Ki. 55 — 58. Diverses formes d'hiver dessinées sur le vivant et représentant probablement des stades de dégénérescence de la forme sphéri(iue normale. Dessin réduit au l'5. L'K/. 59. Idem. S H. l'K,. 60. Idem. D. H. FIG. 61. Idem. S. H. l'iG. 62. Amœbidium intra-intestinal de la lar\e de Simulium. (dupe transver- sale d'un individu grêle Dessin réduit au i 3. IS. H. blG. 63. Awabidium. Coupe longitudinale d'un individu rtibuste passant à tra- vers le i.)oint d'implantation sur la cuticule intestinale. Dessin réduit au i/3. l'>. II. FIG. 64. Anurhldium. Novau. Vu au niêine grossissement que les tonnes d'hi- ver de Calomycidium, mg. 45, 53, etc. H. II. TABLE DES MATIÈRES. I. Partie descriptive .... A. Aspect niacroscopii|ue et étuJe sur le vivant 1. Formes d'été 2. Formes d'hiver . 3. Infection mixte . B. Ktude sur matériel lixé . 1. Stades d'été 2. Stades d'hiver . C. h'AmiVbiiiimn des larves de Siniuliiiin II. Interprétation et discussion III. Systématiijue. Résumé ..... Bibliographie .... Explication des planches 25o 25o 25o 231 252 252 252 256 25S 25g 2fj2 266 269 273 P/anche/ m ''h •o , . . Ssi^v .r -?«. '^>>;^--;; '•W^-î?.- •Jo , V /-.^-i^l-i^t >.. ''^if TT •'^:,-.i>' .^^-^ s /9^%5 .' ® «a» ^ ;^ i^.. v^ 5> ' **-• ^ \©v::^; /S';i ■i-î-vï-iv b-iS^-jj)/ f. t ô^ ■*.;<« •^ ^ J, 4^ -> /; /s ^* n ^'^'-W /s I . h. -K oy w ^s/f /. •^ if. M Sf (^. « :j:^ es SS i Jff '® ^.9 J3 (^ 3i Vf ".f? -. L'étude des coupes renseigne plus exactement sur la localisation et la structure des parasites. Ils sont accumulés dans la lumière des canalicules rénaux, fig. 2, 3, 4 p, 6, 7, à tous les niveaux et se rencontrent même, mais exceptionnellement, dans la lumière des capsules de Bowman qui entourent les glomérules de Malpighi, fig. 3, 4 c, B. Au point de vue de leur structure, ce sont des plasmodies poly nucléées de dimension et d'aspect variables suivant le stade, fig. 6, 7; on retrouve en effet dans ces plasmodies toutes les étapes de formation des spores de myxosporidies polysporées et des spores ache- vées. Ces parasites diffèrent des Myxidium liberki'ihni qui parasitent la ves- sie, parce qu'ils sont beaucoup plus petits ; nous ne les avons jamais vus an- crés aux parois épithéliales, comme. cela s'observe dans la vessie; les noyaux y sont plus densément accumulés que dans les plasmodies vésicales; les spo- res sont généralement plus petites et plus trapues. Les fig. 6 et 7 montrent des spores dans les canalicules. la fig. 9 des spores observées dans la ves- sie, et ce sont là des exemples à dimensions moyennes; on trouve dans les canalicules des spores de 11: à 20 |j-, dans la vessie des spores de 18 à 22 jj.. La structure des spores est absolument identique dans les deux cas; il en est de même des noyaux plasmodiaux et des stades de sporogonie. Si l'on ajouteàcela que, dansles cas observés, ily avait constamment coexistence des deux infections, il apparaît clairement que les parasites des canalicules rénaux appartiennent à la même espèce que les parasites vésicaux; les dif- férences de dimensions sont dues sans doute à des différences de nutrition. NOTES SUK LE MYXIDILKM LIBERKÛHNI BUTSCH 283 Les kystes parasitaires du rein se reconnaissent à l'œil nu; ils se trou- vent dans le tissu rénal, souvent superficiellement; ce sont de petites sphc- rules blanches ou argentées, grosses parfois d'un millimètre; ils sont souvent réunis à plusieurs, en petits amas, et ont l'apparence de minuscules bulles d'air qui seraient introduites dans les tissus; une ou plusieurs dizaines de kystes, parfois une ou plusieurs centaines, sont éparpillés dans tout le rein; ils ne forment cependant jamais c]u'une très minime partie de la masse de l'organe. Examinés à frais, ces kystes laissent échapper, dès qu'ils sont incises, des centaines et des milliers de corpuscules de quelques {i. de diamètre; leur nature ne peut-être reconnue qu'après coloration et sur coupes. Sur coupes les kystes apparaissent isolés ou groupés; ils mesurent i5o à looo y.. Le plus petit que nous ayons observé, fig. l, montre une localisation très par- ticulière, qui paraît être typique; le kyste est logé dans un glornérule de Malpighi et distend la capsule de Bowman qu'il emplit. Les kystes volu- mineux, et par conséquent plus âgés, sont plusirréguliers, souvent groupés à plusieurs et entourés de tissu rénal réactionnel devenu fibrillaire, fig. 2; c'est cette membrane fibreuse épaisse qui donne au kyste examiné à frais ses reflets argentés. Toujours les kystes sont en rapport avec les glomérules de Malpighi; mais un fait difficile à interpréter, c'est qu'un même kyste peut être en rapport avec deux ou plusieurs glomérules, fig. 4. Il semble qu'en se développant il refoule les tissus rénaux jusqu'à entrer en contact avec des glomérules primitivement intacts. On rencontre parfois de vieux kystes presque complètement vidés de leur contenu, et envahis par du tissu conjonctif cicatriciel et par des leucocytes. Chaque kyste contient, outre les individus parasitaires, un ou plusieurs noyaux considérablement hypertrophiés, fig. l, 2. 4. Ce ne peut être c]ue le noyau de la cellule-hôte; d'abord unique, il peut probablement se diviser et donner deux noyaux globuleux, fig. 2, ou bien se développer considéra- blement et devenir irrégulier à contour peu distinct, fig. 4. Les parasites eux-mêmes qui remplissent le kyste forment des individus bien distincts; ils plongent dans une substance fondamentale homogène, le protoplasme de la cellule-hôte; ils sont tantôt tassés et serrés les uns contre les autres, tantôt ils sont, à certains endroits du kyste, un peu épar- pillés et laissent des plages protoplasmiques presque libres, fig. 2. Chaque individu est sphérique, mesure 3 à 6 i^.; il en est qui ne possèdent qu'un noyau, d'autres en possèdent trois, quatre et peut-être davantage; il en est de tout bourrés de granules chromatophiles, d'autres à structure difficile- 284 Paul DEBAISIEUX ment analysable. Le plus souvent ils possèdent une membrane bien dis- tincte; dans le protoplasme plus ou moins rétracté se trouvent deux noyaux à caryosome, et un ou deux noyaux, plus petits et plus irréguliers, sont en rapport avec la membrane, fig. 5; nous ne sommes pas actuellement à môme de décrire l'origine et le dévelojipement complet de ces parasites. Bien des détails ont pu être observés, mais ils ne forment pas un ensemble; il importe de remarquer cependant que, quelsque soient l'âge et la dimension du kyste étudié, — nous en avons observé des centaines, mais les tout petits n'ont pu être découverts, — Tallure générale des parasites qu'ils contiennent est la même. Une seule fois nous avons observé au centre d'un kyste déjà volumineux une plasmodie analogue à celle que l'on rencontre dans les ca- nalicules rénaux, fig. 8. Les kystes sont en rapport avec les glomérules de Malpighi, et très fréquemment on observe que des parasites s'échappent en masse ou isolé- ment dans la capsule de Bowman, fig. 4, c, B. Là on les trouve parfois côte à côte avec des petites plasmodies parasitaires, et dans certains cas on a l'impression qu'en se développant ils donnent naissance à ces plasmodies. D'autres fois les parasites kystiques emplissent complètement la lumière d'un canalicule rénal et y sont entremêlés de spores et de tous les stades de sporogonie, isolés et non contenus dans des plasmodies, fig. 6. La première question qui se pose à propos des parasites kystiques, c'est de savoir s'ils représentent des stades d'évolution du Myxidiiini liberkiihni. Ils s'écartent tellement de tous les aspects connus des myxosporidies, il semble si étrange qu'ils n'aient jamais été observés par ceux qui ont étu- dié les parasites du brochet et ils sont si différents des stades d'évolution typique de cette espèce, que l'on serait tenté de les considérer comme un parasite nouveau. Leur étude attentive conduit cependant à conclure qu'ils représentent certainement un stade d'évolution du Myxidiiim liberkiïhni. Les parasites kystiques avec leurs deux noyaux centraux et les noyaux de membrane, ne peuvent être rangés dans aucun groupe de protozoaires, si ce n'est celui des myxosporidies; ils n'ont en effet d'analogie qu'avec les aspects du début de la sporogonie de ce groupe. D'autre part, l'existence — exceptionnelle il est vrai — au centre des kystes de plasmodies analogues aux plasmodies des canalicules, fig. 8, l'absence dans le rein ou la vessie de tout autre stade pouvant apparteniràunemyxosporidie d'espèce autre que le Myxidium liberkiïhni, le mélange dans les capsules de Bowman de pa- NOTES SUR LE MYXIDIUM LIBERKIHNI BCTSCU ::85 rasites kystiques et de plasmodies, et surtout l'existence dans les canalicu- les de parasites kystiques intimement mélangés à tous les stades de sporu- lation du Myxidium liberkuhni isolés, fig. 6, prouvent à l'évidence que ces parasites constituent un stade de l'évolution du Myxidium liberkuhni. Ce stade constitue-t-il une étape nécessaire de l'évolution de ce parasite ou bien est-ce un stade exceptionnel et accessoire; il faudrait, pour résoudre cette question, étudier un matériel beaucoup plus abondant que celui qui fut à notre disposition et provenant de stations différentes; dans les brochets que nous avons examinés, nous n"avons jamais observé d'infection vésicale qui ne fut accompagnée d'infection kystique du rein; le contraire n'est pas vrai, et il existe des kystes rénaux sans infection vésicale, mais ce fait ne contredit pas la conclusion, car l'infection vésicale peut être guérie, momen- tanément inexistante ou pas encore établie, alors que l'infection rénale existe. Une interprétation donnée plus haut et qui considère les kystes comme des cellules-hôtes hypertrophiées et parasitées, mérite un mot de commen- taire. L'existence des noyaux géants n'a pas été jusqu'à présent observée chez les myxosporidies, et la question se pose de savoir si ces noyaux ap- partiennent au parasite ou à une cellule-hôte hypertrophiée par le parasi- tisme. La première interprétation serait inconciliable avec tout ce que l'on connait des myxosporidies; elle ne rendrait aucun compte ni de l'origine ni du rôle de ces noyaux et entraînerait une conception toute nouvelle et toute hypothétique de l'évolution des myxosporidies. La seconde interprétation cadre parfaitement avec les coimaissances acquises sur les myxosporidies; elle admet simplement l'existence, à côté des stades libres, de stades intra- cellulaires. L'hypertrophie des cellules-hôtes parasitées est dans ce cas ab- solument comparable à celle qui a été plusieurs fois observée dans les cas de parasitisme par des microsporidies. Nous avons discuté dans d'autres mémoires, Debaisieux et Gastaldi (i5), Debaisieux (i6) la valeur des noy- aux géants observés chez les myxosporidies. Le cas observé ici ne fait que confirmer les conclusions données alors, et ce nouvel exemple constitue un argument de plus pour affirmer le rôle hypertrophiant des parasites intra- cellulaires. Nous nous défendons, faute de matériel et d'objets de comparaison, de parler des détails d'évolution du Myxidium liberkuhni ; nous ne voulons donner qu'un bref aperçu de la façon dont nous envisageons les relations 286 Paul DEBAISIEUX entre les divers aspects observes. L'infection typique est vcsicale ; les plas- modies amiboïdes remontent dans l'uretère et dans les canalicules rénaux, jus(|ue dans les capsules de Bowman, où on les rencontre parfois alors même i]ue le glomcrule est intact, fig. 3. Dans ces canaux le parasite évolue nor- malement et complètement, mais donne naissance — vu l'exiguité de l'es- pace et la nutrition moins abondante — à des formes plus petites, fig. 7. Le parasite peut aussi — nécessairement ou accessoirement — pénétrer dans des cellules de l'hôte et s'y développer en entraînant une hypertrophie considérable de la cellule, fig. l, 2. A l'intérieur de la cellule, il n'y a pas d'évolution complète du parasite; il n'y donne naissance qu'à des individus à deux gros noyaux et à un ou deux noyaux de membrane, fig. 5. Ces indi- vidus s'échappent de la cellule-hôte dans la capsule de Bowman, fig. 4, et dans les canalicules rénaux, où leur évolution progresse suivant un processus encore indéterminé. BIBLIOGRAPHIE. i8g5 CoJiii, L. : Ueber die Myxospoiidien von Esox liicius und Perça flu- viatilis ; Zool. Jahib., Abt. Anat. und Ontog., t. g. iqiS Debatsieiix et Gast.ildi : Les Microspôridies parasites des larves de Simulium ; La Cellule, t. 3o. igiG Dehaisieux : Etudes sur les Microsporidies. IV. Gltigea aiwviala Monz. ; La Cellule, t. 3o. 1891 Pfeijfer, L. : Die Protozoen als Krankheitscrreger ; 2'=édit., Jena, 1S91. 1894 Théltihan. P. : Recherches sur les Myxosporidies ; Bull. Scien. France et Belgique, t 26. EXPLICATION DES FIGUREvS. Les dessins furent faits au prisme de Nachet, projection au niveau de la table. Les figures 5 (i 9 furent reproduites d'après la combinaison optique Zeiss : ob]. imm. 1.5 mm. X ocul. i8 (gross. lin. 3ooo). Une échelle au bas de la planche rend compte de la dimension réelle de ces dessins. Les figures 1, 2, 4, dessinées à l'obj. DD X ocul. 6, sont grossies 33o fois, réduites du 1/9 de l'échelle. La figure 3, dessinée à l'obj. A X ocul. 6, est grossie 80 fois, et par conséquent réduite au i 37 de l'échelle. Tous les dessins sont reproduits d'après des coupes à 4 [->. colorées à l'hématoxyline de Heidenhain. FIG. 1. K^■ste du rein, relativement petit; il est bourré de parasites indivi- dualisés et contient au centre un noyau hypertrophié. Le kyste est logé dans le tissu d'un glomérule de Malpighi et complètement enveloppé par la capsule de BowMAN. c. B. (DD X 6, gross 33o.) FIG. 2. Groupe de kystes affleurant à la surface du rein; ils sont envelop- pés de tissu fibrillaire réactionnel ; dans plusieurs la coupe traverse un ou deux noyaux hypertrophiés; les parasites sont plus ou moins densément accumulés; dans deux k3-stes on voit le rapport qu'ils ont avec le glomérule de Malpighi et la cap- sule de BowMAN [c, B.). Un grand nombre de canalicules rénaux sont diversement attaqués par la coupe; plusieurs sont remplis de parasites (p). (A X 6. gross. 80.) FIG. 3. Glomérule de AIai.pighi normal; la capsule de Bow.man se prolonge par le canalicule rénal. Le canalicule est bourré de parasites (p). Un individu plas- modial est logé dans la capsule même. (DD X 6, gross, 33o.) FIG. 4. Kyste rénal de dimension moyenne. 11 est bourré de parasites indi- vidualisés et contient un très volumineux noj-au de forme irrégulière. Il est en rapport avec trois glomérules de Malpighi, et les parasites se déversent dans les capsules de Bowman (c, B.). Dans les canalicules rénaux et même dans une cap- sule, il y a des parasites plasmodiaux. (DD X 6, gross. 33o.) FIG. 5. Portion de coupe d'un kyste; les parasites individualisés plongent dans le protoplasme du kj'ste. (i,5 X 181 gross 3ooo.) 290 Paul DEBAISIEUX FIG. 6. Parasites dans un canaliculc du rein. On y retrouve des parasites kystiques et tous les stades de sporogonie non contenus dans une plasmodie. (i,5 X i8, gross. 3ooo.) FIG. 7. Parasites contenus dans un canalicule du rein. Ce sont des parasites plasmodiaux; à leur intérieur on observe jilusieurs stades de sporogonie (i,5 X iS, gross. 3ooo.) FIG. 8. Section de coupe d'un kjste ; au milieu des parasites typiques à deux gros noyaux avec caryosome, il }■ a un gros parasite plasmodial, (i,5 X i8> gross. 3ooo.) FIG. 9. Spores contenues dans un parasite plasmodial de la vessie (i,5 X i8» gross. 3ooo.) (&ffi!î»" ^iî-r - .;:;••-■. ■". ■.'.■•*,-.-,^^ * V« .'''.'V •*-»•■" t^:. ^.---3£?*- ^>«^. .-..■V-.;.-:V.S/;;,.. . «•'.;' ■i;;i^::f ïii^'^^iS;?^- ^iii;:?^* '1 i;$?ï;-^''^ '"• ''-T.-y ^Debaj- sur 4, fermées au pôle antérieur par un large clapet, dépour- vues d'appendices, FIG. 52; elles naissent en nombre restreint, une cin- quantaine environ, aux dépens d'une même plasmodie, fig. 51. A la fin de la période de multiplication plasmodiale les parasites contiennent peu de noyaux, fig. 38; les stades qui préparent la sporulation, sont relativement plus petits que dans l'espèce précédente; ils ne mesurent guère que 30 \>- et les noyaux aussi sont plus petits que dans l'espèce précédente, fig. 39 à 42. LE GROUPE DES HAPLOSPORIDIES 3o3 Les affinités du genre Haplosporidium. Que les deux espèces étudiées ici appartiennent au même genre que les cinq Haplosporidium décrits par Caullery et Mesnil (o5), cela ne fait pas de doute ; en relisant leurs descriptions, on pourrait en déduire la diagnose suivante : stades jeunes binucléés donnant des plasmodies à 4, 8, 16 petits noyaux; parfois apparaissent des plasinodies à grands noyaux relativement peu chromatiques; kystes multisporés, spores petites uninucléées, à paroi épaisse s'ouvrant en clapet, entourée d'une seconde paroi mince qui, suivant les espèces, est simple ou différenciée en deux appendices flagelliformes ou différenciée en un chevelu de flagelles disposés en deux touffes; dans la spore mûre ou bien au cours de la sporogonie, on observe un corpuscule accessoire à côté du noyau, au voisinage du clapet. — Caullery et Mesnil observent également la résolution de plasmodies en individus binucléés qui ressemblent fort aux individus binucléés jeunes, mais qui représentent pro- bablement des stades de sporogonie : chaque noyau donnerait, par deux divisions successives, naissance à quatre sporoblastes (p. 109). — Que les deux espèces étudiées ici appartiennent au même genre que V Haplospori- dium limnodrili de Granata (14), cela mérite à peine d'être signalé : un coup d'œil jeté sur les dessins de cet auteur et sur les nôtres montre l'iden- tité de tous les stades; leur interprétation et leur sériation seules prêtent à discussion. Le genre Haplosporidium doit être rangé à notre avis parmi les Rlicros- poridies. Caullery et Mesnil n'admettaient pas ce rapprochement et cela surtout parce que, confiants dans les observations de Stempel (02, 04) et d'autres, ils croyaient au caractère plurinucléaire des spores de Microspori- dies; mais les recherches de Schuberg (10), de Ohmori (12) et les nôtres (i5) ont nettement établi que les spores de Microsporidies ne possèdent qu'un seul vrai noyau; à ses côtés, dépendamment ou indépendamment de lui, naît un corpuscule chromatique qui parait être en relation avec la for- mation de la capsule polaire. Dès lors la spore des Haplosporidium ressemble bien fort à celle des Microsporidies; elle en diffère parce qu'elle possède un clapet mobile pro- bablement en relation avec le corpuscule chromatique, et parfois des appen- dices externes. D'autre part, si l'on considère les divers stades d'évolution des Microsporidies, on constate la fréquence des jeunes stades ou des plas- 3o4 Paul DEBAISIEUX modies à noyaux doubles, la présence d'une travée nucléaire axiale appa- rente surtout au moment des cinèses, la présence de cinèses spéciales précédant immédiatement la formation des spores, la transformation de stades de sporogonie en stades initiaux, bref, d'étroites ressemblances avec les Haplosporidium. Si les grands noyaux plasmodiaux des Haplosporidiiim , FiG. 11. 40, ont la valeur de zygotes, ils établissent évidemment une parenté très étroite avec les Thelohaiiia, mais nous avons vu que leur interprétation reste douteuse; il en est d'ailleurs ainsi en ce cjui concerne la sexualité chez un grand nombre de Microsporidies. A notre avis, et pour toutes ces raisons, la famille des Haplosporidiidœ doit être rattachée aux Microsporidies. On pourrait en faire un sous-ordre distinct, caractérisé surtout et opposé à toutes les autres Microsporidies par l'absence de la capsule polaire, qui est remplacée par un clapet mobile de la spore. On pourrait se demander si, phylogéniquement, ce sont des Microsporidies primitives ou si ce sont des Microsporidies régressées. Les documents sont insuffisants, et c'est malheureusement trop souvent le cas cjuand il s'agit de la phylogénie des protozoaires, pour aborder ce problème. L'ordre des Haplosporidies. En 1899, Caullery et Mesnil proposent la création d'un ordre nouveau de sporozoaires, les Haplosporidies. Ils en donnent une étude complète en igoS et l'opposent aux Microsporidies, aux Myxosporidies, aux Actino- myxidies. aux Sarcosporidies. Ils y rangent une vingtaine d'espèces, dont la grande majorité ne sont qu'imparfaitement connues. Depuis, l'ordre des Haplosporidies a trop souvent servi de refuge aux espèces incomplètement étudiées qui, faute d'un état civil convenable, ne trouvaient droit de cité dans aucun autre ordre. Déjà en 1910 Léger et Duboscq considèrent l'ordre des Haplosporidies comme - un mélange hétérogène de formes d'affinités douteuses, dont les unes sont peut-être des Amœbiens, mais dont la plupart semblent se rapprocher des Mycétozoaires ou des Protophytes « ; il est vrai qu'ils disent ailleurs : - de quelque façon qu'on l'entende, il n'a rien à voir ni avec les Télosporidies ni avec les Cnidosporidies «. L'ordre des Haplosporidies comprend trois familles : i) les Haplospo- ridiidœ, 2) les Bertramiidœ, 3) les Cœlosporidiidœ, plus 4) le précieux groupe des Incerlœ sedis. LE GROUPE DES HAPLOSPORIDIES 3o5 i) Nous venons de voir que les Haplosporidiidœ, qui forment d'ail- leurs la famille la plus typique de l'ordre, doivent, à notre avis, être ratta- chées aux Microsporidies. 2) Dans la famille des Berlramiidœ il y a deux genres ; Bertramia et Ichthyosporidium, que Caullery et Mesnil ont - groupés, au moins d'une façon provisoire,... la connaissance des spores pouvant amener à modifier ce groupement en faisant sortir les Ichthyosporidium de la famille des Bertrjmiidœ. - Caullery et Mesnil ne signalent que deux Ichthyospori- dium : a) /. gastevophihim, (juils ne connaissent que par quelques stades ; il fut réétudié par .^lexieff (i5) et ses observations, encore très incomplètes et hésitantes, indiquent que cette espèce doit être rapprochée des Cœlospo- ridiidœ ; b) /. phymogeues, qu'ils ne connaissent également que par quelques stades. Or, c'est à cette espèce que Swarczewsky (14) rattache, et avec raison, à en juger par les dessins, Y Ichthyosporidium giganteum et 1'/. hert- ivigi. Mais à notre avis (Debaisieux, 16 a), ces trois dernières espèces doivent être rapprochées des Microsporidies, et il suffit de considérer la formation des spores d'/. giganteum telle que la reproduit Swarczewsky, pour s'en convaincre. Quant aux Bertramia, ils sont vraiment trop imparfaitement connus pour qu'il soit prudent d'émettre un avis sur leurs affinités (voir détails, Debaisieux, igi6, b, p. 264,1. 3) A propos de la description d'un genre nouveau, Cœlom)'cidium situulii, nous avons établi (16, b) qu'il se rattache sans conteste aux divers genres de la famille des Cœlosporidiida.', mais que d'autre part, il est cer- tainement une Chytridinée. Il en résulte que toute la famille des Cœlospo- riJUdw (au moins les genres suffisamment connus pour que l'on puisse discuter leurs affinités) doit être rattachée aux Chytridinées. 4) Les Iiicertœ sedis devraient, d'après Caullery et Mesnil » peut- être être rangés dans les Haplosporidies..., ayant certaines affinités avec eux. - Pour les AletscJinikoviellidœ, Caullery et Mesnil (ig) reconnaissent eux-mêmes : r- nous ne pouvons souscrire à l'opinion d'AwERiNZEvv c^ue ce sont des Haplosporidies. " Et voilà cet ordre bien appauvri ! Que lui resie-t-il? Les Bertramia, mal connus, et les Incertœ sedis! C'est vraiment trop peu. L'ordre des Haplos- poridies a rendu de grands services, il fut un bon casier provisoire dans la classification des protozoaires, mais maintenant que ce casier est presque vide de tout son contenu, il est bon de lui enlever son étiquette. BIBLIOGRAPHIE. 1908 Aiverinzeiv 1899 Caullery et Mesml : 1905 1919 I9I3 Debaisieux igi5 1) 1916 a 1) 1916 b » 1919 a II I919 Ô n 191 5 Debaisieux ei Gastaldi 191 5 Dobell et Jameson 1914 1920 Granata Jameson 1899 Labbé 1910 Léger et Duboscq I9I5 » igi5 » 1912 Ohmori igiS Pixell- Goodrich 1891 Ray Lankester 1910 Schnberg 1902 Stenipell 1904 II Études sur les protozoaires parasites; Trav. Soc. Imp. Natur., S'-Petersbourg, Sect. Zool. et Physiol., t. 38. Sur le genre Aplosporidium et l'ordre nouveau des Aplosporidies ; C. R. Soc. Biol. Recherches sur les Haplosporidies; Arch. Zool. E. et G. (IV), t. 4. MetschnikoviellidcB et autres protistes parasites des Gré- garines; Ann. Inst. Pasteur, t. 33. ; JVIicrosporidies parasites des larves de Simtilium; La Cellule, t. 3o. Études sûr les Microsporidies, II et III ; La Cellule, t. 3o. Études sur les Microsporidies, IV ; La Cellule, t. 3o. Cœlomycidium simulii; La Cellule, t. 3o. Quelques protozoaires parasites des Chitons et des Patelles; C. R. 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Objectif Zeiss i,3o dist. foc. i,5 X oculaire iS, grossissement 3ooo. Tous les dessins, sauf le Sj qui est réduit environ au, tiers, sont faits à la même échelle, pro- jetés au niveau de la platine du microscope. Une échelle de comparaison, établie au micromètre oculaire de Zeiss, se trouve sur la planche I. La légende de chaque dessin est suivie de l'indication du fixateur : Bouin (B), Benda (Bd), Sublimé-Alcool (S). Haplosporidium chitonis Lank. FIG. 1. Parasite jeune à noyau double dans une cellule épithéliale d'un canaljcule ovarique. B. FIG. 2. Parasite jeune à noyau double. B. FIG. 3. Multiplication plasmodiale, stade à six noyaux appairés. B. FIG. 4. Multiplication plasmodiale, stade à nombreux noyaux. B FIG. 5 Multiplication plasmodiale, stade à quelques noyaux appairés, d'autres isolés. B. FIG. 6. Plasmodie à noyaux appairés, plusieurs paraissent présenter des phénomènes d'autogamie. B. FIG. 7. Plasmodie à noyaux appairés, plusieurs paraissent présenter das phénomènes d'autogamie. B. FIG. 8. Noyaux plasmodiaux en voie d'accroissement paraissant présenter des phénomènes d'autogamie. B. FIG. 9. Noyaux plasmodiaux en voie d'accroissement paraissant présenter des phénomènes d'autogamie. B. FIG. 10. Noyaux plasmodiaux de grande taille paraissant présenter des phé- nomènes d'autogamie. B. FIG. 11. Plasmodie à grands noyaux isolés au repos. B. FIG. 12. Préparation à la première cinèse. B FIG. 13. Première cinèse. B. FIG. 14. Anaphase de la première cinèse. B. 3 10 Paul DEBAISIEUX FIG. 15. Anaphase de la première cinèse avec division du nucléole. B. FIG. 16. Télophase de la première cinèse. B. FIG. 17. Séparation des .noyaux-filles après la première cinèse et noyaux au repos. B. FIG. 18. Deuxième cinèse. B. FIG. 19. Télophase de la deuxième cinèse. B. P'IG. 20. Plasmodie après la seconde cinèse montrant une tendance du pro- toplasme à se segmenter pour former des individus uninucléés. B. FIG. 21, Individus uninucléés provenant de la segmentation d'une plasmodie. B. FIG. 22. Individus uninucléés en cinèse. B. FIG. 23 Individus à deux ou trois no3raux se préparant à la cinèse. B. FIG. 24. Individus à deux noyaux en télophase. B. FIG. 25. Plasmodie se résolvant en individus uni- oubinucléés; trois individus déjà isolés à protoplasme dense représentant sans doute les stades initiaux de la multiplication plasmodiale. B. FIG. 26. Plasmodie se résolvant en individus uninucléés dont les noyaux se divisent; parmi ceux-ci plusieurs à un noyau en division à deux ou à quatre noyaux régénéreront la période de multiplication plasmodiale, tandis que les autres donneront sans doute des spores. B. FIG. 27. Sporoblastes à grand noyau et corpuscule chromatique paranucléaire. Individus à deux noyaux qui sont peut-être destinés à se fusionner par autogamie. B. FIG. 28 Sporoblastes avec corpuscule paranucléaire très chiomatique. B. FIG. 29. Sporoblastes avec corpuscule paranucléaire moins chromatique et se portant vers un pôle. B. FIG. £0. Sporoblastes avec membrane en formation et ébauche du clapet; le corpuscule paranucléaire se trouve repojté au pôle antérieur; deux plages chro- matiques apparaissent dans le protoplasme. B. FIG 31. Spore mûre; les appendices tranchés par le frl du rasoir ne sont qu'incomplètement représentés. B. FIG. 32. Spore mûre dessinée sur le vivant, d'après M'^ Pixell-Goodrich, dessin réduit environ au i/3, grossissement looo. FIG 33 Stade appartenant probablement à une multiplication végétative. B. FIG. 34. Stade appartenant probablement à une multiplication végétative. B. FIG. 35. Stade appartenant probablement à une multiplication végétative. B. LE GROUPE DES HAPLOSPORIDIES 3ll Haplosporidium nemertis, nov. sp. FIG. 36. Parasite jeune à deux noyaux accolés. B. FIG. 37. Parasite jeune à deux paires de noyaux ; dans l'une d'elles les noyaux sont en cinèse. B. FIG. 38. Multiplication plasmodiale, noyaux appairés. B. FIG. 39. Accroissement des noyaux appairés Bd. FIG. 40. Plasmodie à grands noyaux, isolés, au repos. Bd. FIG. 41. Première cinèse. Bd. FIG. 42. Deuxième cinèse. Bd. FIG. 43. Plasmodie après la deuxième cinèse montrant la segmentation du protoplasme FIG. 4 4. Individus uninucléés; travée axiale bien marquée. Bd. FIG. 45. Individus uni- ou binucléés en cinèse. S. FIG. 46. Individus binucléés. Bd. FIG. 47. Individus binucléés; les moins chromatiques correspondent aux jeunes stades binucléés de la multiplication plasmodiale. S. F"IG, 48. Individus binucléés; dans l'un d'eux (^) il paraît y avoir autogamie nucléaire. Bd. FIG. 49. Sporoblastes à corpuscules paranucléaires très peu colorés disposés au pôle; des plages chromatiques apparaissent dans le protoplasme. Bd. FIG. 50. Sporoblastes à plages chromatiques du protoplasme mieux marquées. Bd. FIG. 51. Sporoblastes plus avancés. Bd. F'IG. 52. Spores mûres. Bd TABLE DES MATIÈRES. Introduction . . . . ' Matériel, méthodes, synonymie .... a) Haplosporidiiim chitonis Lank. . b) Haplosporidium nemertis, nov sp. Évolution de Haplosporidium chitonis et de H nemertis a) Multiplication plasmodiale b) Préparation à la sporulation c) Formation des spores .... d) Retour au.\ stades initiaux et multiplication végétative e) Différences spécifiques .... Les affinités du genre Haplosporidium L'ordre des Haplosporidies .... Bibliographie . . • . Explication des figures ..... r.^GES. 2g 3 294 294 295 296 296 297 3oi Soi 3o2 •3o3 304 007 309 Pfcinche/ Jeici:sieiix.ad nsl. de. 'Jp.H. Jacob S'uif/ei- Srux. FJiriC-manj ■^c:,./' P/wchrIl Recherches sur la maturation des œufs parthénogenétiques DANS L'APHIS PALM^ PAR le B"" V. B. de BAEHR. (Mémoire déposé le 2S mars ig-20.) 46 Recherches sur la maturation des œufs parthénogenétiques DANS L'APHIS PALMEE Dans nos travaux de igo8, igog et igio nous avons décrit la formation des œufs parthénogenétiques dans certaines espèces de pucerons. — Nos recherches avaient alors principalement en vue d'élucider les relations chro- matiques entre les deux sexes, et à cet effet il n'était pas absolument néces- saire d'examiner en détail les stades qui précèdent le grand accroissement des oocytes, d'autant plus que précisément les formes dont nous nous occu- pions sont, sous ce rapport, d'une étude fort difficile. La grande impoitance des phénomènes de parthénogenèse en même temps que la grande indigence et l'incertitude des données de la littérature concernant les premiers stades de l'ovogenèse, — stades qui, à notre avis, doivent fournir la clef d'une interprétation, — nous ont engagé à entrepren- dre une étude plus détaillée de la formation des chromosomes dans la prophase maturative des œufs parthénogenétiques. La nécessité des recher- ches de ce genre nous parut d'autant plus urgente que les travaux de KiiHN (igo8) sur les œufs parthénogenétiques des Cladocères et de Schleip (igog) sur ceux des Ostracodes prétendent établir la ressemblance des stades de maturation dans les œufs normaux avec les stades de maturation dans les œufs parthénogenétiques. Quoique les observations de KiiHN et de Schleip ne puissent passer pour suffisamment précises et détaillées (Grégoire igio), néanmoins les adversaires de la conjugaison parallèle des chromosomes n'ont pas tardé à en profiter comme d'un argument irréfutable contre cette hypothèse. Se fondant sur le fait que les étapes caractéristiques de la prophase de matu- ration (leptotène, zygotène, pachytène, diplotène ou strepsitène) s'observent aussi bien dans les œufs qui gardent le nombre normal de chromosomes et 3l8 V. B. de BAEHR ne forment qu'un polocyte que dans les œufs où le nombre se réduit et qui expulsent deux globules polaires, ces savants en concluent que ces diverses images ne peuvent en aucune façon passer pour une expression morpholo- gique des processus réducteurs. - Wo bleibt da die Théorie? - demandait GoLDscHMiDT (iQoS) aux partisans de la paraconjugaison après avoir cité les résultats de KiiHN, et c'est par cette moquerie qu'il termina une de ses polémiques (cf. 'aussi Kemnitz, igi3). Quoique les pucerons que nous avons étudiés autrefois ne fussent pas un objet favorable pour une étude détaillée des premiers stades d'ovogenèse, néanmoins nous nous sommes décidé à rechercher dans ce groupe même une forme plus favorable. Nous l'avons trouvée dans une espèce qui chez nous, à Makowlany (Pologne), se fixe sur les palmiers de serre chaude ( Latania). Jusqu à présent nous n'avons pas pu déterminer cette espèce. Aussi, à l'exemple de Miss Stevens, qui nomme les pucerons d'après les plantes sur lesquelles ils se tiennent, nous donnerons dans notre mémoire à ce pu- ceron le nom à' Aphis palma'. Technique Nous avons employé surtout les embryons enlevés du corps de la mère. Dans les tubes ovariques nous trouvons non seulement des œufs à 'tous les stades de maturation, mais aussi des œufs en segmentation. Pour la fixation nous nous sommes servi des liquides de Flemming (fort et faible) et de Hermann et aussi du sublimé acétique. Ce sont les deux preinières solutions qui nous ont donné, comme dans nos recherches précédentes, les meilleurs résultats. Pour faciliter la pénétration du fixateur nous écartions généralement la partie antérieure de l'embryon ou bien nous enlevions aux embryons sous la loupe les tubes ovariques et nous les placions tout de suite dans le liquide préparé. Les coupes, d'une épaisseur de 3-5 i^, furent colorées à l'hématoxyline ferrique de Heidenhain ou par le procédé safranine-vert lumière. Nous avons employé avec grand succès la méthode de Schneider au carmin acé- tique pour l'étude des chromosomes sur matériel frais. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.î: 3ig I. Structure des ovaires parthénogenétiques. Avant d'aborder l'étude de l'évolution chromatique, nous croyons utile de décrire en quelques mots la structure des ovaires de notre puceron, en marquant tout de suite que cette description confirme complètement les résultats de nos travaux précédents (igo8-igio) sur d'autres espèces de pucerons. Dans les embryons très jeunes, chez lesquels les tubes ovariques sont encore réduits à la chambre terminale, c'est-à-dire à l'ovaire proprement dit, on peut voir sous une mince couche épithéliale la différenciation des cellules ovariques en des cellules plus grandes — nourricières (vitellines) — et des cellules plus petites — les oocytes. Les cellules nourricières, qui ne sont d'ailleurs que des cellules virtuel- lement sexuelles adaptées à une fonction nutritive, se trouvent dans la partie supérieure de l'ovaire. Elles possèdent un grand noyau clair avec un nu- cléole rond entouré de petits granules chromatiques. Les oocytes occupent la partie intérieure de l'ovaire et contiennent en concordance avec leurs petites dimensions des noyaux plus petits, fig. l 3. Le plasma et le noyau des oocytes ne tardent pas à grandir. Le plus grand des oocytes sort du compartiment terminal, l'épithélium du tubeovarique se presse entre lui et le compartiment et ainsi se forme la première chambre ovarique. L'oocyte ainsi isolé demeure attaché à l'ovaire au moyen d'un cordon plasmatique. Les fig. i-2 montrent des coupes longitudinaies des tubes parthénogenétiques. Sur ces dessins et aussi sur la fig. lO, on voit nettement le cordon plasmatique qui unit le compartiment terminal à l'oocyte, à l'œuf ou plus tard à l'embryon. La fonction nutritive de ce cordon ne laisse place à aucun doute. La fig. 3 nous montre une coupe un peu oblique de la partie infé- rieure de la chambre terminale, et on n y voit que des oocytes. Dans la chambre ovarique l'oocyte grandit énormément, élimine déjà, comme l'œut mûr, un seul globule polaire et, avant que la nouvelle chambre se forme, parcourt généralement les premiers stades du développement em- bryonnaire. Sa nutrition est assurée non seulement par le cordon nutritif qui lui amène l'aliment des cellules vitellines, mais aussi par l'organisme maternel, qui baigne du liquide de son corps la chambre ovarique. Il est clair que la couche très mince des cellules épithéliales du tube ovarique ne peut empêcher la pénétration des substances nutritives. — Au fur et à 320 V. B. de BAEHR mesure que l'embryon se développe un nouvel oocyte sort du compartiment terminal et de cette façon se forment de nouvelles chambres ovariques. Sans entrer ici dans une longue discussion au sujet de la structure des ovaires des pucerons, nous voudrions du moins indiquer brièvement les différences principales entre nos résultats et ceux des travaux les plus récents ( i). D'après Miss Stevens (iqod), l'intérieur de la chambre terminale ne comprendrait qu'une espèce de cellules, les oocytes. Les dessins de Miss Stevens nous permettent de supposer que dans le compartiment terminal l'auteur n'a pas vu les vrais oocytes, mais seulement les grandes cellules nourricières, qu'elle a prises indûment pour des oocytes. Dans les travaux de Mordwilko (1907), consacrés à la biologie des pu- cerons, nous avons trouvé une mention, d'où il résulte que l'auteur admet l'existence des cellules nourricières, mais seulement dans l'ovaire d'hiver, c'est-à-dire dans les ovaires des femelles sexuelles; dans le compartiment terminal des femelles parthénogenétiques l'auteur ne décrit, comme Stevens, que des oocytes. Enfin, Tannreuther (1907), contrairement à ses prédécesseurs, distin- gue dans les ovaires des femelles parthénogenétiques, outre l'épithélium extérieur du tube ovarique, deux espèces de cellules — les cellules vitellines et les oocytes. Cela est d'accord avec nos observations. Mais d'autre part Tannreuther admet que les oocytes proviennent des cellules épithéliales du tube ovarique et que ce n'est que plus tard qu'ils se réunissent avec le - nutritive string -. Cela serait bien étonnant, mais l'auteur semble avoir pris les mitoses des cellules épithéliales pour des cinèses oogoniales. II. Ovogenèse. Chez \ Aphis palincv, comme chez les autres espèces de pucerons, nous n'avons observé la division oogoniale que dans les embryons assez jeunes, chez lesquels les ovaires commençaient justement à se différencier. Géné- ralement un grand nombre des oogonies se divisent en même temps (syn- chroniquement). (i) Une discussion historique des principales publications sur la structure histologique des tubes ovariques chez les femelles parthénogenétiques et chez les femelles sexuelles se trouve dans nos travaux antérieurs (1909 et 1910). Maturation des œufs parthénogenétioues dans l'aphis palm.e 32I Les mitoses ne se distinguent par aucun caractère spécial. Le nombre de chromosomes y est de huit. Dans les jeunes oocytes, qui se trouvent, comme nous l'avons mentionné plus haut, dans la partie inférieure de l'ovaire, nous avons constaté des images très nettes du stade leptotène (fig. 4 et 5). Le contenu du noyau consiste ici en filaments chromatiques minces, qui s'orientent dans des directions différentes et entourent un petit nucléole. Les filaments chromatiques sont concentrés au milieu du noyau, ce qui dépend sans doute d'une grande sensibilité de ce stade aux réactifs et de l'accroissement du volume du noyau. — Quoi qu'il en soit, les filaments ainsi amassés n'ont pas dans notre objet cette polarisation caractéristique que nous sommes habitué de voir dans les autres formes. De ce peloton sortent des bouts libres de filaments — ce qui prouve que nous avons ici des filaments indépendants et non un seul filament con- tinu, comme l'admettent encore pour ce stade différents auteurs (par ex. Haecker, Meves, Buchner. etc.). Il faut en effet remarquer que la facilité avec laquelle on peut toujours constater, presque dans chaque noyau, les bouts libres de ces filaments, exclut la supposition que nous aurions ici à faire avec les segments d'un seul filament, entamé par le rasoir. Une observation plus précise démontre parmi ces filaments chromati- ques des dualismes. Nous sommes en réalité en présence de filaments min- ces associés deux à deux. On voit cela le plus distinctement dans les points où, de la masse générale, émerge quelque filament libre : les composants qui le forment sont nettement séparés sur une certaine distance. Les dualismes des éléments dans ces noyaux et leurs structures corres- pondent aux images qui sont connues sous le nom de -la phase leptozygo- tène- (Grégoire), c'est-à-dire une phase dans laquelle les partisans de la paraconjugaison de chromosomes ((îrégoire, Schreiner, Janssens, B.IiHR et autres) et les partisans de la paracopulation de chromosomes (Winiwar- ter, Bonnevie, Vejdovsky) voient justement un processus de l'association en paires des chromosomes homologues. En ce qui concerne la structure même de ces filaments, chacun d'eux, d'après beaucoup d'auteurs, se composerait d'un filament achromatique le long duquel seraient placés en une rangée les granules chromatiques — des chromomères. Les chromomères des composants qui constituent un fila- ment double se correspondent mutuellement dans leur nombre, leurs di- mensions et la place qu'ils occupent sur la substance achromatique et composent ainsi une série bisériale régulière. 322 V. B. de BAEHR En décrivant ainsi la structure des filaments doubles, les différents auteurs ne sont pas d'accord sur leur genèse. Les uns (Goldschmidt, BucHNER, Davis) voient dans la disposition bisériale des chromomères un argument décisif en faveur de la genèse du duplicisme dans le peloton lep- totène par un clivage longitudinal d'un filament d'abord muni d'une rangée unique de chromomères; les autres, comme A. et K. E. Schreiner, expli- quent la correspondance complète entre les chromomères des composants qui forment le filament double par la conjugaison parallèle des chromoso- mes, qu il faut regarder non pas comme une conjugaison des chromosomes entiers, mais comme une conjugaison des granules homologues — un chro- momère avec un chromomère (i). Dans Y Aphis pahnœ, pas plus que dans les autres objets que nous avons examinés sous ce rapport, nous n'avons pu constater cette différen- ciation de la substance nucléaire en filaments achromatiques et en granules chromatiques placés par paires sur les premiers. D'après nos recherches surtout sur le matériel frais coloré par le carmin acétique, il est évident que la substance qui forme les filaments est d'une seule sorte, à savoir, de la chromatine. Les chromomères ne représentent rien d'autre que des épaississements de différentes formes et de différentes grandeurs sur les filaments et sont naturellement de même substance que les filaments. Les images que nous donnent les auteurs mentionnés plus haut, peu- vent être expliquées par l'influence des réactifs et aussi par une schématisa- tion des aspects (Grégoire, igio, Bonnevie, igi3). En ce qui concerne le nombre des filaments doubles, il est difficile à ce stade de le déterminer à cause de la longueur considérable des filaments, de leur concentration et des sinuosités qu'ils décrivent, mais cela n'est pas nécessaire, parce que nous pouvons avec facilité les compter aux stades sui- vants quand ces filaments doubles, en se raccourcissant et s'épaississant, se transforment en des chromosomes diacinétiques typiques. Leur nombre alors est sans aucun doute quatie, et le nombre des composants qui les for- (i) GÉRARD (1909) admet chez rorthoptère Stenobothrus biguttulus la conjugaison parallèle non pas entre filaments leptoténes homologues indépendants, ainsi que divers auteurs l'ont décrit chez d'autres orthoptères, mais entre deux filaments continus dans lesquels toute la substance chromatique du noyau se trouve transformée. Pendant l'appariement de ces deux gamomites les granules cor- respondants prennent place vis-à-vis l'un de l'autre et forment ainsi sur le filament double des paires de chromoméres. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIOUES DANS l'aPHIS PALM.î: 323 ment, huit. C'est ce qui correspond parfaitement au nombre de chromosomes spermatogoniaux et somatiques. La FiG. 6 nous montre un noyau dans lequel nous apercevons 4 doubles chromosomes diacinétiques. Comme nous le voyons, l'union entre les com- posants de ces chromosomes diacinétiques n'est pas très étroite. Sur la figure suivante, fig. 7, où nous avons un stade plus avancé, de quatre dou- bles chromosomes, deux se sont déjà disjoints de leurs composants, qui se trouvent maintenant à une certaine distance l'un de l'autre, et les deux autres chromosomes retiennent encore leur structure double, mais celle-ci ne se manifeste à vrai dire que dans une association très lâche des chro- mosomes appariés. .\ un stade ultérieur les noyaux ne montrent plus de chromosomes doubles, mais seulement des chromosomes simples et alors nous en comptons naturellement le nombre double (8) — c'est-à-dire le nombre qui correspond au nombre de chromosomes spermatogoniaux et somatiques. Les chromosomes se raccourcissent alors, s'arrondissent et montrent une tendance à se concentrer au milieu du novau, fig. 8. Plus tard les chromosomes se dégagent de nouveau, s'allongent un peu. et un clivage longitudinal apparaît, fig. 9. C'est lorsque le noyau a atteint ce stade que l'oocyte déjà assez grand, quitte le compartiment terminal et passe dans la première chambre ovari- que, où bientôt il atteint un volume considérable, fig. 10 — 12. Pendant cet accroissement le plasma et le noyau augmentent de di- mension. La structure des chromosomes subit des changements radicaux : ils allongent de plus en plus, leurs contours deviennent moins lisses, la chromatine perd peu à peu sa compacité — enfin toute la substance dans l'intérieur du no3''au prend la forme de filaments pâles et minces ou de masses granuleuses qui se prêtent difficilement à l'analyse, fig. 12, 13. Parallèlement avec ces changements dans les chromosomes, il apparaît au centre du noyau un nucléole arrondi qui grandit et se colore intensé- ment, fig. 10 — 13. Quand l'oocyte a atteint une grande dimension, son noyau se dirige vers la périphérie et de nouveau se forment rapidement des chromosomes compacts. Les petites vacuoles qui ont apparu dans le plasma se fusionnent en des vacuoles grandes et celles-ci à leur tour se réunissent entre elles. Le noyau probablement, en cédant une partie de sa substance liquide au protoplasme, diminue de volume et immédiatement entre en mitose. 47 324 '^- ^ '^^ BAEHR Le fuseau se forme clairement aux dépens du noyau ainsi que cela est constaté pour beaucoup d'autres objets. A ce stade nous n'avons jamais ob- servé ni centrosomes ni fibres polaires. La cinèse polaire ne montre rien d'extraordinaire et nous l'avons déjà décrite en détail dans nos précédentes publications (igoS - igio) pour beau- coup de formes (v. notre mémoire igog, pi. 12, fig. 11- 14; pi. i3, fig. 20, 21, 23 — 25, 32; pi. 14, fig. 3g, 41, 42). Nous ne nous 3' arrêtons pas, nous mentionnerons seulement que les chromosomes s'y divisent suivant la ligne longitudinale qui a apparu déjà à un stade antérieur, fig. 7. Après l'élimination d'un seul globule polaire, les chromosomes de la plaque anaphasique qui reste dans l'œuf se rapprochent, se concentrent et autour d'eux se forme la membrane. Le noyau, reconstruit de cette manière, descend au centre de l'œuf. Les chromosomes commencent à perdre leur compacité, leurs contours deviennent de plus en plus indistincts et le stade de repos s'établit. Le globule polaire, qui forme maintenant une masse compacte de chro- matine fort colorée, se trouve plongé dans le plasma, où il dégénère (v. fig. i5, 2g de notre publication de igog). Dès avant la formation du I fuseau de segmentation, on peut voir très souvent aux deux pôles opposés du noyau les fibrilles astériennes. Quand le I fuseau de segmentation est formé et de même pendant les mitoses suivantes, les fibrilles ressortent encore plus nettement. Les chromosomes des figures de segmentation se comptent facilement dans les vues polaires : ils sont au nombre de huit. On y distingue des paires : une paire de grands chromosomes, une paire de moins grands et deux paires de petits. En comparant les chromosomes c|ui appartiennent aux cellules de dif- férentes générations, .on voit que leurs formes et leurs dimensions subissent des changements, mais la relation entre les différentes dimensions, reste la même. Nous trouvons toujours les mêmes différences relatives de dimen- sions entre les trois types de paires. Ce fait nous enseigne qu'à X Apliis palmœ, comme aux autres pucerons étudiés auparavant par nous et par Miss Stevens, on peut avec beaucoup de probabilité appliquer l'hypothèse de MoNTGOMERY (igoi), qui prétend que dans l'œuf fécondé à chaque chromo- some maternel provenant de. l'reuf correspond un chromosome paternel morphologiquement égal provenant du spermatozoïde. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.E 325 III. Examen de la littérature concernant la maturation des œufs chez les pucerons vivipares. Blgchmann (1887) fut le premier à étudier les phénomènes de la ma- turation des œufs chez les pucerons. Il découvrit que les œufs parthénogené- tiques des femelles vivipares de Forda formicaria et d'une autre espèce non déterminée qui habite sur ïlpomea rubracoenilea forment seulement un seul polocyte, tandis que les œufs tlhiver des femelles sexuelles de YAphis aceris en éliminent deux. Seize ans plus tard Petrunkewitch (igo3), influencé par les résultats qu'il avait obtenus en étudiant les œufs parthénogenétiques de l'abeille, mit en doute, d'après quelques stades seulement qu'il observa dans les œufs parthénogenétiques du Rhopalosyphum nymphœœ, les données de Blochmann. Par analogie avec les observations sur les œufs de l'abeille, Petrunkewitch conclut que dans les œufs parthénogenétiques chez le Rho- palosyphum nyinphœa' deux globules polaires se forment. Le premier glo- bule polaire se divise et alors sa moitié intérieure se fusionne avec le second globule polaire en donnant le - Richtungskopulationskern ". Mais ces obser- vations superficielles de Petrunkewitch sur le Rhop>ûlosyphum pas plus que ses recherches sur l'abeille, n'ont trouvé aucune confirmation dans les travaux des cytologistes plus récents. Un peu plus tard Stschelkanovzew (1904) a publié un travail sur la maturation des œufs parthénogenétiques de VAphis roscv. Stschelkanovzew n'a pas étudié les cellules dans l'ovaire, mais il a suivi les phénomènes de maturation seulement dans les oocytes qui se trouvent déjà dans la première chambre ovarique. D'après la description de l'auteur, rooc3'te, au moment où il vient de quitter le compartiment terminal, possède un noyau dans lequel on ne peut pas découvrir même des traces des chromosomes; il existe seulement au centre du noyau quelques granules chromatiques. Outre ces granules, que Stschelkanovzew prend pour de petits restes du filament chromatique en dissolution, on trouve en petite quantité, près de la périphérie de la mem- brane nucléaire des nucléoles et des granules chromatiques de différentes dimensions. Au stade suivant Stschelkanovzew observe qu'au centre du noyau la chromatine a complètement disparu ; près de la périphérie du noyau, sous la membrane apparaissent de nombreux petits nucléoles chromatiques. 326 V. B. de BAEHR Stschelkanovzevv admet que la plupart de ces nucléoles périphériques se forment de novo au voisinage de la membrane comme de petits granules et se dirigent vers le centre en grandissant peu à peu. Il compare ces phé- nomènes au processus de la formation des chromosomes dans le cyste de Y Actinosphœriuvi décrit par Hertwig. Stschelkanovzew suppose que la formation de ces nouveaux nucléoles dans la vésicule germinative est en relation causale avec la vacuolisation du plasma de l'oocyte. Il en résulte que le noyau reçoit du plasma le matériel destiné à former nouvellement des chromosomes. Pendant le développement ultérieur les nucléoles s'ap- prochent de plus en plus du centre du noyau et se réunissent en filaments. Les filaments eux-mêmes forment à la fin un seul cordon chromatique, qui enfin se segmente en 14 chromosomes. C'est ce même nombre de chromo- somes que Stschelkanovzew compte dans la plaque équatoriale de la seule mitose de maturation qu'il a rencontrée; à la prophase de la première cinèse de segmentation il en trouve seulement 11 (?), dont trois, à son avis, sont doubles (i). Cette description, à vrai dire un peu étrange, est accompagnée de des- sins peu nombreux et peu convaincants. Il semble bien que Stschel- kanovzew, travaillant alors au laboratoire de R. Hertwig, a été un peu trop influencé par les vues théoriques des zoologistes de Munich sur la chromatine. En igo5 et igo6, Miss Stevens a publié des observations sur les Aphi- des. L'auteur ayant cru observer dans les deux sexes nn nombre pair identique de chromosomes, a été amené à donner pour toute une série de pucerons une description de la spermatogenèse sous beaucoup de rapports tout à fait fausse; elle décrit notamment un nombre pair de chromosomes dans les spermatogonies et, en accord avec cela, des chromosomes tous éga- lement doubles dans les spermatocytes de I ordre et l'absence de dimor- phisnie dans les spermatocytes II et dans les spermatozoïdes. Outre ses recherches sur la spermatogenèse, Stevens a essayé de donner une description détaillée des processus de maturation dans les œufs parthé- nogenétiques chez YAphis rosœ, en attachant spécialement beaucoup d'at- tention aux chromosomes. C'est une technique imparfaite et une étude insuffisante des stades importants qui ont conduit l'auteur à ces conclusions erronées. Stevens, (i) Hewith (rgoô), dans sa publication sur la parthénogenèse des insectes, coirpte chez V Aphis rosœ 10 chromosomes, ce qui est d'accord avec les observations de Stevens et les nôtres. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTlÇjUES DANS l'aPHIS l'ALM.E 327 comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, tient toutes les cellules qui se trouvent dans le compartiment final, pour des oocytes. Les oocytes d'après son interprétation et ses dessins, sont ici généralement au stade de repos et possèdent de grands noyaux tout à fait transparents sans aucune trace de chromatine, avec un nucléole rond fort coloré. Quand l'oocyte passe dans la période d'accroissement, il quitte le compartiment final, le nucléole dis- parait dans le noyau, et d'emblée les chromosomes définitifs apparaissent. Pendant toute la période d'accroissement, les chromosomes restent comme des éléments compacts et intensément colorés. L'oocyte dans la chambre ovariijue augmente fort de volume, son noyau s'approche de la périphérie et forme un seul fuseau de maturation. Stevens souligne que ni dans les œufs qui se développent en femelles ni dans les ceufs qui donnent des nici/es aucune réduction de la chromatine n'a lieu. Nous avons montré déjà en iguS que les cellules du compartiment final qui possèdent des noyaux clairs et de grands nucléoles et à partir desquelles Miss Stevens commence la description de l'ovogenèse en les prenant pour des jeunes oocytes, sont en réalité non des oocytes, mais des cellules nour- ricières, t|ui naturellement ne passeront jamais dans la chambre ovarique, mais resteront toujours dans l'ovaire fournissant la nourriture aux oocytes et aux œufs en développement. La raison la plus probable, à notre avis, pour laquelle Stevens, en employant l'hématoxyline ferrique de Heiden- HAiN, a pu dans les noyaux de ces cellules vitellines colorer seulement le nucléole, a été une différenciation trop forte. En 1908, igog, igio ont paru nos trois premières publications sur les pucerons. Notre intention y était surtout de débrouiller le problème de la détermination du sexe. Déjà dans notre premier travail de igo8 nous som- mes parvenu à établir, par des figures démonstratives, que, contrairement aux observations de Stevens, chez YAphis saliceti les noyaux des individus mâles contiennent un chromosome de moins que les noyaux des individus femelles (cf 5, 9 6) et qu'en relation avec cela le cours de la première cinèse de maturation dans la spermatogenèse de cette forme se distingue par des caractères très spéciaux et inconnus jusqu'alors. Il s'y produit en effet deux sortes de spermatocytes de deuxième ordre : les plus grands qui contiennent trois chromosomes, toutes les mitochondries et beaucoup de protoplasme, et les plus petits, qui ont reçu seulement deux chromosomes, peu de protoplasme et point de mitochondries. Les grands spermatocytes 328 V. B. de BAEHR sont seuls capables d'achever leur développement et de fournir des élé- ments tonctionnels. Les spermatocytes plus petits ne dépassent pas géné- ralement la prophase de la seconde cinèse, souvent même ils dégénèrent avant ce stade. Ainsi s'explique très clairement ce phénomène que chez les pucerons les œufs fécondés se développent toujours exclusivement en femelles (i). En ce qui concerne la maturation des œufs parthénogenétiques, nous avons étudié, outre deux espèces d'Aphides : l'Aphis losœ et VAphis saliceti, trois espèces de Pemphigines : le Schiioneura lanigera le Schi^oiieiira it/iu! et le Pemphigiis pirifoniiis. Dans toutes ces cinq espèces, le cours de l'ovogenèse s'est montré sem- blable. Et il est inutile de résumer notre description, car celle que nous venons de faire pour ï Aphis palmœ coïncide essentiellement avec les résul- tats que nous avons obtenus chez les formes étudiées auparavant, excepté, comme nous l'avons dit, que nous avons pu maintenant pénétrer dans les stades délicats de la toute première période de maturation. Il faut cependant remarquer que, quoique chez toutes les espèces que nous avons étudiées l'ovogenèse se montre semblable dans ses traits géné- raux, néanmoins il y a dans les détails certaines différences qui se mani- festent surtout quand on compare les Pemphigines et les Aphides. Chez les Aphides, la période d'accroissement des oocytes dans la cham- bre ovarique dure plus longtemps que chez les Pemphigines et la structure des chromosomes subit des changements plus radicaux. En même temps que s'accroit le protoplasme de la cellule, le noyau augmente aussi de volume : les chromosomes se gonflent, s'allongent, leur chromatine se disloque. Chez ï Aphis ivscv, ces processus ne vont pas troji loin, et les chromo- somes retiennent tout le temps leurs contours, tandis qu'au contraire chez VAphis saliceti, comme chez l'Aphis palmœ, la dislocation chromatique va si loin qu'à la fin on n'aperçoit dans le noyau, outre le grand nucléole, que de faibles traces de la chromatine sous forme de petits granules. Ee retour de chromosomes à leur état normal avec une structure com- pacte et des contours lisses s'accomplit brusquement et ne devance que d'un peu la formation du fuseau de maturation. (i) En 1908 Morgan a découvert le dimorphisme des spermatozoïdes ch.'z le Phylloxéra caryxcaulis et il en a do.mé une courte note dans le Proc. Soc. f. E.\per. Biol. a. Med , vol. 5. Cette note a précédé d'un peu notre publication de la même année sur VAp/iis saliceti. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.E 32g Dans les Pemphigines que nous avons étudiées les chromosomes, pen- dant toute la période d'accroissement, gardent leur individualité et leur structure se modifie relativement très peu. Chez le Schi[oi!eiirû lanigera et chez le Sclu'-onciira ulini, les chromosomes ne perdent pas leur forme arron- die, ils ne font que se gonfler un peu et devenir moins colorables; chez le Pemphigiis piriformis, il n'y a même pas de changement de ce genre : les chromosomes restent tout le temps compacts et ne changent ni de forme ni de dimension. La découverte chez YAphis saliceti de la différence dans la chromatine chez les deux sexes nous a fait soulever la question du mécanisme par lequel ce dimorphisme de la chromatine se réalise. Chez y Aphis saliceti, une mciuc femelle sexupare possédant 6 chromo- somes donne naissance aux embr3'ons mâles à 5 chromosomes et aux em- bryons femelles à 6 chromosomes. Ici donc c'est la cellule gém\.z\& femelle qui seule, sans intervention de l'élément mâle, doit établir les combinaisons chromosomiques nécessaires à chacun des deux sexes ( 9 6, cf 5). Il en résulte que les stades décisifs pour trancher cette question doivent être cherchés dans l'ovogenèse des œufs masculinipares. Malheureusement il est bien diflicile de trouver les stades nécessaires chez Y Aphis saliceti où, comme nous l'avons constaté, les femelles sexupa- res mettent au monde toujours plus de femelles que de mâles. A cause de cela, prévoyant sous ce rapport de grandes difficultés, nous nous sommes borné dans nos travaux de 1908 — 1910 à une indication théorique concernant les modes par lesquels une réduction si caractéristique du nombre de chromosomes dans les œufs masculinipares paraissait pou- voir se réaliser. Partant de la théorie, pour nous certaine, de la persistance des chro- mosomes, nous sommes presque forcé d'admettre que l'œuf masculinipare produit par la femelle sexupare perd son sixième chromosome pendant la maturation en l'expulsant avec le globule polaire. Les modes les plus probables de cette, élimination du chromosome sont, à notre avis, les deux suivants : 1" des six chromosomes, les quatre somaticjues (autosomcs) et un sexuel (hétérochromosome de l'individu mâle) se divisent équationnellement, le second chromosome sexuel (partenaire de l'hétérochromosome) restant indivis, passe tout entier dans le polocyte d'une manière analogue à ce qui, d après nos observations, a lieu dans les spermatoc3'tes pour l'hétérochromosome pendant la première cinèse de maturation. 33o V. B. de BAEHR 2" Les deux chromosomes sexuels (l'hétérochromosome et son parte- naire) se conjuguent et pendant la mitose de maturation prennent dans la plaque équatoriale une position telle, que Ihétérochromosome doit absolu- ment rester dans l'œuf et son partenaire entrer dans le globule polaire, les quatre autosomes, d'autre part, se divisent équationnellement (v. notre mémoire de 190g, p. 3i6 et aussi notre schéma de 1910, p. 99). A l'énoncé de ces deux hypothèses nous avons ajouté les considérations suivantes (1909, p. 317) : si les recherches futures sont en état de démontrer que des deux modes que nous venons de dire c'est le premier qui est vrai, nous pouvons y voir une preuve certaine qu'entre ces deux chromosomes il existe quelque différence physiologique et que nous pouvons envisager ces deux chromosomes comme porteurs des facteurs spécifiques qui stimu- lent le développement de l'organisme dans la direction d'un sexe ou d un autre. En effet, si on n'admet pas cette diversité spécifique et si on regarde ces chromosomes comme une paire d'éléments tout à fait identiques, on n'arrive pas à comprendre, pourquoi de deux chromosomes complètement identiques l'un se comporte d'une manière et l'autre autrement. Si c'est le second processus qui est le vrai, nous pouvons encore, comme dans le premier cas, prendre ces chromosomes pour des déterminants sexuels, l'un, mâle, l'autre, femelle. Mais on peut tout aussi bien les regarder comme une paire de chro- mosomes homologues et identiques, et pendant la cinèse de maturation il s'agirait simplement d'expulser de l'œuf l'un de ces deux chromosomes jumeaux n'importe lequel : l'hétérochromosome des cellules du mâle futur pouvant être aussi bien l'un que l'autre de ces deux chromosomes. 11 fau- drait alors conclure que les chromosomes en question n'ont aucune tendance sexuelle spéciale et que la quantité de chromatine détermine seule le sexe : la présence d'un de ces chromosomes provoquant le développement d'un mâle et la présence de deux chromosomes amenant le sexe femelle. Ces conjectures théoriques attendent encore un contrôle cytologique. 11 est vrai que Miss Stevens, dans sa dernière publication sur les pucerons (1910), est disposée à voir dans l'unique figure de Y Aphis oenotherœ qu'elle reproduit un argument suffisant pour prétendre que chez cette forme dans les œufs masculinipares les chromosomes sexuels se conjuguent pendant la prophase de maturation et se séparent à la métaphase de telle façon qu'un d'eux passe dans le globule polaire et l'autre reste dans l'œuf — ce qui correspondrait complètement à notre seconde supposition. Maturation des œufs parthénogenétiques dans l'aphis palm.e 33i Morgan (1912), d'autre part, abandonne son interprétation de igog et décrit pour le Phylloxéra caryœcaulis un processus identique à celui de notre première supposition : il conclut, après de nouvelles recherches, que seulement un des deux chromosomes sexuels (auparavant, chez la même forme, il en comptait 4) se divise, l'autre passant indivis dans le polocyte. Mais il faut reconnaître que les dessins de Miss Stevens et de Morgan sont peu convaincants et ne peuvent pas être regardés encore comme de vraies preuves. D'ailleurs, nous avions nous-méme en igo8, rhez VAphis saliccti. trouvé un œuf arrivé à la fin de la prophase dans lequel le nombre de chromosomes était de cinq au lieu de six, que nous observions générale- ment. Mais, ainsi que nous l'avons dit à plusieurs reprises, nous ne nous croyons pas autorisé à tirer d'une seule figure une conclusion définitive, comme le font certains auteurs qui citent nos résultats. IV. Parthénogenèse et réduction de la chromatine. Comme on sait -la loi du nombre des globules polaires *• établie par Weismann et énonçant que -les œufs parthénogenétiques forment it7i glo- bule polaire et les œufs qui exigent la fécondation en forment deux-, lui a permis, ainsi qu'à beaucoup d'autres auteurs, de prétendre que c'est seule- ment pendant la seconde cinèse de maturation que la réduction de la chro- matine peut avoir lieu. Les considérations théoriques de Weismann sur la nécessité de consi- dérer la seconde mitose de maturation comme une mitose réductionnelle, ont trouvé un apiuii dans les travaux cytologiques de Ruckert (1894), H/Ecker (1895), voM Rath (i8g5). Me Clung (igoo, igo2, igoS), Gold- scHMiDT (igoS), Blackman (igo5), Robertson (igo8) et autres. De plus, les études détaillées de l'ovogenése, dans les formes obliga- toirement parthénogenétiques, ont établi que dans la plupart de ces êtres une seule cinèse de maturation se produit et est toujours accompagnée du nombre diploïdique de chromosomes (Stevens, igoS, Baehr, 1908, KiiHN, 1908, Schleip, 190g, Fries, igog, Kruger, igi3). Il en résulterait que ces deux faits (unicité du globule polaire et nombre diplo'ïdique de chromoso- mes) sont en relation causale : si les œufs parthénogenétiques pendant la maturation ne réduisent pas leur nombre de chromosomes, c'est une con- séquence naturelle du fait qu'ils ne réalisent que la première mitose de maturation. Au contraire, dans tous les cas normaux de la maturation des œufs, la seconde mitose doit être réductionnelle. 48 332 V. B. de BAEHR Tous ces raisonnements et arguments en faveur de la considération de la II mitose de maturation comme un processus rcductionnel ne supportent pas la critique et se butent à des difficultés; et il en est de même de la conception d'après laquelle les œufs parthénogenétiques pendant la matu- ration doivent se borner seulement à la première division ( équation nelle) et retenir le nombre complet (somatique) de chromosomes. En effet : i) Les travaux cytologiques les plus récents consacrés à létude de la maturation, ont conduit beaucoup d'auteurs à la conclusion que ce n'est pas la seconde, mais la première cinèse de maturation cjui re- présente un processus séparant les chromosomes entiers (Grégoire, 1904- 1910, ScHREiNER, 1904-1908, Baehr, i9oS-igi3). Il faut remarquer que A. et K. E. Schreiner, quoiqu'ils se prononcent tout à fait catégoriquement en laveur de la préréduction chez toutes les formes avec la reproduction bisexuelle typique, admettent cependant pour les œufs parthénogenétiques une postréduction, qui d'ailleurs généralement ne parvient pas à se réaliser, la seconde cinèse étant abortive. - Wahrend das Vorkommen dieser sog. - Postreduktion i^ bei keinem Objekte mit typi- scher geschlechtiicher Fortpflanzung als unwiderlegbar bewiesen angesehen werden kann, scheint bei mehreren sich parthenogenetisch entwickelnden Eiern die l Reifungsteilung eine Aequationsteilung zu sein, wahrend die gewôhnlich abortive II Teilung die Reduktion bewirkt- (1906, p. 54). 2) Blochmann encore en 1888 a démontré que chez les abeilles les œufs non fécondés qui se développent en faux-bourdons, de même que les œufs fécondés qui donnent les femelles, subissent deux cinèses de matura- tion et forment deux globules polaires. Ces observations, qui furent ensuite confirmées par Paulcke (189g), Weismann (1900), Petrunkewitsch (1901) et Nachtsheim (i9l3), se complètent par de très intéressantes observations de Meves (1907) sur la spermatogenèse des faux-bourdons. D'après Meves, dans les spermatocytes de cette forme, la première division de maturation est supprimée ou plutôt se limite à l'expulsion d'un petit globule protoplasmatique sans que la division du noyau ait lieu. Ce phénomène s'explique par le fait que les faux-bourdons provenant d'un œuf non fécondé, mais qui avait subi deux cinèses de maturation, ne possèdent que le nombre haplo'ïde : aussi pendant la spermatogenèse il n'y a plus lieu à réduction chromosomique. L'élimination d'un globule protoplasma- tique a la valeur d'un processus rudimentaire. La seconde division des spermatocytes donne origine à deux sortes de spermatides : des grands et des petits, et ces derniers dégénèrent. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.E 333 Des phénomènes de ce genre ont été observés chez d'autres Hyméno- ptères, par Meves et Duesberg (1908) chez le Vespa crabro, par Lams (1908) chez le Camponotits herculaneus L. (i), par Granata (igoS) chez le Xylocopa violac"a, par Doncaster (191 i) chez le Newoterus lenticiilai-is, et avec certaines réserves par Armbruster (i9i3) chez YOsaiia cornuta (2). — Il faut remarquer que chez le Vespa, le Camponotus et le Neiiroterus tous les spermatides sont de môme grandeur et capables de fonctionner. Il en résulte que la dégénérescence de la moitié de spermatides qu'on a ob- servée chez VApis, le Xj'Iocopa, ÏOsmia, doit être interprétée comme un phénomène secondaire. Avec les données tjui concernent les Hyménoptères, individus parthé- nogenétiques, s'harmonisent les recherches de 'Whitney (190g) sur la ma- turation des œufs chez VHydatina senta. Jusqu'à présent Whitney n'est pas encore parvenu à compter avec précision le nombre de chromosomes chez ce rotifère, ni non plus à trouver tous les stades de la maturation. Néanmoins, il parait presque établi que parmi les œufs qui ont éliminé deux globules polaires et possèdent un nombre réduit de chromosomes, les uns se développent parthénogenétiquement et donnent des mâles, d'autres sont fécondés et se transforment en œufs d hiver qui donneront naissance à des femelles. D'autre part, les œufs qui, en se développant parthénogenétique- ment, forment des femelles, expulsent, d'accord avec la loi de Weismann, un unique polocyte et la réduction des chromosomes n'y a pas lieu. 3) La thèse de Weismann, citée plus haut, est contredite par nos recherches sur le Bacillus rossii. Dans notre travail publié en 1907, nous avons démontré que, chez ce phasme, pendant de nombreuses générations, les œufs parthénogenétiques subissent deux cinèses de maturation et don- nent naissance exclusivement à des femelles. L'intérêt spécial de cet objet réside en ce que les chromosomes diacinétiques possèdent, au moment où ils se mettent au fuseau, une constitution de tétrades et que, d'autre part, les globules polaires issus des deux cinèses de maturation sont voués à dis- paraître. Nos études de 1907 sur le Bacillus rossii sont demeurées incom- plètes, parce que nous nous y sommes borné à l'étude de la période plus (i) D'après les observations de Schleip (1908). les processus de la maturation des œufs chez le Formica sangiiinea montrent que, chez les fourmis, en ce qui concerne la réduction chromatique les relations sont semblables à celles des abeilles. (2) Armbruster trouve dans la spermatogenèse aussi seulement une division de maturation, mais il l'interprète comme une division réductionnelle. Les dessins de l'auteur, de même que les considérations théoriques en faveur de sa thèse, ne sont pas convaincants. 334 ^- ^ ^^ BABHR avancée de la maturation, mais déjà alors nous voulions reprendre de nou- veau l'étude de cet objet, surtout en ce qui concerne les stades du début de l'ovogenèse. ce qui en partie s'est déjà réalisé. Dans l'appendice de notre travail de 1912, p. 435, nous avons cru déjà pouvoir dire que chez le Bacillus rossii, contrairement à ce que Henking (1892) et Petrunkewitsch (igor) ont admis pour d'autres œufs parthéno- genétiques qui subissent deux cinèses de maturation, on trouve le même nombre de chromosomes (20) dans les plaques équatoriales des cinèses de maturation, dans les cellules de segmentation et dans les oogonies. Ce n'est ciue dans des cellules nourricières ou folliculaires cjue l'on trouve un nombre différent. A cette information nous sommes maintenant en état d'ajouter que dans les derniers temps nous sommes parvenu à trouver de très beaux stades de noyaux leptotènes et pach3^tènes précédant le grand accroissement des oocytes. Cela est conforme avec notre découverte précédente sur la présence de chromosomes-tétrades à la fin de la première prophase de ma- turation; d'autre part, cela soulève certaines difficultés dans l'explication théorique du mécanisme qui dans notre objet doit empêcher la ré- duction ( i). Nous ne nous arrêterons pas ici à ces difficultés parce que nous espérons finir bientôt notre travail sur le Bacillus et le publier sans tarder. Remar- quons pourtant cjue notre première hypothèse, d'après laquelle le nombre de chromosomes, réduit à moitié après deux mitoses, reviendrait au chiffre normal par une autorégulation qui se manifesterait dans une divi- sion équationnelle intranucléaire avant la première mitose de segmen- tation, ne correspond pas à la vérité de la présence de la même quantité de chromosomes dans les oogonies, dans les oocytes et dans les cellules de segmentation. Il sera utile de rappeler ici quelques observations sur les mouches de galle cjui sont également en désaccord avec les thèses de Weismann. Chez ces formes, d'après les intéressantes recherches de Schleip (igog) et Doncaster (1911), qui ne nous paraissent pas cependant tout à (i) Que la reproduction parihénogenétique Aa Bacillus rossii ne s'accompagne pas d'une réduction du nombre de chromosome?, cela résulte évidemment du fait que nous même avons cul- tivé des années entières toujours de nombreuses générations successives de femelles parthénogenétiques de ce phasmide sans pouvoir constater quelques changements dans les relations chromatiques ni non plus trouver parmi des centaines d'individus femelles un seul mâle. Ainsi nous n'avons pas ici une parthénogenèse facultative, mais une télytoquie normale Cela est confirmé par les observations dans la nature, car les mâles du Bacillus rossii appartiennent aux plus grandes raretés et jusqu'à pré- sent on en a trouvé seulement deux exemplaires (Kkavss 1897). MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.E 335 fait définitives, — le nombre normal de chromosomes se maintient dans les femelles qui se développent parthénogenétiquement à l'aide de deux procédés différents. Chez le Rhodites rosœ (ScmleipI les œufs qui donnent naissance à des femelles, forment deux globules polaires et gardent néanmoins le nombre di- ploïdique de chromosomes (i); dans \e Neitrolerus lenticularis (Doncaster), les œufs, au contraire, ne subissent aucune cinèse de maturation. Le noyau pourvu du nombre somatique de chromosomes, monte, il est vrai, à la périphérie de l'œuf, mais bientôt il retourne au centre où il donne origine à la première figure de segmentation. Ces observations doivent, nous semble-t-il, s'interpréter, de la manière suivante. Dans le premier cas, l'œuf parthénogenétique, par une sorte de persistance héréditaire, emploie le mécanisme achromatique des mitoses de maturation, mais s'en sert pour réaliser deux divisions équationnelles (2). Dans le second cas, les cinèses de maturation, après avoir, comme il parait, perdu toute raison d'être, n'ont plus lieu et il n'existe plus qu'une réminis- cence de leur existence d'autrefois dans le fait du déplacement temporaire du noyau vers la périphérie de l'oocyte. 11 faut encore souligner que dans aucun de ces deux cas on ne trouve aux jeunes. stades de l'ovogenèse ni noyaux leptotènes, ni noyaux pachy- tènes, ni contraction synaptique; en un mot tout se passerait plus simple- ment que dans le Bacilhis rossii. Voyons maintenant, si les données recueillies chez VAphis palmœ ne jettent pas une certaine lumière sur ces observations et ces vues tellement controversées. Est-ce que vraiment l'existence des figures tout à fait identiques durant les stades initiaux de prophase de maturation dans les œufs parthénogené- tiques et dans les œufs qui exigent la fécondation est tellement fatale à nos opinions sur le mécanisme de la réduction? (i) Une ovogenèse de ce genre a été aussi décrite jîar Donxaster (1907) pour les œufs par- thénogenétiques femelles chez le Nematus ribesii. Dans sa correction de igcg, Doncaster lui-même met en doute sa première description et indique les grandes difficultés qui entourent l'étude des chromosomes dans cet objet. (2) Un cas analogue, où les deux cinèses de maturation fonctionnent comme de simples mitoses équationnelles, se rencontre d'après les recherches de Federley (igiS) pendant la maturation des cellules sexuelles mâles dans la première génération des hybrides entre deux espèces de papil- lons (Pygœra ciirtula X PygiVia anachoreta). Les chromosomes paternels et maternels ne s'y con- juguent pas, mais, en restant univalents à la première comme à la seconde mitose, ils se divisent équationnellement. 336 V. B. de BAEHR Chez \ Aphis palmœ dans les oogonies nous trouvons toujours 8 chro- mosomes. Ceux-ci, pendant la prophase synaptique après le stade lepto- zygotène, donnent un nombre réduit (4) de chromosomes diacinétiques. Ces derniers doivent donc être regardés comme des éléments bivalents, comme de vrais «gemini". Les branches composantes de chacun de ces chromosomes diacinétiques doubles, comme nous l'avons vu, proviennent de deux minces filaments leptotènes étroitement associés et que nous pou- vons considérer comme deux chromosomes télophasiques de la dernière cinèse oogoniale modifiés dans leur structure. D'après nos résultats, dans la spermatogenèse chez l'Ap/iis saliceti les chromosomes doubles diacinétiques se dissocient pendant la I mitose de maturation en leurs composants. Cxux-ci se dirigent vers les pôles opposés du fuseau et forment les noyaux des spermatocytes de II ordre; l'hétéro- chromosome qui dans les spermatogonies n'avait pas de partenaire et qui apparaît ici en forme d'un chromosome simple, ne se divise pas, passe tout entier dans un des spermatocytes de II ordre et devient le lot d'un seul noyau. De semblables relations doivent être aussi achnises pour les œufs d'hiver des pucerons cjui exigent la fécondation, avec cette différence qu'ici l'hétérochromosome dans les oogonies a son partenaire, en sorte que tous les chromosomes diacinétiques doivent être doubles et se diviser pendant la I mitose. l'endant la maturation des œufs parthénogenétiques de \' Aphis palmce, les chromosomes diacinétiques se décomposent d'eux-mêmes en leurs com- posants et, parce que le fuseau de maturation ne s'y forme pas, les compo- sants restent dans le noyau. Nous y comptons de nouveau 8 chromosomes simples comme aupara- vant dans les oogonies. Cette décomposition de quatre chromosomes dou- bles en huit simples peut être comparée à la première cinèse de maturation dans les cellules sexuelles mâles ou dans les œufs d'hiver où se produit, comme on le sait, une dissociation semblable des chromosomes qui forment les - gemini -. La différence principale consiste seulement en ceci que dans les œufs parthénogenétiques de notre forme il manque un mécanisme pour trans- porter dans les directions opposées les chromosomes dissociés et accomplir la division du corps protoplasmique de la cellule. Après cet acte de disso- ciation des chromosomes diacinétiques en leurs composants — phénomène qu'on peut appeler la déconjiigaison des chromosomes homologues — MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGEN ÉTIQUES DANS l'aPHIS PALM.E 337 l'oocyte doit être, en ce qui concerne son degré de maturation clironiatique, considéré comme ooc3'te de second ordre. Il en résulte que la période du grand accroissement des oocytes dans l'ovogenèse parthénogenétique des pucerons a lieu à l'intercinèse et que la seule mitose de maturation qui s'y réalise correspond à la seconde division de maturation (i) et pas à la première. Comme nous voyons, le cours de l'ovogenèse chez les générations par- thénogenétiques de VAphis palmœ est en complet accord avec nos opinions sur le mécanisme de la réduction, avec les opinions qui acceptent la pseu- doréduction par paraconjugaison des chromosomes homologues au stade leptozygotène, la déconjugaison de ces éléments pendant la. pieniière cinèse de maturation (réductionnelle) et la division en moitiés longitudinales à la seconde cinèse de maturation (équationnelle) des éléments cjui sont devenus de nouveau univalents (2). Naturellement il faut a priori s'attendre à ne pas trouver dans toutes les ovogenèses parthénogenétiques les stades caracté- ristiques de la vraie prophase S3maptique. (1) Dans l'ovogenèse des œufs qui exigent la fécondation, la seconde cinèse de maturation représente la dernière étape des processus de maturation. (2) Comme nous avons déjà souligné à plusieurs reprises dans nos travaux précédents, les arguments les plus décisifs en faveur de la préréduction après la paraconjugaison ont été fournis par nos études de la spermatogenése de VAphis saliccti. Dans cette forme les spermatogonies pos- sèdent cinq chromosomes presque de la même taille Les trois chromosomes qui apparaissent à la première prophase de maturation, au lieu de cinq à la dernière télophase goniale, ne sont pas égaux : quoique tous les trois de la même longueur, deux d'entre eux sont deux fois plus épais que le troisième et montrent un duplicisme très net. A la mètaphase 1 les deux chromosomes doubles en forme de deux bâtonnets parallèles, égaux entre eux, se divisent en leurs composants, le chromosome simple (l'hétérochromosome) ne se divise pas, mais passe tout entier à un pôle prédestiné A la fin de l'anaphase I lous les chromosomes montrent une mince fente longitudinale. Dans les spermatocytes de II ordre qui ont reçu l'hétéro- chromosome, ce dernier ne se distingue plus des autres chromosomes, parce que maintenant tous les trois éléments sont égaux en ce qui concerne leur longueur et leur épaisseur. Les spermatocytes de II ordre qui ont reçu l'hétérochromosome sont seuls capables de subir la seconde division de maturation. La fente longitudinale qui s'observe dans tous les chromosomes à la prophase II et qui est probablement la même que celle qui avait apparu à l'anaphase de la 1 division, devient maintenant efficace par la séparation dicentrique des moitiés longitudinales. Cela montre clairement que pour l'ApIns saliceti il est impossible d'admettre une métaconjugaison, par- ce que dans le cas d'un appariement «end to end» de cinq chromosomes égaux il devrait se former deux éléments deux fois plus longs que le troisième qui n'avait pas de partenaire. Mais en réalité rien de pareil ne se vérifie ni à la première prophase, ni à la première mètaphase. Nous devons rejeter tout aussi nettement pour VAphis saliceti les interprétations de ces adver- saires de la théorie de l'individualité des chromosomes qui, identifiant le duplicisme des gemini avec le simple clivage longitudinal des chromosomes somatiques, ne voient pas de différence fondamentale entre une simple prophase somatique et une prophase synaptique de la cinèse réductionnelle de maturation. 338 V. B. de BAEHR Ces stades ayant généralement pour but la réduction de la chromatine, ils ne peuvent dans les œufs parthénogenétiques qui retiennent pendant la maturation le nombre normal (diploïdique) de chromosomes, représenter autre chose qu'une réminiscence phylogenétique, et cela confirme l'opinion acceptée généralement, que la parthénogenèse est une dérivation du mode bisexuel de reproduction. Etant donnée la grande plasticité des processus cytologiques, on peut s'attendre aussi à voir l'œuf parthénogenétique, pour obtenir un si grand but que le maintien dans son noyau des deux séries d'éléments équivalents, adopter différentes voies. Il peut peu à peu se dégager de la tradition ou tout de suite - brûler les étapes-. Les oocytes de VAphis palnicv montrent encore à la prophase de maturation, comme nous l'avons vu, des tendances hétérotypiques bien nettes, et c'est seulement à la diacinèse, par la dissociation des gemini en leurs composants (les chromosomes simples), qu'ils retournent à la mitose somaticiue. A en juger d'après les travaux de Kuhn (igo8) et de Schleip (igog), des relations semblables régnent aussi dans les œufs parthénogenétiques des Cladocères et Ostracodes, quoique les auteurs eux-mêmes, n'ayant pu compter le nombre de chromosomes dans les différents stades de la pro- phase maturative, arrivent à des conclusions différentes des nôtres et identi- fient le duplicisme des éléments au commencement de cette prophase avec le clivage des chromosomes définitifs qui sépare réellement les moitiés longi- tudinales. KiiHN il est vrai mentionne la possibilité pour son objet d'une inter- prétation analogue à celle que maintenant nous avons établie pour V Aphis En effet, pourquoi l'un des trois chromosomes dans notre objet ne montrerait-il pas à la première prophase de maturation une fente longitudinale qui présenterait le même aspect que celle des deux autres chromosomes et pourquoi à la métaphase, qui suit, resterait-il indivis au lieu de se diviser, comme le font tous les chromosomes, dans une cinèse somatique? Nous pouvons ajouter que dans la spermatogenèse de YAphis saliceti, de même que dans l'ovo- genèse de VAphis palmœ, nous n'avons rien trouvé qui puisse être interprété en faveur du o second contraction » et du repliement métasyndétique dans le sens de Me Clung et Farmer-Moore. Une discussion plus détaillée sur le problème de la réduction chromatique se trouve dans notre publication de 1912 (dans le chapitre « Mécanisme de la réduction ») et dans les autres parties de nos « Études sur les chromosomes », qui sont déjà préparées pour impression. Le lecteur y trouvera aussi la riche littérature récente de cette question. Ici ayant en vue surtout les relations qui régnent dans la parthénogenèse, nous ne pouvions toucher ces questions très intéressantes qu'en passant. Maturation des œufs paRthénogenétiques dans l'aphis palm.î: 33g palmcv, mais il la trouve très peu probable. -^ Eine andere Moglichkeit bleibe noch : nâmlich die, dass tatsachlich eine Syndese der ursprunglichen acht Chromosomen angebahnt, jedoch wieder riickgangig gemacht wird; dann miisste der Liingsspalt der Prophasen sich neu an den wieder getrennten Chroinosomen bilden. Dieser Gedanke ist jedoch in dem gegebenen Zusam- menhang nur eine blosse Moglichkeit'.. (Kuhn, igo8, p. Syô.) Grégoire (igio, p. 38o) faisant la critique des travaux de Kuhn et de ScHLEiP, insiste sur les lacunes de leurs observations et admet (lue rien n'empêche d'admettre pour ces objets qu'il s'y forme desgemini en nombre haploïdique, que ceux-ci persistent jusqu'à la veille de la diacinèse et qu'alors ils se dissocient en leurs éléments, les chromosomes somatiques. C'est à une autre catégorie marquée par la disparition déjà complète des traditions synaptiques qu'appartiennent les Pemphigines, qui se carac- térisent par une très grande fécondité, surtout \e Pemphigus piriformis, où les processus de l'ovogenèse se déroulent excessivement vite. Malgré nos études très minutieuses nous n'avons pas trouvé même de trace de la pro- phase synaptique(i). De semblables traits, à savoir des traits somatiques, caractérisent la prophase de maturation des œufs parthénogenétiques de VArtemia saliiia et du Rhabditis aberrans, des êtres qui, quoique occupant des places assez éloignées dans l'échelle philogenétique, néanmoins sont également bien adoptés à la parthénogenèse. Pries (igog) a étudié comparativement l'ovogenèse des œufs qui exi- gent la fécondation du Brauchiptis Grubei et celle des œufs parthénogenéti- que de VArtemia salina. Chez le Branchipiis il trouve toutes les étapes d'une prophase synaptique (un parallélisme des filaments leptotènes, un stade du bouquet, un pachytène, etc.) et il est prêt à les interpréter en faveur de la paraconjugaison; dans l'ovogenèse parthénogenétique de VAr- temia, au contraire, les filaments minces chromatiques du commencement de la prophase de maturation, en se raccourcissant peu à peu et en s'épais- sissant, se transforment directement en chromosomes définitifs de la mitose maturative et montrent le nombre diploïdique. D'après une publication récente de KrUger (igi3), dans les œufs par- thénogenétiques du Rhabditis aberrans, qui forment seulement un globule polaire, les chromosomes définitifs se forment directement aux dépens des (i) 11 faut rappeler que spécialement chez cette forme les chromosomes des oocyles, pendant toute la période d'accroissement, ne perdent pas la compacité de leur substance et, sans subir un changement quelconque, forment la plaque équatoriale de la mitose de maturation. 49 340 V. B. de BAEHR filaments chromatiques; de plus, comme l'auteur le souligne spécialement, pendant toute la période d'accroissement des oocytes jusqu'à la métaphase de maturation, les éléments ne montrent aucun duplicisme (i). Beaucoup d'auteurs, surtout Boveri (1890), Korschelt et Heider (1903), soulignent les grandes difficultés théoriques qui, àleur avis, s'élèvent dans l'analyse de la parthénogenèse avec une seule mitose de maturation, si on tient compte du fait qu'ici ce n'est pas l'œuf mùr définitif qui com- mence le développement embryologique, mais une cellule sexuelle de la génération plus jeune — l'oocyte de second ordre. La description de l'ovogenèse parthénogenétique de \ Apliis palinœ et les interprétations que nous y avons données pour les différents stades enlèvent, pensons-nous, cette difficulté. En effet, la seule cinèse de maturation que nous y trouvons ne corres- pond pas à la première, comme l'admettent même A. et K. E. Schreiner, mais à la seconde cinèse (la dernière étape dans les processus de matura- tion) ; la première cinèse (rcductionnelle) qui manque ici a son équivalent dans la déconjugaison des chromosomes du no3'au diacinétique. Nous n'avons pas besoin d'accentuer de quelle importance pour la théorie de l'individualité des chromosomes sont nos résultats sur l'ovogenèse chez VAphis palmœ et de quelle façon décisive ils s'opposent aux thèses de ces cytologistes qui homologuent le duplicisme des éléments à la prophase I avec le simple clivage des chromosomes somatiques en deux moitiés lon- gitudinales et qui ne veulent pas reconnaître une différence fondamentale entre les n'jitoses somatiques et celles de maturation (Fick, Meves, Dues- BERG, FooT et Strobell, Soôs, Kuschakewitsch). A la fin nous voudrions toucher brièvement une très intéressante question de la maturation chromatique chez les plantes qui se développent apogamiquement ; ici aussi à la métaphase nous avons à faire au nombre diplo'ïdique de chromosomes, ciuoique à la prophase il y ait des préparatifs hétérotypiques. C'est à Strasburger et à ses élèves que nous devons sur- tout les recherches dans cette direction. (i) A noire avis, la contraction des éléments chromatiques en un pôle du noyau dans des oocytes très jeunes décrite par Krûger sous le nom de « synapsis » révèle seulement en ce moment une certaine susceptibilité des substances nucléaires envers les réactifs et ne possède pas une plus grande importance. La réduction numérique des chromosomes constatée dans les spermatocytes se réalise d'après la supposition de Tauteur par la conjugaison des chromosomes déjà tout à fait for- més, c'est-à-dire à un stade de la maturation plus avancé que celui où elle a lieu chez les autres animaux. MATURATION DES ŒUI-'S l'ARTHENOGENETlnUES DANS LAI'HIS PALM.E J4I Wikstrœmia iiidica ne montre même pas de traces d'après lesquelles on pourrait admettre la persistance des tendances synaptiques cjuelconques (Strasbukger, 190g). Un type moins pur sous ce rapport est représenté par les Eualchimel- les apogamcs : ï Anteiiaria alpma ou Taraxacnm, où au commencement de la prophase se montrent encore des traits hétérotypiques, mais après il s'y déroule une simple cinèse somatique avec le nombre normal de chro- mosomes (Strasburger, 1904). Chez le Marsilia Drinnoiidi enfin nous trouvons une vraie prophase synaptique avec un nombre haploïdique de chromosomes et ce n'est pas avant la diacinèse qu'une dissociation des chromosomes, qui étaient réunis en gemini, s'accomplit. Au lieu d'une plaque équatoriale réductionnelle avec le nombre haplo- ïdique-de gemini qu'on voyait en préparation, une plaque somatique typique se forme avec un nombre diploïdique des chromosomes simples, dont les moitiés longitudinales, comme dans chaque mitose somatique, passent d'une façon ordinaire dans les noyaux-filles (Strasburger, 1907). Un pareil début dans la direction d'une mitose réductionnelle et un retour ultérieur à une mitose somatique caractérisent aussi le Hoiittuyiiia cordata (Shibata et P,1iyake|. Nous voyons ainsi dans l'apogamie des plantes une échelle très nette dans les degrés de la manifestation des réminiscences synaptiques. Les Marsilia et Hoiittuynia retiennent le mieux les traditions, et c'est seulement à la diacinèse que nous observons la disjonction des éléments conjugués et le retour au nombre somatique de chromosomes. Le Wikstroemia représente la forme la plus adaptée à l'apogamie; les chromosomes n'y essayent même pas de se conjuguer. Les Eualchimelles citées plus haut occupent la place intermédiaire entre ces deux types extrêmes. De pareilles relations s'observent aussi, d'après Strasburger, 1910, chez les Urticacées. Dans Y Elatotesma acuminatiim la cellule-mère du sac embryonnaire montre des caractères synaptiques jusqu'au noyau pachytène. Après cela, elle retourne au repos et se divise ensuite équationnelle- ment. Au contraire, la prophase dans la cellule-mère de V Elatotesma sessile se caractérise depuis le commencement par les traits somatiques. M.'^KOWL.^NY p. SiDRA, 28 1710! I9I4. 342 V. B. de BAEHR Le mémoire présent est une partie de nos -Études sur les chromoso- mes ", qui était prête pour l'impression au moment où la guerre éclata. Pendant la guerre tous les dessins et la plupart des préparations ont disparu. Les figures des planches actuelles ont été faites de nouveau d'après quelques préparations seulement heureusement sauvées. A cause des nouveaux dessins nous avons été obligé de faire quelques changements insignifiants dans le texte. Les résultats sur l'ovogenèse de YAphis palina', que nous publions maintenant en français, ont été déjà publiés en polonais dtms les -Annales de la Société des Amis des Sciences à Vilno, igi5 — igi8^, vol. 6. Makowlany p. SiDRA, i5 jani'iev 191g. 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Zeitpunkt der Be- stimmung des Geschlechts, Apogamie, Par- thenogenesis und Reduktionsteilung. Jena. MATURATION DES ŒUFS PARTHÉNOGENÉTIQUES DANS LAPHIS PALM.E 349 igio 1904 1907 1907 1911-1912 1909 Strasburger, E. : Sexuelle und apogame Fortpflanzung bei Urti- caceen; Jahrb. f. wiss. Bot , vol. 47. Stschelkanovzew , J. P. : Ueber die Eireifung bei viviparen Aphiden; Biol. Centralbl., vol. 24. Tannreuther, G. W. : Histoiy of the Garni Cells and Early Embiyo- logy of Certain Aphids; Zool. Jahrb., Aiiat. Ontog., vol. 24. Vejdovsky, F. : Neue Untersuchungen ûber Reifung und Be- fruchtung; Kônig. bôhm. Gesellsch. d. Wiss. Prag. » .- Zum Problem der Vererbungstrager; Kônig. bôhm. Gesellsch. d. Wiss. Prag. Whituey, D. D. : Observations on the Maturation Stages of the Parthenogenetic and Sexual of Hydatina senta ; Journ. Exper. Zool., vol. 5. Weismann, A. : Ueber die Zahl der' Richtungskôrper und ihre Bedeutung fur die Vererbung. Jena. » : Ueber die Parthénogenèse der Bienen ; Anat. 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Coupe longitudinale de la chambre terminale parthénogenétique. Fix. liquide de F"lemming; col. Hématoxyline ferrique. FIG. 2. Coupe longitudinale de la chambre terminale parthénogenétique. En haut les no^-aux des cellules nourricières, en bas les noyaux des ovocytes Fleii. Hém. ferr. FIG. 3. Coupe longitudinale oblique de la chambre terminale parthénoge- nétique. On voit seulement les oocytes. Flem. Hém. ferr. FIG. 4-5. Noyaux des oocytes. Stade lepto-zygotène. Flem. Hém. ferr. FIG. 6. Noyau de l'oocyte. Stade diacinétique. Quatre doubles chromosomes _(« gemini o). Flem. Hém. ferr. FIG. 7. Noyau de l'oocyte. Déconjugaison des chromosomes : deux chromo- somes encore doubles, quatre déjà simples. Flem. Hém. ferr. FIG. 8. Noyau de l'oocyte dans la chambre terminale avec des chromosomes arrondis en nombre somatique. Flem. Hém. ferr FIG. 9. Noyau de l'oocyte dans la chambre terminale. Dans certains chro- mosomes on voit la fente longitudinale. Flem, Hém. ferr. FIG. 10. Oocyte dans la chambre ovarique en accroissement. Flem. Hém. ferr. FIG. 11. Oocyte dans la chambre ovarique. Période d'accroissement. Certains chromosomes montrent une fente longitudinale. Flem. Hém. ferr. FIG. 12. Oocyte dans la chambre ovarique. Période d'accroissement. Les chro- mosomes perdent la compacité de leur structure. Subi, ac safr.-vert lum. FIG. 13. Oocyte dans la chambre ovarique. Stade plus avancé Flem. Hém. ferr. FIG. 14. Cellule de segmentation. Plaque équatoriale. Vue polaire. Flem. Hém. ferr. TABLE DES MATIÈRES. Pages Introduction ........ 3i7 I. Structure des ovaires parthénogenétiques ..... 3i9 II. Ovogenèse ......... 32o III. Examen de la littérature concernant la maturation des oeufs chei les pucerons vivipares 325 IV. Parthénogenèse et réduction de la cliromatine ..... 33i Littérature ........ 343 Explication des figures ....... 35i Table des matières ....... 353 è^- ■ : '/ •■:>'■ r >^m \ r 5%^ 10. <;=:ïr>v .^^^ ■i» %» 11. ■•. -ê 3. % '*ï*.*^^ '**»«?**' -.,Klî a> / 'TfJSiV*' -40$^ ^^ G. 12. ,^"- v s*, I 7. U. de Baehr ad nat. fihot. Observations cytologiques sur le cytoplasme d'un Saprolegnla PAR A, GUILLIERMOND {Mémoire déposé le 12 août 1920. Bl \ Observations cytologiques sur le cytoplasme d'un Saprolegnia I. Introduction. Le chondriome des champignons, mis en évidence pour la première fois par nous (i ) en igii dans les asques de Puslnlaria vesicuiosa et retrouvé ensuite par nous (2) (rgi3 et 14) dans un grand nombre de champignons appartenant à des groupes variés, a été l'objet d'études de Rudolph (3) (1912), Janssens, van de Putte et Helsmortel 14) (igii), Lewitsky (5) (igi3), Madame F. jMoreau (6) (1914), F. Moreau (7) (1914), Beauvekie (8) (1914), COWDRY (9) (19 18), BeSZNOFF (IO) (1920). Ces recherches démontrent l'existence dans tous les champignons d'un chondriome très caractérisé et tout à fait semblable à celui de la cellule animale et des végétaux supérieurs. Les recherches de cytologie animale tendent à démontrer que les mito- chondries sont des organites élaborateurs, aux dépens desquels se forment divers produits du métabolisme cellulaire (grains de zymogène, graisses, pigments), et les recherches sur les végétaux supérieurs, en démontrant que les plastides depuis longtemps connus sont des mitochondries, confirment ce rôle. Nous avons donc cherché si dans les champignons, le chondriome exerce un rôle dans l'élaboration des produits de réserve. Aucun fait précis ne nous a permis de mettre en évidence ce rôle pour le glycogène et les globules graisseux. Par contre, nous avons été amené à admettre que les corpuscules métachromatiques, que nous avons été l'un des premiers à faire connaître dans les champignons, sont élaborés par les mitochondries. Cette conclusion s'appu3-ait sur le lait que dans les asques de Pustularia vesicuiosa, les chondriocontes forment sur leur trajet de petites vésicules tout à fait semblables à celles qui, dans les chondriocontes des racines des Phanéro- games, sont déterminées par l'apparition d'un grain d'amidon non colorable 358 A. GUILLIERMOND par les méthodes mitochoiidiialcs au sein du choiidriocontc. La présence très fréquente de ces vésicules semlilait donc indiquer que le chondriome jouait un rôle dans l'élaboration des produits de réserve de l'asque. Or, ces vésicules apparaissent toujours dans les périodes qui correspondent aux phases actives de l'élaboration des corpuscules métachromatiques et dis- paraissent ensuite. Comme les corpuscules métachromatiques ne se colorent pas par les méthodes mitochondriales, l'idée venait donc que les vésicules étaient représentées par dé" petits corpuscules métachromatiques qui se déposaient sur le chondrioconte, comme cela se produit pour l'amidon dans les végétaux supérieurs. Cette idée semblait se vérifier par le fait que dans les hyphes du pseudoparenchyme tlu périthècc, nous avons remarqué que i]uel(]ues corpuscules métachromatiques se colorent périphériquement par les méthodes mitochondriales (PI. II, fig. 34, C M C). Ils offrent donc l'as- pect de vésicules tout à fait semblables à celles <]ui sont situées sur le trajet des chondriocontes. A côté de ces corpuscules entourés d'une paroi colo- rable, la j^lupart apparaissent absolument incolores et ne se distinguent que par leur réfringence spéciale (C M I). Comme on trouvait une série impres- sionnante de formes de transition entre les chondriocontes pourvus de vésicules (VM), les corpuscules métachromati(|ues entourés d'une jxiroi colorée et les corpuscules absolument incolores nous avions cru pouvoir conclure que les corpuscules métachromatiques apparaissent au sein des chondriocontes sous forme de vésicules, qui ensuite se détachent pour émi- grer dans les vacuoles. Nos observations ont été vérifiées par Beauvekie et F. Moreau, c]ui, eux aussi, ont admis l'origine mitochondriale des corpuscules métachroma- tiques. Enfin, à la même époque, Lewitsky a décrit la formation par un processus identique des Gclbeii Kôrner des vacuoles de l'oogone des Pcronosporacées. Cependant, dans une série de recherches plus récentes (igig-igao), M. Dangeard (ii), à la suite d'observations des champignons à l'aide de colorants vitaux, est arrivé à des résultats absolument différents. L'auteur a constaté que les champignons observés sur le frais ne montrent dans leurs vacuoles qu'un très petit nombre de corpuscules métachromatiques et que ce nombre ne correspond pas à la grande quantité de corpuscules que l'on obtient en colorant après fixation le même champignon. Au moyen de colorations vitales, M. Dangeard a pu démontrer que les corpuscules méta- chromatiques sont le plus souvent les produits artificiels de la condensation OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME D UN SAPROLEGNIA JDQ SOUS l'inllaencc des colorants vitaux et des fixateurs d'une substance se trouvant normalement à l'état de solution colloïdale dans la vacuole, la mé- tachromatinc. L'auteur conclut donc t|ue les corpuscules métachromaticiues ne peuvent pas avoir l'origine mitochondriale qui leur est attribuée. Or, en observant par des colorations vitales l'origine des vacuoles dans les champignons, M. Dangeard a vu qu'elles apparaissent sous forme de très petites vacuoles, remplies de métachromatine, rondes ou allongées, en bâtonnets ou en filaments, c'est-à-dire avec les formes caractéristiques des niitochondrics. M. Dangeard a surtout observé l'origine du système vacuo- laire dans un Saprolegiiia trouvé sur des cadavres de mouches. Il a constaté qu'à son origine, ce système vacuolaire présente l'aspect très caractérisé du chondriome et que cet aspect se retrouve sur les préparations fixées et colorées par les méthodes mitochondriales. La métachromatine offre selon lui les mêmes caractères histo-chimiques que les mitochondries. Aussi l'auteur conclut-il sans plus d'informations que ce qui a été décrit dans la cellule animale et dans les champignons sous le nom de cliondriome appar- tient au système vacuolaire rempli de métachromatine et que par consé quent c'est par erreur (ju'on a admis dans les végétaux supérieurs (]ue les plastidcs dérivent des mitochondries. Pour i\L Dangeard la métachroma- tine serait une substance qui se rencontrerait dans les vacuoles de toutes les cellules et jouerait un rôle très important dans la physiologie cellulaire : elle agirait à la fois comme osmotine et électivine. Nous (12) avons combattu cette théorie dès son origine, la sachant inex- acte, et nous avons montré cju'il n'y a aucune relation histo-chimitjue entre la métachromatine et la substance mitochondriale. Les mitochondries ne se colorent vitalement iiu'avec la plus grande difficulté et d'une manière très lente, et seulement au moyen de colorants spéciaux. Au contraire, la mé- tachromatine fixe presque instantanément la plupart des colorants vitaux. Les méthodes mitochondriales ne colorent pas la métachromatine, et les méthodes qui conviennent le mieux à la différenciation des corpuscules mé- tachromatiques détruisent le chondriome. Les jeunes vacuoles ne présentent d'ailleurs pas, dans les champignons (|ue nous avons observés, la forme de mitochondries, et leur évolution n'est nullement superposable à celle du chondriome : elles aboutissent très rapidement à la formation de grosses vacuoles, tandis que le chondriome subsiste dans sa forme primitive jien- dant toute la vie de la cellule. par contre, nos observations ultérieures nous ont permis de vérifier les 36o A. GUILLIERMOND observations de I\I. Dangeard, pour ce qui concerne la mctachromatine et de démontrer que les corpuscules métachromatiques résultent le plus souvent d'une condensation, sous l'influence des colorants vitaux et des fixateurs, d'une substance normalement dissoute dans la vacuole. L'observation vitale du chondriomc que nous avons pu réaliser récem- ment dans \ Endoinyces Magiiusii, nous a permis en outre de constater que la métachromatine se forme directement dans les vacuoles sans le concours des mitochondries, contrairement à ce (]uc nous avions admis à la suite d'observations de coupes fixées et colorées. Nous avons pu réaliser, dans ce champignon, une double coloration vitale du chondriomc et du système vacuolaire au moyen du violet de Dahlia et du rouge neutre, qui démontre que le chondriomc et le système vacuolaire sont des formations absolument indépendantes et que la métachromatine apparaît directement dans les vacuoles à l'état de solution. En outre, les vacuoles ne présentent pas plus dans ce champignon que dans ceux que nous avions observés antérieurement des formes susceptibles d'être confondues avec les mitochondries. Cependant, dans le Rhi^opus uigricans, le système vacuolaire à son origine se présente parfois sous forme de canalicules allongés qui s'anastomosent, puis se gonflent et se fusionnent pour constituer de grosses vacuoles. La présence de vacuoles en forme de canalicules allongés s'explique sans doute par la structure spéciale de ce champignon, dont le thalle est continu et qui est le siège d'une circulation du cytoplasme dans le sens longitudinal des filaments, pouvant déterminer la forme allongée des jeunes vacuoles. On voit donc ([ue AL Dangeard a confondu le système vacuolaire qu'il a différencié à l'aide de colorants vitaux avec le chondriomc qui lui a passé complètement inaperçu. S'il est démontré que les corpuscules métachroma- tiques ne sont pas, comme nous le pensions, d'origine mitochondriale, l'existence d'un chondriome dans les champignons ne peut être mise en doute et il est actuellement établi que ce chondriome n'a pas de relation avec le système vacuolaire. L'occasion nous a été donnée d'obtenir sur des cadavres de mouches un Saprolegiiia, qui parait très voisin, sinon identique, de celui qu'a observé AI. Dangeard. Ce champignon a pu être cultivé sur des cadavres de mouches pendant plusieurs mois et n'a jamais donné d'autres formes de reproduction que des zoosporanges. L'absence d'organes sexuels ne nous a donc pas permis de le déterminer d'une manière plus précise. Ce cham- OBSERVATIONS CVTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPROLEGNIA 36i pignon constitue un des objets les plus favorables que nous connaissions à l'étude vitale du chondriome et a permis de faire des observations vitales beaucoup plus précises que sur Vhudomyces Alagiuisii, dans lequel le chon- driome ne se distinguait sur le vivant qu'avec la plus grande difficulté et nécessitait presque toujours pour son étude le concours de la coloration vitale au violet de Dahlia. Étant donné que c'est l'étude de ce champignon qui a servi à M. Dangearp à appu3-er sa théorie de la nature du chon- driome, il nous a donc ]'aiu intéressant de pul>licr ici nos observations sur ce Saprolegnia. II. Observations vitales. Si l'on observe sur le vivant à un fort grossissement les filaments de ce champignon, on y distingue d'abord un nombre plus ou moins considé- rable de petits granules très réfringents qui sont les éléments les plus visibles du cytoplasme (PI. I, Gg). Ces granules, qui se déplacent très rapi- dement dans les courants cytoplasmiqucs et qui brunissent par l'acide osmi- que, correspondent aux microsomes décrits par M. Dangeard. La proportion de ces granules varie beaucoup d'un filament à l'autre, selon l'état du déve- loppement : on trouve des filaments où ces granules sont très rares, d'autres où ils sont assez nombreux; dans les extrémités des filaments destinés à se transformer en zoosporanges, dans les zoosporanges eux-mêmes en forma- tion et dans les zoospores, ils sont tellement nombreux et tellement serrés les uns contre les autres qu'ils empêchent de voir les autres éléments du cytoplasme. Ces granules offrent des dimensions variables ; les plus petits ont un diamètre inférieur à celui des éléments du chondriome, les plus gros sont toujours beaucoup plus petits que les noyaux. Ces éléments nous paraissent être des globules de nature graisseuse semblables à ceux que nous (i3) avons observés dans les cellules épidermi- ques de la fleur de Tulipe et de la feuille (ï Iris germanica. Ils semblent constituer une réserve pour les zoospores. Ils n'ont en tout cas aucun rap- port avec les éléments décrits sous le nom de mitochondries. Le système vacuolaire renferme un suc vacuolaire à peu près de la même réfringente que le cytoplasme, de telle sorte qu'il est fort difficile de le distinguer sur le vivant ; c'est à peine si, dans les extrémités en voie de croissance des filaments, on distingue parfois de petites vacuoles que les mouvements d'ensemble du cytoplasme peuvent déplacer. On aperçoit dans 362 A. GUILLIERMOND ces vacuoles quelques granulations réfringentes. Les colorations vitales, dont nous parlerons plus loin, permettent d'observer très distinctement le système vacuolaire et les granulations contenues dans son intérieur. Les noyaux sont le plus souvent visibles : ils se présentent sous la forme de petites vésicules, arrondies ou souvent ellipsoïdes ou fusiformes, à paroi nette, à contenu h5'alin avec un assez gros nucléole assez réfringent. (PI. I, N). Le chondriome est généralement impossible à déceler dans les extré- mités des filaments destinés à se transformer en zoosporanges, dans les zoosporanges en formation et dans les zoosporcs, parce qu'il se trouve mas- qué par l'extrême abondance des granulations graisseuses. Partout ailleurs, il j^eut être observé. Dans les filaments très jeunes et dans les tubes résultant de la gemmation des zoospores, il est cependant moins net qu'ailleurs jiar suite de la densité du cytoplasme et de l'abondance des granulations graisseuses. Par contre, il apparaît avec la plus grande netteté dans les jiartiesun peu plusâgées, dans lesquelles les granulations graisseuses sont moins nombreuses et où le cytoplasme est plus transparent. Le cyto- plasme s'y présente sous la forme d'une substance hyaline d'aspect homo- gène, (]ui renferme, en outre des granules graisseux et des noyaux, un chon- driome presque exclusivement constitué par des chondriocontes de diverses longueurs; les uns apparaissent comme des bâtonnets courts, mais le plus grand nombre affectent la forme de longs filaments très minces, onduleux et orientés le plus souvent dans le sens delà longueur du filament; ciucl- ques-uns sont ramifiés (PI. I, M). Les mitochondries granuleuses sont ex- trêmement rares; toutefois, dans les extrémités des filaments, les bâtonnets et même les mitochondries granuleuses sont plus nombreux, tandis (pic les chondriocontes allongés sont rares. Les éléments du chondriome sont tou- jours très faciles à distinguer des granulations graisseuses par leur réfringence beaucoup moins accusée et par leurs mouvements beaucoup plus lents. Ils s'observent presqu'aussi nettement que le chondriome des cellules épider- miques de Tulipe et d' Iris, que nous avons observé dans de précédentes recherches et auquel ils ressemblent beaucoup. Une étude attentive montre que le chondriome peut subir des varia- tions d'aspect, selon les filaments. On trouve des filaments où le chondriome est presque exclusivement constitué par des chondriocontes très minces et très allongés (PI. I, fig. ii, 12, 13), et d'autres où il se compose surtout de chondriocontes épais et peu allongés, de bâtonnets courts et trapus et même OBSERVATIONS CYTOLOGigUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPROLEGNIA 363 de mitochondries granuleuses (PI. I, fig. l). Dans certains filaments, les chondriocontes affectent des formes d'allure cristalline (PI. I, fig. 7 et 16) : ils sont plus ou moins fusiformes et ressemblent un peu aux amyloplastides de la racine de Phajiis graiidifoliiis. Enfin, on rencontre des filaments dans lesquels tous les éléments du chondriome sont transformés en vésicules, de formes rondes et plus ou moins grosses (PI. I, I'IG. 8 et 18 à 24). Beaucoup de ces aspects sont dus à une dégénérescence du chondriome ou à des alté- l'ations dues aux conditions du milieu. C'est ainsi que l'on peut constater au cours de l'observation vitale des altérations du chondriome qui abou- lissent à des formes semblables. Les conditions de la préparation, la pression exercée sur les filaments par la lamelle, déterminent des altéra- tions du chondriome qui se manifestent d'abord par un gonflement des chondriocontes, puis par leur segmentation en bâtonnets et par la transfor- mation des bâtonnets en vésicules rondes qui peuvent grossir jusqu'à atteindre le volume de noyaux et s'accoler les unes aux autres, déterminant ]iar leur ensemlile des structures alvéolaires artificielles du cytoplasme. Ces altérations sont absolument semblables à celles que nous avons constatées dans les cellules épidermiques de la fleur de Tulipe sous l'influence de milieux hypotoniques et à celles observées par Fauré-Frémiet (14) et R. et H. LEwis (i5) dans les mitochondries des animaux. Le réactif iodo-ioduré conserve très bien le chondriome comme dans la Tulipe et VIris et même le rend plus apparent en donnant à ses éléments une teinte jaune plus marquée que celle que [)rend le cytoplasme. Ce réac- tif ne révèle pas de traces de glycogène ; cependant dans les filaments destinés à se transformer en zoosporanges et dans les zoospores, le réactif iodo ioduré fait apparaître une grande quantité de petits grains qui prennent une coloration d'un brun acajou très marquée. Les zoospores sont remplies de ces petits grains qui pourraient représenter une substance voisine du glycogène. On sait que le glycogène n'apparait pas dans les autres cham- pignons sous cette forme, mais à l'état de granulations de dimensions variables, à contours indécis qui très vite se diffusent dans le cytoplasme sous forme de grosses plages et pénètrent même dans les vacuoles. On sait d'autre part que Errera n'a pu obtenir la différenciation du glycogène dans plusieurs espèces de Sapwlegnia. 11 est facile de constater que les granula- tions brun acajou que révèle le réactif iodo-ioduré sont toujours situées en dehors des éléments du chondriome; elles ne paraissent pas se former dans leur intérieur, mais dans le cytoplasme lui-même. 364 ^- GUILLÏERMOND Le chonclriome se conserve également dans une solution d'acide osmi- que à ; il ne réduit pas l'acide osmique et seules les granulations lOO graisseuses brunissent. On peut se rendre compte par l'examen de prépara- tions montées dans une solution d'acide osmique que ces granulations ne sont jamais en relation avec les éléments du chondriome et ne naissent pas à leurs dépens. Certaines granulations contenues dans le suc vacuolaire prennent à la longue en présence de l'acide osmique une teinte légèrement grise. Les essais de colorations vitales du chondriome à laide du vert Janus et du violet de Dahlia ont toujours échoué et il ne nous a pas été possible d'obtenir de bonnes colorations vitales du chondriome. On sait au contraire que dans d'autres champignons, le violet de Dahlia nous avait permis de colorer le chondriome. Il semble que nos échecs soient en partie attribuables au fait que le chondriome de notre Sapioleffiiici est extrêmement fragile et que les colorants vitaux qui paraissent avoir sur lui une influence noci\'e altèrent le chondriome avant de le colorer. En faisant séjourner le champignon dans de l'eau dans une étuve à 45-5o°, pendant un quart d'heure ou une demi-heure, nous a\ons constaté que tous les éléments du chondriome se transforment en grosses vésicules et en traitant ensuite le champignon ainsi altéré par les méthodes mito- chondriales, on n'obtient pas la différenciation du chondriome. Les mito- chondries présentent donc à ce point de vue les mêmes caractères que celles des animaux et des végétaux supérieurs et sont détruites par un séjour même court à une température de 45-5o" (Policard (iG), R. et H. Lewis, COWDRY (17), GuILLIERMOND). Les colorations vitales au rouge neutre, aux bleus de Nil, de crésyl ou de méthylène nous ont permis de mettre en évidence le système vacuo- laire qui fixe presque instantanément ces colorants. Dans les extrémités des filaments, le système vacuolaire apparait parfois sous forme de petites vacuoles qui se colorent d'une manière diffuse et prennent avec les colorants bleus une teinte d'un violet rougeâtre pas très marquée, comme la métachromatine des autres champignons. Mais le plus souvent, il apparait sous forme de canalicules allongés qui finissent par s'anastomoser et constituerun fin réticulum avec épaississements nodaux (PI. II, FiG. 1 à 4, R V). Dans les parties plus âgées, ce réticulum ariive en se gonflant et par fusion des canalicules cjui le constituent à composer une OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPROLEGNIA 365 grande vacuole qui occupe la majeure partie du filament et constitue dans celui-ci une sorte de long canal (PI. II, fig. 5, et P\. I, fig. 3, CV). Le cytoplasme est alors réduit à une couche pariétale qui s'amincit de plus en plus à mesure que le canal s'élargit. Cette couche pariétale avant de devenir très mince est souvent parcourue par de fins canalicules qui ensuite se fusionnent avec la vacuole centrale. Pendant toute la durée de son développement le système vacuolaire offre une substance à l'état de dissolution qui fixe les colorants vitaux, mais à mesure que les vacuoles grossissent cette substance devenant de plus en plus étendue se colore d'une manière de plus en plus pâle. Lorsque le canal vacuolaire est définitive- ment constitué, le suc vacuolaire ne se colore plus que d'une manière très faible. C'est dans les régions où le canal vacuolaire a pris son développe- ment définitif que le cytoplasme pariétal très mince laisse observer avec le plus de netteté son chondriome. Le système vacuolaire offre donc dans notre Saprole^uia les mêmes formes que nous avons observées dans Rhiiopiis nigricûiis, ce cpii s'explique facilement étant donné tju'il possède aussi un thalle continu. Ce sont les formes canaliculaires initiales de ce système qui ont attiré l'attention de M. Dangeard, mais ces formes ne rappellent que d'une manière extrêmement vague un chondriome. Dans le suc vacuolaire, les colorants vitaux permettent de mettre en évidence des granulations qui se colorent d'une manière plus intense que le suc vacuolaire lui-même (PI. I, fig. 3 à 7, 9 et 17, et PI. II, fig. 5). Ces granulations n'apparaissent ordinairement pas dans les stades tout à fait initiaux du système vacuolaire et sont surtout abondantes dans les fila- ments jeunes ou d'âge moyen. Elles sont plus rares ou peuvent faire défaut dans les filaments âgés. Les unes sont des grains de dimensions variables, le plus souvent petits, qui se colorent d'une manière intense et très méta- chromatique; elles ne sont pas visibles sans coloration vitale et semblent résulter d'une altération partielle de la substance dissoute dans la vacuole sous l'influence du colorant. Les autres ont également des dimensions varia- bles, mais atteignent souvent une taille relativement grosse et peuvent dépasser le diamètre des noyaux; ces granulations se voient sans coloration et présentent l'aspect de corpuscules d'une réfringence un peu moindre ([ue celle des globules graisseux : l'acide osmique leur donne une teinte légère- ment grise. Ces derniers grains se colorent vitalement d'une manière diffuse et à peine métachromatique. Il est possible que les deux catégories de granulations ne soient que des états différents d'une même substance. 366 A. GUILLIERMOND Les granulations cjui se colorent intensivement sont très abondantes dans les filaments destinés à se transformer en zoosporanges et dans les zoospores : celles-ci apparaissent criblées de petits grains qui fixent énergi- quement les colorants vitaux (PI. II, fig, 7). Pendant la germination des zoospores, ces grains se dissolvent dans les vacuoles qui les contiennent : celles-ci se dilatent beaucoup en absorbant de l'eau, puis s'introduisent en s'allongeant sous forme de canalicules dans le tube de germination (PI. II, FiG. 6). Il est difficile de décider si les vacuoles du tube germinatif dérivent toutes des vacuoles préformées dans la zoospore ou si, ce qui nous semble plus vraisemblable, une partie d'entre elles sont des néoformations. Nos recherches ne nous ont pas permis de résoudre cette question de la persi- stance des vacuoles. III. Observations de coupes fixées et colorées. Il est très facile d'obtenir la différenciation du chondriome par les méthodes mitochondriales (PI. II, fig. 8 à 32). On peut colorer directement le mycélium une fois fixé, sans employer la méthode des coupes à la paraf- fine. Il est facile également d'obtenir des coupes à la paraffine : il suffit d'inclure la mouche infectée toute entière et de la couper. Les deux procédés ont leurs avantages et leurs inconvénients. Le premier permet d'obtenir une vue d'ensemble des filaments, mais donne des images moins nettes du chondriome; le second permet des superbes différenciations du chondriome, mais sur des débris 'de filaments coupés en tous sens. La simple fixation au formol commercial suivie de coloration à l'hématoxyline ferrique donne d'excellents résultats. On obtient également de très belles différenciations par les méthodes de Regaud de Benda et de KuLL. Ces méthodes ne colorent pas le suc vacuolaire, ni les granulations intravacuolaires. Les granulations qui se colorent d'une manière diffuse par les colorants vitaux peuvent prendre cependant une teinte grise par l'héma- toxyline ferrique et dans quelques cas exceptionnels, un observe également dans les vacuoles de petites granulations colorées en noir par l'hématoxyline. Mais en général, les méthodes mitochondriales ne colorent que les mito- chondries et les noyaux et 1 interprétation des préparations ne jirésente aucune difficulté. Les méthodes de Benda et de Kull permettent en outre la différenciation des granulations graisseuses du cytoplasme qui appa- OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPROLEGNLX 307 raissent brunies par l'acide osmicjue (PI. II, fig 30 et 32). Par toutes ces méthodes, les éléments du chondriomc ressortent très distinctement par leur coloration intense dans le cytoplasme à peine coloré. Leur contour est tellement net qu'on éprouve parfois certaines difficultés pour distinguer les chondriocontes de certaines bactéries filamenteuses qui peuvent se trouver accolées à la membrane du champignon. Le cytoplasme à peine coloré se distingue mal du système vacuolaire incolore. Cependant dans les filaments jeunes, où le cytoplasme est plus dense, les vacuoles apparaissent comme des canalicules incolores séparés par des fibrilles plus ou moins épaisses du cytoplasme, et on observe une structure filamenteuse, qui fait suite, lorsque les canalicules se sont anasto- mosés, à une structure alvéolaire. Ce sont ces aspects qui ont été décrits et figurés par von Istwanfi (i8) dans des observations cytologiques déjà anciennes sur les Saprolégniacées. Il est probable que ce sont des aspects semblables du système vacuolaire qui ont été observés par Matruchot (ig) dans Morlierella rcticiilata et considérés comme une structure filaire. Dans certains filaments, le chondriome peut subir certaines variations que nous avons déjà constatées sur le vivant. C'est ainsi que les chon- driocontes peuvent se raccourcir, prendre la forme de bâtonnets courts et trapus ou bien se transformer en fuseaux ( PI. II, fig. 21 à 24). Enfin, dans quelques cas, les éléments du chondriome apparaissent tous sous forme de vésicules plus ou moins grosses (PI. II, fig. 25 à 27). Il n'est pas possible de décider si ces formes sont en relation avec le métabolisme cellulaire ou représentent simplement des altérations du chondriome. Il est fort difficile de mettre en évidence le chondriome dans les zoospores : toutefois il semble que dans les jeunes zoosporanges, les chon- driocontes se segmentent, de\iennent courts et que c'est sous forme de grains et de courts bâtonnets que se présente le chondriome des zoospores (PI. II, FIG. 11). Le chondriome de notre Saprolegiiia présente une particularité remar- quable : c'est sa résistance vis-à-vis des fixateurs renfermant de l'acide acétique ou de l'alcool. C'est ainsi qu'on peut obtenir sa différenciation par l'hématoxyline ferrique après fixation au picroformol de BouiN ou même au liquide de Lenhossek, qui en général détruisent les mitochondries, spécialement celles des autres champignons. Il est vrai que les images obtenues à l'aide de ces méthodes sont beaucoup moins nettes que celles que l'on obtient par les méthodes mitochondriales et témoignent dune 368 A. GUILLIERMOND certaine altération du chondriome. Par contre, laicool absolu détruit le chondriome. Par leur résistance aux fixateurs, les mitochondries de Saprulegnia sont donc à rapprocher des chloroplastides et des bâtonnets de Heidenhain. Nous avons essayé de colorer le contenu du système vacuolaire à l'aide des procédés employés pour la différenciation des corpuscules métachro- maticiues. En colorant le mycélium fixé par l'alcool ou le formol par les bleus de méthylène ou de crésyl, nous n'avons jamais obtenu la coloration même diffuse du système vacuolaire qui ai)|iarait toujours incolore. Par contre, les grains visibles sur le vivant sans coloration prennent avec ces colorants une teinte bleue extrêmement pâle. On peut en outre mettre en évidence les petits grains des zoosporanges et des zoosporcs cjui se coloraient intensivement sur le vivant. Ceux-ci apparaissent fortement colorés en bleu violacé. L'hématéine ne colore pas ces grains et donne aux premiers une teinte bleuâtre pâle. Lorsqu'on traite une préparation fixée \)3.\ le formol et colorée par le bleu de méthvlcne par une solution aqueuse d'acide sulfurique à lOO (réaction I de Arthur Mever), on constate que toutes les granulations des vacuoles se décolorent. On sait au contraire que les corpuscules métachro- matiques restent colorés dans les mêmes conditions. On voit donc qu'aucune de ces granulations n'offrent les réactions caractéristiques de la substance bien définie à laquelle nous avons donné le nom de métachromatine. Ces granulations ne se colorent pas intensive- ment et métachromatiquement par l'hématéine et n'offrent pas la réaction I de A. Meyer. On peut donc conclure que notre Saprolegiiia ne parait pas renfermer de métachromatine et que c'est à tort cjue M. Dange.ard a dé- signé sous ce nom la substance contenue dans les vacuoles de ce cham- pignon. C'est le seul exemple de champignon que nous connaissions qui soit entièrement dépourvu de corpuscules métachromatiques. IV. Conclusions. Le chondriome des Saprolcgniacées a déjà été entrevu par certains auteurs. Dès 1904, dans ses recherches sur la métachromatine, Arthur Meyer (20) s'exprime ainsi au sujet d'un Aciilva : - Les gros filaments à'Achlya (PI. II, fig. 33) renferment un cytoplasme exclusivement situé à oëserVations cvtologiques sur le cytoplasme d'un saprolegnia 369 la périphérie, montrant de nombreux noyaux pour la plupart allongés (N), des gouttelettes graisseuses facilement colorables au Sudan (Gg), des élé- ments plus faiblement réfringents (L), et des corpuscules ciui se colorent intensivement par le bleu de méth3'lène (GB). Les éléments incolores et plus faiblement réfringents sont à peu près de la même dimension et ont une forme variant de l'ellipse à la circonférence. Ce sont, selon moi, des leucoplastes. Dans les jeunes hyphes, ils sont fréquemment allongés en bâtonnets. - A. Meyer montre que les corpuscules colorables par le bleu de méthylène qu'il désigne sous le nom de grains B ne présentent par la réaction I et ne sont par conséquent pas formés de métachromatine. - A coté de ces grains B, dit A. Mever, j'ai trouvé cependant dans des hyphes un peu âgés et dans les zoospores d'autres grains, qui après coloration par le bleu de méthylène et traitement par une solution d'acide sulfurique à restent colorés et qui pourraient être de la volutine.- Ainsi A. Mever 100 constate comme nous la présence de plusieurs catégories de granulations colorables par le bleu de méthylène et dont les unes ne sont sûrement pas de la métachromatine et, ce qui est plus intéressant, il décrit la présence de corpuscules qu'il assimile à des leucoplastes. Plus tard en igi2, Rudolph observe dans un Achlya des cléments en forme de filaments, visibles sur le vivant et entremêlés à des granulations graisseuses; les filaments qui se colorent par la méthode de Benda lui pa- raissent être à rapprocher des mitochondries. Nous avons vu au contraire que dans une étude plus récente sur un Saprolegnia qui parait le même que le nôtre, M. Dangeard (igi6) prétend avoir coloré vitalement et métachromatiqucment par le bleu de crésyl le chondriome et admet qu'il représente les formes initiales du système \acuolaire rempli de métachromatine. M. Dangeard décrit dans ce cham- pignon, en ilehors des noyaux, i" de petits granules très réfringents, en- traînés d'une manière très rapide par les courants cytoplasmiques, brunis- sables par l'aide osmique et qui paraissent se transformer en globules graisseux plus gros; l'auteur les désigne sous le nom de microsomes; 2"-' un système vacuolaire se présentant dans les jeunes filaments sous forme de chondriocontes, de mitochondries granuleuses ou de chondriomites, remplis de métachromatine, ciui ensuite se gonflent, s'anastomosent en réseau, puis se transforment et se fusionnent en un gros canal vacuolaire. L'auteur a pu retrouver à l'aide des méthodes mitochondriales les figures 370 A. GUILLIERMOND mitochondriales qui donnent naissance aux vacuoles. Aussi conclut-il c|ue ce que l'on a décrit dans la cellule animale et dans les champignons sous le nom de chondriome appartient au système vacuolaire et qu'il ne peut être par conséquent (piestion de rattacher les plastides des végétaux chloro- phylliens aux mitochondries. La coloration des vacuoles par les méthodes mitochondriales serait due à la métachromatine qui présente les caractères histo-chimiques attribués aux mitochondries. L'auteur pense également que les microsomes ont été également pour une part décrits comme des mitochondries. Nos observations vérifient celles de A. Meyer et de Rudolth, mais sont en contradiction formelle avec celles de M. Dangeard, car elles démontrent que le chondriome et le système vacuolaire sont des formations absolument indépendantes et constituent deux systèmes superposés. On a vu en effet que le système vacuolaire se colore vitalement avec la plus grande facilité, tandis que le chondriome ne fixe pas les colorants vitaux. Nos observations montrent en outre que le système vacuolaire ne se colore pas par les méthodes mitochondriales qui donnent de très belles différenciations du chondriome et qu'enfin les formes filamenteuses initiales des vacuoles se transforment très rapidement, dès les filaments les plus jeunes, en vacuoles typiques, tandis que le chondriome persiste avec les mêmes caractères pendant toute la durée de vie des filaments. Quant aux microsomes, ils ne peuvent pas non plus être confondus avec les mitochon- dries par le fait qu'ils ne se colorent pas par les méthodes mitochondriales. Il semble cependant d'après la lecture de son mémoire que M. Dan- geard a bien vu sur le vivant sans coloration les mitochondries. Voici en effet la description qu'il en donne : - Ces éléments se présentent sous l'aspect de sphères, de bâtonnets ou de longs filaments cylindriques; la substance qui les constitue est d'apparence homogène et le contour en est très net. Si l'on examine, par exemple une extrémité de filament, là où la couche pariétale est épaisse, on voit souvent un grand nombre de sphères réfringentes disposées sur trois ou quatre assises; en s'éloignant progressive- ment de cette extrémité, on constate que les éléments sphériques sont remplacés par d'autres formations de même nature, mais ayant la forme de bâtonnets ou de longs filaments; parfois tous les éléments en question, même aux extrémités des filaments ont l'aspect de bâtonnets ; parfois aussi, surtout lorsque lacôuche pariétaleest mince, la forme filamenteuse domine-; et plus loin : - Nous avons assisté directement à la transformation de la OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPROLEGNIA Sjl forme de bâtonnet à la forme sphérique probablement sous l'influence des conditions nouvelles dans lesquelles se trouvait le thalle sous la lamelle-. Cette description ne laisse guère de doutes sur la nature des éléments décrits par M. Dangeard et correspond à celle que nous venons de faire du chondriome. Il est bien probable également que ce sont des mitochon- driesque M. Dangeard a mises en évidence à l'aide des méthodes mitochon- driales, puisque le système vacuolaire ne se colore pas avec ces techniques et que seules les mitochondries et les noyaux apparaissent. - Lorsqu'on applique au thalle du Saprolegnia, dit M. Dangeard, les méthodes les plus usitées dans l'étude du chondriome, on arrive à la conviction que les for- mations que nous venons d'étudier correspondent bien aux mitochondries et chondriocontes des auteurs. - L'erreur vient d'une mauvaise interprétation des colorations vitales. Voici en effet ce que dit M. Dangeard à ce sujet : - En employant des traces du réactif (bleu de crésyl), on constate que le cytoplasme resté in- colore continue d'être le siège d'une circulation active des microsomes et des globules graisseux, même lorsque ces derniers ont un volume supérieur à celui des mitochondries; par contre le colorant s'accumule rapidement dans le gros canal vacuolaire central et aussi dans les mitochondries et les chondriocontes qui prennent une teinte rouge ou violacée; ces formations renferment donc de la métachromatine dissoute, comme les vacuoles ordi- naires petites et grandes des Algues et des champignons; cette métachro- matine, dans le suc vacuolaire du canal central, se condense ordinairement en gros corpuscules métachromatiques... -. On voit donc clairement cjue M. Dangeard a confondu ici les canaliculcs vacuolaires des extrémités des jeunes filaments et ceux que l'on rencontre aussi dans la couche pariétale du cytoplasme en dehors du canal vacuolaire dans les filaments relati- vement jeunes, avec les mitochondries. C'est donc ici qu'est l'erreur. M. Dangeard dominé par une idée préconçue, idée déjà exprimée par lui dans des études antérieures, que le chondriome correspond aux formes juvéniles du système vacuolaire, a donc vu le chondriome du Saprolegnia, sur le vivant sans coloration et à l'aide des méthodes mitochondriales et l'a confondu avec les canalicules du système vacuolaire qu'il a colorés sur le vivant. Ce système vacuolaire ne se voit pas en effet sans coloration, tandis que le chondriome apparaît très distinctement. On peut s'étonner que M. Dangeard se soit hasardé sans plus d'information dans une théorie aussi risquée, d'autant plus que tous les auteurs qui ont étudié le chon- 53 372 A. GUILLIERMOND driome sont d'accord pour admettre qu'il ne se colore vitalement qu'avec la plus grande difficulté et seulement à l'aide de colorants spéciaux et que le bleu de crésyl ne le colore jamais. L'étude que nous venons de faire démontre donc avec la plus grande évidence l'existence dans le Saprolegnia observé d'un chondriome nettement caractérisé, semblable à celui de la cellule animale et de la cellule des végétaux supérieurs, (^e chondriome présente exactement les mômes carac- tères morphologiques, physiques et microchimiques que celui que nous avons pu observer sur le vivant dans les cellules épidermiques de la Heur de Tulipe et de la feuille (X Iris germanica. Il n'en diffère que par une plus grande résistance vis à vis des fixateurs. Ce chondriome présente un aspect tellement caractérisé que bien avant que les mitochondries ne soient connues, dès 1904, A. Meyer l'avait déjà assimilé aux leucoplastes des végétaux supérieurs. Ce chondriome est absolument indépendant du système vacuolaire avec lequel il a été confondu par M. Dangeard et qui cependant n'offre que de bien vagues ressemblances avec un chondriome. De même que dans les autres champignons, les colorations par les méthodes mitochondriales ne différencient dans le Saprolegnia que le chondriome et rendent impos- sible toute confusion entre les granulations des vacuoles et les mitochon- dries et si nous avons pu dans certains champignons admettre l'origine mitochondriale des corpuscules métachromatiques, c'est seulement en raison de l'aspect vésiculeux que prennent les chondriocontes dans les stades correspondant à l'élaboration des corpuscules métachromatiques et du fait que dans quelques cas ces corpuscules peuvent se colorer périphériquement et prendre l'aspect de vésicules qui paraissent s'être détachées des chon- driocontes et avoir émigré dans les vacuoles. Mais cette coloration partielle des corpuscules métachromatiques est très rare et ne se rencontre que dans quelques cas seulement et l'on peut affirmer que presque toujours le con- tenu des vacuoles des champignons (métachromatine ou autres substances) ne se colore pas par les méthodes mitochondriales. M. Dangeard n'est donc nullement autorisé à prétendre comme il l'a fait (]ue nous avons con- fondu les corpuscules métachromatiques et le système vacuolaire des cham- pignons avec les mitochondries. Si nous avons mal interprété l'origine de la métachromatine, notre interprétation n'atteint nullement les descriptions que nous avons données et les figures que nous avons représentées du chondriome dans nos publications antérieures. Toutes nos recherches OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LE CYTOPLASME d'uN SAPR0LEGNL\ 2y'5 ultérieures ont au contraire montré leur exactitude. C'est M. Dangeard lui- même qui a confondu le système vacuolaire et les corpuscules métachroma- tiques avec le chondriome. Nous ajouterons pour terminer cette discussion que M. Dangeard décrit de la métachromatine là où il n'y en a pas, puisque le Saprolegnia ne renferme pas cette substance dans ses vacuoles. Quant aux granulations graisseuses (microsomes de M. Dangeard), elles représentent des produits du métabolisme cellulaire qui ne peuvent être confondus avec les mitochondries, puisque les techniques mitochon- driales ne les colorent pas. Par contre, l'observation du Saprolegnia ne nous a point permis de con- stater sa participation à l'élaboration des produits de réserve de la cellule, mais il est possible que le chondriome, en dehors du rôle élaborateur qui lui est attribué dans la cellule animale et qui est démontré dans la cellule des végétaux supérieurs, ait d'autres fonctions qui nous sont encore ignorées. Il est légitime aussi d'admettre que le chondriome peut contribuer d'une manière indirecte à l'élaboration de certains produits du métabolisme cellulaire, en formant des substances intermédiaires qui échappent à nos moyens d'investigations et il n'est pas impossible que les variations très nettes de formes que l'on constate dans le chondriome et notamment l'aspect vésiculeux que prennent les mitochondries dans certains filaments soient précisément en relation avec des phénomènes de cet ordre (i). (i) Dans V Endomyccs Magnusii, nous avons \m démontrer (lue le glycogéne ne se forme pas aux dépens des mitochondries, ce qui parait surprenant étant donné que l'amidon, substance très voisine est sans exception le produit de l'activité des mitochondries Dans les Floridées, un de nos élèves, M. Mani.enot a constaté que l'amylodextrine à l'état de solution, qui remplace l'amidon et qui esj incontestablement le produit de la photosynthèse, ne nait jamais dans les rhodoplastes, mais toujours dans le cytoplasme lui-même. Cependant, il est certain dans ce dernier cas que les rhodoplastes exercent un rrjle dans la production de cette amylodextrine, puisqu'ils représentent les organes de la photo- synthèse (Observations inédites), INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. i) /}. Guillicrmond : Sm les mitochondrics des cellules végétales; C. R. Ac. des Sciences, i m' i ■ 2) A. Gnillierviond : Sur les mitochondries des champignons; C. R. Soc. de Biologie de Paris. i5 mars ioi3. » Sur le rôle du chondriome dans l'élaboration des produits de réserve des champignons; C. R. Ac. des Sciences, igi3. I) Nouvelles observations sur le chondriome de l'asque de Pustnlaria vesiculosa. Évolution du chondriome pendant les mitoses et la formation des spores; C. R. Soc. Biologie Paris, igi3. n Recherchées sur le chondriome des champignons et des algues ; Revue gén. de Botanique, igi5. 3) /?«rfo/^A : Chondriosomen und Chromatophoren ; Ber. d. Deutsch. Bot. Ges., igi2. 4) Jansscus, van de Patte et Hehmortel : Le chondriosome dans les champignons; La Cellule, i5 avril igi3. 5) Lewitsky : Die Chondriosomen als Secretbildner bei den Pilzen ; Ber. d. Deutsch. Bot. Ges., igi3. 6) Madame P . Moreiu : Le chondriome des Urédinées; C. R. Soc. Biol. Paris, 1914. 7) P. Moreau : Sur la formation des corpuscules métachromatiques dans les mitochondries granuleuses; C. R. Soc. Biol. Paris, 1914. 8) J. Beauverie : Sur le chondriome d'une Urédinée : le Pucciuia malvacearum ; C. R. Soc. Biol. Paris, igi4. » Sur le chondriome des Basidiom}'cètes ; C. R. Ac. Sciences, 1914- g) N . H . Cowdry : The cytology of the M3-.xom3'cetes whh spécial refeience to mitochondria; Biological Bull., igiS. 10) Besznoff : C. R Acad. 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Guilliermond : Observations vitales sur le chondriome des végét.iLix et recher- ches sur l'origine des chromoplastides et le njode de forma- tion des pigments xanthoph\lliens et carotiniens ; Rev. Gén. de Botanique, Kjig. 14) Faurc-Frémiet : Étude sur les mitochondries des protozoaires et des cellules sexuelles; Arch. d'Anat. microsc, 191 1. i5) A', ri H. Lewis : Mitochondria in tissue cultures; The American Journal, igiS. S, 16) Pc)/îV(iy(/ : Sensibilité des mitochondries à la chaleur; C. R. Soc. Bio- logie, 1912. 17) N. H. CoK'dry : A comjiaraison of mitochondria in Plant and animais; The Biol. Bull., 1917. 18) von Istwaitji : Ueber die RoUe der Zellkerne bei Entwickelung der Pilze; Ber. d. Deutsch. Bot. Ges., 1S95. ig) Matruckol Sur une structure particulière du protoplasma chez une Mucorinée; Rev. Gén. Botanique, 1900. 20) Arthiiy Me ver : Orientirende Untersuchungen iiber V'erbreitung, Morphologie und Chemie des Volutins; Bot. Zeitung, 1904. EXPLICATION DES PLANCHES. (Toiiies Us figures (ni été dessinées à un grossissement de i^oo et réduits à environ I2~^, sauf les fig. 2 7, 2S et 2Ç de la planche IL) PLANCHE I. FIG. 1. Filament dessiné sur le vivant. M, mitochondrie ; A'^, noyaux; Gg, glo- bule graisseux. Les éléments du chondriome nnt l'aspect de fuseaux. FIG. 2. Id. Les chondriocontes sont minces et très allongés. FIG. 3 à 5. Filaments colorés vitalement par le bleu de crésyl : la colora- tion ne porte que sur le canal vacuolaire (V) dont le contenu est faiblement coloré et renferme des corpuscules plus fortement colorés : les uns, C, sont plus intensivement colorés que les autres, C'-. Le chondriome est vu au-dessus de la vacuole dans la couche pariétale du cytoplasme et donne l'illusion que ses éléments sont dans l'intérieur de la vacuole. FIG. 6 et 7. l'^ilaments in vivo, sans coloiation. Les chondriocontes offrent des aspects divers : fuseaux, vésicules. C, corpuscules intravacuolaires. I-'Kj. 8. Id. Les chondriocontes ont l'aspect de fuseaux dilatés et vésiculeux. FIG. 9. Filament coloré vitalement jtar le bleu de crésyl : le canal vacuo- laire est faiblement coloré et renferme de nombreux corpuscules, les uns, C, très colorés, les autres moins colorés, C-. Le chondriome vu dans la couche pariétale au-dessus de la vacuole donne l'illusiiin d'itre situé dans l'intérieur de la vacuole. h'IG. 10 et 11. l'ilaments dessinés in vivo, sans coloiation; dans la fig. 10, les mitochondries ont la forme de fuseaux vésiculeux. VU'i. 12 à 14. Filaments montés dans une solution d'acide osmique : les globules graisseux sont brunis par l'acide osmique. l'IG. 15 ,1 28. l'ilaments in vivo, montrant un chondriome dont les éléments sont altérés et en \oie de se transformer en grosses vésicules. J78 A. GUILLIERMOND PLANCHE II. FIG. 1 et 2. Filaments jeunes, colorés vitalement par le bleu de crésj-l et montrant le système vacuolaire en forme de réseau (RV) coloré d'une manière diffuse. Le chondriome, les no_vaux et les globules graisseux n'ont pas été représentés pour ne pas compliquer le dessin. FIG. 3 et 4. Id. Les vacuoles ont la forme de canalicules en voie de s'anastomoser. F"IG. 5. Id. à un stade plus avancé : les vacuoles renferment des corjius- cules plus colorés que le suc vacuolaire. FK;. 6. Zoospore en voie de germination, montrant son système vacuolaire en forme de réseau. ]'"I(i. 7. Zoospores à l'état de repos, avec corpuscules colorés par le bleu de crésyl. FIG. 8 à 10. Fragments de filaments de coupes fixés et colorés par la méthode de Regaud. l"Ki. 11. Zoospore (Méthode de Recoud). l"l(i. 12 à 20. Filaments fixés et colorés par la méthode de RECArn. l'^Ki. 21 à 27. Id Le chondriome présente des anomalies : ses éléments se dilatent, prennent la forme de bâtonnets courts et trapus, de fuseaux et se trans- forment en vésicules. FIG. 28 et 29. Filaments fixés et colorés par la méthode de Regaud et dessinés à un grossissement de 3ooo. I''I(j. 30 iMlament fixé par la méthode de Benda et coloré jiar l'hématox} line ferrique : Les globules graisseux, Gg, sont brunis jiar l'acide osmique. F'IG. 31 et 32. Id. à un grossissement de i5oo FIG. 33. l-'ragment du c\toplasme d'un Achlya coloré vitalement par le bleu de méthylène, d'après .Arthur .Mever. L. leucoplaste ; (jg, globules giaisseux; GB, grains B colorés par le bleu de méthylène; N, no}au. FIG 34. l'ragment du pseudoparenchj-me du périthèce de Pustidaiia veùculosa (méthode de Regaud). N, noyau; M, chondrioconte ; V M, chondrioconte pourvu d'une vésicule ; G .M G, corpuscule métachromatique à écorce colorée par l'hémato- xyline; C M I, corpuscule métachromatique non coloré. PLANCHE ■N. ■CY ( Uu.'î? C • • ». « \ <•■«-■ 9 ■r-H ......Y '<.■ )/ .1^. ■« ^ « 0 * • », -c :io tic . o !^e "• -,•; <9 C'//. 2: M [(VU 4)/ o o o û j9 ,0,. ^o*^ cû • 5c, 0 .«. <■>• %5 (^ lo 0/, 0.'. ^ 0 ^■■■■1 K'. A. Quilliermond ad nal. del. PLANCHE II. mi n M II ; « 'm m Ml. r "X'z 10 »ii' 11 ?^ u-, 4/', •/ p '^v?'.'|\ V 2.0 Z) ''/ 'Al' ( .vil ).,".l. ' J6 t \ I Z3 «'•.I '• •.♦ •« • ^•4- • •i 0 0 o 0 • • 0 2.^ 0»- .9'' 2-6 ! ;0 0 0 O V G B •. 1 dd /.•j'(^' ë m Et-'' 1 a/f ^" 52. o \ oo q'l 3-^ >J. Çuilliermond ad net. deL La Spermatogenèse et l'Ovogenèse CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR SUIVIES D UNE discussion générale sur le mécanisme de la réduction chromatique PAR le B » V. B. de BAEHR. (Mémoire déposé le lo août ig20.) B4 La Spermatogenèse et l'Ovogenèse CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR SUIVIES d'une discussion générale sur le mécanisme de la réduction chromatique Pendant notre séjour, en hiver et au printemps igj2-igi3, à la Station Zoologique de Villefranche s. M., nous avons profité de l'occasion pour étendre nos études sur les chromosonnes par des recherches spéciales sur les Annélides marines. Parmi les représentants de ce groupe de vers qui se trouvaient à notre disposition, le Saccocirriis major (archiannélide) nous intéressait d'autant plus que, d'après la publication de Hempelmann (1912) qui venait de pa- raître, les relations chromatiques dans cette forme, au cours de la matura- tion des cellules sexuelles, nous paraissaient très singulières et ne s'accor- daient pas facilement avec nos opinions actuelles sur les phénomènes maturatifs. Nous avons déjà publié l'année dernière (igi3), avec les dessins né- cessaires à l'appui, tous les résultats essentiels de nos recherches sur la formation, la maturation et la fécondation des cellules sexuelles chez le Saccocirnis major. Ici nous voulons donner une description un peu plus dé- taillée de ces phénomènes, en ajoutant en même temps une discussion gé- nérale sur le mécanisme de la réduction chromatique. Qu'il nous soit permis d'exprimer à cette place encore une fois nos sin- cères remerciements aux chefs de la Station Zoologique à Villefranche, M M. les Professeurs A. Korotneff et M. Davidoff, et à MM. les Assistants J. Schneider et H. Mietens pour leur grande amabilité et la vive attention qu'ils nous ont témoignées en se souciant incessamment de nous procurer en abondance du matériel toujours frais et en veillant à tout ce qui pouvait rendre le travail au laboratoire facile et le plus agréable. 382 V. B. de BAEHR I. TECHNIQUE. Pour l'étude de la genèse des cellules sexuelles dans le Saccocirnis ma- jor nous avons employé trois méthodes : celle des coupes, celle des frottis et celle de Schneider au carmin acétique pour le matériel frais. Quand il s'agissait de la première méthode, nous débitions le ver en petits morceaux, pour faciliter la pénétration du liquide fixateur dans le- quel nous les placions immédiatement. Nous avons employé un très grand nombre de fixateurs, mais surtout les suivants : le liquide de Flemming (fort et faible), le liquide de Hermann, le liquide de Hertwig et le sublimé acétique. Tous ces fixateurs nous ont donné de bons résultats, et il est bien difficile d'affirmer quel est le meilleur, parce que chacun d'eux présente cer- tains avantages. L'emploi de différents fixateurs nous a permis d'utiliser les diverses méthodes de coloration selon le but que nous visions. Les objets fixés aux liquides de Flemming ou de Hermann, colorés à l'hématoxyline ferrique de Heidenhain ou à la safranine et surcolorés au vert lumière, nous ont montré très fidèlement les structures chromatiques. Nous avons obtenu les mêmes résultats après fixation au liquide de Hertwig et coloration à la brasiline. La fixation au liquide de Hertwig ou au sublimé acétique et la colo- ration au BiONDi-triacide étaient indispensables pour observer les mitochon- dries et les y Nebenkerne ". Pour étudier les nucléoles, la triple coloration d'EHRLiCH, après la fixa- tion au sublimé acétique, s'est montrée préférable à toutes les autres ma- tières colorantes. Les coupes ont été faites de 5 à lo \>.. Nous nous adressions très souvent à la méthode des frottis, à titre de contrôle. Permettant d'observer les cellules et les noyaux tout entiers, elle nous fournissait des aspects bien clairs, surtout dans la spermatogénèse. Nous avons traité les frottis par les mêmes différents fixateurs que les ob- jets destinés aux coupes et nous utilisions les mêmes colorations. La méthode de Schneider au carmin acétique pour le matériel frais nous a rendu de grands services. Grâce à elle, nous sommes parvenu en très peu de temps à établir le nombre diploïdique et haploïdique des chromoso- mes et à sérier les stades. Pour les toutes premières phases de l'étape synaptique, où tous les LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 383 fixateurs et l'enrobage en général altèrent la substance et brouillent un peu les aspects, cette méthode paraît irremplaçable en conservant tout à fait intacte la structure de minces filaments chromatiques. Il est vrai que le carmin acétique de Schneider, appliqué sur le matériel frais, augmente un peu les dimensions des cellules et celles des noyaux, mais nous n'avons pas trouvé que cela constitue un inconvénient pour l'analyse microscopique. La comparaison entre diverses cellules au même stade nous a montré que chez le Saccocirnis major, comme chez les autres formes étudiées par nous, les volumes des cellules et ceux des noyaux présentent des différences individuelles qu'accentue encore l'influence plus ou moins considérable des liquides fixateurs. En employant l'hématoxyline ferrique il ne faudrait pas oublier que les dimensions et les épaisseurs des chromosomes dépendent dans une certaine mesure du degré de différenciation de cette coloration. Le Saccocirnis major nous a offert le meilleur matériel, tant pour nos recherches sur la spermatogenèse que pour l'ovogenèse, à la fin du mois d'avril et pendant le mois de mai. H. RECHERCHES DE H E MPEL M AN N SUR LA FORMATION DES CELLULES SEXUELLES CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR. Les principaux résultats des recherches de Hempelmann sur la forma- tion des cellules sexuelles chez le Saccocirnis major peuvent être résumés ainsi. L'auteur indique le nombre huit comme nombre somatique et décrit dans les spermatocytes et les ovocytes le nombre réduit quatre. Les spermatogonies, qui flottent librement dans le cœlome du mâle, sont presque toujours groupées par quatre (i). Ce n'est que très rarement que l'auteur a rencontré des groupes formés de deux ou trois cellules goniales. Les quatre spermatogonies, qui flottent généralement en groupe, grandis- sent un peu, s'arrondissent petit à petit et entrent alors dans leur dernière (i) Hempelmann n'a pas pu élucider, si des spermatogonies isolées ou des groupes constitués d'un nombre de cellules plus grand que quatre peuvent accidentellement se séparer de la masse générale des cellules testiculaires et tomber dans le cœlome, et il laisse cette question en suspens. 384 "^- ^ ^^ BAEHR cinèse goniale. Leurs chromosomes montrent une forme de bâtonnets courts et trapus et sont, sans exception, au nombre de huit. Par la division de ces quatre spermatogonies jointes dans un groupe il se forme un groupe constitué de huit spermatocytes de I^'' ordre. Les noyaux cy- taires prennent la forme d'une vésicule et passent au stade de repos. Après le repos, la chromatine se ramasse en iiii spirème qui prend place à un pôle du no3'au et forme par ses circonvolutions une -figure de bouquets-. Le filament spirématique se tronçonne en huit éléments chromatiques, c'est-à-dire en un nombre no/-;?!^/ somatique et non pas en un nombre ré- duit de chromosomes. Ces huit éléments s'unissent ensuite deux à deux, et dans certains d'eux une fente longitudinale se fait remarquer, à cause de quoi ces paires pren- nent la forme de croix, d'anneau, etc. Enfin dans chaque noyau se forment quatre tétrades chromatiques. Il faut tout de suite souligner que Hempelmann ne s'arrête pas beau- coup sur la question de savoir de quelle manière se réalise ici la conjugai- son des chromosomes, et en faveur de quel mode de réduction chromatique plaident chez le Saccocimis les processus de maturation des cellules sexuel- les. Il indique qu'étant données les dimensions très petites de l'objet et d'énormes difficultés dans l'observation des relations chromatiques, il est impossible de suivre toutes les phases de ces processus. En établissant l'or- dre successif des étapes méiotiques, il attribue un grand rôle à la détermina- tion du nombre de cellules qui forment les différents groupes cellulaires, à l'estimation des dimensions de ces cellules et de leurs noyaux, et il étudie très minutieusement la façon dont les cellules sont orientées les unes par rapport aux autres. Nous devons nous-même concéder à Hempelmann que les cellules sexuelles du Saccocimis major sont peu favorables aux études cytologiques détaillées et que, d'autre part, en recherchant comment des spermatogonies dérivent les spermatocytes, et de ces derniers les spermatides, il faut bien tenir co.mpte du nombre et des dimensions des cellules réunies dans tel ou tel groupe. D'un autre côté, nous sommes forcé d'avouer que dans notre cas la sériation réelle des stades nous paraît très difficile sans une étude détail- lée et approfondie des différentes étapes de l'évolution chromatique, et que même sans cette fine analyse cytologique tout le travail est compromis. En effet, aussi difficile et pénible que cela puisse être, l'intérêt principal doit LA SPERMATOGENÈSE ET l'ovOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 385 être surtout concentré sur l'éclaircissement des changements les plus délicats dans la substance chromatique. Après cette remarque nous revenons à la- description donnée par Hempelmann pour la spermatogenèse. La I^ cinèse de maturation se passe simultanément dans toutes les huit cellules du même groupe et donne i6 spermatocytes de 11^ ordre. Chacune des quatre tétrades chromatiques du noyau se divise en deux dyades, qui prennent part à la construction des noyaux -filles. Les noyaux-filles, avant de subir la 11'^ cinèse de maturation, entrent en repos en dissolvant peu à peu leurs éléments chromatiques, c'est-à-dire leurs quatre dyades. A la fin du stade d'intercinèse la chromatine du noyau apparaît de nou- veau sous la forme de quatre dyades. Ces dernières, après la disparition de la membrane nucléaire, se mettent à l'équateur du fuseau et par l'acte de la seconde mitose se divisent en leurs composants. Trente-deux spermatides, résultat de la II' division, se rangent en deux plaques égales disposées l'une au-dessus de l'autre. Ces plaques se séparent bientôt, et chacune d'elles, formée par i5 spermatides, se transforme en un faisceau de 16 spermatozoïdes. La transformation des spermatides en spermatozo'ides se passe de telle manière que la masse principale de la chrom.atine se ramasse au pôle postérieur du noyau transparent sous la for- me de trois globules qui se touchent au milieu. Derrière le noyau se forme une masse moins colorable que la chromatine, notamment le « Mittelstuck", où un filament axial prend son origine. La spermatide s'allonge de plus en plus, le " Mittelstiick-' s'étend en arrière et devient très mince. Enfin le spermatozo'i'de possède une tête trapue qui contient aussi le " Mittelstuck- et une très longue queue. En ce qui concerne l'ovogenèse, Hempelmann trouve dans les jeunes oocytes les processus des changements chromatiques tout à fait identiques à ceux de la spermatogenèse (la contraction synaptique, le stade de bouquet). De même les deux cinèses de maturation dans les œufs se déroulent comme dans la spermatogenèse et confirment les résultats acc]uis pour les cellules mâles. Ainsi, à la fin de la période d'accroissement, l'oocyte, qui a atteint sa di- mension définitive, commence à se préparer à lexpulsion du polocyte I. Dans son noyau se forment également, comme dans les spermatocytes, quatre tétrades chromosomiques. 386 V. B. de BAEHR La vésicule germinative transparente, enfermant ces quatre tétrades, se dirige vers la périphérie de l'oocyte, et ici bientôt se forme le premier fuseau de maturation. Les tétrades se divisent en donnant huit dyades dont quatre, accom- pagnées d'une petite quantité de protoplasme, s'éliminent de l'oocyte dans le I*^'' globule polaire, les cpatre autres restant dans l'oocyte. Après la I^ cinèse suit la 11^, dans laquelle les quatre dyades se divisent : l'œuf reçoit quatre éléments simples, et quatre autres passent dans le polocyte IL Les observations de Hempelmann sur la pénétration des spermato- zoïdes dans les oocytes, et sur le sort des œufs après l'expulsion des globu- les polaires, seront discutées plus loin dans un autre chapitre. IH. OBSERVATIONS PERSONNELLES. Disons tout d'abord que nos recherches sur le Saccocirriis major nous ont donné sur presque tous les points les plus importants des résultats différents de ceux que Hempelmann a obtenus en étudiant le même objet. A. Nombre normal de chromosomes. Le nombre diploïdique de chromosomes chez le Saccocirriis major est i8, et non pas 8 comme Hempelmann croit l'avoir établi. De nombreuses numérations dans les différentes générations de cellules nous l'ont démontré sans aucun doute : la fig. 2, représentant une vue polaire métaphasique spermatogoniale, et la fig. 69, montrant une vue semblable d'une anaphase de segmentation, l'indiquent clairement. Les chromosomes du Saccocirrus major sont caractérisés par des di- mensions différentes, qui permettent de les classer par paires. La compa- raison de nombreux noyaux aux différents stades nous permet de conclure que dans notre objet les chromosomes correspondants ne sont pas toujours rapprochés, comme cela a été décrit par certains auteurs pour beaucoup d'objets (Montgomery, 1904, igo6; Stevens, 1908, 1910; Janssens et Willems, 1908; Strasburger, i9o5; Clemens-MUller, 1909, 1912; et au- tres), mais, au contraire, que le groupement de ces chromosomes est très variable. Dans notre mémoire de 1912, en parlant de l'arrangement des chro- LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 387 mosomes chez les Aphididae, où nous avons trouvé des relations semblables à celles que montre le Saccocirriis major, nous avons souligné qu'à notre avis une disposition par paires des chromosomes de même dimension, telle qu'on l'a observée chez différents animaux et chez différentes plantes, ne peut pas être regardée comme un phénomène général, mais que néan- moins, dans le cas où elle est constatée, elle donne un appui à la théorie des chromosomes jumeaux. Malgré le nombre égal de chromosomes, existe-t-il une différence mor- phologique quelconque entre la chromatine des deux sexes? Par suite des grandes difficultés qui se présentent chez notre objet pour élucider cette question, nous n'avons pas encore pu en apporter une solution définitive. En tout cas, si une telle différence se manifeste chez le Saccocirnis major, elle ne doit pas être très frappante. B. Spermatogenèse. 1. Cinèses spermatogoniales. Les cellules spermatogoniales se présentent ou bien immobiles, fixées encore au testicule, ou bien déjà détachées, flottant librement dans le cœ- lome et groupées en ilôts bien distincts. Contrairement à la description de Hempelmann, nous avons pu con- stater que les îlots spermatogoniaux flottant dans le cœlome montrent des nombres différents de cellules (par exemp. i6, i2. 8, 4), et ainsi l'affirmation de l'auteur, à savoir qu'en règle générale la dernière génération spermato- goniale se détache des testicules seulement en groupes de quatre cellules, et que chacun de ces groupes nageant dans la cavité cœlomique donne huit spermatocytes de I^'' ordre, ne correspond pas à la vérité. Les cinèses spermatogoniales ne montrent aucune particularité et se déroulent selon le schéma classique. Les chromosomes dispersés à la fin de la prophase dans toute la cavité nucléaire, se disposent en un seul plan équatorial et se montrent longitudi- nalement divisés. Il en résulte que 18 moitiés longitudinales de part et d'autre de l'équa- teur se rendent vers les pôles opposés. La FiG. 1 représente les cellules spermatogoniales dans l'état de repos. Sur la FiG. 2 nous voyons en vue polaire une métaphase spermatogo- niale. Les 18 chromosomes se caractérisent par des dimensions différentes et sont disposés principalement en direction radiale. 55 388 V. B. de BAEHR La FiG. 3 reproduit le même stade vu de face. Dans la figure suivante, fig. 4, est dessinée la télophase spermato- goniale. 2. Cinèses de maturation et spermiogenèse. Selon nos observations, immédiatement après la dernière division sper- matogoniale, les cellules sont presque toujours groupées au nombre de i6. Durant la période d'accroissement, ces groupes de jeunes spermatocytes de I^'' ordre se divisent par moitié en formant deux ilôts de huit cellules. A la fin de la période d'accroissement, le groupement en rosette se disloque peu à peu. Les spermatocytes, qui ont augmenté considérablement de volume, ne demeurent plus si intimement liés l'un à l'autre. Finalement, à la 1"= mé- taphase de maturation les spermatocytes se trouvent d'ordinaire associés par quatre, et non pas par 8, comme le décrit Hempelmann. Par la division de ces 4 spermatocytes se forme un groupe sphérique de 8 spermatocytes de 11^ ordre disposés selon la direction radiale. Ces 8 (non pas 16) spermatocytes de 11^ ordre subissent la seconde di- vision, qui mène à la formation de 16 spermatides. Groupés en paquet, les 16 spermatides se transforment ensuite en 16 spermatozoïdes. Pour sa for- mation, le spermatozo'ide prend, outre le noyau de la spermatide, une petite quantité de plasma cellulaire. Le reste du corps cellulaire avec les autres formations semblables représente encore pendant un certain temps un amas de 16 cellules vides sans noyau, dont les parois, comme il paraît, donnent la substance aux queues des spermatozoïdes. C'est un tel grou- pement de cellules que nous avons rencontré le plus fréquemment pendant la spermatogenèse du Saccocirrus major, mais d'autres combinaisons sont possibles. Une séparation accidentelle d'une ou plusieurs cellules ou, au contraire, une persistance anormale de l'association entre deux groupes cellulaires, qui d ordinaire doivent être déjà détachés, peuvent provoquer le groupement d'un nombre plus petit ou plus grand de cellules. Ainsi, par exemple, on trouve de temps en temps non seulement sur les frottis, ce qui pourrait être dû à une cause extérieure, mais encore sur les coupes, un spermatocyte de I^'' ordre, en train de se diviser, tout à fait isolé, à une certaine distance des autres (]ui restent rattachés par deux ou par trois. D'autre part, on rencontre des spermatocytes qui subissent la cinèse I de maturation en groupes de 8 cellules ou même de plus. L'arrangement le plus commun des spermatocytes I en division, comme nous l'avons déjà dit, consiste en deux ilôts de quatre cellules très voisines. LA SPERMATOGENÈSE ET l'ovOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 38g En général nous devons dire que le nombre de cellules qui forment un amas (ilôt), n'a pour nous qu'une portée secondaire et ne peut pas être pris comme un critérium de la déterm.ination des stades. Un indice beaucoup plus sûr, pensons-nous, se présente dans les dimensions des cellules. Si, comme nous l'avons souligné auparavant, nous avons tâché de baser notre sériation principalement sur l'état de la chromatine, néanmoins nous devons ajouter que dans cette tâche la comparaison des dimensions des cel- lules et de celles des ilôts formés par elles, nous a aidé; en effet, dans notre objet, non seulement les différentes générations des cellules, mais encore les phases successives de la période d'accroissement, contrairement aux autres objets, se distinguent nettement par les dimensions différentes des cellules et des noyaux. Il y a naturellement des fluctuations individuelles, mais elles sont insignifiantes, comme nous l'ont montré surtout les prépa- rations totales. Passons maintenant à l'analyse des changements chromatiques. a. Prophase, métaphase et anaphase hétér atypiques. Après la dernière cinèse spermatogoniale les chromosomes se dislo- quent, leurs contours deviennent indistincts et bientôt ils ne sont plus visibles dans le noyau. Les premiers indices de la formation des éléments chromatiques pour les divisions de maturation, fig. 5—6, consistent dans la réunion de la substance chromatique en des filaments minces, nettement distincts — le stade leptoténe. En étudiant attentivement ce stade, nous voyons que les minces fila- ments présentent des extrémités libres, de telle sorte qu'il n'y a pas ici for- mation d'un unique filament spirématique qui, d'après les observations même récentes de Goldschmidt, Meves, Duesberg, Kuschakiewitch et d'autres, se tronçonnerait ultérieurement en segments isolés. Déterminer le nombre de ces filaments est bien difficile, parce qu'ils sont d'une longueur considérable et présentent de nombreux replis. Au stade un peu plus avancé, fig. 7, on voit très bien que les filaments minces orientent leurs extrémités libres vers le pôle intérieur du noyau et butent là contre la membrane nucléaire. Parmi les filaments de cette figure il y en a qui sont déjà groupés deux à deux. Les partenaires courent parallèlement l'un à côté de l'autre ou bien ils s'entrelacent mutuellement. A leurs extrémités ils sont plus rap- prochés qu'aux autres "points de leur trajet. Sgo V. B. de BAEHR Au fur et à mesure que les spermatocytes s'accroissent, la formation des filaments doubles aux dépens des filaments minces et simples se mani- feste de plus en plus nettement : le rapprochement des filaments jumeaux qui les constituent devient plus intime, ils sont plus courts, plus épais et se colorent très intensément. Finalement il en résulte neuf anses chromatiques épaisses qu'il est fa- cile de compter — le stade pachyténe. Les anses pachytènes, chez notre objet, se caractérisent par des dimensions différentes et sont disposées en une jolie figure de bouquet. Le pôle extérieur du noyau est dépourvu de chromatine, fig. 8—9. Par suite du fait que d'après nos observations le nombre normal de chromosomes chez le Saccocirrus major est i8, il est clair que les anses pa- chytènes apparaissent ici en nombre réduit. Selon Hempelmann, comme nous l'avons dit, après le stade de bouquet, le spirème continu se coupe en un nombre d'éléments égal à celui qu'il y avait dans les spermato- gonies, c'est-à-dire en un nombre normal, non réduit, de chromosomes. Il faut souligner que les anses pachytènes montrent encore maintenant le duplicisme. Ce duplicisme est un peu voilé à cause de l'union de plus en plus intime des partenaires, mais cependant de-ci et de-là on voit des places où ces éléments sont séparés sur une certaine distance, et dans ce cas leur duplicisme ressort très clairement. Cela prouve que chez le Saccocirrus major, comme chez certaines au- tres formes décrites par les autres auteurs, dans les anses pachytènes, deux filaments chromatiques unis en un élément conservent leur indépendance l'un envers l'autre, et qu'ici il n'y a pas de fusion complète de deux filaments minces en un filament épais — élément nouveau, commq^le prétendent BoNNEviE, Vejdovsky, Winiwarter et Sainmont pour leurs objets. D'autre part, il est fort possible qu'entre les filaments, si étroitement rapprochés, se produise un échange de substances ou qu'il existe du moins une certaine influence réciproque. Nous analyserons cette question plus en détail dans la partie générale de ce mémoire. Après le stade de bouquet, les anses pachytènes perdent leur orienta- tion polaire, se détachent de la membrane nucléaire et se dispersent dans tout le noyau. Elles sont maintenant moins courbées et bientôt commen- cent à s'étirer, en s'amincissant de plus en plus; leurs contours deviennent confus et finalement point analysables, fig. 10 — 12. Ce stade, si caracté- LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 3gi ristique par le métabolisme intensif de la chromatine, ne dure pas long- temps chez le Saccocirriis major; il n'a pas une grande importance, cela ressort déjà du fait que, dans le cours du développement des cellules sexuel- les mâles de beaucoup d'objets, on ne l'observe pas ou bien il se manifeste très faiblement (i). La présence d'un tel stade, contrairement à ce que prétend Soôs (1910, p. 328), ne peut, à notre avis, servir d'argument contre la continuité des chromosomes, de même que l'absence dans certains objets d'éléments chromatiques reconnaissables à l'intercinèse méiotique. Après ce stade du métabolisme intensif, la chromatine commence de nouveau à se condenser et peu à peu il se forme des éléments chromatiques bien distincts. Ces éléments apparaissent appariés présentant maintenant un aspect de filaments minces, longs, peu colorés et entrelacés. En cer- tains points les partenaires d'une paire se rapprochent étroitement, dans d'autres ils se séparent largement — en général, les éléments d'un couple donné ne sont pas intimement rapprochés, fig. 13-14. Ce stade nous offre les aspects qui caractérisent le stade stfepsitène. Il nous parait tout à fait juste d'estimer ces doubles éléments comme tout à fait identiques avec les anses pachytènes qui, comme nous l'avons vu, sont formées aussi de deux filaments chromatiques. La condensation avancée de la chromatine, le raccourcissement progres- sif des filaments entrelacés et l'apparition dans ces derniers d'une fente longitudinale conduisent peu à peu à la formation des figures diacinétiques typiques en forme d'anneaux, de croix, de tétrades-bâtonnets, etc., fig. 15-17. .En colorant le matériel frais avec le carmin acétique de A. Schneider, nous avons observé souvent que les deux parties constitutives des différen- tes figures diacinétiques peuvent se séparer l'une de l'autre à une distance assez considérable et ainsi donner limpression, à un examen superficiel, d'un nombre plus grand d'éléments qu'il n'y en a en réalité. Sur la fig, 16, nous voyons cette particularité dans le grand anneau. Les éléments diacinétiques se raccourcissant davantage se transforment bientôt en chromosomes définitifs de la première cinèse de maturation. (i) Ce stade du métabolisme intensif à la prophase 'hétérotypique dans les cellules mâles n'a été jusqu'à présent constaté d'une façon certaine, outre dans les cellules du Saccocirriis major et de VAphis saliceti étudiés par nous, que dans la spermatogenese du Notodromus monacha (Ostracoda), par ScHLEip (1909) et par Schmalz (1912), du Hélix arbustorum, par Soôs (igio). du Hélix pomatia. par Demoll (1912), de VOncopeltus fasciatus (Hemiptera heteroptera), par Wilson (1912). 392 V. B. de BAEHR Ces derniers, après la dissolution de la membrane nucléaire, se ran- gent dans un plan et forment la plaque équatoriale, fig. 18-24. Il est très important que certains éléments chromatiques gardent en- core maintenant leur ancienne forme d'anneaux ou de croix, et ainsi nous permettent de voir que pendant l'anaphase première se réalise la séparation des parties composantes du chromosome diacinétique, qui sont provenues, aux stades antérieurs de la prophase, des filaments chromatiques indé- pendants. Les composants qui se séparent manifestent parfois très net- tement un clivage longitudinal dont nous avons déjà constaté l'apparition dans les chromosomes diacinétiques. D'après la description de Hempelmann, par un tronçonnement du spi- rème chromatique continu en segments, dont le nombre correspond au nombre somatique, il se forme 8 chromosomes qui, après s'être appariés seulement à la fin de la prophase et après clivage longitudinal, donnent ori- gine à 4 tétrades de la I' cinése de maturation. Comme nous venons de voir, chez le Saccocirrus major, rien de pareil ne s'accomplit et en général, à notre avis, jusqu'à présent on n'a pas encore trouvé un objet, chez lequel on pourrait avec toute certitude constater une conjugaison si tardive des autosomes. Il est vrai que, sans mentionner beaucoup d'observations anciennes (Henking, 1891, Korschelt, i8g5), on a décrit encore dans ces derniers temps de pareils cas; notamment, selon les observations de Stevens (igo5, 1906) et de Tannreuther (1907), chez les Aphides, les chromosomes tout à fait développés et mûrs en nombre di- ploïdique s'apparient seulement à la fin de la diacinèse. — Dehorne (igio, 191 1) a observé une pareille pseudoréduction tardive justement chez les polychètes : les Sabellaria spinulosa et Lanice conchylega (i). En ce qui concerne les recherches de Stevens et celles de Tannreu- ther, nous avons démontré déjà en 1908 que les auteurs en question avaient non seulement déterminé faussement le nombre des chromosomes dans les cellules mâles de leurs objets, mais aussi qu'ils n'avaient pas re- marqué les stades les plus importants de la prophase. Les données de Dehorne ont été analysées par nous en détail dans (i) Il faudrait peut-être rappeler que la description d'AGAR (igii) d'une conjugaison des chromosomes .-mûrs au moment de la formation du fuseau I, dans la spermatogenèse du Lepi- dosiren paradoxa, n'appartient pas à cette catégorie. C'est un phénomène secondaire, une reconju- gaison, qui s'accomplit après la dissolution de la membrane nucléaire et qui est précédé d'une conjugaison parallèle des éléments homologues au stade leptoténe et d'une déconjugaison de ces éléments à la diacinèse. LA SPERMATOGENÈSE ET l'OVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 3g3 notre travail sur YAphis saliceti de igi2 et nous y avons été forcé de rejeter toutes ces thèses. b. Intercinèse, Prophasc II , Métaphase II et Anaphase II. D'après nos observations chez le Saccocirriis major, la I« cinèse de ma- turation n'est pas suivie d'un vrai stade de repos. Pendant l'intercinèse il se forme autour des chromosomes une vacuole nucléaire, les chromosomes ne s'y disloquent guère, mais restent compacts, fig. 25, et bientôt la se- conde division de maturation commence, fig. 26-28. Cette cinèse est très simple. Les chromosomes se divisent en moitiés suivant la fente longitu- dinale qui déjà au stade de la diacinèse se voyait dans les composants de certains éléments doubles. Dans le noyau clair de la spermatide, on peut observer encore un cer- tain temps g chromosomes simples. Après, ces derniers se dissolvent peu à peu, et le noyau de la spermatide, diminue de plus en plus de volume, FIG. 29. c. Spermiogenèse. En ce qui concerne la transformation de la spermatide en spermato- zo'ide, il est évident que les trois corps sphériques, que Hempelmann prend pour la masse principale de la chrornatine nucléaire et qu'il dessine dans l'intérieur du noyau, nont rien de commun ai'ec la chrornatine, mais, d'après nos recherches, représentent la substance mitochondriale et se trouvent à ï intérieur du noyau. Le triacide-BiONDi colore ces corps en rouge foncé, tandis que la chrornatine par cette méthode devient intensive- ment verte, fig. 30-31. Nous avons observé dans la plupart des préparations la structure de ces corps : ils sont d'ordinaire ronds et homogènes, mais parfois paraissent en forme de vésicules dont les épaisses parois consistent en une substance très colorable. On rencontre souvent une semblable structure dans les formations ap- pelées -i Nebenkerne " des autres animaux, avec lesquels nos formations paraissent tout à fait identiques; elles s'en distinguent seulement en ce que dans le « Nebenkern " ordinaire les mitochondries se concentrent en un, plus rarement en deux corps tandis que dans notre objet elles se conden- sent en trois. — Les corps mitochondriaux ne prennent aucune part à la formation de la tète du sperm.atozoïde, mais ils s'étendent et s'allongent en couvrant sur une certaine distance le filament axial, fig. 32-34. Après, leur 394 ^- ^ ^® BAEHR substance mitochondriale se décompose peu à peu en petits granules et disparaît, fig 35-36. Outre ces trois corps mitochondriaux relativement assez grands, il 3' a dans les spermatides encore trois petites formations rondes qui se trouvent aussi en dehors du noyau, mais près de sa mem- brane, dans les intervalles entre les bords extérieurs des grands corps, com- me le montre clairement la fig. 3i, qui représente la vue d'en haut sur le pôle intérieur du noyau. La fig. 30 représente une semblable spermatide de profil. On voit ici seulement deux grands corps (mitochondriaux) et un petit. Sur la nature de la substance qui compose ces petits corpuscules, il est bien difficile de dire quelque chose de définitif. L'hématoxyline ferrique Heidenhain les colore naturellement, comme les grands, en noir, mais par le procédé spécial du triacide-BiONDi nous avons pu obtenir une coloration différente pour ces deux catégories de formations et montrer que la sub- stance des petits corpuscules est peut-être voisine de celle des nucléoles. Après avoir suivi pas à pas la formation des cellules sexuelles mâles, en commençant par les spermatogonies et en finissant par les spermato- zoïdes, nous croyons intéressant de revenir sur les dessins de Hempelmann : nous tâcherons, en les interprétant dans le sens de nos propres observa- tions, de déterminer cjuelle place ils doivent occuper dans notre sériation des stades. Malheureusement nous ne trouvons dans le mémoire de Hem- pelmann dans l'explication des planches aucun indice sur les grossissements avec lesquels les différents dessins ont été faits et cela rend plus difficile notre tâche. Néanmoins nous sommes presque tout à tait sur que par exemple sa fig. 22. qui doit représenter la division de la dernière géné- ration spermatogoniale, est déjà en vérité la première métaphase de ma- turation. Il faut souligner ici encore de très fausses données, à notre avis, qui se trouvent chez Hempelmann dans le texte. Il prétend notamment que les dimensions de ces cellules (à peine 10 jj^) ne diffèrent que très peu de celles des spermatogonies attachées encore aux testicules (5-8 (a). D'après nos observations et nos mensurations, la différence des volumes entre les spermatocytes mûrs de I^'' ordre et les spermatogonies est énorme. C'est ce que montre très bien la comparaison de nos fig. 16 et fig. 1. Puis, en ce qui concerne par exemple les dessins 36 et 3y du mémoire de Hempelmann, qui doivent représenter les paquets des spermatides, nous pensons que l'un d'eux, fig. 3/, représente des spermatogonies ou des sper- LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 3g5 matocytes I encore très jeunes au commencement de la période d'accrois- sement, et l'autre un stade un peu plus avancé de la même période. La fig. 32 de Hempelmann, dans laquelle l'auteur n'a pu compter que quatre tétrades, nous permet, malgré les indices évidents d'une mauvaise fixation et d'une certaine agglutination des chromosomes^ de distinguer plus de quatre éléments composés. C. Ovogenèse. Les processus de la maturation chromatique des cellules sexuelles fe- melles du Saccocirriis major, si nous mettons de côté le grand accroissement des oocytes, se déroulent conformément à nos observations sur la sperma- togenèse. 1. Cinèses oogoniales. Les cellules oogoniales en état de repos ou ea division ressemblent beaucoup aux spermatogonies et, comme ces dernières, ne se caractérisent par rien de particulier.. A l'approche de la division, la membrane nucléaire se dissout et les chromosomes, au nombre de i8, dispersés auparavant sans ordre dans le noyau, se rangent maintenant à l'équateur du fuseau dans un plan et se montrent longitudinalement clivés. Lors de la division, les moi- tiés longitudinales se séparent et se rendent aux pôles opposés. Les oogonies subissent leurs divisions en groupes, de telle sorte qu'on trouve dans la même coupe plusieurs figures caryocinétiques plus ou moins avancées. 2. Cinèses de maturation. Dans les jeunes oocytes, comme dans les jeunes spermatocytes, au début de la prophase hétérotypique, nous trouvons les mêmes stades du schéma classique : leptotène, leptozygotène, pachytène. Ils offrent de si grandes ressemblances avec ceux de la spermatogenèse que nous croyons pouvoir nous dispenser de les exposer à nouveau dans tousdeurs détails. Les quelques figures de notre mémoire les montrent suffisamment. La FIG. 39 représente le stade du bouquet mince (leptozygotène), la fig. 40, le noyau pachytène au stade du bouquet épais. A ce stade il est bien facile de constater que le nombre des anses est réduit et égal à g. Pour ne pas obscurcir la figure, nous avons dessiné ici seulement une partie du noyau. 56 3g6 V. B. de BAEHR Sur la FiG. 41 nous voyons le pachytène déroulé, où les anses se détendent et subissent une décoloration graduelle ; en même temps apparaît un nu- cléole arrondi et intensément coloré. L'état plus accentué de la dislocation des éléments chromatiques et de l'accroissement du nucléole est reproduit dans la fig. 42, qui montre aussi une croissance considérable du corps protoplasmique de la cellule. Pendant la période du grand accroissement, fig. 41 — 49, qui com- mence déjà au stade de pachytène déroulé et dure assez longtemps, semble- t-il, les éléments chromatiques, en perdant de plus en plus leur colorabilité, deviennent indéchiffrables et invisibles. Le noyau et le protoplasme s'ac- croissent beaucoup, le nucléole augmente de volume et, à la fin de cette période, montre, après certaines fixations et colorations spécifiques, par ex. après la solution de Hertwig et le triacide-BiONDi, ou la triple coloration cI'Ehrlich, une coloration particulière et une structure vacuolisée, fig. 49 (i). Quand l'oocyte a atteint son maximum de volume, les éléments chro- matiques apparaissent de nouveau en forme de chromosomes doubles con- stitués de deux branches nettement individualisées, et en nombre réduit, à savoir g. Au début ils sont disposés à la périphérie du noyau sous la membrane, qui commence à se montrer avec un contour irrégulier, ainsi que l'indique notre fig. 50. Chacun de ces chromosomes est entouré d'une substance homogène. Un peu plus tard ces chromosomes diacinétiques, aux contours lisses et nets, se ramassent au centre de l'oocyte et la membrane nucléaire, qui est en train de se dissoudre, paraît encore plus festonnée et moins visible. Des stades analogues à celui de la fig. 50 ne se présentent qu'assez rarement; ce qui prouve que la condensation de la substance chromatique, la recoloration des éléments et la dissolution de la membrane s'accomplis- sent très rapidement en comparaison de la longue période de croissance. Le grand accroissement de l'oocyte se caractérise aussi par la produc- tion dans le protoplasme des enclaves vitellines. Ces dernières apparaissent, au commencement de la période, seulement autour du noyau, tout près de sa membrane, fig 44-46. Puis, quand leur nonibre augmente, elles se trou- vent partout, jusqu'à la périphérie de la cellule. Il faut remarquer encore qu'au moment de la première apparition des enclaves vitellines, la membrane (i) Si on emploie comme coloration l'hématoxyline de Heidenhain et si on ne différencie pas assez longtemps, le nucléole paraît généralement homogène et noir durant tout le stade d'ac- croissement. LA SPERMATOGENÈSE ET l'ovOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRKUS MAJOR 397 • nucléaire montre toujours, après les différentes méthodes de fixation que nous avons utilisées, des contours très irréguliers, fig. 44—46. Après la disparition complète de la membrane nucléaire, fig. 51, nous trouvons au centre de l'oocyte ces g éléments chromatiques composés (tétra- des) fixés sur un petit grumeau de plasma dense, finement granuleux et homogène, qui s'est formé par l'agglomération des petites masses de sub- stance homogène qui entouraient chacun des chromosomes. Ce grumeau plasmatique avec les chromosomes se dirige vers la périphérie de l'oocyte, FIG. 52—54. Il est bien difficile de concevoir comment Hempelmann a pu observer à ce stade une vésicule germinative claire avec 4 tétrades (sa fig. 56), parce que, les images chromatiques, qui sont ici d'ailleurs très nettes, mises à part, le grumeau caryoplasmatique, auquel les chromosomes sont fixés, tranche bien nettement après toutes les fixations et toutes les colorations sur le mi- lieu environnant, par la densité et 1 homogénéité de sa structure. L'oocyte possédait aux stades précédents pendant la période d'accroissement, comme nous l'avons vu, vraiment une vésicule germinative claire et transparente, mais alors cette vésicule se trouvait au centre de la cellule et elle était grande et pourvue encore de la membrane, fig. 42 — 49. Il est très clair que c'est ce grumeau caryoplasmati^iue qui donne naissance au fuseau, fig. 54-55. Les deux divisions de maturation se produisent coup sur coup. La substance achromatique (le fuseau, les sphères, les fibrilles) ressort très distinctement. Les éléments chromosomiques au fuseau sont d'habitude, mais pas toujours, moins serrés l'un contre 1 autre qu'aux stades correspondants dans les spermatocytes. En général, après la période de croissance, les cinèses polaires dans les œufs du Saccocirrus major, en ce qui concerne les relations chromosomiques, ressemblent beaucoup, comme au commencement de la période méiotique, à celles de la spermatogenèse; nous nous bornons donc à donner ici seulement quelques dessins intéressants pour illustrer ces phé- nomènes, fig. 56—61. Après l'expulsion du polocyte II, le noyau de l'œuf se reconstruit très vite, fig. 62. La description détaillée des processus méiotiques dans les cellules sexuelles du Saccocirrus major, que nous venons de terminer, nous permet maintenant de rechercher quelle signification nous devons attribuer aux différents stades et pour quel mode de réduction ils plaident. 398 V. B. de BAEHR Les minces filaments leptotènes représentent des chromosomes et sont identiques aux chromosomes univalents de la dernière télophase goniale. Pendant le passage du stade leptotène au stade pachytène, l'apparie- ment latéral des filaments indépendants implique une paraconjugaison (conjugaison parallèle) des chromosomes homologues -- les anses pachy- tènes sont bivalentes, la réduction du nombre de chromosomes n"est pas réelle, mais seulement apparente (pseudoréductionnelle). Pendant la première cinèse de maturation (hétérotypique), les chromo- somes conjugués se séparent de nouveau, se dirigent vers les pôles opposés et passent dans les spermatocytes de 1I« ordre. Par la seconde cinèse (ho- méotypique), qui est une simple division équationnelle, les moitiés longitu- dinales des chromosomes univalents se distribuent aux noyaux des sper- matides. En vue du fait que notre objet ne permet pas, dans le noyau reconstruit, après la dernière cinèse goniale, de distinguer les contours des éléments chromosomiques et de suivre tous les changements qu'ils subissent et qu'à cause de cela il est impossible de voir la transformation directe des 18 chro- mosomes télophasiques en un même nombre de filaments leptotènes de la I« prophase de maturation, on peut nous objecter que c'est seulement une supposition bien personnelle de voir, aux jeunes stades de la l^ prophase de maturation, dans les filaments doubles, un rapprochement parallèle de chro- mosomes homologues et qu'il paraît beaucoup plus simple d'expliquer la disposition des éléments par une apparition très précoce de la fente longitu- dinale dans les chromosomes naissants. Les uns y trouveront un clivage longitudinal de deux chromosomes soudés par l'une de leurs extrémités; les autres, adversaires de la théorie de l'individuplité des chromosomes, peuvent aller plus loin et voir dans chaque paire de filaments chromatiques deux moitiés sœurs d'un seul chromosome, formées tout à fait indépendam- ment l'une de l'autre aux dépens du réseau nucléaire (i). Conformément à de pareilles vues, il faudrait naturellement changer aussi l'interprétation des stades suivants. A ce sujet nous voulons, en laissant une discussion plus détaillée pour la partie générale de ce mémoire, remarquer tout de suite, qu'en réalité (i) La dernière interprétation passe presque sans discussion sur la question de la réduction numérique des chromosomes et admet seulement une certaine réorganisation de la substance chro- matique par laquelle, d'une façon inexplicable, les chromosomes apparaissent en un nombre réduit de moitié. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 3gQ chez beaucoup d'objets les images observées à certaines phases de la matu- ration chromatique peuvent être expliquées très différemment selon la manière de voir de l'auteur, et n'excluent pas les interprétations que nous venons de mentionner; mais pourtant il ne faut pas oublier que jusqu'à présent une vraie preuve morphologique n'a encore été fournie dans aucun animal pour de pareilles interprétations; -- nous rappellerons plus loin l'ar- gument décisif que nous ont donné nos propres recherches sur Y Aphis sali- ceti en faveur d'une préréduction après paraconjugaison. D. Pénétration du spermatozo'ide dans l'oocyte et fécondation de l'œuf. Il nous reste maintenant à discuter encore la question de la pénétration des spermatozoïdes dans les jeunes oocytes et la question du sort des œufs mûrs et fécondés. Hempelmann, le premier, en igo6, a fait une très intéressante décou- verte chez le Saccocirrus major, à savoir que les spermatozoïdes, se trouvant toujours en grande quantité dans le réceptaculum des femelles, se dirigent directement dans l'ovaire et pénètrent dans les tout jeunes oocytes. La même année, indépendamment de Hempelmann, van Gaver et Stephan ont constaté aussi la pénétration très précoce des spermatozoïdes dans les oocytes du Saccocirrus. Les observations de ces derniers diffèrent cependant de celles de Hempelmann en ce qu'ils admettent une polyspermie et croient que, pendant la période d'accroissement, des spermatozoïdes pénè- trent à plusieurs reprises dans un même oocyte. De tous les spermatozoïdes qui ont pénétré dans l'oocyte, un seul, le dernier spermatozoïde, semble-t- il, deviendrait le pronucleus mâle, tous les autres seraient assimilés par le protoplasme et favoriseraient ainsi la nutrition des œufs. Hempelmann, au contraire, établit que dans chaque oocyte il ne pénè- tre qu'un seul spermatozoïde qui ultérieurement se développe en pronucleus mâle, destiné à se fusionner avec le noyau de l'œuf. Sur ce point nous pouvons confirmer les données de Hempelmann. Les oocytes très jeunes encore (tout de suite après la dissolution des anses pachytènes dans la vésicule germinative)reçoivent chacun un seul spermium, FiG. 43, qui jusqu'à la fin de la période de croissance reste sans changement dans le protoplasme de la cellule et alors commence à se rétracter et chan- ger de forme, comme le montre la fig. 38. 400 V. B. de BAEHR Après l'expulsion du second polocyte, la tête du spermium se transforme en pronucleus mâle, en même temps que les chromosomes de l'œuf recon- struisent le pronucleus femelle. Après avoir reçu un seul spermatozoïde, l'oocyte n'est plus capable d'en recevoir un autre. A toutes les phases de l'accroissement des oocytes, nous n'avons trouvé toujours dans le plasma qu'une seule tète de spermium et jamais des aspects qui puissent servir d'indice d'une résorption de la substance chromatique des spermatozo'ïdes surnuméraires. Au contraire, nos observations ne sont pas tout à fait en accord avec les données de Hempelmann au sujet de la fusion des deux pronuclei, c'est- à-dire de la fécondation réelle. D'après la description qu'il a donnée dans sa dernière publication (igi2), les œufs se trouvent presque toujours encore dans l'ovaire quand les deux pronuclei sont complètement développés. Parfois cependant on observerait des œufs déjà dans le cœlome, chez lesquels les noyaux seraient justement en train de se reconstruire (sa fig. 63). Les deux pronuclei des œufs qui sont passés dans le cœlome resteraient très longtemps l'un près de l'autre en état de repos et en forme de vésicules. Seulement très rarement on verrait dans le cœlome du Saccocirnis major les œufs mûrs qui contiennent un seul très grand noyau - le résultat de la fusion des pronuclei mâle et femelle. Contrairement à tout cela, nous avons établi tout à fait sûrement que dans les cas normaux la fusion des deux pronuclei a lieu encore pendant le séjour des œufs dans l'ovaire, fig. 63-65 Le noyau de segmentation ainsi formé paraît très grand, correspondant aux volumineux pronuclei qui se sont fusionnés. Hempelmann, dans son premier travail (1906), où il était sous ce rapport plus près de la vérité, a dessiné un tel œuf dans la fig. ig. Après le passage de l'œuf dans le cœlome, le grand noyau devient petit : sa membrane se dissout, sa substance chromatique se concentre en un amas de filaments minces et granuleux, fig. 66-67. Tous les œufs, qui en un nombre très grand remplissent le cœlome-, possèdent seulement un noyau relativement assez petit, aux deux pôles duquel on voit souvent les centrosomes et les fibrilles astériennes. La thèse de Hempelmann à savoir que les œufs qui flottent dans le cœlome contiennent généralement encore deux pronuclei non fusionnés, peut sans doute s'expliquer par ceci que l'auteur, comme le prouve sa fig. 53, considère d'une part le noyau de segmentation, qui est devenu déjà petit. LA SPERMATOGENESE ET L OVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 4OI comme un pronucleus, et d'autre part un corps homogène (une enclave plasmatique) comme le second pronucleus. De tels corpuscules plasmati- ques arrondis et homogènes (cf. notre fig. 67) se trouvent parfois en nom- bre plus grand (2, 3) et s'observent encore pendant les premiers stades de segmentation dans les différents blastomères. Leur substance n'a rien à faire avec la chromatine : après coloration au BiONDi-tiiacide, ces forma- tions se teintent en violet foncé. Nous n'avons pas sui\i leur genèse, mais nous supposons qu'ils représentent un dérivé de certaines substances nucléo- laires, qui sont entrées dans le protoplasme après la dissolution de la membrane du syncaryon. Comme Hempelmann l'a très bien observé, on ne trouve jamais dans le cœlome du Saccocirnis major des œufs déjà segmentés. On peut facilement cependant obtenir leur développement, si on prend une femelle remplie d'œufs fécondés et si on la dissèque dans l'eau de mer. L'eau de mer stimule la segmentation et au bout d'environ un quart d'heure nous trouvions déjà le stade de deu.x blastomères, fig. 68 69- Il nous reste encore à dire quelques mots sur la dernière publication de BucHNER (1914) qui vient de paraître. L'auteur ne s'arrête que très peu sur les relations chromosomiques dans le Saccocirnis; d'ailleurs à en juger par ses dessins, on peut supposer cju'une fixation défectueuse du matériel ne lui a pas permis d'en faire une étude plus détaillée. BuCHNER s'occupe tout spécialement des changements que subit la longue queue du spermatozo'ide après que la tête de ce dernier a pénétré dans l'oocyte. .\u début de la période d'accroissement, la queue, dans sa plus grande partie, se trouve en dehors de l'oocyte et, à cause de sa minceur et de sa transparence, demeure invisible. Après, la queue commence à se rétracter et alors sa partie extérieure entre dans le protoplasme de l'oocyte et, en se tordant, déforme les contours de la cellule à un tel point que parfois les bourgeons formés sous la poussée des anses de cette queue se détachent tout à fait. La queue subit une plasmolyse et se décompose en petites gout- tes qui ne tardent pas à disparaître Nous avons aussi observé la présence de la queue du spermatozo'ide et sa dégénérescence dans les oocytes relativement jeunes (p. exempl. les fig. 45-46), mais nous doutons un peu que tous les aspects que nous donne BucHNER soient tout à fait normaux et si vraiment l'élasticité des replis de cette queue explique les bourgeonnements que montrent les oocytes dessinés par BucHNER • — on pourrait songer à des phénomènes pathologiques ou artificiels. 402 V. B. de BAEHR A la fin de son mémoire l'auteur proteste vivement contre nos données de 1913, d'après lesquelles les œufs qui se trouvent dans le cœlome pos- sèdent généralement déjà un petit syncaryon, et il assure que, d'après ses recherches, la fusion des pronuclei s'accomplit très rarement dans l'ovaire, mais qu'au contraire, en examinant des centaines d'œufs dans le cœlome, il a constaté chez eux les deux pronuclei seulement en train de se recon- struire. L'auteur ne donne d'ailleurs aucune indication sur la provenance de son matériel et le moment de la fixation. Nous devons maintenir, sans aucune modification, notre interpréta- tion, fondée sur l'examen d'un très grand nombre d'œufs. IV. DISCUSSION GENERALE. MÉCANISME DE LA RÉDUCTION. On sait que c'est V.\N Beneden qui, en i883, dans son travail classique " Recherches sur la maturation de l'œuf, la fécondation et la division cellu- laire-, a constaté que les cellules sexuelles mûres de l'Ascaris ne contien- nent que la moitié du nombre normal des chromosomes et cjue la féconda- tion rétablit le nombre complet. Depuis ce temps lattention de la plupart des cytologistes s'est fixée sur cette question : quand et de quelle façon s'opère dans les cellules sexuelles cette réduction du nombre de chromosomes, et l'intérêt attaché à cette question, loin de diminuer, augmente plutôt d'une année à l'autre. Cela s'explique d'une part par la faveur dont jouit l'opinion qui attribue aux chromosomes un rôle important comme instrument de la différenciation ontogénétique et par conséquent de l'hérédité et, d'autre part, par la bril- lante théorie de lindividualité des chromosomes construite surtout par BovERi. Nous n'avons pas l'intention de donner ici une revue complète de la riche littérature sur les iMocessus de la réduction chromatique, mais nous nous bornerons seulement aux études les plus importantes et nous men- tionnerons les interprétations les plus intéressantes de ces phénomènes, en sorte que même le lecteur qui n'a pas spécialement travaillé dans cette branche de la cytologie, puisse se former une idée claire de l'état actuel de la question (i). (i) Une discussion très détaillée du problème de la réduction chromatique se trouve dans les e.vcellents mémoires de Korschelt et de Heider de 1903, et de Grégoire de 1910. Dans ce dernier. LA SPERMATOGENÈSE ET LOVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 403 En passant en revue les principales interprétations, nous en ferons la critique, en nous appuyant spécialement sur les observations que nous avons faites nous-méme sur les Insectes et les Annélides. Dans notre description nous suivrons le plan suivant. A. Réduction sans inlerrention des cinêses de maturation. 1. Réduction prophasique avec la paracopulation des chromosomes. 2. Réduction prophasique avec la métacopulation des chromosomes. B. Réduction au moyen d'une des cinèses de maturation. 1. Postrédaction sans conjugaison et sans copulation des chromo- somes. 2. Préréduction avec la conjugaison diacinétique ou métaphasique. 3. Postréduction après la métaconjugaison prophasique. 4. Préréduction après la métaconjugaison prophasique. 5. Préréduction après la paraconjugaison prophasique. 6. Parthénogenèse et préréduction après paraconjugaison. C. Théorie de la chiasmatypie . D. Interprétations, pour la réduction numérique, des adversaires de la théorie de l'indiridualité des chromosomes. A. Réduction sans intervention des cinèses de maturation. 1. Réduction prophasique avec la paracopulation. Dans cette façon de voir, la réduction du nombre de chromosomes s'accomplirait définitivement pendant la première prophase et les deux ci- nèses de maturation seraient équationnelles. Le fondateur de cette opinion est BovERi (1887), qui, en étudiant la formation des globules polaires chez V Ascaris mcgalocephala, a conclu que chacune des tétrades prophasiques, qui se trouvent ici en nombre haploïdique, se forme par le double clivage longitudinal d'un chromosome bivalent, qui lui-même serait le résultat d'une fusion complète de deux chromosomes univalents. Mais déjà en 1904, BovERi, tenant compte des recherches de différents auteurs sur la conju- rauteur, après avoir donné d'une façon très claire une classification nette de toutes les recherches récentes, tâche, à la lumière d'une profonde analyse cytologique, de démontrer l'unité essentielle du processus méiotique dans les deux régnes Grégoire s'occupe aussi des cas spéciaux et de travaux incomplets qui ne se rangent pas bien sous les schémas connus, mais ces cas, quoique parfois bien intéressants, ne peuvent pas être envisagés ici par nous, étant données les limites restreintes que nous avons posées à notre mémoire. 57 404 V. B. de BAEHR gaison des chromosomes, changea d'opinion, et maintenant, chez le même Ascaris, il est prêt à voir dans les processus qui conduisent à la formation des tétrades diacinétiques, non pas une réduction réelle du nombre des chromosomes, mais seulement une réduction apparente (pseudoréduction). La composition des tétrades, de quatre bâtonnets parallèles, s'expliquerait par la conjugaison latérale de deux chromosomes clivés longitudinalement. BovERi trouve une confirmation de cette interprétation dans le fait que, chez une femelle de VAscaris mcgalocephala, il a observé des tétrades composées non pas comme d'habitude de quatre bâtonnets tout à fait iden- tiques, mais de deux bâtonnets plus longs et de deux plus courts (i). Il est évident d'après Boveri, que seuls les éléments de la tétrade qui se correspondent deux par deux, représentent des moitiés longitudinales de chromosomes somatiques et que les deux éléments doubles mais de longueur différente, doivent représenter deux chromosomes associés. Lors- que les tétrades, au cours des cinèses de maturation, se dissocient en leurs composants, une des cinèses doit séparer les chromosomes entiers (cinèse réductionnelle) et l'autre séparer les moitiés longitudinales (cinèse équa- tionnelle), A l'heure actuelle il n'y a que peu d'auteurs (Bonnevie, Vejdovsky, 'WiNiwARTER et Sainmont) qui adoptent une interprétation analogue à la première opinion de Boveri. Bonnevie (1906) admet pour le mollusque Enteroxenos (eslergreni \d. copulation parallèle (2) des chromosomes homologues pendant la première prophase de maturation. L'espace longitudinal, qui se trouve entre les chromosomes en copula- tion, s'oblitère au stade pachytène pour réapparaître à la fin de ce stade dans le noyau diplotène. Pendant la première métaphase de maturation et de même pendant la seconde, les chromosomes associés ne se séparent pas, et les éléments bi- valents, tout en retenant leur duplicisme, subissent de vraies divisions équa- tionnelles. Les cellules sexuelles mûres reçoivent donc le nombre réduit de chromosomes bivalents. Ce n'est que pendant les cinèses de segmentation que se réaliserait la fusion complète des chromosomes. D'après cela, le processus de la réduction commencé pendant la prophase I, ne s'achève que (i) Cette différence morphologique des chromosomes dans VAscaris megalocephala a été con- statée indépendamment par Montgomeky (1904, 1909). (2) Nous appellerons avec Vejdovsky, «copulation», l'union délinilive de deux chromosomes, et « conjugaison », l'union temporaire. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 405 dans les cellules embryonnaires de la génération suivante par une fusion définitive des chromosomes accolés dans un nouvel individu chromosome, qui représente un mélange du chromosome grand-paternel avec le chromo- some grand-maternel. Ce mode de réduction chromatique est admis par Bonnevie non seulement pour tous les mollusques, mais aussi pour les autres groupes animaux. A. et K. E. Schreiner (1907), après avoir étudié le même objet Enteroxenos, ont critiqué sévèrement non seulement l'interprétation de Bonnevie, mais même l'exactitude de ses observations. Ils établissent pour cette forme la paraconjugaison et la préréduction. Il faut accorder plus d'attention aux intéressants travaux de Vejdovsky (1907, 1912) sur les Annélides (Enchitraeidœ) et sur les Locustidœ (Decti- ciis i'erriicïi>0}'iis et Diesti amena marmorata), de Bonnevie (1908, 1911) sur les Annélides [Nereis limbala, Thalassema mellita, Cerebratiihis lacteiis) et Alliiim cepa, et de VViniwarter et Sainmont (1909) sur le chat. Ces auteurs admettent que la réduction définitive du nombre de chro- mosomes se réalise pendant la première prophase de maturation au moyen de la copulation parallèle de minces éléments univalents, qui forment ainsi un iwiipel élément plus épais et bivalent (-^ mixochromosome « de VVini- warter et Sainmont). L'appariement des éléments étant ici non pas temporaire, mais défi- nitif, il en résulte que les deux mitoses de maturation divisent les mixochromosomes en de vraies moitiés longitudinales et sont, comme les mitoses somatiques, équationnelles. L'argument le plus grave en faveur de cette opinion consiste, d'après ces auteurs, dans le fait que pendant le stade pachytène les éléments biva- lents — résultant de l'appariement latéral des filaments leptotènes — se montrent indivis dans les objets étudiés par eux, et ne manifestent aucun duplicisme; aussi disent-ils qu'il n'y a guère de critérium cjui puisse per- mettre de prétendre que la fente longitudinale du stade suivant (le stade diplotène) passe dans le même plan suivant lequel s'est réalisée auparavant l'association des chromosomes (1). (i) L'opinion si décidée de Vejdovsky concernant la fusion définitive des chromosomes, est en relation avec son opinion spéciale sur la structure et la genèse des chromosomes en général. Aussi trouvons-nous utile de dire ici quelques mots de ce dernier point. VE.IDOVSKY, en reprenant l'étude de la structure spirale des chromosora?s, que Baranktzky 4o6 V. B. de BAEHR Etant donné que chez les autres animaux et les autres plantes les dif- férentsauteurs(GRÉGOTRE : Lilium. Osmunda, A/liiim, Ophryotrocha; Maré- chal : Sélaciens; Schleip : Plaimria; Baehr : Apliis, Saccocirrus; Bordas : Sûgitta; MoNTGOMERY : Euschistus, etc.) ont constaté un duplicisme des élé- ments plus ou inoins net depuis le moment du rapprochement par paires des filaments leptotènes jusqu'à la métaphase I, où se produit la dissocia- tion, il est presque nécessaire d'admettre que, même dans le cas, où les anses pachytènes paraissent indivises, les dualismes n'ont pas disparus, mais sont seulement voilés à nos yeux par un rapprochement très intime des composants et par leur entrelacement. C'est à cause de cela que Grégoire (1904, igo5, 1907, 1910) s'est élevé vivement contre l'adoption de la paracopulation. Aux spéculations théori- ques il joint l'argument, qu'après avoir étudié les mêmes objets (Lilium, Alliitm), où les observateurs précédents ont trouvé les anses pachytènes indivises, lui et ses élèves, à l'aide d'une meilleure technique, sont parvenus à constater partout un duplicisme des éléments plus ou moins net. a décrite le premier (1880), et en se basant sur ses propres observations, arrive aux conclusions suivantes Les cljromosomes sont formés de deux composants : un substratum homogène peu colorable — linine, autour de la surface duquel court un filament chromatique qui se colore très intensive- ment avec les substances colorantes basiques — le chromonémc. Dans le chromosome mùr qui se prépare à la division il est difficile de découvrir cette spirale, parce que, à cause du rapproche- ment étroit des tours de spire, la surface du chromosome paraît formée d'une substance chromatique homogène. A la télophase, dans .les chromosomes-filles, les liens intimes entre les deux composants se relâchent : la spirale chromatique se dégage du substratum achromatique et, en formant des anasto- moses, donne avec les chromonèmes des autres chromosomes naissance au réseau nucléaire; d'autre part, la linine des chromosomes se gonfle et, en se dissolvant peu à peu, se transforme en l'en- chylème, ou suc nucléaire. Les chromonèmes télophasiques dégagés, comme nous l'avons dit, de la linine, représentent des ébauches (des germes : « Anlagen ») des chromosomes de la nouvelle génération. Au début ils ne sont formés que de chromatine, mais ensuite, dès avant la formation du réseau nucléaire, ils se différencient d'eux-mêmes en un substratum achromatique lininien et en des granules chromatiques (« chromomères ») dispersés sur ce substratum. A la prophase les anastomoses disparaissent, le nombre de granules chromatiques disposés le lonn' des spirales augmente et, à cause du rétrécissement du substratum achromatique, les granules se rapprochent si étroitement que bientôt ils se touchent l'un l'autre et donnent aux éléments l'aspect d'un chapelet. L'augmentation de la substance chromatique amène son arrangement spirale autour de l'axe lininien achromatique, quand ce dernier se raccourcit et s'épaissit. Les tours de spire extérieurs se rapprochent tellement étroitement que la substance extérieure du chromosome mùr parait comme une couche chromatique continue et le chromosome lui même comme formé d'une masse homogène. Cette structure des chromosomes mûrs permet seule, d'après Vejdovsky, au clivage longitu- dinal de partager tout à fait précisément la substance maternelle en deux chromosomes-filles. Et LA SPERMATOGENESE ET L OVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 4O7 En ce qui concerne nos propres observations, dans tous les objets que nous avons eu l'occasion d'étudier jusqu'à présent et qui appartiennent aux différents types du règne animal (les vers, les insectes), nous n'avons nulle part observé dans les noyaux pachytènes des éléments simples (indi- vis), mais toujours nous constations, si non dans toutes les anses, du moins dans beaucoup d'elles, un duplicisme plus ou moins marqué se mani- festant parfois par de petites boutonnières locales ou par une bifurcation des bouts libres. Tout cela nous a permis de conclure que dans un même noyau pachy- tène il ne peut y avoir, entre les anses qui trahissent le dualisme et celles qui ne le font pas, de différence fondamentale : une fusion définitive des gamomites ne se réalise dans aucune et les gamomites conservent leur autonomie. Il faut encore mentionner que Bonnevie en igo8, ayant dû admettre l'existence du duplicisme des anses pachytènes, fait découvert et défendu c'est justement dans ce fait que réside la signification de la structure qui se prépare pour ce but pendant la prophase- Une orp^anisation de ce genre est admise pour les chromosomes par Bonnevie (igoS, 1911, 1913) et K. E. Schneider (1910). Ce dernier décrit dans chaque chromosome fille (les noyaux de la larve de la Salamandre) deux filaments spirales, tandis que Bonnevie. comm'' Vejdovskv, n'ob- serve dans ses objets qu'une spirale unique. D'après Vejdovskv, les filaments leptoténes représentent des chromonèmes extérieurs dégagés du substratum intérieur lininien pendant la dernière télophase goniale. Ces filaments leptoténes ne sont pas aptes à la division longitudinale et à cause de cela ils s^étirent. perdent leur forme spi- ralée et s'unissent deux par deux, formant ainsi une nouvelle génération de chromosomes Au mo- ment de la copulation, les filaments sont formés d'une substance gélatineuse achromatique, dans laquelle se trouvent disposés en une rangée unique les granules ou segments chromatiques, « chro- momères « Les filaments possèdent ainsi la structure qui est nécessaire pendant la copulation pour mélanger leur substance. La fusion des substances lininiennes précède la fusion des chromomères. Le nombre de chromomères varie même dans les filaments d'une longueur égale, et à cause de cela on observe souvent que les deux éléments d'une même paire possèdent un nombre différent de chromomères, ainsi p ex. chez le Decticus verrucivonis les composants de la plus grande paire peuvent avoir dans l'un des noyaux représentés, l'un S, l'autre 10 chromoméres et dans l'autre noyau, l'un 6 et l'autre 10 chromoméres. Les chromomères impairs, c'est à dire ceux qui, se trou- vant dans un élément, n'ont pas de partenaire correspondant dans l'élément-jumeau, forment dans le mixochromosome des segments plus petits que ceux qui se sont formés par la fusion de deux chromomères correspondants des composants homologues. Les segments chromatiques peuvent, en se rapprochant de plus en plus, former dans un mixochromosom'î mûr une unique spirale chromatique extérieure; cela se voit surtout dans les oocytes de Diestramena marmorata, et une telle structure, d'après Vejdovskv, exclut complètement la possibilité d'une séparation ultérieure des copulantsjumeaux pendant les mitoses de maturation et exige catégoriquement pour ces mitoses l'adoption de divisions longitudinales équationnelles; en d'autres termes, en principe il n'y aurait pas de différence entre les mitoses somatiques et les cinèses de maturation. 4o8 V. B. de BAEHR par les autres auteurs (i), s'efforce néanmoins de montrer que l'on peut admettre malgré cela que, pendant la première prophase de maturation, il se réalise une fusion définitive des chromosomes homologues et que les cinèses de maturation n'impliquent pas un mécanisme réductionnel. Elle se fonde sur la considération suivante. Si à un stade quelconque le rappro- chement des deux chromosomes est tellement intime qu'un échange réci- proque de parties peut se produire entre eux, nous n'avons plus le droit de dire que les moitiés longitudinales du chromosome bivalent qui se séparent ensuite, sont identiques avec les chromosomes univalents qui se sont asso- ciés auparavant. Nous ne savons donc plus, si c'est une complète fusion de deux chromosomes cjui a eu lieu ou seulement un échange de parties et nous n'avons pas de possibilité de décider, si c'est pendant la première mi- tose de maturation ou pendant une des suivantes que se désunissent les parties qui ont conservé leur autonomie. Contre cet argument de Bonnevie on peut rappeler une très intéres- sante description de Montgomery (iqii), de la conjugaison des idiochro- mosomes dans la spermatogenèse chez VEiischistus. Ici, pendant la période d'accroissement, les deux idiochromosomes — l'un grand, l'autre petit — s'associent si intimement que les limites entre eux disparaissent complète- ment, et dans l'élément bivalent ainsi formé il n'y a aucun indice apparent de son origine double : même les vacuoles qui se sont formées auparavant dans chaque idiochromosome se fusionnent maintenant en une seule. Aux stades de la prophase I plus avancés cet élément bivalent se dé- compose de nouveau en ses deux composants; de plus ces derniers montrent les mêmes grandeurs reldlii'es qu'ils avaient avant la conjugaison. Cela nous prouve que malgré l'apparence d'une complète fusion de leurs substances, les chromosomes retiennent leur indépendance. Par analogie nous avons le droit de supposer que pendant la conjugaison des autosomes, même dans les cas où les leptonèmes très rapprochés pa- raissent former des anses pachytènes indivises, la fusion définitive des con- jugants en un élément nouveau — mixochromosome - ne se réalise pas et que les autosomes, qui en tout cas représentent des éléments non moins actifs que les idiochromosomes, ne perdent pas leur autonomie. Il est naturel de songer ici au processus de la conjugaison chez les cillâtes, avec lequel on peut comparer la paraconjugaison des chromosomes (i) Selon son nouveau schéma tous les éléments chromatiques après l'appariement synaptique doivent être indivis. LA SPERMATOGENESE ET L OVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 40g homologues, les paternels avec les maternels. Chez ces infusoires pendant la conjugaison deux individus s'associent tellement intimement que dans les endroits où ils se touchent les limites de leurs corps disparaissent; il se fait entre les conjugants un échange de substances qu'on peut étudier sous le microscope, et après cela ils se séparent. On peut bien admettre qu'un semblable échange de matières se produit entre les chromosomes qui se conjuguent, quoiqu'il soit très peu probable que nous puissions le constater un jour sous le microscope faute d'une technique suffisante. 2. Réduction prophasique avec la métacopulation des chromosomes. Haecker, après avoir à plusieurs reprises changé d'avis sur les pro- cessus de la maturation chromatique, a proposé enfin en igiole schéma suivant de la réduction. Les chromosomes homologues paternels et niaternels s'accolent par leurs bouts (« Métasyndesis ^). Cet accolement se réalise sans doute au commencement de la période d'accroissement des cytes. Les éléments bi- valents ainsi formés se divisent équationnellement pendant les cinèses de maturation; il en résulte que chaque chromosome des cellules sexuelles mures est formé par moitié d'un chromosome paternel et par moitié d'un chromosome maternel. L'indice morphologique de cette composition se trouve dans une fente transversale claire, ^ Querkerbc, située au milieu de chaque élément. Dans l'œuf fécondé (qui possède en réalité le nombre te- traplo'idique de chromosomes) et dans les cellules du nouvel organisme qui en provient, les chromosomes retiennent cette ^ Querkerbe -. Ce n'est qu'à un stade ultérieur, pendant la formation des glandes sexuelles, que s'achève la fusion complète des métacopulants et que disparaît la fente transversale {•^ Teleutosyndesis "). Ainsi les chromosomes goniaux doivent être déjà dépourvus de " Querkerbe - et ne trahir par aucun indice leur origine double. Quoique Haecker se soit formé cette conception du mécanisme de la réduction, surtout en se basant sur ses propres études et celles de ses élèves sur les Copépodes, néanmoins, étant sceptique en ce qui concerne toutes les opinions courantes au sujet de cette question, il étend son point de vue aux autres objets. Qu'une telle généralisation soit inadmissible, c'est ce qui résulte très clairement de nos études sur la spermatogenèse de VAphis saliceti. Le seul fait que dans notre objet les spermatogonies contiennent 5 chromosomes de même taille et qu'à la première prophase de maturation 410 V. B. de BAEHR il se forme à leur place deux chromosomes doubles et un simple, tous de mcnw loitgiiL'itr démontre suffisamment la faiblesse des raisonnements théo- riques de Haecker. Puis, nous n'avons jamais observé au milieu des éléments chromatiques de fente transversale ni dans les mitoses somatiques, ni dans les mitoses méiotiques (v. la figure de texte p. 439). Mais même les résultats de Haecker sur les Copépodes ne soutiennent pas la critique Premièrement, pour tous ceux qui sont familiers avec la question de la maturation chromatique, il est évident que seule l'analyse détaillée des jeunes stades de la prophase hétérotypique est à même de nous donner une idée claire de la genèse des gemini; or, Haecker ne se base que sur l'étude de la structure et des allures des chromosomes mûrs pendant les mitoses de maturation. En second lieu, Haecker, comme nous l'avons déjà mentionné, n"a pas observé des fentes claires dans les chromosomes des spermatogonies et des oogonies; cependant les recherches récentes de Krimmel (igio), sur le Diaptoinus coeriileiis, les y ont démontrées à ce stade; de plus, le nombre normal de chromosomes dans les gonies constaté par cet auteur, de même que par Chambers (1912). pour les Cvclops ainericaniis, Cyclops parciis et Cyclops brevispinosus, exclut l'idée d'une - métasyndèse - plus précoce des chromosomes homologues dans les générations plus jeunes des cellules sexuelles. Il faut ajouter qu'on trouve la fente transversale („Querkerbe'') décrite par Haecker, non seulement chez les Copépodes, mais aussi, d'après beaucoup d'auteurs, chez les autres lormes, dans les noyaux somatiques et sexuels, p. ex. Marcus (1906) chez Y Ascaris caiiis, Delà Valle (1908) chez la Salamandre, Popoff (1908) chez la Paludina vivipara, Agar (191 i, 1912) chez le Lcpidosireii paradoxa [i], etc. Ces fentes tranversales ne se trouvent pas toujours au milieu des chromosomes; elles peuvent se placer plus près d'un bout, p. ex dans les chromosomes diacinêtiques des Cyclops parcus (9) d après Chambers (1912), dans les cellules somatiques et sexuelles du Lepidosireii paradoxa d'après Agar (1911, 1912), dans les cellules somatiques du Trillium d'après Grégoire et Wygaerts (1903). Si on tient compte du fait que les chromosomes homologues (paternels et maternels), excepté les idiochromosomes, sont toujours de même taille, il (i) Chez cette forme la fente transversale se manifeste surtout nettement dans les mitoses spermatogoniales qui précèdent immédiatement la prophase méiotique, où, d'après Haecker, devrait s'accomplir déjà la copulation suivante des chromosomes. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRtJS MAJOR 4TI est évident qu'une - Querkerbe -, qui sépare les parties de différente lon- gueur, ne peut pas être regardée comme une preuve morphologique de la métasyndèse accomplie entre les chromosomes homologues. Dans ces fentes transversales nous devons plutôt voir un indice que parfois les chromosomes représentent des éléments composés {-' Sammel- chromosomen " Boveri), résultant de l'association d'un certain nombre de chromosomes indépendants. A. et K. E. Schreiner (igo8) ont observé dans les anses pachytènes plus d'une fente transversale dans le même élément. En ce qui concerne les fentes transversales dans les anses pachytènes au stade de bouquet, ob- servées et dessinées par les cytologistes de Munich (Goldschmidt, Popoff, Wasilieff, Buchner), comme une expression manifeste de la métaconju- gaison nous en parlerons dans un autre chapitre de ce mémoire. B. Réduction au moyen d'une des cinèses de maturation. 1. Postréduction sans conjugaison et sans copulation des chromosomes. Weismann en 1887 a fait la supposition que la réduction des chromo- somes se produirait d'une manière très simple et résulterait de ce que la moitié des chromosomes entiers, rassemblés à l'équateur, se dirige vers un pôle et l'autre moitié vers le pôle opposé. De plus, se fondant sur ses pro- pres observations et celles de Blochmann (1887), d'après lesquelles les œufs parthénogenétiques qui ne réduisent pas leur nombre de chromoso- mes n'expulsent qu'un globule polaire et les œufs qui exigent la fécondation et subissent la réduction en éliminent deux, il conclut que, seule, la seconde mitose de maturation peut représenter une division réductionnelle. Cette conclusion, en partie purement théorique, sur le mécanisme de la réduction a paru trouver une confirmation dans certains travaux cytologi- ques. Notamment Petrunkewitsch (1901), chez l'abeille, Goldschmidt (igoSj, chez le Zuogonus uiiriis, décrivent que la réduction du nombre de chromosomes s'accomplit pendant la seconde mitose par un partage dicen- trique des chromosomes somatiques en deux groupes égaux. Mais aucun de ces cas ne peut être reconnu par nous comme vraiment établi. Les recherches de Meves (igo3, 1.907), sur la spermatogenèse des faux bourdons, ont contredit les résultats de Petrunkewitsch sur l'ovoge- nèse de l'abeille. L'étude par A. et K. E. Schreiner (igo8) et par Gré- goire (igo8) des préparations du Zoogonus, qui ont servi à Goldschmidt pour créer son ^ Primiirtypus -, plaide en faveur du schéma hétérotypique. 58 412 V. B. de BAEHR Les résultats de Wassermann (igi3), acquis récemment sur le même objet (pseudo-réduction par métasyndèse), contredisent aussi ceux de Gold- SCHMIDT. 2. Préréductiou après conjugaison diaeinétique ou métaphasique. Pendant toute la prophase I, ni la conjugaison ni la pseudo-réduction n'ont lieu, les chromosomes univalents restent en nombre dipldidique. A la fin de la prophase I ou au commencement de la métaphase, les chromoso- mes, tout à fait formés et mûrs, se conjuguent, après quoi les conjugants par l'action de la cinèse I se séparent de nouveau et se dirigent vers les pôles opposés. Pendant la seconde cinèse de maturation, les chromosomes, en se di- visant équationnellement, se décomposent en leurs moitiés longitudinales, qui se remarquent chez certaines formes déjà à la fin de la prophase I. Ce type de réduction a été proposé pour la première fois par Henking (i8gi), pour le Pyrrhocoris apterus, et ensuite très minutieusement dé- veloppé par KoRSCHELT (iSgS), pour VQphryotrocha puerilis. Plus récemment cette conjugaison tardive et de courte durée a été décrite par N. M. Stevens (igoS, igo6) pour les Aphides, par Tannreu- THER (1907) pour le Melûxaiiliis salicola (aussi un puceron), par Dehorne (igio, igii) pour le Sabellaria spimtlosa et pour le Lanice couchilega, par Lawson (igi2) pour les Smilacina, Kniphofia ai Aloe [i). La forme ronde des chromosomes diacinétiques chez Pyrrhocoris ne permet à Henking que de parler seulement d'un appariement des éléments univalents sans pouvoir distinguer la manière de cette association par paires — accolement ou aboutement. Toutes ces descriptions d'une conjugaison des autosomes déjà formés et mûrs doivent être regardées à l'heure actuelle comme réfutées (2). Les anciennes observations de Henking sur le Pyrrhocoris n'ont pas trouvé de confirmation dans les travaux de Gross (igo6) et de Wilson (igog), qui ont étudié le même objet et de même dans toutes les recherches plus ré- centes sur d'autres punaises. Grégoire et Deton (igog) et A. et K. E. Schreiner (igog), en étu- diant les phénomènes de la maturation chromatique dans les cellules (i) Les données d'AOAR (1911) et de Schellenberg (1911) sur rappariement des chromosomes diacinétiques univalents ne rentrent pas ici, parce que, d'après les observations des auteurs, il s'agit là d'une seconde conjugaison qui a été précédée d'une conjugaison normale au début de la prophase et d'une déconjugaison à un stade ultérieur. (2) En ce qui concerne les allosomes (idiochromosomes), une conjugaison tardive de ces élé- ments a été constatée dans beaucoup de formes (Wilson, Stevens). LA SPERMATOGENÈSE ET l'ovOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR ^l3 sexuelles de Y Ophryotrocha ont obtenu des résultats qui ne sont pas d'ac- cord avec ceux de Korschelt et qui plaident en faveur de la pseudo-réduc- tion prophasique par paraconjugaison. Le nombre diploïdique, d'après ces auteurs, est 8 et non pas 4, comme le prétendait Korschelt. En ce qui concerne les recherches de Stevens et de Tannreuther sur les Aphides, nous avons montré déjà dans notre travail de igo8 que les auteurs cités non seulement ont faussement déterminé le nombre somatique de chromosomes dans les cellules mâles, mais aussi n'ont pas aperçu des stades très importants de la première prophase, à cause de quoi ils se sont fait une idée tout à fait incorrecte du moment de la conjugaison des chro- mosomes et du moment de la formation des éléments bivalents. Les travaux de Dehorne, dès leur apparition, ont été soumis par nous à la critique (1912). Sur l'exemple de V Aphis saliceti qui dans le sexe mâle se caractérise par un nombre impair de chromosomes (un fait qui a priori contredit une des plus importantes thèses de Dehorne, notamment celle du " duplicisme constant des chromosomes "), nous avons démontré toute l'inexactitude de son interprétation des mitoses somatiques et des mitoses maturatives. La description des processus de la maturation chromatique chez le Saccocii'''us major d'après Hempelmann est tellement particulière et elle s'harmonise si peu avec nos connaissances sur le mécanisme de la réduction que cela nous a déterminé à étudier nous-mème cet objet. Nos résultats, publiés sous une forme concise en 1913 et maintenant plus en détail, établis- sent la préréduction après la paraconjugaison et ainsi sont d'accord avec ceux de A. et K. E Schreiner (rgoô, igo6) et ceux de Grégoire et Deton (1906), qui ont étudié d'autres Annélides marins (Tomopteris, Ophryo- trocha). 3. Postx'éduction après métaconjugaison prophasique. Aux termes de sa première formule, ce mode de la réduction chroma- tique peut être exprimé de la façon suivante. Aux stades jeunes de la prophase I de maturation, la chromatine nu- cléaire représente un long filament tortueux. Ce filament se clive longitu- dinalement et se divise ensuite transversalement en segments, dont le nombre équivaut seulement à la moitié d\i nombre normal de chromosomes. Quand ces segments doubles se transforment en chromosomes diacinéti- ques, on voit que chacun d'eux est coupé au milieu d'une fente transversale, et ainsi prend l'aspect d'une tétrade 414 V. B. de BAEHR D'accord avec la théorie de l'individualité des chromosomes qui ne permet pas d'admettre un changement dans le nombre de chromosomes, la fente transversale indique la bivalence des éléments et doit correspondre à la place où deux chromosomes goniaux univalents se sont accolés par leurs bouts — pseudo-réduction. La métaphase I sépare dans chaque tétrade les moitiés longitudinales identiques — et est donc équationnelle. La métaphase IL par un clivage transversal, dissocie, dans les éléments bivalents, les chromosomes univalents, qui les ont formés, et est réduc- tionnelle. Un tel type de réduction décrit par Rûckert (1894) pour les Copépodes (Crclops strenuiis, Heterocope robiista, Diaptnmus gracilis) par Haecker (1895) pour les Copépodes (Canthocamptus staphyliuus) et par voM Rath (1892, 1895) pour les Copépodes (Calanus graci/is, Heterocope saliens, Euchœta marina, Anomalocera pœtersonii) et beaucoup d'autres, et pour les Orthoptères (Gryllotcilpa inilgari^), a été nommé par Haecker T type Weismaiinitn ^, parce qu'il répond bien aux postulats théoriques de Weismann. Les descriptions des auteurs cites ont séduit par leur simplicité, ont joui un certain temps d'une assez grande autorité et joué un rôle important dans l'évolution de nos idées sur les phénomènes de réduction. Elles ont pour la première fois introduit dans la cytologie la notion de la pseudo-ré- duction qui, en présence de tous les chromosomes somatiques, réalise seule- ment une diminution numérique apparente des chromosomes par l'apparie- ment des éléments univalejits en groupes bivalents. En contradiction foncière avec ce ^ type Weismannieii - se trouvent les observations de beaucoup de cytologistes modernes (Montgomery, Gré- goire, ScHREiNER, Maréchal, Lerat, Baehr, Davis et autres) i|ui nient catégoriquement la formation d'un filament chromatitiue unique continu à n'importe quel stade de la prophase synaptique et qui dans les minces filaments leptotènes, comme dans les anses pachytènes épaisses, voient des éléments libres. Il faut ajouter (jue Haecker lui-même, la même année (iSgS), a re- noncé à ce type de réduction admis pour le Canthocamptus staphy lin us, et il a proposé pour le Cyclops brei'icofuis une interprétation nouvelle beaucoup plus compliquée. De plus, d'après Lerat (1902, i9o5), dans le Cyclops streniius les pro- cessus de maturation se déroulent en harmonie avec le schéma hétéro- homéotypique, avec paraconjugaison et préréduction. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 4l5 En ce qui concerne les recherches de vom Rath sur le Gryllotalpa, les études plus récentes sur les Orthoptères ont contredit ses résultats, en dé- montrant en même temps une grande schématisation dans ses jolis dessins. A l'heure actuelle seulement un petit nombre d'auteurs admettent en- core la métaconjugaison avec postréduction : Me Clung, Sutton, Ro- BERTSON, PiNNEY, Blackman. D'après leur plus récente description, au stade très jeune de la prophase S3'naptique les chromosomes univalents se métaconjuguent (s'apparient par leurs bouts) et forment un nombre réduit d'éléments bivalents. Les éléments bivalents, se clivant longitudinalement, se raccourcissant et s'épaississant, prennent la forme d'anses épaisses (« loops -). Les compo- sants univalents de chacune des anses, en variant leur position l'un par rapport à l'autre, donnent aux chromosomes des aspects divers. La fente longitudinale peut rester visible dans ces bivalents ou dispa- raître. En se tordant l'un autour de l'autre, les -^ métaconjugants " transfor- ment l'anse en une chaîne. S'ils s'unissent par leurs bouts libres, ils for- ment un anneau; si l'anse se rompt dans l'endroit où les univalents se touchent, et si ces derniers se disposent parallèlement, il en résulte un chromosome bivalent en forme de deux bâtonnets parallèles. Si les composants, longitudinalement clivés, en se séparant par leurs bouts libres, forment un angle de [80° et sont disposés ainsi l'un sur le pro- longement de l'autre, nous avons alors une tétrade-bâtonnet (ij. Par la séparation dans les différentes directions des moitiés longitudi- nales de deux métaconjugants là où ils se touchent, la - tétrade-bâtonnet " se transforme en une ^ tétrade-croix -, etc. Pendant la I^ mitose de maturation, les chromosomes se disposent à l'équateur et s'unissent avec les fibrilles fusoriales de telle façon que la mé- taphase I ne sépare pas les chromosomes conjugués, mais divise équation- nellement les éléments bivalents le long de leur tente longitudinale. La décomposition des chromosomes bivalents en leurs univalents se réalise pendant la raétaphase II (la division réductionnelle). Me Clung (igoo, 1902, igoS), Sutton (1902), Robertson (igo8) et PiNNEY (1908) ont décrit ce type de postréduction pour les Orthoptères. Blaokmann (igoS) l'a admis pour la spermatogenèse dans le Scolopendra. (i) Beaucoup d'auteurs emploient le nom « té rades » comme synonyme des «gemini» pour désigner en général les chromosomes bivalents hétérotypiques déjà plus ou moins formés, même si la structure de ces éléments ne montre pas quatre parties. 4l6 V. B. de BAEHR Comme chez les Orthoptères les tétrades bivalentes montrent chez les Myriapodes des figures très compliquées et se prêtent difficilement à l'analyse cytologique. Chez les objets plus favorables sous ce rapport, comme par ex. chez le Tomopteris (A. et K. E. Schreiner, igo6), VAphis saliceti, le Saccocin-iis major (Baehr, 1908— 1913), V Eiischistiis (Montgo- MERY, 191 1), les images de la prophase, métaphase et anaphase I et tous les stades de \d. première cinèsc II montrent très clairement que les conju- gants se dissocient à la première cinèse et non pas à la seconde, celle-ci représentant une vraie division longitudinale des univalents. Il faut encore ajouter que Morse (igog), Vejdovsky (1912) décrivent chez les Orthoptères à la I^ prophase non pas un aboutement des chromo- somes homologues, mais une association latérale. Les figures encore inédites que nous avons observées nous-même, en étudiant différentes espèces d'Orthoptères, parlent aussi très nettement en faveur de la paraconjugaison. 4. Préréduetion après métaconjugaisou prophasique. D'après les auteurs qui rentrent dans cette catégorie, la période synap- tique ne montre pas de filaments minces, appariés latéralement, ou, si des apparences de ce genre existent, elles doivent leur origine à un parallélisme accidentel ou à un clivage longitudinal homologue de celui des chromoso- mes somatiques aux prophases diploïdiques. Les chromosomes diacinéti- ques ou les - gemini • sont le résultat d'une métaconjugaisou réalisée au commencement de la prophase hétérotypique des chromosomes somatiques homologues [^ conjugation end to end " Montgomery, - métasyndèse ^ Haecker, " télosynapsis ■- Wilson). Les gemini prennent des formes différentes selon la position que les métaconjugants univalents occupent l'un par rapport à l'autre. Si dans les chromosomes diacinétiques les conjugants se trouvent en association laté- rale, cela s'explique par un repliement au milieu de l'élément bivalent et par un rapprochement parallèle des conjugants (-second contraction-, - se- condary looping ^, „ Faltung ^). Le stade de cette contraction secondaire s'observe à la fin de la prophase synaptique, c'est-à-dire bien après le stade où l'apparienient des chromosomes par leurs bouts s'est accompli Ce stade de repliement, comme il parait, dure très peu de temps et à cause de cela il a pu rester inaperçu pour la plupart des cytologistes (i). (i) Beaucoup de métasyndétistes admettent l'existence aux jeunes stades de la prophase hé- térotypique d'un unique filament chromatique continu. Ce filament ou spirème continu est formé de chromosomes somatiques enfilés et agglutinés bout à bout. Après il se tronçonne, en un nombre haploidique de segments bivalents. Chacun de ces segments bivalents se compose de deux chromo- somes homologues (l'un paternel et l'autre maternel) en association métasynaptique. LA SPERMATOGENESE ET L OVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 417 Pendant la I^ cinèse de maturation a lieu la séparation des conjugants, et de cette façon le nombre de chromosomes diminue de moitié — préré- duction. Pendant la II"-' mitose s'achève la division longitudinale des chromoso- mes univalents, qui a déjà été préparée auparavant par la fente longitudi- nale observée à la prophase I. L'idée d'une métaconjugaison de ce genre a été introduite dans la cyto- logie par MoNTGOMERY, qui a nommé ce processus - end to end conjuga- tion ^. En 19 lo pour la première fois, Montgomery interprète dans ce sens les phénomènes de maturation des cellules sexuelles mâles dans le Peripatiis et plus tard, dans toute une série de publications sur la spermatogenèse (1901 — 1910), il décrit des processus semblables pour les Hémiptères, pour le Plcthodoji, le Lycosa, le Syrbula et autres. D'après ses observations, de suite après la dernière division goniale les chromosomes télophasiques s'accolent bout à bout (dans les éléments en forme d'anneaux il se fait un accolement par les deux bouts). Au stade postsynaptique (équivalent du stade diplotène des autres auteurs) chaque conjugant univalent se clive lon- gitudinalement et de cette manière les tétrades définitives bivalentes se forment. Pendant la première mitose de maturation les composants des té- trades — les chromosomes univalents — se dissocient. Les univalents, pendant la seconde cinèse, se divisent équationnellement. Il faut rappeler que Montgomery a, le premier, en igoi, tout à fait clairement formulé l'hypothèse que dans l'œuf fécondé et dans n'importe quelle cellule somatique à chaque chromosome maternel, qui vient de l'œuf, correspond un chromosome paternel morphologiquement égal, qui provient du sperrnatozo'ide et que, à la première prophase méiotique, ne s'apparient que les chromosomes homologues, maternels et paternels. Cette hypothèse possède un fort appui dans les formes qui se caractérisent par des dimensions très différentes de leurs chromosomes — les Orthoptères (SuTTON, Me Clung), les Hémiptères hétéroptères (Wilson), les Hémip- tères homoptères (Stevens, Baehr), beaucoup de plantes (Strasburger, MiYAKE, Clemens-Mûller et autres). Dans les mitoses somatiques de ces objets les différents types de grands, de moyens et de petits chromosomes sont toujours représentés par paires (excepté les formes mâles avec l'hétérochromosome ou avec les idio- chromosomes). Pendant la première cinèse de maturation les mêmes con- trastes dans les dimensions se retrouvent, mais les différents types y sont 4i8 V. B. de BAEHR représentés en nombre singulier. Pour les partisans de la théorie de lindi- vidualité des chromosomes il en ressort tout à fait naturellement qu'un appariement des chromosomes de même taille s'y est produit, et à cause de cela nous avons une apparente diminution de moitié du nombre des chromosomes. Un rôle assez important dans la propagation des idées métasyndétiques a été joué par les recherches de Farmer et Moore. Dans leurs travaux de igoS et igo5 sur différents animaux et plan- tes, ces auteurs dévelopiient avec beaucoup de talent la théorie du repliement et de la „ seconde contraction - avec préréduction. C'est au même résultat qu'arrive aussi en igo3 Montgomery, dans son travail sur la spermatoge- nèse des Batraciens, après avoir un peu modifié et approfondi sa première opinion sur la ,, end to end conjugation ^. Les recherches très détaillées de H. L. Davis (iqo8) sur la spermatogenèse dans les Orthoptères et les nom- breuses publications des cytologistes de Munich (Goldschmidt igo6, igo8, PopoFF igo7, Wasilieff igo/, Buchner igoy) sur la maturation dans di- vers invertébrés, ont accru le nombre des métasyndétistes préréduc- tionnistes. Il faut encore ajouter que ces derniers cytologistes décrivent dans tous leurs objets une fente transversale au milieu de chaque anse pachytène — aspect qui, d'après eux, est décisif en faveur de l'aboutement des chromo- somes. Parmi les botanistes la théorie de la métaconjugaison a trouvé dans ces derniers temps beaucoup de paitisans (Mottier igo7, igo8; Gates, igoS, igii; Digby, igio, igi2, igi4; Fraser et Snell, igii). De l'avis des métasyndétistes modernes (Farmer, Brunelli, Digby, Fraser et Snell et autres), leur interprétation aurait reçu maintenant une confirmation importante dans la découverte, à l'aide d'une technique microscopique plus perfectionnée, d'un clivage longitudinal de chromoso- mes télophasiques somatiques, par suite duquel chacun des chromosomes prophasiques apparaît dès le début comme composé de deux moitiés lon- gitudinales. Ce duplicisme des chromosomes devient invisible aux stades plus avancés de la prophase à cause du rapprochement plus intime des moitiés longitudinales, et il réapparaît à la métaphase. Constatant ainsi une grande ressemblance entre les images de la pro- phase somatique et celles de la prophase hétérotypique, les métasyndétistes ne peuvent admettre qu'un duplicisme si semblable puisse a^oir une signi- LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 41g fication fondamentalement différente dans ces deux sortes de prophases, et ils considèrent comme tout à fait prouvé que la fente, qui clive les chromo- somes en deux moitiés longitudinales à la télophase de la dernière division goniale, réapparaît à la prophase présynaptique (hétéroty pique). Il en ré- sulte que le parallélisme et le dualisme des éléments de la I« prophase n'ont rien de commun avec une paraconjugaison (conjugaison parallèle) des chro- mosomes. Dans les cas où, entre la dernière cinèse goniale et la prophase I de maturation, il n'y a pas de vrai stade de repos, les métasyndétistes assurent qu'ils sont parvenus à suivre la transformation immédiate des chromosomes clivés longitudinalement de la dernière télophase goniale en doubles chro- mosomes hétérotypiques (i). Les métasyndétistes soulignent que seule leur interprétation de la période méiotique s'harmonise bien avec ce qu'on observe dans les autres mitoses d'un même organisme, et dans cette facilité de trouver partout l'identité et l'harmonie ils voient un grand avantage de leurs opinions. Cette interprétation métasyndétique des processus de la maturation a rencontré une forte critique de la part des partisans de la paraconjugaison. Ainsi Grégoire (1904 igro), qui d'ailleurs admet aussi la préréduc- tion, nie tout à fait catégoriquement la genèse des gemini au moyen de la métaconjugaison et du - repliement -. Il reproche à certains métasyndé- tistes d'attacher trop peu d'attention aux stades qui précédent la formation des anses pachytènes, stades où, d'après son avis, il y a des preuves irréfu- tables de la genèse de ces anses aux dépens de deux éléments plus minces (leptonèmes) par un rapprochement parallèle. D'autres métasyndétistes ont le tort, d'après lui. de négliger ou de ne pas étudier suffisamment le stade strepsitène, alors qu'une analyse détail- lée de ce stade peut nous montrer que les moitiés longitudinales des anses pachytènes en se séparant, en se tordant l'une autour de l'autre, en se rac- courcissant et en se clivant, se transforment peu à peu en branches consti- tutives des chromosomes diacinétiques. En ce qui concerne la question de l'identification du duplicisme des (i; GoLuscHMiDT, déjà en 1906. a exprimé la supposition que les images de la prophase hé- térotypique, qu'on interprète en faveur de la conjugaison parallèle des chromosomes leptoténes, peuvent être expliquées tout simplement comme une formation des chromosomes qui depuis le com- mencement de leur différenciation sont déjà doubles à cause du précoce clivage longitudinal. Le duplicisme est ainsi seulement une expression de la future séparation équationnelle des moitiés longitudinales. 59 420 V. B. de BAEHR éléments, aux stades initiaux de la P prophase, avec le clivage longitudinal des chromosomes télophasiques de la dernière cinèse goniale, Grégoire admet que les dualismes prépachyténiques représentent non pas des éléments clivés par une fente longitudinale, mais une association parallèle deux par deux de minces filaments chromatiques indépendants. L'étude des objets favorables sous ce rapport (Alliiim) montre que chacun de ces minces filaments prend son origine dans une partie nucléaire qui correspond com- plètement à ce qui dans les mitoses somatiques forme, si Ton peut dire ainsi, le germe d'un chromosome et à cause de cela équivaut à un chro- mosome univalent somatique (i| De plus, Grégoire nie en général lexistence du clivage longitudinal des chromosomes télophasiques, et les images que les auteurs modernes (Brunelli, Dehorne, Digby, Fraser et Snell, et autres) prennent pour un tel phénomène, il les explique par une simple '^ alvéolisation ^ des chro- mosomes qui sont en train de reconstruire le noyau (2). ■ Comme nous lavons dit déjà plus haut, quand nous parlions de la métacopulation, nos recherches sur la spermatogenèse dans VApliis saliceti sont en contradiction avec les thèses des métasyndétistes, et cela reste vrai en ce qui concerne la métaconjugaison avec préréduction que nous discutons maintenant. Chez notre forme, après la dernière cinèse spermatogoniale, cinq chro- mosomes, tous de même dimension, entrent dans le noyau quiescent, et à la prophase hétérotypique nous trouvons trois éléments, dont deux sont dou- bles et un simple. Si on se met au point de vue métasyndétiste, la longueur égale de tous les éléments de la I^ prophase est inexplicable, de même que le duplicisme seulement de deux de ces éléments. En effet, si d'une part on admet un accolement bout à bout des chromosomes homologues, si d'autre part on regarde le duplicisme des éléments hétérotypiques comme identique à une (:) A. et K. E. Schreiner ont aussi décrit dans les Tomopteris, Salamandra, Myxine, la formation des filaments leptotènes présynaptiques en nombre diploidique aux dépens d'anses chro- mosomiques. Il en est de même de H. Davis (igoS) et Robertson (1908) pour les Orthoptères, WiLSON {1912) pour les Hémiptères, Bordas (igiS) pour le Sagitta. Il faut aussi mentionner ici les recherches de Vejdovsky (19)2) sur les Orthoptères. Chez le Desticus (cf) les filaments lepto- tènes se différencient directement des chromosomes de la dernière cinèse spermatogoniale par un gonflement et une dislocation de ces derniers. (2) L'alvèolisation des chromosomes a été décrite pour la première fois, par Grégoire, en 1903 (Trillium), 1906 (Allium), (Grégoire et Wygaekts igoS, Grégoire 1506); elle a été signalée auparavant par Eismond (1898) dans les chromosomes des cellules de segmentation chez l'Axolotl. LA SPERMATOGENESE ET LOVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 42I fente longitudinale de chromosomes somatiques, il semble qu'il en résulte- rait que les deux chromosomes bivalents doivent être deux fois plus longs que le troisième (i), et que tous les trois doivent être doubles (2). D'après les métasyndétistes-préréductionnistes, la P cinèse de matura- tion, en séparant les chromosomes entiers, diffère fondamentalement de toutes les autres mitoses malgré une apparente ressemblance, parfois même très frappante. A notre avis, il est évident que la prophase elle-même de cette cinèse, qui précisément prépare ce processus réductionnel, doit différer fondamentalement de toutes les autres prophases qui conduisent seulement à une division équation nelle des chromosomes. Aussi accordons-nous peu d'importance à l'argument, si souvent cité par les partisans de la métacon- jugaison, à savoir qu'au cas où des explications diverses seraient possibles pour les mêmes images de la I« prophase méiotique, c'est leur interpré- tation qui posséderait clairement l'avantage en ce qu'elle implique la res- semblance et le parallélisme entre la prophase hétérotypique et la prophase somatique dans un même organisme. En ce qui concerne enfin l'existence constante d'une fente transversale au milieu des anses pachytènes, décrite par Goldschmidt, Popoff, Wasi- LiEFF, BucHNER pour différents animaux et interprétée par eux comme une preuve morphologique d'une union métasyndétique de deux chromosomes univalents, les recherches d'autres auteurs sur les mêmes objets ou sur des objets voisins ne l'ont pas vérifiée. Il faut encore remarquer que Montgomery, un des fondateurs de la théorie de la métaconjugaison, dans son dernier travail (1911 ), après avoir réétudié plus fondamentalement la spermatogenèse dans V Euschistus, dé- crit maintenant pour cette forme la paraconjugaison et renonce tout à fait catégoriquement et loyalement à son ancienne opinion sur la - end to end conjugation -. 5. Préréduction après paraconjugaison prophasique. Après la dernière cinèse goniale, les chromosomes univalents subissent des changements plus ou moins radicaux et se transforment en minces fila- (i) Chez VAphis saliceti, on ne trouve rien qui puisse être envisagé comme indice» de la « contraction secondaire » au sens de Me Clung et Fakmer-Moore. (2) Aux prophases somatiques, d'après Vhypothèse que nous discutons, les moitiés longitu- dinales qui résultent de la division des chromosomes à la télophase précédente, se réunissent paral- lèlement et forment des chromosomes univalents. 422 V. B. de BAEHR ments chromatiques — les filaments leptotènes ou gamomites — qui, se rapprochant par paires, se conjuguent latéralement. Nous appelons para- conjugaison ce mode de conjugaison (i). Les gamomites, en s'associant intimement et se raccourcissant, forment des filaments plus épais — anses pachytènes. Dans la plupart des animaux les filaments leptotènes manifestent une orientation polaire très caractéristique : ils dirigent leurs deux extrémités libres vers le même pôle du noyau, butent contre la membrane nucléaire et prennent ainsi la forme d'anses voûtées laissant le pôle opposé du noyau libre d'éléments chromatiques (le stade du -^ bouquet mince "). Cette orien- tation en bouquet persiste plus ou moins longtemps dans les noyaux pa- chytènes (le stade du ^ bouquet épais -). Après, les anses pachytènes se séparent de la membrane nucléaire, perdent leur forme en arc et se disper- sent dans le noyau (- pachytène déroulé - Grégoire). Dans les végétaux les images claires du bouquet se trouvent beaucoup plus rarement, ce qui s'explique sans doute par une grande longueur des éléments et par la contraction synaptique plus forte qu'on observe à ces stades (Grégoire, igio) (2). (i) « Zygoténie » Grégoire, « side by side conjugation » Montgomery, « parasyndèse » Haeckek, « parasynapsis » Wilson. (2) l'eut-être ne serait-il pas inutile de rappeler que le ramassement des éléments de la pro- phase I en un peloton dense, qu'on décrit sous le nom de « contraction synaptique » (Grégoire) ou de « synizesis » (Me Clung), est regardé par certains auteurs (Moore iSgS, Farmer et Moore igoS, BovERi 1904, Morse 1909, Vejdovsky 1907, 1912, Schi.eip 1909, Jordan 1911, Miyaké igoS, OvERTON 1906, et autres) comme un phénomène vital tout à fait normal, tandis que les autres cyto- logistes (Me Clung 1900, 1902, Janssens 1901, iqo5, Meves 1907, Demoll 1912. et autres) voient dans cette contraction une chose artificielle, résultant d'une sensibilité très forte du noyau à l'égard des liquides fixateurs à ce stade. BovERi prête beaucoup d'attention au ramassement synaptique des éléments et y voit un stade auquel les chromosomes homologues, qui se trouvaient jusque là assez écartés l'un de Fautre, éprou- vent une attraction réciproque très forte, se cherchent mutuellement et s'apparient. Grégoire (1907, 1910) admet que même dans les objets où la contraction synaptique serait en partie naturelle, elle ne peut avoir d'autre signification que celle d'un phénomène accompagnant les processus de réduction, qui sont la chose essentielle. Cela résulte de ce que, dans certains objets, où on ne trouve pas le ramassement synaptique, les stades de réduction les plus importants sont, dans leur évolution, identiques à ceu.\ qui se déroulent dans les objets où se produit un tel ra- massement. Beaucoup d'auteurs, par malentendu, appellent faussement cette contraction « synapsis », tandis que le nom synapsis est donné par Moore (Moore iSci5, Farmer et Moore 1905) pour déterminer les processus, qui, à la prophase hétérotypique, mènent à la réduction numérique des chromosomes au moyen de l'association par paires des éléments préméioliques. Wilson, dans son mémoire de 1912. insiste très énergiquement Fur la nécessité de retenir pour le « synapsis n la première signifi- cation fi.\ée par Moore, et d'accord avec cela il nomme la paraconjugaison « parasynapsis » et la métaconjugaison « métasynapsis ». LA SPERMATOGENÈSE ET l'OVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAjOR 423 En ce qui concerne le mode de la réalisation de cette conjugaison laté- rale, il faut encore souligner certains points. Il y a ici deux types princi- paux, liés entre eux par des transitions. Le premier type, très répandu parmi les animaux et parmi les plantes, se caractérise par les traits suivants. Au commencement tout le réseau nucléaire se transforme en minces filaments leptotènes, et après seulement ces éléments, déjà tout à fait bien formés, en se rapprochant par paires, se conjuguent synchroniquement dans toute leur longueur ou, dans le cas d'une polarisation des éléments, l'association débute aux extrémités libres et avance le long des conjugants. Le second type se rencontre seulement chez les animaux et il diffère du premier par le fait qu'ici les filaments lep- totènes commencent la conjugaison alors qu'ils ne sont pas encore tout à fait formés sur toute leur longueur; le rapprochement des éléments qui vont s'associer débute à un pôle, tandis que le reste du noyau est rempli encore du réseau nucléaire. Au fur et à mesure que de ce réseau se différen- cient de nouvelles parties des filaments leptotènes, elles conjuguent et prolongent ainsi les anses pachytènes qui s'en forment. Certains auteurs — paraconjuguistes (Strasburger 1904, igo6, Over- TON igo5, 1909, Rosenberg 1904, 1907, 1909, et autres) établissent surtout pour les plantes pauvres en chromatine encore un troisième type particulier avec les •' prochromosomes - (i). D'après leurs descriptions, les no\'aux cytaires au repos montrent les prochromo.somes en nombre diploï(li(|ue et même, très souvent, ceux-ci (i) Le terme i< prochromosomes » a été introduit pur Overton (igo5), pour déterminer dans les noyaii.x quiescents les corps chromatiques qui, d'après les botanistes Strasburger. Miyakk, Overton lui-même, Rosenberg, D.wis et autres, représentent des parties de chromosomes qui ne sont pas entrées dans le réseau nucléaire. L'e.ïistence des « prochromosomes » dans les noyau.x au repos doit prouver la survivance des chromosomes d'une génératim des noyau.x à l'autre et servi- rait ainsi de confirmation morphologique de la théorie de l'individualité des chromosomes. De sem- blables prochromosomes ont été constatés aussi chez certains animaux. Ainsi Farmer et Moore (içoS) les trouvent chez le Periplaneta americana, Mooke et Embleion (1906) chez le Triton, et ces derniers auteurs nous disent, p 558 : « and we may say without reserve that fheir présence at ail stages of rest between the successive premeiotic divisions seems to conclusivcly prove the permanence of the chromosomes from one cell génération to another ». n faut pourtant tout de suite remarquer que telle opinion sur le rôle des prochromosomes ne peut pas avoir une valeur générale et que jusqu'à présent dans la littérature il y a encore une grande divergence de vues en ce qui concerne la genèse et la signification de ces corpuscules. Par ex. Grégoire (1907), Tischj.er (1906), Laibach (1907), Mottier (1907, 1909), Gates (igoK), DiGBY (1904) et autres, qui ont étudié ces formations dans les noyaux somatiques et sexuels des cellules végétales, les regardent non pas comme des représentants des chromosomes, mais seulement comme des agglomérations chromatiques, qui déjà, d'après leur nombre inconstant et d'après leurs dimensions et leurs formes variables, ne peuvent pas correspondre aux chromosomes. 424 V. B. de BAEHR sont dès le commencement disposés par paires. Ensuite à partir de ces pro- chromosomes, il se produit peu à peu une transformation du réseau nucléaire en filaments minces qui sont donc eux aussi disposés par paires dès le moment de leur différenciation. Les filaments minces (gamomites) ainsi appariés se rapprochent intimement et donnent des anses pachytènes (zygomites) Des phénomènes du même genre sont décrits aussi par Arnold (1909) dans la spermatogenèse de VHydrophilus piceiis. Après la dernière cinèse spermatogoniale et la reconstruction du noyau, les chromosomes télophasi- ques, au lieu de se décomposer en un réseau nucléaire, prennent la forme de masses chromatiques irrégulières. Ces masses chromosomiques en nombre diploïdique s'arrangent bientôt en paires, et chacune de ces paires donne naissance à un geminus. Les gemini montrent naturellement le nombre haploïdique. Dans beaucoup d'objets, le duplicisme des anses pachytènes devient quelque temps indistinct, mais bientôt chaque anse apparait de nouveau double par la séparation longitudinale des paraconjugants qui la forment (" dédoublement longitudinal - Grégoire). Ainsi les éléments bivalents, tant au commencement qu'à la fin du stade pachytène, montrent toujours un duplicisme net. La fente longitudinale qui marque ce duplicisme représente la ligne de démarcation entre les conju- gants-univalents (qui sont en train de se rapprocher ou de se séparer) et non pas un clivage longitudinal d'éléments univalents. L'apparition nette du duplicisme (dédoublement longitudinal) est le début d'un stade pendant lequel les paraconjugants, manifestant une grande indépendance l'un envers l'autre, s'entrelacent largement et forment de longs rubans doubles, nommés par Dixgn, à cause de leur ressemblance avec une tresse ou une chaîne, des anses strepsitènes (" diplotènes " Winiwar- ter). En suivant l'évolution des éléments strepsitènes depuis le dédouble- ment longitudinal jusqu'au stade de la diacinèse, on peut observer dans beaucoup d'objets très distinctement que les gamomites, en s'entrelaçant, s'épaississant, se raccourcissant et parfois en se clivant longitudinalement, transforment les anses pachytènes en chromosomes diacinétiques de formes et de dimensions variées. Nous nous arrêterons ici seulement sur les figures diacinétiques les plus typiques. Si les conjugantsse trouvent disposés parallèlement l'un à l'autre, les chromosomes diacinétiques bivalents (gemini) ont l'air de bâtonnets longi- tudinalement clivés. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 425 Si les conjugants sont collés par leurs deux bouts et séparés largement au milieu, il en résulte des anneaux, et si en même temps ils s'entrelacent réciproquement — des figures en huit ou des chaînes se forment. Si les conjugants sont agglutinés seulement par un de leurs bouts et que leurs extrémités libres divergent, nous observons des V ; ces dernières fi- gures donnent l'impression de bivalents, dans lesquels les univalents se se- raient unis en syndèse; seule une étude détaillée de leur genèse montre qu'aux stades précédents c'est une paraconjugaison qui a eu lieu. Ces figures en V peuvent élargir leur angle jusqu'à iSo°, et alors un conjugant se trouve en ligne droite sur le prolongement de l'autre. Les conjugants manifestent parfois déjà à la diacinèse un clivage longi- tudinal, et cela complique beaucoup la structure des figures. Ainsi, par ex., dans le dernier cas que nous venons de discuter, si le clivage longitudinal des conjugants a eu lieu, le chromosome bivalent se montre constitué de quatre parties — "la tétrade-bâtonnet -. — Si dans une tétrade-bâtonnet les chromosomes-filles de chaque conjugant divergent là où les conjugants se touchent, il se forme une tétrade-croix. Quand approche le moment de la première métaphase, les chromoso- mes diacinétiques subissent une condensation graduelle qui, souvent, voile leur structure compliquée : la fente longitudinale de chacun des conjugants, de même que la lumière des anneaux, s'oblitèrent, et les chromosomes dé- finitifs prennent peu à peu l'aspect d'éléments lisses et homogènes. Il arrive pourtant des cas où les chromosomes hétérotypiques se disposent dans la plaque équatoriale de la I" mitose en retenant encore leur ancienne forme si caractéristique de croix, d'anneaux, etc., et grâce à cela on peut constater que la I<^ cinèse de maturation accomplit la séparation des deux composants d'un geminus diacinétique. La première mitose de maturation représente ainsi un processus rédactionnel . Pendant la seconde mitose, les chromoso- mes univalents se divisent équationnellement. D'après les parasyndélistes, il faut voir la préparation à cette division dans la fente longitudinale des conjugants à la diacinèse. La différence fondamentale entre l'interprétation parasyndétique et l'interprétation métasyndétique consiste dans la valeur attribuée à la fente longitudinale de l'anse pachytène. La première interprétation voit dans cette fente non pas un clivage longitudinal d'un chromosome, mais une ligne de démarcation de deux chromosomes somatiques, associés latérale- ment, le vrai clivage des paraconjugants univalents ne se produisant que 426 V. B. de BAEHR plus tard, à la diacinèse, ou même encore seulement à l'anaphase I. Au contraire, d'après la seconde interprétation le duplicisme de chaque anse pachytène représente le vrai clivage le long de deux chromosomes somati- c|ues aboutés, et par conséquent il est homologue au clivage simple des chromosomes dans les prophases somatiques. La limite entre les deux chro- mosomes conjugués, d'après cette interprétation, passe transversalement au milieu de l'anse pachytène. Pour les parasyndétistes, comme pour les métasyndétistes, il ne faut pas attacher grande importance au point de savoir quelle position occupent, l'un par rapport à l'autre, les conjugants qui forment un geminus aux stades prépach3'tènes ou aux stades post-pachytènes. Ainsi, par ex., chez le Batra- choseps, d'après Janssens, qui admet pour cette forme la paraconjugaison, la transformation du réseau nucléaire en filaments leptotènes commence à un pôle du noyau, et les filaments naissants sont dès leur apparition joints par paires dans leurs extrémités (- noyau amphitène - Janssens, igo5). Au tur et à mesure que la différenciation des autres parties des conjugants aux dé- pens du reseau nucléaire continue, la formation des anses pachytènes avance de plus en plus, et enfin le noyau nous montre des images typiques du stade pachytène. En ce qui concerne les stades post-pachytènes, d'une part les parasyn- détistes ne contestent pas que les univalents, qui forment le geminus, peuvent s'y trouver en association métasyndétique, s'ils restent en contact par un de leurs bouts et divergent à l'autre extrémité, mais c'est un phéno- mène ivco^t/tî/re; d'autre part les métasyndétistes décrivent les chromoso- mes diacinétiques, dans lesquels les conjugants se trouvent en association parasyndétique, notamment dans les cas où l'anse pachytène se rompt au niveau de l'aboutement métasyndétique et où les univalents se rapprochent parallèlement " secondary looping t-. Ainsi, nous le répétons encore une fois, parce que c'est très important — et que malheureusement beaucoup de cytologistes ne s'en rendent pas encore assez compte, — pour les deux interprétations il n'y a pas d'impor- tance à observer comment les conjugants sont associés aux différents stades de la prophase synaptique, mais le seul point décisif est la manière dont ils sont associés dans Y anse pachytène - ^ side to side « ou -^ end to end ». L'initiateur de la théorie de l'association latérale de deux filaments minces leptotènes en une anse pachytène et du clivage de cette dernière (au stade diplotène) le long de la ligne de contact des filaments joints, est LA SPERMATOGENÈSE ET LOVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 427 WiNiwARTER. C'est lui qui en igoi pour la première fois a proposé cette interprétation comme la plus probable, pour expliquer l'apparition du nom- bre réduit de chromosomes à la première prophase de maturation dans l'ovogenèse chez le lapin et chez l'homme. WiNiwARTER a étudié dans ses objets l'évolution des chromosomes' seulement jusqu'au stade dyctié, et par conséquent il a laissé inexpliqué le sort ultérieur des gémini. Dans son travail suivant, en collaboration avec Sainmont (Winiwarter et Sainmont, 1909), sur l'ovogenèse dans le chat, il renonce à sa première opinion, considérant la conjugaison parallèle comme une association tem- poraire des univalents, et, suivant en cela Vejdovsky et Bonnevie, il y voit maintenant une fusion définitive des univalents en un nouvel élément — le ' mixochromosome " (i). Le schéma complet de la préréduction après la paraconjugaison dans la forme que nous venons de donner, nous le devons, d'une part, à Grégoire (1904) et à Berghs (1904), qui l'ont décrit pour les plantes (Alliitm fistiilo- siim), et, d'autre part, à A. et K. E. Schreiner (1904, 1906), qui l'ont donné pour les animaux (Myxine ghitinosa, Tomopteris oniicifoimis). Après l'apparition des travaux de ces auteurs, toute une série de cyto- logistes a accepté la même interprétation des processus de maturation pour d'autres objets. Ainsi parmi les recherches des zoologistes nous devons citer celles de Maréchal (1904, 1905, 1907) sur les poissons (sélaciens et télé- ostéens), sur les tuniciers et sur Y Aniphioxus, celles de Lerat (i9o5) sur les Copépodes (Cyclops sh-enuus), celles de Janssens (igo5) sur les Amphibiens (Batrachoseps attenuatus), celles de Grégoire et Deton (1906) sur les Poly- (i) Wassermann (igi3). rappelant que nous avons observé chez Y Aphis saliceti ( O* ) à la prophase méiotique, à côté de deux « chromosomes », composés chacun de deux bâtonnets parallèles largement écartés, tin chromosome simple (monosome), lâche d'affaiblir l'appui que nous avons trouvé dans ce fait en faveur d'une conjugaison parallèle, et à cet effet l'auteur se base sur la constatation, faite expressément par nous, que parfois à la diacinése le troisième chromosome simple montre un faible indice d'une fente longitudinale. Cela nous semble être vraiment un malentendu, parce que tous les parasyndétistes admettent à la diacinése la possibilité d'un clivage des conjugants univa- lents, et c'est de cela que dérive le nom de » tétrades » qu'on aime à donner aux chromosomes diaci- nétiques. Les Schreiner ont décrit, même encore avant la diacinése, le clivage dos éléments univa- lents conjugués. D'ailleurs, Wassekmann cite seulement notre mémoire de igog. Dans cette publication, comme dans celle de igoS, nous avions pour but d'exposer surtout les relations qui existent entre le sexe et les chromosomes, et comme l'existence d'une pseudoréduction nous apparaissait avec une évidence complète, nous ne nous sommes pas arrêté en détail sur le moie de l'apparieraent des chromosomes homologues. C'est dans le mémoire de igio et surtout dans celui de 1912 que nous avons abordé à fond cette question, en nous basant sur un plus grand nombre de figures C'est ce travail qu'aurait dû discuter Wassermann. GO 428 V. B. de BAEHR chètes (Ophryotrocha pu erilis), celles de A. et K. E. Schreiner (igo5-igo8) sur les poissons (Spiiiax niger), sur les Amphibiens (Salamatidra inaculosa), sur les Polychètes (Ophryotrocha puerilis) , celles de Schleip (igoô, iqoj] sur les Planaires (Plauaria gonocephala), celles de Baehr (igiS) sur les Archiannélides (Saccocirrus majorj, et de beaucoup d'autres. Même pour les insectes, où la métasyndèse, décrite par Montgomery et confirmée par de nombreuses recherches en Amérique et en Europe, semblait être tout à fait sûre, on vit paraître ces derniers temps des travaux qui plaident en faveur d'une préréduction après paraconjugaison ; Baehr (igoS- igi2) l'admet pour les pucerons [Aphis saliceti), Debaisieux (igog) pour les Coléoptères (Dytiscits luarqinalis), Montgomery lui-même (191 1) pour les Hémiptères hétéroptères (Eiischistits) et Wilson (igi2), quoique avec certaines réserves, aussi pour les Hémiptères hétéroptères (Oncopeltus fascialus et Liganis bicrucis). Parmi les botanistes le schéma de Grégoire (igo4— igio)a été accepté par les savants suivants: Rosenberg (igo5 — igog), Strasburger (igo5 -igog), Miyaké (igo5), Yamanouchi (igoB, igio), LiTARDiÈRE (igi2), et d'autrcs pour différentes plantes. 6. Parthénogenèse et préréduction après paraconjugaison. L'obstacle le plus sérieux contre l'adoption et la généralisation du type parasyndétique de la préréduction se trouvait jusqu'il y a quelque temps dans les conditions chromosomiques décrites pour la parthénogenèse. Com- me on sait, il paraissait tout à fait établi que, dans la plupart des formes parthénogenétiques, les œufs subissent seulement la j7re772/(?re cinèse de ma- turation et retiennent le nombre complet de chromosomes. Ces faits, d'une part, étaient utilisés par les partisans de la postréduction comme une con- firmation éloquente de leur thèse générale; d'autre part les mêmes faits ont forcé beaucoup de préréductionnistes à faire des concessions. Ainsi, même A. et K. E. Schreiner, fondateurs de la théorie de la préréduction après paraconjugaison, chez les animaux, quoiqu'ils attribuent d'une façon tout à fait catégorique à la I^cinèse de maturation le rôle d'une division réduction- nelle chez toutes les formes à reproduction sexuelle typique, admettent néanmoins pour les œufs parthénogenétiques la postréduction et ajoutent que celle-ci généralement ne parvient pas à se réaliser, la H^ cinèse étant abortive. -^ Wlihrend das "Vorkommen dieser sog. •' Postreduktion - bei kei- nem Objekte mit typischer geschlechtlicher Fortpflanzung als unwiderlegbar bewiesen angesehen werden kann, scheint bei mehreren sich parthenogene- LA SPERMATOGENESE ET LOVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 429 tisch entwickelnden Eiern die I. Reifungsteilung eine ^quationsteilung zu sein, wâhreiid die gewohnlichi abortive IL Teilung die Reduktion bewirlit « (igo6, p. 54). Une autre difficulté plus grave encore, fournie par la parthénogenèse contre l'acceptation du schéma parasynaptique, consistait dans le fait qu'à la prophase de maturation dans les œufs parthénogenétiques, cjui expulsent seulement un globule polaire et retiennent le nombre somatique de chro- mosomes, certains auteurs (Kûhn, Cladocem, Schleip, OstracodaJ ont dé- montré des structures identiques à celles qui caractérisent la prophase synaptique des œufs qui exigent la fécondation, et qui dans ce dernier cas s'interprètent en faveur de la paraconjugaison (leptotène, zygotène, pachy- téne, diplotène ou strepsitène). — Cette ressemblance empêche de regarder ctes aspects comme une expression morphologique des processus qui mènent à la réduction de la chronmtine. Les adversaires de l'association parallèle des chromosomes homologues s'appuient là-dessus pour condamner défini- tivement cette interprétation (Goldschmidt, igo8, Kemnitz, igiS, "Was- SERMANN, igi3). Nos recherches sur l'ovogenèse dans les générations parthénogenétiques de VApliis palmœ enlèvent toutes ces difficultés. Les structures synaptiques qu'on y observe à la prophase conduisent vraiment à la formation de gé- mini caractéristiques, en nombre réduit, mais à la diacinèse ces gémini bi- valents se décomposent en leurs composants univalents, et par cette sorte de r déconjugaison - le nombre somatique de chromosomes se rétablit. Puis vient la période d'accroissement des oocytes, qui est suivie de l'unique cinèse de maturation, pendant laquelle les univalents se divisent équationnelle- ment. La décomposition des chromosomes diacinétiques doubles en un nombre diplo'ïdique de chromosomes simples peut être comparée à la première cinèse méiotique dans les cellules sexuelles mâles ou dans les œufs d'hiver, où se réalise, comme il est établi, une semblable dissociation des chromo- somes homologues qui forment les gémini. La différence principale consiste seulement en ceci, que dans les œufs parthénogenétiques de VAphis paUmv fait défaut le mécanisme pour transporter aux pôles opposés les univalents dissociés et aussi pour diviser le corps protoplasmique de la cellule; — la conséquence en est le retour au nombre diplo'ïdique de chromosomes et la formation pendant l'ovogenèse d'un unique polocyte. Après la décom- position des chromosomes diacinétiques en leurs composants, c'est-à-dire •43o V. B. de BAEHR après l'acte de la déconjugaison des chromosomes homologues, l'oocyte, en ce qui concerne son degré de maturation chromatique, doit être envisagé comme un oocyte de second ordre. Il en résulte que la période du grand accroissement des oocytes dans l'ovogenèse parthénogenétique des pucerons a lieu à l'intercinèse, et que la seule mitose de maturation qui s'y réalise correspond à la seconde division de maturation et non pas à la première (i). Comme nous voyons, le cours de l'ovogenèse dans les générations par- thénogenétiques de Y Aphis palmœ s'harmonise bien avec nos opinions sur le mécanisme de la réduction au moyen de la paraconjugaison des chromo- somes homologues au stade leptotène, de la déconjugaison de ces élém.ents à la première cinèse de maturation (division réduction nelle) et du clivage de ces univalents dissociés en moitiés longitudinales à la seconde cinèse (division équationnelle). Il faut d'ailleurs s'attendre à ne pas rencontrer dans l'ovogenèse de tous les œufs parthénogenétiques les stades caractéristiques de la vraie prophase synaptique. Ces stades, destinés dans les cas normaux à réaliser la réduc- tion chromatique, ont perdu dans les œufs parthénogenétiques, qui doivent retenir le nombre normal de chromosomes, toute leur raison d'être et repré- sentent seulement une réminiscence phylogenétique : cela s'accorde d'ail- leur avec l'opinion acceptée généralement que la parthénogenèse chez les animaux est dérivée du mode sexuel de reproduction. Étant donnée la grande plasticité des processus cytologiques, l'œuf par- thénogenétique, pour atteindre un si grand but que le maintien dans son noyau des deux séries d'éléments équivalents, peut, pour ainsi dire, s'enga- ger dans différentes voies. Il peut petit à petit se délivrer des traditions ou tout de suite -■ brûler les étapes ". En tout cas théoriquement nous devons attendre de trouver dans les différents œufs parthénogenétiques des degrés différents de la survivance des réminiscences synaptiques. Ainsi par ex. les oocytes de V Aphis palmœ montrent encore à la prophase de maturation des tendances hétérotypiques bien nettes, et ce n'est qu'à la diacinèse que se fait par dissociation des gémini en leurs composants le retour à la mitose somatique. Au contraire, c'est la disparition déjà complète des traditions synaptiques qu'on observe chez les Pemphigines, en particulier chez le Pemphigiis piriformis, connu par sa fécondité énorme. Dans ce puceron les processus de l'ovogenèse se déroulent excessivement vite, et, malgré des (i) Dans Tovogenèse des œufs qui exigent la fécondation, la seconde cinèse de maturation représente la dernière étape des processus de maturation. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 43l études très minutieuses, nous n'avons même pas trouvé trace des aspects caractéristiques de la propliase syiiaptique. Beaucoup d'auteurs, surtout Boveri (i8go) et Korschelt et Heider, (igo3), ont marqué les grandes difficultés théoriques que présentent à leur avis les cas de parthénogenèse à une seule mitose de maturation, si on tient compte du fait qu'ici ce n'est pas l'œuf mur définitif qui commence le dé- veloppement embryologique, mais une cellule sexuelle de la génération cel- lulaire antérieure — Toocyte de second ordre. L'interprétation que nous avons donnée des structures observées dans l'ovogenèse de VAphis palmcv nous semble enlever cette difficulté. En effet, la seule cinèse de maturation que nous y trouvons ne correspond pas à la première, mais à la seconde cinèse (la dernière étape dans les processus de maturation); la première cinèse (réductionnelle), qui manque ici, a son équi- valent dans la déconjugaison des chromosomes du noyau diacinétique. Nos lecteurs trouveront une discussion plus complète de cette question dans notre mémoire » Recherches sur la maturation des œufs parthénoge- nétiques dans VAphis palmœ •-, qui est prêt pour l'impression (i). Il faut encore ajouter qu'avec les relations chez V Aphis palmœ shar- monisent très bien les données de Meves sur la spermatogenèse de l'abeille {Apis mellifica). Quoique Meves lui-même, en adversaire militant de la théorie de l'individualité des chromosomes, nie catégoriquement l'existence d'une dif- férence quelconque entre les mitoses de maturation et les mitoses somati- ques, néanmoins ses résultats, à notre avis, étayent solidement à la fois la théorie de l'individualité des chromosomes et le schéma de réduction admis par nous — paraconjugaison et préréduction. Les faux-bourdons, comme on sait, se développent d'œufs non fécondés qui ont subi deux cinèses de maturation et possèdent à cause de cela seule- ment la moitié du nombre normal de chromosomes. Pour nous, qui croyons à l'individualité des chromosomes et admettons la préréduction, nous ne pouvons vraiment, sans construire des hypothèses additionnelles, nous représenter pour la spermatogenèse de cette forme la possibilité d'une cinèse de maturation qui serait homologue de la première dans les cas normaux, puisqu'elle devrait, d'après notre schéma, être ré- (i) Les résultats sur Tovogenèse de VAphis palmœ ont été publiés en polonais dans les Annales de la Société des Amis des Sciences, à Vilno, igiS — igi8, vol. 6 Le mémoire en français se trouve actuellement à l'impression dans La Cellule, vol. XXX (Note de l'auteur, 25-7-1920.) 432 V. B. de BAEHR ductionnelle. Et voilà pourquoi, étant donné que le nombre haploïdique de chromosomes se trouve dans les cellules somatiques et dans les sperma- togonies, il est superflu que dans les spermatocytes des faux-bourdons le nombre se réduise. D'autre part, pour nous le mécanisme même de la vraie division réductionnelle n'est concevable qu'en présence de deux séries de chromosomes homologues; or, ici, nous n'avons qu'une série de chromoso- mes univalents qui n'ont pas de partenaires pour se conjuguer et former des gémini. Les très intéressantes recherches de notre adversaire Meves, sur la spermatogenèse dans l'abeille, confirment complètement ces considérations et conclusions théoriques. La première cinèse de maturation y est suppri- mée ou plutôt elle se limite, après certains préparatifs, à l'expulsion seule- ment d'un petit globule protoplasmique, sans que la division du noyau ait lieu (i). Dans les générations parthénogenétiques de r^/»Az'5/7a/?«^r, l'œuf, en changeant juste à temps le mécanisme de la pretuicre mitose de maturation, empêche la réduction chromatique et par l'acte de la déconjugaison rétablit le nombre diploïdique de chromosomes. L'œuf parthénogenétique garde ainsi les relations chromosomiques telles qu'elles ont été créées au commen- cement du cycle de la reproduction par la fécondation de l'œuf d'hiver et assure le développement normal des formes parthénogenétiques de généra- tion en génération. Dans la spermatogenèse de VApis mellifica la première cinèse de matu- ration, réductionnelle, n'existe pas pour les noyaux des spermatocytes. Ces noyaux en subissant seulement la seconde cinèse, équationnelle, garantis- sent aux spermatozoïdes le nombre haploïdique de chromosomes. De telle manière, dans les deux cas de parthénogenèse que nous ve- nons d'analyser, la régulation des relations chromosomiques, si nécessaire pour sauver la viabilité des cellules sexuelles, se montre liée avec la pre- mière cinèse de maturation. Cela est tout à fait d'accord avec nos notions des processus méiotiques et apporte, pour sa part, une confirmation de la thèse que, dans les conditions normales, c'est la première cinèse de matura- tion et non pas la seconde qui est une division réductionnelle, prédestinée à séparer les chromosomes conjugués. {ij De semblables relations ont été aussi décrites pour les Guêpes et les Fourmis par Meves et DuESBERG, Lams, Cravata, Doncaster, Armbkustek. La spermatogenèse et l'ovogenèse chez le saccocirrus major 433 C. La théorie de la chiasmatypie. Le type de la piéréduction après paraconjugaison a reçu une certaine modification de la part de Janssens (190g), dans sa théorie de la chiasma- typie. D'après Janssens, les principales raisons qui l'ont engagé à reviser son opinion antérieure (igoS) sur le mécanisme de la réduction et à se remettre à une étude plus soignée des cinèses méiotiques, ont été les suivantes. 1. Pourceuxqui admettent le schéma hétéro-homéotypique, il est bien difficile d'assigner une signification aux entrelacements si caractéristiques et si généraux des conjugants aux stades strepsitènes et diacinétiques. Si cela ne doit aboutir qu'à séparer deux chromosomes, c'est un mince résul- tat pour des eff"orts de plusieurs semaines et parfois de plusieurs mois. 2. Une autre énigme qui se dresse devant ces auteurs, c'est la pré- sence, pendant la maturation, de deux cinèses au lieu d'une seule, ce à quoi on devrait s'attendre, si l'on admet qu'une seule de ces deux mitoses effectue la séparation des conjugants. La seconde cinèse parait donc être une super- fétation. D'autre part, est-ce qu'il ne serait pas plus raisonnable de conclure que si pendant la période de maturation une cellule sexuelle donne quatre y tides " et pas deux, c'est que ces derniers doivent avoir chacun quelque chose de particulier, et que la seconde cinèse prend part, elle aussi, à la répartition diflerentielle de la substance chromatique. 3. La théorie de la paraconjugaison et de la préréduction donne une explication intéressante de la loi de Mendel, mais elle reste incomplète, parce qu'il y a des cas où le nombre de caractères allélomorphiques com- plètement dissociables dépasse celui des paires de chromosomes distincts. De longues et minutieuses recherches sur le Batrachoseps atteiuiatus et sur diverses espèces de tritons ont amené Janssens à la conclusion sui- vante. Aux stades strepsitènes et diacinétiques les chromosomes conjugués, en s'entrelaçant plus ou moins intimement, se pénètrent mutuellement : aux points de croisement ils se brisent transversalement et les segments, en s'échangeant, se resoudent en chromosomes nouveaux. Les chromosomes, qui se séparent pendant la L cinèse méiotique, ne sont plus identiques aux univalents qui sont entrés en conjugaison. — De plus, dans les amphi- biens étudiés par Janssens, les paraconjugants univalents qui forment un bivalent diacinétique sont clivés longitudinalement. Il arrive souvent 434 V. B. de BAEHR qu'aux points de croisement, la fente transversale coupe dans chaque partenaire seulement une seule moitié longitudinale, et de cette manière l'échange des segments et la soudure secondaire se produisent non pas entre les parties de deux moitiés longitudinales de chaque univalent en- roulé, mais ces processus sont limités seulement aux parties d'une moitié longitudinale de chaque conjugant. Dans les cas où les partenaires échangent entre eux seulement les segments d'une de leurs moitiés, les deux mitoses de maturation, en ce qui concerne le même chromosome définitif, sont en partie réductionnelles, en partie équationnelles. Voilà pourquoi se produisent deux cinèses de matu- ration et non pas une seule. De plus, il s'ensuit que quatre spermatozoïdes issus d'une même sper- matogonie peuvent être dans leur constitution chromatique loiis différents. Enfin, la théorie de la chiasmatypie, admettant un tel échange des segments entre les chromosomes conjugués, donne une explication facile de ces cas mendéliens, où il y a un plus grand nombre de caractères allélo- morphiques qu'il n'y a de paires de chromosomes homologues. Sans nous hasarder à discuter les observations de Janssens, qui nous paraissent bien précises, nous nous permettons cependant de faire quelques remarques au sujet des raisons théoriques que l'auteur fait valoir contre les théories actuelles et en faveur de la chiasmatypie. Comme nous l'avons dit plus haut, Janssens, se basant sur le fait que la maturation comporte deux cinèses par lesquelles une gonie donne 4 tides (dans l'ovogenèse 3 abortives), trouve insuffisant a priori de se borner à admettre le dimorphisme de ces derniers, comme le font la plupart des cytologistes modernes, mais dit qu'on doit s'attendre à trouver un tétra- morphisme, selon le nombre 4 de cellules tidaires. Or, chez les formes à hétérochromosomes (les insectes, les vers, les vertébrés), c'est le dimorphisme morphologique des spermatozoïdes qui existe - dimorphisme qui est en relation causale avec le dimorphisme des sexes. Dans la spermatogenèse des Aphides, où devraient se former aussi deux sortes de spermatozoïdes, les uns munis, les autres dépourvus de l'hétéro- chromosome, comme on sait, les petits spermatocytesde 11^ ordre, dépourvus d hétérochromosome et de mitochondries, dégénèrent avant de donner les spermatides; seuls les grands spermatocytes de 11^ ordre avec l'hétérochro- niosome et avec les mitochondries sont capables d'atteindre leur dévelop- La spermatogenèse et l'ovogenèse chez le saccocirrus major 435 pement définitif et de fournir des éléments fonctionnels qui, en fécondant les œufs, donnent toujours ;(;/ seul et même sexe, à savoir des femelles. En d'autres termes, dans les cas où d'une spermatogonie se forment quatre spermatozoïdes fonctionnels, on distingue morphologiquement deux sortes de ces éléments (i). Selon les deux classes des spermatozoïdes, lesœufs fécondés donnent ici l'un ou l'autre sexe. Au contraire, dans les formes où une spermatogonie produit seulement deux spermatozoïdes fonctionnels, parce qu'après la I^ cinèse de maturation une sorte de spermatocytes de II'' ordre dégénère, tous les œufs fécondés donnent toujours le même sexe (cf ). Il en résulte que des deux cinèses de maturation dans la spermatogenèse une seu- lement est responsable du dimorphisme et l'autre laisse intacte la constitu- tion donnée et multiplie seulement équationnellement le nombre de cellules sexuelles définitives. Ce que nous avons dit concerne seulement les hétérochromosomes et les déterminants sexuels, mais par analogie nous pouvons admettre la même chose pour les autres chromosomes et pour les autres caractères men- déliens. Tout cela nous oblige à une certaine réserve envers les ^ à priori " théoriques que Janssens élève contre le dimorphisme et qui lui semblent exiger le tétramorphisme pour les cellules sexuelles définitives. D'autre part, comme nous l'avons déjà mentionné, nous sommes d'ac- cord avec Janssens pour admettre que pendant la prophasc hétérotypique les composants d'un géminus peuvent s'influencer réciproquement, échanger leurs substances, et que de cette façon les chromosomes, qui se séparent à la mitose réductionnelle, ne sont plus tout à fait identiques à ceux qui sont entrés en conjugaison. Morgan et ses élèves ont admis, de leur côté, une sorte de chiasmaty- pie, à vrai dire assez différente de celle qu'a proposée Janssens. Mais comme l'interprétation de Morgan ne fait guère appel à des constatations cytologiques et se fonde presque exclusivement sur des raisonnements très subtils à propos d'expériences mendéliennes, nous ne sommes pas à même de discuter en ce moment l'intéressante hypothèse de l'éminent professeur de New-York. (i) Généralement dans la spermatogenèse le dimorphisme chromosomique commence depuis la le cinèse de maturation. Il y a pourtant certaines formes, chez lesquelles, pour les hétérochromo- somes, la le cinèse est équationnelle et la Ile réductionnelle. Naturellement cela ne change rien au fait même du dimorphisme des cytes. Gl 436 V. B. de BAEHR D Interprétation de la réduction numérique par les adversaires de la théorie de l'individualité des chromosomes. Pour les cytologistes qui nient l'individualité des chromosomes, la question de savoir comment pendant la maturation des cellules sexuelles s'accomplit la réduction du nombre de chromosomes n'existe pas, au moins dans le sens que nous attribuons à ce problème. D'après leur opinion, les chromosomes de la dernière cinèse goniale, en se dissolvant en un réseau nucléaire homogène, perdent, comme dans chaque noyau en repos, leur individualité. A la prophase hétérotypique qui suit, la chromatine du noyau s'organise non pas en un nombre normal d'éléments, mais en un nombre réduit de moitié; — c'est là, dit-on, un fait avec lequel nous devons comp- ter, mais à l'explication duquel il ne faut pas même penser, parce qu'il est inexplicable. En d'autres termes, à la I^ prophase de maturation, il n'y a ni conjugaison, ni copulation de chromosomes homologues, mais formation d'un spirème hétérotypique qui, d'après son origine et d'après sa significa- tion, est' identique à n'ir.:portc quel spirème somatique, mais se tron- çonne en un nombre réduit de segments; de cette façon, la réduction numé- rique des chromosomes se réalise, dés ce stade, définitivement. Dans cette interprétation, le duplicismc des éléments de la prophase hétérotypique est complètement homologue au clivage précoce des chromo- somes d'un noyau somatique, et il en résulte que la I^ cinèse de maturation aussi bien que la 11'= séparent non. pas des chromosomes entiers, mais de vraies moitiés longitudinales. Les plus sérieux défenseurs de cette interprétation des processus ma- turatifs sont à l'heure actuelle Fick, Meves et Duesberg. Nous nous arrêterons ici brièvement sur les arguments dont ils ap- puient leur thèse générale, qu'en principe il n'y a pas de différence entre les mitoses de maturation et les mitoses somatiques. Fick (1907), qui a étudié la transformation du réseau nucléaire en chromosomes hétérotypiques dans le Tomopteris onisciformis sur les pré- parations elles-mêmes qui avaient servi à A. et K. E. Schreiner, pour établir la préréduction après paraconjugaison, a obtenu les résultats sui- vants. Les aspects, où les parasyndétistes voient une association parallèle de chromosomes, n'ont pas du tout cette portée. L'analj'se microscopique lui a montré que le parallélisme des minces filaments chromatiques (lepto- nèmes) est seulement accidentel ou apparent; qu'il est impossible d'établir LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRKUS MAJOR 437 leur nombre et, ce qui est le plus important, qu'un ruban pachytène („ Chro- matinbalken ") peut provenir non pas seulement de deux filaments minces, comme l'exige la paraconjugaison, mais de plusieurs filaments de ce genre. " Der unbefangene Beobachter wird aus den Praparaten und Bildern, glaube ich, nur den Eindruck gewinnen konnen, dass sich aus dem chromatischen Netzgewirr an der Polseite des Kernes auf der Grundlage feinster paralleler oder miteinander verilochtener Chromatinfâdchen ^gespaltene- sich all- mahlich verdickende Chromatinbalken anlegen. Freilich ist eine solche Balkenbildung aus miteinander verschmelzenden Chromatinfibrillen bisher sonst noch nicht beschrieben. Aber dièse Darstellung ist eine einfache Beschreibung der unmittelbaren mikroskopisclien Beobachtung, wàhrend die Darstellung als eine -^ Konjugation vorher selbstàndiger Chroniosomen nur eine unbeiviesene und wohl einstjveilen unbeiveisbare Annahme ist. — Yon diesen Chromatinbalken lâsst sich dann spdtcr nachweisen, dass sic nur in der halben Normalzahl vorhanden sind. - (FicK, 1907, p. 64.) Les parasyndétistes, par la plume de A. et K. E. Schreiner (igo8) et Grégoire (igio), n'ont pas laissé sans réponse cette criticjue et ils in- sistent avec force sur les points suivants. 1. L'origine des filaments leptotènes aux dépens des chromosomes télo- phasiques de la dernière cinèse goniale peut être considérée pour beaucoup de formes comme complètement démontrée. 2. La formation de chaque anse pachytène implique la participation non pas de n'importe quel nombre de filaments, mais toujours de deux filaments seulement. L'interprétation de Meves (1907) est un peu différente de celle de FicK. Meves est d'ailleurs un adversaire tout aussi décidé de la théorie de l'individualité des chromosomes et partant de toutes les hypothèses con- cernant leur conjugaison ou leur copulation. Il prétend que tous les aspects qui sont interprétés par les cytologistes modernes dans le sens de la conju- gaison ou de la copulation des filaments chromatiques, ne représentent rien d autre qu'un clivage très précoce des chromosomes, identique à celui des chromosomes somatiques. D'après Meves, la réduction du nombre de chro- mosomes à la première prophase de maturation résulte simplement du fait que le spirème du noyau, ayant la même valeur qu'un spirème somatique, au lieu de se couper en un nombre normal de chromosomes, se tronçonne en un nombre égal à la moitié du nombre normal. Chaque élément subit aussitôt une division longitudinale, qui est même déjà préformée dans le spirème. Aucune des deux mitoses de maturation ne dissocie des chromo- 438 V. B. de BAEHR somes entiers, mais toutes les deux séparent des moitiés longitudinales authentiques. En ce qui concerne la réduction de la quantité de chro- matine, elle résulte de ce que les deux cinèses de maturation se succèdent rapidement et sans un vrai stade de repos, si bien que les noyaux n'ont pas le temps de doubler leur quantité de chromatine. Dans sa dernière publica- tion sur cette question, Meves (igii) souligne qu'il s'en tient encore à son ancienne conception de la réduction, c'est-à-dire à une conception indé- pendante de la théorie de l'individualité des chromosomes et semblable à celle de O. Hertwig (i8go) et de Brauer (i8g3) (i). Quoique Meves avoue maintenant qu'on ne peut pas nier la possibilité de considérer le duplicisme présenté par les chromosomes au début de la l'^ci- nèse méiotique comme n'étant pas homologue de la fente longitudinale des chromosomes somatiques et comme indiquant, au contraire, la présence de deux chromosomes conjugués, néanmoins il reste sceptique à l'égard d une telle interprétation. ^ Ich gebe sogar zu, dass dies eine intéressante Deu- tung ist, môchte aber daran festhalten, dass es sich eben um weiter nichts als um eine Deutung handelt. " Un peu plus loin, finissant son mémoire et sa discussion sur l'hypothèse de l'individualité et de la conjugaison des chromosomes, il écrit : - Die Geschlechtszellen bezw. ihre Kerne haben nach meiner 'Vorstellung (1907), die besondere Eigenschaft ererbt bcim Eintritt in die "Warlisturnsperiode nur die halbe Zahl von Chromosomen auszubilden « (Meves, igii, p. 296). Dans les objets où le nombre de chromosomes somatiques est ^a/r, nous trouvons à la première prophase de maturation les chromosomes en nom- bre réduit et tous doubles. A ne considérer que ces aspects, il n'y a rien cjui permette de trancher entre nous et Meves. Car pour lui, comme pour nous, dans le cas d'un nombre pair, tous les « chromosomes " doivent, à la diacinèse, montrer deux branches. Il y a, outre cela, un autre point où ces deux façons de voir sont d'ac- cord. En effet, Meves (1908) admet actuellement pour certains objets, au début de la première prophase, au moment où les chromosomes se dégagent du réseau, la possibilité de l'apparition de moitiés longitudinales sœurs tout à fait isolées l'une de l'autre, » wirkliche Fadenpaare ". Mais le cas de X Aphis saliceti, dans lequel le nombre de chromosomes des individus mâles est impair, nous a permis, dès la publication du dernier travail de Meves (igii), de soumettre à une critique, que nous estimons (i) Les opinions de O. Hektwig et de Brauer sur les phénomènes de maturation des cellules sexuelles n'ont plus à l'heure actuelle qu'un intérêt historique, et nous ne nous y arrêterons pas. LA SPERMATOGENÈSE ET l'oVOGENÈSE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 439 utile de rappeler, l'interprétation de l'auteur, en nous basant principale- ment sur nos recherches de la spermatogenèse dans cet animal. Dans ce puceron, le sexe mâle se caractérise par un nombre 5 de chromosomes somatiques, et ceux-ci sont tous presque de même taille. Ce sont ces deux circonstances qui nous ont fait espérer de trouver ici dans les structures prophasiques et dans le cours des divisions méiotiques des indications morphologiques très précieuses au sujet de la solution de la question : paraconjugaison et préréduction (Grégoire, Schreiner) ou la négation de tout cela, le duplicisme somatique et une simple dissociation des moitiés longitudinales authentiques (Meves)? H I J K L Aphis saliceti. A Cellule somatique d'un embryon raàle. Plaque équatoriale — B — L Quelques stades delà spermatogenèse. — B Spermatogonie. Plaque équatoriale. — G Spermatocyle I. — Prophase l. Deux gémini et un chromosome simple (hétérochromosome). — D Fin de la prophase L — E Mé- taphase I. — F, G, H Anaphase 1. — I Seconde cinèse de maturation Fin de la prophase II. — J Métaphase II. — K, L Anaphase II. Pour ceux qui admettent la première façon de voir, le nombre imi)air de chromosomes (5) dans les spermatogonies ne permet pas de s'attendre à trouver, à la I*^ cinèse méiotiquc. le duplicisme de tous les éléments, mais seulement le dualisme des deux gémini bivalents; en admettant la seconde voie, au contraire, il faut prévoir à la prophase I la dualité de t(jus les chro- 440 V. B. de BAEHR mosomes sans excepliou. Ici les aspects eux-mêmes de la diacinèse suffisent à trancher, sans compromis possible, entre la conjugaison chromosomique et le caractère équationnel de la dualité chromosomique diacinétique. Au contraire, dans les formes pourvues d'un nombre pair de chromosomes so- matiques, comme nous l'avons dit plus haut, les deux interprétations peu- vent comporter aux mêmes stades de maturation des dualismes semblables de tous les éléments et une parfaite ressemblance de structure. Nous voudrions insister davantage sur ce point, parce que jusqu'à présent certains cytologistes n'apprécient pas suffisamment, à notre avis, l'importance de ces considérations théoriques pour la solution du problème du mécanisme de la réduction. L'hypothèse de la paraconjugaison et de la préréduction exige que chez VAphis saliceti les 5 chromosomes somatiqucs, qui, après la dernière mitose goniale, entrent dans le noyau quiescent, donnent à la première pro- phase de maturation deux chromosomes doubles bivalents et un simple, univalent. A la première cinèse, qui représente un processus réductionnel, se réaliserait seulement la séparation des chromosomes entiers conjugués à la prophase, et à cause de cela le chromosome simple univalent devrait rester indivis. Au contraire, l'interprétation de Meves, qui nie l'individualité des chromosomes et leur conjugaison, en affirmant que le duplicisme des élé- ments hétérotypiques est homologue du simple clivage d'une mitose soma- tique, demande qu'à la première prophase méiotique les chromosomes qui apparaissent en nombre réduit soient tous divisés longitudinalement et qu'ils se comportent à la métaphase et à l'anaphase également tous comme dans n'importe quelle division somatique (i). "Voyons maintenant comment ces deux interprétations supportent l'exa- men, et comment les données morphologiques répondent aux exigences théoriques. Déjà dans notre première publication sur les Aphides en igo8 nous avons démontré que dans la spermatogenèse de VAphis saliceti la pro- (i) Si nous exprimons par le chiffre i5 toute la masse chromosomique du noyau sperma- tojjonial. si, en outre, nous tenons compte du fait que tous les cinq chromosomes chez VAphis saliceti sont presque de la même taille, nous pourrions dire que chaque chromosome spermatogonial vaut i5 : 5, c'est à-dire 3. Les trois chromosomes qui apparaissent à la Ii= prophase de maturation au lieu (les cinq de la dernière télophase goniale, doivent, selon l'hypothèse de la paraconjugaison. présenter la formule suivante : (3-j-3) -|- (3-t-3) -|- 3 ^ i5. Au contraire, la formule la plus simple et la plus vraisemblable pour Meves devrait être, pensons-nous, 5 + 5 -j- 5 = i5. c'est-à-dire tous les chromosomes hétérotypiques tout à fait égau.s: dans leur longueur, leur épaisseur et leur structure (v. notre mémoire de 1912, p. 417). LA SPERMATOGENKSE ET L OVOGENESE CHEZ LE SACCOCIRRUS MAJOR 44Î phase synaptique se caractérise par deux chromosomes doubles et un simple (l'hétérochromosome). Ce dernier ne se divise pas à la métaphase I, mais passe tout entier à un pôle prédestiné. Il en résulte que, sous ce rapport, l'hypothèse de la paraconjugaison et de la préréduction s'accorde bien avec les faits, tandis que la conception de Meves se montre impuissante à les expliquer. Dans notre mémoire de 1912, p. 41g, nous avons exprimé à ce propos les réflexions suivantes : -^ Si la prophase et la métaphase de la première mitose de maturation, d'après Meves, sont homologues des mêmes stades dans les cellules somatiques, si les chromosomes en nombre réduit doivent se comporter comme les chromosomes somatiques en nombre normal, si le duplicisme des éléments chromosomiques à la première prophase doit être considéré comme une fente précoce homologue de celle qu'on trouve dans les prophases somatiques, quand les chromosomes se dégagent du réseau, si tout cela est vrai, pourquoi un des trois chromosomes dans notre objet ne montre-t-il pas, à la première prophase de maturation, une fente longitu- dinale qui présenterait le même aspect que celle des deux autres chromoso- mes et pourquoi, à la métaphase qui suit, reste-t-il indivis? L'interprétation de Meves échoue en ce point parce que, en toute hypothèse, Meves doit accorder à ce petit chromosome la valeur (ï ini chromosome somatique qui se forme aux dépens du réseau après le stade du repos. Au contraire, si nous admettons l'hypothèse de la parasyndèse pseudoréductionnelle avec hétérohoméotypie (Grégoire), c'est-à-dire que la première cinèse de matu- ration est une division où des chromosomes entiers se distribuent aux spermatocytes de II<^ ordre, la seconde division étant une simple division équationnelle qui dissocie les moitiés longitudinales des chromosomes, tout se trouve en harmonie complète -. Makowlany, district de Sokolka. POLOGNE. Avril 1Q14. Ayant été forcé par la guerre de retarder si longtemps la publication du présent mémoire, nous comptions y ajouter un appendice sur tous les travaux importants cjui ont paru dans ces derniers temps. Depuis 1914 nous nous sommes trouvé dans des conditions qui rendaient un tel travail tout 44^ V. B. de BAEHR à fait impossible, et c'est seulement cette année, dans le laboratoire hospi- talier du Professeur Grégoire, que nous avions espéré accomplir cette tâche. Les événements très graves qui se déroulent maintenant dans notre pays nous forcent cependant à abandonner pour le moment le travail commencé et à quitter Louvain. Nous n'hésitons pas à publier ce mémoire tel qu'il est, parce que l'étude, quoique incomplète, des publications récentes nous permet de croire qu'il n'a pas perdu encore son actualité et qu'au contraire beaucoup de recherches nouvelles confirment nos thèses principales. Nous profitons de l'occasion pour exprimer notre grande reconnaissance à Monsieur le Professeur Grégoire pour le cordial accueil qu'il nous a fait et le vif intérêt qu'il a porté à notre travail, ainsi que pour son souci de nous donner des indications précieuses et de nous procurer la littérature nouvelle, si difficile à atteindre dans le temps actuel. Louvain, Institut de Botanique. 2 S juillet 1Ç20. BIBLIOGRAPHIE. igii Ai;ar, W . E. : The Spermatogenesis of Lepidosùen paradoxa; Quart. Journ. Micros. Se, vol. 57. igra » : Transverse Segmentation and Internai Dif- ferentiation of Chromosomes; Quart. Journ. Micros. Se, vol. 58. igi3 Armhnistcr, L : Chromosomenverhâltnisse bel der Spermato- genese solitârer Apiden (Osmia cornuta) ; Arch. f. Zellforsch., vol. 11. 1908 Arnold, G. : The Nucleolus and Microchromosomes in ihe Spermatogenesis of Hydrophilus piceus ; Arch. f. Zellforsch., vol. 2. 1907 Baehy, W. B. (voiij : Ueber die Zahl der Richtungskiirper in par- thenogenetisch sich entwickelnden Eiern von Bacillus rossii; Zool. Jahrb , Anat. Ontog., vol. 24. 1908 » : Ueber die Bildung der Sexualzellen bei Aphi- didse; Zool. Anz , vol. 33. 190g I) : Die Oogenese bei einigen viviparen Aphididen und die Spermatogenese von A plus saliceti, mit besonderer Berûcksichtigung der Chro- matinverhaltnisse ; Arch. f. 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Hémat. ferr FIG. 2. Spermatogonie en division. Métaphase. Plaque équatoriale observée du pôle. Flem. Hém. ferr. FIG. 3. Spermatogonie en division Plaque équatoriale. Vue de face. Flem. Hém. ferr. FIG. 4. Spermatogonie en division. Anaphase. Vue de face. Fle.m Hém ferr. FIG. 5. Spermatocyte de l^ oidre. Début de la prophase synaptique Caimin acétique de A. Schneider. FIG. 6. Spermatoc3'te de !■■ ordre. Stade leptotène. Carm. acét. Schn. FIG. 7. Spermatocyte de \' ordre. Stade leptoz3'gotène Carm acét. Schn. FIG. 8-9. Spermatocytes de U ordre. Stade pachytène. Carm. acét. Schn. FIG. 10-11. Spermatocytes de I^ ordre. Stade pachytène déroulé. Carm. acét. Schn. FIG. 12. Spermatocyte de P ordre Stade de grand métabolisme. Carm. acét. Schn. FIG. 13-14. Spermatocytes de I"" ordre. Après le stade de grand métabolisme. Stade strepsitène. Flem. Hém. ferr. FIG. 15-16. Spermatocj'tes de I"" ordre Diacinèse. Carm. acét. Schn. FIG. 17. Spermatocyte de l^ ordre. Diacinèse. Fle.m. Hém. ferr. FIG. 18. Spermatocyte de If ordre. Métaphase. Vue de face. Flem Hém. ferr. FIG. 19. Spermatocyte de I^ ordre. -Métaphase. Vue de face. Hertvvig. Hém. ferr. FIG. 20-21. Deu.x coupes du même spermatocyte de I^ ordre. Métaphase. V'ue de face. Hertw. Brasiline. FIG. 22. Spermatocyte de I^ ordre. Plaque équatoriale. Vue polaire. Hertw Hém. ferr. FIG. 23. Spermatocj'te de fr ordre. Anaphase. Hertw. Hém. ferr. FIG. 24. Spermatocyte de \' ordre. Télophase. Flem Hém. feri . FIG 25. Spermatide de II^ ordre. Intercinèse Flem Hém. ferr. FIG. 28-27. Spermatocytes de 11^ ordre Métaphase. Vue de face. Fle.m. Hém. ferr. 456 V. B. de BAEHR FIG. 28. Sperniatocyte de II<= ordre. Télophase. Flem. Hém. ferr. FIG. 29. Spermatide. Flem. Hém. ferr. FIG. 30-32. Spermiogenèse. Subi. acét. BxoNDi-triacide. FIG. 33-36. Spermiogenèse. Stades plus avancés. Subi acét. Hém ferr. FIG. 37. Spermatozoïdes dans le réceptaculum d'une femelle. On voit la struc- ture double des queues des spermatozoïdes coupées par le i-asoir en tronçons. Subi. acét Hém. ferr. FIG. 38. Changements de forme des spermatozoïdes dans les oocytes après la période d'accroissement de ces derniers Hertw. Hém. ferr. ou Brasil. FIG. 39. Oocytes de 1' ordre. Stade lepto-z^'gotène. Hertw. Bras. FIG 40. Oocyte de F ordre. Stade pachytène. Hertw. Bras. FKj. 41. Oocj'te de Ir ordre. Stade pachytène déroulé. Hertw. Bras. F'IG. 42-48 Ooc\tes de h orde. Période d'accroissement. Subi. acét. Hém ferr. FIG. 49. Oocyte de I^ ordre. Période d'accroissement. Nucléole vacuolisé. Subi, acét. Triple col. d'EHRi.iCH. FIG. 50. Oocyte de I'' ordre. Fin de la période d'accroissement. Chaque gé- minus entouré d'un grumeau de caryoplasme Hertw Bras. FIG. 5t. Oocyte de P ordre. Fin de la période d'accroissement. Chromosomes au centre de l'oocyte entourés de caryoplasme. PIertw. Bras. FIG. 52-55. Fin de la I'' prophase polaire. Chromosomes fixés sur un grumeau caryoplasmatique commun. Hertw. Bras. FIG 56-j7. Oocj'tes de 1'' ordre. Métaphase I. Hertw. Hém ferr. FIG. 58. Ooc3'te de I'' ordre. Commencement de l'anaphase I. Subi acét. Hém. ferr. FICt. 59. Oocyte de Ils ordre. Prophase. Hertw Hém ferr. F'IG. 60. Oocyte de II<= rirdre. .Métaphase. Subi. acét. Hém. ferr. FIG. 61. Télophase II. Subi, acét Hém ferr. I'"IG. 62. Œuf mûr. Pronucleus femelle reconstruit. Subi. acét. Hém. ferr. F'IG. 63. Œui mùr. Deux pronuclei. Hertw. Bras FIG. 64 Œuf mùr (ovaire). Fusionnement des pronuclei Hertw Bras. FIG. 35. Œ2uf mùr (ovaire). Syncaryon. Subi, acét Hém. ferr. FIG 68 (Euf mùr (cœlome) S3'ncaryon. Hertw. Bras. FIG. 67. Œuf mùr cœlome). Formation du premier fuieiu de segmentation On voit aussi une enclave plasmatique Hertw. Bras. FIG. 6 3. Piemière cinèse de segmentation. .Métaphase Subi acét. Hém. ferr. FIG. 69. Ana)>hase d'une cinèse de segmentation. Vue polaire. Subi acét Hém. ferr. TABLE DES MATIERES. Introduction ........ I Technique ....... II Recherches de Hempelm nn s ^^iy 29 30 40 ^ 4 ï/ ^r 20 32 Xr lil VA^'^ "^^m 22 ^^îiw-- 23 H\ a 7i M{ -^ 46 il 48 I':' 1^ ./ ^' 49 ^è-'-. 50 f^. B. Je SaiAr ai naf. Je/. PLANCHE II. Il 62 S^ 4» ..' ■ 53 f? 0 ^ ■:•;■'• ■ ■-"■■* SB *i<î)*§"» 56 yi% .^ ?^. a (,;. t 9- ^ ■y i ■i 57 59 y ; / » y y 65 .» ^ 58 iT ^v^■.<>y.•Cl' _ ,.v#%f ^'^^•^l^v^ ^l^ '*>, 66 ^râ w 61 65 f 0 1 ■_ '- \ '.^' 68 63 :/ \ ^ 64 ^ 69 K B. Je Baehr ad nal. del. TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXX I. La spennatogenèse dans les mammifères. — III. Les spermatocytes leptotènes et amphitènes dans le Taureau, par Llcien Vax Hoof . 5 IL Réseau protoplasmique et chcindriosomes dans la genèse des myofi- brilles, par P. Gaudissart ...... 27 III. Microsporidies parasites des larves de Simnlium (Thelohania varians), par le D^ Paul Debaisieux ...... 45 IV. Cinèses atypiques dans les cellules adipeuses de larves de Pyri hocoris apterus L., avec quelques remarques sur le centrosume, par J, Ko- walski ......... 81 V. Merocystis kathœ Dahin. Une Aggrégate de Buccinum undatum, par Charles Foulon. . . . . . . . 121 VI. Etudes sur les Microsjioridies. — II. Glugea danilewskyi L. Pfr. — III. Glugea miilleri L. Pfr , par Paul Debaisieux . . i5i VIL Les Microsporidies parasites des larves de Simulium, IL, par Paul Debaisieux et Louis Gasialdi. . . . . . i85 VIII. Études sur les Microsporidies. — IV. Glugea anomala Monz,, par Paul Debaisieux. . . . . . . . 2i5 IX. Cœlomycidium simulii, nov. gen., nov. spec, et remarques sur l'Amœbidium des larves de Simulium. par Paim, Deb.aisieux . 247 X. Notes sur le Myxidium liberkûhni Biitsch, par Paul Debaisieux . 279 XI. Haplospnridium (Minchinia) chitonis Lank., Haplosporidium nemertis. nov. sp., et le gruupe des Haplosporidies, par Paul Debaisieux . 291 XII. Recherches sur la maturatinn des œufs pai thénogenétiques dans l'Aphis palmœ. par le B"" V. B. de Baehr. . , . 3i5 XIIL Observations cytologiques sur le cytoplasme d'un Saprulegnia. par A. Guilliermond. ...... 355 XIV. La Spermatogenèse et l'Ovogenèse chez le Saccocirrus major, suivies d'une discussion générale sur le mécanisme de la réduction chro- matique, par le B"" V. B. de Baehr .... 379 Mlil Uhllll l.IllHMn bJH TTT V '■ -/^.-H ':^- -^^w-'&î^-m-^' m; ^ ^'^- -^.'w- :j :^- yt^' ' X< V^i'V .T'ai. V r^^:' > *' K.