s lOkAGt ITEM ^' îGCES.ÇIiNG-CNE L !:1-F 1 8 A THE LIBRARY THE UNIVERSITY OF RRITISH COLUMBIA Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of British Columbia Library http://www.archive.org/details/lafortdelactOOmeni -"y A.. /..//<^ LA FORÊT DE LA COTE D'IVOIRE et SON EXPLOITATION 1 PUBLICATIONS AFRICAINES . 38. Rue du Mont-Thabor, PARIS La Foret de la Côte d'Ivoire ET SON EXPLOITATION Par M. Jean MENIAUD Administrateur des Colonies. — Ex-chef du Service Forestier de la Colonie. Précédé d'une Préface de M. le Gouverneur ANTON ETTI D'une Introduction et de Considérations générales sur le pays et les habitants de M. M. Larre Illustrations de M. Louis DU PUIS. — Bayonne (B.-P.) 4.£> ' AVERTISSEMENT Nous nous proposons, si cette première édition obtient le succès que nous en attendons, de publier, en une série de fascicules, des études concer- nant les principaux problèmes qui se posent actuellement en Afrique occi- dentale française. Ce n'est pas tout à fait le hasard qui nous fait commencer par la Côte d'Ivoire; nous avons été séduits par l'intérêt que présente la question fores- tière dans cette Colonie. C'est donc avec empressement que nous avons accueilli l'étude qu'a, bien voulu nous communiquer, avec l'autorisation du Directeur de l'Agence économique, M. l'Administrateur Jean MenIAUD, étude très documentée, qui examine la situation des exploitations actuelles et le développement dont elles sont susceptibles, les exploitations à créer et l'im- portation en France de toute une série de bois nouveaux pour nous, aptes à remplacer des essences que nous continuons à importer à grands frais de l'étranger. - La question traitée est par conséquent toute d'actualité, et nous espérons qu on applaudira notre initiative. '•^^ LA tOTEDUOIRE au — — = = Ac«4-. r/i coti/jce^icT,. — — — _ /rA^tt -» — »- ^J^J^^c Cr(c jraJ»À:aue ■*— ' ^ Aemtn aie /ei ejc/^foifè icf. ;oc K.i ~ ' ~ • — -- -»c afiicams S iLiele V'izioz et C'"^ . Hamilton and C . . . Woodin and C . . . Acajou el joules essences. E\PORT.ATELiR.s Acajou pour France el An- gleterre. Acajou pour .-\merique. ' Acajou et divers pour France \ el autres pays d'Europe. , Acaiou pour Angleterre. 3 Plantations principales de Cacao, Café, Cocotiers Compagnie Coloniale de la Bia, a Assinie. Blachon. a Bmgeiville. Borde-., a Tabou. Compagnie de Kong, a Bassam. Clément, a Bassam. King. a Tiassaie. Legourd, a Assmie. Necker. a NrBalo. Banques Banqu:; de l'Almiue Occidentale, a Bassam Toutes opérations bancaires. Banque de l'Afrique Equatoriale. Toutes opérations bancaires. Transitaires-Commissionnaires Raoul Chauvcau. a Bassam. ^^^^^^-^T>^fS^ Paysage du Comoe. Cliché Buriner 18 i A la mémoire de ma chère disparue, A mon frère Jacques. J. M. TITRE PREMIER La Forêt Conditions de son exploitation SOMMAIRE Ce qu'est la forêt de la Côte d'Ivoire ; Répartition des essences. Régime forestier en vigueur dans la colonie ; Règlement d'exploi- tation et taxa- - Evacuation des hois vers les ports d'embar- quement ; Expéditions. - Main-d'œuvre. W^*H- 19 20 — 21 — I^L l TITRE PREMIER La Forêt. — Conditions de son exploitation Ce qu'est la forêt de la Cote d'Ivoire La forêt de la Côte d'Ivoire offre un spectacle extraordinairement imposant. Quiconque l'a par- courue plus ou moins conserve l'impression d'avoir entrevu un monde nouveau, où la lumière pénètre à peine, où les dimensions, la majesté des grands arbres contrastent avec l'amas, sou- vent inextricable, de lianes qui rampent sur le sol, grimpent aux troncs ou retombent des bran- ches. « Cette forêt, dit M. G. Joseph, garde, malgré les voies commerciales qui la traversent, son aspect mystérieux. Elle demeure comme un immense écran à la vision. Elle rebute. Une singulière appréhension saisit lorsqu'on s'engage sous sa voûte n (1). La force de la végétation y est vraiment pro- digieuse. Ce n'est pas tant la grande hauteur des arbres qui frappe — en France même nous avons des peupliers ou des sapins qui sont peut- être plus élevés encore — c'est le caractère spé- cial de ces arbres dont le tronc lisse et cylin- drique, sauf à la base même, sans nœuds, atteint 20, 25 et même 30 mètres avant les premières branches. Les racines rampantes, pour la plu- part des essences, émergent en bourrelets, cons- tituant autour du tronc une série de contreforts qui assurent à l'arbre une assiette solide, mais rendant l'abatage au ras du sol assez difficile. (1) La Côte d' Ivoire, par G. JoSEPIl. Cette forêt s'étend sur 12 millions d'hecta- res environ. La zone sylvestre couvre en effet plus du tiers de la superficie totale de la Colo- nie; elle prend naissance près de la côte et ne s'arrête, aux extrémités Est et Ouest, qu'à 300 kilomètres dans l'intérieur. Au centre, les savanes du N'Zi s'avancent comme un coin dans la forêt dense. A l'endroit le plus resserré, la distance qui sépare ces savanes de la côte est encore de 1 50 kilomètres. Cette immense éten- due de forêt ne forme pour ainsi dire qu un bloc au travers duquel les petits villages indigènes, les espaces défrichés pour les cultures, ne cons- tituent que de minuscules éclaircies. Qu'un terrain utilisé par les indigènes pour leurs plantations soit abandonné pour un autre, la végétation reparaît immédiatement et avec une puissance extraordinaire. C'est tout d'abord un vaste amas de broussailles, de ronces, duquel émergent quelques palmiers généralement pous- sés là par hasard, (1) et qu'a respectés l'indi- gène, et des tiges d'essences diverses parmi les plus vivaces. La course à la lumière commence; toutes ces tiges, trop serrées, s allongent déme- surément et avec une rapidité inouïe pour essayer de dominer leurs voisines. Les essences spon- gieuses luttent dans cette course avec succès, mais la rapidité de leur croissance est quelque- (1) La graille a pu être apjxjrtée par un oiseau ou un animal qui s'est nourri du fruit. 23 — Grand-Bassam. — Le boulevard Treich-Laplene. Cliché Agence économique A. O. F-j fois un facteur de leur perte et les essences dures, plus résistantes, qui ont pu vivre sous leur couvert, reprennent le dessus quand le grand arbre qui les a dominées a été cassé ou arraché par le vent ou est arrivé à la limite de sa croissance, de sa vie (1). Quant aux pal- miers qui ont réussi à ne pas périr sous la vé- gétation environnante, on comprend qu'ils soient étiolés, allongés démesurément, peu aptes à produire des fruits. La forêt renferme un très grand nombre d'essences. Le docteur Aug. Chevalier a pu en faire un inventaire méthodique. Les seuls ar- bres qui atteignent de grandes dimensions com- prennent plus de 350 variétés. Plus récemment encore, la Mission des Bois Coloniaux, dirigée (1) La forêt appauvrie par des défrichements ou des coupes non rationnelles se régénérerait donc d'elle-même à la longue; c'est un point important qu'il est difficile d'élucider, mais qui paraît plausible. par l'Inspecteur des Eaux et Forêts Bertin, a étudié les peuplements d'une quarantaine d es- sences utilisables par l'industrie. C'est de ces dernières essences que nous nous occuperons, encore que bon nombre d'entre elles ne puis- sent être exploitées immédiatement, faute de pouvoir être traitées sur place ou de pouvoir être transportées dans des conditions suffisam- ment avantageuses. Les peuplements sont denses partout, mais ils manquent totalement d'homogénéité. La den- sité de telle essence déterminée varie en effet d'une région à l'autre, suivant la nature et la composition du sol, le degré d'humidité, etc., elle peut représenter jusqu'à 25 ou 30 % (1) des peuplements dans certaines régions, tandis qu'en d'autres elle sera rare ou même introu- (1) II y a même des F>euplements, près des lagunes, qui sont composés pour 80 ^o de « Bahia » ou de 40 % de (( Fou » ou de » Rikio ». 24 vable. Encore peut-elle, quand on la trouve, présenter, par I écorce ou le bois lui-même, des différences d'aspect assez caractérisées qui font se demander si l'on ne se trouve pas en présence d'une essence autre. C'est notamment le cas pour VA cajou, qui est l'essence la plus recherchée, sinon la plus connue, et qui existe à peu près partout dans toute l'étendue de la zone forestière. On en rencontre des peuplements assez denses tout près de la côte, dans la région à droite et à gauche de Bassam, depuis la fron- tière de la Gold Coast jusqu'à hauteur de Jac- queville; le cordon littoral lui-même en est assez fourni. Par contre, au fur et à mesure qu'on s'éloigne vers l'Ouest, il faut, pour trou- ver des Acajous en nombre relativement impor- tant, remonter peu à peu au Nord. En face de Grand-Lahou, la zone à Acajou commence à 30 kilomètres environ de la côte; elle se main- tient à cette distance puis redescend légèrement vers Fresco et vers Sassandra. Elle remonte pro- gressivement ensuite pour aboutir à la frontière du Libéria à une quarantaine de kilomètres du littoral, il est, d'autre part, à signaler qu'entre la zone à Acajou et la mer, depuis Grand Lahou jusqu'au fleuve Cavally, on trouve près du lit- toral plusieurs faux Acajous dont le Sipo, ayant l'aspect de l'Acajou mais ayant une contexture de bois un peu différente. Ce Sipo, qui est très rare dans la région de Bassam, est un bois qui peut très bien être vendu pour de l'Acajou; il est plus beau, à notre avis, que l'Acajou vrai qui est coupé près du littoral. Au Nord, les limites de la zone à Acajou sont très irrégulières. Elles s'arrêtent en moyenne à 1 50 kilomètres de la côte mais re- montent beaucoup plus haut dans les vallées, à 200 kilomètres et plus de la mer. Les autres essences exploitables sont égale- ment disséminées un peu partout; elles n'ont Cha&se a l'hippopotame. ^Cliché Bursrr: — 25 - pas d'habitat réservé. Faisons remarquer ce- pendant que certaines d'entre elles, le Bahia, notamment, le Fou, le Rik,io, se rencontrent plus particulièrement dans la zone côtière. 11 Vue de l'enlrée du Comoë. — Plateau de Mossou. Cliché Métayer — Grand-Bassam reconnaissances effectuées par la mission pré- citée. L'abatage et l'utilisation de cette série de 39 essences auxquelles on pourrait encore ajouter, pour la pâte à papier, le Fromager et le Parasolier, permettraient d'exploiter plus de 60 °° du cube total pouvant être fourni par la forêt. (Voir pages 23, 24 et 25.) L'Inspecteur des Eaux et Forêts Bertin est le premier à reconnaître, qu'en l'état actuel des choses, l'exploitation d'un aussi grand nombre d'essences diverses n'est, pas possible. D'abord parce qu'il serait extrêmement difficile d'impo- ser à l'industrie européenne une quarantaine de bois nouveaux, ensuite parce que beaucoup d'entre ces bois ont une valeur marchande trop faible pour pouvoir être écoulés avec bénéfice par les exploitants. existe de véritables forêts de Bahia près des lagunes, dans les terrains marécageux; c'est de beaucoup l'essence la plus facilement exploi- table en très grosses quantités, bien que le sol spongieux ou inondé périodiquement, sur lequel elle pousse ne soit pas très favorable à son exploitation. Le Fou voisine fréquemment avec le Bahia mais on le rencontre aussi sans ce dernier, en peuplements assez denses, tou- jours dans le voisinage des rivière;. Le Rikio est réparti dans toute la zone côtière; on dirait qu'il gagne peu à peu sur les savanes. Deux autres essences, excellentes également, et qui entrent pour une assez forte proportion dans la composition de la forêt, existent à peu près partout, dans la zone exploitable située un peu plus en arrière des lagunes, en peuplements plus ou moins denses : ce sont le Dabéma et VAvodiré. Les renseignements que nous avons recueillis confirment, à très peu de choses près, sur ce point, les indications publiées par la mission Bertin. Les autres essences sont généralement plus disséminées dans la forêt. Nous allons indiquer leur coefficient moyen de fréquence, d'après les Classement industriel Nombre de personnes, parmi celles qui ont eu à s'occuper plus ou moins des bois colo- niaux, ont pensé à baptiser ces bois de noms Poste de Sinfra. 'Cliché Buriner français, plus faciles à se rappeler que les noms un peu barbares sous lesquels ils sont connus. On a proposé : chêne blanc, blond ou brun d'Afrique; sapin d'Afrique, hêcre rouge ou gris 26 Mate Mb f i.iTfjTfr r TIAMA NOM SCIENTIFIQUE. — Entcndwphragma s. p. (Méllacées). Aspect et texture du bois. — Cœut de nuance ocre biune, aubier c!e même texture, mais de couleur rosée. Ce bois ressemble beaucoup à celui de I acajou (notam- ment la variété Sapcli). Les pores creux sont plus foncés que dans I .Acajou; à la tein- ture ou au chrcmate. ils ressortent en noir. Densité IVIOYENNE. — A l'état frais : 0.850 ; à l'état sec : 0.650. Dureté. — Demi-dur. Facilités de travail. — Sciage.- facile-, rabotage: très facile, on obtient un très beau poli: jente à l'outil: assez facile; assemblage: tenons et mortaises se font (rès facilement et sont résistants; clous, fis; s enfoncent facilement, tiennent bien. Tenue du bois débité. — Très bonne. Usages principaux. — Ebénisterie, menuiserie d'intérieur, bateaux de plaisance. Remarques. — Très bel arbre pouvant dépasser l'-'50 de diamètre et 23 mètres de liauteur de fût — Bois précieux et fin pouvant remplacer l'Acajou, surtout pour la menuiserie d'intérieur. Relativement rare. COEFFICIENTS DE FREQUENCE OBTENUS" DANS LES PROSPECTIONS DE LA MISSION BERTIN ' Numéro d'ordre et lettres de série 1 NOM USUEL NOM SCIENTIFIQUE adopté Famille 2 3 NOMS VERNACULAIRES -} Proporliom moyennes constalces dans les cubages de forêts effectué'; 5 OBSERVATIONS 6 1 A ACAJOU Khaya icorensis dit de 1 (Méliacees) GRAND. Ba^SSAM Chevalier, p. 207 Ekbié ou Ek^huié ou Ecguéhié (abé). Humpé (ebriéj. Doukouma (agni). Dubiri ou A'éguigo (apoll.). Biribu (bariba). Duk^ma Dugura (agni), Lof^obua (attié). 1,- 2 B 3 C TIAMA ou Enlandrophragma ACAJOU-TIAMA ,p. (Meliacees) (abé) Chevalier. 195 a 207. Tiama-tiama (apoll. el agni). Onabnu ou Lokoba ou Lokobo (attie). Baha-Biringui (abé) (c.-à-d. le roi de la forêt). Proporlion non déterminée, 'v " „ environ. AÏÉLÉ (apoll.) Canarium occidentale (Burîéracées) Chevalier, p. 145. Labé (abé). Sénian ou Segna (allié) Krandja-haïgué (agni). Yatu (plapo). 1.5 4 D AKO ylniiaris ioxicaria (bonoua) (Urlicacées) Chevalier, p. 259. Ak^édé (abé) M'bopou (attié). Mulié (abé) > Proporlion non déterminée. ', a 1 „ 5 E ANIONKÉTI (abé) P achypodanthium Staudtii (Anonacees) Chevalier, p. M 8 Miedzo (abé). Proporlion non déterminée. 6 F ASAS (pahoum) Brideîia speciosa ? (Euphorbiacees) Chevalier, p. 158. Chiukoué (abé). Tchi^oué ou Chik:ué (atlié). Epakotroubo (agni). Peuplemenis très faibles 7 G 8 H AVODIRÊ (apoll.) Bingeria a/ricana ? (Méliacees) Chevalier, p. 189. Aghoui (abe) Hagué (agni). Hakué (atlié). 2.5 BADI (attie) Sarcocephalus Pobeguini (Rubiacées) Chevalier, p. 231 . Bédo (abé). N'DébéréiaU'ié). Ekusamba (appoll.). Boissima ou Boisima (agni). Zérongo (bambara). Peuplements très faibles. 9 I . BAHIA (apoll.) Mitragyne macrophylla (Kubiacé3s) Chevalier, p. 228. Soufo (abé). Gofa (ébrié). Atchuipon (bonoua). Bo^o (brignan). So/o (attié). 10.. 10 J 1 BOSSÉ Trichilia ceJrata (abé) (Méliacees) Chevalier, p. 2 1 4 Krasié ou Guanjhé (abé). Xf'Bossa (apoll.). brassé ou Dzana (attié). M'Bossc (apoll. agni). Anokué (bonoua). 0.2 ■* 11 K DABÉMA Piptadenio ofricana > (apoll.) ; (Légumineuses) Chevalier, p. 182. Ehé (abe). G'Bon (attie). Ahê (éhx\é) . K uanga-i n iama (agni). .\ainvi (bon- doukou). 7.- 12 L FARO Indelt-rmine. (abe) ■ Proportion non déterminée. (1) peuvent r l'Inspecte pcuplemL part extr t]Urlquefc Ce sont ces coeflî en avoir d'absolu, m ur des Eaux et Fo nts pour [jcrmeltie ( finement ditlicile et 13 v.igues ou (anlaisii cients que nous adopterons ^me pour l'ensemble de la z ets Berlin ne portant pas st l'obtenir une moyenne apprt Européen qui iail de la p tes. que lui fournil le person pour étudier les possibilités d'exploitatior one cotierc (à plus forte raison pour une zo jr des superficies assez elendue.s et assez chant de la vérité. La détermination des c rospection est obligé de se rapporter, la | nel indigène employé par lui. des bois ênun le déterminée), varieeï. au poin ssences en loiel plupart du temp lérés. Mais îls ne es prospections de de vue de leurs vierge est. d'autre s, aux indication». 27 Njm-ro d ordre NOM USUEL et lettres de série 1 2 13 KRAKE M (aoni) 14 FRAMIRE N (apoll., agni) 15 IROKO O (bonoua) - 16 EO P (abé el allie) 17 MAK.ORÉ Q (a;..ll.) 18 NIANGON R 19 (dpoll.) R KIO S (abe) 1 1 20 fÉNAN T (allié) 21 SOL GUÉ U (Souss .u) 22 TAEI V (rudlinke) 31 ABALÉ A A (ajnl) 32 ADJAXSI B B 1 (bonoua) NOM S lENTIFIQUE Familb Teiminalia aïHisima (Combrelacees) Chevalier, p. 151. Terminalia ivorensis (Combrelacees) Chevalier, p. 1 52. Chlorofora excelsa (Uïlicacêes) C hLvahfr, p. 26 1 . Parf^ia agboensis ? (Légumineuses) Chevalier, p. 161 . D.imoria HeckcU (Sa JûUcées) Chevaher, p. 237. Cola proteiformis (Sterculjacëes) Chevalier, p. 250. Uapaca bingervillensis (Eu îhoibiacees) Chevalier, p. 162. Mae^oboîrya stapfia~a ? (Euphoibiacées) Chevalier, p. 162. Pan'narium lenui/olium (Rosacées) Chevalier, p. 225. Er}!throphlœum guineense (Let^umineuses) Chevalier, p. 1 79. Peter sia viriâifiora (Myrlacees) Chevalier, p. 301 . Cicca disco'ideus (Euphorbiacces) Chevalier, p. 273. NOMS VERNACULAIRES Pe abe). 7~e'(atlié). From ( bondoukou I, Boti ou M'Boii (abe) Bona * u Huna ou Yapi (allie). Caùri (bonoua) Amhidja (bondoukou ). /V'Di ou Akéàé (abé)' M dût (allie) Odoum ou Odum ou Edojm (aip^ll ) Agui{ch\\é) £/ù/(a^ni). /^o^o (dahomey 1. Cuen/o (bjndoukou) Bonzo (bambara). Ba\ana (fanli ). Au Gabon : Mandji (m'p'-ngoue 1 Kambaîa (gabonais). Au Cameroun : Bami (dualaV Menangi ( bakondo). Assama (appoll, bonoua). ©e^o (bon- doukou) Babou (abc). M'Babou ou M'Babu (allie). Du mort (agni). Mal^aru (apoll ). Garésu (bêle) BjIusu (ne tu le). Au Gabon : 1 res voisin de Moabicré, Djik.o (gabonais) Au Cam- r.iun : A' "7"^' (bakondo). Beu- jabi (durtirt) Banda (abé). Kuanda ou Kouanda (^Uie) Kelfosi (ebne). Kol^o.'si (tanti) Niangon ou Çniangon (agni)- Nan ou Na ou Giembi (atlié). Al-ko^a (appoll). Alébié (ebrie), Llcf^bua (agni). Enébien (brigt an). Alaba ou Alabo eu Orabo (bonoua). Kayo (bondoukou). Djilika au Ojirik.'-' (abe) Emuin quin ou Tuanga (aj>oli.). Assa-bogué (a^ni). Sania (bonoua). Bapi (brignan) So (jbe) Mowié ou Simu.i (allie). Faoulé-}^ k.oté (aïoll). Caiésima (bonoua). Guié ou N'Guié (abe). Lo (altîé) Erhoné ou Arboné (apoll) Atiéma (ebne) Erùi (agni). Elégué-mouani (bon ua). Téli (bambara). Kofi ou Kati (abe) Kan (allie). Assiga (apoll.). Abimpé (ebne). Essivé ou Abalé (agni). £siué (bonoua). Moussan-^oué ou Mousan-f(oé, Monsan- houé ou Mu^a-noué (abé, allie). Ténouba u l^épésia (apoll ), Adjamé (bonnu.i) Bra^ussa (ebne)- Proportions moyennes constatées dans les cubiqes àv forêts effectues Peuplements 1res faibles 0.6 3.- 2.5 0.4 1.- 5,- 0.8 3,- 2.5 OBSERVATIONS 1.5 - 28 Numéro Proportions 1 d'ordre <■( lellrcs de séiir NOM USUEL adoplr NOM SCIKNTIFIQUE l;.,nil't NOMS VKRNACUI.MRES moyennes convtatêcs dai» les cubage* '^c foiê s efferlu s OBSERVATIONS i 1 2 1 i 4 5 6 33 ADJOUABA Haematostaphis Baileri Kr (jhe) Ce (rilhe '. Esanhé, Esan::ué 2.5 C C (apoll.) (Anacardiacecs) Chevalier, p. 113. (rtgni ). Ai>haia (ebiie ). 34 ANINGUÉRI Malancatha robusta Âiokotimon ou Alo^Tiislumon (dilie) Pr >porlion , DD (abe) (Sa[}olacees) Anuumé ou Awamc (a^ni). non delcrminc?. | Chevalier, p. 24 1 . ■ 35 APOMÊ Indêlermir.é. Baka-kounini (apoll ). 1.5 1 E E 36 (altië) AZOBIL Lophira procera Ouo-oué (abe) Noku^ (alhe) £sorJ 4. - F F (apoll.J { Diptérucarpees) Chevalier, p. I 54. (r^iti ). Eso (bonoua). Au Cameroun : Bon^osi ( Ju la ), Deno (bakoko; Au Gaban : /l^o«/)u «u Akoura (^ahouin). 1 37 BODIOA Pynacrtia occidcnlalis Pobéroï {ahe) Chemoiian (allie) HainJi 1.5 GG (apull.) (Vléliacecs) ou //aindé (n : Emoum: l'pahouin). O^oula (gabonais) 39 EVlItN Ahtonia con^ensia Hnn^uié (abé) Kokué ou jVo^ac(mie) Peupicmcnis I 1 (apoll., agni) (Apncvnees) Lcroi' tebiie). Lerué ou LerSi {h nd.mk >u) 1res faibles 1 ' hevaller. n. 121. 40 FOU O/ fieldia africana £ssf>n ou Eu (allie). An^ouaran (ebrie). 1.5 J J (abe) (h uphoibiatees) Esui (agni) Esson-an^our.r.m ou E^lui 41 Chevalier, p. 160. [b'ïnoua) \ KROMA Klainedoxa ? Aquabo 'abé. attié). Adioumkouè (ebiie) 1.5 K K 42 (av.ll.) (Irvinglacées) Ochrocarpus africanus OBOTO Djimbo (abc) Animhc ou AnibS (allié)- 0.4 L L {gibon) ou Mammej a/ricann (Gultil les) Blétiné (a t 11,) Que ipc ou KélipJ (bon doukou). 1 i 43 Chevalier p. 165. Au Gabon : Ebor (pabouin). i 1 OLON Fagara macrophylla Vabé ou M'Vahé (abé). Ç'Pon (altie)' Proporlmn M M (pah uin) (Kulacees) Chevalier, p. 232. Ménéhanc (anoll). Kengui (bon ua). Hanw;;o (bondoukou). Au Ciab'in : NonQo (gabonais). non deicTi.inéc. PcuplemcnU faibles en î;eneral. 44 PALÉTUVIER . 1.5 Celle proportion ne p.'ul l'appliqurr gu** la zone la:unaiTc.|r l'air- | ' tuvier ) , ont adopté, pour les bois de la Côte d'Ivoire, une classification en six catégo- ries des essences retenues par la Mission Ber- tin (3) : 7 essences de densité variant de 0.270 à (1) Nous-mêmes n avons pas échappé à cette erreur. (Rapixjrt au Directeur de l'Agence Economique de l'A. O. F., sur la foire d'échantillons de Lyon.) (2) Notice : Les Bois Coloniaux. (3) Bertin : notice déjà citée. 0.625, couleurs allant du blanc uni au blanc grisâtre, pouvant remplacer le peuplier, le gri- sard et le tulipier d'Amérique; 6 essences de densité comprise entre 0.450 et 600, couleurs blanc rosé ou jaunâtre pou-, vant remplacer les pins et sapins; 8 essences, densité 0.610 à 875, couleurs rose, rouge, grise, jaune ou brune, pouvant remplacer le chêne et le teck; 2 essences, densité 0.675 et 0.750, cou- leurs rougeâtre ou gris-violacé, analogues au hêire et au platane; 7 essences, densité 0.575 à 0.950, aux belles couleurs variées, allant du jaune d'or au brun-rooige foncé, essences de toute première qualité pour l'ébénisterie et le placage; Enfin 9 essences, dont l'usage n'a pas été bien déterminé, mais qui, paï leur dureté, leur résistance à la flexion, à l'arrachement, peuvent être utilisées pour des traverses de chemins de fer, matériel roulant, pilotis, constructions na- vales, etc. Nous résumons cette classification dans le ta- bleau ci-après : Classement commercial des princi;:aux bois de la Côte d'Ivoire, adopté par la Commission ojji cielle des Bois coloniaux (1). PREMIÈRE CATÉGORIE Bois tendres pouvant remplacer le peuplier, le gnsard. le tulipier d Amérique. Emplois : Menuiserie légère, caisserie, contreplacage et travaux d intérieur n exigeant pas beaucoup de résistance. DENOMINATION adoptée DENSITE approximative à t ''tat sec ou demi-fec CARACTERISTIQUE des bois Avodiré . Emien . - Pri . . . Samba . . Lo . . . Fromager- Parasoiier. 0.600 0.425 0.450 0 450 0.525 0.315 0.270 Bois blanc uni. Bois blanc tendre. d" d' Bois blanc excessivement tendre Bois gris jaunâtre spongieux. Ob^ervaliom concernani ce classement : L Avudiic g II est un btun bois de charpente eut dû, à notre avis, être classé dans la deuxième catégorie. (I) La Commission d'essais des Bots coloniaux, qui fonctionnait au IVImis'.ère des Colonies, en 1918, avait même classé cette essence parmi les bois de tournerie et d'ébénisterie. (Séance du 26 octobre 1916.) 30 r i ■î ^1 Nom scientifique. — Chlorophora excclsa (Urticacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier nettement différenciés. Bois de cœur de couleur jaune gomme gutte qui se fonce rapidement à lair pour passer au ton vieux chêne; cette teinte s'étale alors sur le bois raboté dont la surface en section longi- tudinale parait huileuse et rayée par des séries de pores allongées de teinte grise; bois à petites mailles, grain assez fin. .Aubier jaune pâle très épais dans les arbres jeunes. Densité moyenne. — A l'état frais Dureté. — Demi-dur. .020; à l'état sec : 0.750. Facilités de TRWAIL. — Sciage : facile; rabotage : facile; jcnle à l'oulil : peu facile;Jîsscmfc/age .- tenons et mortaises faciles à faire et résistants; cloui. vis: s enfon- cent et tiennent bien. Tenue du bois débité. — Très bonne. L'aubier doit être rejeté. Usages principaux. — Ebénisterie. menuiserie d'intérieur, constructions nav.iles Remarques. — Très bel arbre, droit et cylindrique atteignant l'''70 de diamètre et 30 mètres de hauteur de fût. Assez abondant surtout dans la région de Grand-Lanou. DEUXIÈME CATÉGORIE Bois pouvant rem[ilacer les bois et sapins. Emplois: Mt-nuisi m , charpente. DENOMINATION adoptée DENSITE approximative à l'état sec ou demi-sec Aie le Bania Framiré Niangon Sibo. 0 450 0 550 0 475 0.575 0.475 CARACTERISTIQUE de-- boi'i Bois rose très [lale, gram de l'acajou. Bois gris orange fonce et uni. Bois jaune clair. Bois rose saumoné. Bois jaune orange. Observations concernant ce classement : Les densités indiquées ici pour VAtélé, le Bahia et le Framiré sont plu- tôt faibles, â notte avis. TROISIEME CATEGORIE Bois pouvant remplacer les diverses vanélés de chêne et de teck. Emplois : Construction, menuiserie de bâtiment, parquets, char- pentes, pilotis, poutres, matériel de chemin de fer, constructions navales. DENOMINATION adoptée Dabéma Iroko Makorê Niangon Olon . Sougué • Tali. . Fraké . DENSITE approximative a I elat sec ou d emi-^ec 0 775 0 700 0 725 0 575 0 875 0 850 0 875 0 610 j CARACTERISTIQUE dfs bois Bois gris jaunâtre. Bois jaune brun clair. Rois rouge rosé. Bois rose saumoné. Bois ]aune citron. Bois couleur liège. Bois brun clair. Bois blanc jaunâtre. Observations concernant ce Liassement : Le Mahorc «emble plus indique, à notre avi^. pour I eb?nisterie. L*0/on pourrait être également employé en èbenisterie. La densité moyenne de l'O/on. à l'étal sec. n'e^t guère supérieure à 0.800, par contre, celle indiquée ici pour le Sougué et le Tali est très faible. QUATRIÈME CATÉGORIE Bois pouvant remplacer le hêtre et le platane. Emplois : Tourneries, bois à brosses, à pavés, bourrellerie, sièges. CINQUIÈME CATÉGORIE Bois débénisterie et de placage. Emplois : Menuiserie de luxe, ameublements. DENOMINATION adoptée Acajou .... Acajou Tiama . Apomé .... Assas . . Badi .... Bossé . . . - Obolo .... DENSITÉ approximative! à l'état sec ou demi-sec | CARACTERISTIQUE des bois 0 625 0 750 0 950 0.575 0.775 0.625 0.775 Bois rouge saumoné. Bois rouge brun. Bois brun rosé. Rois couleur tabac. Bois jaune d or. Bois ro*e pale. I Bois rouge rosé fonce. Observations concernant ce classement : L'.4pomc esr un bois assez irrégulicr et très lourd ; difficilement utilisable. Les densités indiquées pour le Bossé ot VOboto nous paraissent trop faibles. SIXIÈME CATÉGORIE Bois pouvant être utilisés pour traverser de chemin de fe pilotis, etc. DENOMI'.- adopté à 1 étal 5 ou dcml-^ CARACTERISTIQUE Abale - - Adjansi Adjouaba . Adzobé . Bodioa . . Coula ■ ■ Fou . . . Kroma . ■ Palëluvier 0 750 0 850 1 050 I 075 0.950 1.075 1 075 I .050 I 125 Bois rose. Bois jaune grisâtre. Bois gris brun jaunâtre. Bois brun violacé. Bois jaune ocre. Bois brun Ile de vin. Bois rouge violacé. Bois brun jaunâtre. Bois rou^e violacé. Observations concernant ce claisenient : l^' Adjouaba pourra peut-être être classé par la suite dans les bois d éhf-- niste ie. 11 en est de jolies billes qui pourraient être utilisées pour le meuble moderne. Le fou est un bois d'avenir. A grains excessivements sénés, il est atjpelc à remplacer les buis, cormier et igaîak, pour l'outillage et ^ s spéciaux. Nota. — Le classement de /'Ako. de /'Anioukéti el de /'Aniguéry semble avoir été omis par la Commission. Les deux premières essences doivent, à notre avis, être ajoutées a la deuxième catégorie. La troisième à la troisième catéaorie. Nous verrons plus loin, dans la troisième partie de ce travail, que, sauf en ce qui con- cerne VAvodiré qui est un bois d'excellente qualité, les essences de la première catégorie ne sont pas exploitables actuellement et qu il convient d'être circonspect en ce qui concerne certaines essences des autres catégories, celles de la sixième notamment. Nous ne préconiserons dans ce travail que l'exploitation de celles dont la production peut acquérir une certaine impor- tance et dont l'écoulement, en France ou à la colonie même, nous paraît assuré et rémunéra- teur. RÉGIME FORESTIER EN VIGUEUR DANS LA Colonie Règlements d'exploitation et t.^xes Le régime auquel sont soumises les exploi- tations forestières dans la Colonie et l'exercice des droits d'usage des indigènes ont été fixés par le décret du 18 juin 1912 et par divers arrêtés locaux, dont celui du 23 août 1912 pris pour l'application du décret en question. Nous ne citerons pas ces textes, la lecture 31 pouvant en être fastidieuse. Nous nous borne- rons simplement à une analyse assez complète, mais aussi succincte que possible. L'Administration locale ne procède pas comme en France, bien que le décret du 18 juin l'y autorise, à l'adjudication de coupes ou par- celles, préalablement aménagées et évaluées par un service forestier. 11 lui faudrait en effet comme on procède en Europe, à abattre indis- tinctement toutes les essences et à ne laisser de- bout que les seuls sujets dont on veuille faire des porte-graines et, en même temps, de futurs arbres d'industrie. Or, ce n'est pas le cas et ce ne le sera pas avant longtemps encore. On n'exploite guère actuellement, là où on exploite, que 1 à 2 % Diieclion du Wharf. — Fa<;ade sur le boulevard Treich-Laplene. Cliché Agence écononiiquf A. O. F. j pour cela une organisation assez coûteuse qui absorberait la majeure partie des recettes pro- venant des taxes auxquelles sont assujettis les exploitants. D'autre part, pour qu une organi- sation de ce genre pût fonctionner utilement, c'est-à-dire obtenir, sinon l'amélioration de la forêt, tout au moins la conservation de sa va- leur actuelle, il faudrait qu'on puisse obliger les exploitants, adjudicataires ou concession- naires, à procéder à des coupes rationnelles au maximum de la forêt, soit 2 à 4 "" des arbres adultes. On pourrait en exploiter huit ou dix fois autant si l'on se décidait à industrialiser les exploitations, à organiser la coupe et 1 écoule- ment des meilleures essences. Mais ce n'est que lorsque la Colonie sera pourvue de ports bien outillés qu'il sera possible d'envisager l'utili- sation et, par suite, l'abatage de toutes les essences. Les facilités d'embarquement, la ré- duction des tarifs de fret, permettront, en effet. — 32 — à ce moment, d installer sur place des scieries à très grand débit pour des bois de charpente à bon marché, et des traverses de chemin de fer; des usines pour la fabrication de pâte à pa- pier, qui absorberont les essences tendres de peu de valeur commerciale; enfin des usines de produits chimiques qui utiliseront, notamment pour obtenir des pyroligneux et des alcools Canai de Kralfy. Cliché Ayence économique A O. F méthyiiques, tous les déchets, tous les bois impropres aux autres industries. On pourrait en déduire que le régime actuel conduit à la ruine des peuplements les plus inté- ressants. Ce serait vrai, s'il devait se prolonger trop longtemps. La disparition des essences de choix n'est cependant pas à envisager à brève échéance du fait qu'on coupe les plus gros arbres parmi les meilleurs, les exploitants n'étant au- torisés, en effet, à n'abattre, pour les bois pré- cieux surtout, que des sujets ayant déjà atteint une certaine dimension. Nous ne voulons pas dire par là que le système soit parfait; il répond en tout cas à une nécessité du moment. Toute me- sure prise pour assurer le repeuplement de la forêt en bonnes essences serait superflue tant qu'il ne sera pas possible de contraindre l'ex- ploitant à abattre tous les arbres non réservés spécialement. Et ce ne sera peut-être que dans vingt ou trente ans qu'on pourra v penser ! Chantiers Au lieu de coupes délimitées par avance, l'Administration locale concède en conséquence des chantiers ou carrés de fcrét de 2.500 hec- tares ( 5 km. X 5 km.) dont l'emplacement est choisi par l'exploitant lui-même et dont ce der- nier n'exploite que ce qu'il veut durant la pé- riode pour laquelle les chantiers sont accordés. L'octroi, le renouvellement de ces chantiers, l'exploitation dont ils sont l'objet, sont soumr- à certaines formalités, à des redevances, dont nous allons donner l'énumération. Permis d exploitation Toui particulier ou représentant d'une So- ciété désireux de se livrer à l'exploitation fores- tière ou d'étendre une première exploitation, a la faculté, avant de demander un ou plusieurs chantiers qui entraînent le versement de rede- vances assez élevées, de faire de la prospection, c'est-à-dire d'étudier une partie de forêt, au point de vue valeur des peuplements ainsi qu à celui des facilités d évacuation des bois abattus. Pour que cette prospection lui réserve des droits, il faut qu'il prenne un permis dit - d'explora- tion li, permis qui peut porter sur une assez grande étendue d'un seul tenant, en zone non concédée, et dont les droits sont calculés comme suit : 2 francs par kilomètre carré jusqu'à 25 kilo- mètres carrés; 3 francs pour la superficie excédant 25 kilo- mètres carrés jusqu'à 50 kilomètres carrés; 4 francs pour la superficie excédant 50 kilo- mètres carrés jusqu'à 75 kilomètres carrés; 5 francs pour la superficie excédant 75 kilo- mètres carrés jusqu'à 100 kilomètres carrés; 6 francs pour la superficie excédant 100 kilo- mètres carrés. Une même personne ou Société ne peut dé- tenir à la fois qu'un seul permis d'exploration. Ce permis est valable pendant trois mois. Il con- fère uniquement au titulaire une priorité pour — a — obtenir, durant sa validité, un ou plusieurs per- mis d'exploitation dans la zone de forêt qu il concerne. Les demandes d'exploration doivent être adressées à l'Administrateur du cercle mté- ressé, appuyées d'un plan ou d un croquis de la région sollicitée et d'un récépissé constatant le versement au Trésor des redevances afféren- tes. Elles sont transmises au Gouverneur (Ser- vice forestier) qui accorde les permis si les zones demandée; sont reconnues libres. Si plusieurs demandes sont adressées en même temps pour la même zone, la priorité est accordée à celle qui, la première, a été déposée et enregistrée au Cercle. Les permis d'exploration ne sont pas renou- velables. Permis d'exploitation ou chantiers Le permis d'exploration n'est pas indispen- sable pour obtenir un permis d'exploitation ou chantier. De plus, il ne confère pas au titu- laire un privilège absolu sur la zone de forêt qu'il concerne, lorsque cette zone est contiguë à une exploitation en cours et que le chef de celle-ci s'est acquis des droits sur les parcelles environnantes en construisant, par exemple, une voie Decauville susceptible de les desservir. Il peut donc y avoir opposition de la part de cet exploitant à l'octroi des permis demandés dans son voisinage par un tiers. Généralement, ces oppositions sont réglées à I amiable; à défaut d'entente, elles peuvent être soumises à l'appré- ciation du Tribunal de première instance de Grand-Bassam. Comme nous l'avons dit, le permis d'exploi- tation ou chantier porte sur une surface de 2.500 hectares, soit 25 kilomètres carrés. Une même personne ou Société peut en obtenir plusieurs, contigus ou non. Us sont valables pendant une année. Ils peuvent être renouvelés indéfiniment dès l'instant qu'ils sont, eux ou le groupe de chantiers contigus dont ils peuvent faire partie. l'objet d'un minimum d'exploitation, minimum révisable et fixé par l'Administration. Les demandes de permis d'exploitation doi- vent également être adressées au Gouverneur par l'intermédiaire de l'Administrateur du cer- cle intéressé qui les affiche pendant un mois et les transmet avec son avis motivé. Dès le dépôt au cercle, le chef-lieu est saisi et fait paraître au Journal ojjiciel de la Colonie un avis indiquant, avec le nom du demandeur, les limites du permis sollicité. Le délai d'un mois écoulé, et toutes les formalités accomplies, le permis peut être accordé. S'il y a des opposi- tions, elles sont réglées comme nous l'avons exposé plus haut. Si, d'autre part, le même permis était l'objet de plusieurs demandes et qu'aucun des deman- deurs n'ait acquis de priorité par un permis préalable d'exploration ou de droits spéciaux résultant d'une exploitation voisine, la réglemen- tation forestière autorise l'Administration à mettre ce chantier aux enchères publiques. Le prix d'adjudication tient alors heu de redevance pour la première année; il ne peut, par suite, être inférieur au taux de cette redevance. Une demande de chantier entraîne le verse- ment d'une somme de 1 .250 francs à titre de redevance annuelle et la consignation au Trésor d'une somme de 1.750 francs (I) dont 250 fr. pour garantie de délimitation et 1.500 franc-3 pour cautionnement de garantie du salaire des travailleurs pouvant éventuellement être em- ployés sur le dit chantier. Ce cautionnement peut être constitué par des valeurs ou encore être remplacé par un engagement souscrit par un autre exploitant ou maison de commerce agréés par l'Administration. Les récépissés de versement et dépôt, 1 en- gagement tenant heu de cautionnement, le cas échéant, doivent être annexés à la demande éta- blie en triple expédition. Doivent également (I) Tous les permis sont, en outre, soumis à la for- malité du timbre (0,20 "> des redevances, plus 0,50 taxe fixe pour la copie). Les cautions sont timbrées à 0,50 %. - 34' être joint.-, trois exemplaires du plan du chan- tier lequel plan doit avoir pour base une voie d'eau, une voie ferrée, une route ou un sentier faciles à repérer; ce plan doit être rattaché à un point géographique connu. Base défi chantiers Bien que le permis d'exploitation soit en principe un carré parfait, la base sur laquelle il est construit peut n'être pas rectiligne. Dans ce cas, on construit le carré sur les points extrêmes de la base, ces points étant reliés par une ligne droite imaginaire et, suivant les cas, les super- ficies englobées par les méandres de la base vraie, s'ajoutent au permis ou en sont retran- chées. Observation. - C'est la rivière et non le pointillé qui sépare le chantier n" 2 du chantier n" 4. Les n'"* I et 3. les premiers accordés, peuvent être exploités sur toute leur superficie. Le chantier n" 4, par contre, est très restreint. Son titulaire ne pourra exploiter dans les parties hachurées du I et du 3 que lorsque ces derniers chantiers seront périmés. Il en est de même peur le chantier 3 qui ne pourra être exploité sur la partie hachurée en lignes horizontales qu'après que seront périmés les n ' I et 4. Chevauchement Je chantiers Il arrive fréquemment, d'autre part, que des permis contigus. mais dont la base est sinueuse. comme c'est généralement le cas lorsqu'il s'agit de rivières, chevauchent les uns sur les autres. Le premier permis accordé a, dans ce cas, la priorité sur le second, et le second sur les sui- vants pour la partie de forêt qui est comprise dans plusieurs chantiers. Le dessin ci-contre fpra mieux comprendre que de trop longues explications. Chantiers en bordure de la Voie jerrée Les chantiers limitrophes de la voie ferrée sont l'objet d'une délimitation spéciale. Pour éviter des chevauchements et permettre néan- moins le plus d'exploitations possibles, l'arrêté du 23 août 1912 a précisé en effet que les li- mites Nord et Sud de ces chantiers seraient non des perpendiculaires à la voie, mais des lignes Est-Ouest, partant des points kilométriques 5 ou multiples de 5. Comme la ligne du chemin de fer suit une direction générale S.E.-N.O., il s'ensuit que la plupart des chantiers accordés en bordure ne sont pas des carrés, mais des tra- pèzes dont la superficie est plus ou moins infé- rieure à celle des autres chantiers. Demandes de permis visant une zone dont la concession Va arriver à expiration. Il arrive que, pour une raison quelconque, le détenteur d'un chantier abandonne celui-ci avant d en avoir achevé 1 exploitation, quel- quefois même avant de 1 avoir entreprise. La demande de renouvellement n'étant pas faite ou n'étant pas suivie d'effet, le chantier va redevenir libre; deux ou plusieurs compétiteurs le sollicitent, soit comme permis d'exploration, soit comme permis d'exploitation, à des dates différentes, mais avant l'échéance de validité du permis antérieurement accordé. Dans ce cas, la date de dépôt au cercle intéressé ne conférera de priorité à l'un des intéressés que s'il n'est déposé que des demandes d'exploration. S'il y a en même temps une demande d'exploitation, elle prime les premières, même si déposée après — 33 elle?; s'il y en avait deux ou plusieurs, l'Admi- nistration procéderait, comme il a été déjà dit, par voie d'adjudication. Les permis sont personnels Les permis d'exploitation ou d'exploitation de forêt accordés sont strictement personnels. Ils ne peuvent être transférés à un autre titulaire ou En forêt. — Voie Decauville. Cliché Métaypr. Grand *Bas^am apportés à une Société qu'avec l'autorisation du Gouverneur en Conseil d'Administration. En fait, ces transferts ne sont jamais refusés s'ils ne cachent pas un but spéculatif évident. Règlements d'exploitation. Taxes. L exploitation des chantiers, leur renouvel- lement, sont soumis à des règles précises. Le détenteur est tenu : I " De tenir un carnet de chantier sur lequel il inscrit très régulièrement tous les arbres abat- tus, le nombre, les dimensions et le numéro des billes fournies par chacun d'eux, la date de leur sortie du chantier. Ce carnet, qui sert de base à la perception des taxes et au contrôle des cou- pes, doit être très bien tenu; il doit être commu- niqué à l'Administration chaque fois qu'elle en fait la demande; 2° De ne faire voyager les billes obtenues, jusqu'au port d'embarquement, qu'accompa- gnées d'extraits de carnets établis en triple expédition et visés par l'Administrateur du cer- cle dans lequel se trouve le chantier. Les exploitants qui ne tiendraient pas compte de ces formalités, et qui seraient convaincus ou suspectés d'avoir sorti frauduleusement des billes de leurs chantiers, pourraient être condamnés à des peines sévères; leurs bois pourraient être saisis et confisqués; 3 D'acquitter une taxe dite d'abatage, dont nous indiquons plus loin le taux pour chaque essence, et qui varie de I à 1 5 francs par mètre cube (I) de bois abattu, sorti ou non du chan- tier. Cette taxe est payable au moment du visa par l'Administration, des extraits de carnets, c'est-à-dire à la sortie des billes du chantier. Pour les billes abandonnées, elle est payable au moment du renouvellement du chantier ou de son expiration, lorsque le carnet doit être en- voyé au Service forestier pour vérification et con- trôle des coupes. La mention de payement de la taxe (2) doit être indiquée sur les extraits et sur le carnet lui-même; 4" De payer une taxe de repeuplement de 10 francs par arbre abattu {Acajou, Tiama et Iroko seulement) ou de replanter effectivement, dans des terrains qui lui sont concédés à cet effet et dont il peut devenir propriétaire, un nombre d'arbres quintuple de celui abattu et (1) Cette taxe vient d'être modifiée (V. p. 39.). (2) Cette taxe n a été instituée que par arrêté en date du 7 octobre 1920. Le taux devrait en être revisé assez fréquemment, suivant les cours auxquels sont vendus les bois sur place. 36 - d'essences déterminées, au nombre desquelles les bois précieux, le cacaoyer et le palmier à huile; 5 De sortir annuellement de son chantier pour en obtenir le renouvellement, un minimum de 300 tonnes de bois, quelles que soient les essences exploitées. (Lorsqu un même exploi- tant a plusieurs chantiers qui sont contigus, il n'est pas obligé de les exploiter tous, pourvu qu'il sorte de l'ensemble un tonnage en rap- port avec le nombre de chantiers). Cette mesure, prise en vue d'éviter l'accapa- rement de chantiers, n'est pas toujours appliquée à la lettre. Tout d'abord, il est admis que l'ins- tallation d'une voie Decauville peut tenir lieu d'exploitation effective pendant un et même deux ans. Ensuite, il est des cas de force ma- jeure, maladie, accidents, insuffisance de crue dans les rivières, mévente des bois, comme en 1921, etc. L'Administration locale examine toujours avec beaucoup de bienveillance les cas particuliers qui lui sont soumis. Renouvellement des chantiers Le renouvellement des chantiers est accordé par le Gouverneur dans les mêmes conditions que les premiers permis, sauf que le pétition- naire n'a pas à fournir (en dehors d'un récé- pissé de versement d'une nouvelle somme de 1 .250 francs comme redevance annuelle) de cautionnements, plans, etc. Par contre, il doit justifier du tonnage sorti du chantier à renouveler, tage en envoyant son carnet de chantier, ac- quitter enfin la taxe dite de repeuplement s'il ne fait pas de déclaration concernant le repeuple- ment en nature. 11 doit aviser l'Administration de son inten- tion de faire renouveler son permis un mois au moins avant l'expiration de celui-ci. doivent être entretenues pendant trois ans au moins, faute de quoi l'Administration pourrait les reconnaître comme sans valeur et réclamer aux exploitants les taxes qu'ils auraient norma- lement dû acquitter. Fraudes Les coupes irrégulières, celles qui sont faites en dehors des chantiers, les tentatives de dissi- mulation d'arbres abattus, de tromperie sur la quantité de bois sortis, etc., sont punies très sévèrement. Faute par l'intéressé, lorsqu'un dé- lit a été constaté à sa charge, de demander et Débarcadère d Ono. Cliché Métayer. - Grand-Bas^am accepter un règlement transactionnel, l'Admi- nistration saisit des faits le Procureur de la République qui, après instruction, traduit 1 inté- ressé devant le Tribunal correctionnel de Grand- Bassam. Le décret du 18 juin prévoit des pénalités rigoureuses, jusqu'à 10.000 francs d'amende, la confiscation des bois, la révoca- tion des permis et la suspension pendant cinq ans de tous droits à l'attribution de nouveaux chantiers. Repeuplement en naiure Les plantations faites par les exploitants pour tenir lieu de la taxe de repeuplement sont sou- mises au contrôle de l'Administration. Elles Grandes concessions 11 n'y a là, à la Côte d'ivoire, qu'une seule concession qui mérite cette appellation, celle de la Compagnie forestière de l'Afrique Fran- — 37 — çaise, accordée en 191 1. Cette Société jouit de privilèges spéciaux antérieurs à la réglementa- tion intervenue en 1912. D'autres Sociétés dé- tiennent des superficies de forêts aussi considé- rables (60.000 hectares), mais sous forme de chantiers de 2.500 hectares, qu'elles renouvel- lent au fur et à mesure de l'échéance des délais de validité. Le Gouvernement local a étudié de nouveau la possibilité d'accorder, pour vingt ou trente années, des concessions de grande étendue aux Sociétés disposées à engager des capitaux im- m^:^ Termitière. Cliché Burger' portants dans la Colonie. Un cahier des charges type a été établi dans ce but. Les bénéficiaires seraient toutefois astreints au:; mêmes obliga- tions que les détenteurs de chantiers ordinaires, en ce qui concerne les redevances et le tonnage minimum à sortir chaque année par 2.500 hec- tares concédés. La question a été soumise au Ministre des Colonies. Elle est de nature à inté- resser les personnes ou groupements désireux de placer des capitaux dans les affaires coloniales. En admettant, ce qui ne pourra d'ailleurs se réaliser que dans une période assez lointaine, que peuplements pauvres ou riches de la région côiière puissent être exploités à tout venant, des industries locales arrivant à tirer parti d à peu près toutes les essences, un facteur essentiel interviendra toujours pour reTidre impossible, en fait, l'exploitation des zones éloignées de tout moyen pratique et peu coûteux de communica- tion, c'est le facteur transport. Les bois pré- cieux peuvent à la rigueur être coupés assez loin dans l'intérieur, le prix auquel ils sont réalisés permettant de couvrir des frais de transport élevés. Mais dès qu'on envisage la question au point de vue des bois de charpente et de menui- serie, la zone exploitable se rétrécit singulière- ment. Elle se rétrécit plus encore pour les bois à traverses de chemin de fer, et quand on vou- dra exploiter les essences propres seulement à la pâte à papier ou à la fabrication de produits chimiques, il ne faudra guère s'écarter des lagunes, rivières ou fleuves navigables ou flot- tables, les industries de transformation aux- quelles nous faisons allusion n'étant viables qu'autant que la matière première, c'est-à-dire le bois, leur reviendra à un prix extrêmement bas. Actuellement, il y a déjà environ six cent cinquante mille hectares de concédés à des exploitants. Bien entendu, ces six cent cinquante mille hectares représentent, sinon ce qu il y a de plus riche en Acajou, tout au moins ce qu'il y a de plus facile à exploiter. La majeure par- tie des chantiers se trouve en arrière de Grand- Bassam, soit en bordure de la voie ferrée par- tant d'Abidjan, 1'", 2" et 3' zones, soit en bordure des voies navigables ou flottables, fleuves, rivières, lagunes. Les autres chantiers se trouvent en arrière d'Assinie, de Grand- Valeur respective des zones de forêts Lahou ou de Sassandra. AU POINT DE VUE DE LEUR EXPLOITATION Les chantiers bien placés de la zone en arrière de Bassam sont de beaucoup les plus Toute la forêt de la Côte d'Ivoire n'est pas favorisés; les bois sortis du voisinage du che- susceptible de pouvoir être mise en exploita- min de fer, des lagunes Ebrié et M'Poiou, du tion immédiatement ou dans un délai rapproché. Comoë, peuvent être évacués à peu de frais et 38 1 TABLEAU ANNEXE A L'ARRETE DU 7 OCTOBRE 1920 portant création d'une Taxe d'abatage DENOMINATION DES ESSENCES DIAMETRE mimimum à 4 mètres de hauteur à partir du collet de la racine Acajou ( Kahya ivorensis) Iroko (Chlorophira exceha) Tiama ( Entandrophragma sp. ) Badi (Surcocephalus Pobeguini) Bossé (Trichilia cedrata) Makoré (Dumoria Heckeli) Niangon (Cola proteiformis) Rikto ( Uapaca bingervillensis) Framire (Termînalia ivorensis) Aiélé (Canarium occidentalis) Apomê (indéterminé) Azobé (Lophira procera ) Ako ( Antiaris toxicaria) Asas (BriJelis speciosa) Aninguéry (Malencantha lobusta) Abalé (Petersia vridiflora) Adjansi (Cicca discoideus) Adjouaba (Hœmaloataphis Barieri) . Aniouketi ( Pachypedunthium) Avodire (Singera africana) Babia ( MUragyne macTophyîla) Bodioa ( Pyncertia occidentalïs) Coula (Coula edulis) Dabema ( Piptadenia africana) Faro (indéterminé) Frake (Terminalia altissinni) . . . . Kroma (Klainedoxa) Lo ( Parl^ia agboensis) Obolo (Ochrocarpus africana ou Mammea africana) ■ Olon (Fragara macrophilla) Pn ( Funtunia africanaj Souguê ( Parinarium termifolium) Samba ( Triplochyton soleroxylon) Senan ( Massehotfya siafiana) Sibo ( Sarcocephalus csculanlus) Tali (Eryiroploeum guineensej mètres 080 0.50 0.60 0.50 0.35 TAXE de repeuplement par arbre abattu f, 10 .1 10 .. 10 » exonère TAXE d abatat;e par mètre cul*'- 15 10 3 3 3 3 3 3 3 OBSERVATIONS La taxe de repeuplement est facultative. Il peut y être suppléé par repeuiilcment en nature Ait 31 de rarrêlé du 23 Août 1912 Toute fraction supérieure â 0 me 300 compte pour un mètre cube. Il est accordé d autre part une tolérance de I i' 10 pour la déclaration du cubage sorti. Toute déclaration comportant une erreur de plus de I 10 peut entraîner une sanction. Les billes ou brancfies sont comptées pour un minimum de :,5sences non dénommées. Abatage Itbte : reserve (aile des essences utiles enumerecs a l'arrele 739 du 23 aoùl 1912. Nota. — Ainsi que nous I avons signale plus haut, les taxes prévues à l'arrêté ci-dessus viennent d'être mcdifiées. Un arrêté du Gouverneur de la Colonie, en date du 19 décembre 1921, précise (|ue les nouvelles taxes, calculées sur le nombre d arbres abattus et non sur le volume de ces arbres, ce qui en rendra la per- ception plus facile, sont fixées comme suit : 90 francs par arbre pour l'Acajou. 50 20 20 20 20 20 V Iroko. — le Tiama. — le Badi. — le Bossé. le Makoic. -- le Niangon. 20 francs par arbre pour le Ri^io. 20 — — — le Framire. 6 — — ■ — les autres essences. Ces nouvelles taxes correspondent approximativement aux anciennes pour 1 Acajou et 1 Irol^o. ainsi que pour le Badi, le Bossé et le Majoré. Elles sont moins lourdes pour le Tiama. Par contre, elles paraissent trop élevées pour le Niangon. le Ril^io &. le Framire. arbres d assez i>etit diamètre, qui ne donnent guère que de 2 à 4 mètre.s cubes en bois exploitable. La taxe tie repeuplement n est pas modifiée. De même sont maintenus les diamètres mmima au-dessous desquels ne peuvent être abattus les différentes essences énumérées à l'arrêté du 7 octobre 1920. 39 pendant toute l'année sur Grand-Bassam d'où, à la faveur du wharf, ils sont expédiés facile- ment par les cargos de passage. Les chantiers situés en deuxième ou troisième zone exigent déjà, pour l'évacuation des bois, des voies Decauville coûteuses, une main-d'œuvre plus abondante. Ceux qui sont desservis seulement par les petites rivières sont encore moins ayan- Un Tiama-tldma de 7 '"50 de diamètre. !,Clichê Métayer- — Grand-Bassam' tagés, car l'évacuation des bois coupés sur ces chantiers est subordonnée à la régularité des crues périodiques; si ces crues ne se produisent pas ou sont insuffisantes, les billes restent en panne, pourrissent ou se fendent en attendant la crue suivante qui leur permettra peut-être d'atteindre le port d'embarquement. C'est une campagne perdue pour l'exploitant, quelque- fois la ruine. Dans les régions d'Assinie, Grand-Lahou et Sassandra, les exploitants, quels que bien pla- cés et bien desservis que puissent être leurs chantiers, doivent compter avec les aléas dej expéditions, les cargos transporteurs mettant plus ou moins de complaisance à toucher ces points et la barre rendant toujours plus ou moins difficiles les opérations de chargement. Ces 650.000 hectares concédés représentent donc incontestablement le meilleur de la foiêt au point de vue exploitation de 1 Acajou et des essences d'ébénisterie. Si l'on a déjà coupé depuis dix ans (tant sur les chantiers en cours de validité que sur les chantiers voisins aban- donnés depuis et qu'on peut évaluer à 100.000 hectares environ) 300 à 400.000 ton- nes d'Acajou et une cinquantaine de mille tout au plus d'autres essences comme : le Tiama, VIroko, le Bosse', etc., ces 650.000 hectares sont loin d'être exploités complètement pour le seul Acajou. Ils sont à peu près vierges de toute exploitation en ce qui concerne les autres essences d'ébénisterie; ils le sont complètement (exception faite pour quelques chantiers qui ser- vent à alimenter les scieries locales) en ce qui concerne les bois de menuiserie et de charpente. Pour V Acajou, la zone non exploitée acces- sible aux coupeurs est encore assez vaste, sur- tout SI les cours de cette essence se maintiennent élevés et permettent l'installation de chemins de fer Decauville de 15 à 25 kilomètres, reliant les concessions aux voies naturelles d évacua- tion. Pour les bois de valeur moindre, il ne faut pas songer à aller aussi loin dans l'inté- rieur. Néanmoins, leur zone d'exploitation est relativement étendue, car elle comprend, en dehors de la majeure partie de la zone actuelle- ment exploitée pour V Acajou, toute la partie de forêt qui est en bordure des lagunes ou de la mer et qui n'a jamais été exploitée parce que ne contenant pas ou presque pas d'Acajou. Pour nous résumer, nous dirons que la zone exploitable pour l'acajou et les meilleures essences comprend, au maximum, en l'état actuel des choses, 1.200 à 1.400.000 hec- — 40 tares (1). Ce chiffre est à ramener à 300, 400.000 pour les bois de menuiserie et de char- pente de choix susceptibles de flotter. Pour les essences de moindre valeur et les essences lourdes, il faudra réduire encore sensiblement ce dernier chiffre et, si l'on envisage pour plus tard la coupe des bois à tout venant, pour l'alimentation d'industries locales, il ne faut guère compter, pour ce genre d'exploitation, que sur 200 à 250.000 hectares. C'est déjà quelque chose, car ces deux cent mille hectares pourraient fournir, en bois tendres, par des ■^ife. Tirage de billes en forêt. coupes réparties sur quarante années, plus de 500.000 mètres cubes de bois par an (2). Nous sommes donc loin de l'exploitation totale des 12.000.000 d'hectares de forêt de la Colonie. Plus tard, évidemment, par l'amé- nagement des voies fluviales ou la construction de nouvelles voies ferrées partant de la côte, il sera sans doute possible d'étendre peu à peu (1) S[ l'on tient compte des surfaces défrichées, encore utilisées par les indigènes, ou réoccupées par une forêt de valeur secondaire. (2) Le C Bertin estime à 250 m^ au minimum par hectare les peuplements de la grande forêt. Nous pre- nons un chiffre beaucoup plus faible pour la zone voi- sine des lagunes et des fleuves navigables où abondent les parties peu ou mal boisées, savanes, palmeraies, terrains cultivés, etc. les superficies exploitables. Cette éventualité, en tout cas, est trop éloignée de nous pour que nous songions à en envisager les conséquences. Moyens et modes d'évacuation sur la COTE DES bois ABATTUS. — ENTREPOTS. — Expéditions Tirage à main d' hommes. Quelle que soit la situation des chantiers, qu'ils soient desservis par un simple torrent d'hivernage, par une voie d'eau plus impor- tante, par une voie Decauville, voire même par le chemin de fer à voie d'un mètre qui abou- tit à Abidjan, il y a toujours une certaine dis- tance entre le point où a été abattu l'arbre, et celui oîi les billes seront mises à l'eau pour être K flottées h ou chargées sur wagonnet ou wagon. Cette distance peut varier de quelques dizaines de mètres à deux, trois, cinq kilo- mètres et même plus, suivant les chantiers et la nature du sol, suivant l'outillage des exploi- tants qui, s'ils disposent de rail Decauville, peuvent établir des embranchements plus ou moins rapprochés. Or, pour amener les billes au point oij le wagon les prendra, on n'a usé jusqu'à présent que du procédé le plus primitif : le tirage de ces billes à main d'homme. Certes, dans un pays où les animaux de bât ou de trait ne vivent pas (1). c'est, sinon le seul dont on puisse dis- poser, du moins le plus économique, tant qu'il ne s'applique qu'à de très courts trajets. Dans une forêt dont on n'exploite guère qu'un arbre en moyenne à l'hectare, et cette moyenne n'est pas toujours atteinte par les coupeurs d Acajou, il n'est pas possible de conduire une voie Decau- ville au pied de tous les troncs abattus. Cela entraînerait à des frais excessivement élevés. L'usage de treuils à vapeur ne serait guère plus pratique, étant donné que ces appareils ne peuvent guère fonctionner que sur des lignes droites, difficiles à tracer en forêt. ( I ) Par suite des trypanosomiases. 41 — Quoi qu'il en soit, le tirage par la traction humaine demanderait à être réglementé et toléré seulement pour de courtes distances, chaque exploitant étant mis en demeure de placer des voies Decauville sur son chantier. Peu à peu des moyens moins primitifs, trac- teurs légers, par exemple, viendront remplacer l'homme pour ce genre de travail. Du reste, au fur et à mesure que se développera l'exploita- tion forestière, qu'augmentera le nombre des essences exploitées, par suite le tonnage sorti des chantiers, les exploitants auront avantage à utiliser du Decauville, à multiplier les ramifica- tions volantes, à réduire au minimum la traction humaine, la main-d'œuvre, déjà peu abon- dante, étant mieux utilisée à d'autres emplois : abatage, tronçonnage, équarrissage des bois, ouverture de chemins, chargement des billes, etc. Comment s'opère le tirage? Sur des chemins tortueux, tracés entre les gros arbres et sur les- quels on a placé, en travers, des rondins de bois qui permettent aux billes placées sur une sorte de traîneau ou de schlitt, de glisser sous l'effort de la traction. Celle-ci s'effectue au moyen d'un film accroché ou attaché à l'avant de la bille: 40, 50, 60 hommes, et quelquefois plus, s'attellent deux par deux à des fiches en bois passées dans ce film et entraînent la bille avec eux dans leur mouvement en avant. Très sou- vent, on place également un filin ou une corde à l'arrière avec quelques hommes dont la mis- sion est de surveiller la direction suivie, faire éviter les écueils, ralentir la marche et éviter les accidents dans les descentes brusques, etc. 50 à 60 hommes arrivent à tirer une bille de 2 tonnes lorsque le trajet à accomplir est assez court. Lorsque la distance atteint et dépasse 2 kilomètres, il faut renforcer l'équipe : 70 hommes ne sont pas de trop. Pour les grosses billes qui font jusqu'à 6 tonnes, on met jusqu'à 100 et 120 hommes; l'opération est nécessairement très lente. Une bonne équipe de 60 hommes peut faire parcourir à une bille d'un poids moyen de 2 tonnes, de b à 10 kilomètres par jour, suivant que le chemin de tirage est plus ou moins acci- denté, plus ou moins bien fait et entretenu. C'est dire que, lorsque le trajet à accomplir n'est en moyenne que de 600 à 800 mètres, cette même équipe peut rassembler 8 à 1 0 billes dans la même journée. Les billes rassemblées près d'une voie Decauville sont chargées, soit qu'elles aient été équarries, soit qu'elles soient restées en rondins, sur des wagons-plateforme. Deux wagons par bille; sauf pour les petites, pour lesquelles un seul peut suffire. Sauf quelques rares exceptions, lorsqu'il s agit de grosses exploitations et de voies posées pour longtemps, ces chemins de fer Decauville sont construits le plus économiquement possible, sans ballast; les rails, montés sur des traverses métalliques, qu'on double par des rondins de bois si elles ne sont pas assez rapprochées, sont simplement posés sur le sol. Le rail le plus communément employé est celui de 9 kg. 500 au mètre. Les éléments de voie sont générale- ment de 5 mètres avec 4 eu 5 traverses. On emploie peu d'éléments courbes, malgré la sinuosité des tracés; quelques aiguilles sont nécessaires pour les embranchements. Il n'est guère que deux Sociétés qui emploient du matériel plus fort et se servent de locomotives pour la traction des wagonnets. Partout ailleurs, ceux-ci sont poussés par des hommes. Sauf dans les côtes accentuées où elles doivent être renforcées, des équipes de 1 2 à 15 hommes peuvent faire avancer des billes de poids moyen à une vitesse de 3 à 4 kilomètres à l'heure. C'est déjà une écono- mie sérieuse de main-d'œuvre sur le tirage des billes par schlittage. Flottage des bois en rivières et en lagunes. Le flottage des bois abattus, là où il est pos- sible, constitue incontestablement le procédé d'évacuation le plus avantageux. Nous avons vu que le système fluvial de la colonie laisse malheureusement beaucoup à désirer, soit que 42 Nom scientifique. — Sarcocephalus Pobéguini (Rubiacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier différenciés. Bois de cœur jaune d'or; fibres très enchevêtrées lui donnant un aspect marbré; grains fins, pores peu creusés et de dimensions variées. Aubier très mince, de couleur orange. Densité moyenne. — A l'état frais : 0.980; à l'état soc : 0.780. Dureté. — Dur. Facilités de travail. — 5ciagc : facile; rabotage : assez facile; fcn(e à /'ou/i7 : difficile; assemblage : tenons et mortaises assez difficiles à faire, mais résistants; clous, ois : tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne. Usages principaux. — Ebénisterie, menuiserie et construction. Remarques. — Très bel arbre pouvant dépasser l"'IO de diamètre et 18 mètres de hauteur de fût. Assez peu abondant dans la forêt. les rivières soient rendues impraticables par les rapides, soit qu'elles ne coulent vraiment qu'à certaines époques de 1 année, aux saisons de pluie. Les voies qui marchent, et qui marchent d'une façon permanente, sont donc relative- ment peu nombreuses. 11 n'est guère, en dehors des lagunes, dans la zone exploitable de forêt, que le Comoë jusqu'à hauteur d'Alépé, le jours des crues suffisantes pour permettre la descente des bois. D'autres, torrentueuses, sortent de leur ht dès que montent les eaux et s'écartent quelquefois à plusieurs kilomètres dans la forêt. Combien de billes d'Acajou sont pourries le long de ces rivières capricieuses, soit qu'elles n'aient pu être évacuées faute de crue suffisante, soit qu'elles aient été entraînées dans Au lil de 1 eau. — Drôme descendanl vcis B.tss.im. Cliché Métayer, — Ciand' Bassani Bandama jusqu à hauteur de Broubrou et le Sassandra jusqu'au confluent de la rivière Davo (cette rivière elle-même est flottable une bonne partie de l'année sur une vingtaine de kilo- mètres) qui méritent cette appellation. La période de flottabihté des autres cours d'eau varie de huit jours à deux mois par an (1), sui- vant leur importance et suivant l'abondance des pluies tombées. Certaines rivières n'ont pas tou- (I) li.ntre le 15 mai et le 15 juillet et en octobre. la forêt voisine et égarées sous des amas de broussailles. Sur les petites rivières, dès qu'approche la période de crue, on met les billes à l'eau. 1! ne faut pas perdre un jour. Les eaux montent, les billes partent les unes à la suite des autres, escortées par des équipes de manoeuvres en pirogues ou perchés sur les billes mêmes, qui ont misison de les surveiller, de les diriger. d aider au passage des seuils. Si la profondeur et le courant sont favorables et si la distance à 43 parcourir pour arriver à l'endroit à partir duquel la voie est meilleure n'est pas trop grande, la descente se fait assez facilement avant que le niveau des eaux ait trop baissé. Sinon, il faut attendre six mois ou un an à un point quelconque Drôme d'acajou. — Le remorqueur " Le Comoë '*, de la C" Kong. Cliché Métayer. — Grand-Bassam ' la crue suivante. Tout n'est pas rose dans le métier de (< coupeur de bois » ! Nous en avons connu qui n'ont pas fait fortune et qui, pour- tant, ont payé de leur personne jusqu'à rester des journées entières dans l'eau à pousser eux- mêmes leurs billes, à aider leurs hommes à les soulever aux passages difficiles. Et ils menaient cette existence pendant plusieurs semaines con- sécutives pour essayer de faire descendre des lots d'Acajou vendus, et même payés d'avance, mais coupés en des endroits d'accès trop diffi- cile pour les modestes moyens d'exploitation dont ces coupeurs disposaient. Arrivées à l'endroit où la n voie qui marche » est suffisamment large et profonde, sinon toute l'année, du moins pendant une durée assez longue, les équipes qui accompagnent les billes rassemblent celles-ci et font des drômes ou radeaux. Une lance à boucle est fichée à l'avant, une autre à l'arrière des billes. On y passe des cordages ou des lianes qui amarrent les billes les unes aux autres. 11 n'y a plus ensuite qu'à laisser filer tout doucement les drômes vers le point d'embarquement. Quelques hommes suffisent pour diriger le convoi. Il leur faut toutefois veiller, lorsqu'ils approchent de 1 embouchure des fleuves (embouchure par la- quelle les lagunes communiquent avec l'Océan), à ne pas se laisser entraîner par le courant à marée descendante. Ils doivent suivre de très près, et plusieurs kilomètres à l'avance, la terre du côté où ils doivent s'arrêter et diriger les drômes à la cordelle. Il est arrivé à plusieurs reprises, en effet, que des trains de bois, insuffi- samment surveillés, ont été entraînés à la mer. Le repêchage est d'autant plus difficile que les amarres sont rompues au passage de la barre et que les billes, rejetées le long de la plage, dispersées peu à peu par les courants qui suivent la côte, ne quittent guère la zone où la barre exerce son action. Le flottage des bois n'est donc pas, à la Côte d'Ivoire, sauf pour les chantiers privilé- giés desservis par les lagunes ou de bonnes rivières, un moyen d'évacuation de tout repos. En outre, il n'est utilisable que pour les bois de faible densité ou de densité moyenne. Il ne permet pas l'exploitation des bois lourds qui ne flottent pas; et, s'il permet celle des bois qui peuvent flotter après un certain temps de séchage, comme VlroJ^o, le Dabéma et plusieurs autres parmi les plus beaux, ce n'est pas sans créer des complications. C'est une des raisons pour lesquelles l'exploitation de l'/ro^o, bois de toute première qualité et d'écoulement facile à un prix voisin de celui de VA cajou, n'a pas pris, jusqu'à présent, plus d'extension. Transport par chemins de jer. L'Administration du Chemin de fer de la Côte d'Ivoire met à la disposition des exploi- tants, lorsque ceux-ci en font la demande, des wagons pour le transport de leurs bois d'un point quelconque de la voie ferrée à Abidjan. Le chargement et le déchargement des billes, en grumes ou équanies, sont faits par les inté- ressés et à leurs risques et périls, l'Administra- tion se bornant à faire remorquer les wagons. Ces opérations doivent être faites rapidement — 44 pour no pa> i^èiu-r. à rlt'-laut tir \'oies de ^ara^e, la marrhr ncirmalt- des tr<^ln^. Des surtax:- assez éle\ees lrap[)(Mit, en ronscrjucnc", Irj expéditions dont le chaiycnifnt n'a pas ct<' effectué dans le t!.•mp^ nouIu. tir nicmi- fjuc celles dont le tonnaL;.- ehari;é est insulh- ml par rapport au nomhre de \\ .i^ons employés Les tarits de transport >o;il dégressifs sui- vant les distances h parcourir: il- sont, en outre. plus élevés pour I .1 cajou (jue pour les bois dits ' communs •• . Nous allons les citer à titre d'indication : I Bois rentrant dans la 1 calégorie: Aca- jou, Tiama et Irakn : 0 fr. 30 la tonne kilométru^ue juscju'à M) km. 0 fr. 20 — — au delà de 30 km. 1 Catégorie : toutes essences autres que les précédentes, exception faite des bois à traverses, à poteaux de mines ou bois de ehauffaoe : 0 fr. 20 la tonne kilométrique jusqu'à ÏO km. 0 fr. I 3 — — au delà de 30 km. 3' Catégorie : bois à traverses, fioteaux de mines et bois de chauffage : 0 fr. 13 la tonne kilométrujue jus(ju'à 30 km. 0 fr. 08 — — au flela de 30 km. Ces prix s entendent par chargement d'au moins 33 tonnes ou pavant pour ce poids. Si le chargement atteint ou dépasse 173 tonnes, i! est fait, sur les tarifs ci-dcssus, une réductioii de 15 . . Entrepôt des hois aux iMiints d embarquement. L'Administration locale met à la disposition des exploitants, à ( irand-I^assam et Grand- Lahou. moyennani un:- très légère redevance, des espaces de terrain oii sont entreposés les bois avant embarquemeiil. .A n.\--'.iiii, le ch\mn d\4co;ou ", séparé il- l.i \ille par la petite lagune Ouladme, est relié ,r.i wharl [lar une pass(^relle sur la(|Uelle est |>osee une \oie |)ee\u- Ville. Des billes jieiiNeiil élri' eriitnagasini't's éga- lement sou> li> li.mL'.us même- du \\li,\il (1). A Graiul-L.iluui. \v> billes sont entrepo-ecv sur (]) 1 ,iril tic ni,ij;,isin,ij;e : I 'i P" tonne ■■! pi! mois. la plage à 1 (3u< .4 de !a ville. .A .A — inie rj Sa-sandra, le dépôt de^ boi^ 'ur !a p. âge n e-î pa- réglementé. [■"lu-ieur-^ Société-, f.-xrj!o;t?iPt- 'a a^.hei'r'jr- (le 1)01- ont. du reste, en arrière d ■ Cjrar.'i-Ba-- -arn notamrn nt, de-s parc- a 'JX e.ij ][- récep- tionn<-nt le- lot-, font ou refont ! é'j;jarr,--ai'-: des billes, les marquent pour ! expédition, '-te. Le moment venu, il- acheminent re- Loi- '. '-r- l'apponternem du \\liarf poy ! embarque.Ti'vrif . f:mharrt ^ur le uhari même et de leur remorrjuage en rade jusrju aux. flanc- du bateau P'MS? 1 ,- i.,r.- .,Mîu- j, :.. ;. .;:::;. -, - ■ ,..■■- ... CI. ■ Nf e ■ -■ \ r ■■ qui d(Mt jHi.-seder e:\ \^:opxc . eu:;. saire pour le- hi-ser à l-'ord. 1 .e débit de ! .îi'.c'.;-:- '•■ :-a:: limite e! il arrn.uî >rae .<■- .^i^er.'.ti^^ i|i .!,,:•,■:;. 1 ■..:■■.: : / " I tonne 1 1. I^ •- :■.: : ■":■■■ - " \: :: iM: :o.:v. ée ;■; - , ■ ' . ■■ - J; \:.!:e- e-.i'.c- ■ ' .- - . ■ gement lorsque plusieurs bateaux étaient en délicat fait par des équipes d'Appoloniens de rade, étaient très lentes. Les expéditeurs, pour l'endroit. Bien entendu, il était nécessaire que ORAND-BA55AM Z EOENDE i, jSlcLtion cUl Cai/e 5 C'/i a raeurs /feuTiù- f Jreàe?r $ ^^otna-LW de J'A . OE \o P.T.T. ) 3 Etirée 7ieirù>nacif 1 h PAoj-e 1 5 fizji- elbois 16 17 Titss rf^tet-irér /e/>cr^rf a. les accélérer et éviter le paiement de surestaries élevées, doublaient alors le trafic du wharf en faisant passer des billes à travers la barre, travail les billes à faire passer fussent conduites à l'avance sur la plage, à droite ou à gauche du wharf. L'achèvement de la construction d'un 46 BOSSÉ IJ" Nom scientifique. Trichilia ccJrala (Méhacées) Aspect et texture du bois. -Cœur et aubier peu différenciés. Bois de cœur rose pâle, très veiné, ayant l'odeur caractéristique du cèdre. Aubier de teinte un peu plus pâle et d une épaisseur de 0"'03 environ. Densité moyenne. — A l'état frais : 0.880; à l'état sec : 0.700. Dureté. — Demi-dur. Facilités de travail. — 5ciagc : facile-, rabotage : facile; jenle à l'outil : assez iacile; assemblage : tenons et mortaises faciles à faire et assez résistants; c/ou5, vis : enfoncent facilement, tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne. Ebénisteri' Usages principaux construction. menuiserie d intérieur, grosse menuiserie. Remarques. — Grand arbre pouvant dépasser 1"'30 de diamètre et 28 mètres de liautcur de fîit. Bois très fin. Certains arbres ont leur bois couvert de taches brunes, rappelant, comme effet, certaines peaux de panthères. Le Bossé est blanc crème au sciage. !l rosit rapidement au séchage. Peu abondant dans la forêt. JÉB m. ^. -«^■^«.■^a^ deuxième wharf, bien plus puissamment outillé que l'ancien, va sans doute permettre d'aban- donner cette pratique (1). 11 n'est pas non plus impossible qu'on arrive à utiliser, par la suite, l'embouchure du Comoë pour le passage, soit de remorqueurs tirant des radeaux, soit de bateaux spéciaux transportant les billes de la lagune à la rade la barre, puis être remorquées ou conduites par des rameurs auprès des bateaux. Le chargement se fait néanmoins assez rapidement, sauf lorsque !a barre est trop forte, et n'est pas, en somme, beaucoup plus coûteux qu'à Grand-Bassam. A Sassandra, la barre est un peu moins vio- lente que sur les autres points de la côte. Quoi qu'il en soit, il ne peut guère être question. En foret. — Tirage des billes sur rouleaux. 'Cliché Métayer. — Grand-Bassam foraine où sont ancrés les cargos de passage (2). Embarquement à Asnnie, Lahou et Sassandra. A Assinie, à Lahou, à Sassandra où il n'y a pas de wharf, les expéditeurs n'ont pas le choix des moyens : les failles doivent passer (1) On sait qu'un troisième wharl est prévu à \ ricli. en face d'Abidjan. (2) Nous ne parlerons pas ici des projets de port en eau calme, dont la réalisation ne sera peut-être pas un fait accompli avant vingt ou trente années. Ce sera l'affaire dune autrç génération. (pas plus qu'à Lahou et à Assinie). d y char- ger des bois ne flottant pas ou des bois sciés, avec les seuls moyens d'embarquement dont on dispose actuellement. Cet inconvénient réduit en fait, momentanément, à la zone desservie par Bassam, l'exploitation des bois lourds et I ins- tallation des scieries à grand débit. 11 existe cependant, pour les côtes inhospita- lières du genre de celle qui nous occupe, un procédé qui, s'il était employé et généralisé, serait de nature à améliorer considérablement — 47 - les conditions de chargement des bois de la Côte d'Ivoire. C'est l'usage de la k touline )i, long et fort câble de chanvre ou filin sans fin, monté sur un treuil à vapeur mstallé sur le navire (lequel est ancré au large) et relié à une poulie fixée à l'endroit de la plage oii sont placées les billes à embarquer. Le treuil mis en mouvement, le câble tourne comme la ferait une courroie de transmission, mais assez lentement. 11 suffit alors d'amaner de distance en distance les billes à ce câble; au fur et à mesure qu'elles arrivent auprès du navire, elles sont sorties de l'eau et hissées par les appareils de levage du bord. Ce système présente, d'autre part, le grand avantage de charger des bois de densité légère- ment supérieure à celle de l'eau, surtout si les billes lourdes sont réparties entre celles de densité plus légère, faisant office de flotteurs. Une touline coûte évidemment assez cher. De plus, elle s'use, il faut la remplacer assez sou- vent. Les services à attendre de son fonctionne- ment sont tels, dans les points dépourvus de tout autre outillage de chargement, qu'il semble pourtant y avoir un très gros intérêt à l'utiliser. Si les Compagnies de navigation qui fréquentent la côte ou, à leur défaut, les Sociétés ou par- ticuliers ne veulent en faire les frais, l'Adminis- tration locale, après entente avec les exploi- tants, pourrait sans doute tenter l'entreprise et prévoir une taxe pour l'amortissement des frais d'achat. Nous sommes certains que l'adoption de ce procédé de chargement sur les divers points de la côte, et même au wharf de Bassam, amènerait immédiatement, par la plus grande rapidité des embarquements, une réduction sen- sible des tarifs de fret appliqués aux bois en billes, tarifs qui pèsent lourdement sur les bois autres que ceux d'ébénisterie et leur permettent difficilement de concurrencer, sur les marchés français, les essences d'emploi similaire prove- nant du Nord ou de l'Europe centrale. Droits Je sortie. Signalons ici que les bois sont assujettis, comme la plupart des autres produits de cueil- lette de la Colonie, à des droits de sortie per- çus par le service des Douanes. Ces droits ne s'appliquent toutefois qu'à V Acajou et aux essences d'ébénisterie (en fait, on ne l'applique, en dehors de l'Acajou, qu'au Tiama et à I '/ro^o) Depuis janvier 192L ils ont été portés de 4 à 12 francs par mètre cube. Transports maritimes. Trois Compagnies françaises de navigation : Chargeurs Réunis, Fraissinet, Société Navale de l'Ouest, ont des cargos qui fréquentent assez régulièrement la Côte occidentale d'Afrique. >^'!sr3i»'.»ibè.^*Mr>.<>- Le wllart de Grand-Bassam. Cliché Agence économique A. O. F. On voit également, de temps à autre, un bateau de la Compagnie Fabre ou de la Compagnie Paquet, ou des bateaux de Compagnies diverses, affrétés spécialement pour des transports de bois. Concurremment avec les lignes françaises, touchent à Bassam et, le cas échéant, sur les autres points de la côte, des cargos anglais, allemands, américains, hollandais, etc. Ces différentes Compagnies sont plus ou moins exigeantes, leurs bateaux sont plus ou moins bien outillés et aménagés pour le transport des bois. Nous ne ferons ici de critique ou de réclame au détriment ou en faveur d'aucune d'elles. Mais nous pouvons dire que, pendant la période qui a suivi la guerre, en 1919 et en 1920, les expéditions de bois ont été très — 48 sérieusement entravées par l'insuffisance mar- quée du nombre de bateaux, en même temps que par l'élévation considérable des tarifs de transport. La situation s'est sensiblement amé- liorée à cet égard et, depuis quelques mois, il est devenu possible d'expédier à bien meilleur compte et au moment où l'on peut désirer le faire. Cela tient un peu à la crise commerciale qui a raréfié les échanges dans les différentes parties du monde; cela tient surtout, pour la Côte d'Afrique, et la Côte d'Ivoire en parti- culier, à ce que les Compagnies qui desservent cette partie de notre domaine colonial ont cons- truit ou acheté de nouveaux bateaux dont cer- tains sont puissamment outillés pour le charge- ment des bois en grumes ou équarris. Néanmoins, il est prudent, lorsqu'on a un assez fort chargement à faire, de s'entendre à l'avance avec les Compagnies pour retenir le fret nécessaire. Certaines Sociétés, qui expé- dient plusieurs milliers de tonnes à la fois, con- tinuent du reste à affréter en France des cargos qu'elles envoient spécialement là-bas pour prendre leur stock. Il n'est pas inutile de recom- mander aux non initiés qui seraient tentés de les imiter, de bien choisir le bateau à envoyer. Il en est venu, en effet, quelques-uns, à Bassam ou à Lahou, durant la guerre, et même après, qui n'étaient nullement équipés pour charger et transporter des bois en billes: les uns ont mis plusieurs mois à faire leur chargement; les autres, qui croyaient prendre 6.000 tonnes, sont repar- tis péniblement avec 2.000 ! Enfin, il est pru- dent de prévoir un assez long délai pour le char- gement afin d'éviter le paiement de surestaries. Les tarifs de transport, tombés pour les bois de 400 francs au milieu de 1920, à 100 francs et même 90 francs la tonne (1) à la fin de 1921 , pourront sans doute être abaissés encore par la suite (2), quoique le maintien des prix du char- bon, celui des salaires du personnel, l'applica- tion de la journée de huit heures entraînent de lourdes charges pour les Compagnies. N'ou- blions pas, d'autre part, que la cherté des frets de ou pour la Colonie est due à la lenteur des opérations de chargement ou de déchargement »t que tout moyen susceptible d'activer ces opéra- tions aura une répercussion heureuse sur les tarifs. Main-d'œuvre nécessaire aux exploitations forestières Les exploitations forestières, telles qu'elles sont organisées à la Colonie, nécessitent une (1) Pour les chargements dune certaine importance. (2) Ces tarifs ont. en effet, continue à baisser et dès maintenant (Mai 1922) il est possible d'obtenir du fret pour les bois à 30 ou 60 francs la tonne. (Note de l'éditeur.) Moossou. — Tirage de l'eau d une bille. main-d'œuvre considérable eu égard au tonnage de bois sorti des chantiers. On peut estimer que sur un chantier situé au bord d'un cours d'eau ou d'une voie quelconque d'évacuation, les billes sont tirées à main d'homme, en tenant compte de la sinuosité des chemins, sur une dis- tance moyenne de 3 kilomètres si l'exploitant n'a pas de voie Decauville à sa disposition, et de I kilomètre s'il en a. Les chantiers exploi- tés sans matériel Decauville sont presque aussi nombreux que les autres et on ne risque pas de se tromper beaucoup en déclarant qu2, dans l'ensemble, les billes sont tirées à main d'homme sur les chantiers de P' zone (I) sur une distance moyenne de 2.000 mètres. En 2' et 3" zones, la distance à faire parcourir par les (I) C'est-à-dire en bordure des voies d'évacuation. 49 — équipes de tirage ne diffère pas beaucoup, car les voies Decauville posées, si elles sont indis- pensables, vont rarement jusqu'au fond des chantiers. On peut donc établir, en principe, que tout chantier en activité, dont le rendement est de 800 à 1 .200 tonnes de bois par an, doit dis- poser d'une équipe de 60 à 70 hommes, occu- pée en permanence au schlittage des billes obtenues; il faut, en plus, des hommes pour l'ouverture et l'entretien des chemins de tirage; il en faut pour l'abatage des arbres, le tronçon- nage et l'équarrissage; il en faut pour charger et pousser les wagonnets Decauville, diriger les billes ou les drômes qu'on fait flotter, etc.; au total : 1 20 à 125 hommes par chantier, chiffres auxquels il faut ajouter les cuisiniers ou cuisi- nières, les porteurs de vivres, etc. Les 50 à 60 chantiers qui étaient en pleine activité en 1920 occupaient donc au total près de 8.000 bûcherons ou manœuvres. Et c'est là I? nombre minimum d'hommes qu'on verra de nouveau sur les chantiers dès que l'écoulement des Acajous sera redevenu normal. Où et comment se recrute cette main-d'œuvre et comment la conserve-t-on sur les chantiers? On sait, en effet, que le travail demandé à ces ouvriers est d'autant plus pénible que, assez fré- quemment, ils doivent haler les billes dans des terrains marécageux, dans ce qu'on appelle, à la Côte d'Ivoire, le n poto-poto h, où ils enfoncent parfois jusqu'à mi-jambe. La Colo- nie est, d'autre part, relativement peu peuplée et les populations de la région qui constitue la zone exploitable de la forêt, à l'exception des Abeys (qui fournissent d'excellents bûcherons pour I abatage et l'équarrissage des bois) sont plutôt réfractaires au travail des chantiers; elles ne s'engagent pas volontiers et ne fournissent qu'un rendement assez médiocre. Elles gagnent d'ailleurs davantage, lorsqu'elles veulent exer- cer leur activité, à faire quelques cultures de bananes, manioc, ignames, dont elles vendent les produits aux exploitants forestiers du voisi- nage, et à récolter quelques régimes des innom- brables palmiers à huile qu'elles détiennent. Les services publics, l'entretien des routes et surtout le portage, absorbent, par ailleurs, la majeure partie de la main-d'œuvre qui n'est pas employée aux cultures. Les exploitants forestiers réussissent néan- moins à réunir sans trop de difficultés le nombre d'hommes qui leur est nécessaire, soit qu'ils engagent sur place des volontaires venant un peu des quatre coins du pays, mais surtout du Nord (I), soit qu'ils aillent faire du recrutement dans les cercles du centre ou du nord de la Colo- nie, et passent, avec l'autorisation de l'Admi- nistration, des contrats de louage avec les indi- gènes de ces régions. Les engagements, dans ce cas, se font habituellement pour six mois sur la base suivante : 1 fr. 75 environ par journée de travail; ration en nature, comprenant 600 à 700 grammes de riz, ou quantité correspondante de bananes, Ignames, manioc, etc.; huile et poisson une ou deux fois par semaine, sel en quantité suffi- sante. Le dimanche, il est d'usage de distribuer du tabac. On engage en même temps une cui- sinière, par vingt hommes, payée I franc par jour. Les chefs d'équipe sont choisis par les hommes eux-mêmes; ils touchent de 2 fr. 50 à 3 fr. 50 par jour. L'employeur est tenu de loger ses ouvriers; des huttes sont construites à cet effet sur les chantiers. Il leur prête, en outre, des couvertures pour la nuit. En les traitant bien, en n'exi- geant pas d'eux un travail au-dessus de leurs forces, on obtient de ces hommes un assez bon rendement. Ils reviennent volontiers sur les chan- tiers où ils ont été bien traités et bien nourris. Ils désertent, par contre, sans souci de leur engagement, ceux où l'on exige d'eux un tra- vail trop dur, où la ration est insuffisante. L'em- ployeur a donc tout intérêt à se les attacher par de bons procédés. D'une façon générale, les ouvriers indigènes préfèrent toucher un salaire moindre et être (I) Bambaras à qui le dur travail des chantiers ne répugne pas. 50 — Js. DABÉMA Nom scientifique, — PipluJcnia ajricana (Légumineuses mimosées). Aspect et texture du bois — Cœur et aubier peu différenciés comme texture. Bois de couleur gns-blond. sans vemes, à pores très creux. Présente beaucoup de contre-fil. .'\ubier jaune un peu rosé. Densité moyenne. — A l'état frais, 1.050; à l'état soc, 0.800. Dureté. — Demi-dur. l'ACILITÉS DE TR.WAIL. — Sciage : assez facile; raholagc : assez difficile à cause du contre-fil; fen/e à l'oulil : se fend mal; assemblage : tenons et mortaises se font assez facilement, sont résistants; clous, fis ; tiennent bien. ■ j ; ;■ ;' i- ; Tenue du uois débiié. — tîonne. Usages principaux présumés. — Menuiserie d'intérieur en bois apparent. cons- truction. A étudier pour la fabrication de futailles, quoique difficile à fendre. Remarques. — Grand arbre à feuillage léger et étalé, pouvant dépasser r20 de diamètre et 20 mètres de hauteur de fût. Abondant dans toute la forêt. abondamment nourris. L'ancien système, qui consistait à remplacer les vivres par une indemnité en espèces, est à condamner. Les hommes, qu'ils aient joué et perdu leur argent, ou qu'ils aient des difficultés à se procurer les aliments qui leur sont nécessaires, mangent insuffisamment ou mangent des aliments mal préparés. Ils ne peuvent fournir longtemps l'effort qui leur est demandé. L'Administration veille à l'exécution des contrats d'engagement, dont les stipulations doivent être en concordance avec les principes généraux énoncés dans la réglementation fores- tière, notamment en ce qui concerne la durée de la journée de travail, le nombre de journées de travail à exécuter par semaine ou par mois, les conditions de salaires, de vivres, de voyage, de couchage, etc. Le prix de revient moyen de la journée de travail d'un ouvrier indigène est très variable suivant le plus ou moins de cherté des vivres nécessaires à son alimentation. Avant 1914, en année normale, on estimait qu'une journée de manœuvre revenait au total à 1 franc ou 1 fr. 25 (1), dont 0 fr. 25 d'indemnité de ration. Aujourd'hui, elle coûte beaucoup plus; les salaires ont doublé d'une façon générale pour le personnel noir et la ration en nature qui est accordée aux travailleurs revient à beaucoup plus de 25 centimes. En 1920, lorsque les exploitants achetaient 6.000 francs la tonne de riz qu'ils destinaient à leur hommes et que les autres produits étaient payés à l'avenant, la ration de vivres pouvait être évaluée entre 3 fr. 50 et 4 francs ! La journée de travail d'un manœuvre revenait donc à plus de 6 francs, en tenant compte des jours de repos, de voyage, de maladie, des gratifications, etc. Depuis, ce prix de revient s'est sensiblement abaissé, les denrées alimentaires récoltées sur place étant plus abondantes. Il doit varier, suivant les époques de l'année, entre 2 fr. 50 et 3 fr. 50. Les bûcherons Abeys préfèrent souvent, à la ration en nature, une indemnité en espèces; leur salaire total atteint ainsi de 3 francs à 3 fr. 50 par jour. Les exploitations se développant, le recrute- ment de la main-d'œuvre restera-t-il possible? Il est bien certain que, pendant quelques années, les travaux de chemins de fer et de routes, dont l'exécution est projetée, vont nécessiter un grand nombre de travailleurs. Mais il est à prévoir que beaucoup de ceux-ci viendront s'em- baucher d eux-mêmes ou seront envoyés des régions du Soudan et de la Haute- Volta. Ces Colonies sont, en effet, intéressées au premier chef, au prolongement rapide de la voie ferrée "^ki. •*Vi (!) Le Barbier : La Càle d'Ivoire, page 149. Train de bliies. Cliché Métayer. - Crand-B^ssam qui monte vers le Nord; leur Administration ne pourra donc que faciliter cet exode de travail- leurs. Peu à peu, ces mêmes travailleurs descen- dront jusqu'à la côte et iront librement s'enga- ger sur les chantiers forestiers, comme ils vont déjà en Gold-Coast s'engager pour les travaux miniers ou agricoles. Enfin, l'emploi de voies Decauville, d'autres moyens perfectionnés d'évacuation des bois se généralisera de plus en plus, et il n est pas témé- raire d'avancer qu'avec la même main-d'œuvre dont ils disposent actuellement, les exploitants sortiront, dans quelques années, de leurs chan- tiers, un tonnage de bois double ou triple de celui qu'ils sortent actuellement. 51 52 — — 53 Nom scientifique. — Milragyne macrophi/lla (Rubiacées). ASPECT ET TEXTURE DU BOIS. — Cœur et aubier très peu différenciés. Bois gris rose foncé, veiné, grain lin, pores assez peu visibles. Aubier peu épais. Densité moyenne. — A l'état trais : 0.800; à l'état sec : 0.600. Dureté. — Tendre. Facilités de travail. — Sciage : facile: raholage : facile; jcnie à ioulil : facile; assemblage : tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, vis : tiennent bien. Tenue du IsOIS débité. — Bonne; se conserve très bien à condition d être à I abri du soleil et des intempéries. Usages principaux présumés. — Ebénisterie bon marché; menuiserie légère, construction Remarques. — Arbre pouvant atteindre de 0"'Ç0 à I mètre de diamètre el 20 mètres de liauteur; fût bien cylindrique. La moyenne des arbres exploitables ne dépasse guère 0"'60 de diamètre. Très abondant dans toute la région côuère. Il ^iffliiaii ra.»^.,iw.,^. s.-* »3 y ■^•*^^ m V. /'. \-^l. ^ - %---^. # •*•- •/ ï>, 'w TITRE II i Les exploitations actuelles Bois précieux et bois communs SOMMAIRE Les exploitations actuelles. — Capitjl nécessairz à une exploitation — Prix de revient des hois exploités et prix de Vente- — Produc- tion et débouchés. — Qualité des Acajous c'e la Côte d'Ivoire. — Les scieries Incales ; écoulement de leur production. — 56 TITRE II Les Exploitations actuelles. — Bois précieux et Bois communs Les Exploitations actuelles Nous avons vu, précédemment, que la super- ficie actuellement concédée de la forêt de la Côte d'Ivoire atteignait environ 650.000 hec- tares. En déduisant la concession de la Compagnie Forestière de l'Afrique française (60.000 hectares), c'est près de 240 chantiers, de chacun 2.500 hectares, qui sont ainsi déte- nus par une quarantaine de Sociétés ou parti- culiers se livrant à l'exploitation des bois. Tous ces chantiers ne sont pas exploités et il en est bien près de la moitié oij la hache n'a pas encore pénétré. Au plus fort de l'année 1920, qui fut si favorable à certains exploitants, et eût dû l'être à tous, sans exception, on ne comptait guère qu'une soixantaine de chantiers en acti- vité. Le nombre a certainement diminué depuis, les coupeurs, plus ou moins gênés par la crise commerciale qui a rendu très difficile, même à bas prix, l'écoulement des bois, ayant peu à peu fermé un certain nombre de leurs chantiers et réduit, au minimum, le personnel laissé sur les autres. Le nombre de chantiers, c'est-à-dire la superficie concédée, n'est donc pas en rapport avec le nombre et T'importance des exploita- tions. Pourquoi? On va s'en rendre compte aisément. A la faveur de la hausse des bois, fin 1919 et 1" semestre 1920. période au cours de laquelle les Acajous en billes équarries pas- sèrent, progressivement, de 180 à 1.100 francs la tonne, quai départ Colonie, il y eut comme Abalagc. \Clichi McUycr. — Grand-B«M*m-) un rush sur la forêt. Tout coupeur qui avait un chantier chercha à en avoir trois ou quatre; les 57 Sociétés qui possédaient dix chantiers, en vou- lurent trente, quarante. Il fallait se créer des réserves pour l'avenir, car l'appât du gain n'al- lait pas tarder à faire surgir de nouveaux exploi- tants, désireux, eux aussi, de faire fortune en quelques mois, et il ne fallait pas que les nou- veaux venus vinssent gêner les anciens, se mettre à côté d'eux ou, immédiatement en arrière. On envisageait, en même temps, et à ce point de vue on avait raison, que les bénéfices réalisés allaient permettre l'achat de matériel perfec- tionné, la construction de chemins de fer Decau- ville, et qu'il était nécessaire, pour échelonner l'amortissement de ce matériel et des frais d'installation, d'avoir la certitude d'exploiter dans une même zone pendant un certain nombre d'années. Enfin, on ne prévoyait pas que cette période, sans précédent, de gains considérables et faciles (on achetait presque indifféremment les bois de bonne ou médiocre qualité) serait de si courte durée et, surtout, serait suivie immé- diatement d'une période de mévente presque absolue. Les exploitants ont donc accru, un peu hâti- vement, leurs frais généraux en accaparant des chantiers qu'ils ne peuvent momentanément exploiter. Et malgré les déboires qu'ils viennent d'éprouver, ils font tout ce qu'ils peuvent pour garder ces chantiers, espérant toujours en des temps meilleurs. Méthodes d'exploitation, et avantages. Défauts Si l'on fait exception de quelques coins de forêt exploités plus généralement pour l'alimen- tation des scieries locales, on peut dire que tous les chantiers exploités ne le sont en fait que pour V Acajou. Les quelques autres essences qui sont abat- tues par les exploitants, Tiama, Iro^o, Badi, Niangon, Mal^oré, Bossé, ne sont coupées, en réalité, que si elles se trouvent à proximité d'un chemin de tirage, d'une voie Decauville ou d'une rivière servant à l'évacuation des billes. On ne les recherche pas. Leur va- leur intrinsèque est certainement un peu moindre que celle de l'Acajou ; certaines, comme VIrolio ou le Mak,oré, flottent d'autre part, dif- ficilement à l'état vert; mais l'indifférence des coupeurs à leur égard vient surtout de ce qu'elles sont peu ou pas connues sur les marchés exté- rieurs et que leur écoulement est, quelquefois, difficile, alors que celui de l'Acajou, sauf en temps de crise comme celle que nous venons de traverser, est régulièrement assuré. On ne s'éton- nera pas, par suite, que le tonnage réuni pour l'ensemble de ces essences, atteigne à peine le dixième de celui de l'Acajou. Or, si nous nous en rapportons à la documen- tation publiée par la mission Bertin, la propor- tion d'Acajous exploitables entre approximati- vement pour 1 ' dans la composition de la forêt (1). A notre avis, le pourcentage réel de ces arbres est plutôt inférieur, et l'on peut tenir pour de très bons chantiers ceux qui ont 1 °° de leurs peuplements en Acajous exploitables. Il est admis, en efîet, qu'un hectare de forêt primaire, à la Côte d'Ivoire, peut fournir facilement 300 mètres cubes de bois en grumes. Avec une pro- portion de I 'en Acajous exploitables, on pour- rait sortir une moyenne de 3 mètres cubes par hectare, soit 7.500 mètres cubes d'un chantier de 2.500 hectares. Or, ce chiffre n'est atteint qu'exceptionnellement, la moyenne des chantiers donnant de 1.500 à 2.500 tonnes d'Acajou, soit de 2.200 à 3.500 mètres cubes (2). On voit, par cet aperçu, que l'exploitation de l'Acajou, si elle ne devait tendre à appauvrir progressivement la forêt au point de vue de la qualité des peuplements, ne lui enlèverait réelle- ment qu'une bien faible partie du cube de bois qu'elle renferme. Et encore, dans la plupart des cas, les coupeurs ne se donnent même pas la peine de prospecter méthodiquement tout leur (1) Tandis que les seules autres essences que nous indiquons doivent compter au total pour 5 ':'' environ. (2) Il est vrai qu'il n'est coupé que des arbres ayant au moins 0 m. 80 de diamètre au sommet de l'empatte- ment, alors que l'ensemble est coupé à partir d un mini- mum de 0 m. 30. — 58 — y ■aeiiarija r ^ Nom scientifique. — Uapaca Bingervillcnsis (Euphorbiacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier non différenciés. Bois de coeur rose louge, très maillé quand il est débité sur quartier, pores nombreux et allongés. Aubier d un rouge plus clair. Densité moyenne. A l'état frais: 1.000; à l'état sec: 0,800 Facilités de travail. — Sciage : facile: rabotage : facile: ^cntc à l'oulil : se fait facilement: assemblage : tenons et mortaises se font facilement et sont résistants: clous, vis : tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne, quelques gerces: petile tendance à l'échaulfure SI pas débité ou équarri dès abatage. Usages principaux présumés. — Menuiserie d'intérieur, construction. A essayer au point de vue de la fabrication des merrains. Remarques. — Arbre qui ne dépasse guère 0"'70 de diamètre à la base et 1 5 j 20 mètres de hauteur de fiît, assez souvent court et incliné. Racines aériennes déve- loppées. Quelques troncs creux à l'intérieur. Très abondant dans toute la zone côtière. chantier. Ils coupent ce qui leur paraît le plus facile à évacuer, puis abandonnent le chantier pour en entamer un autre. C'est ce qui explique que les zones de forêt qui avaient déjà été con- cédées et exploitées autrefois, sont sollicitées par de nouveaux coupeurs qui y trouvent quel- quefois autant 6' Acajous que dans les zones restées vierges. Les exploitants sont donc à la recherche de bénéfices immédiats et faciles. Ils ne se soucient pas, ou ne se soucient que trop insuffisamment de l'avenir, ne cherchent pas dans l'organisation de l'écoulement des essences autres que l'Aca- Chargement sur wagon. Cliché Métayer. — Grand-Bassam'i jou, une amélioration de leurs méthodes, un dé- veloppement utile de leurs exploitations. Pour cueillir 1"" (1/2% en réalité) des bois qui sont dans leurs concessions, ils doivent faire la même prospection, les mêmes chemins de tirage, les mêmes voies Decauville qu'ils feraient s'ils arri- vaient à couper 5,10, 20, 30 ou 40 '.'■ du cube total. Résultat : leurs frais généraux sont rela- tivement très élevés, le prix de revient des bois obtenus également. Quand les cours de V Acajou sont avantageux, ils font néanmoins des béné- fices; en temps normal, les bénéfices se réduisent à bien peu de chose et, en temps de crise, les coupeurs travaillent à perte ! C'est que bien peu d'entre eux ont été pré- parés pour un tel métier; il en est de très intelli- gents, de très actifs, mais, à de rares exceptions près, tous débutent avec des moyens excessive- ment modestes, tous emploient leurs capacités professionnelles à la recherche d un résultat immédiat. Ils écrément la forêt, réalisent et s'en vont. Il ne reste guère d'autres traces de leur passage ailleurs que les clairières dues à leurs déprédations. Ils ont versé quelques milliers de francs de redevances et de taxes diverses au Trésor de la Colonie et s'estim.ent quittes envers l'Administration de celle-ci, quand ils ne l'ac- cusent pas d être cause de leur échec s'ils n'ont pas réussi. Devrait-on, en ce cas, limiter les autorisations d exploiter, imposer des conditions très dures de mise en valeur des chantiers? A notre avis, il est préférable de continuer, au contraire, à se montrer très large dans leur attribution et laisser évoluer librement la question exploitation, plutôt que de l'emprisonner dans une réglementation trop rigoureuse. On en est encore, à la Côte d'Ivoire, au premier stade de l'exploitation fo- restière. Il faut permettre aux premiers venus de faire fortune, s'ils le peuvent, pour que d'autres, tentés par les gains réalisés, viennent à leur tour monter des exploitations nouvelles. Peu à peu l'étude des bois se complète, la vente d'es- sences, encore inconnues hier, s'organise ; des groupements, des Sociétés à gros capitaux se forment : c'est le deuxième stade. Nous sommes, à la Côte d'Ivoire, peut-être plus près de ce deuxième stade que nous ne le pensons. Nous avons, du reste, fait remarquer qu'il y avait parmi les exploitants actuels des excep- tions au tableau que nous avons brossé. Il en est qui ont monté des scieries à la Colonie; d'autres qui se sont engagés dans la voie de plantations intéressantes. A eux seuls ils justifient la solli- citude de l'Administration à l'égard de la cor- poration. N'oublions pas, enfin, que les cou- peurs d'Acajou distribuent, en salaires et achats de vivres, une moyenne de huit à dix millions de francs par an aux populations indigènes, et qu'ils versent, en redevances et taxes diverses, huit cent mille francs à un million au Budget de la Colonie. Nous ne prétendons pas que tout cela 59 — constitue un ensemble merveilleux, mais ce sont là, néanmoins, des résultats non négligeables pour une première étape de l'exploitation fores- tière. A côté des destructions, il y a un com- mencement de reconstruction et, surtout, d'or- ganisation. C'est ce qu'il s'agit maintenant de développer. Capital nécessaire A UNE EXPLOITATION D'AcAJOU Sauf quelques chantiers privilégiés situés au bord des voies navigables et dont la production peut être évacuée en permanence, réalisée au fur et à mesure qu'elle arrive au port d'embarque- ment, il faut, pour organiser une exploitation d Acajou avec des chances de succès, un ca- pital assez important. Prenons, pour baser nos estimations, deu)* chantiers moyennement situés, l'un en deuxième zone (I) du chemin de fer ou d'un cours d'eau à débit assez grand et assez régulier, l'autre en première zone d'une rivière à débit réduit et très irrégulier. Pour le premier, il faudra six à huit kilo- mètres de voie Decauville, revenant, posée le plus sommairement possible, à 22.000 francs au moins le kilomètre, soit 130 à 170.000 francs; des wagonnets, de l'outillage, haches, passe- partout, crics, etc., atteignant vite une ving- taine de mille francs; il y a les redevances à payer à la Colonie, la prospection à effectuer, la main-d'œuvre à recruter, les chemins de tirage à ouvrir; enfin, il faut bien compter avoir à travailler trois à quatre mois, mettons six mois pour prévoir largement, avant de pouvoir réaliser les premiers lots de bois évacués. 130 hommes coûtant l'un dans l'autre, salaire et nourriture, 3 fr. 50 par jour, cela fait 430 francs par jour, 12.000 francs par mois, 72.000 francs pendant six mois. Si nous récapitulons, nous ne sommes pas loin de 250.000 francs. Pour le second, il nous faudra un peu moins car nous ne compterons que trois kilomètres de voie Decauville (on pourrait même s'en passer complètement, mais, comme nous l'avons vu plus haut, chapitre « Moyens d'évacuation des bois », ce matériel est indispensable si l'on veut exploiter économiquement un chantier). Par contre, les bois coupés ne pouvant être évacués qu'en période de crue, ce n'est plus six mois, mais une année qu'il faut compter entre le mo- ( I ) La première zone est constituée par les chantiers situés en bordure de ces voies d'évacuation; la deuxième zone, par les chantiers situés à 5 kilomètres de ces mêmes voies. Chemin de rouleaux pour ie tirage. Cliché Métayer — Grand-Bassam ' ment où les bois peuvent être abattus et celui où ils peuvent être réalisés. Avec les mêmes bases d'évaluation que pour le précédent, nous arri- vons, pour ce chantier, à l'estimation d'un capi- tal nécessaire de 225.000 francs. Avant la guerre, ces chiffres pouvaient être ramenés, respectivement, à 80 et 70.000 francs. Or, il est bien peu d'exploitants qui aient dé- buté avec un capital aussi important. Les tout premiers ont eu la chance de pouvoir prendre les chantiers les meilleurs parmi les plus faciles à exploiter; ils ont réussi, pour la plupart, à faire des fortunes honorables. Ceux qui sont venus ensuite ont moins bien réussi en général; il a fallu la période de hausse de 1920 pour — 60 — leur permettre de se libérer des avances consen- ties et renouvelées indéfiniment par les acheteurs de bois de Grand-Bassam, moyennant passation de contrats pour la livraison (dans des conditions très désavantageuses pour les coupeurs) de la majeure partie, et même de toute la production de leurs chantiers. Ont-ils été assez heureux pour ne pas retomber, en 1921, dans la situa- tion assez pénible où ils se débattaient pré- cédemment? Nous le leur souhaitons bien sin- cèrement. Beaucoup de chantiers avaient été aban- donnés pendant la guerre; les prospecteurs qui, bien inspirés, en recherchèrent dès 1919, purent donc trouver des zones intéressantes, très facile- ment exploitables. La hausse des bois se pro- duisant, ces nouveaux venus ont pu gagner beaucoup d'argent; ils en ont, probablement, reperdu un peu depuis, mais ont été assez pru- dents cependant pour ne pas tout risquer dans une extension inconsidérée de leur industrie. Ils se sont outillés, se sont fait réserver des zones assez étendues où ils pourront travailler dans de bonnes conditions pendant plusieurs années. Actuellement, la situation n'est plus aussi avantageuse; si les cours de l'/^co/of/ permettent encore d'exploiter avec profit, il faut, en tout cas, pour réussir, à ceux qui veulent se lancer à leur tour, une mise de fonds autrement impor- tante. Les chiffres que nous avons indiqués (225-250.000 francs) sont des minima. Il reste bien quelques chantiers disséminés à prendre, peu éloignés des voies de communication et d'un accès relativement facile. Ils ne doivent pas, en tout cas, être très riches en Acajou poux avoir été délaissés jusqu'à ce jour. Et dès l'ins- tant qu'on désire entreprendre une exploitation durable, grouper plusieurs chantiers intéressants, il faut s'avancer en dehors des zones fréquen- tées jusqu'à présent, et qui exigent pour l'éva- cuation des bois 10, 1 5 et 20 kilomètres de voie Decauville. Les petits coupeurs sont donc appelés à être remplacés peu à peu par des Sociétés à gros capitaux qui, seules, pourront engager les centaines de mille francs nécessaires à des exploitations nouvelles et courir les aléas que comportent de telles opératioins. Prix de revient et prix de vente des bois exploités A quel prix reviennent les bois obtenus par les exploitants? Il est bien difficile de ré- pondre, même approximativement, à cette ques- tion. Ces prix peuvent varier, et varient en fait, suivant la situation des chantiers, suivant leur richesse, suivant l'outillage employé, suivant les capacités et l'activité de celui qui dirige le tra- vail d'exploitation. Tel coupeur ou chef de chantier sortira 1 .800 tonnes d'Acajou dans son année, alors que le chantier voisin, aussi riche et aussi bien situé, mais moins bien organisé, n'en produira que 300 ou 400 ! Et le premier n aura pas employé beacoup plus de personnel que le second. Tenons-nous en, pour notre démonstration, à des exploitants ni exceptionnellement qualifiés, ni trop médiocrement choisis, dirigeant des chan- tiers de valeur moyenne. Et disons qu'avec le personnel que nous avons indiqué au chapitre (( Main-d'œuvre », c'est-à-dire 125 à 130 hommes, bûcherons, manœuvres, cuisiniers, etc., il est possible de sortir de ces chantiers situés en première zone du chemin de fer ou d'une voie d'eau, et suivant qu'on dispose ou non de voie Decauville, de 800 à 1 .200 tonnes de bois par an (1). en billes équanies. compre- nant, d'après la proportion que nous avons éta- blie pour les essences exploitées. 9 10 d'Aca- jou et 1 \0 de Tiama, IroJ^o, Majoré, etc., coupé à proximité du point de sortie ou des principaux chemins d'évacuation. Dans les chantiers de deuxième et troisième zones, pour l'exploitation desquels le Decauville est à peu près indispensable, comptons 900 à 1 .000 tonnes par an, suivant la longueur de voie (1) Chiffre moyen, car sur un chantier de première zone bien conduit, il est admis qu on j>eut sortir 1 tonne de bois par homme et par mois, soit 1 .400 à 1.500 tonnes par an avec l'effectif que nous indiquons. 61 — dont on dispose, suivant qu'il faut établir ou non des relais pour l'évacuation des billes. Voyons maintenant, quelles sommes sont dé- pensées pour obtenir ces différents tonnages : Redevance dVxplollalion pour un chantier ... 1 250 )) Frais de prospection, antérieurs à l'exploitation . 3 000 )) Salaire du Chef de chantier 15 000 )) Salaire de deux commis indigènes 4 COO » Salaires et vivres de 30 bûcherons à 3 50 ' par jour en moyenne, pendant 300 jours 31-500 )> Salaires et vivres de 95 manoeuvres et chefs d'é- quipe, à 3 francs ' par jour, en moyenne pendant 300 jours 85 . 500 » Frais de recrutement des bûcherons et manoeuvres 5 ■ 000 » Amortissement ou renouvellement du petit matériel d'exploitation 3.000 )) Total 148.250 » Mettons 150.000 francs, en chiffres ronds, somme à laquelle il y a lieu d'ajouter les frais d'amortissement (12"' du prix de revient) du matériel Decauville employé. Cela peut repré- senter, suivant la longueur de la voie, de 10 à 40.000 francs par an. La somme totale dépensée sur ces chantiers variera donc, suivant leur situa- tion et l'importance de l'outillage employé de 160.000 à 190.000 francs. Appliquons ces chiffres aux tonnages obtenus et nous verrons que le prix moyen des bois en billes équarries (2) sera compris entre 1 50 et 200 francs la tonne. Ce n'est pas encore là le prix de revient des bois, port embarquement. L'exploitant a pu avoir à payer des frais de transport par chemin de fer (5 à 25 francs par toune) ; il a eu, en tous cas, à acquitter la taxe d'abatage (15 francs par mètre cube pour l'^l ca;ou (3), 10 francs pour le Tiama et Vlroko, 3 francs pour le Makoré et le Bosse'). La densité pour V Acajou en billes étant comptée à 0.700 environ, c'est donc 20 francs par tonne, 3 à 12 francs par tonne pour les autres essences. (1) G)ût moyen fin 1921, tenant compte des jours de repos, maladies, gratifications, etc. (2) Certains exploitants laissent une partie de leur production en grumes. Le prix de revient en est moindre, mais le prix de vente est également moins élevé. (3) Nous avons vu plus haut que ces taxes sont fixées maintenant par arbre abattu et non par mètre cube. (Régime forestier.) qu'il faut ajouter aux prix ci-dessus pour avoir le prix de revient. Notre prix de revient total, indé- pendamment des frais possibles de transport par chemin de fer, pour les bois qui ont à employer ce mode d'évacuation, sera donc compris entre 170 et 220 francs la tonne (bille équarrie), ren- due quai ou plage point embarquement. Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les frais d'entrepôt, de wharf ou de chargement, ainsi que les taxes de sortie qui généralement sont acquittées après que les bois ont déjà été vendus et font la différence entre le prix de vente quai port embarquement ou job navire. 11 est bien entendu, et nous tenons essentiel - Equarrissage des billes. Cliché Métayer. — Grand-Bassam lement à le faire remarquer, que ces chiffres de 170 à 220 francs la tonne, indiqués comme prix moyens de revient actuels des bois exploités dans les chantiers d'Acajou, ne sont que des bases d'évaluation. Ils peuvent, comme nous l'avons déjà dit, être inférieurs ou supérieurs à ces chif- fres, suivant la valeur et l'emplacement des chan- tiers, suivant l'importance et le degré de per- fectionnement de l'outillage employé, suivant l'organisation, suivant les capacités et l'activité de l'exploitant ou de son chef de chantier, sui- vant le coût des vivres pour la nourriture du personnel, etc. Une réduction de 0 fr, 50 par jour et par homme, lorsque les aliments dimi- nuent de prix, permet de réaliser, en une année, une économie de plus de 20.000 francs sur un 62 T-T !l' l'f V 1 I ^ "'„' +! SOUCUE ilh 11 Nom scientifique. Parinarium Icnuijolium et excelsum (Rosacées). N M Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier peu différenciés. Bois de coeur brun clair, légèrement veiné. Pores longs, creux et foncés. Aubier mince un peu plus pâle. Densité moyenne. — A l'état frais. 1.130; à l'état sec, 0.950. Dureté. — Dur. Facilités de travail. — Sciage: assez difficile; rabotage: facile; fen/e à l'oulil: peu facile; assemblage: tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, lis: tiennent bien; efforf d'arrachement d'un tire^onds de Coie jerrée du P . O. : 7.300 kilos. Tenue du bois débité. — Bonne, mais sujet à l'éclatement Usages principaux présumés. — Grosse menuiserie et construction où il pourrait remplacer le chêne. Traverses de chemin do fer. Remarques. — Grand arbre, bien droit, de I mètre à l^ZO de diamètre et de 20 à 26 mètres, sans branches. A débiter ou équarrir dès abalage. Séchage à surveiller. Assez commun partout; abondant surtout dans la région de la lagune Ono. *uu l'i rr -M- ' r ' " l '^ I > 1 Mil chantier, soit plus de 20 francs par tonne de bois obtenue. 11 en est de même en ce qui concerne la com- position des essences abattues et la proportion d Acajou; celles que nous avons indiquées n'ont rien d'absolu. Sur des chantiers très faciles à évacuer, on coupera davantage d'essences di- verses; au lieu de faire 1 .000 tonnes dans l'an- née; on en fera peut-être 1.500, dont 400 ou 500 d'^ca;ou, le reste en Irokp, Tiama, etc., tandis que sur un chantier éloigné, ou desservi par un simple torrent d'hivernage, on s'en tiendra uniquement à 1 Acajou, les autres essences ris- quant de ne pas être vendues à un prix suffisant pour couvrir les frais de leur évacuation. Dans le premier cas, le prix de revient moyen sera in- contestablement beaucoup moins élevé que dans le second; les bois seront également d'une valeur moyenne moindre. Un exploitant bien outillé, qui fait travailler dans plusieurs chantiers à la fois, obtiendra d'au- tre part des résultats meilleurs si ses chantiers sont groupés et peuvent par exemple être desser- vis par une voie Decauville commune, que s'ils sont dispersés et nécessitent chacun un matériel complet d'exploitation. Etablir un prix de revient pour les exploita- tions à' Acajou est donc un problème très com- plexe, étant donné la variabilité des conditions dans lesquelles ces exploitations peuvent être entreprises. 11 en sera de même pour les essences plus com- munes de menuiserie et de charpente. Toutefois, comme pour celles-ci il est d'ores et déjà pos- sible d'exploiter 40 à 60" de la forêt au lieu de 1 pour V Acajou, et qu'on peut se cantonner pendant longtemps en bordure des voies d'eau permettant une évacuation permanente, le prix de revient sera bien inférieur à celui de V Acajou et devrait pouvoir être ramené à un chifïre voisin de 40 francs la tonne environ, soit de 28 à 40 francs le mètre cube, billes équarries, suivant la densité des essences dominantes des peuplements exploités : Bahia, RiJ^io, Dabéma, etc. Nous examinerons dans la troisième partie de ce tra- vail, le développement que peut prendre, à la Colonie, l'exploitation de ces bois. Prix de Vente des bois exploités dans les chantiers J' Acajou. A quels prix sont maintenant écoulés les bois obtenus dans les chantiers? Ici, nous avons des Hermmetteurs au Iravdil. Cliché Métayer, — GraDd-Bassam données plus précises et si nous ne pouvons prévoir quels seront les cours de l'avenir, nous pouvons du moins indiquer assez exactement les cours pra- tiqués à la Colonie même, avant, pendant et depuis la guerre. Le diagramme ci-dessous en donnera une première idée; il se rapporte à 1 Acajou et indique des prix pour des dimensions et qualités moyennes. 1.200 1,100 1.000 900 19U 1912 191i 1914. 1915 1916 1917 19101919 13î:'1^ i i A ÔOO ]00 600 500 400 500 200 < î M 1 \ \ V J 1 ^ 100 ^_^>s^ ^ ^^^--^ 50 — 63 — Ce diagramme fait ressortir la hausse surpre- nante dont V Acajou fut l'objet en 1920. Les cours sont montés à 1 .000 francs à Bassam pour les qualités moyennes en équarris, 1.100 francs et plus pour les beaux lots, tandis qu'on payait encore 800 et 850 francs les lots de billes ne faisant que 0,50 à 0,60 d'équarrissage; ce fut l'âge d'or pour les exploitants, ce le fut encore davantage pour les acheteurs intermédiaires, qui vendirent jusqu'à 2.600 francs à New- York ou Liverpool ce qu'ils avaient payé 1 .000 ou 1 . 1 00 francs à la Colonie. Le fret était cher, la diffi- culté d'expédier était grande, vu le manque de Train de bi'les. (Cliché Métayer. — Grand-Bassam bateaux. La marge de bénéfices était néanmoins telle qu'il en résulta une véritable spéculation. Les exploitants pouvaient se montrer exigeants; on allait leur faire des offres à domicile, on leur escomptait à l'avance la production de plusieurs mois. Que n'en ont-ils profité davantage ! De juillet à octobre il se produisit un certain tasse- ment des cours. En novembre, quelques marchés étaient encore passés à 800 et 850 francs, mais ce furent les derniers. Les offres se raréfièrent et les exploitants croyant à des manœuvres pour les obliger à baisser leurs prix voulurent maintenir leurs exigences; ce fut leur tort, car sans doute auraient-ils pu, à ce moment-là encore, passer des marchés importants à des prix avantageux, de 400 à 600 francs la tonne par exemple, pour des livraisons à échelonner sur 192L Ce faisant, ils auraient été bien moins touchés par la crise. Car les cours allèrent s'afïaiblissant et les ache- teurs, devenus très circonspects, repoussèrent les offres qui leur furent faites par la suite, l'écou- lement de leurs propres stocks étant devenu difficile. La débâcle des cours se précipita; courant juin-juillet et août 1921, de petits achats purent être faits aux exploitants les plus atteints par la crise, à des prix voisins de 200 francs la tonne; ces prix ne corres- pondaient pas aux cours pratiqués sur les mar- chés européens, lesquels atteignaient encore 500 à 600 francs et pouvaient permettre, étant donnée la baisse du fret, de payer de 250 à 300 francs à Bassam. Mais les transactions étaient presque nulles partout, les demandes très rares. Les affaires reprirent légèrement en octobre, les cours de YAcajou, qui avaient continué à baisser, se stabilisèrent alors en Europe et se maintinrent, jusqu'en fin 1921 , entre 400 et 500 francs. Le marché est depuis ce moment un peu plus actif. Le fret est, d'autre part, de moins en moins cher. Bref, les prix offerts à Bassam de- puis quelque mois se ressentent de la situation générale et se sont relevés sensiblement. Ils va- riaient fin décembre entre 240 et 300 francs sui- vant la qualité et la grosseur des billes. Il est probable qu'ils ne redescendront guère au-des- sous de ces cours, la production étant subor- donnée aux avantages qu'ils laissent aux exploi- tants. Si les prix de vente devenaient inférieurs âux prix de revient la production s'arrêterait et les cours remonteraient fatalement. C'est un peu ce qui s'est produit en 1 92 1 :1a presque impossibilité de vendre les bois obtenus a amené la fermeture des trois quarts des chantiers. Avant la guerre, l'on n'avait jamais constaté de mouvements aussi brusques dans les prix. De 191 1 à 1914, les cours avaient varié de 80 à 130 francs la tonne suivant la plus ou moins grande abondance des lots offerts aux acheteurs; les exploitants, dont le prix de revient des bois ne dépassait guère 60 francs la tonne, réalisaient — 64 — un gain satisfaisant. Seuls, luttaient péniblement ceux qui avaient leurs chantiers desservis par des rivières secondaires à crues plus ou moins capri- cieuses. Après la déclaration de guerre, les cours s'avi- lirent complètement. 11 se vendit des lots à 50 fr. la tonne à Bassam ou Lahou. Quantité de billes furent abandonnées sur les cfiantiers et tout achetait déjà des quantités importantes à 140 et 1 50 francs. Autres essences d' ébénisterie exploitées. Les prix de vente de l'Acajou- Tiama et celui de l'/ro^o, suivirent toujours d'assez près ceux de V Acajou. On peut dire qu'ils sont généralement des quatre cinquièmes du prix de Scierie de la Compagnie forestière. le long des voies d'évacuation, soit que les ex- ploitants eussent été mobilisés, soit qu'ils n'eus- sent pas entrevu la possibilité de les réaliser à un prix couvrant les frais de tirage. Jusqu'à fin 1916 ce fut le marasme complet. Puis, peu à peu, quelques demandes d'achat se firent jour; on rechercha les Acajous de la Colonie pour la fabrication d'hélices d'avions; d'Angleterre, puis d'Amérique, les demandes arrivèrent plus nombreuses. Des chantiers se rouvrirent et l'on put vendre de nouveau à Bassam à 100 francs, ensuite à 120. Au moment de l'armistice, l'on V Acajou, à billes de dimensions et de qualités correspondantes. Le Majoré et le Bossé se vendent meilleur marché, les trois cinquièmes à peu près du prix de V Acajou. Le Badi et le Niangon dont il est coupé quelques centaines de tonnes chaque année, sont un peu moins appréciés encore et se vendent sur place, en temps normal, la moi- tié environ du prix de V Acajou. 11 n'est exploité d'autres essences que pour l'alimentation des scieries locales. Nous verrons à l'un des chapitres suivants ce qui en est retiré. — 65 Productions et débouchés. Le tableau ci-dessous donne le relevé, d'après les statistiques officielles, des exportations de bois de la Côte d'Ivoire de 1901 à 1921 (1""^ semestre). ANNÉES UNITÉS ACAJOU AUTREb ESSENCES 1909 Tonnes 1 5 . 994 1910 — 13.783 1911 — 23 812 1912 — 30 . 490 1913 — 42 652 1914 — 41 049 1915 — 17 867 1916 — 8 134 1917 — 12 817 1918 Mètres cubes 36.361 1919 34 961 1920 — 50 193 13 891 1' 1921 r^ sem. — 24 631 2.465 'Il Nés ont pas compris di ns cei ch ûies les quelques centaines de mèlres cubes de bois sciés expsc lié» sur Konakry et Dakar A partir de 1918, les statistiques sont établies au volume, alors qu'auparavant elles l'étaient au tonnage. Mais il est facile de rétablir la compa- raison par rapport aux années précédentes, en prenant pour base une densité moyenne de 0.700 pour des billes ayant déjà plusieurs mois de sé- chage. Nous obtenons par conséquent, pour les années 1918, 1919, 1920 et 1921 (l" semestre) respectivement 25.452, 24.472. 37.619 et 17.247 tonnes. Avant la guerre, l'Allemagne était pour les bois un des bons clients de la Côte d'Ivoire. Elle se partageait avec l'Angleterre près des deux tiers des Acajous de la Colonie et achetait à peu près entièrement la production de Tiama et à'Iroko. Disparu depuis 1914, le pavillon alle- mand recommence à flotter sur la Côte d'Afrique et depuis quelques mois on voit de nouveau, de temps à autre, des Woërman en rade de Bassam. La baisse de leur devise nationale (1) empêche momentanément les Allemands de procéder à des achats importants; mais il y a de gros besoins d'Acajou dans leur pays; que le mark remonte ou même se stabilise et l'on verra les demandes d'achat affluer. La production de 1918, 191 9 et 1920 est allée, pour les deux cinquièmes environ, en An- gleterre. Les Etats-Unis ont acheté également des quantités importantes qui doivent approcher du cinquième des exportations totales; la France a absorbé un bon tiers des A cajous et la majeure partie des autres bois exportés; le complément s'est réparti entre la Hollande, la Belgique, l'Italie, etc. (1). La majeure partie de ces bois est achetée sur place par des représentants des gros marchands de bois du Havre, New-York ou Liverpool. Certains exploitants préfèrent cependant (et le fait se pratique surtout dans les moments de crise) confier leur production à de; maisons de com- merce ou à des Banques qui leur consentent im- médiatement des avances sur les lots et expédient ceux-ci sur les principaux ports européens où ils sont vendus, soit aux enchères publiques, soit à la commission. Quelques puissantes Sociétés se sont, d'autre part, organisées pour vendre elles- mêmes leur production en Europe et suppriment ainsi tout intermédiaire. Qualité des Acajous de la Cote d'Ivoire. — Leur emplol — Tiama et Iroko. Sans être aussi beaux que ceux importés des Antilles, Cuba ou Tabasco, ou même du Bré- sil, les Acajous de la Côte d'Ivoire sont de très beaux bois d'ébémstene ou de menuiserie de luxe. D'une belle couleur rose-saumon à l'état frais, ils se brunissent peu à peu à lair et de- viennent roussâtres; ils prennent très bien les teintures et le chromate de potasse et donnent ces jolis tons chauds qui les font tant apprécier. Leur grain est fin et régulier, très homogène; { I ) Novembre-décembre 1 92 1 (I) 22.368 m' Acajou sur l'Angleterre en 1920; 9.834 m' sur les Etats-Unis; 17.267 m^ sur la France; 703 m"' sur la Hollande. (Statistiques officielles de la Colonie.) — 66 FRAMIRÉ Nom scientifique. — Tcrminalia ivorensis (Combrétacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier non différenciés. Bois de couleu.' jaune clair, à grain fin, bien veiné. Pores assez creux. Densité moyenne. — A l'état frais, 0.650; à l'état sec, 0.550. Dureté. — Relativement tendre. Facilités de travail. — Sciage : facile; rabotage : facile; fente à l'oulil : peu facile; assemblage: tenons et mortaises, faciles à faire et résistants; clous, vis: tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne. Usages principaux présumés. — Tous travaux de menuiserie et de construction. Remarques. — Arbre à rameaux horizontaux, presque verlicillés, atteignant de 1 mètre à 1"'20 de diamètre à la base cl 25 à 28 mètres de hauteur de fût. Assez commun, surtout dans la région du chemin de fer entre Azaguié et Agboville. \ . I i- SS un peu à contre fil, suivant la façon dont ils sont débités, ils présentent de jolis effets satinés (1). Mais ce qui donne beaucoup de valeur aux Acajous de la Colonie, c'est la dimension des billes qui font de 0",60 à 1",30, quelquefois plus, d'équamssage, avec une moyenne de 0"',80 (la longueur est facultative; les fûts ont de I 5 à 25 mètres et peuvent donner 3, 4, Les industriels (on voie cela en France notam- ment) n'aiment pas beaucoup, d'une façon gé- nérale, employer des boi; nouveaux. Or, les Acajous de la Côte d'Ivoire sont des bois en- core nouveaux, puisqu'il y a vingt ans seulement on n'en parlait nulle part. Les imposer, malgré toutes leurs qualités, n'a pas été chose si facile qu'on pense et nombre de marchands de bois Scierie de la Compagnie forestière. Cliché Métayer. — Grand-Bas'am 5 billes de 4 mètres à 6 mètres). Ce sont des bois sans nœuds et absolument sains, produisant un minimum de déchet au sciage, tranchage ou déroulage. Bien qu'ils fournissent près de la moitié de la consommation mondiale, les Acajous de la Côte d'Ivoire sont pourtant encore mal connus. (I) Près du littoral, ils sont toutefois moins beaux comme grain et comme couleur et rappelleraient, s'ils étaient tachetés de brun, les Acajous qu on coupe en d'autres régions de la Côte d'Afrit^iie. L'exploita- tion en est d'ailleurs presque nulle. ont dû. pour y arriver, user de supercherie. Us les ont présentés comme Acajou du Honduras, qualité dont ils se rapprochent beaucoup et qu'ils peuvent remplacer dans toutes les appli- cations. Le procédé, déloyal en soi, a réussi et réussit encore à l'occasion. La provenance américaine est en effet pou»- beaucoup d em- ployeurs une garantie de bonne marchandise. Quoiqu'il en soit, nos Acajous de la Côte d'Ivoire, dits « Grand Bassam ". conquièrent peu à peu les marchés et sont de plus en plus 67 — appréciés. On n'a plus besoin d'affirmer qu'ils viennent de l'autre côté de l'Océan pour les faire accepter. Mais à leur tour, d'autres Colonies de la Côte d'Afrique envoient des Acajous en Eu- rope et, comme ces bois sont de qualité infé- rieure à ceux de la Côte d'Ivoire, certains mar- chands, pour les écouler plus facilement et plus avantageusement, les baptisent, non pas Acajous du Honduras, dont ils diffèrent trop, mais Acajous de Grand-Bassam, dont ils diffèrent autant, mais qui sont moins connus. 11 en ré- sulte pour ces derniers un discrédit sérieux. 11 serait bon de veiller à ce que ces manoeuvres ne se reproduisent pas trop souvent et de les dé- noncer ouvertement lorsqu'on les découvre. 11 y a bien un moyen, pour les employeurs, de s'as- surer de la provenance des bois qui leur sont vendus comme « Grand-Bassam », c'est d'exi- ger des vendeurs un certificat d'origine, ou une spécification timbrée au départ par la Douane (1), documents que les marchands de bois peuvent obtenir très facilement des exploitants et dont ils peuvent faire établir et légaliser des ex- traits pour la vente au détail des lots reçus. Mais les employeurs songeront-ils jamais à con- trôler de cette façon la provenance des Acajous qu'ils achètent? Vendus moins cher que les provenances amé- ricaines, nos Acajous de la Côte d'Ivoire de- vraient être recherchés particulièrement pour le meuble en bois plein, pour la belle menuiserie d'intérieur (boiseries de salles de café, comp- toirs, wagons, etc.), pour la fabrication d'hélices d avions et de coques d'hydravion, pour la construction des bateaux de plaisance. Des billes assez longues seraient sans doute néces- saires pour ce dernier emploi, mais c'est là uni- quement une question de préparation des bois. (I) Nous apprenons au moment de mettre sous presse qu'un arrêté du Gouverneur de la Colonie, en date du 12 décembre 1921, vient de réglementer la délivrance de ces certificats. La question est donc tranchée. Nous sommes heureux de constater que les observations que nous avions consignées à ce sujet, dan? un rapport anté- rieur, ont été prises en considération. les exploitants pouvant livrer des billes de 8 et 10 mètres si on les leur demande. h.'Acajou- Tiama pourrait également être utilisé pour cette industrie spéciale. Acajous de choix frisés, mouchetés ou a figurés » Qu'on nous permette de dire ici un mot des Acajous de choix, frisés, mouchetés ou plus ou moins moirés ou « figurés » , fournis également par la forêt de la Côte d'Ivoire et destinés à l'ébénisterie de luxe. Ces bois n'ont pas de cours établis, ni à la Colonie, ni en Europe; ils sont vendus plus ou moins cher, suivant la beauté du bois et suivant qu'ils sont plus ou moins disputés des amateurs. Les bois frisés ou mou- chetés, les plus communs, valent toujours deux ou trois fois le prix des Acajous ordinaires; les beaux moirés ou (( figurés » , peuvent valoir jusqu'à vingt fois ces mêmes prix. On cite couramment à la Colonie le cas de trois belles billes « figurées » provenant d'un même arbre et dont les enchères à Liverpool atteignirent, avant la guerre, le chiffre de 105.000 francs. Vendues en 1920, ces trois mêmes billes auraient peut-être été adjugées 500.000 francs ! C'est là, évidemment, un cas exceptionnel, mais il est assez fréquent de voir vendre des Acajous de ce genre trois mille francs et plus, la tonne, quand les Acajous communs sont cotés 500 ou 600 en France et en Angleterre. Les effets frisés ou moirés produits sont dus à des ondulations plus ou moins fines, plus ou moins régulières, des fibres du bois, ondulations qui sont cause des contre-fils souvent curieux constatés au débitage. A quoi sont dues ces ondulations? Le phénomène, s'il est constaté, reste à expli- quer. Les arbres de cete sorte semblent être, scientifiquement, les mêmes que les autres, leur tronc est d'aspect absolument identique; ils pa- raissent aussi vigoureux que les autres et cepen- dant les ondulations qui produisent les aspects moirés ou m figurés » étant presque toujours plus accentuées, près de l'aubier qu'au cœur même — 68 — de l'arbre, pourraient bien être la conséquence d'une maladie quelconque dont souffrirait da- vantage l'arbre au fur et à mesure qu'il vieillit. Ce n'est là, en tout cas, qu'une hypothèse. On trouve ces arbres un peu partout là où il y a de l'Acajou commun, plus fréquemment toutefois en certains endroits qu'en d'autres; ils restent néanmoins des exceptions, et les cou- peurs ne doivent pas se baser sur leur découverte pour établir le budget de leur exploitation. Acajou-Tiama et Ito\o. Des autres essences exploitées par les cou- peurs, nous ne parlerons ici que des deux prin- Scieries Africaines a Moossou. — Fond de la scierie. Scie P. L. cipales, V Acajou-Tiama et VIroko, nous réservant d'examiner, au Titre III, les carac- téristiques des autres essences coupées occa- sionnellement et l'emploi dont elles sont susceptibles dans l'industrie. Seuls, avec l'Acajou ordinaire, le Tiama et l'IroJ^o sont un peu connus sur les marchés européens; seuls, ils ont donné lieu déjà à un mouvement d'exportation intéressant. L.' Acajou-Tiama est, scientifiquement, un Acajou. C'est un très bel arbre, qui dépasse peut-être, comme dimension, les autres Aca- jous. Son bois est également de couleur rose saumon, mais plus ou moins foncée et parsemée de petits points noirs ou hachures qu'on dirait faites avec une aiguille. Ce sont ces minuscules taches noires qui font que le Tiama est moins apprécié que l'Acajou. En France et en Angle- terre il est même très peu prisé. Par contre, ainsi que nous l'avons déjà signalé, les Alle- mands le recherchent volontiers et presque au même prix que l'Acajou commun. Ils appré- cient particulièrement les Tiama foncés dénom- més dans le commerce Tiama Sapelly. Le Tiama pourrait être employé, au même titre que l'Acajou, pour la belle menui- serie d'intérieur, les wagons, les bateaux de plaisance, etc. Il est toutefois légèrement plus lourd que l'Acajou. 11 y a également des Acajou-Tiama frisés ou moirés. L'/ro^o est un bois complètement diffé- rent. On le dénomme c teck africain », parce qu'il se rapproche, comme couleur, densité et qualité, du véritable teck. C est un très beau bois, jaune cognac au sciage, mais qui prend assez rapidement des tons vieil or et châtain par endroits, d'un très bel effet, et qui donnent aux meubles ou articles fabriqués avec ce bois un aspect d'ancien. Les Allemands l'emploient surtout dans la construction des bateaux. Nous sommes certains qu'on pourrait l'utiliser avec succès dans l'ébénisterie. Utilité pour les exploitants de ne présenter que des bois de toute première qualité. Les exploitants ou, à leur place, les mar- chands intermédiaires, ont intérêt à n'exporter de la Colonie que des bois de tout premier choix. Ils les écoulent d'abord plus facilement; ensuite, ils contribuent, en agissant ainsi, à cons- tituer une bonne renommée aux bois de la Colo- nie, à élargir leurs débouchés, à augmenter pro- gressivement les cours auxquels ces bois sont réalisés par rapport aux bois similaires d'autres provenances. Il est bien certain, en effet, que certains stocks, vieux de deux ou trois ans, piqués ou échauffés, fendus, achetés dans la fièvre de la spéculation en 1920, ont dû produire, sur les — 69 — marchés où ils ont échoué, une impression plutôt défavorable. C'est ce qu'il faudrait évi- ter de renouveler par la suite, l'Administration locale dut-elle intervenir pour empêcher l'im- portation de bois aussi mauvais, bons tout au plus à faire du feu. Les exploitants ne sauraient apporter trop de soins à la préparation et à la conservation de leur production, veiller à l'équarissage propre- ment fait; à défaut, écorçage immédiat des grumes, précaution indispensable pour éviter aux bois de se piquer, la sève montant presque sans arrêt au cours de l'année et aucune saison n étant Scieries Africaines à Moossou. — Ateliers d'affiilage. particulièrement favorable pour l'ahatage. Cer- tains exploitants enlèvent, quelques semaines à l'avance, aux arbres qu'ils ont désignés pour l'abatage, une ceinture d'écorce pour arrêter ou tout au moins réduire, dans une certaine propor- tion, la circulation des sucs végétaux. C'est une pratique qui serait à généraliser pour la plupart des essences. L'arbre, une fois abattu, ou les billes, après tronçonnage, devraient séjourner le moins pos- sible sur le sol; si on ne peut les évacuer tout de suite, il est nécessaire de les isoler sur des bouts de bois placés en travers, qui permettent l'aéra- tion. Les billes, grumes ou équarns, doivent toujours être protégées le plus possible contre les ardeurs du soleil et contre les intempéries. Il est facile de les recouvrir de feuilles de pal- miers ou de branchages ou de leur construire des abris rustiques. Il arrive, lorsque les billes attendent pour être évacuées sur le point d'embarquement ou, étant rendues en ce point, séjournent trop long- temps avant d'être expédiées, qu'elles éclatent ou se fendent en étoiles aux extrémités; c'est toujours la conséquence d'un manque de soins. Pour éviter les altérations de cette nature, les exploitants, lorsqu'ils le peuvent, mettent sé- journer leurs bois en eau douce où ils se conser- vent parfaitement pendant plusieurs mois. Cette opération a même pour résultat de préparer le séchage plus rapide des bois, l'eau dissolvant les gommes ou résines qui sont dans la matière ligneuse (1). 11 est regrettable qu'on ne puisse généraliser cette manière de faire, surtout près des points d'embarquement; malheureusement l'eau de mer et, avec elle, les tarets, pénètrent dans les lagunes; la conservation des bois qui seraient immergés à proximité des points où ces lagunes communiquent avec l'Océan paraît donc très douteuse. Les scieries locales. — Leur organisa- tion. — Ecoulement de leur produc- tion. Il existe à la Colonie trois scieries (2) assez bien outillées dont le débit total devrait attein- dre 1 5 à 20.000 mères cubes de bois en grumes par an, soit, en bois débités, 12.000 à 15 mille mètres cubes. Deux sont installées à Moossou, en arrière de Grand-Bassam; la troisième fonc- tionne à Abidjan, au fond d'une des criques lagunaires qui entourent la ville. Leurs empla- cements à toutes trois sont particulièrement bien choisis et leurs propriétaires se sont fait réser- ver des superficies de terrain assez vastes dans leurs environs immédiats, pour permettre le développement des usines et le stockage des bois. (1) On ne peut toutefois l'appliquer aux bois très tendres qui pourriraient rapidement dans l'eau. (2) Installées en 1917 et 1918. 70 — ..if Nom scientifique. — Hacmaloslaphis Bartcri (Anacardiacées). Aspect et TÏXTURE du bois. — Cœur et aubier différenciés. Bois de coeur gris brun jaunâtre à larges veines, fibres sinueuses et compactes donnant %u bois un aspect moiré. Aubier très épais, plus clair. Densité moyenne. — A l'état frais, I.IOO; Dureté. Très dur. ■état sec, 0.960. Facilités de travail. — 5ciage: lent: rabotage: assez facile; jentc à l oulil : difficile; assemblage: tenons et mortaises résistants; clous, vis: tiennent bien: cSJotI d'arrachement d'un tirejonds de voie ferrée du P. O. : 7.000 kilos. Tenue du bois débité. — Bonne; ne présente après six mois de sciage que des gerces insignifiantes. Usages principaux présumés. — Construction. Traverses de chemin de fer. Quelques billes, très ramagées, pourraient sans doute être utilisées dans 1 ébénisterie et pour la fabrication de bois de fusils. Remarques. — Petit arbre ne dépassant pas 0"'60 do diamètre et 10 à 15 mètres de hauteur de fût. Assez abondant dans toute la forêt. Les deux premières appartiennent à la Com- pagnie forestière de l'Afrique française et à la Société Vizioz et Cie (Scieries Africaines). Elles s'approvisionnent en bois d'oeuvre sur les chantiers de la région du Comoë et des petites 1 Scierie d'Huberl a Abidjan. lagunes qui sont à droite et à gauche. Par le flottage, elles reçoivent ces bois presque sans aucun frais. Celle d'Abidjan, qui appartient aux Etablissements Emile d'Hubert, est reliée par la voie ferrée aux chantiers de la Société, qui sont tous à proximité d'Abidjan, sur le côté Ouest du chemin de fer montant vers le Nord. Elle a l'avantage, sur ses concurrentes, de pouvoir recevoir, sans séchage préalable, les bois lourds dont elle a l'écoulement; le Da- béma, par exemple, qui flotte difficilement à l'état vert. Ces scieries, dont le débit est loin de corres- pondre aux besoins en bois de toutes sortes de l'Afrique occidentale, trouvent, sur place, à la Colonie même ou dans les Colonies voisines, des débouchés qui absorbent toute leur produc- tion. C'est fort heureux pour elles car, on peut le signaler sans esprit de critique, elles sont bien sommairement organisées et il est à peu près certain qu'elles devraient, ou changer de méthodes, ou fermer leurs portes, si elles en étaient réduites à l'éventualité d 'exporter les quelques milliers de mètres cubes de bois qu'elles débitent chaque année. Mais du fait que les besoins en bois sciés de l'Afrique occidentale française dépassent de beaucoup les quantités pouvant être livrées par les scieries da la Côte d'Ivoire, ces dernières, vendent à l'usine ou quai Bassam, à des prix très avantageux, supérieurs, dans la majorité des cas, à ceux qu'elles obtiendraient en France, des bois qu'elles livrent au fur et à mesure qu'ils sont débitée, sans séchage ou après séchage très insuffisant. Aucune qui dispose de hangars à toits étanches, indispensables à la Colonie pour obtenir une bonne conservation des sciages; aucune qui, débitant de 3 à 5.000 mètres cubes (1) de grumes par an ait, à un moment quelconque, 500 mètres cubes seulement de bois sciés disponibles, en bon état de conserva- tion. Tout est vendu d'avance; on travaille sur commande. Le bois est scié vert et il est livré ou amené vert à Bassam pour être embarqué. S'il peut être chargé assez rapidement sur un bateau de passage, enlevé dès débarquement à Konakrv ou Dakar et mis à l'abri, il arrive à Scierie d'Hubert a Abidjan. destination sans avoir trop subi de dommages: au destinataire de le faire sécher avant de I em- (I) Les scieries de la Compagnie forestière et celle des Etablissements d'Hubert sont outillées pour débiter 500 m' environ de bois en grumes par mois: celle de la Société N'izioz. 1.000 à 1.200 m': en fait, elles débitent beaucoup moins et ne font guère plus d'un millier de mètres cubes par mois à elles trois. 71 — ployer. Mais si, par aventure (et cela arrive trop tréquemment), il doit séjourner sur les quais ou sur la plage avant embarquement ou après dé- barquement, sans être abrité, le soleil, le vent, la pluie lui font subir, en très peu de temps, un formidable déchet; les pièces se gauchissent, se tordent, les bouts éclatent, etc., les stocks de- viennent pour 20, 30 % et plus, inutilisables. On conçoit que certains, parmi les destinataires du Sénégal, de la Guinée ou du Soudan aient pu faire, avec les bois reçus dans ces conditions, des expériences peu encourageantes et soient revenus aux vulgaires sapins ou pitchpins qui leur coûtent aussi cher, mais qui, au moins, ne leur donnent pas de semblables mécomptes (1). Et pourtant les bois sciés à la Colonie se con- servent, nous ne disons pas parfaitement, ce qui serait exagéré, car il y a sans doute plus de déchet qu'en Europe, mais dans de très bonnes conditions pour peu qu'ils soient mis à cou- vert (2). Nous avons vu les stocks emmagasinés (1) Un rapport en date du 9 décembre 1921. adressé par M. le Gouverneur général au Ministère des Colonies, sur l'emploi des ix)is de la Côte d Ivoire en Afrique occidentale française. — ■ rapport dont une copie est parvenue à l'Agence économique le 26 janvier dernier, c'est-à-dire au moment où nous allions mettre sous presse, — confirme entièrement notre point de vue. (2) Les bois sèchent plus rapidement à la Colonie qu en France; on peut les employer après dix-huit mois de stockage, alors qu en France, il faut attendre de deux à trois ans. Il y aurait néanmoins avantage pour les scieries à disposer d'installations pour le séchage mécanique ou le dessévage des bois. Ce serait surtout utile pour les bois tendres qui ont une tendance à s'échauffer rapi- dement, même après débitage. C'est le cas pour VAvodiré et le Bahia. Ce l'est encore plus jx)ur le Fromager et le Parasolier dont on pourrait tirer un parti très intéressant pour la caisse à bananes, pour la Guinée et les Canaries, et surtout la caisse à œufs, pour le Maroc. Ce dernier pays se procure à très haut prix, en Portugal et en France, la planche nécessaire aux emballages d'oeufs et encore cette planche, qui est de pin ou de sapin, n'a-t-elle pas la souplesse que présente celle du Fromager. Les procédés de séchage ou de dessévage sont nombreux. Nous n'entrerons pas dans leur détail, d'au- tant plus qu'il serait délicat d'en conseiller aucun avant de l'avoir expérimenté sur place, les conditions clima- tériques locales constituant un facteur dont il y a lieu de tenir le plus grand compte. C'est une question à étudier et à mettre au point. à Moossou par la Mission des Bois coloniaux, stocks achetés aux scieries en vertu de con- trats (1) passés pendant la guerre, et conservés pendant plus de deux ans, sous des hangars à toits de planches disjointes sur lesquelles il n'avait pas été placé de couvre- joints. L'eau de pluie ruisselait dans les interstices et les gout- tières traversaient les piles de madriers et planches qui étaient en dessous. Lorsqu'on défît les piles il n'y eut cependant guère plus d'un cinquième des bois qui furent mis au rebut; tout le reste était en fort bon état, quoique légè- rement noirci par l'humidité et le voisinage de la mer. Un lot, cédé à un commerçant de Bassam, fut revendu en France à raison de 1 .600 francs le mètre cube ! (C'était en 1920.) Tout le stock eut pu être vendu très facilement en France, et surtout à Dakar, s'il n'y avait pas eu à Grand- Bassam impossibilité presque absolue, à ce moment-là, d'expédier des bois sciés. Les capi- taines de bateaux se refusaient à les prendre, trouvant, plus qu'il ne leur en fallait, de fret plus avantageux. Il est bon d'ajouter que c'est précisément en raison des difficultés de le faire transporter, que la Mission des Bois coloniaux avait décidé de réaliser ce qui restait de son stock sur place, plutôt que de l'expédier en France comme il avait été prévu. Chacune des trois scieries dispose de scies alternatives verticales et horizontales et de grosses scies à ruban pour débiter les grumes, de scies à ruban plus petites et de scies circulaires pour refendre ensuite les plateaux obtenus. Elles débitent des traverses de chemin de fer pour le (!) Ces contrats portaient sur plusieurs centaines de mille tonnes que le Ministère des Reconstructions Industrielles comptait importer en France pour les Régions dévastées. Ils avaient été conclus en 1917 et 1918 à des prix qui permettaient (60 à 70 francs le mètre cube) la concurrence avec les bois du Nord. Quelques milliers de mètres cubes furent livrés en 1918 et au commencement de 1919, mais la hausse des bois se produisant, et avec elle celle de la main- d oeuvre, de loutillage, ©'.c, les fournisseurs durent, sous peine de perdre beaucoup d'argent, demander la résiliation de leurs contrats. Elle leur fut accordée sans trop de difficultés. 72 — Sénégal et des bois de construction, charpente et menuiserie pour les différentes Colonies. Quelles sont maintenant les essences qui les alimentent? Aoodiré, Bahia, Dabéma, consti- tuent les trois principales, puis Bodioa, Sougué, Bossé, Niangon, Fraisé, Rikjo, toutes de bois excellent, qu'elles trouvent en quantités plus ou moins grandes sur des chantiers faciles à desser- vir et qui reviennent tout au plus à l'usine (bois en grumes) de 30 à 50 francs le mètre cube (suivant densité). Vendant couramment de 1 80 à 280 francs le mètre cube, suivant les essences et le sciage de- L'Afnque occidentale française (ports de Dakar, Saint-Louis, Konakry et Porto-Novo) importe encore annuellement, de France et de l'étranger, malgré l'arrêt momentané des tra- vaux et des constructions, 6 à 8.000 mètres cubes de sapin, pitchpin et bois divers, bois qui sont vendus beaucoup plus cher qu'en Europe et que peuvent concurrencer, que doivent même évincer complètement les bois sciés à la Côte d'Ivoire (1). Et puis, il y a le Maroc (2) et l'Algérie qui importent des quantités bien plus importantes encore et où les bois de la Côte d'Ivoire peuvent pénétrer peu à peu. Pour ces ^ .-"^ .■! É^^BJI^M Jeune chinijjdnzê. Cliché Bur^er mandé, les scieries, en tenant compte des dé- chets au sciage et des capitaux que nécessite leur installation, ne sont donc pas une mauvaise affaire pour leurs propriétaires. Malheureuse- ment, et c est sans doute la raison de leur non-extension, elles exigent pour travailler dans de bonnes conditions, un personnel spécia- lisé assez difficile à recruter. Les réparations ne sont pas non plus toujours faciles à faire sur place; les pièces de rechange arrivent avec du retard. Bref, les scieries, à la Colonie, ne mar- chent pas toujours très régulièrement. 11 y a néanmoins heu de présumer qu'elles s'organise- ront peu à peu, aussi bien à ce point de vue qu'à celui du séchage des bois, et pourront se déve- lopper sans avoir à redouter la mévente de leur production. (1) Nous regrettons de ne fwuvoir citer les chiffres exacts des importations de bois de la Côte d'Ivoire, au Sénégal, en Guinée et au Dahomey; les statistiques officielles n en font pas mention, ne relevant pas le trafic qui se fait entre les différentes Gîlonies du groupe de l'Afrique occidentale. On peut estimer que ces importations, qui vont s'amplifiant, ont dû atteindre 2 à 3.000 mètres cubes pour les années 1920 et 1921. dOO à 600 mètres cubes de plateaux ont également été importés en France en 1921. (2) Des renseignements publiés assez récemment par l'Office du Maroc, il ressort que le Protectorat, zone française, importait, avant guerre, une moyenne de 45.000 tonnes de bois divers, dont près de 40.000 ton- nes de pins et sapins sciés, et le reste en bois durs. L'importation s'est ralentie pendant la guerre: mais, dès 1919, elle reprenait avec 18.000 tonnes et appro- chait, en 1920, des chiffres d'avant guerre (40.000 t.). Les pins et sapins sciés tiennent encore, en 1920. la première place, avec 27.600 tonnes. La proportion des autres bois a néanmoins augmenté sensiblement par rappor; aux années I9I2-I9I3. Elle a été. pour la dernière année connue, de 12.600 tonnes, dont 8.800 tonnes de traverses de chemin de fer, 3.000 ton- nes de chêne brut ou équarri. 800 tonnes de bois divers, sciés pour le charronnage. la menuiserie et l'ébé- nisterie. La zone espagnole a importé, de son côté, en 1920. 18.000 tonnes de bois divers, dont 7.000 de bois autres que des pins pi sapins. Les prix sur place étaient à peu près les suivants, au début de l'année 1921 : sapin blanc. 600 francs le mètre cube: sapin rouge. 730 francs: en bois sciés, en grumes ou équarris, pin des Landes. 470 francs: pitchpin, 800 francs: chêne. 950 francs: noyer. L200 francs: platane. 700 francs: Oi^ou.Tie, l.500'fr.: peuplier. 550 francs. Ces prix ont certainement baissé pas mal depuis. Néanmoins, ils doivent encore être assez élevés pour permettre aux bois de la Côte d'ivoire de concurrencer avec succès, à Casablanca et dans les autres ports du Maroc. les bois importés de Norvège ou de France, qui ont à supporter des frais élevés de transport. 73 — derniers pays, comme pour le Sénégal et les autres Colonies de l'Afrique occidentale fran- çaise, le facteur transport maritime joue en faveur des bois de la Colonie et telles catégories de bois, la traverse de chemin de fer par exemple, qui ne seraient pas a payantes » (1) s'il fallait les exporter en Europe, le deviennent aès l'instant qu'on les expédie dans un pays plus rapproché de leur lieu d'origine. (1) Nous examinerons cette question plus loin. Mais il y a mieux à faire pour les bois d;- la Côte d'Ivoire que de conquérir le marché Ic.-.al et même les marchés de l'Afrique du Noid. Ils n'auraient qu'un mérite relatif à obtenir ce résultat. C'est le marché français, lui-même, qu'ils doivent libérer, tout au moins dans une certaine mesure, des importations de bois étran- gers. Nous allons examiner, dans ce qui va suivre, si la chose est faisable et dans quelles conditions il paraît possible de la réaliser. -«^t^ 74 O > ^ o H u UJ û < J Z u n UJ ■UJ û H our les besoins de l'armée, et qu'on a pu employer à des constructions provisoires diverses. Il faut dire également que les travaux de reconstruction des régions libérées n'ont été menés que bien lentement en 1919 et 1920. Il y en a pour dix ans à les achever. D'autre part, la construction, dans tout le reste de la France, d'immeubles à usage d'habitations, suspendue depuis 1914, n'a pas encore repris à cause de la cherté de tous les matériaux, du coût de la main-d'oeu\"Te. II faudra bien y venir, l'insuffisance marquée de (1) Bertin. Rei'ue Colonies et Marine, janvier 1920. Divers autres auteurs. (2) 841.000 tonnes seulement de bois d'ceuvre. bruts ou débités en 1919; 1.319.000 en 1920. 79 — logements se faisant sentir à Paris et dans toutes les villes de quelque importance. La consom- mation de bois d'œuvre ne peut donc aller qu'en augmentant, pendant une quinzaine d'années. Elle diminuera sans doute par la suite, mais il est à prévoir qu'elle restera en tout cas supé- rieure à ce qu'elle était avant la guerre. Or, au prix où sont actuellement les bois de toutes sortes, on peut estimer que chaque mil- lion de mètres cubes importé correspond à une dépense de 300 à 400 millions de francs qu'il nous faut solder par des envois d'or ou de de- vises étrangères, dont l'achat contribue à dépré- cier notre monnaie, à appauvrir la France. C est plus d'un milliard que nous allons avoir à payer annuellement, de ce fait, aux autres pays d'Eu- rope et d'Amérique. 11 n'est pas dans notre pensée de prétendre que nous pourrions nous passer de ces impor- tations et trouver, du moins prochainement, dans nos Colonies de la Côte d'ivoire, du Ga- bon et de la Guyane notamment, toutes les quantités de bois dont nous avons besoin. Aussi riches, au point de vue sylvestre, que puissent être ces Colonies, ce n'est pas du jour au len- demain que l'on peut y organiser une production annuelle de plusieurs millions de tonnes de bois et surtout, les bois pouvant y être obtenus étant très différents de ceux que nous utilisons actuel- lement, qu'on peut les imposer au public en remplacement de ceux qu'il a pris l'habitude d'employer. Mais n'importerions-nous de nos Colonies, pour commencer, que 300.000 ou 200.000, voire même 100.000 mètres cubes par an, que ce serait toujours autant à ne pas payer à l'étranger; enfin, ce serait 1 amorce d une im- portation coloniale plus importante. A tous points de vue, ce serait donc extrêmement inté- ressant. L'Angleterre, l'Italie, la Belgique, ne sont pas, en ce qui concerne leur production fores- tière, plus favorisées que la France. Elles aussi doivent importer des bois de l'étranger; elles n'ont pas, comme nous, la ressource de se tour- ner vers leurs Colonies pour y chercher ce qui leur manque (1). Mais n'envisageons pas les débouchés que nos bois coloniaux pourraient trouver dans ces pays : ceux que leur offre la Métropole leur suffit et leur suffira pour long- temps. La question est d'importance. Dès 1916, 1917, en pleine période d'hostilités, le Gou- vernement Français, envisageant les difficultés qu'il y aurait pour notre pays, après la guerre, à se procurer les stocks considérables de bois qui lui seraient nécessaires, décidait de faire inventorier les ressources de nos forêts colo- niales. La mission Bertin partait étudier les peuplements sylvestres de la Côte d'Ivoire, du Gabon, puis du Cameroun, déjà enlevé aux Allemands. (On connaît les résultats de cette mission et les volumineux ouvrages qui ont été publiés à son retour, ouvrages auxquels nous ne saurions trop prier nos lecteurs de se référer.) Avant la mission Bertin, celle qui avait été confiée au professeur Aug. Chevalier avait per- mis de déterminer les espèces sylvestres afri- caines et leur classement scientifique, travail intéressant autant qu'indispensable pour l'éta- blissement d'un 11 état civil d des bois et que de- vait compléter, au point de vue pratique, la mission Bertin. (( Puis, en 1918 (2), sous l'impulsion éclai- rée de M. l'inspecteur général des Travaux pu- blics Boutceville, devenu, malgré ses nombreux autres devoirs, le plus précieux défenseur et l'apôtre le plus convaincu du bois colonial, le Ministère des Colonies se met résolument à l'œuvre, organise une active propagande et pré- pare un important effort d'ensemble. La con- ception générale est la suivante : constituer un vaste consortium où entreraient les administra- (1) La Nigeria pourrait en fournir pas mal cepen- dant. Quant au Congo Belge, qui possède une zone de torêt très étendue, il ne peut guère en exporter en raison des difficultés et du coût de; transports jus- qu'à la côte. (2) Rapport Weber à la Section des Bois et Pro- duits végétaux coloniaux du Conseil supérieur des Colonies, juillet 1921. — 80 — tions publiques et privées, grandes consomma- trices de bois; susciter, grâce aux besoins de cet organisme, la formaiion de puissantes entre- prises forestières coloniales; aider celles-ci par des avances directes et des commandes dans lesquelles l'Etat jouerait le rôle d'intermédiaire financier. Chambre sans modification, est ajourné par la Commission sénatoriale. Celle-ci estime qu il n'y a pas lieu, quelque intéressant que soit le résultat cherché, de créer un nouveau compte spécial. Elle fait observer que le Ministère des Régions libérées possède d'amples crédits de matériaux et elle indique que ce doit être à ce Grue de k lagune du wharf. Cliché Métayer. — Grand - Baîsam << Un projet de loi est déposé en vue d'auto- riser le Ministère à constituer, par achats di- rects aux exploitants, sur la Côte, des stocks de bois bruts ou débités, à en assurer, aux frais du budget, le transport en France, enfin à consen- tir, aux entreprises forestières et industrielles concourant aux fournitures, des avances rem- boursables par les livraisons et pouvant s'élever aux quatre cinquièmes du capital immobilisé dans l'outillage et les installations. (( Mais ce projet, qui assurait l'avenir des bois coloniaux, après avoir été voté à la Département de faire les commandes de bois coloniaux i^iles à l'œuvre de reconstitution. (( L'Inspection générale des bois se saisit de la question. Elle passe divers marchés avec la préoccupation exclusive d'obtenir des prix très bas. 11 n'est plus question d'avance, mais 1 Etat consent toujours à prendre les bois sur plage et à en assurer le transport et l'écoulement. On commet l'erreur grave, avant qu'aucune scierie n'ait encore été montée pour assurer ces fourni- tures, de commander 60.000 mètres cubes de bois débités, à livrer en Afrique, aux prix déri- soiies de 60 à 70 francs le mètre cube selon qualités. On néglige de prendre corrélativement des assurances pour le transport. » On sait ce qu'il advint de ces marchés. La hausse des prix les rend inexécutables; ils sont résiliés. Les quelques milliers de tonnes obtenus sont revendus sur place ou, s'ils sont importés en France, se détériorent sur les quais du Havre en attendant une destination. « De nouveau (1), on retombe dans les mcer- titudes et les recherches théoriques. (( Pourtant, fonctionne au Ministère des Colo- nies, sous la présidence du sénateur Barbier, une Wharf-Lagune. — Enlèvement d une bille. (Cliché Métayer. — Grand-Bassam Commission d'essais des Bois coloniaux; elle accomplit le plus utile travail en procédant à l'étude progressive et méthodique des bois colo- niaux en vue de leur assimilation aux espèces usitées en France. Mais le président meurt et la Commission ne se réunit plus. Elle ne peut même plus donner la publicité utile aux très inté- ressantes conclusions auxquelles elle est déjà parvenue. (( Au budget de 1921, dernier vestige des grandes conceptions d'antan, lin crédit de 10 millions est cependant maintenu en faveur des bois coloniaux. » (1) Rapport Weber déjà cité. Ce crédit de 1 0 millions ne restera pas inemployé. Le Gouvernement a compris la né- cessité de sortir, sans plus tarder, de la période de tâtonnements et d'entrer résolument dans la voie des réalisations. La section du Conseil supérieur des Colonies qui, en juillet 1921, avait à étudier la question de l'utilisation des bois coloniaux, a trouvé en Albert Sarraut,. Mi- nistre des Colonies, une oreille attentive, le con- cours le plus utile qu'elle pouvait escompter. Grâce à son intervention auprès de son collègue des Régions libérées, M. Loucheur, le crédit inscrit au budget de 1921 a été utilisé peu après pour l'achat de bois en grumes à un consortium d'exploitants gabonnais. Les prix d'achat ont été calculés de façon que le prix de revient des sciages correspondra à peu près aux prix cou- rants des bois similaires employés jusqu'à ce jour : chêne, hêtre, sapin, etc. Le Comptoir central d'achat, qui est institué auprès du mi- nistère des Régions libérées, dispose des instal- lations et du matériel nécessaires pour débiter cette première fourniture. Les bois sciés seront cédés, après séchage (il faut du moins supposer qu'ils ne le seront pas avant) aux industriels autorisés officiellement à les employer pour la reconstruction des immeubles et usines détruits par les bombardements. C'est là un premier et intéressant résultat en faveur de la diffusion des bois coloniaux. Mais il ne faut pas s'endormir sur ce premier et mi- nime succès; il importe, après le Gabon, de penser à la Côte d'Ivoire et d'organiser, avec ou sans le concours de l'Etat, l'importation des bois communs de cette Colonie. Cette impor- tation est possible, les essences exploitables commercialement à la Côte d'Ivoire, pour être un peu moins variées que celles du Gabon, sont aussi belles et aussi bonnes. Les conditions de leur évacuation et de leur embarquement ne sont pas non plus tout à fait aussi favorables qu'en Afrique équatoriale française; mais la main-d'œuvre est plus facilement obtenue à la Côte d'Ivoire qu'au Gabon et les frais de trans- port des bois, de la Colonie en France, sont plus 82 — i i^&k «553311 TALI 1 \ K Nom scientifique. — Erylhrophloeum guincense (Légumineuses, Césalpiniées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier de texture semblable, mais de couleur différente. Bois de cœur brun clair avec veines plus foncées, un peu moiré, hbres assez tourmentées, contre-til accentué, grains serrés, nombreux pores bien marqués. Aubier un peu plus pâle. Densité moyenne. — A l'état frais, 1.170; à l'état sec, 0.980. Dureté. - Très dur. Facilité de travail. — 5tia;;c .- assez facile: rabotage : assez facile; fen/c à l'outil: difficile; assemblage: tenons et mortaises se font facilement et sont résistants; clous, l'is : tiennent bien; ejjori d'arrachement d'un lircjonds de voie jerrce du P. O. : voisin de 8.000 kilos. Tenue du bois débité. — Très bonne. Usages principaux présumés. — Menuiserie d'intérieur, construction. Assez beau pour convenir à l'ébénisterie. Parquet. Traverses de chemin de fer. Inattaquable par les termites. Remarques. — Arbre de I mètre à 1"'20 de diamètre et pouvant atteindre 15 à 20 mètres de hauteur de fût, mais avec une forme souvent peu régulière et peu rectilijne. Assez abondant dans toute la forêt. J réduits II ne s'agit, du reste, que d'établir si les bois de la Côte d'Ivoire peuvent être impor- tés et écoulés à des prix assez bas pour concur- rencer les bois similaires étrangers; les bois de cette origine ne porteront pas préjudice à ceux du Gabon pas plus que ceux de cette dernière Colonie ne risquent de nuire à la diffusion des bois de la Côte d'Ivoire. Les quantités pouvant // jaudrait préalablement les peupler et les outiller. Mais demandons-leur, dès maintenant, ce qu'elles peuvent nous donner et prenons des dispositions pour l'utiliser au mieux de nos inté- rêts. Si par elles notre pays arrivait, peu à peu, à se libérer des importations de bois étrangers, le résultat serait déjà considérable. Nous n'en sommes, hélas, pas encore là ! Sur le wharf. Cliché Métayer. — GraDd-Bassam être importées de ces deux possessions ne consti- tueront en effet, pendant bien des années encore, qu'une fraction bien minime de ce que notre pays doit acheter au dehors. Quand on parle des milliards de mètres cubes de bois que contiennent nos forêts coloniales et des centaines de millions de mètres cubes qu'elles pourraient fournir annuellement à l'in- dustrie, on n'est pas conscient de l'importance de ces chiffres. Nos Colonies sont loin, malgré leurs richesses incontestables en bois, de pou- voir fournir des quantités aussi extraordinaires. Valeur des bois coloniaux en général « Les bois coloniaux, sont-ils susceptibles de remplacer ceux que la production métropolitaine ne suffit pas à nous fournir et que nous devons importer d'Europe? C'est la première question qui se pose, le premier doute qu'il faut s'atta- cher à dissiper. K On est habitué, en effet, à employer, pour les divers usages, des bois déterminés, dont une expérience séculaire a appris à connaître et 83 — apprécier les qualités propres. Pour établir la charpente des bâtiments, on a recours, par exemple, au sapin ou aux résineux qui s'en rap- prochent, à la fois légers et résistants; ce sont les mêmes essences qu'on emploie couramment dans la menuiserie commune et la caissene, en concurrence avec le peuplier. Dans le charron- nage, la carrosserie, l'orme et le frêne trouvent des applications dans lesquelles on ne saurait les remplacer. C'est surtout en ce qui concerne les résineux, sapin ou analogues, que la dispropor- tion entre la production nationale et la consom- mation est la plus marquée; aussi les fait-on venir chaque jour de l'étranger en plus grandes quantités. Or, on s'imagine les bois colo- niaux tout difféients de leurs similaires origi- naires d'Europe; les u Bois des lies >>, ainsi qu'on les appelle dans le commerce, sont sur- tout, pense-t-on, des bois lourds, à couleurs vives, tels l'acajou, le palissandre et l'ébène. (( Il est certain que, pendant longtemps, on n'a guère eu avantage à exporter des Colonies que des bois de luxe, vendus assez cher pour payer largement les frais d'exploitation et de transport. Mais, loin de composer toute la forêt coloniale, ils ne constituent qu'une des nom- breuses variétés de la flore sylvestre tropicale dont la richesse et la diversité ne souffrent d ail- leurs aucune comparaison avec celle des forêts européennes et qui, en outre, diffère, non seule- ment de continent à continent, mais encore dans l'étendue d'une même région, il est incontes- table que, dans les Colonies voisines des tro- piques, les bois de grande densité, à la libre résistante et dure, prédominent beaucoup plus que dans nos forêts. On ne saurait nier non plus qu'aucune de nos Colonies ne peut fournir des produits du type sapin ou pin, tels que nous les importons en si grandes quantités. Tout au plus rindo-Chine, dans ses régions montagneuses, d'un accès difficile, en contient-elle d'impor- tantes réserves. Mais il est cependant un grand nombre d'esences, que leur poids et leur dureté rapprochent plus ou moins du chêne ou du noyer et qui, douées de qualités variées, pourraient se substituer dans l'ameublement, la menuiserie, la fabrication des wagons et des voitures, aux types de bois couramment en usage. D'autres, plus légers, plus tendres, pourraient être utilisés comme le peuplier, et d'autres encore rempla- ceraient le sapin, pour certains usages, dans la construction et la menuiserie. « La substitution des bois coloniaux à nos bois européens exige cependant certaines modi- fications dans les habitudes des artisans. Pour débiter et mettre en œuvre ces essences, pour eux nouvelles, il y aura lieu de recourir à des procédés différents, que la routine du métier sera portée à n'accueillir d'abord qu'avec dé- faveur. Mais ce ne sera là qu'un obstacle pas- sager que l'on aura peu de peine à surmonter si l'on prend soin de déterminer, au préalable, la technique spéciale qui leur est applicable. « Les bois européens peuvent donc être rem- placés par les bois coloniaux pour la plupart des usages courants. (( Depuis quelques années, le chêne du Japon vient faire concurrence, sur le marché européen, au chêne des futaies françaises et au chêne im- porté de Hongrie. 11 semble bien qu'on soit autorisé à conclure, de ce fait, que toute essence coloniale susceptible de remplacer le chêne pour nos usages peut aussi bien supporter les frais de transport de même importance que ceux qui grèvent le chêne qu'on fait venir du Japon. (( De l'exposé qu'on vient de lire, il est per- mis de tirer les conclusions suivantes : d'abord que nos Colonies sont pourvues de ressources forestières susceptibles de suppléer à l'insuffi- sance de nos produits métropolitains; ensuite que rien ne s'oppose, à priori, à ce que les bois qui en proviennent disputent notre marché à ceux qu'il importe d'Europe et d'Amérique (I). » Rien ne s'y oppose, en effet. Pour tous ceux qui connaissent les bois coloniaux, nous parlons (1) D' Chauveau, sénateur de la Côte-d'Or. La France Agricole et la Guerre. (Ouvrage Berlin, Mis- sion forestière coloniale.) 84 en ce moment de la Côte d'Ivoire, il ne saurait y avoir de doute que la grande majorité des essences pouvant être exploitées dans cette Co- lonie, essences dont certaines sont déjà réputées en ébémstene et en menuiserie fine, ne puissent parfaitement être employées à tous les autres usages industriels. Laissons de côté les essences trop tendres, qui ne pourraient pas concurren- cer, au point de vue prix, les peupliers et pins Tous les essais tentés jusqu'à ce jour n'ont pas été effectués dans les conditions de séchage et avec l'outillage voulus. Il en est résulté une légende sur les difficultés de travail de ces bois, leur dureté, leur éclatement sous le clou, etc., légende basée sur des renseignements inexacts et que nous nous attacherons à détruire. M Les bois coloniaux ,dit M. Gillet (I), l'in- dustriel parisien bien connu, qui les étudie pra- Sur le wharf. — Dépôt de la bille sur wagon. Cliché Métayer. — Grand-Bassam ou sapins vulgaires. Nous en avons beaucoup d'autres de meilleure qualité, qui se travail- lent aussi facilement et qui remplaceraient avan- tageusement les sapins de choix, les pitchpins, les platanes, les hêtres, les chênes pour la me- nuiserie, la charpente, le parquet, peut-être le merrain; nous en avons de beaucoup plus dures qui, soit par leur poli, soit par leur imputresci- bilité, peuvent trouver leur utilisation dans l'ou- tillage, le pilotis, les constructions navales, la traverse de chemin de fer, etc. tiquement depuis seize ans, se travaillent par- faitement bien, à condition qu'on les connaisse et qu'on prenne, au préalable, quelques pré- cautions élémentaires. » Voici ce que disait, au surplus, M. Gillet, dans une conférence récente à la Société cen- trale des Architectes (I) : « Le travail du bois comprend deux genres d'opérations : on commence par le préparer et (I) Rapport \X'eber déjà cité. 83 le façonner aux outils mécaniques, puis le bois est ensuite travaillé manuellement et reçoit, en dernier lieu, la façon définitive. (( La première opération comprend le sciage. On a dit que beaucoup de bois coloniaux ne pouvaient se scier, ils ne se scient pas tous, en effet, avec les mêmes scies; pour certains, on utilise la scie alternative; pour d'autres, la scie circulaire et la scie à ruban. On doit donc pro- céder par sélection et employer, pour les di- verses essences, les scies les mieux appropriées. (( Il existe toutefois certains bois qui pré- sentent des difficultés au sciage. (( On rencontre, par exemple, des bois sili- ceux qui émoussent rapidement la denture de la scie; après avoir exécuté quelques traits, la scie ne fonctionne plus. Pour résoudre cette dif- ficulté, d'un ordre spécial, il suffisait de poser la question suivante aux fabricants d'acier : (( Pouvez-vous nous donner une scie faite avec « un acier spécial, qui puisse résister au sciage (( des bois siliceux? )) Les fabricants d'acier ont étudié la question et nous devons signaler qu'elle est actuellement résolue. Tout derniè- rement, nous avons mis en service une scie qui a travaillé des bois siliceux pendant deux heures sans affûtage. On peut donc dire que le but est atteint. « Ensuite, nous passons au corroyage et au rabotage du bois qui s'exécutent dans les mêmes conditions que pour les bois métropoli- tains; certains bois ont un fil et un contre-fil, mais, en prenant les précautions élémentaires de réglage des couteaux, ces bois se travaillent aussi bien que les autres, et sans arrachement. (( Les assemblages, tenons et mortaises ne présentent pas de difficultés; pour exécuter les tenons dans les bois tendres, nous conseillons l'emploi de (( tencheuse » à porte-outils héli- coïdaux travaillant à travers fil. (( Le bouvetage et la mouluration sont exécu- tés avec les outils habituels tels que toupie, (( parqueteuse » et (( moulurière » ; nous conseil- lons, pour /certains bois siliceux, l'emploi d'acier rapide pour la confection des fers à mou- lures; ils donnent d'excellents résultats. (( Le raclage et le ponçage mécaniques des bois sont tout à fait recommandables pour le façonnage des bois coloniaux, principalement pour ceux à fil et contre-fil, auxquels ils don- nent leur aspect définitif. (( En somme, le travail mécanique peut s'exécuter dans d'excellentes conditions. Cer- tains bois, qui sont très durs, ont besoin d'outils spéciaux et nous recommandons à tous les indus- triels qui auront à les travailler, de poser le problème à leurs fabricants d'acier. Je suis convaincu qu'ils arriveront très facilement à résoudre cette question. (( Il nous reste maintenant à déterminer les conditions du travail manuel des bois coloniaux. (( Il n'est pas besoin de dire que les ébénistes, depuis longtemps, travaillent très bien les bois exotiques; c'est grâce à leur talent et unique- ment avec les bois coloniaux qu'ils confec- tionnent les plus beaux meubles que nous expor- tons dans le monde entier. « En introduisant les bois coloniaux dans l'industrie nous rencontrons parfois la résistance de l'ouvrier. Celui-ci, plus ou moins routinier, habitué au sapin et au chêne, n'apporte pas toujours toute la bonne volonté nécessaire pour travailler ces bois. (( II faudra probablement que l'ouvrier mo- derne apporte certaines petites modifications dans ses méthodes, mais nous pouvons affirmer qu'un menuisier ou ébéniste consciencieux, qui consentira à faire abstraction de la routine, arri- vera, au bout de quinze jours, à travailler très facilement les bois coloniaux. 11 suffit simple- ment, pour le rabotage, de régler le fer et le contre-fer de l'outil de telle façon que le tra- vail à exécuter sur les bois à fils entrecroisés se présente dans des conditions favorables (I). (( Nous sommes convaincus, par l'expérience. (I) On fabrique du reste, pour les bois à contre-fil, des rabots spéciaux. — 86 qu'au bout de peu de temps cet ouvrier ne fera plus aucune distinction entre le travail des bois métropolitains et celui des bois coloniaux; il sera même intéressé par la beauté des bois qu'il aura ainsi utilisés et il éprouvera une satisfaction personnelle à avoir vaincu une difficulté passa- gère. )) M. Gillet ne se contente pas de faire de la parfaitement bien, malgré l'humidité et la cha- leur, pourvu qu'elles soient à l'abri du soleil et des intempéries. Les essences les plus dures peuvent être employées indifféremment pour les travaux d'intérieur comme pour ceux d'exté- rieur. Elles résistent à tout, même aux termites, qui sont la plaie des bois de construction en Afrique occidentfile. Les biiles sonl montées sur l'apponlemenl de la lagune, placées sur wagonnet pour être ensuite, soit embarquées, soit déposées sur le lerre-plein. iCiiché Agence économique A. O. F. ' propagande pour les bois coloniaux, il les utilise dans ses usines, construit notamment des pavil- lons en bois pour habitations (( qui joignent, dit M. Weber, à tous les avantages de la solidité et de la sécurité la plus parfaite, celui de l'élé- gance française. » Signalons qu'à la Côte d'Ivoire même toutes les constructions sont actuellement faites en bois du pays et que, même les essences les plus tendres, comme le Bahia, se comportent Les essais de durée, de conservation, de résis- tance, de sciage, effectués en France, n'ont pas été moins satisfaisants (1). Les plus intéressants et les plus concluants ont sans doute été faits par les Compagnies de chemins de fer français. On sait, en effet, qu'un Consortium a été créé dans le but unique de se procurer, dans nos Colonies, les bois nécessaires aux grandes Com- (I) \''oir ouvrage Bertin, Mission jorestière colo- niale, pages 608 et 681 . 87 pagnies pour la construction, le wagon et la tra- verse de chemin de fer. Ce Consortium a monté, en 1920, au Gabon, une importante exploita- tion forestière; il achète, en outre, des lots de bois d'essences déterminées. 11 avait tout d'abord jeté ses vues sur la Côte d'Ivoire; les pourparlers engagés à ce sujet avec 1 Adminis- tration de la Colonie n'ont échoué que pour des raisons absolument étrangères à la concession forestière sollicitée et à la qualité des peuple- ments. De l'avis unanime de tous les industriels et architectes qui les ont examinés d'un peu près, les bois africains sont absolument (( aptes, en les employant chacun selon ses propriétés, à tous les usages de la construction, de la charpente et de la menuiserie. M. Leduc, architecte di- plômé de la Ville de Paris, les déclare parti- culièrement propres à l'édification des maisons en pans de bois dans lesquelles il voit le moyen d'activer la reconstruction des Régions libé- rées et de résoudre la crise du logement par une impulsion nouvelle à donner à l'habitation à bon marché. « Bref, on peut l'affirmer, qu'il s'agisse de poutres, de lames de parquets, de panneaux, de moulures, de châssis de fenêtres, de per- siennes, de marches d'escalier, de moyeux de roues j de carrosserie, de wagons, d aménage- ments intérieurs de navires, etc., etc., les bois d'Afrique peuvent convenir à tout (1). » Nous allons passer rapidement en revue les bois de la Côte d'Ivoire dont nous préconisons l'importation pour la plupart de ces usages. Essences a exploiter a la Cote d'Ivoire ET a importer en France. Ainsi que nous l'avons déjà déclaré, nous nous garderons bien de préconiser l'exploitation et l'importation en France de tous les bois re- connus intéressants à la Colonie. Nous nous limiterons aux meilleurs parmi ceux qui peuvent être coupés, en grande ou moyenne quantité, dans une zone de 1 0 kilomètres de profondeur, au maximum, bordant la Voie ferrée, les lagunes et les rivières y accédant qui sont navigables ou flottables la majeure partie de F année. De cette façon, nous réduirons le plus possible nos frais d'évacuation et le prix de revient de nos bois; nous réduirons également le nombre des essences et rendrons, de ce fait, leur écoulement plus facile. Quatre essences dominent nettement dans toute cette zone : le Bahia, dans les terrains bas et marécageux qui bordent rivières et la- gunes; le RiJ^io, immédiatement à côté ou derrière, sur les terrains plus fermes; puis, plus en arrière, le Dabéma et VAvodiré. Ces quatre essences doivent représenter, à elles seules, une moyenne de 25, 30 0/0 peut- être, de l'ensemble des arbres exploitables de la zone en question. Toutes les quatre sont excellentes. A côté d'elles i! en est d'autres, dont quelques-unes de meilleure qualité encore, mais beaucoup moins abondantes, qui sont éga- lement à exploiter. Ce sont, avec quelques Acajous et Acajous-Tiama, des bois d'ébénis- terie, comme l'/ro/jo, très commun à cer- tains endroits, dans la région de Grand-Lahou notamment, le Majoré, le Badi, le Bossé. l'Assas, VOboto, VOlon (I), tous assez rares dans la partie de forêt qui nous occupe, mais dont il y a néanmoins heu de tenir compte; puis des bois de menuiserie et de charpente comme le Niangon, le Sénan, le Framiré; des bois plus lourds, comme le Sougué, V Adjouaba, le Tait, le Fou, susceptibles d'emplois divers; enfin des bois à traverses ou pilotis comme le Bodoia, le Kroma et VAdzobé. Au total, cet ensemble doit représenter. (I) Rapport Weber déjà cité. (1) Nous ne considérons pas, en raison de sa den- sité et de sa dureté, VApomé comme un bois d'ébénisterie, malgré qu'il ait été classé dans cette catégorie par la Commission des Bois coloniaux. 88 pour la zone de 10 kilomètres de profondeur que nous indiquons, 50 à 55 0/0 du cube total de la forêt, dont 35 0/0 de bois, densité infé- rieure à 1 .000, pouvant être " flottés » à l'état vert ou après séchage de quelques mois, et 1 5 à 20 0/0 de bois lourds non flottables. Il est bien entendu qu'en dehors des essences d'ébénisterie dont on aura toujours le placement l'attention de nos lecteurs et qui, dans son ensemble, est un peu moins dense que la zone située en arrière, pourrait fournir un tonnage de bois déjà considérable. Son développement doit atteindre au moins 375 kilomètres. Sa superficie serait donc, au minimum, de 375.000 hectares. Si l'on prend, comme cube total moyen, 150 stères (1) seulement de bois d'oeuvre à Tirage d'une bille sur le wharf. (Cliché Métayer. — Grand- Bassam !' à des prix rémunérateurs, et des quatre essences dominantes que nous avons énumérées, les autres essences, quelles que soient leurs qualités, ne devront être exploitées que si l'on est suscep- tible d'en réunir, à l'endroit où l'on exploite, un tonnage intéressant. Il serait inutile, en effet, de se donner du mal pour lancer un bois dont on ne pourrait pas assurer régulièrement, par la suite, des livraisons importantes. En s'en tenant aux seules essences princi- pales, la partie de forêt que nous signalons à l'hectare, dont 50 0/0 en essences utilisables immédiatement, on obtient un chiffre de : 375.000x150x50 = 28.125.000 stères 100 ou mètres cubes pouvant, répartis sur 80 an- nées (temps maximum qui paraît nécessaire pour le repeuplement, en arbres adultes, des parties (I) Pour tenir compte des savanes côtières. des espaces cultivés ou couverts de forêt secondaire. 89 — de forêt exploitées) donner lieu à des coupes annuelles de 350.000 mètres cubes. Largement de quoi alimenter une ou plusieurs industries im- portantes. Au-dessous des dessins en couleur représen- tant les différentes essences dont nous préconi- sons l'exploitation et l'importation, nous avons indiqué les caractéristiques principales des bois et les résultats des esais auxquels ils ont donné lieu de différents côtés, notamment par les mis- sions Bertin et Salesses, ce dernier opérant pour le compte des grandes Compagnies de Chemms de fer français. Nous allons ajouter, à ces indi- cations d'ordre général, quelques précisions concernant les différentes essences que nous recommandons particulièrement : I " Bois d' ébénisierie (Exploitation accessoire) Makoré, Badi, Bossé, A sas, Oboto, Olon (1). Makoré et Bossé sont déjà coupés en petites quantités par les exploitants. Le Badi égale- ment, mais on le rencontre moins fréquemment. Le Majoré fournit un beau bois rouge semblant convenu- particulièrement pour le meuble en bois plein; il en est de nombreuses billes qui sont moirées. On lui reproche de se fendre au séchage, c'est un inconvénient dont il est pos- sible de limiter les effets en mettant le bois sécher à l'ombre et à l'abri des vents trop secs. II serait peut-être encore mieux de débiter immé- diatement les billes en plateaux et de les mettre à sécher sous hangar fermé. Le fiosse' (2) est moins fin, quoiqu'il en est de jolies billes très ramagées qui feraient égale- ment du beau meuble ou de la belle menuiserie ( I ) Nous nous sommes déjà occupés du Tiama et de l'Iroko, îitre 11, pages 58. 61, 62. 63. (2) Le i>eintre Dupuis a reproduit très fidèlement les échantillons de bois qui ont été mis à sa dispo- sition. Certains de ces échantillons que nous nous som- mes procurés au Jardin colonial à Nogent laissaient toutefois à désirer; les planches en couleur ne don- nent donc pas toutes une idée très exacte des bois qu'elles représentent : c'est le cas notamment pour le Bossé et le Framiré dont les dessins représen- tent des bois unis et de fil, alors que ces essences d'intérieur. Blanc crème au débitage, le Bossé rosit rapidement au séchage. Il prend très bien le chromate de potasse. Le Sipo, faux-acajou, dont nous avons parlé au Titre 1 " , semble être un Bossé de belle qualité. Le Badi est un excellent bois sous tous les rapports. On ne peut lui reprocher que d'être un peu lourd et dur à travailler. La plupart des billes présentent des effets moirés. C'est un bois qui convient également pour le meuble massif. A sas, Oboto et Olon sont beaucoup moins connus et ne donnent encore lieu à aucune ex- ploitation. Ce sont trois jolis bois qui trouve- raient certainement leur emploi dans les indus- tries d'ameublement. Ces trois essences, sauf à de rares endroits de la forêt, sont trop peu abondantes pour que les exploitants actuels essaient d'en tirer parti commercialement. Nous ne les mentionnons pas qu'à titre documentaire, cependant, car il est possible que, par la suite, on en découvre des peuplements plus importants qui justifieront leur exploitation. L'Ofeo/o est peut-être d'emploi moins facile, mais VA sas et l'O/on sont deux beaux bois satinés qui trouveraient amateurs s'ils étaient obtenus couramment. L'O/on est toutefois un peu lourd; cela ne lui enlève rien de sa qualité, au contraire. Les SIX essences ci-dessus ne sont donc pas susceptibles de donner lieu à un mouvement d'exportation important. 11 est difficile, à chaque exploitant, d'en réunir un tonnage appréciable et la vente en France par trop petits lots ne peut, d'autre part, donner de bons résultats. Les cou- peurs d'acajou qui, pourtant, ne devraient pas les négliger, auraient intérêt à grouper leur sont généralement assez ramagées; le Rikio, dont le bois est plus ou moins marbré; enfin le Fou, bois d'un beau rouge uni et très homogène, alors que le dessin représente un échantillon pris sans doute dans une branche et qui donne deux tons différents. Les densités que nous avons mdiquées sur les fiches d'essai, sont des densités moperines. Elles sont, en effet, très variables pour une même essence, suivant la région ou la nature du sol. Dans les terrains humides ou marécageux, la densité des bois est généralement plus légère que dans les terrains sains ou rocailleux. — 90 production et à la faire vendre, sinon en bloc, du moins par lots assez importants. Ils obtien- draient, en agissant amsi, des prix certamement supérieurs à ceux qui leur sont offerts actuelle- ment quand ils essaient de vendre chacun de leur côté. Une Société qui entreprendrait en grand l'exploitation des bois de menuiserie et charpente et leur importation en France, pour- rait acheter aux autres exploitants ces bois di- vers d'ébénisterie et les écouler avec sa propre production. 2" Bois de menuiserie et de charpente de densité inférieure à 1 .000, exploitables en grosses quantités. Exploitation principale : Avodiré et Bahia, Dabéma et Ril^io. Deux bois assez tendres et deux bois durs. Ces quatre essences sont, comme nous l'avons exposé, les plus abondantes de la région cô- tière. Le Bahia, notamment, peut s'obtenir en grosses quantités et à très bon compte; c'est un bois gris-jaune, de bonne qualité, qui peut rem- placer pin et sapin de choix pour le meuble à bon marché et tous travaux de menuserie et de charpente légère (I). ]J Atiodiré est peut-être supérieur, comme qualité, au Bahia. 11 convient pour tous tra- vaux de menuiserie, de moulure et de charpente légère. Le Dabéma et le Rikio sont plus lourds et plus durs. Ils peuvent remplacer chêne et hêtre, platane, etc.. Le Dabéma surtout, est un très beau bois satiné, qui se travaille bien et se rapproche, comme ensemble, des beaux chênes de France; les pores sont un peu plus creux, mais le ton est plus doré, plus foncé. Il est plus beau à notre avis. On pourrait l'employer pour du meuble, mais c'est pour la lame de parquet qu'il semble le plus indiqué. Il est à essayer également pour la fabrication de futailles; il ne paraît pas toutefois suffisamment maillé pour cet usage et il est de fente difficile. (I) On a signalé que certaines billes de Bahia étaient inégalement dures, après séchage. C'est un fait à vérifier. Pour les emplois en charpente, l'incon- vénient ne serait pas bien grand. Le Riliio semble être d'une qualité plus com- mune. C'est plutôt un bois de construction qui peut remplacer chêne et hêtre. Sa maille est assez grande, sa fente facile; il pourrait donc être débité en merrains et il est à étudier à ce point de vue. D'assez nombreux Rii^ios sont creux à l'inté- rieur. Des déchets importants au débitage se- raient donc à redouter si l'on ne prenait des pré- cautions pour réduire au minimum le nombre de billes creuses pouvant être exportées de la Colo- nie; mais il suffit de tronçonner les arbres sus- pects en billes assez courtes (4 mètres, par exemple) pour éliminer, à peu près complète- ment, les parties qui sont défectueuses. Dabéma et Ril^io sont, à l'état vert, d'une densité voisine ou légèrement supérieure à 1 .000. Pour les faire flotter, il faut donc au préalable les faire sécher légèrement, résultat qui sera obtenu d'autant plus rapidement que les billes seront équarries dès abattage. C'est là, du reste, une opération que nous conseillons pour tous les bois dont on voudra faire l'expor- tation en billes, exception faite de ceux qui peuvent être destinés spécialement au contre- placage et qui doivent être déroulés. Non seule- ment, en effet, l'équarrissage permet d'obtenir une réduction plus rapide de la densité, il évite aux bois de s'échauffer ou de se piquer du fait de l'humidité, il fait découvrir la plupart des défauts et permet une élimination immédiate de tout ce qui peut laisser à désirer; il réduit très sensiblement les frais de transport par bateaux, les billes s'arrimant mieux et, de plus, étant moins lourdes que des grumes pour une valeur de bois égale. 3' Autres bois de menuiserie et charpente de densité inférieure à 1 .000, exploitables éga- lement, mais en quantités moins importantes : Niangon, Senan, Framiré. Ces trois essences sont excellentes à tous points de vue et peuvent remplacer couramment chêne, hêtre, platane et même pitchpin, quoique très différentes, comme contexture, de celles-ci. Le Niangon est un faux-acajou, il est d'une — 91 très bonne tenue au débitage. Il est à étudier, ainsi que le Senan, au point de vue utilisation -en tonnellerie. Ce dernier, couleur mise à part, est un bois absolument analogue au Rikjo. Cer- tains ébénistes qui en ont exammé, à la Foue de Bruxelles, des échantillons très marbrés, ont laissé entendre qu'ils l'achèteraient volontieq-s pour faire du meuble plein, copie d'ancien. C'est à voir. 11 est certainement utilisable, en tout cas, en menuiserie et en charpente. Le Framiré est également un très bon bois qui rappelle, comme grain et dessin, le frêne de France. 11 est léger et souple. Il est malheureu- sement peu commun dans la région côtière (1). Ces trois essences ne devront, du reste, être exploitées que s'il est possible de réunir un ton- nage intéressant de chacune d'elles. Elles sont loin d'être uniformément réparties. 11 n'y a d'ailleurs, pas intérêt, nous l'avons dé]à fait remarquer, à importer en France une trop grande variété de bois car plus la liste en sera longue, plus leur placement sera difficile (2). 4" Bois semblant convenir plus particulièrement pour l'outillage : Fou. La plupart des essences dures de la Colonie, pourraient être employées avec succès pour l'ou- (1) A cette liste déjà longue nous aurions pu ajouter: le Fraké, l'Aiélé et VAbalé. Le Fraké rappelle le chêne de Hongrie. C'est un bois de bonne qualité et de conservation facile. Il trouverait certainement écoulement à un prix rémuné- rateur; cette essence est toutefois assez rare dans 1 en- semble de la forêt; elle est, par suite, difficilement exploitable. ]JAiélé, ou Okoumé de la Côte d'Ivoire, est par contre assez commun dans la forêt. C est un bois très léger qui ressemble beaucoup comme grain à 1 Acajou. mais il est à peine rosé. C'est en quelque sorte un Acajou blanc. Il pourrait sans doute être utilisé en menuiserie et pour les industries de contre-placage. C'est toutefois un bois chanvreux et de conservation délicate à la Colonie; nous n'osons pas le recom- mander; il ne vaut pas du reste, comme qualité, VOkoumé du Gabon. UAbaté, qui est un assez joli bois, se conserve aussi très difficilement. Il se pique dès abatage, se gauchit, éclate, il pourrait cependant être étudié pour le merrain, car il est maillé et de fente facile. On ne peut en tout cas envisager son exploitation que si 1 on possède à la Colonie une installation de dessévage. le bois étant débité et traité dès abatage. (2) C'est la raison pour laquelle nous avons cru tillage et remplacer les chênes verts, buis, cor- mier, gaïak, pour la fabrication de rabots, var- lopes, bouvets, etc., amsi que pour la meule en bois, la roulette de meuble, la navette de métier à tisser, etc. Mais il en est une qui, par son grain fin, sa dureté, son poli, sa belle cou- leur rouge unie, semble prédestinée pour ces divers emplois. C'est le Fou, arbre dont il existe des peuplements importants assez près de la région côtière et qui pourrait être obtenu à un prix assez bas pour être écoulé facilement en Europe. Les buis et cormiers se paient encore actuellement près de 1 .000 francs le mètre £S*^ Bille pesée à la bascule de la douane. (Cliché Métayer. — Grand-Bassam» cube, le gaïack, 1 .600 à 1 .800. Le Fou pour- rait être vendu à des 'prix bien inférieurs (1). Le Fou peut être employé également pour nécessaire d'éliminer, en outre des bois blancs de trop faible valeur, des essences d'apparence assez belles, comme VAko, le Faro, VAninguéri, VAnioukéti, le Sibo, qui, certainement, trouveraient leur utilisation en menuiserie ou charpente, mais qui sont, ou trop rares dans la forêt pour donner lieu à une exploitation tant soit peu importante, ou d'une conservation trop déli- cate. L'avenir confirmera si nous avons raison. Et pourtant, plus on exploitera d'essences, plus on diminuera le prix de revient des bois, plus on rendra efficace, au point de vue repeuplement en essences de choix, le rôle des arbres porte-graines pouvant être réservés par l'Administration. (1) Une maison de Montbéliard qui fait actuelle- ment des essais de navette avec cette essence, nous a déclaré que, si lesdits essais étaient satisfaisants, elle pourrait à elle seule employer un millier de mètres cubes par an. — 92 — des pilotis (il est imputrescible) et pour la tra- verse de chemin de fer. 5" Bois densité supérieure à 1 .000 convenarjt pour la charpente lourde, le pilotis et la tra- verse de chemin de jer : Sougué, Tali, Ad- jouaba, Bodioa, Adzobé, Kroma. Ce sont là, avec le Dahéma et le Fou, les essences classées par la mission Salesses comme bois à traverses de chemin de fer. Pour cet emploi spécial, il n'y a pas d'inconvénient à ce que la liste des essences soit allongée, même si une différence de prix devait être faite entre elles. L'important est que toutes soient accep- tées par avance par les Compagnies. Nous au- rions pu ajouter, aux six essences indiquées ci- dessus, le Coula, VAdjansi et le Palétuvier. Cette dernière, notamment, donne un bois de toute première qualité pour la traverse ou le pilotis; mais guère plus que les deux autres, elle ne peut être exploitée avantageusement à la Côte d'ivoire, les peuplements étant trop peu importants, les arbres de trop faibles dimensions. Le Sougué n'est pas seulement un bois à tra- verse, mais un bois de charpente ou de grosse menuiserie de premier ordre. Son importation en France, pour ces emplois, est à envi- sager. Le Tali est un des plus beaux bois de la Colonie; sa dureté et sa densité limitent toute- fois les emplois dont il est susceptible; nous le recommandons spécialement, en tout cas, pour la marche d'escalier et la lame de parquet. En l'assemblant avec le Fou ou V Adzobé, qui sont aussi durs et d'aussi bonne tenue, on pourrait obtenir des parquets en mosaïques d'un très bel effet et d'une résistance à toute épreuve (I). L.'Adjouaba est plutôt un bois de charpente. Nous en avons vu, cependant, d'assez jolis échantillons qui ne feraient pas mauvaise figure pour la confection de meubles modernes, mais c'est l'exception; la majorité des billes sont d'un gris terne. Le bois est souple et résistant; le grain est fin; il se polit facilement. Le grand défaut de VAdjouaba réside dans le petit dia- mètre des arbres qui ne dépasse guère O^SO. C'est l'essence qu'utilisent généralement les exploitants pour la confection des traîneaux des- tinés au schlittage des bois. Le Bodioa ne convient guère qu'à la traverse de chemin de fer. Encore est-ce un bois qui s'échauffe assez rapidement s'il n'est débité vert et mis à sécher immédiatement. ]_' Adzobé et le Kroma sont deux bois très durs qui conviennent surtout pour la traverse et le pilotis. De même que le Fou et le Tali, ils sont inattaquables par les termites, ce qui est appréciable pour les divers emplois dont ces bois sont susceptibles à la Colonie. Ces quatre es- sences, considérées comme imprutrescibles, peuvent également être employées pour la tra- verse et le pilotis, sans être préalablement injec- tées de créosote ou autre solution antiseptique. Leurs facultés d'imprégnation sont du reste presque nulles : 0 kilos au mètre cube pour le Tali et le Fou, 22 kilos pour VAzobé, 50 pour le Kroma (I ). Les autres essences classées par la mission Salesses doivent être injectées pour être assu- rées d'une bonne conservation. Leurs facultés d'absorption de liquide antiseptique se rappro- chent de celles du chêne (2). Dabéma, 115 kilos; au mètre cube Sougué, 70 kilos; Adjouaba, 115 kilos; Bodoia, 130 kilos (1). (I) Le Tali est imprégné d'un alcaloïde qui est un poison violent employé par les indigènes comme poison d'épreuve. I! n'est pas à présumer cependant que ce poison puisse constituer un danger quelconque pour les f>ersonnes appelées à manipuler ce bois ou à vivre dans son voisinage. (Note publiée dans la Sotice sur les bois de la Côfe d'Ivoire, par le Gouvernement de la Colonie.) (1) Expériences faites au sulfate de cuivre en dis- solution à 22 '\i. Les bois sont plongés successivement pendant une heure dans le bain antiseptique bouillant et, sans transition, pendant cinq heures, dans le même bain antiseptique froid. (2) 80 kilos au mètre cube. Celle du hêtre est de 500 kilos. (3) \'oir sur les fiches d'essai de ces différents bois, leur résistance à l'arrachement des tire-fonds. — 93 — RÉCAPITULATION DES ESSENCES AUTRES QUE CELLES D'ÉBÉNISTERIE dont l'exploitation à la colonie peut être envisagée DÉNOMINATION DES ESSENCES DENSITE approximative après 5 mois d'abalage. COEFFICIENT de fréquence dans la zone de 10 kilomètres de profondeur bordant lagunes. rivières navigables et voie ferrée. PAGES où sont reproduits les échantillons et fiches d'essais OBSERVATIONS Essences de menuiserie et charpente Densité inférieure à 1 .000, en billes équarries Bahia . Avodiré Rikio . Dabéina Niangon Sénan . Framiré 0 700 0 650 0 950 0.960 0 680 0 950 0 620 n 3 7 7 I 1 0. 83 \ En remplacement pin et aapin de choix, 83 ' grisard, tilleul, etc. 83 En remplacement chêne, hêtre, platane. 83 En remplacement chêne. 83 En remplacement chêne, pitchpin. 83 En remplacement chêne, hêtre, platane. 83 En remplacement hclre, frêne, sapin de choix. 2". Essences semblant convenir plus particulièrement pour l'outillage (en grumes) l 220 84 En remplacement buis, cormier, gaïack. y. Essences de densité supérieure a i.ooo. convenant pour charpentes lourdes parquets. traverses, pilotis, etc. (en grumes) Sougué . Tali . . Adjouaba. Bodioa. . Adzobé . Kroma. . 1 050 1.140 1.020 I.OIO 1.220 1.210 Total 3 ' 2 5 2 5 I 5 4 1.5 47 85 85 85 85 85 85 En remplacement chêne. Soit 47 0 0 du cube total de la zone de 10 kilomètres bordant les lagunes, les meilleurs cours d'eau et la voie ferrée, pourcentage auquel il y a lieu d'ajouter les bois divers d'ébé- nisterie que nous n'avons pas mentionnés dans ce tableau et dont l'exploitation peut n'être pas négligeable. 11 y a, notamment, des peuple- ments d'Iroko qui sont fort intéressants. 11 reste, un peu partout, malgré les coupes déjà faites, des Acajou-Tiama, Mal^oré, Bossé et Badi. 11 y a quelques Assas, Oboto et Olon Enfin, il y a VApomé que l'on rencontre fréquemment en certains endroits et dont on pourra peut-être tirer parti par la suite, ne serait-ce que pour la traverse de chemin de fer. Présentation des bois examinés au précédent chapitre sciage et séchage. Présentation Ce n'est pas tout que de pouvoir produire des bois en plus ou moins grandes quantités. Il faut également être assuré de pouvoir les vendre et de les vendre avec bénéfice. Or, tout est à faire, tout est à organiser à ce point de vue. Deux conditions primordiales pour que les bois de la Côte d'Ivoire, autres que les princi- paux bois d'ébénisterie, puissent affronter la concunence sur les marchés de la Métropole : 94 OBOTO Nom scientifique. — Ochwcarpus ajricanus ou Mammca ajricana (Guttifères). Aspect et texture du bois. — Bois rose rouge foncé peu veiné. Aubier plus pâle. Pores longs, creux et colorés. Le bois secrète une oléosine qui apparail, sur le bois Jébité et raboté, sous forme de mouchetures brunes. Densité moyenne. — A l'état frais : 1 ,0'30; à l'état sec : 0.900. Dureté — Dur. Facilités de travail. — Sciage : facile; rabotage : facile; fen/c à i'ou(i7 : relati- vement facile; assemblage: tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, vis s'enfoncent et tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne. Quelques-uns des plateaux débités travaillent en séchant. A surveiller à ce point de vue. Usages présumés. — Ebénisterie, menuiserie d'intérieur, menuiserie, construction. Remarques. — Arbre attei^'nant 1 mètre à P"20 de diamètre à la base et de 15 à 20 mètres sans branches avec empattements développés à la base. Peu abondant. à 1 Etre présentés sous une jorme mar- chande : plateaux, madriers, planches, bastings, chevrons, douelles, lames de parquet, etc.. débités aux dimensions courantes du commerce; 2 ° A voir été séchés préalablement ( 1 ) et ne présenter aucune trace de conservation dé- fectueuse. Vouloir importer et écouler des bois en billes, I œuvre. C'est un fait reconnu pour les bois indi- gènes et ce n est pas pour des bois exotiques, qui peuvent exiger, pour être débités, un outil- lage spécial, que les employeurs changeront de procédé. Quiconque serait tenté d'importer des bois en billes et de les vendre tels quels (I), ris- querait donc, ou de ne pas les vendre ou de ne es vendre qu'à un prix très inférieur à leur Sur le wharf. — Bille attendant son tour pour être mise a l'eau. ^CIiché^Mélayer. — Grand-Bassam équarris ou non, est aller à un échec certain. On ne les écoulerait, en effet, que très difficile- ment, peu d'acheteurs consentant à achetei des lots de bois qu'il leur faudrait tout d'abord faire débiter, puis conserver ensuite pendant deux ans avant de pouvoir les employer. L'em- ployeur préfère, généralement, payer plus cher et n'acheter que des bois prêts à mettre en (I) Sauf pour les traverses de chemin de fer qui peuvent être livrées fraîchement sciées ou demi-sè- ches. valeur réelle, car, seuls, des marchands de bois intermédiaires, possédant des scieries, pour- raient en faire l'acquisition. Il s'agit donc, tout d'abord, de procéder au sciage des bois, de les sécher ou desséver méca- niquement ou, encore, de les ^ stocker > dans des conditions telles qu'ils puissent sécher natu- ( I ) Nous ne parlons toujours pas des beaux bois de placage ou de contre-placage, à trancher ou à dé- rouler, qu'on peut très bien vendre en grumes ou équarris. 95 — rellement et se conserver en bon état. Il est bien certain que ce sont là deux réelles difficul- tés à résoudre pour les exploitants, car ces opé- rations nécessitent de très gros capitaux et une organisation relativement considérable. Sciage et séchage D'une façon générale, en France et dans les autres pays d'Europe et d'Amérique, le débi- tage des bois se fait à proximité du lieu d'aba- tage, de façon à ne pas avoir à payer le trans- port des déchets. (( Peut-il en être de même pour les bois d'Afrique? » dit M. Weber (1). Pour les bois à traverses, si celles-ci peuvent être écoulées à un prix suffisamment rémunéra- teur, pour tous les bois très durs dont on aura l'écoulement en France, nous répondrons par l'affirmative. Ces bois, qui sont tous de forte densité, ne pourraient pas être mis à l'eau pour être évacués des chantiers vers les points d'em- barquement, puis, de là, conduits à bord des bateaux ancrés en rade. Effectuer ces transports par chalands constituerait une opération coû- teuse. 11 paraît bien préférable de débiter ces bois sur place, dut-on s'en tenir, en dehors des traverses, à un premier sciage en plateaux plus ou moins épais, et de les expédier aussitôt après, leur sciage n'étant pas indispensable pour la tra- verse et pouvant être effectué en France pour les autres usages. L'expédition sera plus facile et le fret moins élevé, avantages qui compensent l'inconvénient d'avoir à installer et faire fonc- tionner une scierie à la Colonie. Cette scierie ne devant débiter que des plateaux épais, de la traverse ou des gros bois de charpente lourde avec un nombre assez limité d'essences dures ou très dures, nécessitera un outillage spécial, il est vrai, mais néanmoins assez sommaire (2). (1) Rapport au Conseil supérieur des Colonies, déjà cité. (2) L'embarquement de bois sciés ne paraît guère possible qu'à Bassam. Ce n'est donc que dans la région desservie par ce port que l'installation de nou- velles scieries peut, pour l'instant, être envisagée. Tout autrement se pose la question pour les bois de menuiserie et de charpente légère. Nous avons vu que les scieries actuellement installées à la Colonie, si elles constituent d'assez bonnes affaires pour leurs propriétaires, ne sont telles, que parce qu'elles trouvent à écouler sur place, au prix fort et sans séchage préalable, toute leur production. Auraient-elles pu vivre si ce débou- ché imprévu, à peine entrevu en tout cas, au moment de leur installation, n'était entré en ligne de compte? C'est fort douteux; insuffi- samment étudiées au point de vue de leur outil- lage, montées en pleine guerre dans des con- ditions très onéreuses, elles auraient eu à affron- ter la lutte, sur nos marchés français, avec les provenances étrangères, dans des conditions plutôt désavantageuses pour elles. Quoiqu'il en soit nous ne saurions conseiller, autrement que pour les bois lourds et pour les bois sujets à échauffement rapide (1), 1 instal- lation à la Colonie de scieries nouvelles à très grand débit dont le rendement dépasserait de beaucoup les besoins de l'Afrique occidentale en bois débités. Le séchage des bois, s'il est possible à la Colonie et s'il y est peut-être plus rapide qu'en Europe, exige, pour être obtenu dans de bonnes conditions, la construction de vastes hangars, absolument étanches, entièrement fermés, de façon à pouvoir atténuer, à certaines époques de l'année, l'action des vents secs qui font éclater le sciage. Et malgré ces précautions, les bois sont noircis par la grande humidité qui règne en hivernage. Ils en sont dépréciés. Le chargement est, en outre, plus compliqué et plus coûteux pour des bois débités (qu on doit obligatoirement conduire sur des chalands, de l'extrémité du wharf au bord des bateaux, pour ne pas risquer de les altérer au contact de l'eau salée) que pour des billes susceptibles de flotter. L'argument invoqué contre les bois (I) Comme le Bahia et VAvodhê. Nous avons vu plus haut (Titre II) qu'il y aurait peut-être intérêt à scier et à desséver ces bois aussitôt après abatage. — 96 — Au bout du wharf. — La bille est attachée avant d'être jetée a l'eau. 'Cliché Métayer. — Grand-Ba^sam lourds se retourne donc ici en faveur des bois plus légers. Le fret, lui-même, si l'on a pris la précau- tion de faire équarrir les bois, est plutôt moins coûteux pour des billes, compte tenu du déchet à prévoir au sciage, qu'il ne l'est pour des bois débités (I), que les Compagnies de transport maritimes tarifient à l'enccmbrement, alors qu'elles acceptent généralement les billes au poids. Enfin, il ne suffit pas de débiter et de faire sécher, il faut vendre et la seule façon d'y arri- ver (les acheteurs aimant à se rendre compte de la marchandise qu'on leur offre) serait de créer des entrepôts en France, d'où augmentation considérable des manutentions et des frais de toutes sortes (1). C'est donc près des centres de grosse con- sommation, en France (2), qu'il faut songer à installer des entreprises importantes de sciage et (I) Nous parlons ici de planches et autres sciages commerciaux et non de plateaux ou traverses. (1) Inconvénient qui ne paraît pas exister pour les traverses de chemin de fer. qu'on peut vendre par avance par grosses quantités et qui seront acceptées à la livraison pourvu qu'elles présentent les qualités requises (essences, dimensions, tolérance d aubier, etc.) (2) 11 serait prématuré d'envisager de grosses instal- lations de ce genre au Maroc, en .Algérie et en Tunisie, quoique le tonnage de bois importé dans ces pays soit fort appréciable. On ne peut songer, en effet, à évincer du jour au lendemain les lîois importés d au- tres pays; il faut attendre pour cela que les bois de la Côte d'Ivoire aient fait leurs preuves en France et soient plus connus. Des scieries de moyen ou de petit débit n'y réussiraient pas davantage, car elles ne justi- fieraient pas une exploitation sp>éciale à la Colonie et. en achetant les bois en billes aux coupeurs, on les paierait incontestablement plus cher qu'ils ne revien- draient à une exploitation puissamment organisée; ces scieries seraient handicapées de ce fait. 97 - de séchage des bois de menuiserie et charpente à importer de la Colonie; c'est là qu'il faut apporter directement les bois en billes (I), là qu'on les débitera et conservera dans les meil- leures conditions possibles avec le minimum de frais. C'est également là qu'on amènera, pour les refendre aux dimensions du commerce, les bois lourds et les bois sujets à échaufîement qu'on aura importés en plateaux. La question a déjà fait l'objet de nombreuses controverses et on constatera que nous ne som- mes pas d'accord avec M. Gillet, pas plus qu'avec M. Fernand Rouget (2), directeur de l'Agence économique de l'Afrique équatoriale, et l'Inspecteur Bertin (3). Nous reconnais- sons, avec ces Messieurs, que la conserva- tion des sciages aux Colonies est moins difficile que celles des grumes. Mais, nous l'avons déjà dit, nous ne conseillons nullement d'importer des grumes, mais des bois sciés en plateaux ou des bois équarris dès abatage, précaution qui assure déjà une meilleure conservation, permet d'éliminer une bonne partie des billes ayant des défauts internes que peuvent cacher écorce et aubier, et fait réaliser une économie sérieuse sur le fret; ensuite, il n'y a pas d'intérêt à conser- ver ces bois à la Colonie, mais au contraire à les expédier dès que cela est possible, au fur et à mesure qu'ils arrivent au point d'embarque- ment . Installation de scierie plus facile, fonction- nement plus régulier, personnel moins coûteux {I) Les droits de douane sont également moins élevés pKJur les bois en billes que pour les bois sciés. Ceux de la Côte d'ivoire peuvent être maintenus à la classification » Bois exotiques bruts ou équarris » et être exonérés complètement. (2) Rapport au Congrès du Génie civil, 1918, Sec- tion des Bois coloniaux. (3) Il est bon de faire remarquer que M. Gillet, qui préconise le sciage à la Colonie, ne fait lui-même débiter les bois qu'il exploite au Gabon qu'en pla- teaux d'une certaine épaisseur, opération faite à la scie de long. Le débitage est complété dans son usine de Montargis. Cette façon de procéder ne fait que con- firmer notre f>oint de vue en ce qui concerne les bois lourds; elle n'enlève rien à la force de celui que nous exposons concernant le débitage des bois susceptibles de flotter. et plus facile à recruter, meilleur rendement, transport des bois pas plus sinon moins coû- teux, meilleure conservation des sciages, vente possible de toute la production sans avoir à constituer d'entrepôts autres que le parc de séchage annexé à l'usine, tout milite en faveur du débitage définitif en France. La solution du problème, si on l' étudie bien sous toutes ses faces, ne peut pas être autre que celle-ci. Prix de revient et prix de vente possibles des bois importés DE LA Colonie. La détermination de ces prix est essentielle. Les bois communs de la Colonie ne peuvent, en effet, être importés et écoulés en France que s'ils laissent un bénéfice, et un bénéfice suffi- sant, à l'importateur. Nous n'envisageons pas le cas oîi les bois en tjilles devraient être achetés aux exploitants actuels de la Colonie, lesquels prendraient encore un bénéfice sur leur prix de revient déjà trop élevé. Nos bois devront être abattus et préparés sur des chantiers organisés, d'autre part, au point de vue importation, débitage et vente. Pour faciliter nos calculs, nous déterminerons notre prix moyen de revient des bois à la tonne et non au mètre cube, prix moyen qui pourra s'appliquer à toutes les essences. 11 nous sera facile ensuite de l'établir au volume pour cha- cune d'elles. 1° Bois d'ébénisterie, menuiserie et charpente de densité injérieure à 1 .000 au moment de leur évacuation du chantier, c' est-à-dire après un maximum de deux à trois mois d'équarris- sage. 11 s'agit là des bois flottables. Acajou com- pris, dont nous préconisons le débitage en France, bois que nous pouvons expédier indiffé- remment de Bassam, d'Assinie, de Lahou, et même de Fresco, Sassandra ou San Pedro. Comme nous l'avons vu, ils seront composés — 98 — pour près des trois quarts par du Bahia, de VAvodiré, du Rikio et du Dabéma Personne ne contestera que le prix de revient de ces bois sera très inférieur, sur des chantiers bien placés et dont on exploitera de 40 à 60 0/0 des peuplements, à ce qu'il peut être sur des chantiers exploités, comme aujourd'hui, plus ou moins éloignés des voies de communica- tion, dont on sort à peine quelques centaines d'arbres qu'il faut découvrir, un par un, dans une superficie de forêt vierge de 2.500 hectares et pour chacun desquels il est nécessaire d'ou- vrir des pistes de schlittage. La comparaison est même très difficile à établir. Ici, plus des trois quarts de la main-d'œuvre sont employés à la besogne d'évacuation des bois, préparation des chemins de schlittage proprement dit; quel- ques hommes seulement travaillent à l'abatage, au tronçonnage et à l'équarrissage. Là, au con- traire, la majeure partie de cette main-d'œuvre est utilisée pour l'abatage et la préparation des billes; la grosse quantité de bois obtenue sur une surface restreinte fait qu'on n'avance que très lentement, permet l'emploi de machines (1) et d'un outillage perfectionné doublant le ren- dement du travail manuel; p?s de chemins de schlittage à ouvrir à travers la forêt, les éclair- cies, résultant des coupes, étant plus que suffi- santes pour faire passer les embranchements Decauville (2) destinés à conduire les billes tronçonnées du heu d'abatage aux voies prin- cipales; tirage à main d'homme supprimé. Si nous nous basions, pour nos estimations, (1) Les scies à moteur, treuils et grues à vapeur peuvent trouver leur emploi sur ces chantiers. (2) Nous ne conseillons pas l'emploi de tanks ou de tracteurs automobiles pour ce genre d'exploitation. Quel que soit le carburant employé, essence ou pétrole qui sont très onéreux, ou même gaz pauvre, qui peut revenir meilleur marché, ces machines sont de fonction- nement plus délicat que le Decauville et ne sont pas pratiques à la Colonie où la forêt, surtout dans la zone côtière. est en beaucoup d'endroits marécageuse. Les quelques essais qui ont été tentés jusqu'à présent sont peu encourageants. Encore le tracteur serait-il plus jus- tifié pour les exploitations d'Acajou que pour celles de bois communs, où la voie Decauville peut sui\Te les coupeur». sur un chantier de bois corrununs organisé in- dustriellement et fonctionnant avec une régula- rité parfaite, nous poumons dire qu'avec une équipe de 200 bûcherons et manœuvres, dont : 60 à l'abatage et au tronçonnage ; 40 pour le chargement et l'arrimage sur wagonnets ( 1 ) ; 40 au parc de séchage, où les billes seraient équarries (2) à la scie mécanique ; 40 pour le drômage et les travaux divers ; 20 pour l'entretien des voies Decauville. Une scie à moteur pour tronçonner les arbres (ce travail peut être fait, du reste, assez éco- nomiquement au passe-partout) ; Un treuil à vapeur monté sur wagonnet pour tirer les billes du lieu d'abatage à l'embran- chement Decauville qui arriverait à proximité (des éléments de voie volante pourraient même être posés pour conduire les wagon- nets jusqu'auprès des bois abattus; dans ce cas, le treuil servirait à tirer les wagonnets chargés jusqu'à l'endroit où la locomotive pourrait les prendre) ; Une grue pour le chargement (3); (!) Avec un ou deux crics, des leviers en bois et des chaînes d acier, deux hommes chargent facilement, en France, en une heure, un arbre de deux tonnes sur un chariot, généralement deux fois plus élevé que des wagonnets plate-forme Decauville. Nous tenons donc largement compte que le rendement d'ouvriers indi- gènes est très inférieur à celui d'ouvriers européens. (Par l'emploi de chèvres canadiennes, on peut char- ger plus vite encore; une équipe de 20 à 30 hoimnes pourrait remplacer les animaux de trait employés à ce travail en Europe ou en .Amérique.) Pour le chargement sur wagonnets Decauville, des leviers à griffe doivent suffire, à condition de placer auprès des wagonnets à charger, des rondins de bois formant tremplin. L'opération f>eut être faite très rapi- dement par ce procédé. (2) C'est en ce [xsint que devrait être installée une scierie plus complète pour le dcbitage des bois lourds. (3) L'emploi de la grue à vaiJeur. en forêt, n'est peut-être pas très pratique. C est une machine forcé- ment assez lourde (elle devrait pouvoir soulever des poids de 3 tonnes) et ma! équilibrée sur une petite voie de 0.60 ou 0.70 d'écartement. Le chargement sur des plateformes très basses du reste est assez vite fait par des hommes habitués à ce travail. — 99 — Un banc de scie mécanique, scie à ruban ou scie alternative verticale ou horizontale, ins- tallé au parc provisoire de séchage (lequel ; parc devra être situé, soit près de la voie fer- rée Abidjan-Bouaké, soit en un point des lagunes ou des rivières à partir duquel les billes pourront flotter et être conduites au point d'embarquement à n'importe quel mo- ment de l'année) ; Une locomotive et des wagonnets en nombre suf- fisant, nous pourrions arriver, facilement, à une pro- duction journalière de 50 tonnes de bois, soit 1.250 tonnes par mois, 15.000 tonnes par an. Notre prix de revient, dans ce cas, serait excessivement faible : Salaire et nourriture de 200 hommes a 3 fr. 60 ( 1 ) en moyenne par journée de travail ; 300 jours ' 3,50 ■ 200 = Fr. 210.000 " Salaire de deux Européens, chefs de chantier et de parc provisoire de séchage 30 . 000 " Salaire de 3 commis indigènes 6.000 " Salaire de 6 mécaniciens, chauffeurs 12-000 » Salaire de 10 ouvriers spécialisés pour chargement, équarrissage, etc. 15.000 " Amortissement du matériel Decauville, sur 8 années (10 kilomètres dévoie (2) au maximum, 1 loco- motive, 30 wagonnets ayant pu coûter au total 300,000 francs) . '. 37 000 » Amortissement du banc de scie mécanique, de 2 treuils a vapeur (dont un au parc de séchage). 1 5 000 •' Amortissement et renouvellement du petit outillage, entretien des machines etc. 30 000 " Redevances el taxe d'abalage, environ 20 . 000 " Frais divers, recrutement de main-d'œuvre, voyages et déplacements du personnel, etc. 40 000 " Total 415 000 " Soit 415.000 francs de dépenses pour 15.000 tonnes de bois. Prix de revient moyen de la tonne : 27 fr. 33. Nous reconnaissons volontiers que dans la pratique le rendement sera inférieur et le prix (1) Nous aurons beaucoup de bilcherons. Mais ces 3 tr, 50 constituent néanmoins un chiffre fort. (2) Maximum pour une petite exploitation. Pour une production totale de 50.000 tonnes, que nous consi- dérons nécessaire à une entreprise de ce genre, il ne faudrait certainement pas 30 à 40 kilomètres de voie, les chantiers devant être exploités à une distance moyenne de 5 kilomètres des points de concentration (pour une zone de 10 kilomètres de profondeur). de revient plus élevé, soit que le matériel em- ployé laisse à désirer par certains côtés, soit qu'il y ait des à coups dans son fonctionnement, soit que le personnel que nous indiquons doive être renforcé. Aussi, nous admettons que pour obtenir une production annuelle de 15.000 tonnes, les frais pourront atteindre 600.000 francs au total ou, si nos frais restent au chiffre que nous indiquons, soit 415.000 francs, que la production ne sera guère supérieure à 10.000 tonnes. Dans l'un et l'autre cas, notre prix de revient, quai Bassam, ou plage, pour les autres points d'embarque- ment, sera de 40 francs environ la tonne de bois équarri (I). C'est ce dernier chiffre que nous adopterons pour nos calculs. Comptons, d'autre part, 5 francs par tonne pour frais d'embarquement (2) et 90 francs de fret (3), prix qu'il est possible d'obtenir dès maintenant pour des quantités tant soit peu im- portantes, surtout en billes équarries, soit 95 francs par tonne à ajouter aux 40 francs, pour avoir le prix de revient cij port fran- çais : 40 + 95=135 francs la tonne, prix ap- proximatif. (1) Nous parlons ici des bois susceptibles de flotter, densité inférieure à 1 .000. Les bois lourds, s'il en a été coupé en même temps, seront restés à l'usine ins- tallée, comme nous l'avons dit, au point de concen- tration des bois, près de la ligne de chemin de fer, des lagunes ou des fleuves navigables; nous verrons plus loin le parti à tirer de ces bois. Ce chiffre de 40 francs la tonne paraîtra, à d'au- cuns, beaucoup trop faible. Pourtant on exploite actuel- lement au Cameroun des Palétuviers dont le prix de revient ne doit pas dépasser 25 francs le mètre cube, soit 20 francs la tonne, pour permettre de livrer des traverses de chemin de fer à 17 francs, rendues port français. Or, l'exploitation du Palétuvier n'a rien de très facile, l'enchevêtrement des racines qui émergent de 2 à 3 mètres au-dessus du niveau des eaux ou des marais où croissent ces arbres compliquant considéra- blement les opérations d'évacuation. (2) Tarif du wharf de Grand Bassam, pour les bois autres que l'Acajou, le Tiama et I ho\o. (3) On Mgnale même des chargements pris en no- vembre 1921 à 80 francs. Commencement janvier 1922, le fret hois Bassam-Liverpool était coté en Angle- terre 80-85 francs. 100 — Nous n'avons pas, actuellement, à payer de droits de douane pour des bois en billes prove- nant de nos Colonies et nous présumons qu'il n'en sera pas institué. Si nous voulons maintenant connaître notre prix de revient au mètre cube, le calcu' sera simple. Nous allons nous reporter aux densités indiquées à l'un des chapitres précédents pour chacune des essences recommandées (densité approximative après deux ou trois mois d'équar- rissage des bois). DENSITE PRIX approximative moyen ESSENCES après 2 ou 3 mois de revient au m 3 ci/ OBSERVATIONS d équarissage Port Français Acajou 0.700 94 50 3 à 10 % seulement au total Tiama . Iroko . . 0.800 0 960 108. » 1 29 60 des lots importés. Nous tenons compte que la zone de forêt bordant lagunes, fleuves et voie Makoré . 0 800 108. » ferrée aura déjà éle plus Bossé . . 0.820 110 70 ou moins exploitée pour ces Badi. . . 0.920 124.20 essences. Asas . . Olon . . 0 800 0 940 108. " 126 90 Dans les zones vierges cette proportion devra alteindre de 12 à 15 :t. Bahia . . 0.720 97.20 1 80 t au ïota! des lots impor- Avodiré . Rikio . . 0 650 0.940 87 75 1 126 90 tés ivoir coefficients moyens indiqués précédemment . Dabéma . 0.980 132 30 Niangon . 0 640 86.40 12 ', environ des lots importés. Sénan . . 0.940 126.90 Framiré . 0.620 83.70 1 Nous présumons ic i que ces boi sont importés en billes. S'ils étaient fendu s en plateaux et sèches me caniquement ou desséchés â la colonie, ils r viendraient év demment plus cher. Par contre, on pourrait les vendre d 'S leur arrivée en France sa is avoir à les stocker pour les faire sécher. Le bénéfice à réaliser serait jar suite sensiblement le même. Nous obtenons ainsi un prix exceptionnelle- ment bas pour les essences d'ébénisterie qui seront exploitées accessoirement; un prix variant de 126,90 à 132,30 le mètre cube, pour les essences dures, Rikio, Dabéma et Sénan, et de 83,70 à 97,20 le mètre cube, pour les quatre essences plus légères, Bahia, Avodiré, Niangon et Framiré. Voyons immédiatement à quels prix pour- raient être réalisés ces bois en billes, pour savoir quelle marge ils laisseraient à l'importa- teur pour la rémunération du capital engagé et du bénéfice de l'affaire. Les différents bois d'ébénisterie énumérés pourraient être vendus, actuellement, en billes équarries, de 300 à 450 francs la tonne (1) cij port débarquement. Tablons sur un prix moyen de 350 francs seulement soit, pour une densité moyenne de 0.845, au moment de leur arrivée (les bois lourds étant en majorité) 295 francs environ le mètre cube (2). Les beaux chênes de France, grumes de dia- mètre supérieur à 0"'50, tronçonnés avant la première couronne, bois que le Dabéma peut facilement remplacer, valent de 260 à 300 fr. le mètre cube, un cinquième déduit, c est-à- dire, compte tenu des déchets dus à l'écorce et à l'aubier, prix s 'entendant wagon départ. 11 est même des chênes de Bourgogne qui se ven- dent jusqu'à 400 francs et plus le mètre cube. Les chênes de qualité moindre, en belles billes, valent de 230 à 280 francs le mètre cube. Les hêtres se vendent couramment de 210 à 230 francs le mètre cube, un quart dé- duit; les platanes, 190 francs, le tout en billes sans noeuds, diamètre 0"'50 au minimum, sur wagon départ. C'est là les prix auxquels pour- raient être écoulés les Rikio et Sénan, qui peu- vent être employés avantageusement pour rem- placer ces différents bois. Les frênes de deuxième qualité valent, en grumes, de 240 à 270 francs le mètre cube, un quart déduit. Le Framiré trouverait probable- ment écoulement à 200 francs et plus; les gri- sards, qualité ordinaire, 1 50 à 160 francs, un quart déduit; le sapin du Nord ou d'Amérique, en belles billes, de 240 à 280 francs, cube réel Les sapins du pays ne valent que 1 20 francs le mètre cube (cube réel, ce qui ferait encore 150 francs au quart déduit). Nous ne voulons pas assimiler nos bois de la Colonie, en belles billes équarries, à des grumes de petit diamètre et noueuses d'un bout à l'autre. Nous ne tien- drons pas davantage compte des prix du peu- plier, les moins bons des bois dont nous envisa- (1) Début de janvier 1921. (2) C'est le prix des beaux chênes de menuiserie. — 101 — Sur le wharf. — La bille est poussée vers le tremplii Clichc Métayer. — Grand-Bassam geons l'importation (Bahia et Avodiré) valant les meilleurs grisards et tilleuls et les plus beaux sapins de France. Récapitulons, pour plus de clarté, nos prix de revient et les prix de vente des bois similaires aux nôtres, comme qualité, et déduisons les ESSENCES ul S.E U - 2 ÎZ-vS u. ,. . LU gj; O 5-. NOMBRE de mètre» cubes de chaque essence PRIX DE REVIENT moyen cif France majoré de 10 frs parm3 pour débarquement et mise sur wayon s-i-= BÉNÉFICES possibles par m3 si les bois (•(aient vendus a leur valeur dès l'arrivée (en cbilTres ronds)- BÉNÉFICES totaux brulS- OBSERVATIONS Bois d'ébenislerie. . . Dabéma Rikio et Senan. . . . Niangon Franriré Bahia Avodiré Totaux . . 8 ". 22 24 3 2 32 9 960 2 640 2-880 360 240 3.840 1.080 125. 142,30 136-90 96 40 93-70 107.20 97.75 295 250 210 260 200 150 150 170 107 73 163 106 42 52 163.200 282 480 201 240 38 680 25.440 161 280 36.160 Etant donné leur diversité nous avons réuni les bois d'ébenislerie en une seule rubrique, avec un prix moyen de 115 francs ci/, le m3 . On remarquera que nous leur comptons un coefficient très faible, pour tenir compte que la zone côtière a déjà été plus ou moins exploitée pour certaines essences. Nous comptons le Bahia et VAvo- diré au prix du grisard et du sapin du pays. Ils valent incontestablement mieux. 100 "„ 12-000 948 . 480 — 102 mm'- ' environ pour les planches de 0.04; 20 "o pour les planches de 0.02 et la lame de par- quet, etc.. — 103 3" Que les frais de débitage s'élèvent (tarifs industriels) de 70 à 130 francs (1) par mètre cube grume, au quart déduit, pour débits ordi- naires en (( plots )i, prix qu'il y a lieu de ma- jorer de 20 à 25 0/0 pour les débits en bois Type d êquarrissage à préconiser. Billes de 4 a 6 mètres pour les bois d'ébenistene et de menuiserie. Billes de 6 a 10 mètres pour les bois de charpente. (( avivés » (2), (nos billes équarries, à 1 excep- tion des deux plateaux supérieur et inférieur qui auront un peu de flâche, seront u avivées » par avance. C'est donc les prix du débit en k plot » que nous devons leur compter. Ajoutons que les bois de la Colonie, de densité inférieure à 1 .000, se scieront aussi facilement que les bois de France); 4 " Que les frais de conservation pour le sé- chage, en tenant compte des déchets possibles et de l'intérêt du capital immobilisé, sont cal- culés généralement de 12 à 15 0/0, par année, de ia valeur du bois débité et mis à sécher (3). (1) Bois divers débités en plateaux de 0 à 120"/™, 70 francs; en planches de 37 à 56 "'/'". 80 francs; en planches de 27 à 36 "'/'", 90 francs; en planches de 16 à 26 "■/'", 100 francs; feuillets de 7 à 13'"/'". 130 francs. Les grumes cubés au quart déduit donnent, en billes de plus de 0,50 de diamètre, près de 100 ','o en moyenne de bois débité. Nos billes cubées au volume réel ne donneront que 80 à 92 %. On devrait donc pouvoir les débiter à meilleur compte. (2) C'est-à-dire sans flâche. Suivant les catégories de bois, l'aubier est enlevé ou non. (3) Nous avons obtenu tous ces renseignements au- près de sources siàres. Nous les avons recoupés plu- sieurs fois. De même pour ce qui concerne les prix actuels de vente des sciages que nous indiquons plus loin. Majorons en conséquence de 20 francs par mètre cube (I), dont 15 francs pour frais de débarquement et manutentions diverses et 5 fr. pour rémunération normale du capital en- gagé jusqu'au moment où les bois peuvent arri- ver en France (12.000 mètres cubes, soit 60.000 francs pour 800.000 francs de capital engagé au maximum) et établissons, d'après les Bille quittant le tremplin. Cliché Métayer. — Grand-Bassam) données ci-dessus, le prix de revient moyen de nos bois, débités et séchés, prêts à être em- ployés. Or, que valent actuellement les sciages secs sur nos marchés, sciages de bonne qualité, sans aubier ou presque, et sans nœuds et provenant de troncs assez volumineux (diamètre supérieur à 0.50). (1) Régulièrement nous aurions dû compter davan- tage pour les bois les plus lourds, et réduire pour les essences légères. - 104 ESSENCES Boit d'ébénislerie . Dabé Rikio et Sënan siiangon Bahia 12, . Avodiré (2) H-' = : o uJ "^ ë s t: > E - S £1'^ , , «-^ a c E C ^- 3 = ? NATURE du debitage 135. » 152.30 146.90 116.40 103.70 l 1 7 . 20 107.75 Plateaux de [ Plateaux de \ Planches de Planches de / ou lames [ Parquet de \ Plateaux de ', Planches ' Planches Plateaux Planches Planches Plateaux Planches Planches Plateaux Planches Plateaux Planches 0.08 0.08 0.04 0.02 de 0.024 0.08 0.04 0.02 0.08 0.04 0.02 0.08 0.04 002 0.08 0.02 0.08 0.02 t UJ ^ Q ï 70 70 80 100 70 80 100 70 80 100 70 80 100 70 100 70 100 I- z w . >^ ui 3 a. 205 ■> 222.30 232.30 MAJORATION pour déchets au cjébitave M 3 8'„ = 16.40 S' ,,= 18.60 12 ',,=27.90 252.30 20' ,, = 50.50 216.90 8' ,, = 17.35 226.90 12' ,,=22.20 246.90 20' ,,=49.30 186.40 8' = 14.60 196.40 12' =23.60 216.40 20' ,=42.30 173.70 8' = 14.90 183.70 12' ,=22. » 203.70 20' ,=40.65 187.20 8" ,= 15 10 217.20 20°/ 'o=43.50 177.75 8' ,= 14.25 207.75 20'; ,=41.60 Uj_o a:£ : 222 239 260 303 234 248 297 201 220 259 199 206 245 203 261 192 250 •,H S -^■^ »-' Z S s - '- UJ « Os f,^ i-t . "? :^-^ a: S'" = ^ «^ "O r^ Si i-^J gJ-^ x-â ., - ^ Dis 0- 2 67 289 72 311 78 338 91 394 70 304 75 323 90 387 60 261 66 286 78 337 60 259 62 268 74 319 61 264 78 339 59 251 75 325 î^ OBSERVATIONS I Les bois ayant déjà près de six mois d"équarissa«e su mo- ment de leur arrivée â I usine de débitage, nous pouvons présumer qu ils seront bien secs au bout de deux atu de sciage. 2' Si ces deux essences ont été séchéet ou dessévées mécani- quement à la colonie, pour éviter l'échauffé- ment du bois, leur prix de revient ne sera guère supérieur â celui que nous indiquons, puisque, ainsi que nous l'avons dé)à signalé, ces bois pourront être vendus dés leur arrivée en France. NOTA. .'- Une partie de ces bois pourra être vendue aussitôt après sciage aux industriels tenant â faire sécher eux-mêmes leurs bois ou disposant des installations nécessaires pour l'étuvage ou leséchaye mécanique. Les essences de la Côte d'Ivoire se comportent aussi bien- soumises â ces opérations, que les bois indigènes. Le séchage artificiel n'est toutefois pas â préconiser pour la plupart des bois d'ébénisterie ; leur couleur peut, en effet, en être altérée. Nous avons obtenu, de différents côtés, des renseignements assez précis à ce sujet : Sans parler des bois d'ébénisterie de grand choix, qui se vendent couramment de 1 .000 à 1 .200 francs le mètre cube, et des chênes du Japon, de Hongrie, de Pologne, de Yougo-Sla- vie ou des Etats-Unis, qui sont écoulés à des prix variant de 650 à 900 francs le mètre cube, nous avons, pour les bois plus communément em- ployés en France, les chiffres suivants, qui s'ap- pliquent à des bois de qualités diverses. 1° Bois d'ébénisterie ( i ) Acajou ordinaire Bassam. sec, en plateaux de O^OS. bois avive: le mètre cube ... 800 a 1 .000 frs Noyer ordinaire, plateaux de 0'"08. bois avive : le mètre cube 700 à 900 » Très beaux chênes plateaux de 0'"08, bois avivé : le mètre cube 550 a 650 » 2 Chêne, c/iialité menuiserie a) En "plots" (flàche compris) (1) : Plateaux de 60 a 120 "',„, le mètre cube 425 a 550 frs Planch s de 27 a 54 "'„,. — 450 a 575 » — de 10 à 22 '"■„,. — 600 a 1.000 >. h) En débits, largeur variable, bois avivé : Plateaux de 60 a 120 ",„, le mètre cube 475 a 600 frs Planches de 27 a 54 '„„ — 500 a 700 ■< Feuillets de 7 a 22 "„,, — 850 a 1.250 » Lames de parquet de 24 ",,,, — 600 a 700 " 3" Chcnc, qualité eharpente (bois avivé) En plateaux de 0™08. le mètre cube . - . 350 a 450 frs En planches de 0"'02. — . . 400 450 (I) Prix moyens, début janvier I92I. (1) On appelle u flâche » dans l'industrie du bois, la partie d'un plateau ou d'une planche joignant 1 écorce et qu il est nécessaire d'enlever à la scie pour obtenir une pièce u avivée », c'est-à-dire à angles droits, vifs. Pour les grumes qui ne sont pas absolu- ment droites, l'enlèvement du flâche i>eut faire subir un assez gros déchet. Le débit en « plots ". consiste à fendre les grumes en plateaux ou planches de différentes épaisseurs dans toute la largeur du bois; l'écorce et l'aubier ne sont pas enlevés des pièces sciées. 105 4° Hêtre, qualité carrosserie En "plots" (flâche compris): Plateaux de 60 à 120 '"„„ le meire cube 300 à 350 frs Planches de 27 à 54 '",„. — 325 à 375 » Feuillels15, I8etel22 "',„. -- 375 a 425 " 5" Hêtre, qualité menuiserie En largeurs variables (bois avivé): Plateaux de 60 a 120 '"„,, le mètre cube 350 a 475 frs Planches de 27 à 54 "',„. — 375 à 525 » — del5. I8ei22"'„„ — 475 a 750 ■> 6 Frêne de deuxième qualité a) En "plots" (flàche compris) : Plateaux de 60 à 120 "',„, le mètre cube 350 à 400 frs Planches de 27 à 54 '"„,. — 400 a 450 -> 6) En bcis avivés : Plateaux de 60 a 120 '",„. le mètre cube 400 a 500 » 7" Platane En bois avivé : Plateaux de 60 à 120 "',„, le mètre cube 270 a 300 frs Planches de 20 '", — 290 a 350 » 8' Grisard de bonne qualité moyenne (en demi-sec) En largeurs variables {bois avivés); Planches de 10 a 25 '",„. le mètre cube 220 a 280 frs 9" Tilleul et charme (en demi-sec) En "plots" : Plateaux de 60 à 115 "m, le mètre cube 225 frs En bois avivés : Plateaux de 60 à 115 '",„. le mètre cube 240 a 300 ■> 10 Pilcfipin Madriers pleins de 23 • 8-. le mètre cube 250 a 350 frs — 2 traits — 320 a 400 " Planches de 30 a 50 ■ 10 '",„ — 350 a 450 " 11' Sapin du Nord ou d'Amérique, qualité menuiserie Madriers j Bastings i le mètre cube 450 a 500 frs Planches J 12' Sapin Suède, qualité charpente Madriers Bastings ' . , , , „, , , le mètre cube 300 a 400 frs rlancties \ Voligei 13° Sapin de pays, tout venant Madriers i Bastings f le mètre cube 2C0 a 275 frs Planches ) Nous voyons que, sauf en ce qui concerne les sapins du pays, provenant généralement de troncs noueux d'assez petits diamètres, nos bois de la Côte d'Ivoire peuvent concurrencer avan- tageusement toutes les autres essences et laisser à l'importateur une assez belle marge de béné- fices. Les bois d'ébénisterie revenant à 290 francs en plateaux, pourront être écoulés à des prix allant de 500 à 800 francs le mètre cube. Le Dabéma, qui nous reviendra de 300 à 400 francs le mètre cube suivant dimensions, doit pouvoir trouver acquéreurs aux prix des chênes de menuiserie, soit (bois avivés) de 475 à 700 francs le mètre cube. Les Riliio et Sénan, pouvant remplacer les chênes de charpente et les beaux hêtres (bois avivés) nous reviendront de 300 à 390 francs suivant épaisseurs, et pourront certainement être vendus de 350 à 500 francs le mètre cube. Le Niangon e+ le Framiré, dont les coeffi- cients ne seront malheureusement pas très élevés, pourront trouver écoulement à des prix très avan- tageux, supérieurs certainement à 400 francs le mètre cube. Le Bahia est, probablement, celui de nos bois qui donnera les moins bons résultats. 11 sera nécessaire d'en faire des billes assez longues pour que les sciages puissent, le cas échéant, être employés pour remplacer les bois de char- pente du Nord ou d'Amérique et trouver écou- lement, pour la majeure partie, à des prix allant de 300 à 400 francs, suivant débit; le moins qu on puisse obtenir pour les sciages plus courts, ce sera les prix du grisard et du tilleul, soit de 220 à 280 francs pour des bois demi-secs, ce qui couvrira encore largement le prix de re- vient des autres bois. Dut -on ne rien gagner sur cette essence, qu'il serait néanmoins nécessaire de l'exploiter pour réduire le prix de revient des autres bois dont nous conseillons l'importation. L.'Avodiré est de meilleure qualité, à notre avis, et doit pouvoir être vendu à des prix supérieurs à ceux du Bahia. L'une et l'autre de ces essences peuvent du reste être obtenues en billes assez volumineuses pour permettre le débit de panneaux larges et droits pouvant être recherchés pour la menuiserie. Ces deux bois se travaillent également assez bien et peuvent trou- 106 — I^Moassat OLON Nom scientifique. — Fagara macrophylla (Rutacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier peu différenciés. Bois de couleur jaune paille moiré et veiné; pores assez creux et assez accentués. Beaucoup de contre- fil. Pourrait remplacer le citronnier. Densité moyenne. — A l'état frais : 1.000; à l'état sec : 0.800. Dureté. — Dur. FaLICITÉS de travail. — Sciage : lent; rabotage : difficile; fenfe à l'outil : difficile; assemblage : tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, vis ; s enfoncent assez bien, tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne Usages principaux présumés. — Ebénlsterie. Belle menuiserie d'intérieur, menui- serie construction. Remarques. — Arbre atteignant 0"60 à 0"'80 de diamètre et 24 à 28 mètres de hauteur de fût. Tronc garni d épines surtout à la base. Rare dans la région côtière; il est plus commun dans l'Intérieur, notamment dans la région d Agboville. ver, pour la moulure, des débouchés intéres- sants. 2° Bois de densité supérieure à 1.000 au mo- ment de leur évacuation des chantiers, bois utilisables pour V ébénisterie, le parquet, l'ou- tillage, la grosse charpente, la traverse de chemin de jer, le pilotis, etc. Les différents bois lourds que nous avons passés en revue à l'un des chapitres précédents reviendront, s'ils sont exploités en même temps que les bois plus légers dont nous venons d'étu- dier les possibilités d'écoulement, sensiblement La bille revient a la surface. iCllchê Métayer. — Crand-Bassam moins cher à l'usine de débitage installée à la Colonie que ces derniers bois ne peuvent revenir au point d'embarquement, soit 40 francs envi- ron la tonne d'après le décompte que nous avons fait plus haut et qui prévoit largement tous les frais d'exploitation. L'équarrissage sera inutile. Le point de concentration sera pour eux le point d'aboutissement. La scierie sera placée, en effet, comme nous l'avons exposé, au débou- ché des chantiers, soit le long de la voie ferrée Abidjan-Bouaké, soit, de préférence, auprès d'une des lagunes ou des rivières navigables, de façon à être reliée directement à eux par le che- min de fer Decauville qui aura été placé pour l'évacuation des différents bois abattus. De cette façon, nos bois lourds n'auront à voyager sur l'eau qu'une lois débités, placés dans les chalands qui les conduiront à Bassam pour l'embarquement. Ces bois ne nous coûteront donc guère que 32-35 francs la tonne, prix moyen. Toutefois, comme leur densité varie à l'état vert, de 1.000 à 1.250, comptons le prix de 40 francs sus-indiqué comme prix moyen de revient du mètre cube à l'usine de débitage. Examinons d'abord la question traverse de chemin de fer : Le déchet des grumes, au débitage, n'est pas considérable pour les traverses, 10 à 12 /• tout au plus, si les billes ont été tronçonnées à la longueur voulue (1). Un mètre cube de bois doit nous donner facilement onze traverses du type adopté par nos Compagnies de chemin de fer, soit 2"'60 ■■" 0"'26 > 0"'13, avec tolérance d'aubier et angles face supérieure chanfreinés ou arrondis (2). Le débitage en traverses est beaucoup plus rapide que celui en planches de différentes épaisseurs. Estimons toutefois, pour tenir compte qu'il sera effectué à la Colonie et qu'il s'agira de bois durs ou très durs à scier, un chiffre de frais s'élevant au total (amortissement usine compris) à 70 francs, en moyenne, par mètre cube. C'est même un maximum, d'après les renseignements qui nous ont été fournis. Nos onze traverses nous reviendront donc, à la sortie de l'usine, à 40 plus 70 = 110 francs. Ajou- tons à ce chiffre les frais d'embarquement 10 francs, le fret 90 jrancs (3) et nous aurons un prix de revient cij, port français, qui ne sera pas inférieur à 200 jrancs. L'importateur, pour les vendre avec bénéfice, ne pourrait guère les céder à moins de 250 francs, soit près de 22 jrancs la traverse (A). Trouvera-t-il des ache- teurs à ce prix? (1) 2'",60 ou multiples de 2"'.60 pour la France: 1"'.80 ou 2 mètres pom les chemins de fer coloniaux. (2) \'oir ouvrage Ct BeRTIN, déjà cité, pages 662 et suivantes. (3) Prix qu'on pourrait sans doute obtenir dès main- tenant pour des quantités importantes. (41 24 francs même, si l'on tient compte des droits de douane applicables aux bois débités venant de la Colonie. (I fr. par 100 kilos.) - 107 Nous sommes bien obligés de répondre par la négative. Les grandes Compagnies paient, en ce moment, la traverse de hêtre 12 fr. 50 et la traverse de chêne 15 à 15 fr. 50; l'une et l'autre reviennent, une fois injectées de créosote (la première en absorbant beaucoup plus que la seconde), à un prix voisin de 17 francs, 1 7 fr. 50. Or, les Compagnies ne consentent pas à payer plus que ce dernier prix les traverses coloniales, même celles de bois considérés comme imputrescibles et qui peuvent se passer d'injection antiseptique (1). De 17 à 24 francs la différence est trop grande pour qu'on puisse envisager l'importa- tion, même si une réduction très sensible des tarifs de fret devait se produire par la suite. Faut-il en déduire que la question traverses ne peut présenter aucun intérêt pour les exploita- tions forestières de la Côte d'Ivoire? Pas si vite, car si nos traverses ne peuvent être écoulées en France, elles peuvent trouver des débouchés ailleurs. Prenons d'abord l'Afrique occidentale fran- çaise. On a construit jusqu'à présent les chemins de fer existant dans cette Colonie (exception faite pour le Dakar-Saint-Louis) avec des tra- verses métalliques qui, actuellement, reviennent extrêmement cher. 11 n'est pas question de rem- placer celles qui sont là par des traverses en bois. Mais il reste beaucoup de chemins de fer à construire en Afrique occidentale française. Le programme Sarraut en prévoit plus de 800 kilomètres pour lesquels il faudra 1 .200.000 traverses. Cela nous représente déjà, à 20 tra- verses environ au mètre cube (2) 60.000 mètres cubes de bois à débiter en huit ou dix ans. Le Maroc a importé, en 1920, 8.800 tonnes de ( I ) Un marché assez important a été passé récem- ment avec une maison installée au Cameroun pour la fourniture de traverses en palétuvier. Le prx fixé job Duala a été calculé de façon qu'avec le fret, les droits de douane {I fr. par traverse) et les frais divers, ces traverses reviendront à 1 7 francs environ port débar- quement. Une opération semblable ne paraît pas pos- sible actuellement avec les bois de la Côte d'Ivoire. (2) Pour voies de I mètre. traverses, l'Algérie 15.000 tonnes, la Tunisie 3.600 tonnes, importations qui iront augmentant, car il faut non seulement construire, mais rem- placer peu à peu les traverses posées. Or, dans ces différents pays, le prix de vente possible peut être calculé sur le prix de France (compte tenu de la différence de volume des traverses), majoré des frais d'embarquement et de fret jus- qu'au port de débarquement. Nous ne serons donc pas embarrassés pour vendre 250 francs le mètre cube à Dakar, Konakry ou autres points de la Côte, ce que nous poumons vendre, plus difficilement, 190 francs en France; nos frais de transport seront en outre moins élevés. Pour le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, la question est à étudier de très près, mais il ne serait pas impossible que nos traverses puissent s'y vendre également avec profit pour l'importateur. Mais nos bois lourds de la Côte d'Ivoire peuvent trouver, en Afrique occidentale fran- çaise, des débouchés autres que la traverse de chemin de fer, notamment pour le pilotis, les travaux de charpente en plein air, la construc- tion, etc. Enfin, toute la meilleure partie des belles billes d'Oboto (bois d'ébénisterie), de Fou (bois pour outillage), de Tait (bois pour par- quets, escaliers, etc.) d'Adjouaba et autres pour lesquels on aura trouvé une utilisation dans la Métropole, sera débitée en plateaux d'épais- seur variable, plus maniables que des billes en- tières et dirigées vers l'usine montée en France pour y être mises à sécher et, le cas échéant, débitée à nouveau. Ces plateaux de bois de choix reviendront un peu plus cher que les traverses de chemin de fer car nous aurons enlevé tout ce qui est aubier au débitage et les déchets seront plus considé- rables. Comptons environ 230 francs le mètre cube, cij port débarquement et. avec les frais de débarquement, de douanes, de manutentions diverses, un prix de revient maximum à l'usine ou au paie où ils seront mis à sécher, de 260 francs le mètre cube. L'importateur ne sera pas embarrassé pour les 108 — vendre à un prix double et peut-être triple. Nous avons vu, en effet, que les beaux chênes débités en plateaux se vendent couramment de 475 à 600 francs le mètre cube sur wagon départ. Et des bois comme le Tali ou VOboto valent mieux que nos plus beaux chênes, pour certains usages. Les chênes pour parquet, qualités très moyennes de bois, se vendent de 15 à 18 francs le mètre carré, en 24 millimètres d'épaisseur, soit de 590 à 740 francs le mètre cube. Nous vou- lons croire que du parquet de Tali ou d'Adzobé se vendrait au moins au même prix. Or, pour Grand-Bassam. — Déchargement d'un navire. Cliché Agence économique A. O. F.) transformer nos plateaux en parquet, nous aurions à compter 15 à 18 'V> de déchet, et 1 00 francs environ de frais de débitage par mètre cube. 11 resterait encore une belle marge de bénéfice. Les beaux cormiers en plateaux se vendent de 500 à 600 francs le mètre cube, aubier com- pris; le buib de 800 à 1.200 francs; les gaïaks sont beaucoup plus cher encore. Des bois comme le Fou, qui peuvent remplacer ceux-là, doivent donc pouvoir être vendus avec avantage aussi bien pour les employeurs que pour l'importateur. Bref, l'exploitation des bois lourds à la Co- lonie peut prendre, étant conduite parallèlement avec celle des bois plus légers susceptibles de flotter, une extension considérable. Elle est à développer pour les scieries déjà installées près de Bassam et d'Abidjan; elle doit être le complément de toute exploitation de bois ordinaires de menuiserie et de charpente et motiver, de ce fait, l'installation sur place de scieries nouvelles ayant, en Afrique occidentale même, l'écoulement de la majeure partie de leur production en sciages de qualité secondaire. Ecoulement et propagande. Intervention de l'Etat. Laissons de côté les bois à traverses pour ne nous occuper ici que des essences importées en billes-ou plateaux en France. Celles-ci peuvent soutenir la lutte contre les bols d'autres prove- nances et trouver écoulement, mais à une condi- tion, c'est qu'on les fasse connaître au public. Ce n'est pas là besogne aussi facile qu'on pour- rait le supposer à première vue. Certes, les Bois Coloniaux ont leurs apôtres et nous ne saurions trop reconnaître ici le mérite des louables efforts tentés par les Gillet, les Bertin, les Rouget, pour lancer les bois du Gabon et de '.a Côte d'Ivoire dans l'industrie. Les Agences écono- miques des Colonies font également, dans les foires d'échantillons, une propagande extrême- ment utile à cet égard (1). De résultat pratique il n'y en a guère eu jusqu'à présent, tout au moins pour la Côte d'Ivoire. On a bien trouvé quelques acheteurs disposés à acquérir certaines quantités d'un ou plusieurs bois déterminés pour en faire l'essai; on n'a pu trouver d'exploitants ou d'industriels susceptibles de leur livrer ces bois autrement qu'en billes. Encore la plupart des essences que nous considérons comme inté- ressantes ne donnent lieu à aucune exploita- tion à la Colonie et il est matériellement impos- sible de se les procurer, à moins de les deman- der à l'avance et de les payer au prix des bois d'ébénisterie. Autrement fertile en résultats se- rait cette propagande si les ag3nts qui en sont (I) Celle de l'Afrique occidentale a obtenu à Paris, à Lyon et à Bruxelles notamment, de véritables succès avec les échantillons de bois de la Côte d'Ivoire. — 109 — chargés pouvaient dire aux employeurs : (( Ce bois qui vous plaît à divers points de vue et que vous seriez désireux d'expérimenter vaut, sec, tel prix, en telle dimension. Pour en avoir, adressez- vous à la maison X..., à tel endroit, qui vous livrera telle quantité qui vous plaira. » Ne serait-ce que par curiosité, qu'il se présente- rait quantité de gens désireux de faire l'essai. Et d'essais nombreux pourraient résulter peu à peu quelques commandes importantes (1). Cette propagande des Agences économiques, de même que celle entreprise par le Service des Bois coloniaux du Ministère des Colonies, est à continuer jusqu'à ce que la question de l'utili- sation des Bois coloniaux soit complètement résolue. Outre qu'elle contribue beaucoup à faire connaître ces bois au public, elle peut attirer sur eux l'attention de capitalistes disposés à entreprendre en grand leur exploitation et leur importation dans notre pays. Les demandes de renseignements reçues à ce sujet depuis dix-huit mois à l'Agence économique de l'Afrique oc- cidentale, et dont certaines émanent de groupe- ments importants, sont assez nombreuses pour démontrer que les efforts faits dans ce sens ne sont pas infructueux. Soit que la documentation fournie par l'Agence, pour être très complète en ce qui concerne les possibilités de la Colonie, n'ait pu porter sur toutes les questions qu'il est nécessaire d'étudier à fond avant de se lancer dans une entreprise de cette envergure, soit que la crise commerciale qui dure depuis fin 1920 ait paralysé les initiatives, aucun des projets envi- sagés n a cependant encore été réalisé. Mais la question a fait son chemin et nous voulons croire, d'autre part, sans fatuité ni fausse modestie, que le présent travail apportera, à tous ceux que la question peut intéresser, certaines indica- tions qui pourraient leur manquer. « « (I) C est ce procédé de vulgarisation que nous pré- conisions dans un rapport fourni à l'Agence économi- que de l'Afrique occidentale française, à la suite d'une des récentes foires d'échantillons. A défaut de maison pouvant vendre de petits lots de bois débités, nous envisagions la création d'un dépôt officiel de bois "ariés que l'Agence économique aurait vendus au détail et au prix de revient. « Les Bois coloniaux sont des intrus » , dit- on. (( Personne n'en voudra, d'abord parce qu'on leur a fait mauvaise réputation, ensuite parce que le public (limité pour cet objet aux entre- preneurs de menuiserie, de charronnage et de constructions diverses, aux architectes pour le bâtiment) hésite toujours à employer une matière nouvelle dont il ignore les effets (1) . » Qu'à cela ne tienne ! Rien n'empêchera les intéressés de pouvoir se livrer à tous les essais qu'ils juge- ront nécessaires si nos bois sont offerts, à qualité égale ou supérieure à première vue aux bois habituellement employés, à meilleur compte que ces derniers et on peut croire que ces essais seront nombreux. Nous, nous sommes sûrs, de plus, qu'ils seront convaincants, qu'ils donneront toute satisfaction s'ils sont employés secs. Pour les architectes, la question est toutefois délicate car ils sont responsables, pendant dix ans, des travaux qu'ils font effectuer et de la qualité des matériaux qu'ils emploient. La seule appré- hension d'être engagés dans des procès, si les bois utilisés par eux ne donnaient pas satisfac- tion à leur clientèle, pourrait les faire hésiter. Mais là encore nous avons à notre portée un moyen de dissiper cette appréhension. C'est à l'Etat que nous demandons de le fournir. Ainsi que nous l'avons déjà fait observer, la question de l'utilisation des Bois coloniaux inté- resse la Nation tout entière. L'Etat se doit donc d'aider à la diffusion de ces bois. 11 peut le faire sous de multiples formes, soit en subven- tionnant les entreprises d'importation, soit en achetant lui-même des lots importants dont il a l'emploi pour les Administrations et pour la reconstruction des Régions dévastées, etc. Ecar- tons immédiatement la première; nos bois doivent pouvoir être vendus sans aide financière de l'Etat. Nous pouvons, par contre, envisager Rapport Weber — 110 — 1^ 1-. Nom scientifique. — Bingena ajricana (Méliacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier non différenciés. Bois blanc, uni. légèrement moiré surtout quand il est frais; gram fin, maillé, fibres droites. Présente parfois des roulures. Densité moyenne. — A Fétat frais : 0.700; à l'état sec : 0.350. Dureté. — Relativement tendre. Facilités de travail. — Sciage : facile; rabotage : facile: jette à l'outil : facile et bien droite; assemblage : tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, vis : tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne; quelques fentes au séchage. Usages principaux présumés. — • Menuiserie légère, spécialement pour tous les agencements d'intérieur; construction, moulures. Remarques. — Assez bel arbre pouvant dépasser Û"'90 de diamètre et 23 mètres de hauteur de fût. Relativement abondant. J t; -■■î.^ - L-a5»>^ ■ TU» ■i.'a-- ^ i»»j la seconde. Ce que l'Etat a fait sans hésiter pour les bois du Gabon, il peut le faire pour les bois de la Côte d'Ivoire, il peut d'autant plus le faire que les marchés qu'il pourra passer avec les premiers groupements décidés à entreprendre l'exploitation des bois de cette Colonie et leur importation en France, ne pourront présenter aucun aléa : on ne lui demandera pas, en effet, nécessaire dans ces bois aux particuliers, lesquels ne manqueront pas de les observer puis, s ils y trouvent un avantage, à les employer à leur tour. L'Etat peut faire plus encore et sans que cela lui coûte rien. Il faut qu'il inscrive ou fasse inscrire les bois de la Côte d'Ivoire, suivant leur classification, au nombre de ceux qui figu- ini Entre leVharf et le cargo. — Embarcation dromant les billes. vCliché Métayer. — Grand-Bassam) d'acheter des bois en billes pouvant donner des mécomptes au débitage ou au séchage, mais des bois débités, secs et garantis de bonne conser- vation. Ces marchés peuvent être conclus par avance. Dès l'instant qu'il ne paiera pas ces bois plus cher qu'il ne paierait les bois similaires français ou étrangers, l'Etat ne risque pas de faire une mauvaise affaire; il en fera faire une qui sera acceptable pour le fournisseur, une qui sera excellente à la fois pour la Colonie et pour la France. Il inspirera surtout la confiance rent dans les cahiers des charges relatifs aux adjudications publiques et les séries de prix des différentes Administrations (1), inscription qui aura pour avantage de vulgariser les noms de ces bois, lesquels sont bien barbares pour nos oreilles françaises, et d'en permettre officielle- ment l'emploi par les architectes et les entrepre- neurs. Ce sera la meilleure propagande entre- prise en leur faveur. (I) Rapport Weber. III — Il faut, d'autre part, pour permettre aux bois de la Côte d'Ivoire de lutter à armes égales contre les bois d'autres provenances, les faire classer comme bois communs par toutes les Com- pagnies de chemins de fer (1) et ne conserver la classification de bois exotiques que pour les seules essences. Les bois provenant de l'Afrique occiden- tale sont exempts de tous droits à leur entrée en France qu'ils soient débités ou non (2). C'est un avantage qu'ils offrent sur tous les bois du Gabon et du Cameroun, encore soumis au tarif minimum et qui doivent acquitter à leur entrée dans la Métropole (bois d'ébénisterie en billes exceptés) une taxe de 0 fr. 65 par 100 kilos pour les grumes, de 1 franc par 100 kilos pour les billes équarries et de 1 fr. 25 à 1 fr. 75 pour les bois sciés. Les bois d'ébénisterie sciés, provenant de ces Colonies, paient 1 franc par 100 kilos. Comment organiser l'exploitation DES bois communs L'exploitation à la Colonie des bois de char- pente et de menuiserie, l'importation en France, le débitage, le stockage et la vente de ces bois nécessitent donc une organisation assez com- plexe, qu'il ne paraît possible de réaliser que par la formation d'une ou plusieurs Sociétés disposant de gros capitaux. Car, on l'a déjà fait observer et le fait n'est pas discutable, une entreprise de cette nature n'est susceptible de réussir que si elle prend dès son début une certaine ampleur. Nous n'avons parlé de 10.000 tonnes de bois, comme rende- ment minimum à attendre d'un chantier bien organisé, que pour faciliter l'établissement de (1) C'est déjà fait sur la plupart des réseaux. (2) Les exemptions, sans limitation de quantités, comprennent les bois à construire et les » bois d ébé- nisterie d (page 226 du tarif). Ces deux dénominations peuvent s'appliquer à presque tous les bois importés de la Côte d'Ivoire. Seuls les merrains et les traverses de chemin de fer, qui ont une destination bien spéciale, peuvent être soumis aux droits de 0 fr. 75 à 1 franc par 100 kilos. notre prix de revient. Mais il est nécessaire d'en- visager une exploitation beaucoup plus impor- tante et que nous n'estimons pas inférieure à 50.000 tonnes pour être tentée avec de réelles chances de succès. Et encore, si l'on devait en rester à ce chiffre, ce serait bien peu, étant donnée la variété des bois à importer, pour faire figure honorable parmi les bois d'autres prove- nances dont l'importation en France atteint des centaines de mille et même des millions de mètres cubes. C'est donc, rien que pour l'exploitation, qui devra être entreprise avec un matériel perfec- tionné (1) pour réduire le plus possible la main-d'œuvre employée, un capital de deux à trois millions qui est nécessaire. Ne parlons pas du fret, il peut être payé à l'arrivée des . bois. L'achat de tenains en France pour l'usine de débitage, le parc d'attente des billes et celui de séchage des bois sciés, les constructions, l'achat et l'installation de l'outillage, peuvent entraîner, d'autre part, une dépense de cinq à six millions, dont plus de deux millions rien que pour l'outillage et les machines. Ajoutons à cela qu'il nous faudra conserver pendant deux ans, avant de les vendre, la majeure partie des bois débités; le stock permanent pourra être par conséquent, pour une importation annuelle, de 50 à 60.000 mètres cube? de bois débités, de 70 à 80.000 mètres cubes de bois sciés (2), représentant une valeur, à 300 francs le mètre cube en moyenne, de vingt à vingt-quatre mil- lions. 11 est bien certain qu'étant assuré contre l'incendie, ce stock pourra être mis en warrant; il n'immobilisera pas un capital en rapport avec sa valeur. C'est du moins un gros facteur dont il y a lieu de tenir compte. ^/ (1) L'emploi de scies actionnées par des moteurs, pour le tronçonnage et i'équarrissage, ne semble pas devoir être préconisé sur les chantiers à' A cajou, la grande dissémination des coupes obligeant à des dépla- cements constants et difficiles des appareils. Par con- tre, sur les chantiers de bois communs, ce matériel peut rendre de très utiles services et faire réaliser de sérieuses économies. (2) Chiffres qu'on peut réduire considérablement si on dispose d'installations pour le séchage mécanique. — 112 — Comme nous l'avons déjà exposé, il y a, d'autre part, intérêt pour toute entreprise d'im- portation de bois de la Colonie, à monter, à proximité des chantiers, sur une des voies navi- Le long du bord. — La bille est crochetée pour être soulevée. " Cliché Métayer. — Grand-Bassam gables reliées au port d'embarquement, une scierie de moyenne importance (20 à 30.000 mè- tres cubes par an) pour débiter les bois durs (1), de densité supérieure à 1 .000 et permettre d'envoyer en France, sous forme de plateaux, plus maniables que des billes entières, des lots sélectionnés d'Obolo, de Fou, de Taîi, d'Ad- zobé, peut-être de Sougué, d'Adjouaba, etc., dont on pourra avoir le placement pour des usa- ges spéciaux. I^es parties moins bonnes, les dosses, seront utilisées pour de la traverse et des sciages à écouler en Afrique occidentale fran- çaise même. Cette scierie pourra également débiter en pla- teaux les bois sujets à échaufïement, comme le Bahia et VAvodiré, bois qu'il sera peut-être nécessaire, dans ce cas, de sécher ou desséver immédiatement. Si sommairement qu'elle puisse être installée, cette usine, surtout si elle comporte des instal- lations de séchage mécanique, pourra bien coiJ- ter près de deux millions de francs (2). (1) Les bancs de scie, pour cquarrissage des bois à expédier en billes, pourront être placés en dehors de l'usine. (2) Nous avons vu plus haut que cette scierie pour- rait peut-être utilement servir au débitage immédiat des bois sujets à échauffer. Tout compte fait, l'organisation envisagée nécessite un capital de 10 à 12 millions pour être menée à bien. Elle exige également des compétences, aussi bien pour la direction des usines de débitage que pour l'exploitation et l'évacuation des bois des chantiers. C'est une très grosse affaire, en somme, et qui ne peut être entreprise que par des hommes déjà familiarisés avec les questions coloniales et tout ce qui touche au commerce des bois. Seule une Société puissante, ayant à sa tête des spé- cialistes en chaque matière peut, après choix et obtention d'une zone de forêt assez étendue, avec étude très complète des peuplements de cette zone, des possibilités d'évacuation des Une chaloupe du cargo a amené la dromc le long du bateau. .Cliché Métayer. — Grand-Bassam bois, se lancer dans une affaire de cette impor- tance. 11 ne paraît pas moins indispensable, pour être assuré de l'écoulement des premiers stocks — 113 de bois sciés en France, d'avoir préalablement obtenu de l'Etat une première commande im- portante, à livrer par échelons et à des prix cor- respondant à ceux qui sont pratiqués pour des bois similaires, prix rémunérateurs par consé- quent, nous l'avons vu, pour la Société qui bénéficiera de cette commande. Ces conditions réalisées, la réussite paraît certaine. Le placement des bois, une fois quel- ques livraisons faites à l'Etat, sera facile, pour peu que la Société complète la propagande offi- cielle qui doit être continuée par des envois gra- tuits d'échantillons et de prix-courants, consente à faire, au début, des livraisons minimes pour tous les essais que la clientèle désirera entre- prendre. L'emploi des bois de la Colonie fera tache d'huile; ces bois s'imposeront peu à peu d'eux-mêmes dans toute la France, dépasseront peut-être les frontières. L amélioration des conditions d'embarque- ment résultant, par exemple, de la construction du nouveau wharf, à Bassam, l'emploi de tou- lines ou de câbles aériens pour le chargement rapide des bois en billes peut, d'autre part, amener rapidement une réduction sensible des tarifs de fret, lesquels pèsent si lourdement sur les importations de bois de la Colonie. La baisse des prix du bois en France n'est par ailleurs pas à craindre. Actuellement, les cours sont inférieurs à ce qu'ils devraient être réellement en tenant compte du change et des coupes excessives faites pendant la guerre. L'anêt des constructions d'immeubles a réduit considérablement les besoins, de sorte que, si la production a été diminuée beaucoup depuis deux ans, elle a été néanmoins presque suffisante pour répondre à la consommation qui a diminué bien plus encore. Les importations ont donc subi un arrêt, les cours se sont affaissés. Cela ne peut durer long- temps et bientôt les importations reprendront, dépasseront leurs chiffres d'avant-guerre; les cours s'en ressentiront. Le change, dût-il, d'autre part, s'améliorer notablement que ces chiffres n'en souffriront guère (1). Une baisse sensible des prix de vente n'est donc pas à envisager avant longtemps. Elle peut se produire, mais alors elle sera la consé- quence de l'abaissement général des salaires ou des tarifs de fret; les bois coloniaux, moins que ceux des autres provenances, moins que les bois indigènes, ont à la redouter. (1) Les grosses différences de prix entre 1920 et 1921 résultent beaucoup moins, en effet, de l'amélio- ration du change que de la réduction de la consom- mation. 114 4.' ASAS n. Nom SCENTIFIQUE. — Bridelia spcciosa (Euphorbiacées). Aspect et texture du bois. — Cœur et aubier non différenciés. Bois couleur de tabac à grain fin, bien veiné et satiné. Fibres un peu enchevêtrées. Densité moyenne. — A l'état frais : 0.830; à l'état sec : 0.700. Dureté. — Demi-dur. Facilités DL travail. — Sciage : facile: rabotage : assez facile: jcnle à l'outil : liifficile: assemblage : tenons et mortaises assez faciles à faire et résistants: clous, lis : s'enfoncent assez facilement, tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne après sciage. Usages principaux présumés (sous réserve de vérification pratique). — Pourrait être employé en ébénisterie et menuiserie d intérieur. Remarques. — Arbre relativement petit dépassant rarement 0"'70 de diamètre et 20 mètres de hauteur de fût. Ce bois pourrait sans doute remplacer le noyer. Rare dans la zone côtière. ï t 115 - CONCLUSIONS L'exploitation de la forêt de la Côte d'Ivoire, plus encore en ce qui concerne les bois communs qu'en ce qui concerne les bois d'ébénisterie, apparaît donc commme suscep- tible d'un développement important. En ne comptant que sur ce qui est facilement et immé- diatement réalisable, il n'est nullement exagéré d'affirmer qu'il pourrait être sorti annuellement, et d'une façon suivie, du domaine forestier de la Colonie, 100.000 tonnes de bois d'ébéniste- rie et 200.00 tonnes, au moins, de bois de me- nuiserie, charpente, bois à traverses, etc., pour peu qu'on veuille réellement perfectionner les moyens et les méthodes d'exploitation des pre- miers, pour peu qu'on veuille entreprendre fran- chement celle des seconds. Ces trois cent mille tonnes de bois représente- raient déjà un chiffre intéressant. Leur exploi- tation, rien que pour la main-d'œuvre et les taxes encaissées par l'Administration, met- traient chaque année, dans la Colonie, 10 à 12 millions de francs d'argent nouveau, dont bénéficieraient le commerce, la colonisation et (I) Valeur, avant débitage en France. 1 outillage économique du pays. Elles représen- teraient pour notre marine un appoint intéres- sant; pour la France, ce serait 300.000 tonnes de bois, d'une valeur de soixante à quatre-vingts millions de francs (I), à importer de moins de 1 étranger. C'est peut-être très peu de chose si l'on tient compte que c'est par milliards de francs que nous devons acheter à l'extérieur les produits et marchandises qui manquent à notre industrie. Si peu que ce soit, ce n'est pas négli- geable. Et puis, cela peut n'être qu'un com- mencement. La construction d'un port dans la région de Bassam-Abidjan, la multiplication des wharfs sur les autres points de la côte, l'amé- nagement des voies fluviales, la construction de nouveaux chemins de fer de pénétration partant de la côte, tout cela constituera pour l'avenir des facteurs de développement pour les exploi- tations forestières, de même que pour la mise en valeur du pays. Tout cela sera aussi la consé- quence d'un premier développement de ces exploitations. Il s agit donc de commencer sans plus attendre. J. .M. 117 — AIELÈ Nom scientifique. — Canarium occidentale (Burséracées). Aspect et texture du BOIS^ — Cœur et aubier peu différenciés; cœur rose très pâle, légèrement moiré; très fibreux; présente un contrefil; aubier un peu plus pâle, d'une épaisseur 0"'I2 environ. Densité moyenne. -^ A l'état frais. 0.700; à l'état sec, 0.300. Dureté. — Très tendre. Facilités de travail. — Sciage ; à la machine, assez facile. A la main, plus difficile, à cause de sa texture chanvreuse; labolo'jc: assez facile; Jcn(c à l'outil: assez difficile; assemblage : tenons et mortaises faciles à faire et résistants; clous, vis: tiennent bien. Tenue du bois débité. — Bonne; l'aubier noircit toutefois en moisissant. Usages principaux présumés. — Menuiserie lé;jère; pourrait être employé en ébé- nislerie bon marché. Contre-placage. Remarques. - Gros arbre pouvant dépasser l"'20 de Jiamè.re et 28 mètres de hauteur de fût. Commun dans toute la forêt. im & à APPENDICE Utilisation éventuelle des essences tendres pour la pâte à papier 119 — APPENDICE Utilisation éventuelle des essences tendres pour la pâte à papier L'utilisation, par des industries de produits chimiques, des déchets de bois divers, des es- sences dures ou demi-dures exploitées pour d'autres usages, exige au préalable des études techniques que seuls des spécialistes peuvent me- ner à bien. C'est un sujet que nous ne pourrons en conséquence qu'effleurer, nous bornant à signaler l'intérêt qu'il peut présenter pour l'avenir. Nous ne sommes pas beaucoup plus compé- tents pour traiter de la fabrication de la pâte de bois et de l'utilisation, pour cette industrie, des essences tendres abondant dans la région côtière de la Colonie. Pourtant, nous voudrions attirer tout spécia- lement, sur ce point, l'attention des fabricants français de papier ou de pâte à papier. Toute la zone de forêt immédiatement en bordure des lagunes, zone qui a été la plus rava- gée par les défrichements des indigènes, est peuplée, en majeure partie, d'essences très tendres, Parasoliers et Fromagers notamment. Ces essences existent également ailleurs en peu- plements aussi importants sans doute, mais nulle part leur exploitation ne serait aussi facile, aussi peu onéreuse qu'auprès des lagunes. Déjà, on s'est préoccupé de la question. Le Gouvernement local a concédé, en 1921, l'ex- ploitation de la zone de forêt entourant toute la lagune Aby, sur une profondeur de 1 kilomètre. Qu en résultera-t-il ? On ne peut le prévoir encore. Une industrie de pâte à papier ne s'im- provise pas; elle demande des études et une mise au point extrêmement sérieuses. Quoiqu'il en soit, il y a un premier pas de fait. Et nous espérons qu on ne s'en tiendra pas là. 11 y a une zone plus intéressante, à notre avis, que celle baignée par la lagune Aby : c'est celle qui borde les lagunes Ebrié, M'Potou et la partie navigable du Comoë. Elle est beau- coup plus vaste que la précédente; elle est des- servie par Bassam. c est-à-dire par un wharf, ce qui est appréciable; avant vingt-cinq ans, elle le sera par un port. C'est dans le voisinage d'Abidjan, de préfé- rence dans une des îles de la lagune Ebrié, que devrait être installés une usine pour la fabrica- tion de la pâte de bois. Déjà dans cette partie de la lagune, 1 eau est à peine salée, elle v est limpide presque toute l'année et n'est légère- ment trouble qu'au moment des fortes crues, le très faible courant Ouest-Est permettant aux matières organiques, amenées par les rivières, de se déposer assez rapidement. Enfin, si le port est construit, comme il est probable, à Abidjan au lieu de Bassam, l'usine se trouvera dans le voisinage immédiat du débouché mari- time de la Colonie. Nous estimons que les essences, comme le Parasolier et le Fromager, coupées dans une 121 zone de 1 kilomètre, profondeur moyenne, en bordure du réseau navigable auquel nous fai- sons allusion, ne reviendraient pas en moyenne, rendues à l'usme, à plus de 12 francs le mètre cube. La mise à l'eau, le remorquage à l'usme, sont en effet excessivement faciles; abatage, tronçonnage, manipulations sont également beaucoup plus rapides que pour les autres es- sences, étant donné que celles-là sont exces- sivement tendres, excessivement légères (0,270 densité moyenne du Parasolier; 0,31 5, celle du Fromager). L'un et l'autre de ces bois peuvent fournir une excellente pâte à papier; le premier donne plus de 40 0/0 de son poids total en cellulose, le second, 30 à 33 0/0. Autre détail à noter : la rapidité phénomé- nale avec laquelle croissent ces essences permet d'envisager, non seulement leur propagation naturelle certaine dans la zone exploitée, mais des plantations en tenain non boisé, plantations pouvant être exploitées tous les 10 ou 15 ans et susceptibles de faciliter considérablement le ra- vitaillement d'une usine de pâte à papier en matière première (1). (1) L'ingénieur agronome Ammann, actuellement en mission à la Côte d'Ivoire, doit étudier de très près cette question. Chasse à rhippopotame. I Cliché Buraer) — 122 TABLE DES MATIÈRES iiiiiiiiiiiitiiiii - 123 TABLE DES MATIÈRES Pages Avertissement V Préface IX Introduction XI LA COTE D'IVOIRE. Considérations générales sur le pays et ses habitants. Géographie ..... 3 Orographie - Hydrographie 4 Climatologie ..." 5 Flore. Faune o Population - Main-d'œuvre 7 Commerce o Relevé des principaux produits exportes en 1919 et en 1920 8 Centres commerciaux. • 9 Régime douanier 9 Industrie . •• • 10 Colonisation. Régime des Concessions . . Il Moyens de communication 13 Relations avec l'Europe 16 Tableau des principales maisons de commerce, industries, banques, plantations installées à la Cote d'Ivoire. 1 7 et 1 8 TITRE PREMIER La Forêt. Conditions de son exploitation. Ce qu'est la forci de la Côte d'Icoirc Classement industriel 26 Classement commercial des principaux bois de la Cote d'Ivoire, adopté par la Commission officielle des Bois coloniaux Re'gime forestier en Vigueur dans la colonie Règlements d'exploitation et Taxes ■ Chantiers . Permis d exploitation . ■ Permis d'exploitation ou chantiers Base des Chantiers Chantiers en bordure de la voie ferrée Demande de permis visant une zone dont la concession va arriver a expiration Les permis sont personnels. Règlements d exploitation. Taxes. Renouvellement des chantiers Repeuplement en nature. Fraudes Grandes concessions ... Valeur respective des zones de forêts au point de Vue de leur exploitation • Tableau. Taxe d abatage Tableaux des coefficients de fréquence obtenus dans les prospections de la mission Berlin 27, 28 et 29 Moyens et modes d'évacuation sur la côte des bois abattus. Entrepôts. Expéditions. Tirage à mains d hommes Flottage des bois en rivières et en lagunes. Transport par chemin de fer Entrepôt des bois aux points d embar- quement Enbarquemenl des bois à Bassani . • - Droits de sortie Transports maritimes Main-d'œuvre nécessaire aux exploitations fores- tières P»ge. 30 31 33 33 34 35 35 35 36 36 37 37 37 37 38 39 41 41 42 44 45 45 48 48 49 125 Pages TITRE II Les exploitations actuelles. Bois précieux et bois communs. Les exploitations actuelles 57 Méthodes d exploitation. Défauts et avan- tages 58 Capital nécessaire à une exploitation d'acajou ■ 60 Prix de revient et prix de vente des bois exploités 61 Prix de vente des bois exploités dans les chantiers d acajou 63 Autres essences d'ébénisterie exploitées 65 Productions et débouchés 66 Qualité des acajous de la Côte d'Ivoire. Leur emploi. Tiama et Irol^o ... 66 Acajous de choix, frises, mouchetés ou figurés 68 Acajou-Tiama et Iroko 69 Utilité pour les exploitants de ne présenter que des bois de toute première qualité 69 Les scieries locales. Leur organisation. Ecou- lement de leur production 70 TITRE m Avenir réservé aux bois communs. Leur exploitation intensive et leur importation en France. Ecoulement en Europe des bois de la colonie autres que les bois d'ébénisterie e( de grand choix Valeur des bois coloniaux en général Essences à exploiter à la Côte d'Ivoire et à importer en France . . Bois d ébénistene (exploitation accessoire) 79 83 90 Pages Bois de menuiserie et de charpente de densité inférieure à 1.000 91 Bois semblant convenir plus particulièrement pour 1 outillage 92 Bois de densité supérieure a 1 .000 conve- nant pour la charpente lourde, le pilotis, la traverse de chemin de fer 93 Récapitulation des essences autres que celles d ébénistene (tableau) 94 Présentation des bois examinés au précédent chapitre 94 Présentation 94 Sciage et séchage 96 Prix de revient et prix de vente possibles des bois importés de la colonie 98 Bois de densité inférieure a 1 .000 ... 98 Bois de densité supérieure a 1 .000 107 Ecoulement et propagande. Intervention de l'Etat 109 Comment organiser l'exploitation des bois communs. 112 CONCLUSIONS 117 APPENDICE. Utilisation éventuelle des essences tendres pour la pâte à papier 121 CARTES La Cote d'Ivoire (Carte au 4.000.0000 • ■ VII Canal de jonction des lagunes 15 Relations maritimes françaises. 17 Carte forestière de la Côte d'Ivoire 21 Grand- Bassam 46 Carte forestière de la Côte d'Ivoire 53 La forêt de la Côte d'Ivoire. Région Sud-Est . 75 PLANCHES HORS TEXTE Variété d'acajou Village au bord de la lagune (aquarelle) Le Comoë (aquarelle) Acajou Tiama Iroko Makoré Niangon Badi Bossé Dabéma Bahia Rikio Sougué Pages I XIII 19 23 27 31 35 39 43 47 51 55 59 63 Pages Framire 67 Adjouaba 71 Apomé 75 Bodioa Tali Adzobé Fou Oboto Abalé Senan Olon Avodiré Asas Aïélé 79 83 87 91 95 99 103 107 111 115 119 — 126 PUBLICATIONS COLONIALES Ouvrages déjà parus La pacification de la Côte d'Ivoire, méthodes et résultats, par G. An(;ollvani , Gouverneur Général des Colonies. Lettre-préface du Général Galliém, Ministre de la Guerre (igi6) in-8° avec cartes. La Côte d'Ivoire. — Le pays, les habitants, par G. Joseph, licencié ès-sciences, administrateur des Colonies, préface de M. le Gouverneur Angoulvant (1917), in-fS'' avec reproductions photographiques et cartes. La Côte d'Ivoire, lUjricttUtut', conuucirc, liuhi.'trie. — Questions économiques, par Louis Le Barbier ; préface de Gabriel Bonvalot (191-j), 1 volume in-8° illustré. Mission Forestière Coloniale, envo3-ée dans les Colonies françaises par les Ministères de la Guerre, de l'Armement et des Colonies. Tome I : Les bois de la Côte d'Ivoire, par le Commandant Bertin. Etal c'u-il (>i\i' hoi.f. LiAe <\\r />our ju.icepli/'lcv c)'iiiu' /iiijL' cil a'ih'/v iiii/iu'i)iali'. f ^.nij/c;!- po.i.n/ilcv, igi8. In-8" avec reproductions et cartes. Tome II : Les bois t^u Gabon, 1918. In-cS^ avec reproductions photographiques et cartes. Tome III : La question forestière coloniale Siliui/wii ihi commerce Je.i- bot,'-. E.vp/oiln/io/i. Sj/L'icul- Itire cciliviialc. Eltuh\r an fioiiil A' i'iie t\\<- uuhi.tlnel.f (K- la .llélropolc. Claxu'iuent. 1919. In-S" avec reproductions photographiques et cartes. Les grands produits végétaux des Colonies françaises (Caoutchouc, Kola, Cacao, Karl le, Da, Kapok, Cocotier, Café, ranille. Palmier, Arachiik-, Cooii, Thé, Riz, etc.), par ."^IM. Perrot, VuiLLET, Faucheue, Gatin, Adam, Main, Capus (igiTi). In-8" illustré. Irrigations et cultures irriguées en Afrique tropicale, parY.HKNKv, ingénieur agronome, directeur de l'Agriculture aux colonies, avec la collaboration de ]. Lem.^u.t, ingénieur agro- nome. Un volume in-8" , cartes et gravures. 1918. Matières premières africaines. _ Tome I : Caoutchouc, /e.\lilc,<; J/atiero- ,;ra.>.uv ' < 1ÙQ ■ % r\ nrT' 1 DEC " J r\LO — t >■ — [ — f lit if . AGRICULTURE FORESTKY LIBKARY L I II fst.