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3iC

LA

GUERRE DE 1870-71

IX Journées du 7 au 12 Août

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Publié par la Revne d'Histoire rédigée à la Section historique de l'État-Mi^or de T Armée

Tva-xNtt, f\>,t-t^a;ov àt\" Armée, StcVio-n K\sVoT\e.«

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1870-71

IX Journées du 7 su 12 Août

PARIS LIBRAIRrE MILITAIRE R. CHAPELOT bt C"

IKrBIHBDKS -ÉDITBDBS

30t Rue at PaM«ce Danpfalns, SO

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SOMMAIRE

La jouniée du 7 août en Lorraine i

I. Armée d*Alsace i^

II. Année de Lorraine SA

III. Renseignements et opérations de la cavalerie 37

lY. Moavements des armées allemandes 53

y. Situation de l'armée du Rhin dans la soirée 63

La journée du 8 août.-

I. Armée d* Alsace 65

II. Année de Lorraine 7i

-Ilf . Renseignements et opérations de la cayalerie 84

IV. Mouvements des armées allemandes 90

V. Situation de l'armée du Rhin dans la soirée .95

La journée du 9 août.

I. Les projets, da commandement français 99

II. Mouvements des corps de Lorraine t06

m. Mouvements des corps d'Alsace ii6

IV. Renseignements reçus au grand quartier impérial et opérations

de la cavalerie française 120

V. Renseignements reçus par le grand quartier général allemand et

opérations de la cavalerie allemande 125

VI. Mouvement^ des armées allemandes 131

Vn. Situation de Tarmée du Rhin dans la soirée 135

La journée du 10 août.

1. Moavements de l'armée de Metz 137

n. Abandon de la ligne de la Nied 142

III. Mouvements de l'armée d'Alsace 145

IV. Renseignements reçus au grand quartier impérial 155

V. Opérations de la cavalerie allemande et renseignements recueillis. 157

VI. Moavements des armées allemandes 161

VII. Situation de Tarmée du Rhin dans la soirée du 10 aoAt 166

121711

Ti LA. GUERRE DE 1870-1874.

La journée du 11 août.

1. Mouvements de l'armée de Metz .' 109

II. Mouvements des corps d'Alsace 180

I. Renseignements reçus au grand quartier impérial 185

IV. Mouvements des armées allemandes 190

Y. Renseignements reçus au grand quartier général allemand 196

YI. Situation de l'armée du Rhin dans la soirée du 11 août. . . i05

V.

lA journée du 12 août.

I. Le maréchal Bazaine commandant en chef 209

II. Les projets du commandement français 219

m. Mouvements de Tarmée de Metz 223

lY. Mouvements des corps d'Alsace 298

Y. Renseignements recueillis au grand quartier impérial 231

YI. Mouvements des P' et 1I<> armées allemandes et renseignements

recueillis , 234

Yll. Les projets du commandement allemand 241

YlII. Mouvements de la Ill« armée 246

IX. Emplacements de Tarmée du Rhin dans la soirée 251

LA

GUERRE DE 1870-1871

La journée du 7 août en Lorraine ^^K

Les deux noavelles foudroyantes des défaites de Frœschwiller et de Forbach avaient atterré le grand quartier général de Tarmée du Rhin (2). L'émotion fut plus grande encore, quand on y apprit le retentissement douloureux qu'elles avaient produit dans le pays et Tir- ritation qu'elles avaient provoquée à Paris dans le parti de ropposition (3). Déjà celle-ci accusait l'Empereur d'avoir, seul, voulu la guerre et de l'avoir rendue iné- vitable ; en même temps, l'opinion publique se montrait très sévère à l'égard du maréchal Le Bœuf et du général Frossard, à qui elle attribuait les revers. Aussi l'Impé- ratrice, en informant l'Empereur de la situation, croyait- elle devoir lui conseiller de s'entendre avec le maréchal Bazaine pour les opérations à venir. Le général Lebrun fit môme, auprès du souverain, dans la matinée du

(1) Voir Ift carte au l/320,000» annexée.

(2) Mets, Campagne et négociations^ page 50. Journal d*un officier de Carmée du Bhnij page 50. V. D. Guerre de 1870. (Spectateur militaire, 187 J, page 138.)

(3) Général Lebrun. Souvenirs militaires, page 280.

r«jHBlmto. 1

2 LA GUERRE DE 4870-4874

7 août, une démarche dans le but de l'engagera remettre le commandement en chef entre les mains d^un des maréchaux et à rentrer à Paris. Mais ce fut en vain.

« Plus j'ai réfléchi, lui répondit l'Empereur, plus j'ai compris qu'il était au-dessus de mes forces de m'éloigner de l'armée. J'ai quitté Paris avec elle ; il est impossible que j'y rentre sans elle {{) ».

A la première stupeur, succéda, au grand quartier général, le désarjroi le plus complet. Les opinions les plus diverses étaient émises, les avis se croisaient en tous sens, une résolution n'était pas plutôt prise qu'elle était abandonnée et ces indécisions venaient encore ajouter à la confusion générale (2).

Par contre, le moral des troupes qui n'avaient pas com- battu demeurait encore excellent (3) . Dès que le résultat de la bataille de Forbach fut connu, on eut d'abord la pensée de concentrer les et 4* corps et la Garde vers Saint- Avold et de se jeter sur le flanc de l'ennemi, si celui-ci continuait sa marche. Des instructions, dans ce sens, furent rédigées dans la nuit du 6 au 7 août. L'Em- pereur se proposait même de se rendre, de sa personne, au milieu des troupes et, déjà, il était monté, à Metz, dans son wagon, avec le Major général, lorsqu'arriva, à 4 heures du matin, un avis indiquant que la gare de Bening était au pouvoir de l'ennemi (4). Cette infor- mation, jointe au manque de renseignements sur la direction de retraite suivie par le corps (5), décida

(i) Général Lebrun. Souvenirs fuilitaires, page 284.

(2) Metz. Campagne et négociations, page 50. Joumald'un officier de l'année du Rhin, page 52.

(3) Le Major général h l'Empereur. Saint-Avold, 7 août, 7 h. 30 du matin. Général Lebrun. Souvenirs militaires, page 279.

(4) Enquête sur les actes du gouvernement de la Défense nationale. Déposition du maréchal Le Bœuf, I, page 60.

(5) Le Major général fut informé de la situation du corps par une

LA GUBRRE DB 1870-4874. 3

TEmpereur à renoncer à son projet et à concentrer à Metz les corps de Lorraine (i). Le Major général partit seul pour Saînt-Avold, pour se rendre compte, de visUj de la situation et donner de nouvelles instructions au maréchal Bazaine (2).

Rentré à son quartier général, TEmpereur craignit que le général de Ladmirault n'eût déjà commencé et ne continuât le mouvement sur Saint-Avold qui lui avait été prescrit la veille. Dans le but d'éviter aux troupes une fatigue inutile, il prévint directement, par télé- gramme, le corps de se « rabattre rapidement » (3) sur Metz. Le général de Ladmirault informa immédiatement, (6 heures du matin), le maréchal Bazaine du contre-ordre qu'il avait reçu (4).

Dans la matinée, une nouvelle évolution se produisit dans l'esprit de l'Empereur. Il pensa que, plus le point

dépêche, expédiée de Sàint-Avold par le maréchal Bazaine, à 4 h. 55 du soir, et ainsi conçue :

u Le général Frossard est à Puttelange, y concentrant les trois divi- sioaa de son corps d^armée. »

(1) Enquête sur les actes du gouvernement de la Défense nationale. Déposition du maréchal Le Bœuf, I, page 60.

(3) Une conférence eut lieu à Saint-Avold, à laquelle assistèrent le Major général, le maréchal Bazaine, le général Bourbaki et le général Favé, aide de camp de TEmpereur. (Journal de marche du corps.)

(3) Journal de marche du 4* corps.

(4) Dans son ouvrage intitulé V Armée du Hliin, le maréchal Bazaine se plaint de n'avoir pas été prévenu par le grand quartier général de cette nouvelle disposition (page 39).

« C'est peut-être une omission de Tétat-major, dit le maréchal Le Bœuf dans sa déposition à VEnquétef mais sans conséquence, puisque j'étais parti immédiatement pour Saint-Avold, afin de prévenir le Maré- chal Il a été prévenu par moi à Saint-Avold L'Empereur a

fait, dans cette circonstance, ce que tout autre commandant aurait fait à sa place. Il n*y a pas de commandant en chef qui, ayant plusieurs corps dans la main, ne les prévienne au plus vite quand il y a contre-^ ordre pour des mouvements ordonnés, tout en prévenant leur comman* dant supérieur. » (Enquête, I, page 61).

a

4 LA. aUBRRB DE 4870-4874.

de concentratioD général serait éloigné, tout en couvrant Paris, plus il aurait le temps d'organiser et de recevoir des renforts. Cette idée était juste, mais les avantages du projet n'étaient pas suffisamment compensés par le grave inconvénient de livrer à l'adversaire, sans coup férir, une énorme étendue de territoire dont Tabandon n'était nullement imposé par les circonstances. En dépit des deux défaites du 6 août, la situation n'était pas à ce point désespérée qu'il fallût songer, sans retard, à couvrir la capitale,. surtout en se plaçant entre eUe et les forces adverses. De plus, un mouvement de retraite aussi prononcé, exécuté d'une seule traite, devait avoir pour conséquences de déprimer le moral de l'armée, d'exalter celui de l'adversaire, d'inquiéter et d'irriter le pays. Il ne manquait pas, entre la frontière et le camp de Chàlons, de lignes de défense : la Nied française, la Moselle, les côtes de Meuse, en particulier, l'armée du Rhin pouvait faire tête à l'envahisseur et retarder au moins sa marche.

Quoi qu'il en soit, la résolution de l'Empereur sembla un moment devoir être mise à exécution. Le Major général en informa le Ministre de la guerre par le télégramme suivant, daté du 7 août, 4 heures du soir (1) : **

« L'Empereur à décidé que l'armée active se concen- trerait sur Chàlons Sa Majesté pourrait avoir 150,000 hommes et au delà si nous parvenons à y rallier les corps Mac-Mahon et de Failly. Douay restera à Belfort. L'Empereur va diriger sur-le-champ tous les impedimenta sur Chàlons. Envoyez de votre côté des

(1) L'Empereur en avait informé le Conseil des ministres dans la matinée. Les ArchiTes de la guerre ne possèdent pas le télégramme, mais le fait ressort d'une dépêche de M. Emile OUivier, qu'on trouvera plus loin, et qui est une réponse «\ ce télégramme.

LA aUBRBB DE 1870-1874. 5

livres et des munitions. L'aile gauche, sous le maréchal Bazaine^ sera concentrée sous Metz d'ici 48 heures, dans sept jours à Chàlons. »

Le grand quartier général expédia des ordres pour l'exécution de ces mouvements ; les instructions destinées aux 1®', et corps leur furent portées par des offi- ciers. Le général de Waubert de Genlis, aide de camp de l'Empereur, reçut la mission de se mettre en relations avec le maréchal de Mac-Mahon et de Tin- former, qu'après avoir recueilli les débris de son corps d'armée & Saverne, il devait se retirer sur le camp de Ch&lons. Le capitaine Vosseur fut envoyé au général Frossard dont on n'avait point encore de nouvelles pré- cises à Metz. Si le 2^ corps n'avait pu exécuter sa retraite sur Puttelange et Sarralbe, avec toutes les troupes qui se trouvaient à Sarreguemines, il lui était prescrit de se porter par le plus court chemin sur le camp de Chàlons. Enfin, le capitaine de Salles fut chargé de joindre le général de Failly, de le prévenir de la concentration projetée et de rendre compte au Jlajor général de la situation et de l'emplacement du S^ corps. Les ordres donnés dans la matinée par le Major général au maréchal Bazaine et par l'Empereur au général de Ladmirault n'avaient pas à être modifiés, ces deux corps devant, en tout état de cause, passer par Metz, pour se rendre au camp de Chàlons. Il en était de même de la Garde impériale.

Le mouvement du corps sur Nancy fut contremandé par télégrammes, de«4 h. 50 et de 8 h. 15 du matin; la division Tîxier, déjà arrivée dans cette ville, fut avisée, par l'intermédiaire du général commandant la subdivi- sion de la Mcurthe, de rétrograder d'urgence par voie ferrée, sur le camp. Le bataillon de chasseurs à pied de la Garde impériale, détaché à ThionvUle, fut rappelé à Metz il arriva à midi; la division de réserve de cavalerie du Barail reçut l'ordre de se porter le 7 de

6 LA GUERRE DE 4870-4874.

Lunéville à Nancy, le 8 à Bernecourt, le 9 à Saint- Mihiel. Le général Canu, commandant la réserve géné- rale d'artillerie stationnée à Nancy, fut invité à envoyer sans retard quatre batteries de 12 à Metz (1) ; l'équipage de poiits de réserve, réuni à Tonl, fut dirigé sur le camp de Chàlons, en suivant le canal de la Marne au Rhin ; enfin le général Soleille prescrivit au grand parc qui s'organisait à Toul, de se replier sur Chàlons (2).

En même temps, un décret de TËmpereur déclarait en état de siège les places de Metz, Verdun, Montmédy, Longwy, Thionville, Bitche, Strasbourg et les forteresses d'Alsace, Phalsbourg, Marsal, Toul, Belfort. Le général Coffinières de Nordeck était nommé commandant supé- rieur de la place de Metz.

Mais le Conseil des Ministres n'approuvait pas le projet de retraite sur Châlons. Il s'empressa de répondre au télégramme de l'Empereur qu'il trouvait impolitique d'évacuer la Lorraine, sans livrer bataille, et qu'il redoutait l'effet déplorable que cette nouvelle produirait sur le pays. Ces considérations prévalurent (3). Le souverain était trop profondément affecté par les premiers revers pour résister à ces influences diverses ; son -esprit n'avait plus l'indépendance nécessaire pour suivre fer- mement une voie quelconque ; sa santé était d'ailleurs

(1) Pour mettre les forts de la place en état, concurremment avec quatre batteries de la garde nationale mobile. (Le général Soleille au général Susane. Metz, 7 août.)

(â) Aucun matériel du grand parc ne se trouvait encore & Toul.

(3) L'Empereur reçut, le 7, de M. Emile Ollivler, un second télé- gramme, qui était une atténuation de Topinioa émise dans le premier :

M Nous avons répondu un peu vite ce matin sur l'effet de la retraite de Châlons. L'effet ne sera pas bon ; il va de soi que nous ne parlons que politiquement; mais le point de vue stratégique doit remporter sur le point de vue politique, et vous êtes le seul juge. »

M. Ollivier terminait en demandant le remplacement du général Dejean par le général Trochu.

LA OUBRRB DE 4870-1871. 7

fortement ébranlée. Aussi, abandonna-t-il son projet presque aussi soudainement qu'il Tavait conçu, et se laissa-t-il entraîner vers les murailles de Metz par cette attraction fréquente qu'exercent les places fortes sur les généraux irrésolus. Il en prévint Flmpératrice dans la soirée du 7 août :

« La retraite sur Châlqns devient trop dangereuse; je puis être plus utile en restant à Metz avec 100,000 hommes bien réorganisés. 11 faut que Canrobert re- tourne à Paris et soit le noyau d'une nouvelle armée. Ainsi, deux grands centres : Paris et Metz, telle est notre conclusion. Prévenez-en le Conseil. Rien de nou- veau, n

Par ordre de l'Empereur (1), le Ministre de la guerre appela à Paris tous les quatrièmes bataillons dont il pouvait ^disposer. Il y fit venir également les régiments d'infanterie de Corse, de Rayonne, de Perpignan ej de Pau (moins leurs quatrièmes bataillons) et les deux régiments de cavalerie de Carcassonne et de Tarbes (7® et chasseurs à cheval) qui avaient été laissés en observation aur les Pyrénées, De son côté, le Ministre de la marine prit des mesures pour réunir à Paris 10,000 soldats d'infanterie et iOOOcanonniers d'artillerie de marine (2).

Les ordres de concentration sur le camp de Châlons, donnés au maréchal de Mac-Mahon et au général de FaiUy, furent maintenus. La mesure se justifiait pour le 1®' corps qui, dans l'état de désorganisation il se trou- vait, ne pouvait évidemment prendre part aux opérations, avant un certain temps. Elle se fût expliquée aussi, à la rigueur, pour le 5®, si le Prince royal eût poursuivi

{i) L'Empereur au Ministre de la guerre. Metz, 7 août, 5 h. 30 du matin.

(2) Le Ministre de la guerre à TEmpereur. Paris, 7 août, 8 h. 5.

8 . aXTBRRE DE 1870-4874.

sérieusement l'armée d'Alsace qtii aurait eu besoin, dans ce cas, de troupes intactes pour couvrir sa retraite. Mais, contre toute attente, il n'en était rien et l'Empe- reur ne l'ignorait pas (1). D'autre part, si' l'on voulait livrer bataille sur la Moselle, il fallait le faire avec toutes les forces disponibles : les événements des 4 et 6 août étaient probants à cet égard, à défaut des leçons de THistoire. En conséquence, il importait de réunir au plus tôt à l'armée de Lorraine, non pas seulement le corps, mais aussi les et 7®. La conception qui consistait à utiliser une partie des élé- ments de l'armée active pour constituer une nouvelle armée à Paris était contraire au principe de l'union des forces dans le temps (2) et, de ce fait, manifestement erronée. Peut-être l'oublîa-t-on ou la négligea-t-on par crainte des troubles qui pouvaient se produirez dans la capitale (3).

A en juger par les documents de la journée du 7 août, il ne semble pas que le grand quartier général de l'armée du Rhin ait envisagé, pour la retraite, adoptée en prin-

(1) U Empereur au Garde des sceaux,

Meti, 7 août, 3 h. 55 soir.

« L'ennemi n'a pas poursuivi Tivement le maréchal de MacMahon. Depuis hier soir, il a cessé toute poursuite. Le Maréchal concentre ses troupes. »

(2) « On ne saurait jamais, dit Clausewitz, porter trop de forces h la fois à l'action stratégique. » {Théorie de la grande guerre, tome I, page 69.)

(3) C'est cette raison qui avait fait maintenir à Paris la division (Levassor-Sorval) du corps, et à Lyon la 3* division (Dumont) et une brigade de la division de cavalerie du ?• corps.

LA GUERRE DE 4870-1874. 9

cipe, une solution différente de celles qui viennent d'être exposées. Des hésitations s'étaient produites sur Tampli- tude du mouvement, Metz ou le camp de Chàlons, mais non point sur la direction générale qui demeurait inva- riable. Celle-ci valait pourtant d'être examinée avec la plus grande attention.

« Les circonstances ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois, lors de l'invasion delà France en 1814 et 1815, écrivait le général Frossard dans son Mémoire de 1867. Les fortifications de Paris ont modifié grandement à notre avantage les conditions de la Ititte ; nous n'avons plus à présent la préoccupation de couvrir la capitale avec nos armées de la frontière et de ne pas nous laisser couper de nos communications avec elle. La défensive constante de front n'est plus une règle, et la liberté des mouvements et des manœuvres nous est rendue, surtout avec Je réseau de lignes ferrées rayonnantes et transversales que nous possédons. Si cette situation nouvelle a pu nous permettre de chercher à arrêter l'ennemi, dès ses premiers pas sur notre territoire, elle nous laisse aussi (et c'est un avantage inappréciable) la latitude de manœuvrer sur les flancs et les der- rières de l'armée envahissante et de tenter d'arrêter ses progrès par la menace constante de couper ses communications et de battre en détail ses corps laté- raux (1). »

Dans cet ordre d'idées, le général Frossard préconi- sait la retraite de l'aile droite de l'armée de la Moselle par Puttelange et Sarralbe sur Morhange et Dieuze, puis sur la rive gauche de la SeiUe, entre la région des étangs et la forêt de Bezange, avec un détachement à Sarrebourg, chargé de donner la main à l'armée de la

{i) Voir I" fascicule, pages 100 et 101 .

A.

40 LA 6UBRRR DE 4870-4874.

Basse-Alsace <( qui, sans doute, aurait été obligée, à ce moment, de se replier elle-même (1) ».

La marche en avant de la IIP armée à travers les Vosges septentrionales aurait enlevé, il est vrai, toute valeur à la ligne de la Seille, prise en flanc et à revers. Mais, plus au Sud, le Mémoire indiquait Lunéville, Rambervillers, Épinal, Langres, comme les {(oints jalonnant la ligne de retraite ultérieure, dans Thypo- thèse une nouvelle bataille sur la Meurthen^eùt pas tourné en faveur de ^'armée française.

D'après le général Frossard, « l'aile gauche de l'armée de la Moselle n'aurait pas suivi le mouvement de l'aile droite, faisant retraite derrière la ligne de la Seille, mais elle se serait retirée devant Metz sous l'appui des forts de campagne (2) >^*

Cette conception de retraite à forme divergente ne semble pas heureuse. Elle augmentait en effet la divi- sion des forces françaises et donnait à l'ennemi l'avan- tage des lignes intérieures, c'est-à-dire la possibilité d'apparaître, en forces supérieures, sur un point quel- conque (3).

L'idée d'une retraite de l'armée française parallèle ment à la frontière du Rhin n'était pas neuve. Dès 1792, Dumouriez avait compris que, pour empêcher le duc de Brunswick de marcher sur la capitale, pourtant dépourvue de fortifications, il n'était point nécessaire de se placer entre elle et l'armée prussienne. Aussi, après la perte du passage de la Croix-aux-Bois et l'évacuation du Chêne-Populeux, avait-il concentré ses forces près de Sainte-Menehould, au lieu de se porter derrière la Marne.

(1) Voir fascicule, page 99..

(2) Ibid., page 99.

(3) Dans sa Théorie de la grande guerre, Clausewilz énumère les inconvénients de la retraite à forme divergente, dans le cas considéré,

LA GUERRE DE i 87M 874 . 41

Le gouvernement de cette époque ne songeait, comme tous les autres, qu'à rassurer la population de Paris. Mais Dumouriez, en véritable général en chef, eut assez de hauteur d'àme pour s'élever au-dessus de cette consi- dération et pour ne tenir compte que des nécessités d'ordre stratégique.

Dans cette situation, il refusa donc de céder aux instances du ministre de la guerre Servan, qui l'adjurait de- se rapprocher de la Marne pour couvrir directement a Reims, Chàlons, et les superbes campagnes du Sois- sonnais et de la Brie, et se trouver entre l'ennemi et Paris, quelque route que celui-ci prenne (1) ».

et la rejette formellement. Elle ne se justifie, dit-il, « que par un seul but, celui de couvrir des provinces que Tennemi envahirait sans cela »r (Tome n, page 274.)

(i) La correspondance échangée entre Servan et Dumouriex pendant cette période est des plus intéressantes.

Dès le 7 septembre 1792, Servan presse Dumouriez de se rapprocher de Chàlons et de Saint-Dizier en raison du « besoin absolu de rassurer la capitale )>.

Le 18 septembre, Dumouriez écrit à Servan :

«c II n*y a plus rien à craindre. L'armée ennemie va achever de se fondre dans la Champagne pouilleuse* Elle ne pourra pas marcher sur Chàlons que je couvre ; elle n*osera pas marcher sur Reims, de peur d'ôtre flttivie et coupée; elle cherchera peut-être à me donner bataille... Je ne sais comment on peut imaginer à Paris, et comment on peut me donner le conseil, de Chàlons, de quitter la position de Sainte^Mene- hottld »

Servan revient à la charge les 23 et 24 septembre :

ce Ce qui me semble le plus important est de couvrir ces deux villes (Chàlons et Reims), de manière à vous trouver enfin entre Tennemi et Paris, quelque route que celui-ci prenne. »

« J*espère toujours, mon cher Général, écrit-il le 27, que vous resterez convaincu, ainsi que nous, que vous n'avez plus un moment à perdre pour vous rapprocher de la Marne, afin de couvrir par Chàlons, Reims et les superbes campagnes du Soissonnais et de la Brie. »

Mais Dumouriez reste inébranlable :

« Ce camp (de Sainte-Menehould)^ contre lequel on crie tant à Paris,

12 LA OUERRE DE 1870-4874.

Napoléon, dans ses Mémoires sur les campagnes de 1796 et de 1797 en Italie, donne un autre exemple de couverture indirecte qu'il eût été opportun d'appliquer. Il fait observer qu'après le combat de Montenotte, les Piémontais, au lieu d'occuper Miilesimo, devaient appuyer sur Dego pour se réunir aux Autrichiens. « C'était une erreur, ajoute-t-il, de supposer que, pour couvrir Turin, il fallait se trouver à cheval sur la route de cette ville. Les armées, réunies à Dego, eussent couvert Milan parce qu'elles eussent été à cheval sur la grande route du Montferrat; elles eussent couvert Turin parce qu'elles eussent été sur le flanc de la chaussée de cette ville (1) ».

Dans sa critique stratégique de la campagne de 1814 en France, Glausewitz estime que le point de concentra- tion des forces françaises était, non pas à l'Est, mais au Sud-Est de Paris, dans le bassin supérieur de la Seine (2).

a tenu si bien en échec l'armée prussienne que, quoique placée entre Reims et Châlons et moi, elle n'a pas osé pénétrer ni à Reims, ni à Ghàlons. » (Lettre du 26 septembre à Servan.)

Le l*' octobre, il triomphe enfin :

ce Ce que j'ai calculé, arrangé et prédit est arrÎYé. Tenez-moi compte de ce qu'on appelait mon obstination; les Prussiens sont en pleine retraite. »

(1) Mémoires de Napoléon, par le général de Montholon, tome IV, page 309. Paris, Firmin Didot, 1824.

(2) Clausewitz. La campagne de 1814 en France,

(c Si Ton suppose la capitale à l'abri d'un coup de main, il n'était plus nécessaire, pour couvrir Paris, d'être à cheval sur la route qui y conduit; en occupant une position de flanc, le but eût peut-être été tout aussi bien atteint. »

Le général Pierron, dans la lettre qu'il écrivit au lieutenant-colonel de Vatry, qui venait de publier sa traduction de la Théorie de la grande guerre, de Clausev^itz, s'exprimait ainsi :

(c Sa critique de la campagne de 1814 est un chef-d'œuvre; et si nos

LA OUBRRE DE 4870-4874. 13

<( Dès lors, en effet, les forces d'Espagne et d'Italie pouvaient rejoindre plus tôt ; Paris pesait dans la ba- lance de tout le poids de son importance propre, et les alliés se trouvaient dès le début en présence d'un pro- blème beaucoup plus difficile (1). »

Le général de Willisen, examinant, en 1841, les con- ditions dans lesquelles devrait s'effectuer la retraite d'une aiunée française qui aurait subi un échec à la frontière du Nord-Est n'hésitait pas à préconiser la direction générale du Sud-Ouest.

« Nous savons, dit-il, qu'une retraite excentrique (en ayant derrière soi la plus grande partie du pays) protège mieux le centre et la capitale, contre une invasion, qu'une retraite directe suivant le rayon qui va de la circonférence au centre (2). »

Considérant une armée allemande de 300,000 hommes, ayant sur son flanc gauche, vers Nancy, une armée française de 200,000 hommes, il se demande si la première se risquerait à laisser 200,000 hommes vis- à-vis de la seconde et à marcher sur Paris avec le

chefs l'eussent méditée avant 1870, ils n'auraient pas commis, dans cette guerre, des fautes stratégiques irréparables. »

Willisen rappelle, à ce propos, combien on a eu de peine, chez les coalisés, en 1814, après la bataille d'Arcis-sur-Aube, à se décider à marcher sur Paris, malgré Ténorme supériorité numérique qu'on pos- sédait, quand on vit Napoléon se porter en Lorraine pour couper les communications des armées alliées. « Qui sait, dit-il, ce qui serait advenu si Napoléon, au lieu de revenir sur Paris, avait persévéré dans son projet, rallié à lui les garnisons de la Lorraine, enlevé tous les convois de raYÎtaillement des coalisés et s'était porté sur le Rhin, Mayence lui appartenait encore, et s'il avait en môme temps donné l'ordre de transférer le siège du gouvernement de Paris à Orléans ! » (Cité par le général Pierron. Méthodes de guerre, partie, tome I, page 261.)

(1) Clausevitz. La campagne de 18 i 4 en France,

(2) Willisen. (Cité par le général Pierron. Méthodes de guerre, partie, tome , page 260.)

H LA GUERRE DE 1870*1874.

surplus. A son avis, « pas un état-major allemand ne conseillerait une pareille opération, sauf peut-être pour tàter l'ennemi et voir s'il ne quitte pas sa position excentrique, si menaçante, pour céder à la peur ou aux impressions physiques et se retirer par un rayon de la circonfèroixce vers le centre ».

Il fait obserrw que, dans cette dernière éventualité, Tarmée allemande ne manquerait pas de profiter d'une pareille faute et d'attaquer aussitôt l'ennemi partout elle le rencontrerait en retraite suivant ce rayon. Paris lui parait, au contraire, hors de danger par une retraite des Français perpendiculaire à la ligne d'invasion, parce que, dit-il fort justement, a l'envahisseur est tenu de suivre le défenseur au Sud, le long de la frontière (1) ». Ce n'est point, en effet, une province ou une ville qui est l'objectif principal de l'attaque, mais bien l'armée adverse : l'assaillant est donc tenu de se maintenir dans son voisinage, tant qu'elle n'a pas été détruite ou désor- ganisée. La valeur des positions de flanc et l'efficacité des retraites excen^piques résultent de ce principe, ainsi que le faisait remarquer le maréchal de Moltke (2) ; ce n'est point à dire, cependant, que ce soit une panacée universelle, et il est nécessaire, en tout cas, de faire

(1) Willisen. Loc. cit., page 262.

(2) Moltkes Taktische^traiegische Aufsàtze ans den Jahren 1857-i87i, pages 261 et 267. Berlin, 1900. Millier.

Voici comment le maréchal de Moltke définissait les positions de flanc :

<c Une position de flanc est celle que Ton prend parallèlement à la ligne d'opérations de Pennemi, et dans le yoisinage de cette Hgoe. C'est une position que l'adversaire ne peut négliger, sans sacrifier ses communications, qu'il ne, peut attaquer sans faire un changement de front, ce qui l'amène à avoir sa ligne de communications sur un de ses flancs ; c'est enfin une position qui a pour eflet de détourner l'adver- saire de son but, s'il a engagé la poursuite après avoir été victorieux. » {Taktische Aufgaben, 63.)

LA GUERRE DE 1870-4871. 45

intervenir les grandeurs mptales. Pour ne rappeler qu'un exemple récent^ une manœuvre de ce genre exécutée par le général Benedeck, sur Olmtitz, après la défaite de Sadowa, n'eut nullement pour conséquence de détourner les Prussiens de leur marche sur Vienne. L'armée autrichienne était -trop affaiblie moralement et matériellement pour obliger Tennemi à lui faire face ; la capitale, d'ailleurs, n'était pas fortifiée.

M En présence d'un adversaire hardi, supérieur en force morale et recherchant une solution énergique, un pareil moyen serait donc fort aventureux et peu à sa

place; mais vis-à-vis d'un adversaire circonspect,

on le doit considérer comme l'un des meilleurs que puisse utiliser le talent du défenseur (1). »

Or, si l'armée du Rhin avait l'infériorité numérique, par contre, le moral des unités qui n'avaient pas été engagées à Frœschwiller et à Forbach était excellent,

(I) Glausewitz. Théorie de la grande guerre, tome II, page 138.

Dans sa critique stratégique de la campagne de 1814 en France, Clansewitz fait nettement ressortir l'influeDce des grandeurs morales.

t< Faisons l'hypothèse suivante : d'une part, Bonaparte dispose d'une armée à peu près égale aux deux tiers des forces coalisées; il se trouye aux enTirons de Dijon ou de Chaumont, et, d'autre part, Paris est suffi- samment défendu pour qu'on ne puisse pas l'attaquer avec moins de 50,000 hommes. La conclusion est immédiate : les coalisés n'oseront pas plus marcher en masse sur Paris, en négligeant Tarmée française, qu'ils ne voudront détacher 50,000 hommes contre la capitale, pour se retourner avec le reste de leurs forces contre Bonaparte. Intervertissons les rôles : une armée alliée est h la place de l'armée française et couvre Paris, et c'est Bonaparte qui se porte sur la capitale à la tète de forces

égales à celles des alliés Notre conclusion est diamétralement

opposée : nous considérons Paris comme perdu. Pourquoi? Parce qu'il y a moins une question de proportionnalité entre les forces nuroé* riques des deux adversaires qu'upe question de grandeurs morales. Les forces en présence, telles que nous les supposons disposées, se font h peu près équilibre ; jetons les grandeurs morales dans un des plateaux de la balance et l'équilibre sera rompu. »

16 LA GUERRE DE 1870-4874.

ainsi qu'avait pu le constater le Major général. Les !«'' et corps avaient donné d'ailleurs à Fennemi une haute idée de la valeur, de la ténacité et des vertus militaires des troupes françaises, qui en fournirent de nouveaux et éclatants témoignages dans les batailles des 14, 16 et 18 août. D'autre part, la hardiesse de Tennemi ne semblait pas extrême, à en juger par la mollesse de sa poursuite après Frœschwiller et par l'in- terruption de son offensive après Forbach. L'équilibre ne paraissait donc pas rompu, au point de vue des grandeurs morales, sinon peut-être en ce qui concernait le haut commandement. Mais il était possible de sup- primer cette cause de faiblesse, en changeant le général en chef. Quant à la disproportion numérique, elle pouvait être diminuée par la concentration de toutes les forces disponibles et la constitution de formations nouvelles.

En somme, la prise en considération des deux fac- teurs, moral et nombre, ne soulevait aucune objection formelle contre l'adoption d'une ligne de retraite excen- trique. Il en était d'ailleurs un troisième, d'influence prédominante, qui devait faire rejeter l'idée d'une retraite vers l'Ouest. Si l'on envisage, en effet, le pro- longement de la ligne d'opérations menant de la frontière allemande à Paris, on remarque qu'il passe au nord d'Orléans, et que, par suite, l'armée fran- çaise, en restant sur cette ligne, s'exposait à perdre la liaison entre Paris et le bassin de la Loire. Elle risquait même, en raison de la supériorité numé- rique de l'adversaire, d'être débordée par .le Sud et, dès lors, d'être séparée du centre du pays, c'est-à- dire de la source de ses renforts et de ses ravitaille- ments. Ce n'était qu'une conséquence de ce fait géographique que les trois quarts de la France sont situés au sud de la ligne Paris -Nancy, et il fallait éviter « le danger d'être écartés de la masse principale

LA GUERRE DE 4870-4871. 17

de notre territoire (1) ». Dans ce but, la retraite, adoptée en principe, devait être orientée par le grand quartier général français, non pas vers TOuest, sur Metz ou Chàlons, mais vers le Sud-Ouest, dans la direction générale Lunéville, Mirecourt, Langres (2). Les ordres donnés le 7 août, pour la journée du 8, auraient dirigé:

Le corps, de Boulay, Boucheporn, sur Delme, Nancy; la Garde, de Saint-Avold, sur Ghàteau-Salins, Saint-Nicolas-du-Port ; le corps> de Puttelange, sur Dieuze, Lunévilie; les 1®' et corps, de Phalsbourg, sur Blàmont, Baccarat ; le corps, formant l'arrière- garde de Tarmée de Lorraine, aurait suivi les traces du corps et de la Garde et l'ensemble du mouve- ment se serait effectué sous la protection d'un corps de cavalerie fort de quatre divisions de cette arme (3).

La division de cavalerie du Barail, organisée à Luné- ville, aurait été envoyée au maréchal de Mac-Mahon pour couvrir la retraite de l'armée d'Alsace ; enfin, la réserve générale d'artillerie, prête à Nancy, se serait portée, en doublant l'étape, à la rencontre du 3* corps, auquel elle aurait été provisoirement adjointe.

Comme les Allemands ne dépassèrent pas Saint- Avold avant le 10 août, comme l'aile gauche de la II® armée et la III® armée s'alignèrent le 10, seulement sur la Sarre, entre Sarreguemines et Sarrebourg, le

(1) Glau8ewit2. Théorie de la grande guerre ^ tome II, page 270.

Les généraux Pelet, Rognât, Du^ivier, avaient attiré l'attention sur ce point et signalé toute Timpor tance des lignes de retraite Ters la Loire moyenne.

Voir général Pierron. Méthodes de guerre, tome I, 2* partie.

(â) On savait que l'ennemi avait cessé ^oute poursuite en Alsace (Voir page 8, note 1); il ne pouvait donc atteindre la Sarre que le 10 août, après trois marches (70 kilomètres environ de Wœrth).

(3) Division de Forton, division de cavalerie de la Garde, divisions de cavalerie des 2^ et 3' corps; chaque division dMnfanterie n'eût conservé qa*un escadron divisionnaire.

faseieole. 2

48 LA aUBRRB DB 487M874.

mouvement n*eùt été nullement inquiété. Mais le grand quartier général français ne pouvait prévoir qu'il en serait ainsi, aussi eût-il été judicieux de cheroher à gagner du temps, en attirant les colonnes adverses dans une fausse direction, vers Metz, au moyen d'une division d'infanterie et de la division de cavalerie du corps. La première aurait servi à constituer la garnison de la place de Metz; la seconde aurait rejoint ultérieurement le gros de l'armée par la rive gauche de la Moselle, au besoin, par un détour plus grand, au moyen du chemin de fer.

Le 11 ou le 12 août, les 120,000 hommes des 2% 3®, corps et de la Garde auraient été concentrés sur la Meurthe ou sur la Mortagne, et rejoints par les 28,000 hommes du 5^ corps et par les glorieux débris du l**'. Le corps, fort de 39,000 hommes et débarqué à Nancy, le 7^, comptant 20,000 hommes et transporté à Lunéville, par Altkirch, Yesoul et Épinal, opéraient leur jonction avec, le gros de l'armée.

On constituait ainsi une masse de près de 240,000 hommes disponibles pour prendre TcAPensive contre la IIP armée, à son débouché des Vosges. Formant deux armées, appuyant leur gauche à la forêt de Haye, les Français pouvaient infliger un échec à la IIP armée, ou la contraindre à s'arrêter et à refuser la bataille jusqu'au moment les I" et IP armées eussent effectué un grand mouvement de conversion vers le Sud. Dans ces conditions, une nouvelle campagne s'ou- vrait : l'armée française avait ses lignes de commu- nication bien assurées, par Langres, vers la Loire moyenne et le centre, de la France, ou par Dijon vers le Morvan; elïe couvrait indirectement Paris, vers lequel l'ennemi n'aurait pas osé effectuer de détachement assez fort pour en entreprendre le siège; elle pouvait recevoir par Chaumont, Yesoul et Épinal toutes les nouvelles formations qui furent ultérieurement réunies

LA GUERRE DE 4870-4874. 19

au camp de Ghâlons. Si Foii considère que, le 20 août, 140,000 hommes étaient concentrés en ce dernier point/ et si Ton y ajoute les 180,000 hommes dont disposait le maréchal Bazaine ; si, d'autre part, on évalue le temps nécessaire aux trois armées allemandes pour exécuter leur conversion vers le Sud, il semble incontestable que TËmpereur aurait pu rassembler, pour une nou-* velle bataille, 320,000 hommes sur la Meurthe ou sur la Moselle. La disproportion numérique eût été sensible encore, eu égard surtout au matériel d'artillerie supé- rieur dont disposaient les Allemands, mais les. condi- tions stratégiques étaient des plus favorables et permet- taient d'espérer en la victoire.

Dans la journée du 7 août, les divers corps de Tarmée du Rhin exécutent en général des mouvements rétro- grades et se disposent à entamer la retraite qui leur a été prescrite, soit sur Metz, soit sur Chàlons.

I. Armée d'Alsace.

!•' corps. Toutes les troupes de l'armée d'Alsace qui avaient pris, après la bataille de Frœschwiller, la route de Saverne (1), arrivèrent dans cette ville dans la

(1) Oa sait que des groupes plus ou moins nombreux, appartenant surtout aux i8«, 96«, 78« de ligne, au i«' tirailleurs, au !?• bataillon de chasseurs, s'étaient engagés sur la route de Niederbronn à Bitehe, ainsi que la brigade Àbbatucci, de la division de Lespart, du 5** corps. Le général Duerot s'était jeté, par Zinswiller, à 'travers bois, aveo un bataillon du 18' et 15<)0 hommes de différents corps, et était arrivé le 6 août, vers 6 heures du soir, au fort de Lichtenberg, d*où il s'était dirigé, le 7 au matin, sur Phalsbourg et Sarrebourg.

Quelques centaines d'isolés de la division de Lartigue avaient fait

0 LA aUBRRE DE 1870*4871 .

matinée du 7, après avoir marché toute la nuit, et se rallièrent sur les emplacements désignés pour chaque division, La brigade de Fontanges, de la division de Lespart du corps, qui leur avait servi d'arrière- garde, n atteignit Saverne qu'à 10 heures du matin.

Les divisions d'infanterie établirent leurs bivouacs à rOuest de la ville, de part et d'autre de la route de Phalsbourg; la division Conseil-Dumesnil, la réserve d'artillerie et les et brigades de la division de cavalerie Duhesme continuèrent jusqu'à Phalsbourg; la brigade de Septeuil et la division de cuirassiers de Bonnemains restèrent à l'Est de Saverne.

La journée du 7 fut employée à rallier les isolés, à reconstituer les compagnies et les régiments, à prendre un repos dont les soldats avaient le plus grand besoin. La plupart d'entre eux avaient perdu leurs sacs et en même temps les ustensiles nécessaires pour préparer leurs repas. Les vivres arrivèrent dans l'après-midi de Sarrebourg (i), de Luné ville (2) et de Nancy (3) et la générosité des habitants de Saverne fournit un supplément de ressources.

leur retraite, par Gundershoffen et Haguenau, sur Strasbourg. Ëafin, une quantité d*isolés s*étaient échappés Ters TOuest par divers chemins forestiers.

(1) Par télégramme du 7 août, 7 h. 45 du matin, le Ministre de la guerre invitait le sous-préfet de Sarrebourg à réunir, dans la journée, tout ce qu'il pourrait de pain, de lard, de bestiaux, et «\ envoyer ces approvisionnements au maréchal de Mac-Mahon, à Saverne, en comp- tant sur 40,0000 hommes à nourrir.

(2) Par télégramme du 7 août, 8 heures du matin, le Ministre de la guerre prescrivait au sous-inteodant militaire à Lunéville d'envoyer, dans la journée, et d'urgence, au maréchal de Mac-Mahon, k Saverne, ce qu'il pourrait réunir en pain, lard, sucre et café. Il lui donnait également des ordres pour compléter les approvisionnements de siège de Phalsbourg, pçur 3,000 hommes, pendant quatre mois.

(3) Par télégramme du 7 août, 8 h. 40, le Ministre de la guerre

LA GUERRE DE 1870-4874, 21

« Les troupes étaient dans de mauvaises conditious, dit le maréchal de Mac-Mahon, pour soutenir immé- diatement la lutte contre des troupes victorieuses. Je résolus d'abandonner la défense des Vosges et de rega- gner le camp de Chàlons je pourrais me réorga- niser, recevoir les réservistes qui ne m'avaient pas encore rejoint, et me pourvoir des effets qui me man- queraient (1). »

Cette solution était-elle la plus avantageuse ? N'eût-il pas été préférable, peut-être, de se replier vers le Sud sur Molsheim et Strasbourg, le corps couvrant la retraite sur la Zorn et le canal de la Marne au Rhin, tandis que le reste du 7* corps serait venu, par voie ferrée, rejoindre le Maréchal? On eût protégé ainsi indi- rectement la route de Paris ; tout au moins la IIP armée eùt-elle été obligée, pour la suivre, de masquer l'armée d'Alsace, au moyen d'un détachement important. Mais l'Empereur approuva le projet du Maréchal, qui concor- dait avec la détermination qu'il avait prise lui-même, dans la matinée du 7, de porter toutes les troupes de l'armée du Rhin sur le camp de Gh&lons (2). A 1 h. 10

donnait au sous-intendant militaire de Nancy, Tordre d'expédier dans la journée, au 1*' corps, à SaTerne, i2 quintaux de sucre, 10 quintaux de café, 30 quintaux de riz. Ce même fonctionnaire était chargé de porter rapprovisionnement de Marsal à 1000 quintaux de farine au minimum et de constituer, dans cette place, TapproTisionnement de combustible pour 3,000 hommes, pendant deux mois.

(1) Souvenirs inédits du maréchal de Mac-Mahon, 7 août.

Le Maréchal demanda au Ministre l'envoi de 1000 marmites, 60,000 paires de gouliers, 30,000 havresacs, 30,000 tentes-abri, 30,000 paires de guêtres de toile, 30,000 chemises, 8,000 pantalons pour zouaves et tirailleurs.

(2) On a TU précédemment que Tordre en fut apporté au Maréchal, à Saveme, par le général de Waubert de Genlis, aide de camp de TEmpereur.

Quand, dans la soirée, le grand quartier général français renonça au

29 LA OUERRIS DB 4870-4874.

du soir, le Maréchal lui &i connaître, par dépêche télé- graphique, que Fennemi avait oesàé toute poursuite depuis la veille, 8 heures du soir, et qiie ce fait pouvait faire croire qu'une partie des troupes prussiennes, enga- gées contre le 1" corps, le 6 août, avait été dirigée par voie ferrée sur d'autres points.

Le général Soleille avait pensé très judicieusement que la retraite du i^^ corps ne s'effectuerait pas sans corn** bats d'arrière-garde contre les têtes de colonne de Tarmée ennemie. Aussi, avait-il pris l'initiative de diriger sUr le 1®' corps, par voie ferrée, toute la partie du grand parc de campagne qui se trouvait en voie de formation à Metz (1); il demandait en même temps au général For- geot, commandant l'artillerie du 1*' corps, de lui four- nir, par télégramme, l'indication de ce qui lui était nécessaire pour ravitailler complètement en munitions l'armée d'Alsace. Le convoi de munitions, formant un train spécial, partit de Metz le 7 au soir ; la partie sur roues fut débarquée à Blainville (3) le 8 au matin, et dirigée sur Dombasle au moyen d'attelages venus d'Au- xonue (3); les munitions en caisses blanches arrivèrent à Sarrebourg le même jour, à 11 heures du soir (4).

projet de retraite sur le camp de Ghâlons et adopta la coaoenfcratiou à Metz, une dépêche fut envoyée (9 heures) par le Miijor général au maré- chal de Mao-Mahon et au général de Failly, k l'effet de maintenir les ordres de retraite sur le camp de Ghâlons, qu'ils avaient déjà reçus.

(1} L'envoi eonsistait dans le chargement de i2 caissons de ii, 53 caissons de é, et de 691,200 cartouches modèle 1866.

(2) Le maréchal de Mac-Mahon avait itidiqué Lunéville pour le débar- qbemetit de la partie sur roues; mais, de son c^té, le grand quartier général avait prescrit d'évacuer cette ville et de tout faire refluer sur Nancy. Le capitaine Anfrye, de l'état-major du général Soleille^ prît sur lui de faire débarquer la partie sur roues à Blainville.

(3) Envoyés au 1°' corps par les soins du Ministre de la guerre.

(4) Le général Soleille écrivait déjà, le 7, au général directeur de l'artillerie à Paris, de reconstituer à Chàlons la portion du grand parc de campagne formée à Meti et envoyée au 1*' corps;

LA OÛfeRRB DR 4870-4871. S

Les troupes de Tarmée d'Alsace ne purent consacrer toute la journée du 7 au repos. Vers 4 h*. 30 de Taprès- midi, deux escadrons du 11® chasseurs, envoyés en re- counalssaiice vers lugwiller, signalèrent rapproche ^ pai* Steinbourg, d'une nombreuse cavalerie ennemie, accom- pagnée d'artillerie. D'autre part, un grand nuage de poussiète semblait indiquer que des troupes nombreuses se dirigeaient vers l'Ouest, par les montagnes (1). Le maréchal de Mac-^Mahon, estimant que les troupes du l*' corps ne pourraient tenir à Saveme et redoutant d'être attaqué sur son flanc droit pendq.nt la marche ultérieure, donna Tordre de continuer le soir même la retraite sur Sârrebourg. Toute Tinfanterie du 1®' corps devait suivre la voie ferrée, tandis que l'artillerie et les bagages prendraient la route de Phalsbourg, couverts par la Lrigade de Fontanges et par la brigade cava- lerie de Septeuil, formant arrière-garde. Les têtes de colonne se mirent en marche à 5 h. 1/2 du soir, mais la division du l®*" corps, « trompée par une fausse indication d'un officier d'état-major, » prit la direction de Phalsbourg (2).

(1) Sùitvenirs inédite du maréchal de Mac-Mahon,

(2) Le maréchal de Mac-Mahon effectua sa retraite de Saveme sur

Sarrebourg sans mettre la voie ferrée de Strasbourg à Paris hors de

service, par la destruction d'un des tunnels qu'elle traverse. D*apfès le commandant de Ghalus, « le général Le Brettevillois, commandant le

génie du i®' corps, proposa au Maréchal de faire sauter les tunnels du chemin de fer entre Saverne et Sarrebourg. Les fourneaux de mine nécessaires étaient prêts depuis longtemps. Le Maréchal ne voulut pas qu'il fût procédé à cette destruction^ en vue de retours offensifs, dont rélat actuel des circonstances ne lui enlevait pas encore Tespoir. Quel- ques jours plus tard, le Ministre de la guerre ordonna de faire sauter

les tunnels; mais la chose n'était plus possible » (Wissemhourg ,

Frmichwiller^ page 465, Paris, Dumaine, 1882).

Sur la proposition de la Compagnie des chemins de fer de TEst (18 juillet 1870), des fourneaux de mine avaient été préparés, en effet, dans les tunnels et dans les grandes tranchées que le chemin de fer de

I

34 LA GUEREB DB 1870-4874.

5* cprps. Parti de Bitche le 6 août, à 9 heures du soir, le corps (moins la division Guyot de Lespart et la brigade mixte Lapasset) avait pris l'itinéraire : Lemberg, Gœtzenbruck, Wimmenau, le Moosthal, Erckartswiller, et, après une marche de nuit, avait atteint La Petite- Pierre le 7, la tète de colonne à 9 heures du matin, les derniers éléments vers 3 heures de l'après-midi (1). Les bivouacs furent établis au Nord du fort. Le général de Failly, ce reconnaissant l'impossibilité d'y faire séjourner plus d'un jour Bes 20,000 hommes épuisés par une marche de nuit de 30 kilomètres en montagnes, donne Tordre qu'on partira le lendemain matin, à 4 heures, pour Phalsbourg (2) ». Un télégramme de l'Empereur lui prescrivait d'ailleurs de se replier sur Nancy et, d'autre part, le maréchal de Mac-Mahon l'avait informé, à 5 h. 50 du matin (3), de l'issue de la bataille de Frœschwiller et de la direction de sa retraite. Vers 7 h. 50 du soir, une dépêche du Major général lui apprenait que, par ordre de l'Empereur, le 5*^ corps devait se replier sur le camp de Chàlons (4). Un second télégramme du Major gé-

Strasbourg à Paris utilise pour la traversée des Vosges. c< Lorsque par- Tint à Paris la nouvelle de la perte de la bataille de Frœschwiller, on ne comprit pas la gravité de cet échec; on supposa que les corps d^armée de Mac-Mahon et de Failly se reformeraient sur le versant orien- tal des Vosges et on ne donna aucun ordre relatir aux souterrains

du chemin de fer. Les représentants locaux de Tautorité militaire n'osèrent rien prendre sur eux, et deux ou trois jours furent ainsi perdus. Lorsqu'enfîn on se décida, à Paris, à donner des ordres de

destruction des ouvrages, il était trop tard »> (Jacqmin. Les

chemins de fer pendant la guerre de 1870-1871, page 316, Paris, Hachette, 1872).

(1) L'allongement de la colonne avait été considérable sur les che- mins étroits et accidentés qu'elle avait suivis.

(2) Journal de marche du 5" corps.

(3) Le télégramme ne parvint au général de Failly que dans l'après- midi. Le maréchal de Mac-Mahon l'avait adressé h Bitche.

(4) Une première dépêche, prescrivant la retraite sur le camp do Gbillons n'était pas parvenue au général de Failly.

LA. GUERRE DE 1870-1874. 25

néral, arrivé peu après, faisait connaître au général de Failly que l'Empereur réunissait l'armée sous les ordres du maréchal de Mac-Mahon « en arrière de la Marne ».

Dans la soirée du 6, la brigade Âbbatucci, de la divi- sion de Lespart, se repliant de Niederbronn' sur Bitche, avait reçu l'ordre de gagner d'abord Lemberg en pas- sant par Mouterhausen, puis de se diriger sur Phals- bourg. Elle atteignit cette place le 7 au soir, par des chemins forestiers, après avoir effectué ainsi une marche de 100 kilomètres en 36 heures.

7* corps. Le général Douay, commandant le corps, avait appris à Mulhouse, dans la nuit du 6 au 7 août, la défaite du 1®' corps. Le 7, à 5 h. 30 du matin, l'Empe- reur lui adressa une dépèche ainsi conçue :

a Si vous le pouvez, envoyez une division à Strasbourg pour défendre la place. Gardez les autres à Belfort. »

L'Empereur ignorait donc que la division Conseil- Dumesnil avait été envoyée, le S août, au maréchal de Mac-Mahon et que la division Dumont était encore en formation à Lyon. Le général Douay devait-il diriger la division Ldébert sur Strasbourg, conformément à l'ordre de l'Empereur? Le mouvement lui parut sans doute hasardé et il prit la résolution de se replier de Mulhouse sur Belfort (1). La marche devait être exécutée sur deux colonnes : le lanciers, la !'• brigade de la division Liébert et l'artillerie divisionnaire suivant la route de Brunstatt, Illfurth, Altkirch; le 4^ lanciers, la bri- gade, la réserve d'artillerie, les bagages prenant Titiné-

(i) « Quant à nous, nous n'avions pas à hésiter : rentrer immédia- tement à Belfort avec notre unique division, et y prendre toutes les dispositions de défense que la situation commandait, tel était le plan qui s'imposait. On l'exéeuta sans retard. » (Prince Bibesco. Belfort, Reims j Sedan, Le cbrps de Vannée du Wiin, page 28).

36 LA OUBRRE DB 4870-4874.

raire Modenheim, Dannemarie. Mais, (( par suite d'er- reurs dans la mise en marche des diverses colonnes », toutes les troupes vinrent s'accumuler sur la route d'Altkirch (1) et campèrent : la brigade, Tartillerie divisionnaire et de réserve, près de cette localité ; la ^re brigade À Dannemarie. Une reconnaissance avait eu lieu^ pendant ce temps, sur Bartenheim et Huningue, exécutée par le régiment de hussards, sous la direc- tion du général Cambriel. Il lui était prescrit de rallier le V corps, le lendemain, 8 août.

Le général Douay avait pris les devants pour étudier, à Altkirch, les dispositions à prendre dans le cas l'ennemi aurait franchi le Rhin à Ûuningue et marcherait sur Belfort. Une alerte, déterminée par cette nouvelle, non fondée d'ailleurs, se produisit vers 9 h. 30 du soir ; les troupes prirent leurs positions de combat.

II. Armôe Lorraine.

corps. "- Parti de Sarreguemines dans la matinée du 7, le corps s'était dirigé sur Puttelatige (2) il établit seâ bivouacs entre i 1 heures du matin et 4 heures de Taprès-midi. La brigade mixte Lapasset, du corps, avait suivi le mouvement du 2®, et lui avait servi d'arrière-garde, jusqu'à Ernestwiller elle avait pris

(1) (t Les ordi*e$ de marche, doniiéB avec tfop de pféoIpitatîoD, furent mal exécutée : les troupes se trouvèrent toutes massées près du pont du canal, n'ayant d*autre débouché qu'un passage de cinq mètres. En vain le général Renson, chef de Tétat-major général, se porta de sa personne au point de départ, faisant des efforts inouïs pour débrouiller ce chaos. Les régiments se confondirent dans les routes qu'ils devaient suivre; le défilé d'une seule division dura trois heures » {His- toire de Varmée de Châlons, par un volontaire de Taritiée du Rhin, page 37).

(2) Les divisions se succédant dans l'ordfe : l^**^, 3*, 2*.

LA OUBRRB DH 4870-4874. 27

position. La division Montaudon, du corps, de trouvait déjà installée à Puttelange, depuis 10 heures du matin, et la division Metman vint y camper également dan§ la journée (1). Le général Frossard expédia, dès son arrivée, la dépêche suivante au maréchal Bazaine :

(c Je suis à Puttelange ; tout le corps va y être réuni dans quelques heures; il y arrive par fractions. Toute mon artillerie et ma cavalerie y sont déjà. Je vais grouper et remettre en ordre les divisions. Je trouve la division Montaudon établie ici ; elle y augmentera Tencombrement. Ne croirez-vous pas préférable de la porter en avant?

« Si j'avais eu votre soutien deux ou trois heures plus tôt« je n'aurais pas quitté Forbach; j'ai été tourné par Wehrden. »

Dans la soirée^ le général Frossard fut informé par le capitaine Vosseur, de l'état-major général, du projet de l'Empereur relatif à la retraite de l'armée de Lorraine sur Chàlons, après un premier ralliement sous Metz. Le Major général demandait en même temps au comman- dant du corps de lui indiquer « approximativement la direction qu'il se proposait de suivre » , et le maréchal Bazaine, l'avisant de la marche sur Metz des et 4^ corps, sans spécifier d'ailleurs leurs itinéraires, lui posait une question analogue. Ce mouvement d'en- semble eût être réglé, soit par le maréchal Bazaine, commandant supérieur des trois corps d'armée, soit, à son défaut, par le grand quartier général. Le général Frossard répondit qu'il commencerait également, le lendemain 8 août, sa marche sur Metz, par la route dite de Nancy à Sarregtiemines et qu'il transférerait,

(1) Voir, pour ces deux diTisîons, le paragraphe : 3' corps, pages 29 et 30.

28

LA GUBRRE DE 1870-1874.

à cette date, son quartier général à Gros-Tenquin (1). L'ordre de mouvement du corps, pour la journée du 8 août, est résumé dans le tableau ci-après :

UNITÉS

DANS L'OBDAt DC MABCHB.

HEURES

BB niPkMT

de PuU«lange.

POWT

DB STATIOMMBHBMT.

Artillerie de réserve

maUn.

3 h. 00

3 b. 30

4 b. 00

4 h. 30

5 h. 00

6 h. 00

Altroff.

Gros-Tenqnin.

Leinstrofr.

Erstroff.

Altroff.

A rOuest d'Hellimer.

division

'.

Division de cavalerie

Brigade Lapasset (arriëre-^arde)

L'artillerie de réserve, les divisions et la brigade Lapasset devaient se faire précéder chacune de leurs bagages, les voitures en formation doublée ; marcher « militairement » ; s'établir au campement « suivant toutes les règles en se gardant et s' éclairant du côté Tennemi peut venir ». Cet ordre de mouvement appelle quelques commentaires. Il eût été judicieux : de grouper tous les bagages en une colonne séparée qui aurait pris les devants, sous escortes ; d'échelonner plus largement les heures de départ; d'intercaler Tartillerie de réserve dans la division (de Laveaucoupet) et de placer la division de cavalerie à Textrème arrière-garde, avec un

(1) Le maréchal Bazaine approuva ces dispositions.

Le maréchal Bazaine au général Frossard,

Saint- Avold, 7 aoAt.

J'approuTe parfaitement la route que tous voulez suivre et, dès demain matin, je me mets en route pour satisfaire aux instructions de Sa Majesté.

J'aurai mon quartier général demain soir à Faulquemont.

LA GUBRRE'DE 4870-4874. 29

escadron sur chacun des flancs de la colonne ; de prévoir, en raison de la marche du 9, le stationnement en pro- fondeur; de ne pas laisser le hivouac de l'artillerie de réserve sans autre protection que des troupes à cheval ; de prescrire, enfin, à la brigade Lapasset d'établir des avant-postes bordant le ruisseau de Zellen(l).

3^ corps. La division Montaudon, qui était restée jusqu'à 1 h. 30 du matin sur les hauteurs au Sud-Est de Boasbach, se replia ensuite sur Woustwiller pour appuyer la gauche du corps (2) puis sur Puttelange elle établit ses bivouacs à 10 heures du matin (3).

La division Castagny, qui avait quitté sa position de Foickling à 1 h. 30 du matin, était revenue à son camp de la veille, à Puttelange, à 4 heures. L'intention du général était de se mettre en route à 9 heures sur Sarre- guemines, il avait appris que se dirigeait le corps ; maiS) sur l'ordre du maréchal Bazaine, il se porta, à

(1) Le directeur du parc du 2*^ corps, qui se trouvait à Lunéville, aTut rendu compte au général commandant rartillerie de ce corps d'armée de Févacuation de Lunéville par les divisions de la réserve de caralerie. Il demandait en même temps des instructions. Aucune réponse ne lui étant parvenue, il s'adressa, le 7 août, à 4 heures du âoir, au général Soleille. Celui-ci lui prescrivit de diriger sur Metz tout le r«<te du parc du 2** corps (parties attelée et non attelée). Cette mesure n^était pas opportune à la suite d'une journée de combat. Il eût été préférable d'envoyer au 2* corps toute la partie attelée, de façon à commencer le ravitaillement, que Ton aurait complété ultérieurement, par des apports de la voie ferrée de Metz à Saint- Avold.

(2) Rapport du général Montaudon sur la journée du 6 août.

(3) Le maréchal Bnzaine avait chargé le général de Castagnj de prévenir la division Montaudon de prendre position à Guebenhausen, jusqu'à l'arrivée d'une division du 2* corps. Il ne semble pas que cette communication soit parvenue à temps à la 1''*' division du corps, car, ni le Journal de marche, ni les Souvenirs du général Montaudon oVn font mention. Une dépêche du général de Castagny au maréchal Baxaine (3 h. 30 du matin) mentionne cependant que la division Mon-« laudon *< est en position à Guebenhausen ».

âÔ LA QUBBRB DB 4870*4874.

8 heures, sur Marienthal la divieion a prit une poBi- tion défensive » (i) puis sur le plateau de Guenwiller elle établit son camp, à 5 h. 30 du soir.

La division de cavalerie de Forton prit également « position» à Marienthal et revint, le soir, à son bivouac de Folschwiller.

La division Hetman, partie d'Œting é 4 heures du matin, s'était portée, par des chemins de traverse, sur Puttelange, elle était arrivée vers midi.

La division Deoaen resta sur ses positions de la veille à Saint- Avold ; il en fut de même de la division de cava- lerie de Clérembault (2) et des réserves d'artillerie et du génie. La brigade de dragons de Juniac (3), partie de Morsbach à 1 heure du matin, était arrivée à Putte- lange à 5 heures, et forma son camp près de cette localité.

Le maréchal Bazaine, après son entretien, i Saint- Avold, avec le Major général, écrivit de sa main ses instructions pour la marche en retraite sur Metz. Elles sont résumées dans le tableau ci-après :

(i) Âiosi s'exprime le Journal de marche de la diviiion Castagny, sans donner les raisons de ce mouvement et sans indiquer dans quelle direction les troupes firent faoe.

(2) Le Jouri^al de marche de cette dÏTision ne mentionne l'envoi d'aucune reconnaissance sur Forbaoh dans la journée du 7. Le maré- chal Bazaine, en sa qualité de commandant supérieur des â<>, et corps, avait pourtant le plus grand intérêt à être renseigné sur les mouvements des troupes ennemies qui avaient combattu à Forbach la veille.

(3) de la division de cavalerie de Clérembault.

LA, GUERRE DE 4870-4874.

34

WnTÉB

POIHT SB sirABT.

HBVRBB

9M D<VAKT.

ITllfKRAIRB.

STÂTIOMlfB- MMT.

OBSERVA-

Ti(urs.

Gplonne du Nord.

Garde

DimioB Gatbi- gDydaS'eorps.

BèieriM d'aitil- lerieetdngâiiie.

IMrifioa Grenier (1) du oorp».

OifiMO Deèaan da 4* corps.

UnsioQ de cara- iMMda^eorps aTee ene batte- à clieTal.

I^Mfieo Ifetiiuui do corps.

Diiision Monlaa- daBda3*eorps.

toQgeville - les-8t-Afold

OuènvUler

SV-A?old....

Id.

Il*

Id.

3hearesdu matin.

4 hennés do matin.

5 henres do matin.

Noofliée..

Id.

Marange, Bionrille, Goorcelles - Ghausty.

Id.

Id.

Id.

Id.

Rive gaoQhe de la Nied française.

DionTille (r. g. de la Nied allemande).

Non filé.

Id

Id.

Le 8 à Metz.

Arrière-garde

Extrême ar- rière-garde.

Golonpe du Sud.

Pnttelange . . Id

3 henres du malin.

4 henres dn matin.

Barst, f aul- qnemont.

Id.

panlquemont

Id.

I {1) UwU*

awmeDtaii^m«Bt au t* corps par ordn do Major fénéral. (Voir plu loin

Les instructions recommandaient aux troupes de marcher autant que possible par demi-peloton, « pour faciliter les & droite et à gauche en bataille » ; les voitures sur deux files.

« On devra bien se faire éclairer, écrivait le maréchal Bazaine, se flanquer, fouiller la lisière des bois ; quand ce sera nécessaire, prendre position ; puis, dans le cas dune attaque face à droite, la colonne de la route impériale (ou colonne de droite) se formera rapidement à droite en bataille, faisant occuper les positions mili- taires en avant de son front, etc ; la deuxième

colonne (celle de gauche), se portant par des chemins

32 LA GUERRE DE 4870-1871.

latéraux derrière la première, afin de former une deuxième ligne. )> Si l'attaque venait de gauche, on y ferait face par un procédé analogue. Il était recom- mandé enfin, à la cavalerie légère attachée aux divisions de se tenir, au loin, sur le flanc extérieur des colonnes. Les instructions du maréchal Bazaine appellent quel- ques commentaires. Elles accumulaient cinq divisions d'infanterie, deux divisions de cavalerie, les réserves d'artillerie et du génie du corps sur la route de Sarrebrûck à Metz et n'utilis,aient l'itinéraire Putté- lange, Barst, Faulquemont que pour deux divisions, sans prescrire d'ailleurs aucune mesure pour la liaison des colonnes. Elles ne prévoyaient pas le stationnement en profondeur à Fissue de la marche du 8 août et plaçaient, de ce fait, les unités dans des conditions défectueuses pour la marche du 9(1). La distance que devait garder la division Decaen, arrière-garde de la colonne du Nord, restait indéterminée. La réserve d'artillerie du corps avait sa place désignée avec cette division, tout au moins avec la division Grenier ; de même, la division de cava- lerie de la Garde, au lieu de marcher presque entête de colonne, devait logiquement être réunie à la division de cavalerie du corps. L'heure de départ de la divi- sion Grenier était erronée, caria division Castagny, partie de Guenwiller à 4 heures, ne pouvait atteindre Saint- Avold que vers 6 heures et, comme elle devait précéder la division Grenier, il était impossible que celle-ci se mit en marche à 5 heures.

(1) L'ordre de mouvement adressé à la 3*^ division semble avoir pres- senti les inconvéDients du stationnement groupé. Il prescrit en effet à la division Metman de venir s'établir, le 7 août dans la soirée, « entre Puttelange et Barst, afin de précéder demain la division Montaudon dans la marche sur Faulquemont ». Mais il n'en laissait pas moins sub- sister le stationnement, pour le 8, des deux divisions groupées à Faul- quemont.

LA. GUBBRB DB 1870-1871. 33

La place, dans la colonne du Nord, du quartier général du corps n'est pas indiquée, pas plus que son empla- cement dans la soirée du 8 août (1). Le mouvement des convois n'est pas prévu ; celui du parc d'artillerie fut réglé, d'une façon peu précise, par un ordre ultérieur prescrivant à cet élément de «continuer la route de Faulquemont jusqu'à Pange en passant par Mainvillers et prenant, à partir de là, Tancien chemin des Romains » pour «'établir à Pange, sur la rive gauche de la Nied française.

Â9h. 5S du soir, le Major général adressa au maréchal Bazaine un télégramme il le prévenait que, d'après quelques renseignements qui lui étaient parvenus, une attaque était possible pour la journée du 8. D'autre part, le capitaine Delauzon, du régiment de chasseurs, envoyé en reconnaissance sur la route de Saint-Avold, rendait compte d'informations inexactes qu'il avait recueillies et dont il résultait qu'un corps prussien se trouvait à Théding.

4* corps. Conformément à Tordre télégraphique qu'il avait reçu directement de l'Empereur, vers 5 h. 30 du matin (2), le corps, au lieu de se porter sur Saint- Âvold, prend sa direction générale au Sud-Ouest, ver^ Metz. La division, seule, se porte de Boucheporn sur Saint-Avold, où, par ordre du Major général, présent sur les lieux, elle est rattachée provisoirement au corps, jusqu'à la concentration sous Metz (3). Le maréchal

(1) Une lettre du maréchal Bazaine au Major général (9 h. 35 soir), apprend que le quartier général du corps devait être transféré à Faulqaemont.

(2) L'heure d'arrivée de Tordre ne peut être fixée exactement. On sait seulement que le général de Ladmirault en accuse réception au Major général, à 5 h. 46 du matin.

(3) Dans un télégramme à TEmpereur (Saint-Avold, 9 h. 30 du

fttckiile. 3

3^ LA aUBRRB DE 1870-1871.

fiazaine lui fait prendre immédiatement une position défensive sur les hauteurs dominant le village de Petit- Eberswiller.

La i division se porte de Teterchen sur Boulay pai* Valmunster, Bettange et Éblange a pour ne pas encom- brer la route que doit suivre la division» (1). Celle-ci partant de Coume à midi, se porte sur Helstroff. Il eût été facile, semble-t-il, d'éviter à la division le détour par Valmunster ; il suffisait de lui prescrire de rompre de Teterchen à 8 heures du matin (2), sans rien changer à l'heure de départ réelle de la division.

Les réserves d'artillerie et du génie et la division de cavalerie Legrand restent à Boulay ; le grand convoi du quartier général est envoyé à Noisseville.

On ne s'explique pas bien les faibles étapes par- courues,, le 7, par les i^® et divisions du corps. L'ordre de TEmpereur était « se rabattre rapidement sur Metz )> et, néanmoins, le général de Ladmirault estimait, dans une dépêche au Major général (5 h. 46 du matin), qu'il arriverait à Metz en trois jours, au lieu de deux qui suffisaient largement. Peut-être ne voulut-il pas accélérer le mouvement, conformément aux instructions du maréchal Bazaine, pour continuer à couvrir Tarmée contre un débouché éventuel de l'ennemi par Sarrelouis.. Quoi qu'il en soit, cette considération cessa vraisem- blablement d'être valable dans la soirée, car les troupes du 4^ corps se portèrent, dans la nuit du 7 au 8 août, de Boulay sur les Etangs el Pont-à-Chaussy (3). Ce surcroit

matin), le Major général rendait compte de la décision qu'il avait prise. Il considérait la division Grenier comme indispensable au mouvement du corps, u réduit à trois régiments présents pour le moment ».

(1) Journal de marche du corps.

(2) En tenant compte du temps nécessaire (1 h, 30) à la transmission du contre-ordre, de Boulay à Teterchen, et en évaluant à une heure le temps nécessaire à la l»"* division ponr se mettre en marche.

(3) Voir, pour le détail de cette marche, la journée du 8 août.

LA 0UBBRB DE 4870^871. 35

de fatigue aurait pu leur être épargné en exécutant dans la journée une marche normale, la distance de Teterchen aux Etangs n'étant pas supérieure à 22 kilo- mètres.

Gatde, Le mouvement de la garde de Courcelles- Chaussy sur Saint-Avold s'était efifectué de la manière suivante :

La division de cavalerie qui, dans la soirée du 6 août, était allée stationner à Marange, en part le 7, à 3 heures du matin, établit un nouveau bivouac à Zimming, après une marche de 4 kilomètres environ, laisse passer devant elle les deux divisions d'infanterie, puis se remet en mouvement, vers midi, sur Longeville. Les documents ne permettent pas de se rendre compte des motifs qui ont conduit à cette manière d'opérer irrationnelle.

La division Deligny, suivie de la réserve d'artillerie, part de Courcelles à 4 h. 30 du matin ; la division Picard à 6 h. 30; la colonne, dite du quartier-général (1), à 8 h. 30. Les bivouacs des trois divisions sont établis entre H heures et 3 heures de l'après-midi à l'Ouest de Longeville-les-Saint-Avold.

Les ordres donnés à la garde pour le 8, conformément aux instructions du maréchal Bazaine, prescrivaient :

A la division cavalerie de se mettre en route à 3 heures du matin et de se diriger par Marange et Fouligny sur Courcelles-Chaussy. Le régiment de chas- seurs devait être détaché à la division de voltigeurs pour la flanquer sur la droite et faire l'extrême arrière- garde (2) ;

(1) Parcs d'artillerie et du génie, bagages du quartier général, convoi de l'administration,' escortés par deux bataillons du 3<^ grenadiers et placés sous les ordres du géùéral M Arros, commandant l'artillerie de la Garde.

(2) On observera que c'était une mesure bien inutile, la Garde étant suivie d'autres troupes d'infanterie.

3e Ul aUERRB DE 1870-4874.

Aux divisions Picard et Deligny, celle-ci suivie de rartillerie de réserve, de rompre respectivement à 3 h. 4r> et 4 h. 30 du matin et de prendre le même iti- néraire, en marchant a par section à distance entière, de manière à pouvoir s'établir en bataille le cas échéant (1). » En cas d'attaque, chaque général de division devait faire sortir un régiment entier de sa colonne et le placer a en arrière de sa ligne de bataille, de manière à former une deuxième ligne qui servira de réserve..» Aussitôt que possible, on gagnerait un point favorable pour livrer le combat qui s'offrirait... Le général Desvaux se porterait tout de suite sur un terrain propre à la charge et en échelons derrière l'infanterie qui se serait formée en bataille (2) ».

Ces prescriptions, conséquence des instructions da maréchal Bazaine, montrent, une fois de plus, ce qu'étaient, en matière de tactique, les errements alors en vigueur dans l'armée française.

Le parc d'artillerie, le train des équipages, toutes les voitures de réquisition, les voitures de bagages régi- mentaires furent renvoyés, dans la journée même, sur Pange par Fouligny, sous les ordres du colonel de Vassoigne, directeur du parc.

Les marches et contremarches de^ la Garde, dans les journées des 4, 3, 6, 7 août, peuvent être considérées comme un exemple caractéristique de l'absence de tout plan méthodique au grand quartier général de l'armée du Rhin. Le 4 août, elle se porte de Metz à Volmerange; le 5, après un premier ordre de rétrograder sur Metz, elle est dirigée sur Courcelles-Chaussy ; le 6, elle est

(1) Ordre de mouvement de la Garde pour le 8 août. C'est cette préoccupatioQ de pouvoir se former en bataille rapidement, le cns échéant, qui semble avoir été primordiale; celle de diminuer la longueur de la colonne ne venant sans doute qu'en seconde ligne.

(2) Ordre de mouvement pour le 8 août.

LA. GUERRE DE 4870-4874. 37

appelée à Saînt-Avold, pour être renvoyée à Metz à peine arrivée. Ces mouvements, mal préparés et dont l'opportunité n apparaît pas toujours clairement, ' s'exé- cutaient au prix de fatigues et de privations sérieuses et étaient faits pour démoraliser toute troupe moins bien trempée que ne Tétait ce corps d'élite (1).

III. Renseignements et Opérations de la cavalerie.

Les documents ne contiennent pas, pour la journée du 7 août, de bulletin de renseignements du grand quartier général français. De fait, les informations reçues sont peu nombreuses. «L'ennemi, écrit le Major général au maréchal Bazaine, parait se concentrer en attendant des renforts qui sont en marche » . D'après un journal alle- mand, reproduisant des rapports officiels, la bataille de Forbach aurait été livrée par les /5®, i4^ et 16^ divisions prussiennes, la 13^ ayant débouché par Vôlklingen et la vallée de la Rosselle.

Les nouvelles de la Haute-Alsace semblent prendre un caractère plus grave. De Saint-Louis, on signale l'arrivée, dans la soirée du 6, à Lôrrach, de nouvelles troupes allemandes en nombre inconnu ; de Bàle, on annonce que K toute la ligne des bords du Rhin est pleine de Wûrtembergeois et de Badois » ; un train, venant de Fribourg, aurait débarqué la veille 500 hommes à Rhein- weiler. « 80,000 à 100,000 hommes doivent entrer en France, on croit entre Mulhouse et Huningue », dit un rapport d'espion. D'autre part, le sous-préfet de Saverne transmet un télégramme du maire de Marckolsheim faisant connaître l'arrivée de troupes prussiennes au

(I) w Nous aTons mis 10 heures pour faire 26 kilomètres... » (4 août). « A 4 heures du soir, le 1<" grenadiers, qui attend depuis 3 heures du matin, s'ébranle et reprend la route de Metz... » (5 août). (Journal d*un lieutenant au i^' régiment de grenadiers de la Garde impériale.)

38 LA aUBRRB DB 1 870-1 87^

Sponeck ; d'après une autre dépèche du sous-préfet de Schlestadt, une armée, venant de Francfort, remonterait la nve droite du Rhin pour franchir le fleuve au Sponeck, à Rhinau, Schœnau, Ottenheim; enfin, dans la nuit du 7 au 8, 11 fait connaître au Major général que cette armée efifectue son passage à hauteur du Lîmbourg (1). Toutes ces nouvelles étaient inexactes.

Le maréchal de Moltke semble ne pas avoir été beau- coup mieux renseigné, dans la journée du 7 août, que le grand quartier général de Tarmée du Rhin. A 3 h. 30 du matin, il sait que la III* armée a remporté, le 6, une victoire sur le maréchal de Mac-Mahon a et une partie des corps Ganrobert et deFailly(2) », mais « les données les plus importantes manquent (3) ». Il ignore même a eu lieu la lutte et la direction dans laquelle s'est retiré Tennemi (4). Vers 8 h. 13 du matin, le maréchal de Moltke apprend que la bataille, livrée en Alsace pax le Prince royal, s'est déroulée à Wœrth, mais il peuse que <t Mac-Mahon s'est retiré sur Bitche il pourrait arriver aujourd'hui (5) ». Il en conclut que la cavalerie et l'aile gauche de la IP arçiée pourraient peut-être atteindre, le 8, le !•' corps français vers Rohrbach, dans le cas il se dirigerait sur Sarreguemines (6).

« Jusqu'ici, écrit-il à 9 h. 30 du matin, au général de Blumenthal, on n'a que des conjectures au sujet de l'emploi que l'adversaire compte faire de ses masses

(4) Au point même se trouYe actuellement le pont de bateaux qui réunit Marckolsheim à la riTe badoise.

(2) Correspondance militaire du marôchal de Moltke , tome I, 116. A.U commandant de la I'<^ armée.

(3) Ihid., 118. Au commandant de la 111® aripée. (i) Ibid,

(5) Ihid., no 117. Au commandant de la II« armée.

(6) Ibid., no 119. Au général-lieutenant de Blumenthal (chef d'état- raajor général de la 111° armée).

' LA aUBRRB DE 4870-4874. 39

principales Autant qu'on en peut juger , il me

semble que les P^ et IP armées doivent actuellement, non pas se porter vers la Moselle en avant de Metz, mais bien s'avancer d'abord dans la direction du Sud afin d'assurer la jonction avec votre armée. Toutefois, il faut encore être éclairé sur les dispositions prochaines de Tarmée principale française. Les troupes ennemies qui se trouvent à Haguenau sont peut-être destinées à la gar- nison de Strasbourg il n'y a presque que de la garde

mobile Le parc de siège est mobilisé aujourd'hui.

On peut, dès maintenant, envisager sérieusement le siège de Strasbourg (1) ».

' Le maréchal de Moltke estime que la résistance de l'adversaire en Alsace et à Forbach rend très vraisem- blable la présence de forces françaises importantes près de la Sarre (2), mais il attend avant d'envoyer a les directives pour le mouvement en avant ultérieur (3) » d'avoir reçu, par les soins de la cavalerie, « des indi- cations certaines sur l'attitude de l'ennemi (4) ». Les divisions de cette arme n'ayant pas encore constaté si les Français se sont repliés Forbach et Sarregue- mines sur Metz ou dans la direction du Sud (5), on se bornera, à la I'^* armée, à l'occupation des hauteurs de Spicheren, tandis que les corps de première ligne de la 11^ armée marqueront un temps d'arrêt.

(( L'on n'était pas encore complètement fixé sur la conduite de l'ennemi après les batailles de Wœrth et de Spicheren, et , par siiite, les décisions ulté- rieures se trouvaient ainsi subordonnées aux renseigne-

(1) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n* 449. Au général-lieutenant de Blumenthal. (â) Ibid., n^ 116. Au commandant de la l''^ armée.

(3) Ibid., 420. Ibid,

(4) Ibid,

(5) Ibid,, 121. Au commandant de la 11^ armée.

1

I

40 LA 0UERRS DE 4870-4871.

meots que fouroirait la cavalerie sur la situation de la principale armée française (1) ».

Le maréchal de Moltke ne veut donc point remettre les P* et II® armées en mouvement avant d'être renseigné par sa cavalerie, et cela au lendemain de deux victoires. La doctrine de l'offensive stratégique, ainsi subordonnée à l'exploration de la cavalerie et se traînant, pour ainsi dire, (( à la remorque des informations (2) n, ne laisse pas que d'être très contestable ; elle conduit un chef & faire reposer ses conceptions sur des données qui peuvent n'être plus exactes au moment elles lui par- viennent et à se régler exclusivement sur les mouve- ments de l'adversaire, au lieu de viser à lui imposer ses volontés.

« L'offensive s'exécute autrement que par l'exploration stratégique; elle relève d'un plan préconçu, fondé sur les possibilités et le caractère de l'adversaire ; elle exige un dispositif souple et susceptible de faire face dans toutes les directions. Son type nous paraîtra toujours le bataillon carré de la Grande Armée ; ses vues, celles qui portèrent d'un vol continu l'aigle impériale à Schleiz, à Géra, à Naumbourg, pour la rabattre sur léna (3) ».

Les opérations de la cavalerie allemande, dans la journée du 7 aoùt^ aussi bien en Alsace qu'en Lorraine, n'étaient pas faites, d'ailleurs, pour dissiper promp- tement les incertitudes du grand quartier général.

Dans la soirée du 6 août, le général de Steinmetz disposait sur le champ de bataille de Forbach, pour la

(4) Historique du Grand Etat-Major prussien^ livraison, page 403.

(2) G. G. Essais de critique militaire, page 177.

(3) Ibid,

LA aUBERE DB 4870-1874. 44

poursuite du 2* corps, du 19^ dragons, des //* et /7® hussards (5* division de cavalerie), du 6^ cuirassiers (tf^ division de cavalerie) , des et /5* hussards (1) et de trois escadrons du /!?• dragons (2). En outre, le reste de la i4^ brigade (3) (Grûter) (5® uhlans et trois esca- drons du /5®), toute la /5® brigade ^t les escadrons du 1S^ dragons et" du /5* uhlans détachés vers Sarregue- mines, n'étaient pas à plus de 15 kilomètres du champ de bataille, en mesure d'agir conti*e le flanc droit de l'adversaire. On a vu que la cavalerie allemande était restée à peu près inactive après la bataille (4),

Sur l'ordre du commandant de la IP armée, la 6^ divi- sion de cavalerie fut concentrée au sud de Sarrebrûck (5) avec mission de « conserver,. quoi qu'il arrive, le contact de l'ennemi et de pousser de l'avant le plus loin pos- sible (6) ». La brigade Grûter arriva sur le terrain de manœuvres le 7, à 4 heures du matin (7); la brigade Rauch, avec la batterie à cheval à 6 heures (8). Bien que le grand-duc de Mecklembourg (9) n'eût reçu aucune instruction du général de Steinmetz, il se décida, sur les instances de son officier d'état-major, le major de SchOnfels, à diriger sur Forbach, en reconnaissance,

(i) Affectés respectiTement aux i6* et i4^ divisions d'infanterie.

(2) Affecté à la 5^ division d'infanterie.

(3) 6* division de cavalerie.

(4) Voir 7<^ fascicule, pages 162 et suiv.

(5) La 6* division de cavalerie passait ainsi à l'aile droite et, par suite de ce mouvement, la séparation de la 5* division en deux colonnes ces- sait.

(6) Général de Pelet-Narbonne. La cavalerie des /'• et II* armées aliemandes dans les journées (fu 7 au 15 août 1870, page 33.

(7) Le quartier général de la brigade Grûter avait été, dans la nuit du 6 au 7, à Eschringen.

(8) Le quartier général de la brigade Rauch avait été, dans la nuit du 6 au 7, à Wittersheim.

(9) Commandant la 6* division de cavalerie.

42 LA OUERRB DE 1870-4871.

les 3^ et /5® uhlans, sous le commandement du général de Grttter, tandis que la /5® brigade et le 6^ cuirassiers resteraient en réserve.

« Cette mesure ne peut se comprendre. Les régiments de uhlans qui se portaient en avant n'avaient pas besoin de réserve, puisque les troupes de toutes armes, très nombreuses à l'Ouest de Forbacji, leur offraient un repli suffisant. La division devait agir concentrée (1). »

La direction donnée à la brigade, sur Forbach, vers une sorte de défilé étroitement resserré entre des hau- teurs boisées, n'était pas très heureusement choisie (2). Celle de Spicheren, Etzling, Behren eût été préférable à tous égards.

Le escadron du 3^ uhlans, formant avant-garde de la brigade Grûter, s'avança à travers un épais brouillard et fut accueilli à Forbach, à 6 heures, par le feu de sol- dats français isolés qui avaient passé la nuit à la gare (3). Mais, peu après (6 h. iS), Tavant-garde de la /5® division d'infanterie se déployait à l'ouest et au nord du bourg, elle pénétra, vers 6 h. 45, après un court engage- ment.

Les Français se replièrent, tandis que l'avant-garde de la /^^ division prenait position à l'Est, sur le Creutzberg, face à Sarreguemines ; le gros de la colonne s'avançait jusqu'à la gare.

La brigade Grûter, à part l'escadron d'avant-garde, était restée masquée derrière une ondulation de terrain, à l'Est de Forbach, elle n'entra qu'après l'occupation

(1) Général de Pclet-Narbonne. Loe, cit,, page 40.

(2) Le 8* régiment de hussards, affecté à la i5« division d'infanterie, devait avoir constaté qu'aucune colonne importante ne s'était retirée de Forbach sur Saint-Avold.

(3) Peut-être aussi par le feu de fractions prussiennes qui prirent, dans le brouillard, la cavalerie allemande pour de la cavalerie française. (Général de Bernhardi. MilÙâr-^Wochenblatt, n«« 71-72.)

LA OURRRB DB 4870-4871. 43

de cette localité par Tinfanterie de la /5® division (1). Elle avait été rejointe, entre temps, par le /5® hussards avec une batterie à cheval et par le /2® dragons qu'avaient envoyés, chacun pour son compte, en recon- naissance sur Forbach, le commandant du VIP corps et celui de la 5* division d'infanterie (2). D'autre part, le général de Grttter avait rendu compte au commandant de la division de la nécessité où, il se trouvait de s'artéter devant Forbach, occupé par Fennemi. Ce rapport fut transmis au général de Steinmetz qui le reçut vers 7 heures du matin et fit « inviter » le grande duc de Mecklembourg à « ne pas exciter l'ennemi, parce que la I'® armée ne comptait pas se porter en avant le 7 et qu'il fallait plutôt rassembler, d'abord, et mettre en ordre les troupes mélangées avec celles de la n* armée (3) ». Cette communication du général de Steinmetz parvint au général de Grtlter vers 10 heures.

Cependant, après la prise de Forbach, la cavalerie allemande s^était reportée en avant par Morsbach sur Rosbriick. L'escadron d'avant-garde (2« du uhlans) attaqua, au delà de Morsbach, le convoi de la division Metman, tandis que la batterie adjointe au 15^ hussards, en position au Sud-Ouest de cq* village le canonisait (9 h. 15 environ). Ce convoi de 500 voitures, escorté par un demi-bataillon du 29^ de ligne, parvint néan- moins à n'en laisser que trois entre les mains de Ten^

(1) Une heure après seulement, d'après le général de Bernhardi.

(2) « G* était un de ces moments il eût été indiqué de placier sous les ordres du commandant de la 6^ division tous les régiments de cavalerie divisionnaire qui se trouvaient k portée, en vue d*unifler leur emploi. I) (Général de Pelét-Narbonne. Loc, cit., page 41, note 1).

(3) Journal de marche de la 6^ division de cavalerie, cité par le général de Pelet-Narbonne {loc. cit., page 40), qui ajoute : « Si positi- vement les troupes étaient pêle-mêle, il y avait cependant, entre Forbach et Rosbrûck trois lignes de postes l'une derrière l'autre. »

44 LA GUERRE DE 1870-4874.

nemi (1). Le 5* escadron du uhlans, envoyé de Mors- bach sur la gare de Cocheren, n'avait pu empêcher le départ d'un train qui s'y trouvait formé, mais s'y était emparé de plusieurs voitures et d'approvisionnements. Le feu de fractions du 29® de ligne, échelonnées le long de la grande route, au Sud-Ouest de Rosbruck, l'empêcha de pousser plus loin, ainsi d'ailleurs que l'escadron d'avant-garde de la brigade Gniter (2). Celle-ci venait d'ailleurs de recevoir du général de Steinmetz a l'invi- tation » de ne pas exciter l'ennemi et crut devoir s^ar- rêter (3). Le iS^ dragons et le /5® hussards rejoignirent

(1) Voir fascicule, page 223.

(2) Général de Pelet-Narbonne. Verfolgung und Aufklûrung der deutschen Réitérai am Tage nach Spicfieren, pages 11 et 12. Berlin, Mittler, 1901.

Cette brochure est une réponse à une série d'articles publiés par le général de Bernhardi dans le MUitàr-Wochenhlatt de 1900 (n<» 7f. 72, 90, 91, 92), et dont le but était : 1<» df convaincre le général de Pelet-Narbonne d'une série d'erreurs commises dans la description des opérations de la cavalerie allemande, particulièrement au lendemain de la bataille de Spicheren ; 2^ de démontrer que cette cavalerie n'a pas rendu les services qu'on était en droit d'attendre d'elle.

Le général de Bernhardi a répliqué, à son tour, dans le journal Armée und Marine^ n^ du 29 mars 1901, et a maintenu la plupart de ses affirmations premières.

. On peut retenir aussi, de ce dernier article, son opinion au sujet des Historiques des régiments allemands qu'il considère comme des sources à consulter avec certaines réserves.

(3) Une longue discussion s'est engagée à ce sujet entre le général de Pelcl-Narbonne et le général de Berobardi. Ce dernier a émis l'opi- nion que Steinmetz » n'avait aucun ordre à donner au grand duc (de Mecklembourg) » et que, d'ailleurs, il ne lui envoya point un ordre mais une invitation qui lui laissait toute sa liberté d'action. La distinc- tion est un peu subtile. Le général de Pelet-Narbonne estime que cette « invitation i>, postérieure à Tordre du prince Frédéric-Charles de rester au contact, '< enchaînait la cavalerie » parce que Steinmetz avait le 4c commandement supérieur de toutes les troupes présentes sur le champ de bataille ». Il ajoute toutefois : « Le gfand-duc pouvait récla-

LA GUERRE DE 4870-4874.

leurs divisions respectives (1 ) ; la brigade Grûter se disposa à établir son bivoaac à Morsbach^ en se cou- vrant par le escadron du 3^ uhlans qui prit le service d'avant-postes devant Merlebach avec des détachements à Cocheren et Folckling. Des patrouilles du i5^ uhlans, envoyées sur Carliog et sur Farschwiller, trouvèrent ces villages inoccupés, mais signalèrent de fortes masses de troupes aux environs de Saint- Avold (2). Dans Taprès- midi, deux bataillons du 55^ et une batterie du gros de la i3^ division se portèrent au delà de Morsbach, au soutien de la cavalerie, tandis que Tavant-garde prenait

mer, sans doute, et un général von Schmidt Teût fait assurément, surtout après que Tennemi eût abandonné Forbach. Mais le grand-duc Guillaume aTait malbeureusement très peu d'esprit d'entreprise et se résigna facilement à un rôle passif )>.

l\ n*e8t pas douteux que le devoir strict de la cavalerie allemande fût de poursuivre et ce n*était guère u exciter Tennemi » que de recher- cher la direction de sa retraite, au moyen de reconnaissances d'officier. Le grand-duc eût donc pu concilier les deux ordres, en apparence contradictoires, de son commandant d'armée et du général de Stein- metz. Le colonel Cardinal de Widdern critique également Tattitude passive de la brigade Gruter {Die BefehUfûhrung am Schlachttage von Spieheren, pages 297 et 298) i

Les circonstances atmosphériques ne furent pas sans influence sur les opérations de la cavalerie allemande. Mais si le brouillard devait évidemment ralentir le mouvement des patrouilles, il ne justifie pas Tinaction d'une partie de la 6* division de cavalerie (H escadrons sur 20), pas plus que la direction défectueuse assignée à la découverte.

(1) Sur l'ordre du général commandant la 5<* division d'infanterie, dit l'Historique du i^^ dragons.

(2) Il semble, d'après VHistorique du Grand État^Major prussien^ que ce dernier renseignement soit parvenu au commandement dans la journée du 7. Il n'en est rien, ainsi que le fait observer le général de Pelet-Narbonne, dans sa seconde brochure (page 21). Le rapport du chef de patrouille est daté du 8 août, 8 h. 10 du matin, sans indica- tion de point de départ. Le journal de marche de la 6^ division de cavalerie corrobore le fait. Le seul renseignement du 7, relatif à l'occu- pation de Saint-Âvold est celui du lieutenant Stumm du 8^ hussards.

ir

46 LA aUBKRR DB 4870-4871.

d'abord position sur la route de Saint-Avold et s'instal- lait ensuite au bivouac, au Sud-Ouest de Forbach.

Pendant la marche de la brigade Griiter sur Forbach, un escadron du 6^ cuirassiers fut envoyé en reconnais- sance sur Ëtzling. Un autre escadron, le 3* du /5^ uhlans, fut poussé, vers 12 h. 30, sur le flanc gauche, pour se mettre en liaison, par Behren, avec la division de cavalerie, vers Lixing-Grosbliederstroff. Bien que ces escadrons parcourussent le terrain s'était effectuée la retraite des divisions Vergé et de Laveaucoupet, ils ne signalèrent rien. Le 8^ hussards, cavalerie divisionnaire de la 43^ division, fournit au contraire des renseigne- ments importants. Le ^escadron, envoyé dès le 6 par le général de Goltz vers Garlsbrunn, Emmersweiller, pour éclairer le flanc droit, constata le 7, de bonne heure, Toccupation des hauteurs de Betting par des troupes ennemies comprenant de l'artillerie et une forte proportion de cavalerie (IJ et apprit la présence à Saint- Avold de forces importantes (2). Une reconnaissance d'officier confirma ce dernier renseigùement. Une pa- trouille du 1®' escadron, lancée sur Creutzwald et Ham- sous-Varsberg, signala que 8,000 hommes de toutes armes avaient bivouaqué récemment de ce côté et de- vaient s'être portés vers le Sud (3). Le 4" escadron, envoyé dans l'après-midi sur Sarreguemines, rendit compte de Tévacuation de cette ville (4) ; ce renseigne-

(i) D'après le général de Pelet-Narbonne, ce seraient la dÎTieioii Gastagny, du corps, et la division de cayalerie de Forton. L'observa- tion est erronée, ainsi que le démontre le général de Bernhardi : la division Gastagny n'est arrivée près de Betting qu'à 5 heures du soir et ta division de Forton est restée à Marienthal.

(2) Il fut ensuite rappelé au bivouac de Forbach et perdit ainsi te contact.

(3) Vraisemblablement la division Grenier, du 4* corps.

(4) La découverte, dans cette direction, n'incombait guère à la cava- lerie de la iS"" division, placée à l'extrême droite.

aUBRRR DB 487<H871.' 47

ment fut confirmé d'ailleurs par deux officiers du 15^ uhlans que le général de Grilter avait dirigés sur, Sarreguemines, en exécution d'un ordre pressant du prince Frédérics-Charles {i).

La 5^ division de cavalerie ne contribua pas beaucoup, à éclaircir la situation. Au lieu de poursuivre Tennemi,. dès le matin du 7, sur la rive gauche de la Sarre, le général de Rheinbaben s'en éloigna et concentra sa division vers Taile gauche (2), en passant sur la rive droite de la rivière qu'il aurait forcément à franchir de nouveau le lendemain (3). La 13^ brigade (Redern) se porta par Brebach sur la ligne Blies-Bolchen, Blies- briîcken ; la ii^ (Barby) sur le front : Eleinblidersdorf,; Blies-Bolchen. Le 43^ uhlans prit le service d'avantT postes à Auersmacher. Dans l'après-midi, deux recon- naissances d'officier ayant fait connaître que Sarregue^^* mines était évacuée, le prince Frédéric-Charles ordonnait aussitôt son occupation parie 17^ hussards. Ce régimenf; y apprenait, très tard dans la soirée (11 h. 30), le mouve- ment de retraite de l'ennemi sur Puttelange.

La liaison entre les 5^ et 6^ divisions n'avait pu être établie, de sorte que celle-ci n'eut pas, avant la nuit, la moindre connaissance des résultats obtenus devant Sar- reguemines par la 5^. II en eût été tout autrement sji les deux divisions avaient été concentrées en une seulp masse, placée sous le commandement unique d'un chef

(1) Ils rendirent compte dii*ectement de leur mission au commandant de la II« armée.

(2) Journal de marche de la 5* division de cavalerie.

(3) K Au point de vue cavalier, cette mesure est inexplicable. Certes, la ooocentration était désirable^ mais nullemeut urgente, et Ton devait

en tout cas chercher à l'obtenir vers Tavant La nécessité la plus

urgente, <$'était . de s'attacher à Tennemi et de chercher à lui faire le plus de mal possible. » (Général de Pelet-Narbonne. La cavalerie des I^ et 11^ armées allemandes^ page 44).

48 LA OUBRRB DE 4870-1871.

énergique. Elles auraient pu ainsi, sans nul doute, obtenir, le 7 août, de grands résultats en débouchant, au point du jour, sur le plateau de Spicheren et en prenant leur direction générale vers Bousbach et Puttelange. Il est possible que le corps eût été coupé ainsi du reste de Farmée et obligé de se jeter vers le Sud, entraînant avec lui, peut-être, les divisions Metman et Montaudon du 3®. L'effet moral ainsi produit eût été considérable, autant que le résultat matériel et, de toutes façons, la situation de Tarmée française eût été bien déterminée avant midi.

A l'extrême droite, la 3^ division de cavalerie qui avait passé la nuit du 6 au 7 aux environs Nord de Sar- relouis ne semblait destinée, dans l'esprit du général de Steinmetz, qu'à couvrir Je flâné extérieur de la armée. Une de ses reconnaissances constata pourtant que « les troupes ennemies signalées hier à Trombom, se reti- raient vers le Sud-Ouest (1) » ; une autre du S^ hussards (/5® division) aperçut un camp à Bouchepom (2), des forces de toutes armes à TOuest de Longeville- les-Saint-Avold (3) et put renseigner ainsi le comman- dant de la I" armée (4).

A l'extrême gauche, il ne semble pas que rien ait été entrepris le 7, par la brigade Bredow (5® di- vision de cavalerie), pour retrouver le contact peirdu depuis la veille; « aucune tentative ne fut faite pour

(1) Probablement la division de Cissey, du 4" corps. *

(2) DWision Grenier, du corps.

(3) Division Grenier et Garde.

(4) Le rapport de celte dernière reconnaissance parvint à la 13* divi- sion le 7 ixoM, à 9 h. 30; au VU" corps à midi 30 et, vingt-deux heures seulement plus tard, au grand quartier général.

« Il semble, dit le général de Pelet-Narbonne, quMl ait été commis une impardonnable bévue par l'un des élats-majors intéressés. » (La cavalerie des i'« et 11^ armées allemandes, page 37, note 1).

LA GUERRE DE 4870-4874. 49

réparer les fautes commises, ce qui eût été très pos- sible (1) ».

En somme, les renseignements fournis par la cavalerie allemande ne permettaient pas aux quartiers généraux des I"* et II® armées de se rendre un compte exact de la situation de l'armée ennemie (2). Si la position de son aile gauche aux environs de Saint-Âvold était à peu près déterminée, le 7 au soir, grâce à un régiment division- naire, le commandement ignorait presque tout, à ce moment, des mouvements que les Français avaient exé- cutés sur leur front et à leur aile droite (3). Pourtant, tout, de leur part, facilitait les investigations fructueuses de Fadversaire : inertie à peu près complète de leur cavalerie, insuffisance de leur service de sûreté, défectuosités de leurs procédés de stationnement en camps non défilés aux vues.

La médiocrité relative des résultats obtenus tient A plusieurs causes : mauvais emploi des divisions de cava- lerie de la part du haut commandement (4), absence totale de poursuite, manque d'unité de direction, défaut de liaison entre les divers groupes, accumulation de reconnaissances sur certains points, découverte nulle

(1) Général de Pelet-Narbonne. Loc. cit., page 47.

(2) Ibid.^ page 49.

(3) Cardinal Ton Widdern. Loc. cit,^ pages 298 et 306.

(4) Il est juste de dire que le prince Frédéric- Charles comptait que le général de Rheinbaben se porterait, le 7, à la poursuite de Tadver- sâire. Dans une lettre du 7, le Prince, faisant part au commandant du IV* corps de la victoire de Forbach, ajoute que <c Taile droite de la 5^ division (de cavalerie) et la ^' division, portée en avant dans la nuit, poursuivent l'ennemi »

Dans une lettre du même jour, adressée au maréchal de Moltke, le commandant de la II* armée écrit :

« Quatre brigades de cavalerie de la IP armée sont aujourd'hui dans

cette direction (Spicheren) à la poursuite de Tennemi » (Cardinal

von Widdern. Loc. cit.^ page 304.)

fasclevle. 4

50 LA 6UERRB DB 4870-4874.

sur d'autres, pertes fréquentes du contact, transmissiou des renseignements mal assurée (1).

Les opérations de la cavalerie de la IIP armée ne pré- sentaient pas un caractère plus satisfaisant.

La 4^ division de cavalerie n'avait reçu le 6, qu'à 6 heures du soir, Tordre de venir sur Gunstett elle était arrivée à 9 h. 30,

Le prince Albrecht y trouva de nouvelles instructions du Prince royal lui prescrivant de poursuivre le 7, dès le point du jour, l'ennemi dans les directions d'Iftgrwillcr et de Bouxwiller, tandis que la cavalerie bavaroise sui- vrait la route de Bitche et que les Wtirtembergeois fouil- leraient les environs de Zinswiller et d'Uhrwiller. Pour regagner le temps perdu, le Prince prend l'initiative de profiter de la nuit pour se rapprocher des avant-postes^ Il porte le gros de sa division à flberbach, il lui donne trois heures de repos et pousse le S^ hussarda jusqu'à Gundershofien. Les résultats de la poursuite des régiments divisionnaires ayant fait supposer à tort que le gros des forces françaises s'était retiré sur Bitche, le prince Albrecht laisse le 2^ hussards continuer sur Ing- wîUer et porte, au point du jour, sa division sur Nied^r- bronn elle rencontre la brigade de cuirassiers bava-

(1) « J'ai affirmé, dit le général de Bernhardi, que le service de découverte (de la cavalerie allemande) avait été très défectueux. Le 2* corps français s'est rassemblé, le soir de la bataille de Forbach, sur le Kelsberg et a marché par plusieurs routes le 7, de bon matin, sur Pat- telange par Sarreguemines. A Puttelange se sont réunies aussi, dans le courant du 7, les divisions Montaudon et Metman du corps français,

de sorte qu'au total il y avait cinq divisions. La division Gastagny

qui s'était portée dans la nuit du 6 au 7 sur les hauteurs de Théding. en partit le 7 au matin et se rendit, par Puttelange, à Bening elle

LA GUERRE DE 1870-4874. 54

roi8(l). Mais la présence de fantassins français Tempêche de s'engager dans des chemins de montagne, et comma les renseignements recueillis à Niederbronn ne per- mettent pas de douter qu'une partie au moins des forces ennemies ait battu en retraite sur Saveroe, le Prince prend cette direction, accompagné de la brigade de cuirassiers bavarois (2). Dans cette marche, il est précédé par le 2^ hussards qui a environ une heure d'avance et qui trouve bientôt de nombreuses traces du passage des Français : des armes, un canon brisé, des voitures, des isolés dont le nombre va grossissant et qui, embusqués dans les vignes, brûlent leurs dernières cartouches.

 10 heures du matin, la 4^ division de cavalerie mande dlngwiller au commandant en chef d que le gros des forces françaises s'était retiré, par Niederbronn, sur Bitohe, mais qu'une notable partie avait pris par Ing- willer(3)». A H heures, elle atteint BouxwiUer et y fait un repos prolongé. A 5 heures du soir, la marche est reprise sur Saverne; le hussards, toujours à Tavant- garde, est accueilli à Stelnbourg, à 8 heures, par des coups de fusil partant des premières malsons. La batte* rie bavaroise lance quelques obus sur le village que les isolés s'empressent d'évacuer et près duquel la divi- sion établit son bivouac.

Si l'on considère, d'une part, que l'armée française était épuisée par une lutte inégale, désorganisée par

prit position. La dlTisioQ de cavalerie de Forton alla de son côté, le 7, de Folsehwiller à Marienthal et envoya de un escadron seulement en reconnaissance. La cavalerie allemande n*eut aucune connaissance de tous ces mouvements. » (Armée und Marine, numéro du 29 mars 19(H.) (i) Partie au point du jour de Lampertsloch et venue par Wœrth.

(2) Iku 2. Leib-Husaren-Regiment 2, page Î9. L'effectif total des forces du prince Albrecht s'élevait ainsi à 30 escadrons et 3 batteries.

(3) Historique du Grand Etat-Major prussien^ livraison, page 287.

52 LA QUERRE DE 4870-4874.

des pertes considérables, presque entièrement dé- pourvue de munitions ; si, d'autre part, on examine le terrain et Ton constate que cette armée est acculée aux Vosges, il est impossible de ne pas reconnaître que la cavalerie allemande a perdu, les 6 et 7 août, l'oc- casion la plus belle qui se soit présentée à une cava- lerie. Enfin^ si Ton compare cette poursuite, si pauvre en résultats, à celle de la cavalerie française en 1806 (1), il est impossible de la qualifier d'énergique (2).

« La soirée était déjà avancée, quand de nouvelles informations, parvenant au camp de cavalerie, donnent à craindre une menace sérieuse du côté de Saveme (3). .. » Immédiatement, sans contrôler ces renseignements, le prince Albrecht donne l'ordre de lever le bivouac et se reporte en arrière de Bouxwiller, la 4* division s'établit le 8, à 1 heure du matin. Le contact, momen- tanément rétabli dans la soirée du 7, était de nouveau perdu.

Les autres reconnaissances de cavalerie prescrites par le commandant de la IIP armée permettaient de conclure que, dans les, directions de l'Ouest et du Nord-Ouest, il n'y avait plus de forces ennemies de quelque impor- tance. De son côté, la brigade de cavalerie badoise La Roche avait occupé Haguenau le 7, à 7 h. 30 du matin,

(1) « Sire, écrivait Murât à PEmpereur, le 7 noTembre 1806, le combat finit faute de combattants; la cavalerie n'a plus qu'à rallier la Grande Armée. »

(2) « Il faut qu'un général de cavalerie suive toujours l'ennemi Tépée dans les reins^ écrivait Napoléon au maréchal Lannes, le 18 novembre 1805, surtout dans la retraite, et je ne veux pas qu'on ménage les chevaux quand ils peuvent prendre des hommes. »

(3) Historique du Grand Etat-Major prussien, 3* livraison, page 288. Un détachement, envoyé au Sud de Steinbourg pour y couper la voie

ferrée, avait essuyé des feux d'infanterie; il en était de môme pour les patrouilles poussées au delà du canal; on signalait enfiu, de Monswiller, plusieurs bataillons français en marche sur Steinbourg.

LA. GUERRE DE 1870-4874. 53

et, bien qu'elle y eût trouvé un grand nombre de blessés et d*isolés elle constatait qu'une faible partie seulement de l'armée française s'était repliée vers le Sud (1). En somme^ en raison du mode d'emploi défectueux de la 4^ division de cavalerie, le 6 août, et de la mollesse de la poursuite après la bataille de Frœschwiller, le quar- tier général de la III® armée n'était nullement fixé sur le degré de démoralisation de l'armée française et sur la direction exacte qu'elle avait suivie (2) . Il inclinait cependant à croire que le maréchal de Mac-Mahon s'était retiré sur Bitche <( pour rejoindre la masse principale de

l'armée impériale (3) » .

ff

IV. Mouvements dee armées allemandes.

Les mouvements des armées; allemandes sont, en général, de peu d'amplitude, dans la journée du 7, exception faîte pour la IP.

/" armée. Les VII® et VIII® corps avaient reçu l'ordre de consacrer la journée du 7 à faire serrer les divers éléments sur les têtes de colonnes et à reconsti- tuer les unités désorganisées par le combat. En consé- quence, la /-/® division se réunissait à Saint- Wendel ; l'artillerie de corps du VII® corps arrivait à Sarrebrùck et, apprenant que la route de Forbach était réservée au Vin® corps, elle se dirigeait sur Vôlklingen. La /5® divi- sion bivouaquait près de Forbach.

La 16^ division s'établissait aux environs de Drahtzug ; la /5® division et l'artillerie de corps installaient leurs bivouacs entre Malstatt et Burbach.

La division de cavulerie se portait de Sarrewel-

(i) Von Hahnke. Opérations de la III* armée, page 83.

(2) Bistorique du Grand Etat-Major prussien, liTraison, page 371.

(3) Ibid., page 372.

54 LA aUBBRB DE 487(M874,

lingen sur Fraulautern et était chargée d^éclairer les routes qui vont des environs de Sarrelouis sur MeU (1).

Parmi les troupes affectées depuis peu à la armée, les deux divisions du P'* corps s'étaient rendues le 7 des environs de Tboley et Ramstein à Lebach et Sand (2). La /re brigade de la /" division de cavalerie commençait à débarquer à Birkenfeld ; la j^ se dirigeait de ce point sur Lebach.

Sur ces entrefaites, le général de Steinmetz reçut de Mayence le télégramme du maréchal de Moltke qui attri- buait à la II® armée la route Sarrebrûck-Saint-Avold (3). Il transférait aussitôt son quartier général de Saint-Jean à Volklingen et envoyait l'ordre aux VII® et VIII* corps de dégager cette route le lendemain en appuyant vers rOuest.Dans la soirée, un nouveau télégramme du grand quartier général lui prescrivit de maintenir, le 8, les deux corps de la armée sur la position qu'ils occupaient etitre Sarrebrûck et Vôlklingén et de défendre, en cas

(1) « On n'ordonna t>a8 même un nioatement en Atànt de la 8*^ di- Tision pour assurer sa ooôpération dans la journée du 8 août; elle fit seulement une lég^ère marche jusqu'auprès de Sarrelouis avec mission de pousser des reconnaissances sur les routes conduisant à Metz.^. .. L'emploi insuffisant qui fut fait de la 3^ division de cavalerie est d'aU^ tant moins explicable que le commandant en chef, dès le début, consi- dérait Tartnée comme un Ûntsé offensif par rapport à la 11^ armée (télé- gramnle de Steinmete à MoUke, du 4 août, 3 h. 33 de Taprès-piidDi et que le grand quartier général lui avait indiqué, comme étant sa mission,

Toffensive eontre le flanc gauche ennemi On pouTait penser,

d'après cela, que la 3^ division, arme offensive par excellence, serait poussée, aussitit que possible, sur l'aile extérieure. Au lieu de cela, son déplacement vers Lebach fut encore ordonné le H août, à un point de vue puremeht défebsif « pour eouTrir le flanc droit » et elle fut amenée, de sa position, directement en arrière, à une position en arrière et sur le flanc. » (Générai de Pelet-Narbonne. Loc. cit., page 29.}

(2) L'Historique du Grand Etat-Major prussien ne fait pas mention de Tartillerie de eorps.

(3) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, H2.

LA GUERRE DE 1870-4874. 55

d'attaque^ les hauteurs de Spicheren. On Finformaît, en outre, que les directions pour le mouvement en avant ultérieurne pourraient être données qu'après l'obtention, par la cavalerie, de renseignements certains a sur l'atti- tude de l'ennemi ))(J). Il semblait donc que le maréchal de Moltke se préoccupât d'une offensive possible des Fran- çais et ce souci apparaît également dans un télégramme du 7 (9 h. 30 matin) au général de Blumenthal. « La mesure la plus à propos pour l'adversaire, dit-il, serait peut-être une offensive générale contre la II® armée. Celle-ci, dont la tète est toujours en marche, n'a pu encore faire serrer tous ses corps. Toutefois les Français se heurteraient à des forces supérieures et une décision aussi vigoureuse cadre bien peu avec l'attitude qu'ils ont eue jusqu'ici (2) ».

//* armée. Le quartier général était transféré de Hombourg à Blieskastel.

Au III® corps, la division d'infanterie se portait à 3 heures du matin de Neunkirchen sur Sarrebrûck(3), elle recevait l'ordre de relever la division dans ses positions. En conséquence, le gros bivouaquait sur le Galgen-Berg, avec des avant-postes fournis par la 11^ brigade depuis Stiring-Wendel jusqu'à la Sarre. La division se cantonnait à Sarrebrtlck et Saint-Jean.

Des renseignements fournis le 6 et le 7 au matin par la brigade Bredow de la division de cavalerie et la brigade Rauch de la 6^ et de la nouvelle de la retraite du maréchal de Mac-Mahon sur Bitche, le commandant de la IP armée conclut que l'ennemi semblait vouloir « défendre la route de Sarreguemines à Bitche» (4). Il

(i) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, np 120.

(2) Ibid., H9.

(3) Sauf les fractions qui se trouvaient déjà sur le champ de bataille de Forbach.

(4) Bistorique du Grand Etat-Major prussien^ livraison, page 398.

56 LA OUBRRB DE 1870-4874.

fut confirmé dans cette hypothèse par un télégramme du grand quartier général qui émettait Favis d'opposer au maréchal de Mac-Mahon le 8, à Rohrbacb, la cavalerie et Faire gauche de la 11^ armée (1). Dans ce but, le prince Frédéric-Charles envoya au IV® corps, en marche vers Alt-Hornbach, Tordre de venir, le jour même, jusqu'à Yolmtlnster, de pousser son avant-garde sur Rohrbach et de se trouver réuni près de cette localité le 8, à 8 heures du matin au plus tard. 11 lui adjoignait la bri- gade Bredow de la division de cavalerie. De plus, la division de cavalerie et la 2^ division d'infanterie de la Garde devaient se tenir prèles à soutenir le IV* corps le 8, à li heures du matin, à Gros-Rederching ; enfin le corps concourrait au même but en prenant sa direc- tion plus au Sud-Ouest.

« Dans le cas l'ennemi résisterait vigoureusement à Sarreguemines, ce point ne devait pas être attaqué sérieusement par l'Est ; on avait, au contraire, Imten- tion de le faire aborder, du Nord, par le III® corps, qui se trouvait déjà sur la rive gauche de la Sarre (2). »

En conséquence, le IV® corps prenait, dès le 7, les posi- tions qui lui étaient assignées (3), les autres corps de la II® armée atteignaient le même jour les points qui leur avaient été fixés par l'ordre du 4 août, savoir : Garde, Assweiler ; corps, Saînt-Ingbert ; IX®, Bexbach ; XII®, Hombourg.

La division de cavalerie cantonnait sur la basse Blies, entre Kleinblidersdorf et Habkirchen ; la tf* bi- vouaquait à Morsbach (brigade Grtiter) et sur le Terrain de Manœuvres de Sarrebrûck (brigade Rauch).

(1) Correspondance yniiitaire du maréchal de Mollke, tome I, n** H7.

(2) Historique du Grand Étal- Major prussien, 4* livraison, page 399.

(3) La S^ division vint k Boussewiller, la 7* à Urbach; le 7* dragons fut poussé sur Rohrbach ; la brigade Bredow se concentra au Nord de cette localité.

LA GUERRE DE 1870-4874. 57

M

III^ armée. Les troupes de la III® armée restent, pour la plupart, le 7 août, dans les cantonnements et les bivouacs qu'elles avaient pris le 6 au soir, à proximité ou sur le champ de bataille méme(l). Seuls, le IP corps bavarois achève de se concentrer autour de Niederbronn, le P' corps bavarois à Oberbronn ; le quartier général du V* corps est transféré de Preuschdorf à Langensoultz- bach ; la division badoise se porte de Gunstett et Schwaabwiller sur Haguenau.

La i2^ division du VI® corps, afifecté à la IIP armée (2), s'était portée le 6, de Landau à Dahn, avec mission de faire une démonstration sur Bitche, tout en assurant la liaison de la IIP armée avec la IP (3). Dans la nuit du 6 au 7, le Prince royal lui expédia un télégramme lui prescrivant de pousser sur Bitche le 7 et d'y couper la route aux troupes françaises en retraite. En consé- quence , elle atteignit Stûrzelbronn le 7 , avec son avant-garde à la Main du Prince. Les reconnaissances, dirigées vers la route de Niederbronn et sur Bitche, mandaient que, durant la nuit précédente, beaucoup de troupes avaient passé à Eguelsberg, que d'autres cam- paient encore à Bitche, dans l'après-midi du 6, mais avaient quitté la place dans la soirée, pour se replier vers le Sud. Les premiers renseignements de la cavalerie et la

(i) Il eât été préférable de s'éloigner un peu du terrain deia lutte eoDTert de cadayres d'hommes et de chevaux. On aurait pu en profiter pour échelonner les corps d'armée sur leurs routes de marche ulté- riearefl. (Von Zanthier, Die III Armée im Elsass, pages 287 et 320.)

(2) Les 1®', n* et VI** corps d'armée avaient été laissés provisoirement à l'intérieur du pays. Ils furent affectés, à la date du 5 août {Corres- pondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n? 109) : le I*"^ à la I'* armée, le U^ à la II* armée, le VI« à la III* armée et transportés dans le Palatinat dans les premiers jours d'août.

(3) Le i5* régiment de dragons établit cette liaison, le 6, par Hinter- Weidenthal.

58 LA. GUERRE DE 487M871.

retraite réelle de la brigade Abbatucci sur Bitche avaient fait croire ainsi au quartier général de la IIP armée que le maréchal de Mac-Mahon avait pris cette direction. (( C'est cette supposition qui servit de base à la continua- tion du mouvement (1 ). m Mais, d'autre part, il ne pouvait plus être question, après le succès de Forbach,de porter la armée sur Sarreguemines^ ainsi que le grand quartier général en avait eu primitivement Tintention, quand il supposait que les forces françaises de Lorraine attendraient^ entre Sarrebrûck et Sarrelouisi Fattaque des P^ et IP armées. C'est au Sud de Bitche qu'il fallait désormais faire franchir les Vosges à la IIP armée pour la réunir aux deux autres. Le Prince royal décida donc que la IIP armée se porterait tout d'abord vers la haute Sarre, sur la ligne Sarre-Union, Sarrebourg que toutes ses colonnes s'efforceraient d'atteindre à peu près simul- tanément le 12 août.

L'ordre suivant, donné dans l'après-midi du 7 août, réglait jusqu'au 12, d'après les considérations qui pré- cèdent, la marche de la IIP armée à travers les basses Vosges :

SodUi, le 7 août 4870 (8).

<( Demain, l'armée continuera sa marche sur cinq colonnes, conformément au tableau ci-joint, et se diri- gera sur la Sarre.

« Il est de toute nécessité que, le 12 aoû1;, elle ait atteint cette rivière, et qu'elle occupe les points indi- qués (3). Partout Ton rencontrera l'ennemi, il faudra donc Tattaquer aussitôt et le rejeter en arrière, sans lui

(1 ) Historique du Grand État-Major prussien, é^ lÎTraison, page 372.

(2) D'après von Hahnke. Opérations de la III^ armées page 85.

(3) Le colonel de Zanthier fait observer que Ton pouvait arriver plus tôt sur la Sarre avec des dispositions de marche mieux appropriées. (Loc. cit., page 32i^.)

LA GUERRE DE 4870-4874. 50

laigser le temps de recevoir des renforts. Les colonnes seront souvent séparées les unes des autres par des mon- tagnes élevées et difficiles, et ne pourront pas toujours se soutenir; elles devront cependant se prêter récipro- , quement appui lorsque les circonstances le permettront et par conséquent rester autant que possible en commu- nications entre elles.

a Je n'ai pas à rappeler que les corps d'armée doivent être^ au moins en partie, établis dans des cantonnements serrés, et que l'ennemi, servi probablement par une quantité d'espions, étant constamment devant nous, il faut, moins que jamais, se départir des mesures de précautions ordinaires. .

tt En principe, les troupes seront nourries au moyen de réquisitions régulières ; mais chaque homme empor- tera ttois jours de vivres de réserve, afin de n'être pas exposé à manquer de ressources dans leâ montages.

(( Les voitures et les colonnes des parcs suivront leurs corps d'armée à une distance de un à deux jours de marche (1); toutefois, ils ne s'engageront jamais dans un défilé avant que les troupes en soient soi^ties.

« Leâ corps d'armée seront trop éloignés pour que l'ordre puisse être régulièrement donné au grand quar- tier général ; je compte cependant recevoir, aussi souvent qu'il le sera néceiSsaire, les rapports des troupes isolées sur les combats qu'elles auront eu à livrer ou les obs- tacles qtd les auront arrêtées. Si quelque colonne se trouvait dans l'impossibilité d'arriver sur la Sarré au jour fixé, je devrais en être immédiatemeîit informé.

« Frédéric-Guillaume, prince royal. »

(4) Le colonel de Zanthier blâme cet éloignement qu'il considère comme une pr^ution ekcessive et nuisible par les pHTations qu'elle imposait aux troupes. {Lôc, cit,, page 324.)

60

LA GUERRE DE 4870-4871

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LA GUERRE DE 1870-4874. 61

L'ordre général de la IIP armée, qui précède, appelle quelques commentaires. Il est muet sur la direction de retraite supposée de Fennemi, et sur la mission ulté- rieure de la IIP armée. Il abandonne, pendant cinq jours, les corps d'armée à eux-mêmes et se borne à recom- mander d'attaquer les Français partout on les rencon- trera, au lieu de prévoir les principales éventualités, d'indiquer la ligne de conduite à suivre pends^t toute la durée du passage, de prescrire les communications à échanger journellement en des points déterminés (1). Napoléon, fort sagement, n'avait pas manqué de prendre toutes ces précautions pour la traversée du Franken- Wald le 8 octobre 1806 et les jours suivants (2) et se réservait de manœuvrer dans l'intérieur même du massif si les circonstances l'exigeaient. A la vérité, le procédé qu'avait employé le quartier général de la III^ armée pour le franchissement des Vosges, lui enlevait à peu près complètement la possibilité d'exercer son action pendant cette période. Il avait adopté, en effet, un dispo- sitif linéaire, consistant à faire marcher la IIP armée en autant de colounes qu'il y avait de routes depuis Bitche jusqu'à Phalsbourg, en vertu sans doute de ce principe théorique qui veut qu'une armée se fractionne en un grand nombre de colonnes pour traverser un massif mon- tagneux au delà duquel on peut rencontrer l'ennemi (3).

(i) Voir général Bonnnl, FrœschtDiller, page 464 et suivantes.

(2) Voir à ce si^et : Foucart, Campagne de Pnuse (1806), Journées des 4, 5 et 6 octobre» et, en particulier, la lettre de TËmpereur au maréchal Soult, datée de Wûrtzbourg, 5 octobre 1806, il heures du matin, et celles du Major général aux maréchaux Soult et Lannes de la même date.

(3) Générai Bonnal. Loc. cit., page 467.

« On pouvait s'attendre k trouver l'ennemi concentré sur le revers occidental des montagnes ». {Historique du Grand Etat-Major prus- sien, 4' livraison, page 372.) Stieler von Heydekampf estime, au con- traire, tt qu'il n'y avait plus à craindre de résistance sérieuse de la part

62 LA 0UBERB DB 4870-4874.

Peut-être, aussi, le Prince royal voulait-il opérer le déploiement stratégique de la IIP armée, conformément aux instructions, antérieures aux batailles du 6 août, qui lui avaient été données par le grand quartier général. Hais ces deux considérations n'avaient plus qu'une importance très relative, depuis les événements de Frœschwiller et de Forbach, et devaient s'effacer devant Une nécessité impérieuse.

n ne s'agissait plus en effet, actuellement» pour la IIP armée d'exécuter méthodiquement son déploiement stratégique sur la Sarre, mais « de se trouver en ligne au moment de la grande bataille qui allait être livrée aux forces réunies de l'armée française du Rhin (1) »/ Dès lors, elle devait chercher à atteindre rapidement la Sarre avec un dispositif qui lui permit, sans aucun temps d'arrêt, soit de manœuvrer pour déborder par le Sud l'aile droite de l'adversaire, s'il faisait tête sur la Nied ou sur la Moselle, soit de faire ftice au Sud-Ouest s'U s'était retiré sur Lunéville et Charmes.

On en venait ainsi, logiquement, à ployer immédia- tement la III® armée en « bataillon carré » et à renoncer aux routes septentrionales qui, divergeant vers le Nord- Ouest, arrivaient sur la Sarre, dans la zone probable de marche de l'aile gauche de la IP armée. Ôans ces conditions, le mouvement se fût exécuté de la façon suivante :

Colonne de droite. P^et IP bavarois : WeiterswiUer, la Petite-Pierre, Drûlingen, Fénétrange ;

Colonne du centre. V* corps et division wûrtem- bergeoise : Dossenheim, Rauwiller, Oberstinzel ;

Colonne de gauche, 4^ division de cavalerie et XP corps : Saverne, Sarrebourg.

de rennemi en rase campagne i>. {Opérations du V^ corps prussien^ page 77.)

(1) Von Hahnke. Loc, ci/., page 84.

LA GUBRRB DE 1870-4874. . 63

Il n'y avait pas à teuir grand compte, d'ailleurs, des vieilles forteresses des Vosges, la Petite-Pierre et Phalsbonrg, qui ne barraient complote ment aucune des itinéraires, mais Tordre général du 7 août aurait prévoir des retards résultant de la recherche de che- mins dérivés, moins praticables que les routes assi- gnées aux colonnes.

On observera enfia que, par une précaution qui semble excessive, la 4^ division de cavalerie était relé- guée derrière le XI^ corps. On aurait pu lui attribuer UQ soutien d'infanterie et lui faire précéder ce corps d'armée à une distance de 10 ou 19 kilomètres, ce qui loi eût permis de fournir plus tôt des renseignements précieux au commandant de l'armée, avant que les colonnes eussent achevé leur débouché au delà des montagnes.

T. Situation de l'armée du Rhin dans la soiréQ,

Dans la soirée du 7 août, l'armée du Rhin occupait les emplacements ci-après :

Grand quartier général : Metz.

!•' corps En marche de Saverne sur Sarrebourg.

i* corps Puttelange.

/ Quartier général Saint -ÀTold.

1»« division Puttelange,

2* division Guenviller.

division Puttelange.

4" division Saint-Âvold.

Division de cavalerie. . . Saint-Avold et Puttelange. Réserves d'artillerie e|

du génie Saint-Avold.

Quartier général Boulay.

!'• division Boulay.

division Saint-Avold.

corps (3^ division Helstroff.

Division de cavalerie. . . Boulay. Réserves d'artillerie et

du génie Boulay.

3* corps.

64

LA. GUERRE DE < 870-1 871.

Î5« corps

corps

7* corps

Garde

Réserve géné- rale de cava- lerie

Réserve géné- rale d'artil- lerie

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La Petite-Pierre : sauf la division de Lespaf t (brigade de Fontanges avec le 1*' corps; brigade Abbatucci, à Phalsbourg) et la brigade Lapasset ayec le 2* corps à Ernestwiller.

Camp de Ghâlons, sauf la 4^ division d'infanterie, à Paris.

/ Quartier général Altkirch.

ir« division En marche de Saveme sur

Sarrcbourg.

2" division Altkirch.

division Lyon.

Diyision de cavalerie, . . Altkirch et Lyon. Réserves d'artillerie et

du génie Altkirch.

Longeville-les-Saint-Avold.

Division du Barail Nancy.

Division de Bonnemains En marche de Saveriie sur

Sarrebourg.

Division de Forton Folschwiiler.

Pont-à-Mousson et Nancy.

/ 1" corps. corps.

Jl arcs . > . .

Grand parc d'artillerie.

Équipages de ponts de ré- serve

] !

corps

4*' corps

corps ,

6* corps ,

7* corps

Garde

Réserve g(5nérale d'artil- lerie

S'organise à Toul.

Besançon et Strasbourg. Luné ville (équipage de poat ' à Saint-Avold). Saint-Avold. Metz et Verdun. Ëpinal. La Fère. Vesoul. Pange.

Toulouse.

En route de Toul sur Châlons.

E.

La journée du 8 août.

Dans la journée du 8, rarmée du Rhin continue les mouvements de retraite commencés la veille : les l^' et corps arrivent à Sarrebourg, le à Belfort; les corps de Lorraine se^replient dans la direction de Metz.

I. Armée d* Alsace.

1" corps. Après une marche de nuit des plus pénibles, la majeure partie des troupes du 1^' corps est réunie à Sarrebourg, le 8, à 6 heures du matin. La divi- sion Conseil-Dumesnil du 7* y arrive, de Phalsbourg, à 10 heures. La division (L'ïlériller), arrêtée la nuit à Phalsbourg a le passage de ^artillerie de réserve avait occasionné un encombrement » (1), avait bivouaqué sous les murs de cette place jusqu'au 8 à midi et n'arriva à Sarrebourg qu'à 6 heures du soir. Un grand nombre d'isolés qui, après la bataille de Frœschwiller, avaient effectué leur retraite sur Bitche et la Petite-Pierre, ral- lient leurs régiments ; le général Ducrot, en particulier, à la tête de quelques détachements dont l'effectif se monte à 3,000 hommes environ, arrive de la Petite- Pierre dans la journée. Mais ces renforts ne suffisaient pas à compenser les pertes qu'avait subies -le 1^' corps par les fatigues de deux marches de nuit successives, par les privation3 de toute sorte, suivant de près les

(1) Journal de marche du l^^' corpsi

99 ra«clciile«

66 LA GUERRE DR 1870-4871.

cruelles épreuves d'une lutte disproportionuée (1). La désorganisation est telle « qu'il n'est pas possible de compter sur lui, en cas d'une nouvelle rencontre de l'en- nemi, avant qu'il n'ait été pourvu aux vacances existant dans les cadres et que les hommes n'aient pu être munis des effets de campement de première nécessité qu'ils ont perdus le 6 août (2). »

Les divisions de cavalerie de Bonnjemains et Duhesme, moins la brigade légère de Septeuil, partirent de Sarre- bourg, à 2 heures de l'après-midi, pour aller coucher à Blàmont, elles arrivèrent à 7 heures du soir : leur place normale était non pas en tète, mais à l'arrière- garde du 1®' corps (3).

Dans la soirée, un grand nombre d'éclopés (5,000 à 6,000) furent expédiés par voie ferrée sur Toul; d'autre part l'arrivée d'un train, chargé de munitions en caisses blanches, permit de ravitailler en partie les troupes (4) ; enfin le Ministre de la guerre envoyait à Lunéville, sur la demande du maréchal de Mac-Mahon, 42 caissons de 4 et 10 caissons de cartouches.

corps. Le corps partit de la Petite-Pierre de

(i) « Les hommes sont fatigués, harassés. Ils Ttenne&t de livrer une grande bataille, de faire une retraite longue et rapide, sans prendre pour ainsi dire uti instant de repos, souvent sans nourriture. Ils n'ont plus ni tentes, ni havresacs et, par surcroît de malheur, le temps est affreux. Au départ de Phalsbourg, nous sommes assaillis par un orage épouvantable. C'était le prélude des pluies torrentielles que nous n'avons cessé de recevoir chaque jour, pendant ceUe longue retraite sur Ghà- lons. » (Journal de marche de la 3*^ division).

(2) Journal de marche du l''^ corps.

(3) « La cavalerie divisionnaire se tient en arrière des divisions ; la réserve générale de cavalerie en arrière du flanc le moins appuyé et sur le terrain le plus favorable à son action. » (Observations sur le ser- vice de la cavalerie en campagne, 1868. Article 2 : Retraite.)

(4) Voir Journée du 7 août. 9*^ fascicule, page 2f.

LA GUERRE DE 1870-1874. 67

grand matin (1) dans Tordre suivant : division de cava- lerie Brahaut, ambulances, réserves d'artillerie et du géoie ; 2* division (de l'Abadie), moins la brigade Lapasset; 1" division (Goze), et se dirigea par Ottwiller sur Sarrebourg. Le hussards se porta par Asswiller sur Durstel, pour éclairer et couvrir le flanc droit de la colonne.

« Arrivé k Ottwiller, le général en chef, frappé de rextrème privation qu'impose à tous l'abandon des bagages à Bitche, conçoit le projet d'envoyer vers cette place un détachement avec mission d'essayer de les ramener (2). » Le général Brahaut fut chargé de cette opération avec le lanciers, le 12® chasseurs et deuxbatr tories à cheval. Tandis qu'il gagnerait Bitche par Lorentzen, Montbronn et Lemberg, le hussards exé- cuterait une reconnaissance de Durstel sur Rohrbach. La division de cavalerie qui avait déjà atteint Rauwiller et Hirschland se rassembla près de cette dernière localité et en partit à midi, l'artillerie intercalée entre le 12® chas- seurs et le lanciers. A Mackwiller, la colonne ren- contra le hussards dont l'avant-garde, qui s'était portée sur Lorentzen, avait eu un léger engagement, vers Diemeringen, avec un détachement de cavalerie ennemie. D'autre part, tous les renseignements recueillis signa- laient la présence de forces nombreuses à Rohrbach, Lorentzen et vers Sarre-Union (3).

Sans chercher à s'enquérir de l'exactitude de ces infor- mations, le général de division considère qu'il faut <( renoncer à l'espoir de faire sortir le convoi de bagages

(i) L'heure du départ Tarie, suivant les documents, de 2 heures du matin (réserve d'artillerie) à 6 h. 30 (division Goze, arrière-garde).

(2) Journal de marche du 5*^ corps.

(3) Journal de marche de la division de cavalerie Brahaut;

68 LA GUERRE DE 4870-1874.

de Bitche » (!) et se dirige, par Bœrendorf, sur Sarre- il arrive à minuit et demi.

Sur ces entrefaites, le 3^ corps avait poursuivi sa marche en deux colonnes, à partir d'OttwilIer. Le quar- tier général, les réserves d'artillerie et du génie, les ambulances prennent la route de Drûlingen, Weyer, flirschland, Rauwiller, Sarrebourg ils arrivent à 4 heures de l'après-midi (2) et s'est reconstituée la division Guyot de Lespart ; les divisions de TAbadie et Goze se portent par Veckerswiller, Schalbach, Bicken- holtz, sur Lixheim qu'elles atteignent vers 3 heures. La division de l'Abadie campe au Sud de Lixheim, à cheval sur la route de Sarrebourg ; la division Goze reste à Alt- Lixheim. Les dispositions de combat furent prescrites en prévision d'une attaque de l'ennemi dont la présence était signalée vers Fénétrange et Kirrberg (3) ; « des précautions militaires et particulières furent prises pour la nuit et le départ du lendemain fut avancé, afin d'ar- river le plus tôt possible sur la rive gauche de la Sarre (4). » Il fut fixé par le général de l'Abadie à 3 heures 30 du matin.

Le journal de marche du corps fait observer que la perte du train auxiliaire et de la plus grande partie du personnel des services administratifs, laissés à Sarregue- mines et à Bitche, rendait les approvisionnements des plus difficiles pendant la route. « L'intendance, ajoute-

(1) Journal de marche de la division Brahaut.

(2) « Avant d'arriver k Sarrebourg, nous rencontrâmes des troupes du l'^' corps venant de Savernc et de Phalsbourg; elles marchaient dans un ordre parfait, particulièrement les zouaves. A la tétc d'un bataillon, je retrouvai le capitaine Hervé, mon ancien chef au Mexique; son régiment avait beaucoup souffert le 6 août; la vue de ces débris imposait Tadmiration. » (Extrait du Journal du capitaine de Lanou- \elle, de l'état-major du corps).

(3) Journal de marche de la brigade Nicolas (2<» de la i*^ division).

(4) Journal de marche de la division de l'Abadie.

LA GUERRE DE 4870-1871. 69

t-ily est obligée de recourir aux réquisitions de pain et de viande dans tous les villages traversés. Les différents détachements de la colonne s'échelonnent sur la route de façon à ne pas épuiser les mêmes centres de popu- lation pendant la grand'halte. »

Il est assez curieux de constater que, sous l'empire de la nécessité, on en venait au 5^ corps au mode d'alimen- tation le plus logique, par voie de réquisitions, et au sta- tionnement en profondeur pendant la grand'halte.

A son arrivée à Sarrebourg, le général de Failly eut une entrevue avec le maréchal de Mac-Mahon et les déci- sions suivantes furent adoptées pour la continuation de la retraite sur Chàlons :

Les troupes des deux corps d'armée, précédées par les divisions de cavalerie Duhesme et de Bonnemains, se porteraient sur Lunéville en trois colonnes :

Colonne de droite : division Goze et de TÂbadie, réserves d'artillerie et du génie; par Héming, Réchi- court-le-Château ;

Colonne du centre : l®"" corps et division Conseil- Dnmesnil du 7®; par Blàmont;

Colonne de gauche : division de cavalerie Brahaut et division Guyot de Lespart; par Cirey et Baccarat.

On ne se rend pas compte des raisons qui ont fait adopter ce dispositif de marche qui intercalait le i®' corps entre deux colonnes du ; qui comportait un itinéraire excentrique par Baccarat, d'où résulterait nécessairement un retard pour les troupes qui le suivraient (1); qui pla- çait enfin la cavalerie en tète. Il eût été préférable,

(1) D'une part, le Journal de marche du i*' corps dit qu'on appuya Tere le Sud « pour éviter le trouble que jetterait dans les troupes désor- ganisées Tapparition de Tennemi ». D'autre part, le général de Failly dit que la question très importante des vivres dut être prise en consi- dération fc et s'allier aux dispositions militaires arrêtées pour la retraite. » (Opérations et marches du 5* corps, page 18).

70 LA OUERRK DE ^ 870-4871.

semble-t-il, de faire prendre les devants au 1®' corps, par les deux. routes de Réchicourt et de Blàinont; d'attribaer au S* corps, marchaot également en deux colonnes, le rôle d'arrière-garde et de lui adjoindre toute la cava- lerie.

Dans la soirée, le maréchal de Mac-Mahon reçut un télégramme du Major général lui prescrivant de conti- nuer la retraite sur le camp de Ghâlons, mais de ne pas dépasser Nancy sans un ordre de l'Empereur (1).

7^ corps. La brigade de la division Liébert, Tar- tillerie divisionnaire et la réserve d'artillerie du corps d'armée quittent leurs bivouacs d'Àltkirch, à 3 h. IS da matin, et se portent sur Belfort. La 1'* brigade, campée le 7 au soir à Dannemarie, exécute le même mouve- ment, en prenant la tète de la colonne (2). Il en est de même de la division de cavalerie Ameil qui, sur l'ordre du général Douay, laisse, « pour nous éclairer, » un peloton dans chaque village entre Dannemarie et Belfort.

A midi, le Ministre de la guerre faisait connaître au Major général que les troupes de Rome avaient com- mencé à débarquer; il pensait que les 3S® et 42^ de ligne seraient à Lyon dans deux jours, et demandait la destination à donner à la division du 7*^ corps qu'il devait primitivement diriger sur Belfort, au moment de l'arrivée à Lyon des troupes du corps d'occupation des

(i) <( Dans la soirée, écrit le maréchal de Mac-Mahon, je reçus une dépêche de TEmpereur disant que, désormais, le général de Failly recevrait directement les ordres du quartier général et qu'il eût à se diriger sur Châlons. » {Souvenirs inédits^ 8 août).

Les documents du 8 août ne contiennent pas cette dépèche.

(S) Les renseignements alarmants du sous-préfet de Schlestadt (O'^ fascicule, page 38} avaient déterminé chez les populations de cette région une véritable panique. {Histoire de Varmée de. Châlons, par un Yolontaire de Tarmée du Rhin, page 41.)

LA aUERRB DE 4870-4874. 74

KtaU pontificaux. Le maréchal Le Bœuf fit répondre au Ministre de maintenir cette division, jusqu'à nouvel ordre, à Lyon, sans doute en raison des troubles qu'on redoutait dans cette ville.

II. Armée de Lorraine.

2* corps. Le mouvement du corps, de Puttelange sur Gros-Tenquin, commence à 3 heures du matin dans Tordre : réserve d'artillerie, 1'% 2®, divisions (4), division de cavalerie, la brigade Lapasset du corps formant Tarrière-garde.

« La division Vergé s'établit dans une forte position à gauche et en avant du village (Gros-Tcnquin). La divi- sion Bataille prend position entre Leinstroff et Gros- Tenquin, en avant du village et à droite de la route. La division de Laveaucoupet arrive vers midi à. Ërstroff et prend, sur la droite de la route, une bonne position mili- taire appuyée par des bois. La brigade Lapasset campe en arrière du village d'Hellimer et met une grand'garde à l'entrée du village, du côté de Puttelange. )>

La division de cavalerie de Valabrègue s'établit à Altroff avec les réserves d'artillerie et du génie (2).

L'extrait précédent du journal de marche du 2^ corps est un exemple frappant des errements en vigueur dans l'armée française de 1870 en matière de stationnement.

(1) D\iprès Tordre de mouvement du 7 août, la diTision de Laveau- coupet devait rompre à 4 h. 30 du matin, maig elle ne put entrer dana Li colonne qu'à 6 heures, a à cause de Tencombrement »• (Journal de marche de la 3* division.)

Lefait était à préToir; on n'ayait échelonné que d*une demi-heure lei départs des trois divisions d'infanterie.

(2) La réserrc dVtillerie partit dans la nuit d*ÂUrofF pour se rendre i Brulange. Voir page 76.

72 LA aUBRRB DE 4870-1874.

Vers 3 heures, eut lieu une alerte qui fit prendre les armes aux 24® et 40^ de ligne et à un bataillon du 63®.

Le général Frossard reçut dans la journée une lettre du Major général l'avisant que les 2®, 3®, corps et la Garde ne se replieraient pas sur Chàlons « en raison des nouvelles reçues celte nuit de rcnoerai (1) », mais cons- titueraient à Metz une forte armée, destinée soit à arrêter celle « du prince Charles », soit à se jeter « sur le flanc ou les derrières de celle qui parait devoir pénétrer par Saverne ». Le Major général ordonnait en conséquence au corps, au nom de l'Empereur, de se porter sur Metz par la ligne la plus directe, en se conformant aux instructions du maréchal Bazaine, et sans contrarier le mouvement des autres corps d'armée. L'Empereur espérait que le corps serait rendu le 9 sous Metz ou à petite distance de la place, en même temps que les 3®, 4** corps et la Garde.

De son côté, le général Frossard avait écrit, de Gros- Tenquin, au Major général pour lui rendre compte des événements de la journée du 6 août, l'informer de son intention de porter le lendemain son quartier général à

(1) La lettre du Mnjor général disait textuellement :

« L'Empereur vient de décider en ce moment même que ces trois corfis («{% 4% Garde) ne marcheront pas sur Chàlons, en raison des nouTclIcs qu'on a reçues cette nuit de Tennemi. n

Il semble, d'après ce passage, que le projet de Retraite sur Ch&lons, abandonné dans la soirée du 7, ait été repris dans la matinée du 8. De fait, on trouve dans lee documents du 8 (Grand quartier général. Opérations et mouvements), un résumé du projet de mouvement de retraite de Tarmée, qui fut préparé, le 8 août au matin» par les deux aides-majors généraux, et qui indiquait les étapes de Metz, par Verdun, sur Mourmelon.

On reçut, sans doute, ultérieurement, des renseignements rassurants sur les mouvements des Prussiens, ainsi qu'en témoigne cette dépêche de l'Empereur au Ministre de la guerre (Metz, 8 août, i heure soir) : « L'ennemi ne parott pas avoir fait de mouvements ».

LA GUERRE DE 1870-1874. 73

Brulange (\) et lui faire part de Tétat de fatigue et de dénuement de son corps d'armée : « Plusieurs régi- ments, disait-il, n'ont plus ni sacs, ni campement, ni ustensiles. Les vivres, hier, nous ont manqué ; aujour- d'hui, nous avons trouvé ici quelque chose, mais, demain, je ne sais quelles distributions nous pourrons

faire Mes hommes sont extrêmement fatigués; je

ne pourrais pas les garder longtemps dans cet état. Je vous envoie un officier qui vous dira en détail ce dont j*ai besoin. Il me faudrait des vivres assurés pour demain, par un fort convoi, à* la gare de Remilly. Veuillez me faire envoyer aussi des marmites, des gamelles, ainsi que de petites tentes-abri ; mes pauvres hommes ne peuvent faire la soupe, ni se préserver de la pluie la nuit n

Le commandant du corps considérait d'ailleurs « la concentration sur Metz, dans son grand camp retran- ché », comme « une nécessité et un moyen assuré de salut ». De même, les !«', et corps devaient, à son avis, se rassembler à Langres. a Sur ces deux points, on se tirera d'affaire, je Tespère ; autrement l'Empire serait perdu. »

n est probable que le général Frossard n*entendait pas concentrer l'armée du Rhin à Imtérieûr du camp retranché de Metz; rien, en effet, ni le rôle véritable que cette place devait jouer,' ni l'état de l'armée n'au- rait pu justifier une pareille détermination. Sa pensée était, sans doute de demander A la forteresse un a appui extérieur», en la considérant comme une «place de manœuvres » (2) dont les ouvrages serviraient de points

(1) L'ordre de mouvcmcDt pour le 9 août indique, au contraire, que le quartier général du 2^ corpa serait établi à Arraincourt.

(2) Général Frossard. Rapport sur les opérations du 2* corps de f armée du Rhin, page 419.

L'auteur établit trè.^ bien la distinction entre ces deux questions.

1

74 LA OUKRRE DE 1870-1871.

d'appui efficaces et de jalons^ pour ainsi dire, à des lignes de bataille que Tarmée,.. Viendra occuper, pour y attendre l'attaque de l'ennemi (1). »

Le général Frossard attribuait donc à Metz le rôle « de pivot stratégique », sous l'influence vraisemblable de doctrines erronées (2), qui semblaient, d'ailleurs, avoir fait d'autres adeptes dans l'armée française de 1870 (3). Le danger de leur application était que les armées actives restassent attachées trop longtemps à ces « pivots de manœuvre » et n'y fussent bloquées

Parlant des dispositions de l'armée après la bataille du 18, il s'exprime ainsi :

(( I/armée ayait donc fait encore un pas en arrière; ce n'était plui un appui extérieur qu'elle demandait à Metz, place de manœuvres, c'était un refuge qu'elle Tenait chercher, sous la protection des forts, dans le camp retranché de Metz. » (Page 120).

M L'espace intérieur protégé par cette ceinture de forts ne doit defc- nir un camp reirancké, un refuge, que dans des circonstances malheu- reuses, quand rnrmée qui tenait la campagne a été défaite, mise en désordre et dans un état de désorganisation qui ne lui permet plus de lutter au dehors. » (Page 120).

(i) Général Frossard. Loc. ciL, page i20.

(2) Général Brialmont. Étude sur la défense des États, 1863.

« Les places ainsi constituées, une armée peut yivre, se réorga- niser, tenir tète i\ des forces supérieures pendant un temps considé- rable, portent le nom de grands pivots stratégiques. » (Page 17).

(c L'armée défensive se retirera sur la place de refuge la plus rappro- chée Si l'agresseur continue à s'avancer, il s'expose k être attaqué

en flanc par Tarmée active pivotant sur la place de refuge. » (Page 31)»

(3) Le Major général paraît également vouloir attribuer ce rôle à Metx. Voir sa lettre au général Frossard, datée de Metz, 8 août. (Docu- ments annexes, corps.)

« Cet avis, alors partage par un grand nombre d'officiers, prévalut le 8 dans le conseil de l'Empereur, et je crois qu'on eut raison de l'adopter. » {Journal d'un officier de l'armée du iî/iiVi, page 54).

« Je pensais, dit le général Coffiniôrcs, qu'il était plus convenable et plus utile de laisser l'armée de ChAlons autour de Paris et de donnera l'armée de Metz un rôle très important, celui de harceler l'ennemi et

LA OUBRRB DE 1870-4871.

7B

par rennemi (1). L'histoire militaire du passé per-. mettait de le prévoir, et Tavenir Ta démontré pour Metz et pour Plewna. L'erreur de ces doctrines con- sistait, en réalité, dans la liaison intime qu'elles pré- conisaient entre les armées actives et la fortification permanente. Le véritable rôle de Metz était de favo* riser les mouvements de Tarmée du Rhin en consti^ tuant une double tête de ponts sur la Moselle, de faciliter sa retraite, mais, en aucun cas, de devenir sa base d'opérations.

Dans la soirée du 8, le général Frossard donna, pour la marche du 9 août, des ordres qui peuvent être résumés ainsi :

UKITÉS.

Quartier général

2* division

S'difbion

Brigade Lapasset

1" divisioD '

Dirisioii de cavolcric et une batterie à chenal.

HEURES

•V »£PART.

NoQ fixée. 3 h. matin. 3 b. matin.

S h. matin. Non filée. 3 h, matin.

ITINÉRAIRE.

Non fixé.

Non fixé.

Morhange et BaroDvilIe.

Non fixé.

Id.

Id.

POINTS

de

BTATI02INB¥KNT.

Ârrainconrt. Dru) ange. Thonville.

Suisse-Basse, Holacourl (4). Suisse-Basse.

(1) ArrièK-gardB.

Frappé des lenteurs et de l'encombrement que les convois et les bagages avaient occasionnés dans la

de menacer sa ligne d'opération.. .. Enfin, je ferai encore observer que la place de Metz avait été agrandie et nméiiorue justement dans le but de jouer ce rôle, c'est-'i-dire pour servir do centre et de pivot de roanœuTres à une armée chargée de défendre la Lorraine. » (Procès Bazaine. Déposition du général Coffinières, page 423). (1) « Une enceinte de forts peut créer un péril grave par

76 Lk GUERRE DE 4870-4874.

colonne (1), le général Frossard leur fît prendre les devants, dans la soirée du 8, ainsi qu'aux ambulances, au trésor et même aux réserves d'artillerie (2) et du génie, et les dirigea sur Brulange sous Fescorte d'un escadron du 12® dragons. Ces éléments partirent, entre 9 heures et minuit, et marchèrent, toute la nuit, sous une pluie battante. L'assimilation de la réserve d'artillerie aux impedimenta n'était pas heureuse, surtout dans une marche en retraite, au cours de laquelle le général Frossard s'attendait d'ailleurs à être attaqué (3).

Pour la première fois, on constate, le 8 août, à la divi- sion de cavalerie du corps, l'envoi de reconnaissances à une certaine distance en avant de Tinfanterie : sur Sarralbe, par Insming et Gueblange ; sur Albestroff et Munster, par Petit-Tenquîn. Leurs renseignements de la soirée, « d'accord avec ceux des habilants des différents villages situés en avant de notre position », signalent de l'infanterie ennemie, en assez grande quantité, à Putte- lange et des forces importantes de cavalerie à Sarralbe. « Au dire des habitants », il y aurait un camp entre Remering et Richeling, et de nombreux partis de cava- lerie ennemie se seraient montrés A Marienthal, Barst^ Lanning. Enfin, un cavalier du dragons, parti le 7 de Forbach, et rentré à son régiment le 8, fait connaître que, le 7, l'armée prussienne campait encore sur les anciens emplacements du corps.

corps et Garde. Le corps et la Garde marchent

rattraction, raspiraiiorit en quelque sort?, que ce camp retranché exerce sur une armée manœuyrant à proximité, plus ou moins battue et qui, on venant 8*y réfugier, sans y être absolument contrainte, s'expose à n'en plus jamais sortir. >• (Général Frossard. Loc. cit., page 121). (i) Journal de marche du â* corps.

(2) Moins une batterie à cheTai, mise h la disposition de la division de cavalerie.

(3) Journal de marche du 2" corps.

LA GUERRE DE 4870-4871. 77

en deux colonnes pour se porter sur la rive gauche do la Nied. La colonne du Sud est formée des divisions Metman et Montaudon du corps, qui rompent respec- tivement de Puttelange, à 3 et 4 heures du matin, et suivent l'itinéraire : Barst, Biding, Val-Ebersîng ; elles campent, la première, entre Faulquemont et Créhange (1 h. 30 de Taprès-midi), la seconde, à Vahl-les-Faul- quemont (5 heures), détachant & Pont-Pierre, comme poste avancé, le 18® bataillon de chasseurs (1).

La colonne du Nord est composée de la Garde, du reste du corps et de la division Grenier du 4®. La division de cavalerie de la Garde, formant tète de colonne, part de Longevilleles-Saint-Avold, à 2 h. 30 du matin, et prend la route de Metz ; les divisions Picard et Deligny, la réserve d'artillerie suivent le mouvement ; les parcs d'artillerie et du génie se rendent de Pange à Metz. Toute la Garde se trouve établie, avant midi : la division de cavalerie et la réserve d'artillerie à Cour- celles-Chaussy, les divisions d'infanterie à Pont- à - Ghaussy. L'ordre de mouvement pour le 9 août lui prescrit de se rendre à Metz dans Tordre suivant :

Grand convoi de Tadministration : départ à 4 heures du matin ;

(1) Pont-Pieri'c fut occupé par le i8' batailloQ de chasseurs, en ei6- cation de Tordre suivant, envoyé de Longcville, à 8 h. 30 du matin, par le maréchal Bazaine au général Montaudon :

« Vous camperez ce soir sur la rive gauche de la Nied allemande, votre extrême droite h hauteur de Pont-Pierre, que vous ferez garder, et votre gauche à Faulquemont. Vous aurez également dos postes au delà du chemin de fer, sur la rive droite de la Nied. »

Le Maréchal recommandait de bivouaquer sur deux lignes déplovtîes de brigade, la seconde ligne à 500 ou 600 mètres de la première.

Le général Montaudon, accusant réception au maréchal Bazaine, lui signale Tétat de fatigue de ses troupes, « déjà épuisées par les marches de nuit et les alertes des jours précédents », et demande qu*il leur soit accordé un jour de repos, si cela est possible.

78 LA OUBRRE DE 4870-4874.

*

Division de cavalerie : départ à 5 heures du matin ;

Troupes et services du quartier général; réserves d'artillerie et du génie : départ à 6 heures du matin ;

Division Deligny : départ à 7 heures du matin ;

Division Picard : départ à 8 h. 30 du matin.

Le 3* corps succède à la Garde sur la route de Metz (!). La division Castagny part de Guenviller à 4 heures et arrive à Saint- Avold à 6 heures,' d'où elle va prendre position successivement à FÂuberge de Longe- ville-les-Saint-Avold et à Marange pour couvrir l'écou- lement de la colonne. Les réserves d'artillerie et du génie, puis la division Grenier du 4* corps quittent Saint-Avold à leur tour.

Le maréchal Bazaine prescrit à la division Grenier d'établir sa brigade à l'Est de Longe ville-les-Saint- Avold, près de l'intersection des routes de Metz et de Chàteau-Salins ; sa 1" brigade à l'Ouest de cette même localité, jusqu'au moment les bagages auront défilé devant elle. Elle se porte alors sur les hauteurs de l'auberge de Longeville, elle remplace la division Castagny, qui va prendre position à Marange (2). La division Decaen succède à la division Grenier à l'auberge de Longeville, elle se maintient jusqu'au passage complet de la division de cavalerie de Clérembault.

A 7 heures du matin, celle-ci fait « prendre posi- tion » (3) à sa 4'® brigade (de Bruchard) à la sortie Est

{i) L'ordre de marche e^t ainsi réglé : Division Castagny et ses bagages, division Grenier (du 4^ corps) et ses bagages, bagages de la division Decaen, bagages de la division de cavalerie, division Decaen, division de Clérembault avec une batterie à cheval.

(2) La division Grenier devait remplacer la division Castagny sur ses positions de Marange; mais, au moment de les occuper, Tennemi ne s* étant pas montré, le Maréchal donna Tordre au général Grenier de poursuivre sa route.

(3) Journal de marche de la division de Clérembault*

lA GUERRE DE 4870-4871. T9

de Saint-Avold, tandis que la (de Maubranches) s'éta- blit à la sortie Ouest; la brigade (de Juniac), venant de Puttelange, se joint à la 2®. La division de Clérem- bault reste immobile dans cette formation jusqu'à midi. A ce moment, elle envoie la batterie à cheval (l'^du 17**), qui lui est adjointe, sur une hauteur au Nord de Saint- Avold, pour battre éventuellement les routes de Carling et de l'Hôpital; puis, après deux heures d'attente, elle s'ébranle enfin sur Longeville, elle s'arrête jusqu'à 6 heures, dépasse la division Decaen et se dirige sur Fouligny par la grande route.

(( La nuit arrive et avec elle la pluie ; les troupes d'infanterie gagnent leurs bivouacs; la colonne, ralentie par ses impedimenta, s'allonge ; les troupes piétinent sur

place ^ W' La division de Clérembault avait reçu

Tordre d'aller camper « derrière et à côté de la division Castagny », au Sud de Fouligny et de Raville; mais Tobscurité et la pluie empêchent de reconnaître un ter- rain de bivouac convenable (2) et, d'autre part, le sous- intendant de la division se trouve à Bionville, en mesure de ravitailler les troupes. Le général de Clérembault prend le parti de s'établir sur ce point : l'installation de ses régiments n'est terminée que vers 2 heures du matin (3).

(1) Journal de marche de la division de Clérembault.

(2) Ibid.

(3) « L'infanterie faisant des repos longs et fréquents, j*ai rais onze heures et demie pour faire 18 kilomètres; je ne réclame pas : c'était aujourd'hui urgent et nécessaire ; mais je solliciterai de Votre Excellence, quand ce ne sera pas utile, de me laisser arriver de manière à quitter le bivouac et y arriver de jour. » (Le général de Clérembault au maré- chal Bazaine. 8 août, minuit).

La division de cavalerie du corps était extrêmement fatiguée, sur- tout la brigade de Juniac, qui, le 7 août, était restée vingt et une heures à cheval, et qui, le 8, était partie de Puttelange à 3 heures du matin pour arriyer au bivouac de Bionville le 9, après minuit.

80 LA GUERRE DE 1870-1874.

Pendant ce temps, la division Castagny s'était établie, vers 8 heures du soir, entre Raville et Guinglange; la division Grenier, du corps, vers H heures du soir, entre Bionville et Plappecourt (i); la division Decaen se place, plus tard encorev(2), devant la division Grenier; la réserve d'artillerie est dirigée, par Bambiderstroff et Guinglange, sur Arriance; la réserve du génie sur Faul- quemont, avec le quartier général du 3^ corps ; le parc à Pange. Les 2®, S" et 4* divisions avaient laissé des avant- postes sur la rive droite de la Nied, conformément aux instructions qui leur avaient été adressées en cours de route (3).

Dans la soirée (8 h. SO), le maréchal Bazaine rendit compte au Major général des emplacements occupés par les 3^, corps et la Garde. « Tout s'est passé, ajoutait*il, avec ordre, très militairement, sans un coup de fusil; Tennemi s'est borné à faire occuper Saint-Avold par le /5® de uhlans. Les troupes sont très fatiguées et il est indispensable qu'elles fassent séjour sur leurs positions. La Garde doit-elle rentrer demain à Metz? »

Le Major général, dans sa réponse (10 heures du soir), se prononce pour le retour de la Garde, si le maréchal Bazaine n'en avait « aucun besoin n ; mais il l'autorisait à la garder, s'il y avait « apparence de lutte ». Il lui recommandait de s'éclairer très au loin avec sa cava- lerie, de tâcher d'enlever quelques uhlans et de pres-

(1) Un ordre du maréchal Bazaiue,' daté de LongcWUe, 8 h. 30 du matin, prescriTait à la division Grenier de se rendre à Laodonviliers et de prendre les instructions du général de Ladmirault. Cet ordre ne parvint pas sans doute ou fut rapporté, car la diTÎsîou Grenier campa le 8 aoât au ch&teau du Prince, entre BionTilte et Plappecourt.

(2) « L'encombrement des routes par les différentes colonnes ne per- met pas «\ certains corps de s'établir au bivouac avant 3 heures du matin. » (Journal de marche de la division Decaen).

(3) La 3^ division faisait partie de la colonne du Sud. Voir page T7.

LA GUERRE DE 1870-4871. 81

crire au général de Ladniirault de continuer à couvrir la gauche de Farmée. Il lui annonçait aussi la possibilité d'une bataille sous Metz, dai^s deux ou trois jours, quand l'ennemi, qui paraissait se concentrer, aurait reçu ses renforts. L'initiative la plus complète était laissée d'ailleurs au commandant en chef des corps de Lorraine. « Vous seul », écrivait le Major général, « avez des ordres à donner. Faites donc ce que les circonstances vous inspireront »

Dans la nuit, le Major général adressa au maréchal Bazaine un second télégramme qui lui parvint le 9, â 3 h. 30 du matin. Le 3^ corps devait séjourner à Faul- quemont pour rester lié au 2®, le restant en position sur la gauche du 3®, la Garde s'établissant de manière à pouvoir soutenir celui-ci. « Un nouvel avis qui m'arrive, écrivait-il, m'indique que l'ennemi est en marche sur

notre gauche Tâchez de concentrer le plus tôt

possible sous Metz les 2^, 3^, corps et la Garde, qui sont tous placés sous vos ordres et doivent s'y conformer strictement. Faites-vous éclairer très au loin par votre cavalerie légère. »

corps. La marche de nuit prescrite par le géné- ral de Ladmirault, dans la soirée du 7 août, pour porter ses troupes, de Boulay et d'HelstroJÏ, sur la rive gauche de la Nied française, est précédée de l'envoi du grand convoi de vivres du quartier général à Noisseville, des convois divisionnaires et des bagages à Glattigny.

La division de cavalerie commence le mouvement : la brigade de hussards, partant de Boulay à minuit, se rend, par Yolmerange, à Lauvallier (i); la brigade de dragons, rompant à i heure du matin, se dirige, par flelstroff, sur Silly (2). Les réserves d'artillerie et du

(1) Derrière rinfanlerie du corps.

(2) Derrière rinfanterie du ^^ corps.

f rc*eiealc.

ai LA GUERRE DB 1870-4 871.

4

génie suivent immédiatement la brigade de hussards et vont bivouaquer survies hauteurs entre Glattigny et les Étangs ; puis marchent le quartier général et la 1" divi- sion, qui s'établissent à Giattigny et aux Étangs. L& 3^ division quitte HelstrofF à 3 heures du matin et se porte à Silly-sur-Nied par Varize, Vaudoncourt, Coup- celles-Chaussy, Pont-à-Chaussy ; elle campe sur les hauteurs entre Silly et Glattigny (1 ) .

Aux Étaiïgs, le 4^ corps se trouvait à Textrème gauche de Tarmée; de ce fait, il lui appartenait de faire exécuter des reconnaissances de cavalerie dans les directions de Bouxonville et de Teterchen. Les documents du 8 août n'en mentionnent qu'une seule, ordonnée par le général

(1) (c Ainsi, à la Gn de cette journée du 8, le 4* corps était en entier établi sur la rive gauche de la Nied, derrière une barrière qu'il aurait pu défendre grâce à ses positions ayaotageuses. Mais dans quel misé- rable état 1 Le mouTement de la nuit précédente s'était exécuté dans les conditions les plus difficiles et sous une pluie battante. Les hommes, trempés jusqu'aux os, ne pouvant ni assujettir leurs misérables petites tentes sur un sol qui n'était plus qu'une mer de boue, ni allumer les feux pour faire la soupe, n*ayant pas même à manget leur pain trans- formé en bouillie sur les sacs, les hommes, la figure tirée et les yéte-. ments souillés, semblaient prêts à tomber d'épuisement.

n Les cavaliers qui, en raison do l'encombremeat des routes, «ivaiect marché très lentement, après avoir passé une partie de la nuit à la bride de leurs chevaux, et erraient maintenant à la recherche d'abreuvoirs, traversaient les bivouacs en escadrons épars, plus fatigués d'être inu- tiles que s'ils fussent revenus d'une lointaine exploration On^ne

Mvmit ni ce qu'on faisait, ni on allait, et déjà les ailes du malheur semblaieat frôler cette armée ballottée dans tous les sens! Telles y étaient, cependant, la force de la discipline, la valeur des hommes et leur résistance, que pas un murmure ne se faisait entendre sous les tentes, oi!l s'étendaient, trausis d*bumidité et de froid, des êtres affamés. Il devait suffire, trois jours plus tard, d'un rayon de soleil et d'espé-^ rance pour que chacun se retrouvât, ardent et fort, prêt à combattre

avec joie et à mourir sans regrets » (Lieutenant-colonel Rousset.

Le 4* corps de l'armée de Metz, page 49. Paris, H. Charles-Lavau- zelle.)

LA GUERRE DE 1870-1874. 83

de Ladmirault au général Legrand, dans des termes caractéristiques :

« La cavalerie enverra ce soir une reconnaissance sur la route directe de Metz à Bouzonville; à cet effet, elle s'avancera jusqu'au Petit-Marais et prendra la route qui se dirige vers Vry et Gondreville. Elle se portera un peu au delà de ce dernier point. Cette reconnaissance sera faite par un peloton de la brigade de hussards ; elle par- tira de Lauvallier vers S heures du soir. »

L'ordre de mouvement pour le 9 août prescrivait à la division de cavalerie deux autres reconnaissances, à 3 heures du matin : l'une, d'un escadron, qui se porterait à Vry et enverrait, de là, des patrouilles sur la route de Bouzonville ; l'autre, opérant sur la route de Boulay. Pen- dant ce temps, le corps devait se mettre en marche sur Metz à 4 heures, précédé de ses bagages et des voi- tures du trésor : la 1'® division par Petit-Marais, Sainte- Barbe, Saint- Julien ; la par Retonfey, Petit-Marais, Lauvallier. La brigade de dragons reçut Tordre d'être rassemblée, à 4 heures du matin, à Petit-Marais, le général de Ladmirault lui indiquerait la direction à prendre.

Réserves générales de cavalerie et cPariillerie. La division de Forton iavait reçu, le 7 au soir, à Marien- tha), l'ordre de gagner le plus tôt possible Pont-à- Mousson : elle revint camper à Folschwiller et atteignit, le 8, Soigne et Luppy. La division du Barail, partie de Nancy dans la matinée du 8, se porta à Bernécourt.

Tout ce qui restait à Nancy de la réserve d'artillerie (12 batteries) (i) fut également appelé à Metz et partit à une heure de l'après-midi.

(t) Les quatre autres batteries étaient parties, le 7 aoât, de Nancy

pour Metz.

é

8i LA GUERRE DE 4870-1871.

III. Renseignements et opérations de la cavalerie.

Les renseignements recueillis le 7 août, tant par les corps d'armée que par le grand quartier général de Tarroée du Rhin, sont peu nombreux et généralement assez vagues. Cependant, la nouvelle du passage du Rhin à Marckolsheim, qui la veille avait produit à Metz une certaine émotion (1), est définitivement démentie, le 8 au matin, par un télégramme du sous-préfet de Schlestadt au Major général. Mais, d'autre part, le général Douay mande de Belfort que le village de Rheinweiler était bondé de troupes ennemies le 7 aoiU, et que d'autres descendaient, des coteaux du grand-duché de Bade, vers Petit-Kembs et Istein. Une dépèche d'Huningue annonce, sans indiquer, il est vrai, Torigine de cette information, que 80,000 à 100,000 hommes doivent pénétrer en France, entre cette ville et Mulhouse.

Au grand quartier général des armées allemandes, on attendait de la cavalerie des renseignements certains sur la situation de l'ennemi, avant de donner « des directives » pour la continuation de la marche. Néan- moins, les /'® et divisions de cavalerie, affectées à la 1^ armée, restèrent immobiles le 8 août.

Deux reconnaissances d'officier des et i4^ uhlans (2) poussèrent jusqu'à Boulay elles trouvèrent de grands bivouacs abandonnés, mais ne firent pas connaître la direction suivie par les troupes qui les avaient occupés. La première manda même qu'elle n'avait

(i) Le général Soleille avait, eu raison de cette nouvelle, prescrit au directeur du parc du 5<^ corps de replier son matériel sur Langres, au directeur du parc du 7' corps d'évacuer le sien sur Besançon. L*opéra- tion fut suspendue.

(2) Appartenant tous deux à la division de cavalerie, 7* bri- gade.

I

i LA GUERRE DE 4870-4871. 85

rencontré aucune troupe ennemie depuis Boulay jus- qu'aux Étangs (i).

Dans l'après-midi, la brigade Grûter,*de la 6^ division de cavalerie, dirigea, de Morsbach, sur Saint-Avold fet Lixing, une reconnaissance forte de trois escadrons du iS^ uhians, sous les ordres du colonel d'Âlvensleben. Un escadron, lancé sur Lixing, découvrit à Gros-Tenquin un vaste campement français; les deux autres constatèrent que Saint- Avold était fortement occupé; ils y péné- trèrent, vers 5 heures, après l'évacuation de cette localité par l'ennemi, qu'ils suivirent jusqu'à Longeville. Ils se heurtèrent en ce point à la division Decaen du 3^ corps, dont ils observèrent ensuite la retraite dans la direction de Bionville. Le colonel d'Alvensleben laissa, pour la nuit, un escadron à Longeville avec des patrouilles au contact et ramena les deux autres à Saint-Avold (2).

La brigade Grûter avait chargé aussi un escadron du 3^ uhlans de chercher, par Metzing, le contact avec la 5* division de cavalerie (3), de préciser la direction de retraite de l'adversaire, au moyen de patrouilles lancées vers le Sud, et de faire connaître en particulier si Putte- lange et Gappel étaient déjà évacués. L'escadron cons-

(i) GénérRl de PeletNorbonne. La cavalerie allemande du 7 au

(2) Le rapport du colonel d'Alvensleben (arrivé à 6 h. 45 soir à la 6* division de cavalerie), signalait, d*après les dires d*un prisonnier, la présence h Saint-Avold' du corps français et en particulier des régi- ments n^ 81, 05, 63, 51. A 10 heures du soir, il envoya un second rapport il donnait Favis que le 2' corps n*avait pas passé par Saint- AvolJ, mais au Sud de cette ville. (Général de Pelet-Narbonne. Loc. cit„ pages 63 et 64.) '

(3) L'ordre du grand-duc de Mecklembourg, en vertu duquel ces deux reconnaissances furent envoyées, disait :

a II faut déployer la plus grande énergie pour reprendre coûte que coûte le contact perdu et pour le conserver. (Général de Pelet-Nar- bonne. Loc. cit., page 59.)

86 LA. GUERRE DR 4870-i871.

taia que les Français n'occupaient plus ces deux localités mais apprit que, le matin même, deux régiments d'infan- terie et deux d'artillerie se trouvaient encore k Putte- lange ; il ramena quelques prisonniers.

De son côté, le général de StOlpnagel, commandant la 5^ division d'infanterie, avait chargé sa cavalerie divi- sionnaire (/i?* dragons) de deux reconnaissances. La pre- mière, dirigée par le major Thiele et forte de trente che- vaux, était chargée de faire connaître la direction suivie par Tennemi. Parti de Sarrebrttck le 8, à 2 h. 30 du matin, le major Thiele, en arrivant près de Haut*Hom- bourg, aperçut, sur les pentes Nord du Mittenberg, une grosse masse de cavalerie française, puis de rinfanterie, dont il évalua la force à treize bataillons et trois pièces de canon qui prirent position. Le détachement se replia sans garder le contact (i). Le major Thiele rendit compte personnellement au prince Frédéric-Charles, à 7 h. 45 du matin. La seconde reconnaissance, de trente chevaux également, avait été envoyée vers le Sud ; passant par Brebach et Kleinblidersdorf, elle traversa la Blies à la nage et arriva à Sarreguemines que le //• hussards occupait déjà.

La division de cavalerie avait reçu, dans la matinée du 8 août, un ordre du commandant de la IP armée, qui retirait au général de Rheinbaben la direction de la 0^' division de cavalerie, plaçait la brigade Bredow sous les ordres du commandant du IV® corps, et prescrivait aux deux brigades reslantes {Barby et Ilcdcrn), de la division, de se porter, des environs d'Habkirchen, par

(1) <c Quant à Tabandon du contact acquis, après Texécution de cette reconnaissance, c'est un fait si général à cette époque que je ne veux pas revenir encore sur ce sujet. Cette pratique était, en effet, fondée sur les idées, encore insuffisamment nettes, que l'on a^ait alors au sujet des nécessités du service d'exploration. » (Général de Pelet-Narbonne. Loc. cit., page 58.)

LA G UKRRE Dîî 1870-1871. 8?

SarreguemineS) sur Puttelange, puis d'établir des avant^ postes sur la ligne Puttelange-Sarralbe. Les patrouilles signalèrent une colonne française^ d'environ 85OOO hommes, en retraite au Sud-Ouest de Puttelange ; vers Sarralbe, on n'aperçut pas trace de l'adversaire (1). La brigade Bredow qui s'était concentrée, le 7, a.u Nord de Rohrbach, se mit en mouvement à 4 heures du matin et parvint à Lorentzen à 10 heures 45; de là, le 10^ hus- sards se porta à Hei^bitzheim, le 16^ uhlans à Sarre- Union (2). Pendant ce temps, le cuirassiers se diri- geait sur Bitche et au Sud la place, avec mission de chercher à se relier avec la lH® armée. A Lemberg^ il rencontra un détachement du IP corps bavarois, chargé d'opérer des réquisitions et considéra la liaison comme établie, puis il se porta sur Wimmcnau des soldats français isolés Tempèchèrent de pousser, plus loin. Il revint alors par Lorentzen à Sarre-Union, après « avoir parcouru treize milles sans obtenir de résultat réel(3)y>. En somme, dans la journée du 8, la cavalerie allemande,

(1) « Parce qu'on a observé l'eniiemi k grande distance , ou

parce qu'on s'est emparé de quelques traînards, on r^e peut pas encore estimer qu*on a pris le contact. Avec un peu plus d'esprit d'entreprise, ce bot eât certainement été atteint le 8, car on était sur la bonne piste. Les renseignements vagues qui terminent le rapport font voir, d'ail- leurs, combien peu le commandant de la division lui-même était éclairé sur la situation. » (Général de PeUt-Narbonne. Loc. ait,, page 06.)

(2) La brigade BredoTv (i5« de la division de cavalerie) se compo- sait du 7* cuirassiers, du iO'^ uhlans et du iS" dragons. Lo iO^ hus- sards, appartenant à la brigade Redern {i3^ de la division), avait été rattaché provisoirement à la brigade Bredow.

- Dans la journée du 8, le i3° dragons ne se joignit pas au gros de la brigade, l'ordre ne lui étant pas parvenu. Il rallia le lendemain.

(3) Général de Pelet-Narbonne. Loc, cit., page 68. Le mille prussien est de 7 kilom. 532 mètres. La mission dont était chargée le 7^ cuiras- siers exigeait qu'il se mit en relations avec un des généraux du II" corps bavarois qui fût en mesure de l'orienter sur la situation d'ensemble de la m* armée.

88 LA GUEFRE DR 4870-1871.

à part la brigade GrUter et le /^dragoas, n'avait pas encore recueilli de renseignements bien importants sur la situation de Tarmée française. Le commandement avait obtenu quelques informations au centime, sur la route de Saint-Avold à Met:^, mais il manquait de nouvelles précises aux deux ailes. On ignorait encore, en effet, au grand quartier général, à Hombourg, si Tadversaîre avait évacué Bouzonville et Boulay (1) et Ton n'avait que des données vagues sur la direction suivie^ar le corps (2). < Les dispositions prises, le 8, par le commandant de la IP armée à Tégard des et 6^ divisions de cavalerie n'étaient pas faites pour remédier à Tinsuffisance du service d'exploration dans les journées précédentes.

« Le mouvement de l'aile gauche par Rohrbach avait douné un tel développement au front de la 11^ armée, que le commandant en chef jugeait utile de répartir, entre les divers corps d'armée, la cavalerie, formée jusqu'alors en divisions indépendantes (3). » La 6^ divi- sion de cavalerie fut donc affectée au IIP corps ; la 5* fut fractionnée entre le IV* corps (brigade Bredow) et le (brigades Barby et Redern). Le prince Frédéric- Charles se réservait seulement, en cas de bataille, de réunir ces divisions et d'en disposer lui-même (4). »

Ces dispositions étaient*- elles judicieuses? Était-il nécessaire d'affecter ces divisions à des corps d'armée qui trouvaient, dans leurs huit escadrons de cavalerie

(1) Le maréchal de MoUke au commandant de la I''*' armée (Corres- pondance militaire^ tome I, n<» 423) D'après V Historique du Grand Eialr Major prussien, on reçut très tard daus la soirée, à Homl>ourg, la nouvelle de révacuation de Bouzonville, Boulay, Boudiepom (4^ liyrai- son, page 403).

{î) Croquis représentant les positions des corps français le 9 août au matin, de la main du lieutenant-colonel Verdy du Vernois {Correspond dance miiiloire du maréchal de MoUke, tome I, page 262).

(3) Historique du Grand Etat-Major ptmssien, livraison, page 40t.

(4) Ibid.

guerre de 4870-4871. S9

divisionnaire» des ressources suffisantes pour pourvoir à leur sûreté, en marche et en station, malgré l'exten- sion da front de la IP armée ? Etait-il logique de scinder la division en deux tronçons, au lieu de s'efforcer de les réunir ? La réponse à ces questions n'est pas dou- teuse. Plus était grande Fétendue du front de la IP armée, plus devait être considérable la distance à laquelle on devait pousser en avant la cavalerie d'explo- ration et le service de découverte. Or, la répartition des divisions de cette arme entre les corps d'armée devait avoir pour conséquence fatale d'entraver leur liberté d'action, de limiter leur horizon, de les réduire au rôle de cavalerie divisionnaire, d'arrêter les renseignements recueillis par elles aux premiers échelons du comman- dement ou de les faire parvenir fort tard au comman- dant d'armée (1). Du moins, les /'* et 3^ divisions de cavalerie de la armée demeuraient-elles disponibles pour constituer une masse, véritable organe du général en chef et à sa disposition exclusive. On aurait pu même leur adjoindre, un peu plus tard, la division de cava- lerie de la Garde et celle du corps saxon. Mais le grand quartier général allemand qui, pourtant, ne voulait pas donner des directives sans avoir des renseignements certains sur la situation et ^attitude de l'ennemi, ne jugea pas à propos d'opérer ce groupement et de créer ainsi les moyens appropriés au but qu'il se proposait d'obtenir.

Quant à la division de cavalerie de la IIP armée, elle était maintenue provisoirement à Bouxwiller et à Steinbourg, de façon à ne franchir les Vosges qu'à la suite de l'infanterie du XP corps. '

(1) tf L*empIoi des divisions de cavalerie ne répondit plus aussi bien au rôle stratégique qui leur incombe, il se rapprocha davantage des missions que doit remplir la cavalerie divisionnaire. » (Général de Pelet-Narbonne. Loc. cif.y page 69.)

90 tA GUERRE DE 4870-4874.

IV. -^ Mooyements des armées allemandes.

Les mouvements des trois armées allemandes, dans la journée du 8 août, sont les suivants :

I^ armée. L'intention du général de Steinmeiz était ' de faire appuyer les VII® et VHP corps vers l'Ouest, de façon à dégager la route de Sarrebrûck à Saint-Âvold, affectée & la IP armée. Déjà les mouvements étaient commencés,, quand ils furent contremandés, sur de nou- velles instructions du commandant de la I''^ armée, qui, dans la nuit du 7 au 8, avait reçu, du grand quartier général. Tordre de laisser ces deux corps « dans leurs positions actuelles entre Sarrebrûck et Vôlklingen, d'occuper les hauteurs de Spicheren » et de s'y main- tenir en cas d'attaque.

En conséquence, le VIP corps qui, partant de Saint- Wendel et Forbacb, avait commencé à s'établir sur la route de Vôlklingen à Carling, n'y conserva que Tavant- garde de la iS^ division, à Ludweiler. Le gros de celle- ci s'arrêta à Petite-Rossellc ; la i4^ division vint à For- bacb et Morsbach, et plaça des avant-postes à cheval sur la route de Saint-Avold. Le VHP corps, après avoir levé ses bivouacs de Drathzug et de Malstatt, se dirigeait sur Vôlklingen et Webrden, par les deux rives de la Sarre, pour se former derrière le VIP. Mais, sur des renseignements inexacts, signalant uqe attaque venant de Puttelange, le général de Goeben, commandant le corps d'armée, rappela la /^®, puis la /5® division sur la rive gauche pour leur faire occuper les hau- teurs de Spicheren. L'artillerie de corps restait dans la vallée.

Le P' corps venait à Vôlklingen et Pttttlingen (/"divi- sion) et Stiring-Wendel (5^ division). La 3^ division de cavalerie, qui s'était avancée un peu au Sud de Sarre- louis, était ramenée sur la rive droite de la Sarre et

LA OUBRRB DB 4870>4871. 91

bivouaquait à Derlen. La /''^ atteignait Saint- Jean, sauf le 9^ uhians encore à Lebach (1).

Le général de Steinmetz avait reçu du grand quartier général Tordre de conserver, le 9 août, ses positions du 8.

« Le mouvement projeté des masses allemandes de la basse Sarre vers les environs de Metz devait se conti- nuer sous la forme d'une conversion successive à droite, dans laquelle la 1'^ armée constituerait en quelque sorte le pivot. On supposait que TEmpereur Napoléon était sur Moselle avec une armée composée de cinq corps (2) ; si on voulait l'aborder de front, en même temps que Ton tournerait sa droite avec des forces supérieures, il fallait dès à présent maintenir en arrière notre aile droite, c'est-à-dire la I'® armée. Son mouvement offensif devait être, en effet, d'autant plus ralenti que Taile gaucbe de la II® armée avait s'étendre fort loin vers le Sud, tandis qnc le centre achevait encore de se masser (3). »

A ces arguments, destinés à justifier Vimmobilité de la !'• armée, \ Historique du Grmid État-Major prussien ajoute que l'on n'était pas encore complètement fixé sur la conduite de Fennemi, après les batailles de Wœrth et de Spicheren, et que, par suite, les décisions ultérieures se trouvaient être ainsi subordonnées aux renseigne- ments que fournirait la cavalerie sur la « situation » de la principale armée française. Il semble que Ton aurait pu se contenter, à cet égard, des informations puisées à d*autres sources, sans doute, et qui avaient permis d'éta-

(t) Débarqué dans le courant de la matinée. même à Birkenfeld.

(2) VHistorique du Grand État-Major prmsien vise ici, sans doute, raTenir> car de Moltke connaissait les emplacements des corps français le 8 août au matin, et savait qu'il ne pouvait y en avoir cinq sur la Moselle. Voir plus loin, page 92.

(3) Historique du Grand État-Major prussien, livraison, page 403.

1»2 LA GUERRE DE 4870-HB71.

blir, au grand quartier général allemand, des croquis des positions des corps français, les 7 et 8 août au matin. Le second indique le corps évacuant Puttelange, le A Saint-Avold, le en marche au Sud-Ouest de Bouche- porn vers Melz, le en retraite de Sarreguemines vers le Sud (4).

Le maréchal de Moltke prescrivant, le 8 août, au général de Steinmetz, de conserver le lendemain ses positions, ne donne, d'ailleurs, d'autre motif que Tin- certitude il se trouve de l'occupation ou de l'éva- cuation, par l'ennemi, de Boulay et de Bouzonville.

Il n'est nullement question du « pivot » que doit constituer la I*"® armée dans la conversion ultérieure. Par contre, dans un télégramme précédent du 7 août, c'est l'idée de défensive sur les hauteurs de Spicheren qui prédomine : le maréchal de Moltke demande à la ca- valerie des indications certaines, non pas sur la situation^ mais sur V attitude de l'ennemi (2). Le même jour, il expose au général de Blumenthal que « la mesure la plus à propos pour l'adversaire serait peut-être une offensive générale contre la II® armée (3). » Il devait admettre, en effet, que, le 7, les et corps français et la Garde, avec le 2®, reformé en seconde ligne, pouvaient attaquer le général de Steinmetz à Forbach. C'est, en effet, ce qui aurait se produire si le corps, continuant à jouer le rôle d'avant-garde générale de l'armée, se fût maintenu, le 6 au soir, à Forbach, et sur les hauteurs de Spicheren, en fixant l'adversaire. Ignorant d'ailleurs que le corps avait été dirigé sur Bitche, le maréchal de Moltke devait logiquement supposer qu'il

(1) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, page 262. Les croquis dont il est question sont de la main du lieutenant-colonel de Verdy du Vernois.

(2) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n9 120.

(3) Ibid,, no 419.

LA GUERRE DE 1870-187^1. 93

avait été ramené vers Puttelange ou, Saint- Avold pour concourir & cette offensive générale. On n'en est que plus surpris de voir te grand quartier général alle- mand détacher, le 7 au matin, vers Rohrbacb, les deux corps (Garde et IV®) qui arrivaient le plus à portée sur la Blies, pour soutenir éventuellement les VIP, VHP et IIP. Pourtant Thypothèse d'une offensive française semble être entrée en ligne de compte, le 8 août, dans les décisions du maréchal de Moltke et parait avoir été la cause déterminante du maintien de la armée dans, une attitude défensive, jusqu'au moment Ton serait fixé sur celle de l'adversaire, ou eu mesure d'y parer efficacement.

//® armée, Le prince Frédéric-Charles avait quitté de bonne heure son quartier général de Blieskastel et s'était dirigé, par Petit-Rederching, sur la route de Bitche à Rohrbacb, en prévision d'une rencontre avec les troupes du maréchal de Mac-Mahon. Dans le même but, « le IV* corps, prêt à s'engager, se tenait déployé entre Pctit-Rederching et Rohrbacb (1) », déploiement préma- turé, en raison de l'absence totale de renseignements. La brigade de cavalerie Bredow n'ayant découvert aucune trace de colonne française dans la région de Bitche Lemberg, on en conclut que le maréchal de Mac-Mahon avait effectuer sa retraite plus au Sud et le IV® corps s'avança sur la route de Rohrbacb à Sarre-Union, pous- sant son avant-garde jusqu'à Lorentzen.

La Garde venant d'Assweiler se rassembla à Gros- Rederching; le corps, de Saint-Ingbert, gagna les environs de Sarreguemines qu'occupa son avant-garde. Les IX* et XIP corps se concentrèrent à Bexbach et Hombourg. Le IIP conserva ses emplacements du 8 & Sarrebrûck et au Sud, sauf la 6*° division qui se

(1) Correspondance militaire du maréthal de Molikc^ tome I, 120.

94 . lA OURRRE DE 1870-1871.

porta au delà de Stiring-Wendel et vint occuper Forbach dans raprès-midi. Les quartiers généraux des et 6^ divisions de cavalerie étaient à Woustwiller et Forbach, celui de la IP armée était transféré de Blies- kastel à Sarreguemines.

Le 9 août, la IP armée devait continuer à porter ses derniers corps sur la Sarre.

III^ armée. Conformément à Tordre général du 7 août, la IIP armée exécute la première étape de sa traversée des Vosges. Le IP corps bavarois se porte, de Reichs- hoffen, à Niederbronn et Eguelsbcrg il bivouaque, poussant une brigade jusqu'à deux kilomètres deBitche. La /5® division se dirigeait de Sturzelbronn sur Petit- Rederching, quand, dans le courant de l'après-midi, sa tête de colonne est reçue, aux abords de Bitche, par des feux très vifs de la place. Une, batterie lance quelques obus sur la ville, mais sans résultats appré- ciables (1).

Tandis que la i3^ division s'établit au bivouac à la Main-du-Prince, elle fait améliorer de mauvais chemins qui permettent de tourner Bitche par le Nord et se porte, par une marche de nuit, sur Haspelscheidt.

Le P' corps bavarois, passant par Zinswiller, gagne Baerenthal et Mouterhausen il bivouaque. La division vvttrtembourgeoise se rend de Gundershofien aux envi- rons d'Ingwiller. Un parti du 4^ régiment de cavalerie cantonné à Rothbach, ayant poussé une reconnaissance sur le fort de Lichtenberg et ayant été accueilli par des coups de feu, la division reçoit Tordre d'en faire Tattaque le 9. Le général d'Obernitz désigne, pour cette opération, les i^' et 3^ bataillons de chasseurs»

(1) L'ouvrage du capitaine Mondelli : La vérité sur le siège de Bitche^ dit deux batteries, Tune à 2,500 mètres euTiron, 1 autre à 2,000 mètres, à droite et à gauche de la route de Niederbronn. » (Page 11.)

LA QUKRRE DE 4870-1871. 9o

un demi- escadron du 4^ régiment de cavalerie, les et batteries de 4 et un détachement de pionniers- Ce détachement est placé sous les ordres du général de Hûgel.

Le corps, venant de Frœschwiller et d'Engelshof,

arrive le 8 à Uhrwiller et Kindwiller,

»

Le XP corps se porte d'Elsashausen aux environs de Mertzwiller est transféré le quartier général de lu IIP armée.

V. -— Situation de rarmée du Rhin dans la soirée.

Les divers corps de Tarmée du Rhin occupent, dans la soirée du 8 août, les emplacements ci-après :

Grand quartier général : Metz.

^JFout entier à Sarrebourg, sauf les 1'* et 2* brigades ^ ' ' " ( de la divisioa de cavalerie Dubesme, à Blàmont.

Quartier général Gros-Tenquin.

i»»dlrisioD Ibid,

division Leinstroff.

3<^ divi&ion Erstroff.

t^ corps ( Division de cavalerie. . Altroff.

Réserves d*artillerie et

du génie Ibid,

Brigade Lapasset (du

5^ corps) Hellimer.

Quartier général Faulqueinont.

Indivision Vabl-les-Faulquemont.

2^ division EntreRavilIectGuinglange.

3* division Entre Faulquemont et Gré-

/ bange.

^ ^ 4* division Entre Bionvilie et Plappe-

court.

Division de cavalerie. . Bionvilie.

Réserve d*artillerie. . . . Arriance.

Réserve du génie Faulquemont.

LA GUERRE DE 4870-4874.

Quartier général Glattigny.

i'^divisioD Les Étangs.

division A TOuést de Bionvillc.

dÎTÎsion Entre Silly et Glattigny.

P'* » Division de cavalerie. . Lauvallicr et Silly.

Réserves d'artillerie et

du génie Entre Glattigny et les

Étangs.

Quartier général Sarrebourg.

l'indivision Vieux-Lixheim.

2" division Lixhcim.

5* corps < division Sarrebourg.

Division de cavalerie. . Ibid, Réserves d'artillerie et

du génie Ibid.

Quartier général Camp de Châlons.

l^^division Ibid,

division Ibid.

j 3* division Ibià.

^4® division Paris.

Division de cavalerie. . Camp de Ghalons et Paris.

Réserves d^artillerie et

du génie Camp de Cbàluns.

Quartier général Bel fort.

i '•division Sarrebourg.

division Belfort.

corps ( division Lyon.

Division de cavalerie. . Belfort et Lyon. Réserves d'artillerie et

du génie Belfort.

Quartier général Pont-à-Cbaussy.

Division Deligny îbiâ..

ç , . Division Picard Ibid.

Division de cavalerie. . Courcelies-Chaussy. ' Réserves d'artillerie et

du génie Ibid,

Réserve i Division du Barail .... Bernécourt.

générale de \ D i vision de Bonnem ai ns Blàmont.

cavalerie, ( Division de Forton .... Soigne et Luppy.

LA GUERRE DE 4870-4871. 97

RcflftlTft 1

. /En route de Nancy à Metz, sauf quatre batteries générale > j^ ^g j^ jj^^z. d artillerie. )

1" corps Besançon et Strasbourg.

corps LunévîUe.

3* corps Pange.

4* corps Verdun et Metz»

Parcs I corps Ëpinal.

d*artiUerJe. \ corps La Fère.

7* corps Ëpinal et Besançon.

Garde Metz.

Réserve générale d'ar- tillerie . . , Toulouse.

Grand parc d*artillerie : s'organise à Toul.

Équipages de pont de réserve : en route de Toul sur Chàlons.

faieicole.

La journée du 9 août.

I. - Les projets du commandement français.

La journée du 8 août avait été extrêmement pénible pour certaines unités, en raison de la longue durée de la marche, résultant de dispositions défectueuses (1) et de l'arrivée tardive au bivouac, par une pluie battante. La fatigue des troupes était d'ailleurs générale ; aussi le maréchal Bazaine, considérant qu'un séjour leur était « indispensable », adressa-t-il, dans la soirée du 8, une demande à cet effet, au grand quartier impérial. Le Major général lui fit connaître le 9, à 2 h. 45 du matin, que sa proposition était agréée. Il le prévenait, en même temps, que, diaprés de nouveaux avis qui venaient de parvenir à Metz, Tennemi serait en marche vers la gauche des positions françaises (2) . En prévision d'une attaque possible, le maréchal Bazaine était autorisé à conserver la Garde : il devait lui indiquer un emplace- ment qui lui permit d'appuyer au besoiu le corps. Recommandation lui était faite, dans la même éventua- lité, de prescrire au général de Ladmirault de rester en position, pour couvrir la gauche. Le général Frossard était invité, de son côté, à demeurer en communication constante avec le maréchal Bazaine et à se conformer à ses instructions.

(c TAchez, disait en terminant le Major général, d(ï

(1) Voir Journée du 8 août, pnge 7G et suivantes.

(2) Ihid., page 81.

100 LA GUERRE DE 1870-1874.

concentrer le plus tôt possible, sous Metz, les 2®, 3®, 4^ corps et la Garde, qui sont tous placés sous vos ordres et doivent s'y conformer strictement. Faites-vous éclairer très au loin par votre cavalerie légère. »

Le maréchal Bazaine expédia, en conséquence, entre 5 heures et 6 heures du matin, les instructions sui- vantes :

Le corps défendra les positions qu'il occupe sur la rive gauche de la Nied allemande ; le corps couvrira sa gauche ; une de ses divisions sera vers Glattigny. La Garde restera sur la rive gauche de la Nied française dont elle fera reconnaître les passages, afin de se porter, selon les circonstances, soit vers le 3®, soit au soutien du corps. Le général Frossard se dirigera, en cas d'attaque sérieuse, de Gros-Tenquin sur Guessling.

Les troupes ne devaient pas jouir complètement du repos qui leur avait été accordé et qui leur eût été si salnfaîre (1).

Dans la matinée du 9, l'Empereur, accompagné du général Changarnier (2), arriva à Faulquemont et se rendit au quartier général du 3* corps pour visiter les positions de l'armée (3) et conférer avec le maréchal Bazaine (4).

Si Ton s'en rapporte à ses déclarations, postérieures à la guerre, le Maréchal aurait représenté à Napoléon III qu'il était préférable de se replier sur Nancy et Frouard, pour rallier les 1®', et corps, que de continuer le

(1) Voir page 107.

(2) A la première nouvelle des éyénements de Frceschwiller et de Forbach, le général Changarnier, qui vivait dans la retraite depuis près de vingt ans, était venu se mettre à la disposition de l'Empereur.

(3) Procès Bazaine, Interrogatoire du maréchal, page iS8.

(4) « Je trouve le souverain bien vieilli, bien affaibli, et n'ayant en rien l'attitude d'un chef d'armée. » (Général Monlaudon, Souvenirs militaires, page 85.)

LA GUERRE DE 4870-4874. 404

mouvement sur Metz(l). L'Empereur fit à ce projet TobjectioD peu fondée (2) que la capitale serait décou- verte et persista dans son premier dessein.

Il fut décidé, à l'issue de la conférence, que les 2®, 3®, 4* corps et la Garde occuperaient, sur la rive gauche de la Nied française, une position défensive, de Pange aux bois de Haye et de Cheuby, par les Etangs, et y accepte- raient la bataille, si Tennemi attaquait le 10. Le corps devait en tenir la droite ; le 4®, la gauche ; chacun cons- tituant deux lignes, et une troisième en réserve partielle. La Garde impériale, formant réserve générale, s'établi- rait sur la hauteur qui s'étend entre le château de Maizery et SîUy-sur-Nied, à cheval sur la route de Metz à Saint- Avold. Si, comme tout permettait de Tespérer, le corps arrivait en temps opportun sur le terrain choisi, il pren- drait l'emplacement que le maréchal Bazaine jugerait le plus convenable. Enfin, la réserve générale d'artillerie se tiendrait à la jonction des routes de Sarrelouis et de Sarrebrûck à Metz, à la disposition du commandant en chef. Celui-ci devait arrêter « aussitôt que possible toutes les dispositions nécessaires pour que le génie et l'artil- lerie des et corps, et même de la Garde impériale, rendent le plus possible inabordable à l'ennemi le front

(1) Maréchal Bazaino, L Année du Rhin, page 40; Procès Bazaine, page 158.

Le maréchal Le Bœuf a confirmé le fait.

a LIBmpereur m'a dit à moi-même que le Maréchal lui ayait

conseillé une opération sur Nancy. » (Procès Bazaine» page 206.)

f< Un projet avait été remis, en 1869, au Ministre de la guerre, ten- dant à couvrir Frouard par des ouvrages de campagne. On proposait d'établir un vaste camp retranché sur le plateau de Haye, s'appuyant

sur la forêt du même nom H ne fut pas donné suite au projet. »

(Maréchal Bazaine, U Armée du Rhin, Considérations générales, page 5).

(2) Voir Journée du 7 août, page 8 et suivantes.

'

40i LA aUERRE DE 4870-1874.

et les deux flancs de la position, au moyen de travaux adaptés aux formes du terrain (1) ».

Si Tarmée était obligée de quitter cette première ligne de défense, sa retraite s'effectuerait vers Metz, de ma- nière à venir occuper n la position très belle qui se trouve en avant des forts de Queuleu et de Saint- Julien (2) n . Dans ce cas, le corps appuyant sa gauche à la Moselle, aurait sa droite à la route de Metz à Sarre- louis ; le 3^, se reliant par sa gauche au 4^, étendrait sa droite jusqu'à la route de Metz à Strasbourg ; la Garde s^établirait dans le secteur compris entre cette^ route et le chemin de fer de Sarrebrûck, tenant fortement la hauteur de Haute-Bévoye et le télégraphe de Mercy, Toutefois, cette dernière unité devait être éventuelle- ment remplacée sur ce terrain par le 2^ corps, pour constituer la réserve générale.

Le maréchal Bazaine était chargé d'indiquer aux divi- sions de la réserve de cavalerie de Forton et du Barail, en marche sur Metz (3), les emplacements qu'elles auraient à occuper. L'Empereur appelait, à Metz également, le corps qui devait exécuter son mouvement par voie ferrée; la 3* division s'embarquait au camp de Ch&lons dans l'après-midi du 9 août.

Cependant, « l'opinion de l'armée et de ses chefs commençait à s'en prendre à TEmpereur de ses revers ; on devinait sa faiblesse, on blâmait le projet de reculer

(I) Noto sans signature émanant du cabinet du Majorgénéral. (Metx, 9 août, sans indication d'heure.) Cette note contient les dispositions relatiyes à la répartition des troupes dont il a été fait mention ci- dessus.

(â) Ibid.

(3) La division de Forton, en marche, le 9 août, de Ponl-à-Mousson sur Metz, campa le 9 au soir à Montigny-les-Metz; la division du Barail, en marche, le même jour, de Bernécourl sur Saint-Mihîpl, reçut l'ordre de se porter sur Metz, par Vigneulles et Gorze.

LA aUBKEE DB 4870-4874. 403

jusqu'à ChàloQs, on exprimait ouvertement le vœu qu'il choisit un autre commandant en chef et qu'il quittât Metz, débarrassant ainsi les troupes de ses indécisions et de l'encombrement de sa cour (1) »•

M. Piétri, vraisemblablement informé de l'état des esprits, avait demandé à TËmpereur, dès le 8 août, s'il se sentait assez de forces physiques pour supporter les fatigues d'une campagne, pour passer les journées à che- val et les nuits au bivouac. Le souverain reconnut qu'il ne le pouvait pas. M. Piétri lui proposa alors de retourner à Paris, il organiserait une nouvelle armée, avec la collaboration du maréchal Le Bœuf, qui reprendrait les fonctions de Ministre de la guerre ; il laisserait le com- mandement en chef de l'armée au maréchal Bazaine tt qui en a la confiance et auquel on attribue le pouvoir de tout réparer (2) ». M. Piétri et les « vrais amis de l'Empereur » voyaient un autre avantage à cette solu- tion : « s'il y avait encore un insuccès, l'Empereur n'en aurait pas la responsabilité entière (3) ».

L'Impératrice, à qui ce projet fut soumis, n'osa pas V prendre la responsabilité d'un conseil » . Elle pria l'Em- pereur de réfléchir h toutes les conséquences qu'amène- rait son retour à Paris « sous le coup de deux revers » ; il faudrait au moins, disait-elle, « que la mesure fût présentée au pays comme provisoire (4) ».

Le souverain, indécis, s'arrêta à un moyen terme. Un décret impérial, en date du 9 août, confiait au maréchal Bazaine le commandement des 2'. 3^ et 4^ corps de Tarmée du Rhin; il lui attribuait un état-major spé-

(1) Gapitflioe Derrécagaix, Guerre de 1870, Spectateur militaire, 1871 , page 144.

(2) M. Piétri à Tlmpératrice, Metz, 8 août, 4 h. 30 soir.

(3) Jbid.

(4) Papiers et Correspondance de la famille impériale, tome I, page 56. ^Télégramme trouvé déchiré aux Tuileries.)

404 LA GUERRE DE 4870-^874.

cial (I) et appelait le général Decaen à la tète du corps (2).

La position défensive, choisie sur la rive gauche de la Nied, était bonne en soi ; son étendue était convenable et la répartition des troupes judicieuse, à part l'empla- cement de la Garde, trop rapproché des deux premières lignes et trop central, en raison de la situation du champ offensif, qui se trouvait évidemment à Faile droite. Peut-être eût-il été préférable de choisir un terrain de combat, en aval du confluent des deux Nied, vers Guir- lange, Guenkirchen, Hincklange, couvrant indirecte- ment les avenues de Sarrelouis et de Sarrebrûck à Metz, de façon à se trouver sur une direction excentrique à Taxe du mouvement général des armées ennemies, qui semblait être la route de Saint-Avold à Metz. On pouvait espérer ainsi prendre l'offensive, avec des forces supérieures, contre l'aile droite de l'adversaire et, en cas d'insuccès, on était toujours assuré de franchir la Moselle sur un large front, les ailes couvertes par Metz et Thionville, toutes les colonnes s'écoulant rapidement par les quatre grandes routes qui mènent à la Meuse entre Stenay et Verdun. Au point de vue tactique, d'ailleurs, le commandement appartenait nettement à la rive

(1) Cet état-major fut composé de la manière suivante :

Le générai de brigade Manèque, chef d'état- major général; le lieute- nant-colonel de |Kleinenberg, sous-chef d'état-major général ; le chef d'escadron Tiersbnnier, les capitaines de Tscharner, de Locmaria, Costa de Serda, Foucher,(de Yaudrimey-Dayout, adjoints.

(2) « Cette mesure ne répondait pas encore aux besoins de la situa- tion; TEmpereur n'en restait pas moins le chef de Tarmée du Rhin et du maréchal Bazaine, dont le rôle de lieutenant subordonné n'avait pas plus de valeur que par le passé. Les opérations, restant dans les mêmes mains, ne pouvaient tourner que dans le même cercle d'incertitudes el de fautes, et il n'y avait pas à compter sur une résolution héroïque, capable seule de rétablir nos affaires. » {Metz, Campagne et Négocia- tions, page 52.)

LA GUERRE DE 1870-1874. 105

gaache de la Nîed, en aval de Northen; Ton échappait, de plus, à rinconvénient d'avoir sur le front le masque de la forêt de Varize et Ton y acquérait l'avantage des excellents points d'appui d'Eblange , Roupeldange , Brecklange, Volmerange, que le feu de l'artillerie pouvait très efficacement flanquer. Dernière considé- ration qui ne manquait point de valeur : plus on se reportait au Nord, plus on s'éloignait des corps de droite de l'armée du Prince royal. Le choix d'un champ de bataille semblait donc devoir se porter plutôt à l'Ouest de Boulay qu'à l'Est de Metz, dès l'instant le grand quartier impérial était résolu à combattre le 10 août (1). Mais cette détermination était-elle rationnelle? N'é-

m

tait-il pas préférable de n'accepter la lutte qu'après la concentration, aux environs de Metz, de toutes les forces disponibles, c'est-à-dire non seulement des 2®, 3®, 4* corps et de la Garde, mais encore des et corps, peut-être même du (2)? Telle était, évidemment, la

(1) D'après la Note précitée, émanaot du cabinet du Major général.

(2) Dans cette hypothèse, le 5* corps se portait en trois étapes de LunéTÎlie à Metz. Le 6* était transporté à Metz par la yoie ferrée des Ârdennes et Thîonyille; le 7* par Vesoul, Épinal, Nancy.

D*après le général Lebrun, le grand quartier impérial aurait eu l'in- tention d'agir ainsi :

« On avait pensé, au grand quartier impérial, qu'en faisant occuper par ces quatre corps (2*, 3°, 4", Garde) une position qui se trouvait entre les deux grandes routes que l'ennemi devait suivre naturellement pour se porter à Metz, on serait en mesure de contenir, pendant un certain temps, la masse principale des forces ennemies que l'on avait devant soi. On ne se dissimulait pas qu'il y avait bien des chances pour que les quatre corps français ne pussent résister victorieusement sur cette position, si les deux armées allemandes réunies venaient les y attaquer. Mais, d'autre part, on se berçait de l'espoir, qu'avant l'attaque de Tennemi, on aurait le temps de joindre à nos forces sur la Nied, le

6* corps d'année On comptait aussi que les 1"' et 5^ corps d'armée,

rejetés de la Basse- Alsace, sur le versant occidental des Vosges, pour-

4 06 Li. GUERRE DE 1 870-4 871 .

ligne de conduite à suivre. Si Tennemi se montrait plus pressant qu'il ne l'avait été depuis le 7 août, il suffisait de gagner le temps nécessaire i Tarrivée des renforts, en cédant lentement le terrain, sans engager aucune affaire décisive (1). Il était bien probable que Ton réus* sirait ainsi à grouper sur la Moselle, dans un délai de quatre jours, six corps d'armée au moins, deux divisions de la réserve de cavalerie et la réserve générale d'artil- lerie. Alors, on pourrait manœuvrer sur la double tête de pont de Metz et attaquer l'adversaire, avec toutes les forces, sur l'une ou l'autre rive, pendant qu'il contourne- rait la place.

II. MoQvemente des corps de Lorraine.

é

Les mouvements de concentration de l'armée sur les

raient, sous deux ou trois jours, être reconstitués sous Nancy et Toul... .., et que, suivant les circonstances, ces deux corps seraient appelés sur la Nied, ou portés sur cette autre position qu'on ferait prendre ultérieurement à toute Tarmée derrière la Moselle. » {Souvenirs militaires, page 291.)

Mais on observera que les instructions du Major général, datées de Metz, 9 août 1870, contiennent le passage suivant, en contradiction avec Topinion du général Lebrun :

« Si Tennemi attaque demain matin, c'est sur cette première position défensive que Farmée acceptera la bataille. )>

On remarquera aussi que Touvrage du général Lebrun a été publié en 1895, longtemps après les événements, et qu'il contient parfois des erreurs permettant de douter que les Souvenirs aient été écrits immé- diatement après la campagne. La seule partie qui mérite une confiance entière est celle qui a trait à sa mission en Autriche, parce que le rapport du général Lebrun, est daté du mois de juin 1870.

(1) « L'armée du Rhin, réduite à quatre corps, y compris celui du général Frossard, paraissait peu en mesure de résister à la poursuite et à l'attaque de forces victorieuses et d'un effectif triple des nôtres. » (Lieutenant-colonel Fay, Journal d'un officier de C armée du Rhin^ page 57.)

LA OUBaRB DB 4870H871. 407

positions défensives de la rive gauche de la Nied fran- çaise commencent le 9 août.

corps, La division (Bataille), formant tête de colonne, part de Gros-Tenquin à 3 heures du matin et se porte sur Remilly par Berig, Baron ville, Brulange, Vatimont. Elle est suivie par la division (de Laveau- coupet(l) et la brigade Lapasset, dont Farrière-garde, au départ d'Hellimer, a quelques escarmouches avec des éclaireurs prussiens. La i'« division (Vergé) qui devait prendre position à Gros-Tenquin, pendant Técou- lement des unités précédentes, mais qui, en réalité, avait encombré la route, entré à son tour dans la co- lonne dont elle constitue, avec la division de cavalerie, Tarrière-garde. A partir de Berig, la brigade Yalazé de la 1'* division suit Titinéraire Harprich, Landroff, Brulange, avec le quartier général du corps d'armée.

L'intention première du général Frossard était de sta- tionner, le 9, à Suisse-Basse, Brulange, Arraincourt, Holacourt. Mais, en cours de route, il reçut la dépêche suivante du maréchal Bazaine, datée de Faulquemont, 9 août :

« L'Empereur vient de venir à Faulquemont et donne des ordres formels et pressants pour que vous gagniez, aussi rapidement que possible, Han-sur-Nied et Remilly et, si vous le pouvez, après un repos, venir même, pen- dant la nuit, à Courcelles-sur-Nied »

En conséquence, le commandant du corps dirigea, de Brulange, les convois et bagages sur Remilly, les réserves d'artillerie et du génie sur Lemud et, après une grande halte de deux heures à Brulange, il établit ses

(1) Ui dÎTÎsion de Laveaucoupet était partie d'Erstroff, à 3 heures du matin, conformément aux prescriptions de Tordre de mouvement du 8 août. Mais en arrivant à Gros-Tenquin, elle trouva la route obstruée par la division Vergé et ne put reprendre sa marche qu*à 7 heures.

108 LA GUERRE DE 1870-4871.

quatre divisions autour de Remilly, la brigade Lapasset restant à Aubécourt (1).

A son arrivée à Remîlly, le général Frossard télégra- phia au Major général qu'il partirait, le 10 au matin, pour aller occuper la position de Mercy-le-Haut, au Sud-Est de Metz (2). Il demandait qu'on y fit diriger des vivres à l'avance. L'ordre de mouvement pour le 10 indiquait les heures de départs suivantes :

(1) « Les troupes n'avaient pas eu de disti'i butions régulières et complètes depuis trois jours. A Puttelange, Tadministration, ne pou- vant assurer le service des vivres, avait fait donner un supplément de solde de 0 fr. 80 par homme et par jour. Malgré ces circonstance fâcheuses, malgré la privation de nourriture, de sommeil ; malgré une nuit passée sans abris contre le mauvais temps, le corps exécuta, dans cette journée, sans laisser un homme ni une voiture en arrière, une marche forcée de 32 kilomètres. » (Journal de marche du 2' corps, 9 août.)

<( La marche est lente et pénible, les chemins sont détrempés et les hommes, dont plusieurs ont perdu leurs sacs, avec les vivres de réserve et leurs tentes, dans les journées des 6 et 7 août, se trouvent, après une nuit passée à la belle étoile, sous une pluie battante, d'autant plus fati- gués que, depuis le 6, les distributions ont presque entièrement man- qué. » (Journal de marche de la division Laveaucoupet, 9 août.)

(S) Le général Frossard n'avait pas encore reçu, à ce moment, les instructions du maréchal Bazaine relatives à Toccupation de la position Pange-les-Étangs. Elles ne lui parvinrent que le lendemain, 10 août, pendant la marche.^ Son intention de se porter, le 10, sur Mercy était conforme à l'intention du Major général, exprimée dans une lettre du 9 août au général Frossard :

M 11 est essentiel, qu'en continuant à opérer votre retraite en

bon ordre, vous marchiez aussi vite que possible pour permettre au 3^ corps, à la Garde et au corps qui forme Textrème gauche, de venir le plus tût possible prendre position sous Metz »

Le Major général ignorait sans doute lui-même, au moment il écrivait ces lignes, la décision de TËmpereur de prendre position sur la Nied française.

A 10 h. 30 du matin, il écrivait en effet au maréchal Bazaine :

« Par ordre de TEmpereur, le général Frossard reçoit itérati-

vement Tavis qu'il doit se porter sur Metz, afin de se joindre aux forces que vous allez y amener »

LA GUERRE DE 1870-1874. 109

Réserves d'artillerie et du génie (Lemud), 2 heures du matin ;

Voitures des services administratifs (Remilly), 2 heures du matin ;

division (Remilly), 4 heures du matin;

Indivision (Remilly), 5 heures du matin;

2^ division (Remilly), 6 heures du matin;

Brigade Lapasset (Âubécourt), 7 heures du matin;

Division de cavalerie (Remilly), 7 h. 30 du matin.

corps. Le quartier général est transféré de Faul- quemont à Pont-à-Ghaussy.

La !'• division avait reçu Tordre de replier, au Sud de la Nied allemande, à partir de 9 heures du matin, tous les détachements qui se trouvaient sur la rive droite, sauf un régiment au plus, qui resterait à Faulquemont.

Elle se mit en mouvement, vers 2 heures, sur Pange(1 ), par Many et Arriance, mais une erreur de direction lui fit continuer sa marche sur Herny et Han-sur-Nied elle vint se heurter au corps. L'encombrement de la route Tempècha d'atteindre Fange et ce fut très avant dans la nuit seulement que la division établit ses bivouacs entre Sanry-sur-Nied, Pange et Lemud (2).

Le régiment de chasseurs à cheval, affecté à la division Montaudon, était parti de Faulquemont, vers 10 h. 30 du matin, à la recherche des voitures du convoi

(1) La 2<^ brigade en tête avec le conroi, puis rartillerie et la 1'* bri- gade.

(2) Les documents varient sur le point de stationnement de la i'* division» du 3* corps. .D'après le Journal de marche de la division, celle-ci est réunie à Sanry-sur-Nied, à 2 lieures du matin. Les Souve- nirs militaires du général Montaudon disent, au contraire, qu'une des brigades u bivouaqua à 11 heures du soir près de Sanry-sur-Nied, et Tautre à quelques kilomètres en arrière » (page 85).

Les Historiques des corps de la division indiquent les points sui- vants :

140 LA aUBRRE DB 4870-4874.

du 2* corps, qui avaient pris une fausse direction. Arrivé à Altroff vers midi, le colonel apprit que ces voitures s'étaient mises en route sur Morhange, sauf une dou- zaine, demeurées en arrière, qu'il dirigea aussitôt d'Altrofif sur le même point et qu*il suivit avec le gros du régiment. Le 2^ escadron, envoyé en reconnaissance sur Gros-Tenquin, se porta sur cette localité, précédé d'un peloton d'avant-garde, commandé par le sous-lieu- tenant du Gardier. Celui-ci se heurta, dans le village même, à un peloton prussien, le chargea vigoureusement et le refoula en lui tuant 7 hommes et en lui faisant 7 prisonniers. Le sous-lieutenant Gardier avait été blessé de trois coups de lance. '

Le régiment de chasseurs, rejoint par le esca- dron, se dirigea sur Remilly, et rejoignit la division Montaudon à 11 heures du soir.

La division part de Fouligny à i heure de Taprès- midi, et se porte par Courcelles-Chaussy et Pont-à- Ghaussy sur Mont, elle arrive à 7 heures du soir (1).

La 3* division se porte de Faulquemont à Mont, qu'elle atteint à minuit seulement.

La division exécute son mouvement en deux co-

l*» brigade,

18* bataillon de chasseurs, près de Remilly.

51* de ligne, Lemud, 1 heure du matin.

62* de ligne, en avant de Sanry, 1 heure du matin.

2* brigade,

81* de ligne. Sud de Pange, 9 heures du soir.

95* de ligne, enrirous de Pange, iO heures du soir.

Enfin, le Journal de marche de la ditision Montaudon pour le iO août débute ainsi :

M La 2* brigade, restée à Gourcelles-sur-Nied, quitte son campement à 8 heures du matin »

(1) 11 lui avait donc fallu six heures pour faire dou2e kilomètres environ.

LA GUERRE DE 4870-4S74. UA

lonnes. La 2* brigade quitte Plappecourt à 3 heures, et va camper à Silly ; la l'*, avec Tartillerie, la cavalerie, les bagages, ne part qu'à 8 heures du soir et établit son bivouac à Pont-à-Chaussy (1).

La division de cavalerie lève son bivouac de Bion ville, à 3 h. 30, et se heurte immédiatement à la 2^ brigade de la division Decaen; elle campe à 5 heures, au Nord-Ouest de Pont-à-Chaussy. .

La réserve d'artillerie part d'Arriance, à 9 heures du matin, suit l'itinéraire : Berlize, Maizeroy, Chevillon, et s'établit près du château d'Urville.

La réserve du génie se rend de Faulquemont à Cour- celIes-Chaussy. Dans la matinée, la compagnie de che- mins de fer met la gare de Faulquemont hors de service, obstrue la voie en y faisant échouer une locomotive et trois wagons de ballast, fait sauter le pont de Hemy et commence les travaux de destruction du pont de Remilly qui sont interrompus par ordre du général Frossard.

^^ corps. A3 heures du matin, le Major général mandait au général de Ladmirault que, d'après un avis qui venait de lui parvenir, l'ennemi se concentrait sur la gauche de l'armée. Une attaque par des forces con- sidérables lui paraissait possible dans la soirée, ou le lendemain matin. En conséquence, il recommandait

(1) A 10 h. 30 du matin le général Decaen écrÎTait au maréchal Bazaine :

« Je Y0U8 prie en grâce de ne pas faire faire de mouvement aujour- d'hui. Les hommes sont rendus de fatigue, la soupe a*est pas mangée, et il faudrait encore y renoncer ce soir »

Le Maréchal répondit :

« L'Empereur est venu de sa personne à Faulquemont pour

s assurer que le mouvement serait exécuté ce soir; il faut donc faire tous 708 efforts pour venir vous étahlir aux points qui vous ont été dési- gnés »

442 LA GUERRE DE 4870-4874.

au commandant du corps de ne faire aucun mouve- ment avant d'avoir pris les ordres du maréchal Bazaine :

« Éclairez-vous très au loin, ajoutait-il, en avant et à gauche avec votre cavalerie, pour avoir des nouvelles de l'ennemi et empêcher que l'ennemi en reçoive de

nous Si vous êtes attaqué, employez beaucoup

votre artillerie, car l'ennemi en fait grand usage. Veillez surtout du côté de Vry. »

Ces instructions étaient conformes à celles que l'Empe- reur adressait de Faulquemont, à 9 h. 20 du matin,, au Major général, au sujet du corps, après entente avec le maréchal Bazaine :

« Le général de Ladmirault ne peut et ne doit pas

changer de position Qu'il s'établisse militairement,

sa droite à hauteur des Étangs, sa gauche à Glattigny, et qu'il fasse exécuter les ouvrages de campagne néces- saires. Qu'il fasse en outre observer Sainte-Barbe et toutes les routes venant de la frontière et aboutissant sur sa gauche. »

Déjà, conformément à l'ordre de mouvement du 8 août, le corps avait entamé sa marche de Glattigny et des Étangs sur Metz, quand il reçut successivement le télégramme du Major général et les prescriptions du maréchal Bazaine relatives à l'occupation des positions de la rive gauche de la Nied. Le général de Ladmirault modifia aussitôt la direction de ses colonnes, et à 8 heures, ses troupes se trouvaient établies sur la ligne : Les Etangs, Glattigny, Sainte-Barbe, à part la 2^ division dont il n'avait pas encore de nouvelles.

Le quartier général fut installé au château de Gras ; la 1'® division prit position entre Glattigny et Cheuby ; la 3<* division, entre Cheuby et les hauteurs au Nord-Est de Sainte-Barbe (1); la division vint, à minuit, se

(I) u Elle prend position face au bois de Cheuby sur deux lignes, la première à 800 mètres du bois, l'artillerie à gauche sur la hauteur qui

LA GUERRE DE 1870-4874. 113

placer en réserve derrière la droite de la 1'*, à TOuest de Glattigny. La division de cavalerie et les réserves d'artillerie et du génie campèrent près du château de Gras.Toutesces troupes étaient extrêmement fatiguées (1). La partie disponible du parc du corps était appelée de Metz à Sainte-Barbe.

Les reconnaissances de cavalerie exécutées dans les premières heures de la matinée n'avaient pas donné grand résultat. Le 2^ escadron du hussards, envoyé sur Vry, n'avait rien signalé ; d'autre part, 20 cavaliers du escadron du hussards, dirigés sur Boulay, avaient eu un engagement avec un parti de uhlans prussiens (2) : le capitaine commandant et deux hommes

domine Avancy, Vigy el Vry. Le yillage de Cheuby est mis en état de défense. » (Journal de marche de la 3* division du 4* corps.)

La note émanant du cabinet du Major général disait que u les bois de Hayes et de Cheuby deTront être occupés fortement, jusquà leur lisière du côté de l'ennemi, » Cette prescription était, en effet, absolu- ment rationnelle.

(1) Le général de Ladmirault écriyail au maréchal Bazaine à 10 heures du matin :

« Depuis cinq jours mes troupes sont en marche : la journée

d'hier, 8 août, a été très pénible par suite d'un orage qui nous a inondés d*eau. La pluie n*a cessé de tomber en abondance pendant toute la nuit; les hommes sont restés debout, sans sommeil, mais pouTant faire de grands feux. Les chevaux de la cayalerie et les attelages de l'artil- lerie sont horriblement fatigués ; ils ont passé la nuit du 8 au 9 août dans des bourbiers profonds. Dans cet état de choses, les troupes de mon corps d'armée ont le plus grand besoin de repos et d'un bivouac tranquille. »

(2) La reconnaissance française comprenait en réalité 40 cavaliers, mais le capitaine commandant Jouvenot avait laissé un peu en arrière 20 cavaliers avec son capitaine en ^^,

<c Malgré son infériorité numérique, le capitaine Jouvenot a commandé la charge et a culbuté l'ennemi, qui l'attendait en bataille, la lance croisée. Les uhlans, renversés par l'impétuosité de l'attaque, ont pris la fuite, laissant sur le champ de bataille i officier et 5 soldats tués,

3 chenaux » (Rapport du colonel commandant le hussards,

daté de Glattigny, 10 août.)

§• fatcleal«« 8

414 LA eUBRRB DB 4870-4874.

avaient été tués ; le sous-lieutenant * Carrelet et trois hussards blessés. On n*avait aperçu aucune troupe d'in- fanterie ennemie. De nouvelles reconnaissances étaient prescrites pour le 10, à 3 h. 30 du matin : à la division de Lorencez, dans la direction de Bouzonville ; à la divi- sion de Gissey, dans celle de Boulay. Le général de Lad- mirault les engageait à « agir avec beaucoup de pru- dence et de circonspection », recommandation un peu excessive, semble-til.

Garde. Dans la matinée, le maréchal Bazaine avait informé le général Bourbaki de la décision de l'Empe- reur relative à l'occupation des hauteurs de la rive gauche de la Nied française :

« Vous devez occuper, ajoutait-il, à partir de CoUigny comme centre, les positions qui vous paraîtront conve- nables pour pouvoir vous porter rapidement (ou une portion de votre corps), soit vers le général de Ladmi- rault, dont le quartier général est à Glattigny, soit versf notre droite, qui sera à Courcelles-sur-Nied »

En conséquence, à 2 heures de l'après^^midi , les troupes de la Garde lèvent leurs bivouacs de Courcelles- Chaussy et de Pont-à-Chaussy, et viennent occuper les positions suivantes (1) :

Le quartier général à Maizery ; la division Deligny & La Tuilerie (Nord-Est de Maizery), à cheval sur la grande route ; le 1®' régiment de voltigeurs et une batterie, détachés au hameau de Mont; la division Picard, à gauche de la précédente, jusqu'à la ferme de Béville,

(1] A 3 heures du matin, le Major général avait préVbou le général Bourbaki, comme les autres commandants de corps d'armée, de la possibilité d'une attaque de Tennetpi sur la gauche des positions fran- cises. Il l'informait, en outre, que le maréchal Bazaine enverrait des instructions à la Garde, destinée ^ servir de réserve aux 2*» 3* ftt 4" corps.

mise en état de défense, et dont les abords sont occupés par un bataillon du l^^ régiment de grenadiers, deux du 3^, et une batterie ; la division de cavalerie Desvaux, près de Maizery, moins le régiment de chasseurs, affecté à la division Deligny et le régiment des guides, à la divi- sion Picard ; la réserve d'artillerie, au point de croise* ment de la route de Metz et du chemin de CoUigny à Sainte-Barbe,

Le bataillon de chasseurs, revenant de Thionville, rejoint à 10 heures du soir.

Réserves gétiérales de cavalerie et (^artillerie. Vers 9 heures du matin, la division de cavalerie de Forton avait reçu, en approchant de Pont-à-Mousson(l), un télégramme du Major général lui prescrivant de se diriger sur Metz, sans perdre un instant. Elle vint camper à Montigny-les-Metz dans la soirée.

La division de cavalerie du Barail avait fait route de Bemécourt à Saint-Mihiel. Elle reçut, à 6 heures du soir, l'ordre du Major général de se porter, le 10, sur Metz en trois jours, par Vigneulles et Gorze. Le maré- chal Le Bœuf espérait qu'elle serait rendue i Metz, le 12, de bonne heure. Le général du Barail répondit (6 h. 97) qu'il partirait à 9 heures et marcherait toute la nuit, jusqu'à son arrivée à Metz.

Toute la réserve générale d'artillerie (16 batteries) se trouve concentrée, le 9, à Tlle Chambière,près Metz (2).

(1) Venant de Soigne et de Luppy.

(2) Quatre batteries s'y trouvaient depuis le 8 août. Les douze autres étaient parties de Naney, le 8, & 1 heure de Taprès-midi et avaient fait étape à Pont-à-Mousson. Le 9, le g^énéral Soleille avait envoyé, t\ 6 heures du matin, le télégramme suivant ai) général Ganu, copaman- dant la réserve générale d'artillerie :

M II peut y avpir une affaire sérieuse, ce soir ou demain. Hâtez votre marche. Arrélez-vous avant d'entrer en ville. Avant de camper, demandez des ordres eo envoyant un officier. »

146 LA GUQRRB DE i 87(M 871 .

III. MoaTements des corps d'àlsace.

Tandis que les 2«, 3®, corps et la Garde exécutaient ces mouvements de concentration sur la rive gauche de la Nied française, les i^^ et corps continuaient leur retraite par un temps affreux qui en augmentait les fatigues (1). Le 1®' corps quitte Sarrebourg, a 4 heures du matin, et se porte sur Blàmont : les l"* et 3* divisions par Lorquin et Cirey, les 2®, 4*, la division Conseil-Dumesnil, la réserve d'artillerie et la brigade de Septeuil (2) par la grande route. Les tètes de colonnes atteignent BlÀmont vers 10 heures, La 1" division et la réserve d'artillerie s'établissent à Domèvre ; les autres divisions, entre Domèvre et Blàinont; la brigade de Septeuil, à l'Est de cette dernière localité. Pendant ce temps, la division de cuirassiers de Bonneniains et les et brigades de la division Duhesme se portent de Bl&mont à Lunéville.

Le corps, partant de Lixheim et de Sarrebourg, marche en deux colonnes (3) :

Le quartier général, la division Goze, la brigade de Maussion de la division de l'Abadie, les réserves d'artil-

(1) Journni du commaDdant David, 9 août; L. de Narcy, Journal (Tun officier de turcos, page 121 ; Ghallan de BeWal, Carnet de cam- pagne d'un aide^înajor, page 23.

(2) 1'* brigade de la division Duhesme.

(3) (( Ayant de quitter Sarrebourg, le génie fit enlever les appareils télégraphiques du bureau de la ville et de la gare, et, n'ayant pas de poudre à sa disposition, ni dans le parc du génie, ni dans la réserve d'artillerie, il donna l'ordre au chef d*équipe de la station d'enlever et de jeter dans la rivière les traverses et les rails sur toute la longueur du pont sur la Sarre, aussitôt que tout le matériel roulant aurait été dirigé sur Nancy« » (Journal de marche du génie du 5* corps.)

LA GUERRE DE 4870-4874. 447

lerie et du génie et les ambulances, par Sarrebourg et Héming sur Réchicourt (1).

La division de Lespart, par Lorquin et Bertrambois, sur Cirey; la division de cavalerie Brahaut, par le même itinéraire, sur Badonviller (2).

A 6 heures du soir, le capitaine de France, attaché au grand quartier général, apporte au général de Failly une lettre du Major général, datée de Metz, 8 août, et conçue en ces termes :

« L'ennemi est entré à Sarralbe et parait se diriger sur Nancy, il peut être dans cinq jours. Vous êtes probablement instruit de ce mouvement, et, dans ce cas, vous aurez pris des mesures pour dérober votre corps à Fennemi. Quoi qu'il en soit, TEmpereur maintient l'ordre qu'il vous a donné de vous diriger en toute hâte sur Nancy, et c'est vers ce but que doivent tendre tous vos efforts en forçant votre marche, si c'est nécessaire. C'est seulement dans le cas vous vous verriez devancé à Nancy par l'ennemi que, pour ne pas vous mettre dans la nécessité de lutter contre des forces supérieures, vous devriez, tout en continuant votre marche, prendre une direction plus à gauche, vers Langres par

exemple A Nancy, l'Empereur vous appellera à

Metz et vous indiquera votre retraite, soit sur Chàlons, soit sur Paris. »

La division Goze, la brigade de Maussion, les réserves

(1) Départ de Sarrebourg à 7 heures; arrivée à Réchicourt à 2 heures de raprès-midi.

Le gros de la colonne passe k partir d^Héming par Gondrexauge ; la division Goze suit à partir d*Héming Titinéraire : Neuf-Moulin, Saint- Georges, Réchieourt.

(2) La division de cavalerie Brahaut était réduite aux huit escadrons du 9* lanciers et du 12* hussards. Le 5* hussards était réparti entre le <}uartier général et les trois divisions d'infanterie; le 3" lanciers était reité avec la brigade Lapasset.

us LA GUERRB DB 4070-4871.

d'artillerie et du génie^ stâtionB^e» à Réchieourt; lA division de cavalerie Brahaut^ établie à Badonviller, pouvaient gagner Nancy le 11 août; la division de Lespart, obligée par la présence du l^** corps à Blàniont et Domèvre,de passer par Baccdrat et Gerbéviller, ne serait arrivée â Nancy que le 12, c'est-à-dire un jour encore avant la date à laquelle Tennemi atteindrait cette ville, d'après les prévisions du Major générah Au besoin, d'ailleurs, cette division se serait dirigée directement sur Toul. Mais le cominandaut du S^ corps « se montra très préoccupé d'avoir à entreprendre, pour se rendre à Metz par Nancy, une marche de flanc dans le voisinage presque immédiat des têtes de colonnes de Ten- nemi (1) » et ne crut pas pouvoir se conformer aux instructions qu'il avait reçues, en dépit de leur caractère pressant*

« Le général de Failly, écrivit le capitaine de France au Major général^ ne se dirige pas sur Nancy, parce ^ qu'il craint de n'arriver dans cette ville que cinq ou six heures avant l'ennemi et parce qu'avec les trois brigades de son corps d'armée, qui seules sont intactes, il ne pourrait soutenir un engagement (2). »

Le commandant du corps résolut, en conséquence, de se porter le 10 sur Lunéville et de se diriger de sur le camp de Chàlons par Bayon, Vézelise, Golombey, Void et Commercy.

Les deux raisons qu'il avait données de sa déter- mination sont insuffisantes à la justifier : d'une part, en efifet, il ne devait renoncer à marcher sur Nancy que dans le cas il s'y verrait devancé par l'ennemi ; de l'autre, la division de Lespart^ qui n'avait été que

(1) Note adressée à la Section historique de l'état-major de Tartnée, le i4 décembre 1901^ par Mi le général de France.

(8) Voir Journée du 10 aOt)t. Documents anneieS) 5* corps. Rapport du capitaine de France sur sa Tisite au 8^ corps d'armée»

LA aUBRRB DB 4870H874. 419

faiblemest engagée à Frœschwiller, pouvait être consi- dérée comme « intacte » au même titre que la division Goze et la brigade de Maussion. iPourquoi, d'ailleurs, prendre ce parti, dès le 9, quand les instructions du Major général disaient : « C'est vers ce but que doivent tendre tous vos efforts? » Ne fallait-il pas, au contraire, tout tenter pour obéir et ne serait41 pas temps, le 10, à Lunéville, d'abandonner la direction de Nancy, si Ton avait des motifs sérieux de péûser qu'on y serait prévenu par l'ennemi (1 ) ?

Dans cette situatioti, il était donc logique d'envoyer immédiatement tin escadron du S^ hussards de Héchi- court (S) sur Moyenvic, avec mission de pousser des reeontiaissatices sur Dieuze et Cbâteau-^Salins et de faire connaître, le 10 au soir, si l'ennemi avait atteint ces deux localités. S'il n'en était pas ainsi, il était très probable que la colonne de droite du corps pourrait, le 11, se porter, sans le moindre risque, de Lunéville sui* Nancy. Au surplus, la division de cavalerie Brahaut, appelée le 10 de Badonviller sur Ëinville au Jard, aurait couvert la

colonne sur son flanc droit (3)»

*

(t) D'après celte note adressée h la seôtion historique^ le i8 déoem- bre 1901 par H. le gédéfal de Piépape^ capitaine, en 1870, à Tétat- major du 5* corps, le général de Failly^ qui avait commandé à Nanc? , aurait exprimé, à différentes reprises, « la répugnance qu'il éprouvait à ramener son corps d'armée par ceUe yille ».

(8) Trois escadrons du 5* hussards se troutaient à Béchieourti Voir page i17| dote 3.

(3) On remarquera que le Journal de itiat*ôhe du 5* eorps indique le iO aoât pour l'arrÎTée du capitaine de France et des instructions du Major général. Il en est de même de Tourrage écrit par le général de Failly après la guerre et intitulé : Opérations et marches du 5* corps, page SO. Mais, d'une part, le Journal de marche du capitaine de Pié- pape, qui présente tous les caractères d* une rédaction fhite Journelle- ment, aa fur et à mesure des étéoements, mentionne Tarrivée de ^es instruetions au 9 août, à Réchioourt (n^ 250), et, d'autre part« le rapport du capitaine de France sur sa tisite au 5^ corps, h Réohicourt, est daté de Melc, 10 août^ iO heures du matin.

420 LA GUERRE DE 1870-1871.

IV. Renseignements reçns an grand quartier impérial et opérations de la cavalerie française.

Les renseignements que possède le grand quartier général français, à la date du 9 août, sont vagues et con- fus (1). Les reconnaissances de cavalerie manquent par- fois totalement ou sont souvent si insignifiantes qu'elles ne recueillent que des propos des populations affolées auxquels on ne peut accorder la moindre confiance, ou des informations sans valeur sur la présence, dans telle localité, de patrouilles adverses (2). En vain le Major général recommande-t-il à plusieurs commandants de corps d'armée de s*éclairer très au loin, au moyen de leur cavalerie. Ces prescriptions ne devaient et ne pouvaient pas être appliquées ; il était trop tard pour modifier les errements en vigueur dans la cavalerie française, influen- cée par les procédés employés en Algérie (3) et à qui il

(i) Journal d^un officier de V armés du Rhin, page 54.

(2) « Dans quelques rares circonstances, des com mandants de corps prescriyirent à leur division de cavalerie ou à une de ses brigades de se porter en reconnaissance dans des directions la présence de Tennemi était signalée ; on en yit les chefs partir en colonne, comme pour aller au terrain de manœuyres, et revenir tranquillement après avoir par- couru six kilomètres, sans avoir rien reconnu, mais avec la conviction quMls avaient accompli leur mission; quelques-uns craignirent même de s'aventurer aussi loin et réclamèrent impérieusement l'appui de bataillons d'infanterie. » (Metz, Campagne et négociations^ page 469).

(3) <c Nous avons oublié les traditions de la grande guerre et

Tart de manier les grandes masses de cavalerie. Nous les avons oubliées, je puis vous dire comment : Dans nos guerres d'Afrique, nos troupes eurent afiaire à une cavalerie plus nombreuse que la nôtre et se servant à merveille de Tarme à feu, de telle sorte que chaque fois que de petits détachements devaient opérer séparément, ils subissaient des pertes parfois considérables. Dès lors, au lieu de nous éclairer au loin, nous avons fait le contraire. La cavalerie se plaçait au milieu d*un carré dUnfanterie, d*où elle ne sortait que pour jouer du sabre et frapper un

LA GUERRE DE 1870-i874. ' 124

manquait, en réalité, la véritable instruction de guerre (1). La charge était son idéal ; elle ne se doutait pas de Fex- ploration à grande distance (2).

(c Son rôle journalier a été complètement nul, sur tous les points; elle n*a jamais éclairé Tarméé, n^a jamais fait une reconnaissance sérieuse et on a assisté, dans cette campagne, au spectacle bizarre de la voir toujours cam- pée en arrière des divisions d'infanterie, qu'elle aurait prévenir de ce qui se passait au loin, en avant de leurs fronts C'est ainsi que les choses se sont pas- sées pendant toute la période qui a précédé la rentrée de l'armée à Metz (3) »

Le Major général qui ne se méprenait pas sur la mé- diocrité des résultats obtenus et semblait pénétré de la nécessité de s'éclairer très au loin, disposait d'un moyen propre à remédier à la situation et à vérifier l'authenti- cité des nouvelles qui lui étaient fournies par le service des renseignements, sur la marche de l'ennemi vers la gauche de l'armée.

coap décisif. Mais il faut revenir aux anciennes traditions. Elles Tiennent de nous et c'est en combattant avec nous que les puissances militaires

les ont acquises Dans la dernière guerre, nous avons toujours été

mal éclairés, à peu d'exceptions près, bien que quelques progrès eussent été faits à la suite de la campagne de 1839. » (Allocution du marécbal de Mac-Mahon aux lieutenants instructeurs de l'École de Saumur, 1874. Moniteur de V armée du 11 mai).

(1) Metz, Campagne et négociations ^ page 464.

« Le maréchal Niel avait essayé de réagir contre ces fâcheuses ten- dances et, malgré l'opposition des généraux de cavalerie, il avait arrêté la rédaction des Observations sur le service en campagne de la cavalerie j qui répondaient aux conditions de la guerre moderne. Après sa mort, le premier acte du Comité de cavalerie fut de demander à son successeur la suppression de cette instruction et le retour à Tancien état de choses. » (Metz, Campagne et négociations ^ page 462.)

(2) Capitaine Derrécagaix. La guerre de 1870, Spectateur miiitairey 1871, page 69.

(3) MetXj C<unpagnê et négociations, page 464.

m LA GtJBERE DB 4870-4874.

Il suffisait, à cet effet, de constituer un organe de reconnaissaùce spécial, à la disposition exclusive dQ commandement et qui n'aurait feçu d'instructions que de lui seul.

A défaut des divisions de cavalerie de réserve, eficore en mat*che sur Metz, on pouvait grouper, le 9, celles des 2*, 3®, 4<* corps d'armée et de la Garde, à part une bri- gade réservée à la sûreté et lancer cette masse de cava- lerie surTeterchen et fiouEon ville, avec ordre de pousser jusqu'au contact des colonnes d'infanterie etinemie et, sinon, au moins jusqu'ft la Sarre.

Des reconnaissances d'officier auraient été chargées, d'autre part, de i*ecouper, du Nord-Ouest au Sud^-E^t, les routes qui, du front Safrelouis, Sa^rebrûck, Safràlbe, se dirigent vers Mete, NaUcy, tandis que la division de Forton, appelée, le 9, de Soigne et de Luppy, vers Faulquemôdt, aurait éclairé, le 10, en avant de Vaile droite de l'armée.

Malgré l'inertie à peu près complète de leUr Cavalerie, certains commandants de corps d'armée recueillent quelques informations.

Le général Frossard, en arrivant à Brulange « apprend que les Prussiens ont cessé de le suivre et qu'ils ont pris la route de Pont-à -Mousson (1) w. Le général de Ladtni- t*ault mande au Major général que tout est tf atiquille dans les directions de Ëouzonville etde Metzerwisse ; Boulay n'est occupé par aucune troupe d'infanterie ; « les habi- tants affirment qu'il y eu a vers Goume et Teterchen ». Le général de Loreûcee fait connaître au commandatit du Corps que « les recoUtiaissanceô dirigée^ en avant et sur

(i) Journal de marche du â^ corps. Ce document ajoute : » Ce ren- seignement est confirmé, à son arrivée à Remilly, par les rapporte des paysans et des habitants ». Cette confirmation n'était phs d'une très grande valeur.

LA GUBRRB DB 1970-1874. ISS

le flanc gduehe de la position (i) ne signalent nulle part la présence de TeHnemi ». Mais <c les offidets chargés du service deû renseigiiements s'accordent à dire que les Prussiens sont en fot*ce à Boussonville, Teterchen, Otton- ville, Goume et Boucheponi) avec peu de monde à Boulay , et que leurs mouvements semblent annoncer riûteUtion de se porter sur âaitit-Âvolâ ii. D'autre part, d'après les avis reçus par le général Bourbaki, l'ennemi ne conti- nuerait pas à se porter en avant; quelques cavaliers seulement seraient entrés à Boulay et à Longeville-les'- Saint-Avold.

Le service des renseignements du grand quartier général n'obtient, le 9 août^ que peu de résultats. De Luxembourg on tranSiâet des info^tnations^ venant d'AU lemagne^ et d'après lesquels l'armée allemande tout entière, y compris la landwehr, se masserait sur les froti^ tîères françaises. D'après un rapport eûvoyé de Bruxelles au Ministre des affaires étrangères^ l'effectif des troupes de première ligne s'élèvet*ait à 450,000 hommes. Un agefit de Thionville anûoncé qtie les mouvements des troupes coniitiuent sur la ligne de la Nahe et dtins la direction de Cologne à Trêves; la population de cette dernière ville est prévenue de l'arrivée^ pour le 9, de 40,000 hommes destinés à remonter la Sarre par toutes les voies. Entre Coume et Sarrelouis, il n'y aurait actuellement que de petits détachements chargés d'observer la frontièret La garnison de Sarrelouis qui se compose, d'après le ttiême agent, des 13®} 53® et 70® régiments d'infanterie aurait reçu Tordit, le 8) d'aller rejoindre, le 9, le gros de l'ar- mée dans la direction de Boulay ou de Saint-Avold. Speicher, PrUm, Waxweiler, Bitburg, Dockendorf (S) seraient encore occupées par des troupes assez aom<-

(i) Sainte-Barbe.

(2) Toutes ces localités sont au Nord de Trètes;

AU LA GUERRE DE 1870-4871.

breuses qu'on croit destinées à être dirigées sur le Palatinat, plutôt que vers Metz. Des détachements ennemis ont paru à Sierck et à Bouzonville mais ont évacué ces localités après y avoir fait des réquisitions.

L'interrogatoire des prisonniers faits à la bataille de Forbach apprend que le corps a été attaqué par une grande partie des IIP, Vil® et VIII* corps, indépen- damment des troupes qui ont combattu contre la divi- sion de Laveaucoupet à Spicheren. Mais on n'a aucun renseignement sur les emplacements actuels de ces unités.

, De Nancy, le capitaine lung mande au Major général que les troupes badoises ont atteint, le 7, Haguenau, à 6 heures du matin ; Brumath, à 8 heures du soir ; Stras- bourg aurait été investie le 8. Le 7, à H heures du soir, 60,000 Prussiens et Bavarois auraient franchi le Rhin à Limbourg (1) et à Brisach ; leur intention est d'être, le 10 ou le 11, à Lunéville ; leur objectif serait Bar-le-Duc. Mais, d'autre part, le sous-préfet de Schlestadt annonce que tout est tranquille sur le Rhin. Dans une dépêche ultérieure, le même officier signale que l'armée du Prince royal se dirige rapidement sur Sarre-Union pour effectuer sa jonction avec celle du prince Frédéric- Charles.

En Haute-Alsace, les informations recueillies conti- nuent À être contradictoires.

D'après certains renseignements parvenus au général Douay, il n'y aurait plus que des troupes peu nom- breuses sur la rive droite du Rhin, entre Fribourg et Mûlheim ; mais, d'autre part, on assure qu'une armée, évaluée tantôt à 50,000, tantôt à 100,000 hommes, se trouverait rassemblée entre Rastatt et Offenbourg, face au débouché de Kehl. La concentration des landwehr

(1) A TEst de MarckoUheim.

LA GUERRE DR 4870-4874. 425

badoise, bavaroise et wttrtembergeoise s'effectuerait entre Hausach et Ulm, au dire d'un Français revenant de cette région.

Dans la soirée du 9 août, l'Empereur reçut de l'Impé- ratrice le télégramme suivant (1) :

a Je crois absolument nécessaire que vous ayez des renforts. D'après les avis que j'ai reçus, la jonction des deux armées prussiennes va vous mettre au moins 300,000 hommes sur les bras. Appelez à vous les troupes de Chàlons et tout ce que vous pourrez ras- sembler. Si vous approuvez, envoyez-moi des ordres immédiats (2). »

L'Empereur répondit, à 10 heures du soir, qu'il ferait venir à Metz, s'il en avait « le temps et les moyens, le corps d'armée de Chàlons », mais qu'il lui était impos- sible, pour le moment, de réunir des forces plus nom- breuses. Il semble pourtant, qu'à la condition de céder, au besoin, aux Allemands, sans combats décisifs, le ter- rain compris entre la Nied française et la Moselle, il était possible de concentrer sur la rive gauche du fleuve, non pas quatre, mais six corps d'armée (3), sans compter la Garde impériale.

V. Renseignements reçns par le grand quartier général allemand et opérations de la cavalerie allemande.

Le 9 août, au matin, le lieutenant-colonel Verdy du Vernois, du Grand Etat-Major, établissait un croquis d'après lequel le corps se trouvait au Nord-Est de Metz; le 3®, à mi-distance entre cette place et Saint- Avold ; le 2®, au Nord-Ouest de Morhange, en retraite

(1) Expédié de Paris à 6 heures du soir.

(2) Extrait du livre : Les derniers télégrammes de VEmpire. (aj 2% S*», 4% 5«, 6% corps.

496 LA aUBRRB DB 4370-4871.

8UP MetE ; le 5^, ei^ maFcbe d'AItroff sur Morhange ou Lunéville ((), La cavalerie reoueillalt, dans la jaupnée, des renseignements complémentaires.

Le général de gteinmetz annonçait pour la seconde fois, au grand quartier général, Tévacuation de Boulay et de Bouzonville. A son avis, Taile gauche de Tarmée ennemie devait être à Saint^-Avold ou à Bouçheporn ; il proposait, en conséquence, de porter l'aile droite de la I^ armée vers cette dernière localité. Dans cet ordre d'idées, il chargeait la 3^ division de qavalerie de se procurer des nouvelles sur la situation de l'adversaire, notamment dans la direction de Saint-Avold et de Bou- cheporn (2) et lui affectait, comme soutien, un bataillon du l«' corps.

f^ Mais le général comte de Groeben regardait comme peu opportun encore d'engager des partis de cavalerie considérables dans la région montueuse et boisée située en avant du front de la I'^ arpée . . . , . (3) »

Il maintenait donc le gros de la 3^ division, sur la rive droite de la Sarre, près de Derlen» et se bornait à augmenter le nombre de patrouilles d'officiers envoyées sur la rive gauche (4). Elles ne constatèrent nullement la présence du 4^ corps français vers les Étangs, mais une reconnaissance lancée par le 8^ hussards (5) aperçut, des hauteurs de Morhange (S h. 15 soir), dans la dépres- sion, immédiatement à l'Ouest, un grand camp français dont elle estima les forces à 50,000 hommes.

(i) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, page 262.

(2) Le lieutenant Stumm, du 8^ régiment de hussards, avait signalé, le 1, un camp français très important près de cette localité.

(3) Historique du Grand Etat-Major prussien, A* livraison^ page 411.

(4) L*une d'elles, commandée par le lieutenant von Papen, du 5* uhlans, eut, près de Boulay, un engagement, dont il a été fait men- tion précédemment, avec une partie d*un escadron dn 2* hussards. (Voir page il 3.)

(5) Cavalerie divisionnaire de la i3* division d'infanterie.

LA. GUBRRB DB 48TO-4674. 4«7

La 6^ division de cavalerie, mise soug les ordres du commandant du IIP corps, avait été placée, dans la marche, derrière la 5^ division d'infanterie, sauf le /5* uhlans, qui était attribué & la 6^ division, formant tète de colonne (1). Ce régiment, qui Rivait eu soin, la veille, de conserver le contact, fournissait des renseigi^et? ments très importants. Il mandait, dans la matinée, que le corps Bazaine aVait bivouaqué, dans la nuit du 8 au 9, entre Bionville et Raville, et avait repris sa marche vers Mets, le 9, à 4 heures du matin* Un nouveau rapport, envoyé à 7 heures du soir, confirmait le pre- mier et mentionnait que, suivant toute apparence, l'ennemi semblait s'être arrêté « derrière la coupure la plus voisine de Courcelles-Chaussy (2). »

Plus au Sud, des reconnaissances du S^ régiment de dragons (3) trouvaient Faulquemont inoccupé, mais apprenaient que, le 8 août, le maréchal Bazaine avait eu son quartier général en ce point et que l'Empereur était venu, le 9, passer plusieurs heures avec lui. « Il ressor- tait plus ou moins clairement de ces indications que des masses considérables se trouvaient devant Taile droite de la II* armée; par contre, en avant de Taile gauche, le contact avait cessé peu à peu (4) i> .

A la 5' division de cavalerie, l'action des deux brigades, 1i^ et i^', placées sous les ordres directs du général de Rheinbaben, fut n des moins produc- tives (5) » ; ses avant-postes n'avaient été poussés que

(i) On eut, à la 6^ dWisioa de cavalerie, l'impression d'être « com- mandé de réserye », écrit, le iO, le major dif; Sehônfeld, officier d'état-major de cette division. (Général de Pelet-Narbonne. Loc. cit. y

page 96.) (t) Général de Pelet-Narbonne. Loc. cit,, page 82.

(3) GaTalerie divisionnaire de la 6^ division d*infanterie.

(4) Hûtorique du Grand Étai-Major priusieti. À* livraison, page 410. H) Général de Pelet-Narbonne. Lac, cit., page 8S.

4S8 LA GUERRE DE 4870-4874.

jusqu'à Puttelange, et l'on n'y savait rien sur Ten- nemi (1). La brigade Bredow (/^), qui opérait à l'extrême gauche du front de la IP armée, ne parvint pas, non plus^ à reprendre le contact. Un officier, appartenant au quartier général du IV® corps, accom- pagné d'un peloton du 16^ régiment de uhlans, l)attait le pays en avant du front de la IIP armée, jusqu'au chemin de fer de Strasbourg à Paris, qu'il coupait au Sud de Phalsbourg, sans rencontrer l'ennemi.

La 4^ division de cavalerie (IIP armée), reléguée derrière le XI® corps, pour la période de la traversée des Vosges, ne pouvait, évidemment, recueillir par elle- même des renseignements. Mais elle aurait chercher, au moyen de reconnaissances d'officiers, à rétablir le contact, perdu depuis le 7 août, avec l'armée française d'Alsace. Le Prince royal ignorait la direction exacte qu'elle avait prise; de même le maréchal de Moltke n'avait pas été informé par la cavalerie, mal employée et d'ailleurs trop circonspecte, de l'occupation des posi- tions de la rive gauche de la Nied frauçaise'par les corps de Lorraine. Il supposait que les Français s'étaient retirés derrière la Moselle ou la Seille ; cette hypothèse inexacte formait le point de départ de l'ordre général, en date du 9 août, adressé de Sarrebrûck, 8 heures du soir, aux commandants des trois armées allemandes et ainsi conçu :

Quarlier général, Sarrebrûck, 9 aoAi 4870, 8 heures soir.

« Les renseignements reçus font penser que l'ennemi s'est retiré derrière la Moselle ou éventuellement der- rière la Seille.

(1) Rapport du major de Haeseler, de Tétat-major de la II* armée (9 h. 30 du soir).

Des patrouilles avaient ramené d*AItroff quelques traînards; elles avaient trouvé, en ce point, des bivouacs abandonnés et des traces de

LA aUBRRE DE 1870-4S74. 129

« Les trois armées suivront ce mouvement.

« La III® armée emploiera : la route Sarre-Union, Dieuze et les communications au Sud.

a La IP armée : la route Saint- Avold, Nomény et les communications au Sud.

« La I^ armée : la route Sarrelouis, Boulay, les Étangs et les communications au Sud.

a En vue de couvrir cette marche, on poussera la cavalerie à grande distance en avant, en la soutenant au loin par des avant-gardes, afin d'assurer aux armées, en cas de besoin, le temps de se rassembler.

K Sa Majesté indiquera les modifications qui devraient être apportées aux directions de marche précitées, par suite de la position ou des mouvements en avant de Tennemi.

« Le 10 août pourra être employé par les I" et IP armées à faire reposer leurs troupes ou à les établir sur les routes de marche qui leur sont destinées.

(< L'aile gauche ne pouvant atteindre la Sarre que le 12, les corps de Taile droite n'ont à exécuter que des étapes relativement courtes. »

Ainsi, le mouvement en avant des et II® armées allemandes ne doit être repris que le 11 août. Quatre jours se seront écoulés depuis la victoire de Forbach, doublée de celle de Frœschwiller, avant que Ton profite de la supériorité matérielle et morale qu'a produite le succès, pour en exploiter les résultats. Ce temps d'arrêt prolongé laissait à Tadversaire la possibilité de se ressaisir, de se concentrer pour une nouvelle bataille, ou de se retirer pour se réorganiser; il lui rendait, en un mot, sa liberté d*action. Au grand quartier général

fortes eoloones d'iafanlerie qui avaient passer par le village, dans le courant de la nuit précédente. (Historique du Grand Etat-Major prus- sien, 4* liYfaison, page 410.)

•• r«««lciile. 9

4aO LA OnSRRX DB 4870-4874 .

allemand on crut devoir procéder de la sorte, vraisem- blablement, pour permettre à la IP armée d'achever son déploiement stratégique et à la lU* d'arriver à sa hauteur» Llmmobilité prolongée n'en était pas moins fâcheuse.

« C'est dans cette halte forcée, après les premiers coups, dans les lenteurs et les difficultés du déploiement^ que s'accusent tous les défauts du dispositif de marche de la II* armée et toute la peine que le haut comman^ dément eut h reprendre possession de lui-même et des troupes, après des événements imprévus (1). »

mouvement des trois armées allemandes» réglé par cet ordre du grand quartier général, n'a d'ailleurs nulle* ment le caractère d'une manoeuvre préparatoire à l'attaque des positions françaises de la Nied; ce n'est qu'uûe marche directe, faisant déboucher les tètes de coloûties, amenées au préalable à la même hauteur, sur la Moselle, en amont de Mete. En effet, « l'attitude des Français, après la bataille de Spicheren avait donné à penser qu'on n'en viendrait plus sérieusement aux mains à l'Est de la Moselle (2) ».

Mais c'était une conjecture et non une certitude. Or, le froût total du dispositif de marche des trois armées allemandes ne mesurait pas moins de 70 kilomètres» La concentration sur une aile exigeait donc trois jours, et, sur le centre, deux jours» Le commandement suprême devait donc disposer de ce délai si, contre les prévisions, l'ennemi venait offrir la bataille, avant le passage de la Seille ou de la Moselle. Un paragraphe de l'ordre envisa- geait, il est vrai, cette éventualité, en prescrivant de lancer la cavalerie au loin et de la faire soutenir par des avant- gardes poussées (( à grande distance d. Mais, ces moyens

étcdent insuffisants, faute d'une masse de cavalerie, or-

-— '- - - ^

(1) G. G. Esmis dt etitiqw mtJt'Mir», pafe 160.

(2) Historique du Grand Etat-Major prussitm, 5* lÎYraiwo, ptgs 495.

LA GUBRRB DB 4870-4874. 434

gane de renseignement à la disposition du généralissime et d'une avant-garde générale lui garantissant les trois journées nécessaires à la concentration des forces. Les armées allemandes vont doue marcher côte à côte dans un ordre linéaire, visant uniquement la Moselle vers Pont-à-Mousson et difficile à modifier si, par exemple, l'adversaire prend Toffensive contre l'aile droite, en partant de la région entre Metz et Thionville*

VI. Monvements des armées aUemandes.

Tandis que la I*^ armée reste immobile le 9 août, la 11^ continue & faire serrer les fractions encore en arrière. Le IX* corps atteint Saint-Ingbert ; le XIP, Habkirchen ; le U^ commence son débarquement à Neunkirchen ; le IY« corps et la Garde restent à Lorentzen et Gros-Re<* derching ; le passe sur la rive gauche de la Sarre, à Sarreguemines ; le III^ corps et la 6^ division de cava- lerie cantonnent dans les localités au Sud et au Sud- Ouest de Forbach, la 6^ division d'infanterie à Saint- Avold(4). L'immobilité du lY® corps et de la Garde est bien faite pour surprendre. On savait, en effet, depuis le 8 au soir, au quartier général de la IP armée, que le maréchal de Mac-Mahon n'avait pas effectué sa retraite de Niederbronn sur Bitche(2), hypothèse qui avait déter- miné le mouvement excentrique de ces deux corps (3). Dès lors, il convenait de remédier à l'extension du front de Tarmée qui en avait été la conséquence et qui, outre

(1) Le III^ corps deyait se borner, le 9, à prendre position à For- bach, mais les renseignements transmis par le i5^ régiment de uhianSj relatiTement à FéTacuation de Saint-Avoid par l*ennemi, déterminèrent le général d*AWensleben à pousser une division jusqu'à cette localités {Hiitorigut du Grand Etat^Major prussien, 4^ liTraison, page 409.)

(2) Historique du Grand État-Mqjor prussien, 4* liTraison, page 400.

(3) Voir Journée du 7 août, page 55.

43) LA aUBRRB DE 1870-4874.

le danger qu'elle pouvait créer, présentait l'inconvénient de masquer la droite de la IIP armée.

Celle-ci poursuivait sa marche, à travers les basses Vosges, conformément aux dispositions de l'ordre géné- ral du 7 août.

La /!^ division, qui avait atteint Haspelscheidt, par une marche de nuit, contourne Bitche par le Nord, en traver- sant « au prix de grandes difficultés (1) », le plateau de HauwUler et arrive aux environs de Schorbach et de Lengelsheîm.

Le IP corps bavarois part d'EgueIsberg, contourne Bitche par le Sud (2), en utilisant les chemins forestiers qui franchissent le Hohe-Kopf et gagne Lemberg, primi- tivement assigné comme objectif au l^^ corps bavarois. Celui-ci, qui avait bivouaqué, le 8, à Bftrenthal et à Mou- terhausen, se porte, le 9, par Lemberg sur Enchenberg ; la brigade de cuirassiers vient s*établir à Montbronn.

La division wûrtembergeoise marche dlngwiller sur Meisenthal et Puberg. Le général de Hûgel, à la tête des P^ et 3^ bataillons de chasseurs, d'un demi-escadron du 4^ régiment de cavalerie, des ^ et 3^ batteries de 4 et d'un détachement de pionniers, est chargé de l'attaque de la petite place de Lichtenberg. Il se dirige, à cet effet, sur le Bellen-Berg contre le front Ouest, tandis que le 3^ bataillon de chasseurs et un peloton de cavalerie re- montent la vallée du Rothbach jusqu'au Neumuhl, d'où ils se portent, à travers bois, partie vers le front Nord, partie vers le front Est. Les deux batteries s'établissent à ilOO mètres environ, à l'Ouest du fort, de part et d'autre de la grande route ; le /®' bataillon de chasseurs occupe la lisière Est du village, tandis que deux compa-

(1) Historique du Grand Etat-Major prussien, ^'^ liTraisoD, page 378.

(2) Un bataillon et un escadron restaient provisoirement en obser- vation devant Bitche.

i

LA GUBRRB DE 4870-4874. 133

gnies da?® régiment d'infanterie débouchent, à leur tour, devant le saillant Sud-Est de la place (9 h. 30 du matin).

La garnison de lâchtenberg, sous les ordres du sous- lieutenant Archer, se composait d'une section du 96® de ligne, d'un sous-officier et de 5 canonniers, et d*environ 480 isolés des 1*' et 5^ corps (1) ; son armement consistait en 4 canons de 12 léger, à kme lisse, et 3 obusiers de 16^(2).

Dès 40 h. 30, l'artillerie du fort est réduite au silence et plusieurs bâtiments sont incendiés ou détruits ; la garnison ne montre cependant aucun découragement (3). Une batterie de 6 vient renforcer, vers midi, les deux batteries wûrtembergeoises de 4 ; peu après, le général d'Obemitz envoie l'ordre de se borner à bloquer la place si l'on n'obtient aucun résultat avec ces pièces d'un plus fort calibre. Le /*' bataUlon de chasseurs est chargé da blocus ; les autres troupes rejoignent la division, non sans pertes, car « les défenseurs leur envoyaient salve sor salve et tout entiers à l'action ils ne paraissaient pas se préoccuper de combattre l'incendie (4) » . La batterie de 6 rebrousse chemin et a recommence à couvrir d'obus le foyer de l'incendie jusqu'au moment le bâtiment principal s'écroule (5) ». Le lendemain, 10(6), à 8 heures

(1) Sans compter un certain nombre de blegsés.

(S) Le fort occape le sommet d'un monticule dont l'enceinte guit le contour naturel. Les escarpes, presque entièrement taillées dans le roc, se présentent à nu sur des hauteurs de 18 à 20 mètres et ne se prêtent ni à Tescalade, ni à l'ouYerture d'une brèche. Mais l'enceinte n'offre qu'une faible capacité intérieure, enyiron 70 mètres de large sur 120 de long; ses parapets ont peu d'épaisseur. (Le général de Sérelinges aux membres du Conseil d'enquête.)

(3) Historique du Grand Etat-Major prussien, livraison, page 381.

(4) Ibid,

(5) Ibid.

(6) Rapport du sous-lieutenant Archer, daté de Grenoble, 1870. V Historique du Grand État'Major prussien dit que le 9, à 8 lieures du toir, la forteresse arbora le pavillon blanc. (4« liTraison, page 381.)

434 LA GUERRE DE 1870-1874 .

du matin, le sous-lieutenant Archer jugea que a la résis* tance devenait impossible par Tincendie de tous les bâtiments de la place, le grand nombre des blessés qu'il ne pouvait soigner, faute d'officiers de santé ou d'abris et par l'impossibilité de garantir les défenseurs du feu de l'ennemi, les parapets étant détruits (1) », Il fit en- clouer ses bouches à feu, disparaître les munitions qui restaient, briser les armes et conclut une convention avec le commandant du bataillon de chasseurs wurtem- bergeois, pour la reddition du fort.

A gauche de la division wûrtembergcoise, le V* corps se porte, le 9, d'Uhrwiller à Weiterswiller, avec un déta- chement à Erckartswiller. Un officier d'étàt-major va reconnaître la place de la Petite-Pierre, située sur la route de marche du lendemain et constate son évacua- tion(2). Le !•' bataillon du S7^ vient aussitôt en prendre possession; on y trouve 23 isolés et 6 pièces (3) et Ton y apprend que des troupes du général de Failly ont bivouaqué aux abords du fort, dans la nuit du 7 au 8 août.

Le XI® corps, venant de Mertzwiller, atteint les envi- rons de Hattmatt et de Dossenheim.

(i) Atjs motivé du Conseil d*eDquéte sur la capitulation de la place de Lichtenberg.

La garnison avait eu 24 tués et Af blessés.

(2) La garnison se composait d'une section du 96* de ligne (i** com- pagnie du 4* bataillon), soit 27 bommes, d'un maréchal des logis et 5 oanonniers. L'armement comprenait huit pièces de divers calibres. Lr» sergent-major Bœlt2, à qui échut le commandement, par suite de la maladie du capitaine de la compagnie, jugea la défense impossible. II fit enterrer ses cartouches et ses pièces, noyer ses poudres, et gagna, avec la garnison, la place de Phaisbourg.

(3) Parlant de l'occupation de la Petite-Pierre, le major yon Hahnke dit : « Dans cette place et à Lichtenberg, un important matériel de guerre et 70 canons tombèrent entre nos mains. » (Opératiotu de la III* armée, d'après les documents officiels de la m* armée, page O.H).

On a TU qu'il y avait en tout 13 bouches à feu dans ces deux places.

OUBRRB DB 4870.4874. 485

¥11. Situation de rarméo dn Rbin daiu la soirée.

A la suite des mouvements du 9 août, les divers corp^. de Farmée du Rhin occupaient, dans la soirée, les empla- cements suivants :

Grand quartier général ! Metz.

Quartier général BlAmont.

1^ diTisioD Domèvre.

2^ division Entre Domèyre et Blâmonl.

division Ibid.

division Jbid,

i«r corps ( / Brigade de Septeuil h TEst

-,..., , . ) de Domèvre.

DmsioD de cavalerie. . . < . , kt *- * m- u i

Brigades Nansouty et Michel

à Lunéville.

Réserve d^artillerie.. .. Domèvre.

Réserve du génie Btâmont,

I Brigade Lapasset, à Aubé- oourt. Réserves d'artillerie et du génie, à Lemud.

Quartier général. Pont^à-Cbaussy.

i '" division Entre Sanry - sur - Ni«d ,

Pange» Lemud.

i" division Mont»

,> corps ^3* division ibid,

A^ division Silly, Pont^-Ghaussy.

Division de cavalerie. . . Pont^à^'Cbaussy.

Réserve d'artillerie. . . . Château d*Urville.

Réserve du génie Courcelles-Ghaussy.

/ Quartier général Château de Gras.

i ^ division Entre Glattigny et Cheuby.

t^ division A l'Ouest de Glattigny.

3*^ division Entre Gbeuby et Sainte-

4* corps ] Barbe.

Division de cavalerie . . . Château de Gras. Réserves d'artillerie et

du génie Entre Sainte-Barbe et le

château de Gras.

136

LA GUERRE DE 4870-4874.

Ht

D" corps.

6* corps.

(

?• corps

Garde

/ Quartier général

l** diTision

2" dWision

3^ division

Division de cavalerie. . .

Réserves d'artillerie et

du génie

Tout entier au camp de Chàlons, sauf

Quartier général

i " division

division

3* division

Division de cavalerie. . . Réserves d'artillerie et

\ du génie

Quartier général

indivision

2* division ;

Division de cavalerie. . Réserve d'artillerie. . . . Réserve du génie

Réserve gêné- [ Division du Barail

raie de cava- l Division de Bonnemains

lerie ( Division de Forton

Réserve générale d'artillerie

1* corps.

2" corps.

3* corps.

-4« corps.

_ , corps.

Parcs '

d'artillerie. , ^^

6* corps

?• corps

Garde

Réserve générale d'artil- lerie

Grand parc d'artillerie

Grand parc du génie

Équipages de ponts de réserve.

Réchicourt.

Ibid,

Ihid.

Cirev.

Badonviller.

Réchicourt.

La 3** division, en route pour

MetZy par voie ferrée. La 4* division, à Paris. Belfort.

Entre Domèvre et Rlâmont. Belfort. Lyon. Belfort et Lyon.

Belfort.

Maizery.

Nord-Est de Maizery.

A l'Ouest de SiHy-sur-NÎHl.

Maizery.

Saint-Agnan. .

Répartie entre les \** et

2* divisions. Saint-Mihiel. Lunéville. Montigny-les-Metz . Metz.

Besançon et Strasbourg. Metz. Ihid,

Metz et Verdun. En route d'Ëpinal sur

Lan grès. La Fère et Laon. Épinal et Bet^ançon. Metz.

Toulouse. S'organise à TooL Versailles. Toul.

La journée du 10 août ^^\

I. MonTemenU de rarmée do Metz.

Les corps d'armée, placés sous les ordres du maréchal Bazaine, achèvent d'occuper, d'organiser et de rectifier leurs positions de la rive gauche de la Nied française, le Major général a décidé d'accepter la bataille, si l'at- taque de l'ennemi se produit le 10 août. Le corps, à qui les ordres à cet effet ne sont pas encore parvenus, se porte sur Mercy-les-Metz (2) dans les conditions indi- quées par le tableau suivant :

élAmbrts.

P0I5T

HBDBB

DB niPABT.

OBSBBVA- TIONS.

RéMrves d'artillerie et du génie .

Voitures des ferrices adminis- tratifs

Lemud.

Remilly. Id. Id.

Id.

Id.

Aabécourt.

Remillj.

mitio

S heures.

Id.

4 heures.

5

6

7 7 h. 30

Chaque division Mt précédée de SM bigafes.

3* difisioD

<'• dÎTiflioD

Ambulance et bagages du quar- tier ffénéral. trésor

difisiOD

Bricade Laoasset

Division de cavalerie

(1) Voir le croquis au 1 /200,000 annexé.

(2) On sait que, le 8 août, le général Frossard avait reçu du Major général un télégramme contenant la prescription suivante : « Avec votre corp« d'année, qui fera partie de Tannée formée à Metz, vous

138 LA GUBRRB DE 4870-4871.

La plus grande partie du corps avait dépassé Gour- celles-sur-Nied (1), quand général Frossard reçut du maréchal Bazaine un extrait des instructions de l'Empe- reur relatives aux positions que Tarmée devait prendre sur la Nied et à TEst de Metz (2) ; il lui était recom- mandé en même temps (3) de faire tous ses efforts pour atteindre Courcelles-sur-Nied « et- prendre position au-dessus, en passant par Yillers-Laquenexy » afin de se relier complètement à la division Montaudon du 3^ corps qui occupait Pange.

Le général Frossard, estimant que son corps d'armée était déjà trop engagé sur la route de Mets, ne crut pas pouvoir se conformer entièrement aux prescriptions du maréchal Bazaine (4). Il se contenta d'arrêter la brigade Lapasset à Courcelles*sur«Nied et de rétablir, vers 10 heures, sur la hauteur entre Laquenexy et Yillers* Laquenexy (5). Il plaça la division Bataille entre Ars- Laquenexy et le château de Mercy-les-Metz ; la division Vergé à droite de la précédente, à cheval sur la route de

fous porterez gur cette place par la ligne la plus directe, en tous coq*

formant aux instructions du maréchal Bazaine » Une lettre du

Major général, du 9 août, confirmait ce télégramme.

Le commandant du 2* corps n*aTait reçu plus tard, d'autres inatrue< tions que celles-ci, datées de Faulquemont, 9 août :

« L'Empereur donne des ordres formels et pressants pour que

TOUS gagniez, aussi rapidement que possible, HaD-sur«>Nied et Remilly, et, si TOUS le pouvez, après un repos, venir, même pendant la nuit, h Courcelles-sur-Nied. »

(1) Général Frossard, Rapport sur les opérations du V corps de V année du Rhiriy page 73.

(2) Voir, pour ces instructions. Documents annexes, page 137.

(3) Ordre daté de Pont^à-Chaussy, 10 août, 3 heures du matin.

(4) Lettre autographe du général Frossard au maréchal Bazaine^ 10 août.

(5) « Les troupes travaillent toute la nuit pour fortifier cette ligne et retrancher les villages. » (Journal de raarohe de la brigade Lapasset) .

GUERRB DB 1870-4874. 439

Strasbourg ; la division de Laveaucoupet en seconde ligne, derrière le centre de la division Vergé ; la division de cavalerie près de la ferme de la Haute-Bévoye ; les réserves d'artillerie et du génie entre la Haute et la Basse-Bévoye. Le quartier général fut installé au cbÀ- teau de Mercy-lcs-Metz.

Le général Frossard reconnaissait qu'il occupait ainsi la droite de seconde ligne de bataille (i), celle que Tarmée ne devait venir défendre qu'après avoir été obligée de céder celle de la Nied française. Si Ton con- sidère la faible distance qui sépare Mercy-les-Metz de Pange, il est difficile d'admettre, comme valable, l'ar- gument iQvoqué par le commandant du corps pour se justifier de ne pas s'être conformé aux instructions du maréchal Bazaine. Plusieurs de ses régiments étaient ce excessivement fatigués », écrivait -il an commandant en chef. Cette raison même n'était pas suffisante, car rheure n'était pas avancée et le mouvement de Mercy sur Pange pouvait, à la rigueur, être remis à l'après- midi.

Le 3* corps conserve ses emplacements du 9 août, sauf : la division Montaudon, qui se porte de Sanry- sur-Nied sur Pange qu'elle n'avait pu atteindre la veille (2) ; la réserve d'artillerie qui évacue son camp d*Urville et le reporte à la Tuilerie au Sud de Silly-sur- Nied; la réserve du génie qui, de Gourcelles-Chaussy, vient s'établir au château d'Urville. D'une manière géné- rale, les troupes du corps occupent, dès le matin et pendant une grande partie de la journée du 10, les positions de combat qui leur sont assignées, comme si

(1) Lettre autographe du général Frossard au maréchal Baiaine.

(2; La 1'* brigade a sa droite au village de Pange, qu'occupe la compagnie du génie divisionnaire ; la 2* brigade est à TOuest du village de Mont.

440 LA aUBRRB DE 4870-4874.

elles devaient être attaquées à bref délai (4). La division de cavalerie du corps d'armée, qui dépasse à peine les avant-postes d'infanterie, ne fournit d'ailleurs aucun ren- seignement sur les mouvements de l'ennemi.

Le 4^ corps apporte quelques modifications à la répar- tition des troupes. La 1'^ division, établie la veille entre Glattigny et Cheuby, maintient une brigade à Glattigny, et porte l'autre « en échelon sur la route des Étangs, avec mission de fouiller et d'occuper les bois vers Hayes (2). » Elle exécute quelques travaux de fortifica- tion de campagne. La division, qui se trouvait à l'Ouest de Glattigny, s'établit autour du hameau et dans le bois de Cheuby. Ce hameau et le village de Sainte- Barbe sont mis en état de défense. La division occupe par sa droite les hauteurs au Nord-Est de Sainte-Barbe, et rabat sa gauche en une sorte d'échelon défensif, de façon à observer le ravin qui longe la route de Metz à Bouzonville. La division de cavalerie se rassemble aux environs de Petit-Marais, la brigade de hussards au Sud, la brigade de dragons au Nord de ce point.

Ainsi qu'au corps, les troupes du se tiennent prêtes, dès le matin, à recevoir une attaque (3) ; (c des reconnaissances sont poussées très au loin (4); elles rentrent sans avoir vu l'ennemi (5). »

La Garde reste sur ses positions du 9 août, entre le hameau de Mont et la ferme Béville. « Le général Fros-

(1) Journal de marche de la diTisioo Glérembault ; Historique du 69' de ligne; Historique du 17* régiment d'artillerie.

(2) Journal de marche du •4* corps. « Le général de Gissey forme ses troupes sur deux lignes, par brigades accolées. » (Journal de marche de la 1'* division).

(3) Journaux de marche de la i*^ division et de la 1** brigade de la â* division.

(4) A Boulay, distant de huit kilomètres des Étangs. (Historique du V hussards.)

(5) Journal de marche de la i'* division.

LA OUBRItE DE 1870-4874. 444

sard étant allé s'établir à Mercy-les-Metz, au lieu de Cour-

celles-sur-Nied, notre flanc droit doit être observé

En conséquence, un bataillon de la division Deligny va s'établir militairement à Golligny, avec un escadron de chasseurs (1). » Par contre, le 4®' régiment de voltigeurs et la batterie détachés la veille au hameau de Mont, y sont remplacés par la division Montaudon et rallient le gros de la division Deligny au Nord-Est de Maizery.

La dzviszo7i du Bar ail ^ de la réserve de cavalerie, partie de Saint-Mihiel dans la soirée du 9 août, fait une marche de nuit pai- Yigneulles, Gorze et Novéant et arrive le iO,à dix heures du matin, à Metz, elle campe au Sud-Ouest de la place, non loin de la division de Forton (2).

La réserve générale d'artillerie se porte de TUe Cham- bière à Montoy.

Le corps, dont la division arrive à Metz le 10, reçoit Tordre de la faire suivre, sans interruption, par les autres divisions présentes au camp de Chàlons. La l^^ s'embarque dans la nuit du 10 au ^\ (3).

(1) Journal de luarche de la Garde.

(â) La dWision du Barail ne comptait que les 1*', 2* et 3* chasseurs d'Afrique. Le 4* ne débarqua à Toulon que les 8, 0 et 10 août; il fut transporté à Gommcrcy d*où, ne pouvant gagner Metz, il se dirigea sur le camp de Chàlons.

(3) Le maréchal Ganrobert quitte momentanément le commandement du S* corps, eu raison de la dépêche suivante de l'Empereur :

Metz, 40 août, 5 h. 31 matin.

« L*Impératrice fait appel à votre dévouement. Allez immédiatement vous mettre à sa disposition et laissez le commandement du camp au plus ancien général de division. »

L'Impératrice proposa au maréchal Ganrobert les fonctions de gou- verneur de Paris que le maréchal ne consentit pas à accepter, pensant qu'une bataille sous Metz était imminente. {Enquête sur les actes du Gouvernement de la défense nationale, Déposition du maréchal Ganro- bert, tome IV, page 273.)

us LA OUBRRB DB 4S70-4874.

II. Abandon de la ligne da la Nied.

L'armée de Metz était concentrée ; ses effectifs s'aug- mentaient chaque jour par l'arrivée de détachements de réservistes et les 43,000 hommes du corps allaient bientôt lui apporter un appoint sérieux (i). Aussi la con- fiance semblait-elle renaître au grand quartier impé- rial (2) ; on s'y faisait même de telles illusions que, le 40 août, le Major général, écrivant au Ministre de la guerre, parlait de prendre Toffensive dans quelques jours, ainsi que l'armée le désirait (3).

Ces dispositions ne durèrent pas. L'Empereur, subis- sant tour à tour diverses influences, abandonna d'abord le projet d'offensive qu'il avait formé. Bien qu'il se trouY&t <c à la tète de 120,000 hommes disciplinés et prêts à tout entreprendre d il ne pouvait se dissimuler que les trois armées ennemies s'avançaient contre loi. Si l'armée française, pensait-il, allait chercher la bataille en se portant en avant vers la Sarre, elle pouvait être coupée de Metz par les troupes du Prince royal ; si, au con- traire, elle marchait à la rencontre de la IIP armée, elle pouvait être compromise par les forces réunies du général de Steinmetz et du prince Frédéric-Charles (4) .

Mais en dehors des deux termes de ce dilemme, il y avait, semble-t-il, une solution acceptable qui consistait à prendre une position d'attente, en aval du confluent des deux Nied, sur une direction excentrique à l'axe du mouvement général de la IP armée.

(1) Effectif du 6* corps, le 9 août : \fiQi officiers, 41,424 fous-offi- ciers et soldats, 7,666 chevaux.

(2) Capitaine Derrécagaiz, La guerre de 1870. (Spectateur mUitaxret 1871, page 145.)

(3) Comte de la Chapelle, Le Livre de V Empereur^ page 99.

(4) Ibid.y page 99.

0UBRRB DB i970^iSl^. 443

Bientôt l'Empereur renonça même à défendre la ligne de la Nied, à la suite d*une conférence avec le maréchal Bazaine et d'une reconnaissance du terrain. Il jugea <c que la droite pouvait être facilement tournée, d'autant plus que déjà un corps allemand s'avançait sur Sarre- Union et il résolut de concentrer l'armée plus en arrière, sous la protection des forts avancés de Metz (1). »

Gomrae il arrive presque toujours dans des situations analogues, on reconnut aux positions de la Nied fran- çaise des inconvénients très sérieux (2) et l'on attribua au contraire à celles que Ton allait prendre sous Metz toutes les vertus (3). On ne crut pas d'ailleurs pouvoir attendre au lendemain matin pour mettre les troupes

(t) Comftt de la Chapelle, Le Livre de CEmperewr^ page 98.

(2) Général Lebrun, Souvenirs miliiaires, page 292; Journal d'un officier de rarmée du Rhin, page 56.

(3) D'après le journal de marche du 3* corps, «c c*est à ce moment que fut résolue la retraite de Tarmée sur Verdun, puis sur Chàlons, pour rallier la 3* année, qui s'y formait, et pour couTrir ainsi Paris. La perte de la bataille de Reichshoffen, les masses prussiennes qui, au lieu de poursuivre les corps de Failly et de Mac-Mahon, cherchaient à nous tourner par Nancy pour nous couper de Paris, déterminèrent l'Empereur à renoncer à Toffensive et à porter l'armée entière sur la rive gauche de la Moselle Ce passage fut préparé par une nou- velle oonoentratton sous la protection des forts de la rive droite »

(Journal rédigé par le maréchal Le Bœuf, en captivité.)

D'après le général Lebrun, au contraire, « ce changement d'empla- cement de l'armée n'apportait aucune modification dans les projets arrêtés précédemment. Il demeurait entendu qu'aux quatre oorps ainsi réuais sous Mets on allait ajouter le 6% arrivant du camp de Gbàlons, et le 7*» qu'on avait rappelé de la haute Alsace. » (Souvenirs mUiUurei^ page 293.)

Le général Lebrun fixe au i2 août seulement la décision prise par l'Empereur d'effectuer sa retraite sur le camp de Chàlons (page 297). Le capitaine Derréoagaiz, attaché au grand quartier impérial, dans son ouvrage sur la guerre de 1870, publié par le Spectateur miUtaire en lS7ly est d'accord sur oe point avec le général Lebrun.

En présenoe de ces témoignages contradictoires, il est difficile de se

144 LA OUBRRE DE 1870-1874.

sur pied, malgré la courte distance qu'elles avaient à franchir et en dépit d'une pluie torrentielle qui com- mença dans la soirée et dura toute la nuit (1). Le maréchal Bazaine donna, vers minuit, aux et corps et à la Garde, des ordres pour l'occupation de la deuxième ligne de défense à l'Est de Metz, prévue par les instructions du Major général en date du 9 août. Le mouvement devait commencer le 11 août à 4 heures du matin. Le. corps se trouvant déjà établi vers Mercy, la Garde était destinée à constituer la « réserve générale de l'armée (2), » ainsi que les divisions de cavalerie du Barail et Forton et les seize batteries placées sous les ordres du général Canu (3). Le général Bourbaki était chargé de déterminer, entre Vantoux et Borny, les empla- cements de ces diverses unités.

L'abandon complet et immédiat de la ligne de la Nied française était-il bien justifié ? Il y aurait eu grand avan- tage, semble-t-il, à y maintenir tout au moins un des corps de l'armée de Metz, constituant son avant-garde générale et chargé de reconnaître les forces et les dispo- sitions de l'adversaire, de le retarder en l'obligeant à se

faire une opinion. Peut-être la yérité est-elle dans une série d'hési- tations et d*alternatiTes entre lesquelles flotta la pensée du souTerain pendant ces quelques jours.

(i) A 8 h. 40 du soir, le maréchal Bazaine préTenait les divisions Montaudon et Metraan de se tenir prêtes à exécuter des ordres de mou- yement qu'elles recevraient dans la nuit :

« Demain, à 3 heures du matin, disait-il, les tentes devront être abattues, les voitures chargées et attelées, les hommes aux faisceaux, les cavaliers à la tête de leurs chevaux. »

(2) D'après les instructions du Major général, la Garde devait occuper la droite des positions si le 2^ corps n'était pas encore arrivé sous Metz. Dans le cas contraire, elle devait former la réserve générale. (Voir, pour ces instructions, Documents annexes, page 140.)

(3) Le maréchal Bazaine, commandant en chef, au général Bourbaki. Pont-à-Chaussy, 10 août.

GUBRRB DE 4870-1871. U5

déployer en partie et de lui faire perdre ainsi un temps qui eût été précieux au grand quartier impérial pour rallier les et 6* corps sous Metz. Les divisions de cavalerie Forton et du Barail et celles des corps d'ar- mée (i) devaient, dans cet ordre d'idées, être placées sous les ordres du commandant de cette avant-garde générale. Abstraction faite d'ailleurs de la constitution de cet organe et de son maintien sur la Nied, le rôle de réserve générale que le maréchal Bazaine paraissait aniquement vouloir faire remplir aux divisions du Barail et Forton était contraire aux conditions de la guerre moderne (2). L'incertitude à peu près complète qui régnait au grand quartier impérial sur les mouvements de Tennemi aurait l'amener logiquement à employer ces divisions au service d'exploration (3).

III. Mouvements de rarmée d'Âliace.

Tandis que l'armée de Lorraine se repliait de la Nied française sur Metz, les l^^ et corps continuaient

(1) Moins quelques escadrons laissés aux corps d'armée pour le ser- Tice de sûreté immédiate.

(2) «c Si la cavalerie ne trouve plus que de rares occasions de fournir ces grandes charges qui décidaient autrefois du succès d'une bataille, il ne faut pas en conclure que l'importance de cette arme se soit amoindrie c'est elle seule qui peut pousser au loin les recon- naissances, informer le général en chef des mouvements et des dispo- sitions de l'ennemi » (Observations sur le service de la cavalerie en

campagne, iS^9, page i86.)

(3) Telle semble avoir été Tintention de l'Empereur, si Ton s'en rapporte aux Souvenirs du général du Barail, qui relate les paroles sui- vantes de Napoléon III :

u Je vous ai fait venir à Metz, général du Barail, parce que votre division, composée de régiments qui ont constamment fait la guerre, doit être familiarisét; avec le service en campagne, qu'on semble avoir oublié dans notre cavalerie depuis le commencement des opérations. » (Tome IV, page idS).

•« faMSeole. iO

LA GUERRE DR 4870-4S74.

leur motivettient de retraite sur Lunéville. Les troupes du 4®' corps quittent leurs bivouacs de Blàmont et de Domèvre à 4 heures et demie du matin, et forment deux colonnes. La réserVë d'artillerie puis la brigade de cava- lerie de Septeuîl, la réserve du génie, la division Cott- seil-Dumesûil, les 3* et 2*^ divisions du 4*' corps suivent la grande route de Blàmont à Lunéville et bivouaquent soit près de cette ville, soit àu Sud, le long de la routé de Bayon. Les 1'® et 4*^ divisions, sous les ordres du génél*àl Ducfot, vont, par des chemins de traverse, s^éta- blit â Rehaiûviller (1).

A son arrivée â Lunéville, le maréchal de Mac-Mahon apprit « que le gros de l'armée dtl prince royal de t^russé se dirigeait sur Nandy et que son avant-gardé était déjà arrivée à Châteatt-Salltis (2) . « Craignant d'être attaqué près de Nancy, il n'y a pas de position favorable à la défense, et il pouvait être coupé de sa ligne de retraite (3), » le Maréchal prit la résolution d'incliner sa marche plus au Sud, vers Neufchàteau, sans chercher au préalable à vérifier Texactitude de ces informations, soit par Tenvoi de reconnaissances d'officiers sur les points indiqués, soit par un simple sondage télégra-

(1) Le journal de tnarohe du 4*' corps et le^ historiques des régi- ments des 1'* et 4* ditisions ne permettent pas de préciser l*itinéraire de cette colonne.

(2) Maréchal de MaC-Mahon, Notes sur les opérations du 1*' corps de l'armée du Bhin et de rarmêe de Chdbns, dictées à Wiesbaden en jan- vier 1871.

Le général de Failly ajoute que le maréchal avait appris également l'arrivée d^avant-gardes ennemies à Dieuze et à Marsal. {Opérations et marches du corps, page 19.)

Dans Ses souvenirs inédits, influencé sans doute par la connaissance exacte des faits, le maréchal ne parle même plus de la présence d*une avant-garde ennemie à Gh&teau-Salins, à la date du 10.

(3) Maréchal de Mac-Mahon, Notes sur les opérations du 1«" corps de Varmée du Rhin et de Carmée de Chdlons.

LA GUERRE DE i^OA^lL Uf

phique. Il fit partît immédiatement de Lunéville les divisions càValerie Boniiemains et t)uhesinë tndins brigade de Septeuil, et le& dirigea sur Bayon. Il Infoi^tila l'Empereur du nouvel itinéraire qu'il adoptait et reçut son approbation (1), enfin il avertit reldmihiâti'atioti de la Compagnie de l'Est (2) et Tinvità à rêullir à Nèuf- chàteau tous les wdgohs dont elle pouvait disposer ^ôdr transpoi*ter les troupes au camp de Chàlons (3).

(1) Le Ministre de la guerre fut également prévenu . U Je coucherai le il à Bayon, if à Coloinbey, le i3 à Gondrecourt, le U à Migilt, le 15 à Sâint-Diiier, le fi Vitry, le 17 à Ghâlons. Mes troupes sdnt si fatiguées que je resterai petit^tre deux jours de plue en route, n

{%) « Le 10 août 1870| le maréchal de Mac-Mahon prérint par dépêche télégraphique le général commandant la Meurthe que le i**' et le 5* corps quitteraient Lunéville le il au matin pour se diriger sur Bar-le-Duc, par Bayon et Colotnbey, en évitant ainsi Nancy et Toul, et qu'il fallait des lors faire évacuer sur Ghâlons toutes les troUpes qui se trouvaient à Lunéville ou à Nancy. La dépêche ajoutait :

« Les hommes de ces deux corps et tous les convois qui seraient envoyés à leur destination devront rétrograder sur Ghâlons, d*où on les rappellera au besoin.

Les employés du télégraphe devront continuer leur service jusqu'à l'arrivée de Tennemi; alors seulement ils devront emporter ou briser leurs appareils. »

En présence de cette dépêche qui leur fut communiquée» les agents supérieurs de la Gompagnie de l'Est à Nancy jugèrent qu'il n'y avait qu'une chose à faire, c'était de sauver le matériel roulant épars sur les embranchements de Saint-Dié et d'Ëpinal et sur la ligne principale. Rien qu'à Nancy, il y avait plus de 100 machines locomotives et un nombre immense de voitures et de wagons. L'autorité militaire quitta Nancy le 11 au matin. La Gompagnie de l'Est ne pouvait songer à rester plus longtemps et, à partir du 11, 8 heures du matin, les trains d'éva- cuation se succédèrent sans interruption. Gette opération dura environ quarante-huit heures. Le 13, tout le matériel était sauvé et on ne laissa aux Allemands, qui entrèrent le même jour à Nancy, qu'une machine de gare dont ils ne purent tirer parti que pour fournir de la vapeur aux chaudières dans lesquelles ils préparaient, à Lunéville, la nourri- ture des soldats. » (Jacqmin, Les chemins de fer pendant la guerre de 1870-1871. Paris, Hachette, 1872, page 137.)

(3) Maréchal de Mac-Mahon, Notes sur les opérations du 1*' corps de

448 LA OUBRRB DE 4870-4871 «

« La pluie n'avait paâ cessé de tomber depuis le départ de Sarrebourg ; les hommes bivouaquaient dans des champs détrempés ; ils n'avaient ni effets de campement, ni effets de rechange et, depuis Frœschwiller, ils n'avaient pas eu de repos. Leur santé commençait à s'en ressentir; beaucoup d'entre eux étaient indisponibles. On forma de tous ceux qui étaient hors d'état de mar- cher un convoi qui fut dirigé de Lunéville sur Ch&lons par la voie ferrée (1 ). »

Le corps continue sa marche vers l'Ouest en deux colonnes : la colonne de droite (division Goze, brigade de Manssion, réserves d'artillerie et du génie, quartier général, ambulances) partant de Réchicourt à 5 heures du matin, passe par Moussey, Rémoncourt, Emberménil, La Neuville-aux-Bois, Marainviller et atteint Lunéville à 4 heures du soir (2). La colonne de gauche se rend de Badbnviller à Lunéville (3) (division de cavalerie Bra- haut) et de Girey à Baccarat (division de Lespart).

Varmée du Rhin. D*après M. Jacqmin, directeur de Texploitatioa des chemiDS de fer de l'Est, la première demande de matériel adressée à cet effet à la Compagnie serait un télégramme du maréchal de Mac- Mahon, daté de Neufchàteau. {Les chemins de fer pendant la guerre de i870-4871, page 137).

(1) Maréchal de Mac-Mahon, Notes sur les opérations du 1*' corps de Varmée du Bhin. Un rapport du commandant Foerster, du grand quar- tier général, envoyé en mission le 9 août auprès du maréchal de Mac- Mahon, relate aussi « le grand dénuement » et Textrème fatigue des troupes du 1®' corps.

Le commandant Vanson et le capitaine de France, de Tétat-major général, furent envoyés par le Major général : le premier à Nancy, le second à LunéTÎile, « pour assurer le départ des isolés pour le camp de Ghâlons. »

(2) Cette colonne avait été obligée de s'arrêter longtemps ^ quelque distance de la ville pour laisser passer le i^' corps. « La division Goze et le restant de la colonne sont péniblement installés sur le terrain de manœuvres de Lunéville. Les troupes campent dans Teau. » (Journal de marche du 5* corps).

(3) Arrivée à 4 heures du soir.

LA GUERRE DE 1870-1874. U9

Sur ces entrefaites, le Major général avait pris con- naissance d^un rapport du capitaine de France, de retour à Metz (i), sur la situation du corps et appris ainsi que l'intention du général de Failly était de se diriger sur le camp de Chàlons, par Bayon, Vézelise, Colombey, Void et Comraercy, et non sur Nancy, comme le lui prescrivaient les instructions du 8 août. Il expédia aussitôt (2) un télé- gramme au commandant du corps qui le trouva à son arrivée à Lunéville : « Notre concentration sur Metz est terminée. L'Empereur désire que vous opériez votre jonction avec nous, si Tennemi vous en laisse la possi- bilité. Je vous envoie le capitaine de France. »

L'importance réelle que semblait attacher le grand quartier impérial à la marche du corps sur Nancy détermina le général de Failly à consulter le maréchal de Mac-Mahon. Celui-ci lui transmit les renseignements qu'il possédait sur l'ennemi : L'armée du Prince royal aurait franchi les Vosges au nord de Phalsbourg, parais- sant se diriger sur Nancy; son avant-garde serait déjà arrivée à Chftteau-Salins. Il ajouta qu'il avait ordonné, en conséquence, au général de la Charrière, commandant la subdivision de la Meurthe, « de faire sauter les ponts et de se retirer » (3).

Interrogé par le Maréchal sur la direction qu'il comptait suivre, le général de Failly déclara que son intention était de se conformer aux ordres du grand quartier impérial et de se porter le 11 sur Nancy. Le Maréchal a garda le silence » (4). Le commandant du corps le pria alors

(1) Rapport daté de Metz, 10 août, 10 heures du matin. On sait que le capitaine de France avait été envoyé la veille en mission, à Réchi- court-le-6hàteau, auprès du général de Failly.

(2) Meti, 2 h. 15 soir.

(3) Journal de marche du 5' corps, rédigé par le colonel Clémeur en 1^2, et approuvé par le général de Failly le 16 août 1873.

(À) Général de Failly, Opérations et marches du ti* corps, page 19. D'après le rapport précité du commandant Foerster, le maréchal de

4j^0 LA (^ub;i(Rp; die 1870-1871.

d'envoyer contre-ordre w général Cbarrière qui télé- graphiait d'^illeprs peu après :

* u Seul et sans troypes à Nancy. La maire et le conseil municipal s'opposent à ce qu'on fasse sauter les ponts de peur de représailles de Tennemi. Que faut-il faire? » Le général de Failly répondit : « Attendez l'arrivée du 5^ corps à Nancy », et fit rédiger les ordres de mou- vement, à cet effet, pour le il août. Il écrivit d'autre part, au Major général (1) : c< Suivant les avis que je recevrai ce goip, j'exécuterai vos ordres si l'ennemi m'en laisse la possibilité »

A minuit, le capitaine de France arrivait du gmnd quartier impérial, à Lunéville, et se rendait auprès du général Failly avec mission de lui u confirmer Tordre de se diriger sur Metz mais de lui dire qu'il pouvait passer par Toul, pour éviter l'ennemi déjà signalé à Dieuze et Chàteau-Salins, en marche sur Nancy (2) ».

Cependant, le commandant Perrotin, de l'état-major du corps, envoyé dans la nuit, sur une locomotive, en reconnaissance sur Dîeuaé, annonçait que l'adversaire n^y était pas encore signalé mais seulement qu'il y arri-' vait et qu^il marchait également sur Ghàteau^Salins (3). Cette nouvelle était rassurante et bien faite pour déter- miner le général de Failly à exécuter strictement les instructions du Major général.

Néanmoins, le général de Failly craignit d'être devancé à Frouard. Il jugea que si l'ennemi, maître de Lunéville au Sud, franchissait la Moselle au Nord

Mac-Nahon ne voulait plus « doaper aucun ordre au général de Failly, lors même que ce corps d^armée serait encore sous ses ordres ». (i) Télégramme expédié de Lunéville à 6 heures du mf.

(2) Note adressée à la Section historique, le 14 décembre 1901, par M. le général de France.

(3) Journal de marche du 5* corps, rédigé par le capitaine de Pit^- pape, au jour le jour.

vers Pont-à-Mou3Son, la ligue (Jp retraite du corps, sur Gbàlons comme sur Metz, serait des plus compro- mises. A son avis, le corps, débordé sur ses deux ailes, pouvait être cerné et un désastre, dans ce cas, était à craindre, surtout avec des troupes dont le, moral était déjà très afiaib^i pa^i* le contact des débris du 1'^'' corps, par les fatigues et les priyations qu'elles éprouvaient depuis plusieurs jours, Il considérait enfin la marche cpmme dangereuse, & partir de Saint- Nicolas-du-Port, d'où, jqsqu'à Nancy, la route longe la rive de la ]\(eHrthe. Il estimait que quelques bat- teries ennemies établies sur la viye droite suffiraient poqr arrêter le mouvement et séparer de nouveau le corps d*armée <( comme cela était déjà arrivé à Bitche » . Telles sont les raisons données par le Journal de marche du corps rédigé après les événements (1).

lies craintes du général de Failly étaient-elles bien justifiées? Les circonstances étaient-elles de nature à lui faire abandonner la marche sur Metz, par Nancy, à laquelle le Major général semblait, avec raison, attacher une grande importance? On observera tout d'abord qu'il n'y avait nul danger pour le corps d'être débordé par ses deux ailes et enveloppé, même si l'ennemi franchissait la Moselle & Pont-à-Mousson, le 11 août, et entrait le même jour à Lunéville* Il lui restait toujoqrs la ressource de se replier de Nancy sur Toul ou sur Pont-Saint-Vincent et, à moins de s'im- mobiliser, la retraite sur Mirecourt demeurait toujours possible. D'autre part, en admettant que Tennemi eût une forte avant-garde à Cbàteau-Salins, le général de Failly était à peu près certain, le 10 au soir, de n'être pas encore devancé à Nancy. Gomme la distance de Cbàteau-Salins à Nancy est à peu près égale à celle de

(i) Journal de marche du 5* corps, rédigé par le colonel Glémeur.

159 LA GUERRE DE 1870-1871.

Luné ville à Nancy, l'adversaire ne pouvait arriver dans cette ville avant le corps qu'à la condition d'exécuter une marche de nuit (1), éventualité que les nouvelles données parle commandant Perrotin rendaient peu vrai- semblable. Au reste, à supposer qu'elle se produisit, le général de Failly ne pouvait manquer d'en être informé, dès le 11 au matin, par la rupture même des commu- nications télégraphiques entre Nancy et Lunéville, et par un emploi judicieux de sa cavalerie. II eût été temps encore, à ce moment, de se diriger sur Bayon.

Sans doute, si le li au matin, l'ennemi partait de Château-Salins en même temps que le 5* corps de Luné- ville, il pouvait se produire une rencontre que le 5* corps avait tout intérêt à éviter. Encore fallait-il que les ponts de la Meurthe à Nancy fussent intacts. Si le général de la Gharrière les détruisait à temps, il en résultait un retard sensible pour l'adversaire et la pos- sibilité pour le S'' corps de se dérober sur Toul. Dans l'hypothèse enfin l'ennemi aurait établi quelques batteries sur les hauteurs de la rive droite de la Meurthe, entre Varangéville et Nancy, le corps pou- vait, de Saint-Nicolas-du-Port se rejeter sur Pont-Saint- Vincent, d'où il gagnerait Toul le 42, ou se rabattrait sur Yézelise, suivant les circonstances. La situation n'était donc pas critique au point de renoncer à atteindre Nancy avant l'adversaire, but vers lequel devaient tendre tous les efforts du général de Failly, suivant les termes mêmes des instructions du Major général. Tout au moins fallait-il tenter l'opération ; les considérations qui précèdent montrent qu'elle pouvait être entreprise sans grands risques.

(i) 0*après le journal de marche du corps, les troupes de ce corps d'armée étaient trop fatiguées pour pouvoir exécuter elles-mêmes une marche de nuit.

LA QUERRE DE 1870-4874. 453

Mais il importait tout d'abord d'être renseigné sur les mouvements de Tavant-garde ennemie signalée à Chàteau-Salins , au moyen de deux reconnaissances d'officier, lancées dans la soirée même, sur cette ville. Le lendemain matin, i 1 août, la division de cavalerie Brahaut renforcée par deux batteries à cheval, se serait poi*tée sur Drouville, Réméreville, Mazerulie, avec mission d'observer les mouvements de Tavant-garde ennemie de Cbàteau-Salins et de retarder éventuelle- ment sa marche sur Nancy en harcelant son flanc gauche. La brigade de Maussion et une batterie se seraient établies en flanc-garde vers Haraucourt, tandis que la division Goze et les réserves d'artillerie et du génie auraient marché sur Nancy par la grande route. Après le passage de la Meurthe à Saint-Nicolas-du-Port par ces unités, la brigade de Maussion se serait repliée en constituant l'arrière-garde de la colonne, tandis que la division de cavalerie Brahaut aurait gagné Nancy par Laneuvelotte (1). Quant à la division de Lespart, elle se serait portée le 11 de Baccarat sur Bayon d'où elle aurait rejoint le corps, soit par Nancy, soit par TouL

Quoiqu'il en soif, le général de Failly, jugea définiti- vement la marche sur Nancy trop dangereuse (2) et

(1) Les ponts sur la Meurthe auraient dû, dans cette hypothèse, être tenus par un détachement d'infanterie envoyé par chemin de fer de LunéTille à Nancy, dans la soirée du iO, avec un détachement du ^énie chargé d'en opérer la destruction en temps utile.

(2) M 11 y avait une décision à prendre, une responsabilité

sérieuse à encourir, le corps d'armée à sauvegarder et à ne pus livrer à la certitude d*un combat, dont la récente et douloureuse expérience de Frceschwilier nous avait trop montré l'inégalité numérique (le maréchal de Mac-Mahon, avec 35,000 hommes, avait eu à lutter contre 140,000 ennemis). Le 5' corps, avec la seule ressource de ses trois brigades, ne pouvait espérer un meilleur sort. » (Général de Fuilly. Opérations et mordus du 5* corps^ page 21.)

i&i hk GUBHRB DE 4^0-4874.

changeant encore une fois d'avis, il crut devoir nser de la latitude que lui laissaient, il est vrai, les i][^8truc- tions du Major généFal, mais seulement dans le cas il se verrait devancé dans cette ville par Tennemi.

Il annula en conséquence, le 11 au matin, les ordres de mouvement qu'il avait donnés la veille et prévint Je maréchal de Mac-Mahon que, d'après les derniers ren- seignements arrivés pendant la nuit sur la proximité de Tennemi, « les plus simples règles de la prudence » s'opposaient actuellement à la marche du corps sur Nancy; que, dès lors, ce corps allait suivre le !«' et continuer & protéger la retraite (1). En outre, le général de Failly fit télégraphier au général de la Charrière, à Nancy, d'avoir à exécuter les premiers ordres du maréchal de Mac-Mahon, visant la destruction des ponts, et de se retirer ensuite.

Le Maréchal, dont les troupes devaient se porter sur Bayon et Vézelise, prescrivit au corps de le couvrir sur sa gauche, et de franchir la Moselle à Charmes pour se diriger ensuite sur Mirecourt (2). Il eût été plus judi- cieux de diriger les troupes du 1^^ corps sur Charmes, et de laisser la route de Bayon à celles du 5®, destinées à gagner Metz, car, môme après avoir franchi la Moselle à Bayon, le général de Failly n'eût pas été dégagé de la mission de rejoindre l'armée de Lorraine.

Le Major général avait insisté, à très juste titre, sur la nécessité de cette jonction : il importait en effet de réunir le plus de forces possible pour la bataille que Ton se proposait de livrer sur la Moselle. Par contre, il est difficile de se rendre compte des motifs qui l'ont empêché d'appeler à Metz, par voie ferrée, les troupes

(i) Journal de marche du 5" corps.

(2) Ibid, Ce fait est en pontradictiop avec l'affirmation 4u comroap daot Foerster. (Voir page 149, note 4.)

du 7^ corps 9tatioimées k Belfort (1) et à Lyop (2), ^iiion, peut-être, des reaseignemeats émanant d'un agent de Bàle (3), et signalant encore 70,000 bomines dans la Forêt-Noire & Donauescbingen, Kleinkembs, Rheinweileri Bellingep, SchUengan, Mttllheim et des- tinés & pénétrer en France par Niffern.

Cette nouvelle fut sans doute aussi la cause de Tenvoi de Lyon à Belfort de la division Dumont du corps. Quand bien même elle eût été d'une autbenticité absolue, elle n'eût pas suffi à justifier la détermination du grand quartier impérial .

IV. Renseignements reçus an grand quartier impérial.

D'autres informations, plus sérieuses avaient été four- nies le 40 août au Major général par le service des ren- seignements. Le bulletin de ce jour signale « des forces assez considérables entre Sulzbach et Sarrebrûck (armée de Steinmetz) et entre Hombourg et Blieskastcl (armée du prince Frédéric Charles). Le Prince royal se porte- rait de Wœrth sur Nancv.

De Bàle, on mande que les effectifs des armées alle- mandes seraient respectivement de 70,000 hommes (P*), :i00,000 (IP), 180,000 (IIP); le grand quartier général est établi à Eaiserslautern avec 100,000 hommes; toute-

■r 'P* ^^'

(i) DWision Ltébert, brigade Gambriel de la dÎTision de caTalerie Aineil, réserves d*artillerie et du génie.

(2) DifUion Dumont» brigade Jolif-Ducoulombiar de la division de eavaleirie.

Une lettre du Ministre de la guerre aux chefs de l'exploitation des chemins de fer de Lyon et de l'Est, en date du 10 août, les prévenais qne la dirision Dumont allait être dirigée immédiatement de Lyon sur Belfort par Gray et Vesoul.

(3) Transmis par télégramme du Ministre den ctffaires étrangères, daté de Paris, 10 août, 1 b. )9 sojr.

156 LA GUERRE DE 1870-4871.

fois, dans la soirée, on assure que le roi de Prusse, le maréchal de Moltke et M. de Bismarck seraient arrivés à Sarrebrûck.

On signale enfin de nouveaux passages de trains mili- taires à Birkenfeld. D*après un agent de Thion ville, la vallée de la basse Sarre serait complètement dégarnie de troupes, mais, d'autre part, un émissaire revenant de cette région, prétend que 25,000 hommes avec une nom- breuse artillerie, seraient échelonnés de Trêves à Sierck ; on aurait même vu 3,000 hommes près de cette der- nière localité.

Le grand quartier impérial reçoit des renseignements rassurants sur le respect de la neutralité de la Belgique, mais on croit, à Luxembourg, que la Prusse fera peu de cas de celle du grand-duché. Trois corps d'armée com- mandés par le général Vogel de Falkenstein, seraient destinés à envahir la France par Thionville.

On annonce l'arrivée à Boulay, pour le 10 ou la nuit du 10 au 11, d'un corps prussien fort de 25,000 hommes; Boucheporn et Longeville étaient occupés dans la soirée du 9 ; le 8, une division d'infanterie est arrivée à Lorent- zen, venant de Rahling. Des éclaireurs prussiens ont été vus le 10, à 1 heure, à Dieuze et à 5 heures à Chà- teau-Salins ; derrière eux se trouverait un corps d'armée marchant sur Nancy. On signale des troupes & DrOlin- gen, se dirigeant sur Dieuze, par Fénétrange, et un corps important se portant d'Alsace vers la vallée de la Bruche ou sur Sa verne. Toutefois, le 9 au soir, il n'y avait encore personne à Sarrebourg.

Les renseignements émanant des corps d'armée sont peu nombreux, comme les jours précédents, et pour les mêmes causes. Le général de Ladmirault signale, d'après les rapports des habitants, des forces impor- tantes à Carling, Ham-sous-Varsberg, Porcelette, Bou- cheporn; Bouzonville, Teterchen, Coume, Merten seraient également occupés. Il y aurait des troupes très

LA GUERRE DE 1870-4874. 467

nombreuses à Haut-Hombourg et à Saint-Avold, trois régiments de cavalerie à Longeville, deux à Bouche- pom. Le maréchal Bazaine écrit au général Bourbaki que c< l'ennemi serait en nombre considérable tant en avant de Boulay qu'en avant de Saint-Avold, c'est- à-dire sur nos deux flancs, et serait disposé à nous atta- quer. » (1) Mais ces renseignements conservent un caractère vague, en raison de la passivité à peu près complète de la cavalerie française.

V. Opérations de la cavalerie allemande et renseignements recueillis.

La cavalerie allemande, au contraire, que Tordre général du 9 août recommande de pousser ce à grande distance en avant », recueille des informations de réelle valeur. 11 faut en excepter toutefois les i^ et divisions de la I'* armée qui franchissent la Sarre à VôlkJingen derrière le P' corps (2). « Comme elles ne se trouvaient pas en première ligne, le contact; direct avec l'adversaire avait presque complètement cessé sur ce point. Les ren- seignements se bornaient à un avis reçu, dans Taprès-

(1) l.e maréchal Bazaine au géoéral Bourbaki, Pont-à-Chaussy, 10 août.

(2) Le g^énéral de Steinmetz leur ayaît donné Tordre suivant :

c< A l'aile droite de Tarmée, la 3^ division de cavalerie marchera sur Uberherm, soit par le gué qui se trouve près de Buss, soit derrière le I*' corps par Vôlklingen; elle enverra des détachements sur Bouzon- ville et Boulay, pendant que la i^^ division de cavalerie suivra l'armée par Vôlklingen jusqu'à Ludweiler. »

Le général de Pelet-Narboone dit à ce propos :

u Si Ton compare l'ordre du grand quartier général aux dispositions prises par le commandant en chef, on peut dire que ce dernier, dans son ordre d'opérations, ne tint absolument aucun compte des prescrip- tions du commandement supérieur et qu'il en prit même le contre- pied. » (La cavalerie des i»« et II* années, page 93.)

168 LA eUBttRB DB 1 870-4 87^

midi, de Tavant-garde du VIP corps, par lequel le capi- taine de Schtitz, du 8* régiment de hussards, mandait que des corps ennemis devaient être à TOuest de Fou- ligny (1). » La 1^ division vint bivouaquer à Lud- weiler (2), la 5* à Uberherrn, poussant son avant-garde à Hargarten et Falck, sur la ligne même dei^ avant-postes d'infanterie. Elles n'avaient fait, le 10 août, que den étapes moyennes et elles éprouvèrent cependant de grandes fatigues « à cause des liombreux croisements de colonnes, des hésitations et des arrêts continuels; la marche fut très lente et les objectifs du jour furent atteints fort tard (3). »

Sur le flanc gauche du IV® corps, la brigade Bredow, de la division de cavalerie, se portait à Ëschwilier; ses patrouilles, envoyées sur Phalsbourg, Lixheim et Sarrebourg ne rencontraient personne (4). Les brigades Barby et Redern, de la même division, affectées au corps, avaient pris les devants ; la première gagnait Faulquemont, la seconde Landroff. Leurs avant^postes s'étendaient depuis Baronville, sur la route de Sarregue^

(4) Historique du Grand Etat-Major prussien, 4* livraison, page 413.

(2) « Le bivouac que la i" division occupa, dans une vallée étroite, prè^ de Lud^eilef, était, en avant comme en arrière, complètement obstrué par des voitures. » (Général de Pelet-Narboune. Loc, cit,, page 94.)

(3) Gétiéral de Pelet-Narbonne. Loc. cit, y page 94.

(4) « Par suite de Teuvoi de la brigade Bredow qui, à ce moment, disposait encore de deux escadrons du iO* hussards, et par la présence du dragons, le IV® corps était extra'ôrdinairement fort en cavalerie. Mais on ne peut dire que ces vingt-six escadrons aient été judicieuse- ment employés. Ce que les régiments de la brigade Bredovr firent là, les régiments de cavalerie divisionnaire l'auraient pu faire aussi conve- nablement qu'eux. L*usage qui fut fait de cette fraction considérable de la 5* division de cavalerie porte encore à regretter que le prince Fré- déric-Charles n'ait pas exercé sur cette division son action directe. » (Général de Pelet-Ifarbonne. Loc, cit., page 408.)

OtERltB ÛB 4870-1874. 459

mines à Nancy, jusqu'à Raville, sur la route de Saint- Avold à Metz (1). Sur cette dernière, le /5« régiment de uhlans(2) était toujours au contact des Français. Il signa- lait, dès 10 heures du matin, que le corps se trouvait dans deux camps, près de Mont et de Silly-sur-Nied et que, d*après leur force, on pouvait présumer que d'autres troupes s'étaient jointes à lui. Le commandant du IIP corps, sous Tinfluence du prince Frédéric- Charles, faisait avancer le reste de la ^•division de cava- lerie, dans la zone comprise entre Saint-Avold et FauJ- quemont, « avec mission d'établir ses avant-postes en liaison, à droite, avec ceux de la 6^ division d'infanterie ; à gauche, jusqu'à la Nied, en liaison avec ceux de la division de cavalerie (3). »

(1) HUtùtiquB du Grand Etat-Major prussien, ^ litraisoa, page 418. La 5* diTision de oayalerie atait reçu, le 9 août, à 3 heures de

raprèa-midi, Tordre suivant du général commandant le X^ corps :

tt Le général-lieutenant de Rheinbaben se portera en avant, demain 10 août, de très bon matin, ayee sa division de cavalerie, dans la direc- tion de Metz, et cantonnera à Faulquemont. Il fera patrouiller aussi loin que possible ters Meti et prendra ses mesures pour me faire par- venir rapidement ses rapports* »

Le même jour, à 6 heures du soir, le général de Voigts-Rhetz lui envoyait un ordre autographe contenant ce passage : « Je vous invite à tout préparer pour marcher demain, 10 août, à Tennemi. Il sera bon de tenir une partie de la cavalerie rassemblée sous vos ordres directs, mais de tàter avec le reste dans toutes les directions, le plus loin pos- sible »

Le général de Pelet-Narbonne dit à ce sujet ;

tt Ces ordres et ces dispositions prouvent manifestement que le commandant du oorps d^armée croyait avoir des motifs pour pousser le chef de la 5* division de cavalerie à une action plus décisive. » {Loc, cit., page 100.)

Il ne semble pas, d'ailleurs, que le général de Rheinl)aben se soit conformé à Tesprit des instructions du général de Yoigts-Rhetz, qui recommandait de pousser des patrouilles le plus loin possible.

(2) 6^ division de cavalerie, i4^ brigade.

(3) Générai de Pelet-Narbonne. Loc. cit., page 97. La 6^ division de

160 LA GUERRE DE 1870-1871.

Les divisions de cavalerie de la IP armée se trouvaient donc réduites, à proprement parler, à assurer le service de sûreté de première ligne et il ne pouvait guère en être autrement en raison de leur répartition entre les corps d'armée. Deux reconnaissances d'officiers d'état-major, en particulier, dépassaient « la ligne d'observation (1).» Le capitaine d'Alvensleben, officier d'ordonnance du général de Voigts-Rhetz, patrouillait sur Oron et,Chà- teau-Salins sans rencontrer l'ennemi, mais il mandait de Landroff, à midi, que tout le corps Frossard se retirait sur Metz. Le lieutenant de Podbielski, de Tétat-major du corps, accompagné d'un peloton du 13^ uhlans, gagnait, de Faulquemont, la forêt située entre Berlize et Domangeville et observait de vastes campements A Pange, Mont et Puche. Il signalait la marche de fortes colonnes de Metz vers Courcelles-Chaussy, la présence de masses considérables d'infanterie à l'Ouest de la Nied française, enfin l'arrivée à Metz d'importants renforts venant de Nancy (2). Une autre reconnaissance de la bri- gade Redern atteignait Château-Salins qu'elle trouvait inoccupé, mais elle enlevait « un courrier français dont les dépèches fournissaient des indications fort impor- tantes sur l'état intérieur de l'armée opposée (3) ».

caTalerie se trouTait, en réalité, derrière Italie droite de la 5'; ses avant-postes derrière les avant-postes de celle-ci. Voir : Cardinal von Widdern, Verwendung und Fûhrung der Kavallerie 1870 bis zur Kapitulation bei Sedan, Theil II, page 268.

(1) Historique du Grand Etat-Major prussien, livraison, page 415.

(2) Ce dernier renseignement lui fut donné par un Allemand qu'il rencontra près de Ghnnville et qui avait quitté Metz le matin môme. (Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit., page 102.)

(3) Historique du Grand Etat-Major prussien, A^ livraison, page 416.

LA aUERRE DE 4870-1871. 164

VI. Monyement des armées allemandes.

L'ordre général du 9 août (1) attribuait à la armée la route Sarrelouis, Boulay, les Étangs et les communi- cations au Sud ; à la IP la route Saint- Avold, Nomény et les communications au Sud. Il leur laissait d'ailleurs la latitude, pour le 10 août, soit de faire reposer les troupes, soit de les établir sur leurs routes de marche. C'est à ce dernier parti que s'arrêta le général de Steinmetz. Le quartier général de la armée fut transféré de Volklingen à Lauterbach (2) ; le VIP corps se portait de Petite-Rosselle (3) et de Forbach (4) à Carling et à l'Hôpital ; le P*" de Pûttlingen à Creutzwald. Les avant- gardes poussées jusqu'à Porcelette (VIP) et Guerting (P') (5) tenaient par leurs avant-postes la région com- prise entre Boucheporn et Hargartern. En seconde ligne, le VIIP corps se rendait de Spicheren à Lau- terbach, marchant derrière le VIP ; la 1^^ division de cavalerie de Saint-Jean à Ludweiler ; la 3^ de Derlen à Uberherm (6).

(i) Voir page 99.

(2) Le grand quartier géaéral demeura, pendant la journée du 10, jusqu'à iO heures du soir, « sans indication sur la situation du quartier général et des corps de la I'* armée ». (Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n^* i34 et 138.)

(3) 13* division avec une avant-garde à Ludweiler.

(4) i4* division; elle occupait aussi Morsbach.

(5) Guerting est l'emplacement de Tavant-garde du I^** corps, indiqué par V Historique du Grand Etat-Major prussien (A* livraison, page 413). D'après von Schell, cette avant-garde se trouvait le 10 août à Yarsberg. (Opérations de la 1*" armée, page 87.)

(6) « Pour gagner ces emplacements, on avait eu à surmonter maintes difficultés, comme il n'arrive que trop souvent, quand des masses considérables ont été réunies pour combattre et qu'il faut les séparer de nouveau pour continuer les opérations. Les distances à par- courir n'avaient rien d'exagéré, mais on s'était croisé, à Forbach, avec

9* faMfeale. 11

46ft GUBRBB DB 4870-1874.

A la II® armée, les corps de Taiie droite et du centre n'exécutent que de courtes marches, de façon à permettre à ceux de Taîle gauche, demeurés en arrière, d'arriver en ligne (4). Le IIP corps garde sa position en saillie à Saint- Avold ; le IX^ se porte de Saint Jngbert au Sud de Sarrebrûck ; le corps vient de Sarreguemines à Putte- lange, tandis que le XIP corps se masse à Habkir- chen (2). La Garde et le IV® corps atteignent la Sarre, la première à Sarralbe, le second à Sarre-Union. Le quar- tier général de la II® armée reste à Sarreguemines ; le grand quartier général à Sarrebrûck.

En réalité, le 10 août, les et II® armées allemandes

des colonnes du IIP corps ; des à-coups s'étaient produits sur la route de Yôlklingen, par Lauterbach, à Carling, laquelle était commune à une grande partie de la I'^ armée; en résumé la journée avait été fort pénible. Les troupes passaient la nuit au bivouac, sous une pluie torren- tielle, couchées sans paille sur un sol argileui. Ge fût le lendemain seulement que i*on parvint, au prix de nouvelles et sérieuses dificuités, à faire arriver les convois demeurés en arrière, sur la route Sarrebrûck- Forbach. » {Historique du Grand Etat-Major prussien, 4* livraison, page 413.)

(1) Les routes assignées aux corps de la II'' armée étaient :

ni« : Saint-Avold, Faulquemont» Han-sur-Nied, Bucby, Cheminot.

X** : Puttelapge» Gros-Tenquin, Brulaoge, Delme, Nomeny.

Garde : Sarralbe, Altroff, Birming, Morbange, Brehain, Oron, Lemoncourt.

lY^ : Sarre-Union, AUweiler, Munster, Marimont, Chàteau-^Salios, Manhoué.

Les trois autres corps en seconde ligne ; le IX° et le II« den*ièi*e l'aile droite^ v. en raison des nouvelles qu'on avait de Tennemi » ; le XTI* sur un front assex étendu derrière le centre. Le IP avait eommenoé ses débarquements à Neunkirchen, le 9 août. (Von der Goltz, Bit Opéra" tionen der II Armée, page 35.)

(2) Historique du Grand Etat-Major prussien, A^ livraison, page 413. On ne se rend pas bien compte de Futilité qu'il y avait, pour le

XU« corps, à se masser, puisqu'il devait continuer sa marche le leade* main*

LA aUBRHB DS 4870-1871. 163

sont fractionnées en deux masses : à droite, le I^ corps à Greutzwald, le YII« à Carling, le IIP à Saint-Avold ; en deuxième ligne, le VHP à Lauterbach, le IX** à Sar- rebrûok; à gauche les autres eorps de la IP armée. Comme les environs de Boulay n'avaient pas été recon- nus le 9 par la cavalerie de la F* armée (1), l'armée française pouvait en déboucher inopinément, le 40 au matin, et attaquer, par Boucheporn, le IIP corps isolé à Saint-Avold. La armée ne serait arrivée qu'assez tard pour dégager sa droite (2); le X^ corps, parti de Sarreguemines (28 kilomètres), pouvait à la rigueur intervenir dans la soirée, mais le IX^ corps, venant de Saint-Ingbert (42 kilomètres) ne serait pas entré en ligne dans la journée. Quant au XIP corps, échelonné entre Hombourg et Habkirchen ; A la Garde stationnée autour de Gros-Rederching ; au lY® corps établi à Lorentzen, ils étaient également hors de cause. Ainsi, le 10 août, les Allemands, attaqués au Nord de Saint- Avold, n'auraient pu opposer à Tarmée française que quatre corps sur neuf dont disposaient à cette date les I*^ et II® armées ; le IIP corps lancé en pointe et soutenu asses tard eût été fort compromis. Rien d'ailleurs n'était plus vraisemblable qu'une concentration des forces fran- çaises vers Boulay, d'où elles pouvaient s'engager à fond, ayant toujours leurs lignes de retraite assurées vers la Moselle, entre Metz et Thionville.

Aussi est-il permis de s'étonner que le grand quartier général allemand n'ait pas remédié à l'extension consi'»

1 1 m

(i) ce Le ooatact direct avec l'adversaire avait presque complètement sur ce point. » (Historique du Grand Etat^Major prussien^ 4^ lÎTraison, page 4i3.)

(S) La marche du Ylll* corps fut excessivement lente et deux fois ooapée; la /5* division n'atteignit Lauterbach que le soir. » (Yon SchelU Loc. eit.f page 89.)

464 LA GUERRE DE ^870-1874.

dérable du front de la IP armée (4) en présence d'un adversaire dont la plupart des corps étaient encore intacts.

Cette disposition défectueuse avait d'ailleurs pour effet d'intercepter à l'aile droite de la IIP armée la route de Rohrbach à Lorentzen qui lui avait été assignée et l'obliger à appuyer au Sud-Ouest (2).

Le l^^ corps bavarois se porta, en conséquence, d'En- chenberg à Diemeringen; le IP de Lemberg à Mont- bronn; seule la /^® division, venant de Schorbach et de Lengelsheim, stationna à Rohrbach.

La division wûrtembergeoise se rendit de Meisenthal à Adamswiller; le corps de Weiterswiller à Weyer. Le XP corps (3), partant de Hattmatt et de Dossenheim« devait, d'après les instructions du commandant en chef, emprunter en partie la vallée de la Zintzel, et déboucher le 12 août à Sarrebourg en investissant (4), au cours de sa marche, la place de Phalsbourg. Le 10, le général de Gersdorff, se porte d'Hattmatt aux Qualre-Vents par la route de Saverne avec la Si^ division et Tartillerie de corps et fait reconnaître les abords de la place. La S2^ division, sous les ordres du général de Schkopp, se

(1) Extension déterminée, on le sait, par Tordre du grand quartier général à la Il<^ armée, de porter le 8 son aile gauche sur Rohrbach pour barrer le chemin au maréchal de Mac-Mahon, que Ton supposait avoir pris la direction de Niederbronn, Bitche, après la bataille de Frœschv^iller. Mais on était revenu de cette erreur dès le 8 août {Histo- rique du Grand Etat-Major pmssien, A^ livraison, page 400), et par conséquent on aurait pu ramener le IV^ corps et la Garde vers le Nord-Ouest, dès le 9.

(2) Historique du Grand Etat-Major prussien, 4* livraison, page 382.

(3) Le général de Gersdorff, commandant la 22^ division, avait pris le commandement du XI^ corps, en remplacement du général de Bose, grièvement blessé à la bataille de Frœschwiller.

(4) Par suite d*une erreur de transmission, l'ordre portait « eins- chiessen n (bombarder), au lieu de u einschliessen » (bloquer). (Histo^ rique du Grand Etat-Major prussien, livraison, page 384.)

Ul OUBRRE DR 4870-4874. 465

dirige de Dossenheim sur Metting, par la vallée de la Zintzel; elle est suivie de la 4^ division de cavalerie. Sommé de se rendre, le chef de bataillon Taillant, commandant la place, « refuse résolument; menacé d^ètre bombardé, il se borne à répondre : « J'accepte le bombardement » (1). Les quatre batteries de la 2i^ divi- sion prennent alors position au Sud-Est de Phalsbourg, vers la cote 371 ; les six batteries de Tartillerie de corps s'établissant au Nord des Quatre-Vents. A la tombée de la nuit ces soixante bouches à feu ouvrent une violente canonnade et lancent en trois quarts d'heure un millier d'obus sur la ville (2). Puis, constatant que la garnison ne se laisse pas intimider, le XP corps poursuit son mouvement et vient s'installer, dans la soirée, à Mittel- bronn (colonne de gauche) et Metting (colonne de droite). Les fractions du YP corps qui le suivaient étaient chargées de la continuation du blocus.

Le quartier général de la IIP armée avait été transféré dans la journée de Mertzwiller à Petersbach. Avant son départ, le Prince royal avait reçli, à 3 heures du matin, le télégramme suivant du grand* quartier général :

« La I*^ et la IP armée commencent le 10, leur mou- vement sur la Moselle. L'aile droite de la IIP armée prendra la direction Sarrebourg-Dieuze ; la cavalerie au loin en avant (3). »

(1) Hiitorique du Grand État-Major prussien, Â* livraison, page 384.

(2) Le Journal de siège de la place dit 3,000. D'après le même docu- ment, les pertes de la garnison furent : 2 tués, 24 blessés. Une pièce fut démontée; 77 maisons furent atteintes, l'une d'elles complètement détruite.

(3) L'Historique du Grand État-Major prussien dit, à propos de la 4* division de cavalerie, qu'elle ne devait s'engager dans les montagnes que le il, mais que, « dans son ardeur de joindre l'ennemi », elle se mettait en marche, dès le 10, de son propre mouvement. Il y a là, tout ao moins, une coïncidence très heureuse ayec la prescription du maré- chal de Moltke : u Cayalerie au loin en ayant ».

4($6 LA GUKRRB DB 1870-4871.

A ce télégramme succéda, dapB l'après-midi, une dépêche complémentaire du maréchal de Moltke, conte*' nant les instructions adressées aux commandants des trois armées allemandes (1), et assignant à la IIP la route de Sarre*Union-Dieu2e et les communications au Sud.

VIL Situation de rarmée du Rhin dans la soirée

du 10 août.

Dans la soirée du 10 août, les corps de Tarmée du Rhin occupaient les emplacements suivants :

Graod quartier générai Metx.

Quartier général LunéTilie.

i'« divigion RehainTiller.

2* division Lunéville.

division Ibid.

4* division Rehainviller.

1*' eorps.. .. ( Division de cavalerie :

Brigade de Septeuil. Lunéville.

Brigade Nansouty. . . Bayon.

Brigade Michel Ibid,

Réserves d^ÎEtrtillerie et

du génie Lunéville.

Quartier général Château de Mercy-les-Metz.

l»* division Entre Mercy-les-Meti et le

télégraphe de Meroy. 2<> division Entre Ars-Laquenexy et

Mercy-les-Metz. 2a corps 73» division Au Nord-Ouest de Mercy-

les-Metz. Brigade Lapasset (du

5^ corps) A TËst de Laquenexy.

Division de cavalerie. . Forme de la Haute-Bévoye. Réserves d*artiUerie et

du génie Entre la Haute et la Basse-

Bévoye.

(1) Voir Journée du 9 août, page 128.

LA aOBRRM DE 4870*4874. 167

Quartier général Pon^à-Ghaussy.

i" diyision Pange.

2* dÎTisioti Mont.

3* dWision Ibid,

3* corps ( 4* dWision Pont-à-Chaussy, Silly-sur-

Nied»

Division de cavalerie. . Au Sud de SiUy-sur''Nied.

Réserve d*artillerie. . . . Ibid,

Réserve du génie GhAteau d*Urville.

Quartier général ChÀteati de Gras.

1'' division Entre Glattigny et les

Étangs*

division Cheuby.

^* ^^^ \ division Nord-Est de Sainte-Barbe.

Division de cavalerie.. Petit-Marais. Réserves d*artillerie et

du génie Enlre Sainte-Barbe et le

Château de Gras.

Quartier général Lunéville.

IM division Ibid,

division Ibid.

corps ^ division Baccarat.

Division de cavalerie.. Lunéville. Réserves d'artillerie et

du génie Ibid,

Tout entier au camp de Ghàlons, sauf : La division d'infanterie, en route pour Metz par

6* corps ( voie ferrée ;

La 4* division d'infanterie, à Paris ;

La 3" brigade de la division de cavalerie, à Paris.

Quartier général Belfort.

l" division Lunéville.

2* division Belfort.

7* corps { 3** division Lyon.

Division de cavalerie.. Belfort et Lyon. Réserves d'artillerie et

du génie Belfort.

Garde Sans modifications.

Réserve générale / Division du Barail .... Metz, de < Di vision de Bonnemains Bayon.

cavalerie. ' Division de Forton. . . . Montigny-les-Metz.

Parcs d'artillerie.

168 aUBRRB DE 4870-4874.

Résenre générale d'artillerie Metz.

I i'corps Besançon et Strasbourg.

corps Metz.

3* corps Ibid,

corps Ibid,

5^ corps En route d'Ëpinal sur

Langres.

6* corps La Fère et Laon.

7* corps. , Épinal et Besançon.

Garde Metz.

Réserre générale d'ar- tillerie Toulouse.

Grand parc d'artillerie S'organise à Toul.

Grand parc du génie Versailles.

Équipage de pont de réserve Toul.

La journée du 11 août.

I. Mouvement de Tannée de Metz.

Le 11 août, de grand matin et par une pluie torren- tielle, les 3*, 4^ corps et la Garde lèvent leurs camps de la rive gauche de la Nied française et se mettent en mouvement pour aller occuper, à TEst de Metz, la deuxième position défensive prévue par les instructions du Major général en date du 9 août. Les emplacements suivants leur avaient été désignés en avant des forts de Queuleu et de Saint- Julien :

Le 2* corps, entre le chemin de fer de Sarrebruck et la route de Metz à Strasbourg, occupant fortement la hauteur de Haute-Bévoye et le télégraphe de Mercy ;

Le 3* corps, entre la route de Metz à Strasbourg et celle de Metz à Sarrelouis ;

Le 4* corps, dans le secteur compris entre la route de Metz à Sarrelouis et la Moselle ;

La Garde, formant réserve générale, en un point laissé au choix du maréchal Bazaine.

Le 2* corps se trouvait depuis la veille sur les posi- tions qui lui étaient assignées. Mais, sur des renseigne- ments annonçant la présence de Tennemi en forces dans la direction de Courcelles-sur-Nied, le général Frossard jugea que la 2* division, établie entre Mercy et Ars- Laquenexy était a trop en Tair » (1). Laissant la 4^ divi-

(I) Journal de marche du 2* corps.

470 LA GUERRK DB 4870-4874.

sion à rOaest de Mercy (1), à cheval sur la route de Strasbourg, il prescrivit à la 2^ de s^établir, à droite de la l'®, la gauche appuyée à la ferme de Basse-Bévoye, sa droite se prolongeant par les crêtes dans la direction de Magny-sur^Séille. La 3* division, placée en seconde ligne, vint camper à TËst du fort Queuleu, sa droite près de la Haute-Bévoye, sa gauche à Grigy.

Estimant que la brigade Lapasset était en- saillie, par sa position entre Laquenexy et Villers-Laquenexy, le général Frossard lui donna l'ordre de se porter der- rière la division, la gauche appuyée à la route de Strasbourg, près de Grigy (2). Les campements de la division de cavalerie (3) et des réserves d'artillerie (4) et du génie (5) ne furent pas modifiés : 4 escadrons du chasseurs furent envoyés en grand'garde aux villages de Peltre (6) et de Jury (7); le i^' escadron du S* chas-

(1) Le 76^, détaché au château de Merey.

(2) Journal de marche du 2^ corps.

Le général Lapasset écrivait le 11 août :

« Aujourd'hui, cinquième jour de cette pénible opération

(marche eti retraite de Sarreguemines âur Metl), nous sommes arrivés sous les mufs dd Uetz, ou plutôt son camp retranché* Nous nous y retranchons, nous attendant à chaque instant à être attaqués.

Que les rôles sont changés! Autrefois nous attaquions; aujourd'hui c'est nous qui nous défendons. Les Prussiens font une guerre de sau- Tages; ils enlèvent tous les bestiaux, tous les chevaux, qu*îls dirigent sur la PrUdse, ainsi que les Jeunes gens. Devant l'arméô battant en retraite, il y a une longue file de vdltures, d'émigràntsi Les fêmnlès pleurent> les enfants se désespèrent; c'est à fendre le oœur. Le pays est ruinéf les récoltes sont mangées ou foulées par les chevaux et cette masse d'hommes. Nos soldats, auxquels, depuis quatre jours» on ne fait pas de distribution, maraudent et tendent à se déban- der »» (Le général Lapassfel, Algérie, Metz, tome II, page 149.)

(3) Haute-Bévoye. {A) Basse-Bévoye.

(5) Haute-Bévoye.

(6) !•' et escadrons.

(7) et escadrons.

LA. OUKRKIfi DK 4870-1871. ili

seurs à Magny-suivSeiUe. Enfin, le quartier général du 2^ corps fut transféré de Mercy-les^Metz à la Basse* Bévoye. Les troupes purent ei^fin prendre un peu de repos dont elles avaient le plus grand besoin, se réap*- provisionner en vivres et munitions, chercher à rem- placer les effets de campement qu'elles avaient perdus le 6 août (1) et reconstituer leurs cadres.

Le maréchal Bazaine recommanda au général Frossatd d'envoyer jour et nuit des reconnaissances de cavalerie légère « à plusieurs kilomètres en avant » pour avoir des nouvelles de Tennemi (2) et de faire établir par les divi- sions d'infanterie a un système de grand'gardes et de petits postes bien entendu »

Le corps exécute son mouvement en quatre colon- nes. D'après les instructions du maréchal Bazaine, les quatre divisions d'infanterie doivent s'établir a sur deux lignes, avec- une forte réserve en 3' ligne » et se guider, pour Toccupation des positions « sur les formes du ter- rain et sur les nécessités de la défense )> (3). La marche dans les chemins ou les terres détrempées t>st extrême- ment pénible.

La division Montaudon, venant de Pange, par Villers- Laquenexy, Laquenexy, Ârs-Laquenexy, campe entre Grigy et le bois de Bomy qu'elle occupe partielle-

(4) « Il était désirable qu*oti profitât de ce séjour pour faire retn- placer les effets et ustensiles de campement que plusieurs régiments avaient perdu le 6. Malheureusement, les magasitis de la place de Metz ne possédaient presque rien; on y trouva seulement quelques demi^côUTertures. » (Général Frossard, Loc. cit.^ page 75.)

(2) Le 1*' escadron du 5* chasseurs reçut Tordre « d'envoyer pendant la nuit, sur la route do Verny et dans toutes les directions, des recon- naiesanees lointaines et peu nombreuses, les détachements étant tou- jours suivis par des troupes de soutien et n'hésitant pas, si le cas se présentait, à charger les éolaireura prussiens. » (Historique du 5* régi- ment de chasseurs.)

(3) Voir Documents annexes, 3^ corps.

172 LA OUBRRB DE 4870-4874.

ment (1). La division Metman, suivant & partir de Mont Titinéraire CoUigny, Ogy, Coiombey, se relie à la précédente dans le bois de Coiombey et occupe le terrain compris entre ce bois et le village du même nom (2).

(1) (c Après une marche des plus pénibles, au milieu de terres détrempées, et un retard causé par les bagages et les conTois, qui s*entas8ent au croisement des routes, nous arrivons enfin à Grigy à 10 heures du matin. encore, il y a un tel encombrement et un mélange si confus d'unités différentes que remplacement deyait s'établir ma division est déjà occupé par d'autres troupes. Je dois me former un peu au hasard, en colonne serrée, sans possibilité d'installer le bivouac, et ce n'est que dans la soirée seulement que je peux me conformer aux ordres donnés. » (Général Montaudon, Souvenirs mili- taires, page 87.)

t< Je viens de voir résoudre, sous mes yeux et aux yeux de tous, un problème bien surprenant, quand on considère l'armée française, qui, animée du feu sacré, ne demandait qu'à bien faire et à se montrer à hauteur de celles des autres époques. Eh bien, on a eu le funeste talent de la faire battre par petits paquets ; puis, en présence d'un échec très réparable, le haut commandement s*est pris d'une folle terreur que rien n'a pu maîtriser; il est comme affolé et va à l'aventure.

Notre pauvre armée, depuis son départ de Paris, ne fait que s'user sur les routes par des marches et contremarches aussi inutiles qu'inop- portunes ; toujours en éveil, elle mange peu et dort moins encore. Des fatigues sans raison et sans but, voilà comment on mène les troupes à l'ouverture d'une campagne qui sera longue et difficile. Gomme c'est fâcheux pour le pays d'avoir à la tète de l'armée des chefs aussi peu expérimentés et aussi peu capables de faire mouvoir avec intelligence de grosses masses l

En général, le soldat bien conduit, bien entraîné, fait et fera bien son devoir; mais, pour le moment, qu'attendre de lui? Il est fatigué, démoralisé ; il lui faut quelques jours de repos et puis ensuite on pourra en faire ce que Ton voudra. Malheureusement, la confusion et

l'incohérence régnent dans les hautes sphères » (Général Mon-

taudon. Souvenirs mUitaires, Appendices, lettre datée du 11 août 1870, page 217.)

(â) Extrait du rapport du général de Potier, commandant la 1** bri- gade, au général Metman (10-11 août) : « 7* bataillon de chasseurs. Le commandant du bataillon demande

LA GUERRE DE 4870-4874. 473

La division Castagny, prenant à Urville la grande route de Sarrebrûck à Metz, se place entre , Colombey et Montoy ; elle est précédée dans son mouvement par les réserves d'artillerie et du génie qui bivouaquent à l'Est des Bordes et à Borny. La division Decaen, partant de Silly-sur-Nied, passe par Retonfey et Noisseville et s'établit entre Nouilly et la route de Metz à Sarrelouis. La division de cavalerie Glérembault, chargée de former l'extrême arrière-garde et renforcée par une bat- terie à cheval (1" du 17®), quitte Landremont vers 11 heures du matin et forme son camp entre Bellecroix et Yantoux (1 ). Le quartier général du corps est transféré de Pont-à-Chaussy à Borny (2).

Le corps suit deux itinéraires, pour se porter de Glattigny, Sainte-Barbe sur Mey et Chieulles : route de Sarrelouis & Metz, Noisseville, Nouilly, Mey (réserves d'artillerie et du génie (3), divisions Grenier et de Cissey) ; route de Sainte -Barbe à Metz, Villers-

que l'heure du départ de Tarrière-garde ne soit plus la même que celle du corps marchant en tête. Le matin, le bataillon a pris les armes à 3 heures et il n'est parti qu'à 8 h. 1/2. »

(i) a Boute-selle à 2 heures (du matin); à cheval à 2 h. 1/2. Le régiment est resté dans cette position, sous une pluie torrentielle, jusqu'à il h. 1/2, voyant défiler devant lui toute Tarmée, » (Histo- rique du régiment de chasseurs à cheval.)

a Le jeudi 11, on fit seller à 1 heure du matin et le régiment

ne partit qu'à 11 heures. » (Historique du 4* régiment de dragons.)

t{ A 4 heures, nous arrivons à quatre kilomètres de Metz, nous campons. Pas de distributions et l'eau à trois kilomètres. » (Historique du régiment de dragons.)

(2) En se reportant aux documents annexes du 10 août, on consta- tera .que le maréchal Bazaine, quoique commandant en chef, continuait à donner des ordres h chacune des divisions du d*' corps.

(3) Les réserves d'artillerie et du génie continuèrent à suivre la grande route jusqu'à Metz, elles passèrent par la gorge du fort Bellecroix, par le village de Saint- Julien, pour aller camper à la ferme de Grimont.

<74 LA aUERRB DE 1870-1871.

rOrme, Vany, ChieuUes (division de Lorenoez et divi- sion de cavalerie). La division de Cissey occupe le terrain entre Mey et le chemin de ' Metz à Sainte- Barbe ; le 1®*^ de ligne détachant son 1®' bataillon à Servigny et son 3* bataillon à Poixe ; la division de Lorencez forme Textrème gauche jusqu'à la route de Metz à Antilly ; la division Grenier se place en seconde ligne, i cheval sur le chemin de Sainte-Barbe ; la divi- sion de cavalerie Legrand, les réserves d'artillerie et du génie campent près de la ferme de Grimont est trans- féré le quartier général .

La Garde devait s'établir « au centre comme réserve générale de l'armée (1) », au point qui paraîtrait le plus convenable au général Bourbaki, entre Borny et Van toux (2). La division Deligny se porta de Maizery sur Borny par CoUigny, Ogy et Colombey; la division Picard de Silly-sur-Nied sur Vantoux par Retonfey et Montoy ; les réserves d'artillerie et du génie et la division de cavalerie prirent la grande route de SarrebrUck à Metz (3).

(1) Le maréchal Bazaine, commandant en chef, au général Bourbaki, Pont-à-Ghaussy, 10 août.

(2) Ibid.

(3) L'infanterie marchait par section ou demi -section, suivant la largeur des routes ; l'artillerie sur deux files. «< La cavaterie, en arrière- garde, se place partie à droite, partie à gauche de la route, autant que possible. » (Journal de marche de la Garde impériale.)

En jetant un coup d'œil d'ensemble sur les itinéraires suivis par les 3' et 4^ corps et la Garde, on constatera que certains d'entre eux sont communs à des éléments appartenant à deux et parfois aux trois corps d'armée. Il n'a pas été possible, au moyen des documents de la journée du 11, de discerner avec certitude l'ordre dans lequel ces éléments se sont succédé sur les itinéraires communs. Il semble pour- tant, d'après les heures d'arr^▼ée, que le mouTemcnt de la Garde a précédé celui du 3* corps. Les ordres de mouvement du 10 août pour le 1i ne donnent aucun renseignement à cet égard. Il appartenait à l'état-major du Maréchal commandant en chef de régler la marche

LA aUBRBB DB 1870-4871. 175

L'emplacement entre Borny et Yantoux étant occupé à l'arrivée de la Garde, celle-ci prit les emplacements suivante : division Deligny entre Borny et Grigy ; divi- sion Picard entre Borny et la route de Sarrebrûck ; division de cavalerie, réserves d'artillerie et du génie près de Plantières; quartier général aux Bordes.

Le 6^ corps continuait son mouvement du camp de Chàlons et de Paris sur Mets, par voie ferrée. La 3^ divi- sion, arrivée tout entière à destination (1) était suivie de la l*^ dont les transports, commencés le 11, à 2 heures du matin, éprouvaient un certain retard en raison de la destruction, par un parti de cavalerie ennemie, dans la nuit du 11 au 12, des fils télégraphiques entre Frouard et Pont-à-Mousson (2) et ne furent entièrement terminés que le 42 (3). Le premier train de la 2^ division partait de Mourmelon le 11 , à 4 h. 30 du soir ; l'infanterie de la

da il pour les trois corps, et il ne parait pas que cette précaution ait été prise. Aussi, la marche, déjà très pénible en raison de la pluie terrentieUe et du mauvais état des chemins, fut-elle encore rendue plus fatigante par des arrêts provenant de croisements de colonnes et par des encombrements nombreux.

(1) Par ordre du Major général, elle est répartie ainsi qu*il suit : 75* de ligne : un bataillon k Plappeville et Saint-Quentin; deux

bataillons à Saint-Julien-les-Metz.

91* de ligne : deux bataillons à Plappeyille et Saint-Quentin; un bataillon au fort Moselle.

93* de ligne : deux bataillons au fort Queuleu; un bataillon au fort Bellecroix.

94* de ligne : au Sablon.

Artillerie et compagnie du génie divisionnaires : au Sablon.

(2) tt Ordre fut donné {h Frouard) à deux compagnies (du l^** de ligne) de marcher partie en tète du convoi et partie sur les flancs; il en résulta une grande lenteur dans la marche. Au delà de Pont~à- Moosson, les Prussiens n'ayant point paru et la communication télégra- phique existant sur cette partie du parcours, le train reprit sa marche ordinaire. » (Journal de marohe de la division Tixier.)

(3) Le dernier train de la i** division partit de Mourmelon le fi août, vert 6 heures du soir.

176 LA GUERRE DR 4870-1871.

s*einbarquait le même jour dans la matinée à la gare de la Yillette (1) sur Tordre de Flmpératrice et à la suite d'une conférence avec le maréchal Canrobert, arrivé à Paris le 40 au soir (2). Le commandant du 6^ corps se rendait de sa personne à Metz.

Le général Bourbaki avait été chargé, par le maréchal Bazaine, d'indiquer aux divisions de la réserve de cava- lerie et à la réserve générale d'artillerie, les emplace- ments qu'elles devaient occuper. Celle-ci vint s'établir aux Bordes, sauf quatre batteries (3) employées aux tra- vaux d'armement de la place de Metz (4). Les divisions

(1) L'artillerie et la compagnie du génie do la 4* division, qui se trouvaient au camp de Ghàlons, devaient suivre le mouvement des trois premières divisions du H*^ corps sur Metz, par voie ferrée.

(2) Le mouvement de cette division donna lieu à rechange des télé- grammes ci-après entre l'Empereur et le Ministre de la guerre :

L'Empereur au Ministre de la guerre, à Paris (D. T.).

Metz, 41 août, 6 h. 35 malin.

La 1^ division du 6^ corps est arrivée à Metz. Il faut encore trente- six heures pour chacune des deux autres pour effectuer leur mouve- ment. Je ne conçois pas que vous envoyiez dès aujourd'hui la 4^ divi- sion : c'est créer de la confusion.

Napoléon.

Le Minisire de la guerre à C Empereur, à Metz (D. T.).

Paris, 41 août.

La 4*^ division du corps était déjà en route lorsque j'ai reçu la dépêche de Votre Majesté.

C'est sur les ordres de l'Impératrice et de concert avec le maréchal Canrobert, arrivé à Paris hier soir, que le départ de cette division avait été décidé.

(3) 5% 6% 7«, 8* batteries du 13« d'artillerie.

(4) L'officier envové par le général Ganu au général Bourbaki pour prendre ses ordres ne put le rencontrer. Le général Ganu prit alorâ l'initiative d'amener ses douze batteries disponibles aux Bordes.

LA OUERRK DE 4870-4874. 177

du Barail et Forton, auxquelles leur dénomination de « réserve de cavalerie » valait sans doute d'être mainte- nues plus en arrière encore de l'infanterie que ne Tétaient les divisions de cavalerie des corps d'armée, restèrent dans leurs camps du 10 août au Ban Saint- Martin, et à Montigny-les-Metz (1). La première envoya toutefois une reconnaissance composée de deux escadrons du chasseurs d'Afrique, sous les ordres du colonel de Gallifiet, avec la mission i( d'explorer toute la région comprise entre les routes qui conduisent à Château- Salins, à Nancy et à Pont-à-Mousson (2) )>. Partis de Metz & 4 heures du matin, les deux escadrons marchè- rent en une seule colonne jusqu'à Verny ils se parta- gèrent : un escadron suivit la route de Nancy au centre, deux pelotons s'avancèrent sur chacune des directions de ChÀteau-Salins et de Pont-à-Mousson. Les trois frac- tions se réunirent, entre onze heures et midi, à Nomény.

(( Aucun de ces détachements n'avait rencontré d'éclai- reurs mais, d'après les renseignements recueillis, le 10, quatre uhlans prussiens avaient paru à Han-sur-Nied, et de nombreuses troupes occupaient Remilly et Faulque- mont. En outre, au dire des voyageurs, le gros des Prussiens occupait Hellimer, Gros-Tenquin, Baronville et Morhange ; ce dernier point paraissait contenir leur tète de colonne, car ils y avaient un millier d'hommes le

10 au soir Aucun ennemi n'étant signalé dans le

voisinage, le retour sur Metz s'effectue en une seule colonne par la route de Nancy (3). »

Dans un télégramme expédié de Nomény à midi 40 et

(1) La division du Barail fut rejointe le 11 août par son artillerie (5* et 6* batteries du 19«, parties de Saiat-Mihiel le 10 août, à 9 heures du soir).

(2) Journal de marche de la division du Barail.

(3) Ibid.

fweicttle. 12

178 LA GUERRE DE 4870-1871.

précédant de peu son mouvement rétrogade (i), le colonel de Galliffet mandait au général du Barail que les Prussiens auraient abandonné Faulquemont.

Les instructions du général du Barail au colonel du 3* chasseurs d'Afrique, lui prescrivaient^lles de rentrer à Metz dans la soirée, ou lui laissaient-elles l'initiative de poursuivre ses investigations le 12, dans le cas elles auraient été infructueuses le 11? L'absence de documents ne permet pas de se prononcer. £n tout état de cause, il semble vraisemblable qu'elles ne lui interdisaient pas de lancer deux reconnaissances d'officier vers Remilly et Faulquemont pour vérifier l'exactitude des informations recueillies. De la sorte, on eût combiné l'exploration négative dans le secteur Metz, Delme, Nomény, avec l'ex- ploration positive dans une autre direction (2).

De son côté, la division de Forton avait envoyé deux reconnaissances sur Thionville. Un peloton du 1®' régi- ment de dragons se porta sur ce point par la rive gauche de la Moselle, un peloton du dragons par la rive droite (3). Tous deux revinrent à Metz dans la soirée sans avoir de nouvelles de l'ennemi.

Le grand quartier impérial se rendait compte de la nécessité d'avoir sur les mouvements des Allemands des informations exactes, nécessité que la situation de l'ar- mée, adossée à la Moselle, rendait plus impérieuse encore. Il ne s'agissait pas seulement d'ailleurs de

(1) fc Je rentre immédiatement à Metz », disait, en terminant, le colonel de Galliffet.

(2) Diaprés les Souvenirs du général du Barail, la division placée sous ses ordres aurait exécuté, le 11, u une grande reconnaissance dans la direction du Nord -Est {sic), sur Pange et Ars. » (Tome Vf, page 167.) Les documents de cette journée ne font aucune allusion à cette opération.

(3) i" peloton du A* escadron. L'Historique du 1*' dragons ne men« tienne pas la reconnaissance sur Thionyille.

LA GUERRE DE 4870-4874. 479

connaître les directions suivies par les forces adverses dont les tètes de colonnes avaient combattu à Forbaoh. Il importait peut*être davantage d'être averti, jour par jour, des progrès de celles qui avaient été victorieuses à Frœschwiller et dont la marche, orientée sur Nancy, pouvait menacer gravement les communications de Tar- mée française avec Paris, si celle-ci s'attardait à Metz.

Aussi le il août, le Major général adressa-t-il des instructions dans ce sens au général du Barail : <c II est nécessaire que l'Empereur ait des renseignements sur les mouvements que Tennemi pourrait faire dans la direction de Faulquemont et Nomény sur Nancy. Exé- cutez demain matin des reconnaissances dans ces direc- tions ». Il informait, d'autre part, le général de Forton que, d'après des nouvelles reçues dans la journée, des troupes d'infanterie ennemie auraient occupé Bou- chepom et Ham-sous-Varsberg le 11 , et lui prescrivait d'envoyer (c quelques escadrons » dans les directions qui conduisent à ces deux localités (1).

Ces mesures, dictées par un sentiment exact de la situation, étaient insuffisantes. L'armée de Metz comptait, en effet, six divisions de cavalerie, dont quatre au moins, pourvues de soutiens d'infanterie, auraient être affec- tées à Texploration, les deux autres fournissant le service de sûreté de première ligne sur la Nied française, après avoir laissé toutefois quelques escadrons à l'infanterie, à titre de cavalerie divisionnaire. Ces quatre divisions auraient constitué deux groupes : l'un d'une division vers Boulay, l'autre de trois divisions et de deux batail-

(i) « Nous voici MUS Metz, bien abrités contre la place, les vedettes à hauteur des sentinelles; on veut cependant savoir ce qui se passe au dehors et l*on est obligé d'écrire à la cavalerie les dépêches suivantes : (Suivent les ordres ci-dessus aux divisions du Barail et de Forton)4 (Journal dCun officier de Carmée du Rhin, page 58.)

180 LA GUERRE DE 1870-4874.

Ions de chasseurs, chargé d'éventer les mouvements des colonnes ennemies dans la zone Faulquemont, Nomény, Dieuze, Nancy, et d'entrer en relations vers Lunéville avec les 1*' et 5* corps.

II. Moavements des corps d'Alsace.

La présence d'une masse de cavalerie française sur leur flanc droit, aurait vraisemblablement déterminé le maréchal de Mac-Mahon et le général de Failly à pour- suivre leur marche sur Nancy à laquelle ils avaient cru devoir renoncer, malgré les instructions pressantes que le commandant du corps avait reçues & ce sujet du grand quartier impérial.

Le 11 août, le ^^' corps se portait de Lunéville sur Bayon, par Lamath et Méhoncourt (1), sauf la 4'* divi- sion qui, partant de Rehainviller à 4 heures du matin, se dirige sur Lorey, par Damelevières et Haussonville.

u En arrivant , les troupes sont cantonnées en

raison du mauvais temps persistant (2) » : la brigade de Septeuil à Haroué (3), la 4'® division à Lorey et Haussonville, la 2^ à Villacourt, la 3* à Bayon, la 4^ à Froville, la division Conseil-Dumesnil à Roville et à

(1) Les hommes hors d'état de marcher furent envoyés avant ie départ à la gare de Lunéville, d'où ils furent dirigés sur Nancy par Toie ferrée.

<c Le nombre de ces hommes est très grand : la pluie, qui n'a cessé de tomber depuis le départ de Sarrebourg, a eu une influence f&cheuse sur la santé des troupes, qui, depuis Frœsch'willer, bivouaquent sans tentes et sans effets de rechange. » (Journal de marche du l*** corps.)

A Nancy, le commandant Vanson, du grand quartier impérial, expédie tous les isolés sur le camp de Châlon^, par voie ferrée.

(2) Journal de marche du !•' corps.

(3) De la sorte, le l*** corps n'avait plus aucune troupe de cavalerie à son extrême arrière-garde.

LA GUKRRK DE 1870-4874. 181

la Neuveville (1) ; le quartier général à Bayon. Les divisions de cavalerie Bonnemains et Duhesme se rendent le même jour à Colombey avec la réserve d'artillerie et se couvrent vers Nancy par un escadron du 2^ lanciers et une batterie & cheval établis en grand'- garde à Allain-aux-Bœufs (2).

Le maréchal de Mac-Mahon, constatant Tétat de fatigue des troupes, décida qu'elles séjourneraient le 12 dans leurs cantonnements (3). Il leur adressa Tordre du jour suivant, qui rendait hommage aux admirables qualités militaires dont elles avaient fait preuve à la bataille de Frœschwiller :

An quartier général, à Bayoo, 41 août.

ORDRE, Soldats !

Dans la journée du 6 août, la Tortune u trompé Totre courage; mais ▼oas n*avez perdu vos positions qn*après une résistance héroïque qui n'a pas duré moins de neuf heures. Vous étiez 35,000 combattants contre 140,000 et tous avez été accablés par le nombre. Dans ces con- ditions, une défaite est glorieuse et Thistoire dira qu*à la bataille do Frœschwiller les Français ont déployé la plus grande valeur.

Vous avez éprouvé des pertes sensibles, mais celles de l'ennemi sont plus considérables encore. Si vous n*avez pas été suivis, cherchez-en la cause dans le mal que vous lui avez fait

L'Empereur est content de vous et le pays tout entier vous sera reconnaissant d'avoir dignement soutenu l'honneur du drapeau.

Nous venons d'être soumis k de rudes épreuves, qu'il faut oublier. Le 1*' corps va se reconstituer et. Dieu aidant, nous prendrons bientôt une éclatante revanche !

(1) Son artillerie près de Bayon. (Notes du capitaine d'état-roajor Mulotte.)

(2) Historique du 2* régiment de lanciers.

(3) « L'intendance ne pouvant décidément plus sufBre à faire vivre U troupe, des ordres sont donnés aux généraux de division pour dési- gner des officiers chargés de procéder à des réquisitions journalières et régulières. » (Historique de la 2* division du 1*' corps.)

48S LA GUERRE DB 1870-1871.

Le corps, renonçant définitivement, le 11 an matin, à se porter sur Nancy, se dirige sur Charmes (i). Les divisions de i'Abadie et Goze, avec les réserves d'artil- lerie et du génie, partant de Luné ville à la suite du 1^' corps, à 7 heures, passent par Lamath, Landécourt, Clayeures, Borville, Loro-Montzey, Saint-Germain, et stationnent : la brigade Saurin de la division Goze et la réserve d'artillerie, à Loro-Montzey ; la brigade Nicolas, de la même division, à TËst et au Sud de Saint-Ger- main ; la division de TAbadie sur les hauteurs qui domi- nent Charmes à FOuest ; le quartier général dans cette dernière localité, avec la réserve du génie. La division de cavalerie Brahaut se rend de Lunéville à Gerbe- viller (2); la division de Lespart, de Baccarat, par Rambervillers, à Moyemont et Saint-Genest.

A son arrivée à Charmes, le général de Failly rendit compte au Major général de son mouvement et annonça l'intention de prendre un itinéraire au Sud de la route Bayon Vézelise, occupée par le 1®' corps, « de manière & pouvoir tourner Toul », pour se « jeter dans l'Ar- gonne » et se rendre de à Metz ou au camp de Chàlons, selon les ordres qu'il recevrait (3). A ce télé-

(1) «( Départ de Lunéville à 7 heures du matin. Les troupes sont sur pied, dans l'eau et sous la pluie, depuis 3 heures du matin, parce qu'elles n'ont pas reçu le contre-ordre qui modifiait les instructions données la Teille, relativement à Theure du départ* » (Journal de marche de la division Goze.)

(2) Tout d*abord, le lanciers, seul, s'était établi à Gerbéviller, avec le quartier général; deux escadrons du 12* chasseurs s'étaient arrêtés à Fraimbots; les deux autres étaient allés à Moyen. « Mais, dans la soirée, par suite de faux avis annonçant Tentrée de la cavalerie ennemie à Lunéville, le général de division rallia le 12* chasseurs à Gerbéviller et le fit bivouaquer près de cette ville. » (Journal de marche de la division de cavalerie Brahaut.)

(3) Le général de Failly au Major général, Charmes, 11 août, 5 h. 34 soir.

LA GUERRE DE 4870-4874. 183

gramme y il ajouta les explications suivantes, quelque peu contradictoires avec le projet qu'il avait exposé (1) :

« Je demande à marcher par Vézelise sur Toul, le 5* corps se réunirait, occuperait la vallée de la Moselle, protégerait Frouard et marcherait sur Nancy par plu- sieurs routes en suivant les hauteurs et la forêt de Haye, l'on pourrait repousser l'ennemi en l'abordant de front. En cas de retraite forcée, on pourrait tenir dans la forêt de Haye, gagner au besoin Metz ou bien se retirer dans TArgonne (2). » \

Le général de Failly attribuait sans doute à la forêt de Haye des propriétés bien remarquables pour oser affronter le choc d'une armée supérieure en nombre, enivrée par le succès, avec des troupes « dont le moral était déjà affaibli par le contact des débris du 1^ corps, les fatigues et les privations qu'elles éprouvaient depuis

(i) L'original du télégramme ne porte pas ces explications. Elles sont relatées par le Journal de marche du 5* corps, rédigé par le colonel Clémeur, comme ajoutées à ce télégramme, et par le Journal rédigé par le capitaine de Piépape, comme ayant constitué une dépêche spéciale.

(2) Dans son ouTrage intitulé Marches et opérations du 5* corps, le général de Failly ajoute à ces explications la note suivante :

a Tous les commandants siîpérieurs qui se sont succédé à Nancy ont reconnu que, par la nature de sa position, cette Tille ne pouvait être occupée comme point stratégique; sa situation dans une plaine dominée et l'étendue de ses iauhourgs la rendant impossible à défendre. Tous ont cherché à déterminer, soit en avant, soit en arrière de cette ville, le choix des positions à prendre en cas d'invasion.

Dans la situation ot les armées se trouvaient placées, Toul était le seul point stratégique sur lequel il fût possible de s'appuyer alors pour tenter efficacement de protéger Nancy et pour défendre en même temps la route de Paris. Dans ma pensée, cette position eût pu être occupée sérieusement et heureusement peut-être.

Connaissant la force de cette place et obligé d*en faire le siège, Tennemi marcha d'abord sur la capitale par Sarreguemines, Pont-à- Mousson, Gommercy— Lunéville, Bar-le-Duc. » (Page 23, note 1.)

484 LA GURRRE DE 487M871.

plusieurs jours (1) ». Pouvait-il espérer d'ailleurs, en raison du détour qu'il était obligé de faire, devancer dans la forêt de Haye le corps d^armée qu'il sig-nalaît lui-même en marche sur Nancy (2) et dont la proximité l'avait décidé à renoncer à se diriger sur cette ville ?

Le Major général lui répondit dans la soirée :

« Par ordre de l'Empereur, ne continuez pas votre marche pour vous jeter dans TArgonne; marchez sur Toul aussi vite que possible. Vous n'êtes pas menacé. Le chemin de fer de Toul à Nancy n'est pas interrompu. Suivant les circonstances, vous serez appelé à Metz ou dirigé sur Chàlons. »

Ce télégramme, qui ne parvint au général de Failly que le lendemain, 12, à Mirecourt, ne faisait donc au- cune allusion au projet exposé par le Journal de marche du 5* corps (3) de marcher sur Nancy « en suivant les hauteurs de la forêt de Haye ». Le Major général, s'il en eut connaissance, considéra sans doute qu'il n'y avait pa§ lieu de s'y arrêter.

Le corps reste immobile à Belfort le 11 août, sauf le lanciers, qui est envoyé à Altkirch avec mission d'oi^aniser un service d'éclaireurs lui permettant « d'être toujours informé de ce qui pourrait se passer dans un rayon de 4 à 5 kilomètres au moins, en faisant observer surtout les directions de Mulhouse et de Hu- ningue (4) ». Des détachements, d'un peloton chacun, restent échelonnés à Bessoncourt, Valdieu, Danne- marie, pour assurer le service d'estafettes entre le régi- ment et le quartier général ainsi que la garde des four-

(i) Journal de marche du S** corps, 10 août.

(2) Le général de Failly au Major général, Charmes, il août.

(3) Manuscrit rédigé en i872 par le colonel Glémeur, sous-cher d'état-major du corps, et approuvé par le général de Failly.

(4) Note du général Gambriel, commandant la l" brigade de cava- erie du corps, au colonel du lanciers, 10 août.

GURRRB DE 4870-1874. <I85

neaux de mine chargés de ces deux dernières localités. Lia division (Dûment) du corps d'armée est dirigée de Lyon sur Belfort par voie ferrée ; le premier train devant partir de Lyon le 10 à midi, le dernier dans la nuit du 12 au 43(1).

III. Renseignements reçus an grand quartier impérial.

Le Bulletin de renseignements du grand quartier général français pour la journée du li août, indique un groupement des forces allemandes en trois masses :

A droite, le général Vogel de Falkenstein, venu des côtes du Nord, aurait commencé, le jour même, avec une avant-garde de 15,000 hommes, son mouvement de Cologne sur Trêves. II serait à la tète de trois corps d'armée (2), comptant 100,000 hommes, et s'avancerait le long de la frontière luxembourgeoise pour tourner Thionville ou surprendre cette place. <( Il serait aujour- d'hui à Frisange, sur la route de terre de Thionville à Luxembourg, sans violer le grand-duché ; il parait se diriger sur Aumetz, situé entre Thionville et Longwy. »

Au centre, on signale les VIP et VIII* corps, sous les ordres du général de Steinmetz et l'armée du prince Frédéric-Charles, « très probablement composée de six corps, dont la Garde ». Le 10, cette armée n'avait encore

(1) Le général commandant le 9' corps d'nrmée au Ministre de la guerre, Lyon, il août.

(2) Parmi ces trois corps on signale le in«, mais le Bulletin fait obserrer que cela est peu probable, u car ce corps était à Forbach ». Il donne comme seconde raison que des soldats du i5* uhians, appartenant à ce III" corps, oot été faits prisonniers en face de l'armée du centre, à Gros-Tenquin. On remarquera que'le Î5^ uhians faisait partie en réalité de la 6^ division de cavalerie. L'interrogatoire de cavaliers prussiens faits prisonniers conclut à l'existence de cinq régiments de cavalerie par corps d'armée.

1

486 LA GUERRE DE 4870-1871.

personne à Boulay, mais de nombreux cavaliers se sont avancés sur la route de Saint-Avold jusqu'à Plappe- court et des tètes de colonnes ont été signalées vers Sarre-Union. Elle « parait vouloir éviter Metz en se dirigeant sur Château-Salins , puis sur Pont-à-Mousson et Nancy ». En admettant le chiffre de huit corps pour cette masse centrale, son effectif s'élèverait à plus de 200,000 hommes.

A gauche, se trouve Tarmée du prince royal, dont on peut évaluer la force & 150,000 hommes, et qui com- prend les et XI® corps et les contingents de TAlle* magne du Sud. a Elle parait pénétrer par les Vosges, bien que des renseignements peu certains aient indiqué un mouvement d'une partie de cette armée en arrière vers le Nord pour revenir sur la Sarre se joindre à Tarmée du centre (1) ». Le roi, le maréchal de Moltke et M. de Bismarck seraient à Sarrebrûck, Ton signale l'arrivée de 12,000 hommes de la landwehr. D'après un renseignement du il, la marche en avant des armées ennemies commencerait le lendemain.

De divelrs côtés, on donne la certitude qu'il n'y a plus de troupes sur la rive droite du haut Rhin ; le général Douay croit savoir que toutes celles qui s'y trouvaient, au nombre de 43,000 hommes, dit-on, auraient été dirigées sur Rastatt. Enfin, le général Uhrichi gou- verneur de Strasbourg, annonce que de fortes colonnes ennemies, comprenant les trois armes, se portent sur la place; il s'attend à un investissement immédiat.

Quelles résolutions ces renseignements, joints à ceux des journées précédentes, pouvaient-ils inspirer au grand quartier général français ?

(1) Un renseignement en date de Munich, 8 août, et télégraphié le 10 par un agent de Vienne, indique que les troupes du prince royal sont à Ingwiller avec des avant-postes à Seebach, Wingen, Puberg, Ratffweiler.

LA aUBRRE DE 1870-4871. 487

La grande supériorité numérique des armées alle- mandes était manifeste : aux 450,000 hommes que leur attribuait au total le bulletin, du 11 août, on n'était en mesure d'opposer immédiatement que 170,000 hommes environ(l), effectif qui pouvait s'élever à 212, 000 hommes, au bout de quelques jours, par l'adjonction des et ?• corps. La lutte, entreprise par l'armée française contre des forces doubles des siennes, exaltées par leurs pre- miers succès et pourvues d'une artillerie plus puissante, se présentait donc dans des conditions si défavorables, qu'elle ne pouvait espérer vaincre.

Il importait essentiellement, avant de livrer une ba- taiUe décisive, d'obtenir l'égalité numérique. Dans ce but, il convenait, d'une part, de verser, dans les cadres excellents de l'armée, une partie des hommes accumulés dans les dépôts et, d'autre part, d'organiser de nouveaux corps d'armée, soit par dédoublement de ceux qui comptaient 4 divisions, soit par des créations nouvelles.

Mais il ne fallait pas songer à procéder à ces opéra- tions délicates, sous les murs de Metz, en présence de Tennemi qui pouvait prendre l'offensive dans un délai assez court. La zone de reconstitution de l'armée devait être choisie à une distance de la frontière telle, que l'ad- versaire ne put y faire irruption avant la réorganisation

(i) Situation d'effectif au 11 août.

2* corps 25,000 hommes.

corps 43,061

corps 30,529

5* corps (brigade Lapasset) 3,569

corps 38,089

Garde 21 ,377

Réterre de cavalerie 4,839

Réserre d'artillerie 2,055

Génie 471

Total 168,990 hommes.

488 LA GUERRE DE 4870-4874.

complète des forces françaises. Elle devait permettre en outre, Tafflux de toutes les ressources du territoire en hommes, matériel, munitions, vivres et se prêter au renouvellement facile des approvisionnements. A ces divers points de vue, le camp de Châlons, trop rapproché de la Moselle, et d'ailleurs trop voisin de la frontière belge, ne pouvait convenir et devait être évacué. La région Fontainebleau, Orléans, Gien, Auxerre, remplis- sait» au contraire, toutes les conditions requises : éloigne- ment suffisant de Metz (i); communications assurées par voie ferrée avec le Nord, le Sud-Ouest, le Sud-Est et l'Est de la France ; faculté de manœuvrer sur le flanc ou sur les derrières de Tenvahisseur, sll continuait sa marche sur Paris ; possibilité de rester toujours en Uaison avec la portion la plus importante du territoire. Elle se prétait parfaitement et à tous égards, semble-t-il, à la reconstitution des forces militaires françaises. ' En supposant que le grand quartier impérial eût adopté cette résolution le 14, le mouvement de l'armée de Metz pouvait commencer le 12 au matin. Un corps d'armée eût été chargé de former l'arrière -garde géné- rale et, à cet effet, de prendre tout d'abord possession des passages de la Moselle entre Frouard et Metz a ' et d'en assurer la destruction opportune. Un corps

de cavalerie, composé de trois divisions, lui eût été adjoint avec mission de prendre le contact des colonnes de gauche des armées allemandes, de retarder leur mar- che et de tenir le commandement au courant de leurs progrès. Un autre corps d'armée, renforcé par deux

.-•

(1) De Pont-à-Mou88oo à Auxerre, par Commercy, Ligny-eii-Barrois, Saint-Dizier, Montiérender, Brienne, Troyes, on compte 240 kilomètres environ, soit quinze jours de marche au moins, en tenant compte des retards infligés à Tadversaire par les arrière-gardes, la rupture des ponts, etc A ces quinze jours il faut ajouter les deux jours néces- saires à Tennemi pour atteindre la Moselle.

LA GUERRE DE 4870-1871. 489

divisions de cavalerie, aurait été maintenu provisoire- ment à l'Est de Metz, entre les forts de Queuleu et de Saint-Julien, de façon à dissimuler à l'adversaire le mouvement de retraite et à lui faire supposer que l'ar- mée française avait le projet de livrer bataille sur la rive droite de la Moselle. Ces résultats obtenus, et, en tout cas, sans attendre le passage de la rivière en amont de la place par l'adversaire, le corps d'armée maintenu à l'Est de Metz laissait dans la place une division destinée à en constituer la garnison et se retirait sur Verdun et Cbàlons, en manœuvrant, surtout avec sa cavalerie, de façon à attirer vers l'Ouest le plus de forces ennemies possible, et en s'éclairant aussi soigneusement vers le Sud pour éviter d'être rejeté vers la frontière belge. Tout aurait été préparé au camp de Cbàlons pour embar- quer ces troupes et les transporter à Orléans par voie ferrée.

Pendant ce temps, le reste de l'armée se serait dirigé sur la région de reconstitution, l'axe du mouvement jalonné par Commercy, Brîenne, Troyes, Sens, ses arrière-gardes, comprenant une forte proportion de troupes à cbeval, disputant à l'ennemi les coupures parallèles de la Moselle, de la Meuse, de la Marne, de l'Aube et de la Seine. D'autre part, les l®*" et corps gagnaient Joigny par Neufchàteau, Ghaumont, Bar- sur-Seine; le corps était transporté par voie ferrée àe Belfort, par Langres et Cbaumont, à Troyes.

L'inconvénient de ces mesures était l'abandon à l'ennemi de toute la portion du territoire comprise entre la Moselle, Paris et Troyes, mais n'était-il pas infiniment préférable de s'y résoudre de plein gré et sous forme de manœuvres en retraite, que d'y être contraint et pour- suivi après une bataille dont la disproportion numérique actuelle permettait de pressentir d'avance l'issue né- faste ?

Le grand quartier général allemand ne doutait pas

190 LA GUERRE DE 4870-4874.

que telle serait la décision prise par le commandement français :

« Dès Torigine, les Allemands étaient persuadés que Fintérét de Tennemi lui commandait d'effectuer le plus tdt possible la jonction de Farmée du Rhin avec les forces en arrière. Depuis le général en chef jusqu'au comman-* dant d'avant-garde, tous tendaient donc invariablement et toujours au même but : mettre obstacle à ce dessein supposé (0* '^

IV. Mouvements des armées allêmaBdes,

Les trois armées allemandes continuent, le 11 août, à se conformer, dans leurs mouvements, aux prescriptions de Tordre général du 9, les corps de droite restant immobiles ou ne faisant que des marches assez courtes.

La /" armée conserve ses emplacements de la veille, de façon à permettre à Taile gauche de la IP de s'aligner sur elle (2) ; les /**• et 3^ divisions de cavalerie « restent derrière le front, dans leurs bivouacs, que la pluie transformait en marécages (3) ». Quand le grand quar- tier général eut connaissance de ce fait, il envoya, dans Taprès-midi, l'ordre au général de Steinmetz de faire

(1) Hittorique du Grand État-Major p^'ussien, livraison, page 878.

(2) A 10 h. 45 du matin, le maréchal de Moltke écriYait ce qui suit au générai de Stiehle, chef d'état-major de la II<> armée :

« Merci pour tous tos renseignements, d'autant plus que nous n'en recevons aucun de la I*^ armée. Je ne suis seulement pas en état de

vous dire se dirigent aujourd'hui les I*', VIII* et VII* corps »

(Correspondance miiitaire du maréchal de Moltke ^ tome I, n* 139.)

(3) Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit., page 110.

« Un ordre donné dans la matinée laissa entrevoir, pour le 12, la pos- sibilité d'un mouvement en avant vers la Nied, mais, dans ce mouve- ment, il n'était toujours pas question de faire prendre les devants aux divisions de cavalerie; bien plus, on comptait les faire marcher entre les corps d'armée et à leur hauteur, collées à l'armée. »

LA GUERRE DE 4870-4874. 194

déboucher, le jour même, les divisions << en avant de tout son front (1) ». La P^ partit à 8 heures du soir et attei«* gnit, assez avant dans la nuit^ Bouchepom elle bivoua- qua derrière les avant-postes du YIP corps. La 3^ ne se mit en marche qu'à 1 0 heures du soir et se dirigea sur Bettange. Dans la journée, une reconnaissance d'officier du uhlans (2) qui avait pris le contact, le 10, près des Étangs, constata « que les routes qui, de Saint-Avold et de Boulay conduisent vers Metz, se couvraient de pro* fondes colonnes de toutes armes qui se retiraient dans la direction de la forteresse (3) ». Il estima à 20,000 hom- mes la force de Tinfanterie qui marchait sur la route de Boulay (4), suivit Tarrière-garde et la vit faire halte, vers 11 h. 30 du matin, près de Bellecroix. Cet impor- tant renseignement ne parvint au quartier général de la I" armée que le 12 au matin, mais un rapport analogue d'une autre reconnaissance envoyée sur Condé-Northen, par la cavalerie de la 13^ division d'infanterie, avait pu être transmis au grand quartier général dès 8 h. 45 du soir (S).

La II* armée continue sa marche dans la direction du Sud-Ouest : les quatre corps de tète atteignent la ligne Faulquemont-Harskirchen, IIP à Faulquemont, à Hellimer avec une avant-garde à Gros-Tenquin et Lan- droff, Garde à Guéblange et Insming, IV® corps à Hars- kirchen (6); les deux corps de seconde ligne se portent :

(i) Historique du Grand Etat-Major prussien^ 4* UvraisoD, page 418.

(2) 3* dimioD de cavalerie.

(3) Général de Pelet-Narbonne, Lac, cit., page 112.

(4) Deux divisions da 4* corps.

(5) Von Schell, Opérations de la /'« armée, page 94.

. (6) « La I'* armée demeurant immobile, tandis que la II« continuait son mouTcment demi à gauche, une trouée de 15 kilomètres environ se prodaisait dans la première ligne, entre Garling et Faulquemont. Elle était momentanément bouchée par le régiment des grenadiers du corps

492 LA GUBRRB DE 4870-1871.

le IX* à Forbach avec une avanl^garde à Bening, le XIP à Sarreguemines. Le quartier général est transféré de Sarreguemines à Puttelange.

Les brigades de cavalerie Barby et Redern de la division, affectées au corps, sont en avant de l'aile droite, de Remilly à Delme. Sur Tinjonction pressante du général commandant le X* corps, leurs partis sillonnent la région située entre Pange, Pont-à-Mousson, Nomény et Château- Salin s (i). Une reconnaissance de deux pelo- tons du i3^ uhlans aperçoit, près de Villers-Laquenexy, des troupes évaluées à un corps d'armée, en marche vers Metz, et une autre colonne française de même force, suivant la route de Boulay à Bellecroix. Deux officiers du y?® hussards poussent jusqu'aux avant-postes français à Grigy et rendent compte, d'après les dires des habi-

(Leib-Grenadierf) qui avait 6tc conservé à Saint-A-vold pour la garde du grand quartier général ». {Historique du Grand État-Major prus- sien, 4« livraison, page 417.)

(I) Le générai commnmlant le X*' corps avait écrit, le M août, à 4 heures du matin, la lettre suivante au géuéral de Rheinbaben, com- mandant la division de cavalerie :

u Je suis toujours d'avis que, si vous ne pouvez atteindrt^

encore Remilly, vous vous rapprochiez de Tennemi autant que possible. Avant-postes sur la Nied, de Han-sur-Nied jusqu'à la route Metz.

Château-Salins; de là, des officiers hardis en avant Je compte que

des officiers seront lancés aujourd'hui jusqu*aux environs de Pont-à- Mousson. Faites détruire sur un ou plusieurs points la voie ferrée Metz- Nancy. J'envoie dans ce but le premier lieutenant Neumeister, du génie,

au général von Redern Cherchez à faire des prisonniers, intimidez

l'ennemi et les habitants, inspirez à Tadversaire le respect de notre cavalerie. Nous en sommes arrivés à un moment il faut exiger de la cavalerie la plus extrême activité.

Le général de Pelet-Narbonne dit à ce propos :

o Comme on le voit, le général commandant le corps d'armée faisait tout pour déterminer la division de cavalerie à une action décisive. Un cœur de cavalier est bien péniblement impressionné en voyaut qu'un pareil ordre devint nécessaire, qu'une pareille pression dut être exercée » {Loc. cit., page 120.)

LA GUERRE DE 4870-1871. 193

tants, de la présence de Tannée française partie dans Metz, partie entre le chemin de fer de Sarrebrûck et la place. Un lieutenant du 10^ hussards mande de Yic, à midi, que Nancy et les environs ne sont pas occupés mais qu'il y aurait 40,000 hommes à Lunéville. Enfin, un détachement du même régiment détruit, dans la nuit du 11 au 12,1e télégraphe près de la gare de Dieulouard, après avoir observé que des trains se suivent sur la ligne Nancy-Metz à des intervalles d'une heure et demie, mais il ne peut, faute d'outils, mettre la voie ferrée elle- même hors de service.

La brigade Bredow, de la 5^ division de cavalerie, affectée au lY® corps, s'avance jusqu'à Fénétrange et surveille le pays, de Marsal à Sarrebourg.

La 6^ division de cavalerie se porte de Teting sur Thicourt, occupant, ainsi que la brigade de dragons de la Garde, à Bermering, <( une position intermédiaire entre la ligne de cavalerie (5® division) et les quatre corps de tête (de la IP armée) (1). » L'emploi d'une division entière à ce service de liaison est tout au moins con- testable.

Le 15^ uhlans, précédemment détaché, rallie le 11 la division, non sans avoir recueilli, dans la journée, des nouvelles importantes. Un de ses escadrons mande de Marange, à 10 heures du matin, que les Français, éva- cuant leurs positions de la Nied française, à Mont et à SiUy, se sont retirés sur Metz dans la nuit du 10 au 11 (2). Un second rapport, expédié de Ciourcelles-Chaussy, à 9 heures du soir, mentionne que l'escadron s'est porté jusqu'au Nord de Puche et a observé de tous

(1) Historique du Grand État-Major prussien. À* livraison, page 417.

(2) Cet escadron envoyait également les numéros des régiments des blessés et malades français qui se trouvaient à une ambulance établie à Goureelles-Chaussy.

•• r«Mic«ie. 13

494 LA GUKRRE DB 1870-1871.

côtés des traces de retranchements ^ de bivouacs aban- donnés. Diaprés les dires des habitants et l'interroga- toire des blessés et malades faits prisonniers, les troupes françaises, appartenant au corps Bazaine, à la Garde et comprenant tout au moins des fractions du corps Ladmirault, se sont repliées jusque sous le canon de Metz (1).

La IIP armée, poursuivant sa marche à travers les basses Vosges, acquiert le H la certitude que la retraite du maréchal de Mac-Mahon et du général de Failly s*est effectuée de Wœrth et de Bitche sur Sarreboùrg (2). On y apprend qu'aucune troupe ennemie ne se trouve entre Nancy et Belfort, que trois régiments d'infanterie sont à Lyon, que la Garde impériale occupe Nancy et les hau- teurs voisines avec 200 pièces de canon (3) .

Le prince royal, dont le quartier général était établi à Petersbach depuis le iO, avait été informé qde le IV® corps, de la IP armée, demeurerait le 11 aux environs de Sarre- Union, ce qui avait obligé les I®' et II® corps bavarois, établis le 10 à Diemeringen et Mont- bronn, à appuyer vers le Sud le 41, Dans ces conditions, la IIP armée allait atteindre la Sarre avec un front plus resserré que ne le prévoyait l'ordre général du 7 août. « Toutefois, afin de se donner la faculté de s'étendre de nouveau, lors de la continuation du mouvement au delà

(1) Général de PeletrNar bonne, Loc, cit,, page 117.

Ces deux rapports furent envoyés par écrit le 12, à 1 heure de Taprès- midi, au grand quartier général.

(2) Historique du Grand État-^ajor prussien, 4* livraison, page 385. « Les habitants de Petersbach disaient que les généraux Ducrot et

de Failly s*étaient arrêtés dans ce village pendant la nuit du 7 au 8 août> et que de nombreuses colonnes y étaient passées, se dirigeant de

Bitche et de Lûtzelbourg sur Sarreboùrg Les journaux français

nous donnèrent des renseignements sur les mouvements de troupes en France » (Von Hahnke, Opérations de la IIl^ armée y page 96.)

(3) Ibid.

LA aUBRRlB DE 4870^4874. 195

de cette rivière, l'ordre était envoyé à la 4* division de cavalerie de déboucher préalablement en avant de Sar- rebourg pour aller reconnaître, pendant les jours sui-

vantSy les environs de Lunéville et de Nancy (1) »

En conséquence, cette division gagnait le il Heming; son avant-garde, composée du 2^ régiment de hussards et de deux compagnies du 95^, poussait jusqu'à Saint* Georges ; un escadron de uhlans se dirigeait au Nord-* Est de Sarrebourg, vers Langatte.

Le I^ corps bavarois se portait de Diemeringen sur Pisdorf; la division wurtembergeoise d'Adamswiller sur BauwUler; le corps de Weyer sur lixheim; le XP corps de Mittelbronn et Metting sur Sarrebourg (2).

En seconde ligne, la /^ division se rendait de Rohr- bach à Lorentzen ; le IP bavarois de Montbronn à Die- meringen.

VHisiortçue du Grand Êtai-Major prussien semble regretter que les circonstances aient obligé la III^ armée à ne pas déployer simultanément tous ses corps sur la Sarre (3) ; le dispositif du 1 i août, tout accidentel, était au contraire préférable, en raison de la profondeur et d'une certaine aptitude A la manœuvre qu'il pré- sentait.

(1) Historique du Grand État-Ma^jor prussien, liTraisoiiy page 385.)

(9) Un détachement de pionnierf, transporté de Sarrebourg sur des Toitnresy jetait un pont de bateaux à 200 mètres au Sud de Diann»- Gqielle pour remplacer le pont de cette localité que Tennemi ayait fait saoter. (Historique du Ctrand État-Mc^r prussien^ 4^ livraison, page 385.)

(3) <c Les abords de Sarre-Union étant déjà occupés d'autre

part, et l'espace très restreint dont on disposait pour se déployer n'of- frant pas des routes en nombre suffisant pour permettre un mourement simultané, la 12^ «division et le II* corps bavarois étaient forcés de demeurer momentanément en arrière ». (4* livraison, page 38S.)

496 LA GUERRE DE 1870-1871.

V. Renseigilêments raças an grand quartier général

allemand.

Le grand quartier général allemand avait reçu, dans la soirée du iO août, par l'intermédiaire de la II® armée, les renseignements suivants, qu41 transmettait le li, à 10 heures du matin, au commandant en chef de la I'* armée :

« Ponts de chemins de fer détruits près de Herny ;

2^ Petites fractions d'infanterie du corps Mac-Mahon en marche sur Metz ;

3^ Dans la matinée (du 10), de fortes colonnes en marche de Metz sur Boulay et Pange ;

4^ Trains militaires venant de Gh&lons, arrivés à Metz dans la nuit du 9 au i 0 ;

5^ Vu à Pange les camps de deux brigades ennemies ;

Fortes colonnes d'infanterie et d'artillerie en marche de Metz sur Courcelles, Mont et Pange ».

Le maréchal de Moltke ajoutait :

« On doit admettre avec certitude qu'une partie de l'armée française est campée sur la Nied française » (1).

(1) Correspondance militaire du maréchal de Moltke^ tome I, n** 138. Annexe de la main du maréchal de Moltke, et qui « semble, dit cet ouvrage, avoir été rédigée dans la soirée du 10 août ».

On remarquera à ce sujet que, dans une leltre du 10 août, 8 h. 30 soir, au général de Steinmetz (n** 135) le Maréchal, faisant part des mou- Tements projetés à la 1I« armée pour le 11, ne fait aucune allusion à ces renseignements sur l'ennemi. Une seconde lettre expédiée au com- mandant de la I" armée le 11, à 6 heures du matin (n* 137) est égale- ment muette sur ce point. Cette lacune s'explique difficilement.

D'ailleurs, d'après YHistorique du Grand Etat-Major prussien, le grand quartier général reçut, « dans la matinée du ii août, les rapports relatifs aux observations faites, la veille, par la cavalerie ». (4* livraison, page •417.)

Cette version concorde avec l'envoi tardif à la I** armée des Infor-

i

LA. GUBRRE DB 4870-4871. 197

Toutefois, il demeurait encore dans le doute au sujet de la situation des forces principales adverses {i) et inclinait à croire que celles-ci restaient « derrière la Moselle » avec un corps avancé dans une « position d'observation » (2) sur la Nied, Le prince Frédéric- Charles, au contraire, mandait de Sarreguemines (3), puis de Puttelange, à 9 h. 45 du matin, que a Tennemi semblait s'être réuni en grandes masses, derrière la Nied française, en deçà de Metz ». Il estimait que, sui- vant toute apparence, cette concentration conduirait à une bataille. Dans l'hypothèse « improbable », à son avis, Tadversaire prendrait l'offensive (4), il appelait l'attention du maréchal de Moltke sur l'opportunité de

mations recueillies. Elle est conforme aussi à celle de Ton der Goltx :

« Dans la matinée du même jour (11), on reçut (au quartier gén^Tal de la II* armée) des nouvelles importantes, paraissant indiquer un brusque changement dans les desseins de Tadversaire ». Suivent les renseignements recueillis le 10 par la cavalerie. (Die Operationen der Il^Armee^ page 36.)

(i) « L'affectation des trois routes principales à chacune des

armées n'a de valeur que jusqu'au moment oi!l la cavalerie nous aura fait connaître la situation des forces priucipale^ de l'ennemi. » (Corres- pondance militaire du maréchal de Moltke , tome I, n^ 137, Au général de Steinmetz, Sarrebrûck, 11 août, 6 heures matin.)

(â) Correspondance militaire du maréchal de Moltke ^ tome I, n* 1 39, An général de Stiehle, chef d'état-major de la II* armée, Sarrebrûck, il août, 10 h. 45 matin.

(3) Date et heure inconnues. Le fait ressort du début d*uno lettre du prince Frédéric-Charles au maréchal de Moltke, datée de Puttelange, 11 août, 9 h. 45 matin : « Je vous ai déjà fait connaître de Sarregue- mines, que Tennemi semble s*être réuni en grandes masses derrière la

Nied » (Correspondance militaire du maréchal de Moltke^ tome I,

page 274.)

(4) « Il ne semble pas vraisemblable, écrivait-il, que Tennemi sorte de sa bonne position pour venir nous attaquer, quoique cette manière d*agir réponde plus au caractère des Français que la stricte défensive qu'ils ont gardée jusquMci » (Ibid.)

498 LA GUBRRE DE 4870-4874

mettre en mouvement la P^ armée, de façon à la faire entrer en liaison avec le IIP corps et à prolonger ainsi le front, tout en lui faisant exécuter « sur le flanc gauche de Tennemi, un mouvement tournant à grande enver- gure ». Pendant ce temps, la IP armée opérerait une conversion à droite, le IIP corps formant pivot.

« Je ne disposerai, ajoutait le Prince, devant le front de l'adversaire, que la quantité de troupes qui paraîtra nécessaire pour le maintenir, comme a fait mon armée à Sadowa, et l'empêcher de couper notre centre. Je dirigerai Teffort principal contre le flanc droit de Ten- nemi; j'y prendrai ToCPensive en forces, en faisant suivre au moins un corps en réserve, comme échelon des troupes enveloppantes (1) ».

Mais ces mouvements ne pouvaient recevoir leur entière exécution que le 14 ; encore fallait^il demander aux troupes « un effort considérable » et laisser, dans la zone des cantonnements du il août, tous les impedi- menta dont on pouvait, à la rigueur, se passer (2). Le grand quartier général allemand était donc sous le coup d'une véritable surprise stratégique, consistant dans la découverte brusque de masses ennemies et dans l'impossibilité de leur tenir tète dans de bonnes conditions avant trois jours. Telle était la conséquence de l'absence d'une masse de cavalerie à la disposition du généralissime et d'une avant^garde générale garan- tissant le temps et l'espace nécessaires à la concen- tration des forces (3).

Le prince Frédéric-Charles devait avoir nettement conscience de la supériorité numérique des et II® armées pour envisager à l'avance, le projet, préconçu

rtk

(1) Correspondance militaire du maréchal de MoUke, tome I, page 274.

(2) Von der Golts, Loc. cit,^ page 36.

(3) Voir page 131.

LA OUBRRB DE 1870-1874. 499

d'ailleurs, d'un mouvement tournant double. Il semblait admettre en outre, avec certitude, de la pea*t de Fadver-* saire, la passivité dans une position à FËst de Metz, l'utilisation linéaire et non en profondeur du terrain de combat, l'absence d'échelons en arrière des ailes. Les propositions du Prince représentent la conception un peu rudimentaire que se faisait de la bataille, en 1670, le commandement allemand : attaque de front pour immobiliser l'adversaire et le contenir, attaque de flanc pour décider du succès. C'était un procédé tactique de combat, nullement une tf combinaison de champ de bataille », suivant l'expression de Napoléon. La notion de r « événement » qui se produit du reste aussi bien, en un point du front, comme à x\usterlitz et à Ligny, qu'à une aile, comme à Friedland et à Bautzen, semble ne pas exister ; du moins n'en trouve-t-on aucune appli- cation pendant toute la campagne.

On observera enfin que la manœuvre projetée par le commandant de la IP armée risque fort de ne donner aucun résultat, car l'adversaire n'est pas voué à l'immo- bilité et il n'existe point d'organe permettant de le maintenir.

Le maréchal de Moltke ne manqua pas de recon- naître les défectuosités du projet du prince Frédéric- Charles, dont il eut connaissance à 6 heures du soir. En lui adressant, deux heures plus tard, les ordres pour le 12 août (i), le Maréchal écrivait :

« Us (ces ordres) sont basés sur l'idée exprimée par Votre Altesse Royale, qu'un nouveau chef ennemi prendra le décision vigoureuse et seule juste d'ailleurs, d'une offensive soudaine et ce, tandis que nos corps se trouvent répartis de Sarrelouis à Saverne. Toutefois, ils

(1) Voir page 203.

200 LA aUERRE DE 4870-1874.

n'envisagent ponrle moment que Téventualité immédia- tement réalisable d'une attaque sur le UI^ corps.

« La conversion complète jusqu'à Nancy ne serait pas nécessaire et même serait dangereuSie si, ce qui est également possible, le détachement de l'ennemi reculait derrière la Nied, et si ses forces principales se tenaient au Sud de Metz, derrière la Seille ou la Moselle (1) ».

La nécessité d'aligner d'abord la IIP armée sur la Sarre qu'elle atteignait le 1 1 août entre Sarre-Union et Sarrebourg et l'obligation de ralentir le mouvement de la armée et de la droite de la IP, qui avaient moins de chemin à parcourir pour atteindre la Moselle, donnent aux opérations du 10 au 12 août, les apparences d'un^ vaste conversion ou d'une marche en échelons par la gauche, dont la armée formerait le pivot. On ne sau- rait les considérer toutefois comme un mouvement enve- loppant dirigé contre l'armée ennemie en position sur la Nied, ainsi que les ont présentées certains écrivains mili- taires allemands (2). En premier lieu, l'ordre général du 9 août suppose que les Français « se sont retirés derrière la Seille et la Moselle (3) ». « Leur attitude, à la suite de la bataille de Spicheren avait donné à penser qu'on n'en viendrait plus sérieusement aux mains à l'Est de la Moselle (4) » et le maréchal de Moltke n'avait d'autre projet que de diriger sur cette rivière, en amont de Metz, les tètes de colonnes des trois armées préalable-

(1) Correspondance militaire du maréchal de Moltke , tome I, 143.

(2) VoQ der Goltz, La nation armée, page 282 ; HoheDlohe, Lettres sur la stratégie, page 352.

(3) ffùtorique du Grand État-Major prussien, 4* livraison, page 383.

(4) Ibid.y livraison, page 493.

LA GUBRRB DE 4870-1874. 204

ment alignées. Il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter aux itinéraires assignés aux trois armées alle- mandes par Tordre général du 9 août (1 ). Au surplus, le grand quartier général ne fut informé que le li, dans la matinée, de la halte de l'adversaire sur la rive gauche de la Nied française, entre Pange et les Étangs (2), quand déjà la situation s'était modifiée par la retraite sur Metz. Le maréchal de Moltke pouvait avoir eu la pensée d'exécuter une conversion successive à droite, dans le but de rejeter les Français vers le Nord, avant d'atteindre la basse Sarre et lorsqu'il s'attendait à rencontrer les cinq corps français de Lorraine, à TËst de la ligne de Metz-Thionville (3). Mais la bataille imprévue de Forbach et le temps d'arrêt consécutif avaient momentanément dérangé les plans antérieurs et fait abandonner le projet qu'on avait caressé de rééditer la manœuvre de Sadowa. Il semblait qu'il fallût renoncer aussi à étreindre l'ad- versaire à l'Est de Metz, en raison du loisir qu'on lui avait laissé pour se dérober. L'ordre général du 9 et les premiers mouvements des 10 et 11 août ne pouvaient donc viser à l'enveloppement d'une armée qu'on ne comptait plus trouver à l'Est de la Moselle. Ils n'avaient d'autre caractère que celui d'une marche directe, faisant déboucher les I'^ et IP armées, entre Metz et Nancy, sur cette rivière dont elles saisiraient les passages. Ainsi le prévoyait le maréchal de Moltke dans ses travaux anté- rieurs à la guerre (4). On se réservait d'agir ensuite suivant les événements.

(1) Les routes de marche assigaées sont : à la I'* armée, Sarrelouis, Boulay, les Étangs et au Sad ; à la II* armée, SaiDt-Ayold, Noméay et au Sud; à la ÏÏI* armée, Sarre-Union, Dieuze et au Sud.

(2) Historique du Grand État-Major prumen^ 4* liyraison, page 417.

(3) Ihid,^ 2* Ii'\Taison, page iS5 et 4* livraison, page 403.

(4) Correspondance militaire du maréchal de Moitke, tome I, n<^ 42 et 20.

909 LA OUBRRB DB 1870-4874.

A considérer la situation des et IP armées le H août, il semble bien d'ailleurs que le grand quartier général ait eu la coûviction qu'il n'y aurait plus aucun engagement sérieux à l'Est de Metz. Leur dislocation en deux groupes, déjà signalée les jours précédents, est allée en s'accentuant, par l'immobilité de la l^ armée sur la ligne Greutzwald^Carling et par la continuation de la marche de la II® vers le Sud^Ouest. On trouve en effet :

A droite : le IIP corps en flèche à Faulquemont et» de 30 à 30 kilomètres en arrière et à droite, la I^ armée entre Greutzwald et Garling, le IX* corps vers Forbach.

A gauche : le corps à Hellimer, le XII* corps à Sarreguemines, le IV® à Harskirchen, la Garde à Gué- blange.

' Or, si le maréchal Bazaine était demeuré sur ses posi- tions le 11 août, au lieu de poursuivre sa retraite sur Metz, les emplacements des corps allemands auraient été les précédents le 12 au matin, car ils avaient été pris « antérieurement à la réception des rapports de la cava- lerie (1) » signalant l'arrêt des Français sur la Nied. Le grand quartier général attribuait d'autre part à l'armée ennemie un effectif de 200,000 hommes (2) qu'elle pou- vait atteindre en effet par l'adjonction du S* corps.

Prenant le contact le 11 au soir et attaquant le 12 au matin le IIP corps à Faulquemont, le maréchal Bazaine n'aurait eu à combattre, dans toute la journée, que ce corps, renforcé tardivement par la P* armée, le IX* et peut-être le X^ corps, soit au total cinq corps, dont le IIP eût été très compromis (3) .

(1) Historiqve du Grand État-Major prussien, lÎTraison, page 416| note 2.

(2) Ibid., page 408.

(3) Von der Goltz, Operationen der 11*^ Armée, pages 37-38.

LA aUSRBB DB 1870*1874. M3

Le grand quartier général apprécia d'ailleurs le danger et prit ses dispositions pour le conjurer, sinon le 12 au matin, il était trop tard, du moins après les mouvements de cette journée. L'ordre général du 11 août (7 heures du soir) a pour objet de préparer la concentration des et Û® armées sur le IIP corps. Il n'envisage <c pour le moment que l'éventualité immédia- tement réalisable d'une attaque sur ce corps », dans le cas un nouveau chef ennemi prendrait « la décision vigoureuse, et seule juste d'ailleurs, d'une offensive soudaine (1) )>.

La pensée du maréchal de Moltke a évolué dans la journée, sous l'impression des renseignements reçus. Dans la matinée, il jugent qu'il n'y avait qu'un corps d'observation sur la Nied ; dans la soirée, il ne lui pa- raissait a pas invraisemblable » qu'une fraction impor- tante de l'armée française se trouvât à l'Est de Metz. Il considère alors que c( la nouvelle phase dans laquelle entrent les opérations » commandent « plus de cohé- sion » ; que les instructions générales données jusqu'à présent aux chefs des l'^ et IP armées sont insuffisantes ; il juge nécessaire que le commandement suprême puisse « promptement disposer lui-même des divers corps, afin d'être assuré du concours de toutes les forces (2). » Ainsi, faute d'un organe de renseignements à sa disposi- tion exclusive et d'une avant-garde générale, le maré- chal de Moltke n'a ni le temps ni l'espace d'exécuter une manœuvre avec ses armées : il en est réduit à faire une combinaison de corps d'armée. Les ordres sont ainsi conçus :

c( Le IIP corps, à Faulquemont, servira de

point d'appui pour le rassemblement.

(1) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n** 143.

(2) Historique du Grand Etai-Major prussien^ A* liyraisoD, page 418.

%04 LA GUERRE DE 4870-4871.

La 1*^ armée portera demain, de bonne . heure, deux corps sur la ligne Boulay-Marange, avec un corps vers Bouchepom.

La II® armée portera le IX* corps sur Longeville-les- Saint-Aivold, à l'Ouest de Saint-Avold ; le IP corps, autant qu'il sera disponible, venant serrer vers ce der- nier point. Le X* corps s'avancera vers le III® corps peu près par Lelling). La Garde, le IV® et le XII® corps seront amenés vers la gauche du dispositif précité, de manière à pouvoir, suivant le besoin, venir rejoindre ou bien continuer la marche dans la direction de Nancy (1).

Les avant-postes de la armée doivent en général être poussés sur la Nied allemande (2) »

Le grand quartier général fut transféré de Sarrebrtick à Saint-Avold le 41, à 4 heures du soir, en prévision des événements importants qui pouvaient surgir le lende- main. Le maréchal de Moltke estimait que dans l'après- midi du 12, il aurait réuni six corps, dont deux en réserve, et qu'il disposerait le 13 de dix corps (3). Il approuva d'ailleurs la direction assignée antérieure- ment par le prince Frédéric-Charles au X^ corps, qui devait venir, non pas derrière le III®, mais à sa gauche, à Landroff (4).

(1) Cette iadication de Nancy confirme ce qui a été dit plus haut, à savoir que Tordre général du 9 août visait une marche directe vers la Moselle et qu*oa ne songeait guère à une conversion enveloppante.

(2) Correspondance militaire du maréchal de Moltke, tome I, n^ 141.

(3) Ibid., no 143.

M Dans un des états-majors, on avait même déjà agité la question de savoir s'il ne fallait pas appeler à soi une pantie de la III* armée. » (Von der Goltz. La nation armée, page 283.)

(4) Historique du Grand État-Major prussien^ 4* livraison, page 419.

LA OUBRRB DB 4870-4871. 205

VI. Situation de rarmée du Rhin dans la soirée

du 11 août.

L'ordre général du 14 août était, par le fait, absolu- ment superflu, puisque Farmée française avait évacué le même jour les positions de la rive droite de la Nied française. Elle occupait dans la soirée les emplacements suivants :

Grand quartier général Metz.

Quartier général du maréchal Bazaine. . Les Bordes.

Quartier général Bayon.

lr« division Lorey et Haussouyille.

2* division ! Yiilacourt.

!•' corps ^3* division Bayon.

4* division Froville.

Division de cavalerie. . . Haroué et Golombey.

Réserve d'artillerie.... Golombey.

Quartier général Ferme de Bassc-Bévoye.

i'« division Entre Mercy et la Basse-

Bévoye.

2* division A l'Ouest de la Basse- Bé- voye.

^ ,3* division Entre la Haute-Bévove et

Sr corps { _ .

Brigade Lapasset du

5* corps Au Nord-Ouest de Grigy.

Division de cavalerie. . . Haute-Bâvoye. Réserves d'artillerie et

du génie Entre la Haute et la Basse-

Bévoye.

Quartier général Borny.

ir« division Entre Grigy et le bois de

Golombey.

2* division Entre Golombey et Montoy.

3* division Entre le bois de Golombey et

3* corps { Golombey.

4" division Entre Nouilly et la route de

Sarrelouis. Division de cavalerie. . . Au Nord de Belleoroix.

Réserve d'artillerie A l'Est des Bordes.

\ Réserve du génie Borny.

206 LA GUBRRB DB 1870-1874.

Quartier général Ferme Grimont.

if dÎTision Entre Mey et le chemin de

Metz à Sainte-Barbe. ^^^ division Au Nord-£gt de h ferme

Grimont, à cheval sur le

Â* corps ( Chemin de Sainte-Barbe.

division Entre Villers-rOrme et la

route de BouzonviUe. Division de cavalerie. . . Ferme Grimont. Réserves d'artillerie et \ du génie Ibid-

Quartier général Charmes.

l** division Loro-Montzey et Saint-Ger- main.

_ . 2^ division A TOuest de Charmes.

^3® division Moyemont et Saint-Genest.

Division de cavalerie. . . Gevbéviller.

Réserve d'artillerie Loro-Montzey.

Réserve du génie Charmes.

Quartier général Metz.

l'^ division En route du camp de Châ*

Ions pour Metz, par voie ferrée.

2* division Ibid.

3^ divisioQ Metz.

6* corps ( 4* division En route de Paris pour Metz

par voie ferrée. ira qx 2* brigades : camp Division de cavalerie.. . { de Ghâlons.

3* brigade : Paris. Réserves d'artillerie et du génie Camp de Ghâlons.

Quartier général Belfort.

i^ division Roville et la Neuveville.

2* division Belfort.

T oorpB { division Lyon.

Division de cavalerie. . . Belfort, Altkirch, Lyon. Réservée d*artillerie et

. du génie Belfort.

/ Quartier général Les Bordes.

Garde j i** division Entre Borny et Grigy.

\ 2* division Au Nord de Borny.

LA GUKRRB DE 1870-1874. S07

P , / OivisioD de cavalerie.. Plantières.

.^ * * " " I RéseiTes d'artillerie et

"^ \ du génie Ibid,

Réserve gêné- ( Division du Barail Ban-Sain t-Martin.

raie de cava- < Division de Bonnemains Golombey-les-BelIes.

lerie ( Division de Forton Montigny-les-Metz.

Réserre générale d'artillerie Les Bordes.

1* corps Besançon et Strasbourg.

corps Metx.

3* corps Ibid.

corps Metz.

corps En route d'Ëpinal sur

Parcs / Langres.

d*arti1 lerie. \ 6* corps En route de La Fère pour

le camp de Ghâlons.

7* corps \ Êpinal et Besançon.

Garde Metz.

Réserve générale d'artil- lerie Toulouse.

Grand parc d'artillerie S'organise à TouL

Grand parc du génie En route de Versailles pour

Metz.

Équipages de pont de réserve Ton!.

La journée du 12 août.

I. Le maréchal Bazaine commandant en chef.

Tandis que Farmée du Rhin se repliait sur la Nied française et sur la Moselle, les Chambres, convoquées par le gouvernement, se réunissaient le 9 août (1). Dès la première séance, le ministère, mis en minorité, dut se retirer (2) et le lendemain, l'Impératrice régente confia au général Cousin de Montauban, comte de Palikao, la mission de composer un nouveau cabinet dans lequel la présidence et le portefeuille de la guerre lui étaient réservés (3). Des complications intérieures allaient ainsi s'ajouter aux difficultés de la situation militaire.

(1) Au lieu du H, date fixée primitiTement. (Journal officiel du 8 août, 216.)

(2) Le Corps législatif avait adopté Tordre du jour suivant, de Clément Duvernois : « La Chambre, décidée à soutenir un cabinet capable d'organiser la défense du pays, passe à Tordre du jour. » [Journal officiel du 10 août, 218.)

(3) Le général de Montauban, qui commandait depuis cinq ans le 4* corps d'armée à Lyon, et qui avait vainement sollicité un comman- dement actif à Tarmée, fut appelé à Paris le 9 août, à 10 heures du soir, par un télégramme de M. Emile Ollivier.

«c J'avais espéré, dit-il, que, conformément à mes demandes anté- rieures, un commandement militaire actif allait enfin m'être confié; mais mon étonnement fut grand lorsque, m'étant présenté à Tlmpéra- trice au milieu du Conseil des ministres. Sa Majesté me proposa, comme acte de dévouement, d'accepter le portefeuille de la guerre.

fâMievle. 14

21 0 LA aUERRE DE 4 870-4 871 .

4

Le iO août, le nouveau cabinet se présenta devant les Chambres et fut très bien accueilli, surtout par le Sénat. Le Parlement, à l'unanimité, vota, le jour même, des remerclments aux armées de terre et de mer et déclara qu'elles avaient bien mérité de la Patrie, puis adopta d'urgence une série de mesures destinées à grossir les effectifs. Tous les hommes de 2S à 35 ans, célibataires ou veufs sans enfants, qui avaient satisfait à la loi sur le recrutement et qui ne figuraient pas sur les contrôles de la garde mobile, furent appelés sous les drapeaux. Les engagements volontaires et les remplacements, dans les conditions de la loi du 1®' février 1868, furent admis pour les anciens militaires, pendant la durée de la guerre, jusqu'à l'âge de 45 ans ; les personnes valides de tout âge furent autorisées à contracter un engagement, pour la durée de la guerre, dans l'armée active; le contingent tout entier de la classe de 4 870, fut convoqué immédia- tement sans tirage au sort. Comme palliatif, le crédit de 4 millions, accordé par la loi du 4 4 juillet 1870 aux familles des militaires sous les armes fut porté à 25 mil- lions (1).

Le ministère fit également adopter par les Chambres

« Il parait que Ton avait d'abord pensé aux général Trochu pour ce poste, et qu'une commission de membres du Corps législatif l'avait proposé à l'Impératrice. M. le général Trochu avait mis à son accep- tation de telles conditions que la députation du Corps législatif elle- même avait reconnu l'impossibilité de son choix. Ce fut alors que plusieurs députés mirent mon nom en avant et que je fus appelé à Paris. » (Général de Montauban, Un ministère de la guerre de vingts quatre jours, page 48, Paris, Pion, 1871.)

Les décrets nommant les nouveaux ministres furent publiés au Journal officiel du 11 août, mai^ portent la date du 9, comme celle de la signature.

(1) La loi relative à l'augmentation des forces militaires pendant la durée de la guerre fut votée au Corps législatif et au Séaat le 10 août et promulguée le 11. (Journal officiel du 11 août 1870, 219.)

GUSRRB DB 487(M874. 94 ii

denx mesures d'ordre fiDancîer. Le chiffre de Temprunt de guerre de SOO millions, fiïé par une loi da 21 juillet 1870 fut élevé à un milliard (1); le cours forcé des billets de banque fut établi et l'émission de 600 mil- lions de papier nouveau, autorisée (2).

Enfin, un décret du 12 août rétablissait la garde nationale dans tous les départements ; un décret dn même jonr prescrivait que les gardes nationaux mobiles des divisions militaires numérotées de 8 à 22 seraient réunis immédiatement au chef-lieu de chaque départe- ment au contingent duquel ils appartenaient (3).

Les débats, parfois orageux, qui avaient précédé et suivi, au Corps législatif, la chute du ministère OUivier ne manquèrent pas d'avoir leur répercussion à l'armée. Le maréchal Le Bœuf, que « l'opinion publique... ren- dait responsable des lenteurs apportées à la formation de l'armée (4) » dut résigner les fonctions de Major général que le Conseil de régence lui avait déjà demandé d'aban- donner le 9 aot!lt (5) et dont il se démit effectivement

(i) Loi du 42 août 1870. (Journal of/iciel du 43 août, n^ 2Î1.)

(2) Ihid.

(3) Le décret du 16 juillet 1870 prescmait de réunir immédiatemeLw au ehef-lieu de chaque déparlement, les gardes nationaux mobiles des trois premiers corps d'armée (divisions militaires de 1 à 7). La loi dn 17 juillet 1870 mobilisait la garde nationale mobile.

(4) Comte de la Chapelle, Le livre de l* Empereur ^ page 100.

(5) Général Lebrun, Souvenirs militaires, page 286.

D*aprè8 cet ouvrage, le Major général aurait déjà remis sa démission à l'Empereur le 9 août, à la réception d'un télégramme de Tlmpératriee lai notifiant Tavis du Conseil de régence (page 286). On remarquera, toutefois, que le général Lebrun attribue cette décision du Conseil à (( rémotion que la nouvelle des désastres de Reichshoffen et de Spi- cheren avait produite la veille (8 août) au sein du Corps législatif..... m Or, la première séance du Corps législatif eut lieu le 9 août.

Le général Lebrun a été le témoin oculaire de ces événements; il commet néanmoins certaines erreurs dues à ce que ses Souvenirs n'ont été écrits qu'en 1895. .

\

^42 LA aUERRE DE 1870-4871.

le 12 (1). La confiance qu'avaient eue l'armée et ses chefs en FEmpereur avait diminué depuis les défaites du 6 août et la retraite qui les avait suivies (2). On blâ- mait généralement le projet d'un nouveau recul jusqu'à Chàlons; on souhaitait qu'il choisit un autre comman- dant en chef et qu'il quittât Metz, débarrassant ainsi les troupes de ses indécisions et de Tencombrement de sa cour (3).

Dans le pays, ses hésitations produisaient une impres- sion pénible. On savait que Tétat de sa santé ne lui permettait pas de supporter les fatigues d'une campagne et que sa présence à l'armée paralysait parfois l'initia- tive du commandement. Au Corps législatif, l'opposition demandait avec instance son retour à Paris (4) que ses amis les plus dévoués lui conseillaient également (S) et w devant de telles manifestations, l'Empereur fut contraint de reconnaître qu'il ne pouvait plus conserver une autorité qui lui était arrachée, malgré les efforts bien naturels qu'il avait faits pour la retenir... » (6). 11 comprit qu'il ne pourrait résister au courant de l'opinion publique à laquelle il avait céder tant de fois : « un

(i) A la séaDce du Corps législatif du 12 août, le Ministre de la guerre Tint lire le télégramme suivant de FEmpereur : « J'ai accepté la démission du maréchal Le Bœuf de Major général. »

(2) » Les événements avaient diminué la confiance des troupes dans le chef de TÉlat, car la réputation militaire qu*il avait acquise pendant la courte campagne d'Italie n'était pas assez bien établie pour résister à la mauvaise fortune. » (Comte de la Chapelle, Loc, cit., page 100.)

(3) Capitaine Derrécagaix. La guerre de i870, Spectateur mili- taire, 1874, page 144.

(4) Voir les séances des 9 et 11 août 1870.

(5) Le général Lebrun avait engagé l'Empereur à quitter l'armée dès le 7 août, et le Conseil de régence en manifesta également le désir. (Général Lebrun, Loc, cit., page 280.) Voir aussi le télégramme de Piétri à l'Impératrice, du 8 août. (Journée du 9 août, page 103.)

(6) Aîetz, Campagne et Négociations, page 53.

LA aUERRE DE 1870-1874. 943

succès important aurait pu seul fermer la bouche aux opposants, mais ce succès, il n'était guère permis de l'espérer » (1). L'entourage du souverain n'y comptait plus, sans doute, et voyait à la transmission du com- mandement cet avantage qu'en cas de défaite, FEmpe- reur n'en porterait plus la responsabilité (2). Le maré- chal Bazaine, proposé pour les fonctions de général en chef par certains députés de l'opposition (3), poussé par

(1) Comte de la Chapelle, Loc. ciL^ page 100.

(2) M. Piétri à rimpératrice, Metz 8 août.

(3) Séances du Corps législatif du 9 au 13 août 1870 ; Procès Bazaine, dépositions de M. de Kératry, page 218, et de M. Jules Favre, page 226.

Dans sa déposition devant la commission instituée pour faire une enquête sur les actes du Gouvernement de la Défense nationale, M. de Kératry déclare que, diz-buit à vingt jours à peu près avant la révolution du k Septembre, la maréchale Bazaine vint le trouver, de la part du Maréchal, pour lui :i're « que la présence de TEmpereur compromettait les opérations militaires, qu*il n'en acceptait plus la responsabilité, et qu'il désirait se retirer ». M. de Kératry ajoute que, de concert avec MM. Jules Favre et Picard, délégués par l'opposition, il s'était rendu chez le Ministre de la guerre, le général de Montauban, pour lui trans- mettre cette déclaration. Le Ministre affirma que le maréchal Bazaine allait être investi du commandement suprême et que, dans le cas d*un conflit entre l'Empereur et le maréchal Bazaine, il prendrait parti pour ce dernier. (Enquête sur les actes du Gouvernement de la Défense natio- nale^ lome I, page 657.)

M. de Kératry a confirmé ces divers faits dans sa déposition au Procès Bazaine (pages 218 et suivantes). Il ajoute que la maréchale Bazaine, ayant eu connaissance de sa déposition devant la commission d'enquête, vint le trouver en février 1872 pour lui dire que jamais le Maréchal ne l'avait chargée de faire une déclaration de ce genre; que la visite d'avant le 4 septembre n'avait été qu'une visite de bonnes relations dans des moments critiques» « J'affirme, dit M. de Kératry, que j'ai été Tinter- prêté de sa parole et je reste persuadé que, puisque le Maréchal l'affirme, il est resté complètement étranger à cette démarche. »

De son cûté, le général de Montauban nie avoir tenu le propos que lui prête M. de Kératry. (Déposition au Procès Bazaine, page 221.)

SN4 LA GUERRE DE 4870-1871.

Topinion publique (4), était aussi désiré par Tarmée « il semblait qu'il n'y eût dans tous les rangs... qu'un cri pour proclamer que, seul, il pouvait la relever des revers qu'elle venait d'essuyer » (2). L'Empereur, incapable, au milieu de ses souffrances physiques et morales, de faire tête à toutes ces influences concor- dantes, fit taire ses antipathies personnelles et nomma, par décret du 12 août, le maréchal Bazaine au comman- dement en chef de l'armée du Rhin. Le Maréchal reçut une lettre de service à cet effet, vers 4 heures de l'après-midi et se rendit aussitôt à Metz. Il fit observer au souverain, en présence du maréchal Canrobert, qu'il déclinait le commandement comme étant le plus récent en grade parmi les Maréchaux il manifesta le désir de ne pas être chargé d'une si lourde mission. L'Empe- reur lui donna l'ordre d'accepter (3).

(1) Procès Bazaine, rapport du général de Rivière, page 13.

« La faveur publique, par une de ces inexplicables révolutions de la popularité, se déclarait tout à coup pour Tancien commandant de la désastreuse expédition du Mexique, pour le chef du corps de Tarmée du Rhin qui, après tout, n'avait pas fait plus que d'autres, qui, le jour de la bataille de Forbach, n'avait point, certes, montré tout le zèle pos- sible. L'opinion ne laissait même pas la liberté du choix au souverain

ou au gouvernement » (Gh. de Mazade, La guerre de France

(1870-1871). tome I, page 135. Paris, Pion, 1873.)

(2) Général Lebrun, Loc. ciLy page 289.

« De tous les chefs de l'armée du Rhin, le maréchal Bazaine, en efifet, par son expérience, son sang-froid, sa bravoure, paraissait désigné comme le seul capable d'inspirer confiance. » (Capitaine Derréoagaix, Loc. ciL, page 146.)

(3) Procès Bazaine, interrogatoire du maréchal Bazaine, page 1S9. Le maréchal Ganrobert aurait ajouté, pour décider le maréchal Bazaine :

<( G'est l'opinion publique et aussi l'opinion de l'armée qui vous appellent à ce poste. » (Ihid., page 159.)

D'après le comte de la Ghapelie, il y aurait eu, à Metz, réunion d'une sorte de conseil de guerre, composé ' des Maréchaux de France et des commandants de corps d'armée et présidé par l'Empereur, dans le but

LA GUERRE DE 1870-4874. 245

Napoléon III semble toutefois avoir eu le désir de con- tinuer à diriger la défense générale du pays dans une situation analogue à celle qu'avait prise le roi de Prusse, et en vertu d^un article de la Constitution qui lui conférait le commandement suprême de Tarmée (1). Mais, sur les vives instances des députés de l'opposition, le Ministre delà guerre déclara au Corps législatif, le 13 août (2), qu'aucune autorité ne viendrait contre-balancer celle du maréchal Bazaine, et l'Empereur se vit contraint de renoncer à son projet. Il se décida, en conséquence, à retourner à Paris mais, auparavant, il voulut attendre que l'armée du Rhin eût quitté Metz (3). Jusqu'au jour de son départ, il s'efforça d'ailleurs « de conserver sur les hommes et les choses une influence directe der- rière laquelle se retrouvait la volonté de commander encore » (4).

Il fit connaître le 12 au maréchal Bazaine, sans l'avoir

de décider du choix du nouyeau généralhsime. {Loc. cit., première partie, page 48.) Une note marginale de la main de l'Empereur con- tredit cette affirmation. « L'Empereur se décida sans en parler à personne. Il n'y a donc pas eu de conseil de guerre. » Le général Lebrun ne fait aucune mention d'une réunion de ce genre ; il dit au

contraire : « Tétais convaincu que le Maréchal désigné serait le

maréchal Bazaine ». {Souvenirs militaires j page 288.)

(1) Comte de la Chapelle, Le livre de VEmpereur^ page 100.

(2) Journal officiel du 14 août, 222.

(3) Comte de la Chapelle, Loc. cit. y page 101.

(4) Metz, Campagne et Négociations, page 54.

« C'est cette différence, apparente seulement dans les allures, que le Maréchal peignit si bien, en répondant à un officier qui venait, le 14 août, lui dire que l'Empereur désirait voir hâter le passage des troupes sur la rive gauche de la Moselle : « Ah ! oui, hier c'était un (c ordre, aujourd'hui, c'est un désir; je connais cela, c'est la même (c pensée sous des mots différents. » Ces paroles montrent assez qu'il n'avait pas oublié les déboires passés et combien lui pesait encore la situation que lui faisait la présence de l'Empereur; elles expliquent en même temps la conduite qu'il tiendra pour s'en affranchir, paroe qu'il

2i|6 LA GUERRE DE 1870-1874.

consulté au préalable (1), que les fonctions de Major général étaient supprimées et que celles de chef d'état- major général seraient remplies par le général Jarras, deuxième aide-major général (2). Celui-ci protesta contre la désignation dont il était Tobjet (3), en raison surtout du pressentiment qu'il éprouvait « de n'avoir pas, auprès du commandant en chef de l'armée, la situation dont un chef d'état-major général ne saurait se passer » (4). Il craignait aussi que le maréchal

n'aura pas Ténergie de maintenir hardiment son indépendance. » (Ibid.)

« La prépondérance du souverain donnait à ses désirs, malgré sa position nouvelle, l'apparence d'un ordre et enlevait ainsi au Maréchal la liberté d'action qui lui était si nécessaire dans une conjoncture aussi grave. Par ce double motif, le Maréchal dut n'avoir plus qu'un désir, celui de se soustraire à une position embarrassante, à une tutelle péril- leuse. Nous allons voir se traduire ce sentiment, dans la conduite du Maréchal pendant les jours qui vont suivre; seul, il peut donner l'expli- «"■ation des fautes énormes qui furent commises durant cette période. » (Procès Bazaine, rapport du général de Rivière, page 13.)

(1) Capitaine Derrécagaix, Loc, cit., page 146.

(2) Le général Lebrun, premier aide-major général, avait demandé à l'Empereur de le suivre et d'avoir un commandement dans les corps d'armée formés à Châlons. (Procès Bazaine, déposition du maréchal Le Bœuf, page 207 ; Général Lebrun, Loc. cit., page 288.)

« Cet officier général (le général Jarras) me fut imposé, con- trairement aux habitudes qui laissent la désignation, ou tout au moins la proposition à faire, au chef de l'armée sous les ordres directs duquel il doit servir. » (Maréchal Bazaine, Épisodes, page 48.)

Dans ses souvenirs inédits, le général de Cissey dit que c'est lui que le maréchal Bazaine eût désiré prendre comme chef d'état-major général.

(3) Le général Jarras en fut prévenu le août, à 3 heures de l'après- midi.

(4) Général Jarras, Souvenirs, page 78.

i( Pour être constamment en mesure de remplir ses fonctions dans toute leur étendue, le chef d'état-major a besoin d'une autorité qu'il ne peut tenir que de la confiance du commandement. Il ne peut rien faire par lui-même sans l'ordre ou l'autorisation de son chef, et s'il agit sous

LA aUBRRE DE 187(M871. 347

Bazaine ne vit dans son chef d*état-major « un critique incommode, ou bien un homme auquel le public aveugle pourrait attribuer le mérite de certaines mesures qu'il supposerait avoir été prises sur son initiative » (2). Il estimait enfin qu'il ne pourrait fournir au nouveau com- mandant en chef de Tarmée du Rhin « un grand nombre de renseignements importants » (3) qui n'avaient pas été communiqués antérieurement aux bureaux de l'État-major général (4). Toutefois, il obéit, accepta, sur l'insistance de l'Empereur et du général Lebrun (4), et écrivit aussitôt au maréchal Bazaine pour se mettre à sa disposition. Il lui demandait en même temps quel

sa propre responsabilité, ce ne peut être qu*aTec Tassurance qu'il seconde les intentions de celui-ci. De résulte la nécessité d'une entente complète et incessante entre le commandement et le chef d'état- major. Sans cette entente qui implique une confiance absolue, ce « dernier est entièrement annihilé, et le service est en souffrance. » {Ibid.y page 80.) (â) Procès Bazaine, déposition du général Jarras, page 212.

(3) Général Jarras, Loc. ci'r., page 79. Le général Jarras ignorait, le 12, Toccupation de Pont-à-Mousson par l'ennemi et le retour à Metz du géné- ral Margueritte. (Procès Bazaine, déposition du général Jarras, page 213.)

(4) a Je recevais des ordres, des instructions de mes chefs, soit du Major général directement, soit du premier aide-major général. Je ne savais donc pas tout ce qui se passait et il y avait beaucoup de choses que j'ignorais forcément. Je ne dis pas qu'on voulût me les cacher, mais enfin il y avait beaucoup de choses que j'aurais savoir, non pas en raison de la position que j'occupais comme deuxième aide-major général, mais que j'aurais savoir au moment j'ai été nommé chef d'état-major général de M. le maréchal Bazaine, pour pouvoir lui

donner certains renseignements qu'il aurait pu me demander Je

n'étais pas au courant de ce qui s'était passé dans le cabinet de L'Em- pereur, entre l'Empereur et le Maréchal, ou même entre l'Empereur et

les chefs de service de l'artillerie et du génie C'est pour ces raisons

que je refusai les fonctions qu'on voulait me donner et que je finis par accepter. » (Procès Bazaine,. déposition du général Jarras, page 212.)

(4) Général Jarras, Loc, cit,^ page 78; Général Lebrun, Loc, cit., page 289.

Si8 LA GUERRE DE 4870-4874.

serait remplacement de son quartier général et si le Maréchal ne jugeait pas opportun de venir s^installer à Metz, « afin de se rapprocher de ses grands chefs de service et d'être plus à même de transmettre ses ordres » (1).

La réponse ne parvint au général Jarras que dans la matinée du 13. Par une singularité peut-être sans exemple dans les guerres modernes, le Maréchal avait décidé qu'il resterait provisoirement, de sa personne, à Borny, tandis que son chef d'état-major général demeu- rerait à Mets. Il l'informait toutefois de son intention de se rendre auprès de l'Empereur vers le milieu de la journée ; il en profiterait, ajoutait-il, pour le voir et lui donner ses ordres (2).

Le pressentiment du général Jarras de n'avoir pas, auprès du maréchal Bazaine, la situation que ses fonc- tions comportaient était fondé et n'allait par tarder à se justifier. Au lieu de lui accorder sa confiance, et de l'ini- tier à ses projets, le Maréchal ne fit de son chef d'état- major « qu'un instrument passif » (3) et dès le premier jour, le tint complètement à l'écart (4). Les intentions du commandant en chef ne lui furent généralement connues qu'au moment il recevait des ordres pour en assurer l'exécution, de telle sorte qu'il n'eut pas le temps de les étudier et de proposer ensuite les mesures de détail.

(i) Général Jarras, Loc. cit., page 81.

(2) Ibid. : u II vint en effet, dit le général Jarras, à la préfecture, comme il me Tayait fait annoncer, et il était déjà en voiture pour rentrer à Borny, sans me faire prévenir, lorsque je fus informé fortui- tement de sa présence. J'accourus auprès de lui et, après quelques mots sans importance, il me dit en me quittant qu*il n'avait pas d'ordres à me donner. »

(3) Général Lebrun, Loc. cit„ page 289.

(4) Procès Bazaine, déposition du général Jarras, page 213.

LA OUBRRB DB 4870-4874. S49

*

II. Lm projets du commandant français.

Avant d'appeler le maréchal Bazaine au commandement en chef de Tannée du Rhin, TËmpereur avait examiné divers projets relatifs aux opérations ultérieures. Atten- drait-il lattaque de Tennemi sur les positions qu'occu- paient actuellement les troupes à TEst de Metz, ou concentrerait-il toutes ses forces-, y compris les 1^' et 5* corps, «sur le plateau de Haye qui s'étend entre Dieu- louard et Toul sur la rive gauche de la Moselle et qui commande admirablement la partie de ce cours d'eau devant elle? » (i). Dans la première éventualité, il y aurait à craindre et on s'en rendit compte au grand quartier impérial que l'armée ne fût obligée, en cas d'échec, de se réfugier dans l'enceinte des forts exté- rieurs de la place, et qu'elle ne restât «comme attachée aux flancs de la forteresse » (2). Le général Trochu avait appelé Tattention sur ce danger (3).

La seconde solution séduisait l'Empereur par l'avan* tage d'une ligne de retraite toujours assurée « sur Ch&- Ions et sur les positions défensives de la Brie » (4), et par la double et chimérique perspective d'arrêter de front la III® armée allemande, tout en menaçant le flanc gauche des I^ et armées, cela, sans disposer d'une zone de

(1) Général Lebrun, Loc, cit. y page 293.

(2) Ibid.

(3) a Si vous tenez trop longtemps ferme devant Metz, écrivait-il, le iO août, au général de Waubert, il en sera de cette armée qui est le dernier espoir de la France, comme il en a été du i®' corps qui a péri après de si magnifiques preuves. Je crois qu*ii faut que cette armée de Metz étudie soigneusement et prépare la ligne d'une retraite éche- lonnée sur Paris, les tètes de colonne livrant bataille sans s*engager à

fond » L Empire et la Défense de Paris devant le jury de la Seine,

Paris, Hetzel, i872, page 245.

(4) Général Lebrun, Loc. cit., page 294.

220 LA aUKRRB DB 4870-487f .

manœuvres suffisante pour accabler Tun des groupes adverses en maintenant l^autre. Mais, le 12 août, Napoléon III acquit la certitude que les 1®' et S* corps n^avaient pas cru pouvoir atteindre Nancy, dans la crainte d'y être devancés par les tètes de colonnes de Vadversaire et que le général de FaQly, comme le maré- chal de Mac-Mahon^ avaient incliné la direction de leur marche vers le, Sud- Ouest. Il était donc impossible de compter sur leur réunion, en temps utile, au gros de l'armée. D'autre part, aucun ordre à cet effet n'avait été envoyé encore au 7* corps, et la formation du 12* au camp de Chàlons exigeait plusieurs jours pour être complète. « Dans ces conditions, il était bien certain que sur cette position (du plateau de Haye), l'armée serait forcée d'accepter une bataille contre des forces triples, quadruples même, peut-être de celles qu'elle pourrait présenter à l'ennemi » (1). Néanmoins ce projet continua de trouver de nombreux partisans au grand quartier impérial : parmi eux, le général Changarnier et le général Lebrun pensaient qu'il était préférable de subir un nouvel échec sur le plateau de Haye, plutôt que de céder la ligne de la Moselle, sans avoir combattu, et d'abandonner ainsi à l'ennemi la Lorraine tout entière et la presque totalité de la Champagne (2).

Cette opération, qui avait peut-être son origine dans des considérations d'ordre politique et dynastique, était insoutenable au point de vue exclusivement militaire.

(1) Ibid., page 296.

(2) D*aprè8 le maréchal Le Bœuf, il y aurait eu jus(iu*au 12 et même jusque dans la matinée du 13, des projets d^offensife.

« 11 y aTait malheureusement aeux courants d*idées, l'un insistant sur la retraite, afin d'organiser un grand centre de résistance à Ghâlons, l'autre poussant à ce qu'on reprit l'offensiye et qu'on créât un centre de résistance dans la Lorraine et un autre à Paris. » (Procès Bazaioe, déposition du maréchal Le Bœuf, page 207.)

guerre de 487M874. ^

Pourquoi, en effet, engager une bataille quand d'avance on reconnaissait qu'il fallait renoncer à Tespoir d'obtenir le succès? Etait-il possible, dès lors, que la volonté de vaincre ne fût pas annihilée et ne se privait-on pas de ce facteur moral essentiel, indispensable ?

L'Empereur ne s'y méprit pas. Il rejeta très sagement les deux projets et revint au premier parti qu'il avait envi- sagé, celui de la retraite immédiate sur le camp de Ghâ.- lons de toute l'armée, sauf une division qui resterait à Metz pour en .constituer la garnison (1). Cette résolution, une fois adoptée (2), devait être mise à exécution sans retard, car le grand quartier impérial n'ignorait pas que l'armée allemande était à courte distance de la Moselle.

« Si l'on n'arrivait pas, à force de célérité, à lui dé- rober ropération projetée, et à prendre sur elle une avance de deux journées de marche, d'une journée, tout au moins, l'opération elle-même serait fortement com- promise, sinon tout à fait manquée. » (3)

Aussi l'Empereur, après avoir transmis le commande- ment en chef au maréchal Bazaine, lui écrivit-il, en ces termes dans la soirée du 12 :

« Plus je pense à la position qu'occupe l'armée et plus je la trouve critique ; car si une partie était enfoncée et qu'on se retirât en désordre, les forts n'empêcheraient pas la plus épouvantable confusion. Voyez ce qu'il y a

{i) On a TU précédemment que les généraux Ghangarnier et Lebrun ne partageaient pas cette manière de voir. Le maréchal Le Bœuf avait également combattu le projet de retraite sur Ghâlons, parce qu'il trou- fait « que c*était aller un peu loin », (Procès Bazaine, déposition du maréchal Le Boeuf, page i06.)

(2) D'après la déposition du maréchal Le Bœuf au procès Bazaine (page 206), le projet de retraite sur Ghâlons n'aurait pas été parfaite- ment arrêté dans l'esprit de l'Empereur le 12. Le général Lebrun est d'un avis contraire. {Souvenirs militaires, page 298 ; Procès Bazaine, page 208.)

(3) Général Lebrun, Loc. cit., page 298.

922 LA OUBRRB DE 4870-4874.

à faire et/ si nous ne sommes pas attaqués demain, pre- nez une résolution. »

Il chargeait aussi le général Jarras d'inviter le général Coffinières à faire établir sur la Moselle le plus grand nombre de ponts possible (1). Cette lettre ne spécifiait pas explicitement le passage immédiat de Tarmée sur la rive gauche de la Moselle, peut-être dans le but de laisser toute initiative au commandant en chef qui, dans l'entrevue qu'il avait eue avec l'Empereur dans l'après-midi, n'avait pas fait d'objections à ce projet (2). Le maréchal Bazaine ne prit pourtant, dans la soirée du 12, aucune mesure pour en accélérer et en faci- liter l'exécution, pas même celle de diriger sur la rive gauche, par les deux ponts fixes de Metz (3), une

(1) Le général Jarras au général GofBnières, Metz, 12 août.

(2) « Je crois pouToir dire que, quand M. le maréchal Bazaine a reçu de TEmpereur communication de Tordre qui lui transférait le comman- dement et de son projet relatif au mouYement de retraite que Tarmée devait exécuter sur Verdun, il a accepté le commandement sans faire d*objection à ce mouvement de retraite, et il n'y a pas eu, c'est du moins ma conviction, Tombre d'un dissentiment entre M. le Maréchal et l'Empereur. Le Maréchal a accepté le commandement et s'est chargé de l'exécution de ce mouvement de retraite. » (Procès Bazaine, dépo- sition du générai Lebrun, page 208.)

Le générai Lebrun a été plus affirmatif encore dans ses Souvenirs militaires, page 299 :

« La vérité c'est qu*aucan dissentiment, aucune apparence de

désaccord ne s'éleva entre l'Empereur et le Maréchal à propos du mou- vement dont il s'agit. Si ce désaccord eût existé, il se serait évidemment manifesté ; le projet eût été discuté et je ne l'eusse pas ignoré, n'ayant point cessé un seul instant de me trouver soit près de l'Empereur, soit près du maréchal Le Bœuf, pendant les journées des i2, 13, 14 août. »

Toutefois, il est vraisemblable, d'après la lettre de l'Empereur pré- citée, que dans l'entrevue dont il est question, aucune décision ferme ne fut prise au sujet de la retraite sur la rive gauche de la Moselle.

(3) Dans son Mémoire justificatif (Procès Bazaine, page 141), le

LA OUBRRB DE 487M871. S8I3

grande partie des bagages et des parcs, <c mesure pré- paratoire que son expérience de la guerre ne lui permet- tait pas de négliger » (1). Au moment il assumait une si lourde tâche, il ne jugeait pas nécessaire d'appeler auprès de lui son principal collaborateur et ses chefs de service; il se confinait dons un isolement volontaire à Bomy et laissait écouler dix-huit heures, sans faire acte réel de général en chef. Il semble établi, il est vrai, qu'il y eut, de la part du Major général et du premier aide- major général, certaines négligences dans la remise du commandement (2), mais elles ne sauraient être com- parées à cette absence inexplicable d'ordres, à cette sorte d'inertie du maréchal Bazaine qui, entraînant une perte de temps de vingt-quatre heures, dans des circonstances pressantes, devait avoir les plus graves conséquences.

III. Mouvements de l'armée de Metz.

D'une manière générale, Tarmée de Metz conserve le 12 août ses positions de la veille, sauf les modifications suivantes :

La présence de l'ennemi ayant été constatée à Ars- Laquenexy, le général Frossard crut devoir prendre ses mesures pour parer à une attaque possible sur le flanc gauche du corps. La 1" division (Vergé) qui se trou- vait entre Mercy et la Basse-Bévoye vint s'établir sur les hauteurs et dans le bois entre la Basse-Bévoye et la Seille, à droite de la 2^ (division Bataille). La brigade

Maréehal dit que les ponts de chevalets étaient couverts d'eau, par suite d'une crue de la Moselle, ce qui est exact, mais il ne fait pas mention de la possibilité d'utiliser les ponts fixes.

(i) Général Lebrun, Loc, cii.^ page 301.

(2) Voir Procès Bazaine, dépositions du maréchal Le Bœuf (pages 205 et suivantes); du général Lebrun (pages SOS et suivantes); du général Jarras (pages 21â et MÛTantes).

22* LA GUERRE DE 1870-4871.

Lapasset se posta de Grigy au château de Mercy qui fut mis eu état de défense « ainsi que les bois environ- nants » (1). Dans la soirée, à la suite d'une alerte, les et escadrons du chasseurs allèrent renforcer le chasseurs à Peltre (2) et Jury; un escadron du dra- gons fut envoyé à Magny-sur-Seille au soutien du 1®' es- cadron du chasseurs. Le 12® dragons fit, sur la route de Courcelles, une reconnaissance sans résultat (3).

Le maréchal Bazaine appela l'attention du général Frossard sur la nécessité « de se faire éclairer le plus loin possible pour se tenir au courant de tous les mouve- ments que l'ennemi pourrait exécuter» (4). Il lui recom- manda de surveiller particulièrement la route de Saint- Avold, par Laquenexy, Lemud et Remilly, ainsi que la route de Strasbourg, par Grigy, (c jusqu'à une distance de 10 kilomètres... ainsi que tout le terrain compris entre ces routes, de manière à former un vaste éventail autour des positions occupées par l'armée... de telle sorte qu'aucun point n'échappe à la surveillance. )> (5) Il l'au- torisa d'ailleurs à réduire, jusqu'à un demi-escadron, le nombre des cavaliers mis à la disposition des généraux de division pour leur service d'escorte et pour celui des patrouilles qu'ils pourraient juger nécessaire d'envoyer en avant de leur front.

Au corps (6), la brigade de la division va se

(1) Journal de marche du corps. La compagnie du génie de la S^ division et la compagnie de réserye du corps d*armée furent employées h Texécution de ces travaux.

(2) On remarquera que le 67* de ligne (2* division) poussait ses grand'gardes et ses petits postes jusqu'au village de Peltre. (Historique du 67* de ligne.)

(3) Du moins, THistorique du corps n'en mentionne-t-il aucun.

(4) Le maréchal Bazaine au général Frossard, Borny, 12 août.

(5) Ibid.

(6) Commandé par le général Decaen, qui avait été remplacé lui- même à la tête de la division par le général Aymard.

LA GUERRE DE 487(M874. 225

former en seconde ligne derrière la l"au Nord-Ouest de Colombey ; la division se porte un peu en arrière et s'établit, la droite, à la ferme de Bellecroix, la gauche, à Vantoux ; la division de cavalerie vient camper entre le chemin de Bomy à Colombey et le bois de Bomy.

Au corps, le 64* de ligne de la division Grenier (1) place ses trois bataillons aux avant-postes : le 1*^ à Failly et Vany, le à Villers-rOrme , le à la Salette. Le général de Ladmirault, tout en maintenant sa division de cavalerie aux abords du fort Saint- Juhen, lui donnait l'ordre d'envoyer des reconnaissances, fortes d'au moins un escadron, « à plusieurs kilomètres en avant » (2).

Sur tout le front, les patrouilles de l'adversaire com- mençaient à se montrer plus audacieuses ; elles parve- naient fréquemment jusqu'à nos avant-postes et obser- vaient nos mouvements. Elles s'en approchaient : entre Retonfey et Noisseville, le 11® bataillon de chasseurs les contraignait à la retraite; vers Goincy, d'où les grand'gardes du 90® de ligne les repoussaient; à Ars- Laquenexy, les troupes du corps les forçaient à s'éloigner; aux environs de Jury, deux escadrons se heurtaient à notre infanterie.

Au corps, les mouvements par voie ferrée du camp de Chàlons et de Paris sur Metz se poursuivent. La i^ division arrive tout entière à destination dans la jour-

(1 ) Cette diTision se trouTait en seconde ligne.

(2) Le général de Ladmirault au général Legrand, château de Gri- mont, 12 août.

Le Journal de marche de la division de cavalerie du 4*^ corps porte ce qui suit pour le 12 août :

a Reconnaissance du capitaine duTerrail (7* hussards, i«' escadron) entre les routes de Boulay et de BouzouTille. L'ennemi, d'après le dire des habitants, serait en force vers Gondreville et dans la forêt de Viilers, avec des troupes de toutes armes. ...» C'étaient des direc- tions toutes désignées pour les reconnaissances ordonnées par le général de Ladmirault.

fatclealt. 15

2)6 LA aUBRRK DK 4870-4874.

née et dans la nuit du 12 (1), non sans un engagement, à Dieulouard, de fractions des 10* et]100* de ligne avec un détachement de uhians occupé à détruire la voie. Cette division campe entre Montigny-les-Metz et la Seille, au Sud du chemin de fer. La 4* division, débar- quée à Metz, dans la nuit du 12 au 13 et dans la matinée du 13 (70® de ligne), s'établit près de Woippy, sauf son artillerie restée au camp de Chàlons qui ne put la re- joindre. Deux trains de la division, transportant le 9* de ligne et une batterie parvinrent également à Metz (2).

Les divisions de la réserve générale de cavalerie ne sortent guère de leur torpeur, malgré les instructions du Major général du 1 1 août (3). A part un brillant fait d'armes du 1®' chasseurs d'Afrique, leurs reconnais- sances sont insignifiantes.

A 4 heures du matin, deux escadrons du chasseurs d'Afrique (4) se portent, par Grigy, sur Ars-Laquenexy ils sont divisés en trois fractions : Tune dirigée sur Mécleuve et Pontoy, la seconde sur Remilly, la troisième sur Pange. L'apparition de forces ennemies évaluées à cinq escadrons, au moins, oblige les trois détachements à se replier et à se rallier à Gourcelles ils se joignent à un escadron du dragons et rétrogradent avec lui sur Laquenexy et Metz. La cavalerie allemande, qui compre- nait en réalité une brigade et une batterie à cheval, poursuivit les trois escadrons français, tandis que l'ar- tillerie canonnait Laquenexy, et s'approchait ensuite

(1) La 3* diTigion se trouvait déjà établie au Sud de Metz (Grange- Mercier) et dans les forts.

(2) Le reste de cette division dut rétrograder le lendenaain à Frouard, point au delà duquel la voie avait été de nouveau coupée. Le 6^ corps fut privé aussi de sa réserve d'artillerie, de sa division de cava- lerie et de sa réserve du génie.

(3) Voir page 179.

(4) Division du Barail (^^ brigade).

LA aUERRB DB 487M874. 3ft7

d'Ars-Laquenexy la présence de troupes d'infanterie du 2* corps Tarpêta.

Les renseignements recueillis par la reconnaissance se bornaient aux dires des habitants : Remilly et les bois avoisinants seraient fortement occupés ; Tennemi aurait été vu à Soigne la veille ; un corps d'armée aurait eu son quartier général près de Gros-Tenquin.

La l'"® brigade (Margueritte) de la division du Barail avait reçu du Major général, dans la matinée du 12, l'ordre de se porter, le plus tôt possible, par la rive droite de la Moselle sur Dieulouard et d'y « prendre position » (1), en s'éclairant sur sa gauche, surtout vers Nomény des coureurs ennemis étaient signalés. Parti de Metz à 1 h. 45 de l'après-midi, le général Margueritte prit les devants avec le 1®' chasseurs d'Afrique (2), par la rive gauche (3), et apprit en route qu'un parti de cava- lerie ennemie, fort de 30 à 40 hommes, était entré à Pont- à-Mousson vers midi. Arrivé près de cette ville à 4 heures, le général Margueritte détacha un demi-escadron vers la gare un peloton du i9^ dragons prussiens était occupé à détruire la voie, puis traversant la ville à la tête d'un escadron, il se dirigea du côté du Mont-Mousson, vers une auberge la présence de 40 cavaliers ennemis (1/2 escadron du /7® hussards) lui était signalée. Quelques chasseurs d'Afrique mirent pied à terre et, après une fusillade assez vive, s'emparèrent du déta- chement prussien.

(1) Le Major général au général du Barail, Metz, août.

L'Qirdre n'indique pas le but de l'opération. Elle consistait yraisem- blablement à empêcher la cavalerie ennemie d'interrompre la voie ferrée, comme elle avait déjà tenté de le faire.

(2) Le 3^ chasseurs d'Afrique suivit au pas et arriva à Pont-à-Mous- flon après l'engagement qui est relaté plus loin. (Historique du 3* chas- seurs d'Afrique.)

(3) L'itinéraire par la rive gauche résulte de la lecture du rapport du général Margueritte et du Journal de marche de la division.

iiS LA GUERRE DE 4870-4874.

Du côté de la gare, les dragons surpris sautèrent à pheval; quelques-uns essayèrent de passer la Moselle à la nage, mais la plupart furent faits prisonniers. Cette affaire coûta à Tennemi 1 officier et 14 soldats tués, 2 officiers et 23 soldats prisonniers; de notre côté, les pertes n'étaient que de deux tués et trois blessés (1). La voie ferrée et les communications télégraphiques furent rétablies et la division du corps qui arrivait sur ces entrefaites, put continuer son mouvement vers Metz. 400 hommes du 28® de ligne furent toutefois maintenus provisoirement jusqu'au soir à Pont-à-Mousson, ainsi que le train qui les transportait, pour garder le pont de la Moselle. La brigade Margueritte rentra à Metz le 13, à â heures du matin. ^

Le 1®' régiment de dragons, de la division de Forton, exécute dans la matinée du 12 une reconnaissance sur la route de Pangc, et revient à Metz à midi sans avoir obtenu aucun résultat (2).

IV. Mouvements dos corps d'Alsace.

Le maréchal de Mac-Mahon dont l'intention primitive avait été de faire séjourner les troupes du i^' corps sur leurs emplacements du 11, jugea qu'il était préférable de les faire passer toutes sur la rive gauche de la Moselle, de façon à leur donner « des cantonnements plus sûrs )/ (3). Le mouvement commença à midi. Le

(1) Rapport du géoéral Margueritte au maréchal Ba2aine4 Pont-à- Mousson, 12 août.

(2) Un passage de l'Historique du corps mérite d'être signalé, à pro- pos de cette reconnaissance : « Les paysans annoncent la présence dans ce Tillage (Pange) de 10,000 à 12,000 hommes d'infanterie prussienne. Nous faisons demi-tour et rentrons à Metz à midi. »

(3) Notes sur les opérations du 1®' corps de Tarmée du Rhin et de l'armée do Chàlons, dictées par le maréchal Mac-Mahon à Wiesbaden, en janvier 1871<

LA aUERRE DE 4870-4871. 229

quartier général fut transféré à Haroué; la l"* division s'établit à Neuviller el Saint-Remimont ; la 2*, à Cran- ienoy; la 3% à Haroué; la 4% à La Neuveville (1); la brigade de Septeuil âe rendit d'Haroué à Yézelize ; les divisions de cavalerie Duhesme et Bonneniains et Tartil- lerie de réserve demeurèrent à Colombey. La division Conseil-Dumesnil, du 7* corps, se porta de la Neuveville- devant-Bayon à Lemainville et Ormes (2). Toutes les troupes furent cantonnées. Dans la soirée, l'Empereur fit connaître au Maréchal qu'il recevrait dorénavant les ordres directs du Ministre de la guerre (3).

De son c6té, le général de Failly transférait, dans la matinée du 12, son quartier général de Charmes à Mire- court. Pendant cette marche, il reçut du Major général le télégramme suivant, expédié de Metz la veille au soir :

« Par ordre de l'Empereur, ne continuez pas votre marche pour vous jeter dans l'Argonne ; marchez sur Toul aussi vite que possible. Vous n'êtes pas menacé. Le chemin de fer de Toul à Nancy n'est pas inter- rompu. Suivant les circonstances, vous serez appelé à Metz ou dirigé sur Chàlons. »

En conséquence, la 1" division (Goze), venant de Loro-Montzey et de Saint-Germain, fut arrêtée à Amba- court ; la division (de l'Abadie) qui avait bivouaqué à 1 Ouest de Charmes, s'établit à Poussay, ainsi que la réserve d'artillerie. Le général de ÎPailly se proposait de suivre les jours suivants l'itinéraire Gugney, Vaudé-

(i ) Les cantonnements des quatre divisions du !«' corp«, le 1 1 au soir, étaient : 1'* à Lorey et Haussonyille ; 2* à Villacourt; 3^ à Bayon ; à FroTÎlle.

(2) L'artillerie reste à Bayon, d'après les notes du capitaine d'état- major Hulotte.

(3; Souvenirs inédits du maréchal de Mac-Mahon, 12 aoilt.

230 LA GUERRE DE 4870-4874.

mont, Goviller, et d'arriver à Toul le 14 (1). Il demanda au maréchal de Mac-Mahon Tautorisation pour le corps de traverser les colonnes du 1®' (2). La division {de Lespart) et la division de cavalerie Brahaut venant res- pectivement de Moyemont et de Gerbéviller, allèrent cantonner à Charmes (3); elles devaient suivre le mouvement des deux autres divisions sur^Toul.

Mais, à 3 h. 35 de l'après-midi, le général de Failly reçut du chef d'état-major général un nouveau télé- gramme ainsi conçu :

« Vous avez reçu ce matin Tordre de marcher sur Toul. L'Empereur annule cet ordre et vous prescrit de vous diriger sur Paris, en suivant la route qui vous parait le plus convenable ».

Cette nouvelle décision était due, sans doute, à Tim- possibilité, constatée par le grand quartier impérial, de faire arriver le corps à Metz en temps utile.

Le commandant du S* corps, désireux d'éviter de nouveaux contacts avec le 1®', qui se dirigeait vers Neufchàteau, se décida à appuyer vers le Sud- Ouest et choisit l'itinéraire Mirecourt, Vittel, Lamarche, Mon- tigny, Chaumont. Les ordres, pour la journée du 13, assi- gnaient la Neuveville-sous-Chàtenois et Sandaucourt aux l'<^et2^ divisions et Mirecourt à la 3®. Le général Brahaut devait faire sauter le pont de Charmes et ceux du Madon et envoyer un régiment à Neuviller pour pro- téger les travaux de destruction du pont de Bayon (4).

(i) Le général de Failly au Major général, Mirecourt, 12 août, 12 h. 25 soir.

(2) Le maréchal de Mac-Mahon informait le 12 le général de Failly que le 1*^' corps serait le 13 à Colombey, le 14 à Gondrecourt, le 15 à Joinville.

(3) La division de cavalerie signala le 12 l'entrée des Prussiens à Lunéville.

(4) Extrait du Journal du capitaine de Lanouyelle, de Tétat-major du 5* corps de l'armée du Rhin.

LA GUERRE DE 4870-4871. 231

Des détachements du génie, transportés en voiture, furent adjoints à cet effet à la division de cavalerie (1). Le 7* corps, rejoint par la division, mais privé encore de la l](rigade de cavalerie Jolif-Ducoulombier, continuait à rester immobile à Belfort en attendant des instructions du Major général (2). Celui-ci était avisé, dans la matinée du 12, par le Ministre de la guerre d'une part, que le corps badois, qui se trouvait en face de Mulhouse, avait rejoint, par la rive droite du Rhin, le gros de l'armée allemande devant Metz, et par le général Douay, d'autre part (4 h. SO), que la rive badoise était « peu pourvue de troupes » . Tout militait donc en faveur du départ du 7^ corps pour rejoindre le gros de Tarmée.

V. Renseignements recaeillis an grand quartier impérial.

Les renseignements recueillis le 12 août par le grand quartier général français justifiaient les inquiétudes de l'Empereur relativement à la situation de l'armée, qui pouvait, en effet, devenir critique. D'après des informa- tions reçues par le maréchal Bazaine, l'armée adverse a semblerait prononcer une attaque sur notre cboite » . Le capitaine Vosseur mandait de Nancy (3) que des coureurs ennemis avaient paru le 11 à Morhange, à Château- Salins, à Yic et à Dieulouard ils avaient interrompu

(1) Journal de marche du corps, rédigé par le capitaine de Pié- pape.

(2) « Les journées se succèdent sans apporter rien de positif sur les opérations générales. De nos armées ? Rien que ce que les journaux de Paris nous apprennent. De l'ennemi ? Rien de plus que les rapports de nos mauTais espions. C'est en yaiu que le général écrit, télégraphie; le grand quartier général reste muet, et sans le sous-préfet de Belfort, qui nous communique toutes len dépêches qu*il reçoit de son ministre, nous demeurerions dans une ignorance profonde de toutes choses. » (Prince BiJbesco, Belfart-Reims-Sedariy page 35.)

(3) Nancy, 13 août, 2 heures soir.

232 LA GUERRE DE 1870-1874.

les communications télégraphiques, mais qu'aucune tète de colonne d'infanterie n'avait été vue à cette date, dans ces trois premières localités, non plus qu'à Lunéville(l). Par contre, de Nomény, on signale le il une avant- garde de Tarmée du Centre (2). L'arrivée, le 12, de patrouilles de coureurs ennemis à Frouard et à Champi- gneuUes, obligeait le capitaine Vosseur à quitter Nancy à 3 heures, et à se rendre à Toul d'où il rendait compte, à 8 h. 30 du soir, de l'entrée d'un détachement de cavalerie allemande à Nancy. Le chef de la station télégraphique de cette ville annonçait d'ailleurs à l'Empereur que deux régiments prussiens, commandés par un général, occupaient Nancy et y préparaient des logements pour d'autres troupes. L'Empereur en prévint le maréchal Bazaine (4 h. 20 du soir). Mais d'autre part, un rapport du capitaine Yosseur affirmait que, le 12 vers midi, '< il n'y avait aucun Prussien à Lunéville ; un capitaine d'état-major (Leroy) s'y trouvait à cette heure ». Il est vraisemblable, ajoutait-il, que l'armée du Prince royal a opéré sa jonction avec l'armée du Centre » en arrière du rideau de cavalerie qui nous a été opposé ». A son avis, les trois armées allemandes, en parfaite relation, s'étendraient sur un cercle de Thionville à Nomény,

(1) Toul, 12 aoilt, 7 heures soir.

(â) Une note trouTée dans les papiers du maréchal LeBœufs^exprime ainsi :

'< 12. . . A"vi8 de la marche tournante de la II* armée dont rayant- garde occupe le pont d'Aulnois sur la Seille (11 août, Il h. 30 du soir. Reçu dans la journée du 12) ; paraissant par conséquent se diriger sur Pont'à-Mousson. »

« Dans la matinée du 12, le grand état-major reçut un rapport qui venait du maire de Nomény, rapport qui avait été envoyé de mairie en mairie et qui donnait l'avis que, dans la nuit du 11, Tavant-garde de Tennerai s'était emparée du pont d'amont sur la Seille, sur la route de Pont-à-Mousson. » (Procès Bazaine, déposition du maréchal Le Bœuf, page 205.)

LA OUBRRB DE 4870-4874. 233

ayant son centre à Metz; elles appuieraint leurs ailes, à * gauche et à droite, sur la Moselle. Le capitaine Yosseur faisait donc pressentir de la part de l'adversaire, un mouvement enveloppant double, si Tarmée française continuait i rester immobile à TEst de Metz. La supé- riorité numérique considérable qu'on connaissait à Ten- nemi rendait cette éventualité très vraisemblable ; on apprenait d'ailleurs que des renforts continuaient i lui arriver, passant par TËifel et le Haardt et se dirigeant vers Sarrelouis et Sarrebrtlck.

Les habitants de Trêves avaient été prévenus le 10 que lesl^ et VI* corps passeraient par cette ville. Le bulletin de renseignements du grand quartier impérial estime que ce sont, probablement, deux des trois corps de Tarméc du général Yogel de Falkenstein que les nouvelles de la veille signalaient le long de la frontière luxembour- geoise. Au centre, se trouveraient les IP, IIP, IV® corps d'après les numéros des régiments de cavaliers faits pri- sonniers à Gros-Tenquin et à Remilly (1). Environ 1000 cavaliers, précédant de l'infanterie, auraient été vus le 11 août, è 8 heures du matin, à Hargarten-aux- Mines. Leurs patrouilles ont poussé jusqu'à Thion ville, Haute-Yutz. D'après des informations recueillies par le commandant de place de Thion ville, des forces considé- rables d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie se seraient trouvées, les 9 et 10 août, dans la zone : Saint- Avold, Merlebach, Sarralbe, Sarreguemines ; d'autres rensei-

(1) « Le bulletin du 12 août fait observer judicieusement à ce propos : M Le bulletin 6 qui donnait la composition normale et la réparti- tion actuelle en diverses armées des corps allemands indiquait que, selon toute probabilité, les régiments de cavalerie n*étaient pas tou- jours restés affectés aux corps dont ils dépendent en paix. Les interro- g;atoires de prisonniers confirment ces prévisions. Lets numéros des corps d'armée ne peuvent donc être connus d'une façon certaine que par les numéros des régiments d'infanterie. »

t34 LA GUERRE DE 1870-4$74.

gnements, émanant de la même source, signalent, vers Kédange, des bivouacs d'infanterie et de cavalerie, dans la nuit du 12 au 13.

Le général Frossard fait connaître que, d'après Tin- terrogatoire de trois cavaliers ennemii^ prisonnniers , «la 5^ division de cavalerie (IIP armée) , commandée par le général de Barby (1) serait à quatre lieues de Mercy- les-Metz, sur la route de retraite, suivie par le corps d'armée » les jours précédents. Sur le front du corps, on signale de toutes parts des reconnaissances de cava- lerie prussienne. Du 4^ corps, on mande que, le 11 août au soir, il n'y avait encore aucune masse ennemie à Bouzon ville, ni à Boulay, ni même à Tetercben. « A Greutzwald et jusqu'à flam (sous Varsberg), des co- lonnes ennemies, qui doivent pénétrer en France, se massent depuis le 10 et le 11 août. Les Prussiens ont ce qu'ils appellent a un camp » à Tromborn, ils concentrent leurs forces principales dans cette zone. Les rapports s'accordent à dire qu'ils doivent se porter aujourd'hui en avant, n

D'après des espions venus de la Prusse rhénane, un nouveau courant de troupes s'établirait par la voie ferrée de la Nahe, vers notre frontière; de grands transports auraient lieu également sur la ligne de Kaiserslautern à Wissembourg. a Les troupeâ d'invasion doivent être portées, dit-on, à 700,000 hommes. »

VI. Moavements des I'^' et II*' années allemandes et renBeignements recueillis.

Conformément aux prescriptions de Tordre général du 11 août visant la concentration des et 11^ armées, dans l'éventualité d'une bataille sur la Nied française,

(1) En réalité, la 5* division de cavalerie était commandée par le général de Rheinbaben.

LA GUERRE DE 4870-4874. S35

les corps qui les composeat se trouvent, après la marche du 12, formés sur deux lignes. En première ligne sur un front de 30 kilomètres au plus, S corps de Boulay à Morhange : le P** à Boulay {S^ division) et Halling (/'« division), le VU® à Marange, le III® à Faulquemont, le à Landrofi (1), la Garde à Morhange. La ligne des avant-gardes et des avant-postes des corps de Taile droite était marquée, d^une manière générale, par le cours de la Nied allemande.

En seconde ligne, 4 corps, de Niederwisse à Munster : le VIII® à Niederwisse et Boucheporn, le IX® à Longe- ville et Saint-Avold, le XII® à Lixing, Barst et Hoste- Haut, le IV® à Munster et Harskirchen. Ces corps de seconde ligne étaient assez rapprochés de Taile droite de la première « paraissait se trouver, pour le mo- ment, le point sérieux de la situation » (2). Derrière l'aile gauche, le IV® corps se reliait à la III® armée.

Les quartiers généraux étaient à Boucheporn pour la armée, à Gros-Tenquin pour la II®.

tt En avant de tout ce front, un épais rideau de cava- lerie s'étendait sur toute la rive gauche des deux Nied réunies et de la Nied allemande... » (3).

Pendant la nuit du 5 au 6, les deux divisions de cava- lerie de la armée avaient débouché en avant des deux

(i) PrimitiTement, d'après Tordre général du il août, le X* corps dcTait s'aTancer derrière le 111^ corps aux environs de Leliing (Voir page 204). Mais le 12 août, à 7 heures du matin, le maréchal de Moltke avait écrit au commandant de la il* armée :

« Aucun renseignement n'étant jusqu'ici arrivé, qui nécessite d'une manière pressante d'amener le corps vers le Nord et auprès du III«, TOUS apprécierez s'il n'y a pas lieu de le diriger plus à l'Ouest dans le cas la chose serait encore possible. » {Correspondance militaire du marée/uU de Moltke, tome I, n^ 144.)

(2) Historique du Grand État-Major prussien, 4* livraison, page 420.

(3) Ibid.

236 LA GUERRE DE 4870-4871.

ailes et, dans la matinée du 12, la S^ division atteignait Bettange d'où elle lançait une avant-garde sur Gondre- ville, tandis que la /'®, arrivée à Raville, envoyait le 9^ uhlans sur Courcelles-Chaussy et Maizeroy. Les mar- ches exécutées par les divisions n'excédaient guère 10 kilomètres (1). Or, elles n'avaient pas reçu d'ordres particuliers (2) ; elles se trouvaient donc libres d'agir suivant les circonstances et de se porter: la S^ division, jusqu'à la Moselle, entre Metz et Thîonville, vers Ennery, elle aurait intercepté les communications entre ces deux places; la /" jusqu'à la coupure de la Nied fran- ,çaise à Courcelles-Chaussy. Ainsi eût agi du moins une cavalerie ayant un peu plus d'esprit d*entreprise.

Au Sud-Ouest de Raville, le rideau de cavalerie se prolongeait par la 6^ division à Chanville, par les bri- gades Barby et Redern de la à Remilly et à Raucourt, au Sud par la brigade des dragons de la garde à Oron. La brigade Bredow de la division de cavalerie était encore en arrière à Bourg- Altroff.

Les renseignements fournis par les reconnaissances lancées en avant étaient importants. Trois pelotons du 1P uhlans {3^ division), partis de Bettange à 3 h. 30 de Taprèsrmidi, se portaient sur Sainte-Barbe ils trou- vaient des retranchements abandonnés, puis sur Poix ils se heurtaient à un bataillon, enfin sur Servigny, ils constataient la présence d'un camp occupé par des troupes nombreuses. Un parti de 40 chevaux du 5* uhlans [3^ divi- sion) arrivait jusqu'à Bellecroix, à 600 mètres d'un camp français d'une division environ, derrière lequel s'en trouvaient plusieurs autres, paraissant s'étendre jusque sous les murs de Metz (3). A Textrême droite, un peloton

(1) De Teterchen k Bettange et de Boucheporn à Raville.

(2) Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit.j page 438.

(3) VBistorique du Grand État-Major prussien ajoute comme com-

LA GUERRE DE 4870-4874. itô?

du 8^ cuirassiers (3^ division) s'était dirigé sur Thionville et apprenait que la garnison de cette place se composait presque exclusivement de gardes mobiles.

Les patrouilles de la i'^ division de cavalerie se por- taient de Pont-à-Chaussy sur les hauteurs de Puche d'où elles apercevaient « deux camps de tentes des deux côtés de la route, et au Sud un camp de cavalerie » (1).

Le commandant du III^ corps, qui a ne pouvait natu- rellement pas être très satisfait de Faction de la 6^ divi- sion de cavalerie » (2), lui avait prescrit, dans la nuit du il au 12, d'exécuter tout entière une reconnaissance sur Pange et Laquenexy (3). A 8 heures du matin, la

plétnent à ces renseignements que « le Tillage de Yallières était occupé par les Français n. Or, le rapport du capitaine commandant le parti du uhlans, reproduit par le général de Pelet-Narbonne {loc. cit.,

page 134) dit seulement : « Il y avait en avant du village de

Vallières une grand'garde qui ne fut mise en alerte que par rapproche de ma patrouille du flanc droit »

(1) Rapport du colonel de Kleist, commandant le 9* uhlans. Le rapport ajoutait : « Pas d'avant- postes ».

(2) Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit., page i40.

(3) I. 'ordre, à cet effet, était ainsi conçu :

« La division de cavalerie portera demain sa brigade lourde de ses cantonnements derrière le plateau Cbanville-Ârriance-Vittoncourt- Voimehaut. La brigade de hussards dépassera ces positions, et il est rinns les intentions de Sa Majesté d'obtenir sur Teiinemi des renseigne- ments plus détaillés et positifs. C'est donc une volonté absolument expresse que la division se porte sur Mont, Pange, Laquenexy et éven- tuellement au delà de ces points, de manière à me donner des nouvelles précises des forces et de la situation de l'ennemi. J'attache une impor- tance particulière à recevoir des renseignements de bonne heure. La brigade lourde servira de repli à la brigade légère ; je laisse au général de division le soin de déterminer la batterie à cheval sera em- ployée. »

Le général de Pelet-Narbonne fait observer justement (loc, cit., page 140) que cet ordre empiétait sur les droits du général de division, en entrant dans les détails de l'emploi des brigades. « Par contre, ajoute-t-il, la fixation des localités que la division devait au moins

1

S38 LA GUERRE DE 4870-4871.

/5® brigade (Rauch), accompagnée de la batterie à che- val, se porte d'Arriance vers Pange, suivie de /-!« bri- gade (Grtiter) qui s'arrête en soutien à Chanville et se relie par sa gauche à la division de cavalerie. La bri- gade Rauch trouve Pange inoccupé et découvre au delà un camp français, à l'Ouest d'Ars-Laquenexy et de Coincy. A son arrivée devant Laquenexy, elle est reçue par une vive fusillade ; la batterie à cheval lance alors quelques obus sur le village que l'ennemi évacue. Un escadron du S^ hussards continue vers l'Ouest jusqu'à Ars-Laquenexy, des masses d'infanterie très considé- rables l'obligent à rétrograder jusqu'au delà de Laque- nexy. Pendant ce temps, le reste de la brigade s'était portée plus au Nord. Le 16^ hussards, dépassant Marsilly et Coincy, observait des camps français très étendus près de Flanville, Montoy, Colombey, Aubigny, Bomy, Grigy. Un escadron du 3^- hussards se heurtait, à Noisse- ville, à des avant-postes qui ouvraient le feu sur lui ; une de ses reconnaissances d'officiers, obliquant sur Sainte- Barbe, découvrait des camps de toutes armes entre Servîgny et Metz. Le grand-duc de Mecklembourg envoya de Chanville, à 12 h. SO, un premier rapport au com- mandant du IIP corps, puis un second à 4 heures de l'après-midi.

« Le terrain en avant de Metz, disait-il, jusqu'à 7 kilomètres de l'enceinte principale, est occupé par de l'infanterie et de la cavalerie ennemies. Entre Ars- Laquenexy et Colombey, un petit camp ; un plus grand entre Colombey et la route impériale ; le plus grand au Nord de cette route, près de Vantoux. Les forces sont évaluées à plus d'un corps d'armée Aucun mouve-

atteindre semble d'autant plus justifiée que le commandant de corps d*armée ne paraissait pas aToir grande confianoo dans Tesprit d'entre- prise du général de division. »

LA eUBRRB DE 1870-4874. <|39

ment vers l'avant n'a, d'une manière générale, été observé... D'après le dire des habitants... la Garde doit être à Metz » (1).

Mais le commandant du IIP corps était d'avis que l'armée française avait déjà franchi la Moselle et le rapport précédent ne parvint pas à lui enlever cette opi- nion préconçue (2). Il le transmit au commandant de la II* armée avec cette observation :

« Le commandant du corps d'armée n'attribue pas à ces rapports une valeur particulière, car l'infanterie portée en avant semble n'avoir d'autre but que de refouler la cavalerie » (3).

Les deux brigades de la division de cavalerie, atta- chées au corps, continuaient à opérer au Sud du chemin de fer Metz-Sarrebrûck (4), leur gros se portant à Soigne et Baucourt.

(i) « Les rapports envoyés ce jour-là par la division furent abondants

et exacts La cavjilerie française, réunie en masses, facilita à la

division Taccomplissement de sa mission d'une manière qu*on ne peut

vraiment qualifier par aucune expression parlementaire Seule

rinfanterie française marcha contre les cavaliers allemands; lorsque ceux-ci se replièrent, la cavalerie française ne tenta pas une seule fois de les suivre. Il eût été facile aux Français de donner à la brigade Rauch, poussée isolément en avant, un souvenir bien conditionné. » (Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit,, page 146.)

(2) Le Journal de marche de la 6^ division de cavalerie rapporte que « le commandant du corps d'armée ne considéra pas les rapports comme dignes de foi et donna à entendre que la présence d'infanterie (N. B. Plus d'un corps d'armée était signalé), dans le voisinage d'une place forte, ne pouvait pas encore faire conclure qu'on avait devant soi des forces extraordinaires ».

(3) Ce rapport fut remis au commandant de la U^ armée, à Faulque mont, à 5 heures du soir.

[A) Le général commandant le corps d'armée avait désigné lui-même quatre escadrons chargés «c d'envoyer des nouvelles de l'ennemi, de faire des prisonniers et d'inquiéter l'adversaire ».

u Le général commandant le corps d'armée empiétait, dans cet ordre.

240 LA GUERRE DE 4870-4874.

Un escadron du //® hussards et un escadron da iS^ uhlans, se dirigeant par Chesny sur Jury, refou- laient un escadron de chasseurs français sur Peltre et apercevaient, au Nord de cette dernière localité; un camp ils produisaient une alerte. Trois escadrons du il^ hussards se dirigeaient de Luppy sur Metz, par Fleury et Magny-sur-Seille, et arrivaient à S kilomètres environ de la place <( au Sud et au Nord de laquelle ils constataient Texistence de camps considérables » (2). Par contre, on ne trouvait pas trace de Tennemi dans toute la région située en avant de l'aile gauche de la IP armée, jusqu'à la Moselle.

Sur Tordre du commandant du corps, plusieurs ten- tatives étaient faites pour détruire la voie ferrée de Frouard à Metz. Dans la nuit du 11 au 12, un escadron du iO^ hussards s'était porté sur Dieulouard et y avait commencé la mise hors de service de la gare, quand le travail fut interrompu par l'arrivée d'un train transpor- tant de l'infanterie ennemie sur Metz (3). Des patrouilles d'officiers, envoyées dans la matinée du 12 snr Dieu- louard et Pont-à- Mousson, constataient que cette dernière

ville n'était pas occupée, mais que des trains nombreux circulaient sur la voie ferrée de la rive gauche de la

Moselle. Un autre escadron du iO^ hussards avait été

dirigé sur Marbache et Frouard et avait commencé en ce

dernier point à détruire le chemin de fer, mais l'arrivée

d'un train de troupes (4) avait également fait avorter

sur les droits du oommandaut de la division ; mais il est yrai de dire que ce n'était pas sans raison qu'il agissait ainsi, chaque fois qu'il était nécessaire d'obtenir de la division quelque action énergique. » (Général de Pelet-Narbonne, Loc. cit. y page 147.)

(2) Historique du Grand Etat-Major prussien, livraison, page 427.

(3) ^ bataillon et quatre compagnies du bataillon du 16" de ligne (6® corps, !'• division).

(4) Deux compagnies du 100« de ligne, artillerie divisionnaire (batte- ries de combat) et compagnie du génie de la l'» division

LA. GUERRE DE 1870-4871* 241

cette entreprise. Enfin, le capitaine de Thauvenay, de Tétat-major du X* corps, envoyé en reconnaissance sur Pont-à-Mousson avec 40 cavaliers s'y faisait surprendre par la brigade Margueritte (1).

A Textréme gauche, un escadron du 10^ hussards atteignait Nancy par Ghàteau-Salins et levait, dans ces deux villes une contribution de guerre (2).

VII. ~ Les projets da commandement allemand.

Le commandant de la IP armée qui, dans la matinée du 12, avait transféré son quartier général de Puttelange à Gros-Tenquin, reçut, vers H heures, les premiers ren- seignements de la cavalerie, faisant connaître que l'en- nemi avait adandonné la ligne de la Nied française, mais qu'il se trouvait encore, en masses considérables, à TEst de Metz, vers Peltre, Ars-Laquenexy, Comcy (3). Il inclinait à croire que l'adversaire battait en retraite sur la rive gauche de la Moselle, en utilisant Metz comme tête de ponts destinée à couvrir ce mouvement (4). Mais U avait appris, d'autre part, que la région en avant de la place était absolument dégarnie de troupes et que les points de passages de la rivière n'étaient même pas gardés (5). Dès lors, le doute subsistait sur les opéra- tions de l'adversaire et, pour éclaircir la situation, il lui parut nécessaire de pousser, le plus tôt possible, de grandes masses de cavalerie sur les plateaux entre Moselle et Meuse, de façon à savoir, d'une manière cer-

(1) Voir page 392.

(2) Général de Pelet-Narbonne, Loc, cit., page 465.

(3) Von der Goltz, Die Operationen der II AtTnee, page 41.

(4) Ibid.

(5) Eistorique du Grand État-Major prussien, 4* lifraison, page 429.

Î4!i lA. GtJERRË DE i^O-^Bli,

taîne, si Teimemi se repliait sur Verdun (2). La i9^ divi- sion devait occuper rapidement Pont-à*Mousson, afin de leur servir de soutien ; elle reçut Tordre de poursuivre sa marche sur Delme, elle arriva dans la nuit du 12 au 13, à minuit IS.

Les rapports des commandants des P^ et 11^ armées, reçus à Saint- Avold dans l'après-midi du 12 août, déterminèrent le grand quartier général à donner les ordres suivants :

Quartier général, Saiot-Avoid, août 1870, 4 h. 30 soir.

(( Autant que les nouvelles reçues permettent de Tap- précier, les forces principales de Tennemi se retirent derrière la Moselle par Metz. »

(2) Voa der Golti, Loc. cit., page 4}.

L^ordre eQYoyé au général commaodant le X* corps était ainsi conçu :

« L'ennemi ayant évacué sa position derrière la ?>ned, teuilles mettre aujourd'hui même le général Ton Rheinbaben en mouvement Ters la Moselle, dans la direction de Pont-à-Mousson et de Dieuiouard, avec ses deux brigades de cavalerie, que je vais faire rejoindre le plus tôt pos- sible par la brigade firedow.

« Le général von Rheinbaben passera la Moselle, gagnera le plateau entre Meuse et Moselle, et se portera dans la direction du Nord, ^era la route de Metz Verdun, de manière à s'assurer avec certitude <i Ten- nenii se retire de Meti par cette route. Si, comme il faut le supposer, les divisions de cavalerie font un mouvement semblable de l'autre côté de la Moselle, en aval de Metz, l'armée ennemie qui se trouve à Mets sera, dans l'espace de trois à quatre jours, coupée de toute communi- cation avec la France.

u Veuillez appeler l'attention du général von Rheinbaben sur la haute importance de sa mission »

Le prince Frédéric-Charles avisa le général de Steinmetz, par une lettre datée du 12, t heures après-midi, des opérations projetées pour le 13 et des missions confiées aux divisions de cavalerie de la II* armée. Sa lettre se terminait ainsi :

« Une opération semblable de la cavalerie, du côté de la !«• armée, qui est à prévoir, isolerait complètement Metz en quatre ou cinq jours. »

LA GUERRE DE 4870-4871. 243

Sa Majesté donne les ordre3 suivants :

« La I'^ armée se portera demain, 13, vers la Nied française, le gros sur la ligne les Étangs, Pange, et couvrira la gare de Courcelles. La cavalerie reconnaîtra vers Metz et franchira la Moselle en aval. La I'* armée couvrira ainsi le flanc droit de la IP.

Cette dernière se portera sur la ligne Buchy, Château- Salins, et poussera ses avant-postes sur la Seiile. Elle cherchera, si possible, à s'assurer les passages de Pont- à-Mousson, Dieulouard, Marbache, etc. La cavalerie reconnaîtra au delà de la Moselle.

La IIP armée continuera la marche en avant vers la ligne de Nancy, Lunéville. Des ordres seront donnés prochainement pour son emploi ultérieur.

Les convois pourront, partout, suivre les corps d'armée jusqu'à la Moselle et la Meurthe.

Le grand quartier général de Sa Majesté sera demain à Herny à partir de 5 heures du soir. Jusqu'à 2 heures du soir, adresser les comptes rendus ici (1). »

L'ordre qui précède reposait sur la conviction de la retraite de Tarmée française sur la rive gauche de la Moselle. Le grand quartier général était persuadé, non sans raison d'ailleurs, « que l'intérêt de l'ennemi lui commandait d'effectuer le plus tôt possible la jonction de l'armée du Rhin avec les forces en arrière. » L'Histo- rique du Grand État-Major prussien ajoute : « Depuis le général en chef jusqu'au commandant d'avant-garde, tous tendaient donc invariablement et toujours au même but ; mettre obstacle à ce dessein supposé (2). »

Les faits répondent-ils à cette affirmation ?

Le maréchal de Moltke prescrit, il est vrai, à la cava- lerie des P* et IP armées de franchir la Moselle en aval

(i) Correspondance militaire du tmirédial de Moltke^ tome I, n^ 149. (2) Q^ Livraison, pages 878 et 879.

tt4 aUBRRB DE 4870-1874.

et en amont de la place ; il leur assigne un rôle de recon- naissance, mais sans mentionner Faction retardatrice qu'elles pourront exercer en harcelant les colonnes ennemies supposées en marche vers la Meuse.

D'autre part, avec cette appréciation de la situation et ce projet de couper ladversaire de Châlons, il semble qu'on devait diriger à marches forcées (1), sur la rive gauche de la Moselle, les corps les plus proches de la IP armée (2), en chargeant la 1'^ armée de couvrir le passage du fleuve et de contenir l'ennemi en s^établis- sant au Sud de Metz. Il n'y avait pas d'ailleurs à exa- miner l'éventualité d'un débouché de l'adversaire à l'Est de la place. L'aile droite de la IP armée, IIP et corps, suivis respectivement des IX® et XIP, aurait eu pour mission de franchir la Moselle le plus tôt pos- sible et de se rabattre ensuite au Nord, à cheval sur la route de Verdun, en effectuant un mouvement par le flanc des colonnes. L'aile gauche (Garde et IV^' corps) aurait été dirigée sur Pont-à-Mousson pour former une réserve & ces deux masses et les relier entre elles.

£n réalité, l'ordre général du 12 prévoyait surtout une attaque des Français débouchant à l'Est et au Sud-Est de Metz, mais non des mesures énergiques pour les rejoindre et les arrêter sur la rive gauche de la Moselle, dans leur marche supposée vers la Meuse et le camp de Gh&lons.

(1) Le 12 octobre 1806, dans une situation analogue, Napoléon» pour occuper Naumbourg et couper au préalable la retraite à Tennemi, avait fait parcourir 40 kilomètres aux corps de Bernadette et Davout.

(2) On remarquera que l'aile gauche de la II* armée, égarée, le 7 août, à la poursuite du maréchal de Mac-Mahon était toujours demeurée en retard. Le 12 août au soir, la Garde à Morhange» le IV« corps à Munster, étaient à une distance moyenne de 50 à 60 kilo- mètres de la Moselle^ tandis que la I^ armée s'en approchait à 20 kilo- mètres.

LA GUERRE DE 1 870-1874. S45

Cet ordre suggère une autre observation, commune d'ailleurs à ceux des 9 et 11 août. Tous trois ont pour origine et pour fondement les renseignements fournis par la cavalerie, mais il est remarquable qu'il s'écoule chaque fois près de trois journées entre la constatation des faits et leurs conséquences stratégiques. Quand ces informations, sur lesquelles on se propose de régler, au jour le jour, les opérations des armées, parviennent au grand quartier général, elles datent de quarante-huit heures et les ordres qu'elles provoquent ne sont exécu* tables que le lendemain.

Ainsi, l'ordre du 9 au soir dirige les I^ et IP armées, de la Sarre vers la Moselle, entre Metz et Frouard ; il admet qu'on ne rencontrera plus les Français à l'Est de la rivière. Mais, à cette même date, l'adversaire s'arrête sur la Nied : le grand quartier général en est informé le 11, dans l'après-midi, et donne en conséquence de nou- velles instructions pour le 12, suspendant le mouvement primitif et faisant serrer sur la P^ armée, dans l'éven- tualité d'une bataille. Dans la nuit du 10 au 11 et dans la matinée du 1 1 , les Français évacuent la ligne de la Nied et se replient vers l'Ouest ; le maréchal de Moltke en est informé le 12 et incline & penser qu'ils passent sur la rive gauche de la Moselle. Ces renseignements et cette opinon préconçue sont la genèse de l'ordre général du 12. En réalité, l'armée adverse s'est arrêtée sous Metz le 11 et y est demeurée le 12 ; le grand quartier général allemand en sera avisé le 13 et prescrira pour le lendemain à la 11^ armée, déjà en marche vers la Moselle, en amont de la place, de s'arrêter et de se tenir prête à appuyer la l^.

Or, bien des éventualités pouvaient se produire dans l'intervalle qui s'écoulait entre les dispositions prises par l'ennemi et celles qui en résultaient pour les armées allemandes. Les Français pouvaient changer l'emplace- ment du centre de gravité de leurs forces, déplacer leurs

246 6ITBRRB DB 4870-1874.

I

corps de seconde ligne, sans que la cavalerie, réduite à ràppréciation des contours, en pût rien découvrir ; pren- dre même brusquement l'offensive. Les mesures prises sur des données datant de deux jours, surtout à si faible distance deradversaire,nepouvaient, les faits le démon* trent, répondre à la situation réelle.

La conclusion qui semble en résulter, une fois de plus, est que « TofPensive, en stratégie, ne doit pas se traîner à la remorque des informations ; elle ne se règle pas exclusivement sur ce que fait l'ennemi ; c'est elle qui vise à lui imposer ses volontés (4) ».

Le grand quartier général allemand commandait-il à la situation ainsi que le déclare VHistorique du Grand État-Major prussien (2) . Rien, jusqu'à présent, ne permet de l'affirmer : il semble attendre toujours, au contraire, qu'elle se dessine, et l'initiative, la solidarité remarqua- ble des chefs subordonnés, mais surtout l'inertie et les méthodes de guerre surannées de l'adversaire lui per- mettront seules de tirer un parti avantageux des évé- nements qui se produiront contre son attente et parfois contre ses intentions.

YIIL MottYemeots de la III<» armée.

La III® armée termine le 12 août son déploiement sur la Sarre en amenant en première ligne le II® corps bava- rois de Diemerîngen à Fénétrange, et la i^^ division, de Lprentzen à Sarre-Union. Le P' corps bavarois vient de Pisdorf à Bettborn de façon à se trouver établi sur la route qu*il avait à suivre pour se porter sur la Moselle. Le quartier général du Prince royal reste à Petersbach ; les V*' et XP corps conservent également leurs emplace- ments du H, à Lixheim et Sarrebourg (3) .

{\) Capitaine Gilbert, Essais de critique militaire, page 177.

(2) (5« Livraison, page 878.

(3) Historique du Grand État-Major prussien^ -!• lÎTraîsnn, page 386.

LA OURRRB DE 1870-4871. !247

m Ainsi, dans la soirée du 12, Tarmée occupait, avec quatre corps et la division wûrtembergeoise, la ligne, d'une longueur de 15 kilomètres au plus, com- prise entre Sarreboûrg et Fénétrange ; les avant-gardes avaient été portées sur la rive gauche de la Sarre (1). »

A la même date, la 4^ division de cavalerie, partant de Heming et de Saint-Georges, avait atteint Moyenvic (2).

A sa gauche, le l'^' escadron du 2^ régiment des hus« sards du Corps occupait Lunéville et n*y trouvait plus que quelques blessés français. Il en rendait compte au Prince royal à 2 heures de l'après-midi, ajoutant que ce le corps du général de Failly avait abandonné la ^âlle et s'était porté sur Nancy » (3).

Le commandant de la IIP armée aurait désiré accorder, le 13 août, une journée de repos à ses troupes. Mais, d'autre part, il savait que la IP armée était au contact immé- diat de l'ennemi et il se rendait compte de la nécessité d'atteindre au plus tôt la Moselle, « afin, non seulement, d'être à même de tirer profit des succès que pourrait remporter la IP armée, mais encore de permettre à celle-ci de traverser cette rivière ou au moins de lui en faciliter le passage » (4). En conséquence, il envoya,

(1) Von Hahnke, Loc, ciY, page 99.

(2) Le 5" régiment de dragODS, appartenant à la 4^ division de caTa- lerie et venant de Sarre-Union, rejoignit le 12 à Dieuze. Ce régiment avait été chargé, au début de la guerre, d*un service de surveillance sur la frontière du Palatinat. Après s'être réuni le 6 août à Deuz-Pontâ, il se portait îe 7 sur Bicthe et accompagnait, à partir de ce point, la 8^ division d'infanterie jusqu'à Sarre-Union.

(3) Historique du 2* régiment de hussards, page 47.

VHùtorique du Grand État-Major prussieriy qui mentionne la pré- sence à Lunéville de quelques blessés français, est muet sur le compte rendu inexact adressé par le 1*' escadron du 2^ de hussards au Prince royal, au sujet de Titinéraire suivi par le général de Failly.

(4) Von Hahnke, Loc, cit,, page iOO.

948 6UEBRB DE 4870*4871.

de Petersbach, les ordres suivants pour la journée du i 3 août :

Quartier général de Petersbaeh, 12 août, 4 heures soir.

« L'armée se mettra en mouvement demain matin, à 6 heures, pour continuer sa marche vers la Moselle.

c( 1^ Le XI® corps, partant d'Heming en deux colonnes, se dirigera sur Repaix et Avricourt par la route et par la chaussée du chemin de fer ; il prendra position et bivouaquera entre ces deux localités.

Il formera deux avant-gardes qui s'avanceront jusqu'à Domëvre et jusqu'à la station d'Emberménil. Il pourra réquisitionner tous les villages au Sud du chemin de fer, Avricourt et Réchicourt-le-Chàteau inclusivement. Son quartier général à Foulcrey.

« Le corps suivra la route de Metz depuis Lan- gatte en passant au Sud de Dianne-Gapelle ; il dépas- sera Azondange et y campera. L'avant-garde ira jusqu'à Bourdonnay. Le corps wûrtembergeois se servira du chemin latéral qui passe par Albecheau, et campera depuis Desseling jusqu'à Fribourg.

c( Le corps pourra réquisitionner tous les villages au Sud de la ligne Tarquinpol- Albecheau , jusqu'au rayon affecté au XP corps.

« Le P' corps bavarois se portera de Saint-Jean- de-Bassel sur Bisping et Angviller; son avant-garde prendra position sur les hauteurs de Guermange. Les réquisitions se feront dans les villages de Guermange^ Bisping, Angviller et Rohrbach.

« 4^ Le IP corps bavarois s'avancera sur la route de Nancy depuis Fénétrange jusque sur les hauteurs de Cutting il bivouaquera. Son avant-garde dans la direction de Dieuze. Quartier général à Loudrefing.

« Il cherchera à se mettre en communication avec le IV® corps prussien du côté du Nord. Il pourra faire des réquisitions à Cutting, Lostroff, Londrefing et Mit- tersheim .

J

LA aUBRRE DE 4870-1874. Î49

« 5^ La i2^ division (HofiPmann) se rendra â Féné- trange.

<( 6^ Le VP corps (//® division) passera par Sarre- bourg et se cantonnera entre la ville et Heming, des deux côtés de la route. Un bataillon restera à Pbals- bourg. Chaque colonne, précédée par une avant-garde, enverra de la cavalerie aussi loin que possible pour se procurer des nouvelles de Tennemi. J'attends les rap- ports de bonne heure.

« Le quartier général de la IIP armée sera porté à Sarrebourg. »

Tandis que la IIP armée se portait sur la Sarre, à tra- vers les Vosges septentrionales, la division badoise avait envoyé, le 8 août, de Brumath sur Strasbourg, ses trois régiments de dragons avec 9 batteries et 6 compa- gnies d'infanterie transportées en voitures. La place rejetant toute proposition de capitulation, le détache- ment coupait le chemin de fer de Strasbourg à Mulhouse et les lignes télégraphiques et occupait la bifurcation de chemin de fer de Yendenheim. Dans la soirée du 10, la division recevait du maréchal de Moltke Tordre de s'opposer à tout ravitaillement de la place, en troupes ou en matériel et de surveiller particulièrement, à cet effet, la direction du Sud. « Ce qu'il y aurait de mieux, ajoutait le télégramme, serait d'investir complè- tement via place ; des renforts, à ce destinés, sont en route » (1).

D'autre part, la //® division, qui s'était rassemblée à

(i) Correspondance militaire du maréchal de Moltke , tome I*, q<^129. Oq devait rassembler à Haguenau :

i'* dmsîon de landwehr : 12 bataillons, 4 escadrons, 3 batteries.

30* et 34* régiment d'infanterie.

2* régiment de dragons de réserve.

2 batteries de réserve du 3" régiment d'artillerie de campagne*

Total : 18 bataillons, 8 escadrons, 5 batteries.

290 GUERRE DE 1870-1871.

Soultz, s'était portée, le 14, à fiouxwiller et à Ingwiller ; Tartillerie de corps du VP corps se trouvait à la même date à Haguenau. L'ordre fut expédié au général de TOmpling, commandant cette division, de se porter sur Phalsbourg et d'investir la place (1). Il se mit en marche le 12, & 3 heures du matin, en s'avançant « avec pru- dence le long du Zintzel-Thal, car on disait ce défilé gardé par des francs-tireurs de la montagne » (2). Le mauvais état des chemins ne lui permettait pas d'ail- leurs de dépasser -Vescheim ; l'artillerie de corps se ren- dait à Bouxvsdller.

L'investissement de Phalsbourg fut confié à un déta- chement, sous les ordres du général major d'Eckarts- berg, et comprenant le 38^, le 6^ bataillon de chasseurs, le escadron du dragons, la 1'® batterie lourde du 6^. Le 6^ bataillon de chasseurs se porta aux Quatre- Vents; le i^^ bataillon du 38^ à Mittelbronn, le sur les routes Sarre-Union, Vilsberg et Bûchelberg, en liaison avec les chasseurs; le reste en réserve àVescheim. Les avant-postes furent poussés jusqu'aux abords des glacis. Le commandant Taillant, gouverneur de Phalsbourg, ayant refusé de capituler, la batterie lourde, établie près de Mittelbronn, ouvrait ie feu à 5 heures du soir. La place riposta énergiquement. Le 13, le général de Tûmpling adjoignit le 5/® aux troupes d'investissement et envoya Tordre à rartillerie de corps de se porter de Bouxwiller sur Phalsbourg par Metting. Le 14 au matin, les dix bat- teries de Tartillerie de corps et de la //^ division com- mencèrent le bombardement à 7 h. 30 du matin et

(1) ffttiorique du Grrand État'Major prussien, 4^ livraison, page 387. D*(iprès Yon Hahnke (loc. a^,page 102), a le VI* corps reçut Tordre

de ne pas se contenter de faire Bunreiller cette place, mais encore de la bombarder afin de l'amener à capituler. »

(2) Historique du Grand État-Major prussien^ 4* livraison, page 388.

LA atïBRRB DB 4870-1874. «M

le continuèrent lentement, sans interruption, jusqu^à 5 heures du soir.

Le commandant Taillant, « brave et énergique officier, refusa cependant les plus honorables conditions a (1), et il fallut reconnaître Tinutilité de la tentative. Aussi, le général de Tûmpling reprii-il, dans la soirée même du 14, son mouvement sur Sarrebourg, laissant devant Phalsbourg les 1^' et bataillons du 5i^ et un escadron de dragons, pour observer la place au Nord et au Sud.

m Emplacements de l'armée du Bhin dans la soirée.

Dans la soirée du 42 août, l'armée française occupait les emplacements suivants :

Grand quartier général Metz.

Quartier général du maréchal Bazaiae. Les Bordes.

Quartier général Uaroué.

!'• diTisîon Neuviller et Saint-Remi-

mont.

^ dÎTisioQ Grantenoy.

!•' corps (3* dÎTision Haroué.

4" division La NeuTeville.

Division de cavalerie. . ColombeVf Vézelise. Réserves d*artillerie et

du génie Coiombey.

Quartier général Ferme de Basse-Bévoye.

l** division À TOuest de la Basse-Bé-

voye.

2* division Ibid.

a* division Entre la Haute-Bévoye et

corps ( Grigy.

Brigade Lapasset (dn

5* oorps) CiiiteftQ de Mercy.

Division de cavalerie. . Haute-Bévoye. Réserves d*artillerie et

dn génie Entre la Haute et la fiasse-

Bév^ye.

i*a

(1) Von Hahnke, Loc. ciUy page lOd.

252 LA aUBRRK DE 4870-1874.

Quartier général Borny.

Ir* division Entre Grigy et le bois de

Colombev.

2* division Entre Golombey et Hontoy.

3* division Entre le bois de Colombey

3* corps ( et Golombey.

4' division Entre Bellecroix et Van*

toux. Division de cavalerie. . À TEst de Borny. Réserve d*artillerie. ... A TEst des Bordes.

Réserve du génie Borny.

4< corps Sans modification.

Quartier général Mirecourt.

ire division Ambacourt.

2* division Poussay.

5* corps {3^ division Charmes.

Division de cavalerie. . Ibid, Réserve d*artillerie. . . . Poussay.

Réserve du génie Mirecourt.

Quartier général Metz.

i'* division k TEst de Montigny-les-

Metz.

2<^ division En route du camp de Ghà«

Ions pour Metz par voie ç^ . ferrée.

^ 3' division Metz.

4" division Woippy (sauf son artil- lerie). Division de cavalerie. . Camp de Ghàlons et Paris. Réserves d'artillerie et

du génie Camp de Ghàlons.

?• corps Belfort (sauf la brigade de

cavalerie Jolif-Ducou- lombier, à Lyon).

Garde Sans modification.

Réserve générale l Division du Barail .... Ban-Saint-Martin, de < Divisionde Bonnemains Golombey-les-Belles.

cavalerie. ( Division de Forton. .. . Montigny-les-Metz.

Réserve générale d*artillerie Les Bordes.

Parcs d'artillerie Sans modification.

Grand parc du génie Metz.

Equipage de pont de réserve Toul.

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-1871

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GUERRE DE 1870-71

IX Journées du 7 au 12 Août

DOCUMENTS ANNEXES

Publié par la Revue d'Histoire rédigée à la Section historique de l^tat-Major de l'armée

LA

1870-71

IX Journées du 7 au 12 Août

DOCUMENTS ANNEXES

PARIS LIBRAIRIE MILITAIRE R. CHAPELOT it

30, Rae at Paasase Danphine, 30

1903

Toni draili rtunèf.

SOMMAIRE

DOCUMBNTS ANNBXBS

La journée da 7 août.

Grand quartier général i

i* corps 7

SI* corpg i6

oorpg 23

corps » 37

corps 48

6* corps

7* corps

Garde impériale

Réserve de cavalerie

Réserve générale d*artillerie . . . Renieig&Mnents.

La journée du 8 août.

Grand quartier général 75

!•* corps 77

SI» corps 82

corps 88

4* corps iOO

5* corps i05

corps

7* oorps

Garde impériale . . . Réserve de cavalerie < Artillerie de l'armée. Renseignements

La journée du 9 août.

Grand quartier général 137

i«' corps 14!

2* corps 143

corps 147

corps 156

oorps 163

corps 170

7" oorps . .

Garde impériale,

Réserve de cavalerie

Réserve générale d'artillerie. . Réserve générale du génie. . . . Renseignements

50 63 57 67 69 71

113 115 119 125 127 135

172 174

182 184 187

188

La journée du 10 août.

Grand quartier général 197

l«r corps 20S

!• corps 205

corpi 209

corps 215

corps 210

6" corps

7* corps

Garda impériale . . . . Artillerie de l'armée Réserve de cavalerie , Renseignements. . . . ,

lia journée du 11 août.

Grand quartier général S61

l"corps 253

2* corps 256

3* corps 259

corps 264

corps 268

corpa 273

7* corps ,

Garde impériale

Réserve de cavalerie

Réserve générale d'artillerie. . . , Grand parc du génie de Tannée Renseignements

229 231 233 239 'S40 242

277 278 285 288 292 297

La journée du 12 août.

Grand quartier général 305

l"corps 312

2* corps 315

corps 320

corps 324

corps 328

corps 336

corps , . .

Garde impériale . . . . Réserve de cavalerie, Artillerie de rarmée. Génie de Tarmée. . . . Renseignements

340 340 342 348 351 354

DOCUMENTS ANNEXES-

Journée du 7 août.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL. a) Journal de marche.

L*ordre de prendre des positions en arrière de celles qu'ils occupent est donné à tous les corps d'armée et aux réserves.

Le 1*' corps continue sa retraite de Saverne sur Phalsbourg;

Le S<^ se retire sur la Petite-Pierre;

Le %' continue son tnouvement de retraite de Sarreguemines à Puttelangc ;

Le 3* reste à Snint-Avold;

La Garde impériale revient à Courcelles-Chaussy;

La i'* division de la réserve de cavalerie reçoit Tordre de se rendre immédiatement h Snrnt-Mihiel, elle arrivera le 9;

La 2* division se porte h Snrrebourg;

U3"àSaint-Avold;,(i)

La division du ^^ corps, déjà arrivée à Nancy, reçoit l'ordre de retourner au camp de Châlons ;

Le i*^ corps commence son mouvement de retraite vers Metz. Sa 1'® division (de Gissey) se rend Teterehen à Boulay par Bettange et Eblange;

La 2' division (Grenier) quitte Boucheporn sur Tordre du maréchal Baxainc pour rejoindre le 3^ corps vers Saint*AvoKl ;

La division s'avance de Coume sur Hclstroff;

La division de cavalerie est réunie à Boul:iv.

(I) Plus exactement, \ Folschwiller.

9* fatc. DocBB, I

2 LA GUERRE DE 1870*1874 .

b) Organisation et administration. L'Empereur au Ministre de la guerre (D. T.).

Metz, 7 août, 6 b. V^ matin. Faites Tenir à Paris tous les i®" bataillons dont vous pouvez disposer.

Le Major général au Ministre de la guerre.

7 août, 2 h. «Osoir.

L'Empereur insiste viTement sur la nécessité de terminer l'organisa- tion des 4*" bataillons et des régiments de marche.

Je suis étonné que les officiers généraux, à Tintérieur, aient laissé dans leurs foyers autant d'hommes appartenant à la réserve. Sévissez contre ceux qui ont contrevenu aux ordres donnés. Signalez-moi des noms.

Le Ministre de la guerre à t Empereur (D. T.).

Paris, le 7 août.

J'exécute les ordres de Votre Majesté au sujet des 4<^" bataillons que j'appelle à Paris. D accord avec le Ministre de la marine, on appelle à Paris i 0,000 soldats de marine et 1000 canonniers de l'armée de mer. J'appelle aussi les régiments de Corse, de Bayonne, de Perpignan et de Pau, ^i laisseront dans ces résidences leur 4* bataillon /et les deux régiments de cavalerie de Garcassonne et de Tarbes.

b,) Défense du territoire.

Décret.

7 août.

Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale. Empereur des Français^ à tous, présents et à venir, salut. ' Avons décrété et décrétons ce qui suit :

Article 1"». Les villes de Metz, Verdun, Moutraédy, Longwy, Thionville, Bitche, Strasbourg et les places de TAlsace, Phalsbourg, Marsal, Toul, Belfort, sont déclarées en état de siège.

Art. 2. Notre major général de Tarmée est chargé de Texécution du présent décret.

Fait à Metz, le 7 août 1870.

Journal de la défense de la place de Metz.

7 août. Le général de division Coffinièrcs de Nordeck est nommé comman-

LA aUBRRE DB 1870-4874. 3

dant supérieur de la place de MeU. Il donne ordre de bâter la mise en état de défense des portes, de fermer par des palanques ou palisiadef les portions d*escarpe de Saint-Julién et de Queuleu, non achevées, de pousser le fort des Bordai et les redoutes du cbemio de fer. Les arbres seront coupés tant sur les glacis que sur les routes à portée des forts et dt la plaeê^ les boit seront utilisés pour les palis^ades^ les palanques.

c) opérations et rnooTemeiits. Le Major général à V Empereur.

Saint- Avold, 7 août, 7 h. 1/2 malin.

Je trouve ici un moral excellent» la retraite s'effectuera en très bon ordre à condition qu'on ne précipite rien.

Pajol(l), qui retourne avec le train impérial, donnera des détails à Votre Majesté, que je rejoindrai, par un train spécial, vers il heures. Je tâche d'obtenir des nouvelles de Froisard, qui parait s'être retiré cette nuit, en bon ordre, probablement sur Sarreguemines.

Le même au même.

Saint- ÀTold, 7 août, 9 h. 1/3 malin.

Je reçois un télégramme de Frossard. II a indiqué deux points de concentration, Sarreguemines et Puttelnnge. La migeure partie des troupes qui ont combattu sous ses ordres y est rendue.

Le télégramme est daté de Sarreguemines 8 h. 1/2 matin. '

Un officier, qui revient de Puttélange et qui y a trouTé les divisions Gastagny et Montaudon, y a rencontré Crény (2), qui annonçait l'arri- vée du général Frossard. Cependant j'ai lieu de croire que le 2* corps est concentré à Sarreguemines.

La division Grenier, du 4* corps, vient d'arriver h Saint-Avold ; elle est indispensable au mouvement du 3* corps, réduit \ trois régiments présents pour le moment(3y. J'ordonne, au nom de l'Empereur, qu'elle reste à la disposition du maréchal Bnzaine jusqu'à la concentration sous Metz. Il est indispensable que cet ordre soit maintenu. J'en préviens le général de Ladmirault, à Boulay. Je pars à 10 h. i/2 pour rendre compte à l'Empereur.

(1) Le général de brigade Pajol, aide de camp de l'Empereur.

(2) Le commandant de Crény, de Tétat-migor du 2*" corps.

(3) Les trois régiments d'infanterie de la division Decaen. Le qua- trième régiment (60*' de ligne) avait été envoyé à Forbach dans la soirée du 6 août et s était joint à la division Metmao.

I '

4 LA. GUERRE DE 4870-487'!.

A rinstant, nouvelles de la division Metman en route pour Potte- lange.

Le Major général au Minisire de la guerre (D. T.).

Ifetz, 7 août, 4 heures du soir. '

Fu*£mpereur a décidé que l'armée active se concentrerait sûr Ghàlons oïl Sa Majesté pourrait avoir 150,000 hommes et au delà si nous parve- nons à y rallier les corps Mac-Mahon et de Failly. Douay restera à Bel* fort. L'Empereur va diriger sur-le-champ tous les impedimenta sur Ghàlons. EuToyez de votre côté des vivres et des munitions. L'aile, gauche, sous le maréchal Bazainr, sera concentrée sous Metz d'ici qua- rante-huit heures. Dam sept jours à Châlons.

L'Empereur au Garde des sceaux, à Paris (D. T.).

Metz, 7 août, 3 h. 56 soir. Expédiée à 5 h. 50 soir (a» 21425).

L'ennemi n'a pas poursuivi vivement le maréchal Mac-Mahon. Depuis hier soir il a cessé toute poursuite. Le maréchal concentre ses troupes.

Napoléon. M, Emile Ollivier à VEm^pereur,

7 août.

Nous avons répondu un peu vite, ce matin, sur Teflet de la retraite de Ghàlous.

L'effet ne sera pas bon, il va de soi que nous ne parlons que politi- quement ; mais le point de vue stratégique doit remporter sur le point de vue politique, et vous êtes le seul juge.

Dejean n'inspire confiance à personne dans le public; il est probable que si nous ne prenons pas Tinitiative, la Ghambre le renverra. Je demande à Votre Majesté de m'autoriser de signer, en son nom, le décret qui nomme Trochu. L'effet d'opinion sera infaillible.

Note du maréchal Le Bosuf.

7.aoiU.

\^ Envoyer un officier au général Douay pour lui prescrire de faire rétrograder la division Liébert, qui est à Mulhouse, sur Bel fort, elle recevra des ordres (\ ).

(1) Ge paragraphe est rayé au crayon sur Toriginal.

LA OUBRRE DE 1870-1874. 5

i^ Envoyer un ofAeter au général Froâsard pour lui dire que 8*il n*a. pu exécuter sa retraite sur Puttelange, avec toutes les troupes qui se trouvaient ù Sarreguemines et se retirer sur Sarralbe, il doit se porter par le plus court chemin sur le camp de Ghàlons (I ) ;

3^ Envoyer à Saverne un officier, le colonel de Kleinenberg (2), pour se mettre en relations avec le maréchal Mac-Mahonet Tinformer qu'après avoir recueilli les débris de son corps d*armée à Saverne» il doit se reti- rer sur le camp de Ghàlons (3) ;

Â^ Envoyer un quatrième officier au général de Failly pour le pré- venir de la concentration et avoir de ses nouvelles (4).

Note.

7 août

Depuis ce matin, d'après les ordres de TEmpereur, les mouvements , suivants ont été ordonnés :

i* Le bataillon de chasseurs à pied de la Garde, qui était à Thion- Tille, a reçu l'ordre de revenir à Metz, il est arrivé à midi ;

La division de cavalerie des chasseurs d'Afrique (général du Barail) a reçu Tordre de partir aujourd'hui mèma de Lunéville pour se rendre à Saint-Mihiel, elle arrivera après-demain, après avoir cou- ché ce soir à Nancy et demain à Bemecourt ;

3<> Le général Ganu, commandant la réserve générale d'artillerie stationnée à Nancy, a reçu Tordre d'envoyer sans retard quatre batteries à Metz ;

Le grand équipage de pont du grand quartier général, qui est à Toul, a reçu Tordre de se diriger sur le camp de Ghàlons, en suivant le canal de la Marne au Rhin ;

Le maréchal Ganrobert a reçu Tordre de rester au camp de Ghà- lons et d'y rappeler les troupes de son corps d'armée, qui en sont déjà parties. Une division d'infanterie de ce corps est déjà arrivée à Nancy, et le général commandant la subdivision de la Meurthc reçoit Tordre de la renvoyer d'urgence au camp de Ghàlons.

(1) De la main du Major général; en marge : Vosseur. (Le capitaine Vosseur, de Tétat-major général de Tarmée du Rhin.)

(2) Le colonel de Kleinenberg, de Tétat-major général de Tarmée du Rhin.

(3) De la main du Major général ; en marge : La mission a été con- fiée ce matin au général de Waubcrt parTEmpereur ; il n'y a plus lieu de s'en occuper. .

(i) De la main du Major général ; en marge : de Salles. (Le capitaine de Salles, de Tétat-major général de Tarmée du Rhin.)

6

LA OUBRttE DB 4870-4874.

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LA OUBRRK DE 4870-1871.

Journée du 7 août.

i«' CORPS. a) Journaux de marohe.

Journal de marche du i^^ corps d'armée.

Le 7, au matin, les troupes du i''' corps arrÎTent à Saverne et se rallient 8ucces9i?ement sur les emplacements désignés pour chaque division. L'infanterie biyouaque en arrière de la TllIe, à droite et k gauche de la route de Phalsbourg. Une partie de la cavalerie (brigade Septeuil et division Bonnemains) reste en arrière de la ville dans la plaine; les deux autres brigades de la division Duhesme prennent la direction de Phalsbourg ; la réserve d'artillerie va camper sous le canon de cette place.

Les vivres trouvés à Saverne étant insufÛsants, on en fait venir de Sarrebourg par le chemin de fer; ils arrivent dans Taprès-midir

Le soir, vers 4 h. 1/2, les reconnaissances de cayalerie signalent l'ap- proche d'une nombreuse cavalerie ennemie accompagnée d'artillerie. D'après la poussière que soulève la colonne ennemie et qui se voit de Saverne, cette colonne parait s^ diriger vers les hauteurs au nord de Saverne et menacer de couper notre ligne de retraite sur Phalsbourg. Les pertes éprouvées par le i«' corps, dans la Journée du 6, surtout en cadres, la fatigue des troupes à la suite de la bataille et de la marche de nuit longue et pénible qui Ta suivie, ont profondément désorga- nisé les régiments. Dans cet état des choses, il est à craindre qu'une attaque subite contre la ville ouverte de Saverne^ on n'a pas eu le temps de faire le moindre travail de défense, ne puisse être repoussée et que la retraite de ce qui reste disponible du 1*' corps ne se change en déroute.

En conséquence, le Maréchal donne l'ordre de continuer le soir même la retraite sur Sarrebourg, Phalsbourg n'ayant pas de vivres à fournir au corps d'armée. Le mouvement s'exécute de suite ; la division Guyot de Lespart forme l'arri ère-garde et quitte Saverne vers 8 heures du soir. Trois divisions d'infanterie suivent la voie du chemin de fer ; les bagages suivent la route de Saveriie à Lûtzelbourg.

8 L^ GUERRE DE 1870-'I871..

Noies sur les opérations du !•' corps de V armée du Rhin et de t armée de Châlons, dictées par le Maréchal à Wiesbaden, en janvier 1871.

Le sur les À h. 1/2 du soir, les reconnaissances de cavalerie signalent rapproche d*une nombreuse cavalerie ennemie accompagnée d'artillerie.

D'après la poussive que soulève la colonne [ennemie et qui se voit de Saverne, cette colonne parait se diriger au nord de la ville et menacer de couper notre ligne de retraite. Il était h. craindre qu'une attaque subite contre la ville ouverte de Saverne, Ton n'avait pas eu le temps de faire le moindre travail de défense, ne pût être repoussée et ne changeât, vu l'état du corps, la retraite en déroute.

Le Maréchal donna l'ordre de se mettre en route et de continuer le mouvement sur Gh&lons.

Après avoir marché toute la nuit, le !«' corps, qui avait été rejoint à Phalsbourg par la division Ducrot, arriva le 8 à Sarrebourg. Toute la cavalerie, moins la brigade légère de Septeuil, poussa le même jour jusqu'à Blamoot.

Extrait dés souvenirs inédits du maréchal de Mac- Mahon.

Le 7 août au matin, la tête de colonne arriva à Saverne. Les troupes vinrent occuper successivement les emplacements que je leur avais désignés.

A mon arrivée à 8 heures, je parcourus les cantonnements et recon- nus que les troupes, privées d'une partie de leurs officiers restés sur le champ de bataille, fatiguées du combat et de la loogue route qu'elles venaient de faire, manquaient presque toutes de leurs sacs et, par suite, des ustensiles pour faire la soupe. Elles étaient dans de mauvaises conditions pour soutenir immédiatement la lutte contre des troupes victorieuses.

Je résolus d'abandonner la défense des Vosges et de regagner le camp de Ghâlons je pourrai me réorganiser, recevoir les réservistes qui ne m'avaient pas encore rejoint, et me pourvoir des effets qui me manquaient. On peut s'en faire uoe idée, d'après la demande que j'adressai au Ministre de la guerre quelques jours après. Je lui demandai l'envoi de :

1,000 marmites ; 60,000 paires de souliers ;

LA aURRRB DE 4870-1874. 9

30,000 havresacs ; 30,000 tentes-abri ; 30,000 paires de guêtres de toile ; 30,000 chemises ;

8,000 pantalons pour donner aux zouaves et tirailleurs qui n*aTaient plus que des pantalons de toile.

Je pensai me mettre en route le lendemain 8, et en prenant le chemin de fer, dès qu*il me serait possible de le faire, je comptais arriver en quelques jours.

Je fis connaître ma décision à TEmpereur.

Dans cette même journée, 7 août, Sa Majesté, si je suis bien informé^ estimant qu*aprës les défaites de Forbach et de Frœschwillef , elle ne pourrait plus compter sur la défense des Vosges, forma le projet de porter toutes les troupes de Tarmée du Rhin sur le camp de Ghàlons elles auraient été rejointes par les 1®', y et corps.

Il espérait ainsi arrêter la marche de l'ennemi sur Paris. ^

G*est probablement d*après cet ordre d*idées qu*il approuva le mouvement que je lui avais proposé.

Le S, sur les observations présentées par M. Emile Ollivier au nom du Conseil de Régence, touchant les dangers politiques d'un mouve- ment de Tarmée en arrière, il changea son projet de concentration de l'armée à Ghàlons (1).

Les î**, 3* et corps et la Garde durent former h. Metz une armée qui, en s'appuyant sur cette place, aurait pour mission d'arrêter le l'rince Frédéric-Charles ou de se jeter sur les flancs du Prince royal de Prusse.

Les deux divisions de cavalerie, sous mes ordres, avaient formé Tarrière-garde et n'arrivèrent à Saverne qu'après ma résolution prise de gagner Ghàlons. Afin de faciliter la marche des autres troupes du corps d'armée, je dus leur donner Tordre de gagner Phalsbourg dans la journée, à l'exception de la brigade Septeuil qui couvrait nos bivouacs.

Vers é heures, le général me fit connaître que Ton apercevait, au nord de Steinbourg, une nombreuse cavalerie ayant avec elle de l'artillerie. Une grande poussière semblait indiquer que des troupes nombreuses se dirigeaient vers l'ouest par les montagnes.

Craignant d'être attaqué sur notre flanc droit dans la marche sur Phalsbourg, je donnai l'ordre de reprendre, avant la nuit, la marche en retraite.

Je savais que Phalsbourg, qui nous avait envoyé le matin un jour de

(I) L'Empereur modifia son projet dès le 7 août.

40 LA dUBRRR DB 4 870*4 874 ,

vivres, ne pouvait plus nous fournir aucun approTisionnement ; par suite, je dirigeai les troupes sur Sarrebourg. L'infanterie, à Texception de la division Lespart, suivit la voie du chemin de fer. L'artillerie et les bagages prirent la grande route de Phalsbourg, protégés en arrière par la division Lespart.

DIVISION.

Tous les corps de la 2* division étaient à peu près réunis le 7 dans Taprès-midi. On se remit en marche à 6 heures du soir, rartillerie de réserve en tête. La division forme Tarrière-garde, en partant de Savemo, jusqu'il Sarrebourg.

Vers 11' h. 1/2 du soir, on arriva K Phalsbourg, qu'on ne fit que traverser.

3*^ DIVISION.

Les troupes débandées arrivent à Saverne, à partir de 4 .heures du matin, et la division, ralliée par le général L'Hériller qui en a pris le commandement, se reconstitue peu k peu.

Le même jour, à 7 heures du soir, le corps d'armée prend les armes précipitamment et se retire sur Sarrebourg. Mais la division, trompée par une fausse indication d'un ofQcier d'état-major, se retire sur Phalsbourg, elle arrive le 8, à 4 heures du matin.

DIVISION (2* brigade).

Le général L'Hériller, commandant la l*"® brigade, prend le com- mandement de la division, devenu vacant par la mort du général Raoult.

Notre retraite s'accomplit tristement, et la nuit mit un terme à la poursuite de l'ennemi et au feu de ses batteries. Nous nous dirigeâmes sur Saverne, nous arrivâmes le lendemain. Il y avait plus de 48 heures que nos malheureux soldats n'avaient pris un peu de repo» et un peu de nourriture. C'est que les troupes de la division purent se rallier. Mais ce même jour, à 5 heures du soir, la division dut se mettre encore en marche pour Phalsbourg.

Division dk Càvàlsrib (l'" brigade).

Des uhlans ayant été signalés, une reconnaissance est faite avec deux escadrons du 11« chasseurs dans la direction qui avait été suivie la veille.

La brigade quitte Saverne à 7 heures du soir et prend la gauche de la colonne.

LA OUBRRB DB 1870*4874. 41

b) Organisation et administration.

Le maréchal de Mac-Mahon au maréchal Canroberté

Sarërne, 7 août, 3 h. 45 malin.

J'ai été attaqué hier matin, à 7 heures, dans la position de Frœsoh- iviller par des forces très ooniidérables. J'ai perdu la bataille et fait de grandes pertes. La retraite, commencée à 4 heures, s'est effectuée en grande partie sur Saverne. Je n'ai plus ni yiyres ni munitions. Envoyez- moi tout de suite à Saverne, par le chemin de fer, 100,000 rations de biscuit et de viyres de campagne, ainsi que des munitions pour mon artillerie et pour mon infanterie.

A 6 A. 25 (/u matint le maréchal Canrobert répond qu'il enverra le plus de vivras quil pourra.

Le même au même,

SaTeroe, 9 h. 35 matin.

Merci de votre empressement ù me venir en aide. Ënvoyea-moi aussi du campement : gamelles, marmites, car la plupart de mes hommes ont perdu leurs sacs et ne peuvent plus faire la soupe.

Le Ministre de la guerre au Maréchal duc de Ma- genta, à Saveme (D. T.).

Paris, 7 août, 4 h. 55 soir.

J'ai donné ce matin des ordres à Phalsbourg, Sarrebourg, Lunéville et Nancy (1), pour vous ravitailler, et j'ai fait partir à midi un train express de Paris ; le Major général et le maréchal Canrobert me font

(1) Lb Sous'-'Intendant au Ministre de la guerre (D. T.). Nancy, 7 août, 10 h. 53 matin. Expédiée le 7 août à 3 h. 50 soir (q« 27798).

Reçu votre dépêche du 7 août, 8 h. 40 minutes du matin, je fais partir aujourd'hui sur Saveme : quintaux de sucre, iO quintaux de café, 10' quintaux de riz, iOOO quintaux de farine; 20,000 rations de pain partent ce matin à il hpures; l'approvisionnement de combustible Kera constitué en quarante-huit heures, pour 3,000 hommes, pendant deux mois«

{Ces vivns étaient préparés à Nancy pour le corps^ qui avait reçu Vordre de rétrograder sur le camp de Châlons.)

13 LA GUERRE DE 1870>4874.

coDDaltre : le premier, que rintendant en chef fait expédier 40,000 rations de TÎvres, et le général Soleille des munitions; le second, qu'il TOUS envoie encore 50,000 rations de pain, de sucre et de café, et 200,000 cartouches.

Le Major* général au maréchal de Mac-Mahon^ à Saveme (D. T.).

Dimanehe, 7 août, 6 b. 4/2 soir.

Par ordre de l'Empereur, Tiotendant général fait diriger par jour 40,000 rations de Tivres sur Saverne pour vos tronpes.

Le sous-intendant de Nancy reçoit de son cAté Tordre d'en envoyer le plus possible sur Saverne.

L'Empereur sent vivement le chagrin que vous devez éprouver. Il vous félicite et vous remercie des efforts que vous avez faits.

Le général Soleille au général Forgeot, à Saveme (D. T.).

Metz, 7 août.

Je fais diriger sur Saverne toute la partie du grand parc de campagne qui se trouve à Metz et qui formera à peu près, un approvisionnement de un caisson par pièce, tant pour le 4 que pour le 12, partie en cais- sons proprement dits et partie en caisses blanches. Je fais expédier également toutes les munitions d'infanterie dont peut disposer la partie du grand parc formée à Metz. Nous n'avons pas de nouveaux approvi- sionnements pour canons à balles. ,

Le général Soleille au général Forgeot, à Phalsbourg (D. T.).

Metz, 7 août, 7 h. 55 soir.

J'ai pensé que, dans votre engagemenjt, vous aviez pu perdre des fusils ; Tarsenal de Metz en contient suffisamment, demandez-moi ce qui vous est nécessaire.

Je vous ai dit et je vous rappelle que je puis fournir à vos consom- mations de cartouches ; fixez-moi le nombre.

Le général Soleille au général Forgeot.

Metz, 7 août (n« 486).

Je vous ai prévenu, par dépêche télégraphique, que j'envoyais à Savernft, à votre disposition, toute la portion du grand parc de cam- pagne formée i\ Metz.

LA GUERRE DE 4870-1874. 13

LVnvoi coDsiste dans le chargement de caissons de 12, tant en caissons qu'en caisses blanches, et dans celui de 53 caissons de 4, tant en caissons qu'en caisses blanches, et 691,200 cartouches modèle 1866.

N'ayant aucune donnée sur vos besoins. Je tous prie de m'enroyer de suite, par le télégraphe, l'indication de ce qui tous est nécessaire. Je vous ei^Toie ci-joint Tétat des munitions expédiées (i).

c) Opérations et mouTements.

Le maréchal de Mac-Mahon au général de Failly, à Bitche (D. T.).

Saveroe, 7 août, 5 h. 50 matin.

J^ai été attaqué hier matin, 6 août, à 7 heures, par des forces très considérables, dans la position de Frœschwiller. J'ai perdu la bataille et fait de grandes pertes.

La retraite, commencée à 4 heures, s'est effectuée en partie sur SaTorne et partie sur Bitche. Je prends les ordres de l'Empereur et tous les ferai connaître (2).

Le maréchal de Mac-Mahon au Major général (D. T. Ch.).

Savcrne, 7 aoât, 4 h. 10 soir.

L'ennemi n'a pas poursuivi aussi Tivement que possible. Depuis hier 8 heures du soir, il a cessé toute poursuite, ce qui peut donner à penser qu'une partie des troupes engagées contre moi a été envoy^ée par la Toie ferrée sur d'autres points; cela peut tenir à ce que les troupes engagées n'aTaient pas mangé depuis deux jours.

Le général Ducrot au Major général, à Metz (D. T.).

Phaisbourg, 7 août, 2 h. 47 soir.

Je suis à Phalsbourg au milieu d'un grand encombrement. Il est urgent de débrouiller cet état de choses.

Au crayon rouge, de la main du maréchal Le Bœuf. EuToyer un ofOcier supérieur d'étut-major et un sous-intcndant sur ce point.

(1) Cet ébit n'a pas été retrouvé.

(2) Tôlôgrammc idenlique au général F. Douny.

U LA aUBRRE DE 1870H871.

Le Major générai au général Ducrot , à Phalshourg

(D. T.).

tf«U, 7 août.

J'eQToie à Phaiflbourg un ehef d'escadroa et un sous-intendant mili- taire pour faire cesser Tencombrement que tous me signales.

Le général de Waubert (1) à CSmpereur (D. T.).

Saveroe, 7 aoiit, 3 b. 45 soir.

Je Tiens de Toir le maréchal de Mac-Mabon qui est à SaTcrne depuis ce matin.

Je porte h TEmpereur ses obserrations ; son corps d*armée se rallie sans être inquiété.

Le général Forgeot au maréchal de Mac-Mahon.

7 août, 4 h. 7 soir.

Je quitterai Phalsbourg ce soir, me dirigeant sur Nancy par Sarre- bourg et Lunéville. J'y arriverai dans le plus bref délai possible avec tout ce que j'ai ici des vingt batteries d'artillerie du 1" corps, qui. par suite des pertes subies, ne peuvent rendre aucun service actuellement.

Le Major général au maréchal de MacMahon et au général de Failly, à Saverne (D. T.).

Metz, 7 août, 9 heures du soir.

L'Empereur maintient les ordres qu'il vous a déjà envoyés et d'après lesquels vous devez vous retirer avec vos troupes sur le camp de Chà- Ions.

Le 7naréchal de Mac-Mahon au Major général (D. T.).

Savemo, 7 août.

D'après quelques renseignement!}, les éclaireurs ennemis ont été envoyés dans la direction d'Tngwiller) près de la Petite-Pierre. Je me porterai demain avec tout !e corps d'armée près de Sarrebourg. '

(J) Aide de camp de TEmpereur.

LX aUBRRB DB 4870-4871. 4^

Ravitaillement en munitions du 1«' corps. {Journal du général Soleille, commandant l'artillerie de V armée.)

La BÎtuatioQ du corps Mac-Mahoa étail critique. Le corps avait quitté le camp de Chàloas en toute hâte et le maréchal Ganrobert était déjà de sa personne à Nancy avec une grande partie de ses forces, prêt à couvrir la retraite du l"' corps. Il fallait, néanmoins, qae le 1*' corps fût prêt À battre et contenir Tennemi qui le poursuivrait sans doute jus- qu'à Nancy. Le général commandant Tartlilerie de l'armée prit Tinitia- tive de lui en fournir les moyens ; il dirigea sur Saverne, par le chemin de fer, toute la partie du grand parc de campagne qui se trouvait en voie de formation à Metz et en donna avis au général Forgeot par télé- gramme d'abord (n® 169), puis par la lettre suivante. (Voir page 647.)

Le convoi de munitions, formant un train spécial, partit de Metz le 7 au soir; à Frouard, ce train fut arrêté par l'encombrement des voitures qui refluaient vers le nœud dea lignes de la Lorraine et de TAisace. £n même temps, le bruit se répandait que des coureurs ennemis étaient signalés sur la ligne et en menaçaient la sécurité. Le général comman- dant l'artillerie de Tarrnée expédia, le 8 au matin, le capitaine Anfrye, de son état-major, avec l'ordre de se rendre auprès du maréchal Gan- robert à Nancy et de lui demander une escorte pour protéger le convoi. Cet ofûcier s'arrêta d'abord à Frouard, dégagea le convoi, et le con- duisit jusqu'à Nancy.

A Nancy, le capitaine Antrye ne trouva plus le maréchal Ganrobert, qui, par ordre supérieur, avait rétrogradé sur Ghâlons ; mais un télé- gramme du maréchal de Mac-Mahon lui prescrivit de ne pas dépasser Luné ville avec les voitures sur roues ; la voie étant libre, les caisses blanches furent expédiées à Sarrebourg.

G'est à Sarrebourg que le capitaine Anfrye rejoignit l'armée^ à M heures du soir. Là, il apprit du général Forgeot que ce qui manquait surtout au 1®' corps, c'étaient les attelages. Le Ministre de la guerre, prévenu de cette pénurie, dirigeait d'Auxonne sur Lunéville tous les chevaux disponibles ; il fallait donc retourner à Lunéville et y former un parc.

A Lunéville, on était en train d'exécuter de nouveaux ordres venus du grand quartier général et prescrivant d'évacuer Lunéville et de tout faire refluer jusqu'à Nancy. Ges instructions contradictoires pouvant compromettre le résultat de la mission qui lui était conûée, le capitaine Anfrye prit sur lui de s'arrêter à Dlainville 12 kilomètres de Luné- ville) de débarquer ses voitures à l'aide des employés de la garo et .d'attendre au passage les attelages d'Auxonne qui arrivèrent à 7 h. 1/2 du soir ; il forma alors son parc, le dirigea sur Dombasle, sous la con-

46 LA. GUERRE DE 1870-4874.

(lui te d'un lieutenant du train, et expédia un sous-officier au général Forgeot pour lui rendre compte et prendre ses ordres.

Journée du 7 août.

CORPS.

a) Journaux do marche. Joarnal de marche du 2"" corps d*armée.

7 août.

Le mouTeraent de retraite, ordonné par le général Frossard, 8*effec- tue pendant toute la nuit et la journée suivante.

La division Vergé ouvre la marche ; elle est suivie de la division de Laveaucoupet.

La division Bataille, qui couvre la retraite, quitte le plateau d'QEting à minuit/et arrive à Puttelange vers 2 heures de Taprès-midi ; le 2" corps tout entier, moins la cavalerie, campe sur la rive droite du Moderbach ; la dKision Vergé, arrivée vers midi, campe en arrière de la ville et à droite de la route de Metz.

La division de Laveaucoupet et la division Bataille s'établissent à gauche delà même route.

L'artillerie de la réserve, le parc du génie, qui ont suivi le mouve- ment de retraite, campent à Puttelange^ derrière la ville, sur la rive gauche du Moderbach, dans les prés, A droite de la route de Metz ; tandis que la division de cavalerie vient s'établir dans les prés de gauche.

La division Montaudon du 3' corpsj qui était à Sarreguemines, vient camper à la gauche du 2^ corps, près de la division de Laveaucoupet, couvrant la route de Faulquemont qu'elle prend le lendemain.

La brigade mixte du général Lapasset, du 5^ corps, ralliée à Sarre- guemines par le 2'^ corps, a suivi le mouvement général de retraite. Elle sert d'arrière-garde au corps d'armée et s'arrête à quatre kilo- mètres en avant de Pultelange.

Elle prend position h Ernestwiller, oi!i elle n'aperçoit que les éclai- reurs ennemis.

La brigade Lapasset présentait l'effectif suivant : 6, 441 hommes dis* pouibles; 962 chf^vaux, y compris le lanciers.

LA GUERRE DE 4870-4874. 17

Le général Frossard reçoit, dans la journée, l'ordre de l'Empereur d'effectuer sa retraite sur Metz, qui est désigné comme le point de con- centration de Tarmée du Rhin.

1" DIVISION.

7 août.

Après une marche de nuit assez difficile, mais exécutée avec beau- coup d*ordre, les troupes sont arrivées à Sarreguemines, vers 9 heures du matin, d'où elles ont été dirigées sur Puttelange, par ordre du général en chef.

La retraite depuis Sarreguemines est protégée par la brigade mixte du général Lapasset (5^ corps d'armée). La 4'« dÎTision arrive à Putte- lange, à â heures de l'après-midi, et y établit son campement.

DIVISION.

7 août.

Le général de division occupe avec ses troupes le plateau d'Œtiog, pendant que tout le conyoi, les ambulances, les réserves, l'artille- rie, etc., descendent de ce plateau sur Sarreguemines et Puttelange. Il couvre ainsi la retraite du corps d'armée. Il ne conserve comme arrière- garde que les 67% 23% 8^ de ligne; le 12* bataillon de chasseurs, un bataillon du 66^ et une section d'artillerie, sous le commandement du général Bastoul, forment l'extrême arrière-garde.

Partie à minuit d'CEting, la 2* division opère sa retraite .vers Sar- reguemines et vient établir son camp, ainsi que tout le corps d'armée, à Puttelange, elle arrive entre midi et 2 heures.

AiTiLLBRiB (S^* division). Journal de marohe.

7 août.

7* batterie du 15* régiment. On voyagea toute la nuit et, dans la matinée, on traverse Sarreguemines et l'on arrive à 4 heures du soir au bivouac de Puttelange.

8* batterie. Arrivée à Sarreguemines à 9 heures du matin, après* avoir voyagé toute la nuit. Départ à midi pour Puttelange. Arrivée à Puttelange à 4 heures. Le camp est établi à 5 heures.

il* batterie. Le lendemain, à 9 heures, la batterie arriva à Sar- reguemines avec les autres troupes de la 3* division. Après une halte de quelques heures au delà de la ville, toutes les troupes se rendirent à Puttelange et y campèrent jusqu'au matin.

(«M. Doc«n. 2

49 LA aUBRRQ DB 4870-1874.

BaiGABS LaPASSÇT pu S^ G0RP9 (1).

7 août.

»

A 4 heures du matin, la brigade mixte (elle prend cette qualifidation à partir de ce moment) lève le camp ; elle laisse défiler le corps et reçoit ordrç du général en chef de former Farrièrc-garde, mission qu'elle remplit jusqu'au 11 août, jour de l'arrivée du 2* corps sous le fort de Queuleu.

Partie de Sarreguemines à 3 heures du soir, avec tous les vivres et toutes* les voitures chargées du 5^ corps, la brigade arrive à Eroest- willer, trois kilomètres en avant de Puttelange, elle campe.

On n*aperçoit que les édaireurs des colonnes ennemies ; notre convoi sert à nourrir le 2? corps.

La brigade rallie un escadron du 5* régiment de hussards et un autre du 12^ chasseurs appartenant tous deux au 5*^ corps et qui ne Font pas suivi dans son mouvement sur Bitche, il en est de même pour les ambulances, les prévôtés, le trésor et tous les traînards.

Situation de la brigade : 180 officiers, 5,160 hommes de troupe, 861 chevaux.

ArtIUBRIE D8 la Bf^|(iAQl$ LaPASSBT.

7 août.

7^ batUrie du 1^ triment, -^ A 3 hepres du matin, la batterie reçoit Vorçlre de fuiyre, avec la brigi^de Lapasset, le i\i9>uvement de retraite du corps sur Metz. Pendant cette retraite, la brigade fo^me tout le temps arrièi^e-garde et la bulterie marche en quçue de c^klonne^ n'ayant derrière el\e que le bati^iUoa de chasseurs chargé de la protéger.

Partie de Sarreguemines à % heures du soir, la batterie arrive \ Puttelange h 5 heures.

RfiSBRYE B'aRTJLLBRIB.

7 août.

Les au^i; batteries de la réserve sont ralliées, le 7 au matin, sur les hauteurs en arrière de Sarreguemines. Elles se dirigent ensuite sur Puttelange, elles arrivent dans la journée.

Parc d'artillerib.

7 août.

Le 7, la portion du parc campée à Forbach, est dirigée sur Met2 par Pange, elle campe le 7. La portion principale du parc part le 7 août de Lunéville et arrive le 10 à Metz.

(1) Momentanément réunie au çorps«

LA GUBRRB DB 1870-4874. 19

GiNIl,

Le 6, im iQÎr, k 1a tombée 4^ '& nuit, le ^^ corps a commencé sa retraite et a marché toute la nuit. L*état-majordu génie s'est retiré, par Œtihg et Sarreguemines, sur Puttelange il est arrivé vers i heure, après une halte de quelques heures à Woutswiller.

Les compagnies ont suivi le même itinéraire.

Quant au parc, doQt les voitures avaient été amenées en avant de Forbach en prévision de besoins {Possibles ; il s'est retiré par Folckling en suivant la route de Saint-Avold sur une certaine longueur. Dans cette retraite il a essuyé le feu des Prussiens. Deux chevaux, dont un probablement blessé, se sont échappés effrayés ; un troisième, qui ne pouvait plus marcher, a été laissé à Folckling. Pour remplacer ces trois chevaux, le parc en a pris quatre abandonnés dans le village par des réquisitionnaires, et il a continué sa retraite sur Sarreguemines, oi!i il est arrivé le matin» ei ensuite sur Puttela»ge, il est anrivé le aoir.

c) Opérations et mouTements. Le maréchal Bojaiaine au Major générai, à Meta»

Saiat-ÂTold. 7 août, 1%h. ^3 soir.

Votre dépêche pour le général Frossard n'a pas pu lui être trant- mise. Je vais etsayer de communiquer par Puttelange.

Le général Frossard cm maréchal Bazaine, à Saint-

Avold (D. T.).

Puttelasge, 7 août.

Je suis à Puttelange ; fout le corps va y être réuni dans quelques heures ; il y arrive par fractions. Toute mon artillerie et la cavalerie y sont déjà. Je vais grouper et remettre en ordre les divisions. Je trouve la division Montaudon établie ici, elle y augmentera l'encom- brement.

Ne eroyea-vou» pas pkréférabli& la porter en avant ?

Si j'avais ei^ votre sauti«a deux ou Irois heures plus tôt, je n'aurais pas quitté Forbach ; j'ai été tourné par Wehrden.

Le maréchal Bazaine au Major général, à Metz.

Saint-A^old, 7 août, 4 h. 5o soir.

Le général Frossard est à Puttelange, y concentrant les trois divi- sions de son corps d'armée.

SO LA GUBRRB DE 4870-4874

Le Major général au général Frossard.

Metz, 7 août, 5 heures du soir.

Je Y0U8 enToie le capitaine Vosgeur, de Tétat-major général, dans le but d'avoir de vos nouvelles d'nne manière précise. L^Empereur désire savoir si vous avez pu opérer votre retraite sur Puttelange, avec toutes les troupes de votre corps, qui se trouvaient à Sarreguemines.

L'intention de Sa Majesté est que vous tous dirigiez sur Ghâlons, oti TEmpereur concentre l'armée, rive gauche de la Marne, après Tavoir ralliée sous Metz.

Rendez-moi compte de votre situation et de ce que tous allez faire et indiquez-moi surtout, approximativement, la direction que vous vous proposez de suivre.

Le général Frossard au maréchal Bazaine.

Puttelange, 7 août.

J*ai reçu, par votre dépêche, la conârmation de l'ordre de concen- tration sur Metz, que m'avait déj& donné le M^or général.

Les généraux Metman et Montaudon, qui étaient à Puttelange avec moi, vont se conformer aux ordres détaillés que vous leur donnez pour ce mouvement.

Mes divisions, réunies ici toutes les trois, moins les pertes et les dis- parus, sont en voie de reconstitution. Je commencerai aussi demain matin le mouvement sur Metz, mais je suivrai la route dite de Nancy à Sarreguemines, qui passe par Gros-Tenquin.

La brigade Lapasset est à Puttelange; elle suivra mon mouvement en faisant l'arrière-garde du 2* corps. Demain soir lundi, je porterai mon quartier général à Gros-Tenquin.

Note du général Saget (1).

Puttelange, 7 août.

Sur la demande du général commandant l'artillerie du corps d'armée, les batteries divisionnaires resteront aujourd'hui au parc du corps d'armée, pour reconstituer leurs approvisionnements.

A partir de demain 8, MM. les Généraux commandant les divisions pourront faire prendre au parc leurs batteries, pour les établir sur les emplacements qu'ils auront choisis.

(1) Chef d'état-major du 2* corps.

LA GUERRE DE 1870-4874. «f

Ordre de mouvement pour le 8 août:

Demain, 8 août, le 2* corps se portera en arrière, en suivant la route de Sorreguemincs à Metz.

Le mouTement commencera à 3 heures du matin par Tartillerie de réserve, qui ira s'établir à Altroff, à 3 kilomètres à gauche de ladite route.

La 1'* division viendra ensuite en se faisant précéder de ses bagages et se mettra en marche à 3 h. 4/2. Elle campera à Gros-Tenquin.

La 2' division, dans le même ordre, partira à 4 heures pour aller prendre son campement à Leinstroff.

La 3^ division, également dans le même ordre, se mettra en mouve- ment à 4 h. 1/2 et s'an*étera à Erstrofif.

La cavalerie se mettra en route à 5 heures et campera à Altroff, a^ec Tartillerie de réserre. Elle sera précédée de ses bagages.

Le quartier général et les services administratifs s'établiront ^ Gros-Tenquin et Bertring, leurs bagages précéderont ceux de la cava- lerie.

La brigade Lapasset, qui suit le mouvement du 2* corps, formera l'arrière-garde, en se faisant précéder de ses bagages. Elle se mettra en marche à 6 heures et bivouaquera en arrière de Hellimer.

On marchera militairement, en rétablissant Tordre dans les divisions, et en s^attachant à faire cesser la confusion inévitable qui a eu lieu aujourd'hui.

Au campement, on s'établira suivant toutes les règles, en se gardant et s'éclairant du côté où* Tennemi peut venir.

L'intendant militaire du corps d'armée prendra ses dispositions pour que les vivres, qui ont été commandés dans les différents villages de cette route, puissent être distribués aux troupes. ^ Afin de rendre moins longues les colonnes de bagages et la route étant suffisamment large, les voitures des convois marcheront sur deux files. Le commandant du corps d'armée partira à 5 heures.

Le directeur du parc de Lunéville au général Soleille^ à Metz (D. T.).

7 août, 4 heures do soir.

Lunéville évacué par la cavalerie. J'ai demandé des ordres au général Gagneur ; pas de réponse. Si je n'ai pas de réponse à 7 heures du soir» je conduis le parc à Nancy, par une marche de nuit me rapprochant du corps et mettant le, parc en sûreté.

SI LA 0UBRRB DB 4870^4874.

Le général Soleille au colonel Brady, à Metz (D. T.).

Metz, 7 août (n« 180).

•1

Dirigiez sur Metz tout le reste du parc du 2^ corps, par iroies ferrées pour la partie non attelée et aussi» s'il est possible, pour la partie attôléè.

d^' DIVISION.

Ordre de mouvement pour le 8 août.

Demain, 8 août, le corps se portera en arrière, en suivant la route de Sarreguemines à Metz.

Le mouvement commencera à 3 heures du matin.

La 3^ division se mettra en route immédiatement après la et se mettra en mouvement à 4 h. 1/2. Le réveil^ le boute-charge et le rassemblement seront réglés en conséquence dans chaque corps. Dès le réveil, chaque corps fera reconnaître par un adjudant-major le ohemin le meilleur pour venir entrer dans la colonne sur la route de Putte- lange à Gros-Tenquin.

La 3*^ division marchera dans Tordre suivant :

Les sapeurs du gjbie; LeS4" de llgbe; 40* de ligne; L*ambulance ; Le trésor;

Les bagages du géuéral ; ^ Les bagages dés oorpsj Le âonvoi;

Le bataillon de ohasséurâ à pied ; Les deux batteries d*artillerie) -La mitrailleuse) Le â* de ligne; Le 63» de ligné; La cavalerie.

Le Cdldjiel Zebtz commandera la d^ brigade en remplabéuent du général Doêns blessé à Spicheren.

Monsieur pfévôt de division, assisté des vaguemestres des corps, sera spécialement chargé de la conduite du convoi. La cavalerie mar- chera derrière la division.

L'eitrème afrière-garde sera faite par la brigade Lapasseti

On marchera militairement en rétablissant Tordit dans les diviiioiis

LA a UBftRÊ I5B ^870-4871. U

et en s'attachant à faire cesser la confusion inévitable qui n eu lieu aujourd'hui. Au bivouac, on s'établira Suivant toutes les règles en se gardant avec soin et en s'éclairant du côté l'ennemi peut venir.

Afin de rendre moins longue la colonne des bagages, et la route étant suffisamment large, les voitures du convoi marcheront sur ^eux files.

Chaque corps enverra en tôte dh colonne un officier qui marchera avec le générai de division^ ira avec le chef d*état-mftjor reconnaître le bivouac et sera ensuite chargé de conduire son corps à son emplacement de bivouac.

> .

Journée du 7 août.

CORPS. à) Jôuinaut de marche.

Journal de màrclie du 3* corps d*armée.

Sur l'ordhe du maréchal Bazaine, i^*' et la ^ division se rendent sur le plateau de Guenwiller, elles s'établissent le 7, à 5 h. i/1 80ii-(i).

1'® DIVISION.

7 août.

A 6 heures du matin, la division, la 2^ brigade en tète, arrive à deux kilomètres de Puttelange et y fait le café pour donner le temps à la i'* brigade de la rallier en entier. A 10 heures, la division campe sous Puttelange viennent se reformer les divisions du S*' corps, puis la division Metman du 3^ corps. La division Castagny évacue ce point et se porte h Maricnthal.

La division occupe fortement les bois qui bordent les rbuteS de Sarreguemines et de Saint-Avold.

(1) La 2^ division exécuta seule ce mouvement de Puttelange sur Guenwiller, 1'^ resta à Puttelange.

24 LA OUBRRB DB 1870-4874

DIVISION.

7 août.

On se met en position pour s'opposer à la marche des Prussiens et protéger la retraite de quelques fractions du cori^s du général Frossard qui ont pris la route de Puttelange, puis on rentre, à la pointe du jour, au bÎYOuac qui avait été laissé tendu.

Le général de Gastagny se proposait, après trois ou quatre heures de^ repos, de se rendre à Sarreguemines.

Sur un ordre du maréchal Bazaine, la 2* division va camper sur le plateau de Guenwiller et l'occupe déûnitivement; départ de Puttelange à 8 h. i/i; arrivée à Guenwiller à 5 h. i/2 du soir. Pendant la journée, la division a pris une position défensive à Marienthal.

DIVISION.

7 août.

Le 7 août, au point du jour, la 3* division se met en route pour Putte- lange, où elle arrive vers midi, avec environ 1200 isolés du 2' corps, qu'elle avait recueillis à Forbach.

Le 7 août au matin, tous les bagages et hommes de la 3* division, qui avaient, le 6 au soir, diaprés les ordres de M. le général de division, quitté le campement de Marienthal, se présentèrent devant Forbach, pour le traverser et rejoindre la division. Y ayant été reçus à coups de canon et chargés par la cavalerie, ces isolés et impedimenta firent demi-tour et se dirigèrent sur Saint-Avold.

Dans c'ette retraite, cette fraction, poursuivie vigoureusement jusqu'à Merlebach, eut un officier blessé et perdit envii-on 154 hommes appar- tenant presque tous au 7^ de ligne.

À^ DIVISION.

7 août.

La division reste en position (1) et se tient prête à partir au premier ordre.

Les deux escadrons du 3^ chasseurs sont remplacés par les trois escadrons du 40*^ régiment de même arme.

Le soir, la division reçoit Tordre de se préparer à suivre un mouve« ment de retraite sur Metz qui doit commencer à 3 heures du matin.

(i) A Saint-Âvold. Voir fascicule ; Journée du 6 août, p. 225.

LA GUERRE DE 1870-1871. .* 25

Division os cavalerie.

7 août.

La division exécute les ordres donnés la veille (1).

A 8 heures du matin^ rentrée h Saint-Àvold de l'escadron du 4^ dra- gons envoyé à Longeville pour garder la ferme de Longoville jusqu'à Tarrlyée de la Garde.

A 5 heures du soir, rentrée de M. le capitaine d'état-major Vincent qui a accompagné la brigade Juniac à Uaut-Hombourg. Le général de division est informé par cet ofGcier que la brigade Juniac, arrivée à Haut-Hom bourg, a reçu Tordre de se diriger sur Forbach, elle est arrivée à 5 heures du soir pour assister aux dernières péripéties de la lutte du corps et y prendre part.

Ont disparu dans la nuit du 6 au 7 : 5^ dragons : 1 ofBcier, 6 cava- liers.

8^ dragons : i ofHcier, i brigadier fourrier, 1 brigadier et 7 dragons, plus un cheval d'officier et 2 chevaux de trait.

Les chevaux sont dessellés et les tentes dressées à la chute du jour.

Génie (état-major et réserve).

7 août.

Dès 3 heures du matin, les tentes sont abattues, les sacs faits et les voitures attelées. Vers le soir seulement, ordre est donné à la réserve de partir le lendemain, à 3 heures du matin, immédiatement après la S*' division (général de Gastagny), pour aller à Bionville.

c) Opérations et mouvements. Le maréchal Bazaine au général Montaudon.

Saint-Avold, 7 août (n« 40).

J'apprends par hasard que vous êtes à Sarreguemines ; si cela est vrai, mettez-vous en mouvement sur Pultelange en emmenant avec vous la brigade Lapasset, à moins qu'il ne croie pouvoir gagner Bitche.

Donnez-moi des nouvelles, si vous en avez, du 2* corps et de la bri- gade de dragons du général Juniac.

(I) Abattre les tentes une heure avant le jour, charger les voitures, avoir les chevaux sellés et bridés.

516 LA aUBRRB DE 4870-4874.

Le général Montaudon au maréchal Bazaine.

^attelange, 7 août.

Je suis parti hier à 5 heures de Sarreguemines. Arrivé près de Gros- bliederstroff, j'ai su par des renseigncmentSy ainsi que par la direclion des feux, que je ne pouvais, en passant par ce point, entrer en commu- nication avec le général Frossard. J*ai pris ma direction sur Lixing ; mais, la nuit arrivée, je me suis trouvé en arrière de la position de Spicheren, vers Bousbach, je me suis arrêté jusqu'à 1 h. 1/2 du matin.

Ayant appris que le général Frossard battait en retraite sur Sarre- guemines, je me suis dirigé sur Woust^iller pour appuyer sa gauche. Mais j'ai su en chemin qu'il battait en retraite sur Puttelange et comme le général de Gastagny me fit savoir qu'il avait ordre de nous rallier, je me suis établi sur Puttelange qu'il venait d'occuper.

Le 2" corps vient d'arriver sur ce point.

Le général de Castagny au maréchal Bazaine^ à Saint- Avold (D. T.).

Arrivée le 7 août à 3 heures du matin.

On évacue Forbach. Le général Metman, le seul avec qui j'ai pu communiquer, m'a appris que le général Frossard était parti depuis deux heures pour Sarreguemines et que toutes les troupes fraîches s'y rendaient aussi. Je vais à Puttelange prendre mes sacs; dois-je servir (1) Sarreguemines à 11 heures?

Le général de Castagny au maréchal Bazaine.

' Puttelange, 7 août, 3 h. 30 matin.

J'ai l'honneur de vous rendre compte que le capitaine d'étatrmajor Thomas, qui conduisait les bagages du général Frossard, m'a informé, lorsque je suis arrivé à Folckling, que je ne pouvais pas rejoindre For- bach, qui était évacué.

J'ai alors arrêté ma colonne, j'ai pris les dispositions, que j'ai expli- quées au chef d'escadron Gastex, de votre état- major géuéral, puis je me suis décidé à envoyer deux officiers dans la direclion de Forbach, pour tenter de prendre les ordres du général Frossard, sous le com-

(1) Sic sur Toriginal.

LA GUERRE DE < 870-^874. «t

mandement duquel vous m'ayei mis par votre ordre du 6 août, 6 h. 15;

Ces officiers a*ont trouvé i]ue le général Mettnan, ijui leur a dit qii'il était à Forbach depuis siï heures ; que le géuérkl FrossArd était parti depuis deux heures dans la direction de Sarreguemines ; que lui-même allait prendre la même route, déjà très encombrée ; qu'au jour j'allais me trouver seul dans la position que j'occupais entre Folckling et Théding ; que Tentlémi était tf es en force et que ce que j'avais de mieux à faire était de me replier sur Puttelange pour me diriger sur Sarre - guemines.

La route entre Saint-Avold et Puttelange est complètement dégarnie ; mon aide de camp n'a trouvé personne en la parcourant entre ces deux points^ et quand il est arrivé à Puttelange porteur de votre dépèche, j^y arrivais de mon côté.

Je fais parvenir votre lettre au général Frossard par un espion. A Tinstant le général Montaudon m'envoie un officier. Il sera ici dans une heure avec sa division. Je reste avec lui et j^attends vos ordres.

Le général de Castagny au général Frossard.

PaUelange, 7 août, 4 heares du matin.

M. le maréchal Bazaine m'avait tais sous votre commandement; je n'ai pu me mettre en communication avec vous ; le général Metman m'a dit qu'il se dirigeait sur Sarreguemines; que tout le corps d'armée que vous commandez s'y dirigeait. Je suis revenu prendre mes sacs à Puttelange et maintenant je me dirigerai sur Sarreguemines, me met- tant en route vers les 9 heures, à moins que le maréchal Bazaine, à qui j'ai écrit, ne me donne Tordre de me porter sur un autre point.

Le maréchal Bazaine au général de Castagny.

Saint-Afold, 7 août.

D'après ce que vient de me dire le capitaine de Locmaria, le général Frossard se retirerait 4e sa personne sur Puttelange. Gependant^ votre lettre de ce jour me dit qu'il se retire sur Sarreguemines^ Je tiens à être filé d'une manière absolue à cet égard et^ dans le cas de l'affir- mative, c'est-à-dire qu'il se retire sur Puttelange, dites au général Montaudon de conserver sa position de Guebenhausen, et d'y rester jusqu'à l'arrivée d'une division du 2^ corps. Si, cependant, elle tardait trop à venir, il faudrait bien, dans l'après-midi, se retirer sur Marien- thaï.

28 LA GOKRRB DE 1870-1874.

Je ne parle que de la dWision Monta udon, la T6tre faisant immé* diatement son mouvement pour rallier Saint- Avold.

Tâchez aussi d'avoir des nouvelles de Sarreguemines, afin de faire remettre au général Metman, s'il y est, l'ordre ci-joint.

Le général de Casiagny au maréchal Bazaine.

Pattelange, 7 août. Expédiée è 3 b. 4/2.

Je reçois votre ordre. Montaudon est en position à Guebenhausen, position que je connais et qui est très bonne.

Le général de Juniac vient de m'arriver avec un des régiments de dragons, il ne sait pas, est l'autre^ ni est l'autre brigade de sa division.

Le commandant de Grény arrive, en annonçant l'arrivée du général Frossard comme très probable.

Je me mettrai en route à 8 h. 1/2^ si à cette heure je n*ai pas reçu d'autre ordre, et je détacherai le régiment sur le point que vous m'in- diquez. Pas de nouvelles de l'ennemi.

Le général Metman au maréchal Bazaine^ à Saint- Avold,

Bening, 7 août, 9 heures du matin (4).

Parti de Bening hier à 7 h. 30 soir, dépêche télégraphique du général Frossard; cherché toute la nuit général. Reparti ce matin de Forbach pour Puttelange. Les hommes sans vivres.

Le maréchal Bazaine au général Metman, à Pulte^ lange.

Saint-ÂTold, 7 août.

Général, je vous prie de me donner, si vous le pouvez, des nouvelles du GO*' de ligne qui est parti pour Forbach, le 5 au soir, par des trains spéciaux.

Si vous l'aviez avec vous, vous l'emmèneriez demain ; il rejoindrait ultérieurement sa division ; vous recevrez des ordres à ce sujet. Le général Decaen lui emmène ses équipages.

Donnez en même temps l'ordre à la brigade de dragons Juniac de se mettre en route, demain, pour rejoindre sa division à Saint-Âvold, dès qu'elle le pourra, au plus tard à 7 heures du matin.

(1) Expédiée de la station de Farschwiller, vers 10 heures du matin.

LA GUERRE DE 1870-4874. 29

Ce qui peul tous manquer de irotre conToi administratif se trouvera demain à Faulquemont.

Le général Meiman au maréchal Bazaine.

Puttelange, 7 août.

J'ai rhonneur de rendre compte à Votre Excellence qu%, suivant ses ordres, ma 2* brigade est partie hier, à iO heures, poiir aller occuper Mittenberg.

Moi-même, avec la 1'* brigade, j*ai quitté le camp à midi et demi me dirigeant sur Bening-Ies-Saint-Avold par Guenwiller et Betting- les-Saiot-Avold.

J'avais pris, d*aprës vos ordres, toutes mes dispositions pour camper sur les points les plus propres à la défense, lorsque j'ai reçu, à 7 h. 1/2, la dépêche télégraphique suivante : « Si le général Metman est encore à Benin^, qu'il parte de suite pour Forbach ». Je me suis mis en route de suite pour Forbach, je suis arrivé w\ 9 heures du soir. J'ai trouvé la ville évacuée et le maire m'a engagé à prendre la route de Forbach à Sarreguemines par laquelle s'était retiré le général Frossard. Après avoir fait 3 kilomètres sur cette route, sans apercevoir aucun camp, je me suis décidé à laisser reposer mes troupes, qui n'avaient plus de vivres, et ce matin, à 4 heures, j*ai pris la route de Puttelange, tous les renseignements que j'avais reçus m'ayant confirmé que vous aviez donné l'ordre à tout votre corps de se porter sur Sarreguemines.

Ayant trouvé un troupeau de bœufs abandonné par une division du 2^ corps, et Tintendance ayant déclaré qu'elle était impuissante à nous rien donner, j'ai pris sur moi de faire distribuer, à chaque corps, de la viande sur pied en quantité suffisante.

J'ai reçu, à mon arrivée, votre dépêche, envoyée par la gare de Puttelange, et je me tiens prêt à tout événement.

Le général de Juniac au maréchal Bazaine, à Saint- Avold.

Puttelange, 7 août, 5 heures du matin.

Après votre dépêche, reçue à 3 heures à Haut-Hombourg, j'ai mis la plus grande rapidité à me rendre à Forbach ; à mon arrivée, à 4 heures, j'ai eu l'honneur de voir le général Frossard qui, après m'avoir félicité de ma prompte arrivée, m'a envoyé occuper les trois points de Morsbach, Bening et Merlebach. A la fin de la soirée et du combat qui s'était passé en partie en face de moi, j'ai conservé mes positions. Mais dans la nuit, ayant envoyé une reconnaissance sur

30 LA aU«:RR£; BS 4870-4874 .

Forhach, j*ai appris que le général Frossard Tayait complètement évacué pour se diriger sur Sarreguemines, m^ayant oublié. Toutes les troupes étaient parties, et, me trouvant seul^ observé par Tennemi qui m'aurait enlevé à h pQÎnte joiir^ ma position n*é|ait p)\is tenable; j'ai fait monter à cheval à 1 heure du matin, dans le plus grvùà calme, pour dérober mon mouvement.

J'ai en mègpie temps envayé un adjudant pour prévenir les détache- ments de Bening et de Merlebach pour les rallier à moi. La brigade Arnaudeau se trouvait dans la même position que moi ; nous primes ensemble la route de Puttelange, je viens d'arriver à 5 heures du matin, me ralliant sur une division de votre corps d*armée. J'^^tepds v(^s ordres. Les détachements que j'avais rappelés ne vont pas, je pense, tarder à me rejoindre. Mes hommes et mes chevaux sont épuisés de fatigue et de besoin.

Instructions écrites de la main du maréchal Bqzaine^ pour la marche en retraite sur Metz^ après Spicherm.

(Sans date). Directions à suiwe par les colonnes,

La Garcle, la route impériale de Longeville à Bionville, campant, le premier jour sur la rive gauche de la Nied française, le deuxième jour à Metz. (Départ à 3 heures du matin.)

La division Castagny suivra la même route que la Garde et campera, le premier jour à hauteur de Bionville, sur la rlye gauche d^ U Nied allemande. (Départ h 4 heures du qiatin.)

La division Grenier suivra la marche de la division Castagny. (Au corps, départ à 5 heures du matin.)

La division Metman suivra la route de Puttelange à Barst et à Faulquemont (route u^ 5)> et campera sur la rive gauche de la Nied allemande. (Départ à 3 heures du matin ; s'arrêtera à Faulquemont.)

La division Decaen fournira l'arrière-garde, sans bagages (ces derniers marcheront avec ceux de la division Castagny), le bataillon de chasseurs formant son "extrême arrière-garde, entre la cavalerie et la division. '

La division de dragons et le ^ chasseurs formeront l'extrême arrière-garde avec une batterie à cheval.

La division Montaudon suivra la même route que la division Metman. (Même campement. Départ à 4 heures du matin.)

Dans la marche, on devra bien se faire éclairer, se flanquer, fouiller

a lisière des bois, quand ça sera nécessaire prendre position, puis,

dans le cas d'une attaque face à droite, la colonne de la route impériale

LA aUBW? Dp 4870-487^. 34

(ou colonne de droite) se formera rapidement à droite en bataille, faisant occuper les positions militaires en avant de son front, etc. . . . la deuxième colonne (celle de gauche) se portant par des chemins latéraux derrière la première, aûn de former une deuxième ligne.

Si Tattaque vient de la gauche, cela s'effectMera par un à gauche, pour la deuxième colonne, et la première fera porter en deuxième ligne les troupes nécessaires.

La cavalerie légère attachée aux divisions se tiendra au loin, sur le flanc extérieur des colonnes.

Nota, Les troupes marcheront, autant que possible, par demi- peloton, pour faciliter les à droite et à gauche en bataillo. Les voitures sur deux rangs, autant que possible.

Du maréchal Bazaine (autographe sa^s date).

Qrdra.

Faire évacuer immédiatement, par le chemin de fer, sur Metz ou au moins sur Gourcelles-sur-Nied, les blessés, les malades, les éclopés.

Le trésor, les bagages du quartier général marcheront immédiate- ment après la colonne de la Garde impériale.

L'artillerie et le génie de la réserve marcheront immédiatement après la division de GastRgny, en avant des bagages de cette division.

Prévenir immédiatement les généraux Bourbaki, Rochebouët, Viala, Glérembnult, Decaen, Gastagny, Grenier de se trouver au quartier général, à 5 heures, cet après-midi.

Le général Manèque viendra avec la note remise au colonel.

P.-5. Les troupes ont-elles touché leurs vivres?

Le maréchal Bazaine au général de Rochebouët.

Saint-Avold, 7 août.

Ordre.

Le général Commandant Tartillerie mettra, demain matin, une batterie à cheval à la dispbsition du général commandant la division de cavale riç qui sera formée face à Saint- Avold, à la sortie de la ville, sur l'emplacement qu'occupait la réserve du génie contre la route de Longeville.

Dans l'ordre de marche, les batteries de la réserve prendront rang dans la colonne, immédiatement après les troupes de la division Gastagny et en avant des bagages de la division.

32 LA GUERRE DE 4870-1871.

Ordre.

7 août.

Par ordre du Maréchal, le parc d*artillerie coatiauera la route de Faulquemont jusquW Pange en passaat par Mainvillers et prenant» à partir de là, l'ancien chemin des Romains. Il s'établira près de Paoge, sur la rive gauche de la Nicd française.

Ordre de mouvement pour le 8 août,

Saint'AvoId» 7 août. DIVISION.

Demain 8 août, à 3 heures du matin, tous quitterez les positions que tous occupez aujourd'hui, vous suivrez la route de Puttclange à Barst et à Faulquemont (roule n^ 5). Vous vous arrêterez à ce dernier point et TOUS camperez sur la rÎTe gauche de la Nied allemande.

Les bagages, que tous aTez encore aTec tous, Toua suiTront immé- diatement. Vous Teillerez à ce que tos Toitures marchent autant que possible sur deux rangs et que tos troupes marchent par demi-pelotons pour faciliter les à droite et les k gauche. Votre escadron de caTalerie légère se tiendra au loin, sur le flanc gauche de Totre colonne, pour éclairer Totre marche.

Vous faites partie d*une colonne gauche composée de Totre diTision et de la diTision Montaudon qui marchera derrière tous précédée de ses bagages.

Le bataillon de chasseurs et la cavalerie légère de cette division formeront Tarrière-garde de cette colonne.

Parallèlement à elle et à droite, sur la route de Saint-Avold à Metz, marchera une autre colonne composée de la garde impériale, de la résenre d'artillerie et du génie, la diTision Gastagny, la dÎTision Grenier (du 4" corps), la diTision Decaen et la diTision de caTalerie du 3* corps.

Dans la marche, on devra se faire éclairer avec soin, se flanquer, fouiller la lisière des bois, et prendre position quand ce sera néces- saire.

Dans le cas d'une attaque par la droite, la colonne de droite se formera rapidement, à droite en bataille, faisant occuper les positions militaires en aTant de son front et prenant toutes ses mesures pour repousser vigoureusement l'ennemi.

La colonne de gauche se portera par les chemins latéraux derrière la première afin de former une seconde ligne.

Si Tattaquc vient de gauche, la colonne fera fncc h gauche et la 1" fera porter en deux ème ligne les troupes nécessaires. Les bagages

LA GUERRE DE 1870-1871. 33

seront arrêtés ; les voitures feront à droite et à gauche, les chevaux se faisant face, suivait les prescriptions du service en campagne.

P,'S. Vos bagages ont été dirigés sur Faulquemont, vous les y trouverez en arrivant. Si, comme je le crois, cette dépêche vous trouve enfin et à Farschwiller, venez par une petite marche, ce soir, vous établir entre Puttelange et Barst, afin précéder demain la division Montaudon dans la marche sur Faulquemont.

L*intendant du quartier général a Tordre de vous envoyer des vivres, mais les moyens de transport lui manquent. Qu'avez-vous fait de votre convoi divisionnaire? Tavez-vous laisse ? RalIiez-le à vous.

Le général Montaudon au général Metman.

Puttelange, 7 août.

Nous avons à parcourir demain, et de concert,, une route longue avec de grands impedimenta. Veuillez serrer votre marche le plus possible de façon à ce que nous ayons la colonne la plus maniable possible entre les mains.

P.-S. Ne s'arrêter qu'en massant sur un terrain découvert de manière à ce que nous ayons tout notre monde sous la main. Mais TimportaDt est de gagner du terrain.

Ordre de mouvement pour le 8 août.

7 août. DIVISION.

Demain matin, 8 août, à l'heure qui sera indiquée ultérieurement, la division quittera les positions qu'elle occupe, pour aller camper aux environs de Bionville, sur la rive gauche de la Nied allemande, en sui- vant la route de LoDgeville; la division formera l'arrière- garde de la colonne de droite sans bagages ces dernieirs marchant avec ceux de la division Gastagny, le ll^' bataillon de chasseurs formera l'extrême arrière-garde entre la cavalerie et la division. La division sera pré- cédée, dans son mouvement, par la Garde impériale, la division Gastagny et la division Grenier; elle aura en arrière les dragons et les chasseurs. L'infanterie marchera par demi-pelotons pour faciliter les à droite et les à gauche.

La cavalerie légère de la division se tiendra au loin sur le flanc droit de la colonne pour éclairer la marche.

La division fait partie d'une colonne de droite, qui doit suivre la route impériale de Metz.

9* fasc. Docom. 3

34 LA GUERRE DE 4870-1874.

Parallèlement à cette colonne et plus à gauche, en allant à Metz, marchera la division Metman et, derrière elle, la division Montaudon, leurs bagages marchant entre les deux divisions.

Pendant la marche, chaque corps devra se faire éclairer avec soin, se flanquer, fouiller la lisière des bois et prendre position quand ce sera nécessaire.

Dans le cas d'une attaque par la droite, la colonne de droite se for- mera rapidement à droite en bataille et prendra toutes ses mesures pour repousser vigoureusement l'ennemi ; la colonne de gauche se portant par les chemins latéraux derrière la première, afin de former une deuxième ligne.

Si Tattaque vient de gauche, la 2* colonne fera face à gauche et la i'^ portera en deuxième ligne les troupes nécessaires.

Dans les cas d*attaque pendant la marche, les convois de bagages s'arrêteront, les voitures feront à droite et à gauche, les chevaux se faisant face.

P,-S, Demain matin, à 3 heures, les tentes devront être abattues, les voitures chargées et tout préparé pour se mettre en route en atten- dant, dans cette position. Tordre de se mettre en route.

Nota. Prière de faire prévenir le commandant du génie, Fargue.

Supplément à tordre de mouvement pour le 8 août.

7 août. Division Decaen.

Les bagages de la division marcheront immédiatement après ceux de la division Grenier, au lieu de ceux de la division Gastagny et seront suivis des bagages de la division de cavalerie du corps. Les bagages de la division marcheront dans Tordre suivant :

Général de division ;

Etat-major de la division ;

Détachement du train des équipages militaires portant des

vivres ; Sous-Intendant et administration ; Prévôté et escadron de cavalerie ; Payeur ;

Bagages de la â^ brigade; Bagages de la 1 " brigade.

Enfin, après les bagages de la cavalerie, les services et corps de la division dans Tordre suivant :

LA GUBRRB DE 4870-4871. 35

Ambulance ; Mulets de cacolets ; Voitures d'artillerie ; Parc dÎTisionnaire d'artillerie ; Batterie de mitrailleuses ; brigade, par la gauche ; Une batterie de combat ; Un bateillon de la 1'« brigade (44«); Une demi-batterie de combat ; Dix patres de cacolets ; Deux bataillons du 44*; Une demi-batterie de combat ;

11* bataillon de chasseurs à pied, ayec 15 mulets de cacolets avec 1 brigadier.

Les tentes seront abattues à 3 heures du matin et la soupe mangée à 4 heures.

Les sacs et bagages seront chargés, prêts à marcher.

Les Toitures, dans le convoi, marcheront sur deux de front, ainsi que les voitures d'artillerie.

Il n*7 aura pas d'escorte pour le convoi.

Les soldats marchant avec les voitures devront avoir leurs armes et leurs munitions.

En cas d'attaque, les voitures doublées du convoi seront tournées de manière à ce que les chevaux soient tète à tète sur le milieu de la route et les caisses de voitures en dehors.

Le commandant de la 1*^ brigade s'assurera que les bagages du 60*, laissés au camp par le régiment, soient intercalés à leur place dans le convoi.

Le maréchal Bazaine au Major général, à Metz.

Saint-Avold, 7 aoAl, 9 h. 36 soir.

Je viens de recevoir du général Frossard l'ayis qu'il pourra com- mencer demain son mouvement de concentration sur Metz ; il prend la route de Nancy à Sarreguemines et mettra son quartier général le premier jour à Gros-Tenquin. La brigade Lapasset est avec lui, et suit son mouvement. Je vais donc commencer demain matin mon mouve- ment sur Met2.

La Garde viendra le premier jour sur la Nied française, mes divisions sur la Nied allemande, mon quartier général sera à FauU quemont.

36 LA GUERRE DE 1870-4874.

* Le 7iiaréckal Bazaine au général Frossard.

Saint-Avold, 7 août.

Le générai de Ladmirault a reçu l'ordre direct de TEmpereur de se retirer avec tout sod corps d'armée sous Metz. li commence son mou- Tement demain matin, en partant de Boulay il est en oe moment.

Notre gauche va ainsi se trouver complètement découverte ; il est urgent de se conformer aux ordres de FEmpereur et de concentrer l'armée sous Metz. J'ai pris toutes mes dispositions pour que le mouve- ment commence demain. Je tous ai envoyé, il y a un instant, un ordre du Major général à cet égard : veuillez me dire quand tous pensez pouToir l'exécuter.

Le Major général au maréchal Bazainey à Saint' Avold (D. T.).

Mets, 7 août, 9 h. 85 soir.

D*après quelques renseignements qui me parTÎennent, il se pourrait que TOUS fussiez attaqué demain pendant Totre retraite.

Le capitaine Delauzon du régiment de chasseurs. Compte rendu.

Le capitaine chargé de faire la reconnaissance sur la route Saint- Avold rend compte que, des renseignements qui lui ont été fournis, il résulte qu'un corps de l'armée prussienne, dont le nombre n'a pu être déterminé par ceux qui ont donné les renseignements, se trouTe placé à Théding, à six kilomètres enTÎron sur la droite de la route de Saint-ÂTold.

Au Tillage de Hoste-Bas, Ters 5 heures, seize uhlans ont été aperçus.

Les mêmes renseignements ont été donnés au TÎllage de Loupers- hausen.

A gauche de la route de Saint-ATold aucun renseignement n'a été donné.

LA GUERRE DE 4870-4874. 37

Journée du 7 août.

CORPS.

a) Journaux de marche. Journal de marche du A^ corps.

7 août.

Les bagages partent à 10 heures du soir pour Glattigny. On a reçu l'ordre de se rabattre rapidement sur Met2.

i'* division. Vient de Teterchen à Boulay, eamper à Tembran- chement des routes de Sarrelouis et Bouzonvilie. Elle passe par Valroûuster^ Bettange et Éblange pour ne pas encombrer la route que doit suivre la 3^ dÎTision en arrivant à Boulay.

division, Quitte Boucheporn, sur Tordre du maréchal Bazaine, pour rejoindre le corps d'armée yers Saint- Avold.

3* division, Se porte de Goume sur Helstroff ; elle commence son mouvement h midi.

Cavalerie, Toute la division se trouve réunie à Boulay. Deux pelotons sont mis le soir à la disposition du général de Cissey pour faire des reconnaissances en avant de son front«

Artillerie et génie. Les réserves partent à minuit pour Glattigny se trouve déjà le parc d'artillerie du corps d'armée venant de Metz.

Administration. Le grand convoi du quartier général est dirigé dans la soirée sur Noisseville, près Metz, de manière à dégager la route.

1»« DIVISION.

Le général de Cissey reçoit dans la matinée Tordre de porter sa division le soir même à Boulay. Gomme les renseignements fournis font toujours pressentir un mouvement en avant de Tennemi, les impedimenta de notre colonne sont acheminés à l'avance sur Boulay.

La 1'* division conserve, dans Tordre de marche qui lui est prescrit par le général de Cissey, la possibilité de recevoir instantanément le choc de Tennemi s*il se présente. Elle est couverte à sa gauche par la division de Lorencez (3* du 4** corps), qui va de Coume à Boulay, par une route à peu près parallèle à la nôtre. La droite de la division est couverte par la brigade de cavalerie de Montaigu, qui nous flanque très au loin.

aa LA GUERRE DE 1870-1874.

La division suit'la route de Teterchen à Boulay dans l'ordre ci-après : |ro brigade d*infanterie ; La compagnie de sapeurs du génie ; Deux batteries de combat, escortées par deux compagnies du

20® bataillon de chasseurs ; Un régiment de ik 2* brigade ; Deux sections de combat (artillerie) ; Deux bataillons du 2* régiment de la brigade ; Une section de combat (artillerie) ; Huit mulets de cacolets ; Un bataillon d'arrière-garde ; Un escadron d'arrière-garde (tiré de la^)rigade Montaigu).

Le bÎTOuac de la division est installé à Boulay vers 6 heures du soir.

Toutefois, d'après de nouveaux ordres de mouvement, la 1 ■'* division doit continuer son mouvement de retraite vers la Nied pendant la nuit. Elle se remet donc en marche vers 2 heures du matin, après que les impedimenta des réserves du 4*^ corps et de la division elle-même, se sont rais en route.

Souvenirs inédits du général de Cissey.

Nous recevons des ordres pour aller coucher le soir même à

Boulay. Je fais manger la soupe promptement et j'achemine tous lea impedimenta; les renseignements parlant toujours de marche en avant de l'ennemi, je tiens à marcher en ordre de combat ; ma gauche est couverte par la division Lorencez qui se porte sur Boulay par une route à peu près parallèle à la mienne ; je fais couvrir ma droite par la bri- gade de cavalerie légèce de Montaigu qui me flanque très an loin ; le reste de ma division marche sur la route dans l'ordre suivant :

Voir le document qui précède.

Nous commençons à installer le bivouac à 5 heures et, à 6 heures, tout est terminé. Nous avons à peine le temps de dîner que des ordres arrivent; il faut continuer le mouvement de retraite et à 11 h. 1/2 du soir, la division doit se mettre en route. Pour tâcher d'éviter le long défilé à travers ville, je fais reconnaître des chemins qui la contour- nent, mais nouvellement ouverts, ils sont totalement impraticables.

Grâce aux impedimenta de toutes sortes qui nous précèdent, nous ne pouvons nous mettre en mouvement qu'à 2 heures du matin

2* DIVISION.

La division se porte à Saint-Avold et il est prescrit au général Grenier, par le miiréchal Le Bœuf, major général de l'armée, de se

LA GUERRE DE 4870-4874. 39

placer exclusivement sous les ordres du maréchal Bazaine, qui est à Saint-Avold avec le 3* corps tout entier. Le maréchal fait prendre à la S^ divisioD une position défensive sur les hauteurs dominant le village de Petit-Eberswiller et le chemin de fer. Mais quoique des Prussiens aient été vus à petite distance, on n'a pas d'alerte.

DIVISION.

Deux reconnaissances sont poussées le 7 au matin, Tune dans la direction de Merten, Tautre dans celte de Ham-sous-Varsberg ; elles sont fortes de deux compagnies d'infanterie et d'un demi-peloton de cavalerie.

A la date du 7 août, commence le mouvement du corps d'armée, réduit à deux divisions, pour se rapprocher de Metz. La 3* division quitte Goume à midi, traverse Boulay et vient bivouaquer au village d'Helstroff, à quatre kilomètres au Sud de Boulay. Le 65* est laissé k Boulay pour renforcer la i" division qui se trouve en première ligne par rapport à l'ennemi.

De Goume à Boulay, la division marche en trois colonnes : l'artillerie est sur la route, ayant derrière elle le bataillon de chasseurs ; la j'* brigade, marchant dans les terres, tient la droite ; la ^^ brigade, engagée dans un terrain difficile, est à la gauche ; un escadron du 7* hussards éclaire les derrières.

La division, arrivée à Helstroff à 3 heures, campe on cercle autour de ce village.

Le quartier divisionnaire est à HelstrofiP.

Division de cayalbrib.

Le 7 août, la brigade de dragons et l'état-major de la division partent de Boulay, à minuit ; la brigade de hussards à 1 heure du matin et se dirigent vers Metz, la i** parla route d'Helstroff, la 2* par Volméraoge, et vont bivouaquer le même jour, la i" brigade à Lauvallier et la à Silly (sur Nied).

c) Opérations et mouTements. Le général de Ladmirault au Major général,

Boulay, 7 août, 2 heures du matin.

J'ai reçu les ordres que Sa Majesté m'a adressés. Je tiendrai les posi- tions que j'occupe à Teterchen, Goume et Boucheporn.

40 LA GUERRE DE 4870-4871.

Je suis en relations promptes avec le maréchal Bazaine par Bouche- porn, déjà il m*a demandé le 43* de ligne ; j'exécuterai les ordres et injonctions qu*il m'enverra.

P.-5. Toutes mes troupes sont en position; je n'ai, à Boulay, que la brigade de dragons» les réserves d'artillerie et 1 bataillon du 65^ pour les escorter quand elles devront marcher.

Le même au même (D. T.).

BoQlay, 7 août, 5 h. 46 du matin.

Il est bien entendu que je dois retirer mon corps d'armée sur Metz. Aujourd'hui, 7 août, il sera rallié à hauteur de Boulay, ce point comme centre de mon premier mouvement. J'arriverai A Metz en trois jours pour y prendre position.

#

Le général de Ladmirault au maréchal Bazaine (D.T.).

Boulay, 7 août, 6 h. 8 da malio.

J'informe Votre Excellence que j'ai reçu l'ordre direct de l'Empereur de me replier sur Metz avec tout mon corps d'armée. Je donne des ordres h. mes trois divisions pour qu'aujourd'hui, 7, elles viennent prendre position à Boulay.

Elles ne se porteront donc pas vers Saint-Àvold.

Le général de Ladmirault à VEmpereur (D. T.).

Boalay, 7 août, 9 heures du matin.

J'ai reçu la dépèche que Votre Majesté m'a adressée pour me donner l'ordre de retirer mon corps d'armée sur Metz. J'en avais déjà accusé réception au Major général.

Mes ordres sont donnés et mes divisions seront aujourd'hui en posi- tion près de Boulay, à l'exception de la division Grenier, de Bouche- porn, que le maréchal Bazaine a appelée à Saint-Â.vold par un ordre direct.

Le maréchal Bazaine au général de Ladmirault ^ d Boulay.

Soint-Âvold, 7 août (a« 44).

J'ui reçu le même ordre de concentration que vous. Pour que rien ne soit livré au hasard, ne vous retirez pas trop vite et arrêtez-vous le

LA GUERRE DE 4870-1874.

44

premier jour sur les positions ea arrière des Étangs, afin de couTrir le flanc droit de nos colonnes.

Ordre.

Saiot-Avold, 7 août.

La division Grenier, du 4* corps, restera jusqu*à nouvel ordre à la

disposition du maréchal Bazaioe.

Signé : Lb Boeuf.

Le général de LadmirauU au général de Cissey.

7 août.

Le convoi de vivres de la 1'* division partira en même temps que les bagages des corps.

La général en chef recommande d'informer les troupes qu'elles auront sur leur gauche la division du général de Lorcncez. Il importe qu'il n'y ait pas de malentendus cette nuit.

1'" DIVISION D'iNPAMTBftlB.

Ordre de mouvement.

7 août.

Cette nuit, les troupes établies à Boulay feront un mouvement dans

la direction de Metz pour aller occuper une position voisine des Étangs.

On se conformera aux dispositions suivantes :

Le convoi de vivres, départ à 9 h. 30, ira se masser à 2 kilomètres

Ide Boulay, escorté par sa compagnie de garde. Aussitôt massé il se

lettra en route et s'arrêtera à Glattigny;

2<* Bagages particuliers des corps, des officiers sans troupes, trésor le la l" division, réserves d'artillerie de la i'* division, matériel d'ambu- fiances, départ à iO heures, sous Tescorte de deux compagnies d'infan- terie delà 2* brigade, qu'ils prendront à la sortie de Boulay (sous les ordres du capitaine de gendarmerie Kiener, qui l'arrêtera à Glattigny); 3** A minuit, compagnie et parc du génie de corps d'armée, trésor let ambulances du corps d'armée, réserve d'artillerie du corps d'arm(:>e |6 batteries), le tout escorté par quatre compagnies d'infanterie de la brigade deux devant, deux derrière les quatre compagnies iront à la disposition du commandant de la réserve d'artillerie du )rps d'armée ;

4<* A 2 heures du matin, S<» brigade de la l'« division, moins le itaillon qui escorte les deux convois précédents. Elle tournera la yille ir un chemin de ceinture qui lui sera indiqué par un capitaine d'état- hjor se tenant à l'embranchement ;

49 LA GUERRE DE 4870-4871.

4'* bis Le génie de la 1<* division ; 5^ Deux batteries de comblât dont une à balles ; 6^ Un régiment de la i^ brigade ; 7^ Deux sections de combat ; 8^ Un régiment de la 1" brigade ; 9^ Dix mulets de cacolets ; 10° Une section de combat ; 1 i <^ Le bataillon de chasseurs à pied.

Les bataillons les plus rapprochés des batteries détacheront une com- pagnie à la garde de chaque batterie. L'escadron marchera avant la section d'artillerie d'arrière-garde et se portera k droite et à gauche de la route aussitôt qu'il pourra et laissera un'peloton d'extrême arrière-garde. Messieurs les officiers yeilleront à ce que les armes ne soient pas chargées. Les troupes iront camper, la droite à partir de Gheuby et la gauche se prolongeant vers Yry. Les tentes seront dressées et les hommes prépareront le repas du matin. On partira sans bruit en laissant les feux de bivouac allumés.

Division de gayalbrib. Ordre de mouvement.

7 août.

Cette nuit, les troupes qui sont à Boulay quitteront leur campement pour prendre la direction de Metz et occuper une position à hauteur des Étangs.

La cavalerie se conformera aux dispositions suivantes :

Ce soir, à 10 heures, tous les bagages des officiers et des corps partiront de Boulay, en même temps que ceux de la i'^ division.

A minuit, la brigade de dragons se mettra en marche et s'engagera sur la route d*Helàtroff, mais elle aura soin de s'y engager sans entrer dans la ville de Boulay.

A 1 heure du matin, la brigade de hussards partira à son tour et prendra la route directe de Metz, par Volméraoge. On laissera toutefois au camp un escadron de hussards, qui sera mis à la disposition du général de Gissey, commandant la 1'* division d'infanterie, qui doit quitter Boulay à 2 heures du matin.

La brigade de dragons, en arrivant à Helstroff, y trouvera la division de Lorencez, et le général de Gondrecourt prendra les ordres de cet officier général.

Après avoir dépassé les Étangs et arrivée à hauteur de Glattigny, la brigade de hussards choisira son bivouac du cdté de Sainte-Barbe.

Contre-ordre est donné au 3*^ dragons qui devait partir de Boulay, le 7, à 4 heures du matin.

aUBRRE DB 1870-4871. 43

Le général Soleille au commandant Voisin (1).

Metz, 7 août.

Par ordre de TEnipereur, faites rétrograder 9ur Metz l'équipage de pont du 4* corps. Rendez compte de cet ordre au général Lafailie (2),

Le général Soleille au colonel Vasse-Saint-Ouen (3).

Metz, 7 août.

Malgré Tordre de ce matin, je ne crois pas prudent d'éloigner tous les parcs de la première ligne du combat; j'aimerais mieux, pour le parc du 4* corps, laisser les choses dans l'état actuel, c'est-à-dire une portion à Metz et l'autre à Verdun. Il faudrait écrire alors au colonel Luxer de rester jusqu'à nouvel ordre à Verdun avec la portion restante du parc.

Journée du 7 août.

CORPS.

a) Joamaux de marche.

Journal de marche du 5* corps d'armée.

Des mesures sont prises pour mettre en état de défense le sommet qui domine le fort (de la Petite-Pierre). Un fossé, jadis créé par Turenne, est rétabli. Le général en chef Ta reconnaître une position au Nord-Est de la Petite- Pi erre.

L'ennemi ne se présente pas, mais est signalé à Erckart&willer ; sa proximité et la difficulté de faire vivre dans cette place sans approvi- sionnements et sans eau 20,000 hommes épuisés par une marche de nuit de 30 kilomètres en montagne, déterminent le commandant du corps d'armée à évacuer la place.

(1) Sous-directeur du parc du 4" corps.

(2) Commandant l'arlillerie du 4" corps.

(3) Chef d'état-major de l'artillerie de l'armée.

44 LA OUBRRE DE iBlO-iSli.

Une dépêche adressée par TEmpereur au général de Failly, à cette date, ne parvint pas à sa destination. Elle était ainsi conçue : <c Retirez- vous, avec Totre corps d'armée, sur le camp de Ghàlons ».

A 7 h. 1/2 du soir, le Major général adressa une nouvelle dépêche, en ces termes : « L'Empereur maintient les ordre» qu*il vous a donnés et, d'après lesquels, vous devez vous retirer avec vos troupes sur le camp de Ghâlons ».

Puis une autre : « Le maréchal de Mac-Mahon arrive ce matin } Phalsbourg. Emmenez les 3,000 hommes qui se sont ralliés à la Petite- Pierre. L'Empereur réunit Tarmée sous le même Maréchal, en arrière de la Marne.

« Un officier, parti de Metz hier au soir, doit vous joindre pour vous porter des instructions. Paris est très dévoué. Les Chambres seront réunies le il. »

De son côté, le maréchal de Mac-Mahon avait annoncé sa défaite au général de Failly de la manière suivante : u J'ai été attaqué, hier matin B août, à 7 heures, par des forces considérables, dans la position de Frœschwiller. J'ai perdu la bataille et fait de grandes pertes. La retraite, commencée à 4 heures, s'est effectuée partie sur Saverne, partie sur Bitche. Je prends les ordres de TËmpereur et vous les ferai connaître ».

Le 5* corps, auquel se joignait à chaque heure un plus grand nombre de débris du i'^' corps, campa autour de la Petite-Pierre, partie dans la place, partie sur la crête des Vosges.

Journal du capitaine de Lanouvelle, de Vétat-major du corps de l* armée du Rhin.

7 août.

On continue la marche, au milieu d'une nuit sombre et brumeuse qui finit par s'éclaircir. On devait suivre la crête des Vosges par Gœtzenbrûck et Puberg jusqu'à la Petite-Pierre le corps d'armée serait rassemblé et on attendrait des nouvelles du 1*' corps d'armée, ainsi que la division Lespart.

Un officier d'état-major, le commandant Perrotin, marchait en tête de colonne avec un guide du pays. Vers 1 heure du matin, la direction générale fut modifiée vers l'Est et bientôt nous [descendions en Alsace. L'état-raajor prévint le général en chef que son intention première avait été modifiée, peut-être à cause du chemin de crête et que le corps d'armée allait déboucher, au point du jour, dans la plaine d'Alsace à Ingwiller. La tête de colonne arrivait à Wimmenau sur la Moder, à 3 heures du matin, lorsqu'elle fut arrêtée et redressée dans la direction de la Petite-Pierre par le Moosthal et Erckartswiller ; nous

guerre de 4870-4874. 45

arrivâmes péniblement par ces chemins forestiers où, sur plusieurs points, on dût frayer la route à rartillerie. Les débris de la division Ducrot arrivaient comme nous à la Petite-Pierre à 9 heures, les hommes des divers corps confondus marchaient tristes, silencieux, Tattitude fière, leur chef au milieu d'eux ; cette division fut ralliée et repartit dans la journée pour Phalsbourg.

Le général Ducrot qui venait de commander la division militaire à Strasbourg et qui connaissait parfaitement le pays, donna au général de Failly des renseignements et des conseils précieux dans le cas oi!i nous devrions tenir la ligne des Vosges. Il fallait faire occuper fortement le passage d'Oberhoff sur la Zintzel (7 kilomètres au Sud de la Petite- Pierre), et tenir le chemin qui vient de Puberg au Nord, en même temps qu*on porterait la ligne de résistance vers l'Est jusqu'à la crête du contrefort sur lequel s'élève le fort actuel.

Le général de Failly reçut dans la journée, à une heure que je ne puis préciser, le télégramme suivant du Maréchal, qui était à Saverne :

Voir la fin du document qui précède.

La consternation régnait à la Petite-Pierre. Le fort n*était pas armé et ne pouvait pas résister à une attaque sérieuse. Le fort de Lichten- berg, à 10 kilomètres environ au Nord-Est, n'avait que 25 hommes de garnison auxquels se joignirent une centaine de soldats du i*" corps; il capitula après un bombardement de quelques heures.

La diTision de Lespart, sur laquelle on avait des inquiétudes sérieuses, jdous rejoignit dans l'après-midi.

1" DIVISION.

7 août.

Arrivée à la Petite-Pierre de la tète de colonne, vers 9 heures du matin ; la gauche n*arrive que dans la journée.

Fatigue; pluie; terrains détrempés; fuyards de Wœrth; maùque de distributions.

1»« DIVISION (2« brigade).

7 août.

C'est en bon ordre que la brigade franchit, en 18 heures, la distance de Bitche à la Petite-Pierre en passant par Lemberg, Gœtzenbrûck, Wimmenau et Erckartswiller. Avdnt d'atteindre cett^ dernière localité, elle prit rapidement et sans trouble d'utiles dispositions pour parer à une fausse alerte donnée par des cavaliers échappés au désastre de Reichshoffen, puis continua lentement sa marche vers la Petite-Pierre qu'elle atteignit le 7, vers 3 heures du soir. Elle campa au Nord de ce village, sur deux lignes déployées, au sommet d'escarpements boisés.

46 GUERRE DE 1870-4871.

DIVISION.

7 août.

«

A la pointe du joUr, on atteignit Lemberg. On y trouva le bataillon du 49" du commandant Paris laissé à Rohrbach, la veille, pour appuyer le 5" lanciers. On apprend, qu^aprèë le départ de la division de TÂbadie, la cavalerie allemande» avec de Tartillerie, était venue menacer la gare du village, mais qu'une charge de lanciers et la bonne contenance de rinfanterie, qui avait trouvé uuq occasion de faire éprouver quelques pertes à l'ennemi, avaient déterminé ôelui-ci & sVloigner. Ce bataillon était le 7 en position avec le bataillon du 4%^ et une section d'artillerie pour couvrir le flanc de la colonne contre une attaque par la route de Rohrbach. D'après les ordres du général en chef, un autre bataillon du 49« alla relever celui du 46*; une section de la batterie Kramer remplaça la section d'artillerie appartenant à la division Goze. Ces troupes reçurent pour consigne de laisser filer toute la colonne et de prendre la gauche du 5** corps, après qu'il aurait dépassé Lemberg.

Le jour s'est levé, on rétablit de l'ensemble dans les corps; on marche rapidement, on traverse Gœizenbrûck, on est sur la crête des Votiges. On tourne bientôt au Sud-Est, pour descendre dans la vallée de la Moder, la route est tracée au milieu des bois ; elle est bonne. Après avoir dépassé Wingen et, avant d'arriver à Wimmenau, on prend, au milieu d'un terrain sablonneux et couvert de taillis, un chemin le tirage des voitures devient difficile ; les caissons k deux roues portant les munitions de l'infanterie, quelques voitures à bagages des batteries d'artillerie, les voitures de réquisition affectées à l'ambulance ont de la peine k sortir de certains passages ; il faut doubler les attelages et mettre des hommes aux roues pour les dégager. Les troupes marchant en avant de la division de l'Abadie allaient atteindre la crôte qui sépare la vallée principale de la Moder du vallon qui descend de la Petite-Pierre, quand on signala la présence de l'ennemi campé dans la plaine en avant ; on se préparait à combattre ; ordr? avait été donné de faire avancer l'artillerie, mais on reconnut bientôt qu'il y avait une méprise; une fausse alerte donnée par les fuyards du i*' corps.

La division, arrêtée un instant, poursuit son chemin et arrive à la Petite-Pierre, vers 3 heures après-midi, par une voie assez raide et assez rocailleuse. Le bivouac est donné par l'état-major général auprès de celui de la division Goze, déjà campée sur un plateau au Nord de la ville.

Le général de division prescrit des dispositions militaires pour se garder le jour et quelques mesures de plus, pour le cas d'une attaqué de nuit.

L'artillerie de la division n'avait pas suivi l'infanterie dans sa marche

LA OUBRRB DE 4870-1871. 47

à partir de Wimmenau ; elle ayait trouvé à droite un très beau chemin pour se rendre à la Petite-Pierre.

La grande précipitation dans la marche du corps d'armée avait produit un grand allongement dans l'ensemble de la colonne qu'il formait.

Les officiers des corps, privés de leurs bagages, dans une localité n'offrant que des ressources insuffisantes, voient commencer les priva- tions auiquelies la sollicitude de leur général de division n'a pu les soustraire tout à fait pendant le reste de la campagne.

On ne peut faire, ce jour-là, que des distributions très incom- plètes.

Des débris du corps d'armée du maréchal de Mac-Mahon, passant par la Petite- Pierre, s'attachent à la division et exercent par leurs récits une influence des plus funestes

Division de cayalbrib.

7 août.

Le général de la Mortière ne retirant, suivant les ordres reçus, de Rohrbach sur Lemberg, le 5* lanciers fut alors placé en tèle de colonne, suivit la route de Lemberg à Wimmenau, oii il dut alors prendre un chemin de traverse dans les forêts et put enfin arriver à la Petite-Pierre à 9 h. 1/â du matin.

Les escadron*) du 5* hussards avaient marché avec le quartier général et les trois divisions d'infanterie.

Le 12* chasseurs, avec le général de Berois, avait pris la queue de la colonne; il arriva dans raprè>-midi à la Petitf'-Pierre et bivouaqua à la' sortie de la ville, à gauche de la route de Phalsbourg, à côté du 5* lan- ciers.

DiTlSiON DE CAVALERIE (!'• brigade).

7 août.

La brigade attendit juqu'à minuit sous les murs de Bitche que le 5^ corps en entier eût défilé. Elle se mit alors en marche, éclairant ses derrières et couvrant sa retraite. Tous les bagages étaient restés à Bitche.

Le 5* corps prit la direction de Lemberg, d'Ingviriller et à deux ou trois kilomètres de cette localité, il se dirigea sur la Petite -Pi erre, oii la brigade elle-même arriva, vers les 3 heures de l'après-midi, après nne marche des plus pénibles. Les hommes étaient à chpval depuis trente-quatre heures. Elle ne reçut de distribution d'aucune espèce» et le lendemain 8, elle se mit en marche conformément aux prescriptions de Tordre suivant :

48 LA GUERRE DB 1870-1871.

Ordre de mouvement.

Petite-Pierre, 7 août.

Réveil à 3 heures du matin sans sonnerie aucune, café à 3 h. 1/4; on aura soin de ne pas allumer de grands feux. Départ de la tôte de colonne à 4 heures. Direction sur Phalsbourg par la route impériale passant par Ott^iller.

X

Génie.

Dès son arrivée, le génie s'occupa d*organiser les moyens de

défense de la position pour le cas le 5* corps y séjournerait quelque temps et Tennemi, Tainqueur de la Teille, viendrait s'y attaquer.

c) Opérations et mouvements. V Empereur au général de Failly, à Bitche {D. T.).

7 août, 5 heures du matin. S'il en est temps encore, relirez -vous sur Nancy.

Le Major général au général de Failly, à Bitche.

Dépèche portée par le capitaine de Salles, 7 août, 5 heures soir.

Je TOUS enToie le capitaine de Salles, de Tétat-major général, pour aToir de vos nouTelles. L'Empereur n'en a pas reçu de tous depuis hier matin et désire saToir dans quelle situation tous tous trouTez à l'heure actuelle et aussi ce qui tous est adTenu dans la journée d'hier. Je tous préviens en même temps que tous dcTez tous diriger sur le camp de Gh&lons avec tout Totre corps d'armée. Faites^moi connaître la direc- tion générale que tous tous proposez de suiTre à cet effet.

Le général de Ffiilly au Major général^ à Metz

(D. T.).

LU(zelbourg> 7 août, 10 heures du soir.

Je suis à la Pelite-Pierrc aTec la dÎTision Goze complète, une brigade de la division l'Abadie, 11 batteries, Il escadrons de cavalerie. On annonce Tennemi en force à Ingwiller, ses avant-postes à 6 kilomètres de moi. Je partirai demain i\ 4 heures pour Phalsbourg. Pas de nou- velles du maréchal Mac-Mahon. 3,000 soldats environ se sont ralliés à

LA GUERRE DE 4870-4874. 49

la Petite-Pierre. Demain je prendrai position entre Phalsbourg et Lût- zel bourg.

Dois-je laisser à la Petite-Pierre le commandant du fort avec ses 30 hommes?

Le général de Failly au général de VAbaÂie^ à Liœheim.

7 août.

On annonce que Tennemi marche sur Sarrebourg par la Tallée de la Sarre. Choisissez une position aux environs de votre camp et faites-vous garder aussi loin que vous pourrez.

Faites connaître, , au général Brahaut, qui est dans la direc- tion de Bitche, que vous êtes avec trois brigades à Lixheim, 10 kilo- mètres de Sarrebourg, dans la direction de Bitche.

Le maréchal de Mac-Mahon est à Sarrebourg, avec au moins 20,000 ' hommes. J'y ai aussi la division Lespart.

Je vous envoie un peu de pain.

Ordre de marche pour le 8 août.

Artillerie de réserve avec un bataillon de la brigade Maussion ; le train et Tambulnnce accompagnés d'une compagnie.

La brigade Maussion, dans Tordre déterminé par le général de divi- sion et disposée de façon à pouvoir faire face en arrière.

La division Goze aura une arrière-garde fortement constituée, ayant au moins une batterie d'artillerie.

Toutes les voitures du corps d'armée devront marcher sur deux de front, les intervalles observés. La colonne des voitures aura été consti- tuée de façon à pouvoir faire face à gauche et être déployée Le

mouvement ne commencera que quand les reconnaissances journalières auront été faites et que les officiers généraux en connaîtront le résultat.

Cavalerie, Le 5" lanciers précédera la colonne et partira à 3 h. 1/2 pour éclairer la route, il sera suivi par le 12* chasseurs.

La cavalerie divisionnaire marchera autant que possible sur le flanc gauche et en dehors de la route pour éclairer le flanc.

En cas de passage d'obstacles, l'escadron de la division L'Abadie marchera en tète, celui de la division Goze en queue.

Il sera fourni demain matin au chef d'état-major général une situation sommaire de l'effectif de chaque troupe.

Les grand' gardes ou les troupes en position ayant de l'artillerie, la ramèneront, et, en arrivant dans la colonne, elles prendront la place assignée.

9* f«M. Doc«m. 4

Oa hk aUBRRB DB 4670-4874.

Les isaléii apparteaant à la oaTalerie légère, sefont mis en tUbsiatAlioo et marcheront avec le 12' chasseurs. Les malades et les cavaUers ayàat 4m «hevaax indisponiblea» marchttraat àfeo le (ooiroL

Journée du 7 août.

6* CORPS, a) Journaux da marche.

Journal dt diarc]|t da •'' corpt d'armét.

L^ordre donné au 6* corps de se rendre k Nancy est contremandé. Les troupes en route sont rappeléed et tout le 6* corps rentre au camp de Gh&lons, moins la 4' division d*infanterie, qui est toujours k Paris.

l<^ Division.

La division reçoit Tordre de rentrer au camp de Chàlons. Les dernières troupes de la 3* brigadci arrêtées à Toul et à Gommercyi sont redAenées au Oamp par les mêmes trains.

La l'* brigadei embarquée à Nancy» rentre au camp de Cbàlona dans le nuit du 7 au 8%

DIVISION»

De minuit à 4 heures du matin, trois trains, partant de la g^re de Mourmeloo^ emmènent le général de division et son état-major, le 9^ de ligne et deuï bataillons du 14^. En route, ces troupeâ reçoivent Tordre de rétrograder sur le camp. Cet ordre parvient au général de division k Bar-lc-Ûuc; les deux autres trains se trouvaient à Blesmes et à Ch&- Ien6.

A 3 heures, la division de trouve de nouveau tout entière féunte au (i^amp.

c) Opéraiiona et monVomenU.

L4 Major général au Minisire de la g%terre (D« T.)-

7 août, 4 h. 4/2 matin.

L'Empereur donne l'ordre att maréchal Ganrobert de rester au oamp de Chàlons et d*y rappeler les troupes qui en sont parties ; j'invite le

LA aUBRBR DB 1870-4874 . M

général commandant la subdJTÎsion de la Meurthe à renvoyer d'urgence au (UitDp de ChAions, par iM Toies ferrée», la divisioii d'in£aiiterie qui est déjà arrivée à Nancy.

Le général du Bai*ail a reçu Tordre de partir aujourd'hui même de Lunéviile, pour se rendre à Saint'-Mihiel il arrivera après-demain en trois étapes, couchant à Nancy et à Berueoourt.

Prenex des mesures pour que les sept escadrons de cette division, en route pour rejoindre, reçoivent les ordres nécessaires par leur change- ment de destination.

V Empereur au maréchal Cwarobert^ au camp de Chàlim9 (D. T.).

Metz, 7 août, 4 b. 60 matin.

Conservez les troupes que vous avez à Chàlons. Rappelez celles qui sont en route et dites-moi quelles sont celles qui sont arrivées à Nancy.

Le Major général au Commandant de la subdivision de Nancy {D. T.).

Metz, 7 août, 7 h. ^ mallD.

Quelles sont les troupes arrivées à Nancy venant du camp de Chà- lons t Répondez-moi sur-le-champ, et en même temps prenez vos dispo- sitions pour les renvoyer au camp de Chàlous.

V Empereur au maréchal Canrohert (D. T.).

7 août, 8 h. 45 matin.

Rappelez à vous les troupes de votre corps d'armée qui sont à Nancy. Je vous envoie un officier pour expliquer ma position.

Le marécMl Canrobert au Major général (D. T.).

Camp de Cbâloas, 7 août, 8 b. 30 matin.

Toutes les troupes, parties hier du camp, ont reçu ordre d'y rentrer, sauf ma 1** division, déjà arrivée à Nancy sans artillerie. Dois-je la faire revenir ici (1)?

(1) En marge, au crayon rouge» de la main du maréchal Le Bœuf : OuL

b% LA GUERRE DE 4870-4874.

Le Maior général au maréchal Ca%robert (D. T.).

7 août, 4 h. 4/2 soir (n* 39).

Je donne l'ordre au général commandant à Nancy de renToyer immé- diatement, par Yoie ferrée, au camp de Gbàlons, Totre 1^ division.

Le général de Salignac-Fénelon (!) au maréchal Canrobert.

Sainte-Menehoald, 7 août, i h.. 45 aoir.

Ai reçu votre télégramme officiel, et, par le télégraphe, Tordre de rentrer au moment de mon arrivée ici; je rétrograderai demain et serai au camp dabs la journée.

Le commandant Caffarel (2) au fnaréchal Canrobert, au camp de Châlons (D. T.).

Bar-le-Doc, 7 août, 7 h. 43 aoir.

Trois trains, forts de 1000 hommes, emportant : 9* bataillon de chasseurs h pied et 4* de ligne, sont partis de Nancy. Le premier» à midi et demi; le deuxième, à 2 heures; le troisième, à 4 h. 1/2. Général Tixîer partira après départ du 10' de ligne ; matériel pour les autres trains, non arrivé.

(1) Commandant la division de cavalerie du 6* corps.

(2) De r état-major du 6* corps.

LA GUERRE DE 1870-4874. 53

Journée du 7 août.

?• CORPS. a) Jonrnaaz de marche.

i^ DI7I8I01V.

Notes sur les opérations de la V* division d'infan- terie du corps (i).

Le 6 août, au soir, le général Gonseil-Dumesnil réunit les débris de sa cRfision dans le TÎllage de Reichshoffen et de les mène à Nieder- bronn, il arrive à 7 heures.

Sur une indication inexacte donnée au général par un officier supé- rieur de Tétat-major du général commandant en chef, la division s'en* gage sur la route de Bitche.

A peine a-t-elle fait deux kilomètres dans cette direction, que, sur l'ordre de M. le Maréchal, elle rebrousse chemin pour prendre la route de Niederbronn à Bouxwiller et Sayeme. La marche s'effectue de nuit; elle est d'autant plus pénible que les soldats, n'ayant rien mangé de- ^ puis TÎngt-quatre heures et ayant combattu toute la journée, sont épuisés. Cependant une partie de la division, composée de faibles por- tions de tous les régiments, ayant à sa tête le général ConseU-Dume9nil, effectue le chemin d'une seule (raite et arrive à Saverne yers S heures du matin, le 7 août.

Le reste de la division, conduit par le colonel Chagrin de Saintp- Hilaire, s'arrête au village de Steinbourg, pour se reposer, et ne reprend sa marche que le 7 au matin, pour arriver à Saverne entre 8 et 9 heures.

L'artillerie, qui n'a quitté Gundershoffen que tard dans la soirée du 6, n'atteint Bouxwiller que le 7, à 1 heure du matin ; elle y fait une halte de deux heures et en repart, à 3 heures, pour Saverne.

(1) Notes sur les opérations de la !'• division du corps d'armée (Douay) depuis Vouverture de la campagne de 1870 jusqu'à la capitu- lation de Sedany par le capitaine d'état-major Mulotte. Manuscrit de 80 pages, arec 5 croquis.

54 LA OUBRttB DB 487(M874.

A peine arriyé à Saverne, le général Gonseil-Dumesnil reçoit l'ordre de se porter immédiatement, avec ce qu'il a de troupes, sur Phalsbourg. Il se remet en route entre 10 et il heures du matin et parvient à Phalsbourg à 1 heure. Là, les troupes peuvent prendre quelque repos et recevoir enfm, après plusieurs jours, des distributions régulières de vivres.

Ignorant que la portion de la division, qui se trouvait avec le colonel de Saint-Hilaire, avait déjà gagné Saverne, le 7 août au malin, le géné- ral CoDseil-Dumesnil n'avait pas pu lui communiquer Tordre de conti- nuer sa retraite jusqii'à Phalsbourg. Ces troupes reçoivent du maréchal de Mac-Mabon la mission de couvrir la retraite du 1^' corps et d'arrêter l'ennemi, si celui-ci fait mine d'accélérer la poursuite. A cet effet, elles prennent position sur les collines qui se trouvent au Nord du canal de la Marne au Rhin et du village de Steinbourg, entre ce village et celui de Saint-Jean-des-Choux. Cette position domine les pays environnants et permet à des troupes foroées de Tabandonner» de se replier darrière le oanal.

L'ennemi ne se montre pas. . 'Le 1®<^ corps a atteint en grande partie, soit Saf erne, soit Phalsbourg. Le ^^ corps, de son côté, se dirige sur Sarrebourg par Puttelang^, Sarre-Union et Fénétrange, en suivant la vallée de la Sarre. £q eoasé» quenoe, le colonel de Saiot-Hilaire quitte sa position défensive pour mar- cher sur Phalsbourg et rejoindre le reste de la division. Il arrive dana ^ette ville le 8| à 3 heures du matin. Le général Gonseil-Dumesnil en est déjà reparti, dès i heure du matin, à la suite de la division Ducrot, du 1" corps.

DIVISION (2« brigade),

7 août.

r

bépart à 10 h. 1/2 du matin du camp de Modenheim pour Altkirch ; la brigade, avec la réserve d'artillerie et les bagagesi par la route de Dannemarie.

Par suite d'erreurs dans la mise en marche des diverses colonnes» ht 2^ brigade, la gauche en tête, suit la route d'Altkirch ; elle est suivie par la réserve d'artillerie et l'artillerie divisionnaire, ajnsi que par la cavalerie et les bagages.

Pendant la route, la cavalerie reçoit l'ordre de marcher derrière )a colonne. À Brunstatt, général de division, qui marche à l'arrière de ta colonne, envoie Tordre de se couvrir à gauche par des fianqueurs, que l'on e?t obligé de faire rentrer par suite des difficultés du terrain.

. Jiinéraire, Camp de Modenheim, pont de Riedisheimt Riedisheioii faubourg de Mulhouse, Brunstatt, Zillisheim, Illfurth» TagoJsheim, Wallheim, Altkirch. Pas de grande halte.

LA GUBERB DB 1870*4874. M

Ordre de marche, 89* de ligne ayant un bataillon d*avant-garde, artillerie diTÎsionnaire. cavalerie pendant quelques kilomètres,, réserve d'artillerie du corps, 6* bataillon de chasseurs, bagages de la divi- sion et de la cavalerie, 53* de ligne.

CampmnenU ^^ En arrivant, la colonne campe dans la prairie, à rOuest de la ville, entre Altkirch, mi, le moulin de Saint-Mor4o4 qU& route de Kenibs.

A la suite de nouvelles reçues par le général de division, Tordre est donné, à 7 heures du soir, que les régiments se tiennent prêts à partir k 4 heures du matin, |e lendemain. En outre, les tentas ^eropt replov^es, les sacs faits et les voitures tenues prêtes à partir,

A 9 h. 1/2 du soir, on prend les dispositions suivantes :

Le bataillon de chasseurs garqira immédiatement les vigqng çt les carrières au Nord d'Altkirch ;

Deux bataillons du 89*, sous les ordres du colonel, iront s'établir sur la place, deyant la halle d*Altkirch ; le 9* bataillon prendra position derrière Téglise ayec une batterie de 4 ;

Le 53* s'installera sur le plateau oii se placera Tartillerie (réserve et artillerie divisionnaire)! k deux kilomètres à TOuest d'Altkirch, sur la route de Belfort.

Division db cavilkhib.

7 août. ^

Le général commandant la 1'* brigade, le 4* hussards partent de Mulhouse, pour Huningue, en reconnaissance.

Le général de division, le 8* lanciers partent de Mulhouse pour AUkirch.

Le lanciers part de Mulhouse pour Dannemarie.

Le 8* lanciers détache du bivouac d'AHkirch un escadron en grund'-^ garde et enyoie deux escadrons on reconnaissance sur la rou^e d^ j^embs, sqr un avis erroné du passage du Rhin par les Prussiens.

Les troupes réunies à Altkirch prennent une position défensive.

I

Journal de route du lieutenant-colonel Claret, chef d' état-major de V artillerie du corps d'armée,

7 août.

L'ordre est donné de lever le camp assis la veille #ur lei emplaoe?- ments reconnus par l' état-major de l'artillerie. Le 7, les troupes arri- vaient passer la nuit à Altkirch et même à Dannemarie, l'on prépa- rait les fourneaux de mine pour fkire sauter le viaduo, si la nécesfité venait à l'exiger, en même temps tout le matériel du ohemin de fer était ramené, pour être garé sous Belfort oii nous rentrions le 8 ,

66 LA. GUERRE DE 1870-4874 .

b) Organisation.

Le général Cofflnières au général Doutrelaine.

Metz, 7 août.

J'ai l'honneur de vous informer que, sur la proposition du généra! commandant le 7* corps d'armée, le Ministre a décidé que les compa- gnies du 2* régiment du génie attachées à ce corps seront réparties ainsi qu'il suit :

Au quartier général, 12* compagnie de sapeurs ; \

A la i'* division, 2* compagnie de sapeurs;

A la 2®, 4* compagnie de sapeurs ;

A la d^, 3* compagnie de sapeurs (1).

c) opérations et mouvements. L'Empereur au général Douay^ à Mulhouse (D. T.).

Metz, 7 août, 5 h. 1/2 matin.

Si vous le pouvez, envoyez une division à Strasbourg pour défendre la place. Gardez les autres à Belfort.

Le général F. Douay au Major général et au maré- chal de Mac-Mahon,

Mulhouse, 7 août, 9 b. 40 matin.

Je pars pour Belfort avec la division Liébert. J*y serai concentré demain matin. On me signale de nouveau la présence de l'ennemi sur les bords du Rhin. Le 4*^ hussards va en reconnaissance jusqu'à Huningue et sera demain à Altkirch. Je suis sans nouvelles de la divi- sion Gonseil-Dumesnil, dirigée sur Hnguenau, et des troupes de Lyon.

Le général Félix Douay au général Cambrièl.

7 août.

Le général Gambriel partira avec le régiment de hussards eH re- counaissance sur Huningue (2); il suivra la grande route de Mulhouse, à droite du chemin de fer.

(1) Gelle-ci non encore arrivée d'Algérie.

(2) Au crayon : Départ fixé h il heures du matin par le comman- dant en chef.

LA GUERRE DE 4870-4874. 57

Il s'arrêtera d*abord au village de Bartenheim, enverra une recon^ naissance sur Huningue, un ou deux escadrons à son choix ; avec les autres escadrons, il se dirigera sur Jettingen, il sera rallié par la reconnaissance venant d'Huningue. Il reprendra alors la route d'Altkirchy avec liberté de manœuvrer pour prendre son bivouac, quand il le jugerii convenable. Il arrivera à Altkirob demain.

11 fera toutes les réquisitions nécessaires pour faire vivre ses hommes et ses chevaux et il lui est recommandé, tout en faisant bien et vite, de ne pas les surmener. Si cela est possible, il rendra compte au général en chef par télégraphe.

Journée du 7 août.

GARDE IMPÉRIALE. a) Journaux de marche.

Journal de marche dn corps de la Garde.

La Garde va bivouaquer sur le plateau qui domine Longeville-les- Saint-Avold. Le quartier général s'installe à Loiigeville.

La division de cavalerie, partie de Marange à 3 heures du matin, bivouaque provisoirement à Zimming et se remet en marche vers midi pour Longevilie.

Le départ de Ck)urcellcs a lieu dans Tordre suivant :

La division Deligny, à 4 h. 1/2 du matin ;

La division Picard, h 6 h. 1/2 du matin ;

La colonne du quartier général (section du génie, parc d'artillerie, bagages du quartier général, convoi de l'administration), à 8 h. 1/â.

Le régiment au 3^ grenadiers (deux bataillons) escorte la colonne (lu quartier général, placée sous les ordres du général de Arros et rallie la <livision après l'arrivée de la colonne à Longeville-les-Saint- Avold.

En route, le général de Arros reçoit Tordre de faire rétrograder sur Pangc, par Fouligny, les arabas (1) et impedimenta de toute nature

(i) Nom qu'on donnait aux chariots du pays.

58 LA aUBltRB DB 487M874.

et de ne eonierver que la réserve d'artillerie, le pare et la seotien du génie a?eQ les grenadiers ; le pare d'artillerie rétrogmdû siir Govr» eollefrpSur'Nied. Le quartier général est établi au ehâteau de LongeTillenles^aint"

Ou bivouac de Longeville-le»-Saint-Avold on apereevait, en arrière de Saint-Aveld et dans les bois, des nuages de poussière indiquant la présenee des Prussiens.

Dans la nuit, une alerte, sans eause eonnue, jnetdans une certaine agitation le camp. L'on s'attendait à être attaqué.

Division Delignt.

7 août.

La division quitte Gourcelles-Ghaussy à 3 heures du matin pour se rendre à Longeville-^lçs^Saint-Avold, poipt jonction des routes de Forbach et de Boulay.

Elle a marché dans l'ordre suivant :

Amnt- garda ! Peloton de cavalerie ;

Deux compagnies du 1^^ bataillon du 1*^^ Toltigeurs ; 25 sapeurs.

A 500 mètres eR arrière ;

Les quatre compagnies restant du 4<*' bataillon du l**^ voltigeurs; Le restaqt de la oompagnie du génie, av9P uu mulat chargé d'outil»; Une section d'ertillçm.

Colonne :

Deux bataillons du i^* voltigeurs ;

Le restant de la batterie qui a fourni la section d'avant-garde ;

La batterie de mitrailleuses ;

Trois bataillons du i''^ voltigeurs ;

2" voltigeurs;

Six caissons légers, à munitions d'infanterie ;

L^ 2^ batterie de canons de 4 ;

Section légère d'ambulance ;

2^ brigade, moins le i"' bataillon du Â^ voltigeurs ;

Huit caissons légers, k munitions d'infanterie ;

Réserve d'artillerie ;

Trésor et postes ;

Équipages régimentaires.

Arrière-garde : Un bataillon du 4* voltigeurs.

LA OUKRRR DB 4870*4874. 09

Le biTouae a été établi, à il heures du matin ^ en arrière de Loage- TÏlle. Les batteries d'artillerie, avec deux bataillons du iroltîgeurs ont campé sur le plateau qui eommande le défilé de Boucheporn.

2* BRIGADB (GaRNIBR),

7 août.

La diTision quitte Courcelles pour se porter en ayant; elle arrive ^ U heures du matin près LoogeTîlle-lesrSaint-AYQld. Les troupei sont installées provisoirement; la t^ brigade occupe les hauteurs corn* prises dans Tangle formé par les routes de Longeville à Met?; et à Faulquemont. Il nous arrive» dans rapiès-midif des nouvelles, vraie? cette fois, du 1*' et du 2* corps. Le soir, on aperçoit dans la direction de CArling des feux de bivouacs, qui, d*après U dire d^habitauts du paji, sont des feux prussiens.

Les troupes bivouaquent sur les mômes emplacements que pendant le jour, avec Tordre de se tenir prêter k partir an premier signM* Les bagages reprennent la route de Metz et lont dirigés «ir Papge.

Division Picarp.

La division quitte son bivouac à 6 h. ift du matin et arrive à Lon- geville-Auberge vers 1 heure. Elle est établie en arrière du gros village de Longe?ille| sur deux croupes qui dominent ce village; la 1^' brigade, avec rartillerie, sur la plus basse et plus rapprochée, prolongeant U position de la division de voltigeurs, qui est h cheval sur la grand*route et dont la vieille route nous sépare» la %* brigade en arrière 9ur la plus élevée. On se garde militairement, on s'éclaire surtout du côté de Boucheporn, on ne dresse pas les tentes. On donne Tordre de renvoyer tout le convoi sur la route de Pange et de faire filer tous les mpedi- menta. On s*atteod à être attaqué ; aucuoe attaque n'a eu lieu et on en est quitte pour une fausse alerte dans la nuit.

BRIOADB (Lb PoiTIVIlf DB LA GrOIX).

La brigade débouche sur le pont du village (de Gourcelles-Chaussy) à 7 h. 40« suivant Tartillerie divisionnaire et le train d*artillerie et prend la route de Saint-Avold pour aller à Longeville, village % 5 Kilo- mètres de Siûnt^Avold, oi^ elle doit recevoir de nouveaux ordres,

Bionvllle, fort village sur la Nied allemande, à 6 kilomètres de £our selles.

9 heures s Raville, sur la Nied ; 9 h. i2 : Fouligny, sur la Nied;

60 LA aUBRRE DE 4870-4871.

40 h. 20 : Marange, commencement d'une pente assez raide;

iO h. S5 : point culminant;

12 heures : la brigade débouche sur un plateau qui domine Lon« geville.

Ordre donné de faire filer en arrière le parc d'artillerie, toutes les yoitures de réquisition, les voitures de bagages régimentnires, excédant le strict nécessaire, jusqu'à Fouligny. Chacun des généraux division- naires doit conserver ses bœufs, ses ambulances, caissons légers et faire les distributions pour trois jours. On s'attend à partir vers 6 heures du soir.

Aucun ordre n^étant arrivé, le général fait placei" un bataillon de grand'garde au point (sic) de gauche qui forme comme un bastion avancé et détache des petits postes et sentinelles doubles sur la route en avant et sur la lisière des bois. Le 2* grenadiers envoie une com- pagnie de grand'garde en avant, entre elle et le bataillon du 3*.

A iO du soir, le général de division donne l'ordre de se mettre en route le lendemain à 3 h. 3/4, la brigade formant tète de colonne.

Ordre de marche. Compagnie du génie, 3* grenadiers, artillerie divisionnaire, grenadiers.

Toutes les troupes bivouaquent la nuit sur le plateau.

Division db catalbrie Dbsyaux.

La Garde va bivouaquer sur le plateau qui domine Longeville-les- Saint-Avold. Le quartier général s'installe à Longeville.

La division de cavalerie, partie de-Marange à 3 heures du matin , bivouaque provisoirement à Zimming et se remet en marche vers midi pour Longeville.

Le départ de Courcelles a lieu dans l'ordre suivant :

La division Deligny, à 4 heures 1/2 du matin.

La division Picard, à 6 heures i/2 du matin.

La colonne du quartier général (section du génie, quartier général, batterie de réserve, parc du génie, parc d'artillerie, bagages du quartier général, convoi de l'administration) à 8 heures i/2.

Le régiment du 3^ grenadiers (2 bataillons), escorte la colonne du quartier général placée sous les ordres du général de Arros et rallie la 2^ division après l'arrivée de la colonne à Longeville-les-Saint-Avold.

En route, le général de Arros reçoit Tordre de faire rétrograder sur Pange par Fouligny, les arabas et impedimenta de toute nature et de ne conserver que la réserve d'artillerie, le parc et la section du génie avec les grenadiers; le parc d'ai'tillerie rétrograde sur Courcelles- sur-Nied.

Le quartier général est établi au château de Longeville-les-Saint- Avold.

LA GUERRE DE 1870-4874. 61

Du bÎTOuac de Longeville-les-Saint-ÂTold on apercevait, en arrière de Saint-Avold et dans les bois, des nuages de poussière indiquant la présence des Prussiens.

Dans la nuit, une alerte, sans cause connue, met dans une certaine agitation le camp ; Ton s^attendait à être attaqué.

c) opérations et mouTements.

Le Major général au Colonel commandant la place de Thionville.

Metx, 7 août, 4 h. 1/2 matin.

Faites rétrograder sur-^le-champ le bataillon de cbasseurs à pied de la Garde sur la place de Metz, par voie ferrée.

Le Commandant de place au Major général.

ThioDTille, 7 aoAt, 7 h. ^ matin.

Le bataillon de chasseurs \ pied de la Garde impériale partira ce matin, à 9 heures, par le chemin de fer pour Metz.

Le général Bourbaki au chef d'escadron d' état-major Léger che (1).

7 août.

A l'arrivée des troupes, dites que Ton mange, que Ton dorme el que Ton prévienne les soldats qu'ils ne s'absentent pas, parce que Ton fera un petit mouvement très probablement dans la journée ou dans la soirée.

Le général Bourbahi au général Picard.

LoDgeville-les-Sainl-ATold, 7 août.

Ordre.

La division Picard s'établira à gauche de la vieille route allant de Longe ville-Auberge à Longeville-les-Saint-Avold, à mi-côte dans un champ de trèfles, sa gauche se prolongeant vers Boucheporn, aussi loin que ce sera nécessaire pour que la division soit établie convena- blement ; la droite à hauteur de la brigade Brinoourt.

(i) Aide de camp du général Bourbaki.

6a LA OUBBAS DB 4870*4874 .

Le convoi restera sur le ptotwitt «a i'opprochant ie plus possible des bitounos de la divisioa. Ce oonToi sera installé sur la gauche de la route et laissera le côté droit entièrement libre paor le convoi de la ditisioa Deligay. Aucune voiture ne stationnera sur la rttttte. On emploiera le temps de la grand'bAlte à faire des diitribvliotti» Les troupes seront alignées, autant que possible, en Tivres de cam- pagne et pain ou biscuit jusqu'au 11 inclus et en avoine jusqu'au 9.

Le général 4' Auvergne (i) au général Desvauœ.

7 «oût, 14 3/4mfttin.

Les deux divisions d'infanterie de la Garde et le quartier général de la Garde seront établis à Longeville. La division Deligny s'y trouve déjà. La division Picard ne saurait tarder d*y arriver.

Le général Desvauœ au général Bourbaki.

Entre Zimming et Boucheporo, 7 août.

L'officier envoyé à Boulay me rapporte la lettre ci-jointe du générel commandant le 4* corps d'armée (2). Il en résulte que demain la divi- sion n'aura plus aucune troupe sur sa gauche. Eu avant de moi et à ma gauche le pays a des vallées très boisées et je crois qu'un bataillon d'infanterie me serait très utile pour la sécurité de nos bivouacs pen- dant la nuit.

J'ai eu l'honneur de vous envoyer ce matin une lettre pour vous fidre savoir que^ conformément à votre dépèche 26 et le billet de votre aide de camp du même jour. J'étais dans le voisinage de Zimming, je devais recevoir des ordres. Si je dois coucher dans cette position, je ferai venit mes bagages, laissés à Marange.

Le général de Ladmirault au général Desvaux.

Boulay, 7 août.

Les divisions de mon corps d'armée avaient effectivement reçu l'ordre de se porter vers Saint-Avold; le maréchal Baxaine m'avait donné ses instructions à cet effet. Postérieurement à sa dépêche, j^ai reçu directe- ment de l'Empereur une dépèche, signée Napoléon^ qui me prescrivait

(1) Chef d'état-major général de la Garde.

(2) Voir la pièce suivante.

LA OUBRR8 DB 187(K4874. $3

de rallier mes trois dÎTisions et de me diriger sur Metc» Ai^jourd'hui, 7 août, mes trois divisions seront en positioa à Bouiay; demain» 8 août, elles seront assez rapprochées de Metz, et, le 0 aoûi^ elles seront sous les murs de cette place, pour y attendre de nouveaux ordres. Ainsi» en faisant face à la Sari^e, Saint-Avold n*auni auoune troUpe sur sa g^auohe. .T«l8 «ont les rtMiseignemeiits qui Je puis tous donner en oe qui me «0n0eni6i

Ordre de mouvement pour le 8 août.

Demain, 8 août, les g^nérftuï eomtnandaiit leé ditisions feront battre la dianè à 2 heures.

La «avalerie ^e mettra en route à S heures du matin et se dirigera sur Courcelles>Ghaussy, sur la rive gauche de la Nied française.

Le général Destaux s'éclairera, pendant la ttiarche, sur son fh)nt et sur son flanc droit; il recommandera aux cavaliers de ne pas entrer dans les bois, mais de les contourner en cherchant à apercevoir t'W n'y a personne. La colonne de cavalerie sera suivie de ses bagages; le général y laissera Tarrière-garde qui lui paraîtra nécessaire.

La section du génie, du quartier général, et le parc du génie vien- dront ensuite.

L*infanterie suivra.

La division Picard se mettra en route à 3 h. 3/4; elle suivra la même route.

La section du génie de la division;

tJn régiment de la î« division;

Une batterie d'artillerie divisionnaire;

Un régiment;

Deux batteries d'artillerie divisionnaire;

Un régiment;

La réserve de munitions d'infanterie;

Les réserves des trois batteries ;

Les bagages d0s offioiers;

Un régiment;

Le^ bagages du quartier général. ^

La division Deitgay te mettra en route à 4 h. 1/2; elk suivra la ménie routes La division Deligny : La oompagnie dtt génie; Deux régiments d'infanterie ; Deux batteries d*artilierie; Un régiment;

€4 LA GUEBRE DE 4870-1871.

Une batterie d'artillerie;

Les quatre batteries de réserre;

Les parcs divisionnaires ;

Les bagages des officiers;

Un régiment d*arrière-garde.

Les ambulances marcheront à la tôte des bagages de chaque division.

Un régiment de cavalerie sera mis à la disposition du général Deli- gny pour flanquer sa colonne sur la droite et faire reztrémc arrière- garde.

Chaque division d'infanterie marchera par section à distance entlèrep de manière à pouvoir s^établir en bataille le cas échéant.

Une compagnie par bataillon marchera sur le flanc droit de la colonne, de manière à pouvoir, selon l'occurrence, servir immédiatement de tirailleurs ou de flanqueurs.

Le général Desvaux fera flanquer la colonne des grenadiers, à droile, par quelques hommes d'un régiment de cavalerie légère. Ces flanqueurs seront en très petit nombre, 12 ou 15 suffisent; ils seront à 1200 ou 1500 mètreSy de manière à pouvoir avertir de tout ce qu'ils verraient.

Si Ton était attaqué, le général Desvauz se porterait tout de suite sur un terrain propre à la charge et en échelons derrière l'infanterie, qui se serait formée en bataille.

Chaque général de division aura soin de faire sortir un régiment .entier de sa colonne et de le mettre en arrière de sa ligne de bataille, de manière à former une deuxième ligne, qui servira de réserve.

Les voitures marcheront sur deux de front; en cas d'attaque, les conducteurs tourneraient leurs chevaux nez à nez et offriraient le fond des voitures à l'ennemi.

Aussitôt que possible, on gagnerait un point favorable poiir livrer le combat qui s'offrirait.

Ordre à la i'^ division d'infanterie.

Longeville-les-Saiot-Âvoid, 7 août, 4 b. 1/4.

Le parc d'artillerie, toufes les voitures de réquisition, les voitures de bagages régimentaires excédant le strict nécessaire, partiront ce soir à 4 heures et reprendront la route suivie aujourd'hui jusqu'au village de Fouligny. De là, ce convoi se dirigera sur Pange, des ordres seront donnés pour la continuation du mouvement.

S'il Q*était adressé aucun ordre avant demain, à 10 heures du matin, le convoi se remettrait en route sur-le-champ et se dirigerait sur Metz. Le train des équipages suivra, bien entendu, ce mouvement. Chacun des généraux divisionnaires conservera ses boeufs, ses ambu-

LA aUBRRK DIE 4B70-4871. 65

lances, ses caissons légers de munitions d*infanterie et fera faire les distributions utiles, de façon que ses troupes reçoivent les livres pour trois jours, car nous ne sommes pas sûrs d*en faire de nou^eiles avant ce laps de temps. On s'assurera^ dans Tinfanterie, que les hommes ont cinq à six paquets de cartouches dans leur poche à cartouches.

Les généraux de division auront soin de faire filer les bagages deux heures avant le départ des troupes.

On mettra en route, en même temps^ tous ceux des hommes qui paraîtront fatigués. Les chevaux de main suivront la même route que le convoi dont il vient d*étre question.

Même ordre à la diviêion d'infanterie et à la division de cavalerie.

Note pour la l'« division (^infanterie {du général commandant cette division).

Longeville, 7 août.

Demain 8 août, réveil à 2 heures, on abattra les tentes à la sonnerie du boute-charge, et les officiers d*état-major de la division feront prendre l'ordre de marche.

On recommande aux généraux de brigade de se garder pendant la nuit, comme si c'était en face de l'ennemi.

Les grand 'gardes n'auront pas de tentes et les feux de bivouacs seront éteints.

P.'S, Prière au colonel des voltigeurs d'indiquer au capitaine du génie le mouvement.

Du général Desvaux. Ordre de la division (n® 18).

BÎToaae de Lo sgcville, 7 août.

Les voitures de réquisition partiront ce soir, à 4 heures, et repren- dront la route suivie aujourd'hui, jusqu'au village de Fouligny ; de là, ce convoi se dirigera sur Pange, des ordres seront donnés pour la continuation du mouvement.

S'il n'était adressé aucun ordre avant demain, à iO heures du malin, ce convoi se remettrait en route sur-le-champ et se dirigerait sur Metz ; train des équipages suivra ce mouvement.

La division conservera ses bœufs et son ambulance ; des distributions seront faites pour que les troupes soient alignées en vivres de toute sorte jusqu'au iO inclus. Les hommes à pied et les voitures qui portent leurs bagages marcheront avec le train des équipages militaires.

0* fâw. Doeiim. 5

66 LA GUERRE DE 1870-48^4.

Du général Desvaux. Ordre de la division (n* 19).

BiTOuae de LoDgêville, 7 août.

Le régiment de cbasseurs sera détacha h la diTUion beligny; le colonel se mettra ce soir en rapport avec le général commandant cette division, pour prendre ses ordres.

Un peloton de 30 guides sera mis à la disposition du général Picard; le chef de peloton ira prendre les ordres de ce général.

Demain, 8, réveil à 2 heures. Boute-selle et boute-charge de manière à rompre comme il suit :

Les guides à 2 h. 1/S;

La grosse cavalerie à 2 h. 3/4;

La brigade h 3 h. ijÂ.

On se dirigera sur Courcelles-Chaussy, sur la rive gauche de la Nied française. Le colonel des guides éclairera en avant et sur le flanc droit de son régiment. Les éclaireurs ne pénétreront pas dans les bois; ils devront les tourner en cherchant à apercevoir sMi n*y a pas quelqu*un.

L'arrière-garde de la 2^ brigade et le flanquement à droite de cette brigade et de celle de la grosse cavalerie seront faits par un escadron de dragons. Les flanqueurs seront à longue distance les uns des autres et, en moyenne, à 700 ou 800 mètres du Ûanc droit de la colonne.

L'ambulance de la division marchera h. la gauche des régiments, entre l'arrière-garde et le dernier régiment.

Une batterie à cheval marchera entre le régiment des guides et la grosse cavalerie. L'autre batterie marchera entre leb lanciers et les dragons.

Le général BourbaUi au général de Arros.

7 août.

Je vous prie d'exécuter sur-le-champ le mouvement que Je vous ai fait pressentir par uuq lettre écrite en mon nom. par mon aide de camp.

En conséquence, vous prendrez dès à présent, les mesures nécessaires pour que les arabas et impedimenta de toute nature, dont se compoM la colonne que vous commandez, se dirigent par Fouligny sur le village de Pange.

La réserve d'artillerie, le parc et la section du génie, les deux bataiU Ions de grenadiers qui vous ont accompagné, votre état^tnajef et celui

LA aUBRRfi DE 'l 870-1 874. 67

du génie doivent seuls venir me rejoindre au bivouac dans le voisinage de Longeville-Âuberge.

Le colonel de Vassoigue (1) prendra le commandement du convoi. Il s^arrètera à Pange. S'il n*y avait pas d'ordres donnés, demain matin avant 10 heures, le convoi continuerait sa route sur Metz.

Il sera perçu des vivres pour toute la durée de la route. Des achats ou réquisitions de toute nature Seront faiti 6n cas de besoin. .

Pi'Si -^ Yauillei prévenir le général de Villers.

Journée du 7 août.

RÉSERVE DE CAVALERIE. a) Journaux de marche.

Division du Bàrail.

Jusqu'au 7, les régiments complètent leur outillage et s'occupent de remettre leurs chevaux en bon état. Ceux du 2* chasseurs d'Afrique sont fatigués encore de leur récente expédition dans le sud de la province d'Oran et auraient besoin de quelques jours de repos et d'une nourriture abondante.

Quelques hommes, appartenant à la garde nationale mobile/ accom- pagnent la divisioQ et y remplissent des emplois de secrétaires, ordon- nances, conducteurs de voitures, etc.

Par suite de l'échec éprouvé le 6 août par le 1*' corps, la division reçoit l'ordre de se rendre à SaintMihiel, en faisant étape à Nancy et h Bernecourt. Elle se met immédiatement en route et arrive le soir même h Nancy.

Division de Bonmbmàihs.

A 4 heures du matiu, la division occupait, à Saverne, le bivouac qu'elle avait quitté le 4 au soir.

Les batteries d'artillerie, attachées à la division, avaient perdu cinq

(1) Directeur du parc.

68 LA GUERRE DE 1870-4874.

mitrailleuses et une pièce de i sur les 12 pièces. Ces six pièces ne furent jamais remplacées.

A 6 h. 1/2 du soir, la division quitte son bivouac et prend la roule de Phaisbourg, elle marche derrière une division d'infanterie. Cette marche de nuit est des plus pénibles.

DlTISlON DE FORTON.

La division prend position à Marienthal en s*éclairant du côté des villages dp Guenwiller et de Seingbouse, qu'elle fait reconnaître ; elle rentre le même Jour au bivouac de Folschwiller (1).

c) Opérations et mouvements.

Le Major général au général du Barail, à Lunéville (D. T.).

Metz, 7 août, 9 h. 10 matin.

Partez aujourd'hui pour Saint-Mihiel avec votre division. Vous devrez arriver, ce soir, à Nancy, demain à Bernecourt et après-demain, à Saint-Mihicl.

Ordre de la V^ division de réserve de cavalerie.

LuDéville, 7 août.

La i" division de réserve de cavalerie et les et batteries «lu 19® régiment d'artillerie h cheval partiront aujourd'hui, à 4 heure de l'après-midi, pour aller coucher à Nancy.

Un peloton de la 1'^ brigade accompagnera le général de division et si*ra rendu h i h. 1/2 devant Thôtei des Vosges.

On emportera Torgepour le repas des chevaux de ce soir et de demaiu matin.

(1) Les 7^ et 8* batteries du ^0^ d'artillerie, deritinées à la division de Forton, d'^barquent le 7 août k Metz.

LA GUBRRB DB 4870-1871. 69

Journée du 7 août.

RÉSERVE GÉNÉRALE D'ARTILLERIE.

c) Opérations et mouvements.

Le Major général au général Canu, à Nancy (D. T.).

Dimanche, 7 août, 7 h. 40 matin.

A la réception de cette dépêche le général Ganu, commandant la réserTe, fera mettre en marche, par les Toieâ de terre, quatre hatteries de 12 montées. Le lieutenant-colonel du régiment marchera avec ces quatre batteries.

Les batteries feront aujourd'hui la première étape, pour arriver demain, à Metz, le plus tôt pofisible.

Le général Canu au Major général^ à Metz.

Nancy, 7 août, 1S h. 57 soir.

Les quatre batteries de 12 du 13® régiment sont parties et seront, co soir, k Pont-A-Mousâon, A 6 heures.

Le Major général au général Canu, à Nancy (D. T.).

7 août.

Tenez vous prêt à partir, après-demain matin, 9 août, avec toutes les batteries qui vous restent pour vous rendre, par la voie de terre et en une seule colonne, à GhâloDs.

Le Major général au Général commandant Var- tillerie.

(Dépêche portée), 7 août.

J'ai rhonneur de vous prier de donner immédiatement des ordres pour que l'équipage de pont de réserve de l'armée soit dirigé de Toul sur Ghàlons par le canal de la Marne au Rhin, sous la conduite de ses pontonniers. Quant aux 12 batteries de la réserve d'artillerie encore k Nancy, elles y resteront on attendant des ordres

^

7Q LA aUBf(Rp DE 4870-4874.

L'équipage de pont du 3^ corps resté à Mets et ses attelages devieD- dront disponibles.

P. 'S. Il est indispensable que oe mouvement commence dè^ aujourd'hui et s'accomplisse dans le plus bref délai possible.

Le gé^évifl Soleille 0^1 général MUreoi, à Tcml (D. T.).

7 août.

Faites diriger sur Gbâlons, par les Toies fluviales les plus courtes, l'équipage de pont de réserve qui se trouve à Toul et, par les voies ferrées, le matériel de l'armée qui pourrait s*y trouver.

Le même om même (D. T.)-

Mpt?, 7 août («9 i^).

Par suite de la concentration qui va avoir lieu à Ghàlons, par ordre de l'Empereur, évacuez sur Châlons tout ce que vous ayez k Toul appartenant au grand parc. Vous irez vous-même vous établir de votre personne à Ghàlons ; vos dépôts devront être établis sur la rive gauche de la Marne.

Le général Soleill^ au Général ^usane (D. T.).

Metz, 7 août (d« 489).'

Par suite 4^ l^ décision que vient de prei|dre l'ËippereuF de qoo- centrer Tarmée à Ghàlons, n'envoyez plus rien à Toul et dirigez sur Ghâlons tous les approvisionnements nécessaires au réapprovisionne- ment de l'armée.

14. aURK^lB PB 187M674. 74

RENSEIGNEMENTS

Rapport du lieutenant de gendarmeHe (6« légion, Compagnie du Haut-Rhin. Arrondissement de Saint- Louis) au Minisire.

7 août.

La nuit dernière, entre minuit et i heure du matin, on a

remarqué, de Saint-Louis, des feux allumés sur un coteau situé à trois kilomètres et en face de Huningue; en même temps, j*ai entendu, de minute en minute, une petite détonation qui semblait faire l'effet de petits pétards.

Repseignements pris à Bàle et à Huningue, il parait que des troupes allemandes, en nombre inconnu, sont arrivées hier soir à Lôrracb (Bade) ^t sont campée^ entre ^ette yille et le Rhin. On présume que c*est une fraction de troupe envoyée en éclaireurs par l'armée aile mande, réunie derrière la Forét-Noire.

Hier on a fait courir à hk\»i le bruit que, la nuit dernière, un pont serait jeté sur le Rhin, sans préciser l'endroit, pour effectuer le pas- sage des troupes allemandes. Ceci n'est pas confirmé. Cependant les Suisses qnt augmenté leurs postes sur la frontière badoise.

Ce matin, j'ai suivi le Rhin de Huningue h Kembs (I4 kilQmètre^)^ et, arriyé dans eett^ commqpe, j'ai appris par la douane et le brigadier de gendarmerie d'Ottmarshoim que ce matin, à 2 heures, un train badois, venant du côté de Pribourg, avait amené environ 500 hommes de troupes aUcmandes k Rheinweiler, situé à deux kilomètres du Rhin et en face de Niffer ; le train est reparti de suite du côté de Fribourg.

Le Vice-Consul de France, à Bâle, au Ministre des affaires étrangères.

Bâle, 7 août.

On est en train de miner le grand pont de Bàle, ce travail doit être terminé depiain lundi ; des feifx de signaux (tpnneaux de goudron montés sur de hautes perches) sont placés sur tous les points élevés qui dominent la ville. La garnison suisse est aujourd'hui de 5,000 hommes.

Des personnes arrivant de Rheinvreiler (rive droite) me déclarent, (ce que je savais déjà depuis le retour d'un émissaire), que toute la ligne du bord du Rhin est pleine deWûrtembergeois et Badois.

72 LA GUERRE DE 4870-4874,

X.., à Samuely chef (Vescddron^ à Metz.

Huningae, 7 août, S h. 40 aoir.

80,000 à 100,000 hommes doi?eiit entrer en France, on croif» entre Mulhouse et Huningue.

Le SouS' Préfet de Schîestadt au Major général.

Schlestadt, 7 aoât.

Une démonstration nouvelle a eu lieu cette nuit à Lôrrach ; ce* matin des troupes ennemies ont fait un à droite, elles paraissent remonter yers la Kinzig.

Le Sous-Préfet de Saverne au Major général^ à Metz (D. T.).

Saverne, 7 août, 7 b. 5 soir.

Le maire Marckolsheim télégraphie : Prussiens arrivés au Sponeck. nombre inconnu, se promenant en nombre sur la rive b^doise; nou- velle apportée par un brigadier de la rive badoise.

Le Sous-Préfet de Schîestadt au Major général^ à Metz (D. T.).

Schîestadt, 7 août, 7 h. 5 soir.

J*ai vu un individu de Marckolsheim qui doit aller demain voir M. Jung, capitaine d'état-major, qui arrivera ce soir à Strasbourg. On dit qu'une armée remontant jusqu'à Kehl, venant de Francfort, passe- rait derrière la Forêt-Noire et pourrait débarquer cette nuit par le Sponeck, Rhinau, Schœnau et Obenheim. Dans mon arrondissement, la surveillance est établie.

Le même au même (D. T.).

Schîestadt, 7 août, 9 b. 50 soir. Expédiée à 40 h. 5.

Je reçois de Marckolsheim la dépèche suivante : Les Prussiens dé- barquent nu Limbourg ; armée entre Limbourg et Sponeck. Ce sera probablement le dernier télégramme, la place de Schîestadt est fermée mais nos movens de défense sont bien faiblos : nous ferons notre de- voir.

LA GUBRRB DE 4870-4874. 73

Le même au même (D. T.).

SchlesUdt. 7 août, 44 h. 44 soir. Expédiée h 44 b. 60.

Je reçois, du maire Sundhauseo, la dépêche suivante : Clochers, rlYages riverains illuminés par lumière électrique.

Le m^me au même (D. T.). ,

Sehlestadt, 7 aoât, 44 heares soir. Expédiée le 8 août à 4 b. 20 matin.

Une armée passe le Rhin à hauteur du Limbourg. Dans toute la longueur du fleuve, les rives sont éclairées par la lumière électrique placée sur les hauteurs et dans toute la longueur de mon arrondisse- ment, depuis Marckolsheim Jusqu'à Daubensand, éclairant ainsi la route.

La journée du 8 août en Lorraine.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL.

a) loarnaux ^9 in^rcbe, Joamal de marche de rarmée du Rhin.

Le i* Qorps ae porte h Sarrebourg.

Le F^oÎAt le 1*^ à Sfi^rel^QMrg»

Le 2* corps, se repliant sur Metz, se porte à Gros-Tenquip.

Le 3^ opère son mouvement de retraite dans la direction de Cour- celIes-Chaus^y, de maniè)re à couvrir la marche du 2*.

Le 4' se retire vers Glattigny.

La l*" division (de Gissey) quitte ses positions en avant de Boulay et va camper sur les pentes qui dominent le village des Étangs.

La 2* (Grenier) est détachée auprès du 3' corps d'armée.

La 3* (Lorencez) se porte d*Helstroff à Pont-à-Ghaussy, sur la rive gauche de la Nied.

La Garde impériale se porte à Maizery et Colligny.

La division du 6' corps, qui avait été envoyée à Nancy, rejoint ics autres divisions à Ghàlons.

Le 7* corps reste à Belfprt.

La 1'" division de la réserve de cavalerie fait étape à Bernécourt. La 2* division se pprte à Sarrebourg {\), La 3^ division à Po^t-à- Mousson (2).

c) Opérations et ^ouTepienta. L'Empereur au Ministre de la guerre (D. T. Ch.).

Metz, 8 août, 40 h. 35 matin. Expédiée le 8 M4 h. 30 matin (a« 24686). Faire des efforts surhumains pour envoyer du biscuit à Mptz pendant

(i) En réalité à Blàmont.

(2) En réalité k Soigne et Luppy.

76 LA OUBRRB DE 4870-4874.

trois jours. Je désire que le corps d'armée du maréchal Gaorobert soit rappelé à Paris, et que les neuf bataillons de la Garde nationale mobile soient envoyés à Verdun.

NapolBon.

En marge, au crayon : Faire tout le possible pour Metz ; l'armée s'y concentre et Ghàlons se dégage.

L* Empereur au Ministre de la guerre (D. T.).

Metz, 8 août, i heure soir. Expédiée le 8 août à 4 h. 50 soir (a* ^4668).

L'ennemi ne parait pas avoir fait de mouvements. Notre armée se concentre.

Le Major général au général de Failly, au maré- chal de Mac-Maïion et au commandant Vanson (1), à Sarrébourg (D. T.).

Metz, 8 août, 7 b. 30 soir.

Oui, prenez les mesures nécessaires pour diriger sur Toul tous les éclopés qui sont à Sarrébourg (2). Pendant qu'ils s'y reposeront, on les réarmera (3).

Que la retraite soit continuée par le maréchal de Mac-Mahon et par le général de Failly dans la direction qui est suivie en ce moment ; mais les troupes des deux corps Mac-Mahon et de Failly ne devront pas dépasser Nancy, sans ordre de l'Empereur.

(i) Le commandant Vanson, du grand quartier général, envoyé par lo Major général en mission auprès du maréchal de Mac-Mahon.

(2) Dans un télégramme daté de Sarrébourg, 8 août, 5 h. 5 du soir, le commandant Vanson rendait compte du désir du maréchal de Mac- Mahon d'expédier sur le camp de Ghàlons 3.000 ou 4,000 éclopés.

(3) Par télégramme du 8 août, 8 heures du soir, le Major général chargeait le Ministre de la guerre de ce soin.

LA GUERRE DE 1870-4874. 77

Journée du 8 août.

i«' CORPS. a) Journaux de marche.

Joamal de marche du 1"' corps d^atmée.

Le 8, à 6 heures du matin, tout le 1^" corps arrive à Sarrebourg et Ta bivouaquer en avant de Ja ville; les i** et S' divisions, sur la rive droite de la Sarre; les 2* et 4^ divisions et la division Gonseil-Dumesnil sur la rive gauche; la cavalerie s'installe sur les bords de la Sarre, entre la rivière et le chemin de fer. Ln division de cavalerie Bonne* mains et )a division de cavalerie Duhesmc, sauf la brigade Septeuil, vont encore coucher le même jour à Blâmont.

Des distributions régulières de vivres (viande et pain) et de fourrages sont faites aux troupes au moyen de réquisitions.

Dans la journée arrive le 5" corps, qui B*est retiré de Bitche sur Sar- rebourg après la bataille de Frœschwiller. Il va prendre position sur la rive gauche de la Sarre, au Nord de Sarrebourg, se trouvait déjà la division Guyot de Lespart, du même corps.

Une partie des troupes du 1*' corps, arrêtée la nuit à Phalsbourg, le passage de l'artillerie de réserve avait occasionné un encombre- ment, a bivouaqué sous les murs de cette place et n'arrive à Sarrebourg que dans la journée du 8. Celles des troupes qui, à partir de Nieder- bronn, avaient pris les directious de Bitche et de la Petite- Pierre, rejoignent égaleuieut à Sarrebourg la divi.<ionde cuirassiers de Bonne- mains.

La désorganisation du i" corps est telle qu'il nest pas possible de compter sur lui en cas d'une nouvelle rencontre de l'ennemi, avant qu'il n'ait été pourvu aux vacances existant dans les cadres et que les hommes n'aient pu être munis des effets de campement de première nécessité, qu*ils out perdus le 6 août. Le Maréchal décide en consé- quence qu'on continuerait la retraite sur Châlons (camp de Chdlons), se trouvent de nombreux approvisionnements de toutes sortes et les renforts pourront être amenés facilement par les chemins de fer, pour recompléter les effectifs.

Cette marche s'opérera en appuyant vers le Sud, pour éviter le trouble que jetterait, dans les troupes désorganisées, l'apparition de l'ennemi.

78 LA dUBtlRË DE 19l0^l8l4 .

Souvenirs inédits du maréchal de Mac-Mahon.

Le 8, à 6 heures du matin, tout le corps était réuni à Sarrebourg, il s^établit au bÎTOuac. Les divisions Duhesme et Bonnemains gagnèrent Blàmont.

Dans la journée, je fus rejoint par le ^^ corps et par quelques déta- chements qui, sous la direction du général Ducrot, avaient pris, après avoir quitté Niederbronni la route de la Petite^Pierre.

Le général de Failly, en apprenant la perte de la bataille de Frœsch- willer, 8*était mis en marche pour rejoindre le \^* corps. Il ne laissa à Sarreguemines que la brigade Lapasset, qui ne put le rejoindre, et se dirigea sur Meti.

Dans la soirée, je reçus uiiô dépêche de TEmpereur, disant que, désor* maisi le général de Failly recevrait directement les ordres du quartier général et qu'il eût à se diriger sur Chàlotis»

Le même jour, un aide de camp de l'Empereur apporta Tordre aux t*' et S* corps de continuer leur mouvement sur Chàlons, mais de ne pas dépasser Nancy, sans de nouvelles instructious.

Cet ofBoier avait «mené avec lui un nombre de trains sulQsant pour ramener tous les indisponibles de ces deux corps. Ils furent dirigés sur le ôamp de Ghàlons. J'envoyai avec eux un de mes officiers pour les y installer!

1'« DiyiBioN (DucaoT). 1" brigade (WoLPP).

Notes du général Wolff. - Arrivée de ma brigade à Sarrebourg.

J*arrlvai & Sarrebourg dans la matinée, et j'y trouvai mon divisiOli- naire, le général Ducrot, que je n'avais pas revu depuis que je TavalÈ rencontré dans le Gross-Wald, et qui s'était dirigé sur la Petite- Pierre, au lieu d'aller à Saverne.

Ma brigade, réunie à ce momônt à Tautre brigade de la division, fit successivement étape :

Le 9 août à Domèvre;

Le iO août à Lunéville, elle fut assaillie par une plaie battante, toute la journée et toute la nuit;

Le 11 août k Hausson ville ;

Le août à Neuviller-sur-Moselle ;

Le 13 août à Vendeléville ;

Le 14 août à Neufchâteaii*

LA auËRttB DE 1870-1874. 79

3^ DITISIOU (L'HfàlLLfeR).

Départ de Phalsbourg à midi et arrivée à Sarreboarg â 6 heures du soir. La division prend immédiatement position parallèlement et en àtant du chemin de fer, I gaUchô de la ville. On 8*attehd à une attaque de reunémi, et les (^rdeautions sont prises en conséquence.

Les hommes sont fatigués, harassés. Ils tiennent de lltrer une grande bataille, de faire une retraite longue et rapide, sans prendre pour ainsi dire un instant de repos, souvent sans nourriture. Ils n'ont plus ni tentes, ni havresacs, et, par surcroît de malheur, le temps est affreuii

Au départ de Phalsbourg, nous sommes assaillis par un orage épou- tantable. C'était le pfélude de pluies tori'entielles que tious li'atons cessé de fëcevoir chaque joui* pendant notre longue retraite suf Ghftlonë.

c) Opérations et mouTementa.

Le Major général au maréchal de Mac-Mahon.

Metz, 8 août, 8 h. 1/2 mâtin.

Failly est à la Petite-Pierre avec la division Goze complète, une bri- gade de la division l'Àbadie, onze batteries, onze escadrons de cavalerie et 3,000 de vos soldats qui se sont ralliés au fort.

Il va partir, à 4 heures du matin, pour Phalsbourg, avec l'intention de prendre position entra Phalsbourg et Lûtielbourg. On lui annonce la présence de Tennemi en force à Ingwiller, avec ses avant-postes à six kilomètres de lui.

Je fais connaître h Failly que vous êtes à Phalsbourg.

L'ennemi passe le Rhin» en force, au-dessus de Schlestadt.

Le maréchal de Mac-Mahon au Major général (D. T.).

Sarreboilrg, 8 août, 6 h. 45 malio. Bipédiée à 0 h. 85.

Je n'ai pns mon chiffre; 11 se trouve dans une mnlle séparée de nous momentanément. Ne puis traduire les termes suivants de votre dépèche du 7 août, A 9 heures du matin : 4508 0S29 0i03 96i7 5606 i806 2719 2002 6803 (1).

Écrivez-les avec le chiffre du ministre de l'intérieur, qui se trouve chez M. le sous-préfet de Sarrebourg, et envoyez-les-moi le plus tôt possible.

(I) Traductîbu : Avec vos tmupes sur te camp de Vhâions.

80 LA GUERRE DE 4870-4874.

Le Major général au marécMl de Mac-Mahon^ à Sarrebourg.

Metz, 8 août, 40 b. 4/2 matin.

Je répondrai à la dépèche de ce matin en vous faisant expliquer, par un officier, les instructions que vous n*a?ez pu déchiffrer; continues Yotre mouTement sur Nancy.

Le Maréchal de Ma^-Mahon au Major général^ à Metz.

SarreboQrg, 8 août, 44 fa. 45 matin.

Nous ayon^ consommé la plus grande partie des munitions d'artillerie et des cartouches d'infanterie à la bataille du 6. Nous n'avons Jamais reçu de parc de campagne et sommes, par suite, dans une situation fAcheuse. Je demande qu'il nous soit envoyé 4t caissons de 4 rayés de campagne et iO caissons de cartouches modèle 1866; toutes ces voitures devraient être attelées au moins de deux chevaux, être embarquées aujourd'hui, au plus tard à 6 heures du soir, et se diriger vers Blàmont, je serai demain. Dans le cas cette mesure ne serait pas appli- cable, envoyez-moi la moitié de ce que je vous demande en caissons de 4 et les 10 caissons de cartouches; enfin des marmites, dont les deux tiers de mes hommes manquent (i).

Ravitaillement en munitionâ.

Le général SoleîUe au général Fùt^geot, à Sarre- bourg (D. T.).

Metz, 8 août, 7 h. matin.

J'avais dirigé sur Saverne les munitions dont vous aviez besoin, mais en raison de la présence des rôdeurs ennemis, les trains n'atteignent plus Sarrcbourg. J'écris à l'inspection principale de la compagnie de l'Est, à Nancy, de tâcher de conduire vos poudres jusqu'à Lunéville. Si elle ne le pouvait pas, de les conduire jusqu'à Nancy. Dans tous les cas, appelez à vous le train FO chargé de vos poudres à la position que vous indiquez, en vous adressant directement à l'inspecteur principal de la Compagnie, à Nancy.

(1) Annotation au crayon rouge y de la main du maréchal Le Bœuf : i< U lui a été répondu. On lui a expédié plus que ce qu'il demande ».

LA aUERRK DR 4870-1874. 84

Le même au mém^e (D. T.)-

Metz, 8 août, 8 h. 42 malin.

J*enyoie le capitaine Anfrye pour tous conduire le conyoi de muni- tions qui TOUS est annoncé. Cet officier a Tordre de pousser aussi loin que possible.

Télégraphiez-lui en gare de Nancy (1).

(Télégramme analogue au général Forgeot.)

Le maréchal de Mac-Mahon au MaSor général, à Metz,

Sarrebourg, 8 août, 4 heare soir.

Blàmont n'étant pas sur le chemin de fer et Tartillerie du 1^' corps devant être en partie, demain soir ou après-demain malin à Lunéville, , je demande que les 42 caissons pour pièces de 4 et le^ \ 0 caissons de munitions d'infanterie soient dirigés sur Lunévillc au lieu de Tôtre sur Bl&mont (2).

Le Ministre de la guerre au maréchal de Mac- Mahon, à Sarrehourg (D. T.)

Paris, 8 août (n« 21774. D. 4 h. 4 soir, à Sarrcbourg).

Je fais expédier ce soir, de Yinccnnes à la gare de Lunéville :

42 caissons de 4 rayés de campagne; 10 caissons de cartouches modèle 1866.

Et d'Auxonne, à la même gare :

Un détachement du train pour atteler à Lunéville ces caissons à quatre chevaux.

Veillez à la route de Lunéville à Blàmont.

(1) Le capitaine Aofrye télégraphia le 8, de Nancy (3 h. 10 soir), au général Soieille : « Le train F. V. est arrivé au général Forgeot sous lettre 0. J'arrête à Lunéville, d'après dépêche du Maréchal, les autres convois et je pars prendre vos ordres ».

(2) En marge, au crayon rouge : <c Le général Soieille répond que toutes les dispositions sont prises en vue de répondre au désir du maré- chal Mac-Mahon ».

9* faic. Ooeaa. 6

1

i 1

1

I

i

82 LA OtJRRRB DB 1870-4874.

Le général Forgeot au général Soleille, à Metz,

Sarrebourg, 8 août, 44 b. 80 soir.

Le traio des munitions 0 «st arriyé à la gare d'Atricourt. On l'attend ici sous peu.

L'ordre est donné de passer à Sarrebourg toute la journée. Nous en profitons pour mettre un peu d'ordre dans notre matériel) qui a beau- coup souffert.

Les commandants de batterie s'occupent de leurs rapports sur l'affaire du 6.

Journée du 8 août.

CORPS.

a) Journaux de inarche.

Jonmal de marche du 2^ corps d'armée.

8 août.

En exécution des ordres reçus, le général Frossard poursuit son mouTement de retraite sur Gros-Tenquin. Dans le but d'assurer la sécu- rité de sa retraite et de pouvoir faire face à l'ennemi qui le suit, lente- ment il est vrai, il prend les dispositions suivantes :

La division Vergé reçoit l'ordre d'aller s'établir à Gros-Tenquin avec le quartier général.

La division Bataille à Leinstroff;

La division de Laveaucoupet à Ërstroff ;

Enfin la cavalerie avec l'artillerie de réserve à Altroff, à 3 kilomètres à gauche de la route.

Le mouvement commence à 3 heures du matin par l'artiUerie de réserve, elle est suivie par la 1'^ division, puis par la t^ et la 3<* divi- sion ; la cavalerie ferme la marche.

La brigade Lapasset, qui forme l'extrême arrière-garde, a ordre de prendre position à Hellimer.

Chacune des divisions marche dans Tordre suivant :

Le convoi ; La prévôté ;

0UBRRB DE 48*70-4874. 83

Les bagaf^es de Vétat-màjor et des corps dans Tordre de marche;

L'ambulance ;

Le trésor;

Le bataillon de chasseurs à pied ;

La 2* brigade ;

Les réserves d'artillerie ;

Un régiment de ligne de la i^ brigade;

Les trois batteries de combat;

Le second régiment de la 1'* brigade.

Arrivée à Gros-Tenquin, la division Vergé s'établit dans une forte position dominante, à gauche et en avant du village.

La divison Bataille prend position entre Leinstroff et Gros-Tenquin, en avant du village et à la droite de la ronte.

La division de Laveaueoupet arrive vers midi à Erstroff et prend, sur la droite de la route, une bonne position militaire appuyée par des bois.

La brigade Lapasset campe en arrière du village d'Hellimer et met une grand'garde à l'entrée du village, du côté de Puttelange.

On aperçoit distinctement les feux nombreux des bivouacs de l'en- nemi, qui oampe à peu de distance de l'arrière-garde du corps d'armée. Aussi le général Frossard, frappé des lenteurs et de Tencombrement que les convois et Im bagages des divisions ont occasionnés la veille sur la route, pensant en outre qu'il pourrait, dans la journée du lendemain, être suivi de près et peut-être attaqué par l'ennemi, ordonne que tous les impedimenta prendront les devants.

En conséquence, à 8 h. 1/2 du soir, la réserve et les bagages de l'artillerie quittent le village d'Altroff sous l'escorte d'un escadron du 12« dragons et se dirigent par Gros-Tenquin sur Arraincourt et de sur Remilly.

A 10 heures du soir, le convoi du corps d'armée, débarrassé de ses bagages, continue son mouvement de retraite.

La division Vergé, qui oecupe une forte position en avant de Gros- Tenquin, a l'ordre de couvrir le mouvement du corps d'armée et ne doit se mettre en marche que lorsque toutes les troupes auront défilé derrière elle.

3' Division (dk Laviaucodpbt).

7 août.

Le corps coutinue son mouvement de retraite en suivant la route de Sarreguemines à Metz.

Le mouvement commence à 3 heures du matin par l'artillerie de réserve qui va s'établir à Altroff, Â 3 kilomètres à droite de la routé.

84 LA GUERRE DE 1870-4874.

La l'* dimion yient ensuite, en se faisant précéder de ses bagages, et se met en marche h 4 heures; elle campe à Gros-Tenquin.

La 2* division, dans le même ordre, part à 5 heures pour aller prendre son campement à Leinstroff.

La division de Laveaucoupet, qui avait Tordre de partir hÂh, 1/2, ne peut, à cause de Tencombrement, entrer dans la colonne qu*à 6 heures; elle marche dans Tordre suivant :

Le convoi;

La prévôté ;

Les bagages des corps et de Tétat-major dans Tordre de marche ;

L'ambulance ;

Le trésor;

Le 10^ bataillon de chasseurs à pied ;

Le de ligne ;

Le 63^ de ligne;

Les réserves de Tartillerie;

Le 40^ de ligne;

Les trois batteries de combat;

Le 24' de ligne, formant Tarrière-garde de la division.

La division de cavalerie, dans laquelle est rentrée momentanément la cavalerie divisiuuuai/e, forme Tarri ère-garde du corps d*armée et :i Tordre d*aller camper à Altroff, avec Tartillerie de réserve.

La brigade Lapasset, du corps de Failly, forme Teztréme arrière- garde et a Tordre de s'établir à Hellimer.

La division de Laveaucoupet, malgré la fatigue des jonrs précédents, marche en bon ordre et arrive de 11 h. 1/2 à midi à Erstroff, sur la gauche de la route, et s'établit au bivouac, daus une bonne position militaire.

Le quartier général du corps d'armée, qui la suit, va s'établir à Gros- Tenquin.

k 3 heures de Taprès-midi, ou annonce Tapproche de Tennemi. Le 24' de ligne, le 40' et un bataillon du 63' de ligne, établis près. de la route, prennent les armes, pendant que des reconnaissances sont pous- sées au loin. Elles constatent que c'est une fausse alerte ; à leur rentrée, vers 4 heures, tout rentre dans le calme.

Des vivres avaient été commandés par l'administration dans les villages voisins du bivouac; mais la troupe n'eu [)eut toucher qu'une quantité insulfisante.

Un ordre spécial du 8 accorde une indemnité de 0 fr. 80 par homme en sus de la solde de guerre, jusqu'à ce quil soit possible d'assurer les vivres de campagne. Malheureusement, le pain est si rare que Ton n'en peut acheter qu'une faible quantité et à des prix très élevés.

LA GUERRE DE 4870-4874. 86

MM. Arnaud, médecin-major de 2*" classe ; Sabathier, aide-major de 1** clase; Lory, adjudant en 2* des hôpitaux et 11 infirmiers rentrent de Spicheren et Etxling, après avoir laissé les blessés en arrière aux ambulances prussiennes.

Le général Doëns, que nous avions pu ramener jusqu'à Sarregue* mines, le 1, ii*ayant pu, à cause de ses souffrances, suivre le mouve- ment de retraite, est resté dans cette ville et tombé avec elle au pouvoir de l'ennemi.

A 10 heures du soir, le convoi, l'ambulance, le trésor, les réserves de Tartillerie, les bagages des corps et des états-majors, sont mis en route sous les ordres du capitaine d'état-major Durieux, secondé par le capi- taine Wambergue, prévôt de la division.

Cette mesure est générale pour tout le corps d'armée et a pour but d'éviter les lenteurs et l'encombrement que produisent les bagages dans les colonnes. '

Les impedimenta de la division marchent toute la nuit, par une pluie battante, en passant par Morhange et Baron ville, et arrivent à Thonville, oti doit venir camper la division, dans la journée du 9.

Brigadb mixtb Lapasset. Joarnal de marche.

Départ à 5 heures du matin. Arrivée k Hel limer à midi. Les recon- naissances ennemies en viennent aux mains avec les nôtres.

c) Opérations et mouTements. Le Major général au général Frossard.

Metz, 8 août.

Les 3* et 4' corps ainsi -que la Garde, placés sous le commandement du maréchal Bazaine, ont commencé ce matin à se replier de Sainte Avold sur Metx pour s'y concentrer afin d'être, sur ce point, prêts à se diriger sur Ghàlons.

L'Empereur vient de décider, en ce moment même, que ces trois corps ne marcheront pas sur Ghàlons, en raison des nouvelles qu'on a reçues cette nuit de l'ennemi, mais qu'ils formeront à Metz les éléments d'une forte armée destinée, soit à arrêter celle du prince Gharles, soit à se jeter sur le flanc ou les derrières de celle qui parait devoir pénétrer par Saverne.

L'Empereur ordonne, en conséquence, qu'avec votre corps d'armée, qui fera partie de l'armée formée k Metz, tous vous portiez sur cette

86 LA aUBRRB DB 4870-1871.

place, par la ligne la plus directe, en yous conformant aux iaatruetions que TOUS avei receToir du maréchal Baxaine, de manière que Totre corps ne contrarie pas le mouvement des autres corps d*armée.

Le maréchal Bazaine doit ayoir ses forces réunies sous Metx dans la journée de demain, 9 août. Sa Majesté espère que votre corps pourra y être rendu le même jour, ou s^en rapprocher A petite distance.

Ordre du corps.

Att camp, 8 août.

Le corps d'armée continuera, demain 9 août, son mouvement rétro- grade d'après les dispositions suivantes.

Pour éviter les lenteurs et Tencombrement que produit la présence des bagages dans les colonnes, les bagages de tous les corps pariiroiit dès ce soir, à 10 heures au plus tard, et se dirigeront respect! venue ni sur les points autour de Brulange, qui seront indiqués oi^après pour le campement des divisions.

Le quartier général sera établi à Arroincourt. La 2* division, débar- rassée ainsi de ses bagages, se mettra en marche à 3 heures du matin et ira camper à Brulange.

La 3^ division partira également à 3 heures et ira bivouaquer à Thonville, à i kilomètre au Nord de Brulange, en passant par Morhange et Baronville.

La brigade Lapasset, dont les impedimenta auront été mis en marche ce soir, à 10 heures, et qui a plus de chemin ii parcourir, partira à â heures pour aller à Suisse-Basse, en deçà, de la rivière, 1 kilomètre avant d'arriver à Brulange.

L'artillerie de réserve, moins une batterie à cheval qui restera attachée à la division de cavalerie, partira ce soir à 9 heures et ira camper h Holacourt, 2 kilomètres au delà de Brulange.

Le parc du génie, avec la compagnie de sapeurs qui en dépend, se mettra en mouvement, ce soir même, à minuit, et s'établira sur ce même point.

La division de cavalerie, avec sa batterie d*artillerie à cheval, se mettra en mouvement à 3 heures, en se dirigeant sur Gros-Tenquin et s'y arrêtera pour laisser défiler la brigade Lapasset, et la 1 ^ division d'infanterie, qui formera Tarrière-gardc du corps d'armée, ira bivoua- quer à Holacourt.

La division de cavalerie, après avoir été à l'extrême arrière-garde, campera près de la brigade Lapasset, à gauche de la route.

Les voitures et les services administratifs partiront dès ce soir; l'ambulance du grand quartier général marchera à la suite de la 3" division d'infanterie et s'arrêtera à Arraincourt.

LA aUBBRB DB 1870-1871. 87

Le général de Valabrègue au commandant du corps.

AltrofT, 8 août, dans la soirée.

J'ai envoyé des reconnaissaDces : \^ aur Sarralbe par Insming et Guéblange ; sur Àlbestroff et Munster ; 3* sur Petit-Teaquia, pour me relier avec les atant-postes de la brigade Lapasset.

Les reuseignements fournis par ces reconnaissances, d'accord avec ceux des habitants des différents Tillages situés en avant de notre position, signalent de l'infanterie ennemie, en asseï grande quantité, à Puttelange et de grosses forces de cavalerie à Sarralbe, ces dernières seraient arrivées de très bonne heure. Les éclaireurs ennemis ont été vus en avant d'Hilsprich ; l'infanterie prussienne serait arrivée à Putte- lange à il h. 1/2 du matin.

Rien n'a été vu sur la route d'Albestroff et de Munster.

J'ai fait couvrir mon front par des avant-postes et une grand' garde occupe Lening.

Conformément aux ordres que m'a apportés le capitaine de Germiny, je fais partir ce soir, avec la réserve d'artillerie, lorsqu'elle se mettra en mouvement, les bagages et le convoi de ma division et je me tiens prêt à suivre la même direction.

La rentrée du capitaine Saint-Étienne, que j'avais envoyé vers Petit- Tenquin et les avant-postes d'Hellimer, me permettent de compléter ces renseignements en les confirmant et, pn ajoutant qu'au dire des habitants, il y aurait un camp entre Remering et Richeling.

J'ajouterai enfin que, d'après un autre habitant, la contrée au Nord de la route de Puttelange à Gros-Tenquin aurait été fouillée presque toute la journée par de nombreux petits partis de cavalerie ennemie qui se sont montrés à Marienthal, Barst et Lanning s'enquérant de la position des camps français.

P.S, On me rend compte à l'instant de la rentrée, au 7^ régiment de dragons, d'un cavalier dont le cheval avait été tué à la bataille de Forbach et qui est parti de ce point hier, revêtu d'habits bourgeois qui lut avaient été donnés dans une maison oh il s'était réfugié. Au moment cet homme a quitté Forbach, l'armée prussienne était campée sur nos emplacements.

Le capitaine Perrodon, du 40® chasseurs à cheval, au général Lapasset.

Ernestwiller, 8 août.

J'ai l'honneur de vous rendre compte des circonstances qui m'ont placé sous vos ordres.

88 LA aUBRRE DB 1870-4871.

Ayant- hier matin, nous avons reçu du général Metman, commandant la 3* division du corps d'armée à laquelle nous sommes attachés, Tordre de faire une reconnaissance. En rentrant nous rencontrâmes une brigade de la division avec laquelle nous nous rendîmes à Forbach.

Le 7 août, la division Metman quittant Forbach, nous avons reçu du général Arnaudeau, commandant la i**® brigade de la division (1), Tordre de suivre la route de Sarreguemines avec les bagages. En arrivant nous nous trouvâmes seuls et nous nous sommes placés sous les ordres du colonel commandant le 3^ régiment de lanciers.

Une compagnie du 7^ bataillon de chasseurs à pied, laissée en grand*- garde et de la même division et du même corps, se trouve avec nous.

Journée du 8 août.

CORPS. a) Journaiiz de marche.

Journal de marche dn corps d'armée.

Le 8 août, le 3* corpH reçut Tordre de porter son quartier général â Faulquemont et de s'établir sur la rive gauche de la Nied allemande, otL il prit les dispositions suivantes : la V^ division à droite de Pont- Pierre; la 3^ à Faulquemont ; la2<^ à Fouligny ; la 4^ de Landonvillers à Yaudoncourt (2). Cette position n'était que provisoire et avait pour but de donner au 2* corps le temps de se rallier complètement. Il existait en arrière, sur la Nied française, une ligne de défense tout indiquée, couvrant Metz d'une façon effective et permettant de rallier rapidement les détachements et les réserves qui ne cessaient d'arriver par le chemin de fer.

(1) Le général Arnaudeau commandait la2« brigade de la division du 3^ corps.

(2) En réalité, à TOuest de Bionrille.

LA. aUBRRB DE 4870-4874. 89

Journal de marcha du quartier général du 3'' corps.

Le quartier général est transporté à Faulquemont :

Le 1'* division se rend à droite de Pont^Pierre;

La 2* division se rend à Fouligny ;

La 3* division se rend à Faulquemont ;

La 4" division se rend de Landonvillers à Yaudoncourt.

1'» DIVISION ('MoNTaUDON).

Journal de marcha.

La diTision part en échelon derrière la 3* division (Metman) couvrant les deux convois et formant l'arrière- garde. Elle se dirige, par Barst, sur Faulquemont et campe k Yahl-les-Faulquemont, sur la rive gauche de la Nied allemande, en face du village de Pont-Pierre (1).

2* niYisioN (de Castàgnt).

Départ deGuenviller pour Fouligny, distance : 24 kilomètres; départ à 4 heures du matin ; arrivée à 5 heures du soir.

Pendant la marche, la division a occupé défensivement les positions de Longeville et des hauteurs de Marange.

DITISION (Mbtman).

Le 8 août, la division part de Puttelange à 4 heures du matin pour se rendre à Faulquemont, elle arrive à 1 h. 1/2 après midi. La route suiTie est par Barst, Biding, Val-Ebersing.

(i) (( Le 8 août, le 2" corps va camper à Gros-Tenquin, et ma division part à 4 heures du matin, pour aller s'établir à Faulquemont, son flanc droit couvert pnr des escadrons du régiment dn chasseurs qui fouillent les bois des environs, sans apercevoir la trace d'un seul uhlan.

A 4 heures du soir, nous plantons nos tentes près du petit hameau de Vahl-les-Faulquemont, et j'occupe les crêtes qui dominent la Nied allemande et le village de Pont-Pierre. J'établis Ih, comme poste avancé, le i8® bataillon de chasseurs à pied. » (Général Montaudon. Souvenirs militaires ^ page 84.)

90 LA aURRRB DB 1 870-1 871 .

4* DIVISION (Dbgabn).

Debout à 3 heures du matin, la division ne se met en route qu*après les divisions Castag^ny du 3* corps et Grenier du 4^. En tête marchent les bagages, l'ambulance, les cacolets et les réserves d'artillerie.

Le 1i^ bataillon de chasseurs forme l'arrière-garde.

Le mouvement s'effectue par Longeville-les-Saint-Avold, pour aller camper à Bionville (sur la Nied allemande).

La division, après avoir pris position vers le milieu du jour en arrière de Longeville, n'arrive à Bicmville qu'à la tombée de la nuit, par une pluie battante, et l'encombrement des routes parles différentes colonnes ne permet pas à certains corps de s'établir au bivouac avant 3 heures du matin.

DlTISION DE C4VALBRIB (DB GlÉHBHBàULT).

D'après les ordres de M. le maréchal Bazaine commandant le3*corp8y à la pointe du jour, les tentes sont abattues, les voitures chargées et les chevaux sellés pour se mettre en marche.

L'ordre de marche est ainsi réglé : division Gastagny (2° division) et aes bagages; division Grenier (2* du 4* corps) et ses bagages; bagages de la division Decaen (4* division du 3" corps), bagages de la division de cavalerie du 3* corps ; division Decaen (4® division du 3' corps) ; division de Glérembault (cavalerie du 3^ corps) ayant à sa dirtpo<ition une batterie à cheval de la réserve.

D'après un ordre verbal du maréchal Bazaine, le parc administratif et les bagages de la division de cavalerie sont mis en route à 5 heures et acheminés sur Biouville par Faulquemont.

A 7 heures du matin, la 1'" brigade (de Bruchard), 2^ cbai^seurs, état- major et deux escadrons du 10* chasseurs, vient prendre position à la sortie de Saint-Avold, après avoir quitté le bivouac de Saint-Avold, aux abords de la gare.

La brigade (de Juniac) qui s'était rondue le 6 de Saint- Avold à Haut-Hombourg, et de Haut-Hombourg à Forbach et qui avait rétro- gradé, le 7, de Forbach sur Puttelange rallie à Saint-Avold, le 8 à 7 heures du matin, venant de Puttelange.

Les 2" et 4* dragons (brigade de Ma.ubranche8) quittent à 7 heures du matin leur bivouac de la route de THôpital à Saint-Avold, pour venir s'établir h la sortie de cette localité, sur la route de LongeviHe.

A 6 heures du matin, le défilé de l'infanterie commence par la divi- sion de Gaitagny, partie à 4 heures du matin de Macheren; se succèdent ensuite, le parc d'artillerie du corps, la division Grenier, la division Decaen. A midi la division de cavalerie monte à cheval, Tartilierie à

LA aUBRRB DB 487(M87i. 94

ehoTal qui lui est adjointe prend position sur une hauteur dominant les routes de Carling et de THûpital ; h % heures la division de cavalerie s'ébranle, formant Tarrière-garde du corps rétrogradant pour se. con- centrer sous les murs de Metz; les uhlans, par petits groupes isolés, suivent tous les mouvements de la colonne, à environ quatre kilomètres de la colonne. A 4 h. 1/4, arrivée à Longeville; la division Decaen a pris position sur les hauteurs qui dominent cette localité pour protéger la retraite de la colonne, elle suit le mouvement de la division de cava' lerie et vient prendre position sur le plateau situé au-dessus du village.

Les hommes des deux divisions sont autorisés à mettre h profit la halte faite sur le plateau pour préparer le café.

Deux escadrons de uhlans viennent reconnaître le village de Longe- ville, mais sans y entrer, pendant la station des divisions Decaen et de Gléremhault sur le plateau.

L'apparition de ce parti ennemi ne retarde nullement la marche rétro- grade du corps.

La nuit arrive et avec elle la pluie ; les troupes d'infanterie gagnent leurs bivouacs ; la colonne ralentie par ses impedimenta s'allonge, les troupes piétinent sur place; le bivouac à Bionville est changé et la divi- sion reçoit Tordre d'aller camper derrière et à côté de la division Caà- tagny, derrière les villages de Fouligny et de Raville, l'obscurité de la nuit et la pluie n'ayant qu'imparfaitement permis de reconnaître un terrain convenable ; le commandant Scellier de Lample ayant reconnu qu'un bivouac convenable existe à Bionville sur la rive gauche de la Nied allemande et que sur cet emplacement se trouve le sous-intendant en mesure de ravitailler la division, le général de Gléremhault se décide à se placer sur ce bivouac pour assurer des moyens de subsis- tances aux 5* et 8^ dragons qui n'ont touché ni vivres, ni fourrages depuis quarante-huit heures et dont toutes les avances sont épui-

Les corps de la dirision commencent à arriver sur le terrain du bivouac h minuit; leur installation, retardée par l'obscurité et par la pluie, n'est terminée qu'à 1 h. 3/4.

Le 8* dragons a seul ses bagages; les officiers des 2', 4* et 8^ dragons sont obligés de s'installer au bivouac sous leurs tentes et sans provi- sions, dans une ville oii toutes les ressources alimentaires sont épui- sées.

RfiSBRYE D*ARTILLERIS.

8 août.

Le 3* corps et la division Grenier du corps Ladmirault évacuent Saint-Avold. La réserve d'artillerie quitte le bivouac de Valmont à 6 heures du matin et entre dans la colonne à la suite de la division Gas-

9S LA GUERRE DE ^870-1871.

tagny, se dirigeant 8ur Bionville. Une batterie de 12, la 11<» du 11 « (capitaine Ducher) est mise à la disposition da général Decaen qui est chargé de protéger la retraite ayec la division de caTalarie du général de Glérembault. On attache à cette dernière division la i** batterie à cheval du il* (capitaine de Maillier).

En route, au-dessus de LongeyiHe-les-Saint-Avold on change l'itiné- raire de la réserve d'artillerie et on la dirige sur Arriance, par Guin- glange ; les troupes arrivent nu bivouac à 3 heures du soir e^sont sur- prises à leur arrivée par un orage très violent, qui rend impossible tout travail pendant près d'une heure. A 10 heures du soir, la batterie Maillier rallie la réserye. Elle n'a pas eu à tirer dans la journée ; la retraite du 3^ corps s'est d'ailleurs effectuée sans qu'on ait eu un coup de fusil à tirer. On a simplement aperçu de loin les uhians qui sulyaient les colonnes.

Génib.

Renseignements sur les marches, opérations mili- taires et travaux exécutés par le sef*vice du génie du corps.

8 août.

Départ à 4 h. 1/2. La réserve reçoit, k Longeville-les-Saint-Avold, l'ordre de se rendre à Faulquemont.

c) Opérations et mouvements. Le maréchal Bazaine à V Empereur,

8 août.

Le parc du 3^ corps est dirigé vers Pange, passant par Fouligny, Raville (route n<* 1); tous les impedimenta (services administratifs) inutiles sont dirigés de Saint-Avold sur Courcelles-sur-Nied, en passant par Faulquemont et Han-sur-Nied.

Les divisions Gastagny, Montaudon et Metman se concentrent sur Puttelange; dès que tout le monde aura rallié, elles se mettront en route sur Saint-Avold, en s'échelonnant.

La division de Forton retournera à Pont-à-Mousson.

La marche de concentration sur Metz se fera : la Garde formant le premier échelon, prenant la route de Bionville à Courcelles-Ghaussy ; puis Tiendront les divisions du 3* corps, qui seront dirigées par des routes latérales à la ligne d'opérations (route impériale n^ 3).

Le premier jour, on viendra camper sur la rive gauche de la Nied, si la journée se passe bien, et la deuxième journée sous Mets.

LA GUBRRB DE 4870*4871 . 83

Le Major général au maréchal Bazaine.

Quartier impérial, 8 août.

Par ordre de TEmpereur, le général Frossard, qui, en ce moment, est avec son corps d'armée en marche de Puttelange, sur la route de Puttelange à Nancy, reçoit l'ayis itératif qu'il doit se porter sur Metz pour joindre son corps aux trois corps que tous y amenez de Saint- Avold. Il est invité à marcher de telle façon qu'il ne contrarie pas les mouvements des troupes qui sont avec vous. L'Empereur attend de vos nouvelles.

Le maréchal Bazaine au Major général^ à Metz.

Faolqaemont, 8 août, 8 h. 50 soir.

J'arrive à l'instant à Faulquemont, après avoir installé à Fouligny, sur la Nied allemande, les ^ et 4* divisions du 3^ corps, les l'* et 3^ divisions étant à Faulquemont. Le 4^ corps est en seconde ligne aux Étangs, sur la rive gauche de la Nied française, et la Garde est bivoua-- quée sur la rive gauche de la Nied française, sa droite vers Pange. Tout s'est passé avec ordre, très militairement, sans un coup de fusil; l'ennemi s'est borné à faire occuper Saint-Avold par le 15* de uhlans. Les troupes sont très fatiguées, et il est indispensable qu'elles fassent séjour sur leurs positions La Garde doit-elle rentrer demain À Metz?

Le Major général au marécfial Bazaine, à Faulque- mont (D. T.).

Metz, 8 août, 10 h. soir.

Faites rentrer la Garde demain à Metz, si vous n'en axez aucun besoin. Mais, s'il y a apparence de lutte, gardez-la. En tous cas, donnez Tordre à Ladmirault de continuer à vous couvrir. Vous seul avez des ordres à donner. Faites donc ce que les circonstances vous inspireront, il est possible que nous ayons une bataille à livrer sous Metz dans deux ou trois jours. L'ennemi parait se concentrer en attendant des renforts qui sont en marche.

Failly est à Phaisbourg sans être inquiété; Mac-Mahon à Blàmont (1).

(1) Il n'y avait encore h Blàmont, le 8 août, que les divisions de cavalerie Duhesme et de Bonnemains, qui avaient poussé jusque-là, au lieu de s'arrêter à Sarrebourg.

94 GUBRRB DE 4870-4871.

Tous deux se retirent sur Nancy. Les nouvelles de Paris sont très bonnes. Éclairez-Tous trfes au loin atec votre cavalef ie^ Tàohez d^enleyer quelques uhlans, pour avoir des nouvelles de Tennemi.

Le même au même (D. T.)*

Beça» le 9 août à 3 h. 30 matin.

Séjournez à Faulquemont pour rester lié atec le général Frossard. Conservez la Garde, en lui indiquant une position qoi lui permette de TOUS appuyer efficacement au besoin. Un nouvel avis qui m'arrive m'indique que Tennemi est en marche sur notre gauche.

Donnez Tordre au général Ladmirault de rester en position sur votre gauche pour la couvrir.

J'écris directement aux généraux Bourbaki et Ladmirault pour éviter tout malentendu. J'écris également au général Frossard, par un de ses officiers, de rester en communication constante avec vous et de se con- former à vos ordres. Donnez-leur vos instructions sans larder.

Tâchez de concentrer le plus tôt possible bous Metz les S", 3®, 4^ corps et la Garde, qui sont tous placés sous vos ordres et doivent s'y conformer strictement. Faites-vous éclairer très au loin par votre cavalerie légère.

Le maréchal Bazaine au général Montaudon,

Longeville, 8 août, 8 h. i/2 matin.

Vous camperez ce soir sur la rive gauche de la Nied allemande, votre extrême droite à hauteur de Pont-Pierre, que votis ferez garder, et votre gauche à Faulquemont. Vous aurez également des postes au delà du chemin de fer, sur la rive droite de la Nied. Vous camperez, suivant la nature du terrain, en ordre de colonne par bataillon à distance entière» ou sur deux lignes déployées par brigade, la seconde ligne à 500 ou 600 mètres de la première. Si le terrain le permet, je préférerais cette seconde disposition, votre artillerie serait campée autant que possible en arrière de votre seconde brigade.

P.-5. Le général Frossard établit ce soir son quartier général à Gros-Tenquin, en arrière de votre droite; mettez-vous en relations avec lui. La division de dragons de mon corps d'armée ira camper ce soir entre Vahl-les-Faulquemont et Guessling.

La division Metman aura sa droite près de Faulquemont^ en suivant le cours de la Nied.

Mon quartier général sera à Faulquemont.

LA aUBRRE DE 4870-4871. 95

Le général Montaudon au maréchal Bazaine.

8 août.

Conformément à vos prescriptions, je me suis retiré aujourd'hui, avec ma division, de Puttelange sur Faulquemont.

Mes premières troupes sont arrivées à hauteur de Pont-Pierre vers 4 heures ; à 5 heures, toute la division était campée comme vous me Tavei ordonné.

D'aprôs ce que m'a rapporté mon arrière-garde et d'après les rensei- gnements qui m'arrivent de toutes parts, une colonne prussienne (infanterie et cavalerie) m'aurait suivi et serait à huit kilomètres envi- ron. Cette colonne ramasserait les traînards de tous les corps.

Sur mon flanc droit s'étend une crête qui domine tous les environs et dont la longueur est d'environ trois kilomètres. Ce coteau forme une très belle position, dont le flanc droit s'appuie à une colline boisée et le flanc gauche à la Nied et à Pont-Pierre.

Afin de me couvrir à droite^ j'ai placé un bataillon sur la crête, entre Pont-Pierre et la grand'route, et deux compagnies à l'autre extrémité.

AOn de savoir au juste ce qui se passe, j'ai envoyé sur la route que nous avons suivie un escadron en reconnaissance.

La marche d'aujourd'hui a assez fatigué les troupes de la division, déjà épuisées par les marches de nuit et les alertes des jours précédents ; aussi vous prierai-je de vouloir bien donner, si cela est possible, un jour de repos à la division.

Le général Montaudon au général Meiman

8 août.

Il résulte des renseignements donnés par mon arrière-garde et par les habitants du pays, qu'une colonne prussienne nous a suivis. Elle serait en ce moment à huit kilomètres.

Je n'ai pu connaître encore sa force; une reconnaissance que je viens d'envoyer me la fera connaître peut-être.

Il se peut donc que je i^ois attaqué sur mon flanc droit ; si le Maré- chal, commandant le 3* corps, ne vous a rien prescrit de particulier, je vous prierai, le cas échéant, de prendre vos dispositions de manière à me rejoindre rapidement, afin que nous puissions donner à l'ennemi une sérieuse leçon.

U paraîtrait aussi que Saint-Avold est occupé par l'ennemi.

96 LA GUBRRB DB 4870-4871.

Je TOUS prie de me tenir au couraat, de TOtre cAté, de tout ce que TOUS pourriez apprendre.

Le maréchal Bazaine au général de Casiagny,

Longefille, 8 août, 8 b. 4/2.

Lor8(]ue tous aurez quitté les positions tous faites grand'halte ce matin, tous tous dirigerez sur Fouligny et, après aToir passé la Nied allemande, sur le pont de RaTÎile, tous tous établirez sur la riTe gauche de cette riTière, en faisant tôte de colonne à gauche et établissant TOtre campement entre RaTille et Guinglange; tous camperez, suiTant la nature du terrain, en ordre de colonne, par bataillon à distance entière, ou sur deux lignes déployées par brigade, la seconde ligne à SOO ou 600 mètres de la première.

Si le terrain le permet, je préférerais cette deuxième disposition.

Votre artillerie sera campée en arrière de Totre 2* brigade, autant que possible.

Vous aurez à Totre droite la diTision Metman, campée entre Grébange et Paulquemont, et à Totre gauche la diTision Decaen, campée de Bion- Tille à Vaudoncourt.

Vous jetterez sur la riTe droite de la Nied allemande les grand' gardes et avant- postes nécessaires à TOtre sûn.'t^, et tous en réglerez tous- méme la force et les emplacements.

Le général de Castagny au maréchal Bazaine.

Camp de Ra ville, 8 août, 8 b. 4/2 soir.

J'ai Thunneur de rendre compte à Votre Excellence que ma diTision était campée, à 8 h. 1/i, sur les hauteurs situées entre les deux villages de RaTille et de Guinglange, face à la Nied.

Voici les renseignements que Ton m*a donnés sur la présence de Tennemi à Boulay ; ils sont très authentiques. Tenant de la sœur d'un chef d'escadrons de carabiniers, qui les tient d'une personne qui a tu aujourd'hui le fait suiTant :

Treize uhlans se sont présentés à Boulay; ils ne sont pas descendus de cheTal, se sont promenés aTec ostentation dans la Tille, en ayant l'air de narguer les habitants, et, en sortant, l'un d'eux a tiré en l'air un coup de feu.

Voilà tout ce qu'il y a de Trai dans les forces prussiennes qui ont enTahi BoulaT.

^A GUERRE DE 4870-^87<. 97

Le maréchal Bazaine au général Metman,

Longeville, 8 août, 8 h. 30.

Vous camperez ce soir entre Faulquemont, que tous n'occuperez cependant pas et Gréhange» sur la rWe gauche de la Nied allemande. Faites étudier à l'avance les moyens de communication d'un côté à l'autre du chemin de fer, de manière à pouvoir rapidement conduire vos troupes sur l'emplacement de leur bivouac. Vous pourrez étendre votre gauche jusqu'à la hauteur d'Elvange.

Vous camperez suivant les facilités que présentera le terrain, en ordre de colonne par bataillon à distance entière, ou sur deux lignes déployées par brigade, la deuxième ligne à SOO ou 600 mètres de la première. Si le terrain le permet, je préférerais cette deuxième disposition. Votre artillerie sera campée en arrière de voire â« brigade, autant que pos- sible.

Vous jetterez sur la rive droite de la Nied allemande les grand'gardes et avant- postes nécessaires h Totre sûreté ; tous occuperez surtout dans de bonnes conditions Fiétrange, Ëlvange et le chemin qui, par la rive droite^ va de Flétrange à Créhange et Faulquemont.

Vous aurez à votre droite la division de Montaudon dont la gauche sera à Faulquemont ainsi que mon quartier général.

Le maréchal Bazaine au général Decaen.

LongeTiUe, 8 août, 8 b. V^*

Lorsque votre colonne arrivera à Fouligny, vous suivrez la rive droite de la Nied allemande jusqu'à Biopville, vous traverserez cette rivière. Immédiatement après l'avoir dépassée, vous tous établirez sur la rive gauche, face en dehors, entre la route de Vaudoncourt, mettant une portion de votre division sur Ravi Ile, viendra la gauche du général de Castagny.

Vous camperez suivant la nature du terrain, en ordre de colonne par bataillon à distance entière, ou sur deux lignes déployées par brigade, la deuxième ligne à 500 ou 600 maires de la première.

Si le terrain le permet, je préférerais cette deuxième disposition. Votre artillerie sera campée en arrière de votre 2^ brigade, autant que possible.

Vous jetterez sur la rive droite do la Nied allemande les grand'gardes et avant-postes nécessaires à votre sûreté et vous en réglerez vous-même la force et les emplacements, et surtout en gardant les points de pas* sage de Bionville, Morlange, Bannay etVarizc, en avant de votre gauche, en |j«ce de Vaudoncourt.

Use. Doeum. 7

98 LA aUERRE DE 4870-4874.

Le général de LadmirauU établit ce soir son quartier général aux

Ëtang8(i}. Mon quartier général sera à Faulquemont.

Ordres du lieutenant-colonel de Maucourant^ com- mandant l'artillerie de la 4^ division (Decaen) du corps, pour la marche du 8 août.

8 août, 6 h. 4/4 matin.

D'après les ordres du général commandant la division, Tordre de marche des diverses fractions de rartillerie de la division sera réglé comme il suit :

Lorsque les bagages de la division auront défilé, et à la suite de Tarn- bulance et des mulets de cacolets viendra :

Le parc divisionnaire, marchant la gauche en tète, sur deux Toitures de front et dans Tordre suivant :

V Réserve de la batterie : voitures à bagages, forge, deux cha* riots, deux caissons, un affût de rechange ;

â^ Réserve de la 10* batterie. Même ordre ;

3<* Réserve de la 9*^ batterie. Même ordre ;

Réserve des munitions d'infanterie, marchant la gauche en tète : i^ cinq caissons à quatre roues ; 2<^ quatorze caissons légers à deux roues, numéros 14 et 1.

A la suite du parc divisionnaire, la 8* batterie, marchant la gauche en tête sur deux voitures de front.

Après la 8^ batterie, passeront les 85<^ et 80'^ régiments qui seront suivis de la 10' batterie (batterie de combat), marchant la gauche en tête et sur deux voitures de front.

Après la 10" batterie passera un bataillon du 44^ qui sera suivi d'une section de combat de la 9^ (celle de gauche), marchant sur deux voitures de front.

Cette section sera suivie de dix paires de cacolets et deux bataillons du 44'*, après chacun desquels viendront les deui autres sections de la 9*, suivies des chasseurs à pied.

En cas de mise en batterie, MM. les officiers d'artillerie réclameront une* escorte 'de bataille marchant immédiatement en avant; cette escorte sera proportionnée à Timportance de Tartillerie mise en posi- tion.

(1) C'est à Glattigny que le général' commandant le corps établit le 8, son quartier général.

LA GUERRE DE 4870-4874. 99

D'après l'ordre du général Decaen, la 9* batterie marchera par sections ; une section à la suite de chacun des trois bataillons du 44«.

Le capitaine Gaillet, suivi d'un brigadier, partira avec le général de division.

Il n'y a pas encore d'heure fixée pour le départ.

La section de la 10*bftjklerie doit se retirer avec le 85' et elle rejoindra alors sa batterie.

Le général de Clérembault au maréchal Bazaine.

8 août, minuit.

il est onze heures et demie du soir, j'arrive par une pluie battante h mon bivouac de Bionville.

Par la nuit» j'ai marché devant moi et je me suis trouvé à Bion- ville; je n'ai pu rétrograder, mes chevaux étaient éreintés, surtout la brigade de Juniac qui, la veille, était restée vingt et une heures à cheval et qui, partie ce matin de Puttelange, à 3 heures, vient d'ar- river au bivouac, ayant de l'avoine pour les chevaux, mais pas de vivres pour les hommes depuis hier.

J'ai ordonné au 2" dragons, qui est aligné à deux jours, de donner un jour au ; j'ai donné même ordre au 4* pour le S*'. Demain matin, l'intendant, étant à -Bionville, alignera ces régiments à deux jours de vivres.

J'ai à vous rendre compte que, pendant le repos, au sommet de la montée de Longeville, mon artillerie, qui avait des ordres de son général, m'a échappé, si bien que, lorsque je me suis mis en route après rinfanterie, vers 6 heures du soir, je ne l'ai plus trouvée. Elle a dit qu'elle allait à Illange (?); je crois qu'on m'a dit ce mot.

L'infanterie faisant des repos longs et bien fréquents, j'ai mis onze heures et demie pour faire dix-huit kilomètres; je ne réclame pas, c'était aujourd'hui urgent et nécessaire, mais je solliciterais de Votre ESxcellence, quand ce ne sera pas utile> de me laisser arriver de manière à quitter le bivouac et y arriver de jour.

P^S, Je loge chez M. Sidot^ route de Raville.

Gomme il est minuit passé) qu'il y a treize kilomètres et que mes che* vaux sont éreintés, j'aurai l'honneur de vous adresser ce rapport demain matin de bonne heure.

Le général de Bruchard, qui commandait l'extrême arrière-garde, m'a rendu compte qu'un peloton de 20 à 25 Prussiens avait suivi sa colonne jusqu'ici. *

r

100 LA GUERRE DE 4870-4874.

Le maréchal Bazaine au général de Rochebouèl^ commandant Varlillerie du corps,

LoQgcvillo, 8 août, 8 b. 4/2.

Faites quitter la colonne Castngny par vos r^'serves, an coude de la route au-desÀUS de Loiigeville, s'embranche le chemin de communi- cation n<* 15 ; suivez le chemin par Biimbiderstroff, Yigneulles-Haute, Vigne ulles-Basse, Dorvilier, Guinglangc, Hémitlv, Arriance vous bivouaquerez ce soir.

Mon quartier général sera à Faulqucmont.

Le même au général Viala, commandant le génie du corps.

tongcville, 8 août, 8 b. 1/2-

Je TOUS prie de prendre les mesures nécessairi s pour que les compa- gnies du génie de la^réserve et ses bagages prennent, avant d'arriver à Longeville, la route de Faulqucmont, sera établi ce soir mon quar- tier général et le vôtre, cl camperont vos réserves.

Journée du 8 août«

CORPS. a) Journaux île marche.

Journal de marcha du 4*^ corps d'armée.

Le quartier général du corps d'armée part ù 2 heures du matin de Boulay pour Glattigny.

\^^ division, Quitte ses positions en avant de Boulay pour camper sur les pentes qui dominent le village des Étangs.

^^ division. Détachée avec le corps d'armée.

Z^ iiiiision, Se porte d'Helstroflf sur la rive gauche de la Nied à Poot-a-Chausâv.

Artillerie. Les réserves campent entre Glattigny et les Étangs.

Génie. A Glalligny avec l'ambulaLce.

LA. GUERRE DE 187C-i87<. -lOl

i" DIVISION (DB GlSSBT).

A 7 heures du matin, la divisioa est arrêtée au village des Étangs sur la Nied, le général de Cisscy peut établir son bivouac dans une avisez bonne position militaire. La Garde impériale est à notre droite, sur le bord de la Nicd.

Souvenirs inédits du général de Cissey^

8 aoi'il.

Nous marchons en retraite sur Metz Tarmée entière doit se con- centrer. A 7 heures du matin, ma division est arrêtée aux Etangs je rétablis au bivouac dans une assez bonne position militaire; îa, Garde impériale est campée à ma droite ; nous logeons dans une espèce de vieux ch&teau dont la propriétaire, antiprussienne avant tout, met tout ce qu'elle possède h notre disposition.

Le quartier général du corps d*arméc est en arrière de nous à Glattigny.

DIVISION (Grbnibr).

A 3 heures du matin> la 2* division prend les armes. Le mouvement vers Metz étant résolu, les forces réunies h Saint-Avold et aux environs se mettent en marche par deux routes, celle de Longeville et celle de Faulqueroont. La 2* division s'engage à la suite de la division Gastagny et précédant la division Dccaen et la cavalerie, sur la route de Longe- ville, formant partie de la colonne de droite. Les deux colonnes doivent se servir mutuellement de réserve, suivant qu'elles auraient à prendre position à gauche ou k droite pour faire face aux Prussiens.

A 7 ou 8 kilomètres de Saint-Avold, après avoir dépassé le bourg de LongevilIe-les-Saint-Avold, sont des collines dominant fortement la route de Metz et le chemin qui r4ie Faulqnemont. Le maréchal Bazaine, qui, de sa personne, était au château de Longeville, fit prendre position sur la crête â la division Castngny, et sur les pentes h la 1'* brigade de la 2^ division, en même temps qu'il se servait de la 2^ brigade pour couper la route et la défendre en arrière du chemin de Faulquemont dans la vallée.

Après avoir fait le café dans ces positions de combat, la division ayant fait fîlcr le convoi de bagages derrière elle, ses bagages propres et ceux de la division Decaen, se replie dans la position supérieure qu'évacue la division Gastagny. Elle s'y masse pendant que la division Decaen opère son mouvement en arrière et, après avoir occupé la posi- tion à roi-côle, vient la remplacer en j" ligne sur la crête. Le maréchal

402 LA aUERRE DE 4870-1871.

Bazaine fait^ par ordre écrit, évacuer la place par la ±^ division avec injonction de remplacer le général Gastagny dans ses positions de Morhange.

Au moment de les occuper, Tennemi ne s'étant pas porté sur nos derrières d*une manière sérieuse ni prononcée, la 2* division a ordre de continuer sa route vers Bionville et de camper au delà de ce village, vers la ferme de Plappeconrt.

La colonne de droite de l'armée se remet donc en marche tout entière. La division Castagny tourne vers Faulquemont au village de Fouligny, la division Grenier se porte sur Bionville Tont précédée ses bagages, et enfin elle campe, à 11 heures du soir, en arrière de la division Decaen qui arrive après elle entre Bionville et la ferme de Plappecourt, à hauteur d'une maison isolée appelée le château du Prince.

Le campement, pris dans la nuit, dans des terrains détrempés par un orage, est mai disposé pour laisser reposer les troupes.

3^ DIVISION (db Lorencez).

La division quitte HelstrofiP, à 3 heures du matin et se porte sur Silly-sur-Nied en passant par Varize, Vaudoncourt, Gourcelles-Chaussy et Pont-à-Chaussy. Elle s'établit sur les hauteurs entre Silly et GlattigDv.

-2* Brigade (Berger). Journal de marche.

A 4 heures du matin, notre division était en marche pour se rendre à Gourcelles ; à peine avions-nous formé les faisceaux que l'ordre nous fut donné d*aller avec ma brigade occuper la ferme de Béville qui se trouvait de l'autre côté d'un ruisseau assez encaissé et que ma cavalerie eut beaucoup de peine à traverser. Pendant cette journée de marche, on signala la présence de l'ennemi sur la route de Metz à Saint-Avold ; on envoya des reconnaissances de cavalerie qui ne purent donner aucune nouvelle des Prussiens.

Division de cavalerie (Lbgrànd).

La brigade de hussards part de Boulay à minuit, la brigade de dragons à une heure du matin, et se dirigent vers Metz ; la â^ par la route de Helstroff, la 1" par Volmérange ; elles vont bivouaquer le môme jour : la i " brigade à Lauvallier et la 2* à Silly.

LA aUERRB DE 1870-4874. ' 403

c) Opérations et moaYements. Le maréchal Bazaine au général Grenier.

Longe?ilie, 8 août, 8 h. 4/^ matin.

Après avoir passé la Nied allemande à Bionville, vous continuerex & marcher sur Gourcelles-Ghaossy, vous prendrez le chemin de grande communication n^ 13, pour vous rendre à Landonvillers.

M. le général Ladmirault établissant ce soir son quartier général aux Étangs (i), vous rentrez sous son commandement direct et vous y enverrez prendre ses instructions pour rétablissement de votre brigade.

Le général commandant la division de cavalerie au général de Ladmirault.

Laovallier, 8 août.

J*ai l'honneur de vous rendre compte que la brigade de hussards est installée à Lauvallier, sur la route de Metz, à 6 kilomètres en arrière de Giattigny. Il y a de Teau en quantité suffisante. * J*ai ici un poste chargé du transport des dépêches.

Ordre. Le général de Ladmirault au général Legrand, à Lauvallier,

Giattigny, 8 août.

Messieurs les commandants des divisions recommanderont la plus grande vigilance ai^x postes, pendant la nuit. Les bataillons, les régi- ments qui occupent les bivouacs et positions ne doivent pas avoir les armes chargées ; les grand'gardes et postes avancés, seuls, peuvent les avoir. Toutes les précautions seront prises et les recommandations seront faites pour éviter une alerte.

La i'® division a aujourd'hui sur sa droite la 3^ division (Lorencez) ; leurs avant-postes se touchent. La i** et la division donneront des indications à leurs grand'gardes pour qu'il n'y ait point de méprises.

La division (Lorencez) a sur sa droite des corps de la Garde impériale et du 3^ corps d'armée (maréchal Bazaine). Les avant-postes de ces corps d'armée se touchent; donner les mêmes recommandations que ci-dessus.

(1) Le général Ladmirault établit son quartier général h Giattigny.

404 LA GUERRE DE 1870-4874.

Ce soir, si ce n*est déjà fait, les corps dirigeront sur MeU leurs réserves de vivres qui rejoindront la réserve générale, sur la route des Étangs à Metz, en un point nommé Lauvallier, très rapproché de Metz, ils resteront en ayant soin de dégager la route.

Demain 9 août, le réveil aura lieu à 3 heures du matin, mais il ne sera fait ni sonneries, ni batteries.

Messieurs les officiers et les troupes ploieront les tentes, les bagages seront préparés et, à 3 h. 1/2, ils quitteront les bivouacs pour se diri- ger sur Metz.

Les bagages de la i'" division, arrivés à un point de la route nommé Petit-Marais, se dirigeront sur Sainte-Barbe pour de h\ gagner Saint- Julien près de Metz, ils se placeront en dehors de la route. A la même heure, le 20** bataillon de chasseurs à pied prendra la route de Metz et, arrivé au point nommé Petit-Marnis, se dirigera sur Sainte- Barbe, prendra la direction de Vry, qu'il occupe.ra jusqu'à ce que toute la colonne ait défilé. Là, il rencontrera des pelotons de hussards qui seront partis le matin en reconnaissance. Ces pelotons resteront avec le bataillon pour fournir des i:econnaissances qui s^avanceront au loin sur la route de Bouzonville.

A 4 heures, le trésor de chaque division et celui du quartier général partiront, chacun sous l'escorte d*une compagnie, pour rentrer à Metz par la route directe.

A 3 h. 1/2, les bagages de la 3* division (Lorencez) quitteront le bivouac pour rejoindre la grande route des Étangs à Metz, passant par les points indiqués : maison isolée, fietonfey et Petit-Marais. Là, ils rejoindront la grand Voûte qui conduit à Metz et passe près de Noisse- ville; ils se dirigeront sur Metz.

A 4 heures, les troupes commenceront à quitter leur bivouac en ayant soin de prendre leurs précautions et de bien se faire éclairer en arrière dan^i la direction de Boulay. Les troupes de la 1'® division suivront la route jusqu'au point indiqué Pclit-Marais, gagneront Sainte-Barbe pour prendre la grand'routc qui conduit à Metz et s'arrê- teront à Saint-Julien.

Les troupes de la division, en suivant le même chemin que leur convoi, viendront prendre la route des] Étangs à Metz, au point indiqué Petit-Marais.

De cette façon, les troupes de la l*"^ et la 3^ division voyageront sur deux voies différentes.

En arrivant près de Metz, des ofûciers d'état-major indiqueront aux troupes les directions qu'elles devront suivre.

Le parc du génie, avec sa compagnie, prendra la route des Étangs à Metz et quittera son bivouac à 4 heures du matin.

Les réserves d'artillerie, ainsi que le parc, suivront la compagnie du

LA GUERRE DE 1870-1871.

105

génie el seront escortées par deux compagnies du 57" qui couvrent leur bivouac.

Dennain, à 3 heures du matin, la brigade de cavalerie enverra un escadron à Vry pour pousser des reconnaissances sur la route de Bou- zonville.

A la même heure, M. le général de Gissey fera faire par ses hussards une reconnaissance dans la direction de Boulav.

Les ambulances des divisions marcheront en tête des troupes, en mettant quelques cacolets à Tarrière- garde. L'ambulance du quartier général partira, h. 3 h. 1/2 du matin, pour prendre la route de Metz et y attendre les troupes, en ayant soin de ne pas s'arrêter sur la route.

A 4 heures, la brigade de dragons viendra au point Petit-Marais et y trouvera le commandant en chef qui lui indiquera la direction h prendre.

d) Situation et emplacements.

CORPS.

État-major gécéral

1" division

Division de caTaleric

Réserve d*ariilleric

Réserve da génie

Train des équipages^

Force pabliquc «.

Trésor el postes

Service des sabsislanccs, des hôpitaux, du campement.

Totaux

ce

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7,009

8,224

665

313

9,733

10,046

694

m

2,369

2,548

2,424

33

990

1,023

1,054

4

136

140

77

7

3i8

355

422

5

85

90

65

17

31

48

' 31

?

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?

?

1,832

29,861

34,093

6,160

KUPLACEIIENTS.

GlatUgny.

A ai Ét«B(S.

A rOuett de Bion- TlHe.

LauTtUier. Aux ÉUDK8. GUtUgnjr.

Id.

IJ.

Id.

106 LA GUERRE DE 4870-4874.

Journée du 8 août.

CORPS, a) Joumanz de marche.

Jonmal de marche da 6* corps d*armée.

D'après les ordres de l'Empereur, qui prescrivent de se retirer sur le camp de Ghâlons, le général de Failly juge qu'il est inutile, actuelle- ment, de se rendre à Phalsbourg, ce qui allongerait son trajet d'un jour. Il décide que le 5*^ corps prendra la route de la Petite>Pierre à Sarrebourg, par Ottwiller.

En conséquence le corps, suivi des débris du 1*^, part de la Petite- Pierre, à 5 heures du matin, par une pluie battante. Arrivé à Ottwiller, le général en chef, frappé de l'extrême privation qu'impose à tous l'abandon des bagages à Bitche, conçoit le projet d'envoyer vers cette place un détachement, avec mission d'essayer de ramener ces bagages.

Le commandant Perrotin, de l'état-major général du corps, part en conséquence d'OttwilIer avec une avant-garde de deux escadrons du 50 hussards commandés par le colonel Flogny, de ce régiment, et qui doivent être suivis et appuyés par le 12" chasseurs et le S" lanciers. Cette colonne doit essayer de faire une pointe sur Bitche, par Lorentzen, Montbronn et Lemberg, y prendre le convoi, si c'est possible, et revenir ensuite sur Sarrebourg. *

Partant d'OttwilIer vers 6 h. i/2, cette cavalerie va rejoindre la route qui mène à Lorentzen au Nord. Mais elle ne peut arriver jusqu*à ce point. Les têtes de colonnes de l'armée du prince Frédéric-Charles, qni ont franchi la frontière de Yolmunster à Sarreguemines dans la journée du 7, ont déjà envoyé de gros détachements pour occuper les défilés des Vosges de ce côté.

Près de Lorentzen, sur la route de Bitche à Sarrebourg, l'avant-garde du 5" hussards rencontre des avant-postes de cavalerie prussienne. Nos cavaliers les chargent avec vigueur et leur tuent plusieurs hommes et chevaux.

Mais de l'infanterie étant signalée, notre cavalerie ne peut aller plus loin dans la direction de Bitche et se voit forcée de renoncer à sa tea- tative. Elle revient à Sarrebourg, elle arrive à minuit et demi, après une marche forcée.

LA aUBBRE DB 1870-4874. 407

La perte de notre train auxiliaire et de la plus grande partie du personnel de nos services administratifs, laissés à Sarreguemines et Bitche, rend les approvisionnements des plus difficiles pendant la route.

L'intendance est obligée de recourir aux réquisitions de pain et de viande dans tous les villages traversés.

Les différents détachements de la colonne s'échelonnent sur la route, de ikçon à ne pas épuiser les mêmes centres de population, pendant la grand'halte consacrée à la soupe. On passe à Schalbach et à Bicken* holtz.

La tôte de la colonne du 5^^ corps commence à arriver à Sarrebourg, vers 4 heures de Taprès-midi, après avoir parcouru, par des chemins de traverse, une étape de 32 kilomètres environ.

Les troupes sont campées en grande partie au Nord-Est de la ville, à Lixheim, sur des hauteurs qui dominent ce village situé à 6 kilomètres. Elles s*y établissent militairement, avec ordre aux avant-postes de se garder avec la plus grande vigilance.

La grande majorité du 1'' corps se trouve déjà réunie à Sarrebourg et campe également autour de la ville. Le maréchal de Mac-Mahon, qui s'y trouve aussi de sa personne, confirme les ordres de l'Empereur pour se porter sur le camp de Ghàlons, et donne pour instruction au général de Failly de gagner ce camp, en lui laissant la route de Nancy pour le corps, et en prenant la gauche de ses colonnes pour couvrir sa Retraite. La division de Lespart rallie le S* corps dans la soirée.

Les distributions se font avec beaucoup de difficultés. Les magasins de la ville renferment quelques approvisionnements, mais les distances sont grandes jusqu'aux différents camps. Les divisions Goze et rAbadie, campées près de Lixheim, obtiennent des vivres par réquisition.

Extrait du journal du capitaine de Lanouvelle^ de Vétat-major du corps de Varmée du Rhin.

8 août.

Le corps d'armée se mit en route à partir de 4 heures du matin, par une pluie battante, dans la direction de Sarrebourg, en deux colonnes, Tune, composée de deux divisions d'infanterie, par Ottwiller, Veckers- willer, Schalbach, Bickenholtz, Lixheim elle fit étape le 8; Tautre, comprenant la cavalerie, le reste de Tinfanterie et l'artillerie de réserve par Ottwiller, Drulingen, Weyer, Hirschland, Rauwiller, Sarraltroff, Sarrebourg elle campa au Nord de la ville.

Pendant la grand'halte de cette dernière colonne à Hirschland, le général commandant le corps d'armée décide que la division de cava-

108 LA GUERRE DE 4 870- «871.

lerie et deux batteries d*artillerie à cheval, prises dans la rusenre, parti- raient à midi, dans la direction de Bitche, par Lorentzen (8 kilomètres Est de Sarre-Union), pour reprendre et escorter le convoi qui avait été laissé dans cette place. Je n'ai pas de détails sur cette expédition qui ne réussit pas, et il y a contradiction dans mes notes au sujet de son retour : je lis d*une part que la cava1erie> aurait couché le 8 au soir à Montbronn (6 kilomètres Oue>t de Lemberg), et d'autre part qu^elle nous a rejoints dans la nuit du 8 au 9 août. J'ai lieu de croire que cette dernière indication est eiacte et que Montbronn figure sur mon carnet comme le point que la cavalerie devait essayer d*atteindr6 le 8 au soir, et dans la nuit le convoi lui serait amené de Bitche, escorté par le 6* hussards qui avait été envoyé sur notre flanc droit, c'est-à-dire au Nord de notre route, dès le matin

1" DIVISION (GOZB).

Départ ii 6 h. 1/2 pour Lixheim, oti Ton arrive vers 3 heures. On campe sur la route de Sarre-Union que Ton dît occupé par Tennemî.

2<> BRIGADE (Nicolas).

Le 8, dès 4 heures du matin, le 5^ corps, dont Tinfanterie se compo- sait des trois brigades Saurin et Nicolas de la i''' division, de Maussioa de la 2^ division, après bien des hésitations sur la direction à suÎTre, fut engagée sur la route d'Ottwiiler, et de sur Lixheim par Siewiller, Schalbacb, se fit la grand'halte, et Bickenholtz ; des hauteurs de ce dernier village, on distinguait vers la gauche, dans la plaine, le mouvement de retraite des troupes de Mac-Mahon.

En arrivant à Lixheim, des dispositions de combat furent prises en prévision d'une attaque de Teonemi, dont la présence était signalée sur notre droite vers Fénétrange et Kirrbcrg. Les corps campèrent sur leurs positions autour de Lixheim, dont la grande place fut occupée par le convoi et les ambulances. La brigade, qui dans cette marche da 8 formait Tarrière-garde, s'établit en avant du Vieux-Lixheim, sur la route de Nancy. Dans la soirée, le bruit lointain du canon se Ht entendre dans la direction du Nord.

DIVISION (de L'ÂBADIB D*ATDREIN).

Journal de marche.

La portion du corp5, arrivée la veille à la Petite-Pierre, doit se porter sur Phalsbourg; le mouvement commence de très bonne heure par la cavalerie, suivie du grand quartier général, des ambulances, des

LA GUERRE DE 1870-4874. WJ

bagages et de la réserve d'artillerie que la dÎTision de l'Abadie d'Âydrein doit escorter. La division Goze fait l*a prière -garde. C'est le 88^ qui fournit les compagnies d'escorte de la réserve. Le défilé des bagages, priocipalcment ceux de la cavalerie, retarde le départ de la â^ division.

En route, le général en chef avait reçu Tordre de se diriger sur Sarrebourg. On arrive h Ottwiller par une pluie battante^ qui a com- mencé dcà le moment Ton s'est rois en marche; on apprend que les dispositions du matin sont changées. Le grand quartier général, la réserve d'artiileriey le parc du génie, la réserve de mulets du train qui doit suivre désormais la réserve d'arlilleric, les ambulances, prennent la route de Sarrebourg par Drulingon et y arrivent vers 3 heures de l'après-midi; les divisions de l'Abadie et Goze passeront la nuit à Lixheim. La cavalerie doit éclairer et couvrir la marche; en même temps, elle cherchera h faciliter le retour des bagages restés à Bitche. Un oflicier monté 'de chaque corps est envoyé pour les reconnaître, tous ces ofGciers partent d'Ottwiller sous l'escorte d'uu escadron du 5^ hussards, et les ordres du chef d'escadron Deshautschamps.

L'escadron divisionnaire Ta se ranger sous les ordres du colonel Flogny, Les compagnies du 88*^ chargées d'escorter la réserve d'artil- lerie rallient leur régiment.

La division quitte la route de Phalsbourg un peu avant d'arriver à

Siewiller, et va faire la grand*halte à Schalbach, oh des réquisitions

<ie fourrage ont lieu; elle passe ensuite à Bickenholtz et campe, à

^ 3 heures de l'après-midi, au Sud et près de Lixheim, des deux côtés de

la grande route conduisant à Sarrebourg.

Le détachement du 68*^, des détachements des 17* et 30* de ligne, tous composés des hommes de la réserve et destinés à la division Guyot de Lespart, ont suivi la division et campent avec elle.

Le 49* de ligne reçoit l'ordre de prendre en subsistance tous les hommes du corps d'armée du maréchal de Mac-Mahon, qui ont rallié ou rallieront la division.

Lorsque la tête de colonne commençait à desceudrc vers Lixheim, on aperçut une troupe assez nombreuse sur la grande route de Sarre- bourg. Le général de l'Abadie la fît reconnaître avant de choisir son campement. C'étaient des hommes appartenant au 1*'' corps.

 peine était-on au bivouac, que la nouvelle d'un engagement dans le voisinage est donné au général de divi>ion ; on pense do suite à la réserve d'artillerie en marche sur Sarrebourg. Bien que Ton n'entende aucune détonation pouvant donner créance au rapport qui vient d'être reçu, des dispositions sont prises, le chef d'état major, envoyé aux ren- seignements pousse jusqu'à Rauwiller, les habitants lui affirment que l'ennemi n'a pas paru, et n'a pas été signalé dans les environs. Pendant ce temps, le gogcral de r.\bailic hvait concerté quelques

140 LA OUEBBR DE 4870-4874.

mesures de défense arec le général Goze, dont la divûsioa 'venait d*i mer au Nord de Liiheim. La brigade Saarin passe la nuit au Nord de ce village, la brigade Nicolas Ta & Alt-Lixheim^ sur la route de Nancy. Les bagages de cette division parquent sur la grande place du Tillage,

Des distributions ont lieu, sur des réquisitions faites à Lixheim et à fiickenholtz. Pendant la marche, les habitants étaient venus généreuse- ment offrir du pain et des rafraîchissements aux soldats.

D'après les ordres du général en chef, le général de TÂbadie prévient le général Brahauti qui doit se trouver avec sa cavalerie à Lorentzen, de sa présence et de celle de la division Goze à Lixheim. Mais cet oQ- cier général n'y était plus. Après avoir réuni le 5* lanciers et le 12* chasseurs à Hirschland, dans la matinée, il s'était avancé avec eux et deux batteries à cheval de la réserve mises à sa disposition, jusqu'en vue de Mackwiller. il rencontra le S" hussards qui, de Durstel, avait poussé jusqu'à Lorentzen, il avait eu un léger engagement avec la cavalerie allemande. Le colonel Flogny lui avait rapporté que des forces ennemies nombreuses étaient à Rohrbach, à Lorentzen et à Sarre- Union ; que (a route de Bitche n'était plus libre. Ces renseignements, recueillis aussi par un officier supérieur de l'état-major général du corps d'armée, avaient déterminé le général commandant la cavalerie à se replier le jour môme sur Sarrebourg, il était arrivé à minuit et demi. Le iâ* chasseurs bivouaqua sur les promenades, le 5* lanciers bivouaqua sur la route, les cavaliers tenant leurs chevaux par la bride; les batte- ries à cheval rejoignirent la réserve.

La division Guyot de Lespart, partie à 10 heures du matin de Phais- bourg, arriva le même jour à Sarrebourg à la suite du !«' corps d'armée, qui avait pris la même ligne de retraite.

On avait rendu compte au général en chef de Talerte qui avait été donnée à l'arrivée à Lixheim et on lui avait demandé ses ordres. La réponse ne fixant pas d'heure pour le départ du lendemain, le général de TAbadie crut devoir hâter l'arrivée à Sarrebourg^ et décida qu'on lèverait les camps à 3 h. 1/2 du matin. Il en donna avis au général Goze pour qu'il suivit le mouvement.

Division db gavàlbrib (BRAâAUT).

Le 5* corps avait ordre de quitter la Petite-Pierre à 3 h. 1/2 du matin> pour se porter à Saveme. Mais, au moment du départ, un contre- ordre le dirigea sur Sarrebourg. Le 5* lanciers partit en avant-garde avec le général de la Mortière, suivie à quelque distance par le général de Bernis, avec le 12* chasseurs, en passant par Ottwiller, Weyer, Hirschland, Rauwiller.

Les quatre escadrons du 9* hussards, réunis, se portèrent par

LA OUBRRE DE 1870-4874. 141

Aswiller sur Durstel, pour éclairer et couvrir le flanc droit du corps d'armée.

Le général de division, avec son état-major, s'était joint au général en chef, qui lui donna Tordre, en arrivant à Ottwiller, de rallier le 5^ lanciers et le 12* hussards qui étaient déjà à plusieurs lieues en avant, et de faire à leur tête une grande reconnaissance sur Rohrbach, pour couvrir la marche du convoi de bagages du 5' corps qui devait sortir de Bitche et se diriger sur Sarrebourg.

Le général de division avait ordre de passer la nuit à Lorentzen. Le colonel Flogny, du 5* hussards, recevait de son c6té Tordre de prendre part à cette reconnaissance, en continuant sa route de Durstel sur Rohrbach.

Le général de division partit en toute hâte, pour rejoindre le 5*^ lan- ciers et le 12* chasseurs. Le 12* chasseurs fut arrêté à Hirschland et le 5* lanciers à Rauwiller d'où il revint & Hirschland ; c'est dans ce der- nier village que le général de division forma sa colonne qui fut sou- tenue par deux batteries à cheval, mises sous ses ordres. L'artillerie fut placée entre les deux régiments, le 12* chasseurs en tête et le 5* lanciers en queue. Le général de division se dirigea ainsi jusqu'en vue de Mackwiller, il rencontra le 5* hussards, qui s'était porté jusqu*à Lorentzen il avait trouvé de la cavalerie ennemie, avec laquelle il avait eu un léger engagement. D'ailleurs, tous les renseigne- ments recueillis, et particulièrement ceux de M. le commandant Per- rotin, de Tétat-major général, qui avait été envoyé spécialement par le général en chef pour faire sortir le convoi de Bitche, annonçaient la présence de forces nombreuses à Rohrbach, à Lorentzen et vers Sarre- Union.

La route de Bitche n'était plus libre et il fallait renoncer à Tespoir de faire sortir le convoi de bagages. Le général de division réunit alors le 5* hussards à sa colonne et se remit en marche par Bœrendorf sur Sarrebourg, il arriva à minuit et demi. La brigade de Bernis put bivouaquer à la porte de la yille, sur les promenades. Mais, faute d'em- placement^ le 5* lanciers dut passer la nuit sur la route^ les hommes tenant les chevaux par la bride.

Les deux batteries d'artillerie rejoignirent la réserve d'artillerie à laquelle elles appartenaient.

1'* brigade (de Bbrnis).

Ainsi qu'il était prescrit dans l'ordre précédent, la division de cava- lerie (5* lanciers, 12* chasseurs) se mit en route yers 5 heures du matin. Arrivé à Ottwiller, le général de Bernis qui, aTec le 12* chas- seursy devait pousser une reconnaissance dans la direction de Durstel, reçut contre-ordre et continua sa route avec le reste de la division sur

H2 LA GUERRE DE 1870-1871.

Sarrebourg. Arrivé à Hirschlandi le général Brahaut reçoit l'ordre de se porter aTec ses deux régiments et deux batteries sur Loreatzco et Rohrbnch pour favoriser la sortie du convoi laissé daus Bitche.

Il rencontre vers Berg deux escadrons du S* hussards, sous le colonel Flogny, qui venaient d'avoir, vers Dicmeringen, un engagement avec un régiment de cuirasisiers prussiens, et juge inutile d*allcr plus loin, le but de Texpédition étant manqué. La division arrive \ Sarrebourg vers une heure du matin.

Réserve d'artillerie.

Le 8 août, le corps quitta à 2 heures du matin la Petite-Pierre, passa par Druliogen et arriva, vers 3 heures, à Sarrebourg. Le commandant de la place de Bitche n ayant rien fait suivre de ce qui lui avait été laissé, le général Brahaut partit de Drulingen avec sa division et lc9 deux bat- teries à cheval de la réserve d'artillerie sans caissons, pour ftiire une reconnaissance destinée h dégager Bitche s'il y avait moyen, mais cette reconnaissance ne produisit pas de résultats satisfaisants, et les deux batteries n'arrivèrent k Sarrebourg qu'à â l^euros du matin, ayant marché vingt-quatre heures.

^ Bëseiive du génie.

Le 8, le 5* corps continua son mouvement de retraite : les 1*^ et divisions d'infanterie et la division de cavalerie viennent à Lixheim, le quartier général avec la rc? erve d'artillerie et le parc du génie à Sar- rebourg ; la 3* division d'infanterie se réunit à Phalsbourg.

c) Opérations et moavements. Le Major général au général de Faitly (D. T.).

, Metz, 8 août, 2 heures matin.

Magcuta arrive ce matin à Phalsbourg. Emmenez les 3»000 homme:* qui so sont ralliés à la Petite- Pierre. Laissez ù la Petite-Pierre le com- mandant et la garnison du fort. .

L'Empereur réunit l'armée sous Metz et marche sur Ghàlons, en arrière de la Marne. Un ofGcier (1), parti de Metz hier soir, cherche à vous joindre pour vous porter des instructions.

Paris très dévoué, Chambre réunie le 11.

(I) Le capitaine d'état-major de Salie?, attaché au grand quartier géii''rnl, \^ scdion» Cet orficîer airosse de Nancy, 8 août, à 4 h. ^0

LA aUBRRE DE 1870-1874. UZ

Le général de Failly au général de l'Abadie.

8 août.

L'avis donné par le maréchal Mac-Mahoo ne s'est pas justîGé^ mais il peut se réaliser; veillez avec soin, couchez en position, partez demain à 6 heures, comme nous en sommes convenus. Vous toucherez des vivres ce soir, vers 10 heures, je Tespère, et je pense que vous en tou- cherez de nouveau à votre arrivée à Sarrebourg, et je vous avertis qu'il serait possible que Sarrebourg ne fût pour vous qu'une grand'haltc. (Confidentiel.)

Journée du 8 août.

CORPS. c) Opérations et mouvements.

Le maréchal Canrohert au Major général, à Metz (D. T.).

Camp deChàions, 8 août, 5 h. 40 matin. Expédiée à 7 h. 45 maliu.

L'officier que n)\avait annoncé TEmpereur n'est pas encore venu. Vous me laissez saos uouvelles. Je m'en plains à vous.

Le Major général au maréchal Canrobert (D. T.).

Metz, 8 août, 8 heures malin.

J'étais absent; j'ignore ce dont était porteur l'ofûcier que devait vous envoyer l'Empereur. Les nouvelles ne sont pas bonnes; Mac-Hahon, battu, en retraite sur Nancy; Failly, intact, en retraite sur le même point; Bazaine, avec toute l'aile gauche, en retraite sur Metz.

L'ennemi vient de franchir le Rhin au-dessus de Schlestadt.

L'ennemi qui a battu Mac-Mahon a ses premiers coureurs vers Lùtzel- bourg. La concentration sur Ghâlons peut devenir difiicile.

du matin, au général Jarras, aide-major général à Metz, le télégramme suivant : m N'ai pu arriver qu*à 4 heures Nancy; vais continuer chemin de fer jusqu'à Sarrebourg, les trains ne vont pas plus loin. «< Général de Failly serait Lûtzelbourg. »

9* fasc. Docun. 8

1U

LA aUBBRB DE 4870-4874

Le général Soleille au colonel Chatillon (\),à La Fère (D. T.).

Mete, 8 août (qo 499).

Dirigez sur Metz, par Toie ferrée, si c'est possible, la portion du parc attelée, mais assurez- vous que cette voie peut la receToir; dans tous les cas, marchez ayec prudence.

Le même au même (D. T.).

Metz, 8 août (n* 204).

Le 6* corps, qui était dirigé sur Nancy et que tous deviez rejoindre, rétrograde sur Paris. Votre destination sera donc Paris, mais vous pou- vez attendre à La Fère les ordres du maréchal Ganrobert, à la disposition duquel vous vous tiendrez. Cette dépèche annule Tordre de venir à Metz, que je vous ai envoyé ce matin, 8 aoât.

d) Situation et emplacements.

COBPS.

État-msjor général . . l'^dÎTision

2*

3-

Division de cavalerie.

Réserve d'artillerie (parc compris).

Réserve du génie

Force publique

Services admlDistralifs,

Totaux.

M Û

S!

o

SODS-OFFl- CIERS

M D

S,

H

P < > M

S

30

49

71)

85

310

40,264

40,564

592

288

8,346

8,634

614

296

8,405

8,401

630

294

7,936

8,227

584

2o6

3,433

3,689

3,335

47

4,577

4,6U

4,577

»

39

39

61

.5

83

88

60

74

13

87

33

4.597

39,835

44,432

7,658

EMPLACEMENTS.

En roate de Nancy sur le camp de Châlons.

Canp de ChiloM.

Id.

A Parit; artmerie et fénie aa camp.

Ire et S brigade, a a camp de Châlons ; S* brigade , i Paria.

Les 8 batterie* aa canp; le paro à La Père, eanf la \'t coloone en route pour le camp de Châlont.

Camp de Chlloiu. Id. Id.

(i) Directeur du parc du corps.

LA aUBRRB DB 4870-4874. 415

Journée du 8 août.

CORPS. a) Journaaz de marche.

i'« DIVISION (GoifSBlL-DCMISHlL).

Notes sur les opérations de la l'« division d'infan- terie du corps^ par le capitaine d' éiat-major Mulotte.

Le 4«' corps et la partie de la i^^ division du 7* qui se trouve avec le général Conseil-Dumesnil, atteignent Sarrebourg le 8, à 10 heures du matin; la 1'* division du 7* corps forme l'arrière-garde de la colonne pendant la marche.

Près de Sarrebourg, le maréchal de Mac-Mahon prescrit au général CSoDseil-Dumesnil de prendre position, avec sa division, derrière la ligne ferrée fortement en déblai à Tendroit elle se croise avec la route de Phalsbourg à Sarrebourg. La 1** brigade sera placée & droite du viaduc de la route; la 2* à gauche. La division est chargée de la mission de défendre cette position, en cas d^attaque de la part des Allemands.

Le général Gonseil-Dumesnil fait connaître au Maréchal qu'il n*a avec lui qu'une petite partie de sa division, sans artillerie et presque sans munitions, et qu'il lui serait impossible d'opposer une résistance sérieuse à une attaque de l'ennemi. Sur ces renseignements, le général en chef renonce à ce projet et fait établir la 1'" division sur la colline qui se trouve du c^té de la gare de Sarrebourg et qui domine le terrain envi- ronnant. Dans cette position, la 1'^ division sert pour ainsi dire de grand' garde au reste de Tarmée, campé dans la plaine.

Le 8, le colonel Chagrin de Saint-Hilaire rejoint le général Conseil- Dumesnil, avec les portions de troupes de la division qui avaient mar- ché avec lui depuis la retraite de FrœschvriUer. D'autres débris de la division qui, en quittant le champ de bataille, s'étaient jetés sur les routes de Bilche et de la Petite-Pierre, arrivent également le 8 à Sarre- bourg.

L'artillerie, qui, comme nous l'avons dit, n'avait abandonné les hau- teurs de Gundershoffen que tard dans la soirée du 6, était arrivée à Bouxwiller, à 1 heure du matin, le lendemain. Après un repos de deux heures, elle en était repartie, à 3 heures, pour Saverne, puis elle s'était

446 LA OUBRRE DE 4870-4874.

portée Ters midi sur Phalsbourg. Là, elle s'était établie en dehors de la Tille, sur les glacis, et s'était déjà remise en route le 7, à li heures du soir.

A son arrlTée à Sarrebourg, le général Gonseil-Dumesnil trouve son artillerie déjà installée dans cette localité.

La division est donc à peu près réunie, mais réduite de moitié. Les officiers surtout font défaut; le 47* de ligne n'a plus un seul officier supérieur.

M. Malet, le sous-intendant militaire, rejoint la division, le 8, à Sarre- bourg. Le capitaine d*infanterie qu'on avait désigné pour faire son intérim en attendant son arrivée, a été fait prisonnier à Frœschwiller, au moment les bagages de la V^ brigade ont été chargés par la cava- lerie wûrtembergeoise.

S" DIVISION (LlÉBBRT).

i* brigade (de la Bastide). Départ d'AUkirch pour Belfort à 3 h. i/.i du matin.

Ordre de départ :

Le 53* de ligne, sans batteries ni sooneries, se met en marche sur la route de Belfort et est suivi de deux batteries divisionnaires et de la réserve d'artillerie.

La batterie de 4, en position sur la place de l'église, évacue la ville d'AUkirch, ainsi que le 89*, qui suit la réserve d'artillerie, tandis que la batterie se met en position à la sortie de la ville. Dès le début du mouvement, le 6* bataillon de chasseurs quitte également sa position, en se couvrant par une compagnie de flanqueurs. Dès qu'il arrive sur la route, la batterie en position prend place entre lui et le 89*. La cavalerie suit le mouvement et chaque bataillon est flanqué par une compagnie. Ce flanquement ne dure que peu de temp«.

Ordre de marche : 53* de ligne;

Artillerip;

89* de ligne;

Une batterie de 4 ;

C* bataillon de chasseurs.

Grand'balte de 8 à il heurett, près d'une ferme, après avoir passé la Largue (il kilomètres). A ce point, l'artillerie et.la cavalerie prennent les devants; la ^bri-

LA GUBBRB DE 4870-4874. 147

gade ne part qu'une heure après la U^, qu'elle avait trouvée en partant de Dannemarie.

Itinéraire :

Même itinéraire que le 5 août, en sens inverse, avec la différence qu'arrivée à Pérouse, la brigade quitte la route pour aller prendre i^on campement au col des Perches, avec les dispositions suivantes :

Le 53* au-dessus du village de Fourneau ; l'artillerie et le 89*, ayant leur gauche dans la direction de Pérouse.

Les deux régiments sont chacun couverts sur leur front par une redoute en construction.

Division de cavalerie (Ahbil).

Les troupes d'Âllkirch partent, à 3 heures du matin, pour Belfort, en envoyant leurs bagages en avant.

Les troupes de Dannemarie font le même mouvement et tiennent la tète de la colonne.

Le 4,^ hussards, après avoir accompli sa reconnaissance, se replie sur Altkirch, il fait un repos, et rentre à Belfort en laissant un peloton dans chacun des Tillages entre Dannemarie et Belfort. Les corps rentrent au bivouac à Belfort : le 4* lanciers dans la prairie derrière l'hôpital ; le 8* lanciers, le «i* hussards, dans le camp retranché.

Journal de route du lieutenant-colonel Claret, chef d'état-major de Vartîllerie du corps d'armée.

Avant le départ, le général commandant l'artillerie avait, d'après les ordres du commandant en chef, expédié par télégramme l'ordre de diriger le parc du corps d'armée sur Épinal. Il était naturel de songer à rejoindre, par derrière les Vosges, le corps en retraite du maréchal de Mac-Mahon.

Il n'en fut rien et Ton ne reçut aucun renseignement net, et pas même de nouvelles du sort de notre 1'* division. Nous attendions vai- nement des ordres de marche aux demandes relatives à la direction à donner au parc. Le commandant en chef de l'artillerie invitait le géné- ral tantôt à l'envoyer à Vesoul, tantôt à Langres et même à Besançon ; la détermination fut prise de le dirij^er sur Langres et d'y attendre, en le laissant sur trucs, des dispositions ultérieures; les nécessités des mouvements n'ont pas permis l'exécution de cette prescription. Nous sommes restés ainsi du ^ au 17 août.

148 LA OUEEftB DE 4870-4871.

c) Opérations et mott^ements.

Le Ministre de la guerre au Major général^ à Metz (D. T.).

Paris, 8 août, 42 h. 2 soir.

Les troupes de Rome ont commencé k débarquer ; je pense que le 35* et le 42* seront à Lyon dans deux jours. Quelle destination faudra-t-il donner, dans les circonstances actuelles, à la 3' division du 7* corps, que je devais diriger sur Belfort (1)?

Le Général commandant le ?• corps au Ministre de la guerre et au Major général (D. T.).

Belfort, 8 aoûr, 2 b. 54 soir.

Le conseil de défense de la place demande la oonyocation immédiate» à Belfort, de 15 bataillons de la garde nationale des départements Toi- sins, partie du Doubs et des Vosges, Haute-Sa6ne et Jura. Envoi des armes nécessaires pour 15 bataillons par Lyon et Besançon.

Appel aux Tolontaires de Belfort et des environs ; il faut absolument à Belfort, pour Tinstruotion de ces bataillons, deux bataillons d'infanterie de ligne, deux batteries d*artillerie, compléter une compagnie du génie et deux escadrons de cavalerie légère. Ces mesures de la plus grande urgence pour la défense de la place de Belfort et de son camp retranché en avant de la place.

J'appuie de toute mon autorité ces demandes qui sont d'extrême urgence.

Le Major général au général Douay, à Belfort (D. T.).

Metz, 8 août, 6 heures soir.

La division Liébert est>elle à Belfort? Les quatrièmes bataillons sont désignés pour y être envoyés. Mais il faut avec eux une troupe solide; j'insiste près du Ministre.

(1) Annotation en marge : « Maintenir à Lyon jusqu'à . nouvel ordre. Elle y restera avec la division de Givita-Yecehia. »

LA GUERRE DE 4870-1874. 149

Le général commandant en chef le corps au Major général y à Metz (D. T.).

BelTort, 8 août, 8 b. 1 0 soir. Expédiée le 9 à 4 heure metin.

La division Liébert, qui a quitté Mulhouse hier matin, est arrivée à Belfort aujourd'hui.

La seconde partie de votre dépêche est mal transmise et incom- préhensible pour moi.

Le général Douay au général Cambriel (D. T.).

Dannemarie, 8 août.

Revenez à Belfort ; laissez pour vous éclairer, à partir de Dannema- rie, un peloton dans chaque village.

Journée du 8 août.

GARDE IMPÉRIALE.

a) Jottrnanx de marche.

Journal de marche de la Garde impériale.

8 août.

La Garde, revenant sur ses pas, se rend de Longeville à Pont-à- Ghaussy sur la rive gauche de la Nied ; le mouvement s^eiécutb dans Tordre suivant :

La cavalerie se met en route, à 3 heures du matin, avec ordre de s'éclairer sur son flanc droit par des vedettes qui doivent contourner les bois pour examiner ce qui peut y avoir à l'intérieur, mais sans y pénétrer.

La division de cavalerie est suivie de ses bagages.

Suit la division Picard (section du génie, 1 régiment, 1 batterie d'artilterîe divisionnaire, i régiment, 2 batteries, 1 régiment, réserve des munitions d*infanterie, réserve des 3 batteries, bagages des officiers, i régiment).

420 LA GUERRE DE 1870-1871.

Section du génie du quartier général.

Bagages du quartier général.

Division Deligny (compagnie du génie, 2 régiments d'infanterie, 3 batteries d'artillerie, les 4 batteries de réserve, les parcs division- naires, les bagages des officiers, i régiment d*arrière-gar de).

Le régiment des chasseurs de la Garde est mis provisoirement k la disposition du général Deligny, pour flanquer sa colonne sur la droite et former son extrême arrière-garde.

Les ambulances marchant à la tète des bagages de chaque divi- sion.

Chaque division marche par section, à distance entière, de manière à 8*établir en ligne de bataille, le cas échéant. Une compagnie par bataillon marche sur le flanc droit pour servir à l'occasion de tirailleurs, de flanqueurs.

Le général Desvaux fait flanquer les grenadiers par quelques hommes de cavalerie légère, une trentaine d'hommes à 1,200 ou 1,500 mètres sur le flanc droit.

Le quartier général est établi au château de H. Sera, rive gauche de la Nied, à gauche de la route de Gourcelles à Metz.

Le parc d'artillerie rentre de Gourcelles-sur-Nied à Metz.

DiYisiON Dblignt.

La division a battu en retraite, à A heures du matin, emmenant avec elle les quatre batteries de réserve du corps d'armée. Le régiment des chasseurs à cheval de la Garde lui a été adjoint pour éclairer son flanc droit, en prévision d'une attaque de l'ennemi.

On a bivouaqué à il heures à Pont-à-Ghaussy, sur la rive gauche de la Nied française.

2* Brigade (Garnier).

L'ordre de retraite est donné à 2 heures du matin ; la division se met en marche à 8 heures et vient s'établir à Pont-à-Ghaussy. Le corps du maréchal Bazaine campe en avant de nous et sur notre droite. Le mauvais temps continue.

DiTisiON Picard.

Nous recevons l'ordre de nous porter en arrière ; la cavalerie de la Garde part à 2 heures de la nuit. La division part à 3 h. 1/2 et arrive h Gourcelles- Ghaussy, puis h Pont-à-Ghaussy à 10 heures du matin et s'établit au bivouac en arrière de la Nied française sur deux lignes»

LA aUBRRB DE 1870-1874. 424

Tune déployée, l'autre par bataillon en colonne de division à distance entière, puis Tartillerie, le train, Taoïbulance.

t^ Brigade (Lk Poitevin dk La Croix).

La brigade, à 4 heures du matin, part et suit en sens contraire la route parcourue la veille : Morhange, Ravillc, BiouTille. Elle est couverte sur sa droite par des compagnies de flanqueurs qui suivent les crêtes du versant Ouest de la vallée de la Nied. A Bionville, les compagnies rentrent et sont remplacées par des cavaliers. La brigade traverse Gourcelles et pousse jusqu'à Pont-à-Chaussy, oi!k elle arrive à 10 h. 25. Elle campe en bataille, la droite du i <^' grenadiers à la route de Metz, la gauche du 2* à un petit bois, un bataillon du 2* en colonne. Des grand^gardes sont immédiatement placées en avant et sur la gauche.

Distribution de pain le matin, pour un jour. Distribution de viande pour la journée du lendemain. Ordre formel du général de division que les corps touchent le total général de leurs bons et fassent la répartition chez eux.

Division de cavalerie (Desvaux).

A 2 h. i/2 du matin, la division exécute un mouvement de retraite sur la route de Saint-Âvold A Metz, en se faisant éclairer en avant et sur son flanc droit par deux escadrons. Le bivouac est établi près du vil- lage de Gourcelles, sur la rive gauche de la Nied.

Artillbbie.

La réserve revient à Gourcelles-Ghaussy et le parc rentre à Metz.

c) Opérations et mouTements. Le général Bourbahi au Major général.

8 août.

Si, comme je le suppose, aucune modification n'est apportée aux ordres que j*ai reçus de M. le maréchal Bazaine, je me mettrai en route et j'arriverai demain matin à Metz. La Garde impériale, animée du meilleur esprit, se trouve aussi dans d'excellentes conditions sanitaires* Je viens de donner, dans un ordre du jour, un récit succinct des événe- ments récents, afin de mettre un terme aux bruits exagérés qui cir- culent

Si Votre Excellence veut envoyer au-devant de moi un des officiers de l'état-major général pour m'indiqutT le terrain réservé aux troupes

422 LA GUERRE DE 187M871.

sous mes ordres et prescrire à M. riotendant de la Garde, qui est déjà rendu à Metz, de faire parquer les convois de réquisition sur les empla- cements affectés à leurs divisions respectives et de faire remplir de pain ou de biscuit et de vi?res toutes les voitures vides, je lui en serai très reconnaissant.

A6n de rendre libre aussitôt que possible la route suivie par le corps d^armée, j'ai prescrit, dès bier, aux impedimenta de se porter surPange et de continuer aujourd'hui leur route sur Metz, ils doivent être arrivés en ce moment.

Réponse au rapport et ordre de mouvement.

8 août.

La Garde impériale partira demain, 9 août, pour Metz. Elle

marcbera dans l'ordre suivant : Le grand convoi de l'administration ;

2^ La division de cavalerie avec tous ses éléments, moins les régi- ments des guides et des chasseurs, qui seront détachés à dater de demain matin, d'une manière permanente : les chasseurs à la division Deligny, les guides k la division Picard. 3** Les troupes et services du quartier général comprenant : La section et le parc du génie ; Les bagages ; Le trésor et les postes ; Le train régulier des équipages militaires ; L'ambulance du quartier général ; L*artillerie de réserve. 4^ La division Deligny avec tous ses éléments ; La division Picard avec tous ses éléments, et dont l'arrière- garde comprendra :

Une brigade d'infanterie ;

Le régiment des guides et deux batteries d'artillerie. La diane sera battue à 4 heures ; les heures de départ seront fixées à 5 heures pour la cavalerie ;

6 heures, pour les troupes et les services du quartier général, dont le point de rassemblement sera entré la route et le camp des batteries de réserve. Toutes les voitures de cette fraction de la colonne seront ren- dues sur cet emplacement et placées dans Tordre de marche à 6 heures moins un quart au plus tard.

7 heures, pour la division Deligny ; 8 h. 4/2, pour la division Picard. L'artillerie marchera par section ; les voitures régimentaires, celles des cantinières et autres voitures légères marcheront deux de front.

LA GUERRE DB 1870-1874. 123

Le grand convoi de radmiDigtration partira à 4 heures. La colonne, ayant à la droite le corps Ladniirault, D*aura pas besoin d^avoir de flan- queurs.

MM. les généraux de division donneront les ordres nécessaires pour que les moyens de transport pour les vivres qui leur sont spécialement affectés, soient réunis dans le voisinage de leur bivouac. Ils s'entendront à cet effet avec M. le chef d*étit-maJor général.

On s'assurera dans les corps que les hommes portent, dans la poche à cartouches, les six paquets qu'ils doivent conserver, et qu'ils sont en mesure de retirer facilement du sac les quatre autres.

Il sera fait des théories dans les corps pour recommander aux hommes, lorsqu'ils sont en tirailleurs, de se tenir autant que possible à l'abri soit derrière un arbre, une pierre, un obstacle quelconque, soit en se cou- chant, et de tirer avec autant de calme que de précision. On devra leur recommander encore d'éviter de s'abandonner à la poursuite des tirailleurs ennemis, de tomber ainsi dans des embuscades. Des troupes postées à l'avance, dans un bois par exemple, peuvent causer beaucoup de mal à ceux qui eiécutent la poursuite dans ces conditions.

L'artillerie continuera à étudier avec soin la configuration du terrain, afin de concourir le mieux possible au but proposé.

Toute troupe de cavalerie, quelque faible que soit son effectif, devra, quand elle charge isolément, se ménager toujours une réserve la garan- tissant elle-même d'une charge de flanc*

Dans la marche, afin d'éviter les à-coups qui se produisent et se pro- pagent si facilement de la tête à la queue de la colonne, surtout quand la profondeur de la colonne est considérable, MM. les généraux, chefs de corps et commandants des bataillons, escadrons ou batterieS| devront ménager entre leurs troupes respectives une distance suffisante pour éviter les temps d'arrêts fréquents qui occasionnent un surcroît de fatigue aux soldats.

Dès que cette distance sera jugée insuffisante, ils devront arrêter les éléments placés sous leurs ordres et ne les mettre en route de nouveau qu'après l'avoir accrue dans la proportion nécessaire. Ils auront égale- ment soin, chaque fois qu'une halte devra être de quelque durée, d'au- toriser les hommes à déposer momentanément le sac.

Division Dbligny.

Ordre.

Coorcelles-Chaussy, 8 août. Demain réveil à 5 heures.

Boute-charge k 6 heures.

Départ à 7 heures.

424 LÀ. GUERRB DE 4870-1874.

Oq adoptera, pour la marche, les dispositions prescrites dans l'ordre du 11 août, 14, avec cette modification que le 1* bataillon du !«' voltigeurs, de grand*garde aujourd'hui, restera en position jusqu'au départ de la colonne et partira le dernier. Au moment les troupes se mettront en route, le général de division fera connaître l'emploi qui sera fait du régiment de chasseurs de la Garde mis h sa disposition et le rang qu'il occupera dans l'intérieur ou en dehors de la colonne.

Division de cavalerie. Ordre de mouvement pour le 8 août.

La division de cavalerie partira demain, 9 août, pour Metz. Les régi- ments de chas!4eurs et d.e guides seront détachés, à dater de demain matin, d'une manière permanente : les chasseurs à la division Deligny, les guides à la division Picard.

Le réveil sera sonné à 4 heures et immédiatement, pour la brigade de France, boute-selle et boute-charge, de manière à pouvoir rompre à 5 heures.

L'artillerie et le général du Preuil (1) régleront leurs sonneries en raison de leur place dans la colonne.

Les colonels des régiments de chasseurs et de guides se mettront dès ce soir en relation avec les officiers généraux sous les ordres desquels ils doivent marcher, pour prendre leurs instructions.

La division de cavalerie marchera dans Tordre suivant :

4" La brigade ;

La brigade ;

3** Les deux batteries entre les de\ix régiments de la brigade du Preuil moins une section de combat qui marchera après l'escadroa d'avant-garde ;

L'ambulance, le train ;

5^ Les bagages, hommes à pied et voitures régimentaires, dans Tordre de marche et par deux de front.

Les bagages et voitures régimentaires des deux régiments détachés suivront leur régiment et marcheront dans l'ordre qui leur sera indiqué par les généraux commandant les divisions d'infanterie dans lesquelles ces régiments seront placés.

(1) Commandant la 3* brigade de la division de cavalerie de la Garde.

LA GUBRRB DE 1870-4871. 125

Journée du 8 août.

RÉSERVE DE CAVALERIE. a) Journaux de marche.

i*^ DIVISION (du BaRAIL).

8 août.

Le 8, la diTision quitte Nancy à 5 heures du matin, traverse, à une distance de cinq kilomètres, le village de Champigneulles et arrive à Marbache, point de bifurcation de la route de Pont-à-Mousson et de la route de Saiot-Mihiel. La colonne, jusque-là, s*est avancée par des pentes assez douces, en longeant sur sa gauche des bois et des exploi- tations de minerai de fer, et sur sa droite le chemin de fer de l'Est. A Marbache, elle s'engage dans une gorge un peu boisée, mais assez large, qui aboutit à un haut plateau découvert après un parcours de deux kilomètres. A Saizerais, elle trouve une bonne position, mais le village ne possède pas d'eau et la colonne ne pourrait y stationner sans 88 rejeter au Sud, vers Liverdun, sur la Moselle. La colonne rencontre ensuite la route de Toul à Pontà-Mousson et elle traverse successi- vement les villages de Manonville et de Novéant, ce dernier à trois kilomètres seulement de Bernécourt. Elle arrive à son campement à midi, un peu fatiguée par les pentes un peu trop accusées de la route qu'elle a parcourue.

2* DIVISION (DB BONNEMAINS).

8 août.

Arrivée à Sarrebourg à 4 heures du matin. Départ à 2 heures de l'après-midi. Arrivée à Blàmont à 7 heures du soir.

d"* DIVISION (DB FoRTON).

La division, établie à Faulquemont le 5 au soir, a rf çu Tordre le 6, à 10 heures du matin, de se rendre à Foischwiller (route de Saint-Avold, 8 kilomètres). Elle y est arrivée le G, à 3 heures du soir.

4^6 LA eUXRBB DB 4870-4874.

Le 7, à 5 h. 1/2 du matin, elle s'est mise en ronte pour Marienthal (route de Sarreguemines, 12 kilomètres). Arrivée ^ers 9 heoresi eUe est repartie dans la soirée, ayec ordre de gagner, le plus tôt possible, Pont-à-Mousson. Elle est actuellement campée à Soigne et Luppy (21 kilomètres de Pont-à-Mousson).

La dÎTision n'a pris part à aucun engagement.

c) Opérations et moayemetits.

Le général du Barail au Major général (D. T.).

Saint-Mihiel, 8 août, 6 h. 37 soir.

Reçois à 6 heures votre dépêche ordonnant de marcher immédiate- ment sur Metz.

Partirai à 9 heures, marcherai toute la nuit jusqu'à mon arriyée à Metz.

Je reçois à l'instant trois escadrons du 3* de chasseurs et les emmène.

Le chef d'escadron Clerc ^ commandant V artillerie de la division de cavalerie de réserve, au Général de division com^mandant en chef l artillerie de Varmée.

Metz, 8 août.

J'ai Thonneur de tous informer qu'en exécution d'un ordre de la' division de Metz, du 4 août, je suis campé avec mes deux batteries (?• et 8" du 20* régiment d'artillerie) en avant de la lunette d'Arçon, attendant de nouveaux ordres. La 8* batterie n'a pu débarquer qu'hier soir à 8 heures, ayant été dirigée jusqu'à Saint-Avold, par suite d'une erreur du chemin de fer.

Les deux batteries sont au complet.

Je suis très impatient de pouvoir rejoindre la 3' division de cavalerie de réserve, à laquelle je suis attaché; mais j'ignore encore sa position.

Annotation en marge : Restez à votre campement d'Arçon; le corps du maréchal Bazaine, aujourd'hui à Bionville, sera demain à Metz; vous rejoindrez votre division de cavalerie et prendrez les ordres du général Forton.

hk GUERRE DE 4870-1871. 427

Journée du 8 août.

ARTILLEME DE L'ARMÉE. Joarnal du général SoleiUe.

L'Empereur Tenait de changer encore une fois son plan de

campagne. Il se décidait à rester à Metz avec toute Tarmée groupée en ce moment autour de lui. ... ,

Le mouvement des troupes sur Châlons n'était pas commencé ; la nouvelle résolution prise par l'Empereur n'apportait donc aucun chan- gement dans les positions qu'occupaient les divers corps. Il n'en était pas de même du service des parcs d'artillerie ; les ordres donnés le 7 août étaient déjà en cours d'exécution. Il fallut expédier des contre- ordres, ce qui entraîna une confusion déplorable et occasionna une sorte de mouvement de remous très préjudiciable à la concentration des munitions sur Metz, concentration qui était devenue une question capi- tale.

Une série de télégrammes, dont nous reproduisons les plus impor- tants, furent adressés, dans la journée du 8 août, au général Susane, au Ministre de la guerre et au général Mitrécé à Toul.

Au général Susane (1).

Metz, le 8 août 1870.

Par nouvel ordre de l'Empereur, ce n'est plus Chàlons, mais Metz qui devient le point de concentration de Tarmée et de ses approvision- nements. Par conséquent, dirigez sur Metz, tant que la voie de Nancy sera libre, toutes les munitions et particulièrement les cartouches d'infanterie. Hâtez-vous de profiter de cette voie, qui a cessé d'être sûre pour les convois en deçà de Sarrebourg. Si la vote de Nancy était impossible, essayez des autres voies ferrées, par exemple de celle de Mézières.

Général Soleillb.

(1) Directeur de l'artillerie au ministère de la guerre^

128 LA GUBRRB DE 4870-4871.

Au général Susane,

Metz» le 8 août 1870.

J*ai à Metz, dans les magasins de la place, S,000,000 de cartouches modèle 1866. J'aurai à réapprovisionner les corps qui ont été engagés, notamment le 1*' corps, et je ne connais pas encore leurs consom- mations. De plus. Tannée qui se concentre sous Metz sera environ de 150,000 hommes. Envoyez-moi, avant que la route de Nancy ne soit interceptée, et par d'autres voies, s'il est possible, tout ce que vous avez de disponible en fait de cartouches modèle 1866. Les pares des 3* et corps et de la Garde, qui n'ont pas été engagés, sont à peu près intacts.

Je vous ai parlé, dans une de mes dépêches d'hier, de l'approvision- nement en fusils modèle 1866; en envoyer un grand nombre dans ce moment-ci, n'est pas opportun, mais, avec votre consentement, je con- serverai à Metz les 18,000 fusils qui s'y trouvent présentement et qui devaient être expédiés à destinations diverses.

Vu la précipitation des opérations de Tiurmement des places; vu l'insuffisance du fascinage et gazonnage, il est de la plus grande impor- tance d'avoir un très grand approvisionnement de sacs de terre. Je vous prie d'autoriser le colonel de Gircls à se procurer de la toile par achat direct. Dans le cas la voie de Nancy viendrait à être inter- ceptée, comme il nous faut des cartouches et des munitions à canon jusqu'au dernier moment, je tous signale Verdun comme pouvant recevoir un dépôt de munitions par voie ferrée. Ces munitions seraient en sûreté dans la place et seraient au moins une ressource pour les opérations ultérieures.

Général Solbille.

Au général Milrécé.

Meu, le 8 août 4870.

Conservez à Toul, en sâreté dans la place, le matériel qui y existe en ce moment. Ne plus rien expédier sur Chàlons; faire rentrer à Toul, s'il en est temps encore, l'équipage de pont de réserve dirigé sur Chàlons par le canal, et le mettre en sûreté dans la place. L'ennemi menaçant, par ses coureurs, les communications sur la route de Nancy, vous jugerez vous-même du parti à prendre pour sauvegarder, autant que possible, dans ces circonstances nouvelles, le matériel de l'artillerie.

D'après l'ordre émanant ce matin de l'Empereur, la base de concen-

LA GUERRE DE 1870-1874. 129

tratioQ est Metz, mais la voie de fer qui y conduit est déjà peu sûre pour la circulation des convois; nos communications peuvent être com- plètement interrompues. Je vous laisse désormais maître d'aviser.

Général SOLBILLB.

Li direction de Douai avait expédié à Toul 1,400,000 cartouches; le directeur général des parcs les achemina sans retard sur Metz. Le géné- ral Susane en promit de 5,000,000 à 6,000,000. Si les munitions à canons avaient afflué avec la même abondance, Tarmée se serait trouvée dans de boones conditions.

c) Opérations et mouTements.

Le général Soleille au général Canu^ à Nancy (D. T.).

MeU, 8 août (n» 191).

Rendez-vouâ, avec toute votre réserve, à Metz par la voie de terre. Faites une étape aujourd'hui.

Emmenez avec vous tout ce qui peut exister d'artillerie à Nancy, hommes et chevaux.

Le Ministre de la guerre au général Canu, à Nancy.

Paris» 8 août.

J'ai l'honneur de vous informer que les batteries 8 et 12 du 3* d'ar- tillerie, organisées en batteries de montagne, attachées à la réserve générale d'artillerie de l'armée du Rhin, sont provisoirement arrêtées à Lyon.

Le général Soleille au général Mitrécéy à Toul (D. T,).

Sans date. 8 août (?)

Par nouvel ordre de l'Empereur, le mouvement de concentration sur Chàlons est arrêté; le nouveau point de concentration est Metz. En conséquence, dirigez sur Metz tout ce que vous aviez' à Toul, tout ce que vous aviez à Chàlons.

Hàtez-vous de profiter de la voie de Nancy tant qu'elle sera libre.

Elle cesse de l'être déjà au delà de Lunéville.

9* fue. Doevm. 9

Is général Milrécé au général Soleille (D. T.).

Toul, 8 août, 5 h. 10 soir.

Aucun matériel du grand parc n'existe à Toul (1). J^enyoie un officier pour y ramener Téquipage de pont. Je ferai partir d*abord fnoitjé des troupes du parc pour Metz; l'autre moitié pie semble indispensa)>le h Toul, avec le sous- directeur et deu^ pfficiers, poi]|r y mettre en sûreté le matériel que peut y amener le chemin de fer et qiji np pourrait pas passer outre.

J'attendrai la rentrée de l'équipage de pont, puis je partirai pour Metz aTec le reste de mon état-major.

Le général Soleille au colonel Gobert , à Épînal

(D. T.).

Metz, 8 août (n* 495).

L'ennemi a passé le Rhin et euToie des coureurs fort avant deyant lui; faites évacuer vos parcs (2), par la voie ferrée, sur Langres.

Le même au colonel Artus (3), à Auxonne (D. T.).

Metz, 8 août (a* 196).

L'ennemi a passé le Rhin sur plusieurs points dans la haute Alsace. Gardez à Au^ponne tout ce que vous avez.

Le m^me au colonel Hennet, à Vesoul (D. T.).

Metz, 8 août (n« 4 97).

L'ennemi a passé ie Rhin et envoie des coureurs fort avant devant lui ; faites évacuer votre parc (4), par la voie ferrée, sur Besançon.

(1) Réponse hf un télégramme du général Soleille. (Voir Journal 4^ général Soleille, page 949.) '(2) Le parc du S*' corps.

(3) Compfian^ant le régiment 4m train d'artillerie*

(4) Le parc du 7* corps.

fttTABtLB DB 1810*1874» 481

Le Directeur du parc du eopp9 au Général eùm^ mandant Vartillerie de Parmée du Rhin^ à Metz.

ipml 8 aoAt. ff b. S8 sQin

Eq même temps que TOtre dépêche, qui me prescrit d'ailler à Langres, qq vp'en commuoique une autre du général d'artillerie du 7" cq'rps, qui ordonne ao directeur de son parc d'iirrêter son mbuTement sur Langres, parce que la nouyelle du passage du Rhin e§t coiilroufé^.

h sospends moi| dépurt jusqvi'à de nouTetui^ qr^^reç.

PLACES PORTES.

Journal de la défense de la place de Metz.

8 aoat.

Ordre est donné d'établir des ponts par groupes de trois sur tous les cours d'eau et leurs bras, en amont et en aval de Metz ; le travail sera exécuté, sous la direction du lieutenant-colonel Salanson, par les ingé- nieurs des ponts et chaussées de Metz et par ceux du chemin de fer, savoir :

Les trois ponts sur la Seille, en bas dit ravin de Qqeuleu pv le corps frapc du chemin de fer ;

Les trois ponts du bras mort, ceux deq deqx bras du 3Auliiy par M* Petsch, ingénieur 4es chemin^ de fpr de l'Est, avec le concours du commandant Lallement.

Ces douze ponts seront construits aux frais de la compagnie de l'Est, sauf remboursement ultérieur par l'État. On met en réquisition des bateaux sur le bras mort, les chevalets de TËcole régimentaîre du génie, une partie de soq matériel de radeaux, des bois pris au Saulny chez M. Goller, marchand de bois à Metz ; enûn l'arsenal du génie confec- tionne des chevalets, poutrelles et madriers, pour près de 1(K) mètres de pont.

A l'aval, ringénieur Léonard, aidé du commandant de génie de Ville-* noisy, jette un pont de chevalets, au droit de la lunette 195 de la Pyro- technie, en y employant un matériel assez médiocre, pris par réquisi- tion au service de l'artillerie. Deux autres ponts, l'un de radefiux^ l'autre de chevalets, sont établis avec des arbres abattus sous l'Uç Ghambière*

Sur le bras d'aval navigable, l'ingénieur perame établit quatre

139 LA GUEREB DB 4870-4871.

poDts (i) sur cufées et piles en pierres sèches avec du bois acheté au commerce dans Tîle Ghambière.

Il est également ordonné :

De compléter la communication du fort Queuleu avec la route des- cendant à la Seille par le château de Queuleu;

De boucher les cheminées et fenêtres de magasins à poudre et d*en descendre les paratonnerres;

De suspendre les travaux de chemin de fer, joignant la gare à l'ar- senal d*artillerie et terminer le pont sur la Seille avec un tablier ordi- naire ;

De faire, en amont du pont, un tunnage avec les bois coupés aux envi- rons. On prend chez M. Gougué, marchand de bois, à cété du Pâté, des bois de chauffage pour le tablier de ce tunnage ainsi que pour les chaussées dans les prairies marécageuses de la Seille.

Le capitaine Boyenval a mission de charger les fourneaux du pont- barrage d'Ars et de préparer ceux des ponts sur le canal et le bras usinier.

Le directeur des fortiGcations transmet au commandant du génie Tordre suivant du commandant supérieur : u Conformément aux lois et règlements qui régissent Tétat de siège, je vous invite à mettre imaié- diatement en exécution les dispositions souscrites par les soumission- naires, qui possèdent des constructions, clôtures ou dépôts de matériaux dans retendue des zones de servitudes de la place de Metz ». Le direc- teur des fortifications recommande également l'application des disposi- tions de Tarticle 245 du décret du 13 octobre 1853, pour faire dispa- raître, sur le terrain militaire et dans la zone des servitudes, tout ce qui peut offrir quelque couvert à l'ennemi et abréger ou faciliter ses travnux d'approche, notamment les haies vives et les arbres des plantations formant massif.

Le général Crespin, commandant la division mi- litaire, au Major général.

MeU, 8 août.

Je viens de recevoir du commandant d'armes de Phalsbourg la dépêche suivante : « Phalsbourg ne possède que 450 hommes d'infanterie de ligne,

(1) Il semble, d'après les documents ultérieurs, qu'il y ait une erreur de chiflTrc. Trois ponts seulement furent d'abord construits sur le petit bras navigable, en aval du pont suspendu. Le 13, le quatrième pont était encore en projet.

LA G UBRRE DE 1 870-4 871 . 1 33

50 canonnier» et 600 hommes de garde mobile, complètement inca- pables de participer à la défense. Il en résulte que la place n'est pas à l'abri d'une attaque de vive force. Je demande que la place ait son effectif normal de 2,900 hommes. »

En conséquence, j*ai Thonneur de prier Votre Excellence de pourvoir à la sûreté de la place de Phalsbourg, que je ne puis garnir ayec les troupes sous mes ordres, dans la 5* diTision militaire.

Fort de Lightbnbbrg.

Le sous-liéuienant Archer ^ du 96* de ligne, com- mandant le fort de Lichtenberg , au m/irécfuU de MaC'Mahon.

Lichtenberg, 8 août (n* 9).

«

J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que, dans la soirée du 6, la nuit du 6 au 7 et toute la journée du 7, un assez grand nombre de militaires, appartenant aux différents corps des i*' et 5* corps d'armée, se sont réfugiés au fort de Lichtenberg placé actuellement sous mon commandement.

Le à 3 heures du malin, M. le général Ducrot, commandant la i'« division du V corps, qui avait passé la nuit au fort, a emmené aTec lui tous les militaires isolés qui m'étaient arrivés jusqu'à ce moment. Depuis, j'en ai reçu environ 209. Dans ce nombre se trouvent plusieurs hommes blessés, dont trois dangereusement; les autres, après quelques jours de repos, pourront reprendre leur service.

J'ai fait établir une ambulance dans l'une des chambres du fort, au moyen des fournitures de troupe que j'ai à ma disposition; je pourrais au moins recevoir une quarantaine de blessés ; mais il n'y a pas de médecins, celui d'Ingwiller, situé à 7 kilomètres du fort, et qui est chargé de la visite sanitaire du détachement, ne pouvant venir réguliè- rement, par suite de l'occupation de ce dernier village par l'ennemi.

Des troupes ennemies m'ayant été signalées dans la journée d'hier, se dirigeant sur Saverne, et ne sachant positivement les différents régiments des i^' et 5" corps avaient reçu l'ordre de se concentrer, je n'ai pu laisser partir isolément des portions aussi faibles. D'ailleurs, d'après une dépêche télégraphique reçue hier au soir de M. le général commandant la 6" division militaire, le fort de Lichtenberg étant pro- clamé en état de siège, à partir de ce moment je ne puis laisser sortir aucun homme de la place, sans un ordre de l'autorité supérieure.

J*ai donc l'honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien me faire connaître quelles sont ses intentions au sujet des militaires qui se sont réfugiés au fort depuis trois jours. Actuellement, tous les sous-

i3t 6tBÊiRfe ifË mO-1874.

offl($ief9i Mt|kthlUi et ioldats oonooarent au serriee de la plaee pour la défèfisë dti ftirt et céilt di^penibles sont mift à la disposition de rurtil- lërie |iotl^ «ehé^ef les trataux qUi aTaient été eèmmenoés depuis peu.

Atant Tarritée de ces militaires isolés ^ la gartiisoli du fort se oompo- lillt de la t* seetidii la 1^ oompaguie du bataillon du 96* de ligne (1 offlbier; I sergefitj 4 eaporaui et 29 sbldats); et d'bn détachement de 5 hommes du 9" d'artillerie, éommahdé par un maréohal des logis, pour le serrice des pièces. Si le renfort qui m*a été prêté par les mili- taires réfugiés au fort m^était enleyé, par suite du départ de ces derniers, je prierais Votre Excellence nie âlirë bohnàltre si le fort de Lichten- berg doit demeurer aTec une garnison relatiyement très faible, dans les ctreonstances actuelles.

Ci-joint des états nominatifs, par régiiheni, des înilitaires réfugiés au fort. Jusqu'à ee Jour^ j'ai assuré leur nourriture au nid^ëh dU biséuit de réserve, car pour le pain, il est impossible de s*en procurer une qiiillltité idfBsâlIte, et pour la tiAnde, j'ai envoyé dès réquisitions au fflâife qtii itië pi'oea^e tout le bétail et autres denfées qui me sont fléeëèsaire^.

Qdftnt à la étflde, je faè puis ledr en donner^ ii*ajant pas d'argent à ma disposition.

M. Éfaioyëi'j sotid-liëiitéttaut au 47", est arrivé hier matin au fdrt; {iluè la mëitié de âà Compagnie, avee une partie du eadre, a égale- iiJeiii rejoint ttU fort;

M: Bfiiil, chef de iUdsiqtie dd 18% m'est arrivé hier matin.

Inventaire des pièces (TaftilleHë; des niunitions de j^uerte et des dpprbviÉiohfiehients ëxistahi itëtHéllemeht dans le fort.

8 août.

dbusiers de l8 ; 3

Canons obudiérs de i2 légei* : 4

bbûs de 18 léger 42(1

tàoh'eà à ballëô de 12 lé^br. ... : : 30

Boulets sïJHêHquèS 12 3t0

Obiià sphériqiies de 18 : ... : 240

boîtes a Ballet dfe 12 ; ; : ; . 40

PoûAte en bàrilâ pdur bbUches à fëb lissés 1 JOO kilbS.

Gartoucileà mddèle 1866 pour chassepOts. . 45^025

Cofflhed h ihuiiitioiiS pout l'appi-ôvisionneiiient

dés pièces : , 200

Biscuit d'ajJprdîfiôiOdiifefhëhf ; . 67^000 kilos.

Boiô, ëtivifon. ; ;.::.:: 4 ,000 kilos.

Lk ëUBRRB bÈ, 4ë')0-4874. làs

RENSEIGNEMENTS

Le SoiiS'Préfet de Schiesiàdt au Major général^ à Metz. .

Schlestàdt, 8 août, ^ h. 4z matin.

Nous ayons été l'objet d*uno fausse alerte. Marckolsheim^ Sundhatlsen, doDt Je fais attaquer les postes télégraphiques, me répondent : le premier, que les Prussiens sont encore au Spotieek et en grand*garde, et les douaniers ont tous été rappelés à Brisaeh } que quelques Prussiens ont passé en Imteau, qu'alors ils ont perdu la téte^ n'ayant pas d'arniés. Le second n*a rien appris» mais je crains que les feux de la montagne forêt Noire qui ont été tus depuis Marckolsheim et Obeilbeim n'aient été signe réjouissance. Le maire Sundhausen affirme cependant aToir TU foyer lumière sur tous les points culminants.

Le SouS'Préfet de Mulhouse au maréchal Canrtibtf^t^ tjcit camp de Chatons.

Mulboute, 8 août, 4 h. 30 soir.

Pas de nou?elles de l'armée ; notre territoire dans le Haut-Rhin est encore Intact; agitation extrême à Mulhouse jiendatit qiie 7* corps nous abandonne; citoyens crient aux armes et me demandent des fusils.

Le Ministre de la justice à rEmpereur (D; T.).

Je signale à Votre Majesté la dépêche suiTante de Vienne :

HaTas-Paris, 8 août, ^ h. 40 soir.

u Nouvelle Presse^ chroniqueur militaire croit que armée pririce royal, i4>rès bataille de Wœrth, se dirigera Ters Sarreguëmincs, pour arritër à temps à la bataille principale »

Le Ministre de la guerre au Major général (D. T.).

Paris, 8 août. Dép. 4 h. 45 (n* 81769).

Le préfet de Golmar me fait savoir qu'il n'y a rien encore en deçà du Rhin, qu'il est probable que les forces se portent sur Saterne par la

436 LA GUERRE DE 1870-4874.

rÎTe droite et qu'il y aurait, suivant lui, intérêt à préyenir le maréchal Mac-Mahon.

Un Agent de Luxembourg au Major général.

Loxembourg, 8 août, 9 h. 30 soir.

Aujourd'hui lundi, habitants de Trêves prévenus, me dit-on, de l'arrivée pour demain, mardi 9 août, de 40,000 hommes destinés k remonter la Sarre par toutes les voies, de manière à être mis en ligne, demain, pour fin de la journée.

On ne peut dire les numéros de ces régiments. Le général Steinmetz, réputé entreprenant, commande l'armée de la Sarre.

Le prince Frédéric-Charles commande l'armée du Centre et se trou- verait, depuis dimanche soir, à Sarrebrûck. Il commande l'armée de Hayence et toutes les troupes expédiées sans cesse, par trains de grande vitesse, d'au delà du Rhin, et même de Berlin.

L'armée du Sud, commandée par le prince royal, forme Tautre aile.

Le Roi aurait transporté aujourd'hui son quartier général à Kaisers- lautern et se rendrait à l'armée du Centre.

Ce matin sont arrivés 5,000 bœufs à Trêves, destinés à suivre l'armée.

Tactique de l'armée prussienne est de noyer et écraser l'armée fran- çaise par des masses supérieures en nombre.

Le général Doiuxy, commandant le V corps, au Major général.

Belfort, 8 août.

Un Français, venu de Bàle, y a entendu dire que les Prussiens devaient, dans la nuit du 6 août, jeter un pont sur le Rhin. (Dépêche télégraphique du sous-préfet de Mulhouse.)

Le 6 août, vers 9 h. i /2 du soir, un train ordinaire et paraissant fort chargé, a descendu la ligne badoise. Ce train transportait probablement des troupes, car le 7 août au point du jour, le village de Rheinweiler était encombré de troupes qui 6*occupaient de faire des tranchées du cêté de NiflTer. Des troupes ennemies descendent des coteaux du grand- duché de Bade, du côté du petit Kembs (Klein-Kembs) et d'Istein. (Renseignement fourni par le.capitaine des douanes de Kembs, le 7 août, corroboré par une dépêche du maire de Niffer.)

La journée du 9 août.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL. a) Journaux de marche.

Journal de marche de Tannée du Rhin.

Par décret impérial, le maréchal Bazaine est nommé commandant en chef des 2", 3^ et 4^ corps. Le général Decaen est nommé commandant du 3* corps. Une fraction de Tétat-major général est désignée pour constituer Tétat-major général du commandant en chef des trois corps ci-dessus (1).

L'ordre est donné à ces trois corps et & la Garde d'occuper sur la Nied française une position défensive, s'étendant, la droite à Pange, la gauche aux bois de Hayes et de Cheuby. Une deuxième position défensive est indiquée sous Metz, rive droite de la Moselle, comme position de retraite, la gauche à la Moselle, la droite au chemin de fer de Metz à Nancy.

Le i*' et le 5* corps continuent leur mouvement de retraite sur Ghâ- lons. Le i"' corps se rend à Blàmont (2), sa division de cavalerie se porte à LunéTÎlle (3). Le 5* corps dirige son quartier général, sa i** et sa 2* division à Réchicourt-le-Chàteau, sa division et sa division de cavalerie à Girey (4).

(1) Voir page i39.

(2) Et Domèvre, se trouvent la i '* division et la réserve d'ar- tillerie.

(3) Sauf la brigade de Septeuil qui se trouve, le 9, à TEst de Domèvre.

(4) La division de cavalerie du 5" corps est, en réalité, à Badon- ▼iller.

438 LA aUERRE DE 4870^874.

Le 2* corps, le S*', le 4* et la Garde marchent sur la Nied, pour s'y concentrer en occupant les positions suiyantes : le 2^ corps, à Bru- lange (1), le à Pont-à-Chaussy, sa dWision à BionTÎUe (2), le 4* corps, son quartier général au château de Gras ; sa l'«diTision entre Glattigny et Gheuby ; sa 2" à TOuest de Glattigny ; sa 3<> entre Cheuby et les hauteurs en aVant de Sainte-Barbe« La Garde impériale, du Tillage de Mont à la Tuilerie (3).

Les divisions d'infanterie du 6* corps reçoivent Tordre de se concen- trer à Metz.

Le 7^ corps a sa V* division (Gonseil-Dumesnil) à filâmont avec le i«' corps et sa i' à Belfort (4).

La l*** diVifiidh de la ré^erré de cavalerie arrive à Salnl-Mibiel, la 2* à Lunéville, la arrive à Metz et s'installe à Montigny-les-Metz.

La réserve générale d'artillerie, venue de Nancy, arrive tout entière à Metz.

Notes du général Coffinîères.

9abût.

L'Empereur se rend à Faulqùenidiit dans la pehsée qd'une bataille pourra ^'engager sur Nied, dii côté des Étangs.

Le maréchai (jânroberi et le géhéiral dhàngàrnier arrivent àMétz(&).

La 1'^ brigade du 6" corps (maréchal Ganrobert) arrive dans la iiuit.

Le général Decàën rëm()làcè rilâréchal Bazaihe dans le côminâhde- nient du â^ corpâ.

b) Organisation ai admiiiistratian. Le Maréchal Bazaine an général de LadmiraMt.

9 août.

Par décret iînpérial en daté dii d slbût -1870, M. le faiarécliai Èazaiiiè, commandant du 3^ corps de l'armée du Rhin, a été nommé àU ëotiàmAii- dément en chef des 2% 3^ et corps de cette armée.

(i) Autour de Kettiilly.

(2) A Silly-sur-Nied et Pont-à-Chaussy.

(3) M village de Mbnt a la fêriHe de fiéville.

(4) 3^ division à Lyon, division de cavalerie à Belfort et Lydh.

(s) Le géUêràl Ghan^aftiîef itait arrivé le ^ adfli, dâils la i5lrée. (M. Piétri h M. Ghangarnier, avocat à Autun, D. T. Metz, 9 août.)

LA eUBRRB DR 4870-4871 . 139

Son état-màjar est composé de la manière suivante :

Le gébéral de brig^ade Manèque, ohef d'état-major général ;

Le lieutenant -oblonel de Kleinenberg^ soua-chef d'état -major général ;

Le chef d'escadron Tiersonnier, les capitaines Adbrno de Tscharneri de LoeitiaHa^ GesU de Serda, Foucher, de Vaudrimey-DaToutj attachés ft rétat-major général;

Le commandement ou la direction des différents serrices du com- mandemeilt en ohef des 2*^ 3* et 4* corps est confiée, saToir :

Le cboimandëment de l'artillerie à M. le général de divisiob de Roohe^ bouêt ;

Le eomnlandement du génie à M. le général de division Yialla ;

La direction des services administratifs à M. l'intettdant militaire Priant.

Par décret en date du même jour^ M; le général de dÎTision Deeaen, commandant la 4^ diTision d'infanterie du corps d'armée^ a été appelé au commandemeilt du 8' corps^ en remplacement de M. le maréchal Bazaine ; M. le général Decaen entrera en forfctiotos aujour- d'hui 9 aotit.

c) Opérations et thouyemënts.

Îj Empereur du Major général, à Metz (D. T.).

Faalqaetaodt, 9 août, 9 b. 20 du matin.

Le général de Ladmirault ne petit et ne doit pas changer de position.

La diyision Grenier de son corps l^à rallié ce iiiatin.

Tout le 3^ corps Ta s'établir sui* la rivé fauche de la Mie<i française.

La Garde Ta s'établir à Cplligny, Puche et Ogy. ,

Que le général Ladmirault s'établisse hdilitairement, sa droite à hau- teur des Étangs, sa gauche à tlatligny, et qu*il fasse exécuter les ouTrages de campagne nécessaires.

Qu'il fasse, en outre, obserrer Sainte-Barbe et toiites les routes Teiiant de la frontière et aboutissant sur sa gauche.

Cabinet du Mttfor général^ à Metz.

9 août.

Le maréchal Bazaine Ta occuper demain une première position défen- éiTëi sur laHtè gauche de la Nled française; cette position présente une ligbe brisée dont la partie de droite faisahtfaeeà l'ennemi; sur ligfle des hauteurs qui s'étendent sur la hto gftubhë de la Nied française, depuis Pange jusqu'au Tillage des Ëtdhgs: La partie de gduëh^ eh retour

440 LA aUBRRB DE 4870>1874.

et presque en équerro sur la partie de droite, s'étendra du Tillage des Étangs jusqu'à Glattigny, faisant face aux bois des Hayes et de Gheuby. Le développement de la position sera d'environ 12 kilomètres. Le^bois de Hayea et de Gheuby devront être occupés fortement jusqu'à leur lisière du côté de l'ennemi.

Le 3^ corps garnira la partie de droite et le 4^ corps garnira la partie de gauche. Les troupes de ces deux corps formeront deux lignes avec des réserves en troisième ligne.

La Garde impériale, comme réserve générale, prendra position sur la hauteur qui s'étend entre le château de Maizery et le village de Silly, k cheval sur la grande route de Metz k Saint-Avold.

Si l'ennemi attaque demain matin, c'est sur cette première position défensive que Tannée recevra la bataille.

Le Maréchal commandant en chef arrêtera, aussitôt que possible, tontes les dispositions nécessaires pour que le génie et rartillerie des 3* et 4* corps et même de la Garde impériale rendent le plus possible inabor- dables k l'ennemi le front et les deux flancs de la position, au moyen de travaux adaptés aux formes du terrain.

S'il arrivait que l'armée fût forcée de quitter cette première position défensive, sur la ^rive gauche de la Nied, le Maréchal commandant en chef lui ferait opérer sa retraite sur le camp retranché de Metz, de manière à venir occuper, comme seconde position défensive, la position très belle qui se trouve en avant des foits de Queuleu et de Saint- Julien.

Dans ce cas, le général de Ladmirault appuierait sa gauche vers la Moselle, il aurait sa droite à la grande route de Metz à Sarrelouis.

Le 3* corps se lierait par sa gauche au corps du général de Ladmi- rault, il aurait sa droite à la grande route de Metz à Strasbourg.

Le général Bourbaki lierait sa gauche à la droite du 3* corps, Tap- puyant à la grande route de Metz à Strasbourg, il aurait sa droite vers le chemin de fer de Metz à Sarrebrûck, occupant fortement la hauteur de Haute-Bévoye et le télégraphe de Mercy.

Le général de Ladmirault gagnerait la seconde position défensive en avant du fort Saint-Julien en faisant passer ses colonnes par les vil- lages de Noisseville, Nouilly et Mey.

Le 3* corps g:ignerait ses emplacements sur la seconde position défen- sive par la grande route de Metz à Sarrelouis, par la grande route de Metz k Saint-Avold et par les chemins qui relient entre elles ces deux grandes routes.

Le général Bourbaki viendrait prendre ses emplacements sur la deuxième position défensive à la Haute-Bévoye par Ogy, Marsilly, Ars- Laquenexy, Mercy-lez-Metz.

Le Maréchal commandant en chef indiquera, aussitôt que possible, au

LA GUBRRB DE 487(M871. 144

général Forton qui egt en marche de Pont-à-Mousson sur Metz, l'empla- cement qu'il deTra occuper, soit en arrière de notre première position défensive, soit en arrière de la deuiième.

S'il arrivait que le général du Barail, qui est en ce moment en marche de Saint-Mihiel sur Metz, fût arrivé demain, dans la journée, à proximité de Metz, le Maréchal commandant en chef qui en serait avisé, lui indi- querait remplacement qu*il aurait à occuper avec sa division.

Sur la première, comme sur la deuxième position défensive dont il s'agit cindessus, Tinfanterie sera disposée, autant que possible, sur deux lignes, avec de fortes réserves en troisième ligne.

Si le général Frossard, comme il y a tout lieu d'espérer, peut gagner a première position défensive sur la Nied française, en temps opportun, il prendra l'emplacement que le commandant en chef jugera le plus con- venable et, dans ce cas, le Maréchal commandant en chef arrêterait les dispositions nécessaires pour que ce corps prit sur la deuxième position défensive, c*e8t-à-dire sous Metz, l'emplacement qui a été assigné ci-dessus à la Garde impériale ; et, dans ce cas, le Maréchal comman- dant en chef assignerait h cette Garde un emplacement il l'aurait dans sa main comme réserve générale.

L'artillerie du général Canu se tiendra sur le point oii elle se trouve Cil ce moment (grande route de Melz à Sarrelouis et à Sarrebnick), à la disposition du Maréchal commandaht en chef.

Les dispositions qui précèdent ne peuvent être et ne seront considé- rées, par M. le Maréchal commandant en chef, que comme des indica- tions générales dont il pourra tenir compte dans les limites qui lui paraîtraient convenables.

{Sans signature).

Journée du 9 août.

i»*^ CORPS.

a) JoQmaiix de marche. Joarnal de marche du 1*' corps d'armée.

Blâmont, 9 août.

Le 1**^ corps quitte Sarrebourg à 4 heures du matin.

La l'« et la division suivent un chemin de traverse qui remonte

142 LA aUBRRB DR 1870-1874.

la rive droite de la Sarre, et laisse la grande route de Blàmont à droite; elles passent par Lorquin et Gîrey. Les 9^ et 4" divisions et la dif ision Gonseil-Dumesnil suivent la grande route, ainsi qao PartiUenB do léeen et la cavalerie.

Vers 10 heures du matin, les tètes de colonnes arrivent à Blàcnont. L'artillerie de réserve et la 1*^ division s^établissent à Domèvre sur Vezouse, en avant de Blàmont; le reste de rinfanterie s'installe entre Domèvre et Blàmont, la cavalerie Septeuil en arrière de Blàmont. La division Bonnemains et les deux brigades de la division Duhesme se portent à Lunéville elles couchent le 0.

Le ft* corps se met en route en même temps que le i«' et va oamper à Réchicourt, en suivant des chemins de traverse au Nord de la grande route de Sarrebourg à Blàmont.

Distribution de pain et de viande.

EoçiirçLit des souvenirs inédits du maréchal de Mac- Mahon.

Le 9 août, le i^' corps vint coucher à Blàmont, la cavalerie à Luné- ville.

c) Opérations et monyemeiits.

Le maréchal de Mao-Mahon au Major géné^^al, à Metz (D. T.).

Blàmont, 9 août, 14 h. 30 malin.

J'arrive à Blàmont avec nos cinq divisions d'infanterie ; hier soir^ l'ennemi n'avait qu'une division de cavalerie en avant de Sarre-Union. J'arriverai demain à Lunéville. Il peut être opportun de prescrire au général de Failly de faire sauter quelques ponts du chemin de fer. Il serait possible d'obtenir de nos populations de rompre, pendant la nuit, le chemin de fer au pouvoir de l'ennemi.

Le mxirécJial de Mac-Mahon au Général comTnan- dani V artillerie du i«' corpa.

Au quartier général, ï BUmoQl, 9 août.

Ordre de mouvement.

Demain 10 août, les troupes du 1"' corps quitteront leurs bivQuaoB, à 4 h. i/2 d^ matin, pour aller coucher à Lunéfille*

LA €^UB¥({(B PB 4970-4871. 4(fi

Les corps établis h Bliraont suivront la ^ran4^ rout^, pt se mettrqnt en ipouTeneot daas l-ordre pi-après :

Brigade de Septeuil;

Génie;

Division du 7* corps, général Cpuseil-Dumesnil ;

3" division.

La i'^ et )a 4' division, sous les ordres du général Ducrot, preqdront une route de traverse qui longe à gauche la route de Blâment à Luné- ville, et passe entre cette route et la forêt de Mondon.

L'artillerie de réserve établie à Domèvre sur Yezouse et toutes les voitures appartenant aux batteries divisionnaires qui ne marchent pas avec leurs divisions respectives, partiront à Theure qui sera fixée par Bf . le général Forgeot.

Journée du 9 août.

CORPS. 9) JovrnaniF de marcbc|.

Journal de marche du 2<^ corps.

9 août.

La division Bataille prend la tête de la colonne, à 3 heures du matin ; elle est suivie immédiatement par la division de Laveaueoupet ; la brigade Lapasset vient ensuite ; elle avait quitté le village d*Hellimer, sans être trop inquiétée par Tennemi, qui se montrait en fèrce à 4 kilomètres en arrière du village et dont les éclaireurs vinrent seuls escarmoucher, pendant hs premiers moments de la marche, avec les cavaliers d^arrière-garde de la brigade. La division de cavalerie qui forme l'extrême arrière-garde du corps d'armée, quitte Altroff, à 2 heures du matin, et arrive à 5 h. 1/2 à Gros-Tenquin, elle attend que la division Vergé ait défilé à son tour.

Le général Frossard se met en route de sa personne derrière la 2* division.

Après avoir dépassé le village de Berig d'up kilomètre, on trouve à droite un chemin de grande communication qui, paient par Landroff, va rejoindre la grande route à Brulange 0t abrège ainsi de 4 kilo- mètres.

444 LA aUBRRB DE 4870-4874.

Le commandant du 2*^ corps prend ce chemin atec la brigade Valazé, couvrant ainsi le flanc droit du corps d'armée pendant sa marche jus- qu'à Brulange. Là, il apprend que les Prussiens ont cessé de le suiTre et qu'ils ont pris la route de Pont-à-Housson.

Ce renseignement est confirmé, à son arrirée à Remilly, par les rap- ports des paysans et des habitants.

A Brulange, la colonne formée par le corps d'armée rejoint les convois partis la veille au soir. Ceux-ci reçoivent aussitôt Tordre de continuer leur marche sur Remilly.

Les divisions campent autour de Remilly au fur et à mesure qu'elles arrivent ; la division de cavalerie s'établit au bivouac dans la prairie qui s'étend au pied du village, à 7 heures du soir. L'artillerie de réserve et le parc du génie vont jusqu'à Lemud, au delà..

La nuit du 8 au 9 a été affreuse ; la pluie n'a cessé de tomber à torrents et la division Vergé, n'exécutant pas l'ordre donné, a quitté ses bivouacs et est desceudue sur la route qu'elle a encombrée. 11 en résulte une certaine confusion dans la marche des colonnes; mais l'ordre se rétablit pendant la route. Les troupes n'avaient pas eu de distributions régulières et complètes depuis trois jours ; à Puttelange, l'administration ne pouvant assurer le service des vivres, avait fait donner un supplément de solde, 0 fr. 80, par homme et par jour; malgré ces circonstances fâcheuses, malgré la privation de nourriture, de sommeil, malgré une nuit passée sans abris contre le mauvais temps, le 2* corps exécuta dans cette journée, sans laisser un homme ni une voiture en arrière, une marche forcée de 32 kilomètres.

3* DIVISION (de LAVBÀUroUPBT).

Le S* corps d'armée, débarrassé de ses bagages, continue son mou- vement de retraite.

La 2^ division prend la tète de colonne à 3 heures du matin. La 3* division doit la suivre immédiatement et la i '* division mar- chera après la 3®.

A 3 heures du matin, La division de Laveaucoupet se forme sur la route, dans l'ordre de marche suivant : Le 24* de ligne; Le 40" de ligne ; Le 2* de ligne; L'artillerie ;

Le 63" de ligne, d'arrière-garde. La colonne se met en mouvement; mais en arrivant à Gros-Tenquin, elle est obligé de s'arrêter, la division Vergé ayant quitté ses positions et encombré la route.

LA GUERRE DE 4870-4874, 445

Ce n'est que vers 7 heures que la division parvient à démarrer du village de Gros-Tenquin.

La marche est lente et pénible ; les chemins sont détrempés et les hommes, dont plusieurs ont perdu leurs sacs avec les vivres de réserve et leurs tentes, dans les Journées des 6 et 7 août, se trouvent, après une nuit passée à la belle étoile, sous une pluie battante, d'autant plus fatigués que, depuis le 6, les distributions ont presque complètement manqué.

La division rencontre le convoi parti la veille Brulange), s'établit en colonne serrée à gauche de la route, en arrière de la division Bataille, arrêtée pour faire le café et fait, comme cette dernière, une grand'halte de deux heures.

Elle se remet en route à midi 1/2 à la suite de son convoi, poussant ainsi au delà du point elle devait primitivement s'arrêter et va camper en avant de Remilly.

L'administration distribue une ration de biscuit et une ration de viande.

Brigade mixte Làpassbt du S* corps.

L'ennemi étant en force à 4 kilomètres de Hellimer, la brigade mixte part à 1 heure du matin et arrive à Aubécourt à 8 h. 1/2 du soir, sans engagement sérieux.

c) Opérations et monvements.

Le Major général au général Frossard.

Metz, 9 août, 3 heures du matin.

J'ai reçu votre rapport et je le mettrai sous les yeux de l'Empereurv Je donne des ordres (i) pour qu'on expédie du 8ucr«, du café, du rit et du sel sur la gare de Remilly se trouve accumulé déjà du biscuit. Je suis prévenu que des forces considérables peuvent, dès ce soir, arriver sur notre gauche. Il est donc essentiel qu'en continuant à opérer notre retraite en bon ordre, vous marchiez aussi vite que possible pour permettre au 3*^ corps, à la Garde et au 4" corps qui forme l'extrême- gauche de venir le plus tôt possible prendre position sous Metz. Restez

(1) Le Major général envoya à cet effet, à l'Intendant général, le capitaine Sabouraud, aide de camp du général Frossard, qui lui fit connaître la situation du 2* corps.

9* f«BC. Doeoitt. iU

146 LA aUB»RB DB 18Y(I*4874.

avec le 3* oorps qui séjournera aujourd'hui à Faulquemont. Prenez les ordres du maréchal Bazaine. Restes eu eommunioation constante areo le nuiréohal Basaine.

Le maréchal Bazaine au général FYossard, à Gros- Tenquin.

Faulquemont, 9 août, S b. 30 matin.

Vous atez reoevoir, du Major général, Tordre de séjourner sur tos positions. Ce matin je dirige votre oonyoi sur Gros^Tenquin.

Le M(gor général me prévient qu'il est possible que nous soyons atta* qués aujourd'hui, et indique notre gauche comme le point ehoifi par

Pennemi.

M, le général de Ladmirauit est campé au:i: Étangs, sur la rive gauche de la Nied française; la Garde est dans les environs de Pange, égule- ment sur la rive gauche.

Mes quatre divisions du 3* corps sont établies sur la rive gauobe de la Nied allemande, se reliant à M. le général de Ladmirauit.

Quant à vous, mon cher Général, si Tattaque devenait vraiment sérieuse, comme vous deve^, ainsi que nous, rallier Metz le plus tôt possible, il serait bien que vous vinssiez vous établir à Han-sur-P(ied et à Remilly.

Il est probable que je porterai aujourd'hui mon quartier général à Gourcelles-Chaussy.

Le même au même.

Faulquemont, 9 août.

L'Empereur vient de venir à Faulquemont et donne des ordres for- mels et pressants pour que vous gagniez, aussi rapidement que possible, I)an«sur«Nied et Remilly, et, si vous le pouvez, après un repos, venir niéme^ pendant la nuit^ à Gouroelles«sur-Nied. Sa Majesté autorise que l'on prenne des voitures de réquisition, partout l'on pourra en trouver, pour porter les sacs des hommes.

Les nouvelles que Ton a de l'ennemi font croire à une concentration de ses forces et il aurait l'intention de nous attaquer dans nos position». Ses efforts se porteraient plutôt vers la droite.

Le général Frossard au Major général (D. T.).

Remilly, 9 août.

Je suis arrivé ici à 3 heures avec mon corps d'armée en bon ordre et la brigade Lapasset. Mes hommes sont fatigués, mais ardents, le par«>

LA aUBRRS DB 4S70<4874. 147

tirai demain matin pour la concantration deTant Meti, j'irai oocuper la potltion de Mercy-le-Haut. Je demande qu'on y fasse diriger des TÎTres à TaTance.

Du général Frossard, commandant le corps.

Ordre de mouvement.

Demain, 10 août, le 2^ corps terminera son mouTemcnt de concentra- tion en avant de Metz (14 kilomètres).

Pour éviter Tencombrement, le parc d*artiUerie de réserre qui est à Lemud et le parc du génie se mettront en marche à 2 heures du matin. A la même heure, toutes les voitures des serriees administratifs partiront de Remilly.

Les bagages des corps voyageront en tête de leurs divisions respec- tives.

La 3* division ouvrira la marche à 4 heures précises, elle accélérera son mouvement de telle /orte que la i** division, qui la suit, puisse partir à 5 heures.

La division se mettra en marche à 6 heures, la brigade Lapasset à 7 heures.

La division de cavalerie à 7 h. i/2.

L'ambulance du quartier général, le trésor et les bagages du quartier général marcheront entre la 1'" et la 2* division.

L'arriëre-garde sera fixée oomme dans la marcha d'aujourd'hui.

Le corps d'armée s'arrêtera et earapera sur la position de Meroy*le* Haut sur la route de Strasbourg. Des vivres y seront réunis.

Journée du 9 août.

3* CORPS.

a) Jonmaux de marche. Journal de marche da cerps d'armée.

9 août.

Le 9 août, le quartier général du 8* corps fut transporté à Pontrà- ' Ghaussy ; la 4'« division à Pange en avant de GolUgny ; la de Mont à

44& LA OUERBB DE 4870-1874.

Pont-à-Ghaussy ; la 2* à Pont-à-Gbaussy ; la 4* à la hauteur de Silly ; la cavalerie derrière la 4* division et Tartillerie derrière la caralerie (1).

4" DIVISION (MONTAUOOlf).

Le maréchal Bazaîne, comuiaiidaiit le 3* corps, arrive en personne à Faulquemont à 6 heyres du matin. La division reçoit Tordre de partir à 9 heures pour Fange (2), passant devant la 3" division qui, ce jour-là, doit couvrir la retraite.

La 2* brigade part d'abord (3) avec le convoi, puis Tartillerie et enfin la i'* brigade. Arrivée à Many, une fausse indication fait continuer la division sur Remilly et la jette en ce point sur le 2^ corps qui lui barre le chemin, et coupe la l'« brigade et le convoi jusqu'à 2 heures du matin.

Le 3*^ chasseurs à cheval a reçu l'ordre, au départ de Faulquemont, de se porter rapidement sur Gros-Tenquîn le convoi du corps est compromis. Il rallie le convoi, le ramène à Remilly, après un léger engagement de cavalerie il a un officier blessé et il fait 8 prison- niers.

A 2 heures du matin la division est réunie à Sanry-sur-Nied (4).

2'' DIVISION (de Gàstàgny).

La division va de Fouligny à Urville, près Pont-à-Ghaussy. Départ à i heure du soir, arrivée à Mont à 7 heures.

S** DIVISION (MeTMàN).

Le 9 août, Ja division va de Faulquemont à Mont, village situé sur la hauteur en arrière de Pange. La Garde impériale, les 2^, 3*^ et 4^ corps

(1) Voir pour les emplacements exacts des éléments du corps les journaux de marche qui suivent.

(2) Il ne s'agissait à ce moment que de replier toutes les troupes de la division sur la rive gauche de la Nied allemande.

(3) D'après les Souvenirs militaires du g^éral Montaudon, la divi- sion « prend les armes vers 2 heures de Taprès-ra^di . ,\ » (Page 83.)

(4) D'après les Souvenirs du général Montaudon, une brigade bivouaqua à il heures du soir près de Sanry-sur-Nied, et l'autre à quelque kilo- mètres en arrière (page 85). Voir à ce sujet : Journée du 9 août, page liO.

LA GUERRE DE 1870-4874. 449

sont réunis autour de ce point. Dans la marche du 9, la division formant l'arrière-garde a laisser passer devant elle tous les convois et toutes les troupes et elle n'est arrivée à Mont qu'à minuit.

1" brigade (db Potiir).

Le 9 août la division quitte Faulquemont pour se rendre à Pange, elle arrive à la nuit, et vient camper à 2 heures du oiatin sur la Nied, à gauche de la route de Fange à Ghaussy.

4* DlTIftlOR (DbCABN).

Repos le matin. Reconnaissance par le général de divisonqui doit dis- poser ses troupes de manière à observer les abords de la Nied dans la direction de Boulay.

Dans l'après-midi, la division reçoit l'ordre de continuer son mouve- ment de retraite sur Metz, et d'aller camper à SiUy-sur-Nied.

La 2* brigade part à 3 heures et prend position en arrière de SiUy.

Lai**, avec l'artillerie, la cavalerie et les bagages de l'administration, ne part qu'à 8 heures du soir. Ces dernières troupes campent à Pont-à- Chaussy.

Division db càvalbeib (db Glérbmbàdlt).

Les troupes touchent du pain, du biscuit et de la viande pour les hommes ; de l'avoine et de la paille pour les chevaux.

Un sous-officier par brigade est envoyé pour chercher les bagages à Faulquemont ; ces derniers rallient entre midi et demi et une heure.

A i h. 45, ordre de lever immédiatement le camp, d'aller s'installer à cheval sur la route de Metz à Silly-sur-Nied.

La division rompt à 3 h. 1/2 ; dès sa sortie de la ville, elle se heurte à la division Decaen qui suit la même direction.

Les corps arrivent à Pont-à-Ghaussy à 5 heures ; l'emplacement du bivouac est changé et établi à Pont-à-^haussy sur le cûté droit de la route se rendant à Metz, à hauteur de la réserve d'artillerie.

Les bagages n'arrivent qu'à 9«h. 1/2 ; comme la veille, les officiers ne peuvent dîner que fort tard et sont obligés de perdre ainsi le bénéfice d'une petite nuit de repos que les fatigues des Jours précédents rendaient îndbpensable.

Ordre de lever le camp le 10 août, à 3 heures du matin et de faire exécuter, à 2 heures, une reconnaissance par la brigade de chas- seurs.

180 LA GUKlltlB DB 4870-4871.

RtSBBTI D*ARTILLBRn.

La réserve d*artillerie quitte le bivouac d*Arriance à 10 heures pour se rendre à Pont-à-Chaussy près des Etangs, se trouve le général de Ladmirault, qu'on suppose deTOir être attaqué par sa gauche. Après plusieurs ordres et contre - ordres , la réserve d'artillerie finit par camper en dessus de Pont-à-Chaussy, près du parc du château dUr- ville, faisant face à Boulay.

Renseignements sur les marches, opérations mili- taires et travaux exécutés par le service du génie du 3* corps.

9 août.

Le matin, la compagnie de chemins de fer met la garé de Faulque- mont hbra de lervioe et obstrue Toie en y échouant une locomotive et trois wagons ; puis elle fait sauter le pont de Hemy et oommenoe les travaux de destruotion du pont de Remilly, qui sont interrompus par l'ordre de M. le général Frossard.

L'état-mijor du génie va s'établtr, dans l'après-midii à Pont-^> Ghaussy et reconnaît les positions sur la rive droite de la Nied fran* çaise. La réserve couche à Gourcelles-Chaussy.

c) Opérationa et mouvements.

Le Major général au maréchal Bazaine, à Foulque- mont (D. T.)*

Metz, 9 août, 2 h. 45 malin. Expédiée à 3 b. 30 matin.

Séjournez à Faulquemont pour rester lié avec le général Frossard. Conservez la Garde, en lui indiquant une position qui lui permette de TOUS appuyer efficacement au besoin. Un nouvel aris, qui m'arrive à l'instant, m'indique que l'ennemi est en marche sur notre gauche.

Donnes Tordre au général Ladmtrault de rester en position sur Totra gauche pour la coUTrir. J'écris directement aux généraux Bourbakl et LadmirauU pour éviter tout malentendu. J'écris également au général Frossard, par un de ses officiers, de rester en communication constante avec vous et de se conformer à tos ordres. Donnez-leur vos instruc* tiens sans tarder. Tâchez de concentrer le plus tôt possible sous Mets le 3*, 8*, 4* corps et la Garde qui sont tous placés sous tos ordres et doitent s'y conformer strictement.

Faites-Tous éclairer très au loin par votre cayaleric légère.

LA QUBKRK DE 1870^4974. 41(4

Le même au même (D. T.).

Metz, 9 août, 5 h. 20 matin.

Atos-vous reçu mon télégramme de cette nuit qui tous prévient d'une attaque possible ?

Répondez-moi sur-le-champ et faites^moi connaître les dispositions que tous prenet.

Le maréchal Bazaine au Major général^ à Metz

(D. T.).

Faolquemoot, 9 août, 6 h. 46 matin.

Oui, j'ai reçu totre télégramme de cette nuit et, depuis i h. 4/2, j'expédie des ordres partout.

Le 3* corps doit défendre les positions qu'il occupe sur la rive gauche de la Nied, le général de Ladmirault couvrant sa gauche et devant avoir une division vers Glattigny.

La Garde reste sur la rive gauche de la Nied française^ at le généra] Bourbaki a l'ordre de faire reconnaître tous les passages afin de se porter, besoin sera» sur le front d'attaque, selon les circonstances.

Je ne le fais pas passer immédiatement sur la rive droite, parce qu'il peut être utile également au général de Ladmirault.

J'ai prévenu le général Frossurd qui est à Gros-Tenquin, dans le cas d'une attaque sérieuse, de venir sur Guessliug, afin de pouvoir prendre demain sa direction sur Mets, tout en concourant à couvrir le peu de voie ferrée qui nous reste dans cette direction et sur laquelle se trouve appuyée notre droite.

Il est probable que dans la journée j'établirai mon quartier général à Courcelles-Ghaussy .

Le mêms au même (D. T.)-

Faolqaemont, 9 août, 7 b. 55 matin.

Je viens de m'entendre avec le général Vialla pour inntiliser le par- cours de la voie ferrée entre Saint^Avold et FaulquRmont.

On va faire sauter un pont de 4 mètres de portée, en passage supé- rieur, situé à 1600 mètres seulement au delà de la ville.

On obstruera en outre la voie, en échouant quelques viragons de ballast.

469 LA aUBRRB DE 1870-1874.

Le Major général au maréchal Bazaine en marche de Saint'Avold sur Metz.

9 août, 40 h. 1/2 matin. Dépêche portée par le commaDdaDt de TEspée,

parti à 44 h. 4/2.

Par ordre de TËmpereur, le général Frossard, qui en ce moment est en marche de Puttelange, sur la route de Puttelange à Nancy, reçoit itérativement Tavis qu'il doit se porter sur Metz, afin de s'y joindre aux forces que tous ailes y amener. Il est inyité à marcher de manière à ne pas contrarier tos mouyements.

L'Empereur attend de tos nouTelles.

Le Major général au maréchal Bazaine.

MeU, 9 août.

J'ai rhonneur d'envoyer à Votre Excellence, par deux officiers de mon état-major, les instructions de l'Empereur concernant les dispo- sitions à prendre en prévision d'une attaque prochaine de l'ennemi (1). Je TOUS prie de vouloir bien me faire connaître, par le retour de ces officiers, les renseignements que vous avez pu recueillir depuis ce matin.

Le maréchal Bazaine au général Montaudon.

Faulquemont, 9 août.

Ce matin, après la soupe mangée à 9 heures, vous changerez l'em- placement actuel de vos troupes de manière que toute votre division soit placée sur la rive gauche de la Nied allemande, observant et gar- dant les points de passage en avant de votre front.

Vous viendrez établir votre quartier général à Faulquemont et vos troupes devront être placées de la manière la plus militaire possible pour la défense de votre ligne et, en même temps pour vous relier, par votre gauche, avec la division Metman qui aura son quartier général k Hémilly.

Faites reconnaître immédiatement, par votre état-major, les positions que vous croirez devoir occuper pour le but que je tous indique, et,

(1) Pour ces instructions, se reporter à la page 139.

LA OUBRRB DE 4870-1871. 153

votre mouYement fait, envoyez uo de vos officiera rendre compte à mon chef d*état-major de vos positions.

Vous ne laisserez à Faaiquemont, tout en en gardant le passage, que, au plus, un régiment avec un peu de votre cavalerie pour vous tenir en relations avec le général Frossard, qui est toujoura à Gros- Tenquin.

Le maréchal Bazaine au général Decaen.

Pont-à-Chau88y, 9 août.

Le mouvement qui s'exécute sur toute la ligne, pour passer sur la rive gauche de la Nied française, est la conséquence du projet pris par l'ennemi, qui, effectivement, paraît se diriger en grande force sur notre droite.

L*Empereur est venu de sa penonne à Faulquemont pour s'as- surer que ce mouvement serait exécuté ce soir ; il faut donc faire tous vos efforts pour venir vous établir aux points qui vous ont été assignés et, comme vous avez peu de distance à parcourir, il me semble qu*en faisant manger la soupe à 4 heures, vous avez parfaitement le temps d*étre campé avant la nuit. Surtout faites filer vos impedimenta et qu'ils aillent s'établir en arrière de vos .campements ; on les retrou- vera là.

Le général Decaen au maréchal Bazaine^ à FatUque- m/mt {J>. T.).

Position en face de Bionville, Maraoge et Boolay, 9 août, 10 h. 30 matin.

Je vous prie en grâce de ne pas me faire faire de mouvement aujour- d'hui. Les hommes sont rendus de fatigue, la soupe n'est pas mangée, et il faudrait encore y renoncer ce soir. Enfin, j'iû dit à M. Duverney, chef d'escadron (1), l'état moral que j'ai constaté. Hier, arrivé à 11 h. 1/2 du soir, avec une pluie battante, manquant de moral (j'ai le regret de vous le dire); il leur faut un peu de repos et de la soupe ce soir. De plus, arrivé hier soir à onze heures, j'ai dû, ce matin de bonne heure, aller rectifier les emplacements pris sans y voir. Us n'ont donc pu se reposer.

J'attends vos ordres.

(1) Appartenant à l'état-major du 3* corps.

164 LA. aUBRRB DB 1870-1874.

Le colonel de Sansal, commandant le régiment de chasseurs à cheval, au Général commandant la l'« fii- vision du i^ corps.

Rapport sur l'exécution de la mission, confiée le 9 août 4870, au 3* fégi- ment de chasseurs, de rechercher, sur la route de Gros-Tenquin, un convoi destiné au 2* corps, de faire rétrograder ce convoi et d* assurer sa direction sur le village de Morhûnge,

J'ai rhônneur de vous feadre compte de l'exécution de Tordre qui m'enjoignait de rechercher un convoi qui appartenait au t^ corps et d'assurer soit sa rétrogradation sur Faulquemont, soit sa marche sur Morhange, direction du corps auquel il appartenait.

Parti de Faulquemont, vers 10 h. 1/2 du matin, avec tout mon régi- ment, j'arrivai un peu avant midi à hauteur du village d'Altroif, village distant d'environ deux kilomètres de Gros-Tenquin, sur lequel le con- voi avait été dirigé. Tous les renseignements obtenus en route m'avaient signalé le convoi comme ayant au moins deux heures d'avance; les informations que je pris à Altroff m'indiquèrent de plus que le convoi, n'ayant point rencontré à Gros-Tenquin le 2^ corps, avait pris la direc- tion de Morhange pour se mettre sur ses traces. Une douzaine de voi- tures retardataires étaient seules restées à Altroff, et Gros-Tenquin, me disait-on, n'en contenait plus une seule.

Dans ces circonstances, je fis immédiatement mettre en route les voi- tures retardatairei et jugeai à propos de les suivre avec ma colonne, ne dirigeant sur Gros-Tenquin qu'un seul escadron qui devait, après i'étre assuré qu'il n'y restait personne, me rallier à quelques kilomètres de là.

L'dsoadron dirigé sur Gros-Tenquin avait une avant-garde qui, à peine entrée dans le village, fut vigoureusement attaquée par un peloton ennemi composé de uhlans et de cuirassiers, commandés par un officier.

M. le sous-lieutenant du Gardier, qui commandait le peloton de chasseurs, a donné Texemple de beaucoup de vigueur et d'énergie; tous les chasseurs rivalisèrent d^entrain, et Tennemi fut ôulbuté en un clio d^œil. L'escadron vint d'ailleurs servir de soutien, pas assez tôt cepen- dant pour que tout l'honneur ne restât au peloton d'avant-garde. Ce peloton a tué 7 hommes à l'ennemi, lui a fait 7 prisonniers et s'est emparé de 9 chevaux.

M. le sous-lieutenant du Gardier, seul, servant de but à. l'attaque des Prussiens, a été blessé de trois coups de lance et a dû, ne pouvant plus suivre la colonne, être laissé chez le curé de Gros-Tenquin.

Le commandant du détachement cite comme s'étant particulièrement distingués :

LA GUBRRB DB 4870-^874. 156

M. le souft*lleutenADt du Gardier, blessé de trois coaps de lance ;

Le maréchal des logis Larrieu, qui a tué le uhlau qui ayait blessé son officier et a mis eu fuite d'autres assaillants;

Le maréchal des logis Yey rent» qui a déjà abattu plusieurs Prussiens depuis Touterture de K campagne ;

Les chasseurs Le Noc, déjà médaillé» Ghampel et Maleval.

Après cette rencontre^ Tescadron rejoignit la colonne, qui continua sa marche sur Morhange, puis sur Remilly, elle rencontra enfin le convoi qu'elle cherchait depuis le matin. Laissant ce contoi au 2* corps, établi à Remilly» le 3* chasseurs est arrivé à son bivouac à 11 heures du soir.

Je dois signaler que, pendant la plus grande partie du trajet, j'ai eu l'occasion de reconnaître des vedettes et des détachements prussiens qui surveillaient, partioulièrement à Vahri des bois, tous les mouvements de la route.

Division Dbcàbn. Ordre de mouvement.

Bionrille, 9 août.

A 3 heures, la 2* brigade sera prèle à marcher avec ses bagages, pour aller prendre un campement à Silly^sur-^ied, sa droite appuyée à Silly et sa gauche dans la direction de la route de Mets à Boulay, ce qui rendra sa direction parallèle à peu près à la P(ied française; elle aura environ sept kilomètres à parcourir. Le sous>intendant militaire de la division s'occupera immédiatement d'assurer ses vivres, à dater de demain matin, par des moyens de transport. Les bagages de cette bri- gade la suivront immédiatement. Elle campera en colonne par bataillons à distance entière.

La l** brigade restera provisoirement sur le terrain qu'elle occupe et y fera la soupe; toutefois, elle prendra l'emplacement qui avait été désigné pour la â« brigade, et le général de Brauer s'en informera immédiatement auprès du général Saûgté*Ferrière; il commencera à établir son nouveau campement aussitôt que la 2" brigade sera partie.

Le quartier général de la division sera établi, à partir de 3 heures, à la ferme de Itzing (1), placée immédiatement en arrière de la l*"" bri- gade.

La 1'* batterie de combat à marcher sera dirigée par le colonel Mau- courant et marchera immédiatement après la 2" brigade, avant les

(1)2 kilomètres au Nord-Ouest de Bionville.

156 LA GUERRE DE 4870-4874.

bagages, avec 15 mulets de cacolets, qui seront immédiatement chargés.

La caTalerie de la diTision campera immédiatement entre la 1'* bri- gade et le quartier général, et près de ce dernier point.

Le sous-intendant et tous les services administratifs se rendront immédiatement en arrière de la i'* brigade, autour d*un arbre isolé qui lui a été indiqué. Il choisira même en arrière le terrain qui lui conviendra le mieux.

Du général de Bercheim, - Ordre de mouvement.

Bif ouac d'ArriaDce, 9 août.

La réserve d'artillerie quittera aujourd'hui son bivouac d'Arriance pour se rendre à Pont-à-Ghaussy, en passant par Berlize, Maizeroy et Ghevillon. L'ordre de la marche sera le suivant : Les deux batteries de combat du Â^; La batterie de combat du 11*; Les quatre batteries de combat du 17*; Les réserves, dans le même ordre. La batterie Lécrivain commencera son mouvement à 9 h. 1/2. Commander un brigadier et deux hommes à cheval du 17* pour ser- vir d'escorte au convoi du sous-intendant, qui emporte les vivres qu'on n'a pas pu distribuer ce matin.

Journée du 9 août.

CORPS.

a) Journaux de marche.

Jonmal de marche dn A^ corps d'armée.

Le quartier général se transporte de Glattigny au château de Gras.

La i'"' division remonte des Étangs vers Glattigny et prend position entre ce village et Cheuby.

La 2* division arrive à minuit et campe en réserve derrière la droite de la 1'* division d'infanterie, à l'Ouest de Glattigny.

La 3* division prend position entre Cheuby et les hauteurs en avant de Sainte-Barbe.

LA GUERRE DE 1870-4874, 157

L'artillerie, les réserreé, près du château de Gras.

La cavalerie à droite et à gauche du château de Gras, le long du che- min du PetitrMarais à Sainte-Barbe.

L'administration dans le fond de la yailée, près du yillage de Yan- toux; elle monte ses fours de campagne.

1** DIVISION (de CiSSBT).

Séjour au bivouac des Étangs. Nous voyons arriver plusieurs divisions sur notre droite.

^ DIVISION (GrBNIER).

A 5 heures du soir, départ de la 2* division pour Glattigny, elle va reprendre sa place dans le corps d'armée du général de Ladmirault, qu'elle avait quitté momentanément. A 11 h. 1/2, dans la nuit, elle reprend son campement derrière la l** division du 4' corps, entre Petit- Marais et Glattigny.

3<^ DIVISION (de Lorengbz).

La division part, à 3 heures du matin, de Silly pour se rendre à Ghienlles, en passant par Maison-Isolée, Retonfey, Petit- Marais. Arrivée à ce point, elle reçoit du général en chef Tordre de se porter à Sainte- Barbe, on annonçait une attaque de l'ennemi. Elle prend position face au bois de Gheuby, sur deux lignes : la première à 800 mètres du bois; l'artillerie à gauche, sur la hauteur qui domine Avancy, Vigy et Vry. Le village de Gheuby, placé à la droite, est mis en état de défense. La l'* division (général de Gissey) est à la droite de la division ; l'ennemi ne se présente pas.

Division de cavalebie (Legrand).

Le 9 août, la brigade de dragons détachée à Silly se porte au Petit- Marais.

Le jour même, la l'^' brigade se porte à la ferme de Gbâtillon, pour rcyenir ensuite au Petit-Marais.

c) Opérations et mouvements. Le Major général au général de LadmirauU (D. T.).

9 août, 3 heures du matia.

Un avis qui me parvient à l'instant me prévient que l'ennemi se con- centre sur notre gauche et que nous pourrions être attaqués, par des

4fi8 LA aUBRRB DH 4870^4874.

forces considérables, ce soir ou demain matin. En coni^uenoe, prenez sans tarder les inatruotions du maréchal Bazaine, aous les ordres duquel TOUS êtes placé, et attendez-les avant de faire aucun mouvement. Le Maréchal est à Faulqudmpnt il doit s^ourner pour iHsater lié tTêc le général Frossard, qui se trouve à droitd du Maréchal. Éolaircs-Tous très au loin, en avant et à gauche, avec votre cavalerie, pour avoir des nou- velles de Tennemi et empocher que Tennemi en reçoive de nous. La Garde impériale reste en réserve en arrière du Maréchal : si vous êtes attaqué, employez beaucoup votre artillerie, car l'ennemi en fait grand usage. Veillez surtout du côté de Yry.

Le général de Ladmirault au Major général.

Sainte-Barbe, 9 août, 40 h. du matin.

Déjà mon camp était levé, mes troupes en marche et mes convois arrivés aux portes de Metz, lorsque Tordre de Votre Excellence m*est arrivé de prendre des positions défensives et de me préparer à recevoir une attaque.

Malgré des embarras de toute sorte, à 8 heures les troupes étaient placées, occupant le terrain depuis Glattigny jusqu^au delà du village de Sainte^Barbe, observant la route de Metz à Bouzonville et la route de Boulay près les Étangs. Les bois et les hauteurs ont été occupés et la position me paraîtrait asseï avantageuse pour recevoir une attaque et la repousser.

Malheureuseinent, les troupes me manquent et ma droite se trouve tout à fait découverte, laissant ainsi libre la vallée de la Nied à hauteur de Silly-sous-Bois.

Hier, 8 août, des troupes de la Garde y ont assis leur bivouac ; mais, aujourd'hui, elles se sont repliées je ne sais dans quelle direction. Depuis cinq jours je manœuvre avec deux divisions seulement; la 2*^ division (général Grenier) a été prise par M. le maréchal Bazaîne et est restée avec lui sans que je puisse avoir de ses nouvelles. J*ai cherché à me mettre en relation avec M. le maréchal Bazaine ; j'ai envoyé hier un officier à son quartier général : il n'est point encore revenu. Je me regarde donc comme parfaitement isolé avec deux divisions seu- lement.

Depuis cinq jours mes troupes sont en marche : la journée d'hier, 8 août, a été très pénible par suite d*un orage qui nous a inondés d'eau. La pluie n'a cessé de tomber en abondance pendant toute la nuit; les hommes sont restés debout, sans sommeil, mais pouvant faire de grands feux.

Les chevaux de la cavalerie et les attelages de Tartillerie sont horri-

LA OUBRRB DR 4870-4874. 469

blement fatigués ; ils ont paraé la nuit du 8 au 9 août dans des bour- biers profonds.

Dans cet état de choses, les troupes de mon corps d'armée ont le plus grand besoia de repos et d'un bitouac tranquille. Il yaudrait mieux, pour mon corps d'armée, se retirer sous les murs de Metz que de rester exposé à supporter seul les attaques de Fenoemi.

J'ajouterai que si je ne suis pas renseigné sur les positions des troupes sur ma droite, je n'en possède réellement aucune information sur ma gauche.

Cette nuit| j'ai poussé très loin mes a^aot-postes ; j'en avais jusqu'à 6 kilomètres dans deux directions différentes. Boulay a été reconnu ce matin : nulle part on n'a signalé de troupes prussiennes, si ce n*est quelques détachements d'éclaireurs. Les habitants et les voyageurs ont fait les mômes observations.

Le général de Ladmirault au maréchal Bazaine^

Sainte-Barbe, 9 août.

J'ai reçu votre lettre datée de Faulquemont, que m'a apportée M. le lieutenant-colonel d'état-major Granges du Bouet. J'ai cherché, pendant plusieurs jours, h me mettre en relation avec vous, sans pouvoir y réussir, les distancei étaient trop grandes. Je me suis relié, le mieux que j'ai pu, avec les troupes du 3* corps et de la Garde. Aujourd'hui, 9 août, j'oc- cupe les positions dominantes de Glattigny jusqu'au delà de Sainte- Barbe. J'occupe de plus en avant une forte position aux Étangs qui bat le pont de la Nied, et qui est reliée fortement avec les positions de Glat- tigny. Le côté faible pour moi serait à droite, entre Glattigny et Silly- sur-Nied. Je n'ai pu faire occuper cette trouée, ne disposant que de deux divisions, la division Grenier n'ayant pu me rejoindre ; mais je suis rentré en relation avec le général Bourbaki qui se rapproche le plus de la vallée de la Nied, je l'ai prié de se rallier à ma droite; il m'a promis son concours. Je puis donc y compter.

Aujourd'hui, 9 août, la reconnaissance faite par ïé hussards, que j'avais dirigé au delà de Boulay, a été attaquée inopinément par un grand détachement de uhlans prussiens. Le capitaine Jouvenot, qui commandait l'escadron a été tué d'une balle ; M. le sous*lieutenant Car- relet a été blessé, mais a pu continuer à rester à cheval. Deux hussards ont été tués et un autre blessé (i).

(i) Une reconnaissance d'un demi -escadron est envoyée sur Boulay, 40 hussards du 4* escadron, commandés par M. le capitaine Jouvenot, y prennent part. A Volmérange, un homme du pays prévient le capi-

160 LA GUERRE DE 1870H874.

Cette reconnaissance, qui s'était avancée assex loin, n'a pu découvrir aucune troupe d'infanterie.

|. Le général de LadmiratUt au Major général, à Metz.

i

Quartier général au châtoau de Gras, 9 août.

J'ai rhonneur de vous informer que je me suis établi avec mes deux divisions entre Glattigny et Sainte-Barbe, en occupant fortement la position des Étangs, qui commande le pont sur la Nied. Je me suis mis en relation avec le général Bourbaki, commandant la Garde impériale, pour faire appuyer ma droite, qui se trouvait complètement décou- verte.

Quant à la 2^ division (Grenier), qui m*était annoncée pour aujour- d'hui, elle ne m'est point encore signalée.

Ce matin, j'ai fait diriger une reconnaissance au delà de Boulay. Elle a été attaquée inopinément par un fort détachement de uhlans. Le capi- taine commandant Tescadron (2* hussards), M. Jouvenot, a été tué, avec lui deux hussards ; M. le sous-lieutenant Carrelet a été blessé, ainsi qu'un hussard. La reconnaissance n'a aperçu aucune troupe d'infanterie, mais les habitants affirment qu'il y en a vers Coume et Teterchen.

Toutes mes dispositions sont prises pour recevoir une attaque qui pourrait avoir lieu ce soir ou demain, et mes recommandations sont faites pour exercer la plus grande vigilance pendant la nuit.

Le Major général au corps (sic).

Metz, 9 août.

Le corps du général Ladmirault s'étendra à gauche, de la Moselle au ravin de Nouillv et Yallières.

taine que les Prussiens sont signalés à Boulay. M. le capitaine-comman- dant Jouvenot divise sa troupe en deux fractions, laisse l'une en troupe de soutien, avec M. Gautier, capitaine en deuxième et Hainglaise sous- lieuteoant, et pointe, avec l'autre fraction, sur 40 uhlnns qui, la lance en arrêt et de pied ferme, s'apprêtaient à lui barrer la route de Sarre- louis. Il fait une trouée dans la ligne ennemie et la met en déroute, mais tombe percé de trois coups de lance et meurt instantanément. Le sous- lieutenant Carrelet, qui l'accompagnait, est blessé grièvement, ainsi que les hussards Romain, Pcuchot et Poquet. 3 chevaux, 5 lances, 4 pis- tolets restent entre les mains du 4*> escadron, dont la belle conduite est annoncée à la division par un ordre du général de Cissey, » (Historique du ^ hussards.)

LA aUBRRE DE 4870-1874. 164

Le quartier général au château de Grimont.

La 3* dWision (Lorencez), quartier général à GhfttiUon (1). La dmsion en avant de Ghàtillon, sur le coteau marqué 216, à cheval sur la route de Bouzonville par Kédange.

La i*^ dîTision (de Gissey), quartier général à Mey, les troupes en ayant de la cote 26 1, route de Bouzonville par Burtoncourt, descen- dant au ravin de Nouilly par un petit bois et un four à chaux.

La 2* division (Grenier), quand elle arrivera, sera en réserve vers le fort Saint-Julien. .

La cayalerie, dans le fond de prairies, entre le bois de Grimont et la route de Bouzonvitle par Kédange. Le génie va lui faire des rampes pour aller à la Moselle. Déjà se trouve la brigade de caTalerie légère, arrivée le matin.

Le convoi vient de s^établir près de Teau, sur un coteau entre Mey et Vantoux. Une compagnie du 15*, qui escortait le trésor, était en ville sur la place d*armes. Elle appartient à la diyision Lorencez ; elle a donc été dirigée immédiatement, après la soupe mangée, à hauteur de Ghft- tiUon où arrivera demain sa division.

Tout ce qui précède a été vu et entendu avec le lieutenant-colonel Saget, sous-chef d'état-major général du 4^ corps, qui est retourné auprès du général Ladmirault pour lui en rendre compte.

Le 4* corps reste aujourd'hui dans la position qu'il occupe à quelques lieues de Metz.

Le général de Ladmirault au général commandant la division de cavalerie.

Château de Gras, 9 août.

Note.

La plus grande vigilance est recommandée à tous les postes degrand'- gardes, postes avancés et sentinelles pour éviter toute surprise. MM. les officiers préviendront leurs hommes de se méfier des alertes. Les hommes de l'intérieur du camp ne devront pas avoir leurs armes char- gées, et, en cas d'alerte, les cavaliers et artilleurs devront se saisir des bridons et se porter à la tète Âe leurs chevaux sans s'occuper de les har- nacher. Demain le réveil aura lieu à trois heures du matin, sans sonne- ries ni tambours ; le café sera préparé à la même heure. Les tentes et les bagages des hommes seront ployés et les sacs disposés à être chargés ; mais les hommes auront eu soin d'en retirer toutes les cartouches pour les mettre dans leurs poches ou dans leurs musettes.

(i) 1 kilomètre au Nord de Saint-Julien.

9* fisc. Doeum. 11

468 LA GUERRE DB 4870-4974.

Ea cas d'attaque, les saos seront disposés, réunis par compagnies et placés sous la garde des hommes malingres. A trois heures, la cdTalerie sellera, rartillerie harnachera ses oheTaux et les pièces seront atte- lées.

Si le combat s'engage, MM. les généraux de division et de brigade prêteront Tattenlion la plus grande au point menacé, pour lui porter rapidement tout Faide et tous les renforts possibles.

MM. les généraux commandant les diTisions devront diriger leur artillerie sur les points les plus efficaces.

M. le général commandant l'artillerie fera appuyer les attaques par rartillerie de réserve.

La réserve de cartouches de chaque bataillon sera placée à proxi- mité.

Demain matin, à trois heures et demie^ des reconnaissances seront poussées dans la direction de Bouzonville par la division de Lorenoex et dans celle de Boulay par la division de Gissey. Agir avec beaucoup de prudence et de circonspection.

Le général de Lorencez au général de Laximirault,

Sainte-Barbe, 9 aoât.

Les reconnaissances dirigées en avant et sur le flanc gauche de la position ne signalent nulle part la présence de Tennemi.

Je viens de visiter les avant-postes : aucun incident ne s'y est produit cette nuit.

Les officiers chargés du service des renseignements s'accordent à dire que les Prussiens sont en force à Bouzonville, Teterchen, Ottonville, Goume et Boucheporn, avec peu de monde à Boulay, et que leurs mouvements semblent annoncer l'intention de se porter sur Saînt- Atold.

L'ennemi parait touloir considérer le pays qu'il occupe comme lui appartenant; il y fait exécuter la loi prussienne sur le recrutement; les hommes de 18 à 40 ans sont enlevés à leurs foyers et dirigés sur l'inté- rieur. De 200 à 400 jeunes gens de la ville de Boulay ont quitté leur famille pour échapper à cette obligation et étaient ce matin aux avant- postes de la l'^ division. Les vivres requis pour l'armée prussienne sont payés sur-le-champ et les officiers acquittent exactement leurs dépenses.

Les officiers chargés du service des renseignements (un dans chaque corps de la division) s'acquittent de leur mission avec autant de dévoue- ment que d'intelligence ; malheureusement ils ne sont pas montés et il est douteux qu'ils puissent résister longtemps aux fatigues d'un tel

l

LA OÛËRRtt DS i%10'iSl4. 163

semée. D'un autre eM, il j aurait intérêt, au point de vue de la tranamission rapide des renseignements et de Tétendue de leurs explo- rations, qu*un ehetal leur fut attribué. J'ai l'honneur de vous en faire la demande.

Le général Laffàille (1) au colonel Luxer.

Saiote-Barbe, 9 août.

Tai l'honneur de tous inviter à diriger, dans le plus bref délai possible^ toute la partie disponible du parc du 4* corps, sur le village de Sainte-* Barbe que vous occuperez aujourd'hui.

Vous voudrez bien envoyer, quelques heures à Tavance, un offider qui recevra les instructions nécessaires pour l'établissement de votre parc.

Journée du 9 août

CORPS.

a) Journaiiz de marche.

Journal de marche du 5* corps d'armée.

Avant le départ de Sarrebourg des i®** et 5^ corps, tout le matériel roulant du chemin de fer de Strasbourg reçoit l'ordre de se replier sur Nancy.

Afin de pouvoir vivre plus facilement dans son mouvement de retraite, sans trop épuiser le pays, le 5* corps est partagé en trois colonnes.

La division Goze, la brigade Maussion de la division l'Abidie^ l'artiU lerie de réserve et les ambulances sont dirigées sur Lunéville par Réchi- court.

La division Lespart et la cavalerie doivent suivre les routes de Girey et de Baccarat.

Le général de Failly marche avec la colonne de droite, qui doit se rendre, le 9, à Réchicourt.

t^m^tm^-^tHit

(1) Commandant l'artillerie du 4* corps.

! î

464 LA OUBRRB DB 187(M871.

L'ordre de départ aTait été donné, la Teille au soir, pour 4 h. 1/2 du matin, de Lixheioi, pour les divisions Goze et L'Abadie. Le i*' corps devant 8*écouler d'abord par la route de Nancy et le chemin de fer, le départ du 5* de Sarrebourg n*a lieu qu'à 7 heures, afin de ne pas gêner le mouTement du i"'.

Le temps devient très mauvais ; la pluie ne cesse de tomber et rend la marche très pénible.

Parties à 7 heures du matin de Sarrebourg, les troupes de la fraction principale du S* corps arrivent à Réchicourt, vers 2 heures de l'après- midi, après avoir parcouru une distance de 25 kilomètres par une pluie battante, et traversé les villages de Bebing, Heming et Gondrexange (division Goze).

Les employés de l'administration, ayant devancé la colonne, ras- semblent avec peine des vivres. Le pain est acheté chez l'habitant lors- qu'on peut en trouver. La viande sur pied et les fourrages sont trouvés plus facilement lorsque les maires des villages environnant le gite d'étape peuvent être prévenus à temps. Ce mode de vivre fut le seul qui put être employé par le 3* corps pendant toute la durée de cette triste campagne.

Quelques heures après son arrivée à Réchicourt, le général de Failly reçoit du Major général des instructions qui lui prescrivent de marcher sur Nancy, au lieu de continuer sa route sur le camp de Châlons.

Dans la soirée une reconnaissance est faite sur une locomotive par un officier de l'état-major dans la direction de Dieuze. Cet officier apprend par les habitants et les employés du chemin de fer., que des partis de cavalerie ennemis ont déjà été signalés près de Dieuze et que de fortes colonnes marchent sur Ghàteau-Salins (1).

Journal de marche du corpSy rédigé par le capi- taine de Piépape.

Le général en chef reçoit du Major général les instructions suivantes qui lui sont apportées par le capitaine d'état-major de France, à Réchi- court, où s'est transporté ce jour-là le corps d'armée (2) :

(1) Le Journal de campagne du capitaine de Lanouvelle dit, au contraire, que le commandant Perrotin ne rapporta aucune nouvelle de l'ennemi. Le Journal de marche du capitaine de Piépape place cette reconnaissance au JOaoût.

(2) Le Journal de marche du 5^ corps rédigé par le colonel Glémeur, et approuvé par le général de Failly en 1873, mentionne l'arrivée de ces

LA GUBRRB DE 187(M871. 165

« L^ennemi est entré à Sarralbe et parait se diriger Bur Nancy il peut être dans cinq jours.

« Vous êtes probablement instruit de ce mouTement par tos rensei- gnements particuliers et dans ce cas tous aurez pris des mesures pour dérober Totre corps à Tennemi. Quoi qu'il en soit, l'Empereur maintient l'ordre qu'il tous a donné de tous diriger en toute bâte sur Nancy et c'est vers ce but que doivent tendre tous vos efforts, en forçant votre marche s*îl est nécessaire.

« C'est seulement dans le cas vous vous verriez devancé à Nancy par Tennemî, que, pour ne pas vous mettre dans la nécessité de lutter contre des forces supérieures, vous devriez, tout en continuant votre marche, prendre une direction plus à gauche, vers Langres par exemple. Cette éventualité venant à se réaliser, vous auriez à le faire connaître k l'Empereur par le télégraphe en faisant passer votre dépèche par Paris. Je ne saurais, du reste, vous trop recommander de me tenir au courant plusieurs fois par jour, si c'est nécessaire, de vos mouvements, de ce qui vous arrive et des renseignements qui vous parviennent.

« A Nancy, l'Empereur vous appellera à Metz et vous indiquera votre retraite soit sur Chàlons soit sur Paris. »

Extrait du Journal du capitaine de Lanouvelle^ de VétaUmajor du corps de Varmée du Rhin.

9 et 40 août.

Le !•' corps prit la grande route et arriva le soir à Blâmont, le lendemain 10 à Lunéville et Marainviller.

Le 5* corps forma plusieurs colonnes sur les routes latérales, savoir :

i* Division Lespart, l'ambulance, par Imling, Lorquin, Bertrambois, à Cirey, le 9 au soir ;

Par Badonviller, à Baccarat le 10 au soir;

2<^ Divisions Goze et l'Abadie, artillerie de réserve, mulets de cacolets;

Quartier général par Héming et Réchicourt le 9 au soir ;

Par Avricourt, Emberménil, à Lunéville le 10;

3** La division de cavalerie Brahaut, retardée par son expédition de la veille, eut l'ordre d'arriver au moins à Lorquin le 9, à Baccarat le 10 au soir, elle rejoignit la division Lespart.

instructions, à Lunéville, le iO août seulement. Cette version semble erronée, ainsi qu'il résulte de la lecture du rapport du capitaine de France. (Voir Journée du 9 août, page 119.)

466 LA. aUBBBB DB 487(M874.

Il est faeil^ de remarquer qu*entre Sarrebourg et Heiuiog» de même qu'eatre MarainTiller et Lunévillei la même route a été guÎTie par le |«r porps et par la colomie priacipale du 5^ corps encadrant celle du l" corps et notre cayalerie marchait a?ec celle qui était la plus éloignée de rennemi.

Pendant ces premières journées, le maréchal de Mac-Mahon parait s'être bomiS à donner des ordres au i^' corps, qu'il dirigea par Luoé-- TiUe et Neufchàteau et de au camp de Ghàlons, déclarant qu'il ne pouTait, ayant quinze jours, conduire à l'ennemi ses troupes désorga- nisées et manquant de tout.

Le général de Failly consultait le Maréchal ayant de donner ses ordres au 9* corps.

De Sarrebourg, la direction générale de la retraite nous fut indiquée sur Nancy : de Réchicourt oii nous étions le 9 août, la colonne princi- pale pouyait s'y rendre par ËinyiUe, nous aurions couché le 40, arriyer à Nancy le 11 et se porter soit dans la direction de Toul, soit dans celle de Pont-à-Mousson le 12 août, oti la liaison se serait faite avec l'armée de Metz. Mais on était préoccupé des entreprises possibles de la cayalerie ennemie du cêté de la Seille. Le 9 août, de Réchicourt, le commandant Perrotin fut enyoyé en recopnaissance sur une locomo- tiye dans la région des Étangs jusqu'à Dieuze : il n'en rapporte aucune nouyelle de Tennemi, qui d'ailleurs ne nous suiyait pas depuis le 7 août.

Le général de Failly, subordonnant toutefois sa marche à celle du maréchal de Mac-Mahon, les troupes du 5" corps se trouyèrent souyent ayec celles du 1^' corps : l'effet produit par ce contact ayec des troupes qui avaient été très éprouvées par les journées du 4 et du 6 août fut démoralisant pour le 5^ corps.

1" DIVISION (Gozk).

Départ à 5 heures pour Sarrebourg; en arriyant dans cette ville, on reçoit l'ordre de pousser jusqu'à Réchicourt-le-Ghàteau.

brigade (Nicolas).

Le 9, la colonne se dirigea par Reding sur Sarrebourg la précédait celle de Mac-Mahon. La population semblait frappée de stupeur à la vue de la retraite précipitée de l'armée française, et surtout de l'approche de l'ennemi, dont les coureurs se montraient dans le voisinage. Un bataillon du 86* prit un instant position à la gare en vue de la défendre, et d'y détruire le viaduc, ainsi que les communications télégraphiques; il rejoignit la brigade à Heming, se fit la grand'halte ; la colonne.

OUBRRB DB 187(M871. 167

eo quittant œ village, a'engagea dans un chemin de moyenne commu- nication qui passe h. Neuf-Moulin, Landange et Saint-Georges, elle se trouta ainsi couverte sur son flanc droit par les nombreux étangs, particulièrement celui de Gondrexange, qui couvrent cette contrée, elle dérobe enfin sa marche en s'engageant dans la forêt de Réchicourt, au delà de laquelle elle campe près du village de Réchicourt-le-Chft- teau. La brigade s'établit au Nord de ce village, dans Tordre habituel, sur une seule ligne déployée de bataillons en colonne de division à demi-distance, et à intervalle de déploiement. Elle eut beaucoup à souf- frir dans ce bivouac, assis sur des terres déjà détrempées et que les pluies torrentielles de la nuit rendirent plus incommodes enoore. Des officiers et soldats de toutes armes, dépourvus de tentes, cherchèrent un refuge dans le village, dans lequel régna alors une certaine confu- sion.

DIVISION (db l*Abàdib d'Atdrbin)(1).

On arrive à Sarrebourg de très bonne heure, le 9. Des détachements appartenant à la division Guyot de Lespart avaient suivi la division de l'Abadie depuis Sarreguemines ; ils rejoignirent leurs corps respectife. On apprit à Sarrebourg que les communications avec Bitohe étaient coupées et qu'il avait été impossible de ramener les bagages que la cavalerie, envoyée la veille, avec des officiers montés de tous les corps, avait essayé de faire revenir. On franchit la Sarre et Ton alla camper à Réchicourt-le-Ghàteau, couvert par le canal Saint-Louis et les nom- breux étangs qui avoisinent celui de Gondrexange. On eut aussi alors la certitude de ne plus être rallié par la brigade Lapasset, et la division fut réduite pour le reste de la campagne aux forces suivantes, approxi- mativement :

{\) Manuscrit portant la date : Wiesbaden, 22 mars 4871.

168

LA GUBBRB DE 4S70-4871.

ÉUt-major général

Corps d'étatrmajor

14* bataillon de chasseurs à pied

49* de ligne

88* de ligne

État-major du génie

Génie

État-major de Tartillerie

/5* batterie du 2* régiment. .

lerii*.*'. 1 ^* ^«"«"« <*« *• régiment. .

\ Détachement du train

6* hussards (i escadron)

Intendance militaire

Hôpitaux '.

Snbsistances

Transports

Trésor et postes

Totaux

Bntés amêe U général Lttpatut.

État-major général

Corps d'état-major

H* bataillon de chasseurs à pied. . . .

84« de Ugne

97* de ligne

batterie du 2* régiment

Aumônier

Totaux

Rê$té$ à BiUhe,

Prévôté

Divers corps

Total

Total général de la dirision. . .

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30

323

7,929

24

868

152

la gubrrb de 4870-1874. 469

Division de cavalbrie (Brahaut).

Les escadrons du 5* hussards rallient le quartier général du 5^ corps e^ les divisions d^infanterie auxquelles ils étaient attachés.

Le général de diTision reçut Tordre de prendre une route différente de celle que suivait le gros du 5^ corps et il n^eut plus sous son com- mandement direct que les huit escadrons du S*' lanciers et du 12^ chas- seurs, a^ec les généraux de la Moi^tière et de Bernis.

Le départ eut lieu à 5 h. 1/2 du matin. La colonne suivit la route de Lorquin jusqu'à Badonviller, les 8 escadrons furent établis au bivouac (i).

La division Guyot de Lespart, qui avait pris la même direction, s'ar- rêta à Cirey.

GÉNU du CORPS. y

Le 9, le 5* corps, à l'exception de la 3^ diTision d'infanterie qui se rend à Cirey, vient à Réchicourt. Avant de quitter Sarrebourg, le génie fit enlever les appareils télégraphiques du bureau de la ville et de la gare et, n'ayant pas de poudres à sa disposition, ni dans le parc du génie, ni dans la réserve d'artillerie, il donna l'ordre au chef d'équipe de la station d'enlever et de jeter dans la rivière les traverses et les rails sur toute la longueur du pont sur la Sarre aussitôt que tout le matériel roulant aurait été dirigé sur Nancy.

c) Opérations et mouvements.

Le général de Failly aux généraux Brahaut et de Lespart.

Réchicourt, 9 août.

Vous devez arriver dans la journée de demain, 10 courant, à Baccarat; c'est que je vous adresse cette lettre pour vous indiquer votre iti- néraire du 11.

La colonne du 5* corps, formée de la cavalerie de la division Lespart et des ambulances, se dirigera de Baccarat à Gerbéviller, par Magniëres et Moyen. Là, elle recevra de nouveaux ordres ; faute d'ordres, marcher

(1) Arrivée à Badonviller vers 3 heures de l'après-midi, d'après le Journal de marche de la 1^* brigade (de Bernis).

no LA aUBRRB DB 487(M874.

vers Bayon, le leademain. Les sous- intendants assureront les vivres de la colonne. Les divisions Goze et L'Abadie seront demain à Lunéville.

Le Directeur du parc d'artillerie du corps au Général commandant l'artillerie, à Metz (D. T.).

Épioal, 9 août, 5 h. 48 soir.

En exécution de vos ordres, je pars pour Langres. Le chemin de fer ne pouvant transporter qa*une partie de mon matériel, le reste et le personnel partent par étapes. Tout le parc se réunira à Langres le 14 août; j'y serai demain soir.

Journée du 9 août.

CORPS. a) Jonraattz de marche.

S"» DIVISION (La Font db Yiuibrs).

La division reçoit Tordre de se tenir prête à partir ; dans Taprès- midi le départ commence ; elle s'embarque k la gare du petit Mourme- Ion pour Met2, dans l'ordre suivant : l** brigade, 2* brigade, 5* batterie du 14* d'artillerie, la réserve des cartouches dinfanterie, la compagnie du génie, le payeur, la gendarmerie, l'ambulance, 6* et T batteries. L'embarquement commence à i heure et le premier train part à 2 h. 30.

c) Opérations et mouvements.

Le Major général au maréchal Canrobert, au camp de Châlons (1).

Meti, 9 août. Faites partir sur-le-champ, par le chemin de fer, une de vos divisions

(4) Le faiaréchal Canrobert s'était rendu à Metz. (Voir la dépêche suivante.)

LA GUERRE DE 4870-4871. <74

pour Metz. Que radministration du chemin de fer mette tous ses moyens à Totre disposition. Faites emporter avec cette division le plus de vivres possible. L'Empereur compte que cette division pourrait être ici demain matin.

Le maréchal Canrôbert au Général chef (V état-major général du corps, au camp de Châlons (D. T.).

Meti, 9 août, 8 h. 55 matin.

Vous avex recevoir l'ordre de l'Empereur de diriger immédiate- ment sur Metz une division d'infanterie; désignez la S"", La Font de Villiers.

Accusez réception ici.

Le Major général au Commandant du camp de Châ- lons (D. T.).

Metz, 9 août, 5 h. 3 soir.

Faites embarquer, sans retard, la division d'infanterie qui est atten- due à Metz par l'Empereur. Adressez-vous à l'inspecteur principal du chemin de fer et au chef de gare de Mourmeion; il y a urgence (1).

Le Major général au général Co/fînièreSy à Metz,

Metz, 9 août.

La 1'* brigade de la division, qui vient en ce moment de Châlons à Metz, sera rendue k destination, la nuit prochaine, à 3 heures du matin. Prenez les dispositions nécessaires pour que des officiers d'état-major ou de la place désignent aux troupes de cette brigade, à l'arrivée de chaque train, les emplacements qu'elles auront à prendre sur le front de Saint- Privat, vous avez désiré qu'il y eût des troupes. La division dont il s'agit sera là, dans tous les cas, jusqu'au moment oh on jugerait devoir la porter sur un autre point. Demander un ou deux officiers d'état- major, si ces officiers ne sont pas indispensables.

(1) D'après un ordre du général La Font de Villiers, l'infanterie de la 3^ division devait s'embarquer en six trains le 9, de midi 30 à 10 heures du soir, et six trains le 10, de 1 h. 50 du matin à 4 h. 40 du soir. L'artillerie, l'ambulance et la compagnie du génie devaient suivre le mouvement de l'infanterie.

472 GUERftB DE 4 870-4 87^

Le général Soleille.uu maréchal Canrobert.

Metz, 9 août.

Le parc de votre corps d*armée est aujourd'hui complètement attelé à La Fère.

Dans l'incertitude je me trouvais des mouvements du 6* corps, j*aî prescrit au directeur de ce parc d'attendre vos ordres à La Fère et de vous rendre compte de la situation (1).

Vous pouvez donc, dès aujourd'hui, Monsieur le Maréchal, l'appeler à vous et lui assigner la position que vous jugerez la plus convenable.

Journée du 9 août.

CORPS.

a) Journaux de marche.

Division Li«brrt.

f brigade (de Bàstidb),

Séjour au camp des Perches.

La brigade travaille à la construction des redoutes.

DlYISION DE CAVALERIE (AhEIL).

Pas de mouvements.

Le 4* hussards reçoit ses pelotons échelonnés depuis Dannemarie et prend comme grand'garde les villages d'Offémont, Roppe, Bessoncourt et Pérouse.

(1) La première colonne du parc s'était mise en route, le 6 août, pour le camp de Ghàions,. et avait fait étape à Laon oi!i elle attendait de nouveaux ordres.

Sur les cinq compagnies du train qui devaient atteler le parc, quatre étaient complètement dépourvues d'ustensiles de campement. (Le lieu- tenant-colonel Moulin à l'Intendant du 6* corps, 9 août.)

LA OXTBRRE DE 4870-1871. 473

Le 4* lanciers occupe, comme grand' garde, les villages d'Andelnans et BaTiUiers aTec deux pelotons.

Le 8* lanciers établit deux pelotons en grand'garde aux villages de GhèTremont et Vezelois.

c) Opérations et mouvements. Le général Douay au Major général (D. T.).

Belfort, 9 août, 9 h. 53 matin.

Je répète ma dépèche de cette nuit. La division Liébert, partie hier de Mulhouse, est arrivée aujourd'hui à Belfort. La dernière partie de votre dépêche a être mal transmise : elle est incompréhensible pour moi.

Le général Douay au Major général^ à Metz (D. T.).

Belfort, 9 août, 42 h. % soir.

Le parc du 7* corps est à Epinal. Le général Soleille a envoyé à Vesoul Pordrc de le diriger sur Besançon ; je fais surseoir ; j'aurais plutêt pensé à le diriger sur Langres. J'attends vos ordres (1).

Le Colonel commandant le parc d'artillerie du corps au général Soleille.

9 août.

Dimanche 7 août j'ai reçu du général Liégeard le télégramme sui- vant : c( Mouvement de retraite; dirigez immédiatement votre parc sur Épinal.»

Au reçu de cette dépêche, je pris les mesures nécessaires pour faire partir le matériel, partie par voie de terre, partie par les voies ferrées ; lundi à midi, je partis par le chemin de fer avec un convoi, laissante Vesoul M. le commandant Bonnefin qui devait faire terminer le charge- ment et venir me rejoiadre dans la soirée à Ëpinal.

En arrivant à Épinal, je trouvai un télégramme de M. le comman- dant Bonnefin qui me prévenait que, par suite d'un ordre que vous m'aviez adressé à Vesoul, tout le parc devait être évacué sur Besançon ; il s'est alors dirigé sur cette place avec tout ce qui restait à Vesoul.

Le parc du 7* corps se trouve ainsi coupé en deux parties à très

(1) Le Major général répond le même jour : « Si vous devez faire partir le parc d'artillerie qui est à Épinal, dirigez-le sur Langres. »

174 LA OUBBRB DB 187M874.

grande distaoee ; j'ai ici 1 24 voitures et deux oompaguiefl du train. Le com- mandant Bonneôn est à Besançon avec 26 Toitures du parc, une com- pagnie du train, Téquipage de pont et la compagnie du train qui lui est attachée.

Si tout le parc doit être réuni à Besançon, presque tout mon matériel étant encore chargé sur le chemin de fer, j'ai Thonneur de tous prier, mon Général, de me donner l'ordre de partir immédiatement pour cette place ; dans le cas contraire, je désirerais que M. le commandant Bon- neôn vint me rejoindre avec la portion du parc détachée à Besançon.

C'est dans le but d'éviter des mouvements toi^ours difficiles et pénibles que je vous demande une décision à cet égard ; dans les cir- constances actuelles je pense que l'équipage de pont pourrait sans incon- vénient rester à Besançon (i). «

Le général Doutrelaine au Ministre de la guerre.

Belfort, 9 août.

Sur Tordre de l'Empereur, le général Douay vient de replier

sa 2* division sur Belfort, nous sommes arrivés hier, 8 août ; Je m'y trouve avec mon état-major au complet, la 12<^ et la 4* compagnie du 2* régiment du génie.

Les 9 voitures du parc du 7^ corps sont arrivées ; mais je n'ai toujours ni chevaux, ni sapeurs-conducteurs, ni harnachement»

Quant à la compagnie du génie qui doit être attachée à la 3* division du 7^ corps (division Dumont), j'ignore si elle a rejoint cette division à Lyon.

Journée du 9 août.

GARDE IMPÉRIALE.

a) Journaux de marche.

Journal de marche de la Garde impériale.

Changement de bivouac, en arrièjre, à partir de 2 heures, après-midi,

(1) En marge, au crayon : Télégraphié de réunir son parc auprès de lui.

LA QUBRKB DE 1870-1874. 175

La division Deligny s'établit à la Tuilerie, à cheval sur la route de Gour- celles-Ghaussy, Metz.

La division Picard, & gauche de la difision Deligny, en s'étendant jusqu'à la ferme de BéTille, mise en état de défense et confiée au général de La Croix aTec trois bataillons de grenadiers et une batterie d'ar- tillerie. Les deux divisions ont avec elles leur artillerie et leur cava- lerie divisionnaires. (Les régiments de chasseurs et de guides attachés définitivement à la 1** et à la 3* division.)

Par ordre du général commandant en chef la Garde :

Le général Deligny fait occuper par le 1'' voltigeurs et une batterie le Tillage de Mont, à l'extrême droite, dominant la vallée de la Nied française.

La dirision Desvaux, moins la cavalerie divisionnaire, au Tillage de Maizery.

L'artillerie de réserve, à cheval sur la route de Gourcelles-Chaussy à Metz, près du point de croisement de cette route avec le chemin con- duisant de Pange à Yigy et BettlainviUe.

Le quartier général s'établit à Maizery, l'escadron d'escorte à côté. Le reste du quartier général, immédiatement en arrière de la réserve d'artillerie.

Les Toitures d'administration et impedimenta, disposés le plus près possible des deux eûtes de la route.

On se garde et on s'éclaire dans un rayon suffisant. Le général Picard se tient en communication avec le corps Ladmirault, dont la droite occupe les Étangs.

Le quartier général est à Maizery.

Le bataillon de chasseurs à pied, qui avait été détaché & ThionTille, rejoint la division à la Tuilerie, k 10 heures du soir, par la route de Metz.

Division Deligny.

Gontinuant son mouvement de retraite, la diTision a quitté, à 2 heures de l'après-midi, le biTouac de Pont-à-Ghaussy, pour s'établir à deux kilomètres en arrière de Landremont, à cheTal sur la route de Metz à Forbach.

Le 1*' voltigeurs occupe la position de Mont avec une batterie d'artil- lerie ; le 2* voltigeurs, l'artillerie, le génie, l'ambulance, les services administratifs, à droite de la route et en arrière du bois de Vellize ; la 2^ brigade, à gauche, sur deux lignes, commandant la vallée de la Nied. Le régiment de chasseurs à cheval de la Garde est attaché à la division d'une manière permanente. Le bataillon de chasseurs à pied, qui aTait été détaché à Thionrille, rallie la dÎTÎsion à 10 heures du soir, arrivant par la route de Mets, et campe en arrière du 2* voltigeurs.

176 LA GUERRE J>B 4870-4874.

â* brigade (Gàbhier).

Dans raprès-midi du 9 août, les troupes changent de position ; la Garde est placée sur le plateau de Landremont, la division de voltigeurs, à cheval sur la route de Saint-Avold. Le 3* corps se trouve en avant et à gauche de la Garde; le â^ corps en arrière et à droite, face à la Nied.

La division reste dans cette position le 9. Le temps est a£Preux ; les soldats sont dans la boue jusqu'à mi-jambe.

DiYisiON Picard.

La division quitte le bivouac de Pont-à-Gbaussy, vers 3 h. i/2 de Taprès-midi, pour venir occuper la position suivante : La droite de la ligne à la gauche des voltigeurs, sur un plateau dominant un peu, à rOuest du village de Silly-sur-Nied; la gauche à la ferme, mise en état de défense et confiée au général de La Groix avec trois bataillons de grenadiers et une batterie d'artillerie; le centre couvert en partie par les bois de Silly, descendant dans le vallon de Béville et s'appuyant au bois, qui y finit en pointe.

Immédiatement, une reconnaissance d'un peloton de guides est envoyée du côté des Étangs et reconnaît la position des troupes du corps Ladmirault. Les deux divisions de la Garde forment un angle dont le saillant est dirigé vers le village de Silly, la droite à Landre- mont, la gauche à Béville. La cavalerie est à Maizery. En avant et sur la droite de la Garde se trouve tout le corps Bazaine, s'étendant de Pange aux Étangs, en arrière de la Nied française. Le corps Ladmirault est en avant et à gauche de la Garde, des Étangs à Glattigny et Liba- villc.

Le régiment des guides, adjoint depuis le 8 à la division, par ordre du général en chef, rallie la division le 9.

brigade (Le Poitevin de La Groix).

Vers iO heures du matin, le général commandant en chef recom- mande de se tenir prêt à prendre les armes; on doit continuer néan- moins les distributions ordonnées. L'installation et le service ordinaire du camp ne doivent subir aucune modification. On recommande seule- ment de ne pas trop s'éloigner

La brigade reçoit l'ordre de lever le camp pour aller prendre position sur un emplacement peu éloigné. A 4 heures, elle se met en route et arrive entre la route de Metz à Saint-Avold et celle de Metz à Boulaj. Le régiment est campé en seconde ligne, en arrière d'un bois.

LA GUBRRE DE 4870-1874. 477

\)n bataillon du i^''^ grenadiers, deux bataillons du 3% une batterie d'artillerie, occupent la ferme de BéTÎlIe, qui forme le point d^appui de gauche de la ligne.

Le général de La Croix prend le commandement de ces troupes, dis- posées dans Tordre suivant : un bataillon du 3* grenadiers; un bataillon du 1*' en ayant de la ferme; la batterie à gauche, protégée par le bataillon du 3«.

Le général fait mettre, par les soldats du génie, la ferme en état de défense. On ferme la porte, qu'on étaye solidement ; on ferme les issues au moyen de madriers; on fait des banquettes avec des tonneaux, pour pouvoir tirer par dessus les murs.

Division de cavalerie (Desyaux).

£n attendant des ordres ultérieurs, les tentes restent pliées et les chevaux à la corde toute la matinée.

A 2 heures après midi, ta division se rend auprès du village de Mai- zery, près de Fange, et s'établit au bivouac pour y passer la nuit.

Par ordre du général en chef, les régiments des guides et de chas- seurs sont détachés d'une manière permanente : le premier dans la 2* division d'infanterie de la Garde, le deuxième dans la i'^ division d*infanterie. La division reste donc réduite désormais à deux brigades.

Artillerie de la Gabde. La réserve campe à Saint-Agnan.

c) Opérations et mouvements.

Le Major général au général Bourbaki.

Metz, 9 août, 3 heares du matin.

Un avis, qui m'arrive à l'instant, m'indique que l'ennemi concentre des forces considérables pour nous attaquer de front et sur notre gauche. Je télégraphie au maréchal Bazaine que l'Empereur vous laisse à sa dis- posiliou, et j'invite le Maréchal à vous donner des instructions afin qu'au besoin vous puissiez servir de réserve et d'appui efficace aux trois corps, qui peuvent être attaqués ce soir ou demain matin. Mettez-vous sur-le-champ en relation avec le Maréchal et éclairez-vous sur votre gauche à l'aide de votre cavalerie. J'ai mis votre lettre d'hier sous les yeux de Sa Majesté.

Si vous êtes attaqué, je vous enverrai votre bataillon de chasseurs à pied, qui est revenu de Thionville.

f«tc. DOCBM. '12

ilB L4 OUPERRR DE 4870-4871.

ZjC maréchal Bazaine au général Bourbaki,

9 août.

Vous avez être préyenu directement, par M. le Major général, de rester dans tos positions pour la journée d*aujourd*hui et de tous tenir prêt à appuyer, «suivant les circonstances, soit du cûté du général Lad*- mirault, la gauche de ma ligne, soit mon centre, entre les deux Nied.

Faites reconnaître tous les passages de la Nied française qui existent çn avant de votre front, afin de pouvoir prendre rapidement position si cela devenait nécessaire.

Pont de Pange;

2<^ Pont du chemin de fer en construction entre Mont et Chàtillon ;

Pont de Gourcelles, gué du moulin, à 300 mètres;

^o Pont en bois, à 1800 mètres des bois de Silly, avec les prés de Landonvillers;

ti* Le pont neuf, près des Étangs, à 800 mètres.

M. le général Ladmirault avait, hier soir, son quartier général aui Étangs, et il doit y rester; je ne sais pas encore remplacement de ses divisions. Faites-le-lui demander directement et mettei-vous en rapport avec lui.

La division Decaen, 4' de mon corps, doit, d'après les ordres que j'ai donnés ce matin, être placée sa gauche près de Landonvillers, sa droite à Yaudoncourt, faisant ainsi face, par un ordre en crochet, au confluent des deux Nied.

La division Gastagny {^^) continue mon ordre de bataille sur la ligne de défense de la Nied et a son quartier général à Ra ville.

La division Metman (3^), placée à droite et dans les mêmes condi- tions, a son quartier générai à Remilly.

La division Montaudon (i'*) occupe Fanlquemont, avec sa droite à Pont-Pierre.

Tenez-moi au courant de ce que vous apprendrez du cêté du général Ladmirault. Si je quitte Faulquemont, je vous en ferai prévenir immé- diatement.

Il est possible que j'établisse mon quartier général à Gourcelles- Ghaussy dans la journée.

Le maréchal Bazaine au général Bourbahi,

9 août.

L'Empereur vient de venir à Faulquemont et, d'après ses ordres, nous devons nous établir sur la rive gauche de la Nied fr^mçaise. Vous

LA ays^RB P9 4870-1314, 479

(Jevex oocuper, à partir d^ CoUigny comnaa ceptre, la# positions qqj. Ypqs paraîtront convenables pour pouvoir tous porter rapidement (ou upe portiou de votre corps) soit vers le général de l^dmJr^ult, dont le quartier général est à Glattigny, soit vers notre droite, qui sera à Cour* celles^sur-Nied. Ainsi que je vous l'ai dit ce matip» le quartier général sera à Pont-à-Ghaussy.

Le général Bourhahi au Major général, à Metz.

Aq quartier général à Courcelles-Chaassy, 9 août, 10 h. 4/4 matin.

J'ai rhongeur de rendre com[)te à VolreGxeellenoe de position que je mQ propose de faire ocauper, dans quelques heures, per la Garde impé» riàle. J'établirai ma gauche à la ferme de Béyille, au Sud du yillege 4a Glattigny, ma droite au Sud de la Tuilerie qui se trouve au Sud-Ou^st du village de Silly. Je me ferai protéger, sur mon extrême droite» en occupant le village de Mont, qui domine la rive droite de U Ni^d fran- çaise.

La cavalerie et la réserve d'artillerie seront disposées en arrière de l'infanterie; les voitures de toutes sortes seront tenues aussi près que possible de la route de Gourcellee-Ghaussy à Mets.

Je suis en communication avec le corps de Ladmîrault, qui occupe par sa droite le village des Étangs. Le corps du maréchal Bazaine est dans le voisinage de Bionville, sur la rive gauche de la Nied allemande. Je n'ai pu communiquer directement avec le Maréchal» mais j'ai envoyé un olQcier d'état-major qui, ne l'ayant pas rencontré près de Bionvilla et sachant qu'il s'était porté de sa personne sur Faulquemont, a oon* tinHé sa route dans cette direction.

Je prescris d'exécuter toutes les reconnaissances nécessaires pour que je sois au courant de ce qui se passe et que je me tienne en relation constante avec M. le maréchal Bazaine et le général de Ladmîrault.

Nos troupes constituent un ensemble de forces très respectable, mais il me tarde qu'elles occupent une étendue de terrain moins considé- rable. Une concentration plus prononcée nous mettrait à même de rendre d'excellents services.

Je demande à Votre Excellence de vouloir bien faire diriger sur la . position que j'occupe tout le personnel administratif de la Garde impé- riale, qui se trouve à Metz en ce moment, et toutes les voitures qui ont été dirigées sur cette ville. Je tiendrais notamment à ce que le bataillon de chasseurs à pied de la Garde cessât d'être détaché à Thionville et vint me rejoindre.

Les moyens d'assurer la subsistance des troupes placées sous, mes ordres font défaut. Le départ de quelques habitants et répuitament

480 LA aUBRRB DU 487(M871.

des approTigionnements des villages de Courcelles-Chaussy et des envi- rons me mettent dans l'impossibilité d'assurer des distributions régu- lières. J*ai rhonneur de prier Votre Excellence de me renvoyer, en même temps que mes voitures d'administration, quatre jours de bis- cuit, quatre jours de lard et quatre jours de riz, sel, sucre et café. La condition essentielle de toute opération est de posséder les TÎTres indis- pensables pour quelques jours.

En même temps que je ferai occuper par les troupes de la Garde la position indiquée ci-dessus, j'établirai, dans deux heures, mon quartier général sur la route de Courcelles-Chaussy à Metz, au coude de la route oti se trouve la Tuilerie.

D'après les avis que je reçois, l'ennemi ne continuerait pas à se por- ter en avant; quelques cavaliers seulement seraient entrés à Boulay et à LongeTille-les-Saint-Ayold.

P.-iS. M. le lieutenant-colonel Grangez, sous-chef d'état-major général du corps de Bazaine, arrive à l'instant même (11 heures du matin) ; il m'apporte des nouvelles du Maréchal, qui est à Faulquemont et qui viendra peut-être aujourd'hui à Courcelles-Chaussy.

Ordre de mouvement de la Garde impériale.

Pont-à-Cbaassy, 9 août.

La Garde impériale changera de bivouac aujourd'hui à 2 heures pour occuper les positions suivantes :

La division Deligny s'établira à la Tuilerie, à cheval sur la route de Courcelles-Chaussy à Metz; la division Picard à la gauche de la division Deligny, en s'étendant jusqu'à la ferme de Béville. L'une et l'autre divi- sion camperont sur deux lignes : elles auront avec elles, bien entendu, leur artillerie et leur cavalerie divisionnaires ; elles feront garder soi- gneusement les bois qui sont en avant de leur front. La division Deligny fera occuper par un régiment et une batterie le village de Mont, à l'extrême droite, qui domine la vallée de la Nied française.

La division Desvaux, moins la cavalerie divisionnaire, s'établira au Sud du village de Maizery, de façon à profiter du voisinage du de l'Étang et de son affluent pour abreuver ses chevaux.

La réserve do l'artillerie sera placée à cheval sur la route de Cour- celles-Chaussy à Metz, près du point de croisement de cette route avec le chemin conduisant de Pange à Yigy et Bettlainville.

Le général commandant en chef et l'état-mnjor général de la Garde s'installeront à la Tuilerie ; l'escadron d'escorte campera dans le voisi- nage ; le reste du quartier général se placera immédiatement en arrière de la réserve d'artillerie ; le trésor et la poste s'installeront dans le yoi-

LA GUERRE DE 4870-4874. 481

sinage de la route de Gourcelles-Ghaussy à Meti, à l'intersection de cette route arec le chemin d'Ogy à Flanyille.

Les Toitures d*administrRtion et autres, les impedimenta de toute

nature, seront disposés le plus près possible et des deux côtés de la route

' de Courcelles-Chaussy à Mets. Les troupes du génie exécuteront, s'il y

a lieu, les travaux nécessaires pour faciliter le passage des Toitures

de toute sorte, leur permettre de parquer et de déparquer focilement.

Toutes les mesures devront être prises par MM. les généraux com- mandant les divisions pour se garder et s*éclairer dans un rayon suffi- sant. M. le général Picard devra se tenir en communication fréquente avec le corps de Ladmirault, dont la droite occupe les Étangs.

M. le général Deligny fera pousser des reconnaissances jusqu'aux vil- lages de Yaudoncourt et de Yarize d'une part, et dans la direction de Bionville de l'autre. Les reconnaissances exécutées vers Bionville ne devront être poussées que jusqu'à la distance nécessaire pour se mettre en relation avec M. le maréchal Bazaine.

Des recommandations particulières seront faites aux officiers appelés à opérer les reconnaissances, pour rendre un compte détaillé des avis ou renseignements qu'ils se seront procurés et pour prendre toutes les précautions usitées, afin de prévenir les surprises pendant leur marche.

Division Dblignt.

9 août.

Ordre.

La l'« di vison d'infanterie de la Garde et le régiment de chasseurs à cheval qui lui est attaché changeront de camp aujoiurd'hui à 2 heures, pour se transporter à une très faible distance. On sonnera le boute- charge à une heure et demie, pour partir à 2 heures.

Du général Desvauœ. Ordre de la division (n* 20).

Bifouac de Goarcelles, 9 août, midi.

La division de cavalerie marchera dans l'ordre suivant :

La brigade de France rompra la première, à 2 heures moins un quart.

Elle va, dès à présent, masser toutes ses voitures le long de la route, en faisant des passages pour gagner cette route au premier signal.

La brigade du Preuil suivra immédiatement la brigade de France, en laissant intercaler Tartillerie entre ses deux régiments.

Enfin, l'ambulance, les voitures de l'état-major et les voitures régi- mentaires avec les hommes à pied.

A l'arrivée au bivouac, distribution de viande pour le 9 août.

482 LA €(tJBRRË Dfi 4870-4874.

Le général Bourbàhi au général de Prance, corn- mandant la brigade de la division de cavalerie de la Garde.

9 août. Ordre gênérdL

A dater d'aujourd*hui le régiment de chaseeurs à eheval de la Garde sera détaehé d'une manière peraïaaente à la division Deligny et le régi- ment des guides à la division Picard.

Journée du 9 aoûté

RÉSERVE DE CAVALERIE. a) Journaux de marche.

Division du Barail.

La division part de Bernécourt à 5 heures du matin, en traversant dans le village la route de Toul à Verdun ; elle arrive à Beaumont (Meurthe) et y laisse sur sa droite la route de Pont-à-Mousson et de Metz. Le village est dans une bonne position défensive. A Rambucourt, c*est-à>dire à i500 mètres plus loin, elle entre dans le département de la Meuse ; elle quitte alors les hauts plateaux, dits de la Haje, sur les- quels elle s'avance depuis la Teille et descend dans la vallée de la Woëvre, si riche en champs d'avoine et pn pacages. A 4500 mètres, elle laisse sur sa gauche une route départementale venant de Saint-Dizier. A 500 mètrcis au delà, elle traverse le village de Boucoiiville, dont la sortie longe un grand étang de plusieurs hectares de superficie. Après avoir marché près de 4 kilomètres, elle traverse la route de Commercy à Étain, qui s'enfonce dans une gorge boisée à 300 mètrps sur la droite. A 000 mètres plus loin elle traverse le village d'Apremoat, o£i la route quitte la vallée pour s'engager dans des coteaux boisés qu'elle parcourra jusqu'à 800 mètres de Saint^MihieL BUe arrive dansi cette localité à 9 h. 1/S, ayant fait ainsi 25 kilomètres et elle campe sur le bord de In Meuse, après avoir entièrement traversé la ville*

DlTISIOlf DB B01<mBJIAlNB.

Départ de Blàmont à S heures du mntiti. Arrivée à Luttétille à 7 heures.

LA GUERRE DE 487(MS74. 483

Division DE FORTOIf.

La difision eat partie Ce ndAtia des eâlnps de Ltippy et Soigne pour Pont-à-Mous8on (22 kilomètres). A Ventrée de Pont-à-Mousson, le général a reçu une dépèche de Son Excellence M. le Major général enjoignant d'aller à Metz. La division vient d'y arriver (28 kilomètres) .

c) Opérations et mouvements.

Le Major général au général du Barail, à Sainl- Mihiel (D. T»)*

Metz, 9 août, 8 h. 15 matin.

Vous quitterez, demain, 10 août, Saint-Mihiel pour vous rendre à Metz en trois jours, en faisant .étape à Vigneulles et & Gorté. La distance de Gorze à Metz étant très ôourte, je compte que vous y arriverez le 12 de bonne heure.

Accuse2-moi réception de cette dépêche.

Le général du Barail au Major général^ à Metz.

Saint-Mihiel, 9 août, 6 h. 87 soir.

Reçois à 6 heures votre dépêche ordonnant de marcher immédiate- ment sur Metz. Partirai à 9 heures, marcherai toute la nuit jusqu'à mon arrivée h Metz. Je reçois à Tinstant trois escadrons du 3' de chas- seurs et les emmène.

Le Major général au général de Forlon^ à PonUà- Mou$Èon,

Metz, 9 août, 6 heures matin.

Au reçu de la présente, marchez imttiédiatetnent sur Metz avec votre division. Ne perdes pas un instant.

Le général de Porton au Major général, à Mett

{h. T.).

Po.it-à-Mou88on, 9 août, 9 h. 20 matin.

Arrivé en vue de Pont-à-Mousson à 9 heures moins un quart. J*ai reçu la dépêche qui me prescrit de me diriger sur Metz. Je me mets en route sur Theure, mais ma division a déjà fiiit 20 kilomètres ce matin ; je n'arriverai que tard à Metz. Je n'ai qu'un jour de pain et d'avoine sans foin.

4%i LA aUBRRE DE 1870-4874.

Journée du 9 août.

RÉSERVE GÉNÉRALE D'ARTILLERIE.

a) Journaux de marche.

Joarnal des opérations dn général Soleille.

9 août.

La réserve générale d'artillerie ne pouvant rester plus iongtenaps sans danger à Nancy, ordre fut donné au général Ganu de la conduire à Metz, sans perdre une minute. La réserve générale se mit en route sur-le-champ, et, le 9 août, les seize batteries qui la composaient cam- paient à Ghambière.

Les relations si fréquentes du général commandant l'artillerie de Tarmée avec le général Mitrécé, directeur général des pares, touchaient k leur an. Suivant de près le maréchal de Mac^Mahon en retraite sur Ghâlons, l'ennemi allait occuper Nancy, Frouard, et couper notre principale communication avec Toul. L'Historique de ces relations ne contient plus qu'un certain nombre de faits que nous allons résumer et qui se rapportent à la période qui précédera l'investissement de Tarmée de Metz.

Le général Mitrécé prit le commandement supérieur et la direction des services militaires de la place de Toul, de concert avec le comman- dant de la place et les commandants de Tartillerie et du génie, il ordonna toutes les mesures propres à préparer une défense vigoureuse. Les troupes du grand parc, les dépôts de cavalerie et la garde nationale mobile composaient tout le personnel dont il disposait. Le général commandant Tartillerie de l'armée, Tavait laissé maître des mesures à prendre pour sauvegarder le matériel. I( usa de cette latitude pour diriger l'équipage de pont de réserve vers ChÀlons, par le canal. Get équipage n'était qu'un embarras à Toul : il pouvait devenir fort utile ù l'armée de réserve. Le 13, le Ministre de la guerre enjoignit au général Mitrécé de se retirer sur le camp de Ghâlons avec tout ce qu'il pourrait emmener de son personnel et de son matériel, ne laissant à Toul que ce qui appartenait à la place. Un dernier télégramme du 18 août apprit au général commandant l'artillerie de l'armée que le directeur général des parcs était h Ghâlons.

LA GUERRE DE 1870-1874. 485

b) Organisation et administration.

Le Ministre de la guerre au général SoleUle^ à Metz,

Paris, 9 août.

J'ai donné hier matin l'ordre d'expédier d'urgence à Metz, de la Rochelle, 1,200,000 cartouches modèle 1866; de Vitry-le-Français 500,000; de Douai toutes les cartouches à balle disponibles dans la partie du grand parc, soit enyiron i millions. C'est donc un approri- sionnement de 5 à 6 millions, qui Tiendra s'ajouter à tout ce que tous aTez. La poudrerie de Metz possède euTiron 200,000 cartouches, dont tous pouTez disposer. Enfin toute la fraction du grand parc, constituée h la Fère, est & Totre disposition et tous pouTez en appeler, par dépèche, ce que tous jugerez nécessaire. J'ajouterai quMl a été euToyé directe- ment au 1«' corps d'armée 600,000 à 700,000 cartouches.

Pour les fusils modèle 1866, je pense qu'il serait suffisant d'en conserrer 8,000 à Metz et que les 10,000 autres pourraient être plus aTantageusement expédiés aux destinations indiquées.

Quant à faire un grand dép6t de munitions en arrière de Metz, le camp de Ghàlous me semble mieux indiqué que Verdun, le chemin de fer s'arrête; à Châlons, Ton disposera de la ligne par Reims, Laon, Soissons, Mézières et ThiouTille, et tous pouTez faire Tenir prompte- ment ce dont tous aurez besoin.

Enfin le colonel de Girels est tout autorisé h faire, pour la défense de Metz, les achats et dépenses nécessaires.

J'appelle Totre attention sur la position du parc du 5* corps d'armée à Épinal.

Le général Mitrécé au général Soleille^ à Metz (D. T.).

Toul, 9 août, 9 h. 10 matin.

J*accuse réception de Totre dépêche d'aujourd'hui 7 h. 10 (1). Je reste en conséquence à Toul aTec état-major et troupes du parc; l'équipage de pont rentre (2).

(1) Ordre de rester à Toul aTec l'état-raajor et les troupes du parc.

(2) Par dépêche de 10 h. 15 du matin, le général Mitrécé faisait connaître au général Soleille qu'il n*aTait pas un seul attelage à Toul.

186

LA GUERRE DE ÎS7Ô-4874.

Renseignements snr les parcs (9 août).

DftSiGNAtlOir DES coan.

1

dates.

Corps

9 aoiU.

«• Corps

7 août.

Corp»

9 aofil.

Corps

B août.

Corps

8 août.

Corps

8 août.

Corps

9 août.

RÉSERVE GÉNÉRALE.

»

Grand parc

7, 8, 9 août.

Garde impériale.

7 août.

RENSEIGNEMENTS.

train 0 de monitioDS annoRcé le 8 à la gare d'Ayricourt. Manque de eheyaax. Oo forme ati pare à Lonétitle. Ordre donné au général Mitrécé de garder à Toul les compagnies du train poar donner des che- vaux au i*' corps.

Ordre donné au colonel Brady de diriger sur Metz toute la portion du parc disponible î Lunévillc. Le 40, le colonel Brady informe verbalement que le parc est épuisé ; il n*a plus que 600 coups de 4.

Tout le parc est à Metz. Le 40» le colonel de Bar informe verbalement que 44 voitores, dont 6 caissons de 4 et 44 de 12, sont res- tées non attelées h l'arsenal.

CJne partie dti parc & Met2, le reste k Verdun. Le 40i le général Lafaille a donné iiu colonel Luxer l'ordre de diriger le parc sor Sainte-Barbe. Le 9 : reste à Verdun 74 voitures, dent 54 de munitions; seront arrivées le 42 au plus tard.

Le colonel Gobert suspend l'évacuation du parc d'Epioal sur Langres (& la suite des ordres du géaérel commandant rartillerie do 7* au directeur du parc de ce corps, la nouvelle du passage au Bhin étant con- trouvée). Attend de notiveaox ordres. Le 40, part pour Langres. Y sera le 44.

Ordre ^u colonel Chatillon de se tenir, avec son parc à La Père, h la disposition du ma- réchal Canrobert. Le 44, le parc quitte La Père pour se réunir au camp de Chalons.

Le colonel Hennet a l'ordre de rester à Epinal. Le 40, il re<;oit Tordre d'aller à Langres.

A Toulouse.

Le Ministre a fait expédier de Douai à foui les munitions de 4i et de 4 et les carton- cbes 4866 disponibles pour la fraction S (?) du grand parc. (Télégramme du 7.) Le général Mitrécé n'a aucune portion du grand parc à Toul. (Télégramme du 8.) Il reste à Toul et y garde les compagnies.

{Retenu à Metz un tiers do parc (commandant des Essarts) ; les deux autres sont en avant. Le 40. parc complet avec le corps.

LA GUERRE DE ^870-4874. 187

Situation du grand parc, le 9^ à 1 heures du soir.

1. Partie mobile à Douai. Caisses blanches de 12 et A et car-

touches 66, à Ghâlons. i bis. A La Fère. (La Fère et Douai reçoiTent, pour 1 et 1 bis, les ordres du général Mitrécé.)

2. À Metz. A déjà fait au 1*' corps des livraisons qui Ont être

réintégrées par la place de Metz.

2 6ttf. A Strasbourg. Ihid,

3. A Besançon.

3 bis, À Lyon.

4. Toulouse* Appelé h Yincennes.

4 bis. Rennes. Appelé à Yincennes. 1,400,000 cartouches 66 eîpédiées

sur Toul.

Journée du 9 août.

RÉSERVE GÉNÉRALE DU GÉNIE (1). c) OpératioBs et moaTements.

Le Ministre de la guerre confirme sa dépêche télé- graphique, en date de ce Jour, adressée au Major général et ainsi conçue ;

Paria» 9 août.

Le grand parc du génie (250 hommes, 400 chevaux, 56 Toitures) {iaf- tira le 10 août de Versailles, voies ferrées, pour Metz.

(1) La réserve générale du génie se compose, à la date du 9 août, de :

2* compagnie de sapeurs (télégraphie) du 1 " régiment \ 5 officiers, 231 hommes de troupe, 131 chevaui;

l*** compagnie de sapeurs (mineurs) du 3* régiment : 4 officiers, 104 hommes de troupe, 17 chevaux ;

\f compagnie de sapeurs (chemins de fer) : 4 officiers, 124 hommes de troupe, 48 chevaux.

488 LA GUERRE DE 4870-4871.

RENSEIGNEMENTS

Renseignements recneillis par le grand quartier général.

Le Ministre de la guerre au maréchal Le Bœuf, à Metz.

Paris, 9aoûU42h. ^soir.

Le Ministre des affaires étrangères me communique le télégramme ci>après :

<( Bruxelles 9 aotit, 1 h. 20. Je tiens confidentiellement d*une per- sonne, que j*ai lieu de croire bien renseignée, que Tétat-major prussien a décidé d'attaquer très incessamment l'armée commandée par l'Empe- reur, et que les troupes destinées à cette attaque s'élèveront à 450,000 hommes.

Un Agent de Luxembourg au Préfet de la Moselle et au duc de Oram^nt^ à Paris (D. T.).

Luxemboarg, 9 août (n» 4 1S3). «

Suivant les informations d'Allemagne, l'armée allemande entière, y compris la landwehr, se masse sur les frontières françaises. Tout est dégarni jusqu'en Silésie. La landsturm appelée. Le général Vogel de Falkenstein, Tenant des côtes du Nord, yient également vers les frontières françaises. Plusieurs lignes de chemin de fer ont leurs services ordinaires suspendus.

Le Préfet au Ministre des affaires étrangères (D. T.).

Metz, 9 août, 2 b. 10 soir. Expédiée à 4 heures soir (n» S8686).

X à Luxembourg me demande de vous transmettre la dépêche

suivante : <c Aujourd'hui lundi, habitants de Trêves prévenus, me dit-on, de l'arrivée pour demain mardi, 9 août, de 40,000 hommes destinés à remonter la Sarre par toutes les voies de manière à être mis en ligne demain, pour fin de la journée. On ne peut dire les numéros des régiments.

« Le général Steinroetz, réputé entreprenant, commande l'armée de la

LA GUERRE DE 4870-4874. 489

Sarre ; le prince Frédéric-Charles commande Tannée du centre et se trouyerait depuis dimanche soir à Sarrebrûelw. Il commande Tannée de Mayence et toutes ces troupes expédiées sans cesse par trains de grande vitesse d*au delà du Rhin et même de Berlin ; Tarmée du Sud, com- mandée par le Prince royal, forme Tautre aile.

« Le Roi aurait transporté aujourd'hui son quartier général à Kaisers- lautem et se rendrait à Tarmée du centre.

(( Ce matin sont arrivés cinq mille bœufs à Trêves destinés à suivre Tarmée.

« Tactique de Tarmée prussienne est de noyer et écraser Tarmée fran- çaise par des masses supérieures en nombre. »

Un Agent de Thionville au Major général.

Tbionville, 9 août, 9 heures matin.

Il résulte des renseignements qui viennent de me parvenir que les mouvements de troupes continuent, dans la direction de Cologne à Trêves. Ces manœuvres s'opèrent surtout la nuit« dans le silence le plus profond. Les troupes en question passent toutes par Saint-Vith, par Prûm, par Waxweiler pour se réunir à Trêves, d'où elles sont dirigées sur la Sarre, soit pour remplacer les pertes subies dans les derniers combats, soit pour se concentrer et envahir la France par Sierck ou Bouzonville.

Le 70** régiment d'infanterie prussienne est actuellement campé près de Sierck. D'autres troupes campent devant Bouzonville. Nulle part elles ne paraissent en nombre.

Je n'ai point encore de nouvelles du corps d'armée qui devait arriver à Trêves la nuit dernière.

J'attends le retour de deux de mes courriers qui doivent me rendre compte de ce qui se passe à Merzig, à Sarrebourg, à Sarrelouis.

Environ 4,000 sacs d'nvoioe ont été expédiés hier du camp deWittlich dans la direction de Sarrelouis.

La ville de Trêves est encombrée de blessés prussiens et français, dit-on. A la demande des autorités de Trêves, le gouvernement luxem- bourgeois a envoyé, avant-hier, à Wnsserbiliig, plusieurs médecins et gardes-malades. Un traiu spécial a été mis à leur disposition par la Compagnie de TEst. Arrivés à Wasserbillîg, ils n'y ont trouvé aucun moyen de transport et ont gagné Trêves très péniblement. Pour comble de malheur, ils y ont été si froidement accueillis que plusieurs d'entre eux sont immédiatement rentrés à Luxembourg.

Wittlich, Trêves et Conr. restent toujours dégarnis de troupes jusqu'à cette heure.

490 LA QUBBR8 P6 1870-4874.

Thionville, 40 h. \/t.

Le bruit court que le régiment campé devant Siérck vient de repartir. C'est le 70* ; il est en garnison h Sarrelouîs, il ne reste plus que le 13* et le 53* ; ce dernier doit être réduit à moitié.

L'un des courriers me prévient que les trois régiments se disposent à se diriger sur Metz par Boulay pour rejoindre le gros de l'arasée prus* sienne.

Il est probable que l'apparition de plusieurs détachements du 70* de ligne près de Sierck et de Bouzon ville n'était qu'une fausse manouvre.

Entre Conz et Sarrelouis, il i^'y aurait que de petits détachemeiits, en ce moment, dont la mission consisterait à observer et à inquiéter la frontière. Le corps d'armée en avant hier et signalé hier (50,000 hommes) serait actuellement arrivé à Sarrebrûck et se dirigerait sur Saint-Avold.

Le même au même,

Thionville, 9 août, 3 heures soir.

Il se confirme qu'il n'y a plia de troupea en ce moment entre Trwe»^ Con%^ SarrebourÇf Menig, Sarrfilouis, et que la garnison de cette der^ nière place, qui se compose de trois régiments de ligne (i3*, 53* et 70*), a reçu l'ordre, hier, d'aller rejoindre aujourd'hui le gros de l'armée prussienne dans la direction de Boulay ou de Saint-Avold.

Les troupes campées aui environs sont également parties et doivent s'être dirigées sur Saiot-Wendel et Ottweiler.

On dit en Priis^e que le Prince royal évitera de se baiire entré Metz et Jfancy pour l'avancer sur Paris, et que l'armée de réserve, conduite par le Roi de Prusse, saura bien s'emparer de Metz.

On m'assure que Speicher, Prûm, Waxweiler et Bittburg, ainsi que Dockendorf, sont encore occupés par des troupes assez nombreuses; mais on n'a pu me dire quelle direction elles doivent prendre. On croit qu'elles se dirigeront sur le Palatinat, plutôt que sur Metz, fl y a de la cavalerie et de Tinfanterie. On dit que ces troupes font partie de Tun des corps d'armée commandés par le prince Frédéric- Charles.

On prend en ce moment des dispositions pour évacuer les blessés amenés à Trêves sur un autre point, par la raison que leur présence <in cette dernière ville a pour effet de démoraliser les troupes de passage. Cette précaution tend à faire supposer qu'on s'attend à de nouveaux passages de troupes.

6 heures du soir.

A Sarrelouis, on a emporté la plupart des canons; les troupes sont parties, il n'y reste qvî'une compagnie de guerre et quelques compagnies de landwehr.

LA OUBRR^ DB 1370-1871. 194

1500 soldats de Brunswick sont arrivés hier à Birkenfeld pour se diriger sur le Palafinat,

Jusqu^ai) jeudi i 1 août, il n'y aura que des trains de troupes sur In ligne de la Nahe; toutes ces troupes se dirigeraient sur lePalatinat.

Le bruit court qne toute l'armée allemande d^s provinces du Nord est en marche pour se diriger sur Metz ou Paris.

Le landsturm serait appelé sous les armes.

Le même au même.

ThioDTille, 9 août, 40 heares soir.

Le bruit se répand de plus en plus à l'étranger que l'armée prus- sienne n'attaquera point Metz, qu'elle passera à côté pour pénétrer au cœur de la France.

150,000 hommes, venus du Nord, viendraient grossir l'armée d'inva- sion, et il en viendrait autant de TËst.

Le Sous-Préfet de Thionville au Préfet de la Moselle^ à Metz,

Thionville, 9 août.

Les Prussiens ont évacué Bouzonville, après avoir fait une réquisition de 100 sacs d'avoine. Ils ont aussi évacué Sierck, après y avoir bu et mangé, et annoncent l'intentioa d'y établir un campement. Un bataillon du 44* vient d'entrer à Thionville ; avec cela nous sommes en mesure de parer à toute éventualité. Les femmes quittent la ville, mais le moral de la population masculine est bon.

M. X... au Ministre de la guerre (1) (D. T.)-

Bruxelles, 9 août, 4 b. 55 soir.

Le général X... a transporté son quartier général à Namur. Les troupes qui sont sous son commandement resteront en deçà de la Meuse, mais si le général Comfal-ResteDstein(2), libre de toute contrainte de débarquement, se dirigeait vers la France et faisait mine de vouloir tourner nos places de Thionville et de Metz, en violant la neutralité du Luxembourg et de la Belgique, l'armée belge se porterait aussitôt en avant pour l'arrêter. Le général X. . ., qui m'a exprimé sa douleur de ne pouvoir rien faire pour la France, m'a donné l'assurance qu'il s'oppo-

(1) Renseignements transmis aussi, le 10, par le Ministre des affaires étrangères à l'Empereur. (Paris, 10 août, 1 h. ^0 soir.)

(2) Vraisemblablement, Yogel de Falkenstein.

492 LA.GUBRRE DE 4870-4874.

serait énergiquement à tout passage des Prussiens. D'après le géaéral X...y les deux cojrps d'armée du prince Frédéric-Charles et du Roi de Prusse seraient en marche pour rejoindre celui du Prince royal en Alsace; et, après avoir ramassé tous les corps qui sont au delà du Rhin, toute l'armée prussienne se masserait pour entrer en Lorraine par tous les passages des Vosges. Le général X... a grande confiance dans notre succès si Farmée française se concentre et agit par masses. Bien que concordant avec l'opinion du général X..., les renseignements que j'ai transmis cette nuit à Votre Excellence ne venaient pas de lui.

Renseignements recueillis par V état-major y i^ sec- tion.

Gros-Tenquin, 7, 8 et 9 août.

Retraite sur Metz par Sarreguemines, Woustwiller, Puttelange, Gros- Tenquin.

Le 9, à Gros-Tenquin, on signale des patrouilles de cavalerie prus- sienne à Sarralbe et à Woustwiller, mais aucun corps de quelque importance n'existe nulle part.

A Gros-Tenquin, on amène 13 prisonniers appartenant aui ^P^, rIO®, 52* j 77^ de ligne et aux grenadiers du corps n<* S (aussi i*' de Bran- debourg). 'L'ioterrogatoire de ces prisonniers apprend, qu^outre les régi- ments auxquels ces hommes appartenaient, il y avait les i2^^ 47^^ 74^ et le 48* de ligne. Ces régiments étaient une partie des troupes qui étaient en ligne du côté de Forbach seulement.

Tous ces régiments étaient au grand complet trois bataillons de iOOO hommes chacun).

Le 40*f notre adversaire déjà le 2 août, et ayant pris positon depuis à Ottweiler, était parti à 7 heures du matin et était entré en ligne vers 3 heures de l'après-midi (VIU" corps d'armée, général de Gœben).

Le 39^ (appelé régiment de fusiliers du Bas-Rhin, pattes bleues) venait de huit lieues en arrière de Sarrebrûck ; il avait marché depuis» 2 h. 1/2 du matin et était arrivé sur le terrain à iO heures. Il avait été remplacé vers 3 heures par un régiment frais.

Lo 52^ était parti de six milles allemands en arrière de Sarrebrûck à 7 heures du matin, avait passé par Sarrebrûck. et, malgré cette longue étape, avait été dirigé en arrière de Forbach, il était arrivé à 7 heures du soir, pour nous prendre à revers du côté de la Bosselle.

Le 77* (pattes blanches) était parti d'Aschbach (aussi deux régiments d'infanterie hanovrienne) à 3 h. 1/i du matin, avait pas&é à 1 heure le pont du chemin de fer de Sarrebrûck et était entré en ligne vers 2 h. 1/2 (Vll<> corps d'armée); ce régiment aurait beaucoup souffert.

Le régiment de grenadiers n<> 8 (pattes blanches, au chiffre Frédéric-

LA OUBRRB DE 4870-4871. 493

Wilhelm III, dit aussi i*' de Brandebourg, colonel de Lestocq, général de division de Stûlpnagel, IIl* corps d*armée) venait de Weisskirehen. Parti à 4 h. i/2 du matin, il n'était arrivé à Sarrebrûck qu*à 4 heures du soir et avait remplacé le 40^ vers 6 heures. A beaucoup souffert : la seule compagnie de Thomme fait prisonnier aurait perdu la moitié de son monde.

Nota. •» La comparaison des numéros de ces régiments avec Tétat de l'armée prussienne, fourni par Tétat-major général, établit avec cer- titude, qu'à la journée du 6 nous avions devant nous les III«, VII® et Vm* corps, sinon en entier, du moins en grande partie, car les n^ 48^ 52, i2 et 8^ grenadiers sont du III» corps ; les n'» 39, 74, 77 sont du Vn« corps; le 40 est du VIII® corps.

Ces forces sont indépendantes de celles qui ont attaqué le général Lavaucoupet à Spicheren.

Le Sous-Préfet de Schlestadt au maréchal Le Bosuf, à Metz (D. T.).

Schlestadt, 9 aoât, 7 h. 30 matin.

Je reçois des rcoseignements des bords du Rhia : tout parait tran- quille et on ne me signale aucun incident. La grande partie des sol- dats, qui était au Sponeck, n'y est plus.

Le capitaine Jung au maréchal Le Bosuf. .

Nanej, 9 août, 40 bcares matiu.

Les troupes badoises, le 7 aoi!it, à 6 heures du matin à Haguenau ; à Hochfelden à 5 heures, et à Brumath 5 heures du soir. Passage du Rhin le 7 à {1 heures du soir à Limbourg et à Brisach. Un corps bavarois et un corps prussien, 60,000 hommes environ. Général Uhrich à SVrasbourg prenil les précautions nécessaires. Strasbourg investi le 8. Le comman- dant Dupetit-Thouars est avec ses hommes à Strasbourg. Son matériel est à Belfort. Les forces à Haguenau sont de il 0,000 hommes, sovrce certaine. Les ennemis se plaignent que nés médecins ne portent pas le brassard, comme le veut la convention de Genève, et s*exposent à être massacrés ; ils prient l'État-Msjor français d'envoyer des ordres en ce sens. L'objectif de réunion des deux corps d'armée ennemis est Bar-le-> Duc. Les itinéraires donnés pour cela sur les cartes des officiers alle- mands. Ils doivent être le 10 ou le 11 à Lunéville. Sur toute la route des Vosges, Strasbourg h Saint-Dié par Schirmeck, seule route libre, hier grande quantité de traînards, j'ai fait réunir tout ce monde et fait transporter par voles rapides sur Nancy. Je prends sur moi de masser tous ces hommes isolés, qui ont perdu la tête. Parti de Strasbourg hier

8* faic. Doc«ni. 13

494 LA aUBRRE DE 4870-4874.

matin dans la nuit, je suis ici et achève de réunir le matériel du chemin de fer, artillerie et autres, éparpillés sur la route de Lunéville à Saint- Dié et restés sans que quelqu'un donne seulement un ordre. Je rejoindrai, aussitôt mes chevaux reposés.

Le même au même (D. T. Ch.).

Nancy, 9 août, 12 h. 30 soir.

Le mouvement annoncé sur le Rhin et à Saverne s'est arrêté hier. L'armée du Prince royal se dirige sur Sarre-Union par tous moyens rapides, pour faire jonction avec prince Charles. Mac-Mahon est, dit-on, à Blàmont; désordre considérable à Nancy; matériel de siège garé à Lunéville ; renvoyé à Chàlons les hommes isolés et traînards consignés dans les casernes. Le commandant d'armes d'Épinal, désigné pour défense des Vosges, n'a que 1300 fusils, il réclame armes et munitions, ici on n'en a que faire ?

Bulletin db rensbignements du corps.

9 août. Rouie par les Étangs et Boiday,

Deux reconnaissances de cavalerie ont été poussées, le 9 août, au delà de Boulay. La première, dès la pointe du jour, n^a vu aucun ennemi, la seconde dans la matinée, composée de trois pelotons du â* hussards, a rencontré un escadron de uhiaos à la hauteur du bois d'Ossonville et Ta chargé. Les Prussiens ont eu 7 hommes tués et plusieurs blessés, les pertes de notre côté ont été du capitaine commandant et 3 blessés. Après ce fait d'armes, les hussards sont rentrés au camp sans être inquiétés. Les renseignements reçus de Boulay par des courriers ont confirmé l'absence de tout rassemblement prussien jusqu'à Teterchen. Dans la matinée du 9, un officier prussien est entré à Boulay, pour faire le logement d'une troupe dont le chiffre n'est pas connu. Il avait a^ec lui des uhlans qui paraissaient n'avoir pas fait une longue route, car leurs chevaux étaient frais et presque point crottés malgré la boue du chemin. On pense qu'ils avaient passé la nuit à Ossonville.

Route d'Avanq/y Gondreville^ Éblange»

Une reconnaissance de cavalerie avait été poussée sur cette route le 8 au soir et n'avait rien signalé.

Route de Vigy, Bettlainville et Kedange,

Un courrier en voiture, envoyé le 8 à Bettlainville, a constaté que tout le pays était tranquille de ce côté.

LA GUERRE DE 1870-4871. 195

Renseignements généraux.

Quelques uhlans ont été tus du village les Êtaags. Tout le pays sur la rive droite de la Nied alieiuaude est pris de panique; des voitures, chargées d'habitants qui émigrent, passent continuellement. Dans la nuit du 8 au 9, une douzaine de paysans ont été placés dans les bois autour du camp pour prévenir les surprises; ils gardaient les bois de Hayes, de Landonvillers et de Vigy. Ils n'ont vu aucune patrouille ennnemie.

BULLBTIN DB RENSEIGNEMENTS DU V CORPS.

Le général Douay au Major général, à Metz.

Belfort, 9 août.

Un Français, natif de Paris, ancien zouave ayant fait la guerre de Crimée, vient d'arriver à Belfort

De Fribourg à Lœrrach il estime qu'il y a six bataillons de chasseurs à pied bavarois et quatre ou cinq escadrons de la même nationalité. Ces troupes étaient toujours en reconnaissance sur les bords du Rhin. Elles marchaient sans leurs sacs qu'elles avaient laissés dans les vil- lages.

Ce renseignement sur la quantité des troupes qu'il y a dans la vallée du Rhin m'a été confirmé par un espioi^ et une dépêche télégraphique, que je reçois à l'instant, me dit que ces. forces se sont repliées vis-à-vis Strasbourg et qu'il reste à peine quelques hommes à Mûllbeim.

Le Français de 3chramberg (?) dit que sept à huit jours avant son départ, on avait concentré entre Hausach et Ulm les landwehrs badoises, wûrtembergeoises et bavaroises. Il pense que ctte concentration est actuellement terminée et qu'elle s'élève au cbiflTre de 120,000 hommes; mais ces landwehrs étaient mal armées, mal équipées et surtout très mal nourries; les hommes se plaignaient beaucoup et ne marchaient que contraints par la force. Toutes les populations déplorent la guerre et sont dans la plus grande anxiété sur son issue

On assurait qu'entre Rastatt et OfTenbourg, il y avait une armée de plus de 100,000 hommes faisant face à Riel. Le Français de Schramberg ne croit pas à ce chiffre, il le réduit à 50,000 hommes. Il a vu l'extrême gauche de ce corps à Lahr, il pense que ce sont tous des Badois et des Bavarois. Quant aux Wûrtembergeois on se méfiait d'eux, et l'armée wûrtembergeoise, depuis le commencement de la guerre, serait entre Mannheim et Francfort

La journée du 10 août.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL*. a) Joamal de marohe.

10 ÈttU

Le i*'' corps se porte à LunéTÎHe ; sa dmsion de caTaUrie, à Nancy (1).

Le 5* corps se rend à Baccarat.

Le 2* corps arrWe k Mercy-les-Meti.

Les 3*, 4', et la Garde, conservent leurs positions sur la Nied*

La 3* division (Lafont de YlUiers), du 6" corps» arrive à Mets ; les autres divisions reçoivent Tordre de s*y rendre.

La i'* division de la réserve de cavalerie (Du Barail), arrive à Mets, après une longue marche de nuit, et est installée au Ban-Saint- Martin.

L*ordre est donné aui 2^, 3*, A* corps, et à la Garde, de prendre, sous le canon de Metz, la 2* position dérensive déjà indiquée.

Notes du général Cofflnières.

40 août.

L*ennemi suit les traces de notre armée ; il s'avanoe sur Nancy et Pont-à-Mousson, dans le but évident de couper nos communications avec Paris. Le général en chef décide que notre armée se concentrera à Metz ; cependant, de crainte d*une attaque pendant ce mouvement, les forts de Saint-Julien et de Queuleu, qui avaient reçu quelques pièces, ont l'ordre d'être prêts à ouvrir feu le matin.

Un grand nombre d'habitants de la Lorraine, les paysans, fuient devant Tinva^ion, et viennent se réfugier à Meti.

Le commandant supérieur donne des ordres pour qu*auoun étranger à la ville ne puisse y entrer, sans justifier qu*il porte, avec lui, au moiVu quarante jours de vivres

(1) En réalité, à Bayon.

498 LA GUERRE DE 4870-1874.

b) Organisation.

Le Major général au maréchal Bazaine, comman- dant les 2«, 3* et corpSj à Metz.

40 août.

J'ai l'honneur de tous informer que, pour agsurer les divers services de votre commandement, j'ai fait les désignations suivantes :

Chef d'état-major général, général de brigade Manèque ; Commandant de l'artillerie, général de division de Rochebouët ; Commandant du génie, général de division Vialla ; Intendant, intendant militaire Priant.

J'ai désigné M. le colonel d'état-major alland, chef d'état-major de la 2" division d'infanterie de la Garde, pour remplacer M. le général Manèqne comme chef d'état-major du corps d'armée. Je vais pourvoir aussi au remplacement des autres chefs de service du même corps, et je vous ferai connaître incessamment les dispositions que j'aurai arrê- tées.

Les cinq officiers d'état-major que j'ai mis hier à votre disposition, resteront définitivement à votre état-major général, savoir :

MM. le lieutenant-colonel Klein de Kleinenberg, sous-chef; le commandant Tiersonnier ; le capitaine Adorno de Tscharner ; le capitaine Costa de Serda ; le capitaine Foucher.

M. le colonel Balland reçoit l'ordre de se rendre i mmédiatement à son nouveau poste.

Le Ministre de la guerre au Général commandatU le corps d'armée^ à Lyon (D. T.).

Paris, 40 août.

Dirigez immédiatement, par voies ferrées, de Lyon sur Belfort, la 3' division du 7* corps, avec son artillerie et son génie.

Concertez-vous avec le chemin de fer, et rendez-moi compte (1).

(1) Avis envoyé par le Ministre au Major général et au général com- mandant la 6* division militaire à Strasbourg.

LA QUBRRB DR 487(M871. 199

Le Major général aux Généraux commandant les 2«, et corps, Circulaire.

Metz, 40 août.

J'ai fait camper à Ghambière, et, par cooséquent, ea cominuoicatioD facile avec Totre corps, Totre pare de réserve. C'est que tous pourrez lui adresser tous vos ordres.

c) Opérations et moavements. A l'Impératrice (D. T.).

Metz, 40 août, 4 h. 40 soir.

Je refuse les bataillons de mobiles. Je fais Tenir le corps de Ghàlons.

Le Ministre de la guerre doit s'occuper, surtout, d'armer les popu- lations des campagnes, qui demandent des armes.

Formez des centres avec les 4*'* bataillons, à Paris, Ghàlons, Lan grès.

Mac-Mahon Ta reformer son corps à Ghàlons.

Napoléon.

Le Major général au Ministre de la guerre, à Paris

{D. T.).

Metz, lOaoût, 2h. 45 8oir.

L'Empereur ordonne de c-ontinuer, sans interruption et sans aucune perte de temps, le mouTement de toutes les divisions du camp de Ghàlons sur Metz.

Que k Compagnie de l'Est fasse tous ses eflbrts pour hâter le mouve- ment, par tous les moyens possibles.

Je préviens le maréchal Ganrobert; entendez-vous avec la Compa- gnie.

Le Ministre de la guerre au Major général^ à Metz (D. T. Ch.).

Paris, 10 août, 4 heures soir. Nous aTons une diTÎsion complète d'infanterie de marine : la Toulez-

TOUS?

Elle est fortement constituée, mais sans artillerie. Répondez.

aOO hk OUBRRB DB 4870-4874.

Le Major général au Ministre de la guerre (D. T.).

Metz, 10 août.

Le mouTement des trois di?isioQ8 Gaarobert est oommenoé. Dès qu*i1 sera termioé, envoyez la dit ision d'infanterie de marine, ayec effets de campement, marmites, cartouches.

Le Ministre de la guerre au Major général^ à Metz (Urgent). (D. T. Ch.).

Paris, 10 août, 4 h. 50 soir. Expédiée à 6 h. 10 (n» 4855).

La Chambre s'étant déclarée en permanence, regardez comme non ayenue la dépêche télégraphique chiffrée (1) que je viens de tous adresser il y a une heure.

Le Major général au Ministre de la guerre (D. T. Ch.).

Metz, 10 août.

L'Empereur vous prie de diriger sur Metz le plus que vous pourrez de biscuit, havresacs, marmites et autres ustensiles de campement. L'Empereur compte prendre l'offensive sous peu de jours.

Le Major général au maréchal Bazaine, commaiv- dant en chef.

Metz, 10 août.

L'Empereur décide que l'armée occupera, demain li, la deuxième position défensive qui a été indiquée hier au maréchal commandant en chef, position qui s'étend en avant des forts extérieurs de Metz, de la Seille à la Moselle.

Le Maréchal se conformera, dans la limite du possible, aux indica- tions générales qui lui ont été données hier par l'Empereur, relatives aux emplacements à occuper, par les corps d'armée, sous Metz; il apportera, toutefois, à ces indications, les modifications suivantes : la

(1 ) Il s'agit de la dépéohe par laquelle le Ministre proposait d'en- voyer, à l'armée de Metz, une division d'infanterie de marine.

LA OOBRRB DR 1870-1874. 204

droite de la position, qui devait être occupée par la Garde impériale (général Bourbaki), le sera par le corps (général Frossard).

La Garde impériale sera établie sur le point que le Maréchal com- mandant en chef jugera le plus conTenable, en arrière, comme réserve générale.

Rapport du 10 août.

Le général Ganu doit être établi, avec sa réserve d'artillerie, près de la Planchette, route de Sarrebrûck, sur Metz. Le faire prévenir, par ordre du Maréchal, qu'il doit marcher sur Metz, demain M, en avant de la Garde impériale, et qu*il ait à prendre, sans retard, les ordre de M. le général Bourbaki, commandant la Garde impériale, pour l'heure de sa mise en route et le nouvel emplacement qu'il devra occuper.

La réserve d'artillerie du 3* corps laissera ses 4 batteries à cheval de combat avec la division de cavalerie, pour former l'extrême arrière- garde. Elle marchera sur Metz, avec toutes ses autres voitures, par la grande route de Sarrebrûck, en arrière de la Garde impériale. Elle devra se mettre en route à 4 heures du matin et marcher, autant que possible, sur deux files de voitures.

M. le Maréchal monte à cheval à 5 heures, et porte son quartier géné- ral aux Bordes.

Les équipages du quartier général partiront à 3 heures du matin.

Le Major général au général SoleUle (Lettre).

Meti, 40 août.

Je reçois à l'instant des nouvelles du maréchal Bazaine.

D'après le mouvement des éclaireurs prussiens, le Maréchal pense qu'il peut être attaqué demain matin sur les ailes et me signale surtout les bois de Saint-Julien comme étant le point de mire de l'ennemi.

Dans cette hypothèse, il y a lieu de se tenir sur ses gardes. Vous voudrez bien, en conséquence, prendre vos dispositions pour que les canonniers des forts ayant vue sur ce point, et particulièrement le fort Saint-Julien, soient demain matin à leur poste dès la pointe du jour, afin de soutenir au besoin le mouvement de concentration que l'armée pourrait avoir à effectuer en cas d'attaque.

802 LA OUBRRB DB 4870-4871.

Journée du 10 août.

i*' CORPS.

a) Journaux de marche. Journal de marche du i*' corps d'armée.

LaDéTÎIle, 40 août.

Les troupes quittent leurs biTouacs à 4 h. i/2 du matin. La pluie, qui ayait commeneé à tomber le veille vers 8 heures du matin, n'a pas discontinué. Ce mauvais temps a augmenté la fatigue des troupes qui bivouaquent, depuis le 6, sans aucun abri.

Les i** et 4* divisions, sous les ordres du général Ducrot, prennent une route de traverse qui longe à gauche la route de Blàmont à Luné- TÎUe, et passe entre cette route et la forêt do Mondon. Elles iront s'éta- blir de l'autre c6té de Luoéville, à hauteur de RehainyiUer.

L'artillerie de réserve et toutes les voitures appartenant aux batteries divisionnaires qui ne marchent pas avec leurs divisions relipectives se sont mises en route de très bonne heure, sous les ordres du général Forgeot, en suivant la grande route de Blàmont à Lunéville. Arrivées à Lunéville, elles s'installent au terrain de manœuvre.

Le reste du l^^* corps suit la grande route de Bl&mont à Lunéville, dans l'ordre ci-après : brigade de cavalerie Septeuil, génie, division Gonseil-Dumesnil, 3* et 2^ divisions du l'** corps. Ces troupes établissent leurs bivouacs entre Lunéville et Rehainviller, sur la gauche de la route de Bayon.

A l'arrivée des divisions d'infanterie, les divisions de cavalerie Bon- nemains et Duhesme partent pour Bayon, elles vont coucher le même jour. La brigade Septeuil campe dans le parc du château de Lunéville.

Distributions de vivres et de marmites dans la limite de l'approvi- sionnement du magasin de campement. La 3* division reçoit un certain nombre de tentes-abris.

Le 5* corps se porte le même jour de Réchicourt à Lunéville et campe sur le terrain de manœuvre.

LA aUBRRB DE 1870-4871. 203

L'intendance n'ayant pu assurer le service des viTres, le Maréchal autorise les généraux commandant les divisions d*infanterie et de cava- lerie, ainsi que le général de division commandant l'artillerie, à requérir tout ce qui sera nécessaire aux troupes sous leurs ordres : au besoin, ils pourront déléguer leurs pouvoirs aux généraux de brigade et aux chefs de corps. Ces réquisitions devront être faites sur bons réguliers, remboursables ultérieurement.

Notes sur les opérations du !«' corps de Varmée du Rhin et de Varmée de Châlons. {Dictées par le mare- chai de Mac-Mahon, à Wiesbaden^ en janvier 1871.)

Le 10, le 1*' corps vint bivouaquer à Luné ville.

L'intendance, dont un grand nombre des membres avaient été faits prisonniers à Frœschwiller, étant hors d*état d'assurer le service des vivres, Tordre fut donné aux généraux de division de requérir, en se conformant aux formalités d'usage, tout ce qui serait nécessaire à leurs troupes. Us étaient autorisés, au besoin, à déléguer leurs pouvoirs aux généraux de brigade et aux chefai de corps; ils devaient, dès que le gîte d'étape du lendemain serait connu, y envoyer à l'avance des ofQciers pour procéder aux réquisitions. Celles-ci devaient avoir lieu sur bons réguliers, remboursables ultérieurement.

Les renseignements envoyés par toutes les autorités annonçaient que le gros de l'armée du Prince royal de Prusse se dirigeait sur Nancy et que son avant-garde était déjà arrivée à Ghàteau-Salins.

Le Maréchal, craignant d'être attaqué près de Nancy, il n'y a pas de position favorable à la défense, et il pouvait être coupé de sa ligne de retraite, prit la direction de Neufchàteau. Il invita l'adminis- tration du chemin de fer à lui préparer sur ce point tous les v^agons dont elle pourrait disposer pour transporter les troupes à Gh&Ions.

La pluie n'avait pas cessé de tomber depuis le départ de Sarrebourg, les hommes bivouaquaient dans des champs détrempés; ils n'avaient ni effets de campement, ni effets de rechange, et depuis Frœschv^iller ils n'avaient pas eu de repos. Leur santé commençait à s'en ressentir. Beaucoup d'entre eux étaient indisponibles. On forma de tous ceux qui étaient hors d'état de marcher un convoi qui fut dirigé de Lunéville sur Ghâlons par la voie ferrée (1).

(1) Le Major général envoya, à cet effet, le commandant Yanson à Nancy et le capitaine de France à Lunéville. (Ordre du 10 août.]

t04 LA GUERRE DR 187M874.

Souvenirs inédits du maréchal de Mao-Mahon.

40 août.

Dans la journée du 10, je fus informé que le gros de rarmée du Prince royal avait traversé les Vosges au Nord de Phalsbourg et que, d'après la marche de ses éclaireurs, il paraissait se diriger sur Nancy. Par suite, je crus devoir incliner ma marche un peu plus au Sud, de manière à venir reprendre le chemin de fer de NeufchAteau à Gommercy près de Yaueouleurs. J'informai l'Empereur de ce mouvement et il l'approuva. Le i*' corps vint coucher à LunéviUe et les deux divisions de cavalerie à Bayon.

. c) Opérations et mouTements.

Le maréchal de Mac-Mahon au Ministre de la gicerre (D. T. Ch.).

LaDéYille, 4 0 août.

Conformément aux instructions du Major général, je me porte sur GhAlons; Je coucherai le 1i à Bayon, le 42 à Colombey, le 13 A Gon- drecourt, le U à Ligny, le IS à Saint-Diiier, le 16 à Vitry, le 17 à Ghàlons.

Mes troupes sont si fatiguées que je resterai peut-ôtre deux jours de plus en route.

Le général de Failly quittera Nancy après-demain. Gette ville aéra évacuée. Tout ce qu'il y a à diriger sur le l^** corps devra être envoyé désormais à ChAlons.

Les troupes d'infanterie ayant perdu leurs sacs, envoyer à Ghàlons les marmites, gamelles et tentes-abris nécessaires pour le corps.

Du marécMl de Mac-Mahon. Ordre de moure- ment,

Luoéville, 40 août.

La brigade de Septeuil, les divisions d'infanterie du 1*' corps et la division Gonseil-Dumesnil partiront demain matin pour coucher à Haroué, en passant par Bayon, route directe de LunéviUe à Bar-le-Duc.

Le mouvement commencera par la 1'* division, qui se mettra en route à 4 heures; il continuera dans l'ordre sont campées aujour- d'hui les divisions.

M. le général Ducrot laissera un officier & la sortie de Rehainviller,

LA OURRRB DB 4870*4874. i05

pour indiquer la route à suivre aux divisions suivantes. La route à prendre est celle de gauche.

Les divisions enverront demain, avant le départ, à la gare du chemin de fer, tous les hommes incapables de marcher ; ils seront placés sous la direction des sous-officiers et caporaux qui se trouveront dans le même cas.

Les vivres nécessaires aux divisions seront apportés par des voitures de réquisition. Les fourrages seront touchés, avoine et orge, à la manu* tention ; paille et foin, au parc des fourrages.

Le chauffage sera touché chex Tentrepreneur de chauffage, près de la gare.

Les corps devront faire connaître leurs besoins urgents en argent et, pour cela, ils enverront leurs officiers au château, on fera une répartition des fonds disponibles.

Journée du 10 août.

CORPS. a) Journaux de marche.

Journal de marche dn 2^ corpe d'armée.

40 joût.

Le 2* corps d'armée continue sa marche dans le môme ordre. L'ar- tillerie de réserve et le parc du génie quittent Lemud k 2 heures du matin; à la même heure, le convoi et les bagages du 2* corps partent de fiemilly. La division de Laveaucoupet ouvre la marche; la division Vergé la suit; la division Bataille vient après; la brigade Lapasset ferme la marche, suivie par la division de cavalerie.

Le général Frossard, après avoir dépassé Ars-Laquenexy, établit le campement de son corps d'armée de la manière suivante : le quartier général au ch&teau de Mercy; la division Vergé à Mercy-le-Haut, à cheval sur la route de Strasbourg, la gauche un peu en arrière de la crête et appuyée au château, la droite dans la direction de la ferme de la fiasse«Bévoye; la division Bataille à gauche de la !'• division, sa

206 LA GUERRE DE 4870-4874.

droite au château de Mercy, sa gauche au village d'Ars-Laquenexy et occupant les bois de Mercy et d'Ars; la diyision de Laveaucoupet ea seconde ligne, derrière le centre, sa droite à la route de Strasbourg, sa gmnhs «pfwyée à Fétang de Mercy; la dÎYision de cavalerie (général de Yalabrègue) s^étabtit on pea en arrière de rextréme droite du corps d'armée, près de la ferme de la Raute-Bévoye.

L'artillerie de réserve et le parc du génie sont cempÀ eatre les fermes de la Haute et de la Basse-Bévoye, entre la cayalerie et la droite du corps d'armée.

La brigade Lapasset, partie d'Aubecourt à 6 h. 1/2 du matin, arrive à 11 h. 1/2 au TÎllage de Yillers-Laquenexy, en vue de l'ennemi, mais sans qu'il y ait eu d'engagement. Ordre lui est donné de se préparer à recevoir l'ennemi; en conséquence, elle prend position, sa droite à Laquenexy, son centre à Yillers, et sa gauche disposée selon la forme des crêtes et un peu en arrière, dans la direction de Pange.

Le général Lapasset fait travailler toute la nuit A fortiûer sa ligne, dont la gauche se trouve très en l'air.

1" DIVISION (Vbrgéi.

La division quitte la position de Remiliy à 5 heures du matin pour aller s'établir h Mercy>le-Raut, elle prend position vers 1 heure de l'après-midi.

S"* DIVISION (Bataille).

Le corps d'armée termine son mouvement de concentration sur Metz et vient camper autour de Mercy-le-Haut. ^ Le grand quartier général est à Mercy-le-Haut (8 kilomètres de Metz).

La 2* division, qui a formé l'arrière-garde pour cette marche, s'arrête à Ars-Laquenezy et s'y établit^ sa gauche appuyée à ce village, sa droite au château de Mercy-le-Haut.

La l'^' division campe à sa droite; la 3* division et la division de cavalerie en seconde ligne.

3*^ DIVISION (de Laveaucoufkt).

Le corps d'armée termine son mouvement de concenlratioa sous Metz.

Pour éviter l'encombrement, l'artillerie de réserve, qui est à Lemud, et le parc du génie, se mettent en marche à 2 heures du matin ; & la même heure, toutes les voitures des services administratifs partent de Remiliy. A 3 heures, les impedimenta de la 3' division sont mis en

LA GUERRE DB[1870-1871. Wl

route dans l'ordre habituel. A A heures, les troupes se mettent en marche dans Tordre suivant :

2" régiment de ligne; 63* régiment de ligne ; 10* bataillon de chasseurs; 24* régiment de ligne ; Artillerie ; 40* de ligne.

La caTalerie diyisionnaire, réclamée au général Frossard la yeille.

La â* division suit le mouvement de la 3*.

La division de Laveaucoupet arrive, vers midi, au village d'Ars- Laquenezy, et s'établit en avant de Grigy, sa droite à la route de Metz iV Strasbourg, en bataille, face au château de Mercy-le-Haut, s*est placé le quartier général du corps d*armée.

Le quartier général de la division est établi à la Grange-auz-Bois, derrière l'aile gauche de la division.

L'administration distribue des vivres.

Les corps organisent des commissions pour se procurer les ustensiles de campement les plus indispensables, car les magasins de Metz ne les renferment pas.

Des tentes-abris et un certafn nombre de couvertures sont distribuées aux corps qui les ont perdues. Cette mesure est d'autant plus appré- ciée, que le temps est couvert, et que, toute la nuit du iO août, la pluie est tombée à torrents.

Brigade Lapassbt.

Départ d'Aubecourt à 6 h. 1/2 du matin : arrivée à 11 h. 1/2 à Vil- lers-Laquenexy, en vue de l'ennemi, mais sans engagement*

La brigade reçoit Tordre de se préparer à combattre dans ses posi* tiens, en ayant sa droite à Laquenexy, son centre à Yillers et sa gauche allant dans la direction de Pange.

Les troupes travaillent toute In nuit pour fortifier cette ligne et retrancher les villages.

Division db gàvalbrii (de Valabrèguk).

Occupant le même poste que la veille (Remilly), la division de cava- lerie, qui avait Tordre de partir à 7 h. 1/2, quitte le village de Remilly à 9 heures : elle arrive au bivouac sous Metz, près de la ferme de la Haute-Bévoye, à 2 heures du soir. Elle s'y installe, occupant Textréme droite du campement du corps d'armée.

208 LK GUERRE DE 4870*1874.

Réserve d'artillerie

L'artillerie de réserve se dirige, avec le corps d'armée, sur Mercy-le- Haut, indiqué comme point de concentration. Les six batteries campent entre les fermes de la Haute et de la Basse-Bévoje, à droite de la route de Metz à Strasbourg, un peu au delà du village de Grigy.

La portion principale du parc arrive le 10 à Metz.

RfiSERVB DU GfiNIB.

Arrivée du corps d'armée à Mercy-le-Haut. Le parc et la réserve vont camper k la Haute-Bévoye.

c) Opérations et moavements.

Le maréchal Bazaine au général Frossard, à Han- sur-Nied.

PoDt-à-ChauBsy, 40 août, 3 heures matin.

Je donne l'ordre et recommande de nouveau au général Montaudon de se tenir en relation avec vous. Faites tous vos efforts pour rallier Gourcelles<sur-Nied et prendre position au-dessous, en passant par Yil- lers-Laquenesy, afin de vous relier complètement avec Pange, qui est occupé par le général Montaudon. Je vous envoie l'extrait des instruc- tions de l'Empereur, qui m'ont été adressées hier soir, ainsi qu'une carte des environs de Metz.

Faites-moi prévenir de tout ce qui peut survenir et de votre arrivée sur les positions indiquées.

Le général Frossard au maréchal Bazaine y corn,- mandant en chef (Lettre autographe).

Au qHarticr général da Mercy-le-Haut, 40 août.

J'ai reçu oe matin vos instructions, étant en route pour venir occuper la position de Mercy-le-Uaut, devant Metz, et déjà trop engagé dans cette voie pour pouvoir les exécuter complètement.

Ce qu'il m'a été possible de faire, c'a été d'arrêter sur la position de Courcelles-sur-Nied la brigade Lapasset, qui formait mon arrière-garde, et de l'établir, vers 10 heures, sur la hauteur entre Laquenexy et Villers, d'où l'on maîtrise la route venant de Remilly et la station du chemin de fer. Le général Lapasset a deux régiments d'infanterie, deux régiments de cavalerie et deux batteries d'artillerie ; îl est en comrou'^ nication avec le général Montaudon.

LA GUERRE DE -1870-4871 . 209

Depuis, j'ai établi la divisioa Bataille à 4 kilomètres à la droite du général Lnpasset, entre le village d'Ars-Laquencxy et le château de Merq -les-Metz, sur une très belle positioo. Ils pourront, de là, se porter très rapidement sur la gauche, pour entrer en action.

Quant à mes deux autres divisions d'infanterie, elles sont : la division Vergé, à cheval sur la route de Strasbourg, à la droite du châ- teau de Mercy, et la division de Laveaucoupet en arrière, formant deuxième ligne.

J*occupe ainsi, sauf quelques rectifications qu'il sera nécessaire de faire, la droite de la seconde ligne de bataille, qui est tracée en rouge sur le dessin joint aux instructions qne vous avez envoyées.

J'ajouterai que plusieurs de mes régiments étant excessivement fati- gués, je n'aurais pas pu les faire placer en première ligne dès aujour- d'hui. Il faut que je les laisse se reposer un peu et se pourvoir des ustensiles et des petites tentes qu'ils ont perdus dans leur combat du 6.

Journée du 10 août.

CORPS.

a) Journaux de marche. Journal de marche du 3^ corps d'armée.

40 août.

Le corps conserva ces positions (Pont-à-Chaussy) pendant la jour- née du 10 août; c'est à ce moment que fut résolue la retraite de l'armée sur Verdun, puis sur Châlons pour rallier la armée qui s'y formait et pour couvrir ainsi Paris. La perte de la bataille de Reichs- hofTen, les masses prussiennes qui, au lieu de poursuivre les corps de Failiy et de Mac-Mahon, cherchaient à nous tourner par Nancy pour nous couper de Paris, déterminèrent l'Empereur â renoncer à l'ofifen- sive et à porter l'armée entière sur la rive gauche de la Moselle, mou- vement qui aurait changé toutes les conditions de la campagne s'il eût été eflfectué plus rapidement et s'il n'eût été contrarié dans son exécu- tion par des télégrammes venus de Paris. Ce passage fut préparé par une nouvelle concentration, sous la protection des forts de la rive droite, car on s'attendait â une attaque prochaine du corps de Stein- metz, qui s'avançait par les routes de Sarrelouis et de Sarrebrûck.

»• fase. Doosm. 14

210 LA GUERRE DE 1870-1871.

i'» DIVISION (MONTAUDON). * ^

La 2' brigade, restée à CourcelIes-sur-Nied, quitte son campement à 8 heures du matin et se porte sur Pange. On s*y arrête en attendant de connaître les emplacements doit se former l'armée. Les 3* et 4" divisions du corps sont arrivées, et la Garde est aussi campée sur les hauteurs, à droite de Pange.

A 10 heures, les troupes prennent position sur les hauteurs, la droite au village de Pange, qu'occupe la compagnie du génie; le bataillon de chasseurs, dans le bois de Pange ; la brigade, en arrière du village de Mont, oh arrive la droite de la 3^ division.

A minuit, arrive Tordre de prendre les armes k 3 heures du matin et d'abattre les tentes. Un violent orage éclate, avec une pluie torren- tielle qui dure toute la nuit.

A 2 heures du matin, la division reçoit l'ordre de partir pour Grigy (4).

DIVISION (DE CaSTAGNT).

Séjour à Mont et Urville.

^^ DIVISION (Mbthàn).

Dans la marche du 9, la division, formant Tarrière-garde, a laisser passer devant elle tous les convois et toutes les troupes; elle n'est arrivée à Mont qu'à minuit.

Le 10, séjour à Mont.

(1) « Le 10 août, dans ia matinée, à la suite d'une nouvelle confé- rence entre l'Empereur et le Maréchal, les 2*, 3^ et 4* corps sont con- centrés sur les hauteurs qui dominent la Nied française et le village de Pange; la Garde forme réserve en arrière. £n prévision d'une attaque possible de la part des Prussiens, les troupes prennent des positions défensives, et les instructions sont données comme si on devait livrer bataille. Nous restons ainsi, toute la journée, sous une pluie torren- tielle.

« Dans la soirée, les ordres et les contre-ordres se succèdent. A minuit, je dois tenir, prêts à partir en éclaireurs, mes escadrons du 3^ chasseurs ; pendant plusieurs heures, les chevaux sellés et bridés, cavaliers en tête, restent immobiles sous la pluie, et trempés jusqu'aux os. Enfin, à 2 heures du matin, je reçois l'ordre de faire abattre les tentes et de me mettre en route sans bruit de tambours, pour aller camper à Grigy, près Mcl«. » (Général Montaudon, Souvenirs militaires^ page 86.)

LA aUBRRB DE 4870-4874. ÎM

DITISION (DbCABN).

La 1'^ brigade, et toutes les troupes campées à Pont-à-Chaussyi viennent prendre position en avant de la 2* brigade. La division reste en position. Rien à signaler. (La 2* brigade était établie, depuis la veille, en arrière de Silly.)

DlYl^IOlf DE CàYàLBRIB (DB CLfiRBMBAULT).

A t heures du matin, le général de Bruchard part à la tète des 2* et 10" chasseurs, en colonne mobile.

Les quatre régiments de drngons, après s'être installés un moment en avant du petit bois de Silly, vont s'établir entre cette localité et le lieu dit de Landremont.

L^infanterie prend position comme si Ton était menacé d*line attaque immédiate.

Un régiment de dragons est envoyé en avant-postes en avant de Pont-à-Chaussy ; le 2", le A^ et le S'' dragons exécutent successivement ce service pendant quatre heures.

Vu la proximité présumée de Tennemi, les chevaux sont envoyés à Tabreuvoir, sellés, et les cavaliers en armes. Un régiment doit toujours avoir ses chevaux sellés.

Uéserye d^artillbrib.

La réserve d'artillerie bivouaque encore à Pont-à-Ghaussy, mais dans uue position située en arrière de la première, au lieu dit « la Tuilerie de Saint-Agnan ». Deux batteries occupent une crête, en avant, défendant la route de Courcelles-Ghaussy.

RASBRVB DU GÉNIE.

Ordre est donné de 9^ retirer sur la rive gauche de la Nied. On met en état de défense le village de Pont-à-Ghaussy et on prépare les maté- riaux nécessaires pour y barricnder le pont.

Vers 5 heures du soir, la réserve du génie rejoint rétat^major. (La réserve avait passé la nuit du 9 au iO à Gourcelles-Ghaussy.)

c) Opérations et moavemeiits.

Du général Montaudon. - Correspondance avec te maréchal Bazaine.

40 août. Reçu l'ordre de départ de Faulquemont pour Pange. Le départ a

^ilt LA aURRRE DE 1870-4874.

lieu à 10 h. 1/2 du matin. La marche est lente au départ, à cause des bagages de la 3* division qui encombrent la route. La queue de la colonne, à partir de Faulquemont, est suivie par des éclaireurs de l'ennemi ; quelques coups de feu sont échangés sans résultat.

La marche est retardée par les bagages et les troupes du corps, qui coupent la colonne des bagages placée entre les deux brigades, à Tembranchemcnt au-dessous de Herny. La première partie de la colonne, composée de la ^^ brigade, de Tartillerie et d'une partie des bagages, n'arrive à Pange que vers 9 heures du soir et la deuxième partie à 1 h. 1/2 du matin.

Le 3^ chasseurs, qui avait été envoyé dans la matinée vers Gros- Tenquin, revient après avoir rencontra une reconnaissance de cavalerie et lui avoir fait 9 prisonniers.

Le maréchal Bazaine au général Moniaudon, corn- mandunt la l'« division du l^"" corps. Note.

m

PoDt-à-Cbau8sy, 10 aoât, 8 b. 40 soir.

Demain, à 3 heures du matin, les tentes devront être abattues, les voitures chargées et attelées, les hommes aux faisceaux, les cavaliers à la tète de leurs chevaux.

Tenez -vous prêt à exécuter des ordres de mouvement que vous recevrez dans la nuit.

Le maréchal Bazaine au général Montaudon, Ordre.

PoDt-à-€haTiss7, 10 août, 41 b. 45 soir.

Le général Montaudon, avec toute sa division, quittera les positions d'aujourd'hui 10 août demain, à 4 heures du matin. Il fera filer ses ba- gages qui, d'après les ordres donnés, doivent ôtjpe chargés dès ce soir, le plus tôt possible, en avant de lui.

Les colonnes, bagages et troupes, suivront le chemin de Villers-Laquc- nexy, Laquenexy, Ars-Laquenexy et Grigy, il se formera h la gauche de M. le général Frossard, avec lequel il se mettra en communicMiou . La gauche de sa division sera dirigée vers la cote 223, «ur le chemin de Golombey à Borny, environ à un kilomètre en arrière de Colombey.

Dans cette nouvelle position, sa division devra camper sur deux lignes, avec de fortes réserves en troisième ligne.

Au reçu de cette dépèche et avant de vous mettre en route, faites prévenir le général Lapasset de votre mouvement sur Metz afin qu'il s'y conforme et qu'il en informe lui-même le général Frossard.

LA GUERRE DE 4870-1871. 343

P.S. Ile^t bien entendu que tous devrez vous guider dans réta- blissement de vos bivouacs sous Metz, sur les formes du terrain et les nécessités de la défense.

Mon quartier général sera demain soir aux Bordes.

Le maréchal Bazaine au général de Castagny. -— Ordre,

Pont-à-Chausiy, iO août.

Le il août, à 5 heures du matin, vous quitterez vos positions de Pont-à-Ghaussy pour vous porter par la grande route de Sarrebrûck, entre Golombey et Montoy, à cheval sur la route que vous aurez suivie, vous reliant par votre droite à la gauche de Metman et par votre gauche à la droite de Decaen.

Vous n*emmënerez avec tos troupes que vos batteries de combat. Tous vos impedimenta auront quitté leur emplacement à 4 h. i/2 du matin, au plus tard, pour prendre la grande route de Metz. Que les ordres les plus formels soient donnés au commandant de votre convoi pour le faire marcher sur deux rangs chaque fois que cela sera possible.

Dans votre nouvelle position, vous camperez sur deux lignes, avec une forte réserve en troisième ligne, en vous guidant sur les formes du terrain et les nécessités de la défense.

Mon quartier général sera demain soir aux Bordes.

Le maréchal Bazaine au général Melman. Noie.

GhAteau d'Urville, 10 août, 11 h. 45 soir.

Demain M août, à 3 heures du matin, les tentes deTront être abattues ; les voitures chargées et attelées, les hommes aux faisceaux, les cava- liers à la tète de leurs chevaux.

Tenez- vous prêt à exécuter des ordres de mouvement que vous rece- vrez dans la nuit.

Le même au même. Ordre.

ChAteau d'Urville, 10 août, 14 b. 45 soir.

Le 11 août, à 4 heures du matin, la division Metman quittera ses positions pour se rapprocher de Metz. Elle se fera précéder le plus tût possible de tous ses bagages et impedimenta, ne gardant avec elle que ses batteries de combat. Elle suivra la route qu'elle fera reconnaître la meilleure et qui doit passer probablement par Golligny , Ogy et

fli^ LA QUBRRB DE 4870-'l871.

Coloqabey , Elle appuiera sa (Iroite à la division de Montaudon, diri- geant sa gauche yers un petit bois que le plan des environs de Metz, envoyé avec le rapport de ce jour, indique entre le chemin de Colorabey à Borny et la route de Metz à Forbach.

Dans cette nouvelle position, les troupes seront établies sur deux lignes, avec de fortes réserves en troisième ligne.

P,'S. Il est bien entendu que tous devez vous guider, dans Téta- blissemeot de yos bivouacs sous Metz, sur les formes du terrain et les nécessités de la défense.

Demain soir^ mon quartier général sera aux Bordes (route de Metz}.

Le maréchal Bazaine au général Decaen. Ordre.

Pout-à*GhaasB7, 40 août, 41 b. 46 soir.

Le il août| à 4 heures du matin, vous quitterez vos positions de Silly-sur-?iied avec votre division. Vos bagages et vos impedimenta devroQt être en route une heure avant vous. Vous n'aurez avec tos troupes que vos batteries de combat.

Vos deux colonnes suivront le chemin de Retonfey, se dirigeant sur Nouilly par Montoy.

Vous vous établirez à la gauche du général Castagny et à la droite du corps Ladmirault qui vient s'appuyer à la grande route de Metz à Sarrelouis.

Dans cette nouvelle position, vous vous établirez sur deux lignes avec une forte réserve en troisième ligne, en vous guidant sur les formes du terrain et sur les nécessités de la défense. .

Mon quartier général sera demain soir aux Bordes.

Le maréchal Bazaine au général de Clérembauli. Ordre.

PoDt-à-Chaussy, 40 aoât.

Votre division formera demain, i \ août, Tarrière-garde dans la marche sur Metz.

Vous aurez quatre batteries de la réserve.

Les bagages et impedimenta prendront la grande route immédiate- ment après mes t)agages, qui partiront à 3 heures du matin.

LA aUERRB DE 4870-4874. 245

Journée du 10 août.

CORPS.

a) Joarnaux de marche.

Journal de marche da A* corps d'armée.

40 aoiM.

Quartier général du corps, Au oh&teau de Gras.

La 1** difision qui avait sa droite à Glattigny et sa g;auehe à Gheaby, coDienre une brigade à Glattigny et porte l'autre en éobolons sur la route des Étangs, avec miision de fouiller et d'oceuper les bois Tors Rayes.

La 2* division, dans la matinée, prend position autour de Cheuby, s'établit son quartier général. Elle ocoupe le bois en avant de ce hameau.

La 3* division porte sa droite sur lei hauteurs de Sainte«-Barbe et rabat sa gauche en arrière de manière à observer le ravin qui longe la route de Mets à Bouxonville.

Artillerie» ^ Réserve près du chdleau de Gras.

Cténie, A Fembranchement de la route de Sarrelouis et du che- min conduisant au château de Gras.

Cavalerie, Brigade de hussardS) entre le Petit-Marais et le village de Retonfay.

Brigade de dragons, entre le Petit-Marais et Sainte* Bai'be.

Un escadron du â* de hussards envoyé des Étangs sur Boulay tra- verse ce village et rencontre 30 uhlans qu'il charge avec succès.

Administration. Dans la ravin de Vantoax.

i^ DIVISION (dB CiSSBY).

La division est portée sur le plateau de Glattigny et y prend un ordre de combat, car on s'attend à être attaqué. Le général de Cissey forme ses troupes sur deux ligneij, par brigades accolées. L'artillerie de la division prend des positions favorables à son tir. On fait créoeler plu- sieurs maisons sur notre front, creuser quelques tranchées, et organiser un redan avec des fascines, auquel s'appuie notre droite. La division de

il16 LA GUERRE DE 1870*4874.

Lorencez est à notre gauche; !a division Grenier (2® du Â^ corps), en seconde ligne, forme notre réserve. La division de grenadiers de la Garde est à notre droite.

Des reconnaissances sont poussées très au loin : elles 'rentrent sans ayoir aperçu l'ennemi.

Le soir, au rapport, chez le général commandant le 4* corps, le géné- ral de Gissey est prévenu que le maréchal Bazaine a été investi da commandement en chef de l'armée du Rhin.

Souvenirs inédits du général de Cissey.

10 août.

Nous nous portons sur ie plateau de Glattigny, en ordre de combat, car on s'attend k être attaqué. Je forme mes troupes sur deux lignes, par brigades accolées; mon artillerie prend de bonnes positions; je hâs créneler des maisons, organiser un redan avec des fascines et creuser quelques tranchées-abris. La division Lorencez est à ma gauche; la division Grenier en réserve en seconde ligne; la division de grenadiers de la Garde à ma droite.

Des reconnaissances de cavalerie ont été poussées très au loin ; elles rentrent sans avoir aperçu Tennemi.

Le soir, rapport chez le général en chef : nous sommes prévenus que le maréchal Bazaine a pris le commandement en chef de l'armée et que le maréchal Le Bœuf a cessé les fondions de major général. En ren- trant, je rencontre le maréchal Bazaine en phaéton attelé d'un magni- fique cheval anglais, qu'il conduit lui-même; il est sans escorte; il me dit en passant qu'il avait demandé ma nomination de chef d'état-major général de son armée, mais que l'Empereur lui a imposé le générai Jarras. Il parait le regretter. G' est très flatteur pour moi, mais c'e^t bien heureux; j'aurais sans doute rendu des services, j'en ai la certi- tude, mais j'iturais été impuissant à empêcher la catastrophe finale et mon nom serait attaché à cet acte si fatal à la France et à l'armée de Metz (1).

â^' DIVISION (Grenier).

Sur pied à 3 heures du matin, la division Grenier est placée à soq poste de combat, ainsi que les autres troupes du 4^ corps. La l'* dîvî-

(1) Il est à remarquer que le général de Gissey commet ici une erreur de date. La prise de commandement de Parmée par le maréchal BazaiD<' et la démission du maréchal Le Bœuf sont du 12 août; encore ne sont- elles efiTectives qu'à partir du i3.

LA GUBRRE DB 4870-1874.

247

sion tient la droite, se reliant à la gauche de la Garde impériale ; la division à la gauche de la division, qui occupe la position comme ci* dessous.

JjeAllTdn^^

Des bois couvrent le front : ils sont foitement occupés par deux bataillons du 98^, un du 43* et un du i3' de ligne, avec postes de sou- tien à la ferme de Libaville et à la maison près de la route, qui a été crénelée. Le village de Cheuby, est établi le quartier général, est barricadé et crénelé. Des arbres coupent les chemins dans la plaine et les bois. Enfin, toutes les dispositions sont prises pour la défense.

Division db cavalerie (Legrand).

Le 10 août, la 1'* brigade se porte à la ferme de GbAtillon et revient ensuite, sans desseller, au Petit-Marais, la division se trouve réunie.

Réserve d'artillerie.

Journal de campagne du lieutenant Palle (9« batterie du régiment).

On nous réveille à 3 heures. Nous attelons et restons ainsi jusqu'à \\ heures. Reconnaissance du ravin que nous avons en arrière de nous, dans le cas il aurait fallu partir par le plateau de Servigny. Rien no paraissant, nous dételons. Le gén/iral de Ladmirault passe dans noire camp sur les midi. On nous dit que Bazaine est nommé général en chef de Tarmée de la Moselle, Mac-Mahon de Tarmée du Rhin.

24 s LA GUERRE DE 187(M874.

Dans raprès-midi, nous allons au fourrage; on touche de TavoÎDe et M. Histcbler, sous-intendant, nous autorise à acheter directement du fourrage à Servigny ou dans d'autres villages, dans des limites de prix qu*il nous fixe.

c) Opérations et moavemeiits. Le Maréchal Bazaine au général de Ladmîrault.

GourcelIes-sor-Nied, 10 août.

Je TOUS envoie l'extrait des instructions de l'Empereur et la carte des environs de Metz. La division Grenier a vous rallier hier soir. Faites faire des reconnaissances et tenez -moi au courant de votre situation.

Il est probable que nous ne bougerons pas d'aujourd'hui.

Le général de LadmirauU au maréchal Bazaine, commandant en chef (Lettre).

Quartier général aa château de Gras, 10 août.

Je vieus vous accuser récei)tion de votre dépêche du 10 août, datée de Pont-à-Ghaussy, renfermant les instructions de l'Empereur.

J'ai établi mes troupes dans les positions indiquées par Sa Majesté, mais selon le terrain et les avantages qu'il présente. Ma position com- prend Glattigny, Cheuby et Sainte-Barbe, sur des plateaux qui dominent et enfilent à grande distance tous les ravins qui se trouvent en avant. Les bois de Cheuby et de Hayes sont occupés jusque sur la lisière, dans le bas des ravins. Les routes d'exploitation seront barricadées par des abatis de bois. Le village des Étangs, en lui-même, n'est pas une posi- tion militaire; il est encaissé et dominé de toutes parts. £n cas d'at- taque, le pont serait barricadé et ne pourrait servir à l'ennemiy qui» <tM reste, aurait plus d'avantages à suivre la vallée de la Nied. Toutefois, le village des Étangs est occupé par deux compagoies et les plateaux qui le dominent, en suivant la route vers Glattigny, sont occupés par des échelons avec de l'artillerie.

Le général de Gissey (l'*' division) occupe les positions de GlattigfiJ et les ravins vers Silly-sur-Nied, se reliant avec les troupes de la Garde impériale, qui sont campées de ce côté.

Le général Grenier (2« division) tient depuis la route Jusques et y compris le village de Gheuby. Sa position domine les ravins qui sont en avant de lui et il a fait occuper tous les bois qui se trouvent de ce côté.

LA GUERRE DE 4870-'! 874. 249

Le général de Lorencez (3' dWision) occupe le plateau de Sainte- Barbe, dont la position de gauche domine admirablement les positions d'Avancy, Vry et Vigy.

De fortes reconnaissances partent chaque jour dans la direction de la route de BouzoQTille d'un c6té et de celle de Boulay de l'autre. C'est ainsi qu'hier, 9, des patrouilleurs de uhlans et de hussards français se sont rencontrés en avant de Boulay, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en rendre compte.

D'après les rapports que je reçois des maires et habitants de la fron- tière Tors Sarrelouis, l'ennemi assemblerait des forces nombreuses qu'il semblerait vouloir diriger dans la direction de Saint-Avold. Ainsi, des troupes nombreuses d'infanterie auraient été vues à Merten, à Ham- sous-Varsberg et Porcelette. Jusqu'ici, de Bouzonville, on ne signale pas d'infanterie, mais de fortes reconnaissances de cavaliers prussiens.

Le général de Cissey au général Osmont^ chef d' étal- major général du 4^ corps d'armée.

GlattigDy, 40 août.

Lorsque le général en chef m'a envoyé un officier d'état-major pour asseoir ma nouvelle position et modifier ses premiers ordres, il a été convenu verbalement que j'occuperais, avec ma division, l'éperon qui descend sur les Étangs, les ravins et les bois qui sont à droite et à gauche, jusqu'à la vallée de la Nied, en me raccordant avec la Garde impériale et la division Grenier.

Dans la pensée de M. le général en chef, le bois de gauche devait surtout être défendu par la division Grenier, mais on avait assigné comme ligne de séparation le chemin qui traverse le bois et qui paraît parallèle à la route de Metz (mais qui, en réalité, tourne à gauche et laisse à droite plus des deux tiers du mouvement de terrain). Il en est résulté que la division Grenier n'a presque rien fourni eu avant d'elle et que j'ai mis dans le bois quatre bataillons de la 2* brigade, n'en gardant que deux en réserve en dehors. Est-ce cela que veut M. le général ea chef? Ou bien dois-je plutôt concentrer mes forces pour la défense de la route de Metz? Il m'a paru que les dispositions de troupes prises par la %^ division et celles indiquées verbalement par un officier d'état-major ne répondaient pas bien au but qu'on se propose et que les positions n'étaient pas bien occupées. Ceci est pour éviter tout malentendu.

P.-S. Un escadron du 3* hussards reste-t-il attaché à la !'• divi- sion, comme c'est désirable, ou est-il embrigadé? Il résulte de l'embri- gadement de cet escadron que je ne puis disposer d'un homme pour

220 LA GUERRE DE 1870-4874.

les bpsoiDs du service sans ra'adresser au général commandant la caTa< lerie, ce qui amène des retards énoi*mes pour Texécntion.

Le général de Ladmirault aux généraux de Cissey et Grenier.

40 août.

Diaprés les dispositions arrêtées ce matin, la portion du bois de Hayes qui doit être gardée par chacune des i**^ et 2* divisions est limitée par une route qui traverse le bois et qui part de Mazagran. D'après cette répartition, la portion gardée par la 1'^ division est beaucoup plus considérable que celle qui est occupée par la 2°.

La portion qui doit être gardée par la i'<^ division sera réduite; le général commandant cette division s'entendra à cet e£fet avec le gêné- rai commandant la 2^ division, de manière à fixer de concert la démar- cation de leurs postes, en égalisant le service dans le bois pour les deux divisions et en ayant soin qu'aucune partie du bois ne reste sans garde ni sans surveillance.

Journée du 10 août.

CORPS.

a) Journaux de marche. Journal de marche dn S'' corps d'armée.

40 août.

D'après les ordres de l'Empereur, le 5^ corps doit donc marcher sur Nancy.

En raison de la grande distance qui sépare encore de cette ville ses troupes fatiguées, le général de Failly décide qu'elle sera parcourue en /ieux étapes.

La colonne de droite, qui est à Récbicourt, ira coucber à Lunéville, d'où elle repartira le lendemain pour Nancy.

La division Lespart et la cavalerie du général Brahaut reçoivent, le 10, Tordre de partir de Baccarat, le il pour Blainville et le i 2 pour Nancy.

LA GUERRE DE 1870-1874. 221

Ainsi donc, le 41 et le 12, le corps doit être réuni en entier dans cette dernière ville.

La colonne partant de Réchicourt (division Goze, brigade Maussion, artillerie de réserve, ambulances) se met en route, avec le général en chef, !\ 5 heures du matin. Elle a une distance de 30 kilomètres environ à parcourir en suivant des chemins vicinaux à peu près parallèles au chemin de fer de Strasbourg.

La pluie tombée depuis quelques jours, et qui#ne cesse pas, a rendu ces chemins fort mauvais et la marche des plus pénibles. La colonne passe par Moussey, Remoncourt, Emberménil, la Neuveville-aux-Bois et Marainviller.

Le général arrive à Lunéville, avec .«a colonne, vers 4 heures du soir, au milieu d'un violent orage, après avoir été obligé de s'arrêter longtemps à quelque distance de la ville, pour laisser passer les troupes du 1" corps.

La division Goze et le restant de la colonne sont péniblement installés sur le terrain de manœuvre de Lunéville. Les troupes campent dans Teaii. Les officiers n'ont point de tentes, et beaucoup d'entre eux se réfugient dans les maisons les plus voisines, ce qui nuit beaucoup à la discipline et au maintien de l'ordre.

A son arrivée, le géni^ral en chef se rend au château, il trouve le maréchal de Mac-Mahon à qui il communique les instructions qu'il a reçues la veille à Réchicourt pour marcher sur Nancy. Le Maréchal lui apprend que, d'après des renseignements certains, des têtes de colonnes ennemies étant signalées du côté de Château-Salins, Dieuze et Marsal, il a envoyé l'ordre au général de la Charriera, commandant k Nancy, de faire sauter les ponts et de se retirer. Mais, le corps devant actuellement aller :\ Nancy, le général prie le maréchal de Mac-Mahon de vouloir bien donner contre-ordre au général de la Charrière, qui devra attendre rarrivée de ce corps avant de faire sauter les ponts et de se retirer.

Il reçoit, du reste, la dépêche suivante de cet officier général :

ic Seul et sans troupes à Nancy. Le maire et le conseil municipal s^opposeot à ce qu'on fasse sauter les ponts,' de peur de représailles de Tennemi. Que faut-il faire? »

Le général de Failly lui répond aussitôt : « Attendez l'arrivée du 5* corps à Nancy. »

L'ordre de marche sur Nancy est donc établi dans la soirée pour le 5*^ corps, qui devra se mettre en route le lendemain matin.

La nuit du 10 au 11 se passe dans les plus malivaises conditions pour la troupe. Presque toutes les petites tentes sont renversées par la tem- pête, et le soldat reste ainsi sans abri jusqu'au jour.

282 LA O.UBRRE DE 4870-4871.

Dans cette même nuit, un officier du grand quartier général, le capitaine de France, apporte au général de Failly une lettre du Major général, datée du 8, qui lui confirme Tordre de marcher sur Nancy, en donnant des explications sur le mode d'exécution (i). Cette lettre est ainsi conçue : (Voir Journal de marche du corps, rédigé par le capi- taine de Piépape. Bévue cTHistoirey novembre 1902, page 1162.)

Le capitaine de France, porteur de cette dépêche, confirme au géné- ral de Failly Tarrivée des têtes de colonnes ennemies h Ghàteau-Salins, Dieuze, Mnrsal, et lui annonce en même temps la marche positive de forces imposantes sur Pont-à*Mousson.

Dès lors, le général de Failly a tout lieu de craindre d'être devancé par Teonemi sur Frouard et sur la Meurthe, puisque, marchant perpen- diculairement h. cette rivière, les Allemands, ayant des gués et des ponts à leur disposition, sont libres ilo choisir la position l:i plus propice pour lui barrer le chemin.

Le corps, divisé en deux colonnes à vingt-quatre heures de dis- tance, ne peut s'avancer sur Nancy que par une marche de flanc sur la rive gauche de la Meurthe, à partir de Saint-Nicolas, parallèlement à cette rivière.

On commettrait sans contredit une grande faute en «'avançant dans ces conditions. Quelques batteries ennemies, établies sur la rive droite, suffiraient pour arrêter cette marche et séparer de nouveau le corps d'armée, comme cela était déjà arrivé à Bitche.

Si Tennemi, maître de Lunéville au Sud, franchissait la Moselle au Nord par JPont-à-Mousson, la ligne de retraite sur Chàlons, comme sur MetK, était dès lors des plus compromises. Le 5^ corps, débordé sur ses deux ailes, pouvait être cerné et un désastre, dans ce cas, était à craindre, surtout avec des troupes dont le moral était déjà affaibli par le contact des débris du 1^' corps, les fatigues et les privations qu^elIes éprouvaient depuis plusieurs jours.

Toutes ces conditions et la latitude que lui donnait la lettre du Major général, en cas de rencontre de l'ennemi, décident le général en chef fi changer son itinéraire au moment même il allait partir pour Nancy.

£n agissant ainsi, il ne fait que se conformer aux instructions de l'Empereur, qui lui a laissé Tappréciation de la nécessité de marcher sur cette ville.

Apprenant du capitaine de France que ce mouvement n'était pas le résultat d'une combinaison, mais qu'il était simplement dicté par l'état des choses au 8 août, état singulièrement modifié depuis le 10, le géné-

(1) Cette lettre fut remise, en réalité, au général de Failly le 9 août.

LA GUERRE DE 4870-4874. 223

rai, en raison des considérations précédentes, n^hésite plus à se servir de la latitude que doivent lui donner les circonstances.

11 prévient )e Maréchal que, d'après les derniers renseignements arrivés pendant la nuit sur la proximité, de Tennerai, les plus simples règles de la prudence s'opposent actuellement à la marche du 5* corps sur Nancy; que, dès lors, ce corps va suivre le 1®'* et continuer à pro- téger sa retraite.

Il fait télégraphier, en conséquence, au général de la Gharrière d'avoir à exécuter les premiers ordres du Maréchal, de faire sauter les ponts et de se retirer.

Le Maréchal a déjà mis ses troupes en marche sur Bayon et Yézelise. Il prescrit au 5* corps de le couvrir sur sa gauche et d'aller franchir la Moselle à Charmes, pour se porter ensuite sur Mirecourt.

Avant de partir, -le général de Failly charge le capitaine de France de rendre compte à l'Empereur des raisons qui l'ont obligé k ne pas suivre la route de Nancy, et propose de marcher sur Véielise pour les motifs énoncés dans la dépêche ci-après, adressée de Charmes au Major général. (Voir journée du ii août.)

Journal de marche du corps d'armée^ rédigé par le capitaine de Piépape.

40 août.

Le corps d'armée, en exécution des ordres de FEmpereur, se porte à Lunéville, la distance de Réchicourt à Nancy étant trop longue pour une étape. Pendant la nuit, le commandant Perrotin, de l'état-major général, va, en locomotive, reconnaître Dieuze, l'ennemi n'est pas encore signalé; mais il y arrive et marche sur Château Salins

Les ordres sont donnés de se diriger le 4i sur Nanry. La division Lcspart et la cavalerie firahaut reçoivent également \v iO, à Baccarat, Tordre de partir le H pour Blain ville et le 12 pour Nnnoy.

L'ordre de mouvement pour le H est fait pour Naix y, mais il est modifié au moment du départ, le 11 au matin, par suite des nouvelles qui signalent TarrÎTée des Prussiens à Château -Salins.

L'officier porteur de la dépêche du grand quartier général fait oon* naître la marche positive de l'ennemi sur Pont-à-Mousson.

Le général en chef craint d'être devancé sur Frouard. Il hésite à prolonger une marche de flanc à peu de distance de l'ennemi, marche d'autant plus périlleuse que les colonnes s'allongent de plus en plus, par suite de traînards. Le 5* corps se trouve divisé en deux colonnes, à vingt^quatre heures de distance. La cavalerie est épuisée par son ser- vice d'éclaireurs : elle n'a eu aucun repos depuis sa pointe sur Rohrbach des 8 et 9 août. En conséquence, abandonnant la direction sur Nancy,

224 LA GUERRE DE 1870-1871.

qu*il regarde comme trop compromise, le général de Failly, inter- prétant les instructions de la dépêche reçue à Réchicourt, qui lui inter- disent de combattre, croit devoir se dérober davantage par une marche plus au Sud et suivre le Maréchal en continuant à protéger sa retraite.

Note adressée à la Section historique de V État-Major de V Armée, le li décembre i901 , par M, le général de France.

Le 9 août 1870, étant à Metz, au grand quartier général, je recevais l'ordre de me rendre auprès du général de Failly, qui avait été entraîné avec son corps d'armée dans la retraite effectuée par le !•' après Reichs- hoffen, et dont on ne savait pas au juste la situation. Parti de Metz vers 4 heure de l'après-midi, en chemin de fer, je me rendais à Nancy et, prenant dans cette gare un train spécial, en vertu des instructions du Major général, je me dirigeais vers Sarrebourg. A l'une des stations, j'apprenais que le quartier général du c^rps devait être à Récbicourt- Ic-Ghàteau et je m'y arrêtais. Il était 6 heures du soir lorsque je trouvai le général de Failly, auquel j'avais à remettre une dépêche portant le n^ 193 du registre de correspondance de la 2" section de l'état-major général, laquelle commençait ainsi :

<c J'ai l'honneur de vous faire connaître que l'ennemi est entré à Sarralbe et parait se diriger sur Nancy, il peut être dans cinq jours. »

Le dernier paragraphe était le suivant :

« Cette lettre vous sera portée par le capitaine de France, de i'état- major général, à qui vous pouvez conGer la réponse que je vous prie de me faire. :>

Le général de Failly se montra très préoccupé d'avoir à entreprendre, pour se rendre à Metz par Nancy, une marche de flanc dans le voisi- nage presque immédiat des têtes de colonnes de l'ennemi. Les troupes qu'il avait avec lui à Réchicourt étaient très ébranlées par une retraite précipitée, commencée à Bitche et effectuée dans des conditions telles qu'officiers et soldats étaient dépourvus de tous bagages et de tout campement.

Rentré k Metz à 2 heures du matin (nuit du 9 au iO août), je rédi- geai, pour le Major général, un rcipport qui doit se trouver aux Archives de la guerre (1 ).

Ce môme jour (10 août), vers midi, l'Empereur me fit appeler pour me demander des explications sur mon rapport.

{i) Voir page 227.

LA GUERRE DE 4870-4874. 225

Ces ezpUcationg entendues, l'Empereur me chargeait d'aller de nou- Teau trouTer le général de Failly et de lui confirmer Tordre de se diriger sur Metz, mais de lui dire qu'il pouTait passer par Toul pour éyiter Tennemi, déjà signalé à Dieuze et Château-Salins, en marche sur Nancy.

La dépêche télégraphique suÎTante était adressée le même jour, par le Major général, au général de Failly :

« Notre concentration sur Metz est terminée. L'Empereur désire que TOUS y. opériez votre jonction ayec nous, si l'ennemi tous en laisse la possibilité.

Je TOUS euToie le capitaine de France. »

Parti de Metz une seconde fois Ters 3 heures de l'après-midi, j'étais à minuit à LunéTille, auprès du général de Failly.

Je lui confirmai Terbalement le télégramme euToyé de Metz dans la journée et j'ajoutai que, tout en désirant lui Toir opérer sa jonction à Metz aTec les autres corps qui s'y trouTaient déjà, l'Empereur ne lui faisait pas une obligation de passer par Nancy et Pont-à-Mousson et qu'il pouvait prendre la route de Toul.

Le général de Failly décidait alors que le 5* corps, afin de ne pas être coupé par l'ennemi, ainsi qu'il le craignait, prendrait, pour se diriger sur Metz, la route de Bayon, et prescriTait au général Besson, son chef d'état-major, présent à l'entretien, de donner les ordres nécessaires.

Le lendemain, 11 août, après aToir assisté au départ de LunéTille des i" et 5* corps et rempli une autre mission, qui consistait à éTacuer par chemin de fer, sur le camp de Ghàlons, les isolés des 1*'' et corps, je quittai la gare à midi, aTec le dernier train.

A Nancy, je rejoignais le capitaine Vanson, de Tétat-major général, chargé d'une mission semblable, et tous deux nous partions de Nancy à 10 heures du soir pour rentrer à Metz, nous arrÎTions le 12, à 5 heures du matin.

C'est pendant la journée du 12 août que le chemin de fer de Frouard à Metz a été coupé par l'ennemi.

1"» DIVISION (GOZE).

Départ de Réchicourt à 4 heures du matin, la l'^* brigade par Igney et Amenoncourt, la 2* brigade par la route de Moussey. Les deux colonnes se réunissent à la NeuTCTille-auz-Bois , l'on fait la grand'halte.

AnÎTée à Lunéville vers 3 heures. On campe sur le terrain de manceuTre. Temps affreux ; orage ; le terrain est inondé.

•• fMC. Docam. 15

St6 LA GUERRfi DB 4870-4874.

DUristOR (DS L'Ababis d'Atomikt).

L'ordre àTait été donné, la toillê, de te mettre en roate à 4 heures do matîo, pour LunéTille. On était prêt, mais un incident relatif au ehoii du chemin à prendre, retarda le départ juique yen 7 hedree. Enfin, on se dirige sur Moussey, dans la vallée du . ruiueau du 8anon» un affluent de la Meurthe, qui est longé par le canal Saint*NicoIas. La marche est protégée par ce canal. Le très mauvais temps de la nuit a continué rtoute la matinée.

On passe à Remoncourt, et, parvenus à environ une lieue de ce vil- lage, on franchit la crête de partage entre les eaux du Sanon et celles de la Vezouse, l'un des cours d'eau qui arrosent Lunéville. Le chemin est bon. On fait la grand*halte, vers midi, à Emberménil. On traverse ensuite la Neuveville-aux-Bois et Marainviller : cette dernière localité est ftur la rive gatiche de la Vesouse. C'est près de que la colonne rejoint la grande route de Paris à Strasbourg, qui la conduira à Luné- ville ; il reste environ 10 kilomètres à parcourir pour y arriver.

Un orage des plus violents éclate alors, accompagné de pluie et de grêle ; il ne cesse qu'au moment oiSi ta division atteint le bivouac qui lui avait été désigné, par Tétat-maJor général, dans le champ de manœuvres. Le terrain est inondé d'eau. On a de la peine à j tronver des portions sèches pour y dresser les petites fentes.

La division de L'Abadie se place en arrière de la division Gote : il e«t 8 heures du soir.

La division Goze, en partant de Réehicôurt, s'était partagée : la bri-^ gade Nicolas avait suivi le chemin de Moussey, la brigade Saurin avait pris la route à gauche, par Amenoncourt.

La cavalerie, suivant la route passant par Baccarat, avait attei&t Lunéville vers 4 heures du soir; on Tavait logée aux quartiers du Châ- teau et des Cadets.

La réserve d'artUlerie, le parc du génie, la réserve de mulets du train, avaient marché avec la brigade Nicolas, précédant la division de L'Abadie. On les fit camper aussi sur le champ de manœuvrea.

La division Guyot de Lespart était allée à Baccarat.

Le corps d'armée du maréchal de Mac-Mahon se trouvait aussi à Lunéville ce Jour-là, à Teiception de sa cavalerie, qui campait à Bayon.

Division db catalbeib (Brahaut).

Départ de Badonviller par Baccarat sur Lunéville^ la colonne arrive à 4 heures du soir. Le quartier général du S* corpa était établi à Lunéville.

LA aufiRRË DB 4870-1874. itl

Les régiments furent placés dans des écuries^ aux quartiers eata- terie du Gbàteau et des Gadets;

RfiSBRTB D'ARTILLBRIB.

Départ de RéehicottH et afritée à LunétiUe. Lé, réseHe y éan^pe sur le teffain de fnanttiïTres de (^ialèHe et 7 ëM lii<mdée toute la nuit par une yéritable trtftabe d'eàù.

Le 5* corps, au lied de se porter le lendemain de Lunéyillè sûr Nancy et Pont-à-Mousâoii, ainsi e[ue nous Tespérlons et ainidi que sem- blait l'indiquer la situation rèspeciiTe dés armées, qui nous faisait arriyer à Nancy ayant Tennemi, ce qui nous aurait permis de défendre le passage de la Moselle, puis ûous relier à Tahnée du marécbal Bazafne..., le 5" corps, disons-nous, continue à cOuVrir i^ corps, qui se retirait sur le cainp de Ciblions pour se réorganiser.

c) opérations et moaYements.

Rapport du capitaine de France sur àa visite du corps d* armée.

Metz, 40 août, 40 heures matin.

Le 9 août, le corps occupait les positions suivantes : M. le général de Failly était, de sa personne, à Réchicourt-le-GMteau, ayec la divi- sion de M. le général Goze et la brigade de Maussion, de la division L*Abadie ; à Réchicourt se trouvait également la réserve d*artillerie du 5" corps.

La division toyot de LeBpsrt, qui était, le 6, è Niederbronn, a été entraînée par les fuyards du 1®' corps; elle était hier, 9 août, à Cilrey^ non enot^re réorganisée et fort ébranlée. £lle ira, aujourd'hui 10, à Baccarat, et demain, il, à Gerbéviller.

La cAvalerfe du fS^ corps est ainsi placée :

5" lanciers et 12" chasseurs, à Girey, avec ta division de Le^par^;

Le 5* hussards fait le service dans les dlvisioù's d^inTanferfe ;

Le 3* lanciers est au 2^ corps, avec la brigade Lapa'^sôt (1** de fa division L'Abadie).

M. le général de Failly arrivera le 10 h Luné ville, et de compte se diriger sur le camp de Ghàlons par Bayon, Vézelise, Golombey, Yoid et Gommercy. M. le général de Failly ne se dirige pas sur Nancy, parce qu'il craint de n'arriver dans cette ville que cinq ou six heures avant l'ennemi, et parce qu'avec les trois brigades de son corps d'armée^ qui seules sont intactes, il ne pourrait soutenir un engagement.

Sis LA aUERRB DE 4870-4874.

D'un autre cAté, le géaéral craint aussi le contact de ses brigades ayec les troupes du 1" corps et redoute leur Toisinage au camp de Ghàlons. Il serait peut-être utile, pour le conserrer à Tannée, d'qipeler à Meti le 5* corps d*armée.

M. le général de Failly et les officiers du 5^ corps parti* de Bitche dans la nuit du 6 au 7, ont abandonné tout leurs bagages, Toitures» cheTaux de trait, cantines, etc.. Le dénûment des officiers est extrême. Le général demande axec instance qu*une indemnité soit allouée immé- diatement aux officiers, pour perte par force majeure.

La réserf e d'artillerie du 5* corps a aussi abandonné tout ce qu*on laisse en allant au combat. La partie mobile de ces batteries a été seule emmenée à Bitche.

n est urgent d'éloigner le 1°' corps du reste de l'armée et de ne pas laisser le 5" dans son Toisinage, afin de conserver intactes les troupes de ce corps, qui n*ont pas encore donné, et de poutoir remonter le moral de celles qui ont été entraînées dans la retraite.

Le Major général au général de Failly^ à LunévUle (D. T.).

Metz, 40août, 2 b. 4Ôsoir.

Notre concentration sur Metz est terminée. L'Empereur désire que TOUS y opériez Totre jonction aTec nous, si l'ennemi tous en laisse la possibilité.

Je TOUS enToie le capitaine de France.

Le général de Failly au Major général, à Metz

(D. T.).

LunéTÎHe, 10 août, 6 heures soir.

Suivant les aTis que je reccTrai ce soir, j'exécuterai tos ordres, si l'ennemi m'en laisse la possibilité, le n'ai pas encore tu M. de France. Je suis à LunéTille.

LA GUERRE DE 1970-1874. S29

Journée du 10 août.

CORPS.

a) Journaux de marche.

Journal de marobe du 6* corps d*armée.

10 août.

Son Excellenee le maréchal Canrobert est appelé à Paris (1 ). La !■* difision part par le chemin de fer pour Metz.

1^ DITI8I0H (TixIBB).

Le 40, Tordre est donné de se diriger du camp de ChAlont sur Mets.

La diTÎsion se met immédiatement en mouvement; les premières troupes sont parties dans la nuit du 10 au il.

2* DITISIOU (BlSSOH).

Dans la soirée, la diyision reçoit l'ordre de se tenir prête à

marcher sur Metz par les Toies ferrées et elle fait ses préparatifs de départ.

3* DITISION (La Font db ViLLiBas).

La division continue son embarquement et le termine à 6 h. i/2 du soir.

Le premier train arrive à 8 heures du matin à Metz.

i) Voir Journée du 10 août, page 142.

930 LA QUBRRB DB 4870-4874

c) Opérations et moaYements.

Le Major général au commandant du camp de ChôUons (D. T.).

Metz, 40 août, 2 h. 35 soir.

GontiDuez sans interruption et sans aucune perte de temps le mou- vement de toutes les divisions du camp de Ghâlons sur Metz. Après la 1'* division embarquée, commencez par Tinfanterie de la 2^

Le Commandant du camp de Châlons au Major général^ à Met» (D. T.).

Camp de Cbâloos, 10 août, 7 h. 5 soir.

La l'<^ division d'infanterie du camp sera toute embarquée dans une heure, avec son artillerie.

Je fais venir du matériel de Reims et, dans deux heures, j*espère commencer le mouvement de la 2^ division. J'arrête tous les arrivages de Ghâlons au camp pour qu*il n*y ait aucun retard dans le départ de> troupes. J'informerai Votre Excellence de chaque départ de train.

Le Colonel directeur du parc du corps, à La FèTi% au général Bertrand, au camp de Châlons (D. T.).

Li Père, 40 août, 4 heures soir.

Deuxième colonne part demain li, composée : i^ de via(ft*huit cais- sons matricule 27 pour cartouches d'infiinterie, une forge, un chariot de batterie, attelés par À* bis {{);

2^ Un maréchal des logis et 12 hommes de la 2* batterie 6». Les deux autres colonnes suivront à^ un jour d'intervalle Tune de l'autre.

(1) La première colonne du parc du 6* corps était à Laoo elle attendait de nouveaux ordres pour se rendre à Ghâlons.

LA GUBBRB DE 4870-t874. 334

Journée du 10 aoûtt

V CORPS. a) Journaux de marche.

Noies du capitaine d'état-major Hulotte sur les opérations de la division Conseil-Dumesnil.

Le 10 août, ils (le 1*' corps et la 1** diyision du 7«) bWouaquent à Lunéville. Le camp, établi à 6 kilomètres de la Tille, est trop éloigné du centre d'approTisionnement ; aussi les distributions de "nTres sont- elles irrégulières et fort incomplètes. La pluie, qui tombe à verse depuis le 8 août et qui a partout détrempé le sol, augmente encore les soufiFirances des soldats, dont la plupart n*ont plus ni tentes-abris ni effets de campement (on avait eu la malheureuse idée de leur faire déposer leurs hayresacs pendant la bataille de Prœschwiller).

c) Opérations et mouvements.

Le général Cambriel, commandant la l'« brigade de cavalerie du corps, au Colonel du !•' lanciers. Note.

10 août.

Le lanoîers partira demain 41 août pour se rendre à Altkiroh.

n échelonnera sur son passage, à Bessomont, à Valdieu, à Daupe- marie, des détachements différents pour assurer le serrice d'estafettes entre lui et le quartier général du corps.

Les détachements de Valdieu et de Dannemarie devront être com- posés chacun d'un peloton et leurs officiers devront, en outra de leur service, assurer la garde des fourneaux de mine chargés de Valdieu et -16 Dannemarie.

A Altkirch, il s'établira militairement, le colonel devra organiser son service d'éclaîreurs de manière à être toujours informé de ce qui pourrait se passer dans un rayon de 4 à 5 kilomètres au moins, en fai- sant observer surtout les directions de Mulhouse et do Huniogne.

Il étabiii^a chaque jour ses rapports des 24 heures, qu'il adressera

232 LA GUERRE DE 4870-4874.

directement au général en chef et au général de division. En outre, il signalera aussitôt par le télégraphe tout incident de quelque impor- tance. Son rôle n'est point de résister en cas d*attaque ; il se replierait en faisant prévenir, sans compromettre sa troupe.*

Il confirmera toutes les dépêches télégraphiques par un cavalier envoyé iiHmédiatement jusqu'au poste voisin, un cavalier deira toujours être prêt à recevoir la dépêche. Les dépêches devront porter Pheure à laquelle elles auront été écrites et leur enveloppe portera éga- lement rheure du départ des cavaliers auxquels elle sera remise successivement.

Le général recommande de bien organiser ce service d^estafettes

Le Major général au général Félix Douayy à Belfort (D. T.).

Metz, 10 août.

Si vous devez faire partir le parc d'artillerie qui est à Épinal, diri- gez-le sur Langres.

Le Major général au colonel ffennet, co/nmandant le parc du corps (D. T.).

Metz, 10 août. Le parc du 7^ corps se rendra, comme celui du 5<* corps, à Langres.

Le Ministre de la guerre au Chef de V eœploitaiion des chemins de fer de Lyon et de l'Est (Lettre).

Paris, 40 août (D» 11367).

J'ai l'honneur de vous informer que des ordres sont donnés aujour- d'hui pour l'exécution, par les voies ferrées, des mouvements ci-après :

Une division d'infanterie, composée de quatre régiments d'infanterip, trois batteries d'artillerie, une compagnie de génie, doit être dirigée immédiatement de Lyon sur Belfort, par Gray et Yesoul (i).

M. le général commandant le 9* corps est invité à se concerter avec le chemin de fer.

Je vous prie de vouloir bien donner aux agents de votre compagnie les instructions nécessaires pour assurer l'exécution de ces dispositions.

(i) Il s'agit de la 3* division du 7" corps. La brigade Jolif-Ducou- lombier, de la division de cavalerie de ce corps d'armée, devait seule rester €\ Lyon.

LA GUERRE DE 4870-4871. ^3

Journée du 10 août.

GARDE IMPÉRIALE. a) Joarnaax de marche.

Jonmal de marolie de la Garde impériale.

40 août.

Les troupes conserrent leur emplacement général. (La diyision Deligny, à la Tuilerie, à cheval sur la route de Courcelles-Chaussy \ Meti ; la division Picard à gauche de la division Deligny, ;en s'éten- dant jusqu'à la ferme de Béville, mise en état de défense et confiée au général de La Croix avec trois bataillons de grenadiers et une batterie d*artillerie. Les deux divisions ont avec elles leur artillerie et leur cava* lerie divisionnaire, les régiments de chasseurs et de guides attachés définitivement à la 1'* et à la 2' division.

Le général Deligny fait occuper par le i*' voltigeurs et une batterie le village de Mont, à Textréme droite, dominant la vallée de la Nied française.

La division Desvaux, moins la cavalerie divisionnaire, au Sud du Tillage de Maizery.

L'artillerie de réserve à cheval sur la route de Gourcelles-Chaussy à Metz, près du point de croisement de cette route avec le chemin con- duisant de Pange à Vigy et Bettlainville.

Le quartier général à Maizery.

Les rapports du général de Ladmirault faisant prévoir un mouvement considérable de l'ennemi, des dispositions sont prises pour l'évacuation des bagages, afin que les impedimenta ne causent aucun embarras dans le cas d'une attaque.

Le général Frossard étant allé s'établir à Mercy-les-Metz au lieu de Courcelles-sur-Nied, notre flanc droit se trouve dégarni. Par ordre du Maréchal, il doit être observé. En conséquence, un bataillon de la divi- sion Deligny va s'établir militairement à Golligny avec un escadron de chasseurs. Cet escadron détache des petits postes au pont de Pange et au pont de Domangeville et fait des patrouilles pour surveiller les abords de notre flanc droit.

idi LA aUBRRB DB U70-4874.

Division Dblight.

2<^ brigade (GAaiaBR).

Jonmal de marolie.

40 août.

Dans raprès-midi du 9 août, les troupes changent de position : la garde est placée sur le plateau de Landremont| la diyision de volti- geurs à cheyal sur la route de Saini-ÀTold. Le 3* corps se trouve en avant et à gauche de la Garde ; le corps en an*ière et k droite, face à la Nied.

La division reste dans cette position le 9 et le 10. Le temps est aifreux; les soldats sont dans la boue jusqu'à mi-jambe.

Division Picard.

La division occupe le même bivouac que la veille (la droite de la ligne sur un plateau dominant, un peu à TOuest du village de Silly* sur-Nied» la gauche à la ferme de Béville).

Le général de division va reconnaître en personne la ditision de Gistscy, du corps Ladmirault, laquelle est établie à notre gauche.

brigade (Lb PoiTBvm db La Croix).

On continue les préparatilb de la mise en état de défense de la ferme de Béville, qui sont terminés complètement vers midi.

La division Grenier, du corps Ladmtrault, prend position à notre gauche, du côté de Glattigny. Elle arrive dans la nuit

Ditision db cayalbrib (Dbsyaux).

Bivouac de Maizery. La matinée est consacrée aux distributions.

A 8 heures i/9, réunion à la tente du général de division, des gêné* raux et de tous les chefs de servioci pour recevoir des instructions sur le service des avant-postes, des distributions, des corvées armées, ete.

Le régiment de dragons fournit un escadron de grand'garde pour toute la division.

Mot d'ordre : Napolèon-Naples.

Distribution aux généraux et aux colonels des cartes aflemandes lithographiées, livrées par Tétat-major général de la Garde.

A 9 heures du soir et par suite des ordres du général en chef, en prévision d'une attaque imprévue de Tennemi, le général de division envoie reconnaître la route secondaire de Maiiery à Mets, par Ogy et

LA OUBRBB X>B 487M874. 335

Borny, afin de pouvoir, au premier signal, y faire diriger tout le convoi des bagages et des Toitures^ en laissant ainsi la route prinoipale libre pour les oolonnes de troupes.

c) Opérations «t mouYemaiits.

146 maréchal Bazaine au général BourbaM.

Coureelles-sar-Nied, 40 août.

Je TOUS envoie Textrait des instruetions de TEmpereur et la carte des environs de Metz, pour vous et les généraux d'in&nterie.

Gommei dans le dernier dispositif (sous Mets), le 2* corps doit tous remplacer à reztréme droite et que vous deves vous placer en réserve en arrière, au centre des positions occupées (les Bordes), faites reeoo* ndtre dans les environs les positions qui remplissent les conditions pour le rôle attribué à la réserve.

U est probable que nous ne bougerons pas de la Journée.

Le maréchal Bazaine, commandant en chef, au général Bourbaki (Lettre).

Pont4*Chaa8ty, 10 août, 6 h. 30 soir.

Le général Prossard, au lieu de s'établir à Courcelles-sur-Niedy s*est porté à Mercy-les-Metz.

Vous devrez observer votre flanc droit, qui se trouve dégarni par suite de ce mouvement.

L*aile droite de la i** ditision du 3* corps (Montaudon) se relie aux voltigeurs placés dans le bols situé à TOuest de Paoge par un bataillon.

Le général BourbaM au général Manèquet chef d'état-m^or général (Lettre).

MsiiMTf 40 août.

J'ai reçu les deux dépêches de M. le Maréchal relatives à la position actuelle du corps du général Prossard et à Tavis de mouvement de Tennemi donné par la général de Ladmirault.

En raison de la première, je fais occuper le village de Golligny par un bataillon et un escadron. Ce dernier détachera de petits postes aux ponts de Domangeville et de Pange, pour surveiller le terrain avoisinant.

236 LA GUERRE DE 4870-4871.

Le général Bourbaki au général Deligny^ cofnmanr dant la l'* division d'infanterie de la Oarde (Lettre).

An quartier général, à Maizery, 10 août, 8 h. 30 ioir.

Le général Frossard, au lieu de s'établir à Gourcelles-sur-Nied, s'est porté à Mercy-les-Metz.

Par suite de ce mouyement, notre flanc droit se trouye dégarni et le Maréchal commandant en chef me prescrit de le faire obserrer. En con- séquence, le bataillon de votre division le plus rapproché du village de GoUigny ira s'établir de suite dans cette localité. Il s'y installera mili- tairement dès son arrivée.

Demain matin, si nous restons dans nos positions, tous les travaux de défense seront exécutés dans le village de Colligny par votre compa- gnie du génie.

Un escadron de chasseurs ira s'établir avec le bataillon au village de GoUigny. Cet escadron détachera deux petits postes au pont de Pange et au pont de Domangeville; il fera en outre des patrouilles, de maniàre j

à bien surveiller tous les abords de notre fianc droit.

P.'S. Attendes la fin de la pluie, mais envoyés avant le point du jour.

Le général Deligny, commandant la i" division (^infanterie de la Oarde impériale, au général Brin- court^ commandant la \^ brigade^ à Mont. Ordre.

10 août.

Par suite des ordres donnés par S. E. le maréchal Bazaine, tous voudrez bien évacuer la position de Mont, vous serez remplacé par la division Montaudon.

Vous ramènerez avec vous la batterie d*artillerie.

Vous viendrez établir le 1**' voltigeurs sur le plateau de Landremont, que j'occupe. Un adjudant-major envoyé à l'avance recevra la désigna- tion de l'emplacement d'un officier de mon état-major.

La batterie, en arrivant sur le plateau, rejoindra le camp de rartillerie elle sera installée par les soins du colonel commandant cette troupe.

Le maréchal Bazaine, commandant en clief, au général Bourhaki (Lettre).

Pont-à-Chaussy, 10 aoôt.

D'après les instructions de l'Empereur, que j'ai reçues ce soir, nous devons nous porter demain matin sur la 2* position défensive (sous

LA OUBRRB DE 487M874. 237

Metz) décrite dans Textrait des instructioDS que vous avez reçu ce matin, avec toutefois cette modification que la Garde, qui devait occu- per Textrémité droite de la ligne dans le cas oii le 2* corps n'arriverait pas à temps pour le faire, se placera au centre, comme réserve générale de Tannée.

Monsieur le général Bourbaki déterminera le point qui lui paraîtra le plus convenable, entre Borny, par exemple, et Vantoux, d'autant plus que les divisions de cavalerie Forton et Du Barail sont également destinées à être mises en réserve, ainsi que les seize batteries de réserve du général Ganu. Gomme il me sera impossible de me trouver sur les lieux pour désigner les emplacements des uns et des autres, on s'en rapportera à cet égard à la direction qui sera donnée par des officiers d'état-major ou du génie qui seront envoyés de Metz à la rencontre des colonnes.

Je prie Monsieur le général Bourbaki de vouloir bien me suppléer pour la désignation des emplacements à affecter aux deux divisions de cavalerie dénommées ci-dessus, ainsi qu'aux batteries d'artillerie (Ganu), si toutefois les premières se trouvent dans la zone qui nous sera affectée.

La Garde quittera donc son campement demain matin à A heures, ayant soin de faire filer à l'avance tous ses impedimenta.

La Garde suivra la route de Sarrebrûck à Metz et, dans le cas une attaque de l'ennemi se dessinerait, soit sur une partie de notre ligne, soit sur un des échelons en retraite, elle s'arrêterait et prendrait la position la plus avantageuse possible, et Monsieur le général Bourbaki me ferait prévenir de la position qu'il occupe.

Je suivrai très probablement la même route que la Garde, en arrière d'eUe.

On devra profiter de toutes les routes secondaires latérales à celle de Sarrebrûck à Mets, pour rendre les colonnes moins profondes, saus cependant compromettre la rapide formation des troupes pour le combat.

Les troupes d'infanterie devront marcher par section ou demi-section, selon la largeur des routes, et l'artillerie sur deux files.

Quant à la cavalerie, il sera préférable de la mettre en grande partie à l'arrière-garde, soit à droite, soit à gauche de la route, si le terrain le permet, afin qu'elle soit disponible pour entrer immédiatement en action si besoin était.

Vous compléterez ces instructions générales par celles que vous ins- pireront votre expérience et votre savoir-faire.

P.-iS. D'après les derniers renseignements qui me parviennent, l'ennemi serait en nombre considérable tant en avant de Boulay qu'en avant de Saint-Avold, c'est-à-dire sur nos deux flancs, et serait disposé à nous attaquer.

t98 LA aUBRRB DB 487(M874.

Le Major génércU au colonel de Va^sotgne, comman- dant le parc de la Garde impériale. Ifote.

Metz, 10 août.

h TOUS prie de tous établir, aTec Totre parc, à Ghambière, ayec les parcs des autres corps d'armée. Vous pourrez ainsi tous trouTer en communicatioQ aTOc les corps de la Garde.

Je fais connaître au général de Arros TOtre nouTcau campement.

Le Major général au général Bourbaki (Lettre).

Metz, 40 aoOt.

Par ordre de l'Empereur, j'ai l'bonneur de tous adresser ci-joint trois mille eiemplaires d'une instruction sur la Manière de comMire les Prussiens,

Je vous prie de Touloir bien faire distribuer immédiatement cette instruction dans les corps de la Garde impériale. J'ajouterai, aux indi- cations qu'elle contient, qu'on a remarqué, dans les combats qui ont eu lieu jusqu'ici, que rartillerie française tirait, en général, trop haut, et l'infanterie tr(^ haut et trop vite^ et qu*il importe d'appeler, tout parti- culièrement, sur ce point, l'attention des généraux et des chefs de corps.

Manière de combattre les Prussiens,

Les Prussiens commencent l'action en mettant très peu de forées en aTant, mais ils placent de nombreuses batteries de gros ealibre sur dea positions bien choisies ; ensuite, ils forment une avant^ligne épaisse de tirailleurs, qui font un feu des plus nourris.

Les tirailleurs, surtout» profitent trèe habilement des boie, d'où iU cherchent à gagner le flanc de leur ennemi; pois, quand les tiraiUeers sont fortement engagés, les Prussiens poussent en aTant des masses énormes, qu'ils cherchent à abriter derrière les accidents du terrain.

A.U combat de Frœschwiller, Il y a eu des feux de tirailleurs seule» ment, pas de feux de ligne.

Il est donc utile d'agir comme eux, e'est^-dire d'employer beau-- coup de tirailleurs, une artillerie nombreuse et de fortes réserres.

■>■

LA aUBRRB DB 4810*1874. 839

Journée du 10 août.

ARTILLERIE DE L'ARMÉE. Journal dés opérations du général Soleille.

40âoât.

Il fallait renoneer désormais à tirer de Toul les ressources qui devaient être accumulées dans cette première place de dépôt ; le grand parc n*existait plus pour Tarmée de Metz. Le seul moyen d'y suppléer, c*était d*entasser dans Metz tous les approvisionnements qu'on pourrait y faire parvenir. Deux voies étaient encore ouvertes : celle des Ardennes, pnr Sedan et Thionville ; mais on n'était pas sans inquié* tudes de ce côté, on redoutait que les coureurs du générai de Pal- kenstein, que Ton supposait à Sierck, ne vinssent couper le chemin de fer.

La route de Verdun était plus sûre; par une fatalité cruelle, la voie ferrée qui devait relier Verdun à Metz n'était pas encore terminée, et la distance à parcourir était considérable pour des convois qu'il aurait fallu^ d'ailleurs, improviser avec les éléments disparates qu'on avait sous la main.

Cependant, c'est sur Thionville et Verdun qu'on demanda au Ministre d'acheminer les munitions. Cette indication était à peine donnée, que déjà les obstacles surgissaient. Le 10 août, à il h. 30 du matin, le Ministre écrivait au général Soleille (télégramme 287) :

« D'après un avis de M. le Mhjor général, que la ligne de Thionville à Metz pouvait être coupée, ordre a été donné d^ arrêter à Sedan les trains dirigés sur Metz par cette voie. En conséquence, les munitions expédiées de Douai sur Metz, fraction non attelée du grand parc, se trouvent arrêtées à Sedan. Que faut-il faire ? »

Le général demanda dss inatruotions au Major général ; le§ deroières noutelles reçues n'étant pas rassurantes, on dut maintenir Tinterdle* tion et faire rétrograder par la ligne des Ardennes le train arrêté à Sedan» Toutefois, dans le courant de la Journée, on sa ravisa, et le directeur des mouvements des chemins de fer de l'Bst reçut Tavis suivant :

240 LA GUERRE DE 4S70-4S71.

MeU, 40 août 4870.

« Par ordre de TEmpereur, faites diriger sur Metz, par Reims, ChâloDs et Frouard, le conyoi de munitioDS arrivé de Douai et arrêté ea gare de Sedan. »

Ce coQToi, un des derniers qui soient passés à Nancy, arriva heureu- sement à destination ; il contenait 4 millions de cartouches.

Les parcs des 2% 3*, 4* corps et de la Garde étaient à Metz, complè- tement organisés en matériel et en attelages ; celui de la réserre géné- rale, prêt à Toulouse depuis plusieurs jours, ne pouvait plus gagner Metz. Une dépêche ministérielle fit connaître qu'il était appelé à Yincennes.

Le commandement conféré au maréchal Bazaine par Tordre général u9 â, devenait un commandement effectif, puisque les éléments qui le composaient se trouvaient, pour la première fois, réunis. Par dépêche en date du iO aoât, le Major général fit connaître au général comman- dant Tartillerie de l'armée, qu'il avait désigné le général Rochebouët comme commandant de rartillerie h l'état-major du maréchal Bazaine, commandant en chef les 2*', 3* et 4* corps. Par suite de cette nomi- nation, le commandement de Tartillerie du corps, fut, sur la propo- sition du général Soleille, donné au général de Berckheim.

Journée du 10 août.

RÉSERVE DE CAVALERIE.

Division du Bàeail. Journal de marche.

40 août.

Marche de nuit du 9 au 10 août. Le soir môme du 9, la diviftion reçoit l'ordre de partir immédiatement pour Metz, afin d'y arriver le lendemain matin. A 9 heures, elle abandonne son campement, et, gra- vissant le coteau qui domine Saint-Mihiel, elle s'avance sur un plateau boisé^ au bas duquel elle rencontre, à une heure du matin, le village de Vigneulles.

aUERRB DE 1870-1874. 244

Vers 3 heures du matin, la colonne fait une halte d'une heure, et elle arrÎTe à 5 h. i/4 au village de Gorze, qui est le point de réunion de plusieurs ravins importants, et qui est placé dans un bas-fond, à vingt kilomètres de Metz. A quatre kilomètres plus loin, elle traverse le village de Novéant, placé sur la route de Metz à Frouard et Nancy, et à partir duquel elle suivra presque parallèlement le tracé du chemin de fer. Elle rencontre enfin les villages d*Ars et de Moulins-sur-Moselle, et arrive à Metz à 10 h. 4/2 du matin, pour y camper au S.-O. de la place et le long du chemin de fer.

Les troupes sont fatiguées de cette longue marche de nuit. Ce résultat est surtout très sensible dans les trois derniers escadrons du chasseurs, qui étaient arrivés à Saint-Mihiel le 9 seulement, au milieu de l'après-midi, venant de Gommercy, oii les avait déposés le chemin de fer. L'effectif du 3" chasseurs, grâce à ce renfort, se trouve alors porté à 687 hommes et 619 chevaux.

Division db Bonnemains.

40 août.

Départ de Lunéville à 10 heures du matin ; arrivée à Bayon à 3 heures de Taprès-midi.

•* fasc. DocuB. 16

iiS La. atiÉRRB <liÏ0-4874.

RENSEIGNEMENTS

Bulletins enregistrés à Vétat-major ^éHéPàl.

Les Prussiens poussei'aieiii; toutes leui's fbrces disponibles ters la France (armée et iandwehr). XfioAke des ë6tès dti Nbrd, généhil Yo^él de Falkensteid, prendrait aussi cette direction. Oti parle d^a^ipel à la landsturm; les journaux allemands n'en disent Héti.

Renseignements favorables sur la neutralité de la Belgique. Un corps prussien arriverait le 10 au loir, ou dans la nuit dulOaul1,à Boulay. Ce corps aurait 25,000 hommes ; renseignement confirmé d*autre part. Toiyours mouvements sur le haut Rhin, rive droite, pour attirer Qotrc attention, sans doute.

Forces assez considérables, paralt-il, entre Sulzbach et Sarrebrûck (armée de Stëinmetz), et entre Hombourg et Biieskastel (armée du prince Frédéric-Charles) .

Basse Sarre dégarnie de troupes. Les i3^, 70^ et 53^ ont quitté Sarre- louis le 9 au soir pour Tarmée de Metz. Les pièces de Sarrelouts seraient dirigées sur Sarrebrûck et Wissembourg. Arrivage de troupes à Birkenfeld.

Le 8, division d*infanterie à Lorentzen venant de Rahling. On signale des troupes k Drulingen se dirigeant sur Dieuze, par Féné- trange.

Le 9 au soir, personne à Sarrebourg.

Un émissaire revenant de la basse Sarre prétend que 25,000 hommes avec beaucoup d*artiilerie seraient échelonnés de Trêves à Sierck. Des patrouilles de cavalerie se présentent chaque jour à ce village. Un autre espion aurait vu, près de Sierck, 3,000 hommes (peut-être Tavant- garde du corps signalé précédemment).

Un Agent de Luxembourg au Préfet de la Moselle

(D. T.).

Luxeml>ourg» 40 août, 8 heures matin.

Nouvelles reçues de Wasserbiliig, près Trêves» disant : c< Vallée Sarre dégarnie de troupes. Les i^«, 70^ et 5d«, ce dernier réduit de moitiéi ont

LA GUERRE DE 4870-481^4. ^43

quitté hier soir Sarrelouis pour rejoindre armée se dirigeant sur Metz. Landsturih serait appelé. Dégarnissent tout l'intérieur pbixt jeter toutes leurs forces sur la France. Canons de Sarrelouis dirigés sUr SdrrebrQck et WisaeiUboul'g. ArnVage à Bii*kènfeld de Mbps de Brunswick et hussards noirs» »

Un Agent de 7%i<mviUe au Major général (Lattre).

thioDville, 10 août, 8 heures ipatiD.

On me donne de nouveau Mmme potitib iw faiti suiTanta ;

1<^ Il ne reste plus, dans la place de Sarrelouis que la i4* compagnie de guerre et plusieurs compagnies de la landwher» soit un effectif de idOO hommes;

2* Toute l'ancienne garnison de Sarrelouis s'est dirigée sUr Sarre- brûck, à l'exception du 5â* de ligne, qui a tellement souffert, au der- nier combat, sur la Sarre, qu'il se trouve réduit de moitié et 4^*^^ ^^^ oomplètement démoralisé. Les débris de ee régiment ont été dlHgéi sur Trêves, il ne reste plus d'autres troupes ;

3<* La vallée de la Sarre est complètement dégi^rnie de troupes ; il ne reste plus un seul homme à Godz, à Sai^rburg, à Mettlach, à Merzig, à Vôlkiiogen, à Bettingen ou dans les environs;

A Speicher et Wittlich il n'y a pas non plus de troupes en ce moment ;

B* A Birkenfieid, je viens de t-envoyef l'un de mes court^ieré, on constate de nombreux passages de troupes se dirigeant sur le Palatinat.

Je viens de renvoyer également un courrier h Bitburg, ^ Waxvreiler et à Prûm pour observer ce qui s'y passe.

On m'assure que le landsturm vient d'être «ppelé sous les armes.

Le bruit s'aoerédite à l'étranger que l'arioée du Nord» saus le com- mandement du général Yogel de Falkenstein s'avaQce dam la directiop de Trêves.

On croit, à Luxembourg, que la Prusse respectera parfaitement la neutlralité de la Belgique, mais qtt-elle tèH. fort peu de càft de celle du Luxembourg. On craint qu'elle ne réoccupe la forteresse et qu'elle fie traverse le grand-duché, pour se diriger, par la route de Longwy^ sur Verdun, Reichs, eit., et se joindre à l'arin^e en liàjsirche s\ït Paris.

On doute beaucoup que l'armée entrée par Sarrebruok aeeepte la bataille devant Metz. On craint qu'elle ne grossisse tellement que rien n'arrêtera plus sa marche en avant.

Les amis de la France et les partisans sincères de l'autonomie du grand-duché sont consternés, car ils sont convaincus que si la Prusse triomphe, elle fera rentrer leur pays dans la confédération qu'elle com^ mande ou qu'elle l'annexera purement et simplement.

IM LA GUERRE DE 4870-1874.

Le Ministre de la guerre au maréchal Le Bosuf (D. T. Ch.).

Paris, 40 août. Expédiée à 9 h. 56 matin (n» 3809)

X. . ., à Luxembourg, télégraphie ssuivant information d'Alle- magne, l'armée allemande entière, y compris landwehr, se masse sur frontières françaises ; tout est dégarni jusqu*en Silésie ; landsturm appelé ; le général Vogel de Falkensteini venant des côtes du Nord, Tient également vers nos frontières françaises ; plusieurs lignes de che- min de fer ont leur service ordinaire suspendu.

Le Ministre de la guerre au Major général^ à Metz

(D. T.).

Paris» 10 août, 40 h. 25 matia.

Dépêche, Mayence, 7 août. Position de quartiers généraux ; « Le prince Frédéric-Charles de Hombourg, h Blieskastel ; Steinmetz entre Sulzbachet Sarrebrûck ; grand quartier à Kaiserslautern. »

Dépêche Hombourg, 7 août. u Mac-Mahoo s'est retiré sur fiitche. Haguenau occupé par la Prusse ; de même Forbach, Phalsbourg. Quatre navires, deux frégates cuirassées et deux avisos français signalés à l'entrée de la baie de Kiel. »

Munich, 7 août. Nombreux blessés à Carlsruhe, manquant de vivres et de bandages. »

Bâle, 7 août. « De Wœrth, le Prince royal se porte sur Nancy. L'Autriche continue ses armements. Effectif des armées ennemies; Frédéric-Charles, 200,000 hommes, Steinmetz, 70,000; Prince royal, 180,000 ; grand quartier général, 100,000. La Prusse accuse de nom- breux blessés à Woerth et à Spicheren.

Le Préfet de la Raute- Saône au Major général, à Metz (D. T. Ch.).

Vesoul, 10 août, 9 h. 50 matio. Expédiée le 10 août à 12 h. 20 soir.

Je viens de voirX. . ., qui a écrit lui-même la dépêche suivante que je vous transmets :

« J'arriverai vers 2 heures je donnerai des renseignements exacts. L'armée que vous avez devant vous est forte de 270.000 hommes, pa& plus, c'est vous dire toute la ligne d'un bout à l'autre. Les réserve» sont moitié réservistes, moitié iandwehr. »

LA GUERRE DE 1870-1874. 246

Du Ministre des affaires étrangères (D. T.).

Paris, 10 août, 4 h. 19 soir.

X..., h Baie, me mande que l'émissaire envoyé en Allemagne lui a annoncé qu'il y avait encore 70,000 hommes dans la Forét-Noire, h Donauegchingen, Kleinkembs. Rheinweiler, quartier général, Bel- lingen, Schliengen, Mullheim; passeront par Niffer, en France.

Dépêche télégraphique chiffrée (communiquée au Major général le W août).

Bruxelles, 10 août, 5 h. 10 soir (extraits de bulletins prussiens).

Sarrebriick, 9 août.

Nouvelles militaires officielles.

Le combat près de Spicberen, dans le voisinage de Sarrebrûck, a eu de plus grandes dimensions et résultats qu'on ne Ta sa jusqu'à présent.

Le corps d'armée de Frossard a été presque entièrement dissous.

Les pertes en morts et blessés sont immenses ; le camp d*une division et plusieurs importants magasins ont été pris.

En outre, un très grand nombre de prisonniers ont été faits, nombre qui augmente toutes les heures. Jusqu'à présent, on en compte plus de 2,000 ; mais les pertes, de notre côté, sont considérables. La 5* division a perdu environ 1,800 hommes.

L'armée française se retire sur tous les points.

Saint- Avold est occupé par nos troupes; des patrouilles s'avancent jusqu'à deux milles de Metz...

X..., de Mondelange, au Préfet de la Moselle, à Metz (D. T.).

Mondelaoge, 10 août, 6 heures soir.

Tous les jeunes gens de Metzervisse se sauvent et passent ici en grand nombre ; ils disent que les troupes prussiennes soiit à Kédange, faisant des rançons, et enlèvent tous les hommes valides.

Le Commissaire central de police de Metz au com- mandant Samuel. Note.

Metz, 10 août, 8 h. 30 soir.

X... me fait dire que les Prussiens sont à Metzervisse et se dirigent sur Metz en suivant la Moselle.

246 OUBRRB DE 4870-4874.

Nota. Tous les habitants des communes, dit-il, se sauTent sur Metz.

X.., de Kédangej au Major général, à Metz (D. T.).

K^4ftQge, 10 aqût, 8 h. \\ soir. Ejxpédiéd à 9 i|ei|res soir (d« 3885).

Je reçois la lettre suivante : u  Monsieur le général Le Bœuf, ren- seigoement certain. J'apprends à l^nstant même, d'une bouche ^cer- taine, qu'hier, 9 courant, un corps d'armée prussien très considérable, qui stationnait à Rehling, s'est toXt en marshe et ftimonte la Sàrre. »

Un 4gmt de TMonviU^ au Major gév4rm (D. T.).

Tbionville. 10 août, 9 h. 15 soir. Expédiée h 9 b. 40 soir (d« 3888).

On assure Roi de Prusse, Bismarck et Moltke à Sarrebrûck. ii^OOO Undwehr traversé Trêves pour Sarrebrûck. On «roit toujours que le gros de Tarmée passera à edté de Meti^ pendant que Yogel de Falkenitein avaneerait par LuiemboUrg, Thioavillej Longwy et Qharle- ville. Les Allemands eipulsés de Franee paraissent renseigner renneini.

Aperçu, des rr^ouveinçnt^ d^, V ennemi dQnn4 P<^r z. , . , de Châtec^%^Sç^lins.

Des éclaireurs prussiens of^t é|é yv(s 1^ 10, à i heure, à Pieuzç, et à ^ heures à ChA|eau-3aliQS* ^U arrière est sjgnalé un corps c|>rqf)ée se dirigeant sur Nancy par Château -Salins.

Ou Préfet de la Moselle. -^ Note.

Metc, 10 aoftt.

D'après des renseignements, les agents des postes, les agents de radministrfttion des tabacs auraient quitté hier (9 doût) Cros-tenquin, Morhàdfé, parôe que les uhlatis prussiens, qui sont presque toujours les avant-coureurs dès ôolonnêÉ prussiennes, seraient entrés dans te^ localités et dans les communes voisines. On ne peut dire d*où vien- draient l^scoloppes : est-^ee de Saint-A.v0ld? est-oe de Bouli^y? D^os ce cas, on laisserait Metz à droite, pour se diriger sur Nansf pi^f Château-Salins.

Les personnes qui ont quitté Gros-Tenqi(in et Morhange ont parfaile- meni vu les fortes reconnaissances prussiennes.

LA OUBflRp D^ 4870*1874. S|7

Commandant supérieur au Major général^ à Metz (D. T.).

Strasboarg, 40 août.

Op m'affirme qu'un eorps prussien cousidérilble se dirige yert la Taliée de la Bruehe ou sur Saverue. Je ne puis vérifier.

/Ht Préfet de la Mpsellç. Note.

Metz, 10 août.

Ou s'attend à rëeeiroir oe soir et la nuit uii corps d'armée prussien à Boulay.

Uii ofBciet prussieu s'est présenté hier màtiU ehes le maire, k Boulay, pour le prévenir ^u'un corps de Prussiens arHyefait dfttts sa com- mune

X. . . , de Teterchen, est Tenu dans la soirée du même jour confirmer la nouvelle au maire de Boulay; seulement, il évaluait le corps d^armée à un chiffre considérable, au moins 25,000 hommes

Renséignêmerits fùWi^nis par M. JT..., prùpriétdire aux environs d^ Metz.

10 août.

Le 9 <l04t au 9pir, 700 ]ipn|mes étaiept camp^ à Boucliepqrq. {Jn aq^re p^mp piisfiût \ |^ng0ville, s^ns qu'on pufssa préciser la force qui r^cpupait.

Renseignements fournis par un coureur intelligent.

10 août.

Un corps prussien de 28,000 hommes serait échelonné 4c Trêves h Sierck, avec beaucoup d'artillerie. Des patrouilles de cavalerie paraissent tous les jours à Sierck, qui n'est pas occupé. Les habitants ne sont pas maltraités.

Renseigi^ements fournis par un ancien zouave {non payé).

10 août.

Il a vu une grand'garde pruMienn0 établie sur una émilienae en faee de SIerok. Il n'y aurait que 8,000 hemnies dans leë entiroeai II ne «ait fien du corps d'a#raée de 25^000 hommes.

248 LA GUERRE DE 4870-4874.

CORPS.

Bulletin bb renseignements pour la joubnéb du 10 août

CourcelleS'ChaîUsy, En me dirigeant sur Courcelles-Chaussy, j'ai rencontré un homme mené par un sergent d'infanterie. Cet homme m'a déclaré se nommer Ducret et être soldat au 32^. Il a été fait prison- nier, il y a six jours, à^Stiring : il y est resté quatre Jours ; il a tu un détachement de 180 prisonniers : celui dont il faisait partie était de 60 hommes. On les a hien traités ; on les employait à ramasser les blessés. Il a tu beaucoup de troupes, mais il n*a pas su les éTaluer. Il s'est échappé au moment on allait l'embarquer en chemin de fer; la Toie est rétablie jusqu'à Forbach. Il est roTenu par Saint-Avold et n'a rencontré sur toute sa route que quelques caTaliers qui l'ont laissé passer sans faire attention à lui. Entre Saint*ATold et Faulquemont, il n'a pas rencontré de troupes. Il estime à deux escadrons ce qu'il y aTait à Saint-ÀTold. . . .

GroS'Tenquin, On a amené 7 caTaliers prussiens pris à Gros-Tenquin. Il résulte de leur interrogatoire que les uns sont des cuirassiers du régiment de Westphalie n^ '^ydiTision de caTalcrie de Wrède(?J ; les autres appartiennent au régiment de uhlans de Schleswig-Holstein n*^ i5 et font partie du III® corps. Les cuirassiers Tenaient de Sarreguemines, les uhlans de Sarrebrûck, en deux jours. Les régiments ne marchaient pas ensemble. Ils n'ont pas tu d'infanterie aTec eux ; les cuirassiers ont dit qu'ils marchaient aTec leur diTision ; les uhlans marchaient isolément. Les régiments sont à quatre escadrons de 162 caTaliers montés.

La diTision de Wrède (?) se compose des ^S'' régiment de uhlans, 9^ ré- giment de dragons, i6* régiment de dragons, hussards de BrunsTrick.

L'autre diTision, des 3* régiment de hussards, i6^ régiment de husriards, 6* régiment de cuirassiers, i5* régiment de uhlans.

CORPS.

Bulletin de renseignements pour la journée du 40 août.

Route par les Etangs et Boulay, Deux courriers de CharloTille ont pris pendant la nuit du 9 au 10 aoAt la route par Boulay et sont Tenus au camp dès le matin. Ils n'ont tu aucune troupe en aTant de la Tille dans laquelle ils ne sont pas entrés. Au dire des gens du pays,

!

LA GUERRE DE 4870-4871. 249

des forces ennemies se concentreraient sur le plateau de Tromborn ; il y enaTait à BouzonTÎlle, Téterchen, Ossonyille, Goume et Bouchepom.

Boute (TAvancy, Gondrevilie, Eblange. Deux courriers rentrés par cette route ce matin rapportent que Ton n'a tu aucune patrouille de ce cdté. La panique règne à GondreTÏlle. Le Tillage se garde lui-même la nuit et se tient prêt à avertir le camp de toute approche de Tennemi. Les renseignements recueillis par la 3" division (quartier général de Sainte-Barbe) concordent avee ce rapport.

Route de Vigy. Bettlainville. Les courriers rentrés ce matin par cette ligne, rapportent que le calme règne dans le pays et que Ton ne ' signale aucune patrouille ennemie.

Renseignements généraux, L* ennemi parait vouloir considérer le pays qu'il occupe comme lui appartenant ; il y fait exécuter la loi prus- sienne sur le recrutement ; les hommes de dix-huit à quarante ans sont enlevés à leurs foyers et dirigés sur l'intérieur. 200 jeunes gens de la ville de Boulay ont pris la fuite cette nuit et ont passé aux Étangs, se dérobant à cette levée forcée.

P. -S. Des gens du pays rapportent qu*il y a à Carling des troupes d'infanterie, des masses considérables à Haut-Hombourg, Saint-Avold ; il y aurait trois régiments de cavalerie à Longeville et deux régiments de cavalerie à Bouctieporn.

CORPS.

Bulletin dk eisnsbignbmbnts pour la JOCRNftB du 10 août.

Belfort, 40 août.

Il ne m'est parvenu aujourd'hui aucun renseignement de la rive droite du Rhin. Tout est toujours tranquille sur la rive gauche.

La journée du 11 août.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL. a) Journal 4e aarohe da Tarmia du RhîD.

U août.

Les corps placés sous le commandement du mjiréchal Bazain^i Tiennent prendre >ous Metz la deuxième position défensive.

Le i^ corps a son quartier général à Mercy-les-Metz, sa droite vers le chemin de fer de Itetz à Strasbourg, sa gauche près de la route de Metz & Strasbourg, occupant fortement la hauteur de la Haute-Bévoye et le télégraphe de Mercy, sous la protection du fort Queuleu.

Le 3* corps (Decaen), appuie sa droite à la l'ouïe de Strasbourg et sa gauche h celle de Sarrebfûck.

Le 4' corps a sa droite à la route de Sarrebrûck et sa gauche vers la Moselle, sous la protection du fort Sàint-Juliën. Ltt Gai>de iitaj^êHale s'établit en l'ésërve êii attièfe de Bof'ily, vers Belletange et la bifUfea- tion des routes de Sarrelouis et de Sarrebrûck.

4*' eorps, laissant Nancy àU Ndrd, se poHê à Ba]r6n.

Le 5* corps arrive à Gerbéviller et Charmes»

La 3* divisiob (budlont} du i* corps, part de Lyon pour Belfort.

c) Opérations et mouvedléfltil.

Le Ministre de la guerre au Major général, à, Metz (D.. T.),

Paris, W août, 4 heures matin.

«

La 4* division du 6* corps commencera son mouvement ce matin. Le i^* train partira de La Yillette à 6 heures. Lps trains se suivront de 50 en 50 minutes.

S5% LA GUERRE DE 4870-4874

L*artillerie et le génie de cette division sont au camp de Ghftlocs et sont également dirigés sur Metz (i).

Le Général commandant le corps d'armée au Ministre de la guerre (Lettre).

Lyon, 44 août.

J*ai l'honneur de vous rendre compte que la division d*infanterîo du 7^ corps de Tarmée du Rhin, dirigée sur Belfort, conformément aux prescriptions de votre télégramme du iO au soir, part de Lyon dans Tordre suivant :

Le 83* de ligne, aujourd'hui à midi et 5 h. 1/2 du soir :

Le 82* de ligne, dans la nuit du dl au 12, à minuit et 3 heures;

Les 9* et 10* batteries du 6* d'artillerie, le 12, à midi et 2 heures ;

Le 72* et le 52* partiront le 12 au soir et dans la nuit du 12 au 13.

Le Major général au Préfet de la Meurthe, à Nancy (T. Ch,).

Metz, 11 août.

Par ordre de TEmpereur, ne faites sauter les ponts qu'à la dernière extrémité.

Le Préfet de la Meurthe au Major général, à Metz (T. Ch.).

Nancy, 41 août, 6 h. 5 matin.

L'autorité militaire^ en se retirant ce matin, a noyé toutes les poudres. Il ne sera plus possible de faire sauter les ponts sur la Meurthe.

Le Ministre de la guerre au Préfet de la Moselle^ à Metz (T. Ch.).

Paris, 44 août, 40 h. 25 soir.

(Pour faire parvenir au Major général.)

L'Empereur désire qu'on coupe les ponts, les tunnels, les chemins de fer devant les Prussiens.

Le Ministre de Tintérieur et moi, nous allons télégraphier aux généraux et aux préfets des départements de prendre toutes les me- sures pour empêcher les Prussiens d'avancer ; mais Je désire savoir sur quels points et dans quels départements je dois prescrire ces mesures.

(1) Télégramme analogue du Ministre de la guerre au général Crespin, commandant la 5* division militaire k Metz.

LA OUBRRB DE 4870-1874. 2S3

Note adressée par le Major général au Comman- dant en chef du génie.

Metz, 11 août.

Le quartier général du maréchal Bazaine, s'établit aux Bordes ou à Bornage.

Le mettre en communication télégraphique aTec le quartier impérial et avec les quartiers généraux des corps d'armée et de la Garde. Sans retard.

M. Piétri à l'Impératrice (D. T.).

Meti, 11 août, 5 b. 20 soir.

Je TOUS dis courage I Notre situation militaire s'améliore. Toute

Parmée, concentrée sous les caâons de Metz, ne peut être (/e mot

est resté en blanc.) Il faut employer les moyens énergiques : ordonner aux préfets, maires, populations de l'Est, de faire tout sauter, ponts, tunnels, chemins de fer, deyant les Prussiens ; armer les gardes nationales, les faire yenir en masse yers Chàlons. J'ai eu à ce sujet une conyersation intéressante ayec la personne amenée par Votre ordre par M. Cartelin. Elle doit demander à Vous yoîr à Paris demain.

L'Empereur et le Prince yont bien; ils yisitent le campement des troupes.

Journée du 11 août.

!«' CORPS.

a) Joarnanz de marche.

Journal de marche da 1"' corps d'armée.

Lesdiyisions d'infanterie du 1^' corps, la division Conseil -Dumesnil et la brigade de cavalerie légère Septeuil se portent sur Bayon. La 1'^ diyision se met en mouvement k 4 heures du matin et est suivie par toutes les autres dans l'ordre elles étaient campées à Lunéville.

Les hommes hors d'état de marcher sont enyoyés, ayant le départ,

i&i aUBRRE DE 4870-4874.

à la gare du chemin de fer de Lunéville, d'où ils aeront dirigés par un train sur Nancy et ultérieurement sur le camp de Cbàlons. Le nombre de ces hommes est très grand : la pluie, qui n'a cessé de tomber depuis le départ de Sarrebourg a eu une influence fâcheuse sur la santé des troupes qni, depuis FrcescH^itlel-, biVoUa(|deDt sans tèillei et saos effets de rechange.

Ëh arrivant à Bàyon, les troupeë sont cantonnées, en raison du mau- vais temps persistant : 3^ division dans Bayôn, la à trovlUe, la 1'' à Lorey et la 2^ à Villacourt ; la division Conseil-Dumesnil à Proville et à la Neuveville.

Le quartier général est à BaVon.

La brigade Septeuil se porte à Haroué. Quant aux divisions de cava- lerie Bonnemains et Duhesrae, elles vont coucher le il à Colombey, avccla réserve d*artiliërié.

Soikvenirs inédits du maréchal de Mdo-Mahon*

Le H, le 1®^ corps vint s'établir à Bayon, la caTalerie h Go lombey.

Pendant cette campagne, le commandement du territoire est resté au Ministre de la guerre. Je m'étais borné h prescrire de faire sauter les ponts, lorsque je le croyais nécessaire. Au ipoment je quittais Bayon, je vis un officier du génie qui prenait des dispositions pour en faire sauter le pont. Je lui fis observer que cette destruction ne me paraissait nullement nécessaire, puisque les troupes, pour éviter l'en- combrement, avaient préféré passer à gué la Moselle, n'ayant de l'eau que jusqu'à la cheville. A quelque distance de là, j'entendis une explo- sion : c'était le pont qui sautait.

Notes sur les opérations du !«' corps de V armée du Ehin et de V armée de Châlons. {Dictées par le maré- chal de Mac-Mahon, à Wiesbaden^ en janvier 1871.)

Le reste du l*** corps s'acheminait sur Baifon^ le 11; le temps était si mauvais qu'il fallut renoncer à faire bivouaquer les troupes; le maréchal donna l'ordre de les cantonner, l'infanterie dans les villages aux environs de feayoil ; la cavalerie légère & Hàrokié, les divisions Bonnemains, Duhesme et l'artillerie de réseiTe à Colombey.

i* DITI8I01V (PflLLt).

L'intendance ne pouvant décidément plus suffire à kire vivre la troupe, des ordres sont donnés aux généraux de division pour dési*

QÙbtlttB l^É iMÔ'^hii. Sl3ô

gner des officiers chargés de procéder à des réquisitions journalières et régulières.

L'artillerie divisionnaire, qui nous avait quittés à Biàmont, nous rejoint à Villacourt.

Temps affreux et pluie incessante.

On cantonne les troupes pour la première fois dans les villages.

DIVISION (L^Hérillbr).

Départ du camp Lufaé¥llle à 0 héllhëé dil mâtin ; arrivée à Bayon, à 11 heures. La division est cantonnée dans le village, par suite de la persistance du mauvais temps (!)•

c) Qpérati^BS at méUTameAis.

Le thaf^éehal He Mao-'MmhoH an MinUtt^ de la gtêerre, à Paris (D. T.).

Bayoi), M août» 9 heures sëir. Ailn d'organiser le 1"' corps fatigué, je fais séjour à Bayon,

Du maréchal de Mac-iitthon. OMrê.

An qaaftisr géiie^al, k fea^ob, 41 àôOl.

OemaÎQ 13 aoàt, les troupes ne feront pas mouvement ^t resteront dans les cantonnements qu'elles occupent.

On profitera de ce repos pour nettoyer les armeii, faire rentrer à leurs corps respectifs les hommes isolés et réorganiser les compagnies de façon que chacune d'elles soit commandée par un officier.

Les marches devront se faire, à l'avenir, régulièrement et une arrière- garde, marchant à la suite de chaque corps, sera ehargre de faire suivre tous les hommes.

(1) Départ de Lunévilie à 6 heures ; arrivée è Bayen à i heures.

*■■»!

956 LA OUERRB DE 187(M874.

Journée du 11 août.

CORPS. a) Joarnaiiz de marche.

Jonmal de marche da corps d*armée.

Les renseignements Tenus sur la marche de l*enuemi annoncent sa présence en force, en a^antdes positions du 2" corps et principalement dans la direction de Courcelles. Le général Frossard pense alors que la position occupée par la 2* division entre Mercy et Ars-Laquenexy est trop en Tair, il prescrit de modifier comme il suit les campements du â* corps.

La l** division (général Vergé), conserve ses positions ; la division Bataille lève son camp à midi et vient s'établir à droite de la i** divi- sion, sa gauche appuyée k la ferme de la Basse-Bévoye, sa droite sui- vant les crêtes dans la direction de Magny-sur-SeilIe.

Le campement de la division de Laveaucoupet est aussi modifié. 11 est établi en avant du fort de Queuleu, sa droite, un peu en avant de Haute* Bévoye, sa gauche, près du village de Grigy, la i'* brigade le long et k droite de la route de Strasbourg, face à TEst, la seconde bri - gade face en avant et parallèlement aux fronts de bandière de la i'*' et de la 2* division.

Le campement de la cavalerie reste le même, seulement quatre esca- drons du 4^ chasseurs sont envoyés en grand'garde aux villages de Peltre et de Jury, tandis qu'un escadron du 5* chasseurs va s'établir de même au village de Magny-sur*Seille. Un escadron du 4" chasseurs est détaché auprès du général commandant le 2* corps pour le service d'escorte.

La brigade Lapasset était trop avancée pour être soutenue à temps, elle pouvait être compromise ; le général Frossard lui envoie Tordre de se replier ; à 6 heures du matin elle lève son camp et vient s*établir derrière la 3^ division entre la ferme de la Haute-Bévoye et le village de Grigy, la gauche appuyée à la route de Strasbourg.

A 6 heures du soir, le quartier général du 2* corps se transporte à la Basse-Bévoye.

LA GUBBRE DE 4870-1874. 257

l'« DIVISION (Vergé).

Les troupes gardent les positions qu'elles ont occupées la veille. (Mercy-le-Haut.)

â« DIVISION (BaTAILLB).

La division lève le camp à midi el vient s'établir sur les haute upî: en avant du fort Queuleu, la gauche appuyée à la ferme de la Basse- Bévoye. (Séminaire de Metz.)

Le corps d'armée campe en ordre de bataille et couvre Metz en avant du fort Queuleu.

d*> DIVISION (de LàVEAUGOUPBT).

Dans la matinée, la division occupe les mêmes emplacements que la veille.

Les corps envoient à Metz des commissions chargées d'acheter des ustensiles de campement pour remplacer ceux qu'ils ont perdus, des musettes en toile pour remplacer les havresacs, etc..

On touche des cartouches pour remplacer celles qui ont été avariées en route.

Dans l'après-midi, les emplacements des troupes sont modifiés.

Le quartier général de la division vient s'établir sous la tente, sous le fort de Queuleu, près du village de Grigy. à l'Ouest de la route de Metz à Strasbourg. La 2^ brigade s'établit le long et en arrière de cette route, face à l'Est.

L'ambulance, le trésor, le convoi, la cavalerie et l'artillerie viennent camper près du quartier général.

Ce mouvement est motivé par l'approche de l'ennemi, qui est signalé au village d'Ars-Laquenexy.

Le colonel de Gressot envoie un escadron en reconnaissance de ce côté.

Le quartier général du corps d'armée reste à Mercy-le-Haut, il s'est établi la veille.

Artillebib du corps.

Général commandant l'artillerie et son état-major : mêmes positions que la veille.

Réserve : mêmes positions que la veille.

Parc : a rallié à Chambière la fraction revenue de Forbach et l'équi- page de pont, revenu de Saint-Avold.

•• f«M. Docaa. 1 7

]

«8 LA aUBBRB DB 18f(M874.

i** division (1): séjour à Mercy.

division : le camp est transporté à la Basse- Bévoye, devant le fort de Queuleu. 3* division : même campement que la veille (2).

GiNlB DU 9* C0RII8.

L*état-major 8*é{.(il)li( à la HauterQévpyp ; les coiDpag^nips di? i^on- naires campent av^<; leur ()i vision sur les haiiteurs j^tMées ^|i i^vant ^^ la Basse-Bévoye.

Brigadb mixte Lapassbt.

Départ A 6 heures du matin : arrivée à midi en avant du village de Grigy. Campement à hauteur da )a Hi^ut6r-Q^ypy0.

c) Opérations et mouTements.

Le maréchal Bazaine au général Frossard, château de Mercy (Lettre).

Château de Bomy, 14 aoât.

Notre position sous Metz ne nous dispense nullement du deToir de nous éclairor trè^ 911 loin. Vous avez assçz de cavalerie sou^ vos ordres ppi9r que, joi)r fit nuit, des recoqnajs^aQpes et découvertes d^ caTalerîe légère, fajtes au mqins p^r escadron, f^})lent c)iercher 4e$ yioiif elles de Tennenii ^ plusieurs ki^pmètres en avant d^ vou9. Les refiQPfiaissaiictf devront, sans se compromettre sérieusement, tâter cependant reaiieffii. Je vpus prie de donner de« ordres dans ce sen« 4^4 ce soir.

Que vos divisions d'infanterie se gardeyit elle^-ripêmes, eq aTiyif de leur front, par un systèn^e de gr^d'gfti^e^ et de petits pQstea bien entendu et parfaitement en rapport ayec l^s coi^ditipna d^ terrain en avant d^eU^s.

Cette dernière recommandation doit également recevoir son iq[iplica- tio|i dès ce soir*

(1) Groupe de hatterjes*

{t) Extrait du rapport journalier du ii au it août, « Dùtrihutwns, -^t<es chevaux n'ont touché ni fiain paille i il 8ft|F«it nécessaire d*augmenter^ en ce cas, la ration d'avoine. Il n'est pot- sible que nos chevaux, déjà à bout d^ feroes, puiiselit résister à ce manque de nourriture. L'avoine ne peut que très imparCaitemenl f t pour un temps très court, remplacer le fein et la paille. i>

LA OUBRRE DE 1870-4874. 2Ô9

Journée du 11 août.

CORPS.

a) Journaux de marc)ie,

Journal de marche du quartier général du corps

Le quartier général 86 tpunsporte de PoDt-à-Ghaussy à Boroy,

La 1>^* division se porte à Grigy ;

La division se porte à Golombey (1).

La 3^ division se porte à Lauvalfier (2) ;

La 4* division se porte à Nouilly ;

La cavalerie se porte à Bellecroiz ;

L'artillerie (réserve) sa porte près Vuntous (3).

i^* DIVISIOIÎ (MONTAUDOM).

La division part à 4 heures du matin par une pluie battante et sp porte à Grigy, sous Metz. Là, après des lenteurs occasionnées par l'arrivée du 2^ corps, qqi dérange les cappements arrêtés pour chaque division, nous campons en avant de Grijj^y et de Çorny, la gauche dans le bois de Borny, à la Grange-aux-Bois, la droite à la route de Strasbourg, près de Tembranchement de la route de Remilly.

A notre gauche est la 3* divii^ion, général Metraan ; à notre droite, le 2* corps.

f"" DIVISION (U8 CAiTAGlfY).

La division, battant en retraite en échelons, va d'Urville à Montoy Distance : 10 kilomètres.

Départ à 4 heures du matin, arrivée à midi.

3^ DIVISION (Mstman). La division se reiid le 11 août de MQQt h Borqj, d^vaqt Mets, oili

(1) En réalité entre Golombey et Montoy. Le Journal de marche de la i* division indique Montoy.

(2) Exactement entre le bois de Colombcy et Culombey.

(3) Réserve du génie à Bornyi

260 0UBRRB DB 4870-4874.

sont réunis tous les corps d'armée placés sous les ordres du maréchal Bazaine.

4* DIVISION (Degabn).

A 2 .heures et demie, ordre de lever le camp et de se retirer sur Nouilly par Retonfey et Noisseville, dans Tordre déjà prescrit au départ de Saint-Avold.

La 'division s'établit sur deux lignes, avec une forte réserve, de Nouilly à la route de Sarrelouis, se reliant de ce côté à la gauche de la division Gastagny (2« du 3^ corps) et, à sa gauche, à la i'* du 4* corps (division de Gissey) ; nos avant-postes à Noisseville, à hauteur de ceux ,de la division de Gissey, placés à Servigny.

Le soir arrive la compagnie du génie de la division.

Division de cavàlbrib (de Glérbubaiilt).

La division de cavalerie, continuant à former l'arrière-garde du 3* cofps d'armée, quitte Landremont pour se diriger sur Metz, Tarmée marchant encore en retraite pour se concentrer sous les murs de Metz.

Partis vers 11 heures, les régiments et le parc s^établissent entre 2 et 3 heures à gauche de la route de Metz à Sarrelouts, la droite à Bellecroix, la gauche dans la direction du village de Yantoux.

Les différents services administratifs et l'ambulance campent avec la division. Seul, le service de la trésorerie et des postes, qui a pris les devants au départ de Saint-Avold, ne rejoint pas.

Réserve d'artillerie et parc.

Partie de bonne heure de la Tuilerie, la réserve d'artillerie se retire sur Metz en avant de la division de cavalerie, laissant toutefois une batterie à cheval, la 1'* du 17® (capitaine de Maillier), avec la division.

Elle bivouaque entre Vallières et Borny, à 3 kilomètres environ de

Metz.

GfiNIE.

Renseignements sur les marches, opérations mili- taires et travatjuv exécutés par le service du génie du corps,

44 août.

Départ de Pont-à-Chaussy à 3 heures du matin. La compagnie du chemin de fer barricade le pont pour assurer la retraite du corus d'armée, qui a lieu sans être inquiétée.

LA GUERRE DE 487(M874. M

L'état*major du génie s'installe dans le village de Borny et la réserre dans le paro de château de Boruy.

c) Opérations et monTementa.

Le général Montaadon, commandant la 1'« division du corps^ au maréchal Bazaine (Lettre).

Grigy, 41 août.

J'ai rhonneur de faire connaître à Votre Excellence que, conformé- ment à ses ordres de la nuit, je suis arrivé aux positions indiquées. Ma 2* brigade est établie, suivant Jes prescriptions, se reliant avec la division Metman, un peu en arrière de la Grange-aux-Boîs. Quant k ma 1** brigade, elle a devant elle des troupes de toutes armes : la bri- gade Lapasset, de Tartillerie^ du train, une ambulance. Gomme plu» sieurs de ses troupes étaient déjà installées à mon arrivée, je n'ai pu donner à cette brigade sa position normale : je l'ai établie par batail- lons en colonnes de division sur des emplacements provisoires et j*ai fait dresser les tentes.

Je crois devoir signaler à Votre Eieellence qu*à la suite des fatigues de toute nature, des insomnies et des privations, nos hommes sont loin d*avoir vu diminuer leur moral, mais qu'il y a une légère ten- dance à rindiscipline et à la maraude et môme au pillage chez l'habi- tant, que rien ne me semble pouvoir arrêter. Au moment oi^, excédés de fatigue, manquant de vivres frais, ils arrivent près d*un village, ils se précipitent pour avoir du bois, de la paille de couchage, etc. Je fais tous mes efforts pour arrêter cette tendance, mais le meilleur moyen serait encore que l'administration pourvût à tous les besoins en temps opportun.

L'eau est extrêmement rare.

Le général Montaudon au maréchal Bazaine (Lettre).

»

Grigy, \\ août.

J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que les troupes de ma 2* brigade manquent complètement d'eau potable dans les envi- rons, jusqu'à une distance très considérable.

Diaprés les renseignements, on pourrait s'en procurer en lâchant progressivement les eaux de l'étang de Mercy-les-Metz, situé à une demi-lieue de Grigy.

Les eaux de cet étang s'écoulent par le ruisseau de la Ghenau et sont, paralt-il, de bonne qualité.

96i hk eUBRRB DE 1870-4871.

Le général Metman au Maréchal commandant en chef (Lettre).

Colombey, 41 aoAt.

J'ai rhonneur de porter à la coonaissancc de Votre Eicellence qu*il yient de m'éfcre rendu eempte que des eourettrs eânemis se&t dans le bois qui est en faoe de tna gauohe s des coups de feu ont été tirés par eux, et un homme du 29* de ligne aurait été atteint.

Le téfHps tne banque pour yérifier l'importance du fait, mais je donne à l'instant à un détachement d'infanterie l'ordre de fouiller le hoisk

La présence de ces coureurs dans nos environs n'est pas extraordi- naire» eal* ils se présentaient ce matin à Pange, avant même que nous en fussions sortis.

géhérdt MëtmttH ùU ^éfiéfUt ArhdUdëWU, doifi^ mamam Mgadé de td 3^ dWisitm dU ôO}*pÈ (Lettre).

Cotombey, U àoât.

On me sighaie à l'instant un fMit regrettable i des coureurs etinemis se seraient assez approchés du camp pour tirer sur hos horamës, qui allaient à Peau } un homme du â9* de ligne aurait été atteint.

Le peint nos hommes vont à l'eau étftnt devant vetre front de bandtèrë, Je vous prie d'installer utte forte grand'gahde sur le mnthëleft situé au-desstis de source ; en niéme temps, je vous prie de former de suite) dans l'un desi edrps sous vos o^dres, un détaëheraent de voldti^ taires qui| eendutt ^ar un officier ëxftértmeiité et énergique^ irïi fouiller le bois devant nous.

Vous me rendrez compte du résultat de eette exploration.

Du Oénéral e^mmunnant la division du corps d'armée. 07^dre de mouvement.

Silly, u abOt, fi b. 30 mmin.

Ce matin, à 4 heures, la diriàiou quittera ses positions de Sillf.

Les impedimenta et les bagages seront mis en route une heure avant les troupes 3 heures).

Les colonnes (bagages et troupes) suivront le chemin de Retonfef , se dirigeant sur Nouilljr, par Montoy ou Noisseville, suivant les chemins qui vont être reconnus.

LA GùaRRB DB 487M874. 988

La droite de la diyision s'établira à la gauche de la division Gasta- gny et la gauche à la droite du 4* corps, qui yient presque jusqu'à la route de Sarrelouis.

Dans cette noutëllë pbfeitiOD, la ditisioH dfe^a établie sur deux lignes, avec une forte réserve en troisième ligne, suivant les formes du terrain et les nécessités de la défense.

[/ordre de marche sera le même qu*au départ de Saiot-Avold, pour la colonne de troupes et pour la éêlefa&e de bagages.

La batterie de mitrailleuses, qui suivra le parc divisionnaire d'artil- lerie, devra avoir une |ardé ëoitifibséé â'iifiê édmpagnie du 85* de ligne (régiment le plus proche).

Le maréchal Bazaine au général Decaenf eomman- dani le corps (Lettre);

Aa quartier général, à Borny» H août.

La concentration sous Metz de Tarmée dont TËmpereur m'a confié le commandement nous permet de nous occuper sans retard com- pléter et d'assurer les besoins des troupes sous tous les rapports. Veuillez donc me faire connaîtra, dès demain matin et de la manière la plus complète possible, la situation numérique de vos troupes, dette situation sera établie suivant le modèle donné par l'état-mi^or l'armée.

Faites-moi connaître également vos besoins de toute nature eh ustensiles de campement et habillement, en chaussures, en munitions d'infanterie.

Ajoutez-y uoe situation exacte de vos ressources en vivres, tant pour les hommes que pour les chevaux. Vos intendants sont-ils en mesure de fournir aux hommes deux jours de vivres dans le sac, sans compter la journée courante, et deux jours de ^rain pour les chevaux? Leurs ressources leur permettent-elles de faire porter à leur suite quatre jours de vivres de campagne et de faire suivre de la viande sur pied?

J'attends ces renseignements pour demander au Major général tout ce qui vous manquera.

264 LA aUEBRE DE 4870-4874.

Journée du 11 août

4* CORPS. a) Journaux de marche.

Journal de marche dn 4* corps d'armée.

Au point du jour, tout le corps d'armée se met eu mouvement pour aller prendre position sous la place de Metz, par une pluie battante.

Le quartier général du corps d'armée au château de Grimont.

1'^ division, Quartier général de la division au xÂIlage de Mey; les corps sont déployés sur le mouvement de terrain en avant de ce village : la droite au ruisseau de Yantoux, la gauche à la route de Bouzon ville.

2* division. A droite et à gauche de la grande route de Bouiod- ville, une brigade en arrière du village de Mey, l'autre en échelons, i gauche de la route.

3" division. En arrière du ruisseau de Chieulles, entre la route de Bouzonville et celle de Kédange.

Artillerie. Réserves dans le fond, entre Chàtillon et le chAteau de Grimont.

Génie. A droite des réserves d'artillerie.

Administration. Dans la vallée en avant de Vantoux.

i'^" DIVISION (DB CiSSBY).

Réveil à 3 heures du matin ; il pleut à torrents. Les impedimenta sont acheminés vers Metz. Le 4* corps commence alors son mouvement de retraite sur le camp retranché de cette place ; il est entamé par \^ divisions Grenier et de Lorencez, qui suivent deux routes distinctes; U i'* division ferme la marche et suit la division Grenier.

Nous nous portons sur Mey, doit être installé notre bivouac. En y arrivant, le général de Cissey établit la division : la droite à un four à chaux, la gauche à la route de Bouzonville, le quartier général au village de Mey, à peu de distance en arrière du centre de la ligne des bivouacs.

Deux bataillons du 1'' de ligne, sous les ordr^ du colonel Frémont, sont placés en grand'garde aux villages de Poixe et de Servigny, qu^

LA OUBRRB DE 487(M871. 265

l*on met en état de défense avec Taide de la compagnie de sapeurs du génie. Un peloton de eayalerie légère est adjoint à ces grand' gardes pour fournir des yedettes.

La brigade de Montaigu a été retirée au général de Gissey et on ne lui a laissé qu'un faible escadron» insuffisant pour s*éclairer au loin en aTant du front de la diTision.

Souvenirs inédits du général de Cissey.

M août.

Réveil à 3 heures du matin. Il continue à pleuvoir à torrents. Jusqu'à 6 heures, nous pataugeons pour mettre en route les impedi- menta, La division Grenier part la première et la mienne fait Tarrière- garde; nous nous dirigeons sur Mey, oii nous arrivons vers 9 heures du matin, après avoir fait du chemin de trop parce que, suivant l'usage de toute cette campagne, le chef d*état-major général n'a pas donné d'ordre de marche et n'a pas envoyé d'officiers chercher les troupes et les conduire.

Je veux ici remarquer, une fois pour toutes, que Tétat-major général n*a rien fait pendant toute cette campagne : complètement annihilé par son chef incapable, il a toujours été tenu enfermé dans un bureau pour être prêt à écrire sous la dictée de ce chef; 30 officiers des meilleurs du corps d'ëtat-major, ayant fait des études spéciales sur Torganisation militaire de TAllemagne, ont été ainsi perdus pour le service; c'est à peine si on les a vus de temps en temps aux avant-postes, ils ne sont jamais venus en service, mais bien en simples curieux et après avoir été obligés de demander la permission à leur chef.

J'établis ma division au bivouac, la droite au four à chaux et la gauche à la route de Bouzonville; la division de Lorencez était à ma gauche et la division Grenier en seconde ligne et en réserve.

Deux bataillons du i^' de ligne, sous les ordres du colonel Frémont, sont placés en grand'garde aux villages de Poixe et Servigny, que l'on met en état de défense avec l'aide de la compagnie de sapeurs du génie ; un peloton de hussards y est établi pour fournir des vedettes. La bri- gade de cavalerie légère m'a été retirée et on ne m'a laissé qu'un faible escadron; il m'est impossible de m'édairer assez au loin. Des recon- naissances sont faites par la division de cavalerie, mais il n'y a pas d'ensemble dans leur direction et, comme le service de l'espionnage est nul, on ne sait rien de certain des mouvements de l'ennemi.

2* DIVISION (Grbnibr).

A 3 heures du matin, les troupes sont sous les armes, malgré une pluie torrentielle qui dure depuis la veille : une attaque est prévue.

9B6

LA CFtJËkftB 4870^874

Hais, au liétl de OOffibattré, U diifidion l^eçoit Tôfâre de fiiire ùfl iMO- tèiâent retro^rAde sbr Mets, souft les inttrs de laquelle rarmée entière se concentre.

En etkti le AêpM tt liëit à 5 heures dti tnatiti pedr Bftlhte-Birbé et la rotite de BeiiiôHTille à Meta^ les bagages a^aâi pris à 4 liètirés route de Boulay.

La division prend position à cheyal sur la route qu'elle a suivie, à hauteur du village de Mey» le général Grenier établit son quartier général en avant du château de Griroont, se trouve le quartier général du 4' corps, et en réserve derrière l'intervalle entre les 1" et 3* divisions dU eorps.

rorm

'^!^fim

Les bataillon de chasseursi 13^ et 43^, placés en bataille à droite de la route, face à Sainte-Barbe; les 61*" et 98** à gauche, te 98'' déta- chant un bataillon face à la route de Kédange.

DlTIBlOR DB GAYALBRIB (LbGRÂND).

Le 4i aeût, divisidtl photège U Retraite âU eorps d'âi^mêë^ 4Ui évdetié les pëMtiohsi Glattigdj et de Sairttë^Bdrbe, et elle tiébt bitouaquèi' efi âv<ttit de la ferme de Grimont, dfi elle reste trOis jotirs.

RÉSBftYB D'aHTILLBIIIB.

Journal de campagne du lieutenant Palle (9« batterie du d'artillerie).

Départ précipité à 4 heures, les réserves en têtes Nous passeds par Oras pour rejoindhe la route; Temps afireux. Route eddbiUbrée par 1^

LA eUBBRB DB 467<M871. ^67

Toitures de réquisition et les voitures de paysans. En outre, à Beile- oroix, nous rencontrons la réserve générale d'artillerie (général Canu)^ avec laquelle nous cheminons jusqu'à la hauteur du chemin qui se dirige sur Yallières. Nous laissons alors passer la réserve générale, puis nous continuons jusqu'à la porte des Allemands, passons par la gorge du fort Bellecroix, traversons SaintrJulien et allons camper sur le glacis du fort Saint-Julien, le long de la route de Bouzonville (par Kédange).

Le mauvais temps avait continué toute la route. Il faut aller boire à Malroy ou à Chambiëre.

On nous dit que le maréchal Le Bœuf est remplacé par Trochu au ministère; que Tennemi se dirige probablement sur Nomény et Nancy, en se couvrant des fbfèts ; qde, la teille, t'fd^sàrd était à Remilly.

c) Opérations et mouTemeiits.

Le maréchal Bazaine au général de LadmirauU

(Lettre).

Cbâieau de Borny, 44 août.

Pendant tout le temps que nous serons sous Metz, vous enverrez chaque matin à mon quartier général un des officiers de votre état- major, pebr reeeveir de mon chef d'état-major général les prescriptions et les ordres qui pourraient être donnés peur la journée; Get officier devra être rendu au ehàteau de Borny à 9 heures du matins II sera défendu à tout homme de troupe d'aller à Meti; les permissions devront être accordées en très petit nombre à MM: les ofRciers» et, si les corps ont des achats à faire pou^ leurs besoins de diverses natures, il sera fermé des commissions dont les membres seuls seront autorisés à aller à Metz.

Vous t>refitereé également du séjour sous Metz pour faire évacber siir cette plaee les éélopés ou indisponibles qui ne fileraient pas eil mesure de suivre les opérations.

Vous devrez également vous adresser à moi peut* les questieds de toute nature intéressant les troupes placées sous votre commandement.

général de Cissèy du générât de LadfnifâUtt (Lettre).

Melz, 44 août;

Vous avez dû, d'après ce que m*a dit mon chef d'état-mcjor, aller visiter vous-même le village de Servigny-les-Sainte- Barbe, situé en avant de mon front, et décider s'il y avait lieu d'en maintenir Toccu- pation par deux bataillons de ma division. J*ai l'honneur de vous prier

S68 LA aUBRRE DE 1870-4874.

de me faire coanaltre quelle a été Totre décision à cet égard, et^ daDs le cas je dois continuer à occuper ce village, il me paraît indispen- sable que TOUS y euToyiez un peloton de hussards pour maintenir les communications entre le village et notre front. L'escadron de hussards qui avait été mis à ma disposition ayant rallié ce matin son régiment, je n*ai plus de caralerie dont je puisse disposer et c'est à Votre Excel- lence de vouloir bien donner les ordres nécessaires.

Journée du 11 août

CORPS. a) Journaux de marche.

Journal de marche dn corpg d*armôe.

Le 5^ corps, privé de la brigade Lapasset (2* division), du 3* lao- ciers, d'une batterie et d'une grande partie du personnel des services administratifs, troupes qui ont été forcées de rester à Sarreguemines le 6 août, et n'ont plus pu rejoindre, présente à peine, à la date du 41, un effectif de 20,000 rationnaires.

Il part de Lunéville à 5 h. 1/2 du matin pour se rendre à Charme» (30 kilomètres), laissant sur sa droite la grande route de Bayon suivie par le !•» corps.

La division Lespart et la cavalerie Brahaut ont été dirigées de Sarre* bourg, ainsi qu'il avait été dit, sur Baccarat par la route de Cirey et de Blâment.

Elles reçoivent l'ordre, à Baccarat, de ne plus se porter sur Blainville et Nancy, ainsi que cela avait été prescrit d'abord.

Une dépèche télégraphique qui leur est envoyée de Lunéville de grand matin leur enjoint â,e se rendre de Baccarat à Charmes, sur Ii Moselle (40 kilomètres), par Rambervillers. Là, elles devront rallier le 5* corps.

Les divisions TAbadie et Goze, avec l'artillerie de réserve, passent à Lamath, Landécourt, Clayeures, Borville, Loro-Montzey et Saint- Germain. L'artillerie de réserve est arrêtée à Loro-Montzey pour y camper, avec la brigade Saurtn de la division Goze. L'autre brigade, Nicolas, s'établit au Sud de Saint-Germain.

LA OURRRE DK 4870-4874. S69

La persistance du mauvais temps eontinue à rendre la marche des troupes très pénible.

La brigade de la difision TAbadie arrive à Charmes vers 3 heures de l'après-midi et ra camper sur les hauteurs qui dominent la ville à i'Ouest. Le général de Failly, à son arrivée à Charmes, rend compte au Major général de son mouvement, et à sa dépêche ajoute ce qui suit :

« Je demande à marcher par Vezelise sur Toul, le S* corps se réunirait, occuperait la vallée de la Moselle^ protégerait Frouard et marcherait sur Nancy par plusieurs routes en suivant les hauteurs et la forôt de Haye, Ton pourrait repousser Tennemi en l'abordant de front. £n cas de retraite forcée, on pourrait tenir dans la forêt de Haye, gagner au besoin Metz ou bien se retirer dans TÀrgonne. »

Le plateau de la forêt de Haye, couvert au Nord par la Moselle, avec Toul comme point d'appui et débouché sur la rive gauche, et à l'Est par la Meurthe avec Nancy et des hauteurs faciles à défendre, présentait en effet une position favorable à une pareille combinaison.

Aussi, la réponse du Major général lui fut-elle favorable. Mais elle n'arriva au 5* corps que le lendemain, à Mirecourt, ainsi conçue :

« Par ordre de l'Empereur, ne continuez pas votre marche pour vous jeter dans l'Argonne. Marchez sur Toul aussi vite que possible : vous n'êtes pas menacé. Le chemin de fer de Toul à Nancy n'est pas inter- rompu. Suivant les circonstances, vous serez appelé à Metz ou dirigé sur Châlons. »

La division de cavalerie Brahaut bivouaque près de Gerbéviller, la division Leapart à Rambervillers.

Au départ de Lunéville, un certain nombre d'hommes (200 environ) de la division Goze, s'étanl mis à l'abri de la pluie dans des maisons du faubourg de Nancy, y attendirent le passage de la colonne. Mais par suite du changement de l'itinéraire, ils attendirent en vain. Ils conti- nuèrent alors leur route sur Nancy en bon ordre, conduits par des sous-officiers, et rejoignirent ensuite plus tard leur division à Amagne. Rien ne manquait à leurs effets, et leur solde même était à jour, lors- qu'ils arrivèrent à Amagne, après avoir été dirigés de Nancy sur le camp de Chàions.

Journal du capitaine de Lanouvelle^ de Vétal-major du 8e corps de V armée du Rhin.

Nous devons continuer à marcher sur Nancy et y arriver le il. Contre-ordre est donné de grand matin et la colonne principale du 5* corps est dirigée sur Charmes pendant que le 1*' corps marche sur Bayou. Nous suivons la même route jusqu'à Xermaménil, d'où le 5* corps avance par Landécourt, Einvaux, Clayeures (grand'halte),

210 LA OUERRE DE 4870-48^4.

Saint-Germain-sur-Gharmes, nous arrivons de 3 heures à 5 heures du soir après une journée très pluvieuse et très fatigante, à cause du mauvais état des chemins. Une division reste k Loro-Mentxey, la divi- sion Lespart plus à TEst.

\^ pivisiQ^ (Gozb).

Départ de Lunéviile à Y heures du matin. Les troupes sont sur pied, dans Teau et sous la pluie, depuis S heures du matin, parce qu'elles n'ont pas reçu le contre-ordre qui modifiait les instructions 4onnées la veille relativement à l'heure du départ. On passe par RehainviUer, Xermaménil, Glayeures (grand'halte), Borville, arrive l'ordre du général en chef de ne pas pousser jusqu'à Charmes, mais de camper à SaintpGermain et Loro-Montaey.

2* brigade (P^icolas).

«

Rapport du général iHiron Nicolas, commandant la brigade de la V^ division dHnfanterie du corpsj sur le rôle joué par les troupes de la brigade pendant la campagne de 1870.

Le départ du 3' corps, usé au lendemain matin à 3 heures, fut, dfms la nuit, contremandé pour 7 heures. La brigade n*en fut pas prévenue : ce malentendu produisit dans les rangs de très regrettables effets, car, réunie dès 3 heures sur la chaussée à Teotrée du faubourg, elle dut v attendra l'instant di| départ. Pendaqt ces longues et péni|>les he\irP8 d'attent^ passées sous une pluie diluvienne, ufi certain nombre d'hommes, brisés de fatigue, trempés jusqu'aux os, cherchent un refuge dana le faubourg; d'autres traversent laville^ s'engagent sur la route de Nancy pouf y précéder et y attendre, abrités, le passage de la colonne. Mais... la colonne i^e vint pas ; elle suivait une direction opposée. Dès lors, ced hommes, dont le nombre s'élevait à plus de ^00, disparureiit 4^ leur corps. Avant d'entrer à Nancy, ils sont réunis en détachement par des sous-officiers intelligents et vigoureux, entrent en ordre dans la ville, ils gîtent pour continuer, le lendemain, Iûuf Faute vers le camp de Châlons, par Toul, Ypid, Lig^y pt Rar-le-Duo, Le 95, iU rejoignent en ordre la brigade à Amagne, parfaitement outillés, pourvus de vivres et leur solde à jour.

Dans sa marche du H, le 8* corps, en quittant Lunéviile, passe k Rehainviller, suit les traces de Mac-Mahon jusqu'à Lamath, sur la Mortagne, puis, de là, s'engage dans le Sud sur un chemin paasant à Landéoeurt, Glayeures (grand'halte), Berville, Lero-Montzey (campement

LA OUB&RB DB 1870-4874. 971

de la 1^ brigade), et aboutit à Saint-Gepraaia, la brigade prend position à l'Est et au Sud. (Rapport daté de Wiesbaden, le 1*' mars iSfl.)

p DiyipiQif (DP VAII4DIII p'AYDIipi*)-

La pluie a recommencé pendant la nuit et transformé» pour ainsi dire, en un lac le champ de manœuyres de Lunéville.

Le départ devait avoir Heu à 3 heures du matin ; il est retardé Jusqu'à 7 h. 1/2. Les autorités supérieures qui dirig«nt Tarmée ont renoncé à passer par Nancy pour se porter sur le camp de Ghâlons et Ton appuie plus au Sud. Le 1*^ corps Ta coucher près de Bayon, sa cavalerie à Qolombey-les-Belles; le S* corps va à Charmes, Rambervillers, Saint? Germain, Loro-Montzey; la cavalerie Brahaut, à Gerbévilier, couvrant la retraite.

La division de TAbadie, tète du corps d'armée, est dirigée sur Charmes. Après être sortie des faubourgs, elle passe sur la rive gauche de la Meurthe, puis elle traverse la voie ferrée de Paris à Strasbourg. Elle franchit, près du village de Xermaménil, le ruisseau de Mortagne, affluent de la Meurthe. Elle atteint Lamatb, sur la rive droite, puis Landéceurt, et poursuit sa marche jusqu'à Clayeures, la grand^halte a lieu.

On y fait une réquisition de bois.

Le temps, qui avait paru vouloir s'améliorer, redevient mauvais.

On vient de déboucher dans la vallée de la Moselle ; en touche à celle de l'Euron, son affluent.

La division Gose suit de près.

Après le repos, on se remet en marche, passant par Dorville, Loro- Montzey, Saint-Germain, et traversant le bois de VillarDurt et la forêt de Charmes. On arrive au bord de la Moselle, que ron franchit pour aller bivouaquer sur 1|l five gauph^r Le (HM^p I3§t fprni>î vers 4 heures de l'après-midi à TOuest de Charmes et à gauche de \\\ route de Mire- court, sur une pente dominée par un mamelon, d'où r^.a découvre au loin la campagne et sur lequel on établit un fort poste. Un parti de francs-tireurs des Vosges devait venir également y passer la nuit. Le génie exécute quelques travaux pour rendre plus commodes les abreu- voirs des chevaux de la colonne.

Les distributions de vivres et de fèurrage ont lieu.

Le général commandant la division aurait désiré faire lo^er en ville une portion de ses troupes, afin qu'elles pussent mieux reposer à la suite des longues marches qu'elles venaient d$^ faire par un temps très mauvais. On trouva le maire de la ville opposé à la mesure, tandis que les habitants l'accueillaient avec faveur. Le jour étant avancé, le projet fut abandonné.

272 LA. aUBRRB DB 4870-4874.

Avant de traverser la Moselle, on avait rencontré sur la rive droite la ligne du chemin de fer d'Épinal à Nancy.

Le temps était devenu meilleur depuis le départ de Glayeures, mais il était resté sombre.

La réserve d'artillerie avait été arrêtée à Loro-Montzey, avec la brigade Saurin, de la division Goze. La brigade Nicolas, de la même division, passa la nuit à l'Est et au Sud de Saint-Germain.

La division Guyot de Lespart bivouaque à Rambervillers.

Le général commandant la division de cavalerie, parti à 5 heures du matin pour Fraimbois et Gerbéviller, avait laissé d*abord le 12<^ chassems à Fraimbois, mais il le rappela à lui dans la soirée, sur un bruit annon- çant Tarrivée de la cavalerie ennemie à Lunéville. Ce brait fut ensuite reconnu faux. Les deux régiments bivouaquèrent près de Gerbéviller.

Le grand quartier général du corps d'armée est à Charmes; le parc du génie y vient aussi.

Dans la matinée, la brigade Nicolas faisant une longue station par la pluie, un certain nombre d'hommes avaient été prendre refuge dans des maisons du faubourg, sur la route de Nancy, l'on devait aller d'abord, et y attendaient la colonne ; mais celle-ci ne vint pas. Alors ces hommes, au nombre de plus de 200, se réunirent et continuèrent leur route, croyant que la brigade avait passé et que le mauvais temps les avait empêchés de s'en apercevoir. Sous la conduite de sous-officiers intelligents et fermes, ils entrèrent en bon ordre à Nancy, y reçurent des billets de logement, et, ainsi dévoyés, ils prirent le parti de con- tinuer sur le camp de Ghàlons, indiqué comme lieu de rassemblement Ils s'y rendirent par étapes et rejoignirent le général Nicolas, le 25 août, à Amagne. Ce détachement avait tous ses effets au complet, ainsi que ses cartouches, et la solde était à jour; aucun homme ne s'en était éloigné.

Division db câvilbbib (Brahaut).

Dépurt à '6 heures du matin. Le 5^ lanciers et le ii,^ chasseun constituent de nouveau une colonne séparée du 5* corps et se dirigent par Fraimbois sur Gerbéviller, formant l'arrière-garde et couvrant le flanc gauche du corps d'armée. Le 12^ chasseurs est cantonné à Fraim- bois et le 5* lanciers à Gerbéviller ; mais, dans la soirée, par suite de faux avis annonçant l'entrée de la cavalerie ennemie à Lunéville, le général de division rallia le 42^ chasseurs à Gerbéviller et le fit bivoua- quer près de la ville.

Résbrvb d'artillbrib.

Le corps se dirige sur Charmes. La réserve d'artillerie campe à Loro-Montzey, village en avant de la Moselle.

LA GUERRE DE 1870-4874. ^3

c) Opérations et mouvements.

Le général de Failly au Major général^ à Metz

(D. T.).

Charmes, 44 août, 5 h. 34 soir.

Après avoir tu de France (4), ne pouvant, d*après son avis, me rendre de Nancy à Met2 par Pont-à-Mou88on, les édaireurs ennemis ayant été signalés hier, dès 10 heures du matin, à Chàteau-Salins et Dieuze, ainsi qu^un corps d*armée en marche sur Nancy, j*ai renoncer, malgré mon désir, à Tordre donné d'exécuter une marche de tianc dans de mauvaises conditions de défense, suivant le bord de la Meurthe et de la Moselle.

Le maréchal Mac-Mahon ayant pris la route la plus au Nord, par Bayon, Yézelise, etc., j'ai prendre une ligne plus au Sud et paral- lèle, de manière à pouvoir tourner Toul, rae jeter dans TArgonne et me rendre à Mets ou au camp de Gh&lons, selon vos ordres.

Mon quartier général est aujourd'hui à Charmes; demain, il sera à Mirecourt.

Les troupes sont très fatiguées par suite de la persistance du mau- vais temps, de la longueur des étapes et de l'irrégularité forcée des distributions. État sanitaire cependant assez satisfaisant.

Chemin de fer interrompu avec Nancy.

Journée du 11 août.

CORPS, a) Journaux de marche.

Journal de marche du 6* corps d*armée.

Son Excellence le maréchal Canrobert se rend de Paris à Metz.

(I) Le capitaine d*état-major de France, attaché au grand quartier impérial et envoyé par l'Empereur au général de Failly pour lui confirmer l'ordre de se diriger sur Metz, mais avec la latitude de passer

174 LA aUBRRR DB 4870-4874.

Continuation de l'embarquement de la l'*' division d*infantene pour Metz.

Les troupes de la 2* division d'infanterie (9*' de ligne) commencent à {iftrtir pour même destidatldn.

i'« DIVISION (Tixibb).

Le général commandant la division est parti avec un détAchetaent du 12* de ligne; Embarqué le li, h biidi, ft la gare de Gbàlons« ee détachement est arrivé le 12, à 8 h. 1/2 du matin, k la gare de Mets, après avoir éprouvé un retard entre Frouard et Polit^à-Housson. Ce l'etard provenait de la rupture des fils télégraphiques exécutée sur environ deux kilomètres par un parti de uhlans pfussiens. Cette interruption télégraphique faisait craindre Tenlèveniént des rails du chemin de fer. Ordre fut donné à deux compagnies de marcher partie en tète du convoi et partie sur léfi flancs ; il en résulta une grande lenteur dans la marche.

Au delà de Pont- à -Mousson, les Prussiens n'ayant point paru et la communication télégraphique existant sur cette partie du parcours, le train reprit sa marche ovdi naître*

Division Bis^on.

La division commence son mouvement sur Metz par le chemin de fer (ligne passant par Froiiard).

Le premier convoi quitte la gare de Mourmelon à ^ heures de l'après- midi. Les autres convois doivent se succéder avec des intervalles de une heure et demib.

DIVISION (La Font de Villieks).

La division est complètement arrivée k Metz.

Par ordre de Son Excellence M. le Maréchal Major général, h 3* division d'infanterie du 6^ corps sera répartie ainsi qu'il suit :

75^ de ligne, un bataillon à Plappeville et Saint-Quentin , deui bataillons à Saiiil-lulieh-lés-Metz ;

parToul « pour éviter l'ennemi déjà signalé à Dieuze et Ghàteau-Salins, en marche sur Nancy ».

Note adressée à la Section historique le 14 décembre 1901 par M* le général de France.

ùk eUB&BB BB 4 870*4 874 . 975

9i* de ligne, deux btttaillons à Plappetlile et Saint^Quentini un bataillon au fërt Moselle ;

93® de ligne, deux bataillons au fort Queuleu ; un bataiHbn au fort Bellecroiz ;

94" de ligne, en entier, s'étendra à la gauche de la lunette en construction près de la tlorgne-au-ISablûn, avec ses grand^gardes à la grange Mercier.

Les batteries divisionnaires en arrière de la ligne de ceinture, Toyant le plateau de Saint-Privat et portant une batterie à la droite du 9i* de llgbe, k\ï 5 a photlt à le faire. Eb c^^ cdntt'àirë, é'éât lë94<qiii se r6t)liè derrière cette ligne; tjtil est en prëfoiid déblai dans cette partie de son développement.

La compagnie du génie de la division campera i\ la droite de Tartil- lerie, Tambulance au petit séminaire, ainsi que le quartier général de la (iivisidn et le général commandant la ^^ brigade. Le géné/al com- mandant la i "^ brigade est établi au lycée de Metz.

Les réserves de cartouches d'infanterie seront dans la carrière en arrière des batteries divisionnaires.

M. rtnten(iant général de l'armée assure à la portion de la division campée à Saint-Privat les vivres ie campagne et les distributions de fourrage. En raison de Tétat de siège, les difiTérentes parties prenantes n'ont droit qu*à une seuk ration, quel que soit le grade.

Â^ DIVISION (LbVASSOrSorVAL)*

Départ de la division pour Metz par le chemin de fer de l'Est.

c) Opérailoiié et mouvements.

Le maréchal Canrobert au général Étury, chef d'état-major du corps, au camp de Châlôris (D. T.).

Paris, U atiflt, 4 h. 40 nmlin.

Reçu votire dépêche m'annoiiçaot la concentration tout mon corps d'armée sur Metz. Je pars ce matin de Wris pour Metz, oi!i vous me trouverez.

Faites diriger sur Metz mes chevaux et mes équipages que conduit le capitaine Randal.

Le maréchal Canrobert à V Empereur^ à Metz (D. T.).

Paris, i^ août. L'Impératrice et le ministre de la guerre Montauban pensent que ma

276 LA GUERRE DE 4870-4874.

présence n'étant pas obligatoire à Paris, je dois me rendre de suite à Met2, Votre Majesté réunit tout mon corps pour l'action décisive. Je pars à Tinstant.

Le général Labastie, commandant l'artillerie du corps^ au général SoleHUy à Metz (D. T.).

Camp de GhAlons, 44 août, 10 h. 20 matin.

Par ordre du maréchal commandant le 6^ corps, le parc quitte La Fère pour se réunir au camp de Châlons, nous attendons des ordres.

Le Ministre de la guerre au Commandant supérieur du cafnp de Châlons (D. T.).

Paris, 11 août, 4 heures soir.

Donnez Tordre à Tartillerie et au génie de la division du 6* corps de suivre le mouvement des trois premières divisions de ce corps sur Metz par les voies ferrées. Entendez -vous avec le chemin de fer.

Le général Henry^ chef d'étal-major général du corps, au maréchal Canrobert, à Metz (D. T.).

Camp de ChAIons, 1 1 août, 6 h. 30 soir.

Impossible d*avoir des voitures pour embarquer vos équipages avant demain matin.

Ils partiront donc seulement alors, suivant l'arlillerie divisionnaire de la division Tixier.

Un escadron de cavalerie y est joint, avec 40 mulets d*ainbulanc«, ce qui fera le train très complet. Par suite, rembarquement de la divi- sion Bisson, qui aurait pu avoir lieu, dès le matin, est reporté à midi.

Les deux derniers bataillons du 100* s*embarqueront avec La i** bat- terie de la division.

L'embarquement de toute Tartillerie de cette division ne sera iini que dans la nuit, assez tard.

On m'annonce de Nancy que le général de la subdivision a quitt<^ cette ville, ce matin, avec tous ses services.

Si cette évacuation est réelle, Frouard me parait en l'air, et je sui< inquiet pour le passage de nos trains.

LA 0UBRRB DB 1870-1874. 277

Journée du 11 août.

CORPS.

a) Joumaiiz de marche.

Division GoNSBiL-DuMESinL.

Notes du capitaine cTétat-mafor Mulotte sur les opé- rations de la division Conseil-Dumesnil.

U août.

Le 11 août, le 1<^' corps et U dmsion Gonseil-Dumesnil continuent leur marche sur Bayon. Là, le maayais temps persistant, on se décide enfin à cantonner les troupes. On peut se rendre compte alors combien le cantonnement est préférable au bivouac, quand on n'est pas en vue de l'ennemi, surtout pour une armée qui bat en retraite après une bataille perdue. Les soldats peuvent se reposer, nettoyer leurs armes, laver et réparer leurs effets. Ils reçoivent des habitants ce qui leur est nécessaire pour faire la cuisine et sont moins disposés à courir à droite et à gauche, à marauder et è piller. Ils répondent plus promptement aux appels et manquent moins aux réunions.

La i'^ division du 7* corps est répartie dans les villages de Laneu- veville et Roville : Tétat-major, le 17* bataillon de chasseurs, les 3* et 99* de ligne k LaneuveviUe; les 21* et 47* à Roville. L'artillerie, qui n'a pas perdu son campement, reste campée près de Bayon.

c) Opérations et moiiTemeiits.

Le général Soleille au Ministre de la guerre (D. T.^.

Metz, 1 4 août.

Le parc du 7* corps est venu de Yesoul à Épinal sur l'ordre du gêné, rai de Liégeard. Je lui ai donné Tordre, le 10 août, de se diriger sur Langres avec le parc du 5* corps.

Je reçois du colonel Hennet la dépêche suivante, à la date du 11 août (1) :

(1) Expédiée d'Épinal à 7 heures du matin.

S78 LA aUBRRB DR 4670-4874.

« Général commandaDt en chef le corps m'a donné Tordre impé- ratif de ne faire aucun mouTement Siins instruction do sa part. Je oe puis donc diriger le paro ^ur L,Qngrfg, »

Le général de Liégeardy commandant Vartîllerie du corps, au général Soleiiie^ à ffetz (Lettre).

PlacQ de Belfbrt, 14 août.

J*ai Thonneurde vous rendre compte, qu'indépendamment des ordre» que j'ai reçus directement de vous au sujet du parc du 7' corps, le général commandant en chef ie corps a reçu, il y a quelque temps, du Major général de l'armée. Tordre de transporter oe parc à UDgre> et non à Besançon, dans ie eas il y aurait lieu de le déplacer d'Ëpinal.

D'un autre oÂté, le Ministre, m-éerivant répenoment de Farjf ppnr m^annonoen que la 7^ compagnie ^tsdu 8^ régiment du train d-^rtillerie était à ma disposition, m'informait que le parc était sous if^s Acdresdu général en ohsf, qui devait en disposer suivant les mouvernents ep cours actuel d'exécution.

Le colonel Heanet ayant reçu directemapt de f9us des prdces qui na se trouFaieqt pas d'acaord avpc ceux fionnés par le général Douay, il * chaque fois en référer à ce dernier pour leur eiéoution.

Àujoqcd'hui, la général Qouay a reçu Tavis delà rotfiaite dui^^oorp» de Nancy sur Châlons, et il a jugé qu'il n'y avait plus lieu de maiB- tenir le parc àÉpinal; il m^a donc chargé de transmettre au colorl Hennet Tordre de le transporter h Laogres.

Il me manque encore en ce moment, pour le compléter, h V eo"»- pagnie bis du %f régiment du train d'artillerie.

Joupnée du 11 août.

Jonmal de marche de la Garde impériale.

D'après les instructions de TEmpercur, la Garde doit aller s'établir sous Metz, entre Borny et Van toux.

LA aUKRRB DR 487(M874. 979

Elle se met en route le matin, après avoir fait filer les impedimenta : la dÎTision Oeligny par GoUigny, Ogy et Colombey; la division Picard par la route de Retonfey, Mqntfly %\ V^otouz; le parc du génie et la section de réserve, Tartillerie de réserve et la cavalerie se dirigent par la route de Metx à Saint-Avold.

Le mauvais état du terrain, détrempé par une forte pluie qui n'a cessé de tomber depuis la veille, oppose les plus grandes difficultés au départ des voitures un train et de l*artillerie, embourbées pour la plu- part. Il en résulte un retard notable dans le départ des colonnes.

L'infanterie marche par section ou demi-section, suivant la largeur des routes; Tartillerie sur deux files.

La cavalerie, en arrière-garde, se place partie K droite, partie k gauche de la route, autant que possible.

On annonce que l'ennemi ept ^n |)pm|)re considérable en avant de Boulay et de Saint-A.vold, disposé à nous attaquer.

L'emplacement entre Borny et Vantoux étant occupa à l'arrivée de lu Garde, celle*oi prend les dispositions suivantes, un peu en arrière de oelles qui lui avaient été indiquées :

La difision Deligny entre Borny et Grigy;

La division Pipard entre Borny et la route de Sarrebrûok ;

La cavalerie dans la plaine de Plantières;

L'artillerie de réserve, le génie, les services administratife, le long de la roule de Sarrebrûok, à hauteur de Plantières.

Opartier géqéral aux Bordes, ancienne auberge du Soleil-d*Or, route de S^rrebrûck.

Personne ne doit s'écarter du camp.

DnrisiON Oblîgny.

La division se met en mouvement à 5 heures du matin, par Golllgny , Ogy et Golorabey, et arrive à midi à Borny, village situé à trois kilo- mètres à l'Est de Mets. Elle s'établit au Sud de Borny et k la ferme de Belletange, toi^rnant le dos à la route de Mets k Ghàteau-Salins.

Dans cette position, elle est en seconde ligne, formant, avee les deux divisions de cavalerie de réserve : de Forton, de Bonnemains (1), du Barail, et les 16 |)fitteries d'^ir^ilferi^ di} généra} PfipM, |a réserve géné- rale de l'armée commandée par le maréchal Bazaino et comprenant

(!) On remarquer:^ q^^ ce Jpi^rqfil ^e ynarcl|0 contipnjt ipi }ine erreur matérielle en faisant tnarcher aypp l^s ^ivi^iQji^ ^u Bfirail ^t (Je fortpr^ la division de Bonnero2|ipS| qui, à cett^ datp ^u il aoii^, s^ tfoqyajt iV Colombey, battant en retraite sur Ghàlons avec le !•' corps.

280 LA. GUERRE DE 4870-4874.

les (Frossard), 3* (Decaen) et 4^ corps (de Ladmirault) de Tarmée du Rhin.

brigade (GàRNIER).

A li b. 1/2, la Teille, un ordre du quaitier géoéral de la Garde avait prescrit de porter un bataillon au village de Goliigny, afin de fermer une ouverture laissée par le 2^ corps.

Pendant Texécution de ce mouTement, arrive un contre-ordre déter- miné par un ordre définitif de marcbe sur Metz.

Partie à 5 heures du matin, la division arrive sous Metz après une marche des plus pénibles à travers les terres labourées, détrempées à fond, et campe entre les villages de Borny et de Grigy.

Division Picard.

La division reçoit, à 3 heures du matin, Tordre de partir à 4 heures pour se rendre à Borny, à environ deux kilomètres et demi de Metz. Elle passe par Retonfey et Montoy, suivant un chemin vicinal assez montueux, dans Tangle des routes de Boulay et de Forbach, et arrive, vers if heures, à Tembranchement de ces deux routes, à la ferme Bellecroix. Elle prend momentanément position sur deux lignes, par brigade, l'artillerie entre, de cette ferme, elle appuie sa droite, à Yantoux, village elle appuie sa gauche. Les troupes du corps, destinées à cette position, y arrivent vers 1 heure de l'après-midi ; la division se retire sur Borny et s^établit au bivouac sur deux lignes, par brigade, partie déployée, partie en colonne, entre les Bordes et Borny, Tartillerie entre les deux brigades et le régiment des guides en arrière de la deuxième ligne, formée de la 2<> brigade.

La division de voltigeurs prolonge la position de la division de gre- nadiers en s'étendant de Borny à Grigy.

Ce mouvement de retraite est suivi par le reste de la Garde et par les 2^, 3^ et 4* corps, qui occupent un arc de cercle au Nord-Est de Metz, allant de la Moselle à la Seille et passant par Yany, Noisseville, Montoy, Golombey, Grigy; la Garde étant en réserve à Borny.

2<> brigade (Le Poitbvin de la Croix).

Dans la nuit du 10 au 11, à 2 heures du matin, le général de divi- sion fait prévenir qu'on peut être attaqué le lendemain matin.

A 4 heures du matin, ordre est donné de faire filer les bagages régi- mentaires en avant, par la route de Retonfey, Montoy et Yantoux, et de faire suivre immédiatement après la colonne.

La brigade part dans Tordre suivant, vers 6 heures :

LA aUBRRE DE 4870-4871. 281

Compagnie du génie ',

Un bataillon du 1^' grenadiers;

Un bataillon du 3^ grenadiers;

Artillerie ;

Deux bataillons du 3* grenadiers ;

2e grenadiers.

La pluie ne cesse pas de tomber.

La brigade arrire entre la route de Boulay et Vantoux vers les 10 heures et prend une première position, qu'elle ne tarde pas à quitter pour Tenir s'établir entre le village de Borny et la route. Long temps d*arrét. Enfin, vers 3 heures de l'après-midi, les troupes sont installées par bataillons en colonnes de division, à distance entière.

Division db câyalbiub (Dbstaux).

Les ordres du général en chef, prescrivant à toute la Garde d^aller occuper en arrière une position défensive sous le canon de Metz, arrivent à 2 heures après minuit.

réveil et le boute-selle sont sonnés à 3 heures et, à 4 heures, toutes les troupes de la division sont à cheval et commencent à rompre pour gagner la route de Saint- Avold à Metz, elles doivent servir d'arrière-garde à tout le corps de la Garde dans sa retraite sur Metz.

Toute la colonne des bagages et des voitures régimootaires et auxi- liaires du train se met en marche en suivant la route secondaire de Maizery et Ogy, pour se rendre à Metz.

A 10 heures du matin, les corps de la division arrivent devant Metz et y bivouaquent dans la plaine située au Nord-Est de la ville, près du village des Bordes, en arrière de tous les corps de la Garde et faisant face au chemin de fer de Mett à Forbach.

Dans la soirée, on apprend que les Prussiens occupent avec des forces considérables les villages de Boulay et de Saint- Avold. L'approche de Tennemi détermine, dans la population de cette partie de la frontière, une émigration générale.

On s'attend à une attaque imminente.

Artillerie de la Garde. Le 11 août, Tartillerie vient camper au village des Bordes, près Metz.

Génie de la Garde.

Le génie de la Garde impériale retourne vers Metz et campe près de Plantières.

289 QURRRB DE 4870-4874.

û) Opérations et aoaTeaents.

Le général Bourbàki au général Picard, eomman» dant la division de grenadiers de la Oarde impériale (Lettre).

D*après les instructions de l'Empereur, IVHI^^^ ^^'t ^ pofter ce mi(tin sur la deuxième pqsitioa défjpnçive (soy^ Metz) d^çfite dans Fextrait des instructions qi|e Tops avez r^çu hier ipatin, avec toutefois cette modîGcation que la Garde, qui devait occuper Textrémité droite de la li^oe dans le cas oii le 2^ corps n'arriverait pas à temps pour Ip faire, se placera aq centce cqmme réserre gfénérala.

La position sera entre Borny et Van toux.

La Garde aura auprès d'elle les divisions Forton et du Barail, ainssi que les seize batteries de réserve du général Ganu.

Des officiers d'état-major ou du génie, envoyés de Metz à la ren- contre de ces dernières troupes, leur indiqueront la direction qu'elles doivent suivre.

En conséquence, la Garde quittera son campement ce matin ^ 4 heures, après avoir fait à Tavance filer tous les impedimenta. Ces impedimenta se mettront donc en route aussitôt après la réception de cette dépèche; ceux de la division Deligny par la route inciiquéc dans ma dépêche d'hier (Ogy et Borny) ; ceux de la division De8?aux par la même route; ceux de la djvision Picard par la route de Retonfey, Montoy et Vantoux ; ceux du quartier général par la route de Metz à Saint-Avold. Ils s'établiront au deU de la ll^ne allant de Borny h Vantoux, sur laquelle doivent être établies les troupes de la Garde.

La diane sera l>attue h 3 heures, ^.es troupes se mettront en marche à 4 heures. Les deux divisions d'infanterie suivront la même route que celle indiquée pour leurs bagages. L'artillerie de réserve, la cavalerie et le grand quartier général prendront la grande route de Metz t^ Saipt- Avold.

On profitera de toutes les routes secondaires latérales à celles indi- quées ci-dessus pour rendra les colonnas moins profondes, sans cepen- dant compromettre la rapidité de formation à^ê troupes pour le copib^t.

Les troupes d'infanterie marcheront par section ou demi-section, suivant la largeur des routes, et l'artillerie sur deux files. Quant k la cavalerie, elle formera Tarrièca-garde et se placera partie à droite et partie à gauche de la route, si le terraiq le permet, afiq ^*étTe dispo- nible pour entrer immédiatement en action le cas échéant.

Je suivrai, de ma personne, la route de Saint-Avold à Metz.

LA GUBRRB DB 4670-4894. tM

P.'S. D*après les renseîgnoments parvenus au Maréchal oommaQ- dant en chef, Tennemi serait en nombre considérabli», tant en avant de Boulay qu*ett avant de Saint-Avold, et serait disposé à nous attaquer,

Hém9 kitre am gMtaw Peligny ft P$9vmxy cf^mmumquéf ^ç\M9 forme (Çordn géx^al Qux diven fervicti.

Le général Bourbaki au Major général (Lettre).

Plantiëres, près Metz, 44 aoAt.

J>i J'hopppur (je ren4re CQipptp ^ Vptre excellence que les troupes (]fi la fifti-dç jpapÉiiale 90,J[\X l^ivqy^qp^fç aii^^i jju'il ^uit, eq ftrrjèrp dpa villages de Borny et de Vantoq^i pr^s Met^, ^f^voir ;

k 1" i\y\»m 4'infr«t?n? ^'^^rc pprpy ^t Qnçy ;

l-a p division aiUi^ Bm^^T et la rpufe 4^ Sarrp^rûpk ;

l^ caTii]erip dnps ){| pleine 4p Plï|Rtières ;

L'»rtil|ene de résepye, le génje, je? servjpes a(|ipif)i8tratifs 1q Iqpj^flp la route 4e Sarr^brûpj^, k l?^i>^Hr 4e PUnti^rcs. j^KJ jpstallé ^pn qpaftjer général, anciep^e ajibprgp du §ojîîi|-4'Qr, aux IJqrdes, rpufc de Sarrebrûck.

L'intendant militaire Lebrun^ de la Garde impériale, au général BourbaM (Lettre).

44 août

f ai rhoupeur de vogs rendre con^pte que, conformément aux pre- miers ordres que j*ai reçus de M. le colonel Lewal, du grand quartier généra], j'ai d'abord placé le train auxiliaire du quartier général au village dp Plaptières, au pied des fortiGcatiops j niai^, sur un qouvel ordre qui m'est arrivé, j'ai le faire diriger sur le poly&pne de Ghi^m bière.

J*ai installé l'ambulance dq Quartier général dans une maispn a^sez vaste, située sur la route de Metz, à peu de distance en arrière des batteries copnmandées par M. je général Canu.

Le général Bourbaki aux généraux Deligny, Picard, de Amois (commandant ïaniillerie de la QaK^<ie) et de Villeps {commandant le génie), Réponse aum rapports.

14 août.

Dans les combats qui ont été livrés jusqu'à ce jour, on a eu l'occa- sion de remarquer que l'infanterie avait tiré trop haut et trop vite, et

S84 LA aUERRB DB 4870-1874.

que le tir de l'artillerie, également, avait été trop haut. Des recom- mandations spéciales deyront être faites à chaque homme en particulier pour éviter que les mêmes fautes soient commises.

11 faut user des avantages résultant de la rapidité du tir du fusil modèle 1S66, mais il convient de ne pas les réduire en exagérant la vitesse du tir au point de compromettre les résultats à atteindre ; il faut toujours viser avec grand soin.

En outre, en tirant trop haut, quelle que soit l'arme employée, od s'expose à ne causer aucun mal à l'ennemi. En tirant bas, au contraire, on a la chance de l'atteindre au moins par ricochet.

En raison de la supériorité de portée de notre armement, il sera presque avantageux d'exécuter des feux de mousqueterie aux distances de 800 à 600 mètres, alors que notre tir est très bon et que celui des Prussiens produit de médiocres résultats.

Les Prussiens semblent avoir adopté comme tactique, surtout lors- qu'ils peuvent occuper la lisière d'un bois, la constitution de la pre- mière ligne au moyen de tirailleurs nombreux appuyés par des pièces d'artillerie bien placées. Ils conservent en arrière quelques masses solides, destinées à appuyer la ligne des tirailleurs, et de fortes réserves au moyen desquelles ils font effort sur les ailes des troupes opposées. Le meilleur procédé à employer pour déjouer la tactique de l'ennemi consiste à user, en première ligne, dans les mêmes condi- tions, de nombreux tirailleurs et de pièces d'artillerie ; de tenir des troupes prêtes à les secourir, à s'encadrer au milieu d'eux à un moment donné. Il faut aussi conserver le plus longtemps possible des réserves d'un effectif relativement élevé, afin de porter un coup décisif dans la dernière période de la lutte et de s'opposer à l'action des réserves ennemies

M. le général commandant i'arlillerie devra se tenir en communica- tion directe avec le parc du coirps d'armée et indiquer l'emplacement de ce dernier.

Afin d'être prêts à exécuter tous les mouvements qui pourront être ordonnés, MM. les généraux commandant les divisions et M. le général commandant l'artillerie prescriront que les troupes sous leurs ordres portent à trois jours la réserve de biscuit que chaque homme doit conserver par devers lui, indépendamment des distributions ordi- naires.

Le quartier général du commandant en chef est établi aux Bordes (ancienne auberge du Soleil-d'Or), sur la route de Metz à Sarrebrûck.

LA GUERRE DE 4870^871. 385

Journée du 11 août.

RÉSERVE DE CAVALERIE. a) Journaux de marche.

Le 11 y à'4 heures du matin, uoe recoDuaissanoe de deux escadrons du 3* chasseurs d'Afrique et commandée par le colonel de Gallififet, traverse Metz pour explorer toute la région comprise entre les routes qui conduisent à Château-Salins,, à Nancy et à Pont-à-Mousson.

Elle s'avance sur une seule colonne jusqu'à Yemy, elle arrive à 5 h. 1/2 et oti elle ne trouve aucun renseignement. Elle se fractionne alors en trois portions : Tune, forte d'un escadron, suit la route de Nancy, au centre ; les deux autres, comprenant chacune deux pelotons, s'avancent sur les routes de Château-Salins et de Pont-à «Mousson, au milieu d'un pays difficile, coupé de hauteurs, de bouquets de bois et de vignes.

Le détachement qui a pris la route de Pont-à-Mousson, passe à Lorry, Bouxières, Cheminot, Ëply, Rouves et arrive à Nomény vers 11 h. 1/2. Il y trouve le détachement central qui y était rendu depuis une demi- heure, après avoir fouillé les villages de Pagny, Louvigny, Saint-Jure et Raucourt.

Pendant ce temps, le troisième détachement suivait une direction plus à l'Est et traversait Siliy, Buchy, Soigne, Secourt, Thezey et arri- vait à Nomény par Phlin et Mailly, après avoir envoyé un peloton vers Luppy, qui devait rallier en passant par Liocourt.

Aucun de ces détachements n'avait rencontré d'éclaireurs ; mais, d'après les renseignements recueillis, le 10, quatre uhlans prussiens avaient paru à Han-sur-Nied et de nombreuses troupes occupaient Bemilly et Faulquemont. En outre, au dire des voyageurs, le gros des Prussiens occupait Hellimer, Gros-Tenquin, Baronville etMorhange, ce dernier point paraissant contenir leur tête de colonne, car ils y avaient un millier d'hommes le 10 au soir. Cette direction semble indiquer une marche sur Nancy, ou au moins le projet de couper les routes à Frouard. ,

Aucun ennemi n'étant signalé dans le voisinage, le retour sur Metz s'effectue en une seule colonne par la route de Nancy et le détachement rentre à son bivouac à 5 heures du soir, après un parcours total de 80 kilomètres.

Un brigadier, resté en arrière, est fait prisonnier.

sas LA GUBRRB DB 4870-4874.

DlVlSlOPf DB BONNBMAINS.

Départ de Ba^OB & l( heures du tfaatiDi ôolbnile pas&e à Haroué, Vtizelise et arrive à Colombey à 1 heure de l'après-midi.

Division de Forton.

Le il août» deux pelotons, l'un du i" dragons, i'aulre du 9*, sont envoyés en reconnaissance sur les rives de la Moselle depuis Meiz jusqu'à Thion ville.

c) Opératiàbs et mdiiTeiiiéàts.

Division du BARiiiL.

colonel de Gatliffety cômiUàndà'Ât c/idsiéurs (V Afrique y au général Éarail (b. ï ,).

Nomémy) 44 aoûti 4i b. 40 soir.

ieahtei (1) revieilt ici avec les éclai^èurs de rèxtfébic gâitéhe. Le- renseignements qu'il apporté me parais^ëiit préfISrableâ à ceui que je viens de 'vous etitdyèr.

Les Prussiend auraient abandonné Faulquemdnt.

Lès éélaireurâ ciléd danft ma dernière dépêché n'aùt'aieht ^efiiiru m hiet- ni Aujourd'hui, excepté à Han-guNNied.

Les Prussiens occuperaient HelUmer, Gros-Tenquin, Bardhvlille et Mdrhatige. Ce dëi>hiër (jclhi jiaralt être lëUt* tête de tîblontle. Itâ y ont un millier d'hommeâ.

Lés population^, qui n'otit jamdis vu une réconhÀlsâance de cavalerie française nou^ |lrètitieUt ^oui* des PriîësienS. Ndti>ë présenèe led fassut*e.

ie rentre immédiatement à Metz.

Division ds Fdrtôn.

Reconnaissance faite par un peloton du !<>' dragons, le 11 août au matin.

M. Daguet, lieutenant au l^»' de dragons» a fait une reconnaissance, avec son peloton, sur la rive gauche de la Moselle.

Parti à 4 heures du matin de Montigny, arrivé à 5 heures aux portes de Metz, n'a pas été reconnu.

(1) Le lieutenant Jeantet, du 3* chasseurs d'Afrique.

LA OUBRRB DK 1870-1874 . S87

A pris la route de Thion^ille ; a passé par les Tillages de Saint- Rémy, Maizières-les-Metz, TalaDge» Haffondange, Mondelange, Riche- mont et Uckange. A traversé TOrne à nichemont, est entré à Thion- ville et s'est présenté au commandant de la place.

Hier, les Prussiens (ublans) étaient à Kédange (dires d'habitants non confirmés). Il y a des uhlans à Bouzonville. 11 y en aurait aussi à Metzerrisse.

Il y aurait eu une àlérie dans Taplfès-ttildi d'biër bhez les habitants de la rive droite qui auraient fui sur la rive gauche. Plusieurs maires, entre autres ceux de Maizières et d'Hagondange, ont confirmé le (ait. Ces habitants rentrent chez eux cet après-midi.

Le colohël eobafaaahd&bt lA place db tliiônViile a dit k l'bfhéier que les renseignements qu'on donnait, annonçant pour cette nuit Tarrivée de Tennemi, êobt complètettiëbt fkuk.

Près de Bouzonville, les Prussiens ont enlevé un curé et un jeune homme qui voulait le défendre. De une panique et un bruit absurde qui a couru partout, indiquant ^ue Tennemi enlète tou^ les Jeuiieft gens du pays.

Le maire de Maizières tncottte que, datiM Journée du 10, 500 t'tUit- siens sont venus à Bouzonville et ôttt enlevé quelques Jeuhe^ ^ën». Le maire de Maizièlres tieht ce rettseignement de M. Dieirsteih, Bdu20n- ville.

M. Loraih, fils du mdirë de Ghemery; a déclaré que le iO,ft 4 heures après- hiidi, des uhlans sofit venue à Chemery-.

Hier, un inconnu A été arrêté pi& le maibe de Mài^ières, qlii Ta entoyé A i'état-major de la place de Metz pour avoir jeté ràlal*me en criant que les PrùasieHs arrivaient et qdMl fallait ftlir.

Le Major général au général du Barail (Par ordon- nance).

MeU, 41 août.

H est nécessaire que l'Empereur ait de» renseignements sur des fliou- vements que Tennemi pourrait faire dans la direction de PdulquétUOiit et Nomény sur Nancy.

Ezéeutez demain matin des reconnaissances daHs ces directions.

Le Major général général de Fôrlon (Par ordon- nance).

Metz, 11 août.

Des renseignements recueillis dans la journée semblent indiquer que de l'infanterie ennemie aurait oocupé Boucheporn et Ham-sotts-Vars^ berg aujourd'hui. (Route de Metz à Sarrelouis*)

288 LATgUBRRE de 1870 4874.

PreseiÎTez des reconnaissances dans les directions qui conduisent à ces deux localités; envoyez quelques escadrons.

Journée du 11 août.

RÉSERVE GÉNÉRALE D'ARTILLERIE. a) Joarnal des opérations du général Soleille.

44 aoûU

L'Empereur avait coDser?é le commandement général. En dehors dei» corps qui relevaient directement du maréchal Bazaine, il restait la Garde impériale, la réserve générale d'artillerie et la division de cava- lerie de Forton. Ces forces ne furent pas jugées suffisantes. Le maré- chal Ganrobert devait d'abord se replier sur Paris avec le 6" corps : parti de Nancy le 8 août il arrivait à peine au camp de Châlons lors- qu'une nouvelle combinaison le rappela à Metz. Il y était rendu le 11 avec une de ses divisions; le reste du 6^ corps allait le suivre. Mais les communications devenaient à chaque instant plus risquées, les uhlans» se montraient sur divers points de la ligne, essayant d'enlever les rails ou d'encombrer la voie. Les i'«, 3* et 4*^ divisions purent gagner Metz; le général Bisson, commandant la 2^ division, n'y arriva qu'avec un seul de ses régiments^ L'artillerie des 1'^ et 3* divisions était complète; de la division, la batterie Blondel (12* du 8*) seule arriva par Tbion- ville ; l'artillerie de la 4' division était entièrement coupée. L'état-major, la réserve, le parc (qui avait quitté La Fère et rallié les corps d'armée) se trouvèrent séparés du maréchal Ganrobert, ils ne figurèrent pas à l'armée de Metz.

Trois batteries de montagne organisées au 3*^ régiment, en Algérie, étaient annoncées, elles devaient faire partie de la réserve générale : une seule (la 6* batterie) parvint jusqu'à Metz. Dès son arrivée, elle fat mise à la disposition du général Goffinières pour être employée aux travaux et à la défense de la place (1).

(1) Gette batterie arriva à Metz le 10 août. (Lettre du 11 , du général Soleille au général Goffinières.)

GUERRE DE 4870-4874. :289

Les 5*, 6*, 7* et 8* batiteries du 13* régiment reçurent la même des- tination et furent détachées aux forts Moselle et BeUe-€roix.

Historique des 2«, et compagnies de pontonniers (46« régiment d'artillerie-pontonniers).

40, 44 et 12 août.

A dater du 7 août, les trois compagies de pontonniers sont réunies à Metz BOUS les ordres du colonel directeur des ponts.

Des reconnaissances furent faites sur les riyes de la Moselle

par le colonel directeur des ponts et les officiers de pontonniers les li et 12 août.

En amont de la place, la Moselle se divise %n trois bras comprenant entre eux les lies de Saint-Symphorien et du Saulcy. Trois voies de communications étaient établies de la manière suivante à travers ces lies pour relier la route de Longeville, sur la rive gauche, à celle de Montigny, sur la rive droite.

Trois ponts de chevalets, distants entre eux d'environ 200 mètres, étaient construits sur le grand bras. Celui d'amont, à hauteur de la lunette du Saulcy, était formé de chevalets du génie d'une construction à peu près régulière, ses poutrelles consistaient en longs corps d*arbres en sapin, non équarris. Le deuxième pont, établi t^ remplacement d*un gué, ne régnait que sur le thalweg de la rivière; ses chevalets, très bas, se composaient d*un chapeau assemblé, sans liens ni traverses, sur quatre pieds très peu inclinés : ce pont n'avait aucune solidité. Le troi- sième pont était aussi à remplacement d'un gué; il était plus long que le précédent; ses chevalets étaient plus solides et plus stables, mais ses poutrelles avaient une trop grande portée.

Ces trois ponts avaient été construits du 10 au 12 août par les com- pagnies de corps francs du chemin de fer; ils correspondaient à trois ponts de radeaux établis par les mêmes compagnies de corps francs sur le bras qui sépare Ttle du Saulcy de l'Ile Saint^Symphorien.

Enfin les trois voies ouvertes par ces ponts traversaient le bras

mort de la Moselle pour rejoindre la route de Montigny, la première sur un pont de radeaux à 300 mètres environ en amont de la lunette Rogniat, la seconde sur un pont de bateaux du commerce, h 200 mètres environ en aval du premier; la troisième sur un pont de chevalets et de bateaux du commerce à 200 mètres au-dessous du précédent.

En aval de la place les communications étaient établies entre

les rives, à travers Tlle Ghambière, au moyen de trois ponts sur le grand bras et trois sur le petit bras.

Sur le grand bras il y avait deux ponts de chevalets, dont un à hau- teur de la Pyrotechnie» l'autre à 400 mètres plus bas. Le troisième était

•• fude. Doenm. 19

290 LA GUERRE DE iSlO-kBlî.

un pont de radeaux oonstruit ayec des bois de peuplier à 400 mitres environ du second. Tous trois avaient été établis par le génie. Il y avait en outre trois gués reconnus et balisés.

Les iMê ponts du petit bras, établis par les ponis^i-ehauftsées, avaient tous la même oonstruotion. Un empierrement partant de chaqae rive s'avançait dans le lit de la rivière et formait culée; une pile de pierres sèches s'élevait vers le milieu de la rivière, et des corps d*arbres reposant sur la pile et âUr les detiî culéel forffiàieilt les poiitrellea du pont. L'un de ces ponts était à bautêUr de la lUHettd Hiollis, TàUlfe i hauteur du ciiûetièrè et le troisième à peu ptè» à é^ë dlltànoe entre les deux.

b) Organisation et administration.

Le Ministre de la g%Mrre au général Soleille, à Metz (Lettre).

Paris, U août.

J'ai rhoniieur de touë ibforttter que je donne Tordre par dépêche de ce JoUf à H. le colonel Henuet (P.), directeur du pard de U réserve générale d'Aftillèrte, de filifë diriger sàus retard sur Yincennes tout le matériel de son parc.

Le péfsofitiel et les 6hevaat néceëMifes pour l'atteler seront réitnis dans eette plaee <}uaiid les eofiipagtiietf seront organisées.

Le général Soieîlle aux Généraux commandant V artillerie des 1", 2®, 3®, 4«, et > corpt et la Garde impériale, et au Chef d'esùadron commandant f artillerie de la division de la réserve de cavalerie

(Lettre).

Meu, H août.

Le Ministre a ordobué, k la date du 0 août, que des ouvriers exercés, pris daui les compagnies d'outriers, seraient envoyés dans les batteries armées de canons ft bsilIeS pour eléiîUter les réparations délicates du mécanisme de ces bouches à féu.

Ces hommes devront être ttiis en subsistance dans ces batte- ries à dater du Jour de leur arrivée (1).

Chaqae hompue accompagne un coflûre renfermant des objets de

(1) Dans une lettre du 11 août adressée au colonel de Girels, direc- teur de Tartillerie à Metz, le général Soleille lui prescrit de fournir lêS

LA aUERRÉ DB 4870-4814 . S94

rechan^^e «pêciaux, qui seront transportés avee les autres l'échangea de batterie.

Je TOUS edlroie en même tempt caisses de cartouches à balles

multiples, qui devrotit être employées, de préféfenee aut balles ordi- haires, dataâ le tir à petites distances, ju^u'à ?00 mètres. Dans ces limites, elles éproairent un effet de dispersion qui augmente les résul- tats utiles du tir. On peut les augmenter encore en donnant à la crosse, (tendant le tir de chaque coup, un léger mouvement latéral.

Je tous, rappelle, {l cette occasion, que l'emploi le plus atantageuk des C&nôns à balles, avec les balles ordinaires, consiste k les placer h une distance de reiinemi supérieure à la portée du fusil dHnfafiterie, el dans des positions dominantes d'où l'on puisse bien observer les coups.

c) Opérations et mouTements.

Le général Canu, commandant la ré&erve générale (V artillerie y au général Soleille (Lettre).

Camp de Bordes, 41 août.

J'ai l'honneur de tous faire connaître l'ordre que j'ai reçu ce matin à 2 heures et qui émanait du Maréchal commandant le 3* corps. Il m'a été prescrit de marcher sur Metx en avant de la Garde impériale et d'aVoir à prendre sans retard les ordres du général Bourbaki pour l'heute de la mise en route et le noUvel emplacement sur lequel je devais m'établir.

L'ofBcier que j'ai ebvoyê immédiatement au général Bourbaki n ayant pu le rencontrer, j'ai prendre moi-même les mesures nécessaires pour éviter l'èndombrement sur la route de Mdts» J'ai (kî% d'abofd piîrtir toutes mes réserves avec ordre se rendro à Mets, l'on devait leur

moyens de transport nécessaires pour l'envoi des ouvriers eV du maté- riel aux oorps, suivant la répartition oi'-après :

2* corps 3 hommes, d coffres. 3 caisses. ,

corps 2 2 4

corps 3 3 Ô

Garde 1 1 i

Les hommes hOn compris dans c«tte répartition detrotit t-ejoindre les i*' et 7* corps et la division de la réseiTYe de eatalerie. DeUi hommeft destinés au 5* corps resteront provisoirement ft Metz.

â92 LA aUBRRB DE, 1870-1874.

indiquer le point de réunion, et je me suis mis en route avec les dooxe batteries de combat seules. Malheureusement, je n'ai pas trouvé sur les lieux d'officier d'état-major pour me placer sur le terrain, et ce n'est qu'après a^oir reçu avis des positions occupées par les autres troupes que j'ai pu établir mon camp. Le 43* régiment a été placé vis-à-Tls le quartier général, dans un champ assez bien disposé, mais qui est trop éloigné de l'abreuvoir pour la commodité du service. Le 48* l'égimeot est à Tembranchement des routes de Yallières et de SarrelouiSi à une très faible distance de l'autre régiment. Les débouchés sont faciles par plusieurs routes à la fois et la principale condition que doit remplir l'emplacement d'une réserve générale se trouve ainsi remplie.

Journée du 11 août.

GRAND PARC DU GÉNIE DE L'ARMÉE.

août.

Dam la nuit du 11 au 12 août, le grand parc du génie y parti de Versailles le 40, par les voies rapides, arrive à Metz. Le rapport sui- vant, dû au colonel Rémond, chef du matériel de guerre du génie de

Vannée du Rhin, donne en détail rhistoriqus de son organisation,

«

Rapport sur les opérations du grand parc da génie, pendant la campagne de 1870 (daté du 16 mai 1872).

Préliminaires.

Le Ministre, suivant dépêche du 25 avril 1873 émanée du bureau de l'état-major général, a prescrit au colonel, chef du service centrai du matériel de guerre du génie, de fournir un rapport sur les opérations du grand parc du génie de l'armée du Rhin pendant la campagne df 1870, parce qu'il était directeur de ce grand parc.

Pour satisfaire à cette demande on subdivisera le compte rendu en quatre périodes, savoir : celle de la formation de l'armée, du 16 au 25 juillet; celle de l'offensive, du 26 juillet au 5 août; celle de la retraite, du 6 au 18 août et enGn celle du blocus, du 19 août jusqu'au 29 octobre, date de la capitulation.

GUERRE DE 4870-4874. S93

Période de la formation de V armée.

Le colonel directeur de l'arsenal de construction du génie de Metz a été nommé directeur du grand parc du génie de Tarmée du Rhin par décision ministérielle du 16 juillet 1870.

Il a été attaché en cette qualité au grand quartier général et se rendit immédiatement à Paris ce quartier général s^organisait. Il conserva néanmoins sa fonction de directeur de l'arsenal.

Pendant son séjour à Paris près de l'administration centrale, il a provoqué la livraison des parcs existants et la confection de ceux qui manquaient.

Les parcs existants étaient ceux de quarante-huit compagnies du génie destinées aux divisions d'infanterie, ceux de dix corps d'armée et ceux de quatre armées. Le tout comprenait 2,734 chevaux et 3i0 voitures. Les magasins ne contenaient du harnachement que pour â,2i25 chevaux, mais on s'était mis en mesure d'acheter immédiatement celui des 509 autres chevaux.

Le harnachement et les voitures étaient répartis entre les six places de Versailles, Yincennes, Metz, Arras, Montpellier et Lyon. Chaque voiture était sur roues et pourvue de son chargement, prête à être mise en route.

Les parcs manquants étaient ceux de trois compagnies de chemin de fer qui n'avaient été décidés que le 21 mars 1870 et ceux de deux com- pagnies télégraphiques militaires qui n'ont été décidés que le 18 juillet.

La 2* compagnie du 1*' régiment du génie, affectée depuis deux ans aux expériences de la télégraphie militaire au camp de Ghàlons, était pourvue d'un matériel de 7 voitures qui suf&sait à un seul corps d'armée, mais il fallait l'accroître de 19 voitures pour qu'il pût suffire à une armée composée de sept corps.

Le Ministre a prescrit, le 18 juillet précité, d'organiser d'urgence deux parcs télégraphiques militaires, à raison de 26 voitures chacun, savoir : l'un pour la 2^ compagnie du i"' régiment à l'armée du Rhin et Fautre pour la 2* compagnie du 2^ régiment en réserve au camp de Chàlons.

On a procédé d'urgence à cette organisation. Les 45 voitures qui manquaient ont été faites à Paris et envoyées à Metz le 5 août. on a procédé à leur outillage avec les ressources télégraphiques qui étaient entreposées à l'école régimentaire de Metz. Mais le travail n'était pas fini k l'époque du blocus de la place, de sorte qu'on n'a pas pu expédier à Chàlons les 26 voitures destinées à ce camp.

Les ateliers de l'arsenal du génie de Metz ont été développés à partir du 16 juillet de manière à pouvoir doubler leur production journalière.

Le nombre des ouvriers a été porté progressivement à 300 au fur et

29i LA Qy|E^H« D|6 4y70r4871,

à mesure de l'arriTée des réserves rappelées sous les drapeaux. Dans ce nombre de 300 figuraient 4fi 9qH^U 4^ la gar4« mobile qui araient été obtenus du commandement en accroissement provisoire de Tefféctif de la compagnie d'ouvriers,

La compagnie de sapeurs-conducteurs du 3* régiment, affectée au grand parc de l'armée du Rhin, fut dirigée, vers le 20 juillet, sur Ver- sailles, où elle devait prendre ses chevaux, son harnachement et ses voitures. Son effectif était fixé à 290 hommes, 400 chevaux et. 56 voi- tures, mais elle n*avait qu'une vingtaine d'hommes (le cadres et point de chevaux. Elle a dfi attendre Tarrivée des hommes de la réserve qui se rendraient d'abord à Arras, au dépôt du 3^ régiment, pour s'y équiper.

Gei hommes ne lui sont parvenus que vers Je 8 août. En les atten- dant, le commandant de la compagnie avait perçu à Vincennes les che- vaux qui lui manquaient et, à Versailles, leur harnachement.

Finalement, ce grand parc n'a été organisé que le iO août. Il a ét^ mis en route immédiatement et dirigé par les voies rapides sur Metz, il est arrivé dans la nuit du 11 au IS, vers le moment le chemin de fer allait ôtrô coupé entre Frouarc) et Poiit-à-Mousson.

Le Ministre avait recommandé, le 23 juillet, d'organiser d'abord une section du grand parc et de la diriger sur Toul en attendant que I<* reste fut prêt; mais on n'a pas pu obtenir d' Arras le personnel néces- saire à ce petit détachenaent, de sorte que le parp n'a pas été subdivisé.

Ce grand parc n'étajt donc pi^s prêt à partir de Versailles, le 26 juil- let, quand le grand qi^artier général fut transféré de Paris à Met^. Mais il n'était pas seul en voie de formation, car, h son arrivée à Metx, 1^ directeur du grand parc et de l'arsenal fqt chargé de constituer deux parcs imprévus, savoir : l'un pour le corps franc des chen^ins de fer çt l'autre pour la télégraphie civile.

Le parc du corps franc des chemins de fer, prescrit par la décision ministérielle du 24 juillet, a été délivré le {•' août à l'effectif de 122 chevaux et de 20 voitures.

Le parc de la télégraphie civile, prescrit par décision ministérielle du 29 juillet, a été délivré le 2 août à l'effectif de 32 chevaux et de 6 voi- tures.

Le détachement de 3$ hommes de la compagnie d'ouvriers destiné au grand parc du génie a été organisé à Metz le 25 juillet, mais 11 n'a pas cessé de figurer au personnel de l'arsenal et de trayfiiller dans les ateliers.

Pendant cette période de la formation de l'armée, l'arsenal de Metz a envoyé [d'une part, à Strasbourg et à Verdun, les engins de mine destinés à la défense souterraine de ces places, tels que ventilateurs, sondes de forage et machine à camouflet. Il a envoyé, d'autre part,

GUERRE DE 4870-4874. 296

4ans \ei diverses forteresses de TEst et du Nord-Est, les artifices des- tinés à U 4estructioii des ouvrages d'art de la zone frontière.

Tput en faisant les travaux de sa spéeialité, Tarsenal a prêté son concours au Service de Tlntendance pour la réparation des Toitures h bagages régiment^ires et des voitures d'ambulances des entrepôts de Toul et de Metz, qui n'étaient pas en état de rouler à leur sortie des magasins. Il a réparé ainsi une quarantaine de voitures.

Lorsque le grand quartier général est arrivé k Metz le 26 Juillet, Tar»- mée s*est portée en avant Yers la Sarra. Les grands pares de ravtillerie et du génie n'avaient pas encore rejoint \ Metz. On (tait dépourvu d'équipages de pont. Le service du génie a été chargé de fournir des moyens de passage pour franchir la Sarre.

A cet effet, le directeur du grand paro a prélevé à Mets, sur les ressources de Tarsenal du génie et sur celles de l*éeole régimen taira du génie, deux ponfs du système Birago, avee leurs nacelles* Il les a expédiés vers Sarrebrûck, le 31 Juillet, au 2* eerps, par la voie ferrée.

Ces ponts étaient envoyés en prévision que le combat de Sarrebrnok du 2 août pourrait permettre de franchir la Sarre et de se porter en avant. Mais le succès n'a pas été sérieux et les ponts n'ont pas servi.

Toutefois, ils n'ont pas été perdus, car on les a retrouvés à la gare de Metz, le 3 août. Ils y étaient rentrés presque intacts. *

On y a prélevé pour agrandir les ponts de Metz, qui ont eu besoin d'être allongés par l'effet d'une crue des eaux.

Au moment l'armée voulait tenter l'attaque de Sarrelouis, le directeur du grand paro se tenait prêt à marcher en avant. U avait remis le service de l'arsenal nu capitaine de la compagnie d'ouvriers du génie, qui avait été désigné pour faire l'intérim par décision ministé- rielle du 24 juillet.

Mais cette marche en avant ayant été contremandée, le directeur n'a pas, en réalité, cessé d'exercer ses fonctions à l'arsenal.

Période de la retraite.

Les batailles du 6 août, du 1*' corps à Frœschv^iller et du 2* corps à Spicheren, n'ayant pas été heureuses, l'armée se mit en retraite.

Le général commandant en chef le génie de l'armée fut nommé gou- verneur de Metz le 7. Les forteresses de la frontière de l'Est et du Nord- Est ont été déclarées en état de siège le 8.

La place de Metz était dépourvue de troupes. La garde des portes était confiée aux douaniers. L'armement des remparts était confié à des ouvriers civils inexpérimentés.

296 GUERRE DE 4870-4871.

La compagnie d'ouTriers de Tarsenal du génie, à refTectif de 300 hommes, était à peu près la seule troupe régulière de la place. Elle fut prévenue le 9 de se tenir prête à concourir à la défense de k ▼ille.

C'est à ce moment-là qu'on reçut dii Ministre Tavis que le grand parc du génie allait partir de Versailles pour Metz. On prit des dispo- sitions pour assurer son blyouac.

Le 11 août, tous les ouvriers de l'arsenal furent aflféctés à la confec- tion de trois ponts de chevalets pour accroître les moyens du passage de la Moselle. ,

On en commença la pose le jour même, de concert avec les ingé- nieurs civils qui prêtaient leur concours au commandant du génie de la place.

Le même jour, on remplaça les outils portatifs de la 2* compagnie' du régiment du génie, affectée à la réserve du 2* corps, parre qu'elle les avait perdus à la bataille de Spicheren.

Le 1^ août, vers i heure du matin, le grand parc arriva à Metz, à la gare des Sablons. Il établit son biYouac sur le glacis de droite de li lunette Rogniat, le long de la Moselle, entre la citadelle et le village de Montigny.

LA GUERRE DE 4870-4874. 297

RENSEIGNEMENTS

Bulletin db ebnsbignbhsmts pour la journAb du 11 août.

Meli, 14 août.

De deux côtés différents, on donne la certitude qu'il n*y a pas de troupes ennemies sur la rive droite du haut Rhin. Le général Vogel de Falkenstein, venu des côtes du Nord avec des troupes (15,000 hommes auraient commencé leur mouyement de Cologne sur Trêves, ce matin même) s'arancerait le long de la frontière luxembourgeoise pour tour- ner Thionyille ou le surprendre. Il serait aujourd'hui à Frisange, sur la route de terre de Thionyille à Luxembourg, sans yioler le grand- duché ; il parait se diriger sur Aumetz, situé entre Thionyille et Longwy. Ce serait probablement ses flanqueurs qui auraient été signalés hier le long de la Moselle, au Sud de Thionyille. Il aurait trois corps d'armée, dont le m*. (Peu probable, car ce corps était à Forbach et des prisonniers du ÎÔ* uhlans, appartenant à ce III" corps, ont été faits en face de Tannée du centre, à Gros-Tenquin, au Sud- Est de Faulquemont.)

Le Roi, le général de Moltke, M. de Bismarck seraient à Sarre- brûck.

Toute la ligne de la Sarre dégarnie de troupes.

A Trèyes, le 5^*, qui a été abîmé le A août.

A Gonz, personne.

A Sarrelonis, 1000 landwehriens.

Cette armée du Centre parait comprendre les VII* et VIII* corps de Steinmetz, et l'armée du prince Frédéric-Charles, très probablement composée de six corps, dont la Garde. Elle n'ayait personne hier à Boulay, sur la route de Sarrelouîs à Metz. Elle a poussé de nombreux cayaliers, hier également, sur la route de Saint- Ayold, jusqu'à Plappe- court, en face de la Nied française.

Cette armée du Centre parait youloir éyiter Metz en se dirigeant sur Château-Salins, puis Pont-à-Mousson ou Nancy. Les cayaliers pris à Gros-Tenquin indiqueraient cette marche.

Des tètes de colonnes ayaient été signalées hier yers Sarre-Union ; elles doiyent appartenir à la même armée du Centre.

On signalait hier un corps prussien considérable qui aurait quitté ces

^ lA 0U9IIRE DE 1 870-4871.

parages (Rahliog, à TEst de Sarre-Union), pour remonter la Sarre, à la rencontre du Prince royal, sans doute.

Ce prince, ayec Tarmée du Sud, commande, on le sait, le V* corp^ le XI* (qui a trois di^iiions, i? eo la divisiop befsoise) et les troupes du Sud. On pourrait évaluer cçtte armée à 150,000 hommes. Elle parait pénétrer par les Vosges, bien que des renseignements peu certain.^ aient indiqué un mouvement d'une partie de cette armée, en arrière, yers le Nord, pour revenir sur la Sarre se joindre à l'armée du Centrp,

L'espion, arrêté aujourd'hui, dit que l'armée du Prince royal serait à Sarre-UnioB.

L'armée du Centre, si elle a huit corps d'armée, compterait plus de {00,000 hommes ; celle de Vogel de Falkenstein, avec trois corps, aurait 100,000 hommes.

On prêterait ^ux Prussien? le projet d'éviter Met2, de pénétrer au cœur de la France avec cette masse de 450,000 à 500,000 hommes et de nous combattre par le nombre. L'arrivée de Vogel de Falkenstein tendrait à prouver que toutes les troupes des c^tes sont appelées en France ; il y aurait donc devant nous les treize corps de la Confédératiou dvi Nord et les troupes du Sud.

12,000 landwel)riens aéraient arrivés à SarrebrÛck aujourd'hui et toute l'Allemagne mise sous les armes pour un grand effort.

Un renseignement du jour indiquerait pour demain le commence- ment de la marçlie de^ armées prussiennes.

Rapport aur l'interrQçqloire des pri^onniws.

Grand ({nsrtier général, à Metz, 1 1 aoât.

Les 12 prisonniers de gperra faits à l'affiiire d^ Fçfb^ph^ U 0 aoât, appartiennent aux corps suivants :

8* régiment de grenadiers (IIl* corps d'améo). ff^ régiment d'Infanterie (Vil* eorps d'armée). 39* régiment d'infanterie (VII* corps d'armée). S9* régiment d'infanterie (VII« oorps d'armée), 74* régiment d'infanterie (VII* corps d*armée). S9* régiment d^nfanterie (III* eorps d'arméo). 40^ régiment d'infanterie (VIIl^ corps d'armée).

Sapf le 4Q* et le Vm« cprps d'urraée, les aHtres régiments étaient tous partis, le jour même, à 5 heures dy matin, c|uittant leurs bivouac» pour «^rrÏTer, le^ uns ^ 1 ou % heures, les autre? svir lei 4 beur^» « SarrebrÛck, sur le champ 4e bataillai Les l^otpmes, fati^és et essoufflés, ayaient déposé leur sac avant (le combattre,

i,^ «y flKRR d;? \ 870t4 874 . m

Q'est pur if^vLx compagnies, «t qvelqq^foia par demi«bataillQo, que lea Prussiens s'engageaient 9\icce^iv^erU»

Ua oQinp^gmea 9ont généralement À reffectif 4e X^Q bommo^, lur lesquels on compte au moins le cinquième de landwehrîens, Q^^ der* niers semblent pea animés d*ardeur guerrière, étant presque tous

mariés et pères de faipiliet

Le 77^ régiment, qui a pris part à Taffaire et qui compte au YII* corps, est composé de Hanovriens ; les deux prisonniers de ce régiment on affirmé que leurs camarades pe se battent pas de bon cœur.

Ont été interrogés ensuite trois lanciers du i5^ uhlans, faits prison- niers h Gros-Tenquin. Ce régiment fait partjie du IIl^ corps. I| fait diTi- sion avec les 6^ cuirassiers, 3^ hussards, 16* hussards et 3* uhlans \ cinq régiments, en général, par corps d'armée.

Les quatre cuirassiers, dont un maréchal des logis, faits prisonniers en même temps, le 10 août, appartiennent au 4* régiment de cette arme, placé au II* corps d'armée, Ce régimeqt fait division avec le^ corp^ suivants : 9* dragons oldenbourgeois, i3° uhlans, 8* hussards bruDSwickois ; toujours cinq régiments par corps d'armée.

l^a majeure partie des prisonniers faits appartiennent à la réseryeou h la landwehr et sont mariés.

Observations. Les prisonniers n'ont encore reçu aucune solde | ils couchent sur la paille, sans couverture. Aucun officier ni médecin no les visite. Plusieurs d'enti'e çtqx, rnal vétn», sont malades. On écrit à ce sujet au général commandant la 5* division niilitaire.

Dépêche reçue au grand quartier général.

\K août, 4 heures soir.

Vogel de Falleenstein s'avance avec trois aorps d'armée, dont le III^, vers Thioqville, pour tourner la ville ou la surprendre. H longe la frontière du grand^lucbé sans la violer. Il serait à Frisange, sur la routa de Luiembourg à Thionvilie, contre la frontière luiembourt* geoise.

ffavas., Paris (D. TO-

Bruxelles, M août, 1 h. 30 matia. Expédiée le 14 ii 5 heures soir (n» 29624).

Berlin officiel, SarrebrUck, 40 août.

Arpiée française continue retraite tous points vers Moselle, Cavalerie prussienne la suit près, déjà passé ligne Sarre-Union, Gros-Teqqujn,

300 LA aUERRE DE 1870*1874.

Faulquemonty Fouligny, Étangs* Grandes proTisions bouche, deux colonnes pontons, trains chemin de fer entre nos mains.

Forteresse Petite -PierreéTacuée par ennemi qui abandonne artillerie, provisions.

Le Ministre de la guerre au Major général (D. T. Ch.).

Paris, 41 août, 6 h. 30 soir.

Un agent de Vienne télégraphie le 10 août, à 2 h. 50 du soir, un renseignement en date de Munich, 8 août :

u Le Prince royal ayance toujours ; ses troupes sont à Ingweilcr, ses ayant-postes à Seebach, Wingen, Puberg, Ratsweiler. On croit l'ar- mée française en ligne, par Boulay, Faulquemont, Sarralbe, Lixbeim, jusqu'à Strasbourg. Il annonce que, dans quatre jours, malgré fortifi- cations, il passe la Moselle. Toutes les troupes disponibles suivent pour

reformer réserves divisions d'infanterie ont déjà passé le Rhio à

Wittersdorf et Ottersdorf sur des pontons.

« Dans l'attaque de Steinmetz contre Spicheren, ses réserves ont beau- coup souffert des balles françaises jusqu'à distance de 4,000 pas. On attribue cet effet aux mitrailleuses. La poursuite a été impossible. troupes épuisées. Steinmetz a perdu un général, nombreux officiers,

3,000 tués ou blessés. »

Signé : X

P. -5. Je croyais que cette dépêche tous avait été télégraphiée par le Ministre des affaires étrangères.

Le Ministre de la guerre au Major général^ à Mets (T. Ch.).

Paris, 41 août, 6 h. 45 soir.

Extrait du Bulletin officiel prussien :

tt Dans le combat de Spicheren, les pertes de l'armée prussienoe sont considérables. La 5* division seule a perdu 1800 hommes. L'armé*' française se retire sur tous les points. Saint- Avold est occupé par les troupes prussiennes; des patrouilles s'avancent jusqu'à deux milles de Metz. »

Le Ministre de la guerre au Major général (D. T.)

Paria, 11 août, 9 h. 40 matin.

J'apprends de source belge très sûre que 150,000 Prussiens, maodé^ par le télégraphe, ont quitté Cologne. Le mouvement a commencé hier matin.

LA OUERRR DE 1870-1874. 304

Le Minisire de la guerre au Major géir\iéral (T. Ch.).

ParU, 14 août, 10 h. 40 soir.

X télégraphie de Gonstantinople, iO aot\t :

« Je tiens d'une source sûre que le Ministre de Prusse à Gonstanti- nople a reçu de Mayence, le 8 août au soir, la dépêche suÎTante :

« Si, dans la grande bataille qui est imminente, nous triomphons encore une fois, nous poursuirrons Tennemi jusqu'à Ghàlons, notre intention n*étant, dans aucun cas, de marcher sur Paris. »

Aux Affaires étrangères, on considère comme un piège cette pré- tendue confidence, qui est émanée de X,.., un des agents les plus retors de la politique prussienne.

Un agent de Thionville au Major général (D. T.).

ThioDTÎlIe, 1 1 août, 42 h. 30 soir.

On assure que le roi de Prusse est réellement arrivé à Sarrebrûck et que demain l'armée prussienne avancera pour se jeter au cœur de la France. Les 12,000 landwehr doivent arriver aujourd'hui à Sarrebrûck. Toute l'Allemagne serait sous les armes. La nuit dernière, des gen- darmes luxembourgeois auraient vu des éclaireurs prussiens longer la frontière entre Frîsange (grand-duché) et Evrange (France), pour se diriger vers Aumetz.

Plusieurs Anglais, qu'on soupçonne d'espionnage, ont été rencontrés dans les mêmes parages il y a trots jours.

Le même au même (Lettre).

Thionville, \ \ août.

J'ai eu l'honneur de vous faire connaître, par ma dépêche télégra- phique d'hier soir, que le roi de Prusse, accompagné du comte de Bismarck et de M. de Moltke, serait arrivé à Sarrebrûck. Ce bruit per- siste. On croit que le Roi est venu pour donner lui-même le signal de la marche en avant des armées commandées par le prince Frédéric- Charles et le général de Steinmetz.

Le corps d'armée du général de Voigts>Rhetz se serait déjà joint au gros de l'armée. La plupart des troupes concentrées à Sarrebrûck, etc., seraient arrivées par le chemin de fer de la Nahe.

Le bruit persiste, à Luxembourg, que le général Vogel de Falkens-

tein a projeté d'entrer en France par Thionville, Longwy, etc Son

armée, forte de 150,000 hommes, serait en marche.

Toute l'Allemagne se trouverait actuellement sous les armes et l'on

m Qt78fcftR DM 487(M87I.

prétend que c*est demain que toute Tannée prussienne opérerait i$oa moUyemèilt en avant.

Je n'aurais attaché aucune importance au renseignement relatif ao passage entre Etrange seize kilomètres au Nord de TbîoaTiJle) et Frisange (grand-duché) de plusieurs éolAlreurs prunieng» si je n'avais point eu l'occasion de constater^ il y a quelques jours, que plasieQrs touristes ailf^Uis, BOup<[oanés d'eipionnagei ont exploré la frontière entre Mondorf, Bousgy, Wolmerange et Aumetc.

Les 42,000 horiimes de la landwehr de toutes Aftiiés, fémai^uét hier à Trêves, se s6nt dirigés èuf Sdrrebfûok pouf fejoindre les tiorp« d*armée dorit ils foiit partie. Geé 12^000 homtbés foi^melit U Iftodinrehr dèi 63; 2i*i i9^, 74^ et 69^ rëgifiléHts de ligne dt d*un ré^imeiit qu'on ne peut indiquer.

On prétend, à Luxembourg, que beaucoup de Prussiens expulsés de Metz, ainsi que ceux qui y restent encore^ jusqu'aux bonnes d'enfiants, renseignent l'ennemi sur tout ce qui peut l'intéresser.

On y prétend aussi que la plupart des Anglais qui voyagent actueUe- ment en France sont des espions au service de la Prusse.

On continue à reprocher à nos soldats de ne point savoir iireri de trop peu viser, et d'épuiser toutes leurs munitions en un clin d'œiU

Renseignement adressé au maréchal Bazaine.

Mercy-ie-Haut, 4 \ août.

Un peloton du 7* dragons, en rpconnaissance, a capturé, à trôij kilo- mètres de Mercy-les-Metz, trois uhlans du 13* régiment (colonel de Schack). Le régiment avait pris position à quatre lieues en arrière» et les trois cavAliers étaient en reconnaissance depuis 40 heures du matin. Il forme, avec les 4* cuirassiers, 16* dragons et ii* hussards^ la 5* division de cavalerie (général de Barby), faisant pai^tie de la Itl« armée. L'effectif est de 650 chevaux par régiment.

Le 0éné7*al La Font de ViUters, commandant la division du corps y au Major général.

BULLËTIK DE HtiNSfelGNÈlENtS DU 11 AOUT.

M. le colonel de Geslin, du 94^ de ligne, dont les fermiers habiteut au Nord de Vigy* a reçu d'eux cet avis que les éclaireurs ennemis se sont montrés de ce côté»

Des personnes arrivées hier à Metz, entre autres une religieuses ont

ÔUËttR» DE 4S70-'ie)74. M

assuré que les PruMiens étaient entrés à BettlainYilIe^ Luttange et Guenange, au-dessous de Tbionville. Ces personnes sont paHieâ de Trémery, fuyant devant rarmée ennemie.

Ces personnes, ainsi que des officiers arrivant ce matin de Sarre- guemines (brigade Lapasset), pfétôndent que les Prussiens eurôleht la population virile des campaghes.

Un mécanicien, famenaiit sa locomotive de Coui*éellâ8-^uf-Nied, a été renvoyé par les Prusëlens, du moins leurs éclftireurs, hlèf irers midi.

filéâ de Aoaveàd du côté d*Orny et Pdtit-à-ttousson, à^àpthi le dire des paysans qui sont entrés ce matin en ville.'

X. . . à M, Samuel y chef d'escadron, à Metz, et au Major général, à Metz (D, T.) (Extrême urgence).

Pont-à-Mou880D, 44 août.

De 1000 à ISOO Prussiens à Nomény : on les attend demain à

Pont-à-Mousson.

Gbàteau-Salins occupé; nombre inconnu.

Le Maire de Nancy au général du Bàrail (D. T.).

Nancy, 44 août, 4 h. 50 soir.

X arrive à l'instant et avertit que les éclaireurs prussiens, au

nombre environ de 200, sont entre Lupy et Rémilly ^Moselle) : ils ont pris un brigadier de cbasseur^ d'Afrique.

Due reconnaissance S5 ublan^ à Noin(?ûy même, à Tinstànt.

Le Major général au Général commandant la subdi- vision de la MeurthCy à Nancy (Lettre).

Metz, 44 août.

J'ai l'bonneur de vous annoncer qu'en raison des circonstances actuelles, j^envoie à Nancy lu capitaine d*état-major Vosseur, attaché au grand quartier général de l'armée^ atreo la mission spéciale de me rëtlseigner sut* les mouvements et les ft»rQ«s de l'ennemi, le vous prie de faciliter autant que vous le pourrez la mission confiée au capitaine Vosseur (i).

(1) Lettre analogue au préfet de la Meurthe.

304 LA GUERRE DE 4870-4874.

Le général Douay au Major général, à Metz (D. T.).

Belfort, 41 août, 4 h. 50 soir.

Des dépôchefl du bord du Rhin annoncent qu'hier un train badois a descendu 1200 hommes et cinq canons. Il ne resterait que quelques compagnies en face de Kembs. Il y ayait sur le Rhin, dit-on, 43,000 hommes, qui ont été dirigés sur Rastatt pendant les nuits de dimanche et lundi.

Général commandant Strasbourg croit k TinTestissement prochain, sans certitude, dit-il.

Le général Uhrich à général Douay, Belfort; à Guerre, Paris; à Major général, Metz.

Strasbourg, 44 août, 3 h. 46 soir. Expédiée le 14 août k 4 b. 5 soir (n« 296^)-

Fortes colonnes ennemies descendent sur Strasbourg ayec infanterie, cavalerie, artillerie. Je m'attends à un inTestissement immédiat.

Le général Uhrich^ commandant la division mili- taire, au Ministre de la guerre (D. T.).

Strasbourg, 41 août, 7 h. soir. Expédiée le 14 août à 7 h. 40 soir (n« 2^96).

CommunicatioQii interrompues; il est probable que dans quelques heures la télégraphie ne fonctionnera plus (1 ). Troupes très nombreuse» sont à quelques kilomètres de Strasbourg, avec beaucoup d'artillerie. Nous ferons notre deyoir.

(1) Directeur Cabinet Direction générale des lignes télégraphiques an Ministre de la guerre, à Paris (Sertnce) (D. T.).

Paris, 44 août. 40 h. 45 soir (n« 2£7oô).

La station télégraphique militaire de Belfort nous prévient que les communications avec Strasbourg sont interrompues depuis 7 h. 15 soir.

La journée du 12 août.

GRAND QUARTIER GÉNÉRAL. a) Journal de marche de Tarmée dn Rhin.

12 août.

Le maréchal Baxaine est nommé au commandement en chef de Par- mée du Rhin. Le maréchal Le Bœuf résigne ses fonctions de major généraL Le général Jarras est nommé chef d'état-major de l'armée du du Rhin. L'état-major général passe sous les ordres du nouveau com- roandaqt en chef.

Le 2* corps conserve sa position de la Teille (i).

Le a ton quartier général à Borny ; sa 1'* division (Montaudon) à Grigy ; sa 2^ (Gastagny) à Montoy ; sa 3* (Metman) en arrière de Golorobey ; sa 4* (Aymard) à Nouilly ; sa division de cavalerie en arrière de la 4* division.

Le 4* corps a son quartier général à la ferme de Grimont et ses lignes en avant de cette ferme.

La l** division du 4^ corps (de Gissey) à Mey ; sa 2* (Grenier) k che- val sur la route de Bouzonville, en arrière de Mey ; sa 3* en arrière du ruisseau de Chieulies, entre la route de Bouzonville et celle de Kédange.

Le corps a son quartier général à Metz ; sa 1>^ division (Tixier) en arrière de Saint-Privat, de la Moselle à la Seîlle ; sa 2* (Bisson), qui ne possède qu'un régiment, le O**, à la ferme Saint-Éloi et derrière Woippy ; sa 3* (Lafpnt de Villiers) une fraction dans les forts, le reste vers la Grange-Mercier ; sa 4* division (Levassor-Sorval) de Woippy à la Moselle, sur le prolongement de la

La Garde conserve sa position de la veille.

(1) Gontradiction avec le Journal de marche du 2* corps d'après lequel la division Vergé aurait changé de position. Voir page 316.

•• fMC. Doc»m« 20

306 LA GUERRE DE 187M871.

Les i '^ et 3* diyisioDS de la réserre de cayalerie restent sur leur> emplacements. La réserre générale d*artiUerie s'établit à Plantières. Le l*' corps se porte à Golombey, le 5* à Mîrecourt.

b) Organiiation et administration.

Le Major gérerai au maréchal Bazaine (Lettre).

, lletf, i% août.

M. r Intendant en chef de l'armée quitte Metz en ce oaoment, se ren- dant sur la ligne de Meti à Ghàlons, par Verdun, afin d'y organiser d'urgence un service de transports qui assure à l'armée que vous com- mandei les approyisionneménts dont elle aura besoin ultérieurement Sur la demande qui m*a été adressée par M. l'Iqtendant en chef. l'Empereur a décidé que M. Tintend^ipt Priant viendrait prendre à MeU la direction des services adipinistratifs pendant Tabsence de M. riotea- dant général Wolff, qui doit être de très courte durée.

Sa Majesté me charge d'avoir l'honneur de vous ififçrmer de cetU disposition. Elle vous invite è en assurer Texécution.

M, l'intendant Priant sera remplacé dans son service actuel par k fonctionnaire de Tintendfince que Votre Excellence déi^ignera elle- même.

c) Opérations et mon^anients. L*Stnper0ur à Vlmpératrice (0. T.).

Bfetz, 4i août, 7 heures matin.

11 est probable que l'ennemi occupe le chemin de fer de Nancy aiant de livrer bataille, mais cela ne doit pas inquiéter à Paris. L'essentiel est de réunir à Ghàlon8> sous le commandement de Mac-Mabon, le piui grand nombre possible de troupes et d*arroer Paris.

NAfOLtOIf.

Le Ministre de la guerre au Major général, à Meii (D. T.).

Paris, 12 août, 40 h. 30 matin.

Vous êtes sans doute informé que des éclaireurs ennemis se sont montrés dans les environs de Prouard ?

LA GUERRE DE 1870-4871. 307

Le MaSor général au Ministre de la 0U§rre> (Pi T*

Ch.).

MeU, 19 «pOt, i% II. 50 fflatip, Pxp44iée M h. 40,

Des Qouf0uri ennemis ont paru effectiTement du côté de Frouard. Des mesures sont prises pour garantir la gare le plus longtemps possible. (4es fils (jui avaient été coupés sont rétabli^.

VBmpereur au maréchal Bazaine (D. T.).

Metx, iS août, 4 h. ft soir.

On dit que, le 14, 50,000 Bavarois feront leur jonction avec les Prus- siens. De Ffiilly sera après-demain à Toul. Il vous demande des ordres. Je crois] que ce n*est qu'après-demain qu'on pourra lui dire s'il peut

venir nous rejoindre à Metz.

Napoléon.

L Empereur à V Impératrice (D. T.).

Metz, 42août, 3h. 45 80ir. J'ai accepté la démission du paaréchal Le Bœuf, le major général.

NAPOLftOR.

Le maréchal Le Bœuf au maréchal Bazaine (Lettre).

MeU, 12 août.

J'ai l'boiineqr de vous transmettre mie lettre de Sa Majesté qui vous annonce que je me démets de mes fonctions de migor général et qi|e l'Empereur a décidé que mon état-major général se fond ay^c le vûtre.

En quittait mes fonctions, je conserve le désir et respoif d'exercer un commandement sous vos ordres à Tarmée du Rhin.

L'Em^pereur au maréchal Bazaine (Lettre).

Au quartier général, i Vetz, \% apût.

Lorsqu'au commencement de la guerre je créai plusieurs corps d'ar- mée, dont quelques-uns étaient destinés à opérer loin de moi, je nom- mai le maréchal Le Bœuf, major général, afin qu'il y eût de l'unité dans la direction des opérations militaires.

Mais depuis que je vous ai nommé général en chef de l'armée du Rhin, les fonotions de major général deviennent superflues et le maré- chal Le Bœuf m*a lui-même proposé d'y renoncer.

a08 LA GUBRRB DE 4870-1871.

Je vous prie donc de prendre à TOtre état-major les officiers qui étaient auprès du maréchal Le Bœuf. Mes relations avec tous se feront par Tintermédiaire de mes aides de camp et officiers d*ordonnance.

Groyeiy mon cher Maréchal, à mon amitié.

NapolAon. Le Major général au maréctial Bazaine (Lettre).

Metz, 12 août.

J'ai rhonneur de tous informer que, par décret en date de ee jour, l'Empereur tous a nommé au conunandement en chef de l'armée du Rhin.

Votre Excellence prendra immédiatement possession de son com- mandement.

Par décision également de ce jour, rEmpereuranomméauxfonctioQs de chef d'état-major général de l'armée du Rhin M. le général de diri- sion Jarras, aide-major général à ladite armée.

Cette lettre, datée du 12, est enregistrée à la date du 13 août.

Le général Jarras au maréchal Bazaine (Lettre) -

Metz, 12 août.

M. le maréchal Le Bœuf vient de me faire connaître, de tïtc voix, qu'il a cessé ses fonctions de major général de l'armée du Rhin et, qu'après vous avoir nommé commandant en chef de cette armée, TEm- pereur m'a désigné pour remplir les fonctions de chef d'état-major général auprès de vous. Je ne fais donc qu'accomplir un devoir en vous demandant de vouloir bien me faire connaître vos ordres et, si je le fais par écrit, c'est qu'il ne m'est réellement pas possible de m'absenter dans ce moment difficile de transition, oii .cependant les affaires ne peuvent être laissées à elles-mêmes.

En prenant vos ordres, Monsieur le Maréchal, je vous prie de vouloir bien me faire connaître oi!i vous avez l'intention d'établir votre quartier général et, à ce sujet, je me permets de vous faire observer que, pour recevoir et donner des ordres, dans le plus bref délai possible, à Totre armée, vous seriez peut-être mieux à Metz que sur tout autre point. C'est d'ailleurs à Metz que se trouvent tous les chefs de service avec lesquels les rapports sont de tous les instants.

Quoi qu'il en soit, j'attends vos ordres et je me tiens prêt à les exécuter, ainsi que tous les officiers de l'état-major général de l'armée, qui ont ordre de me suivre.

LA GUERRE DE 4870-4874. 309

V Empereur à VImpératrice (D. T.). I

42 août (f). \

L^eonemi fait de fortes reconDaissances, qui se retirent dès qu*ou \

marche en aTant.

Vous pouTez réunir à Gh&lons les éléments d*une puissante armée. Le maréchal Mac-Mahon y Ta avec les débris de ses cinq diyisions. ,

Vous pouvez y appeler par le télégraphe le général de Failly, qui est à Mireoourt. Enfin, vous pouvez faire venir les deux dlTisions du général Douay, qui sont trop isolées à Belfort.

Nos approTisionnements suffisent. L'intendance en assemble à Verdun.

(1 est essentiel de faire refluer sur Ghàlons une quantité de matériel qui encombre le chemin de fer de Ghàlons k Nancy.

U Empereur au maréchal Bazaine (Lettre autographe).

MeU, 42 août.

Plus je pense à la position qu^occupe Tarmée et plus je la trouve critique, car, si une partie était forcée et qu'on se retirât en désordre, les forts n'empêcheraient pas la plus épouvantable confusion.

Voyez ce qu'il y a à faire et, si nous ne sommes pas attaqués demain,

prenons une résolution.

Groyez à mon amitié.

Napoléon.

Le général Coffinières au Maior général (Lettre).

Mets, 12 août.

J*ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que la compagnie des firancs-tireurs de la Moselle, è laquelle j*avais tout d'abord pensé pour garantir la ligne du chemin de fer entre Pont-à-Mousson et Frouard, et particulièrement ce dernier point, a déclaré ne pas se sentir assez forte et assez convenablement armée pour une semblable mission. Mais j*ai trouvé, pour la remplacer, 100 volontaires armés du corps franc des chemins de fer, qui se tiennent, dès à présent, prôts à partir. Les 100 hommes du corps franc des chemins de fer sont commandés par M. Kaufman, chef de bataillon. Get officier est originaire des environs de Pont-à-Mousson : il connatt parfaitement le pays. Tous les hommes sont de bonne volonté. Il s'établira à Pont-à-Mousson et surveillera toute la ligne, avec ordre de se replier sur Metz si des forces imposantes Tenaient à l'attaquer.

J'ai mis M. Kaufman en rapport ayec le général du Barail.

310

LA GUERRE DE 1870^871.

d) Sitnation nnméri4tie> an i% aoûti dei troupes r«nttéè du Rhin, rénnies autour de Mets.

itÉ*MÉXÉ

Mta

ééÊÊmÊÊÊÊÊàmmmiéÈmiàâtittm^màUÊàâ^b^ÊUÊâéitÊÊ^

lAMUteMM^^Mi

MtÉÉÉ»

COBPS IT DIVISIONS.

2* COBPS.

«

1 '• diTision

%• division

division

Division de cavalerie ......

Rég d'artillerie et do génie. Divers

TOTAUI

3* CORPS.

division

î* diifision

division ....,..»

division

Division de cstaleric

Réf. d'artillerie et da ge'nie« Divers

Totaux

conm.

1»* division

2* division.. »

3«dl»isioh

Division de cavalerie

Rég d'artillefie H du génie. Divers

Tontx

5* COBPS.

2* divis. Brigade Lapasset..

3* lanciers

chasseufs

Unebatt. d'artill. (i*da7«). Divers

Totaux

6* CORPS.

1 " division ...»

2* division

â' division

4* division »....

Totaux

KFPICTIFS.

BJkPLA-

CBMBNTS.

■okkia.

ettivitil

7.794

626

Metz.

8,653

636

8,6«4

6i1

2,384

2,165

4j4l

993

42

38

Metz.

28 1 605

8,069

9,875

761

10,904

788

9,377

639

10,02^

747

4.ÔÎI4

4,112

2,836

2,806

660

761

ToToiï

Metz.

47,596

8,587

653

8,224

66ô

40,0^6

694

2,548

2,424

1,42i

1.131

525

31,084

593

6,160

2,700

41

Metz.

506

443

ItO

100

150

115

»

699

Metz.

3,476

10,966

626

9. «38

613

»

8,4oT

630

Metz.

9,484 38,089

600

Metz.

2,469

OBSBKVATIOlIfiL

MMiM

Cet effeeUf est da S ao4t ; eo raison des pertes épktm- tém à PaKkir* da t. U y a liea de le rédoire ap- ^r««ilaattVetteat à lB,Ma hommes. (Voir j^age 4SS poar l*efr«etir exact ds S* corps).

Effectif da 1 « aoAt.

Effectif du 4 aoAr.

Cette brlfade a rallM le i* corpa eli partant 4t Sa»régtteiBlnet.

Effeetldi approximatifs.

BAetiraa id «o«t.

Bn iiartle arHVée.

LA. aUBRRB DB 4870-4874*

344

CORPS BT DlVIStORB.

Gardk impériale.

4'* diTision

division : » ; » * . s

Division de caTalerie

Artillerie et génie

Divers

Totaux

Rbserte de cavalerie.

1" division

î» diTision.

Totaux ....

Réserte o* artillerie.

RéSERfE DU GÉNIE...

BPPBCTIFS.

HOHKIt.

4,108

2,462

404

21,783

2,327 2,647

"57874

2,055

690

CHtVAUX

471

162

3,7»5

2,428

668

6,824

2,195

2,274

4,466

2,130

596

BMPLA- CKMBHTS.

Metz.

Metx.

Metz.

Metz.

OteRbtATtONS.

BffecUfB dn 10 août.

Effectifs du 10 aoAt.

Effeetifi da 11 ao4u

BUéeUfs dn 11 août.

r i " -g

Récapitulation des troupes réunies autour de Metz.

HoiSllMt Glievaaf.

2* corps

corps.:.! il

4* corps ,

5* corf» (fraction)

6* corps (infsfiterié) ; : . . .

G^rde impëriale . . . i . . .^ t

Re'ser? e de caTslerie (2 divisions)

Réserve d'artillerie

Réserre dn gc^nic

i , é

25,000 47,696

24,783

4,874

2,066

6V0

6,0I»9 40|644 6,160 699 2,469 6,824 4,466 2,460

TotAUt :.. 474,647 89,027

Ne sont pas compris dans cette situation :

Le i*' corps, auquel est jointe la diyision Conseil-Dumesnil du !• corps;

Le 5* corps, sauf la brigade Lapasset ;

La ôatalérie et les réserves du 6*^ corps qui sont restées au camp de GhAlons ;

Le 7* corps (21,845 hommes, 4,273 eheyaux) ;

La dîTision de cavalerie Bonnemains, qui marche ayec le 1'' corps sur le eamp de Ghàlons.

Il y a lieu de remarquer que le 6* corps n'est encore arrivé qu*en

31^. LA a UBRBE DE 4 870- 1 874 .

partie et il est possible qu*il n'ait pas le temps de parvenir tout entif^r À Metz. En ce moment, il n'y a qu'une division entière (celle du général Lafont de Villiers) et une partie de la division Tixier.

Journée du 12 août,

!•' CORPS. a) lonmaax de marche.

Journal de marciie du !*■' corps d'année.

Le i*' corps se porte en entier sur ia rive gauehe de la Moselle. Le mouvement ne commence qu'à midi. Ia division Conseil-Dumej^nil s'établit : une brigade à Lemainville, l'autre à Ormes.

La V^ division (Ducrot) s'établit à Neuviller et pousse une de ses brigades jusqu'à Saint-Remimont.

La 2* division (Pelle) se porte de Yillacourt à Grantenoy en passant par Vireoourt et Bayon.

La 3* division (L'Hériller) va cantonner à Haroué.

La 4* division (Lartigue) se porte de Froville à la Neuveville.

La brigade Septeuil va coucher à Vézelise, après avoir laissé un esca- dron à Neuviller et un autre à la Neuveville.

Les divisions de cavalerie Bonnemains et Duhesme, avec la réservi* d'artillerie, font séjour à Golombey.

Toutes les troupes sont cantonnées.

Le quartier général est à Haroué.

Souvenirs inédits du maréchal de Mac-Mahon.

42aotn.

Le 42 au soir, le corps campa aux environs d'Haroué, la cavalerie faisant séjour à Golombey.

Gomme les hommes n'avaient, pour la plupart, plus de petites tentes et qu'il ne cessait de pleuvoir, je prescrivis de cantonner désormais les troupes.

LA QUBBRE DB 1870-4874. 343

k LunéTÎHe, j*appris que le général Laobarrière^ commandant à Nancy, atait fait sauter, le ii, le pont du chemin de fer.

Je réglai alors avec un employé supérieur du chemin de fer de TEst, que, sur ma demande, le Ministre de la guerre ferait, à Neufchàteau, la concentration de tous les trains dont la compagnie pouvait disposer. J'espérais ainsi pouToir transporter, de cette Tille au camp de Ghàlons, toute mon infanterie, toute mon artillerie et la brigade Septeuil. Dans la soirée, l'Empereur me fit connaître que je recevrais dorénavant les ordres directs du Ministre de la guerre.

Notes sur les opérations du l^^ corps de Parmée du Rhin et de f armée de Chàlons. {Dictées par le ^Maré- cfialf à Wiesbaden, en Janvier 1871.)

Le 12, le 1*' corps, qui était en partie à cheval sur la Moselle, passa tout entier sur la rive gauche. Le mouvement ne commença qu*à midi; il n'avait pour but que de donner aux troupes des cantonnements plus sûrs, tout en leur laissant le temps de se reposer. L'infanterie s'établit à Haroué, était le quartier général, et dans les villages environnants; la cavalerie légère à Vézelise et Neuviller, les divisions Bonnemains, Dubesme et l'artillerie de réserve firent séjour à Golombey.

c) Opératfoiu et monvements. Ordre de mouvement du 1«' corps di armée.

49 août.

Toutes les troupes du 1*' corps feront aujourd'hui une marche en avant. La division Gonseil-Dumesnil partira à midi pour aUer s'établir, une brigade à Lemainville (8 kilomètres) et l'autre à Ormes (6 kilo- mètres). La 3* division partira également à midi de Bayon pour aller coucher à Haroué (10 kilomètres) sera placé le quartier général du corps. La l'* division quittera son cantonnement de Lorey à midi, poussera une de ses brigades jusqu'à Saint-Remimont, l'autre s'éta- bUtsant à Neuviller, devra se trouver le général commandant la division. La 2* quittera Villacourt à 1 heure pour aller à Grantenoy en passant par Vireoourt et Bayon (distance : 10 kilomètres). La 4* divi- sion partira de Froville à 2 heures pour aller coucher à la Neuveville (6 kilomètres). La brigade de Septeuil quittera ses cantonnements à midi pour aller s'établir à Yézelise (6 kilomètres). Elle détachera deux escadrons, l'un à Neuviller^ à la disposition de M. le général

344 LA QUBBRB DE 487(M871.

Ducrot ; cet escadron passera par Grantenoy et prendra, à partir de ce point, un chemin de traverse à gauche ; l'autre escadron sera envoyé à la NeuTeville à la disposition du général de Lartigue. Ces deux escadrons devront partir à il heures pour se rendre à leurs destinations respec- tives.

Les corps seront cantonnés dans les villages ils vont s^étabiir ; Mflll. les généraux de division devront s'y procurer de k viande par les moyens déjà indiqués.

Je recommande de marcher lentement et en bbn ordre.

MM. les généraux de division devront se procurer quelques voitures de réquisition pour transporter les hommes qui ne pourraient pas

marcher et réitéraient en arrière*

Le Maréchal commandant le 4*^ corps <t armée.

Modifieùtions wrMies à tordre de marche donné le 13 au matin.

La division Duorot et la division GonseiUDumesnil devront prendre, pour gagner Parey-Saint-Gesaire, le ohemin direct de Vainement h Autreyé Elles éviteront de passer par PuUignyï dont le pont est en mau* vais état et ne peut pas servir de passage à rartillerie»

Le général Ducrot prendra le commandement de ces deux divisions et s'éclairera pendant la marche, principalement sur sa droite, au moyen de Tescadron mis à sa disposition.

Le pont de Bayon sera brûlé, demain matin, à 6 heures. Le génie s'occupe de détruire les ponts de Saint-Vincent et de Fiavigny ; mais, comme ils sont en pierre, il n'est pas sûr qu*il puisse les faire sauter tous les deux.

Ges deux divisions devront se mettre en route à 4 heures pré- cises.

Le maréchal marchera avec la 3" division, qui doit se rendre demain à Colombey, ei son quartier général sera demain à Grepey au lieu d*étre à Selaiticourt, comme il avait été indiqué dans l'ordre pré- cédent.

il est bien entendu que la destination de Gèrminyfpour la division Conseil, et de Thélod pour la division Ducrot ne sont pas changées.

Le Ministre au maréchal de Mac-MahoH, d Bayon (D. T.).

4S âoQU L'ennemi est entré à Nancy audacieusement à A heures.

.t »

LA aUBRRB DB 1870-4874. 34ft

Ordre de niouventênL

Ah qaartier général du 4«' cdrps d'armée, à Hamaé) 42 éoûl*

bemaiii 13, division Cotlseil-DiiiDesnil se portera de Leinaiti^illâ et Ormes à Gei'iniDy, & 4500 mètres de LéinaitiyiUë \ elle trouvera une bifurcation de route, dont Tune conduit k VoineinOnt, et qU*elle pren- ' dra. A Pulligny, elle passera la rivière du Madon et continuera jusqu'à Gérmiiiy, par Autrey, Houdelitioht et Thélod.

La l'« division se rendra k Thélod, èrl t>Assàtit par fiëhnèy et Yoitie- mont, et suivra, depuis Vdiiiëniont, la ttiéMe foute (|ue la dtviéiôti Conseil.

La 3" divisiori, qui dëi'a k tt&iroué, prehdra Id grâttdô toute ëi itk coucher à Golombey. La â* division, cantonnée k Gfâhtènby, se rendra à Crépey.

La 4* division, placée h la Ncaveirille, se rendra k SeUlllcourt, pkt Goviller, elle prendra une traverse qui la bobduira à Selai&eObH.

Le quartier général du corps s'établira à Qrépey.

Le général de Septeuil ira s'établir aux deux Bariiey (la Géte et au Plan). Dès le matin, avant de quitter Véselise, il poussera sur la route de Nancy, et jusqu'à Pont-Saint- Vincent, une reconnaissance d'un esca- dron qui restera sur ce point jusqu'à la nuiti

Le Maréchal commandant le 1*' corps d^arméet

P,'S, -^ La réserve d'artillerie, la division de cavalerie Duhesme et la division de cuirassiers Bonnemains se porteront demain matin, 43, à Vauâouieurs et s'établiront partie dans celte ville, partie dans les villages, à proximité, sans toutefois dépasser Vaucouleurë.

Le général Forgeot prendra le commandement de cet ensemble de troupes.

Journée du 12 août.

CORPS. a) Jonmaiiz de marche.

Jownal de merche dti S" oerpe d'aiiaée.

La présence constatée de l^ennemi à Ars-Laquenexy menaçait le flanc

346 LA aUEBRE DE 4870-4871.

gauche du 2* corps. Pour parer à une attaque possible de ce e6té, le général Frossai^d tait reprendre à la dWision Vergé son ordre de ba- taile en la reportant à droite de la division Bataille, entre la Seille et la Bas8e-Bé¥oye, sur les hauteurs, en arrière de Magny ; puis, afin de couvrir le flanc gauche de sa position, il porte en avant le général .Lapasset, qui reçoit Tordre de s'établir au château de Mercy-le- Hant.

Il prescrit, en même temps, de faire exécuter des travaux pour fortifier ce poste, ainsi que les bois environnants^ qui sont fortement occupés ; les autres divisions conservent leurs positions.

Dans la journée, les escadrons de grand'gardes du régiment de chasseurs sont menacés dans leur camp, mais après une simple démonstration l'ennemi se retire.

Le 4* chasseurs est renforcé le soir par deux escadrons du 5* chas- seurs et un escadron du 7* dragons, à Magny, pour appuyer la grand'garde du 5* chasseurs qui s'y trouve.

Quartier général. La Basse-Bévoye.

l*" division, Sur la Seille, à droite de la Basse-Bévoye, derrière le chemin de fer. 2* division, Basse-Bévoye, en avant. 3* division, Entre la Haute et la Basse-Bévoye, à. l'Est.

Cavalerie. A la Haute-Bévoye, à l'Ouest.

Artilierie. Mêmes positions que la veille (Basse-Bévoye).

Génie. Le soir, la compagnie de réserve et celle de la 2* division (12* compagnie du 3* régiment) sont envoyées à Mercy-le-Haut pour retrancher la position.

i" DIYISIOlf.

Le 12, la 1'* division, qui se trouvait établie à la gauche du corps d'armée, quitte son campement pour aller reprendre sa place dans Tordre de bataille, en arrière et au-dessus de Magny.

La 2* brigade conserve sa position jusqu'à l'arrivée de la brigade Lapasset, qui doit l'y remplacer. Elle ne rejoint la division que dans la soirée.

brigade de la i^ division,

La brigade reçoit Tordre, à 4 heures, de quitter son campement ; elle se dirige sur la route de Strasbourg, prend le chemin de Peltre, puis longe le chemin de fer, traverse la ligne et vient s'établir dans un bois situé à un kilomètre au Nord-Est de Magny-sur*Seille.

LA aUBRRB DE 1870-4874. 347

S* DIVISION.

La diTÎsion conserte ses positions de la Teille (en avant du fort de QueuleUy la gauche appuyée à la Basse-BéToye). Le général Mangin prend le commandement de la 1'* brigade.

3' Dnrisioif.

Nouvelle modification de remplacement des troupes par suite des mouvements de Fennemi (i).

La i^ brigade Tient occuper les emplacements de la 2^ ; celle-ci s'établit à la droite, se reliant avec la diTision Bataille et ayant doTant elle, en grand*garde, h Mercy-le-Haut, la brigade Lapasset.

Le quartier général de la diTision est transporté à la ferme de la Haute-BéToye, se trouTO également le quartier général de la diTision de caTalerie.

Le quartier général du corps d*armée se transporte de Mercy-le*Haut à la Basse-BéToye.

Les batteries d'artillerie vont chercher des munitions au polygone de Mets.

Division db cavalbr».

Les escadrons du 4* chasseurs sont attaqués en avant de leurs grand*gardes. La diTision monte k cheTal, mais ne sort pas de son camp, Tennemi s'étant retiré.

Après la soupe du soir, on reuToie en grand*garde à Peltre deux escadrons du 5* chasseurs. Un escadron du 7* dragons est euToyé en grand'garde à Magny.

Artillerie.

i^ Général commandant et son état-major, iO, li, 12 et 43 août: Ferme de la Basse-BéToye ;

2o fre division d'infanterie, i2 août : La 12« batterie tire quelques coups de canon sur une reconnaissance prussienne.

Les batteries vont camper entre Peltre et Magny, près du chemin de fer de Forbach ;

S*» 2* diTision d'infanterie, ii, 42 et 43 août : à la Basse-BéTOye ;

3' diTision d'infanterie, 14, 42 et 43 août : à Mercy-le-Haut ;

(4) Le Journal de marche du 2^ corps dit que la 3' dÎTision et la diTision de caTakrie conserTèrent leurs emplacements.

318 LA OUBRRB DB 1870-4874.

5" Brigade Lapasset, 12 août ; h^ brigade Lapasset s'établit au châ- teau de Mercy-le-Haut.

Dans la nuit du 42 au 13, le capitaine Dulen, aTee 40 caononDiers de sa batterie et 80. auiiliaires d'infinnterie, construit une batterie de 80 mètres de longueur de crête pour abriter ses pièces dans la défense de la position de M ercy ;

6<> RéserTe, il, 12 et 13 août ! liâmes positions que le 10 (entre les fermes de la Haute et de la Basse-B^voye) ;

70 Parc, 12 août : Le parc et Téquigage de pont Vai^spor^i^t de Ghambièr§ au Ban^aint-Hartin.

Vers le seir du 12 août, le parc, la compagnie de réserve et la com- pagnie de la 2* division (12*), sont envoyés à Mercy-le-Haut pour retran- cher la position. Les troupes de la brigade Lapasset concourent à ce travail, qui se continue dans la nuit du 12 au 13 et dans la journée du 14.

Journal de marche de la brigade Lapasset.

42 août.

La brigade mixte reçoit Tordre de s'établir au château de Mercy-le- Haut en grand' garde avancée. Elle commence à fortifier ce poste etle> bois environnants qu'elle occupe.

c) opérations ei mouvements.

Le maréchal Bazaine au général Frossardy à la Basse-Bévoye.

Au quartier général, à Borny, 12 aoât.

Il est essentiel» dans les positions occupées aujfliird'hMi par )^s 2*, 3' et 4* corps d'armée, 4^ prepdre toutes les paçsures nécessaires pour éviter une surprise de Tennemi et, ^ cet çffe^, de se faire ^çJairçr P^^^ loin possible, pour se tenir an courant de ton^ les moiiTements qu*il pourrait exécuter.

Votre attention devra se porter particulièrement sur (a sur^cill^^*^ de la rout^ de Saint- Avold, par L^iqnenexy, LecQud e( RemiUy, ttÎ98> 4"^' de la route de Strasbourg, par Grigy.

Pour arriver à ce résultat, il faut employer la cavalerie et obteair d'elle tout ce qu'elle peut donner ; dans ce but, je vous autorise à ré- duire, si vous le jugez convenable, pour diminuer la fatigue dusenice. le nombre des cavaliers mip à la disposition des généraux de division.

LA GUBRRB DE 1870-1871.

319

jusqu'à un demi-escadron pour leur service d'escorte et pour celui des petites patrouilles qu'ils pourraient juger nécessaire d*enToyer en avant de leur froot.

Je TOUS prie, en conséquence, de donner des ordres au général com- mandant la division de cavalerie de votre corps d'armée pour qu'il orga- nise un système de reconnaissances et de patrouilles suffisant pour éclairer, jusqu'à une distance é^ iO J^ilemètres, les routes ci -dessus dé- signées, ainsi que tout le terrain compris entre ces routes, de manière à former un vaste éventail autour des positions eecupées par l'armée et à se mettre en communication entre elles par leurs vedettes, de telle sorte qu'aucup point n'échappe à la surveilluQoe.

Des vedettes, placées sur les ailes, doivent se relier avec celles des corps d'armée voisins.

Les offielers qui commandent les reconnaissances n'ont pas besoin de porter le gros de leur troupe jusqu'à l'extrémité du terrain qu'ils sont chargés d'éclairer; si c'est un régiment, par exemple, qui fait la recon- naissance, ce régiment, après avoir pris position, peut détacher, à une certaine distance en avant, un escadron qui envoie lui-même un peloton et, enfin, celui-ci se fait couvrir par des vedettes qui doivent être rele- vées toutes les heures.

Je vous prie de vouloir bien donner des ordres pour assurer, sans au- cun retard, l'exécution de ces prescriptions et pour que le service dont il s'agit soit permanent depuis le lever jusqu'au coucher du jour.

Même lettre au général Decaen,

à) Sitaation et emplacements.

CÛI^PS.

État-major général

1'* division ,..

%•

Dirision de oaralerie

Réserve d'artillerie

Réserve da génie

Totaux

i

in

DU

M

P

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t9

« M

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12

»

12

38

7,102

7,360

612

•Ï78

8,967

9,245

643

204

8,01?

8,216

595

166

S,S48

8,414

2,513

96

946

972

873

4

190

194

»

948

27,465

28,413

4,914

EMPUCBMXNTS.

Basse-Bévoje.

Ibid.

Ibid.

Entre HauUB-Bévaje et Qrigj.

H«ate-B<v«je.

Bntre Haata et Bayse-Bévoje.

Ihid.

390 LA aUBRRB DE 4870-'1874.

Journée du 12 août.

3* CORPS.

a) Jonmauz de marche.

Journal de marche du 3*^ corpi d'armée.

Par décret du 12 tioût» le maréchal Bazaine fut élevé au commande- ment en chef de l'armée du Rhin et le 3* corps fut confié définitiTement au général Decaen. Le général Àymard, nommé général de diTtsioa, prit le commandement de la 4* division.

1»« DIVISION.

Séjour à Grigy.

Le maréchal Bazaine a le commandement des 2*, 3* et 4* corps. Le général Decaen prend le commandement du 3*^ corps.

Le campement s'améliore, la pluie ayant cessé. Mais, comme le pays manque d*eau courante, la cavalerie et Fartillerie sont obligées d*aller faire boire à la Seille, sous Metz.

^^ DIVISION.

On rectifie le camp : la l'« brigade, placée en avant et trop en l'air, va se former derrière la seconde, en réserve (1).

3* DIVISION.

La division reste deux jours dans ses positions (Bomy), occupée à faire ou à appuyer des reconnaissances. On construit aussi des tranchées- abris.

DIVISION.

Quelques détachements prussiens (uhlans, hussards et cuirassiers), sont signalés. Le général de Brauer va les reconnaître avec le il« ba- taillon de chasseurs et les repousse de Retonfey.

A 6 heures du soir, ordre de prendre position plus en arrière et danii le même ordre qu'à Nouilly, la droite de la i'* ligne à la ferme de Bellecroix, la gauche à Yantoux.

(1) C'est rinverse, d'après les Historiques des corps de la division.

LA aUBRRE DB 4870-1871. 324

Le général Deoaen est nonfmé au commandement du 3* corps et est remplacé provisoirement par le général Sanglé-Ferrière, commandant la 2* brigade.

DlYiSlON DB CAVALIIRIB.

La division» qui avait gardé son campement, reçoit l'ordre, à 4 heures du soir, d'aller s'établir, après la soupe, en avant du village de Borny, sa gauche à la route conduisant de ce village à Golombey et à Ars-La- quenexy, sa droite à 200 mètres du bois de Borny.

Le service de la brigade de cavalerie légère est modifié : le 3* chas- seurs devra, le 13, rallier la division ; et le iO* de même arme, détacher un escadron à chacune des quatre divisions d'infanterie du corps d'ar- mée, l'état-major et un escadron de ce régiment restant sous les ordres de M. le général de Bruchard.

c) Opérations et mouvements. Du général Decaen, Note.

Borny, li^aoât.

Le général de division, commandant le 3^ corps, prévient MM. les généraux de division et chefs de service qu'à dater de demain matin, 13 du courant, son quartier général sera établi à la ferme de Borny et son état-migor général à la mairie de Borny.

Le général Metman, commandant la 3^ division du 3* corps, au m4iréckal Bazaine (Lettre).

Aa camp de Colombey, 42 août.

J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence de la reconnaiiî- sance que je viens de faire aux alentours de mon camp.

L'installation générale est conforme à vos ordres ; les quelques erreurs de détails, suite de la fotigue des troupes et du mauvais état des ter- rains, vont être facilement rectifiées.

Je dois signaler à Votre Excellence, à la gauche extrême de la divi- sion, une position fort importante située k 1 kilomètre environ et pou- vant battre de flanc et de front le contour de ma ligne de bataille. Des éclaireure ennemis étant signalés dans cette direction et venant proba- blement par la route de Sarrebrûck, j'ai cru devoir donner l'ordre à mon bataillon de chasseurs à pied d'avoir à se préparer à occuper en grând'garde le château d'Aubigny.

n y aurait peut-être intérêt sérieux à y créer une position défensive, défendue par de l'artillerie.

fAM. Doc«a. 2i

\

3il LA aUBRRE PS 4S7M874.

J'atteodi TOI ordre» pour faire eiteuter m mouimoemiy U pontian eo queetioD domîoant de U mine façon, et par aea peptea opposée» reitréme-droîte de la dÎTision Gastagny.

Dans ma reconnaissaDce» op m*a 8ig[lialé la position de Mercy-le»- Metz, trop intéressante d'ailleurs pour n'avoir pas déjà attiré Totre attention. Cette position domine toute la droite dn 3* eorpe. Jusqu'à U Grange-aux-Bois.

Notes pour les différents sen^icss de la divisiOH^

12 aoâL

ArtUkrU* —- J'ai Thouneur de fous rendre compte, que par suite d^un essai fait ce matin, il a été reconnu que U plupart paquels de cartouches ouverts avaient été détériorés par la pluie d'hier. Prière au lieutenant-colonel commandant Tartillerie d'envoyer à Metz pour faire prendre à l'arsenal la quantité de cartouches nécessaires, environ 20,000 paquets.

i'^ et 2*^ brigades. D'après les ordres du Maréchal commandant en chef, le campement de la première ligne sera changé immédia- tement.

Le 59* de ligne, qui forme la gauche de cette première ligne, appuiera son aile gauche à Textrémité de la ferme de Colombey et son aile droite à l'angle du bois le plus rapproché de lui sur le plateau ; il laissent toutefois, à partir de la ferme, un espace de 90 mètres destiné à rece- voir une batterie d'artillerie. Le 7* de ligne occupera la position aîluée entre les deux angles saillants du bois, sa droite restant oii oUe est actuellement. Si la place manque, on pourra mettre un bataillon en deuxième ligne et en colonne.

Ces deux corps seront couverts par des tranchées-abris coupant même Tangle saillant du bois entre les deux corps, si cela paraît préférable.

i^ brigade. Le bataillon du 7* de ligne, aetuellemeot dans le boî^ en avant de la positioui sera retiré de suite : on ne laissera qu'une com- pagnie, qui, pendant la nuit, sera plaoée en arrière du bois, ayant des petits postes de quatre hommes sur la lisière extérieure du bois, de manière à ce que deux hommes veillent toujours pendant que les deux autres se reposeront»

Le Maréchal rappelle que les grand'gardes ne doivent point essayer de repousser l'ennemii mais se retirer en faisant prévenir immédiate- ment et eu donnant égalenlent l'éveil par des coups de feu.

Les tentes resteront dressées et les hommes ne detront paa se désks- biller» de manière i^ être prêts à la première alerte*

Le Maréchal rappelle également que^ vis^à^^vis de l'onnami qui

hk GUBRBX DB 4I7M971.

ménage eitrémement ses feux, les feux à Tolonté doÏTent être complè- tement proscrits ; on ne fera que des feux à commandements. 11 recom- mande également de ne pas prodiguer les tirailleurs.

Les Toitures seront chargées ce soir et dirigées, Immédiatement après, près du parc de l'intendant.

L'artillerie de'fra, en cas d'attaque, diriger ses caissons à deux roues en arrière des corps aniquels ils sont affectés.

Le général Aymard, commandant la division du corps y au général Deoaen (Lettre).

NouiUy, ia août.

J*ai l'honneur de tous rendre* compte que les Vedettes de mes avant- postes ayant signalé la présence, dans la direction de la route des Étangs, d'une centaine d'éclaireurs ennemis à cheval, le général com- mandant la 1** brigade a poussé une reconnaissance avec le 11' batail- lon de chasseurs à pied et 15 caTaliers Jusqu'au Tillage de Retonfej.

Il a aperçu des détachements de cuirassiers, hussards et uhlans, par petits groupes, avec quelques fantassins, et il a échangé quelques coups de feu aTec eux.

n a appris, par des habitants en fuite, qu'il y aTait» au Tillage des Étangs^ 600 chevaux environ de cuirassiers, hussards et uhlans, corres- pondant aux petits détachements aperçus.

s

d) Situation ot empUoomonts.

CORPS.

ÉUt-major général

l'^dirision

«• -

3- - ..,

4- -

Division de caTslerie. . . . « .

Réserve d'artillerie

Réserve du génie.

Totaux. ....

M M

315 328 309

313

55

8

1,688

lit

M

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i s

H

P

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608

660

761

9,560

9,876

578

9,873

lO.JOI

788

9,068

9,377

639

9,716

10,094

747

4,111

4,424

4,Hf

3,320

2,375

2,606

93»

230

100

49,478

47,160

io,8ai

■lirLACBIlIRTS.

loroj.

Montoj.

Colopib«T.

Entre Bellecrolx et TaBionx*

•lOB.

k l'K«l dai Bordet. Bornj.

324 LA GUERRE DE 1870-1871.

Journée du 12 août

CORPS. a) Journaaz de marche.

Journal de marche du 4* corps d'armée.

Séjour.

Averaes pendAnt la journée : terres détrempées. Les troupes souffrent des fatigues des jours précédents et de leur \ur tallation, faite pendant la pluie, la veille.

1" JDIYISIOIC.

La division conserve ses positions en avant de Mey, ayant à sa Cli- ché la division Grenier.

La division Lorencez, en seeonde ligne, forme la réserve du 4* coq^ d'armée.

Souvenirs inédits du général de Cissey.

42 et 13 août.

Nous restons en position. Nous avons bien de la peine à faire vim nos chevaux et cependant les villages voisins regorgent de provisions de toute espèce ; mais en prétend qu'il ne faut pas enlever ces ressource» aux paysans et que, les frapper de réquisitions au profit de Tarmée et de la ville de Metz, produirait la plus fâcheuse impression dans le payî) comme si tout cela ne devait pas être, un peu plus tard, la proie de Tennemi ou de l'incendie. Toutes ces inepties ont fait tomber l'arniéeet la place de Metz deux mois plus tôt au moins ; Dieu sait ce que pen- dant une pareille prolongation de résistance la France eût pu tenter pour sa délivrance I

Les distributions qui nous ont été faites pendant notre séjour ont été des plus pénibles pour les troupes. Les parcs des subsistances soot \rèi éloignés ; nos mauvaises voitures auxiliaires sont hors d'état de nous monter les vivres ; tout doit se faire à dos d'homme : et si nous étioo»' attaqués pendant ces corvées?....

UL OUBRRE DE 1870-1871. 3S5

2* DIYISION.

La division, qui avait eu une pluie affreuse pour prendre son campe- ment le H, s'organise grftce au beau temps.

Le général Grenier, par ordre, porte le 64* à hauteur de Villers- rOrne et le bataillon du 98* qui faisait face aux postes descendant à la route de Kédange est lui-même placé sur cette route.

Rapport sitr les opérations auxquelles la ifi brigade de la 3* division du corps a pris part pendant la campagne de 1870.

GhieuUes, 1S et 18 août.

Autant le plateau de Sainte-Barbe était une position militaire de choîi, autant celle de GhieuUes était mauvaise et défectueuse. Elle avait cependant le mérite de nous permettre de nous étendre jusqu'à la Moselle, qui, par conséquent, couvrait notre flanc gauche. Les villages de Charly, Vrémy, Failly, Malroy et Olgy furent occupés par ma bri- gade et des reconnaissances poussées assez loin en avant.

Les journées du i 2 et du 13 se passèrent sans aucun événement sérieux, sauf quelques coups de feu tirés aux grand'gardes contre des uhlans, qui n'avaient cessé de nous suivre.

(Daté d*affrU 1872).

b) Organisation et administration.

Le général de Cissey^ commandant la V^ division du 4e corps, au général de Ladmirault (Lettre).

Mey, 12 août.

Vous m'avez recommandé de me faire éclairer avec soin et d'em- ployer tous les moyens pour avoir des nouvelles de Tennemi. J'ai pu organiser un bureau de renseignements qui donne déjà d'excellents résultats et de bonnes indications. Mais, quand nous serons plus rap- prochés de l'ennemi, il importe de se mettre à Tabri des surprises, des alertes, et d'être bien renseigné su'r les attaques et sur leur force.

J'ai pensé que l'organisation d'un service d'ëclaireurs volontaires remplirait parfaitement ce but. Des hommes de bonne volonté, intelli- gents, hardis et commandés par un bon chef, rendraient les plus utiles services à ma division.

Il y aurait, par exemple, iSM) hommes dans chaque brigade affectés à

316 LA OtlBRRB DR 4870'^4874.

ce service, afin que ces éclaireurs puissent s*éparpiiler au nombre de 50 et aToir ensuite deux nuits de repos.

Cettt or^niiAtion a déjà été tentée et a donné des résultats tels qde les divisions qui l'ont expérimentée Ont été en pleine séearité et toajottrt pArfaiteiaent reaièigdéei.

Si toui Tonlei bien m'autoriser à mettre oetie innoTation en essai dans ma division. J'aurai, dès demain, le personnel néoeMaire et je pourrai, dans une position avancée, tous instruire de tout ce qui se passe du côté de l'ennemi.

Si ce moyen de surveillance et d'Information était ad6pté par le 4* corps entier, je suis containcu quô nous y gagnerions 6n êécnnté.

Les éclaireurs auraient droit à un petit supplément de soldê^ pour les indemniser de leur dëtôuement et de leurs fatigues. Ils seraient, oa non, aidés par quelques cavaliers, mais ça n'est pas absolument néces- saire, parce qu'ils se cacheront mieux à pied et iront plus facilement au loin, en enfants perdus. Il serait alloué aussi aux éclaireurs, suivant la possibilité, une ration de vin ou d'eau-de-vie, ou, à défaut, une ration

de sucre et café.

*

Béponse en marge, préparée au crayon. J'approuve entièrement cette organisatioti. J'accorderai la ration supplémentaire de sacre et café. Quaot k la gratification en argent. Je me réserve, le cas échéant, de leur en donner sur les fonds éventuels.

Quand oe corps aura été organisé dans la i'^ division, on en organi- sera d'analogues dans les autres.

c] Opérations et monyements.

Le général de Ladmiratêlt auos générait) de Cissey, Grenier et de Lorencez (Lettre).

Château de Griment, 12 août.

Notre poiltion sous Metz ne nous dispense nullement du devoir de nous éclairer très au loin.

En conséquence. J'ai donné Tordre A M. le général commandant U division de cavalerie ae faire faire, jour et nuit, des reconnaissanees et découvertes de catalerie légère.

Cea reconnaissances, exécutées au moins par escadron, iront ehereher des nouvetlea de l'ennemi à plusieurs kilomètres en avant de toud.

filles devront, sans se compromettre sérieusement, tâter cepeadant l'ennemi.

J'ai recommandé également que les officiers ohargés de oee r^soc-

LA OOKftRS DX 487tM87l. 3f7

naissaoces se présentent» à leur départ et à leur retour, aux généraux commandant la dirision dont ils ont à dépasser les atant-postes.

Vous leur donnerez les indications de nature k faciliter leur mission et ils TOUS fourniront, au retour, leA renseignements qu'ils auront pu recutiUir.

Quant aux divisions d*infanterie, elles se farderont elles-mêmes en avnnt de leur front par un système de grand^gafdéd et de petits postes bien entendu et parfaitement en rapport ared les conditions du terrain «b ayant.

Je TOUS prie d'assurer, en ce qui vous concerne, l'exécution de ces instructions.

Le service de la division de cavalerie commencera dès aiyourd'hui.

Le général de Ladmirault au général Legrand^ oom- mandant la division de cavalerie du ¥ corpê (Lettre).

Château de Grimoot, 4 S août.

Notre position sous Metz ne nous dispense nullement du devoir de nous éclairer très au loin.

Vous avez assez de cavalerie sous \os ordres pour que, jour et nuit, des reconnaissances et découvertes do cavalerie légère, faites au moins par escadron, aillent chercher des nouvelles de Tennemi à quelques kilomètres en avant de vous. Ces reconnaissances devront, sans se com- promettre sérieusement, tâter cependant Tennemi.

Je vous prie de donner des ordres dtntf ee sens dès aujourd'hui.

Les officiers commandant les escadrons envoyés en reconnaissance se présenteront à leur départ et à leur arrifée aux généraux comman- dant les divisions dont ils ont à dépasser les avant-postes. Ils en rece- vront les indications de nature A fhoiliter leur mission et leur fQurni- roQt, au retour, les renseignements qu'ils auront pu recueillir.

Vous me ferez connaître le résultat de chacube de ces reconnais- sances.

Division de cavalerie du ¥ corps.

it aoAt.

Reconnaissance du capitaine du Terrait (7* hussards, 1*' escadron), entre les routes de Boulay et de BoutonviUe. L'ennemi, d'après le dire des habitants, serait en force vers Gondreville et dans la forêt de Yillers, avec des troupes de toutes armes.

Reconnaissance de M. d'Imécourt (route de Bouzonville et de Thion- nille, rive droite). Rien d'important.

LA GUERRE DE 4870-4874

d) Situation et emplacements

C0KP8.

État-major géDéral

4 " diTisioQ

2-

3*

Difision de cavalerie

Réserf e et parc d'arlillerie. RéserTe et pare da géaie. . . Serrices direra du quartier

géuéral

Totaux . . .

m

M

S

o

32 331 324 324 493

36 4

44

4,282

2

9,629 9,693 9,743 2,360 4,499 136

772

M

D

■< H O H

33,792

32

9,960

40,047

40,034

2,543

4,ft35

140

843

35,074

M

< > M B

75

691

708

734

2,426

4.656

77

643

6.907

BMPLACBMIRTS.

SJiiia iBo4iae«ti«ii.

IM4.

iMtf.

iHA.

IMd.

iàid.

Journée du 12 août.

5* CORPS.

a) Jonrnanx de marche.

Jonnial de marche dn corps d*armto.

De Charmes à Mirecourt, il ii*y a que 15 kilomètres.

La route est belle.

Le corps d'armée se met en marche à 5 heures des campe de Loro- MoDtzey et TUtet, et arri?e à Mirecourt de 14 heures du matin à 1 heun* de l'après-midi, après être passé à Sayigny, Bettoncourt, Ambacourt ti Poussay. La dÎTision de Lespart et la caralerie campent à Charmes.

A son arrivée à Mirecourt, le général en chef trouve la dépéehe du Major général citée plus haut (1), qui lui prescrit de marcher sur Toal le. plus vite possible.

(1) Voir Journée du 41 août.

LA GUERRE DE 4870-1874. 319

Il en rend compte au maréchal de Mac-Mahoo, à Bayoa, et le prie de permettre au 5* corps de trayerser ses colonnes, le lendemain, lorsqu'il se portera de Mirecourt sur Toul.

Mais ce même Jour 42, à 3 h. 1/2 du soir, une deuxième dépêche du grand quartier général modifie la première^ reçue le matin, de la manière suiirante :

« Vous ayez reçu ce matin Tordre de tous diriger sur Toul. L'Em- « pereur annule cet ordre et tous prescrit de yous diriger sur Paris, « en suivant la route qui yous paraît le plus convenable. Accusez « réception. »

La réception de cette dépêche semble justifier les prévisions du général de Failly, lorsqu'à Lunéville il renonce à sa marche sur Nancy, par crainte de se voir déborder sur ses ailes par l'ennemi débouchant de Pont-à-Mousson et de Lunéville, et marchant avec rapidité.

Notre cavalerie, laissée en arrière pour couvrir la retraite, signale en effet, dans la journée, au général de Failly que les Prussiens sont entrés à Lunéville le 11 dans la soirée. Ils parurent en outre à Nancy le 12, et non le 15, comme on Tavait présumé.

Le maréchal de Mac-Mahon avait télégraphié dans la journée au général de Failly :

«c Je serai le 13 à Golombey, le 14 à Gondrecourt, le 15 à Joinville. u Faites-moi connaître votre itinéraire. »

Le général en chef, au lieu de se diriger le 13 sur Toul, ne songe donc plus, conformément à la dernière dépêche du Major général, qu'à marcher sur Ghàlons, et détermine son itinéraire pour le lendemain par Neufchàteau.

Mais dans la nuit, le Maréchal lui ayant fait connaître que la direction prise par Tennemi l'oblige lui-même à se porter de Bayoh et Yézelise sur Neufchàteau, le général de Failly se voit forcé de modifier une deuxième fois son itinéraire et d'appuyer de nouveau à gauche.

Il se décide alors à marcher sur Ghaumont, par Lamarche et Mon- tïgny.

Mais avant de quitter Mirecourt, le général en chef prescrit à sa cava- lerie qui est à Charmes, et au détachement du génie de la division Lespart, qu'on transporte en voiture, de détruire tous les ponts de la Moselle de Charmes à Bayon, afin de retarder la poursuite de l'ennemi. (Le poQt de Bayoo, et celui du chemin de fer à Charmes, furent seuls détruits. On n'eut pas le temps de détruire le pont de pierre de Charmes.)

S30 LA ClUaRM DS 4870-4874.

Extrait du Journal du capitaine de Lanouvelle, de Vétat-major du corps de Varmée d/u Rhin.

49 août.

La marche continue sur Mirecourt, nous arrivons avant midi ; le 5* corps est établi entre Mirecourt et Ambacourt; la division de Lespart, restée en arrière avee la cavalerie» oouohe à Charmet.

Pendant la marche, dans la matinée, un premier télégramme du grand quartier général nous appelle à Toul ; la dltision Goiê est arrêtée à Ambacourt, la division l'Abadie et Tartillerie du corps arrivent à PouBsay (2 kilomètres au nord de Mirecourt), en passant par Gugney, Yaudémont) Goviller. Nous pouvons être à Toul le 14.

Bientôt un second télégramme nous remet dans la direetion de Ifenf- ohàteatt et de nouteaui ordree sont donnés pour porter les diviaionf TAbadie et Cote le lendemain à Sandauoourt et à la Neu?etiUa-^us- Qhâtenois, la division Lespart à Mirecourt. Le général Brahaut défait faire sauter le pont de Charmes et cent du Madon, et entoyer un régi- ment à Neuviiler pour protéger les travaui de destruction du pont de Hayon (i).

4" DfTIflloK.

Départ à 6 heures. L'ordre est d'aller à Mirecourt. On passe par Charmes, Bettoneourt et Ambacourt, Ton reçoit l'ordre de •'arrêter et de camper.

^ DIVISION.

La division quitte son bivouac à 7 heures du matin et s'engage sur la route de Mirecourt ; bientôt elle débouche dans la vallée du Mad9n, un affluent de la Moselle qui arrose cette ville ; elle passe ensuite k Sa- vigny, BettoQCourt, Ambacourt, elle franchit le Madon, continue en remontant la vallée sur la rive gauche de ce ruisseau, arrive à Pousany^ et non loin de U, à rentrée de Mirecourt, près de laquelle ello s'établit au Nord de la ville dans des prairies situées à l'Est de la route. Ce campement, désigné par le chef d*état- major général, avait été choisi en vue de la marche du lendemain qui devait être sur Yéaeliae pour aller à Toul. Poussay étant un des points importants de l*itioéraire à parcourir, il valait mieux s'arrêter aux portes de la ville pour n'avoir pas à la traverser de nouveau.

(1) Les ponts sur la Mosdlle furent consertés sur les instances, dit-on, des habitants de la région. On a prétendu ausêi que nous n'avion» pas les explosifs nécessaires, ce que je n'iki pas vérifié. (Note du capitaine de Lanouvelle.)

LA avKAItB DB ia7(Ma74. 334

e&tnp éttlt dr«Mé ft il heures du matio.

Le temps était beau*

profita, dniM les corps, de oot aprôs^midi de repos pour passer une refue plus compiète de rarmêiaeiit, des munitions, de rhAbille^ meut et des chaussures ; on se livra A quelques travaux, devenus néces- saires, depuis le départ de Sarregoemines«

Les ofûeiers utilisèrent aussi le temps dont ils purent disposer pour diminuer, au moyen des ressources qu'ils trouvèrent à Mîrocourt, le dénuement dans lequel ils se trouvaient depuis qu^ils ivaient quitté Bitche. Pour suppléer un peu a la privation des moyens de transport réglmentairea laissés dans cette place^ lo général de TAbadie avait fait mettre quelques voitures de réquisition à la disposition des corps«

Dès Tarritée, des distributions de vivres et de fourrages oommeneè- rent par les soins du sous-intendant militaire de la division.

Le quartier général du 5* corps vint ce jour-là à Mirecourt.

Les brigades Nicolas et Saurîn de la division Goae^ parties de Loro- Montzey et de Saint-Germain, campèrent à l'Ouest d'Ambacourt, en aval de Mirecourt, sur le cours d*eau qui arrose cette dernière tille.

La réserve d'artillerie et le pare du génie bivouaquèrent à Mirecourt, près de la division de l'Abadie.

La division Gujot de Lespart arriva à Charmes.

La division de cafalerio se porte aussi sur cette ville par Glayeurês et Lorp-Motttzey.

La eompagnit du génie attachée A la division Guyot de Lespart fut m\êè à la disposition du général Brahauti chargé de couvrir la retraite et de faire détruire les ponts de Charmes, de Bayon et de Biainville. Pour eo qui oonoerne oette dernière ville, Tordre arriva dans la soirée. L'opération fut confiée au général de Bernis, deui pièces d'artillerie et une section du génie furent plaoéesi à cet effet, sous son commande- ment. Le générsl de la Mortièrci avec le 5* lanciers, devait rester A Charmes Jusqu'à t heures de l'après-^midi, et ne quitter cette localité que lorsque les ponts du chemin de fer et de la Moselle auraient été rompus. La direction sur Toul était indiquée à tout le corps d'armée et ordre avait été donné par l'Empereur de ne laisser couper par d'autres troupes aucune des divisions qui en faisaient partie. MM. les généraux de division avaient reçu chacun une copie de cet ordre.

Le 11, le 1*' corps se trouvait à HaroUé, sa cavalerie faisait séjour à Colombey-les-Belles.

Division »b CAVALBais.

Le laueiers et le 12* chasseurs continuent à former l'arrière-garde et à couvrir le flanc gauche du corps d'armée» Us se portent sur Ghar^* mes, par Moriviller, Clayeures, Loro^Moutiey et Saint«Rémy. A Charmes

33S GUERRE DE 187<MS71.

était établie la division Guyot de Lespart. Le quartier général du corps était en ayant de Charmes, sur la route de Mirecourt.

Dans la soirée, la compagnie du génie de la division Guyot de Les- part fut mise sous les ordres du général de division pour exécuter les travaux de mine nécessaires pour faire sauter le pont de la Moselle et le poDt du chemin de fer. Les sapeurs se mirent immédiatement à Tœuvre. Pendant la nuit, un nouvel ordre du général en chef prescri- vait de diriger sur Bayou, le général de Bemis, avec le 12* chasseurs, soutenu par deux pièces d*arlillerie et d'envoyer avec lui une section de la compagnie du génie, laissée à Charmes, afin de détruire le pont de Bayon. Le général de la Mortière et le 5* lanciers devaient rester à Charmes et ne le quitter que le lendemain, à heures de Taprèfr-midi, après Texplosion des ponts. La ligne de retraite de Tarmée était donnée sur Toul.

OiTisiON DE cayàlbrib (1'* brigade).

Au milieu de la nuit du 12 au 13, le général de Bernis est appel»* chez le général de division qui lui communique l'ordre suivant :

tf M. le général Brahaut prendra le commandement de rarrière-garde, composée de la division Lespart et des troupes de cavalerie. Dès le point du jour, le 12* chasseurs, avec un détachement du génie, commandé par un officier, se rendra à Bayon par la rive gauche de la Moselle et fera sauter le pont de la Moselle. Une section d'artillerie, sans caisson, accompagnera ce régiment. Le génie prendra des voitures de réquisi- tion pour suivre le 12* chasseurs.

« Cette colonne se portera à Vézelise après avoir séjourné à Bayon jusqu'à midi. En se retirant, elle fera sauter ou coupera tous les ponts qu'elle rencontrera. Elle couchera à Vézelise et se dirigera le lendemain, dans l'après-midi seulement, sur Golombey elle couchera le 14 août.

« Le 15 août, elle se portera à NeufchAteau elle trouvera des ordres. La division de Lespart se mettra en marche pour Mirecourt, conformé* ment à l'ordre donné à la pointe du jour : le 14 août* cette division couchera à Chàtenois elle trouvera des ordres.

c( Le régiment de lanciers, avec un détachement du génie (les hommes montés sur des voitures de réquisition), quittera Charmes à 2 heures de l'après-midi après avoir, préalablement, fait sauter le pont de Charmes sur la Moselle et détruit le chemin de fer.

« En se retirant, il fera sauter ou coupera tous les ponts placés sur la rivière, notamment celui ou ceux du Madon. Il couchera à Mirecourt. Le lendemain 14, ce régiment quittera Mirecourt à 2 heures et se rendra à Chfttenois il couchera et trouvera des ordres.

tt Chacune des colonnes laissera en arrière, à une heure de distance,

LA 0UBBRB DE 1870-4874. 333

un peloton qui servira d'extrême arrière-garde. L*ambulance de la cava- lerie et les bagages marcheront avec la division de Lespart.

« Les troupes arrivées à Mirecourt, le général de Lespart prendra le commandement de toute l'arrière-garde. Le général Brahaut rejoindra le grand quartier général. »

Résehvi d'àrtillbhib.

(La réserve d'artillerie avait campé à Loro-Montzey, village en avant de la Moselle.)

Le ?(* corps passe la Moselle à Charmes et arrive à Mirecourt.

Le général en chef y fait lire un ordre aux troupes, en leur indiquant leur arrivée à Toul sous deux jours ; mais, peu d'heures après cette lec- ture, Fitinéraire indiqué est changé et on renonce à se porter de Mire- court sur Toul.

Bésbeyb du génie.

Le 12 (venant de Charmes), le quartier général, la 2* division d'in- fanterie, la réserve d'artillerie et le parc du génie viennent à Mirecourt; la 3" division d'infanterie vient à Gharùies, tandis que la l'* division d'infanterie et la division de cavalerie vont à Bayon et Blainville. Dans ces localités, le génie détruit deux ponts sur la Moselle et à Charmes ; il détruit celui du chemin de fer et prépare la destruction du pont de pierre sur la même rivière, mais il fut obligé de le laisser debout faute de poudre.

c) Opérations et mouTementE.

Le Major général au général de Failly, à Mirecourt (D. T.).

Metz, 12 août.

Par ordre de l'Empereur, ne continuez pas votre marche pour vous jeter dans TArgonne. Marchez droit sur Toul et aussi vite que possible; vous n'êtes pas menacé.

Le chemin de fer avec Nancy n'est pas interrompu.

De Toul, et 8ui?ant les circonstances, tous serez appelé à Metz ou ilirigé sur CbAlons.

Accusez réception.

Le général de Failly au Major général (T. Ch.).

, Mireooarl, 4 S août, 12 b. S5 soir. J'arrive à Mirecourt avec trois brigades*

334 LA OimvmK D8 4»7M^4.

Je reçois Tordre que me donne rEmpereur de me rondre à 1W* * Je serai dans Tonl après-^lemeiny 14 août, av^c cinq brigades et pea artillerie de réeerre.

Le général de Failly au maréchal Bazaine, à Metx CD. T.).

MirMoarl, it août, 2 heures soir.

Je suis à Mirecourt ; demain à V^elise ; après«>demain à ToaL QaeUe« nouTelles de Tennemi ?

Avis au général Jarras, qui communiquera à M. le maréchal Ba^aine.

Meti, 42 août, 6 h 30 soir.

Hier, le général de Failly est arrivé le soir à Mirecourt. L'Empereur lui a donné Tordre de se diriger sur Toul, au lieu de continuer sa marche sur ChAlons. Dans la eiroonstanoe présente, Sa Mnjesté juge qu'il y a lieu d'envoyer au général de Failly un officier qui lui portera Tordre de te diriger sur Paris.

En ce moment, le général de Failly est sur la route de Ifirecoort à Toul.

On peut essayer de faire passer un télégramme au général de Failly par le commandant de la place de Toul.

L'aide de camp de ^Empereur,

LSMUK.

Le général Jarras, chef (Véiat-major générai de Car^méCy au général de Failly (D. T.).

Metz, \t août, 6 heures soir.

Vous avez reçu ce matin Tordre de vous diriger sur Toul. L'Empereur annule cet ordre et tous prescrit de tous diriger sur Paris en suiTtot la route qui tous paraîtra la plus couTenable.

Accusez-moi réception.

Le général de Failly au maréchal Le Bœuft à Metz

(D. T.).

Mirecourt, 1S août* 8 heures soir.

Reçu Totre dépêche, 8 heures du soir, qui annule Tordre de ce matin concernant Toul et donne une autre direction au 5* corps*

LA OUBItBB DB 4870-4874. 311»

Le général de Failly au Major général (D. T.).

Mirecoart, 41 aoAt, 8 h. 48 soir. Mon quartier ginéral restera à Mirecourt demain.

Ordre général du corps.

Le 5* corps, depuis son départ de Bitche, est eu marche foroéit Ces marches forcées, commandées par les mouvements de rennemi, ne sau- raient s*arréter sans danger pour le salut de la France. Le général eu chef fait appel au patriotisme des troupes, qui, malgré les fatigues et l'intempérie de la saison, ne youdrout pas s'arrêter dans leur mission, et emploieront toute leur force vitale au salut de la patrie. Le 5* corps reçoit Tordre d'aller prendre position à Toul ; encore deux étapes à faire avant le repos dont il a besoin.

Ordre de marche du \% août.

La brigade l'Abadie, accompagnée de l'artillerie de réserve, se diri- gera sur Poussay, Frenelle-la-G rende, Boulaincourt, Gugney, Thorey, Lalœuf et GoTÎUer, elle campera avee rartiUerie de réserve. La divi- sion Goie suivra le mouvement de la brigade l'Abadie, et campera aux villages de Souveraineourt et Lalœuf. Si aujourd'hui elle est arrêtée avant d'arriver à Mirecourt, elle devra chercher à rejoindre ces villages •ans traverser Mirecourt.

Chaque division emportera ses bagages et son ambulance.

L'ambulance générale marchera avec la division Gose.

I«a division Lespart se dirigera directement sur Véselise, traversera le inllage et ira camper en avant sur la route de Toul.

La cavalerie du général Brahaut, fera séjour à Charmés^ et ira cou- cher le lendemain à Véselise en avant du village sur la route de Toul.

Pour Mirecourt: réveil à 4 h. 4/2, départ à 5 h. 1/2.

Ordre de marche du corps pour le 13 août.

Par ordre de l'Empereur, les ordres de mouvement donnés pour la Journée du 13 août 4870 sur Véselise, Goviller, Toul, sont annulés, et remplaeés par Tordre de mouvement suivant:

La brigade la division de TÀbadie, constituée ainsi qu'il avait été indiqué, se dirigera sur Ghfttenois (route de NeufchAteau) et ira camper à Ghfttenois.

La division Gose passera par Mirecourt, suivra la route de NeufehA*

336 LA OUBBBB DE 187(M874.

teau et ira camper à la Neuyeyille ; une brigade à la Neuyeyille et Tautre à Houécourt.

La difision de Lespart viendra camper à Mirecourt.

La divisioa de cavalerie fera séjour à Charmes comme il a été dit.

Le quartier général pour la joufnéé du i3 restera Mirecourt.

Le colonel Flogny, avec le restant de son régiment (1), séjournera à Mirecourt

L'artillerie de réserve marchera jusqu*à nouvel ordre ayec la brigade Maussion.

Les ambulances divisionnaires marcheront avec les diTÎsions, Tambu- lance générale ovec le général Goze.

Journée du 12 août.

CORPS.

a) Journaux de marche. Journal de marche du 6* corps d'armée.

L*élat-major général du corps s'embarque en chemin de fer après le 9* de ligne, pour se rendre à Metz.

La 4* division dMn£anterie se rend directement de Paris à Metz en chemin de fer. Son artillerie divisionnaire, restée au camp de Ghàlons, ne peut rejoindre à Metz, le chemin de fer ayant été coupé par les Prussiens vers Frouard.

Cette interruption des communications par la voie ferrée empêche le reste des régiments de la 2* division d'infanterie, ainsi que les réserve» d'artillerie et du génie de rejoindre le 6* corps d'armée à Metz.

i" DIVISION.

Dans la matinée, la division arrive à la gare de Metz ; elle est immé- diatement dirigée en avant de Montigny et campe de la manière sui- vante : le de chasseurs et le de ligne, en avant de la voie ferrét* de Thionville, la droite à la Moselle, la gauche à la grande route de Pont- à-Mousson ; le 10* de ligne, la droite appuyée à la bifurcation des deux chemins de fer de Thionville et de Nancy, la gauche dans la direc-

(i) 5* hussards.

LA QUBRRB DE 4870-1874. 337

tioQ de Saint-Privat, en avant des ateliers de réparation du chemin de fer.

La 2* brigade établit ses bivouacs le long de la crête du plateau, du côté de la Seille, la gauche voisine de la rivière, la droite perpendicu- laire au chemin de Saint-Privat, en arrière du fort du môme nom.

Les batteries divisionnaires campent en arrière de la brigade ; la compagnie du génie vers la gauche du iO* de ligne, à partir des tra- vaux (Te terrassement auxquels elle doit concourir. L'ambulance, la gen- darmerie et le trésor sont placés sur la même ligne, à droite et à gauche de la route de Saint-Privat et en arrière de l'artilierie.

2* DIVISION.

En arrivant à Pont-à- Mousson, à 6 heures du matin, il est rendu compte au général de division, qui marchait avec le premier train, que

2 pelotons de uhians sont venus, la veille, k midi, couper la voie ferrée et le télégraphe. Une colonne de chasseurs d'Afrique, venue de Metz à

3 heures de Taprès-midî, a tué ou fait prisonnier tout le détachement ennemi. La voie ferrée a été réparée pendant la nuit ; le télégraphe reste interrompu, les poteaux étant brisés et les fîls rompus sur un espace de plus d'un kilomètre.

Le premier convoi arrive à la gare de Metz à 7 heures du matin. Le deuxième convoi parvient à Pont-à-Mousson vers midi.

Il est rendu compte à M. le général Archinard, commandant la 1'* brigade, qu'un détachement ennemi occupe Pont-à-Mousson. Le général envoie une compagnie pour reconnaître la position : l'ennemi se retire en la voyant approcher. Le deuxième convoi se remet en mar- che et arrive dans l'après-midi à Metz.

La division reçoit Tordre de s'établir sur la rive gauche de la Moselle, en aval et à environ 3 kilomètres des fortifications de Metz, la gauche appuyée à la route de Thionville, au hameau de . la Maison- Rouge, la droite à la Moselle ; le quartier général de la division au château de Saint-Éloi.

c) Opérations et moaTements.

Le général Tiœier, commandant la !'• division du corpsy au maréchal Canrobert, à Metz (D. T. privée).

Pont-à-Mou88on, 42 août, 5 b. 46matiD.

Fils télégraphiques brisés sur une longueur de 2 kilomètres à hau- teur de Dleulouard. Il serait à désirer que des patrouilles de jour, et de nuit surtout, fussent activement faites sur la ligne.

9* fMelc. Docam. 2i

338 LA GUSRRB DB 4870-4874.

T«ut mon monde arrivé en bon ordre.

Les renseignements recueillis sur le fait de la destruetion des fiU TOUS seront adressés à mon arrivée à Mets.

Le général Bfsson, commandant la i* difHsion et le camp de CMlons, au Ministre de la guerre^ à Paris (D. T.).

Camp de Ghâlons, 18 aoAt, 49 hênres soir. Expédiée le 4t aelt

à 4 h. 6 soir (&• 89967).

Réponse à la dépêche du général Levassor au camp de Chèlons.

Le général et ses troupes ne sont pas arrivés et nous ignorons com- plètement si elles doivent quitter Paris. La i'* division du corps est en route pour Metz par le chemin de fer.

La 3* division, général Bisson, doit l'embarquer aigourd'hui, même destination. ^^

L'artillerie divisionnaire, le génie et les parcs doivent suivre le mou- vement, si les Prussiens le permettent. Une dépêche du ehef de gare de Frouard a signalé ce matin les éclaireurs prussiens autour de cette gare, les trains ont été interrompus. Une autre dépêche les a remis ea circulation.

La cavalerie du 6' corps n'a pas encore d'ordre de mouTement ; c'est la seule troupe qui reste entre l'ennemi et Paris,

Résumé: ni ordres ni nouvelles pour le camp. D serait indispensable d'en avoir, à cause du grand matériel d'artillerie et des immeoMi approvisionnements qui n'auront pour toute protection, après le départ de la division Bisson, que les bataillons de garde mobile et les quatre régiments de cayalerie.

Le Colonel du 14« régiment d'infanterie au général Bisson, commandant la divisioti du 6* corps (Lettre).

Camp de Châleus, 15 aoAt.

J'ai l'honneur de vous faire connaître les motifs qui m'ont déterminé à m'arréter dans ma route sur Metz.

Une qiarche très lente des trains, des arrêts trop pi*olongés dans les gares, ont fait que le train emportant le M®, parti du camp le 4 S, à 7 heures du soir, n'est arrivé à Frouard, que le lendemain à 9 heures. Le chef de gare me communiqua deux dépêches du chef de gare de Dieulouard (station avant PoBt*à-Mousson), la première disant que le convoi du 9* de ligne avait être arrêté en avant de Dieulouard ; qu'il y avait un engagement de ce cêté ; la deuxième que des forceA considérables prussiennes se portaient sur Dieulouard.

LA 6UBRRB DB 4810-4874 339

Ces nouTellfis me forçant à agir avee prudooce» j'eaToyai par le télé- graphe au lieutenaDtreolonel eonunandant le deuiième train du 14" Tordre de hâter aa mafebe ; je fia placer sur la machine et le premier wagon, Wngt bons tireurs commandée par un capitaine et je fia avancer le train, mais lentement, pour pouvoir faire arrêter ai la Toie était coupée.

A Marbacbe (station entre Frouard et Dieulouard), nous aperçûmes très distinctement des vedettes prussiennes disséminées sur les hauteurs et sur les chemins de la rive droite de la Moselle. J'appris qn'un esca- dron s'avançait par la route de la rive gauche sur Marbaehe. Je fis des. cendre une compagnie, mais notre approche était signalée et nos tirailleurs ne purent que leur envoyer quelques balles à 900 mètres environ. En môme temps, le maire de Marhaehe» revenant de Dieu- louard, me confirma Toccupation de ce dernier village par environ 50 cavaliers qui forçaient les habitants à détruire la voie. Je continuai la route espérant pouvoir rétablir rapidement les raUs enlevés.

A 500 mètres avant la station de DieuUuard, nous arrivâmes à une coupure ; le train s'arrêta, les tirailleurs s'élancèrent contre les cava- liers et parvinrent à en blesser un grièvement. Aidé par les habitants et nos soldats, le chef d'équipe rétablit la voie, mais en perdant beaucoup de temps parce qu'il {allât envoyer ohereher un rail assez loin de là. Nous apprîmes par le blessé et par un habitant qui revenait de l'autre rive, qu'il y avait de ce côté deux régiments de cavalerie commandés par un général, et plusieurs pièces de canon ; que la voie était encore coupée au delà de Dieulouard et qu'une arche du pont dit « des 19 arches », près Pont-à-Moussoq, était détruite, et, enfin, qim Pont-à- Mousson était occupé depuis le matin par de nombreux cavaliers.

Il était 4 heures et demie. Les six trains portant les 14', 20* et 31° .s'étaient rejoints. Il y avait deux partis à prendre : ou rétrograder, ou faire descendre les hommes et chercher à se frayer un passage Jusqu'à Metz. C'était assez facile, si Pont-à-lfousson n'avait que de la cavalerie ; ce pouvait être dangereux s'il y avait de l'infanterie. En outre, l'impos- sibilité de faire de:^cendre du train les voitures et les chevaux faisait que, dans le deuxième cas, on devait abandonner tout le matériel des corps, plusieurs fourgons da vivres (30^)00 rations de pain), et cinq trains complets qui n'auraient probablement pas pu revenir à Frouard, car les Prussiens, qui voyaient tous nos mouvements, auraient coupé la voie en arrière pendant le débarquement des hommes.

Je me décidai pour le premier parti et d'autant plus rapidement que je remarquai deux pîèees se mettant en batterie. Au moment, le train de tête, qui avait attendre pour se mettre en mouvement la marche en arrière des autres trains, allait partir, ces pièces nous envoyèrent d'une distance de dOO à 900 mètree, 20 à 25 obus, dirigés

340 LA. aUBBRB DE 4870-4871.

contre les machines, mais qui Q*atteigDireDt que les 5 wagons qui précédaient celles-ci. Au premier coup, les hommes des premiers wagons étaient descendus et s'étaient abrités derrière la chaussée, de sorte qu'il n'y eut d'atteint grièTement qu'un homme du régiment et un d'un détachement du 27* de ligne qui nous accompagnait depuis Toal. L'officier commandant ce détachement fut blessé légèrement à la tempe d'un éclat d'obus ; plusieurs hommes furent atteints par des éclats de bois, mais sans gravité.

Le train partit à ce moment, les mécaniciens, perdaut un peu la télé, rejoignirent sans s'arrêter les autres trains, laissant à terre euTiron 500 hommes qui regagnèrent par la route la station de Frouard. Deux compagnies avaient été envoyées en tirailleurs dans la direction de^ pièces, mais celles-ci se retirèrent dès que le train fut en mouvement.

Le départ précipité du train a forcé de laisser aux habitants les deux blessés, dont l'état permet peu d'espoir.

A Toul, je vous demandai des ordres. Une dépêche reçue à Bar-le- Due, me donna l'ordre de revenir au camp.

Journée du 12 août.

CORPS.

a) Notes du capitaine (Tétat-major Mulotte sur les opérations de la division Conseil-DumesniL

Le 12, le cantonnement n'est déplacé que de quelques kilomètres. L'état-major et la i'« brigade de la division s'installent à Lemain- ville-sur-Madon; la brigade à Ormes; l'artillerie reste à Bayou.

Journée du 12 août.

GARDE IMPÉRIALE. a) Journaux de marche.

Journal de marche de la Garde impiriaie.

Toute la journée se passe daj» l'attente d'événements.

LA OUBRRB DE 4870-4874. 344

On pense que rennemi attaqdera sur notre droite.

Les chevaux restent sellés, rartillerîe attelée jusqu'à 6 h. 4/2 du soir.

Personne ne s*écarte du camp.

c) Opérations et moiiTemeiits. Le maréchal Bazaine au général Baurdaki (Lettre).

BoFDj, 4 S août.

D'après les renseignements qui me parTiennent, l'ennemi semblerait prononcer une attaque sur notre droite.

Veuillez donc donner des ordres pour que personne ne s'écarte du camp, et, s'il est nécessaire, faire battre la marche du corps.

Que Ton selle. Que l'artillerie attelle et que Ton se tienne prêt à se porter otL besoin sera.

Le général Bourbahi au maréchaX Bazaine (Lettre)

42 août.

En réponse à Totre dépêche du 4 i août, J'ai l'honneur de vous rendre compte que Tartillerie de résenre du général Ganu a été placée en ayant du front de la cayalerie de la Garde, dans l'angle formé par la route impériale de Sarrebrûck et par la route qui ra de la première au ▼illage de Borny.

L'emplacement de l'artillerie de réserve avait été préalablement dési- gné par M. Taide-major général Lebrun.

Le général Deligny^ commandant la division de voltigeurs de la Garde impériale, aux Généraux de brigade sous ses ordres, Ordre.

Borny , 42 août.

Un sentiment un peu trop exagéré de dignité personnelle et d'hon- neur militaire porte MM. les officiers de tout grade à se tenir à décou- Yert et à se mettre, en quelque sorte, en cible devant l'ennemi.

Il en résulte des sacrifices improductifs et des plus regrettables.

Que MM. les officiers continuent à donner l'exemple de l'entrain et du dévouement quand les circonstances le commandent, mais lorsque, par exemple, la troupe reçoit l'ordre de se coucher ou de s'abriter, qu'on sache bien qu'il n'appartient à personne de l'éluder.

Ainsi donc, qu'il soit bien convenu que, dans le cas précité, l'ordre

Ht

LA GU&RRB DE 1870-4874.

de s^abriter ou de se eouebet* est impératif pour tous et qae Tândâr serait d# niaifTtis exemple.

Ce que tous ont l'ordre de faire ne eompromet la dig'nité de per- sonne.

d) SitQâtlOfl et eiii{iilaC6iiieiit8.

*

CORPS.

ÉUt-major géûéfal...

4" dirisioti

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DiTÎsioD de cavalerie .

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4,236

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2,546

2,660

40

1164

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93

45

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538

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74

55

4,007

20,937

21,944

7,870

BMPl.ACBllE3rTS.

fhid. thU, Ibtd, ibU.

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Journée du 12 août.

RÉSERVE DE CAVALERIE a) Journanx de marche.

1" DIVISION.

A 4 heures du matin, une reconnaissance, composée deux esca- drons du 2* chasseurs d'Afrique et commandée par le iieuteiiant-flolonel Humbert, longe le campement de la 1'" divislou d'infanterie da la Garde, passé entre 2* et le 3* corps k Grigr et s*avanoe sur la route de Fàulquettidllt.

A Ars-Laquenexy, on apprend qu'une reconnaissance de 7 Prussiens est tenue la teille, dans l'après-midi, jusqu'aux abords du boure et

LA QUERRB DE 487(M874. 343

qu*ell6 a pris 7 fantassins français qui se promenaient sans armes à Marsilly.

A Gourceiles-snr-Nied, on trouye la gare éyaouée et ie télégraphe intact, mais sans employés. Daprès les renseignemeiits que Ton recueille, Remilly doit être fortement occupé, ainsi que les bois aux abords de la route. Des Prussiens étaient à Soigne la Teille, et un gros d'armée aurait eu, dit-on, son quartier génértil à Bischvald, au-dessus de rétang de Gros-Tenquin.

Le détachement est alors difisé en trois fractions : Tune dirigée sur MécIeuTC et Pontoy ; la deuxième sur Faulquemont ; la troisième sur Pange, avec rendez-TOUs général à Gouroelles, si Ton rencontre Ten- nemi. Celui-ci, en effet, ne tarde pas à se montrer sur la lisière des bois, avec une force d*au moins cinq escadrons, qui paraissent soutenus en arrière. Les trois fractions se retirent sur Gourcelles, y trouvent un escadron français du V dragons et exécutent leur retraite avec lui sur Metz, en se couvrant par un rideau de tirailleurs. L'ennemi vient der- rière, à quelque distance, en poursuivant les tirailleurs de son feu. A Ars, trois obus sont lancés par les Prussiens sur la colonne.

Celle-ci rentre enfin au bifouao à ii h. 1/2 du matin, ayant parcouru 40 kilomètres environ et n*ayant ii signaler chez les hommes que deux contusions sans gravité et une légère blessure pour un cheval.

Soirée du 12 août.

A i heure de l'après-midi, la 1'* brigade part pour Pont-à-Mousson empêcher l'ennemi de détruire la gare et lés fils télégraphiques.

Arrivé à quelque distaoce de cette ville vers 4 heures, le général Margueritte apprend, par les habitants en fuite, que des cavaliers prus- siens occupent la ville et la gare. Un escadron du 1*' chasseurs estUors divisé en deux fractions : Tune traverse la ville rapidement, n'y aperçoit personne, et, se portant au dehors, déploie une ligne de vedettes du côté est supposé l'ennemi. Quelques instants après, derrière cette division, pénètre un escadron entier du même régiment, ayant à sa tête le général Margueritte. A ce moment, les Prussiens enfermés dans les maisons voulaient en sortir, croyant le passage libre. Un de leurs offi- ciers s'élance sur le général Margueritte, dont il n'atteint que te képi; il tombe immédiatement percé de coups. Les Prussiens rentrent dans les maisons et tentent d'y résister; mais les chasseurs les abordent à coups de fusils et ceux des uhlans qui ne sont pas blessés font bientôt leur reddition.

Pendant ce temps, la division, qui avait été dirigée sur la gare en contournant la ville, y trouve des cavaliers en train de tout détruire, sous les ordres d'un officier qui, dit-on, avait servi deux ans dans cette

344 LA GUERRE DE 1870-4874.

localité en qualité de mécanicien. Les Prussiens, surpris, se satirent dans tous les sens et un certain nombre d'eotre eux tombent en notre pouvoir, ainsi que leurs montures.

On s'occupe alors de tout rétablir dans la gare et, quand ce travail est achevé, la colonne repart pour Metz, elle arrive k 2 heures du matin, ramenant avec elle comme prisonn iers 3 officiers, 28 hommes et 31 chevaux munis de leur haruachement.

2* brigade.

La 2' bri^adp, toujours réduite à un seul régiment (le 4* chasseur^ d'Afrique n'ayant pas rejoint), fait une reconnaissance sur la ronte de Dieuse. Elle est arrêtée devant le village de Gourcelles-sur-Nied, forte- ment occupé par Tennemi. Elle rentre à Metz par Laquenexy et Arn' Laquenexy. Les Prussiens la poursuivent avec du canon jusqu'à ce der- nier village, pendant que leur cavalerie essaye, mais en vain, de gagner son flanc gauche et de la couper de Metz.

DIVISION.

Séjour à Colombey. L'état-major de la division proflte de ce premier repos pour établir la listé des pertes et des tableaux de propositions.

DIVISION.

Le 12, un régiment de dragons (f régiment), conduit par le colonel. est envoyé en reconnaissance sur la route de Pange et Gourcelles (direc- tion de Metz k Boulay).

c) Opérations et moQTements.

Le général Lebrun, aide-major générai, au tnarécfutl Bazaine, Note.

Metz, ISaoûtp 44 h. 30.

Un capitaine de la division du Barail, qui rentre ici après avoir fait, avec Tescadron qu*il commande» une reconnaissance sur la route de Faulquemont, rend compte, qu'étant à Remilly, il a vu de près un régiment de uhlans, trois coups de canon ont été tirés sur loi par l'ennemi.

Les renseignements qu'il apporte semblent indiquer que Vennemi s'avance sur nous par ce côté ou qu'il y exécute aujoard'hni une rReon- naissance offensive.

LA GUBRRB DB 4870-4874. 345

Le Major général au général du Barail, comman- dant la 1^^ division de la réserve de cavalerie (Lettre).

Paris, 1S août.

L'Empereur ordonne que le général Margueritte quitte Meti aussitôt que possible a^ec ses deux régiments, pour aller prendre position à Dieulouard (route de Pont-à-Mousson à Nancy).

n marchera par la riye droite de la Moselle et s'éclairera aussi loin que possible sur sa gauche, principalement yers Nomény, oii on annonce des coureurs ennemis.

Le général Margueritte emportera pour ses hommes deux jours de vivres, pain et biscuit, et deux jours d'avoine pour ses chevaux.

Le général Margueritte, commandant la i^ brigade de la i"^ division de la réserve de cavalerie, au Major général (D. T.).

Ars, ht août.

Paysans me disent que 40 Prussiens étaient à midi à Pont-à-Mousson. M'y porte rapidement pour rétablir le bureau télégraphique. Trains non encore interrompus.

Le général Margueritte, commandant la V^ brigade de la !'• division de la réserve de cavalerie, au maré- chal Bazaine (Lettre).

Pont4-Moas8on, 42 août.

J*ai l'honneur de vous rendre compte que, parti de Metz à 2 heures moins un quart, je suis arrivé à 4 heures à Pont-à-Mousson.

Tout le long de la route, la population des villages était très effrayée et j'apprenais de toutes parts qu'un parti de cavaliers, fort de 30 à 40 hommes, était arrivé à Pont-à-Mousson vers midi.

En arrivant en ville, j'appris en outre que les fils télégraphiques avaient été rompus.

Arrivé sur la place, je détachai une division à la gare et je m'avan- çai dans la ville avec le reste du 1*' régiment ; je me dirigeai vers la sortie Est de la ville (au pied du mont Mousson).

On me désigna immédiatement une auberge s'était enfermé un peloton de cavaliers prussiens, dont les chevaux se trouvaient dans l'écurie.

Je fis mettre pied à terre à plusieurs chasseurs et, en passant devant la porte de l'auberge, une fusillade assez vive s'engagea entre nos chasseurs d'Afrique et les cavaliers prussiens.

346 LA atJBRIte DE 4870-4S71.

Dans cette première partie de Taction, un officier prutsien fut atteint à la tète. (On m'a dit depuis qu*il était mort de ses blessures). Quatre ou cinq cavaliers prussiens ont été tués. De notre c^té, un bri- gadier et un chasseur ont été tués et deux ou trois hommes ont été blessés. Un cheval a été tué. Nous avons fait prisonniers :

2 officiers du 17? régiment de hussards de Brunswick ; i 8ous*officier du même eorps ; i% cavaliers du même corps ; 1 sous-officier de dragons d'Oldeobourg ; 9 cavaliers du môme icorps. Nous avons pris également environ 30 chevaux. J'apprends que des forces prussiennes se dirigent sur Pont-à-Mousson, venant du côté de Nomény.

Je considère la position de Pont-à-Mousson comme importante à garder.

J'arrête ici ÀOQ hommes du 28* de ligne pour défendre rentrée du pont.

Je conserve un train spécial pour ees 400 hommes^ pour le cas je serais débordé.

J'envoie deux escadrons parcourir la ligne du chemin de far de Poat- à-Mousson h Frouard.

On travaille activement à rétablir le^ fils télégraphiques ; dès qu'ils le seront, j'aurai l'honneur de correspondre avec vous.

Le général Margueritte au Major général (D. T.).

Pssny, Kt août Arrirée à 10 h. 42 soir. Je rentre avec ma brigade. Sera! à Mets k 2 heures.

Le lieutenanl-colonel Humbert^ du régiment de chasseurs d* Afrique, au général de La Jaille^ commun' dant la brigade de la \^^ division de la réserve de cavalerie (Lettre).

MeU, 12 août.

Suivant vos ordres, je suis entré dans Metasce matin, aussitôt que les portes ont été ouvertes, k la tète de 310 hommes de mon régiment. J*ai traversé la ville pour en sortir par la porte Maselle. J'ai longé le cam- pement de la l'^ division de la Garde, passé entre le 2* et 3* corps, i Gfigy, et je suis sorti des lignes par la route de Paulquemont, point vers lequel vous m'aviez prescrit de diriger ma recoiiUaiSdance.

LA aùE&RË Dfi 48'}0-4874. 347

Aussitôt dégagé des impedimenta qui encombrent la fille et ses environs, je fais. prendre le trot et gagne rapidement ArS-Lftque&ex}, petit tillage situé à 9 kilomètres de Mets. L&, on me i*aconte qu'âne reeonnaissanee de 7 Prussiens est tenue la veille, dans Taprès-midi, Jusqu'aux abords du bourg, quUls ont tué i et pris 7 fantassins à nous qui se promenaient sans armes à Harsilly, hameau qui se trouve h 2 kilomètres en avant et au Nord.

Je poursuis ma routeet j*arrivêà GouroelU^-aor-Nied (15 kilomètres) je trouve la garo évacuée et je suis dans l'impossibilité de me servir du télégraphe, faute d'employés. L'adjoint, seul fonctionnaire qui soit resté à Gourcelles, à la tète de quelques femmes et des vieillards» me confirme les renseignements sur la patrouille ennemie de la veille. Il m'igoute que Remilly doit être fortement occupé et que les bois des environs de ma route le sont également. Des voyageurs venant ea voi- ture de Ghàteau-^alins, qui ont l'air de personnages sérieux et croyables, et qui arrivent sur l'heure même, nous racontent avoir couché la veille avec des Prussiens à Soigne et paraissent convaincus, à la suite d'une conversation avec eux, qu'un gros d'armée a son quartier général à Bischwald» au-dessus de l'étang de Gros-Tenquin, Quelques minutes de, repos données à ma troupe pour recueillir ces renseigneipents et vous en rendre compte, mon Général ; je dispose mes hommes pour com- mencer sérieusement ma reconnaissance ; je forme trois fractions ; j'en dirige une sur Mécleuve et Pontoy, sous les ordres d'un chef d'esca- drons ; une autre sur Pange, pour y faire le tour du bois ; avec la troisième, je continue sur la route de Faulquemont, en donnant un rendez-vous général à Lemud, si l'on ne rencontre rien ; à Gourcelles , au contraire, si l'on trouve un ennemi supérieur. G'est cette dernière hypothèse qui se réalisa presaue immédiatement, car nous n'avions pas fait les uns et les autres un Rllomètf e, que le commandant trouvait les bois garnis et que j'avais devant moi la force d'au moins cinq escadrons qui semblaient soutenus par d'autres en arrière. Ayant l'ordre de ne pas engager d'affaire sérieuse et n'ayant d'ailleurs que trop peu de monde pour cela, je me replie et je rallie ma troupe à Gourcelles, je trouve, en y rentrant, un escadron du 7* dragons. Après une station de quelques instants dans le village, je reprends la direction de Metz en déployant en arrière de moi un rideau de tirailleurs, qui engage avec l'ennemi qui nous suit de bois en bois un feu insignifiant, mais qui me permet de m'en aller tout doucement en examinant à mon aise ses allures.

J'ai continué de la sorte jusqu'à Ars, trois obus ont été lancés aussitôt mon départ, et après quoi je n'ai plus vu personne ; mais à la manière dont se comportaient les Prussiens jusque-là, à la vue de l'étendue de .bois garnis par eux, je reste convaincu que Remilly doit

348 LA OUERRE DE 4870-4874.

être fortement occupé tant par de la cayalerie que par de rinfanterie et de Tartillerie.

J*étai8 rentré à 11 h. 1/2, après un parcours d'eniriron 40 kilomètres, n'ayant à signaler que deux contusions sans grayité et une légère bles- sure à un cheyal. On m*assure aToir tu rouler 4 ou 5 caralior^ ennemis.

Rapport du colonel du i^^ dragons,

MeU» 48 toât.

Le !«' régiment de dragons, de la division Forton (réserve de eava- lerie), a fait ce matin une reconnaissance sur la route de Metz à Saint- Avold, par Courcelles.

On a TU plusieurs édaireurs qui se sont enfuis à l'approche d<^ Français.

Tous les villages euTironnants, Pauge, Golligny, Maizery, Ogy, ont été fouillés. Hier, paralt-il, les édaireurs prussiens y étaient.

A Golligny, les habitants ont tu hier 12 ou 15 fantassins qui sont biTOuaqués, dit-on, à 3 kilomètres de

Les caTaliers ennemis qui se sont retirés hier soir à Courcelles étaient au nombre de 6. Ils ont détruit le pont et se sont retirés, vers 9 heures du soir, sur la droite de Courcelles.

A Coincy, ils ont, hier, enlevé un fantassin et tué un autre.

Ce matin, un fantassin de la division Duplessis a tué un édaireur.

Journée du 12 août.

ARTILLERIE DE L ARMÉE. a) Jonnial des opérations da général Solaille.

Au moment le maréchal Bazaine prenait en mains la direction générale des opérations militaires, les divers corps occupaient, à très peu près, les positions indiquées à la date du 10 août, les 3* et 4* corps s'étaient cependant un peu rapprochés de la place. Le moment appro- chait où Tarmée allait opérer alternativement sur les deux rives de la Moselle et l'on n'avait pas attendu la dernière heure pour multiplier les communications' entre ces deux rives. En aval de la ville, les ponts-

LA GUERRE DE 4870-4874. 3i9

etHshaussées et le génie avaient construit deux ponts sur le petit bras. Une crue subite, attribuée par Tingénieur en chef de la navigation k la rupture par Tennemi des bassins de retenue du canal, emporta ces pre- miers travaux. On eut recours, pour les rétablir, aux compagnies de pontonniers Nussbaum (2<* corps) et Descbamps (4* corps), destination temporaire, car le matériel de ces compagnies ne pouvait être affecté d*une manière permanente à cet usage ; il redevint du reste disponible le surlendemain et fut en mesure d'accompagner, au besoin, les mou- vements de Tarmée. La compagnie Pépin (3® corps), dont Téquipage avait été pris à Forbach, fut désignée pour rester k Metz et concourir à la défense de la place.

Le général Soleille au Minisire de la guerre (D. T.).

Metz, 49 août.

Aujourd'hui qu'on a abandonné la pensée de faire refluer, soit sur Cbàlons, soit sur Paris une partie de l'armée et du matériel, et que les opérations de l'armée du Rhin semblent surtout devoir s'exécuter sur la zone frontière et s'il y a lieu, sur les derrières de l'ennemi, il est important de posséder des dépôts qui ne soient pas trop éloignés.

Tout était une bonne position pour un grand dépôt dans les pre- mières hypothèses de la guerre. Il est encore aujourd'hui, à mon sens, une excellente position centrale et assurée contre les surprises. H serait utile d'y reconstituer, autant que possible, un grand parc.

Je donne l'ordre au général Mitrecé d'y conserver l'équipage de ponts de réserve en le mettant en sûreté dans la place et d'y rester de sa personne avec son état- major et les troupes du grand parc.

La perte de l'équipage de ponts du 3* corps à Forbach, que je pres- sentais, est aujourd'hui certaine. Pouvez-vous pourvoir à son remplace- ment ? J'ai reçu ce matin à Metz la compagnie qui devait atteler cet équipage et je la retiens pour atteler un nouvel équipage s'il y a lieu. En attendant elle sert à l'armement de la place de Metz.

c) Opérations et mouvements.

Le général de Rocheboûet, commandant l'artillerie des 2«, et corps d' armée , au général Soleille (Lettre).

Bornj, 42 août.

La nécessité de créer des communications entre les deux rives de la Moselle paraissant démontrée, j'ai l'honneur de vous demander sur quels points seront établis les ponts d'aval et d'amont. Cette question

360 LA QU^R^S DQ f 970*4874.

m'intéresse Tivement, les échanges à faire ayec les pjircs établis (Uns Ghambière étant, à Theure qu*il est» à peu près ifppraticables.

Le général Soleille au générai de RochehoueU com- mandant l'artilletHe des 2«, et corps (Lettre).

M«tz, i% aoât.

En réponse à votre lettre datée de Boruy, le 12 août, j'ai l'honneur de vous informer que les communications entre les deux rlTes du bras navigable de la Moselle sont assurées par trois ponts établis au bas des rampes do Saint-Julien.

Je vous informe, de plus, que trois autres ponts sont jetés sur l'autrt^ bras non navigable, en avant du fort Moselle.

Ces ponts sont reliés les uns aux autres par des routes jalonnées.

On peut rentrer sur la rive droite de la Moselle, du côté de la cita- delle, en passant par neuf autres ponts, jetés trois par trois sur les bns de la Moselle coulant entre la porte de France et le pied de la eitadeUe.

Si vous voules des détails plus préeis, envoyec-noi un officier de votre état-^major, qui reconnaîtra en même tempe les passages en question.

Par cette disposition, vous pourrez éviter de faire traverser à vos parcs la plaee de Mets, qui sera sans doute encombrée.

Le général Soleille au colonel Hennet^ commandant le parc de la réserve générale d'artillerie (D. T.).

Metz, 42 août.

Rallies à vous, que vous sojies, toute la partie de votre parc qui a été dirigée sur Besançon, y compris l'équipage do ponts.

Le général Mitrecé, directeur général des parcs, au général Soleille, à Metz (D. T.).

Tout, 12 aoôt, 40 h. 8 malin.

Votre dépdche 8 «oât me laissai, «omplètement maître d'aviser auf mesures à prendre pour sauvegarder le loatériel, je Jug» nétesstire de diriger l'équipage de ponts vers Chàlons, par le canal. Le mapâcbal Ganrobert* h son passage à Toul, m'a engagé à prendre ce parti. Le mouvement est commencé.

LA GUERRE DE 4870>4874. 35

Journée du 12 août.

GÉNIE DE L'ARMÉE. c) Opérations et mouTementSt Rapport sur les opérations du grand parc du génie,

ht toit

Vers i heure du matin, le grand parc arriva à Metz à la gare des Sa- blons. Il établit son biTouao sur le glacis de droite de la lunette Rogniat» le long de la Moselle, entre la citadelle et le village de Montigny.

Le général Jarras au général Coffinières^ (Lettre).

Metz, Ua»ût.

L'Empereur me charge de vous inviter à faire établir sur la Moselle le plus grand nombre de ponts possible. Il est informé que rennemi entre à Naney.

De l'ingénieur des ponts et chaussées et des chemins de fer de VEsi Petsohe (Lettre sans indication de desti* nataire).

Niaey, 40jwo1871 Cher Monsieur,

ie m'empresse de répondre à la question de T«tre lettre du 9 et suis heure» de pouvoir vous donner à ee sujet des renseignements très précis «1 très sûrs.

Le vendredi IS août 4870» à 4 heures du seir, J'avtit terminé les neuf ponts sur la Moselle, en amont de Metz, que le général Coffinières m'avait chargé, le 8 août, de faire exécuter d'urgence. Le même soir, deux régiments d'infanterie et un esoadron de cavalerie y passèrent. Le trot de la cavalerie produisit sur le pont aval du grand bras l'affais- sement de trois chevalets posés sur un fond meuble de gravier. Nous passâmes la nuit du vendredi au samedi pour faire la réparation, qui fut terminée à 2 heures du matin. Mais, peu de temps ayant ce moment, les eaux de la Moselle se mirent à monter. La crue se manifesta vers minuit (1). A 6 heures du matin, elle s'était élevée de plus d*un mètre

(1) Le Journal de la défense signale le commencement de la crue

'i

36^1 LA. aUBRRB DE 4870-4871.

et couvrait une grande partie des tabliers des ponts du grand bra<. ainsi que les petites chaussées qu'on avait construites pour relier Je? ponts aux berges^

Ce qui me frappa beaucoup, ce fut la limpidité des eaux de cette crue, extraordinaire à ce moment de Tannée. M. Schlachtery emploie principal de M. Geinbe, qui, depuis de longues années, passe ses journée* au Saulay, en fut impressionné comme moi, et notre GonTÎction da moment fut que les Prussiens, ayant connaissance de nos travaux et voulant les bouleverser, avaient coupé, en amont de Metz, quelque^ digues du service de la navigation.

Mais, après la capitulation de Metz, on a pu s*assurer qu'aucune rup- ture de ce genre n^avait été fuite par Tennemi et que la crue avait ét^ générale sur la Moselle.

Ce dernier fait m'a été confirmé par le récit d'un de mes amis, M. Théodore Mûntz, capitaine du génie (en ce moment en service à Versailles). Battant en retraite avec Tarmée de Mac-Mahon, M. Mûntz fut chargé de faire sauter le pont sur la Moselle à Charmes. On avait commencé à pratiquer des miues dans les piles de ce pont, en boî^, mais une crue de la Moselle empêcha de s'en servir. Il fallut brûler le tablier du pont. Le fait dont il s'agit s* est produit à la date du 12 ou 13 août (je ue pourrais exactement préciser le jour) ; mais il est incon- testable que c'est la même crue qui a bouleversé nos travaux à Metz.

Pour compléter ce qui se rattache à cette question de crue, je vous dirai que deux des ponts du grand bras, qui avaient été submergés, furent allongés et exhaussés et que cette opération était entièrement terminée le dimanche 14 août, à 1 heure de l'après-midi.

Les ponts sur le bras mort de Montigny, excepté ceux du bras navi- gable de Saulay (au nombre de trois sur chaque bras), n'avaient pas souf- fert. Dans l'après-midi du dimanche 14, près de 30,000 hommes pas- sèrent sur les ponts (en amont de Metz) dont il s'agit. J'ai remarqué parmi ces troupes le corps de Frossard et la division de cavalerie du général Forton

De Vingénieur des ponts et chaussées et des chemins de fer de l'Est Petsche au général de Rivière^ rappor- teur près le !«' Conseil de guerre^ à Versailles (Lettre).

Nancy, 49 juin 4872. Monsieur le Général,

J*ai fourni à M. Auguste Prost, qui a vous les transmettre, \sa

dès le 11 août Dans la jouruuc du là, le^ trois ponls d*aval sont déjà endommagés.

LA aUBRRE DE 1870-1871. 353

renseignements que Je possède sur la crue de la Moselle du 12-13 août 1870.

C'est le 12 août (1), Ters minuit, que cette crue a commencé à se produire. A 6 heures du matin, le 13, elle avait atteint son maximum. J'en évalue la hauteur à 1*^,20 environ.

Elle eut pour effet de submerger, sans les rompre, une partie des ponts que j'avais fait construire sur le grand bras de la Moselle, en amont de Metz, ainsi que les petites chaussées qui les reliaient aux berges.

Je fus frappé, avec plusieurs personnes habituées au régime de la Moselle, de la soudaineté et de la limpidité de cette crue, et je l'attri- buai à quelque opération de Tennemi.

Je reconnus plus tard mon erreur, en apprenant que Tarmée alle- mande n'avait rompu aucun barrage supérieur et que la crue avait été générale sur la Moselle.

Elle a notamment gêné les opérations tentées par le service du génie de l'armée de M. le maréchal de Mac-Mahon pour la destruction d*un pont sur la Moselle à Charmes.

Je tiens ce renseignement de M. Théodore Muntz, capitaine du génie, qui devait faire sauter ce pont au moyen de fourneaux de mines prati- qués dans une pile, et qui fut obligé, les mines étant noyées, de faire brûler le tablier en charpente de rouvi*age.

Quant aux retenues d'eau de la place de Marsal, je ne suis pas au courant de ce qui s'y est passé. A la réception de votre lettré du 15 juin courant, j'ai demandé des renseignements à mon camarade M. Pugnières, ingénieur des ponts et chaussées à Nancy, et voici ce qu'il m'écrit à ce sujet :

« Au moment de la déclaration de guerre, on a placé les poutrelles pour retenir les eaux dans les fossés de la place de Marsal.

« La grande sécheresse avait réduit considérablement le débit de la Seille; d'un antre côté, l'étang de Lindre était en terrage, de telle sorte que, lorsque les Prussiens se sont présentés devant la place, la cunette était à peine remplie d'eau.

« Après la prise de la place, les Prussiens ont laissé les poutrelles et, grâce aux pluies, les eaux se sont un peu accumulées dans les fossés, sans toutefob que je puisse indiquer à quelle hauteur elles se sont élevées. »>

(1) Voir la note 1 de la lettre de l'ingénieur Petsche, datée du 10 juin 1872.

s* Cmo. •— Oocvm. 23

dbi LA GUBRRB DE 4870-487f .

RENSEIGNEMENTS

Bulletin dk rbnseigiiembkts pour la journée du août.

Au grand quartier général, à Mctx, 12 toâl.

Le bulletin n^ 6, qui donnait la oomposition normale et la répartilioB actuelle en dlTeraes armées des corps allemands, indicpiaii que, aeloD toute probabilité, les régiments de cavalerie n'étaient pastoujoanreitii affectés aux corps dont ils dépendent en paix. Les înterrogatoirei de prisonniers confirment ces préyisions. Les numéros de corps d'armée ne peuTent donc être connus d'une façon certaine que par les Duméroi des régiments d'infanterie.

Il y a, en général, cinq régiments de cavalerie endiTisionsés par w^ d'armée. La diyision de caTalerie du IV* corps est commandée par le général de Wrède; elle comprend : le i^* de uhlans, les et i^de dragons, le i7^ de hussards (brunswickois) et le 4* de euirassien. Ce dernier régiment appartient en paix au corps.

Un grand corps de caTalerie, de 25,000 à 30,000 chevaux, se forme- rait en arrière, sous le général de Stolberg, à l'Ouest de Worms»

Les régiments de cavalerie sont à quatre escadrons de 162 cavalier)» montés.

Dans la division de cavalerie du lY* corps est le i^* de nhlans, dont une patrouille de trois hommes vient d'être prise à huit kilomètres es deçà de Remilly (route de Faulquemont). Ce régiment fonne l'avant- garde des éclaireurs de ce corps : il est très éloigné du corpe d'année et pousse toujours deux de ses escadrons à une grande distanoe.

Ces deux escadrons étaient le 10 à Remilly. Ht omt envoyé U patrouille capturée vers la route de Metz à Nancy : elle aTaît parooara 25 kilomètres en quatre heures lorsqu'elle a été arrêtée par des dragons de la division Forton.

Les habitants de Trêves auraient été prévenus, îl y a deux Jours, que les I^' et YI« corps (armée des côtes du Nord) passaient par la ville, venant de TEifel. Ce sont probablement deux des trois corps de l'année de Vogel de Falkenstein que Ton signalait, dans les bulletins d*hier,le long de la frontière luxembourgeoise. On ne connaît pas bien le numéro du troisième de ces corps.

Les cavaliers faits prisonniers à Gros-Tenquin, et dont il était perlé

LA GUERRB DB 1870-4871. 355

hier, étaient des II* et III* corpg, La patrouille enlevée le il, en avant de Bemilly, appartenait nu lY* corps. Voilà donc bien certainement trois corps au centre^

Une avant- ^arde de cette armée du centre aurait été vue hier soir à Nomény (route de Metz à Nancy), menaçant Pont^à-Mousson. II y aurait toujours des cavaliers vers la Nied, sur les diverses routes venant de Metz.

Rien de nouveau de Tarmée du Prince royal.

n résuite des dirers rapports et des journaux étrangers que les Prus- siens auraient beaucoup souffert dans les combats du 6 août. A. Spiche- ren, des projectiles provenant de nos fusils et de nos mitrailleuses auraient été atteindre fort loin les réserves de Steinmetz.

Un habitant a entendu dire que ce matin, 42 août, à 10 heures, une reconnaissance prussienne est venue h Chesny, à environ huit kilomètres de Metz, sur la route de Ghàteau-Salins. On ajoute que 40,000 hommes se masseraient dans la forêt de Fleury, en arrière de Chesny,

Un garde forestier déclare avoir vu le 11 août, à 8 heures du matin, & Hargarten-aux-Mines, à onze kilomètres au Sud-Est de Bouzonville, environ 1000 cavaliers campés. Il y avait de Tinfanterie plus en arrière; le garde a entendu les tambours. Un officier prussien lui a dit qu'ils devaient partir sous trois jours dans la direction de Metz.

Rapport sur V interrogatoire de trois prisonniers de guerre.

Metz, 4^ août.

Ces trois prisonniers appartiennent au i3^ uhians, qui fait partie de la division de cavalerie du IV« oorps d'armée (U* armée du prince Fré- déric-Charles). Us ont été capturés hier, il août, vers 6 heures du soir, par des dragons, disent^ls, un escadron au moins.

D'après leur déposition, il résulte que ce régiment» depuis le com- mencement de la campagne, forme Tavant-garde d'édaireurs du IV« corps d*armée. Deux escadrons marchent toujours en avant, à une grande distance.

Le régiment lui-môme marche en avant de ce corps d'armée, à une telle distance que les hommes ne peuvent donner aucun renseignement sur ce corps d'armée.

Les deux escadrons se trouvaient cantonnés à Remilly lorsque la patrouille, composée du maréchal des logis et de deux hommes, eut l'ordre de partir en reconnaissance. Voici Titlnéraire qui leur avait été tracé : partir de Remilly. passer à Luppy, Buchy^ Yemy; revenir par Poumoy, Orny, Sorbey, Lemud. C'est entre Sorbey et Lemud qu'ils ont été pris. Ils étaient partis à 2 heures.

356 LA GUERRE DE 1870-4871.

C'est aujourd'hui à midi que ces trois caTsliers prussiens ont été amenés à l'état-major général pour être interrogés. En marche depuis ce matin 6 heures, ils n'avaient pas encore mangé.

Renseignements envoyés par le capitaine Vossewr.

Nancji 42 août, S heures soir.

Le 11 août, à Alberstroff, on signale une forte troupe de caTalerie, venant de Sarralhe. Elle se dit suivie par 30,000 fantassins.

Le 11, à Morhange, quelques cavaliers ont commandé des vivr» et des approvisionnements pour 6,000 hommes. Jusqu'au 11 au soir, au- cune infanterie n'avait paru. Ils se renseignaient sur la route de Hetx.

Le 11, à Ch&teau-Salins, une reconnaissance d'environ un escadroo de cavalerie a été poussée de Morhange sur Château-Salins ; ces cava- liers seraient des hussards du 10* régiment (!¥« corps).

Le 11, à Vie, quelques hussards sont venus demander des vivres et des fourrages pour 3,000 hommes et autant de chevaux. Ils ont cherché à avoir des renseignements sur l'armée française et la route de Lnné- ville.

Le il, à li heures du soir, à Dieulouard, quelques hussards sont venus couper la communication télégraphique : un grand croc, ayant servi à arracher les fils, et une lanterne de cantonnier ont été retrouTéi dans la campagne, aux environs. Cette communication télégraphique a été presque de suite rétablie.

42 août, 2 heures soir.

Une vingtaine de cavaliers apparaissent à Frouard ; ils traversent la Moselle et vont à ChampigneuUes ; quelques coups de feu sont échangés avec des soldats isolés qui rejoignent Toul, partant de Nancy.

Un déserteur prussien du 7* régiment de grenadiers, interrogé à Nancy, déclare que les Y' et Y[® corps étaient à Blâmont dans la soirée du 11 et devaient marcher sur Lunéville. Ce renseignement n'a pas été confirmé ; il a toutefois été transmis à M. le maréchal Mac-Mahoo, qai avait passer la nuit du 11 au 12 à Bayon.

Il est certain que ce jourd'hui, 12, vers midi-, il n'y avait aucun Prus- sien à Lunéville : un capitaine d'état-major (Leroy), s'y trouvait à cette heure. Cet officier est venu de Lunéville à Nancy sur une machine.

Il est vraisemblable que les Y* et YI* corps, sous les ordres du Prince royal, avec les corps bavarois et badois, en partie (une autre partie au- rait rétrogradé sur l'Alsace), ont opéré leur jonction avec l'armée du centre, en arrière du réseau de cavalerie qui nous a été opposé. Les trois armées, en parfaite relation ensemble, auraient opéré leur jonction et

LA GUERRE DE 4870-4874. 357

s'^étendraient sur uo cercle de Thionyille à Nomény, ayant son centre à Metz et devant appuyer leurs ailes, & gauche et à droite, à la Moselle.

Il est confirmé que la Garde était à Sarrebrûck.

Les troupes prussiennes paraissent disciplinées : elles payent en partie leurs dépenses d*approyisionnement. Jusqu^ici, étonnées de leurs succès, elles n'ont marché que timidement, sous la garantie de leurs cavaliers qui se sont enhardis en ne trouvant aucune résistance et qui occupent actuellement toute la région comprise entre la Moselle, jusqu'à Nancy, et la ligne de chemin de fer, de Nancy & Strasbourg.

Dans Tarmée prussienne, il y aurait quelques malades du. typhus.

La population de Nancy est extrêmement abattue et découragée : de gros approYisionnements de farine, sucre, riz, café sont restés à Nancy. Il est resté de même beaucoup d'avoine à Lunéville, qu*il n*a pas été possible de retirer en arrière, le chemin de fer ayant fait partir son ma- tériel dès le il au soir.

Le télégraphe de Nancy ne fonctionne plus : des ordres supérieurs ont fait rétrograder sur Toul tous les employés.

Des agents ont été lancés dans toutes les directions pour avoir quelques nouvelles certaines, autant que possible.

Le commandant Yanson avait quitté Nancy le 11 au soir. Le colonel d*Abzac s'y trouvait ; il a pris tous les renseignements pouyant intéresser le maréchal Mac-Mahon, qui parait ne pas devoir être inquiété.

Le général de Failly demande des nouvelles : il est h Mirecourt (2 h. 30 du soir, le 12).

3 heures soir.

Des renseignements formels, qui arrivent de plusieurs côtés, ne lais- sent aucun doute sur la présence de troupes de cavalerie aux environs

et aux abords mêmes de Nancv. Il fiiut se retirer.

ToQl, 8 h. 30.

Il n'y a rien de particulier à signaler dans cette place. On apprend que des cavaliers sont entrés à Nancy ce soir. Je reste provisoirement à Toul.

X..,yà Luxembourg f au Préfet de la Moselle (D. T.).

Luxembourg, 42 août, 40 heures matin.

Des troupes considérables continuent h passer par FEifel, le Haardt et le Hochwald, Ters Sarrelouis ; on a reconnu troupes de la Garde ainsi que Saxons, destinés h renforcer surtout prince Frédéric-Charles.

3B8 LA aUERRE DK 1S70-4871.

Nombreux matériel d'artillerie ; troupeaux de bœufs suivent cette armée. Soldats très fatigués et irrités contre nous.

ÀYantrhier, la landwehr des régiments n?* 21, 29, 65, 69, etc., 74 aurait passé à Trêves. Camp retranché supposé entre Bîttburg etPrûtn. 1800 Toitures de réquisition derant Sarrelouis, destination ineoDiine.

Hoi de Prusse serait depuis deux jours à Sarrebrûck.

^Impératrice à f Empereur (D. T.).

Tuileries, 42 aoôL On dit que le corps badois ne peut être devant Mets que le 14 août.

Le Ministre de la guerre au Major général (D. T.).

Paris, 12 août, 40 h. 55 matin.

De t- renseignements dignes d'attention, annoncent qu'un corps de S0,000 hommes est parti de Berlin, le 6, pour rejoindre l'armée bava- roise, qui opère sur la frontière française.

La jonction aurait lieu samedi.

Le Ministre de la guerre au Major général, à Metz

(D. T.).

Paris, 42 août, 44 h. 46 matin.

Vous savez sans doute qu'un corps badois, en face de Mulhouse, s'est rallié par la rive droite du Rhin à Tannée prussienne devant Metz. Le corps Douay parait libre.

Un Agent de Bruxelles au Ministre des affaires étrangères (D. T.).

Bruxelles, 42 août, 2 h. 45 soir.

Des médecins luxembourgeois appelés à Trêves par une fausse dépêche télégraphique, ont été éconduits, mais en obtenant Tautorlsation de se rendre à Sarrebriick.

D'après leur rapport qui confirmerait tous mes renseignements précé- dents, les Prussiens seraient au uombre de 500,000 hommes.

Malgré foutes mes recherches, je n*ai rien pu savoir encore au sujft du corps du général Falkenstein,

Si je ne reçois pas de contre-ordre^ je continuerai à envoyer à Votre Excellence les bulletins prussiens.

LA GUERRE DE 4870-4874. 359

Le Préfet de la Moselle au Major général (Lettre).

Metz, 42 août.

Le commissaire de police de Pont-à-Moussoa m'informe qu'on a coupé, à 2 heures du matiny les fils de la station de Dieulouard (station sur la ligne de Metz^ avant Frouard).

Douze hommes étaient sur la Toie de Dieulouard à Pont-à-Mousson.

On Agent de ThionviUe au Major général (D. T.).

ThioDYilIe, 12 août, 9 h. 45 matin.

Les 12,000 landwehrs qui ont passé à Trêves n'ont point poussé Jus- qu*à Sarrebrûck ; ils occuperaient les bois entre la Sarre et la frontière française. Quelques uhlans servant d'édaireurs et le 7i^ de ligne se trou- veraient avec eux. Cette landwehr serait venue de Westphalie et de la province de Posen.

On parle vaguement, à Trêves, de l'établissement d'un corps d'obser- vation entre Prûm et Bittburg.

1800 voitures de réquisition stationnaient hier devant Sarrelouis.

Pas de nouvelles de l'armée du général Vogel de Falkenstein.

Du Sous-Préfet de ThionviUe (D. T.).

ThionTille, 42 août, 2 heures soir.

Une soixantaine de cuirassiers prussiens ont traversé ce matin Kédange et Metzervisse. Quelques-uns sont venus Jusqu'à la porte de ThionviUe, poursuivant deux dragons vedettes.

A Haute-Yutz, ils ont enlevé un mobile et une charrette d'avoine.

Le Commandant de place de ThionviUe au Major général, à Metz (D. T.).

ThioDviUe, 12 août, 4 h. 40 soir.

Renseignements donnés par un Français prisonnier, homme connu, 9 et 10 août, confirmés par des gardes forestiers :

« Le camp du prince Charles est sur la hauteur près la ferme de Maranville, garni de mitrailleuses. Un camp est établi à Gros-Réder- ching, Achen, Kalhausen, Wittring, Herb?tzheim, Arnung, autour de Sarregoemines, à Welferding, Hundling, Ippling, Faréberswiller, Seingbouse, Betting, Merlebach, Freymingi rHôpltal, Carling; à Creutxvrald, forées considérables de cavalerie» artillerie et inftinterie énorme dans les bois. Des ahlans gardent les hauteurs de Hargarten et

360 Lk GUERRE DE 4870-4874,

de Teterchen. Des officiers supérieurs ont demandé le chemin de Dieuze. »

RbHSBIGNEMENTS BBS ÉMISSAIRES.

Jeudi, 14 août.

De Waldwîsse à Hilbringen, sur la Sarre, personne. Les jours pré- cédents, des détachements se dirigeaient yers Sarrelouis. Dans cette ville, 120 Toitures de Tiyres sont dirigées sur Metz.

A Bouzonyille, les reconnaissances continuent.

12 août, 2 heores matin.

Bivouacs de cayalerie et infanterie au delà de Kédange. Télégraphe coupé le matin dans celte commune.

V Empereur au marécïtal Bazaine (D. T.).

MetZr 12 août, 4 h. 20 soir.

Le chef de la station télégraphique de Nancy m'informe que deoi régiments prussiens, commandés par un général, entrent en ce moment à Nancy et y préparent des logements pour d'autres troupes.

NAPOLfiON.

Le capitaine d'état-major Vosseur, en mission à Nancy, au Major général (T. Ch.).

TodI, 42 août, 7 heures soir.

Forcé de quitter Nancy à 3 heures, par suite de patrouilles de cava- lerie aux abords de Frouard et de Ghampigneulies.

Armée du Prince royal a faire sa jonction avec celle du centre.

Aucune tète de colonne n'a été Tue hier à Morhange, Château -Salins, Vie, Lunéville.

Cayalerie ennemie a envoyé patrouilles aujourd'hui jusqu'à la Moselle.

Un Agent de Thionville au Major général, à Met: (D. T.).

Thionville, 42 août, 7 h. 25 soir.

Les dernières troupes qui ont traversé Trêves formeraient l'arrière- garde du VIII* corps. Il y est arrivé hier 80 voitures de poudre et n& grand nombre de canons. Toutes les grosses pièces d'artillerie seraient transportées de l'intérieur sur les hauteurs boisées de la Sure. ..«

LA GUBRRK DE 4870-4871. 364

X. . . , de Luxembourg y au Major général^ à Metz, et au Ministre des affaires étrangères^ à Paris (D. T.).

Luxembourg, 42 août, 8 h. 20 soir.

M. do Bismarck, généraux de Moltke, de Roon et Steinmetz sont à Forbach, avec le roi de Prusse.

Prince Frédéric-Charles a quitté corps d'armée, on croit remplacer Steinmetz sur la Sarre, mais pas certain.

CORPS.

Bulletin de renseignements pour la journée du 12 août.

Les Élangs.

Le général commandant la 1 '* brigade de la 4* division a exécuté une reconnaissance a^ecle 11^ bataillon de chasseurs à pied et 15 cava- liers. Il a aperçu des groupes de cuirassiers, de hussards et de uhlans et quelques fantassins, avec lesquels les chasseurs ont échangé des coups de fusih

La reconnaissance a été poussée jusqu'au village de Retonfey. Des habitants, interrogés par le général, lui ont dit qu'il y avait aux Ëtangs environ 600 cavaliers appartenant aux trois armes dont on a vu les Tedettes. Ce renseignement a été confirmé par une jeune fille arrivée des Étangs.

Les Étangs, 5 heures soir.

Le nommé Yillaume, de Burtoncourt, arriye de ce village et rend compte qu'il y est arrivé, à 11 heures du matin, une troupe de uhlans qu'il estime à 600 hommes.

Ils ont requis 4 voitures de foin, 2 voitures de paille, 50 sacs d*aToine^ un bœuf gras, du pain et du lard. La réquisition faite, ils se sont retirés.

Reconnaissance du colonel Forceville, commandant le !•" dragons (Partie à 4 heures du matin, rentrée à 10 heures).

M août.

Cette reconnaissance s'est rendue à Pont-à-Chaussy, elle a trouvé le pont coupé (il l'a été hier par des uhlans). Elle a battu et éclairé le terrain, d'une part jusqu'aux Étangs, d'autre part jusqu'à Pange. Elle

368 LA GUSaSE DE 4S70-4874.

a aperçu» sur plusieurs points, des petits postes de uhlans qui se soot enfuis à son approche et dont aucun n*a pu être surpris. Ce^ petits postes se trouvent dans les bois, aux euTÎrons de Golli^y, Maîsery, Pange, etc. A Pange, il y aurait même quelques fantassins, mais on ne les a pas tus.

AucoB eorps un peu considérable n'a été signalé. D^^rès les rensei- gnements recueillis, ces Maireurs ennemis se seraient avanoés hier trèi près de nos positions.

CORPS. Bulletin biL KBNSBiOHBHsirrs nu 12 août.

Route de Bouzonville.

Diaprés les renseignements recueillis hier soir, il n'j avait encore aucune masse ennemie & Bouzoniille, ni à fioulay, ni même à Teter- ehen. De fortes patrouiller de cavalerie de 200 à 300 cheraux ont été rues h la hauteur du bols d*OttoaTille et s'avancent dans la vallée de la Nfed allemande. Elles portent en avant de petits détachements qui s'araoçent jusqu'aux Étangs, Saint-Hubert et autres villages dans ce rayon.

A Greutzwald et Jusqu'à Ham, des colonnes ennemies qui doivent pénétrer en France se massent depuis le iO et le ii aoât Les Prus- siens ont ce qu'ils appelent <( un camp » à Tromborn, ils oonoentrent leur force principale dans cette zone. Les rapports s'accordent à dire qu'ils doivent se porter aujourd'hui 12 en avant.

L'ennemi procède de la manière suivante dans l'établissement de ses bivouacs : On installe dans les villages tout ce que l'on peut, les troupes qui n'ont pas trouvé place dans les maisons vont immédiatement couper des branchages dans les bois voisins et se construisent des abris* Las habitants sont tenus préparer à manger pour les soldats qui soot dans les maisons. Pour assurer la subsistance de ceux qui bivouaquent, on requiert toutes les ressources en vivres de nos bodités. Les liabi- tants mâles de 18 à 40 ans sont requis pour le service militaire.

Renseigmnunts généraux.

Les Prussiens auraient Jeté un pont sur la Sarre en amont de Sarre* louis^ pour faire passer leurs troupes sur un plus grand nombre de points. Des espions venus de la Prusse rhénane par le Luxembourg rapportent qu'un nouveau courant de troupes s'établit par la ligne ferrée de la Nahe rers notre frontière, aussi nombreux au moins que celui qui a précédé le mouvement sur Forbach. Le 11 août« celle voie

UL OUBRRB DS 1870-4874. 363

a être exclusiTement consacrée au transport lies troupes. Un grand courant aurait aussi lieu sur la ligne de Wissemboarg è Kaiserslautern. Toutes les places de dépôt telles que Speicher, Wittlich, Birkenfeld, sont entièrement dégarnies. Les iS^y i5^ et 70* régiments de la Land- ^ûa ont passé par la ligne ferrée de la Sarre. On a déjà appelé sous les armes et eommencé le recrutement de la Landsturm depuis {rfualeurs jours. On TéTalue à 150,000 hommes actuellement en marche des pro- vinces du Nord et de l'Est pour rejoindre Tarmée placée sous les ordres du prince Frédéric-Charles : elle doit déboucher par la frontière de SarrdouiS) SarrebrûdL, Sarreguemines. On dit qu'il y a une concentra- tion pareille sur la ligne de Landau-Wissembourg sous les ordres du prince royal Frédéric-Guillaume. Les troupes dMnTasioo doitent être portées à 700,000 hommes.

GARDE IMPÉRIALE.

Le général Bourbaki aua> Généraux commandant les divisions de la Garde impéricUe (Lettre).

12aoûU

D*après les renseignements qui parviennent au Maréchal, comman- dant en chef, Tennemi semblerait prononcer une attaque sur notre droite.

Veuillez donc domier les ordres pour que personne ne s'écarte du camp.

S*il était nécessaire, on ferait battre la marche du corps.

La cayalerie sellera, Tartillerie atellera immédiatement, et Ton se tiendra prêt à se porter ot besoin sera, mais les tentes ne seront pas abattues.

Le général Durand de Villers^ commandant le génie de la Oarde impériale, au général Bourbàki (Lettre).

4 s août (?).

Il semble résulter des renseignements que tous voulez bien me com- muniquer, que Tarmée prussienne effectue un mouvement qui aurait pour but de remonter le cours de la Moselle par les deux rives» dans la direction de Pont-à-Mousson, et, par conséquent » renoncerait à nous bloquer sérieusement.

Elle craint probablement de rester disséminée autour de Mets, entre deux années*