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DES
JARDINIERS.
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Fkontispice
yotre iein les fleurs nu'fl vous prochdue
le les beaux fruits,! excellente lavi
•»unu\ foueire ajoutez La faveur
U nnbhe a. ce priac,la peine et la i .. . i .
L' A M I
DES
JARDINIERS,
Q U
MÉTHODE SURE ET FACILE,
pour apprendre à cultiver , avec le plus grand
succès, tout ce qui concerne les Jardins
Fruitiers, Potagers ; les Parcs et les
Jardins Anglais,- les Parterres, Oran=
geries et Serres = Chaudes,
Avec tous les détails nécessaires, et 20
Gravures en Taille = douce , tant d'utilité que,
d'agrément.
Le tout rédigé dans le style le plus clair, et
mis à la portée de tous les Amateurs et des
Jardiniers de profession.
Par le C. POINSOT.
Tome I.
Contenant les Jardins Fruitiers et Potagers»
A Paris ,
chez DEBRAY, f T
r -, ) Libraires.
et a Genève '
chez MANGET
XI — M.DCCCIIL
AVANT-.PROPOS;
LES TRAITÉS sur les Jardins et les Plantai
tions , sont si multipliés , qu'il paraît inutile d'en
offrir encore au public. Cependant , sans chercher
à critiquer ceux qui ont paru jusqu'ici , j'ai
remarqué qu'il n'y en a aucun , même parmi les
plus distingués 9 qui puisse satisfaire tous les
Amateurs et les Jardiniers, en ce qui concerne
la culture des arbres et des plantes consacrées
aux jardins. Les uns ne parlent que des arbres
fruitiers ; tels que celui qui vient d'être traduit
de l'anglais de Forsyth „ par le C. Pictet Malle t
de Genève-, les autres ne traitent que des légu^
mes ou des fleurs. Les meilleurs de tous* , com=
posés par des savans, et remplis de termes de
Botanique , sont trop obscurs pour les personnes
qui n'ont pas étudié cette science , surtout pour
la pluspart des Jardiniers de profession ; ou sont
trop chers , par rapport à leur volumineuse éten=
due } tels sont les excellens ouvrages de Duhamel,
Miller j La Ouintynie , l'abbé Rosier , etc.
J'offre donc aux amateurs, un traité complet
en deux volumes, qui pourront même se vendre
séparément , contenant tout ce qu'il est essentiel
de savoir sur toutes les parties qui ont rapport
aux Jardins et aux Plantations de toutes espèces.
A V A N T = P R O P O S.
même des forêts , en en y réunissant ceux de
pur agrément , tels que les Parterres , les Oran=
geries et les Serres = chaudes -, et je ne me sers
d'aucun terme qui puisse être obscur pour toube
personne qui sait le français.
Loin d'annoncer cet ouvrage comme venant
uniquement de moi; je me fais un devoir de dé=
clarer que je l'ai puisé en grande partie , dans
les meilleurs auteurs qui ont paru jusqu'ici , et
dont j'ai été à même de mettre les principes en
pratique j et j'y ai joint les observations qu'une
expérience de 30 années m'a fait faire.
Malgré la clarté de cet ouvrage, c'est en vain
que l'on se flattera de devenir bon jardinier en
îe lisant seulement ; il faut planter, tailler, soigner
soi = même, pendant plusieurs années, les diifé=
rentes espèces de plantes j se familiariser en
quelque sorte avec elles et étudier leurs difFérens
caractères. Tout cultivateur qui est obligé de re=
courir à son livre pour chaque opération qu'il
veut faire, n'ira jamais qu'en tâtonnant, perdra
beaucoup de tems, et ses opérations auront un
mauvais coup d'oeil. Tailler un arbre, le palisser,
l'ébourgeonner, paraissent peu de chose; cepen-
dant les trois quarts des Jardiniers y échouent,
et prouvent par=là qu'ils n'ont aucuns principes.
Il en est de même de ceux qui sèment ou qui
plantent , dans le même [terrein 3 les différentes
AvàNT = PROPOS.
espèces d'arbres , de le'gumes et de fleurs •, ou
qui les arrosent indistinctement quand il fait sec
et ainsi du reste.
Il faut donc savoir qu'un Poirier, par exem=
pie , demande une terre plus substantieuse et
plus profonde qu'un Prunier ou un Cerisier -, que,
dans les Poiriers, telles espèces se taillent plus
long ou plus court 5 qu'elles demandent à être
greffées sur sauvageon ou sur franc ; qu'elles se
plaisent mieux à une exposition qu'à une autre,
etc. Voilà ce qu'il est nécessaire d'apprendre aux
cultivateurs.
Mais il est inutile d'entrer dans les détails les
plus minucieux, sur la fleur, la feuille et le fruit
de chaque espèce d'arbre ou de plante , et quand
vous parlerez à un homme qui ne sait pas la
Botanique, du Calice, de la Corolle, du Pistil,
de l'Embryon , du Style , du Stygmate , des Éta=
mines et des Anthères d'un fleur, vous l'ennuie=
rez au lieu de l'instruire, et voilà, en partie, ce
que j'ai évité.
Je veux donc causer familièrement avec mon
Ami le Jardinier, et le conduire moi-même , la
bêche ou la serpette à la main , dans ses diverses
opérations* il ne craindra point de m'ennuier en
répétant ses leçons , et l'expérience lui prou=
vera que je ne l'ai point trompé.
Fautes à corriger.
Page a. Ligne 2. L'orqu'elles , lisez, lorsqu'elles.
— 10. — 8. sur 2. ajoutez, pieds.
— 13. — i 4. moin, lisez, moins.
» — 17. — ■ 10. j'aune, lisez,, jaune.
• — 34. — 27. comme en , ajoutez , c.
— 42. — 21. Ieut, Usez, leur.
— 47. — 1. n'achevea, lisez, n'achever.
• — 49. — ■ 20. nomboe, lisez, nombre.
— .94. — 28. condez , Usez, coudez.
— 81. — 18. sans laquelle, Z^er, sur laquelle.
— 91. — 11. bourgeon, lisez, bourgeons.
■ — 92. — 1S. coufusion, lisez, confusion.
■ — 101. — 2. en uu mot, /mcz, en un mot.
— 108, ■ — 3. le bourgeonner, les bourgeons.
) — 119. — 12. ds laiton, Usez, de laiton.
— • 139. — 13. et menu, lisez, est menu.
— 140. — 22. des plantés, Usez, de plantés.
— ■ 166. — 1. velouté, Usez, veloutée.
— 173. — 14. pafumés , lisez, parfumés.
— 186. — • 29. fécond, Usez, fécond.
— 191. — 14. d'un taille, lisez, d'une taille,
la même, ligne 17. un pen sec, Usez, un peu sec.
la même, ligne dernière, et ses, effacez et.
Page 196. ligne 13. depnis , lisez, depuis.
TABLE DES CHAPITRES.
Chapitre I. Forme des outils les plus nê=
cessaires au jardinier. =• - - 1.
Chap. IL Du choix et de V exposition du
ter rein nécessaire aux arbres fruitiers 11.
Chap. III. Des Treillages = - = 16.
Chap. IV. Pépinières «= 23.
Chap. V. Ecuffons et Greffes i = 26.
Chap. VI. Choix des arbres avant de les
planter 39.
Chap. VIL Plantation des arbres = 42.
Chap. VIII. Arbres en Plein = Vent ^ en
Gobelet , Quenouilles el Buissons = Si.
Chap. IX. Des Espaliers 58.
Chap. X. Taille des arbres = = 63.
Chap. XL Teins , façon et nécessité de
tailler. = - = = = .' ' ■ 66.
Chap. XII. Taille du Poirier et du Pom=
inier 68.
Chap. XIII. Du Palissage = = 84.
Chap. XIV. De VEbourgeonnement =. 86.
Chap. XV. Taille du Pêcher * = 90.
Chap. XVI. Manière d'abriter les arbres 98.
Chap. XVII. Ebourgeonnement et Palis =
sage au Pêcher = = = = 106.
Chap. XVIII. Maladies des arbres 109.
Chap. XIX. Animaux et Insectes qui
nuisent aux arbres et aux jardins , et
moyens de les détruire = = = ,116.
Chap. XX. Moyens pour faire porter les
arbres stériles , tems de découvrir les
fruits, et manière de les conserver 128,
Récolte des fruits m ■ ? ■ => 131,
Culture des arbres fruitiers , par cr^
dre alphabétique = ~ = 131.
Abricotier , sa taille ~ ibïd.
Sa culture = 136.
Ses espèces = = = = = 137.
Ordre de maturité des abricots = 4 14u.
Nota. Les autres arbres fruitiers étant
décrits et traités par ordre alphabétique , il
est inutile d'en donner une table dans cet
ordre.
Le Noyer , le Chêne , le Fojard et autres
grands arbres qui portent des fruits , mais
qui ne peuvent trouver place dans les jardins
ordinaires, sont placés dans la 3. partie, au
commencement du Tome II. L'Oranger, le
Citronier , l'Olivier et autres arbres fruitiers
qui ne peuvent passer l'Hvver en pleine terre,
se trouvent dans la 5. partie.
2. Partie. Les Légumes et les Plantes
potagères = = = = = ^ 221.
Chap. I. Manière de préparer la terre ibid.
Chap. II. Manière de faire les couches 224.
Chap. III. Manière de semer = - 231.
Chap. IV. Manière de construire les chas=
sis pour les couches = 232.
NB. Les Légumes et les Plantes pota=
gères sont détaillés par ordre alphabétique
comme les arbres fruitiers.
On trouvera à la fin de ce volume, la
manière de construire solidement et à peu
de fraix 3 les Bassins , Réservoirs et Citernes.
T i JARDIKS FRUITIERS
■^sg^?7™~-
~— y— "— nc^r
L' A M I
DES
JARDINIERS.
PREMIÈRE PARTIE.
LES ARBRES FRUITIERS,
Chapitre I.
■
De la Forme des Outils les plus nécessaires
au Jardinier,
Av.ijrr d'entrer en matière , iî est bon de parler
des outils dont on se sert pour préparer la terre
à recevoir et nourrir les arbres , et pour les muU
tipUeir, les tailler et leur donner les soins nécea»
saires.
1. Le Pifcj ou grande pioche, planche 1. fig.
i. n'est pas généralement connu • cependant il
est le plus nécessaire pour bien défoncer un ter»
rein; et cette opération, comme on le verra au
chapitre suivant, est la plus importante pour la
«anté et la durée des arbres.
Le fer du pic , dont un bout est pointu et l'au»
tre tranchant, doit être long- de 2 pieds à 2 pied*
et demi, rechaussé ou garni A chaque extrémité,
de bon acier bien trempé \ percé, dans le milieu,
Tome I. A
I L'ami des Jardiniers.
«d'un oeil rond, et non ovale, comme on le fnit
en quelques endroits ; ayant une base alongée, du
côté du manche , pour le rendre plus solide. Le*
deux côtés seront un peu courbe's, pour leur don»
ner plus de force et d'aisance. Le manche, de bois
de frêne ou d'érable, sera rond, un tant soit peu
plus gros près du fer qu'à l'autre bout , et très
uni ou poli dans toute sa longueur, qui ne doit
avoir que deux pieds, ou environ.
Ces de'tails paraîtront minucieux. mais ils sont
nécessaires, et les Pionniers de profession y met=
tent le plus grand soin , pour rendre cet outil
plus commode.
Il faut avoir trois Pics de différentes grandeurs;
celui dont je viens de parler, sert à travailler aux
grand délbncemens 5 à préparer les trous pour
planter les arbres; à creuser les bassins, les réser*
voirs, pièces d'eau etc. Le Pic moyen sert à pio=
cher un terrein à peu de profondeur ; enfin le plus
petit sert pour les menus ouvrages, qui cousis»
tent à n'entamer que la superficie de la terre; ces
deux derniers pourront avoir l'oeil et le manche
plats ou alongés.
2. La. Bêche, qui se nomme Pelle dans le Pays*
de Vand . même planche, fig. 2. est l'outil le plus
ordinaire du jardinier ; mais il est peu d'endroit»
où elle ait la forme et les qualités nécessaires pour
la rendre commode, solide et facile à s'enfoncer
facilement dans la terre. Un jardinier bien assorti
doit en avoir trois de différentes grandeurs ; la
première , pour les gros labours , ayant un pieti
Des Outils» 3
de hauteur, (sans la douille A de 6 pouces) sur
S pouces dans le haut, B, C, et 6 pouces dans le
bas D, E. Le bout F. sera un peu en croissant.,
ou creusé, pour qu'elle enfonce mieux, et Uien
tranchant. La douille A , se prolongera en cote j
ou baguette alongée en pointe, du côté du dedans,
pour empêcher îe fer de plier, et sera percée . jus»
qu'au quart de la longueur du fer, d'un trou en
pointe, pour recevoir le manche, qui ne doit point
sortir ou paraître par derrière, comme on le fait
mal à propos dans plusieurs pays.
Le corps, ou le plat de la bêche, doit être de
fer bien battu, garni de bon acier, par le bas,
mince comme du petit carton , un peu creusé ou
concave, dans sa longueur:, poli sur la meule à ai*
guiser, afin que la terre ne s'y attache pas. En
un mot, la bêche doit être solide, quoique très
légère, polie et tranchante»
Un bon jardinier, pour ne point la laisser rouiL
1er , aura grand soin de la nettoyer en quittant
l'ouvrage, avec une curette de bois, G:, il poussera
même l'attention, jusqu'à la frotter avec un tor=
chon gras, pour qu'elle soit toujours luisante.
Enfin îe manche G , bien arrondi et uni ou
poli, aura environ 3 pieds de, longueur hors de
la douille, et sera terminé en poire par le .haut,
comme on le voit dans la fig. 2.
Je ne suis entré dans tous ces détails , que
pareequ'il et rare de trouver de bonnes bêches,
et que cet outil bien fait, soulage infiniment le
jardinier, qui doit s'en servir journellement.
A 2
4 L'ami des Jardiniers.
La 2. bêche moins forte que la première , mais
de la même forme, servira pour labourer une se»
conde fois les terres préparées à la grosse bêche ♦
ou pour hs légers labours. Enfin la troisième sera
encore plus petite, mais, surtout, beaucoup plus
étroite^ elle sert pour lever ou arracher des plantes
entre des autres, sans endommager celles ci. Tou^
tes ces bêches auront le dos uni , quoiqu'un peu
bombé dans la longueur , c'est à dire que l'arrête
ne doit paraître qu'en dedans.
3. La Houlettx , ou Déplantoir , fig. 3. , est
une très petite bêche , dont le fer est creux et
bien tranchant, pour enlever les plantes en motte,
et les transporter facilement, sans les faire souf*
frir. La douille doit être prolongée en pointe par
derrière, et non en dedans, comme celle de la b&«
che-, le fer doit être bien uni, pour que la terre
le quitte facilement, et très mince, pour le ren=
dre léger et commode. Pour lever une plante ave»
là motte, il faut enfoncer la houlette plus bas que
les racines , et soutenir la terre , avec la mnin
gauche , du cote opposé , en pressant contre la
houlette.
4. Le Ratiav. On doit en avoir 3, de diffe's
rentes formes et grandeurs ; le premier fig. 4. aura
le porter dents, en bois de hêtre ou foyard, d'un
pied, ou au plus 14 pouces de longueur, sur 2
pouces de largeur, et 14 lignes d'épaisseur. Set
dents au nombre de 8 ou 10, suivant la longueur,
auront 4 pouces de long, non compris la queue,
qui doit avoir 2 pouces et demi, pour trapercer
le bois et sa river de l'autre côté. Ces dents ses
Des Outils, t
roiit carrées et un peu courbées en creux du côté
du manche , comme ou !e voit, même fig. 4. en *7 \
mais les angles doivent être tournés en sens opç
posé à celui du bois , pour qu'ils puissent diviser
la terre en tirant le manche , pour faire jouer le
râteau. Celai ci sert à achever de diviser la terre
après le labour, et à enterrer les graines que l'on
serne à la volée, ou sans faire de rayons. Le man«
coup de propreté.
6 L'ami des Jardiniers.
5. La. Binette, ou petite pioche, fourchue par
un bout, et en langue de carne de l'autre, fig. 6.
et 7. Cet outil, qui doit avoir 5 pouces de longueur
de chaque côté de l'oeil . où il s'emmanche , est
d'un fréquent usage pour biner, serfouir et décrôu«
ter la terre après les grandes pluves, qui l'ont baU
tue ; pour rechausser les plants en amassant la terre
au pied, etc.
6. L.i Serpette , fig. S. Cet instrument, qui est
un des plus nécessaires, est presque toujours mal
fait. La lame trop courbée coupe mal les bran=
ches ; il faut que le tranchant soit évasé pour cou«
per en glissant, au lieu de raccrocher.
Le manche est meilleur en corne de cerf, que
de toute autre malitre , parce qu'il est plus solide
dans la main, quand il n'est pas trop uni. Le bout
doit être courbé seulement, comme dans la figure f
et non en volute , ou avec quelque grosseur qui
fosse mal à la main., quand on s'en sert un peu
longtcms.
Le tranchant doit couper net, et mordre , pour
am3i dire de lui même, dans le bois } s'il reste
le moindre fil, il glisse, ou laisse des bavures
autour de la coupe , ou fait éclater le bois \ en
suite que l'oeil, ou bouton de l'extrémité , qui est
le plus important, se trouve perdu, ou avorté.
r
On aura donc soin de passer souvent la pierre
à aiguiser, et de ne jamais couper du bois sec
ou de noeud trop dur. qui gâterait le tranchant,
il faut avoir pour cela une autre serpette ; ou quel-
que instrument moins délicat. •
Des Outil s. 7
La petite serpette, fig. 9. sert pour palisser,
ébourgeonher les arbres , pour les arbustes de
S'erre, ou orangerie, et pour les Heurs.
7. La grosse Serpe , fi>. io. aura la forme re-
présentée, tant pour le fer, que pour le manche;
c'est la plus commode que je cormoisse. Elle ne
sert que pour ébraneher les grands arbres, ou pour
les gros ouvrages.
S. La Scie, ou tire = botte, fig. il. on doit en
avoir de trois grandeurs, avec des dents plus ou
moins fortes. La lame doit avoir le dos très
mince et le coté des dents plus épais, afin qu'elle
passe plus facilement dans le bois. C'est aussi par
cette raison, qu'il faut donner de la voie aux dents?
en les écartant alternativement en dehors.
La plus grande des trois aura la lame de 1£
pouces de long, sur 2 pouces et demi de largeur
dans le milieu, avec de fortes dents. La partie em-
manchée sera plate, pour être retenue plus solide»
ment entre deux morceaux de bois, ou de corne.
Cette partie aura 8 pouces de long, ce qui fera en
tout 23 pouces de fer. On aura soin que les dents
soient toujours bien limées , surtout après avoir
coupé des noeuds, ou du bois sec.
La seconde scie, a, aura la lame d'un pied de
long, sur un pouce de largeur, et les dents moins
fortes que la première. La partie du manche sera
à peu près la même.
Enfin la troisième, b, n'aura que 7 à 8 pouces
de long, sur 6 lignes de largeur, pour pouvoir
passer clan.s les endroits les plus étroits sans bles=
S L'ami des Jardikiirï.
ser la branche voisine. Le bout en sera très effile',
tant en largeur qu'en épaisseur.
On sait que l'on doit parer, cest à dire cou-
per net. à la serpette, ou avec un ciseau de me*
nuisier, tout ce qui a été coupé avec la scie, et
couvrir la plaje, lorsqu'elle est un peu grande,
avec de la bouze de vache , mêle'e avec de la
terre fine.
9. L'arrosoir, fig. 12. doit être de cuivre ou
laiton, ou du fer blanc le plus fort, que l'on peint
de trois couches de verd, ou autre couleur à l'huile,
par dehors, et que l'on goudronne ëii dedans, sur*
tout au fond, sans quoi la rouille le perce en peu
«le tems.
La forme que j'indique, dans la fig. 12, planche
1. est la plus avantageuse et la plus commode }
mais il est peu d'ouvriers qui puissent exécuter
la poignée ou anse, b , telle qu'elle est repfréséii*
tée; ils la font toujours carrée, ou à pans. On verra,
par l'usage, que cette forme arrondie laissant glis-
ser librement la main par tout, sans la blesser,
facilite beaucoup l'opération de l'arrosement.
Le tuyau, a, doit être proportionné au corps
<îe l'arrosoir, et à la gerbe ou pomme, d, afin
de lui fournir assez d'eau pour assortir tous le*
trous dont elle est criblée. Presque tous les arro=
soirs de fer blanc ont ce canal trop étroit et trop
court: il doit être au moins aussi élevé que le des=
sus de l'arrosoir, non compris la gerbe, et prendre
dès le fond; afin d'écouler toute l'eau»
Des Outils, 9
La gerbe , d, doit cire très bombée, pour lui
faire écarter beaucoup l'eau en arrosant. Il faut
en avoir plusieurs, pour chaque arrosoir-, de gros=
ses. de plus petites, avec ries trous plus ouverts,
quand on veut plomber la terre sur les racines des
arbres, qui viennent d'être plantes , etc. et avec
de très petits trous, pour jet ter l'eau en pluie fine,
quand on veut mouiller légèrement, connue quand
on vient de semer des graines fines.
Il ne faut point de main ou poignée de fer mo*
bile au dessus de l'arrosoir, pour le porter; mais
on se sert pour cela, du lien, c, qui doit être,
comme on le voit, placé en pente et solidement
soudé contre le cou de l'arrosoir et centre le des*
sus du canal. C'est aussi par là qu'on prend far*
rosoir pour puiser l'eau par l'ouverture, qui doit
être fermée au tiers par une plaque , ./", peur em=
pêcher feau de sortir en penchant l'arrosoir en
devant ; et avoir un petit rebord, g , au coté opposé,
Il est inutile de dire que l'arrosoir doit être par-»
faitement soudé par tout; avoir une traverse ou
renfort par dessous ; qu'd faut des arrosoirs de
différentes grandeurs etc. ceux de cuivre sont les
meilleurs, mais ils coûtent fort cher, et les chau=
dronniers les font si minces, qu'ils se bossellent très
facilement et manquent par le fond ; c'est à quoi
il faut bien prendre garde en les achetant. Il faut,
toujours renverser les arrosoirs sur l'ouverture ,
quand on ne s'en sert plus , pour écouler l'eau.
10. La Baouette , fig. i3. est si mal faite en
beaucoup d'endroits ; que je ne puis m'empêcher
10 L'ami des Jardiniers.
d'en donner la forme la plus commode; et entrer
dans quelque^ détails.
1. Les bras auront au moins 5 pieds de long,
savoir 2 pieds pour le devant, a, 2 pieds pour
le corps, b j et un pied pour l'arrière, qui soutient
la roue.
2. Le corps, ou caisse, aura 15 pouces de lar=
gcur sur 2 ùe longueur , et au moins 1 pied de
hauteur. II seva soutenu, en dessous, par 3 tra=
verses entenonnées dans les bras, et fait de plan*
ches minces, ou voliges de sapin, ou autre bois
tendre , dont les côtés seront cloués aux pieds de
devant, dont le dessus, c, passe à travers les bras,
par une mortaise, pour plus de solidité. Les bouts
des cotés seront soutenus . du côté de la roue, e,
par deux, montants, <7; chevillés par en bas, dans
les bras , et par en haut , dans une traverse , /,
qui soutient le bout de la caisse en pente, afin de
pouvoir vuider facilement la brouette par derrière,
en élevant les bras, et non en la renversant de
côté, comme on le fait ordinairement. Il y aura
deux arcs boutants, , pour soutenir le bout de
la dite caisse.
3. La roïie . r, doit être parfaitement ronde,
et garnie d'un cercle de fer de 2 lignes d'épaisseur.
4. Une très mauvaise méthode , est de faire
passer une verge de fer dans le moyeu de la roue
pour la soutenir au bout des bras. La meilleure
manière est de se servir de goujons ou chevilles
de 1er bien arrondies , que l'on fait entrer dans
p'uts du moyeu, par une vis , et non comme
Choix du Tiirrein. 11
un simple clou. La tête de ces goujons sera per*
cée pour pouvoir les dévisser ou serrer facilement \
voyez fig. 14. Les bouts du moyeu , seront bien
serrés par une rondelle, afin que les goujons ne
les fassent pas fendre.
Les goujons sont préférables à la verge de fer,
qui traverse le moyeu, dans toute sa longueur, en
ce qu'ils causent inoins de frottement: que la roue
tourne, par conséquent, avec plus de facilité, et
que le moyeu ne s'use pas en dedans, comme cela
arriverait en peu de tems avec la verge.
[1 serait essentiel de peindre la brouette d'une
couleur à l'huile, pour la faire durer plus longteiris.
Je ne parlerai point de la Civière pour porter
les fumiers, ou autres matériaux, qui ne coulent
pas, comme la terre } de fÉchenilîoir. des Ciseaux,
à tailler les Buis j du Croissant ou Volant, pour
tondre les palissades , les charmilles etc. chacun
peut s'en procurer, dans tous les pays, de la for=
me convenable, sans avoir besoin de les décrire.
Si j'ai insisté sur les détails des outils précédents,
c'est qu'étant d'un usage journalier, il est impor-
tant de leur donner la forme la plus propre à sou=»
lager le jardinier, et à bien faire ses opérations.
Chapitre II,
Du CJtoix et de l'exposition du terreiri
destiné aux arbres fruitiers.
Un bon terrein à froment , profond de trois
pieds au moins, meuble, c'est à dire, facile à la=»
12 L'ami »ks Jardiniers.
bourcr, sans être aride; fiais, sans être froid ni
humide, encore moins marécageux-, propre à 1*
plus grande partie des plantes*, dans une exposi-
tion Lien soleillce; doucement en pente, du coté
du midi; détendu des mauvais vents, et coinmo=
dément pourvu de bonne eau, pour pouvoir être
facilement arrosé dans toutes ses parties; tel de-
vrait être l'emplacement convenable pour élever
avec succès . toute:» les espèces d'arbres fruitiers,
et une grande partie des légumes et plantes po-
tagères.
Si, malheureusement, vous n'avez, pour for«
mer votre jardin, qu'une couche de terre mince,
sur un fond pierreux, de tuf, d'argile ou glaise,
ou d'autres matières stériles , il faut y renoncer
absolument , ou faire des dc'penscs excessives ,
pour défoncer l'emplacement, en ôtant les mauvai-
ses matières, pour les remplacer par de bonnes
terres; c'est ce qui m'est arrivé dans le premier
jardin que j'ai planté; et, malgré mes soins et mes
dépenses, mes arbres ont prospéré pendant les 6
premières années ; mais ont langui , des que leurs
racines ont atteint le mauvais fond. Les seuls qui
se soient soutenus , sont ceux qui se sont trouvés
placés dans les endroits où j'avais mis beaucoup
4e terre pour niveler le sol.
Sondez donc bien votre terrein de distance eu
«listance, pour en examiner la profondeur , les dif-
férentes couches et leur qualité; observez si les
plantes, qui s'y trouvent, sont vigoureuses; re«
. ::., dtfcr.cez , amendez pajr tout où il sera né-
Choix bu Tkruxih. 13
eessaire, et ne plantez que quand tout sera bieo
préparé pour recevoir vos arbres.
Bien des personnes s'imaginent qu'en creusant
des trous carrés plus ou moin grands, qu'ils rem-
plissent de bonne terre , ils peuvent y élever toute
sorte d'arbres. Le succès qu'ils éprouvent, pen«
dant les 3 ou 4 premières années , les satisfait da-
bord; mais dès la 4. ou la Ô., les arbres ne pous*
«eut plus que des jets faibles , puis se couvrent
de mousse et dépérissent les années suivantes 9
parce qu'ils se trouvent comme encaissés , et que
leurs racines, en s'alongeant, ne trouvent plus de
nourriture.
Cependant certaines espèces demandent moins
et profondeur et une terre moins bonne •, le Pru»
nier, par exemple, le Cerisier, et quelques autres,
viennent Fort bien dans un terrain d'un pied, ou
un pied et demi, et même moins, de profondeur,
et s'y soutiennent fort longtems *, mais ils croîtront
encore mieux dans un local bien conditionné; et,
comme il est plus agréable de varier les arbres
dans le même emplacement , un Poirier dépérirait
à côté d'un Prunier vigoureux , pareeque le pre-=
micr veut au moins 3 pieds de profondeur.
Si vôtre terre in quoique profond, est maigre
ou aride , il faudra le bonifier et l'amender par des
engrais, de bonnes terres, des boues de rues, ou
de chemins fréquentés , de Tablons , de gazons
pourris, ou autres matières convenables à sa nature,
«t bien mêlées avec la terre en la défonçant.
Si la terre , au contraire , est trop grasse ou
trop compacte, dure, serrée, il faut l'ameublir éi
M L'ami bes Jardiniers.
la diviser avec du sable, des cendres lessivées »
delà pierraille j des décombres de bàtimens passés
à la claie , du terreau 3e Feuilles d'arbres, du bois
pourri, des fumiers de cheval , de brebis, etc.
VôLrc terrein bien préparé et bien dressé, doit
être entouré de murs hauts de S pieds aumoins ,
construits en bon moilon . ou autres matériaux à
l'usage du pays, Lien maçonnés avec de bon inor=
tier. sans aucuns vuides , et non en pierres sèches,-
qui donnent retraite aux loirs, aux rats, aux mu*
lots, et aux insectes de toute espèce. Ils doivent
aussi être crépis , au moins à pierres apparentes,
avec de bon mortier de chaux et sable, couverts
d'un chaperon à deux égouts saillants de 8 pouces,
et garnis de treillages.
On fait, dans quelques pays . des murs de bau=
ge. ou terre grasse paîtrie en mortier et mêlée avec
de la paille ou du loin hachés , enduits de chaux
et sable, chaperonnés ou couverts de chaume-, ils
sont bons pour les arbres , mais cette ressource
ne doit avoir lien qua défaut d'autres matériaux.
Une excellente méthode, qui se pratiqua avec
le plus grand succès^ à Montreui] près Paris, serait
de partager votre emplacement en carrés de murs
de 50 à 80 pieds d'étendue, avec des passages de
l'un à l'autre dans les coins opposés, et non en
enfilade, pour éviter les courants d'air. Cette dis*
tribution est très propre à multiplier les espaliers,
à rompre les vents, à concentrer la chaleur du
soleil, et à procurer des primeurs-, voyez cette
disposition dans la gravure en tête de cette partie.
Choix du Ter rein. 1j
L'endroit le mieux exposé au midi, le mieux
abrité, et le plus commode, sera fermé et arrangé
pour les couches , et pour élever les plantes
délicates.
Il n'est pas nécessaire de dire que la distribu*
tion doit être aussi avantageuse qu'agréable; cela
dépend du goût du propriétaire. Pour moi je pense
que toutes, ou la pluspart des pièces doivent être
coupées à angles droits , dans un jardin fruitier
ou potager. Les allées doivent être d'une largeur
suffisante pour la commodité du service et le pas*
sage des voitures } et il doit être pratiqué des bas*
sins, des réservoirs , ou des citernes pour les ar»
rosements. Je donnerai , à la fin de ce volume ,
une manière très économique et extrêmement so=
lide pour les construire à L'épreuve de la gelée, et
sans perdre l'eau. Ces constructions sont néces=
saires dans un grand emplacement, quand même
on y aurait des puits ou des sources, parce qu'il
ne faut jamais arroser avec de l'eau crue, ou qui
n'a pas été reposée ni adoucie au soleil.
Une observation essentielle pour les ailées d'un
jardin , c'est qu'elles ne doivent être creusées que
de 4 à S pouces au plus . pour recevoir la pierraille
et le sable dont on les couvre, pareeque les raci=
nés des arbres plantés dans les piatebandes, qui les
bordent, seraient arrêtées dans leur course, par
ces matières stériles , si on les mettait à une plus
grande profondeur.
Le terrein, ou sol du jardin, doit être plus élevé'
que les allées , s'il est humide; et plus enfoncé, s'il
est naturellement sec; on en sent la raison.
16 L'ami tti Jardiniers.
Chapitre III.
Des Treillages.
On a 'mnginc bien des sortes de treillages, pouf
conduire les arbres en espaliers •, on a même em*
ployé jusqu'à des os de mouton à cet usage, en
les scellant dans les murs.
Les plus avantageux, pour les arbres, seraient
les loques ou guenilles , dont on se sert à Mon^
treuil près Paris, pour assujettir les branches con=
tre Je mur, eu les embrassant avec, et clouant
ensuite les deux bouts dans le mur, à l'endroit ou
chaque branche doit être retenue ou placée. Mais
1. ce1 te méthode ne peut être suivie dans les pays
où l'on ne peut se procurer du plâtre ou gyps pour
enduire les murs, d'un pouce d'épaisseur, comme à
Montreuil. 2. La loque n'est pas assez forte, et
le clou qui la retient s'arrache, -lorsqu'il s'agit d'ar*
rèler une branche forte, en changeant sa direction.
Vov( z un coté de l'arbre palissé à la loque, plan=
che 2, ug. 14, a, a, a, a^ a7 a^ a.
Ceux de fil de fer> outre ce dernier inconvé=
nient , ont celui de blesser les branches qui les
touchent, pareequ'ils sont trop durs et trop min*
ces, et ne peuvent les retenir qu'en serrant très
fort l'osier ou autre attache. On tend le fil de fer
par le moyen de bons doux à tète, que Ion en*
fonce dans le mur, en faisant une petite boucle à
chaque bout du fil de fer, dans laquelle on passe
le clou , avant de l'enfoncer. Il faut mettre un
petit coin de bois sec dans chaque joint > où lés
doux seront placés.
Les
Des Treillages. 17
Les meilleurs de tous sont ceux qui sont faits
avec de Echallas ou Perches de coeur de chêne,
de Châtaigner, de Sapin , de Cornouiller, etc.
Les plus solides et les plus agréables doivent
être refendus à la scie, ou dresses à la plane ou
couteau à 2 manches , sur la plus grande longueur
possible, pour éviter les joints ; et lors qu'ils sont
poses, il faut les peindre de deux ou trois couches
de couleur à l'huile de lin, ou de chenevis, dont
la première pourra être d'ocre j'aune, et les deux
autres de verd composé de deux tiers de blanc
de céruse et d'un tiers de verd de gris , bien bro/és
séparément et mélangés en suite.
Les Echallas ou Perches dont vous vous sor*»
virez, doivent avoir au moins un pouce de largeur.,
sur 8 à 10 lignes d'épaisseur :, on peut les faire
plus forts, mais ce serait perdre du bois inutile^
ment. Les brins seront de différentes longueurs y
depuis 3 jusqu'à 15 pieds , selon la hauteur des
murs et des contre = espaliers.
Les bouts, qui doivent être joints ensemble
avec du fil de fer , pour former des rangs d'un
bout à l'autre des murs, doivent être taillés en
chamfrein, ou pied de Biche, pour ne point faire
de ressauts \ on fait en sorte de placer ces joints
vis à vis et derrière les montants } outre que cela
est plus propre, c'est que le même fil de fer retient
le tout ensemble. Voyez planche 2. fig. 1. et 2.
Avant de poser les Perches , pour former le
Treillage , il faut les peindre des quatre cotés ,
d'une bonne couche d'ocre à l'huile, parce que.,
Tome I, B
55» L'ami de» Jàkdikuh^
si vous attendiez après le posage, vous ne pour*
riez peindre entre les joints, ni par derrière, et
l'humidité ferait bientôt pourrir tout l'ouvrage.
Pour avancer cette besogne, qui est ennuyeuse
et sale", il faut se servir d'une planche pose'e sur
deux tréteaux- vous mettez dessus, en travers,
3 ou 4 petites lattes sur lesquelles vous posez plu=
sieurs Echâlïas les uns à coté des autres; voyez
planche 2. fig. 10., et avec une grosse brosse,
vous donnez votre première couche à grands
coups, sur toute la surface*, vous retournez en=
suite le côte' opposé en dessus, et vous faites la
même opération. Les perches ainsi peintes sur
leur largeur, vous les tournez sur leur épaisseur,
qu'il est iacile de couvrir , à cause des bavures
qu'elles ont reçues en peignant leur largeur. On
les dresse ensuite contre un mur , en posant le
bout d'en bas sur une planche, et Ton passe un
pinceau plus petit tout le long de chacune, pour
bien unir et répandre par tout la couleur".
Pour bien peindre, il faut que la couleur ne
soit ni trop claire, ni trop épaisse; n'en guerres
prendre à la fois ; essuier le pinceau sur le bord
du pot, chaque fois que vous en prenez; remuer
de tems en tems la couleur avec une spatule ou
un mauvais pinceau, en ajoutant un peu d'huile.
Laissez sécher jusqu'à ce que la couleur' ne tienne
plus au doigt en le posant dessus.
Avant de placer vos Treillages, il serait bon de
marquer au crayon, la distance des carrés longs
que doiveot former les traverses et Jes montants
Des Triuliges. 1£
réunis. Cette opération est très facile et très
prôrripte, en posant plusieurs perches les unes à
coté di% autres , sur une planche. Vous avez un
modèle sur lequel vous avez tracé vos distances.,
pour les montants , et un autre pour les travers
ses; vous ie placez à coté des perches, et, avec
une règle ou une équerre, vous marquez toutes
les perches d'un seul trait, à chaque distance,
successivement.
Les mailles ou carrés du Treillage , quand il
est posé, doivent avoir 6 sur 7; ou, tout au plus,
S sur 9 pouces de grandeur.
Vous voilà enfin prêt à former vôtre assenu
blage •, il faut avoir des crochets de fer à tète
plate, longs de 5 à 6 pouces, (voyez planche 2
fig. 3 et 4, a, a, a, a,) que vous enfoncez dans
le mur , à 3 pieds de distance les uns des autres ,
en commençant le premier rang à une distance
convenable du chaperon ou couverture , c , c $
pour soutenir le second rang des perches de tra*
verses.
Le second rang de crochets se posera à 3 ou
4 pieds au dessous du premier, en les disposant
en tiers point, c'est à dire celui de dessous vis
à vis le milieu de deux, d'en haut. Cet éloigne^
ment se décide par la grandeur des mailles ou
carrés , et comme vos perches sont tracées au
crayon, il est facile à prendre, Voyez même fig. 3.
Dans chaque trou de crochet, il faut mettre
un petit coin de bois bien sec, avant d'enfoncer
le crochet; sans cette précaution il ne serait ja»
mais solide,
B 2
20 L'ami dje's Jirî)inieKs.
Sur chaque rang de crochets, que vous n'avez
pas dabord entièrement enfoncés , trous posez une
file de[perches, ouEchaîlas, b. b. que vous liez
les unes au bout des autres, en croisant leur*
bouts taillés en pied tic biche, avec un, ou plusieurs
tours de fil de 1er bien recuit, d'environ une demi
ligne de grosseur, Sur ces traverses, vous atta»
chez tous les montans aux distances marquées.
Ensuite vous passez entre le mur et les mon*
tans , le reste des traverses nécessaires pour gar=
hir le Treillage aux distances convenables , en
les disposant également entre elles. Voyez fig.
S , un côté de l'espalier garni du Treillage assemblé.
Pour recuire le fil de fer , on le couvre de
braise, ou on le place dans un feu clair, ou dans
un four bien chaud pendant un quart d'heure. Je
le mets pour cela en pelotons non serrés, en tor*
cillant le fil en S, au lieu de le tourner en rond,
fig. 7, et quand il est recuit, je le place sur des
bobines de bois, fig. 8, pour m'en servir.
Pour lier ensemble les Echallas, vous les em=
brassez, à l'endroit où ils se croisent, avec le fil
de fer, en saisissant, avec une tenaille, fig. 8.
qui ne coupe pas , le bout et le brin \ vous tour*
nez deux ou trois tours, en tirant un peu, jus*
qua ce que le maillon soit assez serré; vous retu
rez la tenaille de dessus le bout du fil de fer, pour
n'en serrer que le brin, et en même tems, vous
faites 4 ou 5 quarts de tour et détour, et le brin
se rompt dans la tenaille. Vous rabattez ensuite
sur le bois, le petit bout tordu de chaque lien ou
De» T A H I T, L A. 6 F. s, 21
maitloa, qui pourrait blesser quelque branche pa*
lisse'e.
Lorsque toutes les perches1 sont liées ensem*
ble, vous achevez d'enfoncer tous les crochets,
pour assujettir solidement le Treillage dans, toute
son étendue , et vous le peignez par devant et
sur les côtés ou épaisseur, d'une 3. couche du verd
que j'ai indiqué, ou d'une 2. , si vous n'en mettez
que deux j cette couche couvrant en même tem s
îe fil de fer, l'empêchera de se rouiller.
Lors qu'on veut poser du Treillage contre un
mur d'espalier, dont les arbres sont déjà grands,
il faut assembler les perches sur un plancher ou
un terrein uni, par panneaux de la grandeur des
perches, ayant soin de ne pas les lier, avec le fil
de fer, toutes dans le même sens, parce que l'as»
scmblage se plierait l'un sur l'autre, au lieu de
rester terme. Lorsque tous vos assemblages sont
faits , vous tirez toutes les branches des espaliers
en devant, au moyen d'une perche que vous pas»
sez en travers, par derrière, et que vous attachez
à un piquet planté à quelque distance, avec une
corde. Vous glissez vos panneaux par le haut
de l'espalier, derrière les arbres-, vous l'arrêtez à
la hauteur convenable avec des crochets, et vo#s
n'avez plus qu'à lier les panneaux ensemble par
les bouts que vous croisez l'un sur l'autre, et qui
doivent se rapporter, si vous avez formé les panx
neaux sur la même mesure. Voyez pi. 2, ftg. 6„
Non seulement il serait très difficile d'assené
bieç des Treillages derrière de^ grands arbres ,
22 I/àmï des Jardiniers.
mais on risquerait de jetter bas leurs bourgeons
et de blesser les brandies.
Le Treillage pour les Contre = Espaliers se fait
tic la même façon; les traverses s'attachent, avec
des doux, à des pieux de coeur de chêne, ou,
avec du fil de fer, à des barres de 1er scellées en
terre à 6 pieds de distance l'une de l'autre. Les
pieux , ou poteaux de bois auront 2 à 3 pouces
4c grosseur et seront brûlés par le bout pointu,
avant d'être enfoncez en terre.
La planche 2. , indique la forme et les opéra«
lions relatives aux treillages.
Figure 1. Perche de traverse dont les 2 bouts
sont taillés en chamfrein ou pied de biche.
2. Montant, ou Perche, qui s'attache sur les
traverses, et qui doit être d'une pièce, à moins
que le mur ne soit trop élevé.
3. Premier rang de Perches que l'on commence
à poser au bas du chaperon.
4. Second rang à quelques pieds de distance.
5. Treillage assemblé, avec les crochets en=
foncés entièrement.
6. Panneau assemblé séparément, pour placer
derrière un Espalier déjà grand.
7. Fil de fer en peloton pour le recuire.
S. Bobine pour le placer quand il est recuit.
9. Tenaille la plus commode pour serrer le»
maillons.
10. Manière de placer les Perches sur une
planche pour les peindre.
Dis Pepimères. 23
li. Pinceaux, ou Brosses, pour peindre les
Treillages , de différentes grosseurs.
12. Pot de terre vernissé , pour mettre la cou*
leur à l'huile.
13. Spatule de bois, pour remuer la couleur,
Chapitre IV.
Des Pépinières.
Les Jardiniers de profession doivent avoir des
Pépinières d'une étendue proportionnée à leur dé*
bit} mais un petit espace de bon terrein enclos 3
suffit à un particulier, pour son amusement, pour
le remplacement des arbres qui lui périssent, et
pour élever ceux qui lui sont nécessaires.
Dans un terrein bien défoncé et préparé , sans
fumiers ni engrais, plantez à 4 ou 5 pieds de dis»;
tance, en tout sens , les uns des autres , de jeunes
Poiriers , Pommiers , Merisiers levés dans les bois?
avec de bonnes racines ; ou bien des rejettons dé»
tachés du pied de vieux Poiriers , Pommiers , Pru-
niers de Saint Julien , de Cérisettc, ou de Damas,
de Cerisiers , de Merisiers à fruit blanc.
On peut aussi se procurer des sauvageons de
Coignassier, de Pommiers de Paradis et de Doiw
cin , en coupant;, à la mi Février, presque à fleur
de terre, quelques pieds de ces arbres, qui aient
au moins deux ou trois pouces de diamètre } dé^-
combler un peu la terre autour', couvrir la coupe
avec un mélange de terre et de bouze de vaehç.
Jl sortira du pied un grand nombre de rejetions.
24 L'ami des Jardiniers.
Au Printems suivant, vous butterez le pied de 5
à 6 pouces de terre \ les bourgeons ou rejettôni
s'enracineront . et un an après . vous les détache-
rez du pied pour les planter en Pépinière, et vous
découvrirez les si pour leur ci; faire pousser
de nouveaux.
Mais il vaut mieux courber ces bourgeons ,
pour les marcotter, que de les butter, parce que
la souche en produit tous les ans 5 au heu qu'étant
alternativement buttée et découverte , elle ne
pousse que tous les deux ans.
Comme il est préférable d'élever des sujets de
semences . il faut pour cela recueillir des Aman=
des, des Noyaux. de Prunes, de Gérises et de Me$
rises, même de Pèches et d'Abricots, dent les sujets
sont excellents pour oreffer des Reine = Claude.
A la fin de Décembre ou de Janvier, mettre dans
des terrines ou baquets, un lit de terre légère,
ou de sable frais et humide, et non mouillé, épais
de 2 à 3 pouce c, et un lit dç noyaux-, en suite
un lit de sable, et ainsi de suite \ renfermer ces
baquets, ou terrines, dans un lieu à l'abris des
gelées, et à couvert des Rats et des Mulots;
ou les placer au pied d'an mur au Midi, et les
couvrir de paille dans les grands froids. Vers la
fin de Février, les -visiter, et, s'ils ne germent
pas, les arroser avec de l'eau adoucie, pour les
avancer. Au commencement d'Avril, retirer tous
noyaux germes du Sable, avec précaution,
pour n'en pas rompre les .germes •, les planter en
répinière; à la distance marquée ci devant; et à
Des Pépinières. 26
telle profondeur , qu'ils ne soient recouverts que
d'un pouce ou un pouce et demi de terre.
i
Si le germe des noyaux de Ce'riscs n'est pas
trop alongé, on peut les semer pèle = mêle avec le
sable, dans de petits rayons, et ne les couvrir
que de quelques lignes de terre , ou d'un demi
pouce de terreau fin. Le Plant se mettra en Pé=
pinière Torsqu'il sera assez fort, ordinairement
dès l'Automne suivante.
Pour éviter les ravages des Mulots , il est
bon de semer, parmi les Noyaux, des Fèves de
marais , pour amuser ces animaux , jusqu'à ce
que les semences soient levées.
Dans les Pays où l'on fait du Cidre et du
Poiré , il faut prendre du Marc de Pommes et de
Poires sortant du pressoir \ le briser et le passer
à la claie , et vers le commencement de Mars ,
en répandre environ demi pouce d'épaisseur, sur
un terrein bien labouré, et le couvrir de 3 ou 4
lignes de terre meuble , ou d'un demi pouce de-
terreau. A l'Automne, ou au Printems suivants,
l'on éclaircira ce Plant, en arrachant le plus ché=
tif , qui provient des mauvais Pépins , et l'on trans=
portera le meilleur dans la Pépinière 3 après la
seconde année.
Les Semis et les Pépinières demandent deux
labours par an, à l'Automne et au Printems, et
quelques binages pendant l'Eté, pour entretenir
la terre en état, et lanettoier des mauvaises her-
bes. On arrose dans les grandes sécheresses.
2t> L'ami des Jardiniers.
On doit former et dresser les sujets dans la
Pépinière, à mesure qu'ils avancent; pour cela on
conduit et l'on assujettit chaque tige le long d'un
Tuteur, ou fort Échafas droit et carré plutôt que
rond. Les bourgeons qui naissent le long de la
tige, se rompent ou se tordent, et l'année suivante
on les coupe à fleur de l'ecorce de la tige, sans
lui faire aucune plaie, ni l'entamer. Ceux qui ne
montrent pas de disposition à devenir droits , bien
faits et vigoureux, se greffent à 4 ou 6 pouces de
terre , pour faire des arbres nains ; les Amandiers
et les Pêchers des la première année, vers la mi
Septembre; les Abricotiers, Pruniers et Cerisiers,
entre la mi Juillet et le commencement d'Aoust
de la seconde année ; les Poiriers et Pommiers la
troisième année. Ceux qu'on destine pour les
demi liges, et les tiges, ne se greffent que quand
ils ont acquis la hauteur et la force nécessaires.
Greiïer des sujets incapables de nourrir la Greffe,
qui forme un gros bourrelet à l'endroit où elle est
placée y c'est une très mauvaise praLique.
Chapitre V.
Des Ecussons et des Greffes.
4. Griffe à Emporte * Pièce. Avec le bout d'un
outil à manche, tel quil est représenté, planche
3, fîg. 2, formé en Emporte * Pièce rond ou carré
(cela est égal) d'environ 7 à 8 lignes de longueur,
sur 3 ou 4 de largeur , vous coupez sur un bour*
geon d'arbre franc bien en sève, une pièce d'é«
torée, a, fig. 3, garnie d'un bon oeil saisi et aoûlé5
D E S G R È F F E S. 27
c'est à dire mûri par le soleil. Avec un Curc»dcnt
ou la queue d'un Greffoir, a, fig. i., vous décolez
celte pièce d'écoree de manière que l'oeil demeure
plein par dessous, c'est à dire garni d'un petit filet
ou bouton de bois, qui est le germe, ou le prin=
çipe de la branche qui doit sortir de l'oeil ; sans
cette condition votre Greffe ou Écusson ne réus*
sira pas.
Sur le sujet, b , fig. 4 ; et à l'endroit que vous
voulez greffer, vous coupez avec le même Em^
porte = Pièce, une pareille pièce d'écoree , que la
précédente, que vous enlevez de la même manière,
et que vous rejettez pour appliquer la première
que vous avez levée à sa place, où elle doit entrer
parfaitement juste j \ç^ dimensions étant absolû=
ment les mêmes. Liez la de plusieurs tours de
laine filée, ou de chanvre, de manière que tout
lÉcusson soit couvert, à l'exception de l'oeil qui
doit rester apparent, Voyez la fig. 5,
2. Greffe en Écusson à oeil dormant.
1. Faites avec le tranchant du Greffoir, fig. 1.
sur un endroit bien uni du sujet, fig. 6, une inci=
sion, c, en travers:, dont la longueur soit un peu
plus grande que le bout le plus large de l'Écusson
que vous devez y placer. 2. Du milieu de cette
incision abaissez en une autre, d . un peu plus
longue que l'Ecusson. 3. Coupez sur un bour-
geon d'arbre franc bien en sève, une pièce d'é-=
corce, fig. 7, longue de .9 à 10 lignes, sur une
largeur de 3 ou 4 lignes, et taillée en pointe par
«m bas \ cette pièce d'écoree doit elre garnie en
2S L'a m ides Jardinier ».
dehors, d'un bon oeil, bien aoûte et bien condi-
tionne. Vous l'enlevez, soit avec un Cure = Dent,
soit avec la queue, , du Greffoir j ou en ic sai»
bissant avec le pouce et le premier doigt, à l'en,
droit de l'oeil , en taisant un peu entrer l'ongle du
pouce dans l'incision de l'écorce, serrant un peu
et faisant tourner en même tems de l'autre main,
le bourgeon. Vous pouvez même, si le bourgeon
n'est pas bien en sève, lever cette pièce d'écorce
avec un peu de bois que vous retirez en suite
avec la pointe de la lame du Greffoir, en laissant
toujours l'oeil plein en dessous, et sans rompre
ni endoma^er le dessous de l'écorce, c'est à dire
eette matière dont elle est soutenue ou doublée, et,
sous la, de la
même dimension que celle de la Greffe, appliquer
celle ci à la place , et la recouvrir avec la bande
d'écorcej mais dans ces deux cas, il faut assujet=
tir les Greffes avec des liens d'osier, et couvrir
toutes les l'entes avec la bouze de vache, ou la
poix blanche, pour empêcher la pluie d'y pénétrer.
On peut faire cette Greffe sur le côté d'un ar=
bre où il manque une branche, comme en, elle
ne convient point au Pécher, ni à l'Abricotier, et
re'ussit peu sur les arbres Gommeux, ou à Noyaux.
6. Greffe en fente.
Das Greffes. 31
Cette Greffe se fait peu de tems avant le pre*
mier mouvement de la sève, et réussit bien sur
tous les arbres fruitiers , excepté le Pêcher, TA*
biïcotier et le Figuier.
1. Il faut cueillir sur des arbres francs, das
bourgeons moyens et bien conditionnés , de fan»
née précédente, avec, ou sans portion de bois
de 2 ans , comme fig. 16 et 17. On peut ne les
cueillir qu'au moment de les employer, ou dès le
mois de Janvier , pourvu qu'on les pique en terre
à l'exposition du Nord.
2. [1 faut scier le sujet à plat, unir la coupe $
surtout aux endroits où l'on veut placer les Gref*
fes, avec une Serpette, ou autre instrument bien
tranchant.
3. Fendez, par le milieu, avec la Serpette, en
frappant sur le dos avec un Maillet, le sujet que
vous avez coupé, d'environ un pouce et demi ou
deux pouces de profondeur. Tenez cette fente
entrouverte par le moyen d'un coin , ou d'un ins=
trament que les Jardiniers appellent Z, tel que
Jl j. 31, et unissez les bords de la fente, si elle
n'est pas nette.
4. Taillez le gros bout des bourgeons francs
eu coin , avec des retranchements à la tète du
coin, comme 20 et 21, du sans retraites; comme
1S et 19, prenant garde de décoller l'écorce du
coté qui regarde le coeur de l'arbre, un peu plus
mince que l'autre \ rabattez les bourgeons ou
Greilés . à 3 ou 4 yeux au dessus du coin . ou
C 2
), • ■•: i D r lî i UDINIERS.
partit qui entre dans le sujet, suivant sa force.
V< 18, 19. 20, 21 et 22.
.•T. Insinuez le coin de la Greffe dans la fente
du sujet7 comme en 27. de manière que la partie
<;t:i se trouve entre l'c'corcc et le bois du suj^t et
sous laquelle circule immédiatement la sève, soit
placée juste vis à vis la même partie de la Greffe,
sans vous inquiéter si les éeorces sont égales à
l'extérieur 5 à moins qu'elles ne soient naturelle»
Aient de la même épaisseur. Vous pouvez même,
pour plus grande sûreté, et pour aller plus vite,
; cher un peu la Greffe en l'enfonçant, comme
• i 26. parci rs vous serez sûr que les par=
essentielle^ dont je viens de parler, se rerik
contreront en un point, ce qui suffit pour le succès
de l'opération.
6. Retirez en suite le coin qui tenait la fente
ouverte, afin que ies deux cote du sujet serrent
bien la Greffe entre eux. Si cependant ils serraient
trop fort, il faudrait soulager la Greffe en laissant
un petit coin de bois dans la fente. Si, au con«
traire, le ressort du sujet est trop faible, il faut
le serrer arec un lien d'osier.
7. On couvre la partie greffée entièrement,
avec un mastic de terre, de bouze de vache et
de foin , ou avec de la poix blanche fondue.
Si le sujet est fort menu, on peut le greffer
enfourchement, c'est à dire en le formant en
roin, pour le faire entrer dans la Greffe, 23,
comme il est représenté un peu plus bas, en 28.
Des Greffes. df
S'il a plus d"un pouce de cîi^a'nêtrç ou épais*
seur, il faut y. mettre ('eux Greffes; s'il a 2 poiu
ces, ou plus, on y mettra, 4 Greffes , en le. fendait
eu croix, comme eu a.
On peut encore fendre îe sujet .sur le côté, el
y introduire une Greffe, dont le coin est taille
comme fig. 22.
7. Greffe en approche.
Cette Greffe, dont l'usage e-8t fort rare, n<
peut avoir lieu que pour des arbres plantés près
l'un de l'autre. Elle se fait de plusieurs maniè=
res , dont ^opération essentielle consiste à appli=
quer l'une contre l'autre les surfaces de bois des
deux sujets , en y faisant des entailles , comme
29, que vous assujettissez en suite avec une liga-
ture de chanvre, de laine, ou d'osier, et que vous
couvrez de terre grasse enveloppée de mousse ,
avec une bande de linge . pour contenir le tout.
Voyez, aussi les Greffes en approche , figures
24 ] 25 et 30.
On ne coupe la Greffe qu'après qu'on s'est as?
sure qu'elle est parfaitement unie avec je. sujet,
On fait cette coupe au dessous de la ligature, que
l'on retire en suite. On voit dans les forets, cl
dans les endroits où les branches des arbres se
croisent, de pareilles Greffes se former naturel,
lement.
1. Je crois devoir répéter que le point essen
tiel. pour faire réussir toute sorte de Greffes, c'est
3S L'ami uns Jardiniers.
qu'il faut que la partie qui est sous l'écorce de la
Greffe, soit bien placée vis à vis la même partie
du sujet.
2. Ne Greffez que sur des sujets qui ont du
rapport avec les Greffes que vous y insérez , soit
pour le teins de la sève où ils entrent l'un et l'au=
tre. Par exemple, un Poirier réussira mal sur un
Pommier, parce que la conformation de leurs or=
ganes. et la qualité oie leurs humeurs sont diffé-
rentes. Le Pécher réussit bien sur le Prunier et
sur l'Amandier* mais le Prunier et l'Amandier ne
peuvent subsister longtems l'un sur l'autre , parce
que la sève de l'Amandier se met beaucoup plutôt
en mouvement, s'arrête beaucoup plus tard, et
par conséquent dure plus longtems (pic celle du
Prunier.
3. Proportionnez les Greffes aux sujets j la
force et la grandeur naturelles des sujets à celles
des arbres francs dont vous prenez les Gn
Un Bourgeon fort fera une mauvaise Greffe sur
un sujet faible et chétif, qui ne pourra lui fournir
une sève suffisante. Un Bourgeon faible et chif=»
fon sera suffoqué par l'excès de la sève d'un sujet
ureux. Un Cerisier précoce réussit mal sur
un Merisier qui est plus tardif. Un Pommier greffé
sur l'espèce qu'on nomme Paradis , demeurera
nain. \Jn Poirier greffé sur l'Aube=Épine, ou le
petit Coignassier, ne fera qu'un arbre moyen, et
ne pourra même y subsister, si c'est une variété
très vigoureuse, comme l'Impériale à feuille de
chêne, la Vngouleuse, l'Ambrette, etc.
Choix des A n. fe k G iî 39
Au surplus, j'aurai soin d'indiquer, à chaque
espèce d'arbres, qiu'Is sont les sujets sur lesquels
ils doivent être ereftés , et les espèces de Greffes
qui leur conviennent.
ChaIpit^é VI.
Du choix des arbres avant de les planter.
Les arbres faibles, mal tournes, ou trop jeu*
nés , doivent être rejettes pour les plantations ,
parce qu'ils réussiront mal , et qu'ils ne donneront
de fruit que longtcms après. Si vous voulez que
vos soins aient du succès, prenez donc les pr6=
cautions suivantes.
1. Choisissez, dans la Pépinière, des arbres
d'une belle venue, moins forts par le nombre des
années , que par la bonté de leur tempérament ;
les plus vifs, les mieux faits, les plus sains; gar=
sis, dans l'endroit où ils seront rabattus, de bons
yeux, ou de bonnes branches , dans une disposi=
tion convenable à la forme que vous voulez leur
donner.
Il ne faut cependant pas choisir des arbres qui
aient fait des jets prodigieux et qui montrent mie
vigueur excessive j cette force ne vient ordinal
cernent que d'un terrein fumé et amendé, et ne
peut se soutenir dans des terres ordinaires. Pre=
nez donc des arbres d'une force moyenne, d'une
écorce vive , et qui aient un air de vigueur et de
santé. Ouaud à ceux qui sont, naturellement fH*
blés , maigres et contrefaits, ils ne peuvent se ra=
«emmodev, même dans les meilleurs terreins,.
4î L'ami bis Jardiniers.
Faites les tirer de terre avec leurs racines cn=.
tières, ou du moins fort longues, cherchées et
déterrées avec soin, sans permettre qu'on tire
avec force par la tige, comme pour les arracher;
parce que les coudes nombreux des racines étant
allonges, forces et souvent rompus, sans qu'il en
paraisse aucune marque, sur l'ccorce souple qui
prête et obéit facilement, il s'y forme autant de
chancres pernicieux aux arbres. Vu arbre nain
dont les grosses racines n'ont pas au moins nu
pied de longueur, bien saines, sans plaies ni meur*
(rissures , doit être rejette; les demi tiges et les
tiges, à proportion. /
Lorsqu'il est nécessaire de transporter loin les
arbres , on ne peut trop prendre de précautions
contre le haie et la gelée pendant la route. Oa
doit par conséquent couvrir de mousse humide,
et ensuite , de paille , non seulement les raci-
nes, mais encore la tige et la tète des arbres,
et lier le bout avec de bons osiers, pour éviter les
inconveniens dont je viens de parier, cl les frotte?
meus qui usent l'écorcc et rompent les racines et
les branches.
Lorsqu'ils sont arrivés à leur destination, il est
nécessaire de faire tremper les racines dans l'eau
pendant 24 heures avant que de les planter; et
quand on est obligé de relarder leur plantation,
on doit les enterrer séparément en jauge, ou pe=
ti! fosse, jusqu'au moment de les mettre en place.
2. Les Jardiniers qui font commerce de fruits,
ni préférer les espèces dont le débit est le
Choix des Arbres. <4i
plus sûr et le plus avantageux. Les particuliers
détermineront ecs espèces et le nombre des ar=
bres de chacune , et de chaque variété, par la
qualité, le tems de la maturité et La durée de leurs
fruits.
La qualité des fruits , même àcp, meilleures
espèces, dépend essentiellement du terrein dans
lequel sont plantés les arbres; j'indiquerai donc,
lorsque je traiterai de chaque espèce et de < lia=
que variété, quel terrein lui convient. La tçm«
përature des années, l'exposition et l'état des ar=
bres , peuvent aussi la iaire varier ; mais ceci n'est
qu'accidentel j ainsi le propriétaire doit consulter
son terrein et son goût.
3. Ayez soin de planter des arbres dont la
maturité se succède, pour prolonger vôtre jouis=
s'ance; mais procurez vous plus de fruits d'Hyver
que de ceux d'Eté, parce qu'ils se conservent
plus longtems, et surtout ne plantez pas beaucoup
d'arbres dont les fruits mûrissent en même I
que d'autres d'une qualité supérieure , par exem=
pie, des Poires d'Eté, qui ne paraissent pas avec
avantage à coté des Pèches et des Prunes.
Pour guider les amateurs, jaurai soin d'indi*
quer en quel mois de l'année chaque espèce de
fruit parvient ordinairement à sa maturité , et je
donnerai la succession des différentes variétés, à
la suite de chaque espèce.
42 L'ami dis Jaroimers.
Chapitre V1.I.
De la Plantation des arbres*
Comme les arbres se greffent à toute sorte de
hauteur, depuis 3 pouces près de terre, jusqu'à
8 pieds au dessous de la naissance des premières
branches*, on distingue les hautes , les moyennes,
les demi et les basses tiges , enfui les arbres nains.
Les hautes tiges de 7 h 8 pieds, se plantent
en plein vent, ou en Espalier, quand les murs
ont plus de 12 pieds de hauteur.
Les demi tiges , de 3 à 4 pieds , conviennent
mieux en plein vent qu'en Espalier, où elles se=
raient trop hautes pour garnir te bas des murs , et
trop basses pour y subsister avec les nains.
Les Nains, ou Basse -Tiges, sont propres pour
les Espaliers, les Contre = Espaliers, les Palissa-
des , les Eventai!?, et même le Plein = vent. Leur
lige est de 3 à 6 pouces.
Dans les Potagers d'une certaine étendue, l'on
aie mauvais usage déplanter des haute «tiges de
6 à S pieds ; mais lent hauteur les empêche de
profiter de l'abri des murs, et leur ombrage s é=
tend trop loin , et fait tort aux. légumes. Les
Nains, ou du moins les demi = tiges sont préféra*
blés } on les laisse croître en liberté, et on ne les
taille que grossièrement , pour donner quelque
régularité à leur forme. Ils se plantent dans des
fosses de 4 à 5 pieds en carré, et de 3 pieds au
moins de profondeur , (surtout; les Poiriers) ou
mieux dans des tranchées de pareille largeur et
Plantation pes Arbres. 43
profondeur , fouillées dans toute la longueur de
la Plantation, ou du rang d'arbres4, leur distance
est de 9 à J5 pieds, selon les espèces; on donne
même jusqu'à 24 pieds de distance aux Pommiers,
Poiriers, Cerisiers et Pruniers en plein -vent,
dans les vergers , où Ton plante les arbres en
quinconce , tant pour empêcher leurs tètes de se
toucher, que pour donner à leurs racines, de
quoi s'étendre en liberté, sans s'alïajncr les unes
les autres.
Les arbres d'Espaliers se plantent dans les Pla=
te = bandes de trois pieds au moins, de profondeur,
et améliorées, si le terrein est maigre, larges de
6 pieds au moins, ou de 10 à 12 pieds, si l'on
ajoute un Contre = Espalier , qui se place à 8 ou
10 pieds des murs.
Les arbres en Palissade, Eventail etc. se plan*
tent autour des carrés, dans des Plate-bandes lar^
ges de 3 pieds , et défoncées comme celles i\v>
Espaliers; ou dans des fosses, comme ceux de
plein-vent, si le terrein est bon et meuble , c'est
à dire, facile à labourer.
Les arbres en buissons ne sont plus admis ,
parce qu'ils couvrent un trop grand espace de ter=
rein qui ne peut rien produire.
Il ne faut jamais planter d'Éventails dans les
angles ou coins des carrés , pour faire tourner
leurs branches sur deux faces, c'est une pratique
aussi désagréable à la vue , qu'incommode pour
le passage. On doit donc planter ces arbres à 6-
8, ou 10 pieds de chaque angle, selon le plus ou
44 L'ami des Jardiniers.
moins d'étendue que demande l'espace , el la hau-
teur que vous voulez donner à l'Éventail.
Comme ces Éventails nuisent beaucoup à la
vue , quand même on ne leur donnerait que 4 à 5
pieds de hauteur, et que les basses et demi tiges
deviennent trop étendues et couvrent trop de ter-
rein, je préfère, pour les plate = bandes de pota-
ger, (Yy planter <\cs Poiriers en quenouilles , et
des petits Pommiers nains sur Paradi nati-
rement , en plantant une quenouille à chaque
angle du carré, ensuite un Pommier à 4 ou 5 pieds
de distance , puis une quenouille etc. bien des
personnes méprisent actuellement ces quenouilles,
qui ont été très à la mode;, mais, quand elles
sont bien conduites , elles tout un effet très agréa-
ble , et produisent beaucoup de fruits, sans occu-
per une grande place. Je donnerai, dans le cha-
pitre suivant la manière de les diriger.
Lorsque vos distances sont marquées et vôtre
terrein préparé, il tant habiller les arbres avant
de les planter. Celte opération consiste, l. à
rétrancher les racines chevelues, à moins que l'ar*
bre ne soit replanté sur le champ, et avant que
ces petites racines aient eu le teins de se dessè^
c lier, planche A.jiff. 1. , a . a. a. 2. A rafraîchir
les grosses et les moyennes racines, en couper
h à l'extrémité, pour faire une coupe nette
el unie, au lieu d'une rupture ou déchirement,
ne pourrait se recouvrir ou se cicatriser •
3. À rabattre au dessus du ma! , celles qui sont
mes, écorchées , ou endommagées, comme
. où l'on n'a pu se dispenser de couper au
Plantation des Arbres. iï
dessus du mai, ainsi qu'on le voit en d^jîg. 2.
4. Les coupes doivent être faites en pied de
biche, et en dessous, afin que l'extrémité pose à
plat sur la terre f fia. 2 , c , c , c-, c.
On ne peut décider , en général 3 à quelle
distance" les arbres doivent être plantés ", cela
dépend, 1. Des espèces et de la variété. 2. De
la qualité du terrein. 3. Pour les Espaliers , de
la hauteur des murs. Mais on peut assurer
qu'il vaut mieux, planter les arbres plus éloignés
que plus près les uns des autres, parce que, dans
ce dernier cas, ils s,e nuisent réciproquement, et
que l'on est tôt ou tard, obligé d'en arracher un
entre deux, ce qu: est très désagréable.
Dans un bon terrein, 4 ou 5 toises peuvent ne
pas être un trop grand intervalle entre chaque
arbre, 18 à 20 pieds, qui suffisent dans un terrein
médiocre, seraient un espace trop grand dans les
sables secs et maigres , où les arbres ne viennent
qu'avec le secours des engrais et des arrosemens,
et ne parviennent qu'à 10 ou 12 pieds d'étendue.
On doit aussi avoir égard à l'espèce et à la va=
riété. Un Pécher s'étend plus qu'un Poirier. Un
Poirier d'Impériale à feuille de chêne , ou de Vir=
gouleuse, s'étend plus qu'un Saint = Germain. Des
arbres plantés en Contre*Espalier, ou en Éventail
de 4 à 5 pieds de hauteur, doivent être beaucoup
plus éloignés que ceux en Espalier , dont les murs
ont 9 à 10 pieds , parce que les arbres doivent re*
gagner sur l'étendue, ce qu'ils ne peuvent obte=
nir sur la hauteur.
46 L'ami dbs Jardiniers.
L'arbre destiné à l'Espalier, se met en place
à 9 ou 10 pouces du mur vers lequel on penche
un peu sa tige, de façon que ses plus grosses ra=
cines soient dirigées le long de la Platebande, et
non en devant, afin que la sève agisse plutôt sur
les côtés que sur le devant et le derrière de l'arbre.
Il faut planter vos arbres de manière que la
Greffe soit hors de terre, et que la partie qui est
immédiatement au dessus des racines, ne soit que
très peu enterrée } car, à moins que le terrein ne
soit très sec, un arbre, pourvu qu'il soit enterré
un peu au dessus de la naissance des racines >
Sauf à le butter pendant les premières années ,
se portera mieux que s'il était enfoncé. Beaucoup
d'arbres dépérissent et sont ruinés pour avoir été
enterrés trop bas ; leurs racines placées à une
profondeur hors de la portée des bienfaits de l'air
et de la pluie, tirent de la terre des sucs grossiers
et sans qualité} ensuite l'arbre, pour se procurer
une meilleure nourriture, pousse un second étage
de raciues vers la surface de la terre, c'est à dire
à la hauteur où devraient être les véritables \ dès
lors il dépérit, ses feuilles deviennent jaunes, ses
fleurs coulent, ou ses fruits sont sans saveur; en*
fin, tout arbre qui a un double étage de racines,
ne peut longtenis subsister.
Les racines des arbres étant bien garnies de
terre meuble arrangée et insinuée avec la main ,
s'il est nécessaire , et recouvertes de trois ou qua*
tre pouces , si la terre est sèche, et surtout si
l'on plante après l'Hvvcr, il faut jetter en pluie,
deux arrosoirs d'eau dans chaque fosse, pour lier
Plantation des Arbres. 47
et attacher la terre aux racines, et n'achevea de
remplir les fosses et de dresser la Platebande.,
que deux jours après.
Mais , si la terre est humide , et si la planta»
tion se fait avant FHyver, on peut achever fou=»
vrape sur le champ et sans arroser. Dans tous
les cas, c'est une mauvaise méthode que de plom=
ber, c'est à dire fouler la terre, avec le pied, sur
les racines.
Lorsqu'il ne sagit que de regarnir un Espalier^
en remplaçant quelques arbres morts , il faut faire
des fosses de la grandeur marquée ci devant, les
remplir de bonnes terres les plus voisines, et à
la place de celles ci, transporter celles qui sont
sorties de la fouille. Un arbre ne réussit point
dans la place et dans la m<2me terre où un autre
de son espèce est mort, ou a vécu quelques an=
nées. Il est bon, même en changeant l'espèce,
de changer la terre, ou du moins,, d'y mêler une
partie de terre neuve ou d'engrais.
On peut transplanter les arbres fruitiers, de*
puis la fin de la sève d'Aoust, qui a ordinairement
lieu dans le courant de Novembre , jusqu'au pre=
mier mouvement de celle du Printems, du 1. au
15 Mars. Mais il est toujours plus avantageux de
planter avant IHyver, aussitôt que les feuilles jau^
nissent et commencent à tomber, ce qui annonce
la cessation de la sève \ à moins que le terrein ne
soit froid et humide.
La raison de cette 'méthode, est que les raci*
nés que vous coupés en plantant les arbres > ne
48 L ' \ M r D B S -I A R O ! N ! P. R s.
•leur fournissent de la nouriture qu'après qu'il s'est
formé un bourrelet au tour de la coupe, d'où sor=
Itut les nouvelles racines ou chevelus, qui
il faudra planter des chevilles de bois dans les
endroits où la tige ferait un coude ; la bien lier
en cet endroit, et redresser en suite l'arbre pour
le lier plus haut, en prenant toujours la précau=
tion de mettre du liège, ou de la mousse sous
les liens, et contre les chevilles, pour ne pas en=
dommager I'éGorce en la serrant. On doit ehan=
ger ces liens chaque amie'e, parce qu'ils entre-
54 L'ami des Jardiniers.
raient dans la tige à mesure qu'elle grossirait, et
y formeraient des clranglemens.
2. Les Quenouilles, planche 4, fig. 5, sont
fies arbres choisis dans les espèces de Pommiers
et de Poiriers les moins vigoureuses et les plus
abondantes en fruit, afin qu'elles puissent en pro«
duire beaucoup, sans prendre trop d'étendue.
Leur Greffe se fait à 3 ou 4 pouces au dessus
des racines du sauvageon , ou sujet. A mesure
qu'elle pousse, il ne faut supprimer aucune des
tranches ou bourgeons qui naitront le long de la
tige ; mais les taiiler à quelques jeux au de là,
pour les ramifier , ou épaissir , sans les laisser,
trop alonger sur les cotés.
La beauté d'une Quenouille consiste à avoir,
une tige bien droite et garnie de branches depuis
le bas jusqu'à la cime, de manière qu'elle forme
une espèce d'obélisque ou pyramide étroite, dhni=
nuant insensiblement du bas en haut.
Les branches ne doivent pas s'étendre à plus
d'un pied de la tige, lors même qu'elles sont en»
tièrement formées -, et la tige ne doit pas monter,
à plus de 7 à a pieds.
Le mérite des Quenouilles étant d'être char=
gées de fruits dans toute leur étendue, l'art con*
siste à les entretenir bien garnies du bas en haut.
Il faut pour cela ne pas laisser monter la tige
trop vite, parce qu'elle emporterait toute la sève,
et ferait dépérir les branches du bas, et sucees=
sjvement celles du milieu.
De la. Forme des Arbres. 55
Comme on est obligé de les tailler court pour
les tenir étroites , si les pousses soiit trop vigoiu
reuses, on les tourne en rond, au lieu de les tail=
1er l'année suivante, en attachant à la tige ou à
quelque autre branche, l'extrémité du bourgeon;
alors au lieu de pousser du bois, ils se chargent
de boutons à fruit. On en verra la raison à l'ara
tuile de la taille des arbres.
On doit donner des tuteurs aux Quenouilles ,
comme je l'ai dit pour les arbres en plein = vent,
pendant qu'elfes sont jeunes, pour soutenir leur
tige droite, sans quoi le vent, ou d'autre causes
les dérangeraient bientôt.
On plante les Quenouilles dans les Plate *ban=
des des Potagers, elles ne nuisent point à la vue,
ne portent point d'ombre , et en les variant avec
de petits arbres nains entremêlés à 4 ou 5 pieds
de distance , elles font un effet très agréable,
3. Les Gobelets, planche 4, ficj. 6, sont des
arbres à basse tige; dont la tête est vuidée en,
forme de vase. Leur GrefTe se fait, comme celle
des Ouenouilles, un peu au dessus des racines,
ou à un pied au plus , pour faire commencer leur
tête à peu près à cette hauteur. On forme cette
iêle en commençant, comme pour les Pleine vent,
sur 3 ou 4 branches , que l'on taille d'abord un
peu court, pour leur faire pousser des jets vigou-
reux dont on choisit les mieux disposés et les
mieux placés en dehors, afin de les écarter du
centre le plus qu'il est possible. On les soutient
en rond, à mesure qu'ils s'élèvent , par lç mc-jei*
SS L'ami des Jardikiirs.
d'un cercle autour du quel on attache l'extre'mité
de chaque branche, au moment où on les taille.
Le mérite de ces arbres, est d'être bien régu=
lier, bien tvuidés, bien garnis de branches, sans
confusion, et de ne pas s'élever trop haut, pour
ne pas nuire à la vue. On ne doit par conséquent
donner cette forme qu'à des Pommiers ou des Poi*
riers d'espèces ou variétés modérées dans leur
pousse et greffes sur des sujets convenables; com=
?ne je le dirai, afin de pouvoir les mettre à fruit,
sans leur donner trop d'étendue.
4, Les Buissons , fuf. 7, comme je l'ai dil . ne
sont plus de mode, par rapport à leur forme dés*
agréable, à la trop grande place qu'ils occupent,
et à l'ombre qu'ils portent. On peut cependant
en élever dans des endroits perdus où ils ne peu-
vent point gêner, et ils ont l'avantage de pouvoir
être abrités facilement au tems de la fleur, si la
température de l'air est dangereuse.
Ce nom de Buisson ne doit pas empêcher qu'on
ne leur donne une forme régulièrement arrondie
en dehors-, mais on ne les vuide point, ou du
moins, que très peu en dedans, et l'on élague
les branches qui feraient trop de confusion, ou
qui se nuiraient les unes aux autres.
Leur touffe doit commencer tout près de terre,
et on doit par conséquent les greffer à 3 ou 4
pouces des racines.
5. Enfin les petits arbres nains,. ficj. S, s'élè=
vent de Pommiers de toutes variétés greffées sur
Ds la Forme des Arbres. 57
l'espèce qu'on nomme Paradis, et sur laquelle ils
ne produisent que des pousses de très petite
étendue.
On les greffe tout près des racines et on leur
forme , à 8 ou 10 pouces au dessus . une tête que
l'on dispose le plus régulièrement qu'il est possi»
ble. en lui donnant la forme d'un Gobelet, ou en
boule, ou libre, quoique symmétrique.
Leur mérite, outre celui de n'occuper qu'une
petite place de 2 pieds au plus, est de se char=
ger de beaucoup de fruits. Un Api, par exem=
pie, peut porter jusqu'à 60 pommes. Un Calville
en portera jusqu'à 20. En sorte que 100 petits
Pommiers nains distribués dans les Plate -bandes
d'un Potager, à 4 pieds l'un de l'autre, peuvent
donner 2000 pommes, sans incommoder ni donner
d'ombre.
On les place ordinairement entre des OuenouiU
les. pour varier, lorsqu'on les plante dans des
Plate = bandes*, mais on en forme des massifs, en
les plantant en quinconce, où ils sont très agréa*
blés au teins de la fleur.
Tous ces arbres, même ceux en plein = vent,
doivent être labourés deux fois par an, avec les
précautions dont j'ai parlé pour ceux en Espalier,
afin de ne pas endommager leurs racines:, bines
et sarclés de tems en tems, et même arrosés dans
les grandes sécheresses.
5ô L'ami des Jâidimers,
Chapitre IX.
Des Espaliers.
Les arbres plantés en Espaliers sont ceux qui
donnent les plus beaux fruits. *\ que l'on peut
le mieux préserver des intempéries de l'air. Mais
il faut bien connaître la manière de les planter,
de les tailler fit de les conduire-, commençons par
leur forme.
Pour donner une forme régulière à un arbre
destiné à garnir un mur, il faut rabattre sa tige
à 6 pouces environ au dessus de la Greffe, et,
des brandies qui sont sur les cottvs ou qui y pera
ccront dans la pousse de la première année, chou
sir les deux plus vigoureuses et les plus opposées,
l'une sur un côte, l'autre sur l'autre. Si l'arbre
ne perce que sur un cote, ou reperce inégalement,
c'est à dire un bourgeon de cote et l'autre par
devant, ou par derrière, ou enfin beaucoup plus
bas que l'autre, on n'obtient ces deux branches,
que la seconde ou la troisième année, en rabat=
tant à 2 ou 3 veux, le bourgeon le plus fort, et
supprimant les autres. Ces deux branches que
l'on a tôt ou tard obtenues, seront comme les
mères de toutes les autres , et la base de tout
l'arbre, qui, au lieu d'une tige droite, dont le
canal direct porterait la plus grande partie de la
sève vers le haut, aura comme deux tiges, ou
deux canaux surbaissés, qui partageront la sève
entière entre eux, pour la distribuer sur ko deux,
côtés.
Des Espaliers. 5$
On palisse ces deux branches en forme de V
ouvert carrément au dessus de la lige. D'année
en année on attachera, dans la même direction,
le principal bourgeon sur lequel on taillera, afin
que cette suite de tailles ne fasse qu'une branche
merc sur chaque côté de l'arbre. Mais on dirige
vers le haut, les bourgeons qui poussent du coté
supérieur de ces branches mères, et sur les cotés,
ceux qui naissent par en bas ; comme je vais le
faire voir.
Par cette méthode simple , naturelle et raison*
née, l'action et l'abondance de la sève étant pora
tées sur les côtés de l'arbre , elle ne le laissera
jamais faible et dégarni; au lieu que, si vous lais*
sez une ou plusieurs tiges s'élever directement,
toute la force de la sève s'y portera comme à un
arbre en plein = vent, et les côtés , et le bas de
vôtre Espalier, se trouveront, peu à peu? entier
rement dégarnis.
Voici donc la méthode que j'ai suivie , d'après
les meilleurs cultivateurs., et qui m'a toujours par»
faitement réussi.
1. Planche 4, fifj. % Vous voyez un arbre
nouvellement planté pour être élevé en Espalier.
a est la tige rabattue ou coupée à 3 ou 4 yeux
au dessus de la Greffe, b, c, d, sont 3 yeux,
qui doivent pousser les premières branches.
2. Le même arbre représenté, ficj. 10, a poussé
3 branches, /", [/* h, et même une quatrième, iy
tout près de la Greffe ; cette dernière aurait dû
être supprimée tout en naissant, comme ne pou=
60 L'ami des Jardiniers.
vaut jamais servir. Dans les 3 branches du dessus,
je choisis "elles marquées ./", h. comme les n
teures et les plus opposées pour former le V, que
je cherche pour établir la base de mon Espalier.
3. Dans \a.fig. 11, a et£, sont les deuxbour*
geons choisis, tailles convenablement à leur force,
pour leur faire produire chacun 2 ou 3 bourgeons.
4. Planche 5. firj. 1. Ces nouveaux bour-
geons taillés précédemment, ont pousse' les nou=
veaux, marqués a1 £, r, â , cf. qu'il faut de
nouveau tailler à une longueur convenable, pour
leur faire produire chacun 2 ou 3 bourgeons.
5. Mcme planche fig. 2. Ces nouveaux bour=
geons taillés, savoir le bourgeon a, taillé court,
tant pour lui faire pousser un seul bourgeon vi=
gourcux , que pour faire monter la sève en plus
grande, quantité dans le bourgeon Z», qui est taillé
aussi long que sa force le permet.
6. Même planche fig. 3. L'arbre avant poussé
comme il est représenté, je donne au bourgeon,
«, la taille convenable; ensuite aux bourgeons r,
dy e, provenus du bourgeon b.
7. Même plancJie fig. 3. Les branches b, c,
sont inclinées, pour en faire des branches de coté,
et je reprends les branches mères sur les bour«
geons a et b ; par ce procédé la branche la plus
forte devient une branche de coté, ou secondaire.
Comme elle est la plus longue , clic jouit de tous
les bienfaits de l'air, qui entretiennent sa vigueur,
et ïcs branches, a. b: par leur position et leur
Des Espaliers. 61
direction, ne prendront que trop d'avantage sur
les branches , b , c.
8. Planche 6, fig. 1. L'arbre ayant poussé les
bourgeons à bois marqués } av à, c, d3 e, je les
taille suivant les règles, comme il est marqué par
la même figure. J'ai eu l'attention de ne laisser
venir sur le côté supérieur de la branche a, c,
aucun bourgeon fort} mais j'y ai ménagé et pa=
li^sé directement , un bourgeon moyen , tel que ,
l> , pour en faire une principale branche montante,
ou verticale.
9. L'année suivante l'arbre ayant la forme re*
présentée par la fig. 2, planche 6, et les deux
bourgeons //, i} avant été un peu inclinés au pa*
lissage , pour les préparer à l'usage auquel ils sont
destinés • dabord je taille tous les bourgeons , ainsi
qu'ils sont représentés par la même figure' en*
suite j'examine si la partie e, i, de la branche,
à, e, i, pourra encore se plier dans un an, et,
dans ce cas , je palisse les bourgeons , // , i . dans la
même direction, et je laisse le bourgeon i, se for-
tifier; si non je le penche de côté pour en faire
une seconde branche horizontale , et je reprend
la branche mère, $, e, sur le bourgeon h.
Enfin je penche d'avantage la branche ?n, n ,
, que j'avais laissée jusqu'ici dans une direction
un peu relevée, afin qu'elle profitât davantage.
10. L'année suivante je taille l'arbre comme il
est représenté, planche 7 ', et je ne change rien
au palissage , dans la direction de ses branches.
62 L'amidisJardiniehs.
il. L' année ensuite, l'arbre qui peut être re-
gardé comme formé, se taille et se palisse selon
les règles-, mais sur la branche merc, je choisis
un bourgeon moyen, tel que, a, pourra le pro-
duire, éloigné de la branche, ô, c, d'environ 3
pieds, pour en faire une seconde branche droite,
ou verticale.
12. Je continue, d'année ru année, à former
sur l'arbre des branches direct c? et des branches
de côté, de la manière qui vient d'être exposée.
Il est aisé de voir que les branche les plus vigou-
reuses, qui ont pris un avantage considérable, et
une grande avance dans une direction favorable,
étant surbaissées , elles se soutiendront d'autant
plus longtems, que les branches directes ne sont
formées qu'avec des bourgeons moyens, qui ne
peuvent en peu de tems, prendre une grande su^
périorité.
Si cependant celles ci faisaient de trop grands
progrès, on pourrait les modérer en les rapprochant
à la taille, sur leurs bourgeons moyens, et en les
penchant au palissage , autant que l'état de l'arbre
peut le permettre.
Quelques Jardiniers forment leurs arbres sans
branches mères , et sans aucunes branches verti-
cales , ou montant directement. Ils penchent
toutes les branches fortes , et les disposent de
manière que celles de dessus puissent être rebais=
secs au besoin , pour remplacer celles de dessous ,
à mesure qu'elles périssent, ou quelles s'épuisent,
et ils ne remplissent le milieu que des branches
l'ilLLS DBS AuBRSîi, 63
moyennes et faibles. Cette méthode pratiquée avec
intelligence , est très bonne pour les Espaliers ?
contre Espaliers et Eventails peu élevés*
Chapitre X.
De la Taille des Arbres.
1. Parmi les Jardiniers ordinaires, ou qui n'ont
pas de principes , il n'y en a presque pas un qui
ne se flatte d'avoir une façon particulière de tail=
1er les arbres , qu'il croit meilleure que celle des
autres. Il n'est qu'une bonne manière de tailler,
mais elle varie suivant les espèces ^ c'est là où
échouent ces prétendus Jardiniers, qui taillent in»
distinctement un Poirier comme un Pécher } un
arbre vigoureux , comme un arbre modéré ou fai-
ble } en un mot, qui appliquent toujours la même
taille à tous les arbres.
2. Ensuite, ce qui doit décider un Jardinier sur
la taille, c'est la hauteur du mur, qu'il ne doit
pas laisser dépasser aux arbres \ si ce mur est donc
peu élevé , il doit donner en étendue de côté à ses
arbres, ce qu'il ne peut leur accorder en hauteur.
Si vous voulez donc réduire à 10 ou 12 pieds de
largeur , un arbre vigoureux , planté dans un bon
terrein , et placé contre un mur, on en contre es*
palier de 5 à 6 pieds de hauteur , vous ne pourrez
exécuter cette méthode pernicieuse, qu'en défi»
gurant et ruinant cet arbre par des traitement
contraires au bon sens , par des retranchemens
excessifs, et par des plaies multipliées.
64 L'ami des Jardiniers.
3. Si vous voulez que la sève se porte e'galement
dans toute l'étendue de votre arbre, et particulière-
ment, dans les branches d'en bas, modérez son
action dans le dessus, en n'y souffrant aucune
branche directe, ou qui s'élève perpendiculaire-
ment, de peur qu'elle ne fasse un progrés exces-
sif aux dépends et au préjudice des autres.
4. Taillez chaque année vos arbres de manière que
leur pousse se fosse régulièrement, et palissez les
toujours en ligne droite , de manière que dans tout
le cours de chacune, il n'y ait ni coudes , ni jarrets,
ni caius, ni chicots, ni bourrelets ; c'est à dire quVU
les doivent être filées, après plusieurs années de
taille, et que les plaies doivent être recouvertes,
comme si elles avaient poussé sans interruption.
5. Tout observateur doit remarqua' que la prin-
cipale cause du dépérissement de certaines bran»
ches d'en bas, vient de leur position au dessous
des autres, qui les empêche de recevoir l'influence
des pluies et des rosées. Si vous détachez cette
branche d'auprès du mur, pour l'attacher au de^
hors, à quelques échalas plantés en terre , à 7 ou
S pouces du mur , elle reprendra toute sa force et
sa vigueur. Cette pratique excellente est très peu
connue.
6. Faites attention que la force de la Sève se
porte toujours aux parties les plus élevées-, ainsi,
si vous condez une branche en la palissant , la
sève se portera aux yeux placés au dessus du
coude. Si vous taillez une branche en laissant le
dernier oeil en dessous , pour avoir un bourgeon
Taille des Arbres. 6S
Fort par en bas , ce sera Pavant dernier bouton placé
au dessus } qui donnera le plus fort bourgeon , et
ainsi de suite. Cette attention est donc indis*
pensable.
7. Que votre coupe, entaillant, soit toujours
nette, sans laisser aucun fil, ni un brin d'écorce^
il faut pour cela que votre serpette soit parfaire*
nient affilée , et que le tranchant cherche , pour
ainsi dire , de lui même à entamer le bois , loin
de glisser dessus. Si l'oeil ou bouton sur lequel,
vous taillez , se trouve placé par en bas , posez
le pouce dessous, en empoignant la branche, pour
couper par dessus en pied de biche, de manière
que l'extrémité de la coupe déborde l'oeil d'environ
une ligne et demie; si vous taillez plus court,
vous ferez éventer l'oeil, qui avortera } et, si vous
taillez plus long, il restera un chicot, ou bout de
bois désagréable, qui empêchera la plaie de se
Couvrir. Le talus de la coupe doit toujours être
opposé à l'oeil. Voyez planche 7 fig. 1., où les
tailles sont marquées à toutes les branches, dont
la partie , qui doit être taillée, reste blanche.
8. Lorsque vous coupez quelque grosse bran=
che, ou que vous faites des retranchemens consi=
durables, il faut couvrir la plaie avec l'onguent de
saint Fiacre, composé de terre et de bouze da
vache paîtris ensemble > avec de l'urine*
9. Toute coupe faite avec la scie, doit être
parée, ou unie avec la serpette, et couverte d'on=
guent.
Tome I. E
66 L A M I l> M .1 UU) I V ! F. R S.
C H AP I I RI X J.
Tans, i'aron et nécessité de tailler,
1. On peut tailler les Pommiers elles Poiriers* •
qui poussent tard, dont la moelle est dure, et
dont le bois est à l'épreuve des gelées, dans les
climats tempérés , depuis la chute de leurs
feuilles , jusqu'au premier mouvement de la sève ,
en Mars. Cependant il faut éviter de le» tailler
par les fortes gelées et par les pluies d'Hvver ,
qui peuvent se convertir en verglas, ou en glace,
presque aussitôt' ces intempéries saisissant tout
à coup les plaies nouvelles, le dernier oeil de la
taille pourroit périr entièrement, ou ne produire
qu'un bourgeon faible.
2. On ne doit tailler que depuis la mi Février,
jusqu'à la fin de Mars , ou, dans les climats froids,
au commencement d'Avril, tous les autres arbres
dont le bois est tendre, et la moelle large et spon=
gieusc. Les vieux, les faibles et les malades se
taillent les premiers , avant que la sève se soit
portée à l'extrémité de leurs branches , parci qu'ils
ne sont pas en état de supporter des pertes. Ouoi=
que l'on puisse quelques fois différer cette opcra=
tion sur les jeunes , jusqu'au teins de la (leur ,
cependant on risque défaire couler celle ci. ou
de la faire avorter, et plusieurs maladies des ar«
bres taillés trop tard , sont occasionnées par la
perte de la grande quantité de sève, qui était mon?
tée dans les extrémités que l'on retranche a la
taille 5 par le désordre que l'on met dans la végé-
tation des arbres, qui dépourvus et incapables
Tems et Manière de Tailler. 6Y
de suffire en même tems à la guérison de leurs
plaies et à la nourriture de leurs fruits , tombent
nécessairement dans la langueur et l'épuisement.
Ensuite, les moindres secousses en taillant, ou
en palissant, peuvent détacher les veux et les
faire tomber, surtout aux Abricotiers, et il faut
beaucoup plus d'adresse et de légèreté dans la
main du Jardinier , pour ses opérations , en tail«
lant trop tard, que s'il devançait le mouvement
de la sève.
3. La taille des arbres en Espalier, est ab*
solûment nécessaire;, 1. parce qu'il est bien rare
que tous les yeux d'une branche non taillée s'ou*
vrent; ceux qui sont placés près de sa naissance ,
demeurent ordinairement formés , comme on le
voit aux plein = vent, que l'on ne taille point.
Ainsi une portion de chaque branche, et,
par conséquent une partie considérable de l'arbre,
serait nue et inutile*, le coup doeil de cet arbre
serait désagréable , et son produit très médiocre.
Au lieu qu'en raccourcissant les branches, tous
les yeux s'ouvrent; ceux qui sont près de leur
naissance , produisent des bourgeons a fruit ; et
ceux des extrémités , donnent des bourgeons à
bois , et le Jardinier assure ainsi sa récolte pour
chaque année; au lieu qu'un arbre qui n'est point
taillé, ne produit ordinairement que de deux an»
nées l'une,
4. Les branches à bois ne naissant ordinaire*
ment que sur les derniers yeux des bourgeons,
Lorsaue ceux ci sont fort longs , comme ils le sont
E 2
\
68 L'ami des J ak dinîers.
dans un arbre d'Espalier en bon état, les brandies
à bois se trouveraient trop éloigne'es les unes des
autres, et laisseraient beaueoup de vuides , ce qui
est un tre's grand défaut^ car un Espalier n'aie
double avantage de la beauté et de la fécondité ,
qu'autant qu'il aune grande étendue, et qu'il est
plein , bien garni , et chargé de fruits partout éga=
le ment.
La taille est donc nécessaire , pour faire d'un
arbre un tapis régulier, et semer sur toute sa
surface, des fruits aussi beaux que nombreux.
Chapitre X [I.
Taille du Poirier et du Pommier.
11 faut dabord distinguer sur le Poirier et sur
le Pommier , les branches à bois , et celles à
fruit.
1. Les branches à bois , quoiqu'ainsi nommées ,
produisent aussi des branches et des boutons à
fruit', mais leur force les rendant capables de rem-
plir ces deux fonctions, c'est ce qui les distingue
des autres , qui ne donnent que des fruits.
De ces branches, les unes sont fortes, les
autres faibles , d'autres moyennes \ quelques unes ,
qui viennent contre l'ordre naturel de la végéta*
tion, se nomment branches gourmandes , branches
de faux bois. Les branches faibles se distinguent
en chiffonnes et en brindilles.
L'ordre naturel de la végétation , est qu'il ne
sorte de nouveaux bourgeons à bois , que des
Taille des Arbres. 69
derniers jeux des branches de la dernière taille,
et que le bourgeon du dernier oeil de l'extrémité
de la branche taillée, soit plus fort que celui qui
est en arrière, et ainsi de suite en reculant vers
la naissance de la branche. Si l'avant dernier
bourgeon est plus fort que -Je dernier, ou le troi=
sième plus fort que le premier et le second :, s'il.
en perce un d'un bouton qui devait donner une
branche à fruit; s'il en nait sur les anciennes tail=
les •, si les yeux des branches à fruit s'alongent et
deviennent des branches à bois } ce sont des dés=
ordres.
Les branches fortes produiseut de 3 h 5 bour*
geons à bois , suivant leur degré de force ', les
moyennes en produisent 2 ou 3, et les faibles un
seul ; toutes produisent des branches à fruit en
arrière de ces bourgeons } les plus bas de leurs
yeux s'ouvrent rarement. Ceci s'entend des ar=
bres taillés,
Les branches seules à bois sont sujettes à la
taille, qui procure à leurs productions, une nour=
riture plus abondante, et qui les place plus avan*
tageusement pour la forme et le piem de l'arbre,
Voici un exemple.
Planche T ,fîg. 3. Cette branche taillée, aux
points 1, 2, 3, 4, a produit, à son extrémité,
des bourgeons à bois, dans l'ordre naturel } si je
ne taille pas ces bourgeons, ils feront les produc^
tions représentées dans la fig. 4.
Si je les taille aux points, a7 ô. r, d, leurs
productions seront les mêmes, seulement un peu
70 L'ami des Jardiniers.
plus fortes, et peutotre s'ouvrira = t=iI quelque
oeil de plus dans le bas des bourgeons., c'est à
dire vers la naissance de la branche.
Si je les taille aux points marqués, c,/\ g ,
?i, le petit nombre d jeux laissés sur chaque bran»
che , ne s'ouvrira que pour donner des bourgeons
à bois, d'autant plus nombreux et vigoureux , que
ces restes de branches recevront, outre la sève
qui leur est 'nécessaire, toute celle qu'aurait eu
la partie retranchée} et, non seulement il ne se
formera aucune branche à fruit, mais probable^
ment la sève refluera sur les tailles précédentes,
y fera dégénérer les branches à fruit, ou produira
des branches gourmandes.
Cette taille trop courte mettra donc partout,
dans l'arbre, le désordre et la confusion, dont il
sera très difficile de les tirer, et l'empêchera de
produire des fruits en abondance } car si l'année
suivante , on taille toutes ces branches , en se
multipliant elles augmenteront encore la confu=
sion -, si l'on en retranche un grand nombre, la
végétation sera encore plus troublée par la néces=
site où sera la sève de forcer des passages extra*
ordinaires, et les plaies multipliées seront desa»
grcables à la vue et nuisibles àj l'arbre. Des bords
de ces plaies il sortira un grand nombre de faux
bourgeons, qui renaîtront avec d'autant plus do=
piniàtreté, qu'on sera plus assidu à les retrancher.
Pour remédier à ces inconvéniens , il est re=
connu qu'il faut tailler à peu près par le milieu,
les branches bien proportionnées dans leur grosc
Taille des Arrhes. 71
seuv et leur longueur, et, si Ton ne. craint pas
de faire des vuides sur l'arbre , les tailler plutôt
au de là , qu'en deçà de la dite longueur.
Lorsqu'une branche est maigre et effilée, elle
doit être retranchée de plus de moitié \ si elle
est , au contraire, grosse et raccourcie, il ne faut
pas retrancher la moitié 5 lorsqu'une telle branche
garnie de boutons bien nourris et peu éloignés
les uns des autres , n'est pas terminale , c'est à
dire, sortant du dernier oeil de la taille, je la
coupe fort long-, et, si elle se trouve dans un
endroit assez garni de bois, comme elle est dis=
posée à porter beaucoup de fruit, je la palisse
entière en l'inclinant par l'extrémité, pour faire ou«
vrir les yeux les plus près de sa naissance -, ainsi
les bourgeons de la fig. 3 , taillés aux points 1 ,
2, 3, 4, auront assez d'yeux pour donner un bon
nombre de branches à fruit, et autant de branches
à bois, (peut être une de plus) que si elles n'é-
taient point taillées \ et pleines de vigueur, capa=
blés de faire de belleg productions et bien dispo-
sées pour garnir l'arbre régulièrement , connue
elles sont représentées, fig. 5.
Là taille a donc, comme je l'ai dit, deux
objets-, le premier de faire pousser plus près les
unes des autres, les branches à bois, qui seraient
trop éloignées pour garnir et couvrir l'Espalier,
en évitant cependant de leur donner de la confusion.
Le second, de convertir en branches à fruit,
tous les yeux qui ne sont pas nécessaires pour
produire des branches à bois.
Ï2 L'ami des Jardiniers.
Mais un principe clair, et que vous reconnaît
trez par l'usage , c'est que , si vous taillez trop
court, surtout les branches vigoureuses et fortes,
vous n'aurez que des branches à bois et point de
fruit ; et si vous taillez trop long, tous les boiu
tons, ou les jeux près de la naissance de la bran-
che taillée , ne s'ouvriront pas , et la partie sur
laquelle ils se trouvent placés , restera nue et
inutile.
2. Lorsque vôtre arbre mal taillé, ou même
taillé selon les règles , produit des branches à
bois mal placées, gourmandes, ou trop vigoureiw
ses, ou de faux bois, il faut examiner ce qui
peut leur avoir donné naissance et ne pas les re«
trancher imprudemment.
1. Si un bourgeon naît sur une branche malade,
comme, a , planche 7 ,fig. 2\ sur une branche,
bj que les plaies , les chicots, les calus, etc. ont
altérée ; sur une branche , c , fig. 6 , dont les veux
ont été ruinés-, bien loin de le traiter comme un
gourmand vicieux , je le conserve comme une
précieuse ressource, et je le taille comme une
branche venue dans l'ordre , pour le disposer à
remplacer les branches qui s'affaiblissent , ou qui
vont périr, et que je raccourcis jusques sur ce
bourgeon.
2. S'il en perce sur une branche coudée ou trop
penchée comme, /;, fig. 2\ en redressant cette
branche, b, la sève y reprendra son cours, le
gourmand profitera moins , et pourra être con»
serve ou retranché, selon qu'il sera utile ou né=
çessaire.
%
Taille bes Arbres. Î3
3. Si la naissance de ce bourgeon vient d'une
taille trop courte, il faut voir s'il peut être con«
serve, et on le. dirige en consc'quence. S'il faut
le retrancher, lorsqu'il a une certaine longueur,
on le rabat sur son sixième ou septième oeil, et,
vers la mi Juillet, on le raccourcit de nouveau
sur son deuxième ou troisième oeil , et il pourra
se retrancher à la taille suivante qu'il faudra alon»
ger à cause de cette suppression.
4. Si la naissance de ce bourgeon extraordi»
naire , n'a aucune cause apparente , il faut voir si
quelque nouvelle racine n'y a pas donné fieu; alors
il faut tenir plus longue la taille suivante , charger
l'arbre, c'est à dire, lui laisser plus de bois qu'à
l'ordinaire, et prendre les précautions de l'article
précédent, pour, supprimer ce bourgeon.
5. Il est rarement nécessaire de supprimer les
gourmands , et on ne doit k; faire, que quand ils
sont absolument nuisibles. Il fout, dts la fin de
May, examiner en détail , l'état de l'arbre*, on
trouvera presque toujours , quelques branches faî«
blés dans le voisinage des gourmands, et, en pla-
çant ceux ci dans une direction convenable, pour
leur faire remplacer ces branches , on les rendra
nécessaires, au lieu de les laisser, par négligence,
devenir nuisibles. Les jeux plats dont ces gour=
mands sont couverts , ne sont occasionnés que
par une direction trop favorable à l'action de la
sève, qui les alonge trop promptement, et qui,
par sa course rapide, ne s'arrête point aux yeux;
au lieu qu'en les inclinant, la sève y coulera plus
lentement; formera des yeux plus nombreux, ou
74 L'ami des Jardiniers.
moins éloignés, et les nourrira; car il est certain
que le nombre et la grosseur des boutons d'une
branche, dépendent du plus ou moins de lenteur
avec laquelle elle a pris son accroissement.
Une autre raison qui doit faire craindre de
supprimer les gourmands, c'est qu'ajant ordinai=
rement un fort grand empattement à leur nais=
sance , on ne peut les retrancher sans faire une
grande plaie à la branche qui les a produits , ce
qui est fort préjudiciable à l'arbre, et une source
intarissable de faux bourgeons. Lorsqu'il arrive
donc qu'il est indispensable de les couper, on ne
doit pas manquer de couvrir la plaie avec un mé=
lancre de terre et de bouze de vache.
7. On ne doit jamais manquer d'alonger et de
charger davantage les arbres à la taille, dans les
années où l'on fume et où l'on amende les Plate=
bandes des Espaliers, à moins que les arbres ne
soient vieux et en mauvais état. Sans cette atten=
tion, ils pousseront des gourmands de tous les
côtés , par rapport à l'abondance extraordinaire
de la sève; qui ne trouverait pas assez d'issues.
3. Les branches à fruit sont ainsi nommées ,
parce que leur unique fonction est de porter du
fruit. On en distingue plusieurs sortes.
1. Les petites branches à fruit, qui sont fort
grosses, à proportion de leur longueur, comme,
k, k, kvfig. 2 et 6, elles croissent si lentement,
qu'à peine elles parviennent à un pouce, ou un
pouce et demi, en deux ans. Elles en poussent
plusieurs autres en suite , et durent de 6 à 10 a»s.
Taille ses Arbres. 76
Quelques fois elles se renouvellent par de très
petits bourgeons, /, /, /, qui naissent de quel=
ques uns de leurs boutons, surtout de ceux des
bourses a fruit. (On nomme ainsi le bout des
petites branches à fruit, lorsqu'elles s'enflent et
prennent la forme d'une petite bourse, comme,
k, £, k. jïçj. 2 et 6.) Ces branches ne se taillent
point, mais les mêmes causes qui produisent les
gourmands , font dégénérer leurs yeux. Si les
bourgeons qui en proviennent sont très forts, ce
sont de vrais gourmands qui se traitent comme
tels j s'ils sont gros, court?, comme, o, o, o, o,
fig. 4 et 5 , bien garnis de beaux veux , on les
laisse entiers, tous leurs boutons se tourneront à
fruit; s'ils sont maigres, alongés , comme, ju,
m y ?n, m:fig. 2, 4 et 6, on les casse entre le
pouce et le tranchant de la Serpette , au dessous
de tout oeil enflé et apparent, ou un peu au des=
sus des rides ou anneaux qui sont à leur naissance,
et qui distinguent toute branche provenue d'un
bouton à fruit. Quelques fois on fait exprés dé«
générer ces branches , lorsqu'un arbre ne donne
plus que des branches à fruit, parce qu'il n'a plus
la force de pousser des branches à bois, et qu'il
pourrait devenir victime de sa trop grande fécon=
dite ; en taillant de ces branches à fruit à un oeil ,
elles produiront des bourgeons à bois, qui réta=
bliront l'arbre. Ainsi, en taillant les branches les
plus déterminées à fruit, on en fait des branches
à bois; et en cassant les branches à bois, comme
nous le dirons dans peu; on les convertit en bran»
ches à fruit.
76 L'ami des Jardiniers.
2. Les grandes branches à fruit, comme, // ,
n . a, fifj. 2 et 6, qui n'ont aucune ride, même
à leur naissance, ou insertion. Des la première
année elles prennent toute leur longueur de 3 à 6
pouces ; elles sont médiocrement grosses , bien
garnies de boutons, mais la pluspart peu renliés.
On les distingue facilement des branches à bois,
par leur position à angle droit ; au lieu que celles
à bois sont plus inclinées et courbées vers leur
naissance. Ces branches ne se taillent point,
mais les plus longues , lorsqu'elles sont placées
sur le devant de la branche, se cassent à une
longueur convenable , et alors leurs boutons pro=
émisent de petites branches à fruit, comme, p,
figure S. •
3. Les bourgeons courts, gros, garnis de bou=
tons bien nourris et peu distans les uns des au=
très, dont il a été parlé, peuvent être regardés
comme des branches à fruit, et employés à cet
usage; ils se palissent entiers, s'ils ne font point
confusion; ou ils jse cassent, tant pour les rac=
courcir, que pour faire ouvrir leurs jeux les plus
bas ; mais si l'endroit où ils sont placés, n'est pas
assez garni de bois, on les taille.
4. Les petits bourgeons, //, // , h, planche S,
fia. 3, très minces, effilés, sans corps, sans force,
qui sortent de toutes les parties de l'arbre, dans
l'ordre, ou contre l'ordre, ne peuvent être regar-
dés comme branches à bois ni à fruit, n'étant ca=
pables de nourrir ni l'un ni l'autre. On les retran»
che ordinairement, ou on les casse tout près de
leur naissance , pour en faire sortir une petite
Taille dis Arbres. 77
branche à fruit; ou, faute de meilleur bois, on
les taille à un oeil/ pour tacher d'en obtenir un
bon bourgeon.
5. Souvent les Poiriers bien portants poussent
des bourgeons forts, dont les yeux s'ouvrant dans
la même année, produisent des branches à fruit.
Bien loin de les supprimer, ou de les rabattre sur
les yeux placés avant ces branches à fruit, je les
regarde comme un bienfait de la nature, et j'alon=
ge leur taille jusques sur les yeux qui sont au de
là; mais si les bourgeons sont fort longs et gar*
tlis d'un grand nombre de branches à fruit , je
taille à un ou deux yeux quelques unes de ces
branches à fruit , et je les fais pousser à bois ,
afin de prévenir les vuidcs que laisseraient ces
branches à fruit, lorsqu'elles seraient épuisées.
4. Appliquons maintenant les détails précédents
sur un arbre en bon état, tel que le Poirier re=
présenté, planche S,fî(/. 1.
1. L'arbre étant dépalissé entièrement, et ne te
toyé de tout ce qui peut déplaire à la vue , ou
donner retraite aux insectes , comme mousse ,
vieilles écorces solde vées , chancres etc. Je le
considère, en général, pour reconnaître son état,
et les effets de la taille précédente ; ensuite j'exa=
mine chaque branche en particulier, pour en re=
trancher les onglets, chicots, bois morts, ou aU
taqués de maladies incurables.
2. Les branches à bois étant les plus impor=
tantes, et la source de toutes les productions, je
choisis les bourgeons les plus propres à cet usage,
L'ami des Jardinier».
et j'en taille le nombre convenable, pour bien gar-
nir l'arbre. Commençant par le bas, qui reçoit
le moins de nourriture, je n'y taille que les bour=
gcons forts , et les moyens , ces derniers fort
courts , les autres moins longs que je ne les tail»
lerai dans le haut de l'arbre, afin d'entretenir la
vigueur dans cette partie , en laissant à la sève
moins d'issues par lesquelles elle s'épuiserait en
branches chiffonnes. Je le décharge de tous les
petits bourgeons moins capables de faire des pro-
ductions utiles, que d'affamer ou d'amaigrir les
bonnes branches. Je casse quelques unes des
meilleures, pour en tirer du fruit, et je supprime
tous les autres.
S'il se rencontre quelque branche, a, fief* 1,
qui ne fasse que des pousses maigres, je la sup=
prime pour donner à ses voisines, la sève qu'elle
consommerait inutilement. En un mot, je ne con=
serve au bas de l'arbre , que ce qui est le plus
sain, le plus vigoureux., et le meilleur, et je sup=
prime tout ce qui est défectueux ou trop faible.
3. A mesure que je m'élève en taillant, je con=
serve d'avantage de petites branches, dont je casse
un grand nombre, pour les mettre à fruit, et je
donne à la taille , une longueur moyenne entre
celle du haut et celle du bas de l'arbre, ayant ce=
pendant égard au point où les branches du bas
s'étendront étant palissées; car, quoique l'on ne
doive pas faire faire la queue de Paon à un arbre,
en lui donnant une forme demi ronde par le des=
sus, quand il est palissé après la taille, il faut
pourtant que les branches du haut se retirent un
Taille des Arbres. 79
peu. pour que celles d'en bas n'en soient pas cou=
vertes, et profitent de l'air, des rosées et des pluies,
dont la privation les fait maigrir et dépérir.
4. Enfin étant parvenu au haut de l'arbre, je
ne supprime aucune des branches qui peuvent se
placer sans confusion j je conserve entiers les pe=
tits bourgeons les plus courts et les mieux garnis
de petits boutons, cassant les plus effilés, taillant
le nombre de bourgeons forts et moyens, conve=
nable à l'espace que j'ai à remplir , alongeant les
gourmands , et ravallant les branches faibles qu'ils
affament, supprimant même ces gourmands , lors*
qu'ils sont nuisibles par leur position. Je retran=
che les branches ruinées par des chancres; je
taille sur le 2. ouïe 3. oeuil, celles qui ont ces
bourgeons plus forts que les derniers , qui ne de=
viendraient propres qu'à porter du fruit, ou à faire
confusion , ou a taire prendre une mauvaise direct
tion à la branche.
Tous les bourgeons sur lesquels on a ravalé
ou détruit, doivent être taillés plus longs que les
autres. On casse près de leur naissance , tous
ceux qui sont inutiles. L'intérieur de l'arbre se
traite de la même manière, suivant la force, la
qualité, la position et la direction des bourgeons
qui y sont nés.
La suppression de la branche , a , laisse de
la place pour rehausser un peu la branche, £,
au palissage , et pour incliner davantage la bran=
che, c, et les supérieures, qui sont trop serrées.
$0 L'àMIDïsJa.RDINIIRS.
Enfin les ravalements et les retranchement!
faits au haut de l'arbre, donnent de la place pour
incliner toutes les brandies qui abusent de leutf
position trop droite, pour pousser trop vigoureux
sèment, au préjudice de celles qui sont inclinées.
Observations.
L'usage de casser des branches du Poirier et
du Pommier, se pratique ordinairement sans règle
ni raison. Trois sortes de branches sont propres
à cette opération, dont le but est de diminuer les
plaies et d'augmenter les branches à fruit; savoir
les bourgeons petits ou moyens , les branches
chiffonnes , et les petites branches provenues de
boutons à fruit dégénérés , c'est à dire qui se sont
mis à bois.
1. Les bourgeons qui ne peuvent se placer sans
confusion, et ceux qui sont nés sur le devant ou
sur le derrière de la branche, doivent être retran»
chés ; mais au lieu de les couper au raz de la
branche, on les casse à 4 ou 5 lignes de leur nais»
sance, au dessous de tout oeil, et on alonge un
peu la taille. De ces restes de bourgeons cassés,
il sort quelques petites branches à fruit, ou un
bourgeon que l'on éclate à l'ébourgeonnement j
ou qu'on retranche à la taille suivante, s'il est
inutile ou mal placé , ou s'il ne sert «à rien du tout,
et dans ce cas, on coupe ces restes à la taille
suivante. Par cette pratique, on décharge l'arbre
de bourgeons inutiles, qui sont souvent rempla-
cés par des branches à fruit, sans faire de plaies.
Taille des Arbres. 81
Si sur un arbre vigoureux , il se trouve un
£rand nombre de ces bourgeons inutiles , on peut
choisir entre les plus forts, ceux qui sont venus
sur les côtés des branches, et, autant qu'on peut
en placer sans confusion, les tordre près de leur
naissance, les tailler assez long et les palisser 5
par ce moyen ils ne tireront plus assez de sève
pour produire de forts bourgeons, mais assez pour
nourrir les branches à fruit qui pousseront de tous
leurs boutons , et pour empêcher de faux bois de
pulluler, ce qui arriverait infailliblement, si l'on
supprimait entièrement ces bourgeons inutiles.
Ainsi un habile Pépiniériste casse ou tord lés
bourgeons qui naissent le long de la tige de ses
jeunes élèves. La tige grossit et recouvre la base
de ces bourgeons , dont le progrès à été arrêté.
L'année suivante il les coupe au raz de l'écorce,
sans laquelle ils disparaissent bientôt 5 s'il les cou=
pait d'abord, il ruinerait ses arbres par les plaies*,
en les traitant ainsi , la tige profite de toute leur
sève, et se fortifie d'autant plus que son écorce
n'est ni entamée , ni altérée par aucune plaie.
2. Les branches chiffonnes se cassent au des*
sus du 2. ou 3. oeil renflé, afin défaire ouvrir les
yeux inférieurs , et de réduire les boutons au pe=
tit nombre qui peut prospérer sur ces branches
faibles.
3. Les petites branches provenues dfè boutons
à fruit, se cassent comme les chiffonnes; ou, si
elles sont très faibles, au dessus des rides de leur
base, sans y laisser aucun oeil apparent.
Tome I. £
b^ L ' À M 1 D £ » ,1 A R D1NIERS.
Cette opération n'a }3oii:t lieu sur les vieux
Poitiers et Pommiers - parce qu'en les surchar=
géant de branches à fruit, on les ruinerait entier
renient en peu d'années.
Dans les arbres gommeux, tels que les Pru=
niers, Abricotiers, Pêchers, etc. elle ne peut avoir
lieu, parce que la sève altérée et corrompue par
l'action de l'air sur la plaie que la cassure empo*
che de se fermer , se durcirait en gomme qui fe*
rait périr la branche cassée.
La cassure, seulement propre aux Poiriers et
aux Pommiers, se fait en deux saisons; à la taille
d'Hyver, comme il a été dit", et à l'ébourgeonne=
ment, comme il sera expliqué à cet article.
Lorsqu'un arbre s'étant trop alongé tout à l'en*
tour, est dégarni dans le bas et au milieu', lors=
que, pour tempérer l'excès de sa vigueur et le
mettre à fruit, on a été obligé pendant quelques
années, de le tailler trop long-, on le ravalle en*
suite sur les branches les plus basses, pour regar=
nir les vuides, pour le décharger et rétablir l'or*
dre et les proportions dans toutes ses parties ;
mais ce ravalement, surtout dans ce dernier cas ,
est quelques fois l'ouvrage de 4 ou 5 ans. En lç
faisant en une seule année, on ruinerait l'arbre
par les plaies et par le retranchement qu'il faudra
faire par La suite , d'une multitude de bourgeons
qui perceront confusément de toute paît. RavaU
1er, rapprocher, rappeller, démonter, rabaisser,
rajeunir, se reprendre, signifient dans ces cas,
presque la même chose.
Taille de $ Arbre*. 83
La Taille des vieux arbres doit se traiter à
peu près comme celle du bas d'un arbre dans sa
force; c'est à dire qu'il «e taille court, et seule»
ment sur les meilleurs bourgeons; qu'il doit être
déchargé de toute branche inutile ou faible; qu'il
ne faut casser aucune branche ; que tous les bour=
geons qui percent du vieux bois , pour peu qu'ils
montrent de vigueur, doivent être ménagés avec
soin pour regarnir les vuides , ou remplacer les
branches mortes ou prêtes à périr; qu'on doit ra*
valler d'année en année , les branches les plus
usées, pour essaier d'en faire sortir des bourgeons
propres à les renouveller; en un mot seconder
tous les efforts de sa vieillesse, et profiter de tou*
tes les ressources dont elle est encore capable,
pour soutenir et entretenir ses forces , prolonger
et rendre utiles ses dernières années; enfin, lors*
que la sève ne peut plus percer l'écorce trop dure,
ni couler dans des canaux trop resserrés , demi
desséchés, ef que l'arbre se dégarnit de toute part,
si sa tige et ses racines paraissent saines , on peut
le récéper jusque» sur la naissance des grosses
branches, couvrir ses grandes plaies, et espérer
qu'il repoussera des bourgeons vigoureux, qui le
rajeuniront et procureront une jouissance encore
longue ; mais si ses racines sont en aussi mauvais
état que ses branches , il faut l'arracher et lui
donner un successeur.
Il est, je crois, inutile d'observer, que si un
côté d'un arbre est plus fort que l'autre , le côté
faible doit être taillé court, et déchargé ; et le côté
fort alongé et chargé «omnie un arbre vigoureux.
F2
Si L'ami des Jardiniers.
Avant de terminer ce chapitre, il est bon de
faii •'.• connaître les différentes espèces de branches
et de productions du Poirier. Platic/te S.//V/. 3,
a, a . d . branches à bois. h. h . branches a fruit.
r, c, c , bourses à fruit, d. gourmand, ou bran*
che de faux bois. e$ e9 branches à supprimer,
parce qu'elles feraient confusion. f. ./", branches
ruinées sans yeux, g- g. petites branches que
l'on casse, au lieu de les couper, pour les faire
naître à fruit h. k9 branches chiffonnes que Ton
supprime entièrement, eu que Ton coupe à un oeil.
Chapitre XIII.
Du Palissage.
Le but du Palissage est de rendre un arbre
agréable, par l'ordre et la symmétrie que l'on met
dans toutes ses parties; de préserver ses branches
de la violence des vents; d'y augmenter ou mo=
dérer l'action de la sève, suivant le besoin et les
circonstances', de les rendre plus fécondes, et de
procurer aux fruits une maturité plus prompte et
plus parfaite, et des couleurs plus brillantes.
Ses règles sont d'étendre droites toutes les
franches , afin qu'elles ne soient ni coudées ni
tortueuses; de placer à distances égales entre
elles, les principales branches, ayant attention de
les rabaisser d'année en année, suivant le besoin,
pour regarnir le bas , et fournir de l'espace pour
baisser celles du haut, si les arbres ne sont pas
formés régulièrement 5 de disposer les autres bran=
ches de façon qu'elles ne laissent point de vuides,
Du P \ 1. 1 as v g e. êi
et que cependant les bourgeons qui en doivent
naître, puissent être placés sans confusion. Si
une branche a pris une mauvaise direction, il faut
la corriger ; si elle fait la trompette, c'est à dire,
si elle s'élève à sa naissance, perpendiculairement,
et ensuite se courbe en arc, il faut la rapprocher
de la branche d'où elle sort, en les embrassant et
les serrant ensemble avec un osier • par ce moyen
on lui donnera la direction qu'elle doit avoir.
Du reste, le Palissage est une affaire de goût,
d'intelligence, de bon sens et de justesse dans le
coup d'oeil.
Prenez garde de trop serrer les osiers, qui
étrangleraient les branches et formeraient des en-
foncemens préjudiciables ; c'est même pour cela
qu'il faut dépalisser entièrement les arbres chaque
année, parce que les branches, en grossissant,
se trouveraient trop serrées dans les anciennes
ligatures } ne faites point passer non plus les osiers
sur les jeux ; amenez doucement les branches ait
point où elles doivent être arrêtées, sans les for*
cer • ne les faites point croiser sans nécessité, cte.
Le Palissage étant fini , on place les abris ,
comme je l'indiquerai dans peu , pour défendre
les arbres des frimats et des gelées duPrintems.
sur tout dans les pays froids, où ils doivent être
placés dès le commencement ou le courant de Dé=
cembre *, ensuite on laboure les PJalebandes , pour*
vu que les arbres ne soient pas prêts à fleurir.
86 L'ami des Jardiniers.
Chapitre XIV.
De V Ebourgconnemcnt.
L'Ébourgeonnement est une opération plus im»
portante que la taille même, qui décide plus de
l'état et du sort d'un arbre, demande beaucoup
de discernement , et d'autant plus de légèreté et
d'adresse dans la main, qu'elle se fait sur un sujet
très délicat, sur des bourgeons cassans, dont les
feuilles tendres se déchirent et se détachent aisé-
ment, des fruits presque naissans , que la moin=
dre secousse peut faire périr.
C'est à la mi May , ou au commencement de
Juin, selon que l'année est plus ou moins avan«
cée , qu'il faut ébourgeonner les arbres , et sui«
Vaut qu'ils ont plus ou moins souffert des der«
niers froids.
Si l'arbre à ébourgeonner est vieux , ou ne
pousse que faiblement, il ne faut conserver que
les bourgeons les plus forts, les mieux places, les
mieux conditionnés, et retrancher tous les autres.
Si l'arbre est dans sa première jeunesse . on
choisira les bourgeons les mieux disposés et les
plus propres à lui assurer une belle forme, et à
devenir ses principales branches; ainsi on retraite
chera ceux qui seront inutiles ou mal placés \ mais
ce retranchement sera plus ou moins vigoureux ,
Suivant la force de l'arbre auquel il est quelque
fois nécessaire de laisser des bourgeons inutiles ,
pour consommer son trop de sève, qui produirait de
toute part, de faux bourgeons, ou des gourmands.
De l'Ébuurgeokkement. 87
Si l'arbre est forme , et dans sa force , et qu'il
pousse avec une grande vigueur, il faut de même
l"é bourgeonner sobrement, se contenter de n'y
rien laisser de confus , en conservant tous les
bourgeons qui peuvent se palisser, ne retranchant
que ceux, qui mal places, ou en trop grand nom»
bre, amaigriraient les autres, et les gourmands
dont on sera sûr de ne pouvoir faire usage. Sou*
vent même il vaut mieux casser ou couper ces
gourmands à moitié de leur longueur, pour arrê=
ter leur progrès, en forçant la sève à s'ouvrir de
nouvelles issues , et à se partager à plusieurs bour=
geons, qui naîtront de leurs jeux, et différer leur
suppression à un autre tems.
Enfin si l'arbre à e'bourgeonner est sage et
modéré dans ses productions, et surtout, s'il a
retenu beaucoup de fruit, on ne doit lui laisser
aucuns gourmands , ni bourgeons inutiles , afin
que la sève qu'ils dissiperaient, serve à nourrir
les fruits, à soutenir et augmenter la force des
bourgeons conservés.
1. Si du même noeud il est sorti plusieurs bour=
geons, il faut les réduire à un seul, le plus beau
et le mieux placé. 2. Ne conserver aucun bour=
geon malade ou défectueux. 3. Si quelque oeil
d'une branche ou d'une bourse à fruit , a dégénéré
en bourgeon, ne pas y toucher, surtout lorsqu'il
a arrêté du fruit sur cette branche, ou bourse.
4. Si depuis la taille il a péri quelque branche,
en remettre le retranchement à la taille suivante,
et disposer le bourgeon qui se présente le mieux
pour la remplacer. 5. Ne pas s'occuper seulement
S» L'ami uns Jardiniers.
du besoin présent, mais ménager de bons bour-
geons dans tous 1rs endroits de l'arbre où Ton
prévoit qu'il y aura des bourgeons à remplacer,
l'année suivante. 6. Le Palissade doit se faire en
même tems que l'Ebourgconneinent; je suis même
dans l'usage de palisser tous les bourgeons que
je conserve, avant de retrancher les autres, afin
que si quelques uns se cassent, se décolent, ou
ne fassent pas un bon effet au Palissage, je ne me
trouve pas sans ressource. 7. En palissant il faut
étendre les bourgeons de toute leur longueur ,
sans les croiser ni leur laisser prendre aucun mau=
vais pli, aucune tournure gênée; les espacer de
manière qu'ils ne se cachent pas entièrement l'air
m le soleil, et que les fruits ayant de l'air, ne
soient pas entièrement exposés aux rayons du
soleil. 8. Far Ebourgeonncment, on ne doit en«
tendre que la suppression des bourgeons surnu=
méraires, nuisibles aux arbres faibles, incapables
d'en nourrir un plus grand nombre , ou aux arbres
vigoureux qu'ils rendent confus, et non pas une
suppression rigoureuse de tous les bourgeons qui
Seront inutiles à la taille suivante \ car alors il faut
qu'il .s'en trouve pour pouvoir choisir, ou pour
remplacer tout re que î'îlvver, les maladies, ou
les accidents auront endommagé, ou fait périr.
En faisant un nouveau Palissage au mois de
Juillet, il faut faire iu^ nouvelle revue, tant des
bourgeons* conservé? a J'Ebourgeonnement. que
de ceux qui ont poussé depuis, et délivrer les
arbres vieux ou languissans , d* tout ce qui est
imrtile; mais les arbres vigoureux demandent un
De l'Ébourgeomnement. 89
autre traitement 5 il faut casser au dessous des
veux, les pousses survenues depuis l'Ebourgeon=
nement , et les bourgeons nos des branches ou
des bourses à fruit. Si l'on a été obligé de conx
server un trop grand nombre de bourgeons, pour
amortir la fougue de l'arbre, et qu'ils se nuisent
les uns aux autres, ou aux fruits } on en casse
alors quelques uns ça et là, pour les éclaircir et
procurer aux différentes productions de l'arbre,
la jouissance du soleil et de l'air, nécessaire pour
les aoùter, les perfectionner et les mûrir. Enfin,
pour plus grande régularité, on fait un troisième
Palissage au commencement de Septembre.
Toutes ces règles sont communes aux arbres
en Contre =r Espalier j en Palissade, en Eventail}
la seule différence est que ceux ci ont une dou=
ble face.
On trouvera à chaque espèce d'arbres fruitiers
de ce recueil, et aux différentes variétés de cha=
que espèce , la manière particulière dont ils doi=
vent être taillés *, car un Poirier de saint Germain,
ou de Beurré, qui se met promptement à fruit,
ne veut pas être conduit comme un Poirier de
Virgouleuse, de Bonchrétien d'Hyver etc, , qui por=
tent 1res tard, parce qu'ils s'élancent en bois, et
qu'il faut; les tailler très peu, les alonger et les
surcharger de petites branches, sans quoi ils coin*
menceraient à peine à 12 ou 13 ans, à porter7 queU
qwes fruits. Presque chaque variété a un carac=
tère propre, qui exige quelque différence dans
le traitement ; il faut qu'un Jardinier étudie lui
même la conduite convenable à ses différents
90 L'ami des Jardiniers.
arbres, et quelques attention et observations, la
lui feront connaître en quelques années.
Ce que nous avons dit jusqu'ici de la taille des
arbres, regarde particulièrement les Poiriers et
les Pommiers j voyez aux articles des autres
arbres, celle qui leur convient; mais comme le
Pêcher demande des soins particuliers, qui lui sont
propres, et qui exigent des détails assez considé=
râbles, je ferai un chapitre exprès pour cet arbre
intéressant.
Chapitre XV.
Taille du Pécher.
C'est de la Taille que dépendent la vie , la santé
et la fécondité du Pêcher, ainsi que la beauté de
ses fruits. Les autres arbres vivent longtems sans
être taillés 5 mais le Pêcher' dure très peu, quand
on lui refuse, ou qu'on néglige celle opération.
Je suppose que l'on n'ait point taillé les trois
derniers bourgeons d'un Pêcher , à la longueur
convenable, mais qu'on les ait laissés entiers, on
les trouvera l'Automne suivante , avant poussé de
leurs derniers yeux , quelques bourgeons assez
forts ', mais des autres yeux plus en arrière et les
meilleurs , il ne sera sorti que quelques bourgeons
minces, effilés, dépourvus de boutons dans le bas,
en ayant très peu de doubles et de triples dans
\c brait, et la pluspart étant trop faibles, non seu=
iement pour produire et nourrir d autres bour=
.e.rons, ou pour porter du fruit, mais pour se sou=
tenir eux mêmes cfe résister à l'Hyver j de sorte
Taille du Pêcher. Si
que l'année suivante, ces branches seront mus.
ou n'auront que des brindilles desséchées } cusorte
que, si l'arbre est abandonné à lui même pendant
quelques années , il n'aura plus de verd que les
extrémités , et il ressemblera plutôt à un Bouleau
mort, qu'à celui qui doit faire l'ornement d'un
Espalier.
Mais , si vous taillez les bourgeons dont je
viens de parler, la sève n'ayant à travailler que
sur un petit nombre d'yeux, elle en fera sortir
des bourgeons capables d'une longue durée, dont
les boutons bien nourris seront lapluspart doubles
ou triples, qui seront propres, par leur vigueur,
les uns à fournir des sucs abondants à un grand
nombre de fruits \ les autres à multiplier les bour*
geons nécessaires à la forme régulière, à la fé«
condité et à l'étendue de l'arbre.
La Taille du Pêcher est donc nécessaire, et
quoi qu'elle ait rapport à celle du Poirier, voici
en quoi elle, en diffère.
On distingue, sur le Pêcher, trois sorte d'yeux,
ou boutons: 1. de simples, qui produisent un bour*
geon, ou une fleur :, 2. de doubles, qui produisent
un bourgeon et une fleur. 3. De triples, qui pro*
duisent un bourgeon entre deux fleurs. Il y a
des variétés du Pêcher sur lesquelles il s'en trou*
ve qui ont des yeux rassemblés au nombre de 4 à 8,
Les yeux simples à bois , sont propres aux
bourgeon vigoureux , dont la croissance est trop
rapide, pendant la première sève , et qui n'ont
ordinairement de? j-eux doubles et triples, que
92 L'ami dfs Jardiniers.
vers leur extrémité, qui a été fonhé par la der=
hière sève, moindre dans sa quantité, et plus
iente dans son action. Quelques fois même les
jeux doubles et triples de ces derniers bourgeons,
donnent des branches au lieu de fleurs.
Les yeux simples à fleur , sont propres aux
branches chiffonnes, et aux bourgeons che'tifs,
dont la sève n'est pas suffisante pour produire des
jeux doubles, ni même un grand nombre d'yeux
simples à boi3.
Les jeux doubles se forment sur les bourgeons
faibles, dont la quantité de la sève tient le milieu
entre celle des bourgeons moyens et celle des
bourgeons très faibles.
Enfui les bourgeons moyens ont la pluspart
de ieursyeux triples, produits par la modération
de la sève.
Il ne faut jamais tailler sur un oeil simple a
fleur, qui ne donnerait point de fruit, puisqu'au=
çun fruit ne peut réussir, s'il n'est acompagné de
feuilles, ppur préparer sa nourriture.
Lorsqu'on taille sur un oeil double en triple ,
il faut examiner et s'assurer si l'oeil à bois est sain ,
afin que ce bout de la taille ne devienne pas un
chicot sec et désagréable à la vue, et préjudiciable
à la branche, par la gomme à laquelle il e$t pres=
que toujours sujet.
Nous nommerons branches à boïsy sur le Pc*
cher, tous les bourgeons forts, soit naturels, soit
gourmands 3 soit de faux bois, parecqu'ils sont
Taille du Pécher. 93
seuls propres à en produire de semblables , et à
fournir de bon bois, pour l'agrandissement de
l'arbre : et Branches à fruit, les bourgeon* mojfe
ens faibles . qui n'en peuvent produire que de
tels ; mais qui sont plus féconds en fruit qui noue
mieux sur eux que sur k»3 bourgeons forts, par=
ceque la sève y coule avec moins d'abondance et
de rapidité'.
Les branches à bois se taillent à une longueur
proportionnée à leur force, depuis 6 pouces,
jusqu'à 3 pieds*, et, si elles sont garnies de quel=
ques petits bourgeons, on en taille d'un à trois
yeux, suivant leur force, autant qu'on en peut
placer.
Si quelque taille , que l'on a été obligé de faire
très longue, "par la crainte des gourmands, du
faux bois, ou d'autres désordres, n'a produit des
bourgeons que vers son extrémité . l'année siù=
vante on la ravale sur les bourgeons les plus bas,
qui se taillent en nombre suffisant, et à des lon=
gueurs capables de fournir à la sève, assez d'issues,
afin de rapprocher , autant qu'il est possible ,
ce nouvel étage de branches de l'ordre inférieur,
qui en serait trop éloigné , et qui en serait séparé
par une branche toute nue.
Si, sur une autre taille, il est venu un ou plu=
sieurs gourmands, à la taille suivante on la ravale
sur le plus fort, et dans le cas où il s'en trouve
une autre plus faible au dessous, on le taille aussi,
s'il peut se placer avantageusement *, car la 3irp*
pression des gourmands doit être encore plus rare
94 L'ami dus Jardinil r j,
sur le Pêcher^ que sur les autres arbres, et ils
ne sont jamais retranchés qu'au préjudice, et sou-
vent à la ruine des branches naturelles.
Cependant, lorsqu'un gourmand vient dans une
place où il ne pourra être employé, dès la fin de
Mai, on le rabat vers la moitié de sa longueur;
environ trois semaines après, sur son 5. ou 6.
oeil j Enfin à la mi Juillet, sur son 2. oeil, afin
d*essaier de le réduire à deux branches à fruit
moyennes, ou de le préparer à être retranché à
la taille , avec moins d'inconvénient.
Lorsqu'un bourgeon Vigoureux se trouve gar=
ni de branches à fruit, qui ont poussé dans la
même année, la pratique ordinaire est de le tail»
1er sur un oeil en deçà de ces branches. Il faut,
au contraire, lalonger audelà, et tailler à deux ou
trois yeux, autant de ces branches à fruit qu'on
en peut placer sans coufusion, tant pour se pro=
curer des fruits, que pour faire naître de bonnes
branches à fruit de celles ci; mais comme ce bour=
geon ne peut subsister Iongtems, et s'épuise qucl=
qucfbis dès la première récolte, lorsqu'elle est très
abondante, il faut choisir un autre bourgeon le
plus près de. la naissance de celui là, et le tailler
à un ou deux yeux pour leur faire pousser un jet
vigoureux, que l'on forme et que l'on dispose à
remplacer l'autre. S'il ne s'en trouve point, ou s'il
n'y en a aucun de placé avantageusement pour cet
usage, il faut courber le bourgeon vers sa nais*
sance , et faire naître du milieu de la courbure/ ce*
lui qui est nécessaire pour le remplacer. Cette vaé*
thode , en rapprochant et rajeunissant les branches
Taille du Pic h ïr. 95
d'un Pêcher, est plus favorable à sa durée, que
l'usage de tailler longtems sur les mêmes bran=
ches , qui, au bout de quelques années, ne sont
qu'une suite de plaies et de cicatrices.
Les branches à fruit se taillent pareillement
suivant leur degré de force. Les fortes , planche
S>,fio. 2. qui ont environ trois lignes de grosseur
et qui sont garnies d'yeux triples biens nourris,
et peu éloignés les uns des autres, se taillent à
4, ou 6. yenx. Les moyennes , b , qui ont aussi
les yeux triples, se taillent à 3 ou 4 yeux. Le
nombre des branches à fruit, tant fortes que moy=
ennes, et la longueur de leur taille, se règlent
aussi sur Vàge , la force et l'état de l'arbre, c'est
à dire, plus ou moins longues. Les branches faî=
blés , dont les yeux ne sont que doubles pour la
plus part, se taillent à 3 yeux pour fruit, s'il
n'y a pas assez de fortes et de moyennes ; ou à 1
ou 2 yeux, qui donneront de bonnes branches à
fruit moyennes pour l'année suivante, propres à
remplacer celles qui seront usées, épuisées,
mortes ou malades. Dans cette vue il faut tailler
à deux yeux, autant de ces branches qu'on peut
en placer sans confusion* les alonger et tirer à
fruit dessus est une mauvaise pratique , qui les
surcharge, les rend incapables de nourrir ensem*
ble du bon bois , et inutiles polir les années suU
vantes.
Il se trouve encore sur le Pécher , une autre
sorte de branche , c , beaucoup moindre que les
précédentes, et qui n'a d'autre usage que de por«
ter du fruit. Quelquefois elle n'a qu'un pouce on
96 L' A M I 1)E S J A RDI M . - P. :,
deux de longueur, et est assez grosse; quelque-
fois elle a jusqu'à 6 pouces, et est [uns mince-,
dans toute sa longueur, elle est bien garnie de
gros boutons a fruit , terminée par un amas , ou
grouppe de pareils boutons, et un seul oeil a bois.
Si cet oeil manque, on la retranche, pareeque le
fruit ne tiendrait par sans feuilles; s'il y est. on
conserve cette branche précieuse entière, dans
quelque position et direction qu'elle se trouve.
Quand aux chiffonnes, comme, d f maigres,
effilées, dont tous les veux sont simples, elles se
retranchent, comme ne pouvant donner ni fruit j
ni bon bois, à moins qu'il ni ait un vuide qui obli*
ge de s'en servir à défaut d'autre -, alors on les
taille à un oeil.
N'oubliez jamais, en taillant un Pêcncr j 1. qu'il
ne pousse que sur le jeune bois , et qu'ainsi il
faut lui en faire produire de nouveau, chaque an=
née. 2. Ouc le bois qui a produit une fois, de-
meure nudj qu'il faut donc le faire naître le plus
près qu'il est possible, des branches mères, afin
que l'arbre soit garni et fécond" au milieu comme
aux extrémités. 3. Quoique le Pécher reperce difFu
cilement , cependant, si cela lui arrive, il faut
profiter de ces productions extraordinaires , pour
remplacer les branches épuisées.
Ouelques amateurs craignent de jetter bas le
plus grand nombre de boutons à fleurs dont les
branches à fruit sont chargées, et en conséquence,
ils alongcnt la taille des branches qui portent jus*
qu'à 20 bons. yeux, tant doubles que triples; mais
ce. retranchement, loin d'être nuisible, assure la
Taille du Pécher.. $7
conservation de l'arbre et des fruits} car, si on
laissait sur un Pêcher tout ce qui paraît devoir
porter du fruit , on verrait que si cela réussissait,
il serait trop chargé des deux tiers , et la plus»
paît des fruits tomberaient avant d'avoir atteint
la moitié de leur grosseur. Il faut donc sacrifier
l'agréable à l'utile, et assurer la santé de l'arbre
en même tems que ses productions , et considérer
que le ravalement et le rapprochement sont aussi
nécessaires au Pêcher, qu'ils sont nuisibles au
Poirier, au Pommier, etc.
Tl arrive souvent que la cloque qui attaque le
Pêcher au Piïntems, ou les pluies froides, qui
durent quelque fois jusqu'à la fin de May , et
même en Juin , font avorter les premiers yeux,
des branches et empêchent les yeux, doubles et
triples de s'y former; de sorte qu'il faut, à la taille
suivante, sacrifier le fruit à l'arbre , ou nuire à
l'arbre par une taille trop alongée, en faveur du
fruit. Pour éviter ces deux extrémités, on taille-
à l'ordinaire, et même un peu plus court \ mais
on conserve, on alonge beaucoup, et l'on plaça
en hors d'oeuvre , un nombre de branches à fruit
bien garnies de bons yeux. Celles qui porteront1
du fruit, pourront être retranchées après l'IIyver
suivant. Celles qui n'en retiendront point, et qui
ne feraient que de la confusion , seront supprU
mées dès l'Ébourgeonnement ] mais elles seront
coupées à demi pouce de leur naissance ; et non
à fleur de la branche d'où elles sortent \ car il
vaut mieux souffrir le difformité de ces onglets .
(jui disparaîtra à la taille suivante, que de fairç
Tome I, G;
$d L'ami ue» Jakuiniir-s.
des plaies plus dangereuses, pendant la première
sève, que dans toute autre saison. Voyez l'article
du Pincement, ci après, qui est préférable.
Dans les années sèches, presque tous les jeux
des Pêcher», surtout de ceux dont la vigueur est
médiocre, sont doubles on triples; mais au Prin»
tems suivant, la pluspaii de leurs fleurs se trouvent
stériles. Ce défaut, vienl de la faiblesse des sujets,
qui, faute de nourriture, n'ont pu suffire à un trop
grand nombre d'embryons , ou fruits naissants.
Pour Je prévenir, il faut, pendant l'Été, jetter mi
pied des arbres, quelques arrosoirs d'eau mèiee
de jus de fumier.
Chapitre XVI.
Manière d'abriter les Arbres*
Les abris étant nécessaires aux arbres en Es«
palier, mais surtout aux Pêchers et Abricotiers,
on a imagine différentes méthodes, pour ! es pré-
server des gelées de l'Hj ver et des fiimats du
Printcms.
1. Les Auvents faits de Paillassons . ou de
planches légères, et posés en pente sur des piquets1
plantés sous le chaperon du mur, garantissent le
haut, des arbres de la gelée, des pluies froides,
des brouillards, des rayons du soleil, etc.
Des Paillassons attachés dans le bas du mur à
8 ou 10 pouces des arbres, défendent cette partie
des mêmes injures et de l'humidité froide de la
terre. Enfin d'autres Paillassons placés au dessus
Abris des Arbres, 99
de ceux ci, à la même distance des arbres, aehc*
vent de les couvrir, mais que de soins, de peines,
de soucis, cette méthode ne donne = t= elle pas?
(Tailleur la moindre négligeanee à ôter ou à re-
mettre ces couvertures à propos , peut tout per=
dre , non compris la dépense et rembarras de
ces abris.
2. Quelques personnes riches font assembler y
Lais à Lais, de la toile à emballage, ou treillis
des Tapissiers , du tissu le plus clair que l'on
peut trouver. On en forme des pièces de la hau>
teur des murs, moins S ou 9 pouces, et de lar=s
geur à volonté, c'est à dire, suivant la longueur
des Espaliers. On fait tout au tour , un ourlet
dans lequel on renferme une ficelle , pour plus
grande solidité. On y pas/e, de distance en dis=
tance, des ficelles, oueffrdons, tant pour joindre
ensemble ces pièces, que pour les attacher par le
haut et par le bas. On enfonce dans la Platcbande
de l'Espalier, à 5 ou 6 pouces des arbres, et à 7
à >s pieds l'une de l'autre , des perches qu'on lie
sous le chaperon du mur. On place sur ces per=
ches . en travers, trois rangs de lattes ou bague bâ-
tes , un en bas, un au milien, et le troisième dans
Je haut. Attachez vos toiles sur le rang d'en haut
et sur celui d'en bas, de façon quelles soient tei:u
dues. Assemblez les pièces, et aux deux extré=
mités de l'Espalier, placez une torche de paille,
ou des branches d'arbres , pour fermer l'entrée
aux. vents, ou pour les briser. Dans les tems fort
rudes, garnissez le bas de litière. Ces couvertifa
res n'exigent aucuns soins, depuis qu'elles sont
G 2
100 L'ami vols, Jarimnïlrs.
placées, jusqu'à ce qu'on les retire-, mais elles
Goûtent beaucoup et ne durent pas, à inoins qu'on
ne les mette chaque année dans une lessive de tan
fin que l'on fait bouillir pendant, environ une heure
dans de l'eau , et dans laquelle on les lait tremper
pendant 24 heures. En les retirant on ne les tord
point, mais on les met sécher en les étendant dans
lui lieu bien airé^ avant de les plier pour les
serrer.
3. Voici le moyen aussi simple que bon, dont
je me sers et dont je garantis le succès.
Je commence par établir au haut des murs, dès
le milieu du mois de Décembre . les Auvents, ou
petits toits en pente, dont il est parlé au 1. article
ci dessus. Un pourrait même s'en passer, si le.
chaperon du mur déborde de 8 pouces. Ensuite
je plante le long de la Platebande, à un pied et
demi de distance des arbres , et à 1 ou $ pieds
l'une de l'autre, des perches dont la hauteur aille-
jurques sous le chaperon où j'attache leur extré*
mité à un piquet ou cheville à tète. La grosseur
de ces perches doit être proportionnée à leur lon=^
gueur. Si le mur n'a que 8 pieds, elles pourront
n'avoir que 15 lignés^ mais si L'Espalier a 12 pieds
et au de là, il faudra des perches de 2 pouces à
2 pouces et demi, dans leur milieu, pour les ren«
dro fermes. Il est inutile de dire qu'on leur fait
une pointe par le bout d'en bas pour les enfoncer
de 6 pouces dans la Platebande.
J'attache sur ces montants, en travers, avec
des Osiers, 3 ou 4 rangs d'autre perches plus pe=
tites -, savoir, un rang dans le haut, un dans le
A B R r.S D F."S A Rl'.RES, 101
bas à un pied de terre , et un ou deux dans le
milieu, selon la hauteur du mur. En nu mot,
je forme avec ces perches , qui peuvent être de
toute sorte de bois, un bâtis! grossier, sur les
traverses duquel j'attache de distance en distance,
des brandies de Genévrier, de Sapin, d'Epieé%
•de Pin, d'Olivier, de Charmille, de Hêtre ou
Poyard, avec leurs feuilles sèches; ayant soin de
tourner les branches de manière qu'elles soient
renversées , afin que les frimais et les pluies froi«
des glissent mieux, par dessus; du Genêt, même
de la paille de pois -, en un mot toute espèce de
matériaux avec lesquels je forme un tissu clair,
qui brise l'air et les vents , sans les intercepter
entièrement, et qui laisse jouir les arbres places
dessous, de l'influence du soleil, sans laisser tom=-
ber directement sur eux ses rayons. Par ce moyen
j'empêche la neige, les giboulées, le verglas, et
la trop forte gelée de pénétrer; le froid de la nuit
ne succède pas sur le champ à la chaleur du jour,
mais l'un et l'autre sont tempérés , et les arbres
éprouvent le même effet que l'on ressent dans une
forêt claire, ou peu épaisse, où l'on jouît d'un air
doux, quoiqu'il soit froid au dehors, parce qu'il
est brisé et tempéré par les tiges et les branches
des arbres , qui s'opposent à son passage direct.
Mais je dois prévenir, que dans les climats froids,
les branches d arbres verds sont préférables à toute
autre chose, parce qu'ils brisent mieux les vents,
arrêtent mieux les fritnats, et qu'ils contiennent
une résine extrêmement favorable aux plantes ,
pendant la saison rigoureuse. Or comme on trouve
de cet arbres dans tous les climats froids, et par*
102 L'ami des Jardiniers-
ticulièrement des Genévriers, qui sont les mciU
Jcui'6 ^ il est facile de se procurer cette ressource.
Ouand aux climats méridionaux, tels que la pro=
vence, où les frimats sont moins fréquents, mais
où le vent du Noi d-E;t, qu'on nomme Mistral, et
qui souffle le froid tout à coup et avec impétuosité",
au mois de Mars ou d'Avril, peut faire périr en une
matinée les fleurs , ou même les jeunes fruits ; les
branches d'Olivier, rie Genêt, de Laurier même,
sont excellentes pour garantir les Espaliers.
On peut placer ces Abris, comme je l'ai dit,
dès le milieu du mois de Décembre, pour les lais»
ser jusqu'à la fin d'Avril, et même au mois de May,
lorsque les fruits seront noués et arrêtés ; mais il
faut avoir soin de les élaguer ou éclaircir, lors*
qu'on s'apperçoit que les Espaliers commencent à
fleurir, afin de les accoutumer peu à peu à l'air.
Cela se fait en coupant, de tems en tems , quel-
ques branches, avec la Serpette, ou en les de'ta*
chant de distance en distance. Enfin lorsqu'on
est sûr que les fruits n'ont plus rien à risquer, on
profile d'un tems sombre ou pluvieux, pour enle=
\er le reste des Abris.
On sent donc qu'il faut avoir nécessairement
égard au climat et à sa température, pour former
ces Abris plus ou moins serrés ou épais , et ponr
le tems qu'ils doivent rester en place. Dans les
pars (In Nord, par exemple, il faut bien se garder
de les enlever entièrement avant le mois de Juin,
et surtout, tenir toujours des matières prêtes poul-
ies regarnir en cas de besoin. On peut tailler les
Espaliers que l'on abrite , avant de les couvrir^
Aurais des Akrhks, 10£
.c'est à dire , même avant l'Hyver. Mais si l'on
veut différer la taille, il est aisé de détacher les
Abris et de les remettre, à mesure que l'on fait
cette opération.
4. Quelques personnes plantent devant leurs
arbres, deux rangs de perches de Charmille, d'Or-
me, de Foyard, ou de Bouleau, garnis de brin=
dilles, de manière que les perches du seeoiid rang
soient placées vis à vis l'entre deux de celles du
premier, et que les petites branches ou brimé.
des unes et des autres se touchent, et même se
croisent ensemble j cela produit à peu près ie
même effet, pour briser l'air, que la méthode
précédente; mais, 1. il faut beaucoup plus de
matériaux. 2. Ces Abris ne sont pas faciles à
éclaircir, lors de la pousse des arbres, car il faut
ôter une perche entière a chaque place. .3. Il est
impossible de rien mettre dans la Platebande, ou
d'approcher des arbres. 4. On ne peut se servir
d'arbres verds dont la résine est le meilleur pré=
servatif contre la gelé* et- les frimats.
On peut abriter de la même manière, les Con=
tre- Espaliers, les arbres en Eventail, les arbres
nains et les basse -tiges, en soutenant les matiè=
res à abriter, avec des petites perches rabotéu=
ses . ou garnies de kr'ms coupés à quelques pou=
ces de la tige; que Ton plante, en les inclinant,
de ehaque co'é des Eventails et des Contre^ Es-
paliers, et à l'entour des arbres nains, auxquel-
les on attache les branches d'arbres verds ou au=
Oc-: , soit avec de i'oiicr, soit eu les accrochant
304 L'ami des Jardiniers.
simplement par leurs fourches , aux crochets des
petites percjies.
A ï*égâïd des arbres en plein «vent, on sent
rpie cette méthode leur serait difficilement appli=
cable. J'ai cependant abrité des Abricotiers en
plein s vent, en plantant au pied une forte perche
plus élevée que le sommet de l'arbre, au dessus
de laquelle j'avais adapté une virole avec des cro*
chefs qui soutenaient par un bout, 7 à 8 petites
perches dont les bouts àen bas était attachés à*
un grand cercle qui les étendait comme les balei=
nés d'un par = à = pluie ; je fixais ensuite sur ces
espèces de rayons , d'autres petites perches en
travers , sur lesquelles j'attachais les branches
d'arbres verds; et autres. Mais je conviens que
l'exécution est difficile, et que quand on a beau»
epup d'arbres en plein-vent, il faut y renoncer;
c'est réellement une cchaflaudage pénible et em=
barrassant.
J'indiquerai donc pour les vergers, ou planta*
tions dont les arbres sont rassemblés dans un es=
pace de terrein quelconque, de faire, au teins de
la fleur, une fumée épaisse, de distance en dis»
tance, avec des matières à moitié sèches, du l'u=
mier en partie consommé , ou autre chose qui ne
jette point de flamme. Il faut s'y prendre avant
le lever du soleil, car c'est le moment critique;
si ie soleil a donné sur les arbres fleuris, après
la gtléc , ils sont perdus; et, pour s'en assurer
Ou n'a qu'à regarder le pistil, ou aiguille, qui se
trouve au milieu de la fleur; s'il est brun et lanné,
le Fruit est perdu.
Abri? dus Arbres. 105"
C'est ordinairement la dernière matinée froide,
■après plusieurs jours d'un vent sec et froid, qui
sou/île en Avril , que les Heurs sont gelées. Il
s'élève , pendant la nuit un brouillard épais et mal
sain qui se congèle, à la pointe du joui", le ciel
s'éclaircit ensuite au lever du soleil , dont les
rayons faisant succéder subitement leur chaleur
à cette gelée , détruisent en un instant les plus
belles espérances. >
Surveillez donc, et guettez soigneusement ce
moment , et quand même il n'y aurait que des
brouillards, sans gelée, faites toujours de la fu»
mée dès le matin , et vous ferez périr du moins
les insectes malfaisans qui accompagnent ces
brouillards.
Ce que je viens de dire suffit aux amateurs
et aux Jardiniers qui ont un peu de bon sens et
d'intelligence, pour les guider dans une opération
aussi importante que la conservation des fruits
naissans, qui demande toute l'attention des cul=
tivateurs. En tout cas, que la méthode que j'ai
indiquée à l'article 3. , trouve des critiques ou
ou non, je la donne pour la plus certaine, la
moins dispendieuse, la plus facile à exécuter, et
je déclare crue c'est moi qui l'ai mise le premier
en pratique-, je conviens que d'autres personnes
avant moi, ont abrité avec des arbres verds *, mais
on ne les a point employés de la même manière \
on les appliquait in±rné
duire de nouveaux bourgeons, jusqu'à la mi.sep=
tembre, il faut en faire . pendant l'Eté, plusieurs
nouveaux retranchements ; de sorte qu'on peut
regarder l'ébourgeonnement de cet arbre, comme
une opération continue , depuis May jusqu'en
Septembre.
S. Le Palissage du Pécher consiste, comme
celui du Poirier, à le répéter autant de fois que
les bourgeons auront besoin d'être soutenus con=
tre le vent, la pluie et leur propre poid.
Pincement.
On pince les jeunes bourgeons, pendant qu'ils
sont encore assez tendres, pour être coupes avec
105 L'ami des Jardiniers.
l'ongle. Cette opération se Tait en Mav et Juin ,
sur les gros bourgeons seulement , et jamais sur
le bourgeons faibles \ dans le haut de l'arbre , et
non dans le bas , où le bois ne saurait être trop
fort, et où il faut plutôt diminuer qu'augmenter le
nombre des petites branches.
Le Pincement à lieu, 1. Sur toute sorte d'ar=
près, dont il faut multiplier les bourgeons, ou en
afiamlir quelqu'un, en partageant sa sève entre
plusieurs auxquels il donnera naissance, et qui
seront propres à devenir branches à fruit.
2. Sur les Pêchers, que la Cloque, ouïes froids
du Printems affaiblissent et font languir, de sorte
que les premiers noeuds des bourgeons ne portent
qu'une feuille, et par conséquent, un oeil simple.
En pinçant une partie des bourgeons à deux bons
yeux les plus bas, ils donneront de bonnes bran=
ches à fruit pour L'année suivante.
3. Sur les Pêchers auxquels une vigueur ex=
cessive oblige de baissera rébourgeonnement, des
bourgeons forts, qui ne pourront s'emploier à
la tailie, mais qui trouveront place comme bran»
ches à fruits fortes ou moyennes. Comme le cas»
sèment convertit en petites branches à fruit, les
bourgeons superllus , ou mal placés du Poirier ,
ou du Pommier^ ainsi le pincement change en
branches de même espèce , ces bourgeons du
Pêcher, et lui épargne les plaies que leur retran-
chement occasionnerait.
On peut traiter de même tous les arbres trop
ureiOL , et par conséquent stériles, qui ne
dousj e de gros bourgeons à boi*.
Maladies des Arbres. 109
Chapitre X V 1 1 1.
Des Maladies des arbres.
1. La Jaunisse est une maladie commune à
tous les arbres , qui rend jaunes les feuilles , le
dessous de l'éeorce, et la moelle des bourgeons.
Les eflets sont la chute des feuilles avant le tems ;
le dessèchement de l'extrémité des bourgeons ; la
maigreur, la roideur et la fragilité du bois; la
petitesse, et presque l'avortement des veux. Elle
tend, dessèche et amincit l'ècorce ; elle rend les
fruits insipides ; elle altère la sève* elle fait languir
et dépérir l'arbre, et il meurt enfin, s'il n'est se*
couru à tems.
Cette maladie vient principalement d'une terre
maigre, usée, sans fond, trop sèche, ou trop
humide, trop froide, scellée et impénétrable aux
pluies; de l'argile, du tuf, de la glaise, qui toiu
client les racines ; des fourmis qui les éventent ,
ou les échauffent; des taupes et des mulots, qui
les mettent à l'air; des chancres aux racines, ou
au corps de l'arbre ; des greffes enterrées ; des
arbres plantes trop bas.
Si le mal n'est pas dans le corps de l'arbre , il
faut le chercher dans les racines, les découvrir,
visiter, les traiter, les regarnir de terre, Tune
après l'autre , et la plomber à l'eau , cest à dire
l'arroser largement.
Si le mal provient du terrein, il faut employer,
suivant les cas , les arrosemens , les labours . les
binages, les tranchées, pour faire écouler les eaux;
les engrais , les bonnes terres , etc. Mai» si l'on
iOO L'ami des Jakdiniers.
s'apperçoit, ou que l'on sache d'avance, que le
terrein manque de profondeur, et que les racines
touchent à des matières stériles, pardessous. il
n'y a pas d'autre parti que celui d'arracher les
arbres et de leur fournir une bonne terre étendue
et profonde de trois pieds au inoins.
2. La Rouille re'pand des taches rousses et
graveleuses sur les jeunes bourgeons, et sur les
fouilles. Elles ronge la partie mince des feuilles.
et ne laisse que leurs côtes j les yeux sevrés de
la nourriture que les feuilles leur préparaient, s'ou=
vrent avant le tems , et parconséquent, l'arbre est
stérile l'année suivante.
Quelquefois ses causes sont les mêmes que
celles de la jaunisse.* quelquefois elle est occa-
sionnée par les pluies continuelles pendant l'Été;
par une alternative de pluies, ou de nuits froides
dans cette saison, et d'un soleil brûlant; Je plus
souvent par des Insectes, qui ordinairement pen>
dant la nuit, rongent la partie même tics feuilles,
et la surpeau des bourgeons, dont les plaies ne
peuvent se guérir, étant sans cesse rouvertes par
de nouvelles morsures , et frappées des rayons
du soleil.
Détruire les Insectes, en les cherchant et les
écrasant avec le plus grand soin -, amender les ar=
hres, si la cause vient d'une mauvaise terre: les
abriter légèrement dans les intempéries de l'Eté ,
sont les remèdes qui conviennent, mais qui ne
réussissent pas toujours, surtout si l'arbre est
vicié ou trop vieux.
Maladies des Arbres. m
3. La Brûlure ? la Lèpre, le Blanc, le Meunier
expriment une maladie propre au Pêcher Zl
et au Plumer. tlJe couvre es feuilles les bou-
geons et les fruits, d> dum b!anc_ *££ b°l =
ZITiï d; ma!a,iiv,e u ••»». K$
dafaord les dernières feuilles et l'extrémité des
t7SAS'étend ~~t «Ttocïï
uant, jusqua leur naissance.
Elle cause la chute prématurée des feuilles •
la rume des jeux privés de nourriture et attacmés'
eux mêmes de la maladie ; souvent la S
1 xtremtte des ourgeons , et enfin la mort Z
larbre si la ma,ad,e résiste pendant plusieurs an-
nées aux remèdes.
Ou ignore quelle est au juste la cause de cette
maladie et le meilleur remède que l'on ait trou é
jusqu'ici, est de découvrir les racines, d'en re,
jeter a ^ terre et de la remplacer par de meilleure
de la plomber avec partie égale d'eau et de jus
de fumier, afin de rendre des forces à farle
par une nourriture saine et abondante; on taille c,î
biensam, audessous de toute Lèpre apparente
pour en préserver les parties qui n'en Ton pas
encore attaquées. P S
Pêther Cauq"n f "** "^ c'ni atta^ le
re cher au commencement de la premier sève -
geons, et les couvre d unepoussière sale etgluante
Elle cause la chute des feuilles et des fruits
ia ruine des veux à fruh ^ «uns,
y ux a nuit, et par conséquent,
412 L'ami des Jardiniers.
de la récolte de l'année suivante, si les bourgeons
ont déjà poussé la 5. ou la 6. feuille, lorsqu'elle
les attaque.
Selon d'habiles cultivateurs, la cloque est occa«
sionnée par l'alternative subite de chaleur excessi
ve, pour la saison, et de froid accompagne d'un
vent meurtrier du Midi au Couchant, qui paralyse
et fronce les nervures des feuilles, gèle et épaissit
la sève, et engorge les canaux où elle doit couler.
Cependant quelque vraisemblable que soit cette
conjecture, elle est détruite par l'expérience, qui
nous prouve que la maladie vient du sujet même,
puisque son voisin en est préservé.
Souvent les rcmèdos que Ton emploie, sont
pires que le mal. Bien des Jardiniers coupent
toutes les feuilles attaquées, et les brûlent, pour
faire périr les Insectes dont elles sont remplies.
D'autres mettent au pied de l'arbre, des engrais
Lien consommés, ou ils donnent quelques arrose»
mens avec de l'eau mêlée de jus de fumier. D'au*
très laissent agir la nature. Pour moi je pense
que les intempéries de l'air . au moment où les
feuilles sont encore tendres , influent beaucoup
sur cette maladie, et qu'il faut redonner quelques
Abris aux arbres, si ceux, de l'iïvver sont cntic=
rement levés. Car quoiqu'un Pêcher voisin d'un
autre qui est attaqué de la cloque, ne le soit pas
lui même, c'est apparentent, parce qu'il est plus
robuste, ou d'une espèce qui y est moins sujette.
On sait que le Pêcher est un arbre des climats
chauds de l'Asie \ il demande done des ménage*
mens particuliers, quoi qu'il se soit accoutumé à
Maladie des Arbres. 113
la température de l'Europe, pourvu qu'elle ne
soit pas trop rigoureuse.
5. La Brûlure est un dessèchement de l'écorce
et du bois, qui attaque la tiaje et les grosses
branches des arbres en espalier , par le côté que
le soleil frappe à Midi; les parties brûlées se
creusent, et causent une mort prématurée à l'aiv
bre.
Les pluies , les neiges , les frimats , les humU
dites converties en glace fondue ensuite par le
soleil, gelées de nouveau et fondues alternatif
veinent, donnent lieu à cette maladie.
Il faut couper jusqu'au vif, toutes les parties
cariées, et appliquer sur les plaies, un mélange
de terre et de bouze de vache.
On préserve les arbres de cette maladie, 1.
en couvrant, du coté du Midi, pendant les for»
tes gelées, la tige et les grosses branches des ar=
bres, avec des écorces, de la paille, des planches
minces, etc. 2. En enlevant, au mois de Sep^
tembre, toutes les vieilles écorces des arbres,
qui étant spongieuses, fendues, gercées, s'abreuc.
vent d'humidité, et la retiennent en telle quan*
tité, que quelque fois elles sont couvertes de glace
épaisse de près de six lignes *, car les jeunes brân=
ches ne sont exemtes de cette brûlure, ou ex*.
foliation, que parceque leur écorce étant lisse,
et unie, le peu d'humidité qui peut s'y attacher
étant fondue par le soleil, se dessèche ou s'é*
coule, et n'y forme pas une nouvelle incrustation.
La pratique de nettoyer les arbres de ces
écorces moites, non seulement les préserve, ds
Tome I. l|
414 L'ami des Jardiniers,
celle maladie, mais favorise la transpiration,
procure les bienfaits de l'air, et détruit les nu
sectes et la mousse, qui s'y attacheraient.
6. La Gomme est une maladie commune aux
arbres à fruits à noyaux, qui peut les attaquer
tur toutes les parties exposées à l'air, et dans
toutes les saisons où leur sève est en mouvement.
Elle cause le dépérissement des branches
qu'elle attaque, et leur mort, si on liii laisse le
teins de les gangrener.
Elle est occasionnée par une excessive abon-
dance de sève qui romp ses vaisseaux*, par un
dérangement dans sa circulation , occasionné par
une alternative de chaud et de froid hors de
saison* des plaies négligées, ou mal pansées,
on Jaites pendant les gelées ou les grandes cha«
leurs ; quelquefois par la mauvaise qualité de la
sève, enfin par la Punaise.
On y remédie, soit en faisant une incision à
Fécoree, le long delà branche, pour faire sortir
le suc surabondant; soit par le changement, ou
l'amélioration du terrein: en enlevant la gomme
avant qu'elie se soit durcie-, et, si elle l'est, il
faut la laisser ramollir par la pluie , ou en l'enve*
loppant quelques heures avec un linge mouiliéj
ensuite il faut examiner et sonder les endroits
où elle a séjourné et qu'elie a endommagés,- les
retrancher jusqu'au vif, et mettre sur les plaies
un emplâtre de bouze de vache et de terre-,
prévenir, ou détruire lçs autres causes qui peu»
vent l'occasionner.
Maladie des Arbile&. h$
On ne peut trop prendre de précautions, ni
donner trop d'attention à cette maladie , qui peut
attaquer tout à coup la branche la plus belle t
la plus vigoureuse d'un Pêcher ou Tau Abri*
cotier, et la faire périr en quelques jours.
6. Les chancres, les ulcères et tés plaies* se
guérissent en retranchant Ifis, parties corrompues j
eu les coupant Jusqu'au vif. et par l'application,
de L'onguent de St. fiacre, ou de bonze de
vache, détrempée avec de la terre et de l'urine*
qui sert aussi de topique pour les contusions,
les fentes et les déchiremens de l'écorce, causes
par l'action trop violente de la sève.
L'onguent susdit guérit aussi parfaitement les-
coupures et cassures que l'on pourrait avoir fais*
tes par maladresse, ou par mégarde, en remet*
tant les parties à leur place et les soutenant avec
des éclisses ou morceaux de bois lie's avec de la
ficelle, ou de i'ozier, autour de la branche cou«
pée ou cassée, mastiquant toute la partie attaquée,
avec l'onguent, et couvrant le tout avec un linge,
ou de la mousse que l'on retient avec du fil..
J'ai rétabli ainsi parfaitement, des branches que-
j'avais coupées par maladresse, et qui ne tenaient
plus qu'à un peu de peau.
Après avoir parlé des maladies des arbres»
je doit prévenir que presque toutes sont occasion^
nées par le mauvais terreiu , son peu de profond
deur, le défaut de culture et de soins, les interne
pérics de l'air non empêchées par des abris ou
•autres précautions 5 on aura donc beau applique!?
des remèdes, si l'on ne détruit pas les causes, uuj
obligent d'y avoir recours,
6 H 2
116 L'ami des Jardiniers.
Chafiî&e XIX.
Des Animaux et bisectes qui nuisent aux Ar*
ères y et aux jardins , et des moyens pour
les détruire.
1. Le Mulot , qui tient le milieu entre le Rat
et la .Souris, et dont le poil est fauve, se creuse
des retraites sous les racines des arbres et niante
les fruits ,et surtout, les graines, même dans la
terre. 11 se prend, 1. avec des 4 de chiffres, ou
assommoirs composés d'un bout de planche
charge d'une pierre, ou d'une pierre plate, soute=
nus élevés en pente sur un autre planche, pierre
plate , ou endroit uni , par 3 petits bouts de bois
minces représentés PI. 9. fig. 1, 2, et 3, et for=
mant, lorsqu'ils sont rassemblés sous l'assouu
moir, un 4 de chiffre, comme vous le voyez fig.
5. L'essentiel de ce piège est qu'il soit tendu de
manière qu'au moindre mouvement que l'animal
fait faire à la plus grande pièce, d , en cherchant
à manger l'amorce qui y est attachée, en c,
tout l'assemblage se détraque, et laisse tomber
la planche, ou la pierre, sur lui.
On commence donc par soutenir la planche
en plaçant, sous le bord de devant, la pièce
dont le petit mentonnet, a, fig. 5, doit être tourné
en haut*, ensuite soulevant un peu la planche,
avec la main gauche et tenant, avec les doigts,
la même pièce, on place le bout mince de la
seconde pièce, b, dans le cran du mentonnet,
et l'on tire en dehors l'autre bout qui fait alors
mi levier, par la pesanteur de la planche sur le
Des Animaux nuisible 117
dehors du mcntonet. Enfin on place la grande
pièce de la manière dont elle est représentée ,
mais les deux bouts du cran, c, c, ne doivent
qu'effleurer le bout, d, de celle à mentonnet, et
le côté de celle qui est amincie par le bout pla*
ce sous ce mentonnet.
L'amorce se fait avec un petit morceau de
lard un peu grillé, et une moitié ou un quart de
noix, enfilé aubout pointu de la grande pièce.
fig. 4 , en c.
Je ne me suis un peu étendu dans la des=
cription de ce piège , qui est très connu , que
pareeque peu de personnes savent le tendre
comme il faut. Il prend également les Souris.
Lorsqu'on veut prendre des gros Rats, ou
des Loirs, de cette manière, ii faut que les
pièces du 4 de chiffre soient plus longues et
plus fortes, et que la planche soit plus chargée,
ou la pierre plus lourde.
2. On empoisonne les Mulots et les Souris,
avec des Carotes coupées en petits morceaux
carrés j les plus jaunes sont les meilleures, on
fait un lit de ces petits morceaux , sur une
feuille de papier fort*, on les saupoudre d'arsenic ou
de sublimé corrosif, ou de Noix vomique mise
en poudre } ensuite un second ou plusieurs
lits par dessus, en les saupoudrant l'un après
l'autre, surtout le dernier } on plie la feuille de
papier pardessus le tout , et après l'avoir liée avec
une ficelle , on marche bien pardessus ce paquet ,
pour faire entrer le poison dans les Carottes ; on
en met 3 ou 4 petits morceaux dans les trous
ils L'ami des Jardiniers.
tics Mulots ou des Souris, en choisissant Ins trous
qui sont frayés au bord et où l'on est sûr qu'il y a
de ces animaux ; comme ils sont friands de ce
ragoût, ils ne manquent pas d'en manger, et Ton
est sûr de les trouver morts quelques jours après.
Il est bon de semer quelques petits morceaux de
carottes empoisonnées, sur les bords des trous,
pour attirer les mulots.
2. Le Loir est une espe'ce de gros Rat qui
entame tous les fruits à mesure qu'ils mûrissent;
comme il dort pendant l'hvver, et qu'il ne donne
dans aucun piège, aussitôt que les fruits com=
cent, il faut s'y prendre dès le mois de May,
pour les détruire.
On peut le faire' avec le piège dont je viens
d 1er, en lui donnant un volume plus con=
sklci'able que pour les Mulots; mais comme le
; descend guerres sur la terre, et qu'il
grin, volontiers Je long des murs et sur
: liages ou U branches des Espaliers , il faut
placer sur des piquets une planche sur laquelle
vous établissez l'assommoir; mais' au lieu de
Jardj i. . ut amorcer avec quelque morceau de
fruit, ou avec la composition suivante, qu'on lui
présent* aussi de la manière que je vais dire.
Mettez en poudre avec une râpe à bois ou
;> ucre, de la Noix vomique; fricassez la avec
de la graisse, ou du Beurre frais, sur un feu
doux, sans la faire bouillir, et en la remuant
bie avec une spatule de bois ; mettez de cet
appas sur des tuileaux, ou des pierres plates, ou
4cô petite morceaux de bois que vous placcre's
Des Animaux nuisibles. .119
contre les murs , le long des treillages , en les
soutenant sur deux petits piquets. Il faut avoir
attention de ne jamais toucher cette drogue avec
les doigts , car les Loirs , qui ont l'odorat très
fin, n'en mangeraient pas \ ensuite il faut placer
au dessus, en la posant, quelque abri, pour em*
pêcher la pluie de la mouiller-, ces deux atten-
tions sont absolument nécessaires.
On peut aussi placer le long des traverses des
treillages, sur lesquelles les Loirs courent, ou
sur quelques branches chargées de fruits , des
collets ou lacets de fil ds laiton fin , de manière
qu'il ne puissent passer sans enfiler leur tète
dans l'ouverture, qui doit être posée vis à vis
la branche, en la traversant sans la toucher,
afin que leurs pattes de devant fassent serrer
le noeud coulant, en raccrochant; on pourrait
faire ces lacets avec du crin , mais les Loirs les
coupent avec leurs dents , pour s'en débarasser.
3. La Taupe nuit beaucoup aux racines «les
arbres; elle détruit leur chevelu, en faisant ses
routes souterraines , et elle donne entrée à l'air ,
au froid et au hàle, dont on ne peut trop les
défendre.
On prend les Taupes de bien des manières ;
mais la meilleure, selon moi, est, de se servir
d'un morceau de bois rond , ou cilindre ,d'un pied
de longueur, sur 2 pouces et demi de grosseur,
ou diamètre, creusé, dans sa longueur, d'une
ouverture de deux pouces de large , à l'excep=
tion d'un bout qui reste fermé, mais auquel ou
donne un peu de jour avec un petit percoir.
430 L'ami dis Jardiniers»
L'autre bout doit avoir à l'entrée et en de-
dans, un petit rebord moins évasé que le reste
du tuyau, et large seulement de quelques lignes.
À l'entrée du trou, et en dedans de ce rebord,
tous suspendrez avec un fil, une petite languette
ou soupape de bois mince et très légère , qui
puisse s'enfoncer dans le tuyau, mais qui n'en
puisse sortir en la poussant par dedans, au moyen
du petit rebord contre lequel elle est retenue.
Vous découvrez bien le trou de la Taupe ,
avec une bêche, ou pelle ; et vous placez l'ou=
l'erture du cilindre, vis à vis; de manière qu'en
le recouvrant légèrement de terre, la taupe en
Suivant sa route, entre dedans en poussant la
petite soupape qui se referme derrière elle, aus*
sitôt qu'elle est passée; et comme l'autre bout
du cilindre, ou tuyau, est fermé, ou du moins
très peu ouvert , elle se trouve prise au milieu ;
on s'appercoit facilement qu'elle est prise , par
le bruit qu'on lui entend faire, en cherchant à
s'échapper . et pour la faire mourir, on enfonce
le cilindre dans l'eau pendant quelques minutes,
et en poussant la petite soupape en dedans ,
avec un petit bâton, on fait sortir la Taupe,
ou bien on fait le cilindre de deux pièces, que
l'on serre avec une virole ou petit cercle de
fer, que l'on ote pour l'ouvrir.
Comme on ignore assez souvent de quel cô»
té poussera la Taupe, il est bon d'avoir deux
cilindres dont on tend les ouvertures, l'une d'un
côté, et l'autre de celui opposé; on amorce cette
Des Animaux nuisible y. 121
espèce de boëte avec quelques petits morceaux
de carotes que la taupe aime beaucoup.
On tend aussi des pinces de fer à ressort,
qui sont connues partout:
Pour mieux faire comprendre le méehanisme
simple de la boëte ou cilindre creux dont je
viens de parler, je vais en donner la figure ,
PL 9. fig. 6. 7. S. 9. La. fig 6, est la boëte vue
en dehors, du coté ouvert, fig, 7. La même, vue
du côté fermé, mais percé de petits trous pour
donner de l'air, fig S. Profil de la boëte vue en
dedans, fig, 9. Languette ou soupape mobile,
qui doii être suspendue à l'entrée du dedans de
la boëte, comme en, a, fig, 8, pour être poussée
en arrière par la Taupe, eomme en b , même fig.
Lorsque l'on peut se procurer une Taupe fe*
melle en chaleur, au Mois d'Avril, après lavoir
enfermée dans la boëte, pendant une demi journée,
pour y faire ses ordures , on l'ôte , puis on tend
la boëte où tous les mâles des environs seront
attirés par l'odeur de la femelle qui y a été en-
fermée.
4. Les Courtilliercs-, Courtilles, Grillon-Taupe,
ouTaupe=Grillon. Cet insecte hideux, qu'on nomme
encore Ecre visse de terre, est, après la Taupe,
le plus grand ennemi des jardins potagers, et des
fleurs*, il coupe, ronge, détruit les racines et les
plantes , et porte partout la désolation.
On le détruit 1. en faisant couler dans leurs
trous, de l'eau mêlée d'huile de chenevis, ou
i22 L'ami des Jardiniers
autres; l'odeur de l'huile les fait fuir aussitôt,
et, après avoir fait quelques pas au dehors, elle-s
noircissent et meurent. Mais le meilleur moyeu
de les détruire, c'est de faire, avant l'hiver, vers
le milieu du jardin, qui en est infecté, une espèce
de couche, avec du furnier à moitié consommé;
toutes les Courtillieres du jardin s'y retireront
pour y passer l'hiver; et avant le retour du
Printems, au mois de Février, on fera un fossé à
l'entour de cette couche, et en enlevant succès*
sivement le fumier, on les tuera toutes à mesure
qu'elles voudront retourner dans la terre. Cet ex=
pédient est inmanquable et le plus sûr.
5. Les Crapaux. , les Lézards, les Mulots même
et les Loirs se prennent dans des pots de terre
vernissés, ou des cloches de verre renversées,
que l'on enfonce en terre jusqu'au bord , le long
deo murs d'Espalier, et que l'on remplit d'eau à
moitié ; on semé quelques miettes de pain , ou
quelques petits morceaux de carottes autour, pour
attirer ces animaux, qui tombent dedans et n'en
peuvent plus sortir. Il faut qu'ils soient posés
tout près des murs.
6. Les oiseaux, qui mangent les fruits, s'é*
partent par le moyen des épouventails de toute
espèce, surtout par le moyen d'un petit moulin
à vent qui fait beaucoup de bruit quand il est
agité ; ou bien il faut avoir des filets que l'on
tend devant les Escaliers.
7. La Punaise est redoutable pour le Pêcher,
l'Abricotier, le Pommier, le Prunier, et l'Oranger.
Cet insecte se promené sur les branches. de=
Des Animaux nuisibles. 123
puis sa naissance, jusqnes vers la mi Septembre;
elle se fixe alors dessus, du coté du mur, et
s'attache à 1 écorce par des crochets qui sortent
des bords de son écaille. Elle s'accroit considé«
rablement jusqu'au mois de Mai-, vers ce tems
elle jette un grand nombre d'oeufs, qui éclosent
vers là fin de Mai ; ensuite elle meurt et se dés*
sèche sans se détacher de la place où elle s'était
fixée.
Cet insecte extrêmement nuisible aux arbres,
résiste à toutes les intempéries de l'air, et aux
Hyvers les plus rudes. Il n'y a d'autre moyen
de le détruire , que de frotter les branches avec
une petite brosse rude , en enlever toutes les
Punaises, surtout par derrière, et tremper en=
suite la brosse dans de l'eau mêlée de vinaigre,
pour les bien laver -, nettoyer la platebande et
la labourer; faire quelques revues au mois de
Mai, quand la grosseur de la Punaise l'empêche
de se dérober à la vue, et faire ensorte de n'en
laisser aucune.
On observe qu'en général il n'y a que les ar=
bres malades ou faibles, qui en sont attaqués,
surtout quand ils sont plantés dans un mauvais
terrein.
8. Le Puceron, pire que la Punaise, ruine-
rait en trois mois, l'arbre le plus vigoureux, si
le tems de ses ravages pouvait être aussi long.
Sans inarrêter au dommage qu'ils portent,
jii aux remèdes qu'on a imaginés pour les détruire,
je dirai seulement qu'aussitôt que vous appercea
124 L'ami des Jardiniers.
vez, au Printems, le premier établissement des
Pucerons sur vos arbres , il faut les écraser avec
les doigts , et chaque jour en faire une nouvelle
destruction, afin d'arrêter de bonne heure, leurs
ravages , et d'empêcher la multiplication de ces
ennemis •, mais si leur nombre est trop considé»
rable, par la négligeance qu'on aura mise à les
détruire , il faut alors couper l'extrémité des bour=
geons qui en sont couverts, et les jetter dans
l'eau, ou dans le feu ; ensuite poursuivre et écraser
le reste des Pucerons, qui se disperseront çà et
là, et abandonneront l'arbre, dès qu'il n'aura
plus de parties assez tendres pour les attirer.
9. La Fourmi n'est pas aussi nuisible aux
arbres qn'on le pense, mais si elle établit sa
demeure à leur pied, ou qu'elle en parcoure les
branches en trop grand nombre, il faut l'en faire
déloger par le moyen de l'eau, et surtout de la
poudre à canon et du souffre.
Pour employer la poudre à canon, il faut
attendre que toutes les fourmis soient ramassées,
ce qui arrive pendant la nuit. Dés le matin vous
remuez la fourmilliere avec un bâton, vous y
jettez aussitôt de la poudre, à proportion de
son étendue, et vous y mettez le feu avant que
les fourmis se soient éloignées ', vous pouvez être
sûr que celles qui échapperont à ce coup de fou=
dre, ne reviendront pas.
Si les Fourmis établies sur un Espalier, ont leur
retraite dans le mur, ou que vous ne sachiez
pas d'où elles viennent , il faut suspendre aux
branches^ des petites phioles de verre à moitié
Des Animaux nuisis les. 12S
pleines d'eau mielle'e ou sucrée, dans lesquelles
elles viendront se noyer- on mettra en din'érens
endroits, des os de jambon, des pelures de fruits
et autres choses qui les attirent et sur lesqueU
les vous jettez de l'eau bouillante au moment
où elles sont bien garnies de fourmis.
Si elles attaquent un arbre en plein vent ou
autre arbre isolé, il faut attendre le moment où
la chaleur du jour, est un peu forte et où les four=
mis sont dans leur plus grande activité} vous
commencez par répandre une demi once de pou=
dre autour du pied de l'arbre, sur la terre même j
ensuite vous frappez avec la main contre la
tige, à coups redoublez; cet ébranlement se
communique jusqu'à l'extrémité des branches
d'où les fourmis ne manquent pas de descendre
aussitôt de toute part-, lorsque vous n'en voyez
plus le long de la tige où elles sont toutes venues
se réunir pour quitter l'arbre, vous mettez le
feu à la poudre , et vous êtes sûr qu'il n'en re=
viendra aucune dans l'année, et que ce qui aura
échappé à la poudre, désertera.
Cette pratique est la meilleure de toutes pour
détruire toutes les fourmillieres , en quelque en=
droit qu'elles s'établissent.
10. Les, Chenilles . 1, Il faut, pendant l'hy ver,
détruire les sacs ou paquets dans lesquels elles
déposent leurs oeufs au bout des branches , sur=
tout des Pruniers } et les bagues ou anneaux
qu'ellent collent autour des petites branches, et
qu'il est facile d'enlever en to;rcfôn.t avec les
doigts j brûler le tout ensuite.
Ï26 L'ami des Jardiniers»
2. T es chercher derrière les branches où elles
se cachent pour mieux, tromper et pour s'y pro-
curer plus d|ômbragcj en se mettant derrière
des bourgeons qu'elles n'ont pas encore entamés.
3. Surprendre celles des petites espèces, après
!e cô'iifcher, où avant lever du soleil, lorsqu'elles
sont rassemblées en masse autour des branches,
pour s'échauffer et se défendre de l'humidité de
la nuit, et les brûler ou les écraser.
4. Il y a des espèces de cheYiillcs qui se col=
lent aux branches par derrière, et qu'il est tre3
difficile d'appercevoir 3 pàrcequ*ellës sont de la
couleur même do JY'oorce. Il faut les chercher
avec beaucoup de soin , lorsque vous èfes assuré
de leur existance par quelques bourgeons en*
tamés, sans que vous voyez aucune chenille sur
l'arbre*, on les guette pendant la nuit, à la
chandelle ; car c'est alors qu'elles se mettent
en mouvement. Il y a de ces chenilles d'une
grosseur considérable, qui broutent plusieurs
bourgeons dans une nuit, et que l'on ne peut
appercevoir pendant le jour, parce qu'elles ne
restent et ne se cachent jamais dans l'endroit où
elles ont fait leurs ravages.
11. Les Verset les petites Chenilles blanches,
qui s'enveloppent dans les fleurs et dans les
feuilles des arbres, surtout du Pommier, du
Cerisier, et de l'Abricotier-, rongent les feuilles
et les fruits naissans \ détruisent toute l'espé=
rance de la récolte, et suspendent ou arrêtent
la végétation des arbres.
Le seul remède est de les écraser, en pina
Des Animaux nlûsibies.! 12?
r^ant toutes les feuilles roulées ou plièes, et tou=
tes les fleurs refermées ; il faut de la patience
et de la persévérance 3 parceque ces Insectes
se renouvellent plusieurs fois.
12. Le Tigre est un petit insecte dont les
aiïes sont tachetées de noir et de blanc ; il ronge
les feuilles du Poirier en espalier, surtout du Boiu
chrétien d'hiver, aux expositions du Midi et du
Levant, ce qui les fait tomber et fait périr le fruit.
Il n'y a d'autre moyen de les détruire, que
celui de faire passer, au Mois de May, toutes
les feuilles entre les doigts, et de les presser
assez pour écraser les insectes dont elles sont
attaquées, et détruire leurs oeufs.
1.3. Les Limaces et Limaçons mangent les
jeunes feuilles âts arbres :, les fruits , lorsqu'ils
sont mûrs, et quelquefois la peau tendre des
Poires, des Abricots et des Pêches, lisses, lors*
que ces fruits sont encore petits.
Il faut les écraser assiduement le soir, le,
matin, après les pluies, les rosées, lorsqu'ils
sont répandus sur les arbres.
15. La petite Lisette grise couleur de cendre ,
qui coupe les jeunes bourgeons . La Grosse Li=;
sette tachetée de gris et de brun , qui mange les
fruits naissants -, il faut les écraser avec le plus
grand soin.
15. Les Guêpes et les Mouches, qui entament
les fruits au moment où ils mûrissent*, on les
attire dans des phiolcs pleines d'eau sucrée y
ÇfiUim.e je l'ai dit; pour les Fourmis..
128 Lami des Jardiniers*
16. Les PerceiOreilles qui criblent les feuilles
et percent les fruits •, on les cherche sous les
pierres plates , les bouts de branche , que l'on
pose ça et là pour les attirer par la fraîcheur et
l'humidité j on suspend au bout de quelques ba=
guettes de bois plantées près des arbres , ou le
long du treillage, des ergots de pieds de Mou=-
ton , dans lesquels ils aiment à se cacher.
17. Les Hannetons. Il faut les chercher le
matin à la rosée , ou par la pluie , parcequ'alors
ils sont tranquilcs , en secouant les arbres } ils
tombent tous , et on les rainasse pour les écraser.
Il ne faut jamais manquer en labourant, de
détruire tous les gros vers blancs que l'on brou*
ve dans la terre , ce sont eux qui produisent les
Hannetons après avoir été 3 ans sous cette forme.
Chapitre XX.
ftloyens pour faire porter les arûres stériles ;
teins de découvrir les fruits , et manière de
les conserver.
On voit souvent des arbres qui poussent avec
beaucoup de vigueur, et dont la santé est parfaite,
mais qui refusent de porter du fruit. On peut
en trouver la cause, 1. Dans la greffe qui a été
mal choisie et sur un mauvais sujet \ dans ce
cas il n'y a d'autre parti que de les greffer ou
écussonner avec des greffes prises sur des ar-
bres de bonne espèce, et en bon rapport.
2. Dans le trop de vigueur de la sève qui
circulant avec rapidité, ne donne pas le tems
Fertilisation Des Arbre*,', 12*
aux boutons de se mettre à fruit, et ne leur lais«v
se produire que des branches à bois. Le Poirier
greffé sur franc, et le Pêcher greffé sur l'Amany
dier, y sont fort sujets.
On peut remédier à cet inconvénient de deujç,
manières; en déplantant ces arbres avec soin,
sans rompre ni endommager leurs racines, et les
replantant aussitôt, dans la même pUce, ou ail»
leurs.
En découvrant le pied de ces arbres, et sci=»
ant à moitié, et un peu loin du tronc, leurs plus
grosses racines, ou celles qui pivotent, c'est à
dire, qui s'enfoncent directement dans la terre.
Ces deux moyens arrêtent la trop grande a»
bondance de la sève , et donnent le tem.5 aux,
boutons de se mettre à fruit. Ils sont meilleure
que le remède que conseille La Quin.tinie, qui
est de couper entièrement iea plus grosses racines
3. On peut aussi, vers la fin de Juin, tailler
à la longueur marquée au chapître de la taille t
les bourgeons faibles et moyens de_s Poiriers eb
des Pommiers vigoureux» À. la seconde sève , le»
yeux de ces tailles s'ouvriront et produiront des
bourgeons à bois et des brandies à fruit, qui
auront le. tems do. se perfectiouncr pour l'année
suivante..
4, Enfin on met les arbres trop vigoureux à
fruit, eu multipliant et alongeant leurs branches,
en lés courbant au palissage, et en les rompant*
-même en partie vers leur naissance, en un mot.
en prenant tous les moyens qui peuvent dimûiueu
l'action de la sève.
I
130 L'ami dus Jariunikrs,
Lorsque les fruits sont noués , c'est à dire»
/ju'ils sont bien formés, après que la fleur est
passée, il faut les laisser à l'ombre de leurs feiuU
les, jusqu'au moment où l'on voit leur peau s'é-
claircir pour la maturité. Si on coupait plustôt
les feuilles qui les environnent, on les ferait pé*
rir entièrement, ou du moins, cela leur ôterait
beaucoup de leur qualité-, aulieu qu'eu retardant
cette opération jusqu'au moment où les fruits sont
prêts à mûrir, en les faisant jouir immédiatement
îles rayons du soleil, on leur procure le goût,
le parfum et les couleurs les plus agréables.
En retranchant les feuilles, i! ne faut pas les
arracher, mais les couper, avec dts ciseaux , au
bout de la queue, ou même ne supprimer que
la partie qui donne de l'ombre au fruit, parce»
qu'en arrachant la queue entière , on ferait avor=
ter le bouton, ou oeil, qu'elle nourrit sous sou
aisselle.
On peut donner aux fruits une couleur plus
éclatante et plus vermeille, en passant dessus,
dans la grande chaleur , im pinceau ou une épon*
ge mouillés.
Pour faire paraître un chiffre, ou autre figure,
$ur les Pêches , &c. 11 faut tracer la figure que
vous avez dessein de donner, sur du papier, la
découper entièrement, envelopper le fruit avec ce
papier, en tournant le côté découpé, au soleil j
vous passerez plusieurs fois par jour; un pinceau
mouillé sur le vuide de la découpure, et quand
Je fruit sera mûr ; il portera exactement l'empreinte
4s V9U'e dessin. Mais il faut envelopper ainsi les
Récolte De» Fa tut s. 131,
fruits, au moment où vous les découvrez, et a*.
vaut qu'ils aient reçu du soleil, aucune couleur»
Lorsque Ton découvre les fruits , il ne faut pas
Je faire en un seul jour, mais peu à peu, afin dç
les accoutumer par degrés , au grand air. Cettô
précaution exige, un espace de 8 jours au moins*
Récolte des Fruits.
Il ne s'agit ici que des Poires et des Pommes
tardives, et des Raisins,
1. Il faut laisser les Poires et les Pommes suc
les arbres, le plus longtems qu'il est possible,
jusqu'à ce que les gelées de la fin de Septembre,
ou du commencement d'Octobre , obligent de les
mettre à couvert. Cueillies trop tôt, elles se fan.*»,
nent, se rident et n'ont point de qualité \ mais eu,
les laissant trop tard, la gelée altère leur goût,
et les fait pourrir.
2. Les cueillir par un tems sec, non en les se*
couant pour les faire tomber , mais à la main eç,
l'une après l'autre •, les porter dans la fruiterie,
les y entasser sur des tables, ou sur le plancher^
les laisser dans cet état pendant 2 ou 3 jours,
jusqu'à ce qu'elles aient ressué , c'est à dire qu*
elles soient chargées d'humidité.
3. Alors les bien essuier avec de la serge ou
étoffe de laine \ les ranger l'une près de l'autre ,
sans se toucher, au soleil, ou au grand air, afin
qu'elles se sèchent parfaitement.
4.. Choisir les plus beau* fruits et les plus prs^
I 3
132 L'ami des Jardiniers*
cieux; les envelopper séparément de papier, et
les placer dans des armoire* bien fermées.
Les Fruits communs, ou moins mteressans
se mettent sur des tablettes, eiurs deux lits de
mousse bien sèche.
5. Une Fruiterie est mal établie dans une cave
humide} dans un grenier lambrissé que la gelée
et la chaleur pénètrent aisément \ dans une pièce
qui n'est pas fermée de double porte, double chas=
sis , &c. Un souterrein voûté et bien sec , est le
plus propre à la conservation des fruits. En un
mot, il faut les préserver de la gelée, de l'humjjt
tlilé et de l'air.
C'est donc un mauvais usage de les ranger à
découvert sur des tablettes j il faut les placer dans,
des armoires, des caisses, des commodes ou au*,
très meubles fermés, qui les préservent de l'actif
on de l'air.
Les Pommes se conservent très bien dans la
cendre , mais elles y prennent un mauvais goût r
si on ne les enveloppe pas de papier, Elles se
conservent aussi dans du sable fin bien sec, et
dans des tonneaux.
6. Lorsque les fruits sont arrangés dans la fhùV
terie, on ne l'ouvre que pendant quelques heures,
dans le milieu des jours très secs et très beaux,
pour en dissipper l'humidité -, et dès que la saison
devient rigoureuse, on la tient continuellement et
exactement fermée. Cependant il faut souvent la
visiter , pour chois»* les fruits qui sont mûrs , re=-
tirer ceux qui se gâtent, etc:
Récolte des Fruits. 133
Les Marony et les châtaignes se conservent
îongtems e» les laissant dans leur enveloppe épU
neuse, pour les entasser dans quelque cellier,
et les laisser ressuer jusques vers la mi Décem=
bre; on les tire alors de leurs enveloppes pour
les étendre sur le plancher j si vous en voulez
conserver presque jusqu'aux nouveaux, mettez les-
dans des grands pots de grais, que vous couvrir
rez d'une toile * ou d'un pouce ou deux de
cendres.
Pour conserver les Raisins , et surtout les
chasselas, il faut les laisser longtems sur le sep
ou la treille; les y enfermer dans des sacs
de crin ou de papier pour les préserver des
mouches et des Guêpes ; et quand les gelées
ou les pluies froides surviennent, les pendre
avec leur sac, dans un endroit sec et à l'abri
de la gelée. On peut aussi en conserver dans
du Son bien sec, en formant alternativement,
un lit de Raisins et un lit de Son.
iSà L'ami des Jardiniers.
CULTURE
DES
ARBRES FRUITIERS,
jEt Détails de leurs espèces et de leurs variétés.
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
ABRICOTIER, En Latin , Armeniaca.
Sa Taille»
Le Caractère de l'Abricotier Participe de
de celui du Pêcher et de celui du Prunier.
Comme le Pêcher, il forme des boutons à fruit
en une seule sève-, il a des jeux simples, dou=
blés, triples et même rassemblés en grouppes
de 4, jusqu'à plus de 20 sur un même noeud.
Vers le milieu, ou à l'extrémité de ses bour.=
geons forts, souvent il nait, pendant la dernière
sève, un grand nombre de petites brindilles,
ou petites branches très courtes. De plus il a
des branches à fruit proprement dites, qui se
forment dans la même direction que celles du
Prunier. Souvent il arrive que partie de ces bran*
t hes à fruit n'ayant pas eu le tems 'de se forti*
te et de s'aoûter, périt pendant l'hiver.
DE tABRICOTTElf! 1JS?
Ses bourgeons se taillent, comme ceux du
Pêcher , d'une longueur proportionnée à leur
force. De ses branches à fruit on supprime
celles qui sont trop saillantes sur le devant-,
ou sur le derrière , et l'on ne conserve que
celles qui sont placées sur les côtés. De celles
ci les plus fortes se taillent longues pour fruit }
les autres à 5 ou 4 yeux, pour donner des bran*
ches à" fruit pour l'année suivante ; les plus courx
tes se laissent entières sur toutes les faces de
la branche, même sur le devant.
Mais il vaut mieux dès Fébourgeonnement,
qui est l'opération la plus importante pour cet
arbre , supprimer tout ce qui sera évidemment
inutile à la taille, et qui ne pourrait alors se re«
trancher sans occasionner des plaies, dont les
suites fâcheuses rendent l'Abricotier très diffi»
eile à traiter, car il ne peut subsister, même
en plein vent, sans être taillé, et cependant on
ne peut lui faire presque aucune plaie, sans
que la gomme y paraisse. Cette maladie fait des
progrès si rapides, qu'il est très commun de
voir des branches d'Abricotier bien garnies de
feuilles et chargées de fruits parvenus à leur
grosseur, périr du matin au soir;- ce qui fait
que l'on trouve rarement un Abricotier sans
aucun vuide} heureusement aucun arbre ne re
perce avec autant de facilité. En rapprochant
les grosses branches, elles en poussent de nou=
velles. Coupez même un Abricotier jusques sur
le tronc, au la tige, il en sortira des bourgeons
vigoureux qui renouvelleront l'arbre.
Cependant, comme cette extrémité, quand
136 Lami des Jardiniers.
on est forcé d'y avoir recours, prive de fruits
pendant quelques années, il faut l'éviter, ou du=
moins la retarder le plus qu'il est possible.
Une grande exactitude dans rébourgeonnement;
ne faire , à la taille, que les plaies inévitables -, cou*
vrir soigneusement toutes celles qui sont gran*
des, avec l'onguent de bouze de vache et de
terre} visiter souvent l'arbre, pour voir et net=
fcoyer celles où la gomme se montre; retrancher
jusqu'au vif tout ce qui n'est pas sain et y appli*
quer de l'onguent; voilà les moyens de conserver
eet arbre en bon état, dans les terreins qui lui
conviennent, et de le rendre fécond sans inter=
ruption. Mais il est important de le tailler avant
le premier mouvement de la sève, c'est à dire
dis h commencement de février, ou à la fin de
ce mois, dans les climats froids,
Quelques jardiniers ne taillent l'Abricotier que
quand il est en fleur; c'est une très mauvaise
méthode, tant par la raison que j'ai donnée,
que pareequ'il est impossible de ne pas jetter
bas quelques bourgeons essentiels, soit en taiU
lant, soit en palissant l'arbre ensuite.
En abritant ceux en Espalier au teins et de
la manière que j'ai indiqué à l'article 3 des abris ,
on peut le tailler dés le mois de Décembre, en
le couvrant un peu plus serré, mais il ne faut
jamais le tailler par la gelée.
Culture.
L'Abricotier dégénérant par les semences, il
Abicotier. 137
faut le greffer en Écusson à oeil dormant 3 sur
le Prunier. L'abricotier de Nancy, ou Abricotiers
Pêche} l'Angoumois et l'Alberge se greffent bien
sur l'Amandier, et même sur le Pêcher, mais la
greffe est sujette à se décoller.
Il réussit dans tous les terreins , mais mieux
dans les terres chaudes et sablonneuses.
Toute forme et toute exposition lui conviens
hent, excepté icelie du Nord; mais il rapporte
pins fréquemment et plus abondamment en es=
palier, dans une cour ou autre enclos bien ai
brité , que dans les jardins découverts ; s'il porte
trop de fruits, il faut les éclaircir avant que le
noyau se durcisse; on ne doit point craindre de
le trop charger , lorsqu'il est vigoureux ; j'ai vu
un seul pied de cet arbre, rapporter plusieurs
milliers d'abricots biens nourris. Les fruits de
ceux en plein vent, ont en général plus de goût
et sont plus colorés que ceux des Espaliers,
mais ceux ci deviennent plus gros et mieux
nourris.
Espèces.
1. Abricot précoce , ou hâtif musque. Son fruit
est petit, arrondi, creusé d'une rainure serrée
d'un côté ; son eau est un peu musquée ; il mûrit
au commencement de juillet.
2. Abricot blanc. Il est un peu moindre que
le précédent; sont fruit est d'un blanc de cire,
légèrement teint de rouge du côté du soleil; d'une
chair; fine et délicate , il mûrit en même lenis
<^ue le premier.
13S L'ami des Jardinier!.
3. Abricot commun. Il est plus gros que le
précédent, mûrit ensuite, est meilleur en plein
vent qu'en Espalier.
i. Abricot Angoumois. L'arbre est moins
çrand que les préccdens ; ses bourgeons sont
minces et très longs; les feuilles pointues par
les deux extrémités, pendent à de longues queues ;
son fruit est petit, alongé, d'un beau rouge foncé,
du côté du soleil , abondant en eau vineuse et
et relevée, il mûrit en même tems que l'abricot
commun, et quelque fois auparavant.
5. Abricot de Hollande Amande=aveVuie.
Lorsqu'il est greffé sur le Prunier de Cerisette,
il devient moins grand que l'Angoumois ; mais
il donne beaucoup de fruit, petit, bien arrondi,
dont la peau et très rouge d'un coté, et d'un
beau jaune de l'autre; sa chair et fine, fondante,
d'un jaune très foncé; l'eau très bonne et très
relevée; l'amande est douce, d'un goût d'ave*
line. En le greffant sur le Prunier de Saint Julien,
J'arbre devient plus grand, et les fruits en Es-
palier sont plus gros que les plus beaux abricots
communs. Il mûrit après la mi juillet.
6. Abricot de Provence. Sa grandeur d'arbre
est à peuprès comme celle du précédent ; ses
bourgeons sont longuets, ses feuilles petites et
presque rondes; ses fruits, assez nombreux,
sont netifs, applatfr par les extrémités, jaunes
d'un côté, d'un rouge vif de l'autre. Leur chair
d'un jaune très foncé, est un peu sèche, mais
d'un goût fin et vineux ; l'amande est douce.
Abricotier.' 439
71 mûrit au commencement d'aoust, en plein
vent; un peu plutôt en Espalier.
7. Abricot de Portugal. Cet arbre moins grand
que l'Abricotier commun, est très vigoureux;
ses boutons sont la plupart grouppés ; ses
feuilles sont petites,- sont fruit est moins gros
que l'abricot commun; sa chair est fine, foïîsi
dante, abondante en eau excellente; il mûrit
vers la mi aoust.
8. Alberge; Abri'cot-Alberge. Cet abricotier
se multiplie bien par les semences, qui le font
quelque fois un peu varier; il devient grand et
touffu ; son bois et menu , ses feuilles sont pe*
tites, ses fruits meilleurs et plus abondans en
plein vent qu'en Espalier, mûrissent à la mi
aoust; ils sont petits, applatis , teints de verd
foncé, tachetés de rougeâtre d'un côté, et de
verd jaunâtre de l'autre; leur chair est tendre,
d'un jaune presque rouge, abondante en eau via
neuse et très relevée. L'amande est amère.
9. Abricot de Nanti Abricot=Pêche. Sa taillé
et ses feuilles sont plus grandes que celles de
l'Abricotier commun, il a aussi les bourgeons
plus forts et le fruit beaucoup plus gros; de
couleur fauve, légèrement lavée [de rouge du
côté du soleil, sa chair presque rouge, fondante
comme celle d'une Pèche, est pleine d'eau très
agréable; c'est le meilleur des Abricots, il mûrit
à la mi aoust.
Les autres espèces d'Abricotier, scnit plus
curieuses qu'utiles.
440 It'kVCt DES JARrjîftîEftfc
Orde de maturité des Abricots
1. Abricot précoce. 6. Abricot de Hollande.
2. Abricot blanc. 7. Alberge.
3. Abricot Angoumois. 8. Abricot de Portugal.
4. Abricot conmmun. 9. Abricot Pêche.
5. Abricot de Provence.
A M À ff O ï tf R, Amygdalus.
\j Amandier se multiplie, et ordinairement dé^
génère par les semences ', les bonnes variétés se
greffent en écusson sur des sujets d'Amandier;
il aime les terreins chauds, légers et profonds,
il craint les terres froides.
La Récolte des Amandes se fait en Octobre ,
mais elles se mangent vertes en juillet et Aoust.
Sa Taille n'a rien de particulier, elle se
fait sur les boutons doubles ou triples •, plus ou
moins alongée, selon la force des branches; on
peut les charger tant qu'on veut, en suivant
néanmoins les règles, et sans confusion.
L'amandier croît parfaitement, et sc$ fruits
réussissent dans un endroit peu étendu et fermé
de hautes murailles \ j'en ai vu des plantés dans
une vieille tour, dont les fruits réussissaient dans
les années les plus dangereuses.
E s p è c ei.
1. Amandier Commun à petit fruit. Ce sont
les fruits de cette variété que l'on semé ordi-
nairement pour se procurer des sujets propres
à recevoir les greffes desr autres Anw/ulicrs ,
Amandier. i4t
Pêchers , &c. Le noyau est très dur , et l'amande
petite.
2. Amandier à noyau tendre \ Amandier des
Dames. Son fruit est un peu plus gros que l'As
mande commune; l'amande est douce et très bon*
ne; le dehors du noyau se formant après le de«
dans , la coque est fort tendre.
3. Amandier à petit fruit et noyau tendre'.
Amande Sultane. Son fruit est plus petit , mais
a plus de saveur que le précédent.
4. Amandier à gros fruit et amande douce.
Tout est plus grand, dans cette variété , que.
dans les autres, le noyau est dur , l'amande gros*
se, ferme et de bon goût.
5. Amandier ^Pécher 3 Amande=Pcche> Cet
arbre participe de l'Amandier et du Pêcher, De
ses fruits, les mis sont charnus et succuîens^
comme la Pêche , mais très amers \ les autres
sont couverts d'un brou sec et dur: ils renfer<=,
ment tous un gros noyau dur et lisse , comme
celui des Amandes, et une bonne amande douce.
6. U Amandier nain des'Jndes x n'est propre*
qu'à la décoration des parterres,
7. L Amande pistache demande des climats-
plus tempérés que le nôtre.
AZEROLIER, Mespilus..
VAzerolier blanc d'Italie, est un arbre à.
peu près de même grandeur que l'Aubépine,
qui a besoin de l'espalier pour mûrir dans nôtre
cinnat. Sa taille n'a rien de particulier, ,^ou. ftui£
142 L'ami des Jardiniers.
est gros comme une petite Nèfle-, il est rond,
sa peau est très lisse, blanche d'un côté, lavée
de rouge de l'autre j sa chair est pâteuse, sèche,
d'un goût aigrelet.
\!Az,erulier se greffe sur l'Aube'pine , sur les
autres AzœroUers , sur le Néflier , le Poirier et
le Coignassier. Son fruit mûrit vers la mi Oc«
tobre. Dans une bonne exposition, tous les ter*
reins lui conviennent.
CERISIER, Cerasus*
Culture. Le Cerisier produit, sur ses bour*
geons, les mêmes sortes d'yeux que le Prunier.
5es branches à fruit sont placées dans le même
ordre,- mais au lieu de porter des boutons à
fruit dans toute leur longueur, elles en ont, à
leur extrémité , un grouppe ou assemblage , au
milieu duquel est un oeil à bois, qui produit un
pareil grouppe pour l'année suivante. Elles s'a=
longent si peu, qu'elles ne rendent jamais l'arbre
/épais ni confus , parconséquent aucune ne se re=
tranche, quelle que soit sa direction. Les vui=
des qu'elles laissent, en périssant, se remplissent
par de petits bourgeons qui sortent du vieux bois
et dont on conserve, tant à la taille, qu'à l'é=
bourgeonnement, autant qu'on en peut palisser.
Si quelque partie se dégarnit, en la rapprochant,
il repousse des bourgeons.
Les vuides étant donc rares , ou faciles à
remplir, sur le Cerisier, on le taille long, seu»
lement pour entretenir son plein et sa vigueur ,
et pour que ses bourgeons naissent dans une
disposition avantageuse.
Crf&xm*.' 143
Aucun arbre n'est plus docile et ne forme,
sur le mur, un tapis plus régulier et plus agré-
able, lorsqu'il est conduit par une main habile."
Depuis que le Cerisier entre en fleur, jus«
qu'à ce que son fruit ait acquis environ le tiers
de sa grosseur, il est bon, et même nécessaire,
de jetter de tems en tems au pied, quelques voies
d'eau, si le Printems est sec.
Si un Cerisier pousse des bourgeons trop
confus , qui exigent un ébourgeonnement , il faut
différer cette opération jusqu'en Septembre, et
au lieu de retrancher les bourgeous superflus , il
faut les tailler à 2 ou 3 yeux qui ne produiront
que de petites branches à fruit.
Quoique le Cerisier s'accommode de tous les
terreins, il réussit mieux dans les terres légères
et profondes } il craint le fumier, et il ne souffre
pour tout engrais , que des gazons pourris et des
feuilles Consommées.
Toutes ses espèces se conservent par la greffe
en fente , ou par l'écusson sur le Merisier à fruit
blanc. Les variétés à fruit rond se greffent bien
sur des sujets de leur classe , pour faire des ar«
bres moyens \ mais celles à fruit en coeur , y ré*
ussissent médiocrement. Les variétés communes
à fruit rond, peuvent se perpétuer par les mar=
cottes et les drageons ou rejets enracinés,
On distingue deux classes de Cerisiers. Ceux
de la première sont beaucoup plus grands et
moins touffus que ceux de l'autre. Les feuilles
«ont grades, d'une étoffe peu forte, inal soute*
iAi L'ami des J arduhers;
nues par des queues longues et faibles. Le fruit
est divisé par un sillon, ou raie, plus ou moins
marqué, ce qui lui donne un peu la figure d'un
Coeur.
De cette classe sont: 1. le Merisier à gros
fruit noir, qui ne se cultive que pour son fruit
excellent pour les Ratafias.
Celui à fruit blanc fournit des sujets pour
greffer les autres Cerisiers.
2. Le Gui g nier à fruit noir. Il est plus tou=
ffus que le Merisier , et ses branches moins gros=
ises se soutiennent mal sous le poids de ses ieuil»,
les nombreuses , qui se roulent en dedans. Son
fruit a bien la forme d'un coeur, est applati eÇ
couvert dune peau presque noire. La chair est
d'un rouge très foncé-, l'eau, de même couleur,
est d'un goût peu relevé } il mûrit au commences
ment de Juin.
3. Giùgnier à fruit blanc. Son fruit est blanc
de cire, d'un côté, lavé de rouge, de l'autre -,1a
chair est blanche et plus ferme , l'eau blanche et
plus agréable que celle du précédent.
4. Guignicr à fruit noir luisant. Celle Gui=
une , meilleure que les précédentes, ne mûrit que
vers la fin de Juin. Sa peau est d'un noir poli
et brillant} sa chair est rouge, tendre sans être
molle -, son eau est abondante et d'un goût agré-
able et relevé.
5. Bigarreautier à petit fruit hutif Son fruit
mûrit avec les Guignes , est presque semblable à
la Guigne blanche, mais ses couleurs sont plus
Cerisier. 145
vives, sa chair plus ferme, son eau plus relevée.
6. Bigarreautier à gros fruit rouge. Son fru-*
it mûrit à la mi Juillet , est beaucoup plus gros
que celui du précédent \ sa peau est lisse et briU
lante, d'un rouge vif du coté de l'ombre, foncé
du côté du soleil-, la chair est très ferme, rouge
autour du no/au , abondante en eau d'un goût re-
levé et excellent.
7. Bigarreau à gros fruit blanc , c'est une
variété du précédent, il est de même forme et
grosseur^ sa peau d'un blanc de cire, ne se la=
ve que légèrement de rouge du côté du soleil • sa
chair est moins ferme et son eau moins relevée.
8. Heaumicr blanc. Il ressemble presque à
un Bigarreautïer', le fruit n'a pas tant la forme
de coeur que la Guigne et le Bigarreau. Il a
9 lignes de diamètre., est un peu applati sur un
côté, et porté par une queue longue de deux poiu
ces. Sa peau est très rouge du côté du soleil,
blanche, ou un peu ambrée de l'autre. Sa chair
n'est pas sujette aux vers *, elle est blanche , moins
ferme que celle du Bigarreau , plus aboudante
en eau, qui est bien plus relevée que celle de U
Guigne.
Seconde Classe des Cerisiers.
Les Cerisiers de la seconde classe sont moins
grands que ceux de la première ; ils soutiennent
plus mal leurs branches plus nombreuses j leurs
feuilles * sont plus fortes, plus fermes sur leurs
queues moins grandes. Leurs fruits sont ronds,
fondans, d'un goût relevé d'acide, et leur jjçaU
Tom. I, &
1 16 L' AMI fi ES J A K L> I N I E K S.
ne tient pas à la chair. On pourrait distinguer
cette classe en arbres à fruits rouges, et en ar=
bres à fruits noirs.
1. Cerisier nain précoce. Ce Cerisier est le
plus petit de tous ; à peine a»Uil 6 ou 8 pieds de
hauteur en plein vent. Il est propre pour l'espa=
lier; ses branches sont longues , souples, menues ^
bien exposé , ses fruits mûrissent dès la fin de
Mai ; ils sont très petits , ronds , légèrement teints
de rouge; leur chair fort mince, a peu d'eau trop
acide.
2. Cerisier hâtif. Sa taille est beaucoup plus
grande que celle du précédent; il est fort touffu,
et ses branches se soutiennent mal. Son fruit
de moyenne gross-eur. se lave de bonne heure,
d'un rouge clair , vers la mi Juin ; mais son eau
ne s'adoucit que quand sa peau est d'un rouge
foncé.
3. Cerisier commun à fruit rond. Ce nom est
commun aux Cerisiers provenus de noyaux, qui
varient beaucoup par la taille , le port, la qualité
des fruits , et le teins de leur maturité.
4. Cerisier à irochet. Ses rieurs ressemblent
à celles du Cerisier hâtif \ ses fruits très nome
breux sont d'un rouge foncé , de médiocre gros=
seur, pleins d'une eau trop acide.
5. Cerisier à bouquet. Ses fruits sont rassem=
blés ou grouppés à l'extrémité d'une seule queue ?
serrés les uns contre les autres ; ils sont de gros»
seur médiocre, d'un rouge vif, d'un goût trop a=
cide ; ils mûrissent après la mi Juin.
C É R I s i E R. 147
6. Cerisier de la Toussaint , ou tardif. Ce
Cerisier n'a que des boutons à bois et à fruit-
Ceux ci, aulieu de fleurs, produisent de petits
bourgeons dont les quatre premiers yeux sont des
boutons à fruit pour l'année suivante. II commen-
ce à fleurir au mois de Juin, ses fruits sont por.-
tés par de longues queues , petits 7 d'un rouge
clair, et d'un goût très acide. Ses fleurs et ses fru*
its se succèdent jusqu'aux gelées. L'arbre est très
touffu, ses feuilles sont petites, et une partie de
ses bourgeons à fruit ne fleurit pas.
7. Cerisier de Montmorency , gros Gobet ,
Cerise à courte queue. Sa taille est médiocre, ses
bourgeons sont très menus* ses feuilles petites ?
longuettes, les fleurs très nombreuses nouent rai
rement. Le fruit est gros, applati par les ëxtre=
mités , d'un rouge vif, brillant, peu foncé -, dune
eau abondante , très agréable, porté par de çr.'os*
ses queues courtes. Il mûrit vers la mi Juillet.
8. Autre Cerisier de Montmorency. Ses fru=
its sont moins gros que le Gobet , mieux arronr.
dis, d'un rouge plus foncé, d'un acide plus a-
douci et agréable*, il est plus hâtif d'environ 15
jours.
9. Cerisier de Villenne , à gros fruit rouge
pâle. La taille de ce Cerisier est plus grande
que celle des deux précédens *, ses bourgeons et
ses jeux sont plus gros , «a fleur s'ouvre moins
et ses feuilles sont moins alongées. Son fruit est
gros, bien arrondi parla tête, couvert d'une peau
fine, teint d'un rouge clair, qui se fonce un pm
en mûrissant j plein d'eau relevée d'une légère a*
K 2
445 L'ami des Jardiniers.1
cidité. Cette excellente cerise mûrit au commen*
cernent de Juillet.
10- Cerisier à fruit timbre. C'est le plus grand
de sa classe. Son fruit, la plus excellente de tou-
tes les cerises , mais souvent peu abondant , est
gros, arrondi par la tête, porté par une queue
assez longue , sa peau est fine , de couleur d'auu
bre, que le soleil teint de rouge clair en mûris-
ant-son eau est abondante, douce, sucrée, sans
fadeur. Cette cerise mûrit vers la mi Juillet,
11. Griotticr. L'arbre est un peu moins grand
que le précédent ; ses Heurs s'ouvrent bien \ ses
feuilles sont grandes, d'un verd foncé; son fruit
est gros, souvent applati par les extrémités, cous
vert d'une peau fine, noire, luisante,- sa chair est
ferme, d'un rouge très brun, pleine d'eau rouge,
douce , très agréable. [1 mûrit en Juillet.
12. Griotticr de Portugal. Il est de moyenne
taille; il pousse de gros bourgeons courts et bien
garnis de grandes feuilles. Ses fleurs s'ouvrent
bien , son fruit est gros , applati par les extré=
mités, couvert d'une peau cassante, d'un rouge
tirant sur le noir. Sa chair est ferme , d'un roua-
ge foncé, pleine d'eau abondante, rouge, exccl»
lente. Il mûrit au commencement de Juillet.
13. Griotticr d Allemagne ,• Griotte de Chaux.
Son bois est menu, ses fleurs médiocrement ou*
vertes , ses feuilles larges , son fruit gros et beau ,
presque noir:; sa chair d'un rouge foncé, est a*
boudante en eau acide , surtout dans les terreins
froids. Il mûrit à la mi Juillet.
Cèr isïer. H9
JLe Guindalier^ nommé Guirtdoux en Poitou,
est un Griotticr bien supérieur aux autres , par
la grosseur et la qualité de son fruit. Dans nôtre
climat et dans ceux qui sont encore plus froids,
l'espalier bien exposé Lui convient mieux que le
plein vent. Cet excellent Cerisier devrait être
cultivé partout,
14. Chéri/ ^Duke , Roi/ aie. Cet arbre ne devient
pas très grand , à cause de sa fécondité, La quan*
tité de son fruit le fait courber, et il se relève
mal. Son fruit est gros, peu arrondi, d'un rouge
très brun* la chair est rouge, plus ferme que cel»
le de la Griotte, pleine d'eau rouge, excellente,
quelque fois un peu trop douce. Elle mûrit, au corne
mencement de Juillet.
15. Cerise guigne. Cet arbre devient plus granci
que le précédent; ses boutons grouppés en grand
nombre h. l'extrémité des branches à fruit, don=
nent de 3 à 5 fleurs chacun , comme ceux du Ché^
ii/duke. Ses fruits sont aussi nombreux, un peu
plus gros, delà forme d'une grosse Guigne rac-
courcie, de mêmes couleur, saveur et qualité,
uii peu plus hâtifs. Cette cerise connue sous le
nom de. Roi/ aie nouvelle, mûrit depuis la rai Ju«
in, jusqu'à la mi Juillet.
Ordre de maturité des différentes Cèrisesv
1. May«Duke, 6. Cerise hâtive.
2. Cerise précoce. 7. Cerise commune.
3. Guigne blanche. 8. Heaume blanc.
4. Guigne noire. 9. Guigne noire luisante.'
fi. Bigarreau hâtif, 10. Cerise à bouquet»
150 L'ami des Jartiniers.
êYise à brochet. 18. Gros Gobet.
i 2. Montmorency. 19. Cerise ainbre'e.
1J. Che'iy^Duke. 20. Griotte.
ii.Céiise de Vilîcnnc. 21. Griotte de Portugal
15. Gros Bigarreau blanc. 22. Griotte d'Allemagne
16. Gros Bigarre an rouge- 23. Cerise tardive.
17. Cerise Guigne. 2 i Cerise de la Toussaint-
Coigna5sier; Cydonia.
1. Le Coignassier commun- est un grand ar=
brisseau qui n'exige ni soins ni culture, et qui
croit dans toute sorte de terreins \ il se multi=
plie par marcottes et par boutures pour former
des sujets sur lesquels on greffe le Poirier.
2. Le Coignassier de Portugal , devient un ar=
bre de grandeur médiocre ; son fruit est gros . a=
Jongé ; la peau est jaune, couverte d'un duvet fin ;
la chair de même goût et de même odeur que
celle des autres Coignassiers . est plus tendre.
11 mûrit en Octobre et Novembre.
3. Le Coignassier mâle; son fruit est près*
que rond.
4. Le Coïgnassier femelle ; ces deux derniers
tiennent le milieu entre les deux autres, pour la
grandeur et les productions; ils donnent, avec cçr
lui de Portugal, des sujets plus forts que le com=
mun, pour bien nourrir les greffes du Poirier.
Épine Vinette, Berberis.
"ÛKpine Vinette est un arbrisseau très com=
mun, qui croît naturellement dans les lieux les
Fi g v ier. I5i
plus incultes et les plus sauvages. Il a plusieurs
variétés intéressantes , notament celle à fruits sans
pépins. Ses fruits mûrissent en Novembre, il ne
veut ni taille, ni culture, ni engrais.
Figuier, Ficus.
Dans les climats froids, le Figuier n'est près»
que jamais qu'un arbrisseau ; mais dans les Pays
du Midi, il devient très gros.
Il se multiplie par les marcottes, les boutu-
res, les brins enracinés éclatés des vieux pieds",
Voyez la manière de faire ces opérations , au
cotnmencement du second Volume. Il aime les
terres chaudes et légères , quoique toute terre et
toute exposition lui conviennent; mais ses fruits
sont plus tardifs et de mauvaise qualité, dans les
terreins froids et aux mauvaises expositions. Il
réussit mieux dans les cours fermées de Bâtimens
ou contre des murs exposés au Midi.
Pour le préserver des Hivers rigoureux, s'il
est placé contre un mur, il faut baisser ses brah=
ches , les rapprocher, les attacher contre le mur,
et les couvrir de terre, de fumier à moitié corn
sommé, de branches de Genièvricr, de Sapin, ou
autres arbres verds et résineux ,et même de paii=
le ou de fougère. Mais j'ai remarqué que dans
les Hivers neigeux , les Souris et les Mulots vont
en ronger l'écorce .quand il est couvert de paille,
où ils aiment à se retirer.
S'il est en plein vent ou en buisson, il faut,
dès 1<3 moi? de Décembre, en bien butter le pied
152 L'ami des Jardiniers.
avec rie la terre; lier ses branches les unes
contre 1rs autres avec des liens de paille ou d'o-
sier, et les envelopper avec un gros cordon de
paille ou de cossas de Pois tordus , depuis le pied
jusqu'à l'extrémité des branches, en serrant bien
chaque tour l'un contre l'autre.
On peut aussi les rouvrir de branches d'arbres
verds , et cette méthode est la meilleure et la
plus facile -, il faut seulement ejj mettre un peu é*
pais.
Vers la fin de Mars, on débute le pied de
l'arbre et on le découvre peu à peu de bas en
haut, afin que l'extrémité demeure couverte , jus=
qu'à ce qu'elle n'ait plus rien à craindre des froids
tardifs, qui ont quelque fois lieu jusqu'au com*
mencement de Mai. Mais s'ils sont contre un
mur, on peut les découvrir entièrement dès le
commencement de Mars , et les abriter légère»
ment, comme je l'ai dit pour les Pêchers, et en
prenant les mêmes précautions. On avancera,
parce moyen, beaucoup leur végétation , et leur
seconde portée mûrira bien.
Apres qu'ils sont' découverts, il faut retran*
cher tout le bois mort; tailler à un ou deux veux
les branches chiffonnes; à trois ou quatre yeux,
les branches moyennes, qui ne montrent point de
fruit, et même les gros bourgeons qui sont fort
longs, afin de multiplier les branches, et d en rap=
prochef les étages; car chaque oeil ne produisant
qu'une fois du fruit, on ne peut se procurer de
nouveaux yeux. . qu'en fusant naître de nouvelles
inches.. Dans cette vue il est bon de pincer au
Fi ru ier.
mois de Juin, les plus forts des nouveaux bour*
geons.
Dans les vieilles touffes, il faut tous les ans»,
avant l'Hiver, couper jusques sur la souche, les
brins usés et dégarnis du bas, afin de faire pro*
fiterles autres, de faire naître de nouveaux brins,
et de renouveller successivement l'arbre.
Le Viguier réussit bien en espalier, mais il ne
peut y être conduit bien régulièrement, par râpa
port à la roideur et a l'indocilité de ses bran^
ches. Il est bon de jetter quelques voies d'eau
au pied du Figuier, pendant l'Eté.
Variétés du Figuier.
1. Figuier à fruit blanc; c'est le plus propre
aux climats tempérés. Ses fruits sont gros , ren=
liés par la tête, pointus vers la queue , couverts
d'une, peau lisse, d'un verd très clair, pleins d'un
suc doux et très agréable.
2. Figuier à fruit jaune : Figue angélique.
Ses fruits sont un peu plus alongés et moins gros
que ceux du précédent; la peau est jaune, tique=
tée de verd clair ; le goût est fort bon. Ce Fia
guier porte plus abondament en Automne, que
dans la première saison.
3. Figuier à fruit violet. La peau de son
fruit est d'un violet foncé; la chair rouge et le
goût très bon, dans les années chaudes. Il pro*
duit plus en Automne qu'en Été.
Les autres variétés du Figuier , veulent les
Pays Méridionaux,
154 L'ami des Jardiniers.
Na. Il ne faut cueillir les Figues, pour les
manger excellentes, que quand elles sont bien
mûres et même un peu cuites par le soleil ,• il
faut pour, cela, les découvrir de leurs feuilles,
lorsqu'on* voit qu'elles sont à leur grosseur, les
laisser rider ou fanner un peu, et quand on voit
une larme de sirop sortir de l'oeil, c'est le mor
ment de les manger.
Framboisier', Rubus Idaeus.
Le Framboisier est une Ronce, ou arbuste,
qui se multiplie en éclatant les vieux pieds, ou
en levant les drageons, ou rejets sortis de leurs
racines. Il faut les rabattre à 8 ou 10 pouces,
et les planter à 3 ou 4 pieds l'un de l'autre.
En Février il faut retrancher tous les brins
qui ont donné du fruit l'année précédente, et
dont la pluspart sont morts ; tailler à 1S ou 18
pouces une partie des jeun es bourgeons, et lais=
ser les plus forts presque entiers ; ceux ci don=
lieront plus de fruit . les autres du plus beau.
On donne ensuite un labour en arrachant tous
les drageons sortis des racines.
Le Framboisier se plante depuis Novembre
jusqu'en Mars, dans toute sorte de terreins. Il
ne veut ni fumiers ni engrais , mais il faut le chau*
ger de place quand il a effrité la terre , ce qui
se reconnaît par la petitesse de ses fruits. On dis=
tingue:
1. Le Framboisier commun à fruit rage.
2. Le Framboisier à fruit blanc.
G K 0 S E I L B E R. 155
3. Le Framboisier des deux saisons . préférable
aux deux premiers ; il donne des fruits jusqu'
aux gelées , pareeque les yeux de l'extrémité
des jeunes brins s'ouvrent en Automne. En Fé=
vricr suivant, on rabat ces brins, les uns à 15
ou 18 pouces* les plus forts au dessous des veux
qui ont donné du fruit :, les jeux d'en bas s'oiu
f/rent pendant l'Été, de sorte qu'il produit 2
récoltes, lune sur le bas des bourgeons de Pan*
née précédente j l'autre au dessus des bourgeons
de Tannée.
Groseiller à Grappb; Grossularia.
Quoique le Groseiller vienne bien dans toute
terre et à toute exposition, il donne de plus beau
fruit, et moins acide, dans les terres légères et
fertiles. On peut le mettre en touffe, en tige, en
palissade, en espalier, car il est susceptible de
toutes les formes.
On taille le Groseiller en Février , en retranchant
le bois mort, usé, trop vieux, et les chicots;
en supprimant les brins faibles , s'il est trop tou=
ffu :, en rabattant les jeunes bourgeons qui par*
tent du tronc, à une longueur convenable à la
hauteur -de la touffe ; en taillant les forts bour=
geons des anciens brins, à 3 ou 4 yeux, et les
moyens à 1 ou 2 yeux.
Lorsque le Groseiller ne produit plus que de
petits fruits trop acides, il faut le déplanter, é=
dater les plus jeunes brins des vieux pieds, et
les planter dans une autre terre , ou dans la
même place, en changeant et amendant la terre.
Ï06 L'ami des Jardiniers.
Voici ses différentes variéte's :
1. Groseiller à gros fruits rouges. Ses pro-
ductions en bois et en fruit, sont plus grandes
et plus fortes que celles du Groseiller commun ,
et ses fruits moins acides.
2. Le Groseiller à gros fruits couleur de
chair. Son fruit est un peu moins acide.
3. Groseiller à gros fruit blanc. Son acidi-=
té est beaucoup moindre.
4. Groseiller à fruit blanc ; Groseille perlée.
C'est une variété du Groseiller commun , dont
le fruit est un peu plus gros et moins acide.
5. Groseiller à fruit noir, Cassis, Poivrier.
Cet arbrisseau dont le fruit est de quelque usage
en Médecine. , ne doit pas être beaucoup muU
tipiié, quoique l'on en fasse du Ratafias, parce»
que son goût est désagréable et qu'il n'a que
peu d'amateurs. Il ne noue ordinairement, dans
chaque grappe , que 5 ou 6 grains , plus gros , noirs
et d'un goût qui répugne à bien des personnes.
Lorsque le fruit des Groscillers approche de
sa maturité, en couvrant leurs touffes de paille
pour le défendre des rayons du soleil, et des oi=
seaux } il s'y conserve bien jusqu'en Novembre,
et perd presque toute son acidité.
Groseiller épineux*, Grossularïa spinosa.
Le Groseiller épineux croît naturellement en
touffe, mais on peut l'élever sur une tige courte.
Mûrier.. 157
et lui former une tête, ce qui le rend moins
désagréable.
Son fruit varie de couleur, suivant les espèces,
blanche, rouge, violette. II croît dans les plus
mauvais terreins et à toute exposition. On le
nomme à Paris, Groseille à Maquereau.
Mûrier à fruit noir; Morus.
Le Mûrier est un grand arbre mal fait et sans
régularité. On peut rélever en espalier, pareeque
ses bourgeons sont fort souples , et il y donne
de plus beaux fruits qui mûrissent successives
ment , depuis la fin de Juillet , jusqu'à la fin de
Septembre. Mais il lui faut un grand espace pour
qu'il puisse s'étendre en liberté et pouvoir don=
ner de l'air à ses fruits qui tomberaient avant
de mûrir.
On le multiplie de marcottes et de boutures.
Voyez, au commencement du 2. Volume. Sa
taille n'a rien de particulier, sinon qu'il demande
à être alongé , sans quoi il pousserait avec trop
de vigueur.
Il aime les lieux abrités des mauvais vents ,
et préfère une -bonne terre légère , quoiqu'il
puisse croître vigoureusement dans les terres
fortes et humides.
Pour le Mûrier blanc , voyez la 3 partie ,
au 2 Volume.
Néflier; Mespilus.
Le Néflier , qui tient du Coignassier , se
I08 L'ami des Jardiniers.
multiplie par la greffe en fente , ou en éeusson
sur l'Épine, le Néflier des bois, l'Azerolier, le
Cognassier, le Poirier. Il réussit dans tous les
terreins , et peut recevoir toutes les formes. Ses
différentes variétés sont-.
1. Ne/lier des bois ^ sa taille et ses fruits
sont petits et de mauvais goût.
2. Néflier cultivé, à gros fruit ; ses produc*
tions surpassent de beaucoup celles du précédent -y
son fruit 7 ou 8 fois plus gros , est encore moins
délicat.
3. Néflier a fruit sans noyaux \ il est un peu
plus grand que celui des bois, il porte des fruits
aussi petits, mais qui mollissent mieux.
Tout le monde sait que les Nèfles mûrissent
dans la paille ordinaire , et mieux dans celle de
vanage, ou bourre.
Noisettier; Corylus.
Le Noisettier , qui croît communément dans
les bois , ne demande , parconséquent, aucune
culture particulière, ni un bon terrein.
Voici les autres espèces, qui ne sont guerre3
plus difliciles, et qui se placent dans l'endroit le
plus reculé des grands jardins , où elles ne de=
mandent ni soins, ni culture.
1. \J Avelinier à fruit rond. 2. L 'Avelinier
d'Espagne à fruit carre, ou anguleux ; c'est
V Aveline que vendent les Epiciers. 8. Le NoiseU
fier franc à fruit blanc 3 de la forme d'un oeuf.
Pécher. 1o9
4. Le Noisettier franc à fruit rouge , et de
même forme.
Oranger; Aurantia.
Comme {'Oranger est un arbre qui ne peut
supporter nos Hivers, en plein air, Voyez, son
article dans la S Partie, au 2 Volume.
P i c h e r ; Persica.
Voyez,, pour sa taille particulière , le Cha-
pitre 15, an commencement de ce Vol. Elle est
nécessaire à ceux qui sont en plein vent, comme
à ceux qui sont en espalier.
Le Pécher en plein vent, n'est qu'un petit
arbre; mais il s'étend beaucoup en espalier sur
tout lorsqu'il est planté dans un terrein conve=.
nable , et qu'il est conduit par une main habile.
La pluspart des bonnes variétés du Pêcher,
ne se multiplient que par la greffe en écusson à
oeil dormant, sur l'Amandier, pour les terreins
qui ont de la profondeur ; ou sur le Prunier de
St. Julien, pour les terres légères qui ont peu de
fond, pourvu qu'elles ne soient pas arides; ou
sur l'Abricotier. L'écusson doit être levé aux
noeuds des bourgeons moyens qui sont garnis
d'yeux duubles ou triples, bien aoûtés, et être
appliqués sur les sujets, au déclin de leur secon=
de sève, parconséquent vers la fin de Juillet,
sur le Prunier; un peu plus tard, sur l'Abrico=
tier, et le vieux Amandier ; vers la mi Septem-»
bre, sur le jeune Amandier.
Les.Chcvreuscs j la Bourdïne , la Malte ; la
160 L'ami des Jardiniers.
Nivctte. et les Pêchers de Vigne, peuvent s'é*
lever en picm vent; toutes les autres veulent
l'espalier.
Un terrain doux , meuble , substantieux , pro=
fond, ni sec ni humide, est parfait pour le
Pécher. Ne le plantez jamais au Nord} placez,
au Midi, les espèces tardives, et les autres, quand
le terrein est froid et humide.
L'exposition du Levant au Midi, et celle du
Midi au couchant, sont les plus favorables aux.
espèces qui mûrissent depuis Juillet , jusqu'en
Septembre.
Prenez garde à la gomme, elle le fait péril
aussi promptement que l'Abricotier , et la plus
belle branche, lorsqu'elle en est attaquée, peut
mourir du matin au soir.
Voyez, les autres observations qui le cou*
cernent, au Chap. 15 de ce Volume.
Variétés du Pêcher , par ordre Alphabétique.
Az>ant=Pêche blanche. Son fruit est fort pe-
tit , d'une rondeur un peu aiongée , terminé par
un mamelon , couvert d'ur.e peau fine , velue >
blanche , ou légèrement la\ée de rouge du côté
du soleil \ sa chair est blanche , peu succulente ,
très sucrée et un peu musquée. Il mûrit vers
la mi Juillet.
Avant-Pêche rou>/e. Ses fleurs ont la cou*
leur de Rose plus foncée que celles du précé=
dent :, le fruit est moins petit , bien arrondi , teint
de rouge vif du côté du soleil j d'un goût sucré
PÊCHER. 161
et musqué. Il mûrit à la fin de Juillet.
Au ant= Pêche jaune. Ses fleurs sont petites ,
d'un rouge foncé ; son fruit est petit, un peu
alongé, terminé par un gros mamelon pointu,
couvert d'une peau très veloutée , d'un beau jau*
ne, teinte de rouge très foncé du côté du so=
leil. Sa chair est fondante, jaune , rouge autour du.
noyau, douce, sucrée; il mûrit vers la fin d'Août,
Alberge jaune , P ce he jaune. Elle ne diffère
de la précédente, que par son fruit, qui est plus
gros, d'un goût sucré et vineux, et qui mûrit
un peu plus tard. Sa variété nommée Rossane ,
a le fruit un peu plus gros et plus tardif.
Admirable. Ce Pêcher grand et vigoureux
a les fleurs petites et légèrement lavées de rou*
ge ; son fruit est très gros , bien arrondi , jaune
clair d'un côté, rouge vif de l'autre. La chair
est ferme, fine, blanche, teinte de rouge clair
prés du noyau , pleine d'une eau douce , su=
crée, d'un goût vineux, relevé, admirable. II
mûrit à la mi Septembre.
Admirable jaune , Abricotêe , Pêche d'abris
cot. Ce Pêcher, qui parait une variété du pré«
cèdent, est très fécond, même en plein venty-sa
fleur est grande et belle; son fruit est rondy un
peu moins renflé par la tête ; la chair fei'ifte ,
quelque fois uu peu pâteuse , est de même ' cou-
leur que celle de l'Abricot commun, et l'eau en
en a un peu le goût; sa maturité est en Octo*
bre. En plein vent le fruit est meilleur, mais
plus petit. Ce Pêcher ne dégénère point par les
semences.
Tome I L
L'ami des Jardind^
Bdlcgarde : Voyez, Galande.
Bourdine , Narbonne , est une variété de lu
Crosse^Mignonne , dont les fleurs sont petites,
lave'es de couleur de rose ; le fruit est aussi beau ,
teint des mêmes cpulcurs et d'un goût plus par*
fait ; il mûrit à la mi Septembre.
Brugnon; Voyez aux Pêches tardives.
Chanceliere à grande fleur , est une variété
de la Chevreuse hâtive ; ses fleurs sont plus gran=
des, son fruit un peu moins alongé, d'un goût
plus sucré et plus agréable ; il mûrit à la fin d'août
Chevreuse hâtive. Ses fleurs sont petites , ses
fruits gros . un peu alongés *, souvent parsemés
de petites bosses, surtout vers la queue ; la peau
est jaune et prend un rouge vif et clair du cô=
té du soleil. La chair devient un peu pâteuse ,
quand elle est très mûre et que l'arbre est mal
exposé; l'eau est sucrée, agréable; elle mûrit à
la fin d'Août.
Chevreuse tardive ,• Pourprée. Cette variété
est plus féconde encore que les autres Chevreu=
ses, a le fruit moins alongé , presque verd, plein
d'une eau excellente, il mûrit à la fin de Sep=
tembre.
La véritable Pêche d'Italie est aussi une va*
riété de la Chevreuse , plus grosse, plus tardive,
plus* pale, plus abondante en eau. L'arbre est aussi
plus vigoureux, quoique les Pêchers de Che*
vreu.se le soient beaucoup.
Double de Troyes; Voyez Petite. mignonne.
PâCHEB. lui
Galande, Bellegarde, c'est une variété de
Y Admirable \ son fruit un peu plus hâtif est
presque entièrement teint de rouge pourpre ; l'eau
est sucrée et fort bonne.
Jaune lisse. Ses fleurs sont de moyenne
grandeur, son fruit, de grosseur médiocre, est
rond-, la peau est jaune, un peu marbrée du cô=
té du soleil, lisse et sans duvet; la chair est jau=
ne, sucrée, d'un goût approchant de l'Abricot.
Elle mûrit vers la mi Octobre, et peut se gar=
der 15 jours dans la fruiterie.
Madeleine blanche. Ce Pécher est difficile sur
ie terrein; sa moelle est brune; ses grandes fleurs
sont d'un rouge pâle; ses feuilles profondément
dentelées. Son fruit est plus gros que celui de
la Pcche de Troyes et des Alberges. Sa peau
fine et blanche est un peu fouettée de rouge du
côté du soleil; sa chair est fine, délicate, bîan=
che , pleine d'eau sucrée , musquée ; il mûrit vers
la mi Août.
Madeleine rouge. L'arbre ressemble beaucoup
au précédent; ses fleurs sont plus teintes, ses
feuilles plus dentelées ; son fruit est plus gros ,
rond, d'un beau rouge; sa chair est blanche,
abondante en eau sucrée, relevée, excellente.
Il mûrit à la mi Septembre.
Malte, Pêche de Malte. C'est une variété
de la Madeleine blanche, dont la moelle est
brune, les feuilles sont dentelées plus profondé-,
ment ; les fleurs sont de mêmes couleur et gran=
deur; le fruit est d'un rond applati; de même
grosseur, marbré de rouge clair et de rouge foncé.
L 2
164 L'ami desJ ardiniers.
La chair est toute blanche, fine, reriiplie d'eau
musquée très agréable. 11 mûrit vers la fin de
Septembre.
Mu/nonne , ( Grasse) Veloutée. Ses fleurs
sont grandes et d'un rouge vil'} son fruit est
gros, bieji arrondi, divisé par une gouttière pro=
fonde , mais serrée ,* la peau couverte d'un du=
vet très fin , est d'un verd clair tirant sur le
jaune, très finement tiqueté de petits points rou=
ges ; le côté du soleil est d'un rouge très foncé \
la chair est fine, fondante, délicate, blanche,
pleine d'eau sucrée, vineuse, relevée. Ce beau
fruit, l'une des plus excellentes Pêches , mûrit
à la mi Septembre. L'arbre est très fécond.
Mignonne , petite , Voyez, Pêche de Troyes.
Nivelle, Veloutée. Ses fleurs sont petites,
d'un rouge foncé. Son fruit est gros, rond, un
peu alongé, la peau vcrdàtre se lave de rouge
vif, foncé du côté du soleil ; elle est garnie d'un
duvet lin et très épais; la chair est ferme, l'eau
sucrée et relevée , si le fruit a passé quelques
jours dans ls fruiterie. Elle mûrit à la fin de
Septembre.
Pavie; Voyez, après les Pêches.
Persique. Ce Pêcher est d'un grand rapport,
même en plein vent; on peut le multiplier de se=
menées; ses fleurs sont petites, légèrement lavées
de rouge; son fruit alongé, mal arrondi, angu=
leux, semé de petites bosses, dont une plus sail«
lante vers la queue; il est gros, d'un beau rouge
du côté du soleil ; la chair est ferme, succulente,
PÉCHER. 165
d'un goût fin, relevé. Cette Pèche la meilleure
des tardives, mûrit en Octobre et Novembre.
Pêche jaune ; Voyez, Alberge jaune.
Pèche de Malte; Voyez Malte.
Pêche de Troyes ; petite -Mignonne ; Double
de Troyes. Ce Pécher ressemble beaucoup à
\Avant=Pêche rouge ; mais ses fleurs sont fort
petites, son fruit est double en grosseur, quels
que fois alongé , d'un blanc un peu jaune, d'un
rouge très foncé du côté du soleil. Sa chair est
fine et toute blanche \ l'eau est abondante, vineu=
se, agréable. Il mûrit vers la fin d'Août.
PecJies.Ceri.se. C'est une variété de la petite
Mignonne . Le fruit est de même grosseur, bien
fait, lisse, brillant, d'un blanc de cire d'un coté,
d'un beau rouge de cerise de l'autre , il est plus
agréable aux yeux qu'au goût , mûrit un peu plus
tard; du reste, la taille, le port, les fleurs et
les feuilles sont semblables.
Pourprée hâtive. Les fleurs sont grandes,
bien ouvertes , teintes de rouge vif; le fruit est
gros , divisé par un sillon large et profond ,• sa
peau est veloutée , d'un beau rouge foncé du
côté du soleil., tiquetée de rouge vif de l'autre;
sa chair fine et très fondante est d'un rouge fort
vif auprès du noyau, blanche ailleurs, très a=
bondante en eau d'un goût excellent. Cette Pè=
che mûrit au commencement d'aoûst.
Pourprée tardive. Ses fleurs sont fort peti=>
tes, son fruit est gros, bien arrondi, divisé par
une gouttière peu marquée, couvert d'une peau
166 L'ami des Ja ruini ers.
velouté, d'un jaune, paille d'un côte', rouge vif,
ou pourpre du côté du soleil. Sa chair est fort
rouge près du noyau, et pleine d'eau très rele^
vée. Elle mûrit au commencement d'Octobre.
Royale. Ce Pécher passe pour une variété de
l'Admirable, son fruit est gros, moins arrondi,
terminé par un mamelon assez saillant, quelque
fois parsemé de petites bosses ; l'eau est sucrée , re-
levée, agréable^ il mûrit à la fin de Septembre.
Tetlon de Vénus. Ce Pêcher a aussi le port ,
les feuilles et les fleurs de l'admirable } ses fruits
ordinairement plus gros , moins bien arrondis,
terminés par un gros mamelon , sont d'un jaune
paille lavé légèrement de rouge du côté du so*
Jcil. La chair est de couleur de Rose près du
noyau } l'eau est d'un goût très fin et très agré-
able. Ce beau fruit mûrit à la fin de Septembre.
Net. Les Pèches précédentes ont plus ou moins
la chair fondante et facile à détacher du noyau
et leur peau est couverte d'un duvet plus ou
moins fin et épais. Les suivantes n'ont aucun de
ces caractères.
Brugnon violet, musqué. Cet arbre se dis-
tingue par ses grandes fleurs et par son fruit un
peu moindre que la Grosse violette dont je vais
parler. Il est teint d'un beau violet clair du co*
té du soleil-, la chair est ferme, très rouge près
du noyau, très abondante en eau vineuse, mus*
quée, sucrée, excellente, lorsqu'il a été cueilli
dans sa parfaite maturité et qu'ensuite il a pas*
se quelque tems dans la fruiterie. Il mûrit à la
fin de ^Septembre.
Pkchek. 167
Pavie blanc , Pavie Madeleine. Ce Pécher
ne diffère de la Madeleine, que par la dureté
de sa chair et son adhérence à la peau et au
noyau j qualités propres à tous les Pavies. Son
fruit mûrit à la fin de Septembre.
Pavie jaune. Son fruit est quelque fois plus
gros que le Pavie de Pomponne , dont je par=
lerai à l'article suivant, souvent meilleur j il mû-
rit aussi bien et dans le même teins.
Pavie de Pompomie , Pavie rouge. Ce Pêcher
est très vigoureux , ses grandes fleurs s'ouvrent
mal ; son fruit d'une grosseur extraordinaire, est
d'un très beau rouge d'un côté , d'un blanc ver=
dâtre de l'autre \ la chair très rouge près du noy=
au, est pleine d'eau musquée, sucrée, vineuse ,
lorqu'il mûrit dans le commencement d'Octobre.
C'est la plus superbe Pèche.
II faut mettre ce Pêcher à la meilleure ex^
position, le bien abriter dans les dernières ge-
lées , afin de hâter sa végétation et pouvoir jouir
de son fruit 15 jours plus tôt, pour qu'il soit par«
faitement mûr.
Vineuse; Voyez, Pourprée hâtive.
Violette, Ç grosse ). Ce Pêcher est une va*
riété du suivant, il mûrit plus tard et aie fruit
double en grosseur.
Violette, (petite). Ceîuici est beau et porte
beaucoup-, sôs fleurs sont très petites, d'un rou=
ge très foncé ; ses fruits gros comme ceux de la
petite Mignonne, sont assez bien arrondis, lis=
ses, d'un jaune pâle d'un côté, d'un violet clair
de l'autre-, la chair est fine., l'eau sucrée vineu-
46S L'ami des Jardiniers.
se , relevée, excellente, pourvu qu'on laisse mû«
rir le fruit sur l'arbre. Cette Pèche mûrît au com=
mencement de Septembre.
Violette tardive, marbrée* panachée. C'est
une sous^variété de la Grosse Violette \ son fruit
est moins rond , un peu anguleux , verdàtre d'un
côté, violet de l'autre, tacheté de rouge ; si l'on
veut qu'il mûrisse parfaitement, il faut le mettre
à la meilleure exposition.
Il est inutile de parler de plusieurs autres
Pêchers , tels que ceux qui se cultivent dans les
vignes, ou autres dont les qualités sont très in»
férieures à celles des différentes espèces dont je
viens de parler, et qui suffisent au delà, pour
tous les amateurs, et même pour les Jardiniers
de profession.
Na. On peut voir au Chap. 20 de ce Volume ,
la manière de colorer les Pêches et de peindre
des Fleurs, Chiffres , &c. sur leur peau.
Un bon Jardinier doit connaître la maturité
d'une Pêche , à la couleur de la peau qui s'é*
claircit. Mais s'il n'a pas ce talent, il ne faut pas
qu'il serre le fruit avec les doigts , pour essaier
s'il est tendre et parconséquent mûr; il faut pla=
cer la main dessous et le soulever doucement \
s'il quitte facilement la queue , il est à son terme.
Ordre de Maturité des Pèches.
AvantrPêche blanche. Madeleine blanche.
AvanUPêche rouge. Pêche jaune.
Avant Pêche jaune. Pourprée hâtive.
Double de Troves. Chevreuse hâtive.
PicHER; Poirier.
169
Vineuse.
Mignonne.
Madeleine rouge.
Galande.
Pavie Madeleine,
Chanceliere.
Pêche=Malte.
Pêche d'Italie.
PêcheXérise.
Petite Violette.
Grosse Violette.
Bourdine.
Admirable.
Tetton de Ve'nus.
Chevreuse tardive.
Brugnon Violet.
Rovale.
Nivette.
Violette tardive.
Pourprée tardive.
Persique.
Pavie rouge.
Pavie jaune.
Admirable jaune.
Jaune lisse.
POIRIER; Pyrus.
Le Poirier est un des plus beaux arbres que
Ton puisse cultiver ; il prend la forme la plus ré-
gulière, quand il est bien conduit; on le répare ,
on le rajeunit à volonté , mais il demande une
bonne terre, et surtout très profonde. Les ter=
reins de sable gras et frais lui conviennent le mi=
eux.
Ses nombreuses variétés se multiplient par la
greffe en ccusson , en fente , en couronne , sur le
Poirier sauvage, pour les grands plein vent, dans
les terreins qui ont beaucoup de profondeur ; sur
le grand Coignassier , pour les plein vent , dans
les terreins médiocrement profonds , et pour les
espaliers qui ont une grande hauteur -, sur le pe=
tit Coignassier, pour les espaliers bas, les con=
tre=espaliers , palissades, Sec.
Quelques variétés de Poires fondantes réus=
170 L'ami ses Jardiniers.
sissent sur l'Azerolier, l'Aubépine , le Néflier, le
Cormier. En quelque forme qu'on élève le PoU
rier, il peut être greffé sur franc, lorsque le
terrein a assez de profondeur.
Il n'y a aucune exposition où l'on ne puisse
planter quelque variété de Poirier-, mais en gé»
nérai il réussit mieux, et ses fruits ont plus de
goût et sont mieux colorés, au Midi.
Quand à sa taille, Voyez le Chap. 12, au
commencement de ce Volume -, les instructions
que j'y ai détaillées font la base de celles des
autres arbres fruitiers.
Variétés du Poirier , par ordre Alphabétique^
Ambrette. Le bois de ce Poirier est vigou*
reux et épineux ; son fruit de moyenne grosseur ,
de forme presque ovale, blanchâtre ou gris dans
les terres fortes j sa chair est fine, fondante, su=
crée , relevée et excellente dans les terreins secs
et chauds,- il mûrit depuis Novembre jusqu'en
Février.
Amiré Joannet. Ce Poirier est vigoureux , sa
Heur est grande et belle, son fruit est petit, a
bien la forme de poire 5 il est lisse , jaune citron ,
sa chair est blanche, son eau peu relevée, il mù=
rit vers la fin de Juin.
Amour , Voyez, Trésor.
Angélique de Bordeaux. Ce Poirier est très
délicat et ne se greffe que sur franc. Son fruit est
gros, semblable au Bon- Chrétien d 'Hiver , mais
Poirier. 171
applati sur son diamètre ou épaisseur *, ses cou=
leurs sont plus pâles j il est lisse, cassant, quel=
quefois tendre , doux et sucre'. Il se garde fort
longtems.
Angleterre , Beurré d' Angleterre 0 Ce Poirier
fertile ne se greffe bien que sur franc, son fruit
est de moyenne grosseur, en forme d'oeuf alon=
gé, pointu vers la queue, lisse, d'un gris verdâ»
tre tiqueté de roux, tendre, demi beurré, fon*
dant, prompt à mollir, abondant en eau d'une
saveur agréable, il mûrit en Septembre.
Angleterre d'Hiver. Son fruit est de moy«
enne grosseur, bien arrondi par la tête, lisse,
d'un jaune cition parsemé de grandes taches
d'un jaune foncé; très beurré, prompt à mollir,
doux et agréable, mais un peu sec. Il mûrit en
Décembre, Janvier et Février.
Aurate. Il se greffe le mieux sur franc. Son
fruit est petit, un peu applati, jaune très clair
lavé de rouge, demi beurré, un peu sec, près*
que aussi hàtif que le petit Muscat, vers la fin
de Juin.
Bellissime d'Eté , Suprême. Son fruit est pe=
tit , bien arrondi par la tête , en pointe camuse
vers la queue, lisse, brillant, d'un très beau rou=
ge foncé et d'un jaune citron rayé de rouge fort
clair • demi beurré, prompt à se cotonner et à
mollir-, d'un goût agréable j il mûrit en Juillet.
Bellissime d Hiver. Ce beau fruit , plus gros
que le Catillac , presque rond, lisse, peint de
jaune et d'un beau ronge, est tendre, sans pier-
res, doux, sans acreté, moelleux et excellent à
172 L'ami des Jardinier».
cuire de Janvier en Mai.
Beurré d'Angleterre; Voyez, Angleterre.
Bergamotte d'Eté, Milan de la Beuvriere.
Son fruit est gros, rude au toucher, d*un verd
gai tiqueté de fauve, demi beurré, prompt à se
coLonner, d'un goût peu relevé, quoiqu'agréable ;
mûrit au commencement de Septembre.
Bergamotte d'Automne. Ce Poirier vient mi=
eux en espalier. Son fruit est gros , applati par la
tète, lisse, jaune, légèrement lavé de rouge brun
tiqueté de gris, beurré et fondant, doux, sucré,
parfumé; mûrit en Octobre , Novembre Décembre.
Bergamotte de Hollande, d'Aleneon , Amo=
selle. Le fruit est gros dans les bons terreins , sa
forme est presque ronde; sa peau verte devient
d'un jaune clair; sa chair demi cassante, abon»
dante en eau agréable un peu relevée , appro=
citant de celle du Bon=chrétien \ c'est la plus tar=
dive des bonnes Poires.
Bergamotte de Pâque, ou tf Hiver. Cet ar-
bre vigoureux a la fleur très grande ; le fruit est,
gros selon le terrein, de la forme d'une toupie
courte et un peu arrondie , d'un verd tiqueté de
gris, qui jaunit un peu en mûrissant, et que le
soleil lave légèrement de roux. Cette Poire se
mange depuis Janvier jusqu'en Mars.
Bergamotte de Soulers , Bonne de Soulcrs.
Son fruit est gros, ou moyen, selon la bonté du
terrein, alongé, très arrondi par la tete, lisse,
brillant, jaune légèrement lavé de rouge brun,
beurré | fondant, sans pierres, d'un goût sucré et
Poirier. 173
agréable. Il mûrit en Février et Mars.
Bergamotte Suisse, Culotte de Suisse. Ce
Poirier n'aime pas une exposition trop chaude y
qui ne convient à aucun arbre panaché, sa feu=
ille est fort alongée , son fruit de grosseur mo=
yenne , est rayé suivant sa longueur, de verd, de
jaune et de rouge; beurré, sucré. Il mûrit en
Octobre.
Eergamotte rouge. Les bourgeons de ce Poi*
rier vigoureux et très fécond , sont gros et forts 3
ses fruits sont petits, ou de moyenne grosseur,
de la forme d'une petite toupie raccourcie, d'un
jaune foncé , et rouges , tendres , prompts à se co~
tonner et à mollir, un peu secs, très pafumés ;
ils mûrissent en Septembre.
Beurré blanc, Voyez, Doyenné.
Beurré gris. Les bourgeons de ce Poirier très
fertile, sont coudés à chaque noeud, et garnis
de grandes feuilles alongees. Son fruit est fort
gros, ovale alongé , pointu vers la queue, lisse _,
fondant, délicat, sucré, d'un goût relevé, fin et
très agréable. Sa couleur varie suivant le terrein ,
l'exposition, le sujet, l'âge et l'état de l'arbre-
verte , grise , teinte de rouge du côté du soleil.
Il mûrit vers la fin de Septembre.
Pendant que cet arbre est jeune , il faut le
tailler court, pour le garnir de bois et l'empêcher
de porter trop abondament.
Beurré d 'Angleterre ,• Voyez Angleterre.
Bezy de chasser y .; Voyez Ech assert/.
174 L* A M 1 DES Jardikisrs.
Bcz y rt'e Chaumontcl , Beurre d'Hiver. Il
ressemble beaucoup au précédent-, le fruit est
gros, variant de forme, ordinairement alongée,
enflé par le milieu, diminuant de grosseur par
la tête, et beaucoup plus vers la queue , où, elle
se termine en pointe arrondie. Sa chair e^t de»
mi beurrée et fondante , pleine d'eau sucrée , re*
levée, excellente. La qualité du terrein influe
beaucoup sur ses qualités. Cette Poire mûrit de«
puis Novembre en Février.
Bczy de Caïssoy , Roussette fî Anjou. Ce
Poirier est faible et délicat, même dans les bons
terreins , et greffe sur franc -, sa feuille et sa fleur
sont petites } son fruit rond, un peu applati par
la tête, d'un verd qui jaunit ensuite, recouvert
de grandes taches brunes , tendre et beurré ,
d'une eau comme celle de la Crasanne, mûrit
en Novembre.
Bezij de Montigni. Ce Poirier a la feuille
presque ronde, la fleur grande et bien ouverte,
le fruit de moyenne grosseur et de* forme \ni
peu alongée , à peu près comme celui du Dojen=
né, lisse, d'un beau jaune, très fondant, sans
pierres, relevé de .musc, mûrissant vers le com»
'mencement d'Octobre.
Blanquet , (gros ). La feuille de cet arbre est
fort lar^e et sans dentelure; ses fleurs sont gran«
des et bien ouvertes, son fruit bien fait est pe*
tit, lisse, d'un blanc jaunâtre lavé de rouge clair,
cassant , d'un goût sucré et relevé ; il mûrit à la
fin de Juillet. "
Poirier. 175
Blanquet ,( petit ). Poire à la Perle. Ce
Poirier très fertile a les fleurs grandes , le fruit
petit, de la forme dune perle en poire, d'un
blanc jaunâtre, demi cassant, musqué? agréable,
un peu plus hâtif que le suivant, mûrit à la fin
de Juillet.
Btciîiquet à longue queue. Ce Poirier se gref«
fe le mieux sur franc. Son fruit par bouquets ,
est un peu plus petit que le gros Blanquet , bien
fait, terminé en pointe aiguë à la. queue,, qui est
longue ; blanc , lisse , d'un verd presque blanc ,
demi cassant, abondant en eau sucré*e, parfumée,
agréable. Il mûrit au commencement d'Aoust.
Bon--chi étien d'Été , Qracio.ll. Ce Poirier a
la feuille et les fleurs grandes, son fruit est *gros,
alongé en pyramide tronquée, imitant un peu la
calebasse, anguleux et bossu, lisse, d'un verd
clair, qui jaunit ensuite, demi cassant ou tendre^
mûrit au commencement de Septembre.
Bo?i=c/irétien d'Eté, musqué. Cet arbre déli»
cat se greffe mieux sur franc; il pousse desbours
geons longs et menus -, son fruit est de moyenne
grosseur, imite la Poire de Coing, lisse, jaune,
légèrement lavé de rouge, cassant, sujet à se
gerser et fendre, un peu sucré, très musqué; il
mûrit à la fin u'Aoust.
Bon=chrétien d'Espagne. Son fruit est moins
gros et de même forme que celui de X Angéli-
que de Bordeaux ; sa forme en pyramide régu=
liére , est terminée en pointe \ sa couleur est jau=
ne verdâtre et rouge yiî tiqueté de brun. Il est
176 L'ami des Jardiniers.
dur, cassant, doux, sucré. Dans une terre douce
et itgcre, cette Poire est passable-, elle se met
en compote en Novembre et Décembre.
Bon -chrétien d'Huer. Ce Poirier se plait mie
eux à l'exposition du couchant, qu'au Levant et
au Midi-, son fruit est très gros, variant de for=
me, imitant le plus souvent la pyramide tron-
quée; sa peau est fine, d'un jaune fort clair et
rouge incarnat-, sa chair est fine, tendre, quoi»
que cassante, son eau abondante, douce ,sucre'e.
Sa forme, sa grosseur et ses qualite's dépendent
du terrein. Cette Poire mûrit de Janvier en Mai.
Bourdon musqué. Cet arbre est très fertile,
ses feuilles sont d'un ovale raccourci; son fruit,
que Ton pourrait nommer Orange hâtive, est pe=
tit, rond, un peu applati , d'un verd clair tique=
té de verd foncé, cassant, musqué, de médiocre
bonté. Il mûrit en Juillet.
Cassolette , Muscat verd. L'arbre est beau et
très fécond; son fruit est petit, quelquefois de
moyenne grosseur, d'un verd clair tirant sur le
jaune, et d'un rouge fort lavé, tendre, sucré et
musqué ; il mûrit en Aoust.
Catillac. Ce Poirier très vigoureux, se greffe
mieux sur franc et ne devient pas trop grand ;
sa feuille et sa fleur sont grandes , son fruit est
très gros, souvent de la forme d'une calebasse,
d'un gris qui devient jaune pale teint de rouge
brun ; bon à cuire , depuis Novembre jusqu'à la
fin d'Avril ; ordinairement fort acre.
Champ=Rïchc d Italie. Ses feuilles sont gran.
des, larges, arrondies; sou fruit est gros, alongé.
Poirier. W
renflé vers le milieu de sa hauteur, terminé en
pointe camuse ; d'nn verd clair tacheté de gris ,
demi cassant, sans pierres-, bon à cuire en Dé*
cembre et Janvier.
Chat-brûlé, Jolie Poire, de moyenne grosseur,
un peu alongée, bien arrondie par la tête, très
lisse et brillante, jaune citron et d'un beau roiu
ge clair et vif, sans pierres ; bonne à cuire en
Février et Mars.
Colmars; Poire= Manne. Les feuilles de ce poi*
rier sont grandes et ses fleurs belles et bien ou*
vertes; son fruit est très gros, imitant quelque*
fois la forme du Bon=Chrétien d'Hiver, d'un verd
qui jaunit un peu, très légèrement lavé de rouge 5
beurré, fondant, sans pierres, doux, sucré, re*
levé, excellent. Il mûrit depuis Janvier, jusqu'à
la fin de Mars.
Crasanne , Bergamotte^Crasanne. Ce Poirier
vigoureux se greffe mieux sur franc, son fruit
est gros, de forme arrondie, d'un gris tirant sur
le verd, souvent tacheté de roux; très fondant,
d'un goût sucré, relevé, quelquefois un peu â«
pre; mûrit en Novembre, et se conserve longs
tems sans mollir.
Cuïsse=Madame. Cet arbre réussit mal sur le
Coignassler , il faut le greffer sur franc. Sa fleur
est petite et sa feuille est pointue par les deux
bouts ; le fruit est demi beurré , sucré , un peu
musqué, très alongé, de grosseur moyenne . lui*
sant, verd et rouge brun; mûrit à la fin de Juillet.
Double=Flew. Poirier très vigoureux , dont les
Tome L M
i7s 1/ ami des Jardiniers.
feuilles et les fleurs sont grandes, le fruit gros,
rond, applati par les extrémités , de la forme
d'une Bergamotte à Bonbons -, sans pierres , plein
d'eau. On Je mange cuit en Février, Mars, Avril.
Doyenné. , Beurré blanc , SainuMichel. Cette
Poire est grosse, longue , de couleur jaune citron,
d'un rouge vif en espalier, très beurrée, mais trop
prompte à se co tonner , douce, très sucrée, et
quelque fois d'un goût très relevé. Elle mûrit en
Octobre.
Doyenné-gris. CettePoire, qui mûrit en No*.
vembre, est de moyenne grosseur, presque ron=
de, lisse, d'un verd grisâtre, beurrée, fondante ,
rarement cotonneuse, sucrée et meilleure que le
Doyenné blanc.
Echassery , Bczy de Chassery . C'est un bel
arbre , fertile dans les terreins doux et légers , ses
feuilles sont longues et étroites , ses rieurs grane
des, le fruit de moyenne grosseur, à peu près
de même forme que l'Ainbrette , de couleur pres=
que blanche, qui jaunit un peu; beurré, fondant,
sucré, musqué •, mûrit en Novembre et Décembre.
Epargne , Beau=présent , Saint=Samson. Ce
poirier est fort , il pousse de gros bois ; sa feuille
est grande et se soutient mal ,• ses fleurs sont très
grandes , son fruit est de moyenne grosseur dans
les terres médiocres, très alongé, renflé vers le
milieu, verd marbré de fauve, fondant. Il mûrit
à la fin de Juillet.
Epine (TElé, Fondante Musquée. Sa feuille
est alongée, son fruit de même, bien arrondi par
la tête, de moyenne grosseur, très lisse, verd pré,
Poirier, 179
fondant, quelque fois un peu pâteux, très musqué'.
Il mûrit au commencement de Septembre.
Epine d'Hiver. Cette Poire est alongée, très
lisse, d'un verd très pale, fondante, beurrée, dou=
ce, excellente dans les terreins qui lui conviens
nent. Elle mûrit depuis Novembre jusqu'à la tin
de Janvier.
Epine=Rose , Poire de Rose. Son bois est
gros et court, sa feuille et sa fleur sont grandes ,
son fruit est gros , rond , applati par les extrémi»
tés, ou de forme approchant la Crasane, tendre >
demi fondant, musqué, sucré, de même goût que
l'Oignonet. Il mûrit en Aoust. On confond sou-
vent cette poire avec d'autres qui ne lui ressem=
blent point.
Fondante de Brest , Inconnue=Cheneau. Ses
fleurs sont petites , son fruit est de grosseur mov=:
enne , un peu alongé , renflé vers la tête , couvert
d'une peau lisse, brillante, d'un verd gai tiqueté
de verd brun et légèrement lavé de rouge ; sa
chair est fine, mais cassante, d'un goût sucré et
relevé} il mûrit au commencement de Septembre.
Franchipane. L'Arbre a la feuille très grau=s
de \ ses fruits sont de grosseur médiocre, longs,
renflés par le milieu, très lisses, d'un beau jau*
ne citron, et d'un rouge vif5 demi fondans et
sans marc , doux , sucrés , d'un parfum particulier
qui leur a donné [son nom. Ils mûrissent à la fin
d'Octobre.
Franc=Réal. Ce poirier est fertile et vigou*
reuxj sa fleur est petite, son fruit gros, renflé
par le milieu, diminuant de grosseur par les
Tome I, M 2
JSO L'ami des Jardiniers.
extrémités, de grosseur égale à sa hauteur*, ver*
dàtre tacheté de roux. Cette poire est bonne à
cuire en Octobre et Novembre.
Gracioli; Voyez boiuChrétien d'Eté.
Jalousie. Ce poirier veut être greffé sur franc.
Ses feuilles et ses fleurs sont grandes et belles,
le fruit est gros, applati suivant sa longueur, a»
longé, renflé par le milieu, boutonné et grené,
de couleur de Noisette, très beurré prompt à
mollir, plein d'eau sucrée excellente j mûrit à la
fin d'Octobre.
Jardin, Poire de Jardin. C'est un gros fruit
un peu boutonné, de la forme d'une Orange, d'un
jaune rayé de rouge clair et teint d'un beau roiu
ge foncé tiqueté de jaunç, cassant, un peu pier=
reux , de goût sucré et fort bon. il mûrit en Dé=
cembre.
Impériale à feuille de Chcne. Ce poirier très
vigoureux pousse de gros bourgeons; il faut beaue
coup i'alonger à la taille. Ses feuilles grandes et
larges sont froncées par les bords-, son fruit de
moyenne grosseur, ressemble à une petite Vir*
gouleuse, il lui est inférieur en qualités , quoique
fort bon en Mars et Avril.
Lansac , Dauphine , Satin. Sa fleur est grande
et belle, son fruit de grosseur à peine moyenne,
renflé par le milieu, plus souvent rond, lisse, jau«
ne, fondant, sucré, relevé. Mûrit depuis Octo*
bre en Janvier.
Livre , Poire de Livre. Ce Poirier très vigou=
reux ne se greffe que sur franc j son fruit est
P 0 R. I E S. 181
\
très gros, d'un verd couvert de taches rousses,
bon à cuire de De'cembre en Février:, mais son
eau est âpre*
Louise^bonne. Ce fruit , assez semblable au
Saint ^Germain , est très lisse , d'un verd qui pâ*
lit et blanchit par la suite, demi beurré, sans
pierres, doux, relevé dans les terres sèches, in»
sipide dans les fonds humides et froids: Il mûrit
en Décembre.
Madeleine , Citron des Cannes. Cet arbre est
vigoureux , son fruit est de moyenne grosseur ,
figuré en toupie un peuaiongéc, d'un verd tirant
sur le jaune, fondant, sans pierres, doux, par=
fumé , agréable, il mûrit à la fin de Juin.
Mansuette , Solitaire. Cet arbre, qui a quel»
que ressemblance avec le Bon-Chrétien d'Hiver,
se greffe mieux sur Coignassier :, son fruit est
gros, de forme irrégulière, alongé en pyramide
tronquée, bossu, verd et jaune tacheté de brun,
demi fondant, sujet à mollir- son eau est un peu
acre. Il mûrit vers la fin d'Octobre.
Marquise. Cte poirier très vigoureux a les
fleurs grandes , le fruit gros , alongé en pyrami=
de, de forme irrégulière, jaune, légèrement lave
de rouge, beurré et fondant, doux, sucré, un
peu musqué. 11 mûrit en Novembre et Décembre.
Marttn=Sec. Ce poirier est très fertile, sa
fleur est fort grande, son fruit est de moyenne
grosseur, alongé et pointu vers la queue, de cou*
leur Isabelle, ou roux cendré, et rouge vif; cas=
sant, un peu pierreux, sucré et agréable-, mûrit
eu Décembre et Janvier , même dès Novembre,
182 L'ami dss Jardiniers.
Martin-Sire ) Ronville. Les feuilles de ce
poirier sont presque ovales , ses fleurs sont gran-
des ; son fruit bien fait, alongé, est gros, lisse,
d'un verd qui se change en jaune en mûrissant;
la chair est cassante, l'eau est' douce et sucrée»
Elle mûrit en Janvier.
Messire=Jean=Doré. Son bois est gros et
court , sa fleur grande -, le fruit est gros , rond ,
renlîé par le milieu, d'un jaune foncé rembruni
de grandes taches qui rendent la peau rude ;
cassant, pierreux, sujet à mollir,- il mûrit en
Octobre. Ce fruit est bon, mais le terrein, le
sujet, l'âge et l'état de l'arbre, font varier sa
couleur et sa grosseur.
Muscat (petit J, SepUen=Gueule. Ce poirier
donne la plus petite de toutes les poires; ses
fruits sont rassemblés par bouquets, teints de
verd clair et de rouge brun, demi beurrés, d'un
goût musqué. Us mûrissent à la fin de Juin.
Muscat ^Robert , Poire à la Reine , Poire
a Ambre. Ce poirier se greffe mieux sur franc ;
son fruit est de moyenne grosseur, lisse, d'un
verd clair un peu jaune , d'un goût sucré et
relevé \ la chair est tendre. 11 mûrit à la mi Juillet.
Muscat^Lallemand. Ouoique l'on confonde
souvent ce poirier avec le Royale^d' Hiver , son
fruit est plus régulier, moins gros, gris et rou=
ge, beurré, fondant, musqué. Il mûrit depuis
Mars jusqu'en Mai.
JSaples. Sa feuille est longue et étroite-, son
fruit de moyenne grosseur, imitant un peu la ca=*
lebasse, liese, jaune légèrement lavé de rouge
Poirier. 183
brun, demi cassant, sans pierres, est doux et
assez agréable en Février et Mars. Ce Poirier
est vigoureux et fécond.
Oignonnet , Archiduc d'Été, Amiré^roux.
Ce Poirier très fertile se greffe mieux sur franc ;
sa feuille est arrondie, ses fleurs sont petites,
son fruit est de grosseur moyenne , en forme de
toupie, lisse, brillant, jaune et d'un rouge vif;
demi cassant , un peu pierreux , d'un goût rosat et
relevé. Il mûrit vers le commencement d'Aoust.
Orange^Musquée. Ce fruit est de moyenne
grosseur, de la forme d'une Orange un peu ap*
platie; boutonné, verd, d'un jaune très pâle lavé
de rouge clair étant mûr, cassant, sujet à se co=
tonner, relevé de musc. Il mûrit en Aoust.
Orange^Rouge. Le fruit de la même forme
que le précédent, est un peu plus gros, gris d'un
coté, rouge de corail de l'autre, cassant, sucré
et musqué. Mûrit en Aoust.
Orange d'Hiver. Cette Poire a la forme d'une
Orange applatie par les extrémités , de mojenne
grosseur, boutonnée, d'un verd brun, cassante,
sans pierres , d'un goût musqué et agréable. Elle
mûrit en Février, Mars et Avril.
Orange=Tidipée0 Poire^aux^Mouches. Cette
poire est grosse, sa forme est entre celle du Beur=,
ré. et celle du Doyenné, sa couleur est verd et
rouge brun, panachée de petites raies d'un rouge
clair et marbré de gris \ sa chair est demi cas»
santé, assez pleine d'eau, quelquefois un peu a»
crej elle mûrit au •commencement de Septembre,
1S4 L'ami des Jardiniers.
Pastorale. Cet arbre réussit mieux sur franc.
Son fruit est gros, fort alongé, renflé vers le
milieu , camus à l'extrémité où est la queue char,
nue à sa naissance, d'un gris qui se change en
jaune parsemé de roux , demi fondant , sans pi«=
erres et fort bon. tylûiït d'Octobre en Décembre.
Poire*Figue. Cette poire un peu plus alongée
que l'Épine d'Été, est d'un verd brun, fondante,
douce et sucrée. Elle mûrit en Septembre.
Poire de Livre, Voyez Livre.
Poire de Jardin , Voyez Jardin.
Poiresans^peau , Fleur=demGuigne. Ce poir
rîer se greffe mieux* sur franc •, sa feuille et sa
fleur sont grandes -, son fruit est de grosseur
moins que moyenne, il varie de forme, à peu près
comme celle d'un Rousselet de Reims un peu
alongé, La peau est fine, d'un verd pâle tacheté
de gris, et jaune tacheté de rouge pâle; la chair
est fondante, sans marc, l'eau est douce et par*
fumée ; elle mûrit au commencement d'Aoust.
Robine , Royale d'Eté: Ce poirier fort ress*
semblant à La Cassolette , a les feuilles et les
fleurs grandes; son fruit est petit, delà forme
d'une toupie arrondie et courte ; d'un verd blan»
châtre tiqueté de verd brun, qui jaunit ensuite,
demi cassant, sucré et musqué; mûrit en Aoust.
Rousselet , ( gros ) Roi d'Eté. Cette poire
est de même forme que le Rousselet de Reims ,
dont je vais parler; elle mûrit dans le même
tems, est de moyenne grosseur, un peu plus
pointue vers h cmeue; §a peau est rude, d'un
Poirier. ISo
▼erd foncé et d'un rouge brun-, sa chair demi
cassante et peu fine, est pleine d'eau parfumée.
RousseletJiâtif, Poire de Chypre, Perdreau.
Sa feuille est raccourcie et arrondie,- ses fleurs
sont petites, ainsi que son fruit, qui a la peau
fine, jaune et d'un rouge vif tacheté de gris;
la chair est demi cassante, l'eau très parfumée
et sucrée. Il mûrit vers la mi Juillet.
Rousselet d'hiver. Ce Poirier est vigoureux,
son fruit est petit, d'un verd foncé et d'un rouge
très brun, demi cassant, assez bon. On peut
cuire cette Poire en Février et Mars.
Rousselet de Reims , Petit Rousselet. Le
fruit est petit, d'un rouge brun et d'un verd qui
jaunit un peu en mûrissant} sa chair est fine,
demi beurrée; son eau est relevée d'un parfum
qui lui est particulier. Il mûrit à la fin d'Aoust.
Rousseline. Ce Poirier ne se greffe bien que
sur franc1; ses fleurs et ses feuilles sont petites,
Son fruit a la forme entre celle de la poire et
celle de la calebasse; il est petit, de couleur
plus claire que le Martin*sec, demi beurré , dé=
licat, sucré, musqué, très agréable. Il mûrit en
Novembre.
Royale d'hiver. Il faut greffer sur franc cet
arbre vigoureux, dont la feuille est large et belle
et la fleur très grande. . Son fruit est gros, très
renflé par la tête, où l'oeil est enfoncé, lisse,
jaune clair et d'un beau rouge, demi beurré, sans
pierres, fondant, sucré dans les terxes sèches et
1S6 L'ami des Jardiniers.
chaudes, insipide dans les terres froides. Il mû-
rit depuis Décembre jusqu'en Février.
Saint=Pere. Cette Poire est de moyenne
grosseur, un peu pointue, rude au toucher, 'ten-
dre et sans pierres, abondante en eau, excel-
lente cuite depuis Mars juisqu'en Mai.
Saïnt=Germain. Inconnue la Fare. Ce Poi«
rier est vigoureux et très fertile ; ses feuilles
sont longues et étroites. Son fruit est gros,
alongé en Pyramide, verd tiqueté ou tacheté de
brun, très beurré, fondant, pierreux dans les ter=
reins secs , très abondant en eau excellente, d'un
parfum particulier. Il mûrit depuis Novembre
jusqu'en Avril.
Salviatï. Ce Poirier veut être greffé sur franc.
Son fruit rond, de grosseur moyenne, est couvert
d'une peau jaune de cire, laveé de rouge par le
soleil, et parsemée de grandes taches rousses qui
la rendent rude. Sa chair demi beurrée et sans
marc, est sucreé , très parfumée, quelquefois un
peu sèche. Mûrit en Août.
Sarasin. C'est la Poire la plus tardive } elle
est de moyenne grosseur, de forme peu régulière,
alongce, renflée par le milieu, jaune pâle et la=
vée de rouge brun tiqueté de gris, tendre, sans
pierres, d'un goût sucré et un peu parfumé, on
peut la garder jusqu'en Mai.
Sucré = verd. Ce Poirier vigoureux et très
fécond, a les feuilles très grandes et alongées,
et les fleurs grandes et belles. Ses fruits par
bouquets sont de moyenne grosseur, un peu
Poirier. 187
alongés , d'une grosseur presque égale dans toute
leur longueur, lisses, verds, beurrés, sucrés, d'un
goût agréable. Ils mûrissent vers la fin d'Oc=
tobre.
Trésor, Amour. Ce Poirier se greffe mieux sur
franc. Son fruit est la plus grosse Poire, renfle par
le milieu, terminé en pointe courte vers la queue,
rude, d'un jaune citron presque entièrement re»
couvert de taches fauves, tendre, sans pierres,
doux, sans âcreté, très bon à cuire depuis Dé=
cembre jusqu'en Mars.
Tonneau. Ce Poirier a les feuilles grandes,
les fleurs belles et bien ouvertes, son fruit est
très gros, renflé vers le milieu, diminuant pres=
que également de grosseur par les deux bouts
qui sont camus, jaunes et d'un beau rouge vif.
Cette belle Poire est bonne à cuire depuis le
commencement de Février à la fin de Mars.
V ' erte^longue , Mouille abouche. Ce Poirier
est très fécond et se grefi'e mieux sur franc. Sa
feuille est arrondie et sa fleur bien ouverte. Son
fruit est gros, alongé, renflé vers le milieu, verd,
fondant, délicat, sans pierres, un peu prompt à
mollir, doux, sucré, très agréable. Mûrit au com=
mencement d'Octobre.
Firgouleu.se. Cet arbre est très vigoureux
et se met lentement à fruit ,• il n'aime pas les ter=
res froides ni les expositions trop chaudes. Son
fruit est gros, alongé, terminé en pointe courte
et même renflée; lisse, verd. jaune dans sa ma=
turité ,• il se teint de rouge, en Espalier y la chair
o,Sa
L'ami des Jardiniers.
est tendre, beurrée, sans marc et sans pierres,
pleine d'eau douce, sucrée, relevée, d'un goût qui
ne plait pas à tout le monde. Cette excellente
Poire mûrit depuis Novembre jusqu'en Janvier.
Je pourrais décrire près de 200 autres Poires
dont les qualités sont trop mauvaises pour trou.
ver place dans un recueil où je crois ne devoir
admettre que les meilleures espèces de fruits.
Ces 86 articles sont beaucoup plus que suffisans
pour garnir les plus grands vergers et pour sa=
tisfaire les personnes qui ne veulent que des
Poires au dessus des mauvaises, puisque 30 à 40
suffiraient dans les Jardins les plus vastes.
Ordre de Maturité des Poires.
Amiré Joannet.
Petit Muscat.
Aurate.
Muscat Robert.
Madeleine.
Rousselet hâtif.
Cuisse Madame.
Gros Blanquet.
Epargne.
Ognonnet.
Bcllissime d'Eté.
Bourdon musqué.
Blanquet à longue queue.
Petit Blanquet.
Poire sans peau.
Epine Rose.
Salviati.
Orange musquée.
Orange rouge.
Robine.
Bon^chrétien d'Eté musa
que.
Gros Rousselet.
Cassolette.
Rousselet de Reims.
Fondante de Brest.
Epine d'Été.
Poire Figue.
Gracioli.
Orange tulipée.
Bergamote d'Eté.
Bergamote rouge.
Verte longue.
Beurré.
Poirier.
1S9
Angleterre.
Doyenné.
Bezi de Montigny.
Bergamote Suisse.
Bergamote d'Automne.
Jalousie.
Franchipane.
Lansac.
Pastorale.
Bcllissime d'Automne.
Messire^jean.
Sucré verd.
Mansuete.
Rousseline.
Boiuchrétien d'Espagne.
Crasanne.
Bezi de caissoy.
Doyenné=gris.
Epine d'hiver.
Louise- bonne.
Martin=sec.
Marquise.
Echassery.
Ambre tte.
Bezi de chaumontel.
Franc Real.
SainUGermain.
Virgouleuse.
Jardin.
Royale d'hiver.
Angleterre d'hiver.
Angélique de Bordeaux,
Champ riche d'Italie.
Livre.
Trésor.
Martin=sire.
Bergamote de Pâque,
Colmars.
Bellissime d'hiver.
Tonneau.
Bon=chrctien d'hiver,
Catillac.
Rousse] et d'Hiver,
Orange d'Hiver.
Bergamote de soulers.
Double fleur.
Naples.
Chat=brûlé.
Muscat l'Allemand,
Impériale.
Saint=Pere.
Bergamote d'Hollande.
Sarazm.
Pommier; Malus.
Voyez ce qui conceime la taille du Pom*
mie?- 3 au Chap. 12 de ce Volu?ne.
190 L'ami i>es Jardiniers.
Les variétés précieuses du Pommier se con=
servent et se multiplient par la greffe en écus=
son, en fente, en couronne, sur des sujets de la
même espèce. Les sujets élevés de pépins de pom*
mes à Cidre, ou autres, ou de sujets enracinés
éclatés du pied des Pommiers des bois et des
vergers, sont propres pour les grands pommiers
de plein vent. Les sujets de Doucin, qui est
une variété de pommier de grandeur très mé=
diocre, conviennent pour les plein vents, Buis=
sons, Espaliers <&x. des jardins. Enfin les sujets de
paradis, autre variété de pommier, en arbrisseau,
servent pour les petits buissons et les contre
Espaliers.
Tous les terreins conviennent au pommier;
il réussit bien dans les terres grasses un peu
humides, quoique ses racines ne pivotent pas,
comme celles du poirier, il ne subsiste guerres
» dans les terreins peu profonds ; il s'y charge de
Mousse, de chancres ', il y est rongé par la pu.
naise, et ses fleurs y avortent.
Il vient à toutes les Expositions, même à
celle du Nord ; cependant je ne conseille pas
de le planter au Midi.
Les fleurs du Pommier, panachées de rouge
sur un fond blanc, et rassemblées par bouquets,
sont un des plus beaux ornemens des jardins
au printems.
On forme de petits massifs avec les petits
pommiers nains greffés sur paradis. On peut
aussi les placer entre des quenouilles de poiricr3
où il produit un effet agréable.
Pommier. 191
En plein vent, on lui forme facilement une
tête régulière et bien arrondie, rien n'est plus
beau qu'un pommier bien conduit , lorsqu'en
au tomme il est chargé de fruits prêts à cueillir.
Voyez la manière de les conserver au chapitre 20
de ce volume.
Variétés du Pommier , par ordre Alphabétique ;'
Api , Long « Bois ; Ce pommier de taille
médiocre, pousse des bourgeons droits et longs,
son fruit est petit, raccourci , ou applati, d'un jaune
pâle d'un côté et d'un beau rouge de l'autre. Cette
jolie Pomme se conserve jusqu'en Avril.
Calville d'Eté. L'arbre est vigoureux et
fertile, d'un taille médiocre; son fruit est petit,
un peu en pointe, relevé de cinq côtes , blanc
de cire et d'un beau rouge foncé, prompt à se
cotonner , un pen sec et de goût peu relevé. II
mûrit a la fin de Juillet et s'emploie en compotes
15 jours plutôt.
Le vrai Calville ne mûrit que vers le coma,
mencement de Septembre ; celui dont il est ques-
tion ici, n'est qu'une variété de Passe = pomme.
Calville blanche d'hiver. Cet Arbre est
beau, vigoureux et fécond -, son fruit est très
gros, raccourci, d'un jaune pâle, quelquefois d'un
beau rouge vif 3 la chair est grenue , fine, tendre y
légère, pleine d'eau relevée, sans acidité. Ce beau
fruit mûrit depuis Décembre jusqu'en Avril.
Calville Rouge d'Hiver. Ce Pommier est
peu touffu et soutient mal ses branches; et ses
192 L'ami des Jardiniers.
fleurs sont grandes:, le fruit est gros, alongé, re*
levé de côtes, lisse, d'un rouge léger et foncé ,
sa chair fine, légère, grenue, rouge sous la peau,
est pleine d'eau relevée et vineuse:, il mûrit de»
puis Novembre en Janvier.
La Calville rouge franche , dont la peau est
d'un rouge très foncé, se conserve jusqu'en Mars,
la chair est teinte en couleur de Rose.
Capendu, ou Courpcndu. Cette Pomme est
petite , un peu en pointe , d'un rouge pourpre
et d'un rouge très brun , tiquetée de fauve ; sa
chair imite celle de la Reinette; son eau est aigre=-
lette , assez agréable. Elle se conserve jusqu'à la
fin de Mars.
Drap d'or vrai. Ce Pommier est vigoureux
et fécond :, ses feuilles et ses fleurs sont grandes 'y
son fruit est gros, d'une forme très régulière, bien
arrondi sur son diamètre, un peu renflé vers la
queue, très lisse, d'un beau jaune, léger, grenu,
sujet à cotonner, d'un goût agréable. Cette belle
Pomme mûrit en Décembre.
Fenouillet gris , Anis. Ce Pommier est de
grandeur médiocre, et délicat*, ses feuilles sont
petites, longues et étroites, et ses fleurs grandes,
sont fruit est petit, bien fait, rond sur son dia-
mètre, un peu renflé vers la queue, de couleur
grise; tendre, sucré, parfumé d'anis , sans odeur.
Il mûrit depuis Décembre jusqu'en février.
Fenouillet jaune , Drapd'or. Cette Pomme
est de moyenne grosseur . de même forme que
les autres fcnouillets ; d'un beau jaune relevé par
Pommier.' 193
un gris fauve très léger; ferme, presque sans
odeur, délicate, douce et fort agréable; elle mû-
rit en Octobre et Novembre.
Fenouillet rouge, Bardin, Courpenduc.
Sa fleur est grande et bien ouverte, son fruit
est de moyenne grosseur, un peu raccourci, d'un
gris foncé fouetté de rouge brun du coté du so*
leil ; il se conserve jusqu'à la fin de Février.
Haute — Bonté. Cette grosse Pomme est
applatie par les extrémités, anguleuse, lisse, d'un
verd gai, quelque fois lavé de rouge tendre;
délicate, d'une odeur plus forte et d'un goût
moins relevé que les Reinettes ; elle mûrit en
Janvier, et Mars.
Long^Bois, voyez Api.
Nonpareille. Ses bourgeons sont longs,"
ses feuilles alongées, ses fleurs très grandes; son
fruit est gros, court, très applati du côté de la
queue; lisse, d'un verd qui jaunit un peu, ten=»
dre , presque du même goût que la Reinette. II
mûrit en Janvier, Février et Mars.
Passe — -Pomme rouge. Les feuilles et les
fleurs de ce Pommier sont grandes , le fruit est
bien fait, applati par les extrémités , lavé de rouge
vif, prompt à se cotonner, son goût est agréa-
ble, mais peu relevé. Il mûrit en Aoust, s'em*
ploie en compotes, dès le commencement de
Juillet.
Pigeon , Cœur de Pigeon, Jérusalem. Cette
pomme est plus petite que la suivante, lisse , bril*
lante, ferme , de couleur de rose, un peu chan*
Tome T N
194 L'ami des Jardiniers.
géante , fine , délicate . grenue , légère \ son goût
particulier est très = agréable. Ce joli ihût mûrit
depuis Décembre jusqu'en Février.
14. Pigconnct. Ce fruit est de moyenne gros=
seur , alongé, très» renflé vers la queue, rouge
et rave de rouge=foncc •, sa chair est fine et d'un
goût fort agréable. Il mûrit en Novembre.
15. Pomme d'or. Ce pommier est fertile, mé=
dioercment grand ; ses feuilles sont petites , et ses
fleurs s'ouvrent mal. Son fruit est petit, bien ar»
rondi sur son diamètre, lisse, jaune vif, lavé de
rouge=clair , et jaune mêlé de vert , ferme , plein
d'eau sucrée et très=relevée. C'est une petite Rei-
nette, et l'une des meilleures pommes. Elle peut
se conserver jusqu'en Mars.
Pommier nain de Reinette. Sur quelque sujet
que ce pommier soit greffé, il demeure nain. Ses
liourgeons sont gros et courts, garnis de feuilles
fort près les unes des autres ; son fruit un peu
plus gros que celui de la Reinette blanche, est de
mêmes forme, couleur, saveur, durée etc. Il se
conserve jusqu'en May.
Postophe d'Eté. Ce fruit est de moyenne
grosseur , il a la forme un peu en pointe , quel*
quefois il est également alongé , ou eilindrique ,
d'un rouge plus clair que le Calville, dont il tient
pour la chair et le goût. Il mûrit vers la fin
d'Aoust.
18. Postophe d'Hiver. Sa fleur est grandi- et
bien ouverte; le fruit est gros, applati parles ex.=
tremités, anguleux ; lisse, jaune, rouge cerise ion-
P 0 M M I E R." !9#
ce, d'un goût agréable relevé d'aigrelets, mais
moins que les Remettes j Il se eonserve aussi
longtems.
Rambour franc. Ce pommier est vigoureux
et fécond ; ses feuilles et ses fleurs sont gran*
des \ son fruit est très gros , fort applati , re*
levé de bosses et de côtes , d'un jaune très pâle
rayé de rouge-, léger, aigrelet, très bon à cuire
en Septembre et Octobre.
Rambour d'Hiver. Cette pomme ressemble
beaucoup à la précédente , ses couleurs sont
un peu plus marquées. Elle est fort bonne à cuire,
depuis Janvier jusqu' à là fin de Mars.
Reinette, (Nain.) Voyez, Pommier Na'ut
de Reinette.
Reinette blanche. Ce Pommier est petit ,'
très fertile } ses fruits sont de grosseur à peine
moyenne , variant dans leur forme , très lisses , d'un
jaune très pâle, tendres, très odorans, sujets à se
cotonner, pleins d'eau agréable } ils se conservent
jusqu'en Mars.
Reinette de Bretagne. Son fruit est de
moyenne grosseur , quelquefois applati , souvent
alongé , rude au toucher j rouge foncé , rayé de
rouge brun, ou d'un rouge clair sur un fond jaune
doré , ferme , plein d'eau sucrée , relevée d'aia
grelet. 11 mûrit en Décembre.
Reinette de Canada , ou Grosse Reinette
d'Angleterre. Ce grand et bel arbre a les feuil*
les et les fleurs fort grandes. Son fruit est très*
N 2
1?6 L'ami des Jardiniers.
gros , presque de la même forme que la Calville
blanche ; relevé de côtes", d'un verd clair, qui
jaunit ensuite, quelquefois lavé de rouge; un peu
sujet à cotonner j d'un goût moins relevé que celui
des bonnes Reinettes. Cette superbe pomme mûrit
en Décembre , Janvier et Février ; elle est déli=
cieuse étant cuite.
Reinette dot e'e , ReinPtte jaune tardive.
Cette pomme est de moyenne grosseur, raccourcie
et applatie par les extrémités, lisse, tiquetée de
gris clair sur un beau jaune foncé, ferme , peu odo=*
rante. pleine d'eau très sucrée, relevée et fort peu
acide. Elle mûrit dcpnis Décembre en Mars.
Reinette jaune hâtive. Grandes feuilles ,
taille médiocre, fruit de moyenne grosseur, cilin*
drique , applati par les extrémités , d'un jaune
clair tiqueté de brun, tendre, mais sujette à co=
tonner , abondante en eau médiocrement relevée.
Cette bonne pomme mûrit vers le commencement
d'Octobre.
Reinette grise. Ce pommier vigoureux sou-
tient mal ses branches :, ses feuilles sont alongées ;
son fruit est gros , applati par les deux bouts ,
renflé vers la queue , ferme , un peu cotonneux
dans l'extrême maturité*, abondant en eau sucrée,
relevé d'un acide très=-faiblc et très=fiii , qui fait
préférer, par quelques uns, cette pomme à la
Remette franche. Elle se conserve aussi longtems ,
c'est=à=di;e , près d'un an.
R einette grise de Champagne. Cette
pomme est de moyenne grosseur, très applatie par
extrémités ; portée par une queue fort courte, d'un
Pommier, 197
gm ventre de biche , un peu rayé de ronge -, cas»
saiitie , sans odeur , sucrée et sans acide. Elle se
conserve jusqu'en Juillet de l'année suivante.
Reinette franche. Ce pommier est grand et
fécond -, ses fleurs sont grandes , son fruit est
gros, applati par les extrémités, relevé de cotes
saillantes i lisse, d'un verd clair, qui se change en
jaune pâle, quelquefois légèrement lavé de rouge,
ferme, sucré, relevé, d'un goût très=agréab!e , qui
donne à cette pomme le premier rang. Elle se
conserve jusqu'aux nouvelles.
Reinette rouge. Ce pommier est grand ,
très fertile *, sa feuille et sa fleur sont grandes \
son fruit est assez gros , un peu raccourci , renflé
vers la queue, très=lisse, blanc ou jaune=clair, et
teint d'un beau rouge*, ferme, abondant en eau
relevée d'aigrelet. Il se conserve fort iongtems.
Violette. Ce Pommier, dont les feuilles et
les fleurs sont grandes , ressemble beaucoup au
Calville d'été *, son fruit est de grosseur moyenne ,
pointu, alongé , lisse et brillant, rouge foncé, et
jaune fouetté de rouge ; sa chair, teinte de cou*
leur de rose très=Iégère, tient de celle de la CaU
ville-, l'eau est sucrée et parsemée de violette. Cette
excellente pomme se conserve jusqu'en Mai.
Ordre de Maturité des Pommes.
s
Calville d'été. Reinette jaune hâtive.
Passepomme rouge. Fenouillet jaune.
Postophe d'Été. Drap d'or.
Rambour franc. Reinette de Bretagne.
Pigeonnet. Calville rouge d'hiver.
193 L'Ami des Jaiiz>ln i tiv >.
Calville blanche d'hiver. Capendu.
Fenouîllet gris. Haute bonté'.
Fenomllet rouge. Reinette grise de chaiu»
Pigeon. „ pagne.
Reinette dorée. „ .,
-! ,, ReineLte rouge.
Pomme d or. °
Reinette de Canada. Rambour d hiver.
Api. Violette.
Reinette nain. Reinette grise.
Reinette blanche. Postophe d'hiver.
Nonpareille. Reinette franche.
PRUNIER, Prunus.
Le Prunier y qui est un arbre de moyenne
grandeur, est sujet à devenir di/Vorme en vieillis»
sant , quoiqu'il soit bien fait et régulier étant
jeune. Ce défaut lui vient en partie du peu de
soin que l'on prend d'étayer ses branches lorsqu'il
est trop chargé de fruits, ce qui les courbe quel=
quefois jusqu'à terre, ou les casse entièrement.
Pour y remédier facilement, aulieu de placer
une multitude de perches pour soutenir les bran*
ches , il faut les attacher à un grand cercle que
l'on ne lie qu'après y avoir introduit le pied de
l'arbre j on l'élève ensuite jusqu'aux deux tiers au
moins de la hauteur des branches que l'on y at=
tache avec de bons osiers , en commentant par
les deux opposées de chaque côté de l'arbre,
pour mettre le cercle en équilibre, et continuant
ensuite tout autour, de manière qu'elles suppor*
tent tout le cercle qui les soutient lui même a son
Prunier. 199
tour. Par ee moyen fort simple , un Prunier ,
quelque chargé qu'il soit, n'est jamais défiguré.
Les variétés intéressantes de cet arbre , se
greffent en écusson, ou en fente, sur des sujets
de leur espèce , élevés de drageons , ou rejets en»
racines, ou mieux des noyaux de Prunier de Da=
mas noir , de Cerisette et de Saint Julien \ ce der*
nier est préférable. Elles peuvent aussi se greffer
sur l'Abricotier et sur le Pêcher.
Le Prunier réussit dans tout les terreins , mais
mieux dans les terres légères et sableuses, pour=
vu quelles ne soient pas arides. Ses racines , qui
tracent vers la superficie de la terre, ne demaru
dent pas une grande profondeur. Il n'aime pas
l'abri des grand arbres , ni des Bàtimens , et l'ex=
position du levant ou du couchant lui convient
mieux que celle du midi.
Taille du Prunier.
On remarque trois sortes d'yeux sur les bour°
geons du Prunier. 1. Ceux du bas, qui sont foiv
mes la même année , fleurissent au Printems sui=-
vant, donnent du fruit, et ne laissent sur la bran*-
che que la marque de l'insertion du support corn»
mun de leur bouquet de fleurs. Quelquefois ils
sont, doubles ou triples , selon les variétés du
Prunier, et alors il s'y trouve un oeil à* bois, qu;
donne une branche à fruit pour l'année suivante.
2. Ceux de l'extrémité, qui produisent des
bourgeons au nombre d'un à six, suivant la force
du bourgeon.
200 L'ami dus Jardiniers.
3. Ceux qui sont compris entre les premiers
et les seconds, qui produisent, au Printems sui=
vaut, des branches à fruit. Ces branches fort
nombreuses , sont longues de 6 lignes à deux
pouces ; les unes n'ayant que des boutons à fruit ,
périssent après une récolte-, les autres ont audes=
sus des yeux à fruit; un ou plusieurs yeux abois ,
qui donnent autant de branches à fruit, et ainsi
successivement d'année en année, jusqu'à ce
qu'elles soient épuisées.
On voit que le Prunier a, par là, une grande
jessemblance avec le Poirier; toute la différence
est que celuici met quelquefois six sèves pour
former ses jeux à fruit, au lieu que le Prunier
les forme en deux sèves, ou une seule année.
La longueur de la taille du Prunier se règle
autant sur la distance à laquelle doit être placé le
nouvel étage de branches, que sur la force des
bourgeons,- car, à quelque longueur qu'ils soient
taillés , aucune partie n'en demeurera nue ; tout
les yeux sains s'ouvriront et produiront des bran=
ches à fruit, ou des bourgeons à bois. Si l'on
raccourcit ira peu la taille, le nombre des bour«
geons ne s'augmentera pas de beaucoup ; mais les
branches à fruit s'alongeront davantage.
1. Sur le Prunier, comme sur tout autre arbre,
on doit éviter une taille trop courte, qui y met=»
trait le désordre par les gourmands , le faux bois,
et ferait dégénérer les branches à fruit.
2. Il ne faut jamais tailler sur un oeil à fruit
ôhuple, parceqiui ne produirait jamais un bour.
Taille du Prunier. 201
gcon, et que très rarement il en repercerait un,
de son support; car le Prunier est un des arbres
de 1 écorce desquels ils reperce le plus difficile^
nient des bourgeons.
3. En conséquence il faut être très attentif à
profiter des branches à fruit qui dégénèrent, et
de toutes les ressources qui se présentent pour
remplir les vuides que laissent les branches à fruit
en périssant.
4. Les branches à fruit du Prunier s'alongeant
et se ramifiant d'année en année , elles rendent
l'arbre d'autant plus hérissé, touffu, désagre'able,
qu'elles ne sont pas rangées seulement sur deux
côtés des branches, mais disposées en bâton de
Perroquet, s'élevant presque perpendiculairement
sur les cotés , le devant et le derrière des bran=
ches. Il faut donc retrancher celles du devant et
du derrière , ou du moins ne les supprimer qu'as
prés avoir tiré une première récolte , pour sacri*
fier moins de fruit, et parcequ'elles n'ont pas en=
core défiguré l'arbre.
5. Quoique le Prunier soit sujet à la gomme, ses
bourgeons surnuméraires peuvent être cassés ,
mais plus loin de leur naissance que ceux du
Poirier, c'est à dire à 3 ou 4 jeux.
Variétés des Pruniers , par ordre alphabétique.
Abricofée ( Prune. ) Elle est assez sem*
blable à la petite Reine-Claude, et un peu moins
applatie par les extrémités, et plus grosse, elle
est d'un vçrd blanchâtre et légèrement lavée de
202 L'ami des Jardiniers.
rouge. Sa chair ferme et jaune , pleine d'eau
masquée et agréable, quitte le noyau, elle est
presque aussi bonne que la Reine -Claude, et
mûrit au commencement de Septembre.
Damas Dronet. Petite Prune alongée , bien
arrondie sur son Diamètre, dun verd clair tirant
sur le jaune 3 peu fleurie, ferme, fine, très sucrée
et agréable. Elle mûrit vers la fin d'Aoust.
Damas d'Italie. C'est un Prunier vigoureux
et fécond, dont le fruit est de moyenne grosseur,
presque rond, applati du coté de la queue, très
fleuri, d'un violet clair, qui brunit ensuite; sa
chair est jaunâtre, quitte le noyau, son eau est
sucrée et de bon goût. Elle mûrit à la fin
d'Aoust.
Damas de Maugerou. Ce Prunier a la taille
grande et les feuilles alongées. Son fruit, sou*
vent verreux , mûrit à la fin d'Aoust-, il est gros,
rond, applati par les extrémités, d'un violet clair
parsemé de points fauves, et bien fleuri, ferme,
sucré, agréable. La chair très adhérente à la
peau , quitte bien le noyau.
Damas Musqué. Cet arbre est de moyenne
taille, et porte peu. Le fruit est petit, applati
sur son diamètre, et par les extrémités; divisé
par une goutiere très profonde; d'un violet ap«
prochant du noir , très fleuri ; sa chair est jaune
et ferme, abondante en eau d'un goût relevé et
musqué. Il ^mûrit à la JVLUAoust.
On l'appelle aussi prune de Malle et prune
de Chypre.
P R W N i çr. 203
Damas de Septembre , Prune de Vacances.
Ses fruits sont presque toujours très abondans;
ils sont petits , un peu alongés , d'un violet fon«
ce', bien fleuris. La chair est jaune et cassante,
adhérente à la peau, d'un goût relevé et agréa
able, quitte le noyau. Elle mûrit en Septembre.
Damas de Tours. Cette Prune ressemble
beaucoup au Damas Violet dont je vais parler,
mais elle lui est inférieure en qualités. Elle est
très crosse et mûrit dès la mi Juillet.
Damas Violet. Ce Prunier est vigoureux,
mais peu fécond; son fruit de moyenne grosseur,
alongé , violet, très fleuri, a la chair jaune , fer=
me , sucrée , un peu aigre. Il mûrit en Aoust.
Le gros et le petit Damas blanc, les Damas
rouges et le Damas tardif, sont des Prunes peu
estimées.
Diaprée blanche. Les feuilles de ce Prunier
sont longues et étroites , son fruit est petit , ovale
alongé, d'un verd tirant sur le blanc, couvert
d'une fleur blanche; la chair d'un jaune très
clair, ferme, pleine d'eau d'un goût sucré, rele*
vé et très fin, quitte la peau et le noyau. Il
mûrit au commencement de Septembre.
Diaprée rouge, RocIic^Corbon. Ses feuilles
sont petites et très raccourcies. Son fruit est de
moyenne grosseur, long, d'un rouge cerise, avec
des points bruns .: il a la chair jaune, ferme, fine,
pleine d'eau sucrée et relevée, quitte bien la
peau et le noyau, Il mûrit en Septembre.
204 L'ami des Jardiniers.
Diaprée Violette. Les yeux de ce Prunier
très fécond, sont triples, quadruples,- son fruit
est de moyenne grosseur, alongé, violet, ferme,
délicat, sucré, agréable. Il mûrit au commence-
ment d'Àoust. La peau et le noyau ne tiennent
point à la chair.
Les Diaprées font de bons Prunaux; elles
sont meilleures en Espalier.
Drap = Dor , Voyez Mirabelle double.
Isle* Verte , Ilevert. Ce Prunier est de petite
taille, ses feuilles sont alongées:, le fruit est gros,
très alongé, d'une l'orme irrégulière et peu déci-
dée, pointu par les extrémités, verd, peu fleuri.
Sa chair, qui tient au noyau et à la peau, est
verte , mollasse et grossière. Son eau est d'un
goût de sauvageon , aigre et désagréable. 11 mûrit
au commencement de Septembre. On en fait d'ex»
cellcntes confitures.
Impératrice Blanche. Cette Prune est de mo*
yenne grosseur, de forme un peu alongéc , d'un
jaune clair chargé de fleur qui la fait paraître
blanche; elle a la chair ferme , jaune, pleine d'eau
sucrée et agréable, quittant bien le noyau. Elle
mûrit à la fin d'Aoust. Elle a une variété de
couleur violette, de même forme, un peu plus
tardive.
Impératrice Violette. C'est une variété tar*
dive de perdrigon , qui est préférable aux Impé=
riales. Son fruit, de moyenne grosseur, est long,
pointu par les deux bouts, d'un beau violet très
P R S N I E R. 205
fleuri, ferme, délicat, et fort doux pour une
prune qui ne mûrit qu'en Octobre.
Impériale Blanche. C'est une grosse prune
qui n'a d'autre mérite que d'être de la grosseur
d'un oeuf de poule d'Inde.
Impériale Violette. Ce Prunier est très vi=
goureux-, son fruit est gros, long, un peu enflé
par la tête, très fleuri, d'un violet clair, ferme,
un peu sec, d'un goût sucré et relevé. Il mûrit
vers la fin d'Aoust.
Autre Impériale , dont le fruit très gros et
très long quitte bien la peau et le noyau.
Mirabelle. Ce Prunier est touffu et très fé=
cond , sa grandeur est médiocre , ses feuilles sont
petites, ainsi que son fruit, qui est rond, un peu
alongé, d'un jaune tirant sur le verd, quelquefois
tiqueté de rouge, ferme, un peu sec, fort sucré,
excellent pour faire des tartes, c'est à dire pour
cuire sur de la pâte. Il mûrit vers la mi Aoust.
Ce Prunier a une jolie variété à fleurs semidou*
blés.
Mirabelle Double, Drap à" Or. C'est une petite
Prune , presque ronde , de la forme d'une petite
Reine -- Claude , jaune tachetée de rouge, fon-
dante, très délicate, fort sucrée; elle mûrit vers
la mi Aoust.
Monsieur, (Prune de. ) C'est un Prunier fé=
cond et vigoureux dont les feuilles sont grandes
ovales. Son fruit est gros, arrondi, bien fleuri,
d'un beau violet; sa chair jaune, fondante, d'un
206 L'ami des Jardiniers.
goût an peu relevé dans les terreins chauds et
secs, quitte bien la peau et le noyau. Il mûrit
vers la fin de Juillet. En prenant la peine
de cueitlir cette prune avec attention , au lieu de
secouer l'arbre, et lui conservant toute sa fleur,
aucune autre n'est aussi belle à présenter sur une
table.
Il y a une variété de Monsieur hâtif, qui n'en
diffère que par la couleur plus foncée , et par le
teins de sa maturité, qui le devance de 15 jours.
Perdrïgon blanc. Ce prunier étant sujet à
couler, doit être mis en espalier, sont fruit est
petit, longuet, un peu renflé par la tête, d'un
verd presque blanc tiqueté de rouge, très fleuri,
fin, fondant, très sucré, d'un parfum qui lui est
particulier. Il mûrit au commencement de Sep^
tembrc
Perdrïgon ~\ormand. Celuici est une espèce
de perdrigon violet, dont l'arbre grand, vigou-
reux et très fécond n'a pas besoin de l'espalier.
Son fruit est gros, très peu alongé, renflé vers
la queue, bien fleuri, d'un violet très foncé, et
d'un violet clair mêlé de jaune, ferme, délicat,
fort plein d'eau douce et relevée. Il mûrit vers
la fin d'Aoust.
Perdrïgon rouge. Ce prunier est moins
sujet à couler que le perdrigon blanc, et porte
davantage*, il donne des fruits de mêmes forme
et grosseur, d'un beau rouge tirant sur le violet,
finement tiquetés de fauve, très fleuris, fins , fer*
mes , pleins d'eau fort sucrée et relevée , dont la
chair qui te le noyau. IJs mûrissent en Septembre.
Prunier. 207
Perdrigon Violet. Il faut mettre ce pru=
nier en Espalier. Son fruit est de moyenne gros*
seur, un peu alongé, renflé par la tête, très fleuri ,
d'un beau violet clair tirant sur le rouge , fine=
ment tiqueté de jaune doré j il a la chair fine et
délicate, et l'eau fort sucrée , relevée, parfumée.
Il mûrit à la fin d'Aoust.
Précoce de Tours. L'arbre est vigoureux
et fécond , il pousse des bourgeons violets garnis
de feuilles alongées, sont fruit est petit, ovale,
noir, très fleuri, assez plein d'eau un peu par=
fumée. Il mûrit vers la mi Juillet.
Prune de Catalogne « Jaune hâtive. Ce
prunier est très fertile et de grandeur médiocre y
ses feuilles sont longues et étroites \ son fruit est
petit, alongé, un peu renflé par la tête, jaune,
mollasse, sucré, un peu musqué, souvent insipide.
En espalier il mûrit au commencement de Juillet.
Prune Suisse, ou Couetche. II paraît que
c'est une variété de Monsieur, dont le fruit est
moins gros, mais plus alongé j violet tirant sur
le noir} la chair est très ferme, quitte le noyau;
cette prune , qui se conserve longtems sur l'arbre ,
est excellente pour faire des pruneaux \ elle mûrit
en Septembre et au commencement d'Octobre.
Il y a la grosse et la petite espèce.
Reine=Claude , Dauphine , Abi'icot^verd ,
Verte-bonne. Ce prunier Vigoureux et fécond a
les feuilles grandes et larges. Son fruit est gros
et rond, la peau tient à la chair, est fine, verte
semée de taches grises et rouges, peu fleuri; la
205 L' a m i des Jardiniers.
chair un peu adhérente au noyau, est d'un verd
clair, très fine, délicate, fondante, très .pleine
d'eau sucrée et du goût le plus excellent, surtout
quand l'arbre est âgé et dans une terrein léger et
chaud,- elle mûrit en Août.
La Reine=Claude a deux variétés , qui sont , 1.
la petite Reine^Claude , dont le fruit n'est que de
moyenne grosseur, d'un verd tirant sur le blanc,
très fleuri ; sa chair est \m peu grossière , quel*
que fois sèche, son eau est sucrée. Il mûrit au
commencement de Septembre.
La Reine = Claude à fleur sémi = double,
dont le fruit est quelque fois de même grosseur
que la petite Reine* Claude , souvent moindre,
mais inférieure en qualité, ainsi que la petite
Reines Claude.
Royale de 'fours. Ce Prunier est fort et
fécond-, son fruit est gros, applati par la tète
et sur son diamètre 0 divisé par une large gou=
tiare, très fleuri, d'un violet peu foncé et d'un
rouge clair-, sa chair est fuie, pleine d'eau sucrée ,
assez relevée. Il mûrit à la fin de Juillet.
Sainte - Catherine. C'est un Prunier vigou*
rcuxetlecond son fruit est de moyenne grosseur ,
alongé, renflé par la tête, d'un jaune de cire , bien
fleuri, sa chair jaune, fondante, délicate, quitte
le noyau et tient à la peau; l'eau est sucrée et
excellente, lorsque le fruit est très mûr, vers
la mi Septembre.
Prunier. 200
Ordre de Maturité des Pru/tes.
Prune de Catalogne. Perdrigon violet.
Précoce de Tours, Reine Claude.
Monsieur. Perdrigon blanc,
Rojale de Tours. Abrieotée.
Diaprée violette. Diaprée blanche.
Damas musqué'. Diaprée rouge.
Mirabelle. Impératrice blanche,
Drap^d'or. Isle verte.
Impériale Violette. Perdrigon rouge.
Damas Violet. Ste. Catherine.
Damas dronet. Prune suisse.
Damas d'Italie. Damas de Septembre.
Damas de Maugerou.
VIGNE.
Mon dessein n'est point de traiter ici des différa
rentes manières de planter et cultiver la vigne ?
dans les grands Vignobles. Il ne s'agit, dans un
ouvrage sur les Jardins, que d'indiquer la façon
de multiplier, de planter et d'entretenir les TreiU.
les , ou Ceps en Espaliers , ou quelques ceps que
l'on cultive , plus pour l'agrément et le plaisir de
trouver du Raisin sous sa main, que pour se.
procurer du vin par la récolte de leurs fruits,
dont la pluspart n'y seraient pas propres, tels
que les Chasselas, le raisin de Corinthe, celui de
Damas, et autres, cependant, ce que je vais dire
suffira pour donner un idée de la plantation dei
vignes en général.
La vigne se multiplie communément par les
Marcottes, ou provins > et par les boutures,
Tome I. 0
210 L'ami des Jardiniers.
ceîlesci se font avec des bourgeons forts et bien
garnis d'yeux ou boutons. Elles doivent avoir
chacune cinq jeux, et être plantées jusqu'au
dessus du second oeil.
Pour bien réussir on prend des bourgeons de la
dernière pousse, qui aient environ un pouce de
vieux bois au gros bout , ce vieux bois produit
plus facilement des racines que le jeune. Il faut,
pour bien le préparer, faire tremper des paquets
de boutures ou chapons, en les plaçant, le gros
bout par cnbas , dans une mare, ou ruisseau,
pendant une 15. de jours , ou dumoins , jusqu'à
ce que les racines ou mamelons commencent à
pousser, alors on les plante dans des trous de
six pouces de profondeur, faits dans une terre
bien préparée par un bon labour, en couchant
un peu la bouture, dont on recouvre les trois
quarts de la longueur avec de la terre meuble que
l'on foule avec le pied ; si e'est dans un Jardin
que Ton plante , on fera bien d'arroser quelque
fois chaque plant pour avancer sa reprise.
On plante la vigne en Mars et Avril , et
quelquefois dès le commencement de Décembre.
Elle aime les terreins chauds, légers et un peu
pierreux , ou graveleux. Dans les terres froides
et humides, le fruit mûrit dificilement, et n'a
pas de qualité.
La terre neuve, les gazons consommés et les
marcs de raisins pourris, sont de meilleurs en=
grais pour la vigne, que les fumiers, qui don«
nent un mauvais goût au raisin, et surtout au vin.
Vigne. 211
Taile de Vigne
Cet arbrisseau sarmenteux s'élèverait au dessus
des plus grands arbres , s'il n'était arrêté et con*
tenu. En Italie , et dans la pluspart des pays Mé=
ridionaux on laisse grimper la vigne sur les arbres ,
sans aucune culture.
1. Le tems de la taille varie suivant les cli*
mats j en Bourgogne cette opération se fait avant,
ou pendant l'Hyver ; cependant si la vigne e^t
taillée trop tôt, le cep avance trop vite et court
risque d'être ruiné par les gelées et les mauvais
vents.
2. Dès que la sève est en mouvement, si l'on
taille la vigne, le cep pleure et sa pousse est r&«
tardée.
3. Il faut donc observer, pour la taille, la
qualité du terrein, le progrès de l'année, et l'ex=
position, et prévenir le premier mouvement de
la sève.
4. Les Vignes en Espalier au midi, peuvent se
tailler à la fin de Février, ou au commencement
de Mars. Celles des autres expositions seront
un peu retardées, ainsi que celles des contre-
espaliers. Je sais que cette observation serait im*
possible à suivre dans les grands vignobles , où les
vignerons qui ont plusieurs arpens de vignes à cul-
tiver, ne pourraient attendre une époque à peuprés
fixe, parraport à la multiplicité de leurs ouvrages *,
mais je parle ici seulement de la taille de la vi*
gne dans les Jardins, où l'on peut choisir le tems
convenable,
0 3
.12 I/iMi pes Jardiniers.
5. Lorsqu'un cep est dans sa force , qu'il pousse
vigoureusement, et qu'il est planté dans un bon
terrein ayant de la profondeur, il faut le tailler
sur 5 h 6 bourgeons les plus beaux et les plus
sains, dont le plus fort se taillera à long bois,
c'est à dire à 3 ou 4 pied-, un ou deux à 4 ou
S yeux, autant à 2 ou 3 yeux, et les plus faî«
blés à un oeil, le surplus des bourgeons se re«
tranche.
6. Si vous taillez trop court les bourgeons
vigoureux, vous fatiguerez la vigne à donner de
faux bois et des gourmands, et vous n'aurez que
fort peu de fruits.
7. Lorsqu'un cep, au contraire, est faible,
vieux, planté dans une terre maigre, sèche et
peu profonde; ou lorsque son bois est effilé et mal
nourri, pareeque l'année précédente a été trop
sèche; ou si les bourgeons sont nombreux et
forls. mais tendres et mal aoûtés, pareeque l'année
précédente a été pluvieuse ; ou enfin s'ils ont été
gelés et endommagés par un hiver trop froid ; il
faut le décharger en le taillant fort court , sur un
petit nombre de ses meilleurs yeux,
8. Lorsqu'après la taille il arrive, en Avril ou
May , des gelées qui ruinent la vigne , il faut
ravaller les tailles sur les yeux qui ont échappé ;
ou si tous ont été gelés, jusque sur les sous yeux
près de la naissance des bourgeons. L'année sui=
vante on taillera les meilleurs bourgeons provenus
de ces sous yeux, ou sortis du vieux bois.
9. F,u taillant il faut laisser un onglet ou ex*
cédant de 4 à 5 lignes, au dessus de l'oeil sur
Vigne. 213
lequel on taille, pour ne pas faire éventer ou
périr l'oeil en taillant trop prés, et faire toujours
la taille en pente du côté opposé à l'oeil , afin que
les pleurs ou l'humidité ne coulent pas dessus,
ce qui lui nuirait beaucoup, s'il survenait des
gelées.
10. Lorsque les nouvelles pousses sont longues
d'environ deux pieds, il est tems d'attacher tou=
tes celles qui portent du fruit, et celles qui sont
nécessaires pour la taille suivante, et d'ébour=
geonner toutes les autres ; si vous ébourgeonniez
plutôt, vous pourriez faire couler la fleur, et
plus tard vous seriez embarassé. En attachant,
ou en palissant, il ne faut pas étouffer les grappes,
et ne pas trop approcher les bourgeons les uns
des autres, afin que l'ombre du feuillage ne puisse
les attendrir en les empêchant de s'aoûter.
11. A L'ébourgeonnement de la vigne, on
coupe tous les bourgeons faibles, tous ceux qui
sont inutiles ou superflus, tous ceux de faux,
bois, à moins que quelques uns ne soient meilleurs
que les vrais bourgeons, ou nécessaires pour ra*
valer le vieux bois dessus •, les plus faibles des
bourgeons doubles ou triples sortant d'un même
noeud , quelques un3 même de ceux qui portent
du fruit, lorsque le cep en est surchargé, et dans
le cas de s'épuiser-, les bourgeons gourmands qui
sortent du pied, à moins qu'ils ne soient néces*
saires pour rajeunir le cep } tous les bourgeons
chiffons qui naissent, tant à côté des yeux des
nouveaux bourgeons , qu'ailleurs ; toutes les vriU
les ou attaches , qui deviennent inutiles à la Vigne
214 L'ami des Jardiniers.
palissée; en un mot on ne conserve que ce qui
est nécessaire, tant pour la récolte de l'année,
que pour la taille de l'année suivante, et on re=
tranche tout le reste et tout ce qui naît de su=
perfiu sur les bourgeons que l'on conserve , afin
qu'ils profitent de toute la sève; et, comme il
ne cesse de repousser de nouveaux bourgeons
inutiles, il faut tous les 15 jours, faire un nou=
vel ébougeonnement.
12. Lorsque les bourgeons deviennent , par
leur longueur , incommodes à palisser ou à at-
tacher , on peut les rogner, savoir: les plus forts
d'une Vigne jeune et vigoureuse, à environ 4 pi=
cds , les autres à proportion, l'essentiel est qu'Us
ne soient pas trop raccourcis, pour ne pas faire
ouvrir les yeux qui sont nécessaires pour la taille
suivante,
13. Pendant tout le teins de la fleur delà Vigne,
il ne faut ni l'ébourgeonner , ni rogner ses bour=
geons , ni lui faire aucun retranchement considé=
rable , dans la crainte de faire couler sa fleur.
14. Lorsque le Raisin est parvenu à sa gros=
seur , s'il est nécessaire de le découvrir pour le
faire mûrir , ou lui donner du goût, il ne faut
pas arracher les feuilles , mais les couper à l'ex«
trémité de leurs queues , qui doivent être conser*
vécs entières, parcequ'elles nourrissent les veux
qui pousseront aux tailles de l'année suivante.
15. Il faut, à la taille qui se fait avant la pre=
micre seve , retrancher les longs bois de Tannée
précédente, ravaler les tailles qui ont produit
plusieurs bourgeons, sur le plus bas, ou sur les
VlCNE. 215
deux plus bas de leurs bourgeons , et tailler ces
bourgeons à une longueur convenable à leur force.
Lorsqu'au dessous des anciennes tailles , il naît
de beaux bourgeons gourmands , ou de faux bois,
on les ravale sur le vieux bois, et ils servent à
rajeunir la Vigne.
ib. Les Ceps qui 'se plantent en contre=es^
palier, ou en planches, pour être attachés à des
échallas , se plantent à 4 pieds de distance , ou
environ, l'un de l'autre, afin qu'ils puissent jouir
de l'air et du soleil.
Ceux qui se plantent en espaliers ou contre
espaliers garnis de treillages , se placent à 25 ou
30 pieds de distance. On forme de chaque côté
du Cep , une branche principale , que l'on dispose
horisontalement à 6 ou 8 pouces au dessus de la
plate bande •, d'année en amiée on alonge ces bran»
ches en taillant leur dernier bourgeon à une lon=
gueur de 2 ou 3 pieds, suivant sa force. De 2
en 2 pieds , ou environ , on conserve un oeil au
dessus, (et on ébourgeonne tous les autres)
dont il sort un bourgeon qui se multiplie dans
la suite par la taille j de sorte que ces noeuds garnis
de bourgeons , peuvent être considérés , taillés
et traités comme autant de ceps ', mais on palisse
les bourgeons le plus de côté qu'il est possible ,
on forme et on fait courir sur le mur, autant de
branches mères parallèles que sa hauteur le per*
met, à une distance de trois pieds au moins entre
elles } ainsi un contre espalier pourra en porter une
dans le bas et une dans le haut j un mur de huk
pied en portera trois } etc.
216 L'ami des Jjlrdini ers.
17. C'est un fort mauvais usage que de plan=
ter entre les arbres des Espaliers, des ceps de
Vigne, pour les faire monter sour le chaperon,
et garnir le haut du mur audessus des arbres ,
qui par cette espèce de couverture, sont privés des
pluies et des rosées.
Variétés des Raisins.
Raisin précoce , Raisin de la Madeleine ,
Morillon hatif.
Cette Vigne devient moins grande que la plus=
part des autres. Sa feuille est petite j les grappes
et les grains , quoique nombreux . sont fort petits.
Les grains ont la forme un peu alongée, la peau
dure, d'un violet noir-, le jus en est insipide. Le
seul mérite de ce Raisin est de mûrir avant les
autres.
Chasselas , Chasselas doré , Bar * Sur «
Aube =r Blanc.
Cette Vigne, la plus commune dans les jardins,
parceque son fruit y mûrit le mieux en espalier ,
contre espalier, ou autrement, aux expositions
du Midi, du Levant et du Couchant, produit de
grosses grappes, dont les grains d'inégale gros*
seur , sont bien arrondis , couverts d'une peau
dure, d'un verd très pâle, qui jaunit ensuite et
prend une couleur d'ambre. Ce Raisin est ex=
cellent.
Chasselas - Rouge. C'est une variété du pré»
cèdent, dont les grains se lavent légèrement de
rouge d'un coté.
Raisins 217
Chasselas = Musqué. C'est «ne autre variété
de Chasselas, un peu plus tardive, dont le grain
ne prend point une couleur d'ambre. Son eau
abondante et sucrée , est relevée d'un Musc
agréable.
doutât. Raisin d' Autriche. C'est encore une
variété du Chasselas, dont les grappes sont moins
nombreuses, moins grosses et moins garnies de
grains. La feuille est divisée en 5 pièces , qui
sont découpées profondément, et garnies , par
les bords, de dents fort longues.
Muscat Mane. La feuille de cette Vigne , de
grandeur égale à celle du Chasselas, est légère*
nient découpée , d'un verd plus foncé , et garnie
de dents plus aiguës. Sa grappe est fort alongée ,
très garnie de grains un peu alongés et renflés
par la tête. La peau est cassante , d'un verd près*
que blanc, et ambrée; l'eau est très sucrée et
musquée. Cet excellent Raisin mûrit difficilement ,
même à l'exposition du Midi.
Muscat = Rouge. Cette variété de Muscat
mûrit mieux , pareeque les grains sont moins
serrés; ils sont bien arrondis, couverts d'un peau
moins cassante, d'une beau rouge vif. L'eau est
un peu moins musquée.
Muscat = d Alexandrie , Passe = Longue*
Musquée.
Les feuilles de cette Vigne, quoique plus pe=
tites . sont découpées plus profondément que eeU
les des autres .Muscats. La grappe est alongée,
2i8 L'ami des Jardiniers.
peu garnie de grains ovales , renflée par la tête ,
couverte d'un peau dure , d'un verd clair , qui se
change en jaune ambré à la maturité. Mais com«
me il mûrit difficilement, on en fait des confitures
excellentes.
Cornichon « Blanc. Sa feuille est fort grande ,
et peu découpée. La grappe a peu de grains ,
qui sont très longs, enflés par le milieu, courbés
comme un Cornichon. La peau est dure, bien
fleurie, d'un verd blanchâtre, qui jaunit un peu \
son eau est douce et sucrée. Ce Raisin mûrit
difficilement.
Corinthe = Blanc. Ses feuilles sont grandes ,
étoffées, couvertes d'un duvet blanc, très peu dé*
coupées. La grappe est très alongée, bien garnie
de très petits grains ronds, très fondans et su=
crés. Ce petit Raisin , qui n'a point de pépins ,
mûrit fort bien dès la Mi = Septembre. Il a deux
variétés moins estimables*, l'une rouge , l'autre
violette.
Bourdelas , Bordelais , Verjus. La feuille de
cette Vigne est fort grande et peu découpée. Sa
grappe est fort grosse et bien garnie de gros
grains ovales ou oblongs , un peu enflée par la tète,
couverte d'une peau très dure, d'un blanc qui
jaunit dans la suite -, très remplie d'eau agréable.
Avant que le grain ait sa grosseur, on en ex<=
prime le Verjus , qui est d'un grand usage
dans la cuisine; ou, avant qu'il soit mûr, on le
met en confitures, qui sont excellentes.
Vignc. 213
II a trois variétés *, une à très gros grains, qui
lui est préférable. Une à fruit noirs , et une à
fruits rouges , dont la couleur n'est pas agréable
à l'oeil. Ils s'emploient aux mêmes usages.
Quand à la manière de conserver les Raisins,
surtout les Chasselas, voyez chapitre 20, récolte
des fruits, page 133.
.20 L'ami des Jardiniers.
SECONDE PARTIE,
LES LÉGUMES
ET
LES PLANTES POTAGÈRES.
Chapitre I.
Manière de préparer la terre.
Si les arbres , qui étendent leurs racines pour
aller chercher au loin la nouriture qui leur est
nécessaire, ont besoin d'une terre défoncée, meu=
ble et divisée par de bons labours \ à plus forte
raison les légumes et les Plantes potagères, qui
sont plantées ou semées fort près les unes des au=
très, et garnies de racines extrêmement nombreuses
et fines , qui épuisent et effritent le terrein où on
les place, et où souvent on fait deux ou trois
récoltes chaque année ; à plus forte raison , di = je ,
esUil nécessaire de bien labourer, diviser et gar»
nir d'engrais , les carrés d'un Jardin potager.
i. Il faut donc que les labours rendent la
terre meuble,, déliée, légère, et facile à être pé»
nétrée par la chaleur et l'humidité, qui sont les
deux grands agens de la végétation ; ils augmen=
tent et entretiennent la fertilité en mettant dcs=
sous les parties de dessus, qui ont été comme
cuites et bénéficiées par le soleil; en ramenant
PiltfPARÀTI ON DE L A TERRE. Ê21
dessus les parties de dessous, chargées de sels,
qui s'y sont précipités à une profondeur à laquelle
les racines des plantes pénètrent rarement, afin
qu'ils soient divisés et perfectionnés.
2. Les labours ont pour objet de détruire les
mauvaises herbes en les enterrant avec les graine3
qu'elle ont répandues sur la surface du terrein,
afin qu'en se pourrissant elles fournissent de nou*
veaux sels, au lieu de dévorer les sucs néces»
saires aux bonnes plantes.
Les terres légères et sèches doivent être Iabou*
rées très profondément avant l'Hiver, afin que
les eaux des pluies et des neiges les pénètrent
fort avant, et corrigent leur défaut d'humidité ;
pendant l'Eté il ne faut les labourer que dans les
tems de pluies , ou, si l'on est obligé de le faire
par un tems sec, il faut les arroser aussitôt abons
dament. Les labours sont aussi nécessaires pour
faire pénétrer l'eau des pluies qui glisseraient sur
un terrein sec et battu, au lieu de le pénétrer à
fond.
Il ne faut au contraire , donner aux terres fora
tes , Compactes , froides , humides , qu'un léger
labour vers la fin d'Octobre pour les dresser et
faire périr les mauvaises herbes. Mais au Printems ,
lorsque la saison des pluies est passée, et dans
l'Eté, lorsque le tems est le plus sec, on ne
peut les labourer trop profondément ni trop fro=
quemment , afin de .les rompre , les diviser, y
faire pénétrer la chaleur, et en faire évaporer
l'humidité trop abondante, outre les grands la*
222 L'AMI des Jardiniers.
bours, il faut souvent leur en donner de petits,'
les biner, les serfouir, pour entretenir au moins
leur surface meuble, prévenir ou remplir les feu*
tes et les gerçures auxquelles elles sont sujettes,
et qui laissent passer le hâle jusqu'au racines des
plantes et des arbres.
Il faut aussi labourer convenablemeut à chaque
espèce de plante , dont les unes , telles que l'artU
chaud, l'oseille et les grosse raciness, demandent
beaucoup plus d'humidité que l'asperge, les pois,
les haricots , etc.
Lorsqu'on laboure au pied des arbres, il faut
bien prendre garde d'offenser leurs racines en en=
fonçant la bêche trop profondément, surtout au
pied du Prunier et du Cerisier.
Si l'on n'a pas pu labourer quelque teins avant
que les arbres soient en fleur, il faut différer
jusqu'à ce qu'ils soient défleuris et que leurs fruits
soient noués; car les[terres ouvertes par les labours,
laissant échapper beaucoup plus de vapeurs que
celles qui sont fermes et plombées , les fleurs atten=
drics et humectées par ces vapeurs, sont ruinées
par la moindre gelée blanche qui les surprend
dans cet état , et qui sont très fréquentes au coma
mencement du Printems.
Si on laboure au pied des cerisiers et des pru*
niers dont les racines courent presque à fleur de
terre, et qu'il ne vienne pas de pluie, la terre
se desséchant ne peut fournir la nourriture abon=
dante qui est nécessaire à la grande quantité de
fruits dont il sont chargés et au développement
de leurs feuilles et de leurs bourgeons.
Préparation de la Terre.' 223
2. Les labours étant insuffisans pour soutenir
la fertilité de la terre, il faut lui donner des en=
grais pour lui rendre les sels dont elle est épuisée.
Les fumiers consommés et pourris sont les engrais
les plus connus, mais il faut donnera chaque es=
pece de terre, ceux qui lui conviennent, ainsi
qu'aux différentes espèces de plantes.
3. Le fumier de cheval est propre à corriger
les défauts des terres compactes , froides et pares*
seuses-, s'il n'est pas encore assez chaud, il faut
lui substituer le crotin de Mouton, ou dumoins
en mêler un peu. Les vuidanges des latrines, con«
sommées pendant deux ou trois ans 3 au point de
n'avoir plus aucune odeur, feraient encore plus
d'effet.
3. Le fumier de vache, qui est gras et onc*
tueux, convient aux terres légères et chaudes,
dont les parties ont besoin d'être liées et rappro»
chées , pour conserver de la fraîcheur et de l'hu-
midité.
4. Il ne faut pas trop enterrer les fumiers >
afin de ne pas les rendre inutiles en les enfonçant
hors de la portée des racines des plantes.
5. C'est immédiatement avant l'Hiver que l'on
doit fumer les terres ; on donne un labour pro=
fond, on étend le fumier dessus et on le laisse
passer l'hiver en cet état; après l'Hiver on donne
un labour moins profond, pour enterrer le ftu
mier. Cependant je préférerais de l'enterrer aussi»
tôt qu'il est répandu afin que les sels ne puissent
s'évaporer-, d'ailleurs, après un Hiver humide, si
224 L'Ami des Jardiniers.
le fumier est resté répandu sur la terre , elle se
trouve si grasse , qu'il est très difficile de la la=
bourer.
6. On doit renouveller plus ou moins souvent
les engrais , à proportion de la bonté des terres et
des récoltes qu'on leur fait produire, un terrain
qui ne rapporte qu'une fois par an , n'a pas be«
soin d'être autant ni si souvent fumé, que si cha=
que année plusieurs espèces de légumes y étaient
semés ou plantés successivement, ou qu'il n'eut
jamais de repos, comme presque tous les jardins,
surtout des Jardiniers de profession.
Cependant il faut prendre garde de donner
du fumier aux légumes qui le craignent et j'au*
rai soin d'en prévenir à chaque espèce de plante.
En général les arbres et beaucoup de légumes
préfèrent la terre neuve aux fumiers ; Les gazons
pourris, les boues des rues, vieilles et consommées,
profitent et durent beaucoup plus que les fumiers ,
et donnent un bien meilleur goût aux fruits et
aux légumes.
CHAPITRE II.
Manière de faire les Couches.
Dans un jardin bien cultivé et où l'on veut
surtout se procurer des primeurs et des plantes qui
demandent beaucoup de chaleur, il n'est pas
possible de se passer de couches *, mais la plus«
part des Jardiniers les font très mai et ne les re*
couvrent que d'une mince épaisseur de terreau .
CoucheJ. 225
qui n'est presque que de la paille consommée,
et qui ne donne aucune saveur aux plantes.
1. Les couches doivent être établies dans un
endroit sec et chaud , un peu élevé , pour que
l'eau des pluies ne puisse y séjourner; bien ex=
posé au soleil , défendu des vents par des murs
ou des abris ; enclos et fermé , pour qu'il n'y en»
tre que peu de monde ,• accompagné de quelque
bâtiment nécessaire pour serrer les paillassons ,
les cloches et outils; enfin peu éloigné de l'eau
pour les arrosemens.
2. On fait des couches depuis le mois de No*
vembre jusqu'en May ; les premières prolongent
la jouissance des plantes ; et les secondes l'avan*
cent de beaucoup. Cette ressource s'emploie
selon les besoins, l'utilité et l'agrément du culs
tivateur.
3. Le fumier neuf pour les couches , est de
la paille qui n'a servi de litière aux chevaux que
pendant une ou deux nuits ; en le prenant plus
vieux, il perd sa force et la durée de sa chaleur.
Celui des Mulets et des Anes, est aussi bon et
même plus chaud.
4. Quand à la manière de faire les couches, il faut
1° en marquer la place en Jongueur et largeur, et
déposer dans sa longueur un rang de hottées , ou
brouettées de fumier sortant de l'écurie, que l'on
étend bien en l'épanchant avec la fourche, et que
l'on foule en marchant dessus partout également.
On fait ensuite de même, un second, un troisième
et autant de lits qu'il est nécessaire pour former
Toj ne I. P
226 L'ami des J ah d in i ers.
la couche entière, dont la hauteur se règle sur la
saison plus ou moins froide où on la fait. C'est
de la qualité du fumier et de la régularité avec
laquelle on dresse la couche , que dépendent sou
succès, sa durée et son uniforme abaissement:, en
arrangeant chaque lit de fumier, il faut avoir soin
de retrousser la paille de chaque côté de la cou«
che, de manière que les bouts se trouvent en de*
dans , et que le tour soit propre et alligné au cor*
deau.
5. Si le fumier est sec, on donne à la couche
une mouillure avec un arrosoir à gerbe ,• mais s'il a
suffisament d'humidité pour exciter la fermenta*
tion et la chaleur, il ne faut pas la mouiller,
pareequ'étant arrosée, elle s'échaufferait plus prom»
tement, mais sa chaleur durerait moins longtems.
6. Lorsque la couche est finie on la couvre de
deux ou trois pouces de terreau fin de vieilles cou=
ches , ou de terre meuble, et on la laisse échauffer ;
si elle doit être garnie en entier de terreau , on
peut lui donner sur le champ toute son épaisseur,
qui varie selon les plantes que l'on veut semer
ou placer dessus.
7. Lorsque la grande chaleur est passée et
qu'on peut soutenir la main enfoncée dans la terre
de la couche, sans se brûler, il faut la dresser,
en plaçant sur les côtés, à deux ou trois pouces
du bord , une planche large de huit à dix pouces,
que l'on soutient ferme , et contre laquelle on
approche de la terre ou du terreau que l'on
foule bien avec la main pour le rendre solide.
On continue cette opération tout autour de la
Couches. 227
couche, ensuite on remplit le milieu et on^ssse
bien le tout au râteau.
8. Si l'on se sert d'un châssis vitré, il faut
en placer la caisse sur la couche avant de la
couvrir , et la remplir ensuite de terre ou de
terreau à une hauteur convenable , en pressant
contre la caisse, de façon que l'air ne puisse
péne'trer.
9. La hauteur que l'on doit donner au fumier
des couches , doit avoir trois pieds , depuis la
mU Décembre jusqu'à la mU Février, avec une
largeur de trois pieds seulement , pour pouvoir
facilement les réchauffer au besoin.
A mesure que la saison avance, on diminue
la hauteur du fumier, et on augmente sa largeur;
de manière qu'à la fin d'Avril, un pied de fumier
suffît, et on peut donner quatre pieds de largeur.
10. Dans la saison froide , il faut un peu in«
cliner au Midi la surface des couches pour les
faire jouir de toute l'influence de rayons du
soleil.
11. Le terreau pur de vieilles couches , ne
sert sur les nouvelles, que pour y placer des pots
que l'on veut échauffer ; mais les plantes que
l'on veut semer ou repiquer, demandent une terre
préparée propre à leur donner de la saveur.
Cette terre, dont la composition varie, se pré*
pare au moins six mois ou un an avant d'en faire
usage; j'indiquerai celle dont on doit se servir,
eu traitant de la culture de chaque plante,
P 2
22S L'ami des Jardiniers.
\£. Lorsque la chaleur d'une couche diminue,
clans un teins où l'on a besoin de chaleur, il faut
former à l'entpur un réchauf de deux pieds de
largeur, sur une hauteur qui surpasse un peu celle
de la couche, avec du fumier neuf. S'il y a
plusieurs couches, l'une à côté de l'autre , ce
réchauf se fait entre deux , et n'a pourlors be-
soin que d'un pied de largeur. Ce nouveau fu=
inier , en fermentant , communique sa chaleur à
la couche, c'est pourquoi il faut le renouveller
aussitôt qu'il paraît se refroidir, soit en le remae
.niant avec du fumier neuf, soit en le changeant.
en entier.
13. À la fin de chaque Automne , on détruit
toutes les couches et on eu amoncelé les matés
riaux , afin de les faire consommer ensemble.
Le terreau en est très = bon pour ameublir les
terres, pour couvrir les semences en pleine terre,
et les préserver du hàle, des déssccheinens , des
petites gelées , et pour favoriser leur sortie de la
terre , quand elles sont germées.
14. Au lieu de dresser les couches sur la sur=
face du terrein, on peut, dans les lieux secs, les
enterrer à une certaine profondeur que l'on creuse
dans les dimensions convenables j c'est ce qu'on
appelle des Couches sourdes.
La fouille doit avoir un pied de profondeur et
sept pieds de largeur, sur une longueur à volonté.
Sur cette largeur de sept pieds, si l'on donne
quatre pieds à la couche, il restera un pied et
demi de chaque côté pour les réchauis.
Couchss. 229
r On place les terres de la fouille autour de la
tranchée , en les foulant , ce qui augmente la pro=
fondeur, d'environ six pouces, et lui donne par
conséquent un pied et demi.
1d. Pour entretenir long=tems la chaleur des)
couches, on peut, en faisant une couche de qua=
tre pieds de largeur , dans une tranchée de cinq
pieds , remplir avec du tan , le demi pied de
vuide qui restera tout autour. Par ce moyen il
n'y aura pas besoin de réchauf, parceque le tan
attire l'humidité superflue du fumier et prolonge
sa chalenr. 'Jà
16. On fait de fort bonnes couches , qui con»
servent long.tems leur chaleur, avec des feuilles
d'arbres , ou mieux ? de la bruyère sèche et
hachée, mêlée avec du fumier neuf, en faisant
alternativement un lit de fumier et un lit de feuil»
les ou de bruyère. Ces couches s'échauffent un
peu plus tard , mais leur chaleur est plus forte
que celle de fumier seul.
17. Les soins du Jardinier doivent être con*
tinuels , lorsque les couches sont en activité -, un
instant peut lui faire perdre le fruit de plusieurs
mois de travail } voici donc ce qu'il a de plus
important à faire.
1°. Il faut procurer aux couches une chaleur
modérée , mais égale et soutenue. Le trop grand
chaud, comme le trop grand froid, fait fondre
et périr les plantes. 2°. Les préserver du froid y
en tenant les châssis fermés et même couverts
230 L'ami des Jardiniers.
de paillassons pendant les nuits et les tems ru=
des, et les cloches bornées, c'est=à=dire , garnies
de paille tout autour et couvertes de litière ou de
paillassons. 3°. Leur donner de l'air toutes les
fois qu'il n'est pas trop froid. 4°. Jetter quand
il en est besoin , sur les cloches ou sur les vitra=
ges , un peu de paille , ou un canevas , pour
rompre les rayons du soleil qui sont quelquefois
à craindre dès le commencement de Mars, quand
le Ciel est serein. 5°. Sarcler, biner et serfouir
la terre des couches pour la tenir propre et
meuble. Cette opération se fait mieux avec la
main ou une petite houlette en prenant garde de
"blesser les racines des plantes. 6°. Arroser de
tems en tems -, mais toujours le matin vers huit
ou neuf heures, depuis le mois de Février jus=
qu'en Avril , et toujours se servir d'eau qui ne
soit pas crue, c*est=à=dire, sortant d'un puit ou
d'une fontaine, et trop froide. Un Jardinier at=
tentif . doit même en faire chauffer , pour mêler
dans les arrosoirs, sur-tout pour les Melons, et
pour hâter ses primeurs.
CHAPITRE III.
Manière de semer.
Pour semer avec succès , outre la manière de
préparer la terre , dont j'ai parlé , il faut que les
graines soient parfaitement mûres, qu'elles soient
semées clair, pour qu'elles ne s'eflilent pas, et
qu'elles soient enterrées à une profondeur cône
yenable à chaque espèce.
Couches. 231
Les plus grosses semences , telles que les fê=
ves de marais, les amandes, etc. ne doivent pas
être couvertes de plus d'un pouce ou deux de
terre.
Les autres graines s'enterrent à une profon«
dcur proportionnel à leur grosseur. Ne la coux
vrant point trop on emploie moins de graines,
parecqu'elles lèvent toutes, et que le plant est très
vigoureux. Mais si on les enterre trop peu , elles
sont exposées à manquer de l'humidité néces»
saire pour les faire germer. En les couvrant de
terreau , on préserve la terre du dessèchement ;
la petite plante naissante est défendue des rayons
meurtriers du soleil , elle jouit de l'air et s'ouvre
aisément un passage au travers de ces matières
meubles et légères.
On sent qu'il faut couvrir davantage les grai=
nés dans une terre sèche et légère , que dans une
terre humide et compacte.
Si l'on sème sur couches, il faut qu'elles soient
chargées de terre; dans le terreau pur, le plant
fait des racines trop faibles pour pouvoir se sou=
tenir ensuite en pleine terre. Cependant c'est
la méthode de la pluspart des Jardiniers , qui
n'emploient sur leurs couches que du terreau fin
et desséché, dans lequel ils sèment très = épais,
pour se procurer davatange de plant dont la tige
effilée et les racines extrêmement déliées ne peu=
vent réussir à la transplantation en pleine terre.
Pour les graines fort menues , telles que celles
232 L'ami des Jardiniers.
de fraisier, de pourpier, etc. il faut bien dres*
ser, unir et ameublir la terré: lui donner une
tonne mouillure, y répandre aussitôt les graines
et tamiser par=dessus, un peu de poussière, ou
de terreau fin , qui à peine cache les graines \
jetter par dessus un paillasson , un peu de litière ,
ou mieux de la mousse , de deux à trois doigts
d'épaisseur j au travers de cette couverture, sans
la retirer , donner de tems en tems quelques pe=
lits arrôsemens , pour entretenir l'humidité. Lors»
que le plant commence à paraître , on retire les
couvertures , mais on l'abrite contre le soleil , et
on le mouille souvent jusqu'à ce que toute la
graine soit levée.
CHAPITRE IV.
Manière de construire les Châssis pour les
Couches.
On a inventé différentes manières de construire
les châssis , dont je vais donner celles qui m'ont
paru les plus avantageuses.
J'ai appris comment on doit arranger les dif»
férens matériaux dont on se sert pour faire les
couches chaudes , telles que les fumiers , feuilles
d'arbres, bruyère hachée, tan, etc. le tout bien
arrangé par lits , et foulé avec les pieds , princu
paiement sur les bords. Ces couches étant dres=
sées de 18 pouces à 3 pieds de hauteur, suivant
la saison plus ou moins froide ou chaude , et
élevées de 6 à 7 pouces de plus au Nord qu'au
Midi, pour mieux les faire jouir des rayons du
Couches. 233
soleil ; on ne doit pas poser les châssis dessus
aussitôt qu'elles sont finies, comme le font, mal=
à=propos , beaucoup de Jardiniers. Cette méthode
est vicieuse, en ce que toutes les vapeurs qui
s'élèvent en abondance pendant les premiers jours,
s'attachent aux vitrages des châssis , et ternissent
les verres. Il faut donc seulement couvrir la
couche de paillassons , pendant les premiers jours,
pour la préserver des pluyes ; lorsqu'elle a jette
son grand feu et que la main plongée dedans ,
peut en soutenir la chaleur, on pose dessus,
l'encaissement, ou le tour de planches , qui doit
soutenir les vitrages, et on garnit le dedans d'une
épaisseur suffisante de terre composéef, selon les
plantes que l'on a à élever, en l'appliquant fortes
ment contre la caisse en dedans, afin que l'air
ne puisse y pénétrer.
La première espèce de châssis et la plus corne
mune , représentée Planche 9, fig. 10. consiste
en un tour de caisse large de 3 [pieds , long
de 12, haut de S à 10 pouces par devant et de
18 à 20 par derrière. On le construit avec de
bonnes planches de chêne, de 18 lignes d'épais=
seur, et faisant d'une pièce, la longueur entière
du châssis. Les angles doivent être assemblés
solidement en queue d'aronde , comme , a, a, a, af
et maintenus par de bonnes équerres de fer. On
place à queue d'aronde , sur les bords supérieurs
du devant et du derrière, des traverses, b, b, de
3 pouces de largeur sur 2 pouces d'épaisseur avec
une cannelure dans le milieu , pour écouler les
eaux des pluies \ on les place à 3 pieds l'une de
2H L'ami des Jardiniers.
l'autre, et on les maintient per dessous avec de
petites tringles de fer , pour les empêcher de se
tourmenter. On pose , sus ces traverses , les
panneaux qui doivent recevoir les vitrages ; leur
assemblage doit être fait d'un cadre de 3 pouces
de largeur sur 18 lignes d'e'paisseur On les gar*
nira dans leur longueur , de 2 petits bois de 2
pouces carrés, maintenus par dessous de quelques
petites tringles de fer , c, c, qui tiennent lieu de
traverses et qui les empêchent de se gauchir.
Les hords intérieurs des cadres et des petits bois,
doivent être creusés d'une petite feuillure pour
recevoir les carreaux de verre qui doivent être
posés en recouvrement par la partie d'en bas ,
comme d, d, d, d, et garnis de mastic de vitrier.
Au milieu des traverses d'enhaut et d'enbas des
panneaux, on met une poignée de fer, e, c, ou
de bois bien assujettie , pour les soulever ou les
baisser à volonté. On les empêche de glisser par
le moyen d'une tringle de bois, /, attachée sur
la traverse d'enbas. Ce châssis doit être peint ou
ou verni avec de l'ocre jaune broyé à l'huile de
lin ou de chenevi et recouvert de deux couches
de blanc de céruse également broyé à l'huile.
Ou bien on mêle lentement et à petit feu, \me
demie bouteille d'huile de lin , six livres de poix
résine et une livre de brique pilée et passée au
tamis fin, et on applique cette composition toute
chaude sur toutes les faces du bois par un grand
soleil, et lorsqu'elle est bien sèche, on peint à
l'huile pardessus -, il est bon d'observer que le
bois dont on construit les châssis, doit être par=
iuitement sec, avant. de l'employer.
Couches. 235
Tous les jours il faut soulever un peu les
panneaux pour dissiper les vapeurs de la couche
et donner de l'air aux plantes , qui , sans cette
précaution, s'alongcraient et s'amaigriraient extrê-
mement.
Lorsque l'air du dehors est très froid , il faut
mettre sur l'ouverture que l'on a donnée au chas»
sis , des paillassons ou quelqu autre chose qui
préserve les plantes d'un courant d'air trop direct.
Pendant les nuits du Printems, jusqu'en May, il
faut couvrir les vitrages avec àts paillassons plus
ou moins épais, selon le degré de froid.
Lorsqu'on arrose , il faut se servir d'eau dé*
gourdie et non de celle que l'on vient de tirer
d'un puit on d'une fontaine, et qui est pernicieuse
aux plantes. On peut faire chauffer de l'eau au
soleil, en plaçant les arrosoirs contre un mur
au midi, ou mettre sur le feu une grande chau=
dière , qui servira pour huit ou dix arrosoirs.
Pendant tout le Printems , il ne faut arroser que
vers les 9 heures du Matin, et jamais le soir.
À mesure que les plantes grandissent et s aps
prochent du vitrage, il faut en élever la caisse en
plaçant dessous des morceaux de bois ou des
torches de paille, sans quoi le verre brûlerait le
dessus des plantes qui le toucheraient. Il faut
prendre garde de soulever cette caisse bien éga=
iement en la soutenant partout de manière à
l'empêcher de se tordre ou se tourmenter, ce
qui ferait bailler les panneaux et donnerait entrée
au froid. A mesure qu'on l'élève, il faut avoir
£36 L'ami des Jardiniers.
soin de fermer ou boucher exactement toutes les
ouvertures que le soulèvement pourrait occasion»
ner , en y fourrant du fumier ou du terreau gras.
2. Mais voici un moyen plus sûr et plus fa*
cile pour éviter les inconvéniens attachés à cette
espèce de châssis.
Faites un cadre avec de la membrure de bois
de chêne, de 5 ou 6 pouces de largeur sur 3
pouces d'épaisseur. Placez dessus , à tenons et
mortaises, en queue d'aronde, les traverses à 3
pieds de distance, comme au châssis précédent.
Placés ce cadre sur de bons piquets de coeur
de chêne , enfoncés en terre , bien alignés et nU
velés dans leur longueur, à 5 ou 6 pieds de dis*
tance l'un de l'autre, élevés audessus du sol, de
3 pieds par devant et de 4 à 5 pieds par derrière,
si vous faites la couche dans la saison encore
froide, ou de 2 pieds seulement par devant et de
3 pieds par derrière , si la saison est plus avan-
cée } c'est à dire qu'il faut leur donner une hau=
teur proportionnée à celle du fumier, ces piquets
soutiendront toujours le cadre à la même hauteur,
à mesure que la couche s'abaissera, et par ce
moyen, les plantes, en grandissant, s'éloigneront
suffisament du vitrage } ensuite ce cadre sera
moins sujet à se pourrir, pareequ'il sera garni,
endedans, de vieilles planches qui l'empêcheront
de toucher au fumier ni à la terre même de la
couche. S'il se trouve quelques petites ouvertures,
par où l'air pourrait pe'nétrcr, on les bouchera
avec de la mousse.
Couches. 23/
îl faut peindre ou goudronner ce cadre , com«
me celui du châssis précédent, on place dessus 3
les vitrages , comme il a été dit.
Lorsque la couche est refroidie , ou que sa
chaleur diminue trop , on fait des réchaufs en de=s
hors, comme je l'ai indiqué à l'article des cou^
ches.
Lorsqu'on veut élever sous châssis, des plans
tes étrangères, qui y réussissent souvent mieux
que dans les serres chaudes , mais qui demandent
une hauteur de vitrage plus considérable, on
donne, au châssis, la forme d'un triangle, dont
les montans sont attachés solidement sur le cas
dre et sur un faîte , comme on le voit Planche , St
fig. 12 , et à la même distance que ceux du chas*
sis précédent, pour recevoir, du côté du Midi,'
des panneaux vitrés entièrement, et, du côté du
Nord, des petits panneaux vitrés dans le dessus,
et dans le bas , des volets de bois ,• quelques=uns
des petits panneaux vitrés du dessus , doivent
s'ouvrir et se fermer à volonté , du haut en bas ,;
par le moyen de charnières et de tourniquets , afin
de pouvoir laisser tomber les pluyes douces suc
les plantes, au besoin $ les bouts de ce châssis
sont formés par des panneaux à petits bois gar*
nis de verres, comme on le voit en, c, fig. 13*
Onpeut donner à cette espèce de châssis,1
plus ou moins de hauteur, en allongeant le tri=
angle ; on peut aussi donner plus de longueur
aux panneaux du midi, en raccourcissant le côté
du Nord; cela dépend du goût du cultivateur.
238 L'ami des J àrdiniers.
3. Lorsque l'on veut se procurer un chassi»
d'une construction peu dispendieuse , on forme
les panneaux d'un simple cadre, de longueur et
de largeur convenable pour l'emplacement qu'ils
doivent occuper , avec les feuillures et fermetures
nécessaires pour bien se joindre entre eux • on
tend, sur ces cadres, des rangs de ficelle en
long et en large, aulieu de petits bois \ on peint
bien le tout de 3 couches de couleur à l'huile,
ensuite on colle du papier sur le coté du dehors
et en retournant le cadre, on enferme les ficelles
en collant des bandes de papier par dessous , de
manière que le vent ne puisse rien enlever; lors=
que la colle est parfaitement sèche, on frotte
tout le papier, pardessus et pardessous, avec de
l'huile d'olive ou de Navette , ou autre , sans
couleur, avec un pinceau doux-, on fait cette
opération au soleil, afin que l'huile pénètre bien
tout le papier, pour le mettre à l'épreuve de la
pluye; ce châssis est meilleur pour les Melons,
les semis et les boutures, que ceux de verre aux
quels il est préféré par Miller célèbre auteur An=
glais, très connu par ses talens pour l'art des
Jardins.
4. Voici une 4. me manière de construire un
châssis très solide, et sous lequel on peut éle*
ver des Ananas ou autres plantes étrangères.
Creusez une fosse de longueur à volonté,
sur 6 pieds de largeur et 3 ou 4 de profondeur.
Construisez alentour de cette fosse, un mur du
moilon dur, d'environ un pied d'épaisseur, jus*
qu'à la hauteur de la surface du terrein, moins
Couches. 239
quelques pouces, sur cette espèce de fondation,
ajoûlez un mur en brique de 10 à 12 pouces d'é»
paisseur du côté du Nord, et de 8 pouces du coté
du midi et aux deux extrémités j élevez ce mur
d'un pied plus haut que le terrein, au Midi, et
deux pieds et demi au Nord; ceux des bouts se«
ront en pente proportionnée.
Sur tout le tour de ces murs vous poserez
une plate = forme ou cadre dans lequel vous as=
semblerez des montans larges de 3 pouces sur 2
pouces et demi d'épaisseur , pour poser dessus, des
panneaux vitrés , en recouvrement; ces panneaux
se font en deux parties , dont l'une s'ouvre par
derrière et l'autre pardevant, parcequ'ils seraient
trop lourds, si on les faisaient tout d'une pièce,
et on peut ouvrir une partie seulement, ou les
deux parties des panneaux, par le moyen d'une
fiche, comme, d, qui les lie ensemble.
Pour faire la couche dans l'intérieur des murs,
on commence par mettre dans le fond, un pied
d'épaisseur de bruyères, de feuilles sèches ou
autre matières qui puissent s'échauffer et pomper
l'humidité de la couche dont le surplus se fait,
à l'ordinaire, avec du fumier et du tan, comme
il a été dit à l'article des couches.
Lorsqu'on veut élever des Ananas ou plantes
étrangères sous ce châssis, on peut construire,
à l'une des extrémités, un petit fourneau avec un
tuyau de chaleur dans les murs, ou un tuyau
de grais qui se posera sur une retraite pratiquée
en dedans des murs, sur laquelle il sera retenu
240 L' ami des Jardiniers.
par des crochets de Ter. Les emboilures de ce
tuyau seront garnies d'étoupe et de terre grasse
corroyée, pour empêcher la fumée de s'échapper.
Ce tuyau pourra faire le tour de la couche , mais
les 8 ou 10 premiers pieds près du fourneau, se=
ront construits en brique , parce que les tuyaux
de grais ne pourraient résister à la grande cha=
leur.
On peut faire des châssis de plusieurs autres
manières ; l'essentiel est, 1. de les construire solide^
ment} 2°. de les faire fermer exactement, toutes
les fois qu'ils doivent l'être par les tems froid3
et pendant la nuit , afin d'éviter les vents coulis
qui peuvent perdre , en un instant , toutes les
plantes d'une couche, 3. qu'ils puissent s'ouvrir
et se fermer devant et derrière, afin de pouvoir
soigner et cultiver la couche avec facilité, et la
faire jouir au besoin, de l'influence de l'air et
de la pluie , 4. que le cadre sur Jequel sont
posés et jouent les panneaux , soit posé, d'une
manière fixe, sur des poteaux on piquets,
T I
POTAGERS
Légumes etc. 241
■ jj»m .. t'y ii jin.iii i m »-^a—— — www .»i,»i!C
CULTURE
DES
LÉGUMES et des PLANTES POTAGÈRES y
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE-
AbsynthEj Absynthium.
1. La gra?ide Absynthe. Cette plante s©
cultive pour son utilité \ elle subsiste en pleine
terre, même dans les Hivers les plus rudes,
pendant quinze à dix = huit ans.
2. Petite Absynthe. Toutes ses parties sont
beaucoup moindres que celles de l'autre \ elles
se multiplient chacune de pieds éclatés et enra*
cinés, plus facilement que par les semences. Tout
terrein et toute exposition leur conviennent.
Ail. Ail
mm.
i. VA il commun est une plante bulbeuse,
vivace par ses tubercules qui ne sont adhérentes
à la bulbe ou tête , que par leur base.
2. VAïl d'Espagne ou Rocambole , dont le
dessus de la tige porte un bouquet de petits
tubercules ronds , qui tiennent lieu de graines.
Au Printems on peut semer, dans toute sorte
de terre , la graine d'Ail commun , et planter les
petites Rocamboles d'Espagne. Mais il est plus
Tome L Q
L'ami des Jardinier*.
expéditif d'éclater les tubercules, ou séparations
des têtes et de les planter en Mars, en bordures
ou en planches, a quatre pouces de distance, et
un ou deux, pouces de profondeur. Chaque par=
lie produit une tête, des la même année , au lieu
qu'il faut deux ans aux graines.
Les Aulx étant arrachés lorsque les tiges
jaunissent, il faut les laisser pendant douze à
à quinze jours exposes au soleil, ou au grand
air; ensuite on les lie par bottes et on les sus*
pend en lieu sec.
Il est bon de tordre les tiges , quelque tems
avant la maturité, pour faire grossir les bulbes.
Amande de terre, Cyperus Esculentus.
Cette plante, qui n'est connue en Allemagne,
que depuis quelques années , pousse une touffe
d'herbe pointue, garnie dune côte élevée.
Ses racines, ou tubercules, par lesquelles on
la multiplie , sont grosses comme des noisettes,
d'un brun violet; leur peau est mince et prend,
en séchant, une couleur plus brune. Leur chair
est blanche comme celle des Amandes, pleine
d'un jus laiteux , doux , huileux , et d'un goût
aussi agréable que celui des Amandes.
On plante l'Amande de terre au commencement
de May, dans une terre sabloneuse , humide, et
bien exposée au soleil. Avant de la mettre en
terre, on la fait tremper dans l'eau pendant 24
heures, si elle est de l'année pi écéduite; et pen=
dant 2 jours, si elle est plus ancienne. On essuie
chaque tubercule avec un linge avant de le plans
Légumes etc. 2i3
ter. On les place en terre bien labourée et bien
funie'e , dans des raies ou sillons de 2 pouces et
et demi de profondeur , éloignés de 10 pouces ,
et à 5 pouces de distance l'un de l'autre. Lors*
que le plant est levé , on en arrache un entre
deux, et celui qu'on arrache sert à remplacer
ceux qui manquent. On peut retarder la plan=
tation jusqu'en Juillet , et l'avancer dès le mois
de Mars , en semant sur couche , pour repiquer
en pleine terre. Il ne s'agit plus que de les sar=
cler et les butter comme les pommes = de = terre.
La récolte se fait par un tems sec, au commen=
cernent d'Octobre , avant les froids. Les fruits ne
poussent en terre , que de quatre pouces de pro=
fondeur , il est facile de les tirer ; alors on les
iietioie , on les lave, et on les sèche à l'air et au
soleil, en les retournant de tems en tems. On.
les serre dans des caisses , ou des barrils , pour
les préserver des souris qui les aiment beaucoup.
Cette Plante passe pour avoir un grand" nom-
bre de qualités , notamment celle de remplacer
le Café des Indes j mais ces détails sont étran*
gers à la partie que je traite.
A n i s, Anisum.
UAnis dure deux années ; sa graine se sème
au Printems , en planches, ou mieux en bordures,
dans une terre légère, bien labourée et arrosée
de tems en tems , jusqu'à ce que la graine soit
levée-, il faut éclaircir le plant, lorsqu'il est fort,
le sarcler et l'arroser dans tes sécheresses,
0 3
244 L' A m i des Jardiniers.
Au mois d'Août, lorsque la graine est nuire,
on coupe les tiges contre terre , on les expose
quelques jours au soleil , ou bat la graine que
l'on conserve en lieu sec. Les pieds repoussent
et donnent une seconde récolte l'aunée suivante.
A R R o c h e. A triplex liortensh.
L'Arroche, Belle Dame ou Follette. Plante
annuelle , qui monte en graine aux premières
chaleurs , et n'est par conséquent pas d'un long
usage. Comme ses graines se détachent facile*
ment, dès qu'elles commencent à tomber, il faut
couper la tige et l'exposer quelques jours au
soleil . pour faire mûrir les autres.
En Mars, il faut semer clair la graine d'Ar*
roche ; elle lève promptement et réussit en toute
sorte de terrain 4 s'il est cultivé.
Artichaut. Cinara hortensis.
1. L'Artichaut verd, produit pendant trois
ou quatre ans. C'est celui qui porte les plus
grosses têtes dont les feuilles, ou plutôt les écail-
les, sont quelquesfois arrondies et raccourcies, et
souvent terminées en pointe très aiguë.
2. Artichaut blanc. Il est distingué du pré-
cédent par sa tête , qui est très petite , et dont
les écailles d'un verd très pâle , sont armées de
pointes piquantes. Son seul mérite est d'être
précoce j il est fort difficile sur le terrein et la
eulture.
h É G v m e s etc. 2iS
3. Artichaut rouge. Ses têtes sont petites ,
mais elles sont excellentes à manger crues, lors=
qu'elles sont aux deux tiers de leur grosseur.
Les e'cailles du dehors sont d'un rouge pourpre,
celles du dedans sont jaunes.
4. Artichaut violet. Sa tête est de moyenne
grosseur , plus alongée que celle de l'Artichaut
vert , et aussi bonne.
Pour semer les Artichauts dont la graine se
recueille sur les plus belles têtes que l'on tient
penchées ou couvertes d'une ardoise, ou écorce,
jusqu'à leur maturité', pour prévenir la pourri=-
ture • il faut labourer profondément et bien pré«
parer la terre. On marque à trois pieds de dis*
tance en tout sens les places où l'on doit semer,
et au mois de Mars on sème à chacune quatre
ou cinq graines à deux ou trois pouces l'une de
l'autre, et à un pouce de profondeur. On arrose,
on bine et sarcle le jeune plant jusqu'à la fin de
Mai. Alors on lève tout le plant superflu pour
le repiquer ailleurs , ne laissant qu'un pied en
chaque place. Ce pied étant souvent arrosé et
bien cultivé , donnera des fruits en Automne.
Pour multiplier les Artichauts par les oeilletons
ou filles , il faut dès avant l'Hyver préparer le
terrein par un labour très profond , ou mieux par
un défoncement de deux pieds au moins. A la
fin de Mars ou au commencement d'Avril, on
donne un second labour et l'on dresse bien le
terrein. A trois pieds, ou au moins à deux pieds
et u s Jardinier-.
grand nombre de pétales. Elle ne donne point
de graines.
On sème sur couche, en Mars, la grande et
la petite Capucine, et lorsque le plant est assez
fort , il faut le repiquer en bonne terre ou dans
de petites fosses remplies de fumier et de ter»
veau, aux expositions dont j'ai parle' ; le mouiller
fréquemment et abondament pour le faire durer
long = teins et poiter beaucoup de fleurs.
La Capucine à fleurs doubles se multiplie en
coupant des branches que l'on pique dans des
pots remplis de bonne terre; on les tient à l'onu
bre pendant huit ou dix jours sans les arroser,
ce qui sulïit pour les enraciner et les faire com=
mencer à pousser. Les Marcottes sont encore
plus promptes et plus sûres.
Fendant nivver il faut les mettre dans une
chambre habitée , ou dans une excellente Oran=
gerie , mais mieux dans une serre chaude, en
leur procurant le plus de soleil possible et ne les
arrosant jamais. A la mi = May on les plante en
pleine terre à une bonne exposition et on les
mouille souvent. Ses fleurs et celles de la grande
Capucine, servent à une fourniture de salade
agréable à la vue et au goût. On confit les bou=
tons de la petite Capucine comme ceux de la
fleur du Câprier et pour les mêmes usages.
Cardon, Cinara spinosa.
1. Cardon de Tours. C'est une variété de
Y Artichaut et il devient plus grand de tige , mais
Légumes etc. 2o9
son fruit est plus petit. Ses feuilles sont armées
depiues fortes et très piquantes.
2. Cardon d'Espagne. Celui=ci se cultive plus
commodément que l'autre , parcequ'il n'a point
d'e'pines } mais il est plus sujet à monter , ses
tiges sont mojns épaisses, moins pleines et moins
tendres.
On sème des Cardons en difFérens tems,
pour en avoir toute l'année.
1. En Janvier, il faut semer sur couches,
sous des cloches ou des châssis , de la graine
de Cardons. Lorsque le plant a deux feuilles
bien formées outre celles de la semence y on le
repique sur mie couche neuve de 9 à 10 pouces
de terre et terreau passés à claie et bien mêlés ;
on le laisse sur cette seconde couche que l'on
réchauffe au besoin , jusqu'à ce qu'il soit assez
fort pour être mis en place. On peut semer en
même tems sur la couche , des petites raves , lais
tues, etc. Il serait plus simple et plus sûr de
semer dans des pots à oeillets que l'on place sur
une couche et que l'on change au besoin sur
d'autres pour l'avancer plus promptement.
La dernière couche se fait de fumier à demi
consommé , sur une largeur de quatre pieds et
demi ; on la charge d'un pied de bonne terre
passée à la claie avec un tiers ou moitié de terreau.
Lorsque sa grande chaleur est passée , on y
plante en Échiquier à deux pieds et demi de
distance , les jeunes pieds de Cardons que l'on
couvre d'une cloche, ou de châssis , jusqu'à ce
R 2
200 L' A M I D E S J A R D I N 1 L R S.
qu'ils soient bien repris. S'ils sont en pots, on
les dépote et on les place sans briser ni dérançei
Ja moite et comme ils n'ont pas souffert, il n'ont
pas besoin de cloches ni de châssis pour reprendre.
Pendant les jours froids et les nuits . il faut
les couvrir de paillassons soutenus sur des cercles
ou des petites perches. On peut semer des Lé=
çjumes entre les Cardons.
Il faut souvent mouiller ce plant , tant pour
l'empêcher de monter en graine que pour l'avan=
cer. A mesure que chaque pied a acquit la force
et la grosseur nécessaires , on le lie de trois ou
quatre liens de paille par un tems sec \ ensuite
on l'empaille jusqu'à vers l'extrémité des feuilles,
avec de la paille neuve ou mieux de la grande
litière qu'on lie également de distance en dis»
tance avec des liens de paille ou d'ozier bien
serrés. Environ trois semaines après , le Cardon
est blanc et bon à manger \ ce qui arrive ordU
nairement en May.
On se sert de différentes méthodes pour lier
les Cardons de Tours sans se piquer. Les uns
les serrent avec des fourches, les autres prennent
des gants \ mais de quelque manière qu'on s'y
prenne , il faut prendre garde de rompre les
feuilles , puisque leur côte est ce qu'il y a de
plus utile.
On sent que pour continuer la jouissance des
Cardons de primeur, il faut en semer sur couche
depuis Janvier jusqu'à la fin de Mars.
2. Enfin vers le quinze d'Avril, pous semer
L é g i; m e s etc. 261
en pleine terre, il faut labourer profondément et
et dresser un terreur, y espacer et garnir de pe*
tites fosses , comme il est dit ci=devant ; semer
dans chacune trois ou quatre graines de Cardons
à deux ou deux pouces et demi de distance Tune
de l'autre et environ un pouce de profondeur.
Lorsque le jeune plant est à sa troisième feuille ,
on choisit le plus beau pied pour rester en place
et on arrache tous les autres.
Mais comme la graine est sujette à être man=
gée par les vers des hannetons , la fourmi rouge,
la Lisette, le Puceron, etc. Pour éviter le de'sa*
grément de ressemer , il serait à propos de se
servir de petits pots dans lesquels on mettrait la
graine ; ces pots se placeraient autour des cou=
ches , en dehors des châssis , ou au pied d'un
mur au Midi, et quand les Cardons auraient qua=
tre feuilles, on les mettrait en pleine terre où ils
n'auraient plus que les vers blancs à craindre,
mais on peut réserver quelques pieds pour rem=
placer. On peut cultiver d'autres légumes entre
les Cardons.
Jusqu'en Octobre , les Cardons veulent être
serfouis de tems en tems et mouillés tous les deux
jours par les pluies ou les arrosemens. Depuis-
ce tems on lie et l'on empaille successivement
de huit en huit jours quelques = uns des plus
beaux pieds pour les consommer trois semaines
après. Lorsque les gelées commencent , on les
lie tous , sans les empailler et on les butte de
sept à huit pouces.
S'il survient en Novembre quelques gelées un
262 L'ami des Jardiniers.
peu forte, on jette dessus de la litière , du cos*
de pois j etc. Enfin lorsqu'on prévoit les
grandes gele'es , il faut lever en motte tous les
( crdons , les transporter dans la serre \ les y
planter dans du sable et leur donner de l'air
toutes les fois qu'il est doux. Ils y blanchissent
sans paille et, dans une bonne serre, il s'en con»
serve jusqu'en Avril.
Au défaut de serre on peut, dans un terrein
très = sec , taire une tranchée profonde de trois
pieds , large de quatre et longue à proportion, de
la quantité de Cardons que l'on a. On couvre
un bout de la tranchée, de deux ou trois pouces
dVpai^eur de longue paille \ contre ce chevet
on place debout trois ou quatre pieds de Car-
dons levés en motte , de sorte qu'un pied ne
touche pas l'autre } on fait un second chevet de
paiile sur ce premier rang de Cardons , contre
lequel on place un second rang, et ainsi de suite,
avant l'attention de laisser le bout des feuilles à
l'air , tant que le froid n'est pas assez considé=
rable pour couvrir toute la surface de la tranchée
avec de la paille et des paillassons inclinés pour
empêcher les pluies et les neiges de pénétrer.
Il y a plusieurs autres méthodes pour conser=
ver les Cardons , qu'il serait trop long de dé-
tailler j le point essentiel est de les préserver du
froid , de l'humidité , et de les faire blanchir sans
qu'ils pourrissent.
Pour recueillir la graine , il faut laisser qucU
ques pieds de Cardons sur place , au commen*
L é G y u e s oie, 263
cernent de Novembre les butter et les conduire
comme les Artichauts.
C a r o t t e , Daucus sativus.
1. Carotte jaune longue; c'est la plus com«
mune des jardins.
2. Carotte jaime ronde ; elle a la forme d'une
toupie alongëe et supporte mieux l'IIyver que la
précédente, On peut la semer en Septembre.
3. Carotte blanche longue •, elle resssmble à
la jaune longue pour la forme \ elle en est seules
ment distinguée par sa couleur blanchâtre. Elle
est plus douce au goût , mais moins tendre et
plus difficile à cuire •, elle résiste mieux aux ge=
lées et aux humidités.
4. Carotte blanche ronde. Sa racine est en
forme de toupie.
5< Carotte rouge longue. Sa racine est teinte
de jaune orangé assez foncé ; elle est fort bonne ,
mais moins grosse que les autres. Quoiqu'elle
soit à la mode , son goût fort ne plaît pas à tout
le monde.
Vers le quinze Mars , dans une terre légère
et meuble , défoncée ou préparée par deux bons
labours , dressée et améliorée par de bons engrais,
s'il en est besoin, semez en planches ou en bor^
dures, cala volée, mais mieux en rayons distans
de cinq à six pouces, la graine de Carotte,
après l'avoir rudement frottée entre les mains
pour la détacher l'une de l'autre et rompre ses
poils qui empêchent qu'elle ne s'attache à la
264 L'Ami des Jardiniers.
terre. Recouvrez la le'gèrement au râteau, bat=
tez un peu la terre avec le dos de la bêche , ou
marchez dessus afin de l'enterrer. Criblez un
peu de terreau sur la place ou elle est semée.
Il faut choisir un tems sec et sans vent. Sarclez
et arrosez soigneusement le jeune plant. Lors=
que sa racine a environ deux lignes d'épaisseur,
il faut lcclaircir , de manière que chaque pied
soit distant de. l'autre de 4 à 6 pouces en tout
gens. Il D'exigé ensuite d'autre culture que d'être
sarcle et mouillé. Il est bon d'en couper toutes
les feuilles deux fois dans le courant de l'Eté.
Quand le terrein est fort, compact, froid,
humide 3 il faut semer un mois plus tard } amcu=
blif ce terrein avec du terreau et le couvrir de
terreau fin.
On arrache les Carottes vers le 15 Décembre
ou plutôt, s'il fait trop froid ; il faut les laver,
les nettoyer de terre , laisser sécher et ressuyer ;
ensuite les ranger dans une serre ou dans une
cave par tas , de façon que les bouts des racines
soient en dedans et les têtes à découvert pour
jouir de l'air.
On peut aussi les ranger entre des lits de
paille dans des fosses creusées en terrein sec et
contre un mur au Midi, et rejetter par dessus,
La terre de la fouille, que l'on dresse en dos d'Ane
et que l'on bat bien pour que la pluje ne puisse
pénétrer dans la fosse. Par ce moyen les carot=
tes se conservent très longtems.
On laisse en terre au jardin un certain nom*
bre de carottes que l'on couvre de feuilles ou
Légumes etc. 265
de litière dans les fortes gelées , ou bien on choisit
les plus belles dans la serre; et on les replante en
Mars pour donner de la graine, en les mettant à
un pied de distance l'une de l'autre.
Lorsque les graines veulent mûrir, il faut
couper, à mesure, leurs bouquets ou parasols,
et les exposer quelques jours au soleil pour les
achever.
On peut semer des carottes sur couche , sous
cloches ou châssis, dès le mois de Février, pour
jouir deux mois et demi plutôt de cette racine.
Céleri, Apium dulce.
Le Céleri est une variété d'^iche qui n'est
qu'annuelle dans nos jardins.
1. Céleri long . Céleri tendre, grand Céleri.
Les feuilles naissent immédiatement de la souche
ou tronc de la racine qui est charnue, grosse et
garnie de chevelu.
2. Céleri court. Céleri dur } Petit Céleri.
Cette variété a les feuilles plus courtes et d'un
verd moins clair que celles du Céleri long } elles
sont plus charnues , plus nombreuses \ elle est plus
hâtive, moins sujette à la gelée, à la rouille et
à la pourriture.
3. Céleri plein. Ce qui distingue cette espèce
des autres, c'est que la côte de sa feuille est pleine
et par conséquent plus charnue et plus tendre ;
mais il est sujet à dégénérer de goût et de qua=
lités. Il veut une terre légère et bien fumée. Le
voisinage des autres Céleris fut varier sa graine.
266* L'ami des Jardiniers.
11 a une variété qu'on nomme Céleri rouge ,
agréable à la vue par quelques veines rouges dont
tlle est panachée.
4. Céleri à grosse racine longue, Céleri*
Rave long. Ce Céleri se distingue des autres
par ses feuilles qui se renversent sur terre aulieu
de se tenir droites ; et surtout par sa racine qui
est grosse, alongée , blanche, de la forme d'un
ISavet long ou d'une grosse Rave. Il est de bon
rapport, quoiqu'on ne fasse usage que de sa racine
cuite \ sa culture est simple et facile.
5. Céleri à racine blanche et ronde. Cest une
tariété du précédent
6. Céleri à racine ronde, blanche et veinée
de rouge. C'est le plus estimé.
Si Ton veut avoir du Céleri toute Tannée, il
faut en semer en différens tems.
1. Semer en Janvier sous cloches ou châssis,
sur une couche chargée de bonne terre neuve et
de terreau mêlés et passés à la claie*, lorsque le
jeune plant a trois ou quatre fouilles, repiquez le
sur une autre couche, à un pouce ou un pouce
et demi de distance-, donnez lui de l'air toutes les
fois qu'il est supportable et défendez le du froid
avec des châssis ou autres couvertures.
Vers le commencement d'Avril, lorsqu'il est
assez fort pour ctre planté en pleine terre, il faut
labourer et ameublir un bon terrein bien fumé et
bien amendé, y dresser des planches de trois ou
quatre pieds de largeur et même pli-s; y tracer
des rayons distans de six à sept pouces l'un de
L £ g u m e s etc. 267
l'autre , planter dans ces rayons les pieds de Cé=
leri en quinconce à six pouces d'éloignement,
mouiller sur le champ et arroser tous les deux
jours, à moins qu'il ne pleuve; les sarcler et les
biner au besoin.
Vers le commencement de Juin, il doit avoir
acquis sa force. Alors , par un tems sec il faut
lier chaque pied de Céleri d'une planche , avec
trois liens de jonc ou de paille -, garnir de litière
sèche tous les vuides entre les pieds, de sorte
qu'on ne voie que l'extrémité des feuilles 3 arro=
ser de deux jours l'un pour l'attendrir ; et si les
arrosemens font baisser la paille, en ajouter de
l'autre. En trois semaines ou un mois, le Céleri
sera blanc et bon à employer et se conservera
sans se pourrir environ un mois j dès qu'il est blanc
il ne faut plus l'arroser. Alors on lie de la même
façon le Céleri des planches voisines et on le
butte avec la terre de celles qui ont blanchi pré=
cédemment. Dabord on le butte jusqu'au premier
lien \ huit jours après , jusqu'au second; et autant
de tems après , jusque vers l'extrémité des feuil=
les. Il n'aura pas besoin d'être mouillé par la
suite, à moins qu'il ne vienne une grande séche=
ressse; la fraîcheur de la terre suffisant pour
l'attendrir.
2. Au mois de Mars on fait un second semis
de Céleri sur un bout de couche, ou en pleine
terre à une bonne exposition bien abritée ; on
repique le jeune plant lorsqu'il pousse sa qua-
trième ou cinquième feuille , et on le met en place
lorsqu'il est assez fort. Il se cultive comme il est
36Ô L'ami des Jardiniers.
dit eidevant, et on le fait blanchir quand il est
teins , pour le consommer , après le premier.
3 En May on fait un troisième semis en pleine
terre, avec l'attention de semer clair, ou d'éclairs
cir le plant de façon qu'il puisse devenir dans la
inème place, assez fort pour èlre mis à demeure
en planche sans être repiqué en dépôt , ce qui
le 'retarderait trop. Etant conduit comme il a
été dit, il succédera en Octobre au second semis.
4. Enfin vers la fin de Juin, on fait un quatrième
semis de Céleri pour consommer pendant i'bvver.
On pourrait même éviter ce semis en se servant
du plant le moins avancé du troisième, que l'on
plu-ite plus tard.
Lorsque ce Céleri est parvenu à sa grandeur ,
si le terrein est sec, le Céleri étant lié avant
toute gelée capable de l'endommager ( ce qui est
essentiel) et butté de terre le plus tard qu'il est
possible, mais avant les fortes gelées, il résistera
bien à l'hyver en le couvrant de grande litière,
dans les froids rigoureux.
Si le terrein est humide, après avoir lié le
Céleri et défendu des gelées .jusqu'à ce que les
couvertures deviennent insuffisantes ou préjudi-
ciables à cette plante qui aime Pair et qui pour-
rirait, si elle était trop longlems ensevelie dans
la litière:, il faut l'arracher, et sans rien retraita
cher de ses racines, le porter dans la serre ou
dans une bonne cave et l'enterrer dans du sable
frais et un peu humide jusqu'au premier lien. En=
suile le butter avec le même sable, jusques vers
l'extrémité Ues feuilles, en teins et en quantité
Légumes etc. 269
convenables , pour qu'il ne blanchisse qu'à mesure
qu'on voudra le consommer.
Il faut être attentif à ouvrir la serre, lorsque
l'air le permet, car le Céleri craint le froid, i'hiu
midité et le défaut d'air, quand il est mûr, com=
me il aime, pendant sa croissance, une terre lé=
gère, bien engraissée, fraîche et souvent ar*
rosée.
La racine du Céleri -rave étant la seule partie
employée dans la cuisine , ses feuilles n'ont be=
soin d'être ni liées ni buttées -, aux approches des
fortes gelées , on les retranche en les tordant, après
avoir arraché le Céleri. Ensuite les racines étant
bien nétoyées , on les arrange dans la serre com=
me les Carottes ; ou bien on les replante fort près
l'une de l'autre dans un terrein bien labouré 3
de manière que l'oeil soit recouvert de trois ou
quatre pouces; dans les grands froids on y ajoute
des feuilles ou autres couvertures.
Tous les ans , avant les grandes gelées, il faut
choisir quelques beaux pieds de Céleri que l'on
laisse en place pour porter graine l'année sui=
vante; les lier et les butter comme pour les faire
blanchir et les défendre des grands froids.
Au mois de Mars on les déterre peu à peu.
S'il en périt on les remplace par ceux qui sont
conservés dans la serre.
La graine mûrit en Septembre; la plus nou=
velle est toujours la meilleure, parcequ'elle em-
pêche le Céleri de dégénérer, ainsi que la boime
culture.
270 L'ami des Jardiniers.
Cerfeuil, Cerefolium hortensc.
1. Le Cerfeuil commun ou petit Cerfeuil.
C'est une plante annuelle dont on ne fait usage
que pour la '.able ou des bouillons.
2. Grand Cerfeuil Fivace, Musqué y d'Espa*
gne. Celuici est beaucoup plus grand que l'autre \
a une odeur aromatique approchant de celle de
VAnis\ il est vivace et donne des feuilles plus
nombreuses.
Depuis le commencement du Printems jus=
qu'à la fin de Septembre , on semé tous les quinze
jours le Cerfeuil commun en planche ou en bor=
dures , à la volée, ou mieux en rayons. Les pre=
miérs semis se font sur couche ou au pied d'un
mur au Midi. Pendant l'Eté , au contraire , on
semé au Nord, à l'ombre de quelque mur, et on
arrose tous les jours. Pendant le mois de Sep=
tembre, on en semé à toute exposition. Le der=
nier semis passe l'Hyver, sa tige monte au Prins
tems et sa graine mûrit en Juin. Elle n'est très
bonne à semer que pendant un an.
La graine de Cerfeuil musqué semée au Prin=
tems , ne levé que du vingtième au trentième
jour , à moins qu'on ne l'arrose souvent. 11 monte
difficilement en graine , et n'exige ni soins ni cul*
ture. On fait blanchir et attendrir ses feuilles,
pour les mêler, en les coupant, dans les salades,
mais peu de personnes aiment son goût fort et
musqué.
Légumes, etc. 271
Champignon, Fungus.
On ne cultive qu'une espèce de Champignon >
c'e?t celui de fumier de cheval -, étant cueilli peut
et presque naissant, il est d'un parfum et d'un
goût très agre'ables. Plus gros , il fait plus depro*
fit, mais il est moins bon. Si on le laisse vieil*
lir, son odeur désagréable avertit de s'en défier
comme d'un mets dangereux.
Il y a plusieurs pratiques pour élever les Cham»
pignons, voici les meilleures.
1°. Dans le courant de Décembre, il faut faire,
dans un terrein sec et sabloneux , une tranchée
de longueur à volonté, sur deux pieds de largeur
et six pouces de profondeur ; jetter sur les côtés
la terre de la fouille.
Si le terrein est fort et humide , il faut faire
la tranchée plus profonde et mettre dans le fond ,
un lit de pierrailles ou de plâtras 3 recouvert d'un
peu de terre mêlée de sable.
Dans cette tranchée faites une couche de fu^
mier court mêlé de beaucoup de crotin de cheval
qui ne mange point de son, sans cependant em=
ployer du fumier trop gras. Cette couche doit
être dressée bien également, bien foulée et tré«
pignée , formée en dos d'âne ou de bahu, et avoir
deux pieds de hauteur dans son milieu. Ensuite
la couvrir d'environ un pouce de la terre sortie
de la fouille , mêlée de sable ou de terreau , si
elle est forte et compacte -, la laisser sans aucun
soin jusqu'au commencement d'Avril. Alors la
couvrir de trois à quatre doigts d'épaisseur de
272 L'ami des Jardiniers.
grande litière secoue'e , et la laisser jusqu'à la fin
de May , où elle doit commencer à produire.
Depuis ce tems . il iaut la visiter souvent pour
couper les champignons , et lorsqu'elle produit
abondament, tous les deux jours ôter la litière
pour récolter , la remettre aussitôt , et , s'il ne
tombe pas de pluie, donner un léger arrosement;
deux arrosoirs suffiront pour quatre toises de
couches. Elle doit produire au moins pendant
quatre mois.
Si la récolte donne plus de champignons que
Ton n'en peut consommer, on les conserve en les
enfilant et les faisant sécher à l'ombre dans un
lieu bien aire ; ensuite on les enferme dans des
boëtes ou des sacs de papier, et pour les employer
on les fait tremper quelques heures dans Tenu
tiède ; ils se rendent et sont presque aussi bons
que ceux qui sont fraîchement cueillis.
Lorsque la souche est épuisée, ou la détruit;
mais il faut séparer du terreau , des croûtes ou.
morceaux blancs qu'on appelle blanc de clicun*
pignons ", ce sont les parties où les queues des
champignons étaient attachées et qui contiennent
les semences. On les met en lieu sec et elles
se conservent pendant deux ans , bonnes à pro-
duire des champignons sur les meules dont je
vais parler , plus promptemeet et plus abonda-
ment, dans tous les tems de l'année; c'est ici
l'avantage des meules sur les couches.
2. Près de l'emplacement d'une meule à cham-
pignons , il faut entasser du fumier de cheval
Légumes etCi 2T$
avec le crotin , l'y laisser pendant un mois, efe
écarter la volaille qui pourrait le gratter.
2k Faire garnir l'emplacement de la meule qui
•doit être large de trois pieds sur une largeur à
volonté , d'environ un pied de pierrailles ou dé*
combres, et les recouvrir de quelques pouces de
sable que l'on bat ou que l'on égalise bien. Cette
précaution n'est essentielle que pour les meules
d'Automne , de Printeins et dHyver -, car celiea
d'Été réussissent mieux sur un fond frais sans
être humide, et à une exposition un peu défen*
due du grand soleil.
3. Dresser la meule avec le fumier qui a été
entassé à l'air pendant un mois , comme on dres*
serait une couche, haute d'un pied sur les Ion*
gueur et largeur ci=devant expliquées ; et en
maniant le fumier , en retirer la paille longue e£
n'employer que le fumier court avec le crotin.
Lorsque la couche est toute dressée, il faut
la mouiller abondament,
4. Pour arrêter et empêcher la trop grande
chaleur de la meule , quatre jours après qu'elle
a été dressée et mouillée, il faut la remanier en
entier, retirer environ un tiers du fumier qu'on
entasse à côté , et y substituer du fumier neuf
en pareille quantité,
5. Avec les deux tiers de fumier remanié et"
le tiers du fumier neuf, dresser de nouveau la
meule de longueur à volonté , sur deux pieds de
largeur et quinze pouces de hauteur, par consé^
Tome L &
274 L'Ami des Jardiniers.
quent diminuer un pied sur la largeur et ajouter
trois pouces sur la hauteur.
6. Six jours après , on rompt les galettes de
blanc que l'on a conservées, en morceaux, de trois
ou quatre pouces } sur les côtés de la meule on
place un rang de ces morceaux de blanc à un
pied de distance l'un de l'autre et à huit ou neuf
pouces du terrein sur lequel la meule est établie.
On enfonce la main dans le côté de la meule , à
chaque place , pour faire une petite ouverture ,
on y insinue un morceau de blanc de façon qu'il
ne soit qu'à fleur du fumier et non enfoncé fort
avant. Quand les meules sont placées contre des
murs et qu'on ne peut enfoncer les morceaux de
blanc que d'un côté , cela suffit. Aussitôt que
la meule est lardée de blanc, on remet sur toute
sa surface , environ un tiers du fumier resté lors=
que la meule a été remaniée, et on la dresse en
dos de bahu \ cela s appelle remonter la meule.
7. Deux ou trois jours après , lorsque le blanc
est bien attaché , il faut battre tout le tour de la
meule avec le dos d'une pelle , afin de serrer,
mastiquer, et incorporer le blanc avec les fu=»
miers, arracher avec la main toutes les pailles
longues qui débordent la meule ; c'est ce qu'on
appelle peigner la meule. Ensuite on couvre
toute sa surface d'un pouce de terre mêlée de
moitié de sable ou de terreau, si elle est forte;
jetter pardessus environ trois pouces de fumier
neuf, excepté sur la partie la plus élevée qu'il
faut couvrir légèrement.
S. Huit jours après , ajouter autant du fumier
Légumes etc. 275
neuf, avec la même attention de ne gueres cou»,
vrir le dessus de la meule.
9. Huit jours après , retirer toute la couver*
ture ; nettoyer toute la superficie de la meule de»
pailles et menues ordures du fumier *, ensuite
choisir ce qu'il y a de plus long dans le reste»
du fumier retiré , en faire une couverture très
mince sur la meule , ( d'environ un doigt ) c'est
ce qu'on nomme la chemise , et la ranger de
façon que les pluies coulent dessus et ne puissent
pénétrer dans la meule*, ajouter par dessus cette
petite couverture environ trois pouces de fumier
neuf qu'on aura laissé ressuier en tas pendant
huit jours j enfin rejetter encore sur ce fumier
neuf., le reste des vieux fumiers remaniés, avec
l'attention de ne pas trop charger le dessus.
10. Ouinze jours après on découvre la meule
jusque sur la chemise pour reconnaître son état \
si l'on commence à appercevoir quelques cham*
pignons naissans , on marque avec des baguettes ,
tous les endroits où il s'en est montré •, ensuite
on recouvre bien la meule avec les mêmes fu=
miers et de la même manière qu'elle l'était, et
trois ou quatre jours après, on vient recueillir,
dans les places marquées, ce qui s'y trouve de
bons champignons , sans découvrir la meule.
11. Ouatre autres jours après on la découvre,
comme il vient d'être dit , et si les champignons
ne paraissent encore que par places, on les mar=>
que , on recouvre et on revient quatre jours
après :, mais si elle se trouve disposée à donner
des champignons partout également, on ote les
S 2
276 L'a.vi des Ja&dinibus.
marques , on la recouvre , et trois jours aprrs
on vient faire récolte; aussitôt on recouvre la
meule, et on continue ainsi tous les trois jours
pendant deux ou trois mois.
Dans les grandes chaleurs , il faut tous les
jours, ou au moins tous les deux jours, donner
une le'gère mouillure, comme je J'ai dit pour les
couches à champignons , et dans les tems froids
il ne faut recueillir que tous les cinq jours j dans
les gelées augmenter les couvertures de grand
fumier sec en proportion du froid, pour entres
tenir la meule dans une chaleur douce.
Toute la vigilance du Jardinier est nécessaire
contre les variations fréquentes de la tempéra*,
ture de l'air. Il aura différé quelques heures de
charger les couvertures , le ùoid pénètre la meu«
le et la perd : si l'air devient tempéré , et qu'il
ait négligé de décharger les couvertures , la
meule s'échauffe trop, tout le fruit périt, s'il
n'arrive à tems pour découvrir la superficie de
place en place pour faire évaporer la grande
chaleur. Cet accident arrive quelque fois en pré*
parant la meule , c'est pourquoi il faut la sonder
de tems=en=tems et l'empêcher de prendre trop
de chaleur.
Dans l'Été le tonnerre et les éclairs font pé*
rir les champignons naissans j il faut alors dé=
couvrir la meule , remanier la chemise et la terre
dont elle est garnie , en retirer tout ce qui est
gâté -, quelques jours après elle reproduit.
lorsqu'on recueille des grouppes } ou amas
Légumes etc. ■ 277
de champignons, il faut sur le champ remplir
les creux qu'ils laissent sur la meule, avec de
la terre préparée à portée, ou prise au pied de
la meule.
Pour éviter tous ces soins, on peut établir
les meules dans des caves , elles s'y préparent
comme en plein air ; mais lorsqu'elles sont gar«
nies de terre, elles n'ont besoin ni de chemise,
ni de couverture, ni d'aucun soin, pourvu qu'on
ferme bien les portes et qu'on bouche les soupir
raux pour empêcher l'air de pénétrer. Environ
un mois après, elles commencent à donner. Lors=
que la terre devient trop sèche, on mouille lé=
gèrement, après avoir cueilli les champignons.
Ouand une meule cesse de produire , on la
détruit} on sépare le blanc que l'on conserve
sèchement. Les débris de la meule peuvent ser»
vir aux mêmes usages que ceux des couches
ordinaires.
Na. Le fumier des chevaux qui ne vivent que
de paille et d'avoine , est très propre pour les
couches et les meules à champignons ; celui des
chevaux de labour, qui ne mangent que du foin
et de l'avoine, ou du son, ou des faver elles }
n'y vaut rien • celui de ceux qui mangent peu
de foin et beaucoup d'avoine, est bon.
Lorsqu'on entasse le fumier destiné aux cou*
ehes ou aux meules, il faut en retirer et rejetter
tout le foin qu'on y trouve.
ChekviSj Sisarum.
Le Chervis , Garnis , Chirouis ou Girolles %
2TS L'ami des Jardiniers.
est une racine qui croît de 6 à 8 pouces de Ion»
gueur sur 4 ou 6 lignes de grosseur, dans un
terrein léger et frais , ou même un peu humide.
Au mois de Mars on semé la graine à la
volée ou par rayons, en terre bien labourée.
On ne sarcle le plant que quand il est un peu
fort, afin d'amuser les insectes qui le dévore*
raient , en leur laissant de mauvaises herbes. On
l'éclaircit en même teins, s'il est trop épais, et
on l'arrose fréquemment. On peut ne couper
les tiges de la première année, que quand elles
sont sèches.
On peut serrer des racines pour consommer
pendant l'Hiver , quoiqu'elles ne craignent pas la
gelée. À mesure qu'on s'en sert on peut en
couper les têtes que l'on met à part pour les
planter en Mars} elles renouvellent la plante.
Cette racine est douce et fade et n'est passai
ble qu'en friture.
Chicorée, Cichorium.
1. Chicorée de Meaux , Endive; ses feuilles
sont ailées ou découpées profondément} elles ont
de 6 à 9 pouces de longueur, sur 10 à 15 lignes
de largeur , non compris les découpures , et sont
couchées sur la terre.
2. Grosse Chicorée frisée. Ses feuilles sont
plus nombreuses que celles de la précédente ,
mais un peu moins grandes. Elle est meilleure
cuite que crue.
3. Chicorée courte ou Cékstine. Cette espèce
Léo u m e s etc. 279
est petite, mais tendre, douce, et se garnit bien
de feuilles étant beaucoup arrosée.
4. Chicorée fine , d'Italie. Ses feuilles sont
plus petites , plus déliées que celles de la courte }
elle est aussi moins hâtive.
5. Régence > ou Barbe de Capucin. Elle a les
feuilles plus petites, plus fines et plus déliées que
celles des précédentes , mais elles sont plus ten*
dres, plus douces et plus blanches.
6. Grande Scariole , Escarole, Ses feuille»
sont larges et unies, nombreuses, tendres, dou=
ces et approchent beaucoup de la Laitue=Ro=
ni ai >ie , quand à la forme.
7. Petite Scariole. Elle ne diffère de la gran=
de que par la petitesse de ses feuilles qui sont
plus tendres et très découpées.
8. Chicorée Sauvage. Cellecei est plus propre
pour la Médecine que pour les alimens. Etant
cultivée ses feuilles deviennent plus longues et
plus larges que celles des chicorées frisées , et
moins larges que celles des scarioles.
Elle a une variété dont la feuille est veinée de
rouge et la cote teinte de la même couleur; Ce
rouge devient vif en la faisant blanchir , et la
rendant agréable à la vue, la fait préférer pour les
salades j elle est sujette à dégénérer.
1°. On semé, dès le mois de Janvier, de la
chicorée sur couche, en la couvrant de cloches
ou de châssis , et lui donnant les soins né=
cessaires aux plantes dont on veut jouir de bon^
ne heure. La chicorée courte est la meilleure
2fi0 L'ami des Jardiniers.
pour cela. On repique le plant sur d'autres cou*
ches en le mettant plus au large.
Au mois de Mars il faut bien labourer ,
ameublir et garnir de terreau une platebande d'es»
palier au midi, ou un autre terrein bien exposé
et abrité:, y planter la chicorée à 9 ou 10 pouces
de distance en tout sens, l'arroser aussitôt , en*
viron tros semaines après, la serfouir. On la lie
pour la faire blanchir, lorsqu'elle a la grosseur
nécessaire.
2. En Février on peut faire un second semis
sur le bout de quelque couche, ou même en
pleine terre bien exposée et abritée. Il faut se=
mer fort clair, ou éclaircir le plant, pour lui
laisser prendre dans la même place , la force né*
cessaire pour être replanté en planches à 10 ou
12 pouces de distance l'un de l'autre,
3. On fait en pleine terre les semis suivans
à toute exposition , jusqu'au mois d'Août.
1°. La chicorée courte est la plus propre au
premier semis , parcequ'elle vient bien sur cou*
ehe et qu'elle avance plus que les autres. Elle
peut se cultiver jusqu'à l'Automne, étant peu su-
jette à monter, pourvu qu'elle soit bien arrosée
pendant les mois de chaleur et de sécheresse.
2. La Régence peut se semer dans les mêmes
tems que la précédente • elle est de meilleur goût,
mais elle est sujette à se moucheter et à pour=.
rir dans le coeur.
3. La Fine d'Italie convient aux mêmes sai-
sons, mais est plus lente.
Légumes etc. 261
4. La grosse espèce étant sujette à monter
pendant l'Eté, et dure, n'est propre que pour
l'Automne et l'Hiver, et ne doit se semer que
du 15 Juin au 15 Août.
5. La Scariole montant aisément en Eté,
convient mieux pour l'Automne et l'Hyver^ il
faut la couvrir dans les gelées et dans les tems
de pluies qui la font moucheter.
6. La Chicorée de Meauoc peut tenir lieu de
toutes les autres chicorées , étant plus profitable
et également bonne, crue et cuite } mais il faut
l'arroser très = peu et même la défendre des fré»
quentes plujes d'Été , qui la font monter ; elle
veut être souvent serfouie. On peut en semer en
tous tems.
J'ajouterai quelques observations : 1. Il faut
espacer la chicorée suivant l'espèce et la saison,
où on la plante. 2. Quelques Jardiniers obser»
vent, pour semer la chicorée et l'empêcher de
monter, que ie vent soit au Midi ou au Levant,
3. En plantant la chicorée ils coupent la moitié des
feuilles et de la racine.
On peut planter de la chicorée dans les ter^
res meubles et légères jusqu'à la fin de Septem=
bre , et dans les terreins forts et humides , juss
qu'à la fin d'Août seulement, Aussitôt qu'elle
est plantée , il faut bien arroser. Dans la suite
elle n'a besoin que d'être serfouie et arrosée au
besoin, suivant son espèce et la température de
la saison.
Lorsque la chicorée a pris .toute sa croissance
2ï2 L'ami des Jardiniers.
et qu'on veut la faire blanchir ; par un tems sec
on relève toutes les feuilles de chaque pied et
on les serre, vers le bas, d'un seul lieu de paille
ou de jonc. On les laisse dans cet état pendant
huit ou dix jours , pour que les feuilles du mi=
lieu s'alongent et profitent encore. Alors on
ajoute encore un lien vers l'extrémité des feuiU
tes, et un troisième au milieu, si la chicorée est
grande , afin que les feuilles du coeur ne pous*
sent pas par les côtés. Environ trois semaines
après , la chicorée est blanche et bonne à être
employée .
Si depuis qu'elle est liée, jusqu'à ce qu'on la
coupe , elle a besoin d'être mouillée , il ne faut
pas l'arroser en pluve , mais avec le goulot, et
verser de l'eau au pied et non sur les feuilles
de chaque plante, de peur de la faire pourrir.
On peut faire blanchir la chicorée sans la lier,
en la couvrant de feuilles sèches ou de litière ,
mais celle=ci pourrait lui donner un mauvais goût,
à moins qu'elle ne soit liée.
La chicorée que l'on veut conserver pour
l'Hyver se laisse sur place jusqu'aux premiers
froids dont on la défend avec des couvertures de
paille neuve; lorsqu'elles deviennent insuffisantes ,
il faut lever la chicorée en motte par un tems
beau et sec ; la nettoyer de toute ordure et pour*
riture; la porter dans une serre ou une cave
sèche où elle soit seulement préservée de la gc=
lec • l'y planter dans du sable frais , sans être
humide , à la même profondeur qu'elle était dans
la terre -, à mesure que l'on veut en faire blan=
L É e u m e s. etc. 283
c.hir , on rassemble et on serre avec la main
toutes les feuilles de chaque pied comme pour
le lier , on le butte de sable , ou on l'enfonce
dans le sable jusqu'à l'extrémité des feuilles , on
laisse les autres en liberté et l'on donne de l'air
à la serre toutes les fois qu'on le peut, sans
danger.
Pour recueillir de bonne graine de chicorée,
il faut planter quelques pieds de celle des der*
niers semis contre un mur exposé au Midi, et
les couvrir avec soin pendant les grands froids.
Ou bien les planter dans quelques pots, caisses,
baquets , les conserver dans la serre et les remet=
tre en terre au Printems. Ces pieds donneront
leur graine de bonne heure.
La chicorée sauvage se sème vers la fin
d'Avril en pleine terre meuble et légère ; en terre
forte , vers la mi = May. Si elle est destinée à
être consommée jeune , on la sème épaisse , soit en
volée, soit en rayons. Si non il faut la semer fort
clair, ou l'éclaircir, ou la repiquer en planches à
dix ou douze pouces. Elle n'exige que quelques
serfouissages et arrosemens*
Pour la faire blanchir on en arrache succès*
sivement depuis la fin d'Octobre jusqu'en Décems
bre } on la replante fort serré dans une cave
chaude, après en avoir coupé toutes les feuilles.
Elle en pousse bientôt de nouvelles qui sont
blanches et tendres.
Chou, Brassica.
1. Chou^pomme commun. C'est celui qui est
254 L'ami des Jardiniers.
le plus anciennement connu et le plus commun
dans les jardins. Il est plus sujet qu'aucun autre
à varier de forme , de grosseur , de hauteur et
de couleur. Sa tête est large et applatie ^ elle
est ferme et tellement pleine que souvent les
feuilles du coeur font fendre celles du dehors ,
ensorte que la pomme étant pénétrée par les
pluyes se pourrit en peu de tems. Pour préve*
nir cet accident, lorsque la pomme est parvenue
à sa grosseur et bien formée , il faut dabord ar=
radier les choux à moitié , pour modérer leur
végétation, mais comme la racine reprend quels
que tems après, alors on les arrache entièrement,
on retranche toutes les feuilles des tiges et celles
qui ne sont pas serrées et appliquées sur la
pomme *, on couche sur terre chaque pied , l'un
fort près de l'autre, la tête tournée au Nord,
dans un lieu abrité du soleil et exposé au Cou*
chant, ou mieux au Nord \ on jette un peu de
terre sur les racines ; on fait un second rang ,
disposé de façon que les têtes soient posées sur
les racines recouvertes du premier rang -, on
place de la même façon un troisième ou plusieurs
autres rangs.
Dans les fortes gelées on les couvre de grande
litière sèche qu'on retire au dégel ou dans les
tems doux. Ils se conservent long -tems dans
cet état.
Pour en recueillir de la graine , on replante
en Mars quelques-uns des pieds qui se sont le
mieux conservés pendant l'Hyver , on fend le
dessus de la pomme eu croix pour laisser monter
L i g y 94 s s etc. 28a
la tige qui pousse un grand nombre de rameaux
dont la graine se conserve bonne à semer pen*.
dant huit à dix ans.
Avant que cette graine soit mure , il faut
couper toutes les extrémités des branches dont
les gousses ne donnent qu'une graine faible et
sujette à dégénérer.
Lorsque les premières gousses ou étuis de la
graine commencent à s'ouvrir, il faut couper les
tiges et les exposer au soleil jusqu'à ce qu'elles
soient sèchées. La graine de la tige du milieu
est la meilleure et donne le plant le plus beau,
le plus franc et le plus hàtif.
Ce chou se sème en Août à l'ombre. En Oca
tobre on repique le plant pareillement à l'ombre
de quelque mur ou palissade, à trois ou quatre
pouces de distance en tout sens. Dans les fortes
gelées il faut le couvrir de grande litière, de ros^
sas de pois, oiv de branches d'arbres verds , le tout
soutenu plus haut que les feuilles du plant. On
doit prévenir la gelée pour le couvrir, ou alten=
dre que le soleil l'ait dégelé.
On le plante en Mars à deux pieds et demi
ou trois pieds d'intervalle en tout sens j il est
bon en Août.
Il se sème aussi en Mars -, se plante quand il
est assez fort, et pomme en Septembre. Celui-ci
se conserve jusqu'à la fin de Décembre.
Le Chou blanc de Strasbourg, quoique beauc
coup plus gros, n'est qu'une variété.
k Le Chou de §t, Déni? ou d'AuberviJlièrs , m
2s6* L'ami des Jardinxirs:
diffère du commun que par sa pomme ferme et
blanche qui est un peu pointue à son sommet.
Ces deux variétés se cultivent comme le chou
commun.
2. Chou = pomme blanc hâtif, chou de
Bonne uil.
Sa tige est courte , ses feuilles sont grandes,
rondes , d'un verd mêlé de bleu \ sa pomme est
de grosseur médiocre , un peu applatie à son
sommet, ferme et serrée; elle se conserve long»
tems sans s'ouvrir ni se pourrir. On le sème
Sur couche en Janvier; en le replantant à pro=
pos à deux pieds de distance , et le soignant ,
il est bon à manger vers la fin de Juin.
Pour en recueillir de la graine il faut le semer
en Août , le repiquer en Octobre , le préserver
du fri d , le replanter en Mars , etc. comme le
Chou=pomme commun.
Il y a une variété à pomme alongée , que
Von préfère.
3. Petit chou -pomme frisé précoce. Sa tige
est fort courte ; ses feuilles sont d'un verd clair,
froncées et frisées par les bords \ sa tête est
ferme , blanche et très petite -, sa précocité est
son principal mérite. Il est tendre et fort bon,
mais il fait peu de profit et, par cette raison, il
n'est cultivé que par les curieux et les amateurs
de ce légume.
A. Chou pointu d "Angleterre , ou chou pain
de sucre. C'est une variété dont la tête est alonr
L £ g u m e s etc. 287
gée et pointue. Il est préféré à tous les autres
par ceux qui n'aiment pas le goût du Chou... Il
se sème du 15 Août au 15 Septembre •, se repique
pour passer l'Iïyver en pépinière dans une plates
bande d'espalier ou dans un terrein abrité \ se
plante en Février et Mars et forme sa tête au
commencement de May.
5, Chou pomme rouge. Sa pomme est grosse^
et ses feuilles sont d'un rouge sanguin et ont la
côte d'un rouge plus foncé.
6. Chou Pomme de Milan. C'est le meilleur
des chou a: pommes } on en distingue plusieurs
variétés, s avoir :
1. Le gros chou de Milan. On le sème en
Août , il supporte l'Hy ver • on le replante en
Mars et sa tète est formée en Juillet,
2. Le petit chou de Milan. Sa tête est ferme,
fort sujette à se fendre, et pour l'en empêcher,
il faut l'arracher de bonne heure j ainsi que pour
le mettre à couvert de la gelée.
3. Le chou frisé court. Sa tige est très courte;
sa tête est ferme , à=peu=près de même grosseur
que celle du petit choie de Milan. On peut le
semer sur couche en Février , en pleine terre en
Avril, à l'ombre en Juin, afin d'en jouir la plus
grande partie de l'année. Il est un peu sensible
à la gelée.
4. Le chou frisé pointu , ou chou à tête
longue. Sa tête est ovale, jaune, médiocrement
ferme, fort tendre et d'un goût excellent, mal.
2SS L'Ami de* J aroikiehs;
très difficile à préserver de la gcle'e j c'est poiiv^
quoi on peut n'en semer en Juin pour l'Hvver }
qu'afin de recueillir de bonne graine.
La fleur du chou de Milan est blanche , et
celle des autres jaune.
Culture de* Choux.
Les Choux veulent un terrein gras, substan*
tieux et frais ; les terres sèches et sablonneuses
ne leur conviennent point; cependant à force de
fumier et d'eau , ils y viennent médiocrement.
Ils veulent du fumier , même dans les meil=
leurs terreins , tant pour les engraisser que pour
y entretenir la fraîcheur.
1. On les plante de différentes manières. Je
pense que la meilleure est de les piquer à la
cheville , dans un terrein bien fumé et labouré ,
en serrant le pied avec le plantoir.
2. La distance entre eux se proportionne à
la grosseur de chaque espèce , depuis quinze
pouces jusqu'à trois pieds.
3. Aussitôt qu'ils sont plantés ils doivent être
arrosés.
4. Il ne faut mettre en place le plant ni trop
vieux ni trop jeune ; dans le premier cas il noue
et monte , parce qu'il reperce difficilement de
nouvelles racines \ dans le second il est dévoré
par les insectes.
5. Pour faire promptement reprendre le plant,
il faut faire en sorte^ de le planter par un tems
sec : l'arroser et "continuer tous les deux
Légumes etc. 2S9
jours jusqu'à ce qu'il soit repris. 6. Il faut ser~
fouir, bîrrer et sarcler exactement les jeunes pian»
tuions de choux. 7. Prendre garde de planter
des choux borgnes , c'esUà=dire dont le coeur
est fermé. 8. De quelque façon qu'on plante les
choux, l'oeil doit être à fleur du terrein, plus tôt?
un peu enterré qu'élevé au=dessus. 9. Lorsque
les choux grossissent et qu'il fait très sec y il faut
former autour de chaque pied , un petit bassin
que l'on remplit de fumier à moitié consommé ^
par ce moyen on retient l'eau des arrosemens et
les racines du chou sont toujours fraîches.
Je vais parler de quelques autres espèces de
choux différens des choux=po/nme , et je teiv.
minerai par la culture particulière du dioux -fleur. ~
1. Chou vert à la grosse cote. Il se sème
à la fin de Juin et se plante en Août., même jus-
qu'à la mi = Septembre dans les terres légères.
Pour l'employer il faut qu'il ait été attendri pac
les gelées -, plus il en a souffert , plus il est tendre
et bon \ ses feuilles ne sont jamais meilleures à
cueillir que lorsqu'elles sont couvertes de gelée.
Si on le plante de bonne heure , il forme quels
quefois une petite pomme j mais les feuilles sont
préférables.
2. Chou blond à grosst cote. C'est une va=
riété du précédent 7 qui n'en diffère que par la
couleur de ses feuilles qui sont d'un vert fort
jaune. Il est beaucoup plus tendre et plus délicat.
Quelques petites gelées suffisent pour le rendr^
excellent \ il ne supporte pas les grandes.
Tome L T
230 L'ami des Jardiniers.
Pour, recueillir de sa graine, il faut couvrir
quelques pieds pendant l'Hyver , ou les porter
dans une serre.
3. Chou pancaller , chou vert frise. Sa feuille
est verte, froncée et frisée par les bords; la
côte est très = grosse . tendre et bonne à manger
comme celle des choux à grosse cote. Il lait
ordinairement une très = petite pomme. Il se
sème en May et se consomme pendant l'Hyver,
dont les neiges et le froid l'attendrissent sans
l'endommager.
4 Chou Rave, chou âe Siam. CeluUci tient
plus de la rave que du chou } sa tige s'enfle et
devient une pomme ronde un peu applalie, de
la même consistance qu'une Rave.
Ce chou se sème en Avril et se plante à la
•fin de Juin au plustot. Sa pomme est forme'e en
Septembre. Aux approches des fortes gele'es on
arrache tous ceux qu'on veut conserver pour
l'Hyver 5 on retranche la racine , on éclate les
feuilles et on entasse les pommes dans la serre
sans les enterrer :, dans cet état elles s'améliorent.
Ceux que l'on veut conserver pour graine ,
se plantent dans la serre et se remettent en pleine
terre au mois de Mars. Les pommes servent
aux mêmes usages que le Navet. Il y a une
variété de couleur violette.
5. Chou Navet. Ce chou est fort ressemblant
au précédent. Il sert aux mêmes usages et se
cultive de même. On les estime fort peu.
6. Brocoli de Rome. La tige de ce chou est
Légumes etc. 291
haute d'environ deux pieds. Sous Faisselle de
chaque feuille, il naît une petite branche, ou
rejelton, bien nourrie, tendre et succulente > ter=
minée par un bouquet violet ? grenu presque
comme le chou fleur. Du dessus de la tige il
sort un groîippe de pareils rejettons , qui sécar-.
tent quelque fois les uns des autres, quelquefois
se réunissent comme la pomme du chou-fleur ?
et qui sont violets. Étant coupés il sort d'autres
petites têtes de l'extrémité de la tige. Ces dra-a
geons que l'on nomme Brocolis , servent aux
mêmes usages et se préparent comme les As~
perges.
Il se sème sur couche à la fin de Janvier; se.
conduit et se cultive comme le chou fleur hâtif^
dont je vais indiquer la culture. Il est bon en
Juin. Pour prolonger sa durée , on l'arrache
avant que ses rejettons ou brocolis aient toute
leur grandeur , et on le replante à L'ombre.
Il se sème aussi en pleine terre en Avril-
s'élève et se cultive comme tout autre chout
on commence à recueillir des brocolis en Octo^
bre. Aux approches des fortes gelées on arrache
ceux dont les brocolis ne sont pas encore formés
et ceux qui sont formés ; on les place dans la
serre et on les y gouverne comme les choux*
fleurs ; ils s'y conservent bien 1 et les tardifs y
produisent leurs brocolis. Ce chou aime à êfre
beaucoup et souvent arrosé. Les brocolis blancs
qui sont une variété de celui = ci , sont moin 3
estimés.
R 2
292 V AMI DES J ÀRD1N1ERS.
Le Brocolis commun , très inférieur au pré«
cèdent , ne mérite pas les frais et les soins qui
seraient nécessaires pour le défendre de l'H\ ver
et prolonger sa durée.
8. Petit chou frisé cE Allemagne. Ce chou
élève sa tige d'un pied à dix^huit pouces. Les
petites feuilles d'un verd cendré , très frisées ,
dont elle est garnie, sont agréables a manger, lors=
qu'elles ont élé attendries par les gelées. On
coupe l'extrémité de la tige qui porte les feuilles
les plus tendres. De l'aisselle des feuilles dures,
il sort des remettons pendant PHyv.er , qui sont
fort bons. 11 se sème en Avril et May.
Chou = fleur, Brassica Cauli -flora.
Le Chou=fleur élève peu sa tige; la tête ou
pomme grenue qu'elle porte , est parfaite , lors=
qu'elle est grosse, ferme et bien garnie , blanche
et d'un çrain lin.
&■
Les trois variétés de chou-fleur , qui sont:
le tendre ou hâtif, le demi = dur , et le dur,
différent très = peu l'une de l'autre. Les choux=
fleurs de Malte, de Chypre, d. Italie, de IIoU
lande, etc. d'où l'on tire la graine, sont les mê«
mes étant cultivés dans nôtre climat. C'est même
une duperie que d'y avoir recours, car la graine
recueillie avec les soins nécessaires, par teux
qui cultivent des choux. ^fleurs , est préférable
aux graines étrangères. Voici leur culture.
1. Chou .- fleur tc?idrc. A la fin de Janvier
semez la graine sur couche d'une chaleur fort
tempérée , sous cloches ou châssis. Lorsque les
L É G U M E 3 CtC. 293
feuilles de la semence sont bien formées , repi=
quez le plant sur une autre couche. En Mars,
transplantez le encore sur une autre et espacez
le de de façon qu'il n'y en ait que 15 à 20 pieds
sous une cloche du grand moule, parce qu'il ne
doit plus être transplanté jusqu'à ce qu'on le
mette en place , mais il faut avoir soin pendant
cet intervalle , de lui donner de l'air toutes les
fois qu'il est supportable , afin de l'endurcir et
de l'empêcher de s'amaigrir ou élancer.
Lorsque le plant à six ou sept feuilles , et que
la saison est adoucie, fumez et labourez pro«
fondement le terrein où, vous voulez le placer.
Faites y: à deux pieds de distance en tout sens ,
de petits trous que vous remplirez de terreau,
et vous planterez à la cheville , un pied de chou*
flleur dans chacun., que vous enfoncerez jusqu'au
dessus du collet, qui se doit trouver à fleur du
fond du bassin qu'il faut pratiqner au pied de
chaque chou pour retenir les arrosemens. Don.*
nez aussitôt une mouillure seulement suffisante
pour plomber le terreau et l'attacher aux racines.
Après une quinzaine de jours , pendant las
quelle vous n'arroserez points du = tout , vous
commencerez à mouiller tous les deux jours, ou
de trois en trois, si le tems est un peu pluvieux j
un arrosoir suffit pour quatre pieds. Mais lors=
que les choux seront prêts à faire leur tête , il
faudra doubler la dose d'eau. Dans les terreins
su jel s à se durcir et à se gerser, il faut donner
un binage au pied des choux, tous les cinq à
six jours et jet'.er un peu de grand fumier sur les
bassms pour y entretenir la fraîcheur.
L'ami des Jardiniers.
Depuis que les choux -fleurs ont commencé
à reprendre, il faut les visiter souvent. 1. Pour
s'assurer si quelques-uns ne sont point borgnes,
c'est» à = dire sans oeil , et dans ce cas, les rem=
placer. 2. Si quelques=uns montent, les arracher
de même et les remplacer. 3. Si la feuille qui
précède immédiatement la pomme, est rompue,
arrachée ou avortée , les traiter de même. 4. Si
sur quelques pieds trop faibles . la tête se montre
trop tôt . butter la tige , former un petit bassin
et mouiller plus fréquemment et plus abondament,
jusqu'à ce qu'ils aient repris vigueur. Ces soins
regardent tous les choux ^fleurs en toute saison.
Le chou* fleur tendra convient mieux que
les autres dans les terres fortes , et réussit mieux
dans les années sèches. Autrement le dur lui
est bien préférable.
Lorsque la pomme est sortie, et de la grosseur
du poing, il faut lier les feuilles par l'extrémité,
ou les rompre par le milieu et les rabattre sur la
pomme , afin qu'elle blanchisse et profite sous
cette couverture.
2- Le chou - fleur commun veut une bonne
terre légère ,* il est moins sujet à monter que les
autres et fait une tête plus grosse et plus ferme \
mais on lui préfère le chou * fleur dur d' Angle*
terre, qui a le grain plus blanc, plus fin, plus
«erré et qui ne perd point sa blancheur en cuisant.
Il se sème en deux saisons \ d'abord dès le
mois d'Octobre sur couche, sans cloches ou chas=
sis \ mais il demande les plus grands soins et
beaucoup de dépense pour lui faire passer !'H/=
L É g u m e s etc. 295
ver- le replanter en pleine terre vers la mi = Avril.
On le gouverne ensuite comme le tendre , et il
se mange à la fin de Juin.
Pour succe'der à ces premiers choux = fleur s ,
on en sème clair la graine en May , dans un ter=
rein bien labouré , hersé et couvert d'environ
deux pouces de terreau ou de crotin de cheval
bien brisé , à l'expo ition du Nord.
Aussitôt que la graine est levée , mouillez très
légèrement le plant naissant et tamisez dessus
de la cendre et de la suie de cheminée, pour
préserver les premières feuilles cIjs insectes qui en
sont fort avides ; renouveliez tous les jours cette
petite opération y jusqu'à ce que les feuilles pro=
prement dites soient développées. Arrosez fré=
quemment et sarclez le plant pour le fortifier;
éçlairciisez le , si les pieds ne sont pas au moins
à trois pouces de distance l'un de l'autre.
Lorsqu'il a cinq ou six feuilles bien formées,
plantez le comme il est dit ci = devant, et mouile
lez Je très abondament et fréquemment pendant
les mois de Juillet et d'Août. Les têtes paraî=
tronten Octobre et se succéderont pendant l'Au»
tomne et l'Hyver.
Couvrez avec de la grande litière, les choux*
fleurs à l'approche de la gelée. A mesure que
les têtes sont bonnes , on coupe la tige quelques
pouces au = dessous , et toutes les feuilles jusqu'à
fleur de la pomme j on range ces têtes sur des
tablettes propres, dans un fruitier ou autre lieu
qui ne soit point humide et où l'on puisse donner
L'ami des Jardiniers.
de l'air. Elles se conservent bien ainsi, deux ou
trois mois.
Mais en Décembre , à l'approche des grandes
gelées , il faut déplanter en motte tous les choux*
fleurs qui n'ont pas encore fait leur tête , par
un beau jour et à une heure où il n'y ait au-
cune humidité dessus \ leur retrancher les feuiU
les du bas de la tige; les planter dans la serre,
jusqu'au collet, fuit près les uns des autres, dans
du sable ou terreau fiais et même un peu hu=
mide. Ils y feront leur tête , pourvu que Ton ait
l'attention de donner de l'air à la serre toutes
les fois qu'il est supportable , et de la fermer
dans les gelées.
3. Le chou = fleur dcmi=tcndre tient le milieu
entre les deux autres } il se sème et >z cultive
comme le tendre pour la primeur. Il se sème
aussi dans les mêmes tems et se cultive comme
le dur , mais il lui est un peu inférieur en bonté.
Il est moins difficile sur le terrein et sur la tem=
perature des années , que le tendre et que le dur.
Pour cultiver le chou .- fleur avec moins de
soins et dans toute sorte de terrein , mêlez bien
et passez à la claie, de la terre meuble et du
terreau , parties égales. Remplissez de cette
terre composée , des pots à Basilic ou à Giro*-
fiée de la petite espèce \ semez dans chacun, deux
ou trois graines de chou fleur et plombez à l'eau.
Depuis la fin de Janvier jusqu'en Avril , il faut
enfoncer ces pois dans des couches , sous cloches
ou châssis et les changer de couche lorsque la
première est refroidie. Plus tard, on les enterre
Légume s. etc. 2.97
dans un lieu et à une exposition convenables à la
saison , comme il a été dit. Lorsque les pre=
raières feuilles ont poussé , il ne faut laisser
qu'un pied dans chaque pot et couper les autres
à fleur de terre, sans les arracher. Le plant ayant
cinq ou six feuilles bien formées , plantez le en
motte bien entière dans un ter-rein préparé comme
il a été dit, et cultivez le de même.
Observez 1°. Qu'en plantant le chou = fleur
dans des fosses remplies de terreau, on est usa
sûre de le cultiver avec succès dans toute sorte
de terrein.
2. Les choux = fleurs semés en pots, gagnent
plus de force et d'avance que semés autrement ,
parce que les transplantations les fatiguent , al*
tèrenfc leur vigueur et ralentissent leurs progrès ,
étant quatre ou cinq jours à reprendre et autant
à ne profiler que très = peu.
Pour recueillir de la bonne graine de choux*
fleurs , il faut laisser en place quelques pieds de
ceux que l'on a semés les premiers ; continuer
à le-; mouiller tous les deux jours jusqu'à ce que
les gousses ou graines soient bien formées ; en
arroser souvent la tête pour faire tomber les
pucerons , et couper les branches qui en sont
infectées. La graine se recueille en Septembre
et peut se conserver trois ou quatre ans , mais
elle est meilleure la première et la seconde année
Ciboule, Cepa fissilis.
1. Ciboule commune. Cette plante est an?
nuelle, pour cette espèce, emporte graine.
SgS L'ami des Jardiniers'.
2. Ciboule vivace. Elle vit neuf ou dix ans
et ne porte point de grame.
3. Ciboule de St. Jaques. Ses feuilles sont
plus courtes et renversées sur terre.
La ciboule commune se sème tous les quinze
jours depuis Mars en Août, (afin qu'étant plus
nouvelle elle soit plus tendre ) assez épais , dans
une terre bien labourée et bien hersée au râteau;
si la terre e->t forte, on couvre la graine d'un.
poui e de terreau. En Juin, et non plus tard,
on repique à six ou sept pouces de distance et
à quatre pouce de profondeur, trois ou quatre
pieds ensemble de ciboule du premier semis.
Ces petites touffes talent et augmentent beau*
coup et fournissent pendant I Hvvcr , en en ar=
radiant une partie et les plantant dans une serre.
Les touffes laissées en terre montent au Prin=
tenu 5 la graine étant mûre en Août , on coupe
les tiges , on les lie par bottes que l'on enve=
loppe grossièrement de papier j on les expose au
soleil pendant quelques jours j ensuite on les
suspend en lieu sec et la graine laissée ainsi dans
soji enveloppe se conserve bonne à semer , trois
ou quatre ans. Autrement , étant sur Je champ
égrainée, elle ne duie que deux ans. Du reste
la ciboule n'a besoin que d'être sarclée et arro=
sée au besoin.
2. La ciboule de St. Jaques ne se sème qu'au
Printems et fournit jusqu'en Août-, alors toutes
feuilles se dessèchent. Ses bulbes résistent
aux Hyvers les plus rudes. Elle repousse au
Légumes etc. 299
Printems et fournit abondament , parce qu'elle
monte fort tard en graine.
3. La ciboule v'wace se multiplie par ses pe«
tits oignons que l'on détache des vieilles touffes
et que l'on replante au Printems et en Automne.
Ses feuilles poussent de bonne heure au Printems ;
elles périssent pendant l'Eté, si l'on n'arrose
pas souvent. Elles repoussent en Automne. Aux
approches des gelées on serre des touffes pour
i'Hyver, comme il a été dit. Celles qu'on laisse
en pleine terre ne périssent point. Cette variété
est préférable aux deux autres.
Citrouille , Cucurbita.
1. Citrouille commune. Citrouille verte.
Courge. Elle a beaucoup de variétés dont la
grise et la jaune pâle sont les meilleures. Elle
pousse de longs sarmens creux et velus.
2. Potiron. Ses branches s'étendent à plusieurs
toises ; son fruit est d'une grosseur extraordi=
naire, variant de forme. L'écorce est d'un jaune
orangé. Il y en a une variété aussi bonne, à fruit
vert, il mûrit au commencement d'Octobre.
3. Potiron-hâtif. Il se distingue de l'autre
par son fruit qui est moins gros , par le tems
de sa maturité qui a lieu en Août, et par sa
queue jaune et non verte.
4. Potiron d'Espagne. II est petit, n'a qu'une
seule tige droite, sur laquelle les feuilles moins
dres que celles des autres potirons, naissent
fort près les unes des autres. Les fruits, au nom=
bre de 6 à 10, sont semés entre eux comme une
300 L'Ami des Jardiniers.
espèce de grappe, n'ont qu'environ 6 pouces de
grosseur sur 7 ou 8 de longueur. Ils ce ronser=
vent longtems et sont aussi bons que les meil=
leurs polirons.
Au commencement de Mars, si vous voulez
récolter de bonne heure; en Avril ou Mai , si
vous voulez garder pour 1 Hiver ; creusez à 8 ou
10 pieds l'une de l'autre , des fosses de 2 pieds
carrés sur 1 pied de profondeur. Remplissez les
de fumier recouvert de 3 pouces de terreau. Si
c'est- dans un terrein chaud et léger, cette pré=
caution n'est pas nécessaire. Dans chaque fosse
semez deux graines, mouillez et couvrez de clo=
ches, jusqu'à ce que le plant n'ait plus rien à
craindre du froid. Pincez le à la quatrième feuille
pour lui faire pousser 2 ou 3 sarmens. On peut
semer sur couche ou dans des pots, et replan*
ter en motte , quand il est tems , c'est à dire à
la seconde feuille.
Arrosez souvent le pied du "potiron, ou r/=
trouille, afin qu'il profite mieux; supprimez les
branches faibles, stériles, inutiles. Lorsque le
fruit est bien noué ou arrêté sur un sarment, cou=
pez ce sarment à la deuxième ou troisième feuille
audelà du fruit , et couvrez d'une petite butte
de terre, le premier ou le second noeud qui prés
cède le fruit, afin qu'il s'enracine et fournisse
d . ia nourriture au fruit qu'il faut placer sur une
tuile, planche ou pierre plate un peu penchée,
r que l'eau des pluies ne s'y arrête pas.
Loràque le fruit est presque à sa grosseur, il faut
l'exposer au soleil en coupant les feuilles qui le
Légumes, etc. 301
couvrent. Enfin le fruit étant mûr, on le met
au soleil pondant quelques jours et on le serre
en lieu sec et à l'abri Je la gelée. Il se conserve
longtems, pourvu qu'il ne se touche pas.
Cive, Ccpa sectilis,
1. Petite Cive, Civette. Son pied est un
grouppe de petits oignons ou bulbes très noms
tireuses qui ne tiennent l'une à l'autre que par
des raunes blanches et délices.
2. Cive d'Angleterre. Ses parties sont beau=*
coup plus grandes que celles de l'autre.
3. Cive de Portugal, Grande Cive. Elle est
encore plus grande que les 2 autres.
On semé rarement la cive, il vaut mieux
séparer ses touffes en Mars, et' planter 3 ou 4
bulbes ensemble en bordure ou en planche dans
une terre légère et bien labourée. Elles s'epaissisa
sent considérablement et peuvent rester en place
4 ou 5 ans. On les met à S pouces de distance»
Il faut les sarcler, les serfouir, mouiller au
besoin, couper souvent les feuilles pour les faire
repousser • à la fin de l'Automne les couper tous
tes à rieur de terre, et couvrir les touffes d'un
pouce de terreau ou de crotin.
Concombre, Cucumis.
1. Concombre commun. Il porte un fruit cys
lind'ique, arrondi par les extrémités, long d'en*
viron 1 pied sur 3 pouces d'épaisseur.
Pour recueillir la graine, il faut laisser pour=
rir sur pied un ou plusieurs fruits ; en retirer
302 L'ami des Jardiniers;
la graine., la laver en plusieurs eaux, la laisser
sécher quelques jours à l'air et la renfermer eiv=
suite 5 elle se conserve bonne à semer 7 à 8 ans.
Le concombre vert, ou à cornichons , est fort
bon . mais si petit qu'il ne se cultive que pour
confire au vinaigre.
2. Concombre hâtif. Il ne diffère du No. 1.
que par son fruit qui est plus petit.
3. Petit concombre hâtif , concombre à bou*
c/uct , concombre mignon. Ses parties sont moin-
dres que celles des 2 premiers; la plante est si
petite qu'elle peut être couverte entièrement par
une cloche du grand moule. Ses fruits sont très
précoces } sa culture, par ces raisons, est com-
mode et avantageuse.
4. Concombrç noir. Il pousse quelque fois Z
tiges ; ses fruits ont au moins un pied de Ion
gueur sur 4 pouces de diamètre , et sont relevés
de plusieurs petites côtes dans leur longueur.:
il est de médiocre qualité.
5. Concombre de Barbarie. Ses fruits ont
quelque fois 2 pieds de long sur 9 à 10 pouces
de grosseur. Ils sont d'un vert très fonce' \ la
chair est sèche et pâteuse -, son seul mérite est
de se conserver en lieu sec jusqu'en Février.
Les autres variétés de concombre , ne sont
que curieuses.
On peut semer en Octobre dans des petits pots
remplis de terre légère mêlée de terreau, deux
graines de concombre hâtif, dont on ne laisse
quune, quand elles sont levées. On conserve
Légumes etc. 303
jusqu'aux froids , et ensuite on place ces con*
conihrcs sur une couche que l'on réchauffe, au
besoin , pour passer IH\ ver jusqu'en Février où
vous les planterez en motte bien entière sur une
couche neuve. Les premiers fruits seront bons
au commencement d'Avril.
La pratique la plus ordinaire est de semer le
concombre Jiâtlf en Njvembre ou Décembre sur
couche, en mettant une vingtaine de gi aines sous
chique cloche que l'on borne, que l'on couvre
de paillassons ou de litière , etc selon que le
tems est plus ou moins rude. Trois semaines
ou un mois après, on repique le jeur.e plant sur
une couche neuve qu'il faut réchauffer exactement.
On en met cinq ou six pieds sous chaque
cloche et l'on donne de l'air toutes les fois qu'il
est supportable. On le replante un mois après
à demeure, à deux pieds l'un de l'autre , sur une
troisième et dernière couche , chargée de huit
à dix pouces de terre meuble mêlée de moitié
de terreau. Lorsque le plant est assez fort , on
rabat la tige en la coupant et non en la pinçant
avec l'ongle, au = dessus de la seconde feuille.
Réchauffez la couche au besoin pour y entretenir
une chaleur modérée. Couvrez le plant avec
soin pendant le froid, mais donnez lui de l'air
s'il eit possible. Lorsque la tige a poussé deux
branches, cuupéz les à deux yeux . et quand ces
secondes branches ont du fruit , rognez les avec
l'ongle à Un oeil au=de^là du fruit. Taillez de
même les branches qui sortiront successivement
les unes des autres , mais élaguez celtes qui fe=
304 L'ami de» Jardiniers.
raient confusion et les gourmandes ou stériles •
telles qui sont trop faibles pour bien nourrir
leur fruit ; retranchez les feuilles dures et une
par ie de celles qui sont éloignées du fruit, qui
lui font trop d'ombrage et mangent la sève.
Donnez de l'air le plus souvent possible ; si le
plant n'est pas sous châssis, mais sous cloches,
et qu'elles ne puissent plus le contenir , laissez
le sortir et s'étendre en liberté , avec l'attentiou
de couvrir la couche avec des paillassons soute=
nuis sur 'de petites perches, ou si ce sont des
paillassons en ficelle , sur des cercles , lorsqu'il
arrive des gelées. Enfin lorsque le fruit com=
menée à avancer et que les chaleurs viennent,
il faut arroser aboiulament le concombre qui aime
l'eau j et avoir grand soin de le tailler.
Avec ces soins on peut avoir des fruits bons
à couper au commencement de May , si Flîyver
n'a pas été long et- excessif. Mais en suivant
cette méthode , il serait plus avantageux de se=
mer les concombres en pots , jusqu'à ce qu'ils
soient assez forts pour être mis en place.
Les concombres bien cultivés donnent du
fruit pendant deux ou trois mois.
3. Le concombre tardif demande bien moins
de soins et de dépenses. Au commencement
d'Avril on fait dans un terre in abrité et bien ex=
posé, des fosses d'environ un pied carré, éloi*
gnées de deux pieds l'une de l'autre , on les
remplit de terreau gras ou de fumier bien con
sommé recouvert d'un peu de terreau fin , ou
mieux de terre meuble mêlée d'égale partie de
Légumes etc. 30î
terreau. Vers la mi «Avril on sème dans chaque
place deux, ou trois graines. Jusqu'à la fin de
May on défend le jeune plant des gelées tar^
dives , avec des v loches ou des pots reiivèr*
ses, ou des paillassons soutenus sur un treil-
lage, et bordés de litière. Lorsque le plant e-t.
en sûreté , on ne laisse qu'un pted dans chaque
fosse. Tout le reste de leur culture consiste à
les arroser abondament, et à les tailler exacte»
ment à mesure que le fruit arrête sur les branches.
Vous hs avancerez beaucoup plus en les se-
mant sur couche en Mars pour les mettre en
place entre la mi = Avril et le commencement de
May, dans des fosses garnies de terreau ou dans
une couche sourde, sur = tout s'ils ont été élevés
dans des pots.
On peut se procurer des concombres jus-
qu'aux fortes gelées , en semant au commence^
ment de Juillet . à demeure , de la graine de
concombre tardif "sur une couche de litière fraî=
che et de fumier sec mêlés ensemble , et recou*
verte de 10 à 12 pouces de bonne terre meuble,
On soigne et on cultive le plant suivant ses besoins.
Lorsqu'en Novembre, et même plustôt , les nuits
commencent à devenir froides, on couvre le plant
avec des châssis vitrés ou des cloches , et on
ajoute par la suite , des paillassons ou autres
couvertures pour le défendre des grands froids.
On a soin d'entretenir la chaleur de la couche
par des réchaufs , et par ces précautions l'on peut
recueillir du fruit jusqu'aux fortes gelées.
Les concombres destinée à faire des cornU
Tome I. Y.
306 . L' A M I DES JiRDINIERS.
citons , se sèment en pleine terre en Mai , et
n'exigent que d'être arrosés au besoin. On re-
cueille en Septembre. '
Les feuilles des concombres se couvrent quel=
quefois dune poussière blanche, c'est la maladie
du blanc ou meunier. On en préserve la plante
en la couvrant dans les nuits froides. Lorsqu'elle
en est attaquée , il faut couper toutes les feuilles
et les parties infectées de cette espèce de lèpre.
4. Le concombre noir et le concombre de
Barbarie se sèment sur couche à la fin d'Avril,
et se repiquent dans des fosses garnies de fumier
consommé ou dans une terre bien fumée *, le
concombre noir se met à deux pieds de distance,
et celui de Barbarie à 6 ou 7 pieds Comme
leur principal mérite est de se conserver fort
avant dans l'Hiver , il suffit que leur fruit soit
mur avant les fortes gelées et placé en lieu sec
et aire. Ils n'exigent que d'être taillés et mouiU
lés au besoin.
Courge , voyez Citrouille.
Cresson , Nasturtium hortensc.
1. Cresson Alenois. C'est une plante annuelle
ou plustot de quelques mois, connue de tout le
inonde.
2. Cresson frisé. Sa feuille est un peu plus
grande , d'un vert foncé et frisé.
3. Cresson doré. Sa feuille est d'un jaune
doré , un peu alongée *, la graine beaucoup plus
petite est d'un/ jaune orangé clair.
Légumes etc. 307
Le cresson se sème pendant l'Hiver sur cou*
clie et se coupe 12 à 15 jours après. Pendant
les autres saisons il se sème en pleine terre en
rayons. Il demande une terre meuble , l'ombre
et les fréquens arroserncns en Eté. Comme il
monte facilement en graine , il faut en semer tous
les quinze jours } et le couper souvent, parce=
quil n'est bon qu'étant jeune et tendre.
Échalotte , Cepa Ascalonica.
1. Petite Echalotte^ ou Echalotte commune.
Sa bulbe, ou cayeux, est petite.
3. Grosse Echalotte. Sa bulbe est double en
grosseur, de la précédente. Elle est sujette à
dégénérer, ce qui donne lieu de croire que le
terrein seul cause la différence de ces deux,
espèces.
Dans le commencement de Mars on sépare
les bulbes des échalottes , pour les planter à 4
pouces de distance en bordures ou en planches
bien labourées *, il ne faut les enfoncer qu'à fleur
de terre. Elles ne demandent ni arrosemens ni
d'autre culture que d'être sarclées au besoin. On
peut employer leurs bulbes vertes dès le mois de
Mai*, vers la fin de Juin , lorsque les feuilles sont
entièrement sèches, on déterre toutes les bulbes",
on les laisse sécher quelques jours au soleil, et
on les serre en lieu sec.
U Echalotte demande plustôt une terre forte
que légère :, pour les empêcher de graisser ou de
pourrir avant leur maturité, il faut répandre des
cendres de lessive sur le terrein où l'on veut les
V 2
305 L'ami des Jardiniers.
planter 9 avant de le labourer , et déchausser
leur pied jusqu'aux racines , quand elles sont a
leur grosseur.
Epinard, Spinacla.
1. Petit Epinard , ou Epinard commun.
Celte espèce est la plus connue. Elle se distin=
gue en deux variétés , dont l'une a la graine
garnie d'épines ou cornes fortes, et l'autre dont
la graine est unie } celle = ci est plus commode à
semer.
2. Grand Epinard. Ses feuilles sont beau=
coup plus grandes que celles du commun. Il
est plus profitable et rc'siste mieux à l'Hiver.
3. Epinard <) feuilles rondes ou orales courtes.
Celui = ci est préféré par quelques amateurs, lia
la ieuille unie et étoilée et il se coupe plus long=
teins sans monter.
Dans une terre bien labourée, ameublie et
amendée , on sème la graine à' epinard en rayons
et plustôt claire qu'épaisse ; on la recouvre au
râteau, on la marche, ou l'on bat la terre avec
le dos de la bêche \ aussitôt on lui donne une bonne
mouillure , et le lendemain on couvre la planche
de terreau. La graine à: epinard commun lève
en quelques jours } celle du grand, en quinze
ou vingt. Cette plante demande seulement à être
mouillée au besoin et sarclée exactement.
1. On sème X epinard à la mi = Août. Il est
bon à cueillir et non à couper au commencement
d'Octobre. On en sème plus tard pour cueillir
jusqu'en Hiver.
Légumes etc. 309
2. Au commencement de Mars on sème de
nouveau pour continuer tous les quinze jours
jusqu'à la fin de l'Été , parce quil ne se coupe
qu'une fois. Il faut même , pendant l'Été , le
semer à l'ombre et le mouiller très souvent pour
l'empêcher de monter sur = le = champ en graine.
La graine se recueille sur les pieds semés
avant l'Hiver. Quand la fleur est passée , on
soutient les tiges avec des échalas ou petites
perches posées en travers sur des piquets ou
des fourchettes. Aussitôt qu'elles commencent à
jaunir , on les coupe , on les expose au soleil
sur un drap pendant quelques jours , la graine
achève de mûrir ; alors on la bat et elle se con«
serve pendant trois ans en lieu sec. Celle de
deux et trois ans est moins sujelte à monter.
Estragon, Dracunculus cscule7itus.
Estragon , T argon, Serpentine. Cette plante
est vivace et forme une touffe de tiges hautes de
18 pouces à 2 pieds.
Il est plus facile et plus prompt de multiplier
l'estragon de boutures ou mieux de pieds écla«
tés que de semences. Au Printems , aussitôt
qu'on apperçoit ses drageons sortir de terre, on
arrache quelques touffes , on les sépare et on
plante chaque partie à un pied de distance, en
terre bien labourée. Il faut arroser, sarcler et
serfouir ce plant, en couper tous les 15 jours,
en Eté, une partie pour lui faire pousser de noua
velles tiges dont la feuille soit tendre.
En Novembre on coupe l'estragon à fleur de
310 L'ami des Jardinier».
terre et l'on couvre les pieds d'un pouce de
terreau. Si l'on veut en avoir pendant l'Hiver,
il Eiut en transplanter quelques pieds sur couche.
Tous les 3 ans la plantation d'estragon doit être
renouvellée,
Fenouil, Foeniculum.
1. Fenouil commun , Anïs doux. Il est vi-
vace par sa racn x.
2. Fenouil doux , Fenouil de Florence. Ses
feuilles sont plus petites et sa tige s'élève beau»
coup moins \ ses graines sont trois fois plus gros=»
ses , d une saveur et d'une odeur plus agréables.
Il est fort sujet à dégénérer.
Au mois de Mars on sème le fenouil par
rayons , en planches ou en bordures , dans un
ter rein meuble et bien labouré, qui ne soit ni
trop fr oit ni trop humide. Si le teins est sec on
l'arrose un peu pour le faire lever. En May on
Féclaircit ou on le repique et on sarcle. Il
n'exige point d'autre culture.
Mais si l'on veut en faire le même usage que
du céleri, auquel il est bien supérieur dans les
climats et le terrein qui lui conviennent , il faut
semer le fenouil doux en May ou au comme n=
cernent de Juin} lorsque le plant est assez fort,
le repiquer en planches comme le céleri, à un
pied de distance en tout sens; le mouiller sou-
vent pour qu'il profite , et le butter lorsqu'il a
une grosseur suffisante.
Légumes etc. 311
Fève de Marais, F ah a major.
1. La grosse Feue de Marais. Lorsque cette
espèce est mûre, les gousses et toute la plante
deviennent noires.
2. La petite Fève de Marais. Elle n'a d'au=
tre me'rite que la précocité.
3. La Feue de Marais à châssis. Elle n'est
pas plus grosse que la précédente , mais comme
elle rapporte beaucoup et qu'elle s'élève peu ,
elle peut se cultiver sous châssis et en bordures.
4. La Fève de Marais d 'Angleterre , ou
ro?ide. Elle est aussi grosse et plus délicate que
celle du N.° 1. j elle en diffère par sa forme
ronde et plate.
On distingue une variété à fleur rouge , qui
n'intéresse que par cette couleur.
Ija grosse Ftve de Marais , ainsi que les
autres , aime une bonne terre , plustôt forte que
légère , bien labourée , fumée et amendée. On
en sème dès le mois de Décembre et de Janvier
au pied des murs , au Midi. Celles qu'on peut
défendre des gelées et des mulots et autres ani=
maux , se mangent en Mai. Depuis le mois de
Février jusqu'à la fin d'Avril , elles se sèment
en planches ou autrement, par rayons ou mieux
par touffes de deux ou trois feues. Lorsque le
plant a quatre ou cinq feuilles , on le serfouit en
approchant la terre autour du pied pour le chaus=
ser. Il ne demande pas d'autres soins jusqu'à la
fleur. Alors on pince ou Ton coupe au dessus
du dernier épi , l'extrémité des tiges qui consoms
312 L'Ami des Jardinier^
nierait inutilement la sève, et qui étant plus ten<=
cire , serait mangée par les pucerons. On ne
sème point de fèves de Marais après le mois
il Avril, parce que le jeune plant est sujet à être
la proie de ces insectes. Mais après la récolte
des premiers semis . on peut couper les tiges à
fleur de terre ; il eu repoussera de nouvelles qui
donnerpnt du fruit une seconde fois à la fin de
l'Été.
Lorsque les pieds que l'on réserve pour graine
sont noirs et dessèches, on les arrache, on les
bat et l'on serre lea fèves en lieu sec. Elles sont
bonnes pour deux ans.
Fraisier, Fragaria.
Le Fraisier est une plante vivace dont voici
les meilleures espèces.
1 . Fraisier commun à fruit rouge , fraisier
des bois. Ce fraisier cultivé dans un bon tcr=
rein , forme une touffe de \5 à 20 oeilletons.
Ses fruits ordinairement très raccourcis sont lavés
de rouge et teints de rouge foncé vif et brillant,
délicats , d'un goût et d'un parfum relevés et ex=
ccllens. Les premiers fruits mûrissent vers la
fin de Mai au Midi, et les derniers vers la mi«
Août au Nord.
2. Fraisier à fleur scmidouble. C'est une
variété dont le fruit est très = petit ; ses jolies
fleurs ont de 25 à AS feuilles ou pétales inégaux
disposés sur plusieurs rangs.
3. Fraisier sans coulans. Cette autre variété
ne pousse point de filets, mais multiplie ses oeil^
ï, le G V M E S ClC. 313
Jetons quelquefois au nombre de cent, qui for=
meut une grosse touffe et donnent des fruits
très nombreux. Il a une sous = variété à fruit
blanc.
4. Fraisier commun à fruit blanc. Autre
variété qui ne diffère que par la couleur. Il a
une sous = variété très hâtive, propre pour les
châssis.
5. Fraisier de Montreuil. C'est réellement
le fraisier commun des bois, dont le plant élevé
et cultivé dans un bon terrein , donne des fruits
plus gros , mais moins parfumés , souvent très
anguleux et comme formés de plusieurs fruits réu*
nis. Il a une s ous = variété à fruit blanc.
II se trouve dans les bois plusieurs variétés
de fraisier commun ^ dont les fruits deviennent,
par la culture , plus ou moins gros et arrondis.
Souvent on arrache avec le bon plant , un frau-
sier stérile que l'on nomme Coucou , dont les
fleurs noircissent au centre ; il faut le détruire
au teins de la fleur.
6. Fraisier des Alpes , fraisier de tous les4
mois. Il est plus petit dans toutes ses produc=
tions , que le fraisier commun , mais il a l'avant
tage de produire presque continuellement par la
culture. Non seulement les touffes formées don=
nent des fruits , mais les oeilletons qui naissent
des filets ont à peine quelques feuilles et sont à
peine enracinés, qu'ils poussent une tige et fleu-
rissent. Le goût et le parfum des fruits sont le;
Hiêmes que ceux, du fraisier commun,
314 L'ami des Jardiniers.
7. Fraisier de Bare/emont Cette espèce n'est
pas plus grande que la précédente . mais ses tiges
sont moins grosses. Aucun fraisier n'est au.-sî
fécond et ne mérite peutètre autant d'être cultivé.
Son fruit est petit, arrondi, légèrement lavé de
rouge, et teint d'un beau rouge vif, très abon=r
dant en eau d'un goût fin et agréable. Dans une
bonne exposition et avec des soins, il donne une
seconde récolte en Automne.
8. Fraisier-vert. Toutes ses parties sont plus
faibles que celles du précédent. Ses fruits sont
d'un rond applati par les extrémités, d'un vert
blanchâtre et lavé de rouge brun , fermes , très
abondans en eau d'un goût et d'un parfum agré=
ables. Les tiges sont si faibles , qu'il faut souvent
chercher le fruit à terre.
9. Fraisier=caperoh. Les touffes de ce frai-
sier . par le nombre de leurs oeilletons et de leurs
feuilles , sont plus grosses que celles d'aucun au=
tiv fraisier, excepté du fraisier =sans=coulans.
Ses fleurs qui s'ouvrent presque toutes en même
tems, forment un bouquet- elles ont un pouce
de diamètre. Ses fruits sont gros, de forme ovale
tronquée vers la queue, blancs de cire ou lavés
de rouge clair et teints de rouge pourpre, fer-
mes, uu peu secs, d'un goût peu agréable mêlé
de miel et de musc.
10. Fraisier, framboise. Ses différentes parties
sont semblables à celles du précédent, mais cha=
que individu portant des fleurs mâles ou des fleurs
femelles, on ne plante que de ces derniers, et
l'on met entre deux ; un pied du' fraisier-a
Légumes etc. 315
ron qui étant mâle et femelle , féconde le fraisier*
framboise. Les fruits de celui=ei de même forme
que ceux du caperon , sont d'un beau jaune ou
lavés de rouge clair et teints d'un rouge cerise ,
ioiidans, abondans en eau vineuse, parfumés de
framboise.
11. Fraisier^ Abricot. Les fruits de celui=ci
ne diffèrent de ceux du précédent que par leur
forme plus arrondie, par leur couleur d'un rou=
ge brun foncé et d'un blanc de cire , ou légère»
ment lavée de rouge \ ils sont fondans, mais d'un
goût et d'un parfum peu relevés.
12. Fraisier^écarlate , Ecarîate de Virginie,
de Hollande , de Barbarie, etc. Les feuilles
de cette espèce sont lisses , d'un vert lavé de
bleu , et très minces. Les fruits arrondis ont la
grosseur des fraises com?nunes , une couleur
écarlate vive :, ils sont fondans , d'un goût et d'un
parfum particuliers, peu agréables. Les pépins,
ou graines , sont plantés dans des piquures très
profondes.
On cultive ce fraisier parce qu'il réussit bien
sous châssis et qu'il est précoce.
13. Fraisier du Chili. Toutes ses parties sont
grosses et couvertes d'un duvet blanchâtre,
Iotig et épais. Ses fleurs sont très = grandes et
seraient stériles si elles n'étaient fécondées par
quelqu'un des fraisiers suivans qu'il faut planter
à côté, ainsi que par le caperon.
Comme il est tardif, il faut le mettre à la
meilleure exposition. Son fruit est la plus grosse
3ïô L'ami des Jardiniers.
de toutes les fraises , ordinairement de forme
plongée plus ou moins régulière , selon que la
fieut a été plus ou moins fécondée. La peau est
lisse, brillante, d:un beau rouge peu foncé et
très- légèrement lavée de rouge. La chair est
ferme, pleine d'eau très = fraîche , d'un goût et
d'un parfum peu relevés.
Ce fraisier veut une terre chaude et légère.
Il n'est pas d'un grand rapport.
14. Fraisier de Barth. Cette variété provient
du précédent fécondé par quelque autre espèce.
Elle lui ressemble beaucoup au Printems , avant
sa grosseur •, mais ensuite ses parties sont bien
moins garnies de poils. Ses tiges s'élèvent beau-
coup plus que celles du fraisier du Chili. Ses
grandes fleurs sont mâles et femelles $ ses fruits
ont un pouce de diamètre et autant de hauteur;
leur peau est d'un rouge écarlate peu foncé, et
blanche, ou rarement lavée de rouge; les semen«
ces sont dans des petits trous assez profonds ;
la chair moins ferme que celle du fraisier du
chili , est d'un goût et d'un parfum faibles, mais
elle est très pleine d'eau. Ce fraisier cultivé
dans un bon terrein, devient le plus grand.
lo. Fraisier = Ananas. Ce fraisier provenant
des semences du fraisier du chili , fécondées par
le caperon , ressemble beaucoup au fraisier de
barth, mais il n'est pas si grand. Ses feuilles
sont plus lisses et toute la plante est plus gar*
de poils. Ses fleurs sont quelque fois plus
grandes que celles du fraisier du chili, mieux
ouvertes , et contiennent les parties maies et fe*
Légumes etc. 317
melles. Il est plus propre que tout autre à fécon=
der celui du chili, parceque ses fleurs durent
longtems. Ses fruits sont gros , ont la forme d'un
oeuf applati; leur peau est lisse et brillante 3 tein=
te d'un côté, d'un rouge un peu ponceau , et db
l'autre lavée de rouge sur un fond jaune très=
clair. Leur chair est pleine d'eau d'un goût et
d'un parfum très agréables imitant un peu ceux,
de Y Ananas.
16. Fraisier de Caroline. Ce fraisier est un
peu moindre que le précédent; il lui ressemble
beaucoup; il est moins garni de poils. Ses fruits
souvent arrondis, ou un peu alongés, ont beau-
coup plus de couleur, et leur parfum différent est
plus relevé que celui de Va. fraise de bar th.
Culture des Fraisiers.
Les fraisiers se multiplient ' par les jeunes
pieds provenant des filets, mieux par les o.eilIe=
tons éclatés des touffes, mais te mieux par «le?
semences. Les graines doivent être recueillies
sur les plus belles fraises qui ont passé leur ma-?
turité , et semées comme il a été dit à l'article
des semis pour les petites graines.
Elles lèvent en 10 ou 12 jours, si elles sont
toutes fraîches ; en 20 , si elles sont anciennes.
Lorsque le plant a 5 à 6 feuilles, on le met eu
pépinière, ou en place à demeure.
La plantation des fraisiers élevés de graines j
se fait mieux en Avril qu'en toute autre saison ^
parcequ'il est important qu'ils ne portent pas de
fruit la première année , afin de ne pas les épiù?
31S L'ami des Jardiniers.
ser trop tôt à donner quelques, fraises ; ils se
fortifient et multiplient leurs oeilletons pour don^
ner une récolte abondante l'année d'après. Si
quelques pieds poussent une tige, il faut la cou=
per avant la fleur.
Le fraisier se met en planches mieux qu'en
bordures ; on le plante à la houlette ou à la che^-
ville ; les variétés qui sont fort grandes ou qui
toufîent beaucoup , se mettent à 15 ou 18 pouces
entre chaque pied; les autres à 10 ou 12.
Le fraisier se plait dans une bonne terre Ié=
gère, meuble et fraîche", il aime à être défendu
du plus grand soleil pendant quelques heures.
Les labours, binages, serfouissages lui sont neV.
cessaires. Les arrosemens fréquens augmentent
sa vigueur et. la grosseur de son fruit, mais ils
en a/faiblissent le parfum. Il faut donc n'arroser
qu'avant sa maturité.
Il ne faut point couper les feuilles du fraisier
après la récolte du fruit ; on retranche seulement
tous les filets qui ne sont pas nécessaires pour
remplacer les pieds morts, ou pour fournir de
nouveau plant; ensuite on bine et on rechausse
le fraisier , afin qu'il taie et qu'il se fortifie.
Il est nécessaire de renouveller tous les 3 ou
4 ans, les plants de fraisiers , qui effritent beau=
coup la terre; on ne les remet dans la même
place que 10 ou 12 ans après , à moins qu'on ne
la regarnisse de nouvelle terre.
On sème le fraisier des alpes depuis le mois
de Février jusqu'à la fin de Juillet, afin de faire
Légumes etc. 319
successivement des récoltes, dans la même an=
née . jusqu'à la fin de l'Automne. Les nouveaux
plants portent du fruit, tant sur les oeilletons
des pieds que sur ceux qui sortent de leurs fi=
lets. L'année suivante ils porteront en même
tems que les autres fraisiers. Aussitôt après
cette récolte, il faut retrancher tous les filets,
rechausser les pieds, et donner quelques arro=
semens pendant l'Eté ; ils produiront une secon=
de récolte abondante pendant l'Automne^ ensuite
il faudra détruire le plant.
On peut se procurer des fraises pendant
l'Hiver et le Printems , en plantant au mois
d'Avril, en pleine terre, ou en pots, des fraU
siers des bois , de Montreuil , des Alpes \ ou
mieux , de blanc hâtif d Angleterre ou d'Ecart
late. Depuis la fin de Seplempre jusqu'à la fin
de Janvier, on les place sur couche sous des
châssis. Lorsque les fraisiers cessent de rap»
porter, il faut les lever en motte, les replanter
en pleine terre , les défendre du grand soleil et
les arroser jusqu'à ce qu'ils soient bien repris ;
ils donneront une nouvelle récolte en Septembre
et Octobre.
La chaleur des couches fait souvent périr le
fraisier des alpes. Dans les Hivers ordinaires,
il suffit de le garantir des grands froids avec des
châssis vitrés garnis par dehors, de grande paille,
de mousse ou de terre , et de lever les châssis
pour donner de l'air, quand il est supportable.
Le fraisier étant sujet à être dévasté par le
ver blanc, il faut, dès Février ou Mars, semer
320 L'ami des Jàrdinibr.3.
dans les sentiers et même dans les planches de
fraisiers , des fèves de marais, qu'il préfère aux
raiines dures du fraisier. Aussitôt qu'on voit
quelque pied défère fanné, on fouille et on
écrase les vers que l'on y trouve rassemblés.
Giradmon, Cucurbita^Pepo.
1°. Le Giraumon croît naturellement à la
Louisiane ; il porte des feuilles presque aussi lar-
ges qu'une assiette:, ses fleurs sont jaunes; ses
fruits sont quelque fois très gros, d'un goût
moins fade que celui de la citrouille.
2. Le Pastisson, ou Bonnet de prêtre. Ar.
tichaut de Jérusalem ou d'Espagne. C'est l'es-
père la plus cultivée -, sa forme est irregulière et
varie beaucoup. On l'appelle pastisson , parce=
qu il imite différentes pièces de pâtisserie.
La chair de ces fruits est cassante; on la
coupe par morceaux minces, que l'on fait trem=
per dans du lait froid pendant 3 ou 4 heures :
on les roule dans la farine , ou on les enveloppe
de pâte pour les faire frire comme les beignets:
le goût en est agréable et imite celui de VartU
chaut. On les cultive comme les citrouilles \
mais il est bon de les semer sur couche pour les
avancer , afin qu'ils mûrissent dans les grandes
chaleurs , pour leur donner plus de goût. Les
graines sont bonnes à semer pendant 3 ans.
Haricot, Phaseolus.
Les variétés de haricots se sont multipliées
au nombre de plus de 60, distinguées par la gran*
Légumes etc.' 321.
denv de la plante, la couleur des fleurs , la gros*»
leur, la tonne, les couleurs et les qualités des
fruits que l'on nomme aussi fèves, pois de mer,
Les Haricots se divisent en nains, bas ou sans
rames j et en haricots à filets, à rames ou
i/rimpa/is.
Haricots nains.
1. Haricot=qris. C'est le plus hâtif. Sa fl-ur
est teinte de pourpre; ses gousses sont tendres
et fort longues. La fève jaspée de blanc sur uri
fond noir, est de grosseur moyenne, alongée ,
ronde sur son diamètre, fort bonne sèche et en
grain tendre \ mais il se mange le plus en vert.
2. HaricoL-blancJiâtif. Cette variété , très»
bonne en vert et d'un grand rapport, est fort I
se. Ses fleurs sont blanches \ ses feues sont d'un
blanc pur et brillant, alongées, médiocrement
grosses et arrondies sur leur diamètre.
3. Haricot=Suisse=blanc. Il est d'un grand
produit pour être consommé en vert seulement 5
sa fleur est blanche, son fruit d'un blanc roux,
a la forme du précédent.
4. Haricot=suisse=.gris. Sa fleur est pourpre;
son fruit d'un rouge obscur marqueté de noir ;
il est plus alongé et moins renflé que l'autre.
5. Haricot=%uisse=rouge. Il est distingué du
précédent par ses fleurs rouges et la marbrure
de ses fruits, que le terrein fait varier, sur un
beau fond rouge. Les d haricots^suisses se
Tome I, X
JJJ L'AlUI DES J ARDiMERfe,
nient depuis la première saison jusqu'à la der^
ni ère \ c'est leur principal mérite , car leur qualité
est médiocre.
Haricots à rames.
6. HaricôUgrïvelé. Il se sème des premiers.
Sa fleur est violette \ ses gousses longues et fort
tendres se raient de rouge en grossissant. Son
fruit est gris=dc=lin jaspé de noir.
7. Haricot d'Espagne. Il se distingue par la
longueur de la plante, par ses rieurs couleur de
feu , par la longueur de ses gousses d'un vert
foncé , et par la grosseur de ses fèves gris=de=Jin
jaspé de noir, qui surpassent de beaucoup ton»
tes les autres variétés. Il donne pendant 3 mois
des gousses vertes, ensuite beaucoup de fèves
sèches.
8. Haricot blanc commun. Celui=ci se culs,
tive partout , quoiqu'inférieur en bonté à beau=
coup d'autres variétés, pareequ'il charge bien,
et qu'il s'emploie également en vert, en fèves,
nouvelles et en fèves sèches. Sa fleur est blan*
che, sa gousse médiocre en grandeur, et sa fève
d'un blanc sale , applatie et courte.
9. Haricot=blancJu'itif. Il ressemble beaucoup
au commun. Sa lève est d'un blanc moins sale.
11 est fort hâtif et ne se mange qu'en vert.
10. Petit=Haricot rond. C'est le plus petit et
le plus mince des Jtaricofs qrimpans , mais il
mérite autant' qu'aucun autre d'être cultivé, pour
son grand rapport et sa bonté en sec. Sa fleur
est blanche, et sa petite fève d'un blanc tirant
sur le roux» est presque exactement ronde.
Légumes etc, 323
il. Haricot =de- S oissons. Sa fleur est blanche ;
sa gousse fort longue est garnie de S ou 9 JR ves
applaties , d'un blanc pur et brillant, plus grosses
que toutes les autres fèves blanches , la meiU
ieure en grain tendre et en sec.
Comme ce haricot est le plus tardif, on ne
cueille point ses gousses tant qu'on peut espérer
que les fèves parviendront à maturité, sans être
tachées et endommagées par les pluies et les
premiers froids de l'Automne • il faut même avoir
soin de recueillir les gousses à mesure qu'elles
sèchent. Mus lorsque la saison est avancée, on
consomme en vert les dernières gousses , et eu
haricot tendre, le grain qui ne pourrait pas mûrir.
12. Haricot blanc sans parchemin. La gousse
de celui=ci , différente de celle des haricots or*
dinaires , demeure tendre jusqu'à ce qu'elle soit
parvenue à toute sa grandeur , et commence même
à sécher. Cette qualité particulière le rend plus
propre qu'aucun autre , à manger en verd et en
haricot tendre. Sa fleur est blanche ; sa gousse
fort longue est garnie de fèves blanches, courtes
et plates. Il est hâtif et de bon rapport.
13. Haricot rognon de Caux. Ceiui=ci est P
avec raison, regardé comme un des meilleurs.
Sa fleur est blanche j sa fève d'un blanc pur. a
la forme d'un petit rognon. Sa gousse est Ion*
gue , mais peu garnie. Il est très = bon en vert*
en fèves tendres et en fèves sèches.
14. Petit haricot rouge d'Orléans. Cette es=
pèce est aussi estimable , d'aussi grand rapport
et de. mêmes qualités que le N.° 10. Sa fleur
X 2
324 L'Ami i>as JAanimap.t,
est pourpre , son grain nombreux et serré dans
la gousse, est ordinairement applati par les deux
bouts et sur son diamètre , d'un rouge tirant sur
le pourpre clair.
Culture des Haricots.
1. Au commencement de Mars on peut semer
des haricots nains hâtifs pour manger en vert
dès la fin de ?\Iai ou le commencement de Juin
au plus tard. Il faut remplir de bonne terre
meuble, des pots à oeillets \ semer 4 ou 5 fèves
dans chacun j les placer dans une couche sous
des cloches ou des châssis, ou du moins "les
couvrir de paillassons . bornes de grande litière
pendant les nuits , et les défendre des gelées et
du mauvais tems. Vers la fin d'Avril , par un
tems doux, placer les mottes bien entières au pied
d'un mur au Midi ; et , s'il y a encore quelques
gelées à craindre, jetter devant, quelques pail=
lassons ou autres abri..
2. Il faut fumer, bien labourer et ameublir le
terrein destiné à être semé en haricots. 11 serait
même très avantageux de donner à ce terrein
trois Labour^ 9 le premier avant l'Hiver, le second
à la fin de Février, et le troisième avant que de
semer. Si le terrein est léger et chaud, on peut
semer dès la fin d'Avril j s'il est froid ou fort,
quinze jours après.
Le haricot se sème en bordures, en planches
ou en grands carrés j il se sème grain à grain à
trois ou quatre pouces l'un de l'autre, en rayons
distans de six pouces , et recouverts d'un pouce
ou un pouce et demi. Il se sème beaucoup mieux
L F.
etc.
par touffes de quatre ou cinq haricots disposées
en échiquier, à 2 pieds ou 1S pouces de distance
l'une de l'autre en tout sens. La houe, ou fos^
soir, est meilleure que tout autre outil pour faire
de petites fosses de 3 ou 4 pouces de profon=
deur sur 7 ou 8 de largeur .; on répand dans le
fond i ou 5 fèves qui ne se touchent pas et on
les recouvre d'un pouce ou un pouce et demi de
terre. Si , après que les liarïcots sont semés il
survint de grandes pluies qui battent la terre,
et la font devenir comme une croûte par la sè=
cheresse qui leur succède, il faut la rompre et
l'ameublir par un binage léger pour faciliter la
sortie de la semence, qui périrait dessous.
Environ un mois après, lorsque le plant ronru
menée à se fortifier , on le rechausse après une
pluie, en rejeltant dans les fosses une partie de
la terre qui eu avait été tirée en semant. En
même tems on le sarcle et on plante les rames
aux espèces grimpantes. On peut semer des
haricots en pleine terre depuis la fin d'Avril
jusqu'en Juillet. Dans cette dernière saison on
sème des haricots suisses , parce qu'ils sont moins
délicats que les autres et qu'ils produisent prompt
tement leurs gousses.
Pour recueillir de bonne graine de haricots »
si ce sont des Nains, on laisse sécher la plante
jusqu'à ce qu'elle soit toute dépouillée de ses
feuilles ^ on les arrache 7 on les étend au soleil
pendant quelques jours } ensuite on les lie par
boites et on les serre en lieu sec.
Si ce sont d&s haricots rames , il faut re ...
326 L'ami des Jardiniers.
lir les gousses à mesure qu'elles se sèchent,
parce que celles du bas mûrissent long = tems
avant les autres, s'ouvrent , le grain tombe et
est perdu * ou bien, s'il survient des pluies, elles
pénétrent la gous.se sèche, rouillent et gâtent le
grain. Sur ces haricots je préfère de laisser sè^
cher toutes les gousses qui naissent au pied , afin
de n'avoir qu'une recolle à raire, et de consom*
mer les auires en vert.
Les haricots secs laissés dans leurs gousses,
s'y conservent bons à semer pendant quatre ans ;
au lieu qu'étant égrainés aussitôt qu'ils sont re-s
cueillis , ils se conservent à peine deux ans.
Plus les rames des haricots sont longues ,
plus la récolte est abondante ; cependant il faut
proportionner les rames aux. espèces. Les plus
grandes doivent avoir au moins 8 pieds et les
plus courtes 6. C'est une mauvaise pratique de
laisser filer les haricots à rames sans les soute=
nir ; et lorsque ceux qui sont rames passent la
perche, il faut pincer tous les filets excédans:
H y s s o p e , Hyssopus.
UHyssope est une plante vivace dont on fait
quelque usage pour les sausses. Elle se sème,
ou se multiplie de vieux pieds éclatés , qui se
plantent ordinairement en bordures au Printems
Ou en Automne.
Laitue, Lactuca.
On distingue deux espèces de Laitue dans les
Potagers , la Laitue Pommée et la Laitue Ro-
r:c;mc. Voici leurs principales variétés:
L % g u m r s etc. o27
1. Laitues -pommées.
1. Impériale, ou grosse allemande. Les feuilr
les basses sont très = grandes, lisses, d'un vert
pale et terne. Sa pomme est fort = grosse, très»
garnie de feuilles, très = ferme, serrée, tendre ?
jaune, fort = douce au Printems qui est la saison
de cette espèce ; nn peu amère et moins grosse
en Eté, et sujette à fondre dans les chaleurs, si
elle se trouve en terre le'gèrc et trop souvent
arrosée. On ne doit plus en replanter après le
mois de Juillet, parce qu'elle n'aurait pas le tems
de faire sa tête qu'elle forme très = lentement ,
mais qu'elle conserve long=tems, sans monter ni
moucheter. Il faut même en semer de bonne
heure sur cou'.he, si l'on veut recueillir de la
bonne graine, qui est blanche.
Le plant se repique à 15 pouces de distance
en tout sens. Il faut retrancher les pousses qui
sortent en grand nombre d'entre ses feuilles
basses.
2. Laitue cocasse. Elle est un peu amère efc
médiocrement tendre, mais sa pomme est grosse,
jaune, si ferme et se soutenant si long^tems, qu'il
faut en avancer du plant sur couche, la planter
en bonne exposition et fendre la tête , pour que
la tige puisse s'élever et donner de la graine,
qui est blanche.
Cette laitue réussit médiocrement dans les
terres fortes; pendant l'Eté, elle aime un terrein
léger et de fréquens arrosemens.
On peut en semer en Août , la repiquer en
Novembre à une bonne exposition abritée } elle
L'ami des Jardiniers.
soutient bien les Hivers ordinaires et donne plus
.nient de la graine.
La Versailles p irait être une variété de la
cocasse •, même grandeur et même qualité -, la tête
est \m peu plus applatie , moins amère , moins
garnie de feuilles, se soutenant aussi long^tems
dans les chaleurs , etc. Elle veut le même ter*
rein , la même culture et soutient mieux les for-
tes geléeo.
3. Batavia , Laitue de Silcsie. Sa pomme
met deux mois et demi à se former , n'est pas
très=p!einc ni trop blanche , elle est un peu ainère
dans les terres fortes, mais elle est si tendre,
si cassante et si délicate , qu'elle peut passer pour
une des meilleures Laitues. Elle est une des
trois plus grosses. Les feuilles un peu alongées,
sont trè- = frisées , très = grandes , d'un vert très»
clair , presque blond , un peu teintes de rouge
sur les bords qui sont très = dentelés , ou légère-^
ment découpés. Sa graine est blanche.
On ne sait pas encore véritablement qu'elle
est l'espèce de terrein qui convient le mieux à
cette laitue. Elle veut être souvent et abonda-
ment mouillée le soir ou le matin , et non dans
la journée pendant la grande chaleur. Elle pomme
rarement après le mois d'Août, pareeque le froid
et même le frais lui sont contraires. Elle a une
variété qu'on nomme laitue - chou } ou mieux
Batavia brune , qui n'en diffère que par sa coiu
leur de vert foncé. Elle est excellente , peu
:ile sur le terrein , pomme mieux et plus
L é a u m 1 ' ;y:()
ferme. Elle est préférable aux Batavia et à la
pluspart des Laitues.
-i. Pomme de Berlin. C'est une des plus gros=
ses. Ses qualités sont égales et mêmes snpé;=
heures à celle de Batavia. Sa tête se forme
promptement, mais dure peu; elle est un peu
creuse , douce , tendre et cassante ; elle blanchit
bien. Ses feuilles sont d'un vert tendre, légère^
ment teintes de rouge sur les bords. Sa graine
est noire. C'est une laitue de Printems et d'Au«
tome -, car en Eté elle monte souvent avant que
sa pomme soit formée. On l'espace de 20 pouces
en la plantant.
5. Grosse rouge. Cette espèce veut une terre
grasse et substancieuse pour réussir également
bien en toute saison. Dans les autres terreins.
elle est un peu dure , plus petite, et est su*
jette à Jiûilcr ou graisser en Eté. Sa pomme est
grosse , d'un jaune orangé , douce et fort tendre,
et se conserve très = long -tems sans monter en
graine, qui est noire. Cette laitue est excellente.
6. Jaune rouge, ou petite rouge. Celle = ci,
de qualités semblables à la précédente , veut un
terrein doux et ne réussit que dans le Printems
et l'Automne. Sa tête est à peine de movenne
grosseur , jaune , tendre et douce. Ses feuilles
basses , fort arrondies", sont d'un vert tendre,
marquetées de rouge et très=peu crépues. Sa
graine est noire: pour en recueillir il fml avancer
sur couche le plant du Printems , parce que sa
pomme est lente à se former et se soutient long=
tems sans monter.
3J0 L'ami des Jardiniers.
7. Laitue à Coquille. Si elle n'avait l'avant
tage de mieux supporter les Hivers que les autres,
son amertume et sa dureté lexelueraient des jars
clins. Sa feuille d'un vert un peu jaune , est bien
arrondie, très » peu frisée, grande, unie par les
bords -, sa pomme est petite et sa graine blanche.
Elle a une variélé à graine noire, c'est là sa
seule différence.
8. Passion. Elle n'est pas meilleure que la
précédente. Sa pomme est un peu moindre ; sa
feuille verte, et sa graine blanche ; mais elle ré=
siste encore mieux à l'Hiver.
9- Grosse blonde. Cette espèce ne se cultive
que le Printems et l'Automne. Elle est douce et
tendre; sa feuille est blonde et grande, unie par
les bords, très cloquée ; sa tête grosse se forme
bien en 2 mois ; mais elle monte promptement ,
c'est pourquoi on en est privé pendant l'Été. Sa
graine est blanche.
10. George blonde. Elle veut une terre meu=
ble et légère ; le Printems est presque la seule
saison de cette laitue qui est douce, tendre,
cassante. Ses feuilles sont grandes , blondes , un
peu frisées, fin la plaçant au pied d'un mur ou
dans une position abritée , sa pomme grosse ,
bien faite, un peu applatie , se forme en 2 mois,
mais monte aussitôt. Elle ne pomme point sous
cloches. Sa graine est blanche.
La grosse^george est une belle variété de
cette laitue; sa feuille est presque lisse et unie,
et la pomme un peu plus grosse , se forme moins
prompicment et monte de même aussitôt. Mois
L E G If M E » C* 331
elle réussit bien sous cloches , pourvu qu'on lui
donne souvent de l'air et de l'eau. Elle est presx
que aussi blonde que la précédente ; sa graine
est blanche,
11. Bapaume. Sa qualité est médiocre ; sa
couleur est blonde , sa tête grosse , un peu vuide
au sommet, se soutient assez longtems; elle est
de toute saison et s'accommode de tous les ter=
reins \ sa graine est noire.
12. Laitue de Gênes. Celle-ci, comme la plus=
part des blondes, ne réussit qu'au Printems et en
Automne. Sa feuille lisse est d'un vert blond.
Sa tête est blanche, de grosseur médiocre, un
peu pointue. iSa graine est noire. Cette laitue est
fort douce ; elle a 2 variétés de mêmes qualités
et saisons; 1°. ha Gênes verte , dont la feuille
est frisée et verte, la tête jaune, un peu plus
grosse ; la graine blanche. 2°. La Gênes rousse,
dont la feuille est d'un vert lavé de roux mar=
quêté de brun, la tête jaune, la graine noire.
13. Laitue d'Italie. La feuille de cette laitue
est fine , de grandeur moyenne , d'un vert ten=
dre , teinte de rouge sur les bords et sur le de=r
hors. Sa pomme est jaune, de grosseur médi=
ocre et se forme en 2 mois ; sa graine est noire.
Elle est douce, tendre, réussit en toute saison,
moins bien en Été -, monte difficilement, deman=
de peu d'eau et préfère un terrein léger et de
médiocre qualité. C'est une des meilleures.
14. Laitue d'Hollande , Laitue brune. II ne lui
manque que d'être plus tendre pour être parfaite.
Sa tête jaune _, grosse , ferme et bien pleine, se
L'ami des Jardiniers.
forme très bien et se conserve longtems sans
fondre ni monter, dans l'Été même et la sèche*
resse. Sa graine est noire. Il n'est presque pas
possible de la distinguer de la laitue palatine.
15. Paresseuse. Son nom prouve sa lenteur
à monter en graine,, même dans les chaleurs et
les sécheresses \ mais elle est amere et un peu
dure. Ses feuilles sont unies par les bords, fort
nombreuses, crispées, d'un vert foncé. Sa tête est
grosse, ferme et bien pleine; sa graine est blanche.
16. Royale. Sa pomme est grosse , tendre et
douce , se forme bien en 2 mois , et se soutient
longtems. La feuille est un peu frisée et cloquée ,
d'un vert brillant-, sa graine est blanche. En
mouillant largement cette laitue pendant l'Été,
c'est une des meilleures de cette saison , mais
elle est un peu sujette à fondre et à nuiler.
17. Pcrpicjnane , Laitue*à^-grosscs=côtes . C'est
une de celles qui soutiennent le mieux les chaleurs
dans les terreins secs,* elle y monte même diffi-
cilement , mais elle nulle et pourrit dans les
terreins humides. Sa tête est gros-e, jaune, ten*
dre et fort douce. Sa graine est blanche.
1$. Pctite=crcpe , Petite -noire. Cette petite
laitue est presque insipide et ne fut qu'une très
petite tête } mais elle a l'avantage de se soutenir
sur couche mieux qu'aucune autre , pendant l'Ili=
ver. Dans une terre douce et très meuble , à une
bonne exposition abritée par des murs ou autre=
ment, elle vient un peu plus grosse et meilleure
au l'rintems. Elle ne supporte pas les autres sai=
sons. Sa feuille est frisée, d'un vert tirant sur
L é * y m s s etc. 33à
le jaune, très arrondie, un peu dentelée*, elle
monte* en 2 mois. Sa graine est noire.
19. La grgj.se crêpe. Elle est presque dou*>
i)le de l'autre ; sa seule saison est le Printems ;
on l'élève et on l'avance sur couche. Elle veut
le même terrein et la même exposition. En la
repiquant à demeure sur couche, elle y pomme
fort bien , pourvu qu'elle ait de l'air et qu'elle ne
soit pas sous cloche -, sa graine est noire.
20. La crépe^ronde , crêpe - blanche , petite*
courte , printaniere. Sa feuille est blonde, peu
frisée, presque lisse; sa tête est plus jaune, plus
grosse, plus ferme, se forage plus promptement
sous cloche, sans aucun air, fond moins et est
en tout préférable pour l'Hiver et le commence»
meut du Printems ; car dès que les chaleurs
viennent, elle monte j sa graine est blanche.
21. L'Auberuillers. Sa pomme très petite,
jaune et fort tendre se conserve longtems sans
monter ; elle réussit bien pendant le Printems et
lÉté. Sa graine est blanche.
22. La Gotte est remarquable par sa graine
blanche fort courte; c'est une des meilleures à
semer sous châssis, depuis Octobre jusqu'en Fé=s
vrier. On en sème peu en pleine terre, même
au Printems , parce que les moindres chaleurs la
font monter.
23. La Danph'me. C'est une des meilleures
laitues du Printems ; sa pomme est un peu plate,
fort grosse, pleine, tendre, douce, et se forme
promptement. En l'arrosant abondament et sou*
vent, elle réussit en toute sorte de terres. Sa
o3i L'ami des Jardiniers.
graine est noire. IL faut retrancher les pousse»
qui sortent entre ses feuilles basses , comme à
Y Impériale.
24. La Sanguine , ou Flagellée. C'est encore
une laitue du Printems, de moyenne grosseur et
de médiocre qualité', mais agréable parles veines
rouges dont elle est fouettée. Le coeur est blond,
veiné d'un beau rouge. Elle pomme en 2 mois.
.Sa graine est noire; elle a une variété à graine
blanche, dont toutes les couleurs sont plus clau
rts. Il faut Une terre douce à cette laitue.
25. La Berg*op=zoom. Cette espèce est pe=
lite . à feuilles rondes, unies par les bords, d'un
vert brun , fortement lavées de rouge brun , sur»
tout les endroits frappés de soleil. Sa pomme
ferme et bien arrondie se forme en deux mois
et demi et monte difficilement. Elle passe l'Hiver
et est de toutes les saisons.
26. La Palatine , la Rousse. Elle est sem=
blabie à la précédente , pomme en même tems \
est un peu moins teinte de rouge , et environ un
tiers plus grosse.
27. La S 'ans -pareille , est de moyenne gros-
seur. Sa feuille tirant sur le blond , est finement
dentelée, et très = légèrement lavée de rouge sur
les bords \ elle met 3 mois à pommer.
28. La Mousseronne. C'est une petite laitue
fort tendre. La feuille très=crispée , frisée, den=
teléc , d'un vert clair , fortement teinte de rouge
par les bords , pomme en 2 mois.
On connait beaucoup d'autres variétés de loi»
L É g « m e s ete. 335
tues pommées, qui, la pluspart, ne sont que dé*
générées par le voisinage des laitues de différen*
tes espèces , qui fleurissent en même tems dans
les Potagers.
La laitue cliicorée et la laitue epinarH, peuo
vent se semer comme laitue à couper éLant jeu^
nés, surtout la dernière qui repousse plusieurs
fois.
2. Laitues Roma'mes.
La Laitue - Romaine , ou Chicon, se distin**
gue de la laitue-pommée , 1. Par sa feuilJe alona
gée., étroite à sa naissance, large et ordinaires
ment arrondie à son extrémité j presque lisse ,
n'étant ni frisée , ni cloquée , ou l'étant très*
peu. 2. Aucune de ses feuilles ne s'étend de
côté , mais elles se soutiennent droites , se rap.=»
prochent les unes des autres , sans cependant se
serrer ni former de tête ferme. 3. Elle est pai>
faitement douce, Sec. Voici ses variétés.
1. CJiicon^rouge ? Romaine=rouge. Les feuil*
les du dehors sont teintes de cette couleur ;
celles du dedans sont jaunes et fort tendres. Il
faut en élever peu à la fois et successivement,
pareequ'aussitôt que le coeur est blanc , il pour=
rit ou monte. On ignore quel est le terrein qui
lui convient le mieux -, si la sécheresse oblige de
la mouiller après qu'elle est liée, il faut verser
l'eau au pied, et non sur les feuilles ni sur le
coeur j elle réussit mieux dans l'arrière saison.
Etant semée aux distances convenables, en JuiU
îet ou Août, au pied de* murs, ou à d'autres
336 L' A. M L D F. S. J A B. B I li I E K S,
abris , à l'exposition du Levant ou du Midi ,
s'y élève, y blanchit sans être liée, et fc;;
jusqu'aux fortes gelées. Sa graine est noire.
2. Chicon panaché , Romaine flagellée. Le
Printems est la seule saison de cette Romaine ,
tendre, excellente, et agréable à la vue. Elle ne
supporte ni les chaleurs de l'Été , ni l'humidité
de l'Automne. Ses feuilles extérieures sont for-
tement tachées de rouge , celles du dedans sont
un peu moins panachées d'un beau rouge sur un
fond jaune. Sa graine est noire.
3. Chicon vert. Li Romaine verte a la feuille
plus longue que les autres chicons , bien arrondie,
concave à son extrémité, un peu froncée, dun
gros vert , soutenue par une côte blanche. Sa
graine est noire.
Elle est la moins tendre , mais la plus grosse,
la moins difficile sur le terrein : elle réussit dt plus hâtive au Printems, et plus
douce que la verte, dont elle ne ditîère que par
le vert plus foncé de ses feuilles, et par sa graine
Légumes etc. 33?
jçul est blanche. Elle ne réussit ni en Eté ni
dans l'Automne.
5. Chicon blond , Romaine blonde. Sa feuille
est d'un vert jaunâtre , mince . unie . un peu
pointue, soutenue par une -oe blanche. E ter.-e
forte il veut être njédiocrement \v\o é; il est gros
comme le précèdent, lui est tien supérieur en
qualité, mais il est plus sujet à fondre ou à
monteri Il est plein et bien garni ., et son ex*
trémité est camuse ou applaue.
6. Chicon hâtif ? Romaine hâtive ■ Il esC
difficile à distinguer du précédent , lorsqu'il est
élevé en pleine terre. Cependant le vert de ses
feuilles est inoins lavé de jaune. Sa graine est
blanche. Il est distingué de tous les autres chl~
tons , parce qu'il s'élève et se forme bien sous
cloches. En le semant sur couche en Octobre ,
il parvient à son point en Avril 7 mais il est moins
gros qu'en pleine terre.
Culture de toutes les Laitues*
1.° On peut semer des laitups en pleine terre,
tous les 15 jours, depuis le commencement de
Mars jusqu'en Juillet, pour en avoir successive*
ment jusqu'aux froids. Il faut avoir soin de
choisir les espèces qui réussissent le mieux dans
chaque saison et de les semer en terre convenable*
Plus la terre est douce et ameublie par les
labours, et amendée par les fumiers, mieux la
laitue réiïssjt. On dresse des planches de 3 A
4 pieds de largeur , pour y repiquer 3 ou 4 rangs
Tome I. Y
L'ami des Ja.&dinilr.s
de laitues } soignées l'une de l'autre de 7 a £>
pouces y ou davantage, selon l'espèce.
En repiquant la laitue au plantoir, il faut avoir
l'attention de ne pas trop serrer la terre contre
la racine et que le coeur de la laitue ne soit pas
enterré, mais seulement de niveau à la surface
du terrein. Aussitôt que le plant est repiqué , il
faut l'arroser , et continuer , suivant la saison 7
la disposition du teins et l'espèce de laitue, avant
attention de ne mouiller dans les chaleurs , que
le matin ou le soir , soit les semis , soit les
laitues repiquées ', et pendant Mars et Avril , le
matin ou dans le milieu du jour et jamais le
.soir , parce que le plant périrait s'il survenait une
petite gelée pendant la nuit.
Le plant laissé à distance convenable dans les
places où il a été semé , réussit beaucoup mieux
que celui qui a été repiqué, et il donne de meil=
leure graine.
Le surplus de la culture de cette plante, con*
siste à biner , sarcler exactement et arracher les
pieds qui montent eu graine.
2. Pour avoir de bonne heure des laitues au
Printems, c'esUà=dire , du 1. au 15. Mai, il faut
d^s le 15 d'Août semer en bonne exposition, les
variétés qui passent l'Hiver , telles que les crê-
pes ; l'Italie , la cocasse , la coquille , la pas*
sion , la romaine Jiâtiue. A la lin d'Octobre ou
au commencement de Novembre repiquer le plant
Sur les platebaiiiles d'espalier au Midi et au Le=
vaut j dans les loi tes gelues, Je couvrir de litière,
paillassons , cessas de pois ou autres matières
£ £ o il m e s etc. 339
propres à le défendre du froid, et qu'on retire
ùès que le tems s'adoucit. On laisse en pépi^
nière le plant le plus faible ; et , s il résiste à
l'Hiver, il fournira une autre plantation en Mars,
3. En Septembre ou Octobre on peut semer
ces mémos variétés sous cloches sur des ados de
terreau ou de terre meuble mêlée avec du cro=a
tin •, trois semaines après repiquer le jeune plant;
plus à l'aise sur d'autres ados , pour y passer?
l'Hiver en pépinière ; couvrir les cloches de litière
dans les for' es gelées , et les découvrir dans le
milieu du jour , même leur donner un peu d'air
quand il est supportable. Au commencement de
Février, leur donner chaque jour plus d'air, les
ôter entièrement pendant le jour et même pendant
la nuit , si les gelées ne sont pas trop fortes ,
afin d'endurcir le plant. Lorsqu'il aura passé 8
à 10 jours sans cloches , et qu'il sera accoutumé
au plein air, on le repiquera en place P en bonne
exposition, entre le 15 Février et le 1. Mars; si
la température de la saison le permet.
4. Depuis la fin de Septembre jusqu'aux nou=.
velles laitues pommées , on sème tous les 15'
jours de la graine de laitue crêpe , de versait*
les, de geor çje ^blonde , etc. sur des couches de
chaleur tempérée et couvertes de 4 à 5 pouces
de terreau. On la sème assez clair en petits
rayons ou à la volée ; on la couvre^ très peu de
terreau , ou on la presse fortement avec la main
sur le terreau . sans l'enterrer j on couvre de
cloches» Environ 15 jours après , lorsque la
laitue a 2 ou 3 feuilles outre celles dç la jséà
-meuce, on peu les couper.
340 L'Ami »es Jardiniers.
6. Pour avoir des laitues pommées pendant
l'Hiver , il faut à la fin d'Août semer sur un ado»
de terreau, bien exposé, de la graine de petite
crêpe , de crepe ronde ou autre qui résiste au
froid et pomme sous cloches. Lorsque le plant
est assez fort , on le repijue sur couches qui
n'ont pas besoin d'être fort hautes*, il y pomm*
sous cloches en Décembre.
En un mot il faut semer sur des ados bien
exposés, quand la saison permet à la laitue d'y
résister au froid j et semer et repiquer sur cou-
che , sous cloches ou cha-sis, lorsque la tempé-
rature est trop rude. Avec du soin et de l'iiuel»
ligence, on réussit à tout.
6. Pour recueillir la graine des laitues , dans
les plants faits l'Hiver et le Printems , il faut
choisir les plus gros pieds , les mieux pommés ,
les marquer par un échalas planté au pied de
chacun, qui servira en même tems à soutenir sa
tige contre les vents j dégager le pied , sur=tout
des grosses variétés, des feuilles jaunes, fanées,
pourries, ou même trop nombreuses. Lorsque
les aigrettes des graines commencent à paraître
à l'extrémité dts branches , il faut couper ou ar*
racher les tiçes , les exposer pendant quelques
jours au soleil, sur des draps ou dans un vasej
ensuite les secouer ou battre légèrement, et ra»
masser la graine qui s'est détachée, c'est la
meilleure :, celle que l'on recueille après avoir
remis les tiges au soleil et les avoir battues une
seconde fois , ne doit être employée que pour
semer des laitues à couper.
L 1. G V 3! E 5 etC.
La graine de laitue peut se conserver 4 ans,
Mais elle n'est très = bonne que la seconde année;
en la semant la première année , le plant monte
facilement -, la troisième année une partie ne lève
point , et la quatrième il ne lève que les grains
parfaitement aoiii.es , pourvu encore qu'elle ait
été bien enfermée. La vieille graine a encore un
autre inconvénient , c'est de lever S jours plus
tard que la graine fraîche. Il y a des variétés
qui donnent de la graine en petite quantité ou
difficilement -, il faut en laisser monter un plus
grand nombre de pieds. Ce sont surtout les
crêpes , Y duberuillièrs , la bapaume , la brune ,
les grues vertes et rouges , la jeune^rouge ;la
cocasse , le cliicon blond et le panaché.
Lavande, Lanandula.
1. Lavande femelle, est une plante vivace
ou sous= arbrisseau.
2. Lavande mâle , spic , aspic. Les touffes
de celle=cî s'élèvent moins; ses feuilles sont plus
grande» et moins blanches ; ses fleurs moins gran=
des , ses graines ovales et presque noires } sou
odeur plus furte.
La Lavande peut se multiplier de graines _,
mais mieux des vieux pieds éclatés ', et se plante
en Mars , Avril et Septembre , en planches on
en bordures , qu'il faut renouvelle).* tous les 2 014
3 ans , parce qu'elles deviennent trop hautes on.
trop épaisses. Il y a 5 ou 6 autres variétés.
l'42 L'ami des Jardiniers,
Lentille, Lens.
On cultive la grosse et la petite Lentille, ou
Lentille à la reine ', mais cette culture ne peut
avoir lieu que dans les vastes potagers et dans
les champs. Cette plante ne réussit que dans les
endroits les plus secs et les moins substancieux.
Elle piefère les terrein> maigres, sablonneux, etc.
r.ux terres de bonne qualité , dans lesquelles elle
devient trop forte. En Mars ou Avril on la sème
en rayons et. elle n exige plus aucuns soins.
Mâche, Valerianella.
1. Mâche commune, Doucette , Marchette ,
Poule grâce, etc. Cette plante annuelle , quoi»
que commune dans les champs , se cultive dans
les potagers où elle devient plus grosse , plus
tendre et plus facile à recueillir.
2. Grosse Mâche , Mâche à" Italie. Elle est
un peu plus grande que la commune , plus lente
à monter au Printems; cependant elle est moins
recherchée , parce que son duvet la rend moins
agréable à manger.
Cette plante se sème de 15 jours en 15 jours,
depuis la mi «Août, jusqu'à la mi= Octobre, dans
une terre bien ameublie et amendée.
La graine se sème épaisse et se recouvre au
râteau, ou légèrement de terreau*, on la mouille
très = souvent, et lorsqu'elle est bien levée on la
sarcle.
Sur les dernières planches de Mâche que l'on
tâiUGtt au Printems. , on laisse des pieds de
L L G 0 M P: 3 6tCt
cette plante éloignés 1 "un de l'autre de 6 à 10
pouces j lorsqu'ils sont montés et que les tiges
commencent à jaunir, on les arrache le matin a
la rosée , pour les entasser en lieu frais et les
laisser en cet état pendant 15 jours , afin que la
graine se nourrisse et achè* e de mûrir. Ensuite
on les secoue à la fourche ou avec une baguette
et l'on fait sécher la graine qui tombe , au grand
air , pendant quelques jours avant de la vanner.
Elle ne se sème que la seconde année et dure
5 à 6 ans.
Marjolaine, Majorana.
On distingue plusieurs variétés de Marjolaine,
dont les plus estimoes sont celle à coquille, et
la Marjolaine à petites feuilles.
La Marjolaine commune est celle que l'on
cultive principalement dans les jardins , parce
qu'elle se soutient seule en Hiver en pleine terre.
Eile se multiplie de graines, mais plus commu*
nénient de pieds éclatés.
Mélisse, Melissa.
La Mélisse des jardins ou citronelle , est
une plante vivace qui se multiplie par les semen=r
ces , mais plus promptement par les pieds écla*
tés, et plantés en Mars en bonne terre, un peu
à l'ombre -, tous les ans en Automne on coupe
toutes les tiges à fleur de terre. Dans les boiïà
terreins la mélisse subsiste long = tems \ dans les
terres maigres , faut la renouveller de semences,
ou de plant bien franc tiré d'ailleurs , autrement
elle dégénère.
341 L'ami des Jardiniers.
Les feuilles recueillies avant que la plante n'eu*
risse, sont préférables à celles qu'on ne recueille
que vers l'Automne. On peut plusieurs fois peiw
fiant l'Été , couper les tiges naissantes, afin de
faire pousser de nouvelles feuilles , qui ont plus
de qualité.
M E L O N , Mcli).
Le Melon qui esl une phnte -les 'pays étraiù
gers et chauds, ne réussit Dieu dans nos climats
teniprt s qu'avec beaucoup de soins et d'atten*
tioji. La plus mauvaise pratique des jardiniers
ordinaires qui cultivent It melon , est d en mettre
plusieurs variété» ensemble sur la même couche
OU sur le même tenein par ce moven les éta«
mines dû poussières fécondantes des uns et des au^
très se mêlant ensemble , il en résulte de noù«
velles variétés qui sont souvent plus mauvaises
que bonnes.
Il arrive aussi que beaucoup de cultivateurs
de melons , sèment ou plantent sur un bout de
la même couche , des pieds de concombres qui
communiquent leur qualité insipide et fade aux
melons leurs voisins } c'est ce qu'il faut éviter
avec le plus grand soin en plaçant les concombres
en lieu éloigné.
C'est de cette inattention que vient la plus
grande partie des variétés des melons , dont on
compte plus de 60 , mais dont je ne donnerai que
les principales , les autres étant de peu de con=
Séquence.
1, Melon commun , à Paris Melon M aval-
L l « u m i s étfe) 315
c7*e/\ ' C'est le plus anciennement cultivé en
France. Il n'a aucunes cotes sensiblement mar-
quées } est entièrement brodé, sa chair est très=
épaisse, rouge et pleine d'eau. Il est assez gros3
de forme peu constante , ronde , longue ou ap=
platie. Les jardiniers lui font perdre ses bonnes
qualités en le mouillant trop pour le faire gros*
sir. Il n'a de goût que dans les années ièches,
quand on l'arrose peu.
2. Mclon^Morln , gros Maraîcher. Celui-ci
est plus hâtif et plus gros que le précédent ; il
a la forme ronde un peu alongée -, il est marqué
à 1 oeil d'une espèce d'étoile ; la broderie de sa
peau est très relevée , sur un fond vert tirant
sur le noir. Sa chair est fort épaisse , rouge ,
sacrée et vineuse.
3. McLon-des=Carmes=long , melon de Sau=
mur. 11 est de de moyenne grosseur, de forme
ovale, presque sans cotes. Sou ecorce hgcre=*
ment bro iée s'éclaircit ec devient presque jaune,
lorsqu'il approche de sa maturité, Sa chair est
épùs^e, remplie d'eau sucrée et relevée, plustôt
blonde que rouge, et ferme s'il n'et pas trop mûr.
On distingue plusieurs variétés de ce melon,
savoir: Le blanc dont la qualité est supérieure à
celle du précédent. Celui a graine blanche. Le
rond , et le melon.romaln qui mûrit facilement*
4. Melon=dcS t.,. Nicolas. Celte espèce supé*
rieure aux précédentes en qualité, est de moy=
er.ae grosseur, de forme alongée, à côtes régu=?
lières et bien marauées. Son écorce verdâtre est
L'ami des Jardiniers.
fort mince, sa chair épaisse, ferme, d'un beau
rouge, d'un goût tin , vineux, sucré.
5. Mclon=de-Lancjeais. II est de moyenne
grosseur, un peu alongé, relevé de côtes niar=
quées régulièrement. Vers sa maturité son écor=
ce devient d'un jaune doré \ quelquefois elle est
brodée, quelquefois lisse. Sa chair ferme, rouge,
très épaisse, abonde en eau sucrée et vineuse.
6. Gros=Sucrin=de=Tnirs Sa forme est ronde,
peu régulière; ses cotes sont a peine sensibles;
son écorce devient un peu jaune en mûrissant,
et quelquefois se brode plus que celle d'aucun
autre melon. Sa chair est rouge . ferme , pleine
d'eau d'un goût relevé et très sucré. Il est égal
en grosseur au melon maraîcher.
7. Lc=petit^sucrin=de=Tours est rond, appla=
ti par les extrémités; son écorce est verie , quel=
quelbis très=brodée. Sa chair est rouge, d'un g< ût
relevé et fort sucré, épaisse pour un petit melon.
Voilà les espèces de melons auxquelles on
donne la préférence ; dans celles qui tout moins
bonnes, on distingue le melon=dc=Coulommlers
qui est le plus gros de' tous les melons. Le me*
lo/i-à^c/iair^verte. Le pcïbt=melonJiâtïj ', &:c.
Quand aux melons d'Italie , de Malte , (TEs*
pagne, et autres, je conviens qu'ils sont délici=
eux dans ces climats -, mais leurs qualités sont
très affaiblies dans les pays froids ou tempérés.
7. Cantaloup =noïr: Ce melon est aujourd'hui
préféré à tous les autres. Il est petit, rond, un
peu applati par les extrémités, relevé de oi
Légumes ete. 3i7
fort saillantes. Son écorce, quelquefois un peu
brodée, est chargée de petites bosses } elle est
d'un vert très foncé qui ne s'éclaireit po;nt en.
mûrissant. Sa chair est épaisse, rouge, tonne,
remplie d'eau sucrée, vineuse et excellente. Il
est beaucoup plus hâtif que les melons français;
li est presque le seul cultivé par les vrais ama£
leurs, pareeque son fruit noue et arrête facile*
ment 5 qu'il est rarement mauvais, et que dans
l'arrière saison même, ou ies gros melons sont
sans qualités, il conserve son sucre, sa finesse,
sa délicatesse. Il n'incommode point l'estomacli;
sa culture demande moins de tems et moins de
soins ; en un mot il n'a de défaut que sa peu»
tesse , sinon qu'on lui reproche d'avoir l'écorce
épaisse et de n être pas assez plein. Le premier
défaut lui vient de ce que notre climat n'est pas
assez chaud pour lui, et le second de la man=
vaise culture et du mauvais terrein qu'on lui
donne. La mauvaise pratique des Jardiniers,
dont j'ai parlé au commencement de cet article,
a fait varier ce melon presqu'à l'infini , tant pour
la forme, que pour la grosseur et l'avancement.
Quelques espèces sont plus grosses que nos mo=
yens melons., d'autres sont à peine comme une
pomme de Rambour, Les grosses espèces sont
un peu tardives ; d'autres sont mûres 50 jours
après avoir été semées. Il est inutile de les dé=
tailler toutes . l'essentiel est de donner la meilleu=
re manière de cultiver les melons.
X. Il faut dans la belle saison, avoir prépare,
I an ou 18 mois d'avance, une terre dont les
deux q^uaiiiés essentielles sont d'être meuble et
3 (S L'ami des Jardiniers.
Biibtanoîeuse. Si l'on a une bonne terre légère,"
il suffit de mêler avec moitié de cette terre, un
quart de terreau gras et un quart de erolin de
cheval; de laisser consommer le tout et de le
passer à la claie plusieurs fois pour le mêler et
l'ameublir. Si le terrein est chaud, on peut rem=
placer le crotin par la bonze de vache; s'il est
froid , par la fiente de pigeon, ou du crotin de
mouton ; s'il est lourd et compact , on en mêle un
tiers avec un tiers de terreau commun, un sixi*
cme de terreau gras et un Hxième de crotin. Les
boues des rues , le terreau de feuilles d'arbres, les
gazons consommés, les terres dégoûts, le cro=*
tin de vers à soie, &c. sont très propres au même
usage,- l'essentiel est, comme je l'ai dit, que cet*
te composition soit grasse, le'gère, bien mêlée et
bien consommée.
2. Au mois da Janvier faites une couche de
la longueur d'un châssis de S à 9 pieds; de 3 bons
pieds de hauteur de fumier , et de 2 à 3 de large.
Il fuit que le fumier soit bien foulé. En même
tems faites à l'entour, un réchauf d'un pied de
Jargeur et d'un demi pied plus haut que la coup-
elle; couvrez celle=ci de 6 pouces de terre.
Aussitôt qu'elle aura jette son grand feu , mais
que cependant la main étant enfoncée déduis,
puisse avec peine en souffrir la chaleur, remplis-
sez de vôtre terre-composée , d,e petits pots à
bazilic ; semez une graine de melon dans cha=
cun; enfoncez les dans la couche et couvrez les
de cloches on de châssis ; s'il fait de fortes ge-
lées , bornez les cloches et jettez pardessus de
Légumes etc. 349
la litière, des paillassons, &e. Lorsque la graine
est levée , redoublez d'attention contre le froid,
surtout pendant les nuits j préservez le plant de
l'humidité, en essuiant les cloches ou les verres
humides des vapeurs de la coiuhe. -, donnez de
l'air toutes les fois qu'il est supportable, et sur=^
tout lorsqu'il fait quelque rayons de soleil-, ne
tenez le plant rigoureusement renfermé que quand
il fait des brouillards, de la neige, des pluies
froides } entretenez une chaleur modérée dans la
couche, en remaniait le réchauf avec du fumier
neuf, et le rétablissant sur le champ -, enfin lors=»
que ce secours paraîtra insuffisant pour soutenir
la chaleur, il faudra faire une autre couche sem=
blable dans laquelle on transportera les pots. En
même tems on sèmera d autre graine de Melons
dans d'autres pots sur celte seconde couche,
pour avoir du plant propre à succéder au pre=
mier, ou à le remplacer au cas qu'il périsse. Cette
seconde couche et le plant exigent les mêmes
soins.
3°. Si la clialeur de chacune de ces deux cou-
ches ne s'est soutenue que 15 jours, il faudra trans=
porter les pots dans une troisième. Mais si la
chaleur a duré trois semaines ou plus , le plant
sera assez fort pour être mis en place à demeure.
Les couches où il entre du tan, de la bruyère
ou des feuilles d'arbres , conservent leur chaleur*
assez longtems pour qu'une seule suffise.
Préparez donc une ou plusieurs couches larges
de quatre pieds et demi sur deux pieds de hauteur 3
après avoir été foulées et mouchées ; que leur 'ne graine de melon,
il fuit laisser pourrir sur la douche un melon
que l'on jugera excciicjnt et bien coiiuiLunus j
LÉGUMES etÔ ; $
alors on en retire ta graine, on la Iavoj ou U
. lisse bien sè< hef à l'ombre et ou la serre ca
lieu see. Elle se conservera bonne à semer peu*
riant 6 ans au inoins. Si ion ne veut [> ■
lier un fruit . ii faut du moins ne recueillir la
graine que de ceux qui sont très* bons, très»»
murs , et qui n'ont pas été rafraîchis dans l'eau
glacée ou l'eau du puits; détacher d^,s côtes
Ont toujours été exposées au soleil, toute là pi
à laquelle la graine est attachée et ïy laisser
pendanl quelques jours avant de la laver ;
sera moins mauvaise que celle qu'on retire d'un
melon en le mangeant et qu'on lave sur
champ.
Les autres soins nécessaires au succès des
melons sont i°. d'entretenir la chaleur des cou*
ches bien égale jusqu'à la mi = Mai; il faut f
Cela, dans certaines années, défaire pendan ca
mois, et rétablir sur-le=champ les réchaufs. 2.J
Pendant le même mois commencer à donner queU
ques arrosemens légers , lorèque le plant eu a
besoin 7 nuis av^c les précautions indiquées ci*
ant , ci. jamais par le grand soleil. Côi
: iciues des melonsi détendent jusqu'aux
tiers des couches, il serait plus à=propos de n'ar=*
roser que ces sentiers et de le faire abondamment ^
sans donner d'eau aux couches. C'est Par cette
si que j'ai recommandé de couvrir lés sen*
tiers de terre comme la couche. i.° Tenir les
jeunes fruits à couvert ^ous les feuilles, t
coniraire les découvrir quand ils approcheni de.
leur grosseur. 4.° Dans l'arrière saison mettriô-
Tome I. g*
.i L'ami des Jardiniers.
une tuile > ou une ardoise , pierre plate, etc. sous
les fruits pour les préserver de L'humidité de la
couche. Dans les chaleurs jetter sur les cloches
ou les châssis un peu de litière ou une toile claire
i emballage, pour briser les rayons du soleil.
S.c Jetter un peu de poussière sur les plaies que
l'on fait en taillant, pour les guérir plus promp-
tement. 6.° Lorsqu'une branche devient chan=
creuse, il faut racler le mal jusqu'au vif, le
frotter de c rotin et le dessécher avec de la
poussière. Le melon est fort sujet à cette ma-
ladie qui fait périr en peu de teins les plus belles
brandies et le pied même , lorsqu'on n'y porte
pas remède à tems. Elle vient ou des arrosemens
trop fréquens ou faits à coulre^tems , ou de ce
que la couche est refroidie ; ou enfin de la mau=
vaise qualité de la terre.
0. Arroser les melons avec de l'eau douce et
légère-, si l'on n'a que de l'eau de puits, ne pas
L'employer crue et nouvellement tirée , mais la
laisser pendant vingt = quatre heures au moins
déposer et s'échauffer avant crue de s'en servir.
On peut semer des melons depuis le mois de
Janvier jusqu'en May. Les premiers et les der=
niers semis seront de cantaloupe et de melons
de petite espèce, qui donnent plus promptement
du fruit que les autres.
Depuis la mi = Avril on peut semer en place,
et planter des melons des derniers semis jusqu'en
Juillet, sur des couches neuves, ou sur celles
qui ont porté les premiers melons.
Les melo;:s peuvent se multiplier, au besoin,
L É 0 u m e s etc. 355
de marcottes et de boutures. Depuis la mi = Mars
jusqu'à la mi Avril , il suffit de donner 2 pieds
d'épaisseur de fumier aux couches bien foulées
et marchées. Après ce tems, 1 pied ou 15 pou»
ces suffissent.
Pour avoir des melons de bonne heure, ayez
les attentions suivantes et vous réussirez parfai=
teinent. 1. Semez dans des pots pour ne pas
fatiguer les melons ui les transplantant. 2. En*
tretenez vos couches dans une chaleur modérée,
3. Plante? les dans de la bonne terre qui puisse
leur fournir la nourriture nécessaire et leur donner
les qualités qu'ils ne trouveront jamais dans le ter=
reau des vieilles couches dont presque tous les
Jardiniers se servent communément. 4. Donnez
leur de l'air le plus souvent qu'il est possible. 5.
Ne les ruinez point par des plaies , des tailles et
des suppressions continuelles. 6. Préservez le
fruit des pluies et des arrosemens.
On peut très bien élever des melons en pleis
ne terre, dans les années chaudes et sèches. Vers
le 15 d'Avril semez dans <\ts pots placés dans une
couche , de la graine des variétés les plus hâtives,
Soignez et formez y le plant jusqu'après, sa pre=
mièie taille: plantez les alors dans des plaleban--*
des exposées au midi, dont la terre soit subsl m»
tieuse sans être humide*, garantissez les des plui-
es avec des paillassons mis en auvent, <\ne l'on
peut placer et ôter à volonté. Ces melons, quand
ils réussi.-1: eut, sont d'un goût fin et excellent.
Les cloches soufflées sont mauvaises pour la
culture du melon:, je préfère celles qui sont for*
mées de pièces de verre assemblées a\ ec du plomb
.JJ6 L' A M I D E S J A K D 1 N I E R S.
Il faut leur donner environ 2 pieds de diam
mais comme la dépense est considérable et qu'elles
sont sujettes à se disloquer en peu de teins , je
préfère de nie servir de carrés de planches de 2
pieds ou 2 pieds et demi de diamètre, sur 10 pou-
ces d'élévation par derrière, et 7à8 par devant,
ce qui forme une espèce d'encaissement de chas*
■sis, .iur lequel je place un cadre vitré ou garni
de papier bien huilé , qui est aussi bon ; cette me»
thode tort simple m'a parfaitement réussi.
Voyez au Chapitre -î , pacje 282 j la manier*
de construire les. châssis pour les couches.
Melon d'Eau, Anguria.
Le Melon d 'Ame'riâue \} connu sous le nom
de petit melon d i cause de sa ressemblant
ce avec le gros melon d'eau commun en Provence
et en Italie , est construit de la même manière que
les melons ordinaires; mais sa iéuille est déeou=
pée profondément; ses fleurs sont moindres; son
fruit e^t lisbe, de 6 à 7 pouces au plus de diamètre ,
vert, marqué suivant sa longueur, de raies ou
taches jaunes disposées régulièrement. Son écor*
ce est mince-, sa chair blanche et transparente esl;
pleine d'eau sans saveur et sans odeur.
On sème sa graine sur couche en Mars ou
Avril, soit à demeure, soit pour repiquer le plant
sujc couche, ou même en pleine terre dans n.
•.nés fosses remplies de bonne [erre romposé< on
de terreau. Lorsque par la taille, les pieds sont
garnie d'un nombre suffisant de branches, on les
Laissé courir en libcité. sans les arrêter ni sup-s
L £ G 1 •"!"<
primer aucun des fruits. Ils rie demandent d'au-
tre soin que d'être arroses au besoin.
Ce fruit n'est bon qu'à être confit avec le cé-
drat et autres fruits de ce genre, étant fort insi=
pide dans nos climats.
Melon gène ou A.U berginf, JMelongena.
Le Melongènç, qui est une plante annuelle y
est fort estimé et cultivé dans le midi. On l'y nom«-
iii c encore mayenne 5 aubergine , meringeanne ,
viedase, etc. Voici ses 4 variétés.
\. jSTeloncjhne à fruit long rouge. Son fruit
est long, delà forme d'un petit concombre, lisse,
de couleur purpurine , quelquefois rayé de blanc
et de vert; sa chair est blanche , insipide.
2. JSIclongcne à fruit ron 1 rouge, H ne diffère
du premier que par sa rondeur.
3. Mclontjè.nc à fruit rond jaune. Sa tige est
moins haute, son fruit est jaune et ovale, lia
une variété à fruit blanc qui imite l'oeuf de poule.
i. Melongene à fruit long jaune. Ses fleurs
sont petites, son fruit long jaunît en mûrissant.
Le mélangent: du No. 1. est le plus cultivé.
Tous se sèment de bonne heure sur couche afin
que le fruit mûrisse de bonne heure. Lorsque le
plant est assez fort et qu'il n'y a plus de gelées-
à craindre, on le repique à 1S pouces de distance
sur couche : ou dans une platcbande au midi, e'a
on le mouille souvent. ,
Moutarde, S in api.
i. Moutarde à feuille de rave. Cett
L'Ami des Jardinibm.
annuelle s'élève à 4 ou 5 pieds , suivant le ter*
rein. Sa gr..ine est blanche.
2. Moutarde à feuille (Vache , Moutarde
blanche. Se. fleurs ont une odeur agréable et sa
graine est blanche.
Au mois de Mars on sème la moutarde fort
clair, en terre meuble et bien exposée. La graine
mûrit à la fin d'Août et est bonne à semer pen=
dant 2 ans.
Navet, Napus.
1. Navet commun long. Sa racine en pyra=
mide a 2 pou. es environ de diamètre à sa basse.
Elle e^t douce , tendre et couverte d'une peau
blanche.
2. Navet rond commun ne diffère du précé-
dent que par sa forme ronde.
3. Le Navet de Meaux. Sa racine a jusqu'à
10 pouces de longueur sur une grosseur propor=
tioance.
4. Navet de Berlin. Il est fort petit, blanc,
un peu alongé , fort tendre, et de bon goût.
5. Le Navet rouge. Il est fort estimé en
Angleterre. Sa racine est de grosseur médiocre,
ronde, teinte de rouge ou de violet.
6. Le Navet gris. Sa racine est alongée, sa
couleur grise. Il est rarement tendre.
7. Navet Printanier. C'est un petit navet
rond , applati par le* extrémités , de la forme
d'un oignon ; il se sème dès le mois de Mars.;
L é g v m e s. etc. 3*9
Toutes lés autres espèces de Navets , tels que
ceux de Saulieu , de St. Geome près Langres,
d'Anet , du Gàtinois , etc. sont execlJens étant
cultives, dans leur climat , mais ils ont un goût
très = ordinaire étant cultivés ".ailleurs. Cependant
en faisant venir de la graine du pays même , elle
donne du fruit dont le goût n'est pas beaucoup
dégénéré, la première année.
Le Navet aime les terres légères et sablcn»
neuses • dans les terres fortes et humides il de*
vient plus gros , mais il 7 a moins de goût et
de qualité.
Le terrein, quel qu'il soit, doit être bien la*
bouré, dressé et ameubli. On y sème la graine
très = claire et on y passe légèrement le râteau.
Depuis qu'elle est levée jusqu'à ce qu'elle ait
quelques feuilles , il faut souvent donner de légà=
res mouillures pour écarter la Lisette qui mange
les premières feuilles et ruine le semis, sur-tout
dans les mois de Juin et de Juillet.
Lorsque le plant est fortifié, on le sarcle et
on L'éçlaincit; il n'exige pas d'autres façons,
Avant les fortes gelées on arrache les Navets et
on les entasse en lieu couvert.
On peut semer les Navets dès le mois de
Février sur couches fort tempérées couvertes de
10 pouces de terre meuble ; et en pleine terre
depuis Mars jusqu'à la mi = Août.
Au moi? de Mars on choisit pour porter graihe3
le nombre convenable des plus beaux et ou les
1/ A M T P F. S JARDINIERS.
plante à un pied de distance. La graine se èon*
2 à 3 ans . bonne à semer.
0 i g x o x , Crpa.
1. Oignon rcmqr commun. C'est le plus eom=
inunément cultivé, parce qu'il esl gros et qu'il
s,e conserve. ms.
2. Oig ion ;'.(/■■ commun, Il est un peu moins
gros, pins app ati que le rouge, et d'un coùi moins
11 a une vni té d-'un jaune clair presque
i ix oignons sont les plus estimes.
3. Oignon bianc. 11 est de même forme.
majs moins gros que le rouge. Tl est fort doux.
Il a une variété que l'on nomme blanc hâtif.
4. Oignon blanc t\' Espagne. II est très-gros,
\ et serai préféré s'il se gardait Iong=tems.
}1 a une variété rouge d'un gcût un peu moins
doux.
5. L'Oignon de Florence est blanc, fort ten=
are cl fort doux . mais il n'est d'usage qu'en
. parce qu'il ne se conserve point sec.
6. h "Oignon long blanc et sa variété rouge ,
ont une bulbe cylindrique longue de 7 à 8 pouces,
sur environ, deux pouces de grosseur. Ces OU
gnons étant 1res difficiles sur le terrein, ne sont
ivés que p.r quelques curieux.
L' Oignon aime un terrein gras et précédern*
ir*ent amendé par des engrais , et non pas nou=.
■uellcment fumé . meuble et préparé par deux
labeurs, dont le dernier doit être donné environ
BOJg avant que l'on semé, pour laisser rafler-
L | G V M E S SCt
ipîr h terre. Les fonds humilies el compacts se
corrigent par les labours, et les terres sablori=
neuses et maigres, par les engrais.
1. En Juillet et Août dans les terres fortes,
et jusqu'à la ipi = Septembre, clans les terres lé=
gères, on seine fort épais , une ou plusieurs pi .m=
ches d ' Oif/non blanc hâtif ou à petites feuilles,
préieraMcment au blanc à grandes fini Iles, au
rouge et au pâte, qui cependant réussissent bien.
Si le teins est sec, on donne quelques arrose*
mers pour fiire gcrnierplus promp'emcr.t la graine :
mais étant levée on ne la mouille plas. lin Oc=
tobre Oii repique à deux ou trois pouces de ciis=
tan e . le jeune plant dont ou laisse une partie
en pépinière pour regarnir en Mars . les pieds qui
auront péri pendant l'Hiver. Dans les fortes ge=
ïées, il es! bon de jetter par dessus, un peu de
litière ou des feuilles d'arbres. On les mouille en
Mars pour les faire grossir*. En May ou Juin on
le- arrache pour les consommer en Été et en
Automne..
2. 'es Oignons qui doivent se consommer pen*
dant l'Hwer se sèment à la fin de F i*riei . dans
l'es terres légères,, et un mois plus tard dans les
terres foi te?.
Les planches de terre légère étant dressées ,
il fan! les marcher à pieds joints sur tonte la
surface; y semer la graine assez épaisse, et her=
ser légèrement avec la fourche. - Si l'on a du ter=
reau, aprè-, avoir, hersé avec la fourche , on passe
légèrement le râ eau pour unir les planches, et
on les couvre également de quelques lignes de
.tu,
3C2 L' A M ! DES J A R D I N I E K t.
Dans les terres fortes il ne faut point marcher
auparavant, mais semer sur le labour grossier,
ensuite marcher et herser avec la fourche-, mais
on ne passe point le râteau; il est nécessaire de
couvrir ensuite de terreau ou de menu fumier
bien consommé. Lorsque la graine est bien levée, on
sarcle le plant, et ensuite on arrose pour raffermir
la terre. On sarclera de nouveau au besoin , mais
si l'on arrose beaucoup, ï Oignon se gardera
moins.
Lorsque le plant est fort et qu'il n'a plus rien
à craindre du mauvais tems, il faut l'éclair cir,
s'il est trop serré, de sorte qu'il y ait entre cha=
que pied, deux à trois pouces de distance. Le
petit plant arraché servira , comme nous le dirons.
Lorsque les oignons sont à peu=prcs à leur
grosseur et que les feuilles ne croissent presque
plus, il faut tordre ou rompre la tige audessus
de l'oignon , surtout dans les terres fortes et hua
mides. Dès qu'elle commence à jaunir on arra=
che tous les pieds à mesure qu'ils mûrissent, et
on laisse pendant 12 à 15 jours les oignons éten*
dus sur le terrein , ou mieux, dans un lieu aire,
mais à couvert de la pluie. On les nettoie ensuite
de terre, de racines et de peaux sèches qui s'e;\
détachent. On les remue de tems en tems pour
les entretenir secs et les empêcher de germer.
Enfin aux approches des fortes gelées on les met
en glanes pour les serrer, ou en tas que l'on
couvre de paille, pour les préserver, quoique la
gelée ne les fasse pas périr, mais parcequ'elle di=
minue de sa qualité.
Légumes ete. 353
3. Le petit plant que l'on a arraché pour
éclaircir les planches peut se repiquer en planches }
ou bien on l'étend fort clair sur terre et on J'y
laisse expose' à l'air et au soleil pendant l'Eté'.
Les feuilles périssent , mais les pieds se forment en
petit Oignon que l'on replante en Novembre ou
en Mars. Il est formé vers la fin de Mai et doit
se consommer avant l'Hiver.
On replante de même tous les petits Oujnons
de la récolte, si l'on n'en a pas besoin pour man-
ger et que l'on veuille jouir plutôt qu'en semant;
mais comme ils monteraient promptemei t en
graine, il faut couper à fleur des dernières feuiU
les , toutes les tiges à mesure qu'elles paraissent.
4 Pour recueillir de bonne graine âJOlg?iony
il faut en Novembre ou Décembre, fchoisir les plus
beaux, surtout ceux qui commencent à. pousser
et qui sont sains et fermes-, les planter à 6 ou 7
pouces de distance et à 2 pouces de profondeur,
dans un terréin sec et bien exposé. Si le ter=
rein est humide , on ne les plantera qu'à la fin de
Février et a fleur de terre. Ils n'auront besoin que
d'être sarclés , et mouillés dans les sécheresses.
Lorsque les tiges approchent de leur hauteur,
il faut les soutenir avec des échalas plantes au-
tour de la planche ou le long des rangs . et y aU
tacher des petites perches en travers ; il faut aus=
si empêcher les tètes de s'appuyer l'une contre
l'autre, pareeque la graine des cotés qui se tous
cheraient, périrait entièrement. La graine étant
mûre on coupe les tiges à un pied ou environ
audessous des tètes, pour pouvoir les lier ensem=
L'ami des Ja r» 3 ni ers.
Me par bottes, les exposer quelques jours au sokit
sur un drap ou dans des >ans pour recevoir les
graines qui se détacheront et qui sont les meiU
leures; les suspendre en lieu sec la tête en liant.
La graine qui restera dans les tètes, s/ conser*
bonne à semer pendant Irois ou quatre ans,
au lieu que celle qui à été vannée sur le champ,
ne dure que deux, années \ dans la seconde elle
est meilleure.
Oseille, Acctosa.
i. Oscille longue , sur elle 3 vinette. C'est la
plus commune dans les potagers.
2. Oseille jaune, vwace. Ce nom de vivace
lui a été donne'; parccqu'elle ne porte pas de
graine et qu'elle ne se multiplie que par ses pieds
i .s. Sa feuille plus ronde que longue est
moins grande et plus douce que la longue.
3. Oscille ronde. Ses feuilles sont quelque^
fois terminées en pointe, et sa tige est basse et
presque rampante.
4. La grande Oscille, ou Oscille vierge.
Cette grande espèce ne pousse que quelques tiges
stériles, ses feuilles ont plus de quinze pouces de
long sur cinq ou six de large. Elle est d'un grand
produit.
1. Depuis le commencement de Mai jusqu'en
Août, on semé en terre bien labourée et ameji*
Mie. la graine et Oseille par rayons peu profon \s,
cm planches ou en bordures. On l'enterre, très
pe.u et on la recouvre à'un demi pouce de tej
reau ou de crotin bien brise'. Le plant n'a besoin
Légumes etc. 365
que d'être bine ou serfoui et èclairci, s'il est
trop serre'. Il vaut mieux semer de la graine à
volée sur un coin de (erre, et lorsque le plant est
assez fort, le repiquer à 10 ou 12 pouces da
distance , suivant la variété.
2. Les Oseilles qui ne produisent point de
graine, et celles qui eu portent, se multiplient
par les oeilletons ou drageons éclatés des pieds
et rèpla itez à 10 ou douze pouces.
On commence à couper l'Oseille six semaines
après quelle a été semée ou plantée, elle dure
10 à 12 ans.
Au mois de Décembre on coupe a fleur de
terre . I Oseille qui a été mise en planches ou en
bordures et on la couvre de terreau ou de crotin.
Au mois de Février il est bon de jetter sur
Les feuilles d'Oseille qui commencent à pousser,
de la paille sèche , pour les défendre de la gelée,
Au mois de Mai et dans les trois suivaus, si
Ton n'a pas besoin des graines , il faut couper
l'Oseille dont on ne veut pas recueillir de la
graine , pour lui faire pousser de jeunes feuilles et
l'empêcher de monter.
Pour avoir de l'Oseille pendant l'Hiver il
faut en planter sur couche, ou avoir des plan-,
ches d'Oseille très étroites, de chaque coté des*
quelles on creuse des tramhées d'un pied au moins
de largeur mu* deux pieds de profondeur, que
l'on remplit de fumier neuf bien mari hé. On re=>
nouvelle ou réehaufe tout les quinze jours jusqu'à
la mi = Janvier. Pendant les neiges et les gele'es
on les couvre de paille ou de ftiuiiçr sec.
J/a.v. i des Jardiniers.
r
Panais, Pastinuca.
1. Panais long. C'est le plus commun dans
les jardins.
1. Panais rond. Celui=ci est plus gros, mais
moins long.
Cette plante potagère se cultive comme la ca-
rotte et dans les mêmes saisons , mais elle soutient
les plus fortes gelées. Au mois de Mars on arrache
un nombre convenable des plus fortes racines et
on les replante entières aussitôt r à 15 ou 1S pout
ces de distance pour donner de la graine vers la
fin d'Août.
Paslisson, voyez Giraumon.
Persil, Apium petroselinmn.
1. Persil commun. C'est celui qui se cultive
ordinairement.
2. Persil de Macédoine. Sa friiillc est d'un
vert plus clair, dentelée plus finement, découpée
plus régulièrement; elle se renverse autour du
pied.
3 Persil frise'. 4. Persil panaché. 5. Pcr=
s'il à grosse racine, etc.
En Mars et Avril . et même pendant tout Je
Priniems et l'Été, on semé à la volée, ou mien*,
en rayons de deux pouces de profondeur, en
plançneâ ou en bordures , la graine de Persil . et
on la recouvre d un demi pouce au plus dé ier=
reau. On serfouit et on mouille le jeune plant
jusqu'à ce qu'il soit fortifié', ensuite on ie i
sans culture j mais on le coupe souvent pour
Légumes etc. 357
lui faire pousser des feuilles nouvelles et tendres.
Pour que la racine grossisse, il faut avant l'Hiver
éclaireir hs plants, porter celui que Ton arrache ,
dans la serre ou dans la cave pour le consommer
pendant cette saison. Les racines résistent au
froid, mais les feuilles périssent dans les fortes
gelées et les neiges, si elles ne sont couvertes
de litière.
Les Persils frisé et panaché étant fort ten=
dres à la gelée, se cultivent peu. Celui à grandes
feuilles est sujet à avorter. Cest le Persil à grosse
racine qui mérite la préférence sur tous les autres.
Le Persil ne monte en graine que la seconde
année , mais en coupant au mois de May les ti=
ges, lorsqu'elles paraissent 5 il continuera à pous=
ser des feuilles et ne donnera de la graine que
la 3me. année.
En Août , lorsque la graine est mûre , on
coupe les tiges , on les expose au soleil sur un
liage qui reçoit la graine , dont la plus grande
partie tombe à mesure qu'elle mûrit.
Pimprenelle, Pimpinella.
On ne cultive que la petite Pimprenelle qui
sert pour les fournitures des salades et autres
usages.
La Pimprenelle peut se multiplier par les
vieux pieds éclatés et repiqués à 8 ou 10 pouces
de distance. Mais il vaut mieux la semer en
planches eu en bordures, au Printems et mieux
en Automne. On éclaircit le plant , on coupe
souvent les feuilles pour en faire pousser de r.ou*
3(SS L'ami des Jardin i^
velles qui soient plus tendres. Pour recueillir Je
la graine, il laut au l'untems, ne point tondre
un certain nombre des pieds \ ils monteront, et
la graine mûrira en Juin. Elle se conserve
deux, ou trois ans.
Poire de terre , ou Topinambour. Voyez,
Pomme de terre.
P o I II e a u , P
orrum.
1. Poireau long. 2. Poireau court. Celui
fait moins de profit, mais résiste mieux aux Jor-
tes gele'es.
Le poireau se sème en Mars , comme Xoirpwn^
et le jeune plant demande les mêmes façons jus»
Qu'à ce qu'il ait environ .3 lignes d'épaisseur. Alors
il fuit labourer et dresser des planches- y tracer
des rayons a six pouces l'un de l'autre:, faire le
le long de ces rayons des trous à la cheville j
profonds de six poui es et éloignés <;e qii
pouces; arracher les Poireaux^ et sans co«
per ni fenil e> j i i racines . eu mettre un
dans chaque trou, sans plomber ni rapprocher
la terre avec le plantoir, mais donner aussitôt
une mouillure abondante quj remplisse les trous
de terre.
Pendant l'Été il faut arroser fréquemment, et
couper deux ou trois fois ks feuilles, afin d'en
faire pousser de r ir lv pied.
Ver.- la fin de Décembre on arrache !e Poi*
reau long, on l'enterré jusqu'aux Feuilles, l'iîh à
coté de l'autre, dajis oc petites U s a ou le
Légumes etc;
couvre de litière dans les grands froids \ il sj
conserve jusqu'en Ma/.
Au mois de Mars on choissit un nombre conve*
tiable des p'iis beaux pieds de Poireau long et.
de Poireau court , que l'on replante à 8 ou 10
Routes de d; tance; 11 . en (ïdiisfc une tige ri fil
trois à cinq pieds de hauteur qu'il ia.nl
Il se forme une tète comme à H0igiïon\ Mrs1 que
les (apsules ou étuis de la g aihe cfririirieiïcèftt a
s'Ouvrir, on coupe et oii soigne les 'Ole? côriimë
Celles de VOïgnfftt\ pour recueillie La graine.
PoirIe, Beta viilgaris,
i.L\ Fuirez ou Bette. ïl sort du coflet dé
sa racine un grand nombre de feuilles îi-
sir- m'entes, longues de S à 12 pouces, sur 4 à.
9 pouces de largeur vers là queue , terminées eu
pointe camuse , d'un verci quelquefois bia:ic-5'
so tenues par des queues blanches , loi
4 à 10 pouces larges, creus- en dedans.
vexes et cannelées êfl dehors, Sa lige ni
fait que la seconde année $ elle- ressemblé ^ ainsi
que la graine, à celle de la betterave ; mâts
ies se conservent bonnes à Semer, peu
b à 10 ans,
2. Poiree ■ i. Cette
et les cotes beaucoi p plus larges, i. sefisijj
ble auK gelées-, Mais elle a \\\\?. s bus variété' nii
peu moins fcencfo^ et d'un verd plus i
supporte mieux l'Hyver
Depuis" ALn:.^ jnsqu'ên Aoa" on peut —,
P.oitréé ëH bordure^ èii pJ
Ti
.'jlTû L'Ami des J a rdin i i: h. 3.
rayons éloignes des S pouce, ou à lu, votée à.
demeure, ou pour repiquer. On la serfouit et on
la mouille au besoin •, on la coupe souvent pour
lui faire pousser de jeunes feuilles qui sont plue
tendres.
Plusieurs Jardiniers ne sèment que de la
Polrc'c à cardes. Ils sèment la blonde en Mars
ou Avril pour servir jusqu'aux gelées ; la demi verte
à la fui de Juin , pour être repiquée en Août à
■S pouces de distance en tout sens ; elle passe
l'Hiver et se consomme en May. 11 7 a des ter=
reins où la blonde soutient bien les gelées en la
couvrant de litière sèche; dans d'autres, la demi
verte même a besoin d'être couverte exactement.
Pois, Pisum.
1 . Pois commun. C'est celui que l'on cultive,
le plus communément dans les jardins et dans les
champs. Il se seine dans une bonne terre neuve ,
depuis le mois de Décembre pour rapporter à la
fin de May, jusqu'à la fin de Mars pour rappor*
ter à h fin de Juin. On peut le semer jusqu'au
15 Août. Il faut le semer épais, car il ne pous-
se qu'une tige. Il est bon et tendre en verty
pourvu qu'il soit cueilli assez tôt.
2. Pois Michaux. Il est précoce , assez gros,
blanc, rond, fort tendre et sucre , en vert-, mais
il ne réussit bien que dans les terres chaudes ,
douces ou sablonneuses et il périt ou devient tari
dif dans les terres froides et humides. Quoiqu'il
ne soit pas de grand rapport, il est cultivé pour
Sa primeur. Dans l'Eté îï faut souvent le moiuilcr
L É g u i»; e s et£ ?r^
le matin. On le pince aux premières fleurs pour
l'avancer.
Le Pois Michaux d' Hollande lui est préfé*
rable. Il est d'un grand rapport et de très bonnâ
qualité, plus hatif de 15 jours : moins haut, et-
par conséquent plus propre pour les châssis. Il
n'a pas besoin d'être étèté ni arrêté.
3. Pois Domine. II. est de meilleur rapport
quels Michaux. Son grain est blanc, aussi gros *
moins rond, et d'aussi bonne qualité. Il est moins
difficile sur le terrein et supporte mieux les teraa
rudes , mais il est moins précoce.
4. Pois Baron. Il est précoce et donne abon*
dament , mais ses cosses sont petites et son grairt
est sans sucre et sans qualité
5. Pois suisse y ou grosse cosse hâtive- Cest
un des plus féconds lorsqu'il est cultivé en bonne
terre. Ses cosses sont grosses, longues, nom*
breuses, bien garnies de grains ronds, de grosseur
médiocre , de couleur jaune tirant sur le verd,
Il se semé dès Décembre pour rapporter lé
premier en pîein champ; et a la fin de Juin pour
fournir dans l'arriére saison. Il n'est bon qu'en
vert. Il faut le semer épais.
6. Pois à la longue cosse. C'est celui qui
produit le plus, surfout dans les terres de htei
diocre qualité où il pousse moins en tige et plti$
eu fleurs que dans les bonnes terres. Gomme il
réussit le mieux dans l'arriére saison , on ne Çoov>
même à ie semer qu'à la mis Avril et on c tfi*
tinue jusqu'en .millet. Sa cosse est très îOiigflg
et contient jusqu'à 14 grains-
 a 2
Z72 L'Ami des Jardisibk».
Il se met promptement et abondament à fruit*
il se sème clair, parecqu'il pousse plusieurs tiges.
7. Pois carre blanc. On seme ce pois de*
puis la iin de Mars jusqu'à la fin de Mai dans
une terre de qualité médiocre •, il s'élève fort haut
et a besoin de grandes rames ^ il produit peu et
est lent à. se mettre à fruit. Il n'est d'usage qu'en
vert, mais il est le plus gros, le plus tendre et
le plus sucré de tous. C'est de ce pois que l'on fait
sécher les grains verdi bien tendres pour l'Hiver.
8. Pois carré verd. Il n'est distingué du pré=
cèdent que par sa couleur verte. Sa culture est
la même. En vert il est inférieur au carié blanc,
mais il est excellent pour les purées. Il ne faut
le renfermer que quand il est bien mûr et bien
sec. Il se sème clair ainsi que le Caire blanc.
L'un et l'autre n'aiment pas les terres grasses.
9. Pois Normand. Il est de même forme et
grosseur que les deux précédens , et il en a la
forme et la couleur ainsi que la qualité.
Ii rapporte médiocrement. Il se sème en bonne
terre depuis la fin de Mars jusques vers la fin
de Juin-, en vert il est tendre, moelleux, peu
inférieur au Carré blanc j comme il a la peau
très une, il rend plus de purée que le carré vert,
et lui est préférable. II ne fait qu'une tige.
10 Pois vert d Anqlcterrc. Ce pois se sème
en toules saisons, s'élève à une assez grande hau=
téurj scs fleurs paraissent depuis le pied jusquà
l'extrémité, elles coulent rarement et sont suivies
de grosses cosses bien garnies de très gros grain?
Légumes etei
d'un vert tirant sur le blanc , d'une forme alon*
gée et presque ovale, très bons en vert et en
purée. Ce pois étant d'un grand produit est une
des espèces le plus à préférer.
11. Pois carre à' cul noir, Cul noir carré.
Ce pois dont le petit creux et noir, a la forme
carrée, la couleur verte et est bon en vert et en
purée. Il a une variété à cul no/'r rond qui n'est
bonne qu'en vert. On sème l'un et l'autre de=
puis la mi = Avril jusqu'au commencement de Juin,
assez épais, parcequil ne font qu'une seule tige.
12. Pois de Clamart. Non = seulement cette
espèce est estimable parce qu'elle est tendre, sucrée
et excellente , mais parce qu'elle est de grand
produit» Ses cosses contiennent jusqu'à 10 ou 12
grains serrés et applatis. Il se sème de bonne
heure même avant l'Hiver , à Clamart près Paris,
13. Pois sans parchemin . Pois Mange=tout\
Celui ci a la cosse tendre, sucrée et elle se mange
comme le grain. On en distingue plusieurs va*
î'iétés qui ne diffèrent que par la hauteur de la
plante, la grandeur des cosses, la couleur de la
fleur , la grosseur , la couleur et la forme du
grain. Les unes ne s'élèvent qu'à 18 pouces ,
les autres à S ou 9 pieds -, tas unes ont la co.-sq
très = petite , d'autres longnes de 4 à 5 pouces
sur 15 à 16 lignes de largeur, etc. Toutes veu=*
lent être semées clair } par ravons distans de 1S
à 18 pouces \ mouillées fréquemment pour attend
drir la cosse. On les sème depuis le mois do.
Mars jusqu'à la fin de May 5 et dans ces 3 mois
il faut en semer tous Us 1$ jours ? parce eue. U
Jf4 L'ami des Jardiniers.
fleur tic ce pois étant très «sensible au tonnerre,
on manque une planche, elle est remplacée
par une autre. On les mange avec leur cosse*
îe grain, quand il n'est pas trop gros, est excel=
lent eu vert 5 en sec, ceux à grains blancs sont
exceliens pour les purées.
1. Les pois veillent une terre neuve non fu=
niée ; on peu: .n senior dans les mêmes places,
au bout de 6 ou 7 ans , à moins qu'on ne mêle
de nouvelle terre avec l'ancienne, en labourant.
\ oyez lea différentes espèces . pour la qualité du
terrein . parce que les unes la veulent médiocre,
^autres bonne.
On sème dans les jardins, le Pois par plan=
fches de. -± r. von- chacune, diitarif d'un pied ou
environ , et profonds de 2 ou 3 pouces. Les jwis
se sèment à 4 ou 5 pouces l'un de l'autre, plus
ou moins ; on les marche et on les recouvre au
râteau, Dans les terres fortes on ne les marche
point.
Lorsque le plant a 5 à 6 pouces de hauteur,
on le sarcle , on le bine et on le rechausse par
un beau teins ; quelques jours après , on plante
les rames plus ou moins longues suivant les va=
j'iétés, les penchant un peu vers le dedans de la
planche et observant de les mettre en dehors des
pois sur les bords des planches.
Il ne faut jamais mettre plusieurs planches de
pois à coté Tune de l'autre , parce que les pois
étant grands se portent trop d'ombre et s'amafc
grUwnt, On peut donc mettre un planche dfl
L F. g ti m e s etei 375
légumes bas entre deux planches de pois-, sur-
tout de ceux qui s'élèvent beaucoup.
Les rames doivent être branchues depuis le
pied jusqu'à la cime, aiin que le pied trouve à
s'accrocher des qu'il a 5 à 6 pouces de hauteur.
On sème des pois en pleine terre jusques vers
la mi = Août.
Dans les planches que l'on destine pour graine,
il faut arracher tous les pieds dégénérés \ on les
reconnaît à leur grosseur, à leur vigueur et à
la rareté de leurs fleurs. Dès que les cosses
jaunissent, ou arrache les pois\ on les expose
au soleil ; ils y achèvent de mûrir et de sécher ;
on les bat ou on les écosse.
2. Pour avoir des pois au commencement de
Mty , il faut au commencement de Décembre,
dans les terres légères, douces, sablonneuses,
et dès la mi=Novembre dans les terres franches,
semer sur des platcbandes exposées au Midi et
abritées, ^cs Pois =jSUc> 'h aux par touffes de 7
à S pois , à un pied l'une de l'autre , ou mieux
assez épais par rayons -, les marcher , en terre
légère , et en terre franche, si elle n'est pas trop
humide :, les recouvrir et répandre par-dessus s
un peu de crotin, de fiente de pigeon, de ter*
reau gras , ou de vieilles boues des rues ou des
chemins fréquentés. Lorsqu'ils sont bien levés,
il est bon de les rechausser encore d'environ un
pouce de quelqu'une de ces matières.
Depuis la fini de Décembre jusqu'à la mU Fé-
vrier ; il faut défendre le plant des fortes gelée?,»
I
Je r ouvrr.nl Hivi'iô v u cçs précautions sont inutiles, et
d'.i,u|i«'D où elles -ont in uiîi an;e;>} le lerrein y
fait aussi beau, oug.
Après h inUFûwién, l'on retire les couver^
tuu's, on serfouit (i l'un rechausse le plant • lors^
qu'il a, 6 à ,7 pouces 'le hauteur on le rame
Mars, pu, Avril on arrosé j s il en est besoin et >
^i l'on veut jouir plutôt, on rogne ou arrête les
vois kAà secoiuie ou troisième fleur.
•
p.n peut avancer \çs pois en planches même,
çn inclinant la surlace au Mi di et formant un
abri, au Nord > avec des, paillassons dressés et
(tenus , ,-is 5 à 6 pieds vie hauteur.
}'l y a d'autres manières de se procurer ries
petits fjois. plus hâtifs que par la nte,
il faut des couches. chaufs au besoin,
nés ■ tes soins nécessaires et gue
détailles a différent articles. . ;■ dois s<
meut observe? que si l'on sème sur couches, il
faut (pi elles soient couvertes «le 10 pouces au
hip tonne terre meuble et franche.
Poivre long, Mapropiper.
$j3 Poiïïc lonçf , À-'oivre ci Inde , de Gumée.%
est une plante étraiu
est devenue commune dans nos jardm|^
L É 6 U il 2 5 ;;'t;. 3lff
Elle se sème, sur couche en Mars, ou plus tard
eu pleine terre , et se replante en Mai en plana
clies ou en pots. Une bonne terre \m peu hu=
mitb et \n\ peu ombragée lui convient, 11 y en
a trois variétés qui se distinguent par la forme
de leurs baies , rondes , larges , ou fort alongées.
Pomme d 'amour , voyez, Tomate,
Pomme de terre, Solarium tuberosum.
La Pomme de terre, qui est originaire de
Virginie, a plusieurs variétés distinguées par la
couleur et la forme des bulbes ou tubercules ,
qui sont longs , irréguliers, jaunes, blancs ,
roi.geàtres , et par leur grosseur.
Les Pommes de terre se plantent à 18 pou*
ces l'une de l'autre, dans des tranchées proton^
des de S Ou 10 pouces. On élève les terres en
a. lus entre les tranchées d'où elles ont été tirées.
Dans le fond de ces tranchées , plantez à 15 ou
13 pouces de distance et à 3 ou 4 de profondeur,
1 ou 2 petites pommes de terre, ou un morceau
des grosses , qui ait deux ou trois bons jeux *,
on plante même avec un plus grand succès les
plus gros tub. -renies ou pommes entières, paivô
qu'elles produisent beaucoup plus.
Cette opération se fait en Mars ou au coma
mencement d'Avril; mais dans les pays froids,
il faut différer jusqu'en Mai. En Juin ou Juillet,
lorsque les tiges sont élevées d'environ un pied,
on les rechausse avec la terre mise sur les ados ,
de sorte que les pommes eu tubercules se trou»
. eji|bnçéês d'un pied a.u moins.
378 L'ami bes Jardiniers.
On peut aussi , dans un terrein bien labouré
et ameubli , creuser des petites fosses de 3 ou 4
pouces, dans chacune desquelles vous placez un
gros ou plusieurs petits tubercules que vous
couvrez de terre au niveau de la surface du ter-
rein. Lorsque les tiges des pommes de terre sont
élevées à un pied ou environ , vous formez autour,
une butte de terre en forme de taupinière, que
vous ameublissez bien. C'est dans cette butte que
les bulbes se multiplieront et grossiront mieux
que de toute autre manière.
À la fin d'Octobre ou au commencement de
Novembre, plus tôt dans les pajs froids, on ar*
raehe toutes les plantes en tirant à soi la tige
avec la main , si c'est une terre sèche et sablon*
neuse , ou mieux avec une fourche ou un cro=»
chet double, à = peu = près comme les crochets à
fumier, si la terre est forte ou humide. On dé*
tache les pommes des racines et on les laisse un
peu ressuier à l'air, après quoi on les place dans
un lieu qui soit à l'abri de la gelée , sans être
trop chaud , pour ne pas les faire germer trop tôt.
Pour conserver les pommes de terre bonnes
à manger jusqu'aux nouvelles , au Printems il faut
casser les tiges à mesure qu'elles poussent et
étendre les pommes dans un lieu sec, tel qu'un
grenier ou galetas.
Poire de terre ou Topinambour. Sa tige
s'élève de 5 à 6 pieds , elle ressemble assez à*
Celle du soleil ou héliotrope. Ses racines, imitant
un peu la poire, sont de forme iircguiièie j elles
Légumes etc. Vt9
poussent en abondance et peuvent donner 5 à 6
boisseaux dans un espace de 6 pieds carres.
On la multiplie et on la cultive comme là
pomme de terre. Son goût est à = peu = près celui
du eu d'artichaut.
Potiron , voyez, Citrouille , Courge.
Pourpier, Portulaca.
1. Pourpier vert. Cette espèce a les feuilles
vertes et assez dures.
2. Pourpier doré. Ses feuilles et ses tiges sont
d'un verd fut jaune.
Depuis le mois de Janvier jusqu'à la fin d'Avril,
on t>ème sur couche assez épais , de la graine
de pourpier verd sans l'enterrer , mais en la
pressant seulement avec la main sur le terreau
pour l'y attacher. Donnez de Fair et du soleil
aussi souvent que possible sans danger , car le
pourpier craint beaucoup le froid. On le coupe
pour les salades, dès qu'il a 2 ou 3 feuilles for-
mées.
Depuis le commencement de May jusqu'en
Automne , on sème du pourpier doré qui est
plus tendre et plus estimé, en pleine terre mru=
bîe ou ameublie avec du sable , du terreau fin
ou des cendres de lessive. On sème la graine
fort clair à la vole'e ; on répand pardessus mi peu
de terreau ou de sable , ou l'on passe Je râteaft
très = légèrement pour l'enterrer un peu j on la
mouille tous les jours jusqu'à ce qu'elle soit le-
vée } et,j quand le pourpier est grand, on arroac
jfeo L'Ami des Jardinier*.
fréquemment en plein Midi , pour l'entretenir
tendre,
Aussitôt que les capsules de la graine com*
inencent à s'ouvrir , il faut arracher les pieds et
les mettre sécher au soleil sur des toiles , pen»
dant quelques jours, en les remuant de tems en
tems j ciiiuite détacher la graine et l'entériner
sèihemenL Elle se conserve bonne à semer
pendant S ans.
Raiponce, Rapunculus.
La Raiponce ne se cultive que pour l'avoir
plus grosse et plus tendre. Sa racine est char*
nue, tendre, blanche, douce et sans odeur.
On sème la graine à la volée , dans le mois
de Juin , en terrein doux et frais \ on y passe
le râteau fin et on couvre de terreau fin ou de
deux lignes de terre meuble et sableuse. On
mouille aussitôt et on continue souvent jusqu'à
ce qu'elle soit levée. On sarcle au besoin et on
arrose dans les sécheresses. Cette plante aime
assez l'ombre et se consomme en Février, Mars
et Avril.
Rave et Radis, Râpa sauva.
ha Rave a la racine unie , droite , ferme ou
cassante , pleine d'eau d'un goût fort et piquant,
plus ou moins grosse, longue et teinte de ronge,
suivant sa variété'.
La racine du radis a le goût plus fort , la
consistance plus ferme , et la forme approchant
de celle du navet \ sa feuille est d'un vçit \Aus
Légumes, etc. 331
clair, ses petites fouilles sont moindres en nom#
bre et en étendue et plus couchées.
1. Grosse Rave. Sa racine a jusqu'à 8 pouces
de longueur sur 9 ou 10 lignes d'épaisseur , ellô
est d'un goût fort et piquant.
2. Rave commune. Elle est de médiocres
grosseur et qualité. Elle se sème en pleine terre
au Printems et en Automne. Elle est bieii teinte
de rouge.
3. Rave hâtive. Ceîîe=ci est très=petite, mais
fort tendre, douce, d'un beau rouge et se forme
en peu de tems. Dès qu'elle a 4 ou 5 feuilles ,
elle est bonne à manger •, elle, peut s'élever sur
couche dans la plus rude saison.
4. Rave, saumonée, Elle est moins hâtive que
la précédente j de la même grosseur que la rave
commune •, de couleur de chair de saumon , forfc
claire, transparente et agréable à la vue.
1. Petit Radis blanc et rond. Radis de tous
tes mois , Radis blanc hâtif. Sa racine est
ronde , de 7 à 8 lignes de grosseur , terminée!
par une queue fort menue. Sa peau est blanche.
Il est tendre , délicat , d'une eau fort douce ^
quoique d'un goût bien marqué. Il est très=hà*
tif et réussit bien sur couche pendant l'Hiver, et
au Printems en terre meuble et fraîche. Il veut
être arrosé souvent.
2. Petit Radis rouge hâtif. Sa couleur très
foncée le distingue du précédent*, souvent l'inté=
rieur en est teint entièrement, ou veiné. Il réus-
sit bien sur couche.
L' AMI BEi JARDINIERS.
3. Petit Radis blanc et long. Il est moine
gros, mais plus long que les 2 précédens; son
coût est un peu plus piquant; il est moins tenV
dre et moins hâtif ; réussit bien sur couche pen=
dant l'Hiver, et en pleine terre dans les autres
saisons , pourvu qu'il soit bien arrosé dans les
chaleurs.
4. Petit Radis gris. Sa grosseur est la môme
que celle du précédent ; il est moins long ; son
coût est plus relevé ; il réussit bien en pleine
terre, même en Été, en arrosant souvent.
5. Petit Radis noir. Il est moins tendre et
plus sec que les 2 précédens , nuis il leur est
préféré en Été et en Automne , à cau
Manière de construire solidement et à peu de
frais , les Bassins , les Jiescruoirs , et les
Citernes.
Di l'on manque- de sources d'eau dans son,
terrein, on qu'on ne puisse la distribuer conj-
modément dans ses différentes parues , il est ab=
solument nécessaire dy construire des bassins?
tant pour pouvoir y puiser l'cair à portée des
carres , que pour l'y laisser reposer et échauffer,
afin de la rendre plus propre aux arrbtCmens ;
car toute eau froide, ou sortant de source, est
pernicieuse aux plantes , et , si Ton n'en a pas
d'autre, pour le moment, il faut la dégourdir, eu
y mêlant un peu d'eau chaude, dans chaque ar=
îoaoir, avec un peu de salpêtre fondu dans l'eau,
en la faisant chauffer. Celte petite précaution
produit un merveilleux effet, mais serait impra=
ticable pour un jardin spacieux où il faut chaque,
jour 2 à 300 arrosoirs.
Je suppose donc que "l'on ait à construire urç
bassin , une citerne ou tout autre réservoir , pour
contenir l'eau des pluie:,, ou celle que l'on tire
d'un puits, pour la laisser reposer et échauffer ,,
et avoir une provision prête,
1. Commencez par creuser l'emplacement, de
3 pieds de largeur , et d'un pied de profondeur
de plus que l'étendue intérieure que doit avoir le
bassin ou la citerne. Assurez vous de la solidité
du fond, afin que les murs que vous construirez
dessus ; soient ioiidçmeut établis. Si le ibiid ii'çôH
L' a m i des Jardiniers.
pas solide, vous le creuserez davantage, et vous
y placerez de bons matériaux} ou sans le creu*
scr davantage, vous y poserez une grille de bon
bois de chêne, faite avec des membrures, ou
plateaux, de S à 10 pouces de largeur .sur i pr>u=
ces, au moins, d'épaisseur', sur laquelle vous
ouç/moerez le i'ond du bassin dans toute son
étendue.
2. Le fond étant solidement établi , vous éle*
yerez dessus, contre [es terres du pourtour, le
mur de douve d'un pied et demi d'épaisseur , eu
■ Pt exactement la forme que vous voulez
donner au = dedans du èqssin, jusqu'au niveau
des terres.
3. La (iaiscm de votre maçonnerie se fera avec
du mortier cfe bonne chaux et sable ordinaire-,
pu a i glaise, ou terre grasse bien cov-
rou'c, de manière que tous les joints soient par*
nent remplis ; c'est ce que l'on pomme : à
bain de moi;
4. Il faut que l'extérieur des pierres . en ('•. =
d\\ bassin^ soit raboteux , o\[ grossièrement
picruc!, afin <: per ou retenir le ciment ou
.)i'>>,iC , dont je vais pai 1er, pareeque ce sera
cet c ■ d u i t qui contienàVa parfaitement l'eau.
5. Lz pourtour de vôtre bassin , etc. étant
t el p,a.r conséquent la carsasse étant 1er**
mince, il ne s'agit plus que de la revêtir d'unfl
ne ou épai seur d'un pouce tic ciment, pour
lidre impénétrable à leau, qui doit s'j c
-•-:,ic:;t.
CoxsTiUTT.'ov de.î Bassin» , etc. Z91
Are/, une provision proportionnée à la gratis
dcur de votre pièce d'eau . de chaux vive sor=
tant du fourneau, ou conservée en lieu sec. dans
des tonneaux bien Penhéf, de manière que celte
chaux n'ait rien perdu de sa force , et ne soit
point éventée. Faites en piler , ou mettre en
poudre, comme le gypse pour les plafonds et les
enduits, une certaine quantité', à=peu=près suflî?
santé pour occuper deux maçons pendant un jour,
6 Préparez du mortier de chaxix éteinte et
de sable de rivicrç, ou autre bien, lave et pur,
un peu plus clair que le mortier ordinaire. Lors-
qu'< u peut avoir de îa poxxalane , qui est une
e de sable lire des Volcans d'Italie^ c'est
la meilleure matière que l'on puisse prendre pour
cette opération, ,
À défaut de bon saftle et de pozzo!a?ic, on
se servira de tuile priée et passée au crible fin-
7. Ce mortier éjant préparé, mettez en 4 par^
tics égales dans un augel de maçon, contenant
6 à 7 de ces parties.
S. Mettez sur ces 4 parties , une cinquième
de vôtre chaux vive mise en poudre, et gâchezj
sur « le = champ et proniplement le tout ensemble?
pour le mélanger parfaitement.
9- Il faut enduire aussitôt, avec ce méïanp-e-
\ intérieur de votre, bassin, ôju pièce d'eau , eij,
commençant par le tour, et unissant bien avec
la truelle, faisant croiser chaque reprise l'une sur-
l'autre, de minière qu'il n'y paraisse aucun joint,
comme quand on veut enduire un mur d'aénar=
tenient, ou yai nlafontd^
Ifi L'ami des Jardiniers.
10. Lorsqu'une augée sera emploiée , recom-
mencez en une autre, et ainsi successivement,
jusqu'à ce que toute la superficie intérieure de
la pièce d'eau soit terminée.
il. L'essentiel de cette opération est que la
poudre de chaux «vive soit emploiée à enduire,
au moment où elle fermente dans le mortier où
elle vient d'être mélangée , afin qu'elle en boive
toute l'humidité et l'empêche par^ià de faire aiu
cime gerçure.
C'est aussi pour cette raison , qu'il faut passer
et, repasser souvent la truelle sur tout l'enduit,
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus à craindre qu'il s'y
forme aucune crevasse.
12. Laissez sécher cet enduit à l'air, mais à
J'ombre , et alors passez y une couche d"hui!e
la plus commune , et il sera en état de recevoir
l'eau et de résister à la gelée.
On peut faire , avec ce ciment , des marches
d'escaliers , ou perrons , dont le massif sera en
simple moilon sur lequel on appliquera une cou=
che d'un pouce d'épaisseur bien dressée à la truelle
et à la règle } comme on fait pour le gypse.
On peut aussi en couvrir des terrasses , sur
tonte la superficie , de manière qu'il n'y paraisse
aucun joint, et les eaux des pluies s'écouleront;
bien mieux que sur les dalles de pierre dont on
les couvre ordinairement.
Lorsqu'on a quelques tuiaux de terre à sou*
çler ensemble pour conduire l'eau un peu loin,
voici mi mastic excellent Pour cela ;
Construction des Bassins , etc. 393
Prenez deux parties de poix = résine,
Deux parties de poix noire 9
Une partie de cire jaune ,
Une partie de soufre en poudre.
Mettez le tout sur le feu dans un vaisseau de
fer ou de terre ; lorsqu'il sera bien fondu , mèkz,
y de la brique pilce et de la limaille de fer, jus-
qu'à ce que ce mélange soit fort épais.
Versez le tout sur un pavé mouillé , pour en
faire un gâteau ou masse, dont vous vous servirez
au besoin.
Avant de souder vos tuiaux , il faut bien sè~
cher, avec de la braise allumée, les bouts qui
doivent être unis. Vous faites chauffer le mastic ,
vous l'appliquez tout chaud à l'entour des joints
des tuiaux , et vous le soudez avec un fer chaud,
comme font les Vitriers , ou les Plombiers.
Un auge de pierre cassé, peut se rétablir pars
faitement avec ce mastic , en faisant bien sécher-
l?s cassures , avant de rien appliquer.
On soude de même les robinets et autres
Vistrumens qui servent aux conduites d'eau.
39i L'ami des Jardiniers.
Instructions et Observations additionnelles.
,/Yprès l'impression de ce volume . en parcou.
rant Je Traite de la culture des arbres fruitiers ,
traduit de l'anglais de Forsyth par J. P. Pietefc
Mollet de Genève j j'ai remarqué quelques articles
assez intéressans pour en faire part à mes lic-
teurs , en les insérant dans mon ouvrage , avec
quelques additions.
Art. I.
Composition pour gue'ïjr les Plaies, Meurtris»
pires ou autres accidens qui peuvent survenir
aux arbres ; et pour les rétablir , lorsqu'ils sont
attaquée du chancre.
K Prenez un boisseau de bouse de vache, un
demi boisseau de plâtres de vieux bâtitnèns (celui
des plafonds des chambres est le meilleur) . un
demi boisseau de centres de bois, et la seizième
partie d'un boisseau de sable de rivière, ou autre.
On doit tamisée ces trois derniers objets avant
de les mélanger Ou travaille ensuite bien !e tout
avec une spatule de bois, jusqu'à ce qu'il soit
parfaitement uni. On peut employer cette c< m*
position en forme d'emplâtre , mais il est plus
avantageux d'en faire usage sous une forme plus
liquide 5 parce qu'elle adhère plus fortement à
re, et maigre cela, permet à lïcorce de
croître. On la délaie donc avec de l'urine et de
l'eau de savon, jusqu'à ce qu'elle soit de la con-j
Additions. 395
t
sistance d'une peinture un peu épaisse. On a soin
de rendre la coupure ou blessure bien unie avec
quelque instrument tranchant , on arrondit les
bords de lécorce, on les rend aussi minces que
possible , et on applique dessus la composition
avec un pinceau. On prend alors une certaine
quantité de poiulre sèche composée de cendres
de bois mêlées avec une sixième partie de een=
dres dos brûlés ; on la met dans Ulie boite qui
ait des trous à son sommet, et on secoue cette
poudre sur la surface de la composition, jusqu'à
ce que le tout en soit couvert -, on la laisse ainsi
pendant une demi heure pour qu'elle absorbe
l'humidité ; on remet ensuite davantage de pou=
dre ; on la bat légèrement avec la main 7 et on
répète l'application de la poudre, jusqu'à ce que
l'emplâtre devienne une surface sèche et unie.
Toutes les fois que l'on étetera un arbre un
peu considérable près du terrein , après que l'on
aura rendu sa surface parfaitement unie, et qu'on
l'aura recouverte de la composition, on la sau=r
poudrera avec de la même poudre que la préeé=
dente, à laquelle on aura mêlé une quantité égaie
de poudre d'albâtre , ann de la rendre pins pro-
pre à résister au suintement des arbres et aux
grosses pluies.
Si l'on garde de cette composition pour d'au*-
très tnomens , il faut la conserver dans un vase
avec de l'urine par= dessus.
Quand on ne peut se procurer des plâtres de
vieux bâtimens , on prend de la craie pilée , ou
de la chaux, commune qui ail clé éteinte au moin?
depuis un moia,
396 Additions.
Lorsque l'accroissement du bois élèvera les
bords de la composition près de l'écorcc, on aura,
soin de frotter dessus avec le doigt , pour que
l'emplâtre se conserve en entier et empêche l'air
et l'humidité d'entrer dans la blessure. Cela se
fait mieux après une pluie , ou bien il faut
mouiller l'emplâtre.
Pour prévenir les chancres , il est bon d'.ip=r
pliquer cette composition par = tout où l'on a fait
une taille un peu considérable. u
Mr. Forsyth prétend que cette composition
rétablit parfaitement les vieux arbres, tant fruitiers
que forestiers , rongés par le chancre , en cou»
pant avec soin toute l'écorce et le bois malade ,
en un mot toutes les parties gâtées et co>rom=
pues, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune trace
de chancre, en couvrant de composition les parties
saines, ou le bois dur, après les avoir bien unies.
Il assure que par ce moyen , les arbres les
plus vieux et les plus détériorés ont repris nn&
nouvelle vigueur, et que la composition a fait
sur eux le même effet qu'une couche de fumier
produit sur le terrein.
On me permettra de douter d'un succès aussi
miraculeux. Je conçois qu'un arbre sain et vigou-
reux auparavant, peut être guéri de ses blessures,
©u du chancre, avec cette composition, qni n'est
autre chose que l'onguent de St. Fiacre, (dont
je parle en plusieurs endroits de ma première par»
tie) perfectionné § mais qu'elle rajeunisse un ar^
bre dont iage a fixé la durée, c'est comme si
Mr. Forsyth m'assurait qu'il redonnera sa pre=
imère vigueur à un vieillard de 100 ans.
Additions 397
Art. II.
M. Forsyth conseille d'arroser annuellement
les arbres , dans le mois de Février ou de Mars ,
avec un mélange de bouse de vache, d'urine et
d'eau de savon , qui détruira les oeufs des Insec=
tes j empêchera la mousse et les lichens de croîs
tre sur le tronc et les branches, et servira à
maintenir l'écorce belle et saine. En répétant cette
opération en Automne , on détruira les oeufs d'une
grande quantité d'Insectes qui cclosent en Autom=
ne et en Hiver.
Il n'y a rien de plus salutaire aux arbres, surtout
aux espaliers , que de les arroser dans les gran=
des sécheresses, avec une pompe à brouette, ou
avec une grosse seringue dC bois, de fer- blanc,
ou de toute autre matière solide, en y adaptant
une canule de cuir que Ton serre avec le pouce
et l'index en arrosant . pour écarter l'eau et la
faire tomber eii pluie fine sur les arbres. Cette
opération les nettoie, les rafraîchit et les délivre
de tous les insectes dont ils peuvent être attaqués.
Elle doit se faire sur les 5 à 6 heures dii soir, et
non quand le soleil donne sur les arbres.
Il est bon aussi, et quelquefois nécessaire, d'ar=
roser les arbres au pied, dans les tems secs, en
creusant un large bassin autour de chaque arbre,
ou en taisant avec du terreau , un rebord le long:
de la platebande. Apres avoir donné un bon arro=
sèment, on couvrira la plate=bande de fumier bien!
pourri, ou de feuilles, ce qui maintiendra les ra=4
cines des arbres humides et empêchera le terreii*
de se crevasser.
Additions.
A R T. I I I.
J'ai oublie de dire que pour avoir de beaux
fruits et ménager ses arbres, il faut éelairehles
fruits lorsqu'ils sont trop épais. Celte opération
ic f'tit lorsqu'ils sont noués et qu'ils commencent
à grossir. On en laisse une quantité proportion*
îk e à la grandeur et à la vigueur de l'arbre; on
a soin dé laisser ceux qui restent, placés le plus
régulièrement qu'il est possible, et assez écartes
les uns des autres pour qu'ils puissent prendre
leur accroissement sans se toucher.
Art. IV.
Pour nettoier les arbres de moussé comme il
faut et avec facilité , on doit 1.* s'y prendre avant
que la sève soit en mouvement;, et au moment
de la taille. 2. C'est par un tems humide qu'elle
se détache facilement et, pour ainsi dire, d'elle
même. 3. Si le tems est trop sec, mouillez le soir,
les parties mousseuses , et le lendemain matin dé=
tachez la plus grosse, en la raclant avec un mof*
peau de bois dur, concave et tranchant. 4. Vous
terminerez l'opération en frottant le tronc et les
branches mousseuses, avec un morceau de grosse
toile neuve, ou mieux, avec une brosse rude
trempée dans \m baquet d'eau où l'on aura délaie
de la bouse de vache et du savon noir.
l'oyez pour les vieilles ccorccs , page i>
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