H >—t C/5 W > Û < > < X >i I f ^ g o 1-1 :0 O CS3 ;s ■à H c OD H C Kbi H c^^) ■BBClI i^ = O Q O O 0 s k 0 fjQflj ta W t3 . ^ Hnuf S ^ .^».-.v^' ..:->î^<'. •Vf -J^- -r^:\" ■. ^^^^-^ — ^ '^; /<^ >^. .^A-^^^cy ;^^2r?é.^ ^^^^y^''^' ^ ^s LA PÊCHE ET LES POISSONS • »•^*-■ ^ ♦^. >: (.bliBtlL, lïP. ET SîÉn. DE tRÉlÉ. LA PÈCHE ET LES POISSONS NOUVEAU DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DES PÊCHES rUBLIK sous LES AUSPICES de LL. EE. MM. le Ministre de la Marine et des Colonies, le Ministre du Commerce et de rAgricnlture et le Ministre de l'Instruction publique PAK H. DE LA BLANCHÈRE Aiicieîi élevé de l Lcole impériale forestière, président et membre de plusieurs Sociétés savantes, etc. pnÉcÉDÉ d'une préface PAR Aug. DUMÉRIL PROFESSEUR d'ICHTHÏOLOOIE AU MUSÉUM d'hiSTOIHE NATURELLE 1100 ILLUSTRATIONS DESSINÉES ET COLORIÉES PAR A. MESNEL d'après les PUOTOGRAPHIES FAITES SUR NATURE PAR L AUTEUR PARIS LIBRAIRIE DE Cil. DELAGRAVE ET C" 78, RUE DES ÉCOLES; 78 ^'1868 QUELQUES MOTS D'AVANT-PROPOS Observer, c'est apprendre. « La Pescherie n'est point une petite industrie, ne simple et grossière. » Amyot, Plutarque. Ce qui constitue le vrai pêcheur, ce qui fait de la pêche un art véritable, ce n'est pas tant le plus ou moins de perfection des instruments et des filets, ce n'est point la lecture des livres didactiques, c'est tout simplement l'étude de la nature. R. DE Saviony. Plus on pèche, plus on voit que toute affirma- tion, tout axiome, toute théorie trop rigoureuse dans les principes de la pêche à la ligne, sont absurdes. BÉGUIN. Les richesses de la chasse ne sont rien, si nous les comparons à celles de la pêche en général. La chasse, comme la pêche sa sœur, dérive du besoin de nourriture quotidienne, de l'instinct de conservation que la nature a mis en l'homme comme en tous les êtres vivants. La chasse tend malheureusement à disparaître si vite des contrées civilisées, qu'elle s'y transforme bientôt en un simple divertissement, tandis que la pêche, surtout la grande pêche des nations maritimes, devra devenir et deviendra for- cément un jour une source de revenus de plus en plus impor- tante. En effet, il est indispensable au bien-être, au perfectionnement de l'humanité, que le domaine de la nature entière soit exploité VT AVANT-PROPOS partout et sans relâche dans toute son étendue avec la plus grande économie possible, et que le moindre des produits utilisables soit utilisé. Si l'on pense à l'accumulation fatale des générations sans cesse croissantes sur une surface inextensible, on arrive à s'effrayer de l'avenir et à se demander anxieusement comment un jour cette terre, dont la fécondité est si limitée, pourra fournir le vivre aux hommes pressés à sa surface? Il est donc prudent de proclamer dès aujourd'hui, pendant que nous avons autour de nous encore un peu déplace libre, que l'homme ne doit négliger aucune des ressources que la nature a placées à sa portée. 11 faut, dès aujourd'hui, que nos enfants s'habituent à ces considérations économiques, et qu'ils apprennent à compter de près et à tirer parti de tout. Or, si nous portons nos regards sur l'Océan, sur ce domaine des eaux qui nous entoure et dont les mille ramifications couvrent le monde solide, nous sommes amenés à considérer l'eau comme une autre atmosphère plus dense que celle que nous respirons , et à reconnaître de suite que bien plus de terrains sont soumis au régime de l'eau qu'au régime de l'air. Si les derniers ont leur culture, les premiers doivent l'avoir aussi ; or, la culture de l'eau, c'est, comme sur terre, l'ensemencement et la récolle : c'est la piscifacture et c'est la pêche. C'est la pêche, sur- tout, qui, s'étendant sur une surface trois ou quatre fois plus vaste que la terre solide, devrait avoir une importance autant de fois plus considérable. Or, le contraire saute aux yeux. A quoi tient un pa- reil état de choses? Évidemment à ce que l'homme ne peut que flotter à la surface de ces champs liquides, sans en sonder les profondeurs. A ce que l'immense végétation marine, créée pour l'organisme particulier qui habite autour d'elle, ne s'adapte que difficilement aux besoins de l'homme. Et cependant, proclamons-le hardiment : la mer doit, un jour, nourrir la terre !... C'est pour cela, par une prédisposition merveilleuse, et avec une infatigable prodigalité, que dans ces champs liquides et à des AVANT- PROPOS. VI! profondeurs inabordables, la nature travaille sans cesse pour l'homme. Grâce à sa bienveillance féconde, les poissons et aulres animaux de l'onde naissent, croissent et multiplient sans relâche d'une manière si prodigieuse que nous sommes obligés de nous in- cliner devant ces migrations, ces apparitions, ces envahissements dont le nombre et la loi sublime nous sont inconnus. Constatons en même temps que la végétation presque com- plète de la mer, des ^fleuves et des lacs, ne nous offre que peu de plantes elde productions utilisables directement à nos besoins, mais que le nombre encore restreint de celles qui s'appliquent, par transformation, aux nécessités de notre civilisation augmente chaque jour avec les progrès de la science. Nous sommes donc ame- nés à considérer les poissons, jusqu'à présent, comme la vraie récolte que nous ofTre leau. Mais cette récolte pousse sauvage, inculte, au hasard, si l'on peut se servir de ce mot pour indiquer l'ensemble des lois inconnues qui dirigent la production et la des- truction de ces êtres. L'homme cependant, doué sur la terre d'une faculté perfectible dont il n'entrevoit pas encore le terme, doit comprendre, dès maintenant, le dommage que lui cause cet état de délaissement non justifié, et nous voyons, en ces temps-ci, de faibles mais pré- cieux efforts faits dans la voie de reproduction artificielle et d'ac- climatation des poissons utiles. Sans doute , ces efforts de la science humaine sont encore peu accentués, mais il faut en con- stater la naissance, parce que leur apparition marque pour l'hu- manité le besoin de cultiver le domaine aquatique. Nous ne devons pas omettre le souvenir des essais gastronomiques des riches Romains, quoique ce premier pas compte peu pour nous, car l'idée philosophique et générale du perfectionnement de l'huma- nité n'en était pas le mobile. Nous venons de dire que les poissons vivaient libres et sauvages dans les eaux ; c'est la cause des différents modes de pêche, adaptés à leurs instincts, à leur genre de vie, à leurs habitations, etc. Sans VIII AVANT-PROPOS. vouloir nous appesantir ici sur les grandes pêches maritimes qui forment les marins cl les navigateurs des nations, et dont l'étude remplira la seconde partie de cet ouvrage, nous pouvons remar- quer que la pèche la plus ancienne de toutes, et celle qui réussit partout et en tous temps, est la pêche à la ligne. Faite en mer sur une grande échelle, c'est elle qui fournit nos tables des poissons les plus recherchés, parce que les filets ne les peuvent enlever des endroits où ils habitent ; c'est elle qui nous apporte toutes les espèces fraîches, non oyées, et assez bien conser- vées pour subir les transports à l'intérieur, où ces produits viennent varier la nourriture des hommes et concourir à la santé et au bien-être de la population. La France, il faut le dire, est plus en arrière que les nations du Nord dans tout ce qui tient à la grande comme à la petite pêche. Qu'elle délaisse les grandes expéditions, c'est une question poli- tique qui ne nous regarde point ; — elle les a délaissées longtemps : maintenant elle les encourage, c'est bon, c'est mieux; — mais ce qui est déplorable, c'est devoir les pêches du littoral négligées et con- duites sans ordre et sans les ménagements nécessaires. Les popu- lations maritimes, au lieu de s'occuper nettement et avec zèle de ces récoltes, semblent se complaire à une incurie, à un laisser aller déplorable. Les méthodes sont encore ce qu'elles étaient il y a cent ans, il y a mille ans; cependant la science a marché, les perfectionnements ont surgi Rien n'a pénétré là où devait arriver le progrès ! C'est pourquoi ce livre est fait. Il est fait pour essayer d'amener le progrès dans les méthodes de la pêche à la ligne et aux filets employées sur les côtes de la mer et sur celles des rivières de notre pays. Nous avons, en ces matières, à recevoir un assez grand nombre de leçons des peuples voisins ; il nous sera surtout bon d'apprendre que jeter le ridicule sur le pêcheur est un fait aussi inepte, aussi maladroit que de le verser sur le laboureur. L'un fait produire AVANT-PROPOS. IX les mers, raulre la terre : en quoi valent-ils mieux ou moins l'un que l'autre ? Arrière donc les sottes pointes des loustics de nos petites villes, foulons aux pieds le ridicule quand la cause que nous soutenons est sainte! Péchons, hommes de cœur 1... Péchons !.. avec soin, talent, science, même à la ligne... car nous suivons ainsi la grande marche des temps modernes, le perfectionnement de l'humanité! PREFACE <( Il serait superflu de s'étendre beaucoup sur l'utilité du travail que nous entreprenons, » disait, en 1 769, Duhamel du Monceau dans Y Intro- duction de son Traité des pêches. « Tout le monde sait, ajoute-t-il, que la pêche occupe et fait subsister un grand nombre d'hommes robustes et utiles à l'État. » Trente ans plus tard, en 1798, Lacépède a exprimé une pensée ana- logue dans le Discours qui ouvre le tome I de son Histoire naturelle des poissons, quand il a dit, en parlant de ces animaux et des avantages que la pêche procure : « Diversité de familles, grand nombre d'espèces, pro- digieuse fécondité des individus, facile multiplication sous tous les climats, utilité variée de toutes les parties, dans quelle classe rencon- trerions-nous et tous ces titres à l'attention, et une nourriture plus abondante pour l'homme, et une ressource moins destructive des autres ressources, et une matière plus réclamée par l'industrie, et des prépa- rations plus répandues par le commerce? Quels sont les animaux dont la recherche peut employer tant de bras utiles, accoutumer de si bonne heure à braver la violence des tempêtes, produire tant d'habiles et in- trépides navigateurs, et créer ainsi pour une grande nation les éléments de sa force pendant la guerre et de sa prospérité pendant la paix ? » On pourrait facilement citer d'autres témoignages en faveur de l'utilité des pêches non-seulement à l'époque actuelle, mais aux époques les plus reculées, car rien de ce qui a trait à celles des anciens et du moyen XII PRÉFACE. âge n'a été omis dans le tome I du bel ouvrage de Noël de la Morinière. Ses nombreux manuscrits déposés à la bibliothèque du Muséum d'his- toire naturelle fournissent la preuve que si la publication de \ Histoire générale des pêches anciennes et modernes dans les mers et dans les fleuves des deux continents n'avait été interrompue par la mort de l'auteur, nous posséderions un traité précieux sur ce que l'on a nommé l'agriculture des eaux et plus exactement encore l'aquiculture. Aujourd'hui oti tout ce qui se rattache au développement de cette industrie est étudié avec ardeur, il était convenable, après un siècle écoulé depuis le commen- cement de la grande publication de Duhamel, de reprendre un sujet autour duquel sont venus se grouper tant de matériaux nouveaux. Les tentatives de repeuplement des eaux par l'établissement de frayères ou par les procédés des fécondations artificielles, la multiplica- tion, sur un grand nombre de points, des moyens de rendre accessibles aux poissons anadromes, et particulièrement aux Saumons, les rivières dont ils ne pouvaient, sans le secours des échelles, franchir les embou- chures ; enfin, les efforts récents du gouvernement pour favoriser les pêches et leur rendre leur ancienne prospérité : voilà quelques-unes des innovations dont il était indispensable de tenir compte. A côté de ces grandes questions viennent se placer toutes celles qui se rapportent à ce qu'on peut appeler l'art du pêcheur. Les hommes qui le pratiquent et y sont devenus habiles verront, par les nombreux documents que contient le présent ouvrage, combien l'auteur est versé dans la connaissance de cet art, et ils y trouveront plus d'un enseignement nouveau. A ceux qui y sont encore novices, le dic- tionnaire fournira des renseignements précis et complets sur les nom- breuses armes inventées pour faciliter la victoire dans la guerre acharnée faite aux habitants des eaux. Ainsi, aux articles concernant les filets en général, et les différentes sortes de filets en particulier, soit les plus simples, tels que l'épuisette ou l'échiquier, soit les plus compliqués et les plus savamment disposés, comme les madragues, aucun de ces instruments, sous quelque nom qu'on les désigne, ne paraît avoir été omis. Toute l'histoire de la pêche à la ligne, où le succès ne s'obtient qu'à force d'habileté, se trouve dans une série de paragraphes qui, si on les PREFACE. XIII range dans un ordre méthodique, traitent d'abord de l'instrument. Il s'agit, en premier lieu, despe?'ches, des cannes à pêche si différentes les unes des autres, puis des ligjies^ c'est-à-dire des fils destinés à supporter l'hameçon dont le volume ou le numéro^ suivant l'expression technique, et dont la forme, ainsi que celle du dard qui le termine, offrent tant de variétés essentielles à connaître, puisque toute la pêche, selon l'un des aphorismes du praticien, est dans le choix de l'hameçon. V empilage, c'est-à-dire la manière de le fixer à Vavaticée, exige les soins les plus minutieux. Enfin, la flotte est employée sous des modèles si divers, que l'auteur craint, malgré les détails où il est entré, soit à l'occasion de ce mot, soit en parlant du bouchon, d'en avoir laissé échapper quelques-uns dans son énumération. L'instrument prêt à fonctionner doit être armé. On doit faire un choix judicieux, selon la pêche à laquelle on veut se livrer, et suivant la saison, soit des pâtes, soit des a?norces ou appâts, dits aussi esches, dont Y emploi est longuement expliqué. La manière d enferrer les esches réclame toute l'attention du pêcheur. Comment se servira-t-il d'une arme ainsi préparée? Pêchera-t-il à la canne fixe, ou jettera-t-il la ligne de manière à fouetter ; la lancera-t-il à grande volée, ou pêchera- t-il dMjMsser, comme on le fait surtout dans les chutes rapides, ou bien, emploiera-t-il la ligne courante, la ligne dormante ou. la ligne à grelots? La convenance de tel ou tel de ces procédés, les avantages ou l'incon- vénient que chacun d'eux présente, sont sagement discutés. A cette pêche veut-on substituer celle si animée et si préconisée par les Anglais? On trouvera exposé aux mots Mouches artificielles, Papillons et Pêche à la mouche naturelle, tout ce qu'il importe de savoir sur un sujet qui n'a point paru à l'illustre chimiste Humphry Davy indigne d'oc- cuper les rares loisirs que ses nombreuses occupations lui laissaient et qu'il a consacrés à la rédaction d'un livre sur la pêche du Saumon [Salmonia), plein de faits intéressants et pour le naturaliste et pour le pêcheur. Que de déceptions sont réservées à celui-là même qui est le mieux outillé, s'il ignore la manière dont le poisson, soit dans l'eau douce, soit à la mer, se jette sur l'appât ! On se convaincra de l'utilité de notions précises à cet égard, en étudiant l'article consacré à la description de l'attaque des poissons. Là, se dévoilent les ruses nombreuses et variées XIV PREFACE. des habitants des eaux qu'il faut encore savoir déjouer quand il s'agit de noyer le poisson qui, après s'être enferré, cherche à se dégager. Toutes les espèces d'ailleurs ne se pèchent pas à la même saison, et au mot Calendrier sont réunies les indications nécessaires sur les moments de l'année et sur les heures du jour où, pour ne pas éprouver trop d'insuccès, il convient de tenter les hasards du combat. En outre, on doit bien constater Y aspect des eaux^ c'est-à-dire en son- der la profondeur, en étudier le courant et savoir sur quel fond elles roulent, pour en connaître, par avance, jusqu'à un certain pas, la population, et, par conséquent, dans une localité oii l'on n'a pas encore eu l'occasion de lancer sa ligne, dresser en vue du succès, sur son carnet d'étude^ un tableau dont l'auteur donne un modèle et où sont inscrites, en regard de points de repère fixes, les indications dont il s'agit. Les détails qui précèdent suffisent pour montrer, sous un point de vue spécial, les secours que l'on a tirés de la lecture des articles dont je viens de donner les titres. Je ne puis pas, en raison même des limites étroites de cette préface, pousser plus loin l'analyse de la portion du livre consacrée à l'examen des questions pratiques. L'auteur, d'ailleurs, n'a pas envisagé son sujet, sous un seul aspect. Obligé, presque à chaque page, de citer des noms de poissons , il a trouvé utile, et avec juste raison , de faire connaître les animaux dont il avait sans cesse à parler. Abordant ainsi l'histoire des pêches par son côté scientifique, il ne pouvait pas négliger les détails principaux sur l'anatomie et sur la physiologie des poissons. Voilà comment le Dictionnaire des pêches est forcément devenu un Dictionnaire d'ichthyologie. Tout ce qui se rattache aux Lois sur la pèche est commenté et attentive- ment étudié. L'auteur, très-expérimenté dans les manipulations photographiques, n'a négligé aucune occasion de se servir de la science nouvelle et de prendre, sur les poissons mêmes, préparés par une méthode rapide de son invention, des images qui, reproduites, soit par la gravure sur bois dans le texte, soit par la lithographie, pour de belles planches formant album, donnent la repiésentation excellente d'un grand nombre d'espèces. Au mérite de l'exactitude des figures, s'en joint un autre souvent absent PRÉFACE. XV des ouvrages d'histoire naturelle : je veux parler de l'expression de vérité qu'on y remarque. Les poissons vivent, en quelque sorte, sous le crayon ; ils sont en mouvement et occupent la position qu'ils pren- nent en nageant. Le fond sur lequel ils se détachent, pour la plupart, et l'eau qui les baigne ajoutent à l'illusion. Des dessins anatomiques placés au milieu des descriptions aident le lecteur et lui font mieux comprendre ce que le texte, malgré sa précision, pourrait laisser d'obscur dans l'esprit de ceux qui ne sont pas habitués aux expressions techniques dont il faut se servir, quelque réserve qu'on apportée leur emploi. Aux figures propres à faciliter la connaissance des animaux et de leur organisation, l'auteur en a ajouté un beaucoup plus grand nombre rela- tives à la pratique de l'art du pêcheur. Pas un engin n'est nommé, pas un procédé de pêche n'est décrit, pas un appât vivant n'est signalé sans que le texte soit enrichi de figures aussi variées que le sujet l'exige. Dans cette encyclopédie illustrée, l'art du dessinateur, où M. A. Mesnel se montre fort habile, tient donc une place importante tant par la copie des belles photographies sur nature que l'auteur réunissait depuis bien des années déjà dans ce but, que par la reproduction d'une foule d'objets dont la connaissance exacte ne doit point échapper à celui qui veut apprendre, et doit devenir familière au praticien. Tels sont, en résumé, le plan et le mode d'exécution du livre de M. de La Blanchère. Ce n'est, au reste, que le premier volume de ce grand ouvrage. Le second, traitant des Pêches de la Baleine, du Hareng, de la Sardine, du Thon, du Maquereau, de la Morue, etc., de la Pisciculture fluviatile et de la Pisciculture marine, de l'Ostréiculture, ainsi que de l'exploitation des Plages, sera une Histoire des Grandes Industries des eaux destinée à compléter l'œuvre considérable qu'il a entreprise. AUG. DUMÉRIL. LA PÊCHE ET LES POISSONS NOUVEAU DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DES PÈCHES ABBE. — Nom de V Ablette dans diverses localités. (Voy. Ablette, Pêche.) AELE [Genre], (Leuciscus ou Cyprinus). — Les Ables formaient, dans la classification de Cuvier et Valenciennes, un genre appartenant à la première famille, les Cyprinoïdes, du 2e ordre des poissons osseux, les Malacoptërygiens abdominaux. Quoique, sous le mot Able, on rangeât un groupe de poissons assez naturel, les classificateurs modernes ont senti le besoin d'y créer de nombreuses divisions, et le mot a été abandonné. Aujourd'hui les Ables correi^pondraient aux genres : Ablette., Rotengle, Gardon, Ide, Chevesne, Véron et Chondrostome. (Voy. ces mots.) Quoi qu'il en soit, la grande division primitive des Ables en un seul groupe n'est point absolument à rejeter, car tous ces poissons ont, au premier coup d'œil, un certain air de parenté évidente et une grande ressemblance comme couleur générale. Leurs différences sont surtout appréciables quand ces poissons sont comparés vivants, dans les eaux qu'ils habitent ensemble. Aussi les divisions qui séparèrent les espèces furent-elles basées d'abord sur la largeur plus ou moins considérable du corps, sur la coloration plus ou moins mar- quée des nageoires, mais elles se trouvèrent souvent si faibles entre certains individus que ceux-ci devenaient impossibles à distinguer, semblant métis des deux espèces. On a dû chercher autre chose, et la classification actuelle, sans être tout à fait rigoureuse, accentue davantage les sections ; mal- heureusement il a fallu recourir à un caractère anaton^j^que interne, et c'est surtout de la comparaison des dents pharyngiennes de chaque animal que l'on a tiré des divisions suffisamment tranchées pour séparer la masse des Ables. Ce caractère, impossible à reconnaître d'un premier coup d'œil, est, sous ce rapport, peu satisfaisant, mais on n'a pas trouvé mieux ; il faut attendre. (Voy. Cypri- noïdes, pour la classification générale de ces poissons.) En général, la position de la dorsale et le nombre de ses rayons fournissent des caractères diffé- rentiels, mais ils sont loin d'être toujours assez nets. Aussi, pour les gens du monde, la détermina- tion des individus offre-t-elle souvent de véritables difficultés. Compris sous le nom général et vulgaire de Poissons blancs, ce genre renferme d'ailleurs des espèces nombreuses et variées. La qualité du fond, les eaux, les herbes, la latitude, mille causes encore inconnues (Thabitat, sans parler du sexe, modifient souvent profondément l'aspect extérieur des individus de la même espèce, et rendent l'étude de ces poissjns d'eau douce une des plus ingrates et une des moins claires. Joignons à cela une synonymie mal établie et souvent très-douteuse, tant parmi les noms vulgaires que parmi les appellations scientifiques, et nous aurons une idée juste de 1 a AELE. la défiance qu'on doit apporter dans la détermination de ces poissons, d'autant que le mot Ahie est générique et spécial. Il faut remarquer, comme caractères généraux, que les Ables vraies ont l'anale étroite et soute- nue par 15 à 20 rayons seulement, tandis que celle de la Brème en a au moins 27. Ce caractère est le plus constant, car certains Gardons ont le corps presque aussi large et aussi aplati que certaines Brèmes plus râblées que les autres. Ce sous-genre, en outre, ne porte pas de barbillons, ce qui le sépare, d'un seul coup, des Goujons et des Tancbes ; de plus, il n'a aucun rayon épineux, ni 2^, ni 3» à la dorsale, ce qui le distingue des Carpes et des Barbeaux. Tous ces poissons ont la bouche dépourvue de dents, si ce n'est autour du pharynx. Aussi sont-ils des animaux non carnivores, destinés à être mangés tant par l'homme que par les poissons carnassiers dont ils forment la provende habituelle. Sur nos tables, la mollesse et la fadeur de leur chair très-remplie d'arêtes les font peu recher- cher, à moins qu'ils ne soient de très -grosse ou de très-petite taille. Dans le premier cas, les arêtes s'enlèvent facilement ; dans le second, on les accommode de manière qu'elles passent inaperçues. Leur chair, par le fait même de sa qualité spongieuse, participe facilement au goût du milieu où ils ont vécu. Dans les eaux vives et claires de la Loire, de la Garonne, de l'Allier et des rivières à fond sableux et plein de gravier, ces Cyprins ont la chair assez ferme et de bon goût ; mais si, au contraire, on les a pris dans les petites rivières vaseuses et sans courants qui affluent de l'intérieur des terres aux rivières plus considérables, ou dans les étangs à fond glaiseux, ces poissons contrac- tent un goût désagréable de marais et de vase, et présentent une chair beaucoup plus molle. Tous se nourrissent d'insectes et de détritus qu'ils happent très-adroitement à la surface de l'eau. Aussi, pour les pêcheurs à la ligne, ces poissons portent-ils le nom de Poissons de surface. Ce sont ceux que l'on prend, k la mouche naturelle ou artificielle, dans les beaux jours de l'été, alors qu'ils chassent vigoureusement entre les herbes, auprès des piles des ponts et des barrages, auprès des écluses des moulins, etc. Dans la Loire, l'Allier et toutes les rivières à eau claire peu profonde, on les voit, au printemps, frayer en longues troupes sur les bancs de sable, à demi découverts au milieu du fleuve; ils sont là, défendus des pêcheurs par le désert de sable et d'eau qui les entoure et leur permet de fuir à l'approche du premier objet qui leur semble suspect. ABLE [Genre]. — La pechc des Ables de toutes les espèces est, à proprement parler, la Pêched'eau douce; c'est celle qui se fait le plus souvent, c'est la seule, même, que la plupart des pêcheurs à la ligne aient faite, car ces poissons étant de beaucoup les plus nombreux dans les cours d'eau et les étangs de la France, ce sont eux natu- rellement que les pêcheurs ont dû le plus souvent rencontrer. D'autant mieux que, par une singulière fatalité, ils semblent moins défiants et plus faciles à prendre que les autres. On dirait que la nature en a fait une manne répandue partout pour calmer l'impatience du pêcheur avide de capture, le satisfaire par un triomphe aisé, et lui ôter l'idée de poursuivre une proie plus glorieuse mais plus difficile à conquérir. En effet, un grand nombre d'amateurs de la pêche s'en tiennent à un succès assuré, et prennent force Dards, Ablettes et Chevesnes, plutôt que de faire la guerre à la Carpe rusée, au Barbillon robuste ou à la Truite agile. Parmi les Ables se rencontrent d'ailleurs des individus de grande taille et de force respectable, qui nécessitent l'emploi de moyens de pêche appropriés. Les énormes Chevesnes qui se promènent nonchalamment dans les trous formés devant le déversoir des moulins, ne peuvent être capturés avec la môme ligne et la même canne que les Ablettes qui couvrent la surface de l'eau près des lavoirs ou des usines dans lesquelles on lave des laines et des peaux. Le genre Able renferme ce que l'on appelle, avec raison, les Poissons de sur- face, parce qu'ils habitent cette partie des, rivières dès que les rayons du soleil ont acquis un peu de force. On les voit alors remonter des fonds d'eau, des sources chaudes où ils se sont tenus, à moitié engourdis, pendant l'hiver, et venir chasser les premiers insectes que le vent du printemps fait tomber sur les eaux encore froides. Ce genre de nourriture, pour lequel cependant aucun d'eux ne dédaigne les ABLES. 3 aubaines plus substantielles que peut lui amener le courant, les rend tous aptes h se laisser prendre à la mouche naturelle-ou artificielle, à l'insecte, etc. En pochant à la surprise surtout, on en prend, sans fatigue et sans diffi- culté, des quantités considérables. Parmi les Ables, il faut mettre à part les Gardons , qui, eux , se tiennent plus volontiers au fond, dans certaines rivières, ce qui ne les empêche pas de mordre parfaitement à la mouche comme leurs cousins les Chevesnes et les Ablettes. Ce sont plutôt des habitants de la partie moyenne des eaux que du fond absolu, où se trouvent seulement les plus grosses pièces. Les troupes que les poissons de cette dernière espèce aiment à former, se promènent entre deux eaux, mais viennent volontiers à la surface happer la mouche perfide que l'on y fait jouer. Remarquons enfin un fait intéressant, c'est que toutes les Ables, — nous jpar- lons des espèces qui sont susceptibles d'un fort développement : Chevesnes, Gar- dons, Rosses, Nases, Dobules, etc., — parvenues à une taille respectable et à un poids de 2 à 3 kilos, changent de mœurs, se transforment en Poissons de fond, chasseurs, carnassiet's même, et, — fait remarquable, qui indique que l'intelligence existe chez eux comme chez tous les autres animaux, — deviennent, sans doute grâce à leur expérience, très-fins, trcs-défiants, et très-difficiles à prendre. L'étourderie du jeune âge s'est envolée ; la vie leur a apporté ses conséquences. Ce sont de vieux routiers, contre lesquels le pêcheur doit déployer toutes les ressources de son habileté. ABLES DES EAUX DE FRANCE. — Les Ables proprement dites, ou Poissons blancs, que nourrissent les eaux de la France, sont : 1° L'Able aspe {Cypriniis aspii/s) (?). 2° L'Able Dobule {Cyprinus Dobula). 3" L'Able Chevesne {Squalius Cephcdus). 4" L'Able Chevesne méridional {Squalius meridionalis). 5" L'Able Chevesne treillage {Squalius clathratus). GO L'Able ide {Cyprinus idus). ( ^"''^f ^' auteurs pensent que ce poisson -0 L'Able Jesse Cyprinus Mes). '%^' ''f'' '''''''''^^ '^' "^'"'^ provenances ^^ ' \ dinerentes. 8" L'Able nase {Cyprinus ou Chondrostoma nasus). {)° L'Able nase bleuâtre {Chondrostoma ccerulescens). 10" L'Able nase de Drême {Chondrostoma Bremœi). 11° L'Able nase du Rhône {Chondrostoma Bhodanensis). 12° L'Able rosse — Gardon — {Cyprinus ou Leuciscus rutilus). 13° L'Able Gardon pâle {Leuciscus pallens). 1-4° L'Able Gardon rutiloïde {Leuciscus rutiloïdes). 15° L'Able Gardon de Sélys {Leuciscus Selysiî). 16° L'Able Gi^vàon \QX).^evo\\ {Leuciscus p7'asinus). 17° L'Able rotengle — Gardon rouge — {Cyprinus crythrophthalmus). 18° L'Able vandoise — Dard — {Cyprinus ou Squalius leuciscus). 19° L'Able vandoise Aubour {Sq^talius Bearnensis). 20° L'Able vandoise Blageon {Squalius Agassizii). 21° L'Able vandoise Bordelaise {Squalius Burdigalensis). 22° L'Ablette alburnoïde {Cyprinus alburnoïdes). 23° L'Ablette spirlin — biponctuée — Éperlan de Seine — {Cypr, bipunctatus). 4 ABLETTE. 24" L'Ablette de Fabre {Albunius Fabreî). 25° L'Ablette hachette {Leuciscus dolabratus). 26° L'Ablette mirandelle {Alburrms mirandella). 27° L'Ablette ordinaire {Cyprinus albuvnus). 28° L'Ablette vairon {Cyprinus phoxinus). 29° L'Ablette Vernhe {Cyprinus Vernhe). ABLET. — (Yoy. Ablette, Hist. Nat.) ABLETTE [Genre], (Alburnus, Rond). — Malacopt. abd». Cyprinoid. Ce petit genre, comprenant au moins six espèces pour la France, n'aurait presque que des carac- tères négatifs au milieu des autres cyprins, si sa mâchoire inférieure proéminente, sa dorsale très- reculée en arrière des ventrales ne le distinguaient un peu. Chez tous, l'anale est longue ; mais ce qui groupe bien ces poissons ensemble, c'est leur fades dépendant de la qualité de leurs écailles nacrées, caduques et minces. Dents pharyngiennes longues, pointues, grêles, sur deux rangs ; 2 internes très-petites, et 5 plus grandes au dehors. Chaque dent un peu en scie sur son bord postérieur. ABLETTE COMMUNE, (Cyprinus ou Alburnus lucidus, Heck.).— Malacopt. abd'. C\prin. Long. max. =0'°,I5; haut. =0">,03. Syn : Bl'ttk, angl. — Weiss fisch, Ukeley, ail. — A1phenam\ hoU. — Sslawa ou Sôlyla, russ. — Arborello, ital. — Rondion, suiss. Ce petit cyprin a le corps étroit, un peu aplati et allongé, argenté et brillant ; de même cour- bure en dessus qu'en dessous ; par conséquent, le dos un peu arrondi en arc, vert-bleuàtrc. Côtés, flancs et ventre blanc argenté, sans reflets colorés. La télé est allongée, pointue ; la mâciioire infé- rieure plus longue que la supérieure, et un peu relevée du bout. Yeux grands et brillants, à pru- nelle noire. Dorsale de 10 rayons ; anale de 20. Nageoires pâles, généralement teintes de rouge à l'endroit où elles s'attachent au corps. Les écailles de ce poisson tiennent à peine à la peau ; elles sont petites et minces. Celles des côtés sont argentées et couleur perles d'Orient; celles qui couvrent le dos sont bleuâlres, avec un re- flet vert. Les,Ablettes, dont la couleur du dos est plus intense, sont moins estimées des fabricants de perles que les pâles, dont les écailles blanches et argentées servent à faire des perles fausses au moyen d'une préparation qu'on appelle essence d'Orient. L'Ablette ressemble un peu à l'Éperlan, mais elle ne porte pas l'appendice muqueux ou na- geoire adipeuse qui caractérise celui-ci, et le fait rentrer dans la famille des Salmones. Regardée entre le soleil et les yeux, elle est transparente, et cependant le dos est épais et charnu. La ligne latérale, qui part de l'opercule des ouïes et aboutit au milieu de la queue, forme une courbure assez considérable du côté des ouïes. Tous les poissons carnivores recherchent ce cyprin et ses œufs. Le seul défaut de l'Ablette comme appât vif, c'est qu'elle meurt sortie de l'eau et que, même remise de suite dans son élément elle y supporte très-peu de temps la piqûre de l'hameçon et la captivité au bout de la ligne. Dans quelques pays, en Suisse par exemple, on sale et on sèche l'Ablette, puis on la mange pré- parée à l'huile et au vinaigre. La chair de ce poisson est en général maigre, sèche et pleine d'a- rêtes, ce qui la rend peu recherchée. On croit ce petit cyprin originaire de la mer Caspienne. Nous pensons plutôt qu'il est indigène des eaux douces de l'Europe entière. ABLETTE COMMUNE. — La pêche de l'Ablette à l'hameçon est une des plus faciles. C'est celle à laquelle s'exercent les gamins au bord de toutes les rivières et de tous les ruisseaux, car le petit poisson qui nous occupe est extrême- ment répandu dans les eaux douces de la France. On peut dire de l'Ablette qu'elle est la gourmandise faite poisson. Elle mord à tout ce qu'elle peut avaler, et même attaque et tourmente des amorces aussi "•rosses qu'elle, mais dont elle espère détacher quelques bribes à son profit. Par un temps sec, en été, on prend l'Ablette avec l'asticot, entre deux eaux : avec la mouche naturelle ou les mouches artificielles, de surface. Il faut môme "^déployer un soin continuel quand on pêche à la surprise les Chevesnes, Dards et Gardons, pour garantir sa mouche naturelle des attaques de ce petit rapace en W u -M œ Q iz; O o > O o c \\ 1=5 -CD ^ 'o p: E— I cti 1^; C=D i2 Pxq — E-i O _ o CO 0. CD w ABLETTE. 5 acharne et endiablé. Les Ablettes sautent à 1 décimètre hors de l'eau, pour saisir au vol la mouche friande que vous laissez imprudemment approcher d'elles, et, ce qui est vraiment curieux comme miracle jd'adresse, c'est qu'elles ne la manquent pas et se manquent toujours. L'Ablette est donc un des poissons les plus vifs, les plus lestes et les plus adroits à dépouiller un hameçon sans y rester accrochés. Aussi peut-on, avec vérité, certifier aux apprentis dans le noble art de la pèche que, lorsqu'ils sau- ront bien piquer une Ablette à la mouche, ils auront dix fois plus de facilité à prendre un poisson vingt fois plus gros, mais dont le ferrer est moins rapide, et l'attaque moins fugitive. En effet, l'Ablette s'est élancée, a dévoré l'insecte et a fui au loin, avant que votre main ait pu transmettre au scion le mouvement qui doit enfoncer le dard dans les chairs de la gourmande petite bête. Dans certains grands fleuves où l'Ablette pullule, on la prend en quantités énormes, au moyen de la pêche à fouetter. (Voy. ce mot.) Il est d'ailleurs assez difficile d'indiquer les lieux qu'affectionne l'Ablette ; elle se tient partout : en été, à la surface de l'eau, où elle chasse sans cesse ; en hiver, au fond, parmi les roseaux et dans les sources d'eau vive, qui restent plus chaudes que la masse de la rivière. Au premier rayon de soleil, vous la voyez remonter à la surface et commencer sa chasse. On doit cependant remarquer que ce petit Cyprin se tient de préférence dans les endroits où un courant rapide et l'eau qui se renouvelle peuvent lui apporter les parcelles animales et végétales qu'elle recherche pour sa nourriture. Près des moulins, on la trouvera au-dessous des déversoirs, dans les filets d'eau que les vannes ou les pierres de l'écluse laissent passer. Au-dessus des mouHns, elle se tiendra en foule dans le fil de l'eau qui marche à la herse, la tête ordinairement tournée vers le courant, qu'elle remonte doucement et constamment en s'aidant d'un petit mouvement ondulatoire de la queue. Si quelque part on lave des peaux, de la laine, etc., les Ablettes y viendront en foule pressée, et alors on verra appa- raître les géants de l'espèce, qui représentent de très-jolis poissons, presque de la taille du hareng. C'est surtout dans la variété, dite alburnoïde, à dos presque horizontal, que l'on rencontre de beaux individus, véritablement susceptibles d'être mis en friture et d'off'rir aux dents autre chose qu'une petite masse d'arêtes et de chair filandreuse. Aussi, ces grosses Ablettes, appelées Libournaises dans le Midi, sont- elles fort recherchées, et c'est avec raison. L'Ablette sert elle-même d'appât pour le Brochet et la Perche, mais seule- ment à défaut d'autres poissons plus vivaces, tels que le Gardon, la petite Carpe, le petit Dard, le Goujon, la Loche, etc., qui tous vivent beaucoup plus longtemps qu'elle attachés à l'hameçon, et surtout se transportent plus loin dans le bidon ou seau approprié à la pêche au vif. Il faut se servir, pour pêcher l'Ablette, de très-petits hameçons n"" 16 à 20, montés sur un simple crin de cheval. La flotte peut être comparativement grosse, parce que le toucher de ce poisson est brutal, quoique d'une extrême rapidité ; et cependant, il est préférable de se servir d'une simple plume, qui indique l'attaque d'une manière plus rapide et plus sûre. En mettant trois ou quatre hameçons à la même ligne, on prend souvent plusieurs Ablettes d'un seul coup; dans ce cas, il n'est pas rare que la flotte soit relevée hors de l'eau, parce que ces poissons, au lieu de s'en- foncer quand ils ont pris l'esche, jouent avec elle et remontent à la surface de l'eau. 6 ABLETTE. On les prend aussi, sans flotte, avec un hameçon n" 16, monté sur un crin de cheval. On amorce avec une mouche ordinaire {musca domestica), dont elles sont très-friandes, et on laisse aller la mouche entre deux eaux. Le toucher est si in- tense que l'Ablette entraîne la ligne. En ferrant légèrement de côté, on rapporte, h tout coup, un de ces petits poissons. II nous semble inutile de nous étendre davantage ici sur les manières si variées de prendre les Ablettes; plusieurs de leurs pèches portant un nom spécial, tel que Xa pêche à fouetter, etc., se trouveront à la place que nous assignera leur rang alphabétique. ABLETTE ALBURNOÏDE (Cyprinus ou Aspius Alburnoïdes, Sélys). — Malacopt. abdom. Cyprin. Long. max. =0'",18; liant. = O^^Oi. Ce cyprinoïde, très-voisin de l'espèce commune, s'en distingue cependant avec un peu d'at- tention, d'abord par sa taille plus considérable, puis par les caractères suivants : Tête allongée, yeux très-grands (plus, proportionnellement, que ceux de l'xVblette type), d'un blanc d'argent, portant en haut une tache jaune ; dos verdàtre, les côtés bleu variant au noir, avec une bande longitudinale dorée et changeante suivant l'incidence de la lumière. Ventre et flancs blanc argenté, irisés ; oper- cules argentés portant de petits points noirs. Ligne latérale de 48 points blanc-jaunàtre. Dorsale et caudale un peu verdatres ; ventrales, anales, blanches ; pectorales légèrement jaunes. Le caractère le plus saillant de cette espèce, c'est que le dos est droit et que la ligne du ventre en paraît d'autant plus arquée. Dans l'eau, celte Ablette se reconnaît d'abord par sa taille, puis par la couleur vert-bouteille de son dos. Mêmes mœurs et habitudes que l'Ablette commune, même manière de la pêcher. Commune dans les rivières du N. -E. de la France, la Moselle, la Meuse ; au centre, dans le Loir, l'Eure, ;etc., en gé- néral dans toutes les rivières d'eau vive, à fond caillouteux et sans vase. Peu commune dans les fleuves. Ce poisson semble parfaitement conforme à celui auquel Bonnaterre donne le nom de Nimbe, et qui présente à la dorsale 12 rayons, 17 aux pectorales, 23 à l'anale et 20 à la caudale. L'Alburnoïde ressemble beaucoup au Nase petit, mais elle a l'intérieur du ventre blanc. (Voy. Temps du frai.) ABLETTE BIPONCTUÉE (Cyprinus ou Aspius bipunctatus, Lin.). — Malacopt. ab- dom. Cyprin. Long. max.= 0^,12; haut. = 0",03. Syn. : Lauben, allem. Yeux très-grands, blanc-jaune, portant en haut une tache violet-noirâtre. Dos vert pâle, un peu bleu sur les côtés ; ceux-ci marqués d'une ligne dorée, au-des.';ous de laquelle s'étend une bande violacée composée d'i.n grand nombre de taches rapprochées. Flancs et ventre blanc argenté. Ligne latérale de 50 points jaunes, entre deux lignes de points noirs fort petits, d'où vient le nom du poisson. Anales, de 16 rayons, et ventrales rouges à leur base et plus paies à l'extrémité ; pectorales très-rouges à leur base, blanches-vertes au sommet. Dorsales de 10 rayons, caudale de 20. Souvent la tache, existant à l'intersection des pectorales, est d'un beau jaune d'or ; dans ce cas, la nageoire est incolore et le corps entier participe à cet allai- blissement de la couleur, mais le dos est toujours remarquable par la bande orange pâle qui, de chaque côté, sépare le bleu du dessus du blanc pur des flancs. Cette bande n'a pas plus de deux écailles de large. Opercules argentés, avec une tache violette-noire à leur partie supérieure. Épine dorsale de 33 vertèbres, 15 côtes de chaque côté. Mêmes mœurs et mêmes usages que l'Ablette type. L'Ablette biponctuée se pêche dans la Seine sous le nom d'Éperlan de rivière, et dans la plu- part des rivières du Nord, où elle se trouve en compagnie de l'Alburnoïde. ABLETTE DE FABRE (Alburnus Fabrei, Blanc). — Malacopt. abdom. Cyprin. Long. max. = 0'°,I2. Cette espèce, voisine du Spirlin ou A. biponctuée, a le dos arrondi comme elle, la tête courte, les mâchoires égales, l'opercule plus court que l'A. commune. La ligne latérale a 50 points très-visibles et saillants ; les écailles grandes plus longues et plus arrondies que chez l'A. commune. D =8 rameux, après les 3 simples. A = 17 à 18 rayons branchus. Coloration de l'A. commune ; dents pharyngiennes plus courtes et plus faiblement dentelées. Se pêche dans le Rhône, vers Avignon. ABLETTE HACHETTE (Leuciscus dolabratus, HoU.}. — Malacopt. abdom. Cyprin. ACANTHOPSIS. 7 Cette Ablette s'éloigne déjà du type principal pour se rapprocher du Gardon rouge dont son œil grand, ses mâchoires égales, l'inférieure un peu plus courte, rappellent la figure. Le corps est moins effilé que chez l'A. commune, la tête plus massive, le dos un peu voûté, ce ([ui la rapproche delà VandoijC. Le dos est giùs bleuâtre ou verdàtre, le reste du corps argenté avec quelques points noirs sur les écailles, l'opercule et lajoue. Sa ligne latérale a 45-60 points ; au-dessus? ou 8 rangées, au-dessous 4 seulement. Les écailles sont plus longues et plus arrondies en arrière que celles de l'A. commune. Fraye en mai. D = 8 rameux + 3 simples; s'élève un peu en arrière de l'insertion des ventrales. A, très- courtes = 12 - 12 - 14 - 16, variables; nageoires inférieures jaunâtres. Se trouve dans la Moselle, la Meuse, le Rhin. ABLETTE MIRANDELLE (Alburnus mirandella, Blanc). — Malacopt. abd. Cyprin. Espèce assez voisine de l'A. commune, dont elle se distingue cependant par le dos et le sommet de la tête formant une ligne parfaitement droite, la mâchoire inférieure tout à fait ascendante et presque égale à la supérieure. L'opercule est plus grand que chez l'A. commune, et moins pointu vers la pectorale. La ligne latérale de 57 ou 58 écailles est plus tombante au milieu du corps, et serpente en se relevant derrière la tête. D = 8 rameux après les 3 simples ; un peu plus ample que chez l'A. commune. A = 15 à IG au lieu de 17 à 22. Corps d'un blanc d'argent. Sur la région dorsale, bleu foncé chatoyant comme la Sardine dont elle porte le nom en Savoie. On la trouve dans le lac Léman et dans celui du Bourget. ABLETTE SPIRLIN. — (\'oy. Spirlix ou Ablette biponctuée, Hist. Nat.) ABLIER. — Petit carrelet qui sert à la pêche des Ables. (Yoy. Carrelet GOUJONNIER, Pêche.) ABRAMIDOPSIS (Abramidopsis, Siéb.). — Malacopt. abdx. Cyprin. Sous-genre établi aux dépens du genre Brème, pour en séparer la Brème de Buggenhagen (voy. ce mot), par l'absence, chez cette espèce, de tout espace dépourvu d'écaillés sur la partie du dos, en avant de la dorsale. ABRAMIDOPSIS {Genre). — (Voy. Abramls Lecckartii, Hist. Nat.) ABRAMIS {Genre). — Le mot Abramis ou Abrmnus sert à désigner un genre, d'après Cu- vier, et a remplacé celui de Cyprinus, de Linné, devenu qualificatif exclusif du genre Carpe. ABRAMUS-ABRAMO RUTILUS. — (Voy. Brè.me-Rosse, Hist. Nat.) ABRAMUS B JŒRKNA. — Nom donné à la Brème Bordelière par Siébold dans ses Pois- sons d'eau douce de l'Europe moyenne. (Voy. Bré.me Bordelière, Hist. Nat. ) ABRAMUS BLICC A. —(Voy. Brème Bordelière, //îVMVaf.) ABRAMUS BRAMA. — (Voy. Brè.me commune, Hist. Nat.) ABRAMUS BUGGENHAGII. —(Voy. Brème de Buggenhagen, H^■s^ Nat.) ABRAMUS GEHINI. — (Voy. Brème de Gehin, Hist. Nat.) ABRAMUS HECKELII. — Nom donné à la Brème de Buygenhogen de Block , par Sélys-Longchamps dans ?a Faune Belge, p. 217; 1842. (Voy. ce mot.) ABRAMUS LEUCKARTII. — Nom donné par M. Siébold, dans ses Poissons de l'Europe moyenne, à la Brème de Buggenhagen, qu'il considérait comme une espèce pour laquelle il a com- posé le nom de Abramidopsis. Cette distinction était basée sur ce que cette Brème n'a pas d'espace sans écailles sur le dos, au-devant delà dorsale. ABRANCHES. — Ce nom créé par Cuvier, et qui veut dire privé de branchies, désigne une des trois grandes divisions de l'ordre des Annélides, ou vers à sang rouge. Ce groupe renferme les Lombrics ou vers de terre, les Sangsues, etc., qui sont fort utiles pour la petite et la grande pêche aux hameçons, et dont nous parlerons plus loin. ABUSSEAU. — Nom donné aux Athérines sur les côtes de Gascogne. (Voy. Athérine.) ACANTHOPSIS RUBANÉ (Acanthopsis Taenia, Agass.). — Malacopt. abdom. Cyprin. Long. max. = 0'",12 ; haut. = 0^1,01. Syn. : The spined loche, angl. Le genre Acanthopsis est une création du célèbre Agassiz pour y faire entrer la Loche de rivière. Quoique tous les Ichthyologues ne l'aient pas admis, nous avons cru devoir le conserver ici en donnant la caractéristique de l'animal qui avait servi de type et dont on retrouve la pêche et les mœurs plus loin, au mot Loche {Cobitis). 8 AGERINA. Tète très-comprimée, portant deux barbillons à la lèvre supérieure, quatre à l'inférieure : l'os préorLitaire est épineux : corps rousfàtre, marqué sur le dos de trois bandes latérales de taches verdâtres; l'inférieure plus large et formant 14 à 16 taches. Ventre blanc jaune. Nageoires jaunâ- tres, dorsale de 8 rayons etcaudale de 15, tachetées de brun. La caudale porte à son origine, au- dessus de la ligne latérale, une petite tache noire. Pectorales de \), ventrales de 7 rayons. Écailles assez distinctes qui semblent enfermées dans la peau. L'Âcanthopsis ou Loche vit dans les eaux claires et présente une chair maigre, sèche et coriace. Il porte beaucoup de noms différents et sert d'appât pour les poissons carnivores. (Voy. Temps de FRAI.) ACANTHOFTERYGIENS. — C'est le premier Ordre des poissons osseux, dont les ca- ractères généraux sont : Branchies en forme dépeigne. — Rayons osseux aux nageoires. Cet ordre comprend 15 familles ; 1» Percoïdes. i° Joues cuirassées. 3» Sciénoïdes. 4o Sparoïdes. '6» Ménides. 6o Squamipennes. 7» Scombiîroïdes. Sj Tœnioïdes. 9'' Teuthyes. 10" PharynËrieuslabyrinthiformes. 11° Mugiioïdes. 12" Gobioïdes. l.Su Pectorales pédiculées. 14o Labroïdes. 15" Bouche-en-flùte. Cette division, de beaucoup la plus nombreuse des poissons ordinaires, se reconnaît tout d'abord aux épines qui tiennent lieu des premiers rayons de la dorsale, ou qui soutiennent seules la pre- mière nageoire du dos lorsque ces animaux en ont deux. Quelquefois même, au lieu d'une première nageoire dorsale, ils n'ont que quelques épines libres. Leur anale porte aussi quelques épines pour premiers rayons, et il y en a généralement une à chaque ventrale. Leurnom, qui vient des deux mots grecs à-/.av6a épine, et TiTepûyiov petite aile, nageoire, leur a été donné par Artédi, et est caractéristique des nageoires piquantes qui distinguent si nettement ces animaux des poissons à nageoires molles et flexibles, auxquels il a donné le nom significatif de Malacoptérygiens. Nous venons de voir que Valenciennes et Cuvier ont subdivisé cet ordre en 15 familles fort na- turelles, dont plusieurs sont représentées par des poissons qui n'habitent pas notre hémisphère, ni les latitudes tempérées de l'Europe. AGARNE (Pagellus Acarne, Cuv.). — Acanthopt. sparoïdes. Long. max. = 0",40. Syn, : Axillary Bream, angl. — Bezugo, Madère. L'Acarne est beaucoup plus commun dans la Méditerranée que dans l'Océan; cependant on le prend quelquefois dans la Manche. C'est un poisson à corps ovale comprimé, à écailles grandes et ciliées, dont la couleur générale est d'un rose argenté. L'espace entre les yeux est brun-rouge, et les préopercules sont un peu gris plombé. A la base de la pectorale se trouve une tache d'un violet noir très-foncé, qui persiste même après la mort. Les yeux sont grands; la ligne latérale, de 70 écailles, suit la courbe du corps. D = 12 + 11. P=1G. V = l +5. A=3+10. C=17. La queue est fourchue. La base de la caudale et la membrane entre les deux derniers rayons des nageoires, l'anale et la dorsale, sont couvertes de petites écailles fines. (Voy. Pagel. ) ACCRUES. — On appelle ainsi des boucles que l'on fait servir de mailles et que l'on ajoute à celles déjà complètes pour donner au filet plus d'étendue. C'est donc une maille supplé- mentaire qu'on prend dans un rang en la jetant entre deux mailles du rang supérieur. L'emploi des Accrues est indispensable pour tous les filets qui ne sont pas cylindriques. Lorsqu'on a jeté la maille A sur la maille B, avant de jeter la suivante sur la maille D, on en jette d'abord une au-dessus du nœud C, qui unit les mailles B et D, ce qui produit une maille supplémentaire G, en forme de pigeon (voy. ce mot). (Voy. Mailler un filet.) ACERINA (Genre). — tVoy. Gremille, Genre, Hist. Nnt.) AGHÉES. 9 ACERINA CERNUA. — Siébold, Poissons de l'Europe moyenne; synonyme (l'Jcen«a vulgaris, Cuv. (Voy. Gremille ou Perche goujonnière.) ACHËES. — On nomme ainsi, communément, des vers de terre qui servent de nourriture aux oiseaux et d'appâts pour la pêche. Ces vers, surtout en été', pendant les temps secs et chauds, sont assez difficiles à trouver et il faut, pour s'en procurer, employer, même dans toutes les saisons, des moyens appropriés. Ces animaux se tiennent de préférence dans les endroits humides, et où l'humidité peut se charger de particules animales, et en imprégner la terre que ces vers avalent et rendent privée de ces matières que leur organisme s'est assimilées. Aussi les rencontre-t-on en abondance aux environs des fumiers humides, et non chauds ou en putréfaction, mais tout à fait fermentes et réduits en terreau. On les trouve également dans les prés où vont les bestiaux, dans les cours où coulent les eaux mé- nagères, dans les jardins bien garnis de fumier consommé, etc. L'endroit où l'on rencontre les meilleurs est sous un dépôt,en tas, des herbes fauchées d'une ri- vière ou d'un étang. Ces matières, en pourrissant, forment un compost noir dans lequel se dévelop- pent des vers rouges excellents pour la pêche. Nt)us venons de souligner le mot 7^ouge parce qu'il qualifie l'espèce la meil'eure et la plus re- cherchée des poissons, et en même temps celle qui vit le plus long- temps dans l'eau. Or, il faut remarquer que c'est surtout sur les vers envie que les poissons aiment à satisfaire leur voracité. La Perche, la Truite n'attaqueront presque jamais un ver mort ou d'une autre espèce que le rouge. Les poissons de fond et ceux de la famille des Ables sont également sollicités beaucoup plus vivement par le ver qui frétille et s'agite en tous sens, que par celui qui pend comme un Lrin d'herbe au bout de la ligne. Les espèces que l'on trouve le plus communément, sont : 1° Le Ver rouge à tête plus foncée. Il n'est jamais très-gros, et ne se rencontre pas souvent plus long que 0™,10, ni plus gros qu'une plume d'oie moyenne. 2° Le Ver rose, ou Achée de terre proprement dite, qui parvient à une grosseur très-respectable, ayant (,™,35 de long sur 0™,008 de diamètre. 3° Le Ver annelé, dont le corps est formé d'anneaux rouges et jaunâtres alternatifs et qui, quand on le coupe, rend une humeur jaune liquide d'une odeur particulière. Ce ver ne devient jamais plus long que O^jOG à 0™,0<', avec la grosseur d'une paille de blé. Il est bon, quand on ne peut trouver de vers rouges vrais. Cependant beaucoup de poissons ne l'attaquent pas; ils s'en approchent, et sont repoussés par son odeur qui, probable- p•^g 3_ ment, ne leur convient pas. Ainsi, la Perche le dédaigne; le Gardon, la Brème également. On le trouve, non auprès, mais dans les fumiers de cheval et do détritus de légumes. 11 s'enfonce moins profondément pendant les chaleurs que les vers rouges et roses ; aussi, en été, c'est celui que l'on ne recueille que trop facilement. 4° Le Ver jaune on verdâtre, court, dur et qui se trouve dans les terres fortes qui n'ont point été remuées depuis longtemps. Sa longueur est de G°>,05 à 0",07 : il a la grosseur d'une petite plume d'oie. Le poisson y mord peu. C'est dommage, car ce ver est longtemps en vie dans l'eau et tient bien à l'hameçon. Il n'est guère attaqué que par la Carpe, le Gardon de fond, dans les étangs, et l'Anguille dans les rivières à courant moyen ; les poissons blancs s'en détournent et n'y touchent pas. Il est probable que les poissons de fond des étangs, ayant plus souvent occasion de le rencontrer entre les racines des herbes et dans les détritus des champs et des berges emmenées par les grandes eaux, s'y habituent et finissent par ne plus le dédaigner. Ce ver se trouve facilement en été en piochant des terrains un peu argileux non remués depuis longtemps. 6" Nous ne parlerons ici des autres espèces de vers employés pour la pêche que pour mémoire, car ils ont chacun leur article à part. On connaît et on emploie le Ver de mouche ou Asticot, et le Ver à queue, larve vivant dans les lieux de déjections immondes et dont nous ne conseillons pas de se servir, puisque d'autres plus propres le remplacent fort bien. Enfin le Ver d'iris, indiqué par Wallon; le Ver de vase ou larve de névroptère, employé beaucoup à Paris et que les poissons des environs connaissent, tandis que, transporté dans d'au- tres rivières, les poissons, même les plus voraces. Ablettes, etc., s'en détournent et en ont peur. Nous ne pouvons mieux terminer cet article qu'en indiquant quelques recettes aussi vieilles que l'invention de la pêche à la ligne, et qu'on recommande pour se procurer des vers. Nous avons tou- jours, nous, employé la bêche ou la pioche comme moyen, un peu long, mais sûr. Dans un pré ou un lieu rempli d'herbe, on trépigne sur la terre au même endroit pendant 8 ou 10 ADIPEUSE. 10 minutes. On voit alors sortir les vers tout autour de soi. Il faut ne les ramasser que quand ils sont absolument hors de terre. Si l'on s'arrête un instant, ils rentrent aussitôt, et si l'on en veut saisir un à moitié sorti, il se cramponne si fortement qu'on le casse plutôt que de l'arracher. Lorsqu'on est au temps des noix vertes, on en prend 25 ou 30 dont on râpe le brou sur une bri- que plongée dans un seau d'eau. L'eau devient amère et on la répand sur la terre ; les vers sortent au bout d'un instant. Le même moyen s'emploie également avec une décoction de feuilles de noyer ou de chanvre. Les Achées se peuvent recueillir encore la nuit avec une lanterne sourde dans les allées d'un jardin ; mieux après une pluie ou un brouillard. Quand il fait sec, elles ne sortent que dans des lieux humides ou à l'abri du vent et du soleiL ACIPENSER {Genre). — Les Esturgeons sont des poissons de forme allongée, à bouche placée en dessous, privée de dents et saillante, espèce d'ouverture elliptique, garantie par un museau pointu avancé et immobile qui leur sert, sans doute, à fouiller les sables et les vases. Entre la bouche et le museau, 4 barbillons. Les Esturgeons sont très-remarquables par suite des plaques osseuses cutanées, disposées en 5 séries sur leur corps. Elles sont de grandeur différente et toujours garnies d'une pointe plys ou moins émoussée. La caudale est formée de deux lobes dont le supérieur est très-long, comparative- ment à l'inférieur. Poisson de mer de grande taille, remontant dans les grands fleuves. Une seule espèce pour la France. ACIPENSER STURIO. — (Yoy. Esturgeon.) ACHON. — Les pêcheurs de la Moselle donnent ce nom à VAble Dohule. On prononce aussi A»cÂon ei Ançon. (Voy. Chevesne. ) ACON. — Sous Charlemagne, et même avant lui, on se servait de l'Acon le long des rivages de la Saintonge, car il en est fait mention dans la loi salique. L'acon n'est qu'un assemblage de trois planches de sapin, dont l'une forme le fond de cette espèce de bateau. Le conducteur de l'acon s'appuie sur le genou, passe en dehors la jambe droite, et frappe de son pied la vase. Au moyen de cette espèce de rame, il fait glisser l'acon sur ces fonds mous, et franchit ainsi des espaces qu'il ne pourrait traverser autrement. Le pécheur va alors tendre ses fdets assez loin du rivage. L'Acon est surtout employé aux environs de la Rochelle, sur les côtes d'Esnandes. ACULEATUS (Gasterosteus). —(Voy. Épi.noche.) ACUS (Raja-. — {Voy. Raies, § 15.) ADIPEUSE (Nageoire). — La famille si naturelle des Salmones présente tous les individus qui la composent avec deux nageoires dorsales ; mais la seconde de ces nageoires se montre sous une formesi singulière que, jusqu'à présent, les naturalistes ignorent complètement à quoi elle peut servir à l'animal qui la porte. Au lieu d'être formée de rayons plus ou moins solides reliés par une membrane et destinés à frapper l'eau ou du moins à lui opposer une résistance calculée, cette nageoire est composée de rayons absolument rudlmentalres enfermés tous ensemijle dans une espèce de sac membraneux rempli de tissu graisseux, d'où lui vient son nom àoiTro;, graisse. La forme générale de cette nageoire représente une espèce de crête de coq non découpée et pen- chée en arrière vers la qu^e : c'est plutôt un appendice qui semble dénué de mouvements propres, qu'un organe analogue aux nageoires. C'est donc très-improprement qu'on lui a donné ce nom : celui ^'appendice ou d'excroissance adipeuse serait plus exact et rendraitmieux, à l'esprit, l'image qu'il pré- sente aux yeux. La nageoire adipeuse des Salmones est généralement de couleur très-foncée, noire, brune ou verdâtre, assez semblable aux parties les plus obscures du dos. Chez certaines Truites elle porte une ou plusieurs taches rouges tout à fait caractéristiques. Sa longueur même sert à la distinction des espèces dans le genre des Salmonidés, quoiqu'il semble que cette nageoire soit plus grande chez le mâle adulte que chez les femelles. Aurait-elle donc quelque connexion avec l'appareil génital, comme les cornes et autres appendices variables des animaux supérieurs qui n'apparaissent qu'à l'époque de la puberté? C'est ce que l'on ne sait pas. Le rôle de l'adipeuse est absolumeat inconnu. En a-t-ellemême un? C'est ce qu'il est presque permis de nier, quand on volt les poissons que l'on en a privés, vivre aussi alertes qu'avant l'opération. AIGUILLAT. 11 AESCHE. — Dénomination alsacienne de V Ombre commun. (Voy. ce mot.) AESSEAU. — Nom de l'Épervier dans quelques départements de France. (Voy. Épervier.) AGRION (Agrio, Latr.). — Genre d'insectes névroptères, de la famille des Suijulicornes, comprenant toutes les espèces de Demoiselles ou Libellules à corps linéaire, portant les ailes ver- ticalement pendant le repos. Ces animaux ont la tcte courte, large, le front plat, les yeux globuleux et saillants. Les Agrions fréquentent le bord des eaux douces où ils sont nombreux. Ils respirent l'eau par l'anus et sont remarquables par leurs couleurs brillantes sur l'abdomen et leurs ailes métalliques et chatoyantes. Ils font entendre envolant un cliquetis particulier, quand, en changeant brusquement de direction, leurs ailes membraneuses et sèches frap- pent les unes contre les autres. Le type de cette famille est VAgrion vierge, remar- quable par sa couleur bleue. Ces insectes sont placés entre les Libellules ou De- ,moiselles dont ils ont les mœurs, et les Ëphémères. Mis à l'hameçon pour la pèche à la mouche, ils plai- sent quelquefois aux poissons, mais le plus souvent leurs ailes raides sont un obstacle. En mordant sur eux, les Chevesnes, Dards, etc., se blessent et recrachent l'appât. ^''J- ^- " -^»''''^" "''''S'^- ^^'^- °**-> Il est toujours préférable d'arracher les ailes, de se servir du corps seulement, et de mettre, sur la pointe de l'hameçon, un autre insecte à ailes molles. AGÛEILLE. — Nom gascon de l'Orphie. (Voy. ce mot.) AGUGLIAT. — Nom de l'Aiguillât à Nice. (Voy. Aiguillât.) AGUIJE. — Nom de l'Orphie aiL\ Martigues. (Voy. Orphie.) AGUILLA. — Nom de l'Aiguillât aux Martigues. (Voy. Aiguillât.) AGUILLAT. — Nom de la Roussette petite, ou Chien de mer, dans plusieurs départements du Midi. (Voy. Roussette.) AGUIO. — Nom de l'Orphie aux environs de Nice. (Voy. Orphie.) AGULIA. — Nom languedocien de V Aiguillât. (Voy. ce mot.) AGULIO. — Nom languedocien de V Orphie. (Voy. ce mot.) AICHE. — Synonyme de Esche. (Voy. ce mot.) AIGLE. — On donne à Dieppe, où on le prend souvent, le nom d'Aigle au Maigre [Sciene). (Voy. ce mot.) AIGLE (Raie). — (Voy. Raies, § 1-4). AIGUILLAT (Spinax acanthias, Flem.). — Chondropt. à branch. fixes, plagiostome. Long, max = \°^,hO. Syn. : Picked dog, Picked dog fish, angl. — Haafisk, dan. — Pighaa, norw. — Haafu)\ island. — Hag, suéd. — Dùrnhay^ Dornhund, Spoimhag, a\l. — Speerhuay, hoU. — Âzio, oguzeo, pesce ca;2, ital. — Spinec, bret. — Sea-dog, écoss. — Peixe prego, portug. Squale très-voisin du Requin, mais n'ayant pas d'anale et portant des évents. Ces animaux ont une forte épine en avant de chacune des dorsales, et des dents tranchantes sur plusieurs rangs. Corps noirâtre sur le dos à reflets bleus, tacheté de blanc chez les jeunes ; ventre jaune-blan- châtre. Peau très-rude et chagrinée. Pas de nageoire anale. Bouche semi-circulaire et couverte, presque ronde. Dents basses, enchevêtrées, avec leurs pointes dirigées alternativement en dedans et en dehors, bords coupants. Nageoires pectorales grandes, ventrales petites. Queue puissante, lobe supérieur beaucoup plus grand. Chair filandreuse, dure, mauvaise, pouvant empoisonner quelquefois. Œuf à jaune recherché et délicat. Les jeunes naissent de juin en jiovembre. AIGUILLAT. — Ce squale est sans contredit le plus commun de tous les re- quins. Il marche toujours en troupes, quelquefois en nombre incalculable, si l'on en juge par les pêcheurs qui les prennent, les uns après les autres, à l'hameçon, avec une rapidité inconcevable. Les petits sont de la partie et suivent les gros à la 12 AIR poursuite de bandes de poissons qu'ils sont encore incapables d'attaquer. Quand on prend l'Aiguillât, il se courbe en arc pour se défendre avec ses épines, et se dé- Fig. 5. — Aiguillât (Spinax acanthiar, Fleni: tend comme un ressort. Montagu a entendu parler de 20,000 pris dans un seul coup de senne. C'est au moment de la poche du Hareng que ces armées de ravageurs appa- raissent et n'ont de rivaux que dans le nombre de leurs victimes. On croit recon- naître qu'ils se réunissent en plus grand nombre à la pleine et à la nouvelle lune. AIGUILLE (Pêche à !')• — (Voy. ANGUILLE, Pèche.) AIGUILLE A ENFERRER LE POISSON VIF. — (Voy. ENFERRER LE POIS- SON VIF.) — (Filets). Ce mot est synonyme de Navette. (Voy. ce mot.) AIGUILLETTE. — Nom populaire de V Orphie en Bretagne. (Voy. ce mot.) AIGUILLÈRE. — Sorte de fdet fixe employé dans la Méditerranée. AIGUILLON. — Nom populaire du jeune Brochet. (Voy. ce mot.) AIGUISER LES HAMEÇONS. — (Voy. PlERRE A AIGUISER.) AIR. — L'air est nécessaire aux poissons comme aux autres animaux de la création; seule- ment il ne leur arrive pas directement, mais par l'intermédiaire de l'eau qui le tient en dissolution. Cette manière de respirer a nécessité chez eux les organes spéciaux connus sous le nom de bran- chies, placés près de la poitrine, des deux côtés de la tète, et protégés par les organes vulgaire- ment appelés ouïes. L'air est absorbé par les poissons non-seulement en dissolution dans l'eau qui les entoure, mais également en nature à la surface de l'élément qu'ils habitent. Ils semblent venir ioù-e de l'air, comme nous buvons de l'eau, dans certaines circonstances de leurs besoins organiques. Cet air, avalé par eux au moyen d'une aspiration, ne passe jamais par les branchies pour sortir de leur corps ; il n'est donc pas destinéàla respiration. Le poisson l'avale, le faitsansdoutedescendre dans son estomac dont il doit peut-être vivifier les sécrétions, mais, en tous les cas, il rend en bulles, par la bouclie, la quan- tité d'air avalée. Cette exglutition s'exécute souvent par l'animal, en plusieurs fois, à d'assez longs inter- valles, ce qui ferait penser que l'air ne séjourne pas seulement dans les cavités buccales, mais est avalé et sert dans l'estomac à une fonction encore inconnue, après laquelle il est expectoré comme substance inerte et désormais inutile. La facilité qu'ont les poissons de rejeter les objets avalés par eux, ne rendrait, en aucun cas, cette fonction pénible pour eux. La quantité d'air nécessaire à la respiration des poissons est assez considérable; il est probable ALGUES. 13 qu'en absorLant l'oxygène, Ils rendent l'azote et sans doute aussi de l'acide carbonique; toujours est-il que quand on les séquestre dans de l'eau sans communication facile avec l'air extérieur, comme celle qui est renfermée sous la glace et ne possède pas un écoulement qui la renouvelle, ou un vo- lume suffisant pour prévenir l'épuisement d'air vital, ces animaux meurent asphyxiés. On a de nom- breux exemples de ce fait, dans les étangs dont l'eau n'est pas remplacée par celle des ruisseaux ou des sources. Il ne faut cependant pas négliger de faire entrer dans ces considérations la quantité des gnz di- vers qui s'échappent en abondance des vases et des détritus végétaux accumulés au fond des eaux. Ces gaz, parmi lesquels les combinaisons de l'hydrogène, du carbone, du soufre, du phosphore, etc. sont nombreuses, doivent être aussi délétères pour les poissons que l'air devenu irrespirable parce qu'il a déjà été respiré. Il y aurait de curieuses expériences à faire à ce sujet, en séparant d'un vo- lume d'eau donné la quantité des gaz qui le traverse dans l'état ordinaire des choses de la nature. On serait certainement frappé, dans certaines localités, de son extrême abondance, et l'on ne man- querait pas d'en déduire des faits du plus haut intérêt. AL.A-LONGA(Thymnus . — (Voy. Germo.n.) ALANDT. — Nom du Jesse. ALAUSAGOMMUNIS. — (Voy. .\lose commune, Hist. Nut.) ALAUSAFINTA — (Voy. Alose feinte, Hist. Naf.) AL.AOUZO. — Nom languedocien de V Alose commune. (Voy. ce mot.) ALBA (Raja). — (Voy. Raies, § 8, Hist. Nut.) ALBURNOIDES CYPRINUS. — (Voy. Ablette alblrnoïde, Htst. Xaf.) ALBURNU3 (Genre). —(Voy. Alburnus cyprinus, //î^^ iVa^) ALBURNUS BIPUNCTATUS (Heckel). — (Voy. Ablette biponctuée, Hist. Nat.) ALBURNUS CYPRINUS.— (Voy. Ablette, ffn^/. Nat. et Pe'che). La désignation d'albunius a été appliquée à l'Ablette par Rondelet. On en a fait un genre, c'est Heckel et Kner qui ont opéré ce changement. Jusqu'à eux, le m )t Albu'nus était seulement appliqué par Linné à l'espèce Cyprinus alburaus. ALBURNUS DOLABRATUS (Siéb.). — (Voy. ABLETTE Hachette.) ALOZAT. — Sorte de filet fL^e, en tramail, dont on fait usage dans la Méditer- ranée pour prendre les Aloses. ALBURNUS FABREl. — (Voy Ablette de Fabre, Hist. Nat.) ALBURNUS LUGIDUS (Heckel). — (Voy. Ablette co.mmu.ne.) ALBURNUS MIRANDELLA (Blanc). — (Voy. Ablette mirandelle.) ALESNE — Dans quelques départements sur la Méditerranée et l'Océan, on donne le nom d\Ales7ie à la Baie oxyrhinque ou à long bec. (Voy. ce mot.) ALEVIN. — Nom donné aux jeunes poissons dont on se sert pour peupler les étangs. On afTecte surtout ce nom aux jeunes Carpes de 0'",10 àO^jlo de longueur. ALGUES, —Ce mot a longtemps été appliqué à des plantes bien différentes, mais en général appartenant toutes à la mer ou à ses rivages. Linné d'abord, Jussieu ensuite ont restreint le sens de cette appellation, et l'ont appliquée à des plantes qu'ils ont divisées en 3 classes : Phycées ou Algues submergées. Lichens — émergées. byssacées — amphibies. Des travaux plus récents ont encore renversé cette classification, et les Algues marines ou Tha- /assiopltytes ont été réparties en trois nouvelles familles assez naturelles. Les Zoosperme'es, à feuille vert herbacé. Les Fioriftecs, à couleur rose, violette ou pourpre. Les Pfiyce'es, à nuance vert olivâtre plus ou moins foncée. Les Algues sont des plantes agames, le plus souvent vivaces, vivant dans l'eau douce ou salée, souvent à leur surface, quelquefois dans l'air. Extrêmement abondantes en mer, le flux et le reflux les ballottent en masses énormes, et l'eau les abandonne enfin quandelles sont flottantes ou détachées des rochers sur lesquels une de leurs extrémités est ordinairement û.xée. Elles sont utiles à la repro- 14 ALIGNOLE. Fig. 6. — Fucus vesiculosus. duction de certains poissons qui y attachent leurs œufs. Elles servent de refuge à d'autres contre les dents des plus forts et aussi de lieu d'embuscade aux espèces rapaces d'un volume faible ou moyen. On les emploie souvent à l'emballage des poissons et des crustacés, l'humidité qu'elles con- servent aidant à maintenir les poissons à l'état de fraîcheur pendant un temps assez long. L'industrie et l'agriculture en tirent également parti. Sans vouloir, en aucune façon, nous étendre sur l'étude de ces curieux végétaux, il nous a semblé indispensaljle que le pécheur, qui les rencontre en mer à chaque moment, soit qu'il les roule du pied près des rochers, soit qu'il les accroche au fond avec ses hameçons, sache au moins les premiers mots de leur histoire. Il faut qu'il apprenne que si les Algues lui paraissent des plantes, un peu bizarres il est vrai, elles n'en sont pas moins placées si près de la limite du règne animal, qu'empiétant un peu sur lui, il y a des mo- ments de leur existence où la séparation est presque impossible à faire. Rappelons que Cuvier avait rangé, comme beaucoup d'autres, parmi les animaux, les Corallines qui sont actuellement classées parmi les végé- taux, et constatons qu'il existe encore des êtres si équivoques sur la limite de ces mondes, que les zoologistes et les botanistes les reven- diquent tour à tour en leur faveur, sans parvenir à s'entendre sur leur nature ambiguë et à les attribuer à qui de droit. Le phénomène le plus curieux de l'histoire des Algues et le seul sur lequel nous voulons nous appesantir un instant, est celui de leur reproduction. Au premier rang nous voyons à peu près toute la famille des Zoospermées, dont le nom va recevoir par là son explication. Lorsque ces plantes sont arrivées à leur entier développement, la matière verte renfermée dans les cellules de leur tissu, subit une modification profonde, inconnue, merveilleuse, comme tout ce qui s'imprègne de la force vitale, modification par suite de laquelle cette matière naguère inerte et insensible se transforme en véritables animalcules. Ceux-ci, au moyen de leur bec, percent la paroi de leur cellule natale pour s'échapper. Globuleux ou ovoïdes, ils s'agitent et nagent d'un mouvement rapide au moyen des cils vibratiles dont ils sont munis et qui leur forment une couronne mobile ou une toison animée. Si l'on suit attentivement leur mouvement, on les voit, après avoir erré quelque temps, soit à la recherche d'une nourriture microscopique, soit, pour accomplir des fonctions que nous ne connais- sons pas encore, se fixer à quelque corps sous-marin, et là devenir d'une fixité parfaite, privés de leurs appareils moteurs, se changeant en une véritable graine, régénérant une plante semblable à celle qui leur a donné naissance. Un dernier mot : AUjues, ces êtres sont composés comme les sègi- \\!iW\;zoosi)ermes^\\'s, ont une composition chimique tout à fait analogue à celle des matières d'origine animale! Bien que toutes ces plantes, jusqu'à ce jour connues, appartiennent à un nombre relativement restreint de familles, les espèces y sont si multipliées, les formes si variables, les couleurs si mer- veilleuses, que la flore de la mer ne le cède guère en splendeur à celle de la terre. Les unes sont immenses, puisqu'elles ont 2 à 300 mètres de long ; les autres si petites qu'elles deviennent microscopiques. Les unes sont parasites, et vivent soit aux dépens des autres Algues, soit aux dépens des animaux de différentes classes plongés dans le même milieu qu'elles. 11 est aujourd'hui acquis à la science qu'elles jouent dans les eaux un rôle tout à fait similaire à celui des végétaux dans l'air. Non-seulement elles fournissent à des myriades de poissons le vivre et le couvert, — et à ce titre elles intéressent le pêcheur, — mais encore la culture des aquarium a prouvé qu'elles absorbaient les gaz viciés par les poissons et restituaient l'oxygène dont ils ont besoin pour soutenir leur existence. Admirable équilibre ! Quelque part que le naturaliste tourne les yeux, la prévoyance provi- dentielle éclate, et quelque nom qu'il donne à cette puissance, elle n'en est pas moins la plus grandiose manifestation dont son esprit puisse être frappé! ALIGNOLE. — Filet dont on se sert ponr prendre les petits poissons de mer. Il a la forme d'une simple nappe avec flotte et plombs, qu'on établit près de la surface de l'eau. On l'ourdit quelquefois en Provence avec un fil retors assez fort, parce qu'il sert alors à prendre des Bonites, des Thons, des Espadons, etc. ALOSE. 15 ALOSA. — (Voy. Alose. [Genre]). ALOSA CLUPEA. — (Voy. Alose). ALOSA COMMUNIS. — (Voy. Alose commune.) ALOSA FINTA. — (Voy. Alose feixte.) ALOSAOU. — Nom provençal de l'Alose commune. (Voy. ce mot). ALOSE [Genre], (Alosa, Cuv.) — Malacopt. abdm. Clupéoïdes. Les Aloses se reconnaissent facilement à la carène ventrale dentée en scie dirigée en avant, qui s'étend des ventrales à la caudale. Dans leur bouche, les maxillaires et les intermaxillaires sont seuls rnunis de très-petites dents. Le corps est d'ailleurs comprimé. Deux espèces très-voisines, pour la France, peut-être trois. ALOSE BATARDE. — Quelquefois fausse Alose : dénomination populaire du Saurel (voy. ce mot), quand il remonte les fleuves en même temps que les Aloses. ALOSE COMMUNE (Alosa Clupea, Lin.). — Malacopt. abd. 3« fam. Clupes. Long, max. = im. Syn. : White Shad., angl. — lise, Godfisch, ail. — Elfs, holl. — Laccia, Agone, Ital. — Sabogo, espag. — Stad sill, suéd. — Savel, portug. Sur deux Aloses prises à Brest en 1861, nous avons'trouvé A = 23, P = 15, incolores, légère- ment bordées de vert, ventrale et anale incolores, caudale un peu grise au bout. Corps très-mince, plus comprimé encore que la Brème, avec laquelle elle a une certaine ana- logie de forme, quoique appartenant au même genre que le Hareng (Clupéoïdes). Tête petite, bouche grande, garnie de petites dents, mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure qui est éclian- crée à son extrémité. La langue est blanche, marquée de petits points noirs : elle est pointue et à demi libre. Le système tout particulier au moyen duquel la mâchoire inférieure, terminée en pointe, entre dans la supérieure, est tout à fait caractéristique de ce poisson. Les maxillaires supérieurs se terminent de chaque côté en lames minces et transparentes, articulées au bout du nez et qui s'écartent quand la bouche s'ouvre. Le palais est marqué de taches régulières. 19 rayons à la dorsale grise-noirâtre, 20 à l'anale, basse, allongée, de couleur grisâtre et finement pointillée de noir; caudale fourchue,'grise aussi ; ventrales blanches; carène du ventre dentée et couverte de lames transversales. Elle porte des taches noirâtres sur les opercules et aux environs de la caudale. Les écailles dures et terminées par une pointe aiguë se continuent jusque sur la queue. Dos vert-olive pâle, avec des reflets dorés et irisés ; flancs, gorge et ventre nacrés à reflets un peu verdàtres et comme dorés. OEil blanc à iris noir. Les Aloses habitent l'Océan et la Méditerranée. Elles remontent au printemps, en franchissant les digues, les fleuves jusque près de leur source, puis elles retournent à la mer en automne. Il ne faudrait pas conclure de ceci que l'Alose a, pour remonter les courants et sauter les barrages, la même force que le Saumon ou la Truite; elle recule devant des chutes un peu fortes et des déversoirs à nappe rapide. Aussi les barrages que les usines ou les entreprises d'arrosement forcent à établir sur les rivières nuisent-ils considérablement à la reproduction de ce poisson, qui ne peut franchir ces obstacles et parvenir à une eau convenable à sa ponte. C'est pour l'Alose autant que pour le Saumon et la Truite, qu'il convient d'établir, auprès de ces barrages, des échelles de remonte appropriées à la force du poisson et lui permettant, par une série de bonds peu considérables, de franchir ces passages désormais pour lui inabordables. C'est à leur arrivée en mars et avril qu'elles déposent leur frai sur le bord des eaux en se pressant par troupes et faisant, comme la Carpe, un bruit considérable qui s'entend au loin. A la suite de cette opération, les Aloses sont amaigries et fatiguées. Quelques-unes même n'ont plus la force de nager et se laissent emporter par le courant renversées sur le dos. On dit même qu'il en meurt, en ce moment-là, un certain nombre. En août et septembre on rencontre dans les fleuves et leurs affluents de jeunes Aloses de O^jOG à 0™,08 de longueur, descendant à la mer. La chair de l'Alose est de qualité très-variable ; lorsqu'elle est prise dans l'eau douce et quelque temps après le frai, cette espèce est très-recherchée, quoique sa chair soit remplie d'arêtes. Ce poisson mord rarement à la ligne, quoiqu'il se nourrisse de vers, d'insectes et de petits poissons, mais on en a des exemples, surtout pour les jeunes individus. La Seine-Inférieure est de toutes nos rivières la plus abondante en Aloses ; il y a des années où l'on y en prend 12 à 14,000, avec des filets appropriés. ALOSE COMMUNE. — La pêche de l'Alose se fait en eau douce dans les fleuves et rivières où elle remonte, et exclusivement au filet. On emploie surtout la 16 ALOSE, senne et le tramail, mais on peut également les prendre à la truble dans les pe- tites anses, au verveux et à la nasse. Le talent principal du pôcheur consiste à de- viner, par l'inspection du temps, de la marche de ces poissons, s'il faut qu'il les attaque de fond ou à la surface. On pêche ordinairement l'Alose en descendant le courant. Si le temps est chaud, orageux, lourd, ce poisson descend au moins à 2 mètres, et se tient dans les grandes eaux. Si la chaleur est sèche, dure, le temps élevé, les Aloses viennent s'ébattre dans les anses abritées et jouer sur le sable et les petits cailloux. Le meil- leur moment pour la pêche, c'est la nuit, quand il n'y a pas de lune et par les pe- tites crues qui troublent les eaux. Comme ce poisson est extrêmement défiant, on en prend, avec ces précautions, plus que si on l'attaque à guerre ouverte. La pêche dure de mars à juillet. La senne que l'on emploie porte le nom d'Alosièj^e. On a remarqué que quand l'eau est claire au printemps, les Aloses mon- tent plus tôt. S'il vient une crue par hasard, elles attendent pour monter que l'eau ait repris sa pureté première. Si elles sont surprises par une crue dans leur remonte, elles s'en retournent vers la mer. On dit de même — et cela ne date pas d'aujour- d'hui, puisque Élien le rapporte, — que s'il tonne pendant que les Aloses remon- tent les fleuves, elles retournent rapidement à la mer. La seule réflexion que doi- vent inspirer ces assertions, c'est que de toute antiquité on s'est aperçu de la sauvagerie et de la défiance de ce poisson, ce que nous avons fait remarquer plus haut. L'Alose remonte tous nos fleuves, la Gironde, la Loire, la Seine, la Somme, la Meuse, le Rhin, le Rhône, etc. Dans ce dernier, elle est même une des pêches les plus importantes. C'est pour elle que l'on emploie le filet spécial nommé Araignée. (Yoy. ce mot.) Où vont les Aloses une fois redescendues à la mer ? On ne le sait pas. On prend quelques rares individus, en automne, sur les côtes près des embouchures des ri- vières : il est probable que ce sont quelques retardataires malades ou blessés, car leur chair est maigre et mauvaise. Mais la grande armée, la masse, où va-t-elle ? Nul ne le sait. Elle va où vont les Harengs, ses cousins, les Sardines, ses cousines, et mille et mille autres que nous perdons de vue:-..., car notre vue est encore bien courte ! ALiOSE FEINTE (Alosa Finta, Cuv.). — Malacopt. abdom. Clupéoid. Long. max. =0",45. Syn. : Wfnle Shad, angl — Alacha, esp. — Blomstecq, bret. — Vinlen, lioU. — Sabelia, porlug. — Vint, Venth, Verich, flam. — Astouna, basque. La Feinte ressemble telIenienlàrAlose commune que ces deux poissons sont très-dilTiciles à dis- tinguer au premier coupd'œiL Cependant la Feinte a la dorsale plus haute et les ventrales plus petites que l'Alose commune. De plus, elle porte sur la ligne latérale 5 à G taches rondes noires, espacées à la suite l'une de l'autre. La Feinte est un poisson de mer qui entre dans nos rivières vers le mois de mai, aussi l'ap- pelle t-on dans beaucoup de pays le/'omon de maî.-elle arrive après l'Alose vraie, et marche, comme elle, par troupes. Le but de ce voyage dans l'eau douce est d'y déposer son frai; cela fait, elle retourne à la mer vers la fin de juillet. Dans le mois de juin, o:i voit ces poissons en grand nombre faisant grand bruit et jouant près delà surface. En langage de pécheur, cela s'appelle battre l'eau, mais il parait qu'elles se débarrassent ainsi de leurs œufs mûrs par une violente action musculaire : ce bruit se fait entendre à une grande distance le soir ou dans le silence de la nuit. En octobre on trouve du frai de 0",10 à 0",15 ; nous en avons péché à la senne, en mer, avec des bancs de petits mulets. (Sept. 186G.) On remarque dans la remonte des Feintes un ordre différent des Aloses vraies : chez celles-ci ce sont les petites et les maigres qui entrent les premières dans l'eau douce ; chez les Feintes, au contraire, ce sont les gros individus qui ouvrent la marche. Les pécheurs ont donné à ces premières AMBRE, 17 venues le nom de Feintes à gros œil ou Feintes noires, parce qu'ils ont cru remarquer qu'elles avaient l'œil beaucoup plus grand que les autres et la peau plus noire. Ce dernier caractère peut parfailem3nt tenir à leur âge plus avancé; quant à la grandeur de l'œil, il serait à désirer que des observations fussent faites à ce sujet; elles pourraient indiquer une autre espèce, ou au moins une variété. Fig. Alose feinte {Alosa fin/a, Cuv.) Les dernières arrivées, car les bandes montent, pendant l'été, à deux ou trois reprises différentes, sont appelées par les pécheurs de la Loire Feintes bretonnes, comme s'ils pensaient qu'elles viennent de la basse Loire ou des eaux bretonnes de ce fleuve. Elles sont beaucoup plus maigres et moins estimées que les Feintes à gros œil. Dans la Seine-Inférieure les pécheurs appellent Cahuhau le mâle de la Feinte, et ils ne l'estiment qu'au second rang. C'est le contraire de l'Alose vraie. La nourriture de la Feinte parait être les petits poissons et les crustacés à carapace pas trop dure D= 18. P = 15. V=9. A= 21. C = 19. ALOSE FEINTE. — La Feinte se pêche absolument de la même manière que l'Alose vraie, au moyen des sennes, des trubles, surtout du tramail et quelquefois des nasses et verveu.x. (Voy. Alose commune.) Yarrell rapporte que M. Holdsworth lui a affirmé avoir pris plusieurs Feintes, un jour, en péchant au maquereau avec une légère ligne flottante à l'embouchure d'une rivière. Son amorce était un morceau de maquereau. ALOSE ROUSSE. — (Yoy. Glupée rousse.) ALOSIÈRE. — Senne fine et à grandes mailles avec laquelle on prend les Alo- ses. (Voyez ce mot.) ALVIN. — (Voy. Alevin.) AMAIRADE. — Filet du Languedoc qui s'appareille comme les Bottudes, et ressemble à des Demi-folles. (Voy. ces mots.) AMBRE. — On confond souvent l'Ambre jaune et l'Ambre gris. Le premier, dont on fait des bijoux, ne nous est point utile pour la pêche ; il s'agit ici de l'Am- bre gris, substance grasse, ai^omatique et douée d'un parfum analogue au musc, et qui paraît être une concrétion formée dans les intestins de certains Cachalots. On emploie cette substance odorante dans la composition des appâts et des crnorces artificielles. (Voy. ces mots.) 18 AMMOCŒTE. AMERTUME. — Certains poissons présentent naturellement un goût amer dans leur chair ; la Bouvière est de ce nombre. D'autres, comme le Gordon, ne con- tractent ce goût que dans certaines eaux et à un moment de l'année, quand ils se nourrissent d'herbes aquatiques abondantes dans ces endroits. La Perche elle-même, quoique Carnivore, contracte ce même goût amer dans les eaux 011 le Gardon le devient, sans doute parce qu'elle se nourrit de Gardons amers. Quel que soit le poisson, il prend également une amertume extrême si, en le vidant, on vient à crever la vésicule du fiel. On prétend que pour enlever cette saveur désagréable, il suffit de mettre dans l'apprêt du poisson quel qu'il soit, friture ou matelote, un morceau de fer, bien dé- capé à surface vive ; ce moyen n'est pas à dédaigner et mérite d'être mis en pratique. AMMOCŒTE. — Le nom de ce poisson est formé de deux mots grecs (à[j.!J.o; sable, et xoÎTr, gile); il rend parfaitement compte des mœurs de ce petit animal. L'Ammocœte, il y a dix ans, était simplement un cyclostôme assez semblable, comme forme, aux Lamproies, en très-petit. Deux espèces étaient connues ; nous verrons tout à l'heure ce qu'est ce poisson en réalité. 1° L'Ammocœte lampriUon,nommé aussi Sepf-œil et Chatouille (Ammocœte bi^anchialis, Dnménl), Long. max. = 0™,20. Syn. : Pride, Mud-Lamprey, angl. ; — Vor-igla, allem. Ce petit poisson est conformé absolument comme la Lamproie ; son corps paraît annelé. Au fond de la bouche sont placées 5 ou 6 dents ou osselets semi-circulaires; le bord postérieur de cette bouche est bilobé. Nageoires dorsales très-basses, terminées en ligne courbe ; yeux très-petits, voilés par une membrane. Dos verdâtre ; côtés jaunes; ventre blanc sans taches ni raies. Ce petit poisson attaque quelquefois les branchies des poissons plus forts. Il est très-bon à manger, mais sert rarement à cet usage. On le trouve dans le sable ou la vase des ruisseaux et rivières à eau limpide. Les Ammocœtes sont très-fécondes et pondent des milliers d'œufs que le mâle vient féconder. Les œufs sont abandonnés comme ceux des autres poissons à l'éclosion naturelle, qui a lieu au bout d'un temps plus ou moins long, selon la saison. 2" VAmmocœte rouge {Petromyzon ruber. Lac). Long. max. = On>,20. Rouge de sang, plus foncé sur le dos que sur le ventre, se trouve aux mêmes lieux que la précé- dente. Celui que l'on prend dans la Seine est souvent appelé par les pécheurs Aveugle^ à cause de l'extrême petitesse de ses yeux, ou encore Se/J^œ^/ rouge. On trouve aussi dans la Seine-Inférieure une autre Ammocœte que les pêcheurs nomment le Sucet, et qui ressemble beaucoup à l'Ammocœte rouge. Corps cylindrique, long. max.= O^jlO, nageoires dorsales basses, un peu adipeuses et la seconde s'étendant presque jusqu'à la queue. Tête large, yeux loin du museau, et comparativement grands, recouverts par la peau de la tête, iris doré. Dans la bouche, 9 petites dents orange, langue blanche et garnie elle-même de crans. Cet ammocœte suce le sang des Aloses et paraît dans les rivières en même temps qu'elles (?). On trouve encore à Rouen le Sept-œil noir. Ces trois ou quatre poissons se nourrissent de vers, d'insectes et surtout de charognes. Tel était l'état des connaissances que l'on possédait sur les Ammocœtes, quand A. Mùller démontra d'une manière irréfragable, en les conservant en captivité et observant leurs mœurs, que ces poissons n'étaient que des larves, à différents états de développement, de la Lamproie de Planer ou petite Lam- proie de rivière {Petromyzon P/aneri, Dloch). Plus petite que la L. fluviatile dont elle a la couleur, celle-ci ne dépasse pas une longueur de O^.Vô. Sa bouche porte des dents obtuses. Elle passe au moins deux années à l'état de larve ou d'Aramocœte, et ce n'est que la troisième année, quelquefois même au commencement de la qua- trième, que la métamorphose s'accomplit, vers le mois de mars ou d'avril. A ce moment elles pondent et meurent après. Adulte, cette Lamproie est carnassière, active, elle peut sucer sa proie. C'est elle que les pêcheurs ont vue parasite sur les branchies des diflerents poissons (?). A l'état de larve (ammocœte), la Lamproie est lucifuge, et ne vit que par l'absorption des particules animales que lui apporte l'eau dans laquelle elle est plongée, car sa bouche est encore imparfaite et ne peut lui permettre une succion véritable. AMONT. 19 Tout à fait jeune, la bouche est triangulaire et sans dents ; à mesure que l'âge arrive, la bouche se niétamorplioseot se rapproche du cercle, tandis que les dents apparaissent et arrivent rapidement h leur grandeur normale. Sans yeux d'abord, ceux-ci paraissent peu ù peu, d'aljord sous la peau, puis au dcliors. Ces faits sont du plus haut intérêt et singulièrement anormaux parmi les animaux vertébrés. AMMOCŒTE. — L'Ammocœte, connue sous dix noms différents, ainsi que nous venons de le voir, est toujours et partout une des esches les plus précieuses pour les poissons carnassiers des eaux douces. Tous y donnent. L'An- Fiy. 8. — Ammocœte [Petromyson Planeri, Miii.). guille en est friande, le Brochet, la Truite ne cherchent pas de meilleure proie quand ils aperçoivent celle-ci. Le secret de cette prédilection doit se trouver dans l'extrême vitalité de ce petit poisson, qui résiste pendant de longues heures à la piqûre de l'hameçon et passe ce temps en convulsions continuelles. Je sais bien que le pêcheur à la ligne est cruel et que pour lui les souffrances n'ont pas d'émotions : elles sont favorables à son projet, car elles ont pour effet d'attirer de très-loin les carnassiers qui, aper- cevant ces mouvements rapides et continuels, craignent qu'une si- bonne aubaine ne leur échappe et se précipitent, tète baissée et gueule béante, afin de satisfaire leur voracité. Pour empiler les Chatouilles ou Sept-œil, il faut passer le dard de l'hameçon seulement dans la partie charnue du dos. Dans la bouche, on les tuerait rapide- ment, ce qui est contraire à ce qui fait leur prix. On les conserve facilement dans l'eau sur un peu de sable. L'Ammocœte se prend avec des nasses, des guideaux et des fdets mobiles auxquels on a imposé différents noms, suivant les rivages oîi on les emploie et la forme qu'on leur a donnée. AMMOCŒTE BRANCHIALIS. — (Voy. Ammocoete.) AMMODYTES LANGEA. — (Voy. Équille.) AMONT. — Ce terme vient du mot latin ad montem^ signifiant du côté de la montagne^ d'en haut ; c'est le cùté d'où descend, d'où vient un cours d'eau quelconque. Il est l'opposé d'aval. (Voy. ce mot.) La direction du vent, d'amont ou d'aval, est très-importante pour le pécheur à la ligne : le vent d'amont forme des vagues ou rides qui soulèvent le poisson de surface, dam le sens de ses écailles, puisqu'il présente toujours la tête au courant pour être prêt à saisir la nourriture que celui-ci charrie. Quand ce vent n'est pas froid, il est préférable, dans les mêmes cas, au vent d'aval. 20 AMORCES. AMORCES. — Les amorces sont des appâts que l'on jette dans l'eau pour at- tirer le poisson à l'endroit oh l'on doit pêcher, h la différence des Esc/tes qui sont des appâts également, mais attaches à l'hameçon. Une des meilleures amorces est le ver blanc de viande ou asticot ; mais chaque poisson ayant une préférence pour telle ou telle nourriture, on a dû varier l'espèce d'amorces pour chacun ou pour ceux de mœurs semblables. Le secret de la réussite des pêcheurs qui font de belles captures, dans la loca- lité qu'ils habitent, se compose de deux choses : 1° une parfaite connaissance de la rivière, eta° la précaution d'amorcer à intervalles égaux les mômes places choisies et connues d'eux seuls. Le poisson, comme tous les animaux, est susceptible d'une certaine éduca- tion ; donnez aux Carpes d'un bassin ou d'une rivière, tous les jours, du pain à la même heure, et à oette heure-là, elles viendront d'elles-mêmes se rassembler au lieu habituel pour attendre leur provende ; changez de place un jour, et vous verrez l'a- morce délaissée pendant assez de temps, jusqu'à ce que le hasard la leur ait fait trouver. Or, ce qui se passe à la surface pour les Carpes apprivoisées d'un bassin, se passe également au fond de l'eau pour les Carpes sauvages d'une rivière. Elles s'habituent, au bout d'un certain temps à trouver à un certain endroit, une nour- riture abon(4ante et appropriée à leur goût ; elles y viennent, se repaissent, puis s'é- loignent chercher aventure. Leur estomac est repu, elles vont cueillir leur dessert. Qu'au lieu de leur apporter leur nourriture, vous laissiez tomber au même en- droit votre hameçon couvert d'une partie de l'amorce habituelle, elles se jetteront dessus sans regarder, sans défiance et avec une voracité dont vous serez surpris. Si, de plus, vous avez choisi l'heure, d'après les habitudes connues des poissons, la grosseur de la bouchée suivant l'animal que vous désirez, vous êtes à peu près sûr de réussir ; car un gros poisson mord quelquefois à une petite esche, mais ja- mais un petit ne mord à une grosse. C'est ainsi qu'en variant les amorces suivant les endroits qu'affectionnent les poissons, on peut arriver à les réunir. Les fèves, le blé cuit rassembleront en un seul endroit les Carpes, Tanches, Gardons de fond, Brèmes, tous poissons qui ha- bitent ensemble et qui fréquentent les mêmes fonds vaseux, entre les roseaux. Les détritus d'animaux, les vers de terre hachés, les débris de vers à soie, la rate cuite, le sang caillé, les entrailles de volailles, des oiseaux, etc., rassemble- ront les Anguilles, les Lottes, les Barbeaux, si vous les déposez, mêlés avec de la terre glaise et du crottin de cheval, à l'extrémité d'une digue, d'un perré, d'un vieux mur, entre des souches profondes, près des carrières ou des remblais trempant dans la rivière. Du crottin de cheval, du son, du sang, mêlés dans un panier ou un filet, fe- ront assembler en un endroit rapide et dans l'eau claire, les Ablettes, Goujons, petits et gros Chevesnes, Dards, même les Barbillons, etc. Il est donc vrai de dire que l'amorce est le moyen par excellence et le secret du grand pêcheur. C'est surtout le secret de ceux qui en font leur profession et qui souvent, ne reculent devant aucune préparation peu ragoûtante pour rendre cer- tain le succès du lendemain, succès du reste légitime, puisqu'il assure leur exis- tence, mais que le pêcheur amateur n'oserait pas poursuivre au prix des mêmes sacrifices de délicatesse. S'il l'ose, tant mieux pour lui, ce sera le cas de lui dire : honneur au courage récompensé ! AMORCES. 21 L'expérience démontre suralx^ulumment ainsi, qne toutes les fois qu'on en aura le temps et les moyens, il faudra amorcer au même endroit, aux mêmes heures et avec^la même substance pendant plusieurs jours de suite. Il est bon d'amorcer plusieurs endroits à la fois et de quitter l'un pour aller à l'autre quand un premier poisson a été pris. Gomme les endroits choisis sont ordinairement placés sur la même rive de la rivière, il faudra commencer par en bas, en remontant, et cela pour deux raisons. D'abord, quand un bruit se produit dans l'eau, le courant lui- même fait descendre l'ébranlement, produit ainsi, à une plus grande distance qu'il ne peut remonter ; en second lieu, si le poisson pris a effrayé les autres en se débattant, ceux-ci ont fui en remontant la rivière, toujours, ce qui peut donner l'espoir de les retrouver aux autres places amorcées qu'ils peuvent renconter sur leur passage. Le choix des endroits où l'on dépose l'amorce est également fort important. 11 faut qu'ils soient nets d'herbes et de grosses pierres, que le courant ne puisse en- traîner les matières déposées, etc. ; c'est pourquoi, dans les rivières à courant ra- pide, il faudra choisir les endroits abrités par des coudes brisant l'eau et produi- sant des parties tranquilles et à demi dormantes, que l'on nomme hayes ou haïes. Cela se trouve près des ponts, des digues, des barrages, au bout des quais, des murs, etc. Encore est-il bon de remarquer que vouloir amorcer dans les grands fleuves, est quelquefois très-difficile, même quand l'endroit est bien choisi. C'est souvent dans de tels cours d'eau, et sans aucune amorce, que l'on trouve la meil- leure réussite, guidé par le hasard. Dans les petites rivières, c'est le contraire. Quel que soit le mode de pêche à la ligne que l'on veuille suivre, —excepté la pêche à la mouche naturelle ou artificielle, dans laquelle on chasse plutôt que Ion ne pêche, puisqu'on marche sans cesse à la recherche du poisson de surface, — il faut amorcer son coup. On le fait en arrivant, si l'on n'a pu le faire, dans un autre moment, d'avance; mais l'effet ne se produit qu'au bout de plusieurs heures, et c'est pour attendre ce moment qu'il faut s'armer de patience. Il va sans dire qu'un coup bien amorcé le matin, et entretenu pendant la journée, ne doit pas être quitté, puisque sa valeur, comme chance de prise, croît avec le temps écoulé et la quantité d'amorces dépensée. Non-seulement le genre de poisson que l'on recherche fait varier la nature de l'amorce employée, mais la qualité des eaux, le genre de rivière où l'on pêche, in- fluent également sur cet objet. On en trouve un exemple frappant dans l'emploi des asticots qui conviennent, comme esches, à la majeure partie des poissons d'eau douce, et qui forment, mêlés au son et à la terre glaise, une excellente amorce. Dans les fleuves ou dans une rivière rapide, tous les poissons y viendront, gros et petits, et s'en rassasieront. Dans une rivière à cours tranquille, pleine de roseaux, les mêmes poissons se détourneront de l'asticot, et le menu fretin des Ablettes ou des Épinoches le dévorera seul, et encore ! A quoi tient cette différence de mœurs ? Sans doute, à ce que sur le bord des grands fleuves se trouvent jetés plus de corps en décomposition qui deviennent une abondante source d'asticots que l'eau entraîne et dont les poissons sont habitués à se nourrir. Sur les petites rivières qui sont, au contraire, enfermées dans les terres, sans crues, bordées de ceintures épaisses de roseaux, plus loin des villes et des fa- briques, le même fait ne se produit pas. Peut-être aussi le poisson qui là trouve une abondante pâture végétale et d'innombrables légions d'insectes, ne se soucie- t-il plus de l'asticot, vers lequel la faim ne le pousse pas. 22 AMORCES. Nous allons passer en revue les amorces les plus ordinaires el les plus faciles à se procurer, en indiquant le genre de poisson auquel elles sont adressées, et l'heure à laquelle il convient de les jeter pour aller ensuite pêcher au même enft'oit, à une heure convenable. Quelques-unes de ces recettes sont fort anciennes, nous les avons reproduites et respectées, parce que nos pères, dont on raille souvent la pharmacopée, avaient du bon cependant et prenaient autant, sinon plus, de poissons que nous. On prétend que c'est parce qu'il y en avait davantage ; je ne le crois pas plus que pour la chasse, mais il y avait moins de règlements et par conséquent moins de braconniers, voilà la raison, car l'un ne va pas sans l'autre. TABLEAU DES MEILLEURES AMORCES COMPOSITION DES AMORCES. POISSONS Ol'I Y MORDENT. HEURES. OBSERVATIONS. I. Prenez: 85 grammes de fro- Tout poisson P 1 u s i e u 1- s Les poissons trè.s-avi- mage vieux de Hollande ou de d'eau douce. heures avant des de cette amorce res- Gruyère, broyez Je tout dans un hi pèche. tent longtemps à rôder mortier avec de la lie d'Iiuile d'o- autour de l'endroit où ils lives, et mèlez-y du vin, peu à peu. en ont rencontré. jusqu'à ce que votre composition ait acquis la consistance d'une pâte un peu épaisse, et vous y ajouterez un peu d'huile de rose. Faites, avec cette pâte, de petites boulettes de la grosseur d'un pois, tout au plus. II. En Angleterre, on amorce Tous les pois- En péchant. id. dans la Tamise avec du pain de sons , surtout creton bouilli et coupé. le barbillon. m. Laissez tremper 6 litres de Carpes. Le soir pour id. fèves ( Foba vu/gan's) une nuit le lendemain , dans de l'eau ; faites cuire alors à nu point ilu demi avec 250 gr. de miel et jour. 1 décigr. de musc. Retirez du feu pour les pétrir et en faire des bou- lettes. IV. Mélangez: mie de pain, crot- Tous pois- Toute la jour- tin de cheval, chônevis, et sang sons blancs. née. caillé. V. Faites durcir au soleil ou an Tout poisson S'emploie en petits four des œufs de poisson, gardez- de surface et morceaux comme esche les dans des pots entre des lits de poissons blancs à l'hameçon. laine et de sel, et coupez par mor- ceaux pour la pèche. VI. Faites jeter un ou deux Dréme. Mettre à l'eau Cette orge porte le bouillons à de l'orge ou de l'avoine vers la nuit nom de malt, et sert à germée et grossièrement moulue. le bouillon de faire la bière. Passez dans un linge et laissez re- cuisson , sur- froidir (Walton). tout si l'eau est dormante. Vil. Faites cuire du gros blé, Gardons, brè- dit poii/nrd, avec de la caimelle mes , carpL'S , {Laiirus cinnnmomum), ou du ser- barbillons. . polet [Thijmus serpillnm. Lin.). AMORCES. L>3 COMPOSITION DES AMORCES. VIII. Recette de Florent (rame- née aux mesures décimales). Croton Cascarilla , ou résidu de manne ordinaire venant du Bos- weliia serrata, Dec 30 gr. (Ou remplacez ceci par le n° XIV et ajoutez :) Écorce d'encens.... 30 gr. Mjrrhe ( Dalsamodendron Myrrha^ 30 » Bol d'Arménie commun, ou argile ocreuse rouge 30 » Farine d'orge détrempée dans le vin 8 lit. Foie de porc rôti 100 gr. Ail 100 » Pilez chaque chose à part, et mê- lez à du sablon menu. IX. Prenez et pétrissez ensem- ble : Mie de pain Miel Assa fœtida [Ferida assa fœtida, de Cand.) et faites-en des boulettes. X. Faites cuire ensemble : Froment 500 gr. Orge 500 » Cbènevis 125 » ajoutez-y : Sel de cuisine 1 poignée surtout en été, de peur que le blé ne devienne aigre. XI. Faites bouillir du blé ; quand il est bien attendri, fricassez-le sur le feu avec du miel et un peu de safran délaye dans du lait (Wal- lon). XII. Chcmel (17(8) modifia cette recette. En transformant les quan- tités anciennes en mesures nou- velles, on la fait ainsi, en met- tant à cuire dans : Eau de rivière Fèves (P'aba vnigaris), 3/t de litre. Quand elles seront à demi cui- tes, ajoutez : Miel... 100 à 2 et f-. 1 Laissez du feu. encore cuire, retirez On croit qu'il peut être bon de donner la veille aux carpes une amorce de fèves purgatives ; en- viron la valeur de deux fèves d'«- loés soccotnn en poudre sur 2 li- tres de fèves, et les faire cuire ensemble. Le poisson mord mieux le lendemain aux fèves musquées. POISSONS OL'I V MORDENT. Tous les pois- son s d'eau douce. Gardons , che- vesnes. Tous les pois- sons herbivo- res de fond. Idem. Carpes. HEURES. Mettre à l'eau une heure ou deux avant de pécher. Pendant la pèche. Jeter des poi- gnées le soir pour le matin ou pendant la pêche , toutes les demi-heu- res, en amont du coup. Idem. 5 à C heures du soir et du matin. OBSERVATIONS. Se met à l'hameçon. Certains auteurs veu- lent au contraire que le blé soit fermenté et ai- gri, mais nous devons déclarer que jamais ce sjstèmene nous a réussi. L'es appâts végétaux doi- vent toujours être frais. Cette prescription plus moderne que la recette a été l'objet de beaucoup de plaisanteries de la part de quelques pé- cheurs. 11 eût mieux valu rapporter des expérien- ces plausibles que de se moquer d'une idée, en vérité diabolique, pour forcer à mordre ces pau- vres carpes qui n'en peuvent mais. 24 AMORCES. COMPOSITION DES AMORCES. XIII. Recette de Hermès. Pilez de l'ortie {Urtica urcns\ de la quintefeiiille iPotentillu re/j- tawi. Lin.). Ajoutez-y du suc de joubarbe {Sempenivum tec forum, Lin.), frottez-vous les mains avec le jus pour manier l'hameçon et les esches, et jetez le marc à l'eau. On peut remplacer la joubarbe par la serpentaire {Arum dracun- culus. Lin.). XIV. Recette de Florent (va- riante). Prenez : Origan [Origanum vulgare. Lin.), ou marjolaine Ijàtarde... H gr. Sarriette [Satureia liorten- sis. Lin ) [-> « Marjolaine 12 « Suivez alors la formule VIII. XV. Feuilles de mauve [malva) pilée avec du pain de chènevis qui est le résidu de l'huile de cette plante. XVI. Prenez une touffe de gazon vert et court, large comme une assiette. Au sommet de cette herbe, du côté vert, attachez avec une aiguille et du fd vert autant de petits vers rouges que vous pourez, pour recouvrir le gazon. Faites un rond de bois de la gran- deur du gazon, percez-le au" mi- lieu, placez-y le gazon, et descen- dez-les ensemble dans l'endroit où vous voulez amorcer de fond. XVII. D'après Walton. — Faites une pâte composée de fromage bien fort, que vous pilerez dans un mortier avec un peu de beurre et de safran, jusqu'à ce que le tout revête une couleur jaune citron. XVIII. On peut également faire pour l'hiver une pâte composée de fromage et de térébenthine. XIX. On fait des boules de terre glaise prise sur les bords de la ri- vière, on les mélange de son, de crottin de cheval, de pain de creton bouilli et de débris animaux de la cuisine. On coule ces boules parmi les pierres. XX. Pour mettre dans les nasses en mer , employez des sardines fraîches ou pourries, des débris de confiseries de poissons, de seiches et calmars, du foie, de la chair de chien de mer ou autre animal sem- blable, enfin des boulettes de fa- rine grossière pétrie avec des dé- bris de sardines , d'anchois ou autres poissons qu'on prépare dans la localité. POISSONS 'QLI ï MORDENT. Tout poisson (le fond. lOUjons. Carpe. Chabot de ri- vière. Chabot de ri- vière. Civelles ou jeunes anguil- les remontan- tes. Crustacés de toute espiice, congres, murè- nes , pagels , trigles , rou- gets. HEURES. Idem. Le matin ou la veille. Au relais de basse merpour relever au ju- sant suivant. OBSERVATIONS. Dans un sac ou un panier descendu au fond de l'eau. Ce mode doit réussir pour tout poisson, mais demande un temps pré- cieux. Et probablement plu- sieurs autres poissons de fond. Souvent barbillon, etc. AiNARRHIOUE. 25 AMORTIS. — Synonyme de Remous, Haies, etc. (Voy. ces mots.) AMOUTELLE. — Nom de la Lodie franche dans le département de l'Aube. (Voy. Loche FRANCHE.) AMPLORA. — Nom donné ù l'Anchois aux environs de Nice. (Voy. Anchois.) AMURES. — Une des deux secondes lignes de pêche des barques de l'Ile Dieu, pour le Get^mon. (Voy. ce mot.) ANALES (Nageoires . — Ces nageoires placées près de l'anus, en arrière de cet organe, en prennent leur nom. Klles sont toujours impaires, c'est-à-dire placées dans le plan d'axe de l'in- dividu, et varient considérablement de grandeur et de forme. Quand il n'en existe qu'une, elle est placée immédiatement derrière l'anus; quand il en existe deux, elles sont placées l'une devant l'autre, comme dans les Morues (Gades), et toutes deux en arrière de l'anus. Il arrive quelquefois que le rayon de la première de ces nageoires est épineux : exemple, la 'iAox\x& [Gadus morrhua, Lin.). L'usage de cette nageoire est d'abaisser le centre de gravité des poissons et d'augmenter leur stabilité dans toutes les positions données. Quand elle s'étend jusqu'à la queue, elle participe à son mouvement et augmente sa puissance ; elle aide encore aux changements de direction de l'animal en mettant une inégalité plus grande entre l'impulsion communiquée d'un côté, à la résistance qu'elle oppose, en se déployant de l'autre. Enfin la nageoire anale fait plutôt l'office d'un gouvernai! que.d'un propulseur, et, en elTet, elle est le vrai gouvernail des poissons. Dans la station à trois points, elle est repliée. ANARRHIQUE LOUP (Anarrhicus lupus, Lin.). — Acantho;-t. Gobioïd. Long. max. = I à 2 mètres. Corps allongé et comprimé, tête grosse et ronde ; crâne aplati, bouche grande, lèvres charnues principalement sur les côtés ; dents n'adhérant pas immédiatement à la mâchoire et aux os du pa- lais, mais à des épiphyses osseuses, coniques ou hémisphériques, qui elles-mêmes tiennent à ces os par une sorte de suture et s'en détachent facilement à certaines époques. Les dents des intermaxillaires et celles du devant de la mâchoire inférieure sont coniques et l'ig. 9. — Anarrliiijue loup (Anarrhicus lupus, Lin.) pointues ; et celles des côtés de la mâchoire supérieure, des palatins et du vomer évasées et attachées sur de gros tubercules hémisphériques. Couleur générale d'un brun foncé tirant sur l'olivâtre; de petites taches noirâtres formant par leur rapprochement de larges bandes verticales au nombre de neuf à dix ; sur la dorsale, des lignes irrégulières noirâtres se portant un peu plus obliquement en 26 ANCHOIS. arrière que les rayons qu'elles croisent à angles aigus. Ce poisson n'est pas rare sur nos côtes ni sur celles de l'Angleterre. On le trouve aussi sur les côtes de l'Amérique septentrionale. Sa chair ressemble à celle de l'Anguille. L'Anarrhique, par sa bouche fort bien armée et par ses muscles puissants, peut mordre avec force et briser facilement les objets qu'il rencontre. Nombre de coquillages, tels que les crabes, les astéries, les oursins et autres, forment sa nourriture. Il n'est pas vivipare. La femelle dépose les œufs sur des plantes marines et les jeunes croissent lentement. D'ordinaire il nage avec lenteur par des mouvements d'ondulation et comme se traînant sur le sa- ble, lise retire de préférence dans les anfractuosités des rochers. L'.Vnarrhiquepeut vivre longtemps hors de l'eau. ANATOMIE DES POISSONS. — (Voy. Anales [nageoires]. Baucillons. Dassin [os du]. Cartilagineuses [nageoires]. Caidales [nageoires]. Ceinture humérale. Cerveau. Circu- lation. Clavicules. Coeur. Coracoïdiens. Cotes. Crâne. Dents. Digestion. Dorsales [na- geoires]. Écailles. Épaule. Estomac. Évent, Génération. Huméral [os]. Humérus. Interépi- neux [os]. Intermaxillaire [os]. Interoperculaire [os]. Intestins. Laitance. Langi'e. Latérale [ligne]. Mâchoires. Maxillaiiies [os]. Membranes branchiostèges. Mitral [os]. Muscles. Museau. Nageoires. Narines. Nerveux [système]. Nutrition. Opercule. Orbite. Oreilles. Os. Ouïes. Ovaires. Palais [os du]. Peau. Pectorales [nageoires]. Pharyngiens [os]. Poitrine. Pores. Rayons [nageoires]. Rayons bbanciiiaux. Symphyse. Système nerveux. Testicules. Tète. Timpamque [os]. Ventrales [nageoires]. Vertîbres. Vessie. Vessie natatoire Voix. Vue. Yeux. ANCHIORE. — Nom provençal de l'Anchois. (Voy. Anchois.) ANCHOIS (Clupea ou Engraulis Encrasicholus, Lin.'. — 3Ialacopt. abd. Clnpéoïdes. Long. max. = Omilâ. Syn. : Anchovy, angl. — Roqueron, esp. — AmplorUy ital. — Chanisa, crim. — Anjovis, suéd. et allem. — Bylc/ùig, dan. — Ginrtongumet, hret. — Sarde/a, pol. — Brislitig, norw. Corps très-allongé et arrondi, écailles très-minces. Vivant, il a le dos vert-houleiUe et le ventre argenté ; mort, il devient promptement bleu si foncé qu'il en paraît quelquefois noir. Au demeurant un grand air de parenté avec une petite Sardine, mais pour caractère très-apparent la fente énorme des mâchoires jusque derrière les yeux. Ouïes excessivement ouvertes. Yeux grands et vifs, iris argenté, narines visibles et rapprochées au Lout du museau qui es t plus noir ([ue le reste de la tête et qui se termine en pointe mousse. Ligne saillante de la nuque au museau. Sur le front se trouve une espèce de cœur dont la couleur blanchâtre tranche avec celle de la peau qui revêt les côtes de la tête. Dorsale petite = 17,. Caudale fourchue profondément = 21 ; pectorales insérées en bas, près de la fente des ouïes = 17 ; ventrales très-petites insérées un peu en avant de la dorsale = 7. .\nale plus haute, mais assez étendue = IG, ayant, en tout petit, un peu la forme de celle de la Brème. Pas de dentelures au ventre comme en ont les Aloses. Les dents sont excessivement fines et au nombre de 4 ou G. Langue pointue et étroite; les écailles très-caduques et transparentes, la ligne la- térale en contient 48 à 50. L'ouverture des branchies est grande et susceptible d'une dilatation considérable, ainsi que chez toutes les Chipées, faculté qui explique pourquoi ces poissons meurent presque aussitôt sortis de l'eau. Les pla([ues qui recouvrent cette ouverture sont soudées entre elles ainsi qu'il se remarque dans plusieurs espèces de poissons : leur couleur est brillante et nacrée. Excessivement voi'aces, ces petits poissons vivent en troupes nombreuses comme les Harengs, les Sardines, les Sprats et la plupart des autres Chipées, se nourrissant de petits poissons, de crus- tacés du premier âge, d'œufs, d'insectes de mer. Us sont très-abondants dans les mers chaudes et tempérées de l'Europe, surtout près des côtes de l'Italie, de la France, de l'Espagne; cependant on les trouve jusque dans la Baltique et dans le grand Océan septentrional, mais ils y sont notablement plus gros. On les trouve égaleinent dans la mer des Indes. La multiplication de ce pelit animal est prodigieuse ; vers le printemps il fait son apparition sur les côtes venant on ne sait d'où, quelques-uns pensent de la haute mer, car la même incertitude règne sur ses mœurs que sur celles de ses congénères de la même famille. Ces', le moment des grandes pêches qui approvisionnent tous les pays : suivant la sai-on, les côtes et des causes encore peu con- nues, ce temps dure de mai en juillet. Les Marsouins, les Phoques, les Squales, les gros Gades, tous les carnassiers de la mer en font une consommation énorme et l'apparition de ces gros visiteurs est, comme pour la Sardine, un signal que les bandes innombrables de leurs victimes sont arrivé» s. Quelques traités de pèche prétendent que l'on faisait autrefois la pêche de l'Anchois en Breta- gne, et que Vannes et Quimpcr en préparaient 12 à 15,000 barils : il n'y parait plus aujourd'hui. ANCHOIS. 27 Ou chercherait en vahi un Anchois frais sur ces marchés, mais en revanche on y anchoite une cnornie qnantité de Sardines. Il n'y a que la foi qui sauve ! On rencontre quelquefois l'Anchois dans les eaux douces et saumàtres des grands fleuves. C'est ainsi qu'on a constaté sa présence, dans la Seine sur les Lancs de Qnillehreuf. 1,'Anohois est com- nnni sur les rivages de Cornonailles, sur les côtes de la Zélaiule, parliculièreiucnt dans les bras do l'Kscaut. ANCHOIS. — La gi-andc pèche des Anchois se fait en Sicile, à l'île d'Elbe, et, pour la France, en Corse, à Anlibes, Fréjus, Saint-Tropez, Cannes, Martigues, etc. 11 est probable que, si l'on s'amusait î\ jeter, à ce poisson quand il donne, une ligne amorcée d'un petit hameçon et d'ini petit ver, on en prendrait à volonté, car il est assez vorace pour ne pas laisser passer une proie ofTerte, sans l'attaquer ; mais cela n'en vaudrait pas la peine. Aussi la pêche de l'Anchois ne se fait-elle qu'aux grands filels comme celle de la Sardine, du Hareng, et au moyen de filets du même genre. De môme que tous les petits poissons blancs de la mer, les Anchois peuvent servir d'excellente esche pour tous les poissons voraces, tant de fond que de surface, le Bar, les Pagres, Pagels, Dorades, Orphies, etc., etc. Parmi les procédés de pèche de l'Anchois, il faut en distinguer deux, la RissoUe mobile et la Rissolle fixe. (Voy. Rissolle.) Pour faire cette pèche, trois ou quatre bateaux fostiers (voy. ce mot), par- tent, le soir, par les nuits sombres et sans lune, d'avril en juillet, allument leur />/(!rtr«7- lon et vont à une ou deux lieues en mer, sur les fonds où ils pensent trouver le plus d'Anchois. Derrière eux vient doucement et dans l'ombre le Bissollier, porteur des filets. Les fastiers se tiennent à une certaine distance les uns des autres, 150 à 200 mètres, et quand ils voient que les Anchois, rassemblés par la lueur des feux, sont en grand nombre, ils font un signal au RissoUier en môme temps qu'ils se rappro- chent. Le RissoUier entoure un des fastiers, avec précaution, de ses filets qu'il laisse glisser à l'eau; puis, quand cela est fait, à un signal donné, tous les feux s'é- teignent, les pêcheurs battent l'eau en faisant le plus de bruit possible : les An- chois, effrayés, éperdus, se sauvent de tous côtés, donnent de la tète dans les fîle's de l'enceinte et se maillent. H ne reste plus qu'à relever les filets, récolter le poisson et aller plus loin recommencer cette fructueuse opération, tant que la nuit est assez obscure, car il y a toujours un ou deux fastiers de prêts qui attendent le secours du RissoUier, La Rissolle fixe se tend auprès de la côte : le RissoUier en forme une es- pèce d'enceinte dont le centre est fait parla poche que porte le filet, puis il attend à l'ancre à sa portée. Pendant ce temps les fastiers vont à la découverte, s'efforçant de rassembler des Anchois sous leurs pharillons; aussitôt qu'ils en ont assez, ils mar- chent doucement et les amènent entre les bras de la Rissolle fixe. Alors on éteint les feux, on fait du bruit et l'Anchois se précipite vers la Rissolle où une partie se maille et l'autre se jette dans la poche. Quand l'Anchois se trouve mêlé cà la Sardine, les pêcheurs en tirent un mauvais augure pour la pêche de cette dernière, car l'Anchois étant très-vorace, mange la Rogue et chasse la Sardine, poisson craintif par excellence. Voici un fait à l'appui de ce que nous avancions sur la richesse des côtes de Bretagne en Anchois. Du 20 mai au 20 juin 18IG, plus de douze cent mille Anchois furent pris sur la côte et devant la ville de Douarnenez. Ils étaient plus petits que d'habi- tude et mêlés avec une grande quantité de Sprats. On dut pêcher les uns et les au- 28 ANGE. très au moyen cFune senne très-longue et à mailles très-étroites. Pour enlever les Sprats dont on n'avait que faire, on imagina de resserrer le tas de poissons, le plus près-possible de la chaloupe, en tirant vers le bateau les deux bouts du fdet. On pensait que celle position étant très-fatigante pour le poisson, le plus faible, c'est- à-dire le Sprat, devait périr promplement. C'est ce qui arriva. Mais comme néan- moins il en passait toujours une certaine quantité avec les Anchois, les femmes el les enfants des marins étaient occupés à les trier et h les rejeter à la mer. Le millier d'Anchois se vendit alors 1 fr. 50 et 2 fr. le kilog., et l'on en prit jusqu'à 100,000 d'un seul coup de filet! (Noël, m. s.) ANCHOYE. — Nom de l'Anchois aux Martigues, on dit aussi Anchoi. (Voy. AiNcnois.) ANDOUILLE. — Nom lorrain de V Anguille. (Voy. ce mot.) ANCHON ou ANÇON. — (Voy. AcilON.) ANCHOUBET. — Sorte de filet flottant, employé pour prendre le poisson de passage dans la Méditerranée. ANE. — (Voy. GUABÛT DE RIVIÈRE.) ANFOUNSSOU. —Nom du Mérou, en dialecte de Nice. (Voy. Mérou.) ANGAYRE. — Nom de l'Anguille à Lunéville. (Voy. Anguille.) ANGE DE MER iSqualus Squatina, Lin.). — Chondropt. à br. fixes, Plagioslomes. Long. max. = 2 mètres. S^n.: Angle fsch, angL — Meer Engel, allem. — Angelote, Peje angel, espag. — Squadro, ilal. — Schoerhmj, holL — Loerec, bret. — Lixa, portug. Fig. 10. — Auge de mer [Squalus Squatina, Liu.). Ce squale habite nos mers, tant l'Océan que la Méditerranée, et n'est même pas très-rare. Sa forme est si caractéristique qu'on ne peut s'y méprendre; sa tête ronde plus large que le tronc, les nageoires qui l'entourent et se développent de chaque côté comme des ailes, sont bienreconnaissables. La bouche est énorme, les dents longues, pointues et extractiles ; 3 rangées à la mâchoire supé- rieure, 5 à l'inférieure. Narines placées près du museau, recouvertes d'une espèce de peau terminée par deux barbil- lons. Yeux très-petits derrière lesquels se trouvent 6 évents communiquant entre eux. Dessus brun pâle ou brun sale, couleur de vase: peau granulée, rude, chagrinée. Dessous plus > < ce < w O ^ LU J ~ Z3 O < ANGUILLE. 29 [aie, presque blaiicliàtre: sur le dos une rangée de courtes épines entre les pectorales. Évents der- rière les yeux, grands. Le frai des femelles a lieu en juin. Ce poisson extrêmement vorace fait la chasse aux poissons plats, et, comme eux, ne quitte pas le fond où il se cache sous la vase et le sahie qu'il soulève. Il s'einhusqne sous la vase et agite ses barbillons qui ont l'apparence de petits vers marins. Les poissons, trompés, se précipitent sur cette proie frétillante et tombent ainsi dans le piège qui leur est tendu. Chair très-médiocre. Cependant, en Bretagne, les paysans le découpent en morceaux, le salent et le font sécher au soleil. ANGE DE MER. — On prend ce poisson h la ligne en môme temps que les Raies, les Squales, et au Bahou (Yoy. ce mot), amorcés avec de la chair de La- bres, de Lieu, etc. Le Bahou n'est vérifié que vingt-quatre heui^es après qu'il a été posé sur des fonds de sable, autant que possible. Il est commun dans le bassin d'Arcachon. Les pécheurs de Dieppe en prennent de grandes quantités dans les eaux de Brighton et de Hastings. La chair de l'Ange de mer est inférieure à celle de la Haie, mais sa peau est utilement employée dans les arts. On en fait des étuis, des fourreaux de sa- bre, etc., de même qu'avec la peau des Squales. ANGHIALO. — Nom languedocien de V Anguille. (Voy. ce mot.) ANGHILLO. — Nom de l'Anguille à Nice. (Voy. An^guille.) ANGI. — Nom donné aux Martigues à VAnge de mer. (Voy. ce mol.) ANGUIELLE. — Nom de l'Anguille, aux Martigues. (Voy. Anguilli: .) ANGUILLA. — (Voy. Anguille. Genre.) ANGUILLA ACUTIROSTRIS. — tVoy. Angiille a nez i'Ointu, art. Anguille.) ANGUILLA MEDIOROSTRIS. — (Voy. Anguille a bec moyen, art. Anguille.) ANGUILLA LATIROSTRIS. - (Yoy. Anguille a large bec, art. Anguille.) ANGUILLA VULGARIS. — (Voy. Anguille, Htsf. Nat. et Péc/ie.) ANGUILLE {Genre). — Les Anguilles présentent des nageoires pectorales sous lesquelles les ouies s'ouvrent de chaque côté. Llles n'ont pas de nageoires ventrales. Leur forme allongée, leur peau épaisse et molle entourant leurs écailles très-petites, sont des caractères tout à fuit typiques. La dorsale et la caudale sont sensiblement prolongées autour de la queue et forment par leur réunion une nageoire pointue. Les espèces pour la France sont nombreuses et encore assez mal déterminées. ANGUILLE CHIEN. — On donne ce nom, dans certaines localités, à une va- riété d'Anguilles qui doit être l'Anguille plat-bec, dont la gloutonnerie est exces- sive. Elle a les dents si fortes qu'elle coupe les fdets, et ronge même le fd de fer des empiles sur lesquelles on la prend. Sa chair est filandreuse et de ma^avaise qualité. On dit qu'elle a des bar- billons à la bouche ; quant à nous, nous ne lui en avons jamais trouvé, mais les pa- pilles saillantes qu'elle porte, — comme toutes les anguilles, et un peu plus déve- loppées que les autres, — aux narines, ont pu donner lieu à cette croyance pour des observateurs superficiels. ANGUILLE A BEC MOYEN. — C'est l'Anguille Yerniaux de nos pécheurs, le Znig des Anglais. (Voy. art. Anguille.) ANGUILLE A LARGE BEC. —(Voy. Anguille commune.) C'est le f'impcrneaux de nos pécheurs, le Grirj-eel des Anglais. ANGUILLE A LONG BEC. — (Voy. Anguille commune.) ANGUILLE COMMUNE (Murœna Anguilla, Lin.). — Malacoptérygiens apodes, 4* or- dre, anguilliformes. Long. max. = i",80. Syn. : AU, suéd. — Anguilla, espag. — Anguira, barq. — Argann, irland. — Qucurusen, 30 ANGUILLE. bret. — Angui/in, \la\. — fngola, hongr. — liiavl-aal, island, — Anguia, inguia, ^^orinq,. — Eelj angl. — Aal, allem. Nous ne nous dissimulons pas qu'en abordant l'iiistoire de ce singulier animal, nous soulève- rons un certain nombre de questions encore controversées. Tant mieux ! peut-être quelque lumière viendra-t-eile éclairer l'obscurité insondable où demeure, malgré tout, la question si capitale de la reproduction de ces animaux. L'Anguille est un poisson, à n'en pas douter, mais c'est un des poissons les moins poissons qui entrent dans les eaux douces de notre pays : tout ou presque tout est anormal en elle. Pour notre part, nous n'avons jamais pu trouver en elle ni ovaire, ni laitance, à quelque moment de l'année que nous ayons cherché. Ces organes existent cependant ; mais où ? Là est le mystère. L'Anguille, à demi reptile, quitte l'eau avec facilité. Ce fait, depuis longtemps répété dans les livres d'ichthyolo- gie, et enjolivé du goût de ce poisson pour les petits pois qu'elle va, dit-on, manger la nuit dans les jardins, avait été révoqué en doute, d'abord timidement, par quelques savants de cabinet, puis enfin plus hardiment. La chose allait passer à l'état de fait démontré erroné quand, l'année der- nière, un de nos amis et camarades, M. Lepaute, conservateur du bois de Vincennes, nous raconta les faits suivants que nous trouvons ainsi consignés dans nos notes. (4 juillet 1805.) « M. Lepaute, conservateur du bois de Vincennes, m'affirme à l'instant que des Anguilles adultes mises par lui dans une pièce d'eau du bois, bétonnée au fond, où elles ne se plaisent pas beaucoup, ont été prises ces jours-ci, la nuit, au milieu des pelouses de la forêt, gagnant la Marne vers Cha- renton. Ces étangs sont repeuplés, par lui, au moyen de Montée qu'on lui envoie de Boulogne. « De petites Anguilles, en fils, étant mélangées dans un aquarium à de petits Saumons très- jeunes, ces derniers disparaissaient. M. Lepaute, croyant impossible que des Anguilles Si petites absorbassent des individus plus gros qu'elles, fit l'expérience suivante. Il mit une certaine quantité des uns et des autres dans un verre plein d'eau qu'il renversa dans une assiette. La fermeture semblait hermétique... Au bout de quelques jours toutes les Anguilles étaient parties. Comment et par où ? Sans doute en passant l'extrémité de leur queue mince et glissante entre le verre et l'as- siette et poussant ainsi. Leur corps est d'ailleurs très-compressible. Enfin, quel que soit le moyen employé, elles disparurent, les Saumons restèrent, et ce n'étaient pas ceux-ci qui avaient mangé celles-là, les Saumonneaux naissants ne prenant aucune nourriture extérieure. » Malgré l'incohérence de cette note, elle a une grande importance. Elle met hors de doute, une fois pour toutes, les promenades de l'Anguille à travers les prairies ; par conséquent, elle explique très-bien qu'on en ait rencontré au milieu des pois dans des jardins proches de l'eau. Y venaient- elles pour manger les pois ? ce n'est pas probable. Elles y venaient plutôt chercher les insectes, limaces, chenilles, etc., qui pullulent dans ces endroits, et sortent de leurs retraites au milieu des nuits fraîches et mouillées de rosée. Mais la note de M. Lepaute prouve encore autre chose, c'est la difficulté de maintenir l'An- guille dans les eaux qui ne lui conviennent point, — fait que tous les éleveurs de poissons connaissent à merveille, — et la difficulté de se garer de ses promenades dans les endroits que l'on réserve à l'é- levage des jeunes alevins de salmonidés. Nous ne devons pas hésiter un moment, en présence de ces faits et des considérations qui en découlent, à placer l'Anguille au nombre des ennemis du pisci- culteur et à la regarder comme l'un des plus dangereux. En effet, si des fils avalent des Saumon- neaux aussi gros qu'eux, que doivent absorber, de jeunes Truites et autres, les Anguilles adultes dont la taille n'est pas inférieure à la grosseur du bras et dont la voracité est telle qu'on les pêche au moyen d'un Goujon comme appât ? C'est ainsi qu'en cherchant une chose, on en trouve une autre. Mais l'évanouissement des petites Anguilles enfermées sous le verre est caractéristique et démontre, sans réplique, la valeur des dé- gâts que ces poissons peuvent et doivent commettre dans les étangs, disloquant les pierres des digues, et creusant dans la berge des trous qui peuvent permettre l'échappement de l'eau. Certaines espèces d'Anguilles semblent, au dire des pécheurs, plus aptes à se promener sur le sol que d'autres. D'après les pécheurs de la Seine, cette faculté serait surtout l'apanage de celles qu'ils nomment Anguille jnnne ou verte. Anguille de printemps, Anguille coureuse. La variété dite Anguille noire ne sortirait pas de la vase et du limon, tandis que V Anguille blonde rechercherait les eaux plus claires et les fonds caillouteux. Celle-ci a la chair plus délicate et la peau plus fine que les deux autres. La remarque de M Lepaute me fit faire quelques recherches au sujet des migrations terres- tres des Anguilles. M. Desvaux, dans les Essais d'ichfliyologie, 1851, constate qu'il a trouvé en 1802, pendant l'été, une Anguille très- vivante, au milieu des prés et dans les herbes, à plus de 30 mètres de l'eau. 11 dit, un peu plus loin, avoir mangé en ISll, au mois de septembre, une Anguille soulevée par le soc d'une charrue, au milieu des terres, à plus de 400 mètres de l'eau. ANGUILLE. 31 M. Millet, dans VEncijclopëilie de l'Agriculteur, s'exprime ainsi : « Quant h moi, j'ai vu, en di- verses circonstances, (les Anguilles sur terre à des distances très-considérables des rivières et des clangs ; les unes coupées par des faucheurs dans les prairies, les antres blotties dans de petits buissons où les chiens et les chasseurs les surprenaient avant les premières lueurs du jour, d'autres restant dans des fosses ou mares au milieu des champs et à l'abri de toutes inondations ; d'autres enfin écrasées par des pièges dits assommoirs, destinés à la destruction des animaux nuisibles. » Dans le bassin d'Arcachon on connaît deux espèces d'Anguille, la commune, verdàtre, et la blanche, plus estimée. Celle-ci porte, dans le Maransin, le nom de C/iardicat, et de Mouryain à la Teste. Ces deux espèces remontent le courant, d'avril en septembre, se répandant en partie dans des étangs d'eau douce et dans les ruisseaux qui débouchent dans le bassin. En hiver et pendant les crues, elles reviennent dans les bassins, se retirent dans les lieux les plus profonds et sur les bords des chemins où il y a de la vase et de l'herbe. On les pêche toute l'année à la fouanne, et l'on en prend autant en hiver qu'en été. A Saint- Valery-sur-Somme, les pécheurs croient que la couleur blanche des Anguilles vient de ce qu'elles ont séjourné dans les herbiers ou sur les sables où elles acquièrent une meilleure chair. Dans les étangs du Midi, voisins d'Aigues-Morfes, on prend également deux espèces d'Anguilles, la commune que l'on nomme Lachcnaux et la blanche qui devient la fine. Voici quelques détails sur leurs mœurs, au dire des pécheurs du pays, qui font remarquer que les Anguilles ne viennent que dans les étangs peu profonds comme ceux de Mauguis et Ripansset et jamais dans celui de Tau où l'eau a une grande profondeur. Bien entendu nous citons leurs curieuses observations comme ren- seignements et sous toutes réserves. L'A. fine vient de la mer. Elle entre dans les étangs à l'état de fil (montée) par millions et pac bancs : elle s'enterre dans la vase, où elle se nourrit, grossit et engraisse. Lors des premières pluies d'octobre, à l'entrée de l'hiver, elle cherche à regagner la mer et rien ne la retient. On ferme tous les graus par des manignières, rien n'y fait ; elle passe tout de même. Par où ? Les mailles ont trois lignes en carré 1 II est probable que cette migration, contrariée par les filets, s'exécute par terre. Autre fait curieux. On a beau tendre des filets pendant l'été, jamais on ne prendra d'Anguille fine ; rien ne lui fera quitter la retraite qu'elle habite au fond de l'eau, avant le mois d'octobre ; on pren- dra tant qu'on voudra de Lachetiaux. Ces .\nguilles ont des mœurs toutes dilTérentes : elles frayent dans les rivières en eau douce : elles viennent du Rhône et des autres rivières, et elles entrent dans les étangs salés où ces cours d'eau se déchargent, à peu près de la même grosseur que les fines, non dans le printemps ou dans un autre temps marqué, mais lors des inondations et des débordements de l'automne et de l'hiver. Cette anguille ne cherche ni la mer, ni les rivières d'où elle est sortie et où elle a pris naissance. Elle s'enfonce dans la vase et se nourrit de racines, d'herbes, de petits poissons et surtout de vers et de larves. Au plus fort de l'été, lorsque la chaleur échauffe le limon, les herbes qui poussent au fond de l'eau et où les Lachenaux se trouvent cachés, meurent, pourrissent, se détachent et surnagent; l'eau devient alors rougeàtre et exhale une mauvaise odeur. Quelquefois même elle noircit comme de l'encre et devient infecte; c'est alors la Malaigue. S'il survient des pluies, le Rhône, le Vestre le Vidourle débordent et viennent mettre en mouvement les eaux croupissantes des étangs. Alors l'Anguille Lachenaux se réveille, elle s'agite et suit avec indifférence le flot qui l'emporte du côté de la mer. C'est lépoque où l'on eu fait des pêches considérables. L'Anguille commune appartient, parmi les poissons anguilliformes, à la section des Anguilles vraies. Les pécheurs en reconnaissent quatre sortes qu'ils prétendent former autant d'espèces, mais que les naturalistes confondirent d'abord sous le nom de murœna anguilla (Lin.). Toutes ont la peau vis- queuse, très-glissante, les écailles à peine visibles, enfoncées dans la peau et ne paraissant que quand celle-ci ejt desséchée. Les dents qui garnissent leurs mâchoires font connaître leurs instincts de proie. Corps cylindrique très-allongé ; tête petite et pointue ; dos verdàtre ou brun sans taches; ventre blanc ou jaune suivant les rivières, ou les étangs habités, probablement aussi suivant la variété à laquelle appartient l'individu. Dorsale et caudale réunies formant une caudale pointue. Ouvertures branchiales petites et portant les pectorales. L'Anguille est un animal très-vorace ; elle vit do poisson, frai, vers, insectes, cadavres en dé- composition ; nage avec rapidité, souvent à reculons. Elle est douée d'une grande vitalité, car, dépouillée de sa peau et découpée en morceaux, les tronçons s'agitent pendant longtemps encore, ce qui tient aux ganglions nerveux répandus dans toute la longueur du corps, et dont chacun est un centre de vie. 32 ANGUILLE. L'anatomie de l'Anguille a déniontré une anomalie très-curieuse dans son organisation, c'est l'existence d'un cœur lymphatique situé à l'extrémité de la veine caudale, et doué de pulsations très- appréciables. Celte découverte, due au docteur Marshall Hall en 1831, d'un organe analogue à celui qui existe chez la grenouille, le crapaud, la salamandre, le lézard vert (J. Mùller, 1833), est assuré- ment remarquable chez un poisson. Ce fait rend compte de l'extrême sensibilité de l'Anguille quand on lui Lrise la queue, et de la coutume des pécheurs qui veulent tuer cet animal, de lui frapper d'un coup sec, non la léte, mais la queue, contre un corps dur, un arbre, une pierre, ou même la pointe de leur soulier. D'autres mordent fortement la queue de l'Anguille et la tuent sans la mutiler. La sensibilité de l'animal en cet endroit est telle, qu'une Anguille à moitié morte, immobile, reprend ses convulsions désordon- nées rien qu'en lui passant le doigt sur l'extrémité de la queue et [iressant ce cœur légèrement. L'An"uille est ovovivipare, et c'est dans la mer qu'elle se reproduit. On appelle wow/é'e, les masses de petites anguilles qui, au printemps, remontent les fleuves et les rivières. En somme, on sait peu de choses sur la multiplication des Anguilles et surtout sur leur accouplement ou leur fécondation. Mais si, aux mois de mars, avril, on recueille les animalcules filiformes, diaphanes, de 0°>,0G à 0'",07 de long, qui fourmillent auprès du sable de la nrer, à l'embouchure des cours d'eau, y forment des masses d'apparence gélatineuse, et qu'on les transporte en eau douce, dans un étang, elles devien- nent des Anguilles parfaites dont la croissance est très-rapide. (Voy. plus haut, note Lepaute.) Des pêcheurs exerçant leur état dans la rivière A' Aigre, près de Chàteaudun (Eure-et-Loir), ri- vière très-limpide, roulant au milieu des prairies tourbeuses, nous ont affirmé avoir, plusieurs fois, pris de très-grosses Anguilles portant leurs petits dans leur ventre, d'où ils sortaient devant .eux. Ce fait prouverait que l'Anguille est fécondée ailleurs (peut-être accidentellement) que dans l'eau salée, et qu'elle serait fécondée par le mâle dans les eaux d'habilal. Descend-elle ainsi à la mer y déposer ses petits, éclos dans son corps pendant le temps nécessaire au trajet? Toutes les questions que l'on peut poser à ce sujet sont fort obscures, mais le fait d'une Anguille pleine de petits, à au moins cent lieues de la mer, est une circonstance à noter. Dans le même pays, les pêcheurs prétendent — nous reproduisons ceci sous toute réserve, quoi- que dans leurs observations il y ait toujours quelque chose de vrai,— que les Anguilles, au printemps, sont trouvées par eux entortillées en pelotons hors de l'eau, entre des touffes de gazon humide, dans les prairies tourbeuses, la imit, et surtout les nuits de rosée et de lune, et que c'est là qu'a lieu la fécondation de ces animaux. Ce moment peut être fixé, de fin février à mi-mars, et comme la montée se produit fin mars et avril, cela supposerait une incubation moyenne de 30 jours, dont la durée se- rait employée par l'animal à changer de lieu. Le fait du pelotonnement des Anguilles pour le cas de l'accouplement n'est pas une utopie et peut même précéder le moment où les pécheurs l'ont observé, car, vers l'automne, il est certain que les Anguilles qui ont passé la belle saison dans les ruisseaux, les rivières et les fleuves se ré- unissent, s'entrelacent en boule et se laissent dériver au courant. A ce moment, vers l'embouchure de ces cours d'eau plus ou moins considérables dans la mer, les pécheurs au filet prennent ces pa- quets enroulés, de 20 à 30 Anguilles nouées ensemble. La constatation, cependant, des élangs isolés qui sont et demeurent constamment peuplés de ce poisson, des petits cours d'eau qui en contiennent aussi en toute saison, prouve que ces animaux ont une autre manière de vivre, voyageuse ou sédentaire. Ce fait, de la migration partielle d'une espèce dont de nombreux individus demeurent et nichent dans des lieux d'élection, est commun parmi les oiseaux. Les bruants, les grives, les poules d'eau, sarcelles, canards, etc., en otrrent des exemples frappants. L'Anguille est le seul poisson d'eau douce qui entre dans la mer. Il habite ordinairement le fond même des eaux et ne s'élève à leur surface qu'à l'approche de l'orage. Il sort quelquefois, avons-nous dit plus haut, d'un étang pour passer dans un autre, ou pour chercher sa nourriture dans les herbes, où il trouve de petits limaçons,- etc. L'Anguille est donc un vrai rapace nocturne, ne chassant que dans les ténèbres les petites proies dont elle est avide, et se nourrissant même de cadavres. La chair de ce poisson est très-agréable, grasse et délicate, mais difficile à digérer. Cet animal croit très-lentement, mais acquiert une grosseur souvent considérable; les individus de 1 à 2 kilog. sont communs, quoique formant déjà une fort belle proie. Leur vie est longue ; car on a des exem pies d'Anguilles conservées 17 à 20 ans on domesticité. Rapprochons maintenant ces faits de ceux qui tendent à faire croire les Anguilles ovipares : ce qui est l'opinion des pêcheurs de la basse Seine. Suivant eux, ce poisson fraye deux fois l'an, une première fois au mois de février-mars, et une seconde en septembre. ANGUILLE. 33 A l'appui de l'avis qu'elles sont vivipares ou au moins ovovivipares, il faut rapporter l'observa- tion de Joaiini qui tient d'un paysan, (ju'une grosse anguille mise entre deux plais fut trouvée au ijout de quelques lieures entourée déplus de 200 petites Anguilles longues de O'n.O-'J à 0"i,Oi, blan- ches et (llirornics. Valencieiuies pense que ce pouvaient être des ascarides vermiculaircs ; so;i avis est que l'Anguille est ovipare seulement, qu'elle fraye dans la vase, que ses œufs restent réunis, et que les petits qui en naissent restent également unis pendant quelque temps ; mais que, quand ils ont acquis une taille de 0'",04 à 0'",05, ils se séparentet remontent l'eau douce des cours d'eau en for- mant la montée dont nous avons parlé plus iiaut. Quoi qu'il en soit, cette montée est bien, sans au- cun doute, du frai d'anguille, puisqu'elle a servi, sous la direction de M. Coste et plusieurs fois, au repeuplement des eaux stagnantes et isolées. (Voy. plus haut, expériences Lepaule.) D'après les auteurs anglais les plus éclairés, l'Anguille serait ovipare simplement; c'est l'avis de Yarrell et de Young. Ils font remarquer que les œufs de la femelle sont nombreux et exti-cmement petits. D'après leur opinion, les sujets adultes pondraient dans les mois chauds de l'été parmi le sable et les bancs de graviers des rivières et ne descendraient point dans l'eau saumâtre pour frayer. Le frai éclorait aux mois de septembre ou d'octobre, et resterait parmi les graviers dans le même en- droit ou les environs, jusqu'aux mois d'avril ou de mai, suivant que l'eau demeurerait chaude ou froide. Aussi ne voit-on jamais paraître le frai à un moment toujours le même, quoique cependant il ne dépasse pas les mois d'avril et de mai. Quant aux Anguilles adultes, au lieu d'émigrer, elles demeurent enfermées dans les trous des berges ou sous de grosses pierres, aussi longtemps que l'eau est froide, et, dans cette immobilité, attendent que la chaleur de l'été réchaull'e l'eau et les ramène à la vie et au mouvement. Il est donc probable que les Anguilles qui viennent déposer leur frai dans l'eau saumâtre, le font plus tôt que les autres, parce que cette eau est plus chaude que celle des sources des montagnes, par exemple. Si nous nous laissons guider par l'analogie, en les comparant à ceux des autres poissons similaires, nous devons penser que les œufs de l'Anguille, qui sont extrêmement petits, n'ont pas besoin de plus de trois semaines pour éclore. Telles sont les opinions diverses qui s'étaient produites sur la génération encore imparfaitement connue des Anguilles, lorsqu'une troisième opinion s'est fait jour, beaucoup plus radicale que les au- tres, mais en même temps inliniment moins commode à soutenir, puisqu'elle nie toutes les observations faites. Suivant cette opinion un peu bien hardie, de M. E. Blanchard, entomologiste, en face d'hommes aussi considérables comme iclithyologistes que Yarrell, Young, etc., l'Anguille est une larve. De quoi? 11 ne ledit pas, mais il l'allirme : les Anguilles sont certainement des larves. — Pourquoi? — Ce sont des êtres incapables de se reproduire, des êtres qui doiveat subir des changements avant de satisfaire à la loi de la reproduction. Et les œufs petits et noirs que les observateurs anglais ont vus 1 — Erreur! Et les petits vivants sortant du corps de la mère? — Erreur! Filaires que tout cela! — Chimère, devrait-il dire. Ce qui prouve que tous les observateurs passés sont des niais, incapables de distin- guer un poisson naissant d'un helminthe! Avec cela, que les gros yeux noirs de la jeune Anguille, à l'état de naissain, ne se voient pas ! et que ce petit poisson ressemble à un ver ! II faut, en vérité, faire bon marché de ses semblables pour supposer qu'ils sont tous aussibornés, et que des gens accoutumés à voir des poissons depuis longtemps^ et sur nature, ne peuvent pas les reconnaître même à l'état naissant !.,. Enfm, toutes les opinions étant utiles à rapprocher, nous dirons un mot de celle de quelques pé- cheursquipensentqueles Anguilles de l'eau douce ne sontqu'un état non adulte du Cowjre ou Anguille de mer, de même que le Parr, le Smolt et le Grilse sont des états de jeunesse successive du Saumon. Cette théorie séduit au premier coup d'œil, malheureusement elle vient se briser, — au moins quanta présent, — contre la remarque que le nombre de vertèbres de l'Anguille commune est au plus de 110, tandis que le Congre en possède 150, c'est-à-dire kO de plus, d'après les remarques de Yarrell. Cependant, malgré le dédain avec lequel le savant ichthyologiste anglais repousse cette opinion, elle est encore celle d^outes qui me séduirait le plus. Je sais qu'il est dillicile de supposer qu'un animal passant à l'état adulte, acquière 40 vertèbres de plus que dans son jeune cage. Malgré cela, ne pourrait-on penser que cet accroissement a lieu dans la série des vertèbres caudales, peut-être par dédoublement de celles primitivement existantes. Nous avons bien des animaux qui naissent avec une queue et qui la perdent ensuite, pourquoi n'en aurions-nous pas qui augmenteraient leur queue de moitié, en arrivant à l'état adulte ? Malheureusement nous nous heurtons ici à une autre difficulté. On trouve de petits Congres, — très -rarement, il est vrai,— mais ou en prend à chaque instant dans la mer qui ne sont pas plus 3 3i ANGUILLE. gros que rAnguille quand elle redescend pour frayer, qui sont mêuie plus petits, et cependant, ils ont 156 vertèbres!... Quel dommage! Le lieu de naissance," la mer; le genre de vie, carnage; la chair, huileuse; la forme, identique ; tout concorde : du petit au grand, du Smolt au Saumon ! Chenu et Desmarest n'hésitent pas à affirmer que l'Anguille fraye dans la vase après une sorte d'accouplement. Les œufs restent réunis ensemble par une viscosité analogue à celle qui réunit les œufs des Perclies d'eau douce, et forment de petits pelotons ou boules arr^ondies : chaque femelle, comme ils ont pu l'observer, produit annuellement plusieurs de ces boules. Les petits éclosent bien- tôt et restent, pendant les premiers jours de leur naissance, réunis dans ces pelotes; quand ils ont atteint 0",04 ou 0'",05 de longueur, ils se débarrassent des liens qui les retenaient et bientôt remon- tent tous, en bandes serrées et excessivement nombreuses, les fleuves ou les affluents près desquels ils se trouvent. L'avenir nous dira le dernier mot. D'après les observations les plus récentes faites en France et en Angleterre, on sépare les An- guilles en plusieurs espèces, basées sur la couleur et la forme du corps et de la tête. Ces caractères semblent assez constants et donnent lieu aux coupes suivantes. A. Pimpeineaiix. [A. lalirostris, Yarr A. Verniaux. (A. mediorosti'is, Yarr. A. long-bec. (A. acutirostris, Yari .) Fig. 11. — Comparaison de la forme de tête des anguilles, ramenée à une même mesure 1° Anguille commune ou Vertiiaux àts, pécheurs, le Swig-eel des Anglais (Anguilla mediorostris, Yarr.). — Anguille ^at/we ou verte. Coureuse, des pécheurs de la Seine, facilement remarquable à sa tête en pointe, large vers les yeux et s'appointissant plus brusquement que dans les autres espèces. Couleur générale vert-olive plus ou moins foncé sur le dos, passant au jaunâtre ou vert clair sous le ventre. D'après Valenciennes, pectorales presque noires : 10 rayons aux ouïes. Une bande jaune entre le vert des côtés et le blanc du ventre. 2° V Anguille à long bec [Anguillu acutirostris, \an\, Sharp-îiosed-eel), donlla tète est mince, grêle, et le museau plus comprimé et plus pointu que dans les autres espèces. En regardant la tête en dessus, il est facile de voir que les yeux sont plus latéraux que chez les autres espèces : mâ- choire inférieure saillante. En général, les Anguilles à long bec sont plus petites. Porte 130 vertè- bres. Pectorales grises, dos et côtés verdàtres, ventre blanc sans teinte jaune. Dents sur les mâchoires et formant une bande qui ne dépasse pas le chevron du vomer. 3" h' Anguille à large lec,h'imperneuux ou Pimperneuu des pêcheurs, Glut-eel des Anglais {An- guilla latirostris, Yarr., Broad-nosed-eel), qui a la tête plus courte et l'œ-il plus grand que les autres espèces : mâchoire inférieure presque égale. 115 vertèbres. Pectorale bordée de blanc, dos vert noir, ventre blanc. Il rayons aux euies. Dents en bande étroite sur toute la longueur du vomer. 4" h' Anguille plat-bec. Anguille-chien, Goulu, Grig-eel des Anglais, à museau plus aplati et obtus, œil plus petit. D'après Valenciennes, pectorales jaunes, dos vert-jaune, ventre blanc d'argent. 13 rayons aux ouïes. Dents en deux rangées au-devant de la mâchoire et formant un petit groupe sur le chevron du vomer. 5° V Anguille de fond, Sink-eel des Anglais. 6° V Anguille napolitaine, trouvée dans la mer de Naples et aussi dans les étangs du midi de la France. Probablement 1'^. acérine de Lacépède. Dimensions faibles. 7° UAnguille à bec oblong [Anguilla oblongirosiris, Blanch.), parait intermédiaire entre la ANGUILLE. 35 medio et Vacuiiro^tri^-, avec le museau plus court et plus obtus. Se trouve dans l'Huveaune près de Marseille, dans le Lot et dans le lac du Bourget. beaucoup d'incertitude règne dans toutes ces appréciations : les figures données jusqu'ici sont d'ailleurs mauvaises etdilTiciles à faire, parce que tous les auteurs ont oublié que, quand on veut comparer des grandeurs entre elles, il faut.avant tout, choisir une commune mesure. Or, celte com- mune mesure manque chez tous les auteurs, Yarrell, le soigneux, en tète. Puisque la classification des Anguilles ne peut se faire, jusqu'à présent, que par comparaison de forme et de grandeur de la même partie du corps, la tête, il fallait que toutes les télés dessinées de la même manière le fussent à la ))it'ine éche/le, aùn que toutes les images fussent superposables. Une autre méthode permettait de le faire sans erreur et d'une manière irréfragable, on n'y avait pas eu recours avant nous, c'est la photographie. Par ce moyen nous avons obtenu, non-seulement des images vraies, indiscutables comme rendu, mais superposables et de même échelle, puisqu'il dépend de l'artiste de grossir ou de diminuer le sujet qu'il reproduit {fig. 11). Certaines Anguilles, parmi celles de la même espèce, ont la mâchoire inférieure plus courte et la supérieure prédominante. Dans les eaux des étangs salés, aux bords de la Méditerranée, on distingue trois sortes d'Anguil- les dont on prend chaque année d'énormes quantités. Ces Anguilles sont, d'après les gens du pays : La Po«^ao«. Long. max. =0",G0. Grosseur = O^iOT. Dos vert-noir, ventre blanc d'argent ; vient de la mer aux étangs, ne quitte jamais les grandes eaux, et sa chair blanche et ferme n'a pas d'odeur de vase. (Paraît être Vacutirostria.) V Anguille fine. Forme allongée et élégante. Peau vert clair, presque transparente; ventre blanc pur ; tête petite ; habite les fossés entourant les étangs salins ; se tient dans une eau jamais bien profonde. Ciiair fondante, sans odeur de vase. C'est probablement le Verniuux ou Anguille franche ordinaire. V Anguille commune. Peau presque noire, ventre blanc grisâtre légèrement teint de noir ; tête grosse ; se tient partout, même dans l'eau noire et croupie ; chair à forte odeur de marécage. Il faut les laisser, avant de les manger, quelques heures dans le sel, après les avoir lavées dans l'eau vinaigrée. Sa chair est toujours inférieure à celle de la Pougaou. Cette Anguille ressemble beaucoup au Gluteel^ ou Anguille chien, ou Goulu, dont la voracité est extrême et la chair de médiocre qualité. Les jeunes alevins d'Anguille que l'o:! récolte en si grande abondance à l'embouchure des ri- vières et des fleuves dans la mer, qu'on les y prend avec un panier, ont une longueur movenne de 0'",02 à O'D.Oa. Elles sont presque transparentes et n'ont de bien visible que les yeux qui sont noirs. Vers la fin de l'hiver cette montée apparaît : elle doit séjourner quelque temps dans l'eau saumâtre car ce n'est qu'au bout de plusieurs mois, c'est-à-dire en avril ou mai, suivant la température que se montre dans la Loire par exemple, la grande émigration des Civelles. (Voy. ce mot.) Cette armée iimombrable, incalculable, iiionte sans trêve ni repos, nuit et jour, sur toute la lar- geur du fleuve, séparant un peloton dans chaque affluent, grand ou petit, qu'elle remonte, mais montant toujours, poussée par une force irrésistible. Les premiers individus ne sont pas beaucoup plus gros ni plus longs qu'un crayon. Un mois après il en passe tout autant, mais ils ont presque le double de grosseur, sans que leur longueur a.t beaucoup augmenté. Un mois après, car la montée dure sans relâche aussi longtemps que cela, on ne prend plus que les traînards et les retardataires de la légion; mais ils ont vieilli, ils ont crû, et ils sont plus gros que le pouce d'un homme et lon^s de O'o,^0. Peu à peu le passage s'efface, tout est rendu aux sources du cours d'eau, casé dans les étangs, les fossés, etc. Il faudra attendre l'automne pour voir redescendre, adultes, les Anguilles pelotonnées à la mer. Cette croissance remarquablement rapide indique deux choses : d'abord, que l'Anguille absorbe une très-grande quantité de nourriture, ce que sa voracité bien connue ne laissait pas ignorer ; et se- condement, qu'une telle croissance la place au premier rang des animaux utiles à l'homme. Le baron de Rivière rapporte que dans un abreuvoir de 200 mètres carrés environ, isolé au mi- lieu des s:ibles maritimes de la Camargue et ne recevant d'autre eau que celle des pluies, l'un de ses pêcheurs prit 300 à 350 kilog. d'Anguilles. D'après M. Millet, un kilogr. de montée (3,500 Anguilles environ), récolté à Abbeville au prin- temps de 18 iO et jeté dans des fossés et canaux creusés pour l'extraction de la tourbe dans l'Aisne a donné en cinq ans plus de 2,500 kilogr. de belles Anguilles. Cette production, alimentée par là même quantité annuelle de montée, se soutient. {Dict. agric.) L'Anguille parvient à une taille véritablement monstrueuse. Dans ma jeunesse des douves se trouvaient à sec dans un château de la Sarthe, appartenant à l'un de mes parents. Ces douves, ali- 30 ANGUILLE. mentées par une source conduite dans un canal de construction romaine, n'avaient pas été curées depuis plusieurs centaines d'années de la boue qui les encombrait et s'y élevait à une hauteur de 3 à 4 mètres. Une fois les douves à sec, le propriétaire résolut de profiter pour ses cultures de la masse d'engrais accumulée, et l'on y mit les ouvriers terrassiers. Au bout de quelques jours, en bê- chant dans la vase à demi solidifiée, —car elle était à sec depuis près d'un an, — ils tombèrent sur une énorme Anguille endormie et ensevelie qu'ils prirent, à leur grande frayeur, pour un serpent. Elle avait près de 2 mètres de long et 0ni,25 de tour. Je ne me rappelle plus son poids formidable, mais ce dont je me souviens, c'est de la dureté de sa chair coriace et immangeable, plus semblable à des tronçons de gros câbles qu'à toute autre chose. Depuis combien d'années vivait-elle là? Nul ne le sait. Mais elle était probablement centenaire... et au delà, si l'on en juge à la dureté de ses muscles. Bien nourrie, l'Anguille atteint en peu d'années un poids de 2 à 3 kilogr, ,et c'est là le poids où elle doit être consommée. Elle a beaucoup d'ennemis, sans compter l'homme. Les rapaces aquati- tiques, la loutre, dit-on, la chassent, quoique dans les t^elaisde ces carnassiersje n'aie jamais trouvé de trace d'Anguilles au milieu des nombreux ossements de toute espèce d'autres poissons. Les An- guilles, assure-t-on, se mangent même entre elles : c'est bien possible. ANGUILLE COMMUNE. — Nou.s voici arrivés à la question Pêche, l'une des plus intéressantes quand il s'agit d'Anguille, car ce poisson fournit une énorme part à l'alimentation publique et devra, dans un avenir plus ou moins éloigné, être sous ce rapport d'une bien plus grande utilité encore. Ce qui se lait à Gommac- chio n'est pour nous que lettre morte en ce moment, et cependant il nous faudra en France établir, un jour ou l'autre, la même fabrique de chair marine. Les endroits heureusement ne manqueront pas sur nos côtes du Midi, quand on voudra les choi- sir et les aménager en Lavorero. Nous en reparlerons dans notre deuxième partie. Il nous suffît ici de rappeler que, d'après ce que nous venons de voir, les mœurs de l'Anguille sont nocturnes, sa conformation carnassière, sa voracité assez grande, sa finesse, sa malice, son intelligence en un mot, plus développée que chez la plupart des autres poissons. Il y a là tout le secret de celte pèche et de ses dif- ficultés. Avant tout, disons que les appâts que ce poisson préfère, sont : les gros vers rouges ou lombrics, les débris d'animaux, sang, boyaux de volailles, etc., les petits poissons, — parmi eux le Véron, avec prédilection, — enfin, en allant du médiocre au meilleur, les Sangsues, et l'Ammocète, Sepl-œil ou Ghatouille suivant le pays. Il est probable que, faute de pièces aussi succulentes, l'Anguille, avec sa bouche petite et peu fendue, doit se contenter souvent de vers et de mollusques aquatiques. Gomme ce poisson se creuse sous les berges, ou tout auprès, des trous dans la vase ou dans l'argile un peu molle, ce sera près de ces endroits qu'il faudra tendre des lignes. Il aime également les pierres, entre lesquelles il se cache pour guetter sa proie ; aussi abonde-t-il parmi les perrés, dans les digues, les murs démolis trem- pant dans l'eau, près des rochers à surfaces dégradées, etc. G'est dans ces retraites que demeure l'Anguille tout le jour ; tant que les eaux sont claires, il est rare d'en prendre une après 8 heures du matin et avant 4 à o heures du soir pendant la saison. Mais si l'orage monte à l'horizon, un instinct curieux.se développe chez cet animal et lui dit que la pluie suivra, que l'eau deviendra trouble et charriera la manne abondante des insectes et des débris animaux ; aussi, par l'eau trouble, l'Anguille s'agite, monte à la surface, chasse, et par conséquent se fait pren- dre par le pêcheur. On pèche l'Anguille à la ligne à soutenir à la main, en amorçant au même endroit, à l'extrémité d'unie bergeoud'unperré, plusieurs jours de suite. Il est extrê- mement important de choisir un hameçon Limerick courbé très-fort, mais pas gros, l'Anguille n'ayant pas la bouche grande ; cesera le cas d'employer un hame- ANGUILLE. :n çon l'cnforcé. Les numéros o, G, 7, soûl déjà Iros-gros; nous préférons i) ou JO, qui, quoique plus petits, nous oflrent plus de sécurité, et voici pourquoi. L'Anguille, nous l'avons dit, est un poisson extrêmement vorace, mais à gueule petite ; elle saisit la proie, l'avale entièrement. Si riiameçon est gros, il happe dans la gueule qui est petite et où il prend peu de chair, d'autant plus que l'intérieur de la bouche est dur et garni de dents sur lesquelles il peut glisser. Enfin, ([uelque vorace que soit l'Anguille, quand elle sent une résistance dans sa proie, elle l'abandonne : c'est une occasion manquéc et un poisson laissé pour un autre. Si au lieu de cela, le pêcheur intelligent a fait choix d'un hameçon très-petit el qu'il ait su le dissimuler entièrement dans l'esche, l'Anguille avale à peu près sans défiance l'hameçon qui ne prend que dans les téguments de l'estomac d'où il est impossible de l'arracher, car il ne mord pas seulement par sa pointe, — ce qui est la position la plus favorable pour casser, — mais par toute la courbure de son crochet, car souvent dans les petites Anguilles la pointe ressort à l'extérieur du corps. Comme dernière considération, il est bon de remarquer combien important est que ce poisson soit très-solide- ment piqué. Il a une telle horreur du jour que, quand on le sort de l'eau, il brise souvent la ligne par ses mouvements convulsifs : sa force est telle qu'il s'entortille el remonte verticalement son corps, la queue en l'air, autour de la ligne, en prenant un point d'appui sur sa blessure. N'essayez jamais de noyer une Anguille, comme un autre poisson pris à l'hame- çon; elle peut rester hors de l'eau longtemps sans en être incommodée, et d'ailleurs elle a la vie si dure que ce serait peine perdue. C'est donc une pêche pour laquelle (et c'est une des rares) il n'est pas besoin de moulinet. Enlevez votre Anguille d'au- torité, sans vous hâter, mais solidement, et encore quand elle aura bien voulu quitter les perrés on les racines auxquelles elle a l'habitude de s'entortiller, et au moyen desquels elle parvient souvent à casser l'empile ou à se déchirer la gueule, si l'on s'est servi de gros hameçons qui ont piqué dans les lèvres. L'Anguille est sortie de l'eau, vous ne la tenez pas encore, si elle tombe; au lieu de sauter sur place comme les autres poissons, elle fuit, elle gagne l'eau, glissant, rampant comme un reptile. C'est alors qu'elle est suspendue entre ciel et terre, qu'il est important d'a- voir une monture de ligne solide et à toute épreuve ; vous prenez l'Anguille entre les doigts, en relevant le médium sur les deux autres de façon, à forcer le corps à se plier et à ne pas glisser, car vous savez, glissant comme une Anguille ! En frap- pant fort avec la queue de l'animal contre un corps dur, on ralentit ses mouvements. Cette précaution est très-bonne, ainsi que celle de prendre dans sa main une poi- gnée de sable ou de terre pour saisir l'Anguille. Enfin, elle n'est à vous que quand elle est entrée dans le sac ou dans le panier. L'Anguille a les denfs nombreuses et acérées, suffisamment fortes pour couper l'empile d'un hameçon. Quand on la pêche à la ligne de main, elle n'a pas le temps de se livrer à ce plaisir, mais il est toujours prudent de monter l'hame- çon sur une très-forte florence, mieux sur du cordonnet de soie dévrillé, mieux encore sur de la cordelette filée fine sur laquelle les dents de l'Anguille n'ont pas d'effet. Avec un poisson si difficile à manier et qui se défend si bien, il est à peu près impossible d'aller rechercher son hameçon aune pr(jfondeur de 8 à 10 cen- timètres dans son estomac. Le plus simple moyen est d'abandonner ce soin à la cuisinière, el quand l'Anguille est prise, de la mettre au-dessus de son panier et de 38 ANGUILLE. couper le fil qui la relient captive. Ou eu est quitte pour remonter un hameçon, une Anguille vaut bien une empile ! La méthode la plus simple de prendre les Anguilles est de les pêcher à la ligne' de fond de nuit, aux cordées ou aux jeux. Nous allons passer ces méthodes en revue. Les cordées (Voy. ce mot), que l'on tend le soir, doivent être montées finement et fortement sur fil de lin bien dévrillé ou sur soie, les hameçons pas trop gros, mais forts. Dans ce cas, il fiiut prendre du numéro 6, parce qu'en retirant les cor- dées on peut accrocher des pierres ou des racines, et que dans ce cas des hame- çons trop faibles sont rompus. On esche avec des lombrics, des sangsues, etc., comme nous avons dit plus haut, ou de petits poissons vifs. L'Anguille prise se tient tranquille tant que dure l'obscurité, mais au matin elle se démène dans tous les sens, noue l'empile, s'aide de la puissance de sa queue sur les pierres pour chercher à se détacher, et y parvient malheureusement souvent. Elle laisse, dans ce cas, comme témoignage irrécusable de ses efforts, l'empile nouée, renouée, tor- tillée et couverte d'une glu visqueuse insoluble dans l'eau. Nous avons vu des An- guilles qui, ayant tordu autour de leur cou une empile solide, avaient usé leur peau et coupé leurs chairs de manière à détacher presque la tête du tronc auquel elle n'adhérait que par l'épine dorsale et l'empile, car ceci n'arrive que quand l'hameçon a été avalé et s'est accroché dans l'estomac. Les jeux h. 4 ou 5 hameçons doivent être également tendus le soir, entre les herbes, dans des endroits profonds, non rapides, près des perrés ou des bords argileux. Les ha- meçons et les empiles sont les mêmes. L'hameçon inférieur des Pater-Noster rend également de bons services, surtout parce que ce genre de ligne qui demeure verticale, peut se tendre et passer entre les arbres, les joncs, dans des endroits où les jeux et cordées sont impossibles à placer (fg^ 12). Dans certains pays, on emploie une méthode particu- lière pour empiler les hameçons, et même un système d'hameçons spéciaux que nous allons décrire. Empiles. On prend des brins de chanvre non filé, fort et bien choisi, dont on fait un petit écheveau que l'on ne tord pas, mais que l'on attache de place en place {fig. 13); à l'une des extrémités, on empile un hameçon à la ma- nière ordinaire, et à l'autre on fait une boucle au moyen d'une ligature en bonne soie poissée. L'Anguille prise sur celte empile a beau la mordiller, comme ses dents passent entre les fils du chanvre et ne rencontrent pas d'obstacle, elle ne peut la couper. Hameçon. Au lieu de se servir d'un hameçon, on empile une aiguille à coudre ordinaire numéro 6, ou un morceau de fil de fer de la même grosseur. L'un ou l'autre de ces engins est aiguisé des deux bouts, et, au milieu de sa longueur, on pratique, à la lime, une petite entaille circulaire sur laquelle on attache, par une cmpilure de soie, le petit écheveau de chanvre indiqué ci-dessus {fig. 13). On choisit un gros ver rouge et l'on introduit dedans l'aiguille ainsi montée, en la cachant tout à fait. Lorsque l'Anguille a avalé le ver, cet hameçon se met en Fi(j. 12. — Pater-Noster tendu. ANGUILLE. 39 travers dans son estomac et ne peut plus ressortir. Il faut, pour l'enlever, ouvrir l'animal; aussi, quand une Anguille est prise ainsi, on coupe l'empile pour ne pas perdre de temps. Ces deux perfectionnements rendent la pêche de ce poisson très-intéressante et très-fruclueuse. L'usage des écheveaux de chanvre peut avec succès être appliqué à la pêche du Brochet, de la Perche, de la Truite, du poisson de mer à dents aiguës, tels que Bar, Daurade, Sargue, Saupe, Rous- sette, etc., etc. Les Anguilles cherchent leur refuge pendant le jour dans les endroits où se trouve de la vase. Après avoir passe la nuil à chasser leur proie, elles choisissent un lieu où la vase demi-li- quide soit peu résistante ; après avoir sondé le terrain avec leur tête, elles se retournent, introduisent le bout de leur queue dans le trou commencé, puis, par des oscillations rapides, une suite de mouvements habilement combinés, elles creusent la vase et s'y enterrent jusqu'au nmseau. Tout cela se fait sans for- mer de bourrelet; et le pêcheur ne les découvrirait jamais, si le courant d'eau qui passe dans les branchies de l'Anguille ne soulevait, au-dessus de son trou, un imperceptible petit nuage boueux qui suffit cependant pour déceler, quand l'eau est lim- pide, et au loin, la présence de l'animal. ^ Nous ne devons pas omettre la recette suivante qui réussit /.-,>,. ,3. _ Aiguille à parfaitement dans l'emploi des jeux de nuit. On prend des ti^-x Peintes et éche- r r J J- Ycaudi; chanvre noucj. Ablettes et on les expose au soleil de midi sur la grève, on les y laisse sécher et bleuir. Quand on veut en escher les hameçons, qu'elles soient en-. tières ou en morceaux, on les trempe dans de la bouse de vache, ou à défaut dans de la boue; les Anguilles en sont extrêmement friandes. Cet appât s'emploie pour la pêche de nuit. On a des exemples, dit Wood, d'Anguilles prises à la mouche, par des pêcheurs qui s'en servaient pour la Truite. En Anjou et en Vendée on emploie le procédé suivant, — que l'on appelle Pêche à la vermée, — pour prendre les Civelles, au moment où elles remontent en grand nombre. Nous l'avons vu employer de même dans le port de Saint-Nazaire, au mo- ment du printemps où les Anguilles sont encore en grand nombre sur les côtes. On récolte une certaine quantité de vers de terre dont on fait un chapelet, en les cnfdant dans leur longueur au moyen d'une aiguille montée de bon fil, fort, long de l",oO à peu près. On love alors ce cordon de vers sur lui-même, de manière h en former des anses de O'",2o environ, que l'on réunit par un lien et que l'on attache au bout d'une ligne jointe à une canne solide. Du rivage ou de dessus un bateau, le pêcheur laisse descendre ou jette ce paquet dans le lieu où il suppose que des An- guilles sont rassemblées, et, tendant légèrement la ligne, il attend. Les Anguilles attaquent les vers que le fil intérieur empêche de se diviser ; le pêcheur sent quelques petites secousses, relève vivement le paquet qu'il jette soit dans le bateau, soit sur le rivage, où il entraîne les Anguilles accrochées par les dents. Si le mouvement est assez vif, peu retombent à l'eau et l'on en prend par ce moyen de grandes quantités. Cette pêche réussit au moment où les Anguilles s'a- gitent et chassent, c'est-à-dire le soir, la nuit et par l'orage, sur la cote. iO ANGUILLIÈRK. Non-soulomenl on prche les Anguilles à l;i ligne, mais encore avec un certain nombre d'engins différents : à la fouane, dans la vase, comme nous l'avons indiqué plus haut; aux filets, nasses, verveux, râteaux, ou au moyen de barrages spéciaux nommés gords, bourdigues, labyrinthes, anguillicres, etc., suivant les pays oîi ils sont établis. Ces derniers appareils reposent sur deux principes : on forme un bar- rage dans le cours d'eau, afin de forcer les Anguilles à passer par une ouverture et à tomber dans un filet, ou une nasse, ou toute autre sorte de piégc dans lequel l'Anguille, une fois introduite, demeure forcément à la portée du pécheur. Les barrages s'établissent dans des bras de rivières ou de mer (Graus) dans les- quels ils ne peuvent gêner la navigation, et, dans un cas comme dans l'autre, il faut une autorisation de l'autorité. Ces travaux consistent enfiles de pieux formant un angle aigu dont les côtés, parlant du rivage, se réunissent au milieu de la rivière. Cet angle est tronqué par une ouverture tournée vers l'amont si l'on veut prendre les Anguilles de remonte (Civelles), vers l'aval si l'on fait la pêche aux Anguilles qui descendent à la mer. Le long des pieux on tend des nattes, des filets, ou l'on établit de simples clayonnages, et à la porte du gord on tend un guideau, sorte de grande chausse, dans lequel tombe le poisson qui n'en peut plus sortir. C'est surtout la nuit que cette pêche est abondante, principalement à la descente; à la remonte, les Ci- velles passent toute la journée, mais cependant en moins grande abondance que (juand le soleil est couché, car alors toute l'armée se met en mouvement. La pluie est favorable, l'orage aussi et surtout la profonde obscurité des nuits sans lune. (Yoy. BouRDiGUE, Écluse [Pêche à l'I). Depuis l'Escaut jusqu'à Bayonne on pêche l'Anguille, à l'embouchure des fleu- ves, avec les guideaux, les sennes, les nasses, dans lesquelles on met différents ap- pâts composés de limaçons, moules, grenouilles, tourteaux de chènevis, foie de bœuf ou de porc, etc. Quoique les Anguilles de la Seine, de la Loire, de la Gironde soient très-esti- mées, la grande pêche des Anguilles se fait dans la Méditerranée. Elle a lieu dans les marais salés pendant les trois derniers mois de l'année, suivant que le permet la saison. On pêche avec des bourdigues, des maniguières, des paradières et diffé- rents autres instruments qu'on emploie suivant les localités et les circonstances. C'est pendant la nuit et quand les vents soufflent du nord que la pêche est la plus abondante. Dans ces étangs salés on prend les Anguilles au moyen d'espèces de parcs formés de pieux et de filets tendus dont la distribution présente différentes chambres au milieu desquelles s'engage le poisson ; quand les Anguilles ont tra- versé ce labyrinthe, elles arrivent dans la quioulette, poche en filet munie de plu- sieurs goulets, comme aux verveux. Dans les étangs voisins d'Aigues-Morles on pêche ainsi jusqu'à 7 et 800 (juintaux d'Anguilles par an. On en sale la plus grande partie. Cette opération con- siste à faire mourir les Anguilles dans le sel, puis à les disposer par lits séparés par une couche de sel broyé. ANGUILLE DE MER. — (Voy. CONGRE.) ANGUILLE PIMPERNEAUX. — C'est l'Aiiguifie à large bec. (Voy. Anguille.) ANGUILLEVERNIAUX. — C'estrAiiguilleà bec moyen de nos pécheurs. (Voy.ANGLiLLE.) ANGUILLIÈRE. — On douuc ce nom, en beaucoup d'endroits, à une espèce de Guideau (Voy. ce mot) ou grande chausse (jue les mariniers et usiniers placent, la nuit, aux vannes et déversoirs de leurs cours d'eau pour prendre les Anguilles. Cette méthode est désastreuse, parce que le poisson y entre, gros et petit, aussi bien ANNEAU. 41 (juo l'An^ïnillo, et y csl tup, b.'ilIoUé pendanl loulc la nuit au milieu des herbes et des délrilus qui y péuèlrent toujours, et roulé sous les vagues rapides dueouraul d'eau. Ou appelle aussi Aiif/itillihr uu réservoir couslruit spécialement eu vue de conser- ver ou (ranu'liorer les Ani;uilles. (^'oy. ce mol dans : Les Grandes Iii//iistfies des eaux.) ANGUILLIFORMES. — Famille uiii(iiie foniiaiil l'ordre des Malacoplérygiens apodes, 4f des Poissons osseux. Caractères : Pas de nageoires ventrales, corps allonge, couvert d'une peau épaisse, gluante; écailles peu visibles, vessie natatoire de forme variable et singulière ; pas de cœcum. Chair présen- tant peu d'arctes. Ces poissons se distinguent surtout par le double caractère de nageoires pectorales et d'ouïes s'ouvrani, de chaque côté, sous ces nageoires. Leur estomac est en long cul-de-sac, leur intestin à peu près droit ; leur vessie aérienne allongée porte vers son milieu une glande propre. La dorsale et la caudale, sensiblement prolongées autour du bout de la queue, y forment, par leur réunion, une caudale pointue. (Voy. Cœur lymphatique, dans Angui/le, Histoire naturelle.) Dans les Anguilles vraies, la dorsale commence à une assez grande distance en arrière des pectorales, quelques-unes ont la nageoire pectorale plus courte. Tous ces poissons présentent de petits opercules entourés coneentriquement par les rayons et enveloppés aussi Lien qu'eux dans la peau qui ne s'ouvre que fort en arrière par un trou ou une espèce de tuyau, ce qui, abritant mieux les branchies, permet à ces animaux de demeurer quelque temps hors de l'eau sans périr; leur corps est long et grêle; leurs écailles, comme entourées dans une peau grasse et épaisse, ne se voient bien qu'après le dessèchement. Us manquent tous de ven- trales et de cœcums et ont l'anus assez loin en arrière. Celte l'amille se divise en 7 genres : l» Anguille. — Suî(s-<7P«>'e5 ; Anguille , | 3" Gymnotes. Soî/.î-5rert)'(?5 ; Carape, Apténotes. Congre, Ophisure, Murène; — Spha- | 4° Guiinarques. gebranclies, Monoplères ; — Sym- branches ; — Alabès . 2° Saccopharynx. 5" Leptocéphale. C Donzelle. 1° Équilles ou Ammodytes. ANMAILLADE. — Filet traînant tramaillc, employé dans le golfe de Gascogne à la pèche des Rougets, Mulles, Aiguilles. Les mailles de la flue ont 0'",16, celles des aumées 0'",I08. Usage, du 1" avril au 1" novembre. ANNEAU [Hameçon à]. (Voy. PALETTE et Hameçons.) L'hameçon à anneau est l'outil des maladroits ou des pécheurs de pro- fession qui manquent de temps pour empiler convenablement leurs hameçons. Hélas ! combien de poissons ne perdent-ils pas par ce défaut de soins ! et quelle triste économie que celle qu'ils croient faire ainsi ! Certes, nous savons perti- nemment qu'il n'est pas donné à tout le monde, surtout à la campagne, de pouvoir manier les hameçons courte queue numéros 14 et lo, qui sont fins comme des ai- guilles. De pareilles armes vont mal entre des doigts habitués à manier la gaffe et l'aviron. Mais, auprès du pêcheur, se rencontrent sa femme ou sa fille; il n'est pas difficile de leur faire apprendre ce que l'on ne peut pas faire, et tout va bien, tout va mieu.x, lorsque le poisson a le moins de chances possibles de son côté. Au bord de la mer, c'est autre chose ; la manie des pécheurs de profession est d'employer d'énormes hameçons ; il n'y a rien à leur dire, ils ne veulent rien en- tendre. — Le fond, les rochers, les varechs, que sais-je? tout cela brise les hameçons fins. — Ily a bien quelque chose devrai dans cela. En outre, les poissons de mer, avec leur gueule, la plupart du temps énorme et pavée de dents rudes, carrées ou pointues, leur ouverture de mâchoires considérable, et leur voracité proverbiale, sont moins sensibles au toucher de l'hameçon. Mais en eau douce ! L'hameçon à- anneau est toujours de qualité inférieure ; les fabricants n'en font pas autrement ; c'est assez dire combien les pointes sont défectueuses, combien le fer est ployant et cassant, enfin combien de mécomptes ils apportent, sans parler 42 ANNEAU. de la grosseur forcée de l'empilage et de l'inconvénient de l'anneau. Cet anneau k{fg. 14) et l'empile — nécessairement double en cet endroit, sans compter le nœud qui existe un peu plus haut, — tous ces obstacles empêchent de faire remonter suffi- samment le ver dont on désire couvrir l'hameçon. Il reste là une partie dure que le poisson sent, en fermant les lèvres. Avec un Limerick t\ palette, à ce moment, il serait pris, parce que l'hameçon présente assez d'avuntage ; mais avec le grossier hameçon à anneau qui ne pique pas, le poisson le crache, s'en va, et tout est dit. Pour empiler l'hameçon à anneau, on le prend par la pointe CB, que l'on place en bas, entre les doigts; on passe dans l'anneau A, formé par la hampe recourbée sur elle-même en arrière, l'empile en ficelle D ; on fait un nœud simple et l'on attache le petit bout par un second nœud simple un peu plus haut. Quelques pêcheurs effi- lent le petit bout de l'empile de cordelette ou de fil qu'ils em- ploient, ouvrent en la détortillant la partie correspondante de l'em- pile, passent le bout effilé , une fois, reviennent deux tours plus haut sur leurs pas, revrillent le tout et composent ainsi une empilure sans nœud saillant. C'est un peu meilleur. Lorsqu'on veut empiler des hameçons à anneau sur florence ou çon à anneau et sur criu, le scul moycu cst dc redoubler, après l'avoir passé dans son empilage, l'anncau, Ic criu ou la florence sur eux-mêmes et d'y faire une liga- ture de soie poissée. 11 est tout aussi simple alors d'empiler un hameçon ordinaire, qui a l'inconvénient de la boucle de moins. Faire un nœud avec ces empiles est pire encore qu'avec la corde, car il reste forcément un bout raide et dur qui pique la bouche du poisson et l'aide à l'avertir qu'il est temps de rendre gorge et de filer. ANNEAU A DÉCROCHER. — Ce petit instrument, qui fait partie du bagage du pêcheur, est un des plus utiles pour la pêche à la ligne de fond, parce qu'il sert à la décrocher des racines dans lesquelles elle se prend fréquemment, et à dégager l'ha- meçon des pierres sous lesquelles il est souvent, trop souvent engagé. Cet anneau est d'autant plus utile, que nous recommandons sans cesse aux pêcheurs vraiment dignes de ce nom, de se servir d'hameçons très-petits et très-acérés ; or ces petits hameçons, quoique montés sur des empiles fortes et bien choisies, ne peuvent être, attachés à un câble. 11 est donc certain que dans un accident semblable, si l'on tire brusquement avec la canne, on cassera le scion ; si l'on tire sur la ligne, on cassera l'empile et souvent la ligne elle-même, qui se trouve ainsi perdue, avec flotte, plombée, etc. D'un autre côté, cet anneau lourd et muni de pi- quants est difficile à loger sans inconvénients dans sa poche ou dans son sac; et puis, c'est un outil tle plus, et le pêcheur en porte déjà tant ! Ce que ces objections prouvent, c'est qu'il y a un choix à faire. Si l'on va pêcher spécialement de fond, dans une rivière inconnue, qu'on le prenne ; si l'on pêche de surface ou à la ligne flottante, qu'on le laisse au logis, quitte à briser sa ligne si un accident arrive ! Cet anneau est fait en cuivre ou enfer, et pèse de 200 à 300 grammes au plus; il est muni de pointes recourbées {fig. 15). Quand on pêche à la canne ordinaire, sans moulinet, on peut choisir un anneau ordinaire sans charnières, on passe dedans Fig. Ici. — Anneau à déci'ochei-. ANNEAUX. 43 le gros bout de la canne, on dévide la forte ficelle qui lient à l'anneau, on laisse couler celui-ci le long de la ligne tendue par l'obstacle, et en tirant sur la ficelle, on ramène souvent la racine et l'hameçon dedans, ou bien l'on détourne la pierre, et la ligne redevient libre et prête à recommencer. Mais avec une canne à moulinet, — et c'est celle que nous recommandons toujours, même pour aller pécher le Goujon, — il faut que la queue de l'anneau soit double. L'anneau s'ouvre par une charnière : pour l'ouvrir, il faut détacher la corde qui servira à tirer dessus; on referme alors l'anneau au-dessus du moulinet; on repasse la corde dans les œillets correspondants des deux queues ; on la noue, on décroche la ligne, et on sort enfin l'anneau par l'hameçon, sans l'ouvrir de nouveau. Le diamètre de cet anneau est de 0™,07 à 0"',08. ANNEAUX. — Les Anneaux sont nécessaires, dans la confection des cannes à moulinet, pour offrir un passage au fil de la ligne. Ils se placent de distance en dis- tance sur la canne, espacés d'abord de 0",oO vers le gros bout, et se rapprochant toujours les uns des autres, de fiiçon que les deux derniers ne soient écartés que de O^JO, vers l'extrémité du scion. Il est bon également d'en avoir de trois grandeurs, de manière à mettre les plus petits au scion, qu'ils ne chargent pas, et les plus gros auprès du moulinet. Ces Anneaux portent, dans le commerce, le nom d'Anneaux â corsets, et se trouvent chez les merciers. On en fait, depuis quelque temps, qui sont enlevés à l'emporte-pièce dans des plaques de tôle ; ils ont l'avantage d'être d'une seule pièce, mais aussi le désavantage d'être toujours irréguliers, comme épaisseur, et à bords tranchants et déchirés en dedans et en dehors. Il faut leur préférer ceux que l'on fait par l'ancienne méthode et qui sont en fil de laiton soudé. Ceux-ci, quoique moins solides, parce que la soudure n'est pas tou- jours parfaite, possèdent au moins une circonfé- rence arrondie et non tranchante, et ne risquent pas d'érailler ni de couper le fil de soie de la ligne. Les uns et les autres sont étamés (ce sont les meilleurs), ou vernis à l'huile et noircis. Ces Anneaux étant choisis avec soin et re- passés légèrement à la lime douce sur leurs bords, on procède à leur montage. Pour cela, on com- mence par couper, avec des ciseaux ordinaires, une petite lame (fîg. 16) de tôle très- mince dont se servent les marchands de parapluies. Cette petite lame doitavoir en- viron 0",02 de long sur 1 millimètre et demià2 de large; on lui donne, en appuyant avec le doigt, une légère courbure au milieu, de façon que quand elle sera appli- quée sur la canne elle laisselibrement tourner l'Anneau dans la petite cavité formée. Ona marqué, d'un trait de lime, la place de l'Anneau sur la canne, et l'on fixe le tout au moyen d'une ligature de soie poissée, de fil de lin ciré ou de cordelette solide et bien retorse. Cette ligature commence cinq ou six tours plus loin que l'un des bouts de la petite lanière de tôle, continue jusqu'à l'Anneau, passe de l'autre côté, et va au delà où elle est arrêtée cinq ou six tours plus loin que la seconde extrémité de la lanière. Lorsque cette ligature est terminée, on la vernit au moyen d'un pinceau trempé dans du vernis noir à l'essence, que l'on trouve partout dans le commerce. ' La première couche que l'on pose un peu claire est absorbée par le fil ; elle Fig. Ifi.— Anneau et sa lanière de tôle, à mettre sur la canne. r^r^ AXODONTES. sert cà l'imbiber et à le coller au bois ; la seconde, plus épaisse, et que l'on applique quand la première est bien sèche, consolide parfaitement les tours du fil, en les réunissant par une matière imperméable à l'eau. Comme, par le frottement du ser- vice, cette peinture s'enlève légèrement chaque année, on profite du mauvais temps et du repos forcé de l'hiver pour réparer ce dommage, en redonnant une solide couche de vernis. ANNÉLIDES. — L'origine de ce mot est Anuulus, petit anneau ; il représente une classe d'animaux articulés renfermant des vers à corps mou, sang rouge, vivant dans l'eau douce, la mer. le sable humide, etc. Leur corps est marque de rides annulaires ou d'anneaux, d'où vient leur nom créé par La- marck. — Les Annéiides forment 4 ordres : A. Errantes : Ex. : Arénicoles. — A. Tubicoles ou sédentaires : Ex. : Serpules. — A. Terricoles : Ex. : Lombrics. — A. Suceuses : Ex. : Sangsues. Fig. 17. — A. Errante. [Arénkoh .) Fig. 18. —A. Terricoles. [Lombrics.) Fig. 19. — Suceuse [Sangsue méd.). Ce sont des animaux à corps allongé, mou, divisé en un grand nombre d'anneaux, munis ordi- nairement de poils roides et piquants ou de tubercules charnus servant à la locomotion. Ils sont quelquefois dépourvus de tète, et d'autres fois cette partie se présente très-distincte. Le sang est presque toujours rouge, circule dans un système de vaisseaux clos. Il s'oxygène par une respiration aquatique et branchiale, rarement aérienne. ANODONTES. — Ces mollusques d'eau douce, auxquels on donne le nom de Moules d'étang et de rivière, servent d'appâts aux pécheurs .pour un certain nombre de poissons de fond. On les emploie surtout comme amorce après avoir eu soin d'en briser les coquilles et d'en couper l'animal, car sa nature coriace ne permettrait pas aux petits poissons de le dépecer. Or, il ne faut jamais perdre de vue, pour la réussite d'une amorce, que c'est le mouvement que se donnent les petits poissons autour de la nour- riture oll'crte qui y attire les gros et les fait rester auv alentours. Parmi les moules propres aux eaux douces, le pêcheur en distin- guera debx espèces bien différentes que les naturalistes ont tantôt rap- prochées, tantôt séparées dans un même genre. Ce sont les Anodontes et les Molettes. Ces coquilles sont habitées par des animaux semblables comme forme, et la plus grande différence vient des coquilles qui, chez la Moule d'étang ou Anodonte, sont loin d'être belles, à l'extérieur couvertes d'un épiderme assez épais noir ou verdàtre, tandis que les Mulettes ou Moules de rivières ont de jolies couleurs bleues ou violettes, et quelquefois striées et nuancées d'une élégante façon. Fig. 10.— .Mulette il'cau douce, iMoule des peintres. [Gr.nat.) APIIOIUSMES. 45 La coquille des Anodontes est ordinairement arrondie ou ovale, tandis que la Mulette est d'une forme beaucoup plus variable. Chez la première, les impressions musculaires sont très-distinctes et écartées, tandis que chez la seconde elles sont très-écartées et peu distinctes. Tout le monde conuait d'ailleurs les immenses écailles des Anodontes, lesquelles servent dans le Nord, où on les appelle Cafottes, à écrémer le lait. Ce sont celles de l'espèce appelée M. Cygneus. On mange ces animaux dans quelques localités, quoiqu'ils soient durs et coriaces, à cliair très- fade. Le pécheur, lui, ne s'en servira de nourriture que pour ses poissons. Les Mulettes, comme les Anodontes, fournissent des perles dans les circonvolutions de leur man' teau ; on distinguera, sous ce rapport, la Moule du Rhin [Mija margaritifera, L.), la Mulette litto- rale {Unio littoralis. h.), à coquille petite et plus carrée; enfin, la Moule des peintres {Mijapictorum, L.), oblongue et mince, qui sert à contenir des couleurs et souvent des or et argent au pinceau. ANON. — O'oy. Egrefin.) ANUS. — L'Anus est l'orifice extérieur des déjections. Il est placé à l'inverse des mammifères, c'est-à-dire en avant de l'orifice urétral de la vessie, au lieu d'être en arrière; il en est de même de l'organe de la génération, qui est également à l'inverse de celui des animaux plus élevés dans l'échelle des êtres. Les Poissons laissent sortir sans contraction leurs excréments qui pendent assez longtemps comme un filet attaché à l'individu et qui se détachent peu à peu par les mouvements de la loco- motion ou le frottement sur les herbes et les pierres. Ces produits de la digestion sont assez ramollis, parce qu'ils sont toujours mêlés vers l'extré- mité de l'intestin^ dans le cloaque, avec une quantité d'urine d'autant plus grande que les reins qui la sécrètent sont aussi longs que l'abdomen et par conséquent très-volumineux. Ceux-ci sont placés immédiatement sous l'épine dorsale, et souvent divisés en 2 lobes. L'urine est un peu épaisse et comme huileuse. ANXCHOIS. — Nom donné à VAiwhois dans la Gascogne. (Voy. Anchois.) AOUSE. — Nom provençal de V Alose commune. (Voy. ce mol.) AOUT. — (Yoy. Calendrier du Pécheur a la ligne.) APHORISMES. — I. Un poisson manqué n'a jamais pesé moins d'mie demi- livre ; au moment où on met le pied sur la plage, le soir, — tout poisson mancjué est une espèce particulière dont la croissance est rapide, — le soir il pèse une livre, huit jours après, c'est un monstre. (A. Karr.) II. La pêche est un plaisir même quand on ne prend pas de poisson. III. Il y a deux grandes espèces de poissons : le poisson frais et celui qui ne l'es! pas. Le premier est toujours bon, fût-ce une Ablette ; — le second, fût-ce une truite, ne vaut rien. IV. L'homme est né pêcheur et chasseur. V. La pêche est le premier des arts de l'homme. (A. Karr.) VI. Pour la pêche à la mouche, choisissez eaux rapides pendant le calme, eaux calmes pendant l'orage. VII. Eaux limpides, mouches claires; eaux troubles, mouches foncées. VIII. Grand vent, grosses mouches. IX. Temps calme, insectes très-petits, ligne imperceptible, pêcheur invisible. X. Ne vous endormez pas ou vous vous laisserez manger. XI. N'ambitionnez pas trop de profondeur, c'est nul. XII. Soyez flexible et pliez : la force est dans la souplesse, l'impuissance dans la raideur. XIII. La ligne n'est point un exercice, c'est une manie chez les uns et un art chez les autres. XIV. Tout gros poisson marche la nuit ; s'il est pris, il se tient coi jusqu'aujour, 011 il fait d'incroyables efîortspour se dégager. XV. Fatiguez un monstre avant de le sortir de l'eau, et surtout pas de résistance. XVI. Piquez du poignet, jamais de l'avant-bras. 46 APPATS. XYII. Péchez l'Ablette et le Goujon avec une canne à moulinet, on ne sait jamais ce qui peut arriver. XVIII. Pêche de fond, un hameçon. MX. Pêche de surface, un hameçon. XX. Deux hameçons, môme esche. XXI. Quand on jette une ligne de fond, mettre le pliant sous le pied, pour ne pas lancer tout ;\ vau-l'eau. XXII. Crin blanc ou crin noir mélangés valent mieux. . XXIII. Toute la pêche est dans le choix de l'hameçon. APL.ET. — Ce mot s'applique très-souvent, en fait de pêche de mer, comme synonyme d'engin ou d'appareil, c'était du moins la signification du mot Aploïdum du moyen âge. Aujourd'hui on donne quelquefois ce nom au filet qui sert à la pêche du hareng. APOGON COMMUN (Apogon, Rex mullorum, Cuv.). — Acanthopt. percoid. Long. max. =0"',I5. Syn. : Sarpananzo, ital. L'Apogon est un petit poisson rouge argenté ou doré, propre à la Méditerranée et dont la couleur est plus ou moins jaune, suivant la saison : il est remarquable parce qu'il porte une tache noire de chaque côté de la queue. Il est assez facile à reconnaître par ses grandes écailles tombant aisément, ses deux dorsales très-séparées, et la double dentelure de son préopercule. Ce petit poisson a été longtemps ballotté entre les Trigles et les Mulles des anciens, et a fini par être reconnu pour ne représenter ni l'un ni l'autre. Aujourd'hui, il est rentré dans la grande famille des Percoïdes, dont son aspect seul aurait suffi pour ne jamais le faire éloigner. D = C-M/9. = 2-1-8. P=10. Y= 1+6.C=19. On ne prend ce poisson que dans le temps du frai. APOPHYSES. — On donne, en anatomie, le nom d'Apophyses aux éminences que l'on observe à la surface des os. (Voy. Arêtes.) APPATS. — En terme de pêcheur, oppât est synonyme cVamo7xe, tant qu'il s'agit deau douce; mais en parlant de pêche de mer, appât devient en même temps, et plus souvent, synonyme d'esche. On appelle appât, en termes de mer, toutes les substances dont le poisson est friand, et dont on se sert pour l'attirer à un hame- çon, dans un filet, ou dans un lieu quelconque. Ces appâts ou amorces ne sont pas les mêmes pour tous les poissons. Pendant l'été certains pêcheurs d'eau douce amorcent avec du fromage passé, le plus souvent celui de Gruyère ; d'autres emploient la chair de quelques quadrupèdes, et particulièrement celle du chat et du lapin, et le foie de ces ani- maux de préférence : tout cela dépend du poisson que l'on veut prendre, et s'il est carnassier ou non. Pour les premiers, on fait souvent usage, non comme appât, mais comme esche, des chatouilles, des moules de rivière, séparées de leur coquille, des sauterelles, des mouches, des papillons, des grenouilles, etc. Beaucoup de petits poissons, qu'on nomme blanchaille, sont de bonnes esches à l'hameçon. On amorce au contraire avec de grosses fèves, qu'on appelle fèves de marais, pour réunir les poissons de fond en un seul endroit choisi. Les odeurs fortes, comme l'assafœtida, le musc donnent à l'appât auquel ils sont mêlés un attrait tout particulier pour le Brochet et d'autres poissons d'eau douce. Les poissons qui servent généralement pour escher l'hameçon en mer sont les harengs blaquets, les sardines, les lançons, les anguilles, que l'on nomme en Nor- mandie quilles ou équilles, le grados, ou éperlan bâtard, en un mot, toutes les espèces de petits poissons ronds. APPATS. 47 1. (lalinar coiimiuii ou Cornet. Ficj. 22. — Sèche \ulgaire. Lorsque les p^'cheurs de mer n'ont pas de bons appâts, — car on n'en trouve pas facilement en toute saison comme ceux indiquéstout à l'heure, — ils se servent de coquillages, tels que les moules, etc., ou de crustacés, comme les crabes; ils ôtent l'écaillé de ces animaux et garnissent les hameçons avec l'animal, mais ils ne prennent avec cet appàl que des Merlans et des Limandes. Ils emploient aussi le pitof, qui est assez gros seul pour garnir un hameçon. Les sèches et les cornets {fig. 21) ne s'emploient qu'à défaut d'autres nourritures, et les poissons que l'on prend avec ne sont que des Raies et des Merlans. Les cornets {fig. 22) entiers sont cependant meilleurs que les sèches ; ils conviennent ;\ tous les poissons, excepté aux pois- sons plats, et les diverses Morues en sont friandes. '^ Depuis le mois de mars jusqu'en septembre, on garnit l'hameçon avec quelques crustacés, tels que la grosse, la petite chevrette, ce qui attire les Maquereaux et- les Baies. Quand on se sert de la petite chevrette {fig. 23), il en faut au moins cinq à six pour un hameçon, et l'on prend des Jïaies grises. Les crabes de toute espèce, quand ils sont près de quitter leur enve- loppe, ou que la nouvelle est encore tendre, servent aussi à amorcer les hameçons. On déchire ces animaux par morceaux suffisants pour couvrir le fer en entier. Le Congre se prend souvent à. cet appât, et les pêcheurs au libouret prennent aussi avec lui des Merlans et des Limandes. Les pêcheurs de la côte amorcent également avec des loches de mer, malgré la mauvaise qualité de cet appât, et quand, par les mauvais temps, la disette est com- plète, on est quelquefois obligé de se servir d'appâts salés, tels que les harengs et le foie de bœuf; dans ce cas il faut veiller avec soin à ce qu'ils ne soient pas corrom- pus. On garnit la pointe de l'ha- meçon avec un petit morceau d'un des meilleurs appâts qu'on peut se procurer dans le moment, soit de la viande fraîche de bœuf, vache, cheval, âne, chien, etc., et surtout en veillant à ce que ces viandes n'aient aucune mauvaise odeur. Il est préférable d'employer le foie et les poumons de ces animaux que leur viande. Ces appâts employés aux petites pèches, à l'entrée des ports, n'amènent géné- ralement que des Merlans. Les poissons de mer sont tous carnassiers : il faut remarquer que tous sont en général plus friands des individus de leur espèce que de tous autres appâts, et l'on trouve ordinairement pris aux hameçons les poissons de même espèce que ceux qui servent d'esches. Si l'on n'a à sa disposition que des poissons un peu gros pour garnir les hame- çons, on s'en sert très-bien en les coupant en bius, pourvu que l'hameçon en soit complètement couvert. On doit cependant prendre soin de laisser toujours saillir Fig. 23. — Chevrette. 48 APPELET. la pointe, parce que, si elle était cachée, comme l'appât de poisson mort ou vif est dur à traverser, le fer n'atteindrait les lèvres qu'après une vive pression du poisson mordant; or il aurait senti la dureté du fer avant d'être piqué et aurait rejeté Ihameçon ainsi que l'amorce mal mise qui le cache. Il ne faut pas oublier que, malgré sa voracité, le poisson de mer se prend en général seul, le pêcheur est rare- ment là pour ferrer au moment opportun et assurer ainsi sa capture ; il faut donc établir son attache de façon qu'elle ne gcne point la piqûre de l'hameçon. Dans la pêche en eau douce, si l'on se sert d'appâts vivants, on peut cacher la pointe, mais, quand on s'y sert de poisson vif ou d'appâts durs, il faut également la laisser dépasser. Jamais le poisson ne peut se défier du petit appendice noir ou bleu que pro- duit cette pointe qui saillit, la nourriture qu'il prend est souvent accompagnée de petits morceaux de paille, de bois, etc., qui font le même effet. S'il devinait ce que c'est, il devinerait encore mieux ce qu'est le fd qui tient le tout, et se sauverait avec raison de cette amorce douteuse et perfide. En mer, comme en eau douce d'ailleurs, il est toujours préférable de se servir d'hameçons très-fins et de montures très-solides : le poisson se prend ainsi par les parties grasses et charnues de l'estomac ou de la gorge, au lieu des membranes sèches et osseuses des lèvres et du palais. Cette règle est capitale, pour les poissons de mer surtout, qui ont la gueule toujours armée de dents nombreuses et acérées en beaucoup de cas. Les pêcheurs- normands se servent, pour prendre les Maquereaux, d'un appât artificiel composé d'un morceau de drap rouge, mais ils n'en usent que quand ils manquent d'autres appâts meilleurs, car la pêche aux hameçons ne peut se faire par tous les temps et en toute saison ; pendant l'hiver, elle n'est pas commode ni lucrative à cause des gros temps. Pendant l'été, les poissons mordent bien à la viande, aux poissons, aux crustacés en mer, en eau douce, à toutes les esches. En automne, on amorce avec de la viande fraîche ou des poissons vivants. Il y a donc lieu de faire la plus grande attention au choix des esches ou appâts dont on peut disposer. Il est une manière judicieuse de les employer qui révèle le pêcheur consommé, et celui qui a réfléchi aux mœurs des poissons et étudié leurs habitudes et leurs instincts. (Yoy. aussi : Emploi des esches pai\ individu et tau SAISON.) APPATS ARTIFICIELS. — (Voy. INSECTES ARTJFiciELS sclou Ics mois [em- ploi des] et MoucuES artificielles [fabrication].) APPATS DE FOND. — On donne le nom cVappâts de fo7id h ceux qui tombent au fond de l'eau et qui servent à attirer le poisson à cet endroit ; ce mot est syno- nyme à'amorces. APPAT "VIF. — (Yoy. Vif [pêche au], Ablettes, Goujon, Gardon, Carpe, Tanche, Loche.) APPATS PAR ESPÈCES ET SAISONS. — (Voy. rarticle : Emploi des esches et APPATS.) APPELET. — Une pièce d'appelets est une ligne de fond garnie de ses em- piles avec leurs hameçons pour la pêche en mer. Si l'on joint, les unes au bout des autres, plusieurs pièces d'appelets, on forme une Tessure. C'est ainsi que ces grandes lignes sont mises à l'eau, au moyen de bateaux. APRON. 49 APRON [Genre] (Aspro, Cuv.). — Les Aprons diffèrent, au premier coup d'œil, des Perches, parce qu'ils ont l'air écrasés sur le dos et sur la tête, tandis que la Perche commune est plutôt com- primée. Les deux dorsales, au lieu de se toucher, sont écartées l'une de l'autre. Le préopercule est à peine dentelé, et l'opercule porte en arrière une pointe très-visible. Une seule espèce pour la France. APRON COMMUN (Perça asper, Lin. — Aspro vulgaris, Cuv.). — Acanthopt. percoid. Long. max. = 0'",18. Syn. : StricherStreben, ail. — Kulz, Baie — Persico, ital.; — Ostrzi/ca, pol. Espèce du Rhône, de la Saône, de l'Ouche, du Doubs, de l'Ognon, son tributaire, de l'Isère et de ses alHuents, mais n'existant pas dans les rivières de l'ouest de la France. Ce poisson reste petit, d'une teinte jaune, avec le dos et le dessus de la tète plus foncés ; a la chair blanche, légère et agréable, d'un goût analogue à celui de la Perche. Il porte ordinairement trois marbrures plus foncées, noirâtres, partant du dos et descendant sur les flancs obliquement en avant, dans le genre de celles de la Perche commune. Fig. 24. — Aprou [Ptrca asper, Liu. Corps allongé, à peu près rond au milieu ; tête déprimée et large vers les ouïes, museau couvert d'écaillés et en saillie au-dessus de la bouche; dents en velours aux mâchoires, au voraer et aux palatins ; langue lisse. Yeux petits, préopercule finement dentelé, opercule à un piquant prononcé. Ouïes et membranes semblables à celles de la Perche. Écailles âpres et ciliées, ligne latérale rapprochée du dos et lui étant parallèle, peu marquée, 70 à 80 écailles. Dos brun-rougeâtre à 4 ou 5 bandes obliques noirâtres. Le ventre blanchâtre, les nageoires gris- jaunâtre. Première dorsale à peu près arrondie à 8 rayons, 2^ et 3« plus longs. Deuxième dorsale 12 ou 13 rayons. Anale, l2 ou 13 rayons; caudale en croissant, 17 rayons; pectorales, li; ventrale plus longues que les pectorales, G rayons, le 1'^'' épineux. Noël, dans la partie manuscrite de son Dictionnaire, donne à l'Apron : branchiostèges, 7. D = 13-23, cinq rameux. P= 14. V = G. G = 15. 42 vertèbres, intestins à 2 replis; ovaires gros à proportion de l'animal. (Voy. Temps de rr.Ai.) Se nourrit de vers et autres animaux aquatiques ; se transporte facilement ; habite les eaux vives et pures. Le Rhin en a trois variétés; la plus grande gris-noirâtre, une gris cendré, la plus petite, enfin, jaune-bronze. APRON COMMUN. — Ce poisson, analogue comme couleur à la Perche vul- gaire dont il se rapproche beaucoup par la taille, est de la même famille naturelle. 11 se rencontre en France dans les fleuves et rivières de l'Est et du Sud-Est. Il aime les eaux vives et pures, où il se nourrit de mollusques, de vers et pro- bablement de très-jeune frai. Sa bouche, petite, comparée à celle de la Perche, le rend omnivore plutôt que complètement carnassier. Il n'est d'ailleurs commun nulle part. Sa chair est agréable. ^ 50 ARAIGNÉE. On le prend au moyen de vers de fumier, vers rouges à tôle noire, bien vifs, ou (le vers de vase. Tl mord également sur l'asticot, mais plus rarement. On doit avoir soin, comme pour la Perche ordinaire, que l'appât ne reste ja- mais en repos. Ce mouvement s'obtient d'abord en renouvelant souvent les vers parce qu'ils sont frétillants, et enfin, en déplaçant souvent la ligne ; on la sort de l'eau, et on la jette un peu plus loin. Tout cela doit se faire doucement, sans secousse et sans bruit; le plus souvent ces poissons se précipitent sur l'appât au moment où il descend verticalement dans l'eau, entraîné par son poids. AQUILA [Raja|. — (Voy. Raies, § il ) ARACE. — Genre d'Aiiiiélides errantes, qui vivent dans la mer, sur les côtes de l'Europe, et dont on se sert pour amorcer les lignes de mer. (Vieux mot.) ARACHE. — Nom donné aux Martigues à V Alose commune. (Voy. ce mot.) ARAIGNÉE. — Nom de la vive à Gênes, à Marseille, en Languedoc. Sans doute parce que, regardant comme venimeuse la piqûre de la vive, on l'a assimilée à l'araignée. [Esche]. — Nous ne pouvons entrer ici dans des détails techniques sur ces ■Avàm^wx articulés^ intéressants à tant de points de vue autres que celui du pécheur. Pour ce dernier, les Araignées sont de très-bonnes esches à mettre à un hame- çon pour la poche de surface en eau douce : il n'en demande pas beaucoup davan- tage. Cependant il n'est pas tout à fait superflu de le mettre à même de s'assurer s'il rencontre une araignée ou un imecte, et cela est si facile à apprendre qu'il y aurait mauvaise grâce à ne pas le savoir. Les insectes ont toujours 6 pattes, les Araignées en ont presque toujours 8 : les araignées ne sont donc pas des insectes, ce qu'il est déjà bon d'apprendre. Les Arai- gnées n'ont jamais d'ailes, ni d'antennes, mais un faciès qui varie d'une façon incroyable, non-seulement comme grosseur, mais comme disposition. Chez toutes, la tête Fig.tà. —Mygale maçonne cst confouduc avcc Ic tliorax; Icur bouclic est fort bien ^"'' ""'''' armée. La plupart sont chasseresses et vivent d'insectes. Comme elles sont succulentes, les poissons les recherchent beaucoup. Les unes vivent dans ou sur l'eau, les autres, sur la terre ; aussi la respiration des unes et des autres est-elle appropriée à ces milieux différents. Excellentes pour tous les poissons de surface, Truites, Ombres, Chevesnes, Vfindoises, Ablettes, etc., on les imite parfaitement par des espèces de chenilles artificielles. [Filets]. — Filet spécial pour la pêche des Aloses dans le Rhône. Voici comment se pratique cette pêche d'après Curnier : Le pêcheur se met en ouvrage. Armé d'une poche en filet à grandes mailles et peu profonde, montée sur un cercle en lattes de saule, emmanchée d'une perche de 2 à 3 mètres, il la plonge à l'avant de son bateau du côté du large, il la descend en pesant sur le bout du manche, perpendiculairement à la surface de l'eau, et, une fois que tout est noyé, il laisse le courant entraîner le filet, en ayant soin de le maintenir toujours dans sa position, en l'accompagnant ou en l'ai- dant d'une main attentive et intelligente. L'Alose est un poisson très-vif, doué d'une grande puissance natatoire ; il importe donc que la poche se fasse lestement, ARAIGN^ÎIE DE MER. 51 sans quoi, comme ce filet n'offre aucune espèce de goulot de nasse, qu'il est à fond trcs-rapproché et très-plat, le poisson a le temps de s'échapper ; un bon courant est nécessaire, puisque c'est lui qui doit imprimer la vitesse au filet. On comprend que V Araignée intercepte le passage dans la tranche d'eau correspondante à sa circonférence, le poisson allant dans un sens, celui opposé au courant, tandis que le filet le suit ; le moment important est celui où cette rencontre a lieu. Le poisson est touché, mais bien s'en faut qu'il soit pris, il faut l'amènera la surface, et notez qu'il n'y a, pour le soutenir, ni engin, ni traquenard d'aucune sorte. Aussi- tôt que le filet noyé en tête du bateau en a suivi la longueur, une corde qui s'y fixe porte et se roidit. On cesse de peser sur le filet, qui tend alors avec impé- tuosité à quitter la position forcée où il est maintenu, pour reprendre sa position naturelle, c'est-à-dire flotter horizontalement. C'est à ce moment que le pêcheur a à donner tous ses soins pour faire émerger le filet simultanément sur tous les points de sa circonférence; de là dépend la bonté du coup, car si son filet émerge droit, au lieu de venir à plat, adieu le succès ! fût-il plein d'Aloses, il versera tout dans le fleuve. Le poisson, lorsque le coup est bien donné, est prison- nier alors dans la partie lâche du filet qui flotte au delà du bord extérieur du cer- cle. Cette pêche est très-ftitigante. On comprend, en effet, que le maniement d'une espèce de poêle, de 20 à 25 pieds de tour, fichée au bout d'un long bâton, et cela au milieu d'un courant rapide, ne soit pas précrsément un amusement de fem- melette. Les hommes qui s'y livrent donnent environ 40 à 50 coups par heure, et se relèvent toutes les deux heures, ARAIGNÉE DE MER. — (Voy. Crabe.) — Il cst difficile d'imaginer rien de plus hideux que l'Araignée de mer ou Maïa Sqninado. Bossuée, hérissée, le dos couvert de varechs parasites qui lui font une barbe étrange ; la carapace bar- bouillée de la vase dans laquelle elle se retire ; des pinces faibles, mais une forêt d'épines en avant, en arrière et de tous les côtés, la couleur noire, brune ou vio- lette : telle est l'Araignée de mer solitaire sous la pierre où elle se tapit. Infatigable comme tous les Crabes, le Maïa est un nettoyeur, sans trêve ni repos, de tout le voisinage. Quel est le sens qui lui apprend que son office est utile à quelques mètres aux environs, au milieu de cette énorme masse d'eau qui bat les rivages? Quelle diffusion merveilleuse de molécules a pu, partant du cadavre qu'il aidera tout à l'heure à dépecer, venir frapper son odorat? Et cet odorat lui- même... où est-il? où en est le siège? L'homme ne le sait pas. Pour nous, alors que la drague nous rapportait, des grands fonds, les Maïas mêlés aux huîtres ramassées, nous étions toujours en admiration devant la laideur inimitable de la pauvre bête et devant la splendeur des merveilles qu'elle portait 1 ^ fia. 2G. — Araignée de mer [Maïa Souinado). sur son dos. v ï ; Sous le microscope, ces petites mousses roses et blanches devenaient des ar- brisseaux de cristal, habités de fleurs vivantes, de renoncules agitant leurs pétales. A leurs pieds, ces gazons invisibles étaient encore des milliers de polypes sor- 52 ARCHET. tant et rentrant leurs bras et rayonnant dans tous les sens, afiamés de Teau qui leur manquait. Il est probable que ces arbuscules et ces mousses vivantes, tous carnassiers, tous amis de la chair, ne viennent envahir la carapace du Maïa, que pour prendre part, et une part active, à l'absorption des débris, jadis vivants, dont se repaît l'A- raignée. Tandis que celle-ci déchire à belles dents et dévore par gros morceaux, elle secoue un nuage de poussière animale que l'eau porte aux tentacules affa- més des fleurs parasites. C'est sur le dos du Maïa qu'on trouve la Polysiphonia vuriegata^ petite floridée à couleur de rubis, le Plocamium coccineum, rose lui aussi, avec ses ramilles en forme de doigts fermés, et puis la Cêrmwe élégante, et des corallines, etc., etc. ARBALÈTE. — L'Arbalète est une variété d'archet ou de couple (Voy. ces mots) dont se servent les pêcheurs du Boulonais. Il se compose d'un morceau de fil de fer long de 1",20, gros comme une forte paille et enfilé dans la partie épaisse d'un plomb pesant de 500à 1,000 grammes. Ce fil de fer estpresque'droit, très-légè- rement courbé en arc au milieu. On aplatit au marteau chacune de ses extrémités en palette et l'on y attache une ou deux empiles en fil double retors de 2 mètres de long, montées d'hameçons pareils à ceux qui servent à la pèche du Maquereau. Pendant le calme, les pêcheurs, de dedans leur bateau, descendent cet engin au fond de la mer, au moyen d'un orin frappé au haut du plomb de fond, et semblable à celui sur lequel ils montent les quipots. (Voy. ce mot.) On prend ainsi les Merlans, les Grondins, etc. La pêche de jour se fait au fond, mais pendant la nuit on maintient l'ar- balète entre deux eaux. ARBRES A ENIVRER LES POISSONS. — l'un de ces arbres croit aux Antilles et opère sur les poissons un singulier effet. Il est de la taille d'un poirier, ses feuilles ressemblent à celles des pois, mais elles sont plus épaisses; son bois est dur et jaune. On prend l'écorce des racines de cet arbre, on la pile de manière à la réduire en parcelles très- minces, et on la met dans des sacs. Lorsqu'on veut pécher, on agite les sacs dans l'eau, et une légère poussière, formée par les par- celles les plus petites, se répandant, le poisson l'avale, est enivré, nage sur le dos et se jette au rivage. On en prend ainsi de grandes quantités. Nous devons ajouter à ce récit, extrait de Duhamel du Monceau, que rien ne prouve l'innocuité du poisson ainsi empoisonné ; de plus, que c'est une manière barbare et irréfléchie de détruire une grande quantité de poisson, le plus souvent sans profit pour personne, puisque le poisson ainsi capturé ne se conserve pas et est malsain. * A la Nouvelle-Grenade (Amérique), les Indiens font usage de plusieurs substances végétales, dont l'une pourrait bien être l'arbre indiqué plus haut par Duhamel. Le Fromager ou Seïba fournit un suc avec lequel les habitants de Santa Marl/ia empoisonnent les rivières pour faciliter leur pêche. Les Indiens de la Meta font une chose semblable avec l'effusion du suc de la racine Barbasco, qu'ils jettent dans l'eau de cette rivière pour enivrer les poissons. ARCHET. — Cette pêche se fait surtout entre les rochers, dans les endroits où le sable s'est accumulé sous les efforts de la mer, et où ne se trouvent pas de trop grands herbiers dans lesquels les hameçons se cacheraient, ce qui les déroberait à la vue du poisson, et en second lieu où ils se mêleraient par le mouvement de l'eau et présenteraient un obstacle à la levée de cette ligne. Pour construire un archet, en Poitou, sur les côtes de l'Océan, on fait choix d'une baleine ou d'un jonc de l^jSO de long environ, ABC {/ig. 27). On le ploie sous la forme indiquée dans cette figure, en sorte que les longueurs AN, BN, soient égales à MC, ce qui divise la baguette ployante en quatre parties égales. A R I C I E. 53 En N on fait une ligature solide, puis on y comprend l'extrémité R de la ligne de fond NS qui traverse la courbe NC, et vient s'attacher en G à l'archet et en même temps à un plomb de fond qui fait caler le T tout. L'autre extrémité T de la ligne, porte une bouée pour la retrouver et la retirer. Il est quelquefois bon, outre les hameçons em- pilés m^n, 0, p, que l'on attache aux bras A,B de l'ar- chet, de placer un autre hameçon f à une certaine hauteur au-dessus de l'archet et sur la ligne NS. On peut munir l'empile d'un corceron léger f qui empêche cette petite cord-elette de se tortiller au- tour de la plus grosse AS. (Voy. aussi Arbalète.) [Filets]. — Portion de cercle fort, courbé en demi-circonférence, et soutenant la coiffe d'un ^'"'J- -'• - -^■'chet en station. verveux. Ses deux extrémités sont tenues écartées par une corde tendue passée dans les mailles qui bordent le bas de la coiffe. ARCS BRANCHIAUX. — (Voy. Branchiaux [Arcs].) AREIGNOLE. — C'est une Battude de grande dimension. (Voy. ce mot.) ARÉNICOLES. — Espèces d'Annélides errantes qui habitent les sables de la mer. Cette famille des Aréiiicolieiis ne renferme que le sous-genre Arénicole. L'Arénicole du pêcheur (Cuv.), long. niax.= O^.lô à 0«',Î0. Couleur cendrée, rouge ou brune, changeant en vert foncé. Corps allongé, mou, de la grosseur d'un fort crayon, fusiforme, c'est-à-dire plus gros au milieu qu'aux deux extrémités. Ces Annélides présentent une tête peu ou point distincte ; elles sont dépourvues d'yeux, de mâchoires, d'antennes et de cirrhes ; elles ne portent de branchies que sur la partie moyenne du corps. Les anneaux qui composent leur corps sont nombreux et à surface comme chagrinée. Ces Annélides portent sous le ventre des appendices rangés deux à deux, ressemblant au premier abord aux fausses pattes des chenilles de lépidoptères. La tête est terminée, comme celle des Lom- brics, par une ouverture circulaire. Ces vers sont tirés de leur trou de sable, sou- vent profond de 0"'^50 à 011,00, pour amorcer les hameçons tendus aux poissons de mer. On reconnaît la retraite de l'animal aux petits cordons de sable qu'il rejette au dehors. Quand on le touche pour en amorcer les lignes, il sécrète une liqueur jaune qui tache les doigts comme la bile. (Voy. aussi Dorsibranches.) ARÊTE. — Les parties osseuses des poissons portent vulgairement le nom d'arêtes, que l'on peut supposer dérivé du mot latin arisia, barbe d'épi. La colonne vertébrale, munie de ses longues apophyses, forme la grande arête ; les côtes, soudées aux apophyses transverses, présentent les arêtes ordinaires de la chair. Les rayons des nageoires reçoivent aussi quelquefois ce nom, ainsi que les petits stylets grêles et longs qui, dans certaines espèces, partent des vertèbres pour traverser les chairs qu'elles soutiennent. Les poissons blnncs contiennent une très-grande quantité d'arêtes. En géné- ral, on estime, à part son goiit, d'autant plus un poisson qu'il contient moins de L-es appendices désagréables et même dangereux. Sous ce rapport, les poissons jp^ gg. — Arête du genre Salmones sont favorisés. 11 en est de même de la plupart des poissons de mer. (côte) . ARGENTEUS (Leuciscus). — (Voy. Dard ou Vandoise.) ARICIE. — Genre d'Annélides errantes qui vivent dans la mer, sur les côtes de l'Europe, l't servent d'amorce à la mer. Fig.^8. — Aréni- cole du pêcheur. 54 ASPECT DE L'EAU. ARLEQUIN. — Nom que l'on donne quelquefois au Ycron en costume de noces. (Voy. Ykron.) ARMAIL.LADE. — Synonyme cVAmav'ade. ARPHYE. — Synonyme ù.' Orphie, dans la langue des pêcheurs de certaines côtes. — (Voy. Orphie.) ARRAIN GORRIA. — Nom provençal ou basque delà Bième demer. (Voy. ce mot.) ARROSE. — Nom gascon de la Borée. — (Voy. ce mot.) ARSELIN. — Poisson de mer plus petit que la Vive, armé d'aiguillons et dangereux comme elle, et qui s'enfouit également dans le sable. C'est l'espèce Vive marinière {'frachiniis ripera), remarquable par sa couleur plus foncée, sa taille moins considérable et le plus grand nombre d'individus qu'on en rencontre sur les côtes. Il se prend de la même manière que la Vire commune. — (Voy. ce mot.) ARTICULES. — Embranchement des animaux, se distinguant par leur système nerveux, composé de ganglions cervicaux, thoraciques, abdominaux, anal, et d'une chaîne double, ganglion- naire, les unissant dans la longueur du corps. Tous sont à sang blanc, excepté les Annélides. Le corps, en forme d'anneaux mobiles, est plus ou moins rétractile. ASPE (CypriniisaspiuSjLin.). — Malacopt. abd. cyprinoïd. Syn. : Schad, Roppc, Aland, ail. — Asp,, suéd. Le nom d'Aspe {Aspius) a été assigné, par certains naturalistes, aux Ablettes, dont nous avons décrit six espèces qui se trouvent dans nos eaux : l'Ablette commune, l'AIburnoïde, la Biponctuée, etc. Cependant, il représente également une espèce du genre Able, espèce assez voisine de lAblette comme caractères, mais parvenant à un poids de 5 à 6 kilogr. Les caractères principaux de ce poisson, peu estimé^ sont : Dos noirâtre, nuque bleu foncé; opercules bleus mêlés de jaune et de vert; ventre blan- châtre . Dorsale grise pendant la jeunesse, puis bleue; caudale de 28 rayons, de même; — anales, pecto- rales et ventrales jaunâtres dans la jeunesse, et ensuite bleuâtres mêlées de rouge. Canal intestinal à 3 sinuosités. 18 côtes de chaque côté, épine dorsale de 4i vertèbres. Cette espèce se nourrit de petits poissons, de vers, de végétaux et de débris de corps organisés; elle habite les rivières à fond propre et à courant peu rapide, et perd la vie facilement hors de l'eau. Chair molle et grasse ollYant beaucoup d'arêtes. N'y aurait-il pas ici confusion avec le Chevesne commun? La synonymie de ces poissons blancs est encore fort obscure. L'Aspe d'Agassiz est un poisson allemand, et celui dont nous parlons se prend au nord et à l'est de la France ? ASPE. — L'Aspe est un beau poisson très-rusé qui habite dans les eaux calmes des rivières du nord de la France. Il est vorace cependant et fait sa proie de petits poissons comme le Chevesne, avec lequel il a beaucoup de rapports, il se prend aux mêmes appâts. C'est le Chevesne des eaux tranquilles. ASPECT DE L'EAU. — Lorsqu'on ne connaît pas une rivière, il est absolu- ment nécessaire d'en sonder la profondeur et de reconnaître la qualité du fond, parce que, ces deux choses une fois connues, on peut présimier l'espèce de poisson qu'on y attaquera. Il peut se faire des divisions fictives par rives et par cantons compris entre des objets fixes servant de repères. On prend un petit carnet de poche sur lequel on trace un tableau analogue à celui-ci : ASPECT DE L'EAU. RIVIÈRE DE 55 STATIONS. DÉSIGNATION DES LIMITES. Du pont (le pierre aux 3 chênes. De.s 3 chênes au rocher près du che- min de etc. etc. Du pont de pierre au coude du cliemin de Du coude au hêtre fourchu. En face du rocher double fendu. etc. COURANT. pno- FONDEVn met. 2 1,.^0 0,60 3Ioven. Courant très - vif. etc. etc. Eau tran- quille, pres- que pas de courant. Haïe. etc. Sable fin. Jars ou fond de cailloux. etc. etc. Fond de vase. Gravier. etc. OBSEHVATIONS. Herbes à 2 mè- tres au larse. Rien n'empôche morne de mettre dans la colonne d'observations les espèces de poissons que l'on peut espérer y trouver, d'après leurs mœurs connues. Tous les renseignements nécessaires pour remplir le carnet ci-dessus sont fournis par la sonde. Voici comment il faut opérer : On monte une canne à mou- linet ordinaire, et au bout de la soie on attache la sonde, dont le dessous est bien garni de suif, puis on la plonge, devant soi d'abord, à la longueur de la canne, et on rapporte la qualité du fond par ce qui s'est attaché au suif mis sous le mor- ceau de plomb ; en sondant à plusieurs endroits, on s'assure mieux encore que la qualité du fond est constante, et comme on est maître de choisir la subdivision de ses stations et leur espacement, on peut arriver en très-peu de temps à con- naître parfaitement le fond de la rivière oii l'on veut pocher. Pour trouver immédiatement la hauteur de l'eau, il vaut mieux se faire luie mesure spéciale ; voici comment : on prend une ficelle de la longueur de la canne et on l'attache à l'extrémité de la ligne de soie passant dans les anneaux, à l'autre extrémité on place la sonde suiffée. Cette ficelle porte, à partir de la sonde, des divisions de mètre en mètre, soit de petites boules de liège retenues par un nœud et peintes de différentes couleurs ; les demi-mètres peuvent être indiqués par deux petits plombs fixés à côté l'iui de l'autre, et les quarts de mètre par un seul petit plomb ; on apprécie parfaite- ment à vue d'œil les dimensions intermédiaires. Cette jauge, faite une fois pour toutes, sert continuellement. On peut également faire usage d'un petit ruban verni et garni de numéros :i(> ASTICOTS. [)oints h riiuilc; on lui donne -4 mètres de long, c'est tout ce qu'il faut dans la plupart des cas. Malgré d'assez nombreuses exceptions, on peut ranger ainsi les poissons d'eau douce par connaissance de leur habitation, comme fond et comme courant. Dans les courants raides, fond de sable ou de pierre, ce qu'on nomme en cer- tain pays jars ou carrées, profondeur de 0"',riO àl mètre, on prendra : Ablettes \ raies et alburnoïdes, Dards, Chevesnes petits, petite Truite, Ombre, Saumonet, tout cela à la surface ; au fond, Goujons et petits Barbillons. Par un courant moyen, sur mi fond de vase ou de sable vaseux, de 1 mètre à 3"', 50 de profondeur, on [)rendra, à la surface, en été : des Chevesnes ; au printemps et à l'automne, des Dards; et au fond, en toute saison, les Gardons, Brèmes, Carpes; et la nuit, des Anguilles. Au contraire, dans l'eau calme et tranquille, par 3 à 4 mètres d'eau, sur du sable fin ou de la vase, et surtout s'il y pousse des joncs et des herbes, on prendra à la surface du fretin; entre deux eaux : la Perche et le Brochet, et au fond : la Carpe, Anguilles, le soir, Barbillon aussi, car il va partout. C'est un des lares poissons qui ne se cantonnent point, au contraire de la Carpe, de la Tanche et (lu Brochet même. A la chute des moulins, des écluses ou des cascades, on prendra : la Truite, l'Ombre, tout cela au fond; le Brochet môme qui s'y plaît; le soir, l'Anguille qui s'y promène. ASPER PERÇA. — (Voy. Apron.) ASPIC. — Nom vulgaire d'une espèce de Lavande. — (Voy. Huile d'aspic.) ASPIUS CYPRÎNUS. — (Voy. Aspe.) — Le genre Aspius a été établi par Agassiz sur une espèce de l'Allemagne. ASPRO [Genre]. — (Voy. Apron.) ASPRO VULGARIS. — (Voy. Apros commun.) ASSA FCETIDA. — Cette gomme résine provient d'incisions faites à la racine d'une ombel- lifère, Ferula nssa fœtiJa, qui croit en Perse, dans les montagnes. Cette résine jouit de la propriété de rougir par l'action de la lumière et de l'air réunis. On trouve cette substance en masses brun-rougeâtre demi transparentes, et quelquefois mêlées de terre et de petites pierres. Elle répand une odeur alliacée forte et fétide, et possède une saveur amère acre et repoussante. Elle est beaucoup plus soluble dans l'alcool que dans l'eau, mais elle l'est encore assez pour lui communiquer au loin son odeur qui paraît avoir de l'empire sur l'odorat et le goût des poissons. ASSÉE. — Poisson du genre Chevesne, qui se pèche dans la Dordogne et la Vézère. C'est la Vanrloise Bordelaise {Squalius Burdigalensù, Val.}. (^ Voy. ce mot) — Sa chair est très-délicate, plus ferme que celle de la Vandoise commune, et n'a pas d'arêtes dans les muscles. Se prend comme le Clievesne. (Voy. ce mot.) ASTACUS SERRATUS. — (Voy. Palémon porte-scie.) ASTICOTS. — Les pécheurs donnent ce nom aux larves de plusieurs mouches, qui sont le plus ordinairement : Musca Cœsnr. — Hlii.^ra carnaria. — Musca vivipare. — Musca domestica. (Voy. Mocches.) tiij. 30. — Mouche ile la viande. [Sarcophaga carnaria, I.iii.) J'ig. 'il. — .Mouche Cœsar. [AJusca Lcesar, Lin.) Fig. 32. — Mouche domestique. (Alusca domestica, Lin.) Ces larves sont cylindriques, molles et blanchâtres ou jaunes. Elles sont apodes, c'est-à-dire sans pieds; leur tête est garnie de crochets écailleux. ASTICOTS. 57 A peine un animal a-t-il perdu la vie, qu'averties par un sens, un odorat particulier et qui ne les trompe pas, arrivent en troupe des mouches bleues à corselet rayé et abdomen soyeux (c'est la Mouche à viande commune), d'autres vertes à beaux reflets métalliques (c'est la Mouche Cœsar). La mouche à viande pond sur ces animaux de petites larves microscopiques; la mouche verte, des œufs qui éclosent vite et donnent naissance à des myriades de petites larves analogues. Alors se passe un phénomène très-curieux. Toutes ces larves, au moyen de leurs mouvements et de leur appareil masticatoire composé de crochets cornés très-solides, pénètrent dans les tissus qu'elles désorgani- sent et réduisent en une sorte de bouillie dont elles se nourrissent. Cette fermentation est activée par une espèce de liqueur que sécrètent ces larves qui croissent à vue d'œil, tant elles s'assimilent promptement le produit de cette décomposition. L'Asticot, alors parvenu à toute sa croissance, présente une larve à peau solide et résistante remphe d'une matière grasse et blanche, d'une espèce de pulpe animale qui semble fort attrayante aux poissons de certaines eaux. Nous disons à dessein de certaines eaux; car, dans de nombreuses rivières, le poisson ne les goûte pas du tout. L'odeur qui reste à ces larves, du milieu où elles ont vécu, est peut-être également un attrait pour les poissons ; cependant, pour le pécheur, on les débar- rasse à peu près de toute odeur en les déposant dans du son qui les nettoie. Un des faits les plus singuliers de cet animal, c'est la puissance de pénétration dont il est doué; par le mouvement vermiculaire qu'il se donne, il disparait entre les bois même joints d'un bateau, entre les pierres, dans la terre, en très-peu de temps, et cependant, entre elles, ces larves n'ont aucune action les unes sur les autres. Elles sont dans un état de grouillement perpétuel, qui atteste leur bonne santé et qu'elles conservent longtemps sous l'eau quand elles sont convenablement mises à l'hameçon. Lorsque les Asticots vont se changer en chrysalides, ils perdent leur mouvement et s'en- ferment dans un cocon brun, rouge ou noir, formé par.leurpeau distendue et durcie; en cet état, on les nomme Épine-vinetle, parce qu'ils ont une certaine ressemblance, comme forme et comme couleur, avec le fruit de cet arbrisseau. A l'état de chrysalides, ils servent encore d'appâts pour certains poissons. — (Voy. Gardon.) Pour se procurer les Asticots en grand, on étend à terre des débris de viande sur une épaisseur de 0'",25à 0«',30, et on les recouvre de paille pour empêcher le dessèchement par le soleil. Les mouches y déposent leurs œufs ou leurs larves, et, au bout de quelques jours, la masse n'est plus qu'un composé fort mal odorant des Asticots dont on a besoin. On peut également, mais à la campagne, suspendre en im lieu écarté, un hangar, un grenier, un foie d'animal (c'est la partie qui produit les plus gros, les meilleurs Asticots) et placer en dessous un pot rempli de son, hs larves y tombent à mesure, et on y fait sa provision au besoin. Lorsque, pour la pêche à la mouche, on veut se faire une bonne quantité d'appâts sans la fatigue de les prendre, il suffit de placer les Asticots dans une boîte de son, recouverte d'un couvercle percé d'un trou de 3 à 4 centim. de diamètre; on place sur ce trou une boîte à mouches {fig. 33) dont l'entrée est ouverte, on fait coïncider celte entrée avec le trou du couvercle, et les mouches, à mesure qu'elles éclosent, se rendent peu à peu dans la boite, où elles sont retenues par le tulle et où elles achèvent de solidifier leurs téguments. On se sert d'une des boîtes; et l'autre, vide, remplace, sur l'ouverture, celle dont on se sert. On recueille ainsi, sans fatigue, de très- belles et bonnes mouches pour la pêche de tous les poissons de surface. En regardant attentivement l'Asticot, on lui reconnaît la forme d'un cône très-allongé et un peu renflé, dont la pointe est la tête. On ne peut l'enferrer ni par un bout ni par l'autre, il faut le faire par le côté ; sans cela la pulpe blanche de l'inté- rieur se répandrait, et la peau resterait seule vide et sans vie sur l'hameçon. Au lieu de cela, il faut prendre l'Asticot entre le pouce et l'index de la main gauche en tournant la base du cône^du côté du corps, comme en B {fig . 35), et intro- duire, de la main droite, la pointe de l'hameçon entre le 3'= ou le 4'' anneau inférieur. La pointe s'enfoncera dans le sens de l'axe du corps de la larve, et le tout prendra la position D au bout de la ligne, la contraction des lames cartilagineuses qui forment la peau de l'insecte empêche la sortie de la pulpe intérieure, et l'Asticot demeure vif et remuant à la pointe de l'hameçon dont il couvre seulement le dard et le crochet, la hampe restant découverte sans inconvénient. Quant à l'Épine-Vinette dont l'enveloppe est très-cassante et très-dure, tandis que le dedans est Fig. 33. — Boite mouches, ouverte. Fig. 3i. — Manière lie tenir l'asticot. Fig. 3S. — .\slicots vifs l'hameçon. 58 ATHÉRINE. une substance lilanche, molle cl laiteuse, elle est fort difficile à mettre à riiameçon auquel elle tient fort peu. Il faut la piquer avec délicatesse et vérifier souvent si l'hameçon n'en est pas dégarni. 11 faut être très-prct à ferrer, parce que la moindre attaque du poisson suffît pour la détacher. On ne doit essayer cette pèche que par un temps très-calme et avec une flotte extrêmement sensible, d'au- tant plus que le Gardon, poisson auquel on s'adresse, est un de ceux qui mordent le plus légère- nient. ASTON. — Nom de l'Alose feinte, à Dux. (Voy. Alose feinte.) ASTRODERME ÉLÉGANT (Astrodermus coryphœnoïdes, Bons.». — Acanthopf. Scombér. Long. max. = 0">,4i). Un des plus jolis poissons, mais aussi un des plus rares des côtes méridionales de notre pays. Corps argenté, couleur de rose, tacheté de noir; nageoires rouges; tête élevée et tranchante. Bouche peu fendue; ventrales petites et surtout à écailles rayonnant de tous côtés comme des étoiles. D = 22, P= 18. V = H-4. A = 1S, C = 17 -f^- o Se prend dans la Méditerranée, sur les côtes. ATHÉRINA HEPSETUS. - (Voy. Athérinf. Boserè.) ATHÉRINA PRESBYTER. - (Voy.PRÉTRE.) ATHÉRINE [Genre]. — Acanthopt. Il«= famille. Petite famille que les naturalistes ont grand'peine à classer dans le grand groupe des Acantho- ptérigiens. Par leur première dorsale mince, de peu de rayons, écartée de la seconde, par l'organisation de leur mâchoire, ils se rapprochent évidemment des Murjef:, sans cependant pouvoir s'y joindre. Ces poissons ont le corps très-allongé, la bouche très-protractile, munie de petites dents très-flnes, et tous une bande argentée, caractéristique, sur les flancs. Se trouvent dans toutes nos mers, sous des noms variés, et probablement représentées par un assez grand nombre d'espèces encore fort mal étudiées. ATHÉRINE JOËL. (Atherina Boieri, Bisso). — Acanthopt. Athérin. Long. max. = Om,10. Syn : Spllancosa, ilal. — Komahren fisc/i, allem. — Silcen fich, suéd. — Snlv bandt, dan. — Smelt, angl. Espèce méditerranéenne, analogue auSauclet, dont les dents visibles aux mâchoires, au vomer et aux palatins, les séparent. 1"^ D = 8. 2« D= 10. A= 13. P=15. V = G. C = 20 fourchue. Écailles en losange, minces et unies. Ces poissons frayent au printemps. On les pêche à Fécamp à la marée montante, vers la fin de l'été, au moyen du carrelet, du lanet surtout, au fond duquel on met pour appât des crabes écrasés. On les recherche beaucoup comme amorce. On les fait sécher, et elles deviennent jaunes en restant transparentes. ATHÉRINE PRÊTRE. — (Voy. AthÉRINE ROSERÉ.) ATHÉRINE ROSERÉ (Atherina presbyter. Val.). — Acanthopt. athérinoïd. Long, max. = On^iô. Syn. : komhrcn fisch, allem. — Roornn cirwiech, holl. — Sandsmelt, angl. Petit poisson de l'Océan, tout blanc, corps demi-transparent, laissant voir la grande arête dans toute sa longueur. Sa couleur est ordinairement verdàtre sur le dos, ou les écailles sont bordées de petits points noirs ; blanche sous le ventre avec une bande d'écaillés argentées, mates et opaques sur deux de hauteur le long des flancs. Toutes les nageoires sont transparentes, la caudale un peu plus brune. Deux dorsales de 8 et I + '2 rayons; ventrales 1 -1-5 ; pectorales de 15 ; abdominales 1 + i ; caudale fortement fourchue de 17. Écailles petites, mais épaisses. Yeux grands et parfaitement ronds, un peu jaunes en haut, iris noir; mâchoire supérieure protractile et garnie de fines dents en avant. — Inférieure plus longue que la supérieure ; langue blanche, pointue, de sorte que la bouche, d'ailleurs peu fendue, semble avoir son ouverture tournée en haut. Bout du museau piqueté de petits points bruns ou noirs, sem- blables à ceux du dos. Ses petits demeurent rassemblés en masses considérables pendant les premiers jours qui sui- vent leur naissance. On vend cela dans le Midi, frit ou cuit dans le lait, sous le nom de Nonnat. Adultes, les Athérines vivent également par troupes assez considérables pour qu'on en fasse une pêche spéciale. On les vend alors sous le nom de faux Eperlans. En Bretagne, on les sale et on les conserve dans l'huile en même temps que les Sardines. Elles sont quelquefois en si grande quantité, qu'on en nourrit les animaux domestiques. ATTAQUE DES POISSONS. 5î» Excellente pour amorcer les lignes à Merlan, et très-bonne à manger. L'Athérine mord parfaitement à un hamecjon amorcé d'un ver marin (Néréide), appelé en anglais Ragworm, et Pelouse ou Grmetfe en français. Fiij. 30. — l'rèti'é ou Alheriiie Huseiii [Atherina presbyter, \al.]. ATHÉRINE SAUCL.ET (Atherina Hepsetus, Cuv.). — Acanthopt. athérin. Espèce de la Méditerranée, portant aux palatins des dents si petites, qu'on peut à peine les distinguer; ce qui la sépare de VAlh. Joël {A. Boieri, Riss.), dont les dents au même endroit sont très-visibles. Corps fauve clair, pointillé de noir en dessus; demi-transparent pendant la vie, avec la bande d'argent caractéristique. Nageoires transparentes, œil énorme, museau pointu, caudale très-fourchue. Excellente amorce comme toute les Athérines. Se prend au carrelet, au lanet, à la senne fine, à la ligne, avec un morceau de gravette, etc. ATTAQUE DES POISSONS D'EAU DOUCE. NOMS DES POISSONS. Ablette. Angi'ille. Barbeau ou Barbillon. ATTAQUE DES POISSONS. Franchement, par petits coups. Chipote, puis entraine fort et goulûment : il est rare qu'elle lâche la proie une fois mordue. Frappe du nez sur l'appât. Attaque ensuite franchement. Son attaque forme deux coups d'autant moins marqués que l'individu est plus gros. Il donne quelquefois un seul coup, mais très-fort. Quand il a saisi le ver, il l'avale en entier et ne le lâche jamais. MANIÈRE DE FERRER. Vivement. Ferrer fort et sortir de l'eau d'autorité, car elle ne peut être ni noyée ni fatiguée : elle combat jusqu'à la mort en s'aidant des pierres, des berbes et des racines. Ne pas se presser, attendre le coup d'entraînement décisif et brusque. Une fois ferré, le bar- billon se laisse aller, mais pour l'amener à la surface il faut commencer une lutte qui ne finit qu'avec sa vie. f>() ATTAQUE DES POISSONS. NOMS DES POISSONS. ATT.\QIE DES POISSONS. MANIÈRE DE FERRER. Brème. Cliipote longtemps el atta- que ordinairement l'esche par- dessous, ce qui fait sortir la flotte de l'eau comme poussée par-dessous. D'autres individus attaquent franchement , mais toujours légèrement, comme le Gardon. Ferrer au remonter de la flotte, ou au plonger quand le coup est tirant. Brochet. En chasse, attaque franche- ment: ordinairement, entraine franchement, mais sans se pres- ser. Ferrer vite et fort. Ferrer fort, mais de côté, et quand il a bien entraîné. Carpe. Chipote longtemps et en- traine. Ferrer solidement, mais sans se presser ; combat à mort. Chabot. Comme le Gardon. Comme le Barbillon. CHEVESNE. De fond, au printemps, à la cerise; à l'automne, aux boyaux de poulet et au raisin, il mord très-franchement et entraîne vite. De surface, il mord et làciie presque en même temps , au sang de même. Ferrer fort sans se presser, et bien tenir coup; il combat fort, mais peu longtemps. Ferrer très-vite et de côté : le coup de poignet doit être aussi vif que l'éclair. CVPRIN DORÉ. Comme la tanche, en chipo- tant. Ferrer au coup tirant ; ne combat pas fort. Dard Mord comme le Chevesne ; mais de surface, encore plus lé- gèrement. Très-vite : gueule peu forte et à ménager ; quand il est un peu gros, il se défend bien. Épinoche. La gloutonnerie personnifiée. Se prend seul. Gardo.n blanc. Mord vite, lâche plus vite en- core, et touche, au blé et au sang, si légèrement que c'est à peine si la plume remue. Au ver de vase, il fait encore moins de signal. Ferrer très-vite. Ferrer au premier mouve- ment; on en manque, mais c'est le seul moyen de le prendre. GOUJO.N. Un gourmand : une fois le ver attaqué, il le sucera jusqu'à ce qu'il se soit pris seul. Ne pas se presser; on ne le manque jamais si l'on attend le coup entraînant. Lotte. Attaque comme l'Anguille. Ferrer de même. Ombre. Attaque franchement et rapi- dement, quitte de même. Ferrer très-vite et franche- ment. Perche. Attaque franchement et en- traine de suite. Ferrer sec, mais sans se pres- ser au coup tirant; ne combat presque pas, même quand elle est grosse. Plie. Mord comme le Barbillon ; elle mangera les deux esches d'une ligne l'une après l'autre. Ne pas se presser : elle se prend seule ; une fois l'hameçon dans le corps, elle ne bouge plus, la plume ne remue pas, parce qu'en attaquant , sans doute elle suce. Rotengle , OU Gardon rouge carpe. Attaque bien de fond; à la mouche, il mard légèrement. Ferrer vite ; il est fort quand il est gros. ATTAQUE DES POISSONS. 61 NOMS DES POISSONS. Saumon. Tanche. Truite. Yérox. ATTAQUE DES POISSONS. Attaque franchement comme quelqu'un qui a conscience de sa force. L'eau bouillonne sous son coup de léte quand il enlève la mouche. (Ihipote comme la Carpe, et mord encore moins franche- ment. Si elle chasse , elle attaque vive comme un éclair ; dans le cas contraire, elle entraîne dou- cement, mais franchement. Attaque bien quand il peut. et entraine MANIÈRE DE FERRER. Ferrer solidement et donner du lil ; il est terrible et combat à mort, devrait-il vous faire par- courir plusieurs kilomètres. Ne pas se presser. Assez forte. Ferrer sans hésitation et ne pas forcer la main. Elle est forte au premier coup, mais elle ne combat pas longtemps ; elle se noie et meurt de suite. Ferrer sans se presser. Alose. Bar. ATTAQUE DES POISSONS DE MER. Très-mollement, en suçant. Barbi-e. Baudroie. BOMTE. Gapelan . Carrelet. Congre. Mord franchement et entraîne sans hésitation, puis se défend à mort. Attaque lentement, puis de- meure immobile ; mais , une fois piquée, se balance d'une curieuse manière. Avale goulûment et se laisse amener sans défense. Attaque d'un seul coup, sans qu'on la sente, et entraîne rapi- dement en filant à la main. Goulu par excellence , tire d'une manière incroyable pour un si petit poisson. (Voy. Plie.) Comme l'Anguille. Se tient coi au fond. Finement et bien de côté, l'hameçon étant toujours tenu entre les lèvres. Ne pas se presser, attendre le coup d'entraînement, ferrer alors solidement de manière à assurer l'entrée du fer dans la gueule qui est fort bien armée. Plus on se servira de petits ha- meçons, moins on aura besoin de ferrer promptement et fort, parce que l'on ne devra pas craindi-e de piquer dans les dents. Demande une main exercée, comme tous les poissons plats avec lesquels il faut beaucoup de prudence, surtout quand ils sont gros. Il faut d'abord ferrer fortement pour bien assurer l'entrure et ménager ensuite à cause des soubresauts. Ferrer ferme : hameçons gros et forts à cause des téguments blancs lâches qui tapissent son immense gueule. Ferrer d'un coup sec, et ame- ner sans résistance. Amener sans ménagement. Ferrer sec ; amener vite à bord, parce qu'il se tortille beau- coup quand il est petit. Lors- qu'il est gros, il se laisse sou- vent amener, au bord du bateau, comme un poisson mort. 62 ATTAOUE DES POISSONS. NOMS DES POISSONS. ATTAUIE DES POISSONS. MA.MI'RE DE FERRER. Davrades. Mordent comme tous les pois- Les Daurades de toutes les sons (le surface, vivement et lé- espèces se pèchent avec des gèrement ; mais, comme on les morceaux de poissons, et cette prclie à la ligue traînante loin esche étant ferme et dure, il ne (lu lialeaii, elles se croient eu faut pas craindre de ferrer sec sûreté et eulrainent fortement, au coup d'entrainement. Ména- mais sans secousse. ger en ramenant quand elles sont grosses, parce qu'elles se balancent beaucoup , mais ne prennent point de parti. Dorée. Idem. Idem. Égrefin. Mord bien, attaque franche- Se prend souvent seul, mais ment et entraine de même. assurer la prise au coup entraî- nant. Se défend assez bien cl peut être lourd. Flet. Se prend seul. Ferrer fortement et retirer lentement. Il est lourd. Germon. Se prend seul aux lignes traînées. Idem. Hareng. Mord quelquefois, à l'embou- chure des fleuves, sur la mou- che artificielle. Même pêche quepour le Dard. Lieu. Attaque, comme tous les Ga- .\ssurer l'entrure du fer par des, goulûment et franchement, un coup sec. En général, le tou- tire fort et ne se défend pas. cher de ces poissons est carac- téristique : c'est un coup tirant, brusque, et sans clapottement. Limande. Mord comme la Plie et tous Se prend le plus souvent les poissons plats. seule : la ligne semble tenir au fond ; ce n'est que par quelques légères saccades que l'on fait lever le poisson qui, vaincu par la douleur, se défend par des soubresauts ondulatoires. Lingue. Encore une Morue : comme telle, attaquant sans peur et ti- rant fortement. Pêche très-facile. Maigre. Mêmes mœurs que le Bar. Même pêche. Maquereau. Attaque comme un fou, tire .\mener sans précaution: il de même, mord sur tout ce qui n'est même pas besoin de ferrer ; Hotte ou sautille à la surface de le poisson prend son élan telle- l'eau. ment rapide qu'il s'enferre tou- jours de lui-même. Merlan. De fond ; touche très-légère- Ici, il faut avoir la main leste : ment; l'un des plus rusés parmi au premier tressaillement de la les poissons de mer. 1 gne, ferrer sec et court, puis amener sans précaution. Merlu. Se prend seul : encore un La pêche la plus amusante goulu, comme toutes les Morues. de l'entrée des ports , où ce poisson remplit le même office Morue. Rien à ajouter. ^x i- • , i , Cette ligne est munie de balnettes 15, en plus ou moins grand nombre; ces balnettes sont armées chacune de leur empile, portant un hameçon garni de son amorce. Pêche en traînant. — On choisit une maîtresse corde, d'une longueur moindre, d'environ 3 mètres, que la profondeur moyenne de l'endroit où l'on veut pêcher ; à l'extrémité de cette ligne, on amarre un fort plomb, ou un petit boulet de fer, ou un poids d'horloge, puis on garnit de 2 en 2 mètres la maîtresse corde avec des balnettes. Cette pêche se fait en bateau; quand on a mis la corde à l'eau, le poids de la balle lui fait prendre une position verticale tant que le bateau demeure au repos ; mais, quand il marche, la résistance de l'eau donne à la corde une position d'au- tant plus oblique que la marche est plus rapide. Cette position peut même, si le plomb est trop léger, devenir tellement oblique par une marche rapide, que la ligne se place horizontalement et flotte à la surface. Mais on se contente de donner peu de voile au vent, assez pour que la ligne quitte la position verticale. De cette manière, les empiles attachées aux balnettes s'éloignent de la maîtresse corde, s'écartent en éventail dans l'eau, et permettent aux poissons de saisir facilement les amorces, qui, soumises à cette traction énergique, acquièrent ainsi un mouvement vif et attrayant par son irrégularité. BALNETTES. 73 Le point le plus délicat consiste à bien calculer la lon^^ueur des balnettes et des empiles, afin que rien ne se môle et que le tout s'écarte dans l'eau sans confusion. On pêche ordinairement à trois lignes à la balle par chaque bateau; pour cela, il est nécessaire que les hommes s'entendent, afin de ne pas mêler leurs lignes. Fig. 46. — Pèche à la balle, en mer, à trois lignes traînantes. Les trois pécheurs se tiennent sur un môme côté de la chaloupe, qui est le côté sur le vent; le plus vers l'arrière jette sa ligne à la mer le premier aussi loin que pos- sible et dans le sillage du bateau ; le second pécheur, placé au milieu, jette sa balle devant lui moins loin et en ne filant pas une aussi grande longueur de corde; enfin, le pêcheur de l'avant laisse filer sa corde à pic et en donne encore moins long que celui du milieu. C'est lui qui porte le plomb le plus lourd, et le plus léger est celui du matelot de l'arrière, car il faut que dans l'eau les trois lignes s'étagent sans se mêler : celle de l'arrière sera plus près de la surface, celle de l'avant restera presque à pic, et l'autre entre les deux. Les pêcheurs sentent à la main les secousses des poisssons qui ont mordu; s'ils ne le sentent pas, ils relèvent au bout d'un temps convenu, en halant sur la bauffe, mais à petites brasses et en la levant auprès d'eux sur un appui quelconque. Quand ils sont arrivés aux balnettes, ils les relèvent avec précaution, détachent le poisson s'il y a lieu, remettent des amorces et filent la ligne à l'eau de nouveau. BALLE FENDUE. — (Voy. LlGNE A SOUTENIR.) BALLES PERCÉES. — [Voy. PLOMBÉES.] (Filcts.) BALNETTES. — On appelle Balnettes de petites baguettes faites en houx- frelon, auxquelles on donne O^jlO à0"',20 de longueur, et qui d'un bout sont atta- chées à la bauffe, et de l'autre servent de support à des empiles. Ces empiles doivent être faites en fil très-fort et tordu fin, ou mieux en soie filée ou en crin. Elles doivent avoir une longueur de 3 mètres environ, et porter un hameçon approprié à la grosseur du poisson que l'on espère prendre. Pour la pêche ordinaire du poisson de mer, sur les côtes, on emploie les hameçons n" 1 à 3. (Voy. Balle, Pêche) 74 BANMERE. BAMBÈLE. — Nom de la Carpe Gibclc ou d'une de ses variétés, dans les lacs des montagnes, près de la Suisse. Elle se prend de la même manière. — (Voy. Gibèle.) BAMBOU Bambuza). — (Voy. Canxks a pèche [Confection des\). Genre de la famille des Graminées, composé de plantes souvent très-grandes, originaires de l'Inde, de la Chine et des iles de la Sonde; remarquables par leur port qui participe de celui des joncs et de celui du palmier. Épillets lancéolés, comprimés, à 5 fleurs, renfermant chacune G étamines. Le type qui intéresse le pécheur à la ligne, est YArmida baml.os ou Bambou proprement dit, dont les jeunes tiges servent à faire les cannes à pèche. La tige du Bambou est droite, et présente, comme celle de tous les roseaux, des nœuds également espacés sur sa longueur. Elle est composée d'un bois flexible, à la fois solide et léger, recouvert d'une espèce de vernis naturel, siliceux, noir, brun-jaunàtre ou moucheté. Ses feuilles ressemblent à celles du roseau ordinaire, et ses panicules de fleurs sont peu colorés. Les vieilles tiges qui atteignent une grandeur considérable deviennent plus lourdes, par accumu- lation de matière ligneuse sur leur épaisseur, elles servent à faire des pieds de canne. On refend l'intervalle entre deux nœuds, aussi éloignés que possible, en bûchettes que l'on polit et que l'o.i monte l'une au bout de l'autre en les assujettissant par des ligatures de soie poissée et vernie. On obtient ainsi de très-bons scions droits, flexibles, élastiques, mais malheureusement un peu raides. Ils conviennent admirablement à la pêche de fond ou à la monture des grelots. • BANDE DE FILET. — (Voy. SpeNS.) BANDINGUE. — On nomme ainsi des cordelettes ou lignes que l'on attache à la corde qui tient les lièges et qui forme la tète d'un filet. Ces lignes deux fois plus longues que la hauteur du fdet, portent, à leur extrémité libre, soit une cà- bHère, soit un fagot de genêts, d'ajoncs ou de paille, que l'on enterre dans le sable. Ces cordelettes, quand un fdet est debout, remplacent les perches ou étais, et ser- vent à le maintenir dans une position perpendiculaire, en retenant la tête du fdet et en empêchant que la force du courant ne le couche sur le sable. BANNIÈRE. — On appelle ainsi la portion de ligne qui s'étend du bout de la canne à la surface de l'eau. La détermination de cette quantité, qui paraît arbi- traire, est au contraire fort importante et décèle la science du pêcheur à la ligne sédentaire. En effet, plus la bannière est petite, plus le mouvement de ferrer est prompt et sûr ; si la bannière est grande et le fd de la ligne lâche, il faut un temps très-appréciable pour relever assez la canne et pour tendre le fd de la ligne. Cet effet de tension subite sur des parties élastiques comme la canne et la ligne, produit un choc brusque sur l'hameçon, choc qui suffit à déchirer la gueule du poisson et le fait perdre pour le pêcheur. L'action de ferrer ne comporte qu'un très-petit mouvement du poignet de droite à gauche, et réciproquement; mouvement juste assez étendu pour enfoncer le dard dans les chairs et assurer une prise certaine. Le pêcheur habile doit donc sentir, en ferrant, une petite résistance, suffisante pour lui indiquer que, plus loin, l'hameçon déchirerait au lieu de piquer. Toute cette délicatesse de mouvements, si longue à expliquer et qui s'exécute en un clin d'œil, fait parfaitement comprendre que la longueur de la bannière doit être juste appropriée à l'endroit d'où se fait la pêche, mais que toujours et partout elle doit être le plus petite possible. Que la pêche ait lieu avec une flotte ou sans flotte, comme la pêche à soutenir, la ligne, sans être tendue, ne doit jamais être lâche ; elle doit présenter une tension moyenne suffisante pour que le pêcheur en soit bien maître, et non assez forte pour atténuer la sensibilité de la flotte ou du fil qui décèlera l'attaque du poisson. Dans un courant rapide, le maintien d'une bannière convenable est souvent W CJ) > U^ PQ 1=5 ŒD ^^ ^ > ^ pi o h3 Ph X 1=3 cri SU ^-1 1— 1 ai :^~ u f-, :i=> CD Dm CZD BAH. 75 (l'une grande difficulté, et rinipossibililé où l'on est d'y arriver fait manquer beau- coup de poissons, parce que, lronq)c par le courant et par le vent, le pécheur n'est jamais sur de l'attaque. C'est alors, pour lui, le cas de mon- ter une ligne à mouche ; pour ce genre de pèche, rivière et temps sont favorables ; i\ celte pèche-là aussi, le trop de ban- nière est encore un défaut. On -=;?-— peut donner comme base gé- ^"J- ^'- - «'"^'"^ '''' '*"-'"^- nérale, pour régler une bannière, que, la canne étant tenue presque horizontale, en faisant avec l'eau un angle de 100 à 120", la bannière doit être tout entière hors de l'eau et la ligne médiocrement tendue. BAR ou BARS COMMUN (Labrax lupus, Cuv.). — Acaiithopt. percoid. Long. max.=: I mètre. Syn. : Basse, angl. — //«/• Barsch, dan. — Yan, Dreinec, bret. — Bot/, à Arradon près de Vannes. — Spigola, ital. Ce poisson, qui ressemble à une grande Perche argentéeet allongée, est commun sur les cotes de France, surtout en Bretagne et dans la Méditerranée; il est très-estime comme nourriture. Il a le dos argenté bleu-ciel, le corp$ argenté vif; les deux nageoires dorsales rose tendre; les pectorales et les ventrales jaunâtres; une tache noire à la pointe des opercules. Le corps du Bar est plus comprimé et plus allongé que celui de la Perche: la plus grande hau- teur du corps se trouve un peu après les ventrales. Jlâchoire iaférieure plus longue que la supé- rieure : l'œil est au-dessus de la commissure des lèvres; l'intermaxiUaire porte une bande de dents en cardes fortes et aiguës, le vomer une bande en chevron, et chaque os du palais une bande éga- lement; la langue est rude au toucher à la pointe et sur les côtés. La joue est revêtue d'écailles. Le préopercule est grand, l'opercule triangulaire et couvert d'écailles. Ouïes très-grandes ; 7 rayons branchiaux, i^e dorsale gris pâle = 9 rayons épineux, 4« et 5« plus longs; 2'"e dorsale = 13 rayons. Caudale peu fourchue, grise, = 17 rayons. Lobe supérieur plus long. Pectorales blanches, = 10 rayons. Ventrales blanches, = 5 rayons et une épine forte ou bien externe. Ces nageoires sont attachées en arrière des pectorales, mais en avant de la première dorsale. La ligne latérale noire, se relève en dessous de la pe dorsale, et forme une ligne convexe vers le haut; elle va delà au milieu delà queue; elle est formée de points allongés, relevés, et contigus sur chaque écaille. Les écailles sont pentagones, marquées chacune d'un point argenté formant des raies longitudinales brillantes ; sur le dos, petits traits noirâtres. L'iris de l'œil est blanc d'argent. Ouverture des narines, double. L'intestin forme deux replis ; vessie natatoire simple, grande, s'étend du foie à l'anus, avec membrane blanc mat épaisse, mais facile à crever. 2G vertèbres; 12 paires de côtes. Très-vorace; on le nomme souvent Loup Je mer^ mais il ne faut pas le confondre avec un squale auquel on donne le même nom. Comme forme générale ce poisson rappelle un peu un Saumon râblé. Les Bars nagent souvent à la surface de la mer et aiment l'embouchure des cours d'eau douce où même quelques-uns re- montent. (Voy. TtMPS DE FRAI.) Quelques personnes prétendent que le Bar n'est pas le même poisson que le haut Bar, parce que celui-ci a les écailles violettes. Nous pensons que ces dilTérentes colorations tiennent simple- ment aux fonds ou aux eaux qui servent d'habitation à ces animaux, de même que l'on voit des Carpes plus dorées, plus blanches ou plus brunes suivant le lieu où elles vivent. Le nom de haut Bar dérive, d'ailleurs, des langues du nord: Hnv, mer, Bar, Perche: c'est la Perche de mer. Peu de poissons dillerent plus que celui-ci comme valeur de chair, si nous laissons de côté sa coloration. Celui qu'on prend dans la baie de Douarnenez durant la pêche de la Sardine, n'est pas estimé, et dans certaines années il est si huileux, qu'on n'en saurait manger. Ce défaut de qualité provient nécessairement de la nourriture qu'il a prise, en ne donnant la chasse qu'aux sardines. Il est bien meilleur à Port-Louis. Lorsqu'il y a beaucoup de Sardines sur un fond, le Bar ne fait pas un grand tort à la pèche, au contraire, il dispose le poisson à ne pas rester sur la même place. Si, d'une part, il éveille ses 76 15 A H . craintes, de Taulre, il le force à se livrer à plus de inouveineiit. Sous d'autres rapports, le Brochet n'en use pas difleremment avec la Carje. Mais, dans les années où la pèche de la Sardine est mé- diocre, la présence du Bar est nuisible. Le peu d'abondance des Sardines l'explique suffisamment. Le Bar se prend en plus grande quantité durant la pèche de ces Chipes que pendant toute autre saison Les plus grands ont 1 mètre de longueur, mais ils sont assez rares de celte taille. Lorsqu'ils se trouvent sur un fond où l'on fait la pèche, ce qui malheureusement se voit chaque jour, ces poissons ne s'approchent jamais des filets; ils s'en tiennent, au contraire, éloignés, comme s'ils craignaient d'y trouver la mort. Mais, à mesure qu'il s'en détache une Sardine quand on tire le filet à bord, ils s'en emparent. Heureux le pécheur qui ne leur paye que ce faible tribut, car il est reconnu que leur présence fait fuir les Sardines, qui ne la redoutent pas moins que celle des Lieux ou des Morues! On prend le plus souvent les Bars à la ligne par trois ou quatre brasses de profondeur. Us oppo- sent souvent une assez forte résistance, et il est besoin de les fatiguer avant que de les amener à la surface de l'eau. BAR COMMUN. — Le Bar est un poisson de mer, de surface, qui hante l'embouchure des rivières, surtout dans sa jeunesse. 11 se rassemble souvent en troupes dans les anses, aux mois d'août, de septembre et d'octobre, et se mêle vo- lontiers aux Mulets. On le prend à l'hameçon en ne laissant pas gâter l'appât, que l'on fait soit de lanières de chair de Sèche, soit de vers de terre ou de mer, soit de poltrons ou crabes mous, soit de chair de Pilono ou de Sardine fraîche et salée. Il faut em- ployer des hameçons n" 000. Sa chair est ferme, blanche, sans arêtes, plus délicate que celle du Mulet, mais varie beaucoup, suivant le fond où ce poisson est pris. Se pêche à la Belée. (Voy. ce mot.) Quoique le Bar ne soit pas un poisson de passage proprement dit, on le prend plus facilement d'août à fin octobre, quand il s'approche des côtes et qu'il choisit le voisinage des eaux douces. A Cherbourg on le trouve près du rivage, rarement à quelque distance ; il préfère le voisinage des côtes et surtout les rochers, devant lesquels il rôde continuellement, passant et repassant à diverses reprises. Dans la rade de Brest, on le prend au pied môme des rochers ; il en est de même dans la rivière de Tréguier, dans la baie de Concarneau. Commun aux Glé- nans, il a donné son nom breton, Dninec, à l'un de ces ccueils. A l'Ile-Dieu, il n'est pas rare non plus, et on le pêche à la ligne flottante. La pêche du Bar est une des plus agréables de l'automne, au bord de la mer. Elle se fait des rochers du rivage ou des jetées des petits ports. Si l'on peut se procurer des Sardines fraîches, la réussite en est à peu près assurée, à moins que le vent ou le mauvais temps n'ait éloigné les Bars de la côte. Vorace, rôdeur, le Bar mord fi'anchement. Comme il a la gueule grande et qu'il est d'une taille respec- table, ordinairement O^^oO, pesant 3 à 5 kilogrammnes, il faut employer une forte ligne de soie bien dévrillée, ou de fil plusieurs fois redoublé et cordonné en- semble. Cette ligne est terminée par une avancée en racine de premier choix, double et tordue. On la remplace souvent, dans les ports de mer, par du crin filé en vingt brins, lequel vaut mieux que la racine, parce qu'il ne brille pas dans l'eau. Il est bon de garnir l'extréiuité de l'avancée d'une empile de corde fiée, ou, si l'on en manque, de monter l'hameçon sur un fil de laiton mince et bien recuit, car le Bar a la gueule si solidement armée que je lui ai vu maintes fois couper, d'un seul coup, la ligne en vingt brins dont nous parlions tout à l'heiuT. Les pêcheurs de la côte en manquent beaucoup par ce motif, et en même temps parce qu'ils persistent à em- ployer des hameçons d'une grosseur ridicule. Il en réstdte que ce crochet n'est pas en en. PU > ""*^>  Ï=D CD uo CJ) ^;:: "3 r=) > < cllll UA CQ 3 O^ ^ < S PQ /- / ' s HA R]} EAU. 77 avalé par le poisson, quoique sa gueule soit fort grande, comme nous l'avons dit; la pointe du crochet s'implante dans les dents et elle ne tient pas, ou elle passe dans les lèvres et les déchire pendant les efforts du poisson et ceux du pécheur qui haie sur sa ligne sans beaucoup de précaution. En employant, au lieu de cela, des Limericks à palettes n° 3, bien cachés dans 1/3 ou 1/2 sardine, le Bar avale tout, et l'hameçon, au lieu de faire eftbrt sur sa pointe, ce Cfui la brise ou l'ouvre, s'engage en entier dans les téguments charnus du gosier ou de l'estomac, et tient de toute la force de son crochet. Au moyen de ce système, nous n'avons presque jamais perdu un seul de ces magnifiques poissons. On a soin de placer sur la ligne, au-dessus de l'empile, un plomb suffisant pour tenir la ligne vers le fond où le mouvement de l'eau la roule sur les herbes ou le sable, selon l'endroit. Quoique poisson de surface, le Bar a l'œil à tout; il voit de fort loin et généralement ne mord qu'au fond, surtout quand il s'agit de fortes pièces. Il ne faut pas quitter la place quand on a pris un de ces poissons, mais persister ; la troupe n'est pas loin, et il y a beaucoup à parier qu'elle reviendra. Comme cette pêche se fait au milieu des rochers, on est souvent exposé à y briser les hameçons ; c'est pourquoi il faut être monté soigneusement, car il vaut mieux casser son hameçon accroché, que d'abandonner là une partie de sa ligne. Pour lancer celle-ci à l'eau, on la dévide en rond devant soi, on attache une extrémité à son bras, puis, saisissant le fil à 60 centimètres au-dessus de l'hame- çon, on fait tourner cette extrémité comme une fronde, mais d'arrière en avant. Au moment voulu, alors que le plomb a donné assez de volant et que l'hameçon revient de derrière, on lâche le tout, et le plomb entraîne la ligne en décrivant une parabole qui porte fort loin. Il ne reste plus qu'à assurer la position de l'appât au fond de l'eau, ce qui se fait en retirant un peu et à petits coups, à passer le fil au- tour de son doigt, sous le pouce, et à attendre l'attaque du poisson, qui est franche et se distingue très-aisément. Au coup tirant, ferrez court et sec ; le fil élastique ne rendra que trop. Ferrez d'ailleurs du poignet et jamais du bras, ou vous briserez la gueule du poisson, et ce sera autant de perdu. Le Bar est tellement vorace que, manqué une fois, il revient se f;iire prendre au bout d'une demi-heure, rapportant au pécheur le premier ha- meçon engagé dans sa gueule, avec le bout de ligne pendant après. Cependant il ne faut pas s'y fier. Se défend bien, ménager et noyer avec soin. Comme il pèse beaucoup, l'épui- selte est presque de rigueur. BARBARIN. — Nom populaire du Barbeau commun, quand il est petit. (Voy. Bahoeau commun.) BARBATULA (Cobitis\ - (Voy. Loche franche.) " BARBEAU [Genre] (Barbus, Cuv.). — Malacopt. abd. Cyprin. Ce petit groupe est l'un di s plus naturels de toute la famille des Cypriiioides. Leur corps allonge, leur bouclie en dessous, les quatre barbillons qu'ils portent à la mâ;:hoire supérieure, et le premier rayon osseux de leur dorsale les distingueraient suffisamment, quand même leurs mœurs ne seraient pas remarquables. Les jeunes Barbeaux se mêlent souvent aux Goujons ; mais, si leur couleur ne les faisait pas distinguer, la position de leurs barbillons et leur nombre suffirait pour les séparer. En effet, le Gou- jon a deux barbillons à la mâchoire inférieure, le Darbeau quatre à la supérieure. Deux espèces en France. BARBEAU COMMUN (Cyprinus barbus, Lin.). — Malacopt. abd. Cyprin. Long. max. = 1 niL'tre. 78 BARBEAU. Syn. : Barbe/, aiit;l. — Barb, allem. — Barm, holl. — Barba, ital.-esp. Corps allongé fusiforme; dos verdàtrc, côtes et ventre blancs ou Llancliàtres ; anales, ventrales et pectorales un peu jaunes, quehiuefois orangées; dorsale et caudale verdàtres mêlées de rouge, fjuelquofois bordées de noir. -4 barbillons au bout de la mâchoire supérieure, dont 2 à la naissance des lèvres. La dorsale a 10 rayons. Le 3"° de cette nageoire est dentelé des deux côtés. L'anale courte et forte présente 8 rayons dont 3 plus forts. Les pectorales en ont ((î, la dorsale 12, dont -5 plus grands; la caudale 19. La tête est allongée. Ce poisson se tient dans les eaux pures, vives et limpides ; au fond, sur les cailloux et dans les courants les plus rapides. L'Italie a quelques espèces voisines, dont l'épine est plus faible, et qui, néanmoins, diCfèrent des Goujons par leurs quatre barbillons. Le Barbeau se nourrit de vers, de poissons, d'insectes, de mollusques et de toute matière ani- male charriée au fond des eaux. Sournois et rampant, il se glisse partout. On le rencontre dans presque tous les cours d'eau en plus ou moins grande quantité, mais il est rare qu'il y fasse abso- lument défaut. Défiant et peureux, il aime les eaux pures pour voir loin autour de lui. Quand les rivières sont chargées de terre, que les crues ont troublé l'eau, il oublie sa timidité, la gourmandise l'emporte, et II vient sur les bords, sur les berges nouvellement couvertes, chercher sa nourriture alors plus abondante. On le prend facilement dans ce moment avec le ver rouge, surtout si l'eau a recouvert une pelouse d'herbe rase, foulée, ainsi qu'on en rencontre sur les talus sableux des grands fleuves comme la Loire et la Seine. Le Barbeau y vient en abondance ; fouillant avec son museau, il soulève les petites touffes entre lesquelles il espère trouver des vers. Il s'aventure quelquefois si près du bord que sa dorsale est hors de l'eau. Le Barbeau aspire l'eau et la rejette avec force ; il a les yeux saillants et peu développés, la prunelle est noire, l'iris nacré avec des reflets d'or. La mâchoire inférieure étant plus longue que la supérieure, son museau est cartilagineux et charnu . Les lèvres de ce poisson sont grosses, et surtout celle de la mâchoire supérieure qui est rouge, épaisse et conformée pour que l'animal puisse l'étendre et la retirer facilement. L'ouverture de la gueule est elliptique. Les dents pharyngiennes (Voy. ce mot) du Barbeau sont fortes et crochues ; elles se montrent sur trois rangs, cinq à I inté- rieur et au milieu, une en bas et en dedans. — Mais les deux côtés sont très-souvent inégaux : le second peut n'avoir quelquefois que quatre dents, irrégulièrement espacées sur une seule rangée. Ce poisson, dont la croissance est rapide, est Carnivore, et partout gros et bien vivant. La chair du Barbeau est blanche, ferme et délicate; la laite est grosse, plus rouge que blanche, et très-bonne à manger. Les œufs sont vénéneux, ou du moins purgatifs, et peuvent produire un empoisonnement qui n'est pas sans rapport avec celui de la belladone. BARBEAU COMMUN. — On ne peut pas dire qu'il y ait une poche particu- lière pour ce poisson. Le moment oîi il est le meilleur est depuis le mois de sep- tembre jusqu'en mai : alors il a peu de laite et d'oeufs. Comme il est très-vorace, il mord bien à l'hameçon et se prend en même temps que les autres poissons de fond, mais de préférence dans une eau courante, lim- pide et profonde. Il ne se cantonne pas et rôde sans cesse dans tous les endroits d'une rivière, dans les grands fonds d'eau qu'il affectionne, mais qu'il quitte sou- vent pour parcourir les bancs de sable où son dos est à découvert. Pendant l'été, il fréquente les parties herbeuses des bancs de sable ; mais comme, avec l'automne, les herbes tombent et disparaissent, il se retire dans l'eau profonde et élit domicile auprès des pilotis, des écluses et des ponts, où il reste jusqu'au printemps suivant. Sa nourriture habituelle se compose de limaces, de vers et de petits poissons. Pendant qu'il tourne et retourne la couche de sable du fond, dans l'espérance d'y trouver sa nourriture, on voit les petits poissons attentifs à becqueter les menus ani- malcules de la terre remuée. Il arrive qu'en péchant à rouler {Trol Un y) ou h suiwe {Spinniîig), la Truite avec des esches vives d'Ablettes, Goujons ou Vérons, on a souvent pris des Barbeaux. Pendant l'hiver, le froid semble mettre les Barbillons dans un état de torpeur BAinWEfS. 79 qui permet de les prendre à la main. A eelle époque, ils ne mordent plus àThameçon et forment des bandes quelquefois agglomérées sous le bord de quelque ])ateau coulé ;\ fond; là ils demeurent couchés les uns à côté des autres en tel nondjre qu'on les prend souvent en laissant descendre un gros hameeon parmi eux, et le tirant à soi brusquement; on en ac- croche tout simplement par le milieu du corps. On choisit pour cela une bricole, ou un grapin, que l'on fait avec 2 ou 3 hameçons, n" 00 [fg. 48 et 49). Le Barbillon est du nombre des Cyprins qui ont la propriété d'émettre un son guttural sous l'eau, mais on ignore le mécanisme qui leur permet cette faculté, l'endant ce son , aucune bulle d'air ne s'échappe de la bouche du poisson. (Voy. Yoix.) Quoique omnivore, le Barbillon aime les aliments à goût fort : le fromage de Gruyère, très-fort et passé, lui est agréable, il le re- cherche. En été, c'est le meilleur appât pour les lignes de fond. On peut également se servir d'une espèce de larve de mouche, à la- quelle un appendice caudal développé a fait donner le nom po- ^'S'-^o-- C'api"- pulaire de ver ù queue, et qui se trouve dans les lieux de déjections les plus infectes. Sans demander aux pêcheurs le tour de force de les aller chercher là, on peut s'en procurer d'un peu moins dégoûtants dans les étables à vaches, où on les récolte dans les conduits. L'asticot peut les remplacer. Le ver rouge est bon, mais à l'automne et au printemps, pendant les crues. La véritable poche du Barbillon, c'est la pêche dans les pelotes, et plus géné- ralement toute pêche de fond, la ligne à soutenir, les jeux, les lignes de nuit; car ce poisson mord peu en jour, et très-vivement le soir et le matin, au crépuscule. On peut également escher à la rate de bœuf, ou à la viande cuite quel- conque. BARBEAU MÉRIDIONAL (Barbus meridionalis, Risso). — Malacop. abd. Cyprin. Long. niax. = 0'",50. Originaire des rivières du midi de la France, ce poisson se distingue tout d'abord du Barbeau commun, parce que sa dorsale est dépourvue de gros rayon denté. Couleur grise, ventre argenté, dos bleu d'acier, yeux petits, iris doré. D=5 simples, 9 branchus, tachée de brun, plus large que chez le B. commun, tandis que l'anale est plus petite. Opercule un peu pointu en arrière. Se prend dans les rivières du Languedoc et de la Provence, le Lez, l'Hérault, la Sorgue. On le trouve aussi dans toutes les eaux des Alpes-Maritimes, il présente les mêmes habitudes que le B commun ; on le pêche de la même manière. BARBERIN. — Nom vulgaire du Surmulet à Bordeaux et à Bayonne. (Voy. Surmulet.) BARBETTE. — Nom populaire de la Loche franche dans certains endroits. (Voy. Loche francoe.) BARBIER COMMUN [Serranus anthias. Val.]. {Hid. Naf.) - Acanthopt. percoïd. Long. max. = 0°,25. Syn. : Sarpananto, ital. Le Barbier de la Méditerranée est l'un des plus beaux poissons de cette mer si fertile en espèces remarquables. Corps rouge rubis avec reflets d'or et d'argent, elles joues couvertes de bandes jaunes. Les ventrales se prolongent beaucoup et se terminent par des filets singuliers dont l'inférieur est le plus long. Troisième rayon de la dorsale s'élevant du double des autres, en panache. Les deux mâchoires et le bout du museau sont, chez ce poisson, garnis d'écaillés petites, mais sensibles. Caudale très- fourchue et terminée en filets gracieux. La ligne latérale, plus convexe que le dos, se redresse vers 80 BARBUE. la région caudale, et se marque par un tube simple, assez gros, sur cliaque écaille. Les nageoires sont nuancées de rouge, de jaune, etc. ; la couleur de ce poisson est inimitable. D = I0+I5. P = n. V= 1+5. A = 3+7. C=17. Ce poisson magnifique habite les lieux rocailleux et il se lient dans les grands fonds. BARBILLONS — On comprend sous ce nom des filaments plus ou moins nombreux, qu'on remarque autour de la Ijouclie de certains poissons, et qu'on a regardés comme des organes de tact. Le Darbeau, les Carpes, les Loches, les Morues, les MuUes, et un grand nombre d'autres pois- sons en sont pourvus, mais on est encore sans certitude sur le rôle réel de ces organes. Cependant, on remarque qu'ils accompagnent presque toujours la bouche des poissons fouisseurs et habitant le fond des eaux, ce qui corrobore la supposition que ces organes les dirigent dans leurs fouilles, en développant leur sensibilité tactile pour des choses que leur vue ne pourrait découvrir. Un de ces exemples les plus curieux de l'emploi des Barbillons, est celui du Mulle ou Rouget; d'autant plus que ces organes étant beaucoup plus longs, proportioimellement, que dans les autres poissons, leur fonction devient bien plus apparente. Placés sous le menton, ces organes, blancs et lé" gèrement effilés, sont parfaitement libres au gré de l'animal. Non-seulement il peut les coucher en arrière, dans une petite gouttière creusée entre les maxillaires inférieurs, et où ces tentacules sont à l'abri, mais il peut les diriger simultanément en avant, ou l'un à droite et l'autre à gauche, l'un en avant et l'autre en arrière. L'utilité de la gouttière sous la gorge est évidente, si l'on réfléchit à la sensibilité exquise que doivent avoir ces organes; aussi, tandis qu'il nage, le Mulle les tient-il ordinairement reployés; ce n'est qu'alors qu'il repose sur le fond et qu'il y avance par une sorte de petit mouvement repta- toire des nageoires inférieures, qu'il déploie ses Barbillons et commence à s'en servir. Leurs mou- vements sont tout à fait semblables à ceux des antennes des insectes : c'est bien réellement en pal- pant, par une vibration légère, le contour des objets que le poisson en acquiert la connaissance. Quel but ont ces organes complémentaires, chez une espèce de poissons, plutôt que chez une autre ? La vue, chez le Rouget, serait-elle conformée différemment que chez les autres poissons ? Rien ne semble le faire prévoir. On comprendrait la présence de Barbillons sensibles pour accom- pagner la bouche de poissons dont les lèvres ou le museau seraient revêtus d'armures solides ou d'écaillés insensibles et mauvais conducteurs du tact; mais, chez le Rouget, au moins, cette néces- sité ne se faisait point sentir ! Il a les lèvres nues et charnues, la bouche grande et épaisse, pourquoi lui donner un organe qui semble une superfétation ? Toutes ces questions, et bien d'autres., qui se pressent à l'esprit, restent encore à présent sans réponse. Avouons-le, nous ne savons rien ni sur le but, ni sur l'utilité des Barbillons en général. Quelques-uns, chez d'autres espèces, par exemple, chez la Carpe, semblent dénués de mouvement et de sensibilité. A quoi peuvent-ils servir alors ? Ces appendices, par leur forme, leur nombre et leur lieu d'insertion, présentent d'excellents caractères distinctifs des genres, familles et espèces naturelles. BARBOTEAU. — Nom du Jeses. (Voy. Dobule.) BARBOTE. — 1" Nom vulgaire de la Lotte commune; 2° nom de la Loche de rivière ou d'étang, parce qu'elles se plaisent souvent à barboter dans l'eau trouble. (Yoy. Lotte et LocnE.) BARBUDE. — Nom de la Barbue à la Teste de Bucb. — (Voy. Barbue.) BARBUE (Pleuronectes rhumbus. Val.). — Malacopt. subrach. Pleuronectes. Long. max. = 0m,50. Syn. : Brill, Peapl, Moule dab, angl. — Glallbult, WmckelbuUy Viereck, allem. — Slaefwar, dan. — Piyg/iuai's, suéd. — Sand-flynder, norw. — Grief, holland. — Rhombo, Scaflo, ital. — Peil, gallois. — Varviœn, breton de Morlaix. — Gn'ef, flam. — Botinet-flenk^ écoss. La Barbue diffère peu du Turbot, mais son corps est plus ovale et n'a pas de tubercules. Ses yeux, pla.és conune ceux du Turbot, sont un peu plus petits ; sa peau, dont la couleur grise est un peu moins foncée, est marquée d'une multitude de petits points blancs brillants et mouchetée de marron. Quelques individus, à Brest, ne présentent aucune tache, mais une robe uniformément brune, traversée d'une grande marbrure plus claire en travers. Les écailles sont petites, mais noires; la ligne latérale très-peu visible et faisant un cercle au- dessus de la pectorale. Toutes les nageoires sont brun clair, piquetées de petites taches brun foncé, plus ou moins marquées, mais \.o\i\.ç.s petites . Le nombre des i;Ayons est : D = 7U. P = 10 à 12. V = 6. A = 59. C=10. Le squelette présente 35 vertèbres. o àhÊ W :r ■UJ a. UJ Q QJ O Q > O > < --L\ Q w 00 =! ^ CQ ^ pc; C/3 OJ 88 BLK. vitalilc singulière ; ils sauleul encore dans les paniers i)lusieurs heures après qu'on les a portés au marche. Franc- Blaquet, Célan, Célan-Gardon : tous ces noms désignent un petit poisson qui succède au Faux-Blaquet et est plus mince que lui : 5 largeurs dans la lon- gueur ; à chair plus sèche ; hords des lèvres bruns, mâchoire inférieure plus longue encore que celle du Faux-Bla(]uet. C'est le Pilc/i(ird{Clitpeti Pilc/iardus, Val.); il a toutes les habitudes du Haieng, auquel il ressemble beaucoup, mais il est moins gros. Il a les écailles plus grandes proportionnellement et deux rayons de plus à l'anale. Dents presque invisibles. Dorsales plus près de la tète que le Hareng. Excellent pour amorcer les hameçons pour la pêche aux lignes dormantes et autres. Les B/aquets, Blanches on Blanquettes, que Ton prend en grande quantité dans les ports, et surtout dans celui de Dieppe, au premier printemps, comprennent sans aucun doute un plus grand nombre d'espèces que celles que nous avons énu- mérées ci-dessus. Il est probable que le frai du Hareng, de l'Alose, de la Feinte, y est en grande quantité. On peut nommer ces petits poissons les Ablettes de la mer. Comme celles d'eau douce, leurs écailles sont brillantes et argentées, peu adhé- rentes à la peau ; le Mulet les poursuit pour s'en nourrir et les faire fuir comme le Brochet l'Ablette d'eau douce. Les Blanques se pochent au fond des ports, au printemps et en été, au moyen des Carrelets. On les frit ou on les saumure, suivant le goût. On les prend en grandes quantités et l'on s'en sert volontiers pour amorcer les hameçons. BLÉ. — (Voy. Graines, Cuisson de graines.) En juillet, en août, le soleil a mûri les graines, les moissons se récoltent; le vent entraîne les premières, les hommes rentrent les secondes , et les charrettes chargées de gerbes suivent le chemin qui passe sur la chaussée de l'étang ou le long des berges de la rivière ; les grains se détachant sans cesse, le vent les pousse dans l'eau ; ils se gonflent, gagnent le fond de l'eau ; le poisson s'en nourrit, les connaît, les recherche. C'est donc un exemple naturel que le pécheur s'empressera d'imiter. Un orage éclate, des torrents d'eau forment, dans les champs, des myriades de rigoles qui roulent des grains mêlés aux détritus de toutes sortes : cet amas mar- che, s'avance et va s'engloutir à son tour dans les eaux pour nourrir les poissons. Toutes ces circonstances observées ont donné lieu à la pêche au blé, une des plus productives et des plus intéressantes pour prendre les poissons non carnivores de la grande famille des Cyprins. La Carpe, la Tanche, le Gardon, la Vandoise, le Barbillon môme, sont avides de cet appât. Avant de se servir du Blé, il faut le ramollir ; pour cela, on le fait cuire. On choisit quelques poignées de froment, le plus gros est le meilleur. On prend ordi- nairement le Blé, auquel on donne le nom de Blé poalard, dont les grains sont très-gros et arrondis. On le fait bouillir à grande eau, jusqu'à ce que les grains soient très-ramollis et crevés seulement d'un côté. Parmi eux, un certain nombre ne crèvent pas, et sont cependant devenus mous ; ce sont ceux-là que l'on choisit pour mettre à l'hameçon. Il est bon d'ajouter une poignée de sel à l'eau dans laquelle doivent bouillir les grains ; ce sel retarde la fermentation très-prompte à s'établir dans ce blé mouillé, pendant les grandes chaleurs. A ce sujet, une divergence s'établit entre les pêcheurs; les uns ne voient aucun inconvénient à offrir aux poissons des grains fermentes et aigres ; ([uant à nous, il in.K. 89 nous a toujours semblé que les jjoissons de fond pour lesquels cet appât est préparé le refusaient, ou du moins y mordaient beaueoup moins volontiers. Dans ce cas, en ellel, en se reportant à ce que la nature seule montre, on s'aperçoit que l'accès de l'air seul fait aigrir, puis moisir le Blé cuit que l'on conserve; s'il restait dans une eau courante, il se ramollirait et ne se moisirait pas. L'on doit croire, peut-être, qu'il pourrirait, mais au bout d'un temps très-long. Le poisson n'a donc pas l'habitude de trouver des grains moisis au fond de l'eau ; quand vous lui en offrez, l'odeur le fait fuir ; il ne les connaît pas. Nous con- cluons donc, sans hésitation, qu'il ne faut se servir que de Blé non fermenté; le sel que l'on ajoute ne fait que retarder celle fermentation, il est donc utile. Pour cette pèche, il faut, autant que possible, choisir un grand fond d'eau ; au moins 2 à 3 mètres, car c'est dans ce grand fond que se tiennent les plus gros poissons. On ne doit faire cette pêche que dans un endroit à courant moyen et près des joncs et des roseaux, en s'assurant d'abord que le fond est aussi propre que possible; car le grain de Blé, ne présentant pas un volume considérable, si on le jette dans des herbes, il se cachera dessous ou parmi elles, et ne sera rencontré que par hasard par le poisson, et souvent au bout d'un temps fort long. Il faut excepter de cette règle la pèche que l'on fait près des laveurs de laine, dont nous parlerons ci-après. On réussit encore dans les endroits dont le fond est formé de petits cailloux, pourvu qu'il y ait une profondeur suffisante ; là se tiennent en troupe les Gardons, et souvent on en rencontre d'une taille fort respectable. Arrivé à la place choisie, on jettera un peu de Blé au-dessus du coup ; plus ou moins haut, suivant la rapidité du courant. Quelques petites poignées suffiront, en faisant en sorte que, sous l'action de leur pesanteur, les grains gagnent le fond juste à l'endroit où devra se trouver l'hameçon, c'est-à-dire au milieu du coup. Dans un étang, on jette le grain dans le coup môme; l'absence de mouvement dans l'eau le laisse descendre où l'on doit pécher. Piquons alors un grain de Blé sur un hameçon Limerick courbe n° 14 ou la, mis à l'avancée ; on s'arrange de façon que toute la courbe de l'hameçon soit cachée dans le grain et que la pointe sorte seule, mais d'une façon très-apparente. Cette précaution est indispensable ; car, si le dard est à l'intérieur, il faut, sous la pression du poisson avalant l'esche, qu'il traverse cette enveloppe un peu dure; il en résulte un temps d'arrêt bien court mais suffisant pour que le poisson, averti par un obstacle inaccoutumé, rejette le grain sans s'être piqué et s'éloigne. La facilité avec laquelle ces animaux recrachent ce qui leur est suspect est prodi- gieuse. Souvent trompés au fond des eaux par une foule de substances qu'ils atta- quent et qu'ils croient bonnes, ils apprennent à les recracher en les lançant avec une rapidité et une habileté dont on ne peut se faire idée quand on n'a pas été témoin de leur manège. En se servant d'un très-petit hameçon, on a presque toujours la chance que le poisson avale entièrement le grain de Blé, et alors on accroche l'animal non plus par les téguments de la bouche ou par les lèvres, mais par les muscles du gosier, ce qui offre une sécurité beaucoup plus grande pour qu'il ne puisse s'échap,per, car l'hameçon est entré dans les parties molles jusqu'au coude et ne peut que se briser, — c'est l'exception, — ou même, ne fùt-il pas bon, il pourra difficilement s'ouvrir, ce qui arrive souvent quand l'eflbrt a lieu siu- la pointe même. Dans les rivières et fleuves rapides, on fait, avec le Blé cuit, d'excellentes pêches 90 ULK. l-Uj. l-'lottes légères, P, S, T, ou en iiliiiii auprès dos pouls. Mais là, il u'cst plus (|ut'sliou dauiorcer uu coup préalable. Si l'on peul se placer auprès des laveurs de laines, ou prendra, entre deux eaux, des quaulilés énormes de Dards ou ^'andoises et petits Chevesnes ; au fond on rappor- tera (iuei(pies JJarbeaux, et uiêuie d'assez jjfros, alléchés par les graines (jui se trou- vent dans les toisons. Ces poissons mordent au Blé avec une inimaginable ardeur. Dans les rivières, on trouve i)our celte pêche de très-bonnes places au-dessous des moulins; pendant que la roue tourne, on place sa ligne dans le remou causé par les gros bouillons de l'eau, à l'endroit où il s'amortissent. Il faut très-peu de plomb afin que le grain, soulevé par l'eau, ait l'air libre au milieu d'elle et obéisse à son seul mouvement. La flotte sera formée d'une simple plume [{(//(/. 59) ayant juste la force de se maintenir sur l'eau, ce à quoi le pécheur aide, en ten- dant doucement la bannière de tem} s en temps. (Voy. Flotte.) On pèche encore fort bien en lan- çant sa ligne dans les rivières tranquilles et profondes, de manière à faire tomber le grain de blé entre les touffes d'herbes qui en encombrent le lit. On donne 0'",'d) à 0"',60 de fond seulement, afin que le grain de blé reste entre deux eaux, et l'on ramène souvent des Gardons, les- quels aiment à se promener dans ces petits délilés ainsi tracés parmi les herbiers. Quelle que soit la manière que l'on préfère pour pécher au Blé, une recomman- dation doit dominer, c'est d'avoir l'œil vigilant et la main leste, car on s'attaque surtout aux Gardons, l'un des poissons dont la rapidité est proverbiale, qui mord et lâche l'esche en un temps presque inappréciable, et a un toucher si léger qu'à peine fait-il pencher la petite plume qui doit être le seul guide du pécheur. La Yandoise, elle aussi, ne fait qu'effleurer l'appât du bout des lèvres ; ferrez rapide comme l'éclair, ou elle est déjà loin. Le Gardon, quand il mord, s'y prend quelquelois par deux ou trois attaques très-faibles; il faut saisir la bonne, c'est l'affaire d'un clin d'œil, sans quoi il n'est plus là. Le bon pêcheur au Blé peul entreprendre toute espèce de pèche ; il la fera bien, car il lui a fallu acquérir sûreté de l'œil, vitesse de la main, et accord entre les deux. Ferrer promplemenl ne veut pas dire ferrer brusquement, car l'hameçon pro- pre à cette pèche est très-petit ; les poissons ne sont pas doués d'une gueule solide comme celle de la Carpe, de la Tanche et du Barbeau ; avec ces trois-là, on peut ferrer à peu près sans rien craindre, mais il faut du sang-froid pour les fatiguer et les avoir. Quelques auteurs prétendent que l'emploi des graines est de toute saison ; nous croyons, par expérience, que c'est une erreur, et que l'emploi des graines, — car on accompagne le blé, de fèves, de chènevis, de pois, etc., etc., — doit être limité aux mois de juin, juillet, août, septembre au plus, s'il fait encore très-chaud, en uu mot, aq moment où le soleil a beaucoup de force. Ou recommande également de se servir d'un hameçon u" 8 et de le couvrir de 3 à G grains de blé enfilés à la suite l'un de l'autre. Nous croyons qu'il est beaucoup plus simple, si l'on veut se servir d'un gros hameçon, de recourir aux fèves, et alors de prentli'e uu n" 2, et on attaquera les Carpes. Or, l'emploi des'gros liLl/UX. 91 lianicçons n'est point nccess;iire pour réussir, car nous avons pris de fort Ix'llcs Carpes et des Brèmes respectables sur un simple et unicpie grain de blé, en même temps que de magnilitjues Gardons : nous conseillons donc un très-petit hame(;on. INjur celte pèche, comme pour toutes les autres, un hdmeQon n est ja7nais trop petit. BLENNIE ALPESTRE (Blennius alpestris, Wan.). — Acantliopt. gobioides. Long, max. = G"',OG. Diminutif de la Blennie Cagnelte, même genre de coloration. Les dents supérieures, au nombre de 10 seulement, et 14 en bas, comme incisives. D = 2G à 27. P = 12. A = 17 à 18. Le même système de dentition doit faire présumer également des mœurs carnassiùres, mais on manque de renseignements à cet égard Propre au lac du Dourget (Savoie). Il est Lien ( lobable que celte Ijlcnnie est la même que celle décrite par Gjorna, en Piémont^ dans le Journal d l'Académie dcf Sciences de Turin, vers 1815, sous le nom de (irassoiron. BLENNIE CAGNETTE (Blennius Cagnotus, Val.j. — Acantliopt. gobioides. Long, max. = (i'",iO. Poisson de forme bizarre ; corps arrondi sur les flancs et vers la queue ; couleur fauve, à bandes transversales brunes irrégulières et variant de forme et de grandeur, suivant les individus; plus nie caj,'iiettr iJtcniiius cagiiolus, Val. saillantes connue dessin, chez les jeunes. Tète, poitrine et nageoires pectorales couvertes de points gros et noirâtres. Tète massive, busquée ;. lèvres marquées, charnues; mâchoire supérieure avan- çant un peu. OEil près du front, saillant, entouré de globules saillants qui laissent échapper la muco- sité abondante dont le corps de l'animal est enveloppé Crêtes saillantes au-dessus. D = 30, régnant dans toute la longueur du corps, à taches brunes brillantes. P = 14, ovales, poinlillées de noir à la base ; quelques taches brunes. V = 3, étroites, sous la gorge, rapprochées. A = 18 à 19. C= 10, mar- quée de taches en lignes verticales. Les dents de la Dlennie Cagnette rappellent celles d'un carnassier mammifère. Elles se compo- sent d'espèces d'incisives, 22 en haut, iG en bas, et de canines pointues et recourbées, qui indi- quent un animal Carnivore et vorace. C'est sous ce point de vue que nous la mettons ici ; elle doit mordre à l'hamec^on comme le fait le Cotte dont elle a les mœurs ; mais nous n'avons pas des données certaines à cet égard. On devra essayer avec de très-petits vairons ou des vers rouges bien frétillants. Ce poisson, propre au midi de la France, vit dans le Var, le Tarn, le canal du Midi, le Lez, etc. 11 se lient en petites troupes, au fond, parmi les cailloux et le gros sable, dans les eaux claires. Chair blanciie, de bon goût. (Voy. Temps de frai.) BLICCOPSIS (Bliccopsis, Sjéb.). - Malacopt abd. cyprin. Sous-genre établi par Siébold, aux dépens des I liekes, pour la Brème rosse (Voy. ce mot), dont les carènes ventrales et doisales SiOnt remarquables par la présence des écailles qui les garnissent. {Die Sùsswasscrfistlie von Mtiteleeuropa, 142 (1860). Bliccopsis ubramo-rutilus) . BLICKES (Blicca, Heck.). — Malacopt. abd. cyprin. Sous-iîenre formé, aux dépens du genre Brème, pour celles qui ont les dents pharyngiennes placées sur doux rangs, 2 en dedans, 5 en dehors. Pas d'écaillés sur les carènes ventrales etdorsales. BLIZON. — .Nom de l'Éperian en Picardie. (Voy. Éperlan.) U-2 u (US -1)1-:- H OC. BŒUFS. — (Voy. GaNGUI A DEUX BATEAUX.) BOGUE (Box vulgaris, Ciiv.). — Acanthopt. spar. Long. max. =(r,25. Syn. : T/ie /jogue, rcd f/ilt-head, sea brcain, aiigl. — Rollie hrassen^ alleni. — fiesayo, esp. — feijyo, ital. Poisson à corps arrondi et allongé, d'inie belle couleur jaune-olive, portant trois ou quatre Landes longitudinales dorées sur ciiaque flanc. Sa bouche est très-petite. Les dents du Bogue sont aplaties, échancrécs dans le milieu et pressées les unes contre les autres, sur un seul rang, tout autour des mâchoires. Ces dents ont une espèce de talon qui aug- mente leur stabilité; elles servent à broyer les plantes marines dont le Bogue se nourrit le plus souvent. ^ l'ig. 01. — BogiiL' [Box vulgaris, C.uv.). Ce poisson fraye, dit-on, deux fois par an, et à chaque fois approche des côtes en bancs nom- breux. La distribution des écailles sur la tète et les ouïes est toute particulière, et le dessus de la tête en est dépourvu. La ligne latérale est d'une courbure générale, de la tête à la queue, convexe en dessus. Les deux dorsales ont U à 15 rayons épineux; les anales 3 et 16, les pectorales 18, et les ven- trales I et 5, la caudale 15. La chair est très-estimée. BOGUE. — Le Bogue est un sparoïde, et, comme tel, un ami des rochers. On le prenil souvent dans ces endroits à la ligne. Il faut escher avec des mollusques dépouillés de leurs coquilles, ou des crustacés. BOGUERAVEL. — (Voy. PaGEL BoGUERAVEL.) BOGUIÈRE. — Sorte de fdet spécial en nappe simple, employé dans la Méditerranée à la pèche du Bogw. BOIRE UN POISSON. — Cette expression est synonyme de noyer un i)ois- son : on ne leiu' fait pas hoire de l'eau, mais hien respirer de l'air; ce qui produit sur les organes une asphyxie semblahle à celle que l'absorption de l'eau exei^ce sur les poumons des animaux qui respirent l'air en nature. BOIRONNIÈRE. — Espèce de Nasse employée dans la Méditerranée. (Voy. ce mot.) BOIS-DE-ROC. — C'est le Culliis scnfjji)i (Voy. ce UKit) el non une Vive, lUilTK. M'A coniine (|iR'l(|iies pOcheiirs le croienl : il est solilaiiv. Au printemps, il (piillc le Ibnd des mers el vient se loger dans les creux de roches dont il remplit ordi- nairement la capacité, parce (piMl choisit souvent ceux qui ont été percés par les IMiolades. H passe ainsi la belle saison dans son ermitage, n'ayant rien à craindre des gros poissons et abrité par les Varechs cpii le dérobent aux yeux du pêcheur, mais non aux recherches des enfants. Il attend patiemment la proie (pie la mer montante l'ait passer à sa portée. A'ers réquinoxe d'autonnie, il abandonne sa maison d'été et regagne les eaux profondes, où il passe les temps froids. Gomme les blessures que peut faire ce poisson avec les aiguillons dont sa^tête est garnie en arrière, causent une douleur presque aussi forte que celle de la Yive, on les confond souvent. Il se défend à ou- trance, car il mord très-bien, et son énergie vitale est remarquable. BOISSEAU. — Synonyme de Nasse. (Yoy. ce mot.) BOITE A ASTICOTS. — Les Asticots, par leur fourmillement continuel, se glissent dans les plus petits interstices ; ils offrent, de plus, une assez grande diffi- culté à saisir isolément, alors qu'ils sont réunis en masse; aussi, a-t-on imaginé plusieurs systèmes de boites pour permettre au pêcheur de ne pas perdre un temps précieux à choisir ses esches une à une. La première boîte AB {/ig. 62) est plate dans mi sens et bombée sur celui que représente la figure ; elle se suspend au- tour du corps comme une poire à poudre, par le moyen d'un cordon AGB. La boîte porte en 0 un prolongement du fond taillé en ovale arrondi et muni dun petit rebord. Le couver- cle D est articulé par une charnière attachée à la partie con- vexe de la boite. En s'ouvrant, il donne passage aux Asticots, (pie l'on fait descendre dans le prolongement o, en posant la boite à plat, et là on les choisit et on les saisit très-aisément. En laissant la boîte reprendre sa position verticale, les Asti- /^^'î/- C2. - Boite à asticots. cols retombent au fond, et le couvercle se referme. La seconde boîte MN {/ig. 63) est également en fer-blanc peint ; elle se compose d'une capacité ovale N, dans laquelle on met les Asticots, et dun couvercle à charnière M, muni de petits trous pour le passage de l'air. En S la boîte porte un petit tube en fer-blanc de O^jOl de diamètre, fermé par un bouchon à chaîne, qui permet de faire tomber dans la main un ou quelques Asticots, suivant le besoin. Cette boîte se place dans le carnier de poche ou dans le pa- nier; elle est d'un usage moins commode que celle (fig. 62), car elle peut être peiduc, être oubliée, tomber à leau, ce que la première, une fois suspendue, ne peut pas faire. La troisième PO (fig. 64) est une boite ordinaire en fer-blanc dont le couver- cle, sur charnière, porte de petits trous. C'est la moins compli(piée ^ et ce n'est pas la moins commode, à condition de remplacer par la quantité ce qui manque en qualité, c'est-à-dire d'en avoir deux au lieu d'une, plus petites il est vrai, pour diviser sa provision d'As- ticots ; si l'une se perd, ou tombe à l'eau, la seconde est encore dans la poche ou le panier. Elle permet en outre d'obliger un ami, ^'c- '^^^ — ^oîte à , , . , , , „ asticots, ordinaire. car on peut lui en prêter une des deux; avec les autres, on est for- cément égoïste ; si le voisin a perdu la sienne, il faut l'avoir comme compagnon, à Fig. 63. — Boite à asticots, à tube. 94 TUUTE. longueur de canne, ce qui, en fait de pôclie, n'es! pas toujours agréable. Car à la pêche, un ami est bon, excellent même, mais pas trop près : la solitude est meil- leure, pourvu qu'elle soit très-peuplée de poissons. BOITE A GRILLONS, SAUTERELLES, HANNETONS, etc. — Il peut sendjler puéril aux pei'souues non habituées à la pèche à la ligne de voir conslruii'c une boite spéciale pour chaque espèce d'appât, une pour les vers rouges, une pour les papillons, une pour les asticots, une pour le vif, et enfin celle-ci pour les gros insectes qui servent ;\ la i)éclie ;\ la grande volée, à la pèche à la surprise et à la pèche au lancer. La raison en est cependant bien simple, et beaucoup moins puérile qu'elle n'en a l'air. D'abord, à la pêche, le temps est précieux, en ce sens qu'il y a certains mo- ments de la journée où la perte de deux minutes est la perte d'une journée de soins et de patience. Le temps pendant lequel le poisson mord ne dure quelquefois pas une demi-heure ; il faut savoir en profiter hardiment, rapidement : c'est alors que le pêcheur auquel toutes ces précautions ne demandent aucune démarche inutile, c'est alors que ce pêcheur l'emporte sur les autres, et montre ce que peut la science sur le hasard ou l'imprévu. En second lieu, nous faisons une boîte pour les gros insectes, parce qu'ils sont incompatibles avec les autres ; et en effet, si vous les réunissez à des papillons, ils les déchirent sous leurs pattes crochues et souvent les mangent. Il est vrai qu'ils en font autant entre eux, si vous les laissez trop longtemps en présence ; car, au bout de quelques jours, vous ne trouvez plus dans votre boite que des débris de pattes etd'élytres, et quelques survivants étiques et boiteux. Il est donc indispensable de mettre ensemble les animaux dont les dures carapaces ne se frois- seront pas entre elles, mais broieraient tout insecte plus faible ou moins bien armé. Enfin, il fallait pouvoir les fiiire entrer et sortir un à un comme les moutons de Polyphème, non pas pour les compter, Figr. 65. — Boîte mais pour u'cu pas pcrdrc dix en en prenant un. Or, la petite à grillons. j^^.^g ^^^ gg^ remplit parfaitement ce but. Elle est faite en fer- blanc peint ou émaillé ; elle est munie d'un couvercle AB qui permet, quand on le veut, de nettoyer l'intérieur sali par les déjections des insectes. Ce couvercle AB porte, à un des bouts de l'ellipse qu'il forme, B, une ouver- ture ronde de 1 centimètre au moins de diamètre que ferme une pe- tite plaque tournante I. C'est par là que le Grillon, et autres, se pré- sentent, un à un, quand on penche la partie BD. Le trou B doit être absolument au bord du couvercle AB, parce que les insectes se présentent dans une position commode, en mar- chant sur l'intérieur de la boite, dont le côté BD devient horizontal, alors qu'on penche leur prison. BOITE A MOUCHES. — En fait de pêche, ouest souvent obligé d'inventer de petits instruments pour abréger beaucoup de peines. La Boite à mouches vives en est un frappant exemple. Le problème à ré- soudre était celui-ci : prendre facilement une seule Mouche, en vie, au ^^^ rudie^'et milieu de beaucoup d'autres qui ne doivent pas recouvrer la liberté. papillons. C'cst bicu siuiplc, ct cependant on a été assez longtemps avant de trouver l'instrument nécessaire. 11 se compose d'une espèce de couvercle en fer- blanc EF {/ig. 68), dont le bord est percé d'une rangée de petits trous rapprochés. IHIITK. 95 solidcniciil iiiic coiffe C. (////. (17) de liillc lin ou de izc Fil/. 67 Fig. 6K. — Boite à mou- che, dessus et dessous. dans l('S(|iU'ls ou (•( de soie. Les Mouches, insectes et papillons sont inlroduils ;\ mesure ({u'on les prend au moyen du filet V à papillons {fig. 6G), par l'ouverture H'. La seconde figure EF montre le dessous du couvercle AB; en H est le trou qui- s'ouvre à volonté par un obturateur G qui tourne sur un petit axe, et s'arrôte au centre sous un petit crocliet soudé au fond. On construit aussi des boîtes à mouches de forme ovale, qui soûl plus com- modes. Le pêcheur doit en avoir au moins deux avec lui, dans son panier ou son carnier de pèche. Quand on veut prendre une Mouche, ou pousse de côté, légèrement, l'obturateur G, et Ton découvre une partie du trou H ; un insecte se présente pour sortir, on le saisit et Ton referme, d'un seul mouvement de doigt, l'issue aux autres. On pourrait, comme perfectionnement, faire l'obturateur î\ ressort et se fermant de lui-môme. Quand les insectes sont morts, on les amène au trou H en soulevant la gaze par-des- sous, avec l'autre main. L'ouverture II ne doit pas être ronde, mais avoir la forme d'une poire {fi(j. 68); l'obturateur a la même forme. On ouvre tout pour un papillon, un gros insecte ; on n'ouvre que l'ap- pendice pour une Mouche vivante. De cette façon, on n'en perd jamais. Or, quand elles sont rares, on les regrette, car chacune d'elles amène un poisson. (Voy. Papillons.) BOITE A VERS. — De tous les ustensiles du pêcheur à la ligne, c'est le plus facile h trouver : connue les Vers que cette boîte doit contenir sont des animaux doués de mouvements assez lents, le pêcheur peut se servir d'une boîte quelconque avec son couvercle P. On la fait ordinairement en fer-blanc {fig. 09), ^ avec un couvercle 0 percé de petits trous. Ce grand couvercle s'ou- vrant laisse l'intérieur à découvert et permet d'y choisir le Ver qui convient le mieux : ce qui est indispensable pour des appâts qui sont tous de dimensions différentes. Pour tous autres appâts, excepté la boîte au vif, cette précaution serait superflue. Tous les asticots sont Fig- e''- — Bo>t'" sensiblement de la môme grosseur; quant aux papillons, on les choisit à travers le tulle [fig. 67) : restent donc les grillons, qui se valent à peu près tous, et les sauterelles et hannetons aussi. On a rendu plus portative la boîte ordinaire à Vers rouges, en lui donnant la forme de la figure 70 : elle devient ainsi un cylindre aplati s'ouvrant à charnière et peut se placer plus aisément dans la poche ou dans le carnier de pêche. Aux deux bouts du cylindre sont ménagées deux petites boîtes pour menus objets, plombs, hameçons, etc., ou pour une petite pro- vision de blé d'un côté, d'asticots de l'autre. Chacun s'en sert à sa guise. BOITE AU VIF. — Auxiliaire indispensable des pêches d'automne au Bro- chet, à la Perche et à la Truite, ainsi que d'une grande partie des pêches de mer, la boîte au vif n'en est pas moins un ennui et une sujétion continuelle à laquelle le pêcheur ne peut se soustraire. Qui veut la fin, veut les moyens ! tel est l'inexo- rable proverbe qui condamne le pêcheur à traîner cette boîte après lui. Fig. 70. — Boite à vers, perfectionnée. 96 IKIM'I'I:. Elle se compose d'un vase tronc-eonique, un peu aplati de devant en arrière CDEF [fhj. 71), muni d'un couvercle AB. Ce couvercle porte des trous à sa par- tic supérieure et un rebord AB, parce que l'eau que contient la boîte jaillit par les ^r^ trous T, mais elle est retenue par le rebord AB, et re- ^^^^^^ tombe dans la boite au lieu de le faire le long des jambes ^^am^^i. L'anso, en fd de fer fort, est munie en G d'une poi- mÊÊÊ^ — "mi gnée de bois, alln de ne pas blesser les mains. M^Hp *», C'est dans cette boîte, remplie d'eau souvent renou- ^ÉmÊSSi^^^^t velée au bord de la rivière, que l'on emporte les petits poissons qui doivent servir d'amorces i)our les plus iiros. /.'(i/. :i.- iî,.ftfiiu. vif. \ • ; p , K- I t I • ■ ^ ^ • Us y vivent tort bien pendant plusieurs jours, surtout si Ton a la précaution, pendant que l'on poche, de plonger entièrement la boîte dans l'eau près du bord. A cet effet, il est bon d'attacher, à la poignée de l'anse G, une bonne corde à fouet de la grosseur d'une forte paille et de 2 à 3 mètres de long; avec cette aide on plonge la boîte au vif dans la rivière ou l'étang, le poisson y de- meure sain et vif, et rien de plus facile que de la retirer et de la replonger suivant le besoin. Ouand on laisse plusieurs jours les petits poissons plongés dans la rivière, ils n'ont besoin d'aucune nourriture. Lorsque la boîte est hors de l'eau, la chaleur est seule fi craindre pour les petits poissons qu'elle contient. Évitez le soleil, et mettez la boîte à l'ombre ou sous des feuilles, si vous ne pouvez la descendre dans l'eau. BOITTE. — Ce mot est synonyme de esche ou amorce pour tous les pêcheurs de nos eûtes, depuis la Manche jusqu'à l'Océan. 11 représente toute chose que l'on peut mettre sur l'hameçon pour prendre ou attirer le poisson. On (lit Buitter pour escher ou amorcer : c'est garnir d'appât un hameçon. BOITTE BLANCHE. — On nomme ainsi toute boitte formée d'un morceau de poisson vif, frais ou salé, que l'on met sur l'hameçon. Ce mot est en opposition avec les boittes formées de vers, de crustacés, de calmars, etc. Autant que possible, il est bon de conserver, avec la viande, la peau brillante qui la maintient et em- poche les poissons de déchirer le tout en un clin d'œil. La peau suffit elle-même quelquefois, surtout quand elle est bien résistante. BOMARENQUE. — Nom de ï Anguille dans les Bouehes-du-Rhône. (Voy. Anguille.) BOND. — CVoy. Sautade.) BONITE Scomber bonito, Lin ; Tliynnus Pelamys.Cuv.). — AcaiUliopt. scombér. Long, niax. = C'",70. Syn. : The Bonilo, aiigL — Pulamilu, ilal. — Bonnet, suéd. — Boni/o, esp. La Bonite se rapproche beaucoup du Tiion. Son dos lileu est rayé de lignes noires obliques; comme le Thon, elle porte 7 ou 8 fausses nageoires près de la queue. La tète de la Bonite est conique et finit en pointe, au museau. La mâchoire inférieure est pro- éminente ; les dents peu nombreuses et petites ; la langue molle et nue. Le corps de la Bonite est rond jusqu'à l'anus ; mais, à partir de- là, il diminue jusqu'à la queue où il est déprimé. La ligne latérale, d'abord descendante et ondulée, devient droite vis-à-vis de l'anale, et, se relevant de là, se termine en crête vers la queue. Les yeux sont élevés et ronds, l'iris argenté ; la couleur du corps est bleu pur, plus noir sur le dos, les côtés brillants, le ventre blanchâtre. Derrière les pectorales partent, d'un espace triangu- laire, quatre raies noires qui s'étendent de chaque côté jusqu'à la queue. Les écailles sont petites comme celles du Maquereau. Dorsales : l'*, de if) rayons, 2"" de 12, BORDELIÈRE. 97 8 fausses nageoires Pectorales : 27 rayons. Ventrales: 1+5. Anales: 2 + 12 et 7 fausses nageoires, (laudale non échancrée, mais allongée en liant et en bas, de 35 rayons. Les pectorales et ventrales ne sont pas grandes. Les cciulcurs de ce poisson sont magnifiques. Fig. 72. — Mcimlc. (Thynnuî Pelamijs, C.uv.). BONITE. — Ce poisson abonde dans la Méditerranée et dans la mer Atlanti- que. Un le pèche de la môme manière que le Thon, avec lequel on le trouve pres- que toujours mêlé. La pêche peut se faire toute l'année, mais particulièrement de- puis le mois de mai jusqu'à la fin de septembre. Les lignes employées sont ordinairement amorcées avec un lambeau de chair d'Anguille; la Bonite est très-vorace et se jette avec avidité sur tout appât. Ce poisson est très-friand de Sardines et de Poissons volants ; comme il se tient à la surface et en haute mer, on le prend facilement avec un hameçon recouvert d'un leurre qui représente grossièrement la forme de son aliment de prédilection. On choisit tout simplement un morceau de plomb auquel on donne la forme d'un petit poisson et auquel on attache deux plumes pour figurer les nageoires ou les ailes. La nourriture ordinaire des Bonites se compose de poissons, de petites sei- ches, de coquillages et de végétaux marins. Elles se jettent avec avidité sur tous les débris de salaisons avariées, et toute chair corrompue qui n'est plus mangeable et qui est devenue trop salée, est excel- lente pour prendre les Bonites. Ce poisson marche en troupes de 10, 13, 20 individus, aimp les grandes eaux et ne quitte point la surface. On le prend encore facilement dans les endi^oits où la mer est agitée. BONITE RAYÉE. — Un des noms populaires de la Pélamide. (Voy. ce mot.) BORDE. — Nom de V Ablette dans quelques localités. (Voy. Ablette.) BORDELIÈRE [Brème]. {Cyprinus vel Abramus blicca, Lin.) — Malacopt. abd. Cyprin. Long. niax. = 0",20 à 0°',22 ; haut. = 0™,09. Syn. : The white brearn, or Breamflat, angl. — Bjôrkno, Blecka, suéd. — Zobel pleintze, allera — Bunke, braten, iiorw. — Flire, hlikka, dan. — Ssfl//a, russ. — Bley, hoU. 7* 98 BOUCHON. Tète courte, inuse.iii pointu; opercules argentés à points verdàtres. Elle n'a pas de dents, le palais charnu portant un os au milieu, la langue non libre. Yeux très-grands, taches verdàtres au- dessus, peu élevés sur la tète, à prunelles noires, l'iiis blanc argenté, quelquefois jaune. Corps court, élevé, dos très-comprimé, verdàtre, cotés blancs, flancs et ventre argentés. Ce petit poisson est remarquable par une suite de points bleus formant la ligne latérale et fort apparents, déposés sur le milieu du corps jusqu'à la naissance de la queue. La ligne latérale n'est pas si courbée vers le bas que celle de la Brome conmmne, et présente de 46 à 50 points. Dorsale noirâtre, 10 rayons; caudale et anale, 22 rayons, saupoudrée de noir brun présentant un peu de rouge au lobe inférieur plus long que le supérieur. Anale rougeâlre sur fond gris à ex- trémités brun noir. Ventrales et pectorales jaune d'ocre chez les grosses Brèmes, grises chez les petites. Ce poisson, très-peu estimé, et dont le corps est presque toujours rempli de vers intestinaux, présente une chair molle remplie d'arêtes. (Voy. Parasites.) On croit que le nom de Blicca lui a été donné à cause du brillant de sa couleur comparée à celle de la Brème commune, qui est toujours un peu jaune et qui, quand elle est vieille, devient d'un jaunâtre presque brun. C'est peut-être aussi une altération du nom suédois. Ce poisson se nourrit d'herbes, d'insectes et de frai, sert d'appât vivant, et tire son nom de son séjour habituel au bord des eaux. 11 ne s'emploie guère qu'à nourrir le poisson dans les rivières. BORDELIËRE {Brème). — La Bordelière se trouve dans les lacs de la Savoie, dans les étangs de la Bresse, dans le Rhône et la Saône. On n'en fait pas de pêche particulière, on la trouve pêle-mêle avec les autres poissons blancs. Elle se pêche aussi dans la Seine, dans la Loire, le Loir, etc., et la ma- jeure partie des rivières de la France. Un la prend au petit ver rouge et au ver de vase, comme tous les petits poissons blancs, même aux insectes, car elle est très- vorace. Sa manière de mordre est singulière, car elle mord plutôt en remontant qu'en descendant; aussi la flotte, au lieu de s'enfoncer dans l'eau, est promenée horizon- talement sur sa surface par l'attaque du poisson sur l'esche. BORDER UN FILET. — Pour border un filet, on l'entoure d'une corde que l'on passe de maille en maille et que l'on attache de 10 en 10 centimètres avec plusieurs tours de fil retors. Cette opération a pour but de donner à l'engin plus de résistance, en empêchant les uis extérieurs qui portent l'effort de se briser, et par suite le filet d'être déchiré. BORIQUE. — Nom des ]\asses dans la Dordogne. (Voy. Nasse.) BOROGHE. — Nom de V Ablette biponctuée sur le lac de Genève. (Voy. Ablette biponctuée.) BOT. — Nom vulgaire du Gantelet ou Plie franche. (Voy. ce mot.) BOTEAU. — (Voy. DOBULE.) BOTTO. — Dénomination du Chabot commun aux environs de Nice. (Voy. Chabot.) BOUCHE. — (Voy. Museau.) BOUCHES EN FLUTE. — 15"" et dernière famille de l'ordre des Acanthoptérygiens. Ces poissons se divisent en deux genres que nous n'étudierons point: loLes Fistulaires; 2» les Centrisques. BOUCHON. — Bouchon est quelquefois pris comme synonyme de flotte, mais nous ne nous occuperons ici que du Bouchon {liège) en lui-même et de la manière de le travailler pour les différents usages délicats de la pêche à la ligne. Le bouchon, tel qu'on le trouve dans le commerce, est de plusieurs grosseurs et fait en liège. Ce liège est l'écorce d'une espèce de chêne qui croît spontané- ment dans l'Europe méridionale et que nous possédons en France dans les Pyrénées- Orientales, les Basses-Alpes et les Alpes-Maritimes. Son nom botanique est : Quei- cus suber. Lin. Ce chêne croît dans des terrains arides, rocailleux, dans les sables. Au bout de 8 à 10 ans, l'écorce a acquis une épaisseur suffisante pour qu'on puisse BOUCHON. 99 lii récolter avantageusement. On fait une incision circulaire au haut et au bas du Ironc, on fend verticalement, et on détache cette écorce avec précaution pour ne ])as endommager l'écorce intérieure ou liber qui fait vivre l'arbre. T^c liège est une matière à la fois très-tendre et très-réfraclaire. Il se débite liès-bien au moyen d'une scie un peu fine et n'ayant pas beaucoup de chemin. Quand on a débité grossièrement le morceau dont on a besoin, il faut lui donner la forme exacte et le poli. Deux moyens se présentent : la râpe, puis la lime; ou d'un seul coup, le couteau. Tous deux peuvent être appliqués, mais dans des cas diffé- rents. La râpe dont on fait choix doit être neuve et d'un numéro assez fin. Son travail laisse des stries que Ton efface au moyen d'une lime douce, puis du papier de verre très-lin. Quel que soit le travail que l'on veut faire subir à un bouchon, il faut d'abord choisir du liège de la plus belle qualité possible, l'acheter débité en gros bou- chons, qui suffisent amplement à tous les besoins de la pêche à la ligne, et laisser les morceaux en tables grossières aux pêcheurs aux filets : cette qualité suffît cepen- dant à faire des bouées. L'emploi du couteau pour façonner le liège est assez difficile ; il faut une lame mince, très-franche de tranchant, et prendre le fil du liège en travers de la lame et lui peu obliquement. Il y a, dans cette coupe, un certain tour de main qu'on peut apprendre avec un peu de soin en attaquant un bouchon de plusieurs manières, et remarquant celle où le liège se laisse couper franchement et sans bavures. La confection des flottes exige, à chaque instant, du pêcheur qu'il sache percer l)ropremcnt un bouchon. Cette petite opération s'exécute facilement au moyen d'une lime spéciale appelée Queue de rat, que l'on peut se procurer partout. On com- mence par faire un avant-trou dans le liège au moyen d'un poinçon, puis on intro- duit doucement la pointe de la queue de rat, et par un mouvement de va-et-vient, on arrondit le trou et on perce le liège sans éclats et d'une manière très-régulière, de façon (pie la plume qu'on y introduit s'adapte parfaitement. Quand on veut peindre le liège, on le fait au moyen de peinture à l'huile que l'on vernit ensuite, ou au moyen de peinture au vernis. Quel<|ue bon que soit le liège que l'on a choisi, il présente toujours de petites cavités qu'il faut remplir avant de peindre, afin d'avoir une surface bien unie. On y parvient en les bouchant avec du mastic de vitrier ou du blanc de céruse à l'huile. Ce dernier est préférable. Celte peinture qui, au premier abord, a l'air d'un enjolivement et d'un enfantil- lage, a sa raison d'être et son utilité. D'abord, en faisant choix pour la partie supé- rieure d'une couleur bien voyante, elle permet au pêcheur de distinguer plus aisé- ment et de plus loin sa flotte sur l'eau, ce qui ofltre des avantages dans la pêche du matin et du soir. En second lieu, cette couleur ne peut être aperçue des poissons et n'a donc pas d'inconvénients de ce côté. Enfin le bouchon, comme corps poreux, absorbe, quand il est nu, une certaine quantité d'eau, qui remplace l'air de ses pores et le rend d'autant moins léger ; quand il est rendu imperméable par une couverture vernie, il garde toutes ses propriétés même après un long séjour dans l'eau. Or, quand une flotte est soigneusement équilibrée, elle est d'une grande sen- sibilité, chose extrêmement utile pour la pêche sédentaire en eau douce; l'absorp- tion de l'eau par le liège suffit à détruire cet équilibre. (Voy. Flotte.) 11 est bon que la peinture soit appliquée de façon à boucher hermétiquement 100 BOUCLE. l'interstice qui existe entre la plume et le bouchon, de façon que l'eau ne puisse pas plus s'introduire par l'intérieur que par l'extérieur. Une flotte bien faite est un petit ouvrage de patience et d'adresse dont le pê- cheur habile peut seul sentir toute l'importance. Quand on a besoin de liège pour confectionner les bouées {fiy. 73) (jue l'on attache aux lignes de fond, en mer ou en eau douce, on se sert simplement de morceaux dégrossis d'épluchures de liège gros- sier que l'on trouve partout. Dans ce cas encore, il est bon de les peindre à l'huile et au vernis. Elles résistent plus longtemps et se Fig. 73. — Bou.îe voieut de plus loiu. On peut réunir plusieurs morceaux ensemble au en hege. nioycu de bounc colle-forte, on les serre pour la faire prendre, et quand le tout est recouvert de peinture, l'eau n'y a aucune action. On obtient ainsi des bouées aussi volumineuses qu'on peut le désirer, et qu'il est bon de laisser liées. On fait (le même pour les lièges de Bricoles. BOUCHON CARRÉ pour ligne à soutenir. (Voy. Soutenir.) — Si l'on veut pê- cher à la main ou à la canne à soutenir, sur un fond de pierres éboulées ou de ro- ches, d'où l'on ne pourrait jamais retirer le plomb, on emploie la précaution suivante. On sépare, de sa ligne MN à soutenir {jhj. 74), le plomb qui y est attaché ou dans Fig. 74. — Bouchon carrci pour les pelotes. Icqucl cUc cst passéc, ct on Ic remplace par Ligne à soutenir. ^^ bouchou AB, quc l'ou pcrcc ct daus le- quel on passe la ligne. Ce bouchon est retenu par le petit plomb A mis à demeure à O^jSO au-dessus de l'hameçon. Ce bouchon ABC, qui est taillé en parallélipipède, ne doit et ne peut pas dépas- ser le grain de plomb. On prend alors de la terre glaise, — celle que l'on trouve au bord des rivières et des étangs, — on en fait une pelote dont on calcule la grosseur et le poids sur la force du courant où l'on pèche, et l'on entoure soigneusement le bouchon avec cette pelote. La terre ne glisse pas, à cause des facettes du bou- chon ; et, quand la pelote est au fond, comme le bouchon est percé, la ligne re- prend sa liberté et sa sensibilité. Si aucun poisson ne vient mordre, la pelote se casse, le liège redevient libre et remonte la ligne au courant sans qu'elle accroche dans les herbes ou les obstacles. En somme, c'est un bouchon semblable à celui qui sert pour la pêche dans les pelotes. BOUCHOTS. — (Voy. Parcs.) BOUCLE (Hameçons à\ — L'hameçon à boucle est une invention pour les mala- droits ; invention qui a tous les inconvénients des hameçons à palette, sans en avoir les avantages. Généralement cette disposition n'est adoptée que pour les hameçons communs que quelques pêcheurs emploient pour les cordes traînantes ou lignes de fond que l'on tend la nuit. La hampe DB de l'hameçon ACBD est recourbée sur elle-même en D, de façon à former un anneau dans lequel il suffît de passer un fil pour que l'hameçon se trouve empilé. Mais alors se présentent deux inconvénients : l'anneau A est gros, nécessairement; de plus, l'empile D a besoin d'un nœud pour tenir l'hameçon; le nœud D est lui-même gros. Deux obstacles accumulés l'un au-dessus de l'autre ; de sorte qu'il est impossible de faire passer un ver ou un petit poisson au-dessus de cet BOULLIER. lOi Fig . 73. — Hame- çon à boucle. obstacle sans déchirer l'Esche, par conséquent la faire périr et lui enlever ainsi la qualité essentielle qui l'a fait choisir. Si l'on craint de prendre trop de peine à empiler convenable- ment les nombreux hameçons des lignes de nuit, il vaut encore mieux se servir d'hameçons à palette ordinaire et les empiler par le simple nœud ; dans ce cas, on supprime une des grosseurs, celle de l'anneau, c'est autant de gagné sur le genre d'hameçon qui fait le sujet de cet article. Pour le pêcheur adroit qui ne regarde pas à la peine pour en être ré- compensé par la réussite, il est extrêmement important de dissimuler absolument la présence de l'hameçon en le choisissant aussi petit que possible, et alors surtout un empilage soigné est ce qu'il y a de meilleur. C'est un peu plus long, mais avec de la patience on vient à bout de tout; de plus, rien n'empêche d'y mettre du temps et de monter peu à peu sa collection d'hameçons empilés : on ne devient pas riche en une demi-heure ! BOUCLÉE {R. — (Yoy. Pates, Amorces, IIuile composée.) BOULIÉCHE. — Nom donné dans la Méditerranée à de très-grandes Sennes. (Yoy. ce UKjt.) BOULLICHE. — Synonyme de Boullier {Voy. ce mot.) BOULLIER ou BOULLIÈRE. — Le grand Boullier est un filet formé de deux longs bras qui aboutissent à une manche ou un tramail. Il ne diffère de VAis- saugue que par la grandeur de la maille.- (Yoy. Aissaugue.) Fig. 76. Fig. 77. Bouées diverses. Fig. 78. 102 B 0 U R G N E. BOULOIR. — Iiislruniciit jxtur Bouler. (Voy. ce mol.) BOUQUETOUT. — l'clit Boideiix^ employé à Coutuiices pour la poche de la r.revelte. (Voy. IJorïEix.) BOUQUETS. — Nom populaire des Crevettes. (Yoy. ce mot.) BOURAQUE ET BOURAGUE. — Synonyme de Casier. (Voy. ce mot.) BOURDIGUE. — ( >n (iouue ce nom à un grand engin de pèche {fig. 79) que l'on dispose dans un endroit oii le poisson a un passage habituel. Les plus connus sont usi- tés dans les passes AD qui donnent accès, dans les étangs salés du Midi, aux eaux de la Méditerranée M. L'oscillation diurne des eaux de cette mer suffit pour produire un léger courant dont cer- taines espèces de poissons profitent pour s'agiter et faire la chasse. La Bour- digue est une sorte de madrague d'eau tran- quille et de petite dimen- sion. Cet appareil se com- pose d'une espèce de la- byrinthe IHF formé de Bourdigue. [Duham.) nattes ou de claies en roseaux ou cannes atlacjjées sur des cordes et soutenues dans l'eau par de forts piquets. La disposition des circonvolutions est telle qu'une fois entré dedans, le poisson D se trouve forcément conduit dans un verveux final J, que l'on \\oxnm.c panterme, et où il trouve la mort. On dispose quelquefois sur le côté, à proximité de la Pantermc, un espace K appelé serve, dans lequel entre le poisson et oi^i il demeure enfermé à portée des be- soins ou de la vente de chaque jour. D'ailleurs, le but des Bourdigues est double et peut aussi bien servir à introduire dans les étangs les jeunes poissons qui devront s'y engraisser et s'y développer, qu'à les empêcher d'en sortir. D'autres fois cet en- gin est simplement installé en vue d'arrêter quelques espèces : Mulets, Dorades di- verses, Maquereaux, etc., etc., dans leurs migrations et leur va-et-vient perpétuel. On ne saurait trop admirer l'ingénieux tracé de ces pièges qui changent à cha- que pas, mais dont le dessin général est toujours le môme et remonte probable- ment à la plus haute antiquité. Dès 1235 il est fait mention des Bourdigues dans les étangs qui communiipient à la Méditerranée. Elles existent encore dans les environs de Cette et des Martigues. (Charpentier, Gloss. novum, I, § 9i.) BOURGIN. — On nomme ainsi, h Marseille, une petite Aessaugue. (Voy. ce mot.) BOURGNE OU BOURGNON. — Grande Xasse qu'on met au bout des parcs ouverts. (Voy. ces mots.) BOURLOTTE. — Ver blanc marin que l'on trouve dans les fissures des ro- chers. (Voy. GiiAvr^TTii.) ' BOUKHICIIK. 103 V 'ô-. Fig.%0. — Bourriche à poisson. BOURRÉES. — (Voy. Écre visse, Pi'cltc) BOURRICHE. — Une l'ois le poisson pris i\ la ligne ou au filel, trois métho- des se présentent au pôcheur pour le eonserver : le laisser dans Peau attache par les ouïes ou dans un filet; le mettre dans un filet ou dans un panier et l'y laisser mourir hors de l'eau ; enfin le tuei' immédiatement. Des trois méthodes, la dernière nous semble la meil- leure, parce qu'il est incontestable que l'animal tué brusque- ment, souffre moins que celui qu'on laisse se débattre dans les convulsions de l'agonie que lui cause une asphyxie assez lente dans l'air. Un grand nombre de poissons, surtout parmi les espèces marines, ne laissent pas de choix au pôcheur, car ils meurent immédiatement au sortir de l'eau. Plusieurs au- tres changent de goût, de valeur par conséquent, suivant qu'ils sont tués vifs ou laissés mourir. Tous les pécheurs de Saumons savent que la chair de cet animal est infiniment plus ferme et se conserve beaucoup mieux quand le poisson a été tué en sortant de l'eau. Pourquoi ne pas imiter la nature dans ce qu'elle fait de bien ? Les pécheurs qui veulent conserver leur poisson vivant, surtout s'ils ont besoin d'en faire des amorces vives pour d'autres pèches, se serviront avec avantage du petit filet ci-joint {fig. 80), auquel les marchands ont donné, je ne sais pourquoi, le nom de Bourriche. Il se compose d'un sac BP, maintenu ouvert par deux ou trois petits cercles d'osier. On lui ajoute une petite flotte en F, et une balle Ppour le lester à l'extrémité inférieure. Il se tient dès lors verticalement dans l'eau, et une se- conde corde attachée à l'ouverture sert à l'amener près du bord ou près du bateau. L'usage des cerceaux est bon, parce que les poissons peu- vent se tournei" et se retourner dans la bourriche sans s'accro- cher aux mailles : ils peuvent prendre leur position favorite, la tête en avant, sans être noyés par la force du courant, ce qui arrive rapidement lorsqu'ils sont enfermés dans un sac flottant EFS {fig. 81) qui se referme sur eux et les enveloppe de ses plis. Il va sans dire que la partie étroite B de la bourriche doit être resserrée encore par un disque de caoutchouc ; c'est la meil- leure fermeture que nous connaissions, et pour un sou on a une serrure inforçable. Il ne reste plus que le poisson à mettre derrière ces verrous économiques. Quelques personnes plongent dans l'eau, au moyen de ce filet, ou d"un sac sim- ple S [fig. 81) leur poisson mon : il suffit d'avoir une fois vu ce qu'il advient par cette macération sur ses tissus et sa gélatine extérieure, pour n'avoir plus envie de recommencer. On me dira que cette méthode a pour but de le tenir frais lors des grandes chaleurs de l'été, et d'empêcher l'accès des mouches qui savent se glisser partout. Il vaut mieux tuer brusquement son poisson dès qu'il vient d'être pris, puis le déposer dans un récipient quelconque, filet, carnier ou sac, au milieu d'herbes odoriférantes mouillées, — on en trouve partout au bord des eaux douces, — telles que menthe, etc. Sur le rivage de la mer, on lui fiiit un lit d'algues ou de varechs, on le recouvre des mêmes matières, et le tout se conserve parfaitement frais jusqu'au soir, Firj SI. - Sac flottant. 104 BOUTEUX. non pas en le laissant en plein soleil, mais en l'abritant le mieux possible de ses rayons directs. Il m'est arrive en pareil cas, au milieu d'une plaine de sable, au bord de la mer, d'être embarrassé de trouver un peu d'ombrage : il ne me restait qu'à en créer. J'y parvenais en tendant, au moyen de quelques scions de rechange, de quel- ques pierres mises l'une sur l'autre ou dressées, mon mouchoir mouillé au-dessus du panier. La brise faible suffisait pour entretenir une évaporation auxiliaire, la cou- leur blanche du linge empêchant l'absorption d'une partie de la chaleur, et mes cap- tures demeuraient en très-bon état. Le même système d'emballage dans les herbes est, d'ailleurs, le seul possible dans la Pèche à In moKcheiyoy. ce mot), alors qu'on suit, sans relâche, le bord d'une rivière pendant des heures entières, n'ayant, pour réceptacle de ses captures, que le panior (Voy. ce mot) ou le carnier qui pend derrière vos épaules. BOURSAL. — Nom provençal du Goulet des verveux. (Voy. ces mots). BOURSE. — Synonyme de Manche, Queue ou Soc, dans les filets. (Voy. ces mots.) BOURSET. — Corps flottant qui sert à tenir un des bouts flottants de la Dreige. Il y a, pour ce filet, une voile immergée qu'on appelle voile de Bourset. (Voy. Dreige.) BOUT-DE-QUIÈVRE. — Grand haveneau à perches croisées (^^. 82), dontles deux extrémités inférieures sont terminées par des cornes de chèvre, afin qu'on puisse le pousser lentement sur la grève, la rondeur des cornes le faisant glisser sur le sable. On remplace quel- quefois ces cornes par deux planchettes qui font le même effet. Sert à prendre les crevettes. BOUTARGUE. — (JEufs de poissons préparés, provenant de la pêche des Bovrdigues. BOUTEUX. — Filet en forme de trouble (voy. ce mot), qu'on emploie sur les fonds unis de la même manière qu'un jardinier se sert de sa ratis- soire. L'ouverture en est carrée et quelquefois le sac est fait comme un verveux. au moyen de laquelle on tient ce filet a 2 mètres, ou 2 mè- tres 30 de longueur. I^a traverse en bois du bas est longue en proportion [fig. 83). Elle est assez forte pour être taillée en chanfrein, afin (le mieux gratter le sable. Le filet est en deux parties : les mailles plus fines du fond ont en- viron 10 millimètres d'ouverture. De septembre en février, les pêcheurs peuvent se servir du Douteux sur les plages de sable uni. Pour cela, ils entrent dans l'eau jusqu'à la ceinture, posent le filet devant eux, et, poussant par Textrémité du manche, marchent ou courent aussi vite que possible. De temps à autre, on relève le filet pour le dégager de la vase, des herbes et du menu fretin qui l'embarrasse. C'est pourquoi on prohibe cette pêche pendant le temps du frai, c'est-à-dire de mars en août. Cette pêche est fort amusante, car Fig. 82. — Boutde-quiévre. La perche Fin. 83. — Bouteux. KOU VIÈIIE. 103 elle livre tout à rimprcvu. Non-seulement on y prend des poissons plats, Soles, TxitboU, Plies, etc., que le frottement de la traverse et le bruit des pas font sortir du sable, mais encore des poissons ronds qui viennent buter dans le fdet, des Cre- vettes, des Crabes, etc. On se sert encore sur les côtes de la Flandre d'une sorte de Boutcux appelé Grenadibre {fi g. 84). Cet engin n'a pas de cerceau ; il porte deux traverses, l'une en bas, longue de 2 mètres à 2 mètres 5Ô, l'autre h 2 mè- tres 50 de la première et plus courte de moitié. On réunit par deux cordes les extrémités des deux traverses, ce qui forme un trapèze régulier, sur les bouts duquel on monte le sac du bouteux. Cet engin sert comme le boutcux à demi-cercle pour prendre les Crevettes. Le Savre est encore une sorte de bou- teux, dont on se sert en Normandiepour prendre les Lançons. (Voy. Savre.) On pourrait encore rapporter à ce genre de fdet lesHavcneaux et les Bouts- Fi(j. Si. — Bouteux Grenadière. de-quièvre; mais nous renvoyons aux articles spéciaux, oii ces engins sont décrits. BOUTEUX A QUEUE DE VERVEUX. — On fait quelquefois le sac du Bouteux très-lpng, et pour le maintenir ouvert on y monte un certain nombre de cerceaux successifs. L'engin devient alors beaucoup plus difficile à pousser de- vant soi, et d'autre part les filets sont facilement coupés, aux cerceaux, parle frottement sur le fond. (Voy. Bouteux.) BOUTIQUE A POISSON. — Quand le pêcheur à la ligne aura son habita- tion près d'une rivière ou d'un étang, il fera bien de s'y faire construire une bou- tique à poisson, espèce de caisse percée de trous et plongeant dans l'eau. On y conserve les poissons que l'on a pris et que l'usage d'une bourriche a permis de garder vivants. On fait des économies de poisson les jours où l'on est trop riche, et on les retrouve quand la disette se fait sentir. Si la boutique est dans une rivière limpide, elle offre encore l'avantage qu'on y laissera quelque temps séjourner le poisson pris dans les étangs; il y perd le goût de vase presque toujours inhérent à sa première habitation. On y conserve les poissons vifs pour appât dans une boite de bois ou de zinc percée de petits trous. Le couvercle de celte boutique doit être fermé à clef; on y prend le poisson avec une épuise tte, jamais à la main. Les espèces voraces y peuvent rester avec leurs victimes habituelles, sans essayer de leur faire du mal. On doit remarquer que les Brochets qu'on y enferme dégorgent même le poisson avalé précédemment et non digéré. Certains poissons s'y nourrissent des débris qu'on leur porte, mais d'autres n'y mangent jamais et par conséquent y dépérissent , n'étant soutenus que par les débris microscopiques que charrie l'eau qu'ils avalent. BOUVIÈRE [Genre]. (Rhodeus, Agass.) — Malacopt. abd. Cyprin. Petit genre reposant sur une seule espèce en France, très-facile à détermin?-. Bouche sans barbillon, corps plat, large, pas de rayons dentés aux dorsale et anale; cinq dents pharyngiennes par côté et sur un seul rang. BOUVIÈRE AMÈRE fCyprinus ou Rhodeus amarus, lilo.). — Malacopt. abd. Cyprin, Long. niax. = 0"',UG ; haut. = b"',0l5. 106 BRANCHIAUX, Syn. : Bitterling, ail. Dos et tète vert jaune, opercules nuances de noir. Côtes et fiancs blanc rose, et irisés d'une belle couleur aurore. Yeux rouge-carmin, plus fonces en dessous. Ventre d'un blanc éclatant. Épine dorsale de 30 vertèbres, 14 côtes de cliaf|ue côté. -^^^■^m-^^^m Fig. Sii. — Bouvière amère [Rhodeus ainarus, Blocli). L'intervalle entre chaque écaille est noirâtre, une bande vert doré ou bleu d'acier part de la caudale et va jusqu'à la dorsale. Dorsale, 10 rayons, et caudale de 'iO rayons vert pâle, cette dernière fourchue, la première por- tant un 2'^" rayon ou épine assez roide. Anale rouge, 11 rayons ; ventrales, 7 rayons, lavées de rouge; pectorales, 7 rayons pâles ; anales et dorsale nettement bordées de noir. Ce poisson, le plus petit des Cyprins-carpes, est assez large en proportion de sa longueur et paré de couleurs magnifiques; il est transparent dans presque toutes ses parties. Sa chair n'est pas mangeable, par son amertume. Il vit dans les eaux pures et courantes ou dans les étangs traversés par un cours d'eau, surtout dans le nord. (Voy. Temps de frai.) BOUVIÈRE AMÈRE. — La Bouvière ne se prend pas à la ligne, on en trouve en hiver un grand nombre dans les nasses et les troubles, pendant que l'on pêche pour d'autres poissons plus importants. Elle a été comprise dans ce traité parce qu'elle forme la meilleure amorce que l'on puisse trouver en hiver, de novembre à février, pour pêcher au vif la Perche et le Bro- chet dans les étangs, les ruisseaux elles endroits où la chaleur et l'eau vive ont permis aux pois- sons de ne pas se retirer, à demi engourdis, dans les crùnes et les trous. BOUYER. — Sorte de Senne de très-grande dimension. (Voy. ce mot.) BOUYEROUNS. — iNom provençal de la montée d'Anguilles. (Voy. Montée.) BRANCHIAUX (Arcs). — Les arcs branchiaux (fiij. 8G-87), d'une courbure plus ou moins considérable, suivant les espèces de poissons et même les individus, sont des os arqués et solides qui soutiennent chacun une brancliie distincte. Le long de leur partie convexe, ils por- tent un ou plus souvent deux rangs de petites lames plus ou moins IlexiLles et un peu convexes d'un côté. Ces la- mes, appliquées l'une contre l'autre, sont attachées aux arcs branchiaux et revêtues à leur surface de ces mille et mille ramifications veineuses et artérielles où se passe le phénomène de l'hématose ; elles sont enfln recouvertes de membranes de diverses épaisseurs. Fig. 8G. — Arc branchial épi- Fig. 87. — Ar neux du Brochet, avec sa hrauchial d branc hie. la Carpe BRANGIIIOSTÈGES. 107 Fig. S8. — Branchies. Ces lames sont souvent garnies de petits poils plus abondants sur la face convexe que snr la face concave. La partie concave des arcs branchiaux no porte pas de branclihis mais des protubérances plus ou moins rugueuses, des dents et quelquefois de courts aiguillons {fig. 8(i) . Tous ces arcs sont élastiques et garnis, à l'extrémité, démuselés qui les font mouvoir et peuvent même augmenter leur courbure au besoin. En général, les poissons ont 4 arcs branchiaux de chaque côté de la fcte. Quelques-uns, cepen- dant, — Raies et Sciuales, — en ont 5, 6, 7 ; mais ces phénomènes semblent bornés à quelques espèces. BRANCHIES. — Ce mot, tiré du grec pfay/.ia, sert à designer les organes respiratoires des poissons vivant dans l'eau, par l'intermédiaire de laquelle ils absorbent l'air nécessaire à leur vie. Ces organes (/i^. 88), formés de lames deformi analogue aux dents d'un peigne(/ï5'. 8G), présentent de très-nombreuses ramifications de vaisseaux sanguins ; une, au moins, à chaque dent du peigne. Ces veines sont abouchées à des urtérioles. C'est au travers des parois de ces organes qu'est absorbé l'oxygène de l'ainqui transforme le sang veineux en sang artériel. Phénomène désigné sous le nom à'/iémalose ou révivificationdu sang. Ces organes sont protégés par une membrane appelée brcui- cliioslège. Le poisson avale l'eau par un mouve- ment régulier, spasmodique, analogue à la res- piration aérienne. Cette eau est chassée entre les lamelles des peignes branchiaux, et se trouve expulsée par les ouvertures extérieures qui portent le nom û'oines. Les branchies des animaux inférieurs sont quelquefois libres à l'extérieur, à l'état de houppes, de panaches, de franges, de feuillets, etc. (Voy. Arénh:ole, Annélides, etc.) Dans les poissons, les branchies sont toujours placées, quels qu'en soient le nombre, la grandeur et la forme, dans une cavité de chaque côté de la tête, cavité qui n'est qu'un prolongement de la bouche par laquelle l'eau est avalée. Les ouïes sont ouvertes précisément par suite de la contraction que, au moyen des muscles, le poisson faitsu- bir à la courbure des arcs branchiaux ; sou vent,cependant, elles sont munies d'un opercule et de ses membranes. La figure 89 montre la partie antérieure d'un Ma- quereau commun, dont l'appareil respiratoire a été mis à jour. (Voy. Crustacés.) BRANCHIOSTÈGE (Membrane). — Cette membrane protège et recouvre les branchies des poissons, d'où elle tire son nom de [5pay/_îa «TTc'yw, couvre-fjtanc/iie. Elle est placée entre la mâchoire et l'épaule, et renferme des pièces osseuses et cartilagineuses. Outre l'appareil des arcs branchiaux (voy. ce mot), l'os hyoïde porte, de chaque côté, des rayons qui soutiennent la membrane branchiale. Une sorte de battant composé de quatre pièces osseuses, le pré-opercule A, l'opercnle B, le sub-opercule C,et rinter-operculeD,sejointà celte membrane pour fermer la grande ouverture des ouïes. Il s'articule à l'os tympanique, et joue sur une pièce appelée le préopercule. Dans la tête de Truite {fig. 90), on voit en E les rayons branchiostèges, supportés dans la membrane branchiostège. Cette membrane ordinairement attachée à la partie inférieure de l'interopercule, l'est quelquefois à sa surface intérieure. En haut, l'inter-opercnle est attaché à l'os épihyalique ou stylo-hyalique, et forme ainsi l'un des anneaux de cette chaineau nioyende laquelle sontniaintenus les mouvements synchroniques de l'appareil respiratoire. BRANCHIOSTÈGES (Rayons). — La membrane E {fig. 9!») qui est placée, en tout ou en parlie, sous l'opercule des poissons, en général, est presque toujours soutenue, comme une nageoire, par des rayons simples, en nombre variable, suivant les espèces et les familles. Ces rayons sont mus par des muscles spéciaux et peuvent, en se rapprochant ou s'écartant comme les branches d'un éventail, plisser ou déployer la membrane qui les unit. Fig. 89. — Bi-aiichii'j du .Maquereau. Fig. '.•U — Tète de Truite. 108 BRÈ.\fE. Pour fermer les ouïes, e po'sson étend cette memljrane et ferme, en agissant ainsi, l'opercule qui applique fortement les Lords membraneux qui l'entourent sur ceux de l'orifice branchial ou ouïe; en un mot, sur la portion non wfoiiVe, appartenant au corps de l'animal. BRANLETTE. — (Voy. CANNES A l'ÊciiE [Confection des].) BRAS. — (Voy. Carpk) [os du]. BRÉGEL. — Sorte de filet fixe employé spécialement à la pèche des An- guilles (5'' anond. marit., Toulon), et ne pouvant être calé que pendant le temps de l'ouverture de cette pèche. (Art. 7, § 3 et 14.) BRÉGIN. — Synonyme de Bourrjin. (Voy. ce mot.) BREIGE. — Tramait dont on se sert dans la Gironde, pour prendre les Es- turgeons. (Voy. Tramail.) BRELOT. — Ce poisson est vorace et se jette avec avidité sur les appâts qu'on lui présente. On en prend beaucoup avec des hameçons ; c'est le même que la Sor- gue, et ce nom de Brelot lui est donné sur les côtes des Gharentes. (Voy. Sargue.) BRÈME [Genre]. {Ahramus, Lin.) — Malacopt abd. Cyprin. Groupe très-naturel de la famille, quoique peu distinct dans ses espèces. Toutes ont le corps large et comprimé, l'anale très-longue d'avant en arrière et coupée en courbe rentrante. La queue est fortement échancrée. Écailles grandes, solides, à stries concentriques. La portion antérieure du dos, en avant de la dorsale, préseiite une ligne dépourvue d'écaillés. On divise ce genre en quatre sous-genres : / Espace nu en avant de la Dents pharyngie.nnes \ dorsale Brèmes proprement dite\\ SUR UN SEUL RANG. , | Pas d'espacc nu sur le V dos , Abramidopsis. f Pas d'écaillés sur les carè- Dents pharyngiennes ) nés dorsales et ventrales. Blickes. SUR DEUX RANGS. .. . \ EcailIcs sur les carènes ' dorsales et ventrales. .. . Bliccopsis. Cinq espèces en tout pour la France. BRÈME BORDELIÈRE. — (Voy. BORDELIÈRE.) BRÈME COMMUNE (Cyprinus ou Abramus Brama, Lin.). —Malacopt. abdom. Cyprin. Long. max. = 0'n,40 à Cn.SO. Haut. = 0'n,i2. Syn. : Brecmiy angl. — Bleitzen^ allem. — Scarda, ital. — Pessegi, hongr. — Bleye, sax. — Klorzez, pol. — Lesch, russ. — Brax, suéd. — Brasen, dan. — Braexen, portug. Corps très-large et très-plat; dos arqué, caréné en avant, noirâtre ou noir bleuâtre; côtés et ventre d'un blanc jaunâtre. La ligne du dos et celle du ventre forment un cran auprès de la dorsale et de l'anale. La tête est petite, pointue et comme tronquée, l'œil petit, la bouche petite, sans barbillons; on aperçoit dans son intérieur une langue rouge, molle et épaisse, adhérente au palais. La nageoire anale est grande (27 rayons), plus large à la vue que la caudale qu'elle rejoint presque. La caudale est fourchue. Dorsale (li rayons); caudale et anale blanches, bordées de brun fondu. — Un appen- dice auprès de chaque ventrale. On a remarqué que les Drémes avaient le sens de l'ouïe fort délicat. — 32 vertèbres, et 15 cotes de chaque côté. (Voy. Temi'S de frai.) La Brème est souvent mise au nombre des Carpes, mais elle se rapproche beaucoup plus du Gardon, et surtout de la Rosse, quoique plus grosse, plus large et moins épaisse. Les Brèmes de rivières ne sont jamais aussi grosses que celles des lacs. La Brème est le poisson des eaux tranquilles ; elle vit où vit la Carpe, mais celle-ci occupe le rez-de-chaussée, et la Brème le premier étage. Elle croît assez rapidement. Sa chair est blanche, ferme et de bon goût, surtout quand le poisson est un peu gros. Extrêmement timide, souvent elle n'ose pas aller dans les herbes du bord déposer son frai, et les œufs, se décomposant dans son corps, la font périr au bout de quelque temps. La Brème dépose ses œufs dans les herbiers, et se retire dans les eaux profondes, où elle vit d'insectes, d'herbes et de limon. A l'époque de la ponte, le corps du mâle se couvre de verrues ou _J o o UJ Q ex UJ O WV > < o < v*" '!««^(9!:<ï^^,'.;: ;^ y: W 2 BRÈME. 109 proéminences disséminées sur sa peau. A cette époque, cliaquc femelle est souvent suivie de trois ou quatre mâles. Les œufs sont vénéneux, dit-on; mais ce fait demande confirmation. (Voy. Temps de fuai.; On appelle Brème gardonnée, une espèce moins grande que la Brème ordinaire, et dont les écailles sont brillantes comme celles du Gardon. Les Brèmes changent de couleur en vieillissant; les grosses ont la tête et le dos remljrunis, elles ont sur le corps des bandes rougeâtres. Il est probable que la Brème gardonnée est une jeune Brème qui se trouve dans les eaux vives, et qui est grasse, avec des écailles brillantes, car la nature de l'eau influe sur la couleur de ce poisson. BRÈME COMMUNE. — La Brème se pêche aux mômes lieux que la Carpe, dont elle partage les goûts et les habitudes. Ce poisson se réunit en troupes commandées par un chef auquel on donne le nom de j^oi des Brèmes. Rien de plus gracieux que de voir les évolutions de ce bataillon d'un nouveau genre, entre deux eaux, dans un endroit profond et tranquille, par un beau soleil d'été. La lumière joue sur leurs écailles, et les Bi'êmes, se promenant lentement autour des touffes d'herbe, ne daignent pas toucher à l'appât que leur tend le pêcheur. Il faut choisir un autre moment, ou attendre que l'eau, moins claire, les em- pêche de voir rembùche. Elles mordent alors de confiance, en faisant danser la flotte sur l'eau d'une manière caractéristique et unique. Ce poisson partage avec le Barbillon les goûts de la promenade sur les berges herbeuses couvertes par les crues momentanées ; il s'y prend facilement au ver rouge. Dans une eau vive les Brèmes s'engraissent facilement connue les Carpes et parviennent à une taille fort respectable. Les lieux fréquentés par la Brème sont les parties les plus profondes: dans les courants peu rapides, dont le fond est sablonneux et plein d'argile; dans les étangs, les endroits les plus larges et les plus tranquilles, où il y a de l'herbe. Elles se nourrissent de vers et d'autres animaux à corps mou, en même temps que de substances végétales. La pèche en est très-intéressante, et, en appâtant soigneusement le fond, on peut en rassembler un grand nombre au même endroit. La Brème est un des meilleurs appâts vifs pour le Brochet et les autres pois- sons carnassiers. Isaac Wallon prétend, qu'en France, la Brème est plus estimée qu'en Angle- terre, et cite le proverbe : « Qui aune Brème en son étang peut festoyer un ami. » Daniel, dans les Amusements champêtres, rapporte une pèche à la Brème qui est une bonne leçon pour ce genre d'exercice. La scène se passe dans un étang du comté d'Essex ; le temps était nuageux et le vent vif : « Il y avait sept cannes en « action, et on changeait très-souvent les esches en même temps. Quand un poisson (( était piqué et amené au-dessus ou près de la surface de l'eau, on en voyait un (i certain nombre le suivre, et aussitôt que les hameçons étaient esches de nouveau, (( ils étaient engloutis tout aussi goulûment. On prit quelques Perches et Tanches, c( mais principalement des Brèmes qui, terme moyen, pesaient 2 livres chaque, (( et depuis six heures du matin jusqu'à la brune du soir, on en prit au moins (i 100 livres. L'esche employée était le gros ver rouge et le coup avait été appâté « le matin et le soir précédant le jour de la pèche. L'appât dont on s'était servi était « du blé bouilli et du pain de creton (voy. ce mot) ou résidu de fonderies de suif, (( mêlé parmi. » On parle de Brèmes prises, dans les lacs d'Ecosse, qui auraient pesé plus de 30 et même 40 livres chaque (lo à 20 kilogrammes). Une bonne place pour la pèche de ce poisson doit être amorcée avec des grains de brasseur mêlés de pomme de terre, pétris en forme de boules, et régulièrement 110 BREME. jelcssur le coup depuis dix ou quinze jours. Aussi l'ait-on des captures énormes sur les endroits ainsi amorcés. BRÈME DE BUGGENHAGEN (Abramus Buggenhagii, Blocli). — Malacopt. abJ. Cyprin. Long. max. = 0'",:,<0. Syn. : Leitei\ Pomcra. — Large -sca/ed Bream, Pomeranian Bream, angl. Cette Brème, propre à nos rivières de l'Est et du Nord, et aux allluents du Rhin, est remar- quable parce qu'elle ne présente pas, comme l'espèce commune, un espace long et étroit, dépourvu d'écaillés sur la portion antérieure du dos. Sa tête et son dos sont brun-bleuàtre; ses flancs et son ventre argentés, marqués de points bruns ; les nageoires noirâtres. D, moins haute == 3 rayons simples, 9 ou 10 branches. A= 3 simples, 14 à 15 branches, quel- quefois 18. Présente les mo'urs de la liréme commune, et se pêche de même. BRÈME DE GÉHIN (Abramus Gehini). — Malacopt. abd. Cyprinoïdes. Long. max. =0"',30. Espèce très-voisine de la Brème commune, mais à dos moins élevé. Dos gris-bleu, flancs et ventre argentés, très-finement piquetés de noir. Ligne latérale de 52 écailles. D, haute, 3 rayons simples, 9 rameaux = 12. A = 24 rayons. Toutes les autres comme chez la Brème commune, mais semblant plus grandes par rapport à l'animal. Vit dans la Moselle. Se pèche comme l'espèce commune. BRÈME ROSSE (Abramus Abramo-rutilus). — Malacopt. abd. cyprinoïdes Long. max. = 0'",15. Encore une Brème de la région Est de la France, commune dans la Moselle ; nous l'avons prise dans le Rhin et dans .'es petites rivières de l'Alsace. Le corps est peu élevé, peu comprimé, ressemble l'Kj. '.'I. — liièiiic-Husât' [Ahramis abramo-rutdus, llull.j. beaucoup à celui du Gardon. Les nageoires, d'ailleurs, sont, comme chez ce dernier, rouges plus ou moins vif à leur base. Le dos est vert olive, les flancs un peu jaunâtres. L'œil grand. La ligne latérale a 42-46 écailles ; on en compte 8 rangées au-dessus, 4 au-dessous. D = 3-H8. A = 3 + 14-lG. A les mœurs du Gardon, et se pêche comme lui. (Voy. Temps de frai.) BRÈME DE MER, NOIRE. — (Voy. CaNTUÈRE GRISE.) BRÈME DE MER. — (Voy. Pagel A DENTS AIGUËS et Cantuère.) Gc iiom po- pulaire est donné d'ailleurs, dans les ports et sur les côtes, à un grand nombre de poissons à corps aplati, de la lïmiille des Sparoïdes. Î3 RI G OLE. m BRESEM. — Terme usité, en Alsace, pour désigner la Brème commune (Yoy. ce mot.) BRESSEAU. — (Voy. PÉCliE A LA LIGNE EN MER.) BRETEAU; — Nom d'une variété d'Anguille que l'on pêche en assez granae abondance dans la rivière d'Eure, en Normandie. C'est une variété blonde du Ver- nianx. (Voy. Anguille.) BRETELLIÈRE. — Nom des Petites Canières (voy. ce mot), dans l'arrondis- sement (le IJrest. BRETTEOU BRETTELIÈRE. — Z>m?-/b//e qui sert, en Normandie, à pren- dre les Chiens de mer. (Voy. Demi-folle.) BRETTE.— Nom picard de la Plie. (Voy. ce mot.) BRICOLE (Hameçons). — On donne le nom de Bricole à un hameçon à deux pointes (//^. 92 et !)3) qui s'emploie pour la pêche des poissons carnassiers à large Fig. 92. — Bricole Limeiick. Fig. 93. — Bricole Hameçon ordinaire. Fig. 94 — Grappin Limerick. bouche, comme le Brochet, la Perche, et môme les omnivores, comme le gros Chevesne. Est-ce lui ou est-ce l'engin auquel il sert de terminaison qui a donné son nom ;\ l'autre, c'est ce que nous ne savons pas, et ce qu'il n'importe pas beau- coup de savoir. Les Bricoles sont un genre d'hameçons beaucoup trop peu em- ployés et qui pourrait rendre des services continuels dans la pêche de mer. Son grand défaut est la difficulté d'en débarrasser le poisson sans être obligé de couper l'empile ; mais, à part cela, en se servant surtout de Bricoles Limericks (fig. 92) dont les pointes sont contournées, il est impossible qu'un poisson à large bouche se dégage une fois pris. Un degré au-dessus de la Bricole est le Grappin qui, lui, a trois crochets {/>g. 94). La monture ou empilage ordinaire des Bricoles est métallique et se fait de deux ou trois manières : d'abord sur une petite chaîne en cuivre pour les gros poissons de mer, soit avec du fil de cuivre, soit avec de la corde filée. Pour se servir du fil de laiton, on opère comme le montre la figure 95. Il s'agit de faire un toron, RS, portant une boucle à chaque extrémité et point de bouts qui s'accrochent dans la ligne. Pour cela, si l'on veut que RS ait 0'",15, ce qui est suffisant, on coupe un bout de laiton bien recuit et gros comme du fil fort, de la longueur de 0", 35, on plante un clou A dans une table B, et l'on plie sur lui-même le laiton de manière à lui donner la forme BC ; on passe un petit morceau de fer DC dans la boucle opposée à celle qui contient le clou A, qui ne doit pas avoir de tête, et Ton tourne dans un sens ou dans l'autre, en maintenant le milieu avec l'autre main, de façon que les deux extrémités du fil soient recouvertes par la partie oblique du fil de laiton. Comme les deux hameçons qui forment la Bricole sont ordinairement faits du même morceau d'acier, il s'ensuit que les deux hampes sont terminées par un anneau naturel, ce qui est une faute et une très-mauvaise construction. Le dos ■ Empile en laiton et ma- nière de la faire. 112 BRICOLE. des deux hameçons doit se loucher, mais avec un petit effort et grâce à l'élasticité du métal, on passe une des pointes des hameçons dans la boucle R ou S (fçj. 95), et, en suivant, on fait franchir h l'épaisseur du laiton la partie serrée, et la boucle arrive en R. La Bricole est empilée; mais cette méthode la laisse branlante au bout du laiton et peu commode à l'usage. Pour empiler une Bricole sur de la corde fdée {pg. 96), on coupe une longueur facultative de cette empile, 0'",15 à 0",20 suffisent le ^*'™*'**^^ ^ plus souvent, et on la plie comme MN. On la maintient Fig. 96. - Empile en eorde fiiîe. alors ployée par unc ligaturc très-soignée et bien vernie, puis on passe la boucle N dans la Bricole, et celle-ci est empilée, mais encore branlante au bout de sa monture. A ce sujet, c'est le moment de faire remarquer que la Bricole ne servant guère qu'avec des appâts vivants, il faut qu'elle soit montée de façon à être complètement cachée dans leur corps, avec le moins de dommage possible pour ces animaux généralement petits et fragiles, et dont il faut bien se garder d'éteindre la vie, puis- qu'elle fait leur seule valeur. Or, comment arriver à introduire de pareilles mon- tures dans le corps de très-petils poissons sans les déchirer, ou dans des insectes sans les fendre en plusieurs morceaux? Gela est impossible, et les pêcheurs qui se servent de Bricoles ainsi montées ne peuvent employer que des amorces vives d'un très-fort volume. Elles leur rapportent sans doute de belles pièces, mais la qualité n'est pas tout, et la quantité est bien quelque chose ; et puis, tous les cours d'eau ne produisent pas des monstres, et la plupart contiennent bon nombre de poissons très-respectables déjà et dont maint pêcheur ferait sa joie et ses délices. Notre pêcheur doit renoncer h attaquer ceux-là; il ne chasse pas au fusil, mais au canon. Honneur à lui! toutefois essayons de faire moins bien, mais autrement. « Tous les goûts sont dans la nature, » dit la sagesse des nations. D'abord, en se servant de corde filée, on peut l'empiler directement sur la hampe double des Bricoles, par une des méthodes communes de ligature à la soie, mais cette manière, quoique meilleure que la précédente, offre encore un trop gros volume ; elle est préférable en ce que la Bricole, maintenue par la roideur de la corde filée, ne branle plus au bout, et se passe mieux dans le poisson vif. Puisque le défaut relevé vient de la forme trop grosse de l'anneau des Bricoles, il faut trancher dans le vif et supprimer cet anneau; mais comment le faire? D'une manière bien simple, et qui produit des Bricoles supérieures, comme forme, à toutes celles faites d'une seule pièce. Nous allons prendre deux hameçons Limericks droits ou courbes, mais sans palette et dont la hampe sera terminée en pointe comme d'ha- bitude et fortlonj^ue. Nous les mettrons dos à dos, et au moyen de soie bien pois- sée, nous ferons quelques tours, en spirale éloignée, entre et sur eux, puis joignant au tout, l'extrémité de la corde filée, nous l'empilerons bien serré au moyen d'une ligature longue en soie cirée, puis vernie par-dessus. De cette manière, nous aurons une bricole dont la hampe sera presque de la même grosseur que la monture et qui pourra passer très-facilement dans le corps des animaux, quelque petits et délicats que nous les choisissions. (Voy. Grappin, fg. 94, plus haut, fait de cette manière). Tant que la Bricole n'est employée qu'avec de petits poissons, nous renvoyons à un article spécial pour savoir comment on les enferre. Mais la Bricole peut s'ap- pliquer à la pêche à la grande volée avec les gros insectes, hannetons, grillons, pour le Chevesne et la Truite, et dans ce cas les Bricoles ordinaires ne peuvent abso- lument pas servir; c'est ce qui nous a fait adopter la modification ci-dessous. BRICOLES. U;{ Pour les Broohols ordinaires, on fait les bricoles avec deux hameçons nu- méro 3 à 0. Pour les Truites, de 9 ;\ 4. Pour les poissons de mer, de 5 à 000. Nous avons môme fait, pour la pêche au vif avec le petit Véron, d'excellentes Bricoles montées sur florence ou mieux sur crin filé, avec deux hameçons numéros iOh 12. Pour les Chevesnes, au hanneton, deux hameçons 9 à 5. Nous devons terminer cet article par la description de la méthode que nous sui- vons pour placer un insecte à une Bricole ou à un Grappin {fig. 1)7), sans l'endommager; cette petite manœuvre exige un arrangement spécial. E {/i(j. 97) est l'extrémité d'une avancée de flo- rence, qui, elle-même, est l'extrémité d'une ligne de soie venant d'un moulinet. En C, cette florence / X />x • I • r>i '\ I •! ' Fia. 97. — Bricolaee des insectes. (ce peut être encore mieux du crin nie) est empilée en boucle dans laquelle a été passée l'anneau fermé d'un très-petit émerillon D. Dans l'anneau suivant, à ressort, est passée la boucle de l'empile BA de la Bri- cole. Le dessinateur a interverti la position des boucles, fermées et à ressort, de l'Émerillon, mais la manœuvre du tout se comprend malgré cette inadvertance. RI {/ig. 98), est une aiguille à tapisserie de dimension ordinaire, plutôt fine que grosse. L'un des côtés du chas _ a été coupé, en I, au moyen i »• d'une petite lime fine et les F;^. os. — Aiguille pour le bricolage des gros insectes. bords de la coupure doucement amincis. Voici maintenant comment on opère. On saisit le hanneton entre les deux premiers doigts de la main gauche, on prend dans sa main droite l'aiguille RI, dans le chas de laquelle on accroche, par I, la boucle D de l'empile. On a un peu serré dans ses doigts la boucle D de façon qu'elle soit le moins écartée possible ; alors on enfonce l'aiguille R par le bout du hanneton opposé h la tête, et on la fait ressortir par cet organe. Le reste de l'appa- reil suit et le hanneton se trouve orné de deux ou trois petits appendices que la Truite et le Chevesne ne voient pas, mais qu'ils sentent parfaitement. L'aiguille est dégagée; la boucle D passée dans l'anneau à ressort de l'émerillonDC, et le pê- cheur est muni d'un excellent et solide appât que rien ne dérangera. On réussit encore mieux en remplaçant les bricoles par un petit grappin A de 3 limericks, numéros 9 {fig. 97). Tous les insectes un peu gros servent parfaitement à cet usage, barbare, c'est vrai, mais très-avantageux pour le panier du pêcheur. BRICOLER UN POISSON. — (Voy. ENFERRER UN POISSON VIF.) BRICOLES. — On donne encore le nom de bricoles à des lignes dormantes particulières que l'on tend pour prendre surtout le Brochet, de nuit, dans les étangs ou les cours d'eau qui ne présentent pas une trop grande rapidité. On a varié ces pièges de mille manières, nous passerons en revue les principa- les qui forment en quelque sorte des types que chaque pêcheur pourra modifier suivant les lieux, suivant les habitudes et les goûts du poisson. Le Pater-noster et les Jeux doivent être mis au premier rang des bricoles, quanil on les tend de nuit et au vif. (Voy. ces mots.) Rappelons, une fois pour toutes, que les pêches du Brochet, de la Truite et de tous les poissons carnassiers et chasseurs se font de la même manière, et, sauf la 8 114 lUUCOLES. taille, que ee qui est boa pour l'un est excellent pour l'autre. De plus, (|ue tous les poissons chasseurs, ayant la bouche abondamment pourvue de dents, tous les ha- meçons ou l)ricoles employés seront montés sur métal [pg. Oo) ou sur corde filée {fi(j. 1)6). Enfin (pie toutes les bricoles tendues, le sont au j)oisson vif, dont nous avons indiqué la monlure et autres circonstances. La première bricole, la plus simple, est celle indiquée (//y. 99). Elle se compose d'une bouée A ou gros bouchon de liège peint en couleur voyante et souvent surmonte d'une plume ; au travers de ce bouchon passe la ligne C qui porte l'hameçon que l'on place à une profondeur dépen- dant de la quantité d'eau oii l'on pêche. Règle générale : tous les poissons chasseurs nagent entre deux eaux. Il faudra donc sonder la profondeur moyenne, et faire en sorte que le petit poisson-amorce soit à mi-hauteur du fond à la surface. Quand le poisson est mis à l'hameçon, on lance les bricoles dans l'étang, le soir, et le lendemain on revient, au petit jour avec un bateau, récoller toutes celles que l'on a ainsi jetées. Si un Brochet a, pendant la nuit, attaqué une des amorces, il s'est enferré tout seul. Il a commencé en fuyant par entraîner les bouées sous l'eau, mais l'effort nécessaire pour y maintenir le liège l'a fatigué et, à ce moment, vous le trouverez se promenant lentement avec son liège ^^f' ':*''• , qu'il fait plonger de temi)s en temps et (lui vous indique sa direction. Bricole simple. i i o i i i i Il est quelquefois assez difficile de ressaisir ce liège quand on a affaire à un poisson de taille respectable, l'animal fuyant dès qu'il voit le bateau approcher, et la poiu'suite pouvant être longue à moins qu'il ne s'accroche dans les herbes ou les branches, auquel cas on peut tout perdre. II est donc prudent de se munir d'une petite fourche à long manche, ou d'un crochet monté de même, pour s'efforcer de saisir la ligne au-dessous du bouchon. Ces inconvénients ont fait modifier la bricole comme {(ig. 100); la bouée R porte ici plusieurs mètres de la ligne S enroulés autour d'elle, et le dernier tour étant retenu par une petite coche dans le liège, ou attaché avec un brin de coton très-mince. Quand le Brochet s'est pris, au premier mouvement qu'il fait pour plonger, la ligne se dé- roule et le poisson reste pris à plusieurs mètres de la bouée qu'il traîne encore, mais qu'il ne secoue pas autant, vu l'élasticité de la ligne. Dans ce cas le pécheur peut saisir cette ligne beaucoup plus Fig. 100. facilement, à la main, de dedans le bateau. Ce système a l'inconvénient que le Brochet embrouille presque toujours la ligne qu'il traîne dans les herbes ou les branches et parvient quelquefois à se décrocher, à son grand dam, c'est vrai, et non sans y laisser quelque morceau de sa mâchoire, mais enfin, quand le pêcheur arrive, le péché est parti. On peut re- médier à ce malheur en attachant à la ligne enroulée sur la bouée R, une corde qui vient se fixer au rivage et que l'on soutient par des postillons. Mais le remède ne vaut guère mieux que le mal, parce que la corde se mêle et que la bricole fixe est moins chanceuse que la bricole libre, laquelle parcourt, suivant le vent ou le courant, l'é- tendue de la pièce d'eau. Tous les engins que nous venons d'étudier ont, au reste, un défaut capital, c'est d'être visibles de la rive, et par conséquent faciles à enlever avant la venue du propriétaire ou du pêcheur. Ce défaut était surtout sensible pour les braconniers, BISICOLES, 115 aussi l'ont-ils senti, cl se soiil-ils ;n)pli(iursà y trouver des remèdes. Ils ont réussi; le mal rend ingénieux. La bricole BCD (fi y. 101) est une de ces machines perfides et cachées que rien ne décèle et que le tendeur seul connaît. A est un plomb de fond sur leciuel est fixé, dans un trou, une baguette de coudrier ou du premier arbre venu de la haie voisine, et dont la longueur est approximativement les deux tiers de la profondeur de l'eau. Cette baguette C reçoit la forme courbée que montre la figure 101 et porte, enroulée en spirale autour d'elle, une ligne atta- chée au plomb A, et qui, après avoir fait un nœud au bout C de la baguette, porte en D le petit pois- son-appât. La longueur CD est calculée de façon que D soit h. mi-hauteur de l'eau. Enfin, euB, est une corde qui attache le plomb à la rive, sous l'eau, et ne peut être trouvée qu'au moyen de re- pères que le tendeur a choisis. Quand le Brochet ^'>- lo'-- Biiooic cachée, à baguette fixe. a saisi l'amorce D, il se promène en dessous de la baguette CB sans pouvoir y mêler la ligne, et, s'il fait effort pour se sauver, l'élasticité de la baguette empêche qu'elle ne se brise, non plus que la ligne qui l'entoure et la consolide. Celle bricole présente encore ses défauts, comme toute chose en ce monde. On ne peut pas la régler suivant la profondeur de l'eau pour qu'elle soit toujours bien ten- due. Si la baguette est trop longue, on la voit au-dessus de l'eau; le secret est éventé; si elle est trop courte, le i)oisson-amorce est trop bas, le Brochet ne l'attaque pas. On a encore remédié à tout cela. La bricole (/? o 1=^ o F- o W BllOCHET. H7 vaste œsophage, et alors il aspire le reste et l'engloutit. S'il prend une Perche ou un autre poisson e'pineux, il le serre dans sa gueule, qui présente une force étonnante, le tient ainsi hors d'état de se mouvoir, et l'écrase; ou attend qu'il meurt de ses blessures, pour l'avaler. Si, dans son élan terrible, il manque d'engloutir un poisson, son coup de dent est si soudain, qu'il coupe un morceau de cet animal comme avec un rasoir. Nous avons pris, au\ lignes de fond, des poissons ainsi attaqués par le Brochet après qu'ils s'étaient accrochés aux hameçons, et dont le corps était coupé de biais, aussi net qu'avec un couperet. La voracité de l'Anguille est proverbiale, mais celle du Brochet n'est pas moins remarquable. Dans le lac de Lucerne, l'Anguille devient souvent la proie de Brochets monstrueux. M. le colonel Pfjll'er écrivait à Noël de la Morinière qu'une Anguille du poids de 1 kil. 500, saisie par un Bro- chet, était parvenue à se frayer un passage sous l'opercule branchial de ce poisson, et que tous deux vivaient lorsque le Brochet fut péché. Quel parasite! Les Brochets ne vont pas de compagnie, cependant ils se rassemblent en assez grand nombre, en mars et avril, qui est l'époque du frai. On les rencontre ordinairement deux par deux, mâle et femelle, se suivant à l'époque des amours. Le Brochet nage avec une grande vigueur et une rapidité remarquable. Ses organes propul- seurs, dorsale et caudale, reculés en arrière, le lancent en avant comme une flèche, même hors de l'eau, pour .atteindre une proie. Ses mouvements secs et saccadés n'ont, du reste, rien de gracieux, et dénotent la brutalité de ses mœurs. Il dort ou il chasse, pas de milieu; c'est une machine à dévorer : poissons aussi gros que lui, poissons armés d'épines, rats d'eau, petits canards et autres oiseaux aquatiques ; animaux morts, tout lui est bon. La chair de ce poisson est estimée, elle passe après celle de la Perche; mais elle est ferme, blanche et sans trop d'arêtes, surtout quand l'individu a trois ou quatre ans. Ce poisson se développe très-rapidement, surtout dans les premières années. Les œufs éclosent vite, plus vite que ceux des espèces non voraces, dont il fait sa nourriture. D'autre part, il fraye dès février; la plupart des Cyprins et des Ables ne frayent qu'en mai et juin; il a donc une avance considérable et calculée par la nature, pour qu'il ne manque pas de nourriture. Ces faits, rassem- blés, expliquent pourquoi il envahit et dépeuple cet tains cours d'eau, où il finit par être forcé de s'entre-dévorer, faute de proie plus facile. Il faudrait permettre la pêche du Brochet au temps du frai. On rétablirait ainsi l'équilibre, parce qu'il s'en sauverait toujours une assez grande quantité. Au moment où nous écrivons, cer- taines rivières en sont exclusivement peuplées, et c'est presque toujours le cas des petits cours d'eau à courant lent, profond, et à rives ombragées de roseaux. C'est un poisson très-commun en Europe et dans l'Amérique du Nord. BROCHET COMMUN. — Nous venons de dire que ce poisson est très-vorace et se jette avidement sur les appâts qu'on lui présente, cependant cette voracité a ses heures et ses caprices. Le pêcheur doit connaître les unes et déjouer les se- conds, ce qui n'est pas toujours facile. Le Brochet, ayant la gueule garnie d'un très-grand nombre de dents, couperait le plus souvent Teinpile si elle était faite en florence ou en crin. Aussi est-on obligé d'avoir recours à la corde filée ou au fil de laiton fm et recuit dont on construit des chaînettes. Le Brochet donne sur tous les appâts, mais de préférence sur les petits poissons vifs, les grenouilles, et toute proie vivante. Pour le pécher, on se sert ordinairement de bricoles ou hameçons dou- bles, un peu forts, afin d'offrir de la résistance aux efforts de ce poisson très- robuste. (Voy. Bricoles et bricoler un poisson.) Quand le Brochet a mordu à une amorce, on ne doit pas se presser de ferrer, il ne lâche jamais sa proie, mais il l'emporte souvent fort loin pour l'avaler à son aise. Il est donc bon de la lui laisser entraîner librement, et de ferrer ensuite, ferme, autant que le permet la force de la ligne ou la bricole dans une bouche ar- mée et dure comme celle du Brochet, car on peut ne rencontrer que des parties solides sur lesquelles il faut toujours craindre que la pointe de l'hameçon ne puisse pas assez mordre. 118 BROC m: T. La meilleuro époque pour pocher le lîrochet à la ligne est le mois d'octobre; on commence dès septembre, et on finit en décembre; quand le temps est doux, le vent au midi, la pèche est bonne, le Brochet s'agite, mord et chasse ; mais, si le vent tourne au n(M'(l, plus de pèche; le Brochet est au fond, près des sources chaudes et il n'en ])ougera pas, il n'a plus faim. Car, comme toutes les espèces carnivores, s"il peut mander d'une façon ellVayante, il sait jeûner d'une manière miraculeuse : et il ne s'en fait pas faute, malgré lui, (piand la saison de la bise est venue. Toutes les fois que le pêcheur auia piis un Brochet, surtout si celui-ci est un peu gros, il fera sagement de se servir du dégorgeoir {fl(j. 103) pour extraire l'hameçon ou la bricole de la gueule du poisson ; il fera encore sagement de n'y pas mettre les doigts, parce que la forme recourbée et crochue des """ "'^^ ^' 700 dents qui garnissent les mâchoires rendent la po- 'ig. 103. - Dégorgeoir. sitiou très-difficilc ; on y entre facilement, mais on n'en sort pas de même, surtout sans avarie à sa peau; sans compter que les dents, qui peuvent être enduites de matières étrangères, les déposent dans la plaie, la- quelle, dans ce cas, risque de ne pas être très-saine. En tendant au Brochet, l'amorce vive doit être toujours à moitié hauteur du fond de l'eau à la surface. Il faut toujours employer des émerillons(/?^. 104) afin de laisser au poisson-amorce toute latitude de se promener sans embrouiller la li- gne. Ayez une flotte solide et bien visible Fig. lOi. - Én>e.illo„s de diirerentes formes. g {f,(J. 105); Ic BrOChct, Vrai pirate, UO s'occupe pas de ces misères-là. Si la Hotte avait l'air de vivre, il l'attaquerait comme le reste : que lui fait la couleur ? Rien de plus facile que de s'apercevoir si une rivière ou un étang contient des Brochets. De temps en temps une traînée de poudre paraît s'enflammer à la sur- \ face de l'eau, une gerbe de petits poissons brillants s'élance et I semble* l'épanouissement d'un sillon à peine visible sur l'eau. /ëLJ C'est le Brochet qui chasse ; les petits poissons quittent l'eau pour ■^^t::^ l'air et fuient, mais en vain, la dent meurtrière (lui les déchire les P^;:ugy uns après les autres. m:"\^ C'est du reste le seul poisson qui inspire aux autres animaux de ^s^jip^^ sa classe assez de frayeur pour les chasser de leur élément. La ^^^^^ Truite chasse, mais c'est elle qui bondit hors de l'eau après les in- ^^^^g sectes, ou, comme une flèche, va saisir le goujon novice ou l'ablette '^^s-^ imprudente : la Perche gloutonne chasse également autour des -'■"- toull'es de roseaux. Le Brochet seul inspire celte épouvante, et fait /'fy. lOo.- Flotte jaillir les petits poissons en l'air comme les étincelles que tire à Brochet. p.^^j^,^, ^^ j,^ j^^^.^^j^ ^^^ rémoulcur. Le Brochet, au reste, se trouve partout. Les étangs les mieux fermés finissent par encontenir sans qu'on en ait voulu mettre. Les oiseaux aquatiques se chargent de ce transport, en gardant, attachés à leurs pattes et à leurs plumes, les œufs gluants du terrible destructeur. 11 est comme la mauvaise herbe, il prend partout. Il est probable de plus (]ue la propriété purgative des œufs du Brochet n'a pas été attachée en vain à ces organes, par la nature qui ne fait rien d'inutile. Cette vertu permet aux œufs de n'être pas digérés i)ar les oiseaux (pii les mangent et les emportent BROCHET. H9 iiilaels dans leurs iiilcstins pour les aller semer un peu i)lus loin où souvenU'homnu' n'avait pas besoin de Thùle importun (pii en nailra. Il n'est pas sans exemple, surloul dans les étangs, qu"un jeune Brochet, en fo- lâtrant, se jette sur le ver rouge que le pêcheur tend à la gourmandise des Gardons. Le Brochet même se régale quehiuel'ois d'insectes et attaque au besoin la mouche naturelle, à la pêche ;\ la surprise. Mais ce cas est rare. Le Goiilv dédaigne de sembla- bles morceaux. Se nourrissant de petits et moyens poissons, il doit fréquenter les mêmes parages qu'eux, c'est pourquoi on le rencontre ordinairement entre deux eaux. La voracité des Brochets s'exerce sur toutes choses qui touchent à l'eau ou qui sont charriées par elle ; aussi, n'y regardant pas de trop près, est-il exposé à une foule de méprises dont la digestion pourrait être trop longue, et l'accumulation, dans son estomac, indigeste. C'est pourquoi la nature lui a donné, comme à tous les poissons en général, mais surtout aux poissons voraces, la propriété de rejeter les aliments avec la plus grande facilité. Le Brochet n'en est pas encore au même point que la Morue, qui, dit-on, vomit son estomac, le lave, le retourne et le remet en place sans qu'il y paraisse autrement, prête à recommencer quand l'occasion s'en présentera, ou quand le besoin s'en fera sentir. Mais sans être de cette force, le Brochet possède un fort joli talent : aussi, à la moindre atteinte de l'hameçon ou de la bricole, s'empresse-t-il de la restituer, et comme sa gueule et son gosier sont d'une énorme dimension et capables de se distendre à volonté, il parviendrait sou- vent à se dégager, si le pêcheur ne faisait judicieusement choix d'hameçons et de bricoles de petites dimensions, mais surtout munis de pointes très-effilées. C'est avec d'autant plus de raison, qu'en entrant comme en sortant, le fer a plus de chances de rencontrer un corps dur, dans cette gueule, qu'une partie charnue où enfoncer sa pointe : il vaut donc mieux aller plus loin prendre son point d'appui, dans l'estomac. On peut résumer la monture des lignes, pour le Brochet, en disant : mon- ture solide, hameçons petits, solides et acérés. La position habituelle du Brochet est un des obstacles les plus sérieux à vaincre pour le pêcheur. Le Brochet n'approche de la rive que quand il fait très-chaud, en été, et qu'il y vient dormir à fleur d'eau, au soleil. Quand il chasse, c'est le mo- ment où il mord, il ne le fait qu'en pleine eau, au milieu de la rivière ou de l'é- tang. C'est donc là que le pêcheur doit l'aller chercher, et ce n'est pas toujours chose facile. Il faut se munir d'une canne longue et forte le plus possible, terminée par un scion solide et flexible, mais un peu raide. Comme il n'est pas du tout nécessaire de tenir la canne à la main, elle peut avoir d'énormes dimensions, et ces cannes gigantesques sont les meilleures. On peut les faire en bois peint; quand on a, par leur moyen, lancé l'amorce au milieu de la rivière, on laisse la canne couchée moitié sur la rive, moitié sur l'eau qui la porte, ou bien on la met sur des fourches, si la rive est élevée. Alors le pêcheur s'assied commodément, et quand il a installé deux ou trois cannes, au plus, à portée de son œil et de son bras, il attend que sire Brochet veuille bien s'asseoir au banquet auquel il est convié. Entre la flotte qui sera solide, avons-nous dit, et l'extrémité de la canne, on doit éviter que la ligne ne se mêle. Comme le poisson-amorce nage, tourne, et re- tourne en cherchant à fuir, il faut maintenir la ligne à fleur d'eau : on y arrive aisément au moyen de deux ou trois postillons placés sur sa longueur. (Voy. ce mot. 120 " BROCHET. 11 faut être muni (mi oulre d'une boite à amorces vives, de petits poissons, d'une aiguille à amorcer el enrcrrer les petits poissons comme nous le disons, en choisis- sant la méthode qui semble la plus expéditive et la plus commode. La ligne à Brochet est d'ailleurs décrite en détail. La poche du Brochet en elle-même n'est pas difficile, car ce poisson ne brille ni par sa défiance ni par ses ruses. Confiant dans ses forces el poussé par son insatiable gloutonnerie, il s'é- lance, pour ainsi dire, sans regarder, sur la proie qui lui semble à sa portée. C'est surtout dans les endroits tranquilles, près des remous paresseux, des eaux amor- ties, autour des grandes toufïcs de roseaux et des herbes qu'il rôde lentement, s'élançant comme une flèche quand il voit l'occasion favorable. Il s'embusque éga- lement sous les racines des bords profonds, parmi le chevelu des herbes pendantes sur la rivière. Si, delà, il aperçoit l'amorce vivante dont les allures lui semblent en- travées et par consé(juent offrant une proie facile et incapable d'une fuite sérieus(\ il bondira, et d'un seul coup engloutira l'amorce, l'hameçon et souvent 0"',tO à 0",15 de l'empile. C'est alors qu'il faut se féliciter d'avoir employé la corde filée et de tenir en main une gaule solide et une ligne résistante, car la bataille sérieuse commence, mais celte fois entre le pécheur el le Brochet. Avec un peu d'adresse elle se termine toujours par une victoire pour le pécheur. La résistance du Brochet est brutale, furieuse, aveugle, mais peu longue : il est facilement réduit et ne ruse jamais. Agissez donc en connaissance de cause. Le Brochet chasse généralement le matin et vers le soir : c'est le moment oi^i il faut aller le pécher. Dans l'été, il ne mord guère, et passe la journée au soleil à se chauffer ou à dormir. L'abondance des petits poissons qu'il hume en passant fait qu'il dédaigne ceux qu'on serait tenté de lui offrir avec un hameçon comme condi- ment, aussi le pêcheur change-t-il de tactique dans les longs jours de la canicule. Il pêche alors le Brochet au collet. On prend, pour cela, une perche d'un bois léger, de 3 m. de longueur; on attache à l'extrémité un collet de crin de cheval, en six doubles; ou un collet en fil de laiton. On ouvre ce collet le long de la perche et non en travers. Si le temps est beau et limpide, on se promène le long de la rivière et l'on voit le Brochet qui dort. On s'en approche alors en silence pour éviter de le réveil- ler : on peut l'approcher, presque toujours, à le toucher avec la perche. Quand on est bien placé, on passe adroitement le collet formant nœud coulant sous le poisson sans le toucher autant que possible, on s'arrête un peu au dchà des ouïes, vers le point d'équilibre du corps entier, et d'un coup sec en relevant, on l'enlève tout d'un coup hors de l'eau pour le lancer derrière soi sur la prairie. Le Brochet ne s'échappe pas quand on le touche, il ne fuit qu'au bruit. Cer- tains pêcheurs même sont tellement adroits, qu'en touchant légèrement le poisson à certaines parties du corps, ils le font tourner jusqu'à ce qu'il soit convenablement placé pour passer le collet. Cette pêche se fait depuis le mois de février jusqu'au mois d'août. Pèche du Brochet aux bricoles. — Ce genre de pêche, extrêmement intéressant, se fait de plusieurs manières et procure la capture des plus grosses pièces des étangs et des rivières. (Yoy. Bricoles.) Pêche à la ligne calante. — A une grande gaule de -4 à o m. on attache une ficelle vers le milieu de la longueur et on enroule celle ligne autour de la canne jusqu'à son extrémité. Le fil (jui reste doit encore avoir au moins 5 m. de longueur. On attache, au bout, la bricole portanU'appàt ; pour que celui-ci entre dans l'eau, CABLIÈRES. 121 on met de distance en distance des plombs ;\ la ligne. On lance alors celle-ci avec force et on se promène, la perche en main, sur le bord de l'eau en agitant de temps en temps la canne pour faire remuer le poisson comme s'il était vivant. Il faut, comme aux autres méthodes de pécher le Brochet, laisser à celui-ci le temps d'engammer l'amorce et ne pas ferrer dès qu'il la touche. Cette pêche peut se l'aire à toute heure, mais il vaut mieux s'y livrer le soir, un peu avant le coucher du soleil; ou le matin, 2 heures après son lever. Pèche à la Tarbitte. — Quand on a préparé sa ligne, on tient la canne de la main gauche, et de la main droite le paquet de ficelle, en en dévidant autant qu'il en faut pour jeter la ligne dans l'étang ou la rivière, on laisse aller l'amorce au fond et on fait sautiller le poisson en le retirant par saccades au moyen de la corde. Quand le Brochet s'élancera sur l'amorce, on lui lâchera de la ligne jusqu'à ce qu'il soit accroché en lui laissant le temps d'avaler le goujon, puis on l'amènera doucement en retirant la ligne, de la main droite. Il est bon, quand on sent que le poisson a mordu, de donner une petite saccade à la ligne pour ferrer. Dès qu'il est pris au bord, si l'on est monté d'une ligne assez forte pour ne rien craindre et si l'on voit que le poisson est bien accroché, on le jette hors de l'eau; mais, dans tous les cas où on le pourra, il sera plus prudent de recourir à l'épuisette. BROCHETON, — Petit Brochet, (^'oy. ce mot.) BROQUER. — C'est enfiler un poisson sur un hameçon, par les yeux, les ouïes, etc. (Voy. Enferrer un poisson vif. Bricoles, etc.) BROUCHET — Nom gascon du Brochet. (Voy. ce mot.) BUCHOT. — Dénomination normande d'une sorte de petit bouteux dont la poche est faite en espèce de grosse toile à jour, et qui sert à prendre des Crevettes. (Voy. Douteux. — Yoy. Parcs.) BUHAUTIER. — Petit honteux qui sert, en Picardie, A. prendre les Crevettes. (Yoy. Bouteux.) BUIRON. — Nom provençnl de la Montée des Ançiiilles. (Voy. Montée.) BURRATSCHEL. — Nom vulgaire du Carassin à Strasbourg. (Toy. Carpe carassin.) - C CABLIÈRES. — On donne le nom de càblières à des pierres DE {fifj. 106), qui servent à retenir au fond de la mer les cordes C, ou ap- f pelets, au moyen desquels se fait la pêche. Ces mêmes càblières s'emploient pour la pêche en eau douce, et servent à retenir, au fond des fleuves et des rivières, les cordes ou lignes de fond qu'on y tend; elles portent alors le nom de Pariaux. Dans l'un comme dans l'autre genre de pêche, il vaut toujours mieux, quand on ne regarde pas à un peu de dé- -^ pense, remplacer les pierres par des plombs assortis de gros- Fig. lue-càbiière et corde. seur et disposés le long de la hauffe C, ou maîtresse corde. L'appareil est ainsi 122 C A 15 LIÉ ri ES. F'Q. 1U7. Fiy. 108. nâblière percée. Càblière en gourde beaucoup plus facile à lever, ce qui peut se faire sans détacher les plombs. D'un autre côté, les pêcheurs de profession font reniar(|uer, que quand leur bauffe est débarrassée des càblières qui restent au fond du bateau ou sur le rivage, ils ont moins de peine à la remuer quand il s'agit de lélendre sur des piquets ou pâlots pour la faire sécher. Or, ce séchage est très-important pour la conservation des cordes; il faudra donc, (juand on se servira de plombs et qu'on voudra concilier tout, attacher les ploudjs, à part, aune petite corde de bitord, qui pourra se déta- cher par une demi-clef C (//^. lOG), comme les empiles ordinaires. On aura soin de choisir des plombs en olive un peu gros, afin d'en mettre un moins grand nombre ^;5^ et de ne pas les perdre une fois détachés; enfin, on les montera de façon à ce qu'ils se fixent absolument contre la bauffe afin que les empiles ne s'y accrochent point. Les càblières en pierre dont se servent les pé- cheurs sont choisies ou en gourde, comme un 8, ren- flées aux deux extrémités ' fig. 107), afin de placer au milieu la corde d'empilé, ou percées {fig. 108). Si la na- ture peut leur en fournir de toutes faites, il est rare qu'ils en percent eux-mêmes; cependant quelques-uns le font et avec raison, elles sont plus régulières. Les càJjlières remplacent souvent les plombs des jeux, surtout quand on a un grand nombie de ces appareils à tendre : on en met quelquefois une aussi, en guise de plombs, aux libourets, au pater-noster, à l'arbalète, à l'archet, etc. (Yoy. Pêche à la ligne en mer.) CÀBLIÈRES [Grandes]. — La pèche aux grandes càblières, pèche qui prend aussi le nom de pêche aux bauffes, dormante ou sédentaire, se fait de différentes maniè- res, suivant le fond et la vigueur de la mer. L'engin principal est une vraie et pure ligne de ïo\\ù.{fig. 109), composée : 1° D'une bauffe ou maîtresse corde, AMB, d'une longueur indéterminée, et d'une force suffisante pour résister aux coups de mer, et à la traction des poissons qui agissent, sans intermédiaire, sur cette corde attachée à deux points fixes. Ordinairement elle se fait en corde de chanvre bien dévrillée et tannée avec soin, de la grosseur de la figure 110 ; 2° De deux fortes pierres A, B,ou càbliè- res, servant à faire caler la ligne {fig. 109); 3° D'hameçons empilés s, p, q, r, et attachés par l'empile sur la bauffe avec un écartement de l^joO à 2", 00; 4° De petites pierres ou càblières m, n, v, pour bien équi- librer la ligne sur le sable ; 3" Quelquefois de corcerons C, D, destinées, au contraire, à l'alléger pour qu'elle ne se perde pas dans la vase ou les herbes, suivant la manière de la tendre. Cette manière est différente suivant les cas : ou bien l'on creuse, à la bêche, dans le sable un sillon dans lequel on couche la bauffe tout du long, on la recouvre de sable, et les hameçons amarrés sortent seuls avec une partie de l'empile; ou bien. Fig. 109. — Grande Càblière, tendue. Fig. lin. - Conlo (te fond. CABLIKHES. 123 on laisse la haiitl'c à dcnuMirc sur le sable, eoinplaiit sur le poids des eàldières pour que la mer u'euiporle pas le lout. L'inclinaison de la grève fait surtout varier le mode de tendre sur ou sous le sable ; le nombre et la grosseur des galets aide encore à déterminer quel mode doit être adopté. Dans la Méditerranée, comme dans r(3céan, on tend également ces lignes à une certaine distance des côtes, mais alors en pleine eau. Ordinairement, ces baufl'es- là ont de oO à 60 mètres de longueur, et la corde est de la grosseur de la figure III. La ligure 109 donne une idée très-exacte de cette ligne de fond. Les pêcheurs emportent leurs engins dans une barque ^' et s'éloignent du rivage, en" se portant au-dessus du fond ou du banc où ils veulent pécher. Ils commencent par lais- ser couler doucement la grosse câblière B, et, à mesure, les f/^/. m. — Bauive empiles qui sont espacées de i mètres sur la bauffe, celle-ci étant lovée dans un panier; les empiles restent en dehors, les hameçons sur le bord. On dévide doucement, en nageant, et les hameçons tout amorcés gagnent le fond de l'eau. De temps en temps, sur la bauffe MN, on attache de petites câblièresm, n, u; enfin quand toute la corde est à l'eau, on attache à la câblière A un orin muni de sa bouée {fig. 112), on laisse couler, et la corde de fond se trouve tendue. Quand on veut relever cette ligne, on saisit la bouée, et, au moyen de l'orin, on retire la câblière A, puis successivement toute la corde que l'on roule à mesure dans son panier, laissant les ha- ., , , , „ , , , „, /. w Fin. U2. —Bouée. meçons empiles en dehors ann que tout ne s emmêle pas. On de- croche le poisson à mesure qu'il se présente. On arrive à la seconde grosse câblière B; on la remet à l'eau; on réamorce les hameçons dépouillés, et l'on re- commence la pèche delà même manière. 11 est bon de calculer le nombre de lignes semblables que l'on met à la mer, à une petite distance les unes des autres, afin que, pendant qu'on les relève, il y ait assez de temps pour laisser arriver le poisson, et que la pêche soit fructueuse. Il faut que la ligne séjourne au fond de l'eau 2 à 3 heures. Si le pêcheur se décide pour ce dernier chiffre, et qu'il faille une demi-heure pour relever et remettre cha- que ligne à l'eau , avec 6 de ces engins, ses hommes seront constamment occupés, et en relevant ses lignes à tour de rôle, et dans leur ordre d'immersion, elles auront toutes passé le même temps nécessaire à la mer. Dans le Nord, la maîtresse corde, ou bauffe, des lignes de fond, a environ 1 centi- mètre de diamètre (/?^. 1 1 1), elle est tordue avec soin et tannée fortement, ainsi que les empiles. On lui donne en moyenne 500 mètres de long, et elle porte 100 hameçons. Les empiles ont 2 mètres de long, et sont faites en cordelette de la grosseur d'une forte paille de froment, et sont munies d'hameçons en fer forgé de 8 centimètres de long et gros à proportion. C'est avec cela que l'on prend les Congres, les Lingues, les Turbots, les Morues, les Haies, etc. Les pêcheurs de profession préfèrent ces hame- çons de fer étamés, très-grossiers et très-peu aigus, parce qu'ils plient et ne rom- pent pas sur les rochers et les autres obstacles. S'ils sont tordus, on les remet en forme, on leur donne un coup de lime sur la pointe, et ils sont comme neufs. Il nous semble hors de doute cependant que s'ils se servaient d'hameçons plus petits, plus solides comme acier et mieux fûts, quoique cassants, ils pren- \2i CABLIERES. liraient assez de poissons de plus, pour être indemnisés de cette petite dépense ; mais la routine est là, et personne ne veut essayer. Que de progrès à faire, en tout ce qui est pêche de mer de profession 1 et quelle fortune fera celui qui osera une révolution, en harmonie avec les progrès de la fa- brication actuelle ! Les lignes de fond sont lovées ou roulées en cercle, deux par deux, dans un panier fait exprès, et quelques bateaux pêcheurs emportent jusqu'à 40 de ces pa- niers, Tempile est ployée en deux et Ihameçon attaché par une espèce de nœud coulant à environ 0", 10 de la bauffe, afin que les empiles ainsi ployées en deux ne se mêlent pas. Quand ils sont amorcés, on les place en rond sur le bord du panier, et on les jette successivement à la mer pendant que le bateau marche bon vent et assez vite pour bien tendre la corde. CABLIERES [Petites]. — (Voy. Pêche à la ligne en mer.) On nomme petites câblières les lignes garnies d'hameçons que l'on tend au bord de la mer ; elles sont établies sur les mêmes principes, absolument, que les lignes de fond que l'on tend dans les rivières et étangs, mais en diffèrent par une foule de détails. Les unes et les autres se tiennent à fond, au moyen de pierres nommées elles- mêmes câblières, en langage marin. Pour exprimer cette fonction, on se sert du verbe faire caler une ligne : c'est donc lui faire gagner le fond de /-^==°=°°=^— ^ --n--— ?.^.TT.==.=r...;,.:...=.z.=.^^ l'eau , au moyen de Tadjonction ^'- " ',^--^^-^ __j^1l '^ "" ^^'"^"^ corps lourd suffisant pour cela. ' ' ""^^^""^ ^^^^ petites câblières forment r.. ,,, „ ,., .,,.. ,. .. , , . l'engin de pêche le plus simple de hig. 113. — Petite cabliere, ou ligne a tendre sur la grève. o i ri tous. On coupe une ligne de 2 mètres de long, S R; à un des bouts H, on attache un hameçon empilé et dont la boucle d'empilé est passée deux fois au-dessus du nœud N fait à la plus grosse ligne; à l'autre bout, on fixe une pierre ou càblière P, grosse comme le poing. Sur le bord de la basse mer ou lais, on fait dans le sable un trou avec une pelle, on y place la càblière P, on remet le sable, on le tasse avec les pieds, et on va recommencer un peu plus loin, laissant toujours la ligne étendue sur le sable. Les hameçons sont amorcés de vers marins, ou de vers de rochers, ou de morceaux de crabes mous, etc. (Voy. Amorces.) On vient rechercher ces lignes à la morte eau suivante, ainsi que les poissons pris. On pourrait mettre 2 ou 3 hameçons à chaque petite càblière, et elles devien- draient ainsi des espèces de jeux analogues à ceux d'eau douce. Au lieu de n'user que de cordes isolées, on se sert également de cordes plus longues et munies d'hameçons espacés de mètre en mètre. Chaque empile a, dans ce cas, O^joO de longueur. Les lignes se tendent à la basse \wqv perpendiculairement à la ligne des vagues, afin que les empiles ne se roulent pas, par la lame, autour de la ligne. On couche la maîtresse corde dans un sillon de 2 à 3 décimètres fait dans le sable, et on la recouvre soigneusement. Les hameçons sont amorcés avec de la seiche pour prendre de petits Congres, de petites Morues et autres poissons semblables. On se sert également bien de vers de terre, que les poissons de mer recherchent beaucoup. — (Voy. Confection des lignes de fond.) CALAPPE MIGRANE. 12o CABOSSOU. — Nom des At/iérines, en Provence et en Languedoc. (Voy. Atiié- RINES.) CABOT, — Nom vulgaire du Chabot commun. (Voy. ce mot.) CABOUTIÈRE. — Nom duTramail dans les étangs de Cette. (Voy. Tramail.) CABUSSIÈRE. — (Voy. GabOUTIÈRE.) CAGAREL. — (Voy. PiCAREL CAGAREL.) CAGARELLE. — Nom de la Mendole à la Ciotat. (Voy. Mendole.) CAGE. — Synonyme de Casier. (Voy. Nasse.) CAGNETTA. — Nom de la Blennie baveuse à Nice. (Voy. Blennie.) CAHUHAU. — (Voy. Alose feinte. — JI. nat.) CAILLE [Pèche à la]. — Cette méthode est usitée en Basse-Bretagne ; elle permet de prendre, non-seulement le Maquereau, l'Orphie, mais les Lieux, les Dorées, les Pagres^ etc., etc.; en un mot, tous les poissons de surface. On se munit d'un panier long, garni de bois au bord, on y pile avec un bâton de la chair et des entrailles de poisson, puis on trempe de temps en temps le panier dans l'eau, à l'arrière du bateau, atin de rassembler les poissons, que l'on poche alors avec un hameçon couvert d'une boitte blanche. (Voy. ce mot.) Il est probable que ce procédé tire son nom du mot (kailles, dénaturé. En effet, en trempant le panier dans la mer, la première chose qui s'en échappe sont les écailles argentées des poissons piles, lesquelles s'en vont miroitant dans l'eau parmi les débris de chair et d'intestins. CAILLEUX-TASSARD. — Nous n'en aurions pas parlé, si le même nom n'était appliqué, par les marins, aux petites Chipées qui abondent dans nos ports. (A^oy. Blaquet, Melettes, etc.) Le Cailleux-Tassard véritable existe en abondance dans la mer des Indes où on le prend à l'épervier. CALAPPE MIGRANE. — Le Crabe honteux, OU Calappe-Migrane(/?^. 114), est Fig. 114. — Calappe-Migrane ou Crabe honteux. large d'environ O^jlO ; c'est un habitant de toutes nos mers, mais surtout des côtes du Languedoc et de la Provence. Il est couleur de chair, parsemé de taches rouge 126 CALENDRIER. lia. — Caleii. foncé; sa chair est fort bonne, mais sa carapace, terminée par derrière en grandes dents de scie, ses pinces grotesquement contournées, lui donnent une figure peu agréaljle ; sachair l'est davantage, car il passe pour très-bon à manger. (Voy. Crabe). CALEN. — Grand carrelet qu'on établit à l'avant d'un bateau, sur un pieu, et que l'on relève en s'aidant d'un contre-poids. (Yoy. ÉcmorihR.) CALENDRIER DU PÊCHEUR A LA LIGNE pour la moyenne des Eaux de la France. danTier. — Si le temps est mou et chaud, s'il fait un beau soleil, on peut prendre au milieu du jour, de H heuresàl heure de l'après-midi : Brochets, au vif; Perche, à la bouvière et aux vers; Gardons, Chevesnes, Anguilles, de nuit, aux cordes dormantes, dans les ruisseaux et rivières près de la mer. On pêche également le Chevesne à la cervelle de veau ou de mouton. Cette saison est la plus défavorable pour la pêche à la ligne. C'est le moment où le pêcheur, soigneux de ses engins, les répare, en construit de nouveaux, passe en revue tout son matériel , inventant, essayant des modifications plus ou moins im- portantes : car il faut se bien pénétrer de cette vérité, que les méthodes générales de pêche doivent être modifiées intelligemment pour chaque localité, suivant la nature des eaux, des fonds, les produits du pays, les habitudes de pêche qui y existent depuis longues années, etc., et mille circonstances qui viennent, au bout de peu de temps, démontrer au pêcheur attentif qu'il doit modifier sa théorie. C'est cette ob- servation persévérante qui fait la supériorité incontestable de certains pêcheurs sur les autres. Ce serait une erreur de croire que, pour arriver à cette perfection rela- tive, il faille être fort instruit et fort ingénieux. On peut citer mille exemples de gens d'une éducation et d'une instruction des plus médiocres, mais doués de bon sens et d'esprit d'observation, qui arrivent un peu moins vite peut-être, mais à coup sûr, à devenir des pêcheurs très-remarquables. C'est à cette persévérante observation, et aux conclusions pratiques qu'ils ont su en tirer, qu'il faut attribuer les prétendus secrets, sortilèges, pommades infailli- bles, etc., qu'on leur attribue. Leur secret, c'est leur patience; leurs sortilèges, c'est leur obstination, et leur pommade infaillible, c'est la conclusion pratique qu'ils ont su tirer de leurs remarques. Tous les pays, toutes les provinces ont ainsi un ou plusieurs pêcheurs fournis et possesseurs de secrets qu'ils vendent ou gardent, d'autant plus chèrement que c'est un zéro qu'il ne faut pas laisser deviner. Voy. Temps de frai, pour connaître les espèces qu'il faut s'abstenir de pêcher ; il est bon de se souvenir que ce sont celles qui forment la famille des Salmones : Truites, Saumons, Ombre, etc. Les Lottes commencent alors à remonter. En mer : pêche des Merlans à la ligne. On prend h l'hameçon : Morue, Lin- gues, Aigrefin, Merlan, Plies, Carrelets, Soles, etc., de nuit et surtout par le vents. E., au Libouret. On emploie les Palangres à Saint-Tropez et à Fréjus, et les petites Palangres dans les étangs salés de Cette. CALENDHli:i{. 127 Février. — La pc'chc h la ligne, dans le mois tic février, dépend de la tenipé- ralure. 11 faiil, si le temps esl doux et beau, si le soleil luit, pécher de 1 1 heures à 2 heures, près des rives, au soleil et dans les eaux profondes. On y prendra, au vif, le Brochet toujours vorace, toujours en quête de proie; la Perche, avec la IJouvière. Aux vers, le Gardon, le Chevesne, et à la fin du mois, la Perche et la Carpe qui commencent à mordre. A la cervelle, le Chevesne gros. Dans les ruisseaux et ri- vières, au bord de la mer, on prend -des Anguilles ; on en prend également, ainsi que des Lottes, dans les rivières et étangs, aux cordes de nuit. En ce mois les Lottes remontent les rivières ; les jeunes Brochets commencent à se rapprocher des bords pour frayer. En mer : on prend ;\ la ligne : Morue, Aigrefin, Lingues, Merlan, Plies, Carre- lets, Soles, etc., surtout de nuit et par le vent S. E. Pèche au Libouret : Cabil- laud, Raies à 40 lieues en mer et à la ligne. On pèche à la grande Palangre à Saint-Tropez et à Fréjus, aux petites dans les étangs salés de Cette. Le pécheur a, pendant ce mois encore, beaucoup de loisirs pour compléter et terminer ses travaux de matériel pour la saison nouvelle qui va bientôt s'ouvrir. Il faut qu'il soit prêta toute éventualité. Il visitera ses mouches, en fera de nouvelles, ira chez le marchand renouveler sa provision d'hameçons et de florence. Mars. — Il faut pêcher au milieu de la journée, de 9 ou 10 heures à 2 ou 3 heu- res, suivant la douceur de la température et la force du soleil. On s'établira dans les grands fonds d'eau, et au bord, près des crânes, où les poissons se sont tenus blottis à l'abri une partie de l'hiver. Ils connaissent encore cette retraite et ne s'en éloignent guère, pensant qu'elle peut encore, pour un retour de froid, leur être utile; c'est donc là qu'il faut les aller chercher. De plus, les poissons cyprins se rapprochent des bords pour piquer le vert, c'est-à-dire sucer les jeunes pousses des plantes aquatiques qui commencent à vé- géter. Il est probable que l'empressement des poissons autour de ces plantes tient aussi beaucoup à l'abondance qu'ils y rencontrent de larves et de vers engourdis qui se réveillent. Les poissons en sont d'autant plus friands que pendant de longs mois d'hiver ils en ont été presque privés. On pêche, au vif, le Brochet; dans certains pays chauds on le prend déjà au collet. Aux vers rouges, la Carpe, le Gardon, le Chevesne, les Perches, le Goujon qui commence à mordre. Dans les courants de peu de profondeur, on commencera également à prendre la Yandoise, le Yéron. • Dans les jours froids, la pêche du Chevesne, à la cervelle, réussit encore. A mesure que le temps s'améliore, que les jours deviennent plus longs, que la chaleur augmente, la nature se réveille, et le temps du frai arrive pour un plus grand nombre d'espèces. Dans les étangs, dans les rivières fermées, l'amateur ne se préoccupe pas beaucoup de cela, et avec raison, car il ne dévaste pas. Que peut être la destruction de quelques femelles, même pleines d'œufs, en comparaison du nombre immense qui s'en produit? L'événement prouve au reste la vérité de cette assertion : la pêche à la ligne ne détruit pas le poisson, elles règlements qui ont été faits contre elle, auraient dû l'être pour elle. Mais il en est de la pêche comme de la chasse, la loi et les rè- glements sont faits contre le chasseur et pour le braconnier, non sciemment peut- être, mais de fait à coup sûr. L'un agit au grand jour, l'autre la nuit, et le garde- pêche, comme le gendarme, n'est pas de la famille des hiboux, d'autant moins ami des rencontres de nuit, qu'il n'y trouve que des coups à gagner, tandis qu'en 428 CALENDRIER. plein soleil, quand il vient verbaliser contre un brave chasseur qui a passé dans une luzerne, ou contre un innocent pêcheur qui a pris un brocheton de 1 centimètre trop court, oh ! alors, notre homme est fort de son importance ! la loi est observée, et d'une belle manière ! Le butin de tous les pêcheurs à la ligne de Paris et de ses environs, dans une journée, ne vaut pas celui que les filets prohibés procurent aux pêcheurs de nuit qui approvisionnent les cabarets de friture, non mesurée, croyez-le bien, entre l'œil et la queue. Personne n'y est allé voir ! Cet état de choses est fâcheux, et il n'est malheureusement pas probable qu'on y remédie de sitôt; mais, en attendant, nous devons répéter avec conviction que la p'''che à la ligne, sui'tout à la ligne flottante, est impuissante à dépeupler un cours d'eau. Nous avons vu, nous le répétons, nombre d'exemples de rivières fermées, dans lesquelles on péchait constamment à la ligne, sans se préoccuper du temps de frai ou de la grandeur des poissons pris ; rivières dans lesquelles on constatait chaque année une augmentation du peuplement, et cela d'une telle manière qu'il devenait nécessaire de recourir à de grands moyens, c'est-à-dire une pêche, à fond, au filet, au bout, de o, G ou 7 ans. Ce qui se passe en un endroit, avec la proportion du nombre mis à part, se passerait également partout de même, en ajoutant qu'une grande étendue d'eau a plus de ressources qu'une petite. Disons, en terminant ces réflexions, que le poisson se défend lui-même, pendant le temps du frai, d'une manière victorieuse: il ne mord pas. Quand il mord, c'est que l'opération de la ponte ou de la fécondation est terminée, le vœu de la nature est rempli ; l'œuvre de réfection commence. Le poisson est mauvais, c'est vrai, mais il n'est plus utile, il a accompli son œuvre, il peut mordre aux esches et s'avouer la proie du pêcheur humain au lieu de l'être de la loutre, du rat d'eau ondes oiseaux pêcheurs. En mars, commencent à frayer les jeunes Brochets sur les bords pleins d'herbes ; les Chabots, les Plies au fond des rivières sableuses; les Chevesnes; les Anguilles, à la mer. (Yoy. Temps de frai.) En mer la pêche est la même que dans le mois de février. ^^^11. — Le soleil monte plus haut sur l'horizon, ses rayons plus perpendi- culaires répandent plus de chaleur; sur la terre se développent les plantes; dans les eaux se réveillent les besoins de la reproduction, le temps de frai arrive à grands pas pour la plupart des espèces, et pour toutes, c'est une période de malaise, de fiitigue et de dépérissement. En général, le temps prohibe par la loi commence le 13 de ce mois, pour se terminer le 13 du mois de juin. Dans certaines localités, la prohibition commence au 13 mars, et alors tout ce mois est compris dans le temps défendu. Il reste au pêcheur la ressource des rivières et étangs fermés et compris dans des clôtures qui laissent au propriétaire le règne du bon plaisir sur la chose privée. Ce pêcheur-là prendra, en eau douce : Carpes, Brèmes, Gardons, Perches, Brochets au vif. Chevesnes, "S'andoises, Yéron, Goujon; il pourra prendre, mais moins facilement et près des bords : Ablette, Barbeaux, Anguilles et Carrelets. La Truite recommence faiblement à mordre. En mer, les Orphies commencent à se rapprocher des plages et à venir se faire prendre, pour appâts, dans les parcs et étangs salés. On prend à la ligne de fond : Morues, Aigrefin, Merlan, Plies, Carrelets, Soles, etc., surtout de nuit et par le vent S. E. On pêche aux Palangres à Cette. On emploie le Libouret pour les poissons de fond. Cabillaud, Raies, à 40 lieues en mer. CALENDRIER. 120 Ce mois est le temps de frai des Perches de 3 ans, des Kpinoehes, des Carpes de 2 ans, qui déposent leurs œufs parmi les herbes, dans les eaux tranquilles, de la Bouvière ou Péteuse, du Barbillon qui, à 4 ans, remonte jusque dans les ruis- seaux pour y faire sa ponte ou pour y féconder les œufs. En môme temps, frayent (ioujons. Brèmes, Chevesnes, dans les petits fonds d'eau; le Nase, sur les pierres; la Loche, les vieux Brochets, dans les herbes du fond ; les Aloses, les Plies et les Anguilles, à la mer. Mai. — (Juand le temps est beau, on prend à peu près toutes les espèces d'eau douce, mais il vaut encore mieux, pour réussir, pêcher dans les remous, les haïs, que dans les courants. On pêche la Loche, pour appât, avec un panier ou un petit fdet en forme de truble. (Yoy. ce mot.) Le Chevesne mord bien ; le Brochet peut déjà se prendre au collet, quand il dort au soleil. Dans les bas-fonds, on prend des Anguilles et tous les poissons, à l'exception de la Carpe, du Gardon et du Chevesne qui, pendant le frai, ne mordent pas en général, quoique ce fait souffre de nombreuses exceptions. Le temps de frai se termine pour la Carpe, le Barbillon, le Goujon, la Tanche, qui commence à mordre, surtout en rivière, la Brème, le Chevesne, la Yandoise, le Nase, le Gardon, l'Ablette. Le Saumon mord bien, les Plies ont frayé. Si le temps est chaud, on a pu commencer à se servir des asticots, mais la pêche a dû être faite avec des vers de vase, quoiqu'ils soient encore très-petits. 11 faut remarquer, à propos de cette esche, qu'elle réussit parfaitement dans cer- taines rivières oii le poisson la connaît, et que, dans d'autres, il fuit et se garde bien d'y toucher. En mer, on pêche les Maquereaux par un temps doux. Jusqu'au lo on prend le Cabillaud et la Baie en pleine mer. Pêche du Libouret de fond. On tend les Palangres, à Cette. On prend les Morues, Aigrefin, Merlan, Lingues, Plies, Carre- lets, Soles, etc., surtout de nuit et par le vent S.-E. Juiu. — Le vrai temps de la pèche à la ligne arrive; le 15 du mois les prohi- bitions sont levées, et le pêcheur va courir à de nouveaux exploits et commencera sa campagne muni de tous les engins qu'il a fabriqués pendant les loisirs de l'hiver. Ce mois est celui où l'on pèche toute la journée ; avant, on recherchait le milieu du jour; après, on recherchera le matin et le soir. La pêche à la mouche est excellente, celle à la surpiisc aussi, pendant la grande ardeur du soleil. Il ne faut pas se dissimuler cependant que beaucoup de poissons sont encore malades du frai et ne mordent pas facilement ; la Tanche fraye encore dans certaines eaux froides. On peut cependant conseiller, en général, de pêcher au vif les Anguilles ; Petits poissons, avec l'asticot ; Gardon, \ sang caillé ; Yandoise, > cerises ; Chevesnes, ; hanneton ; Barbillon, fromage de gruyère ; Anguilles , achées ; Tanches i Perches | vers rouges; Brochet, au vif. 130 CALENDRIER. La Truilc mord parfaitomcnt ; c'est iiu dos meilleurs moments pour la pocher, ainsi que les poissons de la môme famille {Stilmonrs). A la mer, on poche les Maquereaux, les Orphies, la Canlhère grise ; près des roches : Morues, Lingues, Aigrefin, Merlan, Plies, Carrelets, Soles, etc., surtout de nuit et par le vent S.-E. Pèche au Libouret, pêche des Raies. Emploi des Palan- gres, dans la mer de Cette. L'époque du frai est sensiblement terminée. •Vuiliut. — Pendant ce mois, où les chaleurs arrivent, les poissons mordent bien, mais seulement le matin et le soir; quand le temps est couvert, sil tombe une pluie fine et chaude, on peut pécher tout le jour; mais si le soleil luit, il arrive au milieu du jour, de midi à '.] heures, que le poisson se relire à l'ombre, se tient immobile, dort et ne mord plus. Vers 3 heures, il se réveille et cherche sa nourriture; c'est le moment de recommencer la pêche jusqu'à la nuit. En juillet, les poissons fréquentent les mêmes eaux qu'au mois de mai. Les Goujons ne mordent qu'au ver rouge ; ils se pèchent aussi à la balance. (Voy. ce mot.) C'est le mois où le blé cuit commence à servir pour prendre la Carpe, la Brome, le Gardon, la Vandoise, le Chevesne. Les petits poissons se pèchent à l'asticot : Les Gardons "\ / le sang caillé, La Vandoise [ se pèchent, de fond, avec } les cerises, Le Chevesne ) \ les hannetons. Les mômes et l'Ablette se pèchent, de surfiice, à la mouche naturelle et artifi- cielle, à la sauterelle, au papillon, aux fourmis ailées. Les Anguilles se prennent à la ligne et aux cordes dormantes, avec le ver de terre et les petits poissons, les ammocètes et les sangsues. A la mer, on tend des cordes dormantes, et l'on prend beaucoup de poissons plats et ronds. Canthère grise, près des roches. La nuit et par le vent S.-E. : Morues, Lingues, Merlan, Aigrefin, Plies, Carrelets, Soles, etc. Pèche des Raies : emploi du Libouret, des Palangres dans les eaux de Cette. Août. — Dans ce mois, le plus chaud de l'année, les poissons mordent do grand matin et le soir, avant le coucher du soleil. Pendant la grande chaleur du jour, sous les rayons d'un soleil ardent, les gros poissons gagnent les crônes ei les racines des gros arbres dont le pied baigne dans l'eau, et là, cachés dans l'ombre, ils restent immobiles et dorment. Les poissons carnassiers eux-mêmes, le Brochet, la Perche, la Truite, dédaignent le petit poisson qui passe dans leur voisinage. Seuls, les poissons de surface ramassent toujours les insectes qui tombent à l'eau. Ce phénomène est très-naturel, car il faut un soleil ardent pour surexciter la vitalité des insectes et faire qu'un grand nombre se décident à entr'ouvrir leurs élytres et à en tirer leurs ailes pour accomplir les voyages que la nature leur im- pose. Combien périssent dans ces traversées des plaines de l'air ! combien, sem- blables à Icare, voient leur vie se terminer par une chute fatale au sein des flots ! Là les attend la gueule, toujours ouverte et impatiente, des Chevesnes, du Nase, du Dobule, de la Yandoise, de la Truite. Cette manne abondante leur venant du ciel à ce moment, force leur est de secouer leur torpeur et de se griller un peu au soleil pour participer au grand banquet (pie leur sert le Créateur. La pèche à la mouche, sous toutes ses formes, réussit admirablement pondant ce mois, et celle à la surprise est surtout fructueuse sous les rayons du soleil de midi. CALENDHIER. 131 On pèrho en ce mois \o Goujon à la l)alant'e. Le blé cuit, los fcves, les pâles, réussissent parfaitenienl pour les Cyprins ties eaux calmes : Carpe, Brème, Tanche Gardons de fond et carpes. Les petits poissons vifs et le ver de terre bien vif peuvent prendre la Perche. Le Brochet ne mord pas beaucoup, il trouve trop de petits poissons à manger, mais on lui tend des bricoles de nuit, et le lendemain, on va les relever abondam- ment pourvues. L'Anguille reste en son trou toute la journée et elle ne sort que la nuit pour chercher sa proie ; on tend alors : fins cordeaux, jeux, lignes de fond, pater-noster, amorcés de petits poissons vifs, de sangsues, d'ammocètes, et l'on fait bonne récolte. Les Chevesnes sont friands de hannetons et de papillons, de sauterelles et de grillons, h la surface ou entre deux eaux. La Truite ne résiste pas aux mêmes friandises, mais en sa qualité de grande dame, elle est plus fantasque et plus capricieuse, elle a ses heures. Le J'ilain prend toujours. A la mer, on tend des cordes de fond, on pèche entre les rochers, dans les ports, et Ton prend les Merlus, les Lieux, les Maquereaux, les Merlans, etc. ; et de fond, tous les poissons plats. La Canthcre grise près des roches. Emploi du Libou- ret ; Palangres à Cette. {Septembre. — Comme juin, le mois de septembre est celui où l'on pêche toute la journée, le soleil ayant déjà perdu de sa force; quand il brûle encore, dans quelques jours exceptionnels, on fait comme en août, la sieste au milieu du jour ; exemple emprunté par force aux habitants de l'onde. Cependant, comme l'eau, surtout à la fin du mois, se refroidit, on commence à pécher davantage au vif pour le Brochet, la Perche et l'Anguille, la Truite et même le gros Chevesne, qui ne dédaigne ni un Goujon, ni un Véron de bonne mine et bien présenté. A ce moment, les grands fonds d'eau commencent à se repeupler aux dépens des berges, des bancs de sable et des bas-fonds sur lesquels le poisson est venu, pendant l'été, chercher la chaleur et la nourriture. L'automne arrive, secouant sa chevelure de feuilles et de graines mûres; dans les rivières calmes, les poissons Cyprins mordent encore, mais moins franchement; on sent qu'ils trouvent une facile provende et dédaignent celle du pêcheur. La Carpe, la Brème, le Gardon, ne sont plus avides de blé cuit ; ils reprennent goût aux vers, et il faut suivre cet enseignement. La Tanche ne mord déjà plus à la fin de ce mois. Les Barbillons se prennent avec de la viande crue ou cuite, les queues d'écrevisses ; Les Chevesnes, au raisin noir. Les lignes dormantes de nuit sont productives pour tous les poissons, Anguilles, etc. A la mer, c'est le moment de la grande pêche ; on prend les Mulets, Bars, etc., et toutes sortes de poissons plats, aux cordes, aux jeux et aux engins de toute espèce. La pêche est bonne entre les rochers, à l'ouverture des ports, et dans les étangs salés des bords de la mer. Pêche des Merlans, à la ligne. Emploi des Palangres à Cette. Pêche des Morues, Lingues, Aigrefin, Merlan, Plies. Carrelets, Soles, sur- tout de nuit et par le vent S.-E. Emploi du Libouret. 132 CALENDRIER. Octobre. — S'il fait doux, on pêche les Perches, le Brochet, au vif; il faut abandonner la pêche à la mouche, car les gros poissons regagnent les fonds d'eau, el les petits ne se montrent plus à la surface ; c'est le froid qui arrive et qui com- mence à engourdir la nature. Les poissons ne sont pas les derniers à sentir ce changement, el la plupart, surtout dans les rivières à cours lent et eaux profondes, se cachent entre les herbes, dans la vase, et y passent les mois d'hiver presque sans prendre de nourriture. A peine si quelques belles journées de soleil les ré- chauffent et les tout sortir de cette espèce d'engourdissement ; la plupart du temps ils dédaignent l'appât qu'on leur offre, si séduisant qu'il soit. La pèche de nuit aux cordes, jeux, pater-nostcr, rapporte au vif des Anguilles, des Lottes et des Brochets; aux vers, des Gardons qui ont gagné le fond, des Barbillons, Chevesnes, qui n'habitent plus la surface. Carpes peu nombreuses et quelques Brèmes. Dans les grands fleuves, la pêche se maintient meilleure ; les poissons, moins nourris et tenus en éveil par les crues et les mouvements d'une eau plus rapide et plus changeante, ne s'endorment pour ainsi dire pas, et la pêche continue. On y prend, au ver rouge, le Goujon, le Chabot, la Plie, etc. On commence à pêcher les gros Chevesnes à la cervelle, et dans les grands • courants d'eau, aux ])oyaux de poulet. Quelques Truites commencent à frayer, mais la majorité mord encore bien au vif, aux gros vers musqués et à la viande. A la mer, pêche du Merlan, à la ligne. Palangres à Saint-Tropez et Fréjus. On prend de nuit et par le vent S.-E. : Morues, Aigrefin, Merlan, Plies, Soles, Carre- lets. Emploi du Libouret. ^ofembre. — De 10 heures du matin à 3 heures de l'après-midi, s'il fait beau, on prend encore Chevesnes, Gardons, aux vers , surtout à la bouvière ; Brochet, Perche, au vif. Les Vandoises ne mordent plus ; la Tanche, la Carpe, la Brème, sont cachées dans les rivières tranquilles. L'Anguille mord toujours, de nuit, aux cordes dormantes. La Truite fraye, ainsi que ses analogues. La Perche ne mord plus à la fin de ce mois. Par les cruei, dans les fleuves, à l'eau trouble et le vent bon, on prend Bar- billons, Plies, encore un peu; Lottes, Civelles moyennes, et tout ceci, de fond et aux gros vers à tête noire. Pour prendre les Goujons , petits Dards, petits Chevesnes et Gardons, il faut pêcher à la ligne traînante sur le sable, sans beaucoup de plomb et avec des vers plus petits; quand l'eau descend, la pêche ne vaut plus rien. Le Barbillon, que l'on prenait sur les berges herbues nouvellement inondées, regagne les grands fonds et ne mord plus. De ce mois à Pâques, c'est le véritable temps, dans la Loire, pour pêcher le Goujon et le Chabot. A la mer, on prend les Harengs, les Congres et tous les gros poissons. Pêche des Merlans, à la ligne. Palangres à Saint-Tropez et Fréjus ; petites Palan- gres dans les étangs de Cette, h partir du 15. Emploi du Libouret. Pêche de nuit et par le vent S.-E. des Morues, Merlan, Lingues, Aigrefin, Plies, Carrelets, Soles, etc. Décembre. — Nous sommes en hiver: il fait froid et mauvais; restons au logis. CALMAR. 133 S'il luit beau, bon vont, temps doux et soleil, de II heures à 3 heures, pochons dans les remous, au ver de terre court à tête noire. Nous pouvons prendre; : Brémolles, IMies, Barbillons, petits Dards et petits Chevesnes. Pour prendre les gros, il n^ut aller pêcher dans les grands cours d'eau vive, derrière les ponts, et avec les boyaux de poulet; on les ramène toujours de taille respectable. A l'eau claire , on peut aussi pêcher au sang caillé ou à la cervelle ; la Perche, à la Bouvière vive. Les Carpes et Cyprins analogues ne mordent plus; la Perche, pas souvent. C'est en ce mois que les poissons se cantonnent pour leur engourdissement d'hiver ; ils vont, au fond des cours d'eau, se rassembler aux endroits où sortent les eaux de sources plus chaudes, et l'épervier seul peut les en tirer, mais alors par quantités énormes. Les Lottes commencent à remonter. Les Truites ordinaires et saumonées sont en frai et ne mordent plus. La pêche en est prohibée. A la mer, on pêche les Merlans. Cependant, lorsque la glace recouvre les eaux devenues immobiles à la surface, le pêcheur à la ligne peut encore montrer son adresse. Par une belle journée, muni d'une pioche, il va briser la glace, et, dans ce soupirail d'un nouveau genre, il tend sa ligne armée de plusieurs hameçons recouverts de vers rouges bien frétillants. Le poisson, attiré par l'air vif et pur de l'extérieur, se porte en foule à l'ouverture pour respirer, et trouvant à sa portée un mets friand, — surtout pour un affamé, — il mord, il mord,... et le sac du pêcheur se remplit. Pour faire cette pêche, il faut, avouons-le, être intrépide et réchauffé par le feu sacré, car la température est glaciale. Les rhumes, angines et rhumatismes sont là, guettant une victime qui brave les saisons. Arrière la crainte, cependant !... l'homme est ainsi fait. Quelques pêcheurs déblayent une plus grande ouverture, en levant les frag- ments de glace brisée qui flottent dans son périmètre, et choisissant un endroit où l'eau n'a pas trop de profondeur, viennent y jeter l'épervier etfont souvent de bons coups de main... Mais,... mais l'eau n'est pas chaude, et celle qui découle sur les épaules et sur les jambes du pêcheur ne rappelle point les bains charmants de l'été. CALER. — Faire caler une ligne en mer, c'est la charger d'assez de plomb ou de càblières pour qu'elle gagne le fond avec les appâts qu'elle porte. On emploie le même mot pour indiquer que l'on fait gagner le fond à la plombée d'un filet vertical. CALLIONYME LYRE. — (Voy. DOUCET.) CALLIONYME HÉLÈNE. — (Voy. LaCERT, Pêche.) CALLIONYME DE LESUEUR. — (Yoy. Lacert, Pêche.) CALLIONYME DE RISSO. — (Voy. LaCERT, Pêche.) CALMAR (Loligo sepia, Lin.). — Le Calmar (/î^'. IIG et 117) est un mollusque céphnlnpode du genre Seiche remarquable par une lame en forme de plume qui lui tient lieu de coquille, et forme, dans son dos, un squelette intérieur. Leur tcte a 8 pieds et 2 tentacules plus longs, à bout spalulé, garnis de suçoirs qui leur servent à s'amarrer aux objets immobiles. Ils ont un volumineux sac à encre, logé dans le foie. Les Calmars nagent à reculons; on les trouve en abondance près des côtes, et il est impo.«sible de donner un coup de senne à la mer, sans en tirer sur le rivage une cer- taine quantité. Ces animaux, pour être en nombre si considérable, doivent concourir au grand acte Fig. I Ii3. — Calmar commun. 134 CANESTEAU. Fir/. 117. — Câlinai' incessant du nettoyage de la mer. Cependant, la conformation de leur liouclie semljle plutôt faire d'eux des carnassiers incorrigibles. S'ils ne mangent que des victimes, ils sont si nombreux et si agiles, que c'est miracle que la mer, dès longtemps, ne soit pas, de leur fait, dépeuplée. Alors, dira-l-on, c'est qu'ils servent eux-mêmes, et abondamment, de nourriture à d'autres animaux. Ce fait est certain, puisque nous savons le goût de quelques poissons pour le Calmar, et nous nous servons de ses membres comme appât d'été. Mais tous les pois- sons sont loin de mordre au Calmar. D'ailleurs, le malin céphalopode ne quitte guère la côte ; or, les gros poissons ne viennent jamais le poursuivre là. Ses eimemis ne seraient-ils pas le Congre d'abord, — ce qui est certain, — puis les crustacés côtiers. Homards, Langouste, Crabe, ce dernier surtout, toujours en quête. Quœrens quem devoret! Il y a là un mystère d'équilibre naturel bien curieux, mais très-profond ! En attendant que nous le sondions, le Calmar n'en demeure pas moins une triste esche d'été , utile cependant, faute de mieux CALUS. — (Voy. Merlan.) CAMBRURE DE L HAMEÇON. — (Voy. Avantage.) CAMBOROUTIÉRE. — Sorte de C/ievrotwre employée dans la Médileiu^mée. — (Voy. ce mol.) CAMPHRE. — Espèce d'esseiice concrète à odeur très-forte et douée d'une saveur amère et aromatique, que l'on extrait du laurier-camphrier, arbre des îles de la Sonde et du Japon. L'odeur forte de cette substaiice a été souvent introduite dans la composition des appôis et amorces artificielles. — (Voyez ces mots.) Il f;iut se souvenir que l'eau n'en dissout qu'une très-petite quantité, mais que l'alcool, l'cther, les huiles grasses et les huiles essentielles le dissolvent en toute proportion; ce sera donc à l'un de ces derniers dissolvants qu'il faudra avoir recours. CANARD. — Espèce de filet fixe employé dans la Méditerranée. — (Voy. Filets fixes.) CANCER MENAS. - (Voy. Crabe enragé.) CANCERIENS (Edw.). — Tribu de Crustacés cyclométopes, dont la carapace est bombée en dessus, élevée, arrondie sur les bords, à face supérieure ne formant qu'un angle peu aigu, et se réunissant avec sa portion inférieure et latérale. Pattes-mâchoires extérieures à 3» article à peu près quadrilatère; peu ou point tronqué à son angle interne; pattes antérieures très-grosses, renflées assez longues; les suivantes courtes, ambulatoires; pattes postérieures semblables aux pré- cédentes, terminées par un article styliforme, et, par conséquent, non natatoires. Comprend 3 groupes naturels. (Juaud il s'agit de relever, en mer, des lignes de fond ou câblières d'une grande longueur, et, par consé- quent, chargées d'un grand nombre d'hameçons empilés, il est fort important de ne pas emmêler le tout, afin de ne pas perdre un temps précieux à débrouiller ce chaos. On y parvient d'une manière très-simple et très-pratique au moyen du Canes- teau(//<7. H8). C'est une corbeille ou panier ABCD, dont le bord AB est revêtu d'une bordure de liège. Dans le midi de la France, cette bordure se nomme Garlandc (guirlande) ou Listel (bord). A mesure que l'on remonte la maîtresse corde, Palangre ou Bauffe, on la love CANESTEAU. 118. — Cauesteaux divers. CANNES A PÈCHE. 135 en rond dans le panier, piquant ehaipic hameçon dans le liège, el rejelanl l'empile au dehors, où elle forme le feston D. Chaque ligne de fond ainsi plice ou lovée prend le nom d'appelel ou aplel. — (Voy. Caiblières [grandes].) CANIS ACANTHIAS. - (Voy. Aiglii.i.at.) CANNAT. — (Voy. Canard.) CANNAT. — (Voy. Mulet cépiiale, P(khi\) CANNES A PÊCHE (Choix des). — Les premiers hommes ont péché avec leurs hras étendus pour première canne ;\ pèche, puis, ils ont bien vite remarqué que rhamcçon dépine dont ils se servaient, tondjait trop près du bord. Peut-être, ils auront voulu le faire passer de l'autre côté d'un banc de roseaux qui poussait près du rivage, et, pour cela, ils ont attaché la ligne à l'extrémité d'une branche d'arbre tenue à la main, ce qui allongeait ainsi leur bras ; car l'invention de l'ha- meçon a dû naitre la première, celle de la ligne venir ensuite, et enfin, celle de la canne ài)èche compléter le tout, en apparaissant la troisième. De la branche d'arbre primitive à la canne à pèche actuelle, la forme n'a pas changé, la matière seule a subi des améliorations successives; et, en effet, comme forme, le but aurait été atteint du premier coup en choisissant une jeune pousse de Saule, de Coudrier ou des roseaux qui croissent auprès des eaux. Nulle canne n'est mieux filée, plus également décroissante, qu'une gaule naturelle, et cette vérité est palpable, que c'est à la nature que nous allons demander nos scions, la partie la plus délicate et la seule que nous ne puissions pas filer comme elle, d'un seul morceau concentrique, décroissant insensiblement, et conservant force, sou- plesse et élasticité. Nous venons de nommer les trois qualités que doit posséder une bonne canne ; elles dépendent, en majeure partie, de la nature même des matériaux qui la forment, mais aussi de la manière dont ils sont assemblés entre eux. Dans un article spécial, nous donnerons toutes les explications utiles pour la confection de cette arme du pêcheur. Dans celui-ci, nous allons nous occuper de la classification des cannes diverses et de leur appropriation à chaque genre de pêche, en eau douce et en eau de mer. I. — EAU DOUCE. LONGUEl'H MOYENNE A) Pêche à la mouche : '•'' '" '^"""'^ ^ P^'''''- A la volée, au lancer, à la surprise | 6 mètres au moins. B) Pêche sédentaire : 1° Au Brochet, à la Truite, à la Perche, au vif. j Cette gaule n'étant pas tenue à la main, mais po- l ç^ /, g mi^tres sée à terre, elle se lait pleine, avec une si'anili* gaule de sapin ou de tremble, eti: j 2° Pèche à soutenir dans les pelotes: pèche dé] .. .) mètres. fond, a la canne fixe ) 3» Gaule à pardonner, à pêcher les l^erches, les | , , Chevesnes, avec le saug, à fouetter et à rouler. ( 4° Pêche au Coujou, à l'Ablefle, au Véron et j „ .... ' 3 mètres, autres petits poissons ) 130 CANNES A PÈCHE. II. — EAU DE MER. lonol'elu moyenne A) Pêche à, la mouche : ^'^ ^^ camie à pèche. Saumon à reuil)()ii{liure des (leiivos, etc. : forte, ) „ , , ... î 6 mètres, en bambou et hicoi y ) Dorades, en balcuu | 3 mètres. B) Pêche sédentaire : Sur les rochers, à la canne fixe | 8 à 0 mètres. C) Pêche en bateau : Canne pour les Maquereaux et autres poissons de surface. 2 mètres iiO. Le tableau de composition de ces longueurs au moyen des différents comparti- ments des cannes, permet de se rendre très-facilement compte de ce que l'on doit acheter ou construire soi-même, en vue de la pêche ;\ laquelle on veut se livrer. Quel que soit le genre de pêche choisi, — même fût-ce pour prendre des ablettes; — quelle que soit la canne employée, jamais un pêcheur sérieux ne s'en servira sans moulinet ; c'est au moment où il s'y attend le moins, que cet instrument le sauvera et lui fournira une capture aussi belle qu'inattendue. Le chasseur qui aurait le pouvoir de toujours posséder une balle dans un des canons de son fusil, serait un fou de ne pas en profiter ; car il n'est pas de vie de chasseur, où telle pièce magni- fique a été renvoyée, par lui, avec une charge de petit plomb dans le gras des parties charnues. Le moulinet du pêcheur, c'est la balle secourable du chasseur, à cette différence près, en sa faveur, qu'elle n'empêche pas son coup d'être chargé de petit plomb; c'est mieux qu'une balle, c'est la charge de cendrée qui fait balle sur un animal, gardant une force suffisante pour amener celui-ci à vos pieds. CANNES A PÊCHE [Confection des]. — Les premières cannes à pêche que les hommes ont inventées étaient tout simplement une gaule empruntée à la cépée la plus voisine, et cet instrument, si simple et à la portée de tous, est encore le plus usité dans les campagnes et dans les petits centres de population écartés. Cette construction primitive, qui consistait à dégrossir une simple baguette en la. privant de ses nœuds et de ses branches, fournissait une canne lourde si elle était un peu longue, et peu élastique si elle était courte. Or, ayant tout aussi bien, alors qu'aujourd'hui, besoin très-souvent d'éloigner son hameçon du bord où le poisson voit trop bien et se méfie, le pêcheur s'ingénia de toutes les façons à augmenter les deux qualités qui manquaient cà sa gaule, la légèreté et la souplesse. L'esprit humain procédant du simple au composé, le pêcheur pensa à modifier l'instrument qu'il avait en main avant de songer à en créer un autre. Il s'aperçut que, sèche, celte gaule était plus légère et plus élastique, il fît sécher les gaules au four après le pain retiré ; c'est encore ainsi que se font les cannes à pêche dans les campagnes. La différence du poids vert au poids desséché n'étant pas très-con- sidérable pour une gaule d'une certaine longueur, le pêcheur dut chercher si, en ajustant les unes au bout des autres plusieurs gaulettes plus fines, il n'arriverait pas à un résultat plus satisfaisant. Ce fut la création du scion, qui constata ce pas fait dans le progrès. On peut dire qu'à ce moment la canne à pêche civilisée était CANNES A PÈCHE. . i;37 inventée ; car, en modifiant seulement le choix des matières, on arrive à la canne la plus compliquée et la mieux finie que l'on fasse de nos jours. La question des ligatures a dû avoir sa période d'apprentissage, de progrès et de perfection, jusqu'à ce qu'enfin cette ligature, toujours fragile et difficile à faire, fut remplacée par les douilles simples et doubles qui permirent l'invention des cannes à compartiment. Restait la question de matière ; on a essayé tous les bois possibles et l'on s'est vite aperçu que, parmi eux, un très-petit nombre répondaient aux qualités que ré- clame la vraie et bonne canne à pêche. On peut diviser tous les bois employés en deux catégories : les lourds et les légers. Les lourds sont : le hicory ou noyer blanc d'Amérique , le noyer, l'orme, le coudrier, le frêne. Parmi les légers nous placerons : le sapin creusé, le bambou, et, tout à côté, son diminutif chez nous, la canne, qui croit dans le midi de la France et en Italie avec une grande facilité. Tout en renvoyant le lecteur aux articles spéciaux sur l'élude de chacun de ces bois, nous devons ici constater quelques-unes de leurs qualités et de leurs défauts avant de passer en revue la confection des cannes en chaque matière. Le hicory est Irès-élaslique, mais très-lourd, il peut servir à faire toute la canne moins le scion ; mais son véritable emploi consiste dans la première moitié de la longueur, la plus grosse, celle que le pêcheur tient à la main. 11 est en effet très-important qu'une canne soit bien équilibrée, car elle se trouve entre les mains du pêcheur à l'état d'équilibre instable. On peut la comparer au fiéau d'une balance dont la main du pêcheur est le support, fléau à deux bras de longueurs inégales et par conséquent dont les poids doivent être inégaux pour que l'équilibre s'établisse. La partie en avant doit être très-légère, son centre de gravité sera toujours assez loin de la main du pêcheur, mais si celui-ci rend lourde la partie la plus grosse qui est au delà de son poignet vers le coude, il rapprochera le centre de gravité du système entier et pourra arriver à le faire venir dans sa main ; position dans la- quelle la canne sera en équilibre, comme le fléau de la balance dont nous parlions tout à l'heure. Ainsi équilibrée, la canne demande le moins d' effort possible, puis- qu'il ne faut que celui nécessaire et indispensable pour vaincre sa pesanteur. Si, au lieu de cela, le pêcheur tient en main un instrument dont le poids est en avant, il lui faut un effort constant, non-seulement pour porter la oanne, c'est-à- dire vaincre l'effet de la pesanteur, mais un effort plus pénible pour en soutenir élevée la partie antérieure sans cesse sollicitée vers le sol. Cet effort, si petit qu'il paraisse pendant un instant, devient une vraie fatigue, alors qu'il se renouvelle sans relâche pendant un assez long temps. Si le pêcheur est sédentaire, ce n'est encore qu'un demi-mal parce qu'il peut faire porter sa canne par une fourchette et son piquet, ou simplement il peut la poser à terre, si la berge est un peu élevée; mais, qu'il s'agisse de pêcher à la mouche, et alors la question de l'équilibre de la canne prend une importance ca- pitale, en raison de la fatigue que cette pêche un peu prolongée procure, si l'on est armé d'un instrument défectueux. Ainsi donc tous les bois durs et compactes, tout en étant élastiques, — le hicory, le frêne, le noyer, — peuvent servir pour la plus grosse moitié de la canne. L'orme peut être employé de même aux usages ci-dessus, mais il offre l'avan- 138 CANNES A PÈCHE. lage que ses jeunes pousses founiissenl d'exeellenls scions, quand il est coupé en temps opportun. Le coudrier n'est pas dans le même cas ; les scions fournis par ses jeunes pousses sont mauvais, mais comme il donne, d'un seul jet, des gaules très-longues et très-droites, sans èlre par Irop lourdes quand elles sont sèches, il a le privilège presque exclusif de former des cannes toutes faites pour les gens de la campagne. Dans quelques pays la rapide végétation des saules de différentes espèces permet d'y choisir de très-belles gaules qui ne manquent pas de qualités. Le sapin s'emploie comme nous le verrons plus loin, mais artificiellement, pour faire d'excellentes cannes réunissant beaucoup d'avantages. Le bambou, s'il était moins lourd, quand il est gros, serait le roi des bois propres aux cannes à poche. Excellent cependant parce qu'il ne fend pas, il sert à faire la canne tout entière y compris le scion, que l'on produit au moyen de bû- chettes de bambou refendues, polies et ajustées l'une au bout de l'autre. Il nous reste à dire un mot de la canne du Midi qui, sans contredit, serait par- faite sans la trop grande facilité avec laquelle elle fend et sans sa fragilité capricieuse, souvent inexplicable : car le morceau de ce chaume énorme le mieux choisi, le mieux arrangé, cassera tantôt dans un nœud, tantôt dans une partie vide. Aussi est-ce la matière qui a fait naîtr(,' le plus de systèmes différents, tous destinés à remédier à son peu de solidité, sans diminuer sa flexibilité et sa légèreté si précieuses. Constatons enfin que, depuis un siècle, la confection des cannes s'est énormé- ment améliorée en France, et que leur forme tend à devenir chaque jonrplus svelte et plus fine. L'emploi des moulinets, qui se généralise chaque jour, mène au perfectionnement de la canne, qui doit demander pins à rélasticité qu'à la force, plus à l'adresse qu'à la brutalité, plus enfin à la patience et au sang-froid qu'an bouillant emportement. Autrefois, — si l'on en juge par les méthodes qui nous en sont restées, — on enlevait le poisson d'autorité ; qu'il fût gros, qu'il fût petit ; il est vrai qu'on ne prenait pas ce dernier, la manière dont les lignes étaient montées devait s'y opposer ab- solument. Aujourd'hui, l'usage des montures très-fines tend à prévaloir chaque jour, et le succès couronne ces expériences. Une vérité méconnue devient de plus en plus démontrée, c'est qu'on prend très-bien un gros poisson, — et beaucoup plus sûrement, — «ivec un très-petit hameçon qu'avec un gros, pourvu qu'on emploie les moyens d'action nécessaires et fournis par le perfectionnement des instruments de pêche. En résumé, une canne à pêche doit se composer de trois morceaux, qui sont, en commençant par l'extrémité la plus fine : le Scion, Va Seconde, nommée aussi Bran- leffe, dans certains endroits, et le Pied de ganle. \° Canne de campagne, pleine. Cette canne, toujours un peu lourde, doit avoir pour qualités d'être roide, droite et élastique; si elle décrit un grand C quand on la projette en avant en fouettant, c'est qu'elle plie du pied et ne vaut rien ; elle ne doit ployer que de la seconde et du scion, faire siffler l'air lorsqu'elle le frappe, et reprendre aussitôt la ligne droite. Le Piedde cette gcnde sera fait avec l'un des bois suivants, en commençant par les premiers et choisissant celui que l'on trouvera à sa disposition à défaut des autres Coudrier, saule, marceau, sapin sans nœuds, frêne, noyer, érable, chêne. CANNES A PÊCHE. 139 On choisira une pousse bien droite d'un de ces arbres, ayant 5 mètres ;\ 5"", 30 de longueur, que l'on rognera par le petit bout, de façon à lui laisser une longueur de -4 mètres ou au moins de 3"', 50. On la dressera avec soin et on la diminuera, au rabot s'il est besoin, de manière que le plus gros bout, en bas, ail un diamètre de 0"',035 h 0™,OiO, au plus. Ce bois doit être coupé avant la fm de janvier ou, au plus lard, dans les premiers jours de lévrier, avant que la sève commence à monter, opération qui se fait de bonne heure, surtout pour le coudrier. Cette recommandation s'applique également au choix de tous les bois propres aux secondes et aux scions. On laissera, à la plus petite extrémité de ce pied de gaule, un long bec oblique parfailement dressé, forme que l'on appelle Bec de flûte. La seconde sera faite en coudrier : elle aura la même longueur (4 mètres) que le pied, et sera choisie plus mince que lui et bien fdée ; on la trouvera parmi les pousses grises de la lisière du bois ou au bord des ruisseaux. Celles qui sont lisses et rougeâlres sont les meilleures. Elle sera taillée en biseau par ses deux bouts, et le biseau du bas sera aussi allongé que celui du pied, de façon à s'ajuster parfaite- ment sur lui. Le scion, long et menu, peut être fait d'un brin de coudrier, d'orme, de troène, de cornouiller, à' épine rioire, de lilos ; il aura l'°,50 de longueur au moins; le bas ou plus gros bout, taillé en biseau, sera adapté parfaitement au biseau supérieur de la seconde, et choisi de façon que cette partie soit un peu moins grosse que la plus petite extrémité de cette seconde. La même précaution aura dû être prise pour la seconde vis-à-vis du pied de gaule. La seconde s'attache au pied avec du petit fd de fouet ciré et fortement serré tout le long de la jointure, ce qui forme une ligature solide à bouts perdus. Le scion s'ente sur la seconde au moyen de fd fort, également ciré et attaché de la même manière. (Voy. Ligatures.) Dans les endroits oii l'on peut se procurer du vernis copal, il est extrêmement avantageux d'enduire de vernis les deux biseaux avant de les joindre et de les atta- cher, de même on vernit toute la ligature, une fois faite, à une ou deux couches, en laissant bien sécher chaque fois. (Voy. Ternis.) Le vernis noir du commerce est aussi extrêmement propre à ce travail, parce que Teau a moins d'aclion encore sur lui, mais il est beaucoup plus long à sécher. A défaut de vernis, on peut enduire chacune des surfaces de poix de cordonnier en couche mince; cette substance produit une grande adhérence et empêche tout glissement. Elle n'est pas attaquable à l'eau, mais, à la longue, elle se réduit en poussière et perd ses propriétés happantes, surtout quand elle est souvent mouillée. Après avoir lié sa gaule, le pêcheur doit l'agiter fortement en l'air : si elle est bien faite, elle ne doit produire aucun craquement et ne laisser éprouver aucun tremblement : il sera bon alors de la polir, de la vernir et de la bien laisser sécher. 2° Gaule de campagne, creusée. Il faut choisir une gaule de coudrier, de marceov , de peuplier, de tremble, de sapin, ou de cornouiller, à laquelle on donnera une longueur de 4 mètres au moins pour former un pied de ligne convenable. Cette gaule aura, au gros bout : O^^OSà O", 10 de circonférence, et au petit 0'",02 à0'",03 ; on la rendra parfaitement unie en enlevant les aspérités des branches et bourgeons, puis on la fera sécher, dans un four encore chaud après qu'on aura tiré le pain, ou en la laissant une 140 CANNES A PÈCHE. couple de mois dans un lieu sec et aéré : il est prudent, dans ce cas, de la lier sur une forte pièce de bois déjà sec, de manière qu'elle ne puisse se tourmenter et se gauchir. Cette gaule perdra ainsi environ la moitié du poids qu'elle avait étant verte. L'opération du perçage se fait au moyen d'un gros lil de fer qu'on appointit et qu'on fait rougir au feu. On attache la canne dans un établi de menuisier, ou, si l'on n'en a pas, sur une table, sur une forte planche ou pièce de bois, et l'on commence le forage. C'est une opération qui demande du temps, de l'adresse et de la patience. Quand un premier trou parcourt la canne dans toute sa longueur, on prend un fil de fer plus gros, et toujours par le même moyen, on agrandit le trou du côté de la poignée, de façon que le creux aille comme la canne, en diminuant d'un bout à l'autre. Lorsque le perçage est terminé, on la met pendant deux ou trois jours à trem- per dans l'eau, puis on l'expose à la fumée dans une cheminée jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement sèche. A la campagne cette opération est très-facile. Pendant ce temps on a fait subir les mêmes préparations, sauf le perçage, à des scions choisis de différents bois : couéner, orme, épine noire, troëne, lilas, etc.; on en choisit un bien droit, de la longueur que l'on désire, et on le diminue par le gros bout, de manière qu'il entre dans le trou creusé à l'extrémité fine du pied de gaule. En général, ce scion a 1°',50 à 2 mètres, et il est d'une grosseur telle que, quand on veut démonter sa canne, il peut, en commençant par la pointe, entrer dans le trou creusé au bas de la gaule et s'y renfermer parfaitement, ce qui rend l'instrument plus portatif et garantit en même temps le scion des accidents qu'il pourrait encourir au milieu des arbres, des branches et des herbes, etc. 3° Canne en sapin, pleine. On coupe dans une planche de sapin neuf, à fil serré, droit, et interrompu par aucun nœud, une laize égale à l'épaisseur de la planche. On obtient ainsi une tringle de 4 mètres de long, ayant O'",03o de côté, que l'on dresse à la varlope et que l'on met à huit pans en abattant les angles. On diminue alors sa grosseur au moyen du même instrument et avec précaution, à partir de l'",30, du bas, jusqu'à la plus petite extrémité qui conserve un diamètre de 0",010 à O^jOlo. A partir de 2", GO, on arrondit tout à Mi la tringle en abattant les angles, on la polit au verre, au grattoir et à la peau de chien marin. On pratique alors au bout, soit une entaille longue, à la scie, pour recevoir le scion, soit un biseau, comme plus haut, et on y fixe un scion de 2 mètres au moyen d'une solide ligature de fouet poissé et verni comme nous l'avons indiqué. Si l'on a un ouvrier à proximité, une virole en fer-blanc, ou mieux encore en cuivre, sera préférable pour garnir l'extrémité du pied de gaule et recevoir le scion auquel, dans ce cas, il faut pratiquer l'opération du double épaulement que nous décrirons ailleurs. (Voy. ce mot.) 4° Canne en sapin creusé. Toutes les fois que le pêcheur ne craint pas de se servir d'une canne qui ne se démonte pas, et qu'il peut, en rentrant chez lui, remiser sans inconvénient cette longue gaule sur le mur d'un corridor, rien ne vaudra jamais, pour lui, la canne que nous allons décrire ; elle est facile à faire, peu coûteuse, légère, solide et élastique. On choisit, conmme pour celle ci- dessus, 3% une planche de sapin du Nord à grain fin et sans aucun nœud, d'une longueur de 4 mètres au moins : on y scie une tringle de l'épaisseur de la planche qui doit avoir 0"',0oS. Ceci fait, on marque au CAiNNES A PÈCHE. 141 tnisqiiin ou à la règle, une ligne qui partage celte tringle par la moitié de son épaisseur, sur deux faces opposées, puis, au moyen d'un rabot rond ou d'un bouvet, on creuse un sillon au milieu de chaque face non divisée. Ce sillon doit être augmente de plus en plus en prenant des fers d'un numéro j)lus fort, de façon que à l'une des extrémités, il n'ait pas plus de O^jOl de diamètre, ;\ l'autre bout 0"',0'i. Ceci fait, on scie la tringle suivant les lignes marquées, on retourne les deux moitiés creusées l'une vers l'autre, et l'on colle fortement à la colle-forte. On rabote en rond, de manière à suivre la décroissance du creux en laissant au gros bout : 0™,006 à 0'",007 de bois, et au petit : 0'°,004 à 0,005. On polit au verre ou au grattoir, on unit au papier de verre, puis on fait, à 0'",50 l'une de l'autre, de fortes ligatures en fd de fouet bien ciré ; on peint alors toute la canne à l'huile, et on laisse bien sécher; on vernit ensuite. Il ne reste plus qu'à garnir le gros bout ou le pied, d'une lance, et l'extrémité fine, d'une virole ou d'une ligature. La première vaut mieux pour recevoir un bon scion d'orme ou de coudrier de 2°', 50 à 3 mètres. 5" Canne en 8 morceaux. — (Système Lambert.) Le pied de gaule se fait en deux morceaux de planches creusées, collées et ligaturées par un procédé semblable au n° 4 ci-dessus : on peut le faire en diêne, ennoye/\ en acajou, etc. Si l'on ne veut pas creuser et coller, on peut se servir d'un gros morceau de baml)ou. Ce pied de gaule aura O'",6o de long, et sera creusé de 0'°,025 de diamètre de vide au petit bout, pour recevoir le deuxième morceau. Cette extrémité sera, de même que la plus grosse, garnie d'une forte virole en cuivre, au gros bout l'on ajustera une lance ou picot. Pied de gaule, Bois divers. 2" morceau. roseau, ;{« — — A' — — 5« — — V)' — • — \V — épine noi (8^ — orme ou 1 longueur, 0"',65. — 1 mètre. — 0'",2o 1 0 15 — — 0 65 — 0 80 — 0 50 Scion m" — orme ou Jiamboi Longueur totale 5'", 00 Chacun de ces morceaux est garni de sa virole et doit être calculé comme grosseur, de manière à entrer dans la cavité naturelle du roseau qui le précède. Chaque entre-nœud reçoit une ligature. Le moindre inconvénient de cette canne est d'être lourde, parce que les huit viroles pèsent, les ligatures pèsent, le pied de la gaule plombé pèse ; enfin elle semble d'autant plus pesante, que les petits morceaux placés au milieu y ac- cumulent les viroles, et ne ployant pas, parce qu'ils sont trop courts, maintiennent une roideur qui rend la canne moins maniable. De plus, si l'on s'en sert pour le jet de la mouche, il est presque impossible d'empêcher les morceaux de sortir les uns des autres ; ce qui tient à ce que les uns'plient tandis que les autres ne plient pas. Quant à l'idée d'intercaler les petits morceaux pour maintenir la roideur, elle est excellente ; malheureusement, à la pratique, elle offre de sérieux désavan- tages comme solidité. Pour que ce genre de canne soit solide, il est indispensable d'établir chaque morceau à épaulement, et alors le poids de chaque goujon de bois Ii2 CANNES A PÈCHE. s'ajoute encore à celui de la canne, et celle-ci devient insoutenable, à moins que l'on ne s'en serve seulement pour la penche sédentaire. Mais, dans ce cas, une canne aussi compliquée est parfaitement" inutile, une simple gaule n° IV, est bien supé- rieure. 6° Canne rubanée (système de Massas). L'idée de préserver le roseau de la propension qu'il offre à se fendre au soleil ou à l'air, surtout après qu'il a été mouillé, a été parfaitement réalisée par l'appli- cation d'un ruban de fil, de soie ou de coton, roulé en spirale, aussi serré que possible autour de chaque morceau de roseau. Ce ruban est imbibé, lors de sa pose, de bonne colle-forte, puis, quand il est sec, recouvert d'un enduit imper- méable et enfin d'un vernis. Ces cannes sont excellentes, mais présentent également le défaut d'un poids plus lourd que celui qu'elles devraient avoir. Elles sont à peu près aussi lourdes que les cannes en bambou, et n'en ont ni la solidité ni l'élégance. Elles compen- sent cela par un prix moitié moindre, — ce qui est bien quelque chose, — et par l'a- vantage que l'on peut soi-même faire subir cet apprêt, soit à une canne de roseau que l'on fabrique pour soi-même, soit à une canne de roseau ordinaire que l'on achète toute fabriquée, et dont le prix, en définitive, est minime. Malgré la légère critique que l'usage de ces cannes nous a permis de faire, nous regardons l'appli- cation des rubans comme une idée neuve et un progrès réel. L'inventeur fait remarquer en outre que l'on peut ainsi rassembler des maté- tériaux de toute couleur, et de toute provenance, ne s'occupant que de leurs qua- lités de souplesse et d'élasticité ; que ceux-ci, bien combinés , peuvent fournir une canne parfaite, sans offrir à l'œil un ensemble de morceaux disparates et choquants : on peut aussi alléger par le forage les pièces les plus grosses, etc. 7° Cannes de roseaux (4, S bouts). De toutes les cannes, la meilleure, — ^ans aller chercher si loin, dès l'abord, — est celle faite en morceaux de roseau bien égaux, bien choisis, et que l'on trouve dans le commerce à peu de frais, toute fabriquée, munie de ses viroles, etc. Ces objets se faisant en grandes quantités, il est toujours facile, en s'adressant à des marchands consciencieux, — et l'on doit supposer qu'il s'en trouve parmi ceux d'ustensiles de la pêche, — il est toujours facile, dis-je, de se rendre possesseur d'unç très-bonne canne. Seulement elle est incomplète, si on l'a payée bon marché, parce qu'en fait de cannes à pêche, ce n'est pas la matière qui en augmente le prix, mais le temps que demandent les arrangements accessoires ; c'est là ce que l'amateur peut parfaitement faire lui-même, à temps perdu, et ce que nous allons décrire ici. Choisissons donc, suivant la largeur moyenne du cours d'eau où nous voulons pêcher, une canne en 4 ou 5 bouts. Chacun de ces bouts varie de 1 mètre à l'",70. Ce qui produit les combinaisons et longueurs suivantes : A 4 BOUTS. Chacun ayant 1",00, longueur to(aIc 1",00. — 1 10, — 4 40. — 1 20, — i 80. I 30, — 5 20. — I 40, — 6 CO. — I 60, — (i 00. — I 00, — (> 40. — I 70, — 6 80. X 5 BOITS. 1™,00, longueur totale 5" ,00 1 10, — 5 60 1 20, — 6 on. 1 30, — 6 60 1 40, — 7 00 1 50, — 7 50 l CO, — 8 00 1 70, — 8 50 CANNES A PÈCHE. 143 lîcmarquons d'abord que toute canne choisie doit être à goujons de bois et épauleinents. C'est le seul moyen qu'elle s'emmanche solidement. Or, il y a perte, h chaque morceau, de la longueur qui entre dans celui qui le précède, c'est environ 0'",0r) par virole, soit O'",20 pour la canne à 4 bouts, et 0'",25 pour celle h l) compartiments. Si donc, dans la première rangée, on veut une canne de 0 mètres net ou effectif, il faudra choisir des morceaux qui, employés, aient en moyenne 1°',55 et ainsi de suite. En comparant les colonnes du tableau ci-dessus, on reconnaît de suite (ju'on peut arriver des deux manières à des cannes de même longueur. Il faudra donc calculer les avantages et les désavantages de chacune d'elles. 6 mètres en 4 bouts de 1°',50 sont plus embarrassants, que dans certains cas de transport par voitures, .") bouts de 1"',20 etc. D'un autre côté, quand la longueur de la canne ployée n'est pas un obstacle, il faut remarquer que la meilleure de toutes est celle en 4 bouts de l'",70. C'est celle que nous préférons, et voici pourquoi : elle est assez longue, et, quoique légère, assez lourde pour occuper les bras du pécheur à la mouche ; diminuée d'un bout, celui du bas, elle donne encore une longueur de 5", 10, formant une excellente canne pour la pêche au coup, etc., et qui devient alors très-portative. Pour la pèche à la mouche, on se sert de 4 morceaux dans un fleuve ou dans un étang, de 3 dans une rivière, et de 2 dans un ruisseau : souvent de 4 dans celui-ci, pour la pèche à la surprise, où l'on se tient alors si loin du cours d'eau, que l'on a l'air dépêcher dans le pré, mais où l'on fait ainsi des captures magni- fiques. Ces petits ruisseaux renferment souvent de belles pièces qui ne peuvent, à la distance de 5 à 6 mètres, entendre les pas ni voir le pêcheur, deux causes de succès gagnées par ce système. Nous avons dit, en commençant cette VIP division, que les cannes marchandes avaient besoin d'être complétées, nous allons maintenant expliquer en quoi con- siste ce travail. Le roseau plie et ne rompt pas, dit le bon Fabuliste ; c'est vrai, du roseau vert qui se balance dans le marais, mais ce n'est plus vrai du roseau sec qui arme la main du pêcheur. Chaque nœud est un endroit faible qui, quelquefois, se détache tout à coup ; chaque entre-nœud peut se fendre, ou se ployer comme un rouleau de papier, une moitié dans l'autre. Il faut éviter cela au moyen d'une bonne liga- ture faite entre chaque nœud ; c'est long, mais c'est sûr. Il ne ftuit cependant pas employer de la corde trop grosse ; la meilleure est un fin cordonnet de soie avec lequel on fait les lignes fines, et qui est à peu près de la grosseur du cordonnet qui sert à faire les ouvrages au crochet : il est beaucoup plus tordu que celui-ci, mais, à son défaut, l'autre peut le suppléer, la couleur n'y fait rien. Quand la ligature est bien faite, elle est plus facile à faire en cirant seulement le cordonnet, on l'imbibe de vernis au moyen d'un petit pinceau, et on laisse sé- cher. En recommençant deux ou trois fois cette opération, on finit par recouvrir chaque ligature d'un anneau de substance imperméable et solide, qui rend le tout inattaquable à l'eau. Si la canne se brise à un nœud, il n'y a qu'un remède, c'est de remplacer le morceau entier ; la forme du roseau en lui-même, s'opposant ab- solument à ce qu'on puisse mettre un virole solide entre deux parties contiguës. En regardant en effet chaque nœud, on s'aperçoit d'abord qu'il est saillant comme une bague, puis, qutl est suivi de chaque côté d'une dépression, laquelle est suivie d'un renflement : aucune virole ne peut prendre cette forme en entonnoir et être 144 CANNES A PÈCHE. solide, il faut donc limer le roseau pour le rendre cylindrique, el alors il s"en- nianche de travers. Il vaut mieux refaire ou acheter un autre morceau, c'est plus simple. Toutes les deux ou trois ligatures, on passera dessous un anneau, et, quand on arrivera au scion, on le fera comme nous l'indiquerons à son article. (Voy. Scion.) Il est bon également de munir sa canne d'une lance. On y monte un moulinet, et l'on est possesseur d'un excellent instrument de poche, dont on peut réparer au besoin toutes les parties, car il n'est presque pas de village où l'on ne trouve des cannes en roseau. Les ligatures peuvent se faire également en fouet de lin, en fd de chanvre bien retors, et même en petit lil de cuivre ou de fer, mais, dans, ce cas, le mode d'arrêt est différent. Les quatre ou cinq compartiments qui forment la canne doivent être toujours serrés dans un étui de toile ou de coutil ; on peut y faire entrer également un ou deux scions de rechange, le manche de l'épuisette et celui du filet à papillons {flg. 66). Moyennant cette précaution, on échappe au risque de perdre en route une ou plusieurs parties de cet instrument indispensable. 8' Canne en bambou (4 ou o bouts). Ces cannes, auxquelles on donne moins de longueur en général qu'à celles faites en roseau, sont plus lourdes, parce que le bambou est plus compacte. Comme élégance, comme force, ce sont les meilleures, et rien ne saurait lutter contre le vernis naturel des roseaux d'Asie et d'Amérique. Il ne faut pas croire cependant que l'action de l'eau, de l'air et du soleil, n'ait pas de prise sur eux : ils y résistent victorieusement, tant qu'ils ne sont pas allégés par l'intérieur, mais quand cette opération est faite, ils fendent aussi. Quoi qu'il en soit, pour les cannes destinées à la poche à la mouche, c'est la matière par excellence, et c'est en effet celle des cannes de luxe. Ceci tient à ce qu'en choisissant bien le bambou, on peut faire une canne longue et relativement très-mince à la main vers le bas, quoique d'une grande force. Il faut surtout ne pas se servir de la pointe des bambous qui est cassante souvent comme le verre. Cette cassure a toujours lieu auprès de la virole du haut, si le vernis du bambou a été entamé pour le percer, et souvent au môme endroit, quand même on aurait évité cet accident. 9° Cannes à pêche en forme de Cannes de promenade. Ce genre de cannes n'est pas seulement l'arme des pêcheurs honteux, elle est quelquefois utile quand on veut faire entrer, dans un bagage restreint, une canne à pêche qui puisse fonctionner à l'occasion ; et cependant, pour peu qu'elle ait une certaine longueur totale, — et alors, le nombre des bouts supplée à la longueur de chaque, — elle devient aussi volumineuse qu'une des cannes des n"' 7 ou 8 dans son étui. Comme les cannes sont composées d'une suite de morceaux creusés, rentrant les uns dans les autres, elles doivent être établies au moyen d'outils et d'ouvriers spéciaux. Elles le sont du reste à très-bon marché ; le commerce en fournit de : 2 bouts qui ont, déployées, la longueur de l",9o 3 — — 2 55 4 _ _ 3» 40 5 — — 4 25 CANNE FIXE. 145 A voii' ces dernières reriiices, on les eroirail d'une longueur énorme; tant s'en laut, et elles ne sont pas portatives comme canne de promenade, car elles ressem'- blenl à un parapluie ferme. Une pomme vissée à un bout et une virolle de métal à l'autre, complètent l'appareil qui permet au pécheur timide de satisfaire sa passion sans dénoncer aux passants ses projets hostiles aux poissons. Il a l'air de sortir pour une promenade : sa canne est bète au possible, c'est vrai, elle ne ressemble pas plus à une canne qu'à une baguette, c'est vrai, — car personne n'imagine qu'on puisse s'appuyer sur un roseau à pèche, — mais enfin il est heureux, il cache son jeu ! Aussi, que seprésente un endroit bien seul, entre les saules, notre homme fera comme le limaçon qui sort ses cornes, il allongera furtivement sa canne et en fera une mauvaise machine à pêche ! Tant mieux ! Qu'elle lui apporte tous les désagréments qu'elle ne ménage pas à ceux qui s'en servent, il n'aura que ce qu'il mérite. Ce pécheur me représente un chasseur qui ferait enfermer son fusil dans une canne et se munirait seulement de pistolets dans ses poches, il rentrerait bredouille et n'aurait que ce qu'il mérite- rait. Chacun doit avoir la responsabilité de ses goûts et de ses actes ! Eh bien, si le pêcheur a peur, qu'il soit puni, et il le sera par où il a péché (sans calembour, je vous prie). En effet, pour n'avoir pas su mépriser les fades moqueries des passants qui, sur la foi d'épigrammes surannées, raillent un goût dont ils ne soupçonnent ni le charme ni les jouissances, il emploie une canne sans force, sans ligatures qui ré- parent la perte de la substance intérieure, sans anneaux possibles, à laquelle il ne peut attacher de moulinet, et dont il ne peut se sei'vir en cachette que pour enlever quelques maigres Ablettes ou quelques Goujons imprudents à venir si près du bord ! Les succès de la pêche sont, comme ceux de la chasse, imprévus comme toute chance et aléatoires comme le hasard : c'est au moment où il tendra une amorce au Goujon qu'une grosse Carpe, en train de s'amuser, lui empor- tera la ligne et une partie de la canne, en ayant soin de lui montrer coquettement son dos pour qu'il n'ignore pas à qui il a eu affaire et quelle aubaine lui échappe. En résumé, c'est la plus mauvaise de toutes les cannes, elle n'est pas même bonne pour les enfants qu'elle rapproche trop du danger. Vous tous qui péchez ou voulez pêcher, confessez hardiment la loi du pê- cheur et, en fussiez-vous martyr un moment, étudiez, et vous réduirez bientôt par vos succès vos détracteurs au silence. Alors vous les dédaignerez en savourant deux jouissances exquises : la pêche et la vengeance. (Voy. Perçue ou Canne a PÊcaE.) CANNE FIXE (Pêche à la). — La pêche à la canne fixe ou à ligne dormante, car elle porte ces deux noms, s'emploie aussi bien en mer qu'en eau douce ; elle demande un attirail un peu encombrant, mais elle rap- porte généralement du poisson de forte taille, car elle s'a- dresse à la classe des poissons de fond. Les meilleurs endroits, en eau douce, sont les grands fonds d'eau tranquille ; en mer, ce sont les passages d'é- tangs salés, les entre-deux de rochers et autres endroits où l'eau est profonde, près du rivage. \\ est bon de se munir d'un panier {f>q. 119) ou d'un ^ 11 ^'«'S'- '19- — Panier de pèche. sac de pêcheur {p(j. 120), pour mettre non-seulement les engins, mais encore des provisions pour la journée, car, une fois qu'on a choisi une place, il faut la garder, l'amorcer, et la rendre le meilleur possible en y fai- 10 146 CANNE FIXE. sanl arriver un remontage de poissons. Le pôcheur fait bien de se munir d'un tré- pied {fig. 121) ou d'un pliant (//V/. 122), pour ne pas demeurer debout, le piétinement étant toujours mauvais, parce que c'est le bruit qui s'en- tend le plus loin, dans l'eau ébranlée par la terre. S'as- seoir sur l'herbe humide, n'est pas tentant ; il faut donc, quand on veut pêcher à la canne fixe, prendre toutes ses précautions, et apporter un peu sa maison avec soi, parce (ju'on ne quittera plus la place choisie. Trois ou quatre lignes et cannes suffisent parfaite- ment à cette pèche et forment déjà un bagage assez volu- mineux, jointes à l'épuiselte et aux provisions. Les cannes sont à moulinet, d'une longueur appro- priée au cours d'eau oij l'on pêche. Comme c'est surtout à des poissons solides qu'on s'adresse, on les choisira en conséquence. S'il fallait tenir une seule canne à la main toute la journée, dans une eau dormante, sans mouvement, ce 'ig. 120. — Le sac u pec eui. ggpr^j^ ^j^g hiew. fastidicuse bcsoguc, d'autant plus que les poissons qui habitent ces eaux n'ont pas une attaque soudaine, mais entraînent bravement et sans hésitation l'esche, qu'ils ont été longtemps à attaquer. Si l'on ne tient pas sa canne, il faut la poser à terre ; or, ceci constitue une pratique présentant de graves inconvénients, parce que, si une carpe ou un barbillon s'est enferré lui-même, il ne vous attendra pas, il entraniera ligne et canne au milieu de la rivière, ce qui n'offre pas l'agrément d'une promenade en bateau, quand sou- vent ce secourable véhicule n'existe pas à plusieurs kilomètres à ig- ■ — repie . pgj^^^^^.^ j^j^ sccoud licu, uuc partie de la canne trempe dans l'eau, et, à moins que cette canne ne soit d'un seul morceau, et non suscep- tible d'être démontée, cette opération, le soir, ne sera plus possible, parce que le bois se sera gonflé. Pour remédier à ces inconvénients, on se munit des deux petits instruments ci-joints {fïg. 1^3 et 124), que l'on peut faire en fil de fer et emporter (encore un poids de plus, mais c'est sûr) — ou couper dans un arbre voisin, — et s'il n'y en a pas ? — on enfonce en terre la fourchette {fig. 123) en avant du moulinet {fig. 123), sur le bord de l'eau, vers le premier tiers de la canne à partir du bas, et le crochet {fig. 124) sur la lance. La canne ainsi établie, se tient élevée au-dessus de l'eau, ce qui empêche le scion d'être mouillé. Le poisson ne peut plus l'entraîner, et le pêcheur a la plus grande facilité en dépassant, par un petit mouvement, la lame de dessous le crochet, de saisir la canne au moment opportun. Mais le plus grand avantage de cette pêche, — et celui qui en fait vraiment une spécialité, — c'est la possibilité de mettre à l'eau un certain nombre de lignes et de les surveiller toutes sans fatigue. Trois ou quatre cannes sont suffisantes pour ne pas faire de cette pêche une fatigue, si la rivière est un peu poissonneuse ; beaucoup de pêcheurs vont à six, à Fig. 12-2. — Pliant. Fiy. 123. Fourchette Fig. 1?4. Crochet. CAiNNE FIXE. 147 dix même, mais, dans co cas, ils remplacent les cannes par des lignes à grelots, ce qui rentre dans la pùclie décrite t\ cet article. (Voy. Grelots.) Dans ce genre de pèche, il i'aul choisir des lignes fortes, {fig. 120, crin en 12 brms, fi g. 127, soie), des hameçons renl'orcés , des flottes bien voyantes et de couleur écla- tante, et enfin, des cannes solides et à moulinet; une Fig. 123. — Position de la canne fixe, péchant. bonne épuiseltc AR {/ig. 128) est indispensable, et, si l'on ne voit pas mor- dre souvent , au moins quand cela arrive , c'est pour tout de bon , et la qualité dédommage de la quan- tilé. On peut encore, pour sim- plifier son bagage , n'emporter qu'une fourchette, et implanter obliquement la canne dans la terre, ou bien, mettre une pierre sur la lance, mais cet usage a Fig. 126. — Crin eu 12 brins. Fig. 127. — Soie forte. Fig. 128. — l'orte épuisette pour poisson de fond. l'inconvénient de ne pas offrir de facilités pour dégager la ligne, il faut faire un mouvement brusque qui, souvent, suffit pour dégager ou perdre la capture. La ligne que l'on monte à la canne fixe est en soie, semblable à celle de la figure 127 ; au bas, se fixe une avancée en florence double cordée, ou au moins en crin en 12 brins. A 0'",50 de l'hameçon, on met un petit grain de plomb (fig. 129), placé à demeure sur l'avancée, et au-dessus de lui, une olive de plomb, dont la grosseur varie avec le poids de la ligne, la force de l'eau, etc., et qui, glissant sur l'avancée, ne peut dépasser le petit plomb d'arrêt, fixé à demeure. Le plomb en olive n'est pas destiné à équilibrer la flotte ni la ligne, il descend au fond, y maintient la ligne, et lui permet cependant d'être libre comme si elle n'était pas retenue. En effet, le mouvement im- primé à l'hameçon se communique à tra- vers l'olive à la flotte, aussi aisément que quand on pêche à la ligne flottante. Toutes les Esches de fond sont bonnes pour ce moyen de pêche, on les assortit au poisson qui habite le lieu, ce qu'on peut souvent préjuger par l'élude de la ri- vière. CANNES POUR LA PÊCHE EN MER. — Les cannes qui servent pour la pêche à la ligne en mer, doivent être plus grosses et plus longues que celles que l'on emploie pour la pêche en eau douce. En effet, les poissons que l'on se propose de prendre sont généralement plus gros, Fig. 129. — Ligne de fond pour la canne fixe. 148 G A N T H È R E. toujours plus voraces et par conséquent se défendent avec plus de succès et plus longtemps. L'inconvénient du plus p;ran(l poids de ces perches est compensé parce que, si le pêcheur est en baleau, il appuie sa canne etl'arc-boute de manière à n'en pas porter le poids; l'attaque du poisson est si franche et si rapide qu'en tenant seulement la main sur la canne, le pécheur est immédiatement averti du succès de son entreprise. S'il pêche sur les rochers, il pose sa canne à terre (//,*/.! 23) la soutenant sur une fourchette {fg. 123) et maintenant la grosse extrémité par une pierre ou un crochet de bois ou de fer. (Voy. Canne fixe.) CANNIER. — Synonyme de Bvette. — (Yoy. Nasse.) CANTHÈRE [Genre] (Cantharus, Cuv.). — Acanthopt. Spaioïd. Ce genre est caractérisé par des dents crochues en cardes, d'égale hauteur, excepté le rang extérieur plus grand et plus courbe que les autres. G rayons branchiostèges. Joues écaillées. Écailles et aspect général de tous les spares. Son nom vient du grec : xàveapo;. Une espèce sur nos côtes. CANTHÈRE GRISE (Cantharus griseus, Cuv.). — Acanthopt. Sparoid. Long. max. = ()"',8(). Syn. : Black sea bream, angl. — Choupa, madér. Ce poisson, que l'on nomme aussi la Brème de mer noire, ou le Spare à Raies, porte également le nom de Sarde grise, et se trouve abondamment sur les côtes de Normandie. Il habite volontiers Fig. 130. — C.aiithere gribu [Cant/iarus grheus, Cuv.). les endroits vaseux des côtes, et se montre très-vorace; on le prend beaucoup à Dieppe, Calais, Boulogne, etc. 11 a la forme toute caractéristique, ovoïde des spares ; la tête petite et le corps large, rétréci gracieusement à la queue, laquelle est un peu fourchue et de forme élégante. Du haut de la tête et du dos deux lignes foncées descendent sur le bord supérieur de l'opercule, renfermant entre elles un espace garni d'écaillés. Les opercules sont écailleux, ainsi que l'interopercule. Iris rouge-orangé; lèvres et bouche rouge-brun pâle ; corps bleu-gris, marqué de bandes alter- nées claires et foncées, le centre des écailles étant plus foncé que leur périphérie. La ligne latérale est plus noire encore et s'écarte un peu du profil, en approchant de la léte. D= II-f-12. P = 16. V = l +5. A = 3-|-10. C=17. La dorsale est brun pâle, et peut se loger dans un canal creusé sur le dos du poisson ; les pec- torales et les autres nageoires sont grisâtres, un peu plus foncées que le corps. CAPELAN. 149 CANTHÈRE GRISE. — Celte Brème à raies a les mœurs de la Ihème de mer ordinaire. (Voy. ce mol.) Elle se pêche aussi bien à Thameçon qu'au (il(!l. On la trouve en abondance pendant juin, juillet et août, mais elle ne devient jamais aussi grosse que la T5rème de mer commune. On amorce la ligne avec les appâts ordi- naires pour prendre les autres poissons du même genre. Gomme, en outre, elle mange beaucoup de substances végétales, elle devient très-grosse. On la prend souvent, dans les ports, à la mouche du haut des rochers ou des digues. Elle est solitaire et ne se rassemble jamais en troupe : il est excessivement rare d'en prendre de jeunes de petites dimensions. CANTONNEMENTS. — (Voy. LÉGISLATION.) Rapport du 10 mai 18G2, et décret pour la réglementation de la pêche côtière dans les cinq arrondissements maritimes. CAPELAN (Gadus minutus, Lin.). — Malacoptérygiens subrachiens. Gadoïdes. Long. iiiax.=r ()■",!(;. Syn. . The Poor, angl. — Zwergdm-sch, allem. — Nunkana, ital. — Glysa, Glyskolju, suéd. Le Capelan est une espèce particulière de petites Morues, qui, en Bretagne, donne lieu à une pêche assez abondante pendant l'hiver. On les y appelle aussi Officiers, et leur chair est bonne, Fiij. 131. — Capelan [Gadus minulux, Lin.;. quoique leur taille ne soit pas considérable. On les prend le plus souvent en même temps, aux mêmes lieux et de la même manière que le Merlan. Ces poissons forment la meilleure esche pour les grosses espèces du genre Gade (Gadoïdes) ; on les prend en quantité énorme dans certaines anses, où ils se rassemblent près de la surface deleau. Dans ce petit poisson, la première dorsale de 12 rayons commence en dessus de l'origine des pectorales, qui en ont )4, le plus long rayon étant de la longueur de la base de la nageoire dor- sale; la deuxième a 19 rayons, et la troisième 17; elle commence et finit en face de la deuxième anale, qui a 17 rayons, tandis que la première n'en a que 16. Ces dorsules sont entourées d'une espèce de peau contenant les rayons à peu près libres ; il en est de même de l'anale. Elles sont brunes, plus foncées sur le dos. Les pectorales sont brun-rouge clair, et la caudale rougeâtre sale et un peu foncée. Chez un sujet observé à Brest, en 18G4, les ventrales manquaient tout à fait, et en étaient réduites à deux petits tubercules blancs sur cette région argentée mate. La naissance de la pectorale porte une petite tache brun-noir, à reflets verts. Le corps se prolonge fort loin sur la caudale, et y prend la forme de fer de lance. Les ventrales n'ont que C rayons, la caudale de 18 est grande et à peine échancrée; on la croi- rait plutôt carrée. La tête et le nez sont émoussés. Ciiaque branche des mâchoires porte quatre ouvertures ou pores en dessous. Les opercules sont nacrés, ainsi que le museau, et piquetés de petits points bruns-noirs. Mâchoires bordées de petites dents crochues en avant; langue blanche. Les yeux sont grands, à iris blanc en bas, noir-brun en dessus, la pupille noire. Les écailles sont petites et tiennent peu; la ligne latérale, très-légèrement courbée seulement au-dessus des pectorales, est saillante. loO CARNIEH. Le dos, au-dessus de la ligne latérale, est brun clair demi-transparent; les côtés et le ventre lilanc saie, à petites écailles. En arrière de la ligne latérale, c'est-à-dire vis-à-vis du commencement de la deuxième dorsale, se trouve, de chaque côté, une bande clievronnée d'écaillés vert-jaune peu foncé. On donne aussi le nom de Capelan à une petite Morue de la Méditerranée, qui semble être de la même espèce, et en parcourt les eaux en troupes extrêmement nombreuses. L'hiver, elle se retire dans les profondeurs, et l'été, elle s'approche des rivages. CAPELAN. — Le Capelan fi-équentc les côtes et se pi-end très-bien à l'ha- nicçon. Onoiqne fort bon pour la table, on le garde, à cause de son peu de grosseur, pour amorcer les lignes à gros poissons. Il se nourrit principalement de crustacés : on prétend qu'il demeure en troupes toute l'année dans certains endroits, habitude qu'il aurait conmume avec toutes les espèces de Morues; aussi les pôcheui^s de Norwége, qui en prennent d'énormes quantités, n'en commencent-ils la pèche que quand ils ont reconnu les parages fréquentés par ces bancs. Le Capelan aimant le voisinage des rochers, on le prend facilement à fond dans les endroits où le sol est très-bon et l'amorce à découvert. On esche avec un morceau de pilono. (Yoy. ce mot.) Le Capelan mord âprement et ne se défend point : il meint presque en sortant de l'eau. On le prend aussi dans les paniers à Crabes. Sur beaucoup de côtes, on le prend aux fdets à Merlans et on le vend avec ce poisson. CARAMASSOU. — Nom du Diable de mer ou Cotte-Scorpion à l'embou- chure de la Seine. (Voy. Cotte Scorpion.) CARANGUE. — (Yoy. Saurel.) CARANX TRACHURUS. - (Voy. Saurel.) CARDAIRE. — Nom de la Tiak Foulon ou Chardon. (Voy. Rates , § 9.) CARNET DE RECONNAISSANCE. — On appelle ainsi un tableau d'étude du cours d'eau où l'on veut pêcher, permettant, par l'aspect de l'eau (voy. ce mot) et la connaissance des qualités du fond, de préjuger quel genre de poissons, quelles espèces on peut y chercher. La confection de ce carnet est le travail préparatoire de la pèche à la ligne pour tout amateur sérieux, restant quelque temps dans un pays nouveau poiu' lui. CARNIER DE PÊCHE. — On a beaucoup cherché comment construire, pour le pêcheur, un réceptacle commode de tous les ustensiles dont il a besoin. Le plus usité est un simple panier de ménage : pour le pêcheur campagnard, qui ne con- naît que la pèche sédentaire, ce panier lui sert de siège au besoin, et il le trouve fort commode. Le pèchem- plus élé- gant a suggéré aux vanniers de lui en construire un qui pût se porter sur le dos au moyen d'une courroie, mais il n'est résulté de cela qu'un engin encombrant et peu com- mode {ft(j. 132). On en est arrivé alors au carnier de pèche, modifi- cation heureuse du carnier de chasse ou de la carnas- Fia. 132. — railler de pèche. .> i . i i i tvt i _ siere connue de tout le monde. Nous devons avouer que nous sommes pour beaucoup dans la modification que, sous notre direction, un des plus habiles constructeurs de Paris a fait subir à la carnassière tradition- nelle if g. 133}. Le chasseur se glorifie des marques sanglantes que le passage du gibier im- prime sur sa carnassière, son sac porte écrit en caractères indélébiles le certificat CAROUSCITE, 151 Fig. 133. — ('.aniassiéie de pêche. (le SCS exploits passés. T^e pécheur, lui, ne peut rechercher la même satis- faction. La proie qu'il recherche est enduite d'une matière j^luante et fort odorante ; son accumulation, sur les parois de son sac, en ferait un ohjet de haut (put et d'une appro- che fort peu agréahle. Il a donc fallu modifier : aussi le sac de pèche est fait en étoffe solide dite toile de cam- pement : c'est une toile de fil fort, extrêmement serrée (jui, mouillée, devient très-raide. Ce carnier peut donc se laver à chaque moment opportun. Mais ce n'est pas tout : sur le devant du grand sac se place un filet sem- blable à celui des carnassières, mais se démontant Ix volonté au moyen d'un lacet passant dans une série d'anneaux métalliques fixés dans le bord du filet et dans le bord du sac {f\g. 133). De cette manière, le sac se lave, le filet se lave; tout est propre, et rien ne sent mauvais. Sur le filet retombe un recouvrement en grosse toile semblable au sac. Ce recouvrement AC {fig. 133) est nécessaire pendant les marches au soleil; et ga- rantit le poisson des rayons directs. Les courroies mômes sont en fil, tout peut être lavé, mouillé et reprendre son aspect primitif en séchant. A l'intérieur du grand sac (voy. dans la coupe fuj. 134) peuvent être installés une certaine quantité de poches de difi'érenles grandeurs où le pêcheur met tous ses ustensiles, ses provisions, ses lignes de re- change, plombs, etc. Il est bon de mettre, dans le fond du filet RP {fig. 134), un lit d'herbes mouillées pour le poisson à mesure qu'on le prend, et au- dessus, encore des herbes mouillées : en rabattant le recouvrement S, on rapporte le tout en bon état, malgré une chaleur caniculaire. Le recouvrement S est encore indispensable pour la pêche à ^ ^' la mouche, parce qu'il empêche que par hasard l'hameçon ne s'engage dans les mailles du filet. Si le pêcheur préfère conserver ses poissons dans l'eau, il le peut sans plus de difficulté, en se servant de la Ronrriche {fig. 80). Quant à nous, nous sommes d'avis que tout poisson, sorti de l'eau, n'y doit plus rentrer avant d'aller à la cuisine. Lorsque, cependant, on désire en conserver, il faut se munir d'un petit filet à cercle (voy. Rourricue) dans lequel on place le poisson; pendant qu'on pêche on met le filet à l'eau. Quand on marche, on le pend à soi par un porte-mous- queton joint à l'une des boucles de la Randoulière, et l'on emporte le tout sans s'en apercevoir. Cette précaution peutêjtre admise dans la pêche sédentaire, mais, dans toutes les pêches à la mouche, elle est inexécutable. (Voy. Panier et Sac de pêche.) CAROUSCHE ou CAROUCHE NOIRE. — Nom vulgaire du Carrassin, espèce de Carpe. (Voy. Carrassin.) CAROUSCHE BLANCHE. — Nom du Cyprin strié dans le département de la Moselle. Ce Cyprin porte aussi le nom de Carpe de KoUar {Cyprinus Kollari). (Voy, ces mots.) CARPE [Ge/i/'f] (Cyprinus, Lin.)- — Malacopt. abd. Cyprin. Groupe facile à dislinguer dans la famille, faciès tout particulier, trapu, vigoureux; écailles Fig 13i. — Coupe de la carnassière de pêche, suivant AB ou CD. 152 CARPE BOUVIÈRE. grandes, ou absentes, ou niél;mgées, mais toujours 4 barbillons à la mâchoire supérieure. Deuxième rayon de la dorsale et de l'anale fort, pointu, mousse, et en scie. (Voy. Espèces e> France.) CARPE (Os du). — Les membres antérieurs des vertébrés sont représentés, chez les poissons, par les nageoires pectorales qui sont, en quelque sorte, des bras enfoncés sous la peau jusqu'à la main. Les parties osseuses de la tète, se continuant jusqu'aux côtés du cou pour défendre l'appareil respiratoire ou branciiies, il s'ensuit que les nageoires antérieures semblent attachées à la tète même du poisson. Il n'en est cependant rien ; seulement, les pièces formant l'omoplate, le bras et l'avant- bras, semblent comme repliées sur elles-mêmes, et déformées par le petit espace qu'elles occupent au-dessous des arcs branchiaux. Le bras complet du poisson se compose d'une clavicule, une omoplate, quelquefois divisée, un os coracoïdien, un humérus, un radius et un cubitus. La main qui, seule, sort au dehors, se compose du Carpe, 4 à 5 os, et des rayons qui représen- tent les doigts. CARPE A CUIR (Cyprinus coriaceus, Lin.), ou CARPE-TANCHE. — Malacopt. abdom. Cyprin. Long. max. = On.,.30. Ne diffère absolument de la Carpe commune que par sa peau coriace et entièrement privée d'é- cailles, ou du moins en portant de si petites, qu'elles ne sont pas facilement visibles. Les rayons des nageoires sont en même nombre que dans la Carpe à miroir. Elle se prend à la ligne comme la Carpe vulgaire. CARPE A LA LUNE. — Nom populaire de la Carpe carrassin, dans quelques « localités. (Voy. Carrassin.) CARPE A MIROIR (Cyprinus specularis. Lac). — Malacopt. abdom. Cyprin., Heine des Carpes. Long. max. = U"',aj. Syn. : Spiegelkarpfen, allem. Fuj. 13, Carpe a iiiiruir. [Cypi'inus specularis, LiK.) Celte Carpe est remarquable par deux rangées de grandes écailles, distribuées régulièrement sur les côtés et sur le dos ; ces écailles, très-grandes, sont striées et comme rayonnées, couleur jaune bordée de brun. vSc détachent facilement. Ce poisson n'a que 20 rayons à la dorsale, tandis que la Carpe vulgaire en a 24 ; l'anale, égale- ment, eu a 2 de moins, 7 au lieu de !). Ces Carpes, ainsi que la Carpe-Tanche, donnent des métis avec la Carpe vulgaire, dont elles ne sont très-probablement que des variétés. Pectorales, 18 rayons ; caudales, 25. Chair très-délicate. Quand ces Carpes perdent leurs écailles, on leur donne le nom de Carpe à cuir; assez rares en l'rance, où elles existent dans quelques rivières, quelques étangs, et surtout de nombreux viviers en Lorraine. oo .»a{è«- oo Û o h- a > O ■%-fe M. i^ LiJ o S a. < o eu o CARPE. io.'] Elles se pcenncnt à la lii?np absolument comme les Carpes vulgaires. CARPE BOUVIÈRE. — (Voy. BOUVIÈRE.) CARPE CARRASSIN. — (Voy. GaRRASSIN.) CARPE DE KOLLAR (Cyprinus KoUari, Val.). — C'est celle que nous désignons sous le nom de Cjiprin strié. (Voy. ce mot.) CARPE DE MER. — Nom (le la Vieille. (Voy. ce mot.) CARPE-TANCHE. — (Voy. GaRPE A CUIR et GaRPE A MIROIR.) CARPE VULGAIRE (Cyprinus Carpio, Lin.) — Malacopt. abd. Cypr. Long.max.= l^.ao. Syn. : Caip, angl. — Stru/i, Saumeri, allem. — Cdr/Jti, ital. — liaijna, vénit. — Ponliy, hon- grois. Poisson connu de tout le monde ; dos anjué, d'un vert olivâtre ou bleuâtre, jaunâtre en dessous ; ventre plus blanc. Les épines formant le premier rayon des nageoires dorsales et anales, sont fortes et dentelées. Dents pliaryngienncs (voy. ce mot) plates et striées à la couronne. Ligne latérale de 48 points noirs ; dorsale de 21, 22 ou 24 rayons; anale de 8 ou 9; 9 à chaque ventrale; 3 rayons de la dorsale et de l'anale dentelés. Caudale et ventrale violacées, anale rouge-brun ; son opercule lisse et sans dentelures. 4 barbillons, dont deux aux angles de la mâchoire. Écailles grandes et solides. Les parties osseuses du squelette de ce poisson sont en nombre fort considéraLle, caron en compte 4,38G. Tête forte, grosse et obtuse, yeux petits. Originaire du milieu de l'Europe, elle vit dans nos eaux tranquilles, où elle atteint jusqu'à 1™,20 de long. Elle s'élève aisément dans les viviers, dans les étangs, et est généralement de Lon goût. Les eaux claires et peu courantes lui conviennent, et cependant elle trouve dans les eaux des qualités qui échappent à nos observations, puisqu'elle se confine dans telle ou telle partie d'un fleuve ou d'une rivière, et qu'on ne la trouve que là,. La sensibilité de la Carpe est même si grande sur ce point, que celles qu'on élève et qu'on abandonne dans ces rivières à l'état sauvage, vont re- joindre les autres aux mêmes endroits, et ne repeuplent point le cours d'eau dans toute sa longueur. La Carpe se reproduit cependant avec une grande facilité dans les étangs, mais l'eau vaseuse communique facilement un goût de marécage à sa chair. Il est facile d'ailleurs de lui faire perdre ce goût de vase, en la faisant dégorger, huit jours seulement, dans une eau vive. Alors que la Carpe veut frayer, elle quitte les grands cours d'eau pour chercher des endroits plus tranquilles, et, dans cette route, elle n'est pas arrêtée par des chutes d'eau de 2 mètres, qu'elle remonte avec autant d'adresse et de persévérance que la Truite. Elle se frotte sur les herbes pour aider à l'expulsion de ses œufs, et souvent est presque en- tièrement hors de l'eau, surtout par un beau printemps et sous les rayoiis d'un soleil vivifiant; à ce moment, les Carpes ont une chair molle et flasque. Les jeunes Carpettes sont fort exposées aux dents de leurs ennemis, et un immense nombre sert de pâture aux poissons, oiseaux et mammifères voraces. Passé trois ans, elles ne craignent plus guère que le Crochet et les Loutres. Les Carpes ont une vie très-longue; celles que l'on nomme Saumonées ont la chair rouge et sont très-délicates. La croissance de ce poisson, dans un milieu où il trouve une boime nourriture, est prompte ; car, dans l'espace de sept ans, il passe du poids de 8 gr. à 8 kilog. C'est un poids mille fois plus grand. A cette grosseur, il s'accroît beaucoup plus lentement. Ou voit souvent des individus monstrueux, à front très-bombé et à museau très-court. L'on en élève une race à grandes écailles dont certains individusontlapeau nue par places ou même entière- ment, que l'on nomme Reine des Carpes, Carpe àmiroir, Carpe à cuir, etc. (C?//;nViM9 rex cyprinorum). La Carpe est peu vorace, mais se nourrit du frai d'autres poissons, d'insectes et de beaucoup de substances végétales et animales qu'elle trouve dans la vase. Quand la r,arpe est maigre, sa tête parait être très-grosse relativement à son corps. Les petites Carpes sont désagréables à manger, mais les grosses sont charnues, et leur chair est ferme et délicate quand elles sont prises en eau vive. Celles des étangs ont un goût de vase. Les Carpes du Rhin et celles de Moiitreuil-sur-Mer sont très-estimées; celles du Lot passent pour excellentes. Dans la Saône, ces poissons sont de très-bonne qualité, tandis que les eaux si vives et si limpides de la Moselle et de la Loire ne fournissent que des Carpes peu recherchées. La Carpe vient des parties méridionales de l'Europe, et est acclimatée partout. M. Bienner, explorateur de Y Établissement de pisciculture de Huningue, a trouvé, au 15 dé- cembre, dans le lac de Constance, des Carpes dont les œufs et la laitance étalent complètement mûrs; y aurait-il deux frais par an chez ce poisson ? CARPE VULGAIRE. — Quel que soit le mode de pêche que Ton veuille adop- ter pour la Carpe, il faut d'abord s'assurer qu'il y en a dans le lieu même où l'on 154 CARPE. doit pêcher et les y rassembler, car ce poisson se cantonne et demeure fidèle à l'en- droit choisi par lui. On se sert, à cet effet, d'appâts de fond, que l'on place sur le sable dans un lieu où il n'y a pas d'herbes. Si le fond est vaseux, on y descend une planche que l'on couvre de terre glaise sur laquelle on place les appâts. Cette table est attachée à une corde qui se fixe au rivage pour qu'on puisse la retirer et remettre des appâts si les Carpes les ont enlevés. Les appâts employés varient beaucoup, mais ordinairement ce sont des graines cuites. (Voy. Amorces.) Pour pi^'cber la carpe à la ligne, il faut choisir des hameçons à l'épreuve, les monter sur des lignes de soie solide, teintes en vert, si l'on veut, et attacher la ligne et le moulinet à une canne solide, pas trop fiexible, et longue. La flotte peut être grosse sans inconvénient, la carpe, au fond, ne la voit pas. Les appâts dont on fait usage pour cette pêche sont nombreux ; sans parler des fèves cuites, en voici quelques-uns : Prenez : oOO grammes de marc de chènevis, GO grammes de saindoux, autant d'huile de héron et de miel, 800 grammes de pain blanc rassis, et 4 grains de musc. Mêlez le tout ensemble et en faites une pâte que vous coupez par morceaux, avec lesquels vous garnissez les hameçons. (( D'après Wallon, il faut choisir des vers rouges très-gros, les garder trois se- maines à un mois, dans la mousse que l'on change de temps en temps. Mettez à vos lignes de soie ou de crin de longs tuyaux de plumes de cigogne ou d'oie, attachez le plomb à 0^,00 au-dessus de l'hameçon et choisissez-le assez pesant pour qu'il fasse enfoncer un peu le liège de la plume sous l'eau ; il faut que ce plomb soit à la mesure exacte du fond. «Rendez-vous sur le lieu où vous aurezvu ce poisson se promener vers 4 heures de l'après-midi, en été. Remarquez que, pendant que la troupe cherche sa nourri- ture, au fond, une ou deux carpes restent en sentinelle à la surface de l'eau. C'est vers le milieu de la rivière, au moins à 3 ou 4 mètres du rivage, dans un fond clair et un terrain convenable, qu'il faut commencer. Si l'eau change de niveau, prenez de nouveau la hauteur afin que, le plomb étant au fond, la flotte paraisse seulement de 2 centimètres au-dessus de l'eau. Il faut remarquer que toutes les recommanda- tions se rapportent à l'emploi de flottes anglaises, d (A'oy. Flottk.) ,U1. CARRELET. 137 Syn. : Crucion carp, angl. — Brascen Knrousche, ail. — Riida, siiéd. ; — Hamburger, hol!. La structure de ce poisson est la même que celle de la Carpe vulgaire {Cyprinus carinu), avec cette différence qu'il a un corps très-clevé, à ligne latérale droite, à tète petite, à caudale coupée carrément. 11 manque de barbillons. Son museau est arrondi, le dos est brun foncé, olive sur la tête, courbé en arc de cercle, côtes verdàtres en haut, jaunâtres en bas. Ventre blanc mclé de rouge, son canal intestinal présente cinq sinuosités. L'épine dorsale de 30 vertèbres est soutenue par 2h côtes de chaque côté. Pectorales violettes de 13 rayons, caudale de 21, jaunâtre, bordée de gris, ainsi que toutes les autres nageoires. Le Carrassin est rare dans les environs de Paris, mais très-commun dans le nord Il aime les fonds marneux et glaiseux des lacs et des étangs, sans y contracter le goût de la vase ; il a la vie dure et ne meurt pas vite hors de l'eau. 11 se nourrit comme la Carpe, de vers, de végétaux, de débris de substances organisées qu'il ramasse dans la vase. H croît lentement, et son poids n'excède guère 600 grammes. On peut le nourrir comme la Carpe, il aime les mêmes amorces de fond. Sa chair est blanche, tendre et très-délicate. Dans certains pays, on attribue des qualités vénéneuses à la Carpe carrassin, que l'on nomme Cio'iie à ta lune ; il parait que le principe toxique réside seulement dans les écailles qu'il faut en- lever avec soin. On en pêche beaucoup en Lorraine. CARRASSIN [Carpe]. — Ce poisson peut non-seulement habiter tous les fonds qu'habite la Carpe vulgaire, mais encore de plus mauvaises eaux. Il se nourrit de la même manière qu'elle ; par conséquent tous les modes de pêche bons pour Tune peuvent être employés pour l'autre. Seulement le Carrassin mord beaucoup moins volontiers aux esches que la Carpe, et si, sous ce rapport, il offre encore plus de difficulté qu'elle au pêcheur, en revanche il présente au propriétaire une grande sécurité contre le braconnage à la ligne. Aussi peut-on se servir de ce poisson pour empoissonner les mares et trous de tourbière ou d'exploitation quelconque, éloi- gnés de toute habitation, et que, cependant, on ne veut pas laisser stériles. Il suffit d'y planter des pieux garnis de clous, coupés au-dessous du niveau de l'eau et em- pêchant, dans la mare ou le trou, l'usage de toute espèce de fdet. Lorsque l'on déci- dera la pêche du réservoir, on en sera quitte pour se munir des appareils nécessaires et commencer par arracher les pieux, travail que les braconniers n'auront eu ni les moyens ni le loisir d'entreprendre. CARRASSIUS (Cyprinus). — (Voy. Carrassin, Carpe.) CARRÉ. — Nom donné au Carrelet (fdet), dans quelques endroits. CARREAU. — On donne le nom de Carreau au Lançon, au Brochet adulte et à la Carpe carrassin. (Voy. ces mots.) Les pêcheurs de l'étang de Saint-Gratien, vallée de Montmorency près Paris, désignent sous le nom de Carreau la Carpe de Kollar ou Cyprin strié qu'ils trouvent mélangée à la Carpe commune. (Voy. ces mots.) CARRELET. — On donne le, nom de Carrelet aux jeunes Plies qui remontent les fleuves et rivières. On en prend peu qui dépassent 0'n,?5 de longueur, et on en prend toute l'année dans les cours d'eau à fond sablonneux, entre autres la Loire et la Garonne. Il est difficile de croire que ces poissons soient attirés là par le besoin de frayer ; car, dans ce cas, on n'y prendrait que des individus parvenus à toute leur croissance. On remarque, au contraire, que ces Carrelets ont les taches du corps beaucoup moins visibles que les grosses Plies prises en mer; le côté supérieur du corps est presque entièrement brun, et les tubercules saillants de la ligne latérale et de la tête, entre les yeux, sont très-peu proémi- nents. Ces observations tendraient à faire croire, ou que le Carrelet est une variété d'eau douce de la Plie franche, ou que les jeunes de celte espèce, nés dans la mer, remontent dans l'eau douce pour y passer un certain temps, jusqu'à un accroissement suffisant après lequel ils regagnent la mer. On prend de très-petits individus de cette espèce à une grande distance de la mer, dans des étangs d'eau douce où ils ont remonté par les cours d'eau qui s'y déversent. De même que la Plie franche, ils ont sur les mâchoires une seule rangée de dents tranchantes, 158 C A SI EU. et le pharynx garni de molaires plates. Les nageoires dorsales, anales et caudales sont parfaitement séparées, et les yeux le plus souvent placés sur le coté droit du corps. (Voy. Plie franche.) CARRELET. — Ce poisson, dans la Loire et la Garonne, se prend parfaite- ment à la ligne de fond à donjon on à Barbillon. Il mord franchement au ver rouge, et, connue le Barbillon, quand il lient un bout du ver, il ne le lâche plus quil n'ait avalr lanimal entier et l'hameçon qui y est caché ; aussi ne doit-on pas se presser de ferrer, car il est très-rare qu'on prenne un Carrelet autrement que par les téguments intérieurs de l'eslomac. Lorsque la ligne est peu tendue sur l'eau, parce qu'on pèche avec du plomb et une très-longue avancée que le courant promène sur le sable, il arrive très-sou- vent que le Carrelet ne communique aucun mouvement apparent à la flotte. 11 s'est pris seul et reste immobile dans le sable, où il s'enfonce tant que le pêcheur ne cherche pas à retirer ou à remuer sa ligne. A ce moment, il bombe son corps et fait le vide en dessous de telle sorte qu'il est aisé de croire, au premier moment, que l'a- morce est accrochée à une pierre ou à une racine quelconque. Sous les efforts du pê- cheur, le Carrelet quitte le fond, et s'il est de belle taille, se défend un moment avec vigueur, la forme plate de son corps lui donnant la facilité de fendre et battre l'eau dans tous les sens et par bonds saccadés. Heureusement il est toujours solidement accroché, et comme il a la vie dure et qu'il ne se noierait point, il faut l'enlever d'au- torité, et l'amener sur le rivage de suite pour le décrocher au moyen du dégorgeoir. Ces détails indiquent qu'il est bon de monter sa ligne avec une avancée de bonne florence ou de 6 crins tordus : 4 même un peu forts pouvant suffire. On met le plus souvent deux hameçons n"' 10 et 12, et il n'est pas rare que la même plie mange, sans faire remuer la flotte, les deux vers rouges et se prenne aux deux hameçons en même temps. CARRELET. — Synonyme à' Échiquier. (Voy. ce mot.) CARRELET GOUJONNIER. — (Voy. ÉcniQUIER.) CARTILAGINEUSE (Nageoire). — (Voy. Adipeuse [nageoire.]) CARTILAGINEUX (Poissons). — 2™e grande division des poissons, à laquelle Artedi a donné le nom de Cliondroptérygiens. Elle comprend des animaux à-os cartilagineux pendant toute la vie. Les opercules manquent ; le bassin est d'une seule pièce transverse, non articulée à l'épine dor- sale, et portant de chaque côté une tige supportant les rayons delà nageoire ventrale. Les Raies font partie de ce groupe. Cette série se subdivise en deux ordres : 1" Sturioniens ou Cliondroptérygiens à branchies libres; 2'-' Chondropténjgiens à branchies fixes. CASIER. — Les casiers sont des nasses d'osier verticales, à ouverture supé- périeure, et qui rappellent parfai- Ë>^B//1^^^5^, tenient certaines souricières en lîl d'archal. Ils servent à prendre les Homards, Langoustes, Crabes et autres crustacés {fig. 136). On en fait aussi en charpente légère que l'on recouvre d'un fdet, le dessous étant en clayonnage. Les plus grands casiers n'ont guère plus de 0"',50 de hauteur sur l^jSO de diamètre. Ces casiers portent au fond des câblières ou des lests qui les maintiennent siu' le sol. Le dôme est garni de trois ou quatre anses par lesquelles on les suspend comme des caudrettes. (Voy. ce mot.) Fiy. 13G. — Casier eu hautcui'. CASTA GNOLE. 151) Chacun de ces paniers est amorce, en dedans, avec de la viande, du poisson ou quelquefois une simple pierre blanche taillée en forme de poisson, tant les crus- tacés sont gloutons. Au moyen dun bateau, on peut placer ces casiers, de mf'me que les caudrct- tes, j\ tous les endroits possibles. Si l'on fait la pêche à pied, il faut aller au relai de basse mer, les placer le plus avant possible dans [ l'ean, toujours entre les rochers; mais on ne peut venir les re- Fi^. 1 37. — r.asier en long, formé de lattes de chêne sur cercles chercher qu'à la marée suivante. avec goulets de fUet. Le meilleur moment pour réussir dans cette pêche est la nuit, quand le ciel est couvert, orageux, l'air chaud, le temps lourd et que la mer a été remuée. Dans certains pays, on emploie identiquement les mêmes paniers, mais plus petits, et dans les mêmes circonstances, pour pêcher les Écrevisses dans l'eau douce. Il va sans dire que les uns comme les autres présentent au milieu du fond une porte par laquelle on fait sortir les prisonniers. Il arrive souvent que dans les paniers de mer on trouve des Congres, et dans les paniers d'eau douce des Anguilles. CASSE. (Yoy. CUASSE.) CASTAGNEUX [Petit]. — (Yoy. CoRACIN VULGAIRE.) CASTAGNOL.E. — Le nom de Castagnole est donné par les pêcheurs au Germon, poisson que Ton prend souvent dans la Méditerranée. CASTAGNOLE ORDINAIRE ^Brama Raii, l!l.). - Acantliopt. squammi fpen). Long, niax. = 0"',75. Syn. : îlaifs sea Dream, angl. l'ig. Icls. — (lastagnolc orilinawc (Brama /ton, liioch'. Corps élevé, comprimé, de couleur argentée obscure, un peu brunâtre sur le dos ; museau très- court, front vertical, bouche presiiue verticale quand elle est fermée ; maxillaires écailleux. Na- geoires verticales brunes, pectorales et ventrales jaunâtres. Dorsale et anale basses, commençant en pointe saillante, longues ou étendues sur la plus grande partie du dos ou du ventre. Ce poisson se trouve dans la Méditerranée et quelquefois dans l'Océan, même près des côtes septentrionales. La mâchoire inférieure est la plus longue, les dents fines, nombreuses, pointues et recourbées, le rang extérieur d'en bas étant le plus long. La langue est couleur de chair ; l'œil grand et un peu ovale, à iris noir et pupille brillante. D==34. P=19. V = 45. A = 2-f-28. C = 17. 160 CAUDALE. Caudale fortement fourchue, anale et dorsale brillantes comme de l'argent. La dorsale a cepen- dant une teinte verdâtre. Les membranes des nageoires sont en partie couvertes d'écaillés. CASTAGNOLE ORDINAIRE . — Ce poisson se prend à la ligne, au mois d'oc- tobre dans rOeôan. Il doit aussi se trouver dans les fdets de grande eau. CASTRATION. — Les poissons, grâce au peu de clialeur de leur sang, à l'énergie peu développée de leurs sensations, A la température assez basse du milieu où ils vivent, présentent une vitalité particulière. Cliez eux existe une assez grande indépendance dans les organes. Beaucoup moins solidaires que ceux des animaux à sang chaud et d'ordre supérieur, les organes ne sont pas tous nécessairement affectés par l'attaque ou la destruction de l'un d'eux. Ce motif rend compte du peu de danger de la castration que l'on fait subir aux poissons pour les engraisser dans les réservoirs. 11 suffit, pour pratiquer cette opération, d'ouvrir lestement l'abdomen du poisson, d'en extraire doucement la laite ou les ovaires, puis de recoudre proprement la plaie. On rejette de suite à l'eau le poisson qui ne manifeste aucun trouble, aucune souffrance. CASTRIC. — On appelle ainsi, à Brest et probablement sur une partie des côtes de la Bretagne, les petites espèces de Vieilles qui se tiennent près des rochers : le Crenilabre pnsillus, le Ctenolabre rupestris, etc., etc. (Voy. ces mots.) CATONIÈRE ou CATENIÈRE. — (Voy. GRAPPIN.) CAUDALE (Nageoire). — La nageoire qui termine le corps de tous les poissons est verti- cale, à l'exception d'une variété monstrueuse des Cyprins dorés de la Chine. La queue des animaux marins nommés Cétacés est aussi quelquefois verticale, mais ce sont des mammifères et non des poisso?is. La caudale des poissons varie souvent de forme et de grandeur, aussi est-elle un bon caractère spécifique pour distinguer certaines espèces entre elles. Les poissons doivent à leur queue la faculté de se mouvoir, non dans tous les sens, mais dans la direction de la propulsion en avant. Munie de muscles puissants, elle est l'hélice sous-marine placée à l'arrière du bâtiment qu'elle pousse en avant. Au moment où le poisson veut prendre son élan, la nageoire caudale frappe vivement le liquide à droite et à gauche. Nous avons cru remar- quer, sans y voir aucune raison, que, généralement, les poissons ont une tendance à frapper l'eau d'abord d'un côté, et généralement à droite, quand ils veulent se mouvoir en ligne directe. Cette caudale ne frappe qu'obliquement ; restant toujours dans l'axe du corps par son milieu, elle oriente ses deux extrémités, souvent lobées, l'une dans un sens, l'autre dans l'autre, comme l'aile d'un moulin, et les composantes de cette force appliquées sur l'eau, sont, l'une, anéantie par l'inertie du liquide, l'autre, libre, employée à pousser le corps dans le sens de son axe. Ce mouve- ment, d'autre part, est à cliaque instant modifié par l'emploi des autres nageoires, surtout des pec- torales. Les impulsions précipitées et symétriques de l'organe caudal produisent, à chaque fois qu'il agit, une pression latérale sur le corps, lequel doit s'échapper suivant la diagonale de ces actions obliques, symétriques et égales. Plus la nageoire caudale est allongée verticalement, plus elle a d'action ; plus elle est éloignée du centre de gravité du corps, plus elle augmente son bras de levier, plus elle a de force. On peut dire qu'en elle et dans les pectorales résident les moyens de propulsion des poissons : tout porte à croire que les nageoires dorsale et anale ne sont que des organes d'équilibre, et les na- geoires ventrales des appareils de station ou de sommeil. La dorsale est le gouvernail supérieur, les ventrales le gouvernail inférieur, sorte de dériveur que l'animal déploie plus ou moins à propos. On peut parfaitement, — tant est grande l'habitude du poisson de tenir son corps en équilibre, — supprimer tout à coup à l'animal ces deux appendices, sans . qu'il en paraisse sensiblement affecté. (Voy. DoRs.\LE.) Il n'en est plus de même, si on lui retranche la caudale ou les pectorales qui nous semblent les nageoires essentielles. Privé de caudale, le poisson avance encore, car il possède dans les muscles de la queue un or- gane encore puissant, mais ses efforts sont paralysés par le peu de résistance que trouve contre l'eau cette partie fusiforme. L'animal ne tarde pas à s'arrêter. Sentant son impuissance, il se cache, fuit dans un lieu sombre, sous les racines, les herbes ou derrière les pierres et, la plupart du temps, y périt soit de ses blessures que les Bijssus envahissent et enveniment, soit de son inhabileté à fuir ses ennemis et de son impuissance à chasser pour sa nourriture. 11 en est de même lors de la section des pectorales. Plusieurs espèces tombent au fond après quelques efibrts et n'en veulent plus quitter. Cette section terrible est d'ailleurs promptement suivie de mort ; tandis que celle de la dorsale est presque insignifiante par ses suites. CAUDRETTE. IGl Action de la (Caudale chez les poissons. La caudale sert encore aux poissons de gouvernail pour tourner à droite on ;i gauche. Le poisson veut-il, par exemple, tourner à gauche de sa ligne de direction A, il frappe l'eau en ïi de sa queue; la tète A oliéit et marche vers D, comme si la ligne moyenne du corps AO eût étc placée en équi- libre sur un pivot au centre d'intersection de ST, sou- tenant le centre de gravité du système. Ce mouvement est aidé par les pectorales M, ÎV qui, seules, marchent alors. La nageoire M est appliquée sur le corps, et la nageoire N frappe l'eau qu'elle repousse, de haut en bas, sous le corps, formant ainsi un vide qui attire celui-ci en avant, du côté même où la nageoire agit. Les ventrales et dorsales restent immobiles et le plus souvent ployées, pendant le mouvement de con- version. La nageoire caudale sert encore aux poissons à franchir des obstacles en hauteur, hors de l'eau. Dans ^- ^^,^ _ ce cas, ils recourbent en arc la queue et la tète du même côté, et, se débandant comme un ressort, Vs frappent vivement l'eau qui résiste par sa force d'inertie et sautent par suite de la réaction que l'eifort imprime à leur masse. Par, rapport à sa forme, la caudale est : Entière. — Qm^lques Saumons et Cyprins, le Flet, etc. Ronde. — Les Cottes, etc. Lancéolée. — Les Donzelles, Lottes, etc. Echancrée. — Bogue, Perche, etc. Bifide ou fourchue. — 3Iaquereau, Thon, etc. On connaît des exemples de caudale changeant de forme avec l'âge. L'un des plus frappants, est celui qu'ofTre le Saumon à l'état de Smolt et de Grilse. D'abord fortement echancrée, la caudale du Grilse devient égale, à son retour de la mer. CAUDRETTE. — Espèce de balance ou de petite truble sans manche, sus- pendue avec trois coixlelettes qui se réunissent à une corde plus forte. C'est, en petit, le Lanet. Elles servent, en les appâtant, à prendre soit des crustacés, soit de petits poissons. On les tend ou d'un bateau, ou d'un échafaudage fait exprès, et on les retire soit directement à la main, soit en faisant passer la corde sur une petite fourche de bois. (Voy. Fourche a canne.) On distingue les petites et les grandes Can- dretfes. Lés petites servent, en Normandie et sui les côtes des Charentes, à prendre des Crevettes en grand nombre. Jusqu'à ces dernières années, cet engin se tendait du haut des rochers, le soir après le coucher du soleil, suivant l'heure de la marée, pour cesser à la mer descendante. On re- garde comme une grande amélioration de 1862, l'idée qu'a eue le patron de chaloupe, Jean Groi- nard de Croix-de-Vie, de faire cette pêche en batean. Celte innovation offre l'avantage qu'on peut suivre les Crevettes quand elles se retirent de la plage, et les pocher par conséquent en tout temps et ;\ toute heure. Lesyj(?/eVes 0«»f//-e^/e.s sont formées d'une poche fiq. iUK - r.tite caudinto. de filet tendue sur un cercle de fil de fer d'un demi-mètre de diamètre. Ce cercle est croisé par deux ficelles transversales, à Tintersection descpielles est tendu lap- pât, composé de Crabes écrasés, de débris de Sardines et daulres choses ana- U 162 CENTROLOPIIE. logues. Une ligne, altachée à celte balance, permet de la' descendre à une pro- fondeur convenable. Lorsqu'on laisse les Caudrettes seules, on les munit d'une flotte qui maintient les cordes à la surface de l'eau. Les mailles du filet ont en général 9 à 10 millimètres de C(Mp. Quelques pêcheurs modifient ce système élémentaire, afin d'empêcher les cor- delettes de suspension de retomber sur la Caudrette tendue {f.g. 1 40) et de faire fuir les animaux par leur dé])loiement, quand on relève l'engin. A cet effet, les cordelettes de suspension sont attachées à une ficelle de 0™, 50 à 0'",60 terminée par une flotte, la- -^ quelle, en s'enlevant, tient les cordelettes ten- dues. Au même point est attaché une baguette d'un demi-mètre à peu près, à l'autre extrémité de laquelle est fixée la grande ligne qui vient à la surface de l'eau. Pour cette pêche, comme pour celle que nous allons décrire, h. la grande Caudrette, il faut que les eaux soient chaudes et généralement que le soleil soit descendu sous l'horizon. Grande Caudrette. — Ces engins diffèrent de ceux que nous venons de décrire, d'abord, par leur taille qui est double et qui les rapproche des Lanets ; en second lieu, parce que le filet, en forme de poche, est couvert par des ficelles ten- dues d'un bord du cercle à l'autre, formant comme une trame ta larges mailles à laquelle on attache les appâts de poissons frais. Les crustacés qui viennent les attaquer tombent à travers ces grandes mailles dans le filet, quand on le relève, ou s'em- barrassent dans ces fils transversaux et ne peu- vent s'échapper [fig. 141). Employés dans un bateau, on peut placer ces engins à toute profondeur, auprès des rochers. Mais cette pêche est fatigante, et il faut deux ou trois hommes pour manœuvrer une dizaine de grandes Caudrettes. CEINTURE HUMÉRALE. — (Voy. Ouïe, Huméral, Squelette.) CÉLAN ou CÉLAN GARDON. — Ce poisson apparaît sur les côtes de Nor- mandie quand disparaît le Blaquet. Il n'en diff'ère, du reste, que par la plus grande sécheresse de sa chair. Il a beaucoup de rapports avec la Sardine, dont il est très- proche parent, mais les pêcheurs ne l'emploient que comme amorce, aux hame- çons, pour la pêche des poissons carnassiers. Le mot Célan n'indique pas, d'ailleurs, chez les pêcheurs une espèce bien déter- minée ni unique ; c'est en quelque sorte une dénomination générale comme celle de Blaquets. Aussi le Célan est-il le plus souvent le Clupea spratus^ Sprat, mais il peut être aussi une variété du petit poisson, nommée Harengxda latulus, Lin. Bien plus, la Sardine elle-même porte souvent le nom de Célan, ou celui ûcCélerin, ou celui de Boyan, vers Bordeaux. CËLERIN. — Même poisson que le Célan. (Yoy. ce mot.) CENDRÉE [Raie]. — (Yoy. Baies, § o.) CENTROLOPHE POMPILE (Coryphaena pompilus, Lin.. — .4canthopt. scombér. Fig. 141. — Grande Caudrette. Long. nia\. 0">, ':,'.. CERISE. 163 Syn. ; B/ackfisJi, angl. Corps peu nllongé, comprimé, palais lisse ; dorsale commençant un peu en arrière de l'occiput ; Duhamel, dans ses Péc/ies, pi. VI, f. 2, le nomme Serran de Provence. Le corps de ce poisson, assez rare dans la Méditerranée et dans l'Océan, est couvert de petites écailles curieusement striées : il est entièrement noir, les nageoires intenses, le ventre un peu plus clair; l'orij^ine de la ligne latérale est un peu bronzée. C''tte ligne est légèrement courbe à son com- mencement. Bouche petite, langue grande, dents petites sur les mâchoires ; œil proéminent et bril- lant. Les pectorales sont pointues, la caudale fourchue. D=38. P = '2(). V= 1 +5. A=2-2. C= 17. Ce poisson, pendant le temps qu'on le pèche et qu'on le tient dans le filet, change de couleur et ses fliincs deviennent bleus. Les individus du Midi sont plus beaux, comme couleurs, que ceux du Nord. CENTROLOPHE POMPIL.E. — Ce poissoii est uu prodige de vélocité et de force. On le prend dans les filets tendus pour le Saumon à l'embouchure des ri- vières, vers le mois de novembre. Sa force est telle qu'un individu, pris ainsi, frap- pant dans le pied du filet, l'emporta avec lui par-dessus la corde de tête. M. Jago trouva des débris de plantes dans l'estomac de ce poisson; Ruysch rapporte le même fait, mais dit qu'il se nourrit également de chair. Chez un autre, Yarellr a trouvé une moule dépouillée de sa coquille, un morceau de Brème de mer, tous les deux provenant sans aucun doute de l'amorce d'un hameçon. On prend aussi ce poissonà la ligne, en amorçantavec des morceaux de Maquereau. CENTROLOPHUS POMPILUS. — (Voy. ci-dessus.) CÉPHALOPTÈRE GIORNA (Raia Giorna, Sohneid.). — Chondropt. à br. fixes, pla- giostome. Long. max. = 1™,.S0. Syn : The horned Ra'j, angl. Espèce de Raie à grandes ailes aiguës et se prolongeant en avant de façon à former comme deux oreilles à la tête de l'animal, laquelle est tronquée en avant. La queue, grêle, porte en dessous un aiguillon barbelé. Corps noir sur le dos, bordé de violet. Se prend dans l'Océan et dans la Méditerranée. Taille considérable. Le mâle suitla femell; et parait lui porter un grand attachement (Risso,\ Ils arrivent près des eûtes vers le mois de juillet ; c'est alors qu'on en prend souvent dans les Madragues ou dans les Bour- digues. La femelle prise, le mâle demeure aux environs pendant plusieurs jours, approchant et cherchant à deviner où est sa compagne. Deux jours après, on le vit, dans un cas semblable, venir re- trouver sa femelle et mourir dans le même compartiment qu'elle. Les jeunes éclosent en septembre et viennent d'œufs jaune< et longs qu'a pondus la femelle. La nourriture de ces animaux consiste surtout en céphalopodes et en poissons. Meurent en sortant de l'eau. CERFEUIL ou CHERFEUIL. — Appellation popidaire, en beaucoup d'en- droits, de la larve aquatique de Va Frijane Jaune ou Portefaix. (Voy. ces mots.) CERISE {Pêche à. la). — Vers le mois de juin, et pendant tout le mois de juillet, on peut, dans le climat moyen de la France, se servir de la cerise pour prendre le Chevesne. On ignore si ce fruit est du goût particulier de ce poisson, ou si ce dernier prend la couleur vermeille du premier pour celle du sang dont il est très-friand. Toujours est-il que la cerise réussit très-bien, et rapporte souvent au pécheur de fort beaux poissons, de l'espèce que nous venons d'indiquer. Il faut faire choix d'un hameçon n" I ou 2, empilé sur solide florence, et, pour cette pèche, on se servira avec avantage des hameçons Limerick sans palette. On fait entrer le dard par l'endroit où la queue du fruit était attachée, puis, tour- nant adroitement l'hameçon autour du noyau, on réussit à cacher le fer tout entier sous la peau du fruit, sans déchirer celle-ci et en faisant très-légèrement saillir la fine pointe de l'hameçon. Le fruit ainsi enfilé semble garni de sa queue naturelle, que remplace la 104 G EU VELU-:. hampe de rhamcçon. La lucilleure cerise poui- celle pêche est hi cerise anglaise dont le noyau est fort petit, la peau assez résistante, et cependant la chair molle et fléchissant sous la pression des mâchoires du Chevesne. Le vérilahle endroit pour réussir cette pèche est le dessous d'un pont, en mettant la cerise dans le courant d'une arche et laissant filer la ligne assez loin. Si alors le pêcheur se porte au-dessus de la pile de l'arche, la ligne frappée oblique- ment par l'eau, suivra le mouvement de la personne qui la tient, et elle viendra tom- ber dans le roiious souvent assez éloigné ({ue forme l'eau des deux arches voisines en se rejoignant derrière la pile. C'est là que sont les gros Chevesnes. La ligne doit avoir assez de plomb pour se tenir entre deux eaux et flotter, avec la cerise, au gré du remous, sans cependanl quillér la profondeur. Une flotte aussi petite que possi- ble, eu égard à la ligne qui doit être solide, sera placée de manière à indiquer les m()u\('nienls du poisson, lequel d'ailleurs mord très-franchement sur ce fruil, mais s'effraye lacilement de la vue d'une flotte et quelquefois à l'aspect seul de la ligne pendante dans l'eau. Il est donc bon de pêcher assez près du courant pour être sûr que celui-ci soutiendra une longueur de ligne plutôt grande que petite. On pêche souvent à la cerise avec 3 et 4 mètres de ligne entre la flotte et le fruit. Si l'on manque de pont comme station, il faut en choisir une autre sur le bord d'une berge profonde, à courant rapide, formant aussi remous, soit à la pointe d'une île, d'un barrage, soit aux vannes d'un moulin, etc. De bonnes places sont celles qui se trouvent ombragées par de grands arbres ; le Chevesne aime à s'y réfugier pendant les chaleurs et à y attendre la chute des hannetons, papillons et insectes qui haLitent les branches. Il ne dédaigne pas non plus les fruits qui peuvent en tomber, mais dans un tel endroit, la pêche est très- difficile ; si l'on y va en bateau, il faut beaucoup de prudence, car le poisson est extrêmement défiant. A l'automne, on remplace la cerise par le raisin noir, mais on ne change rien à la manière de procéder. On peut encore faire cette pêche dans les rivières à courant très-mou, pres- que insensible, et sans haïs, bien entendu. L'essentiel est alors de disposer d'un bateau et de se munir d'une canne assez longue pour envoyer la cerise dans les grands fonds d'eau, entre les touffes d'herbes qui forment des îles submergées. C'est laque le Chevesne se cantonne. Une fois sa place habituelle reconnue par le pê- cheur, celui-ci peut y aller en toute confiance; il y trouvera sa proie, et quelques compagnons, jusqu'à ce qu'il ait tout pris. Beaucoup de prudence en approchant et en jetant le grappin ou la pierre qui doit rendre le bateau immobile ; mais, par contre, il ne faut pas craindre que la cerise, en tombant à l'eau, fasse un peu de bruit ; au contraire. Le Chevesne est cu- rieux; il vient voir ce qui cause ce bruit inusité, aperçoit l'amorce et mord de suite très- franchement. Ferrez ferme, mais pas trop vite. L'animal ne combat pas long- temps. Mais comme il est généralement gros, vous ferez bien de vous servir de l'é- puisette. CERNUA (Perça). — (Voy. Peuciie couJONMÈnE.) CERVEAU. — (Voy. Système .m;hveu.\.) CERVELLE CRUE ET CUITE. — La cervelle se coupe en dés de la grosseur du pouce, et se met à l'hameçon de la même manière que le san(j. Comme celte esche lient encore moins que le sang et qu'elle n'est pas homogène, on est obligé, quand elle est sur l'hameçon, de l'entourer d'un fil de lin ou de chanvre na- CHABOT. 1G5 liirel (|ii(' Vou j)rcii(l dans ce que l'dii noninic de \;i jjnup/'r. On le n'ois(> en plusieurs sens, de manière à bien niainlenir la cervelle el àen faire une petite pelote. Ouand on pC'che avec celle esche, il ne faul pas de bouchon sur la ligne; on y mel nncphinie lon,L;ueel forle, mais exlrômement sensible, parce que l'ailaque des Chevesnes est faible el vive. La llolle baisse du devant et part sous l'eau; il faut ferrer vivement, et rendre aussitôt la ligne en enlevant le pouce de dessus le mou- linet. (Voy. Flottes.) Moins on a de bannière, plus vite (m arrive à ferrer el mieux on pèche : il faul, avant tout, avoir l'œil attentif et la main leste. CHABOISSEAU. — Nom vulgaire du Cotte-Scorpion, en mer, et du Chevesne, en eau douce. CHABAOU [Lou]. — Nom provençal du Chabot, dans le Yaucluse. (Voy. ClIAlîOT . CHABOT {Genrc\ (Cottus, Lin.). — .Vcaiitlioplerygicns, Joues ciiirassée.s, compris avec les Trigles. Diversement armé d'ëpiiies ou de tubercules. Dents au devant du vomer, mais non aux pala- tins; 6 rayons aux Lranchies, et 3 ou 4 seulement aux ventrales. Les rayons inférieurs de leurs pectorales, comme dans les Vives, ne sont point Lranclius; leurs appendices anals sont peu nombreux, et ces poissons manquent de vessie natatoire. Les espèces d'eau douce ont la tète presque lisse et seulement une épine au préopercule. Leur première dorsale est très-basse. CHABOT COMMUN ou DS RIVIÈRE (Cottus Gobio, Lin.). — Acantliopt., 2*- fa- mille, .lunes cuii'assécs. Long. max. = O'",!'. Syn. : Bull-head, angl. — Nessoi-e, ital. Tcte très-grosse et aplatie en des.sus, cuiras.-ée, portant une épine en crochet au-devant do l'opercule. Corps varié de brun et de noir; écailles presque invisibles; peau très-visqueuse. Bouche énorme. Dents en velours, au vomer et aux mâchoires. Iris des yeux rouge. Première dorsale basse, à 7 rayons épineux joints par une membrane. Deuxième dorsale de i: rayons. Caudale arrondie de 11 rayons. Pectorales grandes et dentelées, forrfiant éventail, 13-15 rayons; ventrales un peu plus en arrière, épine grosse; elles ont 3 rayons mous; anale, 13 rayons, flexibles et articulés. N'a pas de ve.ssie natatoire; 32 vertèbres. La femelle est plus grosse que le mâle et, au temps de la ponte, paraît comme gonflée par les œnf.s qu'elle contient. (Voy. Temps de fr.ai.) D'après Marsigli, le Chabot se servirait do sa queue pour creuser un trou dans le sable, dans lequel il amènerait pondre une ou plusieurs femelles. Alors, il garde ce dépôt avec une grande vigi- lance pendant trente jours, jusqu'à ce que les jeunes soient éclos. Cette quasi-incubation du Chabot était déjà soupçonnée par Linné, et un grand nombre de naturalistes en ont parlé, depuis Ini, sans que la qnestion soit encore écJairci*. Fleming. Heckel, rapportent des faits analogues, mais pas un ne donne une histoire complète de ces mœurs si curieuses. Ce poisson se nourrit de fretin, de vers et d'insectes, de larves aquatiques, telles que celles des libellules, dytiques, liydropliiles, frai de grenouilles, têtards, etc., etc. CHABOT COMMUN OU DE RIVIÈRE. — Le Chabot se pêche habituelle- ment en hiver. Il est commun dans les lieiLx oii l'eau est claire et peu profonde. Pour prendre ce poisson, que les Anglais nomment Pouce de Meunier, Miller's TImmh. le vieux Isaac Wallon dit qu'il faul faire une pâle composée de fromage bien fort que l'on pile dans mi mortier avec un peu de beurre el de safran, ".nsqu'à ce que le tout forme une masse de couleur citronnée. D'autres pêcheurs préparent, pour l'hiver, une pâle composée de fromage el de térébenthine. A propos du Pouce fie Meunier, Yarrell nous donne l'explication suivante qui lui vient d'un ami, J. Constable, fils d'im des plus gros meuniers de l'Essex et du Sulfolk, et par conséquent sachant le fort et le fai])le de la chose, a Le nom de Pouce de Meunier est donné à ce petit poisson par suite de la forme de sa tète qui 160 CHABOT. est plato, large et arion(li(% quand elle est vue par-dessus, comme le pouce du meu- nier modelé par une action constante et spéciale des muscles, grâce à un exercice qui fait partie importante et toute particulière de son état. (( Tout le monde sait que la science et le tact du meunier sont portés sans relâche à régulariser la machine du moulin, afin que la farine soit toujours fabri- quée avec toute la perfection dont l'outillage est susceptible. Profit ou perte, for- tune ou ruine, dépendent de l'ajustement parfait des différentes parties de la mécani(pie. L'oreille du meunier est toujours en éveil sur le bruit que forme la meule roulante en tournant sur la meule dormante, le parallélisme de leurs sur- faces s'indiquant par un son particulier et se trouvant chose de la première consé- quence. C'est pourquoi la main du maître est constamment placée sous l'auget à farine pour s'assurer, par un contact renouvelé, du caractère et de la valeur de la farine produite. « Le pouce, par un mouvement spécial, froisse cet échantillon sur les doigts. Le pouce, alors, employé avec adresse, devient la jauge de ce que vaut le produit, et de là est venue la vérité du proverbe : (( Cela vaut un pouce de meunier, n et encore, « IJhonnête meunier a le pouce d'or, » par suite du profit que lui rapporte le soin dont il fait preuve. Mais, à la suite de cet usage sans cesse renouvelé, le pouce du meunier acquiert une forme aplatie qui rappelle beaucoup la figure du petit poisson qui grouille dans le canal du moulin, ce qui a fait donner le môme nom au commensal du meunier qu'cà l'organe du toucher du maître. » Telle est l'histoire du vieux Constable : ne vaut-elle pas bien une aventure de pêche ! On prend le Chabot comme le Goujon, avec lequel il vit le plus souvent sur les fonds de sable et de gravier. Il se cache sous les pierres pour y guetter sa proie, sur laquelle il s'élance avec beaucoup de rapidité. On dit que le Chabot sait se creuser, pour se retirer, une espèce de petit terrier près des pierres. On le prend souvent dans les balances à écrevisses, où il vient pour manger l'appât animal, ce qui tend à prouver que ce poisson est Carnivore. Il est, du reste, très-vorace, nage avec une grande rapidité quand il a quitté sa retraite, soit pour attaquer sa proie, soit pour fuir ses nombreux ennemis. 11 fournit une chair rouge, saumonée, excellente en friture comme le Goujon; on lui ùte la tête, sans grande utilité dans ce cas. Le Brochet, la Perche, la Truite en sont très-friands, et l'Anguille le préfère à toute autre amorce vive. Rien n'est plus facile que de prendre le Chabot à la ligne : le moindre petit morceau de ver rouge suffit pour cela, comme nous venons de le dire ; mais, dans les ruisseaux des montagnes oîi il existe en plus grandes quantités, la meilleure manière est de barrer avec un filet, et, à plusieurs enfants ou personnes, remonter le courant en remuant les pierres du fond, y traînant des branches, etc., de façon à déloger le petit poisson de son embuscade habituelle, et à le faire donner dans le filet. On pèche encore le Chabot à la fourchette. Tous les enfants ont fait cette pèche dans les ruisseaux à eau vive et peu profonde. Elle consiste à emmancher une vieille fourchette de fer au bout d'un petit bâton, à affiler les dents de la fourchette sur une pierre, puis, ce trident improvisé à la main, à entrer dans l'eau jusqu'aux ge- noux. Là, les jeunes pécheurs se mettent en ligne en remontant doucement le fil de l'eau, et chacun, devant soi, retourne les petites pierres. Un Chabot a jailli comme CHALUT. 167 une flèche, mais il s'est remis sous une pierre voisine ; l'enfant voit une large tête deux gros yeux dépassant la pierre un coup de fourchette traverse le monstre, qui vient, en gigottant, tenir compagnie à quelques douzaines d'autres, destinés à une friture monstre, ou h garnir les lignes de fond que le père des petits pêcheurs veut tendre le soir ! Une seule espèce en France. CHAGRIN. — Surnom de la Gremille dans certaines localités de l'Aube et de l'Yonne, à cause de la rudesse de ses écailles. (Yoy. Gremille.) CHAINETTE pour la ligne à Brochet. — (^ oy. BrOCHET et, en même temps, CitUDE FILÉE.) CHAILL.OT. — Nom picard du Triglc gouniau. (Yoy. ce mot.) CHAL.UC. — Nom vulgaire à Montpellier du Mulet à grosses lèvres. (Yoy. ce mot.) CHALUE. — Nom du Mulet céphale dans plusieurs provinces de France. (Yoy. Mulet céphale.) CHALUT. — Le Chalut est un filet conique {fg. 142) ne présentant aucun étranglement, à mailles de 35 millim. au moins, en carré. La partie supérieure de l'ouverture est enfdée sur une vergue en bois G de H", 50 au maximum. Cette ver- gue porte à chacune de ses extrémités un quart de cercle en fer E dont le poids ne peut dépasser 65 kilogr. Quant à la partie inférieure D de l'ouverture 0, elle peut être garnie d'un bourrelet de filet et de bitord de 180 millim. de diamètre au plus, ou d'une chaîne ou de plomb dont le poids n'excédera pas 50 kilogr. Fig. 142. — A. Bateau remorquant le chalut. — B. Manœuvre pour diriger le filet. — C. Amarres qui arrivent aux porte manteaux. — D. Chaîne traînante formant l'ouverture. — E. Liens de fer ou étriers. — F. Filet. — G. Perche ou vergue. — 0. Ouverture du filet. L'extrémité inférieure D du Chalut pourra être munie d'un renfort en vieux filets sur une longueur de 3 mètres, mais ce renfort ne devra jamais entre-croiser les mailles du Chalut ni les rétrécir. Quand la vergue de l'ouverture du Chalut n'atteint pas la longueur de 11 "",50, l'armature de l'engin devra subir une réduction proportionnelle. 168 CHAUDRETTE. Ce filet, employé surtout pour prendre les poissons plats, Raies, Turbots, Soles, Plies, etc., est promené sur le fond pendant 1, 2, 3 heures à chaque jet. 11 est fixé au moyen de lialins à un jjateau a voiles d'assez fort tonnage et traîné à la remorque. Ce bateau remor(ju('ur doit avoir une vitesse d'au moins 2 milles. Il est impossible de chaluter dans les temps calmes ou quand la mer est trop houleuse ; dans ce dernier cas, d'ailh'urs, les halins qui relient le Chalut au bateau seraient bientôt rompus. L'usage de cet engin est permis loule l'année, à 3 milles au moins au large de la ligne de basse mer. Il est pi'ohibé dans la baie de Douarnenez, à cause de la pêche de la Sardine. CHALUT A CHEVRETTE. — (Yoy. CuALUT [Petit]). CHALUT (Petit). — Les mailles de ce filet doivent avoir au moins 14 millim. en carré. Son ouverture est soutenue par une ti'averse en bois, aux extrémités de laquelle sont adaptés deux chandeliers en fer à bouts relevés, d'une hauteur de 0",50, et dont le poids total ne peut dépasser 9 kilogr. Le poids de la plombée fixée à la partie inférieure de cet engin, ne peut excéder 4 kilogr. L'extrémité du Chalut, tranchée carrément, est égale au cinquième de l'ouver- ture et est maintenue par une verge en fer ou une petite vergue en bois. L'usage de cet engin est interdit du 15 mai au 15 octobre dans le seul arron- dissement du Havre et dans la baie de la Hogue, à cause du cantonnement de petits poissons qui se trouve dans ces parages. La pèche au petit Chalul peut s'exercer en dedans des 3 milles de la ligne de basse mer. CHAMSOT. ~ Nom vulgaire du Chabot en Normandie. (Yoy. Chabot.) CHANGEMENT DE COULEUR DES POISSONS.- (Voy. MuTATION DANS LA COULEUR DES POISSONS ) CHAPSOT. — Appellation du Chabot commun par les pécheurs des environs de Paris. (Toy. Chabot.) CHARCHIGNOTS. — Lignes de pèche pour le Germon. (Voy. ce mot.) CHARDIAT. — Nom de V Anguille blanche dans le Maransin. (Yoy. Anguille blanche.) CHARDON [Rnie]. — (Voy. Raies, § 9.) CHARIN. — (Yoy. ClIÉRIN.) CHARR [Truite]. — La Truile Charr est \e Salnio salceliiuis ou Ombre cheva- lier. (Yoy. ces mots.) CHASSE. — Filet tendu en travers de la marche du poisson pour amener celui-ci dans un parc fermé. (Yoy. Parc.) CHAT. —• On donne souvent le nom de Chat, dans les équipa- ges de mer, à un grappin ayant 3 à S branches, et remplaçant la catonnière, pour retirer à bord les tessures rompues, ou la grande câblière que l'on relève (A, fig. 143). CHAT-ROCHIER. — (Voy. ROUSSETTE [Petite].) CHATOUILLE. — Nom vulgaire de VAmmocète dans quelques rig. 143. — Chat départements du midi de la France. '''^'^'""" OwiWiAWèû Chatillon. (Yoy. Ammocète.) CHATTE. — Nom de l'Alose feinte à Royan. (Yoy. Alose feinte.) CHAUDRETTE OU CHAUDIÈRE. — Synonyme de C«M(/re^^. peduncu- lata) sera le meilleur. Mais si nous nous servons d'une jeune pousse de taillis, toutes les variétés sont également bonnes. Le tauzin ou brosse ((>. touza) est aussi bon, et peut-être plus élastique que les deux autres. CHÊNEFER. — Nom qu'on donne, dans certains départements, à la larve de \2l Fri(janc jduue ou Portefaix. (Voy. ces mots.) CHÈNEVIS. — Grains petits et ovoïdes du chanvre cultivé {Cannabis sctiva), remplis d'une huile assez abondante et douée d'une odeur particulière à toute la plante. Cette graine se fait cuire en même temps que d'autres et sert pour amorcer les coups où l'on veut rassembler du poisson, dans les étangs et rivières. On le mêle ordinairement au blé, aux pois, aux fèves, à la graine de lin, etc., et, en général, à toutes espèces de graines cuites, à du son, à du sang, etc. (Yoy. Amorces, Grains, Cuire lls graines, etc.) CHENILLES. — On appelle Chenilles les larves des Lépi- doptères. C'est le premier état de ces insectes depuis leur sortie de ~S l'œuf jusqu'à leur Iraiisformation en chrysalides. Ce temps est con- sacré à trois ou quatre mues ou changements de la peau qui se fend sur le dos, et de laquelle sort l'insecte en abandonnant avec cette enveloppe les poils, cornes, fausses pattes, qu'elle porte. Il ne reste plus alors, an Lépidoptère, que les pattes articu- lées, portées, au nombre de G, sur les 3 premiers anneaux du corps, et qui sont celles de l'insecte parfait. Le corps entier de la Chenille se compose de 12 anneaux ; il est généralement allongé et cylindrique, et porte, de chaque côté, entre les fausses pattes, des ouvertures très-petites appelées stig- mates, par lesquelles se fait la respiration. Toutes les Chenilles ont des mâchoires cornées et dures, propres à couper les végétaux qui doivent servir abondamment à la nourriture de ces animaux. Malgré leur aspect et leur toucher répugnant, les Chenilles forment un des meilleurs appâts pour la pèche de surface. Ten- dres et faciles à mettre sur l'hameçon, elles sont recherchées des poissons et offrent une piqûre facile, parce que le dard arrive aisément à la paroi de la bouche. Les Chenilles garnies de poils sont dangereuses pour le pé- cheur, auquel elles peuvent donner, outre de cuisantes démangeai- sons aux mains, de véritables indispositions. Il ne faut donc les manier qu'avec des gants, et encore mieux ne se servir que des Chenilles nues et inoil'ensives. On imite la Chenille par des insectes artiflciels, qui, souvent, ne leur ressemblent guère; mais, par tradition et expérience, on a donné le nom de Chenille à tel insecte artificiel, qui réussit dans tel cas donné; c'est assez pour s'entendre quand on le désigne, et plus court que de décrire sa couleur et sa forme. Nous en avons représenté ici deux échantillons {flg. liS et 146). (Yoy. Choix des mouches ARTIFICIELLES.) Fig. 144 rand paon Chonillps arlilicieiles. UJ < a ■ -st c ï < J y .- .V •' l-^^ "x'i^: '• ïi tïjj^. .' o '— < ^ '. C3 '^^4m' i^ — ' 3^" :P CHEVESNE. 171 CHERFAIX. — Nom donné, en certains endroits, à la larve de la Fn'gaue Jainie ou Portefaix. (Yoy. ces mots.) CHÉRIN. — On nomme ainsi, dans la Gôte-d'Or, le Rotengle. (Voy. ce mot.) CHEVALIER. — (Voy. OmBRE CHEVALIER.) CHEVESNE [Genre] (Squalius, Bonap.). — Malacopt. abd. cyprin. Avec le genre Chevesne disparaît la forme élargie des Gardons et des Brèmes ; nous voyons un corps élancé, plus rond, plus mince. L'anale redevient plus petite ; la dorsale est juste au-dessus des ventrales. Les dents pharyngiennes sont minces, sur deux rangs : 2 dents intérieures, 5 à l'extérieur. On dirait que plus ces poissons sont gros, plus leurs dents pharyngiennes diminuent, car les Van- doises ont les dents beaucoup plus grosses, et leur corps toujours plus petit. Le Chevesne se sépare de l'ide parce qu'il a une dent de moins à la rangée interne, et de la Vandoise parce qu'il a, à la dorsale, un rayon rameux de plus qu'elle, 8 au lieu de 7; derrière, 3 simples dont un tiès-petit. CHEVESNE ou CHEVENNE. — Le poisson, représenté par ce nom, — le plus usité en France de tous ceux qu'il porte, — n'est pas le même dans tous les endroits. Parmi les pécheurs, on donne indistinctement le nom de Chevesne, Juerne ou Meunier, au.x gros poissons blancs qui chassent à la surface de l'eau, près des ponts, des moulins, des écluses, etc. L'indécision est d'autant plus grande que, dans certaines rivières du Nord, ces poissons sont Tlde ou le Jesse, — si tant est que ce dernier forme une espèce dis- tincte, — tandis que dans le centre de la France, on doit les rapporter à l'espèce Dobule. Il est donc indispensable au pêcheur qui veut reconnaître l'espèce vraie qu'il vient de prendre, de comparer soigneusement les individus qu'il possède aux figures diverses et aux descriptions qui remplissent ce volume, aux endroits indiqués par les dénominations diverses. Heureusement pour les pêcheurs, les 2 ou 3 animaux désignés sous le même nom sont extrêmement voisins, comme organisation et comme mœurs. De sorte que ce qui s'applique à l'un, s'adresse également bien à l'autre. H n'y a donc pas trop à se préoccuper, au point de vue de la capture, de la confusion que l'on peut faire de l'un pour l'autre, tandis que sous le rapport de leur détermination exacte, c'est tout autre chose. Souhaitons la sagacité à nos lecteurs, c'est tout ce que nous pouvons faire. CHEVESNE COMMUN (Squalius cephalus,Sieb.).— Malacopt. abd. Cyprinoides.Long. max. = 0'",(;(i ; haut. = Om,l?. Synonyn:ie nécessaire, car ce puisson porte, en France, un nom dilFérent par département. Les plus usités sont : liarbotlcau, Botteau, Chabois^eau, Chcvanne, Chevesne, Juerne, Chevenîie, Gar- dât tin, Garbotteau, Meunier, VUain, Têtard, etc. — Étranger : C/n*/», angl. — Dobel, Sandetu-I, allem. — Hasset, autrich. — Hasslin/j, Saxe. — Tatjelle, pruss. — Hes-sele, dan. Tête grosse et large, à museau arrondi ; front large et noirâtre; bouche excessivement large. Yeux jaune pâ!e, avec une tache noiràîre en dessus. Dos verdâtre, côtes un peu bleuâtres, flancs et ventre blanc brillant. Écailles giandes, entourées de tn's-petils points noirs; ligne latérale de 4G points jaui.âtres ; 7 rangées en dessus, 4 en dessous. Quelquefois, le bord des écailles et les opercules sont bleuâtres; les côtés jaunes au-dessus de la ligne latérale, et d'un bleu argentin en dessous. Épine dorsale de iO vertèbres; 18 cô'es de chaque côté. Dorsale, de 11 rayons, 8 rameux derrière 3 simples, dont un très-petit, verdàire clair, lavée de rougeâtre ; plus éloignée de la tête que les ventrales, un appendice écailleux auprès de chaque ventrale. Celles-ci ont 2 simples et 8 rameux, les pectorales 17 à 18 rayons, dont I simple. Caudale de même couleur, mais bordée de noir ou de bleuâtre. Anale et ventrales jaune orangé, à r.iyons rougeâtres, quelquefois violacés, et anale ayant 3 simples et 8 branchus ; on en a vu 7 ou 0. (Voy. Temps de frai.) La chair est assez bonne et jaune, mais grasse et pleine d'arêtes, à moins que l'animal ne soit très-gros. 172 CHEVESNE. Cette espèce d'Able est la plus grande du genre, elle se nourrit de (ont ce qui tombe à l'eau, et, sous ce rapport, sa gloutonnerie est prodigieuse; on a l'exemple de Chevesne avalant la ploni- betfe (voy. ce mol) d'un pécheur venant prendre le fond pour établir sa ligne. Bien entendu, cet instrument, non muni de crochets, n'a pu qu'amener à la surface de l'eau l'animal qui s'enfuit et court encore. Le Clievi'sue se plaît autour des moulins, des piles de ponts, des barrages, dans les remous, les hais, paitont où l'eau, sans être trop rapide, peut lui apporter sa nourriture. Omni ore par essence, il est le grand nettoyeur des cours d'eau et se montre Ircs-lViand de petits poissons qu'il chasse comme si sa bouche était armée de dents. Il y supplée par son ampleur et, comme son œsophage possède une série de dents crochues, il broie dessus la tête de sa victime, frappée et aspirée au fond de cette cavité fort respectable. Dans les rivières tranquilles et profondes, et dans les trous que creuse l'eau d'hiver au- dessous du déversoir des moulins, il est bien rare de ne pas voir un ou plusieurs gros Chevesnes qui se promènent gravement au milieu du fretin ; happant l'un aujo rd'hui, demain l'autre, et vivant sans souci, car leur taille respectable les met à l'abri des tyrans des eaux — sauf la Loutre, — et le lieu de leur habitation , au milieu des pieux et des pierres éboulées, empêche le filet de l'homme de parvenir jusqu'à eux. Quant à la ligne, inutile de dire qu'ils ne s'y laissent que bien rarement prendre. Leur défiance et leur expérience sont grandes. Secondement, ils ont peu d'appétit; s'étant placés, comme le sage animal d'Esope, au milieu du fromage. Enfin, plongés dans une eau claire, limpide et tranquille, ils voient le lil, Vj. ficelle, et détournent dédaigneusement la tête Mais, vienne le vent, vienne une crue, vienne un peu d'eau trouble... adieu prudence. On gobe la provende à droite et à gauche, mais le perfide hameçon est dans un de ces bons morceaux .... et l'on fait enfin un saut sur le pré! Un petit Chevesne de (i"',\'l de long, — ce n'est guère gros! — mange déjà des .\bletles et de petits Gardons de 4 à 6 centim., qu'il ne peut pas avaler d'un seul coup. Le jeune Chevesne et la Vandoise se ressemblent à s'y méprendre au premier coup d'œil, cepen- dant le pécheur saura les distinguer sans recourir à compter les rayons des nageoires et a les dé- pecer pour Voir leur.s dents pharyngiennes, en remarquant : 1° Que la dorsale de la Vandoise est pointue en haut, tandis que celle du Chevesne est carrée postérieurement; les deux poissons au reste l'ont en face des ventrales, et celle delà Vandoise con- tient 1 rayon rameux de moins à la dorsale, 7 au lieu de 8. 20 Que l'anale du Chevesne est carrée et aussi grande iiue la dorsale, plus longue même un peu ; que celle de la Vandoise est plus petite. 3t> Enfin la Vandoise a géiiévalempiit le dos plus droit, moins bombé que le jeune Chevesne, et le museau plus pointu, mais ces deux derniers caractères sont fugaces et vraiment très-variables. En somme, la plus grande difficulté existe pour établir la synonymie et définir exactement les espèces de ces Cyprins qui se ressenddent tant qu'on est tenté de les regarder comme de simples variétés, avant de s'être assuré que les organes aussi essentiels que les dents, les côtes et les vertè- bres varient. Il n'y a pas à douter alors que ce ne soient des espèces distinctes. Le Chevesne dont parle Donnaterre, est un poisson inconnu dans les eaux de France, celui de Sonnini et de Lacépède est le Dobule, qui ressemble beaucoup à l'Ide et au Jesse. Joignons-y l'influence des eaux, des pays, et le lecteur comprendra quelle difilculté se présente ; ce n'est qu'après avoir iious-même photogra- phié ce poisson sur nature et vérifié le nombre de ses rayons, que nous nous sommes assuré que le poisson blanc auquel on donne, dans chaque lieu de la France, un nom différent rapporté au com- mencement de cet article, est probablement le Squalius cephalus de Bonaparte. Cette distinction importe peu au pêcheur,;mais il est toujours intéressant de porter la lumière sur un point obscur de la science, d'autant plus que la synonymie étrangère est ici une source d'er- reurs. Les auteurs français donnent le mot anglais Chuh comme synonyme de Chevesne; c'est vrai; mais en .Vngleterre, le Chuh est le Dobule, et en France, le Chevesne a été le Jesse ! CHEVESNE COMMUN. — Le Chevesne est partout et mange tout. C'est l'animal le plus complètement omnivore des eau.x, et quoique ce qu'il dévore ne soit pas toujours, suivant nos idées, de la première propreté, nous ne pouvons, quand nous envisageons les choses de plus haut, refuser à ce poisson le titre de grand wftoijeur des rivières. Tout ce qui tomhe à la surface des eaux est de son do- maine, et la nature prévoyante lui a donné non-seulement la fécondité qui le pro- page et le répand en tout endroit, mais un grand gosier et un grand estomac au CHEVESNE. 173 moyen duquel il croît vite et rend ainsi service de bonne heure sans le faire payer par une trop grande dépense de temps. De ce que le Chevesne mange de tout, il ne laut pas en conclure cependant qu'il n'ait pas des préférences : au contraire, suivant la saison, il habite telle ou telle place de la rivière. Car c'est un seigneur ({ui aime ses aises, en hiver le soleil, en été l'ombre des grands arbres, en temps chaud la surface de l'eau, en temps froid le fond où l'eau est plus douce. En allant le chercher où nous iri(nis nous-mêmes nous placer, si nous étions poissons, avec notre intelligence, le pécheur est h peu près sur de réussir. Nous allons en juger en prenant les quatre saisons de l'année. Pèche du Chevesne en hiver. — Novembre à mars. — A cette époque de l'année, les eaux sont grandes, froides et rapides ; les gros Chevesnes, les seuls que l'on puisse capturer, gagnent le fond des grands courants. Ils s'établissent sous les ponts, dans les ha'ïs des piles, et y font la chasse aux particules végétales ou animales qui, en- traînées par le courant, y viennent tomber par leur propre poids là où l'eau perd sa force. C'est le moment de pêcher le Chevesne avec des tripes de volaille. A ce mot, nous donnerons la manière de les employer, car cet appât sert pour plusieurs sortes de poissons. C'est encore le moment d'employer la cervelle de veau ou de mouton crue. Pêche du Chevesne au printentps. — Mars à mai. — Pendant cette saison, le Che- vesne recherche différentes esches : vers les premiers beaux jours, on voit apparaî- tre les petits et moyens Chevesnes^ qui mordent partailcment au ver rouge, et qui se prennent de la même manière que le Gardon, la Brème, et souvent pêle-mêle avec eux. Le Chevesne ne dédaigne pas non plus le Gherfaix. Quant aux plus gros et aux plus vieux individus, ils commencent à monter à la surface, attirés par le plai- sir de jouer au soleil bienfaisant qui se montre plus souvent. Si la rivière est large, sans arbres sur les rives, comme la plupart de nos fleuves, les gros Chevesnes gagnent les grands courants, où il faut les aller chercher avec la grande volée, la ligne étant chargée d'un hanneton, d'un grillon ou de tout autre insecte de printemps. Si les rivières portent des arbres touffus s'étendant sur les eaux, c'est au-des- sous d'eux qu'il faudra aller chercher les gros Chevesnes, qui attendent là, en se promenant, que le vent, — leur ami pourvoyeur, — secoue pour eux une moisson de hannetons et de papillons dont ils font curée," sans autre peine que d'ouvrir la bouche. 0 heureux poissons, trop heureux vivants, si dans ces hannetons ne se cachait quelquefois le perfide hameçon de l'homme ! En effet, il faut alors aller chercher le Chevesne dans sa retraite de sybarite : on insinue sa canne sous les branches, et l'on fait bonne et belle capture. Tous les insectes alors parus sont bons, surtout les papillons blancs nocturnes qui élisent domicile sur les ormes et les épines noires : les poils caducs dont ils sont revêtus sont cause d'ampoules sur la main du pêcheur ; il est donc bon, quand on s'en sert, de mettre des gants. On fait usage de la pêche à rouler dès les premiers soleils. Pêche du Chevesne en été. — Juin, août. — Dans ce moment les eaux sont lim- pides, le poisson voit de loin, il se tient à la surface €t au fond, un peu partout, sui- vant le genre de nourriture que lui apporte le courant : dans une rivière où se trou- vent des tanneries et des lavages de laine, le Chevesne se tiendra au fond, parce que les parties lourdes des chairs seront portées en cet endroit par les eaux. Si la ri- 174 CHEVESNE. vière est ombragée d'arbres, il restera à la surface pour gober les fruits et les insectes qui tombent. Déjà vers la fin du printemps et dès les premières cerises, on a commencé à le pocher au moyen de ces fruits qu'il aflectionne : quand les cerises manquent, on prend les groseilles rouges à maquereau, et l'on ramène encore de fort beaux Chevesnes. A la suite de ces pèches vient celle au sang ; quand cet appât est bien pré- paré, celle-ci n'a rien de répugnant et procure une très-belle quantité de Cheves- nes. Elle doit f'tre faite dans le fil de l'eau au moyen d'un bateau, ou du haut d'une jetée, ou encore près d'un abreuvoir, dans un fleuve où l'eau rapide vient former un remous. Cette pêche réussit d'autant mieux que le cours d'eau est plus limpide et pi is considéral)le ; dans la Loire, la Garonne, elle est très-recherchée. 11 faut que le poisson ne soit pas gorgé de nourriture comme dans les petites rivières sans courant, où les Chevesnes énormes se promènent gravement sans se préoccuper d'aucune espèce des appâts que vous pouvez leur présenter, ou bien s'ils se décident h se déranger pour une cerise vermeille ou pour un papillon bien dodu, ils l'engament avec une nonchalance de sybarite bien différente de la vi- gueur d'attaque qui caractérise le Chevesne des grands fleuves, où la manne peu abondante laisse passer de grands jours où l'on ne mange pas grand'chose. Pendant l'été, la pêche à la grande volée se continue toujours ; elle est alors fjitigante, et l'on peut lui substituer la pêche à la surprise, qui réussit admirablement, et procure souvent de très-belles proies. Pendant cette belle saison, il faut employer aussi, contre les Chevesnes, la mouche artificielle, soit en fouettant à la surface, soit en la promenant doucement dans les bouillons d'eau d'un moulin ou d'un barrage, car ce sont là des places que ce poisson afTectionne. On le prend encore en plusieurs endroits à la pêche à rouler, qui s'emploie dès le premier printemps. A cette époque, il n'est pas rare de voir le gros Chevesne faire sa proie du petit Yéron vivant, avec lequel le pêcheur attirait la Perche ou la Truite. Nous avons souvenir d'une lutte qui dura près d'un mois entre un de ces gros Chevesnes et votre très-Jiumble serviteur. Ce Chevesne, en compagnie de deux ou trois autres plus petits, occupait, comme d'ordinaire, un trou situé au-dessous du déversoir d'un moulin. 11 possédait là un domaine de six à huit mètres de profon- deur, rempli d'une eau limpide comme de l'air solidifié, tapissé d'énormes pierres éboulées et alimenté par le petit courant d'écoulement du trop-plein d'été. En somme, une habitation d'élite : eau renouvelée, abri contre la chaleur, nourriture choisie, car autour de lui pullulaient les Ablettes, les Vérons et les petits Gardons dont notre ermite ne se faisait point faute. Il est bon, en effet, de remarquer que ce poisson, d'abord omnivore dans sa jeunesse, devient presque carnassier quand ses forces sont suffisantes . Doué d'une gueule extrêmement dilatable et de dents pharyngiennes solides, il engloutit un petit Poisson, qui entre là dedans comme une lettre à la poste, le broie au passage, et tout est dit, — à un autre ! Messire Chevesne se tenait ordinairement à un ou deux mètres de la surface. Pensant avoir affaire à un paysan ignorant et gourmand, je commençai par lui ofi'rir de toutes les manières imaginables des mouches artificielles, puis des mouches naturelles ; mais quelque précaution que je prisse pour me cacher, je m'attaquais à un fin matois, et quand il était à la surface et qu'il voyait l'ombre seulement du CHEVESNE. 175 scion de ma canne, il plongeait tranquillement et regagnait son lieu de promenade habituel, le milieu des pierres éboulées. Voyant l'inutilité de la ligne volante, j'essayai de la ligne sédentaire. Je lui offris poliment tout ce qu'il est possible d'inventer en fait de ragoûts raffinés à lusage des poissons bien élevés ; mais mon rustre n'avait garde d'y mordre, et quoique j'eusse réduit ma flotte à une plume, puis à une paille imperceptible, — une paille pour ne pas l'efïaroucber ! — il me tournait le dos et s'en allait me re- garder de l'autre bord du trou. J'y mettais de l'amour-propre — et lui aussi, n'en doutez pas. — Aussi, grâce à l'eau limpide et ù deux bons yeux dont la nature l'avait pourvu, grâce surtout à son expérience chèrement achetée sans doute aux dépens de quelques morceaux de ses lèvres, mon ennemi voyait toujours le fil ! — le fil ! — et s'en allait se pro- mener du côté opposé du bassin. 11 m'eût fallu posséder une ligne invisible. — Hélas ! on n'a pas encore trouvé celle-là ! Ma surexcitation était si grande que j'avais monté ma ligne sur un seul crin. Vous comprenez que le monstre n'en eût pas été retardé un instant dans sa prome- nade ; mais puisque je ne pouvais pas le prendre, je voulais au moins le piquer, lui laisser ma carte de visite sous la forme d'un hameçon planté dans les lèvres ou dans la langue. — Point! — J'enrageais. Enfin, un beau matin, n'y tenant plus, je pris le tonnerre dans ma main, sous la forme de mon fusil de chasse d'abord, d'une carabine ensuite, et je recommençai le siège, à balle franche, de mon adversaire. Mais le rusé personnage connaissait la poudre ; le maître meunier lui avait déjà déclaré vingt fois une guerre semblable et sans succès. Mons Chevesne, qui avait vu le feu, savait que 2 mètres d'eau sur lui le préserveraient de toute avarie, et plus on tirait, plus il gagnait le fond. Ceci n'est point un paradoxe : la lutte devenait une guerre à mort ! mon amour-propre était en jeu. — H fallait vaincre ou mourir ! — Aussi j'eus recours à la ruse ; je me cachai, je l'épiai, je le guettai, le matin, le soir ; — vain espoir, toujours il y voyait plus clair que moi ! Cependant cet acharnement ne fut pas sans résultats pour nous deux; — il y gagna, lui, quelques écailles de moins emportées par une balle qui lui frisa le dos, et moi un rhume magnifique. Mais le sort en était jeté ! En réfléchissant à tous ces insuccès, je souhaitais au rusé personnage un voile sur les yeux, je pestais contre l'eau qui m'eût laissé lire un journal au fond du trou ; et, comme ceci se passait en été, j'enrageais de voir que, depuis un mois, pas une goutte de pluie n'avait désaltéré la terre en trou- blant la limpidité désolante de la rivière. Or j'avais besoin d'une crue, j'avais besoin de fermer les yeux de mon ennemi trop vigilant, j'avais besoin d'eau trouble, en un mot ! Aussi, voyant qu'elle ne m'était pas donnée, je la fis. Le déversoir, en cette saison, ne fournissait qu'un filet d'eau assez mince, mais qui tombait sans relâche, et il était certain que les infiltrations devaient être plus considérables en dessous de la digue, car je voyais sortir du trou plus d'eau qu'il n'en entrait par le déversoir. Aussi, ayant étudié tout cela, mon plan fut-il bientôt combiné. Je plaçai, sous le filet d'eau et suspendu au bout d'une perche à bascule, un grand panier à claire-voie rempli de terre forte, et je regardai avec bonheur l'eau du bassin se troubler. Malheureusement, cette eau était si calme par suite de son mouvement d'é- coulement, qu'il f;illait un temps considérable pour la rendre louche, car la terre 176 CHEVESNE. délayée tombait très-vite au l'oiul. De plus, je ne pouvais pêcher que le matin ou le soir, moment où mon adversaire chassait; d'un autre côté, le panier l'effarou- chait. 11 fallait que tout le monde s'y habituât. Je me procurai de petits Vérons bien vivants au moyen d'une véronnière en verre ; je les mis dans ma boite à vif, puis, pendant deux ou trois matinées, je fis jouer ma bascule à eau trouble. Enfin, un beau matin, à quatre heures, je commen- çai à descendre le panier et à pécher au vif, bien caché et loin de l'eau. — Mon premier essai ne produisit rien; mais le lendemain, vers la même heure, je fus ré- compensé de mes peines. Je piquai mons Ermile, comme nous l'appelions, et au moyen de l'aide qu'on me prêta et d'une épuisette secourable, je parvins à le sortir de l'eau. Il pesait 3 kil. TriO grammes. Pèche du Chevemc en automne. — Sef.tenibre et octobre. — Le raisin mûrit, le Chevesne l'affectionne comme un gourmet qu'il est. Le raisin rouge réussit à l'au- tomne aussi bien que la cerise vermeille au printemps, même mieux; en hiver on peut lui offrir des raisins secs et être récompensé de cette attention délicate par la capture d'un gourmand émérite. Pendant cette saison, on continue la pêche au sang quand il fait chaud, ou celle à la mouche naturelle ou artificielle. Si le temps est froid, on peut se servir de rate cuite ou crue, de cervelle, de queues d'écrevisses crues, etc. Il ne faut pas omettre un des meilleurs appâts pour le Chevesne dans les pays où l'on cultive le ver à soie ; ce sont les cocons, c'est-à-dire les vers échaudés que l'on a débarrassés de leur charmante enveloppe. Ce gros ver succulent est un des plus friands régals du Chevesne et lui offre un appât auquel sa gourmandise ne sait pas résister. Pour terminer, nous ne devons pas omettre de rappeler que le Chevesne, sur- tout quand il est un peu gros, est un poisson vigoureux qui ne se défend pas long- temps, mais dont la première défense est terrible. Enfin, comme ce poisson pré- sente souvent un poids de W à 4 kilogr., il faut une ligne solide. D'un autre côté, le Chevesne est aussi défiant que gourmand, ce n'est pas peu dire; de sorte que l)rendre une ligne forte, c'est lui donner une trop belle partie et lui montrer la moitié de son jeu. Si l'eau est claire, il faut choisir une ligne qui se termine par six brins de crin au moins : prendre garde que la florence plus solide, mais trop brillante, le fait souvent fuir par le reflet du soleil. Cependant, si l'eau est un peu trouble, ou si l'on pêche en hiver il faut se monter hardiment sur une bonne flo- rence, en un ou deux brins bien choisis et cordonnés avec soin. On ne devrait jamais pêcherie Chevesne sans une canne à moulinet. S'il est un poisson dont la défense exige ce genre d'instrument, c'est certainement celui-là. ' On recommande de pêcher le Chevesne avec de très- gros hameçons, ce que l'on conçoit jusqu'à un certain point, si l'on considère la grandeur de sa gueule. D'un autre côté, la gueule est charnue et facile à piquer, ce qui semblerait permettre l'emploi d'hameçons plus petits. Une nombreuse série d'observations nous a mis à même de nous assurer que le Chevesne, en saisissant sa proie, la serre, Xa palpe pour ainsi dire au moyen de ses lèvres énergiques; s'il y sent un corps suspect, il rejette de suite, en ouvrant les lèvres, cette proie peu rassurante, et, dans ce mou- vement, les hameçons de certaines espèces sont presque toujours rejetés sans avoir accroché les organes buccaux ; de ce nombre sont les Limericks droits, qui ne piquentle Chevesne qu'à condition quele pêcheur puisse ferrer au moment précis où le poisson essaye l'appât. Or, (juand on pêche de dessus un pont, avec une ligne CHEVRETTES. 177 I-iq. 147 /'l'ir. 148. —Grappin à Chevesne. de 20, 30 ou 10 mètres, ce moinoul n'est pas facile iï saisir comme l'éclair ; il serait donc (Icsirable d'^'-lre armé d"un hameçon que le Chevesne ne pût toucher sans le piquer. Tous les hameçons qui ont beaucoup d'avantage, tels que les limericks courbes AMN {fi(j. 147) sont meilleurs, mais, à moins de les prendre très-gros, ils manquent encore quelquefois leur effet. Toutes ces réflexions nous ont conduit à l'adoption du grappin {p(j. 148) pour la poche du Chevesne, et la réussite la plus complète a couronné nos efforts. Avec un grappin (et le plus petit est le meil- leur), la défiance du Chevesne tourne à son détriment, plus il palpe l'esche, plus il la fouille des lèvres, mieux il est pris, car à la pre- mière pression, un vif mouvement de sa queue a indiqué au pêcheur que l'acier du dard a pénétre : ferrez un coup sec et pas trop fort, Limenck couii.e. il est à vous sans peine : car trois hameçons le tiennent à la fois, et quoique petits, très-petits même, ils supportent l'effort ensemble, et vous savez que rimnm fait la force. Je terminerai donc cet article en disant au pêcheur : Malgré le surcroit de précautions que demande l'emploi du grappin, l'usage de l'aiguille à amorce, etc., malgré tout cela, si vous êtes un pê- cheur soigneux et si vous vous attaquez à des Chevesnes de taille respectable, môme si vous péchez au papillon, servez-vous d'un petit grappin, et vous prendrez tous les Chevesnes qui vous attaque- ront, ce qui n"est rien moins que sûr avec un gros hameçon simple, suivant la méthode ordinaire. CHEVESNE MÉRIDIONAL (SqualiusMeridionalis, Diane). —Malacopt. abd. cyprin. Variété de l'espèce commune, à dos plus arqué, à tète plus longue, corps plus court, museau plus pointu, Icte formant le quart de la longueur totale. Ligne latérale presque droite de 44 écailles fortement poiutillées, tandis que le C. commun en a jusqu'à 46 quelquefois. L'opercule est plus long et plus carré. Se pèche dans le Lot-et-Garonne, dans la Sàve, dans la Sorgue, près d'Avignon. CHEVESNE TREILLAGE (Squalius clathratiis, iJlanc). — Malacopt. abd. cyprin. Long. max. =0'n,20. Espèce voisine du C. commun, plus mince et plus élancée que lui et surtout que le C. méridional, remarquable par ses écailles pointillées de noir au bord et formant des losanges très-réguliers et très-nets. Dos et dessus de la tète bleuâtres, à reflets nacrés jusqu'à la ligne latérale; au-dessous blanc d'argent. Gros points noirs sur les joues et les opercules. Nageoires inférieures jaunâtres ; dorsale gris pâle. Se pèche dans le Lot, le Celé, près Figeac, etc. CHÈVRES. — Pieux qui servent à monter les hauts étaliers. (Yoy. Guideau.) CHEVRETTES. — Les Chevrettes sont des Crusta- *rés décapodes Macroures ; elles font partie d'un groupe na- turel qui porte le nom de Salicoques: dans ce groupe, le Palémon porte le nom de ^'^' **^' ~f^**^^'"^"^<>"Crangon, appelé aussi Sauterelle. Crevette. On en distingue deux espèces, \e Palémon à dents de scie et le Palémon ^quille. (Yoy. Palémo.x.) 12 riH CHOIX DES INSECTES. Tout à côlé d'elles se Irome une autre Salicoquc nommée Cmngon, qui, sous le nom de Sauterelle, se poche toute l'année. Celle-ci ne devient pas rouge comme la Chevrette par la cuisson. (Voy. Crangon.) Tous servent d'appât très-estinié pour la plupart des poissons de mer, surtout pour ceux qui approchent du rivage. On dépouille la queue de l'animal, et c'est la chair intérieure que l'on met sur l'hameçon. Ce qui prouve combien l'odorat est développé chez les poissons, c'est qu'ils reconnaissent ce lambeau de chair qu'ils n'ont jamais vu sous cette forme, et qu'ils s'y jettent avec avidité. CHEVROTIÈRE OU CREVOTIÈRE. — Les mailles de ce fdet, employé dans le5*arrond. mai'it. (Toulon), auront au moins 0'", 001) en carré; sa longueur n'ex- cédera pas -4 mètres. Monté sur une fourche ou un demi-cercle, en bois, auquel sera adapté le manche. Traverse de 1™,50 de longueur sur 0"',10 d'épaisseur, avec plaque de plomb de 1 kilogr. Usage de jour seulement, du i'^' octobre à fin février. CHICHARON. — Nom populaire du S/uirel ou Carangue, sur les côtes voi- sines de l'embouchure de la Garonne et de celle de la Charente. (Voy. Saurel.) CHIEN DE MER. — (Voy. ROUSSETTE [petite].) CHIEN DE MER ANGE. — (Voy. AnGE DE MER.) CHIFFE. — Nom du Dtirr/ dans les Vosges. (Voy." Dard.) CHINCHARD et CHINCHARE. — Désignation du Saurel ou Carangue sur les côtes de Bretagne. (Voy. Saurel.) CHIQUEUR. — Nom du Boucet à Dieppe. (Voy. ce mot.) CHOIX DES INSECTES ARTIFICIELS , SUIVANT LES MOIS. — Nous allons essayer d'établir le calendrier de l'emploi des mouches artificielles, d'après Isaac Walton, le fameux père des pêcheurs à la mouche en Angleterre. En com- mençant, nous sommes obligé tout d'abord de remarquer combien il est difficile de faire comprendre exactement quels sont les insectes que nous allons désigner. Les fabricants ont, en effet, l'habitude de donnera chaque désignation d'insectes un faciès traditionnel ei particulier , lequel, la plupart du temps, ne rappelle en rienla nature et la forme de l'insecte véritable qui en a été le premier type. En second lieu, il existe une espèce de mouche artificielle, dite Palmer {fig. 130, 151) (Pèlerin), sans doute parce qu'au commencement où on l'a faite, elle était en plume brune, revê- tant ainsi la livrée du pèlerin. Ceci n'est qu'une hypothèse toute gratuite, car la mouche Palmer revêt aujourd'hui à peu près toutes les couleurs imaginables. Il se fait encore une variété fort suivie, dite Fancy (fan- taisie) {fîg. 152, 133), qui mé- \ rite bien son nom, car elle varie de forme et de couleur * dans toutes les gammes con- nues du blanc au noir, passant par les couleurs de l'arc-en- ciel. Ces bizarres créations réussissent très-bien. C'est le point intéressant. Nous sommes obligé de mettre les noms en anglais ; mais, quand la traduction sera possible, elle se trouvera à côté. Fig. 151. l'almers divei's. Fig. «52. Fig. 153. Fancy diverses. Mouches à Truites. CHOIX DES INSECTES. 179 {Gna(s) Cousins Fig. loi. — Cousin d'hivoi tig. 155. — Stone-flij, Frigano artificielle. En général, il laiil recommander de se servir, en : Janvier : (Juand il fail beau, de Tipules artificielles, dits {(,),. 154). Fkvhier : D'une chenille velue (////. loi), diia P aimer on (ireat Hackle. La chenille, type piiniitif, est très-velue, longue et de couleur fauve; elle dévore les feuilles de la ronce. On emploie, pour la Truite surtout : The Red fly (la Mou- che rouge), J/ofJaiid's fancij. Mardi broirn [fig. 15:2), Hare's ear (Oreille de libwc) (fig. 153); Ifcd spinner (la Pileuse rouge); Soldier Palmer, le Palmer ou la Mouche-soldat, par rapport à sa couleur qui rappelle celle des soldats anglais. A ce propos, nous mentionnerons les deux insectes coléoptères que l'on trouve, en mai, sur les haies et dans les blés ; tous deux ont la même forme al- longée ; l'un est rougeâtre, les Anglais le nonnnent le Soldat ; l'autre est bleu foncé à léte rouge, ils l'appellent le Marin. Tous deux sont excellents pour la pêche à la mouche. Mars : Gomme en février. Avril : The Cow-dung. (Bouse de vache. ? — Sans doute à cause de sa couleur. ?) Sand fly (Mouche de sable) ; Aider fly (Mouche de l'aulne); Oak fly (Mouche du chêne) ; Stone fly (Frigane) [fig. 155); Black, brown et red Palmers (Mouches Palmer noires, brunes et rouges) (//^. 150 et 151). Blue dun (Taon bleu?) Fa^icy Coktail (Queue de Coq) Mai : Vers la fin de ce mois, la mouche dite Fourmi ailée ou la Mouche d'au bépine {fig. 156) {Haivthoi'n fly), qui se trouve sur cet arbuste après la pousse des feuilles. On la fait avec la plume noire de la collerette du coq. 'Hie Black gnat (fig. 157) (le Cousin noir) ; Wren tail (Queue du Roitelet) ; Yellow Sally ; Fern fly (Mouche de fougère); Coachman (le Cocher!); May fly (Hanneton); Hoflaïufs fancy and francis. Juin : Les Fourmis ailées (fig. 158) ont le ventre gros et rebondi comme une bouteille ; on les fait de camelot gris et rouge, avec des ailes gris clair. Cigales factices. The May fly (le Hanneton) ; Orl fly ; Blue dun (le Taon bleu); Yellow dun (Taon jaune) ; House fly (Mouche des maisons); Small Palmers (petites Mouches Palmers, artifi- cielles [fig. 150). Juillet: Mêmes insectes, auxquels il faut ajouter The grouse Hackles (Plume de Coq de bruyère); Pale dun Hackles (fig. 159) (Mouches sans ailes, brun pâle); Bed et black ««^s (Fourrais noires et rouges). Août : Les Fourmis ailées de ce mois (fig. 160) ont des ailes de couleur obscure, et le corps de poil de vache noir, nuancées d'un peu de rouge à l'extrémité du ventre. Small Palmer (petites Mouches Palmer artif.) ; Aider fiy (Mouche daulne) Fig. 156. Haivtliorn fly Mouche «l'aubépine. Fig. 157. The Black gnat. Le cousin uoir. Fig. 158. — Fourmi ailée. Fig. I 59. — Pale dun Hackles. Fig. 160. — Fourmi ailée d'août. 180 CHOIX DES INSECTES. Cow dimg (Mouche de la bouse de vache); Coh flij: Cinnomon pj (Mouche couleur cannelle); Augiist dun (Taon d'août). Septembre : The Avgiist rlim {Taon d'août); Coîv dung {Monche de bouse de vache); Aider //?/ (Mouche d'aulne); Jied, ùlack, brmvn et grey Palmers (Mouches Palmer artif. rouges, noires, brunes ou grises) ; aussi the March hrown (la Mouche brune de mars) {fi g. 130, 151, 152 et 153). \ Pas de mouches particulières : si le temps est beau, on essaie UCTOBRE . i j^g cousins d'hiver {fig. 154). Si l'eau est transparente, on ^^^^^^"^^ . / reprend les mouches qui ont le mieux réussi en automne, Décembre: ) ^^^ même au printemps. D'après un livre de 1719, intitulé : les Amusements de la campagne, les mouches artificielles doivent être faites ainsi, suivant les mois : Avril : Corps garni de soie rouge; tète verte, plumes d'une poule rousse. Mai : Corps garni de soie rouge avec des filets d'or; tête noire, plume rouge d'un chapon. Juin : Corps garni de soie bleue et d'un jaune doré, tête pâle, plumes de dessous les ailes d'une perdrix. Juillet : Corps garni de soie vert et or, tête bleue et ailes de plumes de cou- leur pâle. Août : Corps composé de barbes de plumes de paon ; tête jaune, ailes des plumes de faisans. (Yoy. Moucues artificielles.) CHOIX DES INSECTES ARTIFICIELS SUIVANT LE TEMPS. — (Voy. Mouches artificielles, et art. précédent.) — La couleur des mouches artificielles, en soi, n'importe point à la pêche ; le rapport de cette couleur au temps qu'il fait est seul de la plus grande importance, quoique de nombreuses exceptions prouvent là chaque instant au pêcheur, qu'il y a des moments oii le poisson n'est pas difficile, et où il prend tout ce qui lui tombe sous la dent. En effet, lorsque pleuvent des arbres et de l'air, des insectes pendant l'été, le printemps ou l'automne, il en tombe de toutes sortes et de toutes couleurs. Quand même la rivière serait couverte d'éphémères blanches qui semblent une manne envoyée aux poissons, on peut pêcher avec une mouche artificielle bi'une, rouge ou noire ; le poisson la prendra, soit nouveauté, soit habitude. Il n'est pas si peu important de faire attention à la grosseur des mouches. Sur les eaux parfaitement limpides, sous un ciel clair et lumineux, on emploiera des mouches de couleurs claires, grises, jaunes ou blanches, et même à une grande profondeur, le poisson les verra au travers du cristal dans lequel il se promène. Si, au contraire, le temps s'assombrit et tourne à l'orage, si les eaux ont un peu de louche, on prendra des insectes de couleur brune, rouge, noire ou marron foncé. En effet, il est important, avant toute chose, que la couleur de la mouche tranche sur celle de l'eau, afin que le poisson puisse voir de loin le leurre et y venir. D'après Isaac Wallon, — le père des pêcheurs à la mouche artificielle, — les principaux insectes employés avantageusement à l'état d'imitation, sont : les arai- gnées, les chenilles, les papillons, les demoiselles, les sauterelles, les teignes aquatiques, et les insectes ailés des bords de l'eau. Parmi eux, voici ce qu'il recommande comme choix, suivant le temps : Varaignée rouge et ]e papillon jaspé conviennent pendant qu'il fait soleil. Le bibet, lorsque le temps est h l'orage. Le charançon, lorsque le ciel est obscurci par les nuages. CHOIX DES INSECTES. 181 Les chenilles jaunes et vcitcs s'emploient le matin, ainsi que \c papillon des genêts et la sauterelle. La mouche factice {fancy), vers la (in du jour. ha. nymphe, au point du jour. La. papette ei le petit paon se mettent en usage toute la journée. (Jn emploie de préférence : Ces désignations doivent être enten- dues dans un sens très élastique : par exemple, voici ce que l'on poiura prendre pour : Araignées : Araignées. Chenilles. Fourmis ailées. Demoiselles. Pour les Truites Fig. 164 Fi g. 166. Fourmis ailées : Fig. 167. G Fin. 163. Demoiselles Fig. m. Le petit Paon pour le Saumon. Fig. 172 et 173. — Mouches à Saumon. Nous renvoyons à l'article xMoucnES artificielles, des extraits curieu.x de The 182 CHONDROSTOMi:. Art of angling, parTh. Barkor, IGol . Nous ferons remarquer au lecteur que la pêche, enFrance, etsurtoutla pêche à la mouche, est hienplusmoderue que cela, pournous. CHONDROPTÉRYGIENS ABDOMINAUX ou A BRANCHIES FIXES. — Le mol Cliondroptérygiens a été formé, par Artedi, des deux mots grecs yjr/(Jç.o- cartilage, et Ttréfu? nageoire; on remplace quelquefois cette dénomination par celle de Carlilugmeux. Le deuxième ordre de cette division comprend les cartilagineux à branchies fixes, et, dans la première famille, le groupe des Raies et des Squales; dans la deuxième famille, le groupe des Lam- proies dont les petites espèces nous servent d'amorces pour les poissons voraces. Les familles de cet ordre se divisent ainsi : 1» Sélaciens ; 2° Suceurs. Les Plagiostomes qui sont, sans contredit, les plus remarquables des poissons et les plus élevés dans l'ordre naturel par leur organisation, paraissent remplir au milieu des eaux le rôle que jouent les oiseaux de proie dans les airs. Ils ont, en général, été doués par la nature de moyens puissants de locomotion et de force qui les rendent les ennemis redoutables de tous les êtres qu'ils rencontrent habituellement ou accidentellement dans les mers, et, comme eux, la plupart n'exercent pas leurs déprédations seulement dans un espace restreint, mais à des distances considérables, émigrant même le plus souvent à la suite des bâtiments et des bandes de Scombres dont ils aiment à faire leur proie. Ces animaux ne peuvent donc jamais être regardés comme sédentaires, et nul ne peut affirmer qu'une espèce encore inconnue aujourd'hui sur une côte ne s'y présentera pas demain, pour en repartir presque immédiatement, et n'y reparaître qu'à des intervalles irréguliers et souvent fort éloignés. Cependant, si la plupart des grandes espèces sont presque complètement cosmopolites, la nature semble avoir voulu établir une analogie de plus entre les rapaces des mers et les rapaces des airs, en créant, chez les premiers, un certain nombre de genres, tels que les Roussettes, les Aiguillais, les Ëmisoles, qui, à l'instar des Faucons, des Busards et des Éperviers, ont un habitat plus restreint; et, — chose plus surprenante encore, — de même qu'il existe des rapaces nocturnes parmi les oiseaux, les Raies sont également des poissons de proie nocturnes qui, comme lesChoueltes et les Hiboux, semblent n'abandonner que rarement leurs antres privilégiés. CHONDROPTÉRYGIENS A BRANCHIES LIBRES. — Slurioniens. Premier ordre de la deuxième série, ou poissons cartilagineux. Cet ordre contient le genre Esturgeon, qui, par la tête et les épaules osseuses, forme le passage des poissons osseux aux cartilagineux. Ce poisson ne se prend pas à la ligne, mais seulement au filet. Les deux autres familles de cet ordre sont dans le même cas. Ce sont les genres Pohjodon et Chimère, qui nous ofi'rent peu d'intérêt. CHONDROSTOMA CJERULESCENS. — (Voy. Chondrostome bleuâtre.) CHONDROSTOMA DREMŒI. — (Voy. Cho.ndrostome de Dréme.) CHONDROSTOMA RHODANENSIS. (Voy. Chondro.stome du Rhône.) CHONDROSTOME [Genre], (Chondrostoma, Agass.). — Malacopt. abdom. Cyprin. Les Chondrostomes, par la forme du corps, sont de vrais Chevesnes; mais leur bouche est si différente que ce seul caractère suffit à les en séparer. Les lèvres de ces poissons présentent des plaques cartilagineuses d'où leur vient leur nom scientifique. La bouche est transversale et en des- sous, ce qui leur fait une espèce de nez proéminent, d'où leur vient leur nom populaire, sans con- tredit le meilleur des deux. Les dents pharyngiennes sont sur un seul rang, ce qui les sépare des Chevesnes : elles sont 5, G ou 1, coupées en biseau, formant une pointe aiguë et sans dentelure. Quatre espèces en France, dans les eaux de l'Est. CHONDROSTOME BLEUATRE (Chondrostoma caerulescens, Rlanc). — Malacopt. abd. Cyprin. Long. max. = 0n',2H. Très-voisin du Nase et ne valant probablement pas mieux que lui comme chair : corps plus épais, à reflets bleus d'acier sur le dos; écailles tachetées de forts points noirs, aussi autour de l'oeil et l'opercule. Bouche en croissant, plus grande que chez l'espèce type, et placée également au-dessous du museau . Lame cortiée très-courte à la lèvre inférieure. Cinq petits pores àchaque coin de la bouche. Ligne latérale, 58 à 60 écailles. D, grise = 3 simples -+-8 à i) rameux. A, un peu jaunàtre = 3 simples 4- 12 branchus. Se pêche dans le Doubs, l'Ognon, etc. CHONDROSTOME DE DRÊME (Chondrostoma Dremœi, Blanc,). — Malacopt. abd. Cyprin. Long. max.=0,15. Ressemble beaucoup au Chondrostome bleuâtre dont il paraît une réduction : le dos est plus CIRCULATION. 183 pûle, une bande en Ion? an-dcssiis delà liijne latérale, se montre dans tons un peu ardoisée. Points noirs sur les écailles, la joue elles opercules. Ligne latérale de 56 à 58 écailles. Se pèelie dans le Lot, la Sàve, l'Aude, la Garonne, etc. CHONDROSTOME DU RHONE (Chondrostoma Rhodanensis, Ulanc.).— Malacopt. alid. Cyprin. Variété du Nase de Drcine,à houche très-petite et eu croissant : écailles à rellets jaunes pique- tées de très-fins points noirs. Se pêche dans le Rliône, l'Ariége, la Durance, etc. CHONDROSTOME NEZ (Chondrostoma nasus, Val.). — (Voy. Nase.) CHOUAN. — Appellation vulgaire des Chevesnes dans le département de Maine-et-Loire. (Voy. Cheves.nes.) CHOUCHE. — Nom de la Raie Pastenague aux Martigues. (Voy. Raies, § 15.) CHRYSOPHRYS. — (Voy. Dorade.) CHUTE. — Hauteur d'un filet, des flottes à la plombée. CIBAUDIÈRE. — Espèce de Ravoir. (Voy. ce mot.) Ce sont des filets du genre des folles et des demi-folles que l'on tend en ra- voir, principalement pour prendre des Raies. On les tend aussi munis de flottes et de plombées sur la côte de Dunkerque. CIRCULATION. — Le cœur, composé d'une seule oreillette (V, fig. 174), d'un seul ven- trt'rule, se trouve placé sous la gorge, dans une cavité ihoracique très-petite, séparée de l'abdomen par un diophmgme. Le sang veineux y arrive, et de là, passe par une artère pulmonaire dans les branchies où il respire et re- devient artériel; les veines pulmonaires le ramènent dans un vaisseau dorsal, d'où il se répand dans tontes les parties du corps. Dans ce système, le sang, pour aller des branchies aux organes qu'il nour- rit, ne traverse qu'une seule fois le cœur qui est réduit à la partie droite du cœur complet des mammifères ; mais le sang y passe en entier pour aller respirer; aussi, c'est avec raison que l'on dit que, chez les poissons, la circu- lation est simple et complète. L'organe moteur du sang étant réduit à un cœur simple Ifig. 174), au cœur veineux, il s'ensuit que la circulation est peu rapide et que cette cause, jointe au peu d'activité de la respiration, explique la faible température du corps des poissons. Le tronc dorsal VD {fig. 17G) des poissons constitue pour eux l'aorte descendante. Nous avons dessiné, ici, le cœur (%. 174) et la circulation branchiale complète de la Raie (fig. 175). Le cœur se compose {fig. 174) de A, l'oreillette qui reçoit les veines caves V(-, \E. V, ventri- cule, à colonnes charnues très-prononcées. VE, VC, veines caves. VL, deux lames d'une valvule placée à l'orifice auriculo-ventriculaire. T, tronc commun s'élevant de la partie supérieure du ventricule. 11 est garni d'un grand nombre de valvules sigmoïdes incomplètes. Si nous nous reportons à la figure 175, ce tronc T donne deux grosses branches A, B, se continue en ligne droite, et finit par se bifurquer. Toutes les branches qui dérivent de ce tronc produisent des rameaux, qui fournissent à leur tour 20 à 30 ramus- cules, se subdivisant en une multitude de filets, dont les dernières radicules constituent le réseau vasculaire destiné à préparer l'oxygénation du sang. Des vaisseaux C,D, semblables à ceux que nous venons de décrire, le recueil- lent pour aller former les branches E, F, D, qui constituent le vaisseau dorsal. Les branches 1,1, envoient le sang à la tête; les ramuscules suivants con- stituent les artères cardiaques ; et, enfin, les petites branches sont destinées aux muscles qui font agir les branchies. Comme on le voit, tout le sang passe par les branchies avant d'être dis- tribué aux organes, la circulation est donc complète. La figure 17 0 représente, vu de côté, l'appareil circulatoire d'un poisson cule unique du cœur, 0 est l'oreillette que nous venons de voir marquée A dans la figure 174 : l'c, l'c, sont les veines caves. Dans cette figure, nous voyons beaucoup mieux le bulbe artériel à, Fig. 174. — Cœur de la Raie. Fig. 173. — circula- tion branchiale do la Raie. ve est le ventri- 184 CIRCULATION. origine de l'artère Lranchiale, qui conduit le sang noir aux branchies que nous voyons au-dessus; V V V V açob est l'artère branchiale, et au-dessus, les vaisseaux ^'^ ~^- >-- branchiaux qui, après l'hématose au contact de l'oxy- gène, ramènent le sang rougi dans l'artère dorsale vd. Cette artère ou aorte se bifurque sur une seule li- gne, et distribue d'un côté un rameau an vers la tête du poisson, conduisant l'arche vd jusqu'à l'extrémité du corps, d'où le sang revient par vc, et ainsi de suite. Il est très intéressant de bien connailre la position relative des organes importants de la circulation, de la nutrition, etc., chez les poissons : les différences que cesanimauxcomportent, si on les compare aux quadru- pèdes et aux oiseaux que nous voyons tous les jours, sont assez grandes pour dérouter les esprits superficiels. C'est pourquoi nous avons jugé utile de placer ici (^g'. 177) une coupe très-simpliflée des Fig. vc f) t)« h nh 176. — Appareil oirculatuirc vu de côti;. Fig . 177. — Coupe d'iuie Carpe, suivaut le plan d'axe du Corps, pour montrer la position relative des organes. organes de la Carpe, suivant un plan qui la séparerait selon son axe, en coïncidant avec le plan des nageoires impaires. Nous espérons qu'en présence de cette figure si claire, nos lecteurs ne seront pas embarrassés. En marchant de droite à gauche, nous trouvons : B, branchies ; D, dents pharyngiennes; L, pharynx; 0; cœur; VA", vessie natatoire ; X, vessie urinaire ; I, intestins grêles ; C, foie ; P, P', reins; C', gros intestin et rectum. Au-dessus, l'épine dorsale avec les côtes cou- pées en av.int et les apophyses intactes au-dessous. ap (œ Fig, 178. — Cœur d'un Cralie, vu en dessus. so su rye2Aux . . de ^s oepte quel-i res \ en- peignes., j (|uefois 1 traies... J Suspendui^s à j Mai.acoptk- I le l«^ Des< ' l'appareil rygiems f nageoires ) de l'c^paule. . subhacuiens. . . f dorsales ou^ mob.le... pectorales r ( Malacopté- , Squelette j I \ (Halaco- '^ Pas de nageoires ventrales, j kygiems / osseux / I \)tt^rvgiens). \ (apodes niobdc. . i 1 . p / Branchies dispost'-es en houppes rondes | LopiioimANcuES ^.'Mâchoire supih-ieure engrenée au crâne I Plectkognathes (r.UONniiOPTÉ- ^ ^ DnANCHmS LI- i fice à chaque opercule j ^p^g ^'^ 1 Sturioniens . . . Squelette cartilagi - 1 neux. Os de la ma- \ granchies adhérentes \ \ choire supérieure I g^ les deux bords : I Mâchoire inférieure mo - ) ^ ., ^^,^^.. \ remplacés par les I [jiugieurs ouvertures ( bile j ^ELACIE^s ^ palatins ^ branchiales ) Choohoptérygiens a ) Mâchoires soudées en un ) p^,.,,,„_,^„„„ BRANCHIES FixRS ) ccrclc immobile ) XV Genres et S -Genres. ... 86 .. 17 Depuis l'époque (1828) à laquelle cette classification ingénieuse a été créée par l'immortel natu- raliste, de nombreuses études ont été faites au point de vue d'une délimitation plus méthodique, plus rigoureuse surtout, de chacun des groupes naturels dont les caractères ne sont ni assez nette- ment tranchés ni assez formellement précisés. Cuvier, au reste, dit M. Aug. Duméril, a lui-même constaté l'embarras où peut jeter parfois l'emploi exclusif de la méthode naturelle. Les principaux chercheurs dans cette voie ardue ont été, par ordre de dates : Agassiz, 1833 — nous donnons une idée succincte de sa méthode à l'art. Écailles; — J. Miiller, 1844; — Ch. Bona- parte, 1850; — C. Duméril, 1856. Ce dernier possédant, dit M. 3Ioquin-Tandon dans son Éloge historique à la Faculté de Méde- cine, une érudition choisie et une très-heureuse combinaison de la méthode naturelle et du classe- ment artificiel, produisit un ouvrage capital distinct de ceux qui ont été composés sur l'ichthyologie. ('e travail, consigné dans V Ichthyoloyie analytique (1856), est, sans contredit, l'un des plus ration- nels et l'un des plus simples. Cela ne veut pas dire beaucoup dans la matière, par la raison bien évidente que, lorsqu'on est obligé de baser de grandes divisions sur la comparaison d'organes in- ternes délicats ou de petites dimensions, on arrive toujours à une classification inabordable au plus grand nombre, comme vérification journalière de ses études. On fait forcément une classifi- cation de gens de cabinet, de savants, et non de gens du monde, du public : ce qui est cependant le seul et vrai point de vue auquel une classification devrait répondre. Constatons malgré cela que tous les maîtres dont nous venons de parleront fait faire un pas en avant, que tous ont signalé des différences et des ressemblances intéressantes. Malheureusement, tous, au point de vue vulgarisateur,— le seul sans doute qui, à leurs yeux, fût peu important,— ont compliqué au lieu de simplifier et rendu la terminologie tellement inabordable qu'elle en devient quelquefois burlesque. Le mot semble fort et n'est que vrai, sinon pour les maîtres que nous venons de citer, au moins pour leurs continuateurs ou leurs augmentateurs, tels que P. Decker, qui osa créer des noms dont nous ne résistons pas à donner deux spécimens : Chorisopharyngodontes et Trachy- craniichttiyini... Quand on en est arrivé là, il est certain qu'une révolution est proche, qu'une réaction doit tendre à se produire et qu'on peut la désirer, l'appeler de tous ses vœux... . C'est ce que nous faisons. Nous omettons, de même, de parler ici au lecteur des études qui n'ont porté que sur des groupes spéciaux, plus ou moins étendus, et qui n'ont pas embrassé la science ichthyologique dans son 188 CLUPÉOIDES. ensemble. II est résulté, de ces études partielles, des c-Iassifications partielles, ou plutôt des modi- fications partielles à la classification générale. Nous n'avons pas cru devoir les exposer ici, afin de ne pas compliquer un taMeau saisissant par sa simplicité et son homogénéité. Le livre que nous écrivons n'est pas un traité de science pure : nous l'adressons aux gens du monde surtout, et nous sentons, à chaque pas, la nécessité de leur adoucir les pentes un peu roides de la science ichthyo- logique, d'autant plus que, par un parti pris déplorable, ainsi que nous le remarquions tout à l'heure, les mots néo-grecs forgés pour baptiser les divisions et subdivisions des poissons, ont une physionomie barbare que l'on croirait faite à plaisir pour dégoûter les profanes d'une étude qui, présentée autrement, serait des plus attrayantes. Lorsqu'il sera temps, nous indiquerons, en termes généraux; les changements principaux qui ont été faits. Ils sont, en général, de deux espèces : les uns ont pour but d'élever d'un degré les sub- divisions existantes en espèces et en genres, faisant de quelques espèces des genres, quand les an- ciennes variétés étaient reconnues pour des espèces véritables. En même temps, des changements se faisaient dans un ordre inverse, alors que de nombreuse espèces jugées desimpies variétés, dispa- raissaient, reconnues provenir du climat, de l'habitat, de la saison ou de l'âge. Admirable travail de composition et de décomposition où chacun apporte sa pierre et son con- tingent de découvertes. Combien, hélas! reste-t-il plus à découvrir que l'on ne connaît! Puis, un jour, alors que la science aura marché, alors que ce qui est encore pour nous dans l'ombre, fleurira au soleil, de nouvelles attractions, de nouvelles répulsions se révéleront à quelque nouveau Cuvier qui rebâtira, plus solide et plus régulier, l'édifice actuel que la postérité aura peu à peu ébranlé. Telle est la marche de la science. CLAVATA (Raja). — (Yoy. R.vie, § U;,) CLAVEL. — (Voy. Raie, § 16.) Ou nomme aussi Clavelade, la Raie bouclée. CLAVICULES. — Les clavicules des poissons sont deux os situés transversalement après l'ouverture des ouïes ou branchies ; ils sont attachés à la première vertèbre cervi- cale et ressemblent à une faux triangulaire dont la pointe serait dirigée vers les maxillaires et placée derrière l'omoplate {fires, mais est soutenue à une hauteur suffisante par elles pour que les amorces seules touchent le fond et que les empiles n'y traînent point. A cette 6po([ue de l'année, Fig. 196. — Ligne de fond pour la pèche d'étd (fd dormant) . .on n'emploie plus que des hameçons simples et toujours l'Ablette comme amorce. Les empiles sont espacées de G en 6 mètres, ce qui est, pour le pays, une sorte de distance réglementaire. On prend ainsi : Truites, Brochets, Lottes, etc. Quatrième manière. — Été : Juillet, Août. On n'emploie plus alors, pendant les grandes chaleurs, les lignes de grand fond ; on se contente de lignes dormantes placées ou jetées sur les bords comme les nôtres. On remplace les cordes dont nous avons donné la description par des filets flottants {Netzé) semblables à ceux que nous employons. (Voy. Cablières, grandes et petites.) CONGRE (Muraena conger, Lin.). — Malacopt. apodes. Long. max. = 2 mètres. Syn. : Conger Eel, angl. — Bronco, Brancha, itaL — Meeral, ail. — Kongeraal, hol. — Im- sel/a, Malte. — Congrio, esp. Yeux grands, à pupille blanche; iris grand, noir-bleu, cerclé de blanc. Pectorales blanchâtres, dorsale et caudale bordées en noir, ligne latérale formée de petits points blancs, espacés, puis se réunissant pour composer une ligne blanche continue vers le milieu du corps. Dorsale plus rapprochée de la tête que dans l'Anguille d'eau douce, avec laquelle le Congre a de grands rapports. Dents très-nombreuses, lèvres mobiles, blanches; langue blanche, pointue et mobile. Dos gris-noir cendré, ou noir suivant les plages ; ventre blanc, nageoires blanches bordées de noir. Le Congre varie de couleur, du blanc sale au presque noir; le plus foncé est préféré. Ces diffé- rentes colorations paraissent tenir aux fonds que ces poissons habitent. Chez les jeunes Congres, les deux principales nageoires, la dorsale et l'anale, sont souvent d'un Ijleu très-doux, relevé par un liséré noir au moment où ils sortent de l'eau. Habite les eaux salées de toutes les mers; très-répandu sur la côte de France; est très-vorace et vit presque toujours à l'embouchure des grands fleuves pour trouver plus facilement un aliment à sa faim continuelle. Pendant l'été, en cherchant à basse mer, entre les rochers, les vers pour la pêche, on trouve dans le sable même du frai de Congre de 0",05à 0",0() de long, sous forme d'une petite Anguille parfaite- ment conformée. Corps blanc presque translucide, mais portant déjà, le long de la dorsale, la ligne noire caractéristique de l'espèce. Ce fait indique bien, ce nous semble, que l'Anguille d'eau douce n'est pas le frai du Congre, comme on le dit quebiuefois, et peut montrer encore autre chose. Puisque le frai du Congre est distinct du frai d'Anguille, ces deux poissons forment bien deux espèces différentes quoique rapprochées : or, si l'une est, comme on a bien voulu le dire (Blanchard), la larve d'un poisson inconnu, il s'ensuit très-probablement que l'autre, l'Anguille de mer, est aussi la larve d'un autre poisson également inconnu. Cependant, avouons que les Congres de dimensions énormes que nous voyons tous les jours, peuvent bien passer pour des animaux parfaits ; et qu'à moins que nous ne pensions au grand Kraken, le fameux serpent de mer, il est difficile de se figurer un autre animal dont les grands Congres pourraient être le premier âge. Adultes, les Congres sont extrêmement voraces et n'épargnent pas même leur espèce ; la force de leurs mâchoires étant très- grande, ils s'attaquent même à des crustacés dont ils réduisent le test en fragments. Ils dévorent les Barbues et autres poissons plats qu'ils peuvent attraper. Ils sont souvent lentes par des crustacés déjà pris dans des paniers que l'on tend à cet effet ; ils y entrent et se font prendre à leur tour 196 CONGRE. La Méditerranée en possède une espèce particulière, un peu plus petite que le Congre commun, portant quelques taclies sur le museau, une Lande en travers de roi;ciput, et deux rangées de points blanchâtres sur la nuque. CONGRE. — Ces animaux se prennent aux lignes de fond d'une longueur de 130 à 140 mètres, chargées à une extrémité d'une pierre ou d'un plomb assez lourd pour n'ôlre pas soulevé par l'eau qui roule sur la ligne. (Voy. Cablières.) Cette longueur de corde suffît à mettre 23 ou 30 hameçons empilés, sur très- solide ficelle, ou mieux sur laiton ou corde filée et munie de bons appâts. Le Congre, très-vorace, n'est pas difficile sur le choix de ces appâts. Comme il habite les rochers, on peut tendre laligne dans les environs ou au bas des pierres, on a plus de chances de le rencontrer là que partout ailleurs. On a remarqué cependant qu'il ne choisit jamais sa demeure dans les trous qui demeurent à sec ; mais si, aux basses marées, un rocher reste couvert d'un mètre d'eau, c'est dans cette partie que le Congre choisira sa retraite. Les habitants de Pornic et des côtes de la Bretagne nantaise vont dans ces endroits le chercher au moyen d'un Ringard, ou tringle de fer, avec lequel ils le harcèlent dans son trou jusqu'à ce qu'il en sorte. Le compagnon du pêcheur porte dans sa main un vieux sabre non coupant, dont il assène au Congre un coup à travers l'eau. Il est rare qu'il le manque, mais le pêcheur novice le manque toujours, parce que les mouvements de l'animal sont très-rapides. Il faut une lame mince pour fendre l'eau et conserver au coup une vigueur que le choc de l'eau n'amortisse pas; le coup brise l'épine dorsale du congre qui se débat sur place et n'avance pas. , On a remarqué que ce poisson ne mordait pas volontiers aux amorces pendant le jour, et qu'il était plus réservé même pendant le clair de lune que pendant les nuits noires, excepté en grande eau. L'amorce la plus employée est le Célan. Sur les côtes rocheuses, les Congres se cachent dans les crevasses des rochers oîi quelquefois les grandes marées le laissent à sec; mais sur les côtes sans rochers, ces animaux se retirent dans des terriers qu'ils se creusent dans le sable. Sur les grèves de la Normandie et du Boulonais, la meilleure amorce est la Seiche, et ensuite le gros ver de terre ordinaire, dont il est très-friand. 11 mord aussi très-bien sur les petites Limandes, Flets et autres poissons plats, quand on peut en prendre au carrelet ou lanet, dans les ports. (Voy. Lanet, Carrelet.) Sans être aussi difficile que le Barbeau sur le choix de ses amorces, le Congre ne touche généralement pas à une proie qui est, le moins du monde, décomposée. Les jeunes poissons, comme les petites Plies, les petites Morues, sont de son goût, mais il ne résiste jamais à la tentation que produit une Equille, dont le corps bril- lant l'attire invinciblement. On se sert aussi des bras de la Seiche qu'on coupe, quand on n'a pas d'autre amorce de poisson. Si l'on ne peut se procurer de poissons, on amorce avec des vers noirs ou aré- nicoles, que l'on trouve dans les rochers et dont ils sont très-friands. On peut aussi prendre des vers blancs ordinaires ou Gravettes. Les pêcheurs de la côte de Bre- tagne qui en font leur métier et qui, par conséquent, recherchent les plus gros Congres comme les plus avantageux, appâtent {boittent) leur ligne avec la moitié d'un maquereau et, pour ce faire, prétendent que les plus gros sont les meilleurs. Il est vrai que l'hameçon dont ils se servent a O^jOO sur 0",0o, et qu'ils prennent de ces poissons pesant 17, 20 et 24 kilogr. Nous avons dit,tout à l'heure que le Congre mord difficilement pendant le jour; cela est vrai, mais doit s'entendre seulement de celui qui est adulte et d'une taille CONSERVATION. 197 comparable à la jambe d'un bomme. Cela n'est plus vrai quand il s'agit du jeune, Congre, auquel les pôcheurs donnent le nom de Fouet. Celui-1;\ mord partout et toujours : il faut croire qu'il est constamment entre les berbiers du fond on quête d'une proie nouvelle, car nous l'avons pris aussi facilement à 7 et 800 mètres du rivage qu'au pied des rochers. Ajoutons cependant que la mer, où nous les prenions, est presque entièrement sur fond de roches. Quoi qu'il en soit, le Fouet mord î\prement et tient bien au fond : il n'est pas difficile sur le choix de l'amorce; un morceau de crabe franc, une lèche de pilono, une tête de sardine, etc., tout lui convient. Il est vrai qu'on a plus de facilité à le piquer qu'à le dégager de l'hameçon et de la ligne autour de laquelle il s'entortille de la façon la plusdésordonnée. Il fautle saisir vivement et le décrocher de môme, au risque de lui déchirer la mâchoire, si mieux on n'aime passer une demi-heure à défaire son ouvrage. On doit croire qu'en automne, vers le mois de septembre, ces jeunes Congres existent en quantités énormes au fond de la mer, car il nous est arrivé souvent d'en voir prendre, dans la barque seule oîi nous péchions, dix ou douze de suite. Vont-ils donc par bandes? C'est ce que l'on ne sait pas. Les obser- vations de ce genre ne sont pas faciles à faire à 25 ou 30 brasses de profondeur par lesquelles nous péchions. La chair du jeune poisson est bien supérieure à celle des vieux. Elle se rapproche beaucoup decelle de l'Anguille et s'accommode de la môme manière. En général tous ces petis Congres appartiennent à la variété noire. Les pêcheurs de Concarneau disent que c'est une espèce particulière qui ne grossit pas plus que cela. Encore un point à éclaircir ! Le Congre voyage en troupes ; on est arrivé ;\ en prendre jusqu'à quarante sur une ligne de 300 mètres. Sa poche a lieu depuis avril jusqu'aux gelées. A cette époque ils semblent se retirer vers la haute mer. Cependant une certaine quantité se loge dans les fentes des rochers et sort de ces retraites pendant les belles journées d'hiver ; on peut même supposer que les Congres noirs préfèrent les rochers et qu'ils y demeu- rent toujours. On a pris des Congres de i mètres et plus de long et de 0°,60 à 0",70 de tour. Quand on les pèche à la ligne, il faut amorcer avec la Seiche et le Calmar ou en cornet. Dans les hivers très-froids, on trouve souvent sur la côte de grandes quantités de Congres morts. Les pêcheurs de Dieppe prétendent que, pendant la nuit, les Congres s'élèvent à la surface de l'eau et que, saisis par le froid, ils meurent en un instant et sont jetés à la côte. CONSERVATION DES ASTICOTS. — On peut facilement conserver ses asticots pendant tout l'hiver, sans qu'ils tournent en chrysalide ou Epine-vinette. A l'automne, au moment où ils sont encore communs, vers la fin de septembre ou le milieu d'octobre, on en amasse plusieurs mesures que l'on met à la cave dans de la terre à four, ou terre glaise. Cette terre ne doit être ni sèche ni mouillée, mais seulement fraîche comme celle que l'on bêcherait en été à 1 mètre de profondeur. Il faut que l'asticot puisse s'y enfoncer, ce qu'il fait de suite. Le vase qui contient le tout doit rester constamment dans une cave fraîche et être bien couvert, car les rats sont très-friands des asticots et éliraient leur do- micile dans la terre glaise où ils rencontreraient le vivre et le couvert. On prend une portion de terre, au fur et à mesure des besoins, et en l'émiettiuit on y trouve 198 CONSERVATION. les aslicots un peu engourdis, mais bien en vie, fermes et excellents pour mettre à l'hameçon. En les rapprochant un peu de la chaleur, ils reprennent toute leur vivacité. CONSERVATION DES CHÊNEFERS OU CHERFAIX POUR LA PÊCHE. — Le Cherfaix est amphibie et vit fort bien hors de l'eau; peut-être même emporte- t-il, dans sa maison et retenue h sa loile de soie, la provision d'air qui lui est né- cessaire quand il se plonge dans l'eau, mais il a besoin d'humidité; car si on le laisse dans un endroit sec et aride, il sort de sa maison et meurt. Pour conserver ces larves si utiles au pêcheur pendant les chaleurs de l'été, il faut les tenir dans un linge mouillé qu'on a soin de laver ou de renouveler tous les trois ou quatre jours. On peut se contenter de laisser tomber sur le linge quelques gouttes d'eau pour entretenir l'humidité ; si, au contraire, les Cherfaix trempaient dans l'eau d'un vase, on les verrait s'agiter, marcher et s'efforcer de sortir de cette eau sans doute trop chaude. Souvent alors ils quittent leur enveloppe et meurent; quelques-uns pourrissent. Il est bon de mettre le linge humide dans un endroit sombre et frais, on peut ainsi les garder pendant plus d'un mois. La captivité hâte généralement, pour ces insectes, le moment de la métamor- phose. Celui-ci se devine aux longues soies blanches que les insectes filent, et dont ils s'enveloppent. Leur volume diminuant beaucoup, l'insecte n'offre plus qu'un tissu fdandreux enveloppé d'une membrane jaunâtre qui formera plus tard ses ailes. Suivant les lieux, la température" et les eaux, on rencontre les Portefaix ou Cherfaix ou plus tôt ou un peu plus tard. On les recueille dans le mois d'avril, mais ils sont encore petits. Ils durent jusqu'en juillet, août et môme septembre. A ce moment, comme les eaux deviennent froides, ils s'enfoncent, se cachent, et il faut les aller chercher sous les feuilles et les herbes. CONSERVATION DES VERS DE TERRE. — On enferme les vers dans un vase de terre garni de mousse ou de lichen fluviatile, que l'on trouve sur les pierres des ruisseaux. On lave et on exprime l'eau de cette mousse une fois par semaine en hiver et deux fois en été. Si les vers deviennent malades, on voit se gonfler le nœud qu'ils ont vers le milieu du corps. Il suffit de répandre, tous les jours et goutte à goutte, une cuille- rée de crème ou de lait sur la mousse qui recouvre ces animaux pour les tenir en bonne santé. On fait de môme si on les voit maigrir, et de celte manière on les garde un mois et plus. Nous extrayons de tlie Art of Angling, charmante petite brochure de TJiomson Barher, écrite en l'an du Seigneur 1631, les lignes suivantes : « Le ver rouge à nœud est très-bon quand on manque de ver cannelé ou hran- dlin (voy. Graveling ou Saumonet); mais les brandlins sont meilleurs. Malheu- reusement ces vers ne vivent pas longtemps sur l'hameçon, ce qui est une condi- tion indispensable pour faire une bonne pêche. Lorsque vous aurez recueilli vos vers dans le fumier, il faut vous procurer la mousse la plus verte que vous pourrez trouver et la laver soigneusement pour en enlever toute la terre ; ceci fait, placez un lit de cette mousse dans un pot de terre et vos vers par-dessus. Dans l'espace de deux jours, vos vers cannelés seront extrêmement amaigris ; mais si vous amor- cez avec eux votre hameçon, vous remarquerez qu'en les plongeant deux ou trois fois dans l'eau, ils grossiront et prendront une couleur blanche. » COQUETTE. . 199 (( Pour rendre les vers gras et vigoureux, de manière qu'ils puissent vivre long- temps sur l'hameçon, il faut prendre un jaune d'œuf et huit ou dix cuillerées de lait frais; mêlez le tout ensemble et ftiites chauffer jusqu'à ce que la matière s'é- paississe. Ceci fait, laissez refroidir. Prenez une cuillerée du mélange et laissez-la tomber goulle h goutte sur la mousse où sont les vers. En changeant la mousse deux fois par semaine en été, et une fois en hiver, et répétant la môme opération, vos vers deviendront gras et vigoureux et vous pourrez les amorcer pendant une année. CONSOMMATION GÉNÉRALE DU POISSON. — (Voy. MarCDÉS.) COQ DE MER. — Nom vulgaire du Cotte-Scorpion. (Voy. ce mot et Crabe et Calappe Migrane, voy. aussi Dorée.) COQUE DU LEVANT. — Il est bien difficile qu'un livre de pêche ne parle pas de cette fameuse substance, no fût-ce que pour en proscrire et en maudire l'usage à tous les points de vue. Comme destruction de poissons grands et petits et comme danger pour les consommateurs, elle est également nuisible; car, suivant les expressions du docteur Goupil, si l'on n'a pas soin de prendre et vider le poisson empoisonné aussitôt qu'il sort de l'eau, son emploi peut présenter le même danger que l'ingestion de la coque du Levant elle-même, et la chair vénéneuse agit sur l'homme et les ani- maux comme la plante. Cetle action vénéneuse réside dans l'amande grasse que contient le fruit, et provient d'un alca- loïde appelé Picrotoxme, d'une extrême énergie : l'enveloppe ligneuse est purement vomitive. La coque du Levant est le fruit d'un arbre provenant des Indes et du Malabar, et portant le nom de Anamirta coccu/us ; c'est une semence plus grosse qu'un pois, arrondie et légèrement coniforme, formée d'un brou noirâtre et rugueux, et d'une coque blanche renfermant l'amande. 11 est curieux que le poisson la mange, car elle est d'une amertume insupportable, et peu soluble dans l'eau. Il faut à ce poison luie incroyable énergie pour aller, à d'aussi grandes distances, porter la mort au milieu des paisibles habitants des eaux. Ce sont en général les petits poissons qui succombent les premiers, les gros plus défiants et placés dans des retraites sombres et reculées, où le courant no leur porte pas les particules empoisonnées, sont moins souvent atteints. Ces coupables manœuvres manquent donc leur but dans les grands cours d'eau; elles n'ont d'action terrible que dans les petites rivières à cours lent, et dans les étangs qu'elles dépeuplent sans retour. La loi sur la pêche fluviale, art. 25, punit d'une amende de 30 à 300 francs et d'un emprisonne- ment de un à trois mois, l'emploi de ce moyen ou de tout autre analogue . Cette disposition n'est même pas assez sévèrement exécutée, et la vente de la coque devrait être absolument inierdite. L'emploi de la chaux, substance à la portée de tout le monde, est mis à profit dans les montagnes par les paysans pour capturer les Truites, et comme la surveillance y est presque nulle, et d'ailleurs fort difficile, la répression n'atteint jamais le coupable. (Voy. Chaux.) C'est à l'emploi réitéré de ces moyens barbares que l'on doit, en France, le dépeuplement en Truites des cours d'eau supérieurs. Autrefois, la population était moindre, les ressources plus faciles, les pêcheurs de rivières moins nombreux, par la raison que les étangs très-abondants et parfaite- ment aménagés par les couvents, fournissaient une abondante récolte de poissons; on comprend alors que les anciens auteurs parlant de pêche, considéraient comme tout naturel qu'une fois, par hasard, on dépeuplât un coin de fleuve où Ton ne pouvait aller pêcher. Mais aujourd'hui que le pois- son est rare, que les étangs sont presque partout convertis en prairies, il est imprévoyant de laisser dépeupler les ruisseaux des montagnes qui seuls encore peuvent conserver les meilleures espèces de poissons. La vulgarisation des méthodes de la pêche à la ligne, si loyale et si honnête, est un des plus fé- conds moyejis de faire tomber cette funeste habitude. Quand le paysan et le bûcheron sauront pêcher la Truite à la ligue, ils en prendront ce que leur consommation réclame et n'en tueront pas cent pour en manger une douzaine. Il paraît qu'autrefois même on employait la coque du Levant en m?r ; les décrets sur la pêche maritime répriment également l'emploi de cette substance dangereuse. Nous ne savons pas si, dans quelques pays, l'usage d'empoisonner les poissons de mer a prévalu ; cela est bien possible, mais, quant à nous, nous n'en avons pas été témoins. (Voy. Arbre a e.mvrer les I'Oissons.) COQUETTE BLEUE. — Dénomination, populaire en Bretagne, du Labi-e mêlé, mu/e. {Voy. ce mol.) 200 CORDES. COQUILLON. — Appellation populaire du Barbeau dans quelques endroits du déparlcmeiit (le l'Aube. (Voy. Barbeau.) CORACIN NOIR. — (Yoy.GORACIN YULGAlllE.) CORACIN VULGAIRE (Sparus chromis, Lin.).— Acanthopt. labroïd. Long max. = Ce poisson, sur le compte duquel la synonymie est extrêmement embrouillée, à cause de IVpi- thète Chromis, paraît devoir élre range, d'après Cuvier et Valencienncs, sous le nom de Castagneau [Bran.a^ Bloch), squammipenne à dents en brosse aux mâchoires et au palais. Les Coracins, extrêmement communs dans la Méditerranée, ont tout à fait le port des Labres, les mêmes mâchoires protractiles et les nageoires dorsales terminées de même en fllamenls. Ils s'en distinguent par des dents en cardes aux mâchoires et au pharynx, et une rangée conique sur les maxillaires. La iigp.e latérale n'est pas interrompue, mais finit sous la dorsale. D'après Cuvier, elle se conti- nuerait en 72 écailles à peine marquées. Corps brun châtain, flancs couleur étain obscur, nageoires verticales brunes, pectorales et ventrales jaunes sans écailles, les autres sont éeailleuses sur presque toute leur surface. Ce poisson fraye en été, et, dans cette saison, contient des vers intestinaux qui le font maigrir. Rudolphi en indique six espèces. D = .3+.30. P = 2 + IT. V=H-5. A = 2 + 27. C = 2G. CORACIN VULGAIRE. — Ce poisson, dont la chair est estimée, séjourne en petites troupes dans les grandes profondeurs, on l'y prend facilement, au moyen des hameçons attachés aux palangres. Quoiqu'on en prenne toute l'année, on les préfère en hiver. CORACOIDIENS (os). —(Voy. Épaule.) CORBEAU. — Nom vulgaire du Corbs noir. (Voy. ce mot.) CORBS NOIR (Sciaena nigra, Gmel.). — Acanthopt. sciénoïdes. Long. max. =0'",50. Syn. : Corvo di fostiei-a, ital. Ce poisson, commun dans la Méditerranée, se rapproche beaucoup du Maigre, avec lequel il est souvent confondu, quoiqu'il soit beaucoup plus petit. 11 s'en distingue par ses dents en velours aux deux mâchoires, et par un rang de grandes dents aiguës à la mâchoire supérieure. 2™* épine anale grande et très-foi te. Corps brun argenté, à ventrales et anales noires. A la loupe, les écailles paraissent ponctuées de noir d'une multitude de points, La caudale a un liséré noir à son extrémité. . D=10+ 1/2.3. A=2+8. C=I7. P=1G. V=l+5. Ce poisson vient, au printemps, déposer ses œufs sur les galets calcaires du rivage, en juin, juillet, août; le reste de l'année, il se tient dans des profondeurs inaccessibles. Sa chair est fort re- cherchée. CORBS NOIR. — On prend ce poisson dans les étangs salés comme dans la mer, mais il ne paraît pas remonter les fleuves. Il se nourrit de petits crabes, cre- vettes, scolopendres et fucus.- CORCERONS. — (Voy. BouÉts, etc.) Les Gorcerons, dont le nom est probablement une corruption du mot écorce, sont ces morceaux de liège que l'on adapte à une bautfe ou à la tête d'un fdet pour le soutenir à fleur d'eau ou en alléger le poids. Ce mot s'étend quelquefois à tout objet faisant. flot te : bouée creuse, bois, etc. L'emploi des Gorcerons submergés a donné lieu à de fort intéressantes inven- tions de pêche dans certaines bricoles à brochet, dans l'installation des hameçons flottants attachés à des cordes de fond, dans l'établissement de certaines lignes de fond entre deux eaux. (Voy. ces mots et Bouées, Gablières [fjrandes].) CORDÉES. —(Voy. Traînée.) CORDES. — La corde, en langage marin, c'est la ligne de fond, la cordée, en langage de pêcheur de rivière. L'une ne diffère de l'autre que par la plus grande force des hameçons em;,,loyés, les poissons de mer ayant plus de vigueur et la COIIEGONE. 201 gueule plus grande. Cependant je pense fermement qu'il y a là une mauvaise habi- tude, une routine inspirée aux pêcheurs marins par une économie mal entendue. Sans doute ils achètent moins d'hameçons, parce que ceux qu'ils choisissent cassent peu, mais ils vendent moins de poisson, parce que beaucoup ne se sont pas pris qui l'eussent été, avec des hameçons plus fins et meilleurs que ceux qu'ils emploient. Lorsque les cordes sont munies de plombs ou de pierres, qu'on nomme cà- blières, elles constituent les cordes de fond, c'est la cordée de la rivière. Quand elles sont soutenues par des lièges, ce sont les cordes flottantes, pêche qui n'a pas d'analo- gue en eau douce. La maîtresse corde ou la plus grosse qui porte les empiles, se nomme une bauffe dans l'Océan, et maître de palangre en Méditerranée. Les cordes sont tannées comme les fdets pour en augmenter la durée. CORDES DORMANTES. — On donne souvent ce nom à la pêche aux grandes cablières, qui sont un travail véritable et une source de l'alimentation publique. (Voy. CuHDEs, Cablières [grandes], etc.) CORDE FILÉE. — La cordc filée, comme empile pour la pêche des pois- sons carnassiers, n'a qu'un défaut, c'est l'élévation de son prix. Elle se compose en effet d'un petit écheveau de soie grége de très-bonne qua- lité, revêtu, au moyen d'un rouet spécial, d'un fil de cuivre étamé ou argenté, dont les spires sont plus ou moins serrées et rapprochées, suivant le degré de flexi- bilité que l'on veut donner à la corde. Celles qui s'emploient pour les instruments à archet, sont composées d'une âme en boyau, tandis que celles qui servent à la guitare ont l'âme en soie et peuvent être employées pour les empiles, quoique les tours très-serrés de leur spirale en laiton les rendent roides et moins commodes que celles filées spécialement pour la pêche. On trouve, dans le commerce, la corde filée en bouts d'environ l'",20; mais les empiles n'ont pas besoin d'être tout entières en cette matière; on peut n'en employer que O^jSo à 0'",30, ce qui est largement suffisant pour résister à la dent des poissons près de l'hameçon. La monture des hameçons sur cette corde n'est pas sans difficulté, vu la grande facilité que la spirale présenté pour se défiler aux bouts de la soie : on y obvie par un empilage très-soigné et fait avec de la soie bien poissée et vernie ensuite avec beaucoup de soin. La môme précaution doit être prise pour toute espèce de nœuds, qui se font très-mal sur cette matière et sont très-gros : il faut leur préférer des empilages ou ligatures. Toutes ces précautions restreignent forcément l'usage de la corde filée, et la pêche en mer aux grandes cordes n'en connaît pas l'emploi; or, c'est là qu'elle rendrait les plus grands services. On l'emploie en rivière, pour la pêche du Brochet, de l'Anguille, de la Truite, et sa roideur est souvent une difficulté, parce que le dernier surtout de ces pois- sons est très-fin ; tandis que tous les poissons de mer mordent avec une voracité qui ne leur permet pas de s'occuper des tenants et des aboutissants. Ils emportent la pièce, et viennent au panier. CORDES FLOTTANTES. — (Voy. BelÉE.) CORDONS. — (Voy. OEufs, Perche commune, etc.) CORÉGONE[Ge«/T] (Coregonus, Art.). — Malacopt. abd. Salmon. Les Coregones sont les Ablettes des Sulmones, ou, pour mieux dire, ils en sont les Clupées. Leur 202 C 0 R É G 0 N E. figure rappelle tellement bien la forme et la couleur du Hareng que les populations des pays où ils sont nombreux ne les appellent que les Ilarexgs (Peau tlaii' e. Ce sont d'ailleurs de délicieux poissons sous le rapport de la délicatesse de la cliair, la première sans contredit parmi tontes celles si savoureuses de la famille des Salmonidés. Les Corégones vivent en troupes, ce queue font pas les antres Salmones, excepté le Huting, qui est presque marin. Leur corps comprimé, trancbaiit plus ou moins, suivant l'âge, est couvert d'é- cailles caduques, blanches, nacrées, arrondies, à stries concentriques. La bouche de ces poissons est sans dents on n'en porte que d'une excessive petitesse. A l'époque du frai, un phénomène analogue à celui que présente la Brème, se produit : les écailles deviennent canaliculécs et saillantes comme sous une sorte d'éruption. Le genre Corégone est un de ceux qui ont donné le plus de difficultés aux naturalistes pour dé- terminer la synonymie des espèces qui le composent. D'après nos études spéciales, faites sur les lieux de productiou.et à l'établissement impérial de Huningue, oii nous avions également ce poisson sous les yeux à tous les âges, nous en sommes arrivé à cette conclusion. De deux choses l'une : ou le genre Corégone doit être composé d'une douzaine d'espèces distinctes mais basées sur des caractères fugitifs et peu marquants, ou l'espèce est unique, mais douée d'une variabilité qui n'est pas sans exemple parmi le peuple des eaux. Nous penchons évidenuuent pour cette dernière conclusion, après avoir mis à part le Hiilingqui, lui, diffère tellement qu'il pourrait devenir le type d'un genre séparé. Pour nous, et rien n'est plus facile à voir sur les individus élevés et conservés au cabinet de Huningue, le Lavaret et la Fera sont un seul et même poisson, modifié par des circonstances de lieu et d'habitat. Ce qui est in- discutable, c'est que le Lavaret se trouve e» même temps que la Fera dans le lac de Genève, l'un à une grande profondeur, l'autre à la surface. Ne sont-ce pas deux âges différents du même pois- son? Ne voyons-nous pas les petits Gardons venir jouer à la surface avec les Ablettes? Les jeunes Chevesnes ne s'y tiennunl-ils pas toujours, tandis que les vieux de ces deux genres ne quittent guère les fonds ? Admettons maintenant, — ce qui n'est pas sans exemple, nous le répétons, puisque l'Orfe de Valenciennes a été longtemps une espèce, tandis qu'il n'est aujourd'hui que le jeune âge de l'Ide mélanotede Heckel, — admettons une certaine variabilité dans les âges, et nous serons bien près de croire que le Lavaret, la Fera, la Gravenche, la Pake, la Dhiufetchen, la Marène, le Sand/elchen, le Gangfîsch, etc., tout cela n'est qu'un seul et même poisson à différents états de saison, de lieu et d'âge. Nous n'en excepterons pas les Corégones anglais, car le Powan n'est que le Blaufelchen dont nous parlions tout à l'heure, c'est-à-dire la Fera du lac de Genève ; le Pollan, c'est le Saidfelchen, un autre état de la même Fera du même lac, enfin la Vendace n'est que le Gangfisch. Yarrell range ainsi les Corégones : The Gwy Iliade. Lavaret. Powan. Fera : pour nous : Blaufelchen du lac de Genève, Constance. Pollan. Fera : — Sandfelchen, Vendace. Fera : — Gangfisch. Cependant quelques ichtliyologistes actuels sont en contradiction avec Valenciennes etaffirment que le Lavaret n'existe pas dans le lac de Genève et que ce que l'on y prend est la Bezola. Effec- tivement, la Dezola est un Corégone qui diffère un peu du Lavaret, lequel ne se prend que dans le lac du Dourget et dans un lac du Dauphiné, celui d'Aiguebelle. D'après nos observations, la Bezola serait tout simplement une jeune Fera, identique avec le Lavaret du lac de Genève. Cependant le Lavaret dépose ses œufs sur le l)ord du lac, tandis que la Fera ne sème les siens que dans les profondeurs. Le goût de la chair est différent, mais pas autant qu'on pourrait le croire. L'âge suffit à expliquer une pareille différence. Tous deux meurent si facilement qu'on a vaine- ment tenté de transporter ces poissons du lac du Bourget dans celui d'Annecy. Voilà donc les dissemblances et les ressemblances; les premières sont beaucoup moins capitales que les secondes, il faut l'avouer. En outre, voici des faits : dans la Suisse allemande la Fera adulte, \n grande Fera, comme ils disent, est le Blaufelchen ;\r Jeune, c'est le Gangfisch. Nous avons comparé les échantillons de Palée blanche du lac de Neufchàtel envoyés par M. Coulon, et nous les avons trouvés identiques au Lavaret de Genève, qui n'est lui-même qu'une Fera. Enfin, — dernier rapprochement, — dans le lac de Constance, le Groundfelchen dépose ses œufs dans les profondeurs, le Sandfelchen sur les bords : tous deux ne sont d'ailleurs que des âges diffé- rents du même poisson : la Fera. Sur le lac de Genève, comme sur le lac de Constance, les mêmes faits se produisent sous des noms un peu différents, mais signifiant au fond la même chose ; voilà tout. Corésone CORNOUILLER. 203 Sonnini donne ainsi la synonymie allemande du Corëgone Wartmanni, qui n'est que noire Lavaret. Pendant la : Ire année Uelevcrling^ Maydel. 2" — Sluhel, Sfeuber. 3« — Gaiigfisch. 4" — Wtenken. 5^ — Labfeldi. iS" — Drei/er. 7« cl suivantes. D/aufelchen. Pennant et Willugliby sont de noire avis sur l'identité de la Fera et du Lavaret. Nous serions donc tenté, après avoir ainsi expliqué nos motifs, et, par-dessus tout, poussé par cette conviction qui ne se raconte pas, mais qui s'impose quand on a vu, de faire luierévolution dans le genre pacifique des Corégones : mais, comme nous ne nous reconnaissons pas qualité suffi- sante pour faire autorité au milieu des hommes spéciaux de l'iclilhyologie, nous laissons au con- traire, jusqu'à nouvel ordre, subsister les nombreuses espèces que l'on a cru observer. Le temps viendra où de plus nombreux documents recueillis ne permettront plus le doute, et alors nous mar- cherons du composé au simple avec certitude absolue. Nous réduirions donc volontiers le genre Corégone à deux espèces ; à museau ordinaire Fera. à museau pointu, en saillie. . . Hunting. Au lieu de cela, nous laisserons le genre Corégone composé ainsi qu'il suit : Genre Corégoiic {Corcgonus) comprenant 12 espèces : Lavaret, Fera, Gravenche, Hunting, etc. CORÉGONE MARÈNE (Coregonus maraena, Val.). — Salmonoïde appelé en allemand Sandgangfisi:li, Ga/tg/i-^ch, Ade/fiic/t, Weiss felhen (Fera blanche), Sandfelchen (Fera des sables), Miesad 1er fe/chen i Glc . C'est la Fera des grands fonds, ou Fera blanche du lac de Genève que M. Ju- rine (V. Valenciennes), a reconnu être nommée aussi Weissfelchen à Constance. Cependant pour les recherches futures, nous transcrivons ici le compte des rayons d'après Valenciennes, XXI, 351. L. 84 écailles. B = 9. D= 15. A = 15. G =31. P= 14. V= 12. CORÉGONE MARÉNULE (Coregonus marœnula, Hat.). —Ce poisson, appelé en allemand Gangfisc/i ou IVem gmig/isch, est le 3' âge du Lavaret, c'est-à-dire de la Férn. C'est en- core celui que l'on nomme Dézola ou Gravenche dans la Suisse française, Albule sur le lac de Zurich, des Quatre-Cantons, etc. (Voy. ces mots.) CORÉGONE PALÉE. — (Voy. PalÉE.) CORÉGONE THYMALE. — (Voy. O.mbre co.mmln.) L'Ombre commun a été distrait des Corégones parce qu'il porte des dents très-nombreuses aux mâchoires, au palais et aux os pharyngiens; sa dorsale est d'ailleurs toute différente. Le genre Ombre a été créé par Agassiz, et ne renferme en France qu'une seule espèce, le Thymalus vexil- lifer. CORÉGONE ^WARTMANN (Coregonus Wartmanni, Dloch). — Pour déterminer ces Corégones dont la synonymie est si embrouillée, il faut tout simplement remonter aux locutions allemandes ou suisses qui les représentent. D'après Noël {m. s.), le Corégone Wartmanni est appelé à Constance : llenerling, Maidel, Seelen, Renken, Hulhfelchen, Dreyer felchen, Blaufelchcn. C'est tout simplement le Lavaret à différents âges et adulte^ c'est-à-dire la Fera, G' année. (Voy. Lavahet et plus liaut : Cokegone.) COREGONUS THYMALUS. — (Voy. 0.mbre, [Genre].) CORNEAU. — Nom àeV Alose feinte, à Angers. (Voy. Alose feinte.) CORNETS. — On donne quelquefois le nom de Cornets aux Calmars, mais le plus souvent ce nom est appliqué aux Spirales, espèce de mollusques céphalopodes très-voisines des Seiches , et portant, comme elles, 10 hras autour de la tête. On les nomme Cornets de postillon, h cause de leur forme, et elles servent d'appâts pour les grands poissons carnassiers, en été. (Voy. Calmar, SEicnE,etc.) CORNOUILLER. — Les cornouillers que nous possédons en France sont au nombre de deux, qui forment des arbustes d'un beau port et donnent des tiges fort utiles pour la confection des cannes à pêche. Le cornouiller sanguin est plus flexible que le cornouiller mâle {Cornus mas,L.). Le premier fournit aussi des scions excellents. (Yoy. Scions.) Toutes les liges doivent être choisies, autant que possible, franches de pied cl sur des sujets pous- 204 COTTE SCORPION. saut dans des terrains secs et pierreux : elles seront coupées en bonne saison, c'est-à-dire en hiver pendant le repos de laséve,etsécliées avec précaution, en paquets serrés et sans l'intervention du feu. CORPOU. — Cinquième chambre de la madrague, où se prennent les Thons. (Yoy. Maiirague.) CORPS DE RECHANGE. — Tout pôcheur soigneux et ami de ses intérêts, préparera, pendant Thiver, différents corps de canne susceptibles de remplacer ceux qu'un accident peut mettre hors de service. S'il n'a pas le temps de les ter- miner entièrement sous le rapport des ligatures et des anneaux, il les ajustera au moins aux différentes douilles de la canne, afin de n'être pas pris au dépourvu. C'est surtout pour les scions que ce soin est indispensable. Le scion, partie la plus importante de la canne, en est aussi la plus fragile. Un pêcheur, quelque soi- gneux qu'il soit, en consomme toujours beaucoup plus qu'il ne le désirerait. (Voy. Scion.) CORRÉES. — On nomme ainsi, dans la Loire, des espèces de bancs de petits et moyens cailloux, roulés par les eaux du fleuve et dépouillés de toute terre, vase ou herbe. Ces Corvées sont généralement balayées par des courants d'autant plus rapi- des que les pierres qui les composent sont plus grosses. (Voy. Aspect de l'eau.) CORYPHÈNE [Grande]. — (Voy. GRANDE CORYPnÈNE.) COTEREAUX. — Cordages de 30 mètres de longueur avec lesquels on joint à cette dislance, des pièces de tramail flottant entre deux eaux. Mode de la baie Saint- Michel. COTES, — On donne, en anatomie, le nom de côtes aux arcs osseux ifig. 197) qui partent des vertèbres, et dont l'assemblage forme la voûte des grandes cavités des animaux. Les poissons osseux ont tous un nombre de côtes très-variable, les poissons cartilagineux n'en ont pas tous, et, chez les Raies, elles manquent complètement. Dans les poissons osseux, elles entourent le plus ordinairement tout l'abdo- men, mais ne se réunissent que très-rarement en dessous à un os qui représente- rait le sternum. De petits stylets, pénétrant dans les chairs, partent quelquefois des cotes et même des .vertèbres, de sorte que certains poissons ont plus d'arêtes que d'autres. Les côtes s'attachent à l'apophyse transverse des vertèbres par des ligaments fibreux, et presque entièrement noyés dans les muscles intercostaux, elles n'ont, pour ainsi dire, aucun mouvement; c'est parleur élasticité seule qu'elles cèdent au gonflement des laitances à l'époque du frai. Fia 197 — Côte ^^^ '^^^^^ ^^^^^ souvent prolongées par un os distinct que l'on pourrait appeler côte sternale (Valenciennes) et qui soutient les écailles chevronnées qui forment la carène du ventre. Si l'on joint à ces os les interépineux, les apophyses costales libres, on concevra sans peine la grande complication du squelette des poissons, et par suite le nombre d'arêtes qui se trouve dans leur chair. COTTE SCORPION iColtus scorpio. Lac). — Acanthopt. Joues cuirassées. Long. max. Syn. : Rôtsinipa, Skialrita, suéd. — Fisksymp, dan. — Donde)ipod,\\o]l. — Escorpion, esp. — Scci'pione, ital. — Sea scorpion, Falher talIier, angl. — Bamscha, russe. Corps allant en diminuant de la tête à la queue, tête énorme, aplatie, à bouche très-grande et garnie de petites dents pointues; langue épaisse, courte et dure; yeux grands, rapprochés entre eux et du sommet de la tête. Arrière du crâne muni d'aiguillons de longueur inégale. Narines à l'extrémité du museau. Ligne latérale, droite en points écailleux. La couleur du corps varie dans les deux sexes ; elle est brunâtre mêlée de roux et de vert, en marbrures inégales sur le dos, blanche sous le ventre pour les femelles; jaunâtre mêlé de blanc pour les mâles. Ce dernier a les pectorales plus grandes que la femelle, les ventrales nuancées de rouge, tachetées de blanc; celles des femelles sont rayées de noir et de blanc. D =10+ IG. P= 17. V =3. A = 12. C = 18. Le Cotte-Scorpion est très-vorace ; il fait une chasse active et continuelle à tout être qu'il croit pouvoir attaquer avec succès. Il s'en prend à des animaux beaucoup plus gros que lui, mais qui ne COUFFE. 205 se défendent que peu ou point devant la rage et la sotiJaineté de ses attaques ; les jeunes Salmones lesClupéoides, les Blennies, les Raies naissantes, Turbots, Plies, Soles, etc., sont mangés • les crus- tacés mêmes, quand la proie facile ne donne pas. On le croirait attaqué d'une boulimie perpétuelle. Fiy. lus. — Cotte-scorpion [Cottus scorpio, Lac). Fraye en décembre et janvier au milieu des algues et des plantes marines. Les œufs sont rouge- orange. Se pèche à l'hameçon ou au petit truble dans les mares du rivage. COTTE-SCORPION. — (Voy. BoiS-DE-ROC.) COTTUS GOBIO—(Voy. Chabot.) COUDRE. — Lorsqu'il s'agit d'obtenir un filet d'une grande étendue, on le fabrique en morceaux de mêmes mailles que l'on rajuste ensemble alors qu'ils sont terminés. Pour réunir l'une à l'autre deux pièces de filet, il faut qu'elles soient de même grandeur, et qu'elles présentent des mailles absolument semblables. On pose les deuxfdets l'un sur l'autre, puis, prenant un moule de grosseur calculée et beau- coup plus petit qui a servi à faire les filets, on fait un rang de mailles en passant dans les deux mailles semblables, superposées de manière que la maille faite sur le petit moule, se tende entre l'extrémité des autres, de façon à former une ligne droite joignant -l'extrémité des pointes. Il est évident que, ouvrant alors les deux filets, ils seront très-exactement réunis. COUDRIER (Corylus avellana, Lin.). — Le Coudrier ou Noisetier est un arbre que tout le monde connaît : c'est le bois par excellence du taillis médiocre, c'est la mine inépuisable où, enfants, nous avons été cueillir des baguettes. Or, la baguette de l'enfance de- vient, entre les mains du pécheur, soit la seconde flexible, soit une gaule rustique d'un seul morceau, soit, quelquefois, mais seulement à défaut de quelque chose de meilleur, — un bas de scion. Quoique flexibh?, le Coudrier devient cassant par une dessiccation absolue; voilà pourquoi nous le repoussons comme scion, et nous sommes payés pour ne pas l'oublier. En baguettes assez grosses, il est, au contraire, excellent, quoique sujet à se tourmenter et incapable de prendre un beau poli. En somme, le Noisetier ou Coudrier doit être connu des pécheurs comme en cas, comme grande utilité ; de ce qu'il est partout, on en use plus souvent qu'il ne le mérite. (Voy. Scion.) COUFFE DE PALANGRE. — Cette pêche se fait sur les eûtes de la Méditerranée, surtout aux environs de Nice (Alpes-Maritimes). On appelle dans ce pays, couffe, un panier rond sans anses comme celui de la figure 199. On le remplit de lest, plomb, fer ou pierres tout simplement ; on le suspend par trois cordelettes attachées à une bauffe suffisamment longue et plate, et terminée par une petite bouée. . 199. — Couffe de Palan^re. 206 COULEURS. Cette pèche ne peut se faire qu^ dans une mer comme la Méditerranée, à flux et reflux insensibles. Enfin, on attache autour du panier une dizaine ou une ving- taine d'empilés garnies de leurs hameçons amorcés et l'on descend le panier au fond de la mer par 2o fi 30 brasses de profondeur. En somme, c'est une pèche de fond pareille à la plombée, à la fourquette. Elle produit beaucoup de poissons plats. GOULAG. — Nom de l'Alose à Bordeaux. (Voy, Alose.) GOULE. — Filet dérivant ou flottant non tramaillé. Long. 130 mètres, mailles 0'°,032, permis toute l'année arrondissement de Rochefort. GOULETTE. — C'est un grand Lanet. (Voy. ce mot.) GOULEURS DES POISSONS. — (Voy. MuTATiOiN (/««s la couleur des poissons.) COULEURS DES CORPS DE LIGNES. — Un grand nombre d'auteurs sou- tiennent que la couleur des corps de ligne ne fait rieh à la pêche, et, par consé- quent, que le crin noir^tant plus fort que le crin blanc, on doit faire ses lignes avec le premier, au lieu du second. S'il est facile de prendre, par expérience, des poissons avec du crin noir, cela ne prouve pas que, dans une eau limpide, le pois- son n'ait pas beaucoup plus peur d'un fil foncé que d'une matière dont la transpa- rence se confond avec celle de l'eau, comme le crin blanc. Ce qui est toutefois in- contestable, c'est que le brillant de la substance qui sert à faire la ligne, la florence par exemple, est un obstacle réel, que savent fort bien éviter aussi les poissons dans les eaux limpides, alors que le soleil fait briller ce fil dans certaines positions. Par une eau louche ou trouble, on peut prendre n'importe quelle couleur de ligne, une ficelle parfaitement opaque fera au besoin l'affaire. Mais si l'on s'attaque à des poissons de surface rusés et défiants, on ne pourra jamais trop dissimuler le fil perfide. Le vieux pêcheur, habitué à toutes les ruses de la population des eaux, peut seul rendre compte de la difficulté d'approcher certains poissons dans des moments donnés. Ce n'est pas la couleur de la ligne qui fait peur au poisson, c'est, la plupart du temps, son mouvement et quelquefois sa transparence. Beaucoup de pêcheurs ont cru bien faire en remplaçant le plus possible le bas de leur ligne de soie par une énorme avancée de florence. Cela peut être bon dans certains cas, mais, à coup sur, cela est très-mauvais dans d'autres. Supposons que nous péchions à la mouche pour les gros Chevesnes du haut d'un pont : le soleil brille et se reflète dans la transparence de votre florence qui semble un fil de verre volant au gré de la brise. Croyez-vous que maître Chevesne soit aveugle, et que les petits éclairs de cette belle avancée ne lui frappent pas les yeux? Détrompez-vous, pêcheur. Le Chevesne a vu cent fois des bouts de corde pendre inolfensifs du parapet du pont, où les cerfs-volants des enfants les avaient laissés accrochés ; il a vu maintes et maintes fois des herbes fines et opaques, des lianes, des fils pendre des arbres de la rive vers l'eau et voltiger au vent. Ce n'est pas là ce qui l'effraye ; mais il a peur d'un fil brillant qui vole au-dessus de l'eau, il a peur des éclairs qui frappent son œil, et il fuit... Il a raison; nous n'aurions pas, peut-être, autant de bon sens que lui à sa place, mais nous ne pouvons pas lui en savoir mauvais gré. Au lieu de cela, prenons une mince ligne de soie verte, aussi fine que possible, pourvu qu'elle reste solide; armons son extrémité inférieure, si nous voulons, d'une avancée en quelques brins de crins tordus en o ou 6, et nous serons prêts. Le crin, lui, ne brille pas ; il demeure transparent partout et toujours. Malheureusement il COUPLE. 207 ne semblo pas fort; mais c'est seulement le pôcheur maladroit qui s'en plaint... ne réef»utons pas. Pour résumer ces quelques mots, disons que la couleur du corps de ligne ne fait rien à la pèche : non-, blanc, jaune et vert, il prendra du poisson tout de môme, si le temps y est et la main du pôcheur aussi. Cependant, hàtons-nous d'ajouter qu'il sera toujours bon de suivre la nature d'aussi près que possible. En définitive, la poche est un affût, les engins qu'elle emploie ne sont autres que des pièges d'une nature spéciale ; pourquoi donc ne pas faire ce qui est possible pour dissi- muler le tout? Copions, avec nos engins, les objets que le poisson voit tous les jours ; il n'en aura plus peur, ce sera déjà moitié de gagné. J'aime donc les avancées en crin teint de vert, de gris ou de jaune, parce que le poisson voit tous les jours des racines et des herbes de ces couleurs. J'aime le corps de ligne teint en vert, parce que je vois moi-môme qu'il se confond mieux avec les feuilles : il pourrait être blanc sale ou noir, que je n'y trouverais pas grand inconvénient. Enfin j'aime les cannes, les avancées non luisantes, parce qu'elles n'effrayent pas le poisson, et que, avant tout, j'aime à le prendre. (Voy. Huiler les LIGNES, Teinture de la Florence et de la ligne.) COULEUR DES ŒUFS DES POISSONS. —(Voy. Temps de frai, b^ colonne.) COUP. —Un coup, en terme de pêche, est l'endroit oii l'on veut aller pécher, et que Ion a choisi après avoir étudié la rivière. Généralement on amorce son coup avant de pêcher, et cette opération doit être faite la veille au soir, ou au moins de grand matin, pour obtenir une réussite convenable et rendre la pêche fructueuse. Les coups réussissent surtout dans les étangs et les rivières à cours tran- quille et à eaux profondes. Dans les grands cours d'eau, les coups sont indiqués par les remous, les haïs, les arches de ponts, ou les pointes des barrages. Sont de très-bons coups également, les abreuvoirs sur un fleuve, là où vont boire les bestiaux ; mais dans aucun de ces endroits on n'amorce. On y va au hasard, aussi peut-on quitter sa place souvent ; c'est une chance. Quand on fait un coup dans les autres conditions ci-dessus, il est à remarquer que presque toujours celui qui quitte la place laisse la proie pour les autres. COUP [Pêche au]. — (Voy. Pêche au coup.) COUPLE [Pêche au grand]. — Le grand couple est un engin ou appelet, qui rentre dans la catégorie des lignes de fond semblables au pater-noster, au li- bouret. à la palangre, etc. Il se compose {fig. 200) d'un morceau de fil de cuivre dont on aplatit au mar- teau les deux extrémités, comme la palette d'un ha- meçon. On lui donne une légère courbure. On prend, pour faire cet engin, un fd de 0'",002 de diamètre au moins, sur une longueur de 0°',50 à O^jSO. Au milieu de l'arc ainsi formé et renfermé par deux petites éclisses de bois, que l'on assujettit au moyen d'une ligature de cire poissée ou de fil fort ciré, et verni dans tous les cas, au centre, on atta- che une plombée pesant 250 gr., et à laquelle le couple, ou l'arc, tient par une anse de corde. Sur le même point d'attache, mais en dehors de l'arc, on forme une seconde anse de corde pour attacher la ligne, qui sera formée et faite en soie ou cordonnet très-bien dévrillé. Fig. 200. — Pèche au irraiid couple. 208 COUVERTURE. Tout élinl préparé, on attache à chaque extrémité du couple une empile de 1 mètre à 2 mètres de long, portant un ou plusieurs hameçons empilés de dif- férentes longueurs, car il faut que ces empiles se développent en éventail quand le grand couple est à la mer. On fait quelquefois usage du grand couple avec peu de voile, en s'en servant comme de la ligne à balle. Dans ce cas, il faut que la chaloupe où l'on est porte peu de toile, assez seulement pour que les empiles s'étendent bien. On tient la bauffe Assez courte pour que le plomb ne touche pas le fond. COURANTILL.E. — Filet mobile destiné à prendre des Thons. Ce filet res- semble à la thoiiaire (Voy. ce mot), mais il est ordinairement plus long, parce qu'on joint quatre pièces de filet ensemble. La chute est de 6 à 7 brasses. On jette la courantille en droite ligne, mais de manière que les courants puissent la prendre sur sa longueur et exercer sur tous ses points une puissance égale. On la met à la mer de nuit et on la relève au jour. Un bateau, monté par quatre hommes s'attache à un bout du filet et se laisse dériver avec lui. Il n'est pas rare qu'on relève à 2 ou 3 lieues du point de départ. On parle déjà de ce procédé de pèche dans un acte de 1479. Il fut défendu de s'en servir depuis Pâques jusqu'à la Saint-Jean, sous peine de confiscation des barques et instruments. COURLAZEAU. — Nom du Labre vieille à Nantes. (Voy. ce mot.) COURTEQUEUE [Hameçon]. — Ce genre d'hameçon, le meilleur, selon nous, pour toutes les pèches d'eau douce où la grosseur de l'esche n'est pas un obstacle, diffère de l'hameçon ordinaire en ce que la hampe n'est presque pas plus longue que le dard. Pour la pêche volante, avec les mouches naturelles, rien n'est meilleur; de môme pour la pêche du Gardon avec les asticots. Comme toute chose, ces hameçons ont cependant des inconvénients, ils sont plus difficiles à empiler, car ils ne sont bons qu'autant que la palette, s'ils en ont une, est extrêmement peu apparente. On doit les employer minces pour la pêche de surface, et renforcés pour la p(''che de fond. Les fabricants anglais en construisent de parfaits pour l'un et l'autre cas. Quel que soit l'hameçon courte-queue choisi, il faut qu'il ait de l'avantage, car s'il était plat comme le limerick sans palette, il n'aurait aucune entrure, et serait recraché par le poisson. On fait d'excellents hameçons à courte-queue qui, au lieu de palette, portent en dehors, sur la hampe, une série de six ou huit petits crans servant à tenir le fil de l'empilage. Ces hameçons {/ig. 201), que l'on vend en Angleterre, spécialement pour la pêche du Gardon {S/iort sltank roach Jiooks) , peuvent être avec grand avantage appliqués à toute espèce de pêche d'eau douce. Ce sont les seuls que nous employons; nous les avons indiques à beaucoup de personnes, et les éloges que celles-ci nous en ont ftiit sont unanimes. Ceux qui n'ont pas réussi avec ces en- gins, ne savaient pas pêcher assez finement pour une monture aussi délicate. COURTINE. — (Voy. Parcs.) COUVER et COUVEREAU. — Nom de l'Alose feinte à Nantes. (Voy. Alose FEINTE.) COUVERT. — Nom nantais du Saurel. (Voy. ce mot.) COUVERTURE. — Un des noms bizarres et populaires de la Raie-Bâtis. (Voy. Raies, § 4.) CRABES. 209 COUVREAU OU CONVREAU ot COUVRIAU. — Nom de l'Alose feinte k Nantes. (Voy. Alose feinte.) CRABE [Genre] (Cancer, Fabr.). — Cyclométopes, Caiicériens. Long. niax. = Om,25 ; Poids = 3 kil. Syn. : Krab, ang\. — Krabbe, Tasc/ienkrehs, allcin. — Granchio di mare, ilal. — Cambaron, Cangrejo, esp. Le mot Crabe des naturalistes ne s'applique plus aux crustacés que nous connaissons vulgai- rement sous ce nom; il est devenu l'appellation d'un genre dont presque toutes les espèces sont exotiques. Nous n'en conserverons pas moins la dénomination vulgaire, nous contentant d'indiquer les principales espèces de nos côtes, connues sous le nom de Crabe. Les espèces des Crabes les plus répandues sur les côtes de France, sont : VÉtri/le commune; la petite Etrille ; le Ci'abe enrage' ou Crabe commun (Portune); le Ct'abe Poupart ou Tourteau ; le Grapse madré; la Leucosie Noyau; le Maya, Araignée de mer; le Calappe migrane ou Coq de mer, ou Crabe honteux ; la Dromie, etc. Le Crabe Poupart ou Tourteau {Cancer Pagurus , Lin.) est le vrai type du Crabe pour le Fig. 202. - Crabe Tourteau [Cancer pagurus, Lia.). vulgaire ; sa démarche lente et tortueuse, sa progression de côté est connue de tout le monde. II est roussàtro, avec les doigts des pinces noires et le dessous du corps jaunâtre. Sa carapace ovale est finement granulée, et porte 9 plis en feston sur chaque bord intérieur. 11 a le front tridenté. N'oublions pas le Crabe cendre', que l'on trouve encore très-communément sur nos côtes {Cancer cinereus), à carapace lisse, couleur feuille morte, semée de points noirâtres, marquée de trois plis sur chaque bord, et ayant le front droit. Nous donnerons, dans la seconde partie de cet ouvrage, les Grandes Industries des eaiix, \ous les détails nécessaires sur l'organisation, la reproduction, les mues etl'élevage de ces animaux, qui, ainsi quel' Araigtîée de mer{Ma\a Squinado), se sont parfaitement reproduits dans les viviers de Concarneau. CRABE. —La pêche des Crabes est une des distractions les plus goiitées des enfants sur les bords de la mer, et sauf quelques pinçures souvent un peu dou- loureuses, il n'est pas un d'eux qui, avec un peu de patience, ne revienne avec sa sa- coche pleine. C'est qu'il faut le dire, la nature a répandu ces habiles nettoyeurs avec une profusion dont nous ne pouvons trop la louer. En mettant le pied sur la grève, on les rencontre par milliers, soit courant de côté en vous menaçant de leurs pinces et escaladant les pierres avec des culbutes grotesques, soit barbotant dans les petites flaques d'eau et se retirant à votre approche d'un air maussade derrière les plantes marines, soit blottis dans le sable et complètement cachés, si bien que, — pour quelques espèces et les meilleures, — on est obligé de les bêcher comme des pommes de terre. Tout cela n'est cependant que le menu fretin. Les plus grosses et les plus belles espèces viennent avec le flot qui monte, et se retirent avec lui. Celles-là sa- vent se cacher sous les grosses pierres des digues et dans les fentes des roches qui 14 210 CRABES. ne découvrent qu'aux grandes marées d'équinoxe. Tant qu'on peut — à pied plus ou moins sec, ou môme les jambes dans l'eau, — arriver près de leur demeure, le moyen le plus simple pour les saisir, et en même temps le plus fécond en péripé- ties, consiste à les accrocher avec une tringle de fer recourbée ou tout autre outil semblable. Mais ce, n'est pas toujours chose facile que de faire le siège d'un de ces reclus volontaires. On est mille fois sur le point de se demander si cette carapace dure, sonore etrésistante, est douée, au gré de l'animal, de la possibilité de s'aplatir et de se déformer, quand on voit les fentes si incroyablement étroites oU il est parvenu à faire entrer son gros corps et où il se meut avec le sans-gêne de quelqu'un qui se sent chez soi. Pour cette poche, — j'allais dire pour cette chasse, — il est bon d'em- porter un pic et un levier solide , car on est quelquefois obligé de démolir un pan de rocher pour arrive rà la proie que l'on convoite. En Bretagne, les jeunes pêcheurs de Crabes emploient un moyen assez original pour les tirer de leur cachette. Ils se munissent d'une baguette un peu forte dont ils apointissent l'extrémité en pointe fine et allongée ; puis, reconnaissant avec soin la position de messire Tourteau qui les regarde, ils lui enfoncent brusquement la pointe de la baguette dans la bouche. Le Crabe blessé saisit la baguette à deux pinces, — ou si vous voulez, à deux mains, — et, en retirant rapidement la baguette, vous ramenez le captif.... ou vous le manquez. C'est affaire d'adresse entre vous et lui! Sur les côtes de la Normandie et sur celles de la Picardie, on emploie une méthode différente et qui réussit souvent très-bien. On fait choix d'une certaine quantité d'amorces de chair; la qualité et la provenance n'y font rien. Plus la chair est coriace et solide, mieux elle vaut : celle des Crabes eux-mêmes est excel- lente. On attache ces amorces à des bouts de ficelles dont l'autre extrémité est fixée à une pierre. Dès que la marée monte, les Crabes en quête de leur déjeuner rencon- • trent les amorces, se cramponnent après elles et les emportent dans leurs trous... mais la pierre qui suit demeure en dehors et ferme la porte. Il ne reste plus, à marée basse, qu'à aller chercher ces pierres, — et la corde qui les entoure vous les in- dique de loin, — puis à faire une chasse à coup sûr, puisque le voleur est derrière chacune d'elles. La seule difficulté de cette pêche consiste à bien choisir ses pierres : trop lourdes, — quoique la présence de l'eau les allège, — le Crabe ne les entraînerait pas; trop légères, il les repousserait pour sortir une fois la mer retirée, et vous fe- riez buisson creux. Lorsque la pierre est bien choisie, elle devient trop lourde lorsque l'eau est retirée pour que le Crabe puisse la repousser. La grande pêche des Crabes, — la pêche sérieuse, en un mot, — se fait avec les Casiers, en môme temps que celle du Homard, et avec les Caudrettes. (Voy. ces mots.) C'est, en grand, la même pêche que celle de VÉcrevisse en eau douce. Les Crabes sont connus de toutes les personnes qui ont suivi le bord de la mer ; à chaque instant on en voit quehju'un quitter ou regagner sa retraite, marchant prudemment de côté, les pinces ouvertes et menaçantes ; car, il faut bien le dire, la vie du Crabe est un combat perpétuel. Semblable au soudard du moyen âge, il ne connaît que la lutte, que plaies et bosses, que bombances et pillage ; mais plus heureux que le soudard, quand il perd un membre à la bataille, ledit membre re- pousse en quelques jours. Le Crabe est vorace, insatiable, aussi ennemi de sa propre espèce que de tout CRANE. 211 ce qui a vie : pour lui, la nature animée qui l'entoure se résume en une seule for- mule : Tout fait ventre, pourvu que cela passe. Hors de là, point d'idée ! L'absorption est la seule raison d'être de cecrustacé : il a été créé le grand nettoyeur des plages marines : c'est l'employé supérieur de la salubrité publique, et sa tilche se répartit entre les grosses et les petites espèces. Les petits, que l'on appelle souvent Ara/^n^'es de mer, et qui ne valent rien pour la pèche, le Crabe enragé, vert et noir, tout cela est la plèbe chargée du menu fretin, des dépouilles minimes : mais l'état-major, les gros bonnets, ceux qui dépècent les cadavres, en en charriant les morceaux à leurs cavernes, ceux-là sont les grands feu- dataires de la hotte et du crochet, ceux-là ne dorment point sur la plage ; ils se retirent avec le flot, et, cachés dans leurs retraites sombres, attendent qu'on les aille chercher. C'est parmi eux que nous trouverons le Crabe franc ou Tourteau, le meilleur pour servir d'esche au poisson de mer. Ce sont donc les Tourteaux qu'il faudra prendre pour en faire des amorces qui seront bien vues des Congres, des Vieilles, des Merlans, des Limandes, des Pagres et des Pagels, etc. Le meilleur moment, c'est quand les Tourteaux viennent de quitter leur carapace et que leur peau est encore molle. A ce moment, on ne les trouve jamais que bien abrités sous les pierres, et ils ont raison, car ils seraient immédia- tement mangés par leurs semblables plus précoces ou plus tardifs. Aussi se cachent- ils à plaisir. On s'en sert encore volontiers quand ils sont à l'état de Craquelins, état qui succède à celui àe, Poltron : alors la Carapace est demi-dure. Lorsqu'elle est dure tout à fait, on en est quitte pour l'écraser d'un coup de marteau ou de pierre, et l'intérieur sert tout aussi bien ; seulement on en perd davantage, la chair restant en partie adhérente aux téguments. En général, le Crabe réussit mieux au moment où il est mou : pourquoi ? Pro- bablement parce qu'à cette époque le poisson en mange davantage et en connaît mieux le goût : dès que la carapace est dure, il n'en mange plus, en oublie le goût et n'y revient que plus difficilement. Le Tourteau est facile à reconnaître à sa forme et à sa couleur. Lorsque le flot, en se retirant, l'a laissé sur le rivage, il se prend à courir d'un air inquiet, se mettant en garde comme un boxeur et présentant ses grosses pinces en avant. Dès qu'on veut le saisir, il agite ses armes, les fait claquer et roule des yeux foudroyants. Le prend-on par une patte, il se donne un tour de poignet, la casse net et fuit dans son trou.... On peut encore employer le Xanthe rivuleux, petit crabe à carapace jaune verdâtre, tachetée de brun pourpre ou de violet, que l'on trouve sous les touffes de varechs rejetées sur la plage. Il est facile de le reconnaître à ce que, presque toujours, sa pince droite est plus grosse que l'autre. Ponrquoi ? Il est venu au monde comme cela ! (Voy. Crustacés.) CRABE COMMUN. — (Voy. CrABE, TOURTEAU.) CRABE ENRAGÉ. — Sur dix Crabes que l'on rencontre sur les côtes, il y en a bien huit qui appartiennent à l'espèce du Crabe enragé {Carcinus menas). Tout le monde connaît sa carapace verdâtre tachetée de brun, ses pinces élevées en l'air d'un air menaçant et sa fuite de côté, marquant une double ligne de petits points dans le sable. Sa chair coriace et sa petite taille le font dédaigner comme espèce comestible. (Voy. Crabes.) CRANE. — Les os du Crâne, proprement dits Crâniens, couvrent tout le sommet de la tête dans les poissons. Les côtés forment souvent les orbites, les tempes et les joues. 212 CRÉNILABRE. A la partie antérieure de ces os, on voit deux trous de part et d'autre, l'un est la cavité des orbites, endroit où est renfermé l'œil, l'autre l'ouverture de l'appareil olfactif ou trou des narines. La tète en général comprend, dans les poissons, un très-grand nombre d'os ; celle de la Perche en fournit 80, si l'on y comprend ceux de la nu- que, du museau, des orbites, des tempes et des joues. On voit en OC l'os du Crâne d'une Carpe, fig. 2, pi. A. rsonnaterre (Voy. Squilette.) CRANGON COMMUN (Crangon vul- garis, Fabr.). — Crustacés décapodes macroures salicoques. Long. max. = 0'°,0G. Syn. : Shnmp, angl. — Gameele, allem. — Grancevola, ital. Corps transparent, d'un vert d'eau glauque et pâle ; vivant en troupes nombreuses sur le bord du rivage. Carapace déprimée sans rostre, pattes de la première paire en main à un doigt. Nage sur Fig. 203 — Siiuelette di; Carpe. Fig. 204. — Crangon commun [Crangon vulgaris, Fabr.). le dos. Ne rougit pas en cuisant, reste grisâtre. Chair agréable, mais inférieure à celle du Palémon. On lui donne plus souvent qu'à l'autre le nom de Chevrette, surtout en Normandie et sur les côtes de l'Océan, où ces petits animaux sont très-nombreux. CRANGON COMMUN. — La Chevrette se pêche sur toutes nos côtes du Nord et de l'Ouest. Elle y est si nombreuse et si abondante que toute une popu- lation de femmes et d'enfants vit de cette industrie. La pêche de la Chevrette se fait en général au moyen de deux sortes de fdets : le haveneau et ses variétés, — c'est-à-dire un fdet que l'on pousse devant soi sur les sables ; — et les Caudrettes et leurs diverses modifications, espèces de balances que l'on descend au fond de la mer et qui rappellent tout à fait celles dont on se sert, en eau douce, pour prendre les Écrevisses. Nous renvoyons aux différents mots qui comprennent ces filets, nous réservant de traiter dans la deuxième partie de cet ouvrage, les Grandes Industries des eanx, toutes les questions si intéressantes et si peu connues de reproduction, d'élevage, de rendement, de statistique, etc. CRANGON VULGARIS. — (Voy. Crangox commln.) CRAPAUD DE MER. — Nom vulgaire du Cotte Scorpion. (Voy. ce mot.) CRAQUELINS. — On dit aussi Craquelotin : nom des Crabes dont la carapace, encore tendre, cède, en craquant, sous la pression de la main. (Voy. Crabes.) CRÉAC. — (Voy. Esturgeon.) CRÉAC DE BUCH. — Nom donné à Bordeaux à VAnge de mer. (Voy. ce mot.) CRÉNILABRE [Genre] (Crenilabrus). — Acanthopt. Labroïd. Ce genre, démembré des Labres, conserve la forme générale des poissons de cette famille. On CRÊPE. 213 leur donne aussi le nom de Lufjan. Ils se distinguent par leur préopercule dentelé, des lèvres épaisses et charnues, une ligne latérale non interrompue, dents coniques sur un seul rang à chaque mâclioire. CRÉNILABRE A VENTRE BLANC (Crenilabrus albiventris, Nob.). — Acanthopt. Labroid. Crénilabrid. Long. niax. ^o™,35. Cette espèce de Crenilabre, dont nous avons pris plusieurs individus parfaitement semblables dans la rade de Brest, et que nous n'avons trouvée que là, est remarquable avant tout par sa coloration parti- culière. Elle ne semble pas avoir été connue de Yarrell. Le ventre est blanc argenté, très-légèrement teinté de jaunâtre sur les flancs. Le blanc se prolonge sous la tète, jusque sous la mâchoire infé- rieure, qui est blanche ainsi que la lèvre du dessous. Les flancs, à partir du dessus des pectorales, en descendant vers la queue et l'englobant, sont d'un vert feuille morte on jaunâtre plus ou moins maculé de grandes taches plus pâles de même couleur. Le ventre est rayé d'écaillés formant des traits brillants comme celui du Mulet. D = 20+n. P = 14. A = 3 + 9. V=l-f 5. C=^16. Dorsale postérieure molle, beaucoup plus longue que l'antérieure, toutes brunes; caudale de même. Pectorales plus jaunes ; ventrales à base blanche; pointe jaune-brun de la même teinte que les pectorales. Anale incolore à la base, terminée à la pointe en brun foncé comme la caudale. OEil jaune, iris noir, ovale ainsi que l'œil, et bordé de vermillon vif avec un petit trait noir interrompu en dessus et en dessous. Bouche petite. Dents longues, fortes et mousses en avant. Opercule présentant une pointe mousse un peu au-dessus de la pectorale. Un autre échantillon avait : D = 2t-}-10. V=:l-|- 5; cette nageoire était jaune à peine teintée de brun. A = 3-f-9. C = 15. Ces deu\ Crénilabres ont une rangée de 5 à 6 écailles mon- tant entre chaque rayon de la caudale jusqu'à moitié. La caudale est, chez toutes deux, arrondie en éventail. Tous ont, quelle que soit leur teinte, une raie blanche sur le flanCj mais au-dessous de la ligne latérale et ne couicidant pas avec elle. Mœurs de tous les Labroïdes. Se prennent de la même manière. CRÉNILABRE MÉLOPS (Crenilabrus melops, Cuv.). — Acanthopt. Labroid. Cré- nilabrid. Long. max. = 0'°,20. Syn. : The Corkwing, angl. Ce Crenilabre, que l'on peut regarder comme le type du genre, varie extrêmement de colora- tion tant par suite des saisons, des eaux, que des sexes. Le caractère vraiment distinctif de l'espèce, d'après Ekstrôm, est une tache noire derrière l'œil, laquelle persiste après la mort et devient quel- quefois même plus apparente ; ajoutons-y une autre tache à la base de la caudale, au-dessous de la ligne latérale, mais celle-ci est moins constante et moins persistante. Son corps est plus épais encore que celui de la plupart des Labroïdes. (Voy. Temps de frai.) D= I6-t-9. P=15. V = l -4-5. A= 3-1-10. C = 1I. La teinte générale est verte, passant au bleu sur le dos avec les écailles bordées de jaune. La tête est jaune avec des lignes vertes obliques et un espace noir derrière l'œil. Les nageoires sont tachées de jaune, de vert et de bleu sans taches noires. Toutes ces couleurs sont très-fugaces. Mœurs de tous les Labres, se prend par les mêmes moyens et aux mêmes heux. CRÉNILABRE PETIT (Crenilabrus pusillus, White).— Acanthopt. Labroid. Crénilabr. Long. max. = 0™,10. Ce petit poisson se fait remarquer par la convexité de sa ligne latérale plus] grande que celle du dos. Les flancs sont comprimés, les mâchoires égales, les dents peu apparentes, coniques, régulières, 16 à 18 par mâchoire. D= 19 à 20 -H 10 à 11. P = li. V= 1 -1-6. A = 3-l-9. C= 13. La couleur générale est brun-jaunâtre avec des bandes irrégulières transversales; la dorsale irrégulièrement tachée de fauve, l'anale brun clair, les autres nageoires pâles. Présente trois taches blanchâtres sur le préopercule; une près de la caudale, et une près de la dorsale à la fois. Se prend comme tous les Castrics, dont il a les mœurs. CRENILABRUS. — (Voy. Crenilabre.) CRÊPE. — Vif comme un Gardon, doit se dire de la manière dont ce poisson attaque l'amorce ou l'esche que lui offre le pêcheur au bout de sa ligne. Le Gardon aime tout ce qui remue, tout ce qui porte une couleur tranchante. Présentez-lui un petit ver à tête noire, bien frétillant, un asticot blanc, un ver de vase à la cou- leur de sang vermeil, une boulette de mie de pain, un morceau de crêpe , — 214 CRÊPE. mais oui, de crêpe,.... on en fait exprès pour lui nous allons voir cela tout à l'heure, — le Gardon accourra. Il tâtc, il lâche, il revient, il est déjà parti! Pendant tout ce manège, c'est à peine si, dans l'eau la plus calme, la plume a tressailli. Rien n'égale l'habileté de ce petit larron. Il a enlevé l'amorce et se rit du pêcheur, à quelques pas de lui, attendant une nouvelle tentative, dont il est presque toujours vainqueur et triomphant au profit de son estomac. Mais le pécheur désappointé et averti se tient sur ses gardes ; au premier mou- vement de la plume, il ferre légèrement, vivement, et le pauvre Gardon vient sur l'herbe attendre son tour d'aller dans la poêle. Aussi, la pêche du Gardon est-elle un assaut de finesse et de ruse entre le pê- cheur et le péché, et fort souvent, quand le vent se met de la partie, c'est le péché qui a le dessus et le pécheur qui revient bredouille. Ceci nous amène à l'histoire des Crêpes, spécimen de cuisine approprié aux goûts somptueux de messieurs les Gardons. C'est à Essonnes que j'appris cette pré- paration merveilleuse, et mon précepteur, hélas ! fut un gamin de la fabrique. Je voyais ce petit scélérat enlever à côté de moi Gardon sur Gardon, et les mettre dans son petit sac, d'un air narquois qui me donnait fort à penser que le coquin regardait en pitié mes amorces diverses et mes vers de vase qui n'avaient, ce jour-là, aucun succès près des Gardons. Au contraire, ceux-ci semblaient se disputer son amorce, et, à chaque minute, je voyais les pauvres poissons voltiger en l'air et décrire une courbe gracieuse qui les amenait sur le gazon. J'aurais bien voulu savoir de quel appât merveilleux se servait le môme, et j'observai.... II avait dans sa poche une espèce de plaque mince et blanche, dont il prenait un petit morceau, remettant sans façon le reste dans l'endroit d'où il l'avait tiré. J'étais, je l'avoue, fort intrigué ; mais je tenais bon contre ma curiosité, et je n'aurais pas demandé un renseignement pour tout au monde, tant j'étais humilié et vexé de voir cet enfant me damer le pion d'une si furieuse manière !... Heureusement le hasard vint à mon secours : la vérité sort de la bouche des enfants. Celui-ci appelle un ami qui passait à portée : « Hé, Zidore, hé, dis donc à m'manqué m' fasse un' crêpe ! La mienne est f'nie !... » Je compris — que je ne com- prenais pas encore, — mais que du moment qu'il s'agissait d'une crêpe et que la mère était mêlée là-dedans, je pourrais savoir le mot de l'énigme. Je me levai : car, dans mon découragement, je m'étais laissé tomber sur l'herbe : je gagnai la maison voisine et je trouvai la bonne femme en train de confectionner la pâtisserie gur- donnière. On prend une cuillerée de farine qu'on délaye avec un peu d'eau, on ajoute ime pincée de sel et on met cette colle dans une poêle un peu graissée : on chauffe, on tourne, et l'on sert chaud : la crêpe est faite !.... Elle doit être blanche et non rissolée. Je m'en fis faire une, et je revins modestement faire concurrence à mon gamin, auquel je fis voir que j'en savais, — la crêpe aidant, — autant et même plus que lui. Aussi, pour lui montrer la supériorité du limerick sur les hameçons ordi- naires, je lui en donnai deux des premiers, dont il fut aussi content que moi de la recette qu'il m'avait par hasard fournie, et que je vous offre, cher lecteur, non par hasard, mais avec préméditation. Essonnes est le pays de prédilection du Gardon, et, grâce à l'hospitalité char- mante que le directeur de la Papeterie me donnait dans son jardin si magnifique, j'y ai fait des pêches miraculeuses avec la crêpe et surtout avec la mouche natu- relle et le ver de vase. CRIN. 215 Tous les jours ne se resseml)lenl pas! CRETON. — (Voy. Pain de creton.) CREVETTE FRANCHE. — Nom populaire du Palémon porte-^cic. (Voy. ce mot.) CREVETTE GRISE. — Appellation vulgaire du Crangon vulgaris. (Voy. Che- vrette.) CREVETTES. — (Voy. CHEVRETTES, Appats.)Tous les crustacés que nous con- naissons sous le nom de Crevettes et qui, suivant les endroits, portent les déno- minations différentes de Chevrettes, Sauterelles, Salicoques, S quilles , Bouquets, 5'an^«? (à Royan) , appartiennent à la famille des Salicoques (Edwards). Deux es- pèces sont particulièrement communes, la seconde plus recherchée que la première. La première est le Crangon commun {Crangon vulgaris, Fahr.), appelé aussi Che- vrette ou Crevette grise, et l'autre estle Palémon porte-scie (yls^«c?is serratus, Penn.), qui devient rouge par la cuisson et prend le nom de Crevette franche. (Voy. ces différents mots.) CREVONS. — Nom des parcs naturels aux Sahles-d'Olonne. CRIN. — La nature semble avoir été au-devant des vœux du pécheur en lui fournissant un fil naturel, élastique, fort, presque invisible dans l'eau et impu- trescible, c'est-à-dire le crin. Rien ne le remplace ; la florence, produit de l'indus- trie humaine, a des qualités de force qui manquent proportionnellement au crin, mais elle a tant de défauts, pour sa part, que les pêcheurs sérieux et adroits re- viennent toujoui^ au crin, abandonnant tout autre essai, toute autre matière. C'est qu'aussi le crin est merveilleusement élastique ; il n'a pas ce brillant qui, au so- leil, décèle sa présence par un petit éclair que le poisson saisit et devant lequel il se détourne. Combien de fois, par une belle journée d'été, le pêcheur ne se désole-t-il pas de ne voir aucun poisson attaquer un appcît sans cesse renouvelé, bien remuant, bien attaché ! Que le pêcheur n'accuse que lui !... Par les eaux très-claires et par les temps chauds, les poissons ont moins faim, ils voient mieux et mangent non- chalamment, en étudiant leur proie. S'ils aperçoivent le brillant de la florence, tous fuient.... Que le pêcheur la remplace par un simple crin, il prendra immédia- tement le poisson, désormais sans défiance. Nous l'avons mainte fois éprouvé, et, cependant, il semblait difficile de le croire. La première fois que nous avons es- sayé cette substitution, nous le faisions plutôt par condescendance pour un con- seil ami que par conviction : l'événement n'a jamais manqué de donner raison à ce changement. Ici, nous parlons iVun seul crin. Il f;mt, quand on pêche ainsi, ne pas s'atta- quer à des poissons pesant beaucoup plus de 500 gr. ; ou alors , il faut faire sa ligne en crin tordu. (Voy. ce mot.) Le choix du crin est une chose importante : le meilleur est celui qui pousse à la queue du limonier normand ou beauceron. Il doit être long, blanc, vif et transpa- rent dans toutes ses parties, rond et élastique. Les crins de juments, presque tou- jours brûlés par l'urine, doivent être rejetés, ainsi que les brins plats, grêles, blanc mat, jaunes ou anguleux. Parmi les brins, on en trouve toujours quelques-uns d'une grosseur et d'un fini remarquables ; on les trie, on les met à part; ils servent h empiler sez//s les ha- meçons. Enfin, le crin doit toujours être mouillé à l'eau tiède, avant de le travail- ler, même comme empile. 216 CRIN. Le pêcheur se souviendra, pour la conservation de ses engins pendant la sai- son du repos, que les araignées mangent et coupent le crin des lignes, CRIN DE FLORENCE. — On omet souvent le mot crin, en parlant de cette substance, pour ne lui laisser que celui de Florence que nous avons adopté. CRIN MARIN. — Nom de hi Florence dans certains endroits. (Voy. ce mot.) CRIN TORDU. — Nous avons vu à l'article Crin qu'il était très-souvent né- cessaire d'assembler un plus ou moins grand nombre de brins pour leur con- server leurs précieuses qualités, en augmentant leur trop faible consistance. Ces cordes de crin se font de diverses manières, mais toujours avec du crin qui a sé- journé au moins une demi-heure dans l'eau tiède. Pour tordre les crins deux à deux, on les rassemble par un bout, au moyen d'un nœud, puis on les tord entre le pouce et l'index de chaque main en ayant soin que le mouvement de torsion, imprimé par chaque main, soit en dedans ; ce qui câble le crin sur lui-même, en le faisant ressem- bler à un chapelet de petites per- les, sans qu'il puisse se détordre. On arrête les bouts par un nœud, Fig. 205. — Exemples de Crins tordus et noués : no 1, 20 ciins, — eUSCmblc, Ct l'on a fait alusi Un no 2, 12 crins — n» 3, 6 crins. (Grosseur natur.) « • ' 7 t 1 margotin a deux. Lorsque le corps de ligne est à quatre brins, on tord chaque margotin d'abord par deux crins en- semble, puis, en se servant de la même méthode, on les câble deux à deux, on les arrête en les nouant, et on les garde pour le besoin. Pour tordre une ligne en trois, il faut employer une balle de plomb entaillée ou un palet ayant un crochet au milieu. On mouille le crin, et tenant de la main gauche le tout suspendu, on fait tourner la balle ou le palet qui tord les crins. Quand on veut tordre du crin en 6, 9, 12, 18 ou 24 brins, il faut construire ou acheter une petite machine à filer, au moyen de laquelle on exécute facilement et vite des torons ou margotins très-parfaits. (Voy. ces mots.) On a remarqué qu'une ligne de crin très-lorse n'a pas, à beaucoup près, la même force que celle qui ne l'est que médiocrement. Il faudra donc prendre ses mesures en conséquence pour donner la même torsion moyenne à tous les margo- tins dont on veut composer une même ligne. Enfin, il ne ûuit jamais négliger d'at- tacher les margotins, en mettant les plus forts auprès de la canne, et les plus minces auprès de Vavancée. Pour y parvenir, on augmente les margotins d'un ou deux crins à chaque, et là ligne prend, en totalité, la forme dite en queue de rat, qui s'explique d'elle-même. Quelques personnes, au lieu de tordre les crins, soit à la main, soit à la ma- chine, préfèrent les tresser. C'est une très-bonne méthode quand le nombre des crins employés permet de faire une tresse ronde ; mais on perd un temps précieux pour faire une besogne que la torsion remplaee sans trop de désavantage. Quel que soit le mode de réunion, il faut enfin observer que tous les crins, ou tous les torons partiels, soient très-également tendus entre les nœuds de réunion ; sans cela, les plils courts supporteraient seuls l'effort ; ils formeraient dans la ligne un endroit faible, se rompraient, et les plus longs, arrivant seuls à la traction, se- raient trop peu nombreux pour la supporter et rompraient à leur tour, surtout CRUES. 217 Fig. 206. — Criquet commun (Gr. nat.) s'il y avait choc. Plus ils seront solidaires dans leur résistance, plus la ligne sera solide. 11 faut éviter aussi les crins raboutés simples par des nœuds. On doit assortir les margo tins par longueur de brins, ayant soin de contrarier la position des ra- cines et des pointes des crins, à peu près par moitié dans chaque margotin, car le crin présente souvent, — pour ne pas dire toujours, — une assez forte différence de grosseur entre ses extrémités. (Voy. Crin, Empile, Margotin.) CRIQUET (Âcridium, Lin.). — Les Criquets appartiennent à l'ordre des Orthoptères ou Sauteurs, parmi les insectes; Isurnom vulgaire de Sauterelles est plus connu. Ce sont des insectes d'assez grande taille que tout le monde a vus dans les prairies et les champs, car ils se nourrissent exclusivement de végétaux et s'attaquent à tous, sans choix, quand la faim les presse. Ils arrivent à l'état d'insectes parfaits à la fin de l'été (août) ou au commencement de l'automne , et pondent avant l'hiver leurs œufs dans la terre en une seule masse. Les petits éclosent pendant l'hiver et sautillent dans les prés, mais sans ailes ; il leur faut plusieurs mues pour arriver à l'état parfait. Leurs pattes postérieures très-grandes, avec des cuisses très-renflées, renferment des muscles très-puissants et sont admira- blement organisées pour le saut, qui est énorme, eu égard à la grosseur de l'insecte. Quand on s'en sert pour la pèche, il faut leur arracher les grandes pattes. La France en nourrit un assez grand nombre d'espèces vertes, grises, rougeàtres, à ailes bleues, etc., qui, toutes, sont bonnes pour la pèche. Quand on les renferme dans une boite, il faut y mettre de l'herbe afin qu'ils ne se dévorent pas entre eux, ce qui a lieu souvent malgré cela. Le Criquet voyageur (A. migratorium) a le corps verdàtre, les ailes grisâtres, tachetées de brun, les jambes roses; les ailes étendues ont plus de 0™,01 d'ouverture. Les Criquets mordent assez forte- ment quand on les saisit sans précautions ; leurs mandibules aiguës et garnies de dents pointues sont propices pour cela. On emploie au même usage les Sauterelles . — (Voy. ce mot.) CRIQUETTE. — Nom picard de la Plie. (Voy. ce mot.) CROCHET. — Ce mot s'emploie pour signifier la partie retournée sur elle- même qui termine les ailes des hauts et bas Parcs. (Voy. ces mots.) CRONES. — On appelle ainsi des trous que les grandes eaux creusent, par affouillement, sous les rives des cours d'eau. La terre du rivage est retenue, ainsi suspendue, par l'enchevêtrement des racines des plantes ou des arbres. Ce phéno- mène se présente partout dans les terrains tourbeux. De semblables retraites sont très-favorables aux poissons, qui s'y tiennent en hiver par les grands froids, en été par les grandes chaleurs, et y acquièrent des dimensions d'autant plus grandes qu'il est plus difficile de les y aller pêcher. Quelquefois les crônes existent sous des rochers. CROUPATIÈRE. — Nom d'un filet fixe employé dans la Méditerranée ; nappe trémaillée. CROUSILLE. — On nomme ainsi, en Provence, des enceintes de filets, es- pèces de parcs, qu'on établit au bord-des étangs salés. CRUES. — Le pêcheur, véritablement digne de ce nom, n'habite jamais loin de l'eau douce ou salée qui lui procure les plus douces jouissances de son sport. S'il a planté sa tente sur la rive d'un fleuve ou d'une grande rivière, il ira souvent, n'en doutons pas, visiter l'état de l'eau. Au printemps, quand il la voit trouble et boueuse, par suite des pluies fécondes, il attend avec patience que la vase soit 218 CRUSTACÉS. un peu déposée. Lorsque l'eau est ainsi chargée, le poisson trop nourri ne mord plus et demeure tranquille. Dès qu'une crue se manifeste, elle établit rependant, dès lors, deux moments dont il faut savoir profiter. Le coiinnencement : car le poisson affamé s'agite, cherche, court sur les berges, les prairies nouvellement couvertes, y trouve une abondante moisson de graines, de vers, de mouches, de larves, en un mot, un dessert complet de substances nu- tritives. Ou'à ce moment vous veniez lui offrir un frétillant ver rouge, il y a bien des chances pour qu'il l'engobe sans hésiter. Il faut tendre sa ligne en tramant sur les berges plates, couverte d'herbe flne et courte, que l'eau vient de recouvrir. On met une distance de 2 mètres entre la flotte et l'hameçon ; comme l'eau est très-peu profonde et n'a point de courant, on lance l'appât tout droit, devant soi, quelquefois entre de petites touffes d'arbustes ou d'herbes plus hautes que l'eau ; on retire la flotte au bord, de manière qu'elle flotte à peine, et l'on attend, laissant au ver sau- tillant sur la pelouse inondée, le soin d'attirer l'ennemi. On prend de cette manière le Goujon, le Barbeau, la Brème, la Carpe, et quelquefois de magnifiques échan- tillons qui flânent, comme les petits, sur cette table servie à bouche que veux-tu? La fin : alors l'eau rentre dans son lit, les flots sont plus transparents, le pois- son voit l'amorce, y vient, et a tant trouvé de bonnes aubaines qu'il ne croit plus au péril et mord de confiance. A ce moment, il faut pêcher dans l'ancien lit. Toutes ces indications sont subordonnées à l'influence du vent, lequel, comme nous le disons en plusieurs endroits, a une influence capitale sur la vie des poissons. Si lèvent du Sud, du Sud-Ouest ou de l'Ouest règne, la pêche [sera bonne; si, au contraire, l'air est froid, si le vent vient du Nord, du Nord-Est ou de l'Est, méfiez- vous; vous pouvez rentrer bredouille comme une mazette. Ce sera le cas de vous re- jeter sur la pêche des petits gourmands du rivage. Quel que soit le vent, vous pouvez espérer prendre, avec un peu de crue, le Goujon, la Plie et les petits Barbillons. CRUSTACÉS. — Nous n'envisagerons, dans ce Dictionnaire, les crustacés que d'une manière très-accessoire, tant au point de vue général de l'histoire natu- relle que sous le rapport de la pêche. En effet, notre seconde partie de la Pêc/ie et des Poissons, renfermera une étude générale de ces animaux, étude à laquelle nous renvoyons d'ores et déjà le lecteur, parce qu'il y trouvera non-seidement tous les développements que ce sujet comporte, mais les méthodes diverses d'éle- vage et de capture, et l'ensemble des méthodes employées pour les soumettre à une fructueuse exploitation industrielle. La cpiestion de l'élevage des Crustacés est, en effet, Tune de celles qui se place la première à l'ordre du jour dans l'ensemble des Grandes Industries des eaux. Le haut prix de ces animaux dans le commerce, prix dépendant plus encore de leur rareté que de leur difficulté d'élevage, la valeur considérable de leur chair au point de vue de l'alimentation et de la salubrité publiques, la facilité évidente de la domestication de la plupart d'entre eux, sont autant de sujets de méditation pour l'économiste et d'essais pour le cultivateur des eaux. D'autant plus, qu'il faut bien le remarquer, les Crustacés ne se montrent pas les moins intéressants parmi les êtres sur lesquels l'œil de la science s'est fixé depuis ces dernières années, avec tant de raison, puisqu'il y a découvert de si curieuses révélations. Environnées de mystères et de ténèbres, jusqu'à ces dernières années, les mœurs et la nature de ces animaux étaient, — et sont encore, — demeurées peu connues. Nombre de points obscurs se rencontrent à chaque pas dans leur histoire. Espérons que, peu CTENOLABRE. 2t9 à peu, ces lacunes se combleront sous les efforts des observateurs consciencieux et dévoués; mais, avouons-le, le milieu dans lequel les Crustacés, — et surtout les espèces marines, — se meuvent, n'est pas le plus facile de tous à explorer. Non -seulement de regrettables lacunes existent dans les observations sur les lieux d'habitat de ces animaux, avant l'âge adulte, — ainsi que nous en dirons quelques mots en parlant du Homard, — mais encore nous nous heurtf)ns ;\ des dil- ticultés imprévues et dépendantes de la nature même des espèces; en étudiant les Langoustes, par exemple, l'imprévu de leurs mues, de leurs changements de mœurs suivant l'âge, jettera, d'ici bien des années encore, l'expérimentateur dans la perplexité pour leur appliipier un traitement quelconque d'élevage. Espérons qu'un jour viendra où ces anciennes barrières seront levées ; c'est dans ce but que, tous, nous travaillons ! Cousins germains des insectes auxquels ils ressemblent sous plus d'un rapport, les Crustacés, après avoir été d'abord placés par les classificateurs à coté des mol- lusques, ont été ramenés au milieu des insectes aptères, et enfin aujourd'hui, de- puis Cuvier, ils font partie de l'embranchement zoologique des articulés, lequel comprend avec eux, les arachnides et les insectes. Tout le monde connaît les prin- cipaux Crustacés de nos eaux douces et salées : quand nous aurons nommé le Ho- mard, la Langouste, les Crabes pour la mer, et VÉcrevisse pour l'eau douce, il ne demeurera aucune obscurité dans l'esprit du lecteur. Bien que quelques Crustacés vivent sur terre, la grande majorité, et tous ceux que nous venons de nommer, sont citoyens de l'onde, et représentent, dans le monde des eaux, les insectes nettoyeurs du monde terrestre. De même que ces derniers, — surtout les coléoptères avec lesquels il faut remarquer plus d'une affinité, — ils ont pour mission de débarrasser le milieu où ils vivent et ses abords des débris animaux et végétaux qui, s'y putréfiant, en vicieraient l'habitat. Les uns comme les autres sont de puissantes et infatigables machines de transformation; alambics sans cesse en fonction, ils sont occupés, sans trêve ni repos, à modifier d'une ftiçon latente et dès lors sans danger, les matières animales qui retournent au néant. Agents merveil- leux de chimie naturelle, appelés à décomposer les complexes produits de la vie et à la faire rentrer non-seulement dans la forme solide sous laquelle ils sont con- sommés, mais encore dans le grand torrent de la circulation nutritive de l'univers animal. Fabricants de chair vive aux dépens de la chair morte, les Crustacés fournissent à leur tour leur viande succulente à la réfection des espèces supérieures et font ainsi rentrer, en les rassemblant, les molécules de la vie animale disséminées au sein du monde animal. CTÉNOLABRES (Ctenolabrus). — Genre établi, dnns la famille des Labroïdes, pour des espèces qui ont des dents en velours derrière la rangée de dents coniques; ressemblant tout à fait, d'ailleurs, au coure Crénilabre. CTENOLABRE DES ROCHES (Ctenolabrus rupestris, Cuv.). — Acanthopt. Labroïd. Cténolabr. Long. max.=:0>",iO à O-^ilS. Syn. : Jagds Goldsinni/, angl. — Sten-Snultro, suéd. Ce petit poisson, pris par moi en rade de Brest et rangé par les habitants du pays dans la caté- gorie des Caslrics, est toujours reconnaissable à la tache noire qu'il a vers la naissance de la queue, en dessus, et qui tranche sur la teinte verdâtre assez claire du corps. Il en porte encore une autre, noirâtre aussi, sur le commencement de la dorsale où elle englobe la base de trois rayons. D= 17 + 9. P=li. V= I +6. A=3 + 7. C = 13. Malgré sa teinte verte, ce petit animal présente des reflets jaunes et orangés un peu effaces. Quand on le conserve hors de l'eau, sa couleur passe et il devient presque blanc. Sa coloration 220 GUILLEH. spéciale se dénote encore par une bande blanche argentée qui part de la naissance des ventrales pour joindre la base de l'opercule. La ligne latérale a 32 écailles. D'après Prier et Ekstroni, ce petit poisson présenterait un fait curieux et qu'il sera bien facile de vérifier dans les endroits où cet animal est loin d'être rare. Lorsqu'il est en liberté dans l'eau, il laisse apercevoir deux rangées de taches sur les flancs, sept au-dessus et autant au-dessous de la Fig. 207 — Ctenolabre des roches (Ctenolabrus rupeslris, Cuv. ligne latérale. Si le poisson est troublé, les taches s'évanouissent pour reparaître au bout de quelques instants, quand leur porteur redevient tranquille: Hors de l'eau, ces taches ne paraissent plus. La nourriture de ce poisson consiste en petits crustacés, néréides et mollusques. CTENOLABRE DES ROCHES. — Rien de nouveau à dire sur la pêche de ce petit Castric ; on le prend très-facilement au moyen d'un petit hameçon amorcé de gravette. Un fait qui nou.s est arrive, en prenant un de ces poissons, montrera quelle est la voracité des habitants de la mer. Je relevais ma ligne à laquelle venait de mor- dre un de ces Cténolabres, tandis qu'en la retirant en brasse, je sentis une telle secousse que le fd faillit m'échapper des mains. Lorsque le petit poisson arriva dans le bateau, il avait perdu la moitié de son individu, enlevée d'im seul coup de dent, par un poisson beaucoup plus gros dont l'espèce est demeurée indétermi- née, mais qui avait eu la bonne inspiration de donner un coup de dent en biais, de manière à raser l'hameçon sans s'y accrocher. Les poissons ont de ces adresses-là !... CTENOLABRUS RUPESTRIS. — (Voy. Ctéxol.vbre des roches.) CTENOLABRID^. — (Voy. CriiNOLABnEs.) CUCULUS (Raja). —(Voy. Raies, § 4, Raie coucou.) CUILLER (Pèche à la). — En Angleterre, en Irlande et surtout en Ecosse, les rivières se livrent à une série de cascades et de rapides au milieu desquels se ré- jouit une population de Truites magnifiques. C'est 1;\ qu'on trouve la Truite saumonnée {Fario argenteus), que les Irlandais nomment la Truite de mer, et les Écossais la Queue noire. Les spécimens de ces poissons pèsent, l'un 24 livres et CUILLER. 221 demie, l'autre 21 livres, et ainsi de suite. C'est encore au milieu de ces eaux bouil- lonnantes qu'on va attaquer la Truite du Loch-Leven {Salmo cœcifer, Paru.), au pied de la prison de la belle reine Marie. La Truite commune ne s'y fait pas remarquer non plus par son absence, mais bien par ses dimensions colossales. Quatre étant prises, on les met dans la balance... La plus grosse pèse 17 livres, les trois autres chacune 15 !... Vivent les Écossais ! Nous allions oublier la grande Truite des lacs {Sabno feroj-) ; encore une amie des cascades, pour laquelle on amorce sa ligne au moyen d'une petite Truite montée en tue-diable (Voy. ce mot), au milieu de 6 à 8 hameçons fm^s, dit Yar- rell. On leur offre aussi en holocauste déjeunes Brochets qu'elles acceptent avec reconnaissance. Il est vrai que l'une d'elles pesait 34 livres ! c'était la plus grosse. Celle qui venait après ne pesait que 32 livres, et la dernière, une plume... un du- vet!... seulement 27 livres. — Comment aller attaquer de semblables monstres? — A la cuiller. — Oh! — Pas tout à fait avec la cuiller cjui sert à une belle dame pour prendre une glace, mais avec quelque chose d'analogue, et... disons-le hautement, cette cuiller- là, convenablement assaisonnée, ferait parfaitement noire affiiire. On n'en est pas arrivé là du premier coup. Les pêcheurs habiles, — et ils sont nombreux dans ce pays-là, — ont com- mencé par mettre à leur hameçon un poisson vif. Celui-ci n'a pas plutôt touché les ondes bouillonnantes^ que, déchiré en mille pièces, emporté, il a disparu. D'expé- rience en expérience, les pêcheurs se sont assurés qu'un poisson vif ne présentait pas assez de résistance pour une traction semblable à celle c[ue lui infligent ces bouillons d'eau tombant sur lui. Déplus, ils se sont aperçus que la Truite, toujours en chasse dans ce milieu infernal, et toujours aux aguets, déployait une force et une rapidité formidables pour atteindre sa proie qu'elle voit tourbillonner au milieu de l'écume. Elle s'élance la gueule ouverte, les dents prêtes, et coupe d'un coup la moitié du poisson, par où elle l'attrape, laissant le reste à l'hameçon du pêcheur désappointé. De toutes ces déductions, et de nombreux essais, est né le Tue-Diable. (Y oj. ce mot.) Mais quelque pêcheur malheureux a} ant sans doute vu son Tue-Diable em- porté ou mis en pièces par les rochers ou les racines de la rive, aura inventé la cuiller [pg. 208). Figurez-vous la partie creuse d'une cuiller à dessert, coupée /" //^ ^ près du manche. Percez un trou en haut pour y passer une corde ^ ■' ^ Fig. 2ÛS. — Cuiller. iilée et une grappe d'hameçons, pendante sur la cuiller même. Percez un second trou à la pointe de la cuiller, et mettez-y une seconde grappe d'hameçons, pendante, cette fois, dans le vide. Atta- chez à 0'",20 au-dessus de la cuiller, deux bons et solides émérillons. Faites que la cuiller soit brillante comme de l'argent ou de l'or, et lancez dans la cascade. A l'instant même l'eau, frappant irrégulièrement dans la cavité de la cuiller, lui imprime un mouvement de rotation extrêmement rapide, quoique irrégulier. 2i22 CUNETTE. Les hameçons disparaissent, emportés par ce tourbillon, et le tout, roulant sur lui-même, figure un joli poisson d'argent emporté vertigineusement par les bouillons de l'eau furieuse. La Truite n'y regarde pas de si près... d'ailleurs, elle n'en a pas le temps. L'eau la presse, la presse... il faut se hâter! Elle s'élance d'un bond énorme, englobe la machine brillante, et la lutte commence entre le pêcheur et le péché, deux animaux auxquels, en courant, le cœur bat aussi vite à l'un qu'à l'autre. C'est une bataille de 30, 40, 50 minutes, lutte à toutes jambes, emportée, à travers les ravins, les pierres, les taillis, par Vautre qui fuit à tire d'aile et que le flegmatique cuillerier ne lâche point !... Enfin la paix se conclut, et tous deux, harassés de fiitigue, s'arrêtent... Le plus petit entre dans le panier du plus gros en attendant mieux, et la toile baisse sur cette tragédie, toute prête à se relever pour une autre scène, sur le même théâtre. Du petit au grand, nous ne manquons pas, en France, d'eaux bouillonnantes, tant dans nos montagnes que vers les déversoirs de nos usines. Cette méthode de- vrait donc être essayée ; la Truite, chez nous, mord aussi vivement que là-bas, et quand, au lieu d'une cuiller à potage qu'on emploie pour la Férox, nous ne nous servirions que d'une cuiller à café, — même que de la cuiller d'un ménage de poupée, — nous prendrions de belles et bonnes Truites que personne n'ose abor- der dans ces endroits-là. C'est la grâce que je vous souhaite, ô lecteur mon ami ! CUISSON DES GRAINES. — - Quelle que soit l'espèce de graine dont on veuille se servir pour la pêche, elle doit être ramollie et cuite. Rien de plus simple que cette opération, mais encore est-il bon d'indiquer au pêcheur la méthode qui réussit le plus facilement. Le temps de cui.sson varie avec la grosseur et la nature de la graine employée. Le blé est très-long, il lui faut au moins six heures de cuis- son ; les fèves aussi, mais un peu moins. On prend un pot de terre, ou marmite à bouillon de la même matière, on y met ce qu'elle doit contenir de graines, c'est-à-dire, au plus, la moitié de sa capa- cité. On couvre celles-ci de 0"',05 à O^jOe d'eau, on place le couvercle, qui doit fermer le mieux possible, puis on met le tout sur le feu. Il faut un feu moyenne- ment ardent, afin que la cuisson ait lieu par un bouillonnement lent, mais continu. Quand l'eau, qui était au-dessus des graines, est absorbée, on retire du feu et l'on couvre très-hermétiquement pour laisser refroidir. Il est toujours bon de mettre un peu de sel dans l'eau où cuisent les graines, parce que ce corps retarde la fermentation putride ou acide qui tend à s'établir très-vite dans ces graines, en été, et qui les rend impropres à servir d'appât, si elles sont ainsi gâtées. Le point principal est que les graines se trouvent bien ramollies et crevées, sans être en bouillie. Pour atteindre ce résultat, on est souvent obligé de remettre de l'eau pendant la cuisson; tout cela dépend de la nature des graines, de la ferme- ture plus ou moins hermétique du vase, et de l'ardeur du feu employé. CULASSE. — Partie supérieure de VÉpervier. (Voy; ce mot.) CUMIN. — Plante de la famille des Ombellifères, d'une saveur et d'une odeur aromatiques, fortes et piquantes, très-analogues à celles de l'anis. On en fait entrer, en Allemagne et en Hollande, les graines dans le pain et dans le fromage. Son odeur et sa saveur fortes la rendent propre à entrer dans les appâts et amorces artificidles, (Voy. ces mots.) CUNETTE. — Ouverture grillée pratiquée dans les parcs de pierres. l I 00 m o eu GO LlJ o o o % ■* /' m - CYPRINS. 223 CYCLOMETOPES. — Famille de crustacés décapodes brachyures, à carapace beaucoup plus large que, longue, parfois presque circulaire. Pattes de la première paire trcs-développées en pinces. Abdomen de 7 articles chez la femelle, et de b chez le mâle. Renferme les Cancériens et les Portuniens. CYCLOPTÈRE [Genre], (Cyclopterus, Lin.). — Malacopt. subrach. Discoboles. Corps couvert d'une peau visqueuse et sans écailles, mais semé de grains durs et de tuber- cules coniques semblables à des épines de ronce. Bouche large, garnie aux mâchoires et au pharynx •le petites dents pointues. Opercules petits, ouïes fermées par le bas. Ventrales caractéristiques, suspendues tout autour du bassin et dont les rayons sont réunis par une seule membrane formant un disque concave, une sorte de soucoupe à cannelures intérieures dont le poisson se sei t, en faisant le vide, pour se fixer aux objets solides qui l'entourent. Les pectorales sont très-amples et se réunissent également sous la gorge pour embrasser le disque formé par la réunion des ventrales. Squelette presque gélatineux. Deux espèces sur nos côtes de TOcéan. (Voy. Lompe.) CYCLOSTOMES [Ordre]. — Ces poissons sont dépourvus de nageoires ventrales et pecto- rales, de vessie natatoire; leurs opercules fixes sont percés d'autant de tours qu'il y a de branchies ; leur corps est nu, visqueux; leur bouche circulaire ou demi-circulaire terminée par une lèvre charnue leur permet de se fixer en faisant le vide aux pierres du fond de l'eau et au corps des poissons dont ils sucent le sang. Cette famille renferme un genre qui comprend les Lamproies. Les Lamproies ont 7 ouvertures branchiales, et la bouche circulaire, armée de dents nombreuses. CYPRINOPSIS [(ie/jre], (Cyprinopsis, Fitzing.) — Malacopt. abd. Cyprin. Ce petit genre formé aux dépens de celui des Carpes avec lesquelles il a été longtemps réuni, s'en distingue d'abord par l'absence complète de barbillons et par la forme des dents pharyngiennes. Le mot Cyprinopsis rappelle que ces poissons ont la figure des Carpes, et cela est vrai, car le carac- tère qui les sépare ne distingue presque ni leurs mœurs ni leur habitat. Trois espèces en France : le Cyprinopsis Carrassin (voy. Carrassin), le Cyprinopsis Gibèle (voy. Gibèle), et enfin le Cyprinopsis doré ou Poisson rouge (voy. Cvpuin doké). CYPRINOPSIS AURATUS. - (Voy. Cyprin doré.) CYPRINOPSIS CARRASSIN. — (Voy. Carrassin.) CYPRINOPSIS GIBELIO. — (Voy. Gibèle.) CYPRINS.— Les poissons qui portent ce nom forment un groupe très-nombreux et fort naturel, aisé à distinguer à sa petite bouche, à ses mâchoires sans aucune dent et aux trois rayons plats de ses ouïes. La langue de ce poisson est toujours lisse, le palais est garni d'une substance épaisse, molle et singulièrement irritable, que l'on connaît vulgairement sous le nom de langue de Carpe; le pharynx offre un puissant instrument de mastication, savoir : de grosses dents adhé- rentes aux os pharyngiens inférieurs et pouvant pousser les aliments entre elles contre un disque pier- reux enchâssé dans une large cavité sous une apophyse du (/asilaire. Ces poissons n'ont qu'une dorsale et leur corps est couvert d'écaillés le plus souvent fort grandes : ils habitent les eaux douces, et sont peut-être les moins carnassiers de toute la classe, vivant en grande partie de graines, d'herbes, de limon. Leur estomac se continue par un intestin court et sans cœcum et leur vessie natatoire est divisée en deux par un étranglement. CYPRIN CARRASSIN. — (Yoy. Garrassin [Carpe].) CYPRIN DORÉ DE LA CHINE (Cyprinopsis auratus, Siéb.). — Malacopt. abd. Cyprin. Long. max. =0",'20; haut. =0'n,03. Syn. : Gold fish, angl. — Silberfisch, ail. — Goldfich, suéd. et holl. — Kin-gso, Chine. — Kinjun, Japon. Ce poisson, originaire des lacs près des montagnes deTchanghou, province de The-Kiang, en Chine, est introduit en Europe depuis ICll. Dans un vivier à fond gras, ces Cyprins vivent et multiplient beaucoup sans qu'on s'en occupe ; si le fond est maigre, il faut leur donner, de temps à autre, du pain de chènevis, des pois et des débris de la table. Ils ont besoin d'herbes ou de branches dans leurs eaux pour déposer leurs oeufs, et d'ombre contre le soleil; en hiver ils entrent dans la vase et y demeurent à demi engourdis. L'organe de l'ouïe est développé chez ces animaux. La couleur générale du corps varie à chaque individu. D'abord noirs ou bruns dans les premières années de la vie, ils deviennent ensuite 224 CYPRIN 01 DE S. rouge éclatant, mais souvent aussi jaunes ou mouchetés de rouge et de blanc, ou de jaune et de blanc, ou tout blancs, ou roses. Quelques-uns restent toujours bruns, à reflets chauds. Tous ont le museau comme tronqué de bas en haut, la bouche petite, ouverte vers le dessus, l'oeil grand, la caudale bilobée, grande et d'une forme gracieuse. La dorsale longue, à IG ou 19 rayons, les pectorales fortes et arrondies, l'anale de 8 rayons dont 3 osseux. L'œil est grand, saillant et élevé sur le front; l'iris noir entouré de un ou deux cercles noirs alternativement et rouges ou jaunes. Les opercules sont composés vers le préopercule d'un assez grand] nombre de larges écailles ou pièces articulées. On compte tant de variétés dans cette espèce qu'un grand nombre de ces poissons présentent des anomalies aux nageoires. Voici le compte de l'un d'eux, de chaque teinte : Chaque pectorale de la variété dorée, porte 16 rayons, et la caudale 27. Les pectorales de la variété argentée ont 15 rayons, et la caudale 26. Les teintes de ces poissons disparaissent en grande partie avec la vie. Communément après avoir été noirs, alors que le changement de couleur doit se faire, des points argentés paraissent, s'étendent, se rejoignent, puis, quand l'animal est devenu blanc, cette teinte se remplace de même par le rouge. Cette coloration offre beaucoup de variétés. Ce n'est que vers leur troisième année qu'ils commencent à revêtir leur parure rouge ou argentée, car quelques-uns restent blancs et ne sont pas les moins recherchés. D'autres deviennent jaunes, d'autres panachés de blanc et de rouge; les uns ont une nageoire sur le dos, quelques autres n'en ont pas. Dans un étang qui leur plaît, ils arrivent à une grandeur de 0",40, et à un poids de 2 à 3 kilog. Le canal intestinal de ces charmants poissons est contourné en trois sinuosités; la vessie nata- toire est divisée en deux parties, l'une plus étroite que l'autre. Ce poisson a été introduit de la Chine à Sainte-Hélène; apporté en Angleterre en 1728 par Ph. ^Yorth, il nous est venu, de là, parla Hollande. Les Cyprins ainsi dépaysés, ont tellement multiplié depuis lors qu'on peut les regarder comme entièrement naturalisés. Sous notre climat, ils résistent aux froids les plus rigoureux, pourvu qu'ils aient assez d'eau pour s'y tenir au-dessous de la croûte des glaces. Nous connaissons des étangs où ils se sont multipliés au point qu'on les y pêche sans scrupule et qu'on s'en sert aux mêmes usages que la Carpe. Leur chair est beaucoup plus délicate. Rapprochés sans cesse de la demeure de l'homme, les poissons rouges n'ont pas toujours été un simple sujet d'ornement ou de distraction. Ils ont offert plus d'une fois aux savants l'occasion d'observer des faits inédits et très-curieux de physiologie. L'un des plus remarquables est consigné par M. Bory de Saint-Vincent et montre combien les circonstances extérieures d'habitat peuvent influer sur le développement des êtres. Des poissons rouges âgés d'un an et longs de 0™,0i, furent placés dans un bocal étroit et y restèrent 1 1 ans. Au bout de ce long espace de temps, ils n'étaient pas sensiblement grandis. Transportés alors dans un large bassin, ils commencèrent à croître avec une telle rapidité, qu'au bout de dix mois leur longueur était triplée. CYPRIN DORÉ DE LA CHINE. — Ces poissons, qui sont excellents à man- ger, se prennent à la ligne comme les Gardons et les Carpes. Petits, on les prend très-facilement au ver rouge, à l'asticot, à la boulette, au blé, etc. ; plus gros, ils deviennent plus défiants, et doivent être péchés comme les Carpes, en grand silence, et par les grands fonds d'eau de l'étang qu'ils habitent. CYPRIN STRIÉ.— Malacopt. abd. Cyprin. Long. niax. = 0",35. Ce poisson, de la famille des Carpes^ en diffère d'abord par sa forme plus élevée et plus compri- mée, puis par son opercule strié fortement. C'est la Carpe de KoUar {Cyprinns kollarii). II porte, comme la Carpe commune, quatre barbillons, mais beaucoup plus petits. Les écailles sont plus grandes que celles de l'espèce type;la coloration est claire, gris argenté, les nageoires un peu bleuâtres. Cette espèce, dont on ne connaît guère les mœurs, se trouve surtout dans la Moselle et les fossés de la citadelle de Metz, sans doute aussi dans les rivières du Nord. Il se peut que ce soit une va- riété de la Gibèle [Cyprinus Gibelio), qui est un poisson du nord de l'Europe. Valenciennes dit qu'elle est commune dans le lac de Saint-Gratien, où le Carrassin n'existe pas et où la Gibèle est rare et accidentelle. D'autres auteurs prétendent, au contraire, que les Carpes de Saint-Gratien sont des Gibèles. Qui croire? (Voy. Carces Kollar.) CYPRINIDES(Cyprinid3e). —(Voy. Cyprinoïdes.) CYPRINUS. — (Voy. Abi.es des eaux de France et Cyprins.) CYPRINOIDES (Cyprinidae) . — l'e famille des Malacopt. abd. 2» ordre. Cette famille, dont nous avons donné les caractères généraux au mot Cyprins, est une des plus CYPRINOIDES. 225 embarrassantes pour le naturaliste. Pour le pcclieur qui n'y regarde pas de si près, rien n'est plus facile, elle constitue la grande fami/le des poissons bhincs, et tout est dit. Ce qu'il y a de certain pour les deux catégories d'observateurs, c'est que les C\prinoid('srcnreiinciit la niajorité des poissons d'eau douce de notre pays. Or, dans cette grande famille, il, existe, non-seulement des séries d'espèces voisines au dernier point, mais encore des types indécis et variables qui semblent flotter entre deux autres déjà très- semblables et n'en être que des métis. On dirait que, suivant les fonds, les eaux, les âges, des causes encore absolument inconnues, ces espèces se modulent les unes dans les autres, comme une cire molle que l'on pétrirait sans sortir cependant d'un type à peu près commun . Pour distinguer ces poissons, on a essayé de se baser sur la proportion du corps, puisque les critériums ordinaires faisaient défaut, les organes se trouvant presqu'en même nombre cliez tous; on a dû y renoncer parce que ces proportions sont trop variables. La diflerence de constitution des dents pharyngiennes parait, jusqu'à présent, le meilleur signe de distinction, mais il n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut une dissection préalable, simple, — il est vrai, — mais enfin une opéra- tion que le pécheur ne fera pas, et c'est pourquoi nous omettons à dessein ces figures dans ce diction- naire beaucoup plus pratique que scientifique. Ajoutons encore que l'âge fait varier cette denture, et annule souvent ainsi la certitude que les naturalistes avaient cru trouver dans ce caractère. Il est certain qu'au premier coup d'œil, on peut déjà séparer des Cyprinoïdes, les Loches ou Cobites à tête petite, à ouies peu profondes et à dents pharyngiennes aiguës et nombreuses. Mais restent tous les Cyprins proprement dits à classer, ceux dont le corps est couvert de grandes écailles. On a cru rendre plus simple et moins confuse la classification des Cyprins, en élevant d'un degré la division que nos grands naturalistes y avaient introduite, du rang d'espèces on a fait des genres, par conséquent, ce que l'on considérait primitivement comme de simples variéte's sont deve- nues bel et bien des espèces. Ce système a eu, à notre avis, le grand inconvénient que nous signa- lions tout à l'heure, c'est de baser des espèces sur des caractères de minime valeur, qui suffisaient à constituer des variétés et sont presque toujours bien faibles pour caractériser des espèces. Nous aurons donc : Le Genre Goujon (Gobio).... comprenant! espèce. | Goujon de rivière. T, iD i \ „ ; lîarbeau commun. — B..UBEAI; (/?«r6,.,) _ 2 - ' Barbeau méridional. — Tanche (n«c«) — i — | Tanche commune. , f .V, ( ^^- miroir. Carpe corn- n ■ - — Carpe (C//;jn«M.O - V - ) mune, Var. j c. î,ossue. I Carpe de Kollar. I Carrassin. — CvpiiiNOPsis — 3 — Gibèle. Cyprin doré, poisson rouge. . — Bouvière (fi/(0(/e«.'j — 1 — ' Bouvière commune. , Brème propre- ) _ 2 — } Brème commune. — Brème (J/jrfl/«M>'),l ment dite i ' Brème de Gèhin. divisé en 4SCU.S- Abramidopsis... — I — | Brème de Buggenhagen. genres | Blicke (B//cca). . — l — | Brème Bordelière. ^Bliccopsis- — 1 — I Bréme-rosse. / Ablette commune. l .Vblette mirandelle. — k\iL}£.Tiz (Alhurnus) — 6 — J Ablette de Fabre. i Abletle biponctuée. \ Ablette hachette. — RoTE.NGLE (Scardinius) — 1 — ; RoLengle commun . 1G. rutiloïde. G. Jesse. G. vengeron. G. de helys. Gardon pâle. — ]de {Idus) — I — I Ide mélanote. /Chevesne commun. I Chevesne méridional. V Chevesne treillage. — CnK\'Fpèces dans nos mers. La Daurade des côtes de France n'est pas aussi bonne que celle des côtes d'Amérique, cependant, sa chair est délicate et de bon goût, quand elle n'a pas séjourné dans la vase où elle prend quelquefois un mauvais goût. Celle de la Méditerranée est préférable à celle de l'Océan. DAURADE A MUSEAU RENFLÉ (Chrysophris crassirostris, Cuv., Val.). — Acan- thopt. spar. Long. max. = o^j^ô. Cette Daurade, beaucoup plus rare que la D. commune, habite les côtes de la Corse, ce qui nous en fait dire ici quelques mots. Elle se distingue de la commune par la imque beaucoup plus élevée, l'œil plus grand, et les mâchoires très- renflées : G grosses incisives, 4 rangs de molaires en haut, 3 en bas. D=ll-1-1.3. A = 3+tI. C=17. P=15. V=I-+-5. Couleur bleu foncé sur le dos avec reflets dorés très-vifs formés par un Irait doré tracé sur chaque écaille Longue tache noire au haut de l'opercule. Bas de l'opercule, mâchoire inférieure rouge cuivre. Na- geoires gris bleuâtre. DAURADE VULGAIRE (Sparus aurata, Lin.). - Acanlhopt. spar. Long. max. = 0™,35 ; poids = 5 à (i kilog. Syn. : Gilt head, qilt poil, angl. — Gold brasse, fjold meer hrassem, ail. — Goud brassent .,\\(à\. — Dorada,esp. — Awala, ital. — Chiquinet, aoureden, bret. C'est un beau et bon poisson {fig. 219) que les anciens nommaient Chrysophris (sourcil d'or), à cause d'une bande en croissant de couleur dorée, qui va d'un œil à l'autre. Son corps est argenté, son dos bleuâtre et d'un éclat vif au sortir de l'eau, mais qui fonce et s'obscurcit à mesure que le poisson meurt. Le ventre est Idanc mat. Tout le long du corps règne une ligne latérale formant un trait minc^ noir-bleu, peu courbe, de f-0 écailles portant chacune un petit trait. Quelques autres traits parallèles au dos du poisson se remarquent aussi dans la longueur. Il porte enfin une tache brun-roux irrégulière au-dessus de l'articulation des pectorales vis-à-vis la partie noire des opercules. Les yeux sont grands, â piunelles noires, l'iris jaune doré. Le sourcil doré a donné son nom au poisson. Bouche médiocre, mâchoires égales, garniesde lèvres et armées de dents très-fortes, que leurs formes font distinguer en incisives et en molaires. Les premières sont au nombre de 6 à ciiaque mâchoire ; les secondes distribuées en 4 rangées implantées dans la supérieure, et en 3 rangées Fiff 217. — Hameçon de mer en foi' étanic. Forme dite marseillaise, employée en Bretagne. Très- mauvaise fabrication, dard bossu au-dessous de la barbe, fort avanta];e à droite, du bon coté pour la facilité d'escher. Fig. 218.— Ha- meçon com- mun de Fiance, le moins bossu possible. DAURADE 231 seulement dans l'inférieure, toutes ayant la forme de tubes interosseux. La langue est algue. Œil grand, vif ; narines simples ; l'espace qui les sépare est marqué par un léger sillon. Opercule composé de deux plaques osseuses principales dont la dernière est arrondie. l'ig. 219. — Daurade vulgaire [Spams aurata, Liu.). Dorsale = 11 + 13 rayons, les cpiiieux plus longs que les autres, et pouvantse cacher dans une rainure. Pectorale = 20, très-longue, atteint presque l'anus. Ventrales = 1+5, en arrière et assez larges, et portant à l'aisselle une écaille large, forte et très-pointue qui a moitié de la longueur de la nageoire. Anale =:3 + M, correspondante au dernier rayon de la dorsale. Caudale = 17, médiocrement fourchue. La Daurade est un des plus beaux poissons utiles à l'homme, et l'un de ceux dont les formes et les couleurs sont les plus agréables. Lorsiiu'elle nage près de la surface de l'eau, elle semble être parsemée de gouttes d'or sur un fond vert. Sa télé, ses yeux, son museau présentent les mêmes couleurs. Son ventre, qui est un peu plus gris, n'en offre pas moins des reflets chatoyants comme la nacre, et lorsqu'elle va mourir, toutes ces couleurs varient successivement par l'or, l'argent, l'azur, le minium môme, qui se mélangent tour à tour. Plus communs et meilleurs dans la Méditerranée que sur les côtes de l'Océan, ces poissons gagnent en hiver les grands fonds d^eau, et s'approchent pen- dant l'été des côtes pour paître les algues et les fucus : ils entrent alors dans les lagunes et les étangs salés qui communiquent avec la mer. Il est probable que la Daurade des Anglais {Gilt-heud), n'est point la vraie Daurade {Clirij- sophris ou Spa mis aura! o), mais bien un Pagel différent, la S/'Cirm centwdontus, qui est con.imun, chez nous, sur les côtes de la Manche en août et septembre. C'est, du reste, l'avis de Valenciennes sur la Daurade de Donovan. DAURADE VULGAIRE. — La Daurade se trouve en abondance dans la Méditerranée. En hiver elle gagne le fond de l'eau, et l'été s'approche des côtes et entre dans les étangs salés et les cours d'eau qui conduisent à la mer. On les pèche en abondance aux Martigues, aux étangs de Cette et d'Hyères. Elles sont très-vo- races et toujours enquête de coquillages dont elles font leur nourriture et qu'elles brisent entre leurs dents. Aussi la chair de ces coquillages est-elle une excellente esche pour elles. La ligne dont on se sert pour la pèche de ce poisson doit être amorcée avec des Crevettes, des Crabes, des morceaux de Thons, de Maquereau, de poisson quelcon- 232 DÉGLUTITION. que on même des coquillages nommés Pé/onc/es, Clovisses [Venus decnssato, h.), et autres espèces analogues que l'on recueille autour de soi dans le sable ou sur les pierres. La chair de ce poisson est estimée comme délicate et de bon goût, quoique un peu sèche. Il faut que les Daurades soient grasses, que leur foie soit gras et leurs entrailles appélissanles : surtout qu'elles n'aient pas habité sur les fonds de vase, où elles contractent un goût désagréable. La Daurade craint le froid : Duhamel remarque que l'hiver rigoureux de 1766 en fit périr un grand nombre. La chair de la Daurade vulgaire est estimée : quoique sèche, elle est de bon goût. On en fait des salaisons, on en confit au vinaigre. Les meilleures sont celles des lacs de Cette et des Marligues. Quoique les Daurades habitent les grandes eaux et souvent la pleine mer, elles approchent souvent des côtes et entrent même dans les étangs salés de la Médi- terranée au printemps. Elles y demeurent l'été et grossissent de deux ou trois fois leur taille première; la chair y devient même meilleure. La pêche de ces poissons se fait à la fouine ou fichouira, au feu, par les pê- cheurs de Toulon, Saint-Tropez, etc. La Daurade est d'ailleurs excessivement vorace ; en mer on la prend très-facilement, il suffit de mettre deux brins de plume à un hameçon et le tout à la traîne derrière un bateau ou un navire. Prenant cet objet pour un poisson volant, leur friandise préférée, elles s'y jettent et demeurent prises. On en prend aussi beaucoup aux bourdigues et autres engins fixes, mais en été, quand il fait très-chaud. DÉBROQUER UN POISSON. — C'est lui retirer la tête de la maille de filet qui le tient prisonnier. DÉCEMBRE. — (Voy. CaLE>DR1ER DU PÉCHEUR.) DÉGLUTITION. — La déglutilioii doit, d'après la forme même des organes, s'opérer, chez les poissdiis, d'une manière toute particulière. Il est évident que cet acte se modifie suivant l'ar- mement des mâchoires. Tous les poissons chasseurs ont la cavité buccale garnie de dents plus ou moins crochues et en plus ou moins grand nombre, variant depuis la forme des laniaires, espacées, — rappelant les épines de la ronce et du rosier, — jusqu'aux dents en brosse, en carde et en velours dont le nombre est incalculable. (Voy. Dents.) En général, l'aliment, la proie, pour mieux dire, saisie par des dents crochues, demeure à portée du pharynx où la langue a pour mission de la pousser d'avant en arrière en la soulevant. Il est certain que les dents crochues dont elle est armée chez certaines espèces, ont pour but de faciliter ce mouvement et de le rendre assez prompt pour que la victime ne puisse s'échapper. Quelques espèces, à dents nombreuses en brosse ttpeu préhensiles, ont des mâchoires dont les divers os antérieurs jouent les uns sur les autres de façon à former un véritable organe de préhen- sion, dont les Clupéoides sont un remarquable spécimen. IN'ul doute pour nous que la double lèvre des Labres, et l'appareil analogue et si mobile des liastérostés ne soient non- seulement de véritables organes de préhension, mais, — disons-le en passant, — la cause de leur faculté nidificatrice. Les poissons sans dents aucunes n'ont, pour aider la déglutition dans son premier acte, que la succion. Chez eux, alors, cette force est considérable. 11 est facile de s'en rendre compte en étudiant, dans le premier aquarium venu, le manège des Cyprins dorés et ordinaires qui y sont renfermés et qui hument sans relâche les particules de vase et de sable du fond, et les rendent, au bout d'un instant, après leur avoir fait subir dans leur bouche une sélection qui en enlève les parties nutri- tives. Au moyen de quel appareil ce triage est-il exécuté? C'est ce que tout le monde ignore ; mais il se fait. La langue, peu mobile, peu extensible, de ces animaux, ne semble guère devoir être l'or- gane d'une opération si délicate. Serait-ce à la couche de substance molle et rougeâtre, animée de nerfs nombreux, laquelle tapisse le palais, que l'on devrait attribuer la sélection dont nous parlons, et se fait-elle au moyen de la salive que sécrète cet organe? Cuvier et Videnciennes ont cru voir, en dessus des mâchoires, une sorte de .système de secondes lèvres internes, formccs par un repli de la peau en bas et en haut. i)1-:mi-glef. 2:};j Le but de cet appareil serait de retenir les aliments et de les empêcher de ressortir : il en serait de même de l'eau avalée dans la respiration. Nous avouons liumitieniont avoir souvent cherché ces ]èvres internes et ne les avoir trouvées apparentes que dans un très-petit noudjre d'espèces. Elles ne nous semblent point un organe général et indispensalile. Probalilemenl elles répondent, pour les espèces qui les portent, ù des nécessités de nouriiture que nous ne connaissons point. Quoi qu'il en soit, ou se rend bien compte que la proie ou l'aliment saisi par 1rs dents, les lèvres ou ces lèvres internes est poussé par le moyen du palais et de la langue vers l'ouverture du piiarynx où d'autres dents, suivant les besoins et l'espèce, le saisissent, le triturent et le poussent eu arrière jusqu'à ce point où les mouvements contractiles chassent à leur tour le bol alimentaire dans l'estomac; ce trajet est d'ailleurs très-court, le cou n'existant point chez les poissons : la bou- che est eu quelque sorte l'orifice immédiat de l'estomac. DÉGORGEOIR. — L'emploi des hameçons extrêmement petits pour prendre le poisson non par les mâchoires, mais par les parties charnues de l'œsophage ou de l'estomac, nécessite l'emploi d'un petit instrument -i^ --^i appelé dégorgeoir ; c'est une petite fourche, dont la p ,^ ,„ , ,,. Fiq. "220. — Dégorgeoir. ligure 2i20 montre 1 image. Avant d'expliquer la manière de s'en servir, disons de suite qu'on peut en faire soi-même d'une manière facile et économique autant qu'on en aura besoin. Dans les vieilles montures de parapluie, qu'on achète partout pour quelques centimes, se trouvent huit branches de fer qui soutiennent les baleines et se re- plient le long du manche. Chacune de ces tiges se termine par une petite fourchette {fg. 221) qui embrasse la baleine. Or il n'est rien de plus facile, au moyen d'une lime et d'une pince dite recourboir, que de faire passer la fourchette de sa forme primitive, à celle né- cessaire indiquée à sa gauche (//(/. 221). Voici comment on opère, au moyen du dégorgeoir : quand '^' '" ' le poisson est pris, et qu'on le tient dans sa main, on lui ouvre les mâchoires d'une main, et de l'autre on suit, au moyen du fil, la marche de l'hameçon que le dégor- geoir rejoint dans les profondeurs de l'estomac. Quand l'hameçon est pris entre les deux tiges de la fourche, — ce dont on s'aperçoit très-facilement, — on saisit le fil entre les mômes doigts qui tiennent le dégorgeoir, et on enfonce le tout dans l'animal de manière à dégager l'hameçon, qui n'a à déchirer, dans ce sens, que la portion de chair comprise sous la languette du dard. On retire alors le tout avec précaution. Quelquefois on opère par un mouve- ment de torsion ; mais si l'hameçon est passé derrière un muscle, un petit os ou un ligament, on risque à le casser, et sans que ce soit une grosse perte, il est inutile de se priver d'un bon instrument et de perdre du temps et de la peine à s'en monter un nouveau. Le vrai pécheur qui possède un hameçon bon et bien monté, y tient, et il a raison, car on n'étudie généralement pas assez ce côté de l'art du pêcheur; l'hameçon est la partie capitale de la pèche : si l'écrivain ne se préoccupait pas de choisir une plume, on rirait de lui ; que faire donc de ces pécheurs qui vous disent, avec la fatuité de la bêtise, qu'ils pochent aussi bien que qui que ce soit avec le premier hameçon venu ! On coupe le manche du dégorgeoir à environ 0'",15 ou O^jlO, de façon à le faire entrer dans le portefeuille du pêcheur ou dans sa poche. DEMI-CERCLE. — (Voy. Fer A CUEVAL.) DEMI-CLEF. — A chaque instant le pêcheur a besoin d'attacher un objet au bout d'une corde, mais dans des conditions particulières. Il faut que le nœud fait ne puisse s'échapper seul et qu'il se dénoue facilement, vite et sans risquer d'em- 234 DEMONTE. Fig. 222. — Demi- clef vue par devant. mêler la ligne. Ce nœud s'appelle une chmi-def {firj.'l'll). Rien de plus facile que de le faire. Supposons que l'on ail fait passer, dans tous les anneaux de la canne, le fil de soie venant du moulinet; le voilà qui sort après le dernier anneau du scion, il s'agit d'attacher une avancée au bout de cette ligne F. Or, l'avancée portera une boucle A {firj. 22i). On passe la ligne FB dans celte boucle A, puis on fait avec le petit bout B et l'autre un simple nœud, en ayant soin de prendre dans le nœud l'extré- mité de la ligne B, de façon à former une boucle {fig. 222). Cette boucle n'est pas fixée, et cependant elle est très-utile, car si un obstacle, une branche, passe dans la boucle et exerce une traction sur elle, celle-ci se dépasse, et le nœud reste serré mais non dénoué, tandis qu'il n'y a que la volonté et les doigts du pêcheur qui peuvent tirer sur le petit bout B de la boucle, pour dénouer la demi-clef, quand il en sera besoin, et cela immédiatement, et sans aucun dérangement de la ligne. La figure 223 montre la forme d'une demi-clef A faite au moyen d'une soie roide, Fig. 223. — Demi clef avec OU d'unC COrdc filéC, CtC. soie roide. ,\ y , a, . • h i i (Juand on veut être certain il un nœud encore plus so- lide, on fait une clef entière, c'est-à-dire qu'on passe deux fois {fig. 224) dans la boucle de l'avancée A, le bout de la ligne B, avant de faire le nœud C. Mais celui-ci ne se dénoue pas comme l'autre, simplement en tirant, il faut dépasser le fil après le nœud dénoué. L'usage de la demi-clef est continuel pour le pêcheur. DEMI-ENCEINTE. — La demi-enceinte ou crochet d'un haut parc n'excède jamais le tiers de sa longueur totale : l(jO 3 = 53"', 33. (Yoy. Haut parc.) DEMI-FOLLE. — Filet qui ne diffère des folles que parce qu'il a moins d'étendue, et que les mailles sont moins serrées. Les jets de Picardie, les brettes et les picots de Normandie, etc., sont des Demi-Folles. Ils servent à prendre les Carrelets, les Soles et souvent les Chiens de mer. La maille de ce filet a au moins (1^'' et 2'' arrondissements) 0™,067. Les picots (3* arrondissement) ont 0'",020. DEMI-RIEUX. — /'e^Z/e Cibaudière. (Voy. ce mot.) DEMOISELLE. — Nom de la Haie blanche à Granville. (Yoy. Raies, § 11.) DÉMONTÉ. — On dit qu'un pécheur est démonté, alors qu'ayant pris un fort poisson, la défense de celui-ci brise l'hameçon ou casse l'avancée, la ligne ou le scion. Auquel cas le pêcheur perd sa proie et une partie de sa monture. On est souvent démonté, parce que les hameçons s'échappent de leur empilage : cette cause d'insuccès n'arrive jamais ou presque jamais au pêcheur soigneux et surtout à celui qui empile lui-même ses hameçons. Le malheur d'être démonté doit être conjuré par le sang-froid et l'adresse. Il est certain que personne au monde ne peut être certain d'avance que l'hameçon ne cassera pas, ou s'il est mal trempé, ne laissera pas ouvrir son crochet sous la pres- sion d'un poids considérable ; mais presque toujours la précipitation et la brusque- rie du pêcheur sont la cause de cet accident, doublement désagréable, puisqu'il n'arrive qu'après la capture d'un beau poisson. Fig. 22 i. — Clef entière vue par devant. DENTS. 23o rieurc du Spare dore. DENTE Sparus dentex, Lia.). — Acaiithopt. sparoid. Long. max. = 1 mctre. = 10 kilog. Syn. : Z(i/tn ùrassen, ail. — Deittrice, ital. Corps rouge, nuancé de bleuâtre sur le dos, avec quelques taches noires ; côtés plus pâles et virant au jaune ; ventre blanc, tcte obtuse, yeux petits à iris jaunes. La ligne latérale suit la courbe du dos. Toutes les nageoires sont brun-rouge pâle. D= 11 + 11. P=14. V=l + 5. A=3 + 7. C = 17. Dents coniques en un seul rang sur les côtés et le devant des mâchoires ; antérieures en grands crochets, 4 canines à chaque mâchoire. l'réopercule non dentelé; opercule terminé par une pointe plate et un feston. l-'raye au mois de mars près des côtes, déposant ses œufs dans les creux et fentes des rochers, mais ne paraît pas se multiplier beaucoup, car on en prend très-rarement de petits parmi les pierres et aux embouchures des grandes rivières. DENTÉ. — Ce poisson se prend dans la Méditerranée aux filets d'entre- maille; il n'est pas commun. On ne le prend qu'en pleine fz5'.22d.— Mâchoiiesupé- mer; il ne s'approche pas du rivage, excepté au prin- temps, quand il vient frayer. Il donne la chasse à tous les autres poissons indifféremment plus petits que lui, et il est difficile de trouver un animal plus vorace et mieux doué, sous le rapport des formidables dents utiles pour atteindre sa proie. Cette voracité est telle que quand il est pris dans un filet, il déchire et met à mort tous les autres poissons qu'il peut saisir autour de lui. Nageur très-rapide, il a toutes les qualités requises pour trouver une énorme quantité de nourriture : aussi par- vient-il à une taille considérable. DENTS. — Les dents du poisson peuvent être rangées en trois grandes di- visions, selon leur forme : 1° molaires (fig. 231), qui sont plates et destinées à broyer ou à concasser des corps durs ; 2° incisives {fig. 225, 226, 227), qui ont une parlie saillante, coupante, pour trancher et diviser; 3° laniaires (fig. 228, 229), qui sont allon- gées, pointues, souvent recourbées en arrière et destinées à accrocher, retenir, déchirer la proie atteinte par le poisson. Celte der nière forme de dents est de beau ifea&a(S^^S^"^ ^ *-'-' coup la plus commune. 11 peut y avoir des dents implanlées sur tous les os qui soutiennent la cavité buccale : à l'intermaxillaire, au maxillaire, à la mâchoire inférieure, au vo- mer, aux palatins, aux arceaux des branchies fig. 230) et jusque sur les os situés en arrière de ces arceaux tenant, comme eux, à l'os hyoïde et nommés os pharijngiem. (Voy. Dents pharvx- GIKNNES.) La langue elle-même porte quelquefois des dents. En -^ _=hii^ --^~m^i général, toutes les dents des poissons sont revêtues d'un émail 'Z^-^,.^^^-J très-épais. Leurs racines ont toutes une forme analogue [fig. 22!)). Dans les laniaires, on remarque une suite de cônes ^,,- .,.,y _ Lanjaiies de Truite, emboîtés les uns dans les autres, et de plus, ces dents sont destinées à être remplacées si elles sont enlevées, parce que la nature n'a pas voulu qu'un être Fig ±±~. — Mâchoires iufi5rieure et supérieure du Spare doré [Sparus nuratus). Vues de coté pour mon- trer la disposition des incisives, des molaires et leui's grandeurs. Fig. 22G. — Mâchoire inférieure du Spare ïioré[Spaius auratus). Molaires et incisives. Fig. 22S. — Laniaires. .Mâcliuiie iiifuricure de Truite bécarde. ^30 DENTS. Fig. 230. — Dents aux arceaux des blanchies. restât désarmé ; aussi le cône intérieur contient-il dans sa cavité la dent en germe qui doit, au besoin, remplacer l'autre. Le mode d'attache des dents diffère en beaucoup de cas ; les unes sont retenues immoljiles dans les alvéoles osseux ou au moins tendineux ; telles sont les laniaires des salmones sur les os maxillaires inférieurs. Les autres sont mainte- nues par leurs racines dans des capsules mem- braneuses qui permettent le mouvement de bascule autour de la base pour les relever ou les abaisser au besoin. Le remplacement des dents parait se l'aire chez les poissons dent à dent, sans époque fixe, comme les feuilles des essences résineu- ses. La dent nouvelle naît soit sous l'ancienne, soit à côté, quelquefois en arrière, d'autres fois en avant. Tout cela dépend de la forme de la dent à remplacer. Nous parlerons ci-après des curieuses dents pharyngiennes des Cyprinoïdes, reculées absolument à la porte de l'estomac, lesquelles forment un véritable appareil de mouture chez la Carpe, et des crocs pour le rapt et la rétention de la victime chez les autres. Dans !a plupart des pois- sons cartilagineux, les dents cou- vrent les mâchoires cartilagineu- ses en entier ou à demi, elles sont par rangs, et un rang pos- térieur vient toujours se mettre en place, à mesure que celui de devant se trouve usé. Il faut bien le dire, les dents des poissons varient plus comme forme et connne situa- tion, que celles de toutes les autres classes d'animaux. Elles sont prismatiques chez quelques Silures; chez les Squales, elles sont en forme de lancette à bords coupants, unis ou en scie, quel- ques-unes ont des lobes décou- pés en fleurs de lys. Chez d'au- tres, les dents sont en crochets aigus, recourbées en arrière et sur plusieurs rangs. La forme de dents la plus commune chez les poissons os- seux, est celle d'un cône allongé; quelquefois ce cône devient aciculuùe, tant il est fin ; un peu plus gros, on nomme la dent subulée. Lorsque les dents sont fines comme des cheveux, min- ces et serrées les unes contre les autres, on les appelle dents en velours ou en duvet {fig. 232); plus longues et encore douces, dents ciliées ; plus longues et plus roides, séliformes ou en bî'osse. Dès qu'elles arrivent à être plus dures et un peu courbées, elles deviennent des detits en carde (fig. 2.33), et quand elles sont encore plus grosses, on les nomme dmts en râpe ou railuliformes. DENTS EN CARDE. — (Voy. Dents.) DENTS EN VELOIJRS. — (Voy. Df.nts ] DENTS PHARYKGIENNES. — S'il est une curieuse organisation, sous le rapport des dents, c'est bien celle des Cyprins pour l'eau douce, Fig. 231. — Demi-mâchoires infi-iieure et Fi(j. 232. — Mâchoires supé- supérieure droites du Pagne vulgaire (Pa- rieure et infrieure de la Per- gnus vulyaris, Vol.) montrant des molai- che commune, garnies de ran- res et des dents en cône allongé. Vue en gées de dents en velours, dedans. Fig. 233. — Demi-mâchoire inférieure droite duSargue (G/ose/ie), comprenant des dents en carde, des incisives et des molaires. DENTS. 237 des labres et des Pleuronectes, pour l'eau salée. Dépourvus de dents aux mâchoires, les Cyprins portent, à l'entrée du pharynx, — ou conduit qui dirige les aliments dans l'estomac, — un appareil de;itaire tout particulier. Composé de deux séries de dents pointues adhérentes aux os pharyngiens inférieurs, cet appa- reil entoure le conduit comme un demi-collier dont les dents engrènent les unes dans les autres et augmentent leur action par opposition à des plaques de substance dentaire ou d'émail très-dur Fig. 234. — Ujiits pharyn- Fig. 235. — Dents pharyii- Fig. 236.— Dents phai-\n- Fig. 237. — Dents pharyn- giennes de la Carpe. Vues giennes de la Carpe. Vu 'S 'giennes de la Tanche. giennes de la Tanche, eu dessous. (Ruminant.) en dessus. (Molaires ru- (Molaire.i.) Molaires simpl.'s. (Vues minantes ) de côté.) enchcàssées en haut du gosier, dans une dilatation de l'os basilaire, Quadrangulaire chez la Carpe, cet os, cette dent supérieure, s'appelle vulgairement pierre de Carpe. L'inspection des dents pharyngiennes de nos Cyprins, démontre clairement que ces animaux ne sont ni phytophages, ni granivores comme on l'a prétendu. Exceptons-en, tout d'abord, les Carpes {fiy. 23i et 235) et les Tanches {fig. 23(i et 237) sur l'organisatien desquelles nous allons revenir tout Fig. 238. — Denis pharyngiennes de la Brème commune. (Vues en dessus.) -^^^ Fig. 239. — Deuts pharyngiennes de la Brème commune. (Vues par derrière.) Fig. 240. — Dents pharyngiennes de la Brème - rosse. Côtés inférieur et supérieur. Fig. 241. — Dents pharyngiennes du Chevesne coramim. (Vues en dessus.) Fig. 242 — Dents pha- ryngiennes du Che- vesne commun. (Vues en dessous.) à l'heure. Les dents pharyngiennes des Brèmes {fiij. 238,239, 1W), Chevesnes [fig. 241 et 242), Gardons {fig. 243, 244, 245), Chondrostomes(/?y. 246 et 247), Ablettes, etc., sont incapables de broyer une graine. Leur forme profondément digitée, le contournement de leurs pointes, renchevêtrement Fig. 243. — Dents pharyngiennes du Rotengle ou Gardou rouge. Côtés inférieur et supérieur. Fî^. 244. — Dents pha- ryngiennes du Gar- dou pâle [Leuciscus pa//e«s.)Vuesendes- Fig. 21o. — Dentspha- Ft.(/. 246.— Dents pha- FîV/. 2i7.— Dents pha ryngicunes du Gar- ryngiennes du Chon- ryngiennes du Chon don pâle ( Leucis- cus palhns. )\\ies en dessous. drostome de Drcme. (Vues en dessus.) drostome de Drènie. (Vues en dessous.) de chaque digitation au milieu de deux autres, tout indique un appareil propre à déchirer et non une meule à broyer. Quelle doit donc être la nourriture des Cyprins? Nous la connaissons, et la nature elle-même 238 DENTS. nous la révélerait en nous montrant les appareils qui doivent la fractionner. Les dents pharyngiennes, ainsi faites {fi(j. 240), doivent découper des insectes et des vers, briser, hacher les téguments ré- sistants et cornés des premiers, lacérer la chair filante des seconds. Au besoin, ces herses entremêlées peuvent hacher un petit poisson au passage, écraser un œuf, mais nous les croyons absolument incapables de broyer un grain de blé ou d'avoine. Aussi, pour faire avaler ces graines au Gardon, — le Cyprin muni des plus fortes dents pha- ryngiennes, solides, énormes, dentelées en arrière, toute proportion gardée avec le corps de l'indi- vidu, deux fois plus grosses que celles du Chevesne, quatre fois plus que celles delà Brème, — pour les lui faire avaler, disais-je, tous les pécheurs à la ligne savent qu'il faut les faire bouillir longtemps ou les laisser macérer dans l'eau jusqu'à ce que la pulpe, crevant l'enveloppe, devienne une pâte tendre et malléable. Nous avons dit plus haut qu'il convient de mettre à part les Carpes et les Tanches {fig, 234 à 237) : en effet, les dents pharyngiennes de ces Cyprins indiquent un mode d'alimentation tout différent des autres. Fortes, trapues, bien émaillées, tronquées obliquement en meules, ces deiits rappellent plutôt les molaires du ruminant que les laniaircs des carnassiers. Je ne serais point étonné que leur action oblique, leur frottement successif sur l'enclume du palais dont nous avons dit un mot, permit à l'animal de broyer des tiges et des graines. Quoi qu'il en soit, l'organe en lui-même est tellement fort {fig.lZh) que, si la Carpe mange des végé- taux, ce peuvent être non-seulement les sommités tendres et vertes des jeunes pousses du printemps, les bourgeons gonflés de sucs des premières pousses, mais les tiges peu ou point décomposées que, toute l'année, le lit de ces eaux peut lui fournir en abondance. Cependant, pasplus quele Gardon après le blé la Carpe, à bouche plus grande, ne se jette sur les fèves dures qu'on lui offre. Elle les aime beaucoup, mais elle attendra que l'eau les ait assez amollies pour qu'elles puissent passer l'isthme de ses pharyngiens et recevoir la mouture grossière qui permettra à l'action digestive de l'estomac de s'exécuter. Il est certain, cependant, que l'appareil masticatoire pharyngien a, chez ce poisson, une puissance énorme. La Carpe attend malgré ceîa; mais il me semble hors de doute, qu'elle broie- rait immédiatement les graines farineuses même dures qu'elle rencontre, — disons même qu'elle recherche, — si elle le voulait. lly a mieux encore à observer en cette curieuse matière : c'est que, plus l'animal est insecti- vore c'est-à-dire poisson de surface, plus ses dents pharyngiennes s'affilent et deviennent grêles et enchevêtrées en un ou deux rangs inégaux. Du Gardon, le moins insectivore des Cyprins, jusqu'à l'Ablette qui passe sa vie à poursuivre les bestioles ailées, en passant par le Rotengle, le Chevesne, la Vandoise et le Chondrostome, nous voyons cette remarque se vérifier. Et de môme, à mesure que du Gardon, der- nier insectivore, nous remontons vers la mère Carpe, nous constatons l'épais- Fig. 248. — Dents gissement des laniaires en molaires ruminantes. La Brème seule (fig. 238 et 239) fait hiatus : avec ses dents pharyngiennes menues et grêles, on la croirait in- sectivore au plus haut degré, tandis qu'elle fréquente peu la surface. Cepen- dant la nature n'a rien fait d'inutile. Cet organisme n'a point été créé en vain. La Drême, rôdant entre deux eaux, a sa raison d'être, sou rôle à jouer dans le grand équilibre des eaux. N'est-elle pas peut-être le pourchasseur des in- sectes aquatiques? N'est-ce point autour des herbes, où elle rôde avec persévérance toute la jour- née, qu'elle trouve sa nourriture? Son grand amour pour le Po?-/e/a!',r (larve de la P/injgane), ne nous donne-t-il pas la clef du mystère, en nous révélant un insecti- vore des êtres de l'eau, tandis que l'Ablette, le Chevesne et le Dard vivent des insectes de l'air? Il doit y avoir quelque chose comme cela ! Les dents pharyn- giennes commandent. Que nos lecteurs n'aillent point prendre la question de l'ali- mentation normale au pied de la lettre et comme un fait exclusif. Fig. 249. — Ueiits pahryngieiincs Non. Les poissons ramassent ce qu'ils trouvent et leur appétit pré- inférieures «le la Vieille rouge sente une grande élasticité. Malgré cela, leur mode de natation, (Labrus olinventris) Les deux leur lieu d'habitat Ordinaire, les mettent incontestablement à même mâchoires sont soudées en une , . ,.,.,.., , , . , « seule. de rencontrer une nourriture difierente les uns des autres, et c est en cela qu'ils obéissent à leur nature et remplissent les conditions de leur organisme. Le Chevesne qui rôde à la surface, qui y gobe les hannetons étourdis, les saute- relles à bout de forces, les grillons épuisés, ou les papillons défaillants, ne trouve évidemment pas la même provende que la Brème paisible qui, réunie au troupeau discipliné de ses compagnes, tourne pharyngiennes supé- rieures de la Vieille rouge (Lnbrus athi- ventrù). Les deux mâ- choires, triangulaires, ne sont pas soudées. DEVRILLER, 2ay Fig. 2o0. — Dents pharyniaennes inférieures de la Plie [Pieu- ronéotes platessa) . Les deux mâ- choires trianeulaires sont soudées. et retourne, à mi-hauteur, autour d'un fort de roseaux, semblable à un factionnaire arpentant bi circonférence de sa guérite. Ce n'est pas dans ce milieu qu'elle liappera les hannetons et le reste. Maître Goulu qui habite au-dessus, ne les laisse pas descendre jusqu'à elle. Il faut donc qu'elle se nourrisse où elle demeure, et qu'elle y trouve les larves et les in- sectes aquatiques en abondance. Son appareil pharyngien lui en fait une loi. Les dents pharyngiennes des Labres Ifig. 248 et 249) n'avaient plus le même objet que celles des Cyprins ; aussi leur forme est-elle dilférente. Les Labres ont les mâchoires garnies de dents nombreu- ses, pointues et bien préhensile'? ; qne leur fallait-il? Des molaires pour broyer les aliments et les rendre plus facilement assimilables, plus rapidement perméables aux sucs gastriques. La nature a donc muni les os pharyngiens de ces poissons de dents rondes sortant verticalement en quinconce de la face de l'os. A mesure que les an- térieures s'usent à broyer les coquillages et les crustacés, elles sont remplacées par de nouvelles qui sortent en arrière. Ils ont 3 dents, une en bas, en béquille (fig. 249), et deux en haut, en plaques triangulaires {fig. 248). 11 en est de même de celles des P/euronectes platessiens [fig. 250,251); ceux-ci ont les mâchoires munies de dents tranchantes, bien saillantes, par conséquent préhensiles: quelles devaient donc être les pharyngiennes? Molaires, pour broyer la tête des mollusques ou crustacés saisis sur les fonds où habitent les Plies, (-'est ce que la nature n'a pas manqué de faire. Les os pharyngiens des Plies sont garnis de molaires. Us en présentent, non-seulement en bas (fig. 2,50), mais en haut (fig. 25)), deux mâchoires à chaque endroit, quatre en tout. Chaque appareil d'en haut est fourni de quatre rangées de dents obliques (fig. 251), 5 à 8 à chaque rang. Ces dents sont en pavés carrés, à centre un peu dé- primé en cupule irrégulière, transparentes comme des perles et semblent vitrifiées en émail pur. Les mâchoires inférieures pharyngiennes, elles (fig. 250), présentent chez ces poissons chacune un triangle très-ouvert dans son angle interne, tout bordé de dents semblables à celles du haut, le centre du triangle demeurant vide. Il y a de chaque côté 18 dents, dont les 4 intérieures, formant un coté du trian- gle, sont plus grosses et comme à tranchants émoussés. DENTILLAC et DENTILLADE. — Nom du Denté dans Denté.) DENTON, — Appellation languedocienne du Denté. (Voy. ce mot.) DÉVRILLER LA SOIE D'UNE LIGNE. — Que la ligne dont on veut se servir soit en soie ou en lin, il est toujours nécessaire de la dévriller ; si l'on s'en sert au naturel, cette opération est indispensable ; si l'on doit les huiler, elle est encore utile. Pour dcvriller une ligne, il faut la mettre dans l'eau et la faire glisser forte- ment et à plusieurs reprises entre les doigts mouillés. En suivant ainsi la corde d'un bout à l'autre, on la voit tourner sur elle-même ; tant qu'elle obéit, il faut la tremper dans l'eau et la repasser dans les mains. Quand elle ne tourne plus, elle ne se vrille plus, elle est détordue infailliblement, et lorsqu'elle sera sèche, on verra que les torons des brins composants sont beaucoup plus écartés. L'hélice formée par les brins aura son pas beaucoup plus allongé. On fera un nœud ou une ligature à chaque extrémité, et la ligne sera prête pour l'usage. Ce traitement doit être étendu h. toutes les lignes, quelles qu'elles soient, de fond, de jeux, de cannes, pourvu qu'elles séjournent dans l'eau. Le commerce fait des cordes non tordues, soi-disant pour la pêche et pour éviter le soin du dévril- lement ; mais ces cordes ont toujours à subir l'effet de retrait de l'eau sur les fibres du lin ou du chanvre qui les compose, elles se vrillent encore : si on les Fig. 251. — Dents pharyngiennes supé- rieures de la Plie (Pleuronecles pla- tessa). L'ne des mâ- choires supérieures : elles ne sont pas soudées. e Midi. (Voyez 240 DIGESTION. dôvrille, elles ne restent plus assez tordues quand elles sont sèches et perdent ainsi une partie de leur force. Il vaut beaucoup mieux se servir de cordonnet ou de fil de fouet bien retors et le dévriller à l'eau avec soin; on le retrouve, après cela, dans d'excellentes condi- tions de force et de torsion. DIABLE. — On donne souvent ce nom au petit instrument décrit au mot Tue- Diable et qui sert à prendre les Truites, les Saumons et même les Chevesnes et les Perches dans les grands bouillons d'eau des cascades et des moulins. DIABLE DE MER. (Voy. Bois DE Roc.) — Nom de la Baudroie sur quelques côtes, et aussi de la petite Scorpène. (Voy. ce mot.) DIANA. — (Voy. ASTKODESMt:.) DIDAUX. — Synonyme de Guideau à hauts étaliers. (Voy. Guiueaij.) DIGESTION. — Le régime des poissons est généralement Carnivore ; leur proie consiste en (les individus de leur classe, insectes, reptiles, œufs et frai; quelques-uns recherchent les résidus animaux. Les espèces phytophages sont celles dont la houche est quelquefois dépourvue de dents extérieures, ou n'en a que d'une forme toute particulière. La digestion s'opère comme chez la plupart des mammifères, dans un estomac unique; ce- pendant il n'y a pas de glandes salivaires. Deux orifices donnent passage, l'un aux excréments, l'autre aux organes reproducteurs et à la sécrétion uriiiaire, dont l'appareil est pourvu d'une vessie X (fig. 252). Ainsi donc la proie engloutie et retenue par les laniaires franchit le gosier extensible, souvent lui-même armé de petites dents crochues D et se trouve introduite dans le canal intestinal qui com- mence là pour finir à l'anus. Ce canal s'élargit et reçoit le nom (ïestomac. Ce viscère est placé dans le sens de l'axe du poisson, et est variable en grandeur, en épaisseur, en nombre de plis, souvent même divisé en deux parties par un étranglement assez marqué. Chez quelques poissons même l'eslomac est musculeux, mais chez la plupart il est simplement membraneux. Entre l'estomac et l'intestin proprement dit, on trouve, chezla plupart des poissons, des appendices Fig. 2o-2. — Coupe, en long, d'une carpe commune. — D, dents ptiaryngiennes. — I, intestin ^'lèle. — C, foie. — C, gros intestin. — F, ?', reins. — X, vessie urinaire. ou tuyaux membraneux, cylindriques, creux, ouverts seulement sur le canal intestinal, et rappelant les cœcumdes mammifères. On compte de 1 à 100 de ces appendices suivant les espèces. L'intestin proprement dit I, I', C prend alors diverses formes; tantôtil s'étend en ligne droite jusqu'à l'anus, surtout dans les poissons à corps très-allongé, tantôt il revient vers l'estomac et se replie vers l'anus, c'est le plus grand nombre : tantôt enfin, il fait plusieurs circonvolutions, et, déployé, est plus loHg que le corps entier de l'animal. La digestion s'exécute chez les poissons sans production de chaleur. Il faut donc à ces animaux une DIMENSIONS LÉGALES. 241 Fig. 253. — Disposi- tion des organes internes d'un Squale mâle (Poissons car- tilagineux). aljotidaiice très-grande d'un suc digestif en même temps puissant; aussi possèdent-ils une rate di' couleur foncée, triangulaire ou allongée, une poclie de fiel très-grande, et un foie c Irès-volumineux aussi long que l'abdomen et divisé en deux ou trois lobes. Plus le tube intestinal est court, plus les sucs digestifs doivent présenter de puissance ; d'autant encore, que beaucoup de poissons dépourvus de dents, avalent leur proie entière sans la déchirer, ni la concasser. Nombre de poissons de proie, comme le Brochet, ont, de plus, la faculté de rejeter facilement par la gueule les parties non digérées des animaux en- gloutis. Le suc nourricier, le chyle, est absorbé au travers des pores dont sont cri- blées les membranes de l'intestin. Ces vaisseaux lymphatiques sont répandus dans tout le corps de l'animal et reliés par des glandes oi'i les liquides s'élabo- rent. Tous ces phénomènes sont semblables à ceux qui s'accomplissent dans les autres animaux vertébrés à sang rouge d'un ordre plus élevé. Nous avons représenté ici {fig. 253) l'anatomie d'un Squale mâle dont la cavité abdominale est ouverte de manière à laisser voir les divers organes ser- vant à la digestion, à la respiration et à la circulation du sang. a, cœur; — 6, l'un des lobes du foie; celui de l'autre côté a été enlevé pour ne pascompliquerla figure; — c, œsophage; —c?, portion supérieurede l'es- tomac ; — e, portion pylorique de l'estomac ; — /, dilatation entre l'estomac et le duodénum; — g, duodénum et pancréas; — li, intestin à valvules; — i, ap- pendice creux de l'intestin; — k, rate, remarquable par sa dimension, de même que le foie h ; i, cloaque; — q, rein; — r, fentes conduisant dans la cavité abdominale, DIGON OU ANGON. — Petit instrument de fer servant dans la pêche à pied. (Yoy. Pied.) DIGUYEAUX. — Grands filets en forme de manche que l'on établit entre les arches des ponts, et qui sont terminés par ime nasse oii se rend le poisson. DIMANCHE (PÊCHE Du). — L'ordonnance du 13 septembre 1830 confiait aux préfets (art. o), dans chaque département, le soin de déterminer, — sur l'avis du con- seil général et après avoir consulté les agents forestiers en ce temps-là chargés de la police de la pêche et des eaux ; maintenant c'est aux ponts et chaussées qu'im- combe cette tâche — de déterminer, dis-je, les temps, saisons et heures pendant lesquels la pèche pouvait être interdite dans les rivières et les cours d'eau. Il est résulté de cette disposition que chaque département a cru pouvoir se faire une loi spéciale, et que, de ce concert de dispositions contradictoires, absurdes, est née une indécision que la nouvelle loi s'efforce de faire cesser. (Voy. Législation.) Dans certains départements, par exemple, plus rigides, plus austères ou plus puritains que d'autres, la pêche était interdite le Dimanche ; quoique cette dispo- sition ne fût qu'une réminiscence de la célèbre ordonnance de 1669, elle n'en était pas moins une entrave et un anachronisme analogue à celui dont nos voisins les Anglais se plaisent à émailler leur vie. Pour ceux — et ils sont nombreux — qui font de la pêche et de la chasse une récréation hygiénique et non un métier, pau- vres gens de labeur intellectuel qui souvent n'ont que ce jour de répit et de liberté, créer une semblable tyrannie, c'est se rendre coupable gratuitement d'inhumanité. Espérons que les nouveaux règlements, encours d'exécution el complétant le texte et les dispositions de la loi du 31 mai 186o, ne retomberont pas dans une régle- mentation — aussi fantaisiste el aussi arbitraire — de la liberté naturelle, et la plus innocente. DIMENSIONS LÉGALES DES POISSONS PRIS A LA PÈCHE. — Kau douce- — (Art. 26 de la loi de 1820.) Des ordonnances royales détermineront : 1° Les temps, saisons et hetires pendant lesquels la pèche sera interdite dans les rivières et cours d'eau quelconques; 16 242 DIMENSIONS LÉGALES. 2° Les procédés et modes de pêche qui, étant de nature à nuire au repeuple- ment des rivières, devront être prohibés ; 3° Les filets, engins et instruments de pêche qui seront défendus comme étant aussi de nature à nuire au repeuplement des rivières ; 4° Les dimensions de ceux dont l'usage sera permis dans les divers départe- ments pour la pêche des différentes espèces de poissons; 5° Les dimensions au-dessous des(]uelles les poissons de certaines espèces qui seront désignées, ne pourront être péchés et devront être rejetés en rivière ; 6° Les espèces de poisson avec lesquels il sera défendu d'appâter les hame- çons, nasses, filets ou autres engins. Par suite, donc, de cette délégation, les règlements départementaux ont statué sur les prescriptions des paragraphes 3 et 6 ci-dessus. Ils ont décidé que, ne pou- vant servir à appâter les hameçons, nasses, filets et autres engins, devront être rejetés en rivière, les poissons au-dessous des dimensions suivantes : Truites Ombres Lamprillons. Barbeaux ^ ayant moins de C», 162. Brème. . . ) i Carpe. . .. Brochets / ^Longueur mesurée entre l'œil et la naissance delà Chevesnes! '.'.'.. ^ ( nageoire caudale. Tanches 1 PcrcliGS f / ^ , > avant moins de On\l35. / Gardons laissés en dehors, et pouvant servir en tout temps et de toute grandeur. Lottes Vandoises .. Anguilles I ayant moins de 0"\027 de tour au milieu du corps. Goujons j Ablettes .... Vairons Ëpinoches ' Le pêcheur à la ligne fera donc bien de ne pas garder dans son panier des poissons au-dessous des dimensions légales, car si le garde-pêche réclame l'ouverture du panier ou du filet — démarche à laquelle l'art. 32 de la loi sur la pêche ne per- met pas de se soustraire, — il pourra verbaliser en présence de deux ou trois petits poissons qui ne valent pas la peine que le pêcheur se mette dans cet embarras. Cette restriction n'a lieu que pour les cours d'eau soumis au régime des eaux et forêts, car dans les petites rivières où les rives appartiennent aux propriétaires, le pêcheur peut faire ce qu'il veut sans jamais craindre les visites désagréables des agents de l'autorité, venant en trouble-fête briser sa contemplation de la nature et détruire ses doux rêves de réussite et de capture merveilleuse. Quanta moi, la vue — même à 1 kilomètre — d'unképy vert et jaune m'empêche de jouir de toutes mes facultés et rend les plus attrayantes occupations un ennui réel, car cette épée de Damoclès suspendue à chaque instant sur votre panier, suffit et au delà à vous dégoûter de jamais aller chercher noise aux poissons, trop heureux en vérité d'être si vaillamment el, souvent, si intelligemment déicndns. Eau de mer {Pèche côtibre). — (Art. H. Décret du 10 mai 1862.) Il est défendu de pêcher, de faire pêcher, de saler, d'acheter, de vendre, de transporter et d'em- ployer à un usage quelconque : 1° Les poissons qui ne sont pas encore parvenus à la longueur de 0'",10, DOBULE. 243 mesurée de l'œil à la naissance de la queue, à moins qu'ils ne soient réputés pois- sons de passage ou qu'ils n'appartiennent à une espère qui, à l'âge adulte, reste au-dessous de celte dimension ; 2° Les Homards et les Langoustes au-dessous de 0"",20, de l'œil h la naissance de la queue. Il n'est pas sans intérêt de retourner un peu en arrière et de mettre sous les yeux du lecleiu' les dispositions réglementaires qui ont précédé, sur ce sujet, la loi actuelle. Le décret du 4 juillet 1853 divisait les poissons de la manière suivante, dans les quatre premiers arrondissements maritimes. Poissons ronds. Colin Alose Feinte Saumon Esturgeon Morue Har Mulet Lieu Dorade Merlan. Grondin Rouget .. Maquereau Truite saumonée. Vive Vieille Brème Gades '\ Éperlans O'^X' Om,lC 0«',12 0m,09 Poissons plats. 0",'?(l on»,!!) Poissons longs. Anguilles . Congres | O",?: Lingues ) Homards. . . Crustacés \ Langoustes. Clievrettes. 0»,20 0"',30 0",lo Dans le o*" (Toulon), le décret du 19 novembre 1859, défend seulement la prise des poissons qui ne sont pas encore parvenus à la longueur de O^jlS Anguilles O'",2o Murènes . . . Congres . . . Homards. . . Langoustes . Chevrettes 0°',03 DISCOBOLES. — 3™e Famille de Malacoptérygiens subrachiens. 3^ ordre des poissons os- seux. File n'olïre aucun intérêt. Comprend 3 genres : 1° Porte-écuelle. — 2° Cycloptère. — Z° Èchmeh. DOBULA CYPRINUS.— (Voy. Able dobule.) DOBULE (Cyprinus dobula, Lin.). — Malacopt. abd. Cyprin. Syn. ; Schott fisck, Strasbourg.— Dôie/ hilseling, allem.— Herling, Danem. — Golow/, Goloicen, russ. — Barlas, Tart. D'après les recherches de Blanchard, dans ses Poissons des eaux douces de lu France, le Dobule n'existerait pas, car il n'en parle nulle part. En un seul endroit, il cite en note le Squalius Dobula de Heckel et Kner comme synonyme du Chevesne commun. Ce silence ne nous semble pas suffisant pour effacer cette espèce à laquelle Cuvier, Valenciennes et les naturalistes que nous venons de nommer, avaient reconnu une certaine certitude, puisqu'ils en ont consacré le nom typique Dobula à un Squalnif. La comparaison de nombreux échantillons des différents points de la France nous a forcé de constater que les caractères appliqués au Cyprinus jesses, au Cyprinus Dobula, et même au Cyprinus iilusse rapportent en partie au poisson que nous nommons Chevesne, mais non tout à fait. Ciiaque naturaliste diffère. Est-ce une question d'âge du poisson qui a fait varier ainsi les ap- 244 DONZELLE. préciatioiis ? Est-ce une question de saison, de lieu, d'eau ?... Ce point est bien difficile à élu- cider. D'autant que, sans vouloir donner aux caractères tirés des dents pharyngiennes plus de valeur qu'ils n'en ont, la constatation de ces organes manque souvent chez les anciens classificateurs. Enfin, chez les Chevesnes, ces organes sont moins tranchés des genres difl'érents qu'il ne serait désirable. Toutes ces considérations nous engagent à laisser subsister l'espèce Dobule jusqu'à nouvel ordre. Chez celle-ci, comme chez le C. Jesse, les dents pharyngiennes sont sur deux rangs ; mais chez le Jesse il y en a 4 qui forment le rang externe ou inférieur et 3 en dessus, tandis que chez le Dobule, il y en a 5 en dessous et i en dessus. Celles du Jesse ont la pointe crochue, celles du Dobule sont coniques et courbées : quelle difi'érence y a-t-il? D'après Cuvier et Valenciennes, — qui se sont, bien avant nous, eiïorcés de débrouiller cette synonymie, laquelle tend derechef à se compliquer, — le Dobule aurait les mêmes rayons aux na- geoires que le Jesse ; mais 1 1 au lieu de H, c'est-à-dire 3 de moins, à l'anole. Dos verdâtre et côtés gris argenté; ventre blanc d'argent, ligne latérale formée de 45 points jaunes. Écailles de grandeur ordinaire, bordées de points noirs, ou d'une ligne verdâtre, formant comme des mailles en échiquier. Pendant lajeunesse toutes les nageoires sont blanches; ensuite les pectorales jaunes ontde 15-IG rayons, la dorsale verdâtre 10, l'anale 11, les ventrales rouges 9, la caudale bleuâtre 22 rayons i|uelquefois noirâtres. Deux sinuosités au canal intestinal, 40 vertèbres à la colonne vertébrale. 15 côtes de chaque côté. Cuvier dit 18. Poids de 1 à 2 kilogrammes; habite les eaux vives et claires qu'il recherche et les fonds de marne ou de sable. Passe souvent l'hiver au fond des grands lacs, et remonte au printemps les ri- vières (voy. Temps de frai), mais craint la grande chaleur, et perd la vie presque aussitôt qu'on le sort de l'eau. Chair saine mais remplie d'arêtes. L'Able dobule, surtout dans sa jeunesse, ressemble à la Vandoise à s'y méprendre, seulement sa ligne latérale est plus droite que celle de la Vandoise. La Vandoise a les pectorales pointues, le Dobule rondes : l'appendice pointu de l'angle supé- rieur de la dorsale est plus long et plus saillant sur la Vandoise que chez le Dobule. Nous laissons de côté la couleur générale plus sombre des Dobules, parce que ce caractère, pendant lajeunesse et au milieu des eaux de provenances diverses, est fort inconstant. Un bon caractère général est que les nageoires du Dobule sont rougeûtres, jaunes ou bleuâtre^, suivant la place, tandis que toutes celles de la Vandoise sont grises. DOBULE. — Le Dobule présente de grandes analogies de forme et de struc- ture avec le Chevesne, s'il ne t'est pas lui-môme. Aussi vorace que lui, la gueule moins grande, il se tient de préférence dans les grands fonds d'eau et habite moins la surface. Tous les modes de pêche employés pour prendre de fond, et entre deux eaux, le Chevesne et le Gardon, lui sont applicables. On le trouve plutôt dans les rivières du nord de la France, et, sans en faire une pêche spéciale, on le prend avec les autres Cyprins. Sa taille analogue à celle du Gardon permet d'employer les mêmes engins que pour celui-ci, engins moins solides et moins massifs que ceux que nécessitent la taille et les efforts des gros Chevesnes. DOIGT (Pèche au). — Manière de pêcher en mer ou en rivière quand on tient la ligne à la main, directement, sans canne. DONZELLE BLACODES (Ophidium blacodes,Schneid.). — Malacopt. Apodes. Ce poisson rose, tacheté de brun, est plus grand que VdDonzelle commune et, comme elle, est propre à la Méditerranée. DONZELLE BRUNE ^Ophidium Vasalli, Riss.). — Malacopt. Apodes, ophidés. Cette Donzelle se distingue de la D. commune parce que ses 4 barbillons sont égaux, et ses na- geoires sans aucune ligne plus foncée. Elle se prend aussi dans la Méditerranée. DONZELLE COMMUNE (Ophidium barbatum, Dloch). - Malacopt. Apodes. Long, max. = 0ni,30. Syn. : Bearded o^liidium, angl. Ce petit poisson très-curieux [fig . 254] est, conmie les deux autres espèces ci-dessus, propre à la DORÉE. 245 Méditerranée. Par sa forme il rappelle l'Anguille, car la nageoire dorsale et l'anale se joignent h la caudale pour terminer le corps en pointe : cependant le corps est plat, les écailles sont irrégnlière- ment semées dans la peau et la fente des ouies est largement ouverte comme colle des poissons ordinaires, ce qui les sépare nettement des Anguilles. Les Donzclles portent, sous la gorge, deux paires de barbillons à la pointe de l'hyoïde. Dans l'es- T2w,:Mm'i»m'//''{(' '/^'^^S;^-: Fig. -l'.'A. — liniizi^lli' [Opliidiuin barhatnm, Bloch .) pèce qui nous occupe, cen\ de devant sont couleur de chair et plus courts que ceux de derrière. La dorsale et l'anale sontlisérées de noir. Le corps est argenté couleur chair, paraissant comme marbré ou tacheté. DORADE [Genre]^ (Chrysophrys, Cuv.). — Acantopt. Sparoïd. (Voy. Daurades.) DORADE DE LA CHINE. — Nom donné en quelques endroits au Cijprin doré de la Chine. (Voy. ce mot.) DORÉE (Zeus faber, Lin.). — Acanthopt. Scomber. Long. max. = 0'",50. Syn. : Gallo, espag. —Piolrowin, polon. —Goldspiegel fisch, ail. —John Dory, angl. — Couret, bret. — Sampietro, ital. Ces poissons ont la dorsale échancrée dont les épines sont accompagnées de longs lambeaux de la membrane etd'une série d'épines fourchues le long des bases de la dorsale et de l'anale. On en trouve dans l'Océan une espèce (Zeus faber, Un.), jaunâtre avec une tache ronde et noire sur le fianc, que l'on connaît sous les noms de Dore'e et de poisson de Saint-Pierre ; c'est un très-beau poisson. La Méditerranée on possède une seconde espèce distinguée par une forte épine fourchue à l'é- paule (Z. pungio, Val.) Si l'on examine ce poisson dans une position verticale, on voit que la forme de son corps se rap- proche d'un ovale appoint! par les deux extrémités de son plus grand diamètre. La queue semble comme un panache détaché du corps. Celui de la Dorée est couvert d'écaillés très-petites enfoncées sous la peau. Le dos est brun tirant un peu sur le rouge, la couleur devient plus claire sur les flancs et sous le ventre. Au sortir de l'eau, toutes ces couleurs ont un reflet bronzé doré, parsemé de taches blanches semées çà et là, au milieu desquelles on remarque la tache noire caractéristique qui occupe le flanc au-dessus des pectorales. La bouche et la tête sont grandes, les deux mâchoires fortement protractiles et les dents en velours. La forme des nageoires de ce poisson est toute particulière : la première dorsale de 9 rayons est courte, haute, et porte en arrière de chaque épine un long filament qui semble le prolongement de la membrane qui les unit. La 2* dorsale, séparée de la première par une forte échancrure, a 22 rayons flexibles. Les nageoires pectorales sont petites et droites et ne régnent pas plus loin que la tache latérale. Elles ont 1-3 rayons. Les ventrales de 9 rayons sont grandes et en avant des pec- torales. L'anale de 5 épines est armée de 21 rayons flexibles qui rejoignent la caudale : celle-ci est arrondie et porte 13 rayons; la queue est étroite. La ligne latérale est arquée au-dessus de la tache latérale. Une rangée d'éeailles pointues suit tout le contour du corps au bas des nageoires dorsales et anales et ventrales ainsi que la tète qui est épineuse. La vessie natatoire est large, ovale et simple; 7 rayons branchiostéges. 246 DORSALE. DORÉE. — Les Arabes racontent, à l'occasion de la Dorée, qu'elle était au nombre des poissons que prit saint Pierre ; mais qu'ayant poussé un cri plaintif en sortant du fdet, Pierre, touché de compassion, la prit entre les opercules et la nageoire dorsale et la remit à la mer en lui disant : « Va rejoindre ta famille. ) Ils croient que la trace de ses doigts est restée sur le poisson. D'ailleurs ils ignorent qu'il n'y a pas de Dorée dans la mer Tibériade. Les Dorées se nourrissent du frai des autres poissons, de mollusques et de crevettes. Elles suivent les bancs de sardines, sont communes à la fm de l'hiver et deviennent de plus en plus rares, sans disparaître tout à fait. C'est un poisson (jui se tient volontiers dans la haute mer. La forme de la Dorée ne lui permet pas une très-grande rapidité de mouve- ments, elle semble souvent plutôt flotter que nager, emportée par le courant. (Juand elle est prise, on voit, tandis qu'elle meurt, les couleurs de son corps changer par une suite de variations remarquables. La chair de ce poisson est très-bonne, se lève par écailles, et a très-bon goût. Elle devient meilleure quand on la fait dégorger dans l'eau douce, et ressemble tout à fait à celle du Turbot, surtout de janvier à mars compris. En sortant de l'eau, la Dorée fait entendre une sorte de grognement analogue à celui du Grondin (Trigle). Ce poisson fait sa proie de sardines, du frai des poissons et des Cutles communs qu'il parvient à saisir. On le pèche en haute mer comme le Merlan avec les cordes dormantes et flottantes ; on amorce avec des appâts vivants : les jeunes Pagels que l'on accroche par le dos et dont on coupe la dorsale piquante, sont l'appât qu'elle préfère et auquel elle mord à coup sûr. La Dorée est très-commune dans la baie de Douarncnez, surtout quand il y a des Sprats. C'est d'ailleurs un poisson de haute mer qui ne vit point en troupe et marche seul. Sa natation n'est, avons-nous dit, ni rapide, ni de longue durée : il se laisse plutôt emporter et bercer par les vagues qu'il ne marche lui-même. La con- formation de son corps et l'emplacement de ses yeux sont tels, d'ailleurs, qu'il est obligé de se tourner un peu sur le côté pour voir au-dessus de lui. Ce poisson fré- quente toutes les côtes de France, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée. DORETTE. — Synonyme de Dorade. (Voy. ce mot.) DORMILLE {Genrc\. —(Voy. Loche, genre.) DORSALE (Nageoire). — Toujours impaire et placée dans l'axe du corps, qu'elle soit simple, douille ou triple, la dorsale est la voile et eu uiéme temps le balancier du poisson. Directement op- posée comme action et comme position à l'anale, elle en contre-balance ou en augmente l'effet. Elle est quelquefois un auxiliaire de la caudale, et possède comme l'anale la propriété d'être repliée et déployée en tout ou en partie au gré de l'animal. C'est la première dont l'animal malade renonce à se servir; la caudale est la dernière. Placé dans un courant, elle sert au poisson à contre-balancer l'effet de l'anale et à présenter un plan incliné sur lequel l'eau glisse en fournissant un effort qui tend à faire remonter le courant et •lui détruit par là l'effet de l'eau sur les autres nageoires, le maintient en place sans effort et sans mouvement, attendant que la proie lui vienne charriée par le courant. C'est un gouvernail supé- rieur et un organe de propulsion. Les Cyprins dorés présentent une particularilé très-rare parmi les poissons, et d'autant plus extraordinaire que les individus qui sont absolument privés de nageoire dorsale ne semblent pas plus embarrassés de leurs mouvements que ceux qui ont leur nageoire ordinaire. On devrait croiie cependant qu'ils sont dans un équilibre plus instable. Cette réflexion et l'étonnement de voir un poisson sans dorsale conserver aussi facilement la station perpendiculaire que ceux qui en étaient munis, avaient frappé également Yarrell, et nous allons lui laisser raconter l'expérience qu'il fit à ce sujet. DOUCET. 2i7 « Tctut cela me poussa à faire un essai pour m'assnrersi la privation soudaine de la nageoire dorsale produirait un désordre fa(;llementapprëcialiiecliez des poissons quelconques soumis à cette expérience. Jeme rendis, dans cette intention, aujardin de Ja Soné/e zoo/o7^V/^^e quelques moments avant l'heure à laquelle la Loutre reçoit sa provision quotidienne de poisson vif. Neuf ou dix Gardons otUards furent mis dans un large baquet de trois pieds de diamètre, rempli d'eau. Je sortis du baquet cinq ou six de ces poissons les uns après les autres, et avec une paire de ciseaux je leur coupai la nageoire dor- sale au ras du dos, les remettant de suite dans Teau. Ils furent très-peu ou point alfectés de cette opération, et chacun d'eux sembla conserver sa position perpendiculaire, monter et descendre dans l'eau avec la même aisance et la même certitude qu'avant l'opération ; les mutilés et les intacts na- geaient ensemble et paraissaient posséder la même vigueur. Je ne pus continuer plus longtemps l'expérience pour m'assurer de ce point, car quelques minutes après la Loutre avait reçu ses pois- sons accoutumés, et leur faisait fête. » On cite, des Dorades de la Chine, un trait qui va encore nous faire crier au miracle : un trait d'amitié que je trouve dans une correspondance du London's Magazine et que nous rapportons in- cidemment : « Les poissons semblent ressentir une certaine amitié les uns pour les autres. Une personne qui avait deux Dorades de la Chine dans un vase, en ôta une. L'autre refusa de manger et montra des symptômes évidents de tristesse et de découragement, jusqu'à ce que son compagnon lui fût rendu. ■> DORSIBRANCHES (Annélides). — Le nom de Dorsibranche a été appliqué par Cuvier aux Annélides errantes, parce qu'elles présentent sur la partie moyenne de leur corps ou tout le long des côtés, des branchies en forme de houppes, de tubercules ou de ramifications plus ou moins nombreuses et compliquées. Ces annélides ont, en général, la tête distincte du tronc, pourvue d'appendices en nombre va- riable et d'une ou deuxpaires d'yeux apparents comme une petite tache noire incolorée. Leur bouche est remarquable par une espèce de trompe protractile quelquefois fort longue, et portant à son extrémité antérieure une ou plusieurs paires de mâchoires cornées. Chaque anneau du corps est muni d'une paire de pieds de structure variable; ces pieds se com- posent ordinairement de deux tubercules attachés l'un à l'arceau dorsal, l'autre à l'arceau ventral, et portent un cirrhe charnu et filiforme, pourvu en outre <à leur sommet d'un faisceau de soies raidies et rétractiles qui servent à la locomotion ou à la défense dans quelques espèces. Les branchies naissent toujours à la base des cirrhes. Les Dorsibranches sont tous des animaux marins qui marchent et nagent trè.s-bien, et vivent au milieu des pierres des rochers du rivage, des sables, de la vase, etc. On les divise en 6 familles: 1° Aphrodisiens ; '2" Amphinomiens ; 3" Euniciens; i° Néréidiens; 6° Arénicoles ; C Chétnptériens. DOUCET (Callionymus Lyra, Lin.). — Acantliopt. Gobioïd. Long. max. = 0"',20. Syn. : Gemmeous Dragonet, angl. — Rotchet, écoss. Corps allongé {fig. 255), de couleur orangée, tacheté de violet. Tête oblongue, déprimée ; yeux Fig. i'.>'\ — Uoucet ou C l.Ni'c foin. . [CiiUionijmus Ijjra, Lin. rapproches et regardant en haut; intermaxillaires très-protractiles ; préopercules terminés par des épines ; dents en velours, piiIais lisse. Ouïes ouvertes par un seul trou près de la nuque. Yeux oranges. Ventrales sous la gorge, écartées et plus larges que les pectorales, noir bleu; ventre blanc. 248 DRAGUE. if dorsale courte et élevée en pointe, de 4 rayons ; 2^ longue de 9, espaces. Anale longue de 0, espacés. P = 20. V = !,. C = 10. La dorsale est brun pâle, ta(;hetée de brun foncé ; les autres noir l)louiilre. La caudale est ronde, comme les pectorales et les ventrales. Ce poisson se trouve trcs-commuiiément, entre les rochers, sur les côtes de la Manche et de l'Océan. DOUCET. — ( In ])rcii(l ({tiolqucruis le Doiicel h la ligne, mais le plus souvent au moyen du (ilet que Ton promène sur les ])ancs de sable ou dans les baies pour prendre les (.'revelles {//aveumu, Boi(t-de-qiiicvre, etc.). Sa nourriUu^e consiste en crustacés qu'il avale en eniiei', en mollusques mous et en vers. On peut l'employer comme appàL pour les gros poissons. Sa chair est blanche et de l)on goût. DOUMAIZÊLO. — Nom provençal de la Donzcllc ("N'oy. ce met.) DRAGONNET (Callionymus dracunculus, IîIkcIi.). — Acanlhopt. Goljioïd. Long. max. = Oni,VO. Syn. : Sordid Drayonef, angl. Quelques ichthyologistes pensent que ce Callionjme est la femelle du Doucet ; il en diffère principalement parce que la première dorsale est courte et sans filet. La tète et le corps sont très- aplatis, les yeux sont très-rapprochés l'un de l'autre et du nez, la bouche très-grande. Le préo- percule est armé de trois épines : D = 4+9. P=20. V=5. A = 9. C = 10. La couleur générale est brun rouge avec des taches noires irrégulières, surtout dans la jeunesse. Les dorsales sont brun paie avec marbrures; tout le dessous du corps, blanc uniforme, même l'anale. Se prend dans la Manche et l'Océan. DRAGONNET. — Lc Di\agonnet préfère la mer profonde, tandis que le Doucet aime la cote et les rochers. Ce petit poisson possède une rapidité de mou- vements extraordinaire ; il part comme une flèche quand il est alarmé, mais ne va pas loin el se cache sous les herbes ou les pierres. Sa chasse, dans les flaques d'eau, est le plaisir de tous les enfants, mais ils n'en reviennent que trop souvent avec les doigts ensanglantés par les épines du petit Diable de mer. Sa conformation se prête à la méfiance, ses yeux placés en dessus lui permettent de mieux voir qui le menace. On le prend quebjuefois à l'hameçon, mais rarement. On le trouve souvent dans l'estomac des gros poissons, ce qui prouve que lui-môme fait une excellente esche. Il se nourrit de mollusques, vers et crustacés. DRAGUE. — La Drague est une manche que l'on traîne au fond de l'eau. Ces chausses sont plus ou moins longues et ont des ouvertures de différentes formes, plus ou moins grandes, quelques-unes armées de fer ou de bois. La force des fdets varie d'ailleurs suivant leur grandeur. Lorsque la Drague est très-grande et qu'on la traîne avec des bateaux, elle devient le Fuj. • ,(i. - uragi.e. Ghalut. (Voy. ce mot.) La Drague ordinaire {/i(j. 256) porte une armature en fer et sert à détacher du fond les huîtres et différents autres coquillages. DllEfi E. 249 DRAïNETTE. — Maiiet dont on se sort à la ilriive poui' prendre, on mor, plusienrs sortes de pclils poissons ronds. DRANET. — Sorte (le Senne munie de flottes en tôle et montée sur deux bâtons \fiticau.\-, un i\ eharpie bord. En usage à la Ilougue. DRÈGE ou DREIGE. — La Drège est, sans contredit, le fdet le plus ingénieux (pTon ail invente, c'est le chef-d'œuvre de l'art du pécheur; mais il a l'inconvénient de détruire beaucoup de poisson, et il ne peut servir que sur des fonds unis dont le bras- siage d'eau est connu . On prétend que pour la pèche des Yives il faut que ce lllel soit tendu plus verticalement que pour les autres poissons: comme l'expérience l'exige ainsi, on uudtiplie le nombre de flottes à sa partie supérieure pour le maintenir dans la position la plus favorable à la pêche. Dès François I", il est question de la Drège en France ; mais les mailles en étaient si petites et le nombre des fdets si multiplié, que les côtes de la Manche voisines de Dieppe, éprouvèrent une dépopu- lation nuisible, et que les pêcheurs se virent forcés de se diriger vers celles d'An- gleterre oii l'on ne toléra qu'un petit nombre de bateaux. Les réclamations des autres pécheurs français firent supprimer ce filet, sauf des bateaux qui fnrent conservés pour les besoins de la table du roi^, pendant le carême seulement. Les pécheurs de Dunkerque ayant réclamé contre cette mesure, qui ne pouvait atteindre les pêcheurs étrangers, ceux d'Ostende, de Nieuport et de Blankenberghe, l'usage de la Drège leur fut de nouveau permis ; mais le nombre en fut moindre qu'auparavant, parce que les iacultés des pêcheurs n'étaient pas en rapport avec les dépenses qu'entraîne la mise dehors d'un pareil filet. Sous Louis XIY, la Drège était employée cà la pêche de la Yive, poisson fort recherché à cette époque. Tantôt prohibée, tantôt permise, la Drège a été défini- tivement exclue de la Manche. Sous François P^", il n'y avait à Dieppe que deux Drégeurs; sous Louis XIV, le nombre en fut augmenté jusqu'à seize. Un arrêt du conseil l'autorisa en 1724, un autre arrêt le défendit en 1736. C'était à n'en pas douter, un filet destructeur d'après son système. C'est de ce filet (|ue parle Tiphaigne, qui en a très-bien décrit la manœuvre, quand il observe que la Drège ou pêche aux Vives n'est pas seulement la plus in- génieuse des pêches, mais encore un chef-d'œuvre de navigation. Ce n'est point aux courants de l'air, dit-il, que les Drégeurs présentent leur voile, c'est au courant de la marée; ce n'est point sur l'eau, c'est dans l'eau qu'ils ont à naviguer. Ce n'est point un vaisseau de quelques toises de long qu'ils ont à diriger, c'est un appareil de quatre à cinq cents brasses de filets ; encore est-il plongé au fond de la mer, et cent à cent cinquante pieds d'eau en dérobent la vue. C'est en tâtonnant et la sonde à la main, qu'on tâche de s'assurer de sa direction. Tout excès est con- traire. Du côté des vents, peu sont favorables, et de ceux-ci trop ou trop peu em- pêche la manœuvre. Du côté de la marée, trop d'activité emporte, sans permettre de régler les mouvements du filet; trop de lenteur le laisse sans mouvement et fait languir la pêche. La Drège {fig. 257) se compose d'un grand tramail PQO, qui porte sur le fond de la mer et dont les extrémités P et 0 doivent être le plus écartées possible. Ce tramail est traîné par un seul bateau. Et, si les extrémités P et 0 étaient amarrées à la proue et à la poupe du bateau, elles se toucheraient promptement. Les pêcheurs ont alors imaginé d'emprunter le secours d'un corps flottant R nommé Bourset. Ce bourset se compose d'une voile tannée ou goudronnée, garnie d'une ralingue sur son pourtour. Elle est encapelée, par sa tête, sur une vergue de 6 à 7 mètres de 250 DROITS DU PÊCHEUR. longueur, munie d'un tonneau vide R comme flotteur. Une manœuvre, passée dans les annelets de la ralingue sert à faire prendre à la voile la courbure que les pê- cheurs jugent nécessaire. Ce bourset s'attache par un halin I à l'un des bouts du tramail PO et à environ vingt-cinq brasses de la vergue ; on attache sur le halin une corde N qui aboutit à une bouée M, servant fi soutenir et à diriger le bourset. Fig. 257. — Drège. Le tramail dont la ralingue inférieure est garnie de plombs et la supérieure de flotteurs qui le maintiennent constamment dans une position verticale, et dont les extrémités sont munies de deux càblières proportionnées à la force de la marée, se trouve ainsi traîné par le bateau A et le bourset R pendant une ou deux lieues. Le bateau n'ayant pas de voiles est poussé par la marée. Pour empêcher le mouvement de se ralentir et la pèche de languir, pendant les faibles marées, les marins ont imaginé un moyen très-ingénieux. Ils lancent à la mer une voile D nommée trinquette, montée sur sa vergue E et attachée au bateau comme l'indique la flgure A ; cette voile sert alors de remorqueur. La Drège étant un fdet fort cher, elle n'appartient pas généralement à un seul pêcheur. Plusieurs marins s'associent, fournissent chacun un ou deux morceaux de fdet et se partagent le bénéfice proportionnellement à ce qu'ils ont fourni. La pêche à la Drège est excessivement meurtrière. Labourant le sol et les bancs d'algues où croissent les alevins, elle détruit une quantité considérable de petits poissons. De plus, elle nécessite des dépenses considérables pour l'achat et l'entretien des filets. Aussi ne l'emploie-t-on plus guère de nos jours. DRÉLIGNY. — Nom du Bar en Provence. (Voy. Bar commun.) DRINNEGUET. — Nom du Bar commun dans le Finistère ; on dit aussi Drigue. (Voy. Bar.) DROITS DU PÊCHEUR A LA LIGNE, EN MER. — Le décret (lu 10 mars 1802 donne au pêcheur à la ligne (cordes ou palangres), le droit' de pêcher pen- dant toute l'année en dedans comme en dehors de la limitation des trois milles de la laisse de basse mer. Cette pêche n'est assujettie qu'aux règles d'ordre et de police. Nous allons voir que les règlements antérieurs étaient aussi larges à cet égard que celui que nous venons de citer. niMiiTs Dr i>i-:(:in:ri{, 2oi Souloment il est iulerdil au pèclicur à la lif^iie (ail. 2, § 1), do niome qu'à tous los autres pèehcurs, de eonserver les poissons qui ne sont pas eiieore parvenus à la longueur de ()"',l(), mesurée de l^eil à la uaisanee de la queue, à moins qu'ils ne soient réputés poissons de passaj^^c ou qu'ils n'appartiennent à une espèce qui, à l'âge adulte, reste au-dessous de cette dimension. Il est difticile d'avoir des droits plus étendus et une réglementation plus claire. Les règlements antérieurs (décrets du 4 juillet 1833) portaient, dans les pre- mier, deuxième, troisième, quatrième arrondissements, cpie la pêche à l'hameçon, ou pèche à la ligne ou aux cordes, est permise pendant toute Tannée, quel que soit le mode suivant lequel elle se pratique. Dans le cinquième arrondissement (Toulon), cette pèche (palangres) est per- mise toute l'année sur la côte, et du l" juillet au 1" mars dans les étangs, ports et canaux (décret du 19 novembre IHoO.) DROITS DU PÊCHEUR A LA LIGNE FLOTTANTE, EN EAU DOUCE. — D'après la définition de la Cour d'appel de Paris, la ligne llottante indique une ligne que le mouvement seul de l'eau rend mobile et fugitive, et qu'il faut que le pécheur ramène sans cesse à lui. Il faut, par conséquent, qu'elle soit constamment soumise au mouvement du Ilot et du courant de l'eau, et que l'appât ne repose pas au fond immobile. Le pécheur doit tenir à la main la canne qui sert à jeter la ligne en amont, toutes les fois que le courant la fait descendre en aval, à une trop grande distance. On peut mettre autant de plomb qu'il en faut, suivant le courant, pour tenir la ligne verticale dans l'eau, mais non immobile. La pèche décrite ainsi est proprement appelée, en termes de pêcheur, la pêche nu coup. Ce n'est pas la seule cependant qui puisse se faire avec la ligne flottante. La ligne flottante peut vecexoir plusieurs hameçons, en nombre illimité (Ver- sailles, 24 déc. 1844 ; C. ap. Paris, 21 mai 1831), On peut pêcher en bateau, comme au bord avec la Ligne flottante, toujours tenue à la main(C. ap., 28 déc. 1835). On peut pécher avec un wy, un insecte vivant, qui ne sont pas considérés comme amorce vive ; ce nom ne s'applique qu'aux petits poissons (Arcis-sur-Aube, 12 sep- tembre 1844). Les gardes ne sont autorisés à saisir que les instruments prohibés ; par conséquent, en se conformant aux règlements, le pêcheur ne craint ni procès ni saisie de ses ustensiles. Le garde-pêche est porteur d'une plaque qu'il doit exhiber en abordant le pêcheur auquel il s'adresse. L'État s'étant réservé le droit de pèche dans les fleuves, rivières, canaux, etc., navigables et flottables, et dans les noues, boires et annexes de ces cours d'eau, il s'ensuit que (hors la pêche à la ligne flottante), il faut une licence pour y pêcher de fond. De même, il faudra une permission du particulier auquel appartient une rivière, même pour y pêcher à la ligne flottante, sur son terrain, car il est proprié- taire du cours d'eau jusqu'au milieu de sa largeur. Le temps du frai est prohibé partout, même à la ligne flottante. Cependant, quand il y a deux temps de frai nécessités par deux espèces de poissons, comme dans les rivières à Truites et celles qui n'en ont pas, si l'on voulait s'opposer à ce (ju'un pêcheur péchât la Truite d'avril en juin, pendantle frai des poissons blancs, il y aurait lieu de réclamer et il seriit fait droit, ainsi qu'il est arrivé dans plusieurs départements. 252 . DIÎOMIE. Le temps du frai varie dans les divers départements, mais, en général, du !"■ avril au lo juin pour les poissons ordinaires, et d'octobre à janvier pour la Truite. D'après l'art. ,'{ du règlement préfectoral de la Seine, seront rejelés à l'eau les poissons suivants au-dessous de la mesure indicpiéc entre œil et bat, c'est-à- dire entre l'œil et la naissance de la nageoire caudale : Truite ^ i Tanches. Carpe j Perclies. Barbeau j Gardons. Ombre n^.KiO ! Lottes 0'",I35 [ . .„ ( Oin.Olô (le tour 1 i Anguille ) ... 1 ° au mi heu. Uréme nrochet ^ | ^"e>""'' j au miheu. Clievesne Dans les tlépartements où cette pèche n'est pas prohibée, la pèche au vif, se faisant à la ligne flottante, n'est pas soumise à la licence payante. Il y a même ma- tière à discussion, car un poisson mort n'est pas une amorce vivante et sert aussi bien à prendre à la ligne flottante à la main, la Truite, le Brochet, la Perche, etc. 11 est défendu d'amorcer et faire mourir le poisson en jetant dans l'eau les drogues suivantes : chaux, noix vomique {strychnos nux vomica), manne, tithy- male {euphorbia helioscopis), débris de lin et chènevis, etc. Toutes les amorces de fond, pain de chènevis, asticots, sang, vers mêlés de terre, blé, etc., toutes choses que mangent les poissons, ne sont pas défendues même pour la ligne flottante. Tels sont donc bien établis les droits du pécheur libre et prolétaire; quant aux droits qu'à la porte on achète en payant, ils sont étendus et magnifiques, suivant la rotondité du porte-monnaie; et les licences en spécifient parfaitement l'étendue et les honneurs; nous n'avons point ici à nous en occuper. N'oublions pas cependant, qu'avant d'être un plaisir et un délassement, la pêche est une source d'alimentation considérable; qu'en rivière, comme en mer, elle fait vivre une foule de mariniers et de matelots, et qu'à ce titre elle devait être soumise à des règlements, tout comme les autres sources de revenus du domaine public. DROMIE. (Voy. Crabe.) — La Dromie est un crabe paresseux assez rare, à l'ig. 258. — Uioiiije ■^Ù/'Onim uulgans. lidvv.j carapace arrondie et très-bombée, de couleur brune et couverte de duvet. Ses pinces sont quelquefois rosàtres. La Dromie n'est pas très-grosse. Elle a au plus ()^,[0 de long; elle ne quitte jamais l'eau, et pour la trouver il faut explorer les ro- chers que les grandes marées mettent seules à découvert. Une des manies cu- rieuses de ce crabe, c'est de se couvrir le dos d'une coquille, d'une éponge ou ECAILLKS. 253 (l'un polypier qu'il y tient en cquilil)r(' ;ivec ses piitles de derrière. Elle aime assez les alcyons, et ceux-ci se développenl si bien sur la carapace qu'ils Unissent par la cacher complètement. Notre seule espèce a le duvet bleuâtre, et elle est en môme temps la seule espèce européenne qui se trouve à la fois dans l'Océan et la Mcdi- lerranée. DROUILLET. — Petit iUct, monté sur perche, qu'on présente à l'opposé du cours de la marée, pour prendre les Sprats et autres petits poissons. DUITS. — l'ècheries de Lamproies établies sur la basse Loire. (Voy. Lam- l'ROIFS.) DURÉE DE LA VIE. — Les poissons ont la vie très-longue; on a des exemples avérés de certains d'entre eux dont la naissance remontait à 300 ans ; il faut proljaltlement attribuer cette longévité au peu de force qu'ils doivent dépenser pour se mouvoir dans un liquide de densité pres- que égale à celle de leur corps; au peu d'énergie de leurs sensations, à leur sang froid, à la tempé- rature du milieu où ils vivent, dont les variations ne sont pas brusques comme celles de l'air; enfin, à l'indépendance assez grande de leurs organes, qui fait qu'un d'eux peut être attaq*^ué gravement sans affecter les antres. Ce dernier motif rend compte du peu de danger de la castration que l'on fait subir à ces animaux lorsqu'on veut les engraisser dans des réservoirs. DURGAN. — Nom qui sert à Avignon, comme à Nice, à désigner le BarOeou co))ttiiuu et le Barbeau uiéridional. (Yoy. ces mots.) E » Fiij, 259. — Kcaiile de Chomlrostome nnse, prise sur les flancs. ((Injssiss. = i n.) ■%>^1 ÉCAILLES. — Les écailles qui couvrent la peau du poisson varient énormément et comme forme et comme couleur. Quelquefois elles ont la forme de grains rudes, de tubercules très-gros ou de plaques épaisses; mais, en général, ce sont des lamelles fort minces se recouvrant comme des tuiles et enchâssées dans les replis du derme. La matière argentée qui leur donne souvent un éclat métallique si remarquable, est sécrétée par le derme et se compose d'une multitude de très-petites lames polies. L'adhérence des écailles à la peau est excessive- ment variable d'une espèce à l'autre; la grandeur de l'écaillé n'est même pas une raison de sa plus ou moins grande adhérence ; car il y a des poissons à grandes ('Cailles qui tiennent fort bien et d'autres à très-petites ne tenant point, et l'invei'se a lieu également. Quant aux couleurs dont elles peuvent être ornées, elles étonnent par leur variété et leur éclat ; tantôt elles ne doivent être comparées qu'à l'or et à l'argent, tantôt ce sont les teintes les plus riches du vert, du bleu, du rouge ou du noir. Il y a des écailles de formes très-diverses, de rondes, de carrées, de crénelées, d'osseuses, de flexibles. Plus les poissons sont destinés à approcher des rivages, plus les écailles, propor- tionnellement à leur taille, sont grandes et épais- ses ; il leur faut une cuirasse pour les préserver /-'î^. 26 1.- Kcaiile dePerc/te Fig.26î. - Écaille de Perche Fig. ibO. — Lcdilledi Chondroslome nnse, prise dans la ligne la- térale (r.r. — \ n.). lî^^lljgl commune, prise sur les flancs. \('.r. = 8 n.) commune. Lif;ne lati'rale. (Gr. =8 D.) des chocs auxquels les expose le voisinage des rochers. Plus, au contraire, le poisson est destiné à vivre dans la vase, plus les écailles sont petites et recouvertes par la peau. 254 ECAILLES. Les poissons de haute mer qui ne sont exposés qu'à des frottements passagers, ont les écailles retenues par une moindre portion de leur contour. Si l'on ajoute les callosités, les tubercules, les aiguillons, les croûtes osseuses, on a une idée des armes défensives dont la nature a r / U/ ) / Fuj. 263. - Kcaille du Bo- tengle, prise sur les flancs. (Gr. =4D.) Fig. 20 i. — Ecaille au Roleixçjle, prise sur la ligne latérale. (Gr. — 4 ]).) pourvu certains de ces animaux pour assurer leur conservation et les sous- traire aux poursuites acharnées dont ils sont l'objet. Les poissons ont également des armes offensives, des dents tran- chantes et terribles, pointues, recour- bées, des piquants longs, mobiles, acé- rés, etc. Par leur nature et par la matière qui les produit, les écailles se rappro- chent absolument des ongles, des poils et des plumes qui couvrent les autres animaux: peu corruptibles comme ces matières; brûlées, elles répandent la même odeur. Décom- posées, ce sont les mêmes éléments, enfin, elles sont sécrétées sur la peau par des vaisseaux spé- ciaux et des ramifications artérielles. Dernier rappproche- ment, de même que sur les membranes intérieures de quelques quadrupèdes, on trouve quelquefois des vestiges de poils ; de même, sur les intestins de certains poissons, on remarque une couche de matière brillante, nacrée, ana- logue aux écailles. En général, la partie des écailles qui n'est pas recouverte par les voisines est plus foncée que l'autre, e1 revêtue de plus belles couleurs. On ne sait pas encore quelle partie du corps des pois- sons sécrète les écailles; il est certain qu'elles croissent par juxtaposition de couches qui augmentent de grandeur avec l'âge de l'animal, ou même avec l'âge de l'écaillé ; dans tous Fig. 266. — Écaille les cas, quand elles sont enlevées, elles se régénèrent avec de la Tanche corn- ^in^ extrême lenteur, au moins sur les poissons d'eau douce. '.^Q^\ La plaie, dans une eau très-vive, se cicatrise et reste sou- vent vive. Dans une eau dormante, ou moins pure, la place privée d'écaillés se couvre d'une mucosité qui se revêt de mousses parasites semblables aux moi- sissures blanches, et l'animal meurt au bout d'un temps plus ou moins long, suivant la quantité plus ou moins grande d'écaillés enlevées. Dans la majeure partie des poissons, l'écaille est couverte, en portion du moins, par une membrane transparente excessivement mince et résistante, qui la retient dans le follicule qui lui a donné naissance. Si l'on exa- mine à la loupe des écailles ordinaires, on les voit marquées de lignes concentriques dénotant, suivant Agassiz, l'état de la crois- sance par excrétion des bandes successives. Il appelle cjchncles {fig. 2G7), les écailles marquées de ces lignes concentriques; dénoïdes {fig. 208), celles qui ont, sous les lignes conceiitri(iues, de petites épines ou petites dents; il leur donne aussi le nom de pectacées. Ordinairement les dents cténoïdes s'usent et s'enlèvent plus vite et plus loin sur le disque de l'écaille, et demeurent entières sur le bord postérieur où l'on croirait alors qu'il se dépose une plus large bande de matières pour la croissance. Les Gobies présentent de très-beaux échantillons d'écailles pectacées à dents marginales. Les Cyprinoïdes présentent des écailles cycloïdes, et les Acanthoptérygiens portent des écailles cténoïdes. Un troisième genre d'écailles a reçu d'Agassiz le nom de Ganoides [fig. 2G9); elles ont une surface dure, brillante et émaillée, et leur structure osseuse sous-jacenle présente des corps rayonnes. Ce sont celles des Silures, des Dalistes et des Hippo- campes, etc. Le quatrième genre est nommé Placoïdes {fig. 270) et man- que de l'émail superficiel des écailles ganoides, et, pour le plus grand nombre de cas, leur struc- ture est analogue à celle des dents. Fig. 265. — Ecaille de la Tanche com- mune, prise sur les flancs. (Gr.= l OU.) mune, ligne laté- rale. (Gr. Fig. 267. F.caille cvcloidt Fiy. 26 Ecaille cténoïde. Fig. 269. Rcaille ganoïdc. Fig. S70. Ecaille plaeoïde. ÉCHIOUIER. 255 Elles existent dispersées sur la plupart des Raies, des Requins, et snr les Plectroqnathes. On remarque généralement que la ligne latérale est protégée par des écailles d'une forme dif- férente de celles du reste du corps (/zy. 2G0, 2C,2, 2Gi et 266). Voy. Ligne latérale. ÉCHARDE. — (Voy. Él'INOCnE.) ÉCHEVEAU DE CHANVRE. — (Voy. ANGUILLE.) ÉCHIQUIER. — Nom du Carrelet (filet) dans quelques provinces. Ce filet i/iy. 27 J) t'.st une nappe simple et carrée de l'",SO ;\ 2 mètres de côte. On a soin de la border d'une cordelette solide afin de lui donner plus de résistance. Comme il est très-important de pouvoir tirer promptement ce filet hors de l'eau, on fait les mailles aussi larges que possible, eu égard à l'espèce de poisson que l'on désire prendre. Cependant on ourdit le plus souvent les mailles du milieu plus serrées ([ue celles des bords. Comme on se sert ordinairement du Carrelet dans les en- droits où l'eau a peu de profondeur, on l'ourdit quelquefois en mailles très-serrées, et il sert alors à prendre les petites espèces de poissons. On monte ce petit filet au moyen de deux perches fle.vibles attachées en croix suivant les diagonales du carré. Si l'on n'emploie que deux perches, il faut amincir à la plane la plus grosse extrémité, afin que les deux e.xtrémités étant de même grosseur, la perche plie bien au milieu. Il est pré- férable de composer cha- (jue diagonale de deux perchettes plus petites, dont les extrémités les plus grosses sont taillées en bi- seau allongé, appliquées l'une sur l'autre et rete- nues par de fortes ligatures de ficelle goudronnée ou de fil d'archal. De cette manière, les parties ployantes du bois restent équilibrées aux deux extrémités. Ces deux perches n'ont besoin d'être retenues ensemble que par un lien lâche qui leur permette de se réunir l'une à côté de l'autre lorsque le filet est détendu, ce que Ion doit faire chaque fois qu'il a servi ; de cette manière, elles se placent le long de la gaule, et le tout est beaucoup plus facile à transporter. Le lien qui retient les deux perches se termine par une boucle que l'on fait re- venir sur elle-même, de manière à former nœud coulant dans lequel on passe l'extrémité, encochée tout alentour, de la forte gaule de 4 ou 5 mètres de lon- gueur qui sert à manœuvrer le filet. De cette manière, il reste entre la tête de la gaule et la perche de dessus 5 ou 6 centimètres de corde double, qui rend la manœuvre du Carrelet beaucoup plus commode, en permettant au filet de prendre toutes les inclinaisons nécessaires. En général, il faut éviter de pêcher avec ce filet dans des eaux plus profondes que 2 mètres, car il serait impossible de retirer le Carrelet assez promptement pour que le poisson qui passe au-dessus de lui ne s'échappe pas à coup sûr. Encore doit-on, quand on veut pêcher à une pi^ofondeur semblable, donner au filet tendu la forme d'une poche assez profonde. La pêche à l'Échiquier réussit généralement mieux par les eaux troubles qu« dans les rivières très-claires. La meilleure place pour le tendre est auprès de tout Fig. 271. — Échiquier ou Carrelet. 256 ÉGHinriEl?. obstacle qui donne lieu à un remous ou à des haïs, car les poissons de toute espèce se trouvent de préférence en ces endroits, où leau tournoyant dépose leur nourri- ture. L'entrée de l'arche étroite d'un pont, en amont comme en aval, est encore une bonne place pour cette p'j(;he, parce que c'est le grand chemin des poissons et quen levant au hasard de temps en temps, on peut en prendre de très-beaux au passage. Dans les haïs, ilans les étangs, dans tous les endroits, en un mot, où l'eau est dormante, il est ({uelquefois bon d'attacher au milieu du Carrelet une amorce quelcon(]ue, soit un morceau de pain, soit une éponge imprégnée de sang, soit une boule de terre glaise. (Voy. Amorce.) Mais quand on pèche dans un passage, cette précaution est à peu près inutile. L'endroit une fois choisi, on met l'Échiquier à l'eau, en le présentant par une pointe, doucement, et faisant le moins de bi'uit pos- sible, puis, en appuyant légèrement la gaule sur les perchettes, on le fait descen- dre avec précaution jusqu'à ce. qu'on s'aperçoive que les quatre extrémités portent sur le sol. Quelques précautions qu'on ait prises, les poissons ont fui devant cette invasion de leur domicile, mais la curiosité ou l'insouciance les ramène assez vite, et au bout de cinq à dix minutes, on peut relever le filet. Il s'agit maintenant de relever le Carrelet. Chacun prend, selon sa force, la po- sition qui lui semble préférable (fg. 571). L"une des plus commodes est de se placer à cheval sur la perche, puis, en levant des deux mains la gaule prise aussi loin que possible du corps, et pliant en môme temps les jarrets, on opère un mouvement de bascule qui sort le lilet de l'eau. Le premier mouvement des poissons qui voient le filet se détacher du fond est de plonger. Or, ils courent à leur perte, car ils ren- contrent la nappe qui, pourvu qu'elle soit enlevée assez vite, les emporte hors de leur élément. Ouelques personnes attachent une corde à l'extrémité antérieure de la gaule, au delà du point oii elle supporte les perchettes. Appuyant contre leur pied l'autre bout de cette gaule, elles tirent sur la corde et, entraînant le fdet, le font sortir de l'eau. Quelques pécheurs, surtout quand ils se servent de petits Carrelets à fretin, posent la perche sur le bras gauche, et de la main droite, appuyée sur la plus grosse extrémité, la font basculer autour du premier point d'appui. Dans les grands fleuves, sur la Loire, par exemple, on emploie de très-grands Carrelets montés à demeure. La perche de ces fdets a quelquefois 10 mètres de long et une grosseur proportion- née. Le milieu de sa longueur repose sur un poteau de I à 2 mètres, planté très- solidement aussi près que possible de l'eau, à la pointe d'une île, d'une jetée, ou dans un endroit analogue. C'est absolument le mécanisme des perches à tirer l'eau des puits. L'extrémité de la perche, du côté du pêcheur, est chargée d'assez de pierres pour faire à peu près équilibre au poids du fdet. Quant au poteau, il sert non-seulement au mouvement de bascule de haut en bas, mais encore la perche peut tourner sur lui comme sur un pivot, afin que le filet étant sorti de l'eau, le pécheur lui fasse décrire un arc de cercle qui le ramène sur le rivage. C'est à une corde qui descend de l'extrémité chargée de pierres, et dressée en l'air, que se pend le pêcheur pour opérer le mouvement de bascule. Ces énormes Carrelets servent à la pèche du Saumon à la remonte. Le pêcheur qui guette les poissons de sa place, et qui les voit à travers l'eau transparente, relève brusquement l'engin quand il les aperçoit au-dessus du filet. Dans les environs de Paris, les pêcheurs de profession se servent, pour pécher spécialement le Goujon, d'un Carrelet à mailles très-étroites et à poche assez peu profonde. Ils se placent dans un bateau, sur un banc de sable où l'eau n'ait guère plus K cil 10 un: 15. 261 (l'un mètre de profoiuleur. D'une main, il mainlienl la gaule du lilel plaeée sur le l'ond, tandis qu'au moyen d'un bouloir il fouille et soulèvo le sable au milieu du Car- relet. Le nuage ainsi forme dans l'eau s'en va, au loin, réveiller les Goujons engour- dis. Amis avant tout de l'eau trouble, ils s'engagent dans ce lilon qui leur apporte des particules nutritives, le remontent en troupe et viennent bientôt s'assembler sur le filet, où ils rencontrent chère lie. Tout cela a demande cinq ou six minutes, au bout desquelles le pécheur relève son lilet et ramisse sa capture. Lorsque l'eau d'une rivière est très-claire, il faut alors pécher à vue. Pour cela, on pave le fond de la rivière de i)etites pierres blanches, de débris de poteries, ou d'autres choses analogues, siu' lesquels on dépose le tilet.Le corps des poissons apparaissant très-dis- tinctement sur ce fond, quand on en aperçoit un, on relève vivement le Carrelet et l'on s'assure de son prisonnier. La pêche au Carrelet procure non-seulement les petits poissons et le fretin, mais la Perche qui s'y prend très-souvent, surtout près des arches des ponts ; le Barbeau (|ui cherche et voyage quand l'eau est troublée par une crue ; le Brochet lui-même au passage, et quelquefois des individus de très-belle dimension, dans les petites rivières ou autour des roseaux d'un étang ; la Truite quand elle chasse ; tous les poissons en un mot, au hasard, c'est une affaire de patience et de bras. (Yoy. Lan ET.) L'Echiquier, ou Carrelet, s'emploie sur quelques points de la Méditerranée pour prendre les Molettes et autres blanchailles. Dans l'Océan, les pêcheurs s'cta- ]}lissent soit à l'embouchure des cours d'eau, soit entre des passes de rochers, soit dans les endroits où l'eau forme un courant en se précipitant dans les grands fonds. Ils choisissent de préférence les moments où, par une cause quelconque, l'eau est trouble, et toujours quand la marée monte. Au lieu de poser leur Échiquier à plat sur le fond, comme on le ftiit en rivière, ils l'opposent au courant, parce qu'ils ont remarqué que les poissons plats surtout ont l'habitude de monter avec le flot, et tombent ainsi dans le filet. C'est une manœuvre tout à fait analogue à celle de l'Alosière dans les rivières du Midi. On se sert encore, près des côtes de la Méditer- ranée, mais alors en ba- teau, d'un grand Carrelet qui a 3"", 30 de côté et que l'on nomme Calen ou Ven taron (Jiy. 272). Pour s'en servir, on établit sur l'ar- rière du bateau un système semblable à celui du Car- relet à Saumon que nous avons décrit plus haut. Le montant en bois se termine en haut par une fourche ou par une boucle en fer boulonnée solidement. On pose sur la fourche, ou l'on passe dans la boucle un espar de o à G mètres de long. Des arcs en bois ne sufflraient pas pour supporter l'effort de l'eau contre ce filet quand on le relève, et comme cet appareil devient extrêmement pesant, on établit un contre-poids à l'extrémité de la perche, pour aider les pêcheurs quand ils relc- Acnt le filet. Lorsque les eaux sont encore plus profondes, on se sert d'une autre variété de 17 Fig. S72. — Caleu ou Aenturon. -2oH ÉCREVISSE. Fig. 273. — Hunier, sorte de Echiquier pour la nier. ïraml Carrelet à laquelle on donne le nom de Hxnier {fi(j. 273) et qui sert dans les grands fonds. Il est le môme que le Ventnron, seulement les arcs en fer, au lieu d'ètie attachés à un espar posé en bascule, le sont à un cordage qui passe sur une poulie frappée à re.xtrémité d'une vergue. Comme il est impossible de retirer le Hunier tout d'un coup hors de l'eau, puisqu'il faut le tendre et haler sur la corde, on le fait très-profond, en lui donnant la forme d'une poche autant que possible, pour que le poisson ne s'échappe pas. ÉCHIQUIER ROND. — (\ oy. LaNKT.) ÉCLUSE [Pêche à 1']. — Dans la baie d'Ar- cachon, on se sert d'un artifice très-ingénieux pour prendre un grand nombre d'Anguilles dans les réservoirs ou étangs salés. On attend les gros temps de l'hiver, après le mois d'octobre, et les nuits sombres et sans lune. Le soir, de 3 heu- res à 6, suivant la marée, — car on ne peut faire cette pèche que quand l'eau de la mer est plus haute que celle des parcs, — on introduit l'eau de la mer dans les réservoirs pour attirer les Anguilles du parc près de l'Écluse. On attend alors que la mer se soit retirée, ce qui demande plusieurs heures; on place en de- hors de l'Écluse, — du côté de la mer, par conséquent, — un cadre de filet mé- tallique à mailles de H millimètres, puis on lève légèrement la vanne, à peu près de 15 centimètres seulement, c'est-à-dire de l'épaisseur approximative des Civelles, des Mouregains. Ceux-ci suivent le courant, passent sous la vanne, et s'accumulent dans l'Écluse, oh on les prend en énormes quantités, après avoir fermé la vanne au point du jour. On prend jusqu'à 10 quintaux d'Anguilles, de cette manière, dans une seule Écluse. ÉCREVISSE FLUVIATILE (Astacus fluvialilis, Lin.). — Crustacés décapodes, ma- cidures. Syn. : Cray fish, angl. — Krebs, ail. — Cangrejo, esp. — Gambem, ital. L'Écrevisse est si connue de nos lecteurs, que nous n'aurions presque pas besoin de la décrire. Cependant, afin d'être complet, nous ferons remarquer que ces crustacés d'eau douce, très-voi- sins des Homards de l'eau salée, ont les feuilles des nageoires la- térales du bout de la queue élar- gies et arrondies à leur extré- mité, le dessous divisé en deux par une suture transverse. Les Kcrevisscs ont, sous la queue, cinq paires de fausses pattes, les antennes mitoyennes terminées en longs filets ou barbes, et les pattes antérieures terminées en pinces à deux doigts. La couleur la plus ordinaire est un brun verdàtre plus ou moins foncé ; mais, parmi elles, il s'en trouve dont la coloration est variable suivant les eaux, ou peut-être selon les variétés ; on dis- tingue, surtout dans le nord et l'est de la France, des Ëcrevisses h pattes bleues, communes dans la Kcrevisse fluviatile ( Astacus fluvialilis^ Lin. ÉCP.EYISSE. 251» Meuse ; l'espèce à pattes rouges, la plus rcelierehée, que l'on appelle Edclkrebi en Alsace, où l'on en compte ((uatre espèces diflerentes. D'après les reiiscianeincnts qui nous sont transmis par M. Gauckler, ingénieur des ponts et chaussées, dirccleur de l'étalilissement de lliniiniiue, l'EdelRrehs ne peut s'acclimater que dans des eaux calcaires, tandis que la petite Écrevisse noire, à test siliceux, s'acclimate parCaitement dans les eaux pures et siliceuses. Réunies ensemlile, ces deux espèces s'attaquent, et la petite noire dévore la grande Ëcrevisse à test calcaire. (Expériences faites chez M. Uian.) L'Écrevisse a un rostre en avant, armé d'une petite dent de chaque côte : elle a les pinces cha- grinées. Chaque année elle change de peau, c'est-à-dire qu'elle renouvelle sa carapace ; rien de plus curieux, mais de moins connu que cette opération pour laquelle l'animal se retire dans les trous les plus profonds qu'il peut découvrir, afin de se soustraire aux dangers qui le menacent alors de toutes parts. Il faut de deux à trois semaines à la nouvelle cuirasse pour qu'elle devienne aussi solide que l'ancienne : la crue se fait pendant les quelques heures que l'animal reste nu : elle est d'ailleurs lente, et l'Écrevlsse a besoin de six années pour arriver à la grandeur de 0'",12 environ que nous nommons marchande. La femelle est très-féconde, et les 30 ou 40 œufs qu'elle pond restent fixés par un pédicule aux filamentsd )nt la queue est garnie à l'intérieur: ils forment ainsi une sorte de grappe jusqu'au moment de l'éclosion. Les petites Ëcrevisses n'ont pas, en naissant, un test assez résistant pour aiiandonnei leur mère, et elles trouvent encore pendant quelques jours un refuge sous sa queue. Tout le monde sait qu'elles ont la propriété de régénérer leurs pattes et leurs antennes perdues ou mutilées. Nous renvoyons à la seconde partie de cet ouvrage pour les développements intéressants que comportent l'élevage, la multiplication de ces crustacés, et les opérations fructueuses qui en dépen- dent pour le propriélaire. ÉCREVISSE FLUVïATILE. — Rien n'esl plus varialjlo que les mœurs de l'Écrevisse. Dans ceilains ruisseaux, dans quelques rivières, on les voit se promener toute la joiH'iiée à la reeherehe de leur nourriture; dans d'autres, elles ne sortent guère que la nuil. Tant que le soleil est sur l'horizon, on dirait l'eau inhabitée ; dès qu'il est couché, si l'on éclaire le fond de l'eau au moyen d'un ilambeau, les Écre- visses grouillent, au point que, dans une rivière de cette espèce, nous les prenions par centaines à l'épervier à poches. De jour on n'en voyait pas une, et le soir, quand la lune brillait, et que, les moulins ayant vidé leur eau, les bancs de sable émergeaient, on aurait dit que les pierrailles s'animaient, tant les carapaces humides reluisaient aux rayons de la lune, et que la rivière murmurait, tandis que ce n'était que le bruissement des milliers de carapaces les unes contre les autres. La nourriture ordinaire de l'Écrevisse peut se définir en un mot, car elle mange tout ce qui a vie ou a vécu. Tout, à peu près, lui est bon : mollusques, poissons, larves d'insectes, frai, animaux et poissons morts, tout. Elle est le grand nettoyeur des eaux douces. Et malgré cela, ce nettoyage énergique n'en demeure pas moins un problème pour nous : comment, aussi peu rapides que sont sa marche et sa natation, même dans l'eau, l'Ecrevisse peut-elle s'emparer des pois- sons nécessaires cà son existence? Qu'elle dévore avec ses compagnes un poisson pris à l'hameçon d'une ligne de fond, cela se comprend ; il est captif et ne peut fuir : son affaire est bientôt faite .. — la rivière que nous citions tout à l'heure, con- tient tellement d'Écrevisses (jue toute espèce de pèche de fond y est interdite par elles. — Mais qu'elle puisse happer au passage un poisson vif ? C'est ce que je ne com- prends pas. J'ai même peine à croire que ce soit le genre de chasse qu'elle essaye. Ce qui me le prouve, c'est que maintes fois il m'est arrivé de prendre, dans des balances doubles, en même temps que trente et quarante Écrevisses d'un coup, un Chabot parfaitement vif et intact, venant, en même temps qu'elles, mordre à l'amorce tendue. Or, si les Ecrevisses mangeaient si facilement le poisson vif, rien n'était plus aisé, à l'une d'elles, que de couper en deux, d'un coup de pince, l'im- 2C0 KCUE VISSE. piiulenl Chaijol (jui se fourvoyait on si mauvaise compagnie. D'un autre côté, que Ton mette ensemble, dans un petit réservoir, des Écrevisses et quelques poissons blancs ou quelques Truites, — tous commensaux du même ruisseau ! — les pois- sons ne tarderont pas à subir de telles estafilades qu'ils perdront la vie en peu d'instants. Le Cliabot a-l-il doue une imnnmité particulière, un permis de circulation ? Mystère ! Les habitudes (les Écrevisses sont curieuses. Hors de l'eau, vous les gardez facilement pendant plusieurs jours, surtout si, serrées les unes contre les autres, elles ne peuvent pas trop se remuer et vider leur eau, comme disent les pécheurs. Si, au contraire, — elles qui vivent dans l'eau et que vous péchez dans l'eau, — vous les mettez en masse dans une eau, môme renouvelée souvent, vous les verrez mou- rir très-promptement. 11 semble que, pour leur organisme, l'air pur est préférable à une eau non courante, non aérée ; par conséquent, dans un aquarium, les Écre- visses sont assez difficiles à acclimater. Les unes, — et c'est le plus grand nombre, — meurent au bout de quelques jours; mais quelques autres résistent et alors y vivent très-longtemps. Cependant j'ai remarqué que, pour celles-ci, il fallait des pierres et des plantes qui leur permissent de temps en temps, et plus souvent qu'on ne pense, de venir à la surface humer et respirer l'air en nature. Malgré cela j'avoue n'avoir jamais rencontré les Écrevisses en liberté, occupées à cette fonction comme les Grenouilles sur le bord de leur ruisseau, et prenant gravement le frais hors de la rivière. Au contraire, je les ai toujours vues se promener péni- blement au fond. Ces mœurs sont encore inexpliquées. La pèche des Écrevisses n'offre aucune difficulté. Nous expliquons aux mots Balances sinrjdis et doubles la méthode la plus usuelle pour s'emparer de ces utiles crustacés. On les prend àl'épervier, à la senne, à la nasse, aux verveux, ai>x tam- bours, etc., etc. Dans certaines rivières, qui sont exploitées par les pécheurs, en vue de fournir d'Écrevisses la capitale, et où, par conséquent, cette pêche se fait en grand et d'une manière suivie, on emploie un piège particulier, 11 consiste en une pièce de bois de l^jSO à 2 mètres de long et dêO'°,10 à 0"',12 de diamètre, percée, de bout en bout, par un trou de tarière, un peu plus gros que la plus grosse Écrevisse. On jette à plat, au hasard, ce bois sur le fond de la rivière. Les Écre- visses, en se promenant la nuit, trouvent un des bouts ouverts, car on ferme l'autre avec un bouchon d'herbe; elles y entrent et s'y accumulent jusqu'à ce qu'il soit rempli. On vient, en bateau, le lendemain, relever le piège en passant avec un croc sous l'extrémité ouverte, et le retirant ainsi de l'eau, on le vide et on le rejette à sa place. On emploie, absolument de la même manière, des espèces de petites nasses aussi longues et pas plus grosses que les pièges que nous venons de décrire et dans lesquelles les Écrevisses se réunissent également. L'ouverture extrême est seule un peu évasée, afin d'y pouvoir mettre un goulet également en osier qui, cette fois, empêche les captives de ressortir. Les pêcheurs prisent autant le premier piège que le second ; le premier, d'ailleurs, coûte moins cher et dure bien plus long- temps. Au sujet de ces pêches, encore un lait inexplicable. Maintes fois, parmi la pluie d'Écrevisses qui tombaient dans le bateau, alors que le bouchon était en- levé, frétillaient une ou deux Anguilles... or, dit-on, les Écrevisses mangent le poisson. Cei)endant, elles ne mangent pas l'Anguille ! Est-ce parce qu'elles ne le KG HE VI s SE. 261 peuvent, ou ne le veulent? L'Anguille a-l-eHe, comme le Chahol, un laisscr-passer? Et cependant, les Éerevisses se mangent entre elles, quand elles le peuvent, et de très-grand appétit! Expli(iue tout cela qui pourra ! On prend également les Éerevisses au moyen de bourrées ou de fagots : nous exposerons cette méthode à ce dernier mol. On les prend aussi à la main, et ce n'est pas la manière la moins amusante. Pour cela, il suflil de se mettre dans l'eau vive des petits ruisseaux de la montagne : on \\\n\ a que jusqu'aux genoux: on re- tourne les pierres, on tàte les touffes d'herbes, et, au prix de quelques ;jmr'0/(s vi- goureusement applicpiés, on emplit bientôt son panier. Quelles bonnes p:irties de jeu! Quels éclats de rire de jeunesse, nous rappellent ces lignes! Pourquoi cet heureux temps fuit-il si vite loin de nous ? Alors que les circonstances locales vous favorisent, il est souvent aisé de cou- per un coude de ruisseau ou de petite rivière par un fossé qui permet d'y détourner les eaux. C'est toute une fête qu'une pèche semblable ; non-seulement les Éere- visses quittent leurs profondes retraites en s'apercevant que l'eau fuit devant elles, on les voit descendre gauchement sur les pierres du fond et sortir des cavernes du rivage, mais elles sont suivies par les Anguilles qui serpentent sur la vase; les pois- sons battent de la queue le mince fdet d'eau qui les réunit au plus profond du lit, et présentent leur ventre blanc à la main qui vient les saisir. Ecoutez les éclats de rire ! \o\qz les ébats joyeux des pécheurs. Oh ! le bon temps, le bon temps ! et que l'on est heureux d'être jeune ! S'il est facile de se mettre d'accord sur le genre de pêche que l'on veut adopter, il l'est beaucoup moins de s'entendre sur l'appât dont il convient de se servir. A ce sujet, pas mal d'opinions contradictoires ont cours. Pour tous, il faut se servir de la viande ; mais, pour les uns, il la faut aussi avancée que possible; plus elle sent mauvais, meilleure elle est; tandis que les au- tres ne veulent user que de substances animales fraîches, et sans aucune mauvaise odeur. Dans quelques pays on emploie les intestins de volailles, ou de la viande ar- rosée d'essence de térébenthine. Nous avons bien réussi avec ce moyen, mais en- core mieux en employant l'essence d'aspic. (Voy. ce mot.) Pour nous, et pour les pêcheurs de profession qui s'occupent de la capture des Eerevisses, cette voie n'est pas la bonne, et nous avons toujours obtenu beaucoup plus de succès en employant de la viande très-fraiche, surtout le foie de bœuf, ou encore une gre- nouille entière fraîchement dépouillée de sa peau. Ce dernier appât est l'un des meilleurs que l'on puisse employer. Il est cependant encore un appât supérieur à tous ceux-ci, et nous allons le faire connaître à nos lecteurs, en leur disant que, par ce moyen, nous avons fait des récoltes très-satisfaisantes d;ms des ruisseaux qui passaient pour dépeuplés et où ce genre d'appât était inconnu. On prend tout simplement des Harengs salés, de ceux que les paysans ont baptisés du nom de Gendarmes. On les suspend dans la balance (voy. ce mot). Malheureusement cette amorce est molle, facile à déchirer, et quand on la meta nu à la portée des Éerevisses, elle est bientôt réduite en mor- ceaux et dévorée. Il vaut mieux envelopper le gendarme dans un morceau de vieux filet ou de gros tulle. Les Éerevisses y entortillent leurs pinces, ce qui leur foit perdre un temps précieux, et permet à leurs compagnes alléchées d'arriver sur le piège avant que les premières venues aient fait tout disparaître. Adieu le Hareng, adieu la pêche ! 262 EISSAUGUE. Faille de Hareng, la Morue salée fait aussi bien, mais elle n'est pas beaucoup plus dure et demande les mêmes précautions. Les Sardines salées m'ont également bien réussi. (Voy. Tamboi r a Écrevisses.) Lorsqu'on se sert de balances, il ne faut pas en tendre, à la fois, plus de 25 à 30. Dès que la dernière est tendue, il est temps, grand temps, de revenir lever la première et, à partir de ce moment, de ne pas cesser de relever successivement, remettre des amorces, et ainsi de suite, marchant comme le juif errant, toute la nuit, sans trêve ni repos. C'est ainsi que de 9 heures du soir à 2 heures du matin, nous a\ons pris douze cents Écrevisses mar- chandes!... Dieu vous en donne autant ! ÉCRIVAIN. — Nom donné par les pêcheurs à VAhle nase. (Voy. ce mot.) EGREFIN Morrhiia jEglefinus, Lin.) — Malacopt. Gadoides, Loni;. niax. = On>,30; poids = '-' à i kilog. Syn. : Hadock, angl. — Ko/l, dan. — Kolj'a, suéd. — Duikso, lapon. — Ko/ je, liijser, iiorw. — Kulle, ku/ler, ysn, yse, island. — Ekallnak, groën. — Sc/ielldorsc/i, sckellfisch, ail. — Ciicloge, irland. Ce poisson a la tète, les joues, le dos et le haut des côtes d'un blanc grisâtre sombre, quelque- fois brnn tirant sur le bleu; le reste des côtes et le ventre sont à peu près blancs légèrement bigarre de gris. Les écailles sont petites, la ligne latérale fortement marquée et noire. L'extrémité des ailerons et surtout celle de la queue est plus foncée que le reste et d'un gris bleu. Comme marque distincti\ e et caractéristique, l'Egrelin porte sur les épaules une barre noire, en croix avec le dos, laquelle lui fait souvent donner le nom iVAne. La tète est en pente depuis le crâne jusqu'au bout du nez, elle est petite ainsi que la bouche, et les opercules sont plus longs que larges. L'œil est grand, l'iris argenté, la pupille grande, de forme un peu angulaire et bleue. La membrane branchiale a G ou 7 ailerons de plus que l'opercule en dessous vers la gorge. La vésicule du fiel qui est petite est placée le long de l'estomac. Ce dernier est également en long. Les nervures des ailerons et des nageoires sont assez fortes et sensibles; du côté où elles sont plus longues, elles deviennent très-fines. D = 13-1- 21 + '9- P = 18. V = 6. A = '24-t- 18. G=2.i. Ce poisson se tient le plus souvent parmi les rochers, où il se nourrit de petits crabes; il est très-vorace et mord facilement à l'hameçon. Il chasse le Hareng ; quand il en a mangé pendant quelque temps, il est gras et très-bon. On le trouve en grande quantité dans les anses où il se ré- fugie pour échapper à la chasse que lui donnent les chiens et les flétans. On prépare ce poisson comme le Merlan ; sa chair est bonne, surtout quand il a été bien nourri, mais il a moins de laite que celle du poisson auquel on le compare. ÉGREFIN. — Ce poisson, qui paraît par petits bancs dans la Manche, fréquente les rochers depuis novembre jusqu'en février. Il se nourrit de petits crabes et autres crustacés. Il est très-vorace et mord facilement à Ihameçon, soit des lignes de fond, soit des lignes h la main. L'amorce la plus attrayante pour lui est un morceau coupé sur un hareng ou-une équille. ÉGUIL.LETTE. — Nom de V Orphie, près de Brest et sur les côtes de Bre- tagne. EISSAUGUE. — Ce niet {(hj. 275) est formé, comme les Ganguis, d'une poche et de deux ailes, mais ils sont beaucoup plus longs : d'après le décret du 10 novem- bre 1851), pour le 5® arrondissement maritime (Toulon), la longueur totale des deu.\ ailes, jointe au plus grand diamètre de la poche, ne pourra e.\céder 350 mètres, ni être inférieure à 100. La poche ou manche, en forme de sac conique, sans être tron- quée, sans étranglement, aura des mailles d'au moins 0'",020 en carré. Le poids total de la ralingue inférieure et des plombs qu'elle porte, n'excédera pas de 250 gram. par mètre courant moyen. Ce fdet ne peut être traîné ou remorqué à la voile ou à l'aviron, on doit le haler à bras du large à terre, et il est formellement défendu de le traîner le long KMERILLON. ^Hï.i lies rivages, ni de le haler h boid iln bateau. L'emploi en est d'ailleurs inlerdil, svn* la côte, du 1" mars au dernier mai; dans les étangs, du I" mars au dernier sep- Fiy. '17'j Kissaugue. Fiff. "270. — Knioiillon double à boucles fermées. Fig. 27S. — Kmerillon double à crochet. Fï)5r. 277. — Énieiilioii simple à crochet. Icmbre, il n'est permis la nuit qu'avec autorisation spéciale de l'Inscription maritime. ELLERCHER. — Dénomination alsacienne du ]'é/on. (Voy. ce mot.) ÉMERILLON. — L'Émerillon ou clef tournante est un petit instrument (////. 27() à 278) dont se servent les cordiers dans la fabrication des fils retors. Ces petits appareils se font en acier ou en cuivre. Les uns sont terminés par deux boucles fermées {fiy. 276), les autres {fig. 278) ont à une extrémité une bou- cle fermée, et à l'autre une boucle fai- sant ressort d'une manière analogue à un porte - mousqueton, et permettant ainsi d'y passer la boucle d'une avancée, ou de l'empile d'un grappin ou hameçon. Toutes les fois qu'on se sert d'un appât vivant, celui-ci, en tournant plusieurs fois sur lui-même, tordrait bientôt la ligne et la vrillerait, si l'Émerillon interposé sur le parcours, ne s'opposait pas à ce défaut en tournant sur lui-même sans rien emmêler. De même, quand on se sert du lue-diable {/if/. 27U), ou delà cuiller {fig. 280), rÉmerillon est encore indispensable : on en met souvent deux sur le parcours de la ligne, un à chaque bout de l'avancée, en prenant soin de choisir leur numéro, et leur grosseur par conséquent, en raison de l'elfort à suppor- ter et du poids qu'ils peuvent ajouter à la ligne. L'Émerillon à double anneau se place au-dessus de l'Émerillon à crochet. L'Émerillon est indispensable dans les eaux rapides des cascades et moulins Fùj. -279. Tuo-dialili' a\ec son Emerilloii a crochet. 264 EMPILAGE. Fig. 2S0. — Cuiller pour la sjrosso truite, avec sou Énierilluii ilouble sans crochet. 011 l'on pèche los poissons de proie. Truite, Brochet, Perche, etc. — Il est indis- pensahle dans la pèche ou passé et dans celle à Trolling. Il est fâcheux que l'emploi de ce petit instrument ne soit pas plus répandu : nous ne saurions trop le reconnnander : on le trouve dans le commerce classe par numéros analogues à ceux des ha- meçons. Il existe six grandeurs d"I']merillon simple et dix gran- deurs d'Emerillon douhle. Il faut, en les choisissant, s'assurer de leur parfaite mobilité et de la so- lidité des deux rivets du milieu. Ceux qui portent deux boucles ne souvrant pas, sont les plus solides. On les rend commodes néanmoins en adaptant à l'une des boucles l'avancée à demeure, à l'autre boucle, une boucle en soie tressée ou en florence, dans laquelle on produira, à volonté, l'entrelacement de celle de l'avancée ou de l'empile, etc. Toutes les ligatures qui environnent l'Émerillon doivent être bien soignées, vernies et à l'épreuve. Pour la pèche du Maquereau et de la plupart des poissons de mer, l'usage de l'Émerillon est de la plus haute importance. EMISSOLLE iSqualus mustellus, Cuv.). — Cliondopt. à branchies fixes, plaglost. Long, max. = 0™,(iO. Syn. : Sniooth-hotaid, angl. Quoique ce squale offre toutes les formes des Requins et des Milandres,et qu'il ait des évenis comme les derniers, on le reconnaît très-facilement à ses dents plates en petits pavés. Sa couleur est gris cendré en dessus et Manche en dessous : la ligne latérale est proéminente et le dessus du corps estmarquéde nombreuses taches blanches circulaires. La femelle produit ses petits en novembre; ils sont peu nombreux, environ une douzaine : ils s'enfoncent immédiatement dans les grands fonds d'où ils ne sortiront qu'au mois de mai suivant. Commun sans être très-abondant, ce squale se tient au fond sur les bancs découverts, où il se nourrit de crustacés et de mol'usques dont il brise les enveloppes avec ses dénis en pavés. Dans quelques endroits sa chair est estimée et passe pour délicate. EMPÉRATOUR et EMPEREUR. — Nom de l'Espadon aux environs de Nice. (Yoy. Espadon.) EMPILAGE. — Empiler un hameçon, c'est le fixer à une empile. Ces empiles varient, comme les hameçons, par la grosseur et la longueur. Les manières d'em- piler les hameçons sont nombreuses et varient aussi suivant la grandeur de l'hame- çon et le genre de pèche auquel on le destine ; car certains empilages sont très- apparents, d'autres le sont très-peu ; certains sont très-solides, d'autres le sont un peu moins, mais se prêtent mieux à quelques autres combinaisons. Dans tous les cas où les hameçons sont très-petits, il est difficile de serrer assez l'empilage sur la tige pour assurer une parfaite solidité, aussi vaudra-t-il toujours mieux choisir ces petits hameçons avec une palette qui, empêchant l'em- pilage de s'échapper en glissant, augmente de beaucoup la solidité de l'assem- blage. Nous allons passer en revue les différentes manières de faire les empilages, mais il faut, avant tout, se souvenir que, de quelque manière qu'on veuille empiler un hameçon gros ou petit, il faut le placer entre l'index et le pouce de la moÀn gauche, le dard en dessus, et le bout extérieur de la hampe où doit se trouver la palette tourné vers le dehors, vis-à-vis des ongles des deux doigts rapprochés qui le EMPILAGE. 265 Fiçj. 2S1. —Manière de tenir rhameçou pour l'empiler. tiennent. L'empile se place toujours en r/c.s.s»,s de la hampe de l'hameçon dans cette position {fi(j. 283), parce que la palette étant coupante et penchée en dessous, l'empile ne risque pas d'ôtre coupée par le frottement des angles du métal. 11 est donc entendu que toute empile, quelle qu'elle soit, sera attachée en dcr/ans de l'hameçon. Chaque matière qui sert à l'empilage doit subir un trai- tement approprié à ce terrible critérium de sa valeur, car il ne faut pas se dissimuler que c'est la plus décisive épreuve de la valeur d'un brin de florence ou d'un crin que de le voir sortir intact de cet entortillement frénétique et de ces tours de force d'élasticité. 11 est donc nécessaire d'aider la nature. à franchir ce pas redoutable. Le crin de cheval doit être mis à tremper plusieurs heures dans l'eau, meil- leure tiède que froide, et ne doit jamais être travaillé qu'avec les doigts humides. La florence, plus rebelle, doit tremper au moins une heure dans l'eau chaude ; quand elle sort de là, elle est molle, flexible et capable de se prêter à toutes les Corsions imaginables. Elle forme ces beaux nœuds perlés, ces empilages transpa- rents et réguliers qui font la gloire du pêcheur. La soie en cordonnet a dû être parfaitement dévrillée dans l'eau, séchée et ensuite enduite, à plusieurs reprises, d'huile siccative. (Yoy. Huiler les lignes.) La soie de sanglier, qui est extrêmement roide de sa nature, sera fortement ramollie par l'eau chaude, et travaillée vite et les mains mouillées. Le fouet de lin ou de chanvre le sera à sec : il se grossit à l'eau, par conséquent se consolide une fois empilé. Première manière (//^. 282 à 28 i). — L'hameçon étant tenu, comme dans la ligure 281, par les doigts de la main gauche, on prend le crin, la florence ou la soie de la main droite, et on plie cette cordelette en deux parties, A et B (//:^.^^fp^^^ on empile sur de la soie bien dé- Fig. soi. — l-il de fouet ponr empiles de cordiies. vrillée {fuj. :;05). Dans toutes les pêches de nuit, pendant lesquelles le pois- son pris peut 6(re fort, et dans tous les cas ne doit Cire conservé que par la solidité de l'attache, il faut se servir d'Empilés solides, et ne pas s'inquiéter si elles sont trop apparen- tes; la nuit ou le crépuscule cachent tout cela aux poissons. Dans tous les cas, il est bon de choisir des hameçons renforcés mais non à boucles. Pour la pêche de jour à la marée {fiff. 306), plus l'Empile sera invisible plus le succès sera assuré. Le choix de cette partie de l'appareil est d'une extrême importance, parce que c'est presque la seule que le poisson voie et dont il se préoccupe. Le pêcheur habile n'emploie et ne connaît pas de meilleure matière qu'un simple et unique crin de cheval : c'est le nec plus ultrù de l'Empile ; quand cela ne réussit pas, rien ne réussira. Et vraiment c'est merveille d'avoir trouvé une matière, — ceci de la main des hommes, — presque aussi invisible que le crin et beaucoup plus résistante que lui, c'est la florence. Cependant cette Empile d'un crin seul est incapable de retenir et surtout de soulever un poisson d'une certaine taille. Car si le poids de l'animal accroché s'élève seulement à -4 ou oOO grammes, il est à peu près certain que le pêcheur ne le conservera pas, quelles que soient sa prudence et son adresse. L'Épuisette lui sera indispensable, mais encore faut-il amener le poisson captif auprès du rivage . Pour la pêche de jour, à la main, nous disons donc que le crin de cheval d'a- bord, la florence ensuite, sont indispensables. Pour les mêmes pêches aux jeux, au pater-noster, on peut employer le crin cordé, la florence, ou mieux la soie de sanglier, qui n'a que le défaut d'être trop courte, et possède, comme le crin, le grand avantage de n'avoir pas de luisant, lequel dans les eaux claires sufflt pour effrayer le poisson et lui faire fuir l'appât. ■- Pour la pêche du Brochet à la main ou à la bricole, pour la Perche, pour la plupart des poissons de mer, pour toutes les pêches au vif, on se sert d'Empilés en laiton ou en corde filée, ce qui vaut mieux que les cordelettes ou chaînettes de fil de cuivre recuit. (Voy. Empiles en éculveau pour les poissons à deiits coupantes.) EMPILES EN CORDE FILÉE. — (Vov. BROcnET, Pèche, ct Corde filée.) EMPILES EN ÉCHEVEAU. — (Voy. AnGL'ILLE, Pèche.) EMPILURE. — Synonyme (V Empilage. EMPLOI DES ESCHES OU APPATS, par espèces de poissons et par saison. (Voy. Calendrier du pécheur, et Numéro des hameçons pour chaque poisson.) 270 EMIMJU DES ESCHES. NOMS DES Pni?POXS. SAISONS KSCHF.S Oli APPATS. Poissons d'eau douce. Ablettes m SKS Vilt - ? ars, avril. Anguilles diver- ses. — Apron. Printemps. Fin mars, fin avril Harbeau. /Mars, fin avril Brème ordinaire et bordelière. . .Tanvier, avril. Brochets. Avril, fin juil- let..... ..... i:té. 15 juin, août.. . 15 Octobre. Hiver. .lu in, fin août. Mai , septem- bre , . . Août, fin octo- bre Septembre octobre. . Carpes des difle-] rentes espèces. \ Fin mars, fin / mai Chabot Toute l'année. .luin, fin août. ' 16 mars, 15 / mai ■ Chevesne et pois- .SONS CYPRINS ana- logues 15 mai , fin juin. .luillet, août. Octobre, fin de- i cembre Septembre, oc- tobre.. . Hiver. I Vers cannelés, vers de vase ) Mouciies, asticots ; moucbe ' artificielle; vers de vase. Vers rouges et de vase. Vers rouges, lamprillons. ) Au vif; — sangsues, ablet- ' tes sècbes. (Voy. A.nguilles ) ! Vers rouges. Vers rouges, viande cuite. Cherfaix, gruyère, asticots dans les pelotes', jaune d'œuf dur, boulettes, queues d'écre- visses, vers de vase. Queues d'ëcrcvisses , vers rouges, viandes cuites, sang- sues. j Vers rouges, blé cuit, vers I à queue. Asticots dans les pelotes ; j fèves, pois, blé cuit, vers rou- / ges bien dégorgés , vers à j (|uene, vers de pâte, limaçons ' d'eau. . Vers rouges bien dégorgés, î vers de vase. / Vers rouges, rate crue et cuite, boyaux de poulet, pe- ( tites grenouilles. j Goujon, petits chevesnes, ) véron. Comme en janvier. ( Vers rouges, blé, fèves cui- \ IfS. : Fèves, pois, Lié, cliènevis I cuit, vers rouges préparés, I limaçons d'eau. Vers rouges préparés. Vers rouges, vers de vase. I Vers rouges, queues d'écre- [ visses, hamielons, chenilles. f Papillons, mouches artifi- ' cielles et naturelles. Tous insectes, cerises, gro- seilles, sauterelles, grillons, papillons et mouches artificiel- les et naturelles, sang, cocons de ver à soie, pain de creton, cervelle de veau crue , blé cuit, vers de farine. j Boyaux de poulet, cervelle / crue. EMPJ.Ol DES ESCHES. 271 /Mêmes appâts que le chevesne, mais plus petits Dard ou Vandoise. | |;;t^; Gardon blanc oi CARPE Gardon rouge ou rotengle ' Printemps. F'rintemps . Printemps Goujon. Lotte, . O.MBRE . Perche. Kté. Août, octoine. Septembre. Automne. Automne. Hiver. Même pêciie et mêmes appâts que l'anguille. Mars, août. Perche goujon - , NIÈRE ) Saumons de difTé- j rentes espèces., j Tanche Truites diverses. Septembre, oc- tobre Hiver. Comme la Brème et la Carpe. ' .lanvier, avril . Véron Toute l'année. Mai , septem- , bre Octobre , no- vembre RSCHRS OU APPATS. Mouches artificielles , blé cuit, asticots. Limaçons d'eau. Vers rouges. Vers rouges, cherfaix, blé l'MJt, boulettes, vers de vase, vers de farine. Vers rouges, vers de vase. Vers rouges. Ver cannelé, cherfaix, blé cuit, ver de vase, ver de fa rine. Ver rouge. Ver rouge. I Ver rouge, ver de fumier, ' ver de vase, asticots, i Ver rouge. Mouches naturelles ou très- petites mouches artificielles sur hameçons-aiguilles. Ver rouge, véron, goujon vif, asticots dans les pelotes, \ers de vase. Vif; — ver de vase. Au vif; — véron, patte d'écrevisse crue. Ver rouge. 1 Hanneton , mouche artifi- ' cielle; insectes, grillons. I , Mouche artificielle , ver ' rouge. j Mouche naturelle et artifi- I cielle. Au vif, surtout le vé- j ion , hanneton , sautereHe , ' grillon, papillon, chenille. j Mouche artificielle, vif, gros '. ver rouse. j Petits vers rouges, asticots, I vers de vase. 27â EMPLOI DES ESCHES. II, — Poissons de mer. Bar 1 j j^re\ ..!.. {octobre. ' Appât un peu gâté, lanières (le chair de sèche.vers de terre ou de mer, poltrons ou crabes mous. Harengs frais. Dlaquets. LîARBLE ' Même pèche et mêmes appâts qu2 le Turbot. BOMTE. CONGRt . Daurade. Dorées. EftREFIN. Flet . Germon. Limande. LiNGL'E. j Toute l'année, mais plutôt en : Mil] Septembre. Novembre,] a 11- i .luiilet, août. Toute Tannée Hareng i .Novembre, jan- ' vier .luiilet, août.. Juillet, août. Chair d'anguille, sardines, poissons volants, poisson arti- liciel. Harengs frais. Au petit poisson vif ; sèche. ' Dans les ports, au crabe mou ; harengs frais. Vers de terre ordinaires, petites plies et limandes, pilonos. Crevettes, crabes, morceaux de tlions, de maquereau, ou pétoncles. i Appâts vivant>!, jeunes pa- I gels. i Automne, hl- i Morceaux de harengs, d'é- ' ver j quilles et de pilonos. Mai, juin. Labres divers . .. Toute l'année. Toute l'année . Mars, août. Véron en eau douce , ou vers : ver blanc à pattes en eau de mer. Harengs frais. ' On se sert d'hameçons en t bricoles amorcés avec un j appât animal ou de leurres i de liège couverts de plumes, / de mouches à saumon, tue- V diables, cuillers. / On amorce avec des gra- ) vettcs ou des mouches arlili- j cielles. Excellente esche pour (^ tous les poissons de mer. IGravettes, chair de poisson frais quelconque. Mordent en tout temps. / Dans les ports, au blaquet l et aux vers blancs; pitot. En , ,' mer , crabes en morceaux. i moules et coquillages ; ha- ' rengs frais. j On amorce de harengs, sar- ( dines, etc. EMPLOI DES ESCHES. 273 NOMS DRS POISSONS. Maqiereau. SAISONS .luiii. I:SCHKS OL APPATS. Toute l'année , mais mieu\ en : Merlan. Merlu. Morue MULET. . Oblade. Septembre, oc- j Novembre et' tobre décembre. .(uillet, août. Juillet, août Juin, août. . . Même pèche que celle delà Daurade. Toute l'année , mais mieux en : Vers de mer, crevettes, de mars en septembre ; ou des fragments de chair de pois- son. Pciidaat le jour, il mord à •s, un morceau de drap rouge ; on se sert aussi d'un bon ap- pât qui consiste en un bout de tuyau de pipe de Qu^iOG de \ long, mis au-dessus de l'ha- meçon. Harengs frais. Foie de porc frais ou salé. Dans la boum' saison, mord facdemenl à tous les appâts, crabes en morceaux, sèches, moules , coiiuiliages , pitot, loiies de mer, hareng frais. Dans les ports , au crabe mou , au blaquet , hareng frais. , Dans les ports, au crabe \ mou , au blaquet . hareng i frais. Vers de terre sur la \ côte. I Dans les ports, au ver blanc ( à pattes. Pagel. / Dans les ports, près \ chers, mordent à tous rès des ro- us les ap- Juin , juillet, (Septembre, oc- ^P'^S' ^"'"^o"*. ^.'f '^h^'''" <}« août I tobre /leur espèce, equiiles, crevet- I V tes, crustacés, coquillages. Pagre Se pêche comme la Daurade : mêmes lieux et mêmes appâts. PÉI.AMIDE .. Plie. Raies Rouget grondin. Roussette. En même temps que le Thon, la Bonite, etc. Novembre, jan- , vier i IUn morceau d'étain poli, de la couenne de lard, une queue de maquereau, et tout ce qui semble vo!er sur l'eau. j En rivière, ver rouge; eH i mer, ver de sable. / Foie de porc ou de vache, \ rate, harengs ou sardines. < Se pèchent au fond de l'eau. f Sèches : coraets, de mars en V septembre. , Se prend avec les mêmes I appâts que le Maquereau et les Merlans. / Près du fo;id et dans les \ trous de rochers, on amorce Décembre à) avec de petits poissons, ma- mars ] qnereaux ou harengs, mer- f lans surtout, petites plies, rougets. 18 274 ENFERRER. NOMS DES POISSONS, Sarghe. Sardink. Saupe. Saurel. Soie. Sprat. Surmulet. Tho> . TrRBOT. Vieille. Vive . . . . SAISONS ESCHES OU APPATS. Toute l'année. i Septembre, oc- ' lobre Avril. ) Anchois salé. Se pêche du ( reste comme la Daurade. iOn en a pris avec des vers. Remplace le Hareng comme esche excellente pour tous les poissons. ÎSe pèche comme la Dau- rade, et aux mêmes lieux. Amorce de poisson frais, sur- tout le chinchard et le pilono. ' De février juillet. . . , j Novembre et ' tout l'hiver. Juillet. Avril et octo- j bre ( A la même époque que la sole. Toute l'année. Juin, juillet. { Se pêche comme le Maque^ ) reau. On amorce avec des pelou- ses, harengs frais, surtout les vers marins noirs. [ Sert d'appât pour le Maque- 'reau, le Saumon, et tous les / poissons de proie. / Se pêche en grande eau ; I s'approche de la surface pen- ( dant l'été. - On se sert d'hameçons en ( bricoles. Un appât animal \ quelconque, souvent un appât ^ de liège couvert de plumes, / des mouches à saumon, tue- \ diables, cuillers. (Se prend sur les côtes ro- cheuses , près des côtes, à l'embouchure des fleuves, bla- quets ou petits poissons et vers. j Chair de poisson, hareng ( frais, vers. Comme Labres. I Se pêche de la même ma- Août, octobre.. I nière que le Maquereau. ENARD. — Longue ligne, terminée par des lièges, qu'on attache à la tête^d'un Tramail, pour le maintenir vertical au fond de l'eau. ENCHELYOPUS. — (Voy. Loche de mer.) ENCORNET. — Nom vulgaire du Calnwr (voy. ce mot) sur les bords de la Manche. ENFERRER LES ESCHES DIVERSES. — (Voy. MANIÈRE d'enferrER, etc.. Enferrer un poisson vif.) ENFERRER UN POISSON VIF A L'HAMEÇON. — Les pêcheurs ont adopté un assez grand nombre de manières d'enferrer le poisson pour appât, et cela suivant les lieux et un peu aussi suivant l'espèce de poisson choisi pour Esche. En effet, si comme le Goujon, le Véron, etc., il a la vie dure, on peut être moins préoccupé de la manière de l'enferrer; si au contraire, il est comme le Dard, l'A- K.NFElîliEIJ. 275 bk'lle, etc., trc's-s('iisil)le, le i)i'('lK'iuchoisir;i [)aiini les dillerciits moyens que nous allons expliquer ici, celui qui lui senihlina le plus projjic à conserver à son amorce celle (pialih'' de la vie (jui l'ail loule sa valeur. Un principe basé sur l'observation doit cependanl dominer toutes ces métho- des, pourvu qu'elles soient rationnelles : c'est que tout poisson chasseur attaque sa proie par la tète. Ceci est sans exception, et la nature a été ici conséquente avec elle-même ; le mangeur a les dents en crochet la plupart du temps, par conséquent ces dents, cns'accrochant dans les écailles du mangé, le retiennent nécessairement et presque sans elfort; en second lieu, si la proie est grosse, quand le mangeur a pu embrasser la tète du mangé tout à fait, la partie la plus forte tlu corps suivra, car elle est rarement plus grosse que la tête des poissons-proie, et d'ailleurs la forme en fuseau aide à la déglutition. Dernière raison : si, comme le Chevesne, le man- geur n'a pas de dents proprement dites, il possède au fond du palais des espèces de crochets entre lesquels il broie en passant la tête du mangé et le rend inerte. Tout cela n'arriverait pas, si le mangeur attaquait le mangé par la queue. Nous avons eu cependant, à des lignes de fond de nuit, des poissons coupés en deux par le Brochet, et dont la partie caudale était enlevée; mais il est probable, dans ce cas, que le Brochet, au milieu de son élan terrible, aura manqué sa direction et que sa mâchoire impitoyable , qui devait broyer le poisson entier, n'aura plus rencon- tré que la queue qu'elle aura coupée, sous son étreinte, .comme avec des ciseaux. On prend un hameçon simple à boucle — c'est ici le cas de se servir de ces hameçons, — on f;ut entrer la palette dans la bouche du poisson qui doit servir d'appât, (fig. 30") et on la fait sortir au- dessous des ouïes. On attache ensuite l'hameçon à la ligne, sur laquelle on lie la queue du poisson. On prétend que de cette manière le poisson vit plus longtemps ; jjuis on coupe une de ses nageoires pectorales afin de le faire pirouetter dans l'eau et d'attirer plus fortement les poissons carnassiers, lesquels, pensant rencontrer un poisson blessé qui ne pourra les éviter, se jettent avidement sur lui. On peut modifier avantageusement cette mé- thode en se servant d'un hameçon fin liraerick, courbé ou droit, empilé soigneusement d'avance sur r^^^^^--^'^'^ '^ •^'''^^^^'^ tlorence forte ou sur corde filée d'une longueur de ^^^IJSiZZ 0'",^20 environ, cette Empile portant une boucle à /'V^. aos.— Bricole a i.oucie passée de la son autre extrémité. On passe délicatemejit cette "--« '"-^i-- 'i- 'h-^con sin,,,ie. boucle par la bouche du poisson, la faisant sortir par une ouïe, et l'on attache la queue du petit poisson sur l'Empile au moyen d'un petit fil délié ; il ne reste qu'à monter la boucle de l'empile dans le crochet à ressort d'un émerillon (pii doit terminer l'avancée {/iy. ."JOS). Quand on se sert de l'hameçon double nommé Bricole {/ig. 309) qui est bien préférable pour tous les poissons chasseurs à gueule dure et garnie de 'dents, on enferre le poisson de la manière sui- vante : On fend légèrement avec la pointe d'un canif et en travers le Bncoietimerick. dos du poisson, à la naissance de la nageoire dorsale; on fait une autre entaille pa- reille, en avant, à la distance de 0"',01, plus ou moins, suivant la grandeur de la Fia. 'SOI.— Hameçon à boucle passé daus l'ouïe du poissoii-nmorcc : le fil de ligne perçant la base de la Dorsale. 276 ENFEIUIKII. bricole dont on veut se servir, suivant la grandeur du poisson et suivant encore (juc la nageoire dorsale est plus ou moins rapprocliH' de la (pieue; on lait passer le bout de la chaînette ou la ])oucle de l'Empile de corde Idée, en commençant par linci- sion de la nageoire dorsale, et on le fait ressortir par l'incision qui avoisine la tète. Lorsque la boucle est sortie et dégagée de dessous la peau, on fait passer dans cette boucle une des brancbes de la bricole, puis on retire le tout en arrière, jus- qu'à ce que la boucle elle-même, ayant passé sous la peau, soit sortie par l'inci- sion postérieure. Le poisson se trouve ainsi suspendu en équilibre, il n'est i)as l)lessé mortellement et se promène très-longtemps. En plaçant la bricole, on a soin de la tourner de manière ({ue les pointes soient en l'air. Ftg. 310. - roissou anioice traverse; j.ar la ligue, et la Quand On pÔchc à la VOléc aVCC (iiieuc lii'^o sur le fil. • • c i x un gros poisson vit, on se contente de passer rbameçon dans la chair de la queue, ou de l'accrocher par la peau du dos. On peut encore se servir pour enferrer le poisson-appàt d'une aiguille [fig. SU) faite en fil de fer aminci à la lime, en pointe d'un côté et au bout duquel on pratique un petit crochet dont l'extrémité est rentrée - ^ en dedans. On passe cette aiguille bien doucement Fig. 311. - Aiguille à enferrer le pj^p \^ bOUChc du poisSOU pOUr nC paS Ic tUCr, Ct 011 - P**'"*"" ■ la sort par l'anus, puis, mettant la boucle de l'Em- pile dans le petit crochet, on la retire par le corps du poisson {fi(j. 310). Un des dards de la bricole se place dans le corps du poisson, l'autre, — ou les deux autres si l'on se sert d'un grappin, — se rapprochent de chaque côté de la nageoire anale. On prend ensuite un plomb de chasse n" 4, que l'on a perforé ; on passe dedans l'Empile et on fait entrer ce plomb dans la bouche du poisson afin que l'animal des- cende entre deux eaux sans que rien paraisse au dehors. On passe alors la boucle d<' l'Empile dans le crocheta ressort d'un émerillon qui termine l'avancée. On peut encore faire passer l'aiguille dans la partie charnue du dos du poisson, depuis l'ouïe jusqu'à la queue, en introduisant à sa suite le fil de l'Empile jusqu'à ce qne la bricole ou l'hameçon se trouve couché le long de l'ouie. Cette blessure, que l'on fait le plus superficielle possible, n'empêche pas le poisson de se mouvoir et de vivre longtemps. La manière la plus simple, et en même temps la meilleure, consiste à faire en- trer la pointe de l'hameçon, ou de l'une des branches de la bricole ou du grappin, dans la bouche du poisson et à la faire ressortir par une des narines. Quoique l'ha- meçon reste ainsi parfaitement à découvert, les pois- sons chasseurs y donnent tout aussi bien, et comme ils attaquent toujours, avons-nous dit, par la tète, ils se prennent souvent sans avoir même avalé l'appât, et ils pendent à côté de lui pris au même hameçon. ' . Il nous reste à dire un mot de la manière dont on Fig. 312. — Poissou vivant que I on - . . peut attacher sur deux Tue-Diable de plaCC IcS pOlSSOUS Vivants SUr IcS appareils IlOmmés construction différente. Tue-Diohle {fig. 312), qui servent'pour pêcher dans les chutes d'eau et endroits rapides, où les méthodes ci-dessus laisseraient déchirer le poisson. Nous renvoyons pour cela au mot Tue-Diable où les méthodes seront natu- rellement expliquées à la suite de la construction des appareils. (Voy. BRicOLn:, Vif [Pèehe au]). ENGOURDISSEMENT. 277 ENGAMER. — Se (lit, cn termes dépêche, de l'iiction du poisson qui avale en- tièrement une esche à l'hameçon. Le talent du pécheur consiste surtout à faciliter cette action du poisson, aussi choisit-on en conséquence la grandeur de l'hameçon, sa grosseur, sa force, son empilage, l'esche dont on l'enviroimera. Ces petites précautions, qui peuvent sembler puériles et minutieuses au pêcheur inexpérimenté, sont observées avec beaucoup de soin par le pêcheur habile, qui sait qu'elles conslitueni un des moyens les plus puissants de réussir. ENGINS DE PÊCHES SPÉCIALES. — (Voy. REÇUES SPÉCIALES.) ENGOURDISSEMENT. — L'abaissement de la température coïncide, pour un assez grand nombre de poissons, avec un état d'engourdissement très-remarquable ; pendant l'hiver certai- nes espèces disparaissent à nos jeux et vont chercher, dans les profondeurs de la vase ou au fond des crônes, des endroits où elles puissent vivre de la vie végétative, jusqu'au retour du vivifiant soleil. La plus grande partie des poissons frugivores d'eau douce est dans ce cas ; la Carpe, la Tanche, restent cn hiver appliquées contre la vase et rassemblées en grand nombre, comme si, dans ce ras- semblement, ces animaux devaient trouver un accroissement de chaleur. Phénomène extrêmement digne de remarque, puisque le corps des poissons présente une température à peine supérieure à celle du milieu dans lequel ils vivent. Le Goujon disparaît si bien à l'entrée de l'hiver que quand il reparaît vers le mois de mai dans les rivières, son apparition a l'air d'une invasion, et dans beaucoup d'endroits on lui attribue une origine des plus bizarres. (Voy. Goujon.) L'Anguille, la Perche, le Brochet, les poissons carnivores de nos eaux douces, restent seuls vivaces et errants à la recherche de leur proie devenue extrêmement rare, et encore, pendant les grands froids, vont-ils aussi chercher au fond des eaux un refuge contre la rigueur de l'hiver. C'est un spectacle assez curieux que le rendez-vous, auprès des sources chaudes qui versent leurs eaux dans les rivières, d'espèces réunies contre l'ennemi commun etqui, au premier rayon de soleil, vont se disperser chacime de leur côté, l'une dévorant l'autre, celle-ci fuyant la dent de celle-là. Ce phé- nomène est attesté par la pèche à l'épervier. Dans les endroits des rivières où l'on sait qu'existent certaines de ces sources, on prend simultanément le Brochet et le Gardon, le Goujon et la Perche, l'Anguille, la Lotte et le Yéron. C'est également dans ces lieux de refuge que le pêcheur à la ligne doit aller essayer sa patience, s'il ne préfère demeurer au coin du feu et réparer ses engins pour la saison meilleure. Encore ne prendra -t-il, par un rayon de soleil, que les Carnivores. Nous ne pouvons résister an plaisir de citer une anecdote due à CuvieretàValenciennes; — elles sont assez rares dans leur immense ouvrage pour qu'on les recueille avec empressement quand elles animent l'histoire des mœurs si peu connues des poissons, même nos commensaux. — « J'ai trouvé, dit l'un d'eux, un tronc de saule que le pécheur avec qui j'étais avait attaché à la remor- que d'un bateau pour le ramener chez lui, afin de le brûler ; ce tronc d'arbre fut traîné et remué pendant plusieurs heures. Quand on le mit à terre, on s'aperçut qu'il était creux et qu'une vingtaine de Barbeaux, dont plusieurs assez gros, s'étaient serrés les uns contre les autres dans ce tronc d'arbre. On put les tirfr de leur retraite, et ils furent assez longtemps sur la terre, sans remuer ni sauter comme le fait le poisson hors de l'eau. »' N'est-ce pas là une somnolence hivernale ? —Et un peu plus loin : «Le Meunier {Cypi'inus Dobula) s'engourdit aussi pendant l'hiver; plusieurs individus se serrent ensemble dans un trou de berge et demeurent immobiles pendant la mauvaise saison, telle- ment qu'on peut les prendre à la main. » Nous avons à dessein laissé de côté la famille des Salmones, qui comprend dans nos eaux les Truites diverses, les Ombres et les Saumons. Pour ces poissons, l'hiver est le temps des amours, et loin d'être une époque d'engourdissement, c'est pour ces animaux le temps de leurs travaux et de leur migration. Les poissons de mer offrent des phénomènes analogues, et le nombre prodigieux de certaines espèces, fait de leur apparition ou de leur réveil un sujet toujours nouveau d'étomiement et d'admi- ration. Où vont se cacher en hiver lesThons,les Sardines, les Harengs? Nul ne le sait positivement, quoique chacun prétende avoir décrit leur migration annuelle. Il est hors de doute que la majeure partie des poissons de mer s'éloigne des côtes, à mesure que décroît la température moyenne de l'année, et qu'ils s'en rapprochent pendant le temps des chaleurs. (Voy. Maquereau.) Ce fait général f t régulier tient-il à un besoin d'aller s'engourdir dans les grandes profondeurs de l'eau pour y demeurer à l'abri des bouleversements de la tempête, — qui n'atteint qu'une épais- seur insignifiante de la surface des mers, — et y jouir d'une température égale et constante? ou 278 K P A U L E. tioiit-il à la néeC'-sitc d'y aller clierclier une nourriture particulière? C'est ce que nous ne savons pas encore; le fait.danssa régularité, est coustaut, la cause est inconiuie. Combien encore l'homme a-t-il à découvrir de faits seniiilahles (jui se passent chaque année sous ses yeux ! Nous ne terminerons pas cet aperçu général des phénomènes les plus dignes d'étude de l'histoire des poissons, sans consigner ici que nous avons indiqué, h chaque notice spéciale sur les espèces contenues dans ce livre, le temps, le mode et le lieu de leur engourdissement quand il est connu. ENGUlELLiO. — Nom provençal de V Anguille. (Voy. ce mot.) ENLARMERUN FILET. — Poiu' eiilarmer im filet, on le borde d'nne sorte de lisière l'ofinéc de mailles faites en fieelle plus forte (pie le eorps de l'engin. Ces mailles sont généi'alement du double plus grandes (pie celles du filet; elles servent à augmenter sa force et à le jjorder d'ime corde i)lus i,^i'(>ss(> encore, (^'oy. Border UN FILET.) ENQUETTE. — Nom picard de V Alose feinte. (N'oy. ce mot.) ENTIÈRE GRANDE. — Synonyme de folle. (Voy. ce mot.) ENTONNOIR. — Synonyme de verveux. (Voy. ce mot.) ENTOUR. — Synonyme de tour. (Voy. ce mot.) ENTOZOAIRES CHEZ LES POISSONS. - (Voy. 1>aiîasiii;s di:s poissons.) ENTRECRI. — Nom vulgaire de la Gremille à Arcis-sur-Aube. (Voy. Gre- MILLE.) ENTREMAILLADE. — (Voy. Trama IL.) ENTREMEAUX. — (Voy. Entremaillade.) ENTURE. — Manière de la pratiquer. (Voy. Scion.) EPAULE. — La ceinture osseuse de Cépaule ou arcade scapukdre (st attachée à l'os par- (iccipital ou os du second rang, à partir du superoccipital, qui occupe le milieu du crâne. Quelque- lois elle est attachée à cet os et au wav/ùiV/y, d'autres fois à ce même os et au pétrosal ou os du labyrinthe de l'oreille, comme dans la Morue; elle s'attache aussi au paroccipital et au sous-occipital. Dans l'Anguille cette ceinture est faiblement développée et suspendue librement derrière le crâne ; chez les Plagiostomes ou Squales, les Roussettes, elle est encore reléguée plus loin du crâne. La pièce supérieure qnWA com'^o^e&silQ supra-scapulaire, qui est attaché par une extrémité à la crête cervicale intermédiaire et par l'autre à la crête externe. Dans le crâne de la Plie, c'est un os crochu en dessus et en arrière. La seconde pièce ou le scapulnire &sl très-développé dans la Perche, mais manque dans la Morue et beaucoup d'autres poissons. La troisième, formée de pièces beaucoup plus grandes et plus fortes que les précédentes, forme l'arcade par leur union en une ligne médiane inférieure. Ce sont les os corucoidiens ou les Inane'raux, os de l'épaule. L'arcade scapulaire s'étend derrière les opercules, déterminant la forme et la puissance de l'é- paule du poisson. Ce sont les os coracoïdiens qui défendent et supportent le cœur et donnent un point d'attache au diaphragme qui sépare les cavités péricordiales et abdominales. A l'arcade scapulaire ou à la ceinture osseuse de l'épaule, sont attachées les nageoires pectorales (lui représentent les jambes dedevant ou les bras des vertébrés d'un ordre plus élevé. Le radius ou 'À^ os de l'avant-bras est d'une grandeur énorme dnns le poisson volant. Vulna ou radical est ankylosé au radius dans le Silure, pour fournir un support plus ferme à l'épine pectorale si large, et dans la Haudroie les deux os sont extrêmement petits et se soudent au coracoïdien. Les os du carpe varient en nombre de 2 à 5, augmentant progressivement de longueur plus ils s'approchent du radial ou du côté extérieur. Dans les poissons longs ils sont réunis en un seul os plat. Les os du métacarpe et les phalangiens sont les rayons des nageoires pectorales qui, dans la Morue, par exemple, sont au nombre de 20, tous flexibles, joints et fourchus à leur extrémité. Chez les Raies, les rayons pectoraux sont encore bien plus nombreux et plus longs. Dans les Acanthoptérygiens, le premier rayon des pectorales du côté ou radical [ulna) est une forte épine, sans articulation. Chez beaucoup de poissons, un os mince, en forme de stylet mince, épicoracoi lien et formé le jdus souvent de deux pièces, est attaché k l'extrémité supérieure du coracoïdien. Cet os est extrê- mement meiui et souvent absent dans les poissons longs, le Mulet, les lîlennies, les Gobies, les Épino- ches, le Silure, et beaucoup de poissons apodes. ÉPERLAN. ^79 ÉPAULEMENT DOUBLE ET SIMPLE. — (Voy. GaNNES A PÈCHE et SciON.) L'ageucenienl des clillereiiis nuirceaux qui coinposeiil une canne à pèche se dé- montanl, est un des points les plus importants pour le p6(;hein- inlelligent. Tous savent combien il est difficile de trouver une canne dont les compartiments con- servent entre eux une adhérence ])arfaite, malgré les mouvements répétés que né- cessite la pèche à la mouche, par exemple. Dans le cas même de la poche la plus sédentaire, il est toujours de la plus grande importance que l'on soit sur du jjrincipal instrument dont on se sert, de celui qui supporte tous les autres. Nous devons donc appeler l'attention sur la forme à donner aux joints des par- ties de -la canne. Le mode d'agencement le plus simple est, sans contredit, d'amincir chaque morceau de façon qu'il entre dans un trou fait à l'extrémité de celui qui le précède. On a bien vite remarqué : 1" que le morceau perforé se fendait sous l'effort, et t{u"il fallait le consolider en le couvrant de fil ou d'une virole de métal; 2" que la forme eonique du morceau entrant facilitait autant sa sortie que son entrée. On a donc été conduit à chercher un perfectionnement eton l'a trouvé dans ï éjxmlemenf . On a garni l'extrémité du morceau creux d'une virole de cuivré entourant le bois, et, dans ce bois, on entrait à frottement le bois de l'autre morceau. Ceci était meilleur, mais l'humidité les faisant gonfler tous les deux, on ne pouvait plus les séparer. On a donc cherché mieux, et l'agencement h double épaukment [fy. 813) est le dernier mot de ce qui est nécessaire. AS, CM, sont deux viroles en cuivre qui entrent à frottement doux l'une dans l'autre ; le morceau 0 de la canne est terminé en goujon circulaire I d'un plus petit diamètre que A, et le morceau N est creusé en H d'un trou dans lequel I entre également à frottement doux. L'adhérence est donc produite par deux frottements : celui du cuivre contre le cuivre par les deux douilles AS, CM, et celui du bois contre le bois par la partie I contre H. L'épaulement de CI et la longueur de RS doivent être cal- culés de telle sorte que la partie C ne porte pas sur l'épaulement A quand la canne est montée. Ce mode d'assemblage remédie parfaitement à l'effet extirpatoire que produit la flexion des morceaux les uns contre les autres, dans ,, l'action de fouetter avec la canne à mouche. Quand on craint encore que l'effet de la pêche, de la sécheresse, ou une cause quelconque désassemble les morceaux, on place en 0 et en N, un petit morceau de ^'^' ''"'■ fil de fer ployé en U sous chaque virole, et on les consolide par deux ligatures faites exprès, puis, quand la canne est montée, on tourne autour des deux U une aiguillée de soie qui reste attachée à l'un d'eux; cette soie est maintenue serrée ainsi entre le fil de fer et la canne, et les deux morceaux d(> celle-ci demeurent inséparables. ÉPÉE. — Nom de V Espadon. (Voy. ce mot.) ÉPERLAN [(>;»'e], (Osmerus, Art.). — Malacopt. abd. Salmon. Genre facile à distinguer par la forme du corps allongée et mince ; aiàchoire supérieure garnie d'une seule rangée de dents, mâchoire inférieure à dents plus fortes, en deux rangées, toute la bouciie munie de dents pointues. Écailles petites extrêmement minces, comme quadrillées. Mœurs marines ou au moins habitant des eaux saumàtres. Une seule espèce en France. ÉPERLAN COMMUN (Osmerus eperlanus, Val.). — Malacopt. abd. Salmon. Long. max. 280 ÉPEHLAN. Syn. : Smelf, angl. — S]ier/ing, Smout, DouOretk, ccos. — Meerstint, ail. — Sperinch, flam. — Slnu, suéd. — Sperhig, holl. — Szynko, polon. — P.ôke, Ktôkle, iiorwëg. Ce poisson a le dos presque droit dans la direction de la tête, ce qui fait paraître la ligne du ventre plus courbe que celle du dos. La bouche est fendue obliquement vers le haut et la mâchoire Fig.m. — Kppilaii commun 'Osmerus Eperlanus Vm.). Inférieure est plus longue que l'autre. Quaire grandes dents au vomer, beaucoup de petites sur les autres organes de la bouche. D ^ n. P = 1?. V = 8. A= 15. C = 19, très-fourchue. Dorsale et ventrales longues et pointues. Ces poissons entrent dans nos fleuves au printemps par troupes énormes, mais sans jamais dépasser le point où l'eau devient douce. Ils s'y nourrissent de vers et détritus animaux abondants à l'embouchure des fleuves, et surtout dans la partie où l'eau douce lutte contre l'eau salée. Chair excellente, quoique à odeur parfumée qu'il faut aimer. On en prend beaucoup dans la Seine, l'Orne, la Loire, etc. ÉPERLAN COMMUN. — L'Épei'laii vient se faire pêcher à rembouchure de la Seine avec les sennes, les nasses et les guideaux. Dans les eaux tranquilles, mais où cependant la marée se fait sentir, on le prend au carrelet à petites mailles. Yarrell dit que, dans le Norwich, les Éperlans se prennent au moyen d'un grand épervier, et que les êperlaniers de ce pays sont renommés par leur habileté à se servir de ce filet spécial. Cette pêche se fait de nuit. On a observé un fait cu- rieux ; c'est que tous les poissons désertent l'endroit où TÉperlan vient frayer et s'enfuient de la rivière jusqu'cà ce que cette opération soit terminée. (Voy. Temps de FRAI.) Aussitôt que le frai est fini, l'Éperlan retourne à la mer, vers la fin d'août. Les jeunes ont environ 0'",06 de long, à cette époque, et nagent en grandes troupes à la surface de l'eau dans les rivières, montant et descendant suivant la marée. Flem- ming pense que l'Éperlan se nourrit de petits poissons, et surtout des crevettes d'eau douce. On prend ce poisson aussi bien sur les côtes sableuses de la mer que dans les rivières sur le chemin de la marée, au moyen de fdets à très-petites mailles. Le colonel Mequell, en Angleterre, garda pendant quatre ans des Éperlans dans l'eau douce d'un étang sans comnnmication avec la mer ; ils continuèrent à croître et à propager abondamment. Ils ne furent môme pas incommodés quand l'étang gela assez fortement poui- permettre d'y patiner. Lorsqu'on les pécha, les marchands de poissons avouèrent n'avoir jamais rencontré d'Éperlans aussi dé- licats. Salter prétend avoir pris de très-beaux Éperlans en péchant à la mouche dans les marais de Porlsmouth, mais il se pourrait bien qu'il ail confondu ce poisson K pi: |{ VIEIL 281 avec le Prêtre ou l'Alhérine, qui est Irès-commuu dans cet endroit. Ce fait esta expérinienler de nouveau mms l'embouebuie de nos rivières. ÉPERLAN DE LA SEINE. — (Voy. ABLETTE BIPONCTUÉE.) ÉPERVïER. — De tous les filets à main l'Hlpervier est, sans contredit, celui qui exige du pécheur le plus d'habileté, le plus d'usage, et, par consé(juent, il sert à une poche extrêmement attrayante. Le maniement de ce fdet, lourdement plombe, forme une gymnastique qui demande au pêcheur autant d'adresse que de force. Il est vrai qu'il y prend des poses artistiques, mais il est tout aussi vrai qu'il y prend, en même temps, un bain de pieds qui conmience par les épaules. On doit donc recommander aux amateurs de la pêche à l'Épervier, de faire l'acquisition d'une blouse eu étoffe imperméable dont ils fermeront les manches, au-dessus des poignets, par des bracelets en caoutchouc cousus dans l'étoffe même. Au sujet de ce vêtement, nous ferons remarquer que si les étoffes caoutchouquées ont l'avan- tage d'être absolument imperméables à l'eau extérieure, elles ont exactement le même avantage vis-à-vis de la transpiration à leur intérieur. Il en résulte que sous sa blouse caoutchouquée, le pêcheur n'est pas mouillé par l'eau de son Épervier, mais prend un bain de vapeur de transpiration condensée, ce qui n'est pas plus agréable. Nous conseillons donc plutôt la chemise huilée du matelot, qui garantit de l'eau extérieure et laisse un peu plus d'intervalle à la transpiration. Elle ne sent, d'ailleurs, pas plus mauvais que le Mac-Intosh ordinaire; c'est une odeur d'un autre genre. Avec une blouse ainsi faite en toile huilée, et le pantalon pareil, on acquiert un faux air groënlandais d'autant mieux porté qu'on laisse derrière soi un parfum tout à fait dans le goût du pays. Ce qui est beaucoup préférable à tout cela, c'est un vêtement, blouse et pan- talon, façonné en grosse flanelle noire dont les matelots construisent leurs vareuses — étoffe que l'on trouve d'ailleurs partout — poreuse au dernier degré, par con- séquent favorable à la perspiration , hydrofuge en commençant, il devient néces- saire d'assurer la perpétuité de cette dernière qualité au moyen des procédés chimiques connus. L'Épervier est tout simplement un vaste cône de fdet, ou, pour mieux dire, c'est un rond de fdet que l'on soulève par le centre. Le suprême talent de le lancer consiste à lui donner une impulsion qui lui fasse reprendre en l'air sa forme natu- relle, et lui permette de frapper la surface de l'eau étendu dans toute sa grandeur. Ainsi livré à lui-même, le poids considérable des plombs qui chargent sa cir- conférence, et aussi la finesse des fils qui le composent et qui offrent très-peu de résistance à l'eau, lui font gagner le fond avec une très-grande rapidité. C'est de cette rapidité, d'ailleurs, que dépend en grande partie le succès de cette pêche. Par le fait même de ce que nous venons d'expliquer, si l'Épervier est meurtrier dans les eaux où la nature du fond lui permet de s'étendre, il est absolument inu- tile dans les endroits remplis de rochers, de racines ou de pieux. Ces derniers sont souvent plantés à dessein dans le sol, afin d'empêcher l'action de l'Épervier, l'engin de prédilection des maraudeurs de nuit. Pourvu que l'on ait eu la précaution de piquer quelques clous à tête saillante sur les faces latérales des piquets, et que le tout demeure sous l'eau, le pêcheur à l'Épervier ne retirera de son filet que la corde... parce qu'il la tient. Les roseaux dans l'eau douce, etles grandes algues dans la mer, rendent souvent incertaine, sinon inefficace l'action de l'Épervier. Il faut encore se défier des trop grandes profondeurs d'eau. Ceci est une affaire de temps ; quelle que soit, en effet, la rapidité avec laquelle plonge le filet, il n'en faut pas moins un in- 282 EPÊRYIER. torviille (le temps très-appréciable, pour que d-e la surface il gagne le fond, alors qu'une distance de (> à 8 mètres les sépare. EiVrayé par le choc du filet sur l'eau, le premier mouvement du poisson est de fuir. l'resque toujours il le fait en plon- geant verticalement. Si le filet arrive presque aussi vite que lui au fond, il est pris; mais si, par suite d'une couche d'eau considérable h traverser, l'Épervier éprouve un retard appréciable, la fuite verticale du poisson se change en fuite horizontale qui le met en nu clin (['(cil hors des atteintes du pécheur. Après avoir ainsi démontré les imperfections de la pèche à l'Épervier, il nous reste à constater, pour être vrai, ses immenses avantages. Le tilet est peu embar- rassant, avec de l'adresse et de l'habitude on le lance à peu près partout. Dans nos rivières à cours moyennement profond, son action est certaine. Enfin, il peut prendre toute espèce de poisson, excepté, hàtons-nous de le dire, ceux qui savent s'enfoncer dans la vase, par exemple, la Carpe, l'Anguille, qui, plongeant leur tète dans la boue, laissent passer le filet sur leur queue iïexible, et lui échappent ainsi presque toujours. Nous avons indiqué au mot mailler un filet comment on ourdit l'Épervier qui entre dans la catégorie des filets ronds-coniques. Les mailles de ce filet varient énormément comme ouverture. Les Éperviers qui servent ta prendre le Goujon, l'Ablette, la Loche et autres petits poissons, ont des mailles de 0'",0i seulement. On est obligé de les ourdir en fil extrêmement fin, de les charger de beaucoup de plomb, et surtout de ne pas pécher dans une trop grande profondeur d'eau, afin ({u'ils descendent assez vite. Au-dessus d'eux se font des Éperviers à mailles de ()™,02, de 0'",03,de 0'",04,jusqu'cà 0'°,08 et même 0'",\0 d'ouverture. Ces derniers s'adressent seulement aux gros poissons et comportent alors des dimensions consi- dérables. N'oublions pas que les règlements préfectoraux complémentaires des lois sur la pêche, dét(n'minent pour ce genre de filets, comme pour tous les autres, la dimension que doivent avoir les mailles, suivant l'espèce de poisson que l'oiîse propose de pour- /Vy. 3tb. — l'iomhs (Irpoi-Nicr, .le (liv.Msos SUlVrC. giosseuis. La dimension ordinaire d'un Épervier est de 15 à 20 mètres de circonférence, de telle sorte qu'étendu par terre, il couvre une aire circulaire de ^JS à 40 mètres carrés, et que, relevé en faisceau, il ait une hau- _^^ , v;-- ^*'^^'' ^^^ 3 à 4 mètres. Le bord de l'Épervier doit être garni ^^^^^^^S d'un chapelet de balles ou de lingots de plomb {Jig. 315) qui pè- Fig. 310. - Corde des seut dc 10 à 15 Ivilog. Cc chapclct est monté sur une corde so- piombs. lidg (](, ).j gi'osseur d'un tuyau de plume [fuj. 316), et bordant le tilet àO'",20 ou O^SO de son bord extrême. C'est à cette corde maîtresse que vien- nent se rattacher d'autres cordes, suivant les génératrices du cône, et se réunissant par conséquent à sa culasse, dont nous allons expliquer l'emploi et la forme. La partie qui déborde la plombée 1 (//^. 317) ne reste pas flot- tante librement. De 0'",20 en 0",20, plus ou moins, suivant la cir- conférence de l'Épervier, on la relève à l'intérieur comme une sorte d'ourlet 1,2; mais, au lieu de la rattacher directement au filet, on la suspend, à un certain nombre de rangs plus haut, au moyen de corde- lettes lâches 2, 3, qui en forment comme une espèce de poche circu- laire et demi-flottante. Ces cordelettes se rattachent aux cordes génératrices dont nous avons parlé et que l'on appelle les Mercs de l'Épervier. EPERVIE». -28:] La ligure 317, donnant une coupe des poches de l'ÉpQrvier, montre les plombs, l'ourlet relevé et la cordelette rejoignant la diiectrice. On donne à ce filet le nom (ïFpervier àpoc/tes ou à blouses {fiy. 318). Lors({ue l'Epervier étendu a gagné le fond, les poissons se trouvent serrés entre le filet et le sol, mais au moment où on relève l'Epervier en agissant sur la culasse, il se forme un vide (jui leur rend un peu de liberté et pendant lequel les plombs de la circonférence se rap- prochent. Aussitôt, s'empressant de frapper du nez entre le filet, ils en suivent la nappe, passent entre les cordelettes et se rendent dans l'our- let libre B (//^. 318) où ils restent entortillés. On construit quelquefois des Éperviers d'une autre forme [fig. 31 y). La plombée se place à l'ex- trôme bord du filet B (//.9. 319), les mères y sont attachées directement, '"' mais au lieu d'être réunies à l'extrémité de la culasse et attachées tout à la fois au filet et à la corde A (fi(j. 319) de jet, elles ne sont réunies qu'fi cette dernière et passent à travers une ouverture ménagée dans la culasse du filet. Supposons cet Épervier lancé et déployé au fond de la rivière : en agissant sur la corde de jet, on retire directement les mères qui, agissant sur la corde circulaire des plombs, la ramènent en dedans en en diminuant la circonférence. Le filet reste flottant alors, et forme, tout autour et en dehors des plombs, une grande poche circulaire dans laquelle les poissons s'entortillent et restent pris. Suivant les pays, on élève de grandes discus- sions parmi les pêcheurs sur l'excellence d'une de ces formes vis-à-vis de l'autre ; toutes deux sont bonnes, mais nous croyons le jet et le ma- niement de la première plus commodes que ceux de y Epervier à mères libres. En effet, lorsqu'on re- tire l'Epervier à bourse de l'eau, il a conservé sa forme et il suffit de l'ouvrir avec précaution pour en retirer facilement le poisson. L'Epervier à mères libres revient, au contraire, à l'état de pa- quet, plus difficile cà ouvrir et ;i décharger, sur- tout quand il est plein de vase, de feuilles et d'herbes. Pour les très-gros poissons, ce dernier serait peut-être préférable, parce qu'en somme, il se ferme mieux et plus vile que l'autre. Les pêcheurs enfin, ont simplilié les deux formes d'épervier {fg. 318 et 319) en supprimant tout à fait les mères. Le filet demeure alors un cône simple [flg. 320) muni par le bas d'un large ourlet flottant relevé à l'intérieur. Le pêcheur le plus robuste est à peu près à bout de forces lorsqu'il a jeté, dans une seule séance, trente à quarante fois un Épervier de dimensions ordinaires. II est /" I" ig. 310.— Kper\ii'i- a mères libres. 284 Ë PEU VI En. Fig. 320. — Épervier moderne mais à bourses. sans ineres, donc important (lu'il étudie avec Lcaucoup de soin les eaux dans lesquelles il veut le jeter, pour ne pas épuiser ses forces en lançant au hasard, et quelquefois perdre son filet en l'accrochant dans des endroits d'où il ne pourrait plus sortir. C'est surtout à celle pèche (ju'il est importanl, lorsqu'on le peut, d'cwtorcer à l'avance. (Voy. ce mot.) L'abord des piles de ponls, des es- lacades, des écluses, l'enlrée des cours d'eau et des égouts, les haïs, les pointes d'Ue sont les endroits les plus favorables pour jeter l'Épervier en eau douce. En mer on choisit l'entrée des porls, le voisi- nage des rochers, des digues, etc., suivant la connaissance que l'on a du fond. Arrivons maintenant à la manière dont il faut s'y prendre pour jçter l'Épervier, et prévenons les commençants qu'il est bon de faire son apprentissage sur une prairie ou loul autre endroit bien uni. Il faut com- mencer par lier à son poignet gauche, en formant un nœud coulant, la corde de jet attachée à la culasse. De cette manière on est sûr que le filet ne s'échappera pas des mains du pécheur. Mais on est également stir que, si le filet est mal jeté, le pé- cheur pourra très-bien le suivre, manœuvre qui manque complètement d'agré- ment et contre laquelle on prendra ses précautions par un apprentissage sérieux et complet. N'omettons pas d'expliquer ici que toute espèce de bouton ou objet dans lesquels une maille peut s'accrocher doit être complètement prohibé dans l'habillement du pécheur, s'il ne veut se lancer lui-même à l'eau en même temps que son filet et faire le plongeon à la suite de son Ëpervier. La corde étant attachée au poignet et le filet rassemblé devant le pêcheur, celui- ci l'attirera légèrement vers lui par la culasse {/îg. 321). Il aura roulé dans sa main gauche — ce que l'on ap. pelle lover, — la corde maî- tresse du filet , et saisira dans la même main l'extré- mité de la culasse. Suivant la longueur du filet, il re - pliera deux ou trois fois sur elle-même la partie supé- rieure qu'il tiendra endjras- sée dans cette même main gauche jusqu'à environO'°,tO à 0'",70 des plombs. Rap- Fig. 321.- Pre.Micr tem,,s . Mauière de rassen.bler iKpervier avant de s'en pi-ochaut alorS de lui CC qui charger. r t reste de filet pendant, de sorte que les plombs louchent à peu près à terre, il saisira de la main droite à peu près le quart du lilel pendant et, renversant le filet, il en jettera les plis sur l'é- paule gauche en les étendant (fig. 322). Gela fait, il saisira de la main droite à peu ÉPERVIER. 285 Fig. 322. — Deuxième temps : L'Épervier sur l'épaule piêt à lancer. près la moitié de ce qui reste, et le surplus demeurera pendant devant lui, tant dans la main gaurhe (pi'entre les deux; mains. Cette manœuvre préparatoire bien comprise, le pécheur s'approche de l'eau, l'épaule droite en avant; il prend son élan pour tourner hi-usquement le corps do. droite à gauche, et par une impulsion simultanée des deux bras et de l'é- paule, il lance devant lui le filet que sa main gau- che laisse aller et que son bras droit arrondit en se déployant. Si celte action des deux bras a été bien combinée, la plombée — que l'on a d'ailleurs h'-- gèrement balancée par un mouvement préparatoire des bras et du corps — acquiert une force centrifuge qui déploie complètement le filet et le laisse tomber à la surface de l'eau comme une nappe circulaire. Quelques pécheurs, en lançant l'Épervier, engagent le petit doigt de la main gauche dans une des mailles de la partie du filet qui touche leur corps et forment ainsi un arrêt dans le mouvement de cette partie, ce qui permet à la portion qui marche devant d'étendre tout le filet plus également. La précaution n'est pas mau- vaise; mais tant de pécheurs s'en dispensent, qui étendent admirablement leur Épervier, que l'on doit supposer qu'elle n'est pas indispensable. On relève l'Épervier très-lentement en le balançant à droite et à gauche, pour rassembler les plombs. Dès que l'on sent toute la plombée réunie, ce qui indique que l'engin est ferm?, on sort promptement le filet de l'eau et on le jette dans le bateau ou sur la berge. Il ne reste plus qu'à l'ouvrir, en soulevant les plombs successivement, à s'emparer du poisson, à débarrasser les blouses et le corps du filet des pierres, feuilles, branches, etc., qui n'y sont que trop souvent, à le laver en le trempant dans l'eau pour enlever la vase, à le tordre en niellant le pied sui' les plombs pour en faire sortir autant d'eau que possible, et à recommencer. Nous avons déjà fait observer plusieurs fois, surtout en décrivant la pèche à la surprise, que l'ouïe du poisson était extrêmement subtile et qu'il fuyait à l'ébran- lement du sol produit par des pas approchant le bord. Or, la pêche à rÉpervier est avant tout une pèche à la surprise ; le jet du filet n'est pas illimité et sa circon- férence n'est jamais très-:éloignée du rivage : toutes les précautions que nous avons indiquées sont donc de mise pour le pêcheur qui veut réussir. Pas de bruit, pas de grands mouvements, le filet est balancé à quelques pas du rivage, le pêcheur le lance en s'effaçant tout à coup, et, s'il le peut, se cachant derrière un arbre. L'Épervier tombe à l'eau... silence ! Le pêcheur le balance et le retire sans bruil sur la rive ; là, il rassemble ses captures, les met dans son panier ou dans son car- nier, tord son filet, évite, s'il le peut, de le laver, à moins que la vase ne soit abondante, et tout cela, sans trépignement, sans bruit d'aucune sorte, puis il re- charge son filet sur son épaule et continue, en remontant le cours de l'eau, à cher- cher lentement une autre place favorable. Nous avons remarqué que dans toutes les pêches à la surprise, il était avantageux de suivre les cours d'eau en remontant. -286 ÉPHÉMÈRES. En effet, le poisson (jui a loiijouis la UHe lournôc vers l'amont, par où il espère re- cevoir sa nourriture, voit nioius venir le pêcheur pardorricre lui. Il y a donc là ini avantage qu'il faut se garder de mépriser. (Voy. Gille et Épervier dormant.) Emploi m mer. — o" arrond. . marit. (Toulon). Décret du 19 novem- bre 1850. Mailles de ()'",u:}() en carré. La ralingue, y compris le poids qu'elle porte, ne doit pas peser plus de 10 kilogrammes. L'usage n'en est permis qu'en bateau. ÉPERVIER DORMANT. — On choisit une place unie dans une rivière ou l)rès des écluses d'un moulin; au moyen de perches disposées en carré, on compose une sorte de cadre sur lequel on pose le fdet, la i)lombée suivant le contour des perches. Pendant quelques jours à l'avance on a eu soin de jeter au milieu du cadre sur lequel reposera le filet, une amorce composée de grain cuit ou germé, de tourteaux d'huile de lin, de millet, le tout broyé avec des feuilles de menthe sauvage. (Voy. Amorces). On dispose une corde à l'extrémité des deux perches supérieures, de manière qu'en la tirant tout à coup, celles-ci s'écartent. Vers le soir, une ou deux heures après le coucher du soleil, alors que les poissons jonent, mangent et se rassemblent sur l'appât, on tire la corde, les deux perches s'en- tr'ouvrent, les plombées du filet s'échappent, entraînent par leur poids les parties qui reposaient sur les deux perches immobiles, et tout le poisson ramassé sous l'Épervier, autour de l'appât, se trouve pris. ÉPHÉMÈRES. — Ces insectes, qui apparaissent à certains moments en quantités incalcu- lables, forment une liunille distincte de l'ordre des Névroptères ou Libellules. On les reconnaità leurs antennes courtes, à 3 articles, dont le dernier est une soie mince, à leur l)0uclie imparfaite et dénuée de vrais appareils de manducation; leurs ailes sont délicates, les postérieures toujours très-petites; leur abdomen est terminé par 2 ou 3 longues soies articulées. (]es insectes n'oiTrent que des métamorplioses incomplètes : les larves {fig. 325) ont la forme de l'insecte parfait, sauf qu'elles manquent d'ailes, qu'elles'sont beaucoup plus fortes et que leur bouche est mieux armée. Ils ont également les 3 soies caudales. Ces larves vivent en famille et suivant leur espèce présentent de grandes différences dans leur forme et dans leurs habitudes. Les unes sont longues et cylindriques; armées de pattes fortes et tranchantes, elles se creusent des galeries dans la terre, recherchent les eaux dormantes et font des trous tubulaires droits ou légèrement ar- qués et percés dans la vase dont elles se nourrissent. Elles nagent avec facihté. On pense qu'elles vivent ainsi 2 ou 3 ans avant de se métamor- phoser en chrysalides qui ont le même genre de vie, plus des rudiments d'ailes. D'autres larves sont aplaties, ne peuvent fouir la terre et vivent à découvert appliquées contre les pierres. Elles sont carnassières et ha- bitent les ruisseaux rapides. Quelques-unes enfin sont unies, délicates, armées d'un puissant instrument de natation qui est leur queue ciliée ; elles se cachent dans les herbes et so nourrissent de matières animales. Enfin, il en est d'autres, plus faibles encore, qui ne peuvent nager, rampent dans la vase et ne saisissent leur proie que par ruse. Le passage {fig. 3:2 i) de l'état de nymphéa celui d'insecte parfait a lieu rapidement, sur le rivage, sur les plantes aquatiques, ou même à la surface de l'eau. Une fois dégagé, l'insecte a encore à briser une enveloppe demi-opaque, avant de s'envoler. Les éphémères sont alors des insectes tout à faitaérieiis {fig. 32'î), dont le vol est vertical et qui, attirés par l'éclat d'mie vije lumière, viennent s'y brûler. Ils s'accouplent en l'air ; la femelle pond alors deux grappes d'œufs qu'elle laisse tomber dans l'eau au hasard, et tous deux meurent aussitôt. Les œufs s'imbibent d'eau et descendent au fond du ruisseau : ils sont au nombre do 800 environ. Les Éphémères naissent iiuebiues heures avant le lever du soleil et quelques heures avant son Fig. 3i3. — Ejilii^nière vii'j;o. (insecte parfait). ÉIMNh]. 287 coucher, peu au milieu du jour. IMusnoniJjreux daus les jours chauds, ils seuihloiit annoncer l'orage par une apparitiou iinisitée. Ils sont quelquefois tellement aboudauts qu'ils semblent une neige épaisse étendue sur le sol ; c'est un excellent moment pour pécher à la mouche. Tous les poissons éveillés par cette manne inattendue et fort prisée, mor- dent sans relâche. VÈphémèrp. virr/o est une des pins communes en France ; (fig. 3î.%.324 et 3'2rj). ÉPINARDE. — (Voy. Épinoc.he.) ÉPINAUDE. — Nom vulgaire de Y Épinoche. (Voy. ce mol.) ÉPINE (Scions en). — L'Épine noire {Prunus spi- nosa) et l'Épine blanche {Mespilus oxyacantha) pous- sent souvent aux mêmes lieux et, comme nous l'avons vu; donnent au printemps de jeunes rejets droits et bien p. ^^^ ^. ^^^ fdés qui fournissent aux pêcheurs les meilleurs scions Ephémère vii-go. Ephémère virgo. qu'ils puissent employer. (Voy. Scions.) (Nymphe.) (Larve On commencera par enlever avec soin les petites branches latérales et les épines, puis on liera ces scions en paquet bien serré afin qu'ils ne se déjettent pas et conservent ime forme parfaitement droite. 11 est bon de ne cueillir les scions que la seconde année, ils sont plus forts, le bois en est plus liant et mieux nourri : on fait ce choix en automne ou en hiver, alors que la sève est parfaitement arrêtée. Il faut plusieurs mois pour que la dessic- cation soit parfaite, on peut l'aider en mettant les scions dans un four encore chaud après que le pain en a été retiré, mais dans la plupart des cas la dessiccation natu- relle est préférable. Quand les scions sont parfaitement secs, on les unit en enlevant les nœuds ou aspérités à la râpe et à la lime, on les polit au moyen de papier de verre et on finit par leur appliquer plusieurs couches de bon vernis gras, qu'on laisse par- faitement sécher chaque fois. Les pêcheurs ne sont pas d'accord sur le point de savoir si l'on doit laisser aux scions leur écorce, ou si l'on doit la leur enlever : chaque méthode a son bon et son mauvais côté. L'écorce augmente sans contredit la solidité des scions, mais elle n'est pas toujours adhérente : si elle s'enlève par places, ces endroits deviennent plus faibles et peuvent faire briser le scion sous un effort subit. En résumé, nous dirons que, pour un scion brut et sans ligature, tel qu'on l'emploie avec les cannes ordinaires, la conservation de l'écorce est une bonne précaution ; mais quand il s'agit de faire un scion pour une canne à moulinet, comme le scion est couvert de ligatures assez nombreuses portant les anneaux, sa force en est beau- coup augmentée, et l'on peut enlever l'écorce sur toute la surface du scion pour le polir mieux et permettre au vernis de s'y étendre et d'y prendre très-également. Les scions garnis de leur écorce ne peuvent, au reste, être vernis, et le manque de ce préservatif les laisse trop impressionnables à l'humidité dont le contact les rend mous et leur enlève toute élasticité. (Voy. Cannes et Scions.) ÉPINE NOIRE ET BLANCHE. - On donne le nom d'épine noire et d'épine blanche à deux arbrisseaux de France fort dillerents, mais également intéressants pour nous, par suite des scions remarquables que fournissent au pécheur à la ligne leurs jeunes pousses de 1 à 2 ans. Pour que le lecteur puisse bien les distinguer, nous allons donner une courte description de l'un et de l'autre. L'épine noire, prunellier ou prunier épineux [Prunus spinoia^ Lin.), est un arbrisseau vulgaire 288 ÉPINOCHE. dans les haies, au Lord des bois, sur les coteaux; il est très-rameux. Chacune de ses branch'^s finit par une forte épine et s'ouvre presque à angle droit sur celle qui la porte. Ses feuilles sont oblon- gués, un peu amincies^ dentelées et ordinairemciH petites; les fleurs sont blanches, sortent avant les feuilles une à une de chaque bourgeon. Le fruit est noir-bleuâtre, gros comme une petite cerise, très-acerbe. Le bois de l'épine noire est dur, élastique et très-résistant. On trouve de magnifi(jues scions dans les rejets vigoureux et très-droits qu'il produit. Il faut les cueillir en hiver pendant les gelées et les conserver avec leur écorce. L'épine blanche, ou l'épine, ou noble épine {Mes/iilm oxyacanlha) est un néflier, tandis que l'épine noire est un prunier, mais toutes deux appartiennent à la grande famille des rosacées. L'au- bépine est un arbrisseau à fleurs blanches ou rosées disposées en corymbes ou en bouquets d'une odeur agréable, auxquelles succèdent de petits fruits à osselets rouges et charnus. Les rameaux de l'épine blanche sont très-sfrrés et garnis d'épines, mais son bois est frès-dur et élastiijue. Les jeunes rejets que fournissent les pieds coupés donnent d'excellents scions pour la pèche. On les cueille en hiver et on les conserve dans leur écorce. La variété cultivée, à fleurs doubles et colorées, donne aussi de très-bons scions, souvent plus droits et mieux filés que les épines sauvages. ÉPINE-VINETTE. — L'Épine-vinette est le nom vulgaire de la chrysalide de l'Asticot; elle se compose d'une enveloppe résistante noir rougeâtre, renfermant une substance laiteuse blanche. Elle est fort difficile à mettre sur l'hameçon, qui brise facilement l'enveloppe au lieu de la percer. Cette esche ne sert guère que pour la pèche du Gardon, et encore l'Asticot lui-même est presque toujours préférable. Le meilleur emploi de l'Épine-vinette est pour amorcer, avec d autres subs- tances, dans un endroit où l'on veut pêcher avec succès les jours suivants. ÉPINETTE (Pêche à 1'). — (Voy. Hameçon.) ÉPINGLOTTE. — Dénomination de l'Épinoche dans le centre de la France. (Voy. Éi'iNociiE.) EPINOCHE [Genre'], (Gasterosteus, Cuv.). — Acanthopt. Joues cuirassées. Ont la joue cuirassée quoique leur tète ne so't ni tuberculeuse, ni épineuse comme les Trigles; leur caractère particulier est que leurs épines dorsales sont libres et ne forment point une nageoire, et que leur bassin se réunissant à des os huméraux plus larges qu'à l'ordinaire garnit leur ventre d'une sorte de cuirasse osseuse, leurs ventrales placées plus en arrière que les pectorales se rédui- sent à peu près à une seule épine. Il n'y a que trois rayons à leurs ouïes. La configuration particulière des dorsales et ventrales, réunies chacune en une seule épine qui demeure couchée sur le corps, donne à ces petits poissons un mode de natation particulière. En elfet, leurs organes locomoteurs moins nombreux que ceux despercoïdes et surtout des mala- coptérygiens se trouvent réduits à deux pectorales, la 2» dorsale, l'anale et la caudale. La tète est longue et les pectorales sont placées haut sur le corps, attachées, vers la ligne médiane, mais der- rière la plaque osseuse qui se trouve en arrière des opercules, elles sont de grandeur médiocre et arrondies en pelle. La dorsale 2'^ est petite, l'anale faible, la caudale arrondie ou carrée et peu fournie. C'est donc un poisson dont l'appareil propulseur est placé fort en arrière du centre de gravité, et presque sans balancier, sans contre-poids par devant. Aussi est-il rapide nageur : ses mouvements sont 'brusques, saccadés, comme des sauts, il n'a pas les ondulations gracieuses des poissons bien équilibrés. La caudale, dans les cinq à six espèces de ce genre que nous possédons, exécute sans relâche un mouvement gyratoire particulier, hélicoïdal en quelque sorte, décrit parles deux lobes de la queue et qui suffit à peine à maintenir le poisson à la surface de l'eau, cette station étant facilitée, sans do ite, par le gonflement de sa vessie natatoire. Il s^ laisse souvent aller la tête en bas pour fouiller de son museau pointu le sable, la vase et les pierres où il trouve des débris d'animalcule.s ou de petits animaux dont ils font leur nourriture. ÉPINOCHE AIGUILLONNÉS (Gasterosteus aculeatus Lin.}. — Acanthopt. Joues cuiras.sées. Long. max. = O^iOG. Syn. : Stick/eback, angl. — Skœtspig, suéd. — Stichlvif/, ail. — Sieckel-bars, holl. — Hund- siigel, Tind œref, dan. — Horn-sill, norw. — Rogatka, russ. — Spinarel^a, ital. E P 1 N 0 C H E. -289 Bouche graiulo, qiieliiupfois roiigcàtre, museau pointu, un peu protractilo, la luâchoire inférieure avançant sur la supérieure, toutes deux garnies de dents fines et en velours seulement aux maxil- laires. Le dos, les côtés ifig. 32(i) sont cuirassés de grandes plaques d'écaillcs noires argentées, et d'aspect métallique verdâtre ou tacheté de noir en petits points Irrégnliers. Le dos porte 3 épines, liy. -jio. — Kpiuuclie aij;uille et E. deiiii-ariiiéi; [Gasterosleus aculealiis. Lin., et G. semi-armalus,- \a\.). quelquefois 2, quelquefois 4 ; derrière elles, la dorsale molle et triangulaire de 10 à II rayons. Pec- torales de 10 rayons. Anale triangulaire et petite, de 9 rayons. Caudale petite, arrondie, à 12 rayons grands et " à 8 plus petits. (]es poissons n'ont pas d'écaillé proprement dite, mais des plaques. Les yeux saillants, blanc mat, à pupille noire petite, places haut proportionnellement et surtout près du museau. Ventre argenté, souvent la gorge rouge et les nageoires dorées; sa parure a partout un aspect métallique. 4 ou G plaques écailleuses dans la région pectorale. On confond, sous le nom de grande Epinoche, deux espèces qui ont trois épines libres sur le dos, mais dont l'une (G. trachurus, Cuv.) a tout le côté, jusqu'au bout de la queue, garni de plaques écailleuses. L'autre (G. Leiurus, Cuv.) n'a de ces plaques que dans la région pectorale. L'une ou l'autre parait quelquefois en quantités si prodigieuses dans les eaux de l'Angleterre et du Nord qu'on l'y emploie à fumer les terres, à nourrir les cochons et faire de l'huile. D'ailleurs, deux espèces voisines, d'épinoches à 3 épines, existent encore dans notre pays. C'est : L'ÉPINOCHE DEMI-ARMÉE (Gasterosteus semi-armatus, Cuv.), — qui vient de la petite rivière de Lhaie, près d'AbbeviUe, et du Havre [fig . 32G), et, L'ÉPINOCHE DEMI-CUIRASSÉE (G. semi-loricatus, Cuv.),- venant de la Somme, de l'Orne, de Caen, de la Rochelle. La chair de toutes ces Épinoches est fade et sans saveur. Le mâle construit, au temps des amours, un nid au fond de l'eau dans lequel il amène plusieurs femelles dont il féconde les œufs, puis il se constitue le gardien de ce frai et le défend avec courage contre les autres poissons. La queue de ce petit poisson olfre, pendant sa marche et sa station dans l'eau, un mouvement très-rapide, continu et particulier, semblable à unéven!ail microscopique qu'on ouvrirait et ferme- rait de proche en proche. Ce mouvement vibratoire est tellement caractéristique de la famille entière qu'on ne l'oublie point dès qu'on l'a observé. Il est également le partage des diverses épino- chettes ; toutes, comme le» Epinoches, ont la nageoire caudale très-séparée du corps par un étran- glement remarquable. Avec son museau pointu, l'animal a l'air terminé en bec des deux côtés, sauf le petit pinceau de la queue qui s'agite régulièrement de son mouvement vibratile, et, au premier coup d'œil, se voit à peine dans l'eau. Ce petit poisson très-vorace attaque même les barbillons, les nageoires et les opercules des narines de poissons cent fois plus gros que lui ; sa petitesse et son armure le défendent. Il se nourrit de larves, d'insectes, de vers, de têtards et malheureusetnent multiplie beaucoup et se trouve par tout, et il est partout nuisible ; il habite les eaux douces et la mer, ou plutôt les eaux saumàtres des marais communiquant à la mer. (Yoy. Temps de frai.) 19 290 ÉIMMMllIETÏE. ÉPINOCHE. — (In ne l'ail pas de prclir parliculu're de co petit poisson, on en prend en péchant les Ahles et les Hperlans de Seine eton les rejette, à moins qu'on ne veuille s'en servir comme appât en lui coupant les aiguillons, mais il est encore une esche très-médiocre, les poissons voraces se méfient de lui. Cet animal est du nombre de ceux dont rulililé n'est pas encore démontrée, dont rexislence est sans applications aux besoins de l'homme, et que, par consé- (juent, celui-ci est porté à regarder comme inutiles. 11 est probable cependant, il est certain mcme que, créé en si grand nombre ])ar la prévoyante nature, doué d'un appétit vorace, il est destiné à être un des grands nettoyeurs des rivières. Quand môme sa fécondité serait plus limitée qu'elle ne l'est, son armure et sa viva- cité suffiraient à le sauver des ennemis qui l'anéantiraient : il est constamment en quête, Ibuillanl le sable de son museau pointu, guettant un débris à la surface de l'eau ; il est partout, en haut, en bas à la fois, toujours là, affairé, passant partout et mangeant toujours. Backer dit avoir vu une Épinoche dévorer en 5 heures, 74 Vandoises nais- santes, longues de 0"^, 01. Celte observation suffit à faire juger de la voracité in- croyable de ces dévastateurs ! Quel poisson peut frayer dans un milieu peuplé d'Épinoches ? Aucun. ÉPINOCHE DE MER. — (Voy. Sl'INACIlIE.) ÉPINOCHETTE .Gasterosteus pungitius, Lin.). — Acanthopt. Joues cuirassées. Long, max. = 0°',03. Syn. : Kolimka, russ. C'est notre plus petit poisson d'eau douce {fig. 327). II a sur le dos 9 épines, toutes fort courtes ; les côtés de sa queue ont des écailles carénées, mais on trouve également dans nos eaux une espèce très-voisine qui manque de cette armure. Ce petit poisson se répand dans les fleuves et rivières pour frayer ; on le prend abondamment dans la Seine, par exemple, tandis que l'Épinoche y est rare et préfère de plus petits cours d'eau et ^"->î. Fig. 327. — F.piuueiK'Ito [Gasterostius piaigitius, Un.]. les étangs. En hiver, il se cache dans les ruisseaux au milieu des herbes, sous les feuilles mortes et les brindilles tombées au fond de l'eau ; probablement y reste-T-il à demi ou tout à fait engourdi. Quebiucs Ëpinochettes ont la queue garnie de plaques, les autres l'ont nue, c'est-à-dire que l'on rencontre chez elles les mêmes variations que chez l'Épinoche. La dorsale 2% en arrière des ;) épines, a 10 rayons; l'anale 1 aiguillon, 9 rayons; la caudale, 12 rayons; les pectorales, 1/, et les ventrales, G rayons , dont un dur. La vessie aérienne de ces petits poissons est longue et étroite. Ils frayent en mai et juin. lUoch prétend que l'on trouve l'Épinochettc dans l'eau salée; je crois qu'il se trompe et a pris ÉPUISETTE. 29{ Fig. 328. Eponge du pécheur, avec son peloton de ficelle. pour celle-ci le frai, quelquefois très-abondant, de la Spinacliie. Quant à nous, ni dans les parcs, ni dans les marais salés, ni sur les côtes, nous n'avons pu réussir à prendre ni rKpinoche ni l'Épino- chette. Quand nous les avons rencontrées à l'cmlmucluire d'un cours d'eau, c'est que l'eau y était à peine saumâtre. ÉPINOCHETTE. — C'est surtout ce petit poissou que l'on ne prend pas à la ligue, non qu'on ne le puisse, mais parce qu'on l'évite. 11 n'est d'aucune utilité, à moins qu'on ne veuille le conserver dans un aquarium où sa vivacité est très- agréable. ÉPONGE. — Tous les pécheurs ont été frappés de la difficulté qu'ils éprou- vaient souvent à pouvoir se laver les mains dans Teau si abondante devant eux, et oii ils venaient d'accomplir leurs exploits. Certaines pêches, comme celle à la pelote, rendent cet emploi de l'eau in- dispensable. Or, sur le bord des rivières marécageuses ou à berges très-élevées, rien n'est moins facile que de se procurer l'eau néces- saire. On y arrive très-aisément en portant dans son carnier de pêche une éponge E armée d'une longue ficelle {fig. 3i8). On dé- -^ roule celle-ci, on jette l'éponge h l'eau, et elle remonte au pêcheur imprégnée et ruisselante du bienfaisant liquide. ÉPOQUE DU FRAI DES DIFFÉRENTS POISSONS. (Voy. Temps de frai.) ÉPUISETTE. — Il arrive à tous les pêcheurs, — malheureu- sement pas assez souvent ! — de ferrer un poisson que son volume et sa force ne leur permet pas d'enlever d'autorité, c'est-à-dire vivement, au bout de la ligne, sans essayer de le noyer. Si, dans ce cas, il recourt à la force et que la ligne se brise, adieu la capture si longtemps attendue et convoitée!... Or, on ne brise ses engins que dans des circonstances capitales , et sur des poissons hors ligne, la gloire de la journée et quelquefois de la saison!.... Le pêcheur doit donc s'attendre, à chaque instant, à un si agréable incident, aussi aura-t-il toujours soin de se munir d'une Epuisette {fig. 3^9) qu'on nomme aussi Pui- sette. C'est une poche A en fdet conique ayant tr,30àO"',40 d'ouverture, etO"',iOà 0"',o() de profondeur. Ce filet est monté sur un cercle de fort fil de fer, emmanché par une douille de cuivre à un roseau R de l'",oO à 2 mètres de long et de force proportionnée, ordinairement égale au plus gros morceau de la canne. On s'en sert pour envelopper le poisson noyé et épuisé quand, avec la ligne, on l'a amené à portée, et pour l'enlever ensuite hors de l'eau et le porter à terre sans danger de le perdre. L'emploi de l'Épuisette est le dernier terme de la lutte si émouvante qui s'établit entre le pêcheur et le poisson qu'il a ferré, et où le premier déploie contre le désespoir et l'instinct du second, tout ce que la nature lui a départi de sang-froid, d'adresse et d'habileté. Ce filet rend de grands services, mais ce secours s'achète, on doit le dire, par bien des ennuis. Dans la pèche sédentaire, l'Épuisette n'est ni plus ni moins embarrassante qu'une seconde canne ; mais, dans la pêche ambulante h la mouche Fig. 329. — L'épuisette. ^92 ÉQUUJBHE. naturelle ou aitificiello, comment, — alors qu'on marche et qu'on agit sans cesse, — comment porter avec soi ce filet secourable, mais embarrassant? (Juelques pêcheurs se munissent d'une ceinture garnie d'un fourreau de cuir dans lequel ils enfoncent le bas du manche de l'Épuisette, tandis qu'un cordon passé sur la poitrine et attache à l'épaule sert d'appui à la partie supérieure : le filet alors flotte derrière la tête. Cette méthode présente un grand avantage, parce que les deux bras du pêcheur restent libres. Mais il est bien difficile que dans le jet de la mouche artificielle, celle-ci ne s'accroche pas à chaque instant dans ce filet flot- tant dont les mailles sont placées là exprès pour cela. On a consiruit des Épuisettcs qui se démontent {fi.,.^ Le manche rentre en lui-même comme les tuyaux D '-'-' " '" '^ '" '':-§J^^B d'une longue vue. Tout cela est fort bon pour le *^^^^:' ..>: : .:^, :;y..}:^^^ transport au loin dans le sac, mais quand le pêcheur C '^^^^É^I^S^^^''^ a pris un fort poisson, quand il le tient à demi pâmé F\g. 330. — Kpuisetti' aiticniée, auprès du rivagc, quc tout palpitant, sa ligne à demi •' °- ^' déployée, un faux mouvement va tout perdre, peut-il d'une seule main remonter cette mécanique et aura-t-il le temps de le faire? Je crains bien que non. D'autres placent leur Épuisette au bord de l'eau contre un arbre, sur une pierre, sur le sol, mais alors, quand le poisson est ferré, il faut le ramener vers le filet, ce qui n'est pas toujours facile ; ou bien abandonner la ligne et le poisson pour courir à l'Épuisette et revenir : pendant ce temps le poisson fuit, entortille la ligne dans les herbes, les pierres, les pieux, un obstacle quelconque ; il tire, et se dégage au moment oîi vous revenez Si cette manière un peu chanceuse ne convient pas, il faut un portc-épuisette, c'est-à-dire une seconde personne qui vous suive comme votre ombre. Ici se dressent encore des obstacles sérieux. Dans la pêche à la mouche — la seule, avons- nous dit — qui nous occupe en ce moment, le silence ou plutôt l'absence de bruit est une des principales conditions de réussite. Il faudrait être invisible, ne pas mar- cher, mais voler pour ainsi dire et que deviendrez-vous quand, au lieu d'être un, — déjà trop! -^ vous serez deux? Lorsque vous aurez réussi, vous, pêcheur à la mouche, à marcher comme un Peau Rouge sans faire crier un grain de sable, et que votre acolyte trébuchera sur les cailloux ou fera vibrer le rivage suspendu sur les crônes , hélas ! je vous plains ! Et cependant, je ne puis vous engager à abandonner l'Épuisette ! je vous dirais bien de monter vos lignes ultra-solidement, et tout le reste à l'avenant, puis, quand vous prendrez un gros poisson d'agir d'autorité, de l'enlever quand même avec prudence, mais avec fermeté. Tout cela est fort bien pour le discours, mais quand le temps est sec, que le poisson eçt farouche et mord à peine, si vous augmentez la force de vos montures, vous diminuez en plus forte proportion encore vos chances de réussite. En ces jours-là il faudrait, pour réussir, une monture invisible, et vous allez en choisir une redoublée, ah ! malheur à vous, je plains votre fatigue et l'inanité de vos efforts ! La conclusion, c'est que l'Épuisette est de la plus grande utilité, mais de la plus grande incommodité ; c'est au pêcheur à juger le pour et le contre, suivant les saisons, l'espoir. .., et à agir en conséquence. ÉQUILIBRE DES CANNES A PÊCHE. — (Voy.CANNESAPÉCHE[confection des].) É 0 u 1 L L E. 2y:i ÉQUILLE (Ammodytes lancea, Ciiv.). — Malacopt. Apodes. Ammodytes. Long. max. 0°',20. Syn. : Sand Imnce, angl. — Sandspiring,a\\em. — Tobis, Dan. Corps allongé et cylindrique (^9-. 331), d'un gris argenté, tète comprimée et pointue par devant. Ce poisson s'enfonce dans la vase molle et le saiile des rivages de la mer, d'où vient son nom l'iij. 3ol. — K(|uillc yAimnodijtes lancea, Cuv.,. a\i.[L6i, sable, oùw, pénétrer. Très-commun sur la côte de Trouville (mer de la Manche), on le prend en Lécliant le sable aussitôt que l'eau est ietirée. C'est un des meilleurs appâts pour hameçons à la pèche de mer, et l'un des plus employés ; ce poisson est très-bon à manger et recherché sur beaucoup de tables. Rien n'est leste comme ce petit poisson qui se cache dans le sable et y rentre vite. Quand les tïots de la marée descendante se retirent, il enfonce sa mâchoire inférieure et proéminente dans le sable, et creuse devant et derrière lui, comme un porc fouissant dans la terre molle, il tortille son corps étincelant et fait pirouetter sa queue brillante, puis disparaît comme par magie. Sans être tourmenté par l'absence de l'eau, et trouvant assez d'Iiumidité dans le saijie mouillé, il reste à l'abri dans sa retraite, où il est à couvert des nombreux ennemis aquatiques qui lui donnent la chasse dans l'eau, et contre lesquels le sable de la côte peut seul lui servir de refuge. L'Équilie est la meilleure amorce que l'on puisse offrir aux poissons dédaigneux et délicats, comme le Turbot. La mâchoire Inférieure est très-proéminente et le museau protractile; la nageoire dorsale com- mence vis-à-vis du milieu des pectorales; elle a 51 rayons, les pectorales 13, l'anale 26 et les cau- dales 15, de forme très-éciiancrée et à angles aigus. ÉQUILLE, — L'Ëquillc, abondante surtout sur nos côtes de la Manche, est l'un des meilleurs appâts que l'on puisse employer pour la pêche des Maquereaux et des autres poissons voraces, surtout parmi les scombres. De petits cétacés mêmes en font souvent leur aliment de choix, et l'on a vu des Dauphins poursuivre l'Équille jusque sur le sable du rivage, retourner la vase avec leur museau et y fouiller ardemment pour s'emparer de ce petit poisson friand pour eux. Les femmes et les enfants des pêcheurs font à l'Équille une guerre continuelle, d'autant plus que ce petit poisson est fort recherché par l'homiîie et très-délicat. On voit ces gens, armés d'un crochet de fer courir sur le rivage 'sablonneux au moment où la mer se retire, enfoncer leur crochet dans les endroits 011 un petit jet d'eau indique le trou de l'Équille et y fouiller adroitement, enlevant d'un coup le petit poisson qui semble un rayon d'argent, et le prenant pour ainsi dire au vol. Il faut une grande dextérité pour ne pas manquer sa proie, car elle se renfonce dans le sable avec une rapidité qui tient du prodige. Si l'on veut être témoin de sa méthode, il suffit de placer sur le sable uni une Équille que l'on vient de prendre. On la voit se contourner en spirale, et, s'aidant de sa mâchoire inférieure très en pointe, creuser un trou d'un diamètre égal â celui ii94 E S N A R D S. (If la spirale, de sorte que le sable l'a bientôt reeouverte tout à fait. Qu'une lame d'eau vienne à passer sur le tout et aplanisse la surface de la plage, et il n'y restera plus qu'un tout petit trou au-dessus de la tête du poisson, par lequel il absorbera l'eau nécessair(! à sa res])iralion. Ces animaux sont quelquefois enfoncés à 0"',3{), à 0'",50. On se sert alors pour retourner le sable et arriver à l'Équille, d'une espèce de bêche à fer long et tranchant. Autrefois on employait la herse et la charrue, nous ignorons si on le fait encore n'ayant pas rencontré, sur les côtes que nous avons visitées, ce mode en action. Sur quelques plages, on poche les Équilles en retournant le sable au moyen de forts râteaux qu'un homme trahie derrière lui, tandis qu'un ou deux enfants suivent l'inslrumenl et ramassent au vol les Équilles mises à nu. Ces râteaux ont des dents deO^jSoà 0'",30. La tête du premier de ceux-ci, par exemple, a l'",20 de longueur et un manche de 2 mètres à 2", 50. Vers le milieu de ce manche se trouve assemblé un second morceau, de 0",60 à 0'",80 de long, que le pécheur tient de la main gauche et qui lui sert à appuyer pour faire pénétrer plus profondément les dents dans le sable. Le temps le plus favorable pour cette pêche est celui des chaleurs et des grandes marées, alors que la mer découvre beaucoup. ÉRABLE. — L'Érable est le genre type d'une famille naturelle que Ton appelle les Acérinées et qui se compose de grands et beaux arbres, dont trois espè- ces habitent nos forêts. Le bois en est compacte, dur, souple, veiné. Aussi les armuriers en font-ils des montures de fusil. C'est par la môme raison que les pêcheurs demandent aux jeunes pieds de cette essence des tiges pour confec- tionner des pieds de gaule. Le seul défaut de l'Érable est d'être lourd ; sans cela son liant et son élasticité le rendraient admirable pourlaconfeclion des ditférentes par- lies basses de la canne. Nous avons en France, communément : VE. plane ou Platane, VÉ. sycomore et VF. champêtre. C'est ce dernier qui doit être préféré. ERLING. — Nom du Yéron dans les Vosges. (Voy. Véron.) ERYTHROPHTHALMUS CYPRINUS. — (Voy. Rotengle ou Gardon rouge.) ESCARABISSÉ. — Nom provençal de I'Écreyisse. (Voy. ce mot.) ESCARPO. — Nom provençal de la Carpe (Voy. ce mot.) ESCHES, ESCHER. — Ce mot qui s'écrit aussi Eche est français, mais n'est guère usité que parmi les pêcheurs, pour lesquels il représente les amorces qui se mettent à l'hameçon. La racine de ce mot me semble latine : Esca, mangeaille, et le sens en a été beaucoup restreint, car Esca pouvait s'appliquer également à ce que nous nommons techniquement esches et à ce que nous appelons amorces et appâts; or, les appâts sont des substances qui attirent le poisson à l'endroit où on les jette, mais ne se mettent point à l'hameçon, et par conséquent ne servent pas à escher.' Les Esches sont mortes ou inanimées, ou bien vivantes. Escher c'est garnir un hameçon d'un corps que viendra mordre le poisson. ESCHES PAR ESPÈCES DE POISSONS ET PAR SAISONS. — (Voy. Emploi (les...., etc.) ESCOMBRIÈRE ou COMBRIÈRE. — Sorte de fdet fixe à simple nappe, em- ployé dans le 5* arrondissement maritime (Toulon). ESNARDS. — Cordes qui portent de grosses flottes de liège et s'attachent à la tête d'un (iletpourle tenir entre deux eaux. (Voy. Flottes, Filets.) ESPADON ÉPÉi:. 295 ESOCES. — 2' famille des Miilacoptéiygiens al (lomin;!ii\ [■2«' ordre.] Ces poissons maïuiiieiit d'adipeuse; leur mâchoire supérieure a son bord formé parl'iuter- maxillaire, ou du moins, quand il ne le forme pas tout à fait, le maxillaire est sans dents et caché dans l'épaisseur des lèvres. Us sont voraces; leur intestin est court, sans cœcum; plusieurs remon- tent dans les rivières, tous ont une vessie natatoire. Ces poissons se divisent en 3 genres: 1° Urocliet. — Sous-Ccnres : — Galaxie, — Alépocé- phale, — Microstome, — Stomias, — Solanx, — Chauliode, — Orphie, — Scombrésoce, — Demi- bec. — 2» Exocet. — 3" Mormyre. ESOX BELONE.— (Voy. Omi-hie). ESOX L.UCIUS. —(Voy, Brochet COMMUN.) ESOX SPHYRŒNA. — (Voy. Spet.) ESPADON ÉPÉE (Xiphias gladius, Lin.). — Acanthopt. Scombéroid. Long. max. = 2 à 3 mètres. Syn. : Sivord-fish, angl. — Cleddy ■■^hysg, gallois. — Sifio, pe e esj^dn, ital. — Zwoard-vis^hoW. — Sc/(Wie/'//î:.-c//, allem. — Pez espnda^espadurte, cmperadoi\ espag. — Miecz miecz}iik,j)o\oT\. Fig. 332. — Espadon épée {Xiphias glatHus, Lin.) Ce poisson {fig. 332) se rapproche beaucoup des Thons par ses écailles minuscules, les carènes des deux côtés de sa queue, sa force et son organisation intérieure, mais il s'en distingue — de même que de tous les autres poissons — par la broche ou pointe, en forme d'épée, qui termine en avant sa mâchoire supérieure. Cette épée lui fournit une arme très-puissante, avec laquelle, dit-on, il attaque les plus grands animaux marins. Ce bec n'est qu'un prolongement anormal du vomer et des intermaxillaires : à la base , l'ethmoïde, les frontaux et les maxillaires le renforcent en s'y joignant. Ces poissons ont une chair excellente. Ils manquent de ventrales; leur corps allongé, presque rond en arrière, a la queue fortement carénée et d'une grande puissance. 11 porte une seule dor- sale haute en avant, basse en arrière, dont le milieu s'use avec l'âge, — on ne sait à quel emploi portant sur cet endroit seul, — et finit par former comme deux petites nageoires séparées. La couleur de l'Espadon est bleuâtre sur le dos et argentée sous le ventre. Les jeunes portent sur le corps des séries longitudinales de petits tubercules un 'peu tranchants qui disparaissent peu à peu. B=7. D = 3+40. P = IG. A= 2 +5. C = 17. La caudale est fortéchancrée en croissant, ses lobes sont pointues et soutenues par 4 ou 5 petits rayons courts sur les bords. La pectorale en faux est très-longue, surtout des 3 premiers rayons, les autres devenant tout de suite très-courts, La peau est rude, la ligne latérale est à peine visible. 296 ESSENCES. ESPADON. — Ouoique l'Espadon soit compté au nouibrc des gros poissons, sa chair est cependant très-délicate, d'une excellente saveur et d'une digestion fa- cile. L'Espadon n'est pas un poisson commun sur les côtes de France que b;iigne la Méditerranée. Chaque année il en est pris cependant quelques-uns aux Martigues ; mais ils sont presque toujours du premier âge. Les Espadons du poids de 100 livres V sont assez rares : il en est de même sur les côtes d'Antibes et de la Giolat. Ceux qu'on pêche dans les Madragues sont si petits que s'ils ne peuvent endommager les filets, ils ne donnent pas non plus de bénéfice aux pécheurs; ces derniers se ré- jouissent d'autant plus de la capture des Espadons adultes que ce poisson, à poids égal, se vend plus cher que le Thon. De même qu'en Sicile, c'est depuis mars jusqu'en octobre que ces poissons se montrent dans ces parages, quoiqu'il ne soit pas sans exemple d'en avoir pris pendant l'hiver. Les pécheurs ont toujours cru qu'il existait des sentiments d'amitié entre les Espadons et les Thons ; c'est au reste une opinion qui, des Grecs et des Romains, est venue jusqu'à nous. D'autres observateurs ont prétendu le contraire. D'après eux, les Espadons, véritables ennemis des Thons, chercheraient à leur couper le chemin, soit au printemps, sur les côtes d'Italie, lorsqu'ils veulent franchir le dé- troit, soit à l'autonme, quand ils font route vers l'Espagne, pour gagner l'Océan. Tout cela semble dénué de preuves et même de raison. Si les pêcheurs craignent la présence d'un Espadon dans les thonnaires, ce n'est pas parce qu'il en chasse les Thons, mais bien de peur qu'il n'y fasse des dégâts et ne déchire les filets, ouvrant aux Thons une issue imprévue. L'Espadon a des mœurs sociales; il marche en troupes, mais le plus souvent par paires, quelquefois deux mâles ensemble, mais ordinairement mâle et femelle, ce qui a fait naître encore une foule de fables sentimentales qui, au fond, ont peut-être une partie vraie. — Le Brochet d'eau douce marche bien de même ! Les deux conjoints semblent s'attendre, se chercher, se suivre et vivre en fort bonne in- telligence. Ceci, nous l'avons vu maintes fois. — Pourquoi les Espacions ne suivraient- ils pas une loi semblable ? On pêche ce poisson, non-seulement aux filets, madragues, thonnaires, filets traînants, mais à lafouanne et au harpon, et jamais à l'hameçon. Il ne vient point à la surface, mais habite les grandes profondeurs. On en prend en France de loO et 160 kilogrammes, maison en pêche aussi de o kilogrammes, et même de plus petits. Les pêcheurs ne peuvent assurer si ces poissons frayent sur nos côtes : cependant ils sont portés à croire que les Espadons frayent à la fin du printemps, comme les Thons. On en a pris quelquefois dans l'Océan, sur les côtes de France. L'an IX, on en captura un à la mi-prairial, dans la rivière de Vannes, sur les côtes de Rhuys. ESPADOUN. — Nom de l'Espadon aux Martigues. (Voy. Espadon.) ESP ART. — Bras de levier servant à relever le Calen ou Yenturon. (Voy. Écm- OUIER.) ESPENS. — (Voy. Sl'ENS.) ESPROT. — Synonyme de Sprat. (Voy. Harengule, et Sprat.) ESQUALE. — Dans quelques parties de l'Auvergne, à Paulhac, par exemple, on appelle ainsi le Chabot commun. (Voy. ce mot.) ESSENCES DIVERSES. — On a vanté, on préconise encore tous les jours des compositions qui doivent faire venir tous les poissons à l'appât du pêcheur; ces essences font l'affaire des industriels qui les vendent, car si le poisson n'y vient pas, le pêcheur y est pris, et c'est tout ce qu'il faut. o o Q ex ■< oO Q o b > o < ce o < Q C3 CD txq CD h- GO < ESTURGEON. 297 L'homme de bon sens se délie, el h bon droit, de ecs IVuils du charlalanismc. H n'est point besoin d'essence (jui attire le poisson, il en existe nne naturelle, c'est le besoin de réfection quije pousse sans cesse, et auquel il obéit dans la mesure de ses facultés. La nature l'a doué de la défiance et de l'adresse, il est dans son rôle en s'en servant ; de môme que le pécheur est dans le sien, en cherchant à endormir et h tromper la perspicacité de la proie qu'il convoite. Qu'il soit donc bien entendu du pêcheur sérieux que la meilleure essence qu'il puisse mettre à son esche, c'est la patience d'abord, et une monture extrême- ment line; puis la réflexion et l'observation, dans sa tête, pour conduire et di- riger ses expériences et ses efforts. Avec cela, il réussira toujours, mais non pas à coup sûr. Si la pèche, comme la chasse, réussissait sans intermittence, on ne pé- cherait plus par plaisir. L'imprévu est le sel qui assaisonne le passe-temps du (jontk'man pêcheur. Laissons-en une provision à sa disposition, et les déceptions des essences aux maladroits ! ESTANCELIN. — Nom flamand de l'Épinoche, conservé dans le département du Nord el une partie de celui du Pas-de-Calais. (Voy. Épinocue.) ESTECLIN. — (Voy. EsTANCELIN.) ESTOMAC. — (Voy. Dicestion.) ESTOUEYRES. — Filets semblables aux Tramau.r, mais dont la maille a un moulé plus large. (Voy. Thamail.) Ce filet sédentaire sert à la pèche des Plies. Mailles de la Fine, 0'",46 ; mailles des Aumées, 0"',244. ESTROPPE. — Ce nom, qu'on remplace quelquefois par Empile ovale, désigne une Empile à deux brins non unis, ou commis, et qui sert à monter les ha4neçons destinés aux poissons à gueule armée de dents. Ces Empiles se font tantôt en crin, tantôt en fil de laiton, simple, double, ou même en chaînette. ESTURGEON (Acipenser sturio, Lin.). — Long. max. = 5"" à 8". Syn. : Sturyeon, angl. — Poru/lcto, ital. — Storet, flam. — Estun'on, esp. Dorsale de 38 rayons, pectorale de 30, ventrales de 25, anale et caudale de 24, corps garni de plaques osseuses pyramidales, bouche petite sans dents ; caudale à lobes inégaux, 4 barbillons. L'Esturgeon est un poisson de mer qui remonte les fleuves pour déposer son frai en avril et en mai (voy. Temps de frai), et se nourrit de poissons, Harengs et Maquereaux, vers, reptiles, insectes, et retourne à la mer après la ponte, ainsi que les petits après leur éclosion. La chair de l'Esturgeon pris en eau douce est frès-estimée et la vessie natatoire fournit de la colle de poisson. Ce poisson se trouve en France dans la Garonne, la Loire, la Seine, le Doubs, le Rhin, le Rhône et une foule d'antres rivières qui communiquent directement à la mer. Cependant il n'en remonte jamais aussi haut que les Saumons, avec lesquels on le rencontre souvent pendant que les bandes de ces poissons séjournent à l'embouchure des cours d'eau dans lesquels ils vont s'en- gager. ESTURGEON. — Il est rare que l'Esturgeon morde à la ligne, cependant ce fait n'est pas sans exemple ; dans tous les cas, c'est une des plus belles captures que l'on puisse faire au filet dans l'eau douce, et sa pêche, dans certaines rivières, donne lieu à un commerce considérable. En péchant le Saumon, quand celui-ci remonte les rivières, on peut prendre par hasard à la ligne un Esturgeon plus ou moins fort, si l'on appâte avec un petit poisson dont il fait sa nourriture favorite. C'est une bonne fortune, de môme que la prise d'un Saumon, et nous ne saurions trop recommander au pêcheur, qui re- cherche de si belles captures, de se monter solidement; non que l'Esturgeon se défende une fois pris, il se laisse aller sans résistance, mais sa masse offre un poids 298 EXOCET. à vaincre, et pour peu qu'il ail seulement 1 mètre de long, c'est une masse assez considérable à maintenir jusqu'à l'arrivée d'une épuisette. Le meilleur temps de pêche est de mai en août. ESTURIES. — Synonyme à' Étudies. (Yoy. ce mot.) ESTURICJUN. — Nom pn)ven(;al de l'Esturgeon. (Voy. ce mot.). ÉTALIÈRE. — Ce lllel, (jue l'on emploie sur les côtes de Normandie, ressem- ble au J.oiiji. (Yoy. ce mol.) On ne met pas de lest au pied du filet et l'on se con- tente de l'ensabler pour empêcher la marée de le soulever. La tête est munie de flottes de licge et de bandingues. On ne se sert pour tendre ces filets que de deux ou quatre piquets qui souvent n'ont pas la hauteur de sa chute et servent à en sou- tenir seulement le fond. ÉTIQUETTE. — Espèce de truble, sorte de grand filet garni de morceaux de bois qui frappent l'un sur l'autre et, effrayant les poissons, les pousse vers un filet tendu en cercle. On donne le môme nom à une espèce de couteau à manche de bois et à lame barbelée qui sert à détacher les coquillages des rochers, à retirer les vers du sable, etc. ÉTRILLE COMMUNE (Voy. Crabe). — L'Étrille {fig. 333), ou Crabe laineux {Portunus pubtr), l'un des plus répandus de nos cotes et l'un des meilleurs aussi à Fifj. 333. — Etrille commune [Purtunus puber, Edw.). manger, est de couleur brune recouverte d'un duvet jaunâtre. Sa carapace est rhom- boïdale. Comme c'est un Crabe nageur, le dernier article de ses pattes de derrière est en forme de rame, de sorte qu'il peut manœuvrer dans l'eau avec la facilité d'un poisson. Il y fait sa coupe en avant, en arrière, en haut et en bas. Il y fiiit même la planche, pour son plus grand agrément. Ses mœurs sont aussi féroces que celles de tous les autres Crabes. ÉTUDE D'UNE RIVIÈRE. — (Voy. Asi'ECT DE l'eaU.) ÉTUDIES. — Filet fixe employé pour prendre les Anguilles dans le 3^ arron- dissement maritime (Toulon). Ne se cale que pendant l'ouverture de cette pêche. ÉVENT. — (Voy. Poissons plats.) On donne ce nom à un appareil qui existe chez les Raies et aussi ciiez les Squales, et diffère de l'Évent des cétacés en ce qu'il est disposé seulement pour l'introduction de l'eau et non pour son expulsion. EXGLUTITION. — (Voy. BROCnET.) EXOCET (Exocetus exiliens, Bloch). — Malacopt. abd. Scombrésoces. Long. max. = On',50. Ce poisson {fig. 334) appartient à la classe des abdominaux manquant parfois de dents, et les opercules recouverts d'ocailles imbriquées. Les nageoires pectorales très-développées lui servent en EXOCETUS. 299 quelque sorte d'ailes quand il s'élance hors de l'eau. Tête aplatie au-dessus et par côté, garnie d écailles, veux grands, dents pointues et peu développées. La dorsale est située vis-ù-vis de l'anale. Chaque flanc porte une rangée d'écaillés carénées en ligne saillante, comme chez les Orphies dont ces poissons sont très-voisins. Le lohe supérieur de la caudale est plus court que l'autre qui semhle traînant comme une queue. Les pectorales vont jusqu'à la naissance de la caudale, quelque- quefois même sont plus longues que le corps. J. Fox a montré à Couch un Exocet de 0°',16, dont les ailes pectorales avaient O", 21. D= 11. P = 15. V = 6, A= 9. C= 22. Ventrales noires bleues, grandes et très en arrière, le dessus du corps bleu splendide, ventre blanc ; pectorales d'une belle couleur bleue transparente. Écailles grandes, peu adhérentes. X, Fig, 334 — Exocet. [Exocetus exiliens, Blocti;. Lorsqu'il vole (puisque le langage vulgaire a consacré cette expression), non-seulement les ailes et les nageoires de l'animal se trouvent déployées, mais aussi sa queue. Il effleure la surface de rabime,un peu à la manière de l'hirondelle, mais toujours en ligne droite. Son dos noir, la blan- cheur de son ventre et sa queue fourchue lui donnent une certaine ressemblance avec l'oiseau du printemps. De moment en moment il retrempe ses forces en touchant la surface de l'eau; ce qui lui donne une nouvelle vigueur pour s'élancer et reprendre son vol. On a dit que toute la nature animée semblait conspirer contre ce faible poisson, et qu'il avait reçu, en conséquence, le double pouvoir de nager et de voler, — uniquement pour se soustraire aux dangers. Encore ne s'y-soustrait-il qu'en partie ! Il n'échappe à ses ennemis qui habitent la mer que pour s'exposer aux attaques de ses ennemis qui habitent l'air. Les oiseaux marins guettent son ap- parition dans l'air pour le dévorer. Grâce pourtant au don qu'il a de se transformer alternativement en poisson ou en oiseau, l'animal, menacé dans un élément, passe aussitôt dans un autre, et il faut que ses ennemis soient assez habiles pour l'atteindre, mais ils sont toujours nombreux !. . . EXOCET. — Ce poisson se prend assez souvent dans les eaux de la Méditer- ranée. Sa chair est plus sèche que celle du Hareng. En somme, ce n'est pas un man- ger très-délicat, mais la bizarrerie de son existence amphibie en fait un objet de curiosité. On le rencontre quelquefois dans la Manche, et jusque sur les côtes d'An- gleterre. Risso indique le printemps comme l'époque du frai, et remarque que ces pois- sons offrent une grande mutabilité dans le nombre des rayons de leurs différentes nageoires. Ce sont des animaux de haute mer. EXOCETUS EXILIENS. — (Voy, Exocet et Poisson volant.) 300 FABRICATION DES LIGNES. FABRICATION DES CANNES A PÊCHE. — [Voy. CANNES A PÉCIIE.J (Voy. Scion.) FABRICATION DES LIGNES. — Nous avons donné, aux mots Crin, Crin tordit, Florence (voy. ces mots), la manière de construire les éléments essentiels de toutes les lignes de pèche, à la canne et à la main. Quant aux cordées, lignes de fond, grandes^ et petites cablières, on trouvera à ces mots les renseignements les plus complets; de môme pour les empiles, empilages divers, hameçons. Il nous reste à traiter ici la manière de composer, au moyen de ces éléments divers, une ligne complète, qui, montée sur une bonne canne, permette au pêcheur de n'emporter qu'elle et de satisfaireàtouteslescombinaisonsquipeuventse présen- ter. Au lieu qu'il soit obligé de se munir d'un nombre plus ou moins considérable de lignes de toutes grandeurs, de toutes formes, et qu'il passe un temps précieux à les ployer, les déployer et les monter, il peut apprendre à réunir tous ces avantages en une seule combinaison, ce qui simplifie son bagage d'abord, sa dépense ensuite, et lui fait gagner du temps, chose qui ne nuit jamais ; car, à la pêche comme ailleurs, le temps c'est l'étoffe dont notre ^£_ vie est faite ; nous devons donc en être avare , même dans nos 8 délassements. Ainsi donc, nous entrons en Fig. 335. — Lignes de soie pour la pèche en eau douce. matière. Sur la canne, un mou- linet multiplicateur sans arrêt. (Yoy. Moulinet.) Sur ce moulinet, ce qu'il peut portera peu près de soie bien dcvrillée {fig. 335), d'une grosseur moyenne, 1/2 à 1 millimètre de diamètre pour ^.2s>c:ic:^c^::y:^^^:^^^s^:^^'^;Pf-'^'^^-r^^^^^ l'eau douce, et de 1 à 2 miUimè- tres pour la mer {fig. 33G), et soi- " "Hpusement neinte roinnip il est ^,.iia^,j. ,T7r,3Tr,,^^^.,^ary^^z7y^x7^ZTy3T.X7Xi33rir.,!ii.^^ ^ 111^ •.>.:>«_ iii>. il i. j^>^iiiit^, v^v^iiiiiiv, 11 <_ .. i^ „ ,„. ,. , . , u indiqué au mot Z?(/«es- Fig. 330. — Lij;nos de soie pour la pèche en mer. •* ^ Cette soie s'attache par une demi-clef (Voy. ce mot) à la ligne proprement dite, ou avancée (Voy. ce mot), qui est en crin ou en ilorence, et dont la longueur ne dépasse pas celle de la canne , à moins de cas spéciaux que nous expliquerons tout à l'heure. Si donc on se sert d'une canne de 6 mètres de longueur, — ce qui est suffisant pour la majeure partie des cas, — l'avancée totale aura 5'",S0 ent'//-o/?, composée comme il suit : Ligne proprement dite, en crin, assemblée en queue de rat 4™, 60 à 4™,00 Avancée en crin, — de grosseur combinée de manière à continuer la dégradation du nombre des crins delà ligne, — portant les petits plombs fendus, à demeure 0"",50 à I"',00 Empile de l'hameçon, en moyenne , O^j'iO Ordinairement, la ligne proprement dite sera composée {ftg. 337) de 6 brins de crins pour le margolin du bas, en augmentant, à chaque margotin, d'un ou 2 crins. FABRICATION DES LIGNES." 301 Comme chaque margotin a de O^j-iO à 0"',oO de long, si la ligne a 3 mèlres le plus gros margotin sera composé de 15 à ïi4 brins, ce qui donne une ligne extrême- ment forte {fig. 388). Quand on se sert d'une si forte ligne, il ne faut pas nouer ensemble les margotins, lesquels, dans ce cas, s'assemblent mal, mais les réunir par une ligature en soie poissée insister sur les avantages de cette , . Fig. 337. — Jlaiiîotiii du bas de la litcne f6 brins). construction, nous devons faire remarquer que la partie la plus rigide et la plus pesante de la ligne étant en haut, près du scion, on a beaucoup de facilité pour la lancer au loin, car elle présente la même construction qu'un fouet ordinaire. L'expérience a démon- tré que la partie fine offrait autant . , • , > 1 , A- I /^îf/-. 338. — Haut de lalitjne (20 brius . de résistance a la traction que la . ^ partie la plus épaisse, et sa ténuité lui donne un grand avantage pour ne pas effrayer le poisson. Le crin présente, en outre, sur la florence, l'avantage de ne pas briller au soleil. On peut également faire toute cette ligne en florence choisie, bien égale et bien ronde, ayant soin de mettre les plus gros brins auprès du scion. Chaque extrémité de la ligne est terminée par une boucle {fig. 33ù) munie d'une bonne ligature en soie poissée et vernie. Ces boucles ont O", 01 de longueur. Passons à présent au choix de l'avancée, dont le I'^hj- 339. - Boucle ligatm-ée ter- détail a été donné à ce mot. Il faut qu'elle renferme un '"'""■ nombre de crins inférieur à celui du bas de la ligne ; elle sera en florence plus mince, si la ligne est en florence. On peut également, suivant le besoin, mettre une avancée de florence au bout d'une ligne de crin, ou réciproquement ; tout cela dé- pend des circonstances de la pêche. Si le poisson est défiant et peu volumineux, mettez du crin; si, au contraire, vous péchez dans une eau trouble, et pour des poissons de taille respectable, servez-vous de florence, ils ne verront pas son éclat, par conséquent, ne fuiront pas, et vous posséderez une force de résistance plus grande. On peut se construire une série d'avancées {fg. 340) de la même longueur en- viron, et garnies de plombs C de différentes grosseurs et en divers nombres. On a soin de varier également le rapport ^k du poids des plombs à la grosseur de !L^ii^„ l'avancée; car on peut pêcher très- r~ ~^^=::r=r> ^^ finement dans une eau rapide, où ^ • ]£.., 111,'- FiQ- 340. — Avancée portant une boucle (ixe et ses ijlombs. il faut beaucoup de plomb, et réci- proquement ; une ligne très-forte n'a pas besoin d'être très-chargée pour aller au fond, dans un étang. On compose également des avancées AG qui portent, soit une boucle fixe PE {pg. 3iO), soit un pater-noster (voy. ce mot), pour pouvoir y mettre un ou deux hameçons supplémentaires. On s'efforce enfin de prévenir toutes les circonstances qui peuvent se présenter sur le terrain. Comme toutes ces avancées tiennent peu de place, on les roule sur elles-mêmes et on les renferme dans un portefeuille, ou dans une petite boite en fer blanc tenue fermée par une embrasse en caoutchouc. 302 FAHIUCATION DES LIGNES. Chaque avancée est terminée, avons-nous dit, à ses deux extrémités, par une boucle de 0'",01 retenue par une ligature en soie poissée et vernie. Il est plus coquet de se servir de soie l)lanehe que de soie d'une autre couleur pour faire ces petites ligatures , quoique, à vrai dire, la couleur de la soie ne fasse rien au résultat de la pêche. Nous arrivons enfin au dernier chaînon de cette ligne complexe, c'est V hame- çon E (/?(/. 341) : — Empilé sur un crin, sur un petit margotinde plusieurs, sur une llorence, — mais dont l'empile n'a pas plus de 0™,20 à 0'°,'25 de longueur, celte empile portant également une petite boucle de O^-jOl ; toutes ces boucles C, D se passent les unes dans les autres : par exemple, on passe la boucle B de l'avancée GIII dans la boucle D de l'empile, puis l'hameçon E dans la même boucle B de l'avan- cée GIH ; on tire, le tout tient. On fait l'inverse pour les démonter. Il est superflu de remarquer que la flotte, quand on pêche de fond, se place Passage îles boucles les unes sur l'avancéc BH (//^. 341) OU sur la ligne, suivant dans les autres. . p i i i- /-> i> • , i -, . la profondeur de 1 eau. On f y mtroduit avant ou après le montage, — après est préférable, — mais, en tous cas, avant de joindre l'hameçon ED qui ne passerait pas facilement dans la plupart des flottes. Pour la pêche à la mouche, on compose des avancées ne portant aucun plomb, et l'on peut même remplacer les avancées par une plus longue empile à l'hameçon. Quand il fait du vent et que l'on pêche du haut d'un pont, d'une digue, etc., il est souvent nécessaire de donner plus de poids au bas de la ligne, afm d'en être maître et de promener l'appât à l'endroit voulu. Avec le système ordinaire, on est obligé de rouler des plombs, ou d'en fermer de fendus sur la ligne, opération dangereuse, car on peut couper la ligne en les mettant et en les ôtant. Avec notre nouveau sys- tème, on change l'avancée, en choisissant dans son portefeuille une de celles qui sont préparées d'avance pour la pêche de fond, et qui portent plus ou moins de plombs ; de sorte que, en une minute, on peut régler le poids de sa ligne sur la force du vent. (Voy. Plombs de fond.) Il faut donner au pêcheur consciencieux un conseil, c'est de ne jamais se servir de lignes mé/angées, dans la confection desquelles on a fait entrer la soie et le crin. A l'eau, le crin s'étend beaucoup et devient très-élastique ; à l'eau, la soie se rétré- cit et tend à se vriller en se roidissant. Ce sont ces deux effets opposés qui font que le poisson exerce son effort sur la soie seule, — la partie la plus courte, laquelle casse; puis, sur la partie la plus longue devenue seule, — le crin — lequel se brise également, sous un effort trop considérable, et le tout s'en va à vau-l'eau. Que la ligne soit en crin ou en soie cordonnée, mais jamais- en ces deux ma- tières tissées ou tordues ensemble. - Nous ne devons point non plus passer sous silence un système fort ingénieux proposé, il y a une douzaine d'années, par M. Lambert {Manuel Roret) et qui consiste à réunir par des chaînons de différentes forces, R, D ou B {(Ig. 342, 343 et 344) les diverses parties de la ligne : nous dirons ensuite les remarques qu'un essai de plusieurs années nous a mis à même de faire sur l'emploi de cette combinaison, et nous proposerons le remède nécessaire. On fait la ligne de crin en queue de rat, sur une longueur de 10 mètres; puis FABRICATION DES LIGNES. 303 on sépare cette longueur en trois parties de 3 mètres environ chacune, que l'onveul pouvoir ùter et remettre à volonté, sans toucher à la canne, pour allonger ou rac- courcir à l'instant la ligne, suivant les besoins, par le moyen d'un très-petit chaî- non de chaînelle fait ainsi que le montre la figure 344. On passe les boucles A, C, du corps de ligne dans ce chaînon B que l'on l'ail avec du lil de lai- ton, au moyen d'une petite pince. Les deux anneaux du chaînon étant serrés conlre le milieu, on les pousse de côté avec l'ongle, on y passe les boucles du corps de la ligne, et on repousse les anneaux à leur place. Le chaînon, fermé et tendu par la ligne, forme un 8 couché d'une grande force, dil l'auleur, et d'une grande légèreté. Fiy. 342. Fig. 343. Fig. 344. Chaînons de laitou de différentes grandeurs. Fig. 3iG. — Petite plombée en cloche, avec son chaînon. La ligne se fait ainsi : i" longueur, — 6 brins, 7, 8, 9, 10, M et 12. 2" longueur, — 12 brins. 3^ longueur, — 12 brins. Le corps de ligne comporte donc 4 boucles {fig. 345) pour séparer les chaî- nons, plus une en bas et une en haut. Celle d'en haut sert à attacher la ligne à la canne ordinaire et à la soie de celle à moulinet, pour pêcher à la grande volée, parce que la soie étant molle ne se déploierait pas ^a^mffF^7TaB^p^^^^^^^J^^J3,^.-^,^^ facilement. La boucle du bas sert à attacher les hame - ^az^"»»***'^ ^ cens, dont l'empile porte une boucle pareille [fig. 341). Fig. 3is. — Bondes des corps de Pour pêcher de fond(voy. ce mot) par ce système, '^'"'^' on met, sur le haut de l'empile, un petit plomb à demeure, de la grosseur d'une forte tète d'épingle, puis on passe au-dessus de lui une petite plombée en cloche {fig. 346), munie d'un bout de florence portant un chaînon. Ou- vrez le chaînon avec l'ongle, passez-le sur le corps de ligne, au- dessus du petit plomb à demeure; refermez-le, et le tout formera un coulant qui laissera la ligne tout à fait libre, et extrêmement sensible à l'attaque du poisson. Abordons maintenant les remarques consignées sur notre carnet d'expériences, et nous verrons que les chaînons sont la cause de très-nombreux accidents se représentant dans la majeure partie des pêches différentes. Ainsi, pour la pêche à la volée, si vous ferrez brusquement un poisson un peu gros, le chaînon s'ourre. La môme chose arrive en roidissant la ligne contre les obstacles qui l'arrêtent. Surtout dans ces deux cas, lorsqu'il y a une grande longueur de ligne hors du moulinet, le chaînon est dangereux, parce que l'élas- ticité propre au cordonnet ne peut se répartir que sur la partie non élastique, le chaînon. Vous ne vous apercevrez qu'il s'est ouvert que quand, en retirant à vous votre ligne et la remettant à l'eau, elle sortira du chaînon et se divisera en deux, par le mouvement de torsion que vous lui faites subir. Trop heureux encore si vous ne la perdez tout entière, par l'ouverture du chïûnon du haut ! D'un autre côté , si l'on fait les chaînons un peu grands, R {fig. 342), ils s'ouvrent trop facilement; quand on lestait petits et forts, l'ongle ne suffit plus pour les manœuvrer. En dernier lieu, pour la pêche de fond, ils cèdent quand on accroche la ligne au fond ou à un objet quelconque, et cet accident, si fréquent et qui ne cause ordi- nairerrîent que la perte d'un hameçon ou deux, peut, avec cet arrangement, faire perdre la moitié ou les deux tiers de la ligne, la plombette et le reste. Le remède à proposer est bien simple ; c'est de remplacer les chaînons de 304 FAUX EI»ERLAN. laiton par un petit chaînon fait exprès, en acier trempé et élastique : on lui donnerait la forme de celui qui termine l'une des extrémités des émérillons d'acier (/?^. 347), et leur usage ne présenterait plus aucun accident. Leur élasticité permettrait l'in- troduction et la sortie de la ligne autant de fois qu'il est nécessaire, et cela sans effort. Leur poids ne serait pas supérieur à celui des chaî- nons de laiton. Fiçi. 347. - Cochet à ressort Eu attendant (luc Ics fabricants d'hamccous Veuillent il iiii cm rillon A acier. bien nous munir de ces petits appareils, de divers numé- ros, nous pouvons parfaitement les remplacer par des émérillons très-fins. Cet auxiliaire ne présente que des avantages, et quoiqu'il n'ait qu'une extrémité qui s'ouvre, cela suffit; on fixe l'extrémité immobile de l'émérillon par une ligature ù chaque morceau de ligne, et la boucle d'en bas seule du compartiment suivant entre dans le crochet élastique. Ainsi établi, l'appareil de lûjne en plusieitrs compartbnents est extrêmement commode ; mais, pour le pêcheur à la mouche, le poids des chaînons seuls, — et à plus forte raison celui des petits émérillons, — est fort appréciable, et rend les lignes beaucoup moins légères. Or, si le vent est un ennemi dans quelques cas, il est le plus souvent un ami pour cette pêche et un auxiliaire puissant, auquel il faut laisser toute sa liberté. 11 n'est que trop souvent défavorable !... FABRICATION DES MOUCHES ARTIFICIELLES. — (Yoy. MouCHES ARTI- FICIELLES.) FAGOT. — (Voy. ÉcREvissE.) Dans les campagnes, on ne se donne pas tou- jours la peine de pêcher les Écrevisses au moyen de balances (voy. ce mot) ; on se contente de renfermer des intestins d'animaux, ou de la viande, dans une bourrée d'épines, de la lester avec une pierre mise sous la hart et de jeter le tout à l'eau pour y passer la nuit. Le lendemain, de bon matin, on va relever le fagot au moyen d'un croc, on l'ouvre sur la rive, et l'on en retire bon nombre d'Écrevisses en- chevêtrées au milieu des brindilles et qui ont adopté cette re- traite, croyant bien y trouver , comme le rat de la fable , le vivre et le couvert. Avec quelques fagots semblables, on fait bonne pêche sans se donner beaucoup de mal. FARILLON. — Réchaud spécial {(hj. 348), porté à l'ex- trémité d'un bras qui l'éloigné du bateau, et dans lequel on fait un feu clair pour attirer les poissons. FARIO (Salmo). — (Voy. Truite commune.) FASTIER. — Un appelle ainsi des bateaux montés par deux ou trois hommes, dans la pêche aux Anchois avec la Rissole, et portant à leur extrémité un farillon pour attirer les poissons. (Yoy. Farillon et Anchois.) Cette pêche s'emploie aussi pour beaucoup d'autres pois- sons : elle est interdite du lo février au lo novembre. Décret du 19 novembre 1859. FAUX. — La Faux consiste en un sac de filet de 2 à 3 mètres de profon- deur, monté comme un Bouteux (voy. ce mot) sur un grand cerceau formé de plusieurs morceaux de bois, et formant un arc surbaissé de 2 mètres de hauteur, Fiy;.348.- Farillon o O c^ ;: o FERA. 305 tandis que la corde a -4 mètres de long. Deux hommes prennent ce filet chacun par une extrémité de Touverture, et, entrant dans l'eau, le présentent au courant de marée, soit qu'il monte, soit qu'il descende. Ils sentent au choc l'entrée du pois- son dans le filet, le relèvent brusquement pour faire entrer l'animal dans le iond, replongent immédiatement la Faux dans l'eau, et continuent à marcher sans plus s'occuper de leur capture, (jui, emmaillée dans le (ilel, n'en prut plus sortir, FAUX BLAQUET. — (Yoy. Ulaquets.) FAUX ÉPERLAN. — (Voy. AtUÉUINE.) FAUX GANGUI. — Nom d'un filet appelé Furcade. (Voy. ce mot.) FEINTE A GROS ŒIL. — (Voy. ÀLOSE FEINTE.) FEINTE BRETONNE. — (Voy. ÀLOSE FEINTE.) FEINTE NOIRE. — (Voy. ÀLOSE FEINTE.) FER A CHEVAL. — On appelle ainsi les ailes ou pannes des bas-parcs, for- mées en l'er à cheval, demi-cercle ou crochet. Ceux-ci ne peuvent avoir que 160 mètres de contour (1", 2% 3' et4« arrondissements). Ceux formés d'équerre ont des ailes ou pannes de 80 mètres au plus (1", 2% 3" et ¥ arrondissements). FERA ;Coregonus Fera, Jur.). — Malacopt. abd. Salmoii. Long. max. = û"",40. Syn. : Potvan et Po/lan , angl. — Guagfisch, allem. — Sikloja, suéd. — Muilci, fini. — S'indfetchen, Blaiifelchen, etc. suisse. — Lnvaret, Gravenche, etc. Corps remarquable par son dos horizontal et dans la même direction que la tète, ce qui fait paraître le ventre renflé. Les écailles sont grandes, nacrées, blanches, argentées, .\u-dessus de la ligne latérale, qui a 80 points, la couleur du dos est d'un violet bleuâtre tendre, changeant en rose. Les flancs, au-dessus de la même ligne, portent quelques écailles irrégulièrement tachetées de petits points gris plombés. Les rangées des écailles sont très-visibles et forment comme des sil- lons longitudinaux sur le ventre. OEil grand, argenté, iris irrégulier, un peu en pointe en avant; une ligne rouge au bas de l'œil. Opercules pointillés légèrement^ dessus delà télé vert clair, comme transparent, laissant voir des pièces blanclies internes. Bouche très-petite, maxillaires et lèvres fi- nement pointillées. Préopercules argentés. La dorsale est incolore, mais un peu noirâtre vers l'extrémité et couverte de petits points plombés. D = 12. Adipeuse incolore. Caudale incolore et piquetée de noirâtre, très-fortement four- chue etnoirâtre au fond de la fourche et un peu aux peintes. Rayons annelés. C^24. Anale incolore et noirâtre à son extrémité, piquetée, rayons annelés. A= 12. Ventrales incolores, points noirs, rayons annelés à moitié. V = ll. Pectora'es incolores, piquetée, faiblemsnt de points p.3u appa- rents, pointes grises, insertion un peu rose, rayons annelés. P = 16. (Voy. Temps de frai.) A propos de ce poisson, nous sommes encore tout à fait en discordance avec les auteurs les plus récents. M. Blanchard se trompe complètement quand il dit que la Fera fraye au mois de décembre. L'époque vraie est du 10 au 15 février, sur les grands fonds d'eau. (Lacs de Genève et de Constance.) Nous durerons tout autant parle nombre de rayons des nageoires : Varuell. M ... BL\>CnARD. Blaiifelchen. NoBis \ Saudfelchen. ■ Oantrfisch . . . = 14 r = i fi 11 16 1415 ifi 12 ir, 12 li 11 li 13 C = 20 iD 10 14 1d 2S 12 2i 13 20 12 20 Ce poisson se nourrit de débris organiques, d'insectes, de petits cousins surtout, de 1 irves et peut-être d'alevins et d'œufs de poissons. Chair excellente, parfumée et ferm?, sans arêtes, hlanche; se conserve peu; on en sale beaucoup pour l'Allemagne et même pour l'Alsace. La F^éra se tient ordinairement entre Lccheron et Vézenas, dans le lac de Genève. On la prend toute l'année, mais surtout en été, sur un banc de glaise recouvert de cailloux, s'étendant un peu du coté de Genève et appelé banc de tra>:ers. Ce sont 'es meilleures Feras, auxquelle; oa don:ie le nom de Fera de travers. On en prend aussi beaucoup à Evian. Il faut pêcher ce poisson la nuit sans lune, car, s'il fait clair, la Fera voit le filet et saute par- dessus. Il y a quelquefois, là, quatre-vingts barques montées chacune par quatre hommes qui s'elVor- 20 306 FERA. cent de retirer la nappe ou setine Irès-promptenienf, car ce poisson est d'une vivacité incroyable. Une barque cependant prend quelquefois 100 Ivildgr. de P'éra dans sa nuit. Au commencement de juillet, ces poissons quittent le banc de travers pour remonter les deux rives du lac, vers Coppet, Morges, etc. La Fera des profondeurs a la chair moins bonne; ou lui donne le nom de Fera blanche. Celle qui demeure à la surface pour se nourrir de moucherons est appelée Fera verte. C'est la meilleure. Nous sommes heureux de transcrire ici un extrait de la lettre que nous recevons, au sujet des Feras, de l'homme d'Europe qui, probablement, les connaît le mieux, M Bienner, qui, comme il le dit, passe, depuis dix ans, sa vie au milieu des pêcheurs de la Suisse et des Gorégones du même pays. « Il me sendjle, dit-il, qu'on devrait s'arrêter à reconnaître deux espèces de Gorégones seule- ment : la Fera et le Lavaret. Tous les noms allemands et suisses employés dans le pays, et plus ou moins défigurés dans les ouvrages des iciithyologistes, ne servent qu'à embrouiller le chercheur et l'éleveur, tandis que la chose est si simple qu'elle ne tient pas devant la comparaison des espèces. Je n'ose encore m'arrèter à une seule et unique espèce, ce qui est peut-être le vrai parti. Le Lavaret, quoique ne difjérant pas de la Fera par ses caractères génériques, a une foi'uie plus gracieuse, plus élancée, la tête plus fine, plus pointue, le corps moins large, les écailles plus petites et plus colorées. Sa chair est aussi bien plus délicate. On trouve ce Corégone dans le lac du Bourget, en Savoie, sous le nom de Lavaret, dans le lac de Constance sous le nom de Blaufelclien, — dont le jeune s'appelle Gangfiich. — La Palée du lac de Xeufchàtel ressemble tellement au Lavaret que les ichthyologistes les plus méticuleux auraient bien de la peine à l'en distinguer. « Quant à moi donc, voici comment je classe, ou comment je traduis, les noms des divers Goré- gones des lacs de la Suisse, pays que j'explore depuis dix ans pour la pisciculture. K J'appelle Fera : le Sandfekhen du lac de Constance, le Dallen des lacs de Lucerne et de Sem- pach, la Fera du lac de Genève. « J'appelle Lavaret: le Lavaret du lac du Bourget, le Blanfelchen du lac de Constance, VEdelfisch du lac de Lucerne, le Gangflsch du lac de Constance, la Palée du lac de Neufchàtel. » Plus hardi que lui, avec qui nous avons fait nos recherches dans leJIusée ichthyologique de Huuingue, nous en sommes parti avec la conviction énoncée plus haut et bien arrêtée, que l'espèce des Gorégones des lacs de la Suisse, de la Savoie, et probablement des lacs de l'Europe centrale, est unique, mais mutable, indécise, oscillante, suivant les milieux où elle croît. Ce fait de variabilité n'est pas limité aux Feras. On en rencontre plusieurs autres exemples parmi les poissons. Exemple : les Cyprins dorés, les Cyprins carpes, l'Anguille, etc. FERA. — Dans les lacs des Alpes françaises et de la Suisse, on pêche la Fera l'ig. 3iy. — l'èchc de la Fera au temps du frai. à la senne au moyen de deu.x bateaux, en temps de frai et en été. Voici comment se fait cette poche : FERRER. ,{07 Six hommes se mettent dans deux bateaux dont chacun porte la moitié d'une grande senne de 100 mètres et pkis de longueur, sur 7 ou 8 mètres de hauteur. Les bateaux, à mesure qu'ils s'éloignent l'un de l'autre jettent le filet à l'eau. Ceci fait, le fdet est de nouveau tiré sur le bateau, mais de concert et de manière à ce qu'un bateau ne tire pas plus à bord que l'autre, afin qu'il n'y ait pas de perte de poisson. Les deux bateaux se rapprochent de nouveau de cette manière, et quand ils sont assez près, et la senne hors de l'eau, ils en sortent les poissons pris. En temps de frai, alors que les Feras sortent des profondeurs, on peut se passer de l'un des bateaux {fig. 3i8). On amarre alors la senne à un pieu ou longue perche qu'on a enfoncée d'al)ord dans le lac à une partie peu profonde (6 à 8 mè- tres). Le bateau qui porte le filet au large, lui fait décrire un cercle et vient rejoindre le pieu où il est bien amarré, puis ce filet est tiré à bord. On a pris ainsi jusqu'à trois mille Feras d'un seul coup. Quand la profondeur du lac ne permet pas d'enfoncer un pieu d'amarre, on le remplace par un long câble très-épais, qu'on fait soutenir ver- ticalement dans le lac au moyen d'une grosse pierre qu'on attache à l'un des bouts, et d'une futaille vide fixée à l'autre bout et surnageant à la surface. Le filet est alors fixé à ce pieu artificiel. Outre ces divers systèmes, on pose encore pendant la nuit un filet dormant, qu'on vérifie el sort pendant le jour. Ces filets sont toujours placés près du bord. Sur le lac de Lucerne et de Zug, la Fera est pêchée la nuit dans des filets très- légers et traînants. On ajuste au bout du bateau servant à cette pèche un réchaud dans lequel on fait un feu très-clair, avec des morceaux de sapin résineux secs. Les poissons éblouis sont entourés. Quelquefois on se contente de les puiser avec des trubles ou des havenets. Ces modes de pèche servent à prendre toutes les espèces de Fera : Gangfisc/i, Felchen, Ballen, Fera, Gravenche, Bondelle, etc. FERRER. — Ferrer un poisson est une chose très-facile, et cependant peu de personnes savent la faire, parce qu'elle demande beaucoup de sang-froid et de précision. C'est le coup de fusil du chasseur sur la perdrix, rien n'est plus facile, mais il faut le faire de sang-froid et sans se presser. Alors que le poisson dans les pêches de fond, tient l'esche entre les lèvres, et entraîne la flotte sous l'eau, il faut assurer sa capture en faisant entrer dans les chairs le dard de l'hameçon, assez, mais pas trop ; quand, à la pêche de surface, le poisson a saisi la mouche, il faut un mouvement rapide comme la pensée, pour faire, — au vol pour ainsi dire, — entrer le fer dans les lèvres qui l'ont à peine pressé : c'est en quoi consiste l'action àe ferrer. Il ne s'agit pas de donner une secousse qui amène le poisson, d'un seul coup, derrière le pêcheur, sur la prairie ou dans les branches d'un arbre ; pour bien ferrer, le mouvement doit être décomposé en deux temps. La main tient la canne, les doigts en dessus ; un seul mouvement du poignet, donné obliquement, en rame- nant vivement la main vers le corps, de côté, fait décrire un crochet au bout du scion, et en même temps entrer le fer de l'hameçon dans les lèvres ou la langue du poisson. Un mouvement doux et ménagé du bras alors, l'amène vers la surface de l'eau d'abord, et sur la rive ensuite, si sa pesanteur ne réclame pas le secours de l'épuisette. Tout ceci est bien simple ; rien n'est plus facile à faire lorsque l'on est sur une rive découverte, et que l'on ferre à propos, sans manquer le poisson ; mais si des obstacles sont autour du pêcheur, si la canne est passée entre des branches, il faut une grande habitude et une grande prudence; car, si le pêcheur manque le poisson, 308 FEU. si son mouvement est mal calculé, la ligne fouette, quitte, et va se mêler aux bran- ches et aux épines. Le moindre mal est de l'y laisser ; si, en eflet, le pêcheur est dans mie bonne place, il la rendra déserte en faisant, dans les buissons, le remue- ménage nécessaire pour leur disputer sa ligne. Le meilleur moyen, sur le moment, est de sacrifier sa ligne, d'en monter une autre, et de tâcher d'être plus adroit. Quitte, avant de s'en aller, à faire de son mieux \)()uv ratlrap(>r le lil confié aux buissons. FERS A ÉCREVISSES. (Voy. BALANCES et BALANCES DOUBLES.) FEU (Pêche au). — En mer. Le décret du 10 mai ]8()2 restant muet sur l'exercice de ce mode de pêche, nous sommes forcé de revenir aux décrets antérieurs, des 4 juillet 1853, 19 no- vembre 1859, pour chercher quelle réglementation lui avait été appliquée. Nous voyons qu'elle a été très-contradictoire, permettant dans le Midi ce qu'elle défend dans le Nord, sans qu'il soit possible d'y voir d'autres raisons que les mœurs du peuple. Si les nuits de la Manche et de l'Océan avaient la splendeur et la transpa- rence de celles de la Méditerranée, le peuple eût, depuis des siècles, montré aux législateurs septentrionaux que la pêche au feu n'est ni meilleure ni plus mauvaise en mer que toutes les autres. D'autant plus que la prohibition de l'art. 11 empêche d'y prendre des petits poissons. Ajoutons encore que la pêche de nuit se fait, soit au filet pour les poissons de passage, et alors il n'y à pas de dommage à craindre, soit à la foëne ou fichouira pour les poissons sédentaires, et, dans ce cas, comme l'instrument ne peut servir que contre de gros poissons, il n'offre aucun incon- vénient dans son emploi. Art. 203. 1" arrond. — Défense d'attirer le poisson en péchant la nuit avec des brandons, flambeaux ou autres feux. - Art. 204'. 2" arrond. — Même défense. Art. 211. 3* arrond. — Même défense. Art. 57, § 28. i*" arrond. — Le beau ciel commence au golfe de Gascogne ; la pêche de nuit au Feu, va s'ouvrir. Dans le quartier de l'île d'Oléron, art. 219, § 13, la pêche aux flambeaux sera permise toute l'année avec une foëne à 7 dents écar- tées de 0™,027. Il en est de même dans le quartier de la Teste, art. 260, § 14, mais on limite le lieu de la pêche. Dans le quartier de Bayonne, art. 280, § 6, l'a pêche se fait avec des filets à mailles de 0'",040. Art. 66. S*" arrond. — La pêche au Feu estinterdite du 15 février au 15 novembre ; mais les dents de la foëne n'ont plus que 0'°,025 d'écartement. (Voy. Foene.) En eau douce. — Remontons un peu vers les* décisions anciennes et nous y trouverons la source de défenses qui se perpétuent indéfiniment dans nos lois, et qui se succèdent sans que l'utilité en soit le moins du monde démontrée, alors, au contraire, que ces prescriptions sont contre la jouissance bien entendue du bien de tous et son exploitation judicieuse. Quel est le but en effet de toute exploitation régulière et bien entendue d'un amas d'eau quelconque, si ce n'est d'y faire la récolte des poissons arrivés à leur maximum d'accroissement, c'est-à-dire parvenus à cet âge où ils ne profitent que très- lentement, dépensant beaucoup et rapportant peu? Une exploitation de pêche est-elle donc autre chose que toute exploitation de matière animée, végétale ou animale, dans laquelle le maximum de produits en argent et en rhatière doit être cherché? Ceci une fois admis, — et il nous semble impossible qu'il en soit autrement, — voyons ce que fait la pêche au Feu. Elle permet de choisir les poissons les plus FEU. 309 gros, — donc les pl((S adultes, si le mol riait français, — elle va même plus loin : en la reslreignanl à l'emploi de la foëne, elle ne permcl de caplures que ceux-là. Que voulez-vous de plus et de mieux ? En quoi esl-clle le fait d'uii mauvais usufrui- tier? Elle di'fend le peuple, le fretin de toute destruction, puisqu'elle ne /.fuf l'alleindrc, et prend les gros, les exploitables à merci ! D'accord avec vous sur l'emploi terrible que le braconnier peut faire de la lueur (lu Feu pour jeter un épervier sur les poissons rassemblés, je ne vois jias p(jurquoi l'on interdit une bonne cbose parce qu'elle peut avoir des inconvénients, des abus. Quelle est la chose de ce monde qui n'en a pas? Et d'ailleurs n'est-ce pas au propriétaire ou à l'usufruitier, qui en a la jouissance, ;\ garder son bien? Croit-on que ce sera l'absence de feu qui empêchera le braconnier d'appâter le soir l'endroit de l'étang d'autrui, ou de la rivière du voisin, où il compte après-demain venir pécher à coup sûr ? Non. Au contraire, le Feu se voit de loin. La lueur est un indice, une marque que le braconnier n'adoptera jamais; il est trop rusé pour cela. Qui l'adoptera alors? Le propriétaire qui, lui, n'en mésusera pas, et qui a le droit d'ailleurs d'user et d'abuser de sa chose sans en rendre compte à personne. L'ordonnance de 1669, relative à la pêche fluviale est d'une sévérité dont rien n'approche, puisque (art. 10) elle va jusqu'à défendre la ligne de fond, le gide, le tramail, le furet, Yépervier, etc. — Avec quoi pèchait-on alors? — Aussi, n'a-t-elle pas manqué (art. 11), après avoir défendu d'employer les lignes amorcées de vif ! de dire : leur défendons-nous d'aller à la farre (art. 18). Faisons défense à toute personne d'aller sur les mares, étangs et fossés, lorsqu'ils seront glacés pour y rompre la glace et y faire des trous, et de porter des flambeaux, brandons et autres feux, à peine d'èire punie comme de vol. Ainsi voilà qui est bien entendu, le Feu est prohibé. Cette mesure vaut ce que valait celle qui défendait les fdets ci-dessus dénommés, filets dont tout le monde se sert aujourd'hui chaque jour. Il en sera de même de la prohibition du Feu, quand on se sera donné la peine de faire une loi de pêche qui aura le sens commun. Le décret de la Convention, du 8 frimaire an II, maintient les règles étabhes dans l'ordonnance de 1069 et dans son judicieux art. H. Nous arrivons à un arrêté du Directoire exécutif en date du 28 messidor an YI, qui assure encore l'exécution du même article et des autres. Enfin, vint la loi sur la pêche fluviale du 15 avril 1829, puis l'ordonnance royale du 15 novembre 1830 et le règlement sur la pêche fluviale dans le départe- ment de la Seine. Nous y trouvons (art. 7) la même prohibition mise au nombre des procédés et modes de pêches reconnus nuisibles au repeuplement des rivières. Recon- nus nuisibles au repeuplement!... Mais on ne dépeuple pas une rivière en captu- rant les plus gros individus qui la peuplent. Admettons que ce soient les seuls reproducteurs, alors toute pèche, quelle qu'elle soit, serait par là môme défendue. (( En conséquence, il est défendu: 1° d'attirer et rassembler les poissons en péchant la nuit aux flambeaux, brandons et autres feux, — mêmes termes que l'ordonnance de 1669 ! — en rompant la glace et en employant les clairons, trom- pettes et chaînes, etc. » Terminons par quelques mots sur l'absurdité qui sert de corollaire à ce beau théorème. Elle est digne du reste. Vouloir faire des calembours est une excellente chose, mais en fabriquer à propos de loi est trop fort. Au moyen âge , clairon voulait dire cliose qui éclaire, éclairant : cela va tout seul ; un clairon est un flambeau, une torche, unFeu.Lc rédacteur — inconnu hélas ! mais toutaussi ignare — de la loi :n() FILET A CERCLES. s'est dit : a Puisque le lexte de la loi porte clairon, nous pouvons bien y introduire aussi trompette, qui en est la cousine germaine,... et voilà pourquoi notre Gode défend expressément de faire manœuvrer les poissons comme un régiment de cavalerie... Pas d'orchestre de cuivre! laissons-le m///<",9 les jeunes animaux de l'espèce des poissons qui servent à repeupler les étangs ou les cours d'eau. Ce nom a été étendu même au frai de lAnguille, qui, certes, n'a pas la forme d'une feuille de saule à laquelle on peut, jusqu'à un certain point assimiler les jeunes des espèces de poissons ordi- naires. (Voy. Alevin.) FÈVES DE MARAIS. — Tout le monde connaît les fèves, ce fruit d'une plante papillonnacée que l'on dit originaire de l'Afrique ou de la Perse. Les semences sont grosses, aplaties, oblongues, ayant leur ombilic placé à une de leurs extrémités ; elles sont contenues dans une grosse gousse coriace. L'espèce la plus répandue est celle que l'on nomme Fève de marais {Foba vulgaris) : on en mange le fruit dans beaucoup d'endroits. Ce fruit cuit est l'un des meilleurs appâts pour les Carpes, et concassé, pour la plupart des poissons cyprins. L'avantage que cette grosse fève présente est de permettre d'y cacher un hameçon assez fort pour arrêter les Carpes de dimensions considérables, les plus belles captures du pêcheur séden- taire. (Voy, Cuisson des graines. Appâts, Amorces, etc.) FÉVRIER. — (Voy. Calendrier du pêcheur.) FICHOIR cl FICHOUIRA. — Nom provençal de la Fome. (Voy. ce mot.) FICO et FIGO. — Nom du Tacaud (voy. ce mot) à Anlibes. FIL. — Le Fil est la matière dont les fdets sont composés ; son choix est une des choses les plus importantes de la fabrication de ces engins; un bon Fil doit être composé de filasse très-fine, mûre et pas trop rouie, afin qu'elle conserve toute sa résistance. La manière dont il a été filé importe peu, pourvu que sa texture soit égale, sans nœuds et sa torsion moyenne. On n'emploie jamais de Fils simples, mais toujours un Fil retors, généralement en deux brins, quelquefois en trois, pour les filets très-solides, et alors il prend le nom de Fil de fouet. Sa grosseur varie d'ail- leurs avec l'espèce de filet auquel on le destine. FILADIÈRE. — Petit bateau employé sur les côtes du golfe de Gascogne pour la pêche au lînveneoii. (Voy. ce mot.) FILAT. — Nom du Congre dans plusieurs de nos dépar- tements méridionaux. (Voy. Congre.) FILER LE CRIN (Machine à), (^'oy. Machine a filer jûj^^ 'g LE CI'.IN. Ma!\GOTIN.) ''^s- ^M ' FILET. — Nom du Congre sur les côtes méridionales de ise^3 Jiîb^^^^O France. FILET A CERCLES, dil BOURRICHE, pour conserver le poisson vivant. — Ce petit filet {fig. 350), dont la confec- tion est très-simple, offre l'avantage de se ployer de manière à tenir peu de place dans le carnier, tandis que, déployé dans Fig. 350. — La i{..i.nichc l'eau et soutcnu par ses cercles, il offre au poisson assez d'es- ''" i^'^'^'"'"' ■ pace pour vivre longtemps et ne pas se froisser. C'est un sac ordinaire BP en filet, soutenu par trois cercles d'osier de dilfé- FILETS FIXES. 311 renies grandeurs : on ferait mieux de elioisir i)our la matière de ces cercles, la ba- leine ou le fd de fer, ils casseraient moins souvent. Ce jjetil sac suit le pôcheur sédentaire dans ses diflV'rentes stations et reste à côté de lui, prêt à recevoir sa cap- ture. Le pêcheur à la mouche le remplace par son carnier, ou son ])anier (voy. ces mots), moins commode que le premier et plus embarrassant. Pour fermer l'ouverture de la Bourriche formant goulot, il est bon de passer autour une embrasse de caoutchouc, si le fdet doit plonger en- tièrement dans l'eau, sinon on peut la laisser ouverte. On peut encore y adapter un fermoir à ressort comme celui que nous portons toujours à notre sac à poisson, SES, {fiy. ooO), cl dont l'emploi est si commode. (Toy. Sac a poisson et Bour- RicnE.) FILET A POCHE. — (Voy. FiLETS FIXES.) FILET CARRÉ LONG. — (Voy. MAILLER UN FILET.) FILETS CARRÉS. — (Voy. MaILLER UN FILET). FILETS CONTREM AILLÉS. — (Voy. TraMAIl). FILETS DE MAIN. — On donne ce nom aux filets qui, pour être utilisés, ont besoin de la présence et de l'action du r-ig. 3oi. — saca pois- pêcheur. Ils participent ainsi à l'action, à la chasse, si l'on peut ^"" ^ '"'^'■•"'^"'■ dire, qui rend si intéressant l'usage des engins de la pêche à la ligne. Les principaux fdets de main sont : V Epervïer, le Carrelet ou Echiquier, et ses va- riétés pour l'eau douce et pour l'eau de mer, la Truble, les Haveneaux, les Pocher traînantes, la Senne. (Voy. ces mots.) Les autres filets rentrent dans la classe des 111 ets dormants. FILETS DORMANTS. — On appelle filets dormants ceux qui, abandonnés dans l'eau pendant un temps plus ou moins long, font leur office d'eux-mêmes et n"ont besoin de l'homme que pour être retirés et vidés. Ce sont à proprement par- ler des pièges, tandis que les lilets à main sont de véritables instruments de pêche qui peuvent être plus ou moins bien dirigés. Parmi les principaux fdets dormants, il faut distinguer le Tramail,M\. Nasse, le Verveux, la Louve, le Guideau, les Nappes, les Parcs, Madragues, etc. (A^oy. ces mots.) FILETS FIXES. — Le décret du 10 mai 18G2, art. 3, sur la pêche côtière, porte la disposition suivante : (( Les fdets fixes, — ceux c{ui, tenus au fond au moyen de piquets ou de poids, u ne changent pas de position une fois calés — à simple, double ou triple nappe, (( et les filets à poche, auront des mailles d'au moins U'",0:2o en carré, en dedans (( de trois milles des cotes, c'est-à-dire du relai de basse mer. » Ûans les filets fixes autres que les filets à poche tendus dans les courants (art. 5, décret 10 mai 1862), la maille, reconnue suffisante pour permettre la libre circula- tion du fretin, était le seul point essentiel à réglementer. Une fois que la grandeur de la maille ci-dessus est bien réglementée, il n'y a plus que quelques exceptions à prévoir pour certaines pêches spéciales, telles que celle de rAnguille. Ouantaux dimensions des filets, à leur forme ou disposition, aux heures pendant lesquelles ils peuvent être calés ou tendus, cette partie de la réglementation a fait l'objet de mesures d'ordre et de police variant suivant les localités, le temps ou les circons- tances, qui ont été laissées à l'appréciation des autorités locales {notif. du 12 mai 1862), c'est dire que les préfets maritimes (art. 12) ont qualité pour prendre les arrêtés nécessaires. 312 FILETS FLOTTANTS. Sont également considérés comme filets fixes, dit (litre Y) le règlement du 5" arrondissement maritime du 11) mars 1859, ceux qui, attachés à un point fixe, soit à terre, soit à bord d'une embarcation à l'ancre ou amarrée à terre, sont ma- nœuvres de manière à ne pas traîner au fond. Nous allons donner la nomenclature des Filets {ix(!<^, à simple, double ou triple nappe, employés ordinairement dans les cinq arrondissements maritimes de France, renvoyant le lecteur à la description spéciale de chaque filet dans le cours de ce Dictionnaire. Nous mettrons en regard du nom de chaque filet, la grandeur des mailles qu'exigent les règlements spéciaux du 4 juillet 1853 et du 19 no- vembre 1859 pour le 5^ arrondissement, lequel est dé'à un progrès réel sur les précédents. PREMIER ARUOiNDISSEMENT (ChERBOL'RG). Traiiiaux sëdciitaiios — Nasses — Chaudières — Cliiies et Paniers — Verveux — Louves. IiKL'XIÈME ARRONDISSEMENT (BrEST). Tramaiix sédentaires — Picols ou Filets à aiguillette — Havenet, Havet ou Haveau — Casier à vieilles — Filets à Saunions — Ravoir — Uves — Casiers, etc. — Chaudières — Claies — Paniers, Bouraciue — Verveux et Louve. TROISIÈME ARRONDISSEMENT (LoIUENT). Traniaux sédentaires — Picots ou Filets à aiguillette — Nasses — Chaudières — Claies — Paniers — Verveux, Louve. QUATRIÈME ARRONDISSEMENT (RoCHEFORT). Sadoure ou Tramaux sédentaires — Bichareire, id. — Péougue, id. — Stoueyres, id. — Ti- rolet, id. — Jagude, id. — Sardinal de fond — Claies et Nasses — Bourgnes ou Bourgnons. CINQUIÈME ARRONDISSEMENT (ToULON ET CoRSE). Uatlwle — Solte ou Annaillade — Aragnole — Réclare ou Schietta - Hautc'e ou Pattude de poste — Battude du large — Combrière ou Escom brière — P/damidière du Bestinai'a — Tlioaire — Doguière — Aiginllère — J> Mailles de O^.O'^O. Paradière — Gcaiguin fixe autre que ceux pour les Anguilles. — Tis, Tics ou \ Oiselières. ' Bornai ih-ps — Croii] oiicres - Sr'gélière — Entiemaillade -*- Tre'mail- \ Aumées. . . 0"',0C0. lade — Entrea, aille — Trémail — Entremaux — Battude à trois na/pes — | Flue 0'»,020. Alozat — Payolle. ) Aumées... 0^,QGO. Tiantaux ou Bcfs tramaillês — Tiemaci — Caire — Globe — Calen \ ,\umées... 0™,0G0. — Latïipe à croc ou Ventun.n — Mugelière — Canard — Caniiat — Sau- \ Flue 0"',0"20. taile ou Bond. ) Aumées. . 0"i,060. Rissole ou Socletière. — O^-sOlO. Paidennes — Brrgpls ^- Paradirres — Étudies ou Eslurie^ — Ge/w- ) (im oin guis fixe — Trubacs ou Trabacoi.s . ' FILETS FLOTTANTS. — Les Filets flottants sont ceux qui vont au gré du vent, du courant, de la lame, ou à la remorque dun bateau, sans jamais s'arrêter au fond. D'après le décret impérial du 10 mai 186:>, ils ne sont assujettis à aucune dimension de mailles, et en dedans des trois milles de cote, l'usage en est permis toute l'année, de jour et de nuit. Sont assimilés aux filets fioltants les filets fixes dont la ralingue inférieure est élevée de manière à laisser toujours un intervalle deO'",20au moins, entièrement libre, au-dessous de ladite ralingue. Les véritables filets ilotlants, que nous venons de tléfinir plus haut, sont employés ;\ peu près exclusivement à la pèche des poissons de passage : Harengs, Sardines, FILET POUR AMORCES VIVES. 313 Maquereaux, etc. Ils n'exereent doue pas (rinfluencc sur l;i deslruclion du IVai ou du IVelin, et ne doivent, par suite, être assujettis à aucune dimension de mailles. C'est déjà bien assez que, suivant l'avancement de la saison et la grosseur spéciale de la Sardine ou de tel autre poisson, les pêcheurs soient dans l'obligation niilurelle de changer leurs filets, afin que les mailles, bien eu rapport avec la grosseur des poissons, permettent à celui-ci de se mailler en abondance. Les principaux Filets flottants employés sur les côtes de France sont ainsi dé- signés, suivant les arrondissements maritimes dans lesquels on les emploie. Le lecteur les retrouvera à leur rang alphabétique dans ce Dictionnaire. PREJUER AUnOXDISSEMENT (ChERDOURG). Rets ;1 Harengs — Rets à Sardines — Rets à Maquereaux — Carreaux ou Huniers — Filets à Saumons. DEUXIÈME ARUONDISSEMENT (BrEST). Sennes à Prêtres — Rets à Grades — Rets à Sardines — Aplet à Harengs — Aplet à Maquereaux — Carreau ou Hunier — Filets à Saumons — Ciseaux — Senne à Ciievrettes. TROISIÈME ARRONDISSKMENT (LorIENT). Senne à Éperlans et à Anchois — Rets à Sardines — Rets à Harengs — Rets à Maquereaux — Carreaux ou Huniers — Sedor ou Filets à Saunions. QL'ATRIÈME AKROXDISSEMENT (RoCIIEFORT). Tramaux flottants — Tramaux dérivants — Rigareire ou Finette — Trongcret — Sardinière — Carreau ou Carrelet — Lacoule — Havenet — Filets à aiguille. CINQUIÈME ARRONDISSEMENT (ToUI.ON). Veyradier — Courantille — Thonaire — Sardinal ou Menaïca — Anchoubé — Rissolle — Ro- guyère et Aiguillère. Remarquons que les dimensions des mailles des filets employés dans la Méditerranée restent fixées telles qu'elles l'ont été par le décret du 19 novembre 1859, lorsque ces dimensions sont infé- rieures à celles prescrites par le décret du 10 mai 18G2 (0",025). FILET POUR AMORCES VIVES. — Inventer un tilet commode n'est pas une grande découverte ; cependant le modeste engin que la nécessité, mère de l'industrie, nous a fjiit construire, pourra rendre aux autres les mêmes services qu"à nous. C'était vers la fin des vacances ; la pèche du Brochet, de la Perche et de la Truite se montrait productive ; mais, dans le pays où je me trouvais, il était à peu près impossible de se procurer des amorces vives. Non pas que les Goujons, les Vérons et les Ablettes manquassent; loin de là, ce qui manquait, c'étaient les bras pour les aller chercher. Pas un gamin disponible pour cette corvée : la vendange avait entraîné tout le monde aux coteaux. Comment faire ? Il me répugnait de perdre mon temps à pêcher les Vérons au ver rouge, alors que je sentais derrière moi couler la rivière où j'aurais pu, pendant le môme temps, mettre sur le rivage une demi-douzaine de Truites ou de Brochetons. Il fallait cependant des amorces vives : il en fallait! et j'en ai eu... . Vous en aurez comme moi. Voici le moyen : On prend du fil de fer recuit de la grosseur d'un porte-plume ou d'un petit crayon. On en fait i/ig. 3ol) un premier cercle de0'",40tle diamètre environ, plutôt moins que plus ; un second, de 0",oÛ, et un troisième, de U"',GO. On fait alors choix de gros tulle àJarges mailles, que l'on trouve facilement dans la campagne. A son 314 FILETS TRAINANTS. défaut, on prend du canevas ou de la toile à moulin, ou tout autre tissu semblable, à mailles fines et claires. Ceci fait, on remplit de tulle le plus petit cercle, sur lequel on le coud; puis, au moyen de bandes de ()"\2o à 0'°,30, on attache le second cerceau au fond, et le troisième au second, ce qui forme comme une grande corbeille évasée {fig. 352). On trempe le tout dans de la teinture de brou de noix qui sert aux menuisiers à donner au bois une couleur brune feuille morte. On a ainsi un fdet de la cou- leur du fond du ruisseau ou à peu près. Au cerceau supérieur, on attache trois ou quatre licelles de 0"',3o environ, qui se réunissent à une plus forte, longue de quelques mètres; au cerceau infé- rieur, on attache une douzaine de balles de plomb, et l'engin esL prêt à servir. ^ Nous voici près du ruisseau dans lequel les ■P'r Tioujons, les Loches, les Vérons font chère-lie. Au ^tZ^it __ ^^ milieu du fond de notre corbeille, nous avons at- - l-if= J^^- - t'^ché un gros morceau de mie de pain, ou un petit -^^iijii:^- — -==^ sac de tulle rempli de son. Au mo^^en d'une fourche /'z<7. 35-2. - Filet à amorces vives, j'^ camic {fig . 353), uous desccndous uotrc corbeiUc dans l'endroit du ruisseau oïl nous voyons le plus de Vérons rassemblés. Grand émoi dans la bande Tout le monde se sauve ! Notre filet, en le descendant doucement au fond, s'est aplati sur lui-môme, les trois cercles se plaçant côte à côte et le tulle s'étendant sur le fond. Au bout d'i^n certain temps, un Véron se hasarde, avance au-dessus de l'étoffe et fuit tout effaré. Un instant après, il revient, un autre le suit, tous deux hument les miettes de son ou attaquent le pain. Laissez-les faire, prenez patience; dix, quinze, vingt autres les suivent. Attention ! le dessus du fdet est comme une fourmilière. Vous saisissez doucement d'une main la ficelle, de l'autre la fourche à canne. — Heup!... En soulevant, le filet s'est détendu, la bande est prise et tourne autour, cherchant une issue latérale ! Vous soulevez d'un mouvement aussi vif que possible; la résistance est assez forte, parce que l'eau presse sur les mailles étroites ; vous posez sur le rivage, et la bande frétillante vient dans la boite au vif attendre son tour d'être offerte en holocauste aux tyrans des eaux. C'est ainsi que j'eus des amorces vives à foison. Le procédé est aussi bon en mer qu'en eau douce. FILET ROND, CYLINDRIQUE OU CONIQUE. — (Voy. MaiLLER UN FILET.) FILETS TRAINANTS. — On appelle Filets trohants ceux qui, coulés au fond au moyen de poids placés à la partie inférieure, y sont maintenus sous l'action d'une force quelconque. Leur usage, pour la pêche de toute espèce de poisson, peut être, sur la proposition des préfets maritimes, autorisé par le ministre, à moins de trois milles de la côte, dans les endroits où cela ne présente aucun inconvénient, soit à raison de la profondeur des eaux, soit par toute autre cause (art. 6). Grandeur des mailles, 0"',02o. FILETS TRAINANTS. 315 Ces filets ne peuvent, en aueun eas, être employés à moins de 500 mètres des huîtricres. Ainsi donc les Filets traînants sont, en principe, pralnhés à moins de trois milles au large de la laisse de basse mer. (Juelle (jne soit la dénomination que portent les Filets traînants, qu'ils s'appellent Dreige, Chalut, Gangui, etc., il est généralement reconnu qu'il est difficile de prescrire pour les mailles et le poids de ces filets des dispositions qui protègent elficacement le fretin. Les pécheurs tendent continuel- lement d'ailleurs à renforcer le fond du filet, opération qui rend à peu près illusoire toute limitation de la maille. Enfin, l'expérience prouve que les ravages exercés par ce filet sont d'autant plus graves qu'il est employé moins loin de terre. La seule réglementation rationnelle d'un tel instrument ne pouvait donc se trouver que dans la détermination de la distance à laquelle il est traîné. On n'a fait d'exception que celle de l'art. 3 (Décret du 10 mai 1862) en fiueur de la grande Senne, filet traînant spécial pour lequel il est utile de fixer la maille, en raison des lieux où il s'exerce, c'est-à-dire de la proximité nécessaire du rivage et de la len- teur avec laquelle il est manœuvré. (Toy. Grande Senne.) Il est encore fait une exception en faveur des filets traînants qui servent à prendre les Chevrettes, les Lançons, etc. Quand il s'agit de ces pèches particu- lières, ce qui importe, ce n'est pas de fixer la dimension de la maille, — car il faut bien que ces engins atteignent leur but, — mais d'en surveiller l'emploi, de manière à empêcher qu'un pêcheur ne change la destination spéciale de son filet pour le faire servir aune pêche autre que celle en v«e de laquelle cet engin est permis. L'emploi des Filets traînants, — qui a donné lieu ù beaucoup d'abus, et, il faut le dire, à de non moins nombreuses et justes réclamations,— se trouve ainsi réglementé d'une façon tout à la fois simple et équitable. Sauf les exceptions mentionnées à l'art. 4 du décret du 10 mai 1862, il n'y a plus sur nos côtes de pêches spéciales de tel ou tel poisson ; on trouve à la fois, dans le fond d'un chalut, par exemple, des crustacés, des huîtres, des poissons de toutes les formes, ronds, longs, plats, etc. Or, s'il faut intéresser autant que possible le pêcheur à ne pas se servir de filets et d'engins prohibés, en lui défendant de prendre des poissons, huîtres ou crustacés qui ne sont pas parvenus à une certaine croissance, il est, d'un autre côté, bien difficile d'établir, pour arriver à ce but, autant de dimensions qu'il y a d'espèces, alors qu'on n'a pu fixer qu'un minimum de mailles, précisément parce que la gé- néralité des instruments de pêche, notamment les Filets traînants et les filets fixes, sont destinés à capturer toute espèce de poissons. Dans cette situation, il a paru plus sage de n'adopter qu'une dimension unique pour tous les poissons qu'il est défendu de prendre ou d'employer d'une manière quelconque. On dégage ainsi la réglementation de complications qui ne sont point commandées par une absolue nécessité. Sans doute, une certaine quantité de petits poissons sont broyés ou mis à mort dans les chaluts, les dreiges, les bœufs, roulés au milieu des pierres, des algues et des coquillages ; mais c'est là un mal insépa- rable de tout procédé de pêche en grand, et la Commission a parfaitement rai- sonné en reculant l'emploi de ces modes brutaux de grandes pêches au delà des limites oii se pratiquent ordinairement les opérations de la ponte ainsi que de la fécondation, celles de l'alevinage, et en les reléguant dans les grands fonds oii n'ha- bitent que les poissons adultes, alors qu'ils ont abandonné les rivages où se passe leur enfance. Aussi, l'art. H du décret du 10 mai 1802 consacre-t-il très-simplement ces 316 FIXATION DU TEMPS DE FRAI. pinncipes en déclarant qu'il csl défendu de pécher, de faire pécher, de saler, d'acheter, de vendre, de transporter et d'employer à un usage quelconque : i" Les poissons qui ne sont pas encore parvenus à la longueur de 0'",10, mesu- rée de l'œil à la naissance de la queue, à moins qu'ils ne soient réputés poissons de passage ou qu'ils n'appartiennent à une espèce qui, à F âge adulte, reste au-dessous de cette dimension; 2° Les Homards et les Langoustes au-dessous de 0'",20, de l'œil à la naissance de la queue. Remarquons en passant que la pèche du Crabe est libre, ainsi que celle de la Crevette : celte dernière abstension est regrettable. Elle a amené la disparition complète — ou à peu près — de ces utiles crustacés, sur certaines côtes où on les enlève tous, à l'état naissant, pour en faire du gueldre. (Yoy. ce mot.) PKEMIIK AHUOXDISSEMENT (ChERBOURG). Folle ou Filets à Raies — Demi-Folle — grandes Canières — grandes Pentièies et grands Rieux — petites Pentières — petites Canières — petits Rieux et Cibaudière — Chalut ou Ret traver- sier — petit Ciialut ou Chalut à Chevrettes — Senne claire — Senne drue — Haveneau. DEUXIÈME ARRONDISSEMENT (BrEST). Folle ou Filets à Raies et à gros poissons — Demi-Folle — grandes Canières — grandes Pen- tières — grands Rieux — petites Canières — petites Pentières — petits Rieux — Cibaudière — Six doigts — Mailles royales — Lesques — Dretellière — Haussières — Fines — Flottées — Muletières — Rets à croc — Rets entre rochers — Traversières — Maquereaulières — Séchées — Tressons et Tressures — Chalut ou Ret traversier — grande Seimc à jet — petite Senne, Halopin — Senne à Prêtre — Haveneau. TROISIÈME ARRONDISSEMENT (LoRIENt). Folle — grande Senne à jet — Senne à prêtres — Chalut — Haveneau. QUATRIÈME ARRONDISSEMENT (RoCHEFORT). Folle — Martramaou — Thouillaud — Aumaillaude — Leyraou — grande Senne ou Traîneau — Senne à Abissot — Senne de Sauou — Senne de Risteou — Chalut ou Ret traversier — Haveneau. CINQUIÈME ARRONDISSEMENT (ToUI.ON). Le Dœuf ou Gangui à deux bateaux — la Vache — Tartane ou Gangui à un bateau — le Mou- linet — Fourcade ou faux Gangui — l'Eissaugue, Traine, Boulier, Trégin ou Sciabica — le Sciabi- cotto — l'Épervier, Rais, Raisson ou Rezzago — le Gangui à chevrettes, Chevrottière, Camborou- tière ou Chevautière. (Voy. tous ces mots.) FILOCHE. — Nom donné, en beaucoup d'endroits, à un petit sac ou filet qui sertfi mettre le poisson que l'on vient de prendre, et en même temps à l'épuisette. (Voy. Bourriche et Sac a poisson.) FINE. — Nom de l'Anguille femelle dans plusieurs départements de France. (Voy. Margaignon.) FINETTE. — Filet dérivant tramaillé, employé dans l'arrondissement de Rochefort à la pèche de la Raie et de la Theire ou Thire. Flue, 0"',o4; aumée, (r,244. Usage du 1" novembre au 31 mars. FIXATION DU TEMPS DE FRAI. — Sans doute, la fixation du-temps du frai ne peut être la même pour toute la France, puisque la chaleur influe énormé- ment sur le moment de la reproduction. Le soleil frappe plus fort, et surtout plus tôt, dans le INIidi que dans le Nord, et les œufs d'une même espèce y éclosent beaucoup plus vite. D'un autre côté, les poissons d'une même espèce frayent plus FLESUS. 317 tard ou plus tôt, suivant que les cours d'eau où ils vivent sont en plaines ou en mon- tagnes , suivant aussi que la saison se montre plus douce ou plus rude. On a divisé en deux grandes sections les poissons de nos cours d'eau, ceux qui frayent au printemps, et ceux qui frayent en hiver : de là deux saisons prohi- bées. L'une qui, en moyenne, commence du 13 mars au 15 avril, pour finir au 15 juin; l'autre qui s'étend de novembre ou décembre à février et mars, et qui s'a- dresse au genre seul des Sa/nioncs. Un assez grand nombre de règlements départementaux exceptent de ces pro- hibitions les poissons émigrants, comme Aloses, Mulets, Lamproies, etc.; leur frai a lieu i\ la mer. Ce serait une grave imprudence d'y comprendre le Saumon, que l'on ne prend dans les fleuves et rivières, qu'alors qu'il va dans les eaux plus hautes cliercher un endroit pour frayer. Chaque année, un arrêté préfectoral est affiché, indiquant l'ouverture et la fer- meture du temps de frai, et par conséquent la fermeture et la réouverture de la pêche. L'art. 2G de la loi de 18:2!) avait agi fort sagement en laissant aux autorités le soin de réglementer les temps, saisons et heures pendant lesquels la pèche sera interdite dans les rivières et cours d'eau quelconques, etc. Malheureusement, par règlement du 15 septembre 1830, il délègue, de seconde main, aux préfets des dé- partements le soin de réglementer ce point si important. Il en résulta à peu près autant de jurisprudences que de départements. Si ce n'eût été encore que cela, le mal eût été supportable, mais l'administra- tion supérieure elle-même ne tarda pas à se convaincre, sur la plainte des intéres- sés, que les règlements étaient faits à tort et à travers, que beaucoup allaient à rencontre de ce que l'on avait désiré, et que la dépopulation de nos cours d'eau marchait à pas de géant. Joignons à cela le tohu-bohu le plus complet au sujet des fdets et modes de pêche permis ou prohibés, et nous aurons une idée fidèle de l'ensemble de notre réglementation de la pèche fluviale en France , tiraillée en sens contraires par 86 règlements contradictoires, incomplets et souvent inexé- cutables. Tel était l'état de la législation lorsque fut faite la loi du 31 mai 1865. Son art. 1" porte que des décrets rendus en conseil d'État, après avis des Conseils gé- néraux, détermineront un certain nombre de clauses spéciales, au nombre des- quelles est mise la fixation du temps de frai (art. 1^% § 1, et art. 4, § 11). Les Conseils généraux, consultés officiellement une première fois, en 1865, ont demandé des instructions supplémentaires, qui leur ont été fournies, pour la session de 1866, par le corps des Ponts et Chaussées. C'est ensuite de leur délibération qu'un règle- ment d'administration publique est à l'étude en ce moment (janvier 1867), qui statuera sur cette fixation, du plus haut intérêt pour le peuplement des cours d'eau de la France. FLAMBEAU. — (Voy. Feu.) FLAS. — Nom de la Raie Bâtis à Cherbourg; on dit aussi C/tins. (Voy. Raies, § 4.) FLASSADE. — Nom que les pêcheurs de la Méditerranée donnent à la Raie Bâtis (voy. /itiios, § 4), et môme à la Raie oxrjrhinque ou à long bec. FLATAN. — Nom gascon de la. Plie. (Voy. ce mot.) FLESSIES. — Nom des Rlaquets à Dieppe. (Voy. Blaquets.) FLESUS (Pleuronectes). —(Voy. Flet.) :{IH FLET. FLET o\i FLEZ (Pleuronectes flesus, Lin.)- — Malacopt. subrach. Pleuronectes. Long. max. = 0'°,40. Syn. : Dut, Flounder, Common flounder, Freshwaler flounder, angl. — Flunder schollc, ail. — Plezcnc, breton. — Sandskraa, norw. — Flundra, suéd. — Flyndci\ dan. — Koli, Lura, island. — Mayock flenk, écoss. Le Flet est un des plus communs parmi les poissons plats, il se trouve dans la mer et à l'em- bouciinrc des grandes rivières près de la côte, d'autant plus abondant que le fond est mou, qu'il Fig. 3ji. — l'k'l un Klez [Pli^uronectes flesus, Lin. . soit de sable, d'argile ou de vase. Cependant, la présence d'une grande quantité de vase imprime à ce poisson un changement dans la couleur qui devient beaucoup plus foncée, tandis que ceux qui vivent dans le sable sont plus clairs. Le changement de couleur de certains poissons, en raison du fond sur lequel on les transporte, ne peut s'expliquer que par la nécessité qu'ils éprouvent de se soustraire à leurs ennemis, mais n'est pas plus facile à expliquer, quoique ce fait soit hors de doute et confirmé par des expé- riences directes, tant sur des poissons de mer que sur les poissons d'eau douce. (Voy. Mutation" DANS LA COULEUR, CtC.) Le Flet vit et croît aussi bien dans l'eau salée de la mer que dans l'eau douce. 11 remonte les rivières fort loin, de même que le Carrelet ou la Plie : on pourrait utiliser cette propriété pour les transporter dans des étangs dont on les peuplerait et où ils deviendraient un excellent manger, car il est à remarquer que la chair de tous les poissons de mer — qui peuvent le supporter, — s'af- fine et devient meilleure quandils sont transportés en eau douce. La Truite, le Saumon, l'Esturgeon, la Plie, le Mulet, sont des exemples bien connus. Le Flet présente de plus l'avantage de vivre très- longtemps hors de l'eau et, par conséquent, de pouvoir être transporté aisément à de grandes dis- tances. Le Flet se nourrit d'insectes aquatiques, de vers, de petits poissons, et dans les rivières, il poursuit très-aclivement les Yérons et autres menuises. (Voy. Temps de frai.) Le Flet se distingue, au premier abord, du Carrelet par sa forme qui est plus allongée, parla couleur (caractère très-variable) des taches du côté brun qui sont ordinairement pâles; de plus, il présente une ligne de points entre les yeux au lieu des tubercules qui s'y trouvent chez le Carrelet. Chaque nageoire dorsale et anale porte à sa base un petit bouton rugueux. La bouche est petite, les dents petites et nombreuses, placées en un rang sur chaque mâchoire. La ligne latérale est très-légè- rement courbée au-dessus de la nageoire pectorale ; elle commence par de petits tubercules étoiles qui se rangent en deux lignes, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de sa direction, dans toute sa longueur. Les écailles petites, couleur variable. Le nombre des rayons est celui-ci : D=65.P=]l.V = G.A=l + 42. C=14. FLET (le). — Ce poisson se pèche comme la Plie. Celle pèche s'exécute or- dinairement du mois d'avril au mois de juin, et d'octobre à décembre. En mer, sur les côtes, on emploie les vers de mer et les petits poissons de mer; en rivière, on les prend avec le Yéron, les vers rouges et autres petits appâts vifs. C'est la pèche de la Perche applicjuée à un poisson de fond. Le Flet mord franche- ment cl est très-facile à pi-endre; il se défend un instant, et se laisse aller. FLETAN, ;H9 Ce Ploui-oiu'cto n'habite pas soulemenl les eaux salées de la niei-; il s'est accli- maté aussi dans les i-ivières où on lui donne le nom de Flandre. Celles de la Loire et de la Seine sont très-estimées. La couleur des Flondres est plus fauve que celle des Flets, et leur peau est enduite d'une matière plus muqueuse. Au printemps, les Flets entrent dans les rivières jusqu'à une assez grande distance de la mer, se mêlent aux Flondres et frayent probablement ensemble. Telle est l'influence de l'eau douce sur ce Pleuronecte qu'il y perd l'odeur de vase qu'il avait contractée à la mer. Le Flet est très-commun dans la Manche et sur les côtes de l'Océan, jusqu'à l'embouchure de la Gironde, Les bancs de la Somme, de la Seine, d'Aigny, de Can- cale, de Saint-Brieuc, de Brest, d'Audiern, sont principalement fréquentes par les Flets, Ce Pleuronecte se nourrit de vers, de frai de poissons et de feuilles de va- rechs. Il fraye en été dans les rivières et dans la mer, et se montre alors moins séden- taire sur les mômes fonds. On prend le Flet sur les côtes de France avec les dragues de différentes di- mensions et avec la fouanne. Ce dernier instrument est de beaucoup plus commode. ( »n a remarqué, à l'embouchure de la Somme, que la pèche du Flet n'était d'au- cun produit vers le solstice d'été, et l'on attribuait ce fait au lavage des moutons dans la rivière. On soutenait que l'odeur du suint, dégagée de la toison de ces ani- maux, faisait fuir ces Pleuronecles, s'il n'était môme pas un poison pour eux. Dans la Seine, on pêche les Flets dans les gords, avec des fdets en nappe, et à son embouchure dans les guldeaux. Dans la Loire, on emploie la fouanne et latru- ble. Quand l'eau est profonde, on se sert de lignes de fond amorcées avec des vers de terre, à peu près comme pour la pêche de l'Anguille. On met les lignes à l'eau avant la nuit, pour les lever le matin. FLÉTAN (Hippoglossus vulgaris, Cuv.). — Pleuroiiect. hippogloss. Long. raax. = 2'",50; larg. = l'",20. Syn. : Holibut, angl. — Belle fluendre, ail. — Halyflundra^ suéd. — Slyving, Gveite, Sands- /iiebbe,Skrobhe flynder, norw. — Flydro^Heilaff fiske,Sproka, island. — Nefarnak, groënl. Fig. 3bb. — Flt-tan (Hippoglossui vulgaris, Cuv.). Le Flétan est un de nos plus grands poissons de mer, et sans contredit le plus considérable de nos poissons plats. On ne le prend que dans la mer du Nord, et encore au large, et pas souvent 320 FLORENCE. dans les grands fonds. II a les yeux et la coloration foncée sur le côté droit, ce qui le diiïércncie du Turbot; la Ictc iielite, mais la bouche énorme, garnie de deux rangs de dents qui semblent menues pour la dimension du poisson, mais n"eii sont pas moins coniques, pointues et bien séparées. L'œil a l'iris jaune et la pupille noire; la dorsale commence au-dessus de lui. Les ventrales sont petites, la lilanclic en dessous plus petite que l'autre. n=io'«. p= k;. v = c. A = si. (;=i';. Corps un peu allongé, couvert de petites écailles ovales, ligne latérale arquée autour de la pec- torale; couleur cnlumée, variable du brun clair au lirun foncé. Dessous blanc et doux. (Voy. Temps de frai.) FLÉTAN. — Cet onorme poisson se lient toujours au fond, où il se nourrit de petits poissons et de divers crustacés. Sa chair, quoique blanche et ferme, est sèche et les libres musculaires coriaces, avec peu de saveur. On le prend ordinairement aux lignes de fond, mises dans les endroits où l'on suppose que la mer est le plus pi^ofonde et le plus tranquille. Sur les côles du Groen- land, de la Norwége,et presque tout le Nord, la poche de ce poisson est très-suivie. Elle se fait le plus souvent avec un instrument appelé Grangraders, et composé d'une corde principale à laquelle sont attachées une trentaine de plus petites cordes portant des hameçons ; d'autres fois, on tue le Flétan à coups de javelot, quand on le surprend couché sur des bancs de sable ou des fonds de mer très-rapprochés de la surface ; mais on a soin de ne s'en emparer que lorsque ses forces sont dimi- nuées par la perte de son sang et les efforts qu'il fait pour se débarrasser de l'obsta- cle qui l'arrête. FLETELET. — Nom de la Plie dans quelques endroits. FLEURINS. — Nom des Limandes à l'île d'Oléron. (Voy. Limande.) FLIE. — Nom picard du Flet. (Voy. ce mot.) FLONDRE. — Nom de la Plie et du Flet. (Voy. ces mots.) FLORENCE (cRiN de). — On trouve, dans le commerce, des fils transpa- rents semblables à de longs crins brillants, extrêmement résistants, puisque beau- coup peuvent supporter, sans se rompre, un poids de S kilogrammes, tout en n'ayant que la grosseur d'un fil à coudre un peu fort. Ces fils, que l'on vend en paquets, sont insolubles dans l'eau, qui n"a d'action sur eux que pour les ramollir et augmenter leur force en les rendant plus élas- tiques. Quand ils sont desséchés, les brins de Florence sont souvent cassants et disposés à se déchirer en filaments qui diminuent considérablement la force du fil. Ces brins sont obtenus au moyen des vers à soie et constituent proprement la matière même de la soie. Le ver la contient dans un organe particulier, et pour filer son cocon la fait sortir par sa bouche sous forme d'une matière gluante qui se durcit immédiatement à l'air et forme les fils résistants, fins et élastiques que l'on dévide et que l'on tisse ensuite. Pour employer celte soie, non filée par le ver, à faire de la Florence, on choisit parmi les vers, prêts à monter pour faire leur cocon, les plus gros et les plus transparents, ceux qui semblent en un mot les plus pleins de matière à soie. On les plonge dans de fort vinaigre blanc, où on les laisse tremper pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce temps, on les relire et l'on cherche dans leur corps à saisir la poche qui contient la matière à soie : celte matière ressemble à de la gomme ou de la glu à demi liquide ; on la lire en prenant le ver par la tête et la queue, on l'al- longe en un fil le plus égal possible de 0'",30 à 0™,50, suivant la grosseur du ver et la qualité de la Florence qu'on veut faire. \ FLOTTE. 3^1 On laisse sécher le fil, puis on le place en paquets ; l'on rogne les extrémités qui sont toujours défectueuses, souvent jaunes et chevelues, et l'on conserve le reste pour l'usage. Je crois que cette matière se conserverait mieux enveloppée dans un papier ou une ctofle huilés, et que c'est une bonne précaution de huiler tous les brins de Florence dont on se sert ainsi que les hameçons qui y sont montés. On calcule en moyenne que la force d'un brin de Florence équivaut à celle de douze crins de cheval ensemble. On trouve dans le commerce une variété de Florence dite Florence Jaune, qui provient des vers à cocons jaunes; ces vers, étant plus gros que les blancs, donnent un fil plus long, généralement très-égal comme grosseur et bien rond, mais présen- tant le grave inconvénient de s'effiler très-fticilement dans l'eau, d'y devenir ainsi sale et trop visible, par suite du limon et de la poussière qui s'arrêtent entre ces petits poils. Nous avons remarqué que toute Florence qui s'efiile s'affaiblit, et par suite est sujette ;\ casser en cet endroit. Ce qui l'ait la force de la Florence, c'est quêtant parfaitement égale comme grosseur et comme rondeur, elle offre partout une même résistance à la force qui peut la rompre; mais par cela même, si un point vient à être affaibli, la ligne doit rompre immédiatement à cet endroit; ce qui arrive sans faute, parce que, surtout hors de l'eau, le défaut de la Florence est son trop peu d'élasticité. La Florence se teint facilement. (Voy. Teinture de la Florence.) Dans les portefeuilles de pêche, les brins de Florence se trouvent roulés sur eux-mêmes ou lovés ; par conséquent, comme ces empiles sont sèches, elles conser- vent cette forme recoquevillée et tendent à s'enrouler, surtout si elles sont longues. On leur enlève cette tournure gênante de deux manières : ou en les mettant 10 mi- nutes à tremper dans l'eau devant soi, puis les tirant fortement pendant une demi- minute par les deux extrémités ; ou en les passant sous le pouce sur un morceau de caoutchouc ou gomme élastique que l'on a mis à cet effet dans un coin de son sac. FLOTAN. — Nom vulgaire du Carrelet ou Plie Franche. (Voy. ce mot.) FLOTTE. — Si jamais question fut controversée entre pêcheurs à la ligne, c'est bien certainement celle de la Flotte dont on doit se servir. Les uns la veulent toujours grosse, les autres toujours petite ; ceux-ci ne la comprennent que verticale, ceux-là n'entendent pêcher qu'avec l'horizontale. Et personne ne veut démordre de son parti pris. Il est cependant une question qui domine toutes ces prétentions opposées, c'est celle d'opportunité. Il est impossible d'admettre que le gros et le petit pois- son doivent se pêcher avec la même Flotte, que l'eau vive et l'eau morte demandent le même bouchon indicateur, enfin, que la résistance de la Flotte à l'immersion ne doive être calculée non-seulement sur le toucher du poisson, mais encore sur le poids que ledit flotteur doit supporter. Car une ligne n'est flottante que parce qu'un flotteur la soutient ; sans cela elle devient ligne immobile, ligne de fond. Nous avons réuni ici les formes des Flottes les plus remarquables, les plus in- génieuses et les plus recommandées, tant chez nous que chez nos voisins les An- glais, passés maîtres en fait de Tackles of fishinrj, bibelots de pêche. Nous n'avons pas la prétention de les avoir représentées toutes, mais le lecteur demeurera con- vaincu que peu de systèmes nous ont échappé et rattachera à ceux-ci ceux qu'il connaîtra de plus que nous. La Flotte n° A {fig. 360) est un des chefs-d'œuvre du genre : c'est une des plus 21 322 FLOTTE. Flottes très-sensibles pour lignes fines, dans eaux calmes. Fig. 336. Fig. 357. Flotte Flotte nouvelle. creuse bi-conique employées en Angleterre. Malheureusement son emploi exclusif est dans les eaux profondes et tranquilles. Elle appartient au système vertical à oscillations longi- tudinales. Elle est formée, le plus ordinairement {fig. 360), d'un bouchon d'une extrême finesse taillé en fuseau très-al- longé. De chaque extrémité sortent des pointes en os ou en ivoire, très-aiguës. On les remplace quelquefois par un unique piquant de porc-épic qui traverse le bou- chon. Le tout est peint et verni d'une manière extrêmement solide, brillante et imperméable à l'eau, car il faut que le bouchon intérieur demeure parfaitement sec pour garder toute sa légèreté. La ligne passe dans une petite bou- cle métallique attachée à l'extrémité in- férieure, elle se cache dans une rainure pratiquée tout le long du bouchon et se trouve serrée contre la tige pointue supé- rieure par un petit coulant en plume, cerclé de fil poissé et verni pour empo- cher qu'il ne fende. Ainsi montée, cette flotte doit demeurer parfaitement en équilibre^, debout, et la ligne doit être chargée de façon que le niveau de l'eau affleure un changement de couleur indiqué sur le bouchon A, dont la partie inférieure, dans l'eau, est verte pour ne pas effrayer le poisson habitué h cette couleur, tandis que la supérieure, dans l'air, est blanche pour être facilement aperçue du pêcheur. Il est facile de comprendre que, par sa forme même en fuseau, le moindre attouchement fait plonger, enfoncer plus ou moins cette flotte qui n'offre pas de résistance à l'eau, la partie la plus épaisse étant conique en haut et en bas. Aussi, dans les circonstances indiquées plus haut, cet appareil est-il le roi de tous ; mais — il y a toujours un mais ! — cet engin est beaucoup moins commode alors que le temps n'est pas calme. Ses indications sont dans ce cas d'autant plus erronées,- qu'il est plus sensible. Le vent le couche, le secoue, le promène... Le pêcheur est souvent fort indécis, ferre à tort et à travers, ne prend rien et effarouche son poisson, en bas. Autre inconvénient; le petit coulant du haut est sujet à se dépasser dans les secousses et les ébats d'une lutte sérieuse : alors la flotte descend jusqu'à l'hame- çon ou aux plombs. Quand on retire la ligne, elle pend, oscille et gêne quelque- fois beaucoup, surtout quand elle demeure accrochée à quelques décimètres d'une victime fiuneuse et qui ne demande qu'à s'en aller. La Flotte B {fig. 359), de l'invention de votre serviteur, est une modification, — peut-être, pour quelques-uns, un perfectionnement — de la flotte en fuseau A. Cette Flotte B est composée d'un liège taillé en olive plus courte. La boucle de métal est à l'extrémité supérieure de la pointe du haut : la tige inférieure trem- pant dans l'eau est en plumes, dont les tuyaux sont ajustés l'un à l'autre et fer- més à l'extrémité. C'est à cette extrémité inférieure que se place le coulant en plume ficelé (jui retient la flotte à l'endroit convenable sur la ligne. Celte Flotte est i)lus stable que la première, parce que le bouchon affleure à peu près l'eau : de plus, l'effort de traction du fil ne tend pas à faire sortir le cou- FLOTTE. 323 lanl (le plumes, mais, ;ui contraire, à consolider son adhérence en l'enfonçant sur la tige inférieure. La Flotte a donc moins de chance de s'échapper et de tomher sur les grains de plomb ou sur l'hameçon. Les difl'érences de couleur qui parent l'olive peuvent être les mêmes que dans la Flotte précédente. Comme le bouchon affleure l'eau, le vent n'a presque pas d'action sur l'appareil, car il ne remonte dans son parcours, qu'une tige fixe et peu élevée. La Flotte C, dessinée dans la figure .'Jo8, est une des plus simples et des plus commodes que l'on connaisse, mais également pour les eaux tranquilles et pro- fondes. Elle est formée d'un simple piquant de porc-épic sur lequel la ligne est fixée au moyen de deux coulants de plume revêtus d'une ligature. Extrêmement légère et par cela même sensible, cette Flotte ne pourrait supporter l'emploi d'un pater noster, ou d'une ligne un peu solide : elle doit être réservée pour la pêche des poissons :i fine attaque et pour lesquels un fil à peine visible est nécessaire. Je n'en connais pas de meilleure pour le Gardon blanc et le rouge, la Brème, laBrôme- rosse, la Yandoise, en un mot tous les cyprins moyens. Frappés de l'avantage des Flottes en fuseau, mais remarquant que leur peu de résistance ;\ la traction dans le sens longitudinal diminue leur capacité à sup- porter un poids un peu considérable, tout en augmentant leur sensibilité, les An- glais ont essayé de réunir les deux avantages, et ont inventé la Flotte D ffig. 857). 11 s'agissait, en conservant la forme bi-conique extra-sensible, d'augmenter la ré- sistance h la charge de la ligne : le seul moyen était évidemment de diminuer le poids spécifique du fuseau de liège. On a bien pensé à la plume pour obtenir une cliamhre pleine d'aii^ en un mot une vessie flottante de la forme voulue, mais les plus grosses plumes sont beaucoup au-dessous de la capacité nécessaire. Il a donc fallu innover, inventer, et c'est ce que l'on a fait. Au moyen d'une sorte de gélatine insoluble dans l'eau froide, on a moulé des fuseaux vides de la forme et de la grandeur de la Flotte D {fig. 357). Ces enveloppes, transparentes d'ailleurs, et simulant une plume gigantesque à s'y mé- prendre, ont été renforcées de croisillons de soie collée et vernie à leur surface. L'extrémité inférieure a reçu une pointe en os, comme d'habitude, munie de sa boucle, et un coufant a fixé la ligne sur la pointe supérieure. Cette Flotte est excellente. Sensible et forte, elle a toutes les qualités. Malheu- reusement elle est très-fragile, se brise dans la poche et s'use très-vite même dans le portefeuille. Une fois qu'il en est ainsi, l'eau envahit son intérieur et elle ne peut plus servir. Nous laissons de côté son prix assez élevé, ce qui, cependant, est une considération pour un grand nombre d'amateurs. La Flotte que nous avons construite et représentée en E [fg. 3561, dérive tou- jours du même système, mais on pourrait l'appeler transitoire, entre la Flotte pneumatique D {fig. 357) et les Flottes ordinaires F, G, etc. {fig. 364). Ici le bou- chon est très-petit et surtout très-mince ; il a la forme d'une toupie très-évasée, et se trouve traversé par une chaîne de tuyaux de plumes. En haut, — suivant notre système, analogue à notre première Flotte B, — se voit l'anneau pour passer la li- gne, en bas, le coulant de plume ligaturé qui embrasse le fil en le serrant sur les tuyaux de plume. La forme plate du bouchon augmente énormément la forc^' de support de cette Flotte E {fig. 356) ; elle diminue, il est vrai, un peu sa sensibilité à l'enfoncement ; mais le tout est encore si facile à immerger, que cette Flotte nous a rendu, et nous rend tous les jours, d'excellents services. La très-courte tige supérieure fait que 324 FLOTTE. Flottes supports des fortes lignes, ou pour des eaux tuniiiltiiouses. Fig. 361. Flotte nouvelle perfectionnée à la Carpe, etc. à Pater-noster. le vent est sans action sur elle. Malheureusement la longue tige inférieure, en plu- mes emboîtées et collées par le vernis gras, est fragile. Heureusement elle ne coûte rien, et se raccommode en quelques minutes. Avec la Flotte F (fig. 364), nous voici arrivés aux supports des fortes lignes à Brochet et à Pater-noster. Tous les pêcheurs connaissent ces gros bouchons, très- enjolivés de couleurs voyantes, que dé- bitent les fabricants d'instruments de pèche. Pourvu que ces engins soient fortement vernis, leur usage est excel- lent. En bas, une tige de bois blanc avec un anneau au bout; en haut, une plume avec un coulant pour serrer la ligne ; sur le flanc de l'énorme poire en bouchon, un canal, une entaille pour cacher le fil. Tel est ce flotteur émérite qui porte une avancée en corde fllée, du plomb, un ou deux émérillons, un poisson vif, etc. , etc., sans broncher et sans basculer sous la force du courant. Brave et solide bou- chon dont les services sont trop souvent tournés en ridicule. Ces gros bouchons m'ont bien des fois réussi dans mes pèches du soir, du haut des ponts, au Chevesne entre deux eaux, l'hiver, avec les boyaux de poulet. Là, il faut une robuste avancée roulant au milieu des flots tumultueux du fleuve grossi par les pluies. L'attaque des gros Chevesnes est brusque, vive, irrésistible ; de plus, il faut voir de loin et par le cré- puscule; aussi je prenais soin de peindre ma bouée en blanc, et elle brillait comme un phare sur les eaux troubles et dans la brume de la nuit. Nous avons dit plus haut que pour la tendue des Pater-noster ces grosses Flottes sont indispensables. En effet, elles ont à porter un poids considérable, et, quand on pêche au vif, à résister aux mouvements combinés et désordonnés de trois ou quatre amorces vives qui font le manège autour du fil principal. La Flotte G {fig. 363) est déjà moins formidable, mais elle appartient encore à la même classe des bouées de sauvetage. Ici le mode de suspension change : un tube de plume traverse la toupie de liège peint et verni ; une pointe de plume s'y engage, et maintient le fll par sa pression contre les parois. Très-communes et à très-bon marché, ces Flottes sont fort utiles pour les pèches au coup, les lignes dormantes à la canne, etc. Malheureusement cet engin est si peu sensible, mais si peu, si peu, qu'il faut qu'un bœuf mette le pied dessus pour le faire enfoncer, ou qu'un enfant se pende, entre deux eaux, à la ligne pour en faire tressaillir la bouée. Ce désavan- tage appelait lui perfectionnement; nous avons essayé de le trouver en confection- nant la Flotte II if g. 36i). Le bouchon en toupie s'est modiflé : en II, il est devenu pyriforme, plus allongé; de môme volume, mais sous une forme différente, il garde la même résis- tance à peu près à l'immersion, mais sa sensibilité augmente avec la déclivité de ses surfaces latérales. Rien de changé quant au mode de fixation : un tuyau de plume traversant le bouchon, une tige de plume serrant la ligne dans son inté- rieur. Ce qui paraît, à la tige inférieure, plus noir à l'endroit où sort le fll, c'est FLOTTE. 323 Flottes sensibles nourelles et Flottes obliques. une ligature faite sur l'exlrcmitc du tuyau de plume pour parer à récrasement et au (icchiiement, de l'intérieur à l'extérieur, quand la substance est ramollie par' un long séjour dans l'eau. Ce premier succès, qui remplaçait la Flotte G avec avantage, nous amena fi étu- dier le remplacement de F, et c'est de h\ qu'est né la forme \{f>(]. 361), massive, mais solide, plus longue, mais stable, et beaucoup plus sensible que la bouée F. D'essais en essais, l'imagination cherche ; peu à peu de nouvelles formes se créent; des aptitudes non prévues se dévoilent, et c'est là une des marches les plus ordinaires du progrès parmi les hommes. J'ignore si beaucoup de pécheurs ont fait autant de recherches que nous sur les conditions de stabilité et de sensibilité des Flottes, mais je sais combien d'efforts, de soins, d'essais, de patience, cette étude nous a coûtés. Puissc-t-elle au moins servir à nos confrères ou successeurs 1 Ici, L {fig. 368), le bouchon est réduit à un double cône exigu, monté sur une grosse plume de cygne parfaitement étanche ; en bas, une petite tige de bois porte un anneau métallique dans lequel passe la ligne, et qui sert à lester légèrement l'appareil, si léger d'ailleurs, que sans ce perfectionnement, il basculerait sur lui- même et se coucherait sur l'eau. Cette flotte doit être construite et équilibrée dans un vase rempli d'eau. Il faut, pour qu'elle atteigne son maximum de sensibilité, qu'elle soit presque en équilibre instable ; c'est alors qu'elle acquiert toute sa valeur. La Flotte M {fg. 367) se rapproche beaucoup de celle marquée E {fig. 356), mais la forme toute différente du bouchon lui procure des qualités autres. Le mode de suspension est précisément l'inverse de celui de la figure 356; le centre de gravité est renversé beaucoup plus bas, parce que la partie inférieure allongée étant m ^ow se trouve la plus lourde. Il y a donc augmentation de stabilité parce que le lest est calculé de façon que l'en- semble de l'appareil ait à peu près la densité de l'eau, et, par conséquent, s'y meuve sous un très-petit effort. Ouoique presque pleine, — le vide de la plume n'existe qu'au centre du bou- chon et sur son parcours, — cette petite combinaison est une de celles que je pré- fère, d'autant plus qu'elle est très-solide, composée de bois blanc et de liège. iMalheureusement la tige M est trop courte, le coulant ne tient pas toujours assez bien, et il n'y a pas moyen de l'allonger sans tout détruire. Notre revue des Flottes eût été incomplète, si nous n'y avions fait entrer ici les plus usuelles. La forme N {fig. 366) est connue de toute antiquité ; c'est une plume d'oie coupée au-dessus de la partie vide, de manière que celle-ci forme les deux tiers de la longueur totale, deux coulants en plumes ficelés retiennent le fil à la portée voulue. Cette flotte, sans lest ni support régulier, prend dans l'eau la position oblique que montre la ligure 366. Ce n'est point la sensibilité qui manque à ce système, c'est la stabilité et la force. Une telle flotte ne peut porter qu'une petite ligne à Goujons, à A'érons ou à Ablettes. Fig 365. Fig. 300. Fig. 367. Fig. 368. Flotte Flotte Flotte Flotte en plume en plume nouvelle. nouvelle ordinaire. ordinaire. très-sensible. "i26 FLOTTE. Il en est de même de la forme 0 {fig. 365), loiil aussi piimitive que la précédente et non moins usitée dans tous les cours d'eau. Le mode de construction de cette Flotte est plus simple encore que celui de la précédente N. On coupe la partie vide d'une plume, on y introduit une longueur un peu plus grande de la tige centrale supérieure, et tout est dit; voilà une Flotte confectionnée. Combien de fois, à la cami)agne, dans la disette de tout appareil, n'en avons-nous pas fait une semblable en deux temps et deux mouvements! Mais aussi q-je porte-t-elle ? Deux crins à la ligne, un à l'avancée, un plomb u°8, le lout pour prendre l'Ablette et aulres semblables habitants des eaux ! J'avoue cependant m'en être servi, avec avantage, pour prendre des Gardons dans une eau ])arfaitement calme au-dessous de la diguo d'un moulin, alors que celui-ci ne marchait pas. L'exquise sensibilité de cette Flolte est précieuse pour l'attaque de ce rusé poisson qui louche sans toucher, et vous enlève l'esche sans que vous ayez rien vu remuer. Quoi qu'il en soit, la position inclinée que prend forcément cette Flotte, dès (jue la ligne a la moindre pesanteur, lui laisse si peu de sa longueur à décou- vert, que, pour peu que le pêcheur n'ait pas des yeux de lynx, ou qu'il soit éloi- gné de l'eau, il ne peut suivre avec certitude les mouvements de sa plume. Ici l'exagération de la sensibilité est telle, que, pour peu que l'eau soit agitée, la Hotte plonge et disparaît. Je sais bien que le vrai pêcheur ne se laisse pas long- temps prendre à ces mouvements qui trompent le novice. Mais combien cepen- dant de causes qui induisent en erreur le pêcheur même le plus attentif! Un brin d'herbe qui passe, un poisson qui joue et heurte l'esche de sa queue, un bouillon d'eau, mille causes tiennent l'œil toujours en éveil, la Flotte toujours en mouvement, et, trop souvent, dissimulent la faible et imperceptible attaque du poisson rusé. La Flotte P {fig. 372) est une de celles que l'on emploie le plus dans certaines localités ; elle se compose d'un bouchon taillé en poire, au centre duquel on en- fonce un tuyau de plume dans lequel on fait passer la ligne. Un petit bois taillé au canif, et auquel on laisse une tête sail- lante, sert à retenir le fil serré contre la plume en s'introduisant dans l'inté- rieur de celle-ci. Solide et à bon mar- ché, mais lourde, cette Flotte manque de sensibilité : le bois intérieur aug- mente son poids, et, quoique grosse, elle porte peu de plomb. Le système horizontal 11 (//y. 371) est encore une invention anglaise, et offre un assez grand nombre d'avanta- ges. Cette Flotte se compose d'un sim- ple tuyau de grosse plume fermé à chaque extrémité par un petit bouchon coupé ras et verni. Deux coulants de plume enroulés de fil servent à maintenir la ligne. Extrêmement légère, vu l'air qu'elle contient, cette petite flotte porte une ligne assez forte au besoin. Sa position horizontale sur l'eau fiiit qu'elle se voit de loin, mais elle exige une certaine habitude pour bien juger des attaques qui la font basculer au lieu de la faire immerger. Elle est moins sensible qu'on ne serait Flottes diverses. Fig. 369. Fig. 370 Flottes très-l(?gèrcs et très- sensibles. Fig. 371. Flotte anglaise en plume. FLOTTE. 327 lenlé de le croire, parce que, la capillarité la maintenant sur l'eau, il faut un effort assez considérable pour opérer le mouvement de bascule. Son grand avantage est d'être très-solide et très-portative, de pouvoir être en- levée de dessus la ligne en un clin d'oeil, en n'y laissant que les deux coulants qui ne gênent point, s'arrêtent à un nœud des margolins, et permettent de pêcher im- médiatement à la mouche si l'on en a la fantaisie, ou si le vent vous y engage , chose que l'on ne peut pas faire avec toutes les autres, excepté C {fig. 358) et N {fig. 366). Pour nous à qui ces changements subits de pêche sont très-familiers, alors que le temps ou les circonstances nous y invitent, celte forme de flotte est extrêmement précieuse. S {fig: 370) et T {fig. 369) sont deux formes de petites Flottes très-légères et très-sensibles, propres k remplacer la plume {fig. 366) dans la pêche des poissons blancs, lins mangeurs. Elles sont toutes deux à coulants et peuvent être enlevées instantanément de dessus la ligne, comme G {fig. 358), N {fig. 306) et R {fg. 371). C'est là leur principal mérite, et ce qui a motivé leur construction par nous, pour remplacer E {fg. 3r)6) et M {fg. 367) dont le démontage exige un temps précieux, puisqu'il faut enlever l'avancée pour faire sortir la Flotte, par le fil, sans ren- contrer l'hameçon. En résumé, nos lecteurs voient que les Flottes pour la pêche d'eau douce peu- vent se rattacher à trois systèmes principaux : Flottes verticales : A, B, G, D, E, F, G, H, I, L, M, P, S, T ; Flottes obliques: N, 0 ; Flottes horizontales : R. Suivant leur sensibilité relative, on peut les diviser en: Flottes longues: A, B, G, D, E, L, M, N, 0, et en Flottes courtes F, G, H, I, P, S, T. Ajoutons pour finir qu'une Flotte parfaite n'est pas encore trouvée. Puissions- nous, par nos efforts, avoir mis un confrère sur la voie pour la découvrir! Filets. — On donne également le nom Fig. 373. Fig. 374. Flottes en bois de différentes longueurs. de Flottes aux corps ou appareils légers que l'on attache à la tête des filets pour les faire surnager. (Voy. TÊTE DE FILET.) Il faut toujours avoir soin de proportionner le volume et le nombre des flottes à la pesanteur des fdets qu'elles doivent soutenir. Quelques pêcheurs forment leurs flottes avec des faisceaux de roseaux ou de petites planches de bois sec et léger, sapin, tilleul, charme, etc. On perce ces petites planches comme en A, à leur centre de figure, ou comme dans la figure en B, dans leur épaisseur, et, réunissant les deux bouts de la petite corde qui les tra- verse, on la lie à la tête des filets {fig. 373 et 374). Dans le Nord, en Suède et en Norwége, où le liège est cher puisqu'il ne vient que par une exportation lointaine , on le remplace par des Flottes {fg. 375). Ce sont des planchettes de sapin sans nœud formant un demi-cercle de 0",15à0'°,25 de diamètre muni de deux oreilles par lesquelles on les lie solidement à la corde de tète. Sur son Fig. 3: 5. — Flotte norwcgienue eu bois de sapin. 328 FLOTTE. 70. — Liéye cariij altachi' par Son travers. épaisseur, la flotte porte une rainure correspondante à celte corde même qui s'y trouve noyée en partie. Le liège {fig. 376) peut servir au même usage. Le plus ordinairement les pêcheurs taillent leur liège en rond ou en carré comme les figures S et R {fg. 377 et 378), les percent d'un trou vers le milieu, y passent la mai- tresse corde de la tête et assujettissent chaque liége en- tre deu.K des ligatures qui rattachent la corde au filet. L'inconvénient de ces sortes de flottes, c'est que le liége, ofTrantpeude résistance, se brise souvent et s'use assez vite par les frottements du filet sur le sol, alors qu'on le met à sécher. Il est préférable d'employer {(ig. 379), des flottes composées d'une grosse olive de liége, formée de deux moitiés embrassant la corde et réunies ensemble au moyen d'une ligature de forte ficelle. La môme cause qui a fait remplacer, chez les -«■ V N- xx^^^jr-.- vN/x/- XB 7/x^/\./\ ~<\iii jr - peuples pêcheurs du Nord, --' -x .V '■^\^\/\/\/\\(\;'\y\A :<'V^---'' ' le bouleau, les a portés à Fig. 377 et 378. — Flottes en liége, carrées ou rondes, enfilées sur Chcrcher Ull modc pluS la ralingue par leur centre. „„ , etlicace encore de soutenir ieurs lignes et leurs filets. Ils l'ont trouvé, d'une manière très-ingénieuse, dans l'em- ploi d'ampoules en verre pleines d'air et offrant, par conséquent, un très-grand obstacle à la submersion. Ce mode de bouée [fg. 380), dont les formes sont '^ ^VVV\XxV"v*\.^ctits vers blancs ou jaunâtres privés de pattes et d'une forme ramassée, elles ont 18 anneaux. Les nymphes passent du blanc au noir par le roux et le brun. Elles sont aussi bonnes; mais les fourmis qui font le meilleur usage, sont les femelles et les mâles ailés pour la pêche à la mouche. FOURQUETTE. — On donne ce nom à un engin {fig. -401) qui sert à pêcher par fond, des poissons plats; c'est une croix de fer peint ou de cuivre, qu'on Fiy. 399. Fourchette à soutenir la canne fixe. Fig. Fuj. 401. Fourmi (neu- tre ou ou- vrière). FRIGANE JAUNE. 339 Fig. 402. — Fourquette. attache à une longue ligne, à l'autre bout de laquelle on place une bouée qui flolle ;\ la surface de la mer quand on a descendu la fourquette au fond, et qui sert, par conséquent, à faire retrouver l'engin. Chaque branche de la croix ou fourr/uetle, est garnie d'un certain nombre d'empilés inégales en longueur, portant des hameçons munis d'esches ou appâts appropriés. Cette pêche est très- productive entre les rochers où se trouvent beaucoup de poissons sédentaires, comme le Congre, et d'autres de passage, mais surtout en poissons de fond caillouteux. Il serait préférable de se servir d'un cercle de fer qui porterait les empiles sur sa circonférence ; elles seraient mieux espacées et moins sujettes à se mêler. Il est bon de monter les empiles en hameçons de fer étamé, qui cassent moins dans les rochers et les va- rechs; FRAI. — Vers le moment où les poissons vont jeter leurs (riit's, le ventre des femelles est mollement distendu ; rorlfice anal est fortement injecté de sang, gonflé, proéminent, en forme de bour- relet hémorroïdal. Les œufs, libres de connexion entre eux, se laissent déplacer en tous sens dans la cavité du cloaque où ils sont tombés, on les sent facilement sous une légère pression des doigts. Cliez le mâle, cette pression très-légère provoque l'éjaculation de la semence laiteuse, appelée vulgairement laitance. (Voy. Temps DE FRAI.) FRANC-BLAQUET. — Désignation populaire du Célan. (Voy. Blaquet.) FRÊNE. — (Voy. Cannes.) — (Voy. Scions.) Le frêne {fraxinns ornus), que tout le monde connaît et sur lequel nous ne de- vons dire que quelques mots, est un grand arbre, d'un beau port, croissant volon- tiers dans les endroits frais et même humides, où on le rencontre souvent h. côté de l'aune et du saule. Il porte des feuilles simples ou imparipennées à folioles opposées et dentées : les fleurs sont polygames à simple ou double périgone et le fruit est une capsule cornée biloculaire et ailée. Cette description botanique achevée, nous devons dire aux pêcheurs que le bois du frêne est blanc, dur, et cependant très-souple, élastique, veiné et susceptible d'un beau poli, ce qui explique l'emploi que nous en avons recommandé comme pied de canne ; on le courbe et on le façonne du reste à volonté, au moyen du feu, et dans les situations les plus forcées il garde toute sa force. Ces qualités sont précieuses. FRETIN. — Nom venant probablement du mot [mi et signifiant le poisson à son premier âge et les petites espèces de ces animaux. Naturellement la valeur du fretin varie avec l'unité de mesure choisie. Pour un Brochet de 6 kil., le fretin dont il se nourrit se compose de poissons déjà respectables. Pour une perche goujon- nière, ce sont les plus petits des goujons, des vairons, longs de 2 à 3 centimètres. Pour le pêcheur humain, la distinction est la même. FRIGANE JAUNE. — Le nom de la Frigane doit s'écrire Phrygane, et vient d'un mot grec qui veut dire hroussailles. C'est un insecte de l'ordre des Névro- ptères, c'est-à-dire à grandes ailes membraneuses analogues aux demoiselles et en même temps aux papillons, animaux entre lesquels ils forment une espèce de transition. Fig.iOi, — Frigane jaune [l'hrygnnca grandis.) îi'iO FRIGANE JAUNE. Ils ont des antennes assez fortes, filiformes, les ailes bien développées, dépour- vues de réticulations et une bouche rudimentaire impropre à la mastication, car il paraît certain que ces insectes ne prennent pas de nour- riture à l'état parfait. Les organes de la génération sont au contraire trôs-développés. Les friganes F {fig. 403) se trouvent dans les en- droits marécageux, se tenant constamment aux bords des eaux, où pendant les belles soirées d'été on les voit voler en grand nombre. Elles intéressent le pêcheur, non- seulement à cause de l'insecte parfait qui est excellent pour pocher à la mouche, mais surtout pour leurs larves qui sont toujours un des meilleurs appâts connus dans les pays que l'insecte habite. Les Friganes sont des insectes à métamorphoses complètes, comme les papil- lons ; leurs larves sont aquatiques^, au contraire, comme celles des demoiselles. On leur donne beaucoup de noms différents, Porteftiix, Cherfaix, Porte- hois, Cherfeuil. etc. Ces larves L [fig. 404) ont la tète écailleuse, les trois premiers an- neaux de leur corps, de consistance solide ou plutôt coriace, tous les autres extrêmement mous et le dernier toujours muni d'un crochet. Ces insectes ont la majeure partie de leur corps à un état de mollesse qui ne leur permettrait pas de résister aux attaques des animaux carnas- sierS;, si nombreux dans les eaux douces, et encore moins à celles des poissons qui en sont très-friands. Heureusement ils savent se proté- ger. Ils se contruisent des fourreaux E {pg. 403), ou des étuis soyeux en les recouvrant de corps étrangers tels que des fragments de bois, de petites pierres, de petits coquillages, etc. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que chaque espèce emploie constamment les mômes matériaux pour la construction de son fourreau, à moins cependant qu'elle ne se trouve placée dans une position oii elle ne puisse se les procurer. Les larves traînent, en général, leur maison en marchant, mais on en connaît certaines espèces qui se font des abris immobiles. Les larves ou Cherfaix se transforment en nymphes ou chrysalides dans ce pré- cieux fourreau, en ayant soin d'en fermer l'entrée avec un peu de soie et des corps étrangers ; elles sont alors immobiles. Au moment de l'éclosion, leur peau se fend sur le dos, et la Frigane à l'état parfait sort de son enve- loppe. Pour le pêcheur, le Cherfaix se conserve hors de l'eau, mais dans son fourreau, pendant plusieurs semaines, surtout si on le tient dans un endroit frais et humide comme une cave, el sans eau : il est une des esches dont la conservation est la plus facile. Le mieux est de les renfermer dans un sac de toile humide. Pour extraire le Cherfaix, au moment oii l'on en a besoin, on casse l'un des bouts du tube que maintient le tissu intérieur en soie assez solide. A ce moment le ver renfonce sa tête noire et luisante, mais le pêcheur la saisit, tire à lui, et malgré la résistance de l'insecte qui se cramponne par ses pattes et par l'appendice de sa queue, il le fait sortir de sa demeure. Mis à nu, le ver se montre blanc sale, avec des téguments assez mous. Pour le mettre à l'hameçon, on le prend entre le pouce et l'index delà main droite et, te- Fig. 404. Larves de Fri- gane, Cher- faix ou Por- tebois, etc. Fig. 405. Fourreau ou étui du Cher- faix, ou Por- tebois (Larve de la Fri- gane). FULLONICA. Ul nant l'hameçon de la main gauche, on le pique sous le tuenlon et non sur la lèle, car celle-ci est si dure qu'on n'y réussirait pas et que peut-être on épointerait l'ha- meçon qui doit toujours être très-fin et très-petit. On pousse le 1er dans le cori)s du Cherfaix et on arrête la pointe alors qu'elle est près de sortir par la queue. Ceci est bon pour les poissons à petite bouche, Gardons, Brèmes, Perches, etc. Si, au contraire, on veut attaquer les Barbillons, les Chevesnes, il faut prendre un hameçon plus gros, y enfiler des Porte-faix autant qu'il sera nécessaire, et en garder un dernier pour mettre sur la pointe. Quelquefois même on se borne ù les piquer en travers, ce qui va beaucoup plus vite. C'est surtout le matin et le soir, pendant les grandes chaleurs, que le Cherfaix est une amorce inappréciable : avant le lever du soleil, deux ou trois heures après : le soir de 6 à 7 heures, surtout quand il a fait du vent dans la journée. Pour s'en servir pendant le jour, attendre que le vent souffle un peu, et mettre beaucoup de fond. Les Porte-faix ne se trouvent point dans les fleuves, ni dans les grandes rivières dont le courant les entraînerait. Il faut les chercher surtout dans les fossés et les petits ruisseaux, sous les arches. On en remarque deux espèces très- communément dans notre pays. On distingue sous le nom de Porte-bois ceux qui ont une maison formée d'un brin de bois creusé, et de Hérisson ceux qui se trouvent au milieu des feuilles touffues des ruisseaux et qui ont leur fourreau composé de petites brindilles agglomérées. Ces derniers sont moins durs à l'hameçon que les Porte-bois vérita- bles, et plus sujets à crever et à se vider quand on les enferre. Ils ont d'ailleurs le corps plus gros et verdàtre. FROMAGE [Pêche au]. — Le fromage dont on se sert est celui de Gruyère. Les uns le veulent frais, et de la meilleure qualité possible. Les autres ne s'en servent que quand il est passé et aussi rance que faire se peut. Puisque les uns et les autres prennent du poisson, nous pouvons en conclure que le fromage de Gruyère quel (juil soit réussit bien. Cette esche est surtout employée pour prendre le Barbillon, quelquefois elle amène des Chevesnes, de gros Dards, voire même des Gardons, mais ces cas sont rares. On peut s'en servir dès le mois de juin, s'il fait chaud. On taille le fromage en petits dés carrés que l'on trempe pendant une heure dans du lait, ce qui amollit le fromage et le rend gras et blanc. On s'en sert tant pour les lignes à la main que pour les jeux (voy. ce mot) et les co)'dées (voy. ce mot). Comme le fromage amolli forme une esche assez tendre et qu'elle entre tout entière dans la bouche du poisson à la première attaque, il faut ferrer de suite, surtout si le coup est tirant. Le fromage de Gruyère réussit parfaitement pour escher les hameçons des jeux. Ces jeux, qui sont en définitive des lignes de fond, ne réussissent bien dans le jour qu'à la condition que les eaux soient troublées par une crue subite telle qu'il en arrive à la suite des orages. El encore, bien que la transparence affaiblie des eaux rende le poisson moins défiant, il sera prudent de mettre les petits dés de fro- mage sur des hameçons choisis et montés sur de la florence , car le poisson garde plus de défiance que la nuit, et, malgré l'eau trouble, reçoit encore plus de lumière qu'il n'en faudrait souvent pour la plus grande joie du pêcheur. (Voy. Jeux.) FUCUS. — (Voy. Algues.) FULLONICA (Raja). — (Yoy. Raies, § C ; Raie chardon.) 342 GABOT. FURET, — Nom (le l'oporvior dans quelques déparlemenls de France. (Voy. Épervier). FUSAIN. — (Voy. Cannes a pÊcnE.) — (Voy. Scions.) Le Fusain {Evonymus Europœus, Tourn.) est connu sous le nom vulgaire «de Bonnet de prêtre et de Bois à lardoire. C'est un arbrisseau commun dans nos forêts, oii il atteint une hauteur de 4 à 5 mètres. Les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, dentées, les branches sont tétragones. Galice à 4 ou 5 div.; nectaire central proéminent : 4 ou 5 pétales ouverts, 4 àSétamines; 1 stigmate; capsule à 3 ou 5 valves; et 3 ou o loges contenant chacune 1 à 2 graines arillées. Les fleurs sont petites et jaunâtres : les fruits globuleux déprimés à leur centre et à quatre côtes très-marqués et arrondis. Pour le pêcheur, son bois jaunâtre offre un grain fin et serré un peu cassant : il se travaille facilement sur le tour. Sec, il est très-dur; aussi en fait-on des fuseaux, des navettes, des aiguilles à filet, des lardoires, etc. Son charbon est d'une grande légèreté. FUSIL [Pêche au] . — La plupart des arrêtés préfectoraux dressés en confor- mité de l'art, o de l'ordonnance du J5 septembre 1830 ont prohibé la pêche au fusil. Cependant il faut avouer qu'aucune ne devrait être plus permise. Quel dommage cause-t-elle ? aucun. S'attaque-t-elle au frai? jamais, puisque l'on ne peut tuer que des poissons parfaitement adultes, et même, le plus souvent, que ceux qui ont atteint la plus forte taille. Le coup de fusil cause-t-il dans l'eau un bouillonnement, une perturbation préjudiciable au fretin ? Mais non, mille fois non !... pas plus qu'un coup de bâton, ou une pierre que le premier gamin y lance. Il faudrait donc interdire aussi les ricochets que les enfants font au bord de l'abreuvoir ! On a bien raison de dire, quelquefois, que les lois sont faites par des gens qui n'ont pas la moindre notion des choses qu'ils réglementent ! La pêche au fusil est, d'ailleurs, comme la pêche à la ligne, un délassement du petit nombre : c'est une occupation aristocratique qui prend beaucoup de temps, développe l'adresse, mais ne rapporte pas beaucoup de poissons. Quanta être nui- sible, nous le nions formellement. Le poisson blessé, dirait-on, va mourir au loin et est perdu pour tout le monde. Depuis quand prohibe-t-on la chasse parce que des perdrix vont mourir au loin, emportant le plomb dans leur corps et ne ser- vant de pâture qu'aux fouines et aux renards ? (Voy. Pêche au fistl. ) G GABOT. — Ce poisson, disent les pêcheurs, est presque amphibie, et peut rester trois ou quatre jours hors de l'eau, se nourrissant de cames et d'orties de mer. Sa longueur est de 0°',50, et on le rencontre sur les côtes de l'Océan. Nous n'avons jamais pu voir ce poisson amphibie, mais nous pensons que c'est un Gobioïde. Le nombre en est grand sur nos côtes. Nous laissons ici cette note à cause de la mention de la nourriture. G AN GUI. 343 Fiij. 100. — Gandol. GADOIDES. — i" famille des Malacoptérygiens subrachiens^ 3* ordre des poissons osseux. Corps plus ou moins allongé, couvert d'écaillés petites, gras.ses et cycloides; ventrales sous les pectorales, comme l'ordre l'indique; 1, 2 ou 3 dorsales, 1 ou 2 anales^ toutes non épineuses. Mâ- choires, devant du vomer et quelquefois les palatins couverts de dents en cardes. Estomac grand ; vessie natatoire grande et sans tube pneumatique. On divise cette famille en deux genres. 1. Gade. Sous-genres : Morue, Merlan, Merluche, Lotte, Motelie, Drême, Brotale, Phycis, Ra- niceps. 2. Grenadier. GADE ANON cl GADE HADDOCK. — (Voy. ÉOREFIN.) GADELONG el GADE MOLVE. — (Voy. LOTTE DE MEIl.) GADE POLLACK. — (Voy. LlEU.) GADUS ANTIQUORUM. —(Voy. Égrefin.) GADUSBARBATUS. — (Voy. Tacaud.) GADUS COLINUS. - (Voy. Colin.) GADUS LONGUS. — (Voy. Lotte de mer.) GADUS LOTA. —(Voy. Lotte commune.) GADUS MERLANGUS. — (Voy. Merlan.) GADUS MERLUCIUS. — (Voy. Merlu. j GADUS MOLVA. — (Voy. Lotte de mer.) GADUS POLLàCHIUS. — (Voy. Lieu.) GADUS VIRESCENS. — (Voy. Lieu.) GAGAREL.LUS Smaris.) — (Voy. Picarel gagarel.) GAL. — Nom de la Dorée, à Anlibes. (Voy. Dorée.) GALANGA. — Les pêcheurs du Midi donnent ce nom à la Baudroie. GALEUS (Squalus). — (Voy. Mila.ndre.) GALINETTE cl GALINE. — Nom du Triglc hirondelle , à la Ciotat. (Voy. TrIGLE llIUO.NnELLE.) GALINO. — Nom provençal de la Torpille. (Voy. ce mot.) GANDOL. — Nom que l'on donne, en Bretagne , à un petit plioir carré {fi(j. -iOo; sur lequel on pelotonne ses lignes en crin pour pécher de fond, à sou- tenir à la main, en mer. GANGUI A CHEVRETTES. — Nom de la Chevrotière, dans la Méditerranée. (Voy. ce mot.) GANGUI A DEUX BATEAUX. — D'après le décret du 19 novembre 1859, pour le 5^ arrondissement maritime (Toulon), ce filet est formé d'une poche à laquelle sont adaptées deux ailes. La longueur totale des deux ailes, jointe au plus grand diamètre de la poche, ne pourra excéder 35 mètres. La poche ou manche aura la forme d'un sac conique, tronqué sans étranglement; les mailles lacées de suite auront au moins 30 millimètres en carré intérieurement à la queue ou sac, cou ou bourse; ladite queue ne pourra être fabriquée qu'avec un fil de O^jOl de circonférence au plus. Les bateaux que l'on nomme aussi bœufs, ne pourront sortir qu'une demi- heure avant le lever du soleil, et devront être rentrés une demi-heure après son coucher, sauf les événements de force majeure dûment justifiés. Les bateaux-bœufs ne pourront se mettre en pêche que par un fond de 25 mè- tres tirant au large. Autorisée du 1" juin à fin février. GANGUI A LA VOILE. — Espèce de drague que l'on mène à la voile. GANGUI A UN SEUL BATEAU. — D'après Ic décret du 19 novembre 1859, pour le 5' arrondissement maritime (Toulon), art. GG, § 3, ce filet est armé d'une 3U GARDON. poche à laquelle sont adaptées deux ailes {/>g. 407). La longueur totale des deux ailes, jointe au plus grand diamètre de la poche, n'excédera pas 20 mètres ; la maille de la queue, du pin, ou chaudron, mesurée intérieurement, aura au moins 0'°,020 en carré, et ladite queue ne pourra être fabriquée qu'avec un fil de 0",01 de cir- conférence en plus. La différence, entre les deux modes de pêche, tient seulement à la plus ou moins Fig. 407. — Gangui a un seul bateau. grande vitesse que deux bateaux impriment au filet. Avec un seul bateau, les ailes sont reliées par une vergue ou perche que l'on retire dans la pèche à deux bateaux. Si l'on est autorisé à tirer le Gangui à terre on est oblige de le faire à bras, par les cordes des ailes, comme pour une senne, alors que l'eau manque, près du ri- vage, sous la quille du bateau conducteur. Sortie, une demi-heure avant le lever du soleil, rentrée une demi-heure après son coucher. Pêche, par un fond de 23 mètres, tirantau large. — Autorisée du 1*' juin à fin février. GARBEL.LE. — Espèce de Nasse employée dans la Méditerranée. (Voy. ce mot.) GARD. — Synonyme de Gors. (Voy. ce mot.) GARDON [Genre], (Leuciscus, Siéb.). — Malacopt. abd. Cyprin. Genre ne comprenant que deux espèces pour la France, au moins quatre variétés jjjen déter- minées, et un nombre infini de variations auxquelles l'âge, la saison et les eaux ne sont pas étrangères. Tout à fait ressemblant au Rotengle.tà la Brème- rosse, ses dents pharyngiennes seules peuvent bien le distinguer du Roten- gle, son plus proche parent. Le Gardon n'a qu'un rang de ces dents (/î^. 408et409), six à gauche, cinq à droite, grosses, obtuses et comme tronquées à la pointe en arrière, tandis que le Rotengle en a deux rangs {fig. 408) et que ses dents sont en scie très- marquée à leur partie postérieure. La Bréme-rosse a aussi deux rangées de dents, une interne de deux, une externe de cinq., GARDON. — Quoique ce nom soit celui sous lequel ce poisson est connu dans presque toute la France, nous avons préféré reporter son histoire à ses noms scientifiques, avec lesquels le nom vulgaire n'a rien de commun. Fi'g. 407. — Dents pha- ryngiennes du Rotengle ou Gardon rouge. Côté inférieur et supérieur. GATE. 345 Sous la désignation générale de Gardon, on comprend, en effet, deux poissons différents : le Gardon de fond, dit aussi Gardon blanc el Gardon carpe, car il ressem- ble beaucoup h la Carpe, sauf moins d'épaisseur et une forme plus brillante et moins massive, c'est VAble rosse ou Rosse. Il y a ensuite le Gardon ronge, c'est VAble rotengle ou Rotengle (voy. ces mots), et l'on peut dire qu'il faut compter à la fin de cette nomenclature, les innombrables bybridcs de ces deux espèces : ce qui produit, suivant la prédominance de tel ou tel type, qu'une étendue d'eau contient des gardons généralement plus blancs ou plus rouges que telle ou telle autre voisine. (Voy. Ables de France et tableau des ables.) Les mœurs, les formes de ces deux espèces sont presque identiques, etilfautnon- seulement la couleur, mais des différences d'organisation intérieures assez faibles jointes à une comparaison méticuleuse, pour que les classificateurs aient pu en faire deux espèces distinctes. Pour le pêcheur, ce sont des Gardons blancs ourovges; ils sont également faciles ou également difficiles à prendre, suivant les temps. Ainsi le Rotengle se prend mieux à la mouche naturelle que le Gardon blanc ou rosse, et cependant il faut que le temps y soit ; mais alors il est aussi avide de cet appât que le Chevesne, le Dard et l'Ablette. GARDON DE SÉLYS (Leuciscus Selysii, Heck ). — Malacopt. abd. Cyprin. Variété du Gardon commun ou Rosse, remarquable par son dos bleu ; venant des rivières de l'Est: Meuse, Moselb-, Meurthc, III, F{liin,etc. GARDON PALE (Leuciscus pallens, Bian.). — Mala- copt. abd. Cyprin. Long. max. = 0'",40. Espèce très-voisine du G. commun ou Rosse ; est plus oblong et ressemble beaucoup à la variété du G. de Selys. Les écailles du G. pâle sont plus grandes que celles du G. commun ; la ligne latérale en porte 42, tandis que le commun en porte 42 à 45. La couleur du corps est argentée, un peu jaunâtre, dos seule- „. ^ , ' o > 1 J ) Fig.iOO —Dents Fig. i[0.— Denis, ment arcioise. pharyngiennes pharyugieimes D = 9 ou 10 rameux, jaune gris sablée de noir au bord. du Gardon pâle du Gardon pâle A= 11 et quelquefois 10. V = 8 rameux, outre les simples, jaune {Leucscus pal- [Leuciscus pai- .... , . , » u 1 I 1.1 . lens], vues en lens\^ \ues en pale amsi que les pectorales et 1 anale. La caudale a la même nuance dessus dessous et un sablé noir comme la dorsale au bord. 12 dents pharyngiennes (fig. 409 et fig. 410) au lieu des lO du G. commun (quoique celui-ci en ait qt:elquefois 12 aussi). Se prend aux environs d'Annecy, en Savoie. GARDON RUTILOIDE (Leuciscus rutiloïdes, Sélys-L.). — Malacopt. abd. Cyprin. Long. ord. = On^,^0. Variété du nord du G. commun ou Rosse. A les nageoires inférieures jaunâtres et la tête plus petite. Les dents pharyngiennes sont plus petites, et portées sur un pédicule plus grêle et plus haut. Couronne un peu denticulée. On lui rapporte aussi le Gardon Jesse (Leuciscus jeses, du même auteur) qui, comme le pre- mier, se pêche dans la Meuse. GARDON VENGERON. — (A'oy. VenGERON.) GAROLE. — Petit Tranic. (Voy. ce mot.) GASCANELLE et GASCANETTE. — Nom populaire du Saurel. (Voy. ce mot.) GASCON. — Nom populaire du Saurel en certains départements de l'Ouest. GASTEROSTEUS [Genre). — (Voy. Éi-inoche.) GASTEROSTEUS SPINACHIA. — (Voy. Spi.nachie. ) GASTRÉ. — (Voy. Spinacuie.) GAT. — Nom de l'Alose feinte, à Dax. (Voy. Alose feinte.) GATE ET GATTE. — Nom d'une espèce d'Alose, <à l'île d'Oléron : c'est la 346 GÉNÉRATION. Feinte. (Voy. ce mot.) On la nomme ainsi dans la Gironde, et Couvrevx dans la Loire. GEMBIN. — Synonyme de Gombin. (Voy. ce mot.) GENDARME. — Nom populaire du Vcron (voy. ce mot), en Lorraine, sans doute à cause des couleurs jaunes zébrées du petit poisson en costume de noces, lesquelles rappellent les buffleteries des vaillants surveillants de la pêche. Ce doit /^tre un braconnier qui, dans un moment de courroux, aura inventé ce nom. GÉNÉRATION. — La génération des poissons est en général ovipare, quelquefois ovovi- vipare; dans le premier cas, les œufs appelés frai ne sont fécondés qu'après la ponte; dans le second, il y a accouplement des deux sexes. L'appareil mâle est formé de deux poches qui s'étendent dans la partie supérieure et dans presque toute la longueur de l'abdomen, et sont divisées en un grand nombre de cellules dont les membranes sécrètent une liqueur blanchâtre et laiteuse, nommée /«i7e ou laitance. Des canaux se réunissant en un tronc principal, conduisent au dehors cette sécrétion ou substance fécondante, dont le nom de laite s'applique quelquefois, par extension, à font l'organe qui l'a produite. Ce liquide se coagule par la chaleur; au moment du frai, il contient une quantité immense de spermatozoïdes remarquables par leur excessive petitesse et par la longueur d'une queue tellement tenue qu'elle est difficile à voir avec les plus forts grossissements microscopiques. L'organe femelle se compose d'un grand sac constituant, par sa masse, l'ovaire rempli de mem- branes diversement repliées, quelquefois disposées en houppes ou en petites ramifications qui re- tiennent les œufs attachés à leur surface. Le sac est double dans la plupart des poissons ; dans la Perche, au contraire, il est simple, divisé à l'intérieur par une série de replis imbriqués les uns contre les autres comme des valvules conniventes. Dans quelques poissons, les sacs ne sont pas fermés, mais les deux membranes écartées l'une de l'autre laissent flotter les tissus chargés d'œufs dans la cavité abdominale, et quand ils se détachent de cet ovaire libre pour être pondus, ils flottent librement dans les cavités du ventre. Telle est la conformation des Truites, des Anguilles et de plusieurs autres poissons. Quand le temps est venu et que la femelle est sur le point de pondre, les ovaires prennent un accroissement considérable et remplissent presque toute la cavité abdominale : on dirait que les or- ganes de la digestion sont obligés de céder à ceux-ci la plus grande partie de leur place. Et c'est avec raison, car, à cette époque, les fonctions de la digestion sont perverties chez les poissons ; ils ne mangent plus, l'organe comprimé n'a plus de besoins, les muscles s'afTaissent et s'e'macie)il, la surface du corps se couvre de boutons et tubercules particuliers. Uniquement occupés du soin de concourir à la perpétuité de l'espèce, ils perdent même la défiance qui fait le fond de leur caractère ; on les voit aborder les côtes, s'aventurer sur les rives presque hors de l'eau; tout manège leur est bon, fùt-il même dangereux, pourvu qu'ils se débarrassent d'un poids qui les oppresse. Quand, au contraire, la femelle a pondu, ses sacs énormes, ses ovaires monstrueux deviennent des tubes grêles, quelquefois si contractés, qu'on a de la peine à les voir. Mais alors les poissons sont amaigris, affaiblis, et doués d'un instinct de réfection féroce. Ils dévorent, et bientôt leur corps re- prend son embonpoint normal. Au moment de la ponte, nous venons de constater que la femelle et les mâles montrent une activité extraordinaire; ils troublent l'eau, agitent les roseaux et les plantes aquatiques. Ils remon- tent les rivières, s'approchant des côtes en troupes souvent innombrables, car toutes les espèces pres- que sans exception sentent le hesoin de déposer leurs œufs dans des endroits peu profonds, où ils puissent recevoir facilement l'influence vivifiante de la chaleur solaire. Ces œufs sont presque toujours abandonnés par la mère, qui ne reconnaît pas un seul des mil- liers de petits auxquels elle adonné le jour, et cependant un assez grand nombre de poissons, de fa- milles très-diverses, soignent le produit de leur ponte en la protégeant par la création de nids admi- rablement construits. Nous pouvons citer : les Ëpinoches, dont le mâle fait le nid, y fait pondre les femelles, et se charge de la famille qu'il couve, élève, défend et nourrit, comme la poule la plus tendre le fait de ses petits poussins ; des Gobioïdes, famille qui comprend notre Goujon, les Dlennididcs et les Vastrrs. iN'oublions pas les Labres, etc., etc. Les Silm-es ont des mœurs analogues; sans construire spécialement de nids, les deux sexes se tiennent autour des petits et leur donnent quelquefois un abri dans leur immense gueule quand un danger les menace. La nature n'a donc pas privé absolument ces animaux de toute sensibilité natu- relle. Les œufs pondus par les poissons sont quelquefois très-grands et munis d'une coquille cornée très-dure avec des appendices filamenteux plus ou moins longs, comme les œufs des Raies et des GERMON. 347 Squales. D'aulics fois les oeufs sont enveloppés d'une tunique exlrémemcnt mince et perméalile à l'eau et à la liqueur fécondante qui doit les imprégner après la ponte. Les œufs se détachent ordinairement isolément des iiicmljranes de l'ovaire ; mais dans quel- ques espèces, la Perche, entre autres, la femelle pond des œufs réunis en chapelets par une matière glaireuse formant ainsi un réseau à mailles irrégulières plus ou moins marquées. La grosseur comme le Jiombre des œufs varie dans des limites énormes; il faut comparer ces données dans notre Tableau du temps rie frai pour en comprendre toute la grandeur: certaines es- pèces, — pour ne donner qu'un chiffre — pondent au delà d'un million d'œufs ! Les œufs des poissons sont composés d'un vitelUis enveloppé de deux tuniques, sans allantoide ni vaisseaux ombilicaux. Le vitelius est absorbé par l'intestin du fœtus à mesure que celui-ci grandit; et cettemasse vitelline est quelquefois absorbée par le petit animal alors que, comparative- ment, elle présente encore un volume considérable. C'est ce fait qui fait paraître si gros l'abdomen du frai d'Ablette d'un centimètre de long que nous voyons fourmiller dans nos eaux douces. La Raie et les Squales présentent des œufs revêtus d'une coquille fibreuse, plus ou moins cornée, qui les revêt quand ils passent dans l'oviducte de la femelle, où une glande paraît sécréter ce produit. Quant aux œufs de presque tous les poissons, ils sont répandus dans l'eau et agglutinés aux pierres ou aux plantes aquatiques par un mucus plus ou moins abondant. Certains poissons, comme les Squales, les Anguilles, sont cependant ovovivipares, c'est-à-dire que l'œuf reste dans l'oviducte ou endroit spécial où il est couvé, et d'où le petit sort vivant alors qu'il a absorbé tout le vitelius de l'œuf. Les individus hermaphrodites ne sont pas une grande rareté chez les poissons; on le voit fré- quemment chez les Merlans, la Carpe ; on en a trouvé des exemples dans la Perche, le Hareng et plusieurs autres. Le Serran de la Méditerranée serait même ainsi conformé normalement, et certes, si l'on ne possède pas de plus nombreux documents sur cette matière, c'est faute d'observations sérieuses et sufllsamment suivies. GENÉVRIER (Scions en.) — (Voy. PerCIIE OU CANNE A PÊCHE.) Sur la foi d'Isaac Wallon, nous indiquons les scions de cet arbuste comme propres à la prche, sans nous en être jamais servi. La nature de ce bois ne nous semble pas d'ailleiu-s s'opposer à ce qu'il produise des scions très-flexibles. Le Genéviier commun {Juniperus commums) est le type de ce genre. Son tronc et ses rameaux sont munis de feuilles linéaires toujours vertes, armées de trois piquants un peu canaUculés en dessus et convexes en dessous : aux fleurs succède une baie verte, puis violet foncé. Son bois rougeâtre'et agréablement veiné a le grain très-fin et prend un beau poli. Le bois des crayons est celui d'une espèce de Genévrier de Virginie. GENRES DE PÊCHE A LA LIGNE. — ià soutenir : à la main, ou avec la canne, à la traînée : longue ligne tendue parallèlement au rivage. Aux jeux. ,, , , ( à la grande volée.. ) . , » /\oIantes .. ) , , pour poisson de surlace. l j a la surprise ) .. ... 1^, , t à la main | pour poisson entre deux eaux. Lignes ordmaires.. ..<, Flottantes, r „ .. "V , ^ „ 1 ( a fouetter | pour poisson de surface. I „ I verticales l nater noster. \ Dormantes. , . . , , , , . ,, I horizontales la la gaule, ou sur piquets. Toute ligne chargée de 40 grammes de plomb est ligne de fond d'après l'in- terprétation actuelle de la loi. GÉOGRAPHIE DES POISSONS. — (Voy. POISSONS.) GERLE BLAVIÉ. — Nom donné, à Nice, au Pkarel Murtm-pècheur. (\oy . ce mot.) GERMON (Thynnus alalonga, Cuv.). — Acanthopt. Scombér. Long. max. =1"S50. Syn. : — Germon, Sculebrast, angl. — lierju/a htclna, basq. — Brust sdiuppe, allem. — Bizé, espag. Le Germon {fiy. 411) a la forme du Thon; mais ses pectorales en faux s'étendent presque jus- qu'à la queue, c'est-à-dire vers le milieu de la nageoire auale. La queue en croissant très-pointu est 348 GERMON. évidée au milieu. Les dents sont petites, la bouche aussi. La mâchoire inférieure dépasse la supé- rieure et toutes deux portent une seule rangée de dents. Le palais et la langue portent des dents en cardes fortes et serrées. La ligne latérale présente diverses sinuosités jusqu'au-dessous de la seconde dorsale, d'où elle Fig. ill. — Germon {Thynnus alalonga, Cuv.). part directement vers la caudale De chaque côté se remarque une sorte de carène allongée, carti- lagineuse, renforçant, en quelque sorte, l'action des muscles caudaires. La couleur générale est bleu noirâtre, diminuant d'intensité jusqu'au bleu pâle vers le ventre qui est mêlé de jaune et de blanc. Les nageoires sont composées ainsi : Pectorales = 35 à 37 rayons. Dorsales = v^ l'i» = 2<= 3 + 12, 8 fausses ; Anales = 3 + 12, 8 fausses; Ventrales =1+6; Caudales = 40. GERMON. — Ce poisson arrive dans la baie de Biscaye vers le milieu de juin, quelquefois vers la fin de mai, et se pèche beaucoup aux îles d'Yen, Belle- Ile, etc., et souvent, à cause de ses longues pectorales, les matelots lui donnent le nom de Longue-Oreille. 11 reste dans ces parages jusqu'en octobre, et sa saison dure six mois plus tard que celle du Thon. Le Germon fait sa proie des Mulets, Sardines, Anchois et autres poissons qui marchent par bancs. Quand les Germons viennent à la surface de la mer, les pêcheurs en font facilement une bonne capture en se servant absolument des mêmes moyens que pour le Thon, mais tenant compte de la différence de taille des deux poissons. Le Germon nage presque toujours en grandes troupes : il est aisé de suivre de l'œil la marche de ces animaux, par l'agitation qu'ils produisent dans la mer ; aussi est-il rare que les pêcheurs les perdent de vue, quand une fois ils ont eu connaissance de leur arrivée. A cette occasion, ils ont remarqué que la pêche est moins bonne quand le Germon rase la surface de l'eau que lorsqu'il nage à une certaine profondeur. Le Germon, qui a la vue très-perçante, s'élève brusquement du fond et se précipite sur l'amorce qui lui cache l'hameçon. C'est, d'ailleurs, un poisson très-vorace : on le prend très-bien avec de l'anguille salée ; mais, lorsqu'on n'en a pas, il suffit d'un morceau d'étoffe pour le foire mordre. Vers Saint-Jean-de-Luz, en face Saint-Sébastien, on commence à trouver les GERMON. 349 Germons en mai, et on les pêche encore vers la fin d'octobre. Pour cela, on tend à l'arrière du bateau une longue perche terminée en fourche, dans laquelle passe la ligne de vingt à vingt-cinq brasses, qui doit flotter sur l'eau. Celte perche est montée, en quelque sorte, à bascule, de manière à pouvoir s'abaisser brusquement au lieu de relever la ligne. Dès que les pécheurs s'aperçoivent que le Germon a mordu, ils abaissent la perche, et le matelot qui tient la ligne la file avec rapidité, parce que le Germon oppose une terrible ^ résistance et qu'il est toujours à craindre qu'il ne rompe la ligne comme un fil. Enfin, lorsqu'on suppose que le poids du filin de Fig. 412. - Ligne à soie a épuisé les forces du poisson, on commence à haler dou- Germon. cément, puis plus fort. Quand le Longue-oreille arrive près de la barque, on le har- ponne avec un cric par les ouïes et on le monte à bord. Comme une seule perche à pêche, — car ce sont de véritables cannes gigan- tesques, proportionnées à la puissance du poisson, — serait insuffisante, on en met dehors une seconde plus courte et appuyée sur le bord au vent : quand la barque vire de bord, on change cette petite perche de côté : elle a cinq mètres de long. Les bar- ques de pêche portent encore quelquefois trois autres lignes, tant sous le vent que sur l'arrière des côtés. Ces lignes ont quatre-vingts brasses de long ; la grosseur est un peu inférieure à celle du petit doigt {fig. -41 i2). Il y en a, d'ailleurs, en môme temps, de plus grosses et de plus fines. Les barques de l'Tle-Dieu font une pê- che analogue : leur grande ligne qui, sur un sloop, se place au bout de la corne de la grande voile, se nomme sabaillé. A une ex- trémité se monte un fil de laiton de 2 mè- tres de long, plus ou moins fort, suivant l'état de la mer et la force présumée du poisson dans les parages que l'on parcourt. Les deux secondes lignes se nomment amu- res. Après viennent les lignes de Dalots et celles de Charchignots qui sont placées tout à fait à l'extrémité de l'arrière du bâtiment. Ces bateaux pèchent depuis les Glénans jus- qu'à Saint-Sébastien. Nous avons dit que l'amorce que le Germon préfère à toutes est l'anguille même salée : à défaut, toute étoffe de laine est bonne. A Bayonne, on coupe en double un morceau de basin blanc, que l'on taille en forme de sardine, dans lequel on cache l'hameçon {fig. 413), n'en laissant sortir que la pointe vers le ventre du poisson-amorce. Quelquefois l'éclat seul de l'hameçon roulant dans l'eau suffit pour que le Germon se jette dessus; il faut pour cela vent frais et grand sillage. En temps calme, au contraire, l'amorce ne fait pas suivre le poisson, et la pêche Fig. 413. — Hameçon à Germon. 380 GIBELE. est mauvaise : on ne peut la Taire que de jour; pendant la nuit, ce leurre échappe à l'cril du Germon. En général, il faut un temps couvert, un vent modéré, une mer doucement agitée. L'éclat du soleil, l'abondance de la pluie lui sont contraires. Les vents de Sud-Est et de Nord sont favorables à cette pêche : elle commence à la fin de juin jusqu'en septembre, ;\ moins que le vent du Nord-Ouest ne l'inter- rompe. On prend annuellement à l'Ile-Dieu de 12 à 14,000 Germons. La chair est blanche, plus délicate que celle du Thon GERLE. — Nom de la Mendole à Antihea. (Voy. Mendole.) GIARRET. — Nom marseillais du Picard commun. (Voy. ce mot.) GIBÈLE ^Carpe], (Cyprinus gibelio, Blocli). — Malacopt, abd. Long. niax. = 0"i,']5 ; liaut. == On',08. Poids max.= 2 kilog. Syn. : Gieben, Giblichen, ail. — Gihel, Prussian carp, aiigl. — Damm-ruda, suéd. Tête grosse {fig. 414), obtuse, noirâtre, à opercules jaunâtres; la tète équivalente aux trois quarts de la hauteur du corps. Yeux brun clair, grands. ^i'^ -#® Fxj. 414. — Carpe Cibcli- Cyprinus gibelio, Bloch;. Dos tranchant olive pâle ou de couleur générale noirâtre ou bleu verdâtre sur le dos. Ventre blanc sale ou jaune doré. Dorsale de IC rayons, pectorales de 14 rayons verdâtres lavés de rouge, aux extrémités souvent jaunes ; caudale échancrée grise de 19 ou 20 rayons ; anales de G. Ligne latérale en points bruns, se perdant souvent avant d'arriver à la queue. Écailles arrondies ; canal intestinal à deux sinuosités; épine dorsale de 27 vertèbres; côtes au nombre de 17 de chaque côté. (Voy. Temps de frai.) C'est le poisson des eaux dormantes les plus mauvaises des mares et des tourbières, où il se plaît et multiplie beaucoup sans prendre le goût delà vase dans laquelle il habite. Il vit bien hors de l'eau et sous la glace. Ce poisson a la vie extrêmement dure, il peut demeurer encore \ivant trente heures après être tiré de l'eau. La Carpe possède déjà uns grande vitalité, mais pas à ce degré. GIBÈLE (Carpe). — Ce poisson est assez difficile à faire mordre à l'hameçon ; aussi peut-on le laisser sans défense dans les étangs près des villes. Il a cette pro- priété commune avec la Tanche dont il présente également les mœurs. Cependant, comme il a ses jours de gloutonnerie, les mêmes appâts que pour la Carpe et la Tanche sont employés avec succès. (Voy. Carpe.) GIBELIO (Cyprinus). - (Voy. Gibèle) GILLE. 351 GILLE. — Dans les grandes rivières, on emploie un épervier de plus grandes dimensions et beaucoup plus chargé de plomb, mais qui, alors, n'est plus jeté à la main. Voici comment on se sert de cet engin qui réussit surtout lorsqu'il y a des crues et que l'eau est bourbeuse ou au moins louche. Des pécheurs montent dans un bateau; l'un d'eux, muni de rames, ne se pré- occupe que de maintenir le bateau dérivant fa ^yv/rcv.s du courant; il a soin, d'ailleurs, avec ses avirons, de faire --,.._ ____=___«„ -■• le moins de bruit possi- -.-.==^ "^i^^^^y^ ble. Sur le côté du bateau ^-^*^;rs^'l^ ~i![fzz!z£^_ qui regarde l'amont se trou- ^ ^ "^ ^^ vent deux chevilles fichées ' _ "^ _^ ^^fc accroche à ces chevilles une r% ^\ ^ partie de la corde qui porte -^ ' ^ j=^ la plombée du Gille ; il - ^^_ Hi^Z. laisse le sur plus du filet ^^^■^^^~=-=^-~^---—-' ■ '- dans l'eau, se contentant '^'O' '''■ " '^"'''' '' p'^^^"" ^' '''''''' '"^ ''''''' ^'' '"'''''''■ de soutenir la culasse au moyen de la corde qui y est attachée et qu'il lient à la main. Le filet, dans cette position, a donc son ouverture presque veiticale, et ses plombs d'en bas rasent le fond {fig. 4lo). La corde que le pécheur tient à la main lui transmet, tant est grande l'é- lasticité des objets plongés dans l'eau, les moindres secousses des poissons qui frappent contre le filet. N'oublions pas que le poisson, ayant toujours la tête au courant, et que le filet descendant avec celui-ci, c'est par le museau que le poisson heurte contre le Gille. Il lui faut donc un instant appréciable pour se retourner et fuir. Cet intervalle est suffisant pour que le pécheur, qui tient la corde et qui s'est rap- proché de l'autre extrémité du bateau, enlève brusquement la cheville de son côté, tandis que le rameur fiiit simultanément la môme manœuvre à portée de sa nuain. Le filet tombe rapidement au fond, englobant le poisson, et le pécheur le remonte en le bi lançant comme les éperviers ordinaires. S'il ne sent pas de secousse, il laisse tomber le filet au hasard tous les deux ou trois cents mètres. On emploie, absolument de la même manière, l'épervier ordinaire traînant, dans les ruisseaux et les petites rivières ; quelquefois deux hommes entrent dans l'eau et tiennent la partie de l'avant élevée entre eux, tandis que le reste traîne au fond ; une troisième personne tient ordinairement la corde de culasse de la rive. On le traîne encore quelquefois au moyen de deux cordes que l'on tire en re- montant le courant de dessus le rivage ; mais cette méthode n'est commode que quand les bords du cours d'eau sont parfaitement découverts. Quelquefois le poisson vient de lui-même donner dans le filet, et, averti par la secousse, on laisse tout tomber; mais il est préférable de placer, à deux ou trois cents mètres en avant, des gens armés de perches qui boulent en agitant l'eau. Une partie du poisson effrayé va se jeter dans le filet. La secousse avertit, et la manœuvre ordinaire recommence. Quand le courant est tant soit peu rapide, cette pèche ne peut guère se faire qu'en remontant ; quand le courant est lent, il est au contraire préférable de la faire en descendant, parce que le poisson tend toujovu^s à remonter. 352 GIHELLE. Lorsque la rivière est bordée d'herbiers, de crônes ou de sous-rives, ou lorsque l'épervier ne peut pas embrasser toute la largeur du cours d'eau, on a soin de faire bouler de chaque côté par des hommes armes de bouloirs marchant immédia- tement derrière ceux qui traînent le filet. Dans ce cas, il vaut mieux descendre le courant. GILLARO. — (Voy. GiZZARD.) GIRELIÈRE. — Espèce de Nasse employée dans la Méditerranée. (Voy. ce mot.) GIRELLE \r.e,irc], (Julis, Ciiv.). — Acanttiopt. Labroid. Groupe très-nombreux, et doi)t la Méditerranée et l'Océan renferment un nombre considé- rable d'espèces remarquables par leurs couleurs les plus brillantes et les plus diverses, démembré des Labres dont ces poissons deineurent toujours très-voisins. Dorsale munie de rayons épineux roides et piquants; tête toute dépourvue d'écailles, dents coniques plus grandes, en avant, avec molaires émaillées variables ; ligne latérale ?ion interrompue, mais fortement courbée vis-à-vis de la dorsale. Espèces littorales, vivant au milieu des rochers, et se nourrissant de mollusques, oursins, crustacés, etc., dont elles brisent les têts non-seulement avec leurs dents des mâchoires, mais avec leurs pharyngiennes fortes et coniques. (Voy. ces mots.) GIRELLE COMMUNE (Julis vulgaris, Cuv.). — Acantiiopt. Labroid. Long. max.= 0'°,25. Syn. : Donzella, Venise. — Mancliina-di-re, ital. Ces Labres sont caractéristiques des pays chauds {fig. 416)^, car c'est tout au plus si, sur les l'ig. 416. — Girelle commune [Julis vidgaris, Cuv.). nombreuses espèces du genre, une seule s'avance vers le Nord, jusqu'aux côtes d'Angleterre. La Méditerranée n'en a elle-même que trois ou quatre. Dos vert mêlé de blanchâtre ; bouche latéralement rouge orangé. Sur les côtés une tache bleu noirâtre; ventre argenté glacé d'outremer. La dorsale est rougeàtre, bordée de bleu clair en haut, verdâtre en bas, avec une tache bleue bordée de rouge vif. L'anale présente quatre bandes orange pâle, rose violet, orange et bleuâtre. La caudale a les bouts bleuâtres et le corps vert. Toutes ces nuances sont plus ou moins vives, suivant les individus. Ces Labres ont les pharyngiens semblables à ceux de toute la famille. D=9+r2. A=3+12. P=I3. V=l-l-5. C=14. La Girelle a la bouche peu fendue et peu protractile ; elle porte une p:^tite dent oblique, al- longée comme une défense de sanglier au coin de la bouche. GIRELLE COMMUNE. — Ces magnifiques labres sont littoraux, comme toute la famille, vivent parmi les roches, et surtout celles madréporiques, où ils trouvent en abondance les mollusques, les oursins et autres animaux à test dur qu'ils bri- .sent facilement au moyen de leurs dents fortes et coniques, non-seulement des mâchoires, mais du pharynx. GLOBE. 353 La Girclle est très-commune sur nos côtes méridionales, et présente un grand nombre de variétés qui font l'ornement des marchés près de ces mers; leurs cou- leurs admirables semblent varier de l'une h l'autre, et toutes sont également belles. La variété ordinaire porte une tache noire et une bandelette orangée à bords den- telés. La tache noire, quoique caractéristique, s'efface cependant chez quelques indiviilus, d'aulres fois elle est bleu foncé. GIRELLE PAON Julis pavo, Guv.). — Acanthopt. Labroid. Long. max. = Om.sS. Trôs-bL'lle espèce, commune dans la Méditerranée, à écailles minces et grandes, à corps d'un brun vert doré, rouge-Lrun sur la tête. Les écailles et les nageoires sont marquées de taches ronges, de points, de lignes qui en font un poisson très-remarquable. Le bleu d'azur règne sur la tête par bandes irrégulières. Souvent cette Girelle porte une grande tache bleue sur le dos. n=n. D = 8-f 13. A = ;{ + n. i» = i5. v = i-f5. c = i3. GIZZARD. — En Irlande, on fait grand cas d'une espèce de Truite particu- lière à laquelle on donne ce nom et que Ton trouve dans les lacs du pays. Nous la citons ici parce qu'il serait intéressant de l'acclimater dans les nôtres (?). Ces poissons se font remarquer par l'épaisseur de leur estomac, appelé gésier parce qu'il ressemble à l'organe analogue des oiseaux. Leur nourriture consiste surtout en mollusques et en limaçons. Cependant ils s'élèvent rapidement du fond vers la surface à la vue d'une mouche. GLACE (Pêche sous la). — Alors que la glace emprisonne les cours d'eau et les étangs, les poissons éprouvent une gêne bien facile à comprendre, car elle prend naissance non-seulement dans la diminution de l'air respirable, dans l'augmenta- tion des gaz insalubres que laisse échapper la vase, mais encore dans la pénurie de nourriture. Il est donc tout naturel qu'ils se portent en foule vers les ouvertures que l'homme pourrait faire à la toiture de leur prison. C'est ce qui arrive, et, au moyen de la truble, le plus simple des filets, le pê- cheur fait facilement une ample moisson. Nous n'attaquerons pas l'interdiction de cette pèche, comme nous avons attaqué la défense de la pêche au feu, parce qu'ici le pêcheur ne choisit pas, — il ne le peut pas, — il prend tout; et, comme les petits sont beaucoup plus nombreux, plus affamés et plus malades que les gros, il détruit et mésuse. Aussi, la plupart des arrêtés préfectoraux rendus en conformité de l'ordonnance du 15 septembre 1830, avaient-ils eu raison de défendre la pêche sur la glace. Espérons que le règlement d'administration publique, qui va paraître, en exécution de l'art, l'" de la loi du .'il mai 1863, sera aussi explicite. GLAIN. — Nom du Merlu (voy. ce mot), à Saint- Valéry en Caux. GLANIS (Silurus). — (Voy. Silure.) GLAOU CHOOU. — Nom provençal du Calmar. (Voy. ce mot.) GLAUCUS (Squalus). —(Voy. Sqlale blec.) *. GLAZELLE. — Nom breton du Sargue. GLOBE. — Ce filet {fig. 417) est employé dans les canaux et cours d'eau de moyenne largeur qui font communiquer les étangs salés avec la Méditerranée. On l'établit sur les berges nues, dépouillées de végétation, après avoir étudié la façon dont s'opèrent la montée et la descente du poisson. Le Globe se compose d'un filet carré dont les mailles ont 0",30 en carré : la longueur de ce filet doit excéder de l'^joO la largeur du cours d'eau, afin de pou- voir ménager une poche au centre. Il est monté, par ses quatre côtés, sur une cor- delette de chanvre formant boucle à ses angles. Dans ces boucles passent des cordes dont deux vont s'attacher à deux fortes perches placées sur une rive, tandis que les deux autres vont s'enrouler sur deux tambours ou cabestans placés sur la 23 354 (ilJjBE. rive opposée et pouvant facilenienl se mouvoir à l'aide de l)arres fixes placées en croix. Les perches et les caheslans doivent ètie espacés de manière à agir rapide- ment et sans efforts inutiles. Les cordes du tambour seront assez longues pour per- Fig. 417. — Globe. mettre au filet de gagner le fond, tandis que celles des perches doivent toujours maintenir les boucles du filet un peu au-dessus de l'eau. Le Globe est un filet sédentaire, un gi^and carrelet ; il reste en place pendant toute la durée de la saison et ne gêne en rien la navigation. Si sur la berge se trouve un chemin de halage, on a soin, d'ailleurs, de placer les perches sur la rive opposée. Le personnel d'un Globe se compose de deux hommes, un pêcheur patenté et un novice qui fait le guet et surveille le passage du poisson. Dès qu'il aperçoit leur troupe remonter le cours d'eau, il pousse le cri de <(yjflm)),pare, auquel accourt le patron. Les deux hommes saisissent alors les barres de bois, font tourner le tam- bour et relèvent ainsi le filet à 0"',60 ou 0'",70 hors de l'eau, puis arrêtent alors les barres à l'aide d'un étrier en corde fixé aux châssis des cabestans. Le pêcheur s'é- lance dans le négafol, sorte de petit batelet plat, dans lequel il est obligé de se tenir à genoux pour ne pas chavirer, saisit la corde tendue du filet, l'abaisse en pesant dessus, et la franchit avec son bateau. Il se trouve alors au milieu du Globe. Pas- sant ses doigts écartés entre les mailles du filet, il forme une poche dans laquelle il s'efforce d'enfermer les captifs. Mais les poissons fuient, courent, bondissent, et ce n'est que quand leurs forces sont épuisées, que, se rejetant en arrière et soulevant vivement le filet, le pêcheur peut les faire sauter d'un seul coup dans sa barque. Les Globes se louent comme une chasse, à l'année, au mois, à la semaine, au jour, et même au coup. Lorsque le temps est calme, les eaux claires et que, par con- séquent, on peut surveiller l'arrivée du poisson, ces filets procurent souvent de bon- nes captures ; mais si, au contraire, le temps est couvert, pluvieux, ou si le vent, agi- tant fortement la surface de l'eau, empêche de voir les poissons, le Globe est relevé toutes les vingt minutes, à peu près, et, dans ce cas, beaucoup de coups sont nuls. Ce mode de pêche s'emploie avec avantage pour capturer les Mulets qui mon- tent de la mer dans les élangs salés. iU)\',\i:. 355 GOBIE A DEUX TACHES (Gobius punctatus, Yarr.). Aronlhopt. Gobioid. Long, max = 0"',().S. L'un (les plus petits Gobies ; vient des côtes de la Manche; dilRMe de la Hiiliotte par le rayon de la première dorsale. D = 7 — 1 + 10. A=l+n. C=13, etc. La robe est rousse, un peu cendrée en avant; le dos, maillé ; la ligne latérale, tachée de blanc. Une tache noire derrière la pectorale. Lèvres noires. GOBIE A QUATRE TACHES iGobius quadrimaculatus, (;u\.). — Acanlhopt. Gobioïd. Long. niax. = CSOU. Très-semblable au G. Bnhottc, mais venant de la Méditerranée. D = (J — I + 10ou 1). A = 14-l0 ou 9, etc. Quatre taches rondes et noires sont distribuées sur les flancs de chaque côté. GOBIE BUHOTTE (Gobius mimitus, Penn.). — Acanthopt. Gobioid. Long. max. = O-n.OC. Syn. : liourgnetle, normand. — Po/ow>g, pol/y huit, angl. Ce petit poisson re-semble beaucoup au Gobie ordinaire, et est aussi commun que lui sur nos côtes de l'Océan. 11 n'a pas de rayons eflllés aux pectorales, pas de pores en lignes à la joue ou à la nuque. D = G — 1 + 10. A = 1 + 10. P = 19. V=l + 5 C= 13. Couleur générale grise ou jaune triste ; dos semé de petits points bruns ou noirs ; dorsales et caudale tachetées aussi ; une tache noire sur la première dorsale en avant. GOBIE BUHOTTE. — Ce pois.son est très-commun sur nos côtes de Norman- die : on le prend souvent dans les fdets à crevettes, on le ramasse dans les flaques d'eau des rochers en même temps que les Sprats. Dans les marais salants, d'Orbigny l'a vu établir sa demeure sous une coquille autour de laquelle il traçait, dans la vase, des routes en rayons divergents, où il se tenait en embuscade pour saisir les petits animaux qui tombaient dans ces sillons. Aussitôt qu'il en aperçoit un, il fond à l'instant sur lui, avançant par un mouvement anguilliforme de la queue, latéraleiuent agitée, et emporte sa proie dans sa petite caverne. En avril, mai, les femelles sont pleines d'œufs très-gros et jaune vif. Le Gobie buhotle se nourrit de petites crevettes dont il a toujours l'estomac plein. GOBIE CÉPHALOTE ^Gobiuscapito, Cuv.). —Acanthopt. Gobioïd. Long. max. = 0^,25. Le plus grand des Gobies européens et venant de la Méditeri'anée. Les nombres de toutes les nageoires sont les mêmes que chez le Gobie commun. La teinte estpresque semblable; l'œil seulement est plus petit. L'anatomie est un peu dilférente, plutôt comme proportion que comme diversité d'or- ganes. 11 nous semble utile d'attendre que l'étude de ces poissons soit reprise sur les lieux, pour ad- mettre cette espèce basée sur la taille presque seule. GOBIE COMMUN (Gobius niger. Lin.) — Acanthopt. Gobioid. Long. max. = 0"',I0. Syn. : Blark-gohy, Hoc/:fish, angl. — Kaeling^ suéd. — Kulling, dan. — Aat, norw. — Smôr- bult, baltiq. Petit poisson oblong {fig. 418), aplati sur la tète, et un peu comprimé vers la queue. OEil ovale; mâchoires égales. Dents en velours, et une rangée externe de dents en crochets j langue libre, large et obtuse. Pectorales ovales = 7 +JC, les premiers rayons à demi libres sont semblables à des poils. Ventrales réunies en une seule =1+6 exactement entre la naissance des pectorales; ovales. D = (» — 1 + 14 ; les G premiers rayons sont moins grêles, flexibles. A= 1 + 12. C = 13, arrondie. Couleur brun olive marbré de brun noir. Tout cela muqueux. Le devant de la première dor- sale blanc, pectorales jaunâtres avec une tache noirâtre à Ui base. GOBIE COMMUN. — Ce petit poisson littoral fraye en mai et juin; les petits abondent tout l'été dans les flaques d'eau des plages et sont plus brillants de couleur et plus clairs que les vieu.x. On dit que ces poissons s'attachent aux rochers au moyen de la ventouse que forment leurs ventrales réunies ; cela n'a rien d'étonnant : la même disposition se retrouve chez le Lumpe. (Voy. ce mot.) D'après les observations d'Olivi, rapportées par M. de Mertens (Guvier), le Gobie noir ferait un nid dans les algues et les zostères de la Méditerranée; le mâle s'y 356 GOBIOIDES. tient pour féconder les œufs que les femelles viennent y déposer; il y attend l'é- closion des œufs et défend les petits qui en proviennent. Fig. 118. — Gobie commun {Gobius niger, Liuu.). Ce poisson parait être le Boidereau ou la Buhotte des côtes de la Manche et (le l'Océan. GOBIE COULON (Gobius colonianus, Riss.). — Acanthopt. Gobioïd. Long. niax. =0°',05. Tout petit Gobie méditerranéen, fauve, à taches nuageuses sur les flancs. Nageoires jaunâtres, liord delà première gris-bleuâtre, avec trois lignes blanches ondulées vers le bord, une tache noire ronde, entourée d'un cercle blanc, formant ocelle, sur la dorsale haute. D = G ou 7 —1 + 10. A = t + 10, etc. GOBIE DORÉ ;Gobius auratus, Riss.}. — Acanthopt. Gobioïd. Long. max. = O^jOG. Syn.: Gobou jaune, î^lce. Tout à fait semblable au Gobie ensanglanté, sauf qu'il est de couleur d'ocre plus ou moins doré, avec quelques nuages et une tache noir-violet sur la pectorale, vers la base. Doit être le jeune âge d'un Gobie quelconque ; se tient parmi les rochers profonds, ce qui confirmerait notre idée ; et se prend en février, juillet et septembre. Très-bon à manger. GOBIE ENSANGLANTÉ [Gobius cruentatus, Ciiv.). — Acanthopt. Gobioïd. Long. max. = Qn'.lS. Syn. : Paganello de mar, Aspreo, Lasso, ital. — Gobou rouge, Nice. Ce petit poisson, commun sur nos côtes de la Méditerranée, est remarquable par les taches rouge vermillon qui marquettent ses lèvres, ses joues et ses nageoires. Le reste du corps est brun roussàtre marbré de plus foncé. L'œil est grand. D = fi — 1 + 14, dont le dernier double. A= 1 -|- 12, et le reste comme au G. commun. Chair très-délicate. Se prend toute l'année parmi les rochers. GOBIE JOZO (Gobius jozo. Lin.). — Acanthopt. Gobioïd. Long. max. = n",t4. Museau obtus; œil presque rond ; 3*, 4» et 5^ rayons très-longs, car on nomme ce poisson Gobie à haute dorsale . D =G— 1 + 12. A-=l + ll. P=I5. V = l+5. C=25. La robe générale est brun pâle, et les nageoires inférieures plus foncées. Première dorsale une ou deux taches noires, rondes au bord antérieur, et sur les deux dorsales des lignes longitudi- nales jaunes. Commun dans la Méditerranée, rare dans l'Océan, a été pris à la Rochelle. GOBIE NOIR. — (Voy. Gobie commun.) GOBIO FLUVIATILIS. - (Voy. Goujon.) GOBIOIDES. — 1.3«'e famille de l'ordre des Acanthoptérygiens. Ces petits poissons ont GOHl). 357 le corps allongé, déprimé, et la surface recouverte tl'iiii enduit muqueux tiès-abondant. Ce sont des poissons littoraux sans importance comme pèche et que nous ne mentionnons ici que pour que la nomenclature y soit complète. On divise celte famille en G genres : 1 . blennie, comprenant de nombreux sons-genres : Pholis, Blennechi.f, Chasmodus, Sularias, Clinus, Myxodes, Cirrhiharbes, Crùtkepi, Tripterygions, Gonnclles^ Zoarcès, etc. — 2. Anarrhique. — 3. Gobifiy également riche en sous-genres : Gobwïdcs, Amblyopes, Apocryptes, PériojyJtlIudmes, Éléotris,eic. — \. Callionyme, comprenant quelques sous-genres : //o//ît'/"oce/i-, Trichonotes, Comé- phores, etc. — 5. Plalijpfère. — G. Chirus. GOBIUS AURATUS. — (Voy. Gobie doré.) GOBIUS CAPITO. — (Voy. Gobie céphalote.) GOBIUS COLONIANUS. — (Voy. Gobie coiiLON.) GOBIUS CRUENTATUS. — (Voy. Gobie exsanglamé.) GOBIUS JOZO. — (Voy. Gobie jozo.) GOBIUS MINUTUS.— (Voy. Gobie blhoite.) GOBIUS NIGER. —(Voy. Gobie commun.) GOBIUS PUNCTATUS — (Voy. Gobie a deux taches.) GOBIUS QUADRIMACUL.ATUS. — (Voy. Gobie a quatre taches.) GOFFI. — On nomme ainsi le Goujon dans le déparlement de Vaueluse. (Yoy. Goujon.) GOGE. — (Voy. Ablette BiroNCTuÉE.) GOIFFON ET GOEFFON. — Désignation lyonnaise du Goujon. (Voy. ce mot.) GOLEROUX. — Espèces de fascines composées de morceaux de bois four- chus qu'on fait descendre au fond de l'eau peur la pêche des Lottes. (Voy. ce mot.) GOMBIN. — Nom que l'on donne, en Provence, h des nasses cylindriques qui ont deux cnUées garnies de goulets. Ce sont de véritables louves faites très-artis- tement avec des cannes et des osiers. (Voy. Nasse et Louve.) GORD. — Pêcheries {fuj. 410) qu'on établit sur le bord des rivières et au bord de la mer. Elles sont composées de deux lignes de filets ou de pieux formant Fig. 419. — Gurds. un angle aigu dont la pointe aboutit à rentrée d'im verveux ou d'un guideau. (Voy. Anguille.) 358 GOUJON. Cette poche est prohibée en mer par la nouvelle loi, et l'était également pres- que partout par les décrets de 1853, pour la pêche côtière. GOUDRON. — Nous avons trouvé, dans un livre de pêche anglais, que la Tanche était friande de toute espèce de pâte servant à prendre les autres poissons, pourvu qu'on y ajoutât du goudron. Nous donnons cette recette sans avoir pu l'es- sayer : le mélange est si facile à faire que nous engageons les amateurs à l'expéri- menter, sans cependant leur en garantir l'efficacité. GOUJON [Genre], ^Gobio,Ciiv.). — Malacopt. abd. Cyprin. Genre caractérisé par une tête large, comme carrée, à Louche en dessous, munie de deux barbillons, longs, k la mâchoire inférieure. Yeux rapprochés de la ligne frontale. Dents pharyn- giennes eu crochet et sur deux rangs. Une seule espèce en France. GOUJON (Gobio fluviatilis, Ag. ; Cyprinus gobio, Cuv). — Malacopt. abd. Cyprin. Long, niax. = 0™,23. Syn. : Greyling ou Gudjeon, angl. — Grûndling, ail. — Grendel, holl. — Kressen, Alsace. — Grandulis podops, livo. — Grumpel, Sandhwrt, dan. Corps allongé fusiforme, dos arrondi couleur bleuâtre ou verdàtre, ou jaune, suivant les eaux et les âges, mais tacheté de brun foncé ; écailles assez grandes, quelquefois violacées ; ventre blanc rosé, ligne latérale droite. La tête est assez longue et l'œil haut dans la tête. Les narines s'ouvrent entre l'œil et le bout du museau; la mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure. Dorsale et anale, 1 1 rayons, courts et sans épines ; caudale un peu échancrée, de 19 rayons ; pectorale de 16. Deux barbillons, un de chaque côté, aux angles de la bouche, comme la plupart des poissons de fond. Ces appendices charnus et mobiles, probablement siège d'une très-grande sensibilité, sont, pour les poissons vivant dans une certaine obscurité, — sous les corps flottants au fond des eaux, .-ous les herbes, — sont, disons-nous, des organes de tact très-précieux. On doit supposer que c'est au moyen d% ces barbillons qu'ils rencontrent, au milieu des par- celles solides du sable, les parties nutritives, les insectes, les détritus dont ils font leur nourriture. Ce poisson n'a pas de dents : épine dorsale, .39 vertèbres soutenues parti côtes de chaque côté. (Voy. Temps de frai.) Le Goujon se nourrit de plantes, de petits œufs, de vers et débris de corps organisés. Leur canal intestinal présente deux sinuosités. Dans cette espèce, les femelles sont cinq ou six fois plus nombreuses que les mâles, et tous ces animaux semblent se plaire ensemble, car on les rencontre toujours réunis en troupes plus ou moins nombreuses. On s'est beaucoup préoccupé, parmi les ichthyologues, de savoir ce que peut j. devenir le Goujon pendant le temps où il est rare, c'est-à-dire pendant plus de six mois de l'année. On se demande pourquoi il apparaît tout à coup en abondance dans certaines eaux, pendant les mois d'août, septembre et octobre. Quelquefois, il arrive dès la mi-juillet, ce qui dépend delà température. On a expliqué ce fait en disant qu'il se retirait dans les lacs — Quels lacs?... Où y a-t-il des lacs en France?... — pour y passer l'hiver, en sortir au prin- temps, et frayer dans les eaux courantes des rivières. Mais le Goujon fraye aux mois d'avril et de mai ; les œufs mettent un mois à éclore, et encore ne le font-ils pas tous ensemble, mais bien successivement; au mois de juin, les petits Goujons ont à peine Q">fiZ de longueur. Il est impossible d'admettre que, dans un mois au plus, ils puissent acquérir la grandeur des Goujons adultes dont on constate l'irrup- tion au mois d'août. Le fait est donc encore inexpliqué, comme beaucoup d'autres qui tiennent le même rang dans l'histoire naturelle. Ne serait-ce pas une migration aquatique analogue aux migrations aériennes dont plusieurs oiseaux nous donnent l'exemple, ou, sinon une migration, au moins un de ces voyages périodiques analogue à ceux que certains oiseaux accomplissent de la montagne à la plaine, et réciproquement, avant ou après la saison des amours? Ce petit poisson, qui a la vie assez dure, forme un excellent — et le meilleur — appât pour la Truite ; un très-bon pour la Perche et le Brochet, quoique certains pêcheurs prétendent que ces deux poissons préfèrent l'Able Chevesne petit. On trouve dans la Somme une variété de ce poisson, le Gobio obtusirostris . GOUJON. — Le Goujon recherche les cau.v vives, ni trop froides ni trop ra- jjides; dans les eaux froides, le Yéron le remplace : il préfère les fonds de sable à tous les autres, et ne passe, dit-on, .sur la vase que pour changer de lieu. Cette a| Fig. 420. -avancée à Gou- jon , à deux hameçons. o o -3 CD p. > 2 o c: < 2 o H O m- 2: o -a o nn en GOUJON. XM) remarque cependant souffre de nombreuses exceptions, car le Goujon se trouve dans des rivières à fond argileux, oîi ne se voit point de sable, mais, — remar- quons-le aussi, — où n'existe pas de vase molle. Les endroits qu'il préfère sont ceux où le sable est remué et où l'eau de la rivière, habituellement limpide, devient trouble en charriant les particules terreuses du fond. En ces lieux, il trouve en abondance les insectes microscopiques et les particules nutritives dont il fait sa nourriture ; aussi les Goujons s'y réunissent-ils en troupes et y vien- nent-ils de très-loin, remontant le fdct d'eau trouble que l'on peut créer d'ailleurs artificiellement. Connaissant ce fait, les pécheurs en profilent, quand les crues natu- relles ne leur donnent pas toute facilité de prendre le Goujon en abon- dance. Pour pécher ce poisson, on prépare un corps de ligne de deux ou trois crins tordus, et une avancée d'un seul brin bien choisi. On y monte un ou deux hameçons n°' 12 à 15, C,D {/ig. 420) suivant la gros- seur présumée du Goujon dans la rivière. Chi y place une flotte {/ig. 421) de gros seur moyenne, que l'on équilibre de plomb pour la faire tenir - . verticalement. Il fiiut avoir soin de bien sonder le fond {fig. 423), et de mettre la flotte de façon que l'hameçon ait 0'",10 de ligne- porte sur le fond. On peut employer aussi avec le plus grand succès la ba- lance (fig. -422), mais surtout dans les eaux à courant très-mou ; le sondage de l'eau est le même, les deux hameçons F, G doi- vent traîner. L'appât qui plaît le plus au Goujon est le ver rouge bien vif {fig. 424), que l'on trouve dans le terreau et le fumier, le même qu'aiment la Perche et la plupart des poissons. On peut encore se servir de l'asticot, mais on réussit moins bien. On fait choix, si l'on a une rivière sablonneuse, d'un fond de 0"',60 à 2 mètres au plus ; on s'assure que le fond ne contient pas d'her- bes ou de racines sur lesquelles le courant pourrait jeter l'ha- meçon : s'il est possible, on remue le fond avec un bâton ou un râteau à dents de fer ou un bouloir, sorte de pilon fait d'une semelle de vieux soulier clouée à plat au bout d'une perche. Le Goujon mord franchement, il attaque par deux ou trois secousses, puis la flotte s'enfuit en ligne droite en s'enfonçant sous l'eau. C'est une pêche à laquelle il ne faut pas se presser. Il est essentiel de bien se persuader qu'une fois que le Goujon a saisi le ver, — ce qui produit les premières se- cousses, — il ne le lâchera pas qu'il n'ait avalé l'hameçon et tout ce qui s'ensuit. Il ne faut donc ferrer cjK'au coup tirant, et avec un peu d'habitude, c'est un poisson que le pêcheur ne manque jamais. Quelques personnes prétendent que l'on peut attirer les Goujons en descendant au fond de l'eau, dans un sac ou un panier, des feuilles de mauve pilées avec du pain ou du chènevis. On les attire en- core dans un endroit en y coulant des boules de terre glaise garnies de son et d'asticots. Fig. 422. — Balance à Goujons. F, G, Hame- çons montés sur simple crin. —B,C, boucles de branches de fil de cuivre tordues ensemble en Det attachées en A à la ligne. 360 GRANDE COHYPHÈNE. Le moment le plus favorable pour pécher le Goujon est pendant les mois d'août, septembre, octobre et même novembre; mais, à cette époque, ils com- mencent à se retirer dans les grands fonds d'eau, près des vannes des moulins, h la bonde des étangs, sous les crônes et les racines, dans les cavités des ])erges, où ils passent Ftg. 421. - veido inreaii. l'hivei- probablement à moitié ou tout à fait engourdis. GOUJON DE MER. — Nom populaire du Gobi'e noir. (Voy. ce mot.) GOUJON-PERCHAT. — Appellation de la Gremille dans les Ardennes, sur la Meuse cl dans l'Aube. GOUJONNIER. — - Sorte decrirrelef spécial pour le Goujon. (Voy. Carrelet.) GOULET. — C'est l'embouchure en forme d'entonnoir des fdets tels que la Louve et les ditférents verveux, dans lesquels le poisson entre sans pouvoir ressortir. (Voy. Maille.) GOULU. — Nom populaire de V Anguille plat-bec ou anguille-chien. (Voy. An- guille.) — Nom que les pêcheurs de la Manche donnent à VAncliois, parce qu'il avale tout ce qu'il peut prendre. (Voy. Anchois.) GOUNGRE. — Nom du Congre à la Teste. (Voy. ce mol.) GOURNAOU. — Nom du Trigle Gourneau aux Martigues. (Voy. Trigle Gour- neau.) GRAINES. — (Voy. Amorces, Cuisson des graines. Coup.) — L'emploi des amorces ou appâts de fond, afin d'attirer et de rassembler en un coup les poissons d'un cours d'eau, est des plus utiles pour la pêche à la ligne. Ces amorces se font avec certaines graines toujours cuites et mêlées à un grand nombre de substances différentes. Les principales graines employées sont : Le blé ou froment, Vorge, l'avoine, le chènevis, les pois, les fèves dites fèves de marais, la graine de lin, etc. On les associe le plus souvent au sel, au miel, au safran, à l'assa-fœtida, au musc, au fromage, au sang, aux asticots, aux vers de terre, au crottin de cheval, etc. GRAINE DE LIN. — La graine de lin se joint à toutes les graines que l'on fait cuire pour amorcer les coups. (Voy. Amorces, Guaines, Cuisson, etc.) GRAND COUPLE (Pêche au). — (Voy. CouPLE.) GRAND HAVENEAU. — (Voy. HavENEAU.) GRAND RIEUX. — Synonyme de Folle. (Voy. ce mot.) GRANDE CAUDRETTE. — (Voy. Caudhette.) GRANDE COR YPHÈNE (Coryphaena hippurus, Lin.). — Acaiithopt. Sconibéroid. Long, max. = Odi,70. Syn. : Lampugo. esp. Ce poisson, que l'on trouve dans la Méditerranée et auquel on donne le nom de Dorade, a le corps en lame, d'un gris argenté à reflets dorés, avec des taches Lieu foncé au-dessous de la ligne latérale, d'un jaune citron en dessus de cette ligne, d'un jaune citron en dessous, avec des taches bleu clair. B = 7. D = GO. A = 28. P = 20. V = 1 + 5. C = 7, La caudale est divisée jusqu'à la base en deux lobes étroits et pointus, le supérieur plus long ; sa base est couverte de petites écailles et comme empâtée de chair ; la couleur est argentée. Les pectorales sont moitié plombées, moitié jaunes; les ventrales jaunes en dessous, noires en des- sus, l'anale jaune. C'est un poisson très-original par sa forme tron(|uée en avant et en fuseau en arrière, son immense dorsale qui part d'entre les deux yeux pour aller presque jusqu'à la queue. Les dents sont longues, en crochets, sur une ligne : le vomer, la langue, etc., en ont aussi en cardes. L'œil est doré. GRANDE CORYPHÈNE. — La Grande Coryphène est un animal des parties chaudes du sud de la Méditerranée ; par conséquent, il est assez rare sur nos côtes GRANDE SCOIIPÈNE. 361 françaises, sauf autour de la Corse. Ce poisson a reçu des Portugais le nom de Dorade (Dirudc), qui a fait une confusion regrettable avec notre Daurade vérital^le, laquelle est un sparoïde, tandis que celle-ci est un scombéroide. Leurs formes, d'ail- leurs, sont aussi dissemblables que leurs familles naturelles. GRANDE ÉPINOCHE. — (Voy. ÉpiNOCnE.) GRANDE LOTTE. — (Voy. LOTTE DE MER.) GRANDE PENTIÈRE. — Espèce de Demi-folle (voy. ce mot) de l'arrondis- sement de Cherbourg et de Brest. GRANDE ROUSSETTE. — (Voy. ROUSSETTES, § 1.) GRANDE SCORPÈNE (Scorpaena scropha , Lin.). — Acanthopt. joues cuirassées. 2 dorsales. Long. niax. = 0°',G0. Syn. : Pesce-Capone, sard. — Scrofauo, sicil. — Scorpidi, Grèce. Singulier poisson, hideux par ses pointes et les lambeaux cutanés {fig. 425) qui pendent autour de sa tête; cependant d'une belle couleur rouge minium, qui, diose curieuse, déteint surles doigts Fig. 42o. — Grande Scorpène [Scorpœna scropha, Lin.). quand on le touche. Le museau, le corps sont ondulés de marques plus foncées et plus claires, mar- brées, indécises. B = 7. D= 12 + 9. P = î + 9- V = 1 + 5. A =3 + .S. C= Il i La caudale en partie et les pectorales ont des taches rougeàlres, l'anale les porte plus rouges. La dorsale épineuse a deux lignes obliques blanchâtres et roses. Cette couleur est celle des ven- trales et de la poitrine. On trouve une tache noire caractéristique entre le septième et le neuvième rayon de la dorsale épineuse. Dents en velours aux mâchoires, langue courte et lisse. Tête sans écailles ainsi que la poitrine. le tour des pectorales et celui des ventrales. GRANDE SCORPÈNE. — Les Scorpèncs sont très-communes sur toutes les côtes de la Méditerranée : elles y vivent généralement en troupes dans la pleine mer. Leur chair est bonne, mais leurs piquants dangereu.x ainsi que leur laideur ont empêché d'en faire une pèche active. Sur les côtes de Provence, on trouve la Grande Scorpène surtout parmi les rochers (Risso). Dans le golfe de Gascogne, les pêcheurs de Biarritz vont jusqu'à si.x lieues au large N.-O., et les prennent avec d'autres poissons, de juillet en octobre et novembre. Ces poissons ont la vie dure et vivent très-longlemps après avoir été sortis de l'eau : ils ont, comme les anguilles, assez de vitalité pour remuer encore quand 362 GRANDE VOLÉi:. ils sont coupés en niorceaux. On les emploie pour l'aire du bouillon aux ma- lades. GRANDE VOLÉE (Pêche à la). — En élé, le poisson tend à se retirer, — sur- tout s'il est un peu gros, — loin des bords où l'eau n'a que peu de profondeur; il gagne le fil du grand courant, le milieu de la rivière ou du fleuve. S'il est de di- mension moyenne, il fera son séjour dans les haïs ou les remous, les culs de grève : suivant son espèce, il se cachera sous les crônes ou dans les trous que l'eau creuse (tu défaut des rochers, c'est-à-dire à l'arrière de ceu.\-ci par rapporta la direction du courant. C'est donc dans ces lieux que le pOcheur ira chercher sa proie; c'est là qu'il lui faudra l'atteindre avec sa ligne, sans cependant pouvoir s'y maintenir, et c'est ce qui a donné naissance à cette pêche à la volée. De toutes les pêches, celle-ci est la moins sédentaire; c'est plutôt une chasse au poisson qu'une pêche à la ligne, dans l'acception ordinaire du mot; et si l'on reproche à l'araignée de filer sa toile entre le bras et le corps du pêcheur à la ligne de fond, jamais elle ne se permettra sem- blable incongruité entre le bras et le corps du pêcheur à la grande volée. Cette pêche ne peut s'exécuter que dans un cours d'eau dont les berges sont élevées et praticables, non plantées d'arbres, ou bordées seulement de buissons peu élevés. Nos grands fleuves et nos rivières navigables oflrent des chemins de halage qui réunissent souvent toutes ces conditions. Il est préférable, en outre, que la ri- vière soit rapide, peu profonde, et surtout qu'elle présente des grèves où le cou- rant puisse entraîner et faire courir l'amorce. Dans les eaux mortes, la grande volée est impraticable ; elle réussit en général moins bien aussi dans les rivières dont la profondeur est considérable et partout la môme. Il faut se munir d'une canne de 5, 6 ou 7 mètres de longueur, et la mesurer non sur la grandeur de ses désirs, mais sur la force de ses deux bras, car une canne 5 de 7 mètres est une assez forte charge à manœuvrer au soleil, pendant plusieurs heures, sans re- pos ni arrêt. La canne sera celle indiquée page 142, § 7° et 8°. L'avancée ne dépassera la longueur de la canne que deO°',50 à 0"-,60 environ; elle sera faite en queue de rat et en crin solidement Fig. 426. — Ligne à grande volée. Extrémité près de Tavanoée. Fig. 427. — Ligne à grande volée. Coniniencenient de près de la soie du moulinet. Fig. 428. - Grosseur de la soie venant du moulinet. cordé ; elle n'aura pas moins de six crins {fig. 426) au plus petit bout, et pourra en avoir vingt-quatre {fig. 427) au plus gros : elle sera attachée par une demi-clef à cet endroit, à la soie du moulinet {fig. 428) passée jusqu'au delà du dernier anneau du scion. Si le pêcheur domine l'eau à une grande hauteur, — ce qui est une condition de succès, — s'il pêche du haut d'une levée ou d'un parapet, il pourra alors doimer 10 à 12 mètres à la partie en queue de rat {fig. 426 et 427) de sa ligne, et, par conséquent, atteindre beaucoup plus loin dans la rivière. Reste à escher une pareille ligne : le pêcheur commencera par attacher à l'a- vancée ci-dessus un hameçon limerick courbe à palette n" 2 à 4, ou l'un de la forme de la figure 430, monté sur une courte et solide florence bien choisie. A cet Fig. 420. — Demi- Fig. 430. clef B, attachant Short-Shank. l'avancée A à la Mince droit, ligne de soie V. w \. (j II AN DE VOLÉE. 3()3 Huunclon commun. U'.r. iiat.)' hameçon on nieUra un haimelon {/îg. 431). Si cet insecte est passe, on cherchora celui des blés, plus petit et poussiéi'eux. Quand celui-ci fera défaut, on pren- dra une grosse sauterelle verte des prairies, à laquelle on arrachera les grandes pattes avec lesquelles elle exécute ses sauts énormes. Si vous ne trouvez pas de sauterelles, prenez le criquet {/ig. 432) dont les ailes inférieures bleu de ciel vous surprennent tout à coup quand vous marchez dans les pâlis secs ou les bruyères. Cet insecte, sauteur comme la sauterelle, est gris terne. Si toutes ces ressources vous manquent, il vous reste la meilleure esche de toutes, le grillon (/îg. 433) que vous saurez prendre après avoir lu l'article qui le concerne. Tous ces préparatifs étant faits, le pêcheur va commencer sa chasse ; mais ici se présentent à lui plusieurs méthodes différentes, entre les- quelles il faudra qu'il opte, s'il ne préfère s'en créer une appropriée aux lieux où il pêche, en empruntant à chacune ce qu'elle peut avoir de bon relaavement. 1" Méthode, sans flotte au- cune. — Il faudra commencer par rouler largement l'avancée en queue de rat sur elle-même, pen- dante dans la main, devant soi et la jeter à l'eau, où on la laissera se déployer et s'imbiber parfaite- ment; ce sera souvent l'affaire d'un bon quart d'heure. Malgré cela, celte précaution ne doit jamais être négligée, car non-seulement la ligne mouillée est plus lourde, plus élastique et s'étend mieux, mais, quand elle casse, c'est tou- jours parce qu'elle a séché au soleil outre mesure. La ligne étant à l'eau, on laisse un peu suivre avec la canne pour bien l'éten- dre dans le courant, puis, la relevant doucement jus- qu'à ce que l'hameçon sorte de l'eau à peine, on la fait sauter d'un coup de poignet en arrière du pé- cheur, où elle demeure un moment en l'air étendue de toute sa longueur. C'est à ce moment que, par un second mouvement de poignet inverse du pre- mier, le pécheur lance ^^ig. 432. — Cliquet commua, ii'.i-. iiat.) l'ig. i'S'.i. — (Irillou des champs, adulte et jeune. (Hr. nat.l sa ligne en avant de toute sa longueur : c'est alors qu'elle doit s'étendre et gagner aussi loin que possible dans la largeur de la rivière. Quand l'esche, portée par l'hameçon, est arrivée ainsi au point le plus éloigné possible, elle doit tomber légèrement sur l'eau, et y demeurer sans brusquerie soutenue par le mouvement du pêcheur. Lorsque l'appât est sur l'eau, on le laisse aller au courant, en relevant 364 GRANDE VOLEE. doucement el également la canne à mesure que la ligne s'éloigne, de manière à conserver une bannière sensiblement égale. C'est sur cette bannière que le pê- cheur a l'œil. S'il s'aperçoit qu'elle file...., il ferre vite et fort, car c'est un poisson qui fuit avec l'esche Lorsque la bannière a atteint toute sa longueur au courant, sans qu'aucune attaque ait eu lieu, la ligne se rapproche tout naturellement du bord ; on la laisse accomplir ce mouvement, et quand elle y est arrivée, un coup de poignet l'enlève, el un autre la relance en avant. Tous ces mouvements doivent être très-liants et faits du poignet, jamais du hras. On peut en comparer l'ensemble à un fort coup de fouet; seulement la mèche tlu fouet serait retenue par le mouvement de manière à ne pas frapper l'eau, mais à venir y étendre son mouvement le plus doucement possible. 2"" Méthode, avec plusieurs flottes. — Ici l'avancée peut avoir une beaucoup plus grande longueur, puisqu'on lui donne jusqu'à 2 fois 1/3 la longueur de la canne, qui a environ 6 à 7 mètres, et qui peut en avoir beaucoup plus, entre les mains d'un pécheur vigoureux. L'avancée sera faite comme celle ci-dessus décrite, en queue de rat, lui donnantune grande force parle haut, etau moins sixà neuf crins par le bas {fig. 434}. La partie qui touche à l'eau le plus souvent, et qui a besoin 2 d'être mince pour ne pas faire de ^'^''^'^'^^'^^••^^'^^^^^^^^^'^iBSas^asra-ss:---:^^^^^^^^ jjyuit^ scra composée de deux ra- Fî'jr. 434. — Ligne avec flottes pour la gftnde volée. Grosseur ciueS biCU COrdécS, Ct terminée par inférieure de l'avancée, , i i • i > une avancée en un seul brin tres- fort et très-rond, car, avec une telle ligne, on n'attaque que les poissons d'une taille respectable. Il est donc nécessaire d'être armé pour la lutte. L'hameçon ne devant pas descendre à de grandes profondeurs, mais, au con- traire, se tenir tout près de la surface, on ne chargera la ligne de plomb que très- modérément et seulement quand on se servira d'appâts assez légers et assez volu- mineux pour que ce contre-poids soit nécessaire afin de les maintenir complètement immergés à quelques centimètres de profondeur. Pour terminer, il faut garnir le fil HY {fig. 43")) d'assez de flottes AB pour qu'il demeure à la surface de l'eau, ce que l'on obtient en y JL___4|];^^____^ posant trois, quatre ou cinq flottes, quelquefois jusqu'à six, ^c"" placées à 0"", 50, 1 mètre même Tune de l'autre. La première, Fig. 433. - Petites flottes qui supportc l'hameçon, le plomb et l'appât, est la plus grosse, sans cependant cesser d'être aussi petite que possi- ble ; les autres diminuent progressivement de grosseur, puisqu'elles n'ont à porter que le poids de la ligne, et la dernière est une petite boulette de liège. L'hameçon est esche, à la manière ordinaire, d'un grillon [fg. 433), comme dans la première méthode, puis le pêcheur saisit la gaule à deux mains et lance la ligne sur l'eau aussi loin qu'il peut atteindre; le courant alors l'entraîne : elle flotte doucement, ce que le pêcheur aide en suivant le courant avec attention. Il faut avoir l'œil sur la flotte la plus proche, la seule que l'on puisse voir ordinairement. Si un Chevesne s'élance sur le grillon, il entraîne le tout, et il faut ferrer vigoureu- sement, sans rien craindre ; le poisson a la force de porter le coup, et il faut en assurer, avant tout, la capture. On peut encore lancer la ligne en lui faisant décrire, avec la gaule, un cercle au-dessus de la tête : les commençants étendent cette grande ligne par terre, di- rectement derrière eux, posant l'amorce sur une pierre, en un lieu bien plat et GRAPPIN. 365 uni, où elle ne puisse s'accrocher; puis, revenant à la gaule, la prennent à deux mains et la lancent en avant; mais celte méthode est grossière et déleclucuse. A cette poche, une fois la ligne à l'eau, elle y reste jusqu'à ce qu'il y ait une at- taque du poisson, ce qui, quelquefois, est assez long et permet au pêcheur de faire pas mal de chemin. Quelle que soit la manière que l'on choisisse pour lancer sa ligne à l'eau, il est nécessaire que l'esche touche l'eau la première et la gaule jamais. Dans cette posi- tion de la ligne bien étendue et bien lancée, le pécheur tenant la gaule à deux mains, comme nous avons dit, dans une position horizontale et les deux bras bien écartés comme points d'appui, se met à suivre le cours de l'eau assez vite pour que sa gaule fasse toujours un angle droit avec le courant, c'est-à-dire qu'il va aussi vite que l'eau et qu'il prend soin de faire le mouis de bruit possible en marchant. Si les flottes s'arrêtent, il faut, en retirant doucement la gaule en arrière, s'assurer que ce n'est pas un poisson qui a mordu; dans ce cas, il faut ferrer. La pêche à la volée est permise dans tous les fleuves et rivières navigables, sans aucune permission particulière, tant qu'on esche d'un insecte, d'un fruit, etc. ; mais elle est soumise à une licence, quand on amorce d'un poisson vif. (Voy. Droits du pêcheur a la ligne.) Au lieu de se servir d'hameçons simples, pour cette pèche surtout, il vaut mieux employer de petites bricoles ou de petits grappins (/7^. 43G) que l'on fait soi-même. Nous avons indiqué la manière de les faire et de s'en servir. GRANDES CABLIÈRES. — (Voy. CabliÈRES.) GRANDES CANIÈRES. — Espèce de demi-folle (voy. ce mot) de l'arrondis- sement de Brest et de Cherbourg. GRAPPIN (Hameçon). — Les pêcheurs ont donné le nom de Grappin à un hameçon à trois branches semblables et réunies en une seule hampe; le commerce en fournit de toutes les grandeurs et assez bien faits {fig. 438 et 430) : leurs numéros ne sont pas les mêmes que ceux des hameçons ordinaires ni des bricoles. Ce genre d'hameçons est extrêmement utile et beaucoup trop peu employé : cela tient sans doute à son prix d'abord, puis à la difficulté de son empilage et de son emploi ; mais pour la pêche au vif et celle aux gros insectes, il off"re des avantages incontestables. 11 faut l'empiler sur une très-forte florence ou sur une corde filée, s'il doit servir aux poissons voraces, armés de dents, dont la mâchoire est osseuse, et contre la- quelle les trois pointes sont efficaces. 11 est à remarquer cependant que, pour pêcher le Brochet, — notre plus formidable denté d'eau douce, — le Grappin peut ^'^" être monté sur simple florence, car, une fois dans la fiV. 438 et 439. - Grappins soudés gueule du Brochet, il Tempêche de rapprocher assez à trois branches, acier bianc, deux " i 1 1 numéros. ses mâchoires pour couper la monture. Le Grappin d'un très-petit numéro, 12 par exemple {fuj. 436), est très-bon pour la pêche du Chevesne et de la Truite. Le Chevesne a une très- large gueule, très- charnue et dans laquelle un gros hameçon même ne trouve pas toujours à s im- — Grappin à deux bran- ches soudées. 366 G H A PS E MADRE. planter, tant l'animal a d'adresse pour le palper o plat entre ses lèvres, et le rejeter de suite. Avec le Grappin, rien de semblable n'est à craindre ; si le Chevesne palpe l'esche, il est pris. Pour la pêche à la grande volée, on se sert de ces petits grappins que l'on passe, au moyen d'une aiguille à amorcer [fg. 440), au travers du corps des grillons, hannetons, sauterelles, etc., dont on se sert. Les ■^ - -'-^ dards restent tout autour, au dehors, et appliqués Fig. 440. — Aiguille h passer les sur Ic corps dc l'insccte saus aucuu iuconvénient. '^*'''""*' Gomme il est quelquefois difficile de se pro- curer des grappins dans les localités éloignées des grands centres, et même dans beaucoup de chefs -lieux de département, nous allons indiquer la manière de s'en confectionner de très-bons de toutes les dimensions, et surtout des plus difficiles à trouver; car il en est des grappins comme des bricoles. Les marchands de pro- vince, qui ne sont pas obligés d'être amateurs de la pêche parce qu'ils en vendent les articles, font venir des bricoles très-grosses, mais rarement de petites, sans doule parce que les pêcheurs de profession qui les achètent pour la plupart ne les emploient, à cause de leur efficacité, que contre des poissons de grande taille. Enfin, sans chercher plus de raisons à ce fait, l'expérience nous a cent fois dé- montré la même chose : il a donc fallu y chercher remède. On prend trois hameçons n°* 8, 9, 10, 12 ou 14, selon l'hameçon triple que Ton veut faire : les plus commodes sont les limcricks droits sans palette. Si l'on n'en a pas, ce qui n'arrive encore que trop souvent, on choisit trois hameçons ordindres, dont on lime avec soin la pa- lette et la hampe en pointe en s'aidant d'une pince ou d'un étau à main dans lequel on les tient. Ceci fait, on en empile deux dos à dos, sur une forte fio- rence bien choisie, puis on y joint le troisième par un empilage fait sur l'autre et serré avec beaucoup de soin. On vernit, de ma- nière à bien pénétrer les deux ligatures superposées, et on laisse bien sécher {fig. 436). Ces hameçons se serrent dans une boite en fer-blanc^, et non dans un portefeuille où ils se déformeraient. La soie de l'empilage doit être solide, mais très-fine et bien poissée. On fait, au bout de l'empile , une boucle à ligature fine mais solide. La boucle sera petite, pour ne pas gêner dans l'ai- guille à amorcer, quand on traversera les insectes, les fruits ou les poissons-appâts. On donne aussi le nom de Grappin à un instrument de fer {/ig. 441) formé de trois crochets accolés par la plus longue branche que l'on termine en anneau A. Ce Grappin sert d'ancre au pê- cheur en canot pour s'arrêter au fond ou au rivage. Le Giappin lui sert aussi, en le traînant avec une longue corde, pour retrouver les lignes de fond dont il a perdu les points de repère. On fait, pour le pêcheur en mer, un instrument destiné au même usage et formé d'une suite de grappins enfilés à la même chaîne. On le nomme C'atenière ou Catonnière {fig. 442). GRAPSE MADRÉ. — Le Grapsc madré ou varié {Grapsus varius) est un petit crabe à têt presque carré, de 2 à 3 centimètres dans tous les sens. Sa couleur est Fig. A'tl. — Grappin de cauot. Fig. 442. — Caton nière. (jRAVENCHE. 367 jaune livide, ses tarses sont épineux. On rencontre ces petits crustacés dans les par- ties rocailleuses des côtes de Bretagne et de la Méditerranée. (Voy. Crabe.) GRAVELET. — (Voy. Vandoise.) Ce poisson est ainsi nommé aux environs de iMelz (Moselle). GRA.VEL.-L.AST-SPRING. — D'après Wallon, ce petit poisson est du genre des Truites et du Saumon; on trouve de la laite dans les mâles, et point d'œufs dans les femelles, Yarrell indique que le Last-Spring est le jeune Saumon de l'année qui descend au mois de mars les rivières et les fleuves pour regagner la mer. Ce serait alors le Smolt (voy. ce mol). La ci- tation suivante le prouve : The Last-Spring flouds that hnppen in muij, Carr,y ihe Salnwn fry down io the sea. Celle descente des Saumonneaux dure pendant tout le mois d'avril et une partie de mai. Le malheur, pour la simplicité de la nomenclature, c'est que ce nom populaire donné par les pécheurs est appliqué non-seulement aux Saumonneaux, mais encore aux jeunes d'espèces analo- gues, mais cependant dilH'rentes. GRAVEL-LAST-SPRING. — Gc poisson qui, en définitive, est un frai de la famille des Salmones, se pêche, comme tous ses congénères, à la mouche natu- relle et artificielle; mais, vu son peu de grandeur et sa bouche encore peu déve- loppée, vu le temps très-prinlanier oîi il commence à se montrer (mars), il est bon de Fig. 443. — Fourmi ailée. Fig. 4i4. — Mouclie vurtc. Fig. 443. — Mouche bleue. mettre à l'hameçon des fourmis ailées {fig. 443), ou des mouches {fig. 444 et 445), qui sont les premiers insectes naturels que l'on rencontre au réveil de la nature. On se sert, avec autant d'avantage pour ces petits poissons que pour v, la pèche de l'Ombre, des hameçons-aiguilles {fig. 446) ; aussi ne doit-on ^\ pas les négliger (voy. ce mot). '•■ On prend facilement de ces Saumonneaux dans la Loire : ils ont l'as- pect et la grandeur d'une forte Sardine ou d'une petite Alose. GRAVENCHE (Coregonus hyemalis, Jur.). — Malacopt. abd. Salmon. Long. max. = G"", 30. J urine a fondé ce genre sur de si petites différences qu'il y a tout lieu de croire, — selon nous, — que la Gravenche est tout simplement la Fera blanche ou Fera des grands ^''9- ^'^'^^ fonds du lac de Genève, en dehors du haut fond de Travers. Quand on voit le Lavaret a^'ryj1°e" avoir sept noms différents pour ses sept premières années, sur le lac de Constance, où il nous semble n'être que la Fera changée d'eau, de lieu et de climat, rien ne doit nous étonner que les Gravenches, — comme la Palée et la Marène, — ne soient que des âges divers ou des modifications d'un môme poisson. ■Valenciennes lui-même hésite à chaque instant dans sa classification des Corégones : on voit qu'il n'avance qu'a regret, en reconnaissant des différences trop et trop peu tranchées pour établir des espèces reconnaissables. Celle prescience est d'autant plus remarquable dans cette partie de VHis- toire des poissons, qu'à l'époque où elle a été écrite, on croyait beaucoup plus que maintenant à la permanence du nombre de rayons des nageoires diverses. Les observations subséquentes ont fuit voir que ce caractère était beaucoup moins fixe qu'on ne le supposait. Ainsi, à propos de la Graven- che, voici les nombres qu'il donne. B =8. D = 15. A= 13. C = 3i. P = 16. V = 12. La Gravenche ne se montre que pendant le mois de décembre, où elle fraye sur les fonds gra- veleux du rivage. Cela dure quinze jours, puis elle redescend dans les profondeurs et on ne la voit plus. (Voy. Fera.) 368 GRENOUILLE. GRAVENCHE. — Les Gravenches marchent par troupes, et on les entend de loin ;ui bruit qu'elles font en ouvrant et en fermant la bouche à fleur d'eau. Elles imitent, dans ce mouvement des mâchoires, le barbottement des canards. On les attire par la lueur de feux allumés sur le rivage. Lorsqu'on les retire du fdetavec précaution, on peut les mettre en réservoir, où elles vivent deux mois, si on a soin de renouveler l'eau fréquemment et de la tenir toujours très-claire. Au delà de ce temps, les poissons deviennent rougeàtres et ne tardent pas à périr. Elles diffèrent donc, par cela,' des Lavarets et des Feras, qu'on ne peut pas garder aussi long- temps en captivité. Leur estomac est rempli de débris de coquillages et de plantes aquatiques. Il est assez curieux que des animaux à canal intestinal aussi court soient herbivores. La chair est plus ferme et moins fade que celle de la Fera. GRAVETTE. — On donne, en Bretagne, le nom de Gravette {ftg. 447) à différents annclides errants que l'on trouve sur le bord de la mer, et qui sont excellents pour la pèche à la ligne. Tous les poissons marins les recherchent, de fond Fig, 447. — Gravette blanche. comme de surface. GRAVIER. — On donne ce nom au Véron dans le département de l'Aube. (Voy. VÉRON.) GRELIN. — (Voy. PÈCHE A LA LIGNE EN MER.) GRELOTS. — (Voy. Confection des grelots, Ligne et Pêche au grelot.) Les Grelots que l'on emploie pour monter les instruments de pêche sont en cuivre, et portent, chez les quincailliers, le n° 3. On les achète de différents timbres et, au- tant que possible, réguliers et sans aspérités qui pourraient couper ou retenir accrochées les lignes qu'on y mettrait. GREMEUILLE. — Nom donné, en Lorraine, par les pêcheurs, à la Gremille ou Perche goujonnière. (Voy. ce mot.) GREMILLE [Genre], (Acerina, Cuv.).— Par l'aspect général, les Grémilles se rapprochent extrêmement des Perches, mais leurs dorsales sont réunies; de plus le museau est creusé de nom- breuses cavités, et enfin le préopercule est fortement denté au bord extérieur, tandis que l'opercule lui-même est terminé en pointe. Dents en velours aux mâchoires. (Voy. Perche goujonnière.) GRENADIÈRE. — Espèce de Bouleux. (Voy. ce mot.) GRENOUILLE (Rana). — Genre de reptiles : ordre des Batraciens, famille des Anoures, se distinguent des Crapauds par l'extrémité des doigts et des orteils qui ne sont pas étalés en disque, par la mâchoire supérieure armée de dents, par la forme de la langue fourchue en ar- rière et libre dans le tiers postérieur de sa longueur, enfin, par la forme générale plus svelte et plus élancée. Nous ne parlons ici de ces animaux qu'au point de vue de l'appât excellent qu'ils forment, encore petits {fig. 448), pour la prise des poissons carnassiers, Brochet, Perche, Truite et même du Chevesne. Les grenouilles ont de chaque côté de la gorge une vessie vocale très-apparente quand elle est remplie d'air et au moyen de laquelle l'animal fait entendre ses coassements. La femelle, qui ne possède pas cet organe, ne peut produire qu'un léger grognement. Les grenouilles se nourrissent de vers, de larves, d'insectes aquatiques et de petits mollus- ques. Elles passent l'hiver engourdies dans la vase et s'accouplent au printemps. Leurs œufs dis- poses en chapelets sont abandoiuiés h la surface des eaux. Au bout de quelques jours, les petits en sortent {fig. 449) ; ils portent le nom de têtards, sont absolument aquatiques et respirent par des branchies. Quinzejours après^on leur voit des yeux et des rudiments de pattes de derrière, et deux ou trois mois plus tard, leur peau se fend sur le dos, et l'animal en sort à l'état parfait et avec une queue qui disparaît graduellement. On compte environ "."0 espèces de ces animaux. Les plus communs sont : la grenouille verte, ou grenouille commune {fig. 446) verte avec trois bandes dorsales d'un beau jaune d'or; la gre- GRILLON. 369 nouille muette ou rousse porte une tache noire entre l'œil et l'épaule. Le mule n'a pas de vessie vocale. Elle habite les champs, les vignes et ne va à l'eau que pour pondre. Les rainettes ou grenouilles d'arbres sont toutes voisines des grenouilles propres, et pour la Fi y. 440.— !<;' âge. Fiy. 4oO. — afe'e. Fig.iiS. — La Grenouille verte (état parfait), {Bana esculenta. Lin.). Fig. 451. — 3e âge. Têtard de la grenouille \erte, à différents degrés de son développement. Fig. 432. — Manière de monter le Grappin pour la pêche à la Grenouille vivante, de surface. pe'che peuvent servir aux mêmes usages. Elles ont les doigts élargis en ventouses, au moyen des- quels elles peuvent grimper sur les arbres pour chercher leur nourriture qui consiste en vers et petits insectes. En hiver, elles se retirent comme les gre- nouilles au fond des eaux et s'y engourdissent ; leur cri est plus plein et plus fort. C'est la grenouille qu'on emploie, dans un Local, comme baromètre. Pour les placer à l'hameçon, on en choisit de très-petites qu'on enferre sous la peau du dos, en y passant la pointe de l'hameçon qu'on fait ressortir entièrement. Ainsi prises, les grenouilles vivent très-longtemps en nageant à la surface de l'eau, où elles sont attaquées par les Brochets, les grosses Perches, les gros Chevesnes, les Truites, etc. On s'en sert également aux lignes de fond, la nuit, pour les Anguilles, mais dans ce cas, on les enferre solidement par le corps afin qu'elles ne puissent s'échapper. Il est bon, quand on se sert de cet appât vivant, de prendre au moins un hameçon no I. Il est bien préférable encore de se servir d'une petite bricole de deux n»^ 7, ou d'un grappin de trois nos 12 {fig. 461). Les grenouilles grises sont préférables aux vertes, elles vivent plus longtemps. GRENOUILLE PÊCHEUSE. — On connaît sous cette appella- tion vulgaire la Baudroie, sur plusieurs côtes de France. GRESLIN. — A Fécamp , on donne ce nom au Lieu {Gadus virescens). GRÈ'VES. — C'est l'endroit que laisse à découvert la marée deux fois par jour. C'est également le théâtre des exploits de la pêche à la Petite Câ- blièie, et, le plus souvent, de la pêche à la ligne à la canne, seulement quand des rochers le dominent à haute mer. La qualité des grèves, ou plutôt leur constitution sableuse, vaseuse, ro- cheuse, etc., influe non-seulement sur l'espèce et la qualité du poisson qu'on y pêche, mais encore sur les différents moyens à employer pour les prendre. GRIFFON. — Synonyme de Bricole, hameçon. (Voy. ce mot.) GRILLON (Grillus). — Genre d'insectes orthoptères, famille des Sauteurs. Cet insecte, que tout le monde connaît, est un des meilleurs appâts pour les poissons carnas- 24 Fig. 453. Petit Grappin excellent pour la Grenouille. 370 GRILLON. siers. Il a la tète très-bombée, le corps noir et des antennes, dont le premier article est court et <>pais. Les mâles font entendre uii bruit bien connu, qui les fait appeler cri-cri par onomatopée : c'est le bruit du frottement de leurs cuisses contre leurs élytres. Nous avons en France : 1» Le grillon des champs, longdeO^OS, d'un noir brillant, qui se creuse de petits terriers dans les terrains sableux et secs exposés au soleil. 2° Le grillon domestique, plus petit et d'un brun rougeàtre. Il est commun dans les bou- langeries. La chasse de ces insectes doit précéder, pour le pêcheur, l'emploi fructueux qu'il veut en faire; cette chasse est amusante et exige la connaissance superficielle des mœurs dugrillon. Le grillon habite son terrier jusqu'à ce que les vignes ou les blés soient assez grands pour lui offrir une retraite tranquille et ombragée. Il ne le quitte guère avant la fin de juin ou la mi- juillet, il prend alors sa course, faisant entendre son cri-cri joyeux, et dans cette saison n'est plus facile à prendre. Cependant il reste toujours quelques retardataires, et on en prend encore vers la fin de juillet, mais beaucoup moins. Quand le grillon a quitté son terrier et conquis la clef des champs, il redouble de surveillance et de ruse pour ne pas se laisser découvrir ; il se tait et se tapit à l'approche du danger, ou bien il fuit *\vw^-"- ^- _ rr- ' ^^35 rapidement entre les chaumes -"^i-N^i^ A. ■-\ j^;:^ ;:,^ vK "" ^^^ ^^l'^s ou sous les pampres de r • ifiiffliMfc:' . '■>' \\,„ - la vigne, et comme il ne faut pas une grande place pour le cacher, il est bientôt en sûreté. Le pê- cheur est donc, dans cette saison de l'année, obligé de faire une vraie chasse au grillon, peu fruc- tueuse et fatigante, tandis qu'on peut le prendre au gîte quel- ques semaines plus tôt. Il faut chercher le terrier (lu grillon dans les prés hauts, non sujets aux inondations, sur la pente des collines tapissées de gazon, et sur le revers, après midi toujours, des levées, des berges et des talus de fossés. On regarde attentivement si l'on ne voit pas de trous environ de la grosseur de l'index d'un homme ordinaire, dont l'orifice soit tourné assez ordinairement, et même presque toujours, vers Vouest. En a-t-on découvert ? on regarde de près, et l'on remarque à l'entrée de l'herbe broyée et coupée ; le trou est donc habité, et si le grillon est chez lui, on peut l'avoir ; mais il n'est pas tou- jours à la maison, et ne se prive pas du plaisir d'une petite promenade dans les environs. On s'est muni d'un chalumeau de paille long comme l'avant-bras, et coupé à l'endroit le plus fin et le plus flexible du chaume, près de l'épi. On introduit ce fétu dans le terrier au moyen de la main gauche, et l'on tient la main droite suspendue au-dessus du trou, pour saisir le grillon au moment où il va sortir.... Si le grillon se fait prier pour sortir, on tourne la paille entre les doigts et on le chatouille doucement; il sort enfin et s'arrête sur le bord de son terrier avec un air courroucé ; il faut le saisir immédiatement, car s'il rentre, il ne sortira plus et se fera tuer au fond de son trou plutôt que de le quitter. On en manque moins en se munissant d'un couteau ouvert dans la main droite ; quand le grillon met le nez à la fenêtre, on enfonce brusquement la lame derrière lui et on lui coupe la retraite ; il est alors beaucoup plus facile à saisir pendant qu'il s'obstine à rentrer malgré cet obstacle invincible mais inconnu pour lui. A mesure de la prise, on les met dans la boîte CD {fig. 455), où l'on a in- troduit un peu d'herbe en soulevant le grand couvercle. L'introduction de l'herbe, dans la grande boîte où l'on essayera de les conserver, est indispensable, car, sans cela, ils se mangeraient les uns les autres, et au bout de quelques jours on n'en retrouverait plus qu'un et encore mutilé. Dans tous les cas, ce sont des prisonniers d'une conservation difficile, et malgré l'herbe, les plus petits ou les plus maltraités servent de pâture aux plus forts, sans rémission. Il faudrait pouvoir les séques- trer et, — vu leur haute valeur, — leur construire une prison cellulaire, ce qui pourrait se faire F^y. 4'ii. — Grillons des champs. Adulte et jeime. tig. 455. — Boîte Grillons. GUELDUE. 371 dans de l'argile en y pétrissant de petites lialiitatioiis Mialogues au terrier naturel, et dont le cou- vercle s'enlèverait en les mettant à nu. GRILSE. — Ce mot anglais est adopté pour indiquer un Saumon adulte de premier retour. Cet animal est descendu Smolt à la mer, il en remonte Grilse : il était entant, il est devenu homme. Il pèse alors 1 à 2 kilogrammes, et va opérer /■/(/. 456. — (ii'ilse. (Saumon adulte de !<■'' reluui'.) son premier frai : il est dans sa cinquième année, et plus ordinairement dans sa quatrième. Il redescendra encore une fois à la mer, cette année, à l'été, pour remonter à Thiver Saumon parfait. (Voy. Saumon, Smolt, Parr.) GRISET (Notidanus grisous, Couch.). — Chondropt. à branchies fixes; plagiost. Long, mnx. = 2'",:iO. Syn. : Grey-notidamis, angl. Le Griset, dont on connaît deux espèces propres à la Méditerranée, diffère desMilandrespar l'ab- sence de la première nageoire dorsale. Son corps est très-allongé, renflé et très-comprimé latérale- ment. Il est remarquable par ses six ouvertures branchiales très-larges, en avant des pectorales. La langue est adhérente et les dents triangulaires en haut déchiquetées, tandis qu'en bas elles forment une espèce de scie à plusieurs rangs. Son museau est arrondi et déprimé comme celui du Requin. Les écailles sont entières et très-petites, en forme de feuilles ; les pectorales quadrangulaires à coins arrondis, l'anale ronde en avant, pointue en arrière, la caudale d'une forme toute spéciale a le lobe supérieur très-allongé, coupé obliquement et l'inférieur très-petit. La couleur du Griset est cendrée en dessus et blanchâtre en dessous. GROGNEUR. — Nom vulgaire du Cotte-Scorpion. (Voy. ce mot.) GRISEUS (Notidanus). — (Voy. Griset.) GRONDIN [Ge?îfe] (Trigla, Lin.). — Acanlhopt. joues cuirassées. Ces poissons ont un énorme sous-orbitaire, qui couvre entièrement la joue, et s'articule même, par une suture immobile, avec le préopercule qui ne peut se mouvoir qu'avec lui. Les côtés de la tête, à peu près verticaux, lui donnent une forme approchant du cube ou du parallélipipède, et ses os sont toujours durs et grenus. Le dos porte deux nageoires distinctes, et il y a sous la pectorale des rayons libres au nombre de trois. Les Grondins ont environ 12 cœcums et une vessie aérienne large etbilo- bée. Plusieurs espèces font entendre, quand on les prend, des sons qui leur ont valu leur nom vul- gaire de Grondins. GROSEILLE (Pêche à la). — On se sert dans les remous, et aux endroits oii l'eau des rivières est agitée, de groseilles rouges, grosses ou à grappes, pour prendre les mêmes poissons qui viennent à la pêche à la cerise, au raisin, au sang, etc. GROS-GUILLAUME. — Nom de hi Haie Bâtis h Douàvnenez. (Voy. Raies, §4.) GRUNDEL. — Appellation lorraine de la Loche franche, dans la partie qui confine à l'Allemagne. (Voy. Locue franche.) GRUNDLING. — Nom que l'on donne, en Alsace, à la Loche franche, quoi- que ce soit aussi celui du Goujon. (Voy. Loche franche.) GUELDRE. — La Gueldre est une espèce de rogue composée de menues Cre- vettes, de Crabes naissants, et d'alevins de toutes sortes de poissons que les pêcheurs pilent pour les réduire en pâte. Cette matière devrait être formée , 372 GUIDEAU. seulement des petits Crustacés marins non comestibles que l'on rencontre en im- menses quantités sur toutes les côtes sablonneuses, et principalement vers les embouchures saumâtres des rivières : malheureusement il n'en est point ainsi, et, cette année encore (1866), dans la rivière de Quimper, nous avons examiné des tonneaux de rogue que nous avons trouvés entièrement composés de jeunes Cre- vettes comestibles, Grangonset Palémons, et de frai de poissons. C'est ainsi que des quantités immenses, incommensui^ables, de frai de Turbots, de Soles et d'autres poissons littoraux sont inutilement et stupidement détruites parles riverains, chaque année ! Comment pourrait-il en être autrement? Cette pêche se fait à deux hommes, au moyen d'une espèce de petite senne en étamine ou en canevas qu'ils traînent entre eux, sur le sable du rivage, par un mètre d'eau. Tout est emporté sans dis- cernement, sans choix ; tout est salé ensuite, et compose cet appât digne de la barbarie et de l'ignorance d'un autre âge On trouve, dans cette Gueldre, une énorme quantité de jeunes Syngnathes de différentes espèces. Comme ces petits poissons sont sans utilité pour l'homme, il n'y a là aucun inconvénient; mais les milliers de Turbots, de Soles, de Mulets, etc. !... rnais les milliards de Crevettes!.... Les Crevettines seules devraient être soigneu- sement conservées dans cet appât, et la pêche qui détruit tant de bonnes espèces, pour en utiliser un si petit nombre de mauvaises, devrait être sévèrement prohibée. Quel que soit le prix du tonneau de Gueldre, on est effrayé de la valeur de &\x\)- stance alimentaire /jre'ceeMse qu'il représente, ainsi détruite en germe. Encore, si l'on manquait de substances animales à utiliser ! Mais, sur ces mêmes côtes, abondent les Sprats, les Prêtres, les Piloneaux, etc., tous petits poissons sans valeur, et qui en acquerraient une réelle à être transformés en appâts utiles. En présence d'une sem- blable dilapidation, ne nous étonnons donc plus de l'appauvrissement des côtes de France, et espérons qu'une prompte répression viendra tarir ce commerce insensé. Par le règlement sur la pêche maritime côtière du 4 juillet 1853, il est défenu d'employer la Gueldre ou pâte obtenue en pilant des Chevrettes, Crabes et petits poissons de toute nature, ainsi que les bonnes espèces de poissons, crustacés et co- quillages qui n'ont pas atteint les dimensions réglementaires. La lettre !...., bon ! mais la répression?.... néant! GUIDEAU. — Filet en forme de manche dont on présente l'embouchure à un courant qui la traverse. Ces filets s'établissent soit entre les arches des ponts, soit au déversoir des moulins et des usines. Tout le poisson gros ou petit, bon ou mau- vais, s'y trouve emporté, pressé et y meurt en peu de temps. Comme ce filet a quelquefois 10 mètres de long, et qu'on ne pourrait pas le retourner pour en faire sortir le poisson, on ajoute ordinairement, à l'extrémité, un verveux ou une nasse dans lequel le poisson se rend et d'où on le retire faci- lement. Ces filets portent des mailles de différentes grandeurs; celles de l'em- bouchure ont de 5 à 6 centimètres de côté; au fond, elles n'ont souvent que 8 à 10 millimètres, et, dans ce cas, l'engin devrait être prohibé, car il devient très- meurtrier ; tous les petits poissons qui y entrent s'y trouvent roulés par l'eau au milieu des brindilles, des her]}es, de la vase, et sont tués rapidement. Les gros mêmes y sont souvent meurtris et n'échappent pas à la mort ; aussi le poisson des grands Guideaux sédentaires est-il peu recherché, parce qu'il est presque tou- jours hoyé. On associe souvent la disposition des Gors {fig. 419, p. 357) aux Guideaux, c'est- à-dire qu'on fait à celui-ci deux longues avancées divergentes en filet, lesquelles, ta- GUIDEAU. 373 misant plus crcau, amôncnl plus de poisson à la bire centrale. Le Guideauest propre- ment le filet des biefs de moulins, d'usines, etc. 11 s'emplil facilemen Ide poissons blancs et d'Anguilles, la nuit surtout, dans les crues ou quand le temps est lourd et orageux. La Carpe, la Tanche, la Truite, le Brochet s'y laissent porter moins aisé- ment, mais encore y viennent-ils apporter leur contingent de temps à autre. Les Guideaux, dans ces cas-là, sont montés sur un assemblage d'ouverture en pièces de bois qui s'adaptent aux vannes ou aux déversoirs. Comme conclusion, nous devons dire que ce filet est l'un des plus dévastateurs qui existent, que son emploi devrait être sévèrement prohibé en eau douce, à moins qu'une surveillance efficace, — tout à fait illusoire à l'époque où nous vivons et sous la législation actuelle, — ne vienne assurer l'emploi de mailles assez grandes pour laisser librement passer les alevins et ne retenir que les poissons dont la cap- ture peut être utile. A cela les intéressés répondront que le Guideau est spécialement destiné à la pêche des Anguilles, que l'Anguille adulte passe par une très-petite ouverture, qu'on est donc forcé de resserrer les mailles pour arrêter ces animaux. Ces considé- rations, sont justes, mais il vaut mieux ne prendre que des Anguilles de très-forte taille ou n'en pas prendre du tout, au besoin, que de dévaster et de dépeupler pério- diquement les cours d'eau de la France. Le Guideau est un filet trop commode pour qu'on ne l'ait pas employé à la pè- che de mer. On en a formé effectivement de hauts et de bas étaliers. Pour établir des Guideaux en hauts étaliers, on choisit l'embouchure d'une rivière ou le lit d'un courant. On s'approche le plus possible de la laisse de basse mer, et là on étabht une espèce de barrage en enfonçant des pieux ou chèvres à peu près d'un mètre dans le sable, et assez longs pour qu'il leur reste, suivant la profondeur de l'eau, une hauteur de 2 mètres au moins au-dessus du sol. On en plante ainsi, les uns à côté des autres, autant que l'on a de Guideaux à placer entre eux. Gomme ces filets doivent supporter le passage de la marée, on attache la tête de chaque chèvre à une corde fixée au sol par un solide piquet. Chaque tête des chèvres est de même réunie par une corde d'étai qui s'attache aux deux extrémités, dans le sol, de la même ma- nière. On tend à O^'jSO de terre une seconde corde parallèle à celle-ci et entourant les chèvres pour en augmenter la solidité. Ceci fait, il ne reste plus qu'à attacher les Guideaux entre chaque chèvre. Cha- cun de ces filets a 6 mètres environ de long, l'embouchure s'évase jusqu'à environ 2", 50 de diamètre, et les mailles, près de cette embouchure, qui est bordée d'une corde solide, ont de 25 à 40 millimètres de côté. A 4 mètres de l'entrée, elles n'ont plus que 20 millimètres. On continue à les rétrécir ainsi jusqu'au dernier mètre, où elles ont de 5 à 7 millimètres. L'embouchure du filet s'attache- non-seulement aux cordes supérieures et inférieures qui réunissent les chèvres, mais encore à des an- neaux de fer amarrés aux pieux. L'embouchure des Guideaux regarde toujours la terre, afin que la marée des- cendante y laisse le poisson de flot. On visite ces engins à chaque marée ; malheu- reusement le poisson qu'on y trouve est presque toujours hoyé. On amarre souvent à un piquet la queue de chaque Guideau, pour empêcher que la marée ne le roule, ne le torde ou ne l'enchevêtre avec ses voisins. Ce filet est fort en usage sur les côtes de Normandie pendant l'hiver, du com- mencement d'octobre à la fin de mars. Les bas étaliers ou bac/tes volantes sont montés sur des piquets qui ne dé- 374 HAMEÇON. passent le sol que de 1 mètre. Les cordes d'étai sont inutiles alors ; les Gui- deaux sont naturellement de grandeur assortie, et ces fdets ne s'installent guère à demeure. On les pose, pour une marée, dans un endroit qui parait conve- nable, sauf h les transporter plus loin le lendemain. On les oriente comme les hauts étaliers. GUIDEAU DE PIED. — (Yoy. FAUX.) GUILDILLE, GUILDIVE, GUïLDE ET GUILDRE. — (Yoy. GUELDRE.) GUISEAU. — Le nom de Guiseau est donné, en Normandie, à une variété d'Anguille dont la tète est assez courte, l'œil grand, la chair ferme et plus grasse que celle de TAnguille commune. C'est celle que l'on désigne sous le nom de Pimperneau. (Yoy. Anguille.) La synonymie des espèces d'Anguilles est extrêmement obscure. GURNARD. — (Yoy. RoUGET GRONDIN.) H HABILLOT. — Nom picard de VEgrefui. (Yoy. ce mot.) HADOU. — Nom donné en quelques endroits à VEgrefm. HAIN. — Dénomination vieillie de V/iomeçon, cependant encore employée dans la campagne et sur la plupart de nos côtes de la Manche. HAIS OU HAIE. — On donne ce nom aux retours que fait l'eau dun lleuve ou d'une rivière, lorsque, arrêtée dans son courant par un corps qui lui oppose une ré- sistance, elle revient sur elle-même dans la direction de ce corps. Une palissade serrée, un mur, un perré entrant dans le lit d'une rivière et bar- rant une partie du courant, donne lieu à un Haïs. Les piles d'un pont présentent un mouvement d'eau analogue, mais qui prend plus volontiers le nom de remous, parce que les deux mouvements contraires de l'eau qui passe sous chaque arche produi- sent un effet giratoire derrière la pile. HALACHIA. — Nom de V Alose h Marseille. (Yoy. ce mot.) HALIN. — Synonyme de Aussière. (Yoy. ce mot.) HALOPIN. — Nom de Va petite Senne dans le 2' arrondissement. (Yoy. Senne DRUE.) HAMATUS (Salmo). — (Voy. Bécard.) HAMAUX. — ^Hets extérieurs, à grandes mailles, du TramoH. (Yoy. ce mot.) HAMBURGE — (Voy. Carrassin.) HAMEÇON. — Toute la pèclie est dans l'hameçon. L'Hameçon est l'instrument universel du pécheur sauvage aussi bien que du pêcheur civilisé. Il est aussi naturel <à l'homme que la lance ou la flèche, laquelle n'a pas deux manières d'être et se retrouve partout la même, une tige armée d'une pointe à l'une de ses extrémités. L'homme a importé avec lui, sur la terre, un certain nombre d'instruments qui semblent nés avec ses premières idées, qui répondent à ses premiers besoins et qui, de leur nature, sont si simples et si complets que le perfectionnement n'existe pas pour eux. HAMEÇON. 375 L'Hameçon est de ce nombre : on en a perfectionné la malière, — qualité non essentielle de son être, — mais non la forme qui en est constitutive : l'Hameçon est ou n'est pas, rien à perfectionner là dedans. Il a été inventé chez le sauvage, il se compose, encore aujourd'hui chez lui, d'épines, d'arôtes, d'os, de pierres môme : chez les nations plus civilisées, il est en métal fondu plus ou moins grossier, bronze {pg. 457 à4o9), cuivre ou fer : enlhiles progrès de la fabrication l'ont amené à être aujourd'hui une tige d'acier trempé {fig 465 à 481), plus ou moins fine, arrondie en cro- chet; le bout le plus court se termine par une pointe barbelée , la tige principale ou hampe est légèrement aplatie à son extrémité {fi(j. 459), pour empêcher que la ligature, qui réunit l'Hameçon à l'empile, ne glisse et ne Fig, 4o7 — Premier hameçon de Tàge de bronze ; pas encore de dard barbelé, c'est un simple crochet de métal. Provient dos habitations lacustres du lac de Zurich. Fig. 4rj8. — Hameçon de l'âge de bronze ; deuxième forme. Apparition du dard et de l'anneau pour attacher à la ligne. Provient des habita- tions lacustres du lac de Zurich. on le fait : on prend une épine laisse échapper ainsi l'Hameçon et la proie qui y est attachée. Dans nos provinces littorales de la Manche, on se sert encore de la forme primitive de l'Ha- meçon sauvage, V Hameçon d'épine, pour pren- dre certains poissons de mer. Yoici comment d'épine blanche à laquelle on conserve adhérent un peu du bois de la branche qui la porte : les pêcheurs prétendent que ces hameçons grossiers sont préférables aux hameçons métalliques, parce qu'ils ne s'enfoncent pas dans la vase des bancs où ils établissent leurs cordées. Quoi qu'il en soit, il est si facile, — au moyen d'un corce- ron [fig. 438), — d'alléger l'Hameçon pour qu'il ne porte pas, que leur raison principale est sans doule une économie bien mal entendue, si l'on pense à la grossièreté de pareils engins com- parés aux moins bien faits de nos Hameçons métalliques. L'Hameçon, comme la lance, étant inventé de toute anti- quité, les modifications les plus profondes qu'il ait éprouvées ont porté sur sa grosseur surtout : il fallait déjà beaucoup d'adresse pour tailler un morceau de coquillage en hameçon de la grosseur de notre 00000 actuel ; or il y a bien de la dis- tance entre ce numéro et le 20 ou 22 des Hameçons fins que nous fabriquons aujourd'hui. Mais il ne faut pas oublier que le nombre des poissons, et surtout leur taille, a diminué en même temps que la taille des Hameçons, tandis que la difficulté de les prendre a suivi une marche encore plus rapide. La civilisation, partout où elle touche, rend défiants les animaux autochthones. Ainsi les premiers navigateurs qui abordè-rent à certaines côtes privilégiées, y tuè- rent à coups de bâton des oiseaux ahuris et ne sachant pas quel était ce nouvel agresseur ; ils y prirent à pannerées, pendant la marée basse, les poissons les plus délicieux. De nos jours, les oiseaux ont fui, ou sont devenus défiants; on ne les tue plus qu'au fusil, et encore : les poissons ont appris la lutte et la méfiance, et si l'on en prend encore là-bas un plus grand nombre avec plus de facilité que sur nos côtes dévastées, il faut l'attribuer à la prodigieuse fécondité de certaines espèces, quand elle est aidée par la température admirable des climats chauds. Fig. 439. — ■i<^ forme, Perfectioimement. Non- seulement le dard existe, mais la palette se montre pour l'empilage. De plus, elle porte des crans afin que l'adhérence de la li- gature soit plus complète. Entre cet hameçon et ceux de nos jours il n'y a de dif- férence que la perfection de l'outillage producteur et la matière. Provient éga- lement des habitations la- custres de làge de bronze, sur le lac de Zurich. 376 HAMEÇON. Fig. 460. — Hameçons allégés Ijouchoiis de liège. Sans remonter aux temps bibliques et sans nous occuper des animaux aquatiques que les Hébreux tenaient en petite estime, ne connaissaient que très-peu dans leur pays sec et désolé, — et qu'ils n'ont pas pu faire entrer dans l'arche de Noé, — il faut constater, comme nous l'avons fait, que l'inven- tion de l'Hameçon ne peut avoir de date certaine ni même approximative, pas plus que celle de la flèche, de la lance, du bouclier, etc. Ce sont des créations pour ainsi dire instinctives , sponta- nées, chez tous les peuples répandus à la surface du globe, et tellement inhérentes au développe- ment de leurs facultés, que le premier instrument que fait l'enfant sauvage ou l'enfant le plus civi- par des lisé, est le même : c'est un arc et sa flèche. L'enfant devenu jeune homme tourne sa flèche, devenue plus grande, contre les animaux de la forêt; il la tourne de môme contre ceux du rivage. La tentation de manger les poissons que l'eau du fleuve grossi aura laissés sur les bords ou dans des dépressions naturelles à portée de la main, est naturelle, et l'homme a aimé le poisson dès qu'il a pu en prendre. Mais le fleuve ne grossit pas souvent, les réservoirs natu- rels sont vite épuisés, et cepen- dant les hommes virent dans les ondes transparentes mille poissons se poursuivre, se dévorer, se jeter avidement sur les portions de ma- tières assimilables qui tombaient à l'eau, sur une graine, sur ml in- secte jouet du vent ou du ha- sard La pêche était inventée, et, du môme coup, la destruction de l'homme, — en tant qu'espèce, — était devenue impossible, car la mer lui fournirait seule sa nourriture, si la terre pouvait la lui refuser. Cacher sous un insecte ou sous une graine, dans un fruit, le crochet qui ramènera le poisson, alors que celui-ci aura englouti le tout, voilà l'Hameçon trouvé ; y faire un trou, dans lequel on passe un brin d'aloès, de chanvre, de tout autre filament végétal, une tige de hane parasite des tropiques, un crin , et voilà la ligne complète, et telle qu'elle sert depuis la création du monde !.... En étudiant attentivement les curieux vestiges des instruments de pêche des peuplades qui ont habité notre pays et les pays voisins, dans des temps anté-histo- riques, nous avons en quelque sorte acquis la certitude morale que l'hameçon, tel que nous le connaissons maintenant, n'est peut-être pas le premier qui a dû servir. En effet, on a trouvé en môme temps que les formes des figures 4o7, 438, 459, la forme 46^ et 463 qui est une véritable bricole, mais si simple, si facile à faire et en même temps si efficace, qu'il est impossible qu'elle n'ait pas été préférée, dès l'abord, par ces peuples grossiers. Cette forme, en effet, rend l'attache de l'hameçon à la ligne incomparable- ment plus facile et plus solide. A cette période, où le dard n'était pas encore in- Emploi, sur les côtes de Norwtî soule\er les empiles. du bois pour HAMEÇON. 377 Fig. 462. — Bricole primitive de l'âge de broaze, trouvée dans les habitations lacus- tres du lac de Neufchâtel. Cette première forme est excessivement remarqua- ble. venté comme dans la forme 458 et 459, celle-ci offrait en même temps une beau- coup plus grande sécurité que le poisson piqué ne se débarrasserait point. Ainsi, fait très-remarquable ! la bricole que nos pécheurs ont presque aban donnée, la bricole que, nous, nous recommandons comme un des perfectionnements de la pèche à venir, la bricole était pro- bablement l'hameçon préféré et le plus employé par nos pères ! Tout nous prouve d'ailleurs que l'art de la pêche était en grand honneur parmi ces populations, et poussé aussi loin que leur mode d'outillage le leur permettait, mais certaine- ment plus loin que beaucoup d'auteurs ne le soupçonnent. Ainsi l'emploi de la flotte leur était parfaitement familier, et nous n'avons pas eu de peine à en reconnaître un grand nombre, de formes et de grosseurs différentes, rangées parmi les objets curieux que les fouilles ont rame- nés au jour. Ces flottes étaient en bois léger, tilleul, saule ou tremble — la décomposition à demi charbonneuse du bois rend la détermination de son espèce difficile — et de la forme d'une olive ou de deux troncs de cône opposés par la base, que les pêcheurs campagnards donnent encore à un /ri^.4G3.— Deuxième forme de bouchon lorsqu'ils le taillent pour le convertir en flotte grossière. Ces flottes sont assez grosses, la plupart appro- chent du volume d'un œuf de poule ; ce fait nous amène à déduire deux conséquences : la première, que la ligne de- vait être lourde, ce dont nous ne doutons pas un moment en pensant qu'elle était faite de fibres végétales grossières, perméables à l'eau, et réunies d'une manière très-superfi- cielle ; la seconde, que la pêche se faisait à fond, par conséquent avec une ligne longue et destinée à aller chercher dans leurs retraites les poissons les plus forts. La grosseur de l'hameçon indiquait d'ailleurs le choix de ces proies et rendait la pêche à la ligne propre seulement aux grosses espèces. 11 est probable que certaines autres flottes de bois plus considéra- bles, rapprochées de prènes rondes, oblongues et perforées {fig. 464), indiquent l'emploi de filets qui servaient à capturer les espèces lit- torales de moindre dimension. Nous avons fait remarquer plus haut que les Hameçons actuels étaient simples de forme, et qu'ils se décomposaient en plusieurs parties dont chacune a son nom : la hampe ou la plus grande branche, le coude ou la partie courbée, \^ pointe on la plus petite branche, celle qui est acérée et munie d'une barbe relevée en sens inverse, laquelle retient l'instrument dans les chairs resserrées sur elle, après le passage de la pointe principale. La manière dont sont construits les Hameçons soignés des plus petits numéros, est très-importante comme emploi, et remarquable comme difficulté vaincue ; certains de ces engins sont de véritables chefs-d'œuvre de précision. En énumérant les diverses parties constitutives de l'Hameçon, il n'est pas besoin de faire remarquer que la valeur finale de l'instrument dépend autant de la relation, de la proportion la meilleure entre ces parties principales, que de la matière même qui sert à composer l'instrument. Nous avons examiné à chacun des mots Palette, Hampe, Dard, Courte-queue, les différentes formes bricole provenant également des habitations lacustres, mais du lac de Zurich. La fabrication est moins simple, il y a progrès; on s'est aperçu que la hampe de la première fig . 462 rend l'eu- trure du fer plus difficile, et que l'engin bascule dans la bouche du poisson. Fig. 464. —Pierres perforées pour charger les filets. 378 HAMEÇON. que ces parties comportent et les qualités variables qu'elles ajoutent à l'Ha- meçon. De nos jours, les Hameçons se fabriquent principalement en Allemagne, en An- gleterre et en France ; les allemands et les suisses {fhj. 465) sont à très-bon marché, mais très-grossiers et de médiocre qualité. Les français sont aussi bons que les anglais {fig. 466) dans les sortes ordinaires et les fines de formes anciennes, mais les Anglais seuls cherchent et perfectionnent chaque jour la forme et la matière de leurs Hameçons. Aussi, mettant tout amour-propre national de côté, devons-nous dire que nous faisons en France tout aussi bien qu'en Angleterre, que nous serons à la hauteur de nos voisins quand nous le voudrons, mais que nous ne le voulons pas, soit parce que la consommation des Hameçons fins, en France, est peu con- sidérable et réservée seulement à quelques pécheurs ama- teurs zélés ; soit parce que la masse des pêcheurs de la cam- pagne et des pêcheurs qui vivent de cet état sur les fleuves et les rivières, en sont encore à croire qu'il y a de l'économie à se servir d'Ha- meçons au meilleur marché possible i^fig. 467 et 468). En Angleterre , au contraire , où tout le monde pêche, tout le monde achète les Hame- çons fins et des meilleures sortes ( fig. 469 et 470); les pêcheurs de profession surtout. Par conséquent, les fabricants ont intérêt à progresser, ce qu'ils font, et à produire très-bien, ce qu'ils essayent toujours. Ils vendent cher, c'est vrai ; mais leurs in- Fig. 465. — Hameçon can-(; (suisse), à pointe droite ; forme très-recherchée pour la pèche aux lignes de fond sur le lac de Constance. Ces hameçons ne reçoivent qu'une trempe très-faible qui leur permet de s'ouvrir facilement sous la traction du poisson. Les pêcheurs prétendent que c'est un avan- tage pour les pèches où le poisson se prend seul. % Fig. 466. Hameçon fran- çais ordinaire. Fig. 468. — Ha- meçon commun. Pointe défec- tueuse , dard bombé. ^\ struments sont très-bons : c'est un bon marché rela- tif, mais certain. Il faut attribuer ces différences à ce que l'art de la pêche, — malgré les immenses progrès qu'il a faits en France dans ces der- nières années, — est encore, chez nous, bien en arrière sur les habitudes des An- glais. Notre fabrication se perfectionnera avec notre savoir-faire en fait de pêche. On doit remarquer que nous n'avons parlé jusqu'à ce moment qu'au point de vue des Hameçons (ins, et noirs ou bleus, servant à la pêche en eau douce : si main- tenant nous passons aux Ha- meçons étamés {fig. 471) qui s'emploient pour la pêche en mer, notre amour-propre national peut relever la tête, car ici ce sont les Anglais qui sont nos tributaires. Nos Hameçons de mer sont de beaucoup préférables aux leurs comme tournure, comme Fig. 407. — Ha- meçon à boucle commun (fran- çais). Fig. 469. — Ha- meçon limerick (anglais) sans palette, n" 1. Fig. 47U. — Ha- meçon à gardon (anglais), mince, courte-queue et sans avantage; àMShort-sliank Roach Iloûk. I) Fig. m. -Ha- meçon de mer, ordinaire, en fer étamé, avec avantage. HAMEÇON. 379 forme surtout, et il paraît qu'ils ne peuvent parvenir h les imiter facilement, puis(pie leurs pécheurs, sur les côtes de la Manche, viennent s'approvisionner chez nous, La fabrication des Hameçons comprend non-seulement les Hameçons simples de tous les numéros, mais encore les bncoks ou hameçons doubles ; parmi ceux-ci, Fig. Mi. — Bricole ordinaire il pointes du même coté. F>g. "o. — Bricole LimericU pointes contrariées. Fig. 474. — Bricole sans avantaM. les uns sont tournes du même côté {fg. 472), les autres à pointes contrariées {fig. 473) ou sans avantage {fig. 474) ; 2° \e?, grappins ou hameçons triples {fig. 438 et 439) ; 3° les émérillons de deux formes, les uns ayant une extrémité à boucle élastique formant porte-mousqueton {fig. 476 et 477); les autres ayant leurs deux branches fermées {fig. 475). Les émé- rillons se font comme les Hameçons, en '^uumu^.-^^^^^ir^^^rf^sîr^^^s^-B^^um,.^^ suivant une série de numéros. Le mal- , . ^ r • 1 ri ^' W- "i^o. — Emérillon simple. heur est que les séries de numéros des Hameçons, des bricoles, des grappins, des émérillons sont toutes différentes et n'offrent aucun rapport; de même, entre deux fabriques d'hameçons, aucune des séries ne se rapporte. L'une commence à 0000, l'autre à 000; l'une finit à n° 18, l'autre à n° 20 ou n» 22 ; c'est un -^'™"^^^<^^r!BO chaos auquel on devrait bien remédier par le choix d'un ^^g- -f^e. — Émériiion à >. T . ,• iiT Al •. porte-mousqueton. étalon a peu près immuable. Les pécheurs y gagneraient de s'entendre ; chose impossible dans ce moment, où il faut faire choix des hame- çons à l'œil, et jamais sur le numéro de leur enveloppe. Quand on emploie de petits Hameçons, il est bon de toujours les prendre à pa- lette [fig. 466); il en est de même des gros pour la pêche de fond; on prend quelquefois Ces derniers à boucles {fig. 467), mais nous sommes décidément ennemis de cette forme d'Hameçons. Nous re- commandons de choisir des Hameçons à palette, parce que les petits offrent une certaine difficulté pour bien serrer l'empilure, et que la palette aide beaucoup, quelque petite qu'elle soit, à retenir la ligature. Quant aux gros, nous les préférons renforcés, à cause de leur pointe qui est grosse, forte, et résiste mieux sur les cailloux. Mais pour toute pêche au coup, c'est-à-dire avec la plume ou le bouchon flottant sur l'eau, les Hameçons touchant à peine au fond ou ne le touchant pas du tout, il faut, du n° 1 au 9, ne prendre que des Hameçons sans palette, et, parmi eux, ceux dits Limericks {fig. 469 et 470). Ils sont d'un maniement facile pour l'empilage et possèdent une pointe supérieure, mais ils ont, en môme temps, le défaut de leurs qualités : ils cassent fiicilement. Quant aux lignes employées en cordées pour la pêche de nuit, ou de fond, il faut y employer des Hameçons renforcés. W serait impossible de donner une nomenclature de toutes les formes d'Hame- çons usitées, cependant on peut classer ainsi les plus employées ; ce sont : Les Hameçons à Palettk ordinaires : n>inces, moyens ou renforcés. 1(1. à Palette ordinaires, courte quele : minces, renforcés. Fig. !tll. Emérillon de forme ancienne, com- mode par son petit \olume. 380 HAMEÇON. Hameçons Limericks droits: à palette, sans palette (fig . 4C9). Id. Limericks COURBES : à palette. Id. Limericks à courte queue, courbes, ronds, dits Hameçons à gardon en Angleterre {fig. 470): à palette, sans palette. Id. A PALETTE, COMMUNS: rcnforcés. Id. A BOUCLE, communs : Simples, renforcés, Id. ÉTAMÉs : simples, renforcés, carrés^ a, b (fig. 478) ou ronds {fig. 479). Id. ÉTAMÉs : longue queue ou à maquereau (fig. 479). Bricoles: minces, renforcées, contournées {fig. 472 et 47-3). Grappins: acier blanc (fig. 439), acier bleu. Les Hameçons les plus petits, pour la poche de mer, ont environ 16 à 18 milli- ils augmentent graduellement de longueur et de mètres de longueur {fig. 471] Fig 478. — Hameçon de mer, en fer étamé. Bonne fabrication, usité au PoUet. Pas d'avan- tage. Bon pour la pêche du Congre, de la Raie; faible pour celle de la Morue, pour laquelle ou prend un numéro double, comme grosseur. — a. Palette non coupante, bien émoussée. — h. Empilage sur ficelle de l'empile. Nœud simple ordinaire. Fig . 479. — Hameçon de mer en fer étamé. Forme dite marseillaise, employée en Bretagne. Très-mau- vaise fabrication, dard bossu au-dessous de la barbe ; fort avantage à droite, du bon côté pour la facilité d'escher. Cet hameçon est employé pour le Congre, la Raie, le Germon, le Maigre, etc. Il serait un peu fai- ble pour la grande pêche de la Morue sur les bancs. — a. Palette vue de surface. — b. Vue de profil. grosseur de fil d'acier jusqu'à la dimension moyenne de 0™,20 à 0"',22, sur la gros- seur d'une forte plume d'oie (fig. A18 et479). Si la pêche, comme celle de la Morue par exemple, se fait sur un fond de roches, on se sert d'Hameçons en fer étamé : au retour de la pêche, quand ils sont HAMEÇON. 381  Fi g. 480. - Hameçon fer (îlamé sans avan- tage ; usité en Norwége pour la pèche en mer. Longue hampe et forme particulière du dard et de sa pointe. Fiy. 481. — Hame- çon commun à très-lougue hampe que les pécheurs de maquereau de- mandent et préfè- rent, en Bretagne. Forme défectueu- se, dard bombé ; mais les pêcheurs les veulent ainsi. tordus, on les rebat sur l'cncluiue el le dommage est réparé. Si l'on employait des Hameçons d'acier, on n'en rapporterait pas la moitié. La forme des Hameçons de mer est, avons-nous dit, toute différente de celle des Hameçons d'eau douce : est-ce une néces- sité? Nous ne le pensons pas, et les Hameçons d'eau douce nous ont toujours donné, quand nous les avons employés, une supériorité mar- quée sur ceux de mer, dont la pointe est beau- coup moins effilée et l'entrure bien plus difficile. Si maintenant nous parlons des lignes qui, en mer, peuvent traîner au fond sous l'impulsion d'un bateau à la voile , il est évident que les gros Hameçons en fer étamé peuvent seuls résis- ter ; mais, pour la pêche entre deux eaux, les petits et solides Hameçons anglais dits Limericks valent mieux que les Hameçons à deux courbu- res que l'on emploie pour la pêche des petits poissons, tels que Merlans, Limandes, Vives, Rougets et autres. On fait depuis quelques années usage en Bre- tagne des Hameçons à longue hampe, forme de la figure 481 ; ils sont très-commodes à éo?V^er, et les pécheurs les recherchent beaucoup pour la pèche du Maquereau, par exemple, où il ne faut pas perdre un moment tandis que le poisson donne. HAMEÇON A CHAS. — Cette innovation présente, entre autres avantages, celui de s'empiler d'une manière très-simple, très- rapide et très-solide, et celui que l'empilage, ne formant pas grosseur sur la hampe, ne gêne en au- cune façon pour faire remonter, autant qu'on le désire, les esches môme les plus molles. L'inventeur a pris soin de combiner la gran- deur des chas suivant la force des hameçons, de sorte que les forts numéros permettent d'employer de la florence double ou triple. Chaque chose, en ce monde, ayant ses désavantages, nous sommes oblige de signaler le prix trop " élevé encore de ces hameçons, inconvénient qui disparaîtra probable- ment un jour par suite de la concurrence et de la plus grande fabrication. En second, lieu nous remarquerons que cet hameçon n'est commode que pour la ilorence ou le crin simple. Dès qu'on emploie une cordelette de lin filé ou un margottin, le nœud devient gros, rugueux et peu solide. De plus, les bouts du crin qui dépassent en petit balai, gênent pour le passage du ver. H est préféra- ble, dans ce cas, de se servir du mode ordinaire d'empilage à la soie bien poissée et vernie. Nous en dirons autant pour la corde filée, si précieuse en mer et quand on pêche le gros Brochet, la Truite et le Saumon. Malgré cela, ces hameçons seront d'une grande commodité dans beaucoup de cas, ne fût-ce que pour garnir rapide- Fig. — kii. Hameçon- Warner h chas, forme Limerick. Fig. 483. Hameçon- War- ner à chas ; forme américaine. 382 HAMEÇON. ment une ligne lorsqu'on est démonté au bord de l'eau. Aussi conseillerons-nous à tout pêcheur soigneux d'en avoir constamment quelques-uns dans son portefeuille. On pourrait craindre, au premier abord, que l'ouverture du chas ne fît casser la hampe en l'affaiblissant à cet endroit ; il n'en est rien, et pro- bablement le nœud de l'empilage est pour quelque chose dans cette solidité. Ces hameçons sont très- commodes pour monter des mouches artificielles. Pour la pêche de mer, où l'on emploie beaucoup la florence, ils seront excellents, parce que l'eau de mer attaque et détruit assez vite les empilages à la soie même vernie. L'expérience seule dira si, par l'usage, la florence n'est pas coupée en passant sur le bord, même adouci, du chas à sa partie supérieure. HAMEÇON A CONTRE-POIDS. — L'idée Firj. /j84. — Em- pilage de l'ha- meçon à chas. 1er temps. Pas- sage de la flo- rence et croi- sement du brin. autour du grand au- dessus de l'hameçon. Fiq. 48o. — Empilage de l'hameçon à chas. 2= temps. La florence est scrrOe, et l'empilage terminé par le nœud i i que le petit bout fait ûes tiamcçons à contre-poids et à pince est des plus ingénieuses, mais, en raison de la grosseur de l'appareil, ne peut être appliquée qu'à la cap- ture de poissons de mer voraces et peu défiants. D'un autre côté, comme ce sont précisément ceux-là qui se montrent les plus vigoureux et se défendent à cause de leur poids et -de leur force de manière à se décrocher souvent, il s'ensuit que l'invention porte préci- sément sur le point pour lequel elle est faite. En A {fig. 486), est le point d'attache de la ligne. L'hameçon E est esche comme d'habitude; B est un petit contre-poids lenticulaire en plomb, D une pointe recourbée ai- guë, C une articulation de la hampe de l'hameçon sur le fléau coudé DAB. Tant que l'appareil est flottant dans l'eau, il conserve la position que montre la figure 486 ; mais dès qu'un poisson a mordu à l'hameçon, ses premiers efforts font basculer la pièce DB en A, la pointe D forme pince et vient s'enfoncer dans le museau de l'animal, et cela d'autant plus fortement que ses efforts sont plus puissants. Une fois l'animal dégagé, l'instrument reprend de lui- môme sa position normale. HAMEÇON-AIGUILLE {fifj. 487). — Pour les poissons de surface, qui ont une bouche très-petite, comme l'Ablette, le Dard, le petit Che- vesne, le Saumonnet, l'Ombre, etc . , il faut se construire soi-même des Hameçons particuliers, lesquels, à une grande longueur de hampe, joi- gnent un crochet fin, acéré, et de petite dimension comme courbure ; on n'en trouve pas de semblables dans le commerce. On détrempe, en les faisant rougir au feu, des aiguilles à coudre de très-bonne qualité et aussi fines que l'on pourra pour l'usage. Pendant qu'elles sont chaudes, on fait, au moyen d'une lame aiguë de ciseaux ou de canif, deux Fig. 486. — Hameçon-Flamm à contre-poids et à pince, pour la pèche de mer. Fig. 487. Hameçon aiguille. HAMEÇON. 383 ou trois petites arêtes relevées en crochet vers leur pointe. Alors, au moyen d'un bec-corbin ou pince plate, on courbe cette pointe en forme d'hameçon, en l'incli- nant un peu de droite à gauche pour lui donner de Ventrage; enfin, on fait rougir au feu vif les Hameçons ainsi faits, et on les trempe dans l'eau froide. Bien entendu, les aiguilles restent blanches ; on pour- rait, si l'on était habile, les recuire au bleu. Il vaudrait peut- être mieux les tremper au suif ou à l'huile, pour les rendre moins cassantes; mais à l'eau on réussit bien, c'est tout ce qu'il faut. On monte des moucherons artificiels très-petits sur ces Hameçons dont on peut se servir également avec des insectes naturels. On empile les Hameçons-aiguilles de la même ma- nière que les Limericks sans palettes ou comme des hameçons, à chas, en conservant celui de l'aiguille. (Voy. Hameçons a CHAS. Empilage.) HAMEÇON A PINCES. — (Voy. HAMEÇON A RESSORT ET HAMEÇON A CONTRE-POIDS.) HAMEÇON A RESSORT. — L'emploi des hame- çons à ressort est fort ancien ; quelques-uns ont été même proposés pour la capture des loups et autres animaux car- nassiers. Mais tous ces engins avaient pour point de dé- part une bricole {fig. 490), ou un grappin dont les branches mobiles s'écartaient sous l'action d'un ressort intérieur et offraient alors d'autant plus d'effet que la résistance était plus grande. C'était surtout contre les Brochets de grande taille que ces engins avaient été imaginés, Fig.iSS. — Hameçon-Flamm, à ressort et à piuce, pour la pêche de mer. Fig. 489. — Hameçon à ressort fermé. Fig. 490. — Hameçon à ressort ouvert. et il faut convenir que ces poissons, surtout au moyen âge, devaient y mettre une grande bonne volonté pour se placer une semblable poire d'angoisse dans la gueule. Les hameçons à ressort d'aujourd'hui môme présentent toujours une im- 384 HANNETON. portance beaucoup trop grande et qui rend leur dissimulation, dans une esche, très-difficile. La figure 490 représente un hameçon de ce genre. Les branches for- mant ressort s'écartent dès que l'on lire sur le coulant qui les maintenait fermées. L'hameçon à ressort de la figure 488 est basé sur un tout autre système. Il agit en dehors de l'animal. Cet engin, assez volumineux, n'est destiné qu'à la pêche de mer, où la voracité des gros poissons est plus que suffisante pour qu'ils ne se préoc- cupent pas beaucoup de ce ù quoi est attaché le morceau qui excite leur con- voitise. L'hameçon I porte l'esche, et l'appareil est tendu dans la position de la figure 488, la ligne étant attachée en A. Au moment où le poisson tire en I, parce qu'il est piqué, il fait basculer autour du point B le petit fléau EG, lequel est recourbé à angle droit à une extrémité G, de façon à encliqueter dans un cran du dos de la pointe DG et à la maintenir élevée, malgré l'effort du ressort F, bandé alors, et qui tend à la faire retomber sur L Gelte pointe I est articulée sur un arc qui la joint à la hampe F de l'hameçon T, et la petite tige GH permet tout le mouvement nécessaire pour le jeu facile du ressort F. Il résulte du décliquetage de D que cette pointe vient s'en- foncer dans le museau du poisson avec toute la force que lui com- munique le ressort F, qui s'oppose à ce qu'elle se relève, ce qui prévient la fuite par décrochement du poisson. HAMEÇON CARRÉ. — (Voy. ToRCHON.) L'Hameçon carré que nous décrirons à cette poche, sert à prendre la Lotte, le Bro- chet, les Truites et d'autres poissons à grande bouc'he et de forte taille. Il a l'avantage d'être très-bon marché et de pouvoir être retiré du ventre des poissons sans les détériorer, parce qu'étant en fer doux, il se redresse facilement dans le ventre même des poissons qui l'ont avalé. En outre, sa forme carrée empêche les poissons à grande bouche de le dégorger. Il ne sert qu'en au- tomne, et à cette époque le Brochet est paresseux, il prend l'amorce et se pose de suite pour l'avaler ; ce qui fait que le crochet de l'hameçon parvient dans les intestins et ne prend jamais le Brochet au coin de la bouche. L'Hameçon carré n'a donc pas besoin d'être bien ardent, et sa forme a une raison d'être, puisqu'elle est adoptée spécialement pour les pêches où le poisson se prend seul. HAMEÇON D'ÉPINE. — (Yoy. HAMEÇON.) HAMPE. — Ge mot, un peu vieilli dans la langue usuelle, et dont la significa- tion réelle est celle de manche d'un pinceau, d'une hallebarde, d'un drapeau, etc., , . s'emploie dans le langage du pêcheur pour dési- gner la partie de l'hameçon qui s'étend du coude à la palette. G'est la partie qui porte l'empilage; on lui substitue quelquefois le nom de tige de l'ha- meçon. HANNETON (Melolontha). - Insecte Coléoptère Pentamère, lamellicoriie >caiabéide. Tout le monde le connaît (fig. 49?), et c'est un des appâts friands pour la Truite, le Brocliet, le Clievesne, la Lotte, etc. Cet insecte a la tête courte, les yeux arrondis, un peu saillants, très-nombreux, antennes de dix articles, dont les sept derniers chez les mâles et les six seulement chez les femelles sont en forme de feuillets. Ces insectes commencent à paraître à la Fig. 491. — Hameroii cari'ii. Fig. 492. — Ilaiiiietou commun (Cr. nat.). C/0 O -U4 O n o _:d -^ HARENG. 385 fin d'avril; le jour ils demeurent comme engourdis sous les feuilles des arbres, au coucher du soleil ils volent lourdement en se heurtant partout. La femelle dépose vingt à trente œufs à 10, à 20 centimètres de profondeur dans une terre lé- gère. Les larves qui en naissent {fig. 493) sont des Vers blancs, Turcs ou Mans si funestes au jardinage. Les vers mettent trois à quatre ans à par- courir leurs métamorphoses pour arriver à l'état parfait. Ils sont eux- mêmes une bonne esche pour les lignes de fond, et servent très-bien à amorcer dans la terre glaise, etc. (Voy. Enferrer les insectes.) HAOUCHE. — Nom de la Jtaie coucou à la Teste. (Voy. V Raies, §7.) Fig. 493. - Larxc .lu HARANGADE. — Nom dcs hautspalis dans quelques Hanneton ;Gr. nat.). localités. Nom des petits clupés alevins dans les environs de Marseille. HARANGUYÈRE. — Synonyme de hauts palis. HARENG (Clupea harengus, Lin.). — Malacopt. abd. Clupéoïdes. Long. max. =()«i,27. Syn. : Sild, dan. — Huerinyr, island. — Sill, suéd. — Herring, ang. — Haring, ail. — Haren- yue, esp. — Harengue^ bret. — Kopirelick, groënl. — Pennog, gallois. Tout le monde connaît le Hareng, dont le corps allongé et un peu comprimé présente une carène tranchante, sous le ventre, formé par une série de dentelures. Les nageoires ventrales sont situées vers le milieu du poisson et aucune épine n'existe à aucune des nageoires. Le Hareng a les côtés de la bouche protractiles ; les ouïes sonttrès-fendues, les mâchoires por- tent de petites dents aux maxillaires, une bande longitudinale de dents plus larges au vomer, su4- la langue et deux ou trois petites sur les côtés du palais. Les yeux grands et placés à égale distance entre le sommet de la tête et le bout du museau. Ce poisson meurt aussitôt sorti de l'eau. (Voy. Temps ue frai.) Le dessus du dos est bleu foncé avec reflets verts suivant l'incidence de la lumière, les côtés et le ventre argentés blancs, les joues et ouïes argentées. La caudale et la dorsale foncées, les autres nageoires presque blanches. Dorsales, 17 à 19 rayons; — pectorales, 15 à 17 rayons ; — ventrales, 9 rayons; — anales, IC à 17 rayons; — caudale, 20 à 23 rayons. Le Hareng n'existe que dans l'océan Septentrional ; il est déjà très-rare dans le golfe de Gas- cogne; on le trouve quelquefois à l'ile de Ré, mais peu au-dessous ; au delà de l'embouchure de la Loire, il n'y a plus que des individus égarés, et, dans beaucoup d'années, le cap Finistère leur est une barrière qu'ils ne franchissent pour ainsi dire pas. C'est une erreur de croire que le Hareng meurt toujours en sortant de l'eau. Ce fait est vrai quand il est pris au grand filet qui l'élrangle et le serre, mais autrement il saute encore pendant plus d'une demi-heure après être mis dans le bateau. Ce qui est certain, c'estque — de même que la Sardine — il fait entendre un petit cri avant de mourir. Celui de la Sardine ressemble un peu à celui de la souris. Les Anglais appellent le bruit que produit le Hareng, squeak, prononceï skou, ce qui rend bien l'elfet produit. Quoique le Hareng ne remonte pas dans les fleuves à l'instar de l'Alose, on a des exemples de sa présence dans les eaux douces ou tout au moins saumâtres. Le flux de la base de la Seine fait quelquefois remonter des bancs de Harengs jusqu'à Quillebœuf; mais ce fait n'arrive jamais qu'a- près le frai. HARENG. — Ce n'est point ici le lieu de parler des immenses pêches du Hareng qui se font au filet et fournissent une importante branche de commerce aux nations maritimes, et un article recherché de consommation à tous les peu- ples du monde, nous en parlerons tout au long dans le deuxième volume de cet ouvrage, les Grandes Industries des Eaux. Ici nous dirons un mot de la pèche qu'on peut faire de ces poissons à l'hameçon, quand ils apparaissent sur nos côtes. On peut tendre des lignes dont les hameçons sont appâtés avec des vers de mer, des morceaux de Hareng, et se placer sur les rochers de la côte. On en a pris facilement et souvent à la mouche artificielle, suivant Pennant, et rien n'est plus facile que d'en prendre des milliers ainsi, car les Harengs se nourrissent de 25 386 HARENG. menus crustacés et de petites méduses, des œufs et du frai des autres poissons, en un mot de tout ce qu'ils trouvent à leur portée et à leur taille. L'emploi que nous nous proposons de faire de ces poissons est surtout comme amorce, car tous les autres à peu près le recherchent et en sont friands ; un seul Hareng suffit pour amorcer quatre à cinq, même six hameçons employés pour la Raie, la Morue, le Congre, etc. Si l'on pèche au Merlan, au Maquereau et aux autres poissons de la môme force, un seul Hareng bien coupé en biais peut amorcer huit ou dix hameçons. La Sole mord aussi à cette amorce, mais plus rarement, tandis qu'à peu près tous les poissons de mer y mordent bien. Pour être complet, cependant, nous ne pouvons passer sous silence quelques détails sur les instruments de celte pêche que les populations littorales de la Man- che appellent la grande pèche, parce que, pour elles, elle est une affaire capitale, comme la pèche de la Sardine pour les populations bretonnes et gasconnes. La pêche du Hareng se fait en bateau et au large ; les filets que l'on emploie sont des espèces de manets (voy. ce mot) faits de plusieurs pièces qui forment une tessure, laquelle se tient verticalement dans l'eau sans plomb ni lest. Quand la mer est belle, une tessure de 300 mètres de long suffit. Nous reviendrons ^ur les ma- nœuvres de cette pèche qui se fait de jour et mieux de nuit. Dans ce cas, chaque ba- teau porte un fanal. La pêche du Hareng pour notre pays est, comme celle de la Morue, soumise en ce moment à une sorte de décroissance, d'abandon qui tient certainement à des causes complexes, au nombre desquelles il faut compter un certain changement dans le mode d'alimentation des peuples. Sans doute certaines années, sans qu'on puisse expliquer pourquoi, se montrent moins favorisées que les autres par la pré- sence du poisson ; mais ce fait, qui existait tout aussi bien au moment de la splen- deur de la pêche, est insuffisant pour expliquer sa décadence. Une année de disette peut, en effet, se compenser par plusieurs années d'abondance. Par exemple, 1864 a été pour la Manche, — pour Dieppe surtout, — une année d'abondance si extraor- dinaire, que les Harengs, devenus invendables, ont été employés à faire des engrais !... Triste exemple d'imprévoyance ! Combien sont coupables, alors que le prix des vivres subit une augmentation aussi rapide qu'à présent, et les populations qui se laissent surprendre ainsi, et les autorités locales chargées de la surveillance et de la direction des intérêts publics !... 186G n'aura pas été aussi favorable que ses aînées. Dès le mois de novembre, la saison de la pêche était terminée sur les côtes de l'Ecosse, la patrie privilégiée de cette pêche merveilleuse. Commencée seulement le 13 juin, cette saison s'est mon- tée ainsi plus courte que les années précédentes, n'ayant duré que 55 jours pour la tente des filets et des nasses. Le poisson a été moins abondant qu'autrefois. Dans le temps où 1,100 bateaux péchaient à la fois, ils procuraient, en moyenne, 100,000 barils de Harengs. Cette année, on n'a compté que 984 bateaux qui n'ont pris que 34,403 barils de poissons. Dans la proportion ordinaire, ils auraient dû en prendre 89,433 ; différence en moins ou perte sèche pour le commerce, 35,000 barils. Ces chiffres sont concluants. Le Hareng se vend moins cher et la pêche coûte le double. Elle doit tomber. Sans vouloir nous étendre, dans cette première partie de la Pêche et les Poissons sur la question des grandes pêches du Hareng, il nous paraît cependant opportun 1IARE^M;. 387 de donner à nos lecteurs quelques renseignements touchant les mœurs de ce pois- son sur les côtes des pays voisins. Bien que la poche du Hareng ne doive pas être considérée comme la plus importante de celles qui se font sur les côtes de Nor- wége, quant au capital qu'elle exige, c'est cependant celle qui se pratique sur la plus grande clendue de côtes et qui réclame le plus grand nombre de bras. Elle se divise en trois branches dislinctes : la pèche du Hareng d'hiver ou de pi-intemps, qui est de beaucoup la plus considérable, la poche du Hareng d'été, et la pêche de V !t sprat ou Sjwat (voy. ce mol), que nous voyons ainsi réuni au Hareng, quoiqu'il en diffère notablement. W est difficile de se rendre compte dans quels parages se retire le Hareng pendant le temps où il déserte nos côtes, et la cause des changements inexplicables qui se produisent dans le lieu et l'époque de son apparition. Un fait certain, c'est ({ue le poisson quitte parfois brusquement les eaux qu'il a l'habitude de fréquenter, pour y reparaître ensuite aussi soudainement. Ce fait s'est produit notamment sur les côtes de Suède, d'où le Hareng a brusquement disparu en 1808, et depuis cette époque, il ne s'y est jamais montré en grande quantité. Par une coïncidence remar- quable, c'est précisément la même année que les grandes pêches ont commencé sur la côte de Norwége. Actuellement, le Hareng se trouve principalement sur la côte de Norwége, en- Ire le capLindcsnees et le cap Stal. Les pêches les plus importantes ont eu heu au sud de Bergen, autour de l'île de Karm, des petites îles de Fœo et de Roveer, et enfin le long de la terre ferme depuis Haugesund jusqu'à Sletten. La population ^le pêcheurs qui habite les côtes de la Norwége ajoute foi à certains pronostics pour prédire d'avance le résultat de la pêche. Ainsi l'apparition des Baleines d'automne est un signe d'une pêche abondante pour le printemps sui- vant. Un indice plus certain encore est l'arrivée d'un petit poisson connu sous le nom de Hartiuj de paille. Enfin la présence du poisson est annoncée par des nuées de mouettes qui le poursuivent avec avidité et en font leur nourriture. La meilleure saison de pêche commence maintenant dans le mois de janvier et finit vers la fin de mars ; cette année (186G), le poisson s'est surtout montré en abondance sur la côte sud de l'île de Karm, et à Kinn, dans le district du Nord ; on le péchait dans ces deux endroits en telle abondance, que les pêcheurs ont eu de la peine à lever leurs filets. En somme, le résultat a été supérieur à tous ceux obtenus jusqu'à ce jour, tandis que nous voyons plus haut l'Angleterre se plaindre, pour la même année, de la pauvreté des résultats obtenus. On peut évaluer la pê- che à 750,000 barils, dont 600,000 ont été salés pour l'exportation. Le reste re- présente la consommation intérieure. Le prix moyen du baril, sur le lieu même de la pêche, a été de 12 francs environ. On voit par ces chiffres que le gain total des pêcheurs n'a pas dû s'élever à moins de 8,550,000 francs, somme à laquelle il faut ajouter encore le bénéfice des acheteurs, saleurs et autres gens employés à la préparation du poisson. Quelques mois plus tard, le poisson se vendait, dans les ports de la Baltique, 25 à 28 francs le baril. C'est donc une somme de 16,875,000 francs que rapporte au pays une pêche heureuse. Environ 7,040 bateaux, montés par ;J5,000 hommes, ont pris part cette année à la pêche du Hareng ; on peut évaluer à 15,000 le nombre de personnes employées à terre. Le gouvernement favorise et encourage une pêche aussi fructueuse. Un crédit spécial a été dernièrement affecté à la construction de phares. On a aussi donné 388 HARENGULE. une grande extension sur les côtes aux lignes télégraphiques, et les pêcheurs se servent avec avantage de ce moyen pour déterminer l'arrivée du poisson. Chaque jour les inspecteurs font afficher dans toutes les stations télégraphiques des avis concernant l'apparition des handes, et c'est un spectacle curieux que de voir le départ prrcii)ito de milliers de pécheurs, acheteurs, saleurs, etc., avec leurs ba- teaux, leurs barils et leurs ustensiles, se hâtant de se rendre sur quelque point éloigné à l'appel du télégraphe. Les pêcheurs semblent apprécier beaucoup l'aide que leur donne ce moyen de communication, et lorsque le résultat de la pêche doit lui être principalement attribué, ils donnent au poisson le nom de Hareng de télé- graphe. Voilà certes un mouvement que la France devrait imiter. Les inspecteurs font également afficher chaque matin, dans les différentes sta- tions, les quantités de poissons pêchées et les prix payés par baril. Deux sortes de filets sont principalement employés à la pêche du Hareng: les filets dérivants, dont chaque bateau porte environ 20 ou 25, avec un équipage de quatre ou cinq hommes, et le filet à barrage, dont l'usage en Norwége date de Tannée 1820. Cette pêche se fait avec trois filets qui exigent chacun un bateau séparé. La pêche au barrage est plus incertaine que l'autre" et exige un matériel bien plus considérable, mais elle donne parfois de superbes résultats. Parmi les principaux marchés d'exportation pour le Hareng, la Suède et la Russie sont en première ligne, ensuite viennent la Prusse et les ports de la Balti- que. La consommation de l'Angleterre varie suivant les années et dépend princi- palement des résultats plus ou moins abondants donnés par les pêcheurs d'Ecosse, dont nous avons parlé plus haut. Quant à la France, elle est à j^eu près nulle. HARENGUETS. — Valencicnnes rapporte des faits intéressants, non-seule- ment au sujet de la détermination des Blanches, on Blaquets, ou Blanchailles, etc., qui se vendent sur les marchés de Dieppe, Caen, Abbeville, Calais, etc., mais en- core à l'égard de la question si intéressante de la migration des Harenguets. Ces petits poissons pullulent aux mois de juin et juillet dans la baie de la Somme et ne sont que àe,?, jeunes Harengs. Au Crotoy, les Blanches entrent dans la baie au commencement du printemps et y restent tout l'été ; c'est, en majeure partie, du frai de Hareng de Vannée précé- dente qui est resté sur la côte jusqu'à ce qu'il atteigne une taille et une force suf- fisante pour s'enfoncer dans les profondeurs de l'Océan, d'où les individus ne sor- tiront, peut-être, que quand ils auront atteint leur entier développement et qu'ils seront en état de reproduire (Val.). Le Sprat des Anglais (voy. ce mot) n'est point le jeune âge du Hareng ou Ha- renguet ou Blanche, c'est le Pilchard, son âge moyen. HARENGULASPRATTUS. — (Voy. Harengule esprot.) HARENGULE [Genre] (Harengula, Val.). — Malacopt. abd. Clupéoïd. Les Clupt'oïdes rangés dans ce petit genre ont des dents sur les mâchoires, la langue, le pa- lais et les ptérygoidiens, ce qui les sépare des Sardinelles et des Harengs, ces derniers ayant des dents au vomer. HARENGULE ESPROT (Harengula sprattus, Val.). Malacopt. abd. Clupéoïd. — Long, max. = O'n.OT. Syn. : Sprat, angl. Ce petit poisson vit péle-méle et est péché avec le Harengnet on frai de Hareng et la Blanquette ou Harengula lutulus, mais il a 48 vertèbres, tandis que celui-ci n'en a que 44. L'Esprat a la tête plus longue et plus pointue que la Blanquette ou Blaquet, la caudale est fourchue, l'anale petite et basse, la ventrale sous le deuxième rayon de la dorsale; toutes ces nageoires sont incolores. B = 7. D = 18. A = 28. P = 19. V = 17. C = ?5. HAUTS PARCS. 389 Le Blaquct ou //. lalulus, an contraire, a B = 6. D = 17. A = 19. P = H. V = 8. C = 27. Les deux espèces sont donc parfaitement distinctes. Le ventre de l'Esprat est tranchant et A Fig. -5 9:.. — Har- pon. Fig. 494. — Harengule sprat [Harengula sprattus, Yai). fortement dentelé, le dos est Lieu verdâtre et tout le corps argenté. Il ne porte une bande jaunâtre .sur les flaiics ([ne vers avril, au temps du frai. (Voy. Sprat.) HARENGUS (Clupea). —(Voy. Haueng.) HARPON OU HARPIAN. — (Voy. GRAPPINS ET LIGNES DE FOND.) Ce petit instrument A {fuj. 495) sert à chaque instant au pécheur, mais ne doit pas être trop aigu des pointes, parce qu'alors il ne sait plus où le placer pour l'emporter. Avant de dire comment on en fait un, expli- quons qu'il sert à décrocher une ligne de fond prise dans les herbes ou les racines, à relever les cordées de fond, h retrouver une cordée, un jeu tombé à l'eau, à faire courber une branche d'arbre dans laquelle la ligne est emmêlée, etc. On en fait un très-facilement au moyen de trois ou quatre hameçons n" 0000 que l'on empile ensemble avec un anneau, ou ce qui vaut mieux, que l'on place dans une petite cavité faite dans un moule de plâtre et autour desquels on coule 100 h 200 gi^ammes de plomb. — Le mot Harpon est synonyme de fonie. HAUSSIÈRES. — '^omàQ?, petites crinières {\oy. ce mot) dans l'aiTondisse- ment de Tires t. HAUTE-BRÊME. — Nom quc donnent les pêcheurs de la Moselle à la Brène de Géhin. (Voy. ce mot.) HAUTÉE. — Grande Battude de Provence. (Yoy. Battude.) HAUTIN. — Nom donné, dans le Nord, au Hoiuing. (Voy. ce mot.) HAUTS ET ALIERS. — (Voy. GuiDEAU.) HAUTS PALIS. — Synonyme de Hauts parcs, (^'oy. ce mot.) Les hauts palis étant destinés à prendre les Maquereaux, Mulets, Harengs et autres poissons ronds, les mailles sont plus petites que dans les ravoirs et les folles, et proportion- nées à la grosseur des espèces que l'on veut arrêter. (Voy. ces mots.) HAUTS PARCS. — Les pêcheries de mer qui ont reçu le nom de hauts parcs {fig. 490) sont ainsi nommées parce que la ralingue inférieure du lilet qui les com- pose doit constamment laisser au-dessus du sol un espace libre deO'",20. Hs sont donc destinés à prendre des poissons de passage. Maquereaux, Harengs, Sardines, Célans, etc. On les établit en ligne droite ou courbe de la plage à la mer à l'aide de perches dont la hauteur ne peut dépasser o mètres au-dessus du sol et distantes 390 H A YEN EAU. de S^jSO au moins les unes des uutres. Ces filets qui sont tendus du 15 août au {"jan- vier, peuvent se terminer à leur extrémité par un crocheta l'aide de perches rem- plissant les mêmes conditions que les premières. Leur extrémité inférieure doit Fig. 490. — Haut parc. être au moins à O^jOG du sol, excepté lors de la pêche des Célans, époque où cette distance pourra être diminuée jusqu'à 0",027. Le développement maximum des hauts parcs est fixé à 300 mètres. Dans cette longueur se trouvent compris les crochets ou demi-enceintes terminales qui pour- ront avoir le tiers de la longueur totale du filet, quand cette longueur n'excédera pas 160 mètres. Quand les hauts parcs sont établis perpendiculairement;! la côte, leur distance minimum sera de 20 mè- 'Ç 1^ très et de 100 mètres dans le sens parallèle au rivage. HAVENEAU. — Fi- let tendu sur deux perches qui se croisent comme des ciseaux ; on ne le pousse point devant soi, mais on le présente au courant. On le tend sur des grèves plates, dans les courants formés par la marée , et l'on y prend surtout des poissons On pêche aussi avec ce filet à pied et dans de petits bateaux. Cet engin est d'une trop grande dimension pour être promené comme le honteux. Cha- cune des perches qui servent de monture a environ 5 mètres de long, et la partie croisée \fi(j. 497) sur laquelle se monte le filet a de r",oO à 2 mètres. Les deux perches sont maintenues l'une sur l'autre par une corde en croix , Fig. 4117. — (Iraïul llavonoau. plats. Fi(j. 498. — Le niémo lilct, fermi' HAZELIN. 391 Fiy. 499. — Filadiéres. OU mieux percées d'un trou et traversées d'un boulon (lui leur permet de se re- fermer l'une sur l'autre. Un peu au-dessous de la croisure se place une petite tringle en bois ou en fer qui entre dans deux coches, pratiquées dans les mon- tants et les lient ouverts en faisant ellbrt contre leur élasticité et celle de la corde de base qui supporte le filet en bas. Celte grande corde du bas porte sou- vent quelques plombs destinés à faire descendre plus facilement le filcl au fond de l'eau. Ce filet doit former une poche assez considérable, mais cependant calculée de manière i\ ne pas revenir jusque sous les pieds du pécheur qui la porte devant lui. Pour se servir du ha- veneau, le pêcheur se place entre les bouts des perches qu'il met sur chacun de ses bras et, poussant du corps dans l'angle, il avance maintenant solide- ment une perche de chaque main. Le moindre poisson en- trant dans le filet donne une secousse qui avertit le pêcheur, qui, par un mouvement de bascule facile, amène instantané- ment le filet à fleur d'eau, et fait tomber le poisson dans la poche. Quelquefois deux ou trois pêcheurs se réunissent pour barrer un cours d'eau de cette manière. Celte pêche, au bord de la mer, se fait à marée montante aussi bien qu'à marée descendante, et comme on se sert beaucoup du haveneau sur les côtes de la haute Normandie, les pêcheurs, exposés à être surpris par la marée dans les endroits les plus favorables, plient instantanément leur filet {fig. 498), le placent sur leur épaule, et se sauvent à toutes jambes vers la côte. On prend à cette pêche beaucoup de poissons plats, soles, plies, carrelets, turbotins, etc., qui tous se lais- sent volontiers entraîner par le flot, quelquefois des vives, de petits congres et des crustacés. Sur les côtes du golfe de Gascogne, la pêche au haveneau se fait dans de petits bateaux auxquels on donne le nom de Filadières {fig. 499), pendant le prin- temps et l'été; on pêche ainsi les Crevettes, et de sep- tembre en avril les Mulets et quelques autres poissons de surface. Le bout de quièvre (voy. ce mot) est un petit ha- f'g- ^uo- — retu haveneau, dit Bout , ,. .. „^ de quièvre. veneau {fig. oOO). En Bavière et en Suisse on emploie un haveneau identiquement pareil, mais de moindres dimensions, à la pêche, dans les lacs et les ruisseaux, de la Truite et des différents Salmonidés. HAVENET. — Synonyme (ï Haveneau. (Voy. ce mot.) HAVENET SÉDENTAIRE. — (Voy. GranD HavENEAU.) HAZELIN. — (Voy. BORDELIÈRE.) 392 HOMARD COMMUN. HECTARES D'EAU. — La France comporte au cadastre : 13,100 kilom. de canaux et cours d'eau. 1,500 — de canaux et rivières canalisées. 185,000 — de petits cours d'eau. 200,000 hectares, lacs et étangs. 177,000 — étangs proprement dits. (Voy. Revenus.) HENRIOT. — Nom que les pécheurs de Paris donnent auxjeunes Brèmes. HERBE DE CHINE OU ALOÈS. — Quand cette plante est tressée et proté- gée par un enduit, elle est plus solide et plus durable que le cordonnet. HERMAPHRODITISME. — (Voy. Génération.) HERSE. — Synonyme de Foëne pour le bassin d'Arcachon. HEUSCH. — (Voy. Saumon heusch.) HIBLADO. — Nom marseillais de VOhlade ordinaire. (Yoy. ce mot.) HICKORY. — Le Hickory est une espèce de noyer de l'Amérique septentrio- nale que l'on rencontre vers les monts Alléghanys. C'est le Juglans alba (Lin.), ou Noyer dur, Shell-bark Hickory des Anglais, qui croît naturellement en Virginie, Ca- roline, Géorgie, etc. La végétation de cet arbre est très-lente, il acquiert 1:25 mètres de haut sur l^jSO de tour. Ses bourgeons sont gris blanchâtres, ce qui fait facile- ment reconnaître l'arbre en hiver. Les feuilles sont énormes, longues de O^ioO, très-velues en dessous. Fruit très-durà cloisons résistantes, comestible. Bois blanc, élastique, susceptible d'un très-beau poli, mais lourd, attaquable facilement aux vers et à la pourriture sous l'influence alternative de la chaleur et de l'humidité. Ne s'emploie pas en charpente, mais en manches d'outils, etc. Excellent pour faire la canne à pèche. HIPPURUS (Coryphsena). — (Voy. Grande Corvphène.) HOGLET. — Nom picard du Merlu. — (Voy. ce mot.) HOLFIL. — Nom de VOrphie à Granville. (Voy. Orphie.) HOMARD COMMUN (Astacus marinus, Penn.). — Crustacés, décapod. macroures. — Long. max. = O'n.àO. Syn. : Lohster, aiigl. — Astaco, ilal. — Cnbrajo, espag. — Hummer, ail. Le Homard est l'Écrevisse marine; sa carapace est unie, terminée en avant par un rostre tridenté de chaque côté, avec une double dent à la base supérieure. Il porte deux pinces très- grosses, inégales; l'une ovale, grande, l'autre oblongue, petite. Les segments abdominaux ont les bords obtus. La couleur générale de l'animal se montre brun verdâtre, quelquefois bleuâtre, avec les filets des antennes rougeâtres. Les antennes extérieures sont aussi longues que son corps, ses yeux sont petits, hémisphériques et de même grosseur que leur pédoncule. Son abdomen est grand, re- courbé en dessous et terminé par cinq grandes lames natatoires ciliées sur Us bords. HOMARD COMMUN. — Le Homard met cinq années à atteindre la taille réglementaire de 0",20 à laquelle il peut être vendu sur les mar- chés : il ne l'atteint qu'à travers les dangers de dix-neuf à vingt- cinq mues successives. — Il faut donc que le nombre d'œufs des femelles soit énorme, - . — et en effet, il n'est guère moindre de vingt mille pondus d'octobre à janvier et éclos six mois après ; Nous renvoyons aux Gr^andes Industries des Eaux pour tous les détails relatifs à l'élevage de ces crustacés si curieux et si utiles. iiy. bUl. — Casier à lioiiiard. lIU2Qai:««r»^ «ïaE?T»"*-^nT3^i^ft ■ HUILE COMPOSEE. 393 Fig. 502. — Balancp à Homards, dite grande caudrette. Le Homard se lient dans les endroits des côtes remplis de rochers, en général à une profondeur peu considérable ; au mo- ment des pontes, il se rapproche encore plus de la côte, ce qui a lieu vers les mois d'avril, mai, juin, suivant les pays. Ce crustacé est commun dans l'Ocôan, la Manche et la Médi- terranée ; cependant il se cantonne sur quelques points des côtes qui lui conviennent et y devient fort commun, tandis que sur d'autres on ne le rencontre que rarement, c'est alors la langouste (voy. ce mot) qui le remplace. On le prend au moyen de jMniers ou casiers (voy. ce mot) {fig. 501) que l'on descend au fond de l'eau, en y mettant un morceau de chair ou de poisson, car le Homard est exclusivement carnassier. On relève ces engins le lendemain ou plusieurs jours après et l'on récolte les in- dividus pris. On emploie également des es- pèces de nasses en toile métallique ou en filet, des filets en forme de balance nommés Cau- drettes ou salicots [fig. 502 et 503), etc. HOTU. — Nom donné dans les Ardennes et à la halle de Paris au Nasc. (Voy. Chon- DROSTOME NASE.) HOULEVICHE. — Nom de la Brette, à Barfieur. HOUTING(Coregonusoxyrhinchus,Sélys). — Malacopt. abd. Salmon. Long. max. = On>,4o. Syn. : Sigfi ntoskier, sibér. — - Totsc/i, ostiaque. Ce Corégone se distingue de la Fera par un prolon- gement conique de son museau , formé par un petit os complémentaire du maxillaire supérieur. La bouche se trouve en quelque sorte en dessous. La tête est petite, étroite ; la ligne latérale a 7G écailles. D = ti. A= 14. G =31. P = IG. V = 13. La dorsale est de grandeur moyenne, la pectorale courte et pointue, la ventrale courte et large, l'anale four- chue. Pectorales un peu noirâtres, tout le dos verdâtre et le corps argenté. Bord des nageoires un peu violacé. Adi- peuse jaunâtre et pointue en arrière. HOUTING. — Ce poisson, qui vient des mers' du Nord et qui ne s'avance pas dans la Manche, remonte "au printemps la Meuse, le Waal, le Rhin, et arrive ainsi dans les rivières du nord-est de notre pays. HOYER. — On appelle poisson ffoyé celui qui a été meurtri et ftitigué dans le filet ou atta- qué par des poissons voraces. Il ne se conserve pas. HUCHE. — (Voy. Boutique a poisson.) HUCHO (Salmo). — (Voy. Saumon hkisch.) Fig. aÛ3. — Balance à Homards, did' petite caudrette. HUILE COMPOSÉE POUR APPATS. — (Voy. AMORCES, EsCHES, TABLEAUX, 394; HUMER AL. Emploi des esches, Pâtes, etc.) — Les pâtes à boulette que l'on met aux hameçons pour la pèche de fond ont besoin qu'un corps gras les maintienne le plus longtemps possible contre l'action désagrégatrice de l'eau. On a employé d'abord la graisse et l'huile s'mple, puis on s'est aperçu que cette graisse et cette huile pourraient être le véhicule de corps augmentant les propriétés des pâtes en i^tfriandant davantage divers poissons. De là sont nées les graisses et les huiles composées. Prenez : Huile d'amandes douces 30 grammes. Extrait d'absintlie 10 gouttes. Extrait de camomille 10 — Poudre de cumin 2 grammes. Civette ' 06%i0 Broyez bien au mortier de verre et mettez dans une fiole à large ouverture bouchée à l'émeri. En trempant la boulette et l'hameçon dans cette huile, elle peut rester un bon quart d'heure à l'eau sans être emportée. HUILE D'ASPIC. — C'est une substance liquide, volatile, transparente, aro- matique et de saveur acre, qu'on obtient en distillant les fleurs de la lavande spic. Les pêcheurs en recouvrent l'appât de leur ligne pour faire mordre le pois- son. Elle entre dans la composition de plusieurs amorces. (Yoy. ce mot.) HUILE DE LIN. — (Voy. SoiE [Lignes en].) HUILE DE POISSON. — Toutes les parties des poissons se montrent à nous pénétrées d'une substance huileuse plus ou moins abondante, et plus ou moins apparente. Chez certaines espèces, cette huile s'accumule dans le foie avec assez d'abondance pour que son extraction soit fa- cile etlucrative. C'est encore à cette substance huileuse que les poissons doivent la transparence de certaines parties et quelquefois de la totalité de leur corps. La liqueur gluante, qui enduit leur surface est sans doute élaborée par les mêmes principes que cette huile animale qui les imprègne, quoique la substance visqueuse que sécrète la ligne latérale semble plutôt gélatineuse. Cette huile enduit les os cartilagineux do certaines espèces. HUILER LES LIGNES. — (Voy. SoiE [lignes en].) HUMANTIN (Squalus centrina, Lin.). — Chondropt à branchies fixes, plagiostomes. Long. max. = 1«>,50. Syn. : Pesce jiorco., Rome. — Seesclmein, Spitzhund, ail. — Centrina, angl. — Purk haae, hau kiœring, norw. Ces Squales ont la queue courte, ce qui leur donne une taille ramassée; ils ont des évents, point d'anale et des épines en avant de chaque dorsale, la deuxième de celles-ci étant au-dessus des ventrales. Les dents inférieures sont tranchantes sur une ou deux rangées, les supérieures pointues, grêles et sur plusieurs rangs, peau très-rude, couverte de tubercules gros et saillants. Ce poisson est brun sur le dos et blanchâtre sur le ventre. Sur nos eûtes de l'Océan, il approche peu des rivages et cherche les grands fond-: vaseux. Sa chair est si dure, qu'il est presque impossible de la manger. HUMERAL fos). — Chez les poissons osseux, existe derrière la fente des ouïes, une suite d'os formant encadrement et sur lesquels s'applique le bord membraneux de l'opercule et des pièces qui l'accompagnent. Cette suite d'os s'appelle la ceinture humérale, et forme une des grandes arcades solides de la charpente des poissons. Par le haut, elle s'articule à l'os mastoïdien, et par le bas elle forme deux branches courbes et convergentes qui tantôt se joignent et se soudent, tantôt sont réunies par de forts ligaments. Dans ces cas c'est au point de réunion que viennent s'insérer les muscles droits de l'abdomen formant le plancher inférieur de la cavité du péri- carde. En commençant par le haut, cette ceinture est formée de l'os scapulaire que nous avons dit s'attacher aux crêtes mastoïdiennes et qui quelquefois s'attache aux crêtes occipitales externes, ICHTHYOLOGIE. 395 aprôs ceux-ci nommons les siis-seapulaires plus petits et manquant dans icsAnguillos, les Baudroies. Le troisième os qui complète la ceinture est jjeaucoup plus grand, s'étend jusque sous la gorge où nous l'avons vu s'unir à son semblalde de l'autre côté. C'est riiuméral. Cet os est presque toujours plié on gouttière, sans doute pour augmenter sa force de résistance à la flexion sans accroître son poids. La lame externe s'étend même quelquefois en espèce de large bouclier portant aussi des épines. A la lame intérieure de celte gouttière adhèrent encore deux os percés d'une grande ouverture, os fortement échancrés et qui servent de support aux pectorales ; ce sont les os du bras, le radius et le cubitus. (Voy. Nageoires pectouales, Ouïes, etc.). HUMÉRUS (os). — (Voy. Huméral [Os].} HUNIER. — Sorte de Carrelet profond {fhj. 504) destiné à pêcher en mer dans les hantes eaux. (Voy. Échiquier.) Mailles 0'",014. Permis toute l'année de jour et en hateau (voy. Arrondissement), interdit du 1" avril au r" septembre dans le 2" et le 3' arrondisse- ment. HURLIN. — Nom sous lequel on connaît, dans le pays, la Perche des ]osges. (Voy. ce mot.) HYEMALIS (Coregonus). — (Voy. Gravenche.) HYMÉNOPTÈRES. — L'ordre des hyménoptè- res, chez les insectes, comprend quelques animaux qu'utilise la pèche à la mouche. Le mot hyménoptère vient de û[Ar,v membrane et Trtepôv aile, ailes membraneuses. Parmi eux nous distinguons : l. Les fourmis {formica rufu et nnjrmica. Lin.), rouges ou noires qui servent beaucoup, surtout les ailées qui for- ment les mâles et les femelles. (Voy. ce mot.) Toutes les fourmis ne sont pas pourvues d'aiguillons, et la fourmi fauve des bois est de ce nombre, elle est longue de 8 mm. et forme, dans les bois, des nids en pain de sucre composés de terre et de débris ligneux. La fourmi rouge, au contraire {imjrtmca, Latr.) pique vivement ,de son aiguillon, elle habite également les bois, le pédicule de son abdomen est formé de deux nœuds. IL Les abeilles {apis mellifera, Lin.), mais qui ne m'ont jamais semblé très-bonnes pour le poisson blanc; mieux vaut un papillon mou. HYOÏDE (os). — L'hyoïde (os hyoïdien) est un petit os placé entre les deux branches du maxillaire inférieur. Usertde base à la langue^et le plus souvent a la forme d'un V, quelquefois il est armé d'un crochet. Fig. b04. — Huuier. ICHTHYOLOGIE. — L'histoire de la parliedela Science qui s'occupe des poissons ou V khthijoloyie pro}>rement dite remonte à la plus haute antiquité, si l'on recherche depuis quel temps plusieurs de ces animaux sont connus des hommes, l'importance du commerce auquel ils donnaient lieu dans l'antiiiuité.etc. ; mais, si l'on ne veut réellement remonter qu'aux premières notions scien- 396 IDE MÉLANOTE. tifiques auxquelles les poissons ont donne lieu, on ne doit commencer cette histoire qu'à Aristote, c'est-à-dire trois cent cinquante ans avant l'ère chrétienne. Aristote se contente, dans une méthode imparfaite, de distinguer ces animaux en poissons de rivière, marins, et ceux-ci eux-mêmes sont divisés en ceux qui fréquentent la haute mer et ceux qui ne quittent pas les côtes, en poissons écailleux, saxatiles, alépidotes, etc. Depuis, dans les temps anciens et à l'époque du moyen âge, nous voyons d'assez nombreux travaux; mais presque tous ne renferment qu'un petit nombre défaits nouveaux mélangés à de nombreuses erreurs et à de grandes exagérations; tels sont les ouvrages de Pline, d'Elien, d'Apuleius, d'Assulei, d'Oppien, d'Anazarbe, de saint Ambroise, d'Ausone, d'Albert le Grand, etc.; aussi faut-il arriver jusqu'au seizième siècle, c'est-à-dire jusqu'au moment où paru- rent Delon, Rondelet et Salviani, pour trouver les véritables bases de l'ichthyologie. Delon et Salviani donnèrent, chacun de leur côté, une classification de ces animaux ; le premier, d'après l'en- semble de leurs caractères, et le second, plus spécialement d'après les formes extérieures. Ronde- let publia une foule d'observations et de recherches nouvelles ; l'élan était donné, et bientôt parurent un grand nombre de travaux plus ou moins importants ; tels sont ceux de Conrad Gessner, d'Aldro- vande, de Johnston, deJ. Ray, de F. Willughby, et surtout d'Artedi, qui fut l'auteur d'une nouvelle classification, — dont la nomenclature est encore conservée aujourd'hui, — en ordres et en genres, fondée sur la nature et la forme des rayons des nageoires, sur la nature et la disposition des bran- chies, etc. ; mais, encore comme ses prédécesseurs, il laissait les cétacés réunis aux poissons. Linné dans la première édition du Hègne animal, avait adopté le système d'Artedi; mais, dans la se- conde, il tira ses caractères des nageoires anales (catopes) et de leur position par rapport aux na- geoires pectorales, de leur présence, de leurs divisions, de leur absence, etc. , et sa classification est restée comme base des méthodes actuelle?. Les travaux qui suivirent presque immédiatement furent ceux de Klein, de SchœfTer, de Gronovius, de Mùster, de Thrane, de Drùnnich, de Gonan, de Scopoli, deDloch, de Gmelin, de Lacépède, qui donna la meilleure méthode artificielle que nous ayons; dès cette époque, l'ichthyologie systématique était près de parvenir à un haut degré de perfection; en effet, c'est alors que parurent les classifications de M. C. Duméril, de De Dlainville et surtout de G. Cuvier et Valenciennes, de M. Agassiz, etc., qui l'ont maintenant placée sur des bases que le temps peut améliorer encore, et que les efforts des chercheurs de l'avenir doivent tendre, avant tout, à simplifier. Puissent nos vœux à ce sujet être entendus, quoique à vrai dire nous craignions bien que la tendance de la science actuelle ne soit tout le contraire. IDE [Genre], (Idus, Heck.). - Malacopt. abd. Cyprin. Les Ides, dont une seule espèce est indigène en France, sont comme un point de transition entre les Gardons et les Chevesnes. Les dents pharyngiennes seules peuvent servir de caractère distinctif entre chaque espèce, et encore leur grandeur, par rapport au volume de l'individu, doit- elle être prise en considération, ce qui affaiblit beaucoup la sûreté de la détermination d'espèces aussi voisines sur un semblable caractère. Ces dents sont sur deux rangs, comme celles des Chevesnes, ce qui sépare les Ides, du premier coup, des Gardons, mais les rapproche des Rotengles. Cependant les dents des Ides n'ont point de dentelure. Quant à les séparer des Chevesnes, on le peut, parce que la rangée du dedans a une dent de plus, trois, tandis que chez les autres espèces, il n'y en a que deux : cinq en dehors, chez tous. IDE MÉLANOTE (Idus melanotus, Heck.). — Malacopt. abd. Cyprinoïdes. Long. max. = 0",50; haut = 0"',12. Syn. : Ead, dan. — Erfling, Kûlding, allem. Poisson très-rapproché du Chevesne (voy. Ide, [Genre]), dont il se distingue d'abord par sa caudale qui n'a que 19 rayons au lieu de 22, et les nageoires anales et ventrales qui sont rayées de rouge et de blanc. Un appendice auprès de chaque ventrale, anale échancrée de 13 rayons. Pec- torales 17 rayons, ventrales 11 ; = 5Gà 58 écailles sur la ligne latérale ifir/. 506). Front, nuque et dos noirs; ventre blanc, pectorales jaunâtres, dorsale et caudale grises. L'Ide quoique ayant la tête courte, possède l'ouverture de la bouche moyenne tandis que le Chevesne l'a très-grande. La mâchoire ne porte pas de dents, mais les pharyngiens sont garnis d'osselets un peu courbés vers les pointes et qui sont de véritables dents du gosier, on en compte 5 par derrière qui sont gros et 3 plus petits en avant, total IG dents pharyngiennes. Ce poisson présente une laite double ainsi que son ovaire. Vessie natatoire grosse et séparée en deux cavités. Épine dorsale de 41 vertèbres, 15 côtes de chaque côté. Commim en Belgique et dans la Meuse. C'est un excellent appât vif, pour le Brochet qui en est très-friand. Ce poisson préfère les grandes étendues d'eau limpide ou les torrents sur de grosses pierres. (Voy. Temps d:; frai.) INAQUE DORYNQUE. 397 Chair hianche, tendre et de bon goût; quand elle est cuite dans l'eau salée, elle acquiert la couleur rougeâtre de la chair du Saumon. Comme nous l'avons dit en commençant, l'Ide se rapproche énormément du Chevesne, mais une distinction les sépare toujours. L'Ide a l'anale d'un beau rouge, le Chevesne d'un gris noir et Fig. 505. — Ide mélanote [Idus melanolus, Ileck.). clair. Les deux poissons ont au reste les écailles grandes, mais celles du Chevesne ont le bord infé- rieur un peu bleuâtre, caractère difficile à établir. L'Ide atteint souvent un poids de 4 kilos. IDE. — Ce poisson a la plus grande ressemblance avec le Chevesne dont il accuse les mœurs : sa nourriture consiste en végétau.v, vers, crustacés et insec- tes. Plus rarement que le Chevesne, il se jette sur les petits poissons. Indi- quer les substances dont il fait sa proie, c'est expliquer la manière dont il faut le pêcher : seulement, comme la bouche est beaucoup plus petite que la bouche du Chevesne, il est nécessaire d'y avoir égard pour la forme et la grosseur des Esches. Plusieurs auteurs pensent que ce poisson n'est pas une espèce spéciale, mais bien une variété du Chevesne, propre aux climats plus froids ; car sa demeure est au nord de l'Europe, et on le trouve surtout en abondance en Suède, Norwége, Danemark, Poméranie, Westphalie, et jusqu'en Sibérie. Dans les rivières septentrionales de la France où on le prend, on n'en fait pas de pèche spéciale ; on en fait capture en même temps et par les mêmes moyens que le Chevesne et le Dard. On le trouve dans le Rhin, la Meuse, la Moselle, l'Ill, la Somme, etc. IDUS CYPRINUS. — (Voy. Able IDE.) IDUSMELANOTUS — (Voy. Ide mélanote.) INACHUS DORYN- CHUS. — (Voy. Inaqie do- RYNQUE.) INAQUE DORYN- QUE (Inachus dorynchus Leach). — Crustacés décapod brachyures, oxyrhinq. Ce petit Crabe [fig. 60(1 , très-voisin des Maïas, habite ,, i j ^ t ^ -. , ... , Fia. 506. — Inaque cJorviique (Inacnus dorynchus, Leacn . nos cotes de la Méditerranée ^ ■ . i ^ et de l'Océan; il se tient habituellement dans les eaux profondes et se pèche souvent avec les_Huilres — ainsi que le Maia, — sur les bancs desquels il habite. 098 INSECTES. Sa couleur générale est brunâtre, tout son corps est couvert de poils et de duvet auquel se fixent les corallines et autres animaux inférieurs, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec le mnia ou araignée de mer. (Voy. ce mot.) C'est le Crabe, figuré sur la couverture de ce volume ac- croché, ainsi qu'il aime à le faire, au milieu des Algues ou des Gorgones. On ignore absolument le mode de reproduction de ce crustacé. Il est probablement ovipare comme les autres animaux de sa famille, mais, quelle est la forme, quelles sont les mœurs des jeunes, c'est ce que l'on ne sait pas. Il est probable qu'ils sont doués, de même que les petits du Crabe, des Homards et de la Langouste, d'une forme bizarre et différente de tout point de celle de leurs parents adultes, et se hâtent de gagner la haute mer. Aussi la plus grande obscu- rité règne-telle sur le mode de croissance et le lieu d'habitation de tous ces animaux, jus- qu'au moment où , adultes , ils se rapprochent des rivages. Voir notre seconde partie : les Industries des eaux. INDEMNITÉS DES RIVERAINS PRIVÉS DU DROIT DE PÊCHE. — (Voy. Interdiction temporaire de la pêche.) INSECTES. — Nous considérons, comme pêcheur, les insectes au point de vue de la proie qu'ils ollVent aux poissons et de l'ardeur avec laquelle certains de ceux-ci les. poursuivent. Goût particulier dont est né tout un système de pèche, un des plus productifs, dit péc/ie à In mouche. 11 n'est pas sans importance cependant que le pécheur intelligent ait quelques notions de l'or- ganisnieet des mœurs des petits animaux auxquels il demande une aide si puissante. Pour les zoologistes, l'insecte proprement dit est un animal articulé, c'est-à-dire dont le corps est formé d'articles placés bout à bout, et dont les pattes offrent le même caractère. Mais les ani- maux articulés comprennent beaucoup plus que les insectes qui n'en forment que la quatrième classe , et ont pour caractères spéciaux : point de squelette intérieur, un corps généralement dur extérieurement et formé de trois grandes divisions: tête, corselet et abdomen. L'organisation de leur bouche est compliquée, leur tête est garnie d'antennes pour toucher, et munie d'yeux simples, com- plexes ou à facettes. Le corselet d'un insecte porte six pattes. En général, ces animaux subissent pendant la durée de leur vie des métamorphoses dont la durée varie dans des limites énormes. Ces change- ments sont au nombre de trois que l'on désigne sous les noms de : 1° larve ou chenille ; 2" nymphe ou chrysalide; 3" insecte parfait. En général l'état de larve est celui sous lequel les insectes vivent le plus longtemps. Il y en a même qui ne vivent que quelques heures à l'état parfait; tels sont les éphé- mères (voy. ce mot), qui en cet état ne prennent pas de nourriture. Le hanneton (voy. ce mot), vit trois ans en terre sous forme de larve (c'est le ver blanc avec lequel on peut prendre de beaux Che- vesnes de fond), et quelques semaines seulement à l'état parfait. L'éphémère dont nous venons de parler vit deux ans à l'état de larve. D'autres, au contraire, subissent toutes leurs métamorphoses dans le cours d'un été et ne se perpétuent, l'année suivante, quepar l'éclosion des œufs qu'ils ont déposés. Les insectes ne nous servent guère que sous le premier et le troisième état. Sous le troisième surtout nous en employons un assez grand nombre ; ainsi, les hannetons, les grillons, les saute- relles, les papillons, les mouches, etc., sont des insectes parfaits. Les asticots, les chenilles sont des larves : l'épine-vinette, est la seule nymphe dant le pêcheur se serve. Quelques insectes sont munis d'armes défensives, tels sont : les abeilles, les guêpes, les four- mis; le pêcheur pourra s'en servir, mais après avoir eu soin d enlever les aiguillons qui, même après la mort de l'animal qui les porte, conservent encore leur pouvoir meurtrier. Excepté la fourmi qui, une fois morte, ne mord plus, et forme une excellente esche pour la pêche à la mouche, les insectes de la famille des guêpes et des abeilles ne valent pas grand'chose pour cette même pêche, non pas que le poisson paraisse incommodé par leur inglutition, mais parce que l'espèce de carapace, d'enveloppe résistante dont ces insectes sont formés rend très-diffi- cile que la pointe du dard pénètre dans les chairs du poisson ; il faudrait se servir de très-gros hameçons avec ces insectes, et l'on risquerait d'effrayer les poissons de surface toujours si défiants. Quant aux insectes à carapace dure, comme le grillon, le hanneton, la manière de les enferrer pour la pêche est décrite en son article suivant. INSECTES ARTIFICIELS SUIVANT LES MOIS (Emploi des). — Les Araignées, Chenilles, Papillons, Denîoiselles, Sauterelles, Teignes aquatiques et les insectes ailés qui en provi^snnent, sont employés en nature avec beaucoup INSECTES. 399 d'avantage pour la pêche du Saumon, du Chevesne, de la Truite et de plusieurs autres poissons de surface. Leur imitation artilicielle demande un emploi plus rai- sonné, malgré la perfection avec laquelle ces insectes sont reproduits. Une cause difficile à changer sans un travail complet d'Entomologie — rend très-peu aisé de se reconnaître certainement dans cette matière, c'est la multitude de noms — diffé- rents à un même insecte, pareils à des insectes différents, — donnés par les pêcheurs dans les divers pays. Ainsi donc, malgré le soin avec lequel nous avons réuni les données les plus certaines, nos qualifications laissent une grande place à l'arbi- traire, et il est prudent au pêcheur de se préoccuper plus ici de la couleur et de la grosseur de son insecte, que de sa forme plus ou moins exacte et de son nom plus ou moins bien appliqué à vrai. En effet, le Cousin^ la Chenille, V Araignée du pêcheur ne sont point le Cou- sin, la Chenille ou l'Araignée du naturaliste, il est donc impossible de s'entendre là-dessus. Résumant les doctrines les plus autorisées, nous dirons en général que, VA- raignée rouge et le Papillon jaspé conviennent pendant qu'il fait du soleil ; le Bibet lorsque le temps est à l'orage ; le Charançon lorsque le ciel est obscurci par les nuages; les Chenilles Jaunes et vertes s'emploient le matin ainsi que le Papillon des genêts et la Sauterelle ; la Mouche factice vers la fin du jour ; la Nymphe au lever du soleil; enfin la Papette et le petit Paon se mettent en usage toute la journée. Les Ai'aignces, Chenilles, Fourmis ailées et Demoiselles, sont très-bonnes pour la Truite toujours, et pour le Chevesne, le Gardon, quelquefois, quand le pécheur est bien caché. La Mouche commune, prétend-on, a tenté quelquefois la Carpe, j'en doute ; mais enfm ! Le petit Paon s'emploie pour le Saumon, c'est un fort Papillon. Si maintenant nous considérons la pêche de la Truite seule, les Anglais se servent dans leurs pays au mois de : Janvier : Quand il fait beau, des Tipules artificielles dits Cousins {gnats). Février : D'une Chenille très-velue dite Palmer. Mars : Great heackle dont le modèle naturel est une Chenille longue, de couleur fauve, qui dévore les feuilles des ronces. Avril : Le corps se garnit de soie rouge, tête verte, et se fait avec les plumes d'une poule rousse. Mai : Le corps garni est fait de soie rouge avec des filets tirant sur l'or, la tête est noire. On use des plumes rouges d'un chapon. Vers la fin et le courant de juin, de la Mouche dite Fourmi ailée ou Mouche d'aubépine, Hawthorn-fly , qui se trouve sur cet arbre après la pousse des feuilles. On emploie pour l'imiter la plume noire prise au col du coq. Juin : Le corps est garni de soie bleue et de soie d'un jaune doré, la tête est pâle ; on emploie les plumes du dessous des ailes des perdrix, — Les Fourmis ailées qui ont le ventre gros et arrondi comme une bouteille ; ou des cigales faciles faites avec du camelot gris et rouge avec des ailes gris clair. Juillet : Des mêmes appâts. Le corps se garnit de soie verte et d'autre tirant sur l'or, la tête se fait bleue et les ailes avec des plumes de couleur pâle. Aoi'it : Les Fourmis ailées qui ont les ailes de couleur obscure, le corps est composé de plumes longues, plumes de Paon ; et les ailes, de plumes trouvées parmi celles du Faisan. Pour faire les corps un peu gros, on choisit du camelot, de la moire eX autres 400 INTELLIGENCE DES POISSONS. étoffes fines de diverses couleurs, laine filée, soie torse ou plate, fil d'or ou d'ar- gent, certains poils en préférant à ceux qui sont fins et s'affaissent dans l'eau, ceux qui se soutiennent. INTELLIGENCE DES POISSONS. — Sans vouloir nous appesantir sur un sujet si vaste et qui appellerait des citations de plus d'un genre, nous ne pouvons passer sous silence, pour l'éducation du pêcheur, l'intelligence des animaux qu'il veut surprendre et contre laquelle la sienne propre aura à lutter. Les poissons ont, avant tout, la mémoire du ventre. Messire Gasterestleur ins- pirateur le plus ardent, et c'est comme la plupart des animaux, sinon tous, par où il* faut les attaquer. Cependant ce serait une grande erreur de croire que l'éducation d'un poisson soit longue à faire; elle est beaucoup plus rapide et plus facile que celle du premier pierrot venu du Luxembourg ou des Tuileries. Et cependant les ailes du second ne sont pas de meilleure sauvegarde que les nageoires du pre- mier. Mais soit que l'appétit reste un besoin plus dominant chez le poisson que chez l'oiseau, soit que le premier ait la bosse de l'amativité et de la sociabilité plus développée que le second, toujours est-il qu'on l'apprivoise beaucoup plus aisé- ment. Ce serait encore une erreur de croire que les poissons de mer sont plus farou- ches que les poissons d'eau douce ; au contraire, et sans parler des Carpes que tout le monde, — et moi sans me compter, — fait venir à la main en quelques jours : sans compter les Cyprins dorés ou poissons rouges, que tout le monde peut dresser, nous connaissons de magnifiques Turbots, des Squales fort respectables, des Gron- dins, des Mulets qui, au bout de quelques semaines, viennent au coup de sifflet et prennent d'ans la main, la nourriture qu'on veut bien leur offrir. Ce n'est pas tout encore ; ils se laissent caresser... ils connaissent les person- nes qui les caressent et semblent y prendre plaisir. Que ferait de mieux le perro- quet le plus familier? Et combien de mois ne faudrait-il pas, de soins, de patience et de coups de bec pour en arriver là? Le dressage facile des poissons n'est pas d'ailleurs une observation moderne. Oppien et Pline l'ont connu, et surtout à propos d'un poisson chez lequel on ne remarque rien de semblajjle aujourd'hui et sur lequel on ne fait plus de pareilles tentatives. Nous voulons parler du Barbier de la Méditerranée {Serranus anthias), le Roucaou de nos départements du Midi. « Un pêcheur toujours vêtu du même habit, dit le naturaliste romain, se pro- menait dans une petite barque pendant plusieurs jours de suite, et chaque jour, à la même heure, dans un espace déterminé auprès des îles et des écueils des côtes de l'Asie Mineure, il jetait aux Anthias très-communs en ces endroits quelques- uns des aliments qu'ils préfèrent. Pendant quelque temps, cette nourriture était suspecte à des animaux qui, armés pour se défendre, bien plutôt que pour atta- quer, doivent être plus timides, plus réservés, plus précautionnés, plus rusés que les autres habitants des mers. (( Cependant, au bout de quelques jours, un de ces poissons se hasardait à sai- sir quelques parcelles de la pâture qui lui était offerte ; le pêcheur l'examinait avec attention, comme l'auteur de son espoir et de ses succès, et l'observait assez pour le reconnaître facilement. L'exemple de l'individu, plus hardi que les autres, n'avait pas d'abord d'imitateurs ; mais, au bout de quelque temps, il ne paraissait qu'avec des compagnons dont le nombre augmentait peu à peu, et enfin il ne se INTELLIGENCE DES POISSONS. 401 montrait qu'avec une troupe noml)reuse d'autres Anthias qui se familiarisaient bientôt avec le pêcheur et s'accoutumaient à recevoir leur nourriture de sa main. (( Ce même pêcheur, cachant alors un hameçon dans l'aliment qu'il présentait à ces animaux trompés, les retenait, les enlevait, les jetait avec vitesse et facilité dans son petit bateau, mais avait le plus grand soin de ne pas saisir l'Anthias im- prudent auquel il devait la bonté de sa pêche, et dont la prise aurait, à l'instant, mis en fuite tous ceux qui ne s'étaient avancés vers le bateau, qu'en imitant sa témérité et en se mettant en quelque sorte sous sa conduite. » Nous ne voulons pas nous étendre autant que la matière le comporterait sur les nids que savent faire les poissons, et sur les mœurs si remarquables des mâles à cette époque de leur vie, laissant cela à traiter dans la partie de pisciculture. Ce- pendant, quand on voit VÉpinoche, VÉpinochette, construire le petit berceau dans lequel ils contraindront les femelles à venir pondre leurs œufs; lorsqu'on considère les soins infinis que le mâle prend pour mener à bien cette petite construction si remarquable, les déductions qu'il sait tirer de ses réflexions sur la convenance de tels ou tels matériaux, ceux-ci trop légers qu'il faut alourdir en y plaçant une pierre, ceux-là trop rudes qu'il faut rejeter, on reste confondu, émerveillé de ces mille preuves de jugement et d'intelligence que développe le petit architecte sous l'influence d'un instinct à satisfaire. Quelle distance, en effet, sépare l'instinct de l'intelligence? Hélas! nous ne le savons pas. Mais ne voyons-nous pas chaque jour l'un mener à l'autre? Ces exemples de nidification sont loin d'être isolés ; les Spinachies ou Épi- noches de mer construisent des nids d'une autre façon, mais avec une industrie non moins singulière. Les Crénilabres en édifient d'autres sur le sable des grèves, les Labres elles-mêmes, ou Vieilles de mer, en construisent le long des rochers. Nous avons vu ces amas de mousses marines, gros comme une tête humaine, ar- rondis, percés de trous, et représentant un manchon aplati, dans lequel les œufs sont pondus et très-probablement défendus par le mâle, car il semble que, dans le monde de la mer, les rôles du monde aérien soient intervertis Les Gobies se creusent, eux, des trous, des terriers, dans la terre forte des grè- ves : les Cottes pondent leurs œufs dans les fentes des rochers, et le mâle, — peut- être les deux conjoints, — reste là pour les défendre. Le Lump couve les siens accroché aux roches et les défend cachés sous la collerette en ventouse de ses pectorales. Combien d'autres encore, dont les mœurs aujourd'hui inconnues, nous seront révélées par les études de l'avenir, et nous montreront que le feu divin de l'intelli- gence anime la nature dans ses moindres manifestations ! Voici un exemple de la sagacité du Gardon. (( Près de Tolesbury, dans l'Essex, on rencontre plusieurs étangs ou marais stagnants d'une grande étendue, et qui sont légèrement saumâtres. Il y a soixante-dix ou quatre-vingts ans, ces étangs furent inondés par une irruption de la mer, et la quantité de Gardons détruits fut si grande, qu'on tira et emporta les morts dans deux charrettes, autant pour s'en servir • comme engrais que pour prévenir les effets pernicieux de leur décomposition. Quelques années plus tard, on proposa de draguer un des plus considérables de ces étangs, qui, quoique très-long, était si étroit, qu'un grand filet pouvait le tra- verser complètement. La quantité de Gardons parut abondante ; le filet était d'une étendue extraordinaire et d'une grande valeur, étant fait entièrement de 26 402 INTELLIGENCE DES POISSONS. soie. La nouvelle de cette pêche attira une foule de spectateurs et d'assistants. On passa plusieurs heures à faire les préparatifs nécessaires; on vit rarement plus d'empressement et plus d'activité ; chacun se mit à l'œuvre pour prévenir la fuite du poisson. <( Tous les bords de l'étang étaient gardés. Les moyens de capture étaient si variés, si compliqués, si certains ; le beau et vaste filet couvrait si bien chaque pouce d'eau, qu'on regardait comme impossible qu'un seul Gardon pût échapper à son malheureux sort. Après avoir employé ainsi plus de trois heures dans ces soins pré- liminaires, on atteignit le bout de l'eau et on se prépara à tirer le filet. La curiosité était maintenant poussée à l'extrême; le filet fut ramené à terre ; mais au lieu des charretées de poissons qu'on s'attendait à y trouver, huit ou dix Gardons seulement apparurent à la lumière. Et, le lendemain, les eaux insolentes exhibèrent, comme par manière de provocation et de défi, leur population flottante, aussi nombreuse que jamais ' « Ce marais était strictement gardé ; on ne trempait pas dans ses eaux une ligne plus d'une fois l'an ; le poisson ne pouvait dès lors être devenu rusé par persécu- tion. C'était donc de sa part habileté instinctive, puisée dans un sentiment de con- servation et de juste défense de soi-même. Tel fut le sentiment général de ceux qui furent à même de voir et de juger le fait. Ils pensèrent que ces poissons se trouvant si étroitement bloqués, les uns s'étaient ouvert un passage dans les inter- stices pratiqués le long de la rive par les souches de saules ou de sureaux, et que les autres s'étaient plongés simultanément dans la vase, comme font les Carpes, pour éviter en pareil cas les mailles du filet. (J. Franklin.) (( Quand je demeurais àDurham, dit le docteur Warwick, je me promenais un soir dans le parc qui appartient au comte de Stamford, et j'arrivai sur le bord d'un étang 011 l'on mettait, pour quelque temps, les poissons destinés à la table. Mon attention se porta sur un beau Brochet, d'environ 6 livres ; mais, voyant que je l'observais, il se précipita comme un trait au milieu des eaux (( Dans sa fuite, il se frappa la tête contre le crochet d'un poteau. J'ai su plus tard qu'il s'était fracturé le crâne et blessé d'un côté le nerf optique. L'animal donna les signes d'une efTroyable douleur ; il s'élança au fond de l'eau, et, enfon- çant sa tête dans la vase, tournoya avec tant de célérité, que je le perdis presque de vue pendant un moment. Puis il plongea çà et là dans l'étang, et enfin se jeta tout à fait hors de l'eau sur le bord. Je l'examinai et reconnus qu'une très-petite partie du cerveau sortait de la fracture sur le crâne. « Je replaçai soigneusement le cerveau lésé, et, avec un petit cure-dents d'ar- gent, je relevai les parties dentelées du crâne. Le poisson demeura tranquille pen- dant l'opération ; puis il se replongea d'un saut dans l'étang. Il sembla d'abord beaucoup soulagé; mais, au bout de quelques minutes, il s'élança de nouveau et plongea çà et là, jusqu'à ce qu'il se rejetât encore hors de l'eau. Il continua ainsi plusieurs fois de suite. (( J'appelai le garde, et, avec son assistance, j'appliquai un bandage sur la frac- ture du poisson ; cela fait, nous le rejetâmes dans l'étang, et l'abandonnâmes à son sort. Le lendemain matin, dès que je parus sur le bord de la pièce d'eau, le Bro- chet vint à moi, tout près de la berge, et posa sa tête sur mes pieds. Je trouvai le fait extraordinaire, mais sans m'y arrêter, j'examinai le crâne du poisson et recon- nus qu'il allait bien. Je me promenai alors le long de la pièce d'eau pendant quel- que temps; le poisson ne cessa de nager, en suivant mes pas, tournant quand je INTELLIGENCE DES POISSONS. 403 lournais ; mais comme il ctail borgne du côté qui avait clé blessé, il parut toujours agité quand son mauvais œil se trouvait en face de la rive, sur laquelle je changeais la direction de mes mouvements. (( Le lendemain j'amenai quelques jeunes amis pour voir ce poisson; le Brochet nagea vers moi comme à l'ordinaire. Peu à peu il devint si docile, qu'il arrivait dès que je sifflais et mangeait dans ma main. Avec les autres personnes, au contraire, il resta aussi ombrageux et aussi farouche qu'il l'avait toujours été. « L'histoire de ce Brochet reconnaissant est de nature à nous donner une idée toute nouvelle des facultés qui ont été accordées aux poissons. » On a vu des Morues prospérer dans des étangs qui se trouvaient en communi- nication avec la mer. Il y a sur la côte ouest de l'Ecosse, un de ces étangs situé près du Mill of GaUoway. C'était originellement un petit bassin creusé dans le roc, et avec lequel la mer communiquait par le moyen d'un tunnel, ouvrage de la na- ture. Ce bassin fut plus tard agrandi et reçut plus de profondeur, à la suite de travaux d'art considérables. Aujourd'hui, c'est un étang remarquable, et par la gran- deur des rochers qui l'emprisonnent, et par le caractère des hôtes qui l'habitent. « Je visitai cet étang, il y a quelques années, dit J. Franklin. Des amis m'accom- pagnaient, et précédés de la femme du garde, nous montâmes une sorte d'escalier qui conduit à la pièce d'eau. Nous n'avions pas plutôt paru au haut de cet escalier, qu'il se fit une sorte d'émeute parmi les poissons. Ils s'élancèrent vers la plate- forme, se poussant et se bousculant les uns les autres, dans leur ardeur commune à se rendre vers l'endroit où l'on a coutume de leur distribuer la nourriture, abso- lument comme le font des volailles dans une basse-cour, à la vue de celui ou de celle qui leur donne à manger. (( Nous nous étions pourvus, en venant, d'une certaine quantité de Moules, que nous avions exposées au feu, afin de les délivrer plus aisément de leurs écailles. C'est un aliment dont la Morue et les autres poissons de cet étang se montrent extrêmement friands. « On m'avait dit que ces poissons, après avoir été ainsi engraissés durant quel- ques semaines, surpassent en saveur leurs frères sauvages qu'on pêche dans les mers ouvertes. «Je jetai la nourriture au poisson, et je puis dire, sans me flatter, qu'elle fut bien reçue. Les Morues venaient la chercher jusque dans ma main. Je voulus m'au- toriser des termes de familiarité dans lesquels je semblais être avec mes nouveaux amis, pour saisir quelques-uns d'entre eux, et les prendre dans mes bras. J'essayai à plusieurs reprises ; mais les hôtes à nageoires de cette pièce d'eau, surtout les plus grands, m'échappèrent constamment; à peine si je pus m'emparer d'un petit de 2 ou 3 livres. Je compris que ces poissons aimaient mieux mes Moules que mes caresses. Peut-être d'ailleurs notre connaissance était-elle trop nouvelle, pour leur inspirer une sécurité parfaite relativement à mon intention. « En effet, la femme du gardien en prit, sans efforts, un des plus grands sur ses genoux ; elle le caressa et le flatta disant : « Pauvre ami ! pauvre ami ! » absolument comme si c'eût été un enfant. Elle lui ouvrit la bouche, et y introduisit une Moule que le poisson avala, en donnant des signes qu'il la trouvait bonne, puis elle le re- mit dans l'eau. « Je remarquai plusieurs degrés d'apprivoisement parmi les membres de cette famille ; quelques poissons étaient tout à fait familiers, d'autres à demi domestiques, d'autres encore presque sauvages. Il est curieux de voir, à l'heure du repos, au mA INTERMAXILLAIRES. moment où le gardien parait sur la plalc-forme , ouvrir toutes ces bouches pour recevoir la nourriture quotidienne. C'est un bruit, une agitation, une rivalité tou- chante entre les poissons ; c'est à qui gagnera par sa gentillesse les bonnes grâces du maître ou de la maîtresse. « Il y a un fait curieux, c'est que tous les poissons qui restent longtemps dans ce vivier deviennent aveugles. On atti'ibue celte circonstance à ce qu'ils ne trouvent point d'abri, dans cet étang, contre la chaleur et l'éclat du soleil. Les eaux sont en effet trop peu profondes, comparées aux abîmes que les Morues habitent générale- ment, dans l'état de liberté. Plusieurs que j'ai vues ainsi, privées de la vue, sont entièrement nourries à la main. Elles seraient, en effet, incapables de rivaliser, dans la compétition de la nourriture, avec celles dont les yeux sont sains et clairvoyants. (( On m'a raconte, sur place, l'anecdote d'un gentleman qui avait offert à une Morue une Moule dans un bassin creux. Il était difficile de la saisir ; car la tête du poisson ne se courbe point à volonté. Les yeux de l'animal témoignaient pourtant qu'il avait grande envie de se procurer ce friand morceau. Il usa d'un stratagème; ce fut d'attirer la Moule en aspirant fortement, et en établissant ainsi une colonne d'air qui conduisit le mollusque dans sa gueule. » INTERÉPINEUX, — (Voy. Vertèbres.) On appelle ainsi de petits os ou stylets qui s'articulent à l'extiëniité des apophyses épineuses des vertèbres de la colonne dorsale chez les poissons osseux, et qui servent à soutenir les rayons souvent forts et osseux des nageoires dorsales. INTERMAXILLAIRES (os). - (Voy. Crâne.) La mâchoire supérieure des poissons se compose des os maxillaires et des os intermaxil- laires; dans le plus grand nombre de ces animaux, les derniers sont les plus importants de la mâchoire, car ils portent presque toujours des dents et ils en forment le bord extérieur. Pour bien saisir le rapport de ces os entre eux, il faut les étudier d'abord dans les espèces où ils prennent, par rapport aux maxillaires, un rôle secondaire au Heu de prédominer comme dans un grand nombre de genres. Par exemple, dans les Truites {fiy . 507) et les Clupées, les os in.termaxiilaires sont petits, placés près de la ligne médiane du crâne entre les leux maxillaires qui sont à leur suite et qui complètent l'arcade supérieure de la bouche. Si maintenant on étudie les poissons voisins de ces familles, la prédominance des intermaxillaires apparaît et augmente ; à mesure qu'on s'éloigne du type on voit ces os s'allonger et s'étendre en avant des maxillaires à un tel point que l'in- termaxillaire borde la bouche {fig. 508) et rejette derrière lui le maxil- laire qui alors ne porte plus de dents. Les iiilermaxillaires ainsi développés présentent sur leur ligne médiane une apophyse qui croît tellement quelquefois qu'on lui donne alois le nom de branche mon- tante des intermaxiilaires; cette branche glisse dans des gouttières sur la partie antérieure du crâne, et des muscles les retirent en ar- rière, quand les mouvements de bascule de la mâchoire inférieure les ont portés en avant. Ces os jouent un rôle très- important dans les mouvements en avant ou en arrière du museau du poisson, et dans quelques espèces où les branches montantes sont très-allongées, la bouche peut au moyen des membranes qui relient les os, se changer en une espèce de tube d'une admirable construction. Dans quelques espèces, comme chez les Silures, les maxillaires sont réduits à l'état rudimentaire, et ne décèlent leur présence que par les mouvements qu'ils servent à transmettre aux Darbillons, dont ils forment la charpente. Chez quelques autres poissons, les maxillaires et intermaxillaires se soudent, et se développent en avant, comme chez les Orphies, l'Espadon, etc. Les Harengs, au contraire, ont le maxillaire articulé et formé de quatre osselets. Jlaxillaiie iiilérieur gauche de Truite. Fig. 508. — Exemple d'intermaxil- laire bordant la bouche et ajant rejeté en arrière les maxillaires. INTERDICTION TEMPORAIRE. 40;" Nous conclurons que la prédominance d'une paire de ces os sur l'autre, et leur développement, forme un des meilleurs caractères spécifiques pour distinguer anatomiquement certaines espèces. INTERDICTION TEMPORAIRE DE LA PÊCHE. Eau douce. — L'art. I, § l"' de la loi du 31 mai 1865, est ainsi conçu : (( Des décrets rendus en Conseil d'État, après avis des Conseils généraux des dé- partements, détermineront les pèches des fleuves, rivières, canaux et cours d'eaux réservés pour la reproduction, et dans lesquels la pêche des diverses espèces de poissons sera absolument interdite pendant l'année entière. (( Art. 2. L'interdiction de la pèche pendant l'année entière ne pourra être pro- noncée pour une période de plus de cinq ans. Cette interdiction pourra être renou- velée. (( Art. 3. Les indemnités auxquelles auront droit les propriétaires riverains qui seront privés du droit de pèche, par application de l'article précédent, seront réglées par le Conseil de Préfecture, après expertise, conformément à la loi du 26 septem- bre 1807. (( Art. 4. A partir du 1" janvier 1866, des décrets rendus sur les pi^opositions des Ministres de la Marine et de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, régleront d'une manière uniforme, pour \2l pêche fluviale ei pour la pèche maritime dans les fleuves, rivières, canaux affluents à la mer, les époques pendant lesquelles la pêche des diverses espèces de poissons sera interdite. » Eau de mer. — Art. 7 du décret impérial du 10 mai 1862 : (( Toute espèce de pêche, par quelque procédé que ce soit, à moins de 3 milles de la côte, peut, sur une étendue déterminée du littoral, être temporairement in- terdite, lorsque l'interdiction est reconnue nécessaire pour sauvegarder, soit la re- production des espèces, soit la conservation du frai ou du fretin.» L'interdiction est prononcée par un décret impérial rendu sur les propositions du Ministre de la Ma- rine et des Colonies. Cette mesure est ce que l'on appelle le Cantonnement. L'accomplissement des formalités préparatoires donne dès lors aux riverains toutes les garanties que l'interdiction temporaire de telle ou telle espèce de pêche sur un point déterminé du littoral, ne sera prononcée qu'après un très- sérieux examen. « Par cela même, dit S. E. le Ministre de la Marine dans son rapport à l'Em- pereur, qu'une grande latitude est ainsi laissée, il pourra être nécessaire d'interdire, parfois, l'exercice de la pêche dans quelques parties du littoral pour sauvegarder la reproduction ou veiller à la conservation du fretin. Les recherches auxquelles l'Ad- ministration de la Marine et la science se livrent depuis quelque temps nous amè- neront peut-être un jour à déterminer avec quelque certitude les portions du rivage que, chaque année et successivement, il importerait de ne point exploiter. Il était donc indispensable d'établir pour ainsi dire des cantonnements, et, dès lors, de pro- noncer des interdictions temporaires que réclame l'intérêt bien compris des popu- lations maritimes elles-mêmes. Art. 2. (Décret du 10 mai 1802.) Sur la demande des prud'hommes des pê- cheurs, de leurs délégués, et, à défaut, des syndics de gens de mer, certaines pêches peuvent être temporairement interdites, sur une étendue de mer au delà de 3 milles du littoral, si cette mesure est commandée par l'intérêt de la conservation des fonds et de la pêche des poissons de passage. Rapprochons cet article du dernier paragraphe de l'art. 1" afin qu'ils se com- plètent l'un par l'autre, car ce qui est possible dans l'action doit forcément être 406 JAMBINS. observé dans l'inaction, a Les pêcheurs sont tenus d'observer dans les mers si- tuées entre les côtes de France et celles du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande la prescription de la Convention du 2 août 1839 et du règlement in- ternational du 23 juin 1843. (( Ce n'est pas, dit la notification, comme limite de la mer territoriale, qu'on a cru devoir adopter la distance de trois milles de la laisse de basse mer; la mer territoriale n'a jamais été bien définie, et le droit international ne contient à cet égard rien de précis. Mais la Convention du 2 août 1839 ayant considéré la dis- tance de trois milles comme suffisante pour protéger l'industrie des pécheurs de chaque pays, il a semblé bon de ne pas adopter d'autres bases. L'art. 2 maintient bien le principe qu'au delà de trois milles, la pèche peut être prohibée dans certai- nes circonstances. Pour que ces restrictions soient de nature à ne soulever aucune réclamation fondée, il faiit que la nécessité soit évidente aux yeux de tous, ou au moins d'une grande partie des intéressés ; c'est pour cela que la demande doit émaner de ceux- ci. Il faut remarquer, toutefois, que l'art. 2 ne détermine pas'd'une manière rigou- reuse comment cette demande devra être produite. En effet, les usages locaux, l'or- ganisation des prud'hommes ou des associations présentent des conditions sidiverses suivant les localités, qu'il était utile de se bornera poser le principe de l'interven- tion des pêcheurs ou de leurs représentants et de laisser la plus complète latitude au mode d'exercice de cette intervention. » INTEROPERCULAIRE (os). — ^Voy. Opercule, Préopercule, Subopercule, Ouïes.) Cet os, le quatrième de l'iippareil entier qui couvre les branciiies, est marqué D (fig. 509). II est situé en avant du subopercule et règne le long et en dessous de la branche horizontale du préopercule, jusqu'à l'articu- lation de l'os maxillaire. ''■ La membrane branchiostège E {fig. 509) est attachée à cet os. Fig. o09. — Pièces os- Au-dessus , l'interoperculaire est attaché à l'os hjaloïde ou stylo- seuses de 1 opercule chez j^y^^jojje gj forme ainsi un des chaînons par lesquels est maintenu le mou- la Truite. ' ' ^ ' vement synchronique des parties qui concourent à la respiration. INTESTINS. — (Voy. Digestion.) IRAGNO. — Nom provençal de la Viue. (Voy. ce mot.) JAGUDE. — Sorte de pêche du bassin d'Arcachon qui se fait au moyen d'un manet (voy. ce mot) tendu à demeure dans le chenaux, et aussi d'un filet séden- taire tramaillé servant à la poche des Soles. Flue, 0'",3'4, aumée, 0'",108. JALAP. — Plante volubile du genre Convolvulus, propre à l'Amérique sep- tentrionale. Elle contient une résine purgative très-énergique. Elle entre dans certaines recettes d'appâts cl d'amorces pour les poissons. (Voy. ces mots.) JAMBE D'UNE MAILLE. — C'est le fil qui forme un de ses côtés. JAMBINS. — Petite nasse employée dans les étangs, ports et canaux de la JEUX. 407 Méditerranée pour la pèche des Anguilles. Mailles carrées 0", 10, mailles triangu- laires O",!.^. Emploi interdit au pêcheur à pied (décret du 19 décembre 1859). JANVIER. — (Voy. Calendrier du pécueur a la ligne.) JARS. — Ce mot se prend souvent pour celui de corvée et signifie à peu près la même chose. Cependant, les jars sont formées de pierres moins volumi- neuses, ce sont plutôt des bancs de gros sable caillouteux, et balayés par des courants vifs mais de peu de profondeur. (Voy. Aspect de l'eau.) JARRETIÈRE. — Nom populaire du Lépidope argenté. (Voy. ce mot.) JAU. — Nom de la Dorée à Bayonne. (Voy. Dorée.) JAUNE D'ŒUF. — Le jaune d'œuf dur, pétri avec un peu de farine et d'eau pour lui donner du corps, s'emploie de fond pour escher les hameçons à la pêche du Barbeau. (Voy. Amorces.) JESSE (Cyprinus jeses, Lin.). — Malacopt. aLd. cyprin. Genre Ide. Le Cyprinus jeses de Valenciennes, est le même que le Cyprinus vlus de Linné et Bloch. Ce poisson change, avec l'âge, d'une manière remarquable, tant comme couleur que comme forme. Le seul caractère des dents pharyngiennes a pu permettre de débrouiller celte synonymie inextricable. Le premier âge de ce poisson a reçu de Linné et de Valenciennes le nom d'Orphe (voy. ce mot). (Voy. Ide mklaxotte.) JESES CYPRINUS. — (Voy. Jesse et Chevesne.) JETER UNE MAILLE. — Terme de pêcheur équivalent à : faire une maille dans ou à la suite d'une autre. (Voy. Mailler un filet). JEUX. — (Voy. Plomb.) Les jeux se posent le jour aussi bien que la nuit. Comme on ne peut pas les jeter en avant, il faut se placer dans un. bateau ou sur une jetée, sur un point qui avance dans l'eau et permette au courant d'emporter le corps de ligne et de le déployer dans sa longueur, en agissant sur l'aile B du plomb A [fig. 510), pour la placer dans le sens de l'eau qui coule. Les jeux sont de petites cordées portatives aux- quelles les hameçons restent attachés. Le corps de la ligne se fait en fouet de lin ou de soie bien dévrillée ^.^ ^^^ _ p,^^^^^ ,^^^7^. et soigneusement peint et verni ; on le compose éga- lement de crins tordus, douze brins au moins {fig. 511), on peut le faire aussi en bonne florence double tordue. On y place de six à dix-huit hameçons au plus, montés sur des empiles de Horence de 7 à 10 centimètres de longueur. Pour les tenir, on fait au corps de ligne de petites boucles, avec le nœud de pêcheur, que l'on espace de 40 ^,^^.:,=,.^=,=,..=^.-.=...^.^B.-^|-^|(g|^---— ir-j^ — --- à 50 centimètres l'une de l'autre. ^.^ ^^^ _ ^,^^p^ ,^ .^^^ ^„ ,^^,^^ ^^i„^ ^^^^. ,^, j,„,. Comme chaque empile porte une boucle, on passe celle du corps de ligne dans celle de l'empile, puis l'hame- çon dans la boucle du corps ; on tire, et le tout est assujetti. On fait alors un plomb de la forme indiquée {fig. 510). Ce plomb porte en A un petit trou dans lequel on passe une corde solide, bien dévrillée, qui servira à descendre le jeu à l'eau et à le retirer quand on voudra le visiter. Cette corde porte en A une ligature qui l'empêche de se dénouer. En B se trouve une lame de plomb qui forme gouvernail, et, recevant l'action de l'eau, place le plomb dans la direction exacte du courant ; la ligne étant attachée en B dans un petit trou que porte le gouvernail, la ligne s'étend et ne risque pas de se mêler sous lefï'ort des bouillons 408 JEUX. d'eau. Ces plombées pèsent depuis 250 grammes jusqu'à 2 kilos et même 6 et 7 dans les grandes rivières ; dans ce cas on se sert souvent d'un poids ordinaire en fonte, elles jeux de dix-huit hameçons ressemblent beaucoup à de vraies lignes de fond et se tendent le soir. Les hameçons sont choisis suivant la pêche que l'on veut faire ; si le corps de ligne est en fouet de lin ou de soie, on attaque le gros poisson, et il sera bonde mettre des n"^ 1 à 3 ; si la maîtresse ligne est en crin, comme on espère prendre plutôt des poissons moyens, on y placera des hameçons n"' 6 à 9. Dans ce cas, on peut supprimer les boucles à demeure faites sur la ligne, et se contenter de choisir la place d'un nœud des crins; on met, vis-à-vis, la boucle de l'empile sous la ligne, on passe par devant l'hameçon dans la boucle, on tire, et la boucle se trouvant serrée sur le nœud de ligne, le tout est arrêté solidement. On esche les jeux suivant la saison ; comme ils s'adressent aux poissons de fond, on sait leur goût ; si l'eau est claire et le temps chaud comme en été, on esche au fromage de Gruyère et aux vers rouges ; si l'on est en au- tomne ou au printemps par l'eau froide, on esche à la viande crue ou cuite, à la rate, etc. Le moment le plus favorable est surtout quand les eaux ont été troublées par une crue subite ; à la suite d'un orage par exemple, on peut employer quatre jeux, six au plus, montés de chacun six hameçons ; plus, devient un travail. De quart d'heure en quart d'heure on relève chaque jeu pour renouveler les amor- fif. ;;i2. _ Plomb (le joii. ^^^ ^t pour débarrasscr le fil et les hameçons des pailles ou débris de plantes et des immondices que l'eau charrie en quantité dans ces moments-là. Il faut relever la première ligne quand la dernière est à l'eau, et ainsi s'établit une rotation qui suffit pour employer tous ses instants. On peut encore donner au plomb des jeux les formes suivantes {fîg. 512 etoL3). (Voy. Plomb de fond.) Tous les jeux s'appâtent de la même manière, avec de gros vers, des morceaux de bouilli, ou bœuf cuit, du cœur de bœuf ifig, 513. —Plomb de jeux q^u, du fromage de Gruyère, comme nous l'avons dit, des pâ- à quatre lignes , ^ / , • , , ■ tes composées, des grillons, des cigales, des cerises, etc., etc. Quand on les pose la nuit, on prend très-souvent des Anguilles, par consé- quent on peut également escher quelques jeux au vif. JEUX A GRELOTS. — Nous avons imaginé de combiner {/ig. 514) les jeux spéciaux — décrits à ces mots — avec les grelots, afin d'obtenir un instrument plus commode ; pour cela, il faut que la ligne de fond SN {fig. 514) soit la conti- nuation de la corde AG. On prend soin de percer obliquement les trous A, B du plomb pour que la ligne coule très-librement ; et l'on place en R un arrêt formé d'un petit bois en travers qui ne puisse passer dans le trou B du gouvernail. L'au- tre extrémité de la ligne est roulée sur la poulie du piquet à grelots G. Si, maintenant, on a placé le jeu en se servant de la petite fourche à canne, l'arrêt R a retenu le plomb à sa place, la ligne s'est étendue en avant, il ne reste plus qu'à fixer le grelot sur le rivage, en ayant soin de rendre de la ligne, de façon que l'arrêt R s'éloigne un peu du trou B. On tend alors légèrtiment la ligne que l'on soutient au besoin sur l'eau par un ou deux postillons, et l'on attend qu'un poisson, en se débattant, vous avertisse d'aller le décrocher. JEUX. 409 En remontant, avec la fourche, le plomb par la ligne G, l'arrêt fait son effet, et le tout arrive à terre en bon état. ^.=..-^#is^ ^2âl£ ":^?r:;l Fig. 514. — Jeux à grelots. JEUX EN PATER-NOSTER. — En combinant le principe des Jeux avec celui (lu Paster-Noster, nous avons inventé un engin {fig. 516) qui perd la plus grande partie des défauts et des inconvénients des jeux ordinaires. Au nombre des défauts de ceux-ci, il faut mettre la propension que les empiles ont à se coucher le long de la ligne, quand celle-ci, surtout, est en fouet de lin ou de soie, ce qui mêle les hameçons autour de la maîtresse corde, et ne leur permet pas d'être vus par les poissons. De plus, si un poisson se prend et que le pêcheur, par une cause quel- conque, soit obligé de laisser quelques heures ses jeux à l'eau, le poisson emmêle tout, et au milieu de ses mouvements finit par prendre un point d'appui quelque part et se décrocher. Enfin les soubresauts désordonnés qu'il imprime au jeu tout entier empêchent les autres poissons non-seulement d'y mordre, mais d'en ap- procher, et si c'est une Anguille qui est prise, elle entraînera le jeu sous les herbes ou les racines, et le tout y restera. En second lieu, les jeux ordinaires ne peuvent servir que dans une rivière à fond sableux ou pierreux, sur les jars et les corrées. Avec le nouveau jeu, on peut prendre des poissons dans la rivière la plus remplie d'herbes et la plus vaseuse. Le jeu devient ainsi un engin de pêche des plus avantageux, des plus fructueux, et tous les genres de poissons s'y prennent. Ainsi modifié, on peut le descendre entre les longues herbes flexibles couchées par le courant, là où se trouvent la Perche et le Gardon ; on le pose sous les nénuphars, sous les haïs, oii il sert à prendre la Carpe, l'Anguille, même le Brochet. Enfm le Chevesne y vient aussi ; c'est dire qu'au lieu d'être exclusivement destiné aux poissons de grand fond, il peut être tendu pour les poissons de demi-fond et même pour le poisson de surface. Et d'abord, est-il bien utile de mettre à chaque jeu une grande quantité d'ha- meçons ? Évidemment non, il vaut mieux multiplier les jeux que les hameçons sur un seul ; le pêcheur a bien plus de chances, car si une espèce ne mord pas à un moment, comme toutes ne se tiennent pas au même endroit, les engins ont MO JEUX. chance d'être rencontrés par une autre en train de se repaître. De plus, excepté dans les fleuves et les grandes rivières rapides, où presque toujours on place ses jeux de dessus un bateau, on est souvent embarrassé par leur longueur même. Dans le cas, et c'est de beaucoup le plus fré- quent, où le pêcheur doit poser son jeu depuis la rive, il est très-gêné par une grande longueur de ligne. Il le Fty. 315. — lucoiivénient de retirer un jeu à la manière ordi- naire. Avantage de la fourche à canne. jette mal, et tout est à refaire; heu- reux encore si en le retirant du milieu des herbes il n'y laisse pas une bonne partie de ses hameçons {fig. olo). Les grands jeux, en effet, ne peuvent être retirés du rivage qu'en traînant en tout ou en partie; c'est là la cause de la rupture des hameçons ou des em- piles, etc. Qu'en résulte-t-il? Que le pécheur, fatigué de voir toujours ses hameçons se briser à l'aide des jeux, ne se donne plus la peine d'en empiler d'excellents; il prend des hameçons communs , eu disant avec raison : C'est bien assez bon pour être cassé ce soir. C'est vrai, c'est assez bon pour être cassé, mais aussi ce n'est pas assez bon pour prendre du poisson ! Et la preuve c'est que ces hameçons grossiers, trop visibles, sans bonne pointe, font mal leur effet, et que le pêcheur dégoûté d'essais ennuyeux laisse les jeux dans son armoire et ne s'en sert plus. Or cet état de choses doit changer ; le jeu de jour est un engin des plus commodes, qui fonctionne seul, pen- dant que le pêcheur se livre à toute autre pêche à la canne, et qui, le soir, a souvent les honneurs du panier et de la table. Examinons la première modifi- cation, celle qui a rapport à l'exten- sion régulière des empiles et à la po- sition de la ligue. Nos jeux 'sont établis avec trois hameçons chaque (fg. 516); quatre au plus. Le plomb à gouvernail AB {fig. 516) est le môme que celui des jeux communs, il en est ainsi de la ligne solide qui sert à descendre et à retirer le jeu. En C, au bout du gouvernail est la ligne proprement dite, JO. Cette ligne est en cordonnet de soie fort et verni {fig. 517) ou en llorence, ou crin tordu. Elle est attachée en C, par une bonne Jeu à pater-noster. Fig. bi7. — (Cordonnet de soie verni pour jeux à pater-noster. ligature en soie poissée ; h 10 centimètres plus loin, elle porte une seconde liga- ture 0 tenant un émérillon P en cuivre à deux boucles ; en Q est une perle de JEUX. 411 pater-noster (voy. ce mot) retenue par deux petits plombs, et autour de laquelle est montée une soie de sanglier R terminée par une liou(;lc à ligature. Dans cette boucle se passe un hameçon S empilé très-court sur llorence, sur corde lilée, sur crin, suivant l'espèce, de poisson que l'on espère rencontrer. On monte un second paster-noster TU, et l'on termine la ligne J; par une boucle empilée, dans laquelle on passe également l'empile courte d'un hame- çon Z. De G à J, la ligne a l^jSO à l^jSO. Si la rivière est très-herbeuse, on peut même ne lui donner que 1 mètre de long. Chaque soie de sanglier, toute repliée et bouclée, forme une longueur maximum de O^jOS. L'empile et la boucle de cha- que hameçon ne doivent pas avoir autant de longueur, soit 0^,07, ce qui donne à chaque engin (jS, TU, une portée de Û'°,15 environ. La longueur de l'empilure de la ligne en C, l'émérillon P et ses boucles, prennent ;\ peu près 0", 20. On doit donc, en supposant 1",20, placer le premier pater-noster à 0"', 40 du gouvernail, et le second à 0^,40 plus loin. De manière que la ligne se trouve partagée en trois parties égales. Maintenant le jeu ne peut se mêler; quoique les pater-noster montés de soie de sanglier tournent d'abord sur eux-mêmes, ils ont une roideur qui se conserve dans l'eau et ne permet pas à l'hameçon de se rapprocher de la corde. Supposons qu'un poisson se prenne, il ne peut rien mêler non plus ; le pater-noster fera son office, et le captif tournera sans secousse aussi longtemps qu'il le pourra autour de la ligne sans déranger en rien les autres hameçons. S'il se prend à l'hameçon de l'extrémité, le corps entier de la ligne tournera sur lui- même dans les perles du pater au moyen de l'émérillon P : le poisson demeurera donc libre et retenu. C'est le cas le moins favorable. Les hameçons employés pour ces jeux doivent être des IJmericks courbes aussi petits que possible ; on prend ordinairement des n"" 10 à 12 ; en effet, il n'est pas utile d'exercer une traction violente, la disposition de l'engin atténuant la plus grande partie des efforts. Il résulte de ce choix d'hameçons, que les poissons qui attaquent les esches se prennent presque tous par l'estomac et ainsi ne se déchirent jamais ; et, de plus, que si l'on prend plus de poissons moyens, on en prend tout au- tant de gros. Pour placer ces jeux de la rive, on se sert d'une petite fourche en fer {fig. 398, p. 338) que l'on place, au lieu du scion, dans le troisième compartiment de la canne. Cette fourche porte un goujon de bois blanc qui entre dans la douille de la canne. On prépare le jeu sur le rivage ; quand il est esche, on prend la canne dans la main droite, on passe de la gauche la ficelle m dans la fourche, et ramenant la ficelle sur la canne {/ig. 515), la main gauche au-dessus de la droite, on tire sur la corde et l'on fait monter le plomb jusqu'auprès de la fourche. Rien de plus facile, dans cette position où la ligne et l'hameçon pendent, de les coucher dans l'eau et de laisser couler doucement, en l'aidant de la main gauche, le pomb à l'endroit précis où l'on désire le placer. On attache la corde aubord soit à une herbe, soit à une branche, soit à un piquet. Nous allons maintenant passer à la modification qui permet de poser un pareil jeu dans un endroit vaseux ou sur des herbes basses. La plombée est la même (AB, fig. 516), seulement le corps de ligne OJ est un peu plus long, il mesure ordinairement l'°,50. On l'attache de la môme manière en C, seulement au lieu de mettre l'émérillon de la même manière, on attache, à O^jSO de C un corceron de liège {/Ig. 518) que l'on recouvre de couleur verte ; puis 412 JULIS. à 0"',05 du corceron, on pose l'émérillon P. On monte alors les deux paster-nosler (JRS et TU, seulement entre ce dernier et la boucle finale J, à moitié distance, on place un second corceron plus petit que le premier. Ces corcerons (/7û poivre des murailles et pain des oiseaux. Cette plante est de la même fa- mille que la première et croît, comme elle, très-communément sur les vieux murs et les chaumières, les terrains arides et pierreux, mais sa saveur est acre, brû- lante et caustique. On l'a d'ailleurs employée longtemps en médecine comme émétique et comme purgatif. Tout porte à croire que c'est de celle-ci qu'il ftmt faire usage. JOUES CUIRASSÉES. — 2n>o famille des Acanthoptérygiens, créée par Cuvier. Elle contient une nombreuse suite de poissons auxquels l'aspect singulier de leur tète, diver- sement hérissée et cuirassée, donne une physionomie propre qui les a toujours fait classer dans des genres spéciaux, bien qu'ils aient de grands rapports avec les Perches. Leur caractère commun est d'avoir les sous-orbitaircs plus ou moins étendus sur la joue, et s'articulant, en arrière, avec le pré- opercule. Ils forment 18 genres dont un grand nombre ne nous intéressent point et sont cités seulement pour rendre la classiflcation complète : l» Trigle-Rouget grondin. 2° Prionote. 3' Malarmat. 4" Dactyloptère. 5» Céplialacanlhe. «« Chabot. 7» Hémitriptère. 8" Hémilépidote. \)° Platycéphale. 10" Scorpène. 11" Ptéroïs. 12" Aspista. 13" Agriape. 14" Pelor. 15" Synancée. l(i" Lépisacanthe. 17" Épinoche. 18" Oréosome. JOZO Gobius). — (Voy. Gobie jozo.) JUERNE. — Nom du Chevesne dans beaucoup d'endroits. (Voy. Jesse able et chevesne.] JUIF (Poisson). — (Voy. MARTEAU COMMUN.) JUIN. — (Voy. Calendrier du pÊcnEUR a la ligne.) ' JULIS (Genre). — (Voy. Girelle), [Genre]. co o P- c/t Cxi, O w cd fr^ p:i < eu ^^ -a S t=) o o O M in O ^ ,^ .X3 cC CD 1 1 cd, uq ^-^ ^ P^ > LABRE COMBRE. 413 JULIS PAVO. — (Voy. Girelle paon). JULIENNE. — (Voy, Lingue.) JULIUS VULGARIS. — (Voy. Girelle commune.) JUILLET. — (Voy. Calendrier du pêcheur a la ligne). JUSAN. — Synonyme de Reflux, et opposé à flot ou flux. JUSCLE (Mœna jusculum, Cuv.). — Acanthopt. ménides. Long. max. = 0°>,25. Le Juscle est une Mendole très-voisine de la Mewlole commune; corps un peu moins élevé, profil du ventre presque droit. Douche peu fendue, œil grand, dents fines, canines rares. Ligne latérale parallèle au dos, large, sinueuse et de 70-75 écailles. Couleur gris plombé, argenté sous le ventre; quatorze à quinze lignes longitudinales sur les flancs, tache du flanc petite, nageoires gris noir. JUSCULUM MŒNA. — (Voy. Juscle.) JUTTATUS 'Lampris). — (Voy. Lune.) K KAROUSCHE. — Nom alsacien et allemand de la Carpe carmssin. — (Voy. ce mot.) KAOUTZENKOPF. — Nom du Chabot commun dans la Lorraine allemande. (Tête de hibou, chat-huant.) — (Voy. Chabot.) KERELLE. — Appellation populaire du Saurel — (Voy. ce mot.) KOPPE ET KOPPEN. — Nom du Chabot commun en Alsace : c'est la dési- gnation allemande. — (Voy. Chabot.) KRESSEN. — On donne ce nom — dérivé de l'allemand Gresling — au Gou- jonà Strasbourg et en Alsace. — (Voy. Goujon.) KULT. — Appellation strasbourgeoise de la Grémillf. — (Voy. ce mot.) LABINE. — Nom vulgaire du Bar en quelques localités de nos côtes de l'Ouest. LABRAX LUPUS. — (Voy. Bar commun.) LABRE (Lab rus, Lin.). — Acanthoptérygiens Labroïdes. Type de la famille des Labroïdes renfermant de nombreux poissons aux couleurs élégantes, et communs sur nos côtes de l'Océan et de la Méditerranée. Leur chair est blanche, saine et agréable, l'espèce la plus commune et l'une des plus remar- quable est la Vieille ordinaire ou Perroquet de mer {Labrus Beryylta). (Voy. Vieille rouge, verte. Labre mêle, Crénilabre et Cténolabre, etc.) LABRE COMBRE (Labrus comber, Ray). — Acanthopt. labroid. Long. max. = 0°',25. Syn. : The Comber Wrasse, angl. Ce petit poisson, de la famille des Vieilles et que nous avons pris dans la rade de Brest, est remarquable par sa couleur rouge fuchsia. Le ventre est argenté, mais il a, ainsi que les flaucs, un 414 LABRE MÊLÉ, MALE. vif reflet carminé, et porte des bandes nuageuses plus rouges. Le blanc pur règne seulement sous le menton. Les lèvres sont rouges ; l'œil est rouge avec un cercle bleu vert, puis une ligne dorée qui en- toure la pupille noire, ovale. D = 20+ 11. A = 3 -f- 9. P= 14. V. =5. C = 13 ou 1. Yarrell donne à l'anale =3 + 7. Q. Couch., constate; D = 20 + 20. A = 9 + 8. Comparé à la Vieille commune, le Coml)re est plus petit, plus mince, et a les mâchoires plus allongées. Les deux dents^ tout à fait du devant, sont très-longues. Chaque flanc porte une ligne blan- che, non confondue avec la ligne latérale et se prolongeant de l'ouïe à la queue. C'est un des Labres qui présente la bouche la plus petite et la plus allongée. LABRE COMBRE. — Se prend comme les autres Vieilles, surtout les petites espèces, avec la Gravelte. (Yoy. Vieille de mer.) LABRE MÊLÉ, MALE (Labrus mixlus, mas, Pries et Eck.). — Acanthopt. labroïd. Lung. niax. = 0"','tO. Syn. : Tlie cook Wrasse, angl. — Blaasfak ou Blostol, norw. L'un des plus beaux poissons de nos mers. Le corps, sur les flancs et sous le ventre, est orangé vif. Le haut des côtés est marqué de marbrures noirâtres et bleues d'outre-mer splendide ; ces mar- ques irrégnlières se prolongent le long de la ligne latérale jusqu'à la queue. Le dessous de la mâ- choire inférieure est d'un bleu de ciel admirable. Le dessus de la tète se montre brun avec une dé- pression entre les deux yeux; un cercle bleu passe au-dessus, entre les yeux et le bout du museau. Ses lèvres sont charnues et blanches, la langue pointue, blanche, petite et fort en arrière. Les dents blanches saillantes, en un seul rang et pointues. Les dents pharyngiennes sont cylindriques, crochues, fortes et obtuses. L'œil est grand, la pupille brun-rouge et vermillon vif, surtout autour de l'iris qui est noir, lue petite tache blanche se voit au-dessus. La dorsale 17-13 estjaune orange vif marquée de bleu ciel, au commencement et sur la pointe des petites découpures de la membrane qui accompagne les rayons piquants. A l'autre extrémité, elle est finement bordée de brun. Caudale = 11, jaune et presque toute bleu-ciel à son extrémité. L'anale = 3 + 1 1 se montre jaune vif bordée de bleu -ciel dans toute sa longueur. Les ventrales = 1 -H 5, ont du bleu aussi à leur extrémité; enfin les pectorales P = )5 sont orangées transparentes. La ligne latérale est très-peu visible et formée d'écaillés un peu plus foncées; elle est pres- que droite. Ce poisson habite depuis la Méditerranée jusqu'aux rivages de Norwége. La disposition de ses macules et de ses teintes est très-variable, mais la forme de son corps et de ses nageoires est par- faitement constante et tellement caractéristique, que nous ne doutons pas que tous les pêcheurs, après l'avoir pris une fois, ne le déterminent facilement et ne le reconnaissent. (Voy. Temps DE FRAI.) LABRE MÊLÉ, MALE. — De môme que tous les poissons de sa famille, le Labre mêlé mâle, ou Coquette bleue est un ami des côtes rocheuses et un habitant des herbiers, par 8 à 10 brasses de fond, quelquefois moins. Dans la rade de Brest j'en ai pris de fort beaux spécimens par 3 brasses seulement ; sa nourriture habi- tuelle doit être des crustacés, mais il mord très-facilement sur les vers marins et surtout sur la Gravette, dont il est très-friand. Ainsi que tous les Labres, il touche doucement et à plusieurs reprises, puis en- traîne résolument : c'est le moment de ferrer. Gomme ce poisson n'a pas la gueule grande, il faut choisir de petits hameçons : cette recommandation est du reste commune à la pêche de toutes les Vieilles. Les gens du pays emploient des hameçons plus de moitié trop gros ; aussi le nombre de ces poissons qu'ils manquent est incalculable, parce qu'ils les accrochent toujours par les dents. Avec mon système de petits hameçons (n° 5, Limerick), on les prend par l'estomac. Dans ce cas, il est indispensable de monter son hameçon sur une corde filée mince, parce qu'ainsi engagée, l'empile se trouve directement exposée aux dents qui la couperaient peut-être. Cependant, nous devons dire que nous avons péché 00 o eu OQ w Q o o >■ ;3 O ■^ o < w Pi c^ lij U4 ri.-, (.1) ar O C_3 446 LACERT. LABRE MÊLÉ, FEMELLE — La pf-che (le ce poisson ne diffère en rien de celle du mâle. Gomme les dimensions de l'animal sont beaucoup plus faibles, on peuty prendre moins de précaution, mais on ne sait pas toujours ce que l'on vient de prendre ; il est donc bon de se monter solidement (// O ]. A M PROIE MARINE. Aff» o - o 5 ^: ^• < c ,1 t 420 LAMPROIE MARINE. que l'on envoie au loin. La chair est d'ailleurs d'assez bonne qualité, et rappelle celle de l'Anguille, quoiqu'un peu plus visqueuse. Comme la Lamproie ne fait que sucer et est dépourvue de mâchoires vérita- bles, il est impossible de la prendre à la ligne, aussi se sert-on contre elle de filets et de verveux de difTc- rentes formes. En gé- néral , on emploie les engins qui réussissent contre l'Anguille ; la main, la nasse, le ver- veuv, le loup, le gui- deau, la foëne, etc. Pour pêcher la Lam- proie avec le loup ou la louve, — car les deux se disent, — deux hommes s'avancent au milieu des eaux de la mer avec un Fig. 525. — Remplacez les deux perches d'ouverture par deux hommes, suppri- mez celle du fond et le grappin qui rendent le loup fixe, et vous aurez le lovp mobile à Lamproies. Fig 526. — Nasse à Lamproie employée dans la basse Loire. fdet attaché à deux perches par les extrémités {fig, 523). Tenant ces perches, ils présentent l'ouverture du fdet à la marée montante, qui lui donne une forme semblable à celle d'une voile enflée par le vent. Dès que le poisson donne dans le fdet, les pêcheurs le sentent à la secousse, et ils l'y enveloppent en rappro- chant les deux perches. La louve se tend quelquefois sur des piquets, en enfonçant les perches dans le sable {pg. 52S). Les nasses que l'on emploie pour cette pêche sont d'une forme spéciale, et qui varie suivant les pays. Celle-ci, qui est employée à Nantes en grande quantité, a la forme d'une olive gigantesque (/?^. 526); on présente toujours le goulot au cou- rant le plus rapide. Ces nasses dans certains bras de l'embouchure de la Loire sont établies dans des espèces de chaussées appelées Duits, et construites en bois et en pierres analogues aux Gords (voyez ce mot), que l'on construit pour prendre les Anguilles. Des pieux enfoncés dans les endroits où la marée se fait sentir, sont garnis de pierres sèches jetées sur et entre eux. On choisit les passes de manière que vers Noël, le temps des Lamproies, il y ait là 2 à 3 mètres d'eau. On y place des nasses de 2 mètres de long, à ventre très-gros et à large ouverture que l'on retire quel- quefois pleines de Lamproies quand la remonte marche bien. Il est incroyable la quantité de ces poissons qui se présentent à l'embouchure d'un grand fleuve. Le goulot de ces nasses est très-long, et va presque jusqu'au fond, où se trouve la bonde^onv les vider, ce que l'on fait une fois par jour. Chaque duit porte 40 à 60 nasses se touchant l'une l'autre par leurs côtés. Chaque nasse a, sur le des- sus, une anse ou organeau, dans laquelle les pêcheurs attachent un câble d'osier appelé tesseau, de 10 mètres de long, à l'autre extrémité duquel est fixée une grosse pierre qui retient la nasse en amont du duit, alors que celle-ci tourne sa bouche à la mer. — (Voy. Lampressii.) LANÇON. 421 Fif). 527. — Lance fixe en acier trem- pé, forme flamme, soliile. LAMPROYON ou LAMPRILLON. — Une vulgarie de l'Ammocète. LAMPUGES.— (Voy. Coranxo.mores.) LANCE. — Synonyme de Gombin. LANCE D'UNE CANNE A PÊCHE. — Outre le nom spécial que porte cette ligne en Provence (voy. Maquereau, Pèche), le mot Lance signifie également le morceau d'acier, en forme de feuille aiguë (/z'.^. 527), dont on munit l'e.xlrémité la plus grosse des cannes à pêche. Celle lance est de la plus grande utilité, d'abord pour planter la canne en terre pendant le repos, ou pendant une réparation quel- conque, un changement d'hameçon, la mise de l'esche ; en second lieu, pour tenir facilement la canne inclinée lorsqu'on ne veut pas la soutenir à la main, ou qu'on pêche à la ligne dormante. Enfin cet instrument sert à maintenir à distance certains chiens de ferme et de moulin qui font mentir le proverbe disant que cet animal est ami (le l'/iomme! Certains d'entre eux le sont, comme l'homme du beafsteak, à leur profit!.... On fait, à peu de frais, une excellente lance, pour les cannes à pêche que l'on se donne la peine de confectionner soi-même et qui sont toujours les meilleures, en choisissant un fort tiers-point de serrurier ou lime à trois ftices dont on trouve toujours facilement des spécimens usés {fig. 328). On use à la meule une moitié de leurs faces de ma- nière à former une pointe demi-aiguë, on place deux petits bou- chons à la hauteur nécessaire dans la cavité du pied de la gaule. On introduit entre eux la soie de la lime, puis on y coule du plomb fondu. Cette manière de procéder présente plusieurs avantages; elle est simple, et à la portée de tout le monde, elle alourdit l'extrémité de la canne, ce qui la met mieux en main en rapprochant le centre de gravité du point d'appui fourni par le pêcheur, enfin elle consolide la lance d'une , _. manière certaine. IJ Il est important que le pied de la gaule porte une forte virole ^r de cuivre pour résister à la chaleur du plomb qui pourrait faire /^ fendre le bois. \|f LANCER (Pèche au). — (Voy. Pèche au lancer.) ^ LANCER UNE BRICOLE. — Pour lancer une bricole (voy. ce mol) à l'eau, il faut ployer la ligne en l'entrelaçant sur le pouce et le petit doigt de la main droite, sortir les doigts, et, sans la déranger, la mettre dans la main à plat, puis placer dessus le liège, et par-dessus celui-ci, en ployant l'empile, l'hameçon double amorcé. On prend alors de la main gauche, ou bien l'on met sous le pied, l'extrémité du fil qui doit rester au rivage, puis on lance de toute sa force ce qui est préparé dans la main droite vers le point qu'on juge le plus favorable. La ligne se déploie en l'air, et si elle a été bien préparée, elle ne se mêle jamais. LANCERON. — Nom de la Loche franche, dans l'Isère. (Voy. ce mot.) LANÇON ou LANCERON. — On donne au Brochet ce nom dans quelques parties de la France, alors qu'il est Irès-jeuiie, celui de poignard quand il est mojen, et celui de carreau quand il est très-gros. Le Lançon, autre acception du même mot représentant un animal de mer, est un petit poisson bon à manger et qui se prend dans le sable. i,Voy. Ammodytes tobianus.) Fig, 528. — Lance de canne en tiers- point usé. Fig. 529. — Lance à vis, forme en feuille, moins so- lide. 422 L A N E T. LANÇON (Ammodytestobiamis,Cuv.).—Malacopt. Apodes, ammodytes. Long. max. = 0=1,80. Syn : The whitc mouthed Launce, angl. — Toôias snnfiaal, ail. — Toi/î, tahiésen, dan. - Sill, solv-psk, sand-fikl, iiorw. — Sul trannsite, island. — Vissup, japon. Corps et tête allongés, opercules larges, nageoire dorsale s'étendant tout le long du dos, 55 rayons, anale très-longue de 29 rayons. Nageoires dorsale et anale séparées par la caudale de 17 rayons. Pectorales courtes de 15 rayons. Les rayons de la nageoire verticale non branchus mais joints par une membrane. L'iris des yeux, les joues, les opercules, la partie inférieure des côtes, l'abdomen sont d'un I''i(j. oM. — Ldmun [Ainmodijtes lobianus, Cuv.). blanc argenté brillant; le dessus de la tête, le dos, les côtés brun clair, reflétés de bleu et de vert dans dillerentes positions. Le Lançon [fig. 530) se distingue de l'Equille par sa taille plus grande, par sa tête plus longue et sa mâchoire inférieure plus allongée. La dorsale est en face de la fin de ses pectorales, tandis que celle de l'Equille commence vis-à-vis du milieu des pectorales. Enfin il est brun et moins transpa- rent que l'Equille dans la main. Les habitudes des deux espèces sont à beaucoup d'égards semblables, et l'équille étant beaucoup plus commune dans les sables des côtes, ses mœurs ont été mieux étudiées. LANÇON. — Les Lançons poursuivent dans les ports et les anses le jeune frai du Maquereau, et sont souvent pris avec quelques amorces comme les jeunes San- sonnets, poiu" lesquels on emploie un genre de pèche analogue à la pêche à la mou- che pour la Truite. Le Lançon nage rapidement, et s'élance dans les bancs de frai avec la voracité et la vitesse du Brochet. Sa chair est bonne à manger. Plusieurs forts individus pris à la ligne contenaient dans leur estomac un petit animal de leur espèce, qu'ils avaient dévoré comme le fait le Brochet. On les prend le plus souvent en labourant le sable des côtes au moyen d'un râteau. On se sert également d'un fort morceau de fer contourné en ftmcille. Le Lançon est le meilleur appât pour mettre à l'hameçon, dans la pêche de toutes les variétés de Morues ; c'est à cet usage surtout qu'il doit d'être dé- crit ici. LANDOLE. — Nom marseillais de l'Hirondelle de mer ou Dactyloptère volant. (Voy. ce mol.) LANET. — Dans le port de Dieppe, on pèche au moyen d'une espèce de Carrelet nommé Lanet {fig. 531), qui se compose d'un cercle de fer de 2 mètres de diamètre sur lequel est monté un fdet à fines mailles formant la poche ; quatre cordelettes de la grosseur d'un crayon suspendent le Lanet, et se réunissent à une corde plus forte que l'on tient à la main et qui a, à peu près, la dimension du petit doigt. On prend ainsi des Bars, des Mulets, des Flétans, etc. Les pêcheurs ont la précaution d'attacher au milieu du filet une amorce com- LANGAGE DES POISSONS. 4-2;i Fi g. 531. — Lanet de Dieppe. posée d'un chapelet de blanchailles enfilées par les ouïes. On prend ainsi beaucoup d'Anguilles grosses et petites qui remontent daiis la rivière d'Arcq, des Congres; lorsque le filet est très-fin, il ne sert qu'à rapporter des Blaquets et autres pois- sons pour garnir les lignes de fond. On donne encore le nom de Lanet à une espèce de Trouble. (Voy. ce mot.) LANGAGE DES POISSONS. — Ou ne coniiailà aucun poisson de voix proprement dite, quoi- que quelques-uns d'entre eux fassent entendre un bruit singulier eu sortant de l'eau et même longtemps après. (Voy. Grondin.) Mais il est hors de doute que toutes les espèces d'animaux, quelles qu'elles soient, ont un lan- gage, un moyen (souvent et presque toujours inconnu pour l'homme), de se communiquer le petit nombre d'idées qui peuvent éclore dans leur cerveau. Un langage — dans le sens où nous entendons or- dinairement ce mol — n'existe vraisemblablement pas parmi les poissons, car leur langue, qui n'a point de mouvement possible, puisqu'elle est adhérente dans toute sa longueur à la mâchoire inférieure, ne peut ar- ticuler des sons. Mais il est certain qu'ils ont un moijeti de communication, d'avertissement; que les poissons habitant les rivières et les étangs écartés dans la cam- pagne, sont plus faciles à prendre que ceux qui peu- plent les fleuves traversant de grandes villes. L'habitude d'être poursuivis par le chasseur donne aux oiseaux qui fréquentent les lieux où l'on chasse souvent, une éducation particulière, par suite, une intelligence spéciale, qui les rend habiles à éviter et à deviner les pièges qu'on veut leur tendre. La même cause produit les mêmes effets chez les animaux de l'eau. La question d'une communication entre les poissons est certaine, affirmée par ce fait que dans les rivières où l'on pêche beaucoup, comme la Seine à Paris, par exemple, il y a des millions de poissons qui n'ont jamais été piqués par un hameçon et qui n'en sont pas moins rusés et dé- liants. Qui le leur a appris? alors que placés dans une rivière écartée ils n'entendent malice à rien, et viennent se faire prendre aune épingle courbe attachée à un bout déficelle? Que probablement, dira-t-on, les poissons aient été témoins des eftbrts désespérés d'une vic- time prise, ou de la frayeur qu'inspirent ces appâts suspects à ceux qui leur ont plus ou moins heureusement échappé, en voilà assez pour expliquer la ruse et la défiance du reste ! Admettons ceci ; mais alors, leur conduite est le résultat d'un raisonnement complique', d'une comparaison de souvenirs, et enfin d'une déduction ! et qu'on aille dire ensuite que les poissons sont bêtes ! Bêtes oui, stupides non ! témoin leurs ruses, et cette éducation transmise ou traditionnelle — comme on voudra, — qui fait que certains vieux routiers, qui ont senti les atteintes du fer une ou plusieurs fois dans leur vie, inventent des ruses très- ingénieuses pour ne pas se laisser prendre, et ne se lais- sent presque jamais prendre! lis ont assez d'empire sur leur appétit ou sur leur gourmandise pour faire taire ses désirs à la vue d'un objet suspect de quelque embûche. Dans une rivière très-fréquentée, vous ne prendrez beaucoup de poisson qu'avec un système de pêche inconnu au pays et que le poisson n'aura pas encore appris à ses dépens. Aussi avec la pêche à la surprise ou au Lancer, dans des pays où l'un pêche de fond, on prend des poissons blancs par centaines les premiers jours, un peu moins après : si la rivière est peu fréquentée, cette chance dure longtemps. Si l'on a affaire aux rusés habitants de Saint-Ouen ou de Charenton, en deux ou trois jours ils en savent autant que vous, et se méfient tout aussi bien des mouches qui tombent à la surface de l'eau, que des vers et des asticots bien dodus qui en suivent le cours ou re- posent sur le fond. Les poissons, comme la plupart des animaux, sont doués à un degré plus ou moins élevé du pouvoir de comprendre les sons. La mémoire est chez eux développée, ce qui indique nécessaire- ment association d'idées dans leur cerveau. En effet, dès que l'homme essaye de dresser (c'est se faire comprendre) les animaux, même d'ordre inférieur, il y parvient toujours. 11 trouve le moyen de parler à leur intelligence et d'arriver — par le chemin de leurs jouis- 4-24 LANGOUSTE. sauces — à y exciter les idées ; c'est ainsi que, par un appel à heure fixe suivi d'une distribution de pâture, on habitue les poissons comme les autres animaux à reconnaitre un signal, à y accourir, et l'on n'a'pas de peine à deviner à leurs mouvements vifs, à leurs sauts joyeux, qu'ils savent d'avance le plaisir qui les attend, LANGOUSTE (Palinurus locusta, Oliv.). —Crustacés décapod. macroures. Long. max. = 0"',50. Syn, : Lai'f/e- fjrass-hopper, angl. — Aliusta, ital. — Langosta, espag. — Sechenschrecke , ail. La Langouste a la carapace épineuse, hérissée de poils courts et roides, armée antérieurement de deux grands piquants comprimés, dentés en dessous. La couleur du test est d'un brun verdâtre Fig. 532. — Langouste [Palinurus locusta,()[\\.] foncé, ponctué de blanc sale. L'abdomen est oblong, plus cylindrique que celui du Homard, formé de six segments et terminé par un long éventail {fig. 5o2). Les yeux sont grands, ronds, portés sur des pédoncules plus minces qu'eux et paraissant partir du même point, au milieu du front. Les antennes extérieures sont très-longues, sétacées et hérissées de poils ou de piquants ; elles sont insérées sur un pédoncule beaucoup plus gros qu'elles. Les Langoustes manquent de pinces, leurs pattes sont toutes semblables. LANGOUSTE. — Les Langoustes se tiennent dans les profondeurs de la mer pendant l'hiver, et ne se rapprochent qu'en été des rivages pierreux et des rochers pour s'accoupler et pondre. Ces animaux aiment à grimper, et se montrent plus alertes que le Homard qui, lui, préfère demeurer dans un trou, caché sous les pierres ou dans les fissures des rochers. De môme que le Homard, la Langouste est très-friande d'étoiles de mer; ce rayonné est donc une très-bonne amorce pour les attirer dans les casiers. Les modes de pêche employés sont d'ailleurs les mêmes qui réussissent avec le Homard, les deux crustacés se tenant dans les mêmes parages, mais avec une abondance variable, et, en quelque sorte, inverse d'une espèce à l'autre. La Méditerranée contient beaucoup plus de Langoustes que de Homards. Nous entrerons dans tous les détails de culture de ces crustacés, dans notre deuxième partie, les Grandes Industries des eaux. W nous suffit de dire ici que la fécondation et la ponte sont à peu près semblables chez la Langouste et chez le Homard. La durée de l'incubation est de six mois. LAVAHET. 425 Les mues sont semblables à celles du Homard, mais les jeunes, à peine nés, sont saisis d'un instinct de vagabondage qui ne permet pas de les retenir dans les viviers. Les plus petits interstices des barrages suffisent, à la haute mer, pour permettre à ces petits animaux — du volume d'un moucheron — de s'échapper. On vont-ils? C'est ce que l'on ne sait pas. Ils gagnent probablement la pleine mer, ba- lancés par les flots, et ne reviennent au rivage qu'après avoir passé par les grands fonds, car il est fort rare, sur nos côtes de la Bretagne fertile en Langoustes, d'en rencontrer une de petite dimension. On nous a dit que l'on en péchait vers le mont Saint-Michel, dans la Manche; il faudrait s'assurer que ce sont bien des Lan- goustes. On m'a de même assuré que l'on en prenait de petites dans la Méditer- ranée, mais ces assertions ont besoin d'être confirmées. LANGOUSTIER. — Filet à" mailles très-larges qui sert à prendre des Lan- goustes. LANGUE. — l.a langue est une partie osseuse et souvent garnie de dents ou d'autres en- veloppes dures. (Voy. Os lingual.) Elle reijoit d'ailleurs très-peu de nerfs, et ne semble pas destinée à la dégustation. En effet, par suite de la position de leurs organes de respiration et de leur jeu nécessaire et continuelles poissons avalent leur proie, l'engloutissent quitte à la rejeter si elle ne leur convient pas, acte qu'ils accomplissent avec la plus grande facilité. II est donc probable que la sensation du goût ne réside nullement dans la langue des poissons, mais probablement dans les parois du pharynx ou à la naissance de l'estomac. LANGUETTE. — (Voy. Navette.) LANIAIRES. — (Voy. Dems.) LANNES. — (Voy. PÊCHE A LA LIGNE EN MER.) LASTSPRING. — (Voy. Gravel Lastspring.) LATÉRALE iLigDe\ — (Voy. Ligne latérale.) LAUCH. — Appellation vulgaire des Ablettes en Alsace. (Voy. Ablette.) LAUGE. — Nom alsacien de V Ablette commune. (Voy. ce mot.) LAVANDIÈRE. — Nom du Doucet à Fécamp. (Voy. ce mot.) LAVARET Coregonus lavaretus, Val.}. — Malacopt. abd. salmonoïd. Long, max, = 0«°,50. Syn. : Gwyniad, angl. — Blaufelchen, ail. — Powan, écoss. — PoUan, irland. — Sick, norw. — Kylirit, Fini. — Fera, ferrât, suiss. (Noël delà Morinière, ms.) — Helt, dan. — Si/c, méd. — Stg, russ. — Sc/icipel, Constance. Le Corégone Lavaret présente une tête triangulaire, petite, le nez tronqué, les mâchoires pres- que égales, la supérieure retombant juste sur l'inférieure. Il a de très-petites dents sur la langue et les joues. Les yeux sont très-grands, à iris argenté et à pupille noir bleu (fig. 533). Ce poi.sson a, pour la forme générale, une grande ressemblance avec le Hareng; les profils abdominaux et dorsaux très-modérément convexes. Les écailles sont larges, et la ligne latérale est à peu près au milieu du côté, comptant 87 à 90 points, par conséquent très-variable. 426 LAVARET. Le dessus de la télé et du dos est Lieu obscur g'cclaircissant un peu sur les côte's avec une teinte de jaune ; les ouies, le Las des côtes et le ventre sont blanc argenté, toutes les nageoires plus ou moins teintées de bleu obscur et surtout à leurs extrémités. La nageoire dorsale de 13 rayons commence à peu près entre la pointe du nez et la portion charnue de la queue. Son rayon le plus grand est ; plus long que la base de la nageoire. La nageoire adipeuse est un peu plus près du bout de la queue que du côté postérieur de la dorsale. Les nageoires pectorales de 17 rayons, étroites, pointues et un peu plus courtes que la tête, sont insérées tout à fait au Las du corps. Les nageoires ventrales de 11 rayons sont attachées sous le milieu de la dorsale. La nageoire anale de IG rayons commence à mi-distance entre l'origine des ventrales et les côtés des rayons moyens delà queue et en ligne avec l'adipeuse. La caudale a 19 rayons et est fourciiue. Ce qui prouve nos déductions à l'article Corégone (genre), c'est l'indécision de tous les auteurs sur le noniLre de rayons des nageoires de ce poisson ; pas un ne concorde, et les plus consciencieux font varier le nombre des points de la ligne latérale de 84 à 95 écailles. Yarrell SONNIM Blancbard. . . Noël Valencien>es. XOBIS 13 P = 17 16 Y = Il A = 10 r. = 19 23 14-15 17 12-13 15-16 „ l'o 15 12 » 20 16 16 12 15 31 12 16 11 12 24 sur un BlaUl'elchen envoyé du lac de Zug. La conclusion est Lien facile à tirer. La synonymie des Corégones en général, et du Lavaret en particulier, est très-embrouillée. Notre avis Lien formel est que le Lavaret et la Fera sont un seul et même poisson ; du moins une variété peu appréciable de la même espèce. L'une est aussi difficile à transporter et à acclimater que l'autre, non-seulement en France mais dans les autres pays. Le Lavaret, qui n'était pas français avant l'annexion de la Savoie, l'est devenu par ce fait, sans transplantation ; mais, auparavant, plusieuis essais avaient été faits pour le transplanter dans nos eaux vives des lacs de l'Auvergne, et cela sans résultat. Il en a été de même des Feras. Cependant les Écossais auraient été plus heureux. D'après Pennant (Brit. Zool.,Ul, 316), les Écossais ont pour tradition que le Lavaret a été transporté dans leurs lacs par l'intéressante et in- fortunée Marie Stuart, dont le nom, la jeunesse et les malheurs rappellent toujours de touchants souvenirs. Noél (ms) a trouvé le Lavaret dans la pièce d'eau de Lochmaben, près d'un ancien château du comté de Dumfries qui faisait autrefois partie du domaine de la couronne d'Ecosse, dès le règne de Robert Bruce. Les habitants du pays ont même accepté, comme traditionnelle, l'opinion que ces poissons ne peuvent réussir dans aucune autre eau que dans le lac merveilleux où la bonne reine les a miraculeusement acclimatés. Nous attendrons des expériences modernes et Lien faites pour nous prononcer sur une semLlaLle anomalie, jusque-là rien ne devant faire présumer, que dans le même pays, toutes les fois qu'on a voulu le transporter dans les lacs voisins, il n'a pu y vivre. Mais nous pensons que ce poisson habite aussi dans d'autres pièces d'eau stagnantes de l'Ecosse, quoique nous n'ayons pu nous en assurer sur les lieux. Si on ne l'y pèche pas, il faut attribuer ce fait à l'habitude qu'a ce Corégone de se cantonner, quand la chose est possible, dans les plus grandes pro- fondeurs, où il est difTicile de l'atteindre avec les filets ordinaires. — Ne sont-ce pas là les mœursde la Fera? La chair, dit Pennant, est blanche, et d'un bon goût. — N'est-ce pas la chair de la Fera? Ici la matière recommence à s'obscurcir. Le Lavaret, poisson des grands lacs profonds d'eau douce, va devenir /jo^ron de mer! {Kongl. Sv. Vet. Acad. Handl. XIV; Gislers aumar Ku om Sik- fiske uts Horrland, 199, 203|. En Bothnie, alors que la Clupée Strômmiiig approche des rivages pour frayer, les bandes sont suivies de troupes de Saumons et de Lavarets (I) qu'on prend eux- mêmes avec de grands et de petits filets, quand la pèche du Strômming est favorable. Ce n'est pas tout : Bloch [Ichthyol., I, 133; II, 19, 120), prétend que le Lavaret suit toujours les Harengs (1) dans le moment du frai. « Lorsque dans une nuit, dit-il, les pécheurs ont pris beaucoup de Harengs, la suivante, ils capturent ordinairement 30 à 40 Lavarets. Si on leur ouvre l'estomac, on le trouve toujours rempli d'œufs non encore digérés. » LAYARET. 427 Est-ce clair? — Encore une opinion dans le même sens. Pennant {Brit. ZooL, IM,307), dit que notre Lavaret marche en troupes comme plusieurs autres espèces de la même famille; il s' approche (Us côtes, nu printemps et en été, et procure sur quelques rivages, au\ populations, un l>ienl'ait aussi remarquable par son utilité, que le Hareng qui s'y présente dans d'autres saisons. Il n'est pas douteux qu'il n'y ait contusion, et que le Lavaret de mer ne soit un tout autre Corégone, — si tant est qu'il en soit un, — que le Lavaret des lacs du lîourget et autres des monta- gnes. L'histoire de tous les Salmones est pleine de mêmes noms donnés à des poissons différents, et de noms différents donnés aux mêmes poissons. Nous réservons ici, pour terminer ces rapproche- ments, une dernière preuve tirée des noms locaux, et nous en conclurons facilement que la source première de tous ces quiproquos, de toutes ces erreurs, vient de la fatale idée que les habitants des bords du lac de Constance ont eue d'affubler les sept premières années du Corégone Fera ou Lavaret, de cinq noms différents, lesquels par la suite en sont devenus, dix, puis quinze, etc. Il n'est pas à douter que la raison première de cette nomenclature surabondante n'ait son point de départ dans la singulière mutabilité de l'espèce, dans les changements successifs de couleur et de forme, — de cou- leur surtout, ce qui frappe les yeux de la foule — que revêtent ces singuliers poissons, à l'époque des saisons diverses. Quoique ces phénomènes de variabilité soient curieux chez un vertébré, la grande famille Piscienne en offre d'autres exemples, et qui ont mené directement à la même confusion plus ou moins bien relevée par les plus récents travaux. Voici les noms des sept premiers états du Lavaret sur le lac de Constance, noms correspon- dants aux sept i)remières mutations de sa forme, de sa couleur et même de ses mœurs. Première année. — Seelen, meide/fisch. L'âme, l'idée; ou bien : le poisson qui fuit; au figuré, le Dard. Deuxième année. — S/w/î/ew. Le casanier. Troisième année. — Gany fisc/i, griner-gang-fisch. Le poisson qui se promène ; ou bien : le poisson plus vert ([ue le premier. Quatrième année. — lienken. Celui qui se tord. — Indication d'une autre démarche. Cinquième année. — Halbfclch, A demi Lavaret. — Poisson à vive croissance, ce qu'indique la rapi- dité de son grossissement, puisqu'on deux ans il devient adulte et acquiert sa grandeur normale. Sixième année. — Dreyen. Le mot Drei^ trois, est évidemment la racine de ce nom; veut-il dire lioissoii de trois pour un poids? ou, de la taille n° 3? Septième année. — Felchen ou Blaufelchen. Lavaret ou Lavaret bleu. Or ce nom de Blaufelchen, Lavaret bleu, est précisément celui que Wartmann a cité comme nom populaire du Lavaret; mais, en même temps, c'est celui que donne Bloch comme appellation spéciale du Salmo Wartmanni qu'il dédie au savant précité; premier point acquis : le Blaufelchen de Wartmann, le Salmo Wartm^inni de IS/orh, ne sont que le Lavaret adulte ou la Fera du lac de Constance. Second point. Le Scdmo marœnula de Hartmann est cité par lui avec le nom populaire de Gangfisch. Or, nous venons de voir que c'est le Lavaret on Fera de troisième année. C'est encore le même poisson que l'on nomme Albule sur le lac des Quatre- Cantons. Enfin, en étudiant tous ces textes et ces rapprochemeiits déjà commencés par Valenciennes, on s'aperçoit que la Gravencheest la Fera blanche des profondeurs, et en même temps que la Bézola et ladite Gravenche des lacs français sont identiquement la Petite Murène ou Marénule des Allemands. Or, nous venons de voir qu'elle est tout simplement le Gangfisch ou Fera de trois ans. Il en est de même de la Palée blanche du lac de Neufchâtel; c'est encore la Fera blanche des profondeurs, après le frai. N'oublions pas de signaler que le Salmo lavaretus de Bloch est le Sidmo oxijrhinchuf, ce qui a encore contribué à jeter du trouble dans cette synonymie déjà si embrouillée. Le Lavaret, — quel qu'il soit, et pour dire un mot de ses mœurs, — est un poisson qui marche par troupes, et s'approche du rivage en grandes bandes au printemps et en été. Il meurt aussitôt qu'il est sorti de l'eau; dans quelques endroits sa chair offre peu de goût. Il fraye sur la fin de l'année, vers la seconde moitié de novembre, ce qui dure à peu près un mois, jusqu'à la fin de décembre: en grandes troupes près des rivages. C'est par excellence le pois- son des grandes profondeurs et des fraîches eauxjdescendant des glaciers. Le frai s'exécute en général la nuit. Cette opération s'annonce à la surface des lacs et de la Baltique par un grand mouvement dans l'eau. (Brauder, Dissert, de piscat., 3L) Toute la troupe gagne le fond, puis il en remonte quelques-uns qui s'élèvent en l'air, en sautant ensemble, de sorte qu'on les voit très-faci- ment ; ils décrivent très-rapidement des cercles sur l'eau couverte de bulles et viennent quelque- 428 LEIGHE BOUCLÉE. fois jusqu'à froisser lebordagedes barques, eux si peureux dans d'autres circonstances qu'une ombre, un rien les fait fuir et disparaître comme l'éclair. C'est presque toujours aux embouchures des fleuves que le Lavaret accomplit son frai; il choisit ceux dont le cours est tranquille ; les femelles frottent leur ventre sur les pierres du fond [^pur aider à la délivrance des œufs et les mâles suivent. D'autres troupes de ces poissons remontent les rivières à fond de sable et s'avancent, rangées comme les Saumons, en deux files réunies de manière à former un angle pour lutter avec plus de fa- cilité contre l'elTort du courant. Plus l'eau est rapide, moins ils mettent de temps à atteindre les fonds qu'ils doivent trouver. S'il survient une tempête, si la pluie tombe abondamment, si surtout le tonnerre gronde, les éclairs brillent, toute l'armée s'arrête, effrayée^ plonge et disparait dans les profondeurs du fleuve. Dès que la pluie ou l'orage ont cessé, elle remonte sur l'eau et reprend sa route. Plus il y a de Lavarets ensemble (Pennant, Brit.Zool., 111, 39), moins ils sont peureux; mais s'il n'y en a qu'un ou deux, la moindre ombre suflit pour les effaroucher et ils vivent dans une alerte proportionnelle. Lorsqu'ils remontent dans les petites rivières, dont les bords sont garnis de roseaux, leur marche est presque toujours lente. Ils ont l'air de les compter, dit Brauder, comme s'ils voulaient reconnaître la route qu'il leur faudra parcourir en redescendant. LAVARET. — La pèche de ce poisson se fait pendant les mois d'août et de septembre, quand il fait très-chaud. C'est un poisson de passage que l'on trouve surtout en France dans le lac du Bourget et dans les eaux de la Savoie, dans le lac d'Aiguebelle et dans celui de Genève (selon nous, sous le nom de Fera). On le rencontre également dans le Nord, partout il est estimé, délicat, mais sa chair se corrompt très-facilement : en général, il est plus gros que l'Ombre com- mun et l'Ombre chevalier. (Voy. ces mots.) On le prend par les moyens employés pour la pèche de la Truite et de l'Om- bre chevalier et de la Fera. Il est très-rare dans le Drac et dans l'Isère : d'après la statistique générale de ce département on le trouverait plus communément dans le Guier, surtout en hiver. Le Lavaret, quel que soit son vrai nom, est un poisson dont l'acclimatation a été tentée sur un grand nombre de points en France, sans réussite. Cependant «le grand Frédéric, fort amateur de bonne chère, dit le doctem- Bois-Duval, fit trans- porter le Lavaret dans les lacs de Poméranie, où la pèche en fut longtemps dé- fendue, pour donner à ce poisson le temps de multiplier. Il y a parfaitement réussi ; aujourd'hui on en prend, dans ces lacs, qui atteignent plus d'un mètre de longueur. Ce sont ces grandes Feras qui nous sont revenues sous le nom de Grande Ma- rène, etc. LAVARETUS (Coregomisi. —(Voy. Lavaret.) LÉGISLATION SUR LA PÊCHE. — Pour rendre les recherches plus faciles, nous allons indiquer les articles qui renferment le plus de rensei- gnements réunis sur ces matières ; les autres se trouvent dispersés aux articles qu'ils concernent : Voy. Bas- parcs. — Bourdigue. — Calendrier de pécheur a la LIGNE. — Chalut. — Chaux. — Coque du Levant. — Dimanche. — Dimensions lé- gales DES POISSONS puis A LA PÊCHE. — DrÈGE. — DROITS DU PÉCHEUR A LA LIGNE EN MER. — Droits du pêcheur a la ligne flottante en eau douce. — Écluse. — Evs- SAUGUE. — Épervier. — Feu. — Filets divers. — Fi.xation du temps de frai. — FoÈNE. — Gangui. — Hauts parcs. — Interdiction temporaire de la pêche. — Lois sur la pêche. — Marée. — Nuit. — Prohibition de la pèche. — Revenus de l'eau. LEICHE BOUCLÉE i^Squalus squamosus, Lacép.). — Chondropt. à branchies fixes, pla- giost. Long. max. = 1 mètre. Ce squale, assez abondant dans le golfe de Gascogne, manque d'épines aux nageoires dorsales et a, du reste, la forme des humantins. Son museau est long et déprimé. Sa peau est couverte de petites écaillei en forme de feuilles, relevées et cornées [fig. 634). LEU. 429 On le prend quelquefois avec le chalut, d'autres fois avecles lignes de fond. Un pêcheur de Cornouailles en prit un en 1836 tandis qu'il péchait au Congre. Lorsqu'il s'accrocha, il ne fit pas plus d'elVet qu'un Congre ordinaire et ne se débattit qu'au moment où il sortit de l'eau, ce qui fit qu'on ne put le saisir qu'avec une grande difficulté. Il est tellement fort dans l'eau qu'on fut obligé de le laisser repartir avec la ligne jusque dans les grands fonds, avant de pouvoir le ramener assez près du bateau, pour lui passer un nœud coulant autour de la queue. l'tij. ii34. — Leiche Ijuuclée [Squalus squamuiits, Lacep.j. Le dessus du dos et la tête, ainsi que la première dorsale sont d'un gris cendré foncé. Le reste du dos, les flancs et le ventre, d'un jaune cuivré pâle mélangé de nuages de pourpre et de brun, et marqué de quelques taches de vermillon brillant. Les côtés du museau sont marqués, ainsi que le dessus des yeux, de blanc grisâtre, les yeux vert bronze. LENTILLADE. — Nom donné dans le Midi à la Baie oxyrhinque ou à long bec, à cause des taches en forme de lentilles noires dont son dos est parsemé. LÉPIDOPE ARGENTÉ iLepidopus argyreus, Cuv.). — Acanthopt. scombéroid. Long, max. = 2 mètres. Ces singuliers poissons qui habitent la Méditerranée et l'Océan ressemblent à un grand et large ruban d'argent nageant par ondulation et jetant, dans ses mouvements, de magnifiques reflets de lumière. Sa tête est en pointe et sa queue aussi. Ces animaux ont l'anale réduite à de toutes petites épines et une petite écaille au lieu de ventrale. La caudale est distincte cependant. D = 102-103. P = 12. A = 23. G = 17. La caudale est fourchue et en pointes aiguës ; on ne voit nulle part d'écaillés sur la peau qui semble recouverte d'une mince feuille d'argent. Ligne latérale en sillons étroits. LÉPIDOPE ARGENTÉ. — On prend ce poisson remarquable dans la Médi- terranée, dans le golfe de Gascogne, à la Rochelle, à Ouessant, etc., en avril et mai quand il approche de la côte. La femelle est pleine d'œufs au printemps ; ce poisson semble vivre en société ; il se tient par des profondeurs moyennes et on le prend dans les tramaux. Les pécheurs du Devonshire qui ont tué celui que décrit Mon- tagu, ont admiré sa vélocité, courant dans la mer la t4te hors de l'eau. LEPIDOPUS ARGYREUS. —(Voy. Lépidope.) LESQUES. — Nom des petites Canièrcs (voy. ce mot) dans l'arrondissement de Brest. LEST. — Synonyme de Plombée. — (Voy. ce mot.) LEU. — Nom du Lieu (voy. ce mot) à Cherbourg. 430 LIBOURET. LEUCISCUS. — (Voy. Able et Ablks des eau\ de Fr\nce.} LEUCISCUS CYPRINUS. -(Voy. Va.nd)i.se on Dahd.) LEUCISCUS ERYTHROPHTHALMUS. — (Voy. Rotengle. ) LEUCISCUS ORFUS. — (Voy. Oufe.) LEUCISCUS PALLENS. - (Voy. Gardon pale.) LEUCISCUS PRASINUS. - (Voy. Vengkron.) LEUCISCUS RUTILOIDES. -(Voy. Gardon ritiloïde.) LEUCISCUS SELYSII. - (Voy. Gardon de Sélys.) LEUCISCUS (Squalius). - (Voy. Vandoise.) LEUCOSIE NOYAU. — (Voy. Crahe.) LÉVÉNEGATTE. — C'est le nom bas-breton du Liau. — (Voy. ce mot.) LEVER UN FILET. — (Voy. Levure.) LEVURE. — On donne ce nom au premier rang de mailles ou demi-mailles par lesquelles on commence un filet. Aussi dit-on lever un filet, c'est-à-dire com- mencer à le tisser, par conséquent en faire la levure. On dit de même poursuivre \\\\ filet, pour signifier qu'on continue à en nouer les mailles. LEYRAOU. — Filet traînant tramaillé, employé dans le 4"°' arrondissement (Rochefort) à la pêche des Soles et des Plies. Mailles de la flue 0'",0.32, au- mées0",108. LIBOURET [Pêche au]. — (Yoy. PÊCHE A LA LIGNE EN MER et QuIPOt). Le Libouret est le puter-nosler (voy. ce mot) des pêches de mer. Ces engins ont une commune origine, et, on doit le dire, une égale aptitude à prendre du pois- son quand ils sont tendus dans les endroits favorables et montés avec le soin qu'on doit attendre d'un pêcheur expé- rimenté. L'un et l'autre sont des pèches sédentaires et le pater- noster, qui est un libouret perfectionné, pourrait bien lui être avantageusement substitué dans beaucoup de cas. Seu- lement comme sa construction est plus compliquée que celle du vrai Libouret, et que la pêche en mer est ordinai- rement abandonnée à des matelots souvent plus remplis de bonne volonté que d'adresse, on se contente de la cons- truction ci-dessus {fig. 535). B est un plomb d'au moins 1 kilogr., il sert de lest à une bauffe 0 fine et forte, de 7 à 8 millimètres de circonfé- rence seulement. R est une petite bouée de liégc peint en rouge ou en noir pour retrouver la ligne si elle échappe, ou autrement. La Bauffe [fig. 536), attachée en A au plomb B, porte en C, à 0™,12 à 0", 14 au- dessus, un nœud, au-dessus de ce nœud est passée une petite pièce de bois CD noTiimée Avalet te, puis au-dessus d'elle un second nœud. De cette façon l'avalette peut tourner autour de la corde de ligne comme a.ve, mais ne peut ni monter ni descendre. Comme l'avalette est en bois {Houx-Freslon, Ruscus aculealus, Lin.), la partie supérieure D tend à gagner la sur- face de l'eau et le tout prend une position un peu oblique. Cette avaletle a, de C en D, 0",15 à 0°',20 de longueur, elle porte en D une empile ou deux d'une lon- gueur moyenne de 2 à 3 mètres. Fif/. !J3o. — Libouret. Fig. 336. — Baulle du Libouret. Lie HE «AMIE. 431 Le talent du pêcheur est d'installer en D le plus d'empilcs possible, en va- riant la manière de les maintenir de façon qu'elles ne s'emmêlent pas à l'eau. On peut employer le système 0 {fg. 535) au moyen duquel on place 6 ou 8 hame- çons sans crainte de les mêler ensemble. 0 est une petite barre de baleine qui tient écartées les deux origines des empiles, et ces empiles elles-mêmes sont as- semblées en nœud à revers, de façon qu'elles tendent à s'écarter les unes des autres le plus possible. On a soin, en posant à l'eau le libouret, de le descendre doucement pour que les empiles ne se mêlent pas, et de fixer aux hameçons les appâts vifs le plus légè- rement possible afin qu'ils vivent longtemps. Quand on relève, on plie à mesure la baulfe, et, quand on arrive à l'avalette, un aide saisit les empiles pour les retirer d'un coup dans le bateau. On peut à la rigueur faire cette opération seul, mais dans ce cas, on retire le plomb à bord, puis on s'occupe de l'avalette dont les empiles restent pendant ce temps à l'eau. Celte pêche produit des Merlans, des Maquereaux, des Carrelets, des Liman- des, des Soles, des Grondins ou Rougets, des Vieilles, etc. LIBOURNAISE. — C'est la Vaiuloise bordelaise, qui se pêche dans la Dor- dogne et ses aflluents. Elle atteint quelquefois 200 grammes sur une longueur de 0"',25 environ. Elle a les mêmes mœurs que le Dard commun ou l'Ablette albur- noïde dont la grosseur seule la distingue au premier abord. Sa chair est passable, un peu sèche. (Yoy. Yandoise bordelaise.) LIGHE [Genre], (Lichia, Ciiv.). — Aeaiitliopt. scombéroid. Les Liclies ont le corps oUong, comprimé, sans carène latérale, ni crête saillante près de la queue. Épines membraneuses, mais mobiles au lieu de la première nageoire, e'pine fixe en avant de la deuxième ; deux épines libres derrière l'anus, remplaçant la première anale. Trois espèces dans la Méditerranée, dont une rare chez nous, même à Nice. LICHE AMIEiLichia arnica, Cuv.). — Acanthopt. scombcroïd. Long. niax. = im,20. Syn. : Lica, lizza, ital. — Cerviolu, sicil. Ce sont des poissons comprimés, en forme d'ovale allongé, à grande queue fourchue à pointes noires : dos bleu foncé, ventre argenté, anale et pectorale deuxième jaunes marquées de chevrons Fig. 537. — Liche amie [Lichia arnica, Cuv.) à grande tache noire carrée en avant et à la pointe. Trois ou quatre taches allongées grises, ver- ticales sur les flancs et coupant la ligne latérale (fig. 5371. Œil petit, argenté; mâchoires égales ; joues et corps couverts de très-petites écailles serrées, sans ordre; ligne latérale en trait noir, en S. B = 9. D=.7-l -1-20. A =2-1 -f 20. P = 21. V = 1 -f- 5. C = IT. Se nourrit de poissons. 432 LIEU. LICHE GLAYCOS (Lichia glaucus.Cuv.). — Acaiithopt. scombéroid. Long. niax. = 0n',60. Syn. : Cionana, ciodei'a, sicil. Espèce plus petite et plus trapue, plus arquée de la L. amie; à écailles plus grandes : du reste les couleurs et les taches sont semblables mais plus vives. B = 8. D = 7-1 + 25. A = 2-2 + 23-24. P = 17. A = 1 -+- 5. C = 25. Espèce à étudier, qui pourrait bien n'être qu'une variété d'âge, de lieu, ou de sexe de l'Amie. LICHE VADIGO (Lichia vadigo, Cuv.). — Acanthopt. scombér. Long. max.= 0",55. Syn. : Lezia, iS'ice. — Cerviola itnperiali, Sicile. Rare sur nos côtes où elle ne vient qu'en février, mars, à la poursuite des petits Clupes dont elle se nourrit. Forme plus longue et moins haute que les autres Liches. Bleu pâle mat sur la tête, le dos et le haut des flancs, descendant en ondulations avec la ligne latérale. Ventre et côtés argentés. Nageoires bleuâtres. Dents coniques sur un rang, séparées et crochues. 6=8. D = 7-l + 29. A = 2-1 + 28. P= 17. V = 1 + 5. C = 24. LICHIA AMICA. — (Voy. Liche amie.) LICHIA GLAUCUS. —(Voy. Liche glaycos.) LICHIA VADIGO. —(Voy. Liche vadigo.) LICONS. — Nom de la Florence dans quelques localités. LIÈGE. — (Voy. Boucno.v.) LIENNE. — Nom du Muge sauteur ou Mulet sauteur, dans les eaux du Poitou. Cependant, Duhamel indiquant que la Lienne porte une tache jaune sur le milieu des ouïes, ce pourrait être le Mulet doré. (Voy. ces mots.) LIEU (Ga du s virescens, Lin., vel Merlangus carbonarius, Cuv.). — Malacopt. gadoîdes. Syn. : Pol/ark, angl. — Abadejo, espag. — Lyr, lyrblek, suéd. — Pollak, ail. — Lythe, écos. — Leonec, lianec, loùannec, breton. Ce poisson est plus sombre et moins épais que la Morue franche relativement à sa largeur, la tète plus mince, plus allongée, présente la mâchoire inférieure plus longue que la supérieure. Il manque de barbillon, ses dents sont presque sans aspérités et la queue n'est pas carrée comme celle de la Morue, mais assez fourchue. Ce poisson a quatre branchies de chaque côté, attachées d'un bout à des os du haut du pa- lais, et de l'autre à l'articulation de la mâchoire inférieure. Les extrémités des quatre branchies du même côté sont comme articulées les unes avec les autres, et par une de leurs extrémités elles répondent aux branchies du côté opposé. La première branohie a vingt-cinq appendices, durs, pointus, déliés et placés comme les dents d'un peigne. Cette branchie est garnie de 19 tubercules hérissées d'aspérités à l'endroit où elle touche la seconde, la seconde et la troisième branchie n'ont que deux rangées de tubercules, la quatrième n'en a qu'une. L'anus est placé au milieu de l'espace compris entre l'extrémité de la mâchoire inférieure et la naissance de l'aileron de la queue. Les écailles sont arrondies ou ovales, elles adhèrent à une peau très-mince. Le Lieu aie ventre blanc et cette couleur devient brune à mesure qu'elle s'approche du dos. Quand le poisson sort de l'eau, il paraît vert foncé, quelque temps après, il brunit et devient plus foncé encore. Les raies latérales présentent une forte courbure au-dessus de l'anus, et pour se rendre der- rière les ouïes, cette courbe est encore augmentée. Les lèvres sont pourpre rouge, la bouche est noire et les dents très-petites. Les yeux blancs d'argent et la pupille bleue. Ces poissons ont trois dorsales, les premières de 11 rayons, les deux autres de 20 chaque. Les pectorales sont courtes, de 19 rayons, les ventrales petites, de G rayons seulement, les anales doubles, de 24 et 19, et la caudale échancrée arrondie de 32 rayons ; la queue garde une forme al- longée du bas. LIEU. — Le Lieu se pêche comme le Merlu (voy. ce mot), etaux mêmes en- droits. Ce n'est pas un poisson de passage : toute l'année on le prend sur les côtes de Bretagne. Quelquefois il marche en troupe, d'autres fois, il est seul ou mêlé à d'autres poissons. On prend le Lieu avec des hameçons qu'on amorce au moyen de Lançons, on se place près des côtes, et fréquemment aussi sur un bateau ramant doucement; les pêcheurs prennent une canne de chaque main et traînent une amorce à chaque ligne. LIGNE. 433 Co poisson est dans toute sa Ijonlc (l'octobre en novembre, temps pendant lequel il rôde après sa proie en grandes bandes qui fournissent une abondante cap- ture au pécheur. Il nage à peu de profondeur, mais avec une ^ grande rapidité, et quand il est attire par l'appât, il suit le bateau jusqu'à ce qu'il en soit tout près. Les Lieux s'assemblent aussi dans les forts courants sous les rochers d'où ils s'élancent sur la proie morte ou vive que l'eau amène à leur portée. Ils poursuivent également les bancs de Ha- rengs et en détruisent une gi'ande quantité. La meilleure manière de prendre ces poissons est de proliter de leur propension, que nous citions tout à l'heure, à suivre les ba- teaux.Tandis que l'on est sous voile à une allure modérée, ou même en se poussant par le simple mouvement des avirons, on laisse traîner à l'arrière la ligne amorcée {fig. 536). Cette ligne est une sorte de balance fort ingénieuse . A est la ligne ou filet en corde de la grosseur de la figure 538. En G, est un plomb en olive très-allongée percé dans toute sa longueur et traversé par une ligne de crin en ±() brins qui forme une boucle B,D, bien empilée à chaque extrémité. F est un petit morceau de baleine gros comme une paille, long de 0",20 environ, portant au milieu une anse empilée D, et sur toute sa longueur une garniture solide vernie et poissée de fil de fouet fin, qui forme une boucle à chacune des extrémités de la petite ba- leine. Dans ces boucles sont passées celles des empiles des hame- çons H, H. Cette ligne, mise à l'eau, ne tourne sur elle-même que si le pêcheur est assez riche pour mettre un éméril- lon au-dessus de A. Comme ces petits engins sont fragiles et chers, les pêcheurs ont imaginé autre chose ; c'est le Plomb -Tournant {fig. 539). Cet ustensile se compose d'un plomb triangulaire en olive, traversé par un fil de cuivre, terminé en queue courbée, et muni d'une boucle à chaque extrémité. Ce plomb se met, sur le trajet de la ligne, à la place du plomb en olive C (/ig. 538); l'eau frappe toujours obliquement sur ses faces et le fait tourner. Il vaut mieux, dans ce cas, ne mettre qu'un seul hameçon sans la balance F. On peut aussi pêcher les Lieux avec un filet à mailles, de deux brasses et demie de chute, et avec des lignes de fond semblables à celle que l'on emploie pour les Congres, les Raies, etc. LIGNE. — Tout le monde sait ce qu'est une ligne à pêcher ; et cependant, le nom est étendu, tantôt à l'appareiï tout entier qui se compose de la canne et de la ligne proprement dite, tantôt il est em- ployé pour désigner des cordées, ou autre engin de fond en mer et en rivière. La ligne, dans l'acception à laquelle nous devons restreindre ce mot, est un fil plus ou moins fin auquel on attache l'hameçon ou ^\l'J^^^ les hameçons. Qu'elle soit fixée par une extrémité à une canne, un grelot, une bouée, qu'elle soit tenue à la main, ou abandonnée dans l'eau, elle a toujours la même signification. 28 Fig. 537.— Fil de lif^iie. Plomb tournant à mettro dans la ligne. lU LIGNE. \u;llUll" Fig. S40. Fig. Bricoles diverses. Ouant à la confection des lignes diverses, nous devons renvoyer aux articles spéciaux qui traitent la manière de les faire, de les approprier à chaque pêche, et d'en reconnaître les défauts et les qualités. (Voy. Canne a pèche, Confection et choix, Canne fixe, Canne pour la pêcue en mer, etc.) LIGNE A BROCHET. — (Voy. BROCHET, PeRCUE, TrUITE.) Si la voracité du Brochet le rend facile à prendre à la ligne, d'un autre côté l'armure de ses mâchoires et la dimension souvent respeclahle de sa personne exigent des engins d'une forme et d'une nature particulières. Tous les poissons ont la faculté derejeter un aliment qu'ils viennent de prendre, et cette faculté semhle chez eux être en proportion de leur voracité : il devait en être ainsi puisque les plus gloutons sont exposés le plus souvent à se tromper, et à ingérer dans leur estomac une foule de substances tout à fait inassimilables. Le Brochet, le Chevesne rejettent ce qu'ils vien- nent d'avaler à la moindre tension suspecte ; au con- tact de la ligne, tout est dehors, hameçon et appât, et comme leur gueule, leur œsophage sont très-larges, il y a beaucoup de chances que l'hameçon ressorte sans avoir rien attrapé de sa pointe. Aussi double-t-on et triple-t-on les chances en doublant et triplant les pointes, c'est-à-dire en employant les bricoles {fig. 540, 541) et les grappins {fig. 43î)) (voir p. 365). Ainsi donc, toute ligne à Brochet {fg. 542) sera termi- née par un grappin ou une bricole au moins. A, solidement empilée, par une ligature de soie pois- sée, sur une empile de corde filée B d'au moins 0'",15 de longueur. Car, quand le Brochet a en- poisson vif dans son large estomac, sa bouche est garnie d'un tel luxe de dents, qu'en refermant ses mâchoires, il couperait d'un seul coup la florence la plus forte et la mieux choisie. Plus elle sera grosse, mieux il la coupera ; deux ou trois très-fmes et non cordées lui résisteraient mieux, parce qu'elles peuvent passer entre ses dents ; mais ce qui j lui résiste bien, quand on n'a pas de corde fdée ou de fil d'archal, I c'est tout simplement une empile de chanvre comme pour l'An- ! guille {fig. 543). Quand on n'a pas de corde filée, on se sert de la méthode que nous avons indiquée au mot bricole. L'autre extrémité de l'empile sera montée, par une bonne boucle garnie de soie poissée, à l'an- neau mobile d'un Émérillon C {fig. 542) ; on fixera l'anneau qui ne s'ouvre pas à l'extrémité de la ligne elle-même, et de cette ma- nière l'empile sera libre quand on aura besoin de la faire passer au moyen de l'aiguille à enferrer {/ig. 545) dans le corps du pois- son vif. Quant au corps de ligne proprement dit {fig. 544), on comprend qu'il doit être solide, aussi le fait-on en fort cordonnet de soie bien dévrillée, peint et verni comme nous l'avons indiqué. En général, on prend ce cordonnet plus fort que moins, et de la grosseur d'une petite j)aille de blé {fig. 544), car il n'est pas besoin de dissimuler bien adroi- tement le piège à un poisson plus gourmand que fin et qui, confiant dans sa force l'ig. 342. — Avancée et ligne à Brochet. s^louti le Fig. 5ï3. Kinpile de clian- yrc nom'-, mais non tordu. LIGNE. 435 Fig. b44. — Corps de ligne on cordonnet de soie verni. Fiq. 546. — Fort mou- linet pour grosses lignes à Brochet. brutale, ne .s'occupe pas si, à de certains cordons, la béte qu'il convoite se fnnit par la patte. On peut faire la ligne en cordonnet de lin ou de chanvre, mais celui-ci est moinsfortà grosseur égale, comme nous le savons, et dure moins longleinijs parce qu'il pourrit très-aisément. Dans tous les cas, ce n'est point un mal de terminer la ligne, avant l'Émérillon, par une avancée d'un mètre au moins de forte florence tordue en deu.x ou trois. Excès de précau- tion, à la pèche, ne nuit pas souvent. 11 est utile encore d'avoir à sa canne un bon moulinet P [fig. 3i6), car s''il ne se défend pas longtemps, le Brochet a un premier mouvement de rage qui n'est pas sans mérite. On '^ '^-' n'oubliera pas non plus une forte épuisette. Quelque Fig.^i"<. - Aiguille à enferrer. solidement monté qu'il soit, rien n'assure le pêcheur qu'il accrochera le Brochet par l'estomac ; mais, dans tous les cas, plus il se servira de bricoles minces, plus il aura de chances de prise, mais plus il y aura nécessité d'inter- vention de l'épuisetle. Nous arrivons à la llotte. Le Brochet se lient à mi-hauteur de l'eau ; il veut pouvoir surveiller le dessus et le dessous, et tenir le tout à sa portée; la ilotte sera donc placée de manière à assurer au poisson vif une position intermédiaire. Or, cette flotte a beaucoup de choses à porter, et devra nécessairement être forte, car elle soutiendra le grappin et sa monture métalli- que, l'Émérillon, assez de plomb pour que le poisson vif ne puisse remonter à la surface de l'eau. Il faut donc ne pas craindre de la choisir solide, et celles qu'on emploie sont de la grosseur d'une poire moyenne {/îg. 347), alin qu'elles résistent bien aux mouvements de Iraction du poisson appât. Nous avons vu, à l'article Canne, que la demeure du Brochet était loin du bord, et qu'il fallait y envoyer facilement l'amorce; une assez grande longueur de la ligne trempera donc dans l'eau et, faisant bannière 'renversée entre la flotte et le scion, elle forcera, par son poids, celui-ci de se rapprocher peu à peu de celui-là : enfin, en s'enfonçant de plus en plus dans l'eau, elle s'arrêtera aux herbes, aux racines, et pourra compromettre le succès de la pêche ; il faut remédier à cela, et soutenir toute cette bannière hors de l'eau. On y [)arvient en chargeant la ligne de deux ou trois petites flottes supplé- mentaires grosses comme des olives {fig. 54:8), et qu'on appelle y^05- tillons ; on les place en arrière de la flotte principale et on les espace de manière à partager approximativement en parties égales l'espace que l'on suppose devoir exister entre la flotte et la rive. Quand on tend plusieurs lignes à Brochet, — ce qui est la meilleure manière de faire une bonne pêche, car ce poisson est relativement plus rare que les autres dans les rivières oi^i il habite, — il arrive que ne pouvant les surveiller sans re- lâche, le poisson vif qui nage sans cesse et sent ce que sa position a de hasardé, cherche ;\ s'introduire entre les herbes et les joncs : il n'aime pas à rester en vue. II réussit presque toujours à se cacher, et en même temps à emmêler la ligne de /^»^. 547. — Flotte à Brochet. 436 LIGNE. Fig. 548. — Postillons siii- la liiTiie. façon que souvent le pêcheur perd tout à la fois. Pour éviter cela, on peut dispo- ser sa ligne de la manière suivante ; il faut se munir de baguettes très-légères d'osier, de coudrier, ou de tremble dont on fendra le petit bout ; ces baguettes auront 2 ou 3 mètres de long et serviront tout simplement à éloigner la flotte du rivage. La ligne, maintenue ainsi par la fente de la baguette, n'aura plus qu'un mouvement très-restreint de rotation à laisser ftiire au poisson vif, et l'autre extrémité, celle qui \ ient à terre, pourra être attachée à une brancjie flexi- ble, h un grelot ou à une bobine qui amortira les bonds du poisson pris et empêchera que le tout ne puisse être brisé. Malheureusement les baguettes piquées dans la rive sont bien courtes pour la majeure partie des rivières où la pêche au Brochet se fait par- dessus des masses énor- mes de joncs et de roseaux, il faudrait les allonger jusqu'à en faire de véritables cannes à pêche, et c'est le moyen le plus sûr dans la majeure partie des endroits. On se construit trois ou quatre bonnes et solides cannes en roseau que l'on tend l'une à côté de l'autre et que l'on peut surveiller d'un coup d'oeil; on a un pliant {fg. 549), et l'on attend que la chance soit favorable. C'est ici le lieu de dire un mot de la grosseur des poissons qui servent d'appât au Brochet ; dans quelque lieu que l'on pêche ce poisson, il faut bien se souvenir que si un petit Bro- chet n'attaque pas un gros poisson-appàt, en revanche un gros Brochet ramasse tout ce qu'il rencontre, et ne dédaigne pas du tout une proie assurée qui semble de trop petite taille pour son appétit. Par conséquent, on doit pêcher en général au Brochet de grosseur moyenne et choisir le poisson vif en proportion : un appât de 0°.10 à 0'",li2 de longueur est déjà ca- pable de servir de pâture à un Brochet d'une belle corpulence. Quoique glouton on peut être gourmet, le Brochet en est un exemple ; il aime à varier son ordinaire, mais sans cependant faire de trop grands écarts de régime. Dans les étangs où il vit avec des Carpes, on peut lui en donner : il en sait la valeur, et elles ont pour le pêcheur l'avantage de vivre longtemps, mais il ne dédaignera pas le Goujon ni même le Gardon. Dans les rivières à cours lent et profond, à bords herbeux, eaux où il pul- lule et se] plaît, il mangera volontiers le Gardon, mais toujours et surtout le Gou- jon, aussi le petit Chevesne, le Dard, et toujours le pauvre Véron qui lui semble une friandise, un entre-mets sans conséquence, mais dont il goûte toute la déli- catesse. L'Ablette sert à défaut de mets plus délicat, la grenouille qu'on laisse aller à fleur d'eau sans plomb, un petit oiseau nouvellement éclos , tout lui est bon : les petites Lamproies, les sangsues ,1e simple ver rouge, qu'il attaque quel- quefois ! La Perchette sert encore, mais il faut lui couper les aiguillons du dos, et il parait que maître Brochet y voit assez clair pour s'assurer que ce hérisson a fait dos de velours — ce qui me semble bien difficile, vu la rapidité avec laquelle il s'élance. — Mais enfin, c'est un article de foi chez le pêcheur, je le donne pour ce qu'il vaut ! Fiq. 549. — Le pliant du pê- cheur à lalii'ne dormante. Fig. 530. — Fouet (le lin. Grosseur à choisir. G Fig. !iol. — Cordonnet de soie. LIGNE. 437 LIGNE A GRELOTS. — (Voy. CONFECTION DES GRELOT.S, GuELOTS, PÈCnE AU GRELOT.) TjU ligne à mcllrc ;ui.\ grelots est la môme que celle à soutenir à la main, elle se l'ail en l'ouet de lin (//_^/. 550) ou en cordonnet de soie (//,^. 551) ; sa grosseur, et sa longueur sont proportion- ^ nées ;\ la grosseur du poisson qu'on g^iri?wfr»yï?='Kéi^afîT^^ espère prendre et à la largeur du cours d'eau oii l'on veut pécher. Le cordonnet de soie étant j)lus lin pour une égale force est pré- férable, parce (|ue sa ligne, étant line, offre moins de résistance au courant, s'il y en a, où l'on pèche, et qui aurait pour action de la ramener au bord. Il faut que le plomb se maintienne au courant et que la ligne en reçoive la plus petite action possible oblicfuement. Enfin, la ligne de soie, quoique plus chère, dure beaucoup plus longtemps que la ligne de lin. De plus, il faudra toujours faire subir à ces ligues de soie l'opération du vernissage au gras qui leur donne, en même temps que l'inaltérabilité à l'eau, une certaine roi- deur très-avantageuse pour le glissement du plomb, etc. Souvent, au lieu d'emplover au grelot une ^''J- '^-- - '^'"'f'" '''-','^ l'^"'', '" r""""'""' ''^*" ' •' ^-^ saut dans 1 olive de plomb. ligne à soutenir {fJg. 552), on remplace l'o- live de plomb par le bouchon carré long {fig. 553), mobile, qui sert à la pêche dans les pelotes et qui s'arrête à 0'",05 de l'hameçon sur un petit plomb à de- meure. On pêche alors avec des pelotes de terre glaise, et c'est la pêche la plus fruc- tueuse pour le grelot. LIGNE A LA MAIN. ~ (Voy. LiGNE A SOUTENIR.) LIGNE A SOUTENIR. — Le COrps de la ligne pour la pêche à soutenir doit être en solide fil de soie ou de lin (fig. 554) soigneusement dévrillé, peint et verni; à l'extrémité sera placée une avancée de l'",50 de très-forte ilo- rence ou de plusieurs margotins de deu.x florences moyennes bien tordues. On munit la ligne d'un limerick renforcé à palette, n" 1 au printemps pour le ver rouge ; 2 ou 3 en été, pour le fromage de Gruyère ; et 0 à l'automne, pour la viande crue ou cuite et la cervelle. Cette pêche étant une pêche de fond, nécessite l'emploi d'une plombée à la ligne, afin de retenir sur le sol de la rivière l'hameçon et l'appât qu'il porte. On peut employer pour plomber la ligne plusieurs manières qui ont toutes leurs avan- tages et leurs inconvénients. Ouand on se sert d'une ligne de soie sans avancée, on plie la ligne sur elle- Fig. Bourhou carré et ligne pour la pèche dans les pelotes. Fig. 554. — Ligne à soutenir. 438 LIGNE. mrme, et l'on y praticiue par un nœud oitlinaire une boucle àO'°,30 à 0",40 de dis- tance de rhame(;on. La plombée est d'une forme quelconque et porte une petite anse de fil de fer. La meilleure forme est celle dite en cloche {(Uj. ooo) dont l'as- siette est la plus ferme dans l'eau. On passe la boucle de la ligne dans l'anse du fil de 1er, on ouvre la boucle quand elle est assez engagée et Tony fait passer le corps même de la plombée, on tire et l'anse de la plombée se trouve prise dans un nœud coulant que l'on défait à vo- Fio. 555. — Pe- 'o'^^^'- ^^^'^ refaisant cette manœuvre en sens inverse, on a ainsi fixé tite plombée d'uuc manière indissoluble le plomb à la ligne, ce qui est une très- mauvaise manière, car on détruit ainsi toute la sensibilité de la ligne, et pour ferrer il faut que le coup se porte sur la plombée avant d'arriver au pois- son. On a ainsi un choc terrible qui peut briser la ligne ou déchirer la gueule du poisson ; ce qu'il me semble à peu près impossible d'éviter. Joignez à cela que la plombée est très-saillante et peut tomber ou s'engager entre deux pierres d'où il n'est plus possible de ferrer le poisson ni de la retirer. On a proposé un autre système : la plombée porte une anse de fiorence {f(j. 536) ou de laiton dans laquelle passe une S de fil de cuivre recuit (//^. 537). On met à demeure un grain de plomb fendu sur la ligne à (3", 50 de l'hameçon et l'S en cuivre s'arrête sur ce plomb qu'elle ne peut dépasser. Quand on lance la ligne, la plombée l'entraîne, mais quand tout est descendu au fond de l'eau, en rendant un Fig. 556. — piombde pcu la maiu, Ic fil OU la florencc passe dans le coulant D {fxj. 357), a anse de Horence g^ j^ ligne libre, Quoiquc retenue au fond de l'eau, conserve ainsi et a coulant. ° ... une grande sensibilité, puisque l'attaque du poisson se fait sentir sans interruption tout le long du fil; de plus, quand on ferre, il n'y a pas de choc à craindre, puisqu'il existe assez d'espace, entre le plomb à demeure et le coulant de la plombée, pour qu"il n'y ait pas choc de l'un contre l'autre. On peut encore perfectionner ce système en ne se servant pas d'une . plombée à coulant, dont l'S peut s'ouvrir soit toute seule, soit en tirant s en laiton avcc la ligne quand celle-ci est arrêtée entre les pierres. Il suffit d'en- (Gi.nat ). j,j^^ ^^^^ j^ ligne une balle oblongue percée comme celles qui servent à lester les filets [fuj. 558). On fixe également à demeure un petit plomb fendu sur la ligne afin d'arrêter la balle, et l'on agit de même que tout à l'heure — avec la plombée à coulant {fig. 536), en rendant un peu la main quand la balle est au fond, de manière à ce que la liiçne soit libre dans son mouvement, Ftg. 528. — Ballos ohloufiues pcicées. r. i • ^ ^ ^ ^ quoique retenue au fond par le poids du plomb. Nous venons de décrire jusqu'à présent les lignes à soutenir, montées par les pêcheurs honnêtes munis du pcnnis que l'on doit demander pour exercer cette pêche dans les fieuves et rivières navigables soumis aux règlements de la pêche. Les braconniers ont inventé une manière de mettre à volonté une balle à leur ligne, et de la retirer instantanément à l'approche du garde; si nous décrivons cette méthode, ce n'est pas dans le but de l'imiter, mais parce qu'il y a des circonstan- ces où l'on n'est pas fâché de pouvoir ôter et remettre à volonté la balle sur sa ligne. On passe dans la ligne, avant de l'attachera la canne, un petit tuyau de plume LIGNE. /<39 do la longueur de la balh; on olive, et d'une grosseur telle qu'il entre à pression forcée dans le trou de cotte olive (jue l'on agrandit un peu ;\ cette g^^^^s2g^^gàfe^vyff^t^v;iryy;r^fSia^ intention. La balle est alors fendue dans toute sa longueur au moyen d'un couteau et d'un marteau , et la Fig. 559. — Différentes lignes à soutenir en mer. Fig. 560. — Ligne à soutenir en mer. La balle en avant. fente est ouverte suffisamment pour y passer le fd de la ligne. Ceci prêt, quand on voudra pêcher de fond et mettre du plomb à sa ligne, on fera passer celle-ci dans la fente de la balle, et l'on conduira l'o- live sur la plume oîi on la fera entrer de force. Pour la démonter, il suffit de faire sortir la balle de dessus la plume, elle quittera la ligne sans effort. Si l'on veut que le tuyau de plume disparaisse, on le fera remonter jusqu'à la flotte, ou bien on fendra ce tuyau de plume afin de pouvoir aussi le faire sortir de dessus la ligne. Dans ce cas, on aura soin en posant l'olive, que la fente de l'une se trouve opposée à la fente de l'autre. Un mouvement inverse les sépare tous deux de la ligne qui devient libre en un instant. (Voy. PÈCHE A SOUTENIR.) Pour la pêche à soutenir en mer, on peut employer les mêmes méthodes, seu- lement la ligne devient beaucoup plus forte {fig. 559) et les plombées suivent la même proportion. La plupart du temps, on donne atout le système la forme de la figure 560 dans laquelle la balle A précède les hameçons ou les quipots B qui suppor- tent les empiles. Lorsque, au contraire, on veut placer le plomb sur le trajet de la ligne, il est très-important que ce plomb ne puisse couper le fil, ce qui arrive facilement quand on se sert de plomb fendu ou roulé. Un plomb accroché sur le côté de la ligne produit un mauvais effet en détruisant la rectitude de la traction au moment du /errer. On a donc été conduit à imaginer le plomb à tirage direct (/?^. 562). Ce tronc de cùne allongé est percé d'abord dans toute sa longueur, puis porte des trous latéraux disposés, sur le côté que ne montre pas la figure, comme sur le côté que l'on voit. Un brin de florence passe dans ces trous et se double en boucle empilée à chaque extrémité, en face du trou central' de sorte que le plomb se place sur le trajet de la ligne au moyen de ses boucles, à l'endroit où l'on veut interrompre celle-ci , et généralement entre la ligne et l'a- vancée. La figure 561 montre une disposition adoptée souvent pour la pêche du Maquereau et autres poissons analogues dans les grands courants de fond. Ici le pêcheur ne ferre pas; le poisson doit se prendre seul. LIGNES DE FOND. — (Voy. Gablières grandes.) Fig. 561. — Plomb de fond pour le maquereau. Fig. 562. — Plomb à tirage direct. 440 LIGNE. L'expression ligne de fond doit s'entendre de trois sortes de pêches, qui sont : lu pèc/ie à soutenir, la pèche aux jeux et la 'pèche aux cm^dées en mer et en rivière. Chacune de ces pêches a été traitée, à part, avec tous les développements qu'elle comporte. (Voy. Conff.ction des lignes de fond.) LIGNE DORMANTE. — (Voy. GanNE FIXE.) LIGNE FERME (Pêche à) — (Voy. PÊCUE AU LANCER.) On appelle pêcher ;\ ligne Ferme, quand on a, sur sa canne, un moulinet dont la hohine est arrêtée par un cliquet ou un mécanisme glis- sant de côté, qui fixe la ligne de façon qu'on ferre avec une ligne fixe, ferme, non extensihle et qu'on rend lihre seulement quand l'animal est fatigué et qu'il faut le noyer. Le mécanisme du déclic à bascule {Jig. 563) /•iV/. 563. —Mou- Fig. 56). cst préférable, parce qu'il est bien plus facile et plus imet simple a Moulinet sini- prompt de /jres.^er sur uu rcssort quc d'o?/ynr un verrou (leclin a bascule. iile à veiiou. ^ i ' '■ {fi g. 56 i). Il est, en général, plus favorable de pêcher à la ligne filante. LIGNE FILANTE (Pêche à la) — (Yoy. PÉCIlE AU LANCER.) On pêche à la ligne filante quand on se sert d'un moulinet ouvert, libre, et sans entrave ni déclic; le plus simple système est le meilleur dans ce cas, et une simple bobine montée sur du fer-blanc, comme nous l'avons indiqué au mot Moulinet, suffit amplement à cette affaire. Rien ne doit s'opposer h la liberté du mouHnet et au passage de la ligne dans les anneaux de la canne. En effet, l'attaque du poisson est tellement instantanée, la force qu'il déploie pour fuir est si intense que pour peu qu'il offre un certain poids qui décuple la puissance de ses mouvements, tout sera brisé avant que le pêcheur ait pu rendre la liberté à sa mé- canique. Cependant il faut un léger arrêt sur le fil pour que le poisson heurtant à un obstacle, fasse entrer le dard de l'hameçon assez fortement; ce petit obstacle c'est le pouce de la main gauche ou de la droite mis sur le fil en avant du moulinet ouvert. Au mo- Fnj. 56,. - Moulinet mcut dc fciTcr, la résistauce minime qui se produit suffit pour libre et à déclic. ^^ m -i ' i • i • assurer i elhcacite du mouvement si le poisson est fort, et, soule- vant si peu qu'on veut le doigt de dessus la ligne, on rend à celle-ci la liberté, entière ou limitée, dont elle a besoin. Tous les avantages de la hgne filante sont au reste co?2c?ens(?5 par l'usage du moulinet libre et à déclic {fg. 56i). LIGNES FLOTTANTES (Variétés de). — La ligne flottante est tenue à la main par la canne, elle suit le cours de l'eau, et force le pêcheur à rester attentif au moment où mord le poisson. Cette pêche peut se fiire par les méthodes suivantes : , . , ( au coup. / Ligne courte. .. ' I ( au vil (l'oyez DnoiTs). Ligne flottante ; canne ] , à fbueUer. tenue à la main.,.. ', Lig/ie longue. . . | ;, ,.o,iigi. j à la mouche artificielle. Ligne à la volée . , , au fil de l'eau. ( a 1 insecte naturel, j . , ' a la .surprise. LIGNE A GOUJONS. — Cette dénomination indique plutôt une forme et une LIGNE. 441 grossciir de ligne qu'un instrument spécial destiné à la poche d'un seul poisson. On adopte cette désignation faute d'une meilleure qui ne soit pas une longue péii- phrase. En un mot, la ligne ;\ Goujon sert à prendre tous les poissons de fond de pe- tite et de moyenne dimension. Ce qui la caractérise, c'est qu'elle supporte y au moins deux hameçons placés en général comme dans la figure S6G. On prend, pour composer cet instrument de pèche, une canne de di- mension ordinaire, on la garnit d'une soie fine {fig. 567) et on y met une avancée la plus mince possible. Le meilleur moment pour pocher le Goujon étant lorsque les grandes crues, les orages, la fonte des neiges amènent des crues ou des eaux troubles, il n'est pas nécessaire de se monter aussi finement que pour les eaux limpides oii se tient générale- ment le Gardon, d'autant plus que presque toujours là où se tient le Gou- jon se trouve le Barbillon. Ce dernier n'est pas toujours de petite taille, et je ne parle que pour mémoire des Plies, toutes les rivières n'en conte- Ij ( nant pas. Aussi beaucoup de pêcheurs croient devoir pêcher le Goujon ^ j montés très-solidement sur florence, avec deux hameçons, il est vrai, | dont le premier sera un peu plus fort que l'autre, un n° 10 pendant que ^ u le second sera n" 12. Si ces pêcheurs n'ont pas de moulinet ni d'épui- pig^ ^ee. sette, ils ont tort, on ne sait pas à cette pêche en eau trouble ce qui ^igue à Goujon. peut arriver ; nous avons pris un jour une Brème de 2 kilos, en péchant au Goujon dans 0'",50 d'eau par une crue, et certes, monté sur un crin, nous ne l'eussions pas eue sans le moulinet et l'épuisette secourable ! Cependant nous dirons aux pêcheurs sérieusement amis du progrès : montez votre moulinet, mettez une avancée fine, un bon limerick à palette n'^ 12, D {fig. 360), monté sur un fort crin AB, un n» 1-4 plus haut C sur un petit , , , „ ^ pater-noster (voy. Avancée), et p„ -e.i ■,■ ^ ■ r v ■ r ■ i \ J /' •T'a', ob". — Ligne de soie line pour ligue a Goujon. pochez hardiment. La florence a toujours une certaine roideur que le crin ne garde jamais dans l'eau ; le poisson qui cherche un peu à tâtons concentre toute son attention sur le sens tactile de ses lèvres ; si ce qu'il essaye d'en- gamer résiste, il le laisse; s'il ne =-:i^:s==s,ŒSE3Eir=£=eŒ;a==«j^^=3œ:==i^==^^ sent aucune embûche, il mord ; Fin. ri(3S. — Corps de ligne en 0 brins de crin. il est pris. Nous ajouterons cependant ceci plutôt dans la prévision des heureux accidents qui amènent à la ligne à Goujon une pièce plus difficile à prendre, — Brème, Gar- don, Carpe, — que pour le Goujon qui est un goulu, lequel, quand il a senti le ver, ne le laisse plus. Il en est de môme du Barbillon, de la Lotte et de l'Anguille ; car vous pourrez prendre tout cela dans les brouillards des crues et des eaux trou- bles. Sans épuisette, faites le corps de li- gne en six brins de crin {fig. 568) finissant à quatre. La ligne à Goujon ofi're une difficulté sérieuse, c'est celle de toutes les lignes qui portent plusieurs hameçons ; com- ment les empêcher de retomber sur le corps de ligne, de s'y emmêler et dy Ligne en pater-noster. 442 L J G N E. devenir Inutiles ? On a proposé beaucoup de solutions, celle B de la ligure 566 en est une, mais le pater-noster QR {fig. 569) est, h notre avis, la seule complète, tant que la ligne peut porter les deux petits plombs nécessaires pour arrêter la perle. S'il en était autrement, il faudrait faire des nœuds qui seraient mi peu moins solides. On monte sur la perle R une soie de sanglier courte, de façon que, pliée et la boucle faite, le tout ait 0'",06 ; dans cette boucle on passe celle de l'empile S courte, 0'°,05, des hame- çons dont on a besoin. De cette manière, la soie de sanglier ne ployant pas dans l'eau, l'empile de l'hameçon sera toujours isolée et ne pourra se mêler au corps de ligne que l'hameçon ne touchera jamais. On adopte souvent la disposition de la figure 569, qui n'est pas mauvaise quand on monte la ligne et les deux hameçons sur de forte florence; sur du crin, tout se mêlerait. On peut également adopter la balance à Goujons {frg. 41, p. 70), très-bonne dans les rivières à courant doux et à fond uni. La flotte sera, suivant la rivière, forte s'il y a beaucoup de courant {fig. 570), faible, une simple plume {flg. 365, 366, p. 3:25) si c'est possible, afin de lui laisser toute sensibilité. LIGNE LATÉRALE. — Les poissons présentent, sur la surface de leur corps, diverses ouvertures servant à répandre une substance visqueuse analogue à l'huile, ou à la gélatine et qui sert, en enduisant tout l'extérieur de l'animal, à empêcher l'eau de filtrer au travers de ses tégu- ments et à donner à ses mouvements la souplesse et le glissement, dans l'eau, d'une surface que l'eau ne peut mouiller. Le nombre, la forme et la position des canaux qui apportent à l'extérieur cette matière éla- borée; dans des organes spéciaux, sont dltTérents suivant les espèces. Ces organes sécrétants sont souvent distribués dans différentes parties de la tête, chez le Brochet, par exemple, au-dessous et tout autour des mâchoires inférieures. Mais ces orifices forment, surtout chez les poissons revêtus d'écaillés visibles, une ligne sur chaque côté du corps, appelée ligne latérale et partant de la tête à la queue. Les écailles ifig. S7I à 574) varient comme position, comme couleur et comme grandeur, sui- Fig. 570. Ligne sur for te florciice Fig. 571. — Écaille de Chondrostome nase, prise dans la ligne la- térale Gross. = 4 D.). Fig.hli. — Écaille de Perche commune, li- gne latérale. (Gross. = 8 D.l Fig. 573. — Écaille du Rolengle, prise sur la ligne latérale. (Gross, = 4 D.) Fig. 574. — Écaille de la Tanche com- m.u»e, ligne latéra- le. (Gross. =: 10 D.) vaut les espèces ; la ligne elle-même est plus ou moins courbe en dessus et en dessous, interrom- pue, etc. Dans les poissons munis d'écaillés facilement visibles, l'organe se compose, outre les pores sécretenr.s, d'un canal formé d'autant de petits tuyaux qu'il y a d'écaillés sur ces orifices, et creusé dans l'épaisseur même de ces écailles. Les quatre figures ci-jointcs sont grossies au mi- croscope. LIGNOTTE. — (Voy. LUGNOTTE.) LILAS. — (Voy. Cannes a pÈcnE, Scton.) — Le Houx, le Lilas, le Troëne, le Frêne, très-voisins comme famille, le sont également comme élasticité ; cette qua- LIMAUON. AiS lité reniarquahlc les fail employer à la confeelion de scions excellents quand ils sont coupes en temps utile. Le Lilas, dont nous devons parler ici, présente une grande abondance déjeunes pousses très-droites et d'une belle longueur. 11 faut les couper seulement à la fin de l'automne et les faire sécher avec précaution sans ôter leur écorce, en les atta- chant sur un fort tuteur qui les empêche de se courber et de prendre une forme irrégulière. Ces scions ont cependant le défaut de se fendre en long au soleil; ces fentes ne diminuent pas beaucoup la force du scion, mais elles peuvent provoquer sa dété- rioration par l'eau qui s'y introduit. 11 faut aussitôt qu'on s'aperçoit que ces fentes se produisent, les remplir de vernis gras, et bien les laisser sécher. L'emploi des ligatures ne peut être réclamé, d'abord parce qu'elles ne remédient point au mal qui se manifeste entre elles, ensuite parce qu'elles rendent le scion trop lourd et trop raide. Si nous exceptons l'inconvénient de ces fentes, le Lilas est un des meil- leurs scions possibles pour la pèche à la mouche. Lilas (/,?/«(' vulgaris, Tourn.). CoroUiilores oléacées. Arbrisseau de 2 à 3 mè- tres, feuilles opposées en cœur, lisses et pétiolées; fleur d'un violet pâle ou blan- che, à odeur agréable. Calice petit, 4 dents : corolle tubuleuse, limbe à 4 parties. Capsule ovale comprimée, 2 loges, 2 valves, 2 graines. LIMACE Liniax, Lin.). —Cet animal appartient au genre des moUnsqnes gastéropodes pulniont's terrestres ; tout le monde connaît son corps allongé, ressemblant à celui d'un limaçon qui aurait perdu sa coquille; celle-ci est renfermée le plus souvent dans le bouclier qui couvre le dos de l'animal. Les Limaces sont essentiellement herbivores, et l'Iiiver, elles s'enloiirent dans la terre et s'y engourdissent. La Limace variée ou des caves est rous- sàtre, jaune ou verdàtre-, ia petite i. (jrise \fiij. 67 i) est sans taches, blancluUie et les cornes noires ; c'est la Loche des jardiniers. LIMACE. — La Limace s'emploie très- bien pour la pèche de l'Anguille et pour le Barbeau de grande taille. On la recueille dans les jardins et les prés où elle se ren- contre le matin en très-grande abondance. Celle que l'on emploie de préférence est la noire et la grise {fi'ous représentons ici l'espèce lu plus commune que l'on trouve dans i)iTsque tous les cours d'eau Fiij. 573. — Limace grise. /' ifi.'i'ÎQ. — L'n des Limaçons d'eau qui servent d'esche. LIMANDE. de la France. C'est un mollusque pulinoné, à coquille complète, qui porte le nom de Limnée ÇLim r.œa [fig. 577). Sa coquille, nue, mince, longue et terminée en pointe, est facilement reconnaissable. Les espèces sont assez nombreuses ; les unes sont de très-grande, les antres de très-petite taille. Tous peuvent servir aux usages de la pêche. H faut encore distinguer les Paludines {fig. 57C) que l'on trouve plus volontiers dans les parties calmes des grandes rivières. On trouve ces petits mollusques sous les pierres submergées. On brise la coquille et l'on fait de l'animal trois esches différentes: la queue, le nerf de l'opercule et le pavillon. Ces trois esches sont bonnes, mais à des degrés différents, pour la Brème, le Dard, la Carpe et les autres poissons de fond. Il pst bon, (jnand on les met à l'hameçon, que la pointe demeure bien saillante; il est bon de ferrer un peu tard, parce que, cette esche étant résistante, il faut donner au poissim le temps de bien engamer. La queue est moins dure que le reste. LIMANDA (Pleuronectes). — (Voy. Limande.) LIMANDE Pleuronectes limanda, Lin.). — Malacopt. subrach. Pleuronectes. Syn. : Duh, angl. — Kliesch, ylahrke, ail. — IHiscaiilec, breton. — Lithofje, irland. — Saltie, sait waler flenk, ticos. La Limande ifïg. 577), dont la structure est analogue à celle du Flet, diffère cependant par la rudesse des écailles, la disposition des yeux qui sont placés à droite, et la courbe prononcée et tortue /■'ig.bTi. — Liinnée des étang.s \.-, ■Mliâ^-rsÔV; Jug. — l.iiiiaïKlf [Pifiu-onectcs limnnrlu. Lin.) que fait la ligne latérale. Le côté droit est marqué de quelques taches brunes peu foncées sur un fond brun clair, le ventre est blanc, les nageoires sont molles tachetées de jaune. La dorsale de 7G rayons, les pectorales petites de 11, la ventrale de 59, et la caudale arrondie égale de 14 Les rayons les plus longs des deux grandes nageoires circulaires sont vis-à-vis du centre du poisson ; en général, ils ne sont pas longs, ce qui fait paraître la queue allongée et faible. La bouche et les dents sont petites; les yeux sont assez grands, les orbites sont séparées par une crête osseuse peu élevée. Les écailles sont rondes et leurs bords ciliés ; la chair es: blanche, molle et humide, un peu gluante, meilleure de février en mai. Ce poisson nage i\ plat et se nourrit de petits poissons, crustacés et coquillages. (Voy. Temps DE FRAI.) LIMANDE. — Ce poisson est abondant sur les côtes de l'Océan et moins dans la Méditerranée. L I M E R I C K . 445 La pèche est liès-boiinc sur les côtes de la Bretagne et de la Normandie. Elle se fait aux hameçons depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de janvier. En mars et en avril, les F^imaniles sont pleines de laite et d'œul's, et sont encore assez bonnes. Ce poisson mord très-bien à l'hameçon amorcé avec des pelouses ou Gra- veltes, se prend au libouret, j\ la ligne à soutenir, et aux lignes de fond, ou môme encore avec des vers de sable ordinaires ou des morceaux de mollusques, crusta- cés, sèche, etc. (Voy. ces mots.) C'est un poisson très-facile à prendre. LIME DOUCE. — (Voy. PlERRE A AIGUISER.) LIMERICK (Hameçon). — Les hameçons anglais qui portent le nom de Lime- ricks le tirent de celui d'une ville d'Irlande oii la fabrication des engins de pèche a pris une très-grande extension. Probablement est-ce là que les premiers hameçons de cette sorte ont été fabri({ués. Ils se distinguent, la plupart du temps, des hameçons des autres fabriques i)ar leur couleur qui est noire, formée par un vernis — dit à la poêle, — d'huile carbonisée ; en second lieu, par leur forme et surtout par la qua- lité de l'acier qui les compose et la perfection de leur pointe. Les vrais Limericks sont des hameçons hors ligne. Les premiers faits l'ont été surtout en vue de la pèche de la Truite et de la fabrication des mou- ches dont on y fait usage. Leur forme est droite, sans aucun avantage ; la pointe est basse {fly. 409), la barbe bien sortie, la hampe très-longue, mince et terminée en pointe, afin (|u'elle puisse porter le corps de l'in- secte factice qui la recouvrira. Nous avons indiqué les avantages de ces Limericks droits, qu'on peut appeler le type du genre; il est indispensable maintenant d'en décrire les inconvénients. La longueur de la hampe et sa forme amin- cie sont quelquefois un obstacle à la solidité de l'empilage, qui de- ^^.^ „.y mande î\ être fait et verni avec le plus grand soin. De plus, le manque Avantage duLi- d'avantage facilite aux poissons à grande gueule, comme le Chevesne, ^^^^ ^tourne l'exglutition de l'hameçon, dont la pointe ne rencontre rien, parce que de droite à le poisson prend l'hameçon à plat entre ks lèvres. On a remédié à tout cela en créant d'abord le Limerick courbe. C'est un ha- meçon noir, de même matière que le droit, mais h. palette mince et petite, à hampe moyenne et avec un avantage assez fort, mais tourné de droite à gauche {fuj. 579), tandis que celui des nôtres est tourné de gauche à droite, en plaçant la pointe devant la hampe AB, et droite, devant nos yeux {ffj. 580). (Juelle que soit d'ailleurs la l'orme générale de l'hameçon Li- merick, la manière dont il est coudé est caractéristique; il se recon- naît entre tous les autres. On peut en dire autant de sa pointe re- montant droit et sans aucun ventre au point d'intersection de la languette. Chaque qualité et chaque espèce de ces hameçons comprend 3:2 ^'s- 5^<'. ,. .^, ,. . Avantage de riia- numeros représentant 32 grandeurs différentes. Les premiers, pour mecon français la ])èche de mer, commencent de 1-2 0 0 — douze zéros — et vont amn' tourné de ' gauche a droite. jusqu'à 0, 1, 2, 3, 4. Les hameçons pour la pèche d'eau douce com- mencent à 4 0/0 — quatre zéros — et montent jusqu'au n" 20. Ouelques fa- briques ont même le n" 22. La délimitation pour chaque espèce de pêche, que nous venons d'indiquer, est loin d'être précise, car nous péchons très-souvent et 440 LINGUE. avec succès en mer au moyen de numéros moulant jusqu'à 10 et 12. A notre point de vue, un hameçon est rarement trop petit. LIN (Ligne en). — Plus hygrométriques que les Hgnes en soie, celles en lin ont encore le désavantage d'être moins fortes à grosseur égale. Leur seul avan- tage est de coûter moitié moins cher, mais elles le rachètent par l'inconvénient de pourrir très-facilement, si l'on ne prend pas le soin, souvent difficile, de les faire sécher déployées, quand elles ont été mouillées. Tout ce que nous avons indiqué pour le vernissage et la mise à l'huile des lignes de soie s'applique à plus forte raison aux lignes de lin, nous ne pouvons donc ([ue renvoyer à ces articles. LINGUAL (os). — Nous avons vu fjue l'extrémité supérieure des arcs branchiaux s'arti- culait sur une série de plaques osseuses de formes assez diverses attachées sous le crâne dans l'é- paisseur de la peau du pharynx, et appelés les os phanjngiens supérieurs. Si maintenant nous examinons l'extrémité inférieure ou antérieure de ces mêmes arcs branchiaux, nous la voyons s'a- vancer en avant et s'articuler sur une suite de pièces osseuses attachées les unes devant les autres et qui forment Vos lingual. Cet os revêtu d'une muqueuse épaisse se prolonge en avant et c'est de son plus ou moins de longueur que dépend le plus ou moins de liberté de la langue des poissons. Ainsi l'os lingual, que l'on a avec raison compare à l'os hyoïde, repose sur une large et solide ceinture osseuse placée en travers sous les branchies, et chacun des arcs de cette ceinture est composé de trois pièces .- une mitoyenne qui touche à sa congénère sur la ligne médiane et qui est suivie d'une seconde pièce ap- pliquée sous la face intérieure de l'interoperculaire, celle-ci est surmontée de la troisième ordi- nairement plus petite, qui s'articule à la face interne de l'angle antérieur de ce préoperculaire. En avant de ces deux arcs ou cornes, se trouvent deux autres pièces osseuses, l'une dirigée vers la symphyse de la mâchoire inférieure avec laquelle elle s'articule très-souvent, l'autre dirigée vers la ceinture humérale et formant l'isthme de la gorge. Ces deux pièces osseuses peuvent être comparées au corps de l'os hyoïde, mais il faut bien voir que ces pièces sont spéciales aux poissons, et appropriées à leur genre de nourriture et de vie. LINGUE (Gadus molva, Lin.). — Malacopt. subrach. gaduïd. Long max. = in',60, Syn. : Ling, angl. Ce poisson (/î^r. 581) présente deux nageoires dorsales et une anale très-développées. Son corps presque cylindrique est fort allongé et rappelle un peu la forme de celui de la Lotte. Fig. bsl. — Lingue [Gadut molua, I.in.) Télé aplatie dans sa partie frontale, vue de côté, elle décrit un angle prolongé qui se termine en museau. La mâchoire inférieure porte un barbillon cartilagineux de 0™,03à 0"',04 de long ter- miné en pointe ; elle est plus courte que la supérieure. La partie supérieure delà tête présente deux petits sillons entre lesquels règne la ligne osseuse la plus élevée du crâne qui se prolonge jusqu'au sommet de la tête ; ses écailles sont petites, minces et très-adhérentes à la peau. La couleur de son dos est quelquefois gris cendré, souvent elle parait vert olive; le ventre est biancliâtri^ LOCHE. 447 Los lignes latérales sont blanclies et assez droites. La tète est large et aplatie en dessus. Les ouièssont charnues. Au-dessus de la tête, le crâne forme une arétc comprise entre deux larges sillons h l'cxtrémilé desquels est une éminence assez pointue qui, là, termine les côtés de la tète. Une membrane recouvre les yeux qui sont grands et dont l'iris est jaune d'or. Ces yeux parais- sent être i)laccs horizontalement, en dessus, à cause de l'aplatissement de la tète. Les narines sont placés entre les yeux et l'extrémité du museau. Au-dessus du barbillon la bouche ne paraît pas avoir de dents, mais un peu au delà il y en a qui sont très-fines, très-pointues et lixes dans la mâchoire, toutes celles qui garnissent la mâ- choire supérieure sont très-courtes, très-déliées et immobiles ; elles sont disposées sans ordre sur une large bande. Le palais est garni de cinq ou six dents crochues,grosses, longues et écartées les unes des autres. Une partie est fixe, les autres sont mobiles et disposées sur deux lignes qui con- vergent à leur extrémité, entre ces crochets se trouvent de petites dents fines et courtes et très- pressées les unes contre les autres. La langue est douce, molle, mince, plus longue que large, terminée en avant par une pointe mousse, elle est naturellement blanchâtre, elle devient plus blanche encore à la cuisson, elle est très-délicate, mais a peu de goût. De chaque côté de la tête on trouve les opercules des ouïes sous lesquels il y a quatre bran- chies, supportées par des côtes cartilagineuses, elles sont garnies de lames fines et molles formant franges et rangées sur deux lignes. Les lames de l'une sont plus grandes que celles de l'autre. ('es côtes cartUagineuses sont garnies en dessous de protubérances dures, et en approchant du crâne il se trouve des dents fines et crochues entre lesquelles il y a de nombreuses aspérités. De l'autre côté elles portent aussi des dents assez longues et fines inclinées vers le gosier. La nageoire dorsale qui est le plus près de la tête est formée de I i ou-là rayons assez gros, souples, l'autre comporte près de 70 rayons dont la longueur varie en augmentant à l'extréraité postérieure. L'anale qui s'étend jusqu'à la caudale est composée de 58 rayons. Les pectorales ont 6 rayons seulement, les trois de devant se divisent et sont reliés par une membrane. La caudale est arrondie en forme de palette quand elle est étendue. On trouve des Lingues dont les nageoires sont frangées d'un liséré blanc. LINGUE. — On trouve ce gade dans la mer du Nord, la Baltique, la Manche, rarement plus au sud que le golfe de Gascogne. Il se nourrit de petits poissons et d'œufs. La pêche à la ligne de ce poisson est la même que celle du Cabillaud, du Merlu et de l'Egrefin. Très-vorace, il se prend aux hameçons amorcés de Ha- rengs, Sardines, etc., non-seulement aux lignes de fond, traînées et câblières, mais encore à la ligne à soutenir à la main (voy. ces mots, surtout aux Lignes, fig. 385, p. 321)). On en prend toute l'année : ils aiment à se tenir auprès des bordures de ro- chers et se nourrissent de jeunes poissons, ne dédaignant rien de ce qui a vie. Leur proie est engloutie si rapidement, qu'il ne faut pas un grand art pour les prendre. Leur vie est très-tenace, on en cite des exemples incroyables. LINOTTE. — Nom du Chabot en Franche-Comté, et quelquefois aussi de la Loc/œ franche. (Yoy. Chabot et Loche franche.) LISSEAU. — ; Synonyme de peloton pour les laceurs de fdels. LITZEN. — Nom vulgaire du Carrelet ou. Plie franche. (Voy. ce mot.) LOCHE \Genr(;], (Cobitis, Lin.). — Malacopt. abd. cyprin. Syn : Loach., beardie, angl. — Schmerle, grnmlel, allem. — Peskas, stolbez, russ. — Weis- gn'oi, esth. — It-balych, tart. La tète petite, le corps allongé, revêtu de petites écailles, enduit de mucosité. Les ventrales fort en arrière et au-dessus d'elles une seule petite dorsale; la bouche au bout du museau, peu fen- due, sans dents, mais entourée de lèvres propres à sucer et de barbillons ; les ouïes peu ouvertes à 3 rayons seulement ; leurs os pharyngiens inférieurs sont assez fortement dentés ; il n'y a point de cœcum à leur intestin, et leur très-petite vessie natatoire est enfermée dans un étui osseux bilobé adhérant à la troisième et à la quatrième vertèbre. Nous en avons trois espèces dans nos eaux douces. LOCHE. — Les Loches sont surtout habitantes des ruisseaux et des petites rivières, quoique l'une des espèces ne soit pas rare dans certains de nos fleuves, la 448 LOCHE. Seine, par exemple. Ces petits poissons vivent de vers et d'insectes que l'eau dé- pose sur le fond où ils se tiennent pour ainsi dire toujours collés ou cachés dans le sable. Il leur faut de l'eau courante et vive ; la stagnation les fait fuir, et cependant ces poissons changent rarement de place, se cantonnent dans les endroits qui leur conviennent et s'y retrouvent toujours. On les prend au carrelet, à la louve, avec la nasse, etc. Quand l'eau n'est pas trop profonde dans les ruisseaux, on les prend facilement avec un grand panier plat avec lequel on barre le courant en remontant à pied. On dirait que moins l'eau est épaisse, plus la Loche s'y plait. On les prend vers des gués de 0°',10 d'eau, et elles y rampent en abondance au milieu des Goujons, de Barbillons ou de poissons et fretins blancs. Elles se cachent sous les petites pierres ou sous les touffes d'herbes submergées, et on les y prend souvent à la main. Les gamins font des pêches fruc- tueuses en les piquant avec une simple fourchette de fer, tandis qu'elles se tiennent immobiles, collées contre le gravier. La propagation des Loches este h ose fort intéressante vu la bonté de leur chair ; mais nous nous occuperons de cette question dans notre seconde partie. On prend aussi la Loche avec les nasses dans lesquelles on a mis un chabot pour appât. LiOCHE D'Étang (Cobitis misgurn, Lin.!. — Malacopt. abd. cyprinoïd. Long. max. = 0'n,30. Syn. : Mûhryrûndel, peiskev, ail. — Wgiin, russ. Cette Loche, qui a un peu la forme et la figure du Goujon, est plus courte et plus grosse que les autres espèces ; elle a 10 barbillons, pas d'épine près de l'œil et le corps marqué de raies lon- gitudinales brunes et jaunes. 10 ou 12 petites dents pharyngiennes crochues. Caudale arrondie, pectorales lancéolées. B =3. D= 7. P = 10. V =(i. A =6. C =1G. La poitrine est nue et le ventre plisse en chevron. La couleur du poisson est gris brun avec des points formant à peu près quatre lignes longitudinales foncées. Elle se tient dans la vase des Étangs où elle subsiste longtemps même lorsqu'ils sont gelés ou desséchés. Quand le temps est orageux, elle vient à la surface, s'agite et trouble l'eau. Quand il est froid, elle se retire plus soigneusement dans la vase. Elle avale sans cesse de l'air qu'elle rend par l'anus après l'avoir changé en acide carbonique, selon la belle observation de M. Ebmian» Ce poisson s'enfonce (Val.) souventdans la vase ou dans le sable fin, et fait sortir par les ouïes, le sable mêlé d'eau qu'il avale parla bouche. Sa cliair est molle et sent la vase. (Voy. Temps de frai.) LOCHE D'ÉTANG. — Ce poisson ne nous sert que comme appât^rès-recher- ché par les poissons carnassiers : Anguilles, Brochet, etc. 11 semble moins commun que les deux autres Loches et ne paraît pas se trou- ver en Angleterre, ni dans le midi de la France : il habite seulement nos dépar- tements du Nord et de l'Est. Encore y est-il rare. Quand on le prend, il fait entendre un bruit très-distinct (Val.) qui lui a valu des Allemands le nom de de Peùkei\ Pfeifcr, sifflcur. LOCHE DE MER. — Nom pojmlaire de la Motelle à trois barbillons et de la Motelle à cin([ barbillons. (Voy. ces mots.) LOCHE DE RIVIÈRE vCobitis taenia, Lin.). — Malacopt. abdominaux, cjprinoides . Long. nia\.= 0"',12. Syn. : Groundlnuj, angl. — Steinbisser,s\\. — Hoogluj-har, hoW, — Sternazzo, forayitada^ïisX, Cette loche, la plus petite de celles de notre pays, a le corps allongé, comprimé, de couleurorangée, marqué de taches noires. Le nez plus pointu; la bouche et les yeux petits en proportion ; elle porte un aiguillon fourchu et mobile au sous-orbilaire, en avant de l'œil ; 0 barbillons. Dorsale de 8 rayons, pectorale de 9 longs et minces, ventrales de 7 rayons ; anale de 6, et caudale de 15, déforme arrondie en dehors, un peu en éventail. (Voy. Temps de frai.) LOCHE. 44!) Cette espèce abonde en Fmopc, et, dans certains pays, est plus rare fine la Loclie d'étang; tan- dis que chez nous c'est le contraire, elle est plus commune même que la loche franche. LOCHE DE RIVIÈRE. — Cette Loche se trouve communément dans la Seine; elle a riiabiUule de se tenir dans le sable, cachée, ne laissant dépasser que les yeux et le bout du museau. Si on la dérange, elle s'enfonce dans le sable pour y che- miner et sortir plus loin. Dans les Aquariums, ces petits poissons se montrent dilliciles, voraccs et n'y vivent pas longtemps. Nous n'en parlons que paixe qu'il sert d'excellent appât pour la pèche des poissons carnassiers : Anguille, Urochel, elc. Sa chair est dure, de mauvais goût et par conséquent peu recherchée : il vit dans les rivières entre les perrés. (Juaiid on le touche, il émet un son particulier. LOCHE FRANCHE (Cobitis barbatula, Lin. ). — Malacopt. alid. cyprinoïJ. Long. inax. = (i"',|.S. Syn.: Lnach heurded, aiigl. — Bartijrun'lel, aiiem. — Smerling, dan. — Grôndling, suéd. Ce petit poisson a la peau lisse, sans aiguillon, de couleur jaunâtre, tachetée de brun noir. La loche a C barbillons à la lèvre supérieure ; elle habite de préférence les ruisseaux vifs, petits et ''il ■,!»'.. Fig. &8i. — Loche franche [Cobitis barbatula. Liii.j l'iairs, elle nage rapidement si on la dérange en retournant les pierres sous lesquelles elle se cache. Ces poissons se tiennent toujours vers le fond de l'eau (/î^r. 582). La Loche se nourrit d'insectes aquatiques, verset œufs (voy. Temps de FR.ii);siron compare la longueur de sa tète à celle de son corps, on la trouve comme un est à quatre. Le nez est arrondi et pointu en dessous; les narines sont doubles et l'antérieure est tubulée, la seconde est percée dans une dépression juste derrière l'œil. Les lèvres sont larges, la bouche petite placée en dessous et la mâchoire inférieure est la plus courte. La bouche a une grande analogie comme forme et comme position avec celle du Darbeau, les yeux sont petits, à iris bleu. La nageoire dorsale commence à égale distance du nez et de la naissance de la queue, elle a î) rayons, les pectorales en ont 10-12; les ventrales, placées sous la dorsale, en ont 7-9, l'anale 6, et la caudale arrondie légèrement 19 à 20. La chair de cette Loche est tendre, saine et un peu gluante. Fournit un excellent appât pour le poisson carnassier, ne mord pas à l'hameçon, mais se prend dans les ruisseaux avec de très-petits lilets, ou des paniers mis en travers du courant et qu'on remonte en raclant le fond. LOCHE A QUEUE RAYÉE (Cobitis spirula, Art.). — Malacopt. abd. cyprinoîdes. Long. max. = Oni.lO. 29 450 LOI SUR LA PÊCHE. Corps comprimé, 6 Ijarliillons dont 2 en liant, une épine fourchue auprès de chaque œil. Dorsale de y rayons, anale de T. Dos d'un jaune roussàtre, ventre blanchâtre ; beaucoup de lignes entières ou ponctuées et de taches sur le corps et les nageoires. Cette espèce se trouve à. Metz sur les fonds de sable parmi les herbages; elle doit se retrouver en heaucoup d'autres localités. C'est proliablement une variété de la Loche franche. LOCUSTA l'palinuinis . — (Voy. LA^G0USTE.) LOI SUR LA PÊCHE. — Il n'est pas dépourvu d'intérêt de joindre au texte des articles de la loi actuelle sur la pêche, des réflexions qui en fassent bien com- prendre la portée à nos lecteurs, d'autant plus que les termes mêmes de cette loi ont donné lieu à des contestations fort importantes et sur lesquelles les tribunaux ont été assez longtemps à se mettre d'accord, contestations créées par le fait même de la pêche à la ligne. Sans vouloir faire l'historique de la législation française sur la pêche, il est bon de savoir que l'exercice en a été réglementé dès les premiers temps de l'orga- nisation civilisée de notre nation. Ces premiers règlements se ressentaient évidem- ment de la grossièreté des moyens alors en usage, et, il faut le dire aussi, de l'abon- dance du poisson et des droits qui régnaient alors. Les ordonnances du domaine de la couronne étaient les plus explicites de toutes et servaient, en général, de base au droit ancien sur cette matière. Cependant peu à peu les décisions contradictoires prirent un tel accroissement, qu'on sentit le besoin d'une règle unique, et, en 1667, parut une ordonnance qui présenta le premier Code régulier de la pêche en France, Code déjà si complet et si bien ordonné, que la plus grande partie de ses dispo- sitions furent reproduites par la loi qui nous régit, et qui date de 1827. L'apparition de cette loi, destinée à mettre au niveau des besoins actuels, les faits de pêche réglementés par l'ordonnance dont nous venons de parler, et sans prescriptions définies par suite de la chute des pouvoirs féodaux en 93, fut consi- dérée comme un bienfait ; mais cette loi est si incomplète, que le temps est ar- rivé oîi elle-même a dû subir un remaniement complet. L'avènement de la pisciculture, le changement d'administration du régime des eaux qui, au lieu d'être soumises aux agents des forêts, le sont à ceux des ponts et chaussées, toutes ces circonstances ont rendu l'ancienne loi presque ca- duque et réclamé une réglementation nouvelle. Les deux grandes questions sur lesquelles la loi est appelée à statuer sont : d'abord — la question de propriété, à qui appartient le droit de pêche ? C'est le rè- glement du Domaine des eaux. En second lieu, — la question de police générale : Comment s'exerce ce droit pour conserver les espèces ? C'est la réglementation du droit de pêche comme Temps et comme Engins. Art. 1". Du droit de pêche. « Le droit de pêche sera exercé au profit de l'État : « 1° Dans tous les fleuves, rivières, canaux et contre-fossés navigables ou ilol- tables avec bateaux, trains ou radeaux, et dont l'entretien est à la charge de l'État ou de ses ayants cause ; (( 2° Dans les bras, noues, boires et fossés qui tirent leurs eaux des fleuves et rivières navigables ou flottables, dans lesquels on peut en tout temps passer ou pénétrer librement en bateau de pêcheur, et dont l'entretien est également à la charge de l'État; (( Sont toutefoisexceptés les canaux et fossés existants ou qui seraient creusés dans des propriétés particulières, et entretenus aux frais du propriétaire. » LOI SUR LA PÈCHE. 451 Ainsi, l'ail. I" proclame le principe de propriété des eaux déjà établi par les lois civiles ordinaires. La pèche appartient rJ ihJtat dans les cours d'eau du domaine public et dont il a charge d'entretien. Il est bon cepentlant de faire remarquer que la désignation de rivière flottable ne comprend que les cours d'eau où peuvent être formés des trains et ne regarde pas les ruisseaux et rivières où le flottage des bois se fait à bi)ches perdues. Ces endroits rentrent dans les conditions du domaine particulier, qui proclament que les propriétaires riverains d'un cours d'eau non com- pris dans l'art. 1" ci-dessus, sont propriétaires du droit de pêche, jusqu'au milieu de ce cours d'eau suivant toute la longueur de leur propriété, à moins de posses- sion contraire ou de preuve établie par titres. Tant qu'il s'agit de propriétés privées, — puisque le bord de la rivière appar- tient à un propriétaire qui peut défendre l'accès de son terrain, — il est de la plus grande évidence que nul n'y peut pêcher sans permission. Par conséquent, pour la pêche comme pour la chasse, tout officier de police judiciaire ou tout garde particulier assermenté peuvent, à la réquisition du propriétaire, faire un procès-verbal qui mène à des dommages et intérêts. Par conséquent, sans permission du propriétaire des rives, nul ne peut pêcher de quelque manière que ce soit dans une rivière du domaine particulier, et, dans nonibre de départements, les populations se montrent très-jalouses de leurs droits vis-à-vis de l'étranger, et le lui font bien voir. De plus, toutes ces rivières sont en général bordées de prairies, qui, quand elles ne sont pas en foin, sont en regain, de sorte qu'il y a toujours moyen de chi- caner et de dresser un procès-verbal. Pour comble de malheur, des haies et des arbres, des joncs et des fondrières les bordent, et en font, le plus souvent, un lieu de pêche sinon impossible, au moins fort difficile. Fn droit le pêcheur, sans permission, n'a pas même la faculté de pêcher du haut d'un pont qui coupe ces rivières. Ces dispositions sont consacrées dans l'art. 2 de la même loi, en voici la teneur : (( Art. 2. Dans toutes les rivières et canaux autres que ceux qui sont désignés dans l'art. 1", les propriétaires riverains auront, chacun de son côté, le droit de pêche jusqu'au milieu du cours d'eau, sans préjudice de droits contraires établis par possession ou par titres. (( Des ordonnances royales insérées au Bulletin des lois détermineront, après une enquête de commode et incommodo, quelles sont les parties des fleuves et ri- vières et quels sont les canaux désignés dans les deux premiers paragraphes de l'art. l",où le droit de pèche sera exercé au profit de l'État. — De pareilles ordon- nances fixeront les limites entre la pêche fluviale et la pêche maritime dans les fleuves et rivières affluant à la mer. Ces limites seront les mêmes que celles de l'inscription maritime ; mais la pêche qui se fera au-dessus du point où les eaux cesseront d'être salées, sera soumise aux règles de police et de conservation éta- blies pour la pêche fluviale. (( Dans les cas où des cours d'eau seraient rendus et déclarés navigables ou flot- tables, les propriétaires qui seront privés du droit de pêche auront droit à une indemnité préalable qui sera réglée selon les formes prescrites par les art. 16, 17 et 18 de la loi du 18 mars 1810, compensation faite des avantages qu'ils pourraient retirer de la disposition prescrite par le gouvernement. » Le 10 juillet 1833, a été rendue une ordonnance royale à laquelle est annexé 452 LOI SUR LA PÈCHE. un tableau complet, dont on peut toujours demander communication à la préfecture de son département. L'État, propriétaire du droit de pêche, le vend à des particuliers qui l'exploi- tent pour leur compte et à leurs risques et périls. Ces adjudicataires, pour un cer- tain nombre d'années, d'une portion limitée des cours d'eau sont, par leur marché, substitués aux droits de l'État et peuvent revendre aux pêcheurs les droits néces- saires pour pêcher en toute sécurité, bien entendu, en se conformant aux lois et ordonnances sur la matière qui nous occupe. Ils cèdent ainsi des licences plus ou moins étendues, — et par cela même plus ou moins chères — aux pêcheurs qui les désirent. Mais ces adjudicataires sont obligés de souffrir d'autres pêcheurs dans leur cours d'eau, par suite de l'exception accordée par l'art. 5, le plus fécond en chicanes, par cela même, de toute la loi. Ai-t, 5. — ((Tout individu qui se livrera à la pêche sur les fleuves et rivières navigables ou flottables, canaux, ruisseaux ou cours d'eau quelconques sans la per- mission de celui à qui le droit de pêche appartient, sera condamné à une amende de 20 francs au moins, et de 100 francs au plus, indépendamment des dommages et intérêts. » (( Il y aura lieu, en outre, à la restitution du prix du poisson qui aura été péché en délit, et la confiscation des filets ou engins de pêche pourra être prononcée. (( Néanmoins, ïl est permis à tout individu de pêcher à la ligne flottante tenue à la main dans les fleuves, rivières et canaux désignés dans les deux premiers para- graphes de l'art. 1" de la présente loi, le temps de frai excepté. » • Les deux premiers paragraphes n'ont jamais fait éclore de procès. Mais le dernier!... Ah !... le dernier, a été longtemps le cauchemar des fermiers de la pêche ! Or, cette exception — qui dérive des plus anciennes traditions — est jus- tifiée par le peu de dégât que peut faire une pareille pêche qui ne constitue ni un moyen de destruction, ni un moyen de spéculation, mais présente au pauvre un supplément de victuaille, et à l'amateur, une partie de plaisir bien inoffensive. Quoique les termes de la loi semblent fort clairs, il s'est trouvé cependant des fermiers qui ont osé livrer bataille sur le moi ligne flottante ; il est arrivé, — chose fâcheuse à dire, — que l'administration forestière a été assez malavisée pour former cause commune avec ces inventeurs d'un nouveau chantage, et qu'un tribunal s'est rencontré ne sachant pas ce que voulait dire le mot français Flotter. Enfin, après de longs débats, une première condamnation et des flots d'encre répandus, la Cour d'appel de Paris (20 mars 1861) a cassé le premier arrêt, et rendu un juge- ment conforme au bon sens et au bon français, décidant : (( Que dans leur sens naturel, les mots ligne flottante indiquent une ligne que le mouvement seul de l'eau rend mobile et fugitive, et qu'il faut que le pêcheur ra- mène sans cesse à lui ; qu'un usage constant a consacré cette interprétation; qu'il n'est résulté de l'usage de la ligne flottante ainsi définie, aucune conséquence de nature à faire croire que l'intention du législateur a été de la prohiber, soit dans un intérêt d'ordre public, soit dans l'intérêt des fermiers de la pêche, lorsqu'elle serait garnie de quelques plombs ajoutés au poids de l'hameçon pour le maintenir perpendiculairement au liège ou flotteur indicateur, à une profondeur déterminée; (( Qu'il suffit, pour que la ligne ne cesse pas d'être flottante, qu'elle soit cons- tamment soumise au mouvement du flot et du courant de l'eau, et que, par con- séquent, l'appât ne repose pas au fond et n'y reste pas immobile ; (( Que la loi exige seulement que le pêcheur tienne, à la main, la canne destinée LOI SUR LA PÈCHE. 453 à rejeter la ligne en amont, toutes les fois que le courant la fait flotter en aval à une trop grande distance ; que, décider qu'une ligne n'est flottante que lorsqu'elle ne flotte qu'à la superflcie de l'eau par le seul poids de l'hameçon, ce serait donner un sens restrictif aux expressions de l'art. 5 ci-dessus, et rendre illusoire la per- mission de pêcher à la ligne flottante résultant dudit article ; « Que les fermiers de la pèche ne seraient pas fondés à se plaindre du préjudice qu'ils pourraient en éprouver, puisqu'il ne s'agit que de l'application d'une dispo- sition légale qu'ils n'ont pas pu ignorer q\ qu'ils se sont soumis, des lors, à cette condition en se rendant adjudicataires de la pèche ; (( Considérant en fait que, le 17 février dernier. M** a été trouvé péchant à la ligne tenue à la main, dans le dix-huitième canton de la pêche, sur la rivière de Seine ; que, s'il résulte du procès-verbal régulièrement dressé ledit jour, et des aveux mêmes de M**, que la ligne avec laquelle il péchait était armée de deux ha- meçons et garnie de deux grains de plomb n° 4, destinés à faire plonger la ligne dans la partie inférieure de la rivière, ce poids ne pouvait suffire pour empêcher la ligne de flotter dans le courant, et que le contraire n'est pas môme allégué ; « Que dès lors, et par les motifs ci-dessus déduits, la ligne dont s'est servi M**, devant être considérée comme flottante , la prévention n'est pas éta- blie, etc., etc. » Seulement le tribunal d'appel ne prit pas le soin de définir toutes les pêches qui rentrent dans le cadre de la bienheureuse exception terminant l'art. 5 : ces pêches sont au nombre de trois principales : 1° La pêc/i€ au coup, celle dont il est parlé dans les considérants du juge- ment; 2" ha.pêche à fouetter, et celle à rouler. (Voy. ces mots.) 3° La pêche à la ligne volante, à la grande volée, à la surprise, avec les insectes artificiels ou naturels. (Voy. ces mots.) Avant et depuis ce jugement, d'autres décisions sont venues, qui ont encore élucidé la question et fixé l'étendue des droits du pêcheur à la ligne sans licence. (( La ligne flottante peut avoir plusieurs hameçons, le nombre n'en est pas (( limité. » {Tr. correct. Versailles, 24 déc. 1844. C. impér. Paris, 21 mai 1851.) « On peut pêcher aussi bien en bateau que sur les bords de l'eau, avec une ligne flottante, pourvu qu'on la tienne à la main. » (C. roy. Paris, 28 déc. 1835.) « On peut pêcher aussi bien au fond, qu'au milieu et à la surface de l'eau, et « l'on peut mettre du plomb en telle quantité que l'on veut, pourvu que le bouchon (( supporte ce plomb et qu'il n'empêche pas la ligne de suivre le cours de l'eau. » ' (C. impér. Paris, 21 mai 1851.) Titre IV. — Conservation et police de la pêche. « Art. 23. Nul ne pourra exercer le droit de pêche dans les fleuves et rivières navigables ou flottables, les canaux, ruisseaux ou cours d'eau quelconques, qu'en se conformant aux dispositions suivantes : (( Art. 24. 11 est interdit de placer dans les rivières navigables ou flottables, canaux et ruisseaux , aucun barrage, appareil ou établissement quelconque de pêcherie ayant pour objet d'empêcher entièrement le passage du poisson. — Les délinquants seront condamnés à une amende de 50 francs à 500 francs, et en outre i'-ux dommages-intérêts, et les appareils ou établissements de pêche, seront saisis et détruits. La C. Cass., 24 nov. 1832, a décidé que cet article s'appliquait à tous 454 LOI SUR LA PÈCHE. les carmux, fossés et ruisseaux conimiiniquanl l\ une rivière. Il serait donc possible d'appliquer celte décision à l'usage des Bondes de moulin, panier de bondes, etc., au moyen desquels les meuniers, sur les petits cours d'eau, enlèvent tout le pois- son — surtout la Truite — pendant la nuit sous le prétexte de tendre un filet à An- guille. Celte jurisprudence atteint aussi les Gords et Guideaux non autorisés. (Yoy. ces mots.) « Art, 23. Quiconque aura jeté dans les eaux des drogues ou appâts qui sont de nature à enivrer le poisson ou à le détruire, sera puni d'une amende de 30 francs fi300 francs, et d'un emprisonnement d'un mois ù trois mois. (Yoy. art. 432 C. pén.) ((Art. 26. Des ordonnances royales détermineront : — d^Les temps, saisons et heures pendant lesquels la pêche sera interdite dans les rivières et cours d'eau quel- conques ; — 2* Les procédés et modes de pêche qui, étant de nature à nuire au repeuplement des rivières, devront être prohibés ; — 3" Les filets, engins et instru- ments de pêche qui seront défendus, comme étant aussi de nature à nuire au re- peuplement des rivières; — A° l^es dimensio7is de ceux dont l'usage sera permis dans les divers départements pour la pêche des différentes espèces de poissons ; — 3" Les dimensions au-dessous desquelles les poissons de certaines espèces , qui seront désignés, ne pourront être pochés et devront être rejetés en rivière ; — 6° Les espèces de poissons avec lesquelles il sera défendu d'appfder les hameçons, nasses, fdets et autres engins. » Cet article, — très-sage, — laisse aux règlements à statuer sur les nombreux points de détail qu'il embrasse ; aussi, l'ordonnance en date du 15 septembre 1830 délègue-t-elle aux préfets des départements la réglementation de ces faits : elle in- dique en même temps le mode à suivre pour créer ces règlements, chose qui ne nous occupe pas ici;, mais ne doit pas nous empêcher de dire que ce travail incomplet et mal fait est à refaire, et qu'il a créé une vraie cacophonie dans les termes, et les plus burlesques bouffonneries dans les faits : aussi, nous avons eu la plus grande peine à nous procurer une partie des règlements préfectoraux sur cette matière. Non-seulement, dans ces actes incohérents, des termes différents indiquent une même chose, mais les mêmes termes représentent des choses diffé- rentes. Aussi ne donnons-nous les conclusions qui vont suivre que comme approxi- mation de la vérité, que comme une moyenne des décisions générales que nous avons comparées. Ce qui est vrai à gauche d'une rivière, est quelquefois faux à droite, et jugé du blanc au noir, défendu ou permis. Avec un tel système, l'a- bandon naît forcément et la loi, non exécutée, tombe en désuétude, — ce qui est arrivé — et souvent n'est réveillée du sommeil d'oubli qui l'enveloppe, que dans un but de vexation, d'intimidation ou de chantage. Quant aux développements sur le § 1", voy. Fixation du temps de frai. — — PÉCUE de NLIT. — PÈCUE DU DIMANCDE. Pour le § 2, voy. Coque du Levant. — Feu. — Fusil. — Glace, etc. Pour le § 3, voy. tous les Filets cités dans ce dictionnaire. Pour le § 4, voy. Droits du pécheur a la ligne flottante, et en même temps. Filets. Pour le § 5, voy. Dimensions légales des poissons. Pour le § 6, voy. Poissons vifs a l'uameçon. Certains préfets ayant défendu Vusage même des amorces vives, on en avait inféré que tous les animaux, vers et insectes, mis à l'hameçon éVànien vie, ren- traient sous le coup de la loi et devaient être prohibés, ou qu'il fallait soumettre le LOI SUR LA PÈCHE. 455 pécheur au droit de licence. 11 eu résultait que le pêcheur n'avait plus, pour lui, que la mouche artificielle, le blé, la cerise et le raisin. Heureusement une décision judiciaire est intervenue : « On peut pécher avec un ver ou un insecte vivant, ils ne sont pas considérés comme amorce vive : ce nom doit s'appliquer seulement [in\ pclits poissorts ser\anid''c\movces. » {Irib. Arcis-sur-Aube, 13 sept. 184i.) (( Art. 28. Une amende de 30 à 100 francs sera prononcée contre ceux qui feront usage en quelque temps et en quelque fleuve, rivière, canal ou ruisseau que ce soit, de l'un des procédés ou modes de pêche ou de l'un des instruments ou engins de ^èche^ prohibes par les ordonnances. — Si le délit a eu \ïç.\xpmdant le temps du frai, l'amende sera de GO à 200 francs. » (( Art. 29. Les mêmes peines 'seront prononcées contre ceux qui se serviront, pour une autre pêche, de filets permis seulement pour celle du poisson de petite espèce. — Ceux qui seront trouvés porteurs ou munis, hors de leur domicile, d'en- gins ou d'instruments de pèche prohibés, pourront être condamnés à une amende de 20 à 50 francs et à la confiscation des engins et instruments de pêche, à moins que ces engins ou instrumcnls ne soient destinés à la pêche dans les étangs ou les réservoirs. (Voy. Mailler des filets.) « Art. 30. Ouiconque péchera, colportera, ou débitera des poissons qui n'auront point les dimensions déterminées par les ordonnances, sera puni d'une amende de 20 ù 50 francs, et de la confiscation desdits poissons. Sont néanmoins exceptées de cette disposition les ventes de poissons provenant des étangs ou réservoirs. — Sont considérés comme des étangs ou réservoirs, les fossés et canaux appartenant à des particuliers, dès que les eaux cessent naturellement de communiquer avec les ri- vières. (( Art. 31. La môme peine sera prononcée entre les pêcheurs qui appâteront leurs hameçons, nasses, filets ou autres engins, avec des poissons des espèces pro- hibées qui seront désignées par les ordonnances. » « Art. 32. Les fermiers de la pêche et porteurs de licences, leurs associés, com- pagnons et gens à gages, ne pourront faire usage d'aucun filet ou engin quelconque qu'après qu'il aura été plombé pu marqué par les agents de l'administration de la police tle la pêche. — La même obligation s'étendra à tous autres pêcheurs com- pris dans les hmites de l'inscription maritime, pour les engins et filets dont ils fe- ront usage dans les cours d'eau désignés par les § 1" et 2^ de l'art. 1" de la pré- sente loi. — Les délinquants seront punis d'une amende de 20 francs pour chaque filet ou engin non plombé ou marqué. » (Voy. plus loin : art. 9.) Tout pêcheur qui se respecte ne doit jamais refuser au garde ayant montré sa plaque, la visite de son filet à poisson : seulement le pêcheur doit se conformer scrupuleusement aux dimensions légales des poissons, parce que c'est hà le grand cheval de bataille des gardes qui ne demandent pas mieux — généralement — que de verbaliser, surtout contre un Monsieur. — Tis à-vis d'unhomme en blouse. .., lachose se passe autrement. Cette disposition de la loi s'applique seulement aux cours d'eau du domaine pu- blic. Chez un particulier, vous faites ce qui lui plaît ou ce qui vous plaît, suivant la position que vous occupez dans son estime ou dans son amitié. Terminons en citant la f/ défense du 7" article du règlement préfectoral de la Seine, qui reproduit l'art. 25 de la loi. (( 11 est défendu d'enivrer et de faire mourir le poisson en jetant dans l'eau les drogues et substances nuisibles, telles que chaux, noix vomique, tilhymale, sucs 456 LOI SUR LA PÈCHE. infects de lin et de chainrcs rouis et autres. » D'où il résulte, que les amorces de Tond qui, au lieu de l'aire mourir le poisson, le font vivre, sont permises. On peut également, pour prtniilre le IJrochet, même la Truite, et aussi le Chevesne, amorcer sa ligne flottante d'une Abl(>tle, d'un Yéron ou d'un Goujon, qu'il soit mort ou vif. Enfin, dans le déparlement de Seine-et-Oise, le règlement préfectoral du 1!) juillet 1831 dit : u Art. G. Indépendamment de la fticulté accordée par le § S'' de l'art. 6 de la loi sur la pèche, à tout individu de se servir de la ligne flottante tenue à la main, il sera permis de faire usage de la liçjne plongeante à un seul ha- meçon, également tenue ù la main. » On pourrait en déduire que la ligne à soutenir est permise, tandis que nous croyons que cet article, beaucoup antérieur à l'arrêt de la Cour d'appel de Paris, considérait le mot Ligne flottante, comme les premiers juges, et voulait laisser aux pêcheurs la possibilité de se servir de la ligne flottante dont ils usaient de temps immémorial et qu'avait définie le considérant de la Cour d'appel. Depuis la loi et les ordonnances que nous venons d'étudier, on a senti le be- soin de rendre plus homogène la législation sur tous les points de la France. D'un autre côté, on s'est aperçu que la réglementation, très-bonne sur le papier, était inefficace dans la plupart des cas, et qu'il n'y avait qu'un moyen d'empêcher en partie le braconnage, c'était de prohiber la vente du poisson en temps de frai. Enfin il était temps de prendre des mesures spéciales en vue de la protection des salmonidés , espèces précieuses , migratrices , et que les anciennes lois ne sauvegardaient point. Les progrès de la pisciculture, portant en grande partie et souvent exclusivement sur ces espèces, en faisaient une nécessité, à moins que l'on ne voulût voir détruire d'une main ce que l'on semait de l'autre. Les mêmes pro- grès dans l'étude de la reproduction des espèces indigènes ont fait voir qu'il y avait nécessité d'interdire pendant un temps variable, comme durée et comme fré- quence, certaines frayères naturelles ou artificielles créées dans les cours d'eau et destinées à en assurer le repeuplement; il a fallu pourvoir à tout cela. C'est ce qui a donné lieu à la confection de la loi du 31 mai 186o, laquelle, à l'heure où nous écrivons, n'est pas encore parfaite, puisque les règlements d'administration publi- que qui doivent la compléter, ne sont pas encore parus. Les conseils généraux consultés immédiatement, en ISGo, d'après le vœu de la loi, art. 1", ne se sont pas trouvés suffisamment éclairés sur la question: ils ont demandé un supplément d'instruction qui leur a été transmis, en 1866, avec les avis et travaux des ingénieurs. En ce moment. 1867, le ministère du commerce, de l'agriculture et des travaux publics est saisi, et prépare le texte de ce décret de la plus haute importance. Loi du 31 mai 1865 : Pêche fluviale. « Art. 1". Des décrets rendus en Conseil d'État, après avis des conseils géné- raux des départements, détermineront : § 1° Les parties des fleuves, rivières, canaux et cours d'eau réservés pour la reproduction, et dans lesquelles la pêche des diverses espèces de poissons sera ab- solument interdite pendant l'année entière ; § 2. Les parties des fleuves, rivières, canaux et cours d'eau dans les barrages desquels il pourra être établi, après enquête, un passage appelé échelle, destiné à assurer la libre circulation du poisson. Art. 2. L'interdiction de la pèche pendant Vannée oitière ne pourra être pro- LOI SUR LA PÊCHE. 457 noncée pour une période de plus de cinq ans. Celte interdiction pourra être re- nouvelée. Art. 3. Les indemnités auxquelles auront droit les propriétaires riverains qui seront privés du droit de pf'chc, par application de l'article précédent, seront ré- glées par le conseil de prélecture, après expertise, conformément à la loi du 16 septembre 1807. Les indemnités auxquelles pourra donner lieu l'établissement d'échelles dans les barrages existants seront réglées dans les mêmes formes. Art. 4. A partir du 1" janvier 18GG, des décrets, rendus sur la proposition des Ministres de la Marine et de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, régleront d'une manière uniforme, pour la pêche fluviale et pour la pèche mari- time dans les fleuves, rivières, canaux affluant à la mer : § 1. Les époques pendant lesquelles \^ pèche des diverses espèces de poissons sera interdite ; §2. Les dimensions au-dessous desquelles certaines espèces ne pourront être pochées. Art. 5. Dans chaque département, il est interdit de mettre en vente, de ven- dre, d'acheter, de transporter, de colporter, d'exporter et d'importer les diverses espèces de poissons, pendant le temps où la pjêche en est intei^dite, en exécution de l'article 26 de la loi du 15 avril 1829. Cette disposition n'est pas applicable aux poissons provenant des étangs ou ré- servoirs définis en l'article 30 de la loi précitée. Art. 6. L'Administration pourra donner l'autorisation de prendre et de trans- porter^ pendant le temps de la prohibition, ]c poisson destiné à la reproduction. Art. 7. L'infraction aux dispositions de l'article 1" et du paragraphe 1" de l'article frda la présente loi sera punie des peines portées par l'article 27 de la loi du 15 avril 1820, et, en outre, le poisson sera saisi et vendu sans délai, dans les for- mes prescrites par l'article 42 de ladite loi. L'amende sera double et les délinquants pourront être condamnés à un em- prisonnement de dix jours à un mois : § 1 . Dans les cas prévus par les articles 09 et 70 de la loi du 15 avril 1829 (réci- dive et nuit) ; § 2. Lorsqu'il sera constaté que le poisson a été enivré ou empoisonné ; § 3. Lorsque le transport aura lieu par bateaux, voitures ou bêtes de somme. La recherche du poisson pourra être faite, en temps prohibé, à domicile, chez les aubergistes, chez les marchands de denrées comestibles et dans les lieux ouverts au public. Art. 8. Les dispositions relatives à la pèche et au transport des poissons s'ap- pliquent au frai de poisson et à l'alevin. Art. 9. L'article 32 de la loi du 15 avril 1829 est abrogé en ce qui concerne la marque ouïe plombage des filets. Des décrets détermineront le mode de vérification de la dimension des mailles des filets autorises pour la pêche de chaque espèce de poisson, en exécution de l'article 26 de la loi du 15 avril 1829. Art. 10. Les infractions concernant la pêche, la vente, l'achat, le transport, le colportage, l'exportation et l'importation du poisson seront recherchées et con- statées par les agents des douanes, les employés des contributions indirectes et des 458 LOMBltlCS. octrois, ainsi que parles autres agents autorisés parla loi du 15 avril 1829 et par le décret du î) janvier 1852. Des décrets détermineront la gratification qui sera accordée aux rédacteurs des procès-verbaux ayant pour objet de constater les délits. Cette gratification sera prélevée sur le produit des amendes. Art. 1 1 . La poursuite des délits et contraventions et l'exécution des jugements pour infractions à la présente loi auront lieu conformément à la loi du 15 avril 182'J et au décret du 9 janvier 1852. Art. 12. Les dispositions législatives antérieures sont abrogées en ce qu'elles peuvent avoir de contraire à la présente loi. Au moment où ces importantes modifications vont être introduites ainsi dans notre loi, il y aurait lieu, croyons-nous, de rompre avec une habitude prise depuis longtemps par nos législateurs, et qui consiste à laisser subsister les dispositions des lois antérieures que la nouvelle loi n'abroge pas, au lieu de reporter ces dis- positions dans le dernier texte élaboré. Notamment les articles 5, 7, l), 11 de la présente loi sur la pèche. Ce mode de procéder n'aurait-il d'autre inconvénient que de créer en quelque sorte toute une bibliothèque pour une seule matière, qu'il serait suffisamment défectueux. Rien n'est moins propre à faciliter l'étude et la connaissance des lois que l'obligation de rechercher dans le passé — un passé fort lointain parfois — les dispositions législatives qui régissent encore telle ou telle matière. Mais il y a un autre inconvénient capital, c'est que dans les lois anciennes on trouve bien les dispositions que le nouveau législateur n'a pas entendu modifier ; mais ces dispositions ayant été formulées sous l'empire d'idées très-différentes de celles qui ont prévalu depuis lors, leur texte se prèle souvent à des interpréta- tions également différentes de celles que les lois plus récentes ont nécessairement commandées. Nous pourrions citer beaucoup de preuves à l'appui de ces observa- tions. C'est particulièrement dans toutes les matières soumises à une législation nouvelle, dictée par un esprit libéral, que les textes anciens s'accordent peu, sinon avec les textes nouveaux, du moins avec l'esprit qui les a dictés. On oublie trop volontiers en haut lieu, que la loi n'est pas faite pour les juris- consultes et les avocats, mais bien pour le peuple, pour le vulgaire. Nul n'est censé ignorer la loi, est un axiome de droit très-juste et que nous admettons, mais à la condition que la loi sera compréhensible. L'est-elle toujours pour les gens peu instruits ? Nous répondons hardiment : Non ! Yoilà ce qu'il serait temps de changer. Cette réforme-là en vaudrait, à elle seule, beaucoup d'autres. LOMBRICS. — (Voy. Vers DE TERRE.) Les Lomljiics sont des Annélidesde la famille des Lomlricinées dont ils forment le type. Ils ont le corps arrondi et allongé, parfaitement rond et extensible, compose d'anneaux, et plus pointu antérieurement que postérieurement. Les pieds sont remplacés par de petites soies non rétractiles, en partie cornées et en partie calcaires, colorées en jaune. Sur cliaque anneau existent deux pores d'où sort une humeur muqueuse qui sert à faire glisser plus facilement l'animal à travers la terre, et à défendre son corps nu contre l'action desséchante de l'air. Les lombrics sont hermaphrodites. L'anus est terminal en arrière; un renflement comme charnu, convexe en dessus, plat et sou- vent poreux en dessous, occupe un espace un peu postérieur au quatorzième ou seizième anneau, et varie en étendue. Quand les vers sont malades, cet anneau se décèle de suite par son gonflement et sa couleur livide. Les vers de terre ou lombrics qui, pour le commun des pécheurs, sont tous semblables à eux- mêmes, renferment cependant plus de vingt espèces bien distinctes; les uns laissent suinter entre o o p O Q > LOTTE. 459 les doigts une liqueur jaune souvent très-fétide, les autres n'ont pas ce moyen de défense. Cette liaueur s'écoule car des pores dorsaux placés cénéralement en demi-collier sur I(^ ouatnrzième an- \ » 460 LOUVE. sa proie qui consiste en insectes aquatiques el jeunes poissons. Ce poisson se tient sous les arches et près des tourbillons, où il dévore tous les petits animaux qui sont apportés par le courant de l'eau. Il mange principalement pendant la nuit, et, comme l'Anguille, on le prend aux lignes de nuit ou de fond. Indiquer la nourriture et les mœurs de ce poisson, c'est indiquer la manière de le pêcher ; il faut se reporter à tout ce qui a été dit sur la pêche du Barbeau et de l'Anguille, car on prend la Lotte en même temps et de la même manière que tous les poissons de fond. Dans certaines contrées, on se sert pour la pêche des Lottes, de goleroux, qui sont des espèces de fascines composées de morceaux de bois fourchus qu'on fait descendre au fond de l'eau et dans lesquels les Lottes s'en- gagent et se cachent volontiers. Cette pêche est très-fatigante, mais elle produit une grande quantité de poisson. LOTUS (Gadus;. — (Voy. Lotte commune.) LOUBANE OU L.OUBANNE. — Désignation populaire du Bar aux Sables. LOUBIN. — Nom vulgaire du Bcœ sur nos côtes Ouest. LOUBINE. — Nom du Baj' à Noirmoutier. (Yoy. ce mot.) LOUBINEAU. — Nom du Bar aux Sables d'Olonne. LOUBINE MOUCHETÉE (Perça punctata, Val.). — Acanthopt. Percoid. Long. ma\. = 0"',60. Syn. : Bar alongé, Cavousse, de Provence. Ce poisson très-voisin du Bor commun et que l'on confond avec lui, en diffère notablement. Son dos est brun bleuâtre, sa tête obtuse, les côtes et le ventre argentés : la ligne latérale porte une ligne au-dessus d'elle, et une autre au-dessous, des points noirs irrégulièrement semés. Première dorsale bleuâtre = 0. Deuxième à base jaune =2-1-12. P = IG. V^ 1 + 5. A = 9 + n. C= 17. Toutes ces nageoires sont rouges ou bleues à bases rouges. L'opercule porte deux aiguillons séparés par une échancrure. Cette Perche, plus petite que le Bar, se trouve en haute mer, sur les côtesjde juillet à octobre. LOUP. — On donne ce nom à plusieurs sortes de fdets, et surtout à un filet de marée montante dont on se sert vers l'embouchure de la Loire, au printemps, et à marée montante, pour prendre les Lamproies. On l'appelle aussi quelque- fois Louve. (Voy. Lam- proie, PêcJie.) — Nom du Bar à Tréguier, Lanion, etc., en Bretagne. — On donne encore le nom de Loup à une sorte de filet (/?^.585) dont on se sert sur les côtes des environs de Nantes. C'est un filet en demi-cercle tendu sur trois perches, deux à l'entrée et une au fond de l'entonnoir. On tend ce filet quand la marée commence à descendre ; il est lâche et se tient entre deux eaux. Le fond du filet a 12 à 13 mètres de chute et forme une grande poche plissée dans laquelle s'enferme le poisson. On relève le Loup une heure avant que la marée soit entièrement écoulée. LOUVE. — La Louve {jig. 586), ouverveux à plusieurs ouvertures, estun excellent piège pour capturer les poissons dans les eaux dormantes d'un étang ou d'un lac, Fig. 585. — loup. LUNE. 461 là où ils nagent indislinclement dans tous les sens. Ce filet se compose d'un tambour à verveux double, dont les ailes sont formées par des gors en filet. On le tend dans des passes nettoyées, entre les bandes d'herbes, là où les poissons chassent et passent le plus volontiers. Toutes les espèces s'y laissent prendre, même la Tan- che et la Carpe, les plus difficiles à capturer. S'il ne se trouve pas de passage na- turel entre les herbiers, on en pratique un en coupant les joncs avec un croissant, et on lui donne sensiblement la largeur de la Louve, ayant soin de prolonger la Fig. 586. — Louve. longueur le plus possible, parce que le piège n'en vaudra que mieux. On attache quelques pierres à l'un des bâtons du tambour pour le faire descendre facilemenl au fond, et Ton fixe à un bâton opposé, sur le dessus, un orin muni d'un paquet de joncs pour faire flotter l'extrémité par laquelle on retire l'engin. On tend ce filet le jour ou la nuit ; mais il suffit ordinairement de le placer une ou deux heures avant le coucher du soleil et de le relever le lendemain de bon malin. Quand le temps est froid, il est bon de placer cet engin au soleil si l'on peut, ce qui arrive en hiver. En été, au contraire, on le mettra sous les arbres à l'ombre. Il est toujours utile d'amorcer l'intérieur de ce filet avec l'une des amorces, (voy. ce mot), dont nous avons donné la recette pour les différents genres de poissons. Si l'on veut réussir plus sûrement, il faut mettre d'avance dans la Louve quelques poissons vifs qui attirent les autres. Il est encore bon de couvrir, dans les eaux dormantes, la Louve avec quelques brassées des joncs coupés pour faire son passage, les poissons viennent de confiance se cacher sous cet abri factice. Ils s'y rassemblent en grand nombre et c'est autant de chance pour qu'ils entrent dans le filet. LU AN. — Nom du Lieu (Voy. ce mot), à l'ile de Ré. LUCIOPERCA SANDRA. — (Voy. SA^DRE d'Europe.) LUGNOTTE. — Nom vulgaire de V Ablette biponctuée , dans le département de la Cùte-d'dr. (Voy. ce mot.) LUNE (Lampris gutlatus, Retz.). — Acaiitliopt. scombéroid. Syn. : Opah king-fisfi, angl. — Solv-plettet-rjuld- fisch, iiorw. — Gnd/ags, island. 462 MACHINE A FILER. Corps légèrement comprimé ; l'épaisseur n'en fait pas le l/Gde la longueur totale. Sa plus grande hauteur (aux pectorales) est 2 fois 1/2 dans la longueur totale. La longueur de la tète plus haute que longue est 4 fois dans celle du corps. Mâchoire inférieure plus longue que la supérieure. D = f)3. Commence en arrière du bord postérieur des pectorales et s'élève en pointe trian- gulaire, le second rayon est le plus long. A = 38. N'a pas de pointe saillante. C = 7 — 22-7. En croissant. P -■= 2i. Attachée au milieu de la hauteur du corps, a la forme d'une faux très-pointue. Le premier rayon est très-petil, le second très-grand, large et comprimé. V = 14. Insérées l'une près de l'autre, sous le ventre. L'huméral et une partie du scapulaire se détachent du corps, et forment une grande plaque triangulaire, à bord supérieur arqué. Dos bleu d'acier, flancs lilas, ventre rose. Coi-ps semé de taches blanches argentées; nageoires ronges. L'œil grand à l'iris jaune d'or. Écailles petites, minces et peu adhérentes. La ligne latérale forme d'abord une courbe convexe près du dos, puis, sous la pointe de la dorsale, elle s'abaisse en courbe concave et se dirige en droite ligne jusqu'à la caudale. LUNE. — Le poisson Lune est rare dans nos mers, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée. Il se nourrit de poulpes, d'acalèphes et surtout de petits rhizostômes. Il atteint la taille de J mètre. Sur les côtes de Norwége, on assure que ce poisson poursuit les jeunes Truites qui descendent à la mer, pour en faire sa nourriture. LUPUS LABRAX. — (Voy. Bar commun.) LURETTE. — (Voy. LORETTE.) LUTJAN. — Les Lutjans de Dloch sont devenus les Grénilabres de Cuvier. (Voy. Cré.m- LABRES.) LUTJANUS ROSTRATUS. - (Voy. Sablet groix.) LUTS. — Nom du Lim à Caen (Calvados). (Voy. Lieu.) LUZIN. — Le Luzin diffère du Bitord, en ce qu'il est une corde retorse sans être commise, au lieu que le Bitord Vcsl. M MACAREO. — Nom marseillais du Saurel ou Carangue. MACHINE A FILER LE CRIN. — Nous renvoyons à l'article Houet à filer le crin, la description et la figure d'un petit appareil [fig. 587) que l'on ti^ouve chez les marchands d'ustensiles de pêche et auquel on supplée parfaite- ment par la machine ci-dessous dessinée et dont tout le monde peut se faire le constructeur. On prend deux petites planchettes minces A, B {fig. 588) en bois dur de forme carrée ou rectangulaire et de O^jOo à 0'",08 de côté, sur une épaisseur de 0",00o. On les pose, l'une sur l'autre, sous le valet d'un établi de menuisier, et on y perce simultanément trois petits trous placés en triangle ; ces petits trous ont au moins un Fig. 587. — «ouet niillimèlre de diamètre, à filer les lignes. Qu confectionne alors au moyen de fil de fer non recuit et d'une pince, trois petits crochets de la forme C, D {fig. 580), seulement on ne fait d'abord ni le crochet C ni le crochet D ; on a soin que les trois bouts de fil de fer soient bien de la même grosseur, en sorte que les trois coudes doubles, en M, soient MACHINE A FILER. 463 Fiy . 58S. — Planclicttos ininoes. parfaitement égaux. En prenant des fils de fer de O^.OG de long, on les ploie en- viron par tiers. On passe alors la pointe C dans l'un des trois trous de la planchclte A (/?(/. 388), et l'on fait à chacun des fils de fer une boucle C fermée, derrière la planchette, et la touchant. On passe alors la pointe D dans les trous corres- pondant aux premiers de la planchette B (/?//. 588), et l'on fait le petit crochet ouvert D. Le petit appareil a pris la forme RS (///. 591) vu par le côté. Il est encore une manière de construire cette petite machine, c'est de couper les planchettes GK, IIS {f(j. 592), plus longues que celles que nous venons de dé- crire, d'évider la plus épaisse en H, de manière que l'épaisseur du coude des fils de fer soit renfermée entre les deux planches. Gomme elles portent l'une contre l'autre, le mouvement de torsion est moins sujet à des soubresauts qu'avec la construction II, R {fi(j. 591) à planchettes égales, où rien ne régularise le mouvement. Tout ceci fait, on se munit d'un plomb de fond P [ficj. 593) auquel on adapte un crochet de fil de fer ; il faut que le plomb pèse au moins 100 à 150 grammes. On plante un clou dans une table ou dans une planche devant soi, et Ton met tremper son crin dans de l'eau tiède. Lorsque le crin est suffisamment ramolli et imbibé d'eau, on en choisit le nombre voulu^, 3, 6,9, 12, etc., que l'on assortit de longueur en mettant les bouts tête-bèche afin de répartir également la force et la grosseur sur le margotin. On noue le tout ensemble et on le passe autour du clou planté sur la table : on sépare alors les crins par l'autre extrémité en trois parties égales autant que possible que l'on noue Fig. 589. Petit crochet en fil de fer. H Fig. 590. —L'appareil vu par (levant. R jJ Fig. 591. L'appareil par côté. G IJ séparément à la même lon- gueur et que l'on passe chacune sur un des crochets D, R (fïg. 391) de la machine. Ceci ftiit et le tout bien égalisé, — ce qui paraît très-long à décrire, mais se fait bien vite avec un peu d'habitude, — on prend la planchette de devant D R h portant les crochets, entre le pouce et l'index de la main gauche et l'autre planchette III de la main droite, puis on tourne celle-ci sur l'autre, toujours dans le même sens, jusqu'à ce que chaque nouct de crin paraisse se Joindre auprès du crochet. La quantité de torsion à donner est une affaire de jugement et d'habitude : certains crins en supportent beaucoup plus que d'autres. Plus le crin est mouillé, mieux et plus longtemps il se tord ; il en est de même quand il est gros, et aussi quand les margotins sont composés d'un plus grand nombre de brins. Le plus difficile margotin à faire est celui de deux et de trois brins de crins, — un seul h chaque crochet, — parce qu'alors chaque crin se tord absolument sur lui-même. Le crin étant assez tordu, on saisit les deux planchettes ensemble dans la main droite, de la main gauche on passe le crochet du poids P dans la place qu'occupe le clou, et au moyen du crochet, on enlève les crins sans cesser de les maintenir tendus. Haussant alors la main droite, on baisse la gauche de manière à donner à l'appareil la position XYP {fnj. 593), puis gB Fig. 592. Planchettes loupées. 464 MACHOIRES. on lâche le poids qui se met à tourner rapidement et à vriller le margotin d'une manière parfaite. En général le crin a été assei tordu, quand la torsion produite avec le plomb est assez puissante pour rapprocher autant que pos- sible'les torons y>yY's des crochets de la planchette. On dépasse les crins des crochets, on les noue ensemble par un nœud ordinaire; on en fait un autre à l'extrémité, près du poids, et le margotin est lini. Quant à sa réunion au corps de ligne, nous l'avons expliquée dans un article spécial. On emploie la même machine pour tordre et tresser les brins de florence qui doivent faire les très-fortes lignes de fond. On remarque qu'une ligne trop torse n'a pas à beaucoup près la même force que celle qui ne l'est que médiocrement, parce que F^v/ 503.-Lama- g^yg la torsiou cxcessive, l'élasticité des crins est détruite et cette cliine en fonction, . . • , . . ^""^ pour assomhior les élasticité admirable est leur première et plus précieuse qualité. crins et les corder. Certains pôchcurs mettent entre les trois torons de X, Y (fig. 593) un bouchon conique portant trois entailles et qu'ils remontent à me- sure que tourne le poids P. Dans ce cas la manœuvre est un peu différente. On pend le plomb P avant de tordre, on met le bouchon et on le remonte à me- sure qu'on tourne les planchettes, lesquel- les tendent les crins que le poids câble à mesure. La première méthode est la plus simple, parce qu'on peut travailler seul, tandis qu'il est bien difficile de manœu- vrer le bouchon' en même temps que les duSargue [Glazelte), comprenant des dents planchettCS en carde, des incisives et des molaires. " MACHOIRES. \u-dessoiis et en avant du crâne se trouvent, cliez les poissons, les os de la mâchoire {ossa .— -r--^, maxillaria) qui forment ainsi la '^^■^^^ -^ ,_ partie antérieure de la tête ; l'un de ces os est en dessus, l'autre en dessous, le premier formant la mâchoire supérieure, et le second la mâchoire inférieure [fig. 594). (Voy. Squelette.) L'os de la mâchoire supé- rieure est plus ou moins arqué. Dans les poissons où il n'existe pas, il est suppléé par un prolongement des os du crâne; celui de la Fig. 5'.i i. — .Mâchoires supérieure et infé- p'ig, 596.— Demi-màchoire inférieure droite rieure du Pagre vulgaire [Pagrus vul garis, Val.). Fig. b97. — Mâchoire inférieure de Truite saumonée, bécarde. MADRAGUE. 465 mâchoire inférieure est ordinairement arqué ou triangulaire : le museau du poisson est d'autant pins proéminent que cet os est plus long et plus saillant. (Voy. fig. 593, 594, 695, 590, diverses ma • CHOIRES DE POISSONS.) A la mâchoire supérieure tiennent les os du palais. (Voy. Maxillaires, Imermaxillaires, Lingual [os]). MADRAGUE. Syn. : Almudnibu, esp. Ce filet employé pour capturer les Thons, est une sorte de parc fi.ve eu filets soutenu, non par des pâlots, vu la profondeur de l'eau où on l'établit, mais supporté par des aussières frappées à des ancres. Une telle installation ne peut donc avoir lieu que dans une mer qui n'a pas de marée; sans cela le tout serait bou- leversé deu.\ fois par jour. Quoique les Madragues soient établies dans la Méditer- ranée, depuis l'Italie jusqu'à l'Espagne, leur nombre est cependant assez restreint, car une telle installation est très-dispendieuse. Les filets sont plongés dans l'eau depuis le mois de février jusqu'au milieu de l'automne, par conséquent sont sujets à de nombreuses avaries. L'entretien de ces filets et les travaux de la pèche néces- sitent un personnel nombreux : aussi les Madragues ne s'établisscnt-elles que par association. Elles sont construites en fil de sparterie et non de chanvre, comme les filets ordinaires {[ig. 398). Pour établir cet engin on fait choix d'un endroit sableux dont la pente, du ri- vage à la haute mer, est le plus régulière possible et oii il n'y ait pas de courant, puis on commence par fixer la direction de la Madrague et on assujettit fortement le filet, car il ne faut pas qu'il obéisse à l'action des vagues. La direction se fixe au moyen de très-gros câbles, et la stabilité s'obtient à l'aide d'une vingtaine d'an- cres accrochées aux cables directeurs et mouillés au fond de la mer. La Madrague ne s'établit guère sur des endroits qui aient une profondeur supérieure à 40 mè- tres et elle doit être reliée à la terre par une pièce de filet verticale et tendue en droite ligne. Ce barrage immense porte le nom de queue de la Madrague, et il n'est pas rare d'en rencontrer qui atteignent 1 kilomètre et plus. Ce filet est formé de mailles de 0", 20 environ, et sa direction naturelle est du N. au S., de sorte que la queue d'une Madrague a la forme d'un triangle très- allongé, dont la pointe est attachée sur la plage par une ancre de forte dimen- sion. La partie inférieure porte au fond de l'eau , grâce à un lest de plomb ou de pierres, tandis que la partie supérieure est soutenue par de gros lièges et même par de petits barils goudronnés. Cette queue est fixée invariablement à l'aide de six cordes, — trois de chaque côté — frappées chacune à sa grosse ancre. La base du triangle de la queue se joint à la seconde partie de la Madrague — le filet proprement dit — à peu près vers le milieu de celui ci, et le tout forme ainsi, depuis le rivage, une sorte de haie qui arrêtera les Thons. Le corps de la Madrague est formé d'un filet parallèle à la cote, de l'E. à l'O., 30 % ^- .Maclia"ue vue à vol d'oi^^eau 466 MAIGRE. d'une longueur d'environ 1 kilomètre, formant un parallélogramme allongé. Ce parallélogramme se rétrécit dans sa partie 0., depuis l'endroit oîi elle se jointavec la queue, el forme ainsi une sorte de poche que l'on divise en quatre comparti- ments par des pièces de filet dont le bas est lesté avec du plomb ou de grosses pierres, et dont la partie supérieure est retenue sur l'eau par des lièges ou de pe- tits barils. Le tout est assujetti avec de grosses ancres mouillées au loin, de ma- nière à lui donner la force nécessaire pour résister, au besoin, à une forte houle. Les trois premiers compartiments ont 25 à 30 mètres de largeur, le quatrième est une poche construite avec des cordes de la grosseur du pouce et une extrémité est maintenue sur l'eau au moyen de trois batelets où elle est attachée. C'est le Corpou ou la mort, elle est garnie de filets, non-seulement sur les côtés, mais encore au fond. La seconde chambre porte le nom d'Izoletfe. Elle a trois ouvertures. La première est située à l'endroit où la queue se réunit au corps de la Madrague et s'ouvre sur la mer. La seconde fait communiquer l'Izolette avec la chambre qui précède la mort. Celle-ci peut se fermer rapidement à l'aide d'un filet qui repose sur le fond el qu'on peut remonter tout à coup. A cette ouverture stationne, dans un bateau, un guetteur qui, par des signaux, en agitant un drapeau, etc., avertit les pêcheurs que la porte est fermée et que la bande des Thons est prisonnière. Les Thons arrivés devant la queue de la Madrague se mettent à côtoyer cet obstacle , et entrent dans VIzolctte où ils se précipitent. En ce moment le filet-porte est levé, les Thons s'élancent dans le compartiment suivant, et de là dans la mort. Les pêcheurs accourent alors, relèvent le filet de fond, la poche se rétrécit et la bataille commence, pendant laquelle il est très-imprudent d'agir sans précaution, surtout quand les Thons sont gros. On peut pêcher ainsi jusqu'à 20,000 fr, de Thons dans une journée. MAI. — (Voy. Calendrier du pêcheur.) MAIÂ. — iVov. Crabe ET Arugnée de mer.) Fi(j. liOO. — Maigre [Saena aqiiila. Val.). MAIGRE (Scienaaquila, Val.). — Acanthoptérygieiis «^ciéiidulos. Long. max. = i mètre à 2 mètres. MAIGRE. 467 Syn. : The maigre, angl. La lorce générale du Maigre est celle du Dar ; sou museau, comme celui des sciénoïdes, est un peu bombé, à lèvres peu charnues et avec une gueule peu fendue. Les écailles du corps sont grandes et un peu obliques. La couleur générale du corps est gris argenté, teint de brun sur le dos, et de bleu sous le ventre; toutes les nageoires sont rouge brun, mais la première dorsale, les pectorales et les ven- trales sont plus rouges que les autres. La première dorsale a 10 rayons, la seconde 27, les pectorales 16, les ventrales fi, l'anale 9 et la caudale 17. La ligne latérale est parallèle à la ligne supérieure du dos, sur toute sa longueur. Chair recherchée et délicate, surtout celle de la tète. MAIGRE. — Ce poisson, d'une taille respectable, semble suivre ou précéder les grandes bandes de poissons émigrants, tels que les harengs, etc. On le prend de deux manières : avec des filets ou des lignes. A la Teste de Buch on le pêche avec des sennes traînées ; à Pouilhac, on se sert de filets appelés Esto- neyres. Les pêcheurs de l'île de Ré emploient des sennes longues de 400 à 500 brasses, et dont le calibre de maille présente au moins 10 centimètres. Ils vont les poster à une lieue en mer et les relèvent à chaque marée. Ceux des Sables en ont de plus petites qu'ils tendent dans les coureaux de la Rochelle. Sur les côtes de Belle-Isle, on prend ainsi quelquefois des Maigres qui se trouvent engagés dans les filets à Sardines, mais il n'est pas rare qu'ils les déchirent et s'ouvrent un pas- sage. La pêche avec les lignes est la moins pratiquée; on amorce avec la Sardine ou tout autre petit poisson, pourvu qu'il soit d'une consistance ferme. Les Maigres se réunissent quelquefois en troupes peu nombreuses et la pêche en devient plus facile. Dans les journées chaudes de l'été, s'il règne une brise à la mer, pareille à celle qu'exige la pêche du Maquereau, celle des Maigres peut être d'un bon produit, et la ligne est d'un meilleur usage que le filet, parce que ces pois- sons s'approchent plus près de la surface de l'eau. Un pêcheur du Groisic déclara en avoir pris trente-sept en un jour. Ce n'est pas sur les fonds oh se réunissent les Sardines que la capture des Maigres est, sans exception, le plus avantageuse. On en prend beaucoup dans les coureaux de la Rochelle, où il ne remonte presque pas de Sardines, et, à l'embouchure delà Gironde, les Maigres restent longtemps station- nés, sans doute parce qu'ils y épient la descente du frai de l'Alose ou qu'ils y sont attirés par les différentes espèces de Muges qui se plaisent dans les eaux saumâtres. Paris recevait autrefois des ports de l'ouest de la France une grande quantité de Maigres, et sous Louis XIV, ces poissons y étaient encore servis sur la table des riches. La chair en est blanche, mais peu délicate : elle sert aujourd'hui de nour- riture aux pauvres. Dans quelques cantons voisins de la Rochelle, on en sale une petite quantité qui est consommée pendant la vendange ; mais cette salaison n'est point estimée. On la prépare avec beaucoup de soins au Groisic et à l'île de Ré. Le Maigre, dit Noël dans son Dictionnaire manuscrit, était un poisson bien connu et recherché dès le moyen âge ; il continua d'être péché dans le cours de la période moderne, et ses mœurs furent beaucoup mieux observées qu'auparavant. Nous avons pensé et nous persistons à croire que le nom de Maig?'e, est la traduc- tion du latin magister, comme celui de Maigue, sous lequel il est également dési- gné, est celle de magnus, le maître, le grand. Ces noms de Magister et de Magnus furent donnés au poisson pour rendre l'idée de sa puissance et de sa taille, à l'é- poque où le latin n'avait point cessé d'être en usage parmi les pêcheurs de l'Occi- tanie. Ceux de Piscis regius qu'on trouve dans plusieurs actes, de Peje re, qu'on lui donne quelquefois en Espagne, de pech bras, grand poisson, magnus piscis, qu'il 4GH MAILLE. conseï •^(' dans le dialecte breton de Quimper, langue primitive, plus ancienne que le lai in même, répondent au Maiyrc des modernes, et au Magister des premiers temps du moyen à^c. Le bruil sourd que le Maigre produit sous l'eau, ainsi que l'assurent aujour- d'hui beaucoup de pêcheurs, et qu'Alain, — docteur en médecine, auteur d'une description latine de la Saintonge, publiée en 1598, — compare au mugissement des taureaux, épouvante vraisemblablement les autres poissons ; c'est de là qu'il a reçu le surnom de ro?" den Sardines, sur quelques points de la côte occidentale de France. Telle était en effet, l'opinion des pécheurs dans ces temps d'ignorance, qu'ils croyaient que les mugissements de ce poisson exprimaient ses ordres, qu'au premier signal, ses sujets s'éloignaient de lui, que ses moindres volontés étaient exécutées avec promptitude et soumission. «Le Maigre commande, disaient-ils, et les Sardines obéissent. » On sait aujourd'hui que ce prétendu roi, — couronné par l'amour du merveilleux et l'erreur de l'opinion, — est un véritable ennemi des Sardi- nes, et donne la chasse à toutes les espèces de petits poissons. Il ne règne dans l'Océan que par la terreur qu'il inspire et la dévastation qu'il exerce autour de lui. Alain est le premier qui ait parlé du bruit que le Maigre fait entendre dans l'eau et qui effraye les Sardines. Il dit que ce poisson pourrait s'appeler Maigre, parce que sa chair est sèche et ferme ; nous n'avons pas besoin de réfuter cette opi- nion. Il ajoute qu'il y a dans la tête de ces poissons deux pierres qui, étant suspen- dues au cou, apaisent, dit-on, les douleurs de la colique, propriété médicale qu'il faut réduire à sa juste valeur et dont nous nous garderons de contester les mérites. « C'est une chose certaine, avait dit Bernard PoMssy, que plusieurs poissons maritimes se retirent au fond de la mer durant les grandes froidures, ce qui se peut vérifier par les pêcheurs xaintoniques qui, en temps d'été, pèchent des Mai- gres et des Sèches en si grand nombre, qu'il y a tel homme qui en fait saler et sé- cher pour plus de 500 livres, tous les ans, desquels il ne s'en pêche pas un en hiver. . . Plus haut il avait observé a qu'en la mer océane, environ le temps de Pâques, il se prend un grand nombre de poissons qui sont grands comme enfants que l'on nomme Maigres, desquels les pêcheurs font grand argent. » Il n'est pas douteux que dans les seizième et dix-septième siècles, il se faisait dans le golfe de Gascogne, sur les côtes de la Saintonge et de l'Aunis, une pêche considérable de Maigres, et qu'une partie de ces poissons était apportée et consommée à Paris même. Arcere parle aussi de cette pêche faite à une époque plus rapprochée de nous, dans les parages voisins de la Rochelle et du mugissement attribué aux Maigres. Aujourd'hui la po- pulation de cette espèce précieuse n'est plus aussi nombreuse qu'autrefois, sans qu'on puisse en assigner la cause. Le bruit sourd par lequel le Maigre manifeste ses volontés est, suivant quel- ques pêcheurs, un mugissement qui peut s'entendre, lors même que le poisson est à une profondeur de 30 brasses d'eau. Ceux des environs de la Rochelle disent que les Maigres seissent, pour signifier qu'ils chantent. Quelques-uns pensent que le mugissement n'a lieu que dans la saison des amours, d'autres qu'il annonce l'arrivée des Sardines. Ceux-ci ajoutent que le bruit ne se fait entendre qu'au mo- ment où les Maigres sont rassemblés en troupes, et des pêcheurs de Noirmoutiers ont attesté qu'ainsi réunis, ces poissons pouvaient en produire un assez fort pour interrompre le sommeil, s'ils étaient à peu de distance d'une barque. MAILLE. — On appelle ainsi l'espace qui se trouve entre les fils d'un filet. On forme des mailles simples ou des mailles doahles; ces dernières se fon-t en pas- MAILLER UN FILET. 469 sant sur le moule deux fils au lieu d'un. Ou les emploie pour faire le goulet des ver- veux. (Voy. ces mots.) Il est extrêmement important de savoir combiner la grosseur du moule en raison de la grandeur de maille que l'on veut faire. A ce sujet il existe une règle d'expérience très-simple : la circonférence d'une maille est égale au double de la circonférence du moule qui a servi à. la faire : la longueur d'un des côtés de la maille est égale à la moitié de la circonférence de ce moule. Prenons un exemple. Supposons que l'on ait besoin d'une maille ayant lo millimètres en carré, c'est- à-dire que chacune des quatre portions de fil qui la composaient ait 15 millimètres d'un nœud à l'autre. Le moule sur lequel on devra la faire aura un diamètre de 10 millim. environ. Ce qui donne pour circonférence 30 millimèt., laquelle doublée forme 60 dont le quart est de lo, grandeur demandée de la maille. Lorsqu'on a besoin de mailles de très-grande dimension, il est plus commode, au lieu de prendre un très-gros moule difficile à tenir dans les doigts, de choisir un moule de grosseur moyenne et de faire faire au fil deux fois le tour du moule pour chaque maille. On emploie deux sortes de mailles en maillant les filets : la maille carrée et la maille en losange. Lorsqu'un filet à mailles carrées est tendu, tous les fils sont parallèles entre eux dans tous les sens et figurent un damier. Lorsqu'au contraire un fileta mailles en losange est tendu, bien que tous les fils soient parallèles entre eux, ils ont une direction oblique à droite et à gauche, les angles aigus du losange étant vers la tête et le pied du filet et les angles obtus vers les côtés. (Voy. Nœuds DES FILETS.) MAILLE DOUBLE. — (Voy. MaiLLE.) MAILLER UN FILET. — C'est le tisser au moyen de la navette (voy. ce mot) en exécutant les dificrents nœuds nécessaires. (Toy. ce mot.) Après avoir exé- cuté sur une anse de corde B {fig. 600), fixée à un clou accroché, la levure TM composée d'un nombre de pigeons (voy. ce mot) déterminé par le genre de filet qu'on veut mailler et tenant le moule delà main gauche, on le placera sur le dernier pigeon soit p^, en retournant les pigeons de manière que P, soit à la droite du moule et^j^àsa gauche, par conséquent le fil N pen- dant en avant du moule. On l'y maintient avec le pouce et on exé- cute la première maille sous le petit doigt. (Voy. ;,,.^6oo. - L'aaso de corde et la première NCEUDC DES FILETS.) raug(5e de pigeons, avant de faire la pre- Cette maille étant faite, on la laisse sur la ™ partie gauche du moule, puis on continue la même opération pour tous les pi- geons p^, p^, Pi, de M, laissant toutes les mailles sur le moule, les unes à côté des autres. Arrivé au dernier pigeon, on ôte les mailles de dessus le moule, qu'on place alors sous la dernière faite à une distance telle qu'il puisse toucher le bas de la maille suivante en abaissant celle-ci dessus avec la pointe de la navette. On con- tinue alors à mailler, en prenant chaque maille du premier rang, successivement, comme on avait pris d'abord chaque pigeon, et ainsi de suite, jusqu'à la fin du filet. Mailles sur le pouce. — Les deux manières de mailler suivantes, quoique moins usitées, paraissent à quelques personnes plus faciles que celles indiquées à Nœuds des filets. La première se fait de haut en bas et la seconde de bas en haut. 470 MAILLE H UN FILET. 1" manière, de haut en bas. — Le fil ME étant sur le moule et retenu par le pouce, on le fait tourner sous le moule en ED, puis on passe la navette de haut en bas dans la maille MM comme il est indiqué par la figure 601, et l'on ramène le fil en F par-dessus le moule, oii on le retient avec le pouce. On jette alors le fil F en haut par-dessus la main en NFN, puis on passe la navette dans la maille MM, par derrière la branche de droite et par-dessus celle de gauche ; enfin l'on achève de tirer comme dans le nœud sur le pouce ordinaire. 2" manière, de bas en haut. — Le fil étant mis sur le moule en B, et maintenu par le pouce, on le fait passer par-dessous le moule de la gauche vers la droite. On introduit alors la navette de bas Fig. 6U1. - Mailles sur le pouce, de haut en liaut et par derrière, dans la maille D' comme •"* ^*^' il est indiqué par la figure 602. On ramène le fil en avant ou on le retient avec le pouce, on le rejette alors par-dessus la main sui- vant MFC, puis on fait passer la navette derrière les branches de la maille DD' et A .^y l'on achève comme pour le nœud sur le pouce ordinaire. (Voy. Accrues et Rapetissures.) Filets à mailles en losange. — Les filets à mailles en losange commencent par une levure de pigeons et se conti- nuent par un système d'accrues succes- sives jusqu'au rang de leur plus grande largeur ; puis, par un système de rapetis- sures successives et égales, dans l'ordre inverse, pour former l'autre moitié. Cette marche, pour faire un carré par exemple, F.î,. 602. -Mailles sur le pouce, de bas en haut. commCnCC par UU dC SCS aUglcS à UllC maille, marche d'accrues en accrues à chaque tour jusqu'à la diagonale BC [fig. 608) qui forme la plus grande largeur d'ourdissage du filet, puis continue par le même nombre de rapetissures et le même nombre de tours pour terminer par une seule Fig. 003. — KtahlisseiiuMit levure d'iui lilet à mailles en losan;re. maille à l'angle opposé du carré. La figure 603 indique un autre moyen d'établir la levure d'un tel filet. On prend une règle de bois CD, pendue en équilibre par les cordes FEG au crochet E. Cette disposition a pour but de permettre de tourner le filet facilement sur lui-même, ce qui est nécessaire à chaque rangée terminée. Le long de la règle CD on tend une ficelle sur laquelle on forme toutes les demi- mailles de la levure. Commençant alors par l'extrémité gauche A, on fait une fausse MAILLER UN FILET. 471 V 1 A.2,.A 3 ^.J Ordre des demi-mailles directes. — Branchas inégales de l'accrue. maille que l'on passe dans une petite cheville H afin de l'arrêter ainsi que les demi- mailles qui suivent sur la corde, lesquelles sans cette précaution se réuniraient toutes au milieu. Ces demi-mailles sont faites sur le moule et prennent la forme 1,2,3, arrondie comme une anse renversée; mais,aussitôt qu'on formera les mailles du premier rang 13, 14, etl5 quis'attacherontau milieu dosdemi-mailles4,5, 6,7. ...12, les premières prendront une forme triangulaire 4, 3, 6.... 12. Quant aux mailles 13, 14, 15 de celte rangée, elles sont d'abord arrondies par le bas; lorsqu'on fera les mailles 21, 22, 23 qui s'attachent à leur milieu, elles prendront une forme trian- gulaire qui, jointe à celle de dessus, formera des losanges parfaits 16, 17. ... 20, 18, 24, 25. L'ordre de numérotage des mailles ci-dessus indique clairement que les rangs du filet montent tou- jours de gauche à droite, par conséquent, que pour re- /•'';/• ^oi venir sur ses pas tout en marchant dans le même sens, il faut retourner le filet sur lui-môme, c'est-à-dire changer la règle de bois bout pour bout. L'inégalité de certaines mailles des bouts a besoin, pour être expliquée, des figures suivantes : La figure 604 montre l'ordre des demi- mailles de la levure 1, 2, 3, 4, l'extré- mité a du fil toujours enroulé sur la navette et qui va ser- vir à faire le second rang. En retournant le filet, le n° 4 qui était à droite va revenir à gauche {/Ig. 603) ; mais le filo, partant de la corde de levure et devant former une ^'9 maille au-dessous de la rangée 4, va se trouver nécessai- rement plus long que l'autre côté de l'accrue qui se rattache au milieu de la demi- maille. La maille 5 aura donc deux branches inégales. Une fois arrivé à la maille 8, l'extrémité du fil de la navette restera en B ; on retournera la tringle CD {fîy. 603) sur elle-même, ce qui replacera le filet dans la position de la figure 604, et l'on fera le troisième rang (//^. 606). Bien entendu, la maille n" 9 qui le commencera aura également ses deux branches iné- gales, comme la maille n" 5. En continuant ce travail, et retournant le filet {fîg. 607), on voit qu'il se terminera forcément, sur les côtés latéraux, par une série de demi-mailles ou de mailles inégales qui formeront une ligne droite. Les filets à mailles en losange offrent l'inconvénient de changer beaucoup de forme suivant qu'on les tire dans un sens ou dans l'autre, ce qui, sous l'action des plombées ou même sous celle du courant de l'eau seule, suffit quelquefois pour fermer presque entièrement les mailles, en rapprochant les fils à se toucher. On peut obvier à cet inconvénient en bor- dant le filet d'une corde attachée à l'extrémité de chaque maille par un fil fin retors ; mais il est préférable d'opérer d'une autre façon. On prend un moule beaucoup plus petit que celui qui a servi à confectionner le filet et l'on fait avec — en joignant les dernières mailles — une série de mailles assez petites, pour que le fil qui les forme s'éten- dant de l'une à l'autre, se trouve en ligne droite. Cette méthode termine le bord du tilet par des demi-mailles triangulaires. On peut d'ailleurs renforcer cette bride en Fig. 606.— 3^ rang, avec deux accrues à branches inégales. 0 4 3 2 i \ B A 4 5 2 1 c D ■j 9 1 17 Fig. 607. —Demi -mailles latérales formant une ligne droite. 472 MAILLER UN FILET. B ) 1 l i 1 1 1 1 ) . C Picj^ 60S. — J\IaiIlor un filet mailles carrées. passant i\.Q l'une dans l'aiilre une cordelette qui, fixée en trois ou quatre endroits seulement, maintiendra TelTort. Filets à mailles carrées. — Ceux-ci s'exécutent d'une manière différente. On prend la mesure de la longueur dont on veut faire le filet, sur une ficelle que Ton attache par un bout à un clou à crochet. On passe, dans le même clou, une petite anse de corde Z {fg. 0li8) d'une circonférence double à peu près de celle du moule. C'est la première maille. On posera le moule sur cette maille pour en faire une seconde qui sera la première du deuxième rang, et, sans l'ôter du moule, on passera une seconde fois la na- vette dans la maille du premier rang, et on fera un second nœud. Ce sera là une accrue qui formera la deuxième maille du second rang. On ôte ces deux mailles du moule pour le poser sur la dernière afin de commencer le troi- sième rang, de la même façon qu'on a fait le deuxième ; et ainsi de suite, en observant de jeter une accrue à la fin de chaque rangée de mailles. De cette manière le filet se poursuit, en s'élargissant toujours d'une maille à chaque rang et, lorsqu'il est aussi long que la ficelle de mesure, on cesse de faire une accrue à la fin du dernier rang; mais à partir du rang suivant, on commence à diminuer d'une maille par rang au moyen d'une rapetissure qui embrassera les deux dernières mailles, jusqu'à ce qu'on arrive à n'avoir plus qu'une seule maille D à l'angle opposé de la maille de la tête A. 11 faut remarquer que la première maille ou anse Z {fig. (J08) ne compte pas dans les mailles de filet, non plus que la première accrue du second rang primitif. C'est la maille du milieu du troisième rang primitif qui devient la maille de l'angle A du filet, les deux mailles du second rang primitif s'allongeant sur ces branches, en AmZAr?, tandis que les deux autres mailles de ce troisiènie rang s'allongent en mo et m]i sur le second rang définitif. Filet carré long. — Pour faire un filet à mailles carrées plus long que large, on attache à un clou deux ficelles, l'une marquant la longueur, l'autre la largeur du filet; on commence comme dans la figure 607, par une petite anse de corde Z, sous laquelle on pose le moule pour y jeter une maille et une accrue. On pose alors le moule vers l'accrue et on y jette A I 1 ; -. -y p une maille, puis sur la maille voi- sine de l'accrue une seconde maille et une accrue. On continue ainsi, ajoutant une accrue à chacjue rang jusqu'à ce qu'on ait ourdi le filet de la largeur de la ficelle qui en mar- que la largeur AC. g A partir de là on fait une ac- crue après chaque dernière maille de droite et une rapetissure après 1 1 3 4 .s i i i/''' 2 i 1 i ,'''; 3 i : i [/] i *■ 5 i 1 1 i /'] i ! : /•V(/. fiO'.l. — Marche du lilot carré loup chaque avant-dernière maille de gauche. On continue ainsi jusqu'à ce qu'on ait atteint la longueur de la ficelle qui en mesure la longueur AF. Arrive là, on cesse de jeter une accrue sur la droite et on diminue d'une maille à chaque rang, jusqu'à ce qu'on n'en ait plus qu'une qui sera la dernière du filet à l'angle E oppose à celui de la tête A. Par exemple, si AC, largeur du filet {fg. 609), contient 5 mailles et AF M A L A QO P TÉ R Y G I E N s. 473 l'ig. CIO. — Commencement d'un filet rond. sa longueur, 10, on ourdit jusqu'à ce qu'on ait 5 mailles en AC et 5 mailles en AR. On continue alors en jetant une accrue à chaque rang de droite de B en F exclusi- vement, et une rapetissure à chaque rang de gauche de C jusqu'à D inclusivement. A partir de là, on fait une rapetissure à la fin de chaque rang jusqu'à l'angle E où il n'y a plus qu'une maille qui est la dernière du filet. Filets ronds {fg. 610). — Pour faire un filet en nappe, il faut à chaque rangée de mailles retourner le filet pour former la rangée sui- vante en revenant sur ses pas ; pour faire un filet rond, cylindrique ou conique, on joint la dernière maille du premier rang à la première, par un nœud sur le pouce. Ainsi quand on a fait {fuj. CIO) les 7 pigeons nécessaires à la levure du filet, on joint la maille 7 à la maille 1 par un nœud sur le pouce au-dessus du nœud N, on ra- mène alors le moule sous le fil qu'on a placé sous la maille 1 et l'on continue la rangée. Lorsqu'on arrive à la maille B qui, dans sa nouvelle position, se trouve adjacente à la maille A, on la joint à celle-ci par un nœud sur le pouce qu'on attache au-dessus du nœ.ud 0, et ainsi de suite jusqu'au dernier rang. S'il s'agit d'un filet cylindrique, on commence par autant de pigeons que le filet doit avoir de mailles sur sa circonférence, et on le mène jusqu'au dernier rang sans accrue ni rapetis«ure. Pour faire au contraire un filet conique, on com- mence par 12 à 24 pigeons et quelquefois plus, suivant la nature du filet, et on augmente ce nomhre par des ac- crues jusqu'à ce qu'on arrive à la grandeur nécessaire. On peut encore fermer un filet pour le travailler en rond, d'une autre manière qui a, sur la précédente, l'avantage de ne rien enlever à la lionne 5. tournure du filet. Quand on a maillé les pigeons sur l'anse Z (Z?"^. 61 l),on rapproche la maille E de la maille N, à laquelle on a eu soin de laisser pendre, en commençant, une longueur suffisante du fil AB, et l'on rappro- che le fil CD de la navette, de ce fil AB. On enlace alors ces deux fils AB et CD par unnoL'ud simple(y^,(7. 611) que l'on serre jusqu'à la hauteur du has de la maille A. Ouand il est à cette hauteur, on l'ar- rête parun nœud sur le pouce, on place le moule sous ce nœud, et l'on ourdit, le second rang {fig. 612). Arrivé à l'extrémité du second rang, on ôte les mailles de dessus le moule et on noue de nouveau le fil (jD de la navette, au fil EB. L'on continue de la même manière jusqu'à la fin du filet. (Voy. Trama IL, Yeryeux. etc.) MAILLES ROYALES. — Nom des petites cmneres (voy. ce mot) dans l'ar- rondissement de Brest. MAILLET. — (Voy. Marteau.) MAIN DE FER. — Synonyme de foëtie. (Toy. ce mot.) MAITRE DE PALANGRE. — Ce mot est, pour les côtes de la Méditerranée, le synonyme de Bouffe ou maîtresse corde des lignes de fond, dans l'Océan. MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. — 2«'e Ordre des poissons ordinaires ou osseux ; ont les ventrales suspendues sous l'abdomen ou en arrière des pectorales, sans être attachées aux os de l'épaule. Cet ordre est le plus nombreux des trois; il comprend la plupart des poissons d'eau douce. Il est subdivisé en 5 familles : 1° Cyprinoïdes ; 2° Esoces ; 3" Clupes; i» Salmones ; 5° Siluroides. 11. — Filet Fi(j. 612. — Ourdis- sage du filet coni- f|ue. Ali MANET. MALACOPTÉRYGIENS APODES. — 4in<' Ordre des poissons osseux. Ne renferme que la seule famille des AnguilU formes. MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS. — S^e Ordre des poissons osseux. Cet ordre est caractérisé par de» ventrales attacliées sous les pectorales, etpar le bassin immé- diatement suspendu aux os de l'épaule. Il comprend 3 familles : 1» Gadoides; 2" Poissons piafs ou pleuronecles ; S» Discoboles. MALARMAT (Peristedion, Val.). — Acanthopt. joues cuirass. à deux dorsales. Long, max. = 0™,40. Syn. : Armado, forcato, ilal. Corps cuirassé de grandes écailles formant des arêtes longitudinales; en un mot, l'exagération Fig. til3. — .Malarmat [l'erisle lion, Val.). du type (rigle. Tète à museau divisé en deux pointes proéminentes, à barbillons branchus en des- sous. Bouche sans dents ouverte en demi-cercle, sous la base des fourches. D = 7. 0 = 7 + 18-19. P = 12 -f 2. V= I + 6. A = 18. C = II. Corps d'un beau rouge en dessus et .sur la tête, prenant aux flancs un ton doré qui passe au blanc pur sous le ventre. La dorsale et la caudale sont rouges, pectorales brunes, les autres blanches. MALARMAT. — Le Malarmat se tient, comme tous les Trigles, dans les pro- fondeurs, et n'approche des côtes que vers l'cquinoxe, temps du frai. Il nage rapi- dementet brise quelquefois contre les rochers ses pointes pi^oéminentes. Ce poisson vit solitaire et se nourrit de méduses et de mollusques ou de zoophytes gélati- neux; il est commun sur nos côtes méditerranéennes, mais ne se trouve pas dans l'Océan. MANCHE. — Filet de forme conique qui porte une infinité de noms suivant ses dimensions, sa maille et son emploi. — Souvent synonyme de Guideau. (Voy. ce mot.) MANET. — Grand filet en nappe simple dont les mailles sont proportionnées h la grosseur des poissons qu'on veut prendre ; plus serrées pour les Sardines que pour les Harengs, plus larges pour les Maquereaux, et davantage pour les Mulets, car il faut que la tète du poisson entre dans la maille, et que l'animal y soit retenu par les ouïes. MANIÈRE D'ENFERRER. 475 Les manets se tendent en ravoir. (Voy. ce mot.) On en garnit àe?, parcs (voy. ce mot) et on les tend en pleine eau garnis de flottes et de plombées. MANIÈRE D'EMPILER LES HAMEÇONS. — (Voy. EMPILAGE, EmpILE, Empjles en corde filée. Empile en éciieveau.) MANIÈRE D'ENFERRER LES ESCHES DIVERSES POUR LA PÊCHE D'EAU DOUCE. — La manière dont on enferre les esches, présente une im- mense inlluence sur le résultat de la pêche à la ligne : en effet, la réussite varie de rien à une satisfaisante mesure suivant que l'esche ou l'appât est placé d'une cer- taine manière sur l'hameçon. Or, cette certaine manière est le résultat de l'expé- rience, elle n'est point du tout arbitraire. 11 est donc sage de s'y conformer, et si les détails dans lesquels nous allons entrer ici semblent minutieux à quelques pê- cheurs fatalistes, nous les laisserons aller à leur guise en disant avec eux : sans doute, nous avons vu un magnifique poisson donner à un hameçon fort mal esche et s'y prendre, c'est vrai, très-vrai ; on a vu des conscrits gagner la cible au premier coup de fusil qu'ils n'avaient même pas épaulé. S'ensuit-il qu'il est sage de ne pas épauler quand on doit tirer un coup de fusil ? et voulez-vous vous ranger du côté de ceux qui préféreraient la réussite du conscrit à l'adresse tranquille et productive du vétéran sûr de son affaire? Il est donc bien entendu que parmi les choses utiles à la pêche, nous compte- rons d'abord le choix de l'hameçon, puis le choix de l'esche, et enfin la manière de Venferrer. C'est, — si l'on pouvait comparer ces deux choses, — faire en quel- que sorte la Cartouche de votre fusil, car le choix de l'esche rappelle celui du plomb, tous deux sont meurtriers, — et si la cartouche est mal faite, quelle valeur aura le coup de fusil ? Pour se bien rendre compte du sujet qui nous occupe, nous allons passer rapi- dement en revue les esches les plus ordinaires; la sagacité du pêcheur lui fera deviner quelle analogie réu- nit celles que nous ne nommerons pas à celles qu'il va trouver ici. Avant tout, faisons une dernière re marque , c'est que la même esche peut se placer avantageusement de plusieurs manières, suivant le poisson auquel on la destine, la saison, l'heure du jour et de la nuit, etc. (Voy. Emploi des Esches.) Abeille {(hj. 614 et 61.5), frelon, etc. — Sont peu com- i ~ r modes à mettre à l'hameçon à Fig. eie. — AiguiUe spéciale pour le bricolage des insectes. , • .,, 1 . -1 , (Vov. sa fabrication et son emploi, page 113.) cause des aiguillons dont ils sont pourvus, et qu'il faut d'abord enlever si l'on ne veut se piquer souvent très-sérieu- sement. Outre cet inconvénient, leur corps dur et comme cuirassé de poils, n'a pas l'air recherché par le poisson. Le Chevesne y mord quelquefois, mais toujours négligemment. Le dard de l'ha* meçon se dégageant difficilement de ces insectes, il fau- drait, pour bien faire, les enferrer comme le Grillon, et les monter ainsi sur une petite bricole de 2 (n" 12) ou un très-petit grappin de 3 (n° 14), au moyen de l'aiguille spéciale IR {fig. 616). Asticots. — Ce ver s'enferre par le côté {fîy. 617), comme nous l'avons indiqué à 614. - Abeille ouvrière. Fig. 615. — Abeille reine. Fig. 617. — Asticots enferrés sur uo 10. 476 MANIERE D'ENFERRER. son article, tant qu'on ne se sert pas d'un hameçon plus gros que le n" 12. Gomme il faut alors plusieurs asticots pour couvrir le fer, on les enferre côte à côte par le milieu du corps en mettant le dernier sur la pointe, sans cependant jamais la cacher; même en enferrant l'asticot par le côté, il faut que la pointe tout entière de l'hameçon soit dehors. Ce principe est commun à toute esche. Le poisson ne peut pas savoir distinguer la pointe de l'hameçon : s'il le savait, jamais il ne se laisse- rait prendre, et serait hientôt assez rusé pour pêcher le pécheur. Boulette. — On prend une des pâtes indiquées, et l'on en fait, entre les doigts, une boulette de la grosseur d'une noisette. On l'enferré, et avec les doigts on cache tout l'hameçon en donnant à la boulette la forme d'une petite poire, et prenant garde qu'elle ne se fende. L'inconvénient de ces boulettes c'est qu'elles ne tiennent pas longtemps à l'eau : il fiiudra donc se munir d'huile préparée et y tremper la boulette une fois faite, avant de la mettre à l'eau. Cette esche doit toujours être posée à l'eau plutôt que jetée, et avec beaucoup de précautions. Elle sert à prendre le Bar- billon, la Carpe, la Brème, le Gardon, etc. Quand on emploie le pain, il faut se méfier en ferrant, parce que sa surface de- vient gluante et peut facilement glisser dans la bouche du poisson sans que le dard s'attache, il faut donc ferrer un coup sec et bien décidé. Blé. — Quand il est bien cuit, il ne doit se montrer crevé que d'un côté, et cependant très-amolli ; on l'enferré, en tournant, sur un petit hameçon à Gardon, courte-queue et très-mince n° 14. Il faut que la pointe de l'hameçon sorte franche- ment de la peau. On entre l'hameçon par la fente du côté crevé. Cerises. — On choisit les cerises aussitôt qu'elles arrivent à maturité, on coupe la queue près du fruit, ou fait choix d'un hameçon assez gros pour que sa courbure soit un peu plus petite que la circonférence du fruit. On enfonce la pointe auprès de la queue en tournant autour du noyau, et l'on cache entièrement l'hameçon dans la cerise sans percer la peau. La hampe de l'hameçon se trouve droite et placée comme la queue du fruit. Sert à prendre le Chevesne de fond. Cervelle. — On se sert de celle de veau crue : comme elle a peu de consistance, on la place sur un hameçon n" 0, ou 000, et on l'attache avec un brin de chanvre ou de lin naturel. On pèche avec cette esche à la plume ; l'attaque étant très- faible et l'appât tenant peu, il faut une flotte très-sensible T ou S {fig. 618); un bouchon ne le serait pas assez. On prend ainsi le gros Chevesne et le Barbillon. Fig. 618. — très-sensibles la cervelle. Fig. 619. Chenille. Fig. 620. — Clierfaiv arraché de Fifi. 621. — Chrysalide du ver à soie son (Hui. retiriie du cocon dévidii. (Gr. nat.) Chenilles. — Très-bonnes {[içj. G 19) ; s'enferrent comme un ver rouge, en couvrant tout l'hameçon sauf la pointe, pour la pèche de surface. MANIÈRE D'ENFERRER. 477 Cherfaix. — (Voir son article.) On le met {(ig. 620) sur un hameçon n° 12 à 8 : avec ce dernier on en met deux. Bon pour tous les poissons et par tous les temps. Cocon de ver à soie. — Dans les pays où l'on élève les vers à soie, on prend les cocons qui ont été dévidés et où se trouve encore la chrysalide {fig. 621) ; on les enferre sur un n° 1 ou 0, et on y cache l'hameçon entier. Excellent pour le Chevesne et la Truite. Concombre. — On en coupe de petits dés avec lesquels on garnit un hameçon n° 0 pour le Che- vesne, et des ha- -^^ l^ meçons n° iO pour le Dard. Cousins etTi- pules. — Ces pe- tits animaux {fg. 622 et 623) extrê- mement communs dans les prairies pendant tout l'été, rendent les plus grands services à la pêche à la mou- che. On les enferre F/^.622. — Cousin oninuin grossi. Fig. 623. — Tipule. (Gr. nat.) en les remontant le plus haut possible sur l'hameçon très-petit que l'on emploie (n° 10). Les limericks droits sont préférables, à cause de la longueur de leur hampe, comme facilité pour escher, mais les meilleurs sont encore les minces hameçons à Gardon. On peut joindre à ces deux insectes les Éphémères {fig. 625) et les Phryganes {fg. 624) qui exigent l'emploi d'hameçons de la même nature, et qui s'enferrent de même aussi haut que possible, de façon à donner à l'ensemble l'aspect d'une mouche artificielle. Le dard et la courbe tout entière de l'hameçon restent à découvert. Crêpe. — Se met à l'hameçon comme la boulette pour le Gardon, et n'offre aucune difficulté ; on n'en fait pas de boulette, on la déchire par petits morceaux ; comme elle est frite dans la graisse, elle ne s'en va pas à l'eau. Demoiselle ou Libellule. — Assez bonnes pour le Chevesne et le Dard, mais il faut leur arracher les ailes membraneuses qui em- pêchent le poisson de mordre ; elles rentrent alors en quelque sorte dans la section des chenilles. Leur corps dur et cuirassé n'est pas aisément mis à l'hameçon ; c'est une esche médiocre, dont on use quand on n'en peut pas trouver d'autre {fg. 626 et 627). Éphémère. — (Voy. plus haut Cousin.) Épine-vinette ou Chrysalide de l'asticot. — Représente un petit cylindre brun Fig. 624. — Phrygaiie jaune. (Gr. nat.) Fig.^l^. —Éphémère vierge. (Gr. nat.) 478 MANIERE D'ENFERRER. et immobile, terminé à ses deux bonis, par une calotte sphérique. Celte peau est rigide el cassante; l'inlcrieur de l'Épine-vinelle, dans les premiers jours surtout, con- tient une substance molle, blanche et comme laiteuse, dont certains poissons, et en V. Fig.6%G. — l.ibellulo déprimée. (Cir. iiat.) ëtl . — Agriou \ierge. (Gr. iiat.) particulier le Gardon de certaines eaux, sont très-friands. L'Épine-vinette est très-dif- ficile à enferrer ; il faut le faire adroitement, par côté, en ne la brisant pas comme un œuf que l'on voudrait piquer avec un hameçon; la comparaison est exacte. Il faut que la tige du fer rem- plisse exactement le trou fait par la pointe pour que la petite coquille ne se vide point; etenlin, il faut vérilierà %, V \ chaque instant si l'hameçon est encore esche ; ferrer au \ ' "x moindre mouvement de la plume, puisque la pluslégè re '^v, pression du poisson suffit pour détacher l'Épine-vinette. -^^^^^ \ "[,;,,;, N'oublions pas de mentionner pour cette pêche la ^^:r=z_^- '^- '* i nécessité d'une plume 0 ou N excessivement sensible '^EE=z=^f^^l , , {fig. 628) et d'un temps très-calme, sans lesquels l'œil le ' EE^j^r-=E=;=^:^; -^ plus exercé et la main la plus habile ne peuvent savoir Fiy. 628. — Plumes pour pêches si Ics oscillatious de la plumc sout ducs à l'cau OU à avec rÉpine-vinette. i, ,. i /~i i l attaque du Gardon. Fèves. — Quand elles sont bien cuites, elles ne sont crevées que d'un côté; on les enferre en tournant sur un hameçon n° I ou 0 renforcé et courte-queue. Elles servent à prendre la Carpe, et doivent être solidement montées. On passe l'hameçon sous la peau sans la crever. Fourmis. — On les enferre sur un petit hameçon n° 12 ou 14, et elles ser- li'tg.aVJ. — Ko;iiini sans aiic (neutre). Fig. (i3U. — l'ouriiii ailée Fig. 031 . — Araiguée mygale maooiino. (Gr. nat.) vent à prendre de fond et de surface le Dard, le Gardon, le petit Chevesne, la grosse Ablette, etc. On peut leur adjoindre les Araignées (fig. 631). MANIÈRE D'ENFERRER. 479 Fromage de Gruyère. — On taille le fromage en petits dés que l'on place sur l'hameçon en laissant franchement passer la pointe du dard. Les uns prennent le fromage frais et le plus tendre possible, les autres le veulent très-vieux, mais dans ce cas, je pense qu'il faut le faire tremper dans du lait chaud ou de l'eau, pour le ramollir afin que l'attaque soit plus franche et le ^ — ^. ferrer plus rapide. Quand il est bien préparé, on peut le mettre aux jeux et aux lignes de fond. Grillon. — Nous prenons ce petit animal (fi(j. 632) comme type des esches formées de gros insectes servant à la pèche des poissons de surface, Chevesne, Truite, Saumon. On les enferre avec une bricole {fy. 437, p, 365) faite de deux hameçons limericks courbes n° 7 et 8, ou un petit grappin fait de trois limericks droits n" 12 {fg. '(36), on monte tout cela sur bonne florence bien solide ; on peut aussi se servir d'un hameçon seul, ans ce cas il huit chercher un limerick courbe ou droit, n" 0 ou 1 {ftg. 4G9, p. 378). On peut également le remplacer par un hameçon- gardon courte-queue, mince, du même numéro. La bricole elle grappin offrent un grand avantage sur l'hameçon seul, c'est d'être beaucoup moins lourds. On enferre avec l'aiguille [fg. 616) comme nous l'avons expliqué à l'article Guillon. Groseille à maquereau rouge. — Même ma- nière de l'enferrer que la cerise, sert pour le même poisson. Hanneton. — (Voir Grillon.) Certains pê- cheurs les enferrent par lecorceletdu côté droit; il faut pour cela un fort hameçon {(ig. 483, p. 381), et l'animal se présente de travers ou de biais au bout de la ligne ; nous préférons notre méthode. (Voy. Grillon.) Limaçon d'eau. — (Voy. son article.) On l'écrase et on met à l'hameçon une des trois parties qu'on en retire. Cette esche {fig. 634) n'offre rien de particulier, c'est un petit morceau de chair sur l'hameçon, et l'on ferre toujours fortement. Fig. 63i(. — Haiiuetùu commua. Fig. 63i — Liniardii (l\>au. Fig H'i'i . — Limaçon d'eau, limiiOB. Fig. 63o. — Limace grise. Limace. — Les Limaces {fig. 636) forment de très-bonnes esches pour la Carpe, l'Anguille, etc. On les enferre comme les Lombrics (voy. ce mot) et elles servent aux mêmes usages. Lombrics. — (Voy. Vlr de terre.) Morue dessalée. — Très-bonne esche pour le gros Barbillon, le Chevesne de 480 MAiMÈRE D'ENFERRER. Fitj. 637 Fiij.iV.',^. - .MoiiL-lie lies commune. fond, le Dard de fond ; on la meta un hameçon n° 4 ; comme elle tient peu, à cause de sa matière feuilletée, on peut l'entourer d'un brin de chanvre ou de lin naturel. Mouches artificielles. — (Voy. leur article.) Mouche de viande commune (//,^. O.'i*)). — Excellente pour grosses Ablettes, Dard, Chevesne, Gardon et Truite, poche à la surprime ; s'enferre par la tête. On tra- verse l'animal avec l'hameçon, et l'on re- monte l'insecte siu- la hampe de façon que le crochet soit absolument découvert. Joi- gnons-y la Mouche des maisons {fig. 638). Pain de creton. — Dans les grands fleuves et quand on a amorcé en jetant du j)ain de creton bouilli à l'eau, on en met des morceaux sur l'hameçon n» tO à 1 et on prend ainsi tous poissons qui en sont très-friands, surtout le Rarbillon. Papillons blancs nocturnes. — Ces papillons, que l'on recueille sur l'orme, l'aubépine, etc., s'enferrent à travers le corps, en long ; comme ils servent à la ligne volante, on leur fait dépasser la courbe de l'hameçon, et on les remonte tout à fait sur la hampe où ils prennent la position d'une mouche artificielle. Le dard et la courbe de l'hameçon sont absolument à découvert. Le duvet dont ce papillon est couvert fait venir des ampoules aux mains. Manier l'animal avec des gants. Pâte. — (Voy. Boulette.) Phrygane. — (Voy. plus haut : GousiNS, etc.) Porte-bois. — (Voy. Gherfaix.) Queue d'écrevisse crue. — On dépouille la queue de sa carapace, il reste un petit morceau de chair gluante, en demi-cercle, que l'on enferre à un hameçon n" 1 où il tient bien. C'est une excellente esche de toute saison, pour prendre toute sorte de poisson de fond . Raisin noir. — S'enferre comme la cerise, et sert pour le môme poisson. Hameçon i\"^ 4, 5 ou (5. Rate. — Ou'elle soit crue ou cuite, on l'enferré en petits cubes sur un hame- çon n° 00 ou 000; comme elle offre une consistance solide, il n'est pas besoin de l'attacher. Sert dans les eaux froides de l'automne et de l'hiver, pour le gros pois- son de fond. Sang caillé. — (Voy. son article.) Sauterelles. — Excellentes {fiy. 639) pour la pêche à la grande volée, pour la pèche à la surprise, et pour tous les poissons de surface. Pour la meil- leure manière de les enferrer, voy. Grillon. Teigne. — La teigne ou petit papillon à ailes grises qui vole dans les prairies, excellent pour tous les poissons ; de surface on le met h un hameçon n" \ 0, comme la mou- che naturelle ; ses ailes qui ne se mouillent pas le retiennent longtemps à la surface (//V/. 6iO, 641, 6i2). Tipules. — (Voy. plus haut : Cousins.) Fiy. (>Vi. — Criquet rdiimnin MANIÈRE D'ENFERRER. AHi Tripes de volaille. — Comme leur odeur n'offre rien d'agréable pour le pé- cheur, en admettant qu'elle le soit pour le poisson, on peut concilier les deux Fig. 610. Fig. 611. Teignes diverses. Fig. 6i2. Fig. 643. — Grappin convenable pour la tripe de poulet. choses en faisant bien vider et laver les boyaux du poulet dont on se sert. On prend une bricole de 2 (n° 2), ou un grappin de 3 (n° 6), ou un n" 00, et l'on tourne là-dessus des morceaux de ces boyaux, de ma- nière à en faire une gobbe de la grosseur d'une noix, pas trop serrée ni trop dure, et présentant un des deux bouts pendant. (Jue la pointe des hameçons sorte fortement {/ig. 6i3). Excellente esche pour le gros Chevesne de fond, dans les bouillons et grands courants, à l'automne et à l'hiver. Ver à queue. — On l'enferré par la queue. Ver cannelé. — On trouve ces vers dans le fumier pourri de cheval, ou les détritus de légumes, ils sont très-tendres et remplis d'une liqueur jaune qu'ils exsudent quand on les pique. On enferre le ver cannelé (fig. 644) par la tête; il est excellent pour le Goujon. Ce ver se conserve comme le ver rouge, mais il dure moins longtemps à l'eau. Ver d'eau. — Blanc jaune de l'iris. (Yoy. Ver de marécage.) Ver de jonc. — (Voy. Ver de marécage.) ^^SSffl^^ ^<^^' Ver de marécage. — S'enferre comme le ver /r,-^. 6i4. - ver cannelé. de terre, mais est plus mou. Ver rouge. — L'appât et l'amorce omnibus, non comme saison, mais comme poisson. Le ver rouge {/ig. 645) ne réussit pas toute l'année, ni à tous les poissons ; mais on peut dire qu'il est peu de poissons, qui, dans un certain moment de l'année, ne mordent pas au ver rouge ; pour les uns c'est au prin- .^S',- temps, pour les autres en été ou à l'automne ; mais tous y sont sensibles. La remarque précédente indique combien on a dû Fig. 6i^. — Yer rouge. étudier soigneusement la manière d'escher avec le ver rouge, et en effet c'est ce (jui a eu lieu et ce que nous allons expliquer : Pêche de jour. Pour les poissons suceurs, comme le Barbillon, le Goujon, la Plie, la Carpe, la Tanche, il faut enferrer le ver rouge par la plus grosse extré- mité ; c'est la partie la plus rouge. On fait entrer la pointe de l'hameçon par l'ex- trémité même, et on la fait pénétrer toujours en tournant dans l'intérieur du corps de façon que la tête dépasse même la palette, et couvre une partie de l'empile. Comme on a choisi la grosseur du ver proportionnelle à celle de l'hameçon, il reste une queue à peu près de la longueur de l'animal, qui pend et frétille au bout de l'hameçon. Dans ce cas, cependant, on ne doit pas faire sortir la pointe de 31 482 MANIÈRE D'ENFERRER. l'hameçon, et voici pourquoi : les poissons suceurs, auxquels on s'adresse, saisi- ront le ver par la pointe qui pend, mais, une fois qu'ils le tiendront, ils ne le lâche- ront plus; aussi, en tirant à eux, le dard sortira et le ver prendra une position en ligne droite, de l'empile au poisson : en cet état, le Barhillon est piqué imman- quablement. En enferrant par cette extrémité le ver rouge, il vit le plus longtemps pos- sible ; si on l'enferré par le petit bout, qui est la tète, on rencontre les organes vitaux, tels que les trachées et le cœur, et le pauvre animal meurt beaucoup plus vite. Cependant cette vie plus courte, mais cette agonie plus tourmentée, n'est pas à dédaigner pour la pêche des poissons chasseurs qui ne recherchent pas un ver rouge non appétissant : ce sont la Perche, l'Anguille, la Lotte. Pour ces mangeurs toujours en quête de ce qu'ils peuvent dévorer, il faut une proie frétillante et bien vivante. On obtient ce résultat en enferrant le pauvre lombric par le milieu du corps, faisant une ou deux petites anses sur l'hameçon, et laissant les deux bouts pendants; comme ces poissons ont la gueule large et bien armée, ils engament le tout d'un seul coup et sans hésitation. Le ver, ainsi placé, ne résisterait pas bien à la traction énergique, à la succion du Barbillon, de la Carpe et tutti quanti. Pour prendre les petits poissons-appâts, tels que les Vérons, les Ablettes, on coupe en plusieurs morceaux les vers les plus petits, et on en met une particule sur un hameçon minuscule. On fait subir encore aux malheureux vers rouges un traitement bien cruel pour pêcher avec eux des Anguilles à l'entrée des ports ou dans les canaux de cer- tains marais et étangs salés. C'est ce qu'on appelle la Vermée. On prend une longue aiguille enfilée de laine ou de fd, et on en fait un long chapelet de vers rouges, en les enfilant en long de la tête à la queue. On love en rond cette corde de vers sur elle-même, on attache toutes ses anses ensemble d'un côté, ce qui forme un paquet que l'on jette à l'eau au bout d'une ligne. Les anguilles y mordent et s'y prennent par les dents, on les enlève ainsi en quantité et sans que la plus grande partie lâche prise. Pêche de nuit. Pour mettre les vers rouges aux lignes de nuit, on les enferre par le milieu du corps, mais solidement ; il reste deux bouts pendants et frétillants qui ont plus de chances de ren- contrer le poisson. Les vers dont on se sert étant très-gros et très- forts, offrent assez de résistance pour ne pas se briser sous la traction des poissons suceurs. Quelques pêcheurs les enferrent cependant par la queue comme pour la pêche de jour. Les deux méthodes réussissent bien. Vers de terre, terreau ou fumier. — (Voy. Ter rouge.) Pour la pêche de l'anguille on les enfile aussi sur une aiguille {fig. 646). (Voyez ce mot.) Vers de tannée. — Excellents pour le poisson de fond ; on les fait dégorger une heure dans l'eau et on les enferre par la tête. Vers de vase. — La plus difficile des esches à mettre à l'ha- meçon. Ce petit animal {[ig. 647) est composé d'une tête vert foncé très-dure, et d'un sac membraneux extrêmement mince, formant corps et rempli d'un liquide rouge et limpide ; si en l'enferrant on le vide, il ne reste rien ; il faut absolument Fig. 646. — Aiguille pour le ver rouge, de nuit. 00 al -U4 o o Q > O iHBlHÏÏBHÎJjy.'^.^^J-l^.y^ik^^ y,ua pcius, sum coiiiuis sous If nom de sansonnets. 484 MAQUEREAU. Le Maquereau commun n'a pas de vessie natatoire, mais, chose très-remarquable, cet organe se trouve dans plusieurs espèces, d'ailleurs si semijlaljles qu'il tant de l'attention pour les distin- guer, tel que le petit Maquereau de la Méditerranée [Scomhrus colia.s, Scombrus p/ieumatophorus, F.t'roche), et le Se. Grex, Jlitch., qui arrive quelquefois sur les côtes des États-Unis en nombre prodigieux. Le Maquereau a le corps rond, l'usiforme, les écailles petites, tendres et lisses ; le museau est pointu, la queue très-mince d'attaclie et en croissant aigu. La bouche est assez grande, la mâchoire inférieure plus petite que la supérieure y entre comme une boîte dans son couvercle. Les dents sont petites, les yeux grands et dorés; dans l'eau la peau du dos paraît être d'un jaune de soufre. Quand il est mort, elle est verdàtre, bleue et argentine sous le ventre et sur les côtés. On remarque plusieurs traits noirs en travers sur le dos. Le nombre des rayons des nageoires est de : Dorsale pre- mière, 10-?, 13, ventrales G, pectorales 13, anale 11, caudale 22. Le Maquereau de l'Océan est plus grand que celui de la Méditerranée. Sa chair est plus grasse, compacte et sans arêtes, très-succulente et délicate. (Voy. Temps de frai.) 'La croissance de ce poisson est également très-rapide, mais plus encore sur les côtes douces et sablonneuses que dans la haute mer. Dès le mois d'août, les jeunes Maquereaux ou sansonnets ont 0">,12 àO™,18 de long. Ils sont à mi-croissance en novembre^ quand ils se retirent en haute mer; cette migration n'est pas absolue, car il en reste toujours dans nos parages et toute l'année on en prend aux lignes avec les autres poissons. Leur principale nourriture est sans doute le frai des autres poissons; sur les côtes d'Angleterre, ou voit le Maquereau poursuivre avec acharnement une petite espèce du genre Clupe, le Sprat, que les pêcheurs du pays appellent Monnaie de Maquereau {Muckerel mini). En somme c'est un pois- son très-vorace. La question de l'apparition et de la disparition annuelle et régulière de ce poisson est encore non résolue. Duhamel du Monceau, Anderson et beaucoup d'autres, prétendent que les Maquereaux passent l'hiver dans les mers du Nord et se mettent en route au printemps, côtoyant dans l'océan Atlantique, l'Islande d'abord, puis leJutland, l'Ecosse et l'Irlande. Une partie pénètre dans la Manche pour y gagner la mer du Nord et la Baltique, où d'autres ont dû arriver du Jutland déjà, tandis qu'une autre partie de la grande migration longe les côtes de France, d'Espagne, de Portugal, se di- vise au détroit de Gibraltar pour entrer dans la Méditerranée, ou longe les côtes d'Afrique. En au- tomne toutes les colonnes éparses se réunissent pour regagner les parages des pôles. Pléville-le-Pelay, au contraire, affirme avoir vu, en plein hiver, sur les bas-fonds vaseux, des myriades de maquereaux serrés les uns contre les autres et à moitié enfoncés dans la vase où ils restaient pendant la mauvaise saison. Puis, le printemps venu, ils secouent leur torpeur, apparais- sent comme à jour fixe toujours dans les mémc^ parages à la surface des eaux, et s'accouplent dans les endroits favorables pour déposer leur frai. Cette théorie rapproche le Maquereau de beaucoup d'autres poissons sédentaires qui pas- sent l'hiver au fond des mers et s'engourdissent par le froid dans une espèce de léthargie, et ex- plique au reste pourquoi, en octobre, on pèche de jeunes Maquereaux de (i">,10 à 0'°,li> de long, et comment en hiver on en prend de gros, mais pas à la ligne, aux filets traînants qui ont ramassé ceux ([ui ne s'étaient pas enfouis assez avant dans la vase ou le sable. MAQUEREAU. — Ce poisson voyage en bancs ou troupes nombreuses, on le trouve en hiver dans les mers du Nord. Au printemps, il vient dans l'océan Atlanti- que où la troupe se disperse, une partie passe dans la Méditerranée ; au mois de mai, on le rencontre sur les côtes de France. Au mois de juin il est également sur les côtes de Hollande. Le Maquereau est très-vorace, il se jette sur toute espèce d'appât. Il se prend quelquefois entre deux eaux, mais pres(]ue toujours à la surface. Lorsqu'il fait froid, que l'eau est claire, que la mer n'est pas agitée, il se tient entre deux eaux et l'on en prend peu. On le pèche en bateau avec des lignes garnies de trois empiles dont les hame- çons sont amorcés avec des vers de mer, des Crevettes, ou quelques fragments de chair de poisson : cette ligne porte un plomb suffisant pour la faire caler, mais tel (jue le bateau dans sa marche, ne le laisse pas traîner au fond. Le Maquereau est un des poissons qui produit le plus de lumière phosphori- MAQUEREAU. 485 Fig. 6i8. — Lance à Maquereau. Fî^. 649. — Ligne de soie de la lance. que : il n'est pas rare que l'eau où il a cuit projette une vive lueur phosphorescente. Pendant le jour, on prend très-bien le Maquereau en mettant un petit morceau de drap rouge sur son hameçon, et on le pêche ainsi vers Dunkerque et Granville; dans la Méditerranée on se sert un peu de tout ce qu'on a sous la main. L'essentiel est d'appâter au moyen de débris d'autres poissons. A^oici comment on fait cette pêche. Les pêcheurs, placés dans un bateau à voile, laissent tramer derrière le bateau une ligne à la main de 15 à 20 brasses de long {flg. 648) que l'on nomme Lance dans le Midi. Cette ligne se termine par 2 mètres de forte ligne de soie {fig. 649) portant un hameçon à l'extrémité et un autre à 0'",20 ou O^S^S au-dessus. La rapidité de la marche à la voile doit suffire pour maintenir les hameçons à fleur d'eau. Quand cette lance a pris un Maquereau, on ramène celui-ci doucement vers le bateau, tout le banc de Maquereaux le suit ; on jette alors dans l'eau de l'appâl composé de débris de poisson et de nourriture quelconque, la plus relevée comme fumet est la meilleure. Alors on prend de chaque main une canne de roseau grosso comme le petit doigt et de 1"',50 de long, c'est-à-dire une espèce de scion muni d'un fil (in de laiton bien recuit long de {"",10 et muni d'un seul hameçon. On jette ces deux lignes dans le tas de poissons tourbillonnant autour du bateau ou de la barque, l'hameçon de cliaque ligne garni d'une chose quelconque dure et résis- tante, vieux gant, morceau de drap, etc., et l'on retire un poisson qu'un petit coup sec décroche dans le bateau, et ainsi de chaque main, et toujours et vivement, car le banc de Maquereaux ne reste pas plus de quinze à vingt minutes au même endroit, et pendant ce temps, sans perdre une minute, on peut prendre une grande quan- tité de Maquereaux. Lorsque le dernier a disparu, on relève l'ancre et on court de nouvelles bordées pour tâchei' que la lance, remise dans le sillage de l'arrière, rencontre un autre banc de poissons. Cette pêche se fait environ à 2 kilomètres delà côte dans la Méditer- ranée, vers le milieu d'avril. Pêche du Maquereau à la ligne à traîner {Trollinfj). — Ce poisson peut être appâté avec toutes les amorces qui servent à pêcher les petites espèces de pois- sons; mais il préfère celles qui ressemblent à une proie vive et frétillantp. On imite cela avec une longue languette coupée sur le côté de l'un d'eux, près de la queue. On a remarqué également qu'un morceau de cuir rouge, ou une loque d'étoffe écarlate, réussissaient communément. Cette pèche se fait en bateau sous voile, et une brise piquante est considérée comme favorable. La ligne dont on se sert , , -11 i 1 i r ^^'J- 630. — Plomb anglais pour la pêche du est courte, mais elle est lestée avec une Maquereau, lourde plombée. Quand le Maquereau abonde, deux hommes peuvent en prendre 500 à 1,000 dans une journée. Plus le bateau file vite, plus le poisson mord et avale fortement l'hameçon, il semble qu'il l'enlève au vol. Ce genre de pêche est encore favorisé par un temps sombre et couvert. Le Libouret français est très-commode pour cette pêche (voy. ce mot); en An- 486 MAQUEREAU. gleleri'c on l'a modifié de la manière suivante. AB (//^. 630) est la ligne ou bauffe qui part du bateau et que l'on lient à la main, elle est attachée en B à la poignée de la plombée E, et cette anse CB porte en D une avalette dans laquelle la corde B passe, en D, pour aller en F porter Thameçon et l'appât placé à découvert de la pointe. Il serait très-avantageux de monter un émérillon entre D etF; le mouvement de rotation de l'amorce en serait beaucoup augmenté, par suite, la ressem- blance avec une proie vivante, et enfin la réussite de la pêche. On a remarqué nouvellement qu'un appât bon et très-estimé consistait à atta- cher à la ligne au-dessus de l'hameçon, un bout de tuyau de pipe de 0'",0G de long. Quel que soit l'appât employé, il faut se souvenir que le Maquereau se pêche toujours avec la marée. Quand elle se retire, il présente le nez à la terre; quand elle monte, il regarde la pleine mer. Ainsi donc il est toujours tourné du cùté d'où vient le courant, car pour lui comme pour les autres poissons, c'est par là que leur arrive la nourriture. Lorsque, parla disposition des côtes, la marée est parallèle, on prend le Maquereau plus communément, et en tous temps. C'est un singulier poisson, qui chaque jour nage un certain nombre d'heures, (juelquefois une seule, d'autrefois cinq ou six, surtout quand il fait beau soleil. Le reste du temps, il se retire dans les grands fonds d'eau et disparait. Le temps pen- dant lequel il mord est celui où il chasse et prend sa nourriture; il mord bien alors et on le prend à la ligne, au libouret, à la bélée, etc. (Yoy. Caille [pêche à la].) Fiy. 651. — Péclic ilu Matiucrcau au Follet et à Y|jurt. Installation îles lignes. Le Maquereau se pèche en quantités énormes dans la Manche. Aux mois de mai et de juin, quand il descend en bandes immenses des mers du Nord, on le prend aux manets ou grands filets dérivants. A celte époque où il n'a ni laite, ni œufs, on le nomme sansonnet. On en prend en ce moment de telles quantités qu'une partie est salée et encaquée avec quelques grains de genièvre. Peu à peu le mois d'août arrive et le Maquereau devient plus rare : à celte époque la ponte est faite ; les poissons sont alors qualifiés de chevillés. C'est le mo- MAQUEREAU. i87 ment où la pêche aux hameçons commence : le libouret entre en action. Le meil- leur Maquereau de la Manche est celui d'Yport: on cite le Maquereau de cette plage comme on dit le Hareng de Yarmouth ou de Dieppe, la Truite de Gisors, la Fera de Constance, le Lavaret du Léman, l'Écrevisse de la Meuse, la Carpe du Rhin, le Sterlet du Volga. Toutes ces provenances ont leur réputation faite. Les pêcheurs d'Yport, comme ceu.x du PoUet, montent des barques gréées en lougre, à la haute mâture spéciale à cette côte : deux grandes voiles rouges tannées au cachou, un petit foc à l'avant, un tapecu à l'arrière, complètent une voilure énorme et permettent toutes les allures {fi g. 651). Aussi ces lougres sont- ils excellents coureurs, qualité nécessaire, car il faut de la marche et par peu de vent pour bien pêcher le Maquereau. Il est bon, de plus, de se montrer matinal pour tendre les Ugnes ; aussi presque toujours les pêcheurs démarrent-ils à la marée du soir, et vont-ils passer la nuit sur le lieu de la pêche afin d'être prêts au point du jour. Une vitesse de deux à trois lieues à l'heure suffit pour rendre les lignes pres- que horizontales entre deux eaux ; ces lignes se composent d'un grelin de la gros- seur d'une plume d'oie {fig. 6o2), auquel on attache une masse de plomb de plusieurs kilogrammes, laquelle est suffisante pour faire caler la ligne, mais impuissante, — vu la vitesse que le ba- pig_ 052. — Grelin à teau lui imprime, — pour l'entraîner tout à fait à fond. A en- Maquereau à Yport. viron IS mètres de la plombée, on fait, sur le grelin, un nœud en croix, dans lequel on fixe une petite baleine de 0",20 de longueur. A l'autre bout de cette baleine, on attache l'empile en fil de caret, ayant 7 à 8 mètres de long et l'hameçon au bout. Quatre à cinq mètres plus haut, on fait la même opération pour attacher une seconde empile, et ainsi jusqu'à 6 ou 7 mètres. On coule 4 grelins, 2 de chaque côté, ce qui fait 24 à 28 hameçons à l'eau. Lorsque les lignes sont à l'eau, on dresse sur le bordage, de longues perches au bout desquelles est une boucle dans laquelle on passe chaque grelin afin qu'ils ne puissent se mêler les uns avec les autres, alors qu'ils sont roulés par le mouvement des vagues. Il est bien entendu que chaque hameçon mis à l'eau est amorcé d'un morceau de chair de Maquereau, pris surtout sur le ventre de ceux capturés la veille. La peau brillante de ce lambeau scintille dans l'eau et attire les Maquereaux voraces qui se précipitent dessus de toute leur vitesse. Beaucoup d'autres poissons de sur- face leur font d'ailleurs une rude concurience. L'extrémité du grelin revient le long de la perche et le pêcheur la tient au- tour de son doigt. Dès que le Maquereau a mordu, le mouvement se communique à toute la ligne par un tressaillement particulier que l'on reconnaît aisément : on haie le grelin, et bientôt le Maquereau arrive à la surface sur laquelle il bondit d'une façon désordonnée, montrant au jour ses flancs dorés et resplendissants de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Qui n'a vu le poisson sortant de l'eau, ne se doute pas des splendeurs de la mer. Tout vivants, les pauvres captifs sont jetés au fond de la barque où ils exécutent une sarabande de culbutes dignes d'un meilleur sort. Passés de vie à trépas, leurs couleurs se ternis- sent et deviennent bleu foncé et verdâtre. ., , ,. , , , Fîo. 033. —Plomb à tige courbe. On regarnit les lignes et on les coule à l'eau sans retard. En une journée, les quatre hommes et le mousse du loilgre peuvent prendre de 50 à 450 Maquereaux qu'ils vendent de 0^',I5 à 0'''",25 aux 488 MAQUEREAU. mareyeurs du port. Telle est la pêche de la Manche; elle se fait au large, et presque toujours hors de vue des côtes. En Norwége, la pèche du Maquereau se fait sur une grande échelle ; l'opinion des pêcheurs est que le Maquereau hahite les profondeurs delà mer et ne se lève que vers la fin de mai pour s'approcher de terre et déposer son frai. Les engins dont se servent les pécheurs sont les lignes à traîner, les filets dé- Fig. 654. — Ligue tournante. rivants ou maneti, les filets de fond et sennes diverses, puis, en automne, les lignes de fond. Un hateau pour la pêche aux lignes traînantes est monté par quatre ou six hommes, chacun muni de deux lignes à deux hameçons, amorcées avec des morceaux de drap rouge. L'essentiel est que les ap- pâts prennent, sollicités par le sillage du hateau qui marche de toute sa vitesse avec le vent, un mouve- ment de rotation dans l'eau. Ce mouvement semhle donner la vie aux amorces, et le Maquereau, qui y X craint de les voir fuir, se précipite dessus avec fureur. ^ / Pour ohtenir ce résultat, on emploie plusieurs systèmes très-ingénieux. On place sur le trajet de la ligne le plomh {fg. 653), dont l'olive est trian- gulaire et traversée par une tige de laiton courbe, qui fait que l'eau frappe tou- jours obliquement sur la ligne et la force à tourbillonner. Les pêcheurs se servent aussi du système figure 654. La ligne s'attache à l'une des extrémités d'un plomb en forme de croissant plat et très-allongé. Chacune des cornes du croissant est munie d'une boucle de ficelle solide, maintenue sur le plomb par un fort empilage poissé et verni. A l'autre extrémité du plomb est montée l'avancée qui se bifurque pour cj[ue chaque branche s'attache aux extrémités d'une petite traverse en baleine, elle-même couverte soigneusement d'un empilage verni qui retient une petite boucle à chaque bout. Dans chacune de ces boucles se passe l'empile d'un hameçon semblable à la figure 655. On se rend facilement compte que la forme du plomb en croissant donne du faux à la ligne qui, dès lors, sous la traction du bateau, doit prendre un mouvement de rotation sur elle-même et le communiquer aux hameçons. Le dernier système employé est également ingénieux, mais un peu plus compliqué : il se compose {fxcj. 656) d'un plomb en olive triangulaire, aplatie en dessous et d'une forme toute parti- culière, dont la figure A montre le dessus et B le dessous. Ce plomb est tronqué en avant, ce qui donne un méplat triangulaire dans lequel est ménagé un trou pour emmancher une légère baguette ployante en bois. A partir de la queue A de l'appareil, la ligne se compose de deux fils que l'on voit passer sous B, retenus au plomb par des ligatures pour lesquelles des trous sont ménagés. Ces deux fils , réunis alors, sont attachés autour de la ba- guette vers le quart de sa longueur et dans la partie la plus épaisse ; ils sont alors tendus, et forcent la baguette à se courber en archet, puis vont s'attacher à son Fig. 655. — Hame- çon à >Ia(iuereaii (Norw.). MAQUEREAU. 489 extrémité. Là ils sont tordus ensemble de manière à former une avancée et ils se séparent de nouveau à la dislance convenable pour fournir les deux empiles qui terminent le système. Le plomb et l'archet ont en- viron 0'",40 de lon- gueur , plus ou moins, suivant la force du plomb et des lignes. Il n'est pas dif- ficile de voir que la ligne conserve, dans ce système, toute sa rectitude, mais qu'elle se trouve chargée, swr le côté^ du plomb et de l'archet courbe. C'est ce qui produit la rotation dès que le bateau marche. La ligne dont on se sert est en crin, non tordu mais tressé, et le plus souvent en crin noir, que les pêcheurs préfèrent comme plus fort. Cette ligne est enroulée sur une sorte de dévidoir ~ Fig. 636. — Plomb à tige de bois pour lignes tournantes. .A. dessus, B dessous. Fie. 657. — Dévidoir à main. {fig. 657) que l'on tient à la main par son manche, et qui tourne facilement sur lui- même. La figure 6o8 montre une des plaques du dévidoir, celle du dessus qui, comme l'autre, porte des ouvertures spéciales, dans lesquelles les pêcheurs engagent la pointe et le corps des hameçons quand la ligne est ployée. Comme le bateau marche souvent avec une grande rapidité, la ligne se dévide très-vite ; il importe donc qu'elle n'éprouve aucun temps d'arrêt qui la briserait comme Ce ' ' o © c»'" »«o *^ un fil d'araignée: aussi la fait-on passer sur le ^. ,., ,„ > ,• i ", 45 de long. La chair est dure, filandreuse et peu estimée. MARTIN-PÊCHEUR. — (Voy. PlCAREL MARTIN-PÉCUEU R.) MARTRAMAOU. — Sorte de filet servant à pêcher l'Ange dans l'arrondisse- ment de Rochetort. Mailles de 0"°,19 en carré. MARTRAME. — Nom de l'Ange de mer à la tête de Buch. (Voy. Ange de mer.) MAXILLAIRES (os). — (Voy. Os intermaxillaires.) MAXIMUS (Pleuronectes). —(Voy. Turbot.) MAY-FLY. — Ce mot signifie pronijrement hanneton, mais il semble qu'on l'emploie également par confusion pour désigner Y Ephémère à ses trois états, comme larve, nymphe et insecte parfait. On imite très-bien ces deux animaux en insectes artificiels. Nous avons porté ici cette dénomination afin que les amateurs puissent se reconnaître dans la désignation des mouches artificielles anglaises. MELANURUS (Sparus). —(Voy. Obl.vde ordinaire.) MÉLET ou MÉLETTE (Engraulis meletta, Cuv.\— Petit poisson de la Méditerranée qui n'est très-probablement qu'une variété de Y Anchois vulgaire, dont on l'a détaché à tort. (Voy. Anchois. ) MELETTA (Engraulis). — (Voy. Méletou Mélette.) MÉLIS. — Synonyme de Blanchaille et de Blaquet (voy. ces mots), mélange de diverses espèces de petits poissons de mer dont les pêcheurs garnissent leurs lignes. MEMBRANES BRANCHIOSTÈGES. — La membrane branchiostège est une véri- table nageoire, plissée, reployée sous les opercules et susceptible de s'étendre et de s'allonger; elle est soutenue par un certain nombre de rayons dits branchiostèges. Elle sert à retenir l'eau que le poisson fait passer du gosier à travers les branchies [fig. 88 et 89. p. 107). Les muscles qui font agir cette membrane sont fort nombreux ; celui qui les dilate est petit, attaché par son extrémité antérieure, en partie sous l'angle du maxillaire inférieur, en partie aux côtés de l'os hyoïde. Il re- monte un peu obliquement de devant en arrière, pour s'attacher à la mem- brane branchiale par autant de tendons qu'elle a de rayons. f^g_ ggg _ J^,g jjg MENAICA. — Nom corse du »Sarc?mrt/. (Voy. ce mot.) tiuite montrant tes ■n/rr-TiT » T /-vmTTc tj , /i. t • i membranes branchios- MENALOTUS (Idus). — (\oy. Ide melanote.) t^„gs MENDOLA (Sparusi. — (Voy. Me.ndole commune.) MENDOLE COMMUNE (Sparus mendola, Cuv.). — Acanthopt. ménides. Long. max. = 0'",40. Syn. : Cackerel, angl. — Loxiffisch, ail. — Zee schyter, holl. — Menola, ital. La couleur générale de ce spare est blanchâtre, plombée sur le dos, avec des raies bleuâtres en long; nageoires rouges, et une tache noire vers le milieu des côtes vis-à-vis la dernière épine de la dorsale. Tous ont des dents en velours ras, en bandes au vomer, et des dents très-fines aux mâ- choires ; une écaille allongée au-dessus de chacune des ventrales et une entre elles {fig. G70). D=14-4-n.A= 3-4-9. C=17. P=14.V=5. C'est un poisson de passage qui marche en troupes; il n'est point vorace et se nourrit de fucus 500 MERLAN, et d'herbes marines. 11 fraie au printemps; c'est le moment où les femelles sont le meilleures : elles sont pleines d'œufs jaunes, en avril, en juillet et en août. Tous vivent près des côtes dans les endroits un peu vaseux ; ils se nourrissent de petits poissons et des mollusques nus qui habitent les Algues. l'ÎQ. 670. — iMeudolc commune {Spams mendola, Cuv.). MENDOLE COMMUNE. — La pèchc de ce poisson se fait sur les fonds sa- bleux et sur les fonds de roches au moyen des ganguis, des sennes et autres filets traînants. La pêche est abondante en bateau. D'autres fois on prend ces poissons très-près de terre et parmi des herbes, cela dépend des passages. On se sert aussi du filet dit BouguièrequKx la maille plus petite que les Entremaillades. Dans le Midi on appelle les femelles Amendoures et les mâles Cagarelles: les premières sont préférées aux seconds. Chair très-peu estimée. MENDOLE JUSCLE. — (Voy. JuSCLE.) MENIDES. — &me famille de l'ordre des Acanthoptérygiens. Ces poissons diffèrent des Sparoïdes par leur mâchoire supérieure très-protractile et rétractile. Presque aucune des espèces ne rentre dans la spécialité de nos études. MENUSSE. — Synonyme de Blanchaille ou Blaqnet. D'après le règlement sur la pêche maritime côtière, du 4 juillet 1853, on peut prendre tous ces petits poissons, quelles que soient leurs dimensions, pourvu qu'ils ne soient expressément employés que comme appâts. MER. — (Voy. PÊCHE A LA LIGNE EN MER.) MERLAN (Gadus merlangus, Lin.). — Malacopt. gadoïd. Long. max. = 0™,30 à 0",50. Syn. : Whiting, angl. — Mole.nner, holi. — Ihvitlùig, danois. — Suneta, espag. — Qvitlinf/. norw. — MerlcDia, basque. — Wit/inek, polon. Ce genre, voisin des Morues dont il difl'èrepar l'absence de barbillons, a le corps un peu aplati des ouïes à l'anus. Depuis l'anus jusqu'à la queue, il est moins aplati et s'amincit. Il est couvert d'écaillés molles et si petites qu'on les voit à peine. Ce poisson a tous les caractères des Morues, il a trois nageoires sur le dos, deux sous le ventre derrière l'anus, deux ventrales et deux pectorales, toutes grises. La première nageoire du dos déployée forme un triangle équilatéral et comporte 10 à 12 rayons, la seconde forme un triangle dont un côté est plus petit que les deux autres, on y compte près de 20 rayons. Le troisième aileron, moins élevé que les deux antres, parait avoir un plus grand nombre de rayons. Quant aux ailerons du ventre, celui qui est près de la queue est plus petit et souvent marqué de taches brunes. Les nageoires latérales sont grises et formées de 10 rayons. m ¥ WÊ&9&Sf^SVm}^.U^.JJ>}^.>^^^^ ,0'-H^i^'^r)iJtft^~^4^:f ■^V:- MERLU. 301 Le Merlan est généralement blanc brillant, cependant la teinte du dos est olivâtre plus ou moins claire avec des reflets cuivrés jaune clair, le ventre est blanc argenté dans certains endroits. Suivant le fond où l'un pèche ce poisson, il a des couleurs différentes les unes des autres. Ses écailles sont minces, petites et arrondies, attachées aune peau très-fine. La hauteur du corps est partagée en deux par une ligne partant du haut des ouïes, descendant en faisant une courbe plus ou moins grande jusque vers l'aplomb de l'anus, et se prolongeant droit jusqu'à la naissance de l'aileron de la queue. Le devant de la tête s'affaisse quand la bouche est fermée ; et alors la tête a la forme d'un coin. Ce poisson porte entre le museau et les yeux des narines percées d'ouvertures doubles. La mâchoire inférieure est un peu plus courte que la supérieure; l'intérieur renferme quatre dents. Au palais, se trouvent deux os rudes^ et, plus bas, un antre chargé d'aspérités. L'œil, qui est peu animé, est très-grand et couvert d'une membrane mince et transparente. Ce poisson se nourrit de vers, mollusques, crabes et jeunes poissons. 11 vit en troupes près du rivage, aussi le pêche-t-on toute l'année; celui qu'on prend en octobre est le plus gras et le meil- leur. {Voy. Temps de frai.) Quand le Merlan a frayé, il devient maigre et fond à la cuisson. On en distingue plusieurs variétés : Merlan commun. Long. raax. = Çi'^^^i) à 0'ïi,45. — Merlan noir ou charbonnier. Long. max.= 1 mètre. —Queue fourchue, tète plus petite et plus pointue pro- portionnellement que celle du Merlan commun. Couleur générale gris-noirâtre. On lui donne en Bretagne le nom de Merlan colon ou Morue noire; on le sale souvent. — Merlan jaune ou Lieu, — Merlan vert ou Sey. MERLAN. — Nom employé à Nice pour désigner le Merlu. (Voy. ce mot.) Le Merlan vrai se prend sur tontes les côtes de l'Océan à la ligne, pendant toute l'année. En mars et avril, les Merlans mordent difficilement à l'hame- çon, on amorce alors avec du foie de porc frais ou salé dont ils se montrent plus avides. Le véritable moment de la pêche du Merlan à la ligne dure pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre. Le temps du frai dure de la fin d'octobre à février, la chair du poisson est molle alors et il est maigre et allongé ; le temps du frai passé, on en prend de petits assez bons jusqu'au mois de février. Sur la côte de Dieppe on pêche le Meiian aux lignes de fond lestées de cail- loux. Les hameçons, portés sur une empile de 1",50, sont amorcés d'un Pitot ou d'un morceau de Hareng. Les empiles sont attachées environ à 2 mètres l'une de l'autre sur la maîtresse corde. On peut également pêcher le Merlan au libouret ou à la halle; et nous ne doutons pas qu'un Jeu-de-fond convenablement monté, ou un Pater-Noster, remplirait le même but avec un grand avantage ; il faudrait seulement que l'un et l'autre portassent un liège ou une petite bouée qui retint à fleur d'eau la corde destinée à les retirer. Au reste les Merlans, pendant la bonne saison, mordent avidement à toute espèce d'appât. Quand il fait un peu de gelée blanche, le Merlan mord bien aux hains amorcés avec des vers, et surtout avec des Roserets. MERLAN VERT. — Nom du Sey. MERLAN JAUNE. — Nom du Lieu. MERLANGUS (Gadus). — (Voy. Merlan.) MERLU (Gadusmerlucius, Lin.). — Malacopt. gadoïd. Long. max. = 0°',50 à 1 mètre. Syn. : Huke, angl. — Merluza, espag. — Lyriny, norw. — Merluè, breton. — Merluzo, itaL — Stockfisch knbe/jau, allem. — Sztork fisz, polon. Le genre Merlu porte différents noms qui lui sont donnés par les habitants des côles où se fait sa pêche. Les Bretons le nomment Merluche ou grand Merlu; il prend le nom de Merlan dans la Mé- diterranée. Corps très-allongé, comprimé vers la queue, arrondi en avant ; le mâle a le corps moins épais et la tête plus petite et plus allongée que la femelle; la tête du Merlu est assez large, mais elle est aplatie et finit un peu en pointe. Gueule bien fendue, mâchoires hérissées de longues dents en crochets et pointues sur plusieurs rangs. Un barbillon à la symphyse, ce qui le distingue des Mer- lans. Deux dorsales et une seule anale, ce qui le distingue des Morues. (Voy. Temps de frai.) La mâchoire supérieure est plus petite que l'inférieure, et parmi les dents toutes un peu cro- chues qui les garnissent, les unes sont fixes, les autres mobiles (/?'/' '<«/ r*' CD 03 C_3 (-^ O s UJ oo :=) ;3 p^ c^ CD O '5 I WH!5WÇ!?Ç???!5Tt?SSî55^^ MORUE. 507 n/r/^TOT^ » r^-r Le (rois .1.. h qués, Cl 0( I 508 MORUE. sans qu'elle soit jamais bien commune nulle part clans un pays. La Manche et la pointe d'Ouessant paraissent être les endroits où on en prend le plus. La Morue se pêche par une grande profondeur avec un bateau If-X^s 1 qui dérive au vent, ou à l'entrée des ports, où elle affectionne de se cantonner; mais les grosses se tiendront rarement là. Dans ces passes, on la prend à la pêche à soutenir, avec des crabes mous ou toute espèce d'appâts vifs, poissons, etc. A la pêche en pleine eau, on profite également de la voracité de ce poisson, pour lui offrir des morceaux de poissons. Gardon, Maquereau, Hareng, Sardi- nes, Gapelans, etc. ; on cale ordinairement 70 à I — i E-- en o RÇ^WT^ïî^'^iÇS^'^îî^??^^^ MOTELLE. 509 Pendant que les lignes de fond sont posées, on pêche à la ligne à la main, ... A^ «1 J'„„,l,-i ni r VflP^' II L 510 MOUCHES. Les deux dorsales sont très-différentes : la première composée d'une membrane découpée et frangée, ou plutôt de rayons très-minces soutenant une nageoire d'une extrême légèreté, se cache à volonté dans une rainure en sillon creusée dans le gras du dos. Lorsque l'animal est au repos, au fond de l'eau, il se tient en équilibre sur l'anale et sur les deux filets blancs de ses jugulaires, la véritable dorsale est dressée el immobile, tandis que la dorsale plumcuse de l'avant exécute le mouvement continuel ondulatoire tout à fait analogue à celui qu'exé- cutent les dorsales des Hippocampes et des Syngnathes. Quel est le but de ce mouvement? Quel est l'usage de cette nageoire ou membrane sans cesse en mouvement? C'est ce que l'on ignore absolu- ment. D = 55. P = 20, raides et tachetées de brun suivant les rayons qui sont plus foncés que la na- geoire elle-même. V = 7 un peu en avant des pectorales et se terminent en barbillon mou. A = 49 bordée de blanc en avant. C = i8 petite et arrondie. Les arcs branchiaux semblent garnis de nacre. (Voy. Temps de frai.) MOTELLE A TROIS BARBILLONS. — La Motelle vulgaire ou Loche de mer est un poisson qui se contourne autour des pierres comme une anguille et s'y blottit en embuscade pour atteindre sa proie en la surprenant au passage. Il aime les bas-fonds et s'y nourrit d'insectes aquatiques : il mord bien à l'hameçon amorcé de chair vive ou de vers marins. Sa chair ne se conserve pas, en peu d'heures elle sent mauvais. MOTELLE VULGAIRE. — C'est la MOTELLE A TROIS BARBILLONS. MOTEULLE ET MOTEUILLE. — Nom lorrain de la Loche franche. — (Voy. ce mot.) MOTURE. — On appelle ainsi l'effet produit en mer par un coup de vent qui, frappant plus ou moins fortement les falaises du rivage ou les grèves, soulève la terre, la mêle à l'eau et forme ainsi une zone troublée le long des côtes. Cette circonstance est favorable à la pèche à la ligne. Il semble évident que le mot moture a la même racine que le verbe movere, înotum., mouvement. MOUCHES ADDITIONNELLES. — On donne ce nom aux mouches artifi- cielles que les pêcheurs mettent sur leur ligne volante, en plus de la mouche qui termine cet engin. Selon nous, cette méthode est mauvaise, à moins que l'on ne veuille prendre que de très-petits poissons blancs. En général, qui trop embrasse mal élreint, ce proverbe est bon à méditer surtout à la pêche à la mouche. Je ne pêche jamais avec plus d'une mouche, mais quelques pêcheurs en em- ploient deux et même trois, outre celle qui termine la ligne. A mon avis une mouche suffit; un plus grand nombre présente des inconvénients, est plus difficile à manier, et n'offre pas assez de compensation. Il est certain qu'avec les mouches additionnelles, on peut quelquefois prendre deux poissons d'un coup, mais ils sont généralement très-petits. La chance de prendre deux gros poissons se présente bien rarement, et si elle arrive, le pêcheur perd, ou très-probablement l'une de ses victimes, ou toutes deux, et en même temps une partie de son attirail. Et, cependant comme il en faut pour tous les goûts, si le pêcheur veut se servir de deux mouches ou plus, la première ajustée devra l'être à environ 1 mètre au-dessus de celle qui termine la ligne, et la seconde 1°',50 encore au-dessus. Un plus grand nombre devient ridicule et tout à fait préjudiciable. La mouche additionnelle s'attache, soit en formant une anse avec le bas de ligne et engageant dans cette anse celle qui porte la mouche supplémentaire, ainsi qu'on le fait pour celle à l'extrémité de la ligne. On peut encore couper la ligne au point où l'on veut mettre une mouche addi- tionnelle , puis, à cet endroit, pratiquer un nœud anglais BD {fig. 680) (voy. ce serré, MOUCHES. 511 mot) — non serré, entre les brins DE et NN duquel on insère la monture de la mouche artificielle terminée, cette fois, par un nœud. On ne lui laisse que 0", 10 de longueur de florence. Cette méthode est la meilleure pour attacher la mouche additionnelle, parce que celle-ci se soutient mieux en dehoi^s de la ligne principale, qu'elle est moins sujette à s'enrouler sur elle, et parce que les nœuds, composant le nœud an- glais sur la ligne principale, peuvent être séparés ^,.^ g^o. - Nœud anglais nou en les repoussant comme dans la figure 680 , et la entre les nœuds d et e duquel on in- 1 1 /• n • 1 ■ m . troduit Textréraité de l'empile. mouche enlevée facilement. Tout ce que nous ve- nons de décrire ne s'applique évidemment qu'à un bas de ligne construit en florence simple. MOUCHES ARTIFICIELLES (Confection des). — La Truite, le Saumon, l'Ombre, le Dard, le Chevesne, le Gardon, l'Ablette, sont, pour la France, les pois- sons de surface les plus communs. Tous s'emparent avec avidité des insectes que le vent ou un accident quelconque précipite à la surface des eaux. C'est leur métier de faire incessamment cette chasse, et ils s'en acquittent consciencieusement. Or, de ce fait très-connu et depuis longtemps observé, car il est patent, est dérivée la pèche à la mouche artificielle et tous les engins dont elle exige l'usage. Pour prouver à nos lecteurs que le moulinet et autres inventions ne sont pas du tout mo- dernes, je vais, dans la suite de cet article, traduire pour eux quelques passages de Thomas Barker, qui, dans son ouvrage devenu très-rare et imprimé en 1651 {The art of angling) leur donnait des leçons excellentes de pêche à la mouche et indiquait tous les objets nécessaires, y compris le moulinet. Il donnait même la composition des sauces auxquelles (si vous voulez, lecteur), vous pourrez arranger les Truites que vous prendrez. Comme curiosité, cette cuisine vaut la peine d'être lue, mais j'avoue ne m'ètre pas laissé aller aux dangers de l'essayer physiquement. Or, la pêche à la mouche artificielle est sans contredit la plus active et la plus aristocratique de toutes les pêches; celui qui s'y livre n'est pas forcé de rester im- mobile comme le pêcheur de fond ou au coup : toujours en marche le long de la rive, il n'a de limite à sa promenade que la valeur de ses jambes, c'est une chasse véritable au poisson, laquelle demande non-seulement de très-bons jarrets, mais exige des bras solides et vigoureux. Autre avantage, plus d'appâts ni d'esches répu- gnants et sentant souveni moins bon que la rose mais non moins fort, plus d'a- morces qu'il faut pétrir avec soin pour les jeter à l'eau, plus de cuisine pour cuire les graines; le pêcheur peut se munir de gants et de gants aussi fins et aussi déli- cats qu'il le jugera convenable, il n'a plus à manier que des imitations de la nature qu'on pourrait appeler de véritables objets d'art plastique. La pêche à la mouche artificielle est en Angleterre la pêche des gens comme il faut, des Gentlemen, qui tous en font affaire sérieuse et en général y sont passés maîtres ; non qu'ils dédaignent la pêche sédentaire, loin de là, mais ils montrent une prédilection évidente pour l'exercice qui nous occupe et qui permet, en s'y livrant, de garder cette tenue soignée et lissée si chère à la Gentry. Or, dans notre belle France, cette pêche est peu employée ; elle attire cepen- dant pas mal d'étrangers qui viennent en jouir sur notre sol, et nous, nous ne la prati- quons pas ou presque pas. On ne peut pas dire que la Truite soit plus commune chez les Anglais que chez nous, elle est autochthone dans les deux pays ; si elle est un peu moins rare dans certaines rivières du Royaume-Uni, en revanche il n'existe en 512 MOUCHES. France que le département de la Seine, c'est-à-dire Paris, où les truites ne se pèchent pas, et encore peut-on y pèclier le poisson blanc de surface dans des con- ditions de grosseur extrêmement respectable. Il est certain que cette dillurence de goût tient à une différence de génie des deux peuples, au peuple froid et passif, V exercice extrême de cette pêche; au peuple gai et actif, le repos de la pêche séden- taire, rien de plus naturel, c'est la loi éternelle dos contrastes. Quoi qu'il en soit, nous pouvons sortir de cette apathie tout Français que nous sommes, et nous bien figurer que, contrairement à ce qu'on dit, la pêche à la mou- che artilicielle n'a pas de mystères insondables et se fait très-facilement — comme les autres pêches — quand on veut y mettre le soin nécessaire. On a longtemps cru dans notre pays, que celte pêche exigeait l'achat d'engins très-coûteux, c'est encore une erreur; ensuivant les conseils que nous donnons dans ce dictionnaire, nous aimons à croire que le lecteur en aura acquis la certitude ; il est tout aussi facile de se faire une canne pour cette pêche que pour une autre. Reste donc le moulinet ; même celui-ci, on peut le faire ; mais quand on devrait Tacheter, il dure autant que le pêcheur, ce n'est donc pas une grande dépense. A l'article l^èche au lancer nous décrivons la manière dont il faut monter sa canne, sa ligne, et apprendre à lancer la mouche sur la surface des eaux, de ma- nière qu'elle y tombe comme un insecte naturel poussé par le vent. Car c'est sur- tout la Truite qu'il faut chasser avec la mouche artificielle ; elle est le roi des pois- sons d'eau douce, aussi devons-nous examiner ensemble ses mœurs carnassières. Faisons-nous petits, très-petits, cachons-nous derrière un buisson, un arbre, un obstacle quelconque et observons, on dit que c'est une bonne manière d'appren- dre. Que voyons-nous? A chaque insecte qui tombe, ou qui seulement rase la sur- face de l'eau, la Truite s'élance et de sa dent impitoyable en fait une proie assurée. Ses mouvements sont tellement soudains, si rapides, que vous croiriez qu'elle n'a pas le temps d'examiner la proie qu'elle avale. Erreur; essayez d'attacher un in- secte par la patte et de le jeter à l'eau, vous verrez combien il sera respecté, et comme autour de lui les autres seront gobés. Il aura beau se débattre d'une façon engageante, la rusée commère ne s'y laissera prendre que bien rarement. . . et encore ! Il semble tout simple que le pêcheur en voyant ce manège, se ûisse ce raison- nement : puisque la Truite aime les insectes, je vais lui en offrir; puisqu'elle y voit clair, je monterai mon hameçon sur une florence très-fine. C'est parfaitement rai- sonné. Mais la Truite se tient le plus loin qu'elle peut des rives découvertes, il faut donc faire arriver sa mouche ou son insecte, là où est la Truite ; il faut donc le lancer, et là est la difficulté. On a réussi une fois à mettre l'insecte au milieu de l'eau, très- bien, la Truite n'était pas là ou n'a pas mordu, le courant a peu à peu ramené la ligne au bord, il faut la lancer de nouveau, mais le mouvement brusque nécessaire pour y réussir déchire l'esche ou la fait vaciller sur la pointe de l'ha- meçon, au troisième coup l'insecte s'échappe ou se brise...., c'est à recommencer. Telle est la cause de l'invention des mouches artificielles. Celles-ci sont solides, elles ne se débattent pas aussi bien sur l'eau qu'un insecte vivant, mais le pêcheur y supplée par son habileté et son coup de poignet, et surtout.... elles réussissent. C'est le principal. Mais il faut noter en passant que, — semblable en cela à beau- coup d'animaux à poil et à plume, — le poisson est avide de ce qui lui semble nouveau. Qu'un objet un peu éclatant tombe à l'eau ou voltige à sa surface, poisson de fond, il se sauve, ce n'est pas son affaire, poisson de surface il obéit à son MOUCHES. 513 instinct, il y vient, et le plus souvent il se jette avidement dessus. C'est le secret de la réussite de la cuiller, du fiw-diable, etc. (Voy. ces mots.) Il faut donc se procurer des insectes artificiels. On peut en acheter, mais le plus simple est d'en faire, et c'est si simple que tout le monde peiit et doit y réus- sir, car l'insecte artificiel est une imitation très-libre de la nature, et les meilleurs sont presque toujours ceux qui ne ressemblent à rien et que les Anglais nomment fanry (fantaisie). Ils sont de couleur bien vive ; quelle qu'elle soit, la Truite les aime. C'est bien! Comme elle gobe, elle est gobée, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! Ce serait tout un art à apprendre, s'il fallait faire des insectes vrais; l'expérience a prouve que les poissons n'étaient pas si forts en histoire naturelle qu'ils ne se trompassent un peu sur les espèces et ne prissent jamais, pour leur repas, que tel papillon et, pour leur dessert, que telle phrygane ou tel cousin délicat. Un petit faisceau de plumes, de soie et d'or qui voltige à la surface de l'onde est nouveau et brillant, donc appétissant, cela lui suffit, il n'a pas besoin de savoir s'il est sem- blable à l'insecte qui vole en majorité ce jour-là même, et la prétention des pêcheurs de choisir dans leur porte-feuille l'insecte qui ressemble le plus à celui qui tombe, pour s'en servir, nous semble une prétention outrée et inutile, contre laquelle l'expérience et le raisonnement protestent à qui mieux mieux. Cinq ou six mouches bien faites {fig. 681), de grosseur et de couleur variées sui- vant la grosseur du poisson que l'on désire prendre, et suivant la pureté oul'obscu- Fig. m[. Fig.6ii. Fiy. èSi. Mouches artificielles variées de grosseur, de forme et de couleur. rite de l'atmosphère, sont suffisantes pour le pêcheur sage et expérimenté. Il en choisira une de nuance claire par un jour lumineux et serein, une plus foncée par un jour couvert ou une eau moins limpide, c'est tout ce qu'il faut. Et maintenant, il suffit de savoir les construire pour en posséder au besoin une provision inépui- sable, car elle se renouvelle sans cesse ; pour savoir il faut apprendre, et nous allons essayer de montrer. La soie, la laine et la plume de différents oiseaux, les fils métalliques ; telles sont les matières premières des insectes artificiels. Avec la soie, la laine et le co- ton, on confectionne le corps des gros insectes : leurs pattes, les ailes, les antennes se font avec de la plume noire, grise, jaune ou rouge. Mais il est un principe qui doit dominer toute cette fabrication : c'est que, quel que soit le talent avec lequel est faite une mouche artificielle, elle parait au poisson beaucoup plus grosse quelle n'est. Quelle est l'explication de ce mystère ? Nous ne le savons point, mais le fait est pa- tent: prenez un insecte naturel, — plus gros qu'une mouche artificielle ordinaire, — les petits Chevesnes, les Dards, les petites Truites l'attaqueront hardiment : mettez l'insecte artificiel de même grosseur à sa place, la grosse Truite et les gros Cheves- nes l'attaqueront seuls. Or, le gros poisson attaque surtout la grosse esche ; donc, pour le poisson, cette petite mouche artificielle est grosse. Donc, pour bien pêcher, le moyen de réussir c'est de se servir d'insectes artificiels extrêmement petits. 33 514 MOUCHES. 7^ Fig. 6i!j. Fig 686. Fg.d^l. .Moucherons et cousins en plumes tournées autour de la hampe de l'hameçon. Fig. 688. Fig. 6S9. ('orps en chenille de soie de deux couleurs. Lespclites mouches, les moucherons, les cousins (//<7. 685 à 687), se font avec de la plume seulement, — que l'on prend sur le coq, le chapon, la perdrix, la bécasse, , la pintade, le canard mâle, — les f ^ y^&i.xy meilleures sont celles qui se mouil- lent le plus difficilement. Chez le coq et le chapon, les meilleures plumes sontcellesde la collerette, on en trouve de toutes les couleurs. La barbe de la plume du paon ou celle de la plume d'autruche forment les meilleures matières pour construire les corps des insectes, et sont bien préférables aux chenilles en soie de dilférentes couleurs qui se mouillent et se déforment sous l'eau {fig 688et68î»)- On arrache le pennon des grosses plumes — du haut en bas — pour avoir un ruban bar- belé, quant aux petites du coq, on les emploie telles qu'elles sont. On choisit de la soie de même couleur, l'on place l'hameçon entre ses doigts, le dard en dehors de la main, c'est-à- dire en avant des doigts et en dessus ; cet hameçon porte la florence empilée soigneusement. Alors on fait deux ou trois tours avec la plume au bout de l'hame- çon vers le coude et deux tours par-dessus avec la soie, en avant soin de passer celle-ci entre les barbes ouvertes, sans les ployer. On remonte ainsi le long de la hampe, en passant quelques tours de soie tous les trois ou quatre tours de plumes. On se sert ordinairement, pour monter ces mouches, d'hameçons limerick sans palette {fig. 690), ils ont la hampe plus longue et plus mince. Arrivé donc à l'extrémité de la hampe, il faut arrêter tout cela. On prend alors un petit morceau de soie fine, d'environ 10 centimètres, que l'on double et que l'on place, la boucle tournée vers la palette, sur la plume et la première soie. On continue à faire passer sur les deux bouts de la boucle, la première soie qui retient la plume, et quand on a fait un certain nombre de tours, — le moins possible, — on passe l'extrémité de la soie dans la boucle entre l'un des deux petits bouts de la boucle, celle-ci se serre, et le tout est arrêté. Rien de plus simple, comme on le voit, que cette manière de faire, ce qu'on appelle en terme de pêche les chenilles et les cousins. Il faut maintenant à présent apprendre à confectionner les mouches à corps ; cela n'est pas plus difficile. On empile un hameçon de grosseur appropriée sur une florence bien choisie, ayant soin que la soie poissée qui a servi reste libre aux deux extrémités de la ligature arrêtée, sur une longueur de O^jSO à 0"',2o. On pose alors sur le haut de la hampe, et les pointes fines tournées à l'opposé du dard de rhameçon, une barbe de plume de paon ou d'autruche et une plume de la colle- rette du coq, longue, mince et bien velue. Après avoir solidement attaché ces deux plumes avec l'extrémité supérieure libre de la soie poissée, on tourne, en spirale pressée sur la ligature, la barbe de paon ou d'autruche, jusqu'en face de la pointe de l'hameçon et là on l'arrête avec le second bout de soie poissée. On a fait ainsi le corps de la mouche, etl'on peut le rendre plus brillant en l'en- Fig. 690. — Li- merick sans pa- lette pour mou- che artificielle. MOUCHES. 313 Fig. 691.— Mouche à ailes. tortillant d'un fil d'or ou d'argent placé en même temps que les deux plumes ; mais cet enjolivement n'est pas une nécessité, et rien ne prouve même qu'il soit un per- fectionnement, quoique le poisson soit attiré — comme nous l'avons vu — par les brillants ou une couleur éclatante. Pour revêtir ce corps des soies ou poils qui doivent l'entourer, on prend la plume de coq qui reste libre par sa pointe et on la tourne aussi en spirale sur le corps de la mouche. Arrivé en bas, on la lie aussi avec la soie libre, et on coupe les bouts de soie et de plume : la mouche ou chenille est terminée par le bas. Pour couvrir mieux le dard de l'hameçon, on fait en dessus avec le bout de soie supérieure près de la palette, deux ou trois tours sur les barbules de la plume, de manière à les coucher un peu sur celles qui sont plus bas et à leur donner en même temps une plus grande solidité. Arrêtez la soie et cou- pez-la, la mouche est prête à servir. Pour faire une mouche artificielle à ailes, il faut agir abso- lument de même, seulement choisir une plume de collerette de coq, à barbe le plus courte pos- sible et moins longue, car elle sera arrêtée à la moitié supérieure du corps de la mouche. On choisira alors deux petites plumes égales, minces et souples de la couleur appropriée, on les attachera au haut de l'hameçon, les pointes des barbes tournées vers le dard de l'hameçon, mais en dessus de la courbure, et après avoir terminé le corps, on les fixera par quelques tours de la soie poissée qui reste à la partie supérieure de l'hameçon. On terminera par quelques tours en dessus du tout, pour que les ailes et les barbes ne puissent pas se relever et la mouche à sera terminée et prête à servir {fig. 691, 692, 693, 694). Il est facile de voir en lisant ce qui précède, combien toute cette fabrication est simple, puisque le pêcheur reste libre de la couleur et de l'arrangement de ses mouches; toutes sont bonnes, quelles qu'elles soient ; le temps seul de les appliquer à la pêche varie, et assortir les unes à l'autre constitue la plus grande partie du talent à acquérir pour bien pêcher à la mouche artificielle. Nous empruntons au traité de Grey Drake (London, 1863) quelques passages intéressants sur les mouches artificielles usitées en Angleterre : ces passages compléteront aux yeux du lecteur ce que les articles Choix des insectes (artificiels, suivant les lieux et suivant le temps, pourraient avoir d'obscur. (( La grande quantité de mouches artificielles diverses est parfaitement inutile, et je suis convaincu que si le poisson est disposé à mordre sur la mouche, peu importe laquelle on emploie comme forme et comme couleur, pourvu qu'elle ait la grosseur convenable. Lorsque les Truites ne sont point disposées à prendre la mouche, vous pouvez essayer sans , , ,, A p -11 T) • ^iQ- 691 — Mouche à ailes. succès toutes celles que vous avez en porteieuilie. J ai péché par expérience pendant une saison entière avec deux mouches seulement, le Coachman et le Governor, et j'ai parfaitement réussi même pendant le mois de Fig. 692. — Mouche à ailes. ailes Fig. G93. — Mouche à ailes. 516 MOUCHES. mai, alors que l'eau est couverte de phryganes, et que les poissons les saisissent avidement. <( Les mouc/ies de uiai , n"* 4 et 3 ci-après, sont certainement très- re- cherchées par la Truite, et je ne conseille pas de pocher avec d'autres pendant le temps des phryganes, quoique la Truite les prenne aussi bien avant qu'après ce moment-là. Ces insectes durent de la fin de mai à la fin de juin, (( Les mouches désignées dans la liste suivante suflisent amplement pour toutes les époques de l'année et pour la majorité des pays. N'o 1 . — The March Brovm Se représente par une mouche à corps brun, avec des ailes brunes et la queue longue. 2. — The Governor Mouche à corps brun, ayant un point rouge à l'extrémité du corps, avec les ailes brunes. 3. — The Coachmnn Mouche à corps noir, avec les ailes blanches. ^. — The Greeii Drake.. i,, _,. . Mouche verte. .. i „, . , „, ^ ^ , Mav-Flies ' , Phryganes ou mouches de mai, 5. _ The Grey Drake... ' • ' Mouche grise. ..) 6. — The Red llackie Mouche rouge sans ailes. 7 . _ The Black Hackle Mouche noire sans ailes. 8. — The Blue Dun Mouche couleur de fumée, sans ailes. 9. — The Aider Fly Mouche à corps noir, avec les ailes rouges. 10 — The Blnck Gnnt.. Petit cousin noir. (( Le Coachman, ou mouche n" 3, doit son nom, dit-on, à cette circonstance, qu'il a été inventé et recommandé par un cocher, célèbre pêcheur. C'est une mouche fort utile que la Truite saisit promptement dans toutes les eaux et pendant toute la saison, bien qu'elle ne ressemble à aucune mouche naturelle ; elle est préférable même à la phalène blanche pour la pêche du soir. « Choisissez les mouches de mai avec des ailes grandes et relevées, le corps plein et de longues queues ; n'employez pas de mouches qui ne soient pas montées sur des limericks; moitié petites, moitié grosses de chaque espèce, c'est tout ce qu'il en faut. (( Péchez n'importe avec quelle mouche, sur monture fine, si le temps est bril- lant, l'eau claire et le vent faible ; grosses, avec une florence forte, si le temps est nuageux, s'il vente ou s'il pleut et quand l'eau est trouble. La plupart des pêcheurs de premier ordre et les plus chanceux, — les vieilles înains, comme disent les An- glais, — n'emploient jamais d'autres mouches que le red et black hackles, le blue dun {n°' 6, 7 et 8), et le black gnat (n° 10) de la liste ci-dessus. » MOUCHE DE HAIE. — (Voy. MoiNE.) MOUCHES DE MAI. — (Voy. MaY FlY.) MOUCHES NATURELLES (Musca, Lin.). — Genre d'insectes diptères de la famille des Athérinées, type de la tribu des Muscides. Corps oblong à peu près cylindrique; tête globuleuse, un peu plus large que longue portant deux yeux très-grands et à réseaux et trois petits yeux lisses distincts ; front aplati, et présentant un espace arrondi en haut duquel sont insérées des antennes à trois articles : trompe membraneuse, coudée, rétractile et terminée par deux lèvres. Corselet cylindrique et abdomen ovalaire. Ailes grandes et horizontales. Pattes longues, grêles, terminées par deux crochets et deux pelotes couvertes de poils rudes. Les larves sont les asticots. Fit). 69b. — Mouche Les mouches sont communes pendant les mois d'été; quelques-unes sucent domestique (yi/Msca le miel des fleurs, mais la plupart des espèces s'attaquent aux matières animales domestica, Lin.). ^^ végétales en décomposition. Il existe un grand nombre d'espèces de ces insectes. L'espèce type est la Mouche domestique (Musca domestica, fig. 694) commune partout dans les appartements ou les cuisines où elle est très-importune. MOUCHES. 517 696) l->g — Mouche à viande (Musca cal- liphora). Fig. 697. — Mouche César ou dorée [Musca cœsar , Lin.). Fig. 699. — Boite à mou- ches, vue en dessus du côté du tulle. Elle est longue de 5 millimètres, a le corselet cendré, l'abdomen cendré et jaunâtre en dessous ; les ailes transparentes. La Mouche à viande ou Mouche bleue ou Mouche pourrisseuse (Musca callipJtoKi) ifig long. 1 centimètre, thorax noir, abdomen bleu mé- tallique, tout le corps couvert de longs poils noirs et raides. Variété; la Mouche vivipare qui pond ses larves déjà écloses sur les matières animales qu'elle ren- contre dans les habitations. La Mouche des bœufs [Musca bovina) se distingue de la Musca domestica par les côtés de la face et du front qui sont blancs, elle porte une bande dorsale noire. Très-commune dans les fermes. La Mouche ce'sar ou des cadavres [Musca cœsar), [fig. 697) a le ventre vert doré, la télé et le corselet bleus. La Mouche bourreau qui s'altaque aux bestiaux. La Mouche aplatie, etc., etc. Les araignées, les hirondelles et la plupart des oiseaux font aux mouches une guerre conti- nuelle. Les poissons en sont également très-friands, et en dévorent le plus qu'ils peuvent sans que la race de ces incommodes animaux semble diminuer. Les espèces principales que nous rencontrons facilement dans nos cuisines sont les mêmes qui nous ont fourni les asticots, elles sont aussi bonnes, sous leur forme parfaite, M^j'iM§hf C pour la pèche à la mouche, qu'elles l'étaient à l'état de larves pour la pèche de fond. Ces mouches se prennent au moyen d'un filet V [fig. C9S) et sont mises dans une boite spéciale ABC [fig. 699) de laquelle on les extrait une à une suivant le besoin. Les plus communes autour de nous, sont : La Mouche à viande {Musca vomitoria, Lin.), [fig. 696) une des plus grosses de notre pays ; elle a le front fauve, le thorax noir, l'abdomen demi-bleu luisant avec des raies noires. Douée d'un odorat très-délicat, elle est attirée de très-loin par la viande et les matières animales sur lesquelles elle vient déposer ses œufs. Son bourdonnement assez fort est connu de tout le monde. Les larves, au moment de passer à l'état de chrysalides, s'enfoncent en terre, ou se retirent dans un endroit écarté et sec, comme derrière les placards, armoires, boiseries, tentures, où l'on retrouve les débris de lymphes en grand nombre. La Mouche dorée (Musca cœsar, Lin.) (fig.Gdl) a le corps d'un beau vert] doré, luisant, avec les pieds noirs. Elle est très-commune dans les champs et aux bords des eaux pendant les chaleurs de l'été. Elle pond sur les matières d'origine ani- male quelles qu'elles soient et a une telle subtilité d'odorat, qu'un simple petit poisson mis au soleil pendant quelques minutes suffit pour en attirer des quantités que l'on prend facilement au filet (fig. 698) et qui servent immédiatement à mettre à l'hameçon. La voracité de ces insectes est telle, en été, qu'il faut absolument laisser dans l'eau au moyen d'un sac EFS [fig. "01) ou d'un filet à cer- cle FBP (fig. 702), le poisson qce l'on prend à la mou- che, si l'on veut que les pontes des mouches volant de toutes parts ne le décomposent pas en très-peu de temps. Comme toutes les mouches craignent l'iiumi- dité, il faudra, si l'on se sert d'un panier Ifig. 703), le garnir au fond d'une couche épaisse d'herbes mouillées, y déposer le poisson au fur et à mesure et le recouvrir de même d'une épaisse couche d'herbes mouillées, encore ce moyen n'est-il pas toujours efficace. La Mouche domestique [Musca domestica, Lin.) [fig. 095). — Thorax gris cendré à quatre raies Y Fig. 698. Filet à prendre les mouches. Fiy. 700. — Boite à mou- ches, vue en dessous du côté de l'ouverture. T .4/- Fig. 701. — Sac à pois- sons. F'ig. 702. — Fileta cercles. 518 MOULINET. noires; abdomen brun noirâtre lâcheté de noir, en dessons brun rougeàtre. La larve ou asticot vit dans le fumier chaud et humide. La Mouche vivipare {M. carnaria, Lin.), qui a les yeux notablement écartes l'un de l'autre, un peu plus grands eL plus allonges que la mouche de la viande ; elle a le corps cendré, les yeux rouges, des raies sur le thorax et sur l'abdomen des taches noires carrées. La femelle est vivipare et dépose les larves qui remplissent la ca- pacité de leur abdomen sur la viande, les cadavres, les plaies de l'homme et des animaux. 11 faut remarquer en terminnnt que toute espèce de mouches vives sont bonnes pour la pèche des poissons de surface; on les prend, au même moment on les enferre, et l'on pèche. Comme la péi lie à la Fin. 703. — Panier ilc poche. siii"P''se réussit surtout durant la grande chaleur, c'est aussi l'instant où les mouches et tous les insectes sont le plus nombreux. Cependant si l'on a eu le temps de faire une provision avant de partir, on perdra moins de temps et la pèche sera plus fructueuse. MOUGOU-FLAVETOUR. — Nom provençal ù\i Mulet sauteur , qu'ils appellent aussi Mulet de mer, par opposition au Muge cêphale. (Voy. ces mots.) MOULE. — Nom languedocien de la Blennie p/iycis. (Voy. ce mot.) MOULES (Filets). — On donne ce nom à des morceaux de bois de grosseur déterminée, sur lesquels on enroule le fil qui sert à mailler un filet. C'est ce moule ifig. 704) qui donne à toutes les mailles une grandeur égale et déterminée d'avance, sui- vant l'usage auquel on les destine. Quant à l'u- tilité des nœuds qui rejoignent les fils pour former chaque maille, elle est évidente, puis- que le tissu de cette espèce d'étoffe serait beaucoup trop lâche pour que, par simple entrelacement, les fils pussent conserver une place régulière. On a donc dû arrêter ces fils en les joignant par des nœuds dans tous les endroits où ils se croisent. Les Moules ont une section tantôt ronde, tantôt carrée, mais plus souvent de la première forme, parce qu'ils usent moins le fil. Leur longueur ne dépasse guère 30 centimètres, car ils doivent être tenus entre le pouce et l'index de la main gauche. Leur diamètre dépend de l'ouverture à donner aux mailles. (Voy. Mailles.) MOULES DE RIVIÈRE. — (Voy. AnODONTE ET AppAT.) MOULINET. — Nous avons réuni dans une seule figure plusieurs systèmes de moulinet, afin que le lecteur puisse parfaitement se rendre compte des avantages et des inconvénients spéciaux aux uns et aux autres. Occupons-nous d'abord du moulinet en lui-même, nous dirons ensuite quelques mots de la manière dont on le fixe à la canne. Avant tout, répétons une fois de plus ce que nous avons déjà dit à plusieurs reprises, c'est que le Moulinet est indispensable au pêcheur à la ligne, quels que soient la grandeur ou le genre du poisson auquel il s'adresse. C'est au moment où l'on cherche modestement de petits poissons de friture, que l'on est mordu par une pièce de résistance; sans moulinet, tout est perdu. 11 en est de même de l'épui- sette — la croix du pêcheur — dont on ne seul jamais mieux l'utilité que quand, vous manquant, un beau poisson retombe lourdementà l'eau devant vos pieds. Le moulinet figures70oet706 est un moulinet seV

i,io. Syn. : Mourjou flavetoun, Nice. — Filzetla,Cefalo mnmio, Verzellata, ital. (le Mulet est plus mince, plus effilé, que le M. à grosses lèvres et le M. doré avec lesquels il habite les côtes de la Méditerranée. Les lignes de ses flancs sont azurées au lieu d'être vertes. L'os sous-orbitaire est échancré. D = 4-1 +8. A= 3 -t- 9. G = 14.P = 17. Y = I + 5. MULETIÈRES. — Soi^te de petites canières (voy. ce mot), de l'arrondissement de Brest. MULLES (MuUus, Lin.). — Acanthoptérygiens . — Tiennent d'assez près aux Percoïdes par plusieurs détails de leur extérieur et de leur anatomie, mais pourraient néanmoins, à eux seuls, for- mer une famille distincte, tant ils offrent de particularités remarquables. Leurs deux dorsales sont très-séparées; tout leur corps et leurs opercules sont couverts d'é- cailles larges et qui tombent facilement; leur préopercule n'a point de dentelures; leur bouche est peu ouverte, faiblement armée de dents. Ils se distinguent surtout par les longs barbillons qui leur pendent sous la symphyse de la mâchoire inférieure. Leur corps est long et peu comprimé, les nageoires peu étendues. Le sous-orbitaire qui est haut et étroit ne couvre point la joue et relève l'œil jusqu'à la ligne du profil, ce qui leur donne un museau rabattu et courbé en dessous. Branchies bien fendues, membrane à quatre rayons. La couleur rouge de ce poisson l'a fait trop souvent confondre sous le nom de Rouget avec les Trigles. (Voy. Rouget barbet vrai, Rouget sur- mi- let.) MULLIERS. — Synonyme de Bauts palis. MULLUS BARBA.TUS. - (Voy. Rouget mulet.) MULLUS SURMULETUS. - (Voy. Surmulet.) MULOTIERS. — Synonyme de Haut palis dans quelques endroits. MUR^NA ANGUILLA. — (Voy. Anguille commu.ne.) MURJENA CONGER-. - (Voy. Co.ngre.) MUR^NA UNICOLOR. — (Voy. Anguille.) MURGRUNDEL. ■ — On appelle ainsi, en Alsace, la Loche d'étang à cause du bruit particulier que ce poisson fait entendre. Traduction, Goujon grondant. (Yoy. Loche d'étang.) MUSC. — Le Musc est la sécrétion naturelle d'un organe que porte une espèce de chevrotain (Mosc/iiis moschiferus., L.), qui habite surtout la Tartarie et la Chine. Le porte-musc est de la grandeur d'une chèvre moyenne et de couleur noirâtre. Il a les jambes de derrière plus longues que celles de devant et deux défenses recourbées en bas et im- plantées à la mâchoire supérieure. La poche qui contient le musc est particulière au mâle et se trouve près du nombril. La matière musquée que l'on rencontre dans le commerce est brune, grumeleuse, plus ou moins molle, d'odeur très-fortement ammoniacale, aux trois quarts soluble dans l'eau qu'elle colore en brun rougeàtre. Cette solubilité explique son utilité, à la pêche, comme à l'appât. MUSC. — Cet ingrédient, si souvent employé pour attirer certains poissons dans les eaux douces, est prohibé en mer (art. 137, l'^'" arrond. =: 143, 2""" ar- rond. = 141, 3""^ arrond. = 127, i""" arrond. = 93, S"*^ arrond.). Tous ces décrets ont copié le même mot les uns sur les autres sans savoir ce qu'ils défendaient po- sitivement. Le décret du 10 mai 1862 étant muet sur ce sujet, reste à savoir si les arrêtés des préfets maritimes renouvelleront la défense générale des articles ci- dessus cités. hamomie qui y est dénommée, est aussi inoffensive que le musc. Tout cela, ce sont des restes du bon vieux temps ! MUSCLÉ. — Nom provençal de la iMoule (voy. ce mot). MUSCLES. — Lesdilïérents mouvements des poissons sont exécutéspar des muscles blancs 53-2 MUSEAU. comme ceux des reptiles. Les muscles sont composés d'assemblages de fibres charnues réunies en paquets, quelquefois rouges, mais le plus souvent blanchâtres et enveloppées d'une membrane com- mune La partie la plus coloiée du muscle forme spécialement cet organe, lu partie blanchâtre re- présente ce qu'on appelle les tendons. Ciiaqnc muscle ainsi compose est susceptible de contraction et de dilatation. En se contractant il se gonfle, se durcit, se i-ide et se ,v\\^\^. Y> c/ < n, ù ^i^ ^v^; ^"f^/ / Fig. 712. — Myologie d'un poisson (Perche). raccourcit; en se dilatant, il s'al- longe, s'aiïaisse, et revient à son premier état di' mollesse. La force d'un muscle dépend en général de la quantité de fibres dont il est armé, et son mouvement, de lalon- gueur ou grandeur relative des mêmes fibres. Il est siiiiple de s'apercevoir que les muscles d'un animal quel- conque doivent extrêmement va- rier dans leurs formes, leur gran- deur et leur position. Les principaux muscles des poissons peuvent se ranger en 8 groupes bien faciles à recon- naître (fig. "12). 1° De chaque côté du corps règne un muscle u s'étendaiit de la tête à l'extrémité de la qneue.il est composé de plusieurs muscles transversaux parallèles entre eux et placés suivant une obliquité variable. 2° 2 dorsaux qui recouvrent la partie supérieure du corps et de la queue, et qui remplissent l'intervalle qui joint les muscles latéraux du 1°. Lorsqu'il y a une nageoire dorsale, les dorsaux sont interrompus à. l'endroit de cette nageoire : donc 4 dorsaux pour I dorsale, 6 dorsaux pour 2 dorsales, S pour 3 dorsales, etc. 3" Les muscles latéraux se réunissent en dessous du corps proprement dit; mais au-dessous de la queue, en arrière de l'anus, ils sont séparés par deux muscles longitudinaux c interrompus et en formant quatre quand il y a une anale. 4° Les nniscles de la tête sont : quatre grands, deux au-dessous des yeux ml, deux sous la mâchoire inférieure. Enfin il faut remarquer celui bc, qui sert à déployer la membrane branchiale et qui s'attache par un tendon particulier à chacun des rayons branchiostèges. 50 Chaque pectorale a deux muscles releveurs placés sur la surface externe des clavicules et des omoplates, et deux abaisseurs placés sous ces mêmes os. 6» Les rayons des dorsales et anales ont, de même, chacune quatre muscles dont Aç,n\ releveurs occupant la face antérieure de l'os qui retient le rayon et que l'on nomme aileron, et deux abais- seurs attachés aux côtés de cet aileron allant s'insérer obliquement derrière la base du rayon qu'ils doivent coucher sur le corps ou la queue. 7» Trois muscles appartiennent à chaque abdominale, celui qui sert à Pétendre couvre la sur- face externe des os du bassin, et les deux abaisseurs partant de la surface interne de cet os. 8» Quatre muscles s'altaclient à la caudale, un droit et deux obliques supérieurs, et un qua- trième inférieur, tous sont très-puissants. Ainsi, en récapitulant sur la figure qui représente la myologie de la Perche [fig. 712), nous trouvons : « moitié supérieure de la grande masse musculaire latérale. — a' sa moitié inférieure, — bc points où CCS muscles se divisent pour la sortie des nageoires pectorales et ventrales, — (/ muscles longitudinaux moyens inférieurs, — /'muscles longitudinaux moyens supérieurs, — g muscles par- ticuliers de la moyenne dorsale, — i muscles particuliers de la moyenne anale. — k muscles par- ticuliers de la moyenne caudale, — // grandes ma.sses communes des muscles des mâchoires, — m muscles de l'opercule et de la V^ intercôte du crâne, — 6 attache des muscles latéraux supé- rieurs, à l'occiput, — y ligne latérale entre la masse musculaire supérieure repoussée en haut. M'USEAtJ. — La tête du poisson étant toujours située à la partie antérieure de l'animal, et le museau étant la portion extrême de la têle, il s'ensuit que la forme de cet organe est une mani- festation des iiULMirs de l'individu auquel il appartient. l^Qmolmuseau proprement dit ne s'applique- rait qu'à la partie de l'animal s'étcndant depuis les yeux jusqu'à l'extrémité des mâchoires; mais dans cet aperçu nous y comprendrons la forme et la disposition des mâchoires, tjui influent absolu- ment sur la forme spéciale du museau. MUTATIONS DE COULEURS. 533 On peut dire que c'est par le museau que les poissons les plus singuliers de forme se révèlent ; témoin les Spatules, l'Espadon ou Poisson-scie, le Malarmat qui l'a divisé en deux ; l'Hippocampe, chez lequel il ressemble grossièrement à une tète de clieval , les Syngnathes ou Poissons-pipes , l'Équille, le Marteau, et mille autres plus bizarres les uns que les autres. Chez la plupart des poissons l'ouverture de la bouche est placée à l'extrémité du museau, mais cette règle soulFre de nombreuses et bizarres exceptions : ainsi, pour ne citer que les plus communs, les Raies, les Roussettes ou chiens de mer, ont la bouche en dessin du museau, mais, par contre, la Vive l'a f?j dessus, regardant le sommet de la tête. La bouche offre encore, chez les poissons, un grand nombre de particularités qu'on ne remar- que pas dans les autres classes d'animaux. Certaines espèces sont pourvues de lèvres qu'elles avan- cent ou retirent à volonté ; cet avantage, commun à la majeure partie des Cyprins et à beaucoup d'autres poissons, supplée à la privation de membres prenants comme la main, et l'usage de ces lèvres rétractiles leur donne la faculté de saisir la proie qu'ils poursuivent, ou de retenir celle qui cherche à leur échapper; cet organe supplée ainsi les membres antérieurs des animaux carnas- siers et les pattes des oiseaux chasseurs. C'est aussi pour arriver au même résultat que les poissons à bouche non protractile, ont ordi- nairement les mâchoires, le palais et le gosier garnis d'une multitude de dents crochues et tournées en arrière, de façon à retenir invinciblement toute proie atteinte par l'animal; ces dents sont ainsi de véritables organes de préhension. (Voy. Nourriture.) MUSELAGE DU SAUMON. — (Voy. PlNCE A SAUMON.) MUSTELLE. — Nom de la Loche franche. (Voy. ce mot.) MUSTELLUS SPINAX. — (Voy. Aiguillât.) MUTATIONS DE COULEURS CHEZ LES POISSONS. — Nous traitons à Poissons rhnngeant de couleurs les singuliers changements qui s'opèrent chez ces animaux, et nous gardons ici les anecdotes suivantes sur les Vérons, extraites de J. Franklin. (( Quand j'étais enfant, au nombre de mes favoris, étaient des Vérons que je conservais dans un bassin blanc et que je nourrissais chaque jour avec des vers et des croûtes de pain. Ayant pris un autre de ces poissons, je l'apportai à la mai- son dans une coquille d'huître, et l'ajoutai à ma collection. L'étranger était d'une couleur plus foncée que mes anciens Vérons. Son beau dos, rayé de noir, le dis- tinguait parmi les autres petits poissons pâles et presque transparents, qui occu- paient déjcà le bassin depuis plusieurs jours. (( Le lendemain matin, quand je portai à mes hôtes la provision de nourriture accoutumée, le Véron noir avait disparu ; je fis une enquête, mais chacun se dé- fendit d'avoir touché au bassin. Je comptai mes poissons, et je trouvai alors qu'il n'en manquait point. Le nombre étant le même qu'il était la veille, mon nouveau venu, mon noir, ne pouvait avoir sauté hors de l'eau. C'était un vrai mystère, lorsque les expériences remarquables de M. J. Starck vinrent me donner le mot de l'énigme. « M. Starck avait conservé dans l'eau un certain nombre de Vérons : ayant, un jour, transporté quelques-uns d'entre eux dans un bassin blanc avec l'intention de changer l'eau dans le vase de verre, où il les tenait d'abord, notre observateur fut frappé d'un fait, c'est que leurs couleurs étaient moins vives que d'habitude. Les taches et les bandes noires étaient aussi beaucoup plus pâles qu'à l'ordinaire. Une réflexion se présente à son esprit, de même que les végétaux blanchissent lorsqu'ils se trouvent abrités de la lumière, ainsi les animaux ne pouvaient-ils point subir, dans certaines conditions, des changements analogues de couleur ? « Il fit une série d'expériences, sur le Véron, l'Épinoche, la Loche et la Perche. En pla(;ant ces poissons dans des vases de différentes couleurs, et en variant la lu- mière qui tombait sur ces réservoirs, il trouva qu'en effet, les couleurs des pois- sons se montraient susceptibles de grandes modifications. Ce n'est pas tout ! après 534 MITATIONS DE COULEURS. que les chaïK'.einenls de nuances les plus décidés avaient eu lieu, les couleurs pouvaient aisément, etenun temps très-couri, être restituées à leur éclat et à leur beauté originelle. «Le 20 juin, deux A'érons furent placés dans une aitiuière de faïence blanche. Leurs couleurs étaient très-vives, le dos était d'un brun noir, la partie supérieure des côtes était marquée de barres noires sur un champ d'argent, avec des reflets violets et dorés. Le lendemain, il trouva les poissons presque incolores, le dos était d'une légère teinte de sable, les barres sur les côtes avaient entièrement disparu, les flancs et le ventre étaient presque d'une seule couleur, son blanc argenté avait une légère nuance de bleu. « Le 28, le corps des poissons parut légèrement translucide, de sorte qu'on pouvait distinguer clairement sur le dos les racines du muscle, aussi bien que le vaisseau qui les intersectait. Le museau et le sommet de la tête étaient aussi transparents qu'à l'ordinaire. Le lendemain, ils furent replacés dans le vase en verre, autour duquel M. Starck avait étendu un mouchoir de soie noire. (( Le 30, il enleva ce mouchoir, plaça le globe sur un drap noir et l'exposa à la lumière, mais non à portée des rayons du soleil. Après avoir été exposé quelques heures ;\ l'action du jour, les poissons avaient repris beaucoup de leur couleur ori- ginelle. M. Starck les remit alors dans l'aiguière blanche, quelques heures après ils avaient reperdu leurs couleurs, ils étaient entièrement pâles et d'une teinte sa- blonneuse ; ils restèrent dans cet état, sans aucune variation, environ une se- maine ; l'aiguière était tenue tout le temps dans un coin obscur de l'appartement. « Le 17 juillet, les Vérons furent transvasés dans une jarre de terre vernie. En cinq minutes, les taches noires commencèrent à reparaître sur le dos et, en moins de quinze minutes, les poissons avaient perdu leur transparence. Cinq heures après, les Vérons se montraient d'un gris marbré et d'une couleur brune, avec les na- geoires d'une teinte bleue. Le 18, les nuances du dos tournaient au noir, si bien qu'on les distinguait difficilement de la couleur de la jarre ; les nageoires étaient pourprées et inclinaient vers le bleu. On laissa les Vérons tranquilles jus- qu'au 21 ; alors on couvrit intérieurement le fond de la jarre et les côtés, à la hau- teur de 2 pouces, avec des feuilles d'étain ; puis on replaça les poissons dans la jarre, et on les laissa, comme auparavant, dans l'ombre. a Le lendemain on observa qu'un des Vérons, qui s'était tenu au fond du vase près des feuilles d'étain, avait beaucoup perdu de sa couleur noire. Son dos se montrait d'une nuance bleuâtre qui passait à l'argent sur les côtés, sans aucune ap- parence des bandes obscures. L'autre Véron qui s'était tenu en haut sur le côté de la jarre qui n'était point recouvert d'étain, avait, au contraire, conservé sa couleur et ses marques originelles. On enleva alors les feuilles d'étain, et en quelques heures les deux poissons se montrèrent, comme auparavant, colorés, l'un et l'au- tre, en noir. « On laissa les deux Vérons dans cet état jusqu'au 3 août, époque à laquelle on jeta dans la jarre d'autres poissons de la môme espèce ; ils étaient tous d'une cou- leur uniforme, noirs sur le dos, avec des bigarrures noires et des reflets dorés sur les côtés ; les mômes changements, que nous venons de décrire, se succédèrent sur ces nouveaux venus ; mais dans tous les cas, le ventre retint son aspect ar- genté. ((Toutes ces expériences avaient été faites dans un coin obscur de la chambre; on en répéta de semblables dans une autre partie de l'appartement, parfaitement NAGEOIRES. 535 éclairée, mais non exposée aux rayons du soleil ; enfin, on transporta le théâtre des observations sous les rayons du soleil. (( Dans tous les cas, les résultats furent les mêmes, à savoir que ces animaux prenaient la couleur du vaisseau dans lequel ils étaient placés. Dans les vases en verre exposés à la lumière, peu de changements de couleur eurent lieu, quoique, aux différentes périodes du jour, et chez des individus différents, on observât à un certain degré, des modifications dans l'éclat des nuances. « N'est-ce point là un fait merveilleux, que de voir des animaux subir un tel changement, chaque fois qu'ils passent d'un milieu dans un autre, et cela avec une telle rapidité, en quelques heures, quelquefois même en quelques minutes ! » Il parait évident d'après ces curieuses expériences, que ces poissons et beau- coup d'autres, tels que la Perche etl'Rpinoche, — peut-être même tous les pois- sons de mer, de lacs et de rivières, — possèdent la faculté d'accommoder leurs couleurs à la couleur du lit des eaux dans lesquelles ils se rencontrent. Gom- ment ne pas chercher maintenant la raison de ce fait ? Ces créatures trouvent, dans la propriété qu'elles ont de s'ajuster à l'aspect de leur habitation, de s'assimiler à la couleur des lieux, une protection contre les attaques de leurs ennemis. Quoique ce phénomène ne soit pas encore expliqué, il se produit, sans doute, sous l'action de la môme cause qui détermine les change- nients de couleurs chez le caméléon, lequel ne peut, dit-on, être découvert quand il rampe sur les feuilles des plantes, parce qu'il est alors d'une nuance semblable à celle de ces feuilles elles-mêmes. N NAAS. — Nom du Nase en Alsace. — (Voy. Nase.) NABL.O. — Nom de l'ablette en provençal. Département de la Vaucluse. — (Voy. Ablette.) NAGEOIRES, — Les Nageoires sont les organes locomoteurs des poissons. Elles sont supportées par un nombre variable d'os appelés rayons qui divergent comme les branches d'un éventail, ou sont parallèles comme les arêtes d'un paravent. Elles forment ainsi une longue rame que l'animal dirige à sa volonté et suivant le besoin. On appelle Nageoires pectorales celles qui sont situées auprès de la tête des poissons, dans le voisinage des branchies ; ventralas, les deux de derrière situées plus près de la queue. Ces deux systèmes d'organes sont patV^, c'est-à-dire également disposés suivant la ligne médiane du corps, un d'un côté, l'autre de l'autre. La position de ces Nageoires ventrales vis-à-vis des pectorales est très-variable et forme un des caractères les plus tranchés pour diviser les grands groupes naturels de poissons. Placées en arrière des pectorales, elles distinguent avant tout les poissons abdominaux. Placées en dessous, près des pectorales, elles séparent le groupe des Subrachiens ou thoraciques. Quelquefois elles sont en avant des pectorales, et alors elles sont dites jugulaires. Les Nageoires impaires sont situées sur la ligne médiane du corps; ce sont les dorsales dont le nombre varie, Yanah, près de l'anus à l'extrémité de l'abdomen, et la caudale qui termine le corps du poisson. Les Nageoires des poissons sont mues par l'ensemble de soixante-neuf muscles et commandées par un système de nerfs aussi nombreux que les artères capillaires. C'est à la complication de cet ensemble que l'animal doit sa flexibilité et ses mouvements variés et souples. 536 NARINES. Quelques poissons ne possèdent pas de Nageoires, ils sont dits apodes. La consistance des Nageoires fournit aussi la matière de distinctions générales. Durs, acérés, les ray m distinguent les Acanthoptéryfjien^i, les Mn/acoptérij^iens, les Chon- droptéryqiens . En considérant les Nageoires des poissons d'une manière générale, on reconnaît qu'elles ont dilTérents emplois et qu'elles peuvent se classer en plusieurs divisions, comme : Organes de propulsion placés à l'arrière. — Caudale. Organes de transfonnation, placés à l'avant et en dessous de l'animal.— l'ectorales et ventrales. Organes dCéquilibre (supérieur et inférieur). — Dorsale, anale. Organes de station terrestre. — Pectorales, ventrales et caudale. Organe de station liquide. — Dorsale. Il faut remarquer dans tout ce qui se rapporte à l'équililirL' des poissons, qu'ils n'éprouvent pas dans leur milieu un frottement sensible. En effet, leur corps ayant peu de densité de plus que celle de l'eau, les poriions supérieures de leur corps les plus volumineuses, en général, étant sou- tenues presque entièrement par le liquide, n'exercent presque pas de pression sur les inférieures, et l'animal n'ayant à contre-balancer que l'effort d'une pesanteur minime, n'a besoin de déployer que très-peu d'efforts. Remarquons que presque tous les poissons de mer, vivant dans un milieu plus dense que les poissons d'eau douce, acquièrent une chair plus dense, plus pesante, mais aussi plus hui- leuse. La grandeur et le nombre des Nageoires influent sur la manière de vivre des poissons, ou plutôt sont combinées par la nature en vue du résultat qu'il faut obtenir et de la manière d'étr3 de l'animalauquel elles sont attachées. Aussi nous voyons les poissons tels que les Goujons, Carpes, etc , qui vivent au milieu des tranijuilles eaux des étangs ou des rivières paisibles, n'avoir qu'une na- geoire dorsale moyenne. Au contraire, ceux qui doivent lutter contre les courants rapides, remonter les fleuves, comme les Saumons et les Truites, en ont de plus considérables, portent une caudale échancrée et vigoureuse. Certains poissons de mer ont jusqu'à trois dorsales, on les trouve au mi- lieu des eaux dans les plus grands fonds; d'autres, moins bien doués sous ce rapport, quoique appartenant à la même famille, ne quittent pas le rivage ou les anses tranquilles. Quoi qu'il en soit des rapprochements que l'on peut essayer de faire entre les mœurs des espè- ces différentes et la grandeur ouïe nombre de leurs nageoires, on s'aperçoit bien vite, à la quantité d'exceptions qui s'élèvent, que la loi de ces rapports nous est absolument inconnue. Des poissons sédentaires se montrent fortement munis et ne développent que des mouvements lents et de peu de durée, exemple : la Tanche. Des poissons très-rapides portent des nageoires qui semblent insigni- fiantes et présentent une aptitude curieuse à une natation perpétuelle ; exemple : l'O/p/ue. Ces deux exemples pris parmi les plus connus pourraient être bien plus caractérisés encore, si l'on recourait aux espèces à conformation bizarre. En somme, la truite est beaucoup moins bien munie que la Carpe, pourquoi la devance-t-elle à la course? Pourquoi part-elle comme le trait décoché par le sau- vage? La Perche a plus d'ailes que leBrochet,pourquoi ne va-t-ellepas aussi vite? Le Dard qui passe comme l'éclair, n'a pas plus de nageoires, comme nombre et comme surface, que le Gardon qui n'est pas doué d'une marche remarquable : il en a peut-être moins. Pourquoi va-t-il plus vite.^Nous ne savons rien de tes curieuses ([uestions de statique, et mal- heureusement, elles ne sont rien moins que commodes à étudier. NANCE. — Synonyme (le .Xasse. — (Voy. ce mot.) NANÇOIRE. — Nom (le l'e.spèce de Nasse qui s'adaple au sommet de la poche du Vanel {fig. 713). — (Voy. Nasse, Vanel, et Truite des lacs, à l'article NAPPE. — l'ilet intérieur à petites mailles du Tranuiil. — (Voy. ce mot.) NARINES. — Chez les poissons en général, les Narines sont de simples fossettes creusées O LU O t— O Q O f'i''sffs'^:!^s?!?!!^^!^tm^msi^^mi^^^^^^^^^mm I NASE. 537 CanailCUieS JOIIglluuiii/. 725, 726). Pour les filets ordinaires on les fait en bois lé- gers, tels que le fusain, le coudrier, le saule, le peuplier, etc. (Voy. ces mots.) Ces navettes se terminent à l'une de leurs extrémités {fuj. "iTl) en pointe moyen- nement aiguë, et dont tous les angles sont arrondis et polis, afin qu'elles ne puis- sent ni accrocher ni couper le fil. Fia. 726. — Xavetto en for, à pince. ,t n • i i ' • i ' ' Cette pomte est evidee à l'intérieur formant une sorte de fenêtre à jour, au milieu de laquelle on ménage une languette qui monte aux deux tiers de l'échancrure. L'extrémité de la na- vette opposée à la pointe est entaillée d'un centimètre, soit en carré, soit en rond, de ma- Fin. 727. — Navette en bois. •> , i -, ^ niere qu une plus grande pro- vision de fil puisse être enroulée autour de l'instrument. On évide quelquefois les côtés latéraux de la navette, de manière qu'elle passe plus facilement dans les mailles et entre les doigts. Celles que l'on construit en matières moins flexibles que le bois, mais plus glissan- tes, telles que l'ivoire et l'os, ne sont pas évidées, car elles deviendraient trop fragiles , leurs côtés restent droits. Les plus grandes navettes ont environ O'",2o de longueur sur00"'',007 à 0^,008 d'épaisseur. On en emploie cependant jusqu'à 0",''iO de lon- gueur. Celles de 0'",15 servent à raccommoder les filets fins. Pour couvrir.de fil la navette, on met l'extrémité de celui-ci près de la lan- guette, on fait un tour autour d'elle, on le ramène vers le talon, pais, tournant la na- vette sur l'autre face, on remonte le fil que l'on fait passer, en y formant une petite anse, autour de la languette. On redescend vers le talon, on passe dessus, on retourne l'aiguille sur l'autre face, on retourne le fil vers la languette, et ainsi de suite. Lorsque les navettes sont en bois flexible, on facilite beaucoup ce pelotonnage en appuyant le pouce de la main gauche sur la languette, de manière à en faire ressortir un peu la pointe du côté où l'on veut faire passer le fil par-dessus. NÉFLIER (Scions en). — (Voy. Perche ou Canne a pêche.) — Cet arbre four- nit de bons scions, suivant le vieil Isaac Walton; nous ne nous en sommes jamais servi ; c'est ua essai à faire et intéressant. Le Néflier [Mespilus Ge)ui(niiçus, Lin.) est un arbrisseau qui semble pousser toujours tortu; nous ne savons comment notre vieil auteur y trouve des rejets pro- pres à faire des scions, h moins que ce ne soit dans de jeunes rejets. Tout le monde connaît les grandes feuilles cotonneuses du néflier, ses fleurs rosées, grandes et so- litaires au bout des l)ranclu\s. Son fruit est la nèfle. Fig. 728. — Navette en huis ou en os, à pince. NŒUD ANGLAIS. 541 NÉGACHIN. — Nom provençal du JXogafol. — (A'oy. ce mot.) NÉGAFOL. — Polit bateletplat servant, dans le Languedoc, pour la pêche au Globe. — (Voy. Globe.) NEGRA (JRaja). — (Voy. Raie nègre.) NÈGRE (Raie). —(Voy. Raiis, § ). NEPHTHYS DE HOMBERG (Nephtys Hombergii , Cuv.). - Genre d'Annélides errants, famille des Néréidiens, tribu des Non-lentaculés. Cet Aunélide est d'un blanc argenté et irisé tirant sur le rose. Sur la partie médiane, on re- marque une ligne rougeàtre, tandis que le fond est d'un jaune plus foncé que le reste du corps. Les branchies sont rouges. Cet Aunélide vit dans le sable du rivage de la mer, comme les arénicoles, et, de même que celle-ci, dit Audouin et Edwards, il est souvent recherché par les pécheurs pour servir d'appât. Aux environs de Saint-Malo, on le connaît sous le nom de Chalte. Ses mouvements sont très-vifs, et la manière dont il creuse le sol pour s'y enfoncer est assez curieuse. C'est sa trompe qui, à cet effet, lui sert de tarière. Si l'on place un de ces Nephtys sur la surface du sable dont on vient de le retirer, on le voit chercher, en tâtonnant pour ainsi dire, un point convenable pour y commencer sa galerie. Lorsqu'il en a fait choix, il y enfonce un peu sa tête et déroule tout à, coup sa trompe qui pénètre dans le sol en le refoulant. Sa trompe ainsi complètement sortie, il ouvre l'espèce de lèvre qui en compose l'extrémité, et, saisissant le fond du trou en retirant sa trompe, il avale d'une bouchée toute la portion de sable à laquelle il était en quelque sorte accroché. A l'aide de ses pieds il se soutient dans le tube et recommence^ avançant ainsi assez vite pour miner le sol à 0°',.30 en quel- ques minutes. Ce doit être la Gravette ou Pelouse de la plupart de nos cotes sablonneuses. NEREIDES (Nereis, lîlaiu.). — On donne ce nom à un genre d'Annélides errants (voy. DoRsiBRANC'iEs) à brancliles molles on rudimentaires, à soies bilatérales sur tous les anneaux du corps fort nombreux et tous semblables, qui compose ordinairement la 4^ famille. Ce sont des vers marins auxquels on donnait autrefois le nom de Scolopendres de mer, et qui vivent sur les côtes plus ou moins au large dans les trous des rochers ou des pierres qui en ont été détachées, dans les co- quilles vides de mollusques, dans le sable, dans la vase, et dont plusieurs espèces sont très-recher- chées des pêcheurs pour amorcer leurs hameçons. Parmi les Néréidiens, les uns ont des mâchoires, les autres en sont privés, mais tous sont dé- pourvus d'élytres et ont, comme nous venons de le dire, les p;eds similaires. La plupart portent des antennes et des cirrhes tentaculaires. Les branchies sont molles ou peu développées, en forme de petites languettes, de mamelons ou de lobes charnus. Les genres qui composent cette famille sont très-nombreux, il faut y remarquer les genres : Cycastis, Aricie, Glycère, Myriane, Syllis, Nephtys, etc. Ce dernier contient la Gravette et ses va- riétés. (Voy. Nephtys de Homberg.) NERVEUX (Système). — (Voy. Système nerveux.) NEZ. — (Voy. Squale-nez.) NIGER (Gobius). —(Voy. Gobie commun.) NŒUD ANGLAIS. — (^oy. LiGNB.) — Le nœud anglais sert à assembler les différentes parties d'une ligne et offre surtout les avantages suivants : 1° les deux parties tirent droit l'une sur l'autre, sans former un redoublement de la ficelle qui pourrait les couper; 2° ce nœud se fait très- facile- ^.=,^,,^0^ _^ ment et vite; 3° on peut le faire pour rattacher les 3 n ^^,,..=&^^^^^^>, deux parties d'une ligne brisée, sans être obligé de ^ï^ „ . , , r ■ . r 1 1 1 ,, Fia. 7"29. — Nœud aiislais ouvert. faire passer aucune des extrémités dans le nœud. Ce dernier avantage est grand quand on pêche avec des poissons vifs ou des esches qui, par leur volume, forceraient à faire un nœud d'une trop grande dimension. On exécute ce nœud {fïg. 729) de la manière suivante : on place les deux fils l'un sur l'autre DE, NN, les deux bouts opposés, puis avec le bout E on fait un nœud simple autour de NN, et avec le bout N on fait un nœud simple autour de DE On tire sur chaque partie, les deux nœuds D et N se rapprochent l'un de l'autre 542 NOEUDS DE PÊCHEUR. et tiennent Ircs-solidement, pourvu que l'on ne coupe pas les bouts ras les nœuds. La seule précaution à prendre est que les nœuds D et E soient parallèles pour bien s'appliquer l'un sur l'autre (fig.l'SO); s'ils étaient symétriques, il faudrait en recommencer un à l'envers pour le faire paral- Fig. 730. — Nœud anglais fermé. lèle. Fig. 731. — Nœud d'empilé sur une baufTe d'attache et de càblière. NŒUDS DE CABLIÈRES. — Il est important pour un pêcheur de savoir faire les nœuds dont il a besoin chaque jour, d'autant plus qu'à chaque instant de la vie, cette connaissance trouve une heureuse application en dehors des choses de la pêche à la ligne. Les nœuds de càblières résolvent le pro- blème d'attacher une corde plus fine, soli- dement et sans glissement, sur une corde plus grosse et courant à angle droit de la plus mince. Nous avons fait dessiner plusieurs de ces nœuds dont les détails sont faciles à comprendre. La manière d'apprendre à faire un nœud, c'est de l'essayer soi-même avec un bout de corde : on le manque plusieurs fois, mais avec un peu de patience on se crée une manière de réussir que l'on n'oublie plus. La figure 731 représente le nœud d'attache A d'une empile, sur une baufTe B. Ce nœud se fait très-facilement en suivant attentivement la figure. La figure 732 îàil voir im autre nœud d'empilé C sur la bauffe et en D la manière d'attacher la cà- blière E à la corde qui doit la maintenir. Le nœud D nous semble beaucoup moins solide que celui F {fig. 733) qui est une espèce de nœud d'artificier, le- quel, une fois serré, ne se desserre pas seul. Laméthode(^^.733)esttrès-simple,toutlemonde la connaît : on a une boucle au bout de l'empile F, on passe celle-ci dans la boucle autour de la maîtresse corde et on tire. xMais ce nœud glisse et change de place, il n'est bon que quand les deux i)ranches du nœud compren- nent entre elles un nœud simple fait à la corde maîtresse : ce qui indique qu'elle ne peut elle-même être très-grosse. On peut également faire un nœud simple à droite et à gauche. La figure 734 indique un nœud croisé G qui ne glisse pas, et la figure 73a un nœud à corde double A qui est très-solide ; on l'empêche de fuir, et de quitter la bauffe B, en termi- nant les deux bouts de l'empile, réunis par un simple nœud. D est une espèce de coulant, ou nœud d'artificier pour serrer la c;\blière et l'empêcher de s'échapper. On doit la choisir ou la faire dans la forme de DE {/ig. 732). NŒUDS D'EMPILAGE. — (Voy. EMPILAGE.) NŒUDS DE PÊCHEUR. — Voici encore des nœuds qui ont leur utilité journalière et qu'il faut savoir : Les figures 736 et 737 représentent le même nœud vu par devant DS et par derrière CR. Il sert h attacher une boucle CD d'empilé à l'extrémité d'une ligne fixe SR, car nous savons que pour la pêche ordinaire on peut se servir de la Fig. i\œud de l'empile à boucle. Fig. 731. — Nœud croisé d'empilé sur la bauffe. Fig. 731t. — Xifud croi d'artificier pour les c; blières. NOEUDS DE PÊCHEUR. 543 Fig. 736. Vu par devant. Fig. 737. Vu par derrière. Nœud du pêcheur pour attacher une boucle d'empilé à l'extrémité' d'uiie ligne fixe. demi-clef. (Voy. ce mot.) Ces nœuds sont des nœuds fixes : on les emploie pour ral- longer des empiles d'hameçons au moyen de cordelettes de soie filée, pour con- struire les jeux, les pater-noster, les grelots, etc. La figure 738 représente l'attache d'une empile métallique B comme celles des lignes à Brochet pour l'eau douce et la plupart des poissons de mer. Tous ces noeuds se font très- facilement, en suivant attentivement la forme indi- quée en détail dans ces trois premières figures. Les figures 739, 740 et 741 indiquent le nœud de ligne spécialement appelé nœud de pêcheur. Il sert à réunir toutes les parties des lignes de crin et d'autres matières ; c'est lui qui l'ait le fond de tous les nœuds que doit savoir faire le pécheur à la ligne, car, pour lui, il faut qu'un nœud scùt non-seulement solide et peu apparent, mais encore qu'il ne puisse jamais glisser et ne laisser dans la main du pêcheur qu'une moitié de la ligne et la gaule, tandis que le poisson emporterait l'autre avec l'hameçon. Il faut, de plus, que les nœuds ne laissent pas dépasser de bouts qui tendraient à accrocher la ligne et à la mêler à chaque instant. Un seul nœud répond à tout cela et nous a semblé — bien des fois — un chef- d'œuvre de simplicité et de perfection. Pour le faire, on prend les deux extrémités de fil à réunir A et B, et on les place comme dans la figure 739, c'est-à-dire em- piétant lune sur l'autre de0'°,07 à 0^,08. Maintenant, prenant les deux fils à la fois de la main gauche en B, on fait avec les deux autres bouts A, C une boucle dans laquelle on passe deux fois les deux bouts A et C ensemble, ce qui donne la figure 740. En un mot, c'est un nœud simple dans lequel on passe une seconde fois, serre le nœud N {fig. 741), en tirant sur les quatre bouts à la fois et bien également et il devient R de la figure : c'est-à-dire un petit rouleau mince et en fuseau {fig. 742). On coupe les deux bouts dépassant assez ras ; le nœud est parfait, et rien ne s'échappe. Il faut ici faire quelques remarques : si les deux extrémités que l'on attache sont de grosseur très-différente, comme un margotin de 12 crins et un brin de florence, il faut apporter la plus grande attention à la manière dont le nœud est fait, et surtout serré glissera pas. En second lieu, le nœud n'est bien fait qu'à la condition que quand il sera serré, aucune des spires n'em- piétera sur l'autre. Le nœud n'offre que l'incon- vénient d'être obligé de faire pas- ser toute la ficelle C dans le nœud N, et si celte ficelle a plusieurs mètres de long, porte un bouchon, du plomb et des hameçons, ce n'est pas toujours une chose facile. Aussi, quand on veut rattacher une ligne cassée dans son milieu, vaut-il beau- coup mieux se servir du nœud anglais. (Voy. ce mot.) Fig. 738. — Attache d'une empile mé- tallique à l'extré- mité d'une ligne fixe. Ceci fait, on Nœud lâche. Fig. 741. — Nœud serré. pour être sur qu'il ne Fig. 742. — Nœud du pécheur fait entre margotins de vingt crins. 544 NŒUDS DES FILETS. Fig. 743. — Clef pour fixer ia ligne CFl) sur l'empile à boucle, florence, devant et derrière du nœud. Fig. 744. — Denii-cicf sur une empile métallique. pouce. On emploie (gaiement, quand on ne .sait pas mieux, le nœud de tisserand pour at- tacher les lignes; mais il oflre de nombreux inconvénients, entre autres celui d'avoir Il deux bouts saillants en cornes que l'on ne peut couper ras sans que le nœud s'échappe. Le nœud ordinaire de tout le monde coupe la flo- rence et le crin serrés par les deux bouts. Il vaudrait mieux ap- prendre à faire le nouid de pêcheur, c'est l'affaire de cinq minutes et de la plus légère attention. NŒUDS DES FILETS. — Il existe deux manières de former les nœuds des filets : 1° Le nœud sur le pouce, qu'on emploie pour les ^andes mailles des hcmieaux (voy. ce mot), et pour les réparations des au- tres filets; 2° le nœud sous le petit doigt, qui sert pour toutes les espèces de filets ordi- naires. 1° Nœud sur le pouce. — Après avoir passé l'extrémité ADG de la navette dans une boucle fixée à un clou à crochet, on place le moule sous les deux branches du fil et on les maintient avec le pouce {fig. 743). On fait alors faire au 111 B,C,D, la ré- volution DEF par-dessus la main, on passe la navette sous les deux branches pri- mitives, et par-dessus le fil EDB, puis on serre le nœud en le maintenant avec le pouce. C'est ainsi que l'on commence un filet par un rang de ces demi-mailles nommées pigeons qui forment la levure. Voici comment s'exécute ce rang de pi- geons. Après avoir fait un nœud simple N à l'extrémité du fil BA et avoir passé celui-ci dans la boucle Z sur laquelle on ourdit le filet, on ramène le nœud et le fil sur le moule tenu entre le pouce et l'index de la main gauche, et on les y maintient solidement avec le pouce. On fait aiors faire au fil BCD, la révolution EF, par-dessus la main et l'on passe la navette par- dessus les deux branches AB et CD, en faisant bien attention de la faire sortir par dessus le fil DEF. On tire alors le fil pour serrer le nœud, lequel embrasse les deux branches du premier pigeon au-dessus du nœud simple N. C'est lui qu'on voit en DE (//roc(if/és' de lapêclie àla ligne s'appuient ^sur cette propension décidée, sans laquelle les moyens de capture de l'homme se réduiraient aux filets qui ne vont pas partout, il s'en faut beaucoup, 35 546 NOYER. NOURRITURE DES VERS DE TERRE. — Noiis avons trouvé dans le livre de Th. Barker QQv'A en anglais, en IGol, quelques recelles curieuses, entre autres celle qui suit. Après avoir recommandé de faire provision de vers de terre rouges à nœud, comme le meilleur pour la pêche avec le ver cannelé (voy. Ackées), il indique de les mettre dans un pot de terre vernissé, sur une couche de mousse bien fraîche et le plus verte possible. Là, les vers commencent par maigrir : il s'agit de les nour- rir alors pour leur donner de la force et pour qu'ils résistent longtemps à l'eau. (( Afin de les rendre vigoureux et gras, dit notre vieil auteur, il faut prendre un jaune d'œuf, huit ou dix cuillerées du dessus de lait frais, puis mêler parfaite- ment ensemble dans un bol el chauffer légèrement le mélange jusqu'à ce que vous le voyiez cailler. Otez alors du feu et laissez refroidir. Lorsque le mélange est froid, prenez-en une cuillerée et la mêliez, goutte par goutte, sur la mousse dans le pot, chaque goutte étant à peu près de la grosseur d'un petit pois, et changez la mousse deux fois par semaine en été, une fois en hiver. Yous pouvez conserver, par ce moyen, vos vers gros et bien portants pendant plus d'une année. NOVEMBRE. — (Yoy. CALENDRIER DU PÊCHEUR A LA LIGNE.) NOYER. — (Voy. Confection DES cannes.) Le Nover, en sa qualité de bois doux, liant et flexible, sert à faire les bas de •cannes les plus recherchés. Comme il se polit admirablement, rien n'empêche de le revêtir d'un vernis qui augmente la durée et en môme temps la beauté d'une canne faite avec soin. Je sais bien que ce luxe est blâmé par un grand nombre de pêcheurs qui regardent la rusticité des appareils comme une garantie de l'habileté de celui qui les emploie. Je me permets d'être d'un avis tout à fait opposé à celui-ci. A la pêche — comme à la chasse — ce n'est pas le plus luxueux appareil qui — forcément— ap- porte le plus de gibier, mais ce n'est pas une raison pour nier qu'à égale adresse le mieux monté ne doive forcément l'emporter sur l'autre. Ce point nous suffît. Sans faire étalage de luxe, nous recommandons aux pêcheurs soigneux un certain res- pect de leurs outils qui les portera à les embellir autant que possible, non aux dépens de leur solidité ni de leur commodité, mais dans le but d'assurer et d'augmenter, s'il se peut, l'une et l'autre. C'est ainsi que tout en recommandant l'emploi du Noyer, du Hickory, du Bam- bou, nous ne proscrivons pas celui du simple Roseau; bien au contraire, nous le re- commandons presque partout, quand on voudra posséder une canne mince, solide, légère et résistante. Ainsi nous dirons toujours au pêcheur : Ayez soin de monter vos cannes à doubles viroles de cuivre et à épaulement, c'est la seule monture so- lide, mais en même temps, nous lui dirons : Yernissez au vernis noir toutes vos viroles de cuivre poli et brillant : au bord de l'eau trop briller nuit, trop parler cuit!... Soyez muet et invisible : passez comme l'ombre et le silence. Le Noyer présente un défaut, c'est son poids : aussi ne le recommandons-nous que pour le bas de la canne : il portera la lance d'acier qui sert à fixer l'instru- ment enterre, et le moulinet, l'espoir, la ressource suprême du pêcheur en danger. Ce pied de ligne sera fait en bois de cœur, bois de fil, sans nœuds : on le vernira au tampon après l'avoir poli, et, par son aspect veiné, il rappellera au chasseur la crosse de son fusil de prédilection, crosse de pêche ou crosse de chasse, l'un vaut l'autre, et toutes deux sont chères au campagnard qui sait s'en servir. NOYER BLANC D'AMÉRIQUE. — (Yoy. HiCKORV.) NOYER UN POISSON. 547 NOYER UN POISSON. — Lorsqu'on pêche avec allention, il faut toujours avoir soin que le corps de la ligne et la monture de l'hameçon, surtout, soient les plus fins possibles, parce qu'il est avantageux, avant tout, de les soustraire aux regards défiants des poissons un peu gros. Mais, par contre, plus la ligne est fine, plus il est difficile de se rendre maître du poisson qui a mordu. Si l'on voulait relever une semblable ligne aussitôt après avoir ferré, le poids du poisson et la résistance dans l'eau la feraient ployer à tout rompre; il faut donc se garder, en ce moment, de laisser la canne horizontale, formant une ligne droite avec le fil, de lui à la main du pécheur, car c'est la seule position dans laquelle l'élasticité de la canne, du scion, et de la ligne soit nulle, et si une secousse du poisson rencontre une résistance absolue, il faut, de deux choses l'une, ou que la ligne se brise ou que la blessure s'agrandissant l'hameçon sorte. Il arrive souvent, dans un cas semblable, que ce n'est pas l'hameçon qui s'arrache, mais une partie de la mâchoire de l'animal qui se déchire, et celui-ci n'en est pas moins perdu. Rarement le fer de l'hameçon se casse, mais cet accident n'en dénoue pas moins fatalement la lutte quelquefois. Il est donc important, dès qu'un gros poisson est accroché, de se hâter de re- lever la canne avec le poignet sans autre mouvement du bras, puis d'amener la canne à faire, avec la surface de l'eau, un angle d'au moins 4o", souvent même il y a avantage h outrer ce mouvement et à ramener la canne dans une position pres- que verticale. Le scion oppose alors toute son élasticité aux secousses, et la dé- fense du poisson, au lieu de s'exercer sur un point résistant, s'anéantit à faire dé- crire à la canne une courbe plus ou moins prononcée. Bien entendu nous ne parlons ici que d'une canne simple, non munie d'un moulinet; car dans ce cas la manœuvre change, mais elle revient toujours, comme dernier acte, à celle que nous essayons de décrire. Le relèvement vertical de la canne a forcé peu à peu lé poisson à se rappro- cher du pécheur, c'est alors qu'à fleur d'eau, il ruse, il se débat, il joue sa vie avec une audace, une ardeur et une adresse qui dépendent de son âge, et par conséquent de sa grosseur. Tout à coup il se calme, mais c'est pour recommencer ses sauts avec une plus grande violence. Il n'était pas vaincu, il était seulement fatigué, c'é- tait un peu de repos qu'il cherchait pour se défendre encore. Cette première bataille n'est souvent pas décisive, le seul moyen qu'elle le devienne, c'est de bien se garder de changer la position ployante de la canne, si le fil résiste, tout est bien. Il ne faut cependant pas oublier que le poisson, plongé dans l'eau, est beaucoup moins lourd que quand il en sera sorti : c'est donc ici le moment de ne pas s'éloigner de l'Épuiselte, qui, comme le Deus ex machina, dé- nouera l'aventure victorieusement pour le pêcheur. La lutte sera courte maintenant; la victime fatiguée se laisse aller sur le fleuve : voici le moment de la noyer, ce qui semble une singulière expression, quand il s'a- git d'un poisson. Nous, nous nous noyons dans l'eau, lui, nous allons le noyer dans l'air ! Certains poissons existent cependant pour lesquels ce genre de noyade est im- possible, leur conformation — différente de celle des autres, — leur permettant un assez long séjour hors de l'eau sans en être incommodés. L'Anguille est de ce nombre ; aussi se monte-t-on solidement pour la pêcher, et, quand elle est prise, la tire-t-on d'autorité sur la rive. Il est temps de faire sortir de l'eau la tête de la proie suspendue à la ligne, afin que le liquide et l'air entrent simultanément dans sa gueule forcément entr'ou- 548 NOYE II UN POISSON. verte. A chaque aspiration le poisson humera de l'air que ses branchies ne sont pas fiiites pour supporter, et l'asphyxie s'ensuivra, non de suite, mais peu à peu. 11 est bien rare que le poisson atteint ainsi dans son organisme, ne se ravive pas une dernière l'ois jjour essayer, au moyen des plus violentes secousses, de recouvrer sa liberté. Il le lail, non plus par des efforts raisonnes, mais par des sauts convul- sifs, plus dangereux peut-C'tre, parce qu'ils ont toute l'énergie du désespoir. Cette lutte est la dernière : il faut y garder lout son sang-froid, si la ligne résiste, le scion aussi, tout est fini : fatigué, épuisé, demi-asphyxié, le poisson reste sur l'eau comme une masse inerte que l'on rapprochera doucement du ])ord où l'Iipuisette, passée adroitement par-dessous, le fera mouler. Heureux moment pour le pêcheur adroit !... Ouand il s'agit de se servir de l'Épuisette, il faut prendre de la main gauche la canne que l'on tient ordinairement dans la main droite, et se tenir prêta lâcher en- core au poisson s'il reprenait courage, ce qui lui arrivf' quelquefois à l'approche du petit filet; certains poissons, comme la Truite, le lîarbillon, le Brochet, com- battent jusqu'à la mort. Surtout, pêcheur, ne saisissez jamais, à la main, la ligne quand le poisson est au bord, le moindre effort de sa part sur un fil court et non extensible comme celui-là, vous ferait perdre à coup sur votre capture presque assurée. Enlevez-le avec la canne si vous n'avez pas d'Épuisette et si la rive est élevée. Si elle est basse, tachez de lui passer un couteau ou un petit bout de bois dans les ouïes, et tirez à vous. Si vous n'avez à votre portée que le fd de la ligne, il faut tout risquer, mais doucement et avec prudence. La brusquerie ne faisant qu'augmenter vos chances défavorables, quoique vous fassiez, vous ne pourrez anéantir le poids de votre cap- ture, c'est lui qui reste votre ennemi, puisque vous êtes devenu maître des forces du poisson. Une fois le poisson dans l'Épuisette, vous pouvez respirer... Ce que votre émo- tion ne vous aurait guère permis de faire ! Enveloppé d'un fdet, le captif ne peut trouver sur les mailles un point d'appui suffisant pour sauter dehors; il est pris, et bien pris ! C'est alors qu'il faut se servir du dégorgeoir s'il est nécessaire. Si, au contraire, pêcheur, vous possédez un moulinet sur votre canne, — ce que nous conseillons toujours, même pour pêcher des goujons, — le poisson ferré fuit sans obstacle, emportant le dard perfide qui ne le quittera que par maie chance et qui doit le ramener dans votre panier. Ayez soin surtout que le moulinet soit libre et doux, que le hl passe facilement dans les anneaux de la canne, car tant que le poisson en voudra, il faut qu'il l'attire à lui, 40 mètres, 50 mètres, si vous les avez... Quand il aura tout dévidé, vous serez dans la position du premier pêcheur de tout à l'heure, mais avec cet immense avan- tage, que le poisson ne pourra même pas tendre le fil que vous lui avez abandonné et qu'il épuisera ses forces bien plus rapidement, le fil formant entre lui et vous, un intermédiaire élastique au dernier degré. La canne, entre vos mains, n'est plus alors qu'un moyen de porter le moulinet, mais rassurez-vous, elle vous servira tout à l'heure. Le poisson saute, se débat, va, vient, tire sur le fil auquel la force de l'eau ajoute encore son poids... voici les derniers efforts qui arrivent... la ligne flotte dé- tendue, elle dérive au courant, c'est le moment d'user vivement du moulinet, de NOYER UN POISSON. 549 repelolonnerle fil peu à peu, le poisson flotte ou se tient entre deux eaux, el se laisse doucement attirer à vous. Ne vous y fiez pas, ses forces sont revenues. Il re- part avec une ardeur inouïe... mais il use ses derniers eftbrts... il est à vous! Ma- nœuvrez cette fois-ci, comme tout à l'heure. Déployez toute la prudence et toute l'adresse dont vous êtes capable pour empêcher que votre captif n'entortille la ligne dans les herbes, les racines, les pierres, et ne se décroche, ce qu'il fait quelquefois quand il est parvenu au bout de la ligne, laissant celle-ci tout entière perdue et irrecouvrable pour 1q pécheur désappointé... Si cet accident arrive, il faut tirer très-doucement, peu à peu, en rendant la main; souvent le poisson, ranimé par la souffrance, fuit encore et dégage la ligne des obstacles qui la retenaient. En somme, cette position est toujours périlleuse, el au moins fort délicate. Efforcez-vous donc de maintenir la victime en belle eau, même en roidissant un peu la ligne. Car, perdre pour perdre voire poisson, il vaut mieux le perdre seul, que de perdre la ligne avec. Arrive enfin le même dénouement que quand on a une canne sans moulinet"; le poisson, à bout de forces, flotte près du rivage, il faut le noyer et le retirer avec les mêmes précautions que tout à l'heure. La durée d'une lutte semblable est plus longue qu'on ne le pense, et certains poissons de forte taille exigent une demi-heure, — ce qui est bien long, — d'efforts pour les capturer. Une belle Truite,ou un Saumon vous emmène au galop en remon- tant la rivière oii il faut le suivre à toutes jambes, heureux si, au bout d'un kilo- mètre, il vous laisse respirer, et si, avant ce temps-là, un pont, un arbre, une roche ne vous ont pas fait briser votre ligne, à moins que vous ne vous soyez mis brus- quement à plat ventre, sollicité par une racine perfide ou une pierre roulante, ce qui termine presque toujours la lutte, mais pas à la satisfaction des deux partners ! Il est un précepte qu'il ne faut pas un seul instant oublier, c'est qu'un poisson n'est jamais trop noyé, et que si la ligne et l'hameçon ont résisté cinq minutes, au premier assaut, il n'y a pas de raison pour qu'ils ne résistent pas une demi-heure et ne supportent pas le dernier. La manière de noyer les gros poissons que l'on prend avec la ligne à la grande volée est un peu différente, parce que le mécanisme d'une ligne qui a plus de deux fois la longueur de la canne, — sans la soie du moulinet, — diffère évidemment de celui d'une ligne trois ou quatre fois plus courte. La force de l'hameçon qui, dans ce cas, retient le poisson, le nombre des pointes si c'est une bricole ou un grappin, tout rassure le pêcheur qui prend moins de précautions. Presque toujours le poisson pique, gagne le fond et s'y tient un instant immo- bile : il faut le maintenir ainsi, tournant la canne de manière à pouvoir lui conser- ver toute son élasticité. Laissant alors le poisson prendre sa course furieuse, le pêcheur suit ses efforls, abandonne ou retire de la ligne au moulinet, selon le be- soin, et conduit son opération comme nous l'avons dit ci-dessus. Seulement il faut amener ce poisson à terre. Pour y parvenir, quand toute la ligne mobile est rentrée sur le Moulinet, le pêcheur place sa canne parallèlement h peu près au fil de l'eau, et, si le terrain le permet, marche à reculons jusqu'à ce qu'il ait tiré, ou fait sauter le poisson sur la rive, et l'ait traîné sur la grève assez loin du bord. 11 pose alors sa canne et court au poisson. Si la rive est élevée, il faut qu'il se risque, et, prenant bien son temps, amène à ses pieds le poisson, pose la canne à côté de lui à terre, puis monte la pièce en prenant le fil le plus bas possible chaque fois et sans secousses ; ou bien, ooO MMÉRO DES HAMEÇONS. si la liji,nc n'est pas trop longue, il le fait sauter de loin sur la berge, en se fiant à la qualité de son scion, pour ne pas casser tout et perdre son poisson. De toutes les manières, un compagnon muni d'une bonne épuisette et passant par lumird en ce moment, serait le meilleur envoi que l'on put souhaiter. NUIT. — (Législation) — (Voy. Loi SUR LA PÉCUE.) La plupart des règlements préfectoraux interdisent la pèche de nuit, excepté aux endroits où se tendent les filets dormants, c'est-à-dire les arches de ponts, les digues et les écluses. Cette disposition est-elle également applicable aux autres en- gins dormants aptes h prendre le poisson, tels que tojnfjoum, louves, vervèux, et enfin lignes de fond, ixiter-nostcr, etc.? C'est ce qui n'est nulle part décidé en termes formels; l'esprit de la loi et du règlement semble vouloir défendre la nuit la pèche qui nécessite la présence du pécheur, et, dans ce cas, la prohibition est i)onne, car la surveillance pendant la nuit est très-difficile, pour ne pas dire impossible, et la rébellion trop aisée envers les agents de l'administration. Ainsi comprise, la loi a raison, surtout appliquée aux pécheurs de profession, et cependant elle a dû souffrir de nombreuses exceptions. Ainsi il existe telle rivière croupie et morte où le poisson ne peut être capturé que la nuit à l'épervier. Or, suivant la coutume, la personne la moins bien informée, en fait de pêche, de tous les administrés est le préfet, qui, dans son arrêt, se garde bien de dire un mot des exceptions qu'il devrait faire. Aussi, qu'arrive-t-il?les pêcheurs se passent de la permission, ils jettent l'épervier la nuit, et, comme dans le pays tout le monde sait que c'est le seul moyen possible de tirer les poissons de la rivière, personne ne dit rien. Le bon sens public remplace la loi, et c'est à tort. Autre exception : la pèche du Barbeau au fromage et aux jeux, à la ligne à soutenir, ne peut se faire que la nuit, de neuf heures à minuit. Elle se fait à cette heure en plein Paris, sur le pont des Invalides, par des pêcheurs qui ont une pa- tente du fermier de pêche; mais la loi donne-t-elle à ce fermier le droit de se livrer à la pêche de nuit qu'elle ne permet pas explicitement? Encore une lacune dans la législation sur la pèche ! quand la remplira-t-on? NUMÉRO DES HAMEÇONS, suivant l'espècs de poisson et la saison de Tannée. — Il y a 3-2 numéros pour chaque espèce et chaque qualité d'hameçon, re- présentant 32 grandeurs différentes ; 12/0, llyO, 10/0, 9/0, 8/0, 7/0, G/0, 5/0, 4/0, 3/0, 2/0, 0, 1,2, 3, i, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20. Le n'' 12/0 est le plus grand, le n° 20 le plus petit. Quelques fabricants mon- tent môme jusqu'aux n"' 22, 2f) et 30. Les hameçons compris entre les n°^ 12/0 et 4/0 exclusivement, sont employés en mer, les autres en eau douce. Les hame- çons à anneaux et renforcés s'emploient pour les lignes de fond, les hameçons minces pour les lignes tenues à la main. Les hameçons doubles ont 13 grandeurs, depuis le n" 12 jusqu'au n° 24. Nous sommes obligés d'adopter (]uel(iues abréviations pour le tableau qui suit, nous allons les expliquer; elles sont très-simples et portent seulement sur la désignation des hameçons. Ainsi, 0, veut dire ordinaire ; C, commun ; B, à bou- cles; 11, renforcé; (](J, courte-queue ; L, limerick; LP, limerick à p dette; G, ha- meçon à gardon (celui que nous appelons, short shank roach hook)\ A, aiguilles; HA, hameçon-aiguille; et ainsi de suite, tout pêcheur comprendra sans peine. Ces abré- viations peuvent être combinées, ainsi OGO veut dire : ordinaire courte-queue, LPIl limerick à palette renforcé ; CQR, courte-queue renforcé, etc. NUMÉRO DES HAMEÇONS. I. Poissons d'eau douce. .551 ESPÈCE DU POISSON. NATURE la pêche. NOMBRE HAMEÇON S. GENRE l'hameçon. ... No DES HAMEÇON SUIVANT LA SAISON. S OBSERVATIONS. Q -a a [£ S = = Ablette orih- NAIRE surface. 3 à4 G OU L l(> IC IG ..„ . Moucliearlilic. sur n° IG. Ablette al- ( bur.noide. . . ) fond, surface 2 î G ou LP G 12 10 12 10 12 Mouclieartific. sur II" 14. Anguille. . . . à la canne, cordées 1 tant que possible LP OR 8 1 et A 9 3 G 0 et A 4 1 et A Apron à la canne. 1 LP lO 9 10 10 ASPE. à la canne. 1 LP G G G G Mouclieartific. sur n° 11. Barbeau. ... à de fond la canne. 1 LP 1 2, 3 0, R 0,R Bouvière à la canne. 1 G IC 16 IG IG Brème à de fond la caïuie. ' LP 10 à 11 12 8 G Brè-ME borje- LIÈRi; à la canne. 2 G 14 IG 14 14 Brochet à hricole la canne. ' Bricole L[>R 0 0, 2 00 0 à 000 Bricoles de 2, n"s 7 à 5. Carpe à de' fond la canne. ' LPR 0 12 5, 1 0 Cari'E Carras- s'>« à de fitnd la canne. ' LP 7 12 5 5 CiiAiior à la canne. 2 ou 3 L 12 i4 12 12 Chevesne . .. à la canne. 1 LP ou G 3 ou i 0 ou 1 9 ou 10 8 1 Mouclieartific. sur n» 9 ou 10. Cyprin doré. . à la canne. 2 G 10 8 10 10 Petite bricole de 2, n»s 12 à 14. Dard à la canne. I G 10 1-2 12 10 Mouclieartific. sur n" 12 à li. DOBULE à la canne. 1 LP 7 7 7 7 Mouclieartific. sur n" 12. Epinoche à la canne 3 L IG IG IC IC Epinochette.. à la canne 3 L 20 20 20 20 Esturgeon. . . à la canne 1 LPR 000 000 000 000 rare. Gardon BLANC. à de fond la canne. cordées 1 OCQ G 9 lu 9 13 9 II 9 10 Mouclieartific. sur n" 14. Gibèle(carpe.) à de fond la canne. 1 LI'U 8 12 S 8 Goujon à de fond la caïuie. 2 G 12 14 12 12 Grave L last SPRING (sau- mon ET) à la canne. •1 (; 14 IG 14 H Mouche artific. sur II» 20. 552 NUMÉRO DES HAMEÇONS. ESPÈCE DU POISSON. Ide Lavaret Lotte Nase Ombre Cheva- lier Ombre com- mun à la caiiiio. i (le fond à la canne. à la canne, à la canne. ! à la canne. Perche. Perche goi'- JONMÈRE. . . Plie. jeux à la canne. à la canne. jeux à la canne. ROTEXGLE, i GARDON ROUGE, j à de fond la canne. Saumon'., Tanche ( I à la canne. de fond la canne. Truites, . . . I a Véron. . . ,, . I à la canne. de fond la canne- cordée 1 cordée 1 H w es ïs 'y. Lj a O _: 0(Q LPH L HA ou G HA ou G LP LP LP LP G G LP CQR < QK LPH LPP, No DES HAMEÇONS SUIVAMT I.A SAISON. 12 8 8 6 12 12 7 10 12 10 11 8 10 C 10 à 12 10 12 9 10 14 14 8 12 12 12 13 10 12 00 8 9 8 10 1(J 7 10 G \'\ 14 7 10 12 10 11 8 11 IG 10 7 8 5 12 12 10 12 10 10 8 10 (i 7 IC OBSERVATIONS. Moiichcartific sur n» 12. ( Mouche artific. ( sur 11" 12. r Mouche artific. ) sur n" 10. f Mouche artific. ( sur 11° 10 Moucheartific. \ sur n" 12. \ Moucheartific. ) sur !i" 12. Moucheartific. sur no 1 2 à G. II. Poissons de mer. Il était nécessaire de séparer dans ce tableau les poissons de mer de ceux d'eau douce, par la raison que les hameçons que l'on emploie pour les uns sont le plus souvent différents de ceux dont on se sert pour les autres, et ne portent pas du tout le même numéro. En second lieu, il n'en existe à peu près que d'une forme pour la pêche de fond en mer : pour le poisson d'eau douce, on a essayé de mille formes différentes, parmi lesquelles cinq ou six au plus ont prévalu. Quant à la pêche à la canne ou à la main en mer, il vaudra toujours mieux abandonner les grossières formes usitées dans les ports pour revenir aux engins délicats de l'eau douce. Ce sera là surtout que le pêcheur sérieux montrera sa su- périorité. Déjà les pêcheurs marins s'aperçoivent qu'on peut substituer avec avantage à leurs anciens hameçons en fer étamé, les hameçons bleus ordinaires qui servent à la pêche d'eau douce. Ils en arriveront de même à reconnaître la supé- riorité des limericks de luxe sur ceux-là ; et, dès à présent, quand on leur en donne, ils savent parfaitement les apprécier. L'éducation se fera donc facilement et d'elle- OBLADE OP, DIX Al HE. 553 même; elle changera, du même moment, la plupart des pèches usitées, mais l'a- venir, c'est le progrès ! Nous avons peu indiqué, dans le tableau ci-dessus, l'emploi des hameçons 0 et G, surtout à boucles, parce que nous regardons G, li, comme très-mauvais. L'u- sage des 0, R se comprend très-bien pour les cordées, ligne de nuits et jeux, mais pour tous les systèmes de pêche sans pêcheurs, — de pêches automatiques, — nous sommes persuadés par l'expérience que plus fins, plus délicats et plus parfaits seront les empiles et les hameçons, et mieux on réussira. Seulement il faut que le tout soit monté et manœuvré avec prudence et adresse, et, quand il s'agit de la pêche de l'Anguille, des Salmonidés ou de la plupart des poissons de mer : Maque- reau, ( rphie. Pagre, Pagel, etc., monté sur émérillon. Evidemment, tout cela demande un peu plus de dépense, mais celle-ci est vile et largement compensée par l'augmcalation des captures. Les amateurs com- prendront cela et l'essayeront, mais nous n'écrivons pas, aujourd'hui, pour le pê- cheur de profession : il n'en est pas encore là, en France du moins. NUTRITION. — (Voy. Digestion, A.nato.iiie. NoinniTL'iiF.. ) 0 OBLADE ORDINAIRE (Sparus melanurus, Lin.). — Acantliopt. sparoïJ. Long. max. Syn. : Ochiatel/a, ital. — Blada, Nice. — Schivartzschwanlzige Seebrasse, ail. — Yir(v!or, esp. — t':orwoyoM,polon. — Kalili, arabe. Fiy. 74S. — Uljla S/jUi ui melaiiui us, Lui.,. Ressemlile beaucoup à la Daurade et à la Saupe, avec lesquelles il habite, et plus encore au Bogue par l'ensemble de ses formes et la di.sposition de ses couleurs. Les yeux sont moins grands. C'est un poisson très-commun dans la Méditerranée {fîg. 748). On le reconnaît facilement à une file 564 ODORAT. d'écaillés arroiulies.iruiic tliiiiciisioii plus grande que les autres, et sur lesquelles on voit des points noirs. Il porte à la nageoire caudale une tache caractéristique toujours noire; et on le distingue du Bogue par une Lande de dents en velours menues, silures derrière les incisives aplaties ctecliancrées qui bordent ses màclioires. D = 11 + 14. P = 15. V = l + [,. A = 3 + 1 î. C = 17. L'Oblatle est de couleur gris plombé, argentée sur le dos, cette teinte passant graduellement au blanc d'argent pur sous le ventre. Sur les flancs on voit 20 à 24 lignes longitudinales noires et parallèles, dont K) au-dessus de la ligne latérale sont fines comme un trait de plume. La ligne laté- rale semble un large ruban foncé étendu sur les flancs. Le bord de l'opercule est noir. Sans la cau- dale et la dorsale qui sont un peu grises, tontes les nageoires sont blanches. OBLADE ORDINAIRE. — Ce poisson apparlient, par ses mœurs et sa forme, au grand groupe des Dorades. Tout ce que nous avons dit des habitudes de ces poissons peut lui être appliqué. Cependant, plus que ses congénères, presque tou- jours il se cache dans la vase dont sa chair prend le goût. Il mord plus difficilement aux hameçons (pie les autres poissons de cette famille ; on l'y prend cependant en employant les mêmes esches que pour la Dorade. Il est en quelque sorte, dans ce groupe, le représentant de la Tanche dans le groupe des Cyprins, et, comme elle, capricieux pour mordre aux esches qu'on lui présente. L'dblade séjourne le long des côtes pendant toute l'année, et s'y tient par de moyennes profondeurs. On voit souvent la femelle, poursuivie parle mâle, nager avec vitesse à la siuface des eaux. OBLATA MELANURA. - (Voy. Oblade ordinaire.) OCTOBRE. — (Voy. CaLEiNDRIER du PÈCnEUR A LA LIGNE.) OCTOPUS VULGARIS. — (Voy. Poulpe commu.n.) ODORAT. — Les narines des poissons sont placées au-dessus de la bouche, mais ne ser- vent point à la respiration. (Voy. Iîra.nchies.) Comment ces animaux perçoivent-ils les odeurs? L'appareil de l'olfaction réside dans deux cavités creusées à la partie antérieure de la tète, en avant des yeux, au-dessus de la mâchoire supérieure. Ces cavités sont tapissées par une mem- brane pituitaire très-plissée : l'orifice externe est souvent double et pourvu d'appendices ou d'espèces d'opercules encore peu étudiés. Cet appareil olfactif dillere surtout de l'oigane analogue des animaux terrestres, en ce qu'il ne communique pas avec l'arrière-bouche et n'est pas traversé par le fluide dissolvant les particules odorantes. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que les poissons perçoivent les odeurs, et de très- loin ; mais comme elles ne peuvent, en définitive, leur parvenir qu'en dissolution dans l'eau ou dans l'air que celle-ci contient, on est plutôt fondé à les appeler saveurs et à considérer l'or- gane de l'odorat comme un véritable appareil de gtistotion. C(qiendant, il n'en faut pas moins considérer ce sens comme le premier par ordre d'importance chez ces animaux ; la nature l'indique par les précautions qu'elle a prises pour assurer la per- ception des plus fugitives sensations Les nerfs qui aboutissent à ces appareils partent immédia- tement du cerveau [fi(j. 74!»), sont très-épais, et se distribuent en un 'très-grand nombre de ra- mifications dans chacun de ces organes gémi- nés. En multipliant ainsi les surfaces de la sub- stance seusitivc, ils la rendent susceptible de ressentir des ébranlements extrêmement minimes. Ajoutons que ces ramifications s'étendent sur des membranes très-nombreuses placées sur deux rangs dans les poissons cartilagineux, disposées en rayons dans les poissons osseux, et garnis- sant, chez tous, l'intérieur des deux cavités olfactives. L'eau pénètre dans ces cavités chargée de particules odorantes, elle y circule, et en est ex- pulsée à volonté par des contractions que l'animal peut opérer dans chacune des membranes olfac- Fiij. 749. — Uisposilioii dos nerfs olfactifs cliez les lioissons. OEIL. 555 tives, admirable mécanisme qui remplace le transit de l'air à travers les organes analogues des ani- maux plus élevés dans l'échelle des êtres. Il est probable même que le double orifice de chaque narine, chez plusieurs espèces, est destiné à faire naitre un courant entrant par l'une et sortant par l'autre, apportant ainsi les molécules odorantes et se renouvelant sans cesse. ŒGLEFIN. — (Voy. Égrf.iin.) ŒIL. — (Voy. Tète.) L'œil des poissons {fig. ToO) est extrêmement variable comme couleur d'une espèce à l'autre, et même d'une variété à sa voisine. 11 est quelquefois un des caractères distinctifs d'une espèce, et l'on en use trop peu, car la forme de ses parties est bien conslanic. En général il a la cornée très-plate, peu d'humeur aqueuse, mais un cristallin très-dur et sphérique. De même que chez les autres animaux, la forme de l'œil, chez les poissons, est un globe plus ou moins sphérique logé dans une cavité des os de la tête — à laquelle cavité on donne le nom d'orbite, — et où il qst mû par des muscles appropriés. La partie postérieure du globe porte une es- pèce de pédicule plus gros chez eux que chez les autres animaux : c'est le ^''J- "^'^- ~ Coupe de l'œil „ , . , d un poisson osseuv (Bro- ker/" optique venant du cerveau. ^^^^^._ <. ^^^^^^^^ faiciforme Les diverses membranes du globe de l'œil sont formées par l'expan- qu- forme la choroïde fai- sion de celles qui enveloppent le nerf optique et par le prolongement de saut saillie dans le corps sa partie médullaire, mais cette production de membranes ne se fait pns t'/.'-I-.^ l'^^^'^?. a re me. * ' • ' L utilité de cette disposi- de la même manière dans toutes les espèces. Ainsi l.i (larpe, la Lotte, la tion est encore ignorée. Tanche, le Chevesne, animaux qu'on pourrait appeler les ruminants des poissons, T^résenlent dans ces parties la même constitution que les quadrupèdes. Au contraire, la Truite, le Saumon, l'Ombre Chevalier, qu'on devrait nommer les faucons Je Ponde, présentent une conformation de l'œil analogue à celle des oiseaux. Rapprocher ceci des considérations présentées à Denis. Dans l'œil, en général, la membrane externe, prolongement de la dure-mère (enveloppe du cerveau), est solide et dure, elle porte le nom de sclérotique : elle est opaque dans sa plus grande partie. Par devant, elle devient la cornée transparente dont le nom est significatif, d'autant plus que le reste de la sclérotique porte souvent le nom de cornée opaque. Au-dessus de la sclérotique, est la cliorovle qui la tapisse, excepté devant la partie transpa- rente où elle se sépare, traverse le globe de l'œil et forme la base delà calotte sphérique de la cornée transparente. Elle est argentée. Sur la partie antérieure de ce plan, est placé Yiris, cercle coloré souvent des plus admirables teintes, mais toujours à reflets métalliques, qui entoure l'ouverture de la prunelle généralement bleu-noir foncé. Derrière cette membrane est la couronne ciliaire détachée de la même choroïde et tenant sus- pendu en face de la prunelle un corps transparent presque sphérique, beaucoup plus grand que chez les autres animaux, qui porte le nom de crùtallin et qui concentre sur la rétine l'action des rayons lumineux entrés parla prunelle. La choroïde est tapissée par un épanouissement du nerf optique que l'on nomme réline ; c'eut la partie sensitive de l'œil sur laquelle le cristallin porte l'image des objets extérieurs. Maintenant remarquons que la cavité placée derrière le cristallin est petite et aplatie, et qu'elle est remplie d'une gelée transparente que l'on nomme humeur vitrée, tandis que les deux, en avant du cristallin, communiquent et sont remplies par V humeur aqueuse. Les poissons manquent de paupières. Certains d'entre eux possèdent cependant une espèce de membrane clignotante, — analogue à celle des oiseaux, — tantôt complète, tantôt incomplète ; c'est souvent un prolongement de la peau commune de la tête. Celle des Muges e^i remarquable. En somme l'organe visuel des poissons ressemble à celui des mammifères, quant à la géné- ralité des parties qui le composent; les différences gisent plutôt dans la valeur des courbures de chaque surface. L'humeur aqueuse placée entre le cristallin et la cornée est moins abondante ; l'humeur vitréeoccupant le fond de l'organe est moins épaisse, le cristallin plus convexe, commenous l'avons dit, est également plus réfringent. Il est à remarquer enfin que, proportionnellement aux autres animaux, les vaisseaux sanguins afférents aux yeux des poissons sont d'un plus grand dia- mètre que chez les aulres animaux. La prunelle est souvent ronde, mais d'autres fois ovale ou irrégulière, et aussi terminée par un angle, vers l'endroit où serait le point lacrymal près du museau. Le cristallin est l'organe qui diffère le plus, dans les yeux des poissons, de celui des autres 556 OEUFS. animaux. II serait extrêmement intéressant de savoir la eaiise de sa forme particulière. Est elle destinée à corriger la réfraclion puissante du njjlieu dans lequel ces- animaux vivent ? est-elle appro- priée aux exigences d'une vue panclu-oiiiùjtic, que rendrait presque nécessaire le peu de mobilité de l'organe entier ? L'œil, en elR-t {/?^. 7Sl),cliez la plupart des poissons d'eau douce, présente un mouvement d'ar- rière en avant oo', et vice versa, mais seulement vers la partie supérieure oo' ; le bas M de l'orbite semble contenir une cliarnière sur laquelle tourne le reste, dans le but de changer seulement robliquiléJ,CB de la surface plate de la cornée o par rapport au plan vertical AI) médian du corps de l'animal. Ce plan qui est ordinairement CB peut ainsi devenir ED, *t permettre à l'animal de regarder plus en dessous de lui, le fond de l'endroit où il se trouve. Nous ne pensons pas que les yeux du poisson soient doués de mouvement dans le sens d'arrière en avant, de la queue vers la tête, et réciproquement. Ce mouvement est sans doute suppléé, d'abord, par la u il» grande étendue de l'œil qui, chez tous les poissons, est généralement remarquable, Fig. 751. —Mou- et Jqui dans quelques espèces est extraordinaire : proliablemenl, en second lieu, vement de l'œil pgj. |j, ^q^i^^q sphérique du cristallin. Il n'est pas un enfant qui ne se soit amusé (Cyprin (îoré^""* ^^^^ ^^^ petites balles blanches qu'on trouve dans la tête des poissons quand ils sont cuits, c'est précisément là le cristallin devenu opaque par la cuisson. Quant à la position des yeux par rapport à la ligne centrale du corps, peu d'animaux offrent autant de dissemblances ; peu également en offrent autant, quant à la grandeur de ces organes ; malheureusement, nous sommes obligé d'avouer que la cause de ces différences, est pour presque tous, à peu près inconnue. Tantôt très-voisins, tantôt très-écartés, en dessus et en dessous de la tête, immobiles ou mobiles, ensemble ou séparément, plais, convexes, à peine visibles ou énormes. La cause de toutes ces anomalies n'est pas facile à démêler parmi des animaux qui souvent vivent ensemble dans les mêmes eaux et aux mêmes endroits. Il y aura là, pour l'homme qui entreprendra cette étude d'anatomie comparée, une mine de bien précieuses découvertes. Plus on examine cet organe chez les poissons, plus on est frappé de la difficulté qu'ils doivent avoir à soutenir sans paupières l'éclat variable de la lumière. Il est probable que l'ouverture de la pupille par laquelle accèdent les rayons est plus ou moins dilatable, ce qui semble résulter de la forme des muscles qui forment la contexture de l'iris. Quelques-uns (mais pas tous) ont la fa- culté de retirer l'œil en dedans de l'orbite, et de lui faire ainsi de la partie osseuse supérieure, en générale proéminente, un abri, une paupière immobile. Enfin, ces animaux ont la ressource de plonger dans des masses d'eau où la lumière n'arrive que considérablement affaiblie ; toutes ces fa- cultés sont mystérieuses et problématiquement expliquées. Les fibres de la rétine, c'est-à-dire les plus petits rameaux du nerf optique, sont, suivant Lacépède, dans plusieurs poissons 1,1GG,400 fols plus fins qu'un cheveu. Quel merveilleux architecte a construit de telles machines! ŒILLET. — Nom des Dlaquets à Honfleur. — (Voy. ce mot.) ŒSCULUS PAVIA. — (Voy. Marronnier rose.) ŒUFS. — Les œufs des poissons sont jetés par les femelles à certaines époques de l'année. (Voy. Temps de frai.) Quelques espèces pondent des œufs qui restent libres, sont plus lourds que l'eau et vont au fond, comme les Truites, les Saumons, les Harengs, les Raies, etc. ; d'autres, des œufs agglutinés en masses isolées, comme les Perches; certains, des grappes d'œufs qui se fixent, s'attachent aux corps environnants, herbes, perrés, etc.: ces œufs sont quelquefois plus légers que l'eau et surnagent, ce sont ceux des Tanches, Carpes, Goujons, etc. ; les derniers enfin rassemblent leurs œufs lourds dans des cavités qu'ils creusent, ou dans de véritables nids qu'ils bâtissent. La nature, prévoyante en tout, a donné aux poissons qui frayent en hiver des œufs plus lourds que l'eau, afin qu'ils puissent aller au fond cliercher une température égale et un abri contre les glaces et les crues. Au contraire, les œufs des poissons qui frayent en été surnagent la rivière, sont portés au loin sur les eaux libres de gIa(;ons et s'attachent aux rivages, aux herbes qui pous- sent à ce moment, et y reçoivent rinllueuce de l'air — et de la lumière surtout — qui accélère le moment de l'éclosion. On ignore combien de temps les o'ufs contenus dans un individu mort conservent la faculté de recevoir l'influence des animalcules spermatiques de la laitance. En un mot, combien de temps an juste ils restent féconds. Ce fait doit varier avec l'espèce du poisson et la température à laquelle il a été soumis. Des femelles déjà un peu altérées ont cependant fourni des œufs encore féconds. Les œufs de poisson ne changent pas de couleur au contact de l'eau. Si la femelle, ce qui arrive souvent à la Brème et aussi à la Truite, sm-lout à la Truite des lacs, ne se débarrasse pas de ses Œ L' F S. 557 œufs à temps, ceux-ci se décomposent et nagent au milieu d'un liquide jaunâtre purulent qui cause souvent la mort de la femelle. Ces œufs décomposés deviennent opaques, puis blancs au contact de l'eau. Ils sont stériles. Les œufs sont entourés d'une enveloppe mucilagineuse extrêmement mince et presque invisible. En quelques secondes cette enveloppe se gonfle au contact de l'eau, et les spermatozoïdes de la lai- tance ne peuvent plus parvenir à la substance de l'œuf. La fécondation, en ce cas, n'a pas lieu. Dès que la matière gluante qui enveloppe les œufs est gonflée par l'eau, la fécondation ne s'opère plus. C'est grâce à l'instinct particulier qui pousse, à l'époque du frai, les mâles à suivre les femelles, que la race des poissons ne disparait pas du monde. Au moment où l'œuf vient d'être fécondé, son contenu se trouble et devient plus opaque; mais peu à peu la transparence primitive reparaît, et il reste à l'intérieur une petite tache circulaire qui n'y était point avant la fécondation. Cette marque n'est cependant pas un signe absolu de ferti- lisation de l'œuf, car elle se développe aussi, mais plus tardivement, dans ceux qui sont restés stériles Bientôt une ligne arquée se fait voir dans l'œuf fécondé, c'est le petit poisson dont on distin- gue très-bien, à la loupe, la télé avec ses petits yeux noirs et la queue. Les mouvements de la queue sont très-visibles et servent à briser l'enveloppe quand le jeune animal a acquis le développement convenable. A ce moment l'alevin est muni d'une vésicule ombilicale, et sort tout enveloppé d'une mem- brane qu'il brise pour être tout à fait libre. La vésicule ombilicale des poissons naissants est quelquefois intérieure — dans l'abdomen — comme chez la Carpe, quelquefois extérieure comme chez la Truite. Cette petite vessie fournit à l'animal la nourriture nécessaire à la vie pendant un temps variable d'après les espèces : ainsi la Carpe absorbe en 15 ou 20 jours sa nourriture ombilicale, tandis qu'il en faut 35 à 50 à la Truite et au Saumon. 11 est probable que, même pendant le temps de résorption, le poisson absorbe les animalcules microscopiques que charrie l'eau dans laquelle il est plongé. Le temps qui s'écoule entre la fécondation de l'œuf et le moment où le petit poisson brise sa dernière enveloppe protectrice varie suivant les espèces de 8 jours à 30, 40, 50 et même 60 jours. Avec la prodigieuse fécondité des poissons femelles, il y a lieu de s'étonner que les individus adultes ne soient pas mille fois plus communs. Mais si l'on réfléchit à combien d'accidents le frai reste exposé dans les pays civilisés, on ne s'étoime plus, au contraire, de la diminution constante et même de la disparition de certaines espèces. Sur les cours d'eau, les usines, les prises d'eau qui changent le niveau à chaque instant, assè- chent les bords où les œufs sont déposés et perdus; sur les fleuves, les crues, les bateaux à vapeur jettent le frai sur le rivage, broient le petit poisson contre les cailloux ou les plantes. Dans les petits ruisseaux tombent les produits chimiques des usines, les détritus de toute espèce, la chaux des ame)ulements que la. pluie entraine, et mille causes infectent les cours d'eau et empoisonnent l'espoir de l'avenir. Le braconnage en temps de frai enlève des milliers d'œufs au peuplement de l'eau. Si l'on joint à cela les ravages des oiseaux aquatiques, de ceux de basse-cour, on aura un total de causes de destruction effrayant. Les ovaires des femelles ont une position et une forme analogues aux laites chez les mâles ; ils se remplissent périodiquement d'anifs presque ronds qui, en grossissant, compriment les organes qui les contiennent; les femelles cherchent alors à s'en débarrasser et se frottent ordinairement le ventre contre les pierres et le fond de l'eau pour faciliter leur sortie : de là viennent, dit-on, les expressions de frai, frayer [fricare, frotter). La ponte achevée, les mâles, attirés sans doute par l'odeur ou la saveur des œufs, viennent les féconder en répandant dessus leur laite. Mais ces œufs sont exposés à une multitude de dangers, les parents eux-mêmes et les autres poissons, les oiseaux et les insectes aquatiques, les reptiles batraciens, tous leur font une guerre acharnée; aussi l'équilibre ne peut-il être maintenu que par leur nombre excessif, et certaines espèces en pondent d'une seule fois jusqu'à sept millions; l'agitation des eaux leur est également défavorable, et les fleuves ou ri- vières où l'on a établi la navigation à vapeur deviennent de moins en moins poissonneux. Le temps au bout duquel les petits éclosent varie de 8 à 50 jours. L'époque de la reproduction est un moment de perturbation dans les habitudes des poissons ; ceux qui vivent dans les eaux profondes se rapprochent des rivages, afin que leurs œufs jouissent de l'influence bienfaisante de la lumière et de la chaleur. Plusieurs espèces marines remontent très- haut les cours d'eau, sans doute dans le même but; d'autres enfin, qui habitent constamment les eaux douces, quittent les courants et vont chercher dans les lacs et les étangs une plus grande tran- 538 OMURE-ClIEVALTEn. (Hiillité. Los ol)stai:'Ic3 tels que les digues, vannes, n'arrêtent pas la l'iMiioiite des poissons, ils savent les francliir en se pla(;ant à plat sur la surface, courbant leur corps en arc dont la concavité est du côté de l'ean : en le dOliandant avec force, ils peuvent par ce moyen faire des sauts de plusieurs mètres. Les poissons cartilagineux, Raies, pondent des œufs qui sont fécondés dans le corps de la femelle par un véritable accouplement du mâle. Celui-ci est pourvu près de la queue de deux ap- pendices mus'^uleux spéciaux au moyen desquels il retient la femelle pendant cette opération. Les œufs ainsi fécondés dans le canal oviducte sont ensuite pondus au moment de l'éclosion de la jeune Raie qui vient au jour vivante et enlrainant les débris de la coquille. On estime à environ 30 jours le temps de cette incubation intérieure qui se renouvelle et dtire toute la belle saison, sinon toute l'année. Sans vouloir entrer ici dans des détails qui seront beaucoup mieux placés à l'article : Pisci- culture des Grandes Industries des eaux, nous ne voulons pas omettre quelques détails intéressants extraits de F. ï. Ruckland sur le nombre des œufs de différentes espèces. Truite pesant 600 gr. 1,008 œufs. Brochet — 2,v50 4 2,840 — Perche — 250 20,592 — Gardon — C75 480,480 — Kperlan — CD 3G,G52 — Lump — 1,000 IIC.CIO — ~ liarbue — 2,000 239,775 — Sole — 500 l3i,4CG — Hareng — 225 19, O o 0» ><. < W o u s 3 ^^ï ^ •ao :=5 < ^ s (D CD C^ O ■tt:! X (D H > p:^ w pq ^ S 'Id CD g ^ j:: E- ORPHE. 563 ORGANEAU. — Anse des Nasses des Duits. (Voy. Lamproie.) ORIN. — (Voy. Bouées et Gablières grandes.) — On nomme Ovin la corde (\m sert à joindre une bouée en mer à sa câblière située au fond de l'eau et qui maintient le tout en place. ORME. — (Voy. Canne a pécoe et Scion.) — L'Orme {Uhnus campestris, Lin.) est un bel arbre indigène du midi de l'Europe, précieux au pêcheur à la ligne par la quantité et la qualité des scions que celui-ci trouve dans ses jeunes rejets d'un et deux ans. Plus légers que ceux d'épine et de cornouiller , ils sont moins élastiques et plus mous quand l'humidité les a pris; mais à cause de cette mollesse même, ils plient en cercle et ne rompent pas, et, de plus, peuvent être mis à sécher et être redressés sans reprendre leur courbure première. On doit les cueillirau mois de janvier et les conserver avec leur écorce. Celle-ci est quelquefois très-irrégulière et fort épaisse, surtout par places oii elle forme un véritable liège. Ce ne sont pas là les meilleurs scions : ceux dontl'écorcc est partout fine et lisse valent mieux, leur bois a crû plus ferme et plus vite. Ils sont moins sujets à casser par la sécheresse. L'Orme présente un tronc droit, élevé et revêtu d'une écorce épaisse, brunâtre, souvent raboteuse et crevassée. Ses feuilles sont alternes, simples, dentées en scie, un peu rudes, aiguës au sommet et inégales à la base. Les branches minces sont placées comme les feuilles et donnent à l'arbre un aspect palmé qui lui est tout par- ticulier. Le fruit vient au printemps et est une petite samare à aile membraneuse qui l'entoure, et renfermant une seule graine. Cette fructification est extrêmement abondante. Le bois de l'Orme est brunâtre, dense et d'un grain assez fin; il n'offre pas une grande action à l'eau, et devient fort dur quand il est sec. Pour les scions d'Orme il faut éviter d'en frotter l'écorce avec le papier de verre, parce que l'aubier est extrêmement chanvreux, et quand l'écorce proprement dite est partie, le scion de- vient fort laid à cause des fils qu'il présente ; il vaut mieux conserver l'écorce intacte ou l'enlever tout à fait. On peut se contenter d'enlever seulement les excroissances du liège, et laisser l'écorce si elle tient et ne se lève pas par anneaux. ORPHE iPagrus orphus, Cuv.). — Acanthopt. sparoïdes. Long. max. = 0",80. Syn. : CoucICs sea Brcam, angl. Ce poisson ressemble beaucoup au Pagre vulgaire à la Daurade, et à tous les autres poissons de celte famille, seulement les deux derniers rayons de la dorsale et de l'anale sont contigus à leur base, et le dernier rayon des ventrales est aussi divisé à sa base. Le corps est plus gros et plus ramassé que celui du Pagel, la tête est épaisse et le museau aussi. La couleur du front et du dessus de la tète est rouge brun, et sur le dos et les nageoires vermillon ou laque ; l'anale est rouge jaunâtre, les côtes sont jaune pâle et le ventre blan- châtre. D= 12+ 10-11. A = 34- 8-î). V= 1 + 5. P. longues = 15. Caudale peu fourchue, mais assez grande sans ctre longue, de 29 rayons. Les dents sont coniques et en bandes irrégulièrement espacées sur les mâchoires, la langue est non armée, ainsi que le palais. ORPHE. — Tout ce qui a été dit pour la pêche du Pagel se rapporte à celle de l'Orphe qui se prend aux mêmes endroits, seulement il est beaucoup plus rare. L'Orphe est un poisson de la Méditerranée et du midi de l'Océan. II vit sur les rochers peu profonds et se nourrit de mollusques à coquilles moyenne- ment dures. 564 ORPHIE. Il approche les eûtes, de mars en novembre, et la femelle dépose, pendant l'été, ses œufs sur les galets des plages. \. — Orphe [Pagriis orphus, Cuv.). ORPHIE (Esoxbelone, Lin.). — Malacopt. abdom. Esoces. Long. max. = I mètre. Syn. : Aguglia, acicufa, nngusi'jula, ital. — GeepviscJi, hoU. — Nebbe sild, horn give, norw. — llorn/ïsch, d D O S PU (=1 > CD 12:; S^5SJ^^!^ wss^^^^^^ PAGRE. )6U inutile : il vaudrait beaucoup mieux expliquer avec quoi on ne le prend pas. Que " — 1- ' •'■ ''^ .^....f-^n,, nij qiiP l'on tende au fond, on prendra desPilonos; ce t»l2i lui 1i ÎL..;-^ Ui. I T m» PAGRE. 569 inutile : il vaudrait beaucoup mieux expliquer avec quoi on ne le prend pas. Que l'on pêche à la surface ou que l'on tende au fond, on prendra des Pilonos; ce rôdeur infatigable saura bien trouver l'esche qu'on ne lui destine pas, et venir la déchirer jusqu'à ce qu'il se soit enferré. Lorsqu'on veut en fiiire une pèche spéciale, — pour se procurer des boittes blan- ches très-recherchées pour la pêche du soir ou du lendemain matin, — le mieux est de le pêcher avec la gravette ; mais comme ce ver n'est pas toujours commode cà trouver sur certaines côtes où il s'enfonce profondément entre les rochers, on lui substitue très-bien les bernicles (patelles) qui réussissent à souhait et que l'on ren- contre partout. Si par un coup de filet on parvient à se procurer de petits Caranx ou chinchards. qui pullulent dans les ports, on se fera une ample provision de Pilonos, que l'on conservera facilement en les fendant en deux, ôtant la grande arête et y mettant une couche de sel. La chair devient encore plus ferme qu'elle ne l'est naturellement, — ce qui n'est pas peu dire, — et cette esche rend de grands services pour prendre le Bar, le Congre, le Grondin, etc. Si l'on n'a rien autre chose sous la main, on découpe en morceaux le premier Pilono que l'on prend, et tous ses camarades s'empressent de mordre sur lui à qui mieux mieux. C'est peut-être, de tous, le meilleur appât. On peut pêcher le Pilono au moyen d'une ligne montée à une canne et armée d'un bouchon, absolument comme on pêche en eau douce. Dans les ports, ou réussit souvent; ce poisson mord légèrement — pour un habitant de la mer — et demande de l'adresse pour être pris à la ligne au doigt; il faut ferrer court et promptement, et surtout ne pas employer des crocs de garde-manger à la place d'hameçons. Les Bogueravels vont toujours par troupes, mais ne séjournent pas long- temps dans le même endroit; on a cependant le temps d'en prendre une bonne demi-douzaine avant que leur humeur vagabonde les porte ailleurs. Si l'on pos- sède un peu d'amorce, telle que débris de poissons, têtes de sardines, etc., on leur en jette de temps à autre, et alors on les retient facilement à portée de la ligne. Il tient bien dans l'eau pour un si petit poisson, ce qui dépend de la forme aplatie et ovalaire de son corps. Les Pagels, les Sargues, etc., sont de même. PAGELLUS ACARNE. — (Voy. Pagel acarne.) PAGELLUS BOGARAVEO. — (Voy. Pagel bogueravel.) PAGELLUS CENTRODONTUS. — (Voy. Pagel a dents aigles.) PAGRE (Pagrus vulgaris, Cuv.). — Acantliopt. sparoïdes. Long. max. =0'n,80. Syn. : Bvuize, becker, angl. — Zack Irassen, lioll. — Parghi Lezogo, espag. — Phagros, port. — Pagra, pagaro, arboretto, ital. — Arbum, daim. — Sack flossem, allem. — Merstan, turq. Le corps de ce poisson, vu sous certaines incidences de lumière, parait couvert d'écaillés grandes, blanches, à reflets bleus gris d'acier; sous une autre direction, la robe paraît blanche teintée de vermillon. La ligne latérale est large, bien marquée, claire, suit le contour supérieur du corps et va jusqu'au milieu de la fourche de la caudale. La dorsale = 12 + 10 à 11, est rouge brun un peu fon:é. Caudale =17 à 20, vermillonnée; l'anale = 3 -|- 9 à 10. blanche; les ventrales = i -|- 5 également. Les pectorales = 15 à IG sont teintes de rouge assez vif, surtout aux rayons longs. Le haut de leur articulation sur le corps porte une attache bronzée foncée, et, au commencement de la ligne latérale, tout près de l'opercule, se voit une tache à peu près circulaire d'écailles brun noir foncé, mais ne touchant pas l'épaule et sé- parée d'elle par un peu moins que la largeur de la tache. Celle-ci est répartie sur la partie antérieure de 21 ou 22 écailles conliguës, dont la base restée argentée forme comme des festons découpés. Au contraire, la tache bronzée de la naissance des pectorales est formée de petits points très-rapprochés mais distincts. L'oeil est grand, enfoncé dans une orbite qui touche, en arrière, l'os operculaire. La pupille est vermillon surmontée de brun rouge; l'iris noir bleu entouré d'un cercle rouge vif. Le dessus de la tète est brun rouge vif foncé, et le dos de l'animal rouge sombre, un peu blanc. 570 l>AIN. Ce qui est indescriptible c'est le papillotage des couleurs des os de la tête. Autour de l'œil, en dessous, à la base de l'opercule, on voit des espèces de plis bleus, blancs, changeant de couleur, d'un brillant métallique admirable et qui rappelle l'elTel des paillettes ou des papiers métalliques moirés. L'extrémité des nageoires est également remarquable par ses teintes de bronze florentin mêlé d'argent. Les lèvres sont épaisses et blanches ; la bouche, médiocrement grande, est garnie de dents de deux sortes, pointues en avant, molaires en arrière. La langue est charnue, blanche et ronde. Il est impossible de rencontrer un poisson sur lequel on distingue mieux les détails del'appareil operculaire ; opercule, subopercule, préopercule, tous ces os sont distincts et articulés. Les narines sont près de l'œil, et fendues verticalement. Le haut des deux ouvertures des ouïes est relié par une bande rouge brun foncée, qui laisse au-dessus de chaque œil une tache ovale d'écnilles plus claires et de la couleur des flancs. Les rayons des nageoires non piquants sont annelés Le Pagre est extrêmement vorace; sa nourriture consiste en herbes marines, crevettes, crustacés et coquillages. Il se tient dans les eaux profondes, autour des rochers pendant l'été et l'automne, mais retourne aux grands fonds pendant l'hiver et le printemps. Quelle que soit la saison, on est parfois des mois entiers sans voir un seul de ces pois- sons. Très-commun dans la Méditerranée, il devient de plus en plus rare à mesure qu'on remonte vers le nord, et sur les côtes d'Angleterre on en prend quelques-uns pendant les mois d'été et d'automne. En Bretagne, on le regarde comme un poisson d'hiver qui se pèche vers mai et avril, La chair du Pagre est fort bonne, ferme, blanche et solide, elle n'a aucun goût désagréable quand le poisson vient d'un bon fond, ce qui arrive d'ailleurs le plus souvent. PAGRE. — Le Pagre est un poisson de mer qui vit en troupes, et se tient au fond (le l'eau pendant le froid qu'il redoute. Il se pèche comme tous les poissons, c'est-à-dire en été quand l'air est chaud, tout près du rivage; en hiver, dans les grands fonds. Sur les côtes de la Manche on les prend à l'hameçon, par les grands fonds d'eau, près des rochers, en amorçant avec des moules. Dans la Méditerranée, les Pagres suivent et accompagnent les Dorades, les Pagels, les Sargues, dont ils ont les mœurs ; tous ces poissons se prennent de la même manière et mordent parfaitement aux hameçons. Les Crabes-mois, les Crevettes, les Gravettes, les Bigorneaux, les Patelles, etc., etc., sont de bonnes esches, suivant les lieux et la saison. Comme ces poissons sont des rôdeurs sempiternels, on ne peut pas dire que l'on fait d'eux une pêche spéciale, on les prend quand ils se présentent, et comme ils vont géné- ralement en petites troupes, il est bon de savoir quelle est l'amorce qui, mise de suite sur l'hameçon, leur plaira le mieux. Pêcher au doigt, au libouret, au quipot, etc. PAGRUS ORPHUS. - (Voy. Orphe ) PAGRUS VULGARIS - (Voy. Pagre.) PAIN. — La mie de pain blanc sert seule d'esche pour quelques poissons de rivière. On en forme une petite boulette entre les doigts, en lui donnant la gros- seur d'un pois, puis on y enfonce l'hameçon de manière que lout le coude y soit caché et que la pointe saillisse d'une manière bien nette. La hampe n'a pas besoin d'être tout à fait cachée; mais la saillie de la pointe est indispensable, parce que la petite boulette blanche est rendue glissante et visqueuse par sa macération dans l'eau au bout de quelques instants et qu'elle peut glisser dans la bouche du poisson. Ce dégagement difficile de la pointe de l'hameçon est d'autant plus fâcheux que le pain réussit très-bien pour le Gardon et la Brème, les deux poissons qui mordent le plus légèrement. Aussi, quand on pêche de cette manière, — et l'on prend force poissons dans les étangs et les eaux fermées, — il faut une flotte formée d'une simple plume très-légère, ferrer au premier tressaillement et un peu dur, PALETTE DE L'HAMEÇON. 573 cordelettes au haut des perches, puis ou couvre de sable le filet ainsi enterré. La marée montante passe sur le filet sans le déranger ; lorsqu'elle commence à baisser, les pêcheurs appï-ochent sur de petites embarcations appelées tillottes, halent sur les cordelettes et remontent le filet. Plus ils sont nombreux, meilleure est la pèche, parce que le fdet est d'autant plus rapidement tendu. On prend ;\ cette pèche le poisson h raison de la largeur des mailles du filet. PALETTE DE L'HAMEÇON. — (Voy. HAMEÇON, DaRD ET AVANTAGE.) La Palette de l'hameçon est cette partie a (fig. 761) un peu aplatie qui ter- mine la tige droite de la hampe. On a beaucoup varié d'opinion sur la valeur de cet appendice, les uns y ont vu un inconvénient, les autres un avantage. Pour nous, nous sommes de ce dernier avis, pourvu que la palette soit de dimension aussi petite qiffe possible et présente des bords arrondis et non tranchants. La Palette, en effet, maintient l'attache de l'hameçon à l'empile, attache qu'il faut surtout s'efforcer de rendre inattaquable et indisso- luble, car c'est le premier point faible que rencontre la résistance du Palette dunha- poisson et par conséquent le premier endroit critique de la ligne. Même "'«'Ç'^i- pour la poche à la mouche naturelle, pèche dans laquelle l'hameçon reste absolu- ment à découvert, le plus souvent, nous ne voyons aucun inconvénient à nous servir d'hameçons à Palette. On a dit que les hameçons Irlandais ou Limericks sans Palettes étaient préfé- rables pour la confection des mouches artificielles, on a eu raison, mais ce n'était pas parce qu'ils n'ont point de Palettes, mais bien parce qu'ils portent la hampe plus longue que tout autre hameçon et par conséquent présentent plus de facilité pour y monter le corps des insectes. Si cette longue hampe était terminée par une légère Palette, bien faite, l'instrument n'en vaudrait que mieux. Quand même la Palette se verrait, elle simulerait la tête de l'insecte. Si on la cachait, elle au- rait l'avantage sérieux de consolider les ligatures et d'empêcher l'hameçon de s'échapper, ce qui, malheureusement, arrive quelquefois. Aussi, le premier soin que nous prenons quand nous voulons monter une mouche artificielle sur un Lime- rick uni, c'est d'y faire une Palette. Cette opération est la plus simple du monde, on fait rougir dans la flamme d'une bougie la pointe de la hampe, en tenant l'hameçon avec de petites pinces ; pendant que le bout est rouge, on l'aplatit avec un petit marteau sur un morceau de fer uni quelconque, puis, avec une lime fine, on arrondit la Palette en lui ôtant les barbes et les aspérités qu'elle peut porter. — Alors, on fait rougir la Palette de nouveau, et on la plonge dans le suif ou la cire de la bougie ; la hampe s'y refroi- dit et se recuit de manière à ne pas être cassante; il faut éviter, en faisant cette Palette, de raccourcir sensiblement l'hameçon, car alors il perdrait la longueur (jui fait précisément son mérite. Dans le choix des hameçons à Palette, il faut refuser ceux dont la Palette est tiop rejetée en arrière ; cette forme, absolument inutile, peut favoriser la rupture de l'empile en cet endroit, si par hasard les bords de la Palette sont restés tran- chants. Si l'on ne peut se procurer cependant des hameçons d'une autre forme, il faut prendre soin, en les empilant, de placer l'empile au-dessus de la Palette et du côté de la hampe opposé à sa courbure. Cette courbure, qui a été imaginée dans le but de rendre à l'empile la même direction que celle de la hampe, qui en semblerait 574 PANIER J)E BONDE. le prolongement, avait un semblant de raison d'èlre quand on empilait grossiè- rement les hameçons avec un nœud de corde qui, naturellement, déviait celle-ci de sa direction. Mais, aujourd'hui que le poisson, devenu plus rare et plus défiant, exige des engins mieux caches et plus finement montés, les Palettes contournées devraient être abandonnées ; tous les hameçons d'un pécheur digne de ce nom, doi- vent être empilés suivant noire méthode et n'ont pas besoin de Palette en dehors. L'anneau substitué à la Palette est encore plus mauvais qu'elle et n'offre aucun avantage sur ses inconvénients, à moins que ce ne soit pour les aveugles et les maladroits. L'empile, en y passant, devient double, c'est-à-dire encore plus grosse et moins dissimulable qu'elle ne l'était; or, une empile est toujours tropgrosse, quelque fine qu'elle soit. On m'objectera que ces hameçons servent pour la pèche de nuit, aux cordes : je répondrai c\ cela qu'ils sont précisément très-mauvais pour cette pêche. D'abord, il est impossible de faire passer un ver par-dessus l'é- norme bourrelet que forment l'anneau et les deux cordes qui la traversent ; si on empile avec un nœud d'arrêt, c'est encore pis. En second lieu, l'hameçon, ainsi suspendu, n'a aucune raideur, il balance dans tous les sens au bout de l'empile, s'accroche à tout, tourne dans les pierres, se cache entre elles, sans que son empile puisse le soutenir, et se brise quand on veut retirer la ligne. C'est le premier des hameçons qu'un pêcheur soigneux doit rejeter sans autre examen ; pour attacher les autres en les empilant, il aura un peu plus de peine, mais, au lieu d'empilés en ficelles, il en fera en crin ou on florence, ou en soie peinte et vernie, et il sera récompensé de ses soins par une réussite dix fois supérieure. Pas de paresse! à ce prix le succès ! PALINURUS LOCUSTA. — (Voy. Langouste.) PALOTS. — (Voy. Te.n'due sur pâlots.) Les Pâlots sont des piquets de bois de 1 à 2 mètres de hauteur que l'on fixe so- lidement à coups de maillet dans le tuf ou dans le sable. Si sur la cote se trouvent des roches tendres et plates, on y fait des trous avec un ciseau et on y assujettit les piquets au moyen de coins enfoncés entre les parois du trou au marteau. Suivant l'épaisseur de la nappe d'eau formée par la marée dans l'endroit de la tendue, les Pâlots sont coupés à une hauteur au-dessus du sol, qui va- rie deO'",50à l^SO. Très-faciles à placer dans les roches tendres de la côte, ils sont plus difflcilesà assujettir dans les sables. Pour cela, on fait un trou dans le sable avec une bêche, on garnit le bas des piquets avec de petites torches de paille ou d'herbes sèches que l'on entortille autour, on place tout cela dans le trou ouvert, et on comprimele mieux possible avec les pieds le sable que l'on rejette dessus pour remplir le trou. PANIER, — Synonyme de Casier. — (Voyez ce mot.) PANIER A ANGUILLES. — Dans un grand nombre d'usines et beaucoup de moulins on se sert du Panier à anguilles {/ig. 762) F,g. 7ti7— ^'ailier quc l'ou suspcud SOUS la vanucou le déversoir. Pendant la nuit les à anguilles. anguilIcs sc laisscnl volouticrs dériver avec le courant, surtout quand quelque crue leur procure une pâture nouvelle et abondante. D'ailleurs, il est à remarquer que l'eau trouble est pour l'anguille une occasion de voyager. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que toutes les espèces de pois- PANTENNE. 575 Fig. -,iii. l'ailier de bonde sons des cours d'eau peuvent être prises dans le Panier à anguilles si elles y tombent, mais peu se laissent aller ainsi au courant. La violence de l'eau tue les poissons contre les parois solides du panier et amène un rapide dépeuplement de la rivière ou du ruisseau, parce que ce sont les jeunes qui périssent en plus grande abondance. Cet engin doit donc être prohibé. PANIER DE BONDE. — Encore un engin meurtrier dont l'usage devrait être soigneusement défendu. L'ouverture carrée de cette chambre en bois fort en- castre toute la largeur de la bonde de l'étang ou de la chute d'eau de l'usine. Tout le poisson y est em- porté, meurtri, ballotté par les herbes et les branches. Une porte {fig. 7()3) à l'extrémité amincie permet de tout recevoir dans des paniers ou des filets, et le dépeuplement est complet. PANIER DE FOND (Pêche au). — (Voy. COUFFE DE PALANGRE.) PANIER DE PÊCHE. — Selon nous, le meilleur panier ne vaut pas le carnierde pêche que nous avons décrit. Mais comme beaucoup de pêcheurs préfèrent suivre la routine et se munir du classique panier, il faut faire une distinction dans son emploi et dans sa forme. Pour la pêche à la mouche naturelle ou artificielle, le panier à employer est ce panier oblong et à couvercle obli- que {fig. 764), que l'on vend partout et que l'on fixe autour de soi par une ceinture, ou sur son épaule par une ban- douUière. Au fur et à mesure que l'on fait des captures, on les dépose dans ce panier sur des lits alternatifs d'herbe fraîche mouillée. Si, au contraire, le pêcheur se livre à la pêche de fond ou au coup, à la pêche sédentaire, en un mot, il se fera confectionner un panier carré long de 0"',oO de longueur, sur O^/iS de hauteur et 0"',15 de largeur. Il lui fera adapter une anse mobile se repliant et des montants en osier très-forts de façon à prendre son panier pour banc ou pour chaise pendant toute la journée. Il place à portée de sa main un filet plongeant dans l'eau et ayant un petit cerceau qui retient ou- verte l'entrée; on le nomme Bourriche à poisson [fig. 765). Le soir, les poissons sont encore vivants : on les sort de l'eau , on les dispose dans le panier par lits , sur de l'herbe fraîche humide, et l'on rapporte à la maison un butin bien conservé. PANNE. — Aile des Bas parcs. — (Voy. ce mot et Fer a cheval.) PANTENNE. — La Pantenne était en usage dans la Méditerranée dès le xiv° siècle. Une ordonnance de Don Pèdre, roi d'Aragon et de Valence, rendue en 1339, en fournit la preuve. On y voit que ce prince permit à ses sujets la pêche en mer avec des Pantennes, sous la condition d'acquitter à son profit la dime du poisson, sans égard aux dispositions des lois antérieures. Fiii. 764. — Panier à couvercle oblique, dit Panier anglais. Fig. 765. — Filet à cercles. 2il Fig. 766. — Bombyx livrée, mâle et femelle. M^d ( 576 PAPILLONS. PANTERME. — Vcrveux final de la Bourdigue, où le poisson trouve la moil. — (Voy. Ijolrdigue.) PAPILLONS. — L'emploi des Papillons est un des plus iVuctucux pour la pôclic à la surprise et à la mouche au lancer. Malheureusement avec cette dernière pèche, la consistance du corps du Papillon n'est pas assez grande pour résister au choc de la ligne quand elle se déploie. Tous les Papillons sont bons pour la pêche à la surprise, et du haut des ponts, parce que là il n'y a pas de choc et que la poussière qui revêt les ailes de ces insectes ne permet pas à l'eau de les mouiller facilement, donc, il résulte qu'ils n'entrent pas dans l'eau, et restent aisément et longtemps à sa surface. Les meilleurs Papillons sont ceux de nuit et les crépusculaires dont les corps sont gros et succulents : parmi eux, les plus commodes sont les papillons de couleur claire, et surtout blanche. Les bom- byces qui couvrent en abon- dance les arbres fruitiers, les haies d'aubépines et les pro- menades de tilleuls sont, de tous, les plus recherchés des poissons de surface, qui les connaissent bien et passent une partie des crépuscules du matin et du soir à les recueillir comme une manne sur la rivière. Il va sans dire que les Papillons du bombyce de la soie sont très-bons, et que, dans les pays des magna- neries, ils partagent avec les chrysalides mortes le privilège d'attirer toute espèce de poisson. Citons, parmi les es- pèces faciles à trouver dans notre pays, le Bom- hijce livrée, [Bombyx neus- fria, Lin.) (//// . 7GG) à corps brunâtre et à ailes jaunes, à lignes plus foncées, qui se tient en foret et dans les cratœgi, Lin.) (fig. 7(37) à 67. — Bombyx de l'aubépine. „ui-^.î, Fig. 768. — I! b\\ iJi'ocessionuaire. jardins, sur les arbres fruitiers. Le B. de laubépine {B. ailes gris brun ou cendré, avec des lignes plus foncées, un peu plus petit que le précédent, vit sur le prunellier, l'aubépine, le prunier sauvage, le cerisier, etc. PAPILLONS. 577 Le B. processionnaire {B. processionea, Lin.) {fig. 7G8) à ailes gris cendré, trois lignes plus foncées sur les ailes antérieures, une sur les postérieures. A côté, le B. du pin {B. pityocampa) commun dans les forêts de résineux. Le B. de la ronce {B. rubi, Lin.) {fig. 769) petit, à ailes brunes et grises blan- châtres. Le B. pudibond {B. pudibunda. Lin.) {/ig. 770), à ailes antérieures blan- châtres, à lignes ondulées, les secondes avec une large bande brune. Quelquefois excessivement commun. Le B. à cul-brun {B. ckrysorrhea) {fig. 771) et le B. dis par ou zig zag, (B. dispar, Lin.) tous les deux blanchâtres, et com- muns dans les jardins de Fig. 769. — Bombyx de la ronce. la plus grande partie de la France, et des meilleurs pour les pêcheurs, tant en raison de leur couleur claire que de leur abondance. Toutes les sauterelles sont également bonnes pour la pèche, mais sont rarement assez communes pour que l'on puisse en faire provi- sion. Lorsque ce fait se pré- sente, c'est au pêcheur à ne pas le négliger, puis- qu'il fera deux bonnes ac- tions à la fois, en concou- rant à la destruction de ces ennemis de nos bois et de nos vergers , et en se procurant une abondante Fig. 770. — Bombyx pudibond. pêche, car les poissons se montrent très-friands de l'esche qu'il leur présente. Les Papillons diurnes sont bons pour la pêche, mais la petitesse de leur corps rend quelquefois difficile d'y introduire solidement un hameçon assez gros. Cependant quand on ne peut se procurer des Papillons de nuit, ceux de jour sont appelés à rendre de grands services, surtout les teignes des champs et des prés, dont les ailes sont molles et petites. On renferme les Papillons dans une des boîtes à mouches {fig. 772 et 773), que l'on garnit d'un tulle assez large et assez flottant pour ne froisser leurs ailes que le moins possible. Dans tous les cas, le pêcheur fera bien de se souvenir que tous ces animaux, surtout les nocturnes, laissent échapper de leur corps des poils rigides qui s'introduisent partout, et dont le contact sur la peau détermine entre les doigts, et sur les mains, des boutons très-douloureux. A plus forte raison, faut-il éviter de respirer ces dan- 37 Fig. 771. — Bombyx cul brun. 578 PARAPLUIE. gereux appendices qui peuvent porter dans les voies respiratoires les désordres les plus graves. Il est toujours prudent de ne manier la boîte à Papillons de nuit, et ces insectes eux-mêmes, que les mains munies de gants de peau. Celte coutume est fort gênante pour la pêche, mais elle nous a toujours semblé, ù nous-même , indispensable, et au bout de quelques jours d'usage, la douleur nous la recommandait impérieusement. Lorsque la provision de Papillons est faite et qu'ils sont de- venus secs, leurs ailes et leur corps se briseraient au moindre choc si l'on voulait s'en servir alors que, la saison étant passée, on n'en peut plus récoller de frais. 11 suffit de les ramollir en les suspendant avec la boîte ù mouche, au-dessus d'un vase d'eau bouillante, sous une cloche ou sous un second vase ren- versé. Ils se ramollissent en absorbant de l'humidité, et le pê- cheur peut employer ainsi cette esche précieuse pendant toute l'année. On pratique la même opération, avec succès, pour les mouches et autres insectes conservés et desséchés dont on ne doit jamais négliger de faire abondante provision en temps utile. Grâce à cette précaution, nous avons souvent obtenu des pêches miraculeuses dans des saisons où. personne autour de nous ne pouvait réussir, et oîi l'on nous accusait de posséder des secrets Simple secret, que celui d'être persuadé que les pois- sons ne savent pas Ihistoire naturelle !... PARADIÈRE. — Autre système de Tour (voy. ce mot) qu'on établit en pleine eau, dans la Méditerranée. Ce filet sédentaire, en usage aussi dans les étangs salés, se compose de hautes nappes tendues sur le fond au moyen de pieux et de F , G Fig. 773. Boite à papillons. Dessus et dessous. 774. — Paradiere cannes conlre-boutés les uns aux autres. Ce filet, fort simple, quoique très-ingénieux, se compose d'un barrage A dont la longueur peut être indéfinie el qui part perpendi- culairement à la côte, absolument comme celui de la Madrague. Ce filet conduit le poisson, qu'il vienne d'un côté ou de l'autre, dans une demi- enceinte CHFGM, au fond de laquelle il trouve Tentrée d'un énorme el long ver- veux DDE, dans lequel il s'engage et où on le prend à volonté. PARAPLUIE. — Ilélas! le nom û\\ pncifque rifflard ne devrait pas trouver place dans la panoplie du pêcheur ftishionable, el effectivement, pour la pêche à la mouche, on le remplace par un manteau en caoutchouc dont l'usage n'est pas toujours irréprochable. Le pêcheur sédentaire pense tout difieremment, et il a raison; la grande question pour lui c'est de n'être pas mouillé, et il s'arrange pour cela. Aussi lui conseillerons-nous de faire entrer dans son bagage un parapluie très- étendu et très-léger, fait simplement en coton et portant des baleines aussi longues PARASITES. o79 Fig. 775. — Cetochilus septentrionalis, observé sur le Hareng. que le manche quand il est fermé. Ce parapluie peut même être construit de ma- nière à s'emmancher dans un pied armé d'un pic de fer que l'on enfonce en terre ; de celte manière le pêcheur est sous une tente commode et conserve le libre usage de ses deu.^ mains. Les peintres en portent de semblables. On peut encore monter le manche du parapluie à l'extrémité de la canne- trépied ou au dos du pliant sur lequel le pêcheur est assis, et si cette disposition est moins commode, elle simplifie le bagage en supprimant le pied nécessaire. N'oublions pas que les temps de pluie sont les plus favorables à la pêche !... PARASITES DES POISSONS. — Le nombre des parasites internes et externes qui tour- mentent les poissons,tantdemer que d'eau douce,, est considérable. Il est peu d'espèces qui n'aient leur parasite correspondant et peu d'individus qui ne soient infestés souvent de plusieurs espèces différentes. La ma- jeure partie denos Ables des eaux de France porte, dans le canal intestinal, des Tœnias ou des Echinorhynques, et des Ligules (Ligula abdominali^) dans leurabdomen. On les voit quelquefois pris comme de folie remonter sur l'eau en tournoyant, puis mourir. Ce fait provient de l'invasion du cerveau par un ver blanc filiforme. Certains poissons blancs {Cyprinus) de nos eaux sont renommés pour la quantité et la variétés des pa- rasites intestinaux qu'ils renferment. La Dréme, entre autres, en possède un véritable assortiment. On a trouvé chez elle : 1° YEchinorhynchus lœviceps ; 2° VE. nodulosus ; S" le Disloma yloLiformis; 4° le Caryophyllus muiabilis; 5° le Tœnia laticeps; G» iQFasciolabramœ ; 7» le Fasc. annulata ; sans compter : 8" la Ligula simpUci'isima et des Ae/ww/Zie? jusque dans ses yeux. Il en est de même du Brochet qui est tour- menté non-seulement par des parasites in- térieurs, mais par des parasites extérieurs dont nous parlerons tout à l'heure. L'Anguille a été reconnue habitée par des vers intestinaux dont l'expulsion avait donné lieu, disent les naturalistes, à la croyance par les pécheurs que ce poisson faisait ses petits vivants; les pêcheurs ré- pondent qu'un ver, même blanc, n'a pas les yeux noirs et saillants d'une Anguille naissante et qu'il faudrait y mettre de la bonne volonté pour se tromper. A cela les Fig. 77G. — Vu en dessous savants répondent qu'ils ne croiront que Argule foliacé, pou de la Carpe (Monoculus argulus, Fabr.) quand ils auront vu ; mais comme il n'est Grossi 8 fois, pas probable que les Anguilles viennent les trouver dans leur cabinet, il y aura toujours, — et nous sommes du nombre, — des gens sceptiques qui pen- seront que peut-être les pêcheurs ont bien vu. Adhuc sub judice lis est. . . , Le Hareng est tourmenté par un filaire particulier [Filaris harengorum) et en même temps par le Cetochilus septentrionalis {fig. 775). Nous avons vu un Esturgeon en captivité avoir les branchies pres- que dévorées par une incroyable quantité de parasites larviques ressemblant à des annélides. L'Anthias de la Méditerranée possède aussi ses parasites helminthiques. La Perche commune ne compte pas moins, d'après Rudolphi, de 7 espèces de vers intestinaux vivant dans ses viscères. L'Épinoche est de même; la Carpe ordinaire est attaquée par la Ligule, un Caryophylle et un Echinocéphale. ^^y- "^^^ " Oichelestium Siurionis, D. de l'Esturgeon. Parmi les poissons marins, les parasites sont au moins aussi nombreux; les vers intestinaux se trouvent partout, et ici les crustacés s'en mêlent. Certaines espèces de poissons se montrent Fig. 777. — Vu en dessus. Fig. S. — Caligus Mûlleri. Observé sur la morue, le lingue, etc. 580 PARASITES. Fig. "80.— Chalinus Scombri. Sur le Mag. Fig. 782. — Ler nentoma cornuta (mâle). plus particulièrement atteintes que les autres, .\insi, en Bretagne, on prend un quart ou un tiers des Labres portant au dessus des ouïes, un, deux ou trois gros crustacés parasites {Cymothoë, fig. 787) accrochés, et quelquefois, h eux tous, presque aussi volumineux que la moitié du corps de leur victime. Celle-ci n'en parait pas singulièrement afTectée. On at- tribue dans le pays l'invasion de ces parat^ites, si fréquente sur les Vieilles (Labres), à l'habitude bizarre qu'ont ces poissons de se poser au fond de l'eau en se couchant sur le coté, ce qui permet aux crustacés de monter sur eux et de s'y accrocher à demeure. C'est ainsi que les Lernées sont des crustacés parasites qui ne vi- vent que sur les poissons et sont assez nombreux pour composer une sous-classe au-dessous des Entomostracés. Nous ne citerons que quelques exemples; pour l'eau douce, le Pou des Épinoches et de la Carpe, Argule foliacé {Monoculus arcjulus, Fabr.) {fig. 776) que l'on trouve dans les eaux stagnantes des environs de Paris. Les Caligiens, dont un, le C. minutus, a été trouvé dans la cavité d'un Dar, sur les côtes de Bretagne, l'autre le Caligus Mii/leri (fig. 778) a été observé sur les Gades : Morue, Lingue, etc. Les Trehius (Krœy), 81. — Lerncntoma coniuta les Nogagus (Leach.), les Dynématures (Burm.), etc., sont tous pa- (femelle). rasites des Squales, les Pandarus également. Sur les branchies du Brochet et de la Carpe, on a trouvé des Ergasiles, petits crustacés voisins des précédents et de la famille des Pachycéphales ; on les a rencontrés également sur l'Anguille et le Silure; le Dichelestium {fig. 779) est parasite de l'Esturgeon, l'Anthosoma d'un Squale, le Chalinus Scombri {fig. 780) du Maquereau. EnGn les Lernéides proprement dils, ces vers qui sont des crustacés infé- rieurs et semblent être des Annélides suceurs au premier coup d'œil, habitent la chambre des branchies. Nous voulons énumérer ici une partie des espèces chez lesquelles on les a observés, afin de bien démontrer que le parasitisme crusta- céen est complet et étendu à toute la génération des poissons des eaux douces et salées du globe. Voici cette curieuse liste des poissons attaqués : Serran , Flétan, Diodon, Zeus âpre, Platax, Muges, Labres, Soles, Trigles, Pleuronectes divers, Thon, Cyprins, Silures, Saumon, Perche fluviatile. Carpe, Milandre, Squales, Anarrhique loup. Baudroie, Exocet, Harengule, etc., etc. Ces Lernéides, qui forment un ordre tout entier, sont assez nombreux pour être partagés en plus de vingt genres séparés en trois fa- milles. Quelle hideuse population d'affamés ! Rien, au reste, ne peut donner une idée des A>. 783. -Lerneuiomaspratt.. j^^.^^gg fantastiques et des métamorphoses bizarres de ces affreux petits suceurs. Voici, comme exemple {fig. 781 et fig. 782), un Lementoma cornuta^ dont le mâle et la femelle sont si différents qu'on les prendrait pour deux espèces étrangères l'une à l'autre. Cette espèce de parasite se trouve sur le Maquereau, nous y joignons le Ér^v Lernentor)m Spr-atti {fig. 783) que l'on rencontre sur le Sprat, et le Hareng. |\ Très-voisin de ces animaux, nous trouvons les Lemeocères, parmi lesquels nous représentons ici : le Lerne'ocera cyprinacea [fig. 784) qui se trouve sur la Carpe, et le Lcmeocera gohiana {fig. 785) trouvé sur le Gobie, etc. Les Hypérines sont encore d'autres crustacés voisins des Crevettines qui, pour la plupart, vivent en parasites sur les pois- sons et les méduses dont elles font leur nourriture. Les Pra- nizes {fig. 7 8G), crustacés isopodes marcheurs, vivent sur les branchies. Enfin, nous terminerons cette curieuse énumération en arrivant aux Ci/mot hondiens, famille comprenant des crusta- cés tous parasites des poissons, mais non tous de petite taille: on en trouve dans toutes les mers du globe. Le type est le Cymo- thoe œstre {fig. 787) et une autre espèce, le C. parallela (Otto) que l'on rencontre sur les Spares de la Méditerranée. La plus grande longueur de ces poux marins est de 0'^,0'i^. Nous en avons vu, plus haut, d'énormes sur des Labres : ils ont jusqu'à Q^,\0 de longueur. Comme si ce n'était pas asstz des parasites animaux, on signale encore des végétaux qui vien- nent prendre leur nourriture sur les malheureux poissons. Ainsi quelques Carpes ont la tête et une Fig. 734. — Lcrnoo- cera cyprinacea. ;Carpe) Fig.-%h.— Loi- neoccra gohiana. (r.obic) PARCS. 581 partie du corps quelquefois couverts d'une sorte de mousse blanche (Byssus) que le vulgaire et quel- ques naturalistes mêmes ont pris pour un signe de vieillesse extrême, et qui n'est pas autre chose qu'une sorte de muscardine, un Byssus parasite végétal qui se développe quand l'eau offre cer- taines qualités encore inconnues. En changeant l'eau, on détruit quelquefois ce singulier parasite. Ljf Perche d'eau douce est attaquée par un petit animal auquel le docteur Nordmann donne le nom à'Acteres Percanim ou Pes{e de la Perc/ie [fig. 7 88 et fig. 789J. Ce parasite habite les eaux douces; il s'at- taque à plusieurs percoïdes. D'ordinaire il établit son domicile dans l'intérieur de leur bouche, où il se fixe au moyen d'un suçoir destiné à cet usage. Ce suçoir s'implante si avant dans la membrane muqueuse que non-seulement l'animal ne peut s'en dégager, mais qu'on ne peut extraire ce corps étranger de vive force, sans rompre ce que l'on appelle les bras du suçoir. Le parasite adhère tantôt au palais, tantôt à la langue du poisson. Si nous considérons que la Perche avale quel- quefois sa proie tout entière, nous comprendrons com- bien il fallait que le susdit parasite fût organisé de manière à se fixer fermement sur les Labres, à s'enraciner, si l'on ose ainsi dire, pour résister à la pression et à l'action violente de lanojrriture s'engloutissant dans le gosier du poisson. Être en pareil cas dans le palais ou sur la langue d'une Perche, c'est occuper, on en conviendra^ vuie situation difficile à maintenir. Ces fléaux de la Perche se trouvent à leur tour soumis aux incursions et aux tracasseries d'un autre animal plus petit qu'eux-mêmes. Une mince es- pèce de mite en fait sa proie. Au moment où la Perche avale avec effort, il se forme dans la bouche de ce poisson une quan- tité de salive autour de la piqûre de l'Actère. Or, quand cette salive disparaît, on trouve le parasite tout couvert d'autres pa- rasites — une espèce d'infusoires qui appartient au genre Vov- ticella (J. Franklin). Nous remettons à l'article Parasites, des Grandes Industries des eaux, les détails si curieux sur les parasites des alevins, para- sites qui ne sont que trop souvent un des fléaux de la pisciculture. Fig. 786. — Prauize bleuâ- Fig. 787. — Cyraothoë, tre [Oiiiscus cœruleatus, pou de mer (Cî/moMoa Mont.). œs/z-um, Fabr.). Demi- grandeur. Fig. 7SS. Acteres Perca- rum. (Mâle gr.) Fig. 789. Acteres Percarum. (Femelle grandie.) PARCS. — Les parcs en mer peuvent être con struits de deux manières différentes, ou, parallèlement à la côte : ils ont pour objet de retenir les poissons qui se laissent aller au flot et s'approchent du rivage à chaque marée; — ce sont ordinairement les poissons plats, les Orphies, etc., — ou bien ils se placent perpendiculairement à la côte, dans ce cas ils sont faits en vue de capturer les poissons qui, se plaisant aux endroits oii l'eau a peu de pro- fondeur, nagent par bancs, parallèlement à la côte. (Voy. Rayoirs, Folles, Tbamâux, Palets, hauts Parcs, bas Parcs, etc.) La situation la plus favorable pour ces pêcheries est en général celle où l'eau coule avec rapidité : par exemple, l'embouchure des courants d'eau douce, les pas- ses entre les roches, les débouchés des gorges, anses, etc., quoiqu'il soit imprudent d'établir les parcs dans le centre môme du courant, parce que ces pêcheries risquent d'être rapidement comblées ou abattues par les algues, les sables ou les vases que l'eau charrie presque toujours. Les parcs se font de plusieurs manières et au moyen de plusieurs matières dif- férentes. On les établit d'ailleurs le plus près possible du relai de basse mer, et n'en valent que mieux, lorsqu'ils sont recouverts chaque jour d'un bon nombre de brasses d'eau. 582 PARCS. Fig. 790. — Parc naturel. Les règlements de la police maritime et de la pêche règlent d'ailleurs les dimensions de toutes les parties des parcs, dimensions qui varient suivant les quar- tiers où ils sont établis. Parcs naturels {fig. 790). — On trouve quelquefois sur les côtes roclieuses et un peu basses soit des en- droits où l'eau séjourne naturellement, soit des enceintes incomplètes de roches dans lesquelles il serait facile de la faire séjourner. On ferme alors les interstices ou les en- droits faibles avec des clayonnages, des digues de pierre, ou simplement des murs de vase ou de sable. D'autres fois au lieu de fermer ces guides naturels, on y tend des guideaux, des verveux ou des nasses. Parcs de pierre. — Gesontdesenceintesconstruitessur lesgrèves, (/?^. 79i)soit en petits murs de pierres sèches, soit en rangées de pierres debout, d'une hauteur qui ne dépasse gé- néralement pas O^jGO. Les dimensions des pêcheries sont également détermi- nées par des arrêtés spé- ciaux. La forme des parcs de pierre varie avec les lieux, les matériaux et les traditions des pays. Tous dérivent d'une forme primitive et générale, celle d'un fer à cheval, dont la con- vexité est tournée vers la mer, et les deux pointes reviennent vers la terre. D'après l'art. 10 du décret du 10 mai 1862, il n'est plus établi aucune pê- cherie ( parcs en pierre, naturels ou sur pâlots) à poissons, soit sur les do- maines maritimes, soit sur une propriété privée. De l)his, les détenteurs de pê- cheries actuellement exis- tantes sont tenus, lorsqu'ils sont requis, et dans des délais déterminés, de jus- tifier de leurs titres de propriété ou des actes d'autorisation. Cette prescription était indispensable pour sauvegarder l'intérêt général, en empêchant la destruction Fiy. 791. — Parcs de pierre. Fig, 79Î. — Parc sur pâlots, (lors en clayonnagc muni de sa bire. PARCS. 583 continuelle de l'alevin qui se faisait à chaque marée, dans ces parcs, sans profit pour personne. (Voy. Réservoirs a poisson.) Parcs sur pâlots {fig. 792). — Lorsqu'on manque de pierres, on construit Fig. 793. — Parc sur pâlots. Gors en clayoïiiiage et filet, terminés par leur nasse. ces parcs en pieux ou pâlots, plus ou moins rapprochés les uns des autres et le plus souvent maintenus par un clayonnage fait entre eux. On leur donne quelque- fois la forme des gors, et l'on établit une nasse ou bire, à leur extrémité vers la mer. On les appelle aussi bouchots ou buchots. (Même prohibition que ci-dessus.) Parcs sur filets {ftg. 794 et 795). — On remplace quelquefois les clayon- nages dont nous venons de parler par des filets en nappes ou en tramaux de différentes grandeurs sui- vant le poisson que l'on espère prendre. D'après la forme qu'on leur donne, on les appelle courtine, tournée, venets, etc. Parcs fermés. — Les parcs fermés présentent une enceinte close de toutes parts, excepté par une petite ouverture tour- Fig. 794. — Parc sur filets, dit Bas Parc. née du côté de la terre. Du milieu de cette petite ouverture part une ligne de filet, de palissades ou de murs qui remonte perpendiculairement sur la côte et qu'on appelle chasse ou casse. Les poissons nageant parallèlement à la côte, rencontrent cette chasse qui leur barre le passage. Ils la suivent du côté de la mer, puisque de l'autre côté elle les mènerait à sec et rencontrent ainsi la petite ouverture du parc dans laquelle ils s'engagent. Les pêcheurs des côtes de la Méditerranée ont 584 PASSER. remarqué que, suivant les saisons, certains poissons suivent la côte et vont se [ras- sembler dans certaines anses. D'autres espèces s'engagent de la mer par les graux dans les étangs salés, tandis que d'autres en reviennent. Forts de ces observations, ils établissent des espèces de parcs en pleine eau, avec des perches enfoncées dans Parc sur filets, dit Haut parc. le sable et entourées de filets. Ils donnent à ces parcs une forme circulaire comme une tour, et dirigent l'ouverture du côté oii ils supposent que doit venir le poisson, du milieu de cette porte part une chasse en filet qui contient le poisson dans le parc. La tour communique elle-même en face de son entrée, avec un long verveux dont la queue est fixée à un piquet et dans lequel on va ramasser le poisson. PARCS DE PIERRE. — (Yoy. Parcs) {fg. 791). PARCS FERMÉS. — (Voy. ParCS) PARCS NATURELS. — (Yoy. Parcs) {fiy. 790). PARCS SUR FILETS. — (Voy. Parcs) {fig. 794 et 79o). PARCS SUR PALOTS. — (Voy. Parcs) {fg. 792 et 793). PAR FOND ;pêcherj. — (Voy. PÊCHE A LA LIGNE EN MER ET PÊCUE DE FOND.) Pêcher pur fond se dit quand, au moyen d'un corps lourd (vov. Plomb et Gabliè- REs), on force l'esche à se tenir près des fonds de la mer ou du courant d'eau douce dans lequel on espère capturer du poisson. Cette pèche a besoin d'une licence. PARIAUX. — (Voy. Cablières.) PARR. — Nom anglais, adopté maintenant en France, pour signifier un jeune Saumon portant encore la première livrée de dix-huit bandes brunes, et par con- séquent n'ayant pas encore fiiit la descente des fleuves vers la mer. (Synonyme de Salmkt.) Le Parr a O^jlO. (Voy. Saumon.) PAS [pêche au]. (Voy. Pied [p(k:he à].) PASSAR ET PASSARD. — Nom languedocien de la Barbue. (Voy. ce mot.) PASSER [pêche au]. — La pêche au passer se fait surtout dans les chutes rapi- des produites par les moulins, les usines, les déversoirs, cascades ou rapides natu- rels. La Truile, la Perche, le Saumon, le Brochet, etc., se tiennent au fond des PASSER. 585 tourbillons d'eau, et il est impossible de les y apercevoir : le Chevesne lui-même aime ces endroits, ainsi que les rapides des grandes rivières. On peut pêcher avec toute espèce d'appâts vivants, surtout les petits poissons ; mais les hannetons, sauterelles, grillons, papillons, la viande crue et cuite, les boyaux de poulets, la cervelle, etc., sont également bons. La seule condition est qu'ils puissent tenir sur le grappin {fig. 796) dont on se sert. Fig. 796. — Grappin à émérillon pour la pêche au Passer, Fig. 797. —Ligne à poisson -vif, avec le plomb glis- sant pour lui descendre dans la bouche. Si l'on emploie un poisson vif on lui mettra (fig. 797) dans la bouche un plomb un peu pesant, que l'on aura d'abord enfilé librement dans l'empile en llo- rence de l'hameçon ou du grappin. Cela fait, on jette la ligne en haut du courant^ puis, laissant la canne à fleur d'eau, on la tire en descen- dant plus ou moins rapidement sui- Fig. — Poisson monté sur bricole plombée, comme pour la pêche à TroUing. (Bon.) vant la force de l'eau. On fait ainsi descendre l'appât entre deux eaux, ce qu'on ne pourrait pas obtenir si l'on voulait pêcher au passer en remontant. Il est souvent utile, après cette ma- nœuvre, de faire re- venir la ligne en re- montant le flot, pour y faire sautiller l'a- morce ou le poisson. Les bouillons d'eau qui tombent sur la ligne ont bien- tôt mis à mort le petit poisson employé, mais au moyen des émérillonsque porte le fil, — car il lui en faut au moins un, — on produit en tirant la ligne dans l'eau une rotation rapide du Fig. 799. — Manière solide de monter le Fig. 800. — Manière différente de monter poisson-amorce sur une bricole. le poisson vif sur un hameçon simple. Fig. 801. — Tue-Diable artificiel, sans poisson, pour le s grandes chutes. Autre forme de Tue-Diable artificiel . poisson qui paraît plus vif que jamais. Quand la chute d'eau est très-dure, il faut au lieu d'un grappin ou d'un simple hameçon, monter le petit poisson sur un tue-dia- 586 PASSER. ble {fuj. 803), se servir du lue-diable artificiel {fuj. 801 et 802) ou de la cuiller {fKj. 804), tout dépend des lieux et du poisson que l'on chasse. A — ^ Fig. 803, — Deux Tue-Diables difR'ieiits pour monter un petit poisson vif. Ftg. 804. — Cuiller pour pêcher, sans poisson, dans les chutes d'eau les plus rapides, ou dans les bouillons des usinai. On se trouve également bien d'employer un des appareils figure 805 ou figure 80G. Ils s'introduisent, par la bouche, dans le corps du petit poisson-amorce qu'ils traversent et où l'on cache le plomb oblong qu'ils portent et qui fait enfoncer l'esche sous l'eau rapide. Le crochet inférieur empêche l'appareil de ressortir du poisson-amorce, et assujettit celui-ci qui est plus diffici- lement arraché. Ces appa- reils s'emploient conjointe- ment avec un lue-diable en fiorence {fig. 803 et fig. 80«). Les ailes A {fig. 805, 806) restent en dehors de la bouche du poisson, et, rece- vant l'effort oblique de l'eau, le font tournoyer rapidement. La figure 807 montre un appareil du même genre, mais sans ailes. La flèche s'enfonce dans la bouche du petit poisson et les barbes qu'elle porte s'opposent à sa sortie. Le manque d'ailes est quelquefois une qualité pour ces appareils : quand l'eau est trop forte, on est obligé de laisser les premiers pour prendre ceux-ci auxquels on joint un émérillon avant le tue-diable, comme dans la figure. Ftg'. 805. — Appareil à faire tournoyer le poisson mort dans l'eau des chutes. Fi^. 806. — Ap- pareil du même genre, mais d'une autre forme. Fig. 807. — Appareil à piquer le poisson- amorce et à le main- tenir dans les grands bouillons d'eau. Fig. 808. — Autre forme de Tue-Diable en fiorence pour at- tacher un petit poisson vif. Fiq. 809. — Bricolo plombée pour grandes chutes. On peut également employer la bricole plombée {fig. 809), mais il faut l'intro- duire parle fil d'archal croisé afin que les hameçons coiffent le poisson-amorce et ajuster un ou deux émérillons en arrière sur le trajet de la ligne. Cette bricole supporte moins d'eau que les précédentes, et, si l'on veut avoir de bons hameçons, il faut la faire soi-même. PATER-NOSTER. 5^7 Munissez-vous d'une épuisette, d'un bon moulinet, et d'une ligne forte et lon- gue, car les poissons attaqués sont vigoureux, et leur force est décuplée par celle de l'eau où vous les péchez, PASTENAGUE (Raie). — (Voy. Raies, § 12). PASTINACA (Raja^ — (Voy. Raies, § 12, Raie pastenague). PATER-NOSTER. — Cette pêche, d'origine anglaise, s'emploie dans les docks et réussit bien dans les eaux profondes et tranquilles des étangs oij abondent la Perche et les poissons de fond : elle réunit la possibilité de les prendre tous. Il est probable que cet engin (/î^. 810) tire son nom de la ressemblance des perles ou rouleaux de gutta, dont on se sert pour sa confection, avec les perles qui séparent les dizaines sur les chape- lets, perles ordinairement cannelées, tan- dis que les autres sont rondes. On peut remplacer les perles en gutta par des perles que l'on tourne soi-même en ivoire, en os, en bois, en métal, etc. Dans les endroits où le fond très-maréca- geux et plein d'herbes ne laisse pas voir l'esche du fond E {fîg. 810), on remplace cet hameçon par un petit plomb de fond. A {fig. 810) est la portion de la ligne qui tient à une canne, à un grelot, ou que l'on fixe à un obstacle quelconque. On place en C, après avoir sondé exactement, un fort bouchon verni, ordinairement plat. Au-dessous, pend une avancée en flo- rence qui, de distance en distance (O^jSO environ), porte entre deux petits plombs fendus et fixés P,P {fig. 8H) une portion MN de tube en gutta-percha. Cette espèce de perle oblongue MN {fig. 8H) est extérieurement munie d'une petiterainure Fig. 810. — Pater-noster complet. laquelle attache , sur on par une em- pilure en R, une soie de sanglier S , Fig. 811. — Détail de la perle Den gutta (fig. 810), et de sa monture. forte et longue, portant à son autre extrémité X, une boucle ligaturée dans la- quelle on passe la boucle de l'empile d'un hameçon approprié. Au-dessous de la dernière perle tournante du pater-noster {fg. 810), on place assez de plombs fendus pour bien équilibrer la ligne, puis on ajoute un hameçon G à l'extrême bout, et on fait en sorte que cet hameçon traîne sur le fond E, où il est destiné aux poissons qui se trouvent en cet endroit. Il est bon de soutenir par des postillons B,B {ftg. 810), la partie A de la ligne, allant du bouchon C à la canne, au scion, etc., parce que, sans cette précaution, la 588 PATES DIVERSES. ligne entrerait dans l'eau, et, par son poids, tendrait à ramener le pater-noster au bord. PATES DIVERSES. — (Yoy. AMORCES, APPATS, EsCUKS, ctC.) I. Pâte à boulettes ]iom Brème, Dard, Barbillon, etc. Prenez : Levain de pâte que vous durcissez do farine, suivant le besoin. Fromage de gruyère râpé et mis à tremper dans du lait. Ail pilé. Faites une pâte un peu résistante. II. On se sert encore de la môme composition, avec la modification suivante : Au lieu d'ail, prenez de l'huile composée, contenant du musc, de l'extrait d'absinthe, de l'extrait de camomille, de la poudre de rumin. Cette huile, mêlée à la pâle, l'empêche de se délayer à l'eau aussi vite. III. — Pâte pour la Brème en été : Fromage de gruyère, pourri et râpé; Farine de seigle ; Essence d'anis ; Un peu de sel de cuisine. W . — Faites bouillir du blé dans du lait; quand il est bien attendri, fricas- sez-le sur un feu modéré, avec du miel et un peu de safran délayé aussi dans du lait. T. — Laissez tremper une nuit un demi-boisseau de fèves, faites-les cuire à demi dans de l'eau, avec une demi-livre de miel et deux grains de musc. Retirez du feu pour les pétrir et en faire des boulettes. Cette pâte est très-bonne pour la Carpe. YI. — Pétrissez dans vos mains pendant un quart d'heure, gros comme un œuf de mie de pain cuit de la veille, que vous aurez d'abord imbibé d'eau. Cette pâte ne doit jamais être employée quand elle est aigre. Le poisson a en horreur la saveur acide. Ordinairement on colore cette pâte avec- un peu d'ocre rouge, ou de vermillon pour lui donner la couleur de Saumon, de carotte ou d'oeillet foncé. On ne s'en sert guère, blanche, que par une eau trouble : elle s'emploie ordinairement pour les Gardons, Yandoises, Tanches et Carpes, YII. — Mêlez du miel ou du sucre à la pâte ci-dessus, quand elle est bien faite. Cette pâte est un excellent appât pour la Carpe dans les mois de juillet, août et septembre. Elle attire aussi les Chevesnes, Tanches, Yandoises et gros Gar- dons. YIII. — Prenez de la mie d'un pain sortant du four, que vous mélangez avec une petite quantité de pain rassis, pétrissez bien le tout. Cette pâte est meilleure que celle n° YI, parce qu'elle se désagrège moins vite dans l'eau courante. On la colore de même en rouge ou en jaune. IX. — Faites bouillir dans de l'eau du^am de creton ou marc de suif, passez au tamis, délayez dans cette eau un morceau de pain, et pétrissez bien; à défaut de pain de crelon, mettez du suif ou du lard. On l'emploie pour Chevesnes et Bar- billons. On peut y ajouter encore du fromage de gruyère. X. — En automne on peut faire une pâte jaune avec du fromage bien fort, pilé avec du beurre et du safran, assez pour lui donner la couleur citron. XI. — En hiver on fait cette pâte avec du fromage, et un peu d'essence de té- rébenthine, pour le Chevesne. XII. — Pour la Tanche toute pâte est bonne si l'on y môle du goudron. PÈCHE A LA BOUTEILLE. 589 Xin. — Prenez : F^sprit-de-vin ou Eau-de-vie 1 litre . Miel 1 ,000 gr . Huile de crotontiglioii 20 gouttes. Aloès citrin en poudre 8 gr. Essence d'anis 2 gr. Musc 4 grains. Fenouil 60 grammes. tissence d'opium 2 — Essence de lavande 2 — Laissez le tout infuser quinze jours, puis faites provision de fèves de marais, les plus belles possible, faites-les cuire dans l'eau avec du thym, ou du romarin ; piquez- les avec une épingle pour qu'elles absorbent plus facilement, et jetez-y quelques gouttes de l'infusion ci-dessus. XIV. — Les lentilles rôties, dont on fait une farine en les pilant, que l'on re- met en pâle avec des blancs d'oeufs, et dont on forme ensuite de petites boulettes, sont très-bonnes pour le Barbillon surtout. XV. — Prenez de la grosse farine de seigle, du miel, du fromage de gruyère trempé pendant vingt-quatre heures dans du lait, haché menu, et du chènevis pilé. Pétrissez le tout soigneusement, en ajoutant ce qu'il faudra de farine pour en faire une pâte assez résistante qui tienne bien à l'hameçon. Tous les poissons mor- dent à cette pâte ; quand elle est molle, il faut ferrer à la première attaque. XVI. — On se sert aussi de pommes de terre à moitié cuites, à la place de fa- rine de seigle, ce qui réussit parfaitement. XVII. — Le pêcheur de fond peut employer également de la mie de pain blanc frais, pétrit en boulettes et tout simplement mis à l'hameçon. Avec cet appât comme avec toutes les pâtes, il faut se souvenir que l'eau le rend glissant, et en ferrant il faut y faire attention. Le dard de l'hameçon doit toujours être apparent. (Voy. Crêpe et Cuabot.) PAYOLLE. — Filet fixe, en nappe triple, que l'on emploie dans le 5^ arrond. maritime (Toulon). PEAU. — La Peau, chez les Poissons, est nue ou couverte d'écaillés très-variables dans leur forme, leur consistance, leur grandeur. Elle est dans tous les cas lubréfie'e par un mucus albumi- neux très-épais et très-abondant qui se délaye difficilement dans l'eau, où il n'est pas insoluble abso- lument comme on pourrait le croire ; ce mucus se congèle par la chaleur en une couche épaisse et blanchâtre ; il en est à peu près de même quand on le sèche et qu'on le mouille ensuite ; il se délaye en longs filaments blancs et opaques. PÈCHE A FOUETTER. — (Voy. FOUETTER [pêche à].) PÊCHE A LA BOUTEILLE. — Cette pêChe, qui n'est qu'une ingénieuse modification de l'emploi des nasses, ne sert que pour la capture des petits pois- sons, Vérons, Goujons, qui, tout en composant une excellente friture^ sont égale- ment recherchés du pêcheur pour l'amorce de ses lignes. La Bouteille se fait de deux formes différentes, mais toujours en verre blanc ; elle peut être fabriquée dans toutes les verreries. La première forme ressemble absolument à une grosse carafe commune dont le fond serait saillant en cône à l'inté- rieur, comme celui des bouteilles à vin ordinaire. L'extrémité de ce cône intérieur est brisée elles bords de cette ouverture restent inégaux et remplis d'aspérités qui empêcheront les poissons, une fois entrés dans la Bouteille, de ressortir par là, parce qu'ils se piqueront le museau sur ces aspérités. Pour pêcher avec cet engin, on ferme le goulot de la carafe par un morceau 590 PÈCHE A LA CANNE EN MER. (le canevas tendu, quelquefois tout simplement par un bouchon de paille lâche ou un bouchon de liège, sur les côtés duquel on a pratiqué des entailles pour qu'il ferme très-imparfaitement. Ceci fait, on attache une corde au goulot et on descend doucement la Bouteille au fond de l'eau, dans un courant vif et par une eau lim- pide. Le moindre choc sur les pierres suffit pour la briser ; il faut prendre ses pré- cautions également tandis qu'elle se remplit d'eau. On a soin, avant d'immerger la Bouteille, de jeter dans son intérieur une poignée de son ou de mie de pain émielté ; puis, une fois l'engin au fond, on tourne le goulot en amont et dans la direction du courant. Placé de la sorte, l'entonnoir du fond se présente aux poissons qui remontent toujours le nez vers le courant; c'est, au reste, la même disposition que pour l.e placement des nasses ordinaires. L'eau entre par la fermeture imparfaite du goulot de la Bouteille, et, en pas- sant, entraine des bribes de son ou de pain par l'ouverture de l'entonnoir : les Yé- rons, les Goujons se rassemblent dans le fil de l'eau qui amène de si bonnes choses. Un premier s'avance... il hésite... demeure quelques instants immobile, puis s'é- lance !.. Il a franchi le Rubicon!.. Le voilà prisonnier, tournant dans la prison transparente... Ses manœuvres appellent ses semblables, et en quelques minutes la Bouteille est pleine. On la relire de l'eau avec les mêmes précautions qui ont été employées pour l'y mettre ; on vide les petits poissons en ouvrant le goulot ; l'on remet de l'appât et la pêche recommence. La seconde forme de Bouteille est préférable, quoique un peu plus compliquée. C'est un cylindre de verre avec un entonnoir rentrant à chaque extrémité. Le gou- lot de sortie des poissons pris est sur le côté, au milieu de la longueur; c'est à son rebord que l'on attache la corde qui sert à descendre l'engin au fond de l'eau. Ici les poissons peuvent entrer dans la Bouteille par les deux extrémités opposées, et cette disposition est avantageuse dans les endroits où le courant est excessivement mou, presque nul, et aussi dans les haïs, oij le petit poisson se rassemble, aime à se tenir, et oii l'eau arrive de tous les côtés. Ces pêches j)roductives et amusantes ne se font que pendant l'été et par les eaux claires. La Bouteille plongée au fond est absolument invisible ; elle semble une bulle d'eau solidifiée, et le poisson s'y laisse prendre sans difficulté. PÊCHE A LA CANNE EN MER. — La pêche en mer, au moyen de lignes attachées à des cannes, se fait de deux manières qui ressemblent à celles que l'on emploie dans l'eau douce : la canne dormante, qui est semblable à celle de la pêche en rivière, et la canne à la main, qui ne diffère de celle usitée en eau douce que par la plus grande longueur de l'engin, et par la manière dont on le tient, ma- nière du reste employée aussi pour se servir des grandes cannes à Brochet, avec lesquelles on va chercher cet animal au milieu des rivières, parce que c'est là ((u'il se tient dès qu'il est gros. A la campagne, au bord des étangs salés ou des canaux de communication de ces étangs à la mer, rien n'est plus primitif que la ligne, instrument de pêche des paysans, et cependant ceux-ci prennent du poisson, la voracité des espèces et la nuit aidant. Par conséquent en choisissant mieux ses engins, l'amateur est sûr de prendre une grande quantité de beaux et bons poissons. Les paysans attachent une ficelle à une canne de roseau, au bout de cette ficelle un hameçon, un peu au-des- sus, avec la même ficelle, une pierre : on amorce l'hameçon, on jette à l'eau, on pi(iue la canne dans la rive : on fait cela le soir, et l'on revient le lendemain malin PÈCHE A LA CANNE EN MER. 591 chercher les poissons pris. Dans la crainte qu'un gros poisson n'emporte tout l'ins- trument, on soutient la canne par une petite fourche en bois, et on l'attache à un piquet planté en arrière. Cette poche ne peut se faire, pour la France, que sur les bords sans marées de la Méditerranée. On peut tendre ainsi dans les étangs salés, 200, 300 lignes sem- blables, par 0'",60 à 1 mè- tre d'eau et prendre une grande quantité de Dora- des et autres poissons. Il va sans dire que sans rien changer à la canne de roseau qui est la meilleure chose possible, si l'on monte un hameçon fm et fort sur une bonne empile de florence , si celle-ci tient à un fil de soie peinte, monté sur un grelot à poulie ou à un système analogue [fig Fig. 812. — Grelots à poulie pour les ligues dormantes des étangs salés. 812), on aura beaucoup plus de chance de prendre du poisson et surtout de ne pas le perdre. La pêche à la canne tenue à la main peut se faire dans toutes les mers. Elle a lieu plus facilement que partout ailleurs du haut des rochers qui, avançant dans l'eau, permettent de trouver assez de profondeur à leur pied, pour que le poisson vienne à portée de la ligne. Sur le sable des grèves^ il faudrait que le pêcheur s'avançât dans l'eau au moins jusque sous les bras, pour avoir espoir de prendre des poissons un peu respectables. De plus, les rochers forment un obstacle sur lequel l'eau se brise, le poisson y vient plus volontiers chercher des débris ani- maux et végétaux dont il fait sa nourriture. Enfin, il faut remarquer que presque tous les poissons, en mer comme en rivière, aiment l'eau battue : elle est sans doute plus aérée, plus vivifiante que l'eau morte. La canne pour cette pêche sera la plus longue possible, et en même temps forte; nous renvoyons à l'article cannes, pour choisir celle qu'il convient de se fabri- quer dans ce but. Si le pêcheur n'a pas besoin de ployer sa canne, pour la ren- trer chez lui, la meilleure sans contredit, à faire, est celle de sapin creusé, qui peut porter 8 mètres, sans danger de rompre et sans fatiguer le pêcheur. D'ailleurs comme cette pêche est sédentaire, rien n'empêche le pêcheur d'appuyer le pied de sa canne contre son pied droit, et de la soutenir de la main gauche dans une position inclinée; autrement, il peut installer sa canne sur le rocher en chargeant de pierres la lance. Il faut toujours mettre une lance à l'extrémité inférieure de la Canne, elle est plus facile à insérer dans les fentes du rocher, ou à charger d'une pierre plate ; en plaçant une seconde pierre à 1 mètre en avant, sous la Canne, le tout se maintient en équilibre aussi bien qu'avec la fourche et le crochet, lesquels sur un rocher sont impossibles à installer {fg. 814). Cette ma- nière, plus agréable aux paresseux, est moins sûre pour faire bonne pêche, parce Fig. 813. — Lances di- verses pour pêche eu mer. 592 PÈCHE A LA LIGNE GOURANTE. qu'à l'attaque du poisson le pêcheur ne peut pas répondre aussi vite, puisqu'il faut qu'il dégage d'abord sa canne et la prenne à la main. C'est ici le lieu de dire quelques mois d'un crochet-support à piquet qui est une véritable amélioration dans la bagage du pêcheur. Que l'on ait mis une pierre, comme nous l'avons dit plus haut, sur la lame de sa canne, ou que le sol ail permis de la passer sous un petit crochet analogue à celui de la figure 816, on est sou- Fig. 81J. — Canne iustallOe quand il y a du fond siu- le riva^ Fig. 81b. Support à ba gue mobile. Fig. 816. Crochet. vent fort embarrassé pour relever ou abaisser, autant qu'il convient, la pointe de la canne donl dépendent la longueur et la forme de la bannière (voy. ce mol), une des choses importantes de la pêche à la ligne. Le piquet, [fuj. 815), re- médie à tous ces ennuis et évite les tâtonnements ; — la bague portant le croche l-support glisse à volonté le long du manche du piquet, et, pour fixer celui-ci à l'endroit voulu, il suffit de donner un tour ou deux au crochet dont la tige à vis traverse la bague et serre contre le bois. Comme les poissons de mer sont de forte dimension, se défendent ' >> énergiquement et ont la vie très-dure, il est prudent d'avoir une ligne solide {fig. 817) et de la monter sur un mou- linet qui en contienne une grande longueur : 50 à 60 mè- tres ne sont pas de trop, au contraire ; le pêcheur, de plus, ne doit jamais oublier son épuisette. On pêche également en bateau; dans ce cas, on peut prendre une canne moins longue, 5 à 6 mètres sutfisent; les lignes ont à peu près la même longueur afin que la bannière ne soit pas trop grande. Les lignes portent deux autres hameçons montés sur empiles de crin tressé de ^ O^jSS à 0'",20 de longueur. La question, dans cette pêche, est de rencontrer un banc de pois- sons errants, tels que le Maque- reau ou le Merlan ; on en prend ligne de soie, peinte et alors uuc grande quantité. (Voy. ces mots.) PÊCHE A LA LIGNE COURANTE. — (Wallon.) On pêche à la ligne cou- rante, tout près de la rive, en attachant un gros ver de terre à l'hameçon, vers le mi- lieu, et faisant ressortir celui-ci un peu au-dessus de son point d'entrée. Il ne faut pas enferrer le ver du côté de la tête, mais du côté de la queue, avec la pointe de l'hameçon. Ce genre de pêche est ainsi appelé, parce que le pêcheur est toujours en mou- vement au bord de l'eau. Il faut choisir un plomb d'après la force du courant, pour que l'esche aille au fond, et cependant ait encore de la mobilité. Wallon recommande de se rendre à la rivière, au coucher du soleil, le ciel devenant sombre, de se servir de lignes grosses, et d'hameçons forts, amorcés de deux vers de terre, les quatre bouts pendants. Le temps étant obscur tout à fait, on pêche presque de surface comme avec des insectes.. La ligne, plongée dans le courant, remonte bienlôl k la surface de l'eau, il faut alors la laisser aller Fig. 81". — Pèche à la canne en mer vernie. PÈCHE A LA LIGNE EN MER. 503 lâche au fond aussi loin que possible, puis la maintenir raide et la faire sautiller. Si le poisson mord, donnez-lui le temps, il n'y a point de danger de le perdre, pas un sur vingt ne rendra l'hameçon. Une fois pris, laissez-lui faire un tour ou deux en le fatiguant et vous le prendrez ensuite avec la main très-facilement ou avec une épuisette. Quand le matin, au lever du soleil, le temps commence à s'éclaircir, ôtez les vers et mettez à leur place une mouche blanche ; lorsqu'il fait plus clair, une rouge, et tout à fait jour une noire, avec laquelle vous pourrez pêcher jusqu'au soir. Walton observe qu'il faut ne pas se servir d'une ligne trop longue, et avant de commencer à pocher, se placer de manière à tourner le dos au vent, le soleil de- vant soi, pécher en descendant le courant, et tenir le scion de la ligne peu élevé, afin que l'ombre du pêcheur ou celle de la ligne n'effraye pas le poisson qui est très- peureux. PÊCHE A LA LIGNE EN MER. — La pêche aux hameçons en mer peut être un amusement et aussi un métier, elle n'est pas dispendieuse comme la grande pê- che au filet et par conséquent peut être pratiquée par tout le monde. En appro- priant le mode et les instruments nécessaires, la pêche à la ligne fixe ou mobile peut se faire sur tous les fonds et même au milieu des rochers. Toute espèce de temps, pourvu que la mer ne soit pas trop grosse, et toutes les saisons, permettent au plus modeste amateur de s'en amuser. Il se procure ainsi du poisson vivant, non meurtri et non oyé, c'est-à-dire mort dans l'eau de mer, comme la plupart de ceux que l'on retire des grands filets. Parmi les poissons qu'on peut prendre à la ligne, contentons-nous de citer sommairement les poissons plats : Turbot, Raie, Carrelet, Sole, Barbue, Plie, Li- mande, les poissons ordinaires, tels que Merlu, Rouget, Vives, Vieilles, Merlan, Maquereau, etc. Ouelquefois, mais alors ce n'est plus un jeu d'amateur, les pêcheurs de profession — auxquels on donne le nom de pêchews-cordiers — prennent des Thons et même des Esturgeons à l'embouchure des rivières. Nous avons vu que les cannes que l'on emploie diffèrent de celles qui servent à la pêche en eau douce ; il en est de même des lignes qui sont plus grosses et plus fortes. Pêcher à la ligne en mer, se dit lorsqu'on ne se sert pas de canne et qu'on tient la ligne dans la main. Si les lignes sont lestées de corps pesants, on dit îi\oT^ pêcher (lar fond. Si les lignes sont abandonnées à elles-mêmes sur la grève et lestées de pierres, elles prennent le nom de petites câ- blières, et les pierres se nomment elles-mêmes câblières. La corde principale, dans l'Océan est une bau/fe, dans la Méditerranée, c'est un maître de Palangre {(ig. 819). (Voy. ces mots divers.) Les lignes fines attachées à la bauCfe sont des lannes ou semelles, on leur ajoute un bout en crin, en soie ou en fil solide et fin, auquel est attaché l'ha- meçon, c'est ce qu'on appelle pile, empile ou bresseau {fg. 818). La pêche à corde flottante, dont le nom explique la mé- thode, porte le nom de pêche à la Belée ou au Libouret. (Voy. ces mots.) Les lignes pour les petites pêches peuvent être faites en crins dont le nombre varie, en soie ou en florence. Pour les maîtresses cordes, on se sert d'une corde- 38 Fig. m — Aussièreet son empile. 19. — Grelin. 594 PÊCHE A LA MOUCHE NATURELLE. lette de deux fils, ou de deux ou trois fils appelée amsière {fiq. 818); si l'on a besoin d'une corde plus grosse, on commet trois aussières pour former un grelin {fuj.Hïd). Ces cordes sont généralement teintes ou tannées. D'après le décret du 10 mai 18(52, l'usage des lignes de fond ou palangres et de toute pêche à l'hameçon, est libre pendant toute l'année à une distance de [\ milles au large de la laisse de basse mer. En dedans de cette limite (art. IV), l'usage des hameçons n'est assujetti ({u'aux mesures d'ordre et de police, détermi- nées par les préfets maritimes (art. XII). D'après le décret du 19 novembre 1859, pour le 5= arrond. marit. (Toulon), la pêche à l'hameçon, ou pêche à la ligne et aux palangres, était permise pendant toute l'année sur la côte, et du 1" juillet à la fin de février, dans des étangs, ports et canaux. PÊCHE A LA MOUCHE ARTIFICIELLE. — (Voy. PÊCUE AU LANCER.) Nous voulons transcrire ici quelques conseils fort sages que nous trouvons dans un auteur anglais expert en la matière; ses recommandations se rapportent surtout à la pêche de la Truite, pêche que tout le monde fait avec succès dans son pays, d'abord parce que les Truites y sont conservées dans la plupart de? rivières, et en second lieu parce que l'exercice de la pêche à la ligne y est en honneur et regardé comme un talent national. «La manière la plus distinguée de pêcher la Truite est de se servir de la mou- che ; il faut pour cette pêche une canne de 4 mètres en quatre bouts construite en hickory pas trop flexible, munie de son moulinet multiplicateur et d'une ligne en queue de rat. On emporte une épuisette, un panier, sa courroie, de la florence rou- lée, des mouches, une bouteille de vernis et un portefeuille à mouches, etc. Si l'on doit pêcher dans un étang ou dans une eau très-étendue, on fait choix d'une canne plus longue. (( Le commençant ne doit jamais pêcher avec plus d'une mouche à la fois, ni s'efforcer de jeter sa ligne trop loin, mais bien faire attention qu'il n'en tombe que le moins possible dans l'eau : 10 mètres, n PÊCHE A LA MOUCHE NATURELLE. — (Ligne volante.) Les meilleures places pour pratiquer cette pêche sont : un pont, une digue, un mur ou un obsta- cle quelconque élevé et dominant un courant d'eau ; plus l'eau est vive, plus la pêche a de chance d'être fructueuse. 1° Delà canne, — La canne se compose de quatre pièces toutes égales de G", 75 chacune, ce qui donne une longueur de 3 mètres au tout monté, y compris les viroles en cuivre de O^ilo pour les deux morceaux du bas et 0"",10 pour l'autre. On garnit le bas d'une virole de cuivre de 0",0o de haut, et on y fiche une lame en acier fort, émoussée et très-légère, quoique large, que l'on fait faire par un bon coutelier. Cette canne n'étant pas d'une grande longueur, les deux morceaux du bas peu- vent être faits en sapin du Nord, sans nœuds, et les deux autres en orme, bien liant et coupé en bonne saison; le tout est très-élastique, mais serait trop lourd pour une canne plus longue. Plus la levée d'où l'on pêche est haute, moins la canne a besoin d'être longue, si l'on s'est établi sur un pont de (il de fer, plus la canne sera courte, plus on sera à son aise. On peut également se servir de la canne en roseau ligaturé (V'oy. Canne a rÊcuE), en mettant de côté le bas de canne ou premier morceau, si on la trouve trop longue. Mais la meilleure canne possible pour ce genre de pêche, c'est la PÈCHE A LA MOUCHE NATURELLE. 595 canne à manche en bambou, de 4 mètres de long, dont on se sert pour pécher la Truite au lancer dans les petites et moyennes rivières. Comme elle est extrême- ment élastique, elle se plie à tous les poids qui peuvent l'assaillir, et du haut des ponts on est placé de manière à capturer les rois de la rivière. 2° Du moulinet. — Un moulinet pour être commode à cette pèche doit être le plus simple possible, et doit pouvoir être arrêté ou rendu libre par un simple mouvement du doigt. On s'en procurera un des modèles décrits au chapitre du moulinet. \\ faut calculer la grandeur du moulinet {fig. 820) et la grosseur du fil de la ligne de manière à pouvoir en enrouler au moins SO àCO mètres, plus vaut mieux, pourvu cependant que le moulinet trop volumineux ne de • vienne pas un objet de gêne et d'embarras. De plus, il fl^ut se souvenir que la bgne, étant très-longue, est toujours très-forte pourvu qu'elle soit très-homogène. 3° De la ligne. — La ligne entière se compose de deux parties; la première en cordonnet de soie ou de lin {fig. 822). IJ léger, afin que le moindre vent le porte au loin, soigneuse- ment peint et verni, afin que l'eau n'y ait plus d'action, et ^ig. 821. — sa monture sur que le fil contracte une certaine roideur relative qui le '^ canne. rend beaucoup plus commode, parce que sous l'action du vent, il tend moins à se contourner en serpentant, mais bien à se développer en courbe continue qui permet à la mouche d'arriver loin sur l'eau avec le fil perpendiculaire à Fig. 820. - Mou- linet simple à déclic; le meil- leur pour la pê- che à la mouche naturelle. ,y//l/.j//^.- ■///.,' ■ '■/■^^^l'jr^. ■r,.^,^c,,,^^:A^MjMj:7irrarr^7^ja^.r,a,x^,m„^T-^, Fig. 822. — Trois numéros de soie qui peuvent servir, mais le plus fin doit être préféré. surface, c'est-à-dire dans la posi- tion la plus favorable pour le pê- cheur. L'autre, composée de flo- rence tordue en trois, puis en deux, puis simple, le tout choisi, noué et assemblé de grosseur avec le plus grand soin, aura au moins 6 à 10 mètres suivant la hauteur de laquelle on pêche au-dessus de l'eau. Quand on pêche pour les grosses pièces, on remplace la florence par des crins tordus en queue de rat, depuis 16 brins, jusqu'à 8, et avec une avancée en grosse et forte flo- rence. Le crin a sur la florence un grand avantage pour ce genre de lignes, c'est que pendant les chaleurs, — et c'est le moment oi^i celte pêche est le meilleure, — comme les lignes sont en entier hors de l'eau et exposées au hâle, le crin garde mieux son élasticité et devient moins cassant. Quelque bien choisie que soit la florence, il sera toujours très-prudent, pour éviter les accidents, de mouiller fré- quemment l'avancée. Elle sera toujours assez cassante, malgré cela. Les lignes de crin, étant beaucoup plus lourdes que les autres, conviennent moins quand il fait peu de vent, à moins qu'on ne les prenne extrêmement fines. C'est tou- jours une grande condition de succès que de se servir d'une avancée presque invi- sible ; il faut oser se fier à son sang-froid et à sa prudence pour sortir avec honneur des difficultés de la position. On peut pêcher sur un seul crin choisi, si l'on pense que quelqu'un pourra s'approcher du bord et vous porter le secours d'une épuisette. Si l'on n'ose pas aborder le crin seul, — nec plus ultra du talent du pêcheur, — on peut toujours commencer avec deux crins tordus, et, dans de telles circon- stances, être beaucoup plus rassuré. 596 PÊCHE A LA MOUCIIK NATURELLE. Quelle que soit la ligne dont on se sert, en crin ou en florence, on la teint vo- lontiers en vert, le poisson la voit moins, et elle a moins de brillant. 4° Ployer la ligne. — Gomme la portion que nous venons de décrire ne peut se rouler sur le moulinet à cause des nœuds du crin ou de la florence qui ne pas- sent pas bien ^ans les anneaux de la canne, on la plie de la manière suivante : on envide la ligne de soie jusqu'à ce que l'avancée touche au dernier anneau du scion, puis, prenant l'avancée dans la main, on la lait passer en bas derrière le moulinet, on la ramène alors vers le scion A, mais là il faut trouver un arrêt. On le fait d'un petit tube B de métal (porte-plume ou autre) auquel on adapte un petit cr(j 'het en lai- ton. Un entre ce tube sur le scion où il passe, sur la boucle terminale, mais s'arrête au premier anneau. On passe l'avancée dans le petit cro- chet, on revient derrière le moulinet, puis sur le petit crochet, et ainsi de suite, mais enfin, il resL^ ^.î bout trop court pour joindre l'une ou l'autre extrémité, et terminé par l'hameçon D. On prend du laiton dont on fait un petit crochet E et une boucle à l'autre bout, on y attache un morceau de fouet passé en double dans la boucle et formant lui- même, par des nœuds successifs, une série de boucles. On fait le tout à peu près de la longueur qui sépare, sur la canne, deux anneaux l'un de l'autre. Maintenant on passe le petit crochet de laiton dans l'anneau le plus proche, on accroche l'hameçon dans l'un des anneaux formés par les nœuds, du fil de fouet, et la ligne est ployée, arrêtée et facile à démonter. Les nœuds successifs du fouet double de la figure E sont nécessaires, parce que, en changeant les hameçons, la florence qui les Appareil pour j^Q^te n'a jamais la même longueur, et par conséquent ils n'arrivent gneàiamou- ^sis ious ciu même endroit de la canne, alors qu'on plie l'avancée qui les che naturelle , porte. Cet arrangement pour ployer la ligne ne peut s'exécuter commodément que dans les endroits où la canne elle-même n'a pas besoin d'être démontée. Si l'on doit aller au loin au travers d'un bois dans lequel une ligne est toujours un grand embarras, il vaut mieux replier le tout sur des plioirs ordinaires, quitte, en arrivant au lieu de pêche, à laisser tremper l'avancée pendant une demi-heure s'il le faut pour la ramollir et la dresser complètement. Cette opération, essentielle au succès de la pêche, doit se faire le plus loin possible de l'endroit où l'on veut pêcher et au- quel on arrivera sans bruit, à pas de loup, et observant que le meilleur coup de ligne à cette pêche est le premier. 5° Conduite de la pêche. — C'est au moment où la mouche naturelle, le papil- lon de nuit ou la sauterelle, viennent toucher l'eau la première fois que les gros poissons non défiants se précipitent. Ne les manquez pas, car ils se méfient vite, et vous les verrez tourner prudemment autour de l'appât, ne s'y livrant guère malgré leur gourmandise, et l'envoyant essayer par de jeunes imprudents qu'ils ont l'air d'attirer et que vous êtes contraints de prendre en pestant contre la ma- lice des patriciens qui se promènent gravement, ou gobent tout autour de votre esche Patience ! cependant, c'est au moment où l'on y pense le moins que, surve- nant dans une de ses promenades, un des monstres de l'onde non prévenu happe la mouche et vous procure le plaisir de prendre une belle pièce. Si vous voyez que ce bonheur survenant se fait trop attendre, changez d'esche, PÈCHE AU COUP. 597 et peut-être un accès de gourmandise vous vaudra un respectable habitant de la grande eau. Changez de place souvent ; changez-en surtout après la capture d'une belle proie parce (jue l'eau a été battue par elle ; vous avez fait le mouvement utile et né- cessaire, aussi le poisson doit-il se défier, et il se méfie : or cela n'empêche pas qu'il rôdera à sa place habituelle, mais s'il attaque, il ne le fera pas franchement. Changez de place et revenez au bout d'une demi-heure. Le souvenir est passé, le présent appétit reste, la pêche réussira 6° Pêche au fil de l'eau. — Cette pêche très-facile réussit bien au printemps et en été ; on se sert de la ligne et de l'avancée dont nous venons de parler et, res- tant sur le pont, on prend la canne dans la main droite, la soutenant sous le coude et la pointe élevée de manière à former une grande bannière. De la main gauche, on déroule le moulinet de façon à laisser la ligne aller au courant qui l'emporte, on suit très-attentivement la forme de la bannière, car on ne sent point l'attaque à une si grande distance, mais le poisson ayant brusque- ment saisi l'esche et s'enfuyant avec la ligne, file, la bannière s'allonge, et il faut ferrer promptement en arrière, mais pas trop brusquement de manière à ne pas briser la ligne, ce qui est facile avec une grande longueur, si par hasard elle a un endroit f;ii])Ie, soit par construction, soit par accident. PÊCHE A PIED. — (Voy. Pied.) PÊCHE A ROULER. — (Voy. RoULER [Pêche à].) PÊCHE A SOUTENIR. — (Voy. SOUTENIR yPeche à].) PÊCHE A TROLLING (ou traîner). — (Voy. Trolling [PècJie à].) PÊCHE AU COUP. — On donne le nom de pêche au coup, à celle oii le pêcheur s'efforce, au moyen d'amorces qu'il jette un peu avant et pendant la pêche, de se faire un coup sur lequel il ait chance de prendre du poisson. Toutes les pêches au coup se ressemblent, elles ne diffèrent que par la diversité des esches qui s'adres- sent à divers poissons, et par la force des hameçons qui varient de même. Le choix du lieu où l'on veut pêcher est une chose de la plus grande impor- tance, et les pêcheurs soigneux et expéri- mentés y donnent toute leur attention. Ils choisissent autant que possible un fond uni, sans herbes, pierres, racines, pieux, etc. Aussi la confection du calepin de reconnais- sance(voy. ce mot) est-ellelabasedelapôche ^^j, _^ -^ . au coup, très-productive quand on sait la faire, ^*^ ~^ , , , . ,, FijC. 82 i. — Pliants divers. et qu on a la précaution d amorcer ses coups souvent et d'une manière régulière. Ce résultat est si certain que l'on peut arriver en quelque sorte à se faire, en des endroits choisis, un réservoir de poissons d'es- pèces distinctes, ici la Carpe, plus loin l'Anguille et le Barbillon, là-bas le Gardon et la Brème, etc. Le courant moyen et les haïs sont en général les meilleures places de pêche ; aussi quand le pêcheur en a choisi une, il doit s'établir con- venablement sur son pliant {fig. 824), sur son panier ou sur le sol ar- rangé le mieux possible, puis commencer à sonder {fig. 8-2.%) avec la plus grande précaution. Pendant le temps qu'il monte sa ligne, le pêcheur jettera un peu au-dessus du coup choisi trois ou quatre bonnes pelotes de terre grasse bien garnies d'asticots, 598 PÈCHE AU COUP. de blé cuit, de vers de terre coupés, ou de toute autre amorce propre à rassembler le poisson qu'il veut pécher. Autant que l'endroit le permettra, le pécheur ne donnerai la ligne libre depuis le haut du scion jmqu'à la flotte que la longueur au j)lus de la canne. La hautetu' de leau étant prise exactement avec une sonde appropriée à la ra- pidité du courant, le pécheur place sa flotte ou sa plume, juste vers cette hauteur, laissant traîner l'esche de 0"',03 à (-",01, si le fond est de sable fm, et la soutenant à O'",0o ou 0'",06, si le fond est formé de vase ou de pierres. (Voy. Flottes.) Une fois que l'on a jeté sa ligne, il faut observer le plus profond silence et avoir constamment les yeux fixés sur la Hotte, car c'est toujours pendant un moment de distraction, qu'une attaque foudroyante du poisson vient tirer le pêcheur de sa rêve- rie, et lui montrer à ses dépens qu'il ne faut pas faire deux choses à la fois. C'est à cette pêche surtout qu'il faut faire provision et montre de patience. Je comprends que, pour le public non initié, cela paraisse une grâce d'état, une voca- tion particulière, et comme ce même bon public est très-loin de se douter de la dose (ïadresse et de sagacité qu'il faut joindre à la dose de patience dont nous parlions tout à l'heure, pour réussir, il a poursuivi de ses railleries le pauvre et patient pê- cheur qui a longtemps laissé dire et ne fait que depuis peu mine de regimber. Si l'on voulait comparer les deux pêches à la mouche et au coup, il faudrait dire que la pêche à la mouche est plus difficile comme maniement de ligne et de canne, mais que la pêche au coup est beaucoup plus savante comme théorie et comme observation. Elle demande des préparatifs nombreux, elle nécessite la con- naissance non-seulement des lieux parfaitement, mais celle des mœurs des pois- sons, et enfin elle produit un plus grand nombre de poissons de choix et de taille respectable. Quoi qu'il en soit de ce parallèle qui démontre, une fois de plus, que la pêche à la ligne peut s'adapter à toutes les vocations, il faut attendre avec la patience né- cessaire, car si l'on a amorcé seulement en arrivant, il faut donner le temps aux pelotes de faire leur effet et de produire un remontage de poisson, surtout si le temps ou le vent ne sont pas absolument favorables, ce qui n'arrive, hélas ! que trop fréquemment. Il est cependant toujours plus sage et préférable de persévérer cl de ne pas quitter sa place, quelque faibles que soient au bout d'un certain teiftps les résultats produits. Ils existent et font que cette place vaut mieux que la voisine où rien n'est préparé. Ainsi donc, il faut apporter un grand soin et une grande circonspection dans le choix de sa place de pêche, — de son coup, — mais une fois qu'on l'a adop- tée, il faut s'y tenir, la nourrir d'amorces et n'en pas partir qu'elle n'ait rendu en poisson tout ce qu'elle peut donner. Ceci se fait quelquefois attendre plusieurs heures, mais le pêcheur persévérant en est souvent glorieusement récompensé : nous avons vu un pêcheur fameux passer des nuits entières à la pêche des Carpes et en rapporter, presque chaque nuit, des échantillons du poids de 4 à 8 kilog. Mais quelle patience, quelle persé- vérance ! (juels combats grandioses se sont livrés au milieu du silence de la nuit entre le pêcheur et sa proie monstrueuse ! Quelle jouissance pour lui, quand il la tenait palpitante sur l'herbe !... Le cas est tout différent quand on ne peut pas amorcer ; il faut alors courir après le poisson et changer souvent de place, sans faire de bruit et en marchant doucement. PÈCHE AU FUSIL. 599 Un principe général domine toute la théorie de la pêche au coup, c'est qu'on . doit ferrer au moment voulu, sans retard comme sans précipitation. Or, il faut, pour cela, n'avoir que juste assez de bannière,. ce qui a fait dire aux pécheurs que moins on en avait, mieux cela valait. Quand on voit sa flotte s'enfoncer faiblement plusieurs fois de suite, ou rece- voir de légères secousses qui font rider la surface de l'eau en un petit cercle qui s'efface... il ne faut pas ferrer. Mais dès que la flotte plonge entièrement et d'un mouvement régulier sous l'eau, qu'elle y reste un moment... ferrez ! car le poisson a saisi l'esche et l'emporte au fond. Ce coup, qu'on appelle coup tirant, est très-facile à distinguerais attaques ou titillements que le poisson imprime à l'esche en venant la reconnaître tout d'abord. Chaque poisson attaque l'esche d'une manière qui varie et avec le poisson et avec la nature même de l'esche. On peut cependant formuler, comme générale, la règle suivante : au ver rouge, à l'asticot, à la viande, ne pas se presser ; au fromage naturel, attendre l'entraînement ; au blé, au sang, à la boulette, au fromage trempé, à la mouche, à la cerise, au raisin, ferrera la première attaque sérieuse. (Voy. Toucher du POISSON.) Il faut encore se souvenir qu'au printemps on choisit des hameçons moyens : qu'en été par les eaux vertes, claires comme le cristal, il faut des hameçons très- petits, invisibles, et montés sur des fils d'araignée s'il était possible. A l'arrière- saison, le poisson a toute sa force, les eaux sont troubles et fortes, on choisit des hameçons solides que l'on monte cependant encore le plus finement possible. Lorsque l'on pêche dans une rivière dont le cours est rapide, il faut laisser la ligne suivre le courant de l'eau : s'asseyant alors au centre de son coup, on jette la ligne en amont d'un mouvement de poignet qui la fait sauter légèrement et sans bruit le plus loin possible. Il faut attacher au fil assez de plomb pour que l'appât descende de suite entre deux eaux et au fond. On suit alors la flotte du bout du scion pendant sa marche descendante, puis, quand elle arrive au bas du coup, en aval, c'est-à-dire à la plus grande distance oii peut atteindre le bras, on donne un coup de poignet pour ferrer, et la ligne se trouve rejetée en haut du coup, en amont, pour recommencer... et ainsi de suite. Cette sorte de pèche parait à beau- coup de gens extrêmement fastidieuse à cause de son mouvement perpétuel. Je suis de leur avis, et préfère ne pas pêcher au coup dans les rivières rapides, si je ne puis trouver un remous où l'eau ne me force pas à cette gymnastique perpétuelle et monotone. Les nombreux pêcheurs de la Seine à Paris font cette pêche avec un achar- nement et une persévérance qui n'ont jamais pu s'expliquer pour moi, surtout si on les compare aux piètres résultats qu'elle leur rapporte dans le parcours de la grande ville. PÊCHE AU FUSIL. (Voy. MuLET.) — Nous avons indiqué au mot Fusil les différentes réglementations s'appliquant à ce genre de pêche que, dans quel- ques départements, on regarde comme prohibé, et nous avons fait voir l'erreur dans laquelle les législateurs étaient tombés à ce sujet. Au mot Mulet, nous avons ra- conté un épisode de la pêche au fusil telle qu'elle peut être pratiquée sur ces pois- sons de passage, pour lesquels, au moins, on accordera bien qu'elle jouit d'une innocuité absolue. Cependant, comme nombre de propriétaires peuvent, chez eux, en lieu clos. 600 PÊCHE AU FUSIL. dans leurs paros, jouir de la pêelie à leur gré, — comme de la chasse, — nous de- vons ici indiquer au moins brièvement les dillerenles manières de pécher au fusil. suivant les poissons et les lieux. Ce genre de pùche peut se faire pailoul avec la halle franche, ainsi que nous l'avons indiqué au mol Mnlit, et nulle part nous ne conseillerons l'emploi du plomb, quelle qu'en soit la grosseur, non-seulement parce qu'il détériore le poisson, mais parce qu'il n'en assure point la capture. Dans quehpies endroits où l'eau est très- limpide, où le pécheur peut se bien cacher el par conséquent où il peut tirer de près, nous lui indiquerons qu'il peut remplacer la balle par une flèche. Non pas que ce tir diminue la difficulté — selon nous, celle-ci n'est jamais grande — mais parce qu'il assure la capture du poisson qui, transpercé parla flèche, est ramené au moyen de la ficelle que celle-ci a entraînée avec elle. La flèche dont on se sert est plus longue de 1 décimètre que le canon du fusil qu'elle remplit aussi hien que possible, sans cependant frotter sur les parois. Cette condition diminue déjà la justesse du tir. La partie extrême qui sort du fusil est mmiie dune pointe en fer conique au-dessous de laquelle est attachée la cordelette fine et résistante que la flèche doit entraîner avec elle, et qui, bien entendu, pré- sentera le moins de poids possible. La nécessité où l'on est de ne pas rendre cette corde trop longue est une des causes qui forcent h ne tirer que de près. La seconde cause d'embarras est qu'il faut lover cette corde avec soin en avant de soi, pour qu'elle se développe rapide- ment au moment de la détonation et qu'elle ne se coupe pas sur elle-même au moindre temps d'arrêt. Un troisième empêchement tient encore à ce qu'il n'est possible de tirer qu'en se servant d'une très-faible charge de "poudre, car l'impul- sion soudaine delà flèche est tellement rapide qu'il y a toujours lieu de craindre que le moment d'inertie de la corde ne la fasse se briser auprès de l'endroit où elle s'attache à la flèche, le mouvement de celle-ci n'ayant pas le temps de lui être communiqué. Cette rupture est d'ailleurs fréquente et n'est pas un des moindres -inconvénients de ce mode de pêche. Comme l'arme doit être, par le fait môme de la position du chasseur, inclinée vers la terre, il faut que la flèche soit retenue par quelque chose, sans quoi elle glisserait et tomberait pendant qu'on vise. Pour cela, cette flèche porte, sur ses côtés, près du point d'attache de la corde, trois petits ressorts qui s'écartent et s'ap- puient, à frottement doux, sur l'intérieur du canon près de sa bouche. ^ Il va sans dire que quelques expériences préparatoires sont indispensables pour bien équilibrer le poids de la flèche el de la cordelette qu'elle emporte, avec la quantité de poudre qui doit déterminer le mouvement. On s'aperçoit bien vite, alors, que plus la flèche est courte plus le tir a de justesse : aussi est-on jamené à raccourcir d'autant le canon de l'arme dont on se sert. Un long canon de pistolet monté sur une crosse est la plus commode longueur que l'on puisse choisir, d'au- tant plus que la résistance de l'obstacle h vaincre — le poisson — n'est pas consi- dérable, même chez, les grosses pièces, les seules d'ailleurs auxquelles on s'at- taque. Un point délicat — surtout lorsqu'on se sert de flèche — est de savoir précisé- ment où l'on doit viser. Commençons par déclarer qu'il ne faut jamais tire)' quand un poisson a plus de 0'",20 d'eau au-dessus de lui, à moins que l'on ne veuille ten- ter un coup de hasard. Alors qu'il est à la profondeur que nous venons d'indiquer, la réfraction des rayons lumineux dans l'eau fait paraître l'animal à 0'",I0 tout au PÈCHE AU FUSIL. 601 plus. Il faudra donc tenir compte de cette erreur d'appréciation, et tirer en consé- quence àO™, 10 en dessous, parce que la flèche, elle, ne dévie pas d'une manière appréciable. En parlant du Mulet et de sa chasse à balle franche, nous avons dit qu'il fal- lait — pour lui, comme pour le Brochet — viser l'œil. Avec la flèche, nous recom- manderons de viser plutôt la naissance des pectorales ou les ouïes, toujours un peu plus près du ventre. C'est l'endroit où la flèche, en passant, déshonorera le moins la pièce. Tant qu'on atteindra sa proie en plein corps, rien ne sera plus facile que de la retirer au moyen de la cordelette, à moins que la flèche, en frappant au delà du poisson sur le sable ou les pierres, ne se soit brisée en mille pièces, auquel cas la corde ne sert, le plus souvent, à rien. Mais ce n'est pas tout, il arrive encore plusieurs cas de désappointement que la balle franche ne présente pas, quand elle a passé dans l'œil : le cerveau est fracassé, le poisson vient sur le dos, et tout est dit ; il ne reste plus qu'à le repêcher soit à l'épuisetle, soit avec un bateau, La flèche frappant le ventre n'y fait qu'une forte entaille; elle passe outre, le poisson bondit, fuit ou reste ; mais la ficelle ne sert à rien, il faut en revenir au moyen de tout à l'heure, l'épuisette et le bateau. Ce n'est pas tout : un poisson manqué, c'est une balle perdue... Un poisson manqué avec la flèche, c'est une flèche brisée le plus souvent, et on ne fond pas des flèches en cinq minutes comme on fond des balles ! Si l'on tirait toujours avec 4 à 5 mètres d'eau au-dessous du poisson, la flèche aurait le temps de s'amortir dans l'eau et de revenir à la surface, prête à recommencer. Mais, malheureusement, il n'en est pas toujours ainsi, ou, pour mieux dire, ce ne sont laque des coups excep- tionnels. Le poisson, quand il fait chaud, vient au bord, s'ébattre ou dormir ; c'est là que le pêcheur trouve les meilleures occasions. Autant de coups, bons ou mau- vais, autant de flèches perdues ! Et la ficelle à rattacher ! Et l'ennui de ne pouvoir suivre un poisson qui marche lentement ou vite... la corde en empêche ! C'est pourquoi, tout bien considéré et avec soin expérimenté, nous disons : « vive la balle ! »> Au lieu d'employer le fusil pour lancer la flèche dont nous venons de parler, il vaudrait mieux, ce nous semble, faire un pas en arrière, et en revenir aux arba- lètes du moyen âge. Bien conditionné, fait avec des ressorts d'acier suffisamment solides, cet instrument rendrait, nous n'en doutons pas, de très-bons services : il possède toute la force nécessaire pour porter à une iiussi faible distance — quel- ques mètres en général, — une petite flèche très-courte rappelant les c«rre«Ma: que l'on employait jadis. De plus, la soudaineté du mouvement imprimé à la flèche est incomparablement moins grande que celle que produit l'inflammation de la poudre, et elle permettrait d'enrouler la ficelle sur un petit treuil libre adapté sous le fût de l'arbalète. Il nous paraît certain que, de cette manière, on aurait beaucoup moins souvent à craindre le bris de la corde et, par suite, la perte de la flèche, laquelle conserve- rait toujours assez de force pour percer le poisson et assez de vitesse pour arriver à lui avant qu'il ait pu prendre la fuite. Cet instrument ne permettrait pas, plus que le fusil, de tirer à de grandes profondeurs, mais sous ce rapport les latitudes seraient à peu près les mêmes. D'ailleurs plus la flèche sera courte, moins elle sera exposée à ployer dans son choc avec l'eau, et par conséquent à dévier lorsqu'on la tirera dans une direction très-oblique, ce qui est le cas le plus général. Nous livrons ces ré- flexions avec confiance, et les essais curieux qu'elles comportent, aux amateurs de la 602 PÈCHE AU GRELOT. pèche au fusil beaucoup trop connue cl beaucoup tiop peu employée, surtout par suite (Je l'erreur accréditée que ce tir est extrêmement diiticile. C'est le contraire qui est strictement vrai. PÊCHE AU GRELOT. — (Voy. GrELOT, CONFECTION DK LA LIGNE A GRELOT.) La pèche au grelot est exactement la ptchf- à soutenir ou la. pèche dans les pelotes dont les chances sont multipliées par le nombre des lignes que l'on a tendues. On prend ainsi tous les poissons de fond, Carpe, Barbeau, Anguille, gros Gar- don, etc. Alors qu'on pèche seul, et qu'on ne veut pas transformer une distraction en un travail, il ne faut pas tendre à la fois plus de quatre lignes, car à cette pèche, de même qu'à celle dans les pelotes la canne tenue dans la main, il faut avoir soin de renouveler la pelote au moins toutes les demi-heures. Or faire les pelotes, c'est-à-dire rendre la terre dans un état convenable au moyen de l'eau qu'on puise à l'éponge, la pétrir, y incorporer les asticots, placer le tout à l'hameçon puis jeter la ligne, enfui tous ces petits soins prennent assez de temps pour que l'on ait, toutes les huit ou dix minutes, une ligne à relever. C'est assez : plus, deviendrait une fatigue. Au reste l'activité des pêcheurs animés du feu sacré les poussera facile- ment à augmenter le nombre de leurs grelots et par conséquent à jouir du plaisir inopprécia/jle d'être continuellement en mouvement. Doit-on mettre, à sa ligne, un plomb ou un liège? Le premier maintient au fond de l'eau la brochette d'asticots en position d'être mangée par le poisson, 7nè)ne après que la pelote a été dissoute par le courant, mais le pêcheur ignore absolument comment il pêche, car la pelote la mieux faite peut se fendre en descendant au fond, et le pêcheur croit qu'il pêche dans une pelote depuis une demi-heure alors qu'il n'en est rien, l'eau en ayant charrié les morceaux au loin où ils amorcent les poissons. Le second moyen, le liège, offre tous les avantages du plomb et n'en a pas les inconvénients. La pelote a disparu, le liège remonte l'hameçon à fleur d'eau et son apparition avertit le pêcheur de renouveler son amorce. Sans être distrait ou préoccupé, le pêcheur sera plus vite averti qu'avec le plomb qu'il ne pourra con- sulter qu'en retirant sa ligne, et dans ce cas, il brise inévitablement les restes de pelote autour desquels étaient peut-être plusieurs poissons qu'il ne voit pas. Enfin, avantage inappréciable sur un fond de pierres, le plomb s'accroche sou- vent entre elles d'une manière irrémédiable; il faut sacrifier sa ligne, et cela d'au- tant plus souvent à la pèche au grelot que l'on n'a pas de canne pour porter l'effort le plus près possible de l'hameçon et suivant une ligne verticale. On ne peut que tirer suivant une direction d'autant plus oblique que le plomb est tombé plus loin du rivage. Or cette traction oblique est précisément le moyen le plus favorable pour faire entrer le plomb dans les interstices des pierres posées sans ordre les unes sur les autres, et pour le fixer ainsi dans des fentes d'où il ne peut plus sortir. Si, au contraire, vous péchez sur un fond un peu mou et vaseux, la pesanteur du plomb pourra faire entrer votre pelote et votre hameçon dans la vase molle où le poisson ne la devinera plus, tandis que la pelote seule, soutenue par du liège, n'entrera pas ou entrera moins. Tous les avantages se réunissent donc en faveur de la. pelote sur liège, surtout pour la pèche aux grelots. On peut encore s'aider, dans tous les cas, pour relever et mettre à l'eau des lignes, de la fourche ù cctnne que nous avons indiquée et qui rend de si grands services. PÈCHE AU LANCER. 603 PÊCHE AU LANCER AUX MOUCHES ARTIFICIELLES. — (Voy. Mou- COES AKTIFICIELLES.) L'observation la plus superficielle a permis à tous les pêcheurs de constater que la truite et les autres poissons de surface s'emparent avidement de tous les in- sectes qui approchent de la superficie des eaux. De là est venue l'idée de garnir son hameçon d'un insecte et de le laisser tomber sur l'eau... d'où est venue la pêche à la mouche naturelle volante, à la surprise... mais on s'est très-vite aperçu que si ces pêches réussissaient, c'est que la première se faisait du haut d'un pont ou d'un obstacle, la seconde de derrière les plantes du rivage... dans l'un et l'autre cas, parce que la ligne tombant perpendiculairement à l'eau ou à peu près, le poisson ne pouvait soupçonner la couverture de l'hameçon par un appât. Or rien n'est subtil comme la vue et agile comme la défiance du poisson de surface. S'il aperçoit le lil qui va de l'appât au pêcheur, il restera sourd à l'appel de la meilleure esche et gobera, à côté, le premier insecte tombé, dès qu'il sera sûr qu'il ne cache aucun piège !... Remarquons que les plus gros poissons habitent le plus loin possible du rivage, — surtout quand la rivière est claire, — ce qui est, pour nous, une circonstance dé- favorable. Si vous jetez vers ce point votre ligne amorcée d'un hanneton, d'une sauterelle, tout d'abord le fil se verra dans l'eau, puis l'insecte se détachera bien- tôt et, sautant au loin, sera happé prestement par le premier rôdeur de ces parages. Il faut donc s'arranger pour que l'hameçon tombe perpendiculairement au plan de l'eau ou, du moins, sous un angle assez grand pour que la florence sur la- quelle il est monté ne soit pas vue trop facilement du poisson. Mais, dans la prati- que, une autre et non moins grave difficulté se présente. Pour maintenir l'esche dans la position voulue, il faudrait que le bout du scion fût très-élevé, de manière que la canne fit avec la ligne un angle de 4o° à 50°, au lieu de 90° qui est l'angle moyen de la pêche à la ligne. Par conséquent la base du triangle, c'est à-dire la distance entre le pêcheur et le poisson, se raccourcirait ell'on se heurterait à deux grands inconvénients : pêcher trop près du bord pour ramener de belles pièces, et découvrir trop le pêcheur, ce qui ferait fuir les péchés aussi vite et aussi loin que le fameux chien que tout le monde sait. Le remède est facile, allonger la canne jusqu'à 5, 6 et même 7 mètres, lui attacher une ligne plus longue de 10 mètres, et, avec cet engin, le pêcheur enverra dans de bonnes conditions son insecte naturel à9à 10 mètres de lui. Autre incon- vénient : la canne de 6 à 7 mètres faite, comment la lancer? Une semblable canne, quand on s'en sert pour la pêche de fond, est déjà une solive peu commode à ma- nier ; aussi, les paysans qui s'en servent de pareilles pour la pêche du brochet, les laissent-ils à vau-l'eau appuyées sur le bord. Pour la pêche aux insectes, au con- traire, il faut tenir et toujours tenir la canne : peu de bras et de poignets y résis- teraient, et les pêcheurs doués de ces avantages d'Hercule se compteraient comme le phénix et ses descendants. Nous devons donc nous trouver mille fois heureux que la nature ait pensé aux pêcheurs en faisant pousser le roseau, pour eux et leurs plaisirs. Le pêcheur se procurera donc une bonne canne en roseau, en quatre brins, de l^joO à l",7o, ou en cinq brins de G", 80 à 1",40. La seconde division, celle en cinq morceaux, est plus portative, ployée, mais plus lourde et moins solide que la première en quatre parce qu'elle a plus de viroles. On renforcera chaque en- tre-nœuds d'une ligature soignée et bien vernie, l'on montera à la base de la GOi PÈCHE AU LANCER. canne, un l)on picot d'acier et l'on munira son extrémité d'un scion d'orme, d'é- pine ou de cornouiller, bien llexihie et ligaturé également dans sa longueur. L'engin ainsi fait se trouvera parfaitement dans les conditions de flexibilité et de solidité nécessaires. Muni de son moulinet libre, sur lequel un fin et solide cordonnet de soie bien verni et peint est eiuoulé, le pêcheur tient en main l'instrument qu'il a construit et qui doit répondre à tous les cas imprévus. Le choix du cordonnet n'est pas sans importance, il faut que, par la nature de ses éléments, il soit capable de fournir sous le plus petit volume possible la plus grande résistance et puisse supporter, sans se détériorer, les alternatives de chaleur, de sécheresse et d'humidité auxquelles il sera cent fois par jour exposé. C'est pourquoi nous recommandons de peindre la ligne et de la vernir avec beaucoup de soin. Cette ligne aura TiO mè- tres de longueur sans nœuds, et il sera bon qu'elle puisse supporter, en l'essayant, un poids mort de 3 à 6 kilogrammes, afm d'être certain qu'elle résistera aux se- cousses d'un poids vivant de 2 à 3 kilogrammes au moins. A l'extrémité de la ligne, on fera une boucle de 0°',04 à O^jOo de long, soi- gneusement maintenue par une ligature en soie fme. Quelques pêcheurs se conten- tent d'y faire un simple nœud, et joignent la ligne à l'avancée par une demi-clef. Ce système offre bien assez de solidité ; il s'attache et se détache surtout en un clin d'œil, tandis qu'avec la boucle, il faut passer dedans toute l'avancée pour que les deux soient liés; ce qui, quand la ligne est mouillée, est souvent assez long. La question de Vavancée est des plus importantes, car c'est la partie de la ligne que le poisson ne doit pas voir. La florence est la plus commode — mais non la meilleure — matière pour cet objet ; on en fera donc une avancée de la lon- gueur de la canne. Celte avancée sera soigneusement composée de brins choisis et attachés bout à bout, la grosseur de l'ensemble décroissant du haut en bas, et chaque extrémité sera terminée par une boucle de 0^,03 de longueur, ligaturée finement de soie blanche, cirée et vernie ensuite au vernis blanc. Quelques pêcheurs remarquant les qualités si précieuses du crin, et sa facilité h s'étendre lors de la projection de la ligne, remplacent avec raison l'avancée de flo- rence par une avancée de crin faite en queue de rat et finissant en bas par six brins : cette avancée peut avoir au moins la longueur de la canne, car elle n'est pas desti- née à passer dans les anneaux. On verra la manière de la ployer sur la canne, à l'article Prc/ie à la mouche naturelle, ligyie volante. fj'cmpilage des hameçons se fait sur crin simple si l'on est très-habile, sur flo- rence si on l'est moins; on réussit en proportion de la difficulté vaincue. On peut faire l'empile un peu longue pour éloigner davantage de l'esche l'ensemble assez visible des deux boucles et des deux ligatures passées l'une dans l'autre Tout ceci étant prêt, les pêcheurs ont bien vite reconnu qu'envoyer au loin, avec succès, des insectes naturels étant impossible, il fallait inventer quelque chose, et ils ont créé les mouches artificielles (voy. ce mot) dont nous supposerons notre bonne ligne munie. Le lance)- de la mouche a/tl/lcielle est une affaire d'habitude (jui n'offre aucune difficulté que celle de vouloir l'apprendre : d'ailleurs tout le monde y arrive, les uns d'une façon , les autres d'une autre, et ce serait folie de vouloir réduire cela en un code hors duquel il n'y eût point de réussite possible. J'ai vu des paysans qui lançaient leur mouche très-gauchement mais très-loin, et qui rapportaient des PÊCHE AU LANCER. 60o truites fort belles et fort nombreuses... Tout dépend de la manière dont la mouche touche l'eau. Nous y reviendrons tout à l'heure. Il est malheureux que pour toutes les pèches de surface en général, — et sur- tout pour celle-ci où le pêcheur est obligé de se donner du mouvement, — on ne puisse se rendre invisible à volonté ! Il n'est pas, sous le ciel, un seul pêcheur qui n'ait fait ce souhait merveilleux des Mille et une Nuits Malheureusement, il est on ne peut mieux avéré que le pauvre pêcheur a un corps visible et tangible, et qu'il ne peut même pas espérer le dissimuler — comme dans la pêche à la sur- prise — derrière un rideau d'aunes , de peupliers, de saules, ou à l'abri d'une haie bien garnie... La manœuvre de la ligne au lancer exige un terrain bien dé- couvert et débarrassé de tout obstacle... Autrement l'hameçon et la ligne elle-même s'enchevêtrent à chaque coup dans le branchage et y restent ! Or les soins que nous nous sommes donnés pour en arri- ver jusqu'ici ont pour but de prendre autre chose que des branches d'arbre !... Cependant, nous dirons toujours au pêcheur : Profitez de la moindre touffe d'herbes, de la plus petite dépression du terrain pour dissimuler une partie de vous-même, mais en même temps ne vous dissimulez pas à vous-même que vous augmentez les difficultés en vous approchant d'objets saillants, et en vous mettant dans un endroit plus creux que le sol environnant. Il est bon de ne pas faire le fier-à-bras et de prendre résolument sa canne à. deux mains, c'est beaucoup moins élégant, mais cela dure plus longtemps. On doit en même temps être vêtu d'un vêtement qui ne gêne point la manœuvre et dont l'étoffe n'offre pas une prise trop facile à la pointe de. l'hameçon. Le velours de coton est la plus admirable invention que l'on ait pu adapter à la [jèche au lancer. Le mouvement de lancer la mouche est à peu près celui que nécessite un coup de fouet que l'on voudrait donner, à deux mains, en touchant un point éloigné avec la mèche du fouet : seulement, quand la mouche est arrivée à son plus grand éloi- gnement à peu près, on arrête sa chute par un coup de poignet en dessus et elle descend doucement — sans impulsion et par son propre poids — sur la surface de l'eau, oi^i elle arrive, sans secousse, comme un insecte fatigué qui vient s'y reposer. Il faut faire la plus grande attention à ne pas battre l'eau du bout de la canne ni de la ligne, à ce que la mouche ne tombe pas brusquement en faisant Jaillir reau... car le poisson fuirait aussi loin que possible. C'est déjà bien assez du mouvement des bras, sajis y joindre le bruit. Aussi, en s'avançant sur le bord de la rivière, doit- on se souvenir de la marche silencieuse des Indiens de F. Cooper, et les imiter le mieux possible. Les bords des cours d'eau n'offrent pas ordinairement d'allées sablées comme un jardin, il faut donc que le pêcheur ait, en même temps, un œil sur la rivière et un œil pour ses pieds : la moindre pierre roulante suffit, sur ce sol sonore, à faire fuir la Truite et le Chevesne... D'autre part, une racine fait butter le pêcheur, un trou lui fait perdre l'équilibre, tout cela se termine par un trépignement involon- taire, — mais nécessaire pour reprendje son équilibre — et, pendant ce temps, la proie a fui et l'espoir est loin... Il faut encore se souvenir que le sol des ri- vages est souvent tremblant et creux en dessous, on devra donc éviter de frapper du pied en marchant, car le son se propage admirablement dans les cavernes des crônes. Il ne faut pas oublier, non plus , que le bruit des pas sera emporté en aval par le courant, et se propagera plus loin dans ce sens qu'en amont ; que, de plus, tous les poissons de surface se trouvent sur l'eau la tète tournée vers le liant de la 606 PÊCHE AU LANCER. rivière, c'est tout naturel, puisque de 1;\ vient la nourriture et que la forme des écailles qui revotent leur corps implique que l'eau, dans son cours, ne les relèvera pas. 11 faudra donc pécher ('/MW7ion^«w^; mais cependant, comme on ne peut pas toujours remonter et (^u'il faut finir par redescendre, on devra se dire que si la pêche en remontant est plus facile et meilleure que celle en descendant, il faudra, — en faisant celle-ci pour aller ou pour revenir, — y redoubler d'adresse, de soins et de prudence ; quand on peut s'arrêter dans un endroit que l'on croit poisson- neux, il est bon d'y pêcher plutôt en remontant qu'en descendant s'il y a du cou- rant, et plus celui-ci sera rapide, plus cette règle sera intéressante à observer. En suivant donc pas à pas le bord de la rivière, le pécheur guette s'il voit un poisson s'élancer sur les insectes qui touchent la surface de l'eau; s'il en aperçoit un, il y envoie sa mouche... S'il voit le poisson immobile, attendant dans le courant une bonne aubaine, il y envoie sa mouche... si, au contraire, il n'y voit rien que l'eau qui court rapide ou qui bouillonne sur des obstacles ou tourne sur elle-même, il y envoie encore et toujours sa mouche... et c'est à cet endroit souvent qu'il fait la plus belle capture ! Car les plus gros poissons se tiennent au fond ; ils voient tomber une mouche appétissante et curieuse, ils s'élancent comme un trait... et le tour est fait ! Aussi le moment oii la mouche vient toucher l'eau est ordinaire- ment celui oii le poisson, — surtout la Truite, — s'élance avec une rapidité in- croyable et la saisit. Quelquefois la mouche n'arrive même pas jusqu'à l'eau, elle est gobée en l'air, au vol, et le poisson est pris et ferré avant que le pêcheur ait pu savoir comment ce tour de force a eu lieu... Mais le moulinet fait entendre son joyeux cliquetis, et le cœur est content! La mouche a touché l'eau et s'y est posée comme un insecte fatigué de ses ailes,... aucun poisson n'a paru; il faut alors exciter la convoitise endormie de l'animal par de la coquetterie. On ramènera doucement vers soi la mouche, en la soutenant bien sur l'eau et la faisant frétiller doucement, comme tressaille un insecte qui se noie : bien souvent cette comédie rallume la convoitise du poisson, qui, sans doute, ré- fléchit que cette proie assurée puisqu'elle meurt va s'en aller à un confrère s'il ne la mange pas ; aussitôt dit, aussitôt fait... et le panier du pêcheur renfermera une belle Truite de plus ! On a fait beaucoup d'ostentation de la difficulté de ferrer h\ii pêche au lancer ; or, n'en déplaise aux pêcheurs les plus habiles, les trois quarts du temps le poisson se prend tout seul, et tellement vite que nul homme au monde ne pourrait trans- mettre la tension du fil assez rapidement à l'hameçon pour ferrer à temps. Ce sont là des exagérations dont il faut faire justice. Cependant, à quelque moment que le poisson se décide à mordre, le pêcheur doit avoir la main leste et l'œil au gtjet, puis répondre à cet appel par un vif et rapide coup de poignet,... c'est un éclair à saisir ! On le saisit quelquefois à temps, mais le plus souvent on arrive trop tard, le poisson s'est enferré lui-même, et le coup de poignet, — s'il est d'un maître, — assure la prise ; s'il est d'un novice, déchire la gueule du poisson et compromet sa capture... 11 faut avoir constamment à sa ligne un hameçon de premier ordre, à pointe irré- prochable et neuve. C'est demander une grande consommation de mouches, mais comme le pêcheur doit savoir les faire lui-même, il se rappellera que : qui veut la fin, veut les moyens!... La perfection de la pointe de l'hameçcon est d'autant plus à exiger, que le poisson qui s'est laissé séduire par les yeux, ne se laisse pas tromper par le goût; en une demi-seconde, il sentira qu'il s'est trompé et essayera, par un PÈCHE AU LANGER. 607 mouvement de lèvres rapide, de rejeter ce qu'il a dans la bouche ; c'est là où il faut que la pointe de l'hameçon rencontre une parcelle de chair et s'y attache , le reste ira tout seul, et le poisson demeure pris. Aussi est-il bon de ne pas se servir — pour les poissons à large gueule, comme le Chevesne, — des limericks sans palette et droits. Un hameçon ayant de l'avantage a plus de chance de rencontrer les membranes des lèvres dans le mouvement que celles-ci font pour le rejeter. Dès que le pêcheur novice a quelquefois lancé sa mouche, il s'aperçoit de l'a- vantage du vent, et combien une légère brise aide à la manœuvre de la mouche artificielle ; un vent plus fort dispense même le pêcheur de tout mouvement de lancer, car il emporte lui-même la mouche au loin et la dépose sur l'eau avec une légèreté que le pêcheur aura — tout seul, et sans ce secours, — bien de la peine à imiter. Ainsi donc, le vent, quand il est favorable, est l'auxiliaire béni du pêcheur à la mouche. Favorable pour cette pêche, il est, par cela même, tout à fait défavo- rable pour la pêche sédentaire. Ainsi va le monde, ce qui sert aux uns nuit aux autres ! En général, le temps où il fait du vent est celui où les poissons de surface sont en mouvement et chassent, parce que, sous la pression de l'air, une foule de proies sont précipitées à la rivière. Pour notre pêcheur, il faut que le vent vienne derrière lui, ou un peu de côté, car si le \ei\i\ennii debout, c'est-à-dire en face de lui, il jette- rait la mouche derrière lui sur le pré, ou il ne prendra certainement pas de poisson. Il faut donc se placer, autant que faire se peut, sur le vent du poisson et non pas sous lui. Le vent bienheureux offre encore un avantage au pêcheur dans les rivières sans courant, et dans les étangs et les lacs, c'est qu'il ride la surface de l'eau sans la troubler, en sorte que le poisson voit aussi bien la mouche qui tombe à côté ou au-dessus de lui, tandis qu'il voit moins le pêcheur de loin à travers les lames de jalousie mobiles que forment les ondes de l'eau. Nous avons dit que le ferrer à cette pêche était souvent un moyen d'assurer une proie qui s'était piquée elle-même. Si le poisson est petit ou moyen, il faut l'enle- ver brusquement et le faire sauter sur le pré derrière soi ; mais si la proie est belle, elle résiste au coup de poignet, et alors commence cette lutte si intéressante et si pleine d'émotions que nous avons décrite à l'article Noyer le poisson. Deux méthodes sont en présence parmi les amateurs de la pêche à la mouche : les uns pèchent à la ligne ferme, moulinet fermé; les autres pèchent à la ligne flottante, ou courante, le moulinet ouvert; nous pourrions dire qu'il y a une troi- sième école, celle qui pèche avec une ligne forte et sans moulinet aucun, c'est la ligne du paysan; elle manque souvent, mais quand elle tient, elle tient bon. La seconde méthode est la seule à adopter : c'est surtout quand le poisson est noyé qu'il est utile d'avoir une épuisette pour le sortir de l'eau, mais c'est aussi à cette pêche que ce petit filet devient un embarras énorme, ainsi que nous l'avons exposé à l'article spécial qui le concerne. (Voy. Épuisette.) La pêche au lancer ne réussit pas par tous les temps (Voy. Temps); elle a sur- tout des chances par les jours de vent modéré, mais il ne faut pas non plus dédai- gner les soirées calmes et tranquilles qui succèdent aux journées chaudes et ora- geuses de l'été. A ce moment, le gros poisson quitte les crônes, sous-rives et ca- chettes de racines où il s'est retiré depuis le matin pour fuir la chaleur ; il a faim et chasse avec fureur, surtout au moment où le soleil se couche ; et, quand le crépus- cule arrive, le fil de la ligne est absolument invisible. C'est le moment de mettre une mouche un peu forte, et si les regards ne peu- 608 PÈCHE AUX HAMEÇONS. vent la suivre au loin dans ses évolutions au milieu de l'ombre naissante, le tact de la main avertit bien vite le pôcheur que le moulinet va partir emporté par un poisson qui a mordu. On peut, à ces heures-là, mettre plusieurs mouches à sa ligne, en les espaçant de O'",to à 0'",20, etsurtout quand on poche le poisson blanc de surface, en prendre plusieurs d'un coup. C'est aux lavoirs, aux gués, aux abreuvoirs qu'il faut se rendre : là où le poisson espère trouver des grèves plates, des pierres, peu d'eau. Pendant le jour, il n'eût pas osé s'aventurer en ces endroits, car rien ne l'eût protégé; il sait que, depuis le malin, une certaine quantité de nourriture a dû s'y amasser sous l'action de l'eau, aussi il y va vers la brune, et le pécheur aussi La pèche y est facile : le plus souvent les berges sont bien découvertes, et, de plus, la pente du rivage per- met de tirera soi, sans elforts, le poisson que l'on a noyé. On peut môme, en pré- vision du manque d'épuisette, se monter un peu plus fortement sur la ligne, et alors agir avec moins de ménagement, car, au crépuscule, le poisson mord avidement, et, voyant moins bien, il avale de grosses mouches qu'il n'eût point attaquées pen- dant le jour. Quand l'obscurité se fait, il faut s'arrêter : le poisson ne voit plus, et l'œuvre du pêcheur est inutile. 1\ en est de môme quand l'eau est troublée par une cause quel- conque, car la première condition de la pèche à la mouche — artificielle ou natu- relle — est que l'eau soit limpide, afin que le poisson puisse voir. On parle souvent du point du jour, du lever du soleil comme favorables à cette pêche, il faudrait ajouter : en été, et encore dans les rivières mortes, et enfin, pour la Perche surtout, le Brochet un peu, et le Gardon au blé, mais pour la pêche à la mouche, ce moment n'est généralement pas favorable. Presque toujours le point du jour^, en été, est un moment de calme, et le temps n'offre pas le moindre vent; le ciel est sans nuages, l'eau comme un miroir, rien ne remue dans la nature. Si le pêcheur fait un mouvement, le poisson, éveillé dans son cristal, se sauve et se cache Il fautattendre que le zéphyr vienne en aide au pêcheur, et presque tou- jours cet effet a lieu avant midi, de neuf à dix heures; puis le vent cesse vers quatre à cinq heures pour laisser une douce et calme soirée terminer un beau jour. Si le vent ne se lève p s, il faut alors pêcher à la surprise auprès des rives, des toulfes de roseaux, sous les arbres, entre les racines, près des crônes, entre les feuilles de nénuphar. On arrive à remplir son filet, mais il faut une grande patience, beaucoup d'adresse, et l'on prend peu de grosses pièces, elles ont gagné les grands fonds d'eau. Si l'on pêche la Truite, elle a gagné le dessous d'une roche, d'un pont, et à l'abri, attend et jouit de la fraîcheur ; elle est là en compagnie. On ne peut y lancer sa mouche, c'est vrai, mais on peut l'y laisser couler au fil de l'eau On la fait alors remonter et redescendre quand elle est engagée sous le pont, et là, sans rien voir, on sent le poisson se prendre tout seul, et l'on a le plaisir de rapporter de très-belles pièces. Ce ne sera pas toujours sans combat et sans danger, car la Truite est folle de douleur et se précipite dans le courant, se faufile entre les roseaux, sous les racines, et emporte la ligne à sa suite , trop heureux quand tout se termine sans bris ni malheur ! PÊCHE AU PASSER. — (Voy. PASSER [Pèche au].) PÊCHE AU VIF. — (Voy. YiF [Pèche au].) PÊCHE AUX CORDES, LA NUIT. — (Voy. POLICE DES LIGNES EN MER.) PÊCHE AUX HAMEÇONS. — Sous ce titre sont comprises toutes les espèces PÈCHE DANS LES PELOTES. 60î» de pêche t\ la ligne : dormante, fixe, volante, etc. Il est à remarquer qu'on fait la pèche aux hameçons sur tous les fonds, même sur les fonds rocheux, qu'elle est pra- ticable toute l'année, par tous les temps, et par tout le monde. C'est celle qui contribue le moins à la destruction du poisson. Elle ne dérange pas, comme la pêche aux fdets, les fonds ni les herbiers oii le poisson dépose presque toujours son frai, et qui servent aux alevins de refuge contre les courants et contre les gros- ses espèces qui les chassent et les dévorent. On prend, avec ces engins, toute espèce de poisson; dans les eaux douces, outre les Goujons, les Ablettes, les Éperlans, les Loches et les Gardons, on prend des Bromes, des Barbeaux, des Lottes, des Anguilles, des Perches, des Tanches, des Brochets, des Carpes, des Truites, des Saumons, et quelquefois des Estur- geons, etc. A la mer, on prend beaucoup de poissons plats, tels que Soles, Plies, Barbues, Limandes, Carrelets, Turbots, Raies ; en poissons ronds, le Maquereau, le Merlan, le Thon, la Dorade, la Vieille, la A^ive, le Grondin, es Bars, les Mulets, la Morue, les Chiens de mer, etc., etc. A l'hameçon , cependant ces deux expressions ne sont pas synonymes. Quand l'on tient à la main une canne munie de sa ligne portant un ou deux hameçons, on dit ^{xi on pêche à la canne, quoique la canne soit souvent une perche ou tout autre bois, mais aussi elle est souvent faite avec un roseau qui en latin a le nom de canna. Si, au contraire, on tient à la main une ligne garnie de ses hameçons, on dit qu'on pèche à la ligne. Cette distinction est surtout applicable à la pêche en mer. On nomme Bricole cette même ligne attachée à une pierre dans la rivière, ou à une pierre du bord, ou à un obstacle quelconque. Si plusieurs lignes sont attachées à un corps pesant qu'on laisse aller au fond de l'eau, on appelle cela pêcher par fond. Cette manière de pêcher prend encore différents noms, suivant la disposition des hameçons qu'on emploie. Autour d'un cerceau, ou d'un panier, on dit en Pro- vence, Coa/fede Palangre; h une croix de fer, on dit dans le même pays, Foio'- quette; à une baguette recourbée et chargée de plomb, on l'appelle .irc/^e;', etc., etc. Dans rOcéan, on nomme petites CcMières des lignes garnies d'hameçons atta- chées à une pierre au bord de la mer. Les pierres dont on se sert pour caler les cordes se nomment aussi Câblières. Lu grosse Câàlière consiste en une corde atta- chée à deux grosses pierres, et garnie, dans la longueur, d'empilés portant les hameçons. Souvent, au lieu de tendre les bauffes sur le sable avec des câblières au bout, on les attache sur des piquets ; c'est ce qu'on nomme tendre sur Pâlots. Il y a quelques poissons de mer qui se tiennent entre deux eaux : pour en faire la pêche, on met quelques cailloux sur la maîtresse corde que l'on empêche de toucher le fond en la soutenant, de distance en distance, par des flottes de liège qui restent sur l'eau. Il est facile de comprendre qu'en laissant aux lignes plus ou moins de longueur, on maintient la tessure plus ou moins plongée dans l'eau. D'autres fois on place les flottes sur la maîtresse corde, et on charge les empiles de petits morceaux de plomb : c'est ce qu'on nomme pêcher entre deux eaux, ou à la Belée. Nous renvoyons encore aux mots suivants : Bricole, Brochet, Pater-Noster, Balance, Jeux, Grelots, etc. PÊCHE DANS LES PELOTES. — La pêche dans les pelotes se fait surtout à 30 610 PÊCIU-: DANS LES PELOTES. Paris et aux environs; elle est très-fructueuse dans certaines rivières, et peut ôfcre soit une pôchc à la main, soit au grelot, soit ù la canne. On peut s'emparer, par elle, de presque tous les poissons d'eau douce : Gar- dons, Carpe, Lotie, Anguille, Vandoise, Truite, Perche, Brème, Barbeau, etc., pourvu que l'eau présente un courant moyen et que la rivière ait un fond non em- barrassé d'herbes. Cette dernière condition restreint considérablement l'usage de ce genre de pôchc, car la i)lus grande partie des rivières de troisième, quatrième ordre, fort poissonneuses d'ailleurs et très-profondes, sont remplies d'une énorme quantité de joncs et plantes aquatiques qui en tapissent le fond et les bords. On prend bien chaque année le soin de les faucher, mais sous l'influence des détritus fertilisants charriés par l'eau, lavégéti\tion est tellement active, qu'au bout de quelques semai- nes ce travail est cà recommencer. On fait choix, d'abord, de terre grasse ou argileuse, telle que souvent on en rencontre sur le bord des rivières. Il faut qu'elle ne soil ni trop forte ni trop mai- gre ; la meilleure est celle que l'eau recouvre quelquefois : elle contracte ainsi un goût de marécage qui ne la rend pas suspecte aux poissons. Une des meilleures variétés de cette terre présente la couleur jaune ou rougeàtre. L'argile bleue ou verte est souvent trop compacte. On pétrit dans l'eau une portion de cette argile de façon à en extraire les pierres et à lui donner une consistance molle, comme celle de la terre à modeler. On l'enveloppe d'un linge humide et on la conserve pour l'usage. On confectionne un bouchon carré {fiy. 826), AB, que l'on perce au moyen dune aiguille, afin d'y passer le brin de florence fort MN qui compose l'avancée. Pour la pèche ordinaire des poissons de fond un peu gros, auxquels cette méthode s'adresse, on emploie un hameçon n" 3, ceux qu'il faut préférer sont à palette ren- forcée et courte queue. Arrivé près de Fig. 826. — Bouchon carrd pour les pelotes. l'endroit où 1 on veut pêcher, on consulte la force du courant pour se guider sur la grosseur à donner à la Pelote, et l'on prend dans la main gros comme un œuf, je suppose, de terre dans laquelle, en l'é- tendant, on incorpore une ou deux pincées d'asticots ; on couvre alors Ihameçon de ces mômes asticots enfilés par la queue les uns à côté des autres. On place le bouchon AB au milieu de la boulette avec laquelle on l'enveloppe et on le recouvre bien. Faisant alors, vers le bout A, un trou dans la terre avec le doigt, on y place la partie N reployée de l'empile et l'hameçon avec les vers qu'il porte : on referme le trou, on arrondit les bords et tout est prêt. i^i l'on poche à la main ou au grelot, la pelote peut être forte, si Ton pêche à la canne, elle sera plus petite. Dans tous les cas, on la jettera doucement au cou- rant, assez au dessus du point où l'on veut pocher, pour qu'elle y arrive douce- ment, ce que l'on sent en interrogeant la tension de la ligne. Quand on pèche à la main, on lance la ligne de la manière suivante. La pelote étant terminée, on la prend dans la main droite, on saisit de la main gauche la li- gne bien développée et lovée pour qu'elle ne se môle pas, et l'on jette simultané- ment le tout t\ une distance convenable, qui peut aller de 8 à 10 mètres. On tient alors la ligne de la main droite et l'on attend le poisson. La Pelote fond peu à peu sous l'action du courant de l'eau qui la baigne, les vers qu'elle contient sortent les uns après les autres, et sont entraînés en formant PÊCHE DANS LES PELOTES. 611 une traînée de vers qui dérivent sur la même ligne. Le poisson qui rencontre la ligne de vers, les mange et remonte pour se rendre compte d'oij lui vient cette manne imprévue. Or, il arrive bientôt à la pelote qu'il aperçoit garnie de vers en train de se débarrassex de leur gangue terreuse. Comme il ne voit point d'hameçon, celui-ci étant caché, comme il ne voit rien que les appâts, il frappe du nez pour casser la pelote et atteindre plus vite les vers. La Pelote étant ainsi peu à peu démolie, le poisson trouve tout à coup la plus friande bouchée, la masse d'asticots qui cache le perfide hameçon, il se jette avidement sur elle Or, pour le pécheur, tout ce manège s'est traduit en coups et tremblements que la ligne a fidèlement conduits jusqu'à sa main. Les coups de nez ébranlent le pei- gnet et sont quelquefois assez forts, tandis que le coup d'attaque est tirant et sur- prend le pécheur qui n'y est point accoutumé ; c'est alors qu'il faut ferrer un coup sec, mais pas trop dur. Certains pêcheurs ont comparé le coup d'attaque à l'effet que produirait sur la main du pécheur quelque chose que l'on déchirerait. Quand on pèche à la canne, dans les pelotes, on emploie exactement la même méthode; mais les pelotes sont plus petites et ne dépassent pas la grosseur d'une forte noix. On se sert d'un hameçon Limerick à palette n" 5 et d'un très- petit plomb carré, monté à O'",0o de l'hameçon. Le petit plomb est enterré avec rhameçon dans la pelote, et sert à la maintenir aisément au fond. On peut môme ne pas mettre de plomb et employer l'hameçon seul garni d'asticots. A la pèche dans les pelotes, que ce soit à la canne ou à la main, il faut toujours prendre soin de les lancer à la môme place et dans la môme ligne du courant, sans cela il se ferait divers remontages qui ne viendraient pas à la ligne. Une fois ce re- montage du poisson effectué, tous demeurent attentifs dans le coup, et chaque pe- lote ramène un poisson; mais il faut souvent acheter ce résultat par deux ou trois heures de patience. La nécessité de rester si longtemps le bras tendu et immobile à attendre l'attaque du poisson semble, à certains pécheurs, un tour de force impossible à exécuter ; aussi a-t-on cherché à remplacer le bras par un support immobile et l'attention par un avertissement matériel ; de là est venue la pèche au grelot dans les pelotes. Pendant cette pêche, on peut lire, causer, mais il faut éviter avec soin de piétiner sur le bord. Nous avons décrit aux articles Grelots et Ligne a grelot la manière de con- fectionner ces petits instruments. On prendra donc la ligne et l'on y montera des pelotes comme nous venons de l'indiquer, en ayant soin que la ligne une fois lancée soit bien tendue, mais sans exagération. Au premier coup de nez du barbillon démolissant la pelote, le grelot tintera faiblement, appelant le pêcheur à sa canne, et, au coup tirant, il sonnera fortement et par une brusque secousse, mais le pêcheur sera là, il ferrera un coup sec et le poisson viendra à lui, sauf les accidents ! Cette pêche offre un second avantage, c'est qu'on peut se servir d'un assez grand nombre de lignes à grelots simultanément, ce qui augmente naturellement les chances de réussite ; il est bon de n'en pas tendre plus de quatre à la fois, car il faut compter changer les pelotes ou remonter les lignes — comme pour les jeux — au moins toutes les demi-heures, parce qu'il ne resterait plus d'ar- gile, et, comme l'arrangement des pelotes et celui de la bouchée sur l'hameçon 612 PÈCHE DU GOUJON. prennent un certain temps, il faut pouvoir mettre huit à dix minutes à monter chaque ligne. Nous avons expliqué qu'une dissidence se faisait remarquer dans la manière de monter les lignes pour la pèche dans les pelotes ; les uns mettent un bouchon, les autres un plomb, ces objets se ressemblent si peu que les résultats devraient L4re diamétralement opposés. Ils le sont et cependant, tous les deux réussissent! Le plomb offre l'avantage de retenir au fond la bouchée d'asticots après que la pelote est détruite; le liège, au contraire, quand la pelote a disparu, soulève l'ha- meçon et vient paraître à la surface. Or, quand le fond est de sable fin, sans herbes ni pierres, le premier mode est le meilleur, mais dans le cas contraire, il faut em- ployer le second, sous peine de ne pouvoir retirer sa ligne les trois quarts du temps. De plus, si le pêcheur est inattentif, le bouchon en paraissant l'avertit de rechanger la ligne, aussi croyons-nous que, toutes choses balancées, l'emploi du bouchon est préférable. A la pèche dans les pelotes, l'attaque du poisson est différente pour chacun d'eux, mais toujours la même pour chaque espèce; aussi le pêcheur expérimenté peut-il — à peu près à coup sûr — savoir, dès les premiers coups de nez, quel est le poisson qu'il va prendre. Nous allons essayer de donner une idée des attaques les plus remarquables. Si le poisson attaque franchement coup sur coup, c'est un gros Gardon ou un Chevesne; si les coups sont petits, hésitants, et que le coup tirant soit allongé et glis- sant, sans secousses, c'est une Carpe, une Lotte ou une Anguille. Celles-ci attaquent quelquefois d'une manière brusque et sans chipoter. Si le coup est vif, brusque et décisif, c'est un Dard, une grosse Perche, ou une Truite de fond. Si l'attaque est brève comme pour la Carpe, et que la ligne se dé- tende au lieu de tirer, c'est une Brème. Si les coups sont doubles et vifs, le coup tirant confiant et décisif, c'est un Barbeau. « Il est essentiel — pour la manière de ferrer un poisson, qui est toute dif- férente selon l'espèce — de reconnaître si la Pelote est atta- quée par un Barbilloyi, un gros Gardon, ou une Brème. 1° Le Barbillon coupe une Pelote en deux forts coups de nez, et doit être ferré vigoureusement et vite. 2° En raison de sa con- formation, la Brème, qui est plate, ne peut attaquer les Pelotes que la tête en bas et la queue en haut, verticalement, et la fait rouler trois ou quatre fois avant de la casser. Il faut la fer- rer légèrement et sans trop relever la ligne du fond ; car, si la Brème a manqué à prendre les bains contenus dans la Pelote, elle peut encore saisir les asticots qui les entourent qtiand les bains sont débarrassés de la masse de terre grasse. Alors elle cnmiène doucement la ligne et s'enferre toute seule. » (R. de Savigny, Ms.) PÊCHE DU GOUJON A LA BALANCE. — On prend 827. - Balance à {fKj- 8^7) du Ul dc fcr OU dc cuivrc recuit de la grosseur d'une Goujons. jjjjg épingle. On le ploie en deux parties, et le passant sur un clou, on le tord sur une longueur de 0™, 15 AD, puis écartant chaque branche DB, sur une longueur de 0"',15 DC, on les termine chacune par une petite boucle. On attache à chacune de ces boucles un hameçon limerick droit monté sur une PÈCHES SPÉCIALES. 613 florence de O^jlO de long, BF,CG, de façon que les deux hameçons ne puissent s'ac- crocher l'un dans l'autre. Ces deux hameçons traînent simultanément sur le fond et remontent souvent deux Goujons à la fois. • Le même système s'applique à la pèche entre deux eaux pour la Perche, etc. PÊCHE DU SQUALE. — (Voy. Squale.) PÊCHERIES A POISSON. — Décret du 10 mai 1862. « Art. 10. A l'avenir, il ne sera établi aucune pêcherie à poisson soit sur le domaine maritime, soit sur une propriété privée. « Les détenteurs de pêcheries actuellement existantes seront tenus, lorsqu'ils en seront requis, et dans les délais ultérieurement déterminés, de justifier de leurs titres de propriété ou des actes d'autorisation. » Il faut, en effet, distinguer avec soin les pêcheries, des réservoirs à poisson ; les premiers sont et demeurent prohibés, les seconds peuvent toujours être autorisés; on comprend que les observations attentives des délégués à la Commission de la loi sur la pêche côtière ont dû les conduire à reconnaître la nécessité de restrein- dre certains modes de pêche défectueux ou dommageables pour l'intérêt commun. Ils ont dû distinguer parmi les établissements qu'on peut former sur les côtes de France, ceux qui sont réellement nuisibles et qu'on doit proscrire, de ceux, au contraire, qui, sans inconvénient sérieux, sont appelés à fournir des produits cha- que jour plus recherchés. En effet, tandis que les pêcheries détruisent souvent en une seule marée d'in- nombrables quantités de petits poissons, les réservoirs les conservent et leur offrent, pour ainsi dire, un refuge où ils grandissent ; et, comme les espèces qui se rendent naturellement dans ces réservoirs sont peu variées, les propriétaires, pour obtenir et garder celles qui ont le plus de valeur, devront les demander à la pèche, de sorte que, sans nuire à cette industrie, ils pourront livrer de nouvelles et abondantes ressources à une consommation qui chaque jour augmente et se développe à me- sure que s'étend le réseau des chemins de fer dans notre pays. (Voy. Réservoirs.) PÊCHERIES FIXES. — Les pêcheries fixes, — prohibées absolument par le décret du 10 mai 1862, — sont les parcs de pierre, naturels ou artificiels, les pêche- ries de bois ou Parcs sur Pâlots o\i Bouchots. (Voy. ces mots.) PÊCHERIES TEMPORAIRES. — On appelle ainsi les hauts et bas parcs ïov- més de filets tendus sur piquets dans différentes directions sur la côte. Sous le nom de pêcheries, ces engins seraient absolument prohibés par l'art. 10 du décret du 10 mai 1862, mais l'art. 3, § 1, les fait rentrer dans la catégorie des filets fixes, permis toute l'année, de jour et de nuit sous les conditions : \° D'avoir la maille réglementaire de 0'",025 en carré ; 2° De laisser, entre la ralingue et le sol, un espace vide de 0'",65 à 0'°,33 de façon à ne jamais arrêter que les poissons voyageurs ; Hareng, Maquereau, Cé- lans, etc., contre lesquels leurs mailles sont tendues. (Voy. Hauts parcs, bas parcs, etc.) PÊCHES SPÉCIALES.— Décret du 10 mai 1862. Art. 4. uTous les filets, en- ce gins et instruments destinés à des pêches spéciales, telles que celles des Anguilles, « des Joclets, Chevrettes, Lançons et poissons de petites espèces, ne sont assujettis « à aucune condition de forme, de dimension, de poids, de distance ou d'époque. « L'emploi en est déclaré aux agents maritimes. « Ils ne peuvent servir qu'aux genres de pêches auxquels ils sont destinés et (( pour lesquels ils ont été déclarés. 614 PÉLAMIDE. « S'ils sont employés autrement, ils seront considérés comme prohibés. « L'usage des ib-nes, hameçons, n'est assujetti qu'aux mesures d'ordre et de police. (( Les sennes et filets destinés à la pèche des Éperlans et des Mulets sont, s'il y « a lieu, prohibés par les préfets maritimes. » PÊCHETTE. — (Voy. ÉrUISETTi:.) PECTORALES (Nageoires). — Ces iKigeoires.attacliées aux os qui représentent l'omoplate et la elavinile chez les maniniileres, forment sans contredit les membres antérieurs des poissons. Il est même facile de trouver une grande analogie entre le nomjjre des os qui composent le bras et la main des vertébrés supérieurs et celui des osselets ou des arêtes qui soutiennent les pectorales. Le jeu de ces nageoires que l'animal obtient en ouvrant ou resserrant les rayons osseux qui les soutiennent, sert à tous ses mouvements. 11 faut encore remarquer que le mode d'attache an corps de ces membres est calculé de manière à laisser à l'organe sa complète liberté d'action. Ces nageoires sont en quelque sorte comme pédicellées; derrière l'os d'articulation règne une cavité, une dépression, pour qu'au besoin la nageoire se colle au corps sans former aucune saillie nuisible au glissement dans le liquide. Cette mobilité si remarquable fait des nageoires pectorales le véritable instrument de direction du poisson; la caudale donne le mouvement, les pectorales le modifient dans le sens nécessaire. Ce sont, en outre, les seules nageoires efficaces pour procurer au poisson le mouvement de recul sur lui-même. Pour exécuter ce mouvement, la caudale reste étendue verticalement, la dorsale de même, l'anale couchée et les abdominales aussi : le poisson alors agissant à l'envers, recule, mais la flexibilité de la caudale qu'il ne peut replier comme les pectorales, olïre toujours un inégal effort à l'eau, et cette marche est pénible, lente et anormale chez le po sson. Les nageoires pectorales, — j'allais dire les bras du poisson, — lui servent encore de support pour le sonuneil, aidées dans le même but par les nageoires ventrales. Appuyé sur ces quatre appuis et sur le lobe inlerieur de sa caudale, le poisson se livre au repos sans mouvement. C'est la station du sommeil. (Voy. ce mot ) La partie supérieure, la plus proche du corps, des pectorales est très-souvent rougie par l'afllux du sang et offre de belles teintes. Cette convergence de nutrition vers un organe toujours agissant est conforme au vceu conservateur de la nature. PECTORALES PÉDICULÉES. — l.3me Famille de l'ordre des Acanlhoptérygiens. Poissons souvent de grande taille, très-voraces, à estomac large, à intestins courts, pouvait vivre assez longtemps hors de l'eau, à cause du peu d'ouverture de leurs ouïes. On les divise en deux genres : 1" Baudroie ; — 2° Batracoïdes. PEI-ANCHÉ. — Nom languedocien de VAnrje de mer, (Voy. ce mot.) PEI-ESPADE. — Nom provençal de V Espadon. (Voy. c.e mot.) PEI-ESPAZO. — Nom languedocien de V Espadon. (Voy. ce mot.) PEINTURE DES LIGNES. — (Voy. TeINTUBE DES LIGNES.) PÉLAMIDE A DOS RAYÉ (Scomber pelamys, Cuv.). — Acanthopt. Scombér. Long, max. = ()■»,. 35. Syn. : Pelamid, angl. Forme générale du corps fusiforme, portant une crête cutanée de chaque côté de la queue. De larges écailles forment un corselet à la région coracoidienne et pectorale. Le reste des écailles du corps est petit et délicat, passant, sons le ventre, à une espèce de couche nacrée. Dorsales contiguës : la première de 21 rayons épineux (le troisième le plus grand) réunis par une membrane. La deuxième de 13 non épineux est suivie de 8 fausses nageoires. Caudale de 21 en haut et. 20 rayons en bas, très-échancrée comme dans le Thon dont elle rappelle la forme. Au-dessous d'elle, G fausses anales qui se joignent, la véritable de 12 rayons. Ventrales de C. Pectorales triangulaires de 24, s'incrustant au repos dans une dépression du corselet. Généralement plus petite que la Doiiite, la Pélamide a le dos bleu noir, manque de raies noires (|iii traversent les côtes et descendent au-dessous de la ligne latérale. Les dents sont coniques, es- pacées, et en présentent de petites s'élevant dans quelques-uns des intervalles. Ces dents sont peu courbées et placées sur les côtés des mâchoires. Une épine également espacée arme chaque pointe de ces os, et le reste est disposé en rang ou en cercle. Celles du palais et du vomer sont jplus fortes et plus courbes. PERCHE ou CANNE A PÈCHE. 615 La Pëlamide paraît en même temps que les Thons en Poitou, en Médoc, à Bayonne et en Pro- vence, elle y reste jusqu'au mois d'octobre, où l'on en prend un grand nombre. La chair de la Pélamide passe pour être plus délicate et plus estimée que celle de la Bonite, PÉLAMIDE. — Les côtes de l'Océan, de Rochefort à Rayonne, et celles de la Méditerranée reçoivent les Pélamides au même moment que les Thons et les Boni- tes. La Pélamide se prend en même temps qu'eux et de la même manière ; on peut employer une ligne à Maquereau, mais plus forte ; on appâte avec un morceau d'étain poli (les écailles du Saumon seraient excellentes) taillé en forme de pois- son volant, un morceau de couenne de lard ou la queue d'un Maquereau. L'hame- çon est lesté de manière à n'enfoncer que très-peu dans la mer et à produire des jeux répétés, quand il est traîné par le bateau avec une vitesse de cinq milles à l'heure au moins. Tous les appâts ou amorces employés au reste pour prendre le Thon, le Ma- quereau ou la Bonite conviennent à la Pélamide. H faut seulement les assortira sa grosseur présumée. On la pêche aux mômes heures et aux mêmes lieux. PÉLAMIDE COMMUNE. — (Voy. PÉLAMIDE A DOS RAYÉ.) PELAMYS (Scomber). — (Voy. Pélamide a dos uavé.) PELOTES. — (Voy. PÊCUE DANS LES PELOTES.) PELOUSES. (Yoy. NÉRÉIDES, Gravettes, etc.) — Insectes de mer à pattes multiples que l'on trouve sous les pierres, à marée basse ; ce sont des Néréides, ex- cellentes pour amorcer les hameçons et prendre les Soles, Plies, Limandes, les Mulets dans les ports, et généralement tous lespoissons de mer. Ce genre d'annélides est, pour la pêche de mer, ce que sont les lombrics ou vers de terre pour la pêche d'eau douce. PÉOUGUE. — Tramail sédentaire du golfe de Gascogne. Mailles de la flue 0",0M4 en carré, aumées 0™,244. Usage du 1*"" octobre au 1" juin. PERÇA. — (Voy. Apron, Perche vulgaire. Perche goujonmère.) PERÇA ASPER. — ^Voy. Apron.) PERÇA CABRILLA. — (Voy. Serran proprement dit.) PERÇA CERNUA. — (Voy. Perche goujonmère.) PERÇA FLUVIATILIS. — (Voy. Perche commu.ne.) PERÇA GIGAS. —(Voy. Mf.rou.) PERÇA PUNCTATA.— (Voy. Lol-bine mouchetée.) PERÇA SCRIBA. — (Voy. Serran écriture.) PERCE-PIERRES. —(Voy. Acanthopsie rubanée.) PERCHE OU CANNE A PÊCHE. — (Voy. CANNES A rÊCHE [Choix et confec- tion des], etc.) La perche ou canne à pêche est à proprement parler un morceau de bois au- quel on attache la ligne. Nous avons indiqué, dans des articles spéciaux, tout ce qui a rapport à l'his- toire, à la confection et au choix de cet instrument si utile au pêcheur. Ici nous ne laissons que quelques extraits et quelques renseignements secondaires, mais non dénués d'intérêt. Isaac Wallon, le père des pêcheurs à la ligne anglais, indique les précautions suivantes pour se procurer de bonnes perches : (( Entre la Saint-Michel et la Chandeleur, dit-il, on coupe une belle branche « de saule, de coudrier, de tremble, etc., de 3 mètres de longueur et 0'°,10 à O^ilâ (( de circonférence. On la met à plat dans un four chaud jusqu'à ce qu'il « soit refroidi, on la conserve ensuite dans un lieu sec pendant un mois, puis 6H> PERCHE COMMUNE. (( on la lie fortement ;\ une règle de bois carrée. Puis, pour la percer dans toute f( sa longueur, on prend un morceau de lîl de fer de chaudronnier que l'on fait « rougu- au blanc, et on perce la gaule en l'enfonçant dans l'axe, tantôt par un « bout, tantôt par l'autre, jusqu'à ce que les deux trous se rencontrent; on élargit « alors ce trou au moyen de mèches de plus en plus grosses en observant de pro- i( portionner le diamètre de ce trou à la grosseur de la perche. « Cette perche est ensuite bien unie à l'extérieur, on la fait tremper dans l'eau " pendant deux jours, puis on la met dans un lieu couvert oij on l'expose à la (( fumée jusqu'à ce qu'elle soit très-sèche. Le trou qui a été fait sert à recevoir (I deux baguettes, car la perche est en tout formée de trois morceaux qui s'ajustent « les uns aux autres. « Pour faire la baguette qui doit être ajustée au bout de la perche creuse, on <( cueille dans la môme saison une baguette de coudrier que l'on fait sécher de (I même, on la réduit à une grosseur suffisante pour qu'elle entre dans le trou dont « nous avons parlé, et où elle doit pénétrer jusqu'à la moitié de sa longueur. « Afin de rendre cette perche complète, on coupe des jeunes pousses droites et (( minces d'épine noire, de pommier sauvage, de néflier ou de genévrier, que l'on « dépouille de leur écorce. On les fait sécher en faisceaux qu'on lie avec des ficelles « et on les amincit assez pour qu'elles puissent entrer dans le trou de la canne du « côté le moins gros. Ces trois pièces sont placées les unes au bout des autres au « moyen d'écrous et de vis de manière que les trois morceaux ne fassent qu'un. « De cette manière, lorsqu'on ne pêche pas, les trois morceaux peuvent être enfer- ce mes dans la canne. » Au lieu de coudrier, on peut employer le roseau des Indes ; on fixe alors cha- que partie à celle qui la porte, au moyen de goupilles pour qu'elles ne se séparent pas en pêche, quand un gros poisson résiste vigoureusement. Il est facultatif encore de faire la perche avec quatre, cinq ou six morceaux de bois, taillés en biseau, aux bouts qui doivent se rejoindre. Il est nécessaire que ces parties taillées se couvrent exactement sur un espace de 0'",10 à 0°',15 ; on les en- duit de cire grasse et on les lie par un fil dont on entoure toute la partie ajustée. Ou bien, au lieu de fil, on se sert de soie verte frottée de cire blanche. On peut faire encore ces perches avec des bois des îles. Il n'est pas nécessaire que la partie que l'on tient à la main soit légère, les autres parties peuvent être faites avec du bambou, du cèdre, du cyprès ou d'autres bois légers et pliants qu'on colore, si on le juge à propos, en les frottant avec de l'eau-forte (acide nitri- que) allongée d'eau dans laquelle on a fait dissoudre un peu de limaille de fer. On polit ensuite avec de la prêle {b^quisetum vulgare, Lin.). On met jilusieurs couches de la solution ci-dessus en polissant à chaque fois. Lorsqu'on veut pêcher avec des lignes amorcées d'insectes artificiels ou natu- rels, les perches doivent être légères, et sont faites avec des roseaux de Provence. PERCHE COMMUNE (Perça fluviatilis, Lin.). — Acantliopl. Percoïd. Long. niax. = Om,40 à (i'n,50. Syn. : l'erc/i, nngl. — Ri7ïrje/, Pcr^ing, Eùrstel, allem. — Boccars, liolL — Perseya, ital. Corps oblong, comprimé, assez épais, vert bronze clair, avec 4 à 5 Landes transversales vert bronze foncé. Yeux grands; noirs, opercule terminé en arrière par une pointe aiguë et couvert de plusieurs rangs de petites écailles en avant. Première dorsale verdàtre transparente de 15 rayons portant en arrière une tache noire. Deuxième dorsale de 14 rayons. Pectorales de 14, ventrales de 6, et anales rouges, celles-ci de 10 rayons, dont les deux premiers seulement épineux. Caudale de 17 rayons, peu découpée et lavée de rougeâtre. Dents petites, langue lisse. s?a«îîç5«îwsK^^ fi'JPIlilililW'iWi'f' K, G16 PERCHE COMMUNE. _jiiLi^RT.' . w-. ■r...jy.-^,^yirT-c.:,-r.-;^A .•_'_.^:.i5Jj^" w X Ph m •pq ^^ > p o PERCHE GOUJONNIÈRE. 619 pour se décrocher; elle tire fortement, mais elle ne bondit généralement pas, et les poissons qui bondissent sont ceux réellement difficiles à noyer. Quant au temps de pêche de la Perche, il faut se reporter au calendrier du pèeheur et à Veniploi des esches par individus et par saison ; cependant nous devons faire ici quelques remarques supplémentaires. Pendant les jours orageux et chauds de l'été, quand souffle le vent du midi, la Perche chasse toute la journée ; dans les autres jours, elle mord beaucoup le malin, un peu le soir, point le jour. De novembre en février suivant la température, elle ne mord plus aux esches, à moins que le temps ne soit très-doux et qu'on ne la pêche qu'au vif. Quand l'endroit où l'on pêche présente un grand fond d'eau, on peut mettre plusieurs hameçons à sa ligne : de 2 à 4, ou 5. On empile ces hameçons sur des soies de sanglier placées à O^jSO l'une au-dessus de l'autre, ou mieux on se sert d'une ligne de pater-noster, ainsi qu'on le fait dans les docks de Londres, où la Perche est très-abondante et où l'on en prend ainsi de grandes quantités. La plupart des pêcheurs choisissent un hameçon assez fort pour prendre la Perche, — en général des n°' 4 ou 5, — nous sommes d'un avis absolument diffé- rent, et, nous fondant sur le peu de résistance des membranes qui revêtent la gueule de la Perche, nous cherchons à la prendre par l'estomac et nous y réussis- sons en nous servant d'hameçons limericksàpalette n°* 10 à 12, avec lesquels nous avons pris et ramené des Perches de 1 à 2 kilog. PERCHE DE MER. - Nom souvent donné au Serran. (Yoy. ce mot.) PERCHE DES VOSGES. — Acantliopt. percoïdes. Long. max. = 0^,18. Cette variété remarquable de la Perche commune liabite les lacs de Longemer et de Gérard- mer, dans les Vosges; elle a été trouvée par Jl. Godron, qui l'a communiquée à M. Blanchard, au- quel nous devons une figure de la partie antérieure de cet animal. Cette Perche a le corps moins élevé que l'espèce ordinaire, la forme des pièces de l'opercule est difTérente. Cette variété n'ofTre d'ailleurs aucune importance au point de vue de la pécheou de l'ac- climatation. D'une taille toujours petite, elle demeurera confinée dans ses deux étangs des mon- tagnes et n'intéressera que le classificateur. Fiy. i)28. — Pc'iclie goujoniiiere [Perça cerniia, Cuv.). PERCHE GOUJONNIÈRE (Perça cernua, Cuv.). — Acanthopt. percoïd. Long. max. O-DjSO. — Poids max. = 100 gr. 620 PERCOIDES. Syn. : l^uffe, angl. — Schroll, dan. — Mulbnrsch, ail. Corps obloiig, comprimé, très-visqueux, tète et dos vert jaunâlrc, yeux très-grands et noirs, fossettes creusées sur les os de la joue, du museau et des màcliolres. Côtés jaune argenté, tachetés de noir irrégulièrement. Écailles rudes, dents très-nombreuses. Elle diffère de la Perche, tout d'a- bord, parce qu'elle n'a qu'une seule dorsale parsemée de petites taches foncées. Elle se nourrit de fretin et d'insectes. On la trouve surtout dans la Moselle, où clic porte le nom de Gremille, et dans la Seine. (Voy. Temps de frai.) Ce petit poisson [fig- 82^) a la vie très-dure, il est moins haut de corps et moins comprimé que la Perche, la liouchc n'est pas fendue jusque sous l'œil, mais les lèvres sont peu protractiles : 7 rayons branchiaux. Dents en velours, dents pharyngiennes en cardes. La dorsale commence au-dessus de l'opercule qui est terminé en épine pointue. Elle a 14 rayons durs, 5» et 6» les plus grands, et 12 mous. Anale : 7 rayons, caudale en croissant, 17 rayons. Pectorales arrondies, 13 rayons très-mous ; ventrales, c rjyons dont un épi- neux. Écailles de médiocre grandeur, semblables à celles de la Perche; 37 vertèbres. L'un des plus jolis poissons dans un Aquarium, mais l'un des plus voraces. PERCHE GOUJONNIÈRE. — On ne prend guère la Perche goujonnière que pendant la belle saison, elle va volontiers en troupes : l'hiver elle se retire dans les grands fonds d'eau et l'été elle recherche les fonds de sable : on la trouve un peu, partout, également dans les torrents et dans les marais tranquilles. Dans 'le Rhin et la Seine on en prend beaucoup, au continent des petites riviè- res avec ces fleuves. On esche sa ligne avec un petit ver rouge, et cet appât semble trop tentant au poisson pour qu'elle résiste longtemps. PERCO. — Appellation àela. Perche en provençal. (Voy. ce mot.) PERCOT. — Nom sous lequel les péchetu's du Nord et du Pas-de-Calais dési- gnent la Perche. (Voy. ce mot.) PERCOIDES. — pe Famille des Acanthoptérygiens. Elle a pour type la Perche commune, et comprend des poissons à corps oblong, couvert d'écailles généralement dures ou âpres, dont l'opercule ou le préopercule, souvent tous les deux, ont les bords dentelés ou épineux, et dont les mâchoires, le devant du vomer et presque toujours les palatins sont garnis de dents. Le plus grand nombre est pourvu d'une vessie natatoire. La chair de ces poissons est généralement saine et agréable. Cuvier les a divisés en huit genres, et, comme l'importance de cette famille est énorme, puisque ses représentants sont répandus dans toutes les eaux douces et salées du globe, nous allons donner un tableau de leur cla.ssiûcation, d'ailleurs très-difllcile. Les principales subdivisions ont été tirées du nombre des rayons des ouïes, de celui des nageoires dorsales et de la nature des dents. Percoïdes ventrales sous pectorales ... , ventrales couvrant \ les pectorales ou ' jugulaires ) ventrales en ar- rière des pectora- les, ou jiercoï'Ies abdominales 6 rayons mous aux ventrales. [this de 5 rayons mous aux ven- trales. ...... rayons aux branchies moins de 7 rayons aux branchies. 2 dorsales, ou dor- sale éciiancrée jusqu'à la base. Dorsale unique... Perche, Bar, Apron. Serran, Bar- bier, Gre- mille. Exotiques. I Exotiques. j Vive.Urano- I scope. Mulle, Sur- mulet. PETROMYZON PLANERL 621 PERDRIX DE MER. — Nom populaire de la Sole. (Voy. ce mot.) PERISTEDION. — (Voy. Malarmat.) PERLON (Squalus cinereus, Gmel.). — Chondropt. à branchies fixes ; plagiostome. Ce Squale a 7 ouvertures branchiales très-larges, les dents en scie semblables aux dents infé- rieures du Griset et le museau pointu comme celui du Squale nez {Squalus cornubicus). PERROQUET DE MER. — Acanthopt. Labroïd. Long. max. = 0°',25. On appelle ce poisson Custric en Bretagne : c'est le Crenilabre rupestris (Yar.)? (voy. ce mot), mais nous laissons ici la description de Noël [m. s.) qui est fort exacte pour l'animal, et peut être utile aux pêcheurs. Tête en coin, petite, caractérisée par un creux placé entre le sommet et le museau. Dents nom- breuses, pointues, sur une seule rangée et occupant la partie antérieure. Narines situées près des yeux; œil petit, iris orangé, pupille noire, pourvue d'une membrane clignotante. Derrière est une tache brunâtre allongée, qui fait ressortir l'elTet des autres couleurs. Couleur générale vert bleu, avec un tressis maillé rouge-brique qui règne sur tout le corps. Sur la tête, à partir de l'opercule la couleur rouge s'allonge en petits rubans qui ressortent d'autant plus que le vert de la tête est généralement plus foncé. Ligne latérale parallèle au dos, mais fortement courbée à la queue. D = 15 + 9. Brune ou verte traversée par des stries orange sombre. P^ 14. Larges, arrondies,jaune orange clair. V= 1 + 5. Très-rapprochées, vert-de-gris. A = 4 -|- 9. Brune ou verte traversée par des stries orange sombre. C = 13. Égale, légèrement arrondie. PÉTEUSE. (Voy. Bocvièhe.) PETIT RIEUX. — Synonyme de Demi-folle et de Petites co.nnières. (Voy. ces mots.) PETIT SARGUE.— (Voy. Sparaillon.) PETITE CAUDRETTE. — (^'oy. CaudRETTE.) PETITE ROUSSETTE. — (Voy. ROUSSETTES, § 2.) PETITES CABLIÈRES. — (Voy. Gablièues [Petites].) PETITE ÉTRILLE. — (Voy. Crabes.) La petite Étrille, — bien petite, puis- qu'elle n'a qu'un ou deux centimètres de largeur, — le Portunus pusillus, se trouve communément à marée basse sur les sables de nos rivages. Sa carapace est bosse- lée, dépourvue de poils comme celle de la grande étrille, ses pattes postérieures sont terminées enfer de lance, et quant à ses qualités natatoires, elles sont à la hauteur de celles de son chef de file. PETITE SCORPÉNE (Scorpsena parvus, Lin.}. — Acanthopt. joues cuirassées; 2 dor- sales. Long. max. =0'°,20. Syn. : liasquasso, Nice. — Scrofanello, ital. Brune, écailles petites, nombreuses; plus de 60 sur la ligne latérale. Les membranes sont en plus grandes masses que chez la grande Scorpène avec laquelle elle a tant de ressemblance qu'on a cru qu'elle n'en était qu'un sexe. Mêmes rayons des nageoires que la grande Scorpène. (Voy. ce mot.) PETITE SCORPÈNE. — Ces poissons, à épines dangereuses, vivent en troupe dans les endroits rocailleux des côtes de la Méditerranée, mais plus près de terre que la grande espèce. La petite Scorpène se montre aussi dans la Manche : on l'a prise à Gaen. PETITES CANNIÈRES. — Sorte de Cihaudière employée dans la Manche et en Bretagne. (Voy. Cibaudière.) Mailles de O^^Ooi en carré. PETITES PENTIÉRES. — (Voy. PETITES CANNIÈRES.) PETROMYZON FLUVIATILIS. — (Voy. Lamproie de rivière.) PETROMYZON PLANERL — (Voy. A.mmocoete.) 622 P II A n Y N G I E N S L A 15 Y H I N TII I F 0 R M E S. PETROMYZON MARINUS — (Voy. LAMi-ridiE mmune.) PÉTROMYZONIDES (Famille des] Petromyzonidae.) — Poissons de l'ordre des Cy- clostomes (voy, ce mot), caractérisés par des nageoires dorsales et anales, 7 branchies de chaque côté du cou, avec des orifices en boutonnières. Pas de vessie natatoire; pas de pectorales, ni de ventrales. PEUPLIER [Papitliiff). — Nous nous conlcntcrons de dire que le peuplier compose un genre d'arbres de la famille naturelle des Amenlacces. Tout le monde en connaît les différentes espèces en France : nous rappellerons brièvement leurs noms. Ce sont : le P. blanc {P. alhn) appelé souvent Blanc de Hollande ou Y préau, aux feuilles cotonneuses et argentées en dessous. Son bois est dur, liant, suscepti- ble de poli, ne se déjette pas et peut fournir d'excellentes premières et secondes pour les cannes rustiques. Les rejets de cet arbre, quoique droits, ne forment pas de bons scions, parce que, très-pliants en vert, ils sont peu élastiques et deviennent très-cassants quand ils sont secs. Une des qualités de ce bois, pour le pêcheur, c'est d'être léger. Le peuplier-tremble {P. tremida) simplement tremble, mou, peu droit, chan- vreux, n'offre au pêcheur aucune ressource pour ses instruments favoris. A grand' peine prendrait-on une perche de ce bois pour faire un pied de gaule gros- sière. Le peuplier noir {P. nigra) présente un bois un peu meilleur, mais encore à libres lâches et difficiles à polir. Les jeunes rejets sont si ployants qu'on peut en faire des liens, ce qui les exclut sans retour de la confection des scions en vert. Nous ne les avons jamais essayés en sec : il est probable que, comme à tous les bois ten- dres, il faudra leur conserver leur écorce si l'on veut qu'ils ne soient pas extrême- ment fragiles et su jets à se déjeter à l'eau. Le peuplier py- l'o.midcd {P. fusti- yiata) ou peuplier d'Italie, donne d'assez bons pieds de cannes, en prenant soin de les débiter dans le bois de fil, près du cœur. Ce n'est pas encore un bois à polir, mais il peut remplacer une pre- mière ou une seconde quand un accident est arrivé. Les rejets ne valent rien du tout comme scions, la moelle est trop grosse, le bois trop cassant et sans consistance. Le peuplier de la Caroline {P. virginiana) est celui dont le bois a le plus de qualités comme compacité, poli et solidité. Les jeunes rejets ne valent pas plus que les précédents, et d'ailleurs ne vien- nent pas droits et montrent toujours une courbe assez prononcée dès la racine, PHARILLON. — Petit phare : sorte de réchaud en fêr {fig. 8^9) dans le([uel on fait, en dehors du bateau, un feu clair et vif pour la pêche de nuit. La douille en fer qui termine le réchaud, est emman- chée d'une perche de un mètre i\ 'l'",oO que l'on attache en dehors du bateau, de sorte que le pharilh^i pende au-dessus de l'eau. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. — 10"- Famille de l'ordre des Acantho- ptérygiens. Ces poissons, tous exoliques, présentent la singulière faculté de pouvoir ramper à une assez Fig. 830. — Arc branchial de la Carpe. Fig. 831. — Arc bri,nchial épine is du Brochet, avec >a braiichiii , PHOSPHORESCENCE. 623 grande distance des eaux douces dans lesquelles ils vivent. En effet, la disposition de levu-s pharyn- giens supérieurs, divisés en petits feuillets qui forment des cellules closes contenant do l'eau, ne laisse tomber celle-ci que peu à peu sur les branchies et les maintient humides. On divise cette famille en huit genres: to Anabas ; — 2" Polijacanthe ; — 3° Macropode ; — 4° Hélostome ; - 5° Osphrorène; — G" Trichopode ; — 1° Spirobranche ; — 8° Ophicéphale; PHARYNGIENS (os). — L'appareil osseux qui soutient l'appareil respiratoire et dont font partie les pharyngiens est très - compliqué, comme toutes les pièces osseuses des poissons. Généralement l'appareil branchial est souteiui par quatre arcs osseux formés chacun de 3 os courbes articulés par synchondrose les uns à la suite des autres {fig. 830). Ces arcs branchiaux ont leur bord creusé en gouttière sur laquelle viennent s'articuler les deux pointes de che- vrons qui constituent les peignes de la bran- chie. Ces lamelles sont le plus souvent cartila- gineuses. Le bord opposé de l'arceau qui est tourné vers l'ouverture de la bouche est ar- rondi, mais hérissé d'aspérités de formes extrêmement variées, ce sont des dente- lures {ffj. 831) qui empêchent les corps étrangers de pénétrer avec l'eau dans les peignes de la branchie, et de venir blesser la muqueuse respiratoire. Ces aspérités ont encore un autre objet, elles servent à re- tenir la proie et viennent en aide ainsi à des plaques osseuses de formes assez diverses qui sont attachées dans la peau du pha- rynx, sous le crâne, et poi'tent le nom à'os pharyngiens supérieurs. Presque toujours ils supportent l'articulation supérieure des arcs branchiaux dont l'autre extrémité s'articule avec le système de l'os lingual. Ces os pharyngiens supérieurs prennent dans certaines espèces carnassières un développement considérable, par l'addition de stylets et de crans divers {fig. 832). Derrière les branchies, au-dessous de l'ouverture de l'œsophage, se trouvent également d'autres pièces os- seuses portant des dents destinées soit à retenir la proie, soit à une vraie mastication. Ce sont les pharyngiens in- férieurs {fuj. 833); les Labres, les Scares, les Pleuronec- tes, les Cyprins présentent des exemples remarquables de cette conformation. (Voy. Dents pharyngiennes.) PHASTIER OU PHESTIER. — (Voy. FastIER.) PHOSPHORESCENCE. — On nomme phosphorescence la propriété qu'ont certains poissons et certains vers, dans des circonstances encore non expli- quées, de dégager, comme le phosphore dans l'obscurité, de la lumière sans chaleur sensible et sans combustion apparente. Non-seulement les poissons vivants offrent très-souvent ce phéno- mène, mais encore les poissons morts, surtout quand ils éprouvent un commencement de décom- position. Les eaux de la mer sont souvent très-phosphorescentes : on attribue ce fait à des quantités rirj. 832 — Exemple de dents pharyngien- nes supérieures à crans (Vieille roug.\ Labrns alhiventns). Fig. 833. — Exemple de dents pharyngiennes inférieures à mas- tication. [Pleuronectes pla- tesitt.) 62i PIGAREL COMMUN. innombrables de petits mollusques qui vivent suspendus à la surface des flots, mais le phénomène n'est pas encore expliqué d'une manière certaine. Pour la piiosphorescence des poissons, plu- sieurs opinions se font jour; ce qui prouve que la nature n'a point encore livré le secret de ce phénomène. On a longtPinps attribué la piiosphorescence des eaux de la mer aux débris de poissons morts qui flottaient dans les eaux. Ct.'tte opinion, qui n'est pas soutenable après un instant de réflexion, lorsqu'on pense à l'énormité des espaces simultanément phosphorescents, reculait d'ailleurs, à notre point de vue, la solution sans la résoudre. Il fallait toujours en revenir à cette question : qu'est-ce qui rend la chair du poisson phosphorescente? Ici je ne sache pas qu'aucune réponse satisfaisante ait été faite jusqu'à ce jour. Nous en sommes réduits à l'explication de Sganarelle : la chair du poisson est phosphorescente parce qu'elle brille le soir. Des recherches consciencieuses et délicates faites sur la phosphorescence des eaux ont amené la découverte de quelques-uns des innombrables animalcules qui fournissent la lumière aux flots. D'après Higaut, etc., le noctiluque miliaira de Lamarck serait l'infusoire qui fournirait le plus de phosphorescence aux eaux de la mer. Ajoutons-y la propriété du même genre dont sont doués certaines Méduses, des Astéries, des Néréides, des mollusques même, et nous aurons une faible idée des ressources lumineuses de la grande mer. Mais toutes ces découvertes ne font pas avancer d'un pas la question de la phosphorescence des poissons, laquelle, d'ailleurs, est sui generis et du même ordre que celle des infusoires, méduses, etc., etc. Spallanzani, à la suite d'un grand nombre d'expériences sur la lumière de YAurélie phospho- rif/ue de Pérou et Lesueur a cru reconnaître que la source de la phosphorescence résidait dans la sécrétion d'un liquide visqueux qui suinte à la surface des organes. Si, même, on mêle cette li- queur à d'autres liquides, ceux-ci peuvent devenir plus ou moins phosphorescents. Réaumur avait observé le même fait au sujet d'une Pholade, et Milne-Edwards a vu se renouveler la phosphores- cence de ces mollusques. Quant à nous, nous ne faisons nulle difRculté de nous rallier à l'opinion de Spallanzani et de voir dans le mucus gélatineux qui revêt le corps des poissons et que sécrètent la ligne latérale et les pores de la tête, la source de la phosphorescence de ces animaux. Aussi me trouvé-je, sous ce rapport, en complète opposition avec M. Moquin-Tandon qui, dans le Monde de la mer, n'a pas hésité à écrire que « la plupart des animaux lumineux paraissent maîtres de leur phosphorescence, comme les vers luisants de leur petit fanal. » Cela peut être vrai des infusoires noctiluques et des méduses, mais ne l'est certes pas du poisson mort, le plus phosphorescent de tous et auquel, en écrivant sa phrase et celles qui l'ont suivie, l'éminent professeur n'avait point songé. Dernièrement M. E. Duchemin vient de faire, à propos de la phosphorescence de l'huître, une découverte du plus haut intérêt et qui pourrait nous amener à penser même que la sécrétion gélati- neuse des poissons n'est peut-être, comme celle de rhuitre,que le milieu où vit un infusoirephospho- rescent par lui-même, moiu proprio. Mais, hélas! notre solution fuitdevant nous; elle descend d'un degré dans l'échelle des êtres, et ne s'explique pas mieux pour cela. « Quanta ce ver marin, dit M. E. Duchemin, il est doublement phosphorescent, puisqu'il l'est par lui-même, et qu'en même temps il a le pouvoir d'élaborer un genre de mucosité qui l'est aussi. Que l'animal déverse un liquide sur telle ou telle partie de l'huître, et nous aurons sur son passage une traînée lumineuse. » Est-il plus simple d'attribuer la lueur à ce mucus d'un ver microscopique que de l'attribuer au mucus du poisson lui-même? Évidemment non. L'un et l'autre de ces liquides peuvent ou ne peuvent pas l'être, et la question ne marche pas davantage pour cela; elle n'a pas avancé d'un pas, au contraire, elle recule vers l'inliniment petit, où l'observation est moins sûre et les aberrations delà \ lie plus grandes. 11 faut attendre. PHOXINUS CYPRINUS ou PHOXINUS LiEVIS. — (Voy. Véron commix.) PHRYGANE JAIJNE. — (Voy. Frigane jac.ne et Stoxe-fly.) PHYCIS BLENNOIDES. — (Voy. Merlu barbu.) PHYCISTINCA. — (Voy. Taxche de mer.) PIBALE. — Nom que l'on donne à Bordeau.v à la Lamproie encore petite. (Voy. ce mot.; PIBEATJX. — On appelle ainsi les Anguilles en Vendée. (Voy. ce mot.) PICAREL COMMUN (Sparus smaris. Lin.). — Acanthopt. ménoid. Syn. : Ma rida, grec. — Caramel, espag. — Agon, meridola, ital. Corps d'un cris plombé sur le dos, côtes et flancs argentés, une tache noire sur les côtés; se PICOTS DE GRELOTS OU DE GAxNNE. 625 distingue des Mendoles par l'ajjseiice de dents au vomer et le corps plus allongé. OEil grand; le sous-orbitaire recouvrant presque tout le maxillaire quand la bouche est fermée (fir/. 834). Bouclie moyenne, mâchoires égales, très-protractiles; l'articulation des os delà bouche est très- compliquée. D = Il + II. A = 3 +0. G =17.P= 17. V= 1 + 5. La caudale est peu fourchue, les pectorales étroites et allongées. Ligne latérale large. l'ig. 834. — ricarel commun [Sparus smai is, Lin.) Ces poissons vivent, comme les Mendoles, sur les côtes vaseuses et herbeuses delà mer, et s'y nourrissent de petits poissons et de mollusques. PICAREL GAGAREL (Smaris gagarellus, Cuv.). — Acanthopt. ménid. Corps élevé plus que tous les autres, autant que celui des Mendoles ; rayé et taché de bleu sur la tète, le corps, la dorsale et l'anale ; la caudale sans points bleus ; tache brune plus large à la dorsale, quatre rayons . Pourrait bien n'être qu'une variété de sexe du P. alcedo. PICAREL MARTIN-PÊCHEUR (Smaris alcedo, Cuv.). Plus élevé que le P. commun^ il a aussi l'œil plus petit, la dorsale et l'anale plus hautes. Dos gris à reflets dorés, côtés argentés, ventre jaune verdâtrc; un trait bleu du museau à l'œil, et d'autres bandes de même couleur sur la tête et sur l'opercule; de même sur tout le corps. Dorsale, anale, caudale, jaune vif taché de bleu, tache brune sur la dorsale. Ventrales bleuâtres et rouges au bas, bordées de jaune. Pour le nombre des rayons, voy. le P. commun. PICAUD. — (Voy. Plie.) PICHETTES. — (Voy. Balances et Balances doubles.) PICOT. — Nom ardennais de VEpinoche. (Voy. ce mot.) PICOTS DE GRELOT OU DE CANNE. — (Voy. GaNNB et Lance.) On désigne sous le nom de picot, fer, lance, \x\\ mor- Fig. 833. — Différents ceau de fer, en forme de pointe, implanté dans le dessous de la ^'*^*^** poignée ou de la bobine du grelot et qui sert à enfoncer en terre, dans la rive, pour maintenir l'engin en place {fy. 836). On emploie également le moi picot pour désigner la lance de même nature dont est garni le bas d'une canne à pèche bien faite ; cette lance sert à la planter en terre soit pendant la pêche, soit pendant le repos et à mettre ainsi la canne même et la ligne à l'abri de tout accident {[kj. 833). 626 PICOTS DE GRELOTS OU DE CANNE. 4 9 Celte lance enfin n'est pas une arme fi dédaigner en certaines rencontres avec des chiens errants ou peu aimables de caractère ; si elle ne les perce pas d'outre en outre, — ce à quoi on regarde à deux fois, car il faudrait sou- vent payer le dégât, — elle les tient au moins en respect et ga- rantit les mollets du pêcheur, chose à laquelle il tient ordinaire- ment... qu'il en ait peu ou prou !... Le picot d'im grelot sert encore quelquefois à passer dans l'ouïe d'un poisson trop gros pour être enlevé avec la ligne, alors que noyé il est amené au bord et que l'épuisette ne répond pas à l'appel qu'on lui fait toujours — à ce moment du tond du cœur — dans un cas semblable. 11 vaut mieux un peu défigurer son pois- son, même lui enfoncer le picot dans le ventre, que de le perdre sans remède. C'est ce que nous faisons sans aucune miséricorde, et le poisson arrive sur la rive embroché ou accroché par les ouïes. Cet emploi du picot peut être avanta- geusement remplacé par celui d'un petit in- » strument dont l'usage est multiple et ne saurait être trop recommandé. C'est un cro- chet portatif. La figure 837 montre la forme que nous avions adoptée, et le crochet B se referme sur le manche C, comme la ser- pette ordinaire ; A se referme de l'autre côté, de sorte que l'ensemble. n'est pas plus embarrassant qu'un couteau ordinaire. M. de Savigny, habile amateur, auquel nous devons plusieurs perfectionne- ments, a su améliorer cet instrument comme {fg. 838), en joignant à la serpetteB et ^ (1 r\ au crochet-hameçonné A, se refermant en R sur le manche, une fourche à canne D, dont l'utilité est de tous les instants. (Voy. ce mot.) Les deux systèmes précédents peuvent Fig. 836. — Différents Fig. 837. — Serpette à picots de grelots. crochet. Fig. 838. — Serpette à crochet perfectionnée, de Fig. 839. — Cro- Fig. iiO.— Cvo- Fig. 841. — Crochet M. de Savigny. chet et serpette chet à double à masse pour la droite, avec leur forme , sans pèche des gros pois- manche, serpette. sons. encore être avantageusement modifiés : les figures 838et839 comportent en effet l'em- ploi d'une vis C, ce qui est trop long à installer : la jointure de l'outil de fer au manche doit être faite par une fermeture dite à bayonnelte, cela est mis d'un seul coup. I PIED. G27 La figure 839 montre un crochet muni d'une lame tranchante ou serpette droite ; la figure 840, un crochet double, formant foëne et crochet tout à la fois. Ces deux outils, de même que les deux précédents, doivent pouvoir s'adapter, soitau manche de l'épuisette, soit au pied même de lu canne. La figure 841 représente le crochet à masse qui sert à haler à bord les Squales et gros poissons de mer : c'est un cro- chet de chargeur perfectionné. PICOTS. — Les picots, que l'on appelle en quelques endroits demi-folles ou filets à aiguillette, sont des filets sédentaires employés en bateau toute l'année et à quelque distance que ce soit des côtes (2" arrondissement.) La maille a O^jOâl en carré. Ils portent 122 grammes de plomb pari", 62 de longueur. PIED DE FILET. — On appelle ainsi le bord inférieur d'un filet tendu verti- calement. De môme que la tète (voy. ce mot), il est garni d'une corde qui porte des plombs percés, des morceaux de fer, de fonte, des pierres, en un mot des corps pesants destinés à faire caler cette partie de l'engin. PIED DE GAULE. — (Voy. CANNES A PÊcuE, Confection.) PIED (pêche à). — Cette pêche que l'on pourrait très-bien nommer la pêche à piétiner se fait aussi bien en mer qu'en eau douce. Combien de fois n'avons-nous pas vu, sur les grands bancs de sable de la Loire et de la Garonne, des hommes et des enfants occupés à poursuivre ainsi les Plies et les Flétans ! Ces poissons plats sont les seuls qui, en eau douce, peuvent donner lieu à ce genre de pèche. D'ail- leurs ils sont moins nombreux qu'en mer, puisqu'un petit nombre d'espèces seules remontent dans les fleuves; aussi la pèche à pied est-elle plus productive sur les grèves que partout ailleurs . Les pêcheurs connaissent très-bien les endroits fréquentés de préférence par les poissons qui s'ensablent; ils y vont pieds nus et marchent sur le fond alors que, la mer se retirant, il ne reste sur le sable qu'une faible épaisseur d'eau. Quand ils sentent sous leurs pieds des poissons enfouis, ils les saisissent avec les mains. Dans certains endi'oits, comme cette opération n'est rien moins que facile, les pêcheurs préfèrent les pêcher au moyen d'un petit instrument qu'ils appellent Angon ou Digon, et qui n'est, dans toute sa simplicité, qu'une pointe de fer, un clou ajusté au bout d'un canne, une sorte de crochet de chiffonnier. Si l'on fait cette pêche de nuit avec le feu, elle est encore plus productive. En Picardie, à l'embouchure des rivières, on poursuit ainsi les Flets; les pê- cheurs, de même que dans la Seine, entrent jusque dans I mètre à {"jSO d'eau, et quand ils sentent le poisson, ils le piquent avec leur bâton au bout duquel ils ont mis deux ou trois clous de 0"',05 de longueur. Cette pêche ne finit qu'avec les eaux qui deviennent froides ; elle donne tout l'été. Les plus avisés des pê- cheurs de la Loire se font une sorte de foëne économique au moyen d'une four- chette de fer dont ils aiguisent le manche pour le ficher dans leur bâton, et les dents pour qu'elles entrent facilement dans le poisson. On fait, dans le même fleuve, cette pêche d'une autre manière, — peut-être plus ingénieuse, — et qui dénote chez les pêcheurs une profonde observation des mœurs des animaux qu'ils poursuivent. Un homme ou un enfant entre dans l'eau, et gagne un des bancs de sable ou corrées qui garnissent le lit de la Loire. Ces bancs, de forme bombée, ont le plus souvent leur point culminant hors de l'eau. Le pêcheur se met à marcher en appuyant fortement le pied de manière à former de profondes empreintes dans le sable; il commence, en suivant le bord de l'eau, de0",20 à 0'",30 de profondeur et tourne toujours en revenant sur ses pas, mais sans 628 PIEIUIE A AIGUISEH. les croiser. Sa Irace décrit une spirale elliptique à trous plus ou moins éloignés les uns des autres, suivant la profondeur de l'eau. Si le banc descend vite, les tours sont plus rapprochés, et réciproquement. Arrivé aussi loin qu'il suppose pouvoir aller, il coupe en travers tous ses tours marqués, et revient à son premier pas. Là, il recommence sa promenade, mais ayant très-soin de mettre chaque pied dans le pas qu'il a tracé. Or, voici ce qui est arrivé : les Plies, dérangées par le premier passage, ont aperçu le petit nuage de sable soulevé par le pas le plus voisin, elles ont vu la cavité formée, elles en ont profité pour s'y précipiter, l'agrandir d'un coup de nageoire, d'un trémoussement habile, et s'y installer coites et immobiles. En revenant peu à peu, le pécheur ne peut manquer de placer son pied sur le poisson. Au même moment, un coup de digon est donné, et la pauvre Plie enlevée ne fait qu'un saut du sable dans le panier que le pécheur porte sur son dos. Législation. — Nul ne peut se livrer à la pèche à pied, avec filets, sans autorisation du commissaire de l'inscription maritime, laquelle sera donnée de préférence aux marins hors de service, aux mères de marins en activité, aux filles et aux femmes de marins au service, aux veuves et orphelins de marins. Tous les deux ans au moins, dans chacun des quartiers oij la pêche à pied peut être pratiquée, la répartition, par la voie du sort, des portions de grèves affectées à ceitt; pêche, sera effectuée par les commissaires de l'inscription maritime. PIÈGE A ÉCREVISSES. — (Voy. ÉCREVISSE, Pêché). PIÈGE A SAUMONS. — (Voy. PiNCE A SAUMONS.) PIERRE A AIGUISER. — La pointe de l'hameçon est une des parties de son armement sur laquelle le pêcheur doit toujours avoir l'œil attentif. Or, il arrive souvent que par l'effet du frottement sur les pierres du fond ou de la rive, par suite d'un coup de poignet un peu fort qui a ferré dans les os de la mâchoire d'un ou plusieurs poissons, la pointe de l'hameçon s'émousse, ou se brise à sa fine extrémité. 11 faut toujours munir son sac d'une petite pierre à aiguiser, à l'aide de laquelle on peut raviver cette pointe devenue mousse. Ce n'est pas toujours une opération exempte de délicatesse quand l'hameçon est petit, mais on y parvient en agissant doucement et avec précaution. La pierre doit être assez mince sur son bord pour pouvoir passer entre la pe- tite et la grande branche de l'hameçon, car le principal pointa aiguiser est celui qui s'étend de la pointe de l'hameçon à celle de la barbe. En lui appliquant l'ai- guisement dans ce sens, on rejette au dehors le morfd de la pointe et on lui donne autant d'entrure et de vivacité que possible sans meule. On peut remplacer avec avantage la pierre à aiguiser par une petite lime douce très-usée que l'on met dans son portefeuille; plus mince que la pierre et moins fra- gile, elle est d'un plus facile usage, mais elle a le défaut de se rouiller au milieu d'une foule d'objets qui ne craignent pas l'eau. Il y a donc un choix à faire, et si le pê- cheur ne craint pas de trop charger son sac, il fera bien de prendre ces deux instru- ments ensemble. La grande difficulté, en faisant la pointe d'un hameçon, est de lui redonner cet état particulier de la pointe qui lui fait happer et retenir les moindres aspérités de la peau pour y entrer. Ce n'est pas une acuité parfaite ni extrême, c'est une acuité spéciale que l'on pourrait nommer anguleuse et qui est préférable. Que de fois nous csl-il arrivé de faire au moyen de la lime, ou de la pierre, des pointes excessive- ment ténues et fines à des hameçons, et, quand nous les essayions sur la main, de PILCHARD. 629 voir qu'ils ne happaient point, tandis que tel autre, pris dans le papier du fabri- cant, présentait à l'œil une pointe dix fois plus grosse, mais qui happait parfaite- ment I Nous pensons que cet état de la pointe doit être attribué aux petites déchirures microscopiques de la matière aciérée, sous l'action des meules de polissage sur lesquelles l'ouvrier fait la pointe. Il en est de même de la portion coupante de la barbe, elle est déchirée en quelque sorte et présente ainsi des qualités qu'on ne peut lui rendre quand elle les a perdues. PIGEONS. — Demi-mailles qui s'emploient pour former la levure d'un filet, et qui se font au moyen du nœud sur le pouce. (Voy. ce mot.) PILCHARD (Clupeapilchardus, Cuv.). — Malacopt. abdom. Clup. Long. max. = 0'",40. Syn. : Grande Sardine du commerce. — Pilchard, pilcficr, angl. — Vas sield, norw. — Pelster, hoU. — Pylcher, gysey^ crue-herring , écoss. Nous laissons ici la caractéristique du Pilchard considéré comme variété de la Sardine, quoi- que, pour nous, ce soit seulement un âge différent. Le mot pitchard est anglais ; dans son pays natal, il signifie tout simplement ce que nous appelons Sardine; en France, il a été d'abord l'appellation d'une espèce différente qui est devenue une variété, et maintenant n'est plus qu'un âge du même animal. Combien d'anomalies semblables existent encore dans l'tchthyologie, qui y jettent une obscu- rité déplorable ! Tète comprimée plus courte que celle du Hareng, bouche large, nez pointu, absence de dénis aux mâchoires, à la langue et au palais. Narines simples, yeux médiocres, iris argentés, prunelle bleu noirâtre. Opercule composé de trois plaques assez larges. Ligne latérale basse, légèrement courbée; écailles larges, épaisses, serrées, très-adhérentes à la peau, leur couleur est argentée. La partie inférieure du ventre est cuirassée par une ligne d'écaillés très-dures, fortement imbriquées et formant une sorte de scie. D = 18. P = 17. V = S. A = 18. C = 22. Il précède les Harengs auxquels il ressemble beaucoup, quoique plus mince. Le Pilchard marche en troupes nombreuses, dit Noël {ni, s.), comme le Hareng, et visite les baies peu profondes pour y frayer en été; cependant, si l'on en excepte la terre de Cornouailles, il n'y a pas de contrée où ce poisson soit l'objet d'une pèche spéciale. Le Pilchard se nourrit de très-petits poissons qu'il broie entre ses mâchoires et probablement d'œufs de Harengs. Les poissons voraces, ennemis du Hareng, le sont aussi du Pilchard, et ce der- nier poisson attire, sur les côtes qu'il fréquente, des gros poissons dont la pèche est toujours fruc- tueuse. (Voy. Sardine.) PILCHARD. — Les anciens naturalistes considéraient le Pilchard comme un Hareng, supposaient que, comme lui, il était un visiteur des mers lointaines, lui assignaient une place voisine, et le confondaient même souvent avec le Hareng. A ceci, il est facile de répondre en faisant remarquer que le Pilchard n'a jamais été vu dans l'océan du Nord, et que ceux que l'on rencontre au delà du Pas-de-Calais, vers le Nord, sont déjà hors de leur chemin et isolés. Le Pilchard fréquente les côtes de France depuis celles de l'Espagne. C'est le même poisson que le Célan et que la Sardine, seulement, il en est l'âge adulte, la plus grosse manifestation; de même que, petite, la Sardine est le Royan de Bor- deaux. Ce poisson augmente de taille à mesure que le temps s'écoule, et qu'en même temps son voyage l'amène plus près du Nord. Sur les côtes de Cornouailles, les Pilchards se rcnconirenl pendant toute l'an- née, mais leurs mœurs varient avec les saisons. En janvier, ils habitent les grands fonds, et on les trouve souvent dans l'estomac des poissons voraces. En mars, ils commencent à se rassembler en troupes, et on en prend quelquefois déjà un millier dans une senne. Cette réunion n'est cependant encore que partielle, et ce n'est que vers juillet qu'ils sont en bandes régulières et permanentes, mais alors à l'état de Sa7^dines vt^aies. 630 PIXCE A DÉGOUGEn. On trouve quolqu^s Pilchards par hasard, vers octobre, dans le Forlh. PILCHARDUS Clupea^. — (Voy. Pilchard.) PILE. — (Voy. PkCIIE .\ LA LIGNK EN MEU.) PILEO. — Dénoniinution populaire de l'Anguille, en Vendée. — (Voy. An- guille.) PILONÉE. — (Voy. (loiijonnier, h l'article Carrelet.) PILONO ou PILONEAU. — On dit aussi quelquefois Pirono, Ce mot sert, en Bretagne, à designer une petite espèce de Pagel très-commun en été, dans les ports et le long des côtes. — (Voy. Pagel Bogueravel.) PILOTE Scomber ductor, Lin.). — Acaiitliopt. Scombéroïd. Long. niax. = Om^.ss. Syn. : l'ilol /i^/i, angL — Pampnna, ital. Ce petit poisson (fig . 842), remarquable par ses mœurs connues de tout le monde vis-à-vis des Requins, a le corps bleu avec de larges bandes transversales alternativement d'un bleu plus Fiy, 842. — Pilote [Scomber ductor. Lin.) foncé. Il porte une queue carénée, a des ventrales llioraciqucs et deux rayons libres en avant de l'anale. D = 3-4 + 1 H- 2G-27-28. P = 18. V = I + 5. A = 2 -f lG-17. C = 17 + 8. Il se trouve à peu près dans tous les parages de la Méditerranée, et vient jusque dans la Man- che, sans doute en suivant quelques vaisseaux. PIMPERNAUX. - (Voy. Anguille.) I*IN. — Nom de la poche du Gongui à un seul bateau. — (Voy. ce mot.) PINCE A CON- GRES ET ANGUIL- LES. — La Pince {/ig. 8W), usitée en Norwége pour prendre les Congres au fond de la mer, nous a semblé fort ingénieuse, et d'une application qui mériterait d'être importée dans le Midi pour les Anguilles de nos étangs salés. Deux formes sont usitées {fig. 8'i3 et 84-4)- PINCE A DÉ- GORGER. — 11 arrive, Pig . 843. — Pince à Congre ou à Anguille, etc. — Pince h Congre et Anguille ou Orphie, mieux à crustacii au besoin, etc. [Xo-s. fig. Sitj.) quand on prend un poisson de belle taille, que l'hameçon a été absorbé par lui et s'est piqué dans les téguments de son estomac. C'est, pour nous, la meilleure PINCE A SAUMONS. 631 manière de prendre les belles pièces, el c'est celle que nous mettons toujours eu pratique. Mais, pour peu que le poisson pris soit un Brochet, une Truite, un Saumon, un Bar, ou la plupart des poissons de mer, il n'est rien moins qu'agréable d'aller cher- cher son hameçon au milieu des dents aiguës qui garnissent les mâchoires. La pince à dégorger [fîg. 845) est alors d'un concours inappréciable : les dentelures qu'elle porte en dehors s'appuient sur le dedans des mâ- choires : une fois ouverte, on accroche la crémail- lère, et le monstre, bâillonné, vous permet l'ex- traction de l'hameçon sans dommage pour vos doigts. PINCES A HOMARDS. — Les deux modèles de pinces {fig. 844 et 846) sont employés, en Nor- wége, à prendre les Homards et autres crustacés, soit dans les parcs où on les conserve, soit dans la mer alors qu'on les aperçoit, ou aux basses eaux quand on les cherche. Leur forme, quoique très-simple, nous a semblé utile à mettre sous les yeux des pêcheurs de notre pays. Fiy. 845. — Pince à dégorger, — Pince à homard et à crustacés. i''Ç- ''+'• Pince a plombs. PINCE A PLOMBS. — Ce petit outil est extrêmement commode pour fendre les plombs de chasse qui servent à lester les lignes à cannes et dont le pêcheur emploie des spécimens chaque jour. L'emploi en est clai- rement indiqué par la figure 847. PINCE A SAUMONS. — Les pêcheurs de Saumon sur le Rhin se servent d'un Saumon mâle comme appât {[ig. 850). Ils le mu- sèlent et l'attachent au-dessus d'un endroit qu'ils reconnaissent comme frayère , c'est-à-dire d'un creux formé dans le sable par ces pois- sons. Alors, les femelles œuvées et prêtes à frayer viennent tourner autour du prisonnier. Les pêcheurs guettent cette remonte du haut d'un mât ou de dessus un arbre, et dès qu'ils les aperçoivent, ils se hâtent d'en- Fi(]. 848 , — Pince à Saumon, tendue. L'aiguille verticale fait échap- per le déclic qui retient onvertes les deus branches garnies de dents aiguës. Ces branches sont fortement chassées par deux forts ressorts que leur ouverture baude en les comprimant. Le piège est attaché à une lourde pierre, afin que le Saumon ne l'en- traine pas au loin. 632 PIQUER DEBOUT. tourer les individus d'un filet. Ils tendent encore des pinces à ressort {fig. 848 et 849) autour du Saumon mâle prisonnier, et dès qu'ils voient une femelle prise, ils se hâtent de venir l'enlever. Si la femelle est percée par le ventre, les œufs se trouventgâtés ; mais si elle est prise vers les ouïes, la capture est bonne pour opérer une fécondation artificielle, ce qui est un bénélice trouvé. Le muselage du Saumon-ap- pât se fait en passant d'abord la corde d'attache dans une ouïe, au-dessous des branchies, la fai- sant descendre auprès de la gorge, et y attachant l'extrémité qui a passé par la bouche. On passe alors une corde dans les deux narines, au moyen d'une grande aiguille, puis sous la mâchoire, à travers, de manière à entourer l'os qui se trouve entre les maxillaires, sous la langue ; on attache le tout ensemble, de F if). 8i'i. — rii'ge à saumon, dtîtfiiidu: les pointes des branches foiniaiit la pince s'entre-croisent de manière que les écailles glis- santes du Saumon ne le sauvent point. Fkj. 8jO. — Disposiliou du Saiiiiion mnic, en avant inoe, dans le couiant. manière que la bouche du Saumon demeure seulement entr'ouverte. Le captif a les ouïes libres, et vit ainsi huit jours au besoin. PINI iTrigla). — (Voy. Roigi:t-Grondin.) PIQUER DEBOUT. — (Juand on se sert d'une canne longue, flexible, et à scion très-fni par le bout, comme ceux qui servent toujours à la pèche à la mou- che, il arrive quelquefois qu'en donnant le coup de poignet pour ferrer un pois- son, toute.la canne plie, mais que le dard de l'hameçon ne pénètre pas assez avant PLEURONEGTIDES. 633 dans les téguments et qu'à l'instant de prendre une belle pièce elle se décroche et on la perd. Pour éviter cet accident, il faut, quand on se sert d'un tel scion, tenir la canne parallèle au plan de l'eau et piquer en levant les deux bras à la fois et la canne dans cette position. C'est ce qu'on appelle piquer debout le poisson, en gardant la canne dans la même position. Avec la canne à moulinet on ne risque rien de se maintenir debout, mais avec une canne sans moulinet, il faut, tout en lui gardant sa position horizontale, la tour- ner un peu de côté, car si le poisson arrive à prendre la ligne debout, il la brisera à coup sûr et s'échappera. PIQUER LE VERT. — En général, on dit que les poissons viennent /)/^?*er îe vert quand, en mars, ils s'approchent des rives pour sucer les jeunes tiges des plantes aquatiques qui commencent à végéter. C'est également le moment où la plus grande partie des poissons d'eau douce commencent à montrer les premiers mouvements du frai. PIQUER UN POISSON. — (Voy. Ferrer.) PIQUETS. — (Voy. Falots.) PITTE. ~ (Voy. Aloès.) PLACE. — ' Les meilleures places pour pêcher au coup ou à la ligne dormante sont les crônes, les remous, le voisinage des roseaux, les endroits profonds, les confluents de deux rivières. Lorsqu'on veut choisir une place, on examine, à l'aide de la sonde, la profon- deur de l'eau, la nature du terrain et les obstacles qui peuvent arrêter la flotte. Quand une place est amorcée, on ne doit plus la quitter. (Voy. Aspect de l'rau.) PLANO. — Nom languedocien de la Plie. (Voy. ce mot.) PLAT-BEC. — (Voy. Anguille.) PLATESSA (Pleuronectes). — (Voy. Plie franche.) PLATUCHE. — Nom gascon de la Plie. (Voy. ce mot.) PLAYNE. — Nom de la Limande (voy. ce mot) à la Teste. PLECTOGNATHES. —b^" Ordre des poissons osseux. Ces animaux, quoique ayant des os fibreux, présentent cependant un squelette imparfaitement ossifié, et n'ont que des rudiments de côtes ; les maxillaires sont unies aux prémaxillaires. Leur vessie natatoire n'a pas de conduit aérien. Ces poissons, pour la plupart exotiques, ne nous offrent aucun intérêt pour cet ouvrage. PLEURONECTES MAXIMUS. — (Voy. Turbot.) PLEURONECTES PLATESSA. - (Voy. Plie.) PLEURONECTES SOLEA. — (Voy. Sole.) PLEURONECTIDES (famille des). — Ce nom est composé de deux mots grecs : TrÀsùpa, côté, et vYixTYiî, nageur ; il caractérise bien toute une famille de poissons malacoptérygiens qui na- gent sur le côté, et présentent cette forme très-aplatie et particulière qui leur a valu le nom de poissons plats. Chez ces animaux le corps, au lieu d'être symétrique comme dans les autres vertébrés, présente une disparité évidente entre ses deux moitiés. Ainsi les deux yeux sont placés d'un même côté de la tête, tantôt à droite, tantôt à gauche. La bouche est fendue obliquement; les nageoires impaires sont déjetées d'un côté ou de l'autre, les pectorales, quand ils en ont, sont de longueur inégale, l'une en dessus, et l'autre en dessous du corps. A cette famille appartiennent les : Plie, Turbot, Barbue, Sole, etc. Tous ces poissons sont susceptibles d'être réduits en domesticité, soumis à la stabulalion et apprivoisés comme les animaux de nos basses cours, « Je fais en ce moment (1861), dit M. Coste, des essais analogues dans les aquariums du collège de France, sur les jeunes de ces espèces, et je trouve que, à cet âge, ces poissons sont encore bien plus faciles à élever; ils viennent manger à la main, suivent la pâtée qu'on leur présente vers tous les points de l'aquarium où on veut les diriger, f 634 PLIANT. A l'aide de cet appât, on les entraîne jusqu'aux parois du vase, et, quand ils y arrivent, ils s'y appli- quent et s'y nnaintiennent en formant ventouse avec la face de leur corps en contact. « Quand ils sont ainsi fixés, ils continuent à suivre la proie sur la paroi verticale du récipient si lisse qu'elle soit, comme des lézards sur une muraille. Les rayons de leurs nageoires ou de leurs ailes leur servent d'amljulacres. Ce sont, en un mot, des espèces qui grimpent et qui perchent. « Leurs nageoires ne font pas seulement office d'amljulacres ; ils s'en servent également comme de pelle pour soulever les nuages de sable dont ils poudrent leurs corps, afin de dissimuler leur présence aux animaux qu'ils redoutent et à ceux qu'ils veulent surprendre. « Après avoir étudié ces faits sur ces espèces en stabulation, j'ai voulu savoir si les choses se passent de la même manière danslamer. J'étaishierà Saint-Vaast-la-Hougiie pour m'y livrer àcetle étude. Je m'y suis placé sur la jetée, et j'ai vu ces espèces libres se livrer aux mêmes manèges que dans mon lalioratoire. Ces manèges sont donc les manifestations normales de leurs instincts na- turels. La portion du littoral sur laquelle je me livrais à cette étude forme, sur une longueur de dix lieues, un vaste cantonnement où, au sortir de la frayère, les jeunes générations de poissons plats prennent leur quartier d'été. Ils s'y rassemblent et y séjournent, d'avril en septembre, en telle quantité qu'on en détruit, en péchant la Crevette grise, un nombre effrayant; c'est un véritable carnage. « Voulant calculer avec précision jusqu'où va cette destruction, j'ai suivi la mer descendante, accompagné de M. le commissaire de l'Inscription maritime, afin de constater ce que prenaient les pécheurs; mais je ne me suis pas borné à cette épreuve. L'inspecteur des pèches de la localité s'est mis à l'eau devant moi, poussant devant lui son havenet, et m'apportant, à chaque coup de filet, sa récolte, dont nous faisions le dénombrement. En l'espace de deux heures, il a pris douze cents sujets ; d'où il suit que, s'il avait continué à pêcher pendant toute une marée, il en aurait récolté plus de trois mille, même en perdant le temps que nous mettions à compter. Or, comme il y a sur cette plage mille personnes qui se livrent à cette industrie, on peut aflTirmer, sans aucune exagé- ration, qu'au moins 3 milhons de jeunes Turbots, Soles, Barbues, Plies, etc., périssent pendant chaque marée, et 150 millions, par conséquent, pendant les 50 marées qui ont lieu durant le séjour de ces espèces précieuses sur ce seul cantonnement. Afin de ne pas les perdre complètement, on les donne en pâture aux animaux domestiques. (( Quelle richesse si ces troupeaux, au lieu d'être ramassés en germe sur le rivage, descendaient dans les vallées sous-niarlnes pour s'y engraisser! La grande pèche et ralimentation publique y trou- veraient des ressources inépuisables. » PLIANT. — Il n'est pas besoin de longs discours pour faire comprendre l'u- tilité d'un siège quand on veut passer sa journée au bord de l'eau : on peut cer- tainement prendre pour siège celui que nos premiers pères trouvèrent tout fait avant eux, une motte de gazon, mais il faut avouer qu'au degré de civilisation oii nous sommes par- venus, ce siège primitif oUVe plusieurs inconvénients. La première condition du siège du pécheur, ce n'est pas tout à fait qu'il soit confortable, c'est qu'il soit portatif : comme ce siège ne sert que pour la pèche sédentaire ou pèche de fond et qu'il faut aller souvent chercher loin l'en- droit favorable, le pêcheur amateur s'efforce avec raison d'alléger son bagage. Deux genres de sièges sont les plus en usage : le pliant ordinaire de petite di- mension {fig. 851) et la canne-pliant qui s'ouvre en triangle (//y. 852) et porte un petit siège triangulaire, parlant des angles, (lue l'on y adapte quand elle est ouverte. Chacun de ces sièges a ses avantages et ses inconvénients, le pliant carré est un peu plus embarrassant, lîiais il est com- plet, en une pièce : on ne perd rien, et il fournil un siège sta- ble et très-commode. On petit l'installer sur son carnier de pêche, cai il ne doit pas être plus grand que lui. On l'y fixe par deux ficelles. La canne pliante triangulaire esl plus portative, elle se joint au paquet de cannes et le petit triangle se met dans le carnier ; mais elle offre un siège assez Fig. 851. — Pliant ordinaire. Fig. 832. — Canne- pliant ouverte. '-il ce: O 1^ m tr. eu ^ S PLIE FRANCHE. 635 peu commode, peu stable surtout dans les terrains tourbeux si communs au bord € ï PLIE FRANCHE. 635 Fig. 853. — Dents pharyngiennes inférieures de la Plie [Pleu- roiiectes platessa). Les deux mâ- choires triangulaires sont sou- dées. peu commode, peu stable surtout dans les terrains tourbeux si communs au bord de l'eau et, de plus, elle forme deux pièces. Si l'on perd le triangle, la canne ne sert plus ;\ rien. Nous avons indiqué, au mot Panier de péciie, une forme qui permet de s'as- seoir dessus et supprime ainsi un pliant. C'est quelquefois un perfectionnement que de revenir à la primitive installation des paysans ! PLIE [Geni-e]. — Malacopt. subrach. Pleuronectes. Le genre Plie a les dents trancliantes en un seul rang, les pharyngiens {fig. 853 et 854) chargés de molaires. Les yeux sont séparés par une crête élevée, la plupart du temps ils sont sur le côté droit et l'inférieur un peu plus en dehors. Les écailles sont petites, douces chez quelques-uns, ciliées chez les autres; quelques espèces ont une (''piiie anale. PLIE FRANCHE (Pleuronectes platessa, Lin.). — Malacopt. subrach. pleuronect.Long. max. = on>,00. Syn. : Rods putta, skralla, suéd. — Leathag, irland. — Pla- tija, espag. — Plaise, angl. — Karkole., island. — Scho/le, holl. — Tarchène, torche., terse, bret. — Platuchn, basque. — Plateiss- chalte, ail. — Dutch plaU, écos. Corps très-apiati, ovale ; de petils grains à la ligne supérieure de la tête, et à la ligne latérale; des boutons durs à la base de chaque rayon des dorsale et anale. Elle est reconnaissable à G ou 7 tuber- cules formant une ligne sur le côté droit de la tête, entre les yeux et aux taches aurore qui relèvent le brun du corps de ce même côté. Elle est trois fois aussi longue que haute, c'est l'espèce de ce sous- genre dont la chair est le plus tendre. Les jeunes Plies ont souvent une tache foncée au centre des taches rouges. Le ventre est entiè- rement blanc. Dorsale de G8 rayons, pectorales de 11, ventrales de (5, anale de 54 3 50, caudale arrondie de IG. La ligne latérale est proéminente et commence au bord supérieur de l'opercule, se courbe au-dessus de la nageoire pectorale et se dirige droit vers le milieu de la portion charime de la queue. A chaque mâchoire une rangée de dents tranchantes, obtuses et aux pharyngiens des dents en pavés {fig. 853, 854) ; la plupart des Plies ont des yeux à droite, on leur observe 2 ou 3 petits cœcums. (Voy. Temps de frai.) PLIE FRANCHE. — La pèche de ce poisson se fait près des côtes, sur -les fonds de sable, pendant les mois d'octobre et de no- vembre ; mais la Plie habite également bien les fonds limoneux, mais est beaucoup moins bonne, parce qu'elle y contracte presque toujours le goût de vase dans ces endroits : on l'y pêche dès le mois de mai. La Plie se nourrit de petits animaux à corps mou, de jeunes poissons ou de crustacés. La Plie, en mer, se prend parfaitement au libouret, aux câ- blières et aux lignes à la main dans les ports et les canaux de com- munication des étangs et marais à la mer. On l'a très-bien accli- matée dans les étangs d'eau douce. On se sert d'un hameçon n° 4 ou 3, sur lequel on pose deux ou trois vers de sable ou graveltes. La Plie nage à plat par un mouvement reptatoire, plongeant alternativement la tête et relevant la queue : toutes les nageoires étendues suivent ce mouvement. Lorsqu'elle veut descendre, elle plane en quelque sorte, toutes les nageoires éten- dues, et l'on voit l'eau les soulever en se déplaçant. La pectorale supérieure se re- dresse dans la nage, ainsi que la ventrale pour obtenir les changements de direc- tion. Sur le sable, les poissons plats ne sont pas absolument appliqués : ils abais- Fig. 854. — Dents pharyngiennes supé- rieures de la Plie {Pleuronectes pla- iessn). Une des mâ- choires supérieures : elles ne sont pas soudées. 636 PLI 01 R. sent les premiers rayons de leur dorsale et la ventrale, de manière à s'arc-bouter dessus et à tenir leur tête assez soulevée au-dessus du sable pour que le mouvement des ouïes soit libre et n'entrave point l'acte de la respiration. Lorsque la Plie veut quitter le sable, elle lève la tète la première par un mou- vement de flexion de la colonne vertébrale et d'appui sur la queue. Dans tous les cas, elle donne, en s'appliquant au fond, un léger coup de nageoires qui fait voler un petit nuage de sable et suffit pour en recouvrir légèrement le corps; puis elle reste immobile, les yeux relevés et saillants, de manière à dominer le plan de son corps et h. voir sa proie de plus loin. La Plie remonte très-volontiers les fleuves et rivières à fond de sable, tels que la Lpire, la Garonne, etc. On la prend dans ces endroits, au ver rouge de fond, ab- solument comme le Goujon et le Barbeau qui mordent en môme temps. On en trouve toute l'année de plus ou moins grosses suivant la saison. (Voy. Calendrier DU PÈCUEUK, TABLEAU DES ESCHES.) La Plie remonte la Dordogne jusqu'à Bergerac, mais dans l'Ilte elle ne dépasse pas Coulras. On la pêche toute l'année^, surtout pendant l'hiver, ce qui ferait suppo- ser que ce poisson y est sédentaire. La Plie fraye dans la Dordogne, puisqu'on en prend qui sontà peine de la taille de un fi'anc. Le poids des plus grandes Plies n'excède pas 250 grammes. On les prend ordinairement avec des lignes amorcées de vers et de chevrettes ; on les pèche aussi avec des fdets, mais cette manière de les prendre n'est pas usitée dans la Dordogne. La Plie est aussi abondante dans les environs d'Angers. Les pêcheurs ignorent si elle vient de la mer ou si elle est indigène de la Loire, car on l'y prend dans toutes les saisons, quoiqu'elle soit plus rare en hiver. Ils en distinguent de deux espèces : l'une bonne à manger, c'est la Plie proprement dite ; l'autre beaucoup inférieure au goût, plus jaune, est sèche et maigre. On la nomme courant et elle est plus grande que la Plie ordinaire. Est-ce une espèce particulière ? ou le mâle de la Plie ? Sur les côtes de Morlaix, pour prendre la Plie on tend les filets en dehors des l'oches et à mer basse, puis à la marée suivante on va relever le poisson qui s'y trouve pris. La Plie est un des poissons les plus communs des mers occidentales de l'Eu- rope. Il est facile à distinguer d'avec la plupart de ses congénères, aux taches rou- ges, parsemées çà et là sur le côté droit de son corps, au nombre de 80 à 110. Ces taches sont d'autant plus vives que le poisson approche de la période du frai. La Plie franche est un des poissons plats qui vit le plus longtemps hors de l'eau. Il peut, dit-on, résister pendant vingt-quatre heures. PLIE TRUITÉE. — Nom donné, à Tréguier, à la Plie franche. (Yoy. Pue.) PLIE VASEUSE. — (Voy. FleT.) PLINCEL. — Appellation vulgaire du Carrelet ou Plie franche. (Voy. ce mot.) /r,^. 855. PLIOIR. — La question des Plioirs pour serrer les lignes et piioirà4aiies,à avaucécs cst uuc de ccUes qui a le plus fait travailler l'imagination du centre évidé. \ , , r ,■,■,■• r^ pécheur, car le problème a résoudre était celui-ci : Trouver un sys- tème qui permît de ployer le plus grand nombre possible de lignes dans le plus petit espace. On a fait des Plioirs à ailes comme celui de la figure Srio, les uns à quatre, les autres à six {fly, 8o6), comme celui dont on voit le plan tracé. S'ils PLOMB. 639 Fig. 865. — Plioir tournant pour ligne qui se dévide. ■^ Fig. 866. — Le même, vu par le dessus. pour les lignes tenues à la main : on lui donne, en Bretagne, le nom de Gandol : c'est un simple cadre de bois, formé de deux montants, plus épais pour garantir la ligne ployée, et de deux traverses rondes sur l'esquelles on l'enroule. Le Plioir {/ïg. 864) est aussi simple : c'est celui qui est usité en Angleterre. Là, le cadre est formé par quatre planchettes égales, clouées deux à deux alternativement, passant dessus et dessous sa voisine. La forme de la ligne qui est jointe à ce Plioir, doit être re- marquée du lecteur comme une des meil- leures pour la pèche au doigt. hcV\io\v{fïg. 865) est un plioir tournant : on l'emploie volontiers pour dévider les lignes qui se déroulent dans le sillage d'une embarcation. La figure 866 nous montre le dessus d'une des plaques qui contiennent la ^ ligne enroulée entre elles. Le point du milieu y *^ JQ "^ © est l'exlrémité de l'axe, et les ouvertures, en 8, des extrémités sont des endroits dans lesquels on accroche les hameçons quand la ligne est ployée, pour les mettre à l'abri de tout accident. On doit également comprendre , dans la catégorie des Plioirs , l'engin {fig. 867) qui sert à pelotonner les grosses et fortes lignes que l'on emploie à la pèche des poissons du Nord, des Squales, des Pho- ques, etc. Le câble — car c'en est presque un ! — passe entre deux rouleaux verticaux qui le condui- sent sur un troisième horizontal, d'où il va sur le treuil. La bran- che d'avant butte contre les bordages de l'embar- cation. On voit, au mi- lieu, le plomb en fonte et la chaîne qui servent pour la pèche des grands requins des mers du Nord. PLOMB (pêche au). — Ce que sont les jeux en eau douce, les plombs sont en mer. Ce sont des morceaux de métal oblong percés à chaque extrémité {fig. 868 et 869), l'une porte une ligne de bouée qui vient à la surface pour retrouver et re- tirer l'engin, l'autre une ligne de fond munie de plusieurs empiles avec leurs ha- meçons appâtés. On profite quelquefois de la position verticale de la ligne de bouée pour y at- tacher un hameçon ou deux empilés à l",oO à 3", 00 au-dessus du plomb de fond. Fig. 867. Plioir pour les grosses lignes employées à la pèche du Phoque, etc. (Norw.) 640 PLOMBÉE. Cette disposition fort ingénieuse devrait être imitée dans la pèche aux jeux en eau douce profonde. Le nombre moyen des empiles, attachées au môme bout du plomb, est de cinq à six, quelquefois de une seulement {fig. 871), Au lieu d'employer des empiles de différentes longueurs, il vaudrait mieux em- ployer une petite bauffe sur la- quelle seraient montées les empiles à une certaine distance les unes des autres. Si, au contraire, on pêche entre les rochers, il vaut mieux un fais- ceau d'empilés (//V/. 872), et les monter d'hameçons en fer étamé qui ne cassent pas comme ceux en acier. PLOMB. — (Yoy, Marteau commun.) PLOMBÉE. — Ce mot, qui s'emploie pour celui de plomb de fond, indique le A, Fig. rloiiili (le fond. Fig. 869. — Autre forme de plomb de fond. Fuj. 70. — Aiitr plumbs qui peuvent être cmployiîs en mer. Fig. 871 . — Plomb de fond à une seule empile. morceau de ce métal auquel on donne des formes appropriées aux diverses pêches de fond dans lesquelles il sert [fig. 870, 869, 868, etc.). Généralement il s'entend du plomb qui garnit la ligne à soutenir à la main, à la canne et les jeux de différentes srosseurs. Fig. 872. — Disposition de la li[,'ne à plomb entre le rochers. Fig. 873. — Disposition perfectionni5e pour pèche au plomb sur les fonds de sable. (Voy. Jeux a patkr-noster.) (Filets) On donne également ce nom aux corps pesants que l'on attache au^jîe^/dcslilcls pour les faire cr/. 888), il ne résiste pas assez longtemps pour faire son office, et, quelque mauvais qu'il soit, il vaudra mieux que le poisson artificiel. Huant à la naïveté des pêcheurs qui achètent des choses semblables pour aller pécher le Brochet ou la /''lo. 888. — Petit poisson mort à atta- ,^ , , ,,,, , • -, , -ii • i ■ cher sur un des tue-diable piac.'s au- Pcrchc daus 1 ctaug OU la nvicrc IranquiUc qui baigne '•«•ssous. l'extrémité de leur jardin, il n'y a rien à en dire, si- non que cet achat sera la source de bien des désillusions, et peut-être d'un dégoût complet. Ces poissons me rappellent la colère d'un marchand auquel je disais que la Carpe ne mordait point à la mouche artificielle, et qui me voulait vendre des mouches à Carpe parce que sa Fia. 889. — Petit poisson mort attaché sur l'hameçon. . -, r -, .•^^ . •. ti . carte d'échantillons en portait. Il est très-rare, très-rare que les Carpes mordent à la mouche naturelle, cela s'est vu cependant; mais à la mouche artificielle, je ne le crois pas. POISSONS BLANCS. — S'il s'agit de poissons d'eau douce, on nomme en général poissons blunci la nombreuse famille des Ables qui comprend : le Gardon, le Chevesne, le Dard, l'Ablette et leurs différentes variétés. (Voy. Ables des eaux de France.) Si l'on parle des poissons de mer, on entend sous ce nom : les Athérines, Sprats, etc., et autres petits poissons qui servent le plus souvent d'appâts aux lignes pour prendre les espèces carnassières. (Voy. ces mots divers.) POISSONS CHANGEANT DE COULEUR. — (Voy. Mutations de couleurs DES POISSONS.) Un grand nombre d'animaux dans la nature — surtout parmi les oiseaux — changent de couleurs à certains moments de l'année. Tout le monde sait que ce moment correspond à celui des amours, à l'édification du nid et à l'éducation de la jeune couvée. Linnée, je crois, a donné à ce changement d'habit, quelquefois fort brillant, le poétique nom de l'IunKuje de noces. Un certain nombre d'autres animaux — cette fois disséminés dans tous les embranchements du règne — paraissent doués de la propriété de changer de couleur suivant les saisons. Tout le monde a entendu parler des lièvres blancs, des renards de méiue couleur, habitant au milieu des neiges où cette livrée nouvelle les dissimule. Nos pays eux-mêmes voient, dans nos montagnes, des pliéuomènes analogues : nous rencontrons chaque année le Nive7-ol/e ou Pinçon des neiges, le Lagopède ou Perdrix des mêmes eiidroils, tous les deux revêtus, en hiver, d'une robe presque entièrement blanche. L'hermine, grise en été, devient, dans nos forêts, blanche ou à peu prés pendant les mois d'hiver. Nous pourrions multiplier ces curieux exemples, mais ceux que nous venons d'indiquer suffisent aux grands traits de cette esquisse rapide. Ce n'est pas tout encore : la nature a voulu que certains animaux pussent accommoder, adapter leur parure à la couleur du milieu dans lequel ils devaient vivre ou se mouvoir. C'est ainsi que — parmi les reptiles — un certain nombre de genres, au milieu desquels le Camii/e'on est célèbre, jouissent de la faculté de refléter en quelque sorte sur eux les teintes des objets environnants et de se confondre ainsi avec eux. Hé bien ! toutes ces modifications, si intéressantes et encore si peu étudiées, de la couleur propre des corps, se retrouvent chez les poissons. Plus riches, en cela, que toutes les autres classes d'aniiuaux, ils ont tout à la fois le plumage de n'tces et Vadaptation de couleur, sans pour cela négliger de disputer aux oiseaux le privilège de faire porter une livrée aux jeunes de leur race. De iMême (jue les ])etitsde toutes les espèces d'oiseaux revêtent, dans leur enfance, un plumage qu'ils ne conserveront pas et qui les rapproche tous des femelles, de même, chez nombre de poissons — et. POISSONS CHANGEANT DE COULEUR. 649 pour n'en citer qu'une famille, prenons celle des Salmonidés — les alevins revêtent soit une livrée terne et analogue à celle de la femelle, soit — ce qui arrive le plus souvent — un système de coloration par taches ou par bandes absolument diflorent de celui de l'adulte. Voyez aux mots : Grilse, Par», etc., les remarques intéressantes qu'a fait naître l'élude de ces curieux chan- gements. Il nous est impossible de donner ici à ces réllexions l'étendue que comporterait l'importance de la matière, nous nous bornerons à quelques aperçus. A l'article Mutations de couleur des pois-sons nous avons rassemblé quelques notes de Franklin sur les variations du Véron (Cyprinus phoxinus), nous en avons recueilli de non moins intéressantes sur le Turbot {Pleuronectes maximus) et sur la Barbue (Pleuronectes rhumbus). Mis, les uns et les autres, en captivité, dans un bac rempli de sable noir, vous les plongez dans un bac d'eau de mer reposant sur du sable blanc. Les Turbots, sur ce fond clair, ressortent par un vigoureux contraste; revenez deux heures après, ou plutôt demeurez attentif à suivre le phénomène qui va se passer sous vos yeux, et vous vous rendrez compte que peu à peu — et assez vite — les taches brunes et noires de la robe pâlissent : les piquetures jaunâtres s'elTacent, et vous voyez insensiblement la robe du poisson s'adapter si bien à la teinte du sable qui le porte, que vos yeux ont biendôt peine à distinguer l'un de l'autre. Ce n'est pas tout encore, l'expérience inverse peut être tentée, et ne réussit pas moins bien : que, pris sur le sable blanc, le Turbot soit apporté sur le sable foncé, sa robe reprendra en peu d'heures sa couleur primitive, et ce curieux phénomène se reproduira autant de fois que vous répéterez le changement des milieux. Ces faits, que nous avons constatés àConcarneau, à Brest, et sur plusieurs autres points de nos côtes, ne sont pas certainement bornés à une ou deux espèces spéciales : tous les poissons sont si bien doués de cette propriété, que les pécheurs distingueiont, à première vue, les Soles, Plies ou Li- mandes venues d'un fond vaseux, de celles qui ont habité des plages de sable sous-marines. Le reflet de la couleur du fond est tellement vif sur ces êtres dont la vie se passe à moitié enfouis dans le sol, que rien n'est plus facile à distinguer. Les poissons de mer ne seront pas les seuls à nous ofl'rir ces exemples frappants; nous avons tous les jours sous les yeux des faits analogues en ce qui concerne les poissons d'eau douce. Qui pense- rait à nier l'influence, sur leur couleur, de la pureté de l'eau et de la propreté du fond où ils ont vécu? Est-il une seule personne qui, avec un peu d'attention, puisse confondre la Carpe des étangs vaseux avec la Carpe de la Loire? Ces différences sont tellement frappantes, que nous-même en étions quelquefois stupéfait, en comparant les individus de même espèce mais de provenances très-dif- férentes. C'est ainsi que nombre de pêcheurs d'eau douce critiqueront les teintes données, dans cet ouvrage, au Barbillon par exemple, i\. la Carpe, au Brochet, etc., parce qu'ils n'ont jamais vu des échantillons d'une pureté aussi remarquable que ceux que nous avions en notre possession. Mais leur étonnement cessera quand nous leur dirons que ces admirables animaux sortaient des lacs de la Suisse: Constance, Zug, Sempach, Léman, etc.; sont les réservoirs où il nous a été donné — grâce à un obligeant et puissant concours, — de nous approvisionner, et nous avons pensé que nous trouverions, là, les poissons plus près du véritable état de perfection naturelle que dans nos rivières et nos étangs bourbeux. Les Truites ont, depuis longues années, été étudiées au même point de vue de la coloration, et toutes les expériences ont conduit à cette démonstration que la robe était mutable dans cette espèce, et que la couleur plus ou moins foncée, plus ou moins jaune de la robe, s'assortissait à la couleur des eaux, des fonds et surtout à Vimportance du couvert. Dans les ruisseaux des mon- tagnes, qui coulent sous les sombres massifs du feuillage, la Truite commune devient la Truite noire, ses taches s'oblitèrent, sa couleur est uniformément brune et enfumée. Dans les torrents ou- verts aux rayons du soleil, le même poisson devient — en quelques générations — la Truite blanche, la Truite jaune, la Truite dorée, etc. Nous avons même, en notre possession, de curieux spécimens de Truites communes dont la robe est mi-parti d'un ton et mi-parti de l'autre, figurant une sorte d'hybride entre les deux variétés, mais, dans ce cas, le changement de coloration est toujours li- mité par des lignes obliques sur les flancs. C'est Agassiz qui a le mieux apprécié et décrit les changements que la coloration subit chez les Salmonidés. L'habile naturaliste a reconnu non-seulement la puissance des milieux, mais sur- tout celle de l'âge et du sexe; ses tableaux, tracés de main de maître, sont demeurés inimitables. Écoutons-le parler de l'Ombre-Chevalier: « La jeune femelle adulte, en costume de noce, est plus brillante encore... l'œil, qui, dans l'enfant, était jaune d'or, a perdu sa belle teinte pour devenir gris argenté. . . Mais la vieillesse arrive ; le mâle surtout voit ses couleurs pâlir, et cependant il n'en conserve p;is moins une robe charmante. Son dos blanchit et se couvre d'argent bruni, verdâtre •■ ses flancs sont orange pâle, etc. . . » 650 POISSONS MORTS. Cette question de coloration accidentelle ou temporaire est tellement grave, qu'elle a pu égarer les meilleurs esprits : « Dans les mêmes eaux que la Truite conmiune, dit Agassiz, on rencontre quelques individus dont la coloration est si diirércnte que Cuvier les avait décrits sous le nom de S. mannoratus, alors que leurs taches noires sont enire-croisées. . , Certaines eaux donnent enfin aux Truites qui les habitent une coloration ardoisée sur les flancs, tout en leur laissant les couleurs des nageoires sombres de celles dont nous venons de parler (le S. sijlvalicus de Scliranck). . . » Nous devons dire quelques mots des changements de coloration qui tiennent aux phénomènes delà reproduction: ils sont excessivement nombreux et semblent aU'ecler toutes les espèces, tant d'eau douce que d'eau salée. Le Véron, dont nous avons parlé, est un des plus petits, mais un de ceux de nos eaux douces où le changement est le plus brillant et le plus marqué: VÉpitwclie (Gasterosfeus) est dans le même cas. Nous n'avons qu'à renvoyer à la plupart de nos planches colo- riées, pour présenter au lecteur des individus en livrée d'amour et dont les riches teintes sont ainsi plus remarquables. Ce sont les nageoires pectorales qui, la plupart du temps, revêtent les couleurs les plus bril- lantes et, parleur rapprochement des organes principaux, indiquent le redoublement de circulation vitale qui se fait sentir à cette grande époque. Voyez le Nase, le Chevesne, les Ombres, la Perche et plusieurs autres, (^e n'est pas seulement sur les membres que se manifeste l'afflux du printemps chez un grand nombre d'espèces fluviales et marines : c'est par la croissance d'un certain nombre d'appendices fugaces qui changent la coloration générale. Ainsi nous voyons les Brèmes d'eau douce et les Aloses marines se couvrir de verrues noires qui ternissent l'éclat de leur miroir argenté. Chez certaines espèces, le changement est plus considérable encore: tout l'animal y prend part, et, pour ne citer qu'un exemple, le Lump, gris toute l'année, mâle comme femelle, sait revêtir une livrée bleu-ciel superbe, alors que les soins de la paternité réclament son concours. Chez cette espèce, en effet, ils sont moins illusoires que chez la plupart des autres, car il parait démontré, par les observations des auteurs du Nord, que ce poisson réunit ses œufs sur les roches, les couve, et défend ses petits comme la poule défend ses poussins. Nous avons observé un phénomène très-analogue chez la iplupari des Labres de nos eûtes, chez lesquels, à l'époque du nid, les couleurs si splendides du corps prennent un éclat inusité. Le même phénomène se constate chez les Gobics et chez un certain nombre de Pbtjcii, leurs voisins d'assez près, comme famille. Mais nous arrêterons ici ces réflexions : elles suffisent au pécheur naturaliste pour qu'il ait l'œil ouvert sur ces curieux phénomènes que, mieux que personne, il peut être appelé à constater au moment où il s'y attendra le moins. Ce sujet est plein de découvertes nouvelles : on peut l'appe- ler le chemin de l'inconnu: souhaitons vivement que bientôt les observations s'y accumulent, elles auront tout le charme de l'imprévu. POISSON SAINT-CHRISTOPHE.' — Nom de h Dorée dans certains endroits. (Yoy. DoitKE.) POISSON DE SAINT-PIERRE. — Nom populaire de la Dorée. — (Yoy. ce mot.) POISSONS DE SURFACE. — (Voy. AbLES DES EAUX DE FRANCE.) POISSONS MORTS EMPLOYÉS COMME ESCHES. — La pèche avec les poissons vifs est la meilleure, mais dans certaines circonstances elle n'est pas praticable, soit parce que la vitesse de l'eau entraîne et déchire les poissons, soit parce que le temps manque pour faire sa provision. On peut toujours garder au contraire des petits poissons morts conservés dans le sel. Ils ne perdent rien de leur brillant, ils gagnent en solidité, parce que leur chair se raffermit et dans les circonstances tumultueuses où ils serviront, le poisson carnassier qui les englou- tira n'aura pas le temps de s'apercevoir quelle saveur insolite ils ont revêtue. Le meilleur de tous les poissons-amorces — vivants ou morts — est \e]'éron, au.x écailles minces et molles et aux brillantes couleurs. Tous les poissons y donnent et avec préférence. Après lui vient la Loc/ie : qu'elle soit d'étang ou de rivière elle est également recherchée : puis la petite Carpe et la petite Tanche, et enfin le Goujon. Au second rang, V Ablette, la Vandoise, le petit Chevesne, etc. On conserve POISSONS PLATS. 651 donc ces petits poissons pour l'usage, enfermés dans une boîte de fer-blanc au milieu du sel et lorsqu'on veut s'en servir, on les monte sur une espèce de tue- diable {fig. 890 ). Cet engin se fait en florence tout simplement, car la dispo- sition des hameçons qui le hérissent est telle que le plus fort poisson ne peut 77,^^. ^90. — Tuo-diabic en floronce pour monter les refermer la gueule une fois qu'il est poissons morts. pris, et par conséquent est incapable de couper la florence. On a beaucoup varié la forme de ces engins. Les figures 88 ^ et 890 en don- nent plusieurs différentes, mais le principe est toujours le même et consiste à munir l'amorce d'une grappe d'hameçons qui ne permette pas aux ravisseurs de l'attaquer sans se prendre. Le petit-poisson amorce se place sur le tue-diable de la figure 889, tout comme un tue-diable de plomb, c'est-à-dire que les hameçons prennent sur lui la môme position. On peut simplement lier le petit poisson sur l'appareil au moyen de quelques tours de soie aux ouïes et à la queue ; mais il est préférable de l'accrocher lui-même à chacun des hameçons doubles par l'im d'eux, et de faire passer le simple du haut par la lèvre ou la narine. Nous ne de- vons pas oublier, en effet, que l'emploi de ces engins n'a d'efficacité que dans les eaux les plus violentes et qu'alors l'amorce ne saurait être trop solidement fixée, puisque souvent, malgré toutes ces précautions, elle est déchirée et emportée en un clin d'oeil. Il va sans dire que cette pêche sera d'autant plus fructueuse que le pêcheur pourra ou saura dissimuler sa présence en se cachant derrière tous les obstacles qu'il découvrira ou appropriera à cet objet. Par conséquent, plus sa canne et sa ligne auront de développement, mieux il sera armé pour la circonstance, car, malgré les bouillons de l'eau écumeuse, les poissons voient fort bien et sont très au courant de ce qui se passe sur la rive. Il ne faudrait donc pas s'imaginer pouvoir péchera découvert et sans précaution, sous prétexte que la rivière est tumultueuse. POISSONS PLATS. — 2ine famille des Malacoptérygiens subrachuMis ; 3™« ordre de poissons osseux. Tous ces poissons se distinguent par le défaut de symétrie que présente leur tète ; car les deux yeux sont du même côté, c'est-à-dire sur le dessus de l'animal quand il nage, et rarement ils sont égaux. Ces poissons ont une natation rapide au moyen de leur caudale puissante qui frappe l'eau de haut en bas et les lance comme sur un plan incliné. Ils habitent volontiers les fonds d'eau, sur le sable où ils vivent de proies, poissons et mollusques. On n'y compte qu'un genre : Pleiironedes ; sous-genres : Plie, Flélan, Turbot, Sole, Monochère, Achère. POISSONS PLATS. — On nomme ainsi les poissons qui se cachent dans le sable et se tiennent constamment au fond de la mer et des eaux douces : ce nom est du reste opposé à celui de poissons ronds. La majeure partie des poissons plats est marine, et ils appartiennent : l'' à l'or- dre des Malacoptérygiens subrachiens (IIP de la I" série), dont ils forment la 2' fa- mille avec celle des Pleuronectes; 2° à l'ordre des Ghondroptérygiens à branchies fixes (IP de la 2^ série), dont ils forment le 5^ groupe de la 1" famille, sous le nom de Sélaciens. Tous ces poissons se distinguent par le défaut de symétrie qu'offre leur tète, dont les deux yeux, souvent inégaux, sont placés du même côté du corps, c'est-a- dire sur le dessus de l'animal quand il nage. Leurs mouvements, au reste, sont ra- pides parce qu'ils frappent l'eau, de haut en bas, avec leurs puissantes nageoires 652 POIX DE CORDONNIER. latérales. Ces animaux vivent, seuls, dans le sable, où ils se nourrissent de vers, petits poissons et mollusques; presque tous séjournent près des côtes et fournissent à l'homme une nourriture saine et agréable. Dans la famille des Sélaciens, on re- mar(]ue en outre des évents placés près ou derrière les yeux. Ce sont des ouvertures variables de forme, souvent en croissant, par lesquelles l'animal rejette l'eau qu'il a avalée et qui a passé dans ses branchies pour accomplir l'acte de la respiration. Chez ces animaux, le corps a la forme d'un disque et porte une queue géné- ralement longue et grêle. Les yeux et les évents sont en dessus sur le dos, et à la face ventrale, on voit les narines, la bouche en travers et les ouvertures branchiales de formes variées. Les nageoires dorsales sont souvent rejetées jusque sur la queue. Les principaux poissons plats des côtes de la France, sont : Plies [PI. platessa). Flet {PL flesus). Turbot (/'/. maximm). Raie aigle ( /i nja ar/u i/in a ) . — Ijùtis [Roja /juli'i]. — blaiiclie {Baj'a alba) . — bouclée [Raja clavatn). Plelrom'ctes. fîaibue (PI. rhum/jiis). Sole {PI. solen) . (lanclet {PI. passer). SÉLACIENS. Raie cendrée {I\(ija cinerea). — chardon [R'jjd fullonica]. — nègre. — etc., etc. Flétan (Hypoylossus vul^aris). Targeur {PI. Idrtus)., etc., Raie oxyrliinque {Roja oxyrhin- cha). — ronce [Raja rubus). — torpille i^Raja torpédo). POISSONS RONDS. — On donne ce nom, par opposition à. celui de Poissons plats, à la majeure partie des habitants des côtes et des eaux douces de la France ; ce sont les ^jomons proprement dits. POISSON ROUGE. — (Yoy. DORADE DE LA ChINE.) POISSONS VENENEUX. — Notre pays ne renferme, heureusement, aucune espèce vénéneuse à proprement parler, mais nous sommes heureux d'emprunter à l'e.xcellent mémoire de M. A. Duméril quelques considérations sur certaines espèces qui peuvent devenir accidentellement dangereuses. Dans la plupart des cas on doit croire que l'intoxication peut être attribuée au genre de nourriture dont l s poissons ont fait usage. (Voy. .\nBRES et Végétaux propres a enivrer et empoi- sonner LES poissons.) C'est, au surplus, dans la saison du frai, que l'on voit devenir dangereuses des espèces inoffensives en tout autre temps. D'après Risso, le Congre donnerait à Nice la dyssenterie au moment de la ponte, Le docteur Fraiique a constaté l'ellel d'empoisonnement causée quatre personnes par les œufs de Barbeau. Ceux du Rrochet sont également, sinon dangereux, au moins fortement purgatifs, el pour certainses- tomacs plus que pour d'autres. 11 en est de même de ceux de la Lotte de rivière. Le même Risso défend à Nice de manger le Télragonure conspata, dont la chair est malsaine d'après ses[iroprcs expériences. La Bonile [Thymnus pelamys) peut causer de grands désordres dans les voies digestives, quand elle n'est pas servie presque immédiatement après sa sortie de l'eau. Le Thon lui-même produit quelquefois les niêmis accidents par retard de consommation. 11 est vrai que la promptitude de la fermentation putride dans les climats chauds sulTit seule à expliquer ces phénomènes morbides. POISSON VIF A L'HAMEÇON. — (Yoy. YlF.) POISSONS VOLANTS. — (Voy. DaCTYLOPTÈRE VOLANT et ExOCET.) POITRINE. — La poitrine est, chez les poissons, la cavité délimitée principalement par les vertèiins, li' slerinini,ln clavicule el les omoplates; la capacité de la poitrine est beaucoup moins grande chez ers aniin;iM\ qno la cavité alM!ominn!(^. POIX DE CORDONNIER. — Un donne le nom. général de poix à plusieurs substances résineuses ou bilumincuses. La poix blanche ou jaune, qui ix'estpas uti- lisée pour la confection des appareils de pèche, est de la térébenthine solidifiée par divers procédés. hdi poix noire ou poix de cordonnier est celle dont le pêcheur enduit tous ses POLTRON. 653 fils d'empilage et de ligature. C'est tout simplement du goudron solidilié par l'éva- poration solaire ou artificielle. On la prépare en faisant bouillir les résidus et filtres qui servent à préparer la térébenthine et autres produits résineux : cette combustion se fait dans un four et les produits sont amenés par un tuyau dans de l'eau où ils se séparent en une couche huileuse qui surnage et une couche solide qui gagne le fond et qui est \npou- noire. POLICE DE LA PÊCHE MARITIME. — Décret du iO mai 186^, art. 12 : « Les préfets maritimes déterminent par des arrêtés, toutes les mesures de po- lice, d'ordre et de précautions propres à empêcher tous accidents, dommages, avaries, collisions, etc., et à garantir aux marins le libre exercice de la pêche. » Art. 13. « Tous les arrêtés rendus par les préfets maritimes en matière de pê- che côtière sont soumis à l'approbation du ministre de la marine et des colonies. » Dans l'impossibilité de réglementer les diverses pêches, soumises à des usages variés, faites dans des localités et au milieu de circonstances différentes, on a dû remettre aux préfets maritimes placés sur les lieux, le pouvoir de fixer par des mesures spéciales les règles de police et d'ordre propres à empêcher les acci- dents, les collisions, les empiétements, etc . Ces arrêtés, au surplus, ne font guère que sanctionner d'anciens règlements existant de temps immémorial et que sou- vent les pêcheurs ont faits eux-mêmes dans leur propre intérêt, mais auxquels l'ex- périence peut apporter d'utiles modifications. Les conditions de la pêche qui se pratique en réunion de bateaux ou d'indivi- dus varient suivant les localités. On s'exposerait, en les généralisant, à contrarier sans nécessité des habitudes locales qui peuvent être parfaitement motivées; on pourrait même occasionner aux pêcheurs des dépenses qui ne seraient pas justifiées par l'intérêt public. L'art. 1 '2 permet donc désormais aux préfets maritimes de prendre dans chaque arrondissement, suivant les usages des lieux, des mesures qui sont pleinement autorisées par l'art. 3, § II de la loi du 9 janvier 1852. POLICE DES FILETS EN MER. — Il est interdit à tous pêcheurs d'amarrer ou de tenir leurs bateaux sur les filets, bouées ou toute autre partie de l'attirail de pêche d'un autre pêcheur. Il leur est également défendu de crocher, soulever ou visiter, sous quelque prétexte que ce soit, les filets et engins qui ne leur appartiennent pas. Il est interdit aux pêcheurs de placer une embarcation sans équipage sur un lieu de pêche quelconque, pour garder ce lieu d'une marée à l'autre. Les pêcheurs aux folles, tramaux et autres filets dormants sont tenus de placer des bouées sur leurs filets, afin que les bâtiments naviguant dans ces parages puis- sent les éviter. POLICE DES LIGNES EN MER. — Tout bateau pochant aux cordes doit se tenir sur ses lignes, soit en mouillant, soit en mettant en panne, suivant que la marée l'exige. Lorsqu'un bateau péchant aux cordes croise ses lignes avec celles d'une autre embarcation, le patron qui les lève, ne doit pas les couper, à moins de force ma- jeure, et, dans ce cas, la corde coupée est immédiatement renouée. Si la pêche a lieu de nuit, les bateaux indiquent leur position en allumant, de temps à autre, un feu jusqu'à ce qu'ils mettent à la voile. POLLACK. — (Voy. Lieu.) POLTRON. — On appelle ainsi les crabes qui changent de carapace et qui se cachent, alors que leur armure n'est pas encore solidifiée. (Voy. Crabes.) C'est le moment où ils sont le plus recherchés pour la pêche. 654 POMMIER SAUVAGE. POL.YP.RION CERNIER (Polyprion cernium. Val.). — Acaiilliopt. Perçoit!. Long. max. = 2 mètres. Syn. : Stone ba^e, angl. Poisson (le la Méditerranée, rare dans l'Océan et qni semble cosmopolite. Porte des dents en velours, des crêtes de dentelles sur l'opercule, et tous les os de la tête garnis d'aspérités (fig.i9\). l'iy. 8'JI. — l'ulypriou cemier [Polijprion cernium. Val.). Le dos de ce poisson est brun-pourpre foncé et le ventre blanc argenté; les membranes des nageoires se monlrent brun foncé, et l'extrême bord de la queue blanc sale. Les jeunes sont quel- quefois marbrés de deux taches brunes. La ligne latérale part de la base supérieure de la pectorale et court parallèlement au dos. D= Il + 12. P = IG. V = l -h 5. A = 3 + 9. C= 17. Mâchoire infL-ricnn^ jiliis longue; narines doubles et rondes; yeux brun noir. POLYPRION CERNIER. — Gc beau poisson approche des côtes, dans des circonstances spéciales : si un morceau de bois couvert de Bernacles est amené par les courants, il est toujours accompagné par un certain nombre de polyprions. Dans lagiieté de leurs évolutions, ils passent sur l'épave à la poursuite les uns des autres et quelquefois demeurent un instant à sec, dessus, jusqu'à ce qu'une lame vienne les remettre à Ilot. De ce fait qu'on trouve ce poisson toujours nageant au- tour des épaves couvertes de Bernacles, on peut supposer que ce coquillage forme sa nourriture, et cependant toutes les fois qu'on les a ouverts, on n'a jamais trouvé dans leur estomac que de petits poissons. Il est plus probable qu'ils ne font que la chasse des petits poissons qui suivent l'épave pour se repaître des insectes qu'ils y trouvent. On prend souvent ce poisson avec un hameçon mis au bout d'une perche, quand on peut le harponner ainsi, auprès de son épave qu'il ne quitte point. Ordi- nairement il se tient en pleine mer, à o ou 6 lieues de terre. On a trouvé souvent des sardines dans son estomac. POMMETER. (Voy. l'ii-D [Pèche à]. ) POMMIER SAUVAGE (Scions en). — (Voy. Percoe ou Ganne A PÊcnE.) Isaac Walton recounnaiide les scions en pommier sauvage : nous avouons ne nous en être jamais servi et craindre ipie la pesanteur de ce bois ne soit un obstacle ; de POSTILLONS. 655 plus, que la fibre cassante du pommier ne soit également un danger. Néanmoins, devant l'autorité de ce pêcheur si émérite, nous devons nous incliner et passer à une courte description de l'arbuste qui donne ces scions. Le pommier sauvage {Malus acerba) est commun dans les forêts ; les feuilles sont toujours globées, les pédoncules de ses fleurs sont doubles, de la longueur des calices et ses styles globes ne sont soudés qu'à la base. Son bois dur et à grain fixe est lourd, et ne nous semble par conséquent point propre à la fabrication de cette partie de la canne qui a besoin de la plus grande légèreté. PONTS (pèche sur les). — (Voy. Plombs de fond.) PORC-ÉPIG (flotte en). — (Voy. Flotte.) PORES. — Une ligne de pores sécrétant l'humeur visqueuse qui enduit le corps se trouve de chaque côté des flancs et se poursuit de la tète à la queue. Elle prend le nom de ligne latérale^ et l'on tire de très-bons caractères spécifiques du nombre de ces pores. Le museau d'un grand nombre d'espèces est entouré d'un nombre considérable de vaisseaux qui naissent d'un tronc commun et s'ouvrent au dehors par de nombreux pores très-visibles au- tour de la mâchoire inférieure du Drochet, par exemple. Chaque poisson a presque ses vaisseaux diversement ramifiés et variables d'une espèce à l'autre. Les pores sécrétants ont généralement une forme tubulaire, et toujours ils sont suivis, sur la ligne latérale, par l'expansion d'une brandie de la huitième paire de nerfs. La distribution des pores, dit Yarrell, ou orifices muqueux sur la tête de la Perche est une des plus belles et des plus avantageuses prévisions de la nature. On ne saurait trop l'admirer et l'obser- ver. La Perche habite nécessairement une rivière ou un lac ; dans le premier cas le courant de l'eau, dans le second la marche du poisson portent en arrière cette sécrétion protectrice et la ré- pandent sur toute la surface du corps. Chez les poissons dont les écailles sont petites, le fluide sécrété est, toute proportion gardée, plus abondant, et chez ces espèces, — parmi lesquelles les An- guilles représentent celles qui ont le corps le plus allongé, — on peut observer la présence des orifices muqueux sur toute la longueur de la ligne latérale. On peut dire, avec plus juste raison^ que la ligne latérale elle-même n'est formée que par la succession des tubes saillants qui traversent chaque écaille de cette rangée. Constatons au reste que la largeur, le nombre, la saillie, la couleur de ces pores varient con- sidérablement suivant les espèces, et plus encore suivant les familles et les genres. PORTE-BOIS. — Un des nombreux noms populaires de la larve aquatique de la Frigane jaune, (Voy. ce mot.) PORTEFEUILLE DES AVANCÉES. — (Voy. AVANCÉES.) PORTUGAISE. — Appellation dieppoise dela^a/e bâtis. — (Voy. Raies, § 4.) PORTUNE. — (Voy. Crabes, Étrille et petite Étrille.) PORTUNIENS {Crustacéi). — Carapace très-peu élevée, quelquefois en forme de losange» ressemblant beaucoup à celle des cancériens. Pattes-mâchoires extérieures à 3^ article constam- ment plus large que long, et fortement tronqué à l'angle antérieur. Pattes antérieures en général très-allongées, suivantes parfois natatoires, et postérieures (caractère essentiel) l'étant toujours, leur tarse étant lamelleux ; pattes de la seconde paire ayant le plus habituellement plus d'une fois et demie la longueur de la carapace. POSTEAU et POCHETEAU. — Nom de la Baie bâtis à l'ile Dieu, Nantes, etc. (Voy. Raies, §4.) POSTILLONS. — Toutes les fois qu'une ligne est jetée loin du bord, le poids du fil qui la compose tend à la faire enfoncer sous l'eau, d'oij résulte que pour la retirer, — comme on ne peut agir que suivant sa longueur, — elle doit forcément s'engager dans les joncs ou les herbes du bord. Si la ligne est soutenue par une flotte un peu forte, comme celle que l'on emploie pour la pêche au vif du Brochet, ce sera seulement la portion comprise entre la flotte et la rive qui décrira une courbe en plongeant dans l'eau. Si la ligne n'a point de flotte, ce sera tout le fil qui s'immergera. Pour obvier à ces inconvénients, on place sur la partie de la ligne que l'on 656 PIllCKA. veut empêcher de plonger dans l'eau, une série de petits bouchons en olive, fendus et vernis, qui ont pour but de la soutenir à la surface {fig. 892). Il suffit de les rapprocher à 0",50 ou ,__^ Qtn (3Q l'y i^ (jg l'autre. Pour î peu que, lors du relevage, ^ on s'aide d'une fourche à _j^" canne (voy. ce mot), on ne -^ ■ court plus aucun risque de perdre sa ligne en la Fig. 892. - Postillons sur des ligues dormantes. brisant daUS ICS obstaclCS. POUGAOU. — Nom de l'Anguille dans les Bouches-du-Rhône et sur les bords de la Méditerranée. (Voy. Anguille.) POULE DE MER. — Nom de la Dorée à l'île d'Yen. (Voy. Dorée.) POULPE COMMUN (Octopus vulgaris, Liii.). — Mollusque céphalopode, cryptocU- branche. Long. max. = l™,20. Animaux pourvus de 8 grands tentacules, à peu près égaux et dont la coquille intérieure est réduite à deux gaines de substance cornée renfermée dans la peau du dos. Le poulpe commun a les bras six fois plus longs que le corps et garnis de deux rangées de ventouses. La puissance de ces appendices est grande ; ils servent à l'animal <à enlacer les proiesqu'il peut atteindre, car il nage assez mal et à reculons par .soubresauts. C'est pourquoi il se tient le plus ordinairement très-près des côtes. POULPE COMMUN. — Cet animal se prend le plus souvent au.\ filets en même temps que les poissons littoraux ; la première chose qu'il fait, dès qu'il se trouve enfermé avec eux, c'est de les vider en suçant leurs entrailles, ce qui rend les poissons impropres à la vente, et cause ainsi un grand préjudice aux pêcheurs. Quelques côtes de Normandie sont tellement infestées de poulpes, que certains genres de filets ont dû être abandonnés, leur emploi ne rapportant que des pois- sons impropres à la vente, et des masses de poulpes dont la valeur est presque nulle. On mange quelquefois le poulpe, mais c'est une triste nourriture, coriace et peusavoureuse. POUMERENGUES. — Nom que donnent les pêcheurs de Narhonne aux Dorades qu'ils croient âgées de deux ans. (Voy. Dorade vulgaire.) POUNCHUROTE. — Nom de l'Anguille dans les Bouches-du-Rhône. (Voy. Anguille.) POUPART. — (Voy. Crabe, Tourteau.) POUPRÉ. — Nom provençal du poulpe (voy. ce mot.) POUTASSOU VERO. — Nom du Gade Sey (voy. ce mot) à Nice. PRABOT. — Nom du Turbot (voy. ce mot) à la Teste, PRÉOPERCULAIRE (os). — L'os préoperculaire ou simplement le préopercule est marqué A (fiçj. 893). 11 borne la joue postérieurement et généralement est fait en hausse-col et - ,n^^_^ forme croissant. Quelquefois il est en c/tevron. Ses deux pointes se rejoi- gnent en un angle plus ou moins aigu. A cet angle se trouve souvent une pointe aiguë et souvent une épine comme dans les Acanthoptérygiens, chez /x, i uâ^::^^^ lesquels il est gnrni d'épines marginales ou de dentelures. \^ljo^^^^^^^!!^f^ Souvent aus.si une crête médiane divise le préopercule en deux parties ^~"=^ r-' "^ plates dont l'anléiieure est en pointe vers les parties molles de la joue. PRÊTRE. — La bandelette argentée qui coupe les flancs de V Athérine (voy. ce mot) lui a valu sur les côtes de la Manche les noms de Prestre, Aubusseau : Présumas, en Languedoc : en Provence on les appelle : Joels, Sauclets, Cabassotis, etc. PRICKA. — (Voy. Lamproie fluviatile.) Fig. 893. — Tète de Truite montrant les dé- tails de l'opercule. PRODUITS DE LA PÈCHE COTIÈRE. 657 PRODUITS DE LA PÊCHE COTIÈRE. — D'après les renseignements que nous trouvons dans la Revue mayntbne et colonidle de mars 1867, il nous est possible de donner quelques détails statistiques sur les produits de la pêche côtière en France, depuis une période de quarante-huit ans. Nous ne formulerons que les chiffres suffisants pour faire bien comprendre la suite des efforts tentés et les ré- sultats obtenus. ANNÉES. NOMBRE (le bâtiraenls armés. TONKy'.ADX. NOMBRE (riioranios embarqués. ÉYALl'ATION Dt PRODUIT DE LA PÊCHE. 1817 ;,(;9G 37,744 31,251 fr. 14,475/242 1820 8,189 41,343 31,281 13,593,537 1825 8,119 39,467 30,608 18,183,509 1830 0,910 40,G55 30,076 17,044,648 1835 8,08G 47,092 33,565 18,705,045 1848 11,255 49,848 45,813 25,356,943 1850 11,428 59,320 48,492 22,582,766 1855 11,837 59,611 44,189 2i, 811, 110 1860 14,215 70,892 63,314 33,385,219 1865 15,321 86,141 57,101 40,201,240 La comparaison des chitîres de ce tableau donne lieu aux constatations inté- ressantes qui suivent : 1° L'élévation de valeur des pêches a été plus rapide que l'augmentation du nombre de bateaux employés à la poche, puisqu'on quarante-huit ans le nombre des bateaux a doublé — 7,700 à 13,300 — et qu'ils ont récolté une valeur presque triple — 14 millions 1/2 à 40 millions 1/4. 2° Cette différence tient à deux causes. Augmentation considérable du prix des matières nutritives et par suite de la valeur du poisson, et en second lieu, amé- lioration des moyens de capture. Ajoutons que, sous l'empire de la nouvelle légis- lation du 10 mai 1862, cette progression ne peut que tendre à s'accroître. 3° L'améhoration est frappante de 1862 à 1863; la valeur du poisson poché augmente de 5 millions la première année — 33 à 37. — Un mouvement d'oscilla- tion la ramène en arrière en 1864. Elle revient à 33 millions, en croissant de 2 mil- lions seulement, mais pour reprendre en 1863 une augmentation de 3 millions encore. 4'' Le nombre d'hommes embarqués a subi une diminution sur le nombre des tonneaux de jauge des embarcations. Aussi le bénéfice moyen — ou le travail utile — de chacun d'eux a-t-il crû dans une proportion notable. De 462 fr. en 1817, il s'est élevé à 704 fr. en 1863 ; ce qui a dû sensiblement améliorer le sort de nos [)opulations maritimes. 5° Le tonnage moyen des embarcations a augmenté : de 4,9 en 1817, il est monté à 3,6 en 1863. 6° On remarque, en prenant l'année 1818 comme un maximum, un mouve- ment de baisse manifeste dans le nombre de bateaux, leur tonnage et leur équipage, qui subsiste jusqu'en 1828, c'est-à-dire pendant dix ans. Pendant cette période, la valeur de la pêche demeure à peu près croissante, quoique stationnaire et os- cillante, pendant les sept premières années. 7° La valeur de la pêche atteignant le taux moyen de 16 millions demeure en- 43 OoH PUUDUITS D1-: LA PP.CHE D'EAU DOUCE. core stalionnaire pendant dix ans. Puis en 18iG, elle prend un nouveau niveau à la somme moyenne de 23 millions qu'elle garde pendant encore dix années. Ce n'est réellement qu'i\ partir de ISoG, par un saut brusque de 8 millions — 2i,8H,H()à 32,423,085 — qu'elle entre dans la période qui se continue jusqu'à 1803 et la fait osciller entre 32 el3A millions, jusqu'en 1865 où elle fait encore un brusque saut de 5 millions et qu'elle atteint le chiffre maximum de iO millions l/-i. 8° Deux mille bateaux de plus, c'est-à-dire un cinquième, sulTisent pour faire monter la pèche de 8 millions, c'est-à-dire de 1/i — 1855 à 1850. —En 1864-63, au contraire, dix ans après, le même nombre de bateaux monté par huit cents hommes de plus, augmente la pêche de 5 millions, c'est-à-dire de un septième avec seulement 15 mille tonneaux de plus, c'est-à-dire un sixième d'augmenta- tion. Tous ces rapports prouvent combien se sont modifiées et la valeur vénale des produits et leur (juantité proportionnelle à la valeur pécuniaire engagée dans les entreprises. 9" Le tonneau de bateau pécheur rapportait en 1817 : 383''%30, tandis qu'en 1865 il rapporte 'i67''%30, différence en plus : 84 fr. 10" De I8i0à 1847 le nombre de tonneaux a brusquement monté de dix mille, sans que le nombre de matelots engagés ait augmenté, non plus que le produit de la pêche, ce qui a dû nécessairement faire baisser d'un sixième le revenu du ton- neau. En effet, en 1816, il a rapporté 508 fr., tandis qu'en 1847 il n'a donné que 430 fr., soit 78 fr. de moins. Dans un rapport, présenté le 13 mars 1807, au Corps législatif par le comte Caf- farelli, on constate que le produit annuel des pêches de France s'est élevé de 1800 à 1805, de 15 à 20 millions de francs. Les pêches maritimes y entreraient par con- séquent pour une augmentation de 7 millions, et la pêche fluviale pour 8 à 13 mil- lions. Un dernier renseignement statistique. D'après le même rapport, la vente de la marée, faite sur le marché seul de Paris, n'est pas évaluée moins de 10 à 14 millions. PRODUITS DE LA PÊCHE D'EAU DOUCE, EN FRANCE.— L'industrie de la pêche dans les eaux douces s'exerce sur les cours d'eau et les canaux, sur les lacs et les étangs, savoir : Par l'État et l'inscription maritime qui exercent le droit de pêche sur 13.100 kilomètres de canaux et de cours d'eau ; par les particuliers qui exercent le même droit sur : 1° 1,500 kilomètres de canaux et rivières canalisées; 2° 183,000 kilomè- tres de petits cours d'eau; 3° 200,000 hectares de lacs et étangs. II est intéressant de rechercher quelle peut être la valeur du poisson péché dans ces diverses eaux. Pour celles qui sont affermées par l'État, on a une donnée exacte dans les prix de location, qui sont pour l'administration des forêts et celle des ponts et chaussées de 722,000 fr. D'après les documents du Ministère de la marine, les embouchures soumises à l'inscription maritime produisent 1,133,517 fr. Leur valeur doit être estimée au moins à la moitié de la production totale, soit 577,000 fr. Dans les rivières et les canaux concédés temporairement ou à perpétuité, et dans les canaux appartenant en propre à des particuliers, la production totale en poisson d'eau douce peut être évaluée, d'après les baux de fermage et le produit des pêches périodiques, au moins à 67,000 fr. Pour les 185.000 kilomètres de cours d'eau non navigables ni flottables, les documents statistiques et les résultats obtenus sur les portions affermées au profit P,,UNTAZZO. 659 des riverains indiquent une production moyenne d'environ 28 fr. par kilomètre dans plusieurs départements repartis sur les diverses régions de la France. Mais pour rester toujours dans de sages limites d'évaluation, on adopte ici une moyenne plus basse, soit ^0 fr. par kilomètre; on aura pour les cours d'eau une production totale de 3,700,000 fr. L'étendue des lacs et des étangs est d'au moins 200,000 hectares (177,000 hect. d'étangs figurent au cadastre et sont imposés). D'après M. Masson, propriétaire de l'étang de Lindre, auteur d'un excellent travail sur le produit des étangs, le rende- ment annuel d'un étang serait de 75 fr. par hectare. On abaisse ce chiffre à 50 fr. pour les motifs exposés plus haut, soit 10,000,000 fr. Mais dans l'évaluation du produit des canaux et des cours d'eau on n'a pas tenu compte du bénéfice des fermiers et des frais généraux de pêche qui repré- sentent au moins une valeur égale à celle du produit net. On aura par conséquent : Canaux et cours d'eau 10,000,000 fr. Lacs et étangs 1 0,000,000 IVoduction totale 10,000,000 fr. Il en résulte que les eaux douces de la France livrent annuellement à la con- sommation une quantité de poissons représentant une valeur réelle de vingt millions de francs. A Paris, où les produits de toute nature tendent à affluer des diverses régions de la France, la consommation annuelle du poisson donne, pour chaque habitant, une moyenne de 12'',767, savoir : Poisson de mer V<.^,W2. soit : Ck 95 Poisson d'eau douce [i^fibb Ot.OS Ces faits, extraits d'une note de M. de Forcade La Roquette, publiée par le Bulletin de la Société cracclimatation, sont du plus grand intérêt. Nous nous permet- trons de faire remarquer au savant statisticien que nous ne voyons pas la nécessité d'abaisser les prix d'évaluation de revenus quand ils sont établis sur des données aussi indiscutables que des baux et la déclaration d'un propriétaire qui ne craint pas d'affirmer ce que lui rend son étang, l'un des plus considérables de la France. Nous remontons donc le rendement des cours d'eau non navigables ni flottables à sa vraie valeur, 5,180,000 fr.; les lacs et les étangs à leur vrai prix, 13,575,000 fr. ce qui nous donne en plus 5 millions passés, et porte la valeur annuelle du poisson consommé en France à vingt-cinq millions de francs. PROHIBITION DELA PÊCHE. — (Voy. TEMPS DE FRAI.) PUNCTATUS (Gobius). — (Voy. Gobie a deux taches.) PUNCTATUS '^Salmo). — (Voy. Truite commune.) PUNGITIUS (Gasterosteus). — (Voy. Épixochette.) PUISE. — Nom vulgaire du Carrelet ou Plie franche. (Voy. ce mot.) PUNTAZZO (Charax, Cuv., ou Sparus puntazzo, Gmel.). — Acanthopt. sparoid. Charax. Long. max. = 0°',40. Syn. : Murada, Triest. — Moure-oguf, Nice. Ce poisson, dont Risso a voulu faire un petit genre à part, se distingue des vrais Sargues par ses molaires très-petites, grenues, sur une seule ligne et non arrondies; son museau pointu et avancé, et sa caudale semi lunaire et noire. L'œil est ordinaire, et vers sa place, le front est un peu bossu ; 8 dents incisives étroites, dirigées en avant et coupées en biseau. Une seule rangée de molaires très-petites. D= Il + 13. P= 16. V= 1 -1-5. A =r 3-f 12. C= 17.- 660 QUEUE DE RAT. Ligne latérale 45 à 60 écailles à tubes rapprochés ; les ordinaires moyennes à bords dentelés et échancrés. La couleur est grise argenté à reflets dores; les flancs portent 7 bandes noirâtres, étroites et transversales, disposées comme celles de la Perche commune. De chaque côté de la queue, une tache carrée noire, D et A noirâtres. C jaune, bordée de noir très-intense dans le fond. PUNTAZZO. — Le Ghai\ix se nouiTit de fucus et de mollusques mous; il se tient habituellement au milieu des rochers. Sa chair est délicate. Fraye au printemps, puisque la femelle a été trouvée pleine d'œufs à cette époque. Q QUADRIMACULATUS (Gobius). — (Voy. Gobie a quatre taches.) QUEUE (Coup de). — Quand un Brochet s'est emparé d'une amorce vivante, no point tirer ni piquer que quand il a donné ce qu'on appelle le coup de queue; au- trement il dégorge l'amorce. Ce poisson ne donne le coup de queue que quand il se sent blessé par les hameçons : c'est alors que, ne pouvant éviter les atteintes douloureuses de l'acier, il commence ces évolutions remarquables. (R. de Savi- GNY.) QUEUE (Vent de). — (Yoy. Vent.) QUEUE D'ÉCREVISSE. — L'Écrevisse fournit aux pêcheurs deux esches excellentes, la queue que l'on emploie, fraîche ou conservé dans le sel, pour pren- dre le Barbeau en été, et même en automne le Chevesne, quelquefois le gros Dard au printemps. On enlève la carapace et l'on esche avec la petite virgule de chair gluante qui remplit la queue. On se sert également de la viande des pattes pour prendre la Perche qui en est très-friande. La Truite elle-même doit y donner de toutes les manières, car dans certaines rivières, elle se nourrit d'Écrevisses qu'elle prend vivantes, et dont il faut qu'elle brise la carapace pour manger la chair. Dans certaines petites rivières oii la Per- che, la Truite et l'Écrevisse sont les seuls habitants de l'eau, avec le Brochet, il faut bien que les deux carnassiers vivent du crustacé. (Voy. Emploi des esches par individu et par saison, Calendrier du Pêcheur.) QUEUE DE RAT (Ligne en). — On donne ce nom à des lignes tissées de façon ù diminuer progressivement et insensiblement depuis la canne jusqu'à l'hameçon. Toutes les lignes, quelles qu'elles soient, destinées à être tenues à la main, soit di- rectement, soit par l'intermédiaire d'une canne, doivent avoir cette forme qui favo- rise le pêcheur. En effet, elle permet, sans diminuer sensiblement la force, de ne laisser voir au poisson qu'une partie aussi fine que possible et par cela même d'au- tant plus facile à dissimuler. Mais quand on dit que toute ligne doit aller en diminuant de grosseur, du scion à l'hameçon, il faut entendre expressément qu'elle sera construite d'une seule et même matière. En soie, c'est l'affaire du tisseur, il faut acheter ces lignes toutes faites. En florence, en crin, c'est l'affaire du pêcheur, et il n'en est pas un QUI POT. 66i digne de ce nom qui ne se réjouisse de construire lui-même ses lignes, cette partie si importante de son bagage et dont dépend à chaque instant le succès de sa journée. Pour faire une ligne en florence, on commencera par un seul brin fin, bien choisi, raide et égal, auquel on fait, par une ligature, une boucle où passera celle de l'empile. Cette empile sera elle-même de la même grosseur que ce brin^ il vau- drait mieux même qu'elle fût encore un peu plus fine. A ce brin on en attache un plus gros et ainsi de suite : quand on est arrivé à l'échantillon le plus fort que l'on possède, ou en corde deux faibles, puis deux forts, enfln trois faibles, puis trois forts, et l'on s'arrête là, car ceux-ci peuvent por- ter un poids énorme. Si c'est une ligne en crin que l'on veut faire^ on la commence par un margotin contenant un crin de plus que l'avancée, et l'on augmente le nombre de crins d'un ou de deux à chaque margotin, suivant la longueur que l'on veut donner à la ligne. Même à la pèche à la mouche, nous conseillons de mettre au bout de la corde de soie, une ligne de crin ou de florence qui, avec l'empile de l'hameçon, fasse la longueur de la canne à peu près; plutôt moins que plus. La même construction est excellente pour pêcher de fond. On fait des lignes en soie et crin, mais leur emploi est très-mauvais. QUEUE DES POISSONS. — La queue des poissous ne doit pas être confondue avec la nageoire caudale; la queue semble, chez la plupart, former une partie du corps; généralement on comprend sous ce nom la portion qui s'étend de l'anus à la naissance de la nageoire caudale. ^'^ La queue est donc composée des os qui terminent la colonne vertébrale dorsale proprement dite et qui en constituent la portion caudale. Les apophyses de chaque vertèbre de la queue diffèrent beaucoup entre dles soit par leur nombre, soit par leur dimension. Dans certains poissons, la Carpe, par exem- ple, la dernière vertèbre caudale se termine par des os aplatis et crénelés à leur extrémité pour fournir une solide insertion aux rayons de la na- geoire (fig. 894). QUEUE DE GANGUI. — (Voy. Gan- Gui à deux bateaux.) QUIDIATS. — Synonyme de Guideau à hauts étaliers. (Voy. Guideau.) QUINQUE-PORTE. — Verveux dont le corps est comme cubique, et qui a quatre ou cinq entrées. (Voy. Louve.) QUIOULETTE. — Poche en filet mimie de plusieurs goulets et adaptée aux parcs à Anguilles dans les étangs salés. (Voy. Anguille, à __- , ., ^^ QUIPOT. — Nom donné par les pêcheurs du Boulonais à ng, 395. _ Ligue de une variété de Libouret dont nous donnons ici la dénomina- *'""<^'- lion et l'usage. Cet engin sert surtout à prendre le Maquereau, quand il fait jour et que le soleil luit. (Voy. Libouret.) On fait choix d'une ligne de fil de fouet {f!g. 894) de la gros- seur du tuyau d'une plume d'oie ordinaire, au bout de laquelle on attache un plomb conique ou ovale A {fig. 896) pesant 8 à 9 ki- ff \ los. A proprement parler le mot quipot s'applique plutôt à Vam- ^,^, lette ou baleine qui complète l'engin. On attache donc un quipot B, riomb couique puis 6 autres de i mètres en 4 mètres. Chacun d'eux a la forme d'une ''"'■"'!""• baleine B de 0°,Io que l'on fixe à la ligne en passant un fil deux fois en croix par- dessus ; celte baleine porte à l'autre bout une empile de fil de lin {/ig. 897), retors Squelette de Carpe. Fig . 897. — Empile de liii retors en deux. G62 QUIPOT. en deux, ce qui lui donne la grosseur d'une aiguille ordinaire à Irieoler ; eette empile a 10 mètres de long quand le Maquereau est commun, el \1 à 14 quand il esl rare. Notre figuré 898 indique un qui- arg. 902. — Forint' générale des rafles, sauf que les ailes sont ou (ilet et forment un demi-cercle très-ouvert. plage avec deux longues ailes circulaires en forme de (jors {(hj. 902). Ces ailes sont faites en filet. RAlE-PÊCHERESSE. — On appelle souvent ainsi la Baudroie. {Voy. ce mot.) RAIES [lamllle iles^ (Raja, Guv.). — Poissons Chondroptérjgiens de la famille des Séla- ciens l'iagiostoniis; poissons abdominaux ayant des nageoires placées sur l'abdomen. 5 ouvertures branchiales de chaque côté du dessous du corps, bouche située à la partie infé- rieure de la télé, large, placée en travers, à la face ventrale; mâchoires armées de dents me- nues. Corps large, aplati horizontalement en forme de disque. Nageoires pectorales excessivement larges, amples et charnues; queue souvent longue et grêle. Ces poissons sont exclusiveiTient maritimes, Irès-voraces, et se nourrissent de petits pois- sons et de crustacés. Leurs œufs ont une forme particulière et ressemblent à de petits sacs aplatis, carrés, dont les quatre coins se prolongeraient en fils secs; ils ont l'air d'être faits en corne. Les espèces de ce genre sont très-nombreuses sur nos côtes; les plus grands individus habi- tent toujours la haute mer. mais sur les plages et en été le pécheur à la ligne est exposé à en RAIES. 665 prendre d'une grande variété d'espèces. Nous allons passer en revue les principales en indiciuant les caractères spéciaux pour les reconnaître. Le mode de pèche est le même pour toutes. Les espèces principales dont on pèche de petits iiu moyens individus sont : § I. — Raie bâtis {Rfija bâtis, Cuv.). Syn. : Glallroi/it, i\U. — Kœ-hale, dan. — PIctte rokken, norw. — Gladederogne, holl. — Suida, csp. — F/an, breton. Dans cette espèce les deux sexes adultes ont les dents pointues. Cette Raie est extrêmement vorace, elle se nourrit non-seulement de poissons, mais de crus- tacés divers. Dents aiguës sur les jjords cartilagineux de la bouche. Un seul rang d'aiguillons sur la ([ueue. Museau un peu pointu; langue courte, large, sans aspérités. Narines sur le devant de la bouche munies d'une membrane occultante ; yeux situés sur l'autre côté de la tcte au-dessus de !a bouche, garantis par la peau en saillie. Évents grands, placés derrière les yeux, munis d'une membrane occultante. Couleur générale gris cendré en dessus, semé de taches noirâtres sinueuses, irrégulières; coté inférieur blanc, présentant plusieurs rangées de points noirâtres. Chair blanche et délicate. § 2. — La Raie oxyrhinque {Roj'a oxyrhinchus. Lin.). Syn. : Sfiurp nosed lUiij, angl. — Glutlroche, ail. — Perosa rasa, ital. Une rangée d'aiguillons sur le corps et sur la queue. Devant de la tête terminé en bec ; trois grands aiguillons près de chaque œil ; quelquefois trois rangs d'aiguillons sur la queue du mâle et quelquefois sur le dessus du corps. Dessus du corps gris cendré, mêlé de rougeâtre, parsemé de taches blanches, de points noirs et de petites lentilles foncées. Dessous blanc. Cette Raie est très-estimce à Boulognesur-mer, § 3. — Raie museau pointu (Roja rosfrata, Lac). — Très-voisine de la précédente ; museau pointu, dessus du museau et du corps très-lisse ; trois rangs d'aiguillons sur la queue, deux dorsales petites et arrondies près de l'extrémité de la queue ; pas de caudale. Reste de petite taille, couleur gris léger. § 4. — Raie coucou {Raja cuculus, Lac.). Syn. : Striqueray, breton. — Foi/eux, Nice. Se pêche à l'embouchure de la Seine et près de Cheibourg; dos bleuâtre et brun fauve, ventre blanc sale; bouche petite ; au delà des dents aiguës de la mâchoire supéri(ure, un cartilage dentdé placé en travers. Sa forme est presque circulaire. Elle porte 2 ocelles Ibncés et 8 points blancs disposés réguliè- rement sur le corps. Queue très-fortement épineuse par bandes. Commune à Cherbourg et à l'em- bouchure de la Seine; chair très-ferme, à tissu serré. § 5. — Raie mira.\et (Raja miraletus. Lac.). Syn. : Barracol, Venise. — Arzolina, Rome. — Homelyn ray, anJ. Dos lisse, quelques aiguillons près des yeux, 3 rangs sur la queue, 2 dorsales sur la queue, une caudale au bout. CS6 RAIES. Dos brun ou gris rougeàtre semé de taches. Tache gr;uidc arrondie, p xirpre, itordoe de noir sur chacune des pectorales, d'où le nom de miroir. Taille pelite, cliair médiocre. § G. — Raie chardon [Raja fit'- lonica, Lac. ). Syn. : White /lorse, Gullet, angl. — Uomme'in, écoss. — Cardai-o, ital. — Su/ciemiif;, polon. — Valkcr rakke, dan. Tout le dos garni d'épines, nn rang d'aiguillons près des yeux, 2 rangs sur la queue ; couleur du dos blanc jaunâ- tre, avec des taches noires ou très-lbn- cccs. A'entre blanc éclatant. On trouve cette espèce sur presque tontes les côtes; ses œufs sont jaunes et formes dans l'ovaire en avril; elle se nourrit de petits poissons, de crustacés et de Chevrettes. Sa chair est inférieure à celle des autres Raies, elle est molle et sèche. La longueur de cet animal est de 1 mètre environ y compris la queue. §7.— Raieronce(/}fly«rM^Mv,Lac.). Syn. : HourjJt Rcnj, angl. — Dor- meroche, allem. Un rang d'aiguillons sur le corps et sur la queue. Aiguilles très-fortes sem- jjlaljles à des clous, 2 piquants près des narines, G autour des yeux, 4 sur le dos, plusieurs rangées sur les pectorales. 10 très larges sur le ventre. Toucher avec la plus grande pré- caution. Dos jaunâtre, tacheté de brun ; ventre blanc; irisnoir, prunelle bleuâlre. Appendices du mâle très-grands. § 8. — Raie blanche {Raja alba, Lac ), ou cendrée. Pour quelques-uns la Cfl.'/ç. Syn. : Valouzo, Langnedof. Museau pointu; tète penfagonale ; 2 dorsales sur la queue; i caudale, 3 rangs d'aiguillons sur la queue (femelle), 1 sur celle du mâle; l groupe d'aiguillons aux 4 coins du corps. Ventre blanc éclatant; corps épais, dos très-clair. Aussi estimée que la Raia houclde et moins que la noire. § 9. — Raie bordée [Ruja innrynata, Lac). — Long. max. = 0™,70. Museau poiniu, 1 dorsale sur la queue, 1 caudale, 3 rangs d'aiguillons sur la queue, I aiguilloii di-rrière chaque O'il. Ventre blanc sale, bordé de noir largement, excepté du côté de la tête. Dos fauve clair ; caudale et dorsale bordées de noir. § 10 — Raie torpille {Raju torpédo. Lin.). Syn : Crnmp ra>j, angl. — Odiialella, ital.— TrovUndora, espag — Zdlerfi.srfi,nl\. — Ilorad, a la 1) , Dents aiguës, point d'aiguillons ; corps presque ovale ; 2 dorsales, 1 caudale à l'cxlrémité, di- visée en 2 lobes, le supérieur plus grand. Ventre blanc; dos brun cendré rougeàtre, 5 grandes taches rondes, bleu foncé, cerclées de noir. Petite taille. Appareil éleclri(|ue sur le dos. § 11. — Raie aigle {R"ja aquila, Lac.) Syn. : G'orii'uic, Rate penade, ù{\\\%\e. ^V\A'\. Un aiguillon dentelé et 1 nageoire à la queue, cette queue deux fois plus longue que le corps très-agile terminé en fil délié. Yeux gros et saillants ; museau arrondi carrément. Animal de très-grande dimension et de haute mer dont, par hasard, on peut prendre un petit près des côtes. § 12. — Raie pastenagae [Rojn pn P O ob Q o ^ w 5 CD p o ai PQ H *■ -ri '3-, rh 1 ^ Oj ^ Syn : Fire flaire, nng\. — UaHanrjo, i'rovenje. — Bruccho, ital. — Pij'staorf, holl. — Staohnr roche, allom. — Kokkel, da-i. Il lis I' ài'. d i I Syn : F ire flaire, aiigl. rochey allcm. — Kokkel, da:i RAIES. 667 Ikidu'igo, l'rovenie. — Brnccho, ilal. — Pij' staert, lioll. — Staohor Fij. OOj. — Uaie ronce [Uaji rubus, Lac). Un aiguillon dentelé à la queue, sans nageoires ; queue plus longue que le corps ; museau pointu . Quelquefois 2 ou 3 piquants dentelés à la queue au lieu d'un. Se pèche à Boulogne-sur-mer comme dans la Méditerranée. Comprend plusieurs variétés comme couleur. C-hair douce et désagréable. Cette espère habite sur les fonds sablonneux à petite distance des Fig. 9U6. — Haie torpille [liaja torpeao, Liii.j. côtes. Pendant l'été elle s'avance dans les eaux peu profondes et se fait prendre souvent par les filets des pécheurs, car elle mord rarement à l'hameçon. La manière dont ce poisson se défend montre qu'il a conscience du formidable engin qu'il porte à la queue ; lorsqu'on le saisit ou qu'on lui fait peur, il fouette sa queue longue, mince et flexible, autour de l'objet qui l'attaque et perce sa 668 RAIES. surface avec celte e'pine dentelée lacérante, de manière à produire une violente inflammation. Sans supposer que celte épine possède réellement une (iiiaiilé venimeuse, il n'y a rien d'extraordinaire (jue les blessures produites dans les tissus animaux déchirés, présentent des symptômes très-graves. § 13. — Raie bouclée (Raja cluvala, Cuv.). — Long. max. = 3 mètres. Syn. : Thornhack at Maide, angl. — Cerra, basq. — S!evi Roche, allem. — Rokke, holl. — lincka, sucd. — Sum Ro(k, norw. — Perosn, ital. Corps presque carré et aplati, hérissé sur les deux faces de tubercules osseux munis chacune d'un aiguillon recourbé en ioMc/e, d'où vient son nom. Fig. 908. — Raie pasteii;i-ii' /, ■ , ^ ,,■,„, iju.i. On la prend en plus grande abondance au printemps et en été parce que ce poisson fréquente alors les fonds sableux des eaux peu profondes et s'approche des cotes p'us près que d'habitude dans le but d'y déposer ses œufs. A celte époque, la chair de celte Raie est beaucoup moins ferme qu'en automne et en hiver. Sa nourriture se compose de poissons, surtout de poissons plats, de mollusques ;\ coquilles et de crustacés. Dans celle espèce, le mâle dill'ère de la femelle par plusieurs caractères : les dents d'abord sont lrès-di(Térent(s ; quoiqu'elles soient toutes deux eu pavés, la rangée inférieure du mâle adulte est beaucoup plus large que celle de la femelle. Il AVOIR SIMPLE. 671 beau, et quelquefois, en été, par le gros Chevesne de fond. C'est une esche qui tient bien à l'hameçon et rend de grands services. En eau de mer, elle sert à prendre les Raies et la plupart des poissons carni- vores. (Voy. Emploi des escues par individus et par saisons, Calendrier du pé- cheur.) RATE-PENADE. — Nom quc l'on donne, ù ^Montpellier, au Daciyloptère volant (voy. ce mot), synonyme de chauve-souris, en patois. On donne le même nom, dans le Midi, à la Raie aigle (Voy. ce mot. Raies, § II). RATEAU. — (Voy. Equille, Pèche.) RAVE. — (Voy. ROGUE.) RAVOIR. — Filet tendu aux embouchures des rivières et par le travers des ravines ou des courants d'eau, surtout à la chute des marées. On peut tendre en Ravoir toutes sortes de filets, suivant les espèces des poissons qu'on veut prendre, des sennes, des rnanefs, des folles, des demi- folles, des tramaux, etc. RAVOIR SIMPLE. — Ces fdets {fig. 911), employés à la mer, se placent paral- lèlement à la laisse de basse mer, sur la plage, et perpendiculairement au courant. Ils sont donc une variété de hauts-parcs. (Voy. ce mot.) Les piquets qui les supportent ont environ i mètre hors de terre, et, si le sable est mouvant, on garnit le bas des perches avec des torchis de paille ou d'herbe sèche pour les afTermir dans le trou. Les fdets que l'on tend sur ces pieux sont de simples nappes dont les mailles ont au moins o centimètres d'ouverture. On en arrête la tète par un tour mort au sommet de chaque piquet, mais on n'arrête le pied de la nappe qu'au premier et au der- nier piquet. Le fdet se met en dedans des piquets, c'est-à-dire du coté opposé où vient la marée. On retrousse de place en place le bas du filet dans toute sa longueur. l'ig. 911. — Ha\oirs simples. de manière à former des espèces de bourses, et l'on calcule la hauteur de la nappe, de façon que ceci fait, il reste au maximum 0'",50 entre les bourses et le sol, afin que les herbes que la marée apporte passent sous le filet, sans le charger et renverser la tendue. 672 RAYONS. rig. 912. — Tramail des ravoirs. La marée montante soulève le filet liorizontalement, à la surface de l'eau, et le poisson circule par-dessous sans s'engager dans les mailles; mais lorsque le flot se retire, le filet retombe, l'eau l'appuie contre les pieux, et les poissons se maillent ou s'en- gagent dans les bourses. Cette pêche se lait toute l'année. RAVOIR TRAMAILLÉ. — Les Rnvoirs (ro)i)fiil/ôs se tendent comme les Bavoirs simples. Le tramail (//^. 912) a ordinairement 25 mè- tres de longueur, sur 1 mètre de hauteur. On ne retrousse pas le pied qui traîne sur le ter- rain. Les mailles varient suivant les lieux, communément celles des tramaux F ont de 190 à 220 millimètres, et celle de la flue ED 60 millimètres de côté. Cette pêche se fait en automne, octobre, novembre et décembre. RAYONS [Nageoire]. — (Voy. Vkrtèbres et nageoires.) Les rayons sont de petits os articulés et en nombre variable qui servent au soutien des mem- branes formant les nageoires des poissons. Ces rayons ont fourni d'excellents et très-naturels élé- ments de classification, tant qu'on ne les distingue qu'en rayons épineux formés d'un os unique on aiguillons, et en rayons mous composés d'une grande quantité de petites articulations mobiles, ces dernières se ramifiant souvent à l'extrémité. Mais dès qu'il s'agit d'asseoir des espèces sur le nombre même de ces rayons, cet élément de classificalion perd la plus grande partie de sa valeur, non-seulement parce que les poissons de la même espèce présentent ou des avorlements ou de nombreuses superfétations parmi ces organe^, mais par suite de ladidlculté du comptage. La proposition que nous venons d'énoncer a d'autant moins besoin de preuves que les livres d'icbthyologie en regorgent. A moins qu'il ne s'agisse de compter la première nageoire épineuse du Bar ou de la Perche, auquel cas personne ne peut se tromper, nous voyons à chaque instant des nombres variables surtout pour les nageoires à rayons mous. Plusieurs espèces et même de nom- breux genres portent des nageoires dont la charpente est formée de rayons entiers, c'est-tà-dire qui, partant du corps, aboutissent à la périphérie de la membrane; mais, en avant ou en arrière de ce faisceau principal, se rencontrent des rayons soudés, demi-soudés, plus courts, régulièrement dé- croissants, etc., qui rendent presque impossible tout compte exact. On s'arrête pour ne compter que des rayons entiers, quand la membrane durcit tout à coup et enveloppe plusieurs rayons à demi soudés, simples, après des rameux, et dont la transition des premiers aux seconds est insensible... . Toutes ces diflicultés et, — disons-le aussi, — le par/i^jm au moyen duquelies premiers nombres ont été adoptés, font que le caractère tiré du nombre de? rayons conduit rarement jusqu'à la déter- mination des eç/y^ce.y, encore moins bien des variétés, exemple : les Cyprins. 11 est donc essentiel que la classification méthodique des poissons soit beaucoup remaniée, et, malgré la difliculté, il serait à souhaiter que l'on pût trouver un caractère distiiictif, extérieur, apparent, d'une plus grande fixité. La ligne latérale elle-même, sur laquelle on a jeté les yeux (voy. Ligne latérale) comme moyen accessoire, n'est pas plus stable, et le nombre de ses écailles varie énormément dans la même espèce et autant dans les variétés. De plus, les écailles terminales de la région caudale sont souvent diffi- ciles à compter et à déterminer sans le secours du microscope; de là, des erreurs de chaque instant. On a complété les signes de recomiaissance ou de classification par la position, les uns vis-à- vis des autres, des pointi d'inserlion des nageoires. Ce caractère serait peut-être, de tous, le plus stable, mais il demande des mesures proportionnelles, des tables de calculs qui ne sont pas dressées, ne le seront peut être pas de sitôt, et reposeront elli's-mêmes sur des mesures iniîiales qui ne seront rien moins que faciles à prendre exactement sur des corps de forme aussi compliquée que la plu- part des poissons. Les rayons des nageoires sont articulés sur les os inter-épineux qui se relient eux-mêmes à la colonne vertébrale sous les nageoires dorsales. Les pectorales sont attachées aux os du bras et de l'avant-bras ; les ventrale? sont souvent les plus simples, et leurs rayons ne sont soutenus que par un seul os, souvent libre, et retenu sim- plement par les chairs. RÈGLEMENTS. 673 RAYONS BRANCHIAUX. — (Voy. Pharyngiens [0*].) RECLARES. — Filet en nappe simple très-claire, munie de flottes et de plombées, d'une longueur de 40 mètres, sur 5 de hauteur, et que l'on tend la nuit^ depuis le commencement de novembre jusqu'en avril. RÈGLE. — ÇVoy. Marteau commun.) RÈGLEMENTS PRÉFECTORAUX sur la Pêche fluviale. — Pour se ren- dre compte comment des arrêtés préfectoraux ont pu être pris pour règlement des faits de Pèche fluviale, il faut se rappeler que l'art. 26 de la loi de 1829 délègue à des ordonnances royales différentes déterminations de temps, de lieu et de nomen- clature. C'est en vertu de cette délégation que les règlements départementaux sont intervenus. Puis est venue l'ordonnance royale du 15 novembre 1830, qui n'a pas statué sur les §§ 1 et 2 de l'art. 26 de la loi, c'est-à-dire sur la fixation des temps et engins prohibés, et par conséquent sur la détermination des heures, saisons et engins per- mis. Elle a délégué elle-même le pouvoir qui lui avait été, une fois déjà, délégué, et a remis aux préfets le soin de statuer sur ces deux points si complets et si im- portants. (( Art. 5. Dans chaque département, le préfet déterminera, sur l'avis du Con- seil général, et après avoir consulté les agents forestiers (alors chargés de desservir la pêche, qui depuis a passé dans les attributions des ingénieurs des ponts et chaus- sées), les temps, saisons et heures pendant lesquels la pêche sera interdite dans les rivières et cours d'eaux. « Art. 6. 11 fera également un règlement dans lequel il déterminera et divisera les filets et engins qui, d'après les règles ci-dessous, devront être interdits. « Art. 7. Sur l'avis du Conseil général, et après avoir consulté les agents fores- tiers, il pourra prohiber les procédés et modes de pêche qui lui sembleront de na- ture à nuire au repeuplement des rivières. « Les règlements des préfets devront être homologués par ordonnance royale.» Tels sont les fameux règlements préfectoraux qui ont porté la confusion dans la législation de la pêche en France. Faits sans aucun ordre, sans aucune idée d'en- semble, remplis de faits et de prescriptions contradictoires, ils ont cependant vécu de 1830 à 1865, jusqu'à ce que, ému des plaintes unanimes qui s'élevaient contre ce chaos, le gouvernement se soit décidé à présenter une loi plus large. On a cherché l'unité, et la loi nouvelle, — beaucoup trop écourtée d'ailleurs, — ne sera complète que par les règlements d'administration publique qui devront la suivre. Et, à propos de cette loi, qu'il nous soit permis de déplorer que, dans un but de concision qui n'est justifiable à aucun point de vue, on n'ait pas jugé con- venable de replacer dans le texte de la loi actuelle les articles de la loi ancienne qui ne tombent pas en déchéance. Il est fort joli de faire une loi en douze articles, et de mettre dans le douzième ces mots sacramentels : " Les dispositions législatives antérieures sont abrogées en (( ce qu'elles peuvent avoir de contraire à la présente loi. » Mais cela ne peut s'ap- peler faire une loi pour le public, puisqu'il lui faut non-seulement apprendre celle- ci, mais encore les précédentes, puisqu'il lui faut, de plus, faire acte de juriscon- sulte pour comparer les articles entre eux, et en tirer les conséquences néces- saires. Il me semblerait à moi, — dans mon gros bon sens, — beaucoup plus simple et plus pratique que cette besogne fût faite par la commission qui élabore la loi, com- 43 674 RENFORCES. mission composée corlainemenl d'hommos spéciaux, et qui devrait aimer à faire sa besogne et non à la laisser l'aire par les autres. Ce serait une mine ;\ procès fermée, ce serait, du môme coup, une masse de vieux papiers à jeter au feu, puisqu'un seul texte de loi suffirait, et je ne poux pas penser qu'une considération de librairie puisse influer sur une délibération qui devrait être sérieuse. Espérons donc que quand, dans cinquante ans, on fera de nouveau une autre loi sur la pèche, nos petits-neveux prendront soin de n'édifier qu'un corps de doc- trine, afin que le premier venu puisse y connaître quel(|uc chose, et lire cela cou- ramment comme son Pater. C'est la grâce que je souhaite à nos petits-enfants, pécheurs ou non ! REISSOLLE. — Synonyme de Rissolli:. — (Voy. ce mot.) RELAIS DE BASSE MER. — (Voy. LAISSE DE BASSE MER.) RELEVAGE. — (Voy. Cjup.) REMOUS. — Le Remous est, pour le pêcheur, un endroit d'un cours d'eau où l'eau tourne sur elle-même. Ce mouvement facile à constater s'exerce, par exem- ple, en aval de la culée d'un pont, et provient de ce que les deux courants d'eau qui coulent des arches contiguës frottent sur l'eau immobile qui remplit l'espace der- rière l'arche, et lui communiquent un mouvement giratoire sur elle-même. Ce mouvement en repos, si l'on peut parler ainsi, précipite toutes les matières que l'eau tient en suspension, et parmi elles une foule de détritus organiques dont se nourrissent les poissons, et qu'ils recherchent par conséquent avec avidité. Ce fait explique la présence plus nombreuse et plus habituelle du poisson de toute espèce en ces remous. Aussi ce sont de très-bons endroits que les pêcheurs instruits et adroits ne négligent point, malgré les dangers que leurs lignes y courent par suite des pierres et des herbes accumulées qui peuvent en provo- quer la destruction. — (Voy. Haïs.) RENARD. — Nom donné en quelques endroits aux J'erveux. — (Voy. ce mot.) RENAY. — Nom du Smolt, ou Saumon du second âge, 0", 12 à O", 15, dans les rivières des Vosges. — (Voy. Saumon.) RENFORCÉS (Hameçons). — Il ne faut pas se dissimuler que le nombre des mauvais pêcheurs est supérieur à celui des habiles. C'est à la suite des plaintes des premiers, sans aucun doute, que les fabricants ont imaginé les hameçons renforcés, comme si, même pour un gros poisson, l'hameçon pouvait jamais être trop mince ! On a donc employé, pour faire des hameçons de môme grandeur et de même courbure que les ordinaires, du fil d'acier plus fort; il en est résulté des machines râblées, lourdes et disgracieuses au possible, mais qui cassent moins, parce que la quantité de métal peut, jusqu'à un certain point, équivaloir à sa qualité. N'omet- tons pas de dire que la pointe de ces renforcés n'est plus aussi aiguë que celle des minces ; il faudrait augmenter leur longueur, et alors ils ne seraient plus renforcés. Un hameçon casse par deux causes : 1° mauvaise qualité de l'acier qui con- tient une paille, ou est brûlé, ou trop trempé ; 2° parce que l'effort se fait sur la pointe et non sur la courbure. Reprenons en quelques mots ces deux causes et étudions-les. C'est eu égard à la première cause que nous avons dit plus haut, que, jusqu'à un certain point, la quantité d'acier peut suppléer à sa qualité. Cela se comprend de soi ; mais la seconde cause demande quelques explications. En thèse générale, sous la main d'un pêcheur exercé et judicieux, un hameçon ne doit pas pouvoir recevoir une traction sur sa pointe. Ceci est une règle générale : elle souffre des exceptions RÉSERVOIRS. 67o forliiites, mais elle n'en est pas moins vraie. Qu'est-ce à dire, sinon que l'hameçon ne doit jamais — jamais! — avoir maille à partir avec les mâchoires et les dents du poisson? Telle est en effet la théorie vraie et fructueuse de la poche à la ligne : théorie qui surprendra beaucoup de pêcheurs, pai-ce que, de leur vie, ils n'ont vu les poissons pris que par les lèvres ou les mâchoires. Or, ce système est défectueux, il oblige à em- ployer de gros hameçons, — des hameçons renforcée! — le poisson les sent et les recrache... Dans l'autre méthode, on emploie des hameçons excessivement fins et minces, le poisson ne les soupçonne pas et les avale. Les premiers agissent de leur pointe contre des os ou des dents, ils se brisent ou s'ouvrent. Les seconds s'enfon- cent dans des muscles ou des téguments, agissent parle plein de leur courbure, et ne peuvent ni s'ouvrir ni se briser. Forte empile, mince hameçon, telle est la devise vraie du pêcheur. Fine empile, mince hameçon est la devise de l'habile, de celui qui réussit où les autres échouent, mais qui a recours à l'intercession de deux aides fidèles : le Moulinet et VFpuisette. (Voy. ces mots.) Les hameçons renforcés n'ont d'utilité que pour la tendue des lignes de fond. Comme ils sont exposés, là, à s'accrocher dans les herbes, les pierres et les racines, ils se briseront moins. Destinés à prendre des poissons voraces, ils feront quelquefois bien leur affaire, mais je les proscris, môme des jeux qui se posent à la fourche à canne, et partant, sans danger. En mer, on doit les préférer, surtout petits, aux hameçons blancs, la plus af- freuse machine à pêcher, et la plus grossière que l'on puisse employer. RESAIGUE. — C'est une Sejetière à mailles plus petites, et faite de fil beau- coup plus fin. (Voy. Sejetière.) RÉSERVE — (Voy. Serve.) RÉSERVOIRS. — Nous ne pouvons donner ici que quelques lignes à ce sujet que nous traiterons avec l'importance qu'il mérite dans notre seconde partie, tant au point de vue de la réglementation que sous le rapport des dispositions maté- rielles. Ce sujet est l'un des plus importants de l'Industrie des eaux, et les résultats que doivent, un jour, procurer les réservoirs, ont une importance telle que nous ne craignons pas de dire que leur vulgarisation changera la nature de l'alimentation publique, dans notre pays. Si, comme nous le pensons, la mer doit, dans l'avenir, nourrir la terre, ce seront les réservoirs qui apporteront la réalisation de notre prophétie. On a trop longtemps confondu les réservoirs à poisson avec les pêcheries proprement dites. Il existe cependant, entre ces deux sortes d'établissements, des différences essen- tielles. La pêcherie fonctionne de manière à retenir le poisson surpris par la marée descendante, tandis qu'en général dans les réservoirs, il n'y a que des espèces bien peu nombreuses, telles que les Mulets et les Anguilles qui, à l'état de fretin, s'in- troduisent librement par les ouvertures assez étroites formées par les mailles de l'appareil destiné à empêcher la sortie du poisson quand il a atteint une certaine grandeur. Sans porter aucun préjudice à la pêche en elle-même, - et au contraire, en lui venant en aide, puisqu'ils y ont recours pour leur peuplement, — les réservoirs peu- vent donc offrir de précieuses ressources à l'alimentation publique : à la condition, toutefois, que les autorisations données par les autorités compétentes produiront un 676 RESPIRATION. mode d'exploitation qui ne permettra pas d'en faire de \cv'\ta.h\cs pêclmies. Il y a là une question de tolérance et de latitude que l'administration sera toujours obligée de laisser, dans d'assez larges limites, à la bonne foi et à l'iionnèteté du conces- sionnaire, sauf, en cas de contravention dommageable au pays, à sévir avec ri- gueur. Tel est, en effet, le seul mode cfticace de procéder dans toutes les conces- sions qui ne sont pas malbémati(]uement délimitables par leur essence même ? Beaucoup de latitude et de tolérance dans les permissions, une surveillance équi- table mais sévère dans le fonctionnement. Ne devons-nous pas déplorer que, jus- qu'au moment où nous écrivons ces lignes, la surveillance côticre soit si mal exercée, si pauvrement représentée et si insuffisamment faite? On se plaint avec raison de l'insuflisance de la surveillance des biens ruraux par les gardes cham- pêtres, combien aurait-on mille fois plus raison de déplorer la surveillance cùtière sur notre littoral ! Le temps viendra, nous n'en doutons pas, oîi l'abondance des établissements, pêcheries, huitrières, etc., sera telle sur les bords de nos mers qu'on devra porter les vues du gouvernement de ce côté et qu'il paraîtra opportun d'y créer une mi- lice spéciale, pacifique et utile, préposée à la garde, — non pas des produits de la fraude, — mais des récoltes de la mer, du grenier d'abondance de la France. Appelons ce temps de tous nos vœux, et aidons -en la venue par tous nos efforts. L'établissement des réservoirs, dit la note du Ministère de la marine aux préfets, n'est permis que sur des propriétés privées. Le domaine maritime est un domaine public qui ne saurait être aliéné, et dont la jouissance doit être réservée exclusive- ment aux populations du littoral, soit qu'elles s'y livrent à différents genres de pêches, soit qu'elles y aillent recueillir ce que la mer leur apporte. Cette expli- cation se rapporte au texte de l'art. 9 du décret du 10 mai 180:2. (( Art. 9. Des fossés ou réservoirs à poissons, peuvent, après autorisation, ètie « établis sur les propriétés privées recevant l'eau de la mer. (( Les arrêtés d'autorisation rendus par notre Ministre de la marine et des (( colonies déterminent, suivant la disposition et l'étendue (( des lieux, les conditions d'exploitation de ces réservoirs. » RESPIRATION. — L'appareil de la respiration est formé par les brancliies; ce sont des membranes lamelleuses et découptes en fran- ges ifig. 913) attachées 2 à 2 aux arcs branchiaux qui sont ordinaire- ment au nombre de 4 de chaque côté de la tète; l'eau avalée par le poisson passe entre les fentes formées par ces arcs branchiaux, baigne la surface des branchies suriesquelles rampe l'extrémité des vaisseaux de l'artère pulmonaire, et cède l'oxygène qu'elle tient en dissolution au sang veineux qui devient ainsi artériel; elle s'échappe alors par les' ouies, et, chassée d'avant en arrière, sert en outre à faciliter la progres- sion du poisson. Certains poissons cartilagineux ont l'opercule fixe ; dans ce cas, il y a, pour la sortie de l'eau, autant de trous do chaque côté de la tète que d'espaces interhranchiuux . Outre l'air en dissolution dans l'eau, beaucoup d'espèces viemient encore à la surface, de temps à autre, pour humer l'air directement. Mais ce procédé ne semble concourir en rien à la respiration proprement dite. Fia. y 13. — Branchies et arc , . , , , , . i i i - t . V . • , • „ „„u„, La mort de ces animaux, lorsqu on les sort de leur élément, est une branchial au Brochet. ' » ' sorte d'asphyxie: leurs lamelles s'affaissent, se dessèchent au contact de l'air et ne laissent plus circuler le sang; aussi les poissons qui vivent le plus longtemps hors de l'eau, sont-ils ceux dont les ouïes ont la plus petite ouverture et ne permettent qu'un léger accès de l'air atmosphérique sur l'organe respiratoire. RISSOLLE. 677 RESSAUT. — (A^oy. HISSEAU.) RESURE. — (Voy. ROGUE.) RÉTRÈCE. — Synonyme de Rnpetissure. (Voy, ce mot.) RETS. — Nom des peliles Caudrettes qu'on emploie sur lu cote de Vendée. (Voy. Caudrettes [petites].) RETS A CROC. — Sorte de petites Conières (voy. ce mot), à mailles simples, de l'arrondissement de Brest. RETS A ROBL.OTS. — Synonyme de Hauts palis. (Voy. ce mot.) RETS ENTRE ROCHERS. — Espèces ÛQ petites canières ou Cibaudières (voy. ce mot) employées en Bretagne. RETS TRAMAILLÉS. — Synonyme méridional de Tramaux. (Voy. Tramail.) RETS TRAVERSANTS. — Synonyme de Palet. (Voy. ce mot.) RETS TRAVERSIERS. — (Voy. GhaLUT.) REVENUS DE L'EAU. — Le kilomètre de canaux et cours d'eau rapporte, loué par l'État fr. Les embouchures des ileuves, rapportent par kilomètre Le kilomètre de petits cours d'eau, non navigables ni flottables, rapporte . 28 L'hectare d'étang rapporte 75 REZZAJO. — Nom corse de V Epervier. (Voy. ce mot.) RHEINLANCKEN. — (Voy. SaUMON ARGENTÉ.) RHODEUS AMARUS. —(Voy. Dolvière amère.) RHOMS. — Nom du Turbot, dans plusieurs départements de la France. (Voy. Turbot.) RHUMBUS. — (Voy. Tirbot, Genre.) RHUMBUS (Pleuronectes.) — (Voy. Barbue.) RIEUX. — Synonyme de Cibaudière. (Voy. ce mot.) RIGOLES. — On nomme Rigole, en termes de pèche, un endroit d'une rivière où le courant, resserré par des bas-fonds ou des touffes de végétation aquatique, s'ouvre un rapide passage. C'est là qu'il convient de pécher le Barbeau et autres poissons analogues. La pèche se fait à la ligne à soutenir. On y tend également àesjeux, des lignes de nuit et des lignes à grelot. (Voy. ces mots.) RINGARD. — (Voy. Congre, Pêche.) RIPE. — Nom de l'Épinoche dans quelques provinces: sur la Loire, au Mans, h Orléans, etc. (Voy. Épinociie.) RISSEAU OU RISSAUT. — Nom provençal de VÉpervier. (Voy. ce mot.) Ce qu'on appelle plus particulièrement Risseau, c'est un petit épervier dont les pê- cheurs de la Méditerranée font souvent usage^ quand ils voient les poissons rassem- blés entre les rochers ou dans certains endroits des étangs salés qui communiquent avec la mer. Sur la côte de Fréjus et Saint-Tropez entre autres, les Risseaux que l'on emploie, ont 3", 50 de haut sur 18 à 20 mètres de circonférence. Ce genre de pêche est beaucoup moins employé dans les mers à flux et à reflux comme l'Océan ; on préfère s'y servir de filets qui pèchent seuls ou de lanets. (Voy. ce mot.) RISSOLLE. — Filet dont on se sert en Provence pour prendre les Melètes, les Anchois et les petits Sardines. C'est une espèce de Battude (voy. ce mot), qui peut se rapprocher du Manet{fig. 914) employé pour les Sardines. Une Rissolle a au moins 63 mètres de longueur sur 8 à 9 mètres de hauteur ou de chute. Les mailles en sont assez serrées pour que les anchois ne puissent passer au travers, 678 ROSEAU. mais soient certains de se mailler, c'esl-à-dire de se prendre entre les onïes et les pectorales et d'y rester accrochés. Fig. 914. — RissoUes, eu l'io\fiice ; Maiiets, en Normandie. Ce iilet s'emploie flottant et mobile, quelquefois fixe et stationnaire. La Ris- solle sédentaire a, dans son milieu, une grande bourse ou manche. RISSOLLIER. — On appelle bateau rissoUier celui qui, dans la pêche au.x Anchois, porte le filet appelé n'sso/le. Il est monté par quatre ou cinq hommes. ROBINETTE. — Nom du Saurelh Dieppe. (Yoy. Saurel.) ROCHÈRE. — Nom de la Raie-Cardon à Noirmoutiers. (Voy. Raies, § 6.) RODE. — Nom de la Dorée à Antibcs. (Voy. Dorée.) ROGUE. — Composition employée pour la pêche, en mer, de la Sardine et du Maquereau. Elle est formée d'œufs de Morue et de Maquereau mélangés avec du sel. Celle de Morue est apportée de Terre-Neuve et de Norwége, et celle de Maque- reau vient de l'île de Bas. Les pêcheurs bas-bretons composent quelquefois une espèce de Rogueau moyen de chair pilée de Maquereaux cuits. On prépare mainte- nant, sur un grand nombre de points des côtes de l'Océan, une Hoguc artificielle dans laquelle il n'entre (|uc du fretin d'espèces peu utiles, blaquet, blanchaille, etc. (Voy. GUELDRE.) Les pêcheurs jettent la Rogne, en l'éparpillant ;\ la surface de l'eau, pour attirer les sardines dans leurs filets où elles se maillent en voulant les traverser pour pren- dre les brins de llogiie (pi'on jette du côté opposé à celui oii elles sont. ROI DES ROUGETS. — Nom de VApogon commun. (Voy. ce mot.) ROMATIÈRE. — Nom d'un filet fixe employé dans la Méditerranée. RONCE ^Haic!. — (Voy. H.ut.s, § 7.) RONDOLE. — (Voy. LandOLE.) ROSE. — Nom de la Bouvière dans quel(|ues endroits. (Voy. Bouvière.) Nom de la. Dorée. (Voy. ce mot.) ROSEAU. — (Voy. Cannes a pèche.) — Le Roseau ou canne de Provence {Arunclo clonax, Lin.), est une grande graminée qui atteint souvent 4 à 5 mètres d'élévation. Cette plante est originaire des parties orientales de l'Europe, et on la ROSSE. 079 (ullive dans le midi de la France, tant pour le produit de sa tige que comme or- nement, car ses longues feuilles rubanées, ses panaches ondoyants de fleurs et de graines en font une très-belle plante. On cultive en Italie VAt'iindo rnaritimns, Delf., qui, tout en ressemblant beau- coup au Donax, lui est supérieur comme finesse et comme solidité. Un bon roseau doit avoir deux ans au moins ; la première année, la tige se termine par un panicule de fleurs qui tombe, et, la deuxième année, du milieu de ce premier roseau sort une seconde tige flexible et à nœuds très-rapprochés. Cette tige en queue de rat^ est très-mince et en même temps très-résistante. C'est de la solidité des 3 ou 4 nœuds presque conligus, qui indiquent l'endroit où étaient les fleurs que dépend la bonté de ces scions. Les meilleurs roseaux viennent des environs de Rome, et l'on doit préférer ceux qui ont poussé sur le tuf, parce que la plante ayant souffert, les nœuds sont plus rapproches, et la texture du roseau est plus solide et plus élastique, quoique très- résistante. ROSERET. — Nom que les pécheurs de la Normandie donnent à VAthérine, petit poisson qui forme une des meilleures esches pour la pêche de mer. ROSETTE OU ROSET. — (Voy. RoSERET.) ROSIÈRE. — Nom de la Ca^ye bouvière amère, en Picardie. (Voy. ce mot.) ROSSE ou GARDON BLANC (Gyprinus rutilus.) — Malacopt. abdom. Cyprinoides. Long. max. = 0°>,35. Syn. : Roach, angl. — Roihauge,Piotze, allein. —Fiota, ital. — Voorn, lioU. —Môrf,suéd.— Rudskalle, dan. — Rôdskalle, norw. — Soréga, russ. — Rusech\ tait. Quoique [référant les eaux claires et limpides, à fond marneux et sablonneux, l'Able rosse ou Gardon blanc vit et est commun dans toutes les eaux dormantes de France, où il se nourrit de plantes, d'insectes et d'animalcules. Dans les rivières et fleuves qui communiquent avec la mer, les meilleurs Gardons blancs sont pris vers le mois de mai, quand ils remontent en troupes venant du coté de la mer pour déposer leurs œufs dans les parties les plus éle- vées de la rivière; mais, il ne faut pas s'y tromper, le Gardon blanc vient, en cette circonstance, de la direction où est la mer, mais jamais de la mer elle- pharyngiennes du même. Il cherche à gagner les plus hautes parties de la rivière où roxygèi.e est Rotengle ou Gardon , , .-.• , , , .. rouge. Cotés inféricnr en plus grande quantité dans une eau plus battue. ^^ supérieur. Il ne faut pas confondre la Rosse ou Gardon blanc avec le Rotengle ou Gardon rouge; ce dernier a la dorsale au-dessus de Vespace qui s'étend entre les ventrales, et l'anale tandis que la dorsale du Rosse ou Gardon blanc commence juste au-dessus des ventrales plus en avant sur le corps que l'autre espèce. La distinction des deux espèces est souvent difficile à faire par la seule coloration de chacune, parce qu'elle varie énormément par individus, et sans qu'un caractère constant et analomique invariable permette de les distinguer à première vue. Ce caractère distinctif se trouve seulement dans la comparaison des dents pharyngiennes, il n'y a, chez le Rosse, qu'une seule rangée de dents et aucune de ces dents n'a le bord dentelé. La première est crochue à la pointe, la seconde l'est un peu moins, les autres ont la couronne en tubercules arrondis et uniques „. ,,,„ ^^ , , '^ ' * Aij.yib. — Dents pha- (Val.j. De plus, et proportionnellement à la taille de l'individu, les dents du ryugiennes du Gar- Gardon blanc fig. 915,916) sont beaucoup plus solides, plus massives que dou pâle (Z-euciscus celles du Gardon rouge (A^. 917). pailem.) Vues en ° " ^ ' dessus. Le Gardon-rosse marche en troupes, nageant toujours en grandes quantités et se nourrissant de vers et d'herbes ; se dispersant dans toutes les directions à l'approche du Bro- chet. On remarque que c'est en octobre que ce poisson a acquis sa plus belle couleur et qu'il est de meilleure condition amenée probablement par la variété et l'abondance de la nourriture qu'il a trouvée pendant la longueur de l'été. Sain ou vif comme un Gardon, est un proverbe qu'il ne faut accepter qu'avec le degré de conviction qu'on attache aux apophthegmes populaires. 680 ROSSE. La chair est blanche, IcgAre et' facile à digérer, mais remphe d'arêtes petites etfourcliues; la cuisson donne quelquefois une teinte rouge à la ciiair. Tous les poissons carnassiers en sont friands, aussi les emploie- t-on comme appâts. (Voy. Temps de frai.) Pendant cette période les écailles du Gardon deviennent rudes au toucher. Corps élevé et comprimé; dos verdàtre à côtés un peu bleutés; ventre argenté; tête moyenne, la mâchoire inférieure continue presque en droite ligne la courbe du ventre qui est très-peu arquée en comparaison de celle du dos. Yeux grands, rouge-aurore, plus foncés en haut ; écailles larges, épines dorsales de 44 vertèbres. Dorsale brun clair, 10 à 12 rayons noirâtres, caudale brim rouge surtout aux extrémités; 19 à 20 rayons. Anale de 12 à 13 rayons. Celle-ci et les ventrales orangées à rayons rouge carmin vif. Pectorales rongeâtres de 17-10 rayons. Les premiers rayons de la dorsale en pointe, à moitié distance entre le bout du nez et la fin de la partie charnue de la queue. Le premier rayon est „. „ , . . court, et le deuxième est le oins long de la nageoire. Ces deux ravons sont sim- Fif/- 9 7. — Dents ' , 1 , phanniriennesdu ples, les antres branchus, et dminmant successivement de longueur. Gardon pâle (Z,eii- Les pores de la ligne latérale sont au nombre de 43 (Val. dit 45). La bouche ciscus pallens). ggj peijte^ les narines doubles, toutes deux percées dans une dépression circulaire. ues en (es^,ous. ^^ \\g\\Q dudos est plus convexe de profil que celle du ventre. ROSSE OU GARDON BLANC. — Le Gardon blanc est susceptible d'acquérir un volume assez considérable. On en voit qui pèsent 1 kilogramme, mais ils ne sont pas communs. Ce poisson aime les eaux vives et peu rapides, mais se con- tente fort bien des endroits sans courant, pourvu que l'eau y soit claire et le fond sableux ou pierreux. Les plus beaux Gardons se cantonnent dans des fonds de 2 mèti^es au plus, et il n'est pas rare d'en prendre de très-beaux qui ont poussé une reconnaissance dans O^jSO d'eau et y happent les mouches, parmi lesquelles celle du pêcheur caché vient le ravir à son élément. Le Gardon de fond se prend parfaitement aux pelotes de terre glaise. Mais pour le pêcher, il faut toutes sortes de précautions, car s'il est curieux, il est aussi e.vtrêmement craintif. Il a peur de tout bouchon, de toute flotte un peu volumi- neuse, aussi ne doit-on jamais se servir avec lui que d'une simple plume, la plus petite possible. (Voy. Flottes.) On le pêche très-bien au coup, avec un simple asticot ; on règle la ligne de fa- çon qu'elle porte l'hameçon à O'",0o à 0'",06 du fond qui sera le plus possible dé- garni d'herbes, car c'est entre elles que le gardon se cache, c'est autour d'elles qu'il fait de la gymnastique, en laissant miroiter son ventre blanc; mais ce n'est pas là qu'il faut lui présenter l'esche, car elle se cache parmi les feuilles et il ne la voit pas bien, tandis que si elle passe entre les touffes d'herbes, après lesquelles il est comme suspendu, il les quittera pour courir après et se fera prendre. On devra soutenir la ligne en la mettant à l'eau, afin qu'elle ne fasse aucun bruit : alors, on la laisse obéir au courant qui l'entraîne, el on maintient en le suivant sa bannière moyennement tendue et le plus courte possible, pour pouvoir ferrer au premier mouvement. Arrivé au bout du coup, il faut toujours ferrer, car très sou- vent on prend ainsi un Gardon qui s'en allait dérivant en suçant l'esche et qui ne s'attendait point à ce biii.squc réveil dans sa gourmandise de contrebande : or, il faut ne jamais oublier que le Gardon mord à peine, lâche vite, revient, attaque, quitte, le tout en une minute et avec une légèreté sans pareille. Je le crois d'un caractère indécis el porté à la controverse, car très-souvent il s'élance sur l'esche, au moment où le pêcheur retire sa ligne, soit pour la rejeter dans le coup, soit pour changer de place, il mord, il ne mord pas, on ne sait jamais pourquoi, mais, avec lui, le pêcheur doit avoir l'œil subtil el la main lesle, voilà la ^^^^^^^^^ÊS^^^^^^^MWMc^m 'r!H m m\ I if"! m OQ ^ o C-3 " ^ J ^ :^ OQ >^ O .5 , , t^ '-'-1 o CD I ROTENGLE.; 681 règle. Le Gardon ne fait qu'effleurer l'esche, vous ferrez, il est déjà loin, non, il est revenu, il attaque encore rapidement, quitte... preste !... ou vous ne le tiendrez jamais ! Le Gardon est encore friand d'épine-vinette, on le prend parfaitement au blé, quand il veut y mordre ; cela en été, juillet et août : aux vers rouges au printemps, au cherfaix en septembre et octobre. (Voy. Gnoix des esches.) Quand on pêche le Gardon dans un étang, il ne mord guère qu'au ver rouge. Dans certains endroits, il donne parfaitement sur le ver de vase. Enfin on le prend en été, à la crêpe, à la mie de pain et à la pâte, etc. Comme on le voit, c'est un poisson omnivore s'il en est, et nous ajouterons que presque toujours, s'il ne veut pas mordre au blé, au ver ou au cherfaix, on est sûr de le prendre à la mouche naturelle, en péchante la surprise; il s'y laisse toujours attraper, mais il faut se bien cacher et ne faire aucun bruit ni en péchant, ni en marchant. (Voy. Emploi des esches, Calendrier du pêcheur.) ROSTRA,TA (Raja). — (Voy. Raies, § 3. Raie a museau i-ointu.) ROTENGLE [Genre], (Scardinius, Donap.). — Malacopt. abd. Cyprin. Voilà certes un genre que l'on ne séparerait presque jamais du genre Gardon, tant la couleur est variable chez les deux, et même les rayons des nageoires inconstants, si l'on n'avait recours aux dents pharyngiennes. (Voy. ce mot.) Heureusement ce caractère est frappant. Les dents du Rotengle sont grosses, fortes, très -fortement en scie sur le bord intérieur du gosier. Elle^ sont plantées sur deux rangs, 3 en dedans et 5 en dehors. Tandis que le Gardon blanc n'a qu'un rang de dents, C à gauche, 6 à droite, sans dentelures et comme tronquées en arrière. Une seule espèce en France, mais d'innombrables variétés et variations. ROTENGLE OU GARDON ROUGE (Leuciscus erythrophthalmus, Val.). — Mala- copt. abd. Cypriiioïd. Long. max. = 0'",^b. Syn. : Rud, Rud Eye^Findscale, angl. — Plotze, Bot/mi/ge, ail. — Rinoch, holl. — Sort, suéd. — Fiai roj'e, norw. — Rudes kall, Rôdmôrf, Scanie. — Skalle, Rôdskalle^ dan. — Rossette,'^Q\g. — Sc/iwa//, Zurich. — Fôrne, Furse, Schneider fisch, Suisse. — Platelt,plateUe, Genève. — Plotwa, russe. Le Gardon rouge ou Rotengle est remarquable par les belles couleurs de ses yeux et de la plus grande partie de son corps; c'est un poisson qui a la vie dure, et c'est celui que préfèrent les pécheurs pour la pêche à Trolling pour la Truite et le Brochet. Le Gardon rouge se nourrit de vers, mollusques, insectes et végétaux. On le distingue facilement du Gardon blanc parce qu'il porte la nageoire dorsale au dessus de l'espace qui sépare les ventrales de l'anale, tandis que la dorsale de l'autre est juste au-dessus des ventrales (Blan.). Si l'on regarde le profil de ce poisson, le ventre est convexe, l'épaisseur du corps décroissant soudainement au commencement de la nageoire anale, ce qui forme, au poisson, comme une dépres- sion à la ligne du ventre et une moins marquée à la ligne du dos. Dans tous les cas, la longueur du corps du Gardon rouge est beaucoup plus considérable que celle du Gardon blanc, toute proportion gardée. Dos vert noirâtre à côtés un peu bleus, quelquefois les côtés ont une nuance mauve jaune. Ventre blanc, à reflets un peu irisés et cuivrés. Yeux petits, jaune orangé ; ouïes jaune orange^ épine dorsale 37 vertèbres, 16 côtes de cha- que côté, ce qui le distingue de YAble rosse ou Gai-don qui a 44 vertèbres, et ce qui fait paraître le corps du Rotengle plus large et moins long que celui du Gardon blanc. Dorsale petite 10- 1 1 rayons, verdàtre clair, placée en arrière des pectorales de i5 rayons : elle est lavée de brun et de rouge en avant. Caudale verdàtre de 19-'20 rayons, rouge vif au bout des lobes. Ventrales 9 rayons, anale de 13 rayons très-rouges. Teinte rouge minium très-vif. (Voy. Temps de frai), pendant lequel les écailles deviennent rudes au toucher. Ss transporte facilement en vie. Sa chair renferme beaucoup d'arêtes, elle est blanche, saine, agréable et meilleure que celle du Gardon blanc ou rosse. ROTENGLE OU GARDON ROUGE. — Toul ce que nous avons dit de la pêche du Gardon blanc, s'applique à la pêche du Gardon rouge, seulement, à la mouche, on prend plus du second que du premier. De fond, c'est le contraire. (Voy. Rosse.) 682 ROUGET-GRONDIN. W'aUon pense que le Rolen^le et la Brome mêlent leurs œufs, et les fécondent souvent ainsi, d'où naissent des métis qui ne deviennent pas aussi gros que la Brème, mais dans certains endroits sont en nombre considérable. On peut douter de ces hybrides naturels, car, en général, c'est à la domestication seule des espèces qu'on doit ces produits, et cependant V opinion de Walton, — et celle des pécheurs, — se prononcent pour raflirmative. D'un autre côté, les espèces sont bien voisines le point n'est pas encore élucidé. ROTHEL. — Nom de V Ombre- Clicculiei- dans le lac de Zug. (Voy. Ombre- CllCVALIILR.) ROTTEL. — Nom vulgaire du Gardon blanc en Alsace. (Yoy. Gardon blanc.) ROUET à torcre les lignes. — (Voy. GuiN. [Machine a filer le].) ROUGET. — (Voy. Moine.) ROUGET GRONDIN ou COMMUN (Trigla pini, Bl.). — Acantliopt. Joues cui- rassées. Long. uiax. = i)"','i[i. Syn. : Red Guruard, aiigl. — Cw lullo, escacho, galicien. — Rutio, catalan. — Oriotu, chiulida, espag. — Knor-acknen , flam. Poisson à peu près rond, un peu polygonal, présentant le long de chaque côté du corps de nom- breuses lignes verticales et parallèles qui coupent la ligne latérale et sont formées par des replis de la peau dans chacun desquels est une lame caitilagineuse ; son museau est oblique. 11 porte des barbillons ou appendices attachés près des articulations des nageoires sous la gorge, ce qui le dis- tingue du Mulet rouget qui les a sous la mâchoire inlérieure. Le Grondin est un poisson de bon goût, d'une belle couleur rouge qui le fait confondre trop souvent avec le rouget dont nous venons de pailer. Sa chair s'enlève par écailles et est sans arêtes. La qualité des eaux et des plages où il vit, peut-être l'âge et le sexe, influent beaucoup sur la couleur de ce poisson, t'est dans tous les cas un magnilique animal dans l'eau ou au soleil. On lui donne le nom de Grondin, parmi les pécheurs, par suite de la prétendue observation d'une espèce de bruit, de mugissement quêterait entendre ce poisson, les uns disent quand il marche par troupes, les autres quand on le tire de l'eau. La tête est la plus grosse partie de ce poisson dont le corps va en diminuant vers la queue, et cette tête cubique présente l'entre-deux des 3eux con- cave. Toutes les parties de la léte ainsi que la plus grande partie du corps sont d'ailleurs âpres et chagrinées. L'orbite des yeux touche la partie supérieure du crâne. La fente de la bouche est mé- diocre, les dents sont en velours. Ventrales immédiatement sous les pectorales. 1" Dorsale triangulaire, 9 épines fortes; 2"^ de 18 semble toucher à la !'«, est moitié moins haute. Anale de 10 rayons articulés, caudale de 11 rayons trô.s-légèrement en croissant. Ventrales de 7 rayons. Pectorales longues de lO, et 3 moyens barbillons. Le corps est couveit de peliles écailles ovales et très-ciliées; la ligue latérale est peu visible, si ce n'est par un trait prés de la ligne du dos, et parallèle avec elle. Elle se bifurque vers la queue. Le dos est creusé en gouttière où se leplient les nageoires, et dont les bords sont dentelés. Vessie aérienne ovoide et pointue en arrière. 13 vertèbres abdominales, 23 ou 24 caudales. Il nous est impossible de ne pas dire quelques mots de l'utilité, pour ce poisson, des six appendices blanc rosé placés, trois par trois, en avajit de ses jectorales. Ce sont de véritables pattes dont l'animal se sert pour marcfier sur le fond, eji soutenant la partie postérieure de son corps sur la pointe inférieure de sa queue carrée. Toute la conformation générale de l'animal indique d'ailleurs un habitant exclusif des fonds: enelïet, sa tète énorme, cubique, tronquée en avant en plan Incliné, est une excellente machine pour soulever et déplacer les cailloux, tandis qu'en pleine eau elle le gène, elle charge sa marche, et, vu l'exiguïté delà partie postérieure du corps, l'oblige à nager en tortillant. La force de ce poisson est considérable : il s'aide de ses six pattes pour pousser son museau dur, cuirassé, mince horizontalement^ sons les pierres et renverser celles-ci en s'en servant comme d'un coin: c'est dans ces retraites «lue le Grondin recueille les vers et mollus(iues mous que sa bouche peu grande et très-peu armée lui permet seulement d'attaJeî7^r«, breton. — Mulletto, ital. Ce poisson est célèbre par son bon goût et le plaisir que prenaient les Romains à contempler, sur leurs tables, les ctiangements de couleur que revêtait cet animal en macérant dans l'eau chaude qui le cuisait. 11 présente sur ses larges écailles, dont les rangées sont bien visibles, une couleur uniforme d'un rouge vif, plus carminé que le Surmulet, avec des reflets irisés mais sans lignes jaunes, le ventre étant argenté et les nageoires jaunes. Ligne latérale à peine visible. On le confond trop souvent avec le Surmulet et surtout avec le Rouget-grondin commun, quoi(ine ses deux barbillons soient attachés sous la mâchoire inférieure, tandis que les six des Grondins le sont sous la gorge, auprès des pectorales, et paraissent de tout autre nature. Ces derniers sont de vraies pattes, ceux du Rouget de véritables antennes qu'il dirige en avant, en arrière, de côté sui- vant le besoin, et au moyen desquels il palpe tous les objets qu'il rencontre. Les appendices, au contraire, du Trigle rouget ou Rouget rouge sont des ambulacres au moyen desquels il avance sur le fond ou sur lesquels il se repose. La forme de la tète est très-verticale, mais toute différente de celle du Grondin à laquelle on pourrait appliquer la même qualification. La tête du llIuUe est bombée, elle a le front rond, vu de profil; celle du Trigle est toujours plus ou moins angulaire et munie de pointes ; le museau du MuUe est tombant, celui du Grondin, en coin : l'ouverture de la bouche est, d'ailleurs, différente comme direction. La langue est blanche, lisse, adhérente en bas. Les narines simples et serrées plus près de l'œil que du bout du museau; les 2 dorsales relativement peu considérables, sont séparées par un intervalle égal à elles, la P^ dorsale a 7 épines minces, la 2»"= 9, dont la première dure. L'anale de 8 rayons dont un ou deux simples en avant. La caudale égale 1/5 de la longueur, 13 rayons, les ventrales 6 rayons dont I simple en avant. Écailles blanches, grandes, à bord visible demi-circulaire, lequel est peint au carmin plus ou moins étendu et donne la nuance du poisson. Point de vessie natatoire. Péritoine rouge violacé. Ce Mollet vit, sans doute, d'insectes, de mollus(iues etd'œufs, mais une odeur de varech assez forte qu'il exhale, sans être désagréable, semble annoncer qu'il ne dédaigne pas les feuilles tendres de quelques plantes marines et qu'il s'attache de préférence à celles du Fucus saccharinus. Quant à nous, nous l'avons vu manger avec appétit les fragments de poissons vifs et surtout de crustacés, Homards, etc., que nous lui donnions et, qu'apprivoisé facilement, il venait saisir entre nos doigts. ROUGET-MULLET. — Ce poisson ne se prend pas à la ligne. La nécessité de le faire distinguer des autres espèces marines de poissons rouges, et la grande confusion que les auteurs ont introduite entre ces animaux divers, nous engagent à donner l'ensemble détaillé de ses mœurs afin que le pêcheur puisse reconnaître ses caractères distinctifs et le bien discerner des autres espèces. C'est cependant un poisson qui se prend sur les côtes de la Méditerranée, près de Toulon; sur les côtes de l'Océan il est plus rare; sur celles de la Manche encore davantage. Il approche des rivages depuis mai jusqu'en septembre, quand les grandes chaleurs de l'été se font sentir, la pêche en est abondante, mais les pê- cheurs du Finistère, en particulier, ne s'en occupent que médiocrement, et à temps perdu, quand la Sardine ne donne pas. On le pêche à la senne et au frainail. Quoique ce poisson ait la chair lerme, 684 ROULER. il faut qu'il soit consomme de suite, cl il soutient très-mal le transport. Dans la Manche, le hasard seul procure ce poisson pendant la saison du Maquereau, encore faut-il que les pêcheurs aient des filets à la mer et ne pochent pas à la ligne, car le Mullel- Rouget ne mord pas aux amorces qu'ils emploient. De Dunkerque à Brest la poche de ce poisson n'a aucune importance, mais de Brest à Bayonne c'est tout autre chose. A Cherbourg, on le prend de fin juin à fin octobre. Il se pêche au filet, quoi- que, dit-on, il morde quelquefois à l'hameçon, — ce qui ne nous étonne pas, sur- tout en amorçant avec de la chair de crustacés. — Il voyage par petites bandes, et fraye sur la côte, puisqu'au commencement de l'automne, on en prend qui n'ont pas plus de 0'",10 de longueur. Tantôt très-rare, lanlôl très-abondant. En Bretagne, on le regarde comme difficile à prendre, môme au filet, parce que, quand il sent la maille, il profite de son agilité pour sauter I à 2 mètres par- dessus. ROUGETS BARBETS. — (Voy. Milles, Rougkt, Mlllet, Slrmllf.t.) ROULEAU A FILER LES LIGNES. — Dans la pèche aux gros poissons et aux squales, il est très-pénible de remonter des fardeaux composés de l'engin de poche et de la capture, lesquels forment ensemble un poids considérable. Les ma- telots atténuent alors l'efiortà faire au moyen d'un Rouleau mobile (//^. 918), qu'ils placent sur le bord de l'embarcation et sur lequel coule la ligne. Quand la ligne dont on se sert est de moindre dimension, par exemple comme celle que l'on emploie pour la pêche des Morues, des Lingues, des Lieux ou des Maquereaux, on se contente de la faire glisser sur une corne de bœuf très-polie {fig. 1)19) et fixée à un manche qui se place dans les trous des follets. Ce petit engin sert égale- ment à faciliter le mouvement r.. „.„ , n- n,„ r ^r pour troller en mer quand on Fig.<è\9,. — Rouleau pour remonlor ou /'î(7. 919. — Corue polie r ^ filer les grosses li-nes. montre sur un pied de yCUt pêcllCr Ic MaqUCrCaU à la lois pour er es ignes. ^^jj^g_ Lc va-et-vicut coutinuel que l'on imprime à l'hameçon est rendu beaucoup plus facile. ROULÉE. — Nappe de filet qui sert, dans la Loire, à prendre les Lamproies. ROULER (Pèche à). — La pèche à rouler se fait dans un bateau sur les ri- vières et neuves à courant rapide et à eau claire. Le pêcheur laisse aller derrière lui une ligne de florence qui a trois fois au moins la longueur de la canne, c'est- à-dire 12 à 1.5 mètres. On pourrait, avec au moins autant d'avantage, la faire en crin sur six Ijrins {fig. 9i0). La canne est un grand jonc simple de \ mètres qui traîne dans l'eau. Le pêcheur jette de temps en temps, à côté de sa main, en dehors du bateau, quelques pincées de terre, crottin et peu d'asticots comme dans la pêche à fouetter. Quand un poisson est pris au seul hameçon qu'on met i\ la ligne, on re- monte la canne en tirant à soi; puis, en la penchant en avant, on la couche sur le bateau; on amène le poisson vers sa main et, s'il est fort, on le prend avec une épuisette. Fig. 920. — Ligne à rouler en 6 crins ROUSSETTES. 685 Le poisson que procure ce genre de pêche sont les espèces de surface : Che- vesnes, Dards, Vandoises, etc. Suivant la rapidité et la force du courant, il fivut mettre, de place en place, Fig. 921, — Pèche a rouler, en bateau. sur la ligne des petits plombs fendus de façon à la faire descendre entre deux eaux. Cette pèche se fait, en été seulement, toute la journée {fig. 921). ROUMB. — Nom du Turbot h Saint-Tropez. — (Voy. Torbot.) ROUMBON. — Nom de la Barbue à Nice. — (Voy. ce mot.) ROUMBON CLAVÉLAT. — Nom du Turbot à Nice. (Voy. Tuhbot.) ROUN. — Nom de la Barbue aux Martigues. — (Voy. Barbue.) ROUN CLABÉL.AT. — Nom languedocien du Turbot. — (Voy. ce mot.) ROUSERET. — C'est le nom qu'on donne, à Calais, aux folles ou bouteux qui servent à prendre les Chevrettes. ROUSSE lAble). — (Voy. Rosse.) ROUSSE. — Nom de la Baie boudée en quelques endroits. — (Voy. ce mot.) ROUSSEAU. — (Voy. PaGEL A DENTS AIGUI S.) ROUSSETTES. — Chondropt. branchies fixes, plagiost. § 1. — Grande Roussette (Scyllium stellaris, Cuv.). Long. max. = 1™,.30. Syn. : Lurg-spotted dog-fish, angl. Ce Squale ne se distingue guère du suivant que par ses taches beaucoup plus grandes et moins nombreuses, quelquefois en forme d'ocelles, et par ses ventrales coupées carrément. Le museau est court, obtus, les narines percées près de la bouche, continuées en sillons jusqu'à la lèvre, et plus ou moins fermées par des papilles cutauées. Dents en fleurs de lis pointues ; caudale non fourchue, tronquée au bout; ouverture des branchies en partie au-dessus des pectorales ; le dessus du corps est d'un gris brun et le dessous blanchâtre. Ces poissons sont très-féconds, les femelles s'accouplent plusieurs fois dans l'année et produi- sent un nombre très considérable d'oeufs qui, d'après les dernières observations, mettraient 9 mois à éclore, La chair de ces Squales est dure et peu recherchée, leur foie, d'après le docteur Sauvage, peut, dans certaines saisons, produire des accidents graves quand il est mangé. § 2. — Roussette [Petite] (Squalus saxatilis). — Long. max. =0™,'J0 à 1 mètre. Syn. : Picked dog, hound fish, angl. La petite Roussette a le museau court et obtus, la gueule armée de 3 rangées de dents allon- 688 SALMONIDÉS. SALBLING. — Nom allemand de l'OMimE-CiiKVALiER. — (Voy. ce mot.) SALICOQUES (Edw.). — rainille de décapodes macroures : crustacés dont le corps com- primé latéralement a l'abdomen très-grand. Leurs téguments sont simplement cornés, leurs an- tennes externes portent, au-dessus de leur pédoncule, une lame mobile, très-grande, ovale ou trian- gulaire. Leurs pattes sont longues et grêles, leurs nageoires caudales grandes, et leurs branchies à lames horizontales nomitreuses. Espèces très-nombreuses et de petite taille. Comprend les Crungoniens, les Alphéens, les Pa- /émoniens et les Pences, — Ce mot est aussi synonyme de Crevettes. SALIENS (Mugil). — (Voy. Milet sauteiu.) SALMLET, — ( Yoy. Parr, dans l'aiiicle Saumon, c'est le même animal.) SALMO. — (Voy. Salmon, genre). SALMO ALPINUS. — (Yoy. Tbuite commune.) SALMO FARIO. — (Voy. Truite commum:.) SALMO HUCHO. —(Voy. Saumox heusoh.) SALMO LACUSTRIS. — (Voy. Saumon argenté et Truite des lacs.) SALMO MARMORATUS. — (Voy. Truite commune, Var.) SALMO PUNCTATUS. — (Voy. Truite commune, Var.) SALMO SALVELINUS. — (Voy. Ombre chevalier.) SALMO SALAR. — (Voy. Saumon commun.) SALMO SYLVATÏGUS. —(Voy. Truite commune, Var.) SALMO TRUTTA. — (Voy. Truite saumonée.) SALMO UMBLA. — (Voy. Saumon umble.) SALMONIDÉS (Salmouidae, Val.). — k'^'^ Famille des Malacoplérygiens abdominaux; 2' ordre de poissons osseux. Cette famille a pour caractères : Corps oblong et couvert d'écaillés dures, rudes au toucher, disposées avec régularité. La 1 '« dor- sale garnie de rayons mous, la 2""^, adipeuse, renfermant une substance graisseuse, et sans rayons. Ces poissons ont une grande partie du bord de la mâchoire supérieure formée par les maxil- laires, une rangée de dents pointues aux maxillaires, aux intermaxillaires, aux palatins et aux man- dibulaires, etc. Deux rangées au vomer, sur la langue et les pharyngiens, en .sorte que ce sont les plus complètement dentés de tous les poissons. Dans les vieux mâles, dit-on, le bout de la mâ- choire inférieure se recourbe vers le palais, où se creuse une fossette pour la loger quand la bouche se ferme, mais ce dicton de pécheur mérite une étude plus approfondie sur laquelle nous revien- drons à propos du S. Décard. Il est démontré que les Bécards sont mâles et femelles : mais d'un autre côté, la Truite Saumonée a été, par nous, trouvée Bécnrde. Y aurait-il également deux va- riétés parallèles chez cette espèce de Saumon, comme chez le Saumon commun? Tout le monde connaît la forme de ces beaux poissons. Leurs ventrales répondent au milieu de leur première dorsale, et l'adipeuse à l'anale. Leurs rayons branchiaux sont au nombre de 10 environ. Leur estoma» étroit et long fait un repli et est suivi de très-nombreux cœcums. Leur vessie natatoire est située d'un bout de l'abdomen à l'autre, et communique dans le haut avec l'œsophage. Ils ont presque toujours le corps tacheté, et leur chair est généralement très-bonne. Quelques-uns remontent les rivières, pour frayer dans des trous qu'ils se creusent, et sau- tent même par-dessus les cbutes et les cataractes, on en trouve jusque dans les ruisseaux des plus hautes montagnes; d'autres sont sédentaires, et ne quittent ni les rivières, ni les lacs où ils sont nés. La cuisson détermine chez la plupart de ces poissons, une coloration de la chair en rouge assez intense. Deslandes a cru en trouver la cause en découvrant dans leur estomac un petit corps rouge semblable à une grappe de groseilles, et cédant facilement sous la pression du doigt. Cette substance placée dans de l'eau chaude s'y dissout en la colorant immédiatement en rouge intense. II a donc supposé que, pendant la cuisson, cette grappe se dissolvait, et, par une transfusion insen- sible, communiquait sa couleur à la chair. Cependant des objections se présentent, c'est que les extrémités de la queue devraient être moins rouges, ce qui n'est pas ; de plus, à moins que la proportion de liquide rouge ne soit mathé- matiquement exacte, il devrait s'en trouver en excès dans l'eau de cuisson, ce qui n'est pas, car SANDRE D'EUROPE. 089 elle reste blanche. Enfin, le S;nimon cru a souvent la chair rouge, plus ou moins selon les espèces. On peut (lire, en somme, que le principe de cette coloration est fort incertain, sinon inconnu. Les Salmonidés, — que Ton peut appeler les /jomo«.? noljle:^ de nos eaux, — doivent se diviser en 10 genres, ainsi qu'il suit : Genre Corcgone (Core^o«M9), comprenant 2 espèces. — Lavaret ou Fera, Iloutlng. — Ombre (Tinjmallui)^ — I — Ombre commun. — Ëperlan {Osmerus)^ — I — Éperlan commun. — Saumon (S«/mo), — 3 — Ombre-chevalier, Saumon commun, Saumon bccard. — Truite (r/w//«), — 3 — Truite des lacs, Truite de mer ou sau- monée. Truite commune. Genres 10, renfermant un très-grand nombre de variétés. Le genre des Salmonidés constitue une famille e.\trcmemînt naturelle, d'une organisation par- faitement similaire dans chacune des espèces e{ devant, par conséquent, répondre, par son adapta- lion naturelle, à toutes les circonstances du milieu dans lequel elle vit. Quoique la nageoire adipeuse semble le signe distinstif de ces poissons essentiellement chas- seurs, la ditrérence des nourritw^es possibles a constitué des différenses analogues entre les di- verses espèces, et fait que leur organisme a dû être modifié en conséquence. Les Saumons et les Truites représentent les carnivores purs : leurs dents nombreuses et acérées indiquent assez des instruments faits pour couper la chair. Les Corégones, au contraire, avec leur bouche sans dents, représentent les insectivores. L'ouverture énorme des mâchoires chez les premiers, la petitesse des mêmes organes chez les seconds, sont des contrastes qui s'adaptent merveilleusement à la distinc- tion que nous venons de faire. Il n'y a pas jusqu'à la forme du corps, jusqu'à la couleur des écailles, qui ne donne lieu à de curieux rapprochements. La Fera n'est-elle pas le Chevesne des Salmonidés ? Tant parla couleur blanche que par la grandeur de ses écailles et par la forme de son corps comprimé, n'indique-telle pas un poisson éminemment de surface? C'est \& poisson blanc des Truites, c'est-à-dire l'orga- nisation salmonlque adaptée à la chasse de surface, de même que la coloration sombre, énergique, les nageoires grasses, puissantes, — au lieu que celles des Feras sont blanches et transparentes — des vraies Truites indiquent des poissons de fond et des grandes niasses d'eau. Aussi tous les pé- cheurs savent-ils que s'ils veulent pécher des Truites de grande dimension, c'est dans les grands fonds qu'il faut aller les chercher; les petits ruisssaux plats des montagnes ne contiennent le plus souvent qu'une Truite à chair blanche et dont la parure a pâli, parce qu'elle a trop vu le soleil. La Steinforelle, ou Truite des roches, ne se rencontre dans les petits ruisseaux, que quand ceux-ci dérobent longtemps leur cours sous le couvert des forêts, ou lorsque leurs eaux brisées par des lits de rochers offrent à la Truite mille retraites profonde dans lesquelles elle s'abrite contre les rayons lumineux et où elle garde la robe noire des enfants des ténèbres. (Voy. POISSO.NS CHANGEANT DE COULEUR.) ji^^^^,^ SALiMULUS. — (Voy. Saumoneau.) r--„a, -oii i-r. n ï ' j- ; jp^g_ 924. — S. Salmulu& de Turton ou Parr Le S. Salmiilus de Turton est le Parr {fig. 924), ou jeune Saumon portant encore la livrée à bandes, et n'étant pas devenu Smolt, quand il descend pour la première fois à la mer, d'où il reviendra deux mois après (mai, juin), à l'état de Grilse. (Voy. ces mots.) SALONGNE. - (Voy. Rotengle.) SALPA (Sparus). — (Voy. Saupe.) Sâ-LVELIN. —(Voy. Saumon salvelin.) SALVELINUS (Salmo). — (Voy. Ombre chevalier.) SAME. — Xom du Mulet c'phale dans plusieurs provinces méridionales de France. (Voy. Mulet céphale.) SANDAT. — (Voy. Sandre d'Europe.) SANDRA Lucioperca). — (Voy. Sandre d'Europe.) SANDRE D'EUROPE (Lucioperca sandra, Cuv.). — Acanthopt. percoïd. Long. max. = 0'",60;iiaut. = 0°>,10. Syn.: Gjôrf,nor\\. — Pilie-perch, angl. — Siidaki, russ. — Siillo, hong. — Heclit, Barfisch, Sander, Sandbar., ail. 44 690 SANDRE D'EUROPE. Le Sandat appartient aux lacs de l'Allemagne, de la Prusse, des contrées voisines et de la Russie. La France en est privée; mais il serait à désirer que des ellorts sérienxet intelligents fussent tentés pour réparer l'oubli delà nature et introduire dans nos eaux ce beau poisson, en ne perdant pas de vue, toutefois, que ce serait un carnassier puissant et vorace auquel nous ouvririons nos ri- vières déjà fort bien douées sous ce rapport, puisqu'elles contiennent en abondance le Brochet, la Perche, la Truite, le Saumon, l'Anguille, la Lotte, etc. Comme forme, le Sandat a beaucoup d'analogie avec le Brochet et la Perche; son corps allongé, ses mâchoires et ses dents fortes le rapprochent du Brochet, tandis que ses écailles dures et les raies foncées de sa peau font penser à la Perche. Aussi lui a-t-on donné le nom de Brocliet- Perche [Lucio perça) {fig. 9;' 5). La tète du Sandat est allongée, terminée en pointe émoussée. Gueule large, mâchoire supé- Fig. y2j. — Sandre irEurupc [Liicioperca iandia, Ciiv.). rieure plus avancée que l'inférieure, toutes deux munies d'un grand nombre de dents d'inégale longueur et fort espacées entre elles, surtout les plus grandes qui sont de véritables crocs. Vers l'extrémité du bec sont deux narines doubles; les yeux, assez grands, semblent recouverts d'une pellicule, ainsi qu'il se remarque dans le Maquereau, vers la fin du mois de mars. Les côtés de la tête sont épais, les opercules dentelés. Corps long, arrondi sur le dos; écailles dures et rugueuses au toucher; celles du ventre plus petites et plus molles. Le Sandre a le dos gris-verdàtre, un peu plus blanc sur les flancs, et en dessous presque ar- genté, quelques taches en nuage bleuâtre sur la partie foncée, taches noires aux dorsales, pectorales rosées. — 48 vertèbres. Pectorales jaune clair, ventrales, anale et caudale grisâtres ; des taches d'un brim très-foncé sont distribuées sur le même fond de couleur dans les deux dorsales. Chez quelques- uns de ces poissons la tète présente diverses marbrures comme on le remarque chez le Brochet. Ce poisson vit dans les eaux pures coulant sur des fonds de gravier ou de glaise là où il peut aisément fouiller le limon ; il ne prospère pas sur les fonds de roche. Le Sandre se nourrit de petits et de gros poissons, d'oeufs, même de ceux de sa propre espèce, et devers qu'il va déterrer dans le limon. Il a plusieurs ennemis dans les eaux qu'il habite : pendant son jeune âge, la Perche et le Brochet ; quand il est adulte, le Silure. La chair du Sandre est blanche, de très-bon goût et d'une digestion facile; c'est pour cela surtout que l'on peut souhaiter son acclimatation dans les eaux de France. (Voy. Piscicultire dans le deuxième volume.) SANDRE D'EUROPE. — Le Sonda f ou la Sandre se prend au moyen de filets dans le Jaïck, dans le lac de Lubahn; dans le Danube cl la Fisza ; dans les lacs de Sa.xe et de Prusse. Dans ces contrées, on le consomme non-seulement frais, mais encore on lui fait subir diverses préparations qui en font une denrée de commerce : on le sale, on le fume pour l'expédier dans les pays qui en sont privés. On l'expédie aussi à l'état frais, après l'avoir percé près de la queue pour faire sortir le sang, et retarder par ce moyen la corruption des parties internes. Après cette opération, on le met dans de petits barils qu'on garnit, en dedans, avec de la neige et des herbes pour que l'air n'y pénètre pas. SANG. 691 SANG. — Le sang des poissons est rouge, froid, à globules elliptiques, gros et peu nom- breux. (Voy. Circulation.) Le cœur, compose d'une seule oreillette et d'un seul ventricule, se trouve placé sous la gorge, dans une cavité thoracique très-petite, séparée de l'abdomen par un diaphragme; le sang veineux y arrive et de lapasse, par une artère pulmonaire, dans les branchies où il respire et devient arté- riel. Les veines pulmonaires le ramènent dans un vaisseau dorsal d'où il se répand dans toutes les parties du corps. Dans ce système, le sang ne traverse, pour aller des branchies aux organes qu'il nourrit, qu'une fois le cœur qui est réduit à la partie droite, mais il y passe en entier pour aller res- pirer : aussi dit-on que la circulation est simple t\. complète. L'organe moteur du sang étant réduit à un cœur simple^ au cœur veineux, il s'ensuit que la circulation de ce fluide est peu rapide et que cette cause, jointe au peu d'activité de la respiration, donne la raison de la faible température du corps des poissons. SANG (Pêche au). — Celte pcclie est extrêmement productive en Chevesnes gros et moyens, mais elle répugne à certaines personnes, parce que les mains sont souillées au contact du sang. Nous indiquerons cependant un moyen de le coaguler et de s'en servir sans se tacher en aucune manière. Reste son odeur, mais on peut la masquer, et le pécheur possède alors le meilleur appât possible pour faire une des plus amusantes pèches dans les fleuves. v^ méthode. — Si l'on habite une ville, il faut retenir la veille au boucher une certaine quantité de sang de bœuf. Si l'on habite la campagne, on fait mettre de côté du sang des volailles dont on se sert, mais le sang des bêles de boucherie est préférable. Or, on sait que le sang, quand il se refroidit, se sépare en deux parties : le sérum qui reste sous forme d'un liquide jaunâtre, et la fibrine qui prend une sorte de consistance demi-solide et ressemble à du foie un peu mou. Exposons donc le sang à la chaleur, et laissons-le re- froidir ; quand le caillot de fibrine sera froid, plaçons-le fù,. 92fi dans l'eau fraîche et coupons-le en morceaux de la gros- seur du pouce, que nous remettrons à mesure, dans une boîte à poisson vif, éga- len^ient remplie d'eau fraîche {flg. 926). L'appât est préparé. Il faut le porter sur le bateau où l'on veut pêcher, sur la jettée, sur le pont, n'importe oîi le Piiiirint c^\ vif l'pin ni^nrnnrjp p\ 1p ^•^^■^'■^'""■'-'^■'■'-'^■^■^-'-'-'-'-'■'-^-'''-'■^^•'■"^'^■^■^^■^''■^-•^'^''■'-'"■'^^ „ , • , 1 , ^ o 1 • Fia. 927. — Lipue solide en soie. tond uni et sableux. On lera choix d'une ligne solide {fuj. 927), et au moyen du moulinet, on lui donnera un peu plus de longueur que la canne, 1 mètre au plus. La ligne portera un hameçon limerick courbe, n° 1, ou, ce qui vaut mieux, un grappin de trois numéros 10 {(ïcj. 9i8). Le plomb mis à la ligne doit être peu considérable, il faut qu'elle reste entre deux eaux, on devra donc se régler sur la force du courant . Eschez et laissez doucement tomber la ligne à l'eau, le plomb fait de suite disparaître l'appât, le coui\ant l'entraîne : allongez le ^,.^ ^^^ bras, et lorsqu'il ne peut plus s'étendre, que la ligne a toute sa portée Grappin eu acier et va former un petit remou... allons !... ferrez : l'hameçon revient nu, ^°""^" le sang est parti à vau-l'eau. Remettez un autre morceau et recommencez le même manège : vous semez pour recueillir, car ces morceaux ne sont pas perdus. Ils roulent entre deux eaux, ou au fond, là où se tiennent les plus gros Chevesnes : la couleur rouge de ce tentant appât a relui au soleil et attiré les amateurs qui s'en sont repus; mais un autre morceau passe, un autre Chevesne s'en régale... Les Boite pour emporter le saug coagulé. VA)2 SAN G LIE H. Fig. 929. - L'é- ponge du pê- cheur au sang. voilà donc assemblés sur la roule de ce joyeu.v pays de bombance! Tous veu- lent y aller el tous fendent l'eau avec vigueur, nageant à qui mieux mieux vers la source de toutes ces bonnes cboses : c'est, comme vous voyez et savez, la gour- mandise qui a perdu le monde, el la poule aux (ruts d'or est éternellement de mode, du liant en bas de l'écdielle des ôtrcs ! Les voilà donc (jui arrivent autour de la jioule, mais ils sont défiants, ils voient (pie l'appât ne flotte pas, ils voient la ligne el bésilent; ne vous lassez pas, remet- tez des morceaux el ferrez à bout de ligne... enfin, les plus hardis se risquent; vous êtes attaqué, vous ferrez... et voici le carnage qui commence : car, enivrés par le sang, les Chevesnes ne connaissent plus de danger et attaquent franche- ment et sans relâche. A cette pêche, comme il se trouve un grand nombre de pois- sons rassemblés au même lieu, il ne faut pas les laisser s'ennuyer ; vous n'en avez pas le temps, et la ligne est solide. Il faut les enlever sans rémis- sion, ils effrayeraient leurs compagnons, qui doivent venir au fond du panier ! Il faut dégorger le plus tôt possible la provision de sang que le poisson a avalée, et se servir souvent de l'éponge {fig. 929) si l'on emploie le sang dans l'état oi^i nous le supposons ici. Mais nous allons le prépai'er de manière à garder les mains à peu près propres, et à ne pas ressembler à un boucher dans l'exercice de ses fonctions. 2" méthode. — Le sang de veau est le meilleur pour ce système, mais celui du bœuf peut servir à défaut de l'autre. Afin que le sang soit caillé comme il faut, on emportera à l'abattoir une certaine quantité de sel de cuisine égrugé très-fin, et, à mesure que le sang coule de la blessure de l'animal, on le reçoit dans un vase et on le saupoudre de sel : ceci fait, on y ajoute deux petits verres d'absinthe, ou plus s'il est nécessaire. On verse alors ce sang dans un sac de toile, et on le laisse passer la nuit enti'e deux planches, comprimées par des pierres que l'on met dessus. Le lendemain matin il est assez dur et assez consistant pour tenir parfaitement à l'hameçon et pêcher de fond au plomb ou au coup, à la flotte légère. Dans ce dernier cas, il faut ferrer vivement et à la première attaque. Parvenu sur le lieu de la pêche, on a une petite palette de bois de noyer de 0'",I0 à O^.lo de diamètre {fig. 930), et un couteau à papier en bois ou en os ordinaire ; on coupe un morceau du caillot de sang que l'onplace sur la planchette, où on le façonne en dés avec la plus grande facilité au moyen du couteau, et sans y mettre les doigts. Il en est de même pour escher ; comme )e sang est tendre, on le pique sur la palette, et quand on vent amorcer, c'est encore sur elle qu'on fait un hachis des petites recoupes, et c'est avec elle qu'on les lance au loin, mais toujours sur la même ligne du courant oii l'on doit pêcher. Ce point est essentiel. SANGLE. — Nom donne, par les pêcheurs de Dieppe, à des pièces d'appelet de moyenne grandeur, dont ils se servent pour prendre les Soles et autres poissons plats. SANGLIER iZeus aper, Lin.). — Aoantliopt. scombéroïd. Zéidés. Long. max. = 0^,20. Syn. : Ujarfish, aiigl. — Stn'vale, ilal. — Tariolo, s\ii\\. — Tinfa empe, espag. Ce petit poisson jaunâtre {fiy. 930) se prend quelquefois dans la Méditerranc^e, rarement dans l'Océan, cependant on l'a vu remonter jusqu'en Angleterre; la forme de son corps rappelle celle de Fig. 930. - Pa- lette (!« liois et couteau pour le sang caillé. SANGSUES. 693 la Dorée ; niais ses yeux sont énormes. Tout son corps est couvert d'écaillés ciliées qui en rendent le toiiclier rude dans certains sens. Les yeux sont orange et les pupilles bleu-noir. La bouche est J^^ iU>-~ -^>^# Fig. y31. — Saiiylier [Zeus uper, Yair.). trrs-protractile et porte une bande de meaues dents saillantes sur chaque mâchoire; la première dorsale et les ventrales sont Irès-épineuses. D = 9 + 24. P = 14. V = 1 + 5. A = 3 + 24. C = 12. SANGSUES. (Voy. Axnelides.) — Ces animaux — qui portent, parmi les Annélides, le nom de Hirudinées,du mot latin hirudo qui veut dire sangsue,— ont le corps nu, contractile, formé d'un très- grand nombre d'anneaux, et terminé à chaque extrémité par une ventouse dilatable et préhensile. La bouche est située dans la ventouse antérieure, avec ou sans mâchoires au nombre de 3, ra- rement de 2 deoticules ou de un. Des points oculaires, que l'on nomme ainsi sans être certain qu'ils t'iij. m.- 1. ïruclicte vei'dàti-e ( Trochela .•^ubvindis, Duibrock). — 2. Aulostunie vui-ace [Autoftoma gulo, JIoq.-Taud.)- — 3, Heemopsis chevaline [Hœmopns sanguisuga, Moq.-Taud.). servent à la vision, sont placés, en nombre variable de 2 à 10, à la partie supérieure de la ventouse buccale. La ventouse anale est simple, nue, rarement armée de petits crochets, tantôt oblique, tantôt exactement terminale. Les branchies sont nulles de même que les Lombrics; les sangsues sont androgynes, mais ont besoin du rapprochement de deux individus pour devenir fécondes. Elles déposent, de mai en octo- bre, des capsules ou œufs qui se forment d'une manière extrêmement remarquable chez ces animaux. 694 SANGSUES. Les œufs sont attacliés aux plantes aquatiques et aux corps solides submergés. Les organes générateurs sont placés sur une partie — i)lus renflée au ninment des amours — et que l'on nomme la ceinture. f^lle se trouve vers le premier tiers de chaque individu. Celte partie se gonfle et se couvre d'une viscosité qui sert à radliérence des individus. Après la fécondation, la ceinture se tuméfie, retire ses extrémités, exsude une matière visqueuse qui se condense à sa surface ; enfin, la sangsue en sort à reculons, les deux extrémités do la capsule se ferment comme par un ressort, et il reste une espèce de cocon plein d'une matière gélatineuse sans germe visilde, mais d'où sortiront plus tard les jeunes individus. Les femelles forment, pendant le temps de la ponte, plusieurs capsules semblables, de 5 à 8. On peut ranger les Sangsues de nos pays en un petit nombre d'espèces, mais la grande va- riété de couleurs que prend chaque individu, tend à faire croire aune bien plus grande diversité que celle qui existe réellement. Dans les fontaines, ruisseaux et fossés qui retiennent de l'eau, on trouve la Ne'phélis octoculé. Sangsue vulgaire [llirudo octocu/ata, Rerg) (fig. 932), portant 8 yeux sur la lèvre supérieur^, J''i(j. 933. — Sangsue vulgaire [Hirudo ou Nephelis O'toculala; Werg). elle ne se contracte pas en olive, mais roule son corps comme les lombrics. Elle ne peut sucer le sang, n'ayant pas d'organe : elle meurt en quelques minutes hors de l'eau. Elle est brun-rougeàtre, couleur chair, cendrée, grise ou verdàtre. Elle se nourrit de planaires, monocles et autres ani- maux infusoires. L La Trochète verdàtre {Trochela subviridi'i, Derbrock) qui se tient dans les rigoles des prairies, les petites sources, les lieux humides, les canaux souterrains, où elle poursuit les lom- brics qu'elle dévore. Ces Hirudinées sont impropres à la succion, et sortent de l'eau pour déposer leurs capsules. Le dos est verdàtre-olive, avec deux bandes noirâtres peu visibles ; 'e ventre plus pâle sans bandes ni taches. On trouve quelquefois des individus rouge vif, bruns, chair, mais tous trois sans bandes (1, fig. 932). II. Aulostôme vorace {Aulostomn-gido, Moq. Tand.) commune dans les étangs. C'est la sangsue noire commune ; elle a le corps allongé et se contracte difficilement en olive. Elle est brun-noir foncé ou vert-olivàlre uniforme; le venirc est olivâtre, quelquefois cendré ou jaunâtre. Elle est demi-terrestre et se cache sous les pierres autour des mares et des étangs. Très-friande de lom- briis, elle ne peut mordre la peau humaine (2, fig. 932). III. Haemopsis chevaline (^IhvDwpsis'sanytdsuga, Moq., Tand.), peu commune, excepté dans le midi de l'Europe {'i,fig. 932) s'attaque aux narines des chevaux et autres animaux qui viennent boire aux sources. Ajoutons la Sangsue médicinale [Hi)udo mcdicinalU, Lin.) {fig. 93i), qui se trouve souvent dans les étangs: re- /wjr. 934. — Sangsue marquablc par sa contractilité en olive, et sa couleur qui varie du gris au vert médicinale (tfiVurfo moucheté et à des marbrures noires et jaunâtres. Elle se trouve en Dretacne, etc. medicinalis, L\n.]. > i"i- SANGSUES. — Les Sangsues sont, pour le pêcheur a la ligne, une excellente esche que la ])liipart des poissons carnassiers recherchent avidement. L'Anguille surtout en est extrûinemcnt friande, et pour les cordées de nuit, c'est l'appât à préférer. Les Sangsues ont l'avantage de vivre très-longtemps à l'hameçon. SARDINE. 695 La Sangsue est encore une excellente esche pour la grosse Truite de fond; on a soin de s'en servir dans l'eau un peu troublée par une crue ou par un orage, et d'approcher de la rive avec les plus grandes précautions pour ne pas faire de bruit. On peut l'employer de m me pour la Truite saumonée et pour le Saumon. La Sangsue est encore excellente pour le Barbeau qui y mord bien par tous les temps, même par l'eau la plus limpide. SANGUINEROL. — Nom du Te/w? dans quelques localités. (Voy. Véron.) SANTÉ. — Nom de la Crevette àRoyan. (Voy. Chevettes.) SAOUMO. — Nom béarnais du Saumon. (Voy. ce mot.) SAOUMON. — Nom du Saumon en Gascogne. (Voy. Saumon.) SAPIN CREUSÉ (Canne en). — (Voy. CONFECTION DES CANNES A PÊCHE.) SAR. — Nom populaire du ^'rtr^we aux environs de Marseille. (Voy. Sargue.) SARAGA. — Nom du Sargue dans le Midi. (Voy. Sargue.) SARDE GRISE. — (Voy. CanTUÈRE GRISE.) SARDINAL ou SARDINEAU. — Nom provençal des manets ou filets en nappe simple, dont les mailles sont calibrées pour prendre les Sardines, les Anchois et les Melettes, etc. On prétend que le Sardinal n'a été inventé, sur les côtes de Provence, que vers la fin du treizième siècle. Ce n'est guère probable, — bien que Ducange l'assure d'après des mémoires qui n'existent plus, — puisque, du temps même des Ro- mains, on prenait des petits poissons que nous estimons être des Anchois et des Sardines ; il faut bien en conclure qu'on employait des filets propres à cette pêche, et comme ces poissons ne se prennent qu'en s'emmaillant, il fallait également que la maille du filet fût proportionnée à leur grosseur. SARDINE (Clupea sardinia, Yarr.). — Malacopt. abd. clupéoïd. Long. max. = O^.SO. Syn. : Chairlina, basque. — Sardella, sanlenne, ital. — Sprat, angl. — Sardrinieite, Zardin, hret. — Apro hering, hongr. — Brectling, allem. — BrùUng, norw. — Hwafsbuk, suéd. — Sardina, esp. — Sardinha, port. — Sardela balijghij, turc. La Sardine {fig. 935) ressemble beaucoup au Hareng, mais est plus petite et plus mince. La bouche est petite, presque sans dents, la mâchoire inférieure est la plus longue; les yeux sont jaune Fi(/.9K. — Sariiine [Clupea sarduiia, Ya.rv. blanchâtre ; les ouïes et tontes les parties des cotés de la tête, jaune doré, marqué de stries variées; le dessus du corps, bleu verdàtre ; les côtes et le ventre, blanc argenté ; la dorsale et la queue, foncées. La dorsale de 18 rayons est placée un peu en avant du milieu du corps; les !«■■ et 2« rayons plus courts que le 3^ qui est égal à la base de la nageoire; ces trois rayons simples, les autres branchus. 696 SARDINlv Los pectorale?, de 16 rayons, et la ventrale, de 8 rayons, sont petites. L'anale a 18 rayons, et la queue fortement fourihue 19. Ce poisson, qui marche par bandes énormes, forme un -article de pèche des plus importants et dont la description sort de notre sujet. (Voy. Grandes Industries des eaux, c* vol.) SARDINE — On a VU (les Sardines se prendre à des hameçons amorcés avec des vers. 11 esl probable que cet animal se nourrit du frai des autres poissons, et il est certain qu'il dévore les petits crustacés qui habitent le sable et qu'il y cherche sans relâche. La véritable pèche de la Sardine se fait avec dos nappes de lilets flottants. Nous allons la décrire telle que nous l'avons vu exécuter dans les baies de Concarneau et de Douarnenez, les points de France où l'on prend le plus de ces poissons utiles Les pêcheurs parlent avec la marée, de manière ;\ commencer leur pèche le plus matin possible. Ils montent des barques non pontées, à deux mâts inclinés sur l'arrière. Les filets consislent en 71ojjjj('s non jjicmfM'es înilcs en fd très-fin dont la maille a juste la grandeur nécessaire pour que la Sardine puisse y passer la tète et se trouver prise par les ouïes. Ces filets sont garnis de nombreux lièges à la tête ; une fois jetés à la mer, ils y flottent sans obstacle. Les pêcheurs sont ordinairement au nombre de trois : le patron de la barque, un ouvrier et un mousse. Chaque pièce de filet a 20 mètres de long, sur 6 cà 7 mètres de haut. Une fois parties, les barques vont dans la baie, cherchant à faire levei^ la Sardine, c'est-à-dire jetant de la rogue parcimonieusement, de temps à autre, pour forcer le poisson à monter à la surface de l'eau voir d'où lui vient une si bonne au- baine. Cette rogue est un amas d'œufs de Morue que l'on tire maintenant de la Nor- wége. Ces œufs jaunâtres ressemblent, au premier coup d'oeil, à du gros sable mouillé. La Sardine, très-friande de ces œufs, qui composent probablement une nour- riture analogue à celle qu'elle recherche et pour laquelle elle est entrée dans la baie, quitte le fond et vient à la surface. Disons de suite que cette manœuvre est quelquefois inutile et que les bancs ou troupes de ces poissons passent, immenses et renouvelés sans cesse, autour des pêcheurs.. Dans l'un ou l'autre cas, on met à la mer un premier filet, puis le bateau, auquel il reste accroché à l'arrière, se maintient en ramant légèrement la pointe dans lèvent, mais avançant le moins possible, juste assez pour que le filet s'étende bien dans l'eau. Alors, debout à l'arrière, le patron jette de la rogue par poignées, du côté du filet où les Sardines sont le moins nombreuses. Toutes rencontrent le filel, se précipitent vers Tappàt, et la troupe en désordre se prend par la tête dans cha- que maille ouverte, où elle est retenue par les ouïes, et d'où elle ne peut plus se dégager. Comme la rogue est très-chère, — elle coûte de 80 î\ 120 francs le tonneau, — les pêcheurs ont cherché à l'économiser. Ils y mêlent du sable qui, aux yeux des Sardines, paraît un moment augmenter la provende. Ils se servent aussi de Gueldre (voy. ce mot), appât formé de poisson, sardines, têtes, etc., broyés et macérés dans l'eau. Ils emploient également la gueldre de Crevettes, la plus désastreuse récolte que l'on puisse laisser faire à la mer. De temps en temps, le patron se contente de jeter une grande écoppée d'eau sur la mer, cela fait du bruit et suffit poin- faire travnillor la Sardine., — suivant la pitloresquo expression du pêcheur bas-brelon, quand il parle des girations folles auxquelles se livrent, dans tous les sens, les bandes de ces petits poissons argentés. Essayer de décrire les évolutions d'une bande de Sardines est impossible : ce sont des étincelles d'acier ou d'argent qui roulent et roulent encore, comme les SARDINE. 697 vagues qu'elles suivent et éclairent. Ce sont des plongeons fous, des sauts insensés à la poursuite des bribes de rogue ou de gueldre qui tombent du bord; le tout pour aboutir au filet perfide dont la nappe flottante et molle offre toujours une maille ouverte à l'imprudente qui n'y regarde pas de près. Et comment y regarder de près au milieu de l'ivresse d'un festin si libéralement servi? Peu à peu le filet se remplit, les lièges baissent dans l'eau, les pêcheurs se hâtent de détacher du bateau la nappe devenue inutile, et de la laisser aller à la dérive emportant son butin. Une seconde lui succède, et la même manœuvre re- commence tant que la Sardine veut bien travailler. Si, par une cause subite, le banc disparaissait tout à coup, on cherche un peu plus loin une meilleure chance. Plus lard on recueillera les filets abandonnés, et on les débarrassera de leur cotte de maille d'argent en les remontant dans le bateau. Telle est cette pèche élémentaire et pour laquelle cependant une certaine ha- lùtude de manœuvre est nécessaire. La distribution de la rogue n'est pas, non plus, une opération qui doive se faire au hasard ; c'est de bel et bon argent que l'on jette à l'eau ; c'est vous dire si le pêcheur y regarde à deux fois et s'efforce de tirer le meilleur parti possible de sa marchandise. On prend ainsi jusqu'à 20 et 30,000 Sardines dans la journée. Or, le seul petit port de Goncarneau a, tous les jours, 500 barques semblables à la pêche. Essayons, au moyen de ces données, de dénombrer cette manne bienfai- sante que la mer apporte au pays. En admettant une moyenne de 20 milliers de Sardines par bateau et par jour, et, de oOO barques à la pêche, elles rapporteront, en tout, 10 millions de Sardines à la fin de la journée. Or, cette pèche dure pendant 8 mois, que l'on peut diviser en quatre mois forts et quatre mois faibles : les pre- miers à 10 millions par jour, les seconds à 5 seulement; ne mettons que 23 jours de pêche en moyenne par mois, total 100 /ours forts et 100 /oî/r*' faibles : Cent yowrs forts, 1,000,000,000; cent ^ours faibles, 500,000,000; total 1 ,300,000,000. Un milliard et demi de Sardines .' ! f — pour un seul petit port.... Et toute la Bretagne pèche! Et toute la côte pèche jusqu'en Espagne! Et toute l'Espagne pê- che! Et toute l'Europe du Midi pêche! ! ! L'Angleterre elle-même pêche aussi.... Plus au nord, la Sardine ne paraît plus, le Hareng la remplace. — Aamirable répar- tition du grand dispensateur ! Cette pêche merveilleuse ne manque pas toujours d'incidents désastreux. Tan- tôt c'est un Thon gigantesque qui, semblable à un Maquereau apocalyptique de 2 mètres de long, vient mettre toutes les bandes en fuite. D'autres fois c'est le Maigre qui s'en mêle, comme nous le voyons à son article. Un autre jour c'est le Milandre, — un cousin germain du requin, — qui, content de voir les Sardines maillées, se met à les dévorer sans se préoccuper si les mailles du filet se happent dans ses dents aiguës et tranchantes. Hélas ! il arrive à la fin qu'en se gaudissant il s'enveloppe lui-même dans le filet, le met en pièces et finit par être hissé à bord à coups de croc par les pécheurs désolés, mais se vengeant sur le stupide dévastateur du mal qu'il leur a fait ! On le porte en triomphe le soir, sur une civière, on le mène à la presse pour en tirer un peu d'huile, mais le filet est perdu et la pèche avariée, sinon détruite ! N'omettons pas de faire remarquer que lorsqu'on retire le filet de l'eau, la Sardinefait entendre un petit cri — de même que le Hareng — cri que l'on com- pare à un gazouillement d'oiseau, ou au cri d'une souris, et ([ui est peut-être pro- 698 SARDO. diiit par l'ouvcrlurc des ouïes. On on ne sait pas! — C'est le cri de la Sar- dine !.... Toute barque de pêche de Sardines est fatalement remorquée et suivie par . des bandes de Mouettes et de Gof'lands qui l'entourent ; voici pourquoi : les plus grosses Sardines se frappent la tôte contre les mailles sans pouvoir y entrer, s'é- tourdissent et remontent sur l'eau en tournoyant. C'est là que les oiseaux les attrapent et en font chère-lie.... Le Maigre donne la chasse aux Sardines, aux Muges, et autres poissons de même taille dont on trouve les débris dans ses intestins. Aussi le voit-on particu- lièrement nager en petites troupes dans la saison où les Sardines s'approchent des côtes, où les Muges se réunissent aux embouchures des rivières. La guerre acharnée qu'il fait à ces poissons sans défense justifie assez la frayeur que ceux-ci éprouvent quand un ou plusieurs Maigres se montrent dans les mêmes eaux. Les pécheurs ne s'accordent pas à dire que les Sardines fuient avec précipita- tion comme le Hareng quand ces derniers sont poursuivis par des troupes de Rous- settes ou d'Aiguillats. Plusieurs pensent au contraire que , dans ces moments d'alarme, elles gagnent les couches inférieures de l'eau, et s'y entassent, les unes sur les autres, en forme de bancs. Les Sardines, disent-ils, restent dans cette situa- tion tant que l'ennemi est en présence, et aucune amorce ne peut les attirer à la sur- face de l'eau, tant qu'elles ont la crainte du danger. Noël delà Morinière (3/. S.) rap- porte un fait qui semblerait confirmer cette opinion. Il est arrivé à l'embouchure de la rivière de Pont-l'Abbé que les barques sortirent pendant huit jours de suite, mais sans parvenir à prendre une seule Sardine, parce qu'il y avait des Maigres dans les eaux. Le découragement des pêcheurs allait toujours croissant, lors- qu'un ancien marin leur conseilla de mettre des plombs à leurs fdets pour qu'ils pussent atteindre le fond. Ils suivirent ce conseil, et l'expédient réussit. Le lendemain, toutes les barques revinrent fi Pont-l'Abbé avec un plein chargement de Sardines. Il n'est pas rare que, dans le fort de la pêche, au moment où les Sardines s'em- maillcnten foule dans les filets, elles disparaissent tout à coup, le pêcheur en con- clut qu'il y a des Maigres dans le voisinage et, comme l'expérience lui a appris qu'il n'y a plus de capture à espérer, il se met en devoir de tirer ses filets à bord de la barque. Quand il est arrivé aux derniers, il voit les Maigres occupés à dévorer les Sardines, et même à déchirer les filets comme pour se venger de ce qu'on leur enlève leur proie favorite. Ils s'élèvent quelquefois de manière à être bien distin- gués, frappent l'eau de leur queue et occasionnent à la surface un remou sembla- ble à celui d'un flot qui se brise contre un rocher. Mais ce n'est ni la voracité du Maigre, ni la chasse donnée aux Sardines en particulier qui doivent nous étonner — à peu d'exceptions près, les poissons vivent dans un état de guerre continuelle, — c'est le bruit que le Maigre produit sous l'eau à un degré beaucoup plus remarqua- !)le que les Grondins, bruit sourd, qui ne peut être que le résultat d'une organisa- tion privilégiée ; autrement il arriverait que tous les habitants des eaux, pourvus de branchies au lieu de poumons, en produiraient un pareil d'après leur organisation relative. Ici, comme en beaucoup d'autres endroits, nous sommes obligé de dire : on ne sait pas.... SARDINIA(Clupea). — (Voy. Sardine.) SARDINIÈRE. — Nom que l'on donne, dans le golfe de Gascogne, aux filets qui servent à prendre des Sardines. s ARGUE. 699 SARDO. — Nom languedocien de la Sardtne. — (Voy. ce mot.) SARGO. — Nom provençal du Sargue. — (Voy. ce mot.) SARGOU. — Nom niçois du Sargue. — (Jn dit Sarg^ié aux Martigues. — (Yoy. Sargue.) SARGUE [Genre] (Sargus, Cuv.). — Acanthot. sparoïd. : ont, en avant des mâchoires, des incisives tranclianles presque semljlaljles à celles de l'homme. La Méditerranée en possède quatre espèces peu différentes les unes des autres, et ces poissons s'avancent jusque dans le golfe de Gascogne ; leurs couleurs consistent en Landes verticales noires sur un fond argenté. 11 y a des Sargues qui ont des incisives échancrées, d'autres qui se distinguent parce que leurs molaires rondes sont sur une seule rangée et très-petites. (Méditerranée.) Ce sont des pois- sons littoraux, communs dans les eaux du Midi, mais qui ne s'avancent pas loin au nord dans l'Océan et ne vivent point dans la Manche. lisse nourrissent de crustacés, d'insectes, de fucus, de mousses, de varech, etc., ils sont très- voraces et se prennent très-facilement à l'hameçon. SARGUE (Sparus sargus, R.). — Acanthopt. sparoïd. Long. max. = O^j-Sô. Syn. : Base,, angl. — Geùsbrassen, allem. — Surogo, ital. — Pagaro, da!m. Sous le nom de Sargue, il faut réunir plusieurs variétés de poissons qui ne se séparent entre elles que par de failjles différences. Le caractère général de cçs animaux, est d'abord un corps com- primé et élevé, à dos plus courbé que le ventre; à dénis incisives analogues à celles de l'homme dans une bouclie médiocrement grande et à lèvres épaisses. Les dents sont au nombre de 8 et en arrière se trouvent des molaires arrondies en pavés. Dorsale lr«, 12 rayons épineux ; 2<', 12 mous ; elles se tiennent ensemble; la 2<^ en a souvent 13 Fig. 936. — Sargue [Sparus sa>'gus,\{.). ou 14; la caudale 17, l'anale 13 mous et 3 épineux en avant; les ventrales 5 mous et 1 épine, les pectorales IG non articulés. L'anale est noirâtre, les ventrales aussi, et les autres blanchâtres. Les écailles du corps minces, flexibles et peu adhérentes. La couleur varie du gris argenté au gris rougeâtre, et ce poisson a le corps marqué en long de raies jaunes et en travers de raies noires et argentées ; queue présentant une tache noirâtre. Le pelil Sargue on Sporaillon est un tout petit noisson de même espèce habitant les rochers des côtes de Provence; il entre dans les étangs salés. On donne, en Bretagne, différents noms à un Sargue qui y est fort commun, on le nomme Scolète à Brest, G/are//e à Concarneau. Ce dernier mot, qui signifie f/o/e/ en breton, lui est par- faitement appliqué par suite du ton pensée-pâle qui apparaît, au premier coup d'oeil, sur tout le corps posé à plat. D =11 + 13. A = 3 -f 11. P= H. Y = 1 + 5, C = 13. 700 SARGUET. La Si olète a, sur le front, au-dessus de l'œil, une dépression très-remarquable, couverte par un chevron de couleur brun foncé, avec une petite tache brillante en cioissant au-dessus de l'iris qui est moyenneuicnt grand. Le museau est pointu, la bouche petite, les dents pointues, longues en avant, sur un seul rang; en arrière, point de molaires. Lèvres brunes, langue blanche. L'opercule est sirié et nacré. On remarque au haut de l'ouïe, et vers la naissance de la ligue latérale, au-dessus d'elle, une grande écaille brunâtre, striée et ovale. Toutes les nageoires, sauf les pectorales, sont d'un ton brun verdàtre plus ou moins foncé. L'aspect général du corps est blanc verdàtre sur quelques individus, mais, quand ils sont gros, plus mêlés de bleuâtre; et quoique la couleur réfléchie soit un peu ;>/-.la vecr/iin, ilal. Cette espèce se fait remarquer par l'élévation et la courbure de son dos. Museau obtus, dents plus nombreuses que dans les autres espèces ; œil médiocre, mâchoire inférieure plus courte que la supérieure; elles ont chacune 8 incisives; la supérieure porte quatre rangées de molaires arron- dies, l'inférieure trois seulement. D = 11 -j- li. A = 3 -h «3. C = 17. P = 17 . 0 = 1 4- 5. La pectorale est longue et pointue. Corps gris doré, â reflets argentés; 20 lignes longitudinales foncées sur les flancs. Ventrales noires. Dorsale, anale et caudale brunâtres lisérces de noirâtre. SARGUET. — (Voy. SPARAILI.ON.) SAUMON. 701 SARGUS. — (Voy. Saugue [Genre].) SARGUS SALVIERI.— (Voy. Sargue de Salvie.n.) SARGUS SPARUS. - Voy. Sargue.) SARGUS VETULA. — (Voy. Sargue vieille.) SARTIS. — Cordes de sparterie avec lesquelles, dans le Midi, on haie les filets. SARVE(able). — (Voy. Rotengle.) SATOUILLE. — (Voy. Acanthopsis rubané.) SAUCANELLES. — Nom que donnent les pêcheurs de Narbonne a.u.x jeunes Daurades de l'année, ayant 0",10àO'",15 de long. — (Voy. Daurade vulgaire.) SAUCLETS. — On appelle ainsi, en Languedoc et en Provence, les At/c^- rines. (Voy. ce mot.) SAULE BLANC. — L'un des plus communs parmi les Saules qui bordent nos chemins et nos bois, le Saule blanc {Salix alba), ne doit pas servir au pêcheur à la ligne, car il n'en retirera que déception. Nous en exceptons l'usage d'une pre- mière, où le Saule blanc peut remplacer le Marceau ; seulement, plus chancreux que lui, il se polira beaucoup moins bien. Le bois du Saule blanc est cependant souple et tenace, mais non élastique; ployé, il demeure ployé ; mouillé surtout, il prend toutes les formes. Le scion ou la seconde ne peuvent servir ainsi. SAULE MARCEAU. — Le Saule Marceau {Salix caprœa), est l'un des bois les plus communs de noire pays. Saule rappelle toujours l'idée de ployant : ici ce ne serait pas le cas d'employer ce bois à un tel usage, car le Marceau , — surtout sec, — est cassant. La véritable utilité du Marceau pour la pêche, est de fournir de très-bonnes premières rectilignes ; lesquelles, sèches et passées au feu, ne sont pas élastiques, — elles n'en ont pas besoin, — mais sont très-légères, ce qui est un grand point. On emploie encore ce Saule en gaules vertes, coupées à môme la cépée pour pêcher les petits poissons qui peuplent le ruisseau. C'est avec lui que les gamins du village font leur pêche quotidienne ; la pêche finie, la gaule est jetée de côté et tout est dit. SAUMIER. — Sorte de grappin ou harpon dont on se sert dans la Dordogne pour saisir les gros Saumons, lors de la pêche de ce poisson. C'est une espèce de fouane, dont le manche est attaché à une ficelle. SAUMON [Genre] (Salmo, Lin.). — Mala- copt. abdom. salmones. Vouloir distinguer méthodiquement les Sau- mons des Truites, est une tâche difficile, car les différences qui doivent servir de hase sont quel- quefois si faihles qu'on reste forcément dans le vague. Cependant ces deux poissons présentent un faciès particulier qui les fait, la plupart du temps, reconnaître, et, bien que la Truite soit certainement le Saumon des eaux douces, nous sacrifierons à l'ha- jjitude des pêcheurs en ne réunissant pas tous ces animaux sous la seule rubrique Saumon. Ici nous serions presque tenté de dire, pour toute délimitation: le Saumon est le Saumon, la Truite est la Tiuite, si certaines espèces inter- médiaires ne nojs demandaient quelques détails de plus. Les Saunions ont, comme les Truites, des dents fortes et pointues aux mâchoires, aux os palatins et à la langue. Les dernières en ont au voiner ifîg. 'J37), les autres non. Malheureusement, pour la clarté et la certitude de cette distinction, il ne faudrait pas que quelques auteurs fissent, de la Truite de mer dont nous donnons {fig. 938) le vomer denté, un Saumon. Yoracrs dentés de diverses truites (Bl.j. iiïfe Fig. 937. Truite des lacs Fig. 938. Truite de mer. Fig. 939. Truite commune. 702 SAUMON COMMUN. Fig. 9iû. — Tète l)ien coractL-risée de Saumon Bcicard 'femelle). Les Saumons ont les écailles petites, ovales; les yeux plus grands, proportionnellement, les pièces operculaires allongées en arrière et des stries autour de l'œil. Les caractères de l'opercule sont les meilleurs. Combien avons-nous d'espèces de Saumons en France ? Cette (jupstion est, encore aujour- d'hui, résolue d'une manière peu satisfai- sante ; les uns eu comptent beaucoup, les autres très-peu. Les auteurs actuels ne voient que : Le Salvelinus, Ombre-Chevalier ; Le Salar, Saumon commun ; Le Hucho, Heusch, introduit récem- ment par la pisciculture dans plusieurs cours d'eau de l'est de la France, origi- naire du Danube. On laisse de côté le Salmo hamatus ou Décard (fig. 940), comme étant un vieux mâle ou une particularité individuelle, nous, nous le re!;ardoiis comme une espèce distincte. (A'oy. Bécard.) SAUMON ARGENTÉ iSalmo lacustris, Agass., vel Fario argenteus, Val.). — Mala- copt. aiid. snlmones. Long. max. = 1 mètre. Syn. : Silberlacks, der Rheinlanke,der Manke, die Groud forelle, ail. — Si/ver Tronic angl. Bloch et Agassiz ont appelé Saumon argenté, le Rheinlanke du lac de Constance que l'on a jusqu'à ce jour confondu avec la Truite des lacs, de Neufchàtel. Valenciennes l'appelle Forelle ar- gentée ou grande Tritile des lacs argentée {Fario argenteus). Il serait temps, afin de distinguer cette espèce de la Truite des lacs, de Neufchàtel^ avec laquelle elle a peu de ressemblance, de lui donner l'une ou l'autre des dénominations, par exemple, celle d'Agassiz. Dans cette espèce propre au lac de Constance et aux lacs d'Ecosse, les jeunes sont, d'après Agassiz, beaucoup plus marqués de taches que les vieux. Ce Saumon est un poisson argenté à dos bleu. La dorsale, la caudale et l'adipeuse ont une couleur verdàtre sombre, plus foncé à la cour- bure de la caudale; l'anale, les ventrales et les pectorales sont plus jaunes, couleur paille claire. L'œil est blanc d'argent. Les taches nombreuses sont bleuâtre foncé et rangées, assez régulièrement même, sur les ouïes. Agassiz dit que ce poisson est le Salmo Schiffermulleri de Bloch. De même, les ichthyologistes ont donné le nom de S. Illanca à l'âge adulte du même animai. A cet âge, l'argent a tout envahi, même le dos qui n'est plus que bleuâtre; les taches sont rares, minces, très-écartées, effacées. La caudale est vert foncé vif, ainsi que la dorsale ; l'adipeuse un peu plus claire; les anales, ventrales et pectorales jaune verdàtre très-clair. L'œil jaune brille dans la tête bleu foncé à lèvres verdàtres lavées de jaune. Pour nous, ce poisson est la grande Truite du lac de Genève ou la Truite du Rhône, le Salmn ferox, le Great-lacke-Trout des Anglais. (Voy. Truite des lacs.) Il faut bien se garder de confondre le Saumon argenté avec la Truite argentée. (Voy. ce mot.) SAUMON BÉCARD. - (Voy. Bécard.) SAUMON COMMUN ;Salmo salar, Lin.). — Malacopt. abdom. salmones. Long. max. ^ 2 mètres . Syn : Ldio9, pol. — Somga, russ. — Salmon, angl. — Lax, irland. — Zalm, hoU. — Zomon, bret. — Has/ut, dan. — Lax, suéd. — Lazatz, hougr. — Salm, ail. — Salmon, espag, — Smont, écoss. — Salmao, portug. C'est la plus grande espèce du genre; elle a la chair rouge, et porte des taches irrégulières brunes qui s'elfacent rapidement après séjour dans l'eau douce. Sa pêche est très-importante dans les pays septentrionaux, où l'on en sale et en fume beaucoup. Ligue latérale, 120 à 130 écailles, 25 ou '20 rangées au-dessus, 18 au-dessous. Plus rapprochée de la têle que de la caudale, la dorsale porte 12 à 15 rayons, en moyenne H, dont 3 ou 4 sont simples. Pectorales, 14 rayons; 10 à 1 1 à l'anale; 9 à 10 aux ventrales; caudale bleuâtre, fortement échancrée ; adipeuse noire. Des dents aiguës hérissent les maxillaires, les intermaxillaires, la mandibule infé- rieure, les palatins, le clievron du vomer et la langue. Ce qui distingue ce poisson, de toutes les espèces de Truites de mer, qui lui ressemblent comme forme et comme grandeur, c'est qu'd n'a jamais de dents au vomer. Le Saumon, comme la Truite, est un poisson qui manque d'élégance dans la tête : si les pê- cheurs ne voyaient, à travers ses formes, la succulente chair qu'il promet à leur souper, ils n'hési- ^^^^^^^^^^m^^^^SS^^^^^Ê^^^^^^^^^^^ mM^Mêmm ••■;!: ;^1 ^.«...iJk.J^^ 702 SAUMON GOMMI .\. Les Saumons ont les écailles petites, ovales; les yeux plus grands, proportionnellement. les il piUili^ Jl, ii.s ij'hi..' • o eu LU O o > O SAUMON COMMUN. 703 Les trois Ams du Saumon. feraient pas un instant à dire que le Saumon est un laid poisson. Sa tête massive, arrondie, sans modelé, son œil petit rappelant celui du porc, tout cet ensemble est lourd, linital et disgracieux. Les mœurs ressemijlent, du reste, à ce portrait; qui a observé les Saumons et les Truites en liberté dans les grands itassins des établissements de pisciculture, en vient bientôt à les considérer comme las poissons les plus voraces, les plus brutaux et les plus dénués d'intelligence qu'il y ait. Ce sont des mâchoires organisées, et voilà tout. Le vieux Jack, — le Brochet lui-même — n'est pas plus hideux avec son bec de crocodile en miniature. La robe du Saumon est différente, suivant qu'il monte de la mer ou qu'il redescend des fleuves. Son dos est toujours bleu d'acier, ses flancs argentés avec des taches noires, irrégulières, disséminées comme au hasard sur la tète et les opercules. La surface du corps est quelquefois, même presque toujours, nuancée de nuages bleuâtres, obscurs, plus ou moins visibles et fugaces après la mort. En parure de noces, le ventre s'empourpre ainsi que la base et la pointe de presque toutes les nageoires, excepté la dorsale et les pectorales. L'opercule, l'interopercule et le subopercule sont tous trois soudés et forment comme une seule bande sur laquelle se dessinent des stries en divers sens. L'œil est, de même, en- châssé au milieu de stries rayonnantes en arrière; ce caractère, propre au Saumon dès l'état de Smolt, permet toujours de le distinguer de la Truite, et est l'un des meilleurs, sinon le seul, selon nous. Le Saumon mâle, après avoir séjourné quelque temps dans les rivières, devient verdâtre sur le dos, avec les flancs jaune obscur. Les taches sont noires entourées de rouge sombre, la queue échancrée légèrement en croissant. Toutes les nageoires sont vertes. La femelle, après le frai, alors qu'elle a séjourné longtemps dans les rivières, a le corps mai- gre, alTaissé et allongé. Le dos est vert pâle, les flancs jaunes, le ventre blanc, les taches rouges et brunes sans auréole; la caudale et la dorsale vert-jaune pâle tachetées fortement, les autres na- geoires brun bleuâtre -, chez tous les Salmonés, la caudale de la femelle est sensiblement plus courte et moins étendue que chez le mâle. Alors que les Saumons entrent dans les rivières, ils portent encore la brillante livrée de la mer. Dos brun-vert foncé, flancs et ventre argentés, ta- ches brun-noir sans auréoles, irrégulières. La caudale, la dorsale, l'adipeuse, la pectorale vert-noir ; ventrales et anale, jaune rougeàtre, A sa naissance, le Saumon est plutôt brun pâle que blanc, il porte des taches nombreuses descendant, en fes- tins profonds, du dos sur les flancs; ces bandes varient de 15 à 18. Cette livrée dure au moins un an; à cet état, on le nomme en Angleterre, Parr (fig. 941). dépendant le temps approche où le Sau- mon va revêtir un plus brillant habit et devenir le Smolt (fig. 9i2) ou Saumon du second âge. 11 est alors vêtu de bleu. Bleu foncé sur le dos, 8 ou 10 taches bleues sur fond d'argent à tons changeants rou- geâtres, ventre blanc brillant; l'opercule marqué d'une pro- fonde tache noire, dorsale tachetée de brun. Telle est la parure du fringant Smolt. A cet état, si l'opercule n'était pas bossu en arrière et strié sur le des- sus, on prendrait facilement le Smolt pour une Truite. Cette brillante livrée est la parure de voyage ; aussi le besoin de locomotion, de migration, devient si impérieux, à cette époque de leur vie, que le docteur Shaw remarqua un jour luie sensible diminution parmi les Smolts qu'il conservait dans un bassin où il les observait depuis leur état de Parron de premier âge. 11 s'aperçut bientôt qu'ils s'élançaient hors de l'eau et mou- raient bientôt étendus sur le rivage à quelque distance du bord. Ceci se passait dans la première Fig. 941. — Pan-, U^ âge : eau douce. Fig. 9il. — Smolt, -21: âge : allant à la mer. Fig. 943. — Grilse, 3« âge : Saumon de premier retour. 706 SAUMON COMMUN. mer, dnteiitdu printemps 1857 et eurent lieu dans un étang de Vell'erstad, à Lier, près de Drommen. On y déposa des alevins, mais le manque de nourriture les força à ne croître qu'avec une extrême lenteur. Kn 5 ans, ils ne pesaient qu'une livre et demie; leur chair était blanche. — Est-ce donc au genre de nourriture marine du Saumon, qu'il doit la couleur rouge de sa chair? — L'expérience fut répétée en I85G, dans les deux lacs Siljevandene, près de Laurdal, dans le Lanrvig : là, comme la surface d'eau était de près de 7 kilomètres, et sa profondeur parfaitement peuplée de Vérons, Gre- nouilles et insectes, les jeunes Saumons se sont parfaitement développés, et, eu I8C4, on a pris un Saumon de 9 ivilogranuiies. L'expérience inverse — de parquer les Saumons exclusivement dans l'eau de mer — a été faite, en Angleterre, par M. Hetting, dans deux étangs communiquant à l'eau salée. Le supérieur, contenant l'eau saumàtre, recevait des Grilses que l'on faisait passer, quand ils pesaient .^0 àf-0 gram- mes environ, dans le premier, où chaque marée leur apportait le fretin habituel des côtes et autres victuailles qu'ils dévoraient avidement. Kn dix mois, ces Grilses pesaient 1 livre et demie (760 gram.j. La malveillance interrompit l'expérience, laquelle a éti' reprise àLadejord, près Bergen (Norwége), en ce moment, et réussira très-probaidement. Cependant il est probable que la croissance des ani- maux ainsi séquestrés sera toujours plus lente que quand ils pourront remonter et descendre à la mer, chercher l'abondante nourriture qui leur est utile. D'un autre côté, il nous est parfaitement démontré qu'en nourrissant en eau douce des Saumons d'une manière suffisante, on peut les faire croître et frayer dans un étang dont ils ne quittent pas l'enceinte. Nous examinerons d'ailleurs toutes ces questions plus en détail dans notre seconde partie de cet ouvrage intitulé : Les Grandes Industries des eaux, articles Pisciculture, Élevage, Saumon, etc. Le Saumon vit d'insectes, de vers et jeunes poissons, il saisit la proie avec une grande agilité et saute en l'air pour la prendre, au vol, avec la rapidité d'une flèche. Les papillons sont surtout de son goût. SAUMON COMMUN. — Le Saumon est le roi des rivières du Nord ; déjà, dans la zone tempérée, il devient plus rare, pour cesser tout à fait d'habiter les pays chauds. Celte disposition climatérique n'est pas seulement propre à l'Eu- rope, elle se retrouve identique en Amérique. Pour se rendre compte de ces curieuses délimitations d'espèces, il suffit de comparer l'abondance du Saumon en Norwége et en Ecosse avec sa rareté dans notre pays et son absence en Afrique. Les dernières stations de ce magnifique poisson paraissent être les fleuves et rivières de l'Espagne qui versent leurs eaux dans l'océan Atlantique, et surtout dans le golfe de Gascogne. Quant à la Méditerranée, ses eaux, sans doute trop salées et trop chaudes, ne conviennent point au Saumon ; aussi ne devons-nous pas être surpris que les Grecs n'aient point connu ce superbe poisson et que les Romains eux-mêmes n'en aient parlé que très-tard. Pline est, je crois, le premier qui ait mentionné le Saumon comme venant de la Gaule aquitanienne où les habitants le regardaient comme le meilleur poisson du pays. — Remarquons, en passant, que l'abondance du Saumon, dans le bassin de la Gironde et de ses affluents, ne semble pas avoir autant diminué que dans certaines Tocalités plus septentrionales de la France actuelle, la Bretagne, par exemple. Ausone, l'un des derniers poètes latins d'origine gauloise, connaissait par- faitement le Saumon; aussi ne l'a-t-il point oublié dans ses vers, où nous trouvons la trace de la désignation d'espèces différentes. On nous pardonnera — en faveur de l'importance du sujet, — une courte citation de ces vers curieux, qui ne nous vaudra pas, nous l'espérons, le reproche de pédantisme que nous redouterions. Voici ces vers : Nec te puniceo rutilant em viscère, Salmo, Transierim Teque inter geminas species neutrumque et utrumque. Qui necdum Salmo, nec jam Salar, amhiguusque Amborum, medio Fario itderceite suh œvo. SAUMON COMMUN. 707 Ce qu'il y a de plus curieux dans celle citation, c'est qu'elle prouve qu'Au- sone connaissait le Sniolf. et le Grilse, et, confondant la Truite avec eux, en faisait un âge ou un état intermédiaire. On peut se tromper plus grossièrement, surtout pour des gens qui n'examinaient des animaux que l'extérieur, et parmi les Truites blanches et argentées de certaines rivières, la ressemblance générale est grande avec les Saumoneaux. Dans notre France, le Saumon est un habitant de tous nos grands fleuves, — excepté du Rhône qui se jette dans la Méditerranée, — et certains d'entre eux, comme la Garonne, la Dordogne et la Loire, sont remarquables par les pèches que ce poisson alimente. Il remonte fort haut leur cours et celui de leurs affluents. Comme exemple, on peut citer la pêcherie de Pont-des-Eaux, sur l'Allier, affluent de la Loire, laquelle pêcherie est en pleine montagne, au milieu de l'Auvergne. Les rivières marines — j'appelle ainsi les petits cours d'eau qui se jettent directement k ia mer, — de la Bretagne et de la Normandie recevaient autrefois une quantité de Saumons tout à fait comparable à celle qui a fait longtemps la richesse des rivières de l'Ecosse et de l'Irlande. Malheureusement, chez nous comme chez nos voisins, nous avons tué la poule aux œufs d'or, quand je dis tué, je me trompe, nous l'avons laissée mourir, nous ne l'avons pas nourrie, ou, pour mieux dire, nous l'avons empoisonnée. Là- bas comme ici, on a poché à tort et à travers, au temps du frai comme en bonne saison...; là-bas comme ici, on a élevé des usines qui déversent dans les eaux limpides — indispensables au Saumon, — des produits délétères...; là-bas comme ici, le Saumon s'en est allé !... Oîi? — Nul ne le sait !... Mourir en quelque bas- fond, des conditions non remplies de sa nature, des obligations inassouvies de son organisation !... Nous ne pouvons entreprendre ici l'étude que comporte ce sujet si vaste, nous la reprendrons dans la seconde partie de cet ouvrage — qui portera le titre des Grandes Industries des eaux, — en lui consacrant les développements nécessaires. Qu'il suffise ici d'indiquer, en traits généraux, ce qu'il importe au pêcheur de connaître. C'est que le Saumon vient dans tous nos fleuves, excepté le Rhône : la Seine elle-même en fournit. J'en ai vu prendre un magnifique, à l'épervier, près d'une des piles du pont d'Asnières i Endroit bien choisi ! J'en ai vu des troupes re- monter la nuit — reconnaissables à leur bruit, à leurs écailles argentées et à leur marche, — au-dessus de Melun, gagnant les petites rivières delaBourgogne. Mal- heureusement la quantité de ces poissons n'est pas assez considérable, dans tous ces endroits, pour nécessiter une pêche s/jecm/e. D'ailleurs on pêche peu en France, comparativement à ce que l'on devrait faire si l'on savait élever le poisson, et l'on prend le Saumon par hasard, un peu partout. Nos rivières du Nord-Est, et surtout le Rhin, sont parfaitement peuplées du Saumon ; dans ce dernier fleuve même, ce poisson fait l'objet d'une pêche spéciale extrêmement lucrative. Nous ne connaissons que la basse Loire, de Nantes à An- cenis, qui donne lieu à un mouvement de Saumons semblable. En attendant qu'on lui construise une échelle qui lui permette de remonter la chute du Rhin, le Saumon s'arrête à l'aval de cette cascade, car malgré sa réputa- tion de sauteur, justement méritée, il n'est pas encore parvenu à escalader la chute de Schaffouse. C'est donc à partir de là que nous allons suivre la pêche du Saumon dans les eaux du Rhin. Voyez-vous ce pêcheur dans sa barque, lutter contre le courant, et s'avan- /08 SAUMON COMMUN. cer jusque sous la pluie Pino, argentoc, produite par la chute majestueuse de ce beau tleuve ? C'est llanslé, le Boiteux, qui vérifie l'état de ses pinces. (Voy. ce mot.) La nuit vient... il s'assure si ses engins sont convenablement placés sur les frayères, si le Saumon )nàle — devant attirer la femelle remplie d'œufs sur la frayère — est bien attaché après son gros moellon, et s'il est à distance conve- l'ig. 944. — Haiislé iiècliaiit k' Sauiiion à la piuce, dans le Rhin. nable de la pince, de manière que la femelle puisse y être prise sûrement (/>g. \Mï). Il a six et même huit pinces pareilles placées l'une près de l'autre; il les vérifie toutes, et si, par hasard, il voit que l'une d'elles est fermée, il la retire, en cher- chant d'abord avec son crochet en fer muni d'un long manche en bois, la corde qui la retient fixée à une lourde pierre. Il écarte les deux branches munies de dents meurtrières serrées sur le poisson qui n'est généralement pas mort, parce qu'il a été pincé près de la queue ; il abaisse ces deux branches du piège pour le retendre, et le place de nouveau sur la frayère pour revenir le surveiller le len- demain de bon matin. Plus loin, n'apercevez-vous pas cet homme au teint jaune, aux yeux perçants, grimpé au haut d'un sapin ou d'une échelle placés près des bords du fleuve? C'est un guetteur qui surveille le passage des Saumons, En bas, au bord, se tiennent quatre ou cinq pêcheurs dans une ijarquc, tout prêts à lancer leur embarcation dans le fleuve, et ;\ entourer le poisson annoncé par le guetteur, de leur grand [Uet, — une vraie senne claire, — pour tirer ensuite le tout sur le bord. En cette saison, les eaux du Rhin sont si claires que l'homme perché en haut de son sapin ou de son échelle, distingue parfaitement le Saumon qui vient se placer sur la frayère, et peut alors prévenir, par un signe, les pêcheurs qui attendent non loin de lui. Ailleurs, les pêcheurs connaissent les bonnes places, la où le Saumon passe or- dinairement,et, quoiqu'ils tirent leur senne au hasard, sans savoir si leurs peines seront récompensées, ils ramènent quelquefois avec leurs lilets doux, trois et jus- qu'à quatre de ces magnificjues poissons. Du côté de Laufenbourg, on emploie encore un autre système pour pêcher le SAUMON COMMUN. 709 Saumon. C'est ce que les pêcheurs appellent un Lachrestand. Celle pêcherie con- siste en une nasse en fil de fer suspendue dans le Rhin, dans la partie où le lit ne présente pas un fort courant. L'ouverture de la nasse est dirigée du côte d'aval, afin de prendre les Saumons à la montée. Comme alors ils évitent autant que possi- ble les chutes, ils sont pris dans la nasse, et montes à la surface au moyen d'un levier fixé à ce piège. Ce mode de pêche qui n'existe qu'à Laufenbourg détruit énormément de frai. Les Saumons sont pris avant que leurs œufs soient arrivés à maturité. Plus bas encore que Bàlo, la nasse est remplacée par un carrelet placé sur la frayère, et nous retrouvons l'emploi du même grand carrelel en France, dans la Dordogne et le bassin de la Gironde ; mais les pêcheurs du Midi cl même ceux de la Loire n'ont pas étudié les mœurs du Saumon avec autant de soin que les Alsa- ciens, et n'ont pas appris à se servir du mâle pour attirer la femelle : en France on prend le Saumon au hasard, quand il passe sur le carrelet, lequel bascule auhaut d'un poteau comme une machine à tirer l'eau d'un puits. En Alsace on fait venir le Saumon dans le filet. Yoici comment : devant le filet on attache un Saumon mâle qui attire la femelle : dès que celle-ci se place sur le filet, elle agite une petite sonnette et prévient ainsi le pêcheur qu'il est temps de retirer son carrelet. Du côté de Huningue, et jusqu'à Strasbourg, on pêche avec cet engin. On se sert aussi, dans les endroits convenables, de la grande senne dont un bout est tiré par des hommes à terre, et l'autre par un bateau qui entoure une portion du Rhin pour ramener l'autre extrémité du filet au rivage. Ce filet, la senne, est employé partout, c'est l'enfance de l'art. Nous devons ici rapporter une remarque curieuse qui a été faite dans la partie supérieure du Rhin, c'est qu'on y prend toujours le mâle en premier lieu. Il paraît que le Saumon mâle devance la femelle, et que celle-ci le poursuit, le recherche, comme le sauveur de ses œufs. Les pêcheurs assurent que les femelles de Saumons se battent, se mordent entre elles pour se disputer un mâle, quand leurs œufs sont arrivés à maturité. Ce qui paraît démontré pour nous, — tant par les rensei- gnements particuliers que nous avons pris en Suisse et en Alsace, que par les expériences faites à ce sujet en Angleterre, — c'est que, dans l'espèce Saumon, le nombre des femelles est au moins dix fois plus considérable que celui des mâles. Ce fait — - qui cependant mérite encore une confirmation plus certaine, que peut donner seule une statistique des captures, — ce fait serait du plus haut intérêt pour la reproduction de ces poissons, le repeuplement des fleuves et la conduite des pêches. Quoi qu'il en soit, le haut prix auquel sont, chaque année, cotés les mâles — nécessaires aux pêcheurs du Rhin et de la Suisse pour faire leurs captures, — sem- ble prouver leur rareté comparative. D'autant plus qu'un mâle, bien muselé et attaché à sa pierre, dure plusieurs jours de suite dans l'eau, servant d'appât et faisant prendre quelquefois un fort grand nombre de femelles à la suite les unes des autres. Or, le nombre des femelles ne diminue point, et celui des mâles n'augmente pas. 11 y a donc là une disproportion générique dont le pêcheur et surtout le pisciculteur doit faire son profil. La pêche du Saumon a lieu au confluent de la Wiesen et du Rhin, trois fois par jour, à midi, à 3 heures et à 6 heures pour les pêcheurs du petit Huningue. Ces pêcheurs se servent d'un filet appelé Loup (voy. ce mol), qui d'un seul coup amène quelquefois plus de 30 Huchsfisch. Ce poisson, que nous nommons Saumon 710 SAUMON COMMUN. Heusch, remonte du Rhin dans laWicsen, où il dépose ses œufs dans les endroits Irès-profonds. On observe également pour cette espèce, comme pour le Saumon commun, que la femelle est suivie par un on plusieurs mâles qui l'accompagnent et arrosent les œufs de leur laitance, ainsi (jiie le font les .Yoses (Chondrostômes) à Saint-Jacob. Le Saumon s'avance et fraye quelquefois dms le Rhin sur dos l'ndroils où le fleuve n'a qu'un pied d'eau (0°',3o). On prend, dans le pays, le llucbs et le Saumon pour le même i)oisson, et on les pêche de la même manière. 11 est nommé Sahnen depuis l'aube du jour et HucJts depuis son déclin. La viande du Salmen en général a un meilleur goût, elle a plus de consistance et porte plus de graisse. La taille ordinaire d'un Saumon adulte est de 1 à 2 mètres de long sur 0'",30 de large. Le Saumon se trouve dans les environs de Huningue vers le mois d'avril ; on remarque que plus il remonte le fleuve, plus sa chair est délicate. On attribue cet effet à la fraîcheur et à la tranquillité des eaux de la partie supérieure du Rhin. La chair du Saumon, qui est d'abord rouge, devient ensuite blanchâtre et perd une partie de sa saveur. En automne, le poisson se rassemble donc, fraye dans les petites rivières où il remonte par troupes et regagne ensuite le Rhin, où il se réfugie dans le fond et auprès des rochers pour réparer ses forces. On en trouve même en ces endroits pendant l'hiver, qui ont conservé toutes leurs forces et ne sont pas descendus à la mer. C'est en mars que l'on commence à prendre les Saumoneaux longs de O^jOH à O^jlS sur 0'",0.3 de grosseur. On les pêche en abondance dans le Rhin et les rivières adjacentes et leur chair est très-estimée; mais il importerait à la conser- vation du Saumon dans nos eaux que cette pêche fût aussi sévèrement défendue par la loi qu'elle l'est en Angleterre. Malheureusement la loi dont nous parlons n'est pas observée là-bas, ce qui produit à peu près le même effet que chez nous. La pre- • mière loi connue sur la conservation du jeune Saumon remonte à 1030. Elle fut faite en Ecosse, du temps de Macbeth : la i)remière loi semblable anglaise du même genre ne remonte qu'à d28o. En France nous n'avons qu'une législation plus moderne, mais le frai y est beaucoup moins ménagé encore qu'en Ecosse et en Irlande, où le reflet de prohibition de ces antiques règlements se fait encore sentir, quoique trop faible, au dire des hommes compétents. En automne ces jeunes poissons se rassemblent et forment di's troupes compo- sées de Parrs et de Smolfs (voy, ces mots), et, soit que le courant les entraîne, soit qu'ils cèdent à leur instinct naturel, ce (jui est plus probable, ils se dirigent vers la mer d'où ils reviendront l'année suivante à l'état de Gn/so et de Saumons par- faits. Les Saumoneaux qu'une cause accidentelle a empêchés de se rendre à la mer ne grossissent pas sensiblement : il en est de môme de ceux que l'on retient dans les eaux douces d'un endroit fermé, ainsi que nous l'avons vu plus haut. On prend le Saumon à la ligne dans nos rivières en amorçant son hameçon au moyen de l'Ammodyte {Ammodytes tobianus). Ce petit poisson étant, pour cette pêche, le meilleur ap))àl de fond, ainsi ([ue les diverses espèces de sonf/>,f»0. Syn. : Rived salmon, angl. — Ilucft, huche, heuch, ail. — Salmo reo, espag. Corps plus long et plus rond, tête plus allongée que chez le Saumon ordinaire. Dos large et ar- rondi ; dessus de la tête méplat. OEil mé liocre, placé sur le devant et le haut de la joue. Opercule petit, triangulaire, à angle supérieur tronqué, et inférieur très-aigu. Préopercule abord mince, arrondi, avec quelques légères ondulations; interopercule quadrilatère, mais rétréci en avant. Gueule assez grande; dents palatines fortes, en crochet et sur une seule rangée. Il y en a trois ou quatre sur le chevron du vonier; mais le corps de l'os est lisse et sans dents. Mâchoires égales, langue grande, libre, cannelée, comme celle des Saumons, et de chaque côté, une rangée de "î ou 8 dents. Dorsale sur le milieu de la longueur du corps. Adipeuse large. Ventrales implantées sous les derniers rayons de la dorsale, .\nale un peu pointue de l'avant ainsi que la pectorale. Caudale four- chue. D = 13. A = 12. C = 29. P = n. V= 10, Écailles très-petites, elliptiques. Les bandes transversales foncées que Ton observe sur les jeunes des autres espèces de Salmo- nidés se retrouvent également sur les jeunes Saumons du Danube, mais à mesure que le poisson grandit, elles se transforment en taches isolées plus ou moins irrégulières qui, chez les vieux, n'existent plus que sur le dos. C'est un joli poisson tout argenté, aux reflets lilas. Les pectorales sont jaunes, la dorsale brune, les ventrales et l'anale claires dans le même ton, ainsi que la caudale qui se montre jaunâtre bordée de vert foncé et fortement échancrée à pointes assez aiguës. En vieillissant, la teinte d'argent violacée envahit le corps et ne laisse sur le dos qu'une bande vert-bleu sombre marquée de quelques petites taches noires. La tète est verte, les ouïes piquetées de points verts sur un fond argenté bleuâtre. La queue est jaunâtre à bordure plus verte, encore éc|iancrée, mais à lobes moins aigus ; l'adipeuse est grande, vert foncé, arrondie et couverte d'é- 714 SAUMON 11 El S Cil. cailles à sa base. L'anale, les ventrales et les pectorales prcsqnc jaune paille. La dorsale ver! gai. La forme de ce poisson est cylindrique. Fraye en juin. Ciiair blanche, mais un peu molle. SAUMON HEUSCH. — Dans les affluents du Danube oii le Saumon heusch se retire pour frayer, les propriétaires riverains le pèchent au trident {fig. 945) ou au lacet. Mais on emploie plus communément le mode de pèche suivant. On prend une perche de 8 à 10 mètres de longueur, très-mince et très-légère, de manière à ce qu'un homme puisse la lancer d'une main. Au bout mince de celte perche est adaptée une corde de \ mètre portant un petit filet de 3 mètres de large sur 1 mètre de haut {fig. 945). L'autre extrémité du filet est munie d'une seconde corde de 8 à 10 mètres de longueur. Le pécheur s'assure d'abord des endroits où le Sau- mon vient frayer, et quand il a découvert une frayère, il la surveille jusqu'au moment où il aperçoit le poisson placé dessus. Alors, de la main droite il saisit la perche, tandis que, de la main gauche, il tient le bout libre de la corde ; puis il lance vivement la perche perpendi- culairement à la direction du courant dans l'eau, sans cependant le lâcher complètement. Le petit filet est entrainé avec une partie de la Trident à cordc dout l'extrémité est maintenue dans la main gauche du pêcheur. .aunion. Qy^nd le filet se trouve tout près de la frayère, le pêcheur retire brusque- ment la perche en la laissant glisser dans sa main, tire le filet à lui au moyen des deux cordes attachées à ses extrémités, et ramène ainsi le plus souvent le Saumon entortillé dans les mailles ou entraîné dans la petite poche que forme le filet. Fig. 946. — Pèche du Saumon Heusch. Ce filet est toujours lancé à l'amont de la frayère depuis le bord de la rivière ou du cours d'eau, de manière à ce que le courant en entraînant le filet lui fasse décrire une poche qui, arrivée près du poisson, est tirée vivement sur la frayère et de là au bord. Ce mode de pèche demande beaucoup d'adresse et de force. On le pratique aussi la nuit au moyen d'une torche allumée qui permet de recon- naître la place où se trouvent les poissons. C'est surtout le long du Lech et de Vil- SAUPE. 715 1er, en Bavière, que cette pêche s'effectue, je la crois inédite, et l'une des plus cu- rieuses et des plus difficiles que je connaisse. Le jet de ce filet fantastique dépasse en difficultés celui de tous les épcrviers du monde. SAUMON SALVELiIN (Salmo salvelinus, Dl.}. — Malacopt. abd. salmones. Long. max. = 0'»,35 ; liaut. = Om,i4. Syn. : SalôUng.Baw. — Sulmarino, salamandritio, ilal. — Scitwariz Ileuterl, Salzbourg. — Pi- res Pisztrang, liongr. — Salve lin, pol. Dos brun, côté blanc, taches jaune-roug(3âlre ; écailles très-petites, ventrale 1 rayon blanc, caudale rouge. (Voy. Temps de frai ) Cliair exquise très-recherchée, se trouve dans le nord de la France et en Belgique, où on l'a acclimaté. Quelques auteurs le confondent avec V Ombre-Chevalier, et le Saumon umhle dont il serait une dénomination différente; peut-être même ces trois dénominations désignent-elles un seul et même poisson, et les différences que l'on remarque dans le temps de ("rai et les mœurs, tiendraient- elles à la différence de température des milieux où ils vivent. (?i SAUMON UMBLEou OMBLE (Salmo umbla. Lin.). —Malacopt. abd. salmon. Long, max. := On',40. Syn. : Chair, angl. Écailles très-petites, corps non tacheté. Dorsale de 14 rayons, anale de 11 ; yeux très-grands. Ce poisson se trouve dans les lacs des montagnes des Alpes, etc., accidentellement dans les rivières ; ceux que l'on prend dans le lac de Genève sont renommés; ils sont beaucoup supérieurs à la Truite. Cependant le Gharr est, pour les Anglais, une Truite et non un Saumon. (Voy. S. Sal- VELIN.) SAUMONEAU (Salmulus, Will.). — Malacopt. abd. salmones. Le verdàtre du dos'forme avec le blanc du ventre des zigzags dans chacun desquels est une tache rouge. On reconnaît parfaitement ici la livrée du Parr. {\oy. Salmilus.) C'est un poisson dé- licieux sur lequel beaucoup de discussions ont eu lieu. On le trouve généralement dans toutes les rivières abondantes en individus du ge.ire Salmone, Truite ou Saumon; les uns ont voulu y voir un jeune frai de Saumon, les autres une petite espèce particulière : pour nous les premiers ont eu rai.son. On le pèche en France, dans plusieurs rivières des Ardennes; on le trouve dans le Rhin ; en Angleterre, sous le nom de Salrnlet. La grande ressemblance de tous les Salmones quand ils sont jeunes aura sans aucun doute empêché de distinguer les caractères particuliers à chaque espèce. C'est à leurs barres transversales qu'ils doivent en Angleterre le nom de Brandling et de CraveUng dont on avait d'abord fait deux espèces particulières, et que l'on confond généralement aujourd'hui sous le nom de Parr. Le Parr lui-même n'est rien autre chose que le Silmlet ou Saumoneau ou jeune Saumon commun {\oy. ce mot), n'ayant pas encore atteint sa deuxième année- Ces poissons se prennent très-facilement à la mouche arliricielle et naturelle, ils y mordent comme l'Ablette ordinaire; nous en avons pris dans la Loire à la mouche naturelle. Nota. — Si nous avons laissé subsister cet article, c'est entièrement pour la commodité de recherche des pêcheurs habitués à ce nom et à la pêche que le jeune Saumon leur procure. SAUMONELLE. — (Voy. Menus et Blanchaille.) SAUMONIÈRE. — (Synonyme de Saumier.) SAUPE (Sparus salpa, Lin.). — Acanthopt. spar. Long. max. = 0"',35, ord. 0">,I5. Syn. : Salfjseebrasse, allem — Pampana, espag. Poisson tout à fait voisin du Bogue, dont le corps est long, comprimé; les écailles grandes. Chaque mâchoire, peu extensible pour la famille à laquelle il appartient, porte une rangée de dents tranchantes. Son corps présente dans toute sa longueur une raie droite, noire de chaque côté, et des bandes jaune doré parallèles au dos, qui sont au nombre de huit ou neuf, tandis que le Bogue n'en a que 3 ou 4. ire nageoire dorsale, grande, de 12 rayons pointus ; nageoire anale de 5 rayons dont les 2 pre- miers forts et piquants. Caudale fourchue. SAUPE. — On rencontre surtout ce poisson sur les côtes de la mer Méditer- ranée ; il se pêche comme la Daurade et vit aux mêmes lieux qu'elle. Ses moeurs, sa nourriture sont semblables, seulement sa chair est moins estimée. 716 SAUR EL. SAUREL fCaranx trachurus, Cm.). — Acantliopt. scombjr. Long. niax. = 0",50. Syn. : T/ie ùyrj, lio'sc inarkorel, aiigl. — Stdkker, daii. — Piir, nonv. — florsmakrill, suéd. — MursLaneker, holl. — Suviirou, ilal. — Miheken, ail. — Xurel, espag. — C/iicharro, galicien. — Casec, chécher, c/ueinec, creenic, i/raenic, hrct. La couleur du Carangue (/t'y. 947) est très-helle, mais n'approclie pas de celle du vrai Maque- reau. Cependant le ventre et les flancs offrent des renets bleus, roses et pensée très-doux, tandis Fu,. y; ■-aiirol iCai Irdchurus, r.uv.l. que li; dos est olive, vert et Lronzé par places irrégulières. Vus par-dessus, la tête et le dos pa- rai.ssent d'un vert iiouteille, presque noir. L'opercule présente, au dessus de la ligne latérale, une tache noire irrégulière qui se continue sur l'arcade des ouïes, en face, et semble correspondre à une petite échancrure naturelle de cette arcade. Le Caranx, Saurel, ou Chincliard n'a pas de fausses nageoires près de la queue, et porte de chaque côté, une rangée de 74 écailles imbriquées, armées d'une épine charnue. Les nageoires pecto- rales, teintées de vert sale, sont longues et pointues ; au-devnnt de l'anale qui est Manche se trouve une petite nageoire que maintiennent deux épines. Les dents sont petites, visibles à la loupe seulement, mais la bouche est large, et là lèvre supé- rieure capable d'une projection considérable. La langue fort singulière est revêtue de nacre, sauf l'extrémité qui représente une petite spatule sans revêtement. Les yeux sont grands, égaux, presque à moitié de la hauteur de la tête, moitié argentés, moitié bruns. Les nageoires ventrales, blanches, sont placées dans une dépression, et la 1" épine de devant l'anale aussi, elles ont 5 rayons, les pectorales 21, la caudale en croissant 17 ; dorsales : les premiè- res 8, les deuxièmes, 32. La courbe brusque de la ligne latérale est au-dessus de l'anus, et le corps, à partir de là jus- qu'à la queue, devient quadrangulaire par suite des plaques de la ligne latérale et de leurs épines ressemble à une scie tournée vers la caudale. Ces poissons paraissent sur nos côtes comme le Maquereau dont ils ont les mœurs, allant en troupes ou bancs comme eux, et se mêlant même ensemble. Ils sont peu estimés et leur chair est sèche, quoique ayant le goût de celle du Maquereau; on ne les vend que larement dans l'intérieur des terres. On prétend que le Saurel est le meilleur appât po.ssibic pour la pcciie de la Morue. SAUREL. — L'apparition des Saurels a lien, sur nos eûtes, en mars comme celle du Maquereau. Ils voyagent aussi en troupes souvent d'une étendue incroya- lile et dont il n'est pas possible de dénombrer les individus. Ils semblent faire bouillonner la surface de la mer. Ces poissons poursuivent le frai du Hareng, el très-probablement celui de la Sardine : ils n'apparaissent pas avant la fm d'avril, et ne sont pas abondants pen- dant les mois cbauds de l'année. Le Saurel se tient ordinairement près du fond, mais, quand il se rassemble à la poursuite des Équilles on de quelque autre nour- riture favorite, il se montre en iimombrable multitude qui s'avance turbulente jusque siu'le rivage. SAUTERELLE. 717 Ce poisson se prend de la même manière que le Maquereau ; mais, dans les ports où il n'est que trop commun, il empêche toute espèce de pêche à la ligne en démontant toutes les Esches avec une dextérité et une adresse dont VA blette d'eau douce peut seule donner une idée. J'ai vu ne pas pouvoir faire arriver une seule amorce au fond, tant la troupe des Saurels ou Garangues les dévorait, à peine si elles avaient touché l'eau. Heureusement, ces poissons sont assez bons eux-mêmes comme amorce parce que leur chair crue est ferme et soutenue par une peau un peu parcheminée. On les découpe en losanges sur les flancs, et on s'en sert pour prendre les Daurades, les Sargues, les Pagres et les Pagels. (Voy. ces mots.) A^us dans l'eau, ces poissons, aux mouvements gracieux et rapides, ont l'air presque transparents et de couleur feuille-morte un peu verdàtre. Le Carangue remonte, à Nantes, la Loire en même temps que les Aloses. C'est peut-être lui que les pécheurs appellent Alose à gros- œil. (Voy. ce mot à Alose feinte.) La présence du Saurel porte préjudice à la pèche de la Sardine parce qu'il donne la chasse à ce poisson. Aussi en voit-on des troupes excessivement nom- breuses dans la baie de Concarneau tant que dure la pêche ; mais il en gêne beau- coup les opérations en dévorant l'appât destiné à la Sardine. On consomme le Saurel frais sur la plupart des côtes. Sa chair peu délicate, co- riace même, quoique huileuse, n'est que médiocrement appréciée. A Douarnenez, à Audierne et dans d'autres ports voisins, on emploie le Saurel à faire des amorces. On pourrait extraire l'huile des Saurels et en tirer un ])on parti. Malheureuse- ment l'apparition de ce poisson est si incertaine, que les frais de la pèche ne se- raient pas compensés par la valeur du produit. En outre, il fait son apparition sur nos côtes en même temps que le Maquereau et la Sardine qui offrent aux pêcheurs des résultats beaucoup plus sérieux. Le Saurel voyage quelquefois en troupes considérables. Vers le mois de mai 1818, on prit, sur les côtes de la Seine-Inférieure et de la Somme, une grande quantité de ces poissons appartenant à un banc considérable qui avait longé la côte. Les Saurels étaient en si grand nombre qu'ils s'échouèrent sur le sable, et on en ramassa une énorme quantité à la main. Il paraît que, dans le cours de leur passage, ces poissons avaient frayé, car, huit à dix jours après, les bords de la mer étaient couverts d'une incroyable quantité d'œufs qui nageaient dans une ma- tière roussàtre huileuse et que les vents du N.-E. poussèrent sur la côte pendant plusieurs jours de suite. SAUTADE ou SAUTADO. — Espèce de filet d'entremaillade qui fait partie de grands filets (Méditerr.) munis de flottes et de plombées avec lesquels on en- toure les bancs de Mulets et de Bars qui viennent dans les ports. (Voy. Mulet Céphale, Pèche.) SAUTERELLE, — Avec les Criquets et les Grillons, la Sauterelle est la dernière res- source du pécheur en été. Ce sont des insectes de grande taille que tout le monde a vus dans les prairies. On en connaît un certain nombre d'espèces, mais le type est la Sauterelle verte {Locusta viridissimuy Lin.), si abondante partout à la fia de l'été et en automne, où on la trouve jusque sur les arbres. Les longues pattes de ces Sauterelles sont caractéristiques; leurs antennes longues et ténues les distinguent des Criquets, qui, comme elles, appartiennent auxOrlhoptère^, mais les ont épaisses et moins longues. Les organes du vol font plus complets chez la Sauterelle que chez les Criquets : enfin la fe- melle porte à l'abdomen une robuste tarière en forme de faux qui lui sert à introduire ses œufs 718 SAVRE. Fig. 948, dans la terre. Ceux-ci coulent entre les (leii\ lames dont cet organe est formé et (jue l'animal en- Ir'ouvre pour cet objet. Les mâles font entendre le liruit appelé citant, en frottant leurs éhtres l'une contre l'autre, pendant les soirées chaudes de l'été pour appeler les femelles. Les Sauterelles éclosent au printemps : d'ahord très-pctilcs, elles grossissent rapidement et ressemblent bientôt aux animaux adultes. SAUTERELLES. — Nom populaire des Crevettes en cerlains endroits. (Voy. Ckkvettes.) SAVARY. — Nom (lu Doiicct à Caen. (Voy. ce mot.) SAVENEAU, SAVENELLE i:t SAVONEAU. — Ce lilel à main se compose (l'une nappe simple de filet AB, montée sur deux bâtons {fiQ. 9iS) que l'on nomme qrienouWes. Très-proche parent d'autres lilets employés sur nos côtes, il se confond souvent avec eux, d'autant plus facilement que tous forment la ca- tégorie des filets que le p(3cheur pousse, à pied, de- vant lui, sur les grèves pour prendre les petits crus- tacés littoraux et quelques poissons. Parmi les Saveneaux, les uns ont dcHquejwuil- /('}< ([ui peuvent se croiser, les autres non : celui que i\^préseute la figure 948 est de ces derniers. Les premiers rentrent tout à fait dans la catégorie des Biche tks {fig. 949), alors les quenouilles sont courbes ; ou des Haveneaux [fig . 930), et les bâtons demeurent droits. Le filet du Saveneau a environ 3 mètres de longueur, la corde A, qui borde le filet en avant, est un peu plombée. Quand les saveneaux sont petits, les pêcheurs prennent une que- nouille dans chaque main et pré- sentent à l'eau le filet tout ouvert : aussitôt qu'ils sentent qu'un poisson a donné dedans, ils rapprochent les quenouilles, ce qui plie le filet, et le poisson est pris. Cette manœuvre doit se faire rapidement. Lorsque les Saveneaux sont plu^ grands — à 4 mètres de longueur, — les pécheurs se mettent deux, un à chaque quenouille. Ces filets ser- vent, comme la Bichette, à prendre les poissons qui restent dans les endroits où sé- journe peu d'eau : les femmes les emploient pour les chevrettes. SAVETIER. — (Voy. Kpinoche). SAVONCEAU. — Synonyme de Caudrette. (Voy. ce mot.) SAVRE (If SAVREAU. — Ce filet sert surtout à prendre les Lançons. (Voy. ce mot.) On fait ainsi des Savres à râteau, qui servent à ramasser la Gueldre ou à prendre la Blanchaille. (Voy. ces mots.) Le Savre {fig. 951) est composé d'une grande poche en filet dont les mailles ont 2.^ ;\ 30 millimètres à l'ouverture, et 8 â 10 au fond. Ce filet est monté sur une grande traverse de 2 mètres à 2'",?)0 de longueur qui sert à maintenir un demi -cercle de bois. Un manche fort long de 4 mètres à 4", 50 est posé sur le cercle et sur la tra- ou saveneau a que- nouilles courbes. ruj. y . — Haveneau ou Saveneau a quenouilles croisées. SGIiENA CIRRHOSA. 719 ■-'-^ verse, mais il dépasse celle dernière en dessous deO'",20 à 0"',25. A celte extrémité inférieure du manche on attache d'abord une corde qui va rejoindre les deux bouts de la traverse et sert à la consolider, puis une corne recourbée en avant, afm que l'instrument glisse plus facilement sur le sa- ble. La pêche au Savre est très-simple. Elle se fait depuis juin jusqu'en novembre. Le pê- cheur choisit la nuit ou un temps couvert ; il s'avance dans l'eau jusqu'à la ceintiu'e tenant le Savre dressé devant lui ; mais il a soin de se placer à l'envers de ceux qui pèchent au hou- leux. Au lieu de regarder la grande mer, il lui tourne le dos et regarde la plage. La marée montante vient donc derrière lui et il marche dans le même sens qu'elle. Avec ses pieds il frappe le sable et le remue pour en faire sortir les Lançons {Ammodytes tohianus) qui se sont cachés dans le sable et n'en sortent qu'avec le flot. SCARDINIUS. — (Voy. RoTENGLE [Genre].) SCHIETTA. — Nom de la Rédare dans Fig. 951. — Savre. le 5' arrond. (Corse). (Yoy. Réclare.) SCHIFF. — Appellation du Nase parles pêcheurs de la Lorraine. (Voy. Gqon- DROSTÔME NaSE.) SCHIFFERMULLERI Salmo;. — (Voy. S.u-.mon .\rge.nté.) SCHNEIDER-KARPFCHEN (litl. Petite Carpe de tailleur). — Terme de mépris ou de raillerie employé pour désigner la Bouvière à Strasbourg. (Voy. Bouvière.) SCIABICA. — Nom corse de VEissaugue. (Voy. ce mot.) SCIABIGOTO. — Filet spécial au quartier de Bastia, 5'' arrond. marit. Le décret du lU novembre 1859 lui donne les dimensions suivantes : Long, de chaque aile, SS^jSO. — Haut, moyenne, 7", 60. — Long, de la poche, 8"", 60. — Girconf. moyenne, 15"", 20. — Maille de l'extrémité de la poche, 0'",20. — Poids total du plomb adapté au filet, 15 kilogr. A l'embouchure du sac il y aura en outre 2 kilogrammes de plomb. Ce filet sera soutenu par des flottes carrées de 0'",06 à 0"',08 sur 0'°,02 à 0'°,03 d'épais- seur espacées à 0'",40. SCIE. — (Voy. Seyciie.) SCIENA AQUILA. — (Voy. M.UGRE.) SCIENA CIRRHOSA. — (Voy. Umbrixe commune.) SCIÈNE[Ge«reJ. — Acaiithopt. sciénoid. Ce genre de poissons, dont le principal type est le Maigre (voy. ce mot) se distingue par sa tête bombée, par sa dorsale profondément échancrée, et dont la partie molle est beaucoup plus [ongue que l'épineuse. Anale courte; préopercule dentelé, opercule terminé par des pointes. Tête entièrement écaiUeuse. Dents fortes aux deux mâchoires, pas de canines ni de barbillons. Trois espèces, dont le Mai(jre fi&\i\ habite nos eaux. SCIÉNOIDES. — 3* famille des Acanthoplérygiens. Cette famille a les plus grands rap- ports avec celle des Percoides^ et se subdivise de la manière suivante : I" 2 dorsales. Maigre, Corbs, l'mbrine, etc.; 2° l dorsale, et subdivisé en plus ou moins de 7 rayons branchiaux, exotiques. SCI-3ENA. — Voy. Sciène [Genre].) SCIENA CIRRHOSA. - (Voy. Umbrine.) 720 SCION. SCION. — Dans la canne ordinaire pour pêcher île fond, le scion est une partie intéressante mais qui ne demande guère d'autres qualités que de n'être pas trop lourde : dans la canne à la mouche, c'est la partie la plus essentielle ; aussi dif- ficile à faire que difficile à sauver des mille accidents qui la menacent. Un bon scion est d'un prix inestimable, et, malheureusement, les scions ne deviennent excellents que par l'usage, et c'est par là qu'ils périssent. Cette partie de la canne est le dé- sespoir du pêcheur qui non-seulement prend des soins trôs-justifiés de ceux qu'il a, mais encore n'oublie pas de faire des provisions pour n'en jamais manquer. On parvient à construire de bons scions avec un grand nombre de bois d'es- sences très- différentes, et cette matière nous a semblé assez importante puisque nous avons donné un court article sur chacun de ces bois, afin que l'amateur puisse apprécier et comparer les qualités et les défauts de chacun. Nous répéterons donc, qu'on fait des scions en orme, épine noire, épine blanche, bambou, cornouiller san- guin, nias, roseau naturel, troène, bois des Iles, genévrier, coudrier^ baleine, fusain, néflier, pommier sauvage, etc. Plusieurs causes font rompre les scions : ce peut être d'abord le poids d'un poisson trop volumineux, mais le plus souvent ce sont des accidents et des chocs. La pointe du scion se prend entre les branches d'un arbre, un coup sec est donné à la canne pour vaincre la résistance du vent dans la pêche au lancer, ou pour faire parvenir la mouche à une distance insolite, là où l'on voit sauter et chasser un poisson monstre C'est le scion qui en pàtit. Un vrai pêcheur répare immédiatement le bris de son scion : pour cela, il pra- tique une enture de la manière suivante : au moyen d'un canif bien tranchant, il taille en biseau très-allongé les deux extrémités brisées et les rapproche l'une sur l'aulre, puis au moyen de bonne soie poissée — dont il faut toujours avoir une petite provision dans son carnier de pêche, — il fait une solide ligature sur les deux parties réunies. Si parmi ses provisions il possède un peu de cire blanche ou mieux de poix de cordonnier, il en enduira séparément les deux surfaces qui se touchent ; cette poix vaut de la colle, et les empêche de glisser l'une sur l'autre. Ces scions réparés ainsi sont quelquefois meilleurs, mais toujours aussi bons qu'avant : il est utile que la ligature remonte à 1 ou 2 centimètres sur chaque morceau au-dessus des becs de Tenture. On fait d'excellents scions au moyen du bambou coupé, refendu et arrondi en mince baguette ; seulement, comme ces petites baguettes n'ont que la longueur d'un entre-nœud, il faut en réunir quatre bout à bout par des entures, pour con- struire un scion de longueur ordinaire. Un scion de 1 mètre pour la pêche à la mouche porte ordinairement six anneaux et se termine par le septième qui en forme l'extrémité. Cet anneau se fait en tordant sur un clou un peu fort un bout de fil d'archal ou de cuivre recuit de la grosseur d'une épingle. Quand les deux extrémités sont bien cordées l'une sur l'autre, on les aplatit sous un marteau, et l'on fait, au bout du scion, un petit méplat du côté où l'on veut lier la queue de l'anneau. Le tout est maintenu en place par une longue et solide ligature en soie poissée, vernie le mieux possible et imbibée de vernis gras. La distance des anneaux entre eux sur la canne n'a pas une énorme impor- tance, pourvu qu'elle ne dépasse pas 0'",30 à 0'",40; mais leur espacement sur le scion a des effets plus directs sur les manœuvres du pêcheur. Si les anneaux sont très rapprochés, surtout vers la pointe, on pourra faire bien SCORPÈNE. 721 plus facilement passer la pointe de la canne entre les branches des arbres, on la re- tirera plus aisément aussi d'un mauvais pas, parce que le fil fait des anses d'autant moins grandes que les anneaux sont plus près, mais d'un autre côté, si un ou deux de ces anneaux se couchent, le fil de la ligne n'obéira pas aussi bien au moulinet, et malgré l'impulsion d'un beau poisson, pourra s'arrêter brusquement et com- promettre le scion et la pèche, car un temps d'arrêt en pareil moment c'est le bris du tout. Comme on le voit par ces réflexions, les précautions à prendre méritent une certaine attention. Les anneaux trop écartés permettent à l'anse terminale, quand la ligne est détendue par une cause quelconque, de passer par-dessus le bout du scion, ce qui forme en tirant un véritable nœud. La ligne ne coule plus : an-ive le besoin du moulinet, tout casse Nous devons encore recommander, comme une très-bonne précaution, de peindre les scions préparés avec au moins deux couches de bon vernis noir ordi- naire. Cet enduit les met à l'abri de l'action de l'eau, qui, en détendant les fibres du bois, le ramollit et lui fait souvent perdre sa rectitude et prendre des formes bizarres et toujours gênantes pour un scion, dont la première qualité doit être de se maintenir très-droit et de revenir sans oblitération à cette forme, après a\oir été courbé jusqu'au maximum de son élasticité. On a demandé ces qualités à la Baleine, mais elle offre deux graves inconvé- nients qui en ont beaucoup restreint l'emploi. Elle est lourde, c'est un défaut ca- pital pour l'extrémité d'un scion, elle s'amollit à l'eau, ce qui est encore mauvais, et enfin, elle se déforme au moins autant que le bois. Son emploi reste limité au service des grelots. (Voy. ce mot.) SCOLÈTE. — Nom populaire du Sargue, à Brest. (Voy. ce mot.) SCOMBERBONITO. —(Voy. Bomte.) SCOMBER COLIAS. — (Voy. Maquereau colias.) SCOMBER DUCTOR. —(Voy. Pilote.) SCOMBER PELAMYS. — (Voy. Pelamide a dos rayé.) SCOMBER SCOMBRUS. —(Voy. Maquereau vulgaire.) SCOMBER THYNNUS. — (Voy. Thon.) SCOMBER TRACHURUS. — (Voy. Saurel.) SCOMBÉROIDES. — 7* famille des Acanthoptérygiens : se compose d'une multitude de poissons à petites écailles, à corps lisse, à cœcums nombreux, souvent réunis en grappe, dont la queue, et surtout la nageoire caudale, sont très-vigoureuses. C'est une des familles les plus utiles à l'homme par le goût agréable de ses espèces, par leur vo- lume, et parleur inépuisable reproduction, qui les ramène périodiquement vers les mêmes parages, et en fait l'objet des plus grandes pèches. Cette famille, de forme élégante, est composée de poissons marins et vivant en troupes innom- brables . On la divise en i5 genres, dont un petit nombre nous occupera. 1. Scombre, Maquereau, G. Sério/e. 12. Iî/»i/jm, Poisson-Lune. Thon, Germon, Pelamide. 7. Padeur. 13. Centrolophe. 2. Espadon. 8. Temnodon. 14. Kurle (?). 3. Ce//ê(heius attachent à la ralingue du pied des cerceaux de SENNE. 725 bois d'environ O^jGO do diiunèlre, lesquels, n'élanl fixés que par un point de la cir- conféreneCj traînent derrière le fdet, et, maintenant les herbes couchées, permet- tent à la Senne de passer sans se soulever et laisser fuir le poisson. Il est impossible de donner une mesure approximative desnombreuses grandeurs de mailles employées, les règlements locaux d'ailleurs les indiquent. Qwi^lqnefois même, le corps de la Senne est formé de mailles de grandeurs différentes. Les plus Fig . 053 . — Pèchii à Senne, eu rade de Brest, parles matelots de l' Espièijle, ca[jitame de Loulay, lieutenant de ■vaisseau. grandes, faites en fil plus fin, sont vers la tète, et les plus petites, tissées en fil plus gros, s'étendent près de la ralingue du pied. Ce qui différencie toujours la Senne des Manefs, c'est que les poissons se maillent dans les seconds, et jamais, ou du moins très-rarement, dans la première. Comme ce filet forme poche par sa conca- vité pendant le traînage, les poissons y sont retenus par le corps ou s'y accrochent par les nageoires. I. De la Senne en eau douce. — Lorsqu'on se sert de ce filet dans les petites rivières, on le choisit plus ou moins long, suivant la largeur du courant qu'il s'agit de barrer, mais il faut toujours que, dans sa marche, le filet forme une courbe très- allongée en arrière. De même pour la chute du filet, qui doit être plus considéra- ble que la hauteur de l'eau, afin que la traction ayant lieu sur la ralingue des flottes et sur celle des plombs, le filet forme, entre les deux, une poche concave dans le sens du courant. La manière de traîner la senne en aval ou en amont, dépend du poisson auquel on s'adresse et du nombre d'hommes dont on peut disposer. Il est toujours utile de bouler vigoureusement le long des crônes et en avant en redes- cendant vers le filet, afin d'y fairejeter le poisson. Puisque nous venons de voir que le poisson ne se maillait pas dans la Senne, il est évident que, pour le prendre, il faut fermer le filet sur lui-même. Le moyen d'y réussir est très-simple. On fait choix, autant que possible, d'un endroit 011 la rive s'enfonce sous l'eau en pente régulière et la plus douce possible. Les pêcheurs qui suivent le bord opposé, font passer le bras qu'ils traînent à ceux qui se trouvent sur la rive où l'on doit retirer le filet. La Senne forme alors dans l'eau une courbe plus ou moins 7^G senm:. Fig. 9b4. — Senne. allongée fernuM' par le rivage. Les pêcheurs rappi'ochenl alors l'un de l'autre les deux bras, jus({ue vers l'endroit en pente, en croisant ces cordes, et lorsque les deux extrémités des Hottes sont près de se joindre, on saisit les ralingues de fond, on les croise l'une sur l'autre, et l'on tire doucementcette partie du fdet, tou- jours croisé à plat dans la même posi- tion, sur le rivage. Tandis que ce mou- vement s'exécute , lentement mais ré- gulièrement, les pé- cheurs liaient sur les deux ralingues de tète, de manière à leur faire suivre le mouvement de celles de fond, tout en les laissant un peu en arrière. De cette manière, on arrive à former un sac, lorsque les deux ralingues de fond se sont rejointes au milieu du fdet ; à ce moment, on haie vivement sur la corde de tète pour empêcher le poisson de sauter au dehors, en fermant brusquement le fdet, et l'on tire le tout à terre, oii il ne reste plus qu'à l'ouvrir et à trier le poisson. Cette manœuvre de la Senne est la même pour tous les endroits oîi on l'em- jjloie. Quelquefois on amarre un des bras à un piquet, sur l'un des bords de la rivière, puis on jette ou l'on fait passer l'autre bras aux pîcheurs qui sont sur l'autre bord et qui remontent la ri- vière en le halant, jusqu'à ce qu'arri- vés à la dislance voulue, ils le fassent passer sur l'autre bord, où les pêcheurs le rapprochent du piquet initial. Si la rivière est trop large pour exé- cuter la manœuvre y\f que nous venons de •i ^ -—-"^"^ ^-^^^^:^II> décrire, le bras mar- chant est attaché à un bateau, qui dé- crit la demi-ch'couforence nécessaire et Unit par le rapprocher du bras sédentaire et tirer le filet auprès du piquet. La Senne, dans les rivières, est tr>'s-souvent un filet complémentaire du Tramail. Ce dernier étant tendu, soit au moyen de bateaux, soit au moyen de pieux tendus verticalement en travers du cours d'eau, la Senne est placée en aval et traînée à \ .*^' Fig. 9j?. — Senne colleiet. SENNE. 727 rencontre du Tramail, auquel elle se réunit. Elle ramasse ainsi tout le poisson qui ne s'est pas pris dans les poches du lilet immobile. Dans les étangs et dans les endroits où il y a peu d'eau, on emploie souvent une Senne que l'on appelle Colkret {fïg. 935), dont les extrémités n'ont qu'un mètre de hauteur, tandis que le milieu a 3, 4,5, 6 mètres de chute et forme en cet endroit une poche qui relient le poisson. Souvent on réunit à un bâton nommé èourf/on, les ra- lingues de pied et de tète de ce filet. L'extrémité inférieure de ce bourdon est forte- ment plombée, et contribue, avec le lest, à faire prendre au filet une position verticale. II. De la senne en mer. — L'emploi de ce filet est extrêmement commun dans les anses à fond plat et sur les grèves. Il est d'autant ])lus facile à mener que le fond contient moins de roches et d'herbes. La méthode que l'on emploie le plus souvent consiste à faire tenir un. des bras sur le rivage et à faire porter l'autre par un bateau qui fait décrire au filet la courbe nécessaire pour ramener à terre le second bras qu'il a emporté. On emploie de la même manière le Colleret dont nous avons parlé, particuliè- rement sur les côtes de la Saintonge. Son nom lui vient de ce que les pécheurs se font une espèce de bandoulière ou collier, avec les cordes ou bras, pour traîner l'engin plus facilement. Les pécheurs nomment chaque coup de filet un trait. Or- dinairement ils commencent leur pèche deux heures avant la marée basse et la continuent deux heures après qu'elle a commencé à remonter. Passé ce temps, la mer trop haute les empêcherait de s'éloigner assez des côtes. Tout cela dépend de la hauteur et de la force des marées. Sur les côtes de Flandre, où les sables sont très-unis, les GoUerets sont beau- coup plus grands et sont traînés par des chevaux. Cette pêche, comme la première, se fait ordinairement d'avril en septembre, par les beaux temps et lorsque la mer est calme. En dehors de ces limites, les eaux sont froides et les poissons se retirent dans les grands fonds: la pêche sur le rivage deviendrait donc infructueuse. On prend avec ces filets un grand nombre d'espèces de poissons : Soles, Plies, Tur bots, i^e{i{s,Litnandes, etc., Congres, i^eiiis, Vieilles de toute espèce, Gades de petite et moyenne dimension. Orphies, Mulets, Bars, Vives, Rougets, petits, et enfin tout le menu fretin des côtes : Équilles, Prêtres, Spinachies, Syngnathes, etc. Dans labaied'Arcachon, la pêche à la Senne se fait toute l'année, à la traîne, au bord de l'Océan. Ces filets ont jusqu'à 150 mètres de long et 2 à 4 mètres de chute au milieu. A la Teste-de-Buch on prend ainsi des Dorades, des Loubines, des Maigres, des Soles, etc.; dans le bassin, des Orphies, des Seiches, des Congres, des Sardines, des Carrelets, des Pastenagues, etc. A Arles, les Sennes ont jusqu'à 4 à 500 mètres de long sur G à 8 mètres de chute. La pêche à laSenne se fait encore, à la mer, en pleine eau. Aux environs de la Rochelle, des bateaux à la voile traînent, sur les fonds de sable et ceux de vase, des sennes de 200 à 300 mètres de long; les mailles de ce filet ont environ 0"', 10 d'ouverture en carré. Les bras de la Senne sont attachés l'un à la poupe, l'autre à la proue, sur l'un des bords du bateau qu'on laisse dériver par le travers. On ne peut relever ce filet que dans l'embarcation, ce qui demande des précautions parti- culières, afin que les deux ralingues de pied soient halées avec une égalité parfaite, de crainte que la poche ne se ferme pas bien ou ne se dérange. Cette pêche rap- porte beaucoup de poissons plats, et les pêcheurs regardent comme favorables pour la faire les vents du N. et du N.-E. Dans la Manche, sur les côtes du Calva- 728 SÉRIOLE DE DUMÉRIL. dos, on traîne aveo doux bateaux, en pleine eau, des Sennes qui ont 80 mètres de long sur 8 mètres de ehute. Les deux haleaux mettent le filet ;\ l'eau en s'éloignant l'un de l'autre, ear ils l'oul chargé par moitié, puis chacun haie sur son bras, tirant le filel de concert. Si la (ùle est bonne, ils atterrissent pour tirer le filet sur le sable ; si, au conlraire, elle n'est pas favorable, ils le relèvent à ])onl avec les pré- cautions que nous avons indiquées. (Voy. Sprat.) Sur certaines côtes dures et pleines de pierres, comme dans les environs de Dieppe, au lieu de plomber la ralingue de pied, on y substitue ce ([ue les pêcheurs nomment de la Souillardière, (jui est un louleau de vieux filets. Aux environs de Morlaix, sur un fond semblable, on ne met pas de plomb à la ralingue du pied, mais on y attache de petites cordes courtes, dont chacune porte une pierre. De cette manière le pied du filet ne porte pas directement sur le fond, et il est évident qu'avec ce système on ne prend pas de poissons plats, A l'embouchure de la Seine, on emploie la Senne claire, dont les mailles ont O^jSo à 0°,30 d'ouverture. Elle sert à prendre surtout les Aloses et les Saumons. Quant à ]a. Senne drue, dont les mailles ont 0", 01 à 0"',02 d'ouverture, elle sert ;\ prendre des Eperlans. L'emploi de la Senne ou d'une de ses modifications est, du reste, général sur nos côtes, les dimensions, avons-nous dit, les différencient surtout. La Senne, d'ailleurs, passe très-facilement à l'état àe Folle ou de Demi- folle dérivante, suivant l'emploi qu'on en fait. SENNE A CHEVRETTES. —Ce filet autorisé exclusivement et toute l'année, n'est assujetti à aucune dimension de mailles. Il sert dans la rivière de l'Argue- non, près de Dinan. Cette Senne, montée sur deux bâtons ronds, ne peut avoir plus de 2 mètres d'ouverture sur 3 mètres de longueur. SENNE DE BISTEOU. — Filet en nappe simple destiné à la pêche du Mulle dans le golfe de Gascogne. Mailles 0'°,018. Usage du I" novembre au 1''^ mars. SENNE DRUE. — Appelée aussi filet à Eperlans et à Lançons (I" arrond.). Mailles 0'",01I. — Petite Senne (2'= arrond.). Mailles 0'",006. Longueur -49 mètres, sans poche; hauteur O", 74. SEPIA. — (Voy. Sèche.) SEPTEMBRE. — (Voy. CALENDRIER DU PÉCnEUR A LA LIGNE.) SEPT-ŒIL. — Nom vulgaire de V Ammocète , dans quelques départements du nord et du centre de la France. SERGENT. — Désignation du Rotengle dans les Basses - Pyrénées. (Voy. ROTENGLK.) SÉRIOLE DE DUMÉRIL (Ceranx Dumarilii, Uiss.). — AcantIiopt. scombéroïd. Long, max. = imjSO. Syn. : Alkcosa, arricinola, sicil. Poissons se rapprociiant Jjeaucoup des Carangues par leur corps comprimé et leur ligne laté- rale non cuirassée ou très-peu saillante. C'est un joli poisson à dos bleu-ciel plus ou moins foncé, avec des nageoires un peu jaunâtres et la caudale très-écliancrée bordée de brun. La Scriole a bien la tète des i*agres, un peu mitigée dans sa forme bossue, mais la partie postérieure du corps est tout à fait un Scombéroïde; évidemment c'est une espèce ambiguë, un genre de transition. Les mâchoires, le vonier et le palais n'ont jilus que des dents flnes en velours; la langue en porte trois bandes aussi. D = 7 - 1 -f 32. A = 2— I-H20. C= 17. P=20. V = I +5. Les écailles sont petites et ovales, et viennent en petit nombre sur la joue. Ce beau poisson habite la Méditerranée, la haute mer vis-à-vis de nos côtes ; il se tient le plus souvent hors de portée des pécheurs, mais lorsque la faim l'attire, il s'approche des côtes. Sa chair est rougeàtre, saine et d'un goût exquis. SERPETTE A DÉGUOCHER LES LIGNES. 1±) Fig. 956. Serpette droite. — c'est SERPETTE A DÉCROCHER LES LIGNES. — La pêche à la ligne est d'ail- lant plus favorable qu'elle se fait dans des endroits qu'on pourrait appeler primi- tifs, c'est-à-dire où personne ne va pocher et oii l'on se trouve le pre- mier depuis un fort long laps de temps. Ainsi, derrière une haie, une ran- gée d'arbres que l'on n'a pas coupés depuis huit à dix ans, le poisson a l'habitude de se regarder comme k l'abri de toute attaque. Si donc le pê- cheur parvient à se faire une ouverture sur ce point, il est certain d'y remporter une belle victoire; mais comme toute chose ici-bas, ce ne sera pas sans accidents, les plus communs seront des embarras de ligne dans les branches de toute espèce et de toutes manières. Tirer brusquement sur sa ligne, surtout si l'on est monté finement, — condition de réussite, la briser et en perdre une grande partie. Or, quand la ligne est bonne et bien faite par soi, en matières choisies, on ne se résout pas facilement à ce sacrifice. Aussi l'invention fertile des pécheurs au déses- poir a-t-elle trouvé les Serpettes dessinées ci-contre. Les deux premières ED (fig. 936) et ABC {fig. 937) se vissent au bout du manche de l'épuisette {fig. 958); — ceci est très-bon quand on porte une épuisette, — ce qui malheureuse- ^^9- 9^7. - serpette fer- , . . . mante avec crochet. ment n arrive pas toujours — et tres-solide, parce que ce manche est fort, mais il est rarement assez long, car c'est le plus souvent à lon- gueur de canne à pêche que la ligne s'accroche à une branche d'arbre. Si l'on pouvait avoir un manche d'épuisette aussi long que la canne à pèche, ce serait souvent bien commode pour saisir son poisson, de l'autre côté d'un banc de roseaux ou de né- nuphars, mais un pareil engin ne serait pas aisé à manier d'une seule main, et c'est tout ce qu'il en reste au pêcheur quand il tient sa canne avec le poisson dans l'autre. De plus un pareil manche serait ployant et peu commode à maintenir en place, pour faire entrer le poisson dans le filet par un cou- rant rapide. L'emploi des deux instruments {fig. 936 et fig. 937) est donc très-limité, et cependant, dans leur spécialité, ils rendent de grands services, mais ils ont conduit à inventer la serpette {fig. 939), généralement plus com- ^ mode. Cette serpette ACB est un vrai perfectionnement. Elle est très- petite ; la lame AC a, en tout, d'un bord extérieur de la courbure à l'autre, 0",06. La lame a O^jOl de large, elle forme une courbe très- fermée et coupe comme un rasoir dans l'intérieur. La soie B est terminée, au bas, par un petit crochet. Or voici l'usage de cette pièce : quand la ligne est accrochée dans une brin- dille, on défait le scion, et au bout de la seconde, on place la serpette dans la position de la figure 960, c'est-à-dire le crochet de la soie ac- croché dans le dernier anneau R, on serre solidement la soie sur la se- conde par plusieurs tours de ficelle D, puis, posant la serpette au-dessus du point où la ligne est emmêlée et autant que possible contre une feuille, une Fig. 958. — Kpuisette vissée au bout de sou manche. Il Fig.To^eX 960. Serpette à met- tre au bout de la canne. Fig. 961. — Seipelte feniiante avec un croc pour arracher les herbes et une fourche à canne. Fig. 962. — Ser- pette droite à crochet. 730 SEllllAX IMIOPREMENT DIT. branchelle, un pelil arrêt quolconque pour qu'elle ne glisse pas, on donne, en tirant, un léger coup sec et la branche tombe coupée. 11 faut éviter que la serpette ne glisse sur la branche flexible parce qu'elle pourrait, eu passant, couper la ligne. On ne peut s'imaginer le nombre de li- gnes précieuses que le pêcheur sauve au moyen de cet instrument qu'il renfeime dans un petit sac de peau, afin que l'humidité n'altère pas la pureté du tran- chant, ce qui est une condition essentielle de réussite. La figure 962 représente une serpette en forme de lame oblique destinée h couper en poussant et non en retirant à soi, comme les précédentes. Elle est accompagnée d'un croc pointu très - commode pour amener une branche trop grosse pour être coupée, ou pour arracher une herbe ou une racine dans laquelle l'ha- meçon est arrêté. La serpette B {fi(j. 960 inventée par M. de Savigny est fort commode aussi. Elle se ferme sur le manche \K, en fer, ainsi que le croc A. Ce dernier présente le même emploi que celui dont nous venons de parler {fig. 962), mais, de plus, il est barbelé et peut être utile, en le passant dans l'ouïe d'un fort poisson, pour ra- mener celui-ci sur le rivage. Le manche de fer R se termine en D par une fourche à canne. (Voy. ce mot.) SERPOLET (Thymus serpillum, Lin.). — Le Serpolet est un Tiiym sauvage, un peu moins aromatique que le tliym^ cultivé, qiii^ pour les usages de la poche, peut le suppléer, mais ne porte pas le même parfum. Cette petite plante est commune sur les coteaux sableux ou les perrés exposés au midi. On la reconnaît à ses liges nombreuses et étalées à terre, divisées en petits rameaux qui se relèvent paur former des touffes de On>,OJ à O^jiO de hauteur au plus, quelquefois même restent étalées. Les feuilles, sessiles, petites, ovales, rétrécies en un court pétiole, glabres ou velues, sont sou- vent ciliées sur les bords. Les fleurs sont purpurines, disposées en épis oblongs ou rapprocliées en tète à l'extrémité des rameaux. Calice strié, fermé par des soies pendant la maturité, 2 lèvres, supérieure à 5 dents, inférieure bifide. Corolle à 2 lèvres, supérieure plaie et échancrée, inférieure à 3 lobes, celui du milieu plus large. (Labiées.) SERRAN [Genre], (Serranus, Cuv.). — Acanthopt. percoïd. Ce genre a les ventrales sous les pectorales et une dorsale unique. Les Serrans ont les canines longues et aiguës, mêlées à des dents en velours. Leur préopercule est dentelé, l'opercule et le crâne couverts d'écaillés, et le bord postérieur du premier porte une ou plusieurs pointes qui ont été l'origine du nom. Serra, scie. Cinq ou six espèces dans nos mers et surtout dans la Méditerranée. SERRAN BRUN. — (Yoy. Mérou.) SERRAN PROPREMENT DIT (Perça cabrilla. Lin.). —Acanthopt. percoid. Long, max. = 0'n,30. Syn. : Tlie smooth serranus, angl. Le Ssrran est d'un gris jaunâtre avec des reflets bleus, à corps comprimé. Il n'a pas de traits SERllAN ÉCRITURE. 7:}l sur la tête, ce qui le distingue du Serran écriture [Percn scriha, Lin,). Il porte 3 ou 4 bandes Jio- rizonlales d'un roux fonce sur la joue et lopercule, et!) ou 10 Landes verticales sur le corps en même temps que queliiues autres longitudinales de la tète à la queue. L'iris de l'œil est jaune; et les nageoires rayées longitudinalemenl de rouge et de jaune. La dorsale a 10+ 14 rayons, les p3ctorales \\-\l, et les ventrales 1 +5, l'anale 3 -}- 8 et la cau- dale 17. Celle espèce, très-commune, habite tout le bassin de la Méditerranée et remonte dans l'Océan jusqu'aux côtes de l'Angleterre. Il se prend, à Nice, en mai et septembre ; la femelle approche du ri- vage en août pour déposer ses U3ufs; il se nourrit de petits Crabes et Crevettes. On donne aussi, en Provence, le nom de Serran (Duhamel) à un autre poisson de la même fa- mille. SERRAN. — Le Serran, que l'on nomme, à Brest, Foughre^ se nourrit de proie, quoiqu'il manye en même temps des herbes marines. On le prend aux environs des rochers, et jamais très-loin de terre, il reste après sa mort dans un état de rigidité singulier, les nageoires dressées et le corps contourné. Si nous passons à la seconde espèce de Serran, nous savons également qu'il se nourrit d'herbes marines quelquefois, mais surtout de proie : les Moules dégarnies de leur coquille sont bonnes pour amorcer les hameçons avec lesquels on le poche : des morceaux de Pagre, ou encore mieux des lambeaux de chair coupée sur les côtes d'un Maquereau, sont ce qu'il y a de meilleur pour pêcher ce poisson. On le prend à l'entrée des rivières d'eau douce qu'il remonte un peu, dans le môme temps que les Saumons, vers l'automne ou le commencement de l'hiver. SERRAN ÉCRITURE (Perça scriba, Lin.). — Acanthopt. percoïdes. Long. max. = 0'n,25. Syn. : Boluccio^ ital. — Ssrrango, espag. — Chassin, Turq. Ce poisson {fig. 903) est un très-original et très-bel hôte de la Méditerranée. Les traits bleus qui balafrent sa tête, ses joues, son museau, ont l'air de caractères bizarres tracés au pinceau. Le dos est rouge vif bandé de plaques sombres comme celles de la Perche commune ; le ventre est jaune un Fig. 963. — Serran écriture. {Perça scriba^ Lin}. peu argenté sous la poitrine. La queue est carrée et toutes les nageoires jaune-roux et sont émaii- lées de taches rouges, jaunes, noires, brunes en pointillé régulier. Couleurs fugaces après la mort. Dents en velours aux deux mâchoires. D==-10-|-14. A =3-|-7. P= 13. V = l -+-5. C = 17. Ligne latérale parallèle au dos. SERRAN ÉCRITURE. — Ce poisson, qui n'est jamais bien gros, se trouve très-abondamment sur tous les marchés du midi de la France : on en aime beau- coup la chair. Il se tient sur les fonds de roches oii on le prend toute l'année. Il vit de petits Crabes, Cloportes marins et petits poissons. GaroUni assure qu'il 732 S 1 L E N C E. recherche beaucoup le PoiiJpe {Sepia Octopodia, Lin.), qu'il se lient en embuscade à rentrée du trou dans lequel ce mollusque se cache et que, saisissant un tentacule dès qu'il le peut, il l'allire à lui. SERRANUS. - iV(,y. Skj^iian.) SERRATUS (Palemon . — (Voy. Palkmon poute-scie.) SERVE. — Partie de la liourdigue oi^i le poisson demeure enfermé à portée des besoins et de la vente de chaque jour. — (Voy. BouiunGrE.) SETGE. — (Voy. Llî vr.FIE.) SEUFFLE. — Nom de l'Ablette, en Bourgogne. — (Voy. Ablette commune.) SEUFFRE ou SEUFFLE. — Nom vulgaire du Nase, dans la Côte-d'Or. — (Voy. CnoNDROSTÙME Nash.) SEUIL. — Traverse inférieure de la Grenadil're. — (Voy. Boiteux.) SEVEREAU. — Nom du Saurel, aux Martigues. — (Voy. Saurel.) SEYCHE et SIÈCHE. — Nom vulgaire du C hondrostôme de Drème, dans les dcparlcmenls du J.ot, du Lol-et-Garonne et de la Ilaule-Garonne. — (Voy. Cuon- drostome riE Drème.) SIEUREL. — Nom du Saurel ou Carangue, dans le Midi. (Voy. ce mot.) SILENCE. — A la pèche, il faut absolument garder le silence. Le poisson a l'ouïe très-sublile et l'œil perçant. Il est curieux; cependant, tout ce qui lui paraît extraordinaire l'attire ; il s'en approche, et ne cesse point de nager autour, qu'il n'ait reconnu ce que c'est. S'il entend un léger bruit, il y court ; si le bruit est un peu plus fort, il se méfie et prend la fuite. Mélange d'envie de savoir et de peur de voir, le caractère du poisson n'est bien défini que pour le pécheur qui a beaucoup observé et qui a, en quelque sorte, mesuré quelle sorte de bruit fait venir, et quelle quantité de bruit fait fuir la proie qu'il convoite. Le Gardon, l'un des poiss(ms les plus craintifs, est un exemple de ce fait ; il entend tomber à l'eau la petite plume qui forme la flotte unique de la ligne avec laquelle on le pèche; il arrive : si le choc n'a pas été effrayant (une plume !), il rôde autour du grain de blé, il le hume, il le mange, le voilà pris. — Si la plume ou la ligne ont frappé l'eau d'une manière suspecte, il a pris la fuite sans remords et sans regret.... et ne reviendra au même endroit qu'avec défiance et plusieurs heures après. La Carpe ne vient pas au bruit, mais s'en défie toujours ; aussi, pour la prendre, le pécheur doit arriver au bord de l'eau avec la marche du guerrier Pcuode, cette marche silencieuse, qui surprend l'ennemi, môme en veille La pèche à la siuyrise (voy, ce mot), la plus abondante de toutes les pêches, ne réussit que grâce à un silence absolu : il faut être là pai- sa mouche, et n'y pas paraître par son corps ; à ce prix, la réussite. Aussi, n'est-il pas de soins que ne prenne le pécheur expérimenté pour dissimuler sa personne et ses pas. Cependant, quand on parle du silence nécessaire, c'est un silence partiel et relatif. Le pécheur peut causer aussi fort et aussi longtemps qu'il le veut; les vi- brations que sa voix imprime à l'air ne sont pas assez puissantes pour ébranler la masse d'eau oii nag(> le poisson, et arriver ainsi à ses oreilles. Mais le moindre choc que le pécheur communiciue à la terre la fait vibrer, et avec elle l'eau qui la touche et le poisson qui y est emprisonné. C'est donc de la rive que le pécheur doit se méfier constamment, car c'est par elle que le poisson est averti et tenu en éveil. Tel bruit, tel choc que le pécheur croit imperceptible, est un coup de canon u Q ■ûq O > O Q 'Q^ .;;^ ^sm !!l«'i'i iHir Qh m m >»: 'sJ U^' ë OliN.».. V ^ "} • ^^^^ ^'^ LillI.M:..; poison r»P' îière qu'ils bienhori'^lt elparciJl^: JesponL<>" SINA. 733 quand il arrive au poisson, grossi par l'écho des crùnes et cavernes creusées sous le rivage. Une pierre qui roule sur d'autres, un gravier qui tombe dans l'eau indiquent au poisson l'approche d'un être terrestre ; il sent qu'il n'est plus seul, il se méfie et guette. Les poissons de surface sont doués, à cet égard, d'une perspicacité singu- lière qu'ils doivent probablement à une vue très-perçante et faite pour voir aussi bien hors de l'eau que dedans. Les poissons voient, en effet, de fort loin en dessus et par côté ; nous en avons eu l'expérience mainte et mainte fois, dans la pêche sur des ponts suspendus très-élevés ou sur des rives très-éloignées. Le pécheur doit sans cesse avoir présent à l'esprit que le poisson, que sa vora- cité compromet sans cesse, est très-malin et très-défiant. On le dit sourd ; mais il y a tant de manières d'entendre, sans compter la défiance qui supplée à tout ! SÎLUROIDES. — ô" famille des Malacoptérygieiis abdominaux. 2" Ordre des poissons os- seux. Ces poissons sont dépourvus de véritables écailles. On les divise en 4 genres. 1° Silure ; — 2" Malaptérure ; — 3° Platijsie; — 4° Loricaire. SILURE (Siiurus glanis, Liii.). — Malacopt. abd. siluroïdes. = Long. max. = 2°',00, Syn. : Sa/ulh, G/am;^ suiss. — Wel/er, Wcller fisch, lac de Constance. — Wels, ou Wils, allem. — Schaid, schaiden, Xulvidi. — Hardsilia^ hartsn, Hôzônsefjes, liongr. — Comb, iow//, slave. — Soin, russe. — Smw, polon. — Malle, dan. — Mahl, suéd. — DslfJien-balyk, tartare. — Trchal- quvtu, kalmouq. — Loko, armén. Ce poisson est un véritable monstre. Tcte énorme et aplatie; gueule large, armée d'une infi- nité de petites dents pointues, et garnie de chaque côté de plusieurs barbillons qui peuvent atteindre 2 pieds de long et servent à attirer le petit poisson. Le Silure vit solitaire, enfoncé dans la vase dont il sort, la nuit, pour faire la chasse aux petits poissons. Pris dans les filets, il les rompt fréquem- ment, et dans les viviers il avale tous les autres poissons qui se trouvent avec lui. Pond, en juin, des œufs petits, très-nombreux; les poissons qui en sortent se développent très- rapidement puisqu'ils pèsent \^,bO au bout d'une année. Corps dépourvu d'écaillés ; ligne latérale formée d'une série de petites lignes très-fines. Dos brun olivâtre tirant au noir; flancs et ventre plus pâles; lèvre inférieure rouge. Anale brune: pectorales et ventrales portant à leur base une tache brune entourée d'un cercle plus pâle. Quand le poisson est étendu, sa ligne dorsale est presque droite du bout du museau à la queue. Orifices antérieurs des narines percés près de la bouche; ils sont ronds, petits et entourés d'un rebord tubuleux en pointes. Les yeux sont très-écarlés, le sous-opercule manque et le préoper- cule est invisible à travers la peau. D = 90, vase réunir à la caudale et conserve à peu près partout la même hauteur. C = I7, coupée carrément, P = 1/(G. Arrondie. Son premier rayon d'un tiers plus court, est épineux, très- robuste, et de petites dentelures vers la pointe. V = 12. Arrondies. SILURE. — Le Silure habite ordinairement le fond de l'eau, et ne monte à la surface que quand il tonne. C'est en faisant des trous dans la glace que l'on en prend le plus, en hiver. Il est lrès-vorace,et parvient au poids de 200 kilogrammes. Il est très-fort delà queue, saute bien, rampe sur le sol à la manière de l'Anguille,; se cache sous les racines, dans les trous et sous les crônes. Le Silure n'existe ni en France, — oii on cherche à l'introduire dans nos dé- partements de l'Est, — ni en Angletei^e, ni en Italie, ni en Espagne. La Suisse en possède quelques-uns dans les lacs de Morat et de Neufchàtel. Il commence à être abondant dans le Danube, l'Elbe et leurs affluents. On en a mis en liberté, dix individus, dans un bassin du canal du Rhône au Rhin, et, l'année suivante, on en a pris dans le Doubs, près de Montbéliard, à Hombourg et à Mulhouse, entre deux vannes. Bloch avait donc tort de dire qu'on ne l'inlroduirait jamais en France, puisqu'il s'y acclimate si facilement. SINA. — (Voy. Soie de Chine.) 734 SOIE. SINCHE OU ENCEINTE. — Pc'fhc OÙ l'on so scrl du Sautado. — (Voy. ce mol.) SIX-DOIGTS. — Nom dos petites Canières (voy. ce mol), dans l'arrondisse- menl de HrcsI. SMARIS ALCEDO. — (Voy. Picaiiel MAnTi.N-i'ÈciiKun.) SMARIS GAGARELLUS. — (Voy. Picarei. gagahel.) SMARIS Sparus). — (Voy. I'icauel commi .n.) SMOL.T. — Nom an^ihiis, mainlenanl adoplé par nos pécheurs, pour indi- ([ucr \\n jeune Saumoneau qui a (juillé la livrée brune des dix-huil lâches du premier X'^c pour revêtir la parure de voyage, bleu argenlé, du second âge. Il va se réunir en pelites familles et descendre dans la mer. A ce moment, il a O^/io de long, et est dans sa troisième année. — (Voy. Saumon, Parr, Grilse, etc.) SOAFE. — Nom populaire du Chondrostôme, à Lyon et dans les environs. — (Voy. ce mot.) SOCLETIÈRE. — Espèce de liissole employés spécialement, dans la Méditer- ranée, à la pèche des Soclets. — (Voy. ces mots.) D'après l'article 4 du Décret impérial du 10 mai 1862, ces fdets ne sont plus assujettis à aucune condition de force, de dimensions, de poids, de distance ou d'époque. Leur emploi doit seulement être déclaré aux agents maritimes, et leur destination ne peut être changée sans contravention. SOCLETS. — Sorte de petits poissons méditerranéens. (Voy. Meletti::.) SOEFFRE. — Nom du Dard, sur le Doubs. (Voy. Dard.) SOFFI. — Nom du BlfKjeon, dans le département de Vaucluse. — (Voy. Van- DOISE BLAGEON.) SOIE (Lignes en). — Les lignes en soie sont faites d'un cordonnet très-retors et de difiërentes grosseurs. Elles sont généralement composées de neuf brins, fdés à part, et retors ensemble. Elles sont nécessaires pour la canne à moulinet, où le pêcheur a besoin d'une grande longueur de ligue, pouvant glisser sans secousses dans les anneaux qui garnissent toute la longueur de la canne. Nous donnons ici {[ig. 00'») trois grosseurs de ligne Tar„v!zr-^rrvf ■'<-'^!ix^rs!?''Mi^tfUf,15. Syn. : Garvie-lierrwrj, écoss. — Gliziguen, Douarnenez. — Sprot, Port-Louis. — Menuse, Gran- ville. — The sprat, angl. Le Sprat \fig. 978) paraît après le Hareng, auquel d'ailleurs il ressemble beaucoup. On le premd en immenses quantités au filet perdant les mois d'hiver et il supplée à l'utile et agréable nourriture que fournit son congénère. La dorsale, de 17 rayons, commence exactement à moitié distance delà pointe de la mâchoire inférieure à la fin de la caudale. Celle-ci a 19 rayons. La nageoire ventrale, de 7 rayons, est placée dans la ligne du premier rayon de la dorsale, et n'a pas d'écaillés axillaires. L'anale a 18 rayons. La mâchoire inférieure est proéminente, la ligne du dos et du ventre est très-convexe. Le ventre est garni de crans d'écaillés en avant des ventrales, et plus fortement encore en arrière d'elles ; les écailles sont larges, rondes et peu solides, le dessus de la tête et du dos est bleu-noir avec reflets verts argentés sur les ouïes, les côtés et le ventre. La dorsale et la caudale sont foncées ; les autres nageoires, blanches. Le Sprat fréquente les. grandes profondeurs et les courants. Il est très-abondant dans la Manche et l'Océan. En Bretagne, les bancs des Sprats sont si serrés, qu'il n'est pas rare de voir des Turbots à demi étouffés par la compression que ces poissons exercent sur eux, s'élever un peu au-dessus 746 SQUALE BLEU. des bancs de Sprats. Les Merlans en font une grandu consommation, et il arrive souvent de voir les Sprats, serrés de trop près par leurs ennemis, se jeter à la côte et venir s'échouer sur le rivage. On sale et on prépare le Sprat de la même fa(;on que la Sardine. L'huile qu'il donne est même plus claire et moins forte que celle de la Sardine. Fiy. 97S. — Sprat [Ctupeu spratw:, Lin.). SPRAT. — Le Sprat est regarde comme un l)on appât par le pêcheur à la ligne, car c'est l'amorce favorite du Maquereau, du Saumon qui remonte les em- bouchures des rivières, de tous les poissons de proie en général, — et à la mer, ils sont nombreux ! — le Merlan en est friand. La saison de les pêcher commence en novembre et dure tout l'hiver. On en prend beaucoup pendant les nuits noires. S'en servir pour toutes lignes de mer. Il se montre dans la baie de Douarnenez en toutes saisons, mais en plus grand nombre vers la fin d'avril. Il y a des années où l'on n'en voit pas un seul, sans qu'on puisse en deviner la cause. On les sale et on les prépare absolument comme la sardine. On pêche aussi le Sprat avec des fdets composés d'un jeu qui a des ailes et une poche. Les mailles des filets de chaque aile sont d'un calibre plus petit que celles du filet à sardines ordinaire, celles de la poche sont encore d'im moule plus étroit. Le pêcheur cerne les poissons par six ou sept brasses de fond. Dès que la vigie placée siu' la côte avei'tit que le poisson marque (voy. ce mot), le bateau part à force de rames, et après avoir jeté son fdet en tournant autour de la bande de Sprats, il en reprend les deux bouts qu'il haie ensemble et en même temps dans le bateau, mais en tirant plus vivement la corde basse du fdet à mesure que la poche approche, afm de fermer le fdet et d'ôtcr au poisson le moyen de s'échapper par-dessous, entre le bateau et le filet. C'est ce que l'on appelle faire la clef. On retire alors le filet bien également dans le bateau, jusqu'à ce que la masse (le,s poissons cernés soit assez près pour que l'on puisse y pidser avec des paniers. Pendant que l'on ferme la clef, des pêcheurs plongent des avirons le long du bateau poiu' épouvanter le poisson et le forcer à se jeter dans le sac au fond du filet. Il arrive aussi quelquefois que, tirant trop fortement sur la corde basse, on fait couler la corde haute où est le liège à la surface de l'eau et qu'une partie du poisson s'échappe. Pour prévenir ceci, on frappe sur la mer, en dedans de la senne, avec des avirons. SPRATUS Clupea . — (Voy. Sfbat. ) SPRATTUS Harengula . — (Voy. IIauengule esprot.) SQUALE BLEU Squalus glaucus, Lin.).— Chondropt. à branchies, flxes: plagiost. Long, niax. = i mètres. Syn. : Dlue s/iark, angl. SQUALE NEZ. 7i7 Ce squale, qui habite la Méditerranée, se rencontre assez souvent sur nos côtes {fig. 979) et même sur les océaniennes. Le dos est bleu-ardoise en dessus, les yeux et la surface supérieure des pectorales et des ventrales sont bleus également. Le reste du corps et des nageoires est blanc. Les pectorales sont très-longues et pointues; les ouvertures branchiales, en avant ; les dents supérieures en triangles curvilignes dirigés vers le dehors de la bouche ; les inférieures plus droites, et toutes dentelées sur leurs bords. Elles diminuent graduellement d'avant en arrière. 'tisy Fig. 979 — Squale bleu [Squalus glaucvs, Lin.) SQUALE BLEU. — Le Sqiialo bleu e.st voyageur : on le rencontre sur nos côtes vers le milieu de juin, et dans certaines contrées il n'est que trop abondant, si l'on considère les dégâts qu'il cause aux pécheurs. Non-seulement, il saisit le poisson déjà pris à la ligne, mais il se jette sur les fdets pour la Sardine, le Hareng ou le Maquereau. En passant, dans toute la longueur du fdet, il le coupe comme avec des ciseaux, emportant le poisson et le fdet qu'il avale à la fois. Quelquefois, lorsque ses dénis sont embarrassées dans une ligne, il s'enroule dans les cordes jusqu'à ce qu'il n'en trouve plus et quelquefois d'une manière si compliquée, que des pécheurs l'ont pris emmaillollé ainsi sans pouvoir presque se défendre. Il fait ses petits vers le milieu de juin. SQUALE NEZ (Squalus coruubicus, Sclm.). — Chondropt. à branchies fi.xes, plagiost. Long. max. = 4", 50. Syn. : Poor heagle, angl. — Culilcron, esp. Presque aussi grand que le Requin et de la même couleur, mais se distinguant surtout par une carène saillante qu'il présente de chaque côté de la queue et par les lobes de sa caudale presque égaux ; les trous de ses branchies sont tous en avant des pectorales. Son museau est pyramidal et les narines sont en dessous ; les dents sont en forme de lancettes, non denlelées, mais iindenticule nasal de chaque côlé. SQUALE NEZ. — Ces Squales sont nombreux dans le golfe de Gascogne- et sur la côte nord de l'Espagne. Les pêcheurs en connaissent quatre espèces qu'ils appellent Lich, Touilh, Marache et Mirque. Le Touilh seul ou Squale nez se prend dans le bassin d'Arcachon. Ce Squale s'associe en petites compagnies à la poursuite de sa proie : ces trou- pes chassent alors les poissons cartilagineux, les gades et autres animaux sembla- 748 SOUALKS. blés en sautant hors de l'eau à la façon des Marsouins. Il est un des plus grands trou- bles-fète de la poche du Maquereau au filet : on en a pris en Angleterre dans des filets à Saumon, et plusieurs fois à des lignes tendues pour le Merlan et la Morue. SQUALE ROCHIER. — (Voy. HoiSSKTTr: [l'etile].) SQUALES (Pêche des), — Dans la mer du Nord, vers les côtes de la Norwége, se trouvent des Squales en telle abondance, que la poche peut en être faite sur certains bancs, comme on fait celle des Morues. Parmi les espèces les plus com- munes, il faut compter le Sajmnus borea/is, le Squalas sjn'nax, le Squalus acan- thias{fig. 4), le Selache maxima, mais ce dernier de plus en plus rare. Ces animaux sont d'une taille considérable pour quelques espèces, pnis(iu'il y a des Squales dont les foies — la partie que l'on recherche pour faire l'Iiuile — jie pèse que 12 à 15 kilos, tandis que chez certains autres, le môme organe en pèse 100 à 200. La pêche desSqua les se fait de deux ma- nières : au large et dans les baies [Fjords) près de terre. Au large, il faut les chercher à 150 ou 200 kilomètres de terre, et par une pro- fondeur de 250 à 300 (c^ brasses. Les bateaux qui font cette poche, jau- gent 20 à ^^0 tonneaux et sont montés par 5 ou 6 hommes. L'engin dont ils se servent est une ligne de fond [ficj. 980), dont le diamètre est de 1 centimètre et qui porte une pièce oblonguc de fer fondu tlu poids de 3 à 4 kilogrammes. L'hameçon, de forme arrondie et sans avantage {fig. 980), a environ O^jlO de longueur sur une grosseur de 5 millimètres. Il est monté sur une avancée en chaînette de fer étamé afin que le Squale qui, une fois piqué, ala manie de se rouler dans la ligne, puisse le faire sans se décrocher et sans rien briser. La niasse de fer qui fait caler la ligne est placée au-dessus de l'avancée de chaîne et suspendue sur le côté d'une tige de fer un peu plus longue qu'elle el qui est atta- chée à la ligne par une solide épissure. Au-dessus de l'hameçon, à quelques brasses sur la ligne, on adapte une caisse percée de trous et remplie de lard putréfié ou de morceaux de marsouin. Cette amorce sort par les trous et est entraînée au loin jjur le courant qui la porte aux Squales qui sont ainsi attirés. Le pécheur qui tient la ligne sent facilement ratta(]ue et ferre d'un tour de bras, puis, comme il serait inca- pable de remonter l'engin et la proie ;\ lui tout seul deux ou trois hommes se met- tent au cabestan que l'on voit dans la {f)g. 980), et l'on remonte le tout à bord. Des que l'animal est arrivé à la surface, on le tue en le frappant à la tète avec Fig. 980 — Ligne et appareil pour la pèche des Squales. Fig. 9-il SOUb^LETTE. 749 l'instrument en marteau (//(/. 981), dont la pointe sert en même temps de cro- chet pour hisser le Squale dans le bateau. En automne et en hiver, la pèche des côtes se fait avec les mômes lignes ou avec de grandes càblières dont la monture et les hameçons sont suffisamment solides. (Voy. Rouleau a dévider.) SQUAL.IUS AGASSIZII. — ; Voy. Vandoise blageox.) SQUALIUS BEARNENSIS. — (Vandoise aubocr.) SQUALIUS BURDIGALENSIS. —(Voy. Vandoise bordelaise.) SQUALIUS CLATHRATUS. — Voy. CirEVESNE tiieili.agé ) SQUALIUS MERI- DIONALIS. — (Voy. Cut- -^ VESXE MÉRIDIONAL. ) SQUALUS ACAN THIAS. — ,Voy. Aiglillat VULGAIRE.) SQUALUS CEN- TRINA. - (^Voy. Humantin.) SQUALUS CINE- REUS.— (Voy. Perlon.) SQUALUS CORNU- BICUS. — (Voy. Squale nez.) SQUALUS GA- LEUS. — (Voy. Milandre.) SQUALUS GLAU eus. — (Voy. Squale bleu.) SQIJALUS SAXA- TILIS. — iVoy. Roussette petite). SQUALUS SQUA MOSUS. — (Voy. Leiche bouclée). SQUALUS SQUA- TINA.— Voy. .\.NGE DE MER SQUALUS ZYGŒ- NA. — (Voy. Martkau commun.) SQUAMOSUS Squa- lus). — (Voy. Leiciie bouclée.) SQUATINA ANGE- LUS. — (Voy. Ange de mer.) SQUATINE ANGE. — (Voy. Ange de mer.) SQUELETTE. — Le squelette des poissons est os- seux ou cartilagineux; il de- vient même quelquefois telle- ment mou qu'il se distingue à peine des parties environnan- tes ; aussi certains de ces ani- maux forment-ils le passage insensible des vertébrés aux ^ invertébrés. Les os du corps, même les plus volumineux, n'ont jamais de canal médullaire. Quant aux os petits et allongés, ils prennent le nom û'aréles. (Voy. ce mot.) La colonne vertébrale n"a pas de région 750 STONE-FLY famille dilTéienlo, siiueletto de la Carpe. — 0, o :ïes. — C, crâne. — K, rayon dentelé de la doisale. — P, na- geoire pectorale.— V, ventricule T, anale. — D, cotes. cervicale ni de sa-riim, les vertèbres sont toutes articulées et présentent, sur les deux faces, une cavité conique qui les perfore souvent d'outre en outre. Les apophyses épineuses sont longues, et les apopliyses transverses généralement moins déve- loppées. Les côtes mamiuent quelquefois; mais le plus ordinairement elles entourent tout l'abdomen, mais ne se réunissent que rarement en dessous à un os qui représenterait le sternum. De petits stylets qui pénètrent dans les musL-les partent souvent des vertèbres et des côtes, de sorte que les poissons, suivant les espèces, ont plus ou moins d'arètcs. Sur la ligne médiane du corps, on remarque d'autres petits os appelés os- iulméi'inevx qui sont placés à l'extrémité des apophyses épineuses et servant de base à l'articulation des rayons des na- geoires ; ces rayons se distinguent en rayons épi- neux, formés d'un os unique ou aiguillons, en rayons mous, composés d'une grande quantité d'articula- tions mobiles; ces derniers se ramifient souvent à l'extréiïiité. On est généralement loin de se douter du nombre énorme de parties osseuses qui composent l'ifj. 98:!. — Siiuelette de la Cirpe. le Squelette des poissons. Variable suivant les es- Autre sq dette de poisson osseux, appartenant à une pèces et les familles , ce nombre est tel que la Carpe vulgaire renferme dans son corps 4,38G pièces osseuses. Il n'est pas sans intérêt de se rendre compte du nom et de la position des différents os qui composent la charpente osseuse des poissons os- seux et carlllagineux. Nous en avons choisi deux exemples, un de chaque type. Squelette d'une Perche {fig. 982) avec légende au moyen de laquelle on peut se rendre compte des différentes parties. Squelette d'une Carpe {fig. 983i. Squelette d'un poisson cartilagineux [fig. 984), vu en dessus et un peu de trois quarts par le côté gauche. Le crâne de ces animaux n'offre pas de suture, on ne peut donc qu'Indiquer les régions analogues à celles du crâne des poissons osseux. A, région frontale; — A', apophyse anté-orbitaire; — A", apophyse post-orbitaire; — B, région pariétale; — C, région occipitale; — G, ré- gion ellimoïdienne ; — I, région mastoïdienne ; — H, os hyoïde portant à son bord 7 cartilages en forme de côtes ; — dr, arcs branchiaux composés chacun de 4 pièces; — V, colonne vertébrale;— 0, côtes ; — P, os inter- épineux supportant les nageoires verticales ; — q, ceinture osseuse d'une seule pièce portant les nageoires pectorales; — q' , extréiuité de cette ceinture représentant les scapulaires des poissons osseux; — R, os du métacarpe; — S, phalanges qui constituent les nageoires pectorales; — T, ceinture osseuse portant les ventrales et représentant le bassin des autres animaux vertébrés ; — u, os du métatarse; — V, phalanges for- mant les nageoires ventrales. SQUIL.LES. — Nom donné aux Crevettes danscertai- nes localitc.s. (Voy. Crevettes.) STERNUM. — Chez les poissons, le Sternum n'estpas cartila- gineux comme dans les autres animaux; il est toujours osseux et varie beaucoup dans sa con- formation. Il est tantôt triangulaire, ou arrondi en avant, pointu en arrière^ mais le plus souvent rhomboïde. Cet os occupe le devant de la poitrine et limite cette cavité de ce côté. On le regarde souvent comme un prolongement de l'os hyoïde sur lequel les arcs branchiaux s'articulent d'une façon plus libre quedans lesanimaux des classes supérieures. STICHLING. — Nom allemand de VÈpinoclie, consei^vé en Alsace pour dési- gner ce pelil pois.son. (.SV/c/', piqiirc.) (Voy. Épinociie.) STOCOFIG. — Nom de la Lotte de mer (voy. ce mot), h Nice. STONE-FLY. — y[o\ h moi Mouche des pierres ; nom que donnent les pc- cheufs anglais et les fahi'icanls de mouches artificielles à la PItrygane jaune et à sa larve, le Cherfaix; les deu.Y .sont très-employés de France, mais nous avons cru de- Fig. 934. — S(|uelett Raie. d'une SURMULET. 7ol voir indiquer le nom usuel anglais pour guider les pûcheurs dans l'achat de leurs mouches et qu'ils sachent ce qu'elles doivent représenter. STOUEYRES. — (Voy. ESTOUEYRES,) STRIATUS (Cyprinus). — (Voy. Cyprix strié.) SUBLET GROIN (Liitjanus rostratus, Ulocli). — Acantliopt. Labroïd. Long. max. = 0>D,IO. Le Siiljlet est, chez nous, le représentant des Labres à museau protractile : ses dents sont coniques et sur un seul rang. Très- voisins des Crénilahres, ces poissons ont leur ligne latérale non interrompue. Cuvier les place à la suite des Acantholubres . Celui-ci est un petit poisson de couleur rouge-orangé un peu lavée de verdàtre, et portant une grande tache bleue à l'anus. Les pectorales sont rouges et les ventrales jaunes; la caudale est souvent lisérée de noirâtre et ponctuée de même. La dorsale porte une tache noire sur les membranes des 3 premières épines, et des points sur le reste, en deux séries. Bande brune près de l'œil sur l'opercule et qui fuit sur le flanc. B= 5. D= 16+ 10. A= 3 + 9. P= 14. V = 1 + 5. C = 13. SUBLET GROIN . — Ce petit poisson rouge se trouve en abondance dans la Méditerranée ; on le rencontre toute l'année sur les côtes rocheuses et peu pro- fondes. Sa chair est tendre et savoureuse. La femelle fraye au printemps. Se prend comme tous les labroïdes. SUBOPERCULAIRE (Os). — Dessous et derrière l'opercule se voit le subopercule C {fig. 985) quelquefois fort difficile à distinguer du premier situé au-dessous de l'angle et du côté d'en bas, formant, dans beaucoup de cas, par sa jonction ^^'' avec la membrane qui borde le tout, l'aiguillon de l'appareil operculaire. '"^^^ Cet os porte les épines propres à chaque espèce plus souvent que l'oper- (' B 1 ^^^^I cule. O^ .J^^f En avant de lui est situé l'interopercule. (Voy. Opercule etolies.) SUCEURS. — 2* famille des Chondroptérygiens à branchies fixes. ^,. „„,, ^., , '^ •'^ txg. 98b. — Tête do 2e Ordre des poissons cartilagineux. Truite. Cette famille se divise en 2 genres : 1. Lamproie ; 2. Mixine. SUCK et SUCK CAGNENCK. — Nom donné au Saurel aux environs de Nice. (Voy. Saurel.) SUIFFE. — Nom de la Vaiuloise à Marseille. (Voy. VANoorsE.) SUIFFAGE DES CHAUSSURES DE PÊCHE. — Prenez : Suif 250 gram. Graisse de porc ou saindoux 125 — Cire jaune G5 — Huile d'olive 05 — Essence de térébenthine C5 — faites incorporer soigneusement à un feu doux ; pour étendre, il faut faire tiédir sur les charbons et se servir d'une patte de lièvre dont on a coupé les ongles. Le cuir ainsi enduit est impénétrable à l'eau. SURMULET ou GRAND MULLE RAYÉ DE JAUNE (Mullus surmuletus, Lin.). — Acanthoptérygiens, genre Mullus. Long. max. =0",î5 à 0™,:iO. Syn. : Tria, ital. — The striped sarmuUet, angl. Plus grand que le Rouget (il72surer qu'il reste sur les côtes de Dovinstrie; à partir de cette mer, il devient plus rare en montant vers le nord. C'est un poisson bossu près de la léte comme le Mulet véritable, la ligne du ventre est droite comme dans l'autre espèce. L'œil est grand, il tient le quart de la tête. La bouche est petite, située en avant et à lèvres peu mobiles; la mâchoire inférieure porte un filet de dents en velours qui en font le tour, la supérieure n'a rien, mais le palais est pavé de petites dents plates très-curieuses parce qu'elles sont enchâssées dans une plaque ovale cornée. 734 SURPRISE. La fente des ouies est verticale et revient au-dessous eu face de l'dîil. Deux barbillons, comme dans l'espèce type, se cachent entre les branches de la mài-hoire inférieure, mais ils sont moins longs que chez le Roicfjet. P = S. D = 7 + 1 +8. A = 2+ G. C= 13. P= 17. V = I + 5. Les côtés portent trois lignes dorées au milieu du beau vermillon des flancs, elles sont sur- tout marquées au temps du frai, en mai. Le dessous du poisson est blano rosé. Les nageoires sont rouge variable, un peu jaunâtre, sur l'anale et les ventrales. C L'œil est or pâle portant quelques points rouges, prunelle grande et noire. Les œufs sont excessivement petits et en nombre énorme. Point de vessie natatoire. SURMULET. — Ce poissoii sc pôchc en grande eau pendant tout le mois de juillet. Sa chair est très-bonne durant l'été, il s'approche alors de la surface de l'eau ; on en trouve sur la côte de Bretagne. SURMULETUS Mullus). — (Voy. Surmulet.) SURPRISE (Pêche à, la). — Cette pèche qui, dans les fleuves et les faraudes rivières, rapporte beaucoup de poissons en Dards, Chevesnes, Vandoises, etc., donne des Truites dans les ruisseaux où il s'en trouve. Voici comment on la pratique. On est armé d'une canne en sapin creusé et collé, terminée par un scion d'orme formant, en tout, une longueur de 7 à 8 mètres. On y adapte un tout petit moulinet, avec 15 mètres de soie pour les très-gros poissons. On monte une avancée de 1 à2 mètres de florence, à laquelle on pend un hameçon n° 5 à 8 Short Shank Roach àpalette. Aucun hameçon, — même les limericks à palette qui sont très-bons, — ne remplace tout à fait cette variété exceptionnelle. On esche au papillon blanc, à la sauterelle, ou mouche ou insecte ; puis, marchant sans aucun bruit, on avance le long des perrés et près des racines et des obstacles avançant dans le courant de l'eau. Si l'on voit un poisson de surface, on fait sautiller la mouche et on la laisse tomber adroitement à 3 centimètres en arrière de sa tête...., il se retourne aussitôt. Il faut être très-vif à ferrer, et enlever de suite le poisson afin de ne pas effrayer les autres. Ne pas faire de bruit, ne pas piétiner. Se tenir hors de vue, caché par les ar- bres et les buissons. Si l'on ne voit pas de gros poissons à la surface, on fait danser la mouche, en évitant de la laisser manger aux ablettes et petits dards qui ne man- quent pas d'arriver. Au bout d'un instant le bruit et le mouvement que les petits mènent sur l'eau attirent, réveillent les gros, et on fait leur capture. Il faut avoir soin, 1° de remonter le courant, afin d'arriver toujours derrière le poisson; 2° de choisir le vent de façon qu'il chasse la mouche en avant du pê- cheur, et loin du bord; 3" de pêcher depuis 11 heures du matin jusqu'à 3 ou 4 heures du soir, car, quand le soleil frappe la florence en face, le poisson la voit, se méfie et ne mord plus. Il faut avoir soin encore que la monture entière de la ligne soit solide, afin de ne pas ménager un poisson, même s'il se rencontre un peu fort. Il est important de l'enlever brusquement et de suite afin d'éviter le plus petit bruit. Le moulinet ne sert que pour les grosses pièces que l'on est forcé de noyer. On pourrait remplacer avec avantage une partie de la llorence par du crin en 6, 8 et 12 brins en haut, pour éviter le luisant. Nous ne pouvons nous empêcher de déclarer que, poiu' nous, cette pêche est la reine de toutes les autres. Elle tient de la chasse par la marche continuelle qu'elle exige et les ruses sans nombre qu'elle force à employer. 11 faut savoir à propos user des arbres, — ces ennemis du pêcheur à la ligne, — et en tirer tout le profit qu'ils donnent à qui sait les utiliser. (Combien de fois, passant ma canne entre leurs bran- SURPRISE. 753 ches, avec mille précautions et des soins infinis, n'ayant plus que 0", 50 d'avancée, n'ai-je pas capturé, sous les racines, d'énormes truites qui ne pouvaient supposer qu'un être humain eût la diabolique pensée de venir les narguer dans leur fort ! 11 fallait voir les bonds désordonnés de ces captives, mes efforts pour mitiger leurs écarts, au milieu des branches feuillues qui ne demandaient pas mieux que de saisir ma ligne pour ne plus me la rendre ! Mais aussi quel plaisir quand la belle sauvage aux mouchetures sanglantes entrait, la tête la première, dans l'épuisette secourable que me tendait mon compagnon ! Car, j'allais oublier de vous le dire, cette pêche n'est guère possible seul, il faut un compagnon : double plaisir s'il est bon, inconvénient s'il est peu sociable. Quelle médaille, en cehas monde, n'a pas de revers? — Pourquoi un compagnon ? — Parce que le pêcheur, muni d'une canne de la longueur indiquée, ne peut, seul, en faire le service. L'armement strictement nécessaire se compose, pour le pêcheur en action, de la canne gigantesque (7 mètres), et il en a assez. Son compagnon, lui, porte le carnier ou le panier de pêche, un filet à papillons et une boîte à mouches. (Voy. ces mots.) Il va sans dire que l'on peut, dans le courant de la pêche, intervertir les rôles au- tant de fois qu'on le veut, et le porteur de la canne ne demande pas mieux, au bout d'une heure d'exercice, que de se reposer un peu, d'autant plus que, pour bien réussir, cette pêche doit être faite en juillet et août, au moment du grand soleil le plus chaud de la journée, de midi à 2 heures. Le pêcheur marche donc devant, à une trentaine de pas : à chaque minute sa canne décrit une immense circonférence, un poisson saute en l'air et vient tomber aux pieds du compagnon, lequel, sans mot dire, le décroche, le met dans son sac, retient l'hameçon entre deux doigts et y enfde une mouche quelconque, un insecte qu'il vient de prendre avec son filet sur les herbes et les feuilles d'alentour Le pêcheur relève sa canne, la mouche se promène sur l'eau Paff! — le môme manège recommence, et souvent il arrive — que malgré l'abondance des insectes qui bruissent et bourdonnent de toutes parts, — le malheureux acolyte est gour- mande parce qu'il n'a pas le temps de se mettre en règle et de prendre les insectes nécessaires!.... Halte! alors Le pêcheur demeure en place, les pieds rivés au sol. Son compagnon rétrograde de quelque cinquante pas et chasse en reculant, jusqu'à ce que la boite à mouches soit de nouveau approvisionnée. Il revient vers son chef de file, et n'en approche jamais.... qu'à longueur de canne!.... Si, ce- pendant, à longueur d'épuisette, quand la chose devient indispensable. L'épuisette est souvent portée par le pêcheur. Elle est d'ailleurs indivise entre les deux, et les incommode autant l'un que l'autre, mais elle est indispensable et par conséquent inévitable On se résigne, en la voyant à l'œuvre. L'acolyte fera bien de se munir de gants de peau, parce que les atteintes des insectes ne sont pas toujours agréables, surtout quand il s'agit de guêpes, d'abeilles et autres, domestiques ou sauvages. Il y en a beaucoup et de beaucoup d'espèces; qu'on ne l'oublie pas, parce que les malignes bêtes vous en font parfaitement souvenir!.... Cette pêche est extrêmement fructueuse : nous avons pris souvent 25 à 30 li- vres de poissons dans une après-midi, et dans un ruisseau de 2 mètres de large, coulant au milieu des prairies sous les peupliers. 48 754 SYNGNATHES. SUVEREOU. — Xnm ni;irseillais (lu ^awre/. (Voy. ce mot.) SYLLIS TACHETÉE. — (Voy. Dorsibranches, Néréides, Gravette, Peloise.) SYLVIATICUS ^Salmo . —(Voy. Trcite commlne.) SYMPHYSE. — Ce mot, formé du grec, veut dire, naître, croître ememOle; on l'applique, en aiiatomie, à l<>ut enseniitio des iiKiyeiis naturels ([ui retiennent en rapport les os des articulations. SYNGNATHES (Syngnathi, Lin.). — Lophobranchcs, syngnathid. Long. max. = 0°>,50. En raison du peu d'importance de ces curieux poissons au point de vue de la Pêche, nous passerons rapidement sur leur histoire. Ils ne présentent, eneflet, aucune utilité, pas môme cello d'Esche, que leur dimension presque toujours exiguë et leur ligure angnilliforme rendraient extrê- mement commode. Il est probable que ces poissons possèdent une odeur ou une saveur particulière, inappréciable d'ailleurs à nos organes, car,donnés à des poissons eu même temps que d'autres es- pèces, avant ou ajirès elles, ils ont constamment été rebutés. Les Turbots, la Vive, les Vieilles, les Trigles ont toujours refusé de manger les fragments de Syngnathes qui leur étaient jetés par nous. Ils se précipitaient instinctivement sur le morceau qui descendait dans l'eau, mais arrivés après, ils se détournaient prestement, ou bien, si dans leur pre- cijiitation, ils l'avaient avalé, ils le rejetaient avec dégoût. Nos côtes renferment un as.-ez grand nombre de Syngnathes d'espèces différentes, et, en Bre- tagne surtout, le nombre des individus est innombrable ; lors du frai, les jeunes, ramassés sur la plage au moyen de paniers ou de filets en toile d'emballage servent à faire du gueldre qui serait un bienfait de toutes manières, si les pécheurs n'y mêlaient le frai d'excellentes espèces littorales et surtout les jeunes des deux espèces de Crevettes comestibles. (Voy. Gueldre.) Les caractères génériques de Syngnathes sont d'avoir le corps allongé, mince, couvert de sé- ries de plaques dures arrangées en lignes parallèles qui donnent au corps une forme pohédrique. La Icte est très-longue, le bec s'ouvre au bout, et en dessus, formant tube. Les yeux sont saillants. Ces poissons manquent de nageoires ventrales. Leurs plus curieux appendices sont ceux qui servent à la reproduction et à la respiration. I. — Syngnathus acus. Lin. — Long. max. = On^iô. Syn. : Greal pipe-fis/i, angl. Ce Syngnathe est un des plus communs. Chez lui, le mâle porte une poche au ventre dans la- quelle la femelle vient déposer ses œufs, lors du frai qui a lieu en été. Cette poche est fermée par deux lèvres oblongues : c'est là que se fait l'incubation des petits qui y demeurent jusqu'à ce ([u'ils aient 0'",02 à ()'»,03 de long. Le mâle a pour eux le plus grand attachement, il les fait sortir de sa poche où ils rentrent au moindre danger. L'opercule est couvert de rayons divergents : tête plate entre les yeux ; corps heptangulaire jusqu'à l'anus, avec trois côtes de chaque côté, hexangulaire au delà, le pli du ventre étant disparu, et enfin quadrangulaire à la queue. Caudale en éventail. 1) = 40. P = 12. A = 4. C = 10. Couleur brun-pâle, barrée transversalement de brun foncé. II. — Syngnathus Typhle, Lin. — Long. max. = 0ni,.35. Syn. : Deep-nosed pipe-fis/i, angl. On le distingue de suite par son tube buccal beaucoup plus épais. 11 pourrait bien n'être qu'un jeune de l'flcu^'. La queue est plus pointue, l'anale petite. D = 39. P = 15. A = 3. C. =10. III. — Syngnathus aequoreus, Lin. — Long. max. = G'", 40. Syn. : Mquoreal pipe-fish, angl. Ce Syngnathe n'a ni pectorale, ni ventrale, ni anale, ni caudale, ni poche ventrale: il n'a qu'une dorsale pour toute nageoire. Ressemble beaucoup, du reste, à Vacvs dont on aurait coupé vif la queue avant la caudale. D = iO. Couleur jaunâtre avec une ligne pâle sur chaque joint des plaques. IV. — Syngnathus ophidion, Bloch. — Serpent de mer. — Long. max. = C^jSô. Syn. : SiKike pipn-fhli^ angl. Très-facile à distinguer à sa forme beaucoup plus ronde et plus grêle ; qceue se terminant en pointe fine, un peu aplatie à l'extrémité. D = 38. Tête à tube moyen. Les mâles n'ont pas de poche anale ni les femelles non plus, mais les premiers possèdent des espèces de coupes creusées sur les côtes de l'abdomen, semblables à la poche ûeVacus dont on aurait enlevé les membranes fermantes. C'est là que la femelle (li'pnh^e sescenCs, an mois d'août, un dans chaque cellule. V. — Syngnathus lumbricifornis, Jenyns. — Long. max. = 0'^,\b. Syn. : The Wo))n pipe-(isli, angl. TABLEAU DE L'EMPLOI DES ESCHES. 75Î Le plus petit de nos Syngnathes ; porte ses œufs comme le précédent, attachés sous son ab- domen. Le museau est beaucoup plus court que chez les précédents, relevé ; n'a qu'une dorsale = 30. Corps terminé en pointe comme Yophidion. Marqué de raies ammlaires fines et brunes : couleur olivâtre, côtes moins marquées. SYSTÈME NERVEUX. — L'instinct des poissons parait être moins développé que celui des autres vertébrés : la cavité du crâne est petite relativement au volume du corps, et encore n'est- elle pas remplie complètement par l'encéphale {fig. 986). Le cerveau, dans celte cîasse d'êtres, est réduit à une grande simplicité: pas de repli?, pas de circonvolutions, un nombre simple de masses cérébrales lisses correspondant aux sens strictement néces- saires, tel est leur appareil automoteur. Il faut cependant remarquer que, d'autre part^ la moelle épinière est très-forte, et que cette disposition explique la grande vitalité de certains de ces animaux dont, par la prédominance du système ganglionnaire, on peut dire que le cerveau est réparti tout le long du corps. Aussi la destruction du cerveau, chez certains poissons, ne termine-t-elle pas la vie immédiatement, tant s'en faut. Chez un grand nombre d'entre eux, un éréthisme particulier persiste fort longtemps et leur corps est découpé en morceaux nombreux que ceux-ci palpitent encore. Nous avons représenté ici {fig. 986) le cerveau d'un Cyprin ; oet organe est vu en dessus et de grandeur naturelle : a, sont des rudiments d'hémisphères cérébraux ou de ganglions olfactifs ; — i, sont les masses optiques; — c, masse impaire, représente le cervelet; — d, moelle épinière dont la grosseur est remarquable. La (igure 987 représente le cerveau d'un Trigle ou Grondin, delà famille des Acanthoptérygiens. La même simplicité s'y remarque : seulement les ganglions de la moelle épinière sont plus marqués encore; — «, masse ganglionnaire olfactive formant rudiment d'hémi- splières cérébraux; — /;, nerfs olfactifs ; — 6, masses optiques. La droite, qui est ou- verte, laisse apercevoir les ganglions intérieurs ; — c, masse impaire, représentant le cervelet; — d, paire de ganglions de la moelle allongée ; — n, moelle épinière. La sensation tactile, à peu près nulle sur le corps, sauf sous l'abdomen, réside essentiellement dans les lèvres qui sont charnues et souvent munies d'appendices ap- pelés barbillons dont le nombre est variable de 2 à 6. Le goût est très-imparfait, la langue est souvent osseuse et immobile et les dents ne servent pas à la mastication, mais seulement à retenir la proie, dans le choix de laquelle le poisson n'a d'autre considération que la grosseur. L'appareil de l'olfaction réside dans les deux cavités creusées à la partie antérieure de la tête et tapissées d'une membrane pituitaire très-plissée ; il diffère surtout de l'organe analogue des animaux terrestres en ce qu'il ne communique pas avec l'arrière-bouche, et n'est pas traversé par le fluide dissolvant des particules odorantes. Quoiqu'il en soit, les poissons perçoivent les odeurs de très-loin, et comme elles ne peu- vent leur parvenir qu'en dissolution dans l'eau, on est plutôt en droit de les appeler saveurs et de considérer le sens qui nous occupe comme un appareil de dégustation. Fig. 987. Encéphale d'un Trigle. TABLEAU DE L'EMPLOI DES ESCHES par espèces et par saisons. (Voy. Emploi des esches par espèces et par saisons.) 79e TABLEAU DES ESCHES. TABLEAU DES ESCHES OU APPATS, POUR L'EAU DOUCE. (V. Pâtes.) NOMS DES ESCHES OU APPATS. NUMÉROS DES HAMEÇONS, Asticot. Blé cuit. Boulette en pâte Cerise Cervelle de veau crue Chabot Chènevls cuit Clieiiilies sans poils Cherfaix Chevesnes très-petits Cocons de vers à soie Concombre ... Corps de papillons Demoiselles libellules — Épine-vinette (asticot en nymphe) Fèves cuites Fourmis Fromage de Gruyère. Goujon Grenouille petite Groseille à maquereau Grillon Hanneton Jaunes d'œufs durs Lamprillon Limace Limaçon d'eau (sans coquille). Morue dessalée Mouche commune de viande. Mouches artificielles. Mouches grosses, abeilles. Pain de creton Papillon de nuit Pâtes Péteuse ou Bouvière Portefaix Queue d ecrevisse et pattes crues ou conservées dans du sel. . . . Raisin Rate crue ou moitié culte Sang caillé Sangsues Sauterelle Taon de couches L;i plus grande partie des poissons, en été, dans les pelotes Gardon, Carpe, Brome, Tanche, BarLillon. Tous les poissons de fond. Chevesne et Dard Chevesne et Dard Truite, Perche^ Brochet ("arpe, Gardon, Brème et Tanche (Chevesne, Dard, Truite Tèus les poissons moyens Clievcsne, Barbillon, Truite Chevesne, Dard, Truite Chevesne, Dard Clievcsne Chevesne, Dard, Gardon, petits Barbillons Gardon Carpe, Brème, Tanche grosse Dard Barbillon, Chevesne, Gardon et gros Gardon blanc de fond Brochet, Perche, Truite, Saumon Perche, Brochet Chevesne Chevesne, Dard, Truile Chevesne, Truite Barbillons Anguille de nuit Anguille, gros Barbillon , Brème, Carp?, Dard, poissons de fond . ... Gros Barbillon, Chevesne, Dard de fond... Chevesne, Dard, Truite, Gardon, Ablette, rarement Carpe et Perche Ablette, Chevesne, Dard Truite, Saumon, Ombre Chevalier Chevesne, Truite^, Saumon Chevesne et Barbillons Chevesne, Truite, Saumon Tous les poissons de fond Chevesne, Barbillon, Truite, Perche, Bro chet Voy. Cherfaix Tous les poissons Chevesne . . Barbillon, Perche, Brochet. Chevesne, Dard. Anguilles, Barbillons Chevesne, Dard, Truile... Anguille, gros Barbillon. . , 10-14 14-20 7-10 00-2 1 bricole 6 10-16 7 10 bricole 7 00-2 2 4 5 12 2-4 16 2-6 bricole 6 bricole 5 2 bricole 4 1 9 2 2-i 14 10 10-20 3-9 ' 8 4 ,3 2-8 bricole 10 10 6 1 0 00 TAMBOUR A ÉCREVISSES. 757 NOMS DES ESCHES OU APPATS. Tripes de poulet Veron Viande de bœuf, dite flanchet.. . Viande de poisson sur les côtes. Viande de veau Vers blancs à queue, d'urine de vache Vers rouges à tête noire Vers rouges cannelés de fumier. Ver de farine Ver de jonc Ver de vase Ver blanc et jaune d'iris POISSONS QUI Y MORDENT. Ciievesnes Perche, Brochet, Truite, Chevesne Darbillon, Perche, Brochet Barbillon, Truite, Perche, Brociiet Barbillon, Perche, Brochet Tous les poissons Tous les poissons printemps et automne ; très-vif pour la Perche, bien vif pour la Carpe de fond, le Gardon, le Barbillon, la Lotte, le Goujon, etc Dard, Gardon, Chevesne, Barbillon, petit. . . Dard, Gardon, Chevesne, Barbillon Tanche, Brème, Carpe, Dard, Truite Tous les poissons en été Tanche, Brème, Carpe, Truite NUMÉROS DES HAMEÇONS. 000 8 4-8 5-20 10-20 12 II 12-16 10 TABLEAU DU TEMPS DE FRAI. — (Voy. Temps de frai.) TABLEAU SIGNALÉTIQUE DES CYPRINS. — (Voy. p. 758 et 759.) TACARD et TACART. — Nom du Tacaud (voy. ce mot), à la Teste de Buch et à l'ile Tudy. TACAUD, TACAUT et TACOT. — En Basse-Brelagne, Douarnenez, etc., on donne ce nom au Cnpelan, et en général aux différentes espèces de petites Morues, Officiers, etc. (Voy. ces mots.) TACO. — Nom du l'acaut {yoy. ce mot), à l'île de Ré. TACON. — On doime le nom de Tacon, dans la Dordogr.e et la Corrèze, aux jeunes Sau- mons qui descendent vers la mer, réunis par bandes de plusieurs milliers, en mars ou avril, et quel- quefois en mai seulement, quand les eaux sont trop froides. Les Tacons pèsent alors 80 gr. en- viron et descendent dans la Dordogne avec une vitesse extrême. Ce sont des Grilses. (Voy. ce mot.) Les vieux Saunions remontent, au printemps, cette rivière jusqu'à sa source, vers le pied du Mont-Dor, s'ils peuvent surmonter les barrages : ils frayent aux premières gelées, de novembre à dé- cembre, elle produit du frai demeure près de quinze mois sur les lieux à l'état de Tacon. Descendu à la mer, il y reste environ quatre mois, et reviendra en juillet ou août pour remonter la rivière et frayer à son tour. A ce moment il s'appelle, dans le pays, Martinetiu et pèse 2 à 3 kilog. En quatre mois il a donc acquis un poids 20 à 30 fois plus considérable que celui qu'il avait en descendant à l'eau salée. Quelle quantité de nourriture il a dû absorber! Cette remonte du Jeime saumon est postérieure à celle des vieux qui entrent en rivière les pre- miers et pèsent de 6 à 10 kilog. Cela fait donc deux passages par an. Après le frai, les Saumons redescendent maigres et porteurs d'une chair pitoyable ; on les nomme dans le pays, Redouleurs. En Dordogne, la Truite et le Saumon frayent ensemble et aux mêmes lieux, mais la différence de robe fait facilement distinguer leurs produits. TAGE. — Synonyme de Casier. (Voy. ce mot). TAILLE DES POISSONS. — (Voy. POISSONS.) TAIRE et TEIRE OU TERE. — Nom populaire de la Raie-coucou, à Pouillac et à Belle-île. (Voy. Raies-Is, §7). TALON. — (Voy. Navette.) TAMBOUR. — Nom du Verveuxà deu.x ouvertures. (Voy. Verveux, Louve.) TAMBOUR A ÉCREVISSES. — Quelle que soit l'amorce que l'on offre aux Écrevisses, il faut bien se persuader que ces animaux voraces ne viennent point sur les balances pour se promener, mais bien pour manger. Elles y vont, comme 7o8 TABLEAU SIGNALÉTIOUE. .NUMltlU-: DES RAYONS N A G i: 0 I u !•: s COILKIR DKS RAYONS Di; 21-24 ir. 9 s-y 19 2n-i»i is 9 T-S 25 19-'2I 13 9 8-10 21 21 -22 .. ■■ s .. 19 Va 9 s 20 10-11 7 7 11 II 29 16 9 9 o- f 1 1 Itiun foncé Bniu violet Bniii foncé Blanc jaune Veidàtrc et rouge Aerdàlie Rouge, jaune ou in- colore Bi'un foncé . . , Brim violet. .. Brun foncé.. . Blanc jaune.. . Rouge orangé. Rougeàtre. .. . Rouges Violacée Brun violet. . . Brun foncé. . . Blanc jaune. . Rouge orangé. Rougeàtre.. . . Rouge brun... Brun violet . . . Brun foncé . . . Blanc jaune. . Rouge orangé. Rougeàtre. . . . \iolacée. . . , Brun violet. Brun foncé. Grise Verdàtre et rouge. Yerdàtre Rouge , jaune ) j.„.,„„j. ! Le plus souvent in- / ou incolore, j colore. J Brune teintée de | / rouge Rougeàtre. Rougeàtre. Rougeàtre Brune, teintée . . . Violette Molette ( brun ( rouge ; • . ■ . I ( >oiratre , bordce 1 , ,. î dazur. Jaune d ocre.. r.risàlre. . Grisâtre... . Grise Blanchâtre. Jaune d'ocre. Blanchâtre. . . , .. Ravée rouge et •'«""^'■•'^ I blanc...... ( Claire verdàtre la- i y,,,,„ / véc de rougeàtre. j " ( Grise et bleue plus j Jaunâtre, puis j Jaunâtre, puis / tard ( bleuâtre. ... ( bleuâtre.... j Blanc jaune, quel- ! ,j.^^,, ,^ , ( (piofuis uon-atre. j " t' ( Brun pale tache de i , ., ' ' Jauuatr rougo ( Blanche bor— Blanche bordé.' de dée de brun. ) brun Noir ,bruu, avec un Rougeàtre... . \ peu de rouge ou de bleu Rouge. Blanchâtre. .. Rayée rouge et / blanc Jaune orangé. Jaune orangé. Jaunâtre, puis bleuâtre. . .. 20 I Vcnlâtie rouge et / i brun j l^^ I l'âlcs I Pâles Rouge vif. rcs-rouge a la „ ■ i . I „ " Rouge a la base Vcrdàlre Tachée rouge. , . . Léger' jaune. Taclii'e rousre Rouge vif. . . . Pâles . Rouge à la base Blanche Tach'C rouire. 1 tache rouge. Rouge vif. Pâles. . .. . Incolore. Blanche Tachée rouge. Grisâtre Grisâtre Verdàtre clair bor- | dée de noir j Grise, puis bleue.. Lobe supérieur noi- râtre, lobe infé- ] rieur rougeàtre. Rouge brun. Vert et rouge. Pâles Incolore Verdàtre Tachée rouge. TABLEAU SIGNALÉTIOUE. 759 |(»UME LA CAUDALE LIGNE LATÉRALE. COULEIR. NOMS DES CYPRINS. LA DORSALE EPINEUX. Presque car- j ^^^-^^ Fuurchuo. . . Fourchue... j Droite , inter- I i rompue. . . . j Droite, élevée. ree Kchancrée. . F.chanrrée .. lourchue. . F.chancréc. . j Légèri courbe. I Se perd ilaiis f la queue Presque droite Droite 33-34 36 Noires. Noirs . . Jaunâtre Points bruns.. j Noire ou bleu d'acier Grandes . . Très-fines.. Grandes . . Grandes . . j Arrondies ( et grandes. l Finement ponctuées de noir. (Irandes. . . Rugueux Strié.... !■ ■,00 0" ,bO 0" ,28 Oo >,35 0" ,25 On ,0G On ,3:i I j Carpe vulgaire {Cyprinus Car- ( pio), \ Carpe Tanche ou C. a miroir (C i cortaceus, ou C. specularis). Carpe Carrassin (C Carrassius) . Cyprin strié (C striatus) . Gjprin Gibèle (C. Gibelio). Cyprin Bouvière (C. amanis). Cyprin doré (C aiirntus). COURTE. Fourcliue.. , . Droite.. fim ■i) i Barbeau comnnin [C. Ba>- '■ i bus). ÉPINEUX A LA DORSALE. Unpeuéchan- crée .... . L'igèrement chancrée .... Echancrée à lobes pointus. Fourcliue... . Peu fourchue. Très - échan - criîe Très-peu fourchue... . Très-peu é- chancrée. . . . I . I I Droite, un peu ( I inclinée. . . . j I Courbée vers le / 1 bas i Id. Echancrée. Echancrée . Echancrée. j Courbe, un peu j 45.i;q ( droite J Presque droi- I te, courbée i 46 vers le bas. i Droite 50-52 I Un peu cour- | ^ bée vers le bas j / Presque droite 46 58 ( ', Courbée vers ) I le ventre . . . j j Courbée vers le I ) bas j " Presque droite i Clraude et é- I chancrée. . j Très - four- I chue Peu fourchue Echancrée. . . Fftéchcrcc, lo- bes pointus Courbée vers / le bas j Courbée vers i le bas j Courbée vers / le bas j Courbée vers I le ventre . . ( Bleue. .. . Jaune.. . . Jaunâtre . Jaunâtre . Petits points jaunâtres. . . \ Jaune. Jaunes avec 2 rangs de points noirs. Blanc-jaune. . . Grandes. . Très-petite; Grandes. . , Grandes ) bordées de / noir. ) Grandes, , bord supé- j rieur noir. ) Assez gran- ) des j Fort gran- ( des j Grandes. . . Movennes. Grandes.. . Grandes et marquées de lignes concentri- (|ues et ray- onnantes. Grandes. . . Petites Petites. . . . Grandes . . Petites. . . . O-r ,23 0" ,30 0"- ,40 0" ,20 0'",R0 ,15- i',30 ',40 '.,40 '",50 ,Î6- 1,40 On- ,30 0" ,13 On, >12 0" ,1S 0" ,09 Goujon commun (C, Gobio). Tanche vulgaire (C, Tinc.a). Brème commune [C. abrama) . Brème bordelière (C blicca . Dobule [C. Dohula). Yandoise (C leuciscus). Ide {C. Idw,], Meunier Ide. Jesse (C Jescs), Chevesne. Aspe (C. Aspit(s). Nase (C. Nasus). Rosse [C. rutilus), Gardon. Rotengle [C. erythroplithalmus). Ablette (C. albunms). Spirlin (C. bipunc/atus). .\lburnoïde [C. albumoïdes). Véron (C. P'ioxiiuis), 700 TANCHE. on dit, bon jeu bon argent. Aussi quand l'amorce leur plaît, elle disparait comme neige au soleil. L'amorce enlevée, personne n'est plus attiré ; les repus quittent la table, et cha- cun rentre chez soi !.... Voilà pourquoi la pèche aux balances demande une sur- veillance continuelle et un incessant remplacement de l'appât. Pour les personnes qui veulent prendre des Écrevisses sans se donner de peine, il faut recourir à l'emploi des nasses ou des verveux en tambour. Mais voici ce qui se passe : les premières venues dans le piège déchirent l'appAt à belles dents, s'en gorgent le plus vite possible L'appât disparu, son odeur est partie, personne ne vient plus. Par conséquent le nombre des Écrevisses à prendre diminue avec le temps que peuvent mettre les premières à tout dévorer. Frappé de cet inconvénient, j'ai cherché à soustraire l'appât à l'attaque des terribles pinces et des mandibules, et à le laisser produire son effet attractif sur toute la population environnante. Voici le moyen qu'il faut employer. On fait con- fectionner une douzaine cfe petits tambours (verveux) en filet, de O^jSo de diamètre sur 0™,50 de long : on les soutient sur trois petits cercles de fer, un à chaque bout, un au milieu. Celui de l'extrémité sert à monter les goulets qui rentrent à l'intérieur. Celui du milieu est tendu de deux ficelles en croix, au centre desquelles on attache l'amorce. Chaque goulet a ses mailles intérieures réunies à quatre ficelles que l'on va attacher au milieu de celles en croix du cercle du centre. De cette manière l'ou- verture des goulets est grande et bien dégagée : ce qui n'offre aucun inconvénient, parce que les Écrevisses, une fois tombées dans le tambour, ne peuvent en sortir, et vont toujours s'entasser dans les bouts, entre le filet extérieur et le goulet. Ces petits tambours s'emportent très-aisément parce que les cercles se plient l'un contre l'autre : au moment de mettre le tout à l'eau, il suffit de les tenir écartés chacun par trois petits bâtonnets encoches, qui forment un paquet supplé- mentaire. Les tambours une fois à l'eau, l'amorce fait son effet, les Écrevisses arrivent en foule, entrent une à une, mais, les raisins sont trop verts!.... pas une n'y peut atteindre, et la population du tambour va s'augmentant d'heure en heure pen- dant toute la durée de la nuit. Au matin on vient relever les engins et verser les captifs dans un sac. Pour les faire sortir, rien n'est plus facile : on détache, de la croix centrale, les quatre ficelles de l'un des goulets, celui-ci se retourne en dehors du tambour et forme une espèce d'entonnoir par lequel on verse les Écrevisses. Il ne reste plus ([u'à faire un paquet des bâtonnets, ployer les tambours, enlever les amorces de Hareng salé — dont les débris resservent jusqu'au dernier — et rentrer au logis pour procéder à la cuisson de sa capture. TANCHE [Genre], Jinca, Cuv.). — Malacopt. abd. Cyprin. L'un (les plus l';iciles à distinguer de tonte la famille. Corps large^ trapu, nageoires grasses, brunes ; bouche petite, un petit barbillon à la con^ui^sure des lèvres. Peau épaisse, visqueuse, bronzée. Une seule espèce en France. TANCHE (Cyprinus tinca, Lin.)-— Malacopt. cyprinoid. Long. max.= 0«',35; haut.= Û'n,(9. Syii. : Teiic/iy angl. — Sch/ei, allem. — Zeell, hoU. — Teiica, ital. — Scfnimac/ie>\ liv. — Kuppesc/i, lichnis, /aie, ICsthonie, — Schomackore, sutore, suéd. — Sucler, dan. — Muytonden, Frise. Ce poisson joint aux caractères généraux des Cyprins, celui de n'avoir que de trts-pclilcs écailles et des barbillons très-petils. Dorsale de 11-12 rayons, anale de II, ventrale de 8, pectorales de 18, caudale légèrement écliai;- crée de i'.). La ïauclie se reconnait de suite à la grande épaisseur de la partie du corps qui sou- TANCHE. 761 tient la caudale, ce qui donne au poisson un aspect lourd et courtaud. L'œil parait petit pour l'ani- mal, il est rouge carmin ; la tête est un peu en groin, les lèvres épaisses, le front large. La couleur du poisson varie d'un brun jaunâtre à un beau ton vert bronzé, suivant les eaux, l'âge et peut-être le sexe. Les nageoires varient également. La gorge est généralement blanchâtre ainsi que le ventre, les nageoires sont violettes. La Tanche est couverte d'une abondante nmcosilé qui, à l'air, masque les écailles, mais dans l'eau les laisse voir parlaitement. Ces écailles, sont, dit- on, plus grandes chez la femelle que chez le mâle et on a fait le calcul que leur nombre n'était pas moindre de liente mille. Ce poisson fraye à la fin du printemps ou au commencement de l'été, vers le milieu de juin (voy. Temps de frai) ; il forme son nid parmi les racines ou les tiges des plantes aquatiques. Les Fig. 98S. — Taiiclie [Cypriuus tiiica, Lin.). œufs éclosent vite, et le jeune fretin croît et se disperse rapidement. La Tanche femelle, quand elle est prête à pondre, est ordinairement accompagnée de deux mâles qui la suivent au milieu des buis- sons d'une plante qu'elle affectionne beaucoup, le Potamogeton tiatans, végétal que, dans quelques pays, on nomme spécialement herbe à Tanche ; c'est là-dessus que les U'ufs sont déposés et, en ce mo- ment, les pauvres animaux sont si bien occupés de leur affaire que bien souvent je les ai pris tous trois en plongeant uneépuisette sous eux et la relevant vivement. Les œufs sont nombreux, Bloch en acompte trois mille chez une Tanche de 2 kilog. C'est peu ; nous pensons qu'elle en porte davan- tage : c'est au mois de septembre que la Tanche est dans le meilleur mon.ent pour être consommée. La résistance de la Tanche, comme vitalité, est incroyable. L'eau de rivière contient ordi- nairement ~ d'oxygène, rïiais ce poisson peut vivre dans de l'eau où la quantité d'oxygène est ré- duite a ,v^ (C Roget); ce qui explique la présence d'un animal vivant au milieu des vases méphi- tiques dont nous parlerons plus loin. Dans l'aquarium, la Tanche se promène gravement comme chez elle; malheureusement elle n'y vit pas très-longtemps; son corps, surtout s'il a été un peu froissé par le transport, se couvre d'un mucus très-abondant qui se décompose, devient blanchâtre, est envahi par un byssus et bientôt fait périr le poisson. C'est dommage, car la couleur bronze doré de l'animal, ses écailles petites et ses nageoires grasses et opaques contrastent bien avec les poissons blancs elles Carpes qui l'accompagnenl. Nous extrayons de DanieVs rural Sport, un fait qui confirme notre manière de voir:« Une pièce d'eau devait être vidée et nettoyée, et dans cette pièce tombaient depuis des années du bois et des ordures. On mit donc des paysans à l'œuvre, et bientôt on fut si bien envahi par les herbes et la boue, tant il restait peu d'eau, que personne ne pensait y rencontrer le moindre poisson, excepté quelques Anguilles, quand on y trouva deux cents paniers de Tanches de toute grandeur et presque autant de Perches. Après que l'étang fut presque tout vidé, on vit, sous quelques racines, se mou- voir un animal que l'on crut être une loutre. On entoura l'endroit et, en agrandissant l'entrée sous les racines, on trouva une Tanche, mais de la figure la plus singulière et qui avait en quelque 702 TANCHE. s Jite pris la forme du trou chuis Irriut'l elle vivait depuis longues années. Sa longueur, de l'œil à la queue, était de U°',82, sa circonférence de n'",C7, son poids de .')'''',280. Sa couleur était également remarquable, car son ventre était vermillonné comme celui de rOmbre-clievalii'r. On conserva ce curieux poisson dans un étang, et plus d'un an après il se portait encore très-bien. » TANCHE. — La Tanche fréquente les mômes lieux que la Carpe et préfère les élatigs aux rivières. Elie aime toutes les pâles où l'on a mêlé du goudron. Le meilleur temps pour la pêcher est pendant les mois d'avril et de mai. Cette pêche se fait près de terre et demande que l'on jette de temps en temps de petites boulettes d'amorces, car ce poisson est capricieux et paresseux à mordre. Quelquefois, en été, la Tanche s'élancera tout à coup hors de l'eau pour happer les insectes au vol, ou faire tomber une mouche. Quand le temps est couvert, et qu'il tombe une petite pluie douce, c'est le moment où dans les étangs la Tanche se promène au fond de l'eau et mord bien. Hors cela, elle est peu gloutonne, et. dans certaines eaux, ne mord pas du tout. La Tanche s'engourdit à demi dans la vase des eaux tranquilles qu'elle fré- quente de préférence ; elle se nourrit comme les Carpes et habite volontiers avec elles ; mais, plus heureuse que ses voisines, elle est à l'abri des attaques des pois- sons de proie, mais hâtons-nous d'ajouter pas à l'abri de celles des oiseaux de proie. Quoi qu'il en soit, des observations récentes sont venues confirmer ce fait, avancé depuis l'antiquité, que le Brochet, l'Anguille, la Perche ne mordent pas sur la Tanche. Jamais on ne prend une seule Tanche, gi^osse ou petite, dont le corps ou les nageoires portent les atteintes du glouton, tandis qu'à chaque instant, tous les poissons de l'étang se montrent amputés ou estropies de quelque partie de leur corps. A quoi tient cette curieuse immunité ? Certains auteurs l'attribuent à la vis- cosité abondante qui suinte du corps entier de la Tanche et qui, sans doute, pré- sente une odeur et une saveur particulières. Que ce soit là le motif de la répulsion du Brochet, j'en doute presque, car, sous l'élan subit et irrésistible de l'ogre des eaux douces, la Tanche serait atteinte et blessée quoique recrachée, si son odeur est, pour le Brochet, insupportable, mais au moins elle en porterait les marques et ce phénomène devrait se reproduire. Or, il n'en est rien. Quant à moi, j'attribue l'immunité de la Tanche vis-à-vis du Brochet à ce fait bien simple que l'un et l'autre habitent, dans la môme eau, des endroits tout à fait différents et comme séparés par une barrière infranchissable. La Tanche ne quitte pas les fonds, elle vit sur et dans la vase, et quelquefois plongée dans une vase si noire et si fétide qu'on s'étonne qu'une créature animée n'y soit pas immédiate- ment asphyxiée. Le Brochet, au contraire, n'approche jamais ces lieux-là : il vit entre deux eaux, ne descend aux grands fonds qu'à demi engourdi par le froid de l'hiver, et alors il se choisit des endroits propres à le receler et non à le voir chasser. Telle est, tirée des mœurs certaines des deux poissons, la raison de l'im- munité de l'espèce inoffensive. La même raison qui sauve la Tanche des atteintes du Brochet, la garantit en même temps des attaques de la Perche. Celle-ci vit également plutôt à la surface ou entre deux eaux qu'au fond ; elle fuit comme le Brochet les fonds vaseux, le milieu des herbes grasses ; elle ne parcourt que la cime des joncs submergés, entre les touffes desquels elle s'embusque pour atteindre les petits poissons de surface. Et cependant, bizarrerie inexplicable ! le Goujon, ami du fond, est très-recher- ché du Brochet et de la Perche. Mais hâtons-nous de rappeler que le Goujon est un ami des fonds, il est vrai, mais des fonds sableux, et qu'il ne contracte que rare- ment le goût et l'odeur de la vase. TANNAGE. 70,*} Enfin, si l'explication me seml)le ù pen près possible vis-à-vis du Brochet et de la Perche, elle est, je dois l'avouer, tout à fait en défaut vis-à-vis de l'Anguille. En effet, l'Anguille est dans le môme milieu que la Tanche : la même boue les re- cèle toutes les deux, et cependant l'Anguille paraît oublier sa voracité naturelle alors qu'elle peut attaquer la Tanche de jour aussi bien que de nuit. Est-ce que visqueux contre visqueux ne feraient pas bien leurs affaires ? Qui le sait?.... (( J'ai vu tendre, dit J. Franklin, pendant la nuit, plusieurs lignes amorcées avec des poissons vivants : Gardons, Yandoises, Ablettes et Tanches. Or, quand le matin on venait relever ces lignes, on trouvait des Anguilles et de jeunes Brochets j»ris aux hameçons garnis avec les autres poissons, mais non à ceux qui avaient des Tanches pour appât : ces dernières étaient, au contraire, aussi vives qu'au moment oii on les avait plongées dans la rivière la nuit précédente, tout annonçait qu'elles n'avaient pas même été attaquées. Je cite le fait, après en avoir souvent renouvelé l'expérience, et je n'ai pas trouvé cette règle démentie par une seule exception. J'ai consulté mes confrères en l'art de la pèche, et tous m'ont répondu avoir observé comme moi, à quel point la Tanche jouissait du droit d'immunité vis-à-vis des attaques que les voraces habitants de Teau dirigent continuellement contre les autres poissons. » TANCHE DE MER (Physis tinca, Ciiv.). — Malacoptéi ygieiis subracliieas, gadoïdes. Long. max. =0",70. La Tanche de mer se distingue du Merlu barbu parce qu'au lieu d'avoir la i"'- dorsale haute et pointue, elle l'a basse et triangulaire, tout à fait semblable à celle de la Lotte. Elle a en même temps, les rayons des ventrales beaucoup plus courts. La tête est grosse, le menton porte un barbillon, et le dos 3 nageoires plus longues. La Tanche (le mer a le corps oblongd'un gris noirâtre surle dos, et le ventre bleu argenté. Très-commune dans la Méditerranée et très recherchée pour la délicatesse de sa chair. TANCHE DE MER. — (Voy. Labre VIEILLE.) La Tanche de mer se prend dans la Méditerranée de la môme manière que le Merlu barbu, dont elle a les mœurs. TANNAGE. — Le tannage des filets a pour but de les empêcher de pourrir. Pour l'exécuter, on prend une certaine quantité de bon tan de chêne moulu, que l'on place dans une chaudière remplie de la meilleure eau possible, d'eau de pluie, si l'on peut s'en procurer; puis on fait bouillir le tout pendant une couple d'heures. Les filets bien séchés à l'air et parfaitement nettoyés, on les place dans un baquet et l'on verse sur eux la solution de tan encore bouillante. On pétrit bien les filets dans le liquide, les retournant plusieurs fois dans la journée, et on les laisse tremper pendant trente-six à quarante heures, au bout desquelles on les retire du liquide et on les met à sécher. On répète cette opération une fois par an. L'emploi de plus en plus usuel du cachou, importé dans nos pays, l'a fait ap- pliquer au tannage des filets marins, et aujourd'hui presque tous sont conservés au moyen de cette matière. Le cachou, étant beaucoup plus riche en tannin que l'écorce de chêne, tanne bien plus énergiquement les fils et les préserve mieux. L'opération se fait également au moyen de l'eau chaude saturée de cachou, sou- vent mélangé de tan de chêne pour en abaisser un peu le prix. On a également tanné les lUets par l'emploi de certains goudrons que l'on re- tire de la houille. Le Goal-tar est le plus employé et les pêcheurs se louent, dans certains cas, de son emploi, malgré la couleur noire qu'il communique aux fdets, et l'odeur pénétrante dont il l'imprègne. TANNAGE DES LIGNES. —Le tannage des lignes, surtout pour la pêche en 704 ÏAllTANE. mer, est une opération Irès-imporlantc, d'abord parce qu'elles durent davantage, et en second lieu parce qu'à l'eau elles se voient moins. I. Couleur feuille morte. On prend de i'écore de noyer {Juglans regio), ou de cliône {Quercus rohur), on la hache en petits morceaux que l'on fait bouillir une heure dans l'eau. On place alors les lignes dans le vase parmi l'écorce, et on laisse tremper vingt-quatre heures ; on retire, on tord et On étend pour sécher. On peut également employer le cachou {Acacia catec/ni), qui se trouve chez tous les droguistes, et agit de môme, mais plus vite et peut-être plus solidement. II. Couleur orange sale. On prend, dans les champs, une certaine quantité de \i\ plante nommée cltclidoine{Chelidoniina majus, Un.), que l'on appelle également éclaire en beaucoup de pays, et qui contient un suc jaune foncé, amer, Acre et caus- tique qui sert à détruire les ver- rues. On frotte les lignes avec la plante mOme, et, quand elles sont sèches, la teinture est ter- minée. III. Couleur verte. On l'ob- tient avec du blé vert, haché et pilé en bouillie dans laquelle on laisse vingt-quatre heures tremper les lignes. Il n'est pas besoin de dire que, quand les lignes sortent de l'eau, elles ne doivent pas être laissées étendues sur le sable, mais mises en l'air à sécher sur des piquets, et mieux, étendues s'il est possible. Leur conserva- tion est à ce prix. TARDINEAU. — Nom de la Plie (voy. ce mot) à la Ro- chelle. TARE. ^ Nom granvillais de la Jhiie coucou. (Vov. Raies, TARTANE. — Nom du Ganrjui à un seul bateau. (Voy. ce mot.) Celte pêche se fait dans la Méditerranée au moyen d'un bateau qui a donné son nom au fdet et à la pèche elle-même. Le (ilet ;\ manche ressemble un peu au Gungui, étant composé d'une poche centrale et de deux ailes. Pour exécuter celte pêche le bateau se laisse dériver sous ses voiles orientées comme l'indique la ligure 989. Les voiles triangulaires extérieures sont des espèces de Focs, que l'on nomme Coutelas ou Trinqucttes. La grande voile est au milieu et forme la partie supérieure d'un grand losange aigu dont la tente fait le dessous. Les ailes du filet sont connues sous le nom de Bandes^ ; elles sont composées 1. — Pécho à la Tartane. TEINTURE DES LIGNES. 765 de deux parties, la première on grandes mailles, la plus rapprochée de la poche, en mailles plus serrées. Celle-ci se nomme Enclestre. Ces ailes sont suspendues par des cordages ou Halins à des bouts-dehors ou bras que les pêcheurs appellent des Paux. Enfin, pour terminer cette énuméralion de noms patois dus au pays, nous de- vons faire remarquer que la poche ou manche terminale qui traîne au fond, pré- sente un étranglement à l'entrée qui s'appelle la Margue ; la partie la plus large qui vient ensuite, et où les mailles sont différentes, c'est le Ségarié ; enfin le fond tout à fait porte le nom de Culaignon. Ce fdet qui traîne quelquefois au fond, d'un mouvement lent, porte desflottesde liège sur la tète des Bandes passant en avant de la Margue, et des plombs sur le bord opposé du filet. Deux pièces de bois tiennent les bandes ouvertes en prêtant leur appui à la traction des Halins. TAUNE, TONE ET TONNE. — Nom populaire de la Raie coucou à l'Ile- d'Yeu. (Voy. Raies, § 7.) TEINTURE DES CRINS DE FLORENCE. — On teint les crins et surtout la tlorence dans une forte infusion chaude de thé ou de café, où on les laisse ma- cérer pendant plusieurs jours. Ils acquièrent, par ce traitement, une couleur légè- rement brune, très-transparente, laquelle enlève une partie du brillant qui forme la seule mauvaise qualité de ce produit. Sans ce défaut il serait parfait, car, à la transparence il joint une grande solidité et l'incorruptibilité. On peut également teindre la tlorence en vert en la laissant tremper quelques heures dans une solution de vert- de-gris, ou acétate de cuivre dans du vinaigre (acide acétique dilué). Mais ce traitement rend souvent la llorence sèche et cas- sante, il doit donc être rejeté et utilisé seulement pour le crin sur lequel il n'a pas la même action et qu'il préserve fort bien de l'attaque des mites, l'ennemi du matériel du pêcheur. TEINTURE DES LIGNES. — Faites bouillir un demi-litre de bière avec une demi-livre de suc des feuilles de noyer et un peu d'alun. Quand la liqueur est refroidie, on y trempe les lignes qu'on laisse plus ou moins, suivant le degré de vert qu'on veut leur donner (Walton). (Voy. Tannage des lignes.) Nous renfermerons sous le titre ci-dessus, quoique ce soit plutôt une véritable peinture, la préparation que l'on fait subir aux lignes de soie ployées sur le mou- linet, pour les soustraire aux funestes atteintes de l'humidité. Cette préparation, qui empêche la ligne de soie de se vriller dans l'eau autant que si elle était nue, a, de plus, la propriété de la rendre plus lourde et plus roide, ce qui est un im- mense avantage lors du jet de la mouche, à la pêche à la grande volée. On commence par dévriller, aussi bien que possible, la ficelle de soie grège que l'on achète blanche chez le marchand : on la laisse parfaitement sécher. Puis, la tendant à deux points éloignés, on la frotte dans toute sa longueur au moyen d'un morceau de gant de peau sur lequel on verse quelques gouttes d'un mélange d'huile siccative, de couleur blanche et d'un peu de couleur verte. Il faut frotter fortement, longtemps, et mettre peu de couleur à la fois, afin qu'à la faveur de l'huile, la corde soit bien imbibée. La première couche étant parfaitement séchée au grand air, on recommence, au bout de quelques jours, la même opération, une seconde, puis une troisième fois. A ce moment, tous les interstices des tours de la ficelle sont remplis d'une matière ployante, la ligne a l'air d'un cordonnet parfai- tement rond et homogène, elle est prête, bien sèche, à être roulée sur le mou- 760 TEMPS DE FRAI. linel,et elle y durera plusieurs années sans accident. On peut, au reste, lui redon- ner une couche légère à la lin de chaque campagne. Nous employons la même préparation pour les lignes de nos paler-noster, et les empiles de nos jeux et lignes de fond. La durée de ces engins en est considéra- blement augmentée. En mer, l'emploi de ces vernis est surtout inappréciable, car la soie nue est promplement hors de service sous l'action des sels qui sèchent à sa surface et l'on ne s'aperçoit jamais de sa vétusté que quand elle vous lindiciue clairement par un accident... la perte d'un beau poisson ! Quelques pêcheurs et la plupart des marchands d'ustensiles emploient un pro- cédé analogue, en faisant bouillir les lignes dans de l'huile siccative. Certainement cette méthode vaut mieux que rien, mais elle ne comble pas les vides des torons sur la ligne et n'aide pas, comme la précédente, au passage du fil dans les anneaux de la canne. Sous ce rapport, ce procédé est inférieur, mais il pourrait être très- bien adopté comme préparation préliminaire à l'application de la peinture. TEINTURE DU BOIS DES CANNES. — On teint d'une belle couleur le bois des cannes au moyen d'une dissolution de bois de sandal rouge dans l'alcool. Cette teinture s'imbibe profondément dans le bois et, en la garantissant par un vernis au tampon ou par des couches de vernis blanc (\oy. ces mots), on possède des cannes luxueuses qui n'ont demandé de frais que le temps et les soins qu'on a bien voulu leur donner. On peut employer également de l'eau-forte affaiblie d'eau, dans laquelle on a dissous de la limaille de fer. On polit le bois à chaque couche, et l'on termine de même que tout à l'heure. Si l'on préfère une couleur brune, il faut se servir de la liqueur de brou de noix qu'emploient les ébénistes et menuisiers pour donner aux bois la teinte des vieux meubles. On polit à chaque couche, et l'on vernit, soit au tampon, soit au pinceau. TEMPS DE FRAI. — (Voy. tpoQiE du frai.) En se restreignant à une tocaiité, le temps du frai est d'environ 15 jours pour une espèce, mais il peut être avancé ou reculé suivant les variations de la température; d'un autre côté, pendant les 15 jours qui suivent la ponte et la fécondation, les poissons sont dans un état de prostration tel qu'on pourrait les détruire facilement, et cela sans profit, puisque leur cliair est devenue molle et de mauvaise qualité; on est donc obligé de porter la défense de la pèche au moins à un mois et demi pour une seule espèce. Mais la surveillance de la péclie serait impossible si la prohibition n'était que parliclle, et si l'on pouvait en tout temps prendre telles ou telles espèces. On a donc cherché à réunir toutes celles qui frayent à peu près dans la même saison, et à déterminer un temps prohibitif moyen pendant lequel les plus intéressantes aient le temps de se reproduire. On peut, sous ce rapport, classer les poissons en deux catégories : !>> ceux qui frayent au prin- temps, ce sont les plus nombreux; 2" ceux qui frayent à l'automne ou en hiver. Celte distinction sera d'autant plus facile, dans la pratique, qu'en général les uns et les autres habitent des cours d'eau dilférents et qu'ainsi la défense de pécher sera toujours générale pour l'un ou l'autre. Il suit de tout ceci que l'on doit distinguer deux époques de prohibition, l'une au printemps, qu'il faut étendre à 2 mois 1/2 ou à 3 mois, afin que presque toutes les espèces printanières aient le temps défaire leur ponte et de rétablir leurs forces ; l'autre, à l'aulomne ou en hiver, qui n'a pas besoin d'éU'e aussi longue, parce qu'elle no porte que sur peu d'espèces. 11 est évident que ces temps d'interdictiou doivent varier suivant les localités, car les pois- sons frayent d'autant plus tôt au printemps, d'autant plus tard en hiver que le pays est plus méri- dional et moins élevé au-dessus du niveau de la mer; aussi le code de la pèche fluviale dispose que les époques prohibées seront déterminées, pour chaque département, par un arrêté du préfet, ho- mologué par une ordonnance royale. Les poissons de mer qui ne remontent les fleuves et rivières que pour frayer, doivent être exceptés, puisqu'aulrement on en interdirait tout à fait la jouissance. TEMPS DU FRAI. 767 TABLEAU GÉNÉRAL DES CIRCONSTANCES DU FRAI des poissons d'eau douce et d'eau salée de la France. NOMS DES POISSONS. Ablette albur\oïdk(.-1.s- pii(s atljurnus. Lin.). FRAI. EPOQL'E. LIEU DE DEPOT DES iJEt l'S. OEUFS. COlILECn ET TAILLE Mai juin. Sur les plantes a([uatiques flot- tant à la surface / des eaux ; l Prodigieux.. Ulancs translu- cides Ablette biponctuee lAi- ) jjj,-, plia hiinoictatus, L \ t ' ' Ablette commune ( •l"'- ' jiai-inin pius n/fjurnus, Lin.) , ' ' Alose \raie (C/w/^ea i Mai-juin... Alosa, Lin.) j -f- lO"à+ i::' Alose feinte [ Alosa \¥\n juin à finta, Cuv.). . ' ju llet.. . Ammocète (Ammocœles l ,, branchialis, Lin.). .. < ^"^rs-mai. . Au fond de l'eau. Entre les cail- loux. Eau douce Très - nom- breux. ... ' Très-petits. . Sur les plantes aquatiques flot- tant à la surface | Prodigieux., des eaux don- j ces j Fleuves et ri- vières. Très - nom - i breux . OBSERVATIONS. ^ Fleuves et ri- ) I vières i I I 1 Rivières et fleu- A.nguille commune (An- guilla murœna) ves. Mars et avril. Dans la mer. Ovovipare.. , Mars et . ,„ , , I avril, quel- Apron {Perça aspera, L) - quefôis ( p'us tôt. . . X-TRÉh\yE(Alheritia Jiep- / setus) , * Énorme. Enorme Eau douce. LÎAR ( Labrax lupus , I Avril, mai, Cuv.) ' juin .. . . Barbeau fluvl\tile) .t-j :,,:,, ( Barbus fluviatilis ,) ^.^.q- _.^^f^ Agass.) )"^^ '''^'" Blennie alpestre ffi/e'î- 1 nius alpestris,}à\aLi\). \ "" BlENNIE OAGNETTE(C/ert- j p -, - nius carinota. Val ) . . ' '^" ^^ En mer Plages sableuses. Petits et blan- châtres Gros. Très-consi- . , ., dérable... (Jaune pale. Sur les graviers, j au fond des cou- ( , „„,, - „ „„„ rants profonds ( ^^^O a 8,000 et rapides I •laune - orange , gros comme un grain de millet Bonite [Scumber bonito, f , ... . Lin ). .'Juillet. Eaux vives douces. . .. et Nombreux.. En mer. En troupes et faisant beaucoup de bruit. 20 à 'Ih jours d'in- cubation. A'ogt.) Les petits remontent en masse les rivières, et, à l'embouchure des cours d'eau, for- ment des niasses gé- latineuses. Les petits demeurent assembles en masses j pendant les premiers ( jours de l'éclosion. Les petits restent en- I semble après l'éclo- ' sion. 1 La plus grande partie du frai sert de pâture aux poissons litto- raux. Fraye à 4 ou 5 ans ; — œufs vénéneux qui cclùsent, en chaude saison, du neuvième au quinzième jour. 768 TEMPS DU FRAI. NOMS DES POISSONS. FRAI. Kl'OQUE. BOIVIKUE AMtr.K li/lU- / dcus amarus , Lin.). ) i.iKL' i)K Di:i>i)r DKS OEIFS. Eli eau doucf OEUFS. COLI-F.LU ET TAILLE. OBSERVATIONS. Trù.s-petits, blancs et trù-S- tendres. Brème co.>imv.\e [M>ra- mus brama. Lin.) — Brème boroklière blica^ Lin.) (A. .\vril, mai. + 12» Mai, juin. ISurli's roseaux et plantes du ri- vage. Eauxdou- ( ces ' / Sous les herbes i des rivages des 1 eaux peu rapi- des. Rivières avec beaucoup de bruit.. ... Brème-rosse '^iro»!w.ç- ( Yvril mai. ubramo-rutilus , H.).. ( ' Eau douce. i' Sous les plantes aquaticiues des endroitsdéserts et retirés. Eaux , douces I IEn mer, sur les^ fonds unis, en tre les cailloux ) et les plantes marines Capelan [Gadus mimi- lui, Lin ) Chabot commun (Cot/us | ^y|.jj ^^^-^ Gobio, Lin ) ) ' Chatoiille , pierre Perce- Mai. Rivières et fleuves limpides, à fond [ Très-fécond sablonneux. . Eaux douces. 10 au 20 Chevesne [Squalius ce- \ avril, pha/us, Sieb.) ^ huit jours, pas plus. Dans les petits fonds. L'eau Chondrostome w.7.{Clton- drostomanasus, Lin.) Congre (Murœna con- (jer, Lin.) vivo des vières .Vvril, mai. Décembre j ou janvier. / Crénilabre ( Crenila- , . ., brusmelops.Çns.)... j ^^^ii. Sur les pierres du fond, en niasses compactes, ag- glutinées au 1 contactdel'eau. \ Rivières ' En mer, sur les rochers Côtes maritimes. Les grosses frayent avant les petites ; on remarque trois épo- ques de frai. 8-10 jours d'incubation. Comme la Brème com- mune, 3 époques de frai : les grosses d'a- bord, les moyennes, puis les petites à une semaine d'intervalle. Fraye par couples. Les œufs éclosent en 8 à 10 jours au soleil, 15 à 18 à l'ombre. Dès mars, si la tempé- rature est douce. (Voy. Loche épineuse. Frai pesant 15 gr. OEuf gros comme une graine de pavot. Se fécondent di/Ticile- ment par les métho- des artincielles. [Voy. Cyprin naze.) Fries et Erkslrôem pen- sent qu'il y a chez ces poissons véritable accouplement, ainsi que l'a annoncé Krù- ger ( 1 ) . (I) nie aului' se observasse cuinmcmorat, uiide Cdiijicere liceat, coitum voium iinius maris uniusque feminae a labris celebrari. Kl enim ali(]uaiRlo uiuis o. fucis niarinis prosilicns, altcrum perscqui visus est, iiiox(iiie aiiibo subsistentes, ventres componebaiit, quo in statu aliquandiu remanebant. Scparati inter fiicos scso occultabanl, quod spcctaciilum pluries repclitiim est. Papilla nij;ricans, paulo post anum, ad apicem perforata et in fœniiua miilto major qiiam in mare, sine dubio >ice organi copulatorii lu hoc liido fuucta est. TEMPS DE FRAI. 769 NOMS DES POISSONS. Cyprin aspe (voy. Meu- nier Rolenylc) FRAI. EPOQUE. LIEU DE DEPOT DES OEIFS. OEUFS. Mai. Sur les plantes aquatiques. La ( , ponte dure plu- > Hes-srand sieurs jours. . , Cyprin c.\RRAssiN(C(/ior2- 1 Mai, juin. / jt^ux douces. nus Carrassius , Lin ) j + I6oà + 20'' f 90,000 COLLEUR tT TAILLE. OBSERVATIONS. Jaunâtres . . /Surlesfeuillesdps Cyprin CARPE (C(//3('WH<.î , Mai, août. . végétaux aqua- I 200,000 ( vprrlntrp'! Carpio, Lin.l i+i6oà + 20»] tiques. Eaux | à 700,000. . I ^^''U'''-'^''- I { douces Cyprin doré de la Chine , . (Cyprinus aura/us, L.) \ "*'"• Sur les herbes,, les racines et j Laites et branches im- 1 œufs très- mergées. Eaux i abondants douces 1 Cypri.n GiiŒLE ( Cypn- (Fia avril et,,, , Gonsiderci ni • . «u/^am, Cuv.). JPnntemps. GASTÉROSTE Ël'INOCHE 1 {Gaslerosteus ocu/ea- ( Avril, mai. ( gHgg habitent tus. Lin.) j I les deux. \ 1,600 Dlancs. Très -nom- En mer j jj^eux. . i ^o^Se pale. . Eaux douces etNJ en mer , car i I Blancs transpa- I ranfs Dans le Rhône, les pe- tits atteignent 0™,20 en 15 jours après l'é- closion, en mai; en sept., ils ont 0"°,^^ ; en nov., G"», 80. Éclosent en 25-30 jours. Appareils 40 j. au plus. Remontent vers les eaux I vives des sources. 49 770 TEMPS DE FRAI. NOMS DES POISSONS. FRAI. KPOQUE. LIEU DE DEPOT OEUFS. NOMBRE. Goujon fluviatile .Gd-S bio fluvialilis, Ag. j. . . ( Grémille goujonnière / (Acerinus cernua, L.}. Hareng {Clupea haren- (jus, Lin.) Ide .mêla note {Idus me- lanotus, Heck.} .Vvril, mai, y jiisfiu'eii MOV. (_Kauf.) i Ijitre les pierres. Fonds saJjlon- iieux, (lu lever au coucher du soleil. Eaux douces. COULtl R ET TAILLE. OBSERVATIONS. fSut r les pierres du Mars, avril ) fond ou au mi- 8»à+10"j lieu des ro- \ seaux. Rivières. Octolire , I Eli mer, près des novembre. 1 côtes Avril mai. . . eti Eau douce. Labre mêlé {Labrna mixtuSy Pries et Eck.) Mars et avril, 2 fois par an. . . . Lamproie FLUVL\TiLE(Pe- tromijzon fluviatilis, j Mai. Lin.) i Lamproie marine (Petro- 1 myzon mannus , L ). i Lav.-.ret {Coreqonus la- j varetus, Val.) j Lavaret ombre [Corego- nus lavaretus, Lin. !.. j Lieu (Gadus virescetis, I Lin.) I Limande (P/euronectes Limanda, L.) Lingue (Ga(/M5Wfl/i'a,L.) Loche épineuse {Acan- t/iopsis rubané, Acan- thopsis tœnia, Ag.). Loche de rivière {Co- bitis tœnia, Lin.). ... S Loche d'étang {Cobitis j misgurn. Lin.) Loche franche {Cobitis barbatula. Lin.) Juin Décembre.. Printemps. Mai, juin. . 7 0,000 Bleuâtres, très- petits Jaunâtres. En mer, près des - rivages Eau.x douces. „ , ( Très - nom Eau douce j i,i-eux Jaunes. Lacs. 60,000 .\naIogue à ceux de la Trui- te, plus blancs. En mer, Eaux profondes. En mer . En mer, Avril, mai. .\vril, mai. Sur les pierres du fond des eaux I douces des fleu- ves ^ i Sur les pierres ( ' du fond Printemps . Eaux douces . . Mars, avril. Eaux douces. 137,000 Lotte commune ( iLo/^r/ ) Décembre vu/guris, Jennyns). . . janvier. Bords plats des cauxcoulantsur le gravier et à ri- vages escarpés i et creux. Eaux' douccsctsalëes. Énorme. Innombra- bles: 198,000 Met un mois à se dé- barrasser de ses œufs, ce qui prouve qu'ils ne sont pas en- tièrement nulrs tn- semble. (5-28 jours d'incub. 7 femelles pour 3 mâ- les, Eclùt 80 à 40 jours après le solstice d'hiver. Il est très-probable que ces poissons font des \ nids en herbes ac- I croches aux rochers. S'accouplent par paires, ou par nid en gran- des réunions. Fait un sillon ou es- pèce de nid. Dans l'eau tranquille, au bord des eaux, sur le sable. (Le même poisson.) Bhmcs et mi- croscopiques. Très-prolifique. Mai, juin, d'ap. Kaufm. Frai malfaisant, sinon vénéneux. TEMPS DE FRAI. 771 NOMS DES POISSONS Maquereau ( Scuniber | ,„•,, ^ , T • s Juin. scomorus, Lin.). .... Merlan (Gadm merlan- \ Octobre à gus,Un.) I février Merlu (Gadus wj Cyp.) Meunier rosse, Gardon Ç ( Leuciscus rutilas , l Mai Yarr.) '- Meunier R0TENGLE(iei«-, ^.^■^^ ^ jyo ciscus erytrophlhal- \\ '^^V j-2o, »ii:^Wdl. !:• 788 TRI G LE G OU UN AU. ' ■'' ■'""■'>-iir .•mv Miillfts vov. ce mot), les Malarmals, les Chabots ou Cottes el ce o -W P. O o Q o I TRI ME II. 789 Au surplus, ce poisson est susceptible des plus grandes variations de couleur ; beaucoup d'indivi- dus sont rouges, mais plus paies que le Cvxulus; la longueur réduite des pectorales et les pointes du nez les font facilement distinguer. Jeune, ce poisson porte une tache noire à la partie supérieure de la première dorsale. D = 8-20. P = 10-3. V = 1 +5. A = 20. G = II. Le Gournau abonde dans la mer Baltique, dans la mer du Nord, sur les côtes d'Ems, aux Aço- res et jusqu'en Islande. On le trouve cependant sur les côtes d'Espagne, dans la Méditerranée et dans les eaux delà France et de l'Italie. 11 fraye en mai ou juin. TRIGLE GOURNAU. — Ce poisson se prend rarement au filet. On le pêche ordinairement à la ligne, au large, dans les eaux profondes, sur fond de sable où il se meut à l'aide des pattes qui avoisinent ses nageoires pectorales. TRIGLE GRONDIN (Trigla cuculus. Lin.). — Acanthopt. joues cuirassées. Long, max. = 0"',C0. Syn. : Bed Gurnard, Sohtier, Cuckoo gur?iard, an^\. (Voy. Grondin.) TRIGLE HIRONDELLE (Trigla liirundo. Lin.). — Acanthopt. joues cuirassées. Lon- gueur max. = 0'",G5. Syn. : Tub-fish, Sopphirine-Gurnard, angl. — See-scJiumlhe, ail. — Soëlicnni, dan. — Golan- drina, Alfondcga, esp. — Cheussano, ital. — Ktiorrhahn, seehahn, holl. La grandeur de ses nageoires pectorales et la magnifique couleur bleue qui avive leur face in- térieure rendait cette espèce facilement reconnaissable ; c'est une des plus grandes, des plus belles et des meilleures espèces de nos pays. Très-ressemblant au Grondin ou T. aiculus, il a cependant la tête plus large et moins aplatie; ses yeux grands ont l'iris jaune et la pupille bleu noir ; l'ensemble de la couleur du corps est un rouge un peu brunâtre. Les pectorales sont assez longues pour arriver derrière l'anus ; nous avons parlé de la magnifique couleur qui revêt leur face interne et qui fait ressembler le T. hirondelle à un papillon magnifique, lorsqu'il déploie ses nageoires comme deux ailes ; l'extérieur est rouge obscur avec les rayons blancs. D = 9 + 10. P= 11 + 3. V == 1 +5. A = 15. C = 11. Commun dans la Manche et sur les côtes de Bretagne, le T. hirondelle y est fort recherché pour la bonté de sa chair. 11 fraye en deux saisons, la plus grande partie pendant la lin de l'hiver, mais on en prend encore en frai aux mois de juillet et d'août. Frayerait-il deux fois? C'est ce que l'on ignore encore; dans tous les cas sa fécondité n'est pas très-grande. TRIGLE HIRONDELLE. — On pcche Ic Trigle-hirondelle en janvier, février et mars, à 8 ou 10 kilom. des côtes par 40 à 60 brasses d'eau, sur fond de sable. L'engin employé est la Palan- gre el la Sardine pour appât. Le Trigle-hirondelle ne va point en troupes, et un pêcheur en a pris beaucoup, quand il en a capturé cent cinquante à deux cents. Le temps couvert est contraire à cette pèche qui se fait pendant le jour. A Antibes, on pê- che ce poisson toute l'année, au moyen de filets traînants. Ce poisson est consommé frais dans les ports de mer. On peut le transporter à plusieurs myriamètres de distance, en ayant soin d'effectuer ce transport pendant la nuit. TRIMER. — (Voy. Bricoles engins). On donne le nom de 7'n- mer h une pèche qui se fait en Angleterre avec une espèce de bricole tout à fait analogue à celle décrite à ce mot {fîg. 1003), mais, oii la petite bouée de liège B (fig. 1003) est remplacée par une vessie de porc remplie d'air On laisse la vessie flotter pendant la nuit, sur un étang, et le lendemain, on va relever ses lignes, et l'on voit facilement, par ses mouvements, celle qui est en- traînée par un poisson. Fig. 100 t.— Bri- coles en liège. 700 TRIPES. TRIPES. — Onontend parler, — sous ce nom un peu vulgaire, — des entrailles de volailles dont on fait usage avec beaucoup de succès pour prendre certains pois- sons. Nous sommes obligé d'avouer que nous n'avons jamais eu le courage de plu- sieurs de nos confrères qui prenaient ces matières m nntumlibus, telles que la cuisine les leur fournissait, et en f;iisaient usage de la sorte. L'odeur sui geiwris de ces ingrédients nous a toujours rebuté, et sans feindre des airs de petite mai- tresse, nous n'étions pas disposé à attribuer à cette odeur le succès de cet appât. Cependant ! Ce point restait donc h éclaircir : et ma foi, nous l'avons éclairci, et éclairci tant de fois que, pour nous, le moindre doute n'existe plus. Le poisson s'élance sur la tripe sans s'apercevoir si elle sent, ou non, mauvais. D'où nous avons conclu, que, pour le pécheur, il était infiniment préférable qu'elle sentit bon ou du moins, qu'elle conservât l'odeiu' la moins désagréable possible. En conséquence nous avons toujours fait laver à grande eau les entrailles de poulet, etc. dont nous voulions nous servir pour escher; nous nous en sommes toujours bien trouvé, aussi bien que nos voisins qui auparavant se barbouillaient intrépidement les doigts d'une matière dont l'odeur est aussi tenace que peu agréable. La véritable pèche à la tripe se fait, en hiver, du haut des obstacles et des ponts, pour le Chevesne ; mais le gros, celui du fond, le maître des arches et des pilotis ! A cette époque les grandes eaux sont venues, les bouillons se forment, puissants au remous des arches, les gros Chevesnes demeurent là, en embuscade, oscillant au milieu des eaux roulantes qui les bercent, et attendant qu'une aubaine passe à la portée de leur grande bouche blanche toujours prête à happer. Ces mœurs du poisson bien connues, la pèche n'a pas été difficile à inventer, et naturellement elle devait être fructueuse. Elle l'est en efïet : malheureusement elle doit se faire dans une saison passablement froide, le vent qui souffle sur les parapets n'est pas précisément le zéphyr qui fait fleurir les roses, et une station de deux heures à la tombée du jour, de décembre à février, n'est pas toujours une faction très-agréable. Mais bah ! autant en emporte le vent ! On souffle dans ses doigts, on pié- tine un peu sur le pont, mais on ne perd pas de vue les capricieux méan- dres de la flotte qui bondit, et roule et l'on attend toujours le maître meunier qui doit venir la faire soudainement plonger. Le temps est sombre, l'heure avancée, il faut une flotte voyante : l'eau d'ailleurs est trouble, abondante, le poisson plongé dans ses pro- fondeurs ; rien donc à craindre de ce côté. Ma flotte est composée d'un gros bouchon ;\ Brochet soigneusement recouvert de peinture blanche (//V/. 1005) au moins sur sa plus grande partie. Au delà de la flotte, s'étend une avancée solide en 12 crins ou 2 florences tordues, qui n'a pas moins de 4 à 5 mètres, quelquefois de 6 et 7, cela dépend de la force du courant et de la profondeur calculée de l'eau, laquelle profondeur on estime à vue de nez ! car le courant est trop rapide pour Fig. 1006. — Avaiucu; avec ômériiioii et quc Tou puissc soudcr : OU cst quittc pour consultcr ^"'P'"- le carnet. (Voy. ce mot.) A l'extrémité de l'avancée (//V/. 1006) est placé un émérillon, puis, après lui, une bricole montée sur florence solide ou sur 6 crins. Le Chevesne n'ayant pas de dents aux mâchoires, celasuffit. J'ai souvcntes fois remplacé la bricole de deux n" 1 par un Fig. lOOo. Flotte forte. TROENE. 791 grapin de 8, n° 6. C'est beaucoup plus petit, mais bien plus traître et aussi solide. Quel que soit l'hameçon d'ailleurs que l'on choisisse — car on peut prendre tout simplement, un 0 ou 00, — il faut lui faire une esche de boyaux de poulet formant un bouchon aussi gros qu'une noix, au moins, en ayant soin de laisser pendre un ou deux petits bouts de 3 à 4 centimètres. La pointe de tous les hameçons doit être suffisante. Ceci fait, on met sa ligne à l'eau. Elle doit être équilibrée de plomb sur toute sa longueur jusqu'à la flotte, de manière à se tenir entre deux eaux : roulant au milieu des vagues et balayant de temps en temps le fond — ordinairement de sable, — près de l'hameçon les plombs fendus seront un peu plus lourds et plus rap- prochés. Le Chevesne voit se balancer devant lui, dans la profondeur des eaux, ce pa- (luet de tripes qui semble abandonné à lui-même, il s'élance d'un bond irrésis- tible et engame le tout en un clin d'œil! Aussi le coup tirant est-il, à cette pèche, le seul indice de l'attaque, mais il est terrible. La flotte plonge, emportée tout à coup, sans hésitation, sans précaution le doigt sur le moulinet ouvert, vous rendez tout. Le Chevesne commence alors une course folle. Malheureusement pour lui, le poids de l'eau rapide, les bouillons, les vagues allourdissent singulière- ment la ligue, et à une cinquantaine de mètres plus loin, le blessé commence à faiblir C'est le moment de la prudence. Si vous pouvez le traîner sur l'eau vers un escalier, un abreuvoir, faites-le. Abandonnez un instant la canne sur le pont et courez à votre prisonnier. Si vous avez un ami, un aide, tant mieux : servez-vous-en avec l'épuisette comme refuge. Que ce ne soit qu'à la dernière extrémité que vous vous résolviez à monter votre proie sur le pont, par le chemin le plus court, de la hgne droite... qui ne devient — que trop souvent, hélas ! celui de la ligne brisée!... — Pardonnez-moi, lecteurs, celui-ci; il n'est pas de moi, mais il vous représente le cri de désespoir d'un pêcheur malheureux, et trahi par le destin !... Le poisson, en montant, dans son voyage aérien, doit être tenu immobile, loin de tout obstacle : s'il en touche un du bout de la queue, il recommence ses bonds et au bout du fil, à plomb, il casse tout et se sauve Il faut le monter sans secousses, en prenant la ligne de bas, à chaque brasse, sans se presser, mais avec continuité. Gare le parapet, en passant par-dessus! C'est le dernier saut périlleux ! Cette pêche, très-productive — et fort amusante, car elle est féconde en inci- dents — demande une canne solide, longue et un scion un peu roide. Il faut, en un mot, être monté comme pour la Carpe. Gela dit tout. Dans les rivières à Truites on doit en prendre comme cela : nous l'avons entendu affirmer, mais nous ne l'avons pas éprouvé par nous-même. Lorsque l'on ne peut se procurer les boyaux de poulet, on peut les remplacer par un paquet de vers rouges, mais cela est loin d'être aussi bon. TROENE. — (Voy. Cannes A péciie et Scion.) Encore un arbrisseau qui fournit aux pêcheurs des scions remarquablement bons quand ils sont bien choisis. Le Troëne {Ligustrum vulgare, Lin.) est un petit arbrisseau qui croît dans les haies et les taillis : il se divise, vers sa base, en bran- ches flexibles généralement opposées : ses feuilles sont assez petites, un peu coriaces, oblongues, lancéolées, luisantes en dessus. Ses fleurs blanches forment des grappes composées, terminales, au printemps : 794 TRUITE. (le plusieurs poches el servant à renfermer les diffôrenls petits objets qui forment le mobilier du sac à poche. La Trousse est ordinairement faite en peau, afin que les hameçons des lignes ne s'y accrochent pas et que l'humidité la pénètre moins facilement. Nous avons construit les nôtres en toile cirée et nous nous en trouvons très-bien, îi condition que la toile cirée soit bonne, flexible, point poissante : ce qui ne se rencontre pas toujours. Nous avons scindé la Trousse du pécheur en trois parties. La plus grande est demeurée celle qui contient le plioiri\ ligne, décrit au mot Plioir.Lix seconde forme une double poche dans laquelle est rangée notre collection de flottes de différentes espèces et dont quelques-unes, les anglaises creuses, par exemple, sont fragiles. La troisième partie forme \q, portcfeuHle des avancées, dont nous avons donné la des- cription ù ce mot. La Trousse du pécheur à la ligne doit toujours contenir une petite pierre à aiguiser les hameçons, une lime douce pour le môme usage, une ou deux aiguilles à enferrer le poisson vif, un ou deux dégorgeoirs de grandeurs différentes, de petits ciseaux, du fll et de la soie cirés et poissés tout prêts, de la ficelle de lin ou de soie, un morceau de feuille de plomb, du taffetas d'Angleterre, une petite pince plate dite Bec-Corbin, un couteau ou deux à décrocher les lignes, un couteau bien cou- pant ou un fort canif, etc., etc. Celte énumération, fort incomplète malgré sa longueur, effraye au premier coup d'œil le pêcheur novice, mais tout cela se case dans un petit espace et, au bout de quelque temps de service, la Trousse du pécheur soigneux contient bien d'autres choses qui trouvent leur emploi et dont souvent il serait fort embarrassé de dire la provenance et le but. Le sac du pécheur est comme celui du soldat, une hoite à la malice dont les ressources ne sont connues que de son maître !... TROUSSE [Pêche de l'Anguille à la]. — Cette pêche est simplement celle à la Vermée (voy. ce mot), dont le nom change suivant les lieux. L'anguille, ne crai- gnant pas l'eau salée ou du moins l'eau saumàtre, se prend tout aussi bien dans les ports, — comme à Dieppe, dans les angles du port à flot, — que dans les petites rivières des environs ou à la retenue du PoUet. Les pêcheurs à la trousse déposent leurs Anguilles à mesure qu'ils les prennent dans un vieux parapluie retourné le manche en l'air et perpendiculairement, le bout opposé fixé dans la terre [m. s. de Savigny). Dans ce pays, on pèche l'An- guille de nuit aux jnix (voy. ce mot) amorcés de vers de terre à tête noire, de Cre- vettes, de Crabe mou ou poltron. Pendant le jour on la pêche à la trousse, et un pêcheur en prend ainsi 80 par jour; enfin, de bonne heure le matin et tard le soir, la ligne de fond avec flotte, ligne traînante amorcée de capeleuses ou gravettes. et mieux d'un ver de terre ou achée. Laisser beaucoup mordre. On emploie aussi la liyne à soutenir. (Voy. ce mot). TRUBLE et TRUBLEAU. — Poche de filet montée à la circonférence d'un cercle de bois ou de fer auquel est attaché un manche plus ou moins long. (Voy. Trouble.) TRUELLE. — (Voy. Dorée.) TRUETTE. — Nom provençal que les Marseillais donnent à la Dorée. (Voy. ce mut.) — Nom gascon de la Truite. (Voy. ce mot.) TRUITE [Geni-f] (Trutta, Uiss.), — Malacopt. abd. salmones. Distinguer la Truite du Saumon, et réciproquement, est plus facile d'un trait, à vue, et par l'ha- bitude,qu'au moyen de signes bien franchement disliuclifs. fi en est des genres de celte grande famille X a. Q ■m o f — i Q > CD TRUITE AllGENTÉE 795 I ■^'<.>ui:JwA^.^^,.. -'^-lî'sir'-^ffvT--, v-vi'_-i J TRUITE ARGENTEE 795 I t Fiy. 1013. Truite commune. Fig. 1014. Truite saumonée. Fig. 1015. Truite des lacs. un peucoinine de ceux de certains Cyprins où la classification est forcée de se Laser sur des caractères anatotniques. Les Saumons, comme lesTruites, ont des dents fortes et pointues, non- seulement aux mâchoires, mais aux palatins et à la langue ; un certain jiombre monte au vomer précisément, tandis qu'ils peuvent être confondus avec les Truites par leur ieune âge et leur taille. Plus âgés, ces dents tom- bent et ne sont point remplacées. De sorte que le caractère des dents au vomer, caractère qui persiste chez les Truites, perd de sa valeur pour les distinguer des jeunes Saumons, mais la conserve pourséparer les espèces entre elles. Quand nous disons les espèces, il faut être Irès-modestc, car la science n'a point encore formellement pro- noncé sur la division bien tranchée des espèces et des variétés. Nous avons représenté Ici la dentition vomérienne d'après Blanchard, de trois des espè- ces les mieux tranchées parmi nos Truites : nous regrettons que l'on ait confondu dans le livre qui nous a fourmi ces images la Truite argentée avec la Truite saumonée qui en est toute dide- rente. Il convient donc de ne regarder la présence des dents vomériennes que comme caractère acces- soire pour la distinction de la Truite du Saumon; on en trouvera un meilleur dans la forme de l'opercule. Chez la Truite, il n'est jamais strié et se montre plus carré que chez le Saumon, où toutes les pièces sont jointes entre elles et présentent une forte courbure en arrière. TRUITE ARGENTÉE. — Cette truite, propre au lac de Con- stance dont elle est l'un des pois- sons les plus recherchés, n'a jamais été trouvée en frai par aucun pê- cheur à aucune époque de l'année. On cite comme une rareté, que M. Bienner, explorateur de l'établissement de lluningue, dans une de ses tournées en Suisse, ait cependant trouvé une femelle ayant des œufs. Ces œufs, contenus dans l'ovaire, avaient à peine la grosseur de ceux de la Carpe commune. Or, si celte Truite était bien une espèce particulière, ne serait-il pas extraordinaire que, seule, elle présentât des œufs très-petits, différant autant, en cela, de ceux de toutes les Truites connues. La condition de la Truite argentée ne serait-elle pas celle d'un âge où la Truite commune deviendrait stérile? Ou encore, serait-ce un arrêt de développe- ment particulier qui tendrait à une atrophie des ovaires, et ferait changer la colo- ration générale du poisson? Toutes ces questions sont jusqu'à présent sans ré- ponse, et l'on en est réduit à déplorer de ne pouvoir introduire dans nos eaux une espèce si remarquable, tant pour la qualité de sa chair que pour la splendeur de sa robe. Cependant on trouve, dans leurs eaux natales, des Truites argentées — dites Silbcr Forelle — de toutes les tailles. Comment expliquer cela encore? Les pê- cheurs allemands donnent d'ailleurs un grand nombre de noms à leurs Truites, suivant l'endroit où ils les pi^ennent et ceux qu'elles paraissent affeclionner. En général, la coloration change suivant ces différents milieux. Ils ont la Grund Fo- relle, ou Truite de la boue, qui prend une coloration blanc blafard, sur laquelle ses taches rouges ressortent à merveille. Ils ont la Stein Forelle ou Jruite de roche Tête de Saumon. Opercule courbe en arrière. 796 TRUITE COMMUNE. qui n'est autre que notre Truite noire des eaux de source vive ; puis enfin la Berg Forelle ou Truite des monta f/nes, telle que nous la connaissons en France. TRUITE CHARR, TRUITE ROUGE. — Malncopt. al)(l. salmones. Cette Truite des anciens auteurs a des taclics rouges sur les flancs, le ventre orangé, l'anale et les nageoires pectorales rouges. Son premier rayon est gros et idanc. C'est tout simplement le Salmo sa/ve/iiius ou Omfjre-cltevalier. (Voy. ces mots.) TRUITE COMMUNE (Salmo fario, Lin. ; Trutta fario, Sieh.).— Malacopt. abd. sal- mones. Long. max. = 0™,40. Syn. : Druite bichom^hïQX. de Vannes. — Ilrachtelen, Constance. — Trucha, cspag. — Pstrag, polon. — Trolta, ital. — Trout, angl. — On-e't, norw. — Brocii, irlaiid. — Laza/z, hongrois. i4 rayons à la dorsale tachetée de rouge, M à l'anale tachetée aussi, maismoins visiblement, 13 à la caudale peu échancrée, nageoire adipeuse noire ou vert-bouteille; dos marqué de taches noires et flancs de taches rougi^s bordées de bleu clair. La couleur de l'animal varie considérablement du blanc au vert bronze foncé qui, quelquefois, couvre irrégulièrement la majeure partie du dos, des flancs et même du ventre, par des taches analogues à celles des Perches, et qui, elles-mêmes, sont recouvertes par le pointillé général des écailles, blanc et ronge. Le dos est souvent noir ou vert foncé, ainsi que le dessus de la tête. La Truite habite les eaux claires et froides des montagnes à courant rapide, nage avec ra- pidité contre la direction des eaux et franchit des digues, cascades, de plus de 2 mètres de haut; elle se nourrit de poissons, coquillages, crustacés, vers, insectes, surtout des éphémères et phryga- nes, qu'elle chasse sur l'eau et en dessous. Ce poisson remonte toujours dans les ruisseaux et même dans les fossés pour frayer; il dépose ses œufs, gros comme un pois, entre les racines des arbres, les grosses pierres, etc. Le temps du frai commence avec les premiers froids, et par conséquent varie heaucoup ; en général, il est d'autant plus tardif qu'à hauteur égale, la région est plus méridionale, et qu'à latitude égale, l'élévation au-dessus du niveau de la mer est moins considérable. Le frai a lieu bien plutôt aux embouchures des rivières qu'à leur source, dans le nord que dans le midi. La chair de la Truite est blanche, et, si ce n'est pendant le temps du frai, elle est d'excellente qualité. On ne peut s'empêcher de remarquer la physionomie brutale et sans expression de la Truite, l'air est féroce, l'œil mauvais. La tête est grosse et la mâchoire inférieure, plus avancée que la supérieure, porte chez les vieux et gros individus un crochet obtus, blanc et corné qui arme l'ex- trémité antérieure et se loge dans une cavité correspoiidanle creusée dans la mâchoire supérieure. Nous avons constaté ce caractère, absolument semblable à celui du Saumon bécard, sur une Truite de 2 kilogr. prise dans le département d'Eure-el-Loir. Les deux mâchoires de la Truite sont garnies de dents pointues et recourbées, inégalement espacées et implantées dans l'os maxillaire qui porte entre chaque, une cavité pour recevoir la dent correspondante du haut, de sorte que le système des deux mâchoires engrène l'un dans l'autre. La langue porte G à 8 dents, et on en compte trois rangées de chaque côté du palais. (Voir ci-dessus Truite, genre.) La ligne latérale est droite, à écailles très-petites, la peau de l'estomac est très-forte. Somme toute, c'est' un poisson fort laid, à tête lourde et empâtée, à forme trapue et non élégante, dont la queue arrondie aux angles et carrée, presque non découpée, indique une grande force, mais manque d'élégance. Extrêmement vigilante et défiante, la Truite est en même temps courageuse et active. Un Drochet et une Truite renfermés dans un vivier se livrèrent de nom- breuses batailles pour prendre la suprématie et la première place, mais la Truite finit par demeurer maîtresse. (Voy. Temps de frai.) 11 n'est pas de poisson qui varie davantage comme apparence suivant les localités, ce qui a pu induire les classificatenrs à en créer un certain nombre d'espèces qui ne sont que des variétés. Il est encore probable que la saison n'e.>^t pas sans influence sur la coloration de cet animal; la saison du frai passée, les Truites semblent avoir la tète plus grosse et le dos plus large en propor- tion du corps ; elles ont, en etfet, maigri. Les Truites de la Sorgue ont des taches rouges, vertes ou blanches. Celles qu'on prend dans les Gaves des [Jasses-Pyrénées ont des taches blanches et noires. Celles de la Saintonge sont blan- ches. Celles du Languedoc jaune brun; celles qu'on prend dans l'Ain sont blanches et rouges. La couleur de quelques Truites est d'un bleu d'acier avec des reflets cuivrés et irisés. Du reste, ces poissons présentent quelquefois des anomalies de couleurs qu'on ne peut guère expliquer d'une manière plausible. Ainsi, dans les montagnes du bas Jura, on a pris des Truites blanches dont la tête et les nageoires étaient entièment noires. )eat, m t 1 <}^ «lia il TRUITE COMMUNE. 797 On a remarqué que les Truites noires semblaient presque toujours plus courtes, plus mas- sives que les blanches et les jaunes. On doit cependant constater, en thèse générale soutenue par l'expérience, que les Truites foncées ont la chair plus ferme et meilleure que les Truites pâles et blanches, de même grosseur et prises dans les mêmes eaux. L'une et l'autre variété présentent des individus des deux sexes. L'idée la plus simple, celledes premiers observateurs, fut d'attribuer ces variations de couleur et de qualité de chair à la différence de nourriture que les Truites pouvaient rencontrer dans les portions de rivières ou les ruisseaux qu'elles habitaient. Aussi a-t-on fait, en Angleterre, l'expérience suivante. Des Truites furent placées dans trois viviers différents, les premières nourries de vers, les secondes de vérons vifs et les dernières avec des mouches d'eau et autres insectes, que l'on ramassait à la surface et sur les rives. Les Truites nourries de vers croissaient paresseusement et avaient une apparence maigre et chétive ; celles nourries de vérons, qu'elles dévoraient avec une grande avidité, devenaient plus grosses ; enfin, celles qui vivaient de mouches seulement atteignaient en très-peu de temps des dimensions prodigieuses, pesant plus de deux fois autant que chacune de celles des deux autres catégories, quoique la quantité de nourriture absorbée par elles fût beaucoup plus petite. La croissance de la Truite, dans l'état de liberté, est soumise à de nombreuses variations, sui- vant l'état des eaux et des lieux qu'elle habite ; cependant, on peut dire que la Truite est rarement reconnaissable à première vue pendant sa première année. La seconde, elle se mêle et se réunit aux vérons el au frai d'autres poissons; le troisième été, on la trouve sur les bas-fonds : elle a 0", 15 à 0'D,2() de long, et alors elle augmente rapidement, de 600 grammes à 1,500 grammes et plus, suivant la quantité et la qualité de nourriture qu'elle peut se procurer, suivant la saison et beau- coup de circonstances. On n'est pas bien fixé sur l'âge auquel peut parvenir ce poisson, cependant on a des exemples de Truites qui ont vécu trente-huit ans dans des rivières, mais, passé une certaine grosseur, elles n'augmentent plus. M. Nicou propr., au Stang en Fouësnant ^Finistère), possède une truite de l7 ans, longueur 0'n,52, provenant de fécondation artificielle. La Truite ordinaire présente les caractères suivants : la longueur de la tète est le quart de celle du corps sans la queue. La dorsale a 14 rayons, elle est brun clair avec de nombreuses taches plus foncées; le troisième rayon de cette nageoire, qui est le plus long, est aussi plus long que la base de cette nageoire. La nageoire adipeuse est brune, souvent avec une ou deux taches brun-noir, et bordée de rouge; elle est placée à mi-chemin entre le commencement de la dorsale et l'extrémité de l'aileron caudal supérieur. Les pectorales ont 14 rayons et, comme longueur, les deux tiers de la tête, elles sont de couleur orangé brun un peu pâle. Les ventrales, avec 9 rayons, sont attachées sous le milieu de la dorsale, elles sont de même couleur que les pectorales et que l'anale qui a 11 rayons et se trouve à mi- chemin de l'origine de la ventrale au commencement du lobe inférieur de la queue. La caudale présente 19 rayons et est peu fourchue, de même couleur que la dorsale. Chez les vieilles Truites, elle finit par devenir droite, et enfin convexe au lieu de concave. La forme de la tête est grossière, les yeux grands et l'iris argenté avec une teinte d'ceillet. Les dents sont nombreuses, fortes et courbées en dedans, s'étendant tout le long du vomei', et ressem- blant à celles du Saumon, en gardant des dimensions proportionnelles. La convexité de la courbe dorsale et ventrale est à peu près la même ; la couleur du dos et du dessus des cotes est fournie de nombreuses taches brun-rouge foncé, avec un fond jaune brun, quelquefois verdàtre ; le long de la ligne latérale, on compte 1 1 ou 12 taches d'un rouge brillant, tant en dessus qu'en dessous. Le reste du côté est argenté ou doré, le ventre blanc. La ligne laté- rale a 35 écailles. Dans les rivières peu rapides, surtout dans les endroits où les rivages sont peu encaissés et le lit des eaux peu ombragé, la Truite commune possède une couleur brun-clair sur le dos, les ouies et la tète jaunes. Les taches sont rouges et noires en étoiles assez grandes. La dorsale est tachetée, seule elle est brune comme la caudale. Le ventre est argenté surtout sous le cou. L'a- nale, les ventrales brun clair. Pectorales presque jaunes. Queue échancrée faiblement à pointes arrondies. Le Parr ou jeune âge du Saumon, — que l'on pourrait, par suite de la similitude de taille, confondre avec la Truite, et que l'on a souvent décrit sous le nom de Saumoneau {Salmo salmulus), — porte très-distinctement, sur les flancs, les bandes verticales noirâtres qui, même chez l'espèce de la Truite commune surtout, caractérisent également la livrée du premier âge. Le corps de la jeune Truite est jaune à reflets argentés; la queue est échancrée et hordée de brun, toutes les 800 TRUITE COMMUNE. chez comme un Mohican, d'un pas sauvage qui ne courbe pas l'herbe et qui ne laisse pas bruire les broussailles !... Il ne faut pas croire cependant que la Truite passe sa vie à yohev : non. Quand elle est repue, elle se repose, et passe dans un doux farniente le temps chaud du milieu de la journée. Elle fait ses deux repas comme un bon bourgeois, un le malin, un le soir. Elle ne se lève pas matin; il faut que le soleil soit levé lui-même, qu'il ait permis aux insectes de sécher leurs ailes humides de la rosée matinale, alors les imprudents s'élancent, tombent..., et la Truite est là, comme la Parque fatale, ne manquant jamais son coup.... Mais le pécheur y est aussi, et, qui crut prendre est pris ! Elle fera ainsi la chasse jusqu'à 10 ou M heures, suivant que le soleil sera plus ou moins chaud, puis ira se reposer et recommencera le soir deux heures avant le coucher de son ami le soleil bienfaisant, A la nuit, elle va dormir ou bien faire encore quelquefois un petit tour à tâtons, au fond de l'eau, quand elle n'a pas assez dévoré ; ce que le pêcheur met à profit en lui tendant des lignes de fond qui rapportent les plus belles pièces. Nous avons dit combien la Truite est défiante, il faudrait donc une ligne invi- sible...., le fait est qu'on n'est jamais monté trop finement; mais aussi, nous avons observé combien elle est forte et courageuse, il faudrait donc une ligne solide. Mêlons ces deux conditions ensemble, il en résultera qu'il faut se monter finement, trôs-finement, et suppléer par l'adresse et le sang-froid au manque de force véritable. C'est ainsi qu'on réussit. Surtout, nous le répétons, que les cannes portent un moulinet, et un moulinet libre, dont rien n'entrave les mouvements ! La Truite a les yeux très-perçants, de plus elle est timide et prudente : si par malheur elle aperçoit le pêcheur, aucune amorce, quelle qu'elle soit, ne la tentera plus, l'habileté et la dextérité les plus grandes ne serviront à rien. Si vous voyez une Truite s'élancer sur une mouche naturelle, jetez la vôtre un peu au-dessus de l'endroit où vous jugerez que peut être la tête, un peu à droite ou à gauche,,.. Elle ne viendra probablement pas à votre première épreuve; recommencez trois ou quatre fois..., mais, elle ne saisira votre mouche que lors- qu'elle se présentera tout près d'elle et de manière à la tenter. La Truite ne quittera pas sa position pour votre amorce, si celle-ci se trouve en dehors de sa tournée d'alimentation. Cependant, quelques jets répétés peuvent l'attirer dans l'endroit désiré, et c'est lorsqu'elle nagera à la surface de l'eau qu'elle prendra la mouche sans hésiter, mais elle ne sortira pas de sa route pour saisir aucune mouche,. Le temps a un effet extraordinaire sur ce poisson, et surtout sur sa disposition à manger. Avec le vent d'Est, la Truite ne se prend pas facilement; elle a horreur des orages accompagnés de tonnerre ; les vents violents sont défavorables au pêcheur, de quelque coté qu'ils viennent. Pendant et après des pluies douces, sans trop de vent, voilà le moment par excellence pour prendre la Truite, Il faut éviter un ciel très-clair, à moins qu'il n'y ait assez de vent pour soulever sur l'eau de fortes rides, et même alors, par un jour limpide, on prendra peu de Truites. Au contraire, un temps sombre, succédant à une nuit lumineuse, est excellent pour remplir le panier, car les Truites sont presque aussi timides dans une nuit éclairée par la lune que dans le jour; aussi, pendant ces nuits-là, elles ne chassent pas. Si donc le lendemain le tempsest couvert, la Truite aura faim, se croira en sûreté et mordra àprcinent.'_Lors de la saison froide, péchez TRUITE DES LACS. 801 seulement au milieu du jour ; dans la saison chaude, le matin et le soir. La soirée, en général, vaut mieux que la matinéee, sans doute parce que les Truites, ne mangeant pas du tout pendant la chaleur, ont faim le soir ; au contraire, si elles ont chassé librement pendant la nuit, elles sont moins friandes de l'amorce le matin. L'heure qui précède la disparition du crépuscule et celle qui la suit, si la nuit est très-sombre, sont les plus favorables ; c'est le moment d'ailleurs oii les plus gros poissons commencent leur tournée. A la pêche à la surprise, entre les arbres et les buissons, si l'on aperçoit un endroit où se tient probablement une Truite, il faut descendre la mouche Ivès- douccmçni en lui imprimant un mouvement cadencé ; mais elle ne doit que toucher la surface sans que la plus petite portion de florence atteigne l'eau. Cette précau- tion est essentielle pour réussir, car il est bien rare de prendre une Truite à la ligne volante, si elle voit le plus petit morceau de florence dans le courant. Il arrive très-souvent qu'on aperçoit une Truite tout près du bord du ruisseau, ou sous l'ombre d'un buisson, rien n'est plus facile que de s'en emparer. Ne vous placez pas devant elle, mais, vous portant en arrière, descendez la mouche très- doucement, à quelques centimètres à côté de sa tête, — mais jamais immédiate- ment en avant! — si vous laissiez tomber la mouche en avant, le poisson verrait la ilorence et fuirait, tandis qu'en la plaçant sur le côté, il ne sera prévenu de son approche que lorsqu'elle tombera à l'eau ; il n'aura pas le temps de l'examiner trop scrupuleusement, il s'élancera dessus involontairement..., de crainte qu'elle ne s'en aille au courant. TRUITE DE MER Salmo SchiffermûUeri, 131.). — Malacopt. abd. Salmones. Moindre dimension que celle du Saumon. Dents plus grêles et plus longues; a les flancs semés de petites taches e;i forme de croissant sur un fond argenté ; sa chair est jaune. Espèce douteuse (?). Semhle être la Truite saumonée simplement. TRUITE DES LACS (Salmo lacustris, Yarrell). — Malacoptérygiens abdominaux Sal- mones. Long. max. = 1 mètre. Syc. : Luke-irout, angl. La Truite des lacs est un poisson des grands amas d'eau des hautes montagnes. Sans avoir la certitude qu'elle existe dans nos eaux Alpestres et Pyrénéennes, il était utile d'en dire quelques mots, non-seulement pour compléter l'histoire générale des Truites, ^- histoire assez embrouillée par suite de leurs caractères non permanents, — mais ensuite parce que, si cette espèce manque en France, tout doit nous inviter à l'y acclimater par des repeuplements artificiels. La Truite des lacs est en effet un poisson de grande taille se rapprochant du Saumon, d'un naturel féroce et hardi, pouvant par conséquent se sauver elle-même dans un grand nombre de cas. Elle se distingue de la Truite commune par un aspect général plus blanc, en même temps argenté et irisé, de sorte que ses points noirâtres et irréguliers ressortent sur un fond plus clair. La tête est plus large et plus longue que dans l'espèce commune, et ses ouïes sof)t marquées de larges taches noires-, en général, la lartie postérieure de cette Truite ne porte pas de taches. La nageoire dorsale, de 13 rayons, est de la même couleur que le dessus du dos, et marquée de larges taches noires; les pectorales ont 14 rayons, les ventrales 9, l'anale il et la caudale 19; toutes ont généralement une couleur gris-jaunàtre, et sont plus foncées à leurs extrémités. La chair, moins rouge que celle du Saumon, est d'un jaune orangé : les écailles, plus rondes que celles de la Truite commune, sont couvertes d'une membrane délicate, et sont fines et flexibles. (Voy. Temps DE frai.) La description que nous donnons plus loin des divers modes de pêcher la Truite des lacs laisse deviner ses mœurs et ses habitudes que l'on peut résumer ainsi qu'il suit. — Au printemps, séjour à peu de distance de la surface du Idc, pour jouir des premiers rayons du soleil! En été, voyages dans les parties profondes ; promenades dans les gorges rocheuses, à 80 ou 100 mètres au-dessous de la surface de l'eau. En automne, quand les chaleurs diminuent, retour vers la surface; recher- che du courant rapide et de l'embouchure des fleuves et autres affluents; excursion dans la mon- tagne jusque dans la région des neiges perpétuelles dans l'intérêt de la reproduction. En hiver, 51 802 TlillTE DES LACS. reloiir d.ins les laes pour s'y reposer des fatigues de l'été, et pour y regagner l'embonpoint perdu pendant la saison des amours. Aussi, gare 'An\ Ahlctles, Meunier.f, Ttoiclies, Carpes, Bn-ines, Gou- jons, Loche t, Bar ficanx, elc, etc. !!... Et, qu'il est temps que le printemps vienne à son tour pro- curer à cette pauvre ijlanrliaille les avantages de la repioduction !... TRUITE DES LACS. — Celle Truile est si vorace que quand elle a saisi l'amoixe, elle se laisse liaiiier par les dents pcndanl 40 ;\ 50 mètres; vient-elle à se dégager, elle se rejette avec fureur sur l'appât. On la pèche à TroUing au moyen d'une petite Truite commune accrochée sur un tue-diable fort, moulé de 8 à (0 hameçons n" 1. La canne et la ligne doivent Cire d'une grande solidité, car elle se défend autant que le Saumon, et est plus forte que ce poisson sous le môme poids. On la p'jche aussi aux lignes de fond, tendues la nuit et amorcées de poissons vifs dont elle fait sa seule nourriture. On en prend très-peu à la mouche artificielle. Sa voracité lui fait donner, en Ecosse et en Norwége, oi^i elle est commune, le nom de Truite féroce. On la prend encore avec les poissons blancs à l'hameçon : l'Ablelte réussit bien, le Chevesne est bon aussi. On en a pris qui pesaient de 15 à 16 kilogram- mes. Dans cette espèce, les mâles sont meilleurs et beaucoup plus gros que les femelles. En résumé ce poisson se pêche comme un Brochet du môme poids. Dans les lacs de la Suisse, la gi\inde Truite des lacs se prend au printemps dans les filets dormants {(Ig. 1017) qu'on fait flotter à ime profondeur de \ à 7 mè- Fig. 1017. — Pêche de la Truite aux filets dormants. 1res non loin des bords des lacs et quelquefois sur toute leur largeur, à des endroits où ils n'ont pas plus de 2 kilomètres d'un bord à l'autre. Ces filets sont posés le soir pour ôtre retirés le lendemain malin. Outre ces filets qui ne servent que la nuit, on emploie aussi la Senne. (Voy. ce mol.) On se sert encore d'un engin appelé Otter^ sur le lac de Lucerne. Il consiste en une boite rectangulaire ou ronde, en bois, de 0'",6Û de côté, llottant sur la surface de l'eau à côté de la barque du pêcheur {ftg. 1018). Celle TRUITE DES LACS. 803 boîte supporte 4, 6 ou 8 lignes, amorcées de mouches artificielles attachées au haut d'une perche placée au milieu du bateau. Ce mode de pôshe ne demande que peu de travail au pêcheur, aussi un bateau est-il toujours muni de cet engin, alors qu'il fait une excursion ou une pèche quelconque sur le lac. En été la Tmile des lacs se prend presque généralement dans des fdets dor- mants, placés au fond des lacs. On pose aussi des hameçons pour elle. Mais l'époque Fig. lois. — Pèche de la Traite à V'Otter. qui produit le plus de Truites des lacs, c'est Vauiomne. Alors elles remontent les af- fluents pour frayer. On les pêche à celte époque au filet trahwnt, à la senne, au lacet, au trident, à la pince, à la ligne selon les localités, les bords, ou le lit des cours d'eau où elles se trouvent. (Voy. ces mots.) Dans la partie supérieure du Rhin et du Rhône, on ferme le fleuve au moyen d'un ]'anel{fig. 1019), con- sistant en une rangée de piquets enfoncés dans le lit du fleuve, de manière à former une poche dont la pointe est dirigée du côlé d'aval. Ces piquets sont reliés en haut par une grosse traverse en bois, à 0°=,80 au-dessus de la sur- face de l'eau, et, sur toute la hauteur de l'eau, par un clayonnage en bois , per- mettant k l'eau de passer, mais forçant le poisson à glisser dans la nasse ou nan- çoire placée au sommet de l'angle formé par le vanel. Ce vanel n'est placé qu'au commencement de novembre. Jusque-lù, et pendant toute la durée de la montée des Truites, chaque pêcheur pêche isolément et pour Fig. 1019. —Vanel. 804 TRUITE SAUMONÉE. son propre compte. Au commencement de novembre, ils se réunissent six, huit, dix, construisent un vanel en société, lèvent la nasse tous les malins ensemble et se partagent les Truites qui, après avoir frayé, se laissent ainsi entraîner par le courant jusque dans le piège tendu par les pécheurs. On voit jus- ([u'î\ quatre vanels dans la partie supérieure du Uhin et du Itliùne. Vers la fin de novembre, ces engins doivent être enlevés pour permettre le flottage des bois provenant des forets environnantes. Tout près de la source du Rhin et du Rhône on ne pêche plus la Truite qu'au trident {fîg. 1020 et 1021), le lit et les bords de ces fleuves ne per- mettant pas de pocher autrement. Mais ces engins ne suffisent pas aux pêcheurs ex- périmentés : ils usent encore d'autres expédients qui ne manquent pas de leur procurer de beaux poissons. Les uns creusent, en temps de frai, de fausses frayères aux endroits où la Truite passe ordinairement. Cn coup de filet, de trident, voire môme une pince {fig. 1022), en- lève l'imprudente poussée par la paresse dans un nid déjà tout fait. D'autres construisent au milieu du lac des tapis en clayonnage, en brins de bois, de 8 à 10 mètres de côté, flottant à la surface et retenus au moyen d'une corde attachée à un piquet enfoncé dans un en- droit moins profond. Les petits poissons blancs qui 1021. piomb-foëne. Foëoe ou trident, ^^^gj^^g^t gg réfugier soBS Cet abri artificiel attirent les gros poissons, surtout l'indolent Brochet et la Truite vorace. On prend alors ceux- ci, soit à l'épervier, soit aux filets flottants qu'on fait passer sous l'a- bri en clayonnages ; ou bien, on leur lance des crochets en fer mu- nis d'une corde, ou encore on les harponne. TRUITE SAUMONÉE (Salmo trutta, Lin.). — Malacopt. abd, Salmo- iies. Long. max. = C'.SO. CeUe Truite est marquée de taches ocellées ou en forme d'X, les supérieures sont quelquefois entourées d'un cercle plus clair, beaucoup de ces taches sur les oper- cules et l'adipeuse; la chair rougeâlre. Caudale et adipeuse noires, les autres na- geoires grises, — caudale très-échancrée. Los ruisseaux d'eau claire qui se jettent immédiatement dans la mer sont les eaux où l'on pèche les meilleures mais il en monte à toutes les hauteurs. Cette Truite quitte, en eflet, la mer(?)au milieu du printemps 'et remonte les fleuves jusqu'à leur source; elle fraye dans les lacs et ruisseaux à eaux vives des hautes montagnes, pendant l'hiver, plus tôt ou plus tard suivant la température : elle se nourrit comme le Saumon et est très-recherchée. Elle a la tète petite, couverte de taches noires, ,es côtés un peu violacés, le ventre blanc. (Voy. Temps de frai.) Cette Truite se nourrit de vers, ■nsectes aquatiques et poissons, absolument comme les autres salmonidés dans nos eaux dont elle se distingue par la forme et la position des dents vomérienncs (fig. 1024). Agée de moins d'un an, la Truite saumonée est d'une belle teinte argentée sur les flancs et le ventre, tandis que son dos est gris foncé, un peu verdàtre sur le bout du museau. La caudale est (rès-échancrée et bordée de gris- vert foncé, la dorsale tachetée, les pectorales, les ventrales et l'anale, jaunâtre très-pâle. Aucune tache rouge sur le corps; des taches noires, plus ou moins foncées, - f 4 m r-^ ■ 04.>l«-r/\l«- 801 TRUITE SAUMONÉE. son propre compte. An coinmcncement de novembre, ils se réunissent six, huit, w o 00 o > o ob <: o a: o M W ^ ^' o 03 S oo HD cd <^ H-> CO ^ P- ^ M ctl r4— > ^ ^5 1 — 1 f-< P t- PC^ ■ ' H TUE-DIABLE. 805 prennent un Fig. i023. Truite des lacs. Fig. 1024. Truite de mer ou Saumonée. Fig. 1025. Truite commune- suivant qu'elles sont plus ou moins près du dos, —et formées de plusieurs points réunis irrégu- lièrement. Forme du corps déjà cylindrique. Mais l'âge adulte arrive, la livrée change; le dos est Lrun, les flancs entiers ton d'argent enfumé général. La queue est égale et, comme toutes les autres nageoires, présente un bleuâtre spécial. L'adipeuse e«t grande, en hacheron et un peu verdâtre. Les taches sont nombreuses, mais ne dépassant pas les flancs, noires mélangées de brun pâle. Les lèvres bleuâtres, l'œil brun-clair. Tel est le mâle dans ses atours de noce. La femelle, plus grosse, plus ramassée, a été décrite par Cuvier comme une espèce particulière à laquelle il a donné le nom de S. Lemanus. La caudale, toujours^plus petite, tire, ainsi que toutes les autres nageoires, sur le verdâtre un peu lavé de jaune. Le dos est vert clair assez vif, les flancs et le ventre argenté uti peu reflétés de lilas. Les taches sont nombreuses, petites, pâles et dépassant peu la ligne latérale. Le museau et l'œil sont plus pâles que chez le mâle dont toutes les couleurs sont d'ailleurs bien plus tranchées. L'adipeuse est toute petite, la queue un peu plus échancrée. Bloch a trouvé le ver solitaire dans la Truite saumonée, mais plus mince que celui du Saumon. Les parties intérieures de la Truite saumonée difl'èrent peu de celles du Saumon. On a cru que cette Truite était sujette à la consomption et qu'alors sa tête était plus grosse, son corps amaigri et ses intestins garnis de pustules. Nous croyons que cet état provient de ce que la Truite saumonée dont il s'agit s'était nourrie de substances vénéneuses qui avaient attaqué ses viscères et produit une maladie inflammatoire. Elle maigrit alors, et sa tête paraît plus grosse, quoiqu'en réalité elle n'ait pas changé de volume. On prend quelquefois, dans le Rhin, des Truites saumonées magnifiques ; nous en avons nous- méme pris, à la mouche, dans l'Aigre, petite rivière de l'Eure-et-Loir, dans les Ardennes; en Breta- gne, ces captures sont rares. TRULOT. — Synonyme de Treuille. (Voy. Trouble.) TRUTTA ;Salmo). — (Voy. Truite saumonée.) TUE-DIABLE. — Nous avons indiqué, à l'article Cuiller (voy. ce mot), l'origine de ces engins dont l'usage est peu répandu dans notre pays, et que néces- site la pêche des salmonidés dans les grandes chutes des rivières torrentueuses du nord de l'Europe et de l'Amérique. Ces engins sont fabriqués d'une manière assez compliquée par les marchands, mais l'amateur qui veut les es.sayer — dans les con- ditions où ils peuvent rendre des services, — doit pouvoir les composer lui-même. Cette précaution est d'autant meilleure que, quelle que soit la matière employée pour confectionner ces jolis leurres, elle se ternit très-vite, et que l'engin n'a de valeur qu'autant qu'il est brillant, vif et multicolore. N'oublions pas de répéter encore une fois, que le Tue-diable n'a pas besoin d'être gros, au contraire. Le double des dimensions de la gravure 10-26 suffit; son emploi est restreint au.x eaux bouillonnantes des torrents et des chutes, à la pêche des Truites et du Saumon en eau douce, tandis qu'en mer, on pourra l'adapter merveilleusement à toutes les pêches à traîner, pour le Maquereau, la Dorade, la Dorée, la Pélamide, etc., etc. Mais alors il est bon qu'il soit plus gros et, comme l'eau salée le détruit en fort peu de temps, on ne se donnera pas la peine de confectionner un si joli modèle : on prendra de petits poissons de plomb dont nous avOns expliqué l'usage au mot Poissons artif ciels. Revenons à la confection du Tue-diable {fig. 10-26). On prend un morceau de eîê)«^ Fig. lOîf). — Tue-diable. 808 TURLOTTE. s'embarrasse dans ce filet, mollement tendu, et tous ses efforts ne font que l'en- chevêtrer davantage. Ajoutons qu'on se sert aussi de la dreige et de trumaux flottants. La chair du Turbot passe pour très-nourrissante ; mais, quand il a vécu sur des fonds de vase ou d'algues, elle contracte une odeur fort désagréable. Avimt 1730, le Turbot n'avait aucune valeur en Ecosse. Les pêcheurs le don- naient aux pauvres. Ce fut un officier général anglais, grand amateur de bonne chère, qui mit ce poisson en réputation dans ce pays, par la préférence qu'il lui accordait sur tous les autres. A Goncarneau, on ne prend guère le Turbot qu'à la drague, bien rarement à la ligne, ce qui est le contraire de beaucoup d'autres plages. Les fonds de sable dur, voisins de cette baie, donnent cependant, tant à ce poisson qu'aux Soles, Carrelets, etc., une qualité très-remarquable, qui permet de le transporter à de plus grandes distances, parce qu'il se conserve mieux. Le Turbot est très-commun sur les côtes de Marseille, et a toujours eu la préférence sur les autres poissons. On pêche le Turbot dans ia Somme en eau douce ou mieux saumàtre, mais il est toujours plus petit que dans la mer. Sa chair est plus molle et moins délicate. A Royan, on prend le Turbot avec des lignes de fond et la senne. TURLOTTE (Pêche à la). •— (Voy. Brochet.) — La Tudotte est une espèce de ligne volante décrite dans les plus anciens auteurs, et dont ils font le plus grand éloge. Je crains bien que la rareté toujours croissante des belles pièces n'en rende, de nos jours, l'emploi fort chanceux; mais je n'ai pas voulu omettre d'en transcrire la description un peu primitive. Quelque pêcheur la perfectionnera. On la construit de la manière suivante : on monte une bricole sur fil de laiton re- tors de la longueur de 0"',15 à 0'",20, puis on fiiit un cornet en carton épais, percé d'un trou de la grosseur d'une plume d'oie. Ce cornet sera long de O^.OT à 0'°,08 ; au travers du cornet, l'on passe le chaînon portant l'hameçon, et on l'y fixe avec du plomb fondu que l'on verse dans le cornet, de manière que la queue de l'ha- meçon soit cachée dans le cornet et bien fixée au milieu. On construit ensuite une douille de fer de O"", 15 de long, faite de manière qu'on puisse y introduire, par un bout, la gaule ou canne à pêche, et qu'à l'autre extrémité, se trouve monté un i^etit anneau pour y passer la ligne. Cette douille est donc elle-même terminée en pointe. On amorce la ligne avec un Goujon, en lui passant h; chaînon dans la gueule et dans le corps; il faut ({u'il avale tout ce qui est couvert de plomb. On l'altaelie alors sur l'empile, avec du fil {fi(j. 1U30). Une fois l'amorce placée, on passe, par l'anneau de fer qui termine la douille à l'extrémité de la canne, le bout de la ligne longue de 18 à 20 mètres, et en- tortillée autour d'un morceau de bois, que le pêcheur tient de la main gauche, et au moyen duquel il donne ou retire de la longueur à la ligne, la canne étant tenue de la main droite, et la ligne en étant indépendante. Nous avons rapporté fidèlement cette pèche, fort ancienne, et qui a de beau- coup précédé l'inventio'u du moulinet. On peut la modifier d'une manière plus commode. D'abord, nous nous élèverons contre la grosseur de l'amorce de plomb, et la Fiij 1C30. — Tiirlott.' UMBRINE COMMUNE. HOU grandeur des mesures indiquées. Sans doute, il y a dix à parier contre un que les Brochets étaient, en ce temps-là, plus gros et plus voraces, mais surtout moins pochés qu'à présent, et l'on pouvait partir à leur conquête avec des engins aussi énormes. Aujourd'hui, nous devons prendre plus de soins ; le poiss(Mi, comme les hommes, s'est avancé dans la civilisation. Il ne faut donc pas craindre de di- minuer le cornet en largeur et en longueur, de façon à ne couler sur l'empile métallique de la hricole qu'un petit lingot de plomb de O^jOi à O'",0o de long, avec la grosseur d'un crayon ordinaire. Ce sera bien suffisant pour entrer dans le corps de l'amorce vive, qui n'y résistera pas longtemps. En second lieu, il faudra se servir d'une canne à anneaux, garnie de son mou- linet, qui donnera beaucoup plus de facilite que le morceau de bois de nos grands pères. Enfin, la rigidité de la douille à anneau, qu'ils avaient montée et qu'ils sou- tenaient au bout d'une gaule, nous semble fort préjudiciable au succès, car, quoique le Brochet, auquti s'adresse cette pêche, ait la mâchoire solide, encore vaut-il mieux prendre des précautions pour le cas où l'hameçon n'aurait rencontré que les parties molles du gosier. C'est la pêche qu'en Angleterre on nomme Trolling, en diminuant la grosseur des engins; elle s'applique admirablement à la Truite. TUYAU DE PLOMB. — Pour faire soi-même les tubes de plomlj destinés à lester les filets, on choisit deux pierres teadres que l'on creuse en forme de gout- tière, et qui, rapprochées l'une vis-à-vis de l'autre, présentent un trou cylindrique vertical. On a eu soin de ménager au bas des deux gouttières une petite rainure dans leur milieu, laquelle, lorsque les pierres sont rapprochées, produit un petit trou suivant l'axe du cylindre, et dans lequel on place une baguette de fer à peu près de la dimension des cordes des filets, et plus grosse à l'extrémité supérieure qu'à l'inférieure, afin de la pouvoir retirer facilement du plomb moulé tout autour. La baguette étant dressée au milieu du moule, on remplit celui-ci de plomb fondu ; on laisse refroidir quelques instants, on sépare les pieires, on retire la baguette en en frappant le petit bout sur une pierre, et le tube est fait. TYMPANIQUE (os). — Cet os complète, sous le cràiie, l'arcade ptérygo-palatine avec le jugal et le ptéiygoidien souvent formés de deux pièces. Un peu en avant de ces os, on trouve, à la voûte du palais, les deux palatins de chaque côté du vomer. Tous ces os ont une structure des plus compliquées et se doublent ou se dédoublent suivant les espèces. Nous n'en parlons ici que pour donner une idée générale de la composition compliquée de la tête du poisson; disposition qui, permettant à certains de ces organes des mouvements dont les autres vertébrés sont privés, supplée ainsi, jusqu'à un certain point, à la privation des mouve- menls du cou qui, chez les poissons, n'existent [as. U UMBLiA ^Salmo). — (Ombre-chevalier et Saumon umble.) UMBLE. — (Voy. Salmox.) UMBRINE COMMUNE iSciœna cirrhosa, Lin.). — Âcanthopt. scombér. Long. max. I'",50; poids =^ 15 kilogrammes. 810 URANOSCOPE. Corps aplati, tète assez grande et fortement arqut'e depuis le sommet ju?qu'au musean' fig. 1031*. Yeux de grandeur moyenne, iris argenté, pupille noire. Màciioire supérieure plus longue que l'in- férieure qui porte un barl/illon gros et court. Dents en cardes fines; bouche petite, lèvres grosses, couleur de chair, extensibles et soutenues par des cartilages articulés. 8 pelits trous au-dessus du v-a ^^£^ Fig. 1031. — Lmbriiie commune [Sciœna cirrhos i, Lin.). museau, lui-même criblé de pores. Narines ovales doubles; langue courte, lisse et blanche. Opercule armé d'une pointe et portant une tache noire. Les éc:illles de l'Umlrine sont larges, rhomboidales et un peu denlelces; celles de la léte, petites. Ligne latérale courbe. Di = 10. D2= 1 -+- Y = I + ô. P = 17. A = 2 -h 7. C = 19, un peu échancrce. Couleur générale argentée à nuances dorées avec des raies bleuâtres, obliquement, couleur d'acier. Fraye au printemps et pendant plusieurs n ois. OEufs très-petits, extrêmement nombreux, blanchâtres. Les femelles en train de frayer, viennent au rivage se frotter le ventre contre les pierres, et laissent tomber leurs œufs qui sont retenus sur les coq s durs par de petits filaments. UMBRINE COMMUNE. — L'Umbriiie vit de pelits poissons; elle poursuit indiiréremnii'ut tous les bancs qu'elle rencontre, Sardines, Muges, Anchois, etc., elle ne dédaigne cependant pas les Sèches, les Crustacés, les Soles, etc., etc. On trouve ce poisson en toute saison dans la Méditerranée, mais c'est plus volontiers au printemps qu'il s'approche du rivage, et se cantonne sur les bancs de sable, dans les eaux saumàtres du Rhône, aux environs des Martigues. Sa marche, au printemps, est, comme celle du Thon, de l'ouest à l'est; en automne, de l'est à l'ouest. L'Umbrine se prend de différentes manières ; elle vient quelquefois si près du rivage, à la poursuite de ses victimes, que, -dans les eaux peu profondes, on la prend en traînant une senne. On tend des paniers ou nasses, amorcés de Sardines. On va quelquefois la chercher à deux ou ti"ois lieues en mer, par trente brasses, avec les filets ou les lignes que l'on amorce de Muges, de Sardines, de Sèches, de Crevettes, etc. L'Umbrine mord très-avidement à ces esches. Chair estimée que l'on sèche, sale, marine à l'huile, etc. URANOSCOPE ^Uranoscopus scaber, Lin.). — Acantl.opt. percoïd.A ventrales couvrant les pectorales. Long. max. =0'",20. VALET. 811 L'Uranoscope est l'un des plus laids poissons de nos pays. Son nom lui vient de ce que ses yeux, situés tout à fait à la partie supérieure du crâne, sur une grosse tête cubique, semblent ne pouvoir regarder que le ciel (oùpavà; axoTiew). La bouche de ces singuliers poissons est fendue verticale- ment, leur préopercule crénelé par le bas, et, sur chaque épaule, l'opercule envoie une longue pointe, dangereuse à l'instar de l'armure de la Vive, sa proche parente Fiy. lOJJ. — l rauobcuiic [i'ranoscopus scat/er, Lin.). Toutes les bizarreries extérieures de ce petit animal sont complétées par celles de l'intérieur. Au-devant de la langue, dans l'intérieur de leur bouche se voit un lambeau de chair long et étroit, extensible, une sorte de seconde langue dont l'usage est, peut-être, de simuler un ver pour attirer les petits poissons, alors que l'Uranoscope est caché tout entier dans la vase. Est-ce vrai ? — c'est au moins possible Comme curiosité intérieure de ce poisson bizarre, nous ne pouvons oublier de signaler l'extrême grandeur de la vésicule de son fiel, fait connu des anciens. L'Uranoscope proprement dit, celui de la Méditerranée, a le corps gris-brun, à nuages irrégu- liersde blanc sale; sa dorsale est séparée en deux parties, une petite en avant, une longue en arrière. URANOSCOPE. — La pêche de ce poisson, dont la chair est assez estimée, ne se fait point d'une manière spéciale : on le prend, pèle-môle, aux sennes et flets traînants, avec les vives et les poissons de fond, car il ne quitte point les endroits vaseux. URANOSCOPUS SCABER. - Voy. Iranoscoie.) V VACHE. — Nom du Gangidh un seul bateau. — (Voy. ce mot.) VADIGO (Lichia). — (Voy. Liche vadigo.) VAIRON. — (Voy. VÉRON.) VAIRIN. — On désigne également sous ce nom, à Annecy, Haute-Savoie, le Gardon^âJe, commun dans tous les cours d'eau des environs. VALET. — On appelle ainsi un morceau de bois portant un crocheta chacune de ses extrémités, que l'on emploie pour tenir le filet tendu à la portée du lanceur; on passe l'un des crochets dans une maille du fdet, et l'autre dans une corde dis- posée convenablement. 812 VAN D 01 SE. — Avancée. — Le Valet, dont il est ici question, est un petit morceau de bois, ou mieux une mince tringle de fer qui se passe dans une boucle d'empilé ou dans la courbe d'un hameçon, afin de tenir le tout tendu plus facilement pendant l'em- pilage. L'emploi de cet instrument, si simple, rend les ligatures beaucoup plus solides, parce qu'on peut alors opérer une traction sur des objets qui, sans cela, glissent entre les doigts. (Voy. Empilage.) On appelle encore Valet, un petit instrument que tout le monde peut fabri- quer en un instant, et qui sert à faire facilement la ligature des boucles, au.x avancées, aux empiles, aux corps de lignes, etc. Il se compose d'un petit crochet de fil de fer, ayant la forme d'une S allongée, gros comme une aiguille à tricoter, et long de 1 décimètre. Chaque extrémité recourbée a 0"',0i. L'une est fixée à un ruban ou une lanière de cuir, attachée à la droite de l'opérateur; l'autre reçoit la boucle de l'avancée à empiler. On tient de la main gauche les deux parties superposées de ligatures, et la main droite est libre, pour faire tourner la soie poissée et en placer les tours avec soin les uns à côté des autres. VANDOISE, VAUDOISE, ou DARD {Squalius leuciscus, Heck.). — Malacopt. ab- ilom. cypriiioiiles. Long, nia.x. = O^.l'S; hauteur = 0™,08. Syn. : Corcille, corsaye, Nivernais. — Dar,darce, angl. — Weis Fisch, allem. — Viltoye, holl. Corps allongé, arrondi en dessons (fïg. 1033), verdâtre et bleu sur les côtés, flancs et ventre ■H^^^r^'^^'"'^^ *^T\^" Fig. 1033. — Vaudoise [Squalius leuciscus, Heclv). argentés à reflets bleus. Tète étroite, lèvres violacées, yeux blanc-jaune avec une tache noire au-dessus. 2 pièces à chaque opercule. Dorsale et caudale vert clair, lavé de rougeâtre. Dorsale 10 rayons, ventrale 9, anale 11, pec- torale 15, rouge pale, lavé d'orangé sur les rayons. Son péritoine est d'une blancheur argentée, comme revêtu de nacre et semé de points noirs. La laite est double ainsi que l'ovaire. (Voy. Temps DE FRAI.) Ce poisson vit dans les eaux pures, se tient à la surface et se nourrit de vers, insectes, etc. Il fraye à la fin du printemps parmi les herbages. Sa chair un peu molle et remplie d'arêtes, forme cependant une bonne friture. Sert d'appât à beaucoup de poissons carnassiers. VANDOISE. — Ce poisson est extrêmement commun dans les rivières et fleuves à fond sableux et à eau courante ; sa taille et ses mœurs en font comme une transition entre l'Ablette et le Chevesne, participant à la vivacité de Tune et à la voracité, mêlée de défiance, de Vautre. Aussi, sa pêche demande-t-elle à la fois adresse et attention. <( La Vandoise se prend, le malin surtout, par 1",20 à i"",GO de fond, dans l'eau légèrement courante, et Ircs-bien dans les eaux vives et tournantes, auprès YANDOISE AUBOUII. 813 de la chute des moulins. On emploie le sang caillé, le porte-bois. On amorce avec des boulettes de terre grasse, mêlée de bouse de vache, ou avec la terre qui se trouve sous les excréments, quand ceux-ci sont desséchés. La Vandoise se prend aussi très-bien à l'orge bouillie. « Piquer promptement et vivement : employer le bouchon, bas de ligne et hameçon, dont on se sert pour la pêche du Mulet. (Voy. ce mot.) Quand on pêche dans l'eau courante, la ligne doit être plus longue que la baguette, afin qu'elle puisse parcourir plus de chemin avant d'être ramenée en amont. Cet excédant de longueur varie de 1 mètre à l™,oO. (R. de Savigny, m. s.) A ces renseignements inédits, que nous devons à un pêcheur cmérile, nous ajoutoAs que la Vandoise est surtout le poisson que l'on prend aux endroits oii on lave les laines ; qu'elle mord admirablement au blé bouilli, et encore bien mieux à la mouche, surtout naturelle ; petite mouche de cuisine. On peut la laisser filer entre deux eaux ; elle l'y attaquera très-vivement, mais on sera souvent démonté parles Ablettes, toujours très-nombreuses dans les endroits qu'aflectionne la Van- doise. Quant à nous, nous prenons le Dard à la mouche naturelle, à la pêche au lancer^ et surtout à la pêche à la surprise, qui nous en rapporte des quantités incroyables. Le Dard ou A'andoise mord également bien sur la mouche artificielle, mais il ne faut employer pour lui que de petites mouches, appelées cousins {gnats), et avoir la main leste, car son toucher est d'une excessive rapidité. On met souvent trois ou quatre mouches le long de la ligne : comme on ne pêche qu'à petite volée et le long du bord, cela n'a point d'inconvénient. (( C'est surtout pendant les grandes chaleurs, aux mois de juillet et août, par une eau claire et profonde, le long des quais et des perrés, que se fait bien la pêche de la Vandoise ou Dard, à l'orge cuite. Il faut amorcer abondamment: ligne fine, hameçon n° 14 ou 1."), flotte légère, empile fine et peu luisante, bas de ligne en crin de Florence, hameçon empilé en blanc, et non en noir. Traîner légère- ment. Employer l'épuisette à cause de la finesse des engins ; piquer vivement et finement dans le plan vertical. » (R. S.) Ces lignes sont empruntées au même manuscrit que tout à l'heure ; nous les contredirons quant h l'emploi de la florence. Quelle que fine qu'elle soit, quelque précaution qu'on ait prise de la plonger dans le thé noir bouillant pour lui ôter du brillant et lui donner une légère teinte grise, elle demeure toujours visible dans l'eau, tandis que le crin de cheval y disparaît absolument. C'est surtout quand on s'attaque à des poissons fins et rusés comme le Dard, qu'il faut redoubler de précaution. Sans doute, on réussit quelquefois avec la florence, mais on réussit toujours et mieux avec un simple crin : souvent même j'ai dû ma réussite, au milieu de compagnons dépités, au petit subterfuge, employé par moi, et auquel ils ne faisaient pas attention, de remplacer mon n° 14, empilé sur florence, par un n° lo, empilé sur crin simple, mais choisi. Empilage de soie blanche vernie. — (Voy. Ver de vase.) VANDOISE AUBOUR(Squilius bearnensis, Blan.). — Malacopt. abd. cj-prin. Ressemble beaucoup au Chevesne, mais la dorsale n'a que 7 rayons branchus, comme le Dard, à la suite de 3 rayons simples, tandis que le Chevesne en a un de plus, 8 rameux. Ligne latérale, 50 écailks, s rangées au-dessus, 4 au-dessous. OEil très-grand, tête grande baissant en avant, corps comprimé, dos brun, opercule très- large. Dos et têtes bruns à reflets bleus, écailles tachées de brun jusqu'au ventre, joue et opercule de même . Vient du lac Mariscot près Biarritz. 814 VÉGÉTAUX. VANDOISE BL.AGEON ^Squalius Agassizii, Val.). — Malacopt. abd. cyprinoid. Long. max.= 0'n,-20. Resseinltle au Dard, mais revêtu de couleurs sombres; dos cl tète gris cendré obscur, bande noire en long au-dessus de la ligne latérale à points jaunes noirs; nageoires grises lavées de jaune A la base ainsi (|ue l'opercule. Tète courte, œil moyen, museau obtus ; écailles petites. Ligne latérale 48 à 5G écailles, 8à 9 rangées au-dessus, 4 à 6 au-dessous. D = 8 rayons rameux, A = 8 à 9 id. Se poche dans l'Ouclie près de Dijon; à Annecy, en Savoie; dans l'Allier, dans la Durance, la Sorgue, la Vaucluse à sa source. Nourriture et mœurs du Dard. Fraye en mars et avril; à ce mo- ment sa bande noire devient encore plus intense. VANDOISE BORDELAISE ,Squalius burdigalensis, Val.). — Malacopt. abd. cy- prinoid. Long. max. = 0'",\;0. Ressemble beaucoup au Dard, mais elle a le mtiseau plus pointu et le corps plus eflilé, rappe- lant celui de la grosse Ablette. Dos gris bleu, verdàtre, blanc d'argent sous le ventre. Dorsale noirâtre à 7 rayons rameux. Anale = 9 à la suite des simples. Ligne latérale 51 à 52 écailles. Base des nag 'oires orangée. Se pèche dans la Gironde et la Garonne. VANEL. — Nom d'un filet qui sert à prendre la Truite des lacs. — ( Voy. Truite DES LACS.) VARECHS ET VAREGK. — Nom populaire et breton des Algues. (Yoy. ce mot.) VARNETTES. — Nom que l'on donne, dans la Manche, au.x Manets spéciaux à prendre le Hareng. — (Voy. Hareng.) VAUDOISE. -(Voy. Vandoise.) VÉGÉTAUX PROPRES A L'EMPOISONNEMENT DES POISSONS. — (Voy. .\r.BI\ES A ENIVRER LES POISSONS.) La liite de ces végétaux, que nous empruntons à un mémoire de MM. Chevaliei- et Duchesne, se peut diviser on deux parties. 1» Végétaux nuisibles à l'homme, auquel cas il faut prendre la précaution de vider et net- toyer les poissons avec beaucoup de soin avant de les faire cuire. 1 . Cocculits suberosus (Décand ), Coque du Levant. Fruits. 2. Deli>ltininm staphisagria (Lin.),Staphisaigre. Semences. 3. Delphin. Requienii (Lin.), Semences. 4. Hf/dnocarpus inebriu'is (Vahl.). Fruits. 5. Menispermum iacunosum (LAmsirck). Fruits. G. Taxui haccata (Lin.), If. Feuilles. 7. Veratruin sdbadilla (Retzius\ Cévadille. Capsules. 2" Végétaux non dangereux pour l'homme. 1. lUirringtonia sjicciosa (Rumphius), Butonica speciosa (Lam.). Amandes, mangées par les matelo-ts chinois sous le'nom de Bonnets carrés. 2. Calophyllum inophjllum (Lam.), Baume de calaba. Enivrant les poissons. 3. Gerbera allouai (Lam.). Bois. 4. Djj>line fœtid a {Lam.). Semences. 5. Eupliorbia cotiiiifolta (Lin.). Toute la plante. 6. Galega sericea (Thunb.). Racine. 7. Galegn toxicaria (S\v.). Feuilles. 8. Lepidium piscidium (Forster). Feuilles et semences. î). Paullinia primata (L\n.) Semences. 10. Paullinia trilernata ',L'\n.), Serjania lethalis (Saint-Hilaire), Liane à persil, Timbo au Brésil. Feuilles. 1 1. Phylluntus brasilensis (Lam.), Pliyll. conami (Wild.). Bois à enivrer. Hameaux chargés de feuilles et racines contuses . 12. Phyllaut us cirosus (Woxbuvii). Rmeaux chargés de feuille? et piles. 13. Piscidia carthuginensis (Lin.). Rameaux et feuillages écrasés. 14. Pataliaamara (Aublet). Tiges et feuilles. 15. Robinia nicou {.Kuhlelj, Rob. scandem (Wilden.). Sarments verts pour battre l'eau et engourdir les poissons. Y EN T. 815 VEIROUN OU VIROUN. — Nom languedocien et provençal du Vairon. — (Voy. ce mot.) VENETS. — (Voy. Parcs.) VENGERON (Leuciscus prasinus, Agas.). — Malacopt. abd. cyprin. Variélc de Gardon commun, ou Rosse, propre à la Savoie, et portant la partie supérieure du corps d'un beau vert pomme. Dos un peu élevé. VENT (Du). — Pour la poche à la ligne en général, l'étude du Vent est indis- pensable et de tous les instants, car aucun météore, excepté le tonnerre, n'agit d'une manière plus marquée sur les habitudes des poissons, Pour la pèche h la mouche, l'étude du Vent est d'une importance absolue, capitale, et constitue la moitié du succès. Les Vents N., N.-E., N.-O., appelés aussiVentsde Galerne, sont généralement froids ou secs, suivant la saison; ils surprennent le poisson, le gênent et le forcent à se retirer en terre, dans les trous, les crônes, ou sous les herbes ; retraites d'où il ne sort que la nuit. Le pêcheur n'a donc guère pour ressources que les traînées ou cordes dormantes, \esjei(x, les Pater-Noster, et les lignes dormantes à grelots. Plus l'air est léger, plus le poisson se tient près du fond ; nous en exceptons les vrais poissons de surface, Ablettes, Dards, Chevesnes, qui ne quittent que par rare exception celte place. Lorsque régnent les Vents du S.-S.-E. et du S.-O, l'air est lourd, le temps chaud et couvert: le Vent moite et faible, projette sur les eaux les insectes en my- riades innombrables, le poisson s'agite, se fait prendre, et le pêcheur est heureux. Les hirondelles sont de très-bonnes conseillères sur la hauteur du vol des in- sectes qu'elles suivent et chassent, elles aussi, sans relâche. Quand elles volent haut, à perte de vuC;, l'insecte est élevé ; si elles rasent les chemins et les eaux, c'est que, pressé par l'air humide et tiède, l'insecte est très-bas et ne peut gagner les régions élevées de l'atmosphère. Par le Vent N. sec, le poisson sent qu'il ne trouvera pas d'insectes à la surface, qu'il ne doit atteindre sa nourriture qu'au fond de l'eau ; il va alors la quêter dans les remous et les courants. C'est là que le pêcheur ira le chercher, et il aui"a plus de chance au matin et au soir, que pendant le milieu du jour. Ainsi, en résumant ces observations et prenant un exemple, le pêcheur doit se dire en partant pour une place, bien amorcée, et pour Va pèche de fond : Vent N.-E., frais : peu de chose. — N.-E., fort : rien du tout. — S.-E., temps clair et chaud : bon le matin et le soir. — S.-E., bas et couvert : bonne pêche. — S.-E., orageux : à souhait. Pour la pèche à la mouche., un Vent fort est un auxiliaire des plus puissants ; les insectes, de forte dimension, sont précipités à la surface de l'eau ; les grosses Truites, les gros Chevesnes marchent et chassent ; on fait belle pèche quand on prend quelque chose. Se monter solidement dans ce cas-là, non- seulement à cause de la résistance possible d'un poisson respectable, mais à cause de la résistance certaine du Vent sur la canne, résistance ou effort qui en fait quelquefois deux morceaux. Ainsi donc, dans ce cas : forte canne, forte ligne, forte avancée, et forte mouche. Si le Vent est faible, et qu'au lieu de vagues la rivière ne vous offre plus que des rides régulières, vous penserez que les branches, n'étant pas secouées comme 816 VENTRALES. par lin Vent d'orafic, les gros insectes en seront plus abondants dans la rivière, vous pouvez alors l'aire comme la nature. Elle laisse tomber des mouches moins grosses; vous en oUVirez à la Truite de moyennes, et môme de petites, elle les prendra. Souvenez-vous que jamais il n'y a de dommages à se servir d'insectes, ou de mouches artificielles trop petites. Mais si le pêcheur veut prendre du poisson par le calme, ou par une brise à peine sensible, il faut, en regardant sur l'eau, s'assurer du genre de moucheron qui vole, car ce ne sont que des insectes de petite dimension, à peu d'exceptions près, et ceux qui passent et qui sont gros ont assez de force pour narguer la gueule de la Truite ouverte pour les recevoir. L'air est donc rempli de tipules, de cousins, d'éphémères, de fourmis volantes. Il faut imiter cet exemple et choisir des mouches excessivement petites, se cacher autant que faire se peut, choisir une ligne invi- sible, une canne microscopique, et, ainsi armé en guerre, demander patience et adresse pour réussir. Ainsi donc, pour la pêche à la mouche au lancer, le Vent est un auxiliaire toujours utile, on pourrait dire indispensable; tandis que pour la pèche à la mouche à la surprise, il est souvent nuisible, et pour la pêche de fond ou au coup, il l'est toujoiu's. Cependant, pour la pèche au lancer, le Veut peut se trouver contraire, c'est- à-dire venant vers le pêcheur ; dans ce cas, il faut qu'il plie bagage et cherche un coude, un détour de la rivière qui le place de façon à avoir ce Yent secourable ou derrière lui ou au moins de côté. De toutes les positions, la plus désirable est celle oij le ilôt suit le Yent, et où le pêcheur est placé de façon à recevoir son impulsion par derrière ; d'abord le Yent, dans cette position, agite l'eau et fait monter le poisson à la surface, parce qu'il cherche sa prébende d'insectes; en second lieu, la ligne du pêcheur est emportée sans effort ; elle s'enlève seule, se pose sur l'eau comme une mouche ailée, et ne produit ni remous ni bruit. Le Yent est indispensable au pécheur au lancer qui veut prendre du poisson de surface, dans un lac, un étang, ou toute pièce d'eau dormante et limpide, au bord de laquelle il ne peut pas se dissimuler absolument. Par rapport au cours des fleuves, rivières et ruisseaux, il faut encore étudier le Yent favorable ou contraire au pêcheur. On appelle ]'ent de bec celui qui suit le courant d'une rivière, parce que le poisson, tournant toujours la tète en amont, le reçoit sur la tète. Ce vent lui est désagréable. Il cesse alors de marcher, ne mange plus et plonge. Ce vent s'appelle aussi Vent d'amont ou de haut. Si le Yent, au contraire, remonte le courant d'un fleuve, le poisson le reçoit par derrière, et on le nomme Vent de queue, aussi Vent d'aval ou' de. bas; quand il n'est pas trop fort, le poisson remonte, s'agite et mange. Quand il est très-fort, il retrousse les écailles des poissons de surface, ceux-ci alors plongent et ne repa- raissent plus. VENTRALES (Nageoires). — Les nageoires ventrales sont toujours placées à la partie inférieure du corps des poissons, mais elles sont plus ou moins éloignées de la tète. Elles sont ordiiuiircnient attachées au bord postérieur du bassin, mais elles peuvent l'être au sternum ou aux clavicules. Ces nageoires étant la représentation des membres postérieurs des quadrupèdes ou des mem- bres inférieurs des bipèdes, on a pu dire que les poissons chez lesquels elles manquent sont : apodes, c'est- il- d'ire scms /^îWa- ; d'autres espèces les ayant placées sous la gorge, au-dessous des ouïes, — parmi eux, nous trouvons les gadcs, — on les a nommé?, jugulaires. Les lhorac'(/ues ou pcchraux ont les ventrales sous les pectorales : nous y trouvons les Gov- jons, les Luljrei. VER DE FARINE. 817 1034. — Venturon. 1035. — Capeleuse, Gravette ou BourloUe. Enfui les Cyprins, etc., nous montrent des poissons a6rfo»22naMx, c'est-à-dire possédant des ventrales en arrière des pectorales et plus près de l'anus que celle-ci. (Voy. Malacopt. abd. Subra- CHiENs, Apodes.) VENTRE-NOIR. — Nom donné en quelques endroits à l'Able Nose. VENTURON. — Nom d'une sorte de Car- ', ^z relet de mer employé à Fréjus et dans le Midi. (Yoy. ÉCUIQUIER.) VER BLANC MA- RIN. — Le ]'e)' blanc marin, qu'en Bretagne on nomme bourlottes, n'est pas très -estimé des pé- cheurs de profession qui le trouvent généralement trop petit et trop tendre. C'est la Capeleuse ou Gravette {/ig. 1035). Pour nous, au contraire, qui savons pocher avec des engins plus déli- cats et des hameçons beaucoup plus fins, le ver blanc est la meilleure esche possible. Presque tous les pois- sons y mordent. (Yoy. Gravette.) VER CANNELÉ. — Ces vers de terre {/Ig. 1036) servent pour pêcher les Anguilles, surtout la nuit aux lignes de fond; mais de jour, à la pêche au coup, ils sont les meilleurs pour prendre la Perche, le Goujon, le Dard, le Chevesne, les Gardons et autres poissons de surface ou d'entre deux eaux. Les poissons de fond : Carpe, Tanche^ Truite grosse, etc., préfèrent le verre de terre rouge à tête noire. Lever cannelé répand entre les doigts une liqueur jaune odorante et désa- gréable, quand on le pique par l'hameçon. Depuis Pâques jusqu'à la Saint-Michel, on fait usage de ces sortes d'appâts qui ne détruisent pas le jeune frai de poissons ainsi que le font les pêcheurs qui mettent de la blanchaille à l'hameçon quand ils n'ont point de vers. VER D'EAU. — Levé;' d'eau ou porte-bois {ftg. 1037) est la larve de la fri- gane. (Yoy. ce mot.) Son corps blanc-gris est toujours recouvert d'un fourreau formé de feuilles, de petits morceaux de bois, de coquil- les, etc., et l'insecte traîne constamment avec lui cette carapace arti- ficielle. Quand on le prend, il cache jusqu'à sa tête même dans ce fourreau. On trouve le porte-bois d'avril à mai dans les marais et les ruis- seaux. Au mois de juin il se transforme en Frigane. Le ver d'eau est em- ployé pour prendre la Carpe, le Goujon, la Perche, le Gardon et la Tanche. Il doit être enferré la tête en bas. Quand on veut faire provision de ces insectes, il faut, pour éviter qu'ils ne se dessèchent et ne meurent, les placer dans un sac de toile que l'on mouille de temps en temps. VER DE FARINE. — Ces larves proviennent du Tenebrio molitor. Lin.; elles sont longues de O^jOl à 0'";,02 {/ig. 1038), jamais lisses ni luisantes. Le coléoptère auquel elles donnent naissance est un héféromère de la famille des Mélasomes. C'est 52 Fig. 1036. — Ver cannelé. 818 VER DE TERRE. an insecte nocturne à corps allonge, étroit, commun dans les boulangeries, les moulins elles vieux murs {fi(j. 1038). On emploie avec succès les larves du téncbrion de la farine pour pêcher les petits Chevesnes, Dards, Gardons et petits Barbeaux. Ces pois- sons s'en montrent très-friands. VER DE MANNE. — C'est un petit ver jaunâtre, muni d'un très -grand nombre de pattes que l'on trouve dans la terre glaise humide. Cette larve se transforme au mois d'août en un papillon blanchâtre dont les hordes innombrables volent sur l'eau et servent de pâture aux poissons. iitor,Un. Ver (le farine, Lc vcr de manuc cst cxccIlent pour la pèche du Barbeau, etiecoiéopfère(io.aiU.st j^ Ciardou et du Chevesn". la larve. VER DE MARECAGE. — Ce ver, mdiqué par les anciens auteurs, peut être le Ver de vase. (Voy. ce mot.) Cependant nous extrayons d'un vieux livre de pêche français les lignes suivantes qui rapprocheraient le Ver de marécage du Ver d'iris de Walton. (( Il faut aller au bout d'un vieil étang, arracher quelques joncs, remuer les racines dans l'eau : parmi les fibres, on aperçoit quelques bourses rougeâtres ou jaunâtres que l'on ouvre avec une épingle. On en tire un petit ver pâle, jaune ou blanc, dont la tête est rouge et verte, garni d'une rangée de pieds. C'est le ver de jonc, excellent pour la Tanche, la Brème, la Carpe, la Vandoise et la Truite, n Avis aux chercheurs ! VER DE TERRE. — Les Vers de terre, ou achées ou lombrics (voy. ces mots), sont non-seulement innombrables en individus, mais encore très-nombreux en espèces. Toutes peuvent être employées pour la pèche, mais avec des chances inégales, car il est incontestable que certains poissons affectionnent telles espèces et dédaignent certaines autres. Les pécheurs étendent souvent le mot ver à une foule d'êtres qui n'ont pas entre eux la moindre analogie, puisque les uns sont les larves d'animaux très-divers, les autres des annélides d'espèces aussi variées, tan- tôt terrestres, tantôt sous-aquatiques. Comme nous ne faisons ici un ouvrage didactique que pour eux, nous les suivrons dans leurs appellations fantaisistes, nous réservant d'étudier, à chaque lieu utile les animaux employés, à un point de vue un peu plus scientifique. Pendant que nous parlons des vers de terre, il faut nous souvenir qu'il est préférable de ne les employer à l'hameçon que quand ils sont ce que l'on appelle vidés ou purgés. Si l'on a besoin de les faire vider de suite, on les laisse dans l'eau pendant une nuit et on les met ensuite parmi du fenouil, et dans un sac. Mais les vers de tannée et de fumier ne doivent rester qu'une heure dans l'eau, et être mis de suite dans le fenouil pour être employés presque aussitôt après. Dans le cas où l'on veut conserver les vers, le meilleur moyen consiste à les mettre dans un pot de terre avec de la mousse que l'on renouvelle tous les trois ou quatre jours en été, et toutes les semaines en hiver. Pour cela, on retire la mousse qu'on lave bien, on la presse entre les mains pour en enlever l'eau et on la remet sur les vers. Si les vers maigrissent ou deviennent malades, on remédie à cet in- convénient en versant tous les jours une cuillerée de crème ou de lait sur la mousse qui les contient, et en ajoutant â la crème un œuf battu qu'on fait bouillir avec elle. On reconnaît que le ver de terre est malade, au renflement du nœud qui se trouve vers la moitié de son corps. VER DE VIANDE. 819 ' La meilleure mousse que l'on peut employer est le Lichen : il y en a une autre espèce qui est blanche et molle, que l'on rencontre dans la bruyère, mais elle est difficile à trouver. On emploie pour conserver les vers un autre moyen également très-bon, et qui consiste en ce qui suit : On lave parfaitement un morceau de grosse toile à sacs, on la laisse sécher, et on la trempe dans un bouillon de bœuf frais, puis on tord la toile sans la sécher complètement, on y met les vers, et le tout est placé dans un vase de terre. Après douze heures on les retire, et on fait subir à la toile la même préparation, et ainsi de suite les jours suivants. Au mot ver cannelé, nous avons déjà vu l'une des meilleures variétés de Lom- bric : nous ne pouvons passer sous le silence la seconde espèce chère aux pêcheurs : le ver rouge à tète noire [fig. S82). Celui-ci, plus résistant que le premier, hante vo- lontiers les fumiers et se rencontre davantage dans la terre humide. Il dégorge; bien, et devient résistant et vivace dans l'eau. Ce ver ne dégorge point de liqueur colorée et de mauvaise odeur quand on le pique, ainsi que le fait le ver cannelé. VER DE VASE. — Les vers de vase sont les larves aquatiques d'un insecte de la famille des Tipulaires, extrêmement voisin des cousins. On le nomme le Chi- ronome plumeux {/ig. i03d); sa larve, d'un beau rouge de sang, ressemble à un ver mince. Pour se la procurer, on amoncelle en tas le sable retiré de la Seine, dans les environs de Paris, Asnières, par exemple, et on laisse l'eau s'égout- ter. En fouillant alors dans ce sable, on y fait une abondante récolte de vers de vase , larves que l'on doit toujours conserver humides. Pour cela on les place sur de la mousse et dans des linges mouillés. Ces grandes espèces de tipules volent dans les champs et les jardins potagers; les femelles pon- dent, appuyées sur leurs longues pattes et balançant ^r,-,,.";^. chi.onome piurae«. pondant leur corps d'un mouvement saccadé et rapide. Le Ver de vase n'est guère employé, à Paris, que depuis 1837 comme amorce d'hiver et de printemps ; il est meurtrier seule- ment pour le petit et le moyen poisson, Gardon, Goujon, Vandoise et petit Chevesne. On le va chercher ordinairement dans la boue au fond de la Seine et du canal, dans le sable même, vers Rueil, au moyen d'un bateau et d'une longue drague; on verse ce sable sur un tamis où on le lave pour le débarrasser de la boue. Cette Esche est très-tendre, avons-nous dit, mais elle peut se garder huit à dix jours en hiver dans la mousse humide, ce qui est un grand avantage. Nous en avons porté dans certaines rivières éloignées, dans les- quelles les poissons en avaient peur et fuyaient au loin. VER DE VIANDE. — Sous le nom de Vers de viande, il faut entendre les Asticots (voy. ce mot.) {fig. 1040). Les veî's de viande s'obtiennent en assez grande quantité en prenant du foie de quelques quadrupèdes et le suspendant à un bâton au-dessus d'un pot rempli d'argile sèche. A mesure que les vers grossissent dans le foie, ils tombent sur la terre, et il s'en produit successivement pendant assez longtemps. au dessus de l'eau ; au fond, le Ver de vase, sa larve. Fig. 1040. — .\sticots. 820 VERNIS DIVERS. Pour avoir de ces vers toute l'année, on laisse pourrir, après sa mort, un chat ou un oiseau de proie, exposé aux mouches. Quand les vers sont bien formés, on enfouit le tout dans de la terre humide, autant que possible à l'abri de la gelée. On en prend à mesure que le besoin se présente, mais comme ces vers se trans- forment en mouches au printemps, on recommence de la même manière dès qu'ils deviennent rares. VERDILLON. — (Voy. SCION.) VERDIN. (Voy. Merlu VERDIN.) VER D'IRIS. — Il existe, dans les fibres de la racine de l'iris aquatique, des vers blancs ou jaune pâle, longs et minces, leur tète est rouge et leurs jambes distribuées le long du corps. « Cet appât, dit Wallon, est très-bon pour certaines Truites, la Tanche^ la Brème, la Carpe, etc. On doit faire dégorger ces vers dans l'eau pendant une heure ainsi que les vers de tonnée. » — Cette comparaison in- dique que le Ver d'iris est une larve, mais laquelle! Nous n'avons pu déterminer encore à quelle espèce appartient le ver jaune dont parle le vieux Walton. Malgré nos recherches dans plusieurs étangs, nous ne l'avons pas rencontré. VER DU HAVRE. — Nom donné à V Arénicole. (Voy. ce mot.) VERGADELLE. — Nom populaire du Mulet à grosses lèvres, le moins estimé des trois que nous possédons en France. (Voy. Mulet a grosses lèvres.) VERGEON. — Synonyme de Scion. VERGNOL.E. — Nom du Vairon en Auvergne. (Voy. Vairon commun.) VERMÉE. — Manière de pêcher V Anguille. (Voy. ce mot.) VERMINIÈRES. — Creusez, dans un endroit hors de la portée des poules, une fosse — d'une longueur et d'une largeur proportionnées à la quantité de vers que vous voulez qu'elle fournisse, — profonde de 0'°,40 à O^jSO ; mettez au fond un lit de paille longue bien dressée, recouvrez-la de 0'°,tO de fumier de cheval, puis de O^jOS de terre sortie de la fosse, recommencez un lit de paille, une couche de fu- mier, etc., jusqu'à ce que la fosse soit pleine, et ayez soin de finir par de la terre ; battez bien le dessus, arrosez un peu chaque jour qu'il fera sec, surtout avec les eaux grasses de la cuisine. Au bout de trois semaines vous pourrez l'entamer par un bout et sans bouleversement, chaque bêchée de terre ramènera des vers en abon- dance. On pourra faire de semblables verminières toute l'année, excepté de décembre en mars. VERNHE. (Voy. Véron.) Les eaux d'Auvergne renferment cette variété du Véron {Phoxinus lœvis, Cuv.). On la trouve dans les lacs du Bord et de Saint-Andéol de la chaîne d'Aubrac. Long. max. = OmjOô à O'",06. Tête comprimée et striée sur le sommet; mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'in- férieure. Dos grisâtre, taches bleue jaune et verdàtres sur les flancs, ventre argenté, tache rouge ovale à la commissure des lèvres et sur la base des pectorales et des ventrales. Rayons brancliiostèges au nombre de 4. La nageoire dorsale présente 9 rayons; les pectorales 10, les ventrales 7, l'anale 8 et la caudale 19. VERNIAUX. — (Voy. Angiille.) VERNIS DIVERS. (Pour les cannes, bouchons, empiles, etc.) — Les vernis à Tessence et à l'alcool du commerce sont excellents pour les différents usages des pêcheurs. Il est indispensable d'en posséder un flacon de chaque espèce, afin de pouvoir en faire usage à chaque instant, car, de leur application raisonné e et, disons-le, réitérée, dépend la conservation des meilleurs engins. Le vernis blanc, à l'alcool, sèche vite, mais n'est pas très-dur : il sert à enduire a^H^îti^ ;Vi.lKii|pi^' :'# -^ LU o -m o_ uo O O > O ^3 O O -CD 00 VEROl (Phoxmi f ââm'u VÉRON COMMUN. 821 les ligatures de soie des empiles et avancées, les empilages des hameçons ; mis sur de la soie blanrliP il nVn phanp-p nrP'sniiP nas la pr.nlpiir pi ano-mpnlp Pnnrm4_ m r-Hi\y.^"ïlVty\V \ VÉRON COMMUN. 821 les ligatures de soie des empiles et avancées, les empilages des hameçons ; mis sur de la soie blanche, il n'en change presque pas la couleur et augmente énormé- ment l'adhérence de l'empilage sur l'acier de la hampe. Il ne faut pas qu'il soit employé trop épais, et il est bon d'en mettre au moins deux couches, afin que la ligature soit recouverte d'une surface polie et unie. Nous en avons fait usage, avec succès, pour consolider les nœuds de p vers, de conferves et de débris de toutes 'sortes : il est très-avide et toujours en (juètc de sa nourriture, nageant en bandes et vivant par troupes. On ne les rencontre jamais isolés. Quoique incapables d'avaler un poisson vivant de quelque taille qu'il soit, puis- qu'ils sont toujours les plus petits de tous, les Yérons rongent et déchiquètent YERVEUX. 8^3 très-bien un poisson morl. Yarrell les a vus ainsi au nombre d'une dizaine, rangés circulairemcnt autour d'un de leurs camarades morts qu'ils étaient en train de faire disparaître. Si l'on attache un morceau de pain ou un fragment de ver à un caillou qui le fera descendre au fond dans un endroit habité par ces petits vora- ces, on en verra s'attacher à la proie autant que sa surface pourra en contenir, tète près de tète, et les queues divergentes comme les pétales d'une fleur. Quoique le Yéronsoit de taille trop exiguë pour constituer un article sérieux de nourriture, ce serait une grande erreur que de le dédaigner. Sa chair vaut celle du Goujon ; en friture, il n'est pas déplacé près de la Loche ; mais il ne faut pas, pour cet usage, essayer de le prendre à la ligne ; on a raison d'employer là les moyens plus expéditifs que nous avons indiqués plus haut et qui réussissent d'au- tant mieux qu'aucun poisson n'est moins farouche et ne se trouble aussi peu de la présence de l'homme. (Voy. Poissons changeant de couleur.) VER ROUGE MARIN. — Ces vers qu'on nomme Bêtarck ou Vérotis se trouvent dans les petits rochers qui bordent le rivage. On les prend en détachant, avec un pic, les éclats des rochers et on les rencontre dans les interstices de ces pierres qu'ils choisissent comme retraite. Ils se trouvent encore dans les délits ou détritus de toutes sortes, près des ports, au milieu d'une vase noire qui s'y forme, ils parcourent ces délits et laissent après eux une trace rougeàtre que les pêcheurs suivent pour prendre le ver. Le ver rouge diffère du ver noir ou arénicole du pécheur non-seulement par sa couleur, mais aussi par sa" forme ; le ver noir est rond, le ver rouge est aplati et porte comme une queue fdiforme. Il est plus petit, rouge vif, assez sem- blable à une aclîée de terre, par la forme générale du corps. Ce ver est beaucoup plus petit que V Arénicole et la Gravette : il est également plus mou, aussi ne s'en sert-on qu'à défaut de toute autre amorce. VERTÈBRES. — Dans les poissons osseux, les vertèbres sont toutes articulées et pré- sentent, sur leurs deux faces, une cavité conique qui les perfore souvent d'outre en outre et qui est remplie d'une matière gélatiueuse. Cette substance réunit deux vertèbres consécutives eu rem- plissant deux cônes creux adjacents par la base et communs, à un ou deux cônes suivants, par le trou pratiqué dans la vertèbre, au sommet des deux cônes opposés. Cette substance gélntineusea une certaine dureté; elle est enveloppée d'une membrane résis- tante; c'est en quelque sorte une corde qui relie, comme un chapelet, toutes les vertèbres de l'épine dorsale depuis la nuque jusqu'à la caudale. On la voit très-bien dans la L'imiiroie, où on lui donne le nom de Corde de Lamproie ; dans le Lampnjon de rivière, elle est d'un beau rouge et facile à voir. Les apophyses épineuses sont très-longues en général, mais les apophyses transverses sont généralement moins développées dans les Cyprins, les 3 ou 4 vertèbres se soudent entre elles et for- ment ce que l'on appelle la seconde vertèbre de ces poissons. La dernière vertèbre, celle qui termine la colonne vertébrale, se termine en éventail; quelques petits os complètent cette disposition qui sert à soutenir la nageoire. (Voy. Squelette.) Les côtes s'y articulent en nombre variable; celui des vertèbres est également très-irré- gulier. Les vertèbres soutiennent souvent de petits stylets osseux qui pénètrent dans les muscles et concourent à former des arêtes. Sur la ligne médiane du corps et à l'extrémité des apophyses épi- neuses on remarque comme appendice des vertèbres, de petits os dits interépineux qui servent de base à l'articulation des rayons des nageoires. Les vertèbres des poissons se divisent en deux classes seulement : dorsales et caudales. Parmi les premières, on distingue la S^e près du crâne, dont une apophyse est appelée os mi- tral. Cette apophyse est recouverte par le rein et sert aussi d'attache à la vessie natatoire. VERVEUX. — Le verveux est un des fdels les plus productifs que le génie du pécheur ait inventé. Il revêt plusieurs formes différentes, la plus simple est 826 VESSIE NATATOIRE. côté d'où vi(>nl l'eau, Ii-duvcmI en remonlaut roincilure de la coiffe et entrent dans le filet. Si le temps est fi-ais, on peut laisser les verveux tendus dans l'eau deux jours. Mais pendant les chaleurs, on iloit relever les engins après une nuit passée sous l'eau. Dans un cas comme dans l'autre, il faut prendre soin de les bien laver en sortant de l'eau, et de les sécher si faire se peut, ce genre de filets tendant à j>ourrir extrêmement vile. Mailles de 0"', 0^5, au moins, en carré. Embouchure d'au i)lus 1", 00; le reste du filet est tenu ouvert sur au moins trois cercles de bois éloignés de 0™,6o en- viron. Celte embouchure est garnie de deux ailes dont la longueur maximum est de 8 mètres, et dont les mailles ont au moins 0""',4o, en carré. Leur usage est autorisé du iS août au 15 mai, et ces engins ne peuvent être établis que sur les côtes, cl à une distance minimum de 30 mètres les uns des autres, cette dislance étant comprise entre les ailes. VERVEUX A TAMBOUR. — (Yoy. VerVELX.) VESSIE. — Les sécrétions spéciales des poissons ne sont pas aussi nombrenses que celles des antres vertébrés; la plus considérable peut-être est celle de l'urine. Elle est formée parles reins qui, après le foie, sont les plus volumineux des organes sécréteurs. Les reins, chez les poissons, sont étendus en dessons de l'épine dorsale, tout le long de la cavité abdominale, et se renflent quelquefois au point d'avancer jusque sous le crâne au-dessus des Lran- cliies : ils s'unissent souvent e:isemble par leur partie postérieure, et très-souvent aussi au-dessus de l'œsophage. L'urine est portée par des urètres plus ou moins longs à la partie supérieure et postérieure d'une vessie urinaire assez grande, souvent fourchue et qui s'ouvre à l'extrémité par un orifice pra- tiqué au fond d'une fente servant de cloaque, derrière l'ouverture du rectum et des organes géni- taux. Ce canal est quelquefois tellement uni au rectum qu'il semhie se confondre avec lui, d'autres fois il se prolonge à l'extérieur en longeant le premier rayon de l'anale. VESSIE NATATOIRE. — C'est une poche membraneuse placée dans l'abdomen, sous l'épine dorsale ; elle communique à l'estomac ou à l'œsophage par un conduit qui lui permet de se vider de l'air qu'elle contient et qui paraît être une sécrétion de ses parois. Dans tous les poissons où elle existe, si, au moyen d'une aiguille, on vient à la percer sans blesser trop l'animal, on enlèveà celui-ci la possibilité de s'élever dans l'eau, àmoins qu'il nesoitdoué de nageoires fortes et très-étendues, mais encore, dans ce cas, il n'y reste pas longtemps et l'on voit combien cette po- sition lui devient pénible et fatigante. Dire que cet organe exerce la sagacité des naturalistes Fia. 1047. — Vessie natatoire. ^'"'"^ qu'ils soient d'accord, c'est signaler combien les nom- breux faits recueillis manquent encore de liaison et d'en- semble. Aucun organe des poissons n'est plus variable dans sa forme d'une espèce à une autre. 11 est tantôt simple, un peu plus renflé en avant qu'en arrière et n'a pas de communication avec l'es- tomac comme chez la Perche et la plupart des ,\canthoptérygiens. Chez les Aloses, les Harengs, les dupées en général, la vessie est aussi simple, mais elle com- munique avec l'estomac, chez les Cyprins, beaucoup deSalmones, la vessie natatoire est double et communique avec l'estomac, mais il y en a aussi chrz lesquels la vessie est double et ne com- munique pas avec l'estomac. Quelquefois la vessie est bifurquée en avant, d'autres fois en arrière. La grandeur de cet organe n'est pas moins modifiée à l'infini que sa structure et sa forme, mais les formes sont constantes dans chaque espèce, et variables à l'infini d'une espèce à l'autre. Dans des espèces voisines, l'une a une vessie, l'autre ?;'«? a point, le Maquereau n'en a point; mais, parmi les Sébastes et les Polynèmes, on en trouve qui en sont pourvus. Les Mulles en sont privés : ainsi le Houget et le Surmulet n'en ont point. L'air que contient la vessie est variable, non-seulement suivantles espèces, mais encore sui- vant les individus. C'est certainement un phénomène curieux de trouver, dans des poissons vivant dans la même pièce d'eau, des vessies natatoires remplies de gaz fort dllférents. On a pensé que la compression plus ou moins grande des côtes réagissait sur cet organe et, sans changer sensiblement le poids absolu du poisson, lui faisait acquérir un volume dillerent : sa VIANDE. 827 pesanteur spécifique, étant ainsi sujette à varier, lui donnait la facilite fie descendre ou de monfer dans l'eau. Mais si l'on examine, dans une Carpe ou dans tout autre poisson, l'articulation des côtes sur la colonne vertébrale et la disposition des muscles, on verra que la cavité abdominale ne peut pas changer de forme par l'élévation ou l'abaissement des côtes; la vessie ne peut pas plus se compiimer qu'elle ne peut se dilater. Ce qui le prouve, c'est qu'on peut enlever la vessie nata- toire d'une Tanche et qu'elle nage aussi bien et aussi facilement après l'opération qu'avant. (De Humboldt.) On peut vider la vessie d'un Goujon, d'un Gardon, et ils continuent à se tenir en équilibre dans l'eau (Valenciennes), exactement comme les individus de la même espèce qui avaiei.t la vessie pleine de gaz. Enfin, si l'on fait attention à la position naturelle de la vessie natatoire, on doit conclure que le poisson se tient en équilibre dans l'eau par suite de sa force vUale, tout comme l'animal qui main- tient son état de station. Si la stabilité du poisson était un résultat purement mécanique, il est cer- tain que le poids des muscles dorsaux placés au-dessus de la vessie, tendrait à renverser le poisson et à le faire basculer, le dos en bas etle ventre en l'air. C'est ce qui a lieu immédiatement après la mort de l'animal, ou même quand une gêne quelconque vient diminuer l'action des forces vitales qui le maintiennent dans sa station normale. Il faut conclure de tout ceci que le but et l'utilité de la vessie natatoire des poissons sont en- core un mystère. ... Comme bien d'autres organes! VETULA (Labrus). — (Voy. Vieille de mer.) VETULA Sargus). — (Voy. Sargle vieille.) VEXILLIFER : Thymallus). —(Voy. O.mbre commin.) VEYRADIERS. — Filets flottants employés dans la Méditerranée. VIANDE. — La viande dont on peut faire usage pour la pêche, tant en eau douce qu'en mer, est de plusieurs espèces. Plaçons au premier rang celle qui provient du poisson mort. On emploie les morceaux de poisson mort coupés sur les côtés pour le Barbillon, la Truite, la Perche et le Brochet. Les poissons que l'on coupe ainsi sont le plus souvent : la Bouvière, le Goujon, V Ablette, et le Véron. A la mer, cette esche connue sous le nom de boitte blancJie (voy. ce mot), s'emploie pour la plupart des poissons carnassiers. Le Maquereau mord le mieux siu' un morceau du flanc de son semblable : le Pilono {Pagel bofjueravel) forme une des meilleures esches pour tous les Sparoides, pour Y Orphie, le Bar, le Merlan, etc. Lorsque cette esche manque à l'état frais, on la conserve en la salant, et elle est presque aussi bonne, peut-être même meilleure, car elle devient plus ferme. La Morue dessalée se met à l'hameçon pour prendre le gros Barbeau , le Chevesne et les Vandoises de fond. A défaut de la chair de poisson, celle des crustacés produit encore un bon effet ; c'est le .Ctribe qui en fait alors le plus souvent les frais. N'oublions pas la Sardine, le Sprat, les Blaquets qui, entiers ou en morceaux, servent à chaque instant à prendre les poissons que nous avons cités plus haut. En eau douce, on emploie également des morceaux de viande de boucherie crue et cuite : la partie du bœuf, dite le flanchet, sert pour le Barbeau, la Perche et le Brochet. La viande de veau également, et pour les mêmes poissons, ainsi que la rate crue et cuite. La cervelle de veau est très-bien accueillie par le Che- vesne et le Dard. On emploie encore pour tous les poissons carnassiers et même mixtes de l'eau douce, la viande de crustacés, et l'on se sert alors de la queue de l'écrevisse crue ou conservée dans le sel. Le sang caillé est très-renommé pour le Chevesne et le Dard ; nous en avons parlé à la Pèche au Sang. En mer, on emploie la viande de porc, le foie ou la i^ate pour escher à la plupart des poissons carnassiers, mais les pêcheurs préfèrent toujours la boitte 828 VIE. blanche, et ne se servent de viande de boucherie qu'à leur corps défendant et alors qu'ils ne peuvent se procurer aucune autre esche. VIE. [Durée hors de Teau.] — La plupart des ichthyologistes, même jusqu'à ces derniers temps, ont écrit que les poissons à larges ouïes, comme le Ha- reng , mouraient aussitôt sortis de l'eau, et qu'au contraire, le poisson ayant des ouïes très-petites, comme l'Anguille, ont le pouvoir de demeurer en vie pendant un temps considérable dans les mêmes circonstances. 11 est difficile de comprendre à quel point de vue ces auteurs ont pu se placer pour avancer ce fait comme absolu ; il est fiicile de rassembler un grand nombre d'observations qui prouvent que la durée de la vie des poissons, quand ils sont sortis de l'eau, est in- dépendante de la grandeur de leur ouverture branchiale operculaire. Il est vrai que le Hareng^ le Maquei-eau et beaucoup d'autres poissons qui nagent près de la surface, ont une large ouverture operculaire, et meurent aussitôt qu'ils sont sortis de l'eau, il est vrai aussi que l'Anguille, avec ses ouïes très-petites, peut vivre longtemps hors de l'eau, mais il est bien facile de trouver beaucoup d'exemples qui infirment cette règle, et de montrer que chez ces poissons à larges ouïes qui meurent de suite , la cause réelle de la mort n'est pas celle que l'on a assignée. La plupart des poissons plats ont une large ouverture operculaire, et il est proverbial qu'ils peuvent soutenir leur vie longtemps après être sortis de l'eau. Cuvier, en écrivant sur le genre Trachinus, dit dans son Histoire naturelle des Poissons, t. III, p. 235 : a Le nom français de Yive, que ces poissons portent sur nos côtes de l'Océan et celui de Warner qu'on leur donne en Angleterre, venaient, dit-on , de ce qu'ils ont la vie dure et subsistent longtemps hors de l'eau. » Et dans sa description de la Vive et de ses ouïes il dit, p. 231) : « Et on voit môme que la fente des Branchies est très-grande, et s'ouvre jusque vis-à-vis la commis- sure des mâchoires. » Toutes les espèces de Lottes connues ont la tête large et les ouvertures bran- chiales grandes, et le môme auteur écrit encore, t. IV, p. 157 : c( Ces chaboisseaux vivent très-longtemps hors de l'eau. » Dans le môme ouvrage, il dit ailleurs, des poissons à large ouverture bran- chiale, t. I, p. 517, qu'ils meurent <( non pas faute d'oxygètie, mais parce que leurs branchies se dessèchent, » et, du Hareng, qu'il meurt au moment où on le retire de l'eau... Mais on peut objecter de suite que la dessiccation des branchies ne peut se faire dans un temps aussi court et par conséquent que ce ne peut pas être la vraie cause de la mort. Le docteur Manu a calculé que la surface des bran- chies chez une grande Raie bâtis, est égale en étendue au corps d'un homme ; et cependant, avec cette quantité de surface exposée aux effets de la dessiccation, les différentes espèces de Raies sont remarquables par la longueur du temps pendant lequel elles conservent la vie après être sorties de l'eau. Parmi les poissons à petites ouvertures branchiales , la Loche commune , [Cobitis fluviatilis) et les Dragonnets de mer meurent tous deux immédiatement. Le Chaboissenu de mer au contraire, avec sa large ouverture branchiale, peut vivre longtemps hors de l'eau, tandis que si on le sort de la mer et qu'on le mette dans l'eau douce, il meurt immédiatement. C'est l'inverse de la dessiccation qu'il faut voir dans cette circonstance, les branchies sont baignées par un fluide contenant plus d'oxygène que l'eau de mer, et le cédant plus aisément... la mort arrive de suite. De ce fait on peut inférer que ai 'M P-, c/: ^' ■g >■ C St' i t ■:^^ ^ c: cd -O) a CD W t- O^ P w Z5 > :d w CD hj >> J co 1 1 pi w ,-Q CD ^ 1 > Zl E— ' c? W o z: Pu -^ VIEILLE. W î^ Sfe ^ iS«3 \i7 '^<*>c>:eiî^c<^;i\<^-f>'<^^ VIEILLE. 820 le poisson, étant incapable d'accommoder tout à coup ses organes respiratoires à des fluides de densités différentes, si on lui donne de l'eau de mer, le sang se trouvant imparfaitement aéré, le cerveau est attaqué, des convulsions s'ensuivent et la mort arrive tout de suite. Tandis que, des premiers exemples, ne peut-on pas conclure que le pouvoir qu'ont quelques poissons de conserver la vie un certain temps hors de l'eau doit être rapporté ù un principe d'organisation intérieure, et qu'il est indépendant de la grandeur de l'ouverture branchiale ? M. Fiourens, physiologiste français, a expliqué ce qui semble être la vraie cause de la mort des poissons tenus hors de l'eau. Si l'on surveille attentivement leurs mouvements, on verra que, quoique la bouche s'ouvre et se ferme conti- nuellement, et que l'opercule marche alternativement, les arcs qui supportent les branchies ou les ouïes ne se séparent pas et que les filaments branchiaux ne s'éten- dent pas, mais demeurent dans un état de flaccidité. L'intervention d'un liquide est d'absolue nécessité pour produire leur séparation, leur extension, sans quoi ces fibres délicates adhèrent toutes en une masse et ne peuvent, en cet état, rece- voir la bienfaisante influence de l'oxygène. La position du poisson est semblable à celle d'un animal à poumons dans le vide, et la mort par suffocation en est la conséquence. On peut ajouter encore à ce qui précède que la durée de la vie, chez chaque espèce hors de l'eau, est en raison inverse de son besoin d'oxygène. Car il est facile d'observer sur un Ghaboisseau de mer, que quand on vient de le prendre. il fait battre rapidement ses opercules et hume de l'air par la bouche : il enfle ainsi autant que possible ses membranes branchiostèges, de sorte que les écailles des opercules se montrent séparées et leurs épines semblent plus proéminentes. On suppose ordinairement que cette opération est un mouvement défensif de ces poissons, c'est une erreur, elle a pour but tout simplement de produire la sépa- ration des lamelles pectinées des branchies, effet que l'on doit considérer comme nécessaire à la prolongation de la vie. VIEILLE (LabrdS vetula, Lin., vel L. Bergylta.) — Acanthopt. labroïd. Long. max. = 0™,35 à 0n>,60 ; haut. = (i™,20. (Voy. Labres.) Syn. : 0kl ivife, Wrasse, angl. — Chrac'U, breton de Tréguier. — Gwrach, gallois. —Brassy, écoss. — Grac'h, breton de Vannes. — Groach, bret. de Douarnenez. — Grivret à Concarneau. Corps de forme ovale, élégante, régulière. Lèvres épaisses et charnues, formant museau. Opercule, préopercule et sous -opercule écailleux, sans dentelures. Dents for- tes, coniques, allongées par devant, bouche petite. Dents pharyngiennes en pavés {fig. 10^7 et lOiS). Nageoires. Dorsale 20 -f- Il rayons. Pectorales = 15. Ventrales = l-|-5. Anale =3 -+-9, et caudale =13. ^.^ ,0^3 _ ^^^^^ Ces poissons abondent auprès des côtes rocheuses où ils se trouvent pharyngiennes supé- réunis sans cependant former de troupes nombreuses. Ils aiment le bord des rieures de la vieille rochers et se nourrissent de petits coquillages, d'oursins, surtout de vers ma- '■°"8'' [Labrus albi- .,,.„, , , > uenMsl.Les deux ma- rins et de crustacés dont ils brisent 1 enveloppe au moyen de leurs os pha- choires tiian^uiaires ryngiens fortement dentés. ne sont pas soudées. La couleur de l'espèce commune est belle : le dos est bleu-verdàtre à reflets, passant au bleu nacré sous le ventre et tout le corps est couvert d'un réseau de mailles oranges aurore, brun sur le dos, rougeàtre sur la tête et sous le ventre. Les nageoires sont bleues. Les pectorales seules sont orangées. La lèvre supérieure et le dedans de la Louche d'un beau vert, l'inférieure blanche. Le ventre est ordinairement blanc nuancé de jaune; les couleurs de toutes les écailles sont changeantes et plus vives chez les mâles que chez les femelles ; ces écailles sont si dures que, pour faire cuire le poisson, on est obligé de passer dessus un fer rouge pour faire crisper les écailles et permettre de les détacher. 830 VIEILLE. On désigne les diirérentes variétés sous le nom de Vieille rouge. Vieille jaune, Vieille verte, etc., suivant la prédominance de la couleur principale. La Vieille verte oll're souvent un réseau bleu, tandis que l'on trouve une disposition tout à fait contraire chez celles dont le corps est blanc-porcelaine, à réseau rouge. Les lèvres sont brunes dans cette dernière variété et se relèvent pour en laisser voir une autre paire blanche qui recouvre des dents blanches et transparentes. "'x^^^i^^^'^'^^^S^^' Si maintenant nous contemplons ces admirables poissons dans leur élément, les couleurs dont ils sont revêtus nous pamitront tout autres. La Vieille verte semble noire, avec une raie argentée sur les flancs, en long, suivant la ligne des pores. Son œil blanc-verdàtre a un aspect fantastique, auquel s'ajoute une pupille noire marquée de f'ijr. 104!'.— Dents phaiyugienncs rOUge aU bas. inft'iicurcs de la Vieille rouge La Vieille brune OU rouge, au contraire, est zébrée, comme la = 7. Noire, marbrée de blanc à sa partie postérieure. D^ = 28, marquée de petits points bruns et de marbrures blanches, quelquefois jaunes à sa base. A = 2 + 30, portant une bande longitudinale jaune ou brune. Le tiers postérieur de la caudale est noir. Cette nageoire porte des taches brunes bordées de jaune ou mêlées de taches jaunes. Les ventrales et les pectorales sont de la même couleur que le fond de la robe. La Vive araignée a le museau plus court, plus vertical, les yeux plus petits et moins rappro- chés que la Vive commune. Sa hauteur est contenue cinq fois et un tiers dans sa longueur. Co HiO VOIX. poisson atteint parfois un poids de 2 kilog. ; ilse tient ordin.iiromcnt dans les profondeurs et sa chair est plus savoureuse et phis eslim(''e que celle de la Vive couimunc. VIVE A TACHE NOIRE. — (Voy. VlVE ARAIGNÉE.) VIVE A TÊTE RAYONNÉE (Trachinus radiatus, Cuv. et Val.). — Acanlliopt. INr- coïd. thoraci(i.Long. niax. =^ ()"',;{5. Cette Vive, plus petite que la précédente, est d'un '^ns hvun roussàtre, marquée de points bruns sur la tète. Le dos et le haut du flanc portent di- grands anneaux bruns ou noirs, irréguliers, entre lesquels se montrent des taches pleines plus petites. Ces ainieaux sont disposés en trois sé- ries : 8 ou 9 le long de la ligne latérale où ils sont le plus grands ; 15 le long du dos et 5 ou G le long des flancs ; mais il y a beaucoup de diversité à cet égard, et chez les vieux individus, le tout se confond en devenant nuageux. D' ^6. Noire avec du blanc à la partie postérieure. D^ = 35. lîlanche, portant du jaune à la base, et trois séries longitudinales de taches brunes ou noires. A = 1 + 2C. Gris roussAtre. C = 13. Grise à bord noirâtre et à taches brunes. P = 10. Grise roussàtre. V = l — 5. Grise roussàtre. Cette Vive est plus courte à proportion que les autres espèces, car sa hauteur n'est jamais con- tenue 5 fois dans sa longueur. Les deux pointes de son sous-orbitaire sont plus saillantes que chez la Vive araignée; le crâne et l'anneau des sous-orbitairessont garnis de points rugueux rayonnant au- tour de certains centres, comme chez les Trig/es. Ce qui dill'érencie surtout cette Vive des autres espèces, c'esl qu'elle porte sous la pectorale un repli de la peau rejeté eu arrière, en forme de pointe courte, plate et ilexible, repli que les autres Vives ne possèdent qu'à l'état rudimentaire. VIVES-EAUX. — C'est le synonyme de ma)re ou flux de la mer, par opposi- lion ;i la morte eau, quand la mer est toute retirée, et que le reflux est complet (Voy. Laisse de basse mer.) VIVIDUS [Trachinus]. —(Voy. Vive.) VOIX. — Chez les poissons l'air est avalé en même temps que l'eau où il est dissous; cet air passe entre les lames des branchies et est expulsé par le mouvement spasmodiiiue de celles-ci en même temps que l'eau. La respiration se fait donc par déglutition et non par aspiration; il n'existe donc pas de larynx chez ces animaux, par conséquent point de voix. Le bruit plus ou moins remarquable que quelques-uns font entendre tient sans doute à des mucosités placées soit dans les ouïes, soit dans la bouche on ne sait rien de bien fixe à cet égard, pas même si l'émission du bruit est réelle pour tous les poissons auxquels on l'attribue. (Unier et Valenciennes ont observé que le Barbeau commun de notre pays rendait, de même que d'autres Cyprins, un son guttural très-prononcé dans les baquets où on le mettait après la pèche. Ces poissons produisent ce son dans /eaM,remar(iuent les célèbres naturalistes, et, dans ce cas, aucune bulle d'air ne s'échappe ni de leur ouïe, ni de leur bouche. Ils avouent ne pas con- naître le moyen que l'animal emploie pour produire ce bruit, et le rapprochent de celui des Trigles, des Cottes, etc. La Sardine crie comme la souris eu mourant (voy. Sardine); le Hareng pousse un gémisse- ment que les Anglais appellent Sr/upok. Les Loches d'étang, etc. [Colntis) font, toutes^ entendre un bruit distinct quand on les prend. Les Allemands les ont appelées, de ce fait, peisfer, àepf'eifer, silHeur. On en était là des observations sur la voix des poissons, et nombre de naturalistes distingués traitaient d'exagération les rapports de voyageurs aflirmant que les eaux lointaines de l'autre hémi- sphère renfermaient des poissons — non plus grognants — mms c/iantants. Peu à peu le jour tend à se faire sur ces questions si curieuses, et l'existence des poissons émettant des sons variables nous est attestée en plusieurs endroits par des voyageurs absolument dignes de foi. Au Cambodge, un de nos amis, M. Lemesle,a trouve'', pendant son voyage scientifique, des poissons chantants dans un grand lac du pays. Il devait arriver tôt ou tard que la pinsique vint étudier ces phénomènes qui semblaient inexplicables : elle est venue, le scalpel à la main, et n'a pas encore élucidé complètement la ques- tion ; cependant les travaux faits en ISCG par M. A. Moreau sont curieux et intéressants. « L'expé- rience, dit-il, que je vais citer, montre que le son se produit, chez les poissons, sous l'inllueuce des nerfs comme la voix dans le larynx des animaux supérieurs. Les Trigles font entendre un son particulier qui les ont fait appeler Grondins par les pécheurs. Les noms de Xûpa (lyre) que l'on trouve dans Aristote, d'oryono (orgue) qui est employé en Italie pour désigner certaines espèces, semblent empruntés à la fonction de phonation. VLK. 8il « Voici ijrièvement les dispositions aiinfomi([iies. u Dans le genre Trigle,— et en particulier cliez le Trigle hinmdn,— la vessie natatoire possède dos muscles épais et forts. Ces mnscles, qui, vus au microscope, olTrent la fibre striée, rec-oivcnt deux nerfs volumineux naissant de la moelle épinière, an-dessous des nerfs pneumogastriques et tout près de la première paire dorsale. La membrane muqueuse de la vessie natatoire forme, en s'ados- sanl à elle-même, un repli ou diaphragme qui subdivise la cavité en deux cavités secondaires, com- muniquant entre elles par une ouverture circulaire analogue à l'ouverture pupiUaire. Ce diaphragme est assez mince pour pouvoir être examiné au microscope sans préparation. On distingue nette- ment des fibres circulaires concentriques, situées au pourtour do l'ouverture centrale, et consti- tuant un sphincter dans lequel viennent se perdre des faisceaux de fibres musculaires dirigées per- pendiculairement aux tangentes de ce cercle. Les fibres circulaires et les fibres radiées ne sont point striées comme les fibres des muscles des parois de la vessie natatoire; elles sont lisses. « Ces diaphragmes existent plus ou moins complets dans plusieurs autres genres de poissons, et, en particulier, chez \eZeus f'aber, qm produit des sous analogues à ceux des Grondins, comme les pêcheurs l'ont observé de tout temps et comme je l'ai moi-même constaté. Les muscles de la vessie natatoire du Zeus faber reçoivent des nerfs venant de trois paires racliidiennes. « Au mois d'août 18(j3, je sacrifiai un Grondin par la section de la moelle au-dessus de la région dorsale, et ayant ouvert l'abdomen, j'appliquai un courant électrique faible sur les nerfs qui vont à la vessie natatoire, Aussitôt les sons caractéristiques, que j'avais entendu l'animal produire volontairement pendant la vie, se répétèrent. J'appliquai le même courant sur les muscles de la vessie natatoire, mais sans résultat; m'étant ainsi assuré que la contraction des muscles n'était pas due à des courants dérivés, mais à l'action physiologique du nerf excité, j'augmentai l'intensité du courant et j'excitai de nouveau les muscles. Les sons déjà caractéristiques observés se reproduisirent; semblables à un grondement sonore et prolongé, ils furent entendus par des personnes situées à plusieurs pas de distance. J'ai ensuite, d'un trait de ciseaux, coupé l'extrémité inférieure de la vessie natatoire. La cavité inférieure de l'organe a été ainsi ouverte; le diaphragme et l'ouverture centrale qu'il présente sont devenus visibles. Alors j'ai de nouveau galvanisé les nerfs, et j'ai vu d'une ma- nière très-manifeste le diaphragme vibrer pendant tonte la durée de la galvanisation. Ces vibra- tions du diaphragme n'étaient pas sonores dans ces conditions. Il convient d'en appeler à de nou- velles expériences, que je me propose de faire pour déterminer avec précision le rôle de ce diaphragme dans la phonation des poissons. Cl Dernièrement, en ISOC, M. Dufossé s'est assuré (\ue,\&?,Snu)-els ou Maquereaux bâtards (Ca;'n?(a- Tnrliui'us)^ ont réellement une voix, c'est-à-dire qu'ils produisent des sons au moyen du frottement des os pharyngiens entre eux. 1! les a épiés pendant six heures dans l'eau et les a entendus. Pour les réduire au silence, il n'avait qu'à introduire une lanière mince de peau de gant entre les as- pérités des pièces osseuses pharyngiennes. « On soupçonne niaiutenant que la structure singulière des Donzel/es {Ophidium) à vessies na- tatoires compliquées, avec un refouloir ou piston, peut avoir pour Lut de produire des bruits parti- culiers qui seraient des sortes de signaux ou d'appels comme la voix des animaux. » VOMER. — Le Vomer est un os impair de la tête qui se trouve au palais entre les deux narines; il tient aux os jugaux et aux palatins; dans les pois- sons il est souvent armé de dents. La forme est remarquable et rappelle grossièrement celle , d'une épée à deux mains ou d'une croix [fig. io.s.3}. Les pêcheurs croient avoir remarqué une commune me- F'kj. 1053. - Vonicr. sure entre cet os et la longueur de la gueule de l'animal qui le porte. Ils prétendent que tout poisson, — c'est bien absolu ! — contient dans son coips sept fois la longueur de l'os de son palais ?... Nous l'avons vérifié, et, sur la plupart des poissons d'eau douce, cette mesure est approximativement exacte. VRAC. — Nom breton de la Vieille. (Voy. ce mot.) VUE. — (Voy. Yeux.) 842 ZYGÈNE. X XIPHIAS GLADIUS. — (V(,y. Rsi adon.) XYRICHTHYS CULTRATUS. - (Voy. Hason onoiNAinE.) YEUX. — Les yeux des Poissons sont grands en raison du peu de lumière répandu dans l'eiemoiit ftù vivent ces animaux. Ils ont peu de mobilité et sont dépourvus de glandes lacrymales et de vraies paupières ; la cornée en est très-aplatie , mais par compensation le cristallin est pres(|ue sphérique ; enfin la peau passe devant ces organes et y devient transparente pour laisser traverser la lumière. Nous avons représenté ici une coupe horizontale de l'œil d'un brochet (fig. 1054). Il est facile de voir le cristallin avec sa forme presque sphérique, et la cornée au contraire très-aplatie. L'organe le plus remarquable est en c, où l'on voit un repli folcifornie delà choroïde qui fait saillie dans le corps vitré à travers la rétine. L'en)pIoi de cet organe est inconnu. ZEUS APER. — (Voy. Sanglier.) ZEUS FABER. — (Voy. Dorée.) ZËE. — (Voy. Dorée.) ZYGŒNA [Squalusl — (Voy. Marteat commin. ZYGÈNE. — (Voy. Mahtkau.) FIN. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES Nota, — Les aaléiisques, à la suite d'un mol, représonlenl les gravures qui accompagnuiit l'arlicle dans I9 li'Xial un (c) indique une figure coloriée. Abl.e 1 Able (Genre). 1 Ables des eaux de rraiice. 3 Ablet 4 Ablette 4 Ablette commune (c^ 4 Ablette albunioide G Ablette biponctuée G Ablette de Fabre. G Ablette Hachette G Ablette mirandelle 7 Ablette spirliii 7 Ablier 7 Abramidopsis 7 Ahramù 7 Ahramus-abiarno i-nii/ux. . 7 A hramus bjœrkna 7 A bramus biicca 7 Abramiis brama 7 Abrami'S bugf/eiiltoyii. ... 7 Abramus Gehini 7 Abramus Heckelii 7 Abramus Leucliurtii 7 Abranches 7 Abusseau 7 Acu/ithopsis rubaué 7 Acanlhoptérygiens 8 Acariie 8 Accrues (*) 8 Acerina (Genre) S Acerina cernua. •) Achées (**) î) Acipenser (Genre) l o Aapenser sturio 10 Achon 10 Acon 10 Aculeatui 10 Aciis 10 Adipeuse 10 Aesche U Aesseau Il Agrioii (*) Il Agûeille ... I Agugliat 1 Aguije I Aguilla 1 Aguillat 1 Aguio 1 Agulia 1 Agulio 1 Aiche 1 Aigle 1 Aiguillât (*) 1 Aiguille 12 Aiguille à enferrer le pois- son vif. 12 Aiguillette 12 Aiguillère 12 Aiguillon 12 Aiguiser les hameçons.. . 12 Air 12 Ala-lonya 13 Alandt 13 Alausa commiuiis 13 Alausa finta 13 Alaouzo 13 Alba 13 Alburnoït/es cijprinuf .... 13 Albur7ius ifieinQ) 13 Albwmus bipunclatus 13 Alhurnus ci/prinus 13 Alburnus dolabratus 13 Alozat 13 A/burnw! Fubrei 13 Alhurnus ludilus 13 Alburnus mirunddla 13 Alesne 13 Alevin 13 Algues (*) 13 Alignole 14 /l/Oi-a (Genre) IS Àlosa clupea 1,S Alosa commuuis 15 Alosa finta 15 Alosaou . Alose (Genre) Alose bâtarde Alose commune , Alose feinte (*) Alose rousse Alosière Alvin Amairade Ambre Amertume.... Ammocœte {*> Ammocœle branchiaUs, . Ammodytes lancea. . . . , Amont Amorces Amortis Amoutelle Amplora Amures Anales Anarrhique loup (*). . . , Anatomie des poissons. Anchiore Anchois Anchoye Anchon ou Anron Anchoubet Andouille Ane Anfounssou Angayre Ange de mer \*) Anghialo Anghillo Angi Anguielle Anguilla Anguilla aculiroslris. ., Anguiltu mediorostris- . . Anguilla latiroslris. ... An'juilla vulyaris 15 15 15 15 IG r 11 19 19 19 20 25 25 25 25 25 25 2G 2G 2G 28 28 28 28 28 28 28 28 29 29 29 29 29 29 29 29 29 844 TABLE Anguille ((Jenre) Anguille chien Anguille à bec nioyi m. . . . Anguille à large be(' .... Anguille à long bec Anguille coniniune ('■*'' . Anguille do nier Anguille pim|iernc;ni\ .. . Anguille verniaux Anguillière Anguillifoinics Anmaillade Anneau ;*) Anneau à décrocher ('). . . Anneaux {*) Annélides i****) Anodonte (*) Anoii Anus Anxchois Aiiuse Août Aphorisme:* Apiet Apogon commun Apophyses . Appâts ^***) Appâts artificiels Appâts de fond Appât vif. Appâts par espèces et sai- sons Appelet Apron (Genre) Apron commun (") A'/ihld Arace Arache Araigni'e (*) AralgiiCJ de mer (*) Arbalète. Arbres à enivrer les pois- sons Archet [*) Arcs branchiaux Areignole Arénicoles (*) Arête(*). Aryeiiteui Aricie Arlequin Armaillade Arphye Arrain goriia Arrose Arselin Articulés Aspe Aspect de l'eau ALPHABKTIUUE DES MATIÈRES. ;9 21) 2'J 29 2!) 19 40 iO 40 40 41 41 41 41 43 4i 4 1 45 45 45 45 45 45 4(J 40 4 G 46 48 48 48 48 48 49 49 iO ôO 50 50 51 52 52 52 53 53 53 53 53 53 54 54 54 54 54 Aspe>- perçu Aspic Aspius cyprinus Aspro (Genre) A^pro vulfjaris Assa fœtidu Assée As/acus serifitifi Asticots l******J Aston Astroderme élégant At/ierina fiepsetus Atherina presbijter Athérine (Genre) Athérine Joël Athérine prêtre Athérine roseré (*) Athérine sauclet Attaque des poissons d'eau douce Attaque des poissons de mer Atterrir... Aubour Aubussenu Aucoji Âumées Auratus cypii u< Auriol Aussière Aval Avalette Avancée (**] Avantage (**j Aven (l'éclie à 1'; Avoine Avril Bâche traînante Bâche volante Badail Bahon Balance (*) Balance [filet] (**). .. Balances doubles (*J. . Baleine Balistc caprisquc Balle y**) Balle rendue.. .... .. . Balles percées Balnettes Bambèle BamLou Bande de filet Bandingue Bannière (*) Bar ou Bars commun. 5fi .5(; 5(; 50 5(; 50 50 50 50 58 58 58 58 58 58 58 58 59 59 01 G4 64 04 04 04 04 04 04 05 05 05 08 09 09 09 Barbarin . lidvbdtula Barbeau (Genre) Barbeau commun (**; ;c]. Barbeau méridional Barberin. . .. - Barbette Barbier foninmn , Barbillons Borboteau Barbote Barbude Barbue CnriM5 (Genre) Barbus cyprinus liarbus meridin'inh's Barigne Barrage Barreau Barscli Bas de ligne. . .... . . . Bas élaliers Bas -fond Ras parcs (*) . . . . Bassin Bastude Bâtis Batraciens(**'" ') Batte Battude Battude à trois nappes .. Battude de poste Battude du large Baudroie (*) Baulïe Bavard Baveuses Bayonnette Bec Bécard Bellée (**) , Béiiastre , Béquet , Berga Bertonneau — Bertoulane Bertoule. Bertoulciis Berloulelte Bestinara Bézole Bicherière Bichctte (*) Biècliarié Bigareyre Bigeareyns , liipnnctatus ci/pritins. . . , Bire Bisgurn 77 77 77 77 79 79 79 79 80 80 80 80 80 82 82 82 82 83 83 83 83 83 83 84 84 8i 84 84 84 85 86 86 86 86 86 8G 8C 86 86 80 80 80 87 87 87 87 87 87 TABLE AL Ditord 8: liliigeoii 87 IMaiichailIo 87 IJlanche 87 Blanche mi'lie 87 Dlanquelte 87 Blaquets ou Dlanches 87 Blé(*) 88 Blennie alpestre 91 Bleniiie cagnette (*j 91 Bliccopsis 91 Blickes 91 Blizon 91 Bœufs 92 Bogue{*) 92 Bogueravel 9*2 Boguière 92 Boire un poisson 92 Boironnière 92 Bois-de-Boc 92 Boisseau 93 Boîte à asticots (***) 93 Boîte à grillons, sauterel- les, hannetons, etc. (*J. 94 Boite à mouches (***)... . 9'» Boite à vers (**) 95 Boite au vif i*j 95 Boitte 9C Boitte blanche 90 Bomarenque 9G Bond 90 Bonite (*) 90 Bonite rayée 97 Borde 97 Bordelière 97 1,'order un filet 98 Borigue 98 Boroche 98 Bot 98 Boteau 98 Botto 98 Bouche 98 Bouches en flûte 98 Bouchon (*) 98 Bouchon carré t*) 100 Bouchots 100 Boucle (*) 100 Bouclée lOl Bouées t***j 10 1 Bouffer lOl Bouguillère 101 Bouiller lOl Bouirons 101 Bouler lOi Boulereau 101 Boulettes lOl Boulièche lOl Boulliche 10 1 BouUicr ou Bouliière 101 PlIABÉTIQUE DES MATIÈRES. Bouloir 102 lîouquetout 102 l'.ouquets 102 lîouraque etBourague. ... 102 Bourdiguc {*) 102 Bourgin 102 Bourgne ou Bourgnon 102 Bourlotte 102 Bourrées 103 Bourriche (**) 103 Bour.-al 104 Bourse 104 Bourset lOi Bout-de-Quièvre (*) 104 Boutargue 104 Bouteux 1**) lOi Bouteux à queue de \er- veux 105 Boutique à poisson 105 Bouvière (Genre) 105 Bouvière anière (*) 105 Bouyer lOC Bouyerouns 106 Branchiaux!**) lOC Branchies (**) 107 Branchioslège [membr.] (*j 107 Branchlostèges (rayons). . . ' 107 Branlette 108 Bras 108 Brégel 108 Brégin 108 Breige 108 Brelot 108 Brème (Genre) 108 Brème bordelière 108 Brème commune 108 Brème de Bùggenhagen. . 1 10 Brème de Géhin 110 Brème rosse (*) llO Brème de mer, noire 110 Brème de mer 110 Bresem 11 Bresseau 11 Breteau 11 Bretellière. 11 Brette ouBreltelièrc 11 Brette 11 Bricole (*******) H Bricoler un poisson H Bricoles (****) 113 Brider un filet à mailles en losange 116 Brigue IIG Brigue bâtarde 110 Brochet (Genre) 116 Brochet commun *"*) [c]. 110 Brocheton 121 Broquer 121 Brouchet 121 Buchot Buliauticr. .. Buiron Burratscl el. 815 121 121 121 121 G Gàblières (***) 121 Càblières [gr.indes] (****). 122 Gàblières [petites] (*),.... 124 Gahossou 125 Cabot 125 Caboutière 125 Cabussière 125 Cagarel 125 Cagarelle 125 Cage 123 Cagnetta .... \lh Cahuhau 125 Caille 125 Cailleux-Tassard 125 Calappe migrane (*) 125 Caleii (*) 12G Calendrier du pécheur.. .. 120 Caler 133 Callionyme lyre 133 Callionyme bélènc 1 30 Callionyme de Lesueur. .. 133 Callionyme de Risso 133 Calmar (**) 13 i Calus 134 Cambrure de l'hameçon.. 134 Camboroutière I3i Camphre 131 Canard 134 Cancer menas 134 Canceriens 134 Canestcau (*) 134 Canis acantfiia? 135 Cannât 135 Cannes à pèche (Choix) .. 13') Cannes à pèche (Confccl.). 130 Canne i\\e{*********-**). ... 115 Cannes pour la mer 147 Cannier lis Canthère (Genre) liS Canthère giise (*) 148 Cantonnements 149 Capelan (*) 149 Caramassou 150 Caraiigue ... 15" Caronx trachunn 150 (]ardaire I50 Carnet de recoimaissance. l.'.O Carnier de péclie (***j 15') Carousche ou Carojche noire 151 Carou?chc blanche 151 Carfic (Genre). 151 846 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Carpe (os) 1 r)2 (larpc t'i cuir , 152 Carpe à la lune 152 Carpe à miroir (*) 152 Carpe bouvière 153 Carpe carrassin 153 Carpe de Kollar 153 Carpe de mer 153 Carpe-Tanche 153 Carpe vulgaire (c) 153 Carpeau de la Saône 1 5G Carpio 156 Carrassin 156 Carrnssius 157 Carré 157 Carreau 157 Carrelet 157 Carrelet goujonnier 158 Cartilagineuse (Nageoire). 158 Cartilagineux (Poissons).. 158 Casier (**) 158 Casse 159 Castagneux , 159 Caslagnole 159 (^astagnole ordinaire (*)... 159 Castration 160 Castric 160 Catonière ou Catenière.. . 160 Caudale (Nageoire^ (*) 160 Caudrette (**) 161 Ceinture hume.rale 162 Célan ou Célan gardon 1 62 Célerin 162 Cendrée 162 Centrolophe pompile 162 Centrolophu9 pompilus... 163 Céphaloptère giorna 163 Cerfeuil ou Cherfeuil 163 Cerise 163 Cernua 164 Cerveau 164 Cervelle crue et cuite 164 Cliaboisseau 165 Chabaou 165 Chabot 165 Chabot commun ou de ri- vière 165 Chagrin 167 Chaîiiotle pour Brochet.. 167 Chaillot 167 Chaluc 167 Chalue 167 Chalut (*) 167 Chalut à chevrette 168 Chalut (Petit) 168 Chamsot 168 Changement de couleur des poissons 168 Chapsot 168 Charchignots 16S Chardiat 16S Chardon 16S Charin 168 Charr 168 Chasse 168 Chat(*) 168 Chat-Rochier 168 Chatouille 168 Chatte 168 Chaudrette ou Chaudière. 168 Chaux 169 Chêne 170 Chénefer 170 Chènevis 170 Chenilles (***) 170 Cherfaix 171 Chérin 171 Chevalier 171 Chevesne (Genre) 171 Chevesne ou Chevenne... 171 Chevesne commun (**) [c]. 171 Chevesne méridional 177 Chevesne treillage 177 Chèvres 177 Chevrettes (*) 177 Chevrotièreou Crevotière. 178 Chicharon 178 Chien de mer 178 Chien de mer, ange 178 Chiffe 178 Chinchard et Chinchare. . 178 Chiqueur 178 Choix des insectes artifi- ciels, suivant les mois Choix des insectes artifi- ciels, suivant le temps Ghondroptérygiens abdom. ou à br. fixes 182 Ghondroptérygiens à bran- chies libres 182 Chondrostoma cœrulescens. 182 Chondrostoma Dremœi... 182 Chondrostoma rhodanensis. 182 Chondrostome (Genre).... 182 Ghondrostome bleuâtre.. . 182 Chondrostome de Drème. . 182 Chondrostome du Rhône.. 183 Chondrostome nez 183 Chouan 183 Ghouche 183 Chrysophrys 183 Chute 183 Cibaudière 183 Circulation (♦*****) j8.3 Cire 185 Gire à cacheter 1 85 Civelle 185 Claie 186 Clairets 186 Classification 186 Clavata 188 Clavel 188 Clavicules (*) 188 Clef 188 Cloche 188 Clupea hnrengus 188 Clupea ru fa 188 Clupea sardina 188 Clupea spi-attus 1 88 Clupée rousse 188 Glupéoïdes 188 Cobitis 189 Coche 189 Cœur 189 Coiffe 189 Cola, Colac, Colas 189 Coliart 189 Collas 189 Colin 189 Colleret 189 Collet 189 Colorations diverses des poissons 189 Gommètre 189 Concombre 190 Confection des cannes. . .. 190 Confection des grelots (****). 190 Confection des lignes de fond (**********♦) iQj Congre 195 Conservation des asticots. 197 Conservation des Chêne- fers 198 Conservation des vers de terre 198 Consommation générale du poisson 199 Coq de mer 199 Coque du Levant 199 Coquette bleue 199 CoquiUon 200 Coracin noir 200 Coracin vulgaire 200 Coracoïdiens (os) 200 Corbeau 200 Corbs noir 200 Corcerons 200 Cordées 200 Cordes 200 Cordes dormantes 201 Corde filée 201 Cordes flottantes 201 Cordons 201 Corcgone 201 Coiégonc maréue 201 TABLE Corogonc marénule Corégone palëe Corégne Ihy maie Corégone Wartmanii Coregonus thi/tnalu? Corneau Cornets Cornouiller Corpou Corps de rechange Correes Corjphène Cotereaux Côtes (*) Cotte scorpion (*) Coi tus gobio Coudre Coudrier Couffe de palangre (*) Coulac Coule Coulette Couleurs des poisson^. ... Couleurs des corps de li- gnes Couleur des œurs des pois- sons Coup Coup (Pèche au) Couple ( Pèche au grand) \*). Courantille Courlazeau Courtequeue (*) Courtine Couver et couvereau Couvert Couverture Couvreau ou Convreau et Couvriau Crabe (Genre) (*) Crabe commun Crabe enragé Crâne (*) Crangon commun (*) Crangon vulgaris Crapaud de mer Craquelins Créac Créac de Buch Crénllabre (Genre) Crénilabre à ventre blanc . Crénilabre mélops Crénilabre petit Crenilabrus Crêpe Crelon.. .' Crevette franche Crevette grise Crevettes . ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. 847 20 203 203 203 203 203 203 203 204 204 204 204 204 204 204 205 205 205 205 20G 206 20G 20G 2(!C 207 207 207" 207 208 208 208 208 208 208 208 209 209 211 211 211 212 212 212 212 212 212 212 213 213 213 213 213 215 215 215 215 Crevons Crin Crin de florencc Crin marin Crin tordu (*) Criquet (*j Criquette Crochet Crônest Croupalière Crousille Crues Crustacés Cténolabres (Genre) Cténolabre des roches (*). Ctenolabrusrupestris Ctenolabridœ Cuculus {Raja) Cuiller (*) Cuisson des graines Culasse Cumin Cunette Cyclométopes Cyclopère Cyclostomes Cijprinopsis Cyprinopsis auraiw; Cyprinopsis carrassin Cyprinopsis gibelio Cyprins .. .. Cyprin carrassin Cyprin doré de la Chine ;C.). Cyprin strié Cyprinides Cyprinus Cyprinoïdes 215 215 21G 21C 2IG 217 217 217 217 217 217 217 218 219 219 220 220 220 220 222 222 222 222 223 223 223 223 223 223 223 223 223 223 224 224 224 224 Demoiselle 234 Démonté 234 Denté 235 Dents (* 235 Dactyloptère de Laroche. . 226 Dactyloptère volant {*).... 226 Daine 227 Dali 227 Dalots 227 Dard 227 Darddel'hameçon(********). 227 Daurade (Genre) 230 Daurade à museau renflé. 230 Daurade vulgaire (*) 230 Débroquer un poisson .... 232 Décembre 232 Déglutition 232 Dégorgeoir;**) 233 Demi-cercle 233 Demi-clef (***) 233 Demi-enceinte 234 Demi-folle 234 Dcmi-ricux 234 Dents en carde 236 Dents en velours 236 Dents pharyngiennes (****** ***♦♦*♦*♦♦»*■. ^ ^ ^ ^ 236 Dontiilac et dentillade.... 239 Denton 239 Dévriller la soie d'une li- gne 239 Diable 240 Diable de mer 240 Diana 240 Didaux 240 Digestion (**) 240 Digon ou Angon 241 Diguyeaux 241 Dimanche 241 Dimensions légales 24 1 Discoboles 243 Dobula Cyprinus 243 Dobule 243 Doigt.., 244 Donzelle blacode 244 Donzelle brune 244 Donzelle commune (*) 244 Dorade 245 Dorade de la Chine 245 Dorée (G.) 245 Dorette 246 Dormille 246 Dorsale 246 Dorsibranches 247 Doucet (*) 247 Doumaizêlo 248 Dragonnet 248 Drague(*) 248 Drainette 249 Dranet 249 Drège ou Dreige ,*, 249 Dréligny 250 Drinneguet. 250 Droits du pécheur à la li- gne en mer 250 Droits du pêcheur à la li* gne flottante, en eau douce 251 Dromie {*) 252 Drouillet 253 Duits 253 Durée de la vie 253 Durgan 253 E Écailles (*****♦***♦**). Écharde 253 255 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. fichovcau de chanvre Échiquier (***) Échiquier rond Écluse (l'èclie à i'i Écrevisse fluvial Ile (*) Écrivain Égrefm Éguillelte Eissaugue (*) EUerclier Énierillon (•♦***) Érnissole Empératour et Empereur.. Empilage (^■'***************** Empile (*****) Empiles en corde filée. . . . Empiles en échevcau Empilure Emploi des esches Enard Eiiclielyopus Encornet Enferrer les esches diver- ses Enferrer un poisson vif à l'hameçon (****+*; Engamer Engins de pèches spéciales . Engourdissement Enguielio Enlarmer un lilet Enquette Entière grande Entonnoir Entour Entozoaires chez les pois- sons Entremaillade Entremeaux Enture Épaule Épaulement double et sim- ple (*) Épée Eperlan Éperlan commun (*) Eperlan de la Seine Epervler ^********) Épervier dormant Éphémères {***) Épinarde. Épinaude Épine Epine noire et blanche. . . Épine-vinetle Épinetle [Pèche à 1'] Épingiolte Épinuciie 255 265 258 2Ô8 258 2(>2 202 2C2 2G2 2G3 2C3 26i 2C4 2G4 2G8 209 2C9 209 209 274 274 274 274 274 277 277 277 278 278 278 278 278 278 278 278 278 278 278 279 279 279 279 281 281 280 286 287 2S7 287 287 288 288 288 189 Épinoclie aiguillonnée (*). Epinoche demi-armée (*). Épinoche demi -cuiras- sée Épinoche de mer Kpinochette (*) Eponge {*) Époque du frai des diffé- rents poissons Épuisette (**) Équilibre des cannes à pè- che Équil!e(*) Érable Krling Eryt/iropht/ialtnus cypri- niis Escarabissé Escarpo Esches, Esclier Esches par espèces de pois- sons et par saisons Escombrière ou Combrière. Esnards Esoces Esox belone Esox lucius. Esox spfiyrœna Espadon épée (*) . Espadoun Espart Espens Esprot Esquale Essences diverses Estancelin Esteclin Estomac Estouejres Estroppe Esturgeon Esturies Eslurioun Élalière Étiquette Étrille commune (*) Étude d'une rivière Étudies Évent Exglutition Exocet (*} Exoceiuaexiliens 288 289 289- 290 290 291 291 291 292 293 294 294 294 294 294 294 294 294 295 295 295 295 295 295 :96 290 290 2&G 296 206 297 297 297 -97 297 297 298 298 298 298 298 298 298 298 298 298 299 Fabrication des cannes à pêche 300 Fabrication des lignes ("*** ********) 3^0 Fabrication des mouches artincielles 304 Fagot 304 Farillon (*) 304 Fario [Salmo) 304 Fastier 304 Faux 304 Faux Blaquet 305 Faux Eperlan 305 Faux Gangiii 305 Feinte à gros œil 305 Feinte bretonne 305 Feinte noire 305 Fer à cheval 305 Fera (*) (C.) 305 Ferrer 307 Fers à écrevisse. ....... 308 Feu (Pèche au) 308 Feuilles 310 Fèves de marais 310 Février 310 Fichoir et Fichouira 310 Fico et Figo 310 Fil 310 Filadière 310 Filât 310 Filer le crin 310 Filet 310 Filet à cercles, dit Bourri- che (**) 310 Filet à poche 311 Filet carré long 311 Filets carrés 311 Filets contremaillcs 311 Filetsdemain 311 Filets dormants ^. 311 Filetsfixes 311 Filets flottants 312 Filet pour amorces vives (**J 313 Filet rond, cylindrique ou conique 314 Filets traînants 314 Filoche 310 Fine 310 Finette 310 Fixation du temps de frai. 3i6 Flambeau 317 Fias .. 317 Flassade 3l7 Flatan 317 Flessics 317 Flesus (Pleuronectes).. . . 317 Flet ou Fiez ^*j ? 1 8 Flet 318 Flétan (*j "... 319 Fletelet 320 Fleurins 320 Flie 320 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 8if) Flomlre Florence Flotan Flolîcs (*■•********♦*+******* Flottées Fine FkUe ou Mulet de mrr. .. . Fhwiati/is {l'erca) Focne (*******) Folle Folle tramaillée Forgeron Forme des bateaux de pè- che Forme générale des pois- sons Foscine Fossés à poisson Fouanne Fouet (Fil de) Fouelter Foufre Fougère Foule (Pèche à la). Fourcade Fourche à canne (**) Fourchette (*) Fourmis (**) Fourquette (*) Frai Franc-Blaquet Frêne Fretin Frigane jaune (***) Fromage (Pèche au) Fucus Fullonica [Raja] Furet Fusain Fusil (Pèche au). Gabot Gadoides Gade ânon et Gade Had- dock. Gade long et Gade molve. Gade Poilack Gadus antiquorum Gadus bavbatus Gadus colinus Gadus lougus Godus Iota Gadus merlangus Gadus merlucius Gadus molva Gadus pollachius 3-20 320 321 321 330 330 330 330 330 333 333 333 333 333 334 334 334 334 334 337 337 337 337 337 338 338 338 339 339 339 339 339 341 341 341 342 342 342 3'i2 343 343 343 343 343 343 343 343 343 343 343 343 343 Gadus virescens 34o Gagarellus (Smnrii] 343 Gai 343 Galanga 343 Galeus (Scjualus) 343 (ialinette et Galine 343 Galino 343 GandoK*) ,.... 343 Gangui à chevrettes 343 Gangui à deux bateaux. . . 343 Gangui à la voile 343 Gangui à un seul bateau (*j. 343 Garbelle 3i4 Gard 344 Gardon (Genre) 344 Gardon i**) 344 Gardon de Sélys 345 Gardon pâle (*♦) 345 Gardon rutiloïde 345 Gardon vengeron 345 Garole 345 Gascanelle et Gascanette.. 345 Gascon 345 Gasterosfeus (Genre) 345 Gasteroiteus spinachia. ... 345 Gas'aé 345 Gat 345 Gâte et Gatte 345 Gembin 34G Gendarme 34G Génération 34G Genévrier 347 Genres de pèche à la ligne. 347 Géographie des poissons., 347 Gerle blavié 347 Germon (***) 347 Gerle 350 Giarret 350 Gibèle (*) 250 Gibelio 360 Gille (*) 351 Gillaro 352 Girelière 352 Girelle 352 Girelle commune (*) 352 Girelle paon 353 Gizzard 353 Glace 353 Glain 353 Glanis [Silurusi 353 Glaou choou 353 Glaucus [Squalus) 353 Glazelle 353 Globe (*) 353 Goliie à deux taches 355 Gobie à quatre taches 355 Gobie buhotte 355 Gobie céphalote 355 Gobie comnmii (*; 355 Gobie roulon Gobie doré Gobie ensanglanté Gobie jozo , .. Gobie noir Gobio fluviatilis Gobioïdes Golnus auratus Gobius capito Gobius colonianus ..... . Gobius cruentatus Gobius JOZO Gobius ininutus Gobius niger Gobius punctatus Gobius quadrimaculatus . . Gofli Goge Goiffon et Goefl'on Goleroux Gombin Gord {*) Goudron Goujon (*****) Goujon de mer Goujon-Perchat Goujonnjer Goulet Goulu Goungre Gournaou Graines Graine de lin Grand couple Grand haveneau Grand rieux Grande caudrette Grande coryphène Grande épinoche Grande lotte Grande pentière Grande roussette Grande scori)ène (*) Grande volée (***********), Grandes càblières Grandes canières Grappin (******} Grapse madré Gravelet Gravel-last-spring (***). . . Gravenche |*) Gravettei*) Gravier Grelin Grelots Gremeuille Grémille (Genre) Grenadière Grenouille (******) 54 35G 356 356 356 356 356 356 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 357 358 358 360 360 360 360 360 360 360 360 360 360 360 360 360 3C0 361 361 361 361 361 362 365 365 365 366 367 367 367 368 368 308 368 368 368 368 368 mo TABLE AL (îrenoiiille pêcheuse 3fi9 (Jrpjiliii 309 Crèves 3G9 (Jriffon 3G'J (w-illon 1**) 3(/J Grilse ^*) 371 Criset.... 371 Grogneur 371 Griseus [Nolif/anus) 371 Grondin (Genre) 371 (iroseillc 371 Gros-Guillaume 371 Grûudel 371 Giùndling 371 Gueldre 371 Guideau 372 Guideau de pied 374 Guildille, (luildive, Guilde et Guildre 37 i Guiseau 3î4 Guniard 374 H Habillot 374 Hadou 37; Hain 374 liais ou Haie 37 > llalachia 374 Halin 374 Halopin 374 Hamatus {Salmo) 374 Hamaux 374 Haniburge 374 Hameçon (******♦*♦******** Hameçon à chas (****) — 381 Hameçon à conti e-poids(*j. 382 Hameçon-aiguille (*/ 382 Hameçon à pinças \*) 383 Hameçon à ressort \* ',). . . 383 Hameçon carré (*) 384 Hameçon d'épine 384 Hampe 384 Hanneton (**) 384 Haouche 385 Harangade 385 Harangujère 385 Hareng oS5 Haranguets 388 Ilarengula spraltus 388 Harengule (Genre) 388 llarengule esprol (*; 388 Harengus 3:9 Harpon ou Harpian^*) 389 Haussières 389 Haute-Drcme 389 Haulee îiSU Hautin 3S9 PHABÉTTQUE DES MATIÈRES. Hauts étaliers Hauts palis Hauts parcs (*) Haveneau (****) , Havenet Havencl sédentaire Hazelin Hectares d'eau Henrioto Herbe de chine ou aloès. Hermaphroditisme Herse Heuscii Hiblado Hickory. Hipfjurus (Corvpli.'pna). . .. Hoglet Holfil Homard commun (**) (C.). Hotu Houleviche Houting (*) Hoyer Huche Huclio (Salmo) Huile composée pour ;ip- pàts Huile d'aspic Huile de lin Huile de poisson Huiler les ligues Humantin Humerai ^0s) Humérus (Os) Hunier (*) Hurlin Hijemulis (Coregonus) , . . Hyménoptères Hyoïde (Os). 389 3S9 38,9 390 391 391 391 392 392 392 392 392 392 392 392 392 392 392 392 293 393 393 393 393 393 393 394 39 4 394 394 ;i9i 394 395 395 395 395 395 395 Ichthyologie Lie (Genre) Ide mélanote {*) Ide [dus cyprinus 1 ius melunolus liiuchus dorijnchus Inaque dorynque (*) Indemnités des riverains privés du droit de pè- che Insectes Insectes artificiels suivant les mois Inlelligence des poissons . Interépineux Interniaxiliaires (**) (Os).. 395 396 39G 397 397 397 397 397 398 398 398 400 404 404 Interdiction temporaire de la pèche Inleroperculaire (■*) (Os). . . Intestins Iragno Jagudc Jalap Jambe d'un maille Jambins Janvier Jars Jarretière Jau Jaune d'œuf Jesse Jeses cyprinns Jeter une maille Jeux (****) Jeux à grelots (*] Jeux en pater-nuster *'***). Joëls Joubarbe Joues cuirassées Jozo [Gùbius) Juerne Juif Juin Jidis (Genre) Jidis pavo Julienne Julius vulgar.s Juillet Jusan . Juscle Jusculum mœna Juttalus [Lamprii) 405 40G 406 406 400 406 406 406 407 407 407 407 407 407 407 407 407 408 409 412 412 412 412 412 412 412 4 I 2 413 413 413 413 A 1 3 413 4 1 3 413 K Karonsche Kaoutzenkopf Kerelle Koppe et Koppoii. Kressen Kult ... Labine Ldbrax h'i n.i Labre .. Labre combre Labre mêle, niàle(***Hi:.). Labre mêlé, femelle (C.). . Labre vieille Labioities (**) 413 413 413 413 413 413 413 413 413 414 414 415 4:G 41G TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Sol I.ohrus '41 fi Labrus combcr 4 IG Lahrus niixtu'} 416 La! repesquit. 41C Ldbi us pesquit 4 1 G Labrus tinca 41G Labrus tard us 416 Labrus vctula 416 Lacea 416 Lacor un filet 416 LacerU*; 416 Lacerta callionymus 417 Laceur 417 Lachinan 4l7 Lachenaiix 41" Laclirestand 417 Lacs (Truite des) 417 Lacustris (Sulf/in) 417 Lngadec 417 Laiclie 417 Laisse de b;isse mer 417 Laitance 418 Laite 418 Lami 418 Lampe-à-croc 4i8 Lampresse 418 Lanipris tacheté 418 Lampris gultatns 418 Lamproie (Genre) 4|8 Lamproie de Planer 418 Lamproie de rivière 418 Lamproie fluviatile 418 Lamproie marine (*")... . 419 LamproyonouLamprilIon. 421 Lampuges 421 Lance... 421 Lance d'une canne à pêche (***) 4-.'1 Lancer 421 Lancer une bricole 421 Lanceron 421 Lançon ou Lanceron., . . . 421 Lançon {A. Tobiunus) 422 Landoie 422 L^net (*) 422 Langage des poissons 423 Langouste \*) 424 Langoustier... 425 Langue 425 Languette 425 Laniaires 425 Lannes 425 Lastspring 425 Latérale 425 Laiicli 425 Lauge 4V5 Lavandière 425 Lavaret (*J 425 Lavaretus {Corer/onus] .... 428 Législation sur la pèche. Leiclie houclce [*) Lcntiliadc Lépidope argenté Lepiilopns argymu^ Lesques Lest Leu Leuciscus Leuciscus cyprinus Leuciscus eryl/trop/d/inl ■ mus Leuciscus or fus Leuciscus pallens Leuciscus prasinus Leuciscus rutiloïdes Leuciscus Selysii Leuciscus (Squalius) Leucosie noyau Lévéuegatte Lever un filet Levure Leyraou Libonret (**) Libournaise Liche \Genre) Liche amie [*) Liche glaycos Liche vadigo Lichia arnica Lichia glaucus Lic/tia vadigo Licons Liège Lienne Lieu (**) Ligne Ligne à Brochet (*******•**;. Ligne à grelots (****) Ligne à la main Ligneàsoutenir(********** . Lignes de fond . . Ligne dormante Ligne ferme [Pèche à] (**). Ligne filante [Pèche àla](*). Lignes flottantes Ligne à Goujons (*****j. .. Ligne latérale ( ****) Lignotte Lihis Limace {*) Limaçon d'eau ;**) Limanda (Pleuroncdet). . Limande (*) Lime douce Limericii (**) Lin Lingual Lihgnc (*). 428 428 429 429 429 429 429 429 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 430 431 431 431 432 432 432 432 432 432 432 432 432 433 434 437 437 437 439 4i0 440 440 440 440 442 442 442 443 443 444 444 4i5 44(i 446 Linotte. 447 Lisscau 4i7 Litzcn 4i7 Loche (Genre) 447 Loche d'étang 448 Loche de mer 448 Loche de rivière.. 448 Loche franche i,*; 449 Loche à queue rayée 449 Locusia {Palinurusj 450 Loi sur la pèche 450 Lombrics [**') 458 Long bec 459 Longévité des poissons. . . 459 Longue oreille 459 Lophius jiiscalorius 459 Lophobranches 459 Loque 459 Lorette 459 Lota 459 Lotchou et lotcl.o 459 Lotte (Genre) 459 Lotte commune 459 Lotus {Gadus) 460 LouLane ou Loubanne ... 460 Loubin 460 Loubine 460 Loubinean 460 Loubine mouciietée 460 Loup(*) .. 460 Louve (*) 461 Luan 461 Lucioperea sandi a. ..... 461 Lngnotte 461 Lune 461 Lupus labrax 462 Lurette 462 Luljan 462 Lutjanus roitrains 462 Luts 462 Lutzin 462 M Macareo 4C2 Maiihine à filer le crin (*** ****) 462 Mâchoires (****) 464 Madrague (*) 465 Mai 466 Maia 466 Maigre (*) 466 Maille double 469 Maillerunfilet(*****"^'^^***j 469 Mailles royales 473 Maillet 473 Main de fer 473 Maître depalangre 4"; 3 Malacoptèrygiens abd". . . . 473 852 TABLE Malacoptôrygiens apodes . . Malacoptùrygieiis subra- ch'u'iis .... Malariiiat (*) Manche Manet Manière d'empiler les In- meçoiis Manière d'enferrer les es- clies pour la péclic d'eau douce ^***«****-t******* Maniguière Maniole Manne Maquereau r***^*********** Maquereau bâtard Maquereau colins Maquereaulières Marches au poisson Marée, temps de pc^he. . . Marcne Marcnule Margagne Margaignon Marginatn [lia/n) Margotin Mannorulus {Sn!mo) . Marmot Marmouline Maron Marquer Marronnier rose Mars Marsaïques Marteau commun Martin-Pêcheur Marlramaou Martrame .> Maxillaires Maximiis [Pleuronedes:). . , May-Fly Melunurus {S/jm-us] Mëletou Mélette Méletta Mélis Membranes branchiostè ges(*) Menaica Mdanotus IJrlus) Mciidola {Spnrus) Mendole commune (*)... Mendo'c juscle Méirdes Menusse Mer Merlan (C.) Merlan vrrt ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 17 4 474 4 7 4 47 5 475 483 4S3 483 483 403 493 4!)3 493 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 498 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 499 5(10 500 50U 500 500 501 Merlan jaune 501 Merlanr/iis (Gadus) 50 1 Meilii ('*) 502 Merlu-barbu.. 603 Merlu verdiii 503 Merluche 503 Meiiucciua [Gadus) 503 Mérou (*).. 503 Mésaigne 504 Métissage des poissons .... 504 Mettre du fond 504 Mouille blanc 504 Meuille noir 504 Meunier 504 Meunier idc 504 Meunier rotenglc 504 Michou 504 Mllandre 504 Minas 505 Minutus {Gobius] 505 Miralet ou Mirallet 505 Miralelus raja 505 Mirandelle 505 Mirque . 505 Misgurn cobitia. 505 Mitral(Os) 505 Mœna juscolum. 505 Moine 505 Moineau de mer. 505 M(da [^O'tbaijoriscus) 505 Molaires 505 MoUeouMole 505 Mole (Gem-e) 505 Mole épineux 505 Mole méditerranéen (*) — 505 Mole oblong 50C Molva [Gadus) 506 Montée 500 Monter un filet 50G Monture 50C Mordacle 507 Mord-pierre 507 Morrhua {Gadus) 507 Morritua. œylefinus 507 Mort 507 Mort-à-péche 507 Morte-eau 507 Moiue barbue 507 Morue (******) 507 Morue molle 509 Morue noire 509 Mosiiïca raja 509 Mosai((ue 509 Molella quinque cirra'us.. 50!) Motelle 509 Molelle à cinq barbillons.. 509 Motelle à trois barbillons (C.) 509 Motelle vulgaire 5l(i 510 511 MoteuUe et Moteuille 510 Moture 51(t Mouches additionnelloà (*). Mouches artilicielles [**** Mouche de haie 510 Mouches de mai 510 Mouches naturelles (♦***** ***) 51G 3Iougou-flavetour 518 Moule 518 Moules (Filets) (*j 518 Moules de rivière .. 518 Moulinet (* j 518 Moulue 521 Mouno 521 Mourgain et Moure^ain. ., 521 Mouscleau 52 1 Moustache 521 Moutelle 521 Muge ^Gc^re) 521 Muge capiton 521 Muge céphale 521 Muge volant 521 Mugd 521 Mugil auratus 521 Mugil capito 52 1 Mugil cephalus 521 Mugil chelo. . . . , 52 1 Mugiloides 521 Mugil saliens 53 1 Mujon 521 Mulet(C.) 521 Mulet à grossis lèvres... . 525 Mulet capiton ou Mub t gris 525 Mulet capiton 525 Mulet céphale i*) 528 Mulet doré 530 Mulet sauteur 531 Muletières 531 Mulles 531 Mulliers 531 Mullus barbât us 53 i Mullus surmulet us 531 Mulotiers 531 Murœii'i unguilla 531 Murœna cotiger 531 Murœna uniculor 531 Mûrgrundel 531 Musc . 531 Musclé 531 Muscles (*) 531 Museau 532 Muselage du Saumon 533 Mustelle 533 Mustellus spinax.. 533 Mutations de couleurs chez les poissons 533 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. ■833 N Nnas 535 Nablo 535 Nngeoires 535 Naiice 53G Nançoire(*) 536 Nappe 53G Narines (*) 536 Nase {****) 537 Nasse (*******) 537 Nnsui {Chondro^tonta). . . . 540 Nastts icyprinus) 5i0 Navette (****) 5i0 Néflier 510 Négachiii 541 Négafol 5'il Nrr/m {Rajo) 54 1 Nègre {Raie) 541 Nephthys de Hombcrg. ... 54 1 Néréides 54 1 Nerveux 54 1 Nez 5il Niger (Gobius) 5il Nœud anglais (**) 541 Nœuds de câblières (*****). 542 Nœuds d'empilage 542 Nœuds de pécheur (*♦**+* ***) 5i2 Nœuds des filets (***) .... 544 Nœud sous le petit doigt. . 545 Nœud sur le pouce 545 Nombre des œufs des pois- sons 5 45 Nonnat 515 Notiiianus rjriseus 545 Nourmau 545 Nourriture 5i5 Nourriture des vers de 54fî terre 54G Novembre 546 Noyer 5i6 Noyer blanc d'Amérique. . 546 Noyer un poisson 547 Nuit 550 Numéro des hame(;ons, . . . 550 Nutrition 553 Oblade ordinaire (*) 553 Oblata melanura 554 Octobre 554 Octopusvulgaris 554 Odorat (*) 554 Œgleûn 555 OEil(,**) 555 Œillet 556 Œsculus pavia 556 OEufs Officier Ogi et Ogier Oiselières . Olives Ombre (Genre) Ombre Chevalier (G.)- ... Ombre commun (G.).... Ombre d'Auvergne Ombre de rivière Ombrine Omoplate (*) Opercules (*) Orage Orbite Ordres Oreilles Oreillets Orfe Orfu? l Leuciscus) Orge Organeau Orin Orme. , . .. Orphe (*) Orphie (G.) Orphie aiguille Orihayoriscus ohlongns .. Orthago/'iscus mol a Orthagoriscus spinosus. . Os Otter Ouïes ;*) Ombré Ourneou-bias Outil Ovaires Ovelle Oville Oxyrhindius [Corcgomis) . O.xyrhinque Pageau Pagel à dents aiguës. .. Pagel acarne (*) Pagel bogueravcl (*)... Pagellus acnrne Pagelhis bogaraveo . . . Pagellus centrod'mtus. Pagre (G.) Pagrus orphus Pagriis inilgaris. .. . . Pain Pain decreton Pain d'épice Palaigo Palais (Os)(*) 556 558 558 558 558 558 658 560 561 561 561 561 562 562 562 562 562 562 562 £62 562 563 563 563 563 564 564 665 565 565 565 565 565 566 566 566 566 566 566 506 566 566 566 507 568 569 569 569 569 570 570 570 571 571 571 571 Palamidière Palangre Palea Palée Palémon portc-seic (*) Pa'œmon serratm Palet (*) Palette de l'hameçon (*)... Palinurus locu^ta Pâlots Panier . Panier à Anguilles (*}.. . Panier de bonde (*; Panier de fond Panier de pèche (*') Panne Pantenne Panterme Papillons (*******; Paradière (*) Parapluie Parasites des poissons {"** Parcs (******) Parcs de pierre Parcs fermés Parcs naturels Parcs sur filets Parcs sur pâlots Par fond Pariaux Parr Pas Passar et Passard Pisser /****♦*********) Pastenague Pastinaca Raja Pater-Noster (**] Pâtes diverses PayoUe Peau Pèche à fouetter Pêche à la bouteille. .... Pèche à la canne en mer Pèche à la ligne cou- rante Pèche à la ligne en mer n Pèche à la mouche artifi- cielle Pèche à la mouche natu- relle (****) Pèche à pied Pèche à rouler Pèche à soutenir Pèche à trolling Pèche au coup (**) Pèche au fusil 571 571 571 571 571 572 572 573 574 574 574 574 675 575 575 575 575 576 5-;6 578 578 579 5fil 584 584 584 584 584 584 684 584 584 584 584 587 587 587 588 589 580 589 589 590 592 593 594 594 597 597 597 597 597 599 854 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Pèche au grelot GO'2 Pèche nu lancer aux niou- clies artificielles 603 Pèche au passer C08 Pèche au vif. G08 Pèche aux cordes, la nuit. 608 Pèche aux hameçons C08 Pèche dans les pelotes (♦*). 609 Pèche du goujon h la i)a- lance 012 Pèche du squale 613 Pêcheries à poisson 6i3 Pêcheries fixes 013 Pêcheries temporaires 613 Pêches spéciales 013 Pèchette 614 Pectorales (Nageoires).. . . 614 Pectorales pédiculées 6l4 Pei-anchc 614 Pei-espade 014 Pei-espnzo 614 Peinture des lignes 614 Pélamide à dos rayé 614 Pelamide. 615 Pélamide commune 615 Péknnys (Scombcr) 615 Pelotes 615 Pelouses 6i5 Pèougue 015 Perça 615 Perça asper 615 Perça cabrilla 615 Perça cernua 615 Perça fluvia tilis 615 Perça grgas 6)5 Perça punctata 615 Perça scriba 6 J 5 Perce-pierres 615 Perche ou canne à pêche.. 615 Perche commune (C.).... 616 Perche de mer 619 Perche des Vosges 619 Perche goujonnière (*). .. 619 Perco 620 Percot 620 Percoides. 620 Perdrix de mer 621 Peristedion 621 Perlon 621 Perroquet de mer 621 Péteuse 621 Petit rieux 621 Petit sargue 021 Petite caudrctte . 021 Petite roussette.. 621 Petites càblières 621 Petite étrille 621 Petite scorpène 621 Petites cannicres 621 Petites pentières . 621 Petromyzon fluviatilis. . . . 021 Petrcmnjzon Planeri 021 Petromyzon marinus 622 Pétromyzonides 622 Peuplier 622 PhariIlon(*) 622 Pharyngiens labyrinlhi for- mes 622 Pharyngiens (Os) (****).. .. 623 Phastier ou Phestier 623 Phosphorescence 623 Plioxinus cyprinus ou P}io- xirtus Iwvis 624 Phrygano jaune fi24 Phycis blennoides 624 Phycis tinca 624 Pibale 624 Pibeaux 624 Picarel commun (*) 024 Picarel gagarel 625 Picarel martin-pêcheur. . . 625 Picaud 625 Pichettes 025 Picot 625 Picots de grelot ou de canne (*******) G25 Picots (Filet) 027 Pied de filet 027 Pied de gaule 027 Pied (Pêche à) 627 Piège à Écrevisses 628 Piège à Saumons 628 Pierre à aiguiser 628 Pigeons , 629 Pilchard 629 Pilchardus {filupea) 630 Pile 030 Pileo 030 Pilonée 630 Pilono ou Piloneau 630 Pilote (*) 630 Pimpernaux 630 Pin I Filet) 630 Pince à Congres et Anguil- les (**) 630 Pince à dégorger (*] 630 Pinces à Homards (*) 631 Pince à plombs (*] 631 Pinces à Saumons (***). .. 631 Pini (Trigla) 632 Piquer debout 632 Piquer le vert 033 Piquer un poisson 033 Piquets Gi3 Pittc G33 Place G33 Piano 033 Plat-bec 633 P/alessa {Pleuronectes). . . 633 Platuche 033 Playne 033 Plectognathes 633 Pleuronectes maximus. . . . C33 Pleuronectes platessa 633 Pleuronectes solea 033 Pleuronectides... 633 Pliante**) G34 Plie (Genre) 635 Plie franche (**) C.) 635 Plie truitée 030 Plie vaseuse 036 Plincel 030 Plioir (************! 63(; Plomb (**) 639 Plombée (,********) 640 Plombée à coulant 64 1 Plomhs de fond (*********). C4l Plomb-foëne à poissons plats 644 Plume 044 Plyetter 044 Poche C44 Poignard 044 Poil de Florence 04 i Pois 044 Poisser la soie (14 4 Poisson 044 Poissons 047 Poisson-juif 047 Poisson-lune 047 Poissons artificiels \***).. . 647 Poissons blancs 018 Poissons changeant de cou- leur Gi8 Poisson Saint-Christophe.. 050 Poisson de Saint-Pierre. . . 050 Poissons de surface 050 Poissons morls employés comme esches (*) 0.^0 Poissons plats 65 1 Poissons ronds 652 Poisson rouge 652 Poissons vénéneux; 652 Poisson vif à l'hameçon . . . 652 Poissons volants 652 Poitrine 6.52 Poix de cordonnier 652 Police de la pèche mari- time 053 Police des filets en mer. . . 053 Police des lignes en mer. 653 Pollack 653 Poltron 653 Polyprion cernier (*; 054 Pommeler 654 Pommier sauvage 054 Ponts ..■ 65 i TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. 855 Porc-épic Pores Porlc-liois Porlefeuille dos avancées.. Porkignise Portuiie l'orluiiieiis Posteau et Pocheteau Postillons (*) Pougaou Poule de mer Poulpe commun. Poumerengues Pouncluiiote Poupart Poupré . . Poutassou vei 0 Prabot Préoperculaire (*) Prêtre Pricka Produits de la pùclic cù- tière ... Produits de la pèche d'eau douce eu France Prohibition de la pèche... Punctatus ( Gobiiis] Punclatus (Salmo) Pungitius [Gasterosieus). . Puise Puntazzo Quadrimaculatus [Gobius) Queue (Coup de] . Queue (Vent de) Queue d'ccrevisse Quene de rat . . . Queue des poissons (*). ., Queue de gangui Quiliats Quinque-porte Quloulette Quipot {****) Câ5 Cbïi G55 C55 (i55 G55 (i55 C55 G55 CÙG 656 656 G5G e.'iG G5G 656 656 6.J6 656 656 656 657 658 659 659 659 659 659 659 660 660 66') 660 660 661 66 f 661 661 661 661 R Rabanenco 66-3 Rabot 663 Raccommodage des lilets (**j 6G:i Racine 6Gi Radouber 664 Rafle 66i Raie-pécheresse 604 Raies (******) (C) (C) 664 Raïs ou Raïsson 669 Raisin R'ija Ralingue Ramender Ramodo Rapetissures (*) Rascasses Rason ordinaire (*) Rat (Raie) Rate crue et cuite Rate-penade. . , . . Râteau Rave. Ravoir Ravoir simple i*) Ravoir tramaillé (*) Rayons Rayons branchiaux Reclares Règle Règlements préfectoraux. Reissolle Relais de basse mer Relevage Remous Renard Renay Renforcés (Hameçons). . . Resaigue Réserve Réservoirs Respiration (*) Ressaut Resure Rétréce Rets Rets à croc Rets àroblots Rets entre rochers Rets tramaillés Rets traversants Rets traversiers Revenus de l'eau Rezzajo , Rheinlancken Rhodeus amants Rhoms Rhutnùus (Genre) Rhumbus ipleuronectes). . Rieux Rigoles , Ringard Ripe Risseau ou Rissaut Rissolle (*) RissoUier Robinettc liochère Rode GG9 669 609 G09 009 070 6:o 670 670 670 671 671 671 671 671 G72 672 673 673 673 673 67 4 G74 674 674 674 074 674 676 675 075 676 677 67 7 677 677 677 677 677 677 677 677 677 67 7 677 67 7 677 677 677 677 677 077 677 677 617 678 678 678 678 Rogue 678 Uui des Rougets 678 Romatière 678 Ronce (Rais) 678 Rondole 678 Rose 678 Roseau G78 Roseret 679 Rosette ou Rosct 679 Rosière 679 Roseou Gardon blanc [** *) (C) 079 Rostrata (Raja) 681 Rotengle (Genre) 681 Rotengle ou Gardon rouge (C) 081 Rothel 682 Rottel 682 Rouet 682 Rouget grondin ou com- mun 682 Rouget commun 683 Rouget-grondin 683 Rouget Mullet ou Rarbet ou vrai Rouget. 683 Rougets barbets 684 Rouleau à filer les lignes (**) 684 Roulée 684 Rouler (**) 684 Roumb 6S5 Roumbon 685 Roumbon clavélat 685 Roun 685 Roun clabélat. . 685 Rouseret 685 Rousse (Able) 685 Rousse 685 Rousseau 685 Roussettes 685 Royan 686 Royes 686 Rubellio 686 Riiini^- (Raja) 686 Ruffolk 686 Rutilus cijprinus 686 Sabaille 086 Sableuse 686 Sabounier (Muge) 686 Sac, 686 Sacagne 686 Sac à poisson [*) 687 Sac de pèche 687 Sadoure 687 Saine (Muge) 687 8oG TABLE ALPIIABÉTIOUE DES MATIÈRES. Saison favoralde pour la pêche en nier Salabre(*) Salabre de fond Sal.-iis Salar [Sa/mo] Salliling Salicoques Saliens {Mugil) Salnilet S« ///((/ (Genre) Snlmo alfiinus Sahno f'ario Salmo huc/io SoIdio /ucusiris Salmo marmoratm Sahno punctafus Sa/mo sulvclinits Salmo sa/ar Sa/mo sy /va ficus Salmo truffa Sa/mo uni/j/a Salmonidés Sa/mu/us {*) Salongne Salpa (Sjjarus) Salveiin .... Salveli7iu.s {Sa//»(i) Sanie Sandat Safidra {Lucioperca) ..... Sandre d'Europe (*) Sang Sang (Pèclie au) (*****)... Sangle Sanglier (*) Sangsues (***) Sanguirierol Sanlé Saounio Saoumon Sapin creuse Sar Saraga Sarde grise Sardinal ou Sardincaii. . . . Sardine [*) Sardinia{ C/upea) Sardinière Sardo '•^argo Sargou Sargue (Genre) Sargne (*) Sargue de Salvien Sargue vieille Sarguet. Sargua Sarf/us Sa/uieri C87 GS7 ()87 (;S7 (J87 G8S G«8 (iS8 «88 088 (;88 (i88 G88 088 G8S «88 688 688 C88 688 688 G88 G.S9 689 G89 689 689 689 689 C89 689 691 G91 692 692 C93 695 GU5 C95 G95 695 C95 695 695 695 695 G'JS 698 699 699 099 099 699 700 700 700 701 701 Sargus sparus Snrgns vetuta Sartis Sarve '\.h\&) Salouiiie Saucanelles Sauclets Saule hianc Saule niarccau Saumier Saumon (Genre) (****). .. Saumon argenté Saumon bécard Saumon conmiun (****)... Saumon grec Saumon Heusfh ou Sau- mon du Danube i**). ... Saumon salveiin Saumon umble ou oiuljle. , Saumoneau Saumonelle Saumonière Saupe Saurel i*) Sautade ou Sautado Sauterelle Sauterelles ((^revetlcs > . . . Savary Saveneau.Savenelle ut Sa- voneau \,***) Savetier Savonceau Savre ou Savreau (*) Scardinius (Genre) Schietta Schiiï Scliiffermulleri {Sa/mo). . Schneidei-karpfchen Sciabica Sciabicoto Scie Sciena aqut/a Sciena cirr/tosa Sciène (Genre) Sciénoïdes Sciœna (Genre) Sciœna cirrliosa Scion Scoléte Scomber bonifo Scomber colins Scomber duclor Scomber pclamys Scomber scombruf Scomber i/ii/nnus Scomber frachurus Scombëroides Scorpœnu Scorpœna porcus 701 701 701 701 701 701 701 701 701 701 701 702 702 702 71-3 713 715 715 715 716 715 715 716 717 717 718 7l8 718 718 718 718 719 719 719 719 719 719 719 719 719 719 719 719 719 719 720 721 721 721 721 721 721 721 7 21 721 721 721 Scorpœna scrnp/ta 721 Scorpène (Genre) 721 Scorpène rascasse 7 .'2 Scorpène rouge 722 Scorpion 722 Scribn {Perça) 722 Scrnp/ia {Scorpœna) 722 Scy//itv••■- .y '.s ' ^.r''^-*^'*' ^ ■■ •• .-..