£- pu. S • Mcre ^cJcU^rC Jji ces- 'Kô^'aa. *t~C- Étnivz'u**s*-* OC~ xUul- ursJàt*Jj&~S u^f^ f&zÿuLu) e cjCf dûLeu, t-c^faxitc, tA'nunjvu 'd^KiP>lupu f t*ft**4UA* 'Ja tf\Srf&i CkitC^ut ÿtiifjÿtUf /*UsJè<. ’&c&mA-. l}Q~(&4\dj f*i Ijlj RPJC8 ~ ? N LE BON USAGE DU THE DU CAFFE' E T DU CHOCOLAT POUR LA PRESERVATION èc pour la guerifon des Maladies. Par M" de Biegny , Concilier , Médecin sirtifle ordinaire du Roy & de Adonfieury & prépofé par ordre de' Sa Majefié , a la Recherche & Vérification des nouvelles découvertes de Médecine. ‘’tSifef* 433jjC*fc/ L T'O N, Chez THOMAS A M A U L R Y , ruë Merciere , au Mercure Galant. JM. DC. L XX XVII. AVEC PRIVILEGE DU ROY. A MESSIEURS LES DOCTEURS en Medecine des Facilitez Provinciales & Etrangères, pratiquant à la Cour &c à Paris. ! ESSIEVKS, Après avoir ferieufement étu- dié votre excellente pratique , pendant un grand nombre d’an- a iij EPI T R E. mes que je me fuis attache à vous fuivre s après avoir tiré de vos judicieux avis & de vos doües infiruSîions 3 toutes les lumières dont j avais befoin , pour mériter l honneur d être en correfion - dance avec rvotss s enfin apres avoir pénétré les rares qualité^ qui vous rendent rvenerables à toutes les perfonnes de di fier ne- ment , j aurais beaucoup à me reprocher , fi je n avois recher- che avec un extrême emprejje- ment 3 / occafion de <~vous rendre un hommage ajjez* public > pour faire connaître à tout le monde que je q vous honore , & combien je fuis fenfible à la reconnoijfance que je njous dois . E P I T R E. Cefidans cette vue , MES- SIEURS ? que j'ay ajfemblé quelques parcelles de mes mémoi- res, pour en former un corps d'ou- vrage pour vous le confacrer enfuitepar me dédicacé tres-ref- peCiueufe : peut être que hjous le regarderez*. comme une produ- ction informe qui a befiin d'être reStfié dans toutes fes parties s mais peut être aujf que vous for- merez*. en même temps le dejjèin de travailler vous mêmes à cette rectification : trop heureux s il en arrivait ainfi : la fécondé édition de ce Livre me donneroit le plaît fîr de <~voir paraître fous mon nom, un Ouvrage d l'épreuve de a iiij EPITRE. toutes Cenfures , ç>* contre lequel la plus feyére Critique ne pour- roit rien oppofer. Ce préjugé que je tiens infailli- ble ) ejl fondé fur de puijfantes eonfiderations : en effet vous cul- tivezi avec tant de foin les heu- reux talens que la nature <~vous a départis , que ne pouvant avoir de referve pour vous , elle efl con- trainte ( pour ainfï dire ) de fe découvrir nuè d uos yeux , de ‘vous rendre les confidens de fs plus fecrettes démarches , çÿ» de Vous faire les dépofit aires de tout ce qu elle a de plus précieux j & comme vous êtes devenus par tous ces avantages 3 les plus zjlés O* EPITRE. les plus fermes parti fans de la «vente , 'vous avez* eu le bonheur de vous attirer une efiime & une confiance fi générale , que «vous avez*, toujours été foûtenus par l’approbation des grands, par les Jujf rages des fçavans , zjr par la «voye du peuple , contre toutes les attaques de «vos ennemis les plus cruels & les plus injufies. Aujfi ont-ils eu dans tous les temps le chagrin de vous voir profierer avec éclat, malgré tou- tes leurs cabales & toutes leurs intrigues, car ç a prefque toujours été d’ entre vous, que les Papes > les Empereurs, les Rois , & les au- tres Potentats de l’Europe ont tiré A v EPI T TE. leurs premiers Médecins , cefi cette fécondé pepimere qui en a, encore four?jiprefque generalemet d tous les Princes & Princejfes du fang & des Cours étrangeresy aux grands Seigneurs , & aux Camps , Hôpitaux & armées du Roy : C ejl a cette République de littérature , que le public doit tant d’illufires eleues & tant de Li- vres excellens s enfin c e fi de cette pi fine Jdlutaire que les provin- ciaux O4 les étrangers malades , tirent un fecours quils ne pour- voient recouvrer d’ailleurs , ny ayant que vous feuls qui connoif- fez. leur confiitution. Mais pour ne parler que de EPITRE. / état prefènt des chofès , & fùr tout de celles qui font fi fort ex- posées aux yeux de tout le monde, que la malice de y os ennemis s ê- forceroit en yain de les cacher s n efl-ce pas d'entre <-vous que le Roy y Monfieur, Mademoifelle de France, Mademoifelle ci Orléans, Madame de Guifé 3 ont tiré les Médecins qui fèryent usuel- lement prés de leurs perfônnes, dans la qualité des premiers , ou dans celles d ordinaires , n efles- ryouspas yous mêmes ceux- d qui l on a recours dans le public, pour fecourir les malades qui ont été abandonnes , par ceux qui font tof fier toute la Medeeine en trots E P I T R E. ou quatre remedes, quilsprefiri- yent fi indifféremment (jr fi dan- ger eu fement en toutes o confions .* en un mot nefi-ce pas par vos ob- fèryations & par vos expérien- ces , quon a fait tant de décou- vertes utiles dans l’ Anatomie ? dans la Chyrnie, & generalement dans toutes les parties de la Mé- decine, ou l’erreur & la confu- fion triomphaient , avant les im- portantes reformations que vous y aruez^ faites. Mais quels autres avantages le public ne tireroit il point de votre part , fi t envie ne s oppo- foit avec autant de paffion que d’injufiice , à vos entrées dans E P I TR. E. les lieux oh elle a du crédit , an progrez.de nvos recherches ,a îim- prejfion de vos Livres , à njos con- férences publiques > aux exer- cices de charité que v/ous prati- quez. en faveur des pauvres : cer- tainement on ^verrait bien-tot la Medecine dans ce haut point de perfecîion fi defiré de tout le monde y & fi peu recherché de tant de Médecins , qui par une nonchalance punijfahle, fie laijfent emporter au torrent des maxi- mes d ufage y & qui par me bar- barie odieufi y oublient ce quils doivent a Dieuyau prochain & d eux-mêmes y pour facrifier à leur avarice zs* d leur ambitiomceux E P ï T R E. qui pur une confiance aveugle > s abandonnent à leur fatale indifcrett e pratique. Mais pour n entrer plus avant dans ce pararelle s & pour ne point irriter des gens , dont les atteintes font toujours aujf dan- gereufement que malicieufement préméditées , je. dois rentrer dans mes premiers mouvement 3 pour 'vous afûrer 3 que perfonne ne peut être avec plus de vénération & plus d’ardeur que moy. dMES S IEV RS 3 Y ôtre très- humble & très- obéi flanc Serviteur , ADFERTISSEMEN T. ANS les œuvres de nos Voyageurs, on trouve quelques Chapitres qui traitent fepa- rément du Thé , du CafFé & du Chocolat. Quelques uns de nos Médecins de nos Simplicités , ont emprunté de ces Auteurs , les Rela- tions & les Figures qu’ils avoient données fur ces Ma- tières , y ajoutant même quelques obfer varions Me- aAvertijfement. decinales -, &c Moniteur Syl- veftre du Four Marchand à Lyon , fe donna la peine il y a environ quinze années, de donner au Public une compilation de ces relations & de ces obfervations , qu’il vient de faire imprimer en fécondé Edition , laquelle peut palfer pour un ouvra- ge allez complet. Il m’a femblé neanmoins que cette matière n’étoit pas épuifée , & que du moins elle devoit être examinée &; expliquée plus Phyfique- ment , c’eft ce que je me fuis propofé de faire , & c’eft ce sAyertiJfement. qui m’oblige de donner cet eflày au Public , qui n’eft proprement que le projet d’une hiftoire plus, complet te, à laquelle je ne pourray donner la derniere main, qu'apres avoir reçu des Sça- vans, la grâce de me com- muniquer leurs obferva- tions. Ce projet donc ne doit être confidcréj que comme une fimple expofition des principes , furlefquels jetra- vailleray plus ferieufement dans un autre temps -, mais qui ne laiflera pas d’avoir dés - à - prefent Tes utilités. nA'-vertijfement. puis qu’aprés avoir donné une idée allez diftinéte de la nature des chofes qui en font le fujet, je paflfe jufqu’au bon ufage qu’on en doit fai- re , pour conferver la fanté lors qu’on la polfede , &: pour la reparer lors qu’on a eu le malheur de la perdre. Au furplus on trouvera aulîi dans cet opufcules diverfes utenciiles & commoditez de nouvelle invention , qui fa- tisferont apparemment la curiofitédes Leéteurs. Confeiller Médecin ordinaire du Roy , Doyen du College des Méde- cins, & ancien Echeyin de la Ville de Lyon. LE s Ouvrages de Mon- iteur de Blegny, ayant eu toute l’eftime ôc toute l’a- probadon qu’il en pouvoit attendre > il n’en doit pas moins efperer du Livre qu’il a compofé fur l’Ufage du Thé,duCaffé& du Cho- colat , & ayant eû ordre de Monfeigneur le Chancelier de l’examiner , Nous l’avons approuvé & nous l’avons jugéneceffaire au public, qui tirera fans doute beaucoup d’utilité, des nouvelles ôc curieufes recherches qui s’y rencontrent, cét Auteur ayat découvert avec efprit & ex- pofé avec beaucoup de clar- té , plufieurs particularités également importantes pour la famé , & agréables pour l’ufage. Donne'! Lyon, le 18. Juin. 1 686". Signé, FALCONET. Extrait du Privilège du Roy. PA r grâce & Privilège du R°y > donné à Yerfàilles le î«). Juin Il eft permis à Thomas Amaulry Marchand Libraire à Lyon, d’imprimer ou faire imprimer , vendre & débiter par tout le Royaume, un Traité du Thé , du Ca fé , & du chocolat , compofé par Ni- colas de Blegny, Con- lèiller Médecin ordinaire de Moniteur, avec défenfos à tous Libraires, Imprimeurs & autres d’imprimer faire imprimer ven- dre ôc diftribuër ledit Livre , fous quelque pretexte que ce foit, même d’impreffion étran- gère ôc autrement, làns le con- fentement dudit expolànt , ou de fes ayant caufes , fur peine de confifoatron-des exemplai- res contrefaits , mille livres d’amandes , dépens , domma- ges & interets , ainli qu’il eft plus amplement porté par les Lettres de Privilège. Regifiré fur le Livre de la Communauté des Libraires & Im. frimeurs de Paris, le Juillet 1686. fuivant l' Arrejl du Parle ~ ment du 8. Avril 1 <$j3. & ceiUy du Confeil Privé du Roy du 27. Février 16 6 y Signé, AN G O T, Sindic. Achève d’imprimer pour la premiè- re fois le 15. Février 1687. LE CHAPITRE I. De h i forme extérieure du Thé, des lie on le cultive , & defes differentes dénominations , DU THE', DU CAFFE' E T DU CHOCOLAT. PREMIERE PARTIE rTruitAïit de l ri Nature y des propriétés & de l’ufage du Thé, N donne ici le nom |||c de Thé , à une péri- w mf*gky- g p 4 te Quille defleichée quon nous apporte ies Indes Orientales , ôç em A 2 Le bon uf âge du Thé , core à la teinture de cette feüille , dont on fait une boif- fon ailes agréable par l’addi- tion du fucre. Quelques Au- teurs comparent cette feüille à celle du Sumac h dot ils veu- lent que ce foie une eipéce , mais comme on fçait que la plante qui la produit n’eft qu’un arbriiîeau, quelques au- tres font côparée avec plus de raifon au Piment Royal, qu’on nomme en latin chanuleugnus ou Myrtm Brabmtica -, puiique les fleursde cét arbrilîeau font dantelées, amères, & odoran- tes comme celles du Tbéj je ne voudrois pas dire neanmoins que c’en foit une efpéce, mais je ne voudrois pas auffi con- clure avec Monixeur du Four, qu il doit être neceilairement du Cajfe , & du chocolat. 3 d’une nature dif Fente , par cette feule raifen qu’on le fait entrer dans la bière qui eny- vre,& qu’au contraire une des propriétés plus elfèntielles du The eft de.des-enyvrer j car pour détruire l’objeétion de Moniteur du Four 5 c’eft allés de dire qu’étant en Angleter- re, | ay pris plailîr a faire faire de la Bière feulement avec de l’Orge & du Thé , qui étoit à la vente inlïnimët plus agréa- bles que celle qu’on préparé en Flandres avec le pirn et Royal, mais qui avec cette delicatefîe de goût , ne laifloit pas d’eny- vrer plus put" damaient. En effet lî Moniteur du Four eut propofé cet objedion à des Phiiiciens avant que delà pu- blie! , il auroit apris Qu’elle 4 te bon ufage du Thé , peut d’autant moins fubfifter, qu’entre une fimple infulion & une liqueur fermentée, il y a cette différence, que l’infu lion retient toujours les qualités des i ngrediens qui lu y. lèr vent de matière , & qu’au contraire une liqueur ne fçauroit foûte- nir la fermentation, lans deve- nir differente de ce qu elle étoit auparavant ; mais après tout, ces comparaifons de plan- tes me paroilîènt d’autant plus inutiles, qu’entre certaines ef- peces de nos plantes que nous raportons a un même genre,& que nous comprenons fous un même nom j il y a de notables différences dans leurs pro- prietez 5 tellement que quand il lèrdit vray que nous aurions ici une forte de Tiré , il ieroit du -Gaffe , & du Chocolat. 5 d’autant plus different de ce- luy qu’on nous apporte des Indes , qu’outre la différen- ce qui fe trouveroit dans les efpéces par rapport à la for- me, il y auroit encore celle qui doit neceffairement refulter de la diverfîté des climats : ceft pourquoy je ne m’arre- fferay pas a rapporter icy , ce qui a fait croire à quelques A uteurs qu on pouvoir encore prendre pour des efpéces de Thé, la Betoine & quelqu’au- tres plantes qui ont les feuilles dentelées , leurs reflexions n’étant à mon fens d’aucune confédération. Mais je ne dois pas me dif- penfer , de marquer les diffé- rences qui fe trouvent dans le Tlie meme, que nos negocians A iij 6 Le bon ufage du The' , tirent du Japon & de la Chine, car celuy que les Japonnois cultivent & qu’ils nomment eha ou thea. ou encore tcha efl d’un verd clair & jaunâtre, & d’une odeur h douce qu elle en quelque force à celle a violette, ce qui fait que même d’entre eux qui négocient avec les Chinois, le nomment affés ordinaire- ment fleurs de chu ou tcha im- périal $ c efb fans doute par cette raifbn & à caufe de là cherté excelfive , que Mon- iteur Tavernier a penfé , que efpéce de Thé étoit vé- ritablement de pures fleurs mais c’eft un fait fur lequel je me fuis éclairci étant à Londres , avec plu- lîeurs Marchands Hollandois du Cajfe, & du chocolat. 7 qui pratiquent le commerce du Thé , 6c qui ont fait pla- ceurs fois le voyage des Indes Orientales, ayant appris deux que les Chinois 8c les Japori- nois font tant d’état de nôtre làulge , 8c des autres denrées qui leurs viennét de l’Europe, que pour les avoir par échan- ge , ils prefentent toujours à nos Marchands tout ce qu’ils ont de plus exquis , 8c que ce- pendant ils ne leurs ont jamais prelenté de ces prétendues fleurs de Thé. Ce n eft pas quel’arbrifleau qui produit les feüilles de Thé , ne produife auflï une forte de fleur jaunâtre, & à ce qu’on croit fèmblable à celle du fumach , mais il eft certain que cette fleur n’a jamais été A iiij 8 Le bon ufage du Thé , négociée , & il eft probable d ailleurs quelle ne rendroic pas une teinture verte , ou que du moins le verd de cette teinture , leroit plus clair & plus jaunâtre que celuy de la teinture que donne le Tbé de la Chine j ce qui s’accorderoit encore moins avec les lènti- mens de'Monfieur Tavernier, qui nous a voulu faire enten- dre que la fleur de chu, don- noit plus de verd a là teintu- re que le Thé dont on ufe à la Chine. Mais quoy que ce qu’on nomme fleurs de chu, neloit véritablement que la feuille du plus fin Thé du Japon, il eft certain que la teinture eft infiniment plus agréable que celle du meilleur Thé de . du Caffe , & du Chocolat. e> h Chine , ôc qu’auffi ii fc vend comme dit Monlîeur Tavernier à un fi haut prix dans le pais même , qu’il y a lieu de croire que nos Mar- chands ne s’en chargeraient pas, s’ils êtoient obligés de l’a - chepterau comptant > mais il eft certain que par leurs é- changes ils en ont du plus ex- cellent qui leur coûte afles peu, pour le donner icy a beau- coup meilleur marché que les Marchands mêmes du Japon , & pour faire neanmoins un gain très - confiderable dans ce commerce. Pour revenir maintenant à ladiftinéh'on que je veux éta- blir, je dois faire remarqter que le Thé de la Chine a les feuilles plus grandes , d’un A iiij i o Lebon nfage dit The', verd plus brun, & d’une odeur beaucoup moins agréable que le chu du Japon , auffila tein- ture de ce Thé, eft-elle plus verte & beaucoup moins plai- nte , en forte même que 1 ’in- fuhon du plus commun, a un goût qui approche en quel- que forte de celle du fèné. A tout prendre , il y a nean- moins afTés de rapport entre 1 arbrifîeau qui produit le cha A11 Japon , & cel uy qui fournit le Thé de la Chine, pour s’en ftijrc unç idee faffifante par 1 in/peélion delà figure qui eifc à la page qui fuir. i/<- s wnu m "j^eauThë, A ,A"îJ?cur‘IesA mbaflàdcs , e. J1 Chine , dit que cét ar- , bnffem eft à j,eu prés dc k •hauteur de nos rofiers & de no? Srofdiers,quefafeme nce noirâtre étant jettée en terre , produit dans lefpa- ce de trois ans, des plantes qui î°nt de rapport , & dont on cueille au Printemps les pre- mières & les plus tendres fcüil- .! <3U1 *°nt longuettes, poin- tues & dentelées , qui fe def- Jeiclient & qui s’apelotohent X'SX' - « les faiiânc chauffer a peut feu dans un varfleau propre à cet effet, & marp!VeJ)^fntfn^UIteC^ansun matelas de la plus fine toile de coton avec lequel il les re- muent & les agitent d’une fa- çon Propre a les ployer & aies du Café , & du Chocolat. 1 3 entortiller , les châu^ fei j les envelopant & les i-g_ muant autant de fois qu’il eft neceflfaire, pour être bien dei- feichées & bien entortillées, ce qui les rend propres au commerce , pour lequel on les oonlèrve dans des valès d’E- tain , qu’on bouche & qu’on feele très- exactement. Si l’on en croit céc Auteur on pourrait elperer de cultiver cet arbrifleau , dans les en- dioits de 1 Europe où l’Jbyver fc fait confîderablement ref- lèntir : car il allure que la nei- ge ny la gelee ne peuvét point empeclierqu on n en fàlîe tous les ans une copieufe-rfecolce 5 c’eft pourquoy ayant formé Je delTein d’en faire l’elTay , je priay tres-inftamment un ï 4 Le bon ufage du The' , Marchand qui dévoie faire voile aux Indes l'année der- nière , de m’apporter de cette grame noirâtre côfèrvée avec toute la précaution pofîible, ce qu il me promit de faire fous 1 elperance de la recom- penfequeje Juypropofàyj s’il me tient parole je fuivray mon deflein , & je feray part au public de tout ce qu’il y aura de remarquable dans cet- te epreuve, dont le fuccés eh: cependant d’autant moins af- filie , que plufieurs Auteurs a durent que le cha, du Japon & le Thé des Indes, ne le cul- tivent j>as à beaucoup prés dans toute l’étendue de ces deux grands pais j mais feule- ment dans quelqu’unes de leurs provinces. Il fembie du Gaffe , & du Chocolat, i y neanmoins par les oblèrva- tions medecinale de Tulpius Médecin Hollandois , qu’on en cultive aufli depuis quel- ques temps dans le Royaume de Siajn , ceft lurquoy nous pourrôs avoir quelques éclair- cidèmens par les Ambada- deurs qui en font partis, & qui le doivent re'ndre incedamenc auprès du Roy, pour compli- menter & pour faire de riches prefèns à là Majefté de la parc de leur Souverain , qui a déjà marqué avec tant d’éclat par des Am ballades precedentes, l’extrême vénération qu’il a , pour les héroïques vertus de nôtre incomparable Monar- que, Du c hoix & des dijferens prix, dtt The. LA diftinffion qu’on a dui faire dans le chapitre pre- cedent, entre le Thé du Japon & celuy de la Chine , ne doit pas faire croire que quand il s’agit de choifir du Thé en Europe , on doive le mettre fort en peine, des lieux d’où les Marchands ont tiré leur differentes elpeces du Thé, non feulement parce que ce- luy du Japon fc tran/porte fbuvent à la Chine, & que re- ciproquçmêt celuy de la Chi- ne eft affés ordinairement en- voyé au Japon , mais encore du Caffé , & du chocolat. 17 par cette railôn plus eflentiel- le , que le moindre Thé du Ja- pon , ne vaut pas beaucoup prés le meilleur Thé de la Chine , qui n’eft inferieur qu’à cét excellent Thé du Ja- pon,qu’on célébré Ôc qu’on di- ftingue dô-tout autre par le nom de fleurs de ch a , comme on appelle fleurs de Rhétori- que les plus élégantes 5c les plus excellentes façons de par- ler 5 c’efl: pourquoy on obler- vera allés de précaution dans le choix du Thé, lors qu’on s’attachera à distinguer lès degrés de bonté par les obler- vations qui fuivent. Le meilleur 5c le plus excel- lent Thé , a la plupart de fes feuilles petites 5c délicates. Si on les oblèrve peu après 1 8 Le bon ufdge du The, qu elles fc font dilatées dans l’eau chaude , on verra qu’el- les auront repris leur premiè- re verdeur , 8c apres une in- fufîon fufHfante , on trouvera qu elles auront donne a l’eau une teinture d’un jaune clair & verdâtre, d’un goût & d’u- ne odeur fx agréable , qu’il femble que la violette 8c l’am- bre meme y ayent quelque part , ce qu’on apperçoit en- core lors même qu’on appro- che fes feüilles du nés , ou quon les mâche avant que d’avoir été mifes en infufion, n ayat qu une médiocre amer- tume èc qu’une legere aftri- ftion. Au contraire le plus mé- chant Thé , a fes feüilles con- fîderablemensplus grandes 8c du Caffe, çjr du Chocolat 19 plus épailfès , & qui demeu- rent d’un brun enfoncé. Âpres même quelles Ce font dilatées dans l’eau chaude , elles n’ont prefque point d’odeur, & l’on découvre par la langue qu’el- les ont beaucoup d’amertume & d’aftriétion. Elles rendent une teinture rouffe qui efo d’autant plus délagreable à l’odorat êc au goût , qu’elle approche en quelque forte de celle du foné , ÔC qu’une forte dofo de fucre ne la fçauroit corriger. Après ces remarques qui diftinguent tres-précifement le plus excellent Thé du plus commun , on n’aura pas dè peine à reconnoître les diffé- rons degrésde médiocrité, qui fe peuvent rencontrer dans 2 0 Le bon uf âge du The' , toutes les autres elpeces de The , qui ne peuvent êtredif- feientes ny entre elles n’y par i apport aux deux elpéces qui viennent d ctre defignés, que dans le plus ou le moins des bonnes ou des méchantes qualités de ces elpéces , ce qui établit toutes les différen- ces qu on peut trouver dans les divers prix du Thé. Ces différences font dau- tant plus confîdetables , que M' Tavernier nous allure, que la fleur de cha fè vend jufques a cinq cens francs la livre dans le Japon même, & qU’on fçait neanmoins qu’on en trouve de la Chine à cinq ou flx francs, cependant il eff du moins cer- tain que les Chinois même achettent allés ordinairement du Cajfe, & du chocolat. 1 1 cette fleur de ch a des Mar- chands du Japon , julques à cent , cent cinquante 6c deux cens francs la livre , 6c c’elt ce qui authori/è nos Mar- chands a la vendre icy à peu prés fur le même pied, quoy qu’ils la pou rroienc donner à beaucoup meilleurmarché,les Japonnois & les Chinois mê- mes , l’échangeant toujours volontiers poid pour poid , 6c quelquefois encore plus ad- yantageulèment , contre les feuilles de nôtre làulge, enla- queiies il trouvent de tres- grandes vertus. Pour ce qui eil du Thé commun ils en ont ordinairemët cent livres pour dix livres de làulge, & c’efl pour cela qu’en le donnant en gros à flx francs la livre , ils 22 Le bon ufage du The, ne laiflênt pas d y gagner beaucoup. Ordinairement il ne fê char- gent que de ces deux eipéces de Thé 5 mais ils en font en- fuite par un mélange diffé- rend , un grand nombre d’au- tres efpéces , félon qu’ils ajoû- tent au Thé commun plus ou moinsde fleurs de cha:& c’eft doù vient qu’outre les prix qui viennent detre marqués, on trouve encore du Thé à 10,20,30,40, 50, 60. & 8o.- francs la livre. C’efl: encore par cette rai- fon , qu’on trouve tant de différence dans la grandeur, & dans la confiftâce des feuil- les d’une même forte de 1 hé, mais ilefl: vray neanmoins que fbuvent les trompeurs ont du Café, & du chocolat, i * grand parc à cette différence, en ajoûtant au vray Thé les feuilles dentelées de plufieurs de nos plantes 5 en quoy il paroît qu’on ne fçauroit pren- dre trop de précaution lors qu’il s’agit de choifir le Thé. Cependant il eft à remarquer que cette précaution ne doit pas toujours s’étendre , juf- ques à refufër les parcelles menues du bon Thé ; car il eft allés ordinaire, que les plus délicates feiiilles du Thé fe brifent de la forte , lors qu’il eft remué par ceux qui le chargent. On doit encore obferver que fouvent le plus excellent Thé, c’eft à dire celuy même qu’on nome fleurs de cha, dégénéré en Thé commun , pour avoir 24 Le bon ufage du The été. trop long- temps gardé ou mal eonfervé, car dans cététar, encore que ces feuilles ayent eonfervé leur propre forme ; fon goût, fon odeur & les ver- tus fe trouvent anéanties , par la diffipation de lès parties fub- tiles 8c Ipiritueufes. CHAPITRE III. De la nature particulière du The. ENtre les qualités fenfibles du Thé, fon amertume 8c fon allriclion étant les plus conliderables , je ne puis me di/j^enfer de rapporter en pre- mier lieu, lès obier va dons que j’ay déjà publiées dans mon li- vre du remede Anglois, & qui expliquent en general la na- , ture du Café, & du Chocolat. 25 rure des drogues ameres , voi- cy donc à quoy fe reduifènt ces obfêrvations. Les elemens des corps mixtes font les cor- pu/èules acides, liquides , ig- nées , étherés & terrefères. Entre ces corpufcules, il n’y a que les acides qui fbient en droit de piquer la langue, & il elt certain que cous des amers la pénétrent, en forte qu’ils y font vivement reffentir leur a&ion j il faut donc conclure que les acides font tres-do- minans dans tous les mixtes qui ont de l'amertume. f Il faut obfèrver maintenant, que les acides méfiés avec beaucoup de corpufcules li- quides , ne font que des li- gueurs piquantes èc diffoluan- :cs, comme les eiprits de fel,de B ±6 Le bon ufage du The' , vitriol, d alun, &c. que joins à des corpufcules ignées , ils ne font que des cauftiques com- me le fublime corrofif , l’efprit de nitre, les pierres à cauter- res , &c. qu intimement unis avec des particules fulph urces & oleagineules , ils ne font que des mixtes fort doux com- me le miel ,1e fucre, &- c. Il s en- fuit qu’il n’y a que les corpuf- cules terrellres , qui méfiés &: incorporés avec eux en quan- tité proportionnelle , puiflent faire la laveur amere 5 & ea effet plus dans un lel il y a de terre, plus il y a d’amertu- me , & au contraire plus il efi: dépuré moins il efi: amerj c’eft: ainfi que le lel marin diflbus a l’humide & enfuite filtré par le papier gris , n’a plus d’autre du Caffe , & du Chocolat. 2 y faveur que celle d’un eifpric acide, quoyqu avant cette dif- lolution 6c cette filtration , il fut confiderablement amer. Or comme entre les élemens que j ay nommez , l’acide eft lepluspelànt 6c par conlequét 1È plus froid, 6c que fi le terre- itre a moins de pefanteur que Iuy, 6c même que le liquide , il en a plus aufiï que l’ignée 6c quel etheré, on peut dire qu’il eft tempéré , c’eft à dire d’une qualité médiocre entre les ex- trêmes , & qu’ainfi étant avec 1 acide prédominant dans un mixte , il ne fe peut que le mixte ne loit rafraîchi fiant, ou au moins fort propre à con- lerverla jufte température de notre corps. ■Mais parce qu’il n’y a point B ij iS Le bon u fage du The ' , d’amers Amplement compoSés de corpuscules acides 6c ter- reftres , & qu’il en eft dans leSquels ou les ignées ou les liquides entrent dans une quantité conSiderabîe, il en eft auffi qui font plus ou moins amers 6 c même plus ou moins rafraîchiflans 6c temperans. Orlafoicherefte duThé,nous fait comprendre qu’entre Ses parties élémentaires , il n’y a preSque point de corpufoules étherés n’y encore moins de liquides : pour ce qui eft de fon odeur elle nous découvre qu’il contient en foy des par- ticules ignées volatiles 6c fp i- ritueufos , mais la douceur 6c la delicatefle de cette odeur, nousperfoade en même temps que ces particulesn y Sont que du Café , & du Chocolur. 19 dans une médiocre quantité. - Ces choies préfuppofées , il ieroit bien facile d’expliquer la nature particulietedu The, & les propriétés qui en dé- pendent , car ayant pour par- ties furabondantes les acides, dont le propre eft de coaguler les liqueurs plus fubftantielles comme le iàngle lait, &c. & encore les aJkalis ou corpuf- cules terreftres , qui en abior- bant l’humidité Ôc l’onduo- hte qui relâchent les parties fol ides, reftèrrent & fortifient ces parties , il eft de neceffité que cette feuille ioit coniide- rablement ftiptique & aftrin- gente.Sion conclut après cela qu ayant auffi les particules ignées volatiles & fpiritueufes dans une quantité a des confi- B üj 30 Le botkufaae du Thé , dérable pour le faire aperce- voir par l’odorat , il doit ne- celîairemét reparer les elprits èc reftituer les forces perdues, on aura pris une Idée auffi ju- fte cpe generale de la nature & des propriétés du Thé , ce qui doit fuffire das ce chapitre, où je ne pourrais entrer dans le détail de lès propriétés par- ticulières , lâns m’engager à faire dans les chapitres lùivans une ennuieufe répétition. CHAPITRE IV. Des differentes maniérés de pren- dre du Thé . A Vant que de parler dès jL’.’Crcus particulières du Thé , j’ay dû m’expliquer fur du Caffe, & du Chocolat. 3 j fes propriétés generales, &tout de même avant qne de traiter de lu (âge qu’on en doit faire dans les occalions particuliè- res, je dois établir en general les differentes maniérés d’en ufer, Ges maniérés font bien plus nombreufes que bien des gens ne fauroient pu penlèr 5 car outre l'habitude commune de le prendre en teinture, on peut auffi u 1er avec fuccés de fon eau diflillée, de lès fois, de lès drops , de là conlèrve, de Ion extrait 6c de fa fumée même. Sa Teinture & Ion infulîon c’eft la même chofe. C ed cette boilfon que tout le mon- de connoît 6 c qui ed géné- ralement nommée Thé-, aulfi bien que la feuille dont elle ell tirée. Sa préparation ell tres- B iiij 3 2 Le bon ufage du The, facile , il fufïît de faire bouillir dans un vailleau propre à cet effet , autant d’eau qu’on veut avoir de teinture, & de la tirer du feu quand elle boult, pour y jetter les foüilles de Tbé en quantité proportionelle, cou- vrant enfuite le vaiffeau , 6c laiffant ainfi le Thé en infu- sion durant la troisième partie d un quart d heure , pendant lequel temps les feuilles du Thé s’affairent au fond du vailïèau à mefure que l’eau en extrait la teinture , en forte quelle fe trouve entièrement précipitée, lors qu’il s’agit de verfèr la liqueur dans les ta f- fes , chiques ou gobelets qui fervent à la boire, La forme des vaiffeau x à faire le Thé , eft aulîi diverfo du Caffè , & du Chocolat. 3 3 qu elle eft indifférente } car il fuffit qu’ils loient propres à relifter au feu , & que leurs embouchures foient fermées par un couvercle bien jufte, c’eft pourquoy outre que tou- tes les fortes de caffetieres &; de chocolatières peuvent être employées àcét ulage,on voit aux Indes & en Europe des pots particulièrement deftinés au Thé , dans la matière & Hans la forme defquels il fe trouve une notable différen- ce, c’eft ce qu’on connoîtra mieux par la figure que j ’ay fait reprelènter icy , où l’on trouverales formes qu’on don- ne aux pots d’Argent, d’E- tain ou de terre de la Chine. B ? J4 du Gaffe, & du Chocolat. 3 y La matière & la forme des taffes à boire le Thé eft pa- reillement diverfq & indiffe- rente j neanmoins aux Indes ôc en Europe , il eft affés ordi- nairede preferer aux taffes ou gobelets d’Argent ou de quel- que autre métal que ce fbit, les chiques de porcelaines ou de fayance , par cette raifon que leur bords ne brûlent ja- mais les doigts , & que la fa- çon de tenir ces chiques paflè pour une efpéce de bienfèan- ce. Ceux de qui cette façon eft ignorée la trouveront re- prefèntée à la première figure de ce traité. Je ne dois pas omettre de dire que la teinture du Thé doit être buë fort chaude, 6C même pendant fa première 3 6 Le bon u f âge du The , chaleur , car lors qu elle a été refroidie & eniuite rechaufée, elle eft aulîi defàgreable qu’i- nutile , tout de même que celle qu on tire en deuxieme lieu, des feuilles dont on a déjà tire la première teinture , qui nepeuvent ièrvir dans cét état qu a 1 extradion de ion fel fixe; ce fl pourquoy ceux qui font allez œconome pour ne vouloit rien perdre de leur The, 8c qUi ne veulent pas s attacher à l’extradion de ion ièl , feront 'mieux de fuivre la maxime de quelque Japon- nois , qui reduiièntle Thé en poudre il fubtile, qu’étant mis dans l’eau boüillante , il s’in- corpore avec elle, en forte que ce mélangé ne femble faire qa une fîmple teinture > qui du Caffe, & du Chocolat. 57 n’eft ny plus chargée ny plus défigreable , que celle qui fè fait par infufion , ce qui eft d autant plus œconomique, que le Thé s’y met dans une quantité trois fois moindre, que celle de celuy qu’on fait Amplement infufer. Pour revenir maintenant aux proportions qu’on doit garder , lors qu’on préparé la teinture ordinaire du Thé, on fçait quelle doit être diffe- rente , félon qu’on veut cette teinture plus ou moins char- gée , mais à mon égard com- me je fçay par expérience quelle ne le doit être que fort médiocrement pour être aufii falubre qu’agreabîe, je tiens que fur quatre grandes ta (Tes d eau, qui pourraient faire en- 38 Le bon uf âge du The' , viron fix moyennes chiques de boiiïon , on ne doit mettre au plus qu’une dragme de Thé, & à proportion pour une moindre quatité de Teinture. Ileft affés ordinaire à ceux qui ne craignent pas l’amertu- me de boire cette teinture fans addition , prétendant par cét uïage la rendre plus efficace , & j’ay obfèrvé qu’en effet elle a beaucoup plus d’aftriéhon : mais c’eft un excès qui faitdes altérations nuilibles & que je ne fiurois approuver 5 je fuis donc en cela pour l’ufageplus ordinaire , qui veut que dans . une. médiocre tafle de boif- fon, on ajoute une bonne pin- fée de fucre en poudre , & pour enchérir même fur cét 11 fige , j ay infinité à bien des du Café , & du Chocolat. 3 9 gens, l'habitude de fublKtuer au fucre les drops dont il fera parlé cy-aprés. Quoyque lu/àge de le au diftillée de Thé, jfbie d autant plus rare , que je crois être le ièul Médecin qui l’aye mile en pratique , elle ne Iaifle pas d a- voir des propriétés admira- bles, tant par rapport aux ver- tus du Thé qui en fait la prin- cipale matière , qu’à caufe de 1 ambre & du Cardamome que j’y fais ajouter, & qui la ren- dent cordiale & digeftive. Quand à ce qui concerne les fcls de Thé , îa Medecinene nous-en fournit point de plus généralement utiles,pui!qu’ils iont également efficaces pour lever les obffiruclions , pour dilToudrc les humeurs coagu- 40 Le bon ufage du The , lées, pour amortir les levains» & pour abaifler les vapeurs contre nature. Ces Tels font au nombre de deux , fçavoir 1 eflentiel 6c le fixe -, je donne- ray bien- toft la maniéré d’ex* traire le premier , en publiant dans le Journal de Medecine, le fecret de tirer les lels eflfen- tiels de toutes elpeces de plan- tes feches , ÔC à l'égard du deuxieme , je le fais préparer comme tous les autres fels fixes » c’eft à dire par inciné- ration , l’exivation , filtration, évaporation , 5c coagulation, 6c pour oeconomilcr fur cét article, je fais rechercher dans tous les Caffez de Londres, le Thé dont on a tiré la teinture, qui ne coûte prefque rien à mes correfpondâces, 6c qui ne du Café , & du chocolat, lai fîè pas detre auffi propre à l’extra&ion du iel fixe , cjue celuy qui n’auroit pas encore fervy. Pour ce qui eft des fîrops de Thé de mon invention, je les diftingue en fîrop fîmple , & fîrop Fébrifuges le fîmple efl préparé avec la teinture du Thé ambrée , 8c le fébrifuge avec les fèls dont il vient d’ê- tre parlé , & encore avec ceux que je fais extraire du Caffé, & du cacao 5 il fera parlé en d’autres endroits de l’ufage qu’on doit faire de ces fîrops. Pour ce qui eft de la confèr- ve de Thé, elle eft en forme de tablettes qui le compofent avec le fucre fin ambre, 8c les feüilles de Thé réduites en poudre impalbable j on les m, 41 Lebon ufage du Thé , peut manger telles qu’elles font avec plailir, ou en faire furie champ une fort agréable boilïon, en les difloluant dans feau bouillante , où il ne faut ajouter ny fucre ny'lîrop, ce qui faituneefpécede teinture beaucoup plus cordiale que la teinture commune. Je diray peu de chofe en cét endroit de l’extrait de Thé , qui n’eft que le relidu de l’é- vaporation d’une bonne quan- tité de la teinture, mais qui ne laide pas que d’avoir des utili- tés comme il fera dit cy- après. Relie à parler de la fumée de Thé , que plulieurs pren- nent plailir à recevoir par la bouche corne on fait celle du Tabac , après avoir allumé les feuilles de Thé dans l’embou- 4 du Café, & du Chocolat. 49 chure d’une pipe , ce qui for- tifie le cerveau autant que le tabac faffoiblit. CHAPITRE V. Des vertus particulières du Thé. A Prés a-voir expliqué la jnaturedu Thé , 8c avoir donné une idée generale de fes propriétés, je dois mainte- nant appliquer ces obferva- tions generales, aux effets par- ticuliers qui re fuirent de Ion aétion ; 8c comme entre ces effets le plus confiderable 8c le plus univerfellemét connu , efl: celuy de rendre fuppor ta- bles, les veilles que la nature ne pourroit foûtenir là nsacca- blemetùl eft iufte que ie com- 44 Le bon ufage du The\ mencc par l’explication de ce phœnomene. Pour le mettre dans toute levidence qu’on peut ftmhaitter j 11 eft à propos de rapporter icy , les ob/èrva- tions quej’ay communiquées au public fur les caulès de la veille de du lommeil , dans 1 hiftoire naturelle de l’opium, qui a été ajoutée à la deferip- tion du remede Anglois j voi- cy comment je m’en fuis ex- pliqué. L état de l’homme qu’on nomme veille , de dans lequel le corps eft capable de toutes les fondions qui dépendent de la volonté, ne lubiîfte que par un écoulement continuel des e/prits animaux dans tous les nerfs, de par confèquent dans ceux qui conftituent les orga- du Cuffé, & du Chocolat. ^ ries des fens, fi bien que la dif- fîpation de ces mêmes efprits, & tout empêchement formé à leur paflage, font les caufes du fommeil , qu’on peut définir, une difpofïtion en laquelle les fèns extérieurs font afîoupis , au point d’être incapablesdes perceptions qu’ils donnent à 1 ame, & en laquelle toutes les autres parties du corps font af- faiblies, relâchées , & impro- pres à toutes les actions volon- taires aufquelîes la nature les a deftinées : car le fommeil eft toujours imparfaiten ceux qui ant les yeux ouverts, qui mar- chent , ou qui font toutes au- tres fortes de fonctions en dor- nant , qui fèmblent être de- pendantes de la volonté , puis- qu'elles fuppofent Je gonfle- 46 Le bon ufage du The , mène , la force , en un mot le mouvement des nerfs , qu’on ne peut raporter qu’à celuy deselprits dont ils font alors pénétrés & occupés. Cela luppofe , il ne ièra pas difficile de comprendre, pour- quoy on s’endort naturelle- ment apres un rude travail ou après une longue veille -, car comme ces deux chofes diffi- pent beaucoup d’elprits,il s’en trouve a la fin une trop petite quantité pour remplir tous les nerfs, pour loutenirle corpsj & pour le rendre propre à la lènlàtion 6 c au mouvement j de telle forte qu’il demeure comme neceflairement immo- bile & inlè'nfible , juiqu’à ce que le fang dépuré & fubtilifé par une nouvelle circulation, du Caffe, & du Chocolat. 4.7 aye depofé dans le cerveau une quantité d’elprits équiva- lente , à celle de la diffipation qui devoit être reparée. On peut expliquer avec la même facilité , Tafloupiflemet qui eft lî ordinaire pendant la digeftion des alimens j car comme elle ne fe peut faire fans qu’il en refaite des va- peurs qui montent au cerveau, qui emba raflent les efprits , &c qui font une e/pece d’obflru- étion aux embouchures des nerfs , ce n’efl: pas merveille fl les extrémités du corps de- meurent languides , foibles &C a floupies, pui {quelles ne peu- vent être robuftes 6c propres à leurs fondions, fi l’influence des efprits vers elles, n’eft con- tinuelle & abondante. 48 Le bon ufage du Thé , Si apres ces obfervations , on réfléchit fur ce que j ay dit de la nature du Thé , on comprendra très - facilement comment il peut empêcher le fommeil &: rendre la veille fu- portable, car ion amertume le rendant fixatif &aftringent, il doit en amortifiant les le- vains contre nature , & en re- ièrrant l’orifice fuperieur de feftomach interrompre l’ele- vation de toutes les ibrtesde vapeurs groflîeres, qui pour- roient embaraifer les elprits & obftruer les nerfs , & ayant d’ailleurs beaucoup de parties très- volatiles & ipiritueuiès, il doit promptement reparer les eiprits animaux , qui ont été diflipés par le travail & par la veille , & eau 1er par conië- quent du Café , & du Chocolat. 4^ quent une nouvelle influence de ces elprits dans les nerfs qui reftituent à toutes les parties, la puiflance d’exectiter de nouveau les fondions de la- me lènfitive. Ü On doit conclure tout de même , que le Thé en détrui- fant les levains , en arrêtant les fermentations contre na- ture , en redifîant la dige- fHon,enabfbrbant les humi- dités fuperfluës , & en préve- nant la génération des crudi- tés, doit furvenirà toutes les maladies de la tète , de l’efto- mach , & des inteftins , & par conlèquent à la céphalée , à la migraine, aux cacharres", aux fluxions particulières, aux maladies loporeulès , & en- core à toutes les indi/pofitions C 50 Le bon ttf âge dit Thé , qui font les fuittes de la dé-? bauche & de l’incontinence j c’ell: pourquoy rien n’eft plus rare à la Chine & au Japon, que des gens tourmentés de goutte & de gravelle, ou fur- pris d’Àpoplexie , d’Epilepfie & de paralyhe. Au furplus, on fçait par ex- périence que les hmples qui abondent aifés en parties vo- latiles & lpiritueufes pour être odorans, font cordiaux &L diu- rétiques 5 c’eft pourquoy on ne doit pas douter que le Thé ne puiffo être fort propre à dépurer la maife |ànguinaire, à reélifier fon mouvement, te à nettoyer fes Filtres , d’où, vient qu’il remedie aux pal- pitations du cœur , à l’embar- ras des poulmons , à l’eroiîon du Café , & du Chocolat. 5 1 de leurs vailTeaux, aux fièvres intermitantes , Ôc à la colique Néphrétique. Refte à dire , que quand on prend le Thé feulement com- me aliment ôc par regai , ou à deflein de conserver la lancé > Sc de prévenir les maladies dont il vient d’être parlé 5 Ion ufâge ell: fi arbitraire ôc fi in- diffèrent » qu’on le peut pren- dre fans inconvénient , à la quantité que l’appétit peut fuggerer ôc indiftinébement en tout temps , fi ce n’eft lors qu’on veut s’abandonner au lommeil ; mais lors qu’on en u le à deflèin de le délivrer de quelques indifpofitions , il eft bond’obferver ce qui fera cy- aprés remarquable. Lors qu’il s’agit d’appaifèr C ij ,J2 Le bon ufage du The' , quelques douleurs de tête , ou d’arrêter quelque fluxion que ce loi t, on doit toujours mettre en place de lucre dans chaque prife de Thé , une cueillerée de lirop de vanilles, dont je donneray la defcription dans la troifiéme partie de ce livre. Ce mèipe lirop , ou à Ion défaut, celiiy de capilaires lèra préféré au lucre , dans les in- flâmations des poulinons, dan s les palpitations de cœur , & dans les autres maladies de la poitrine, & l’on fera bien dans ces occalîons de faire infufer le Thé dans le lait de vache boüillant & un peu écrémé. Pour remedier aux flux de ventre , à la dilfenterie , aux corruptions qui engendret des vers , & généralement à tou- ♦ : v ' u'f du Cajfe, & du chocolat, j 3 tes les maladies dépendantes de l’indigeftion , il fera bon de mettre dans chaque talïe de boiflon une ou deux goûtes d’eflence d’ambre , ou à ion défaut d elTence de canelle, & de fubftituerau fucre le firop de fleurs d’oranges, ou à fon défaut celuy de grenades. Contre la goutte & contre la colique Néphrétique , le fi- rop de Caffé doit être préféré, il en fera parlé dans la deuxiè- me partie de ce livre. Enfin contre les fièvres in- termittantes , on employera avec fuccés , le firop fébrifuge dont je prefcriray l’ufagedans le chapitre fuivant. * C iij CHAPITRE VI. 2>w frop de The Fébrifuge. LE travail dans lequel je m’engageay en 16K2. pour connoître par une ana- lyse exaâe , la nature & les propriétés du Tlié , du Caflfé, & du Cacao , me fit trouver un nouveau moyen pour tirer les fiels eiïèntiels des plantes delîeichées , ce qui me donna lieu d'obfierver , que ceux qu on peut tirer de ces trois fimples , étant réunis avec leurs autres principes, compo- loient un remede également facile, prompt , & alluré, pour la guerifion de toutes les elpe- ces de fièvres intermittantes 5 du Caffé , & du Chocolat. 5 5 j’en fis alors des épreuves qui euréc tout le fuccés qu’on pou- voir fouhaitter , 8t contant de cette découverte , j ’étois prêt à la publier dans le Journal de Mçdecine,îors que des ad' verlàires jaloux , firent fuf- pendre l’impreffion de ce Jour- nal par un arreft furpris , qui n’avoit pour fondement que des fuppofitions > ce qui ne m’empêcha pas de travailler au bien public , & de faire diftribuer eét excellent Fébri- fuge , par les artiftes qui tra- vaillent fous ma direction en conformité des intentions du Roy , à la recherche êc véri- fication des nouvelles décou- vertes de Medecine. Les naturalises qui font afiTés expérimentés pour juger des C iiij 5 <5 Le bon ufage du The', mixtes par leurs qualités len- fibles, n’auront pas de peine à croire que le Thé & le Caf- fé, qui ont un goût amer, âpre 6 aftringent , ayent une ver- tu Fébrifuge , fur tout^aprés avoir refléchy fur ce qui a été dit dans les chapitres précé- dons j mais il n’y a point de rai/onnement détaché de l’ex- perience, qui puilîe nous faire prefmner cette vertu dans le Cacao j cefî: pourquçy fins m engager dans des railonne- mens fuperHus,il feroit mieux de donner icy la defcription du Ci rop dont il s’agit, & d ex- horter les ariiltes à le mettre adiverlès épreuves,mais com- me le plus grand myftere de la préparation , confifte prin- cipalement en l’extraétion des du Cujfe , mais à condition de le réi- térer, en telle forte que la con- sommation du remede foi t toujours équivalente , c’eft à dire quelle foit de fix demies prifes pour les fonples & dou- bles tierces , & de douze pour les quartes (impies & compo- fees , en obforvant les réglés cy- devant preferiptes , tint pour les premières prifes que* pour les répétitions. du Cajfe, & du Chocolat. G-j Ce qui vient d être prefcrit pour les femmes qui font dans les premiers mois de leur groflelfo , convient pareille- ment aux enfans qui ont paffé l’âge de quatre ans -, mais à l’é- gard de ceux qui font encore à la mammelle ou qui ne font fevrez que depuis un an ou environ , il eft mieux de ne leur donner que deux ou trois gros de Fébrifuge pour cha- que prife. Le Régime qui convient à ceux qui ufont de ce remede, comprend les réglés qui peu- vent être réduites fous deux ordres di.fferens : car les unes font généralement utiles dans l’ulàge de quelques Fébri- fuges que ce foit > & que les autres regardent feulement la 68 Le bon ufage du Thé propre difpenfation du’firop de T lie Fébrifuge. Les Réglés du premier or- dre, font celles mêmes que j ay prefcrites dans mon traité de la guerifon des fièvres 5 voicy a quoy fe reduifent les plus eflentielles. 1 . Le porc qui eil fort in- digefte le veau qui eftmu- filagineux & relacliant, font des viandes de i’uiage def- quelles il faut s abflenir, ain/ï <^ue des autres de même qua- lité. 2. Les boüillons, les tizanes, les emulitions , les eaux de veau Sc de pouler, les liqueurs rafraichiflantes à la glace, Sc généralement les choies ac- tuellement ou potentiellemët froides, afFoibli fient la natti- du Cajfe , & du chocolat. 69 re , & énervent la vertu des Fébrifuges. 3 . On ne doit donner au- cune hourricure fol ide dans toute la durée des accez. 4. Il ne faut faire au plus qu’un ufage tres-refervé delà patifferie , des legumes rafraî- chiflans , des làlàdes & du poiflon , car chez les Febrici- tans , il ne fo fait qu’un mau- vais chyle de ces fortes d’Ali- mens. 5. Le vineft pour lesFebri- citans , la meilleure de toutes, les boiflons ufuelles , pourveu qu’on le prenne làns excez ou pur, ou avec de l’eau fui- vant l'habitude. 6. La Biere quoyquemojns bonne que le vin , ne laide pas d être préférable à toutes 7° Le bon lifage du The\ les dpeces de tizannes , car plus un remede tient de l’ali- ment plus il eft làlutaire , c’eft |>ourquoy 1 eau policrefte que j ay inventée & qui nourrit comme l’eau commune , eft apres le vin la meilleure de toutes les boiflons u/uelles qu on puiife prendre, pendant 1 u /âge des bons Fébrifuges. 7. Les bons alimens & fur tout ceux que la nature fèm- ble demander , contribuent pre/que autant que les remè- des , a la viétoire qu’elle rem- porte fur le mal. 8. On peut comprendre fous le genre des bons alimens fo- îides,le bœuf, le mouton, tou- te^ e/péces de volatilles dome- ftiques , & de gibier , ( à l’ex- ception du fànglier ) les œufs du Caffe , & du Chocolat. 71 frais qui ne font ny bilieux ny édiauffans, comme le penfenc ceux qui font prévenus des erreurs populaires , les fruits focs ou cuits avec une petite quantité de fucre , & même les legumes qui ont beaucoup de parties fpiritueufes , par exemple les artichaux & les alperges. A l’égard des réglés particu- lières que les Febricitans doi- vent obforver, par rapport à la dilpenlàtiondu lîrop Fébrifu- ge , voicy à quoy elles fo re- duifont. * . 1 • Il faut tellement regler le tems des repas que l’eftomacli foit vuide lors qu’on prend le remede, c’efl fur quoy les ma- lades fo doivent eux-mêmes confulter, la digeftion étant plus prompte ou plus tardive, 7 2 Le bon ufage du Thé , lui va ne que Faction du levain digeftif eft plus ou moins ef- ficace. i. Il faut auflî apres avoir ^pris le rem ede, palier du moins trois heures fans manger, pour donner le temps necelîaire à fa, diftribution , qui fe fera mieux II on le tient dans la veille & dans l'exercice. 3- Une réglé qui refulte de ces deux premières , elt que depuis la première jufqu a la féconde prifè, il n’y a environ que cinq heures dans lelquel- lestm puilîe louper , dîner ou faire d autres repas, fçavoir j, 4j5> 6, & 7 heures après la pre- mière prile > mais dans cét elpace de cinq heu res, on peut manger jufques à deux fois Ôc même alfés conlîderable- ment du Caffé , dr du chocolat. 7 3 ment, labftinence étant plus prejudiciable que profitable dans ces occafions. 4. Lors que dans cét efpace de temps on ne fait qu’un re- pas , il eft bon quelques heu- res devant ou apres , de pren- dre félon l’inclination quel- ques chiques de Caffé vola- tile , ou de Chocolat dégraif. fe, deux boiflons qui n’ont point les méchantes qualités du Caffé ny du Chocolat or- dinaire. 5. Il ne faut jamais boire dans le friflon > mais dans le chaud on peut boire une mé- diocre quantité de vin , foible de luy même ou affoibli avec de l’eau. 6. Les femmes grofïès doi- vent éviter pareillement lu- 74 Le bon ufage du Thé , lage des légumes qui font apéritifs, comme les artichaux ôc les afperges , ôc à 1 égard des enfans à la mamelle, ils ne doivent teter , qu’à peu prés dans le temps qui ont été marqués pour les repas des adultes. Par l’obfervation de ces réglés tant generales que par- ticulières , on affinera effica- cement le fuccés de la cure fbuhaittée , mais au refte avec • beaucoup moins de régime , cét excellent Fébrifuge ne laiffierapas d’arrêter la fièvre , tant il effi vray que les bons i remedes , contraignent pour ainfi dire la nature à lé por- ter aux déterminations les plus làlubres. Les remedes auxiliaires qui du Caffe , & du chocolat. 75 concourent en quelques fortes à l’amortiflement & à l’ex- pullîondu levain fébrile , font ceux qui peuvent bâter la dé- puration du fang , lever les obftrudions,diiroudre les maT tieres coagulées , & les poûfer dehors par les voyes ordinai- res, ces bons effets fins doute doivent contribuer beaucoup à rendre la cure plus prompte & plus allurée. Ordinaire- ment on comprend les vomi- tifs fous le genre de ces réme- des , Sc l’on fçait même qu’ils font généralement utiles dans les lieux où la pélânteur dé l’air , épaifit & arrête la pitui- te dans des parties qu’elle ne doit pas occuper , par exem- ple dans l’eflomach , d’où elle eft mieux tirée par le vomif- Drj -]6 Le bon ufage du The , lêment que par toute autre évacuation , aulfi bien que la bile retenue dans là veficule, par l’obftruétion des méats, cholidoquesj Cependant com- me il le trouve des gens en qui la foiblelTe, & les autres dilpolîtions particulières de la poitrine & de l’eftomach, rendent les vomitifs très- dan- gereux , ils ne doivent être donnés qu’aprés de lèrieulès reflexions , avant l’ulàge de quelques Fébrifuges que ce ioic , mais ceux qui lont trai- tez avec le lirop de Thé Fé- brifuge ontcét avantage, qu’il ne faut point examiner li les vomitifsleurs convie nnent ou non , car ce remede eft luy même li utilement vomitif, qu il n’excite le vomilïemene du Caffé, & du chocolat. 77 qu’en ceux en qui la nature font le befoin quelle a de fo décharger par cette voye: ainli fans donner icy de ré- glés particulières pour l’ufage des vomitifs, je preferiray feu- lement celles des diurétiques ôc des purgatifs , qui font les fouis auxiliaires , dont les dé- terminations ne font pas con- traires aux mouvemens de ce Fébrifuge. On nomme diurétique ce qui pafle par les urines. L Eau policrefte dont il a ete parle , produit cét effet efficacement Sc même entretient la liberté du ventre. Ceux qui nen pourront pas avoir commodé- ment , mettront dans chaque peinte de l’eau commune qu’ils boiront , une dragme D üj 78 Le bon ufage du The , de fc 1 de chicorée ou d’aigre- moine. Ces Remedes font feule- ment p’ opofés , pour les per- sonnes accommodées qui ne craignent pas la dépenfe , ôc qui vueillent recouvrerprom- ptement l’embompoint êc les forces perdues ; les autres s en pourront palier fans incon- vénient & ne laideron t pas de guérir j car le Fébrifuge fait l’etTentiel de la cure, puifquil agit toujours efficacemet fans le fecpurs des auxiliaires , qui ne font icy propo/ez que com- me des remedes confirmatifs de l’effet du fpecifique. Il en faut dire autant des purgatifs , qui ne kilfent pas neanmoins d’avoir leurs uti- litez , c eft pourquoy je rap- que chant le bon ulage doit faire dans mon laguerifbn des fièvres. i . Les medicamens qui pouf- fent paj le ventre ne lont pas les feuls purgatifs , il n impor- te par où l’on chaffe les impu- retez & les fuperfluitez, pour- veu que les voyes qui fervent à leur expulfion foient les plus commodes à la nature, èc en faveur defquelles elle fembîe fe déterminer. 3. Il eft phifiquement im- poffible , qu’ils ayent aucune prife fur les matières hetero- genes qui font confondues dans lamalfe fanguinaire , & qui font les caufes immédia- tes des fièvres. 8 o Lebon ufage du Thé , 4. On doit quelquefois repa~ rer par les purgatifs les mau- vaises dilpofitions du corps, mais leur ufâge doit ordinai- rement précéder celuy du spécifique ,1c relâchement du ventre étant toujours contrai- re à Son aétion. j. Les purgatifs amers ou leurs extraits étant en quel- que forte Fébrifuges , doivent être préférés à tous les au- tres. 6. Quand après avoir ar- refté la fièvre , on veut s’aflu- rer par la purgation du côté de la récidivé , il eft mieux quelle foit repetée , que d’en donner des prifes plus fortes' &C en moindre nombre. A ces obforvations genera- les qui conviennent à tous du Caffé, & àu Chocolat. 8 1 les Fébrifuges , on doitajoû- terune réglé particulière qui eft importante dans l’ufage de celuy-cy. 7 . Ce n’eft pas afflés d’obfèr- ver beaucoup de médiocrité dans la dofe des purgatifs quon donne apres la cure, il faut encore que par un long efpace de temps , on le /oit afflué du côté de la récidivé avant que de purgerj car il eft afflez ordinaire que la purga- tion eau le le retour de la fiè- vre en dépravant la chylifïca- tion , & reipuant les matières fermentafxveS. Au refte , pour la purga- tion qu’on doit faire avant ou après la cure des fièvres in- -termi tantes, on peut ufèr avec fuecès du vin purgatif que D % 8 1 Le bon ufage du Thé , j ày décrit dans mon livre du remede Angle s , & qui fe. .préparé avec l’hiere pigre : main reXt ait Pu Satlf de nos amftés luy elt préférable. Son ufàge efl dautant plus facile, qu on le donne en petite dofe fé qu il n’a point de mauvais goût. On peut neanmoins le iàupoudrer de lucre ou 1 en- velopper dans du pain azime, danb la pelure de pomme cui- ti s, ou dans quelques iembla- bles choies ; outre qu’on le peut diiloudre dans un peu de vin ou de bouillon. Il fuffit pour les plus robuftes d’en -donner gros comme une ave- line & pour les autres à pro- portion. Aux femmes grades 9n en donnera feulement de- mie dofe , & aux petits enfans du Café, & du chocolat. 83 une quatrième partie dans quelque confiture que ce foit. Quoy qu’il l'oit rare devoir des récidives, quand on a trai- té & guery les fièvres inter- mittantes , fuivant les réglés qui viennent d être prelcritesj on fçait neanmoins par expé- rience , qui] eft des gens en qui il le trouve diverses lot- tes de levains , de façon qu a- prés avoir éteint celuy qui failôit une certaine elpece de fi vre, il arrive quelquefois qu’une autre fe fermente à fon tour & fait une nouvelle fièvre , fi par précaution oi\ n’a pas foin de l’amortir & de le chafler > c’eft pourquoy ceux qui vueillent s alTurer davantage , doivent huit jours apres la celfation de là fièvre #4 Le bon ufage du The', prendre une nouvelle pri/è, ^ pour mieux faire encore, une autre quinze jours après ceiie-la , ou du moins quel- ques pri/ès de l’extrait de > *3ui fera même prefe- ^ rable pour les perfonnes dé- licates. v^tioyque cette précaution loit utile , il ne faut pas croi- re neanmoins quelle foie ab- iolument nece/Taire, puifque ians 1 obferver , il ne fe trouve pas un malade entre cent qui tombe dans le cas de la réci- divé, & qu’au pis-aller lors de cet inconvénient , il fuffic de repeter ce qu’on avoit/ait, ce qui e/l d autant moins clia- grinant , que le remede e/l tres-faciie & fon prix très- modique» du Cœffe, & du chocolat. Au relie les prifes de ce remede étant en petit volu- me ÔC en petit nombre , il elt û propre à être tranfporte» qu’on peut même l’envoyer par la polie à très - peu de frais » foit dans les Provinces ». foit dans les Royaumes étran- gers , outre qu’étant en con- li fiance defirop , le fucre le rend tellement inaltérable» qu’on peut même l’envoyer dans les Indes , fans craindre que le temps ny la mer luy ôtent rien de là vertu. 87 ySj Æ rlü & tSj Æ >p *JS‘ &*fdr ftp • ‘cp-q* • Æ<»Ir • tir <*Er Æ ^ cfr> et? et? ,(*t? * et? en • ern-Grî • «.A ■•: en gts cn> ep p ’p. :*5cp:-iS Ep -p «4* 4* pa- • ïta .>Ti . 4* 4a 4a 4» ffl rp rfa fp U d» rfr fp.ffc *p ffr LE BON USAGE DU THE', DU GAFFÉ' ET DU CHOCOLAT. SECONDE PARTIE. Traitant de la Nature , des propriétés .& du bon nfaoe du C*jfé. CHAI' ET RE U P* s Veux oit on cultive la C'jffë , de fa ferme, ©> de [es différentes dénominations. Ê Caffé eft une plan- te qui croît en abon- ^^dancedans le Royau- me d Yemen qui raie partie de l’Arabie heureufe, £c encore félon quelques Au- 88 Le bon ttfage du Thé , teurs aux environs de la Mec- que. Ses feuilles reflemblent en quelque forte à celles du cerider , mais elles ont enco- re plus de rapport à celles de levonime qu’on nomme en- core fufîn , ou bonnet de Prêtre , avec cette différen- ce neanmoins qu elles font plus épaifTes & plus dures, & quelles confervent tou- jours leur verdeur. Le prin- cipal corps de cette plante , eft une forte de tige qui ref- femble affez bien à celles de nos fèves domeftiques, & en effet fon fruit qui eft affés du goût & de la confiftance de nos feverolles , eft renfer- j me au nombre de deux grains dans une petite efpéce de go u de i c eft pour cela qu’on du Cajfe , & du Chocolat. 89 reconnoît ce fruit en Euro- pe pour une efpece de fève Indienne. Quoyqu’il en foit, chacun en décidera comme il luy plaira après l’infpeétion de la tige ôc de la graine qu’on a fait reprefenter à la première page de cette fécon- dé partie. Cette plante fut reconnue par les premiers Auteurs qui en ont traité > fous le nom de bon ou fous celuy de ban en bonchum , ou félon quelqu’uns buncho 6 £ buncha. Les Egy- ptiens l’appellent allés ordi- nairement Elkarie , ôe les Ara- bes Cuchua, comme pour faire un diminutif de leur Cachaun- diano , &: dont ils croyent qu elle eft d efpece la plus menue , de e eft apparemment 9° Le bon ufage du The , par cette raiion qu’ils ont nommé Caoua fa teinture* quieft leur plus delicieufe ôc plus ordinaire boifion, cepen- dant cette teinture à été plus généralement nommé Caphé ou Gaffé , & même à prelènt on donne indiftincèement ce nom a la drogue ôc à fa tein- ture. Ce nom a neanmoins reçeu quelque corruption parmy ceicaines nations , car par exemple les Ailemans écri- vent plus volontiers Coffi ou les Anglois Cèffé , & les | i urcs Cnaube , mais plus ordi- naiiement Cahué 3 à cau/ède- ? quoy ils donnent aux lieux oii . 1 elt débité en détail , un nom Turc qu’on traduit en I François Cavebannes , & je £ $u du Chocolat; 9 3 ne doute pas au relie, que cet- :e plante n’aÿe receu encore d’autres -.noms en Europe ou ulleurs,mais rien ne m’enga- ge à les rechercher tous pour les rapporter icy, & le Lecteur fera fans doute contant, quand iprés ce qui vient d’être dit , il apprendra que pour m’ac- commoder à nôtre ulage , je comprendray dans ce traité tous le nom de Caffé, la plan- te , la graine, & la teinture dont je dois parler. A l’égard de la graine, elle 1 tant de lolidité qu’on ne peut ny l’amollir ny la cuire, ioiten la failant tremper, foit en la failant boüiliir dans l’eau j c’ell pourquoy s’il étoit poffible de tirer de toute là fubllance une efpéce dali- • A ' y ' •••- 5 z Le bon ufage du The, „ ment , il feroit beaucoup plus pelant & plus indigeftc que les différends ragoûts qu’on fait avec nos fèves. J’ay obfer- vé^neantmoins quelle n’eft qu a peine un jour ou deux dans 1 eau froide , fans jetter une efpéce de germe , & fans rendre une teinture verdâtre* ce qui détruit l’opinion de ceux qui prétendent que les Arabes la paflent fur le feu avant que de la négocier , à delîèin d’en détruire le ger- me 3 & d empêcher par cette précaution , quelle ne foit cultivée dans d’autres païs> adjoûtez que cette obferva- tion eft foûtenuë de l’expe- rience 5 car MonfïeurdErrerc ? qui faiticy un fortgrand com- I merce de Caffé , affure qu’un du Café, & du Chocolat. 9$ Gentilhomme de fes amis, en 1 fèmé & en cultive avec fuc- ;ez prés de Dijon depuis plu- fieurs années , qui vient dans la même forme que celuy i’Arabie dont il n’eft diffé- rend que par l’odeur, qui n’eft pas beaucoup fi forçe ny fi agréable. * CHAPITRE II. De la nature du Caffe'. LE Caffé qui eft infipide lors qu’il eft encore en graine , ne laide pas d’avoir confiderablement d amertu- me & d’aftriftion , lors qu’il a été préparé pour l’ufage comme il lera dit cy - apres, c’eft pourquoy je le rois obli- 94 Le bon ufage du The , ge d expliquer icy la nature des amers j ft je ne métois acquité de ce devoir dans la première partie de cét opus- cule, où je renvoyé le lecteur, poui ne le point ennuyer par d inutiles répétitions. Cepen- dant pourajoûter à ladoéhi- ne generale des amfers , ce qui. conftituë l’eflen ce parti- culieie du Gaffé voicy ce que je dois faire remarquer. Si le Gaffe en graine n'a P * A îertume 5 & s’il n’en a meme que très- médiocre- J ment lors qu il eft préparé pour 1 ufage , il n’a auffi dans! ia compofttion qu’une très-- 1 médiocre quantité de particu- les acides; mais auffi comme il eft fort folide & fort pelant 1 il a pour principe predomi-4 dtiCajfe, & du Chocolat. nant , des particules terreftres que j’ay encore nommées Alkalis , ce qui n’empêche pas qu’il n’ait beaucoup de parties fubtiles , fermentati- ves de très -faciles à le déta- cher. On l’a dû. comprendre par ce qui a été dit de la cou- leur verdâtre qu’il rend dans l’eau froide-, & il feroit dif- ficile de le démontrer plus clairement , qu’en préparant cette teinture brune ôc lavou- reufe qu’il rend dans l’eau bouillante, après qu’il a été rôti de pulverifé 5 puifqu’elle le fait dans un moment , de qu’il ne faut qu’une tres-pe- tite quantité de poudre pour la rendre confiderablement chargée. Par cette teinture brune 011 p6 Lebon ufage du The , doit entendre cette fameulè boiflbn qui a retenu le nom de là matière , & qui a toû- jours été la plus ordinaire & la plus delicieulè liqueur des levantinsrelle eft même lî con- nue & h ulîtée dans l'Europe, que dans la lèule ville de Londres , il y a plus de trois milles mailbns deftinées à boire du CafFé , dans lefquel- les il-y-a de grandes laies , où l’on voit tout le jour & une bonne partie de la nuit , un très - grand nombre de beu- veurs, & l’on fçait qu a Paris il s en fait une prodigieulè conlommation, non lèulement chez les Marchands de li- queur, mais encore dans les mailbns particulières & dans les communautés. Cette du Cœffé, & du Chocolat. 97 Cette boiflon toute Ample qu’on ne' prend que comme nourriture ou par forme de ré- gal , ne laiflfe pas d’avoir des propriétés médicinales , qui la doivent faire conflderer au moins comme un aliment mé- dicamenteux 5 ceftpourquoy elle feroit beaucoup mieux en- tre les mains des Artiftes que dans celles des Limonadiers, qui ne font pas aflez expéri- mentés dans la préparation des fmiple^v pour conferver lès parties plus eflentielies de ceux qui paflent par le feu , ny aflez fçava-ns dans l’art de guérir , pour être en état d’en prcfcrire le bon ufage. Si on obforve la couleur , l’odeur , la faveur & la con- fiftancede cette boiflon, prin- E t)8 Le bon u f âge du The , cipalement lors qu’elle efl pré- parée avec le lait, cm le per- ïuadera aifèment , que les par- ties fubtiles & délicates du CafFé font gradés & étherées, puifqu’elles donnent à cette boilFon une douceur en quel- que forte onétueufo , & qu’el- les s’unifient analogiquement avec les parties butireules du lait Fans les Feparer de la fie- rolité, ce qui arriveroit infail- liblement , s’il y avoit dans cette teinture , aucuns autres principes predominans que les corpufcules étherez. En effet la foicherelfe du CafFé , nous perfuade qu’il n’a prefque point de corpu feules liquides j le peu de fol fixe qu’on en tire par l’incinéra- tion, nous alfure qu’il n’eft pas du Gaffé , (jr du Chocolat* y 9 beaucoup chargé d’acides , la vertu qu’à là teinture de de- faltererôc de deienyvrer,nous marque ailés quelle ne il pas abondante en corpuicules ignées > &c s’il eil vray qu’il fojt dans ion tout beaucoup chargé de particules terre- lires , les parties grades êc étherés s’en détachent fi faci- lement dans l’extraclioa de là teinture , quelles ne retien- nent qu’une tres-petite quan- tité des plus legeres , & que le relie iè précipité au fond du vai fléau en forme de marc ou de fœces, Voicy maintenant ce qu’on doit inférer généralement parlant des obfervadons pre- cedentes. 1. Le Caffé pris en fubilan- E ij i oo extraction , la plus grand part de ff? acides , fe détachent conjointement avec les parti- cules étherées & s’étendent avec elles dans le liquide , de maniéré que cette teinture n elt a proprement parler, que la dilTolution & l’extenlîon dune espèce de fel volatiles i u on içait par expérience , que les tels volatiles détachez de toute autre principe , font diaphoniques & fudorifi- ques j on fç ait aulîi qu ils font diurétiques & Hyretiques, lois qu il font unis comme das la teinture du Caffé , avec des particules terreftres 6c pe- lantes qui les précipitent. Apres ces oblèrvations, on comprendra facilement pour- ««°y le Caffé a toutes les ver- du Gaffe, & du Chocolat. 1 1 1 tus que j’ay attribuées au Thé j & plufîeurs autres en- core .qui luy font particuliè- res^ que jededuiray inconti- nent 5 mais comme ce que j en dois dire regarde l’ulàge du Caffé , je dois auparavant par- ler du choix qu’on en doit faire , de fa bonne prépara- tion , 8e de quelques autres choies aulîi utiles 5 mais qui ne tiendront lieu que de fîm- ples accelfoirs. CHAPITRE III. Du choix , de la terre faHion & du prix de la graine de Gaffé. LE choix de la graine de Caffé ne conlifte qu’en 1 1 2 Lebon ufage du Thé , deux circonftacesil’une qu’el- le foie nette, c eft-à-dire fans addition d aucunes eipeces de, corps étrangers j ce que la vue découvre aiiement j l’autre quelle foit autant nouvelle qu il eft poffible, de quoy on iera iuiîiiàmment afturé , ft elle eft bien entière, fi elle a un œil grifâtre ôc lï elle eft odorante , car lors quelle eft fi irannée , elle a aflez ordinai- rement quelques grains ver- moulus , & d’ailleurs elle eft toujours ou trop brune ou trop blanche, & ne iènt pres- que rien. On avoir crû jufques icy que la blancheur de cette graine étoit une marque cer- taine de ià bonté , mais com- me il m etoit arrivé plu heurs du Caffe, & du chocolat. 1 1 3 fois d’en trouver de cette forte qui n’a voit pas la moindre odeur, & dont la teinture étoit prefque infipide , je m avifay d’engager un de mes amis qui étoit à Marfeille , de m en en- voyer de tçut frais débarqué &; delà meilleur forte, ne pou- vant pas douter que celuy-la ne fût de beaucoup plus re- cent que celuy que nos dro- guiftes tirent de Holandepar Roüen, par cette raifon que le premier eft tranfport e en tres- peu de temps , de 1 Arabie au grand Caire ôt du Caiie^ a Marfeille par la Mediteranée, au lieu quel autre eft le plus fou vent un année entière fur la grande Mer , &. beaucoup plus de temps encore dans les magalios des Holandois, pen- i r 4 Le bon ufage du Thé , dant quoy 1 aétionde l’air petit' bien enlever la couleur grilla tie , que j ay toujours trouvée a celuy que j ay fait venir de Maneiile , & auquel j ay trou- vé moins de blancheur, mais beaucoup plus dpdeur , plus de goût èc plus d’efficacité, que dans celuy que je tirois auparavant de Rouen , d où il en vient neanmoins encore une autre méchante efpéce qui eft d’un gris ailes brun, & qui lia acquis cette couleur, que pour avoir été expoléej pendant pluheurs années , à toutes les ordures & à toute la vermine du-Magafin. Quant a ce qui regarde le prix de cette graine , il y a 1 quelque temps qu elle le né- gociait en gros furie pied de du Caffé, & du Chocolat. 1 15 quarante jufqua foixante li- vres le cent , mais depuis cinq ou fix mois , elle a monté juf- qu’à quatre vingt 5 & celle de la bonne forte le vend dans le détail vingt quatre &. vingt cinq fols la livre, ce qui fait que les trompeurs font obliges de l’augmenter par 1 addition des poix „pour y trouver leur compte 5 car la préparation de la poudre de Caffé eft main- tenant lî généralement con- nue , que tous ceux qui en ufent habituellement le fe- roient donné la peine de le préparer , fi les Marchands n’eu lient réduit fon prix à quarante lois , fur lequel ils ne feraient prefque aucun profit, s’ils employoient du Caffé pur à vingt quatre fols la livre. te bon ufage du Thé , trois livres de ce CafFé, ne pro- duifant gueres plus de deux livres de poudre bien pré- parée. Ce calcul joint à la fortune de quelques gens qui font commerce de CafFé m’ayant fait ioupçonner cette fophi- ilication , je formay le deflèin den découvrir le ipy Itéré, & pour cela je fis brûler & je tiray de la teinture de toutes nos efpéces de fèves, & en fui- te de toutes nos fortes de pois. Je trouveray que nos fèves ro- maines, ou d aricot don noient une teinture très - defagrea- ble , & qui n’approchoit en lien de celle du CafFé j & j’obfervay que celle de nos greffes fèves en approchoit un peu plus, celle de nos feve- du Caffé, & du Chocolat. 117 rôles , encore davantage , 8c beaucoup plus encore celle de nos pois jaunes , 8c fur tout :eux qui ne cuifènt point. Après cela ayant affeclé en iiverfes rencontres , d’entrer en converfàtion avec quel- ques gens faifant commerce de Caffé , 8c de leur faire comprendre que je fçavois ce qui le pratiquoit à l’égard de cette fophiflication , je me confirmay 8c je me rendis mê- me plus fçavant dans ce que j’avois prefumé , car plufieurs m’avoüerent qu’ils ajoûtoient en effet au Caffé une troifié- me partie de pois, mais qu’à cét effet ils preferoient les pois d’Efpagne , qui font jau- nes comme les autres mais beaucoup plus petits. i î8 Le bon ufage du The , Q^ant à la torrefadion du ^afté , la maniéré dont elle fe fait ordinairement eft tres- defFeclueufe. On met feule- ment cette graine fur un feu de charbon dans une baiîîne de cuivre étamé, ou dam une terrine de terre vermilîe , gc on la lemuè continuellement avec un infiniment de fer ju% a ce quelle foitfuffifam- ment rôtie, e eft- à- dire à peu près a demie brulee 3 ce qui luy donne une couleur tannée fort obfcure. Alors on la tire du feu , & on préparé enfuite Ja poudre, en la maniéré qui fera expliquée dans le chapi- : tre fuivant j mais je dois dire auparavant que Je Caffé en peut être rôti par cette mé- thode , làns caulèr la diiîïp a- du Caffé, é1 du chocolat. 1 1 y tion de lès parties plus éthe- rées , plus volatiles , & plus lalubres } puifque cette difïî— pation effc neceffai rement ex- citée par le feu , & que ces rotiffoirs n’ont rien qui la puiffe empêcher , tellement que cette forte de Caffé , ne peut rendre qu’une teinture indigefte §C prefque inefica- ce. Il y a deux fortes de per- fonnes , qui ne reconnoiffent que trop fou vent cette vérité par leur propre expérience, fçavoir celles qui ont l’efto- mach foible & délicat & cel- les qui ont de très - puiffans levains & de très - fortes va- peurs , car dans les unes 5 le Caffé ainfi mal préparé caufe des indige liions, des naufées. i 20 Le bon ufage du Thé , & quelcjuefois le vomiflèment meme , & dans les autres , il n’empêche prefque jamais la fublimation ny l’efFet des va- peurs, ceft ce qui a fait dire à Moniteur Sylveftre du Four, que ceux qui pourroient trou- ver le fecret de rôtir la grai- ne de Cafte , fans eau 1er la aiffipation de lès parties vola- tiles , en tireraient une tein- ture de beaucoup plus agréa- ble &: plus falubre , que celle de celuy qui eft rôti en la ma- niéré vulgaire ; auffi avons- nous appris de Monlîeur fîer- nier qui a beaucoup voyagé au Levant , qu’au Caire qui eft une des plus grandes Villes du monde , où il s en conlom- me une prodigieulè quantité, ies connoifteurs lu y avoient î alluré | du Cujfe, & du Chocolat, ryi afluré qu’il n’y avoit que deux hommes qui enflent le fecret de le bien préparer , Sc qui fuflènt en réputation pour cela. Quelques gens qui ont re- cherché ce fecret, ont inven- té une forte de rotifloir qui fo tourne à la broche , ôc donc on fo fort dans la plû— part des grands Caffez de Londres j mais comme ces ro- tifloirs , font de cuivre rouge , qui peut communiquer une tres-méchante qualité au Caf- fé , ôc qu’ils font parfomez de troux dans toute leur étendue, bien loin d’empêcher la difl- lipation des parties volatiles duCaffé , on peut dire qu’ils y contribuent en quelque for- te , car la broche dont ils font F 1 3 2 Le bon ttfage du Thé , tiaverfes étant placée devant le feu 8c far des chenets, com- me celles qui fervent à rôtir la viande , il arrive que pendant qu on la tourne , les parties du feu qui entrent par les trous qui fent du côté de la che- minée , pouffent direétement les parties volatiles du Caffé vers les trous qui leurs font oppofes , ou elles ne rencon- trent que les parties de l’air, qui ne peuvent pas refiffer à 1 action d un aulîî puilïànt im- pulfeur qu’eft le feu ; de forte qu elles fe diffipent continuel- lement,làns même qu’aucunes d edes puilfent etre reverbe- rées fer leur matière , au lieu qu’en remuant le Caffé , dans une fîmple. poêle , on oblige toujours quelqu’unes de ces du Caffé , & du Chocolat, i 3 3 memes parties à rentrer dans la malle dont elles étoient îffucs* Il eft vray que quelques per- lonnes ayans reconnu ces in- conveniens , ont fait faire ces rotilToirs de fer & non troués, mais elles ont été bientôt con- traintes d’en rejetter l’ulàge, parce quelles ne pouvoienc ainlî rôtir le Caffé là ns un fort grand feu , ce qui luy failoit lèntir le brûlé d’une maniéré tres-des-agreable. A mon égard j’ay inventé une nouvelle maniéré de rôtir le Caffé, dont le leffeur pro- fitera làns doute avec pîailirj elle confille à un double rotif- foir qui eft auffî à la vérité traverfé par une broche , ôc troiié en bien des endroits, mais qui fe place dans un four- F ij 134 Le bon ufage du The , . neati, de reverbere conftruit exprès , en forte que fon am- plitude n’excedele volume du rôti Hoir , que de lelpace de trois doigts dans toute fa cir- conférence ; outre que d’ail- leurs les trous des deux tuyaux de ce rotifloir , font dilpoles de telle façon , que ceux du premier tuyau ne /ont pas vis- a-vis ceux du iecond 3 étant au contraire directement op- pofés aux elpaces pleines qui font entre ceux-là ; Si bien que ces elpaces reverberent la plus grande partie des par- ticules volatiles qui en for- tent , & que quand les autres fo viennent prefonter aux trous du focond tuyau , elles font en quelque forte repouf- fées au dedans , par les partie? du Cajfe, & du chocolat. 135 du feu qui agiffent continuel- lement fur' toute la furfaee pendant même que la broche tourne , au moyen du rever- bere dont le fourneau eft cou- vert. Au furplus, comme les four- neaux du reverbere confèr- vent parfaitement bien la cha- leur , on n’eft pas obligé dans celuy - cy de rôtir le CafFé avec un feu ardent, 8c l’on peut même ( comme j ’ay fait ) trouver h juftement la quan- tité , le degré , & le temps du feu qu’on doit donner , qu’a- prés fon entière confomma- tion , le CafFé fe trouve preci- fement rôti au degré qu’il le doit être 5 d’où, refaite deux avantages confiderables : 1s premier que le CafFé rôti a UULUUUtc cnaieur, 11a point eette faeheulèacrirnoniequ’on trouve ordinairement dans çe- luy qu’un feu violenta impré- gné de particules ignées : J au- tre que le Caffé torréfié fans aucun excez dans le plus ny dans le moins , eft d’autant plus iàlubre que quand il l’eft trop peu , là teinture eft pe- lante ôc indigefte , & qU’aiI contraire quand il l’eft trop , elle eft amere terreftre & par confequent aftringente dans un degré excédent. Au furplus , je donneray bien-toft au public une nou- velle machine , qui fera enco- re préférable à celle icy donc par cette rai/on je me dilpen- feray de donner la figure. du Café' , & du Chocolat. 137 CHAPITRE IV. Du choix , de la confcrvation, & du prix de la poudre » ou farine de Cajfé. LEs règles que jay don- nées dans le chapitre pre- cedent , pour le choix de la graine du CafFé , font plus que i'uffilàntes pour ceux qui ne veulent point être trompés à cét égardj mais il n’eft pas à beaucoup prés h facile , de les mettre en état de précau- tion , contre les furprifes de ceux qui vendent la poudre lojphiftiquée en la maniéré qui a été ditte* puifqu’onne peut principalement diftinguer cet- te poudre, de celle qui a été F iiij 138 Le bon uf âge du The' fidelJemenc préparée , que par une odeur particulière , fur la- quelle d m’eft impoffible de m expliquer clairement , & fur laquelle il ny a que la delica- telie de 1 odorat ôc une longue expérience, qui puiflebt & dont ce fourneau porta- tifneft qu’une %ere idée, 1 ufagede celle-là étant infini- ment plus étendu , ainfi qu’on 1 apprendra par l’explication que je feray publier. ï 5 i Le bon ttfage du The , Ce ne ft pas ailes de con- ter les parties volatiles du Caffe dans la préparation de ia teinture , car pour rendre auifl legere auflî diftributive & auflî iàl ubre quelle peut 1 etre , il faut qu elle ne ioit que médiocrement chargée -, cefl: pourquoy il fuffit de mettre une demy once de pou- dre pour flx pri/ès de boiflonj il efl encore très-important, qu elle ne ioit aucunement chargée du marc ou parties groflîeres de la poudre , ce qui fait qu on obierve ordinaire- ment de la verier doucement & par inclination dans le chi- 1 ques, & de ne le faire même qu après quelle à repoie un moment u xi peu Ioing“ du jfeu> mais on fçait par expérience du Caffe,& du Chocolat. 153 que ces précautions ne font pas fuffilàntes , pour avoir une teinture bien depurée 3 à cau- fo de quoy je me fers encore de deux moyens dont il eft bon que le public foit infor- mé. Le premier eft d’acce- lerer la précipitation de ces parties groffieres , en jettant quelques goûtes d’eau froide dans la Caftetiere au moment qu’on la retire du feu 5 l’autre eft de preferer à toutes elpé- ces de CafFetieres , une forte de Caftetiere de fer blanc que j’ay inventée , & qui eft con- ftruite de telle forte , quel- le a vers fon fond une am- plitude 5 qui fort merveilleu- lèment à retenir le marc de là teinture , lors qu’on la ver- fo dans la chique , Sc de plus encore une cfpéce de filtre à fon bec, qui ne donne pafîàge qu’aux feules parties de la li- queur, La première figure de la planche qui fuit , reprefen- te cette efpéce de caffetiere, & les autres figures de lignent la forme de toutes les autres ? efpéces de CafFetieres qui font en ufage, & qui peuvent aufïï bien que celles-là , indiffé- remment à la préparation du The 8c du Chocolat, ce qu’on comprendra mieux par ce qui en fera dit dans la troifiéme partie de ce livre. i j 6 Le bon ufage du The , Cette liqueur feule a une amertume ôc un goût de brû- le , qui la rend tres-defàgréa- ble , fur tout à ceux qui n’y font pas habitués 5 c’efl pour- quoy ordinairement on y ajou- te pour chaque prifè une de- mie cueillerée de fucre en pou- dre j ce qui fait une liqueur a laquelle on na pas de peine a s accoutumer : neanmoins ceux qui par une fauflè pré- vention , croyent que le fucre eft échauffant de quelque ma- niéré qu’il puifîe être pris af- feéfent de ne la point fucrer, croyant que de la forte elle efl beaucoup plus falubre 5 mais ils reviendroient bien-tôt de cet erreur j s ils avoient auprès d’eux de véritables Médecins, qui leurs fifîent comprendre du Caffe, & du Chocolat. que ie lucre ell: une elpéce de Tel eflentiel , que les acides font les principes dominans de toutes elpéces de fols , que la propriété elïentielle des aci- des eft de rafraîchir , 6c que fi la Chimie nous fournit des elprits acides qui font caulli- ques 6c brulans , comme l’efo prit de Nitre 6c l’eau forte j c’eft parce que ces elprits font des efpéces de mixtes , qui abondent d’ailleurs en parti- cules ignées , qu’on peut écar- ter 6c affoiblir fuffilàmment, pour faire de ces mêmes ef- prits des liqueurs tres-rafraî- chiffantes , en y ajoutant un volume d’eau confiderable : car après cela ces Médecins leurs perfuaderoient aifémenr, que les mêchans effets de 1 u- G ij 15^ Le bon ufage du Thé , iâge immodéré du lucre , dé- pendent de la vertu relâchan- te 6c afFoibliftante de lès par- ties mulîlagineufes , 6c que cette vertu eft luiîilàmment détruite , lors que ces mêmes parties font defunies 6c écar- tées par un certain volume de liqueur j outre que la vettu aftringente 6c refervante du Cafte , eft tellement oppofée à celle que je viens de dire, qu’il ne peut relulter de ce mé- lange qu’une qualité moyen- ne j c’eft pourquoy on peut fans inconvénient confuîter Ion goût, fur l’agrément qu’on veut donner au CafFé par l’ad- dition du fucre j mais il eft meilleur qu’on l’aye aypara- vant réduit fous les dittere'n- du Cuffé , & du chocolat, i 59 tes formes de firops dont il fera parlé ey-aprés On feroit beaucoup plus mal fi à l’exemple d| quel- ques perfonnes voluptueuiês} on ajoûtoit à la Boiflon de Caffé TelTence d' Ambre , les poudres de Canelle , de Ge- rofles &: de Cadamome , ou quelques elpéces de Parfums ou de drogues aromatiques que ce foit j parce que le mouvement de leurs parties volatiles, prévalant fur celuy de celles de Caffé , elles en interrompent faction , & pri- vent ceux qui en ulènt des bons effets qu’ils en efpérent. Au refte on 11e préparé or- dinairement la boiffon de Caf- fé , que dans le temps même qu’on veut en ufer , & à la G iij i 6o Le bon nfaçre du The vérité on fait bien d’obfer- ver cette maxime, Ja plus nou- velle faite étant toujours la meilleure j mais on pourroit neanmoins fans beaucoup d in- convénient à l’exemple des Marchands de liqueur, pré- parer cette boiflbn le matin, & Ja garder pour lèrvir au be/oin pendant toute la jour- née , pourvu quelle foit tou- jours entretenue chaude dans nne CafFetiere exaéîrement rermee 5 car lors quelle a été une fois refroidie, elle perd, ion bon goût & fes qualités, quoi n eft pas poffible de luy reitituer en la réchauffant , ny meme en la faifant boüil- Jir de nouveau. C’eh: pour- quoy comme on fait un alfés grand uiage de cette boilfon du Café., & du chocolat. i éi en nôtre laboratoire , aufli bien que de celle du The Sc du Chocolat, j’ay inventé une forte de fourneau qui au moyen d une lampe à trois pe - tites mèches , peut entretenir fort chaudes pendant tout le jour ces trois fortes de boif- fons , & cela d’autant plus commodément que cette cha- leur eft toujours égale , èc quelle eft entretenue à peu de frais. Les curieux feront làns doute bien aife de trou- ver icy la hgure de ce four- neau que j’ay fait reprefontcr icy pour leur làtisfaftion.. du Gaffe , & du chocolat- i 63 Si la hoi (Ton de 'Caffé qui eft entretenue chaude durant un temps confiderable par ce moyen, ou par quelques au- tres équivalents , n’eft guère moins bonne que celle qui eft faite fur le champ , il n’en eft pas ainft de celles que prépa- rent les Marchands interefîes, avec le marc dont on a déjà tiré une première teinture } car on nepeuttirerde ce marc qu’une purée indigefte , ob- •jftruante êç fans aucune vertu} il eftvray que ces Marchands ajoûtent ordinairement à ce meme marc un peu de nou- velle poudre} mai s! cette addi- tion ne fert qu’à . rendre un •peu moins mauvâife une cho- ie qui de foy feroit d été fiable, n’y ayant aucun aliment donc G y i <>4 Le bon ttfage du The , 1 uiàge loic plus à craindre que la boiflon de Cafte , rendue indigefte par une préparation négligée j c’eft pour cela que les Peuples du Levant nob- fèrvent pas feulement la ma- xime de ne la point laiflèr re- froiJir 5 mais encor celle de la boire aulîi chaude qu’il eft poffible , &c même doucement ôc a diverlès reprifes , pour ne point fatiguer le ftomach: c’eft de cette maniéré de la pren- dre dont Thevenpt entend parler dans la Relation de fes Voyages , quand il dit que dans lesCaveannesdu Levant, on entend une aftez plaiiànte Muf que de humerie » mais outre cette Muf que. Il eft en- core des Caveannes en Tur- quie , où les Maîtres entre- du Caffe\ & du Chocolat . 165 tiennent une fimphon.ie de voix & d’inftrumens pour don- ner du plaifir à leurs Buveurs. Cependant 011 ne peut dou- ter que le Caffé dont ils ufent ne Toit beaucoup plus chargé ( que celuy qu’on nous appor- te ) des parties volatiles qui en doivent faire toute la bonté & toute la delicateffe 5 &. en effet Moniteur Bernier qui n’avoit pu s’accommoder de celuy qu’on luy avoit prefenté plufieurs fois en Egypte, trou- va fi excellent celuy qu’il but dans les Ports de l’Arabie Heureufe , qu’il en prenoit tous les jours avec plaifir cinq ou fix talfes. Ce Médecin af- fure que dans les Indes ôc dans la Perfe on n’en ufe que tres- peu Sc feulement dans les Ports 1 66 Le bon ufagc du The, de Mer , mais que par toute la Turquie on en fait un fort grand ufàge. Peu s’en faut que les Anglois & les Hollandois ne fui vent l’exemple des Turcs , & peu s’en faut auffi que nous ne foyons auffi avan- ce que ceux - là fur cette ha- bitude j mais en recompenfè les Espagnols, les Italiens 8c les flamands ne s’y portent pas volontiers , 8c peut-être que nous ferions mieux d en ulêr aux occahons comme remède,, que d’en prendre habituelle- ment fur le pied de nourritu- re >;du moins, ay- je connu par expenente , qu’on peut faire très- utilement' d'iverfès opera- tions medecinales de cette gfaine fur lefquelies je m’ex- t du Café, & du Chocolat. 1^7 pliqueray dans le Chapitre fuivant. Mais au refte les perfonnes de qualité qui prennent par delice la boiffonde Caffé ,ont accoutumé de la faire'* fervir en compagnie fur des Soucou- pes de Ch liftai , de Porcelai- ne , ou de Fayancc de Rolan- de , mais plus ordinairement fur des Portes chiques qu on appelle Cabaret à Gaffe , dont on pourra voir les diffe- rentes formes dans fuivante» du Cajfe, & àu chocolat. \ Au furplus c’eft l’opinion de plu fieu r s grands perfonnages que la boilion de Caffe( non plus que les autres breuvages familiers ou domeftiques ) ne rompt point le jeûne, pourvu qu’on la prenne par une efpe- ce de neceflité , & nullement à delTein de faire fraude aux j Commandemens de l’Eglifej fi bien que les perfonnes foi- bles , ôc celles qui font tom- bées dans une efpéce d’inani- tion , en peuvent tirer un fe- cours d’autant plus confidera- ble dans les jours d’abftinen- ce , qu elle émou fie la faim, Sc quelle foûtient le coeur plus que toute autre boilion , c eft peut- être par cette raifon que les Turcs qui fe picquent d’être fort religieux , croi- 170 Le bon ttfage du The’ , roient avoir rompu leur jeîuie, s ils en avoienc fènty la fumée pendant le Rhamadan, qui eft i e/pece de Carême ordonné par Mahomet. CHAPITRE VI. Des préparations Medecinales du Gaffé, Lts préparations médici- nales du C affé que j’ày inventées , &c que j’ay miles en piatigue avec beaucoup de fuccez, font fes fel s., fon huile fixe, fon eaudifhllée& fon W : j ’ay déjà parié de losJels dans le; traité du Tbe, ou je me fuisrelèrve à donner dans le Journal de Médecine , la matière d’extraire leiTen» duCaffé , & du Chocolat. 17 1 iel , & où j’ay dit que Je fixe è droit comme tous les att- ires par incinération , î’exiva- :ion , filtration , évaporation 5c cryftalilàtion , ce qui doit ùffire à cét égard > puifque rien n’efl: plus familier aux ar- riftes que ces operations , & ^apparemment nulle autre perfonne ne fe voudrait don- ner la peine de le pratiquer. Quant à l'huile fixe du Caf- té ivoicy la maniéré de, la pré- parer. Prenez une livre &. de- mie de graine concaflee , rem- pliflez- en les deux tiers d’une cornue de verre bien luttée, placés- la au fourneau de re- verbere , adaptés- y un grand bâlon ou récipient , & après avoir lutté exactement les join- tures , donnés le feu par dje- 171 Lebon ufuge du The', grès , il en forcira p remie re- inenc un flegme comme de 1 eau , puis des vapeurs d’un jaune tirarît for l’Oranger, & enluite une matière terrestre &• noirâtre, qui efl: l’huile dont il s agit , apres l’extraétion de laquelle vous laiflèrés refroi- dir les vaiflfeaux , &: les ayant deluttez , vous foparerez cette huile parle filtre , puis fi vous voulez la reéliÇer , vous en ferez une forte de pâte avec «ne quantité foffifante de fa- ble qu£ vous mettrez dans une cornqë, & l’ayant placée dans «n fourneau a feu nud , vous en ferez la difollation félon C’efl: un bon remede con- tre les maladies hyfteriques. On la donnera prefque tou- du Cajfe , & du chocolat, 173 jours avec fuccés à la quan- tité de fix ou huit gouttes avec trois onces d’eau d’ar- moilè dans la fuppreffion des menftruè'sjdans lajaunififeou jéterite, 6c dans toutes les espè- ces de fuifocations de matri- ce : j’ay connü même par ex- périence que la feule vapeur receuëparle nez abaifletres- efficacement les vapeurs uté- rines. Elle n’eft pas moins bonne pour relbudre les tu- rûëurs froides , 6c pour dilîi- per les douleurs des jointures, étant mêlée avec une troisiè- me partie de nôtre elprit de vin Corallin, 6c appliquée fur les parties tuméfiées ou dou- loureules. Pour ce qui eft de l’eau di- ftillé, elle eft d’une prépara- 174 Le bon u juge du Thé , tion tres-facile. Jettez dans deux pintes d eau bouillante , une dragme de fcl fixe de Caf- fé , & trois onces de fa pou- dre ou farine , faire bouillir le tout durant un bondemy quart d heure , puis l’ayant tiré du feu , & le marc étant affable, veifes par inclination cette teinture dans un Alembic de verre , 8c y ayant adapté un chapiteau 8c un récipient , & lutte les jointures avec de la colle 8c du papier , diftiilés au Bain-marie , 8c gardés pour 1 uiàge, dans une fiole bien bouchee , 1 eau que vous trou- verés dans le récipient. On peut s’en fervir en place d’eau d’armoife avec l’huile de Gaf- fe, contre toutes les maladies Hyfteriques dont il vient de- du Cœjfe , & du Chocolat. 175 tre parlé. Il arrive aufli quel- quefois qu’en la donnant au poick de quatre onces au com- mencement de l’accez , elle guérit en allez peu de prifès les fièvres intermittamesj c eft pourquoy il feroit difficile de trouver un Véhiculé plus ef- ficace , lors qu’il s’agit de don- ner le firop de Thé fébri- fuge. A l’égard du firop de Caf- fé , voicy la maniéré de le pré- parer 5 tirez la teinture d’une once & demie de CafFé , avec une pinte d’eau &. une drag- me de fon fel fixe , en la ma- niéré cy- devant expliquée, & par la même méthode tirés pa- reillement la teinture d'ünc once de fleurs de Noyers avec une pinte d’eau , & une drag- * 7 6 Le bon ujage du The , me de fel efTentiel de CafFé, puis ayant niêlé vos teintures, & y ayant ajouté dix cfouds de Gerofles , & fix grains de Cardamome , pafFés Je tout par •un double linge , ou , par une chaude claire ôc nette , puis l’ayant mis dans une badine avec cinq livres de lucre fin , cuifez votre firop jufqu’en bonfiflance , obfèrvant de Je cien ecumer ,mais /ans autre clarification. On le peut prendre fieul à la quantité de deux cueille- rées j mais la plus ordinaire &c la meilleure façon d’en ufer, eft de le mettre en la place de fucre dans le Thé, ou dans la boifîon même de CafFé, en- viion a la quantité d’une cueil- lerée pour chaque prife. du Cajfe , & du chocolat. 177 Comme il tient du moins autant de la nature de l’ali- ment que de celle du remedej an peut le prendre^de l’une ou de l’autre maniéré indifFerem- ment à toutes. les heures du jour j mais il e ^néanmoins d’un effet plus fenfïble lors qu’on le prend de matin à eun , ou dans d’autres temps apres que la digeflion eft faite. Il remedie très - efficace- ment dans les deux fexes , à toutes les efpéces d’indifpo- (itions qu’on attribue aux va- peurs du foye, de la ratte, &C de la matrice , & par confe- quent aux maladies hypocon- driaques &c aux fuffocations de matrice, ou maux de mere , au^ fureurs utérines, & géné- ralement à toutes les pallions 17 8 Le bon ttfage du The , Jayfteriques : ce qui vient de la vertu qu’il a de lever puif- làmment les obftructions , 8c d’amortir promptement les le- vains, qui caufent dans ces vif- ceres des fermentations con- tre nature.* C’efb pourquoy on en peut encor ufër avec beaucoup de fuccés dans les fièvres inter- mit tantes , dans les maladies des reins & de la veffie , dans les Coliques bilieulês , dans la Goutte , dans les Rfiumadfi- mes, dans le Scorbut, dans les Ecroüelles , dans la Migraine, dans toutes autres efpéces de maux de tête , ôc même dans les inquiétudes , & dans les inlbmnies qui font caufées par une lèrofité irritante , d^ns rairoupiiTemept , dans les lafi- fitudes. du Caffe, & du chocolat. 179 litudes fpontanées , 6c géné- ralement dans les maladies qui dépendent de la diffipation des efprits } du mouvement dépravé des humeurs 3 ou de l’aigreur 6c de la force des le- vains. Des propriétés particulières de la boijj'on de Cajfé. J’Ay affecté exprès de don- ner la préparation du firop de Caffé , avant que de parler des vertus de fa teinture , par cette faifôn que ce firop 6c cette teinture font enfemble une boiffon beaucoup plus agréable 6c en même temps i 8 o Le bon ufage du The , beaucoup plus efficace , que celle qu’on préparé fimple- mentavec le lucre. La telle efl la partie de tout le corps fur laquelle le Caffé produit de plus considérables effets 5 car par fon ufage or- dinaire , on prévient prefque feulement l’Apoplexie , la Pa- ralilîe , la Létargie , & prefque toutes les autres maladies fo- poreufes, en préparant fa Boif- îon comme il vient d’être dit avec le fîrop de Caffé. Elle guérit même ordinairement le vertigo , les Catharres , la Plirenelie &c les fluxions 6c maux de dents , fur tout fî pour ces indifpofitions , on préféré au firop de Caffé ce- ' luy de Vanilles , dont il fera parlé à la fin de la troj/iéme du Cajfe , & du Chocol at. i § r plrtie de ce Traité. Mais loit qu’on la préparé ivec l’un ou l’autre de ces fi- ops , elle diffipe fi efficace- nent les fumées du vin & des mtrailles , quelle delênyvre ur le champ , & quelle abbat >reique avec la même ’promp- itude les vapeurs qui caufènt es iniomnies , les aflbupifie- nens, les inquiétudes, la mi- graine , & prefque tous les au- res maux de tête , ce qui faic ju’en dégageant les elprits imbarafies, elle fortifie la me- noire & le jugement, & qu’el- e donne à la volonté une ii- >erté entière pour diriger tou- es les adions volontaires , ou édifiant toutes les difpofi- ions taciturnes & mélancoli- ques , ce qui a été premiere- H ij 182 Le bon ufage du Thé, ment obfèrvé par les Bergdr; d’Arabie , qui remarquèrent avant qu’on eût fait aucun ufa- gedu CafFé , que quand leur* moutons avoient manp-é de cette elpece de legume , ils gambadoient d’une maniéré extraordinaire. C’eft pourquoy la vertu qu’on attribue au CafFé , de rendre chattes & pudiques les perfonnes qui en font un ufà- ge habituel, eft purement ima- ginaire 5 car outre quelle n’a jamais été fbûtenuë par aucu- nes obfervations aufquelles on puifle ajouter foy , la fécon- dité des femmes du Levant : prouve d’autant plus évidem- ment le contraire , qu’on fçait que cette boifFon leur ett fami- lière, & quelle porte tant d’ef- du Cujfe, & du chocolat. 183 pries vers les parties génita- les , que les femmes n’ont point de remede plus prompt & plus alluré que cette boilTon pour faciliter l’accouchement, pour’ provoquer les régies re- tenues , pour corriger les per- tes blanches , êc pour appai- ler ces fortes de tranchées qu’elles loulFrent allez ordi- nairement pendant les cou- ches. Il eft vray que l’on aurait pus dire jufques icy , que la plus grande part des parties plus fpi rituel les & plus effica- ces du Caffé , le diffipent par le tranlport qu’on en fait de l’Arabie en Europe 5 mais maintenant qu’on le peut pré- parer avec lôn lirop même, qui en augmente autant la ver- H iij 184 Le bon ufuge du The , tu que le tranlport la diminue: on la doit regarder comme un remede, ou du moins côme un aliment qui fortifie puiflammët toutes les actions naturelles. C’eft pourquoy cette -Boif- lon étant préparée de la lortë, donne une vigueur aux parties" qui affermit les chairs, qui dif- iipe les laffitudes Ipontanées , qui diiîoud les nodofîtés des jointures , &c qui redite à pres- que toutes les differentes eau- les de la mort fubite, c’elt-a d:re a celles qui peuvent fai- 1 e des fufïocations funeftes , par une fluxion fubite fur la gorge , par la génération des polipes dans le cœur , Sç par! des ableés intérieurs. A-ulîï à-t’on reconnu par ex- périence , qu il eftd un grand du Cajfe , & du Chocolat, i S 5 jfècours à ceux qui font in- commodés par la repletion univerfelle du corps , par la groflfeur particulière du ven- tre , 6c par l’embarras qui fe fait dans les reins , 6c qui de- vient la caufe generative des Pierres 6c par conlèquent des Coliques Nepliretiques êcdes fuppreffions d’urine. C’eft à peu prés par la mê- me raifon , que la (impie boif- fon de Caifé eft (i (àlu taire aux goutteux 6c aux Scorbu- tiques > que les Médecins An- glois 6c Holandois a (Turent que la goutte 6c le Scorbut, régnent infiniment moins dans leurs païs depuis quelle y a été dans un grand u(age , ce qui Te confirme en quelque forte par Texperience particu- G iiij 1 8 6 Le bon ufage du Thé , îiere de nos Goutteux qui s y iont habitués j car ils en tirent du moins ce bénéfice , que leurs accès font moins fre- quens 6c beaucoup plus lup- portabîes. On ulè auflî fort utilement de la boiflon du Cafte , contre diverfes indilpofitions de l’e- ftomach , fur tout quand elle a,AE<^ PrePar^e comme il vient d être dit , car lors que cette partie eft provoquée à fe fou- lever , par des matières irri- tantes qui caillent des vomifi- lèmens continuels , elle arrête le progrès de ces matières , en amortiftant 6c en émou liant leurs pointes , ÔC au contraire lors qu’elle eft furchargée d’u- ne pituite fade 6c glaireufe qui ote l’appetit , elle eft foû- âu Café, & du Chocolat. 187 levée fi efficacement par l’a- dion du fel de Gaffe , quelle eft incontinent déchargée par le vomiffement. J’ay obfervé encor que quand la digeftion eft affoi- blie par le relâchement des fibres de l’eftomach , le Gaffe les reforre par une adion qui luy eft commune avec toutes les autres drogues qui ont une èfpéce d’amertume , ôc qu’au contraire il relâche fies fibres, & ceux même du canal inte- ftinal , lors que dans la con- ftipation du ventre ils font refferrés, ce qui eft une pro- priété effentieîle à fos parties ' étherées & oleagineufes , c’eft d’où vient que plufieurs per- fonnes qui étoi ent incommo- dées d’une conftipation habi- H v i 88 Le bon uj. 'âge du The tuelie , ont changé cette mé- chante difpolîtion , en s’aflu- jettiJîant a prendre chaque jour, deux chiques de Caffé incontinent après avoir dîné. Cela n’empêche pas nean- moins que la vertu fortifiante du Caffé , ne contribue beau- coup à la guerifon du flux de ventre & du flux deïangjcar n refifle puifiamment à ces fortes de corruptions du ven- tre, S1’1 dépravent le chyle & qui^ aigri fient les humeurs, d ou il arrive que fon ufage habituel prévient la généra- tion des vers , & preique tou- tes les efpéces de Colique. , , auffi très- efficace pour ' dépurer la mafTe du fang & pour mondifier les Poulmonsi c eft pourquoy fa boiffon pre- du Café , & du chocolat. 1 8 9 parée avec le fîropde Limons, appaife la ferf des Febricitans & addoucit la rigueur de leurs accès & de leurs redouble- mens , gueriflant même quel- quefois radicalement les fiè- vres intermittantes , 6 c pré- paré avec le firop de V aniiles, elle eft d’un effet merveilleux pour ceux qui ont la poitrine , naturellement foible , ou ac- cidentellement affaiblie par le*Rhume , par la Toux in- vétérée , par une Pulmonie nai {Tante , 6c par ces autres efpéces de fluxions qui ren- dent la voix rauque , 6c qui caufent l’Afthme 6c la courte haleine. Au refte , ce que j ay dit de la vertu du Cafte contre les afloupiftemens 6c contre l9 o Le bon ufuge du The, les infomnies, ncft pas à beau- coup prés û contradidoire quon pourrait le penferfcar outre l'experience , il eft d’ailleurs tres-probable qu’a- vec un même remede , on peut calmer les elprits agitez qm empêchent le fommeil, & diffiper les vapeurs par lef- q u elles les fonctions de lame lènlîtive/ont interrompues. Je finis en adverdlîant qu’il le pourrait faire que la rébel- lion de quelqu unes des ma- ladies dont il a été parlé , dé- pendrait de la rétention de quelques excrétions , ceffc pourquoy ceux qui auront en- trepris de s en délivrer par l’u- lage au Caffe , ne s’en doivent rebuter qu après avoir inuti- lement tenté d’aider fonadion du Caffe, & du chocolat, lyi par celle d’un purgatif, en y ajoutant de temps en temps en place des firops cy-devant fpecifiez une cueillerée de iîrop magi lirai pour chaque prife, ou de quelques autres lîrops équivalens. 1 5>z TROISIEME PARTIE Traitant de la Nature , des propriétés , Ion uftige du Chocolat. CHAPI TRE I. Du Chocolat en général. PE u apres la découverte du nouveau monde, nous apprime^ de nos Voya- geurs , qu entre les autres commoditez de la vie , on y trou voie une forte d’aliment compole, qui lèrvoit tout en- semble à raflait er &; a défaite- du Gaffe , & du chocolat. \ y 3 rer les Américains , qui le mangeoient en pâté ou con- lèrve lèche , 6c qui le b en- voient en liqueur. Nous ap- prîmes auiïî que ces mêmes Peuples comprenaient cette conlèrveêc cette liqueur fous le feul nom de Chocolaté ou Chocolatl , par cette ration que dans leur langue naturel- le cho-co lignifie fan , & atte ou atle eau , car lors qu’on préparé cette liqueur , on l a- gne avec un infiniment de bois d’une maniéré à faire du bruit , voila f ethnologie du nom de Chocolat. Cet aliment étoit lors aulfi peu délicat que fes inven- teurs étoient peu raffinez.» mais après la conquête de la nouvelle E (pagne » les Elpa- I5>4 Le bon uf âge du The , gnols qui fe trouvèrent dans une elpece de neceffité de s’aceoûtumer a fon ufage , ne manquèrent pas d’encherir fur ce qu’ils en a voient appris des Indiens , & de le rendre beaucoup plus agreableparla ibubfhation de certaines dro- gues , qui fëmbloient n’y être mifes que pour en augmenter la quantité, & par l’addition de divers aromatiques ou par- fums qui pouvoient flatter le goût. Ce fut dans cét état qu’ils commencèrent à le ne- gotier en Europe & particu- lièrement en Eipagne , ou ii fut bien- tôt dans uneeftime pre%ue generale : cependant comme* il ne fc peut guère conferver au de-là de deux &ns3& que les Negotians con- du Café , & du chocolat. 1 9 5 fommoient fouvent une bon- ne partie de ce temps a leurs Voyages , ils furent obligez de changer la difpolition de ce commerce , 6c de nous ap- porter en fubftance , les in- grediens qui font la baie 6c l’cflc'ntiel de cette compofi- tion î ce fut alors que nous en apprîmes le my Itéré , 6c que nos Phyficiens Scolaftiqâes le firent fête d’examiner le for- mulaire de cette compofition» ÔC félon leurs mauvaifes cou- tumes , de former des argu- ment pour le fophifme, fur un fujet qu’ils fembloient vou- loir éclaircir , fi bien qu ils paflerent bien tôt de la dif- pute , à ces dilTentimens im- portuns , qui retiennent dans une cruelle incertitude ceux 1 9 & Le bon ufage du Thé , qui cherchent à s’inflruire, ce qui a etabiy tant de faux pré- jugez , qu’entre un fort grand nombre d’Autheurs qui ont ecnt jufques icy du Chocolat, 1 n y en a pas un fèul même entre les plus modernes , de quj on puilîè tirer aucune in- Irruction édifiante , car les premiers après s’être vaine-, ment efforcez d’accommoder a Jeurs opinions particulières, es principes mfuffifans de 1 ancienne Phiiofophtê3& les Commentateurs qui font ve- rnis enfuite , & ceux mêmes dont les ovurages viennent d occuper nos pr elfes, ayant fuivy la meme route j les inu- tiles rationnement des uns , fe redaifem a cette conclufion que le Chocolat efl froid j les du Cajfe, & du Chocolat, iyy argumens des autres à foute- nir qu’il eft chaud 5 en un mot les conlequences de quel- ques-uns , à cette prétendue preuve qu’il eft temperé , ny ayant d’ailleurs aucunes au- tres différences entre ceux qui tiennent pour une même qualité , li ce n’eft que les uns la mette au premier , les au- tres au deuxième , & quel- ques-uns au troiliéme & au, quatrième degré. Comme je ne pouvois faire aucune application utile de cette doétnne , èc que j’avois neanmoins pris une reiolution d’approfondir mon fujet , je me luis trouvé contraint de négliger la leéturede ces Au- teurs , & de me rendre cer- tain par moy- même des bon- i s> 8 Lebon ttfœge du Thé, nes& des mauvailes qualitez du C hocolat par un examen phyfique & ferieux, des in- grediens qui entrent dans fa compofition , & des qualitez , & proprietez qui en doi- vent refulter. Je ne jfçay fi j auray travaille avec fuccés. Je m’en rapporte au jugement des bons Phyficiens &: des bons Médecins, qui font feuls capables d’en juger & d’en- cherir fur mes ob/èrvations , s’ils les croyent dignes de paf- ler a la pofterite , ou de les cenfurer fi elles font alfésde- feétueulès pour devoir être fupprimées 5 que li je me trouve réduit dans le cas de cette cenfure , je la recevray avec d’autant plus de défé- rence , que je n’expolè ce du Cajfe, & du Chocolat. 199 projet qu’à deflein d’être defabufé , fi tant efl: que je fois dans l’erreur , ou d’être confirmé dans mes fentimens, fl les habiles gens y applau- di fient afies , pour me faire la gtace d’y ajoûter leurs obfer- vations. Avant que de finir ce Cha- pitre 5 Je dois faire oblèrver, que nous avons connu par le Formulaire des Indiens, aufli bien que par celuy des Efj?a- giiols , que le Cacao a tou- jours fait la baie 8c l’eflen- tiel de la partie de Chocolat, 8c que le fucre a toujours été employé pourdôner du corps 8c de l’agrément à cette pâte , c’efi: pourquoy avant que de parler des ingrediens qui ont été fouftraits , 8c de ceux qui 200 Le bon ufage du The', leurs ont été fubltitucz par es réformateurs , je traiteray dans le Chapitre luivant de ces deux principales dro- gues. chapitre II. T)u Cacao , du Sucre en particulier. ON Kcconnoit icy y ailleurs fous le nom de Cacao , le fruit d’un ai ie qui croit en diderens lieux des Indes Occidentales, & principalement à Guati- mala , Province de la nouvel- le Elpagne. II eft à peu prés de Ja grandeur & de la for- me du Cliâtaigner. Les In- diens le nomment le Cœcavœ- dit Gaffe, & du Chocolat. 20 r quahuit , & les E uropéens Ca- caotal ou Cavavifere. Ce fruit eft renfermé au nombre de vingt ou trente amandes dans une forte d ecolïe , dont on peut comparer la forme extérieure à celle des me- lons. Autrefois on croyoit que cét Arbre ne pouvoit fruéti- fîer fans être à l’ombre d’au- tres plus grands Arbres, mais les Efpagnols en ont planté avec fuccés dans des Vergers fort découverts &c même dans^l’Ifîe de Cuba, qui n’a que trois pieds de terre foli- de. On croyoit auffî. que fon fruit ne pouvoit acquérir une parfaite maturité que dans l’efpace de douze mois ou en- viron , & neanmoins on eft 202 Le bon ufage du Thé ■ , maintenant convaincu qu’il rapporte chaque année en Juin & en Janvier, & que ion fruit n effc pas II— tôt cueilly qu il repou fie de nouveau , en forte toutefois que la récolté d Efté eft beaucoup plus con- fderable que celle d’Hyver, auquel temps il ne laifle pas de conferverfès feüilles, qui ne tombent qu’à mefure qu’el- les renaiflènt.Ceux en faveur de qui on donne cette Hiftoi- re , feront fans doute bien âiiè de trouver icy la Figure de cét Arbre avec ihn fruit, 6c e’eft pour leur donner cette fitisfaétion , quon l’a placée à lapage fuivante. 2.04 Le bon uf âge du Thé , On cueille ce fruit Un peu vert j & lors qu’on a tiré les Amandes de leurs écolfes , on les met lécher au Soleil fur des Nattes de jonc pour les rendre propres au commerce, car dans cet état elles lé peu- vent conferver pendant tout un lîecle , & c elt par cette railon , & à caulédu grand ufage que les Indiens en ont toujours fait, quelles leurs fervoient en place de mon- noye , pour négocier entre eux les commoditez de la vie, avant que les Européens y eulfent introduit le luxe de l’ambition. Au furplus nos Voyageurs a durent que dans les Indes, on diftingue le Cacao par quelques différences qui fe àti Café, ér dit Chocolat. 205 trouvent dans fa forme & dans fa groffeur , de en effet on nous en apporte icy de cjua- tre fortes qui ne font pas à beaucoup prés de même qua- lité s ce qui engageceux qui veulent faire du Bon Cho- colat, d entrer dans quelque forte de choix & de difeerne- ment fur le fait du Cacao > pour lequel on prendra des idées utiles dans l’infpedion de la Figure fuiyante , Sc principalement dans l'expli- cation dont elle eft immédia- tement fui vie. io6 Le bon ufage du The,, Cacao ou fruict du' Cacauifere^ du Café , & du Chocolat . 207 Pour l’intelligence de cette figure , il faut fçavoir que la plus grolfe elpéce de Cacao efi: prelque toujours la meil- leure. C’eft celle dont le raétere eft marqué Amandes, de cett' oblongues iné?a en rondeu leurs deux eft d’un bru me plus'iolide trois autres elpéces, aont cel- le-cy eft distinguée par le nom de gros noir. Le Cacao qui eft marqué B. S l qui pour avoir la même forme & la même couleur peut être nommé petit noir, fe trouve quelquefois plus fz- voureux , quoy que généra- lement parlant il ne doive I iij 2o8 Le bon uf âge du The , etre considéré que comme la féconde elpece en bonté , là peticeflè provenant pour l’or- dinaire , de ce quil efè venu dans un climat moins conve- nable a là nature du Cacavi- fere , n y ayant que la terre de Portovelio prés’le Pérou , ou le Cacao noir vienne fort petit 8c tres-làvoureux. Celuy qui ell marqué C. cft encor moins boft que Je petit noir commun 5 mais plus gros & meilleur que celuy qui eft marqué U. ces deux der- nières elpécès ont leurs faces fort applaties , 8c leurs pelu- res d’un rouge brun tirant fur le roux 5 c eft pourquoy on les nomme coûtumierement gros 8c petit rouge. Quant à celuy qui efé fîgu- du Caffe, & du chocolat. 109 ré fous la marque E. ceitun amande du gros noir dépoüil- léede là pelure, pour montrer que là lubllance eft divifée en plufieurs parcelles conti- guës : ce qui efl: encor plus clairement démontré par la figure F. où l’on affe&e de la faire voir coupée tranfverfal- Iement par le milieu. Ce qu’on vient d’exprimer touchant les parcelles de cha- que Amandes de Cacao , elt pour avoir lieu de dire que ces Amandes font fi grades, •qu’aprés les avoir tenues fur le feu dans une poêle de fer , a fiez long- temps pour rôtir & pour brilèr leurs pelures , ces parcelles fe divilènt prefque d’elles-mêmes, en forte qu’en remuant alors le Cacao feule- I iiij 2io Le bon ufage du The', ment avec la main , fon inté- grité eft détruite dans un mo- ment. Si avant cette préparation on mange de ces parcelles de Cacao on trouve que leur goût efl: en quelque forte moyen , entre celuy de nos Aaiandes douces & celuy de nos Amandes ameres 5 car «ayant ny la douceur des unes , ny lamertume des au- tres > d ne laide pas d’avoir quelque chofe de cette faveur quon trouve généralement dans toutes les elpéces d’Ar- mandes & de Noi fettes , & qui les faitdidinguerde tous Jes autres fruitsj mais tout de même que cette laveur gene- rale , eft couverte dans toutes | les elpeces particulières d’A- du Café, & du Chocolat, z 1 1 mandes 8c des Noifèttes, d’un goût qui efl fpécifique à cha- cune, & qui dépend de la di- ver fc quantité 8c du différend mélange de fes principes 5 le Cacao a ariffi une faveur âpre * 8c allringente qui étably ion caraélere particulier. Il faut obferver mainte- nant , que les fîmples qui onc de 1 âpreté , ont de laflriction comme ceux qui ont de l’a- mertume , qui eft évident que les uns 8c les autres ont beaucoup de parties terre - lires 8c acides , 8c que fî les âpres font plus fupportables à -la langue que les autres 3 c’eft parce qu ils ont beaucoup de particules capables d’addou- cir l’aftion des autres Elemés. Or comme entre les Elemens I v 2îi Le hon ufœge du The y des mixtes , il n’y a que les li- quides êclesétherez qui puif- ienc faire cet adoucillémenc, que le Cacao n’a rien d’a- queux , & qu’au contraire il eft fi gras qu’on en peut cirer par expreffionune confîdera- ble quantité d’huile , il faut co/iclurre que les particules étherées font encor un de fes principes ptédominans , & que fans ce principe il ne fc- r?^ Pas diftingué des amers, d °/* ^ faut inferer la poffibi- lité qu il y a d’en tirer des fels fébrifuges , comme je l’ay etably en parlant du firop de The qui guérit les fièvres in- termittantes , puifque d’ail- leurs il eft fi aifé d’en fe parer l’huile. Il étoit facile aux Voya- du Café, à" d» Chocolat, i r 3 geurs qui ont écrit les pre- miers du Chocolat , de re- connoître la graille furabon- dante du Cacao , quand ils n’auroient eu aucune con- noîîTance phyfique, puifque lors qu’on préparé cette pâte, cét excès de graille paroit très- fenfiblement dans la tor- refaélion , & dans , la dilfo- ltïtion de cette elpéce d’A- mandes } outre que cette même pâte, étant etendud fur du papier en malTe ou en tablettes , non feulement elle prend au frais la lolidité qui luy eft convenable j mais on remarque encore qu’on la détache enfuite très- facile- ment du papier , &: quelle y lailTemême des tâches lî graf- fes j qu’aux endroits de ces 21 4 Le bon ufage du Thé, ' tâches, on ne Je peut pas di- itinguerde celuy qui efthui- ie pour fervir à des Chaffis. Ajourez que le Chocolat ain- ? ref™di ëc folide , fe pcut très -facilement JiquefîerMe nouveau par le feu, & même par la lîmple chaleur de la main. Mars il netoit pas à beau- coup près h facile, de décou- vrir que cette graille du Ca- cao eft mulîîagineufe , affoi- m liante , relâchante , & par conséquent contraire àlefto- mach dont la bonne difpo- ution dépend de la vertu éla- stique de fes fibres & de la force de fon le vain. Ce h pour- quoy ceux d’entre les pre- miers & les nouveaux Au- theurs qui on^ reconnu la- du Caffé, & du chocolat, ije bondance de là graille du Ca- cao , fe font efforcez d’établir une doctrine directement op- poiee à cette proportion , en, Ibûtenant que toutes efpéces d’huiles fulphureulès étant inflammables 8c chaudes , il s’enfuivoit necefïàiremét que le Cacao qui eft fort gras, de- voitauffi être fort chaud. Il eft vray que quelques- uns de ces Autheurs , 8c en>- tr’autres Mon fleur Sylveftre du Four, qui vient de mettre la main à la plume pour la deuxième fois , à deflèin de nous apprendre la nature 8c les proprietez du Chocolat, fernble vouloir infînuer que le Cacao eft d’une qualité tempe rée j mais c’eft feule- ment parce qu’il fupofè que les parties terreftres 8c froides i\6 Le bon ufage du Thé, dont il le croit compofé , cor- rigent la chaleur potentielle 9 u d croit être eflêntielie à fes parties grades. Mais lî Mr du Four, 8c ceux qui 1 ont précédé dans cette opinion j que toutesles huiles font potentiellemët chaudes* euflent apris comme moy que le Cacao frais cueilly ed une elpece depoilbn, & qu’ils euf- fent été ailes bons naturalistes pour Içavoir la nature parti- culière de chaque huile j ils aurbient làns doute examiné de pliwprés celle du Cacao, puis ^.u fl auroiët pas igno- re qu il y en a plaideurs delà J nature que je luy attribue , par exemple celles qu’on tire par exprelîîon des Amandes douces, de la graine de pavot blanc , & des quatre grandes du Caffe,& du Chocolat. 217 lèmences froides , êc ils au- raient pû apprendre par quel- ques e fiais, *qu’encore que ces huiles foient inflammables par la furabondance de leurs particules étherées , elles ne lai fient pas de contenir beau- coup de parties mufilagineu- les, & par confequent froides & relâchantes , puis qu’en les expolànt à l’humidité , ils au- raient eu le pîaifir de les voir en peu de temps réduites en Amples mufilages. Ils auraient encore pè expé- rimenter que fi toutes les hui- les potentiellement chaudes gâtent le teint des Dames, cel- les-cy au contraire, & fur tout celles qui font les plus mufi- lagineufes & les plus froides» comme celle de la graine Sc 2 1 8 Le bon ufitge du The' , des femences que J’ay dites, luy donnent du frais , de la blancheur & de l’éclat. Après cela reflêchilTant fur l’ufage qu’on fait à Mexique de 1 huile de Cacao , où les Médecins l’ordonnent pour remedier aux incarnations èc aux brûlures , &. où les Da- mes s’en fervent familière- ment pour rembelliflement de la peau , ils auroient du moins loupçonné qu elle au- roit bien pu être de la natu- re de ces huiles muiilagineu- fes , & ils auroient inconti- nent pafle de ce lbupçon à une entière certitude , en obfervant les indilpofitions, qui furprennentprefque tous ceux d entre nous qui font «n grand ufage du Chocolat# j du Cajfe, & du Chocolat, ny mais du moins finguliere- ment & certainement, tous ceux qui ny font pas habi- tuez dés l’enfance , & encor tous ceux qui ont naturelle- ment ou accidentellement l’e- ftomach foible. Ce qui les auroit encore confirmé merveilleufement dans cette opinion , eft la fa- cilité avec laquelle le Cacao s unit èc fait corps avec le fucre fans aucun intermede, & fans qu’il fbit befoin d’au- tre my^ftere que de les écra- ièr enfembles dans un mor- tier , ou fur une pierre à l’ai- de d’une médiocre chaleur, ce qui dépend de la nature analogique de ces ingre- diens : car on ne peut -pas douter que le fucée ne foie 220 Lebon uf âge du Thé , fort abondant en cette e/pe- ce de graifle gluante 8c mufî- kgineufe , qui eft pareille- ment abondante dans le Ca- cao , 8c qui produit tant de meehans effets , puifque les perfonnes qui ont 1 eftomâch tant foie peu foible , ne içau- roient manger une mediôcre quantité de fucreries , /ans reflentir bien- tôt une efpéce de dégoût , 8c quelquefois même une indigeftion con/î- derable ,-ce qjti’on ne peut raifonnablement attribuer quaux parties mufflagineu- fes , relâchantes & affoiblif- iantes du lucre 5 car les Phy~ ffeiens fcholaftiques fc moc- quent des gens , ior§ qu’ils rapportent tous ces méchans effets à la prétendue chaleur ; du Caffé, & du Chocolat „ m de ce mixte , puis qu’il ne fc pourroit qu’un aliment ou un médicament potentiellement chaud ne produilît des effets tout contraires 5 outre que le Sucre neft que le fel ellèn- tiel d’une efpece de Canne, auquel on ne peut attribuer par confequent aucune cha- leur prédominante , comme lé içavent ceux qui çonnoif- lent la nature des Sels effen- tiels. Il eft vray que le blanche- ment du Sucre fe fait par le moyen de la Chaux , dont il peut retenir quelques parti- cules ignées 3 mais ces parti- cules font tellement embar raf- lées dans fes parties graffes SC mufilagineufes , & elles y font proportionellement en h pe- 122 Le bon ufage du The’, tite quantité , quelles ne peu- vent au plus qu’y faire cette forte de correction qui luy donne plus de fechereffe 6c ‘ plus de fblidité -, en un mot qui le rend plus fupportable dans le Chocolat , où. il entre dans une quantité prefque aulîî confiderable que le Ca- cao qui en fait la baie , 6c où la Mofcoüate ou matière du fucre ne convient nullement pour n’avoir pas été dégraif- fée par le blanchiment. Enfin ils auroient achevé de fe convaincre de la diffé- rence efîentielle, qui fe trouve entre les graiffes chaudes 6c les grailles mufîlagineufes , parla difficulté qu’il y a d’in- corporer les unes , 6c la faci- lité qu’on trouve à lier 6c du Caffe, & du Chocolat. 223 amalgamer les autres avec 1 eau 6c le lait 5 car de ce que la graille du Chocolat s’étend lî aifément dans ces deux for- tes de liqueurs , ils auraient conclu ablolument quelles different en nature de la pluf- part des autres grailfes , 6c que cette différence dépend de les parties mulagineulès , qui font comme un moyen entre deux extrêmes , 6c qui la rendent également analo- gique aux huiles 6c aux lim- ples liqueurs. Sur le fondement de ces puifïantes conlîderations, j’ay dû conclurre qu’il étoit ablo- lument necelfaire pour faire un Chocolat auffi falubre qu’agréable, de fupp rimer la graille furabondante du Ca- 224 Lebon ufage du Thé , cao , & j en ay recherché le moyen avec d autant plus de fuccés , que par cette fouftra- dion , on ne luy ôte point la propriété de s’amolir fuffifam- ment , pour être incorporé avec le lucre, & avec les au- tres ingrediens qui entrent dans la compohtion de cette pâte 5 mais à l’égard du lu- cre j’ay penfé que fon blan- chiment étoit une correction fuffifànte , par cette raifon, que fon mu filage efl compofe de quelques parties refineu- Tes & balfamiques, qui le ren- dent moins froid & moins relâchant que celuy du Ca- cao, ce qui fait qu il na ny le fade ny 1 infîpide deceluy- cy , qui dans le Chocolat commun, emoufîe Sc envelo- du Gaffé \ & du Chocolat. 225 pe les parties deiicates des parfums 6c des aromatiques qui pourraient chatouiller plus agréablement le goût. Au furplus cette prépara- tion du Cacao dont je traite- ray cy- après plus particuliè- rement, eft ce qui a porté nos Artiftes à donner à leur Cho~ colat le furnom de dégraiffé , que les cônnoifleurs ont trou- vé préférable à toutes autres fortes de Chocolat , par cette raifon qu’avec un eftomach très- foi b! e , on en peut faire un grand ulàge , làns craindre d’en réflèntir aucune incom- modité , ce qui eft journelle- ment expérimenté , par les perfonnes mêmes qui font at- teintes de toutes ces elpéces le maladies qu’on rapporte à ’indigeftion. 21 6 Lebon 'nfage du The, Si on vent ajouter à ces ex- périences uhe forte de raifon- nement , on peut dire qu’a- prés cette corredion , on eft certain que le Chocolat ne peut être qu’un tres-bon ali- ment j car fi d’un côté il refte quelque choie dans le Cacao de la qualité froide ôc affoi- bliflànte,elle eft re&ifiée dans la compofition de la maffe , par l’addition des parfums 6c des aromatiques qu’on y fait entrer 6c dont il fera parlé cy- aprés. C’eft pourquoy bien que le fçavant Monfieur Bachot n’aye avancé que par forme de problème , dans la fameu- fe Thélè qui fut loutenuë lôuslà préfîdence le 2 5. Mars 1 68 4. que le Chocolat bien préparé âwCajf/, & du. Chocolat. 219 préparé eft une û noble confe- ction , quelle eft plûtotque le Nectar & l’Ambrofie, la vraye nourriture des Dieux, & qu elle meritoûinieux d’ê- cre divinifëe, que^diam- pignons de l’Empereur Clau- dius. 3’ole préfumer qu’il fou- tiendra déformais tres-affîr- mativemerit cette Théfe, lofs qu’il j ugeta à propos de con- feijler à ceux dont il dirige la façon de vivre , l’iifage du Chocolat dégraifle. izo Le bon uf âge du Thé , CHAPITRE III. Des ingrediens que les Améri- cains ajoutaient au Sucre & au Cacao , dans la composition de leur chocolat, avant la dé- couverte de leur continent. LEs ingrediens donc je dois parler dans ce Cha- pitre ne le trouvent point chez nos Droguiftes,& quand on les pourroit trouver icy, je ne penlè pas que perlonne les voulût faire entrer dans la eompolition du Chocolat, ce- luy des Indiens où on les fait entrer, n’ayant rien qui puif- fe flatter nôtre goût j c ’efl: de- quoy je puis rendre un témoi- gnage certain , ayant eu plu- âu Caffé, & du Chocolat. 2 1 1 heurs fois occafîon d’en goû- ter, & l’ayant toujours trou- vé fade & mal plaifant. Cependant pluiîeurs con- hderations m’engagent à fai- re connoitre quels font ces ingrediens , & • dans quelle dofe ils entrent dans cette forte de Chocolat. La pre- mière ôc la plus forte de ces confîderations , eft que les curieux qui veulent tout fça- voir , feront bien aife d’en avoir au moins une defcri- ption abrégée > mais je fçay d ailleurs que ce traité pour- ra être, porté aux Indes, & que les goûts font û diffé- rends en fait de Chocolat , qu’il fe pourroit faire que cette defcription y feroit de quelque ufage , parmy quel- 2 2i Le bon ufage du Thé, qués-uns des François qui s'y font établis. L’Achiote qui eft un de ces ingrediens , eft Je fuc épaifli qu’on tire du fruit de l’Achio- te Arbre fruitier de l’ Améri- que. Ce fruit eft une graine rouge qui le trouve en gran- de quantité dans de grofles goufles rondes. Quand on a tiré cette graine de ces gouf- fes j onia pile &■ on l’exprime à la prefle , pour en tirer le fuc, qu’on expolèenfuitedans un lieu chaud pour en faire en évaporer lnumidité , ôc quand il eft épailîî à peu prés comme la pâte , on en forme des malles de differentes for- mes , qui étant entièrement delfechées font proprement ce qu’on appelle Àchiote. llj le les Médecins de , l’ordonnent allez :ment dans la difiîcul- pirer, dans la fièvre, dillenterie , dans la luppreffion d’urine , & géné- ralement dans toutes lesefpé- ces de maladies qui dépen- dent de l’obftruction des vifi- eeres >' ce qui me fait juger qu’il doit avoir une legere amertume &c une considéra- ble acidité , neanmoins les In- diens le mettent en fi petite dofe dans leur Chocolat, qu’il femble que ce ne loit qu’à deflein de luy donner la cou- leur rouge. Les amandes du cocos ou palmier des Indes y entrent auffi en petite quantité. Elles font beaucoup plus grofies ôc K îij ’l; 214 Le bon ufage du Thé , plus làvoureufes que nus A- mandes. On s’en 1ère à Mexi- que dans la confeétion des MalTepains , des Macarons, & des gateaux demandes. Orales fait griller avec le Ca- cao pour exalter leurs parties grades , & les déterminer à faire corps avec les autres in- grediens. Elles font fort abon- dantes en ce principe. On fait de leurs écolfes les rafles ou goubelets de Cocos , qui fervent aflez coutumièrement dans toute l’Amerique à boire le Chocolat. Les Noilèttes Américaines lônt aufli du nombre de ces ingrediens ,& on les fait gril- ler , comme il vient d'être dit des Amandes j quoy quelles ne loient pas fl grades : C’efl: du Cajfe > & du chocolat. 225 pourquoy elles font refïèntir un peu d âpreté fur la langue comme nos Châtaignes encor vertes , dont elles ont à peu prés la grofïeur , la figure & l’aftrictrion 5 ce qui fait qu’el- les fortifient l’eftomach , & quelles refiftent aux vapeurs hypocondriaques» Il eft certain que le Mays entre dans le Chocolat In- dien en allez forte dofe , mais comme c’eft une efpece de bled , dont la farine ne peut point rendre fàvoureufe une pâte qui ne fè fermente point, j’eftime avec quelques Au- teurs qu’il n’efl ajouté à cette pâte que par œconomie, ou par maniéré de fophiflica- tion. Un Auteur François affu- ÎC iiij a î 6 Le ben u fage du Thé , re que le Mays A 'eff point différend du bled de Turquie* niais je ne fçaurois être de ion fentiment , puifoue ce bled eff toujours d’un fort îreau jaune » & qu’on Içait au contraire non feulement que Je Mays ne tire jamais lur cet- teA couleur , mais qu’il varie meme en toutes couleurs , les épies étant quelquefois noirs, & 4 autres , fois pourprez, bleus , ôc même bigarrez de toutes ces differentes cou- leurs. Au furplus c’eft une for- te de bled avec lequel on peut faire d allez bon pain , 8c avec lequel on faifoit une tizanne pour toutes elpéces de mala- dies, avant que les Médecins ue Mexique euffènt invente 1 A toile , qui eff une autre du Cajfe, & du Chocolat. nJ efpéce de boiflon tempérance &: def-obftruante. La fleur d’Orejevala en- tre pareillement dans la pâte Indienne du Chocolat. Elle eftainfi nommée à eau lé que ià forme a quelque rapport à celle de l’oreille. Elle eft pourprée au dedans & verdâ- tre au dehors. Son odeur elt plailànte. Elle vient fur un arbrifléau que les Américains appellent Xuchimacutzli , ou tîuchmacHtzli. Pour être in- edrporée avec les autres in- grédient, elle doit être léchée à l’ombre Sc enfui te puîve- rifée. Voicy maintenant la de- fcription d’une efpece de Chocolat Indien , par où j’a- cheveray de fatisfaire à la eu- K v 2z8 Le bon ufage du The , riofîce des personnes en fa- veur desquelles, j’ay dû com- pofor ce chapitre. Prenez deux livres de Ca- cao grille & mondé de lès pellicules , quatre onces d’A- mandes , & pareille quantité de Noifottes Indiennes gril- lées ôc mondées comme le Ca- cao j iîx onces de Mays , trois onces d ürejevala , une once d Achiote , & deux livres de Mofoouate ou matière du Su- u cre , pour former de tout une malle de Chocolat y foivant la méthode qui fora cy-aprés dé- crite. Cette deforiptîon ma été donnée par Monfieurle Gras, qui a très- long- temps voyagé & fojourné dans toutes les principales régions du conti- du Gaffé, & Au Chocolat. xt9 nent de l’ Amérique , ou il a eu foin de s’inftruire fur l’Hi- lloire du Chocolat , dont il m’a fait la grâce de me com- muniquer les principales cir- conftances. CHAPITRE IV. De la re formation du formulaire des Indiens touchant la com- fojition du chocolat. LE s Elpagnols ayant pris racine dans les Indes, ayant pourvu, au neceflaire à l’utile, ils le mirent en devoir de rechercher le voluptueux, ce qui leur fit découvrir qu’u- ne certaine plante de la nou- velle Efpagne , produisit une gou£fe fort aromatique qu’ils ?? B? 230 Le bon ufage du The , deftinerent à la confeaion du Chocolat, à laquelle elle ajou- ta en effet beaucoup d'agré— nient , ce qui leur donna lieu d en lupprimer les ingrediens dont il a été parlé dans le cha- pitre precedent , fi bien qu'ils^ ne compcxlèrent plus leur Chocolarqu avec cette goufi- & > le lucre & le Cacao y ajoutant feulement un peu de Poivre d’Inde, La. Plante dont je veux parler , étoit nommée parles Indiens Tlixochitl , & fies gonfles Mecaflulhiî. C ell une herbe qui rampe Je long des Arbres , & qui a les feuilles lemblabies à celles du Plan- tain, mais plus longues & plus, épaifles j du relie elle reflem- i>le allez bien à celle qui pro- du Caffe,;& du chocolat., 1 31 duie nos Aricots. Les Elpa-. gnols la nommèrent Campe-, elie. le ne fçay par quelle rai- Ion, mais ils donnèrent à fès g.ouiïès le nom de Vanilles , à caufe que Vmiila en leur lan- gue lignifie petite gaine 5 8c en effet fi elles font confide- rabiement longues, elles Ibnc auffi fort étroites Elles renfer- ment une forte de grains très- menus, mêlez avec une elpé- ee de Pulpe noirâtre ballà- mique & tres-odorante , ce qui fait qu’elles rendent le Cliocolat tres-làvoureux , Sc quelles Luy communiquent, des proprietez admirables contré la plufpart des mala- dies de la poitrine , & contrer- les bénéfices & poifons y c’elt jaourquoy on dit ordinaire- 13 ^ Le bon ttfmge du Thé, ment que la poudre de Va- nille eft lame du Chocolat , & en effet celuy qui eft pré- paré par les trompeurs fans Vanilles , eft à mon lens une allez méchante boiffon. Monlîeur Ouel qui a beau- coup de terres & d’effets dans leslfles, où l’on fait un grand ufage du > hocolat, a fceu par le rapport de quelques Elpa- gnols Mexicains , que les Va-' nilles vertes ne lèntent rien, & quelles ne deviennent odo- rantes que par une prépara- tion fecrette. A l’égard du Poivre de Mexique , c’eft le Poivre de Tabafco , que les Elpagnols nomment Chilli , & que nous appelions Poivre d’Inde , ou Poivre rouge , parce qu’en du Café, & du chocolat. 2 33 effet les gouflès qui font ron- des vers la queue & pointues à l’autre extrémité , font d’un allez beau rouge. La pointe qu’elles donner au Chocolat* accommode mieux le goût des Llpagnols que le nôtres c’eft pourqnoy il eft affez rare qu’on en mette dans nôtre Chocolat : cependant il elî quelques François qui aiment cette laveur âcre & picquan- te, & qui par cette railbn pré- fèrent le Chocolat qu’on fait venir d’Efpagne , di dans le- quel le goût de ce Poivre fe fait toujours remarquer. Voicy maintenant quel étoit le Formulaire de cette pâte, avant que les Elpagnols y enf- lent ajoûté les parfums & les aromatiques dont il fera parlé cy -après. 234 L~e bon ufage du Thd, Prenez quatre livres de Cacao préparé comme il a été dit , trois livres de lucre , dix- liuit Vanilles, &; quinze grains de poivre d’Inde , pour faire du tout une malle de pâte fui- vant la méthode. Lors que le commerce fut allez bien étably entre les deux continens , pour que les habitans de la nouvelle Elpagne , puflent tirer de ce- luy-cy toutes elpeccs de com- meditez , ils ne manquèrent pas d’en tirer la canelle & les Gerofles y qu’ils ajoutèrent bien- tôt après à la confection du Chocolat, Il y a peu de gens qui ne fçachent que la p. canelle eft l’écorce d’un Ar- bre Etuvage , qui vient fans culture en divers endroits des 1 du Cœffe , & du Chocolat, 13 y. Indes Orientales , & particur- lierement dans les Ifles de Ja- va , de Malavar & de Zeïian, & l’on fçait encor quelle eft fort odorante , & fort agréable au goût -, c’eftpourqnoy elle eft comme tous les autres aroma- tiques cordiale , ftomachique & diurétique. Il en eft de même des Gero- fles , qui font les fruits, ou fé- lon quelques-uns les fleurs d’un Arbre qui croît aux If- les des Moluques i mais ils ont cela de plus que la canelle , qu’ils abondent en une huile très - adorante êc très - ipiri- tueule , qui fc détachent tres- facilcment de leurs parties terreftres , & qui donne une vertu cordiale &. ballàmique à toutes les compofitions où, 4 3 6 Le bon ufage du Thé , ils entrent. Au furplus , ils font trop connus dans le do- meftique , pour qu'il foit ne- ceflaire d’en parler icy plus particilierement , mais je ne dois pas obmettre , de rapor- ter le Formulaire qu’on fuivit dans la nouvelle Elpagne» après que ces drogues y eu- rent été négociées. Prenez quatre livres de Ca- cao préparé , trois Üves de Sucre, quatre Vanilles, deux dragmes de Canelle , huit Ge- rofles , 6c dix grains de Poivrç d’Inde. Le Mule & l’Ambre gris ne furent pas long-tems dans être de la partie. Le Mufc effc la ma- tière d’une tumeur , qui fc for- me très - louvent au nombril d’un animal du même nom, qui du Gaffe, & du Chocolat. 137 eft allez femblable à un Che- vreuil. Cét animal qu’on voit au Royaume de Pegu dans les Indes, 'ne le repaift ordinaire- ment que d’Herbes aromati- ques , d ou vient que cette matière excrementeulè étant hors de cette tumeur, &: ex- pofée aux rayons du Soleil , devient un parfum très - fua- ve , qui eft tout enlemble cé- phalique , cordial ftoma- chique. L’Ambre gris eft un Bitume qui découle de quel- ques fontaines dans la mer, où il le condenlè , & d’où il eft jetté à bord , principale- ment fur le rivage des Illes Maldives, où il eft digéré & exalté par la chaleur du So- leil. C’eft le plus ftiave Sc le plus précieux de tous nos par- 238 Le. bon ufuge du Thé , films-, ôc par confequent ce- luy qui a dans un plus émi- nent degré les qualitez que je. viens de dire* On verra par le Formulaire ^ui fuît ,1e chan- gement que fit au deuxieme, 1 addition de ces deux par- fums. „ Prenez quatre livres de Ca- cao préparé y trois1 livres 'de Sucre , douze Vanilles , une’’ dragme de Canelle , fix Gero- fles, huit grains de Poivre d’Inde , fix grains d’ Ambre, & trois grains de Mufc , pour former la mafiè fuivant la mé- thode. Cette derniere defcription eft celle qui eft la plus ordi- nairement fuivie parmy nous, à celajprés que la plufpart des g-enrén Suppriment le Poivre du Caffe, ér du Chocolat. £39 d’Inde , 6c que I es plus déti- «atsiTubii'Ilaëîit'àlë Gànellè le Caffîa ligne a , qui efft une autre écorce qui fe tire dés mêmes lieux que la Candie , de qui nen èft prefque point diffei rente quant à la forme j mais qui a plus de délicatefle pour l’odoràt & pour le goût , ayant même - cette propriété , que'* tant tenue bien lonj^- temps dans la bouche , et le s’y réduit entièrement en une elpece de mu filage. Il fe trouve ehcor beaucoup d’autres formulaires entre les mains de divers particuliers, mais qui ne different de ce- luv-cy y ny entreux mêmes, que dans la diverficé des doïes de là Vanille , de 1 Ambre 6c du Mufc , à cela prés nean- 240 Le bon ufage du The , moins que quelques-uns ajoû- tenc aux ingrediens dont je viens de parler , quelques grains de Cardamome, ou une très- petite quantité de Gin- genbre,deux autres e/peces de drogues Aromatiques , ayant les vertus tant de fois répétées, dont chacun peut faire tel ulà- ge que bon luy lêmblera par rapport à fon goût , qui feu! doit être confulté , lors qu’il s’agit du choix & des dofes des parfums & des Aromati- ques , qu’on veut faire entrer dans la comportions du Cho- colat, ayant tous à peu prés les mêmes proprietez. Je ne fçaurois être nean- j moins du lèntiment d’un Comte E/pagnol,qui veut que pour faire du bon Chocolat, du Cajfe,& du chocolat. 141 on doive entièrement fuppri- mer la Vanille , & augmenter les doles de l’Ambre & du Mufc > car quand il fèroit vray comme il nous l'allure , que la Vanille leroit méprilëe dans la nouvelle Efpagne, pour être nommée le parfum des pau- vres , ce mépris ne viendrait à mon lens , que de ce qu elle y lèroit trop commune , & ce- la ne m empêcherait pas delà nommer icy le parfum des Ri- ches , parce quelle y eft fort chere , & qu elle a d’ailleurs des qualitez qu’on ne fçauroit trop eftimer. fiques. Pour faire le Chocolat or- dinaire , Ja préparation du Cacao ne confiée qu’à le griller en la maniéré que je du Caffc, & du Chocolat . 243 diray bien-côc : mais pour fai- re un Chocolat dont l’ufàge ne puifle avoir aucune mau- vaise fuitte , il y a un peu plus de myftere , puifqu’il s’agit d’extraire du Cacao, la quan- tité furabondante de fon hui- le froide & mufijagineufe , fans neanmoins luy ôter ce qu’il en doit avoir pour être Savoureux , Sc pour faire corps avec le fucre. Je décou vriray incontinent la façon d’y pro- céder , mais pour ne point for- tir de l’ordre que je me fuis propofé , je dois dire aupara- vant en quoy con lifte la pre- mière préparation du Cacaô. Pour y procéder , il faut al- lumer un bon feu de charbons dans un fourneau , Sc placer enfuite fur le fourneau une L 2 44 Le bon uf âge du Thé , baffine de fer ou de cuivre efiamé , d’une capacité fuf- fi/ànte pour contenter au lar- ge trois ou au plus quatre livres de Cacao , qu’on fera griller dans cette .baffine juf- qu’à ce que fa pelure le quit- te ai/ement , obfervant de le remuer continuellement avec une efeumoire à confitures ou* autre pareil infiniment , afin que toutes les Amandes /oient également grilléesj puis ayant étendu une petite nappe Jftir le plancher, vous jetterés def- fus vôtre Cacao ainfi grillé -, & 1 ayant recouvert avec une partie de la même nappe , vous le remuerés avec les mains ju/qu’à ce que toutes les pelures /oient brifées,aprés quoy en le /êcoüant dans une du Café, & du Chocolat. 245 baffine, comme on fait le grain dans un Van , pour en feparer toutes les pelures qui volti- gent & qui tombent par ce moyen , vous le grillerés de nouveau , jufqua ce que fon huile foit fuffifàmment exal- tee j ce qu on connoîtra lors qti’il fera autant grillé qu’il le peut être fans tenir Je moins du’monde du brûlé , alors en achevant de détruire fon in- tégrité, avec un infiniment ie fer, 8c en liquifiant la graif- !e avec une médiocre chaleur, >n le réduira en forme de pâ- e j a I effet de quoy plufieurs 'chauffent le fond d’un mûr- ier de bronze 8c l'un des )düts de fori pilon , 8ç pilent e Cacao dans ce mortier -, L ij 246 Le bon ufage du Thé, duquel ils entretiennent la chaleur par le moyen d’un fourneau quiluy fert de pied j mais la plus ordinaire 8c la meilleure façon d’y procéder, eft de l’écraler comme font les Indiens avec \m rouleau de fer , fur une pierre dure 8c applatie qu’ils nomment me- tate ou matatl 8c que nous appelions pierre à Chocolat, échauffant pareillement cette pierre avec un brafîer qu’on metdefTous un peu auparavat, 8c qu’on y entretient autant qu’il eft neceflaire. La figure qui fuit reprefente la pofture dans laquelle on doit être pour cette operation , au lit bien quede brafier , le rqurj leau 8c la pierre. | res , non leu quelles font b clieres que les encore parce qu fées elles fe < res , non leu quelles font b clieres que les encore parce qu fées elles fe < a 48 Le bon ufage dtt Thé , Jay'dit que eette pierre devoir être dure , & j’ay eu grande raifon de le faire, car il fe détaché de la pierre de taille commune des parcel- les qui s’incorporent avec la pâte , & qui étant avalées avec le relie , font un embar- ras dans les reins , qui peut être la caufo des obltruétions des ureteres , & par confe- quent des coliques Néphré- tiques Sé de la génération des pierres 5 cependant les Mar- chands qui n’ont en vûë que leurs propres interdis , ne fo Ipruenr jamais de pierres du- eulement parce '■^aucoup plus autres 5 mais 'étant échauf- du Café, & du chocolat. 149 coup plus facilement. Jediray comment on fe peut garantir des differentes furpri fes de ces Marchands en parlant du choix du Chocolat. Pour palier maintenant à la maniéré de dégraiffer le Cacao, il faut après qu’il a été ainfi liquéfié, le mettre dans un lac de toile neuve &. plei- ne , dont l’embouchure lèra en fuitte exa&ement confite, puis ayant mis une feüille de fer blanc un peu plus que mé- diocrement chauffée , fur le fond du preffoir qui eft re- prelènté à la pagé 153. Sc par deffus cette feüille un quarré de papier gris , on pla- cera furcequarré le lac con- tenant le Cacao, qui aura été coupé à peu prés de la même L iiij 2 5 g Le bon ufage du The , grandeur 3 puis l’ayant encou- re recouvert d’un quarré de papier, & enfuitted’unefeiiil- le chaude de fer blanc , on impofera fur cette feuille la table ^ fuperieure du prelfoir, que 1 on contraindra à expri- mer le Cacao , par quelques tours de viz , pendant quoy on aura prés du feu deux au- tres feuilles de fer blanc , qui feront miles en la place de ces premières .avec deux nou- veaux quarrés de papier , dés quon jugera que les deux autres feront autant chargés qu il eft poffible de la graillé du Cacao , ce qu’on repêtra, jufqu à dix ou douze foi$ , fé- lon que le Cacao aura paru plus ou moins gras. On pourra s’alfurer alors du Caffe, & du Chocolat. 2 5 r qu’il fera autant dégraifle qu’il le doit être pour n’avoir aucunes mauvailès qualitez , & qu’il aura neanmoins enco- re la j ufte confiftance qu’il doit avoir, pour s’unir intime- ment avec le fucre , & avec les autres ingrcdiens de la pâ- te, qui fera beaucoup plus là- veureiile que celle du Clio- colat ordinaire. On pourrait encore dé- graiflèr le Cacao de deux au- tres manières, lavoir en diftil- lantper decenfum fa graille lùr- abondante , comme on fait quelquefois celle des gero- ftes , & encore en le mettant dans -une badine après qu’il eft broyé, avec de l’elprit de vin auquel on mettrait le feu , & ftti’on agiterait en remuant L y 1 5 1 Le hon ufage du Thé, le Cacao avec uri'inftrument de fer, jufques à ce qu’il fort entièrement conlômmé : mais j’ay connu par expérience que la méthode precedentè eft de beaucoup préférable. Je tra- vaille neanmoins à enchérir fur cette méthode , & je fais pour cela des épreuves qui au- ront apparemment un prompt Juccez , au moyen de la nou- velle machine dont jay pro- îhis de donner la delcription d la fin de cet ouvrage ; mais fur laquelle je n ay encore pû faire toutes les expériences bien que dans' la méthode commune on fë contente de le concafler groÉierement, ce qui empêche qu’il ne s’unifTe avec le Cacao auffi.intime- ment qu i! eft à feuhaitter y vient que le Chocolat «ordinaire , a quelque chofè de rude fur la langue lors qu’on le mange en tablettes. Xl bauc encore6 ^marquer f«e le &cre & le Cacao doi- du Cafté , & du chocolat, z 5 5 vent être parfaitement incor- porés enfembles , avant que d y ajoûter les parfums 6c' les. Aromatiques , qui ne pour- raient être long- temps agitez fur la pierre chaude , fans; perdre beaucoup de leurs par- ties odorantes &: favonreufes» ce qui le fait plus ou moins facilement, félon que ces par- ties lont plus ou moins délica- tes 6c liibtiles > c’eft pourquoy 1 ambre 6c le mule doivent erre ptilverilcs a part , afin de netre ajoutez à lamalfe, qu apres y avoir fait entrer la Vanille, la Candie, 5c tous les autres aromatiques, qu’il cft bon depulverilèr enfem- bles 5 par cette raifen que; ceux qui font fort fees, 6c faci- litent la diviiiort de ceux qui a 5 6 Le bon ufage dtt Th e, ont de l’humilité comme la Vanille , ou de l’huile , corn- me4es Gerofles , ce qui ne fuffiroit pas neanmoins pour les difpolèr à pafler par le tamis de foye ( comme on le doit faire ) li on n’adjoutoit au tout quelques morceaux de fucre à diverles reprifes,ce qu on doit encore oblèrver en pulverifant le Mufc & l’Am- bre, quoyque ces parfums ne doivent pas être tarai les pour n’en pas perdre beaucoup de parties. Il efl: a remarquer que le Chocolat , où. l’on fait entrer l’Ambre & le Mufc , eft ordi- nairement infupportabîe aux perfonnes qui font fijjettes aux vapeurs , mais qu’auffi fans ces parfums, on peut faire une du Caffé, & du Chocolat, z 57 force de Chocolat fort agréa- ble , feulement en augmen- tant le nombre des Vanilles, fur Iefquelles on doit avoir d autant moins de ménage- ment , quelles contribuent beaucoup aux proprietez du Chocolat dégraide , ced aind que nos Artides ont nommé celuy dont je viens d’enfei- gner la préparation , & au- quel on peut donner indiffé- remment la forme de tablet- tes , celle de rouleaux, ou cel- le de Malles. Pour faire les tablettes , on met à certaines di dances fur des feuilles de papier blanc, des morceaux de la pâte en- core chaude , plus ou moins gros , félon qu’on veut que les tablettes foient plus on moins grandes, 6c pour les former ou a 5 S Le bon ufage du Thé , agite feulement ces feuilles, en les contournant & en. les lècoiiant avec les deux mains, en forte que la pâte s’eftende fuffifamment. Pour donner la forme à un rouleau, il ne faut que prendre une demie livre de cette pâte, & l’ayant mile au milieu d’une demie feijille de papier, en prendre les deux marges, & en l’agitant autant qu il eft beldin , contraindre cette ma ffe à s’étendre en lon- gueur j Enfin pour faire des mafles quarrées de differents poids ,il ne faut qu’emplir de cette même pâte , des moules de fer blanc tenant judement une livre, une demie livre, oü. tels autres poids que l’on veut. i du Caffe, & du Chocolat. 255. CHAPITRE VI. De la fophiJH cation , du choix , conj’erv ation , ^ du prix du chocolat. S’il y a quelque chofèdans le Chocolat ordinaire , qui puifTe corriger en quelque forte les mauvaifès qualitez du Cacao non dégraiffé , c’effc principalement le Sucre &: la Vanille ; cependant j’ay dé- couvert que les trompeurs préparent leur Chocolat avec la Mofcovate , c’eft - à - dire avec la fîmple matière du Su- cre qui contient encore tout fon mufilage, pour n’avoir pas pafle par le blanchinaent , où cette qualité vicieufe reçoit i6o Le bon itfage du Thé , quelque corredion , & cela parce que cette matière leur coûte la moitié moins que le Sticre. Ils font pis encore > car ils en fuppriment non feulement l’Ambre 6c lemufe, mais meme les V anilles , par cette railon qu elles coudent auA moins fix fols la pièce , 6c même dans les temps où elles font un peu plus rares , juf- ques à dix ou douze fols , 6c que neanmoins pour faire fans mufe ny Ambre un Chocolat d’une palfable forte, il en faut au moins deux ou trois pour chaque livre. On peut bien juger que pour fubfiftuer les Vanilles, ils augmentent conlîderable- ment Ja.dofe de la Canelie, dont la quantité excedente du Cajfe\.& du chocolat. iéi doit neceflairement produire de médians effets j mais tout cela ne fèroit rien , s’ils ne portoient leur fophifîication ôt leurs tromperies jufqu’à cét excez‘,de preferer le plus pe- tit Cacao , 8c d’en augmen- ter la quantité par de vieilles amandes , ou même d’ajouter à leur confeélion , une con- fïderable quantité de la pâte des Faifèurs de pains d’Efpi- ces , ce qui fait un fàlmigon- dys d’autant plus malfaifànt , que la poitrine 8c le ventre font tout enfemble irritez 8c troublez par l’adion de la Ca- nelle , des épiceries 8c du miel de cette pâte , ce qui eft toû- jours fuivy de diverfes indif- pofitions , qui ne tirent que trop fouvent à de dangereu- fes confequences. '% 6z Le ben ufœge du *Thé\ C’eft pourquoy lors qu’il s’agit de choifir du Chocolat , il faut bien s’appliquer à di- ftinguer par l’odorat & parle goût , l’odeur & la faveur des véritables & des faux ingrc- dtens , connoiflance que je ne fçaurois communiquer , ôc qu on ne peut acquérir que par une efpéce d’habi- tude. Mais il eft bien plus facile de connoître le Chocolat qui éft trop vieux fait , ou qui a été mal-confèrvé , puis qu’il a ordinairement une efpéce de moififlure à fa fuperficie, & qu’en le flairant on décou- vre une odeur qui tient de l’aigre & du rance. Après tout, on ne peut bien être alluré de la bonté du du Cajfé & du Chocolat. 26$ Chocolat qu’en le failànt préparer chez loy, ou en n e- tablilïant la confiance , que fur la fidelité de perlonnes finceres ôc bien connues. Je puis aflurer neanmoins que fans avoir aucun commerce avec fios Artiftes * on peut en tirer d’eux lans craindre d’ê- tre trompé , puis qu’ils le pré- parent toujours dans les con- ferencespubliques , que nous tenons tous les Vendredis de- puis quinze années pour l’é- dification de la Medecine > mais de quelques perlonnes fidelles qu’on le puilîe pren- dre , on ne doit pas chercher Je bon marché lors qu’on le veut avoir excellent ,puifque fes differens degrez de bon- té, dépendent principalement 1^4 Le bon ufage dn The' , des diverfes dofes de l’Am- bre du Mufc & de la Vanille, qui font des drogues afiez cheres pour n’en pouvoir aug- menter la quantité dans le Chocolat, làns en rehaufler le prix , c’efl pourquoy je n’eftime pas que le meilleur puifle être donné à moins de hx francs la livre , celuy du fécond ordre à cent fols, ce- luy du troifiéme ordre à qua- tre francs , êc enfin celuy qui eft Amplement paffable à un écu. An refie foit qu’on le fafîe préparer chez foy , foit qu’on le tire d’ailleurs, on ne doit s en approvifionerau plus que pour une confbmmation de deux ans , puifque même avant l’efcheance de ce ter- du Café, & du Chocolat. * 6^ me , il commence à dégéné- rer, ce qui le fait plutôt ou plus tard , félon qu’il eft bien ou malconfervé, c’eft pour- quoy pour prévenir cét in- convénient autant qu’il eft poffible , il faut l’envelopper dans du papier gris, le met- tre ainfi enveloppé dans une boëte, 6c placer cette boëte dans une armoire qui loit en lieu fec. CHAPITRE Y 1 1. Ve la Bojfon ou Breuvage de Chocolat. LA plusordinaire&laplus agréable façon de pren- dre le Chocolat eft en boi£- fon. Pour préparer cette boif- 2 .66 Le bon ufage du Thé , fon on fofert coutumicremenc de vaiflèaux fomblables aux Caffetieres , avec cette feule différence que celles qui doi- vent forvir au Chocolat, & qu’on nomme pour cette rai- fon Chocolatières ont un trou dans le milieu de leurs cou- vercles , pour paffer le man- che du moulinet dont- il fera bien-tôt parlé , ce qui eft neanmoins d’autant plus inu- tile , qu’il n’eft ny necefîaire ny commode, de tenir la Cho • coiatiere couverte pendant qu’on fe fert de ce moulinet 5 au reife foit que la Chocola- tière foie troüée foit quelle ne le foit pas , il fuffit pour faire le breuvage dont il s’a git, d’y mettre une quantité d’eau proportionnelle au nom- du Cajfe, & du Chocolat, z 6j bre des prifes qu’on veut pré- parer, & 1 ayant mile devant le feu , d’y ajoûter pour cha- que prife au moment quelle commence à boüillir , les deux tiers d’une once de Cho- colat râpé ou découpé , pareille quantité de fucre, pour laifler boüillir le tout environ durant un demi quart d’heure. Il eft à remarquer qu’il ne faut point mettre de fucre avec le Chocolat, lors qu’on veut mettre en ufàge le firop de Vanilles, parce qu’il don- ne feul à ce breuvage , toute la douceur , & tout l’agreé- ment qu on peut louhaitter, £n le mettant dans chaque chique à la quantité d’une cuëillerée , après y avoir ver- M 2 68 Le bon ufage du Thé , fé la liqueur de Chocolat , fur laquelle on peut le difpen- fer de faire agir le moulinet lors qu’on la veut préparer de cette forte , ce lirop la rendant aflez agréable , fans qu’il foit neceflaire de la fai- re moufler. Mais au contraire étant préparée avec le fiacre elle leroit mal plailànte , fi avant de la verler dans les chiques, elle n’avoit été afles long- temps agitée avec le mouli- net , qui eft une petite forte de mafle de boüis dont la tête eft diverfement cizelée , ôc dont le manche ou bâtonnet eft aflez long par rapport à la grofleur de la tête , qui^ doit remplir prefque toute l’embouchure de la Chocoîa- du Cajfe , & du chocolat, z 69 tiere , afin d’être autant mafii- ve qu’il le faut , pour don- ner beaucoup de mouvement à la liqueur, en contournant le bâtonnet dans la palme des mains , puilque c'eft par ces mouvemens , que les parties de r air s’infiniient dans la li- queur, & quelles le raréfient Sc la mou fient, comme il ar- rive lors qu’on préparé la crème fouettée. Lors qu’avec le moulinet on veut bien faire moufler le breuvage de Chocolat, il faut que par proportion à la quan- tité de la liqueur, là maflè doit de telle hauteur , que iàns toucher au fond de la Cho- colatière , dont elle doit être éloignée cl un demy travers de doigt, ellènelaifle pas d’être M ij 270 Le bon ttfage du Thé , entièrement noyée dans la li- queur , car fi la partie fupe- rieure en excede la hauteur, la moufle ne fe fait qu’impar- faitement , mais les Mar- chands de liqueurs qui ont leurs Chocolatières tantôt pleines tantôt prefque vuides, 11e peuvent pas garder tant de mefures j c'efl: pourquoy quel- ques-uns d’entre eux , y ajou- tent des jaunes d’œufs cruds pour le mieux faire mou fier, ce qui le rend indigefte 8c dégoûtant. Au refte comme la moufle ne fe fait qu’au defliis de la liqueur , on à coutume de la verferdansla chique à diver- fes reprifes , 8c c'efl pour cela qu’il feroit incommode de palier le bâton du moulinet du Cajfe, & du Chocolat. 17 1 dans Je trou ^u couvercle, puifqu’il faudrait l’ôter & le remettre à chaque reprilé, ou- tre que la Chocolatière étant bouchée , l’air qui doit fervir à la génération de la mouf- le, ne s’inflnuë dans la liqueur en quantité fuffilante que dans un trop long elpace de temps. J ay dit que la précaution de boucher la Chocolatière pendant qu’on moufle le Cho- colat, étoit auffi inutile qu’in- commode , & j’ay eu raifon de l’advancer 5 il n’en eft: pas du Chocolat comme du Thé & du Caffe , dont les parties volatiles fe difîipent tres-faci- lement , puifque celles du Chocolat font plus embaraf- fées dans lés parties grades , M iij 27 2 Le bon ttfage du Thé , & qu’il eft allez probable d’ail- leurs , que la plupart des par- ties odorantes qui s’exhalent des parfums,retournent circu- lairement vers leur malle co- rne celles de i’Aymant -, puis qu’il n’y a point des parfums qui ne fubfifle un temps tres- conlîderable , malgré la pro- digieufe 5c continuelle diffi- pation de lès parties plus effi- caces. Il y a encore cette obferva- tion à faire , qu’on fe fert de la malle du moulinet pour en- traîner la moufle de la liqueur, à mefure qu’on la verlè dans la chique, ce qui doit enga- ger encore à ne point emba- rafler fon manche dans le trou du couvercle. Par toutes ces confidera- du Cftffé , & du Chocolat. 27 tions j je tiens que le couve r cle des Chocolatières ne doit point être percé , & qu’elles ne doivent être par confe- quent aucunement differen- tes des Caffetieres , dont le Filtre fert utilement pour re- tenir le marc plus greffier du Chocolat. Il ferait inutile d’en donner encore une fois la fi- gure j mais je ne me difpen- feray pas de donner icy celle des moulinets > avec les diffe- rentes cizelures qu’on y peut faire. M iiij du Caffe, & du Chocolat, il j Au furplus le Chocolat des Indiens fe moufle beaucoup plus facilement que le nôtre» non feulement à caufè de la farine de May s qui entre dans la compofition de lapâtejmais encore parce que dans la pré- paration de ce breuvage , ils preferent à l’eau commune, une forte de boiflon u fuel le qu’ils nomment A toile, & qui eft encore faite avec la même farine détrempée & cuitre dans de l’eau > mais il leur eft allez ordinaire d ôter une par- tie de cette moufle, ce qui de- graifle en quelque forte leur Chocolat , en quoy il ne fèroit peut-être pas inutile de les imiter , -pnique le breuvage de Chocolat [ne fçauroit être trop maihre ny trop liquide > a 7 6 Le bon uf âge du Thé , ôc c’eft par cette raifon que j'ay ordonné pour chaque pri- fc une doiè de pâte beaucoup moindre que celle qui a été prefcrite par tous les Auteurs qui m’ont px*ecedé , & que celle même qui eft de l’ulàge le plus ordinaire. Mais il leroit dangereux à l’exemple de quelques In- diens , de préparer à froid le breuvage du Chocolat, & en- core plus de le faire à la glace à l’imitation des Italiens, puif- quede la forte, il eft capable de ruiner en peu de temps feftomach le plus chaud , & d’amortir le plus fort levain digeftif. Au contraire on peut s’aflu- rerque le Chocolat clair, dé- graiffé , préparé avec le Sirop lllcidlriets * 'iiontfcT le c. du Gaffé, cr du Chocolat. 177 de Vanilles , ôc bû par gor- gées autant chaud qu’il eft polîîble , ne peut jamais être nuifible } puis qu’avec un eftomach tres-fbible on en peut faire un fort grand ufà- ge , fans craindre d’en reflen- tir aucune incommodité, ce qui eft journellement expé- rimenté , par les perfonnes mêmes qui font atteintes, de toutes cesefpeces de maladies qui dépendent de l’indige- ftion. Il y a encore cette notable différence, entre le Chocolat degrailfé 6c le Chocolat com- mun , que le premier n’a au- cunes parties qui puiffent boucher les pores ny obftruer les vailfeaux , au lieu que la grailfe mufilagineufè du 27 S Le bon ttfage du The', dernier , doit neceflairement faire des obftru&ions 6c em- pêcher la transpiration , d’ou. vient qu’il caule une reple- tion incommode , dans pref- que tous ceux qui font natu- rellement gras ou quifont di£ pôles à le devenir. C’eft peut-être par cette raifon , que certains Cafuiftes foûtiennent qu’il rompt le jeûne , mais fi le Cardinal Brancacio qui êtoit d’une opinion contraire , afluredans une dilfertation qu’il a faite exprès , qu’une talfe de Cho- colat ne tire à cét égard à au- cune conlequence , pourveu quelle Soit prile par une ef- pece de neceffité , 6c non pas à dellein de le loultraire à TobeïBànce quon doit à TE- du Caffe, & du Chocolat. glifè , il auroit trouvé de bien plus fortes preuves de cette vérité en faveur du Cho- colat degraiflfé , car outre qu’il ne tient pas plus de l’a- liment que du remede,la boif- fon qu’on en fait n’ayant que très - peu de parties grades & materielles , ne doit être conlîderée au plus que com- me le vin , la bierre, & les au- tres boi lions ufuelles , dont l’Eglile^permet un ulàge re- fervé dans les heures d’abfti- nence. Après tout , fi Ion prétend qu’on ne doit employer la pâte du Chocolat commun que deux mois après quelle elt faite , pour n être pas trop grade 6e trop relâchante , on doit conclure de ce qui a été i a 8 o Le bon ufage du The' , ey- devant oblèrvé , qu'il effc inutil d’apporter la même pré- caution à 1 egard du Choco- lat dégrailFé , puifque fi nou- veau qu’il puifle être » il eft deftitué de fa graiflefurabon- dante , & par conlequent dé- pouillé,de fes qualitez nuifi- blesj c’eft pourquoy on peut le manger en tablettes fans en craindre aucun inconvénient, & j ay même oblèrvé qu’il le conferve facilement dans là bonté beaucoup plus long- temps que le Chocolat com- mun , ce qui le rend prefera- blepour ceux qui s’engagent à de longs voyages , ou qu*le negotient en des Pays éloi- gnez. On voit des gens qui boi- vent de leau peu avant que du Cajfe, $ du Chocolat. x8 1 de .boire du Chocolat com- mun, fondé fur cette faudc opinion , que le Chocolat elfc de la nature des alimens chauds , dont-il eft bon de prévenir les méchans effets par leurs oppofez , en quoy ils s’abufènt d’autant plus , qu’au contraire il ne peut caufer que les effets ordinaires des choies les plus froides 6c les plus in- digeftes : mais au refie cette mauvaife précaution efl en- core plus inutile dans fufage du Chocolat dégrailfé, qui eft un aliment médicamenteux des plus temperez 6c des plus temperans. » 8 2 Le bon ufage du The', 1 CHAPITRE VIII. Des propriété z, du Chocolat. r  Prés avoir expliqué a f- jLl.fez clairement , la nature & la bonne préparation du Chocolat , je dois prefumer cjue les per/onnes intelligen- tes, comprendront facilement d ou dépendent lès diver/ès proprietez , après que je les aura y Amplement déduites } ceft pourquoy /ans m’enga- ger dans ce chapitre à faire d inutiles raifonnemens , j’ex- po/èray Amplement les ob/èr- vations que je dois à l’expe- rience , & je ne m'explique- rai au plus , que fur l’u/àge gu on doit, faire de cette du Caffe, & du chocolat, i g 3 boiflon dans chaque mala- die. Or étant pris avec le Sirop de Vanilles à differentes heu- res du jour , & fur tout le foir en femettant aulid à la quan- tité de deux prifcs , il eft d’un effet également prompt & af- furé, pour fu /pendre le mou- vement immodéré de la ma- tière du rheume de des flu- xionsde poitrine, pour étnouf- fèr les parties /alines & irri- tantes de la feriofité qui exci- te la toux , pour éteindre les incarnations delà go»ge & de la pleure, pour calmer les dif- ferentes cau/es des in/om- nies , de pour reparer la fati- gue des Prédicateurs, Sc des autres perfonnes qui s’enga- gent fréquemment àfoûtenir 1 84 Le bon ufage du Thé , des actions publiques. P réparé de la meme manié- ré , il eft auffi d’un grand le- cours pour amortir la bile é- pancbée qui provoque les vomiJlèmens , & qui fait les coliques bilieufes , le toléra morbas , Ja diarrhée 8c ladif- iènterie. C’eft encore un remede très - efficace dans la fièvre éthique , je veux dire dans cette fecherefle de poitrine qui conduit à la pulmonie , dans laquelle maladie on peut’ encore ^’en fervir tres-utile- ment , pour en arrêter le pro- grez 8c pour en addoucir les incommoditez , fur tout lî en place d eau on le prepareavec Je laiél , qu il faut écremer au commencement de ion ébul- lition. du Caffé, & du Chocolat 285 Si on le préparé avec le fi- rop de coins , & qu’on y ad- joute quelques goures de tein- ture d’or ou d effence d’am- bre , il remedia très- efficace- ment aux indigeftions & aux palpitations de cœur , lî bien que dans le beioin il pourrait ièrvir tout enfemble d’une nourriture /uni Lan te , &. d’un remede aux plus familières in- dilpolitions. Relie à dire qu’en fai fa ne cette boiilon un peu plus clai- re qu’à l’ordinaire , & y met- tant le lirop de Caffé en place de celuy de vanilles, il aura prefque toutes les pro- prietez que j’ay attribuées au Caffé, ce qui ne peut être que fort agréable & fort util , aux perfonnes qui baiffent le goût 2.86 te bon ufage du The' , du Caffé , & qui fe trouvent neanmoins atteintes des indifl pofitions aufquelles il con- vient. CHAPITRE IX. Du Sirop de Vanilles. Ï’Avois feulement commu- niqué à nos Artiftes , le fe- cretdu Sirop de Vanilles, que je ne vouloîs publier, qu’avec les autres découvertes que je relerve pour le Journal de» Médecine , mais il a trop de rapport avec ce traité , pour que je l’en puiflc railonnable- ment détacher j en voicy la compofition. Mettez dans une pinte d’eau boüillante une poignée de fleurs de Borrache , autant du Cajfé, & du Chocolat. z2j de celle de Buglofle , Sc une dragrne des fels fixes.êt eflen- tiels de Cacao, mettez en mê- me temps à part dans une au- tre pinte d’eau bouillante , deux poignées de fleurs de Pavot rouge , Sc une dragrne de teinture d’ors laiflez in- fufer ces chofes à froid du- rant fix heures , puis ayant pafle ces deux teintures par la chaufle claire , mettez les dans une baffine avec fix li- vres de Sucre fin en poudre y faites boüillir ce mélange à pe- tit feu , Sc quand il fera à my- cuit adjoutés-y quinze bel- les Vanilles pulveriféess ob- fervanc de les étendre dans toute la liqueur , en l’agitant avec une fpatule de bois ou d’argent s puis ayant encore 2/88 Le bon uf âge du Th e\ donné un quart de cuitte à vô- tre Sirop , clarifiez- le en le pa fiant par la même ch au fie , puis l’ayant remis dans la baf- fine adjoûtés- y trois onces de Sirop d’œuillets , & le cuifez jufqu’en confiftance. On donne ce Sirop avec beaucoup de fiiccez pour a- doucir &: pour digerer la ma- tière du rheume &. des flu- xions de poitrine, pour arrê- ter la toux, pour remedier aux défaillances , pour calmer les efprits irritez , & pour recti- fier les mouvemens dépravez du lang. Dans ces différentes occa- fions , on peut le prendre feul à la quantité de deux ou trois ciieillerées ,mais dans les fiè- vres continues 8c malignes, il du Café, & du Chocolat. 289 feroic mieux de mettre cette do fe , dans quatre onces d’eau de fleurs d’Orange ou de Me- lifle , de même que dans le rheume , dans les fluxions de poitrine, on doit comme il a été dit , le mettre en place de Sucre dans le Chocolat dé- graiflê. Cette derniere façon de le prendre fera aufll tres-effica- ce dans lesindigeftions , dans les vomiflemens , dans les co- liques , dans la diarrhée dans la diflenterie , mais com- me il efl: des perlbnnes qui ont une averfion infurmontable pour le Chocolat , il efl: bon de dire qu’on peut auiïi le prendre dans le Thé ou dans le CafFé Ample , ou dans le laicl CafFeté , c’eft à dire dans z c)o Le bon afage du Thé, la teinture de Caffé tirée avec ie laid. Au furplus iôit qu’on met- te ce Sirop dans le Chocolat , dans le Caffé, ou dans le Thé, on peuts’affurer qu’il en aug- mente autant I agréement que les vertus : & par-deffus tout cela , on peut fans /crapule en rendre fufage auffx familier, que celuy des meilleurs & des ?plus communs alimens , ne pouvant cau/èr aucune alte- ration nuifible , en ceux-mê- mesquijoüiffent d’une parfai- te /ànté,à la différence de tou- tes les autres chofes qui peu- vent être confiderées comme remedes. CHA du Café, & du Chocolat. CHAPITRE X. Du chocolat Antiverien. QCJoyque j aye rangé le Chocolat fous le genre des Cordiaux , & que la na- ture aye befoin d’être forti- fiée par ces fortes de reme- des , pour refifter à la mali- gnité des venins , dont la ma- tière vénérienne eft uneefpe- ce , il ne faut pas croire nean- moins qu’il foit d une confe- quence eflentielle , pour I’a- dion du fpecifique dont je vay parler , puifque fans rien perdre de fa vertu 3 il pourroit être donné en forme d’Opia- te , ou en toute autre confi- dence , ôc qu’il n’a été incor- 292 Le bon ufage du The , poré dans cette pâte que pour en faciliter l’ufage:c’eft pour- quoy ce n’eft pas icy le lieu d’en faire la defcription , mais ayant déjà tant fait de bruit lousle nom de Chocolat anti- venerien,je ne puis me dilpen- ler de donner au moins une idée de là nature , & quelques réglés pour fon ufage,afîn que ceux qui aiment le Chocolat, & qui. auront le malheur de le trouver atteints de la plus uni- verlèlle des maladies galantes, y puilïent trouver les éclair- cilfemës necelfaires pour leur conlolation , & pour fc tirer de la peine qu’ils auroient à comprendre , ce qu’on entend par ce nom ‘de Chocolat anti- venerien. Or 1 expérience qui a mon- tré que le mercure ou vif ar- du Cœjfe, & du Chocolat., 25)3 gent eft un très puiilant reme- de contre cette maladie, a fait connoître que fon ulàge eft également dangereux èc diffi- cile à fuporter.Les Artiftes ex- périmentés attribuent lés pro- prietez à là crudité & fes mau- vaifes qualitez à ià propre na- ture. Comme celuy qu’on tire du plomb& de 1 e tain, leur per- fuade qu’il eft la.femence au moins de la plûpart des mé- taux; ladiver lé conliftançe de ces métaux, leur fait conclure à bon droit , qu étant capable d’une parfaite digeftion , il doit être la propre matière de l’Or , qui eft très - maleable, qui eft fort pelant , & qui eft il analogique avec luy , qu’ils s’unilfent naturellement en- femble , toutes les fois qu’ils N ij 294 ’ Le bon ufage du Thé , font approchez par une mé- diocre diftance. Ces confîderations me firent préjuger autrefois , que l’Or contenoiten lu y un mercure fi parfait & fi excellent , qu’il pouvoit avoir toutes les ver- tus du mercure vulgaire fins en avoir les deffauts. Dans cette penfée je m’attachay à travailler fur la marcalfite ou mine d’or , & je le fis avec de fuccez , que je trouvay la’pre- paration du plus excellent -anti-venerien qu’on puifle jamais inventer, puilqu’il gué- rit radicalement la maladie que j’ay ditte en un mois ou environ , & que fonulàge efi: fi facile & fi innocent qu’il agit pendant le lômmeil , qu’il 9 ne donne aucune émotion in- ifl du Café, & du Chocolat. 195 commode , 8c qu’on pourroic en uier fans inconvénient beaucoup au delà de la cure. Pour en tirer le bon effet que je viens de dire : je fais donner le premier jour au ma- lade,une prife de l’extrait pur- gatif de nos Artiftes , 8c trois heures apres un boüillon , ou un demy verre de vin blanc, fans obfèrver d’ailleurs pour ce jour, n’y même pour tous les temps de là cure, aucun au- tre régime univerfèl , que ce- luy de ne point' trop charger fon eftomach nyen dînant ny en loupant , 8c d’éviter l’ufàge coûtumier ou exceffif , du veau , du porc , du poilfon, de la patifferie , des fruits , 8c des legumes. * le dis exprès l’ulage excef- N iij 2 9 6 Le bon ufage du Thé , fifyOU coutumier -, car en quel- ques rencontres , une petite quantité de ces choies ne peut tirer à nulle coniequence , fur tout en ceux qui digèrent biemonpeut même fans fcru- pule boire du vin aux répas îuivant l’habitude ordinaire, mais aux autres heures du jour , on doit preferer les eaux mineralles de fainte Reine, ou une tizanne préparée avec le polipode , & le bois de ge- névre ; obfervant d’ufer feu- lement de l’une . ou de l’au- tre de ces boiifons , le deuxiè- me jour de la cure fans faire aucun autre remede. Le troiiiéme jour je fais reï- terer le même purgatif avec le même ordre : & le quatriè- me je fais donner au malade le du Caffe, & du Chocolat, lÿj ioir en ie couchant , 8c au moins deux bonnes heures apres avoir fbupé une tablette du Chocolat apti- venerien, 8c je luy fais boire incontinent apres la quatrième partie d’un demy feptier, ou de vin de Bourgogne , ou de vin d’Ef- pagne , ou de vinmufcat, ou d’hypocras ou d’eau clairette fuivant le gouft , ou félon que ces choies fe trouvent plus commodément ou plus diffici- lement. Apres cela l’ayant fait cou- cher dans un lit baffiné , ou luy ayant hume dé toute la peau , avec l’efprit de vin com- pofé de nos Artiftes, je luy fais mettre une bouteille plei- ne d’eau chaude à la plante des pieds , 8c quelquefois encor N iiij 2 5? S Le bon ufifge du The" , deux autres fous les ailfelîes, &.1 ayant fait couvrir une fore plus que de coutume, je le laif- fe en cét état attendre la trans- piration des Iftimeurs , qui dans les premiers jours, ne va quelquefois guere plus loin que la moiteur, mais qui n’elt pas long-temps fans palier à une lueur copieufè. Le cinquième jour je répété la meme choie , Je lîxiéme je,j£ reviens aux purgatifs , les Se- ptième & huitième je répété encore ce que j’ay hait dans le quatrième & dans le cinquiè- me, enfin le neuvième je don- ne de nouveau le purgatif, & je continue ainlî jufques à la lin de la cure, à donner alter- nativement deux jours du Spécifique & un jour du pur- du Caffe, & du chocolat. 299 gatif , cette méthode n étant variée que dans quelques oc- cafions particulières, dans lef- quelles je dois m’accommoder aux dilpoEtions extraordinai- res des perfonnes que je traite. Relie à faire obferver,qu en- cor que ces remedes puilfent guérir radicalement la mala- die dont il s’agit 5 elle elt quel- cpief^ accompagnée d au- tres eîpeces de maladies ga- lantes , par exemple des ulcé- rés 2e des carnofités de l’ure- tre , pour la guerilon delquel- les on doit adjoûtcr à la cure univerfelle, les remedes parti- culiers qui leurs conviennent 5 de même que la carie des os doit être corrigée par le fer ou par le feu, fuivant les réglés. N v 3oo Le bon uj, âge du Thé , de la Chirurgie, étant impof- iîble d y remedier par quelque autre moyen que ce foit , ny meme par la iàlivation mercu- rielle , fi longue & fi violente qu’elle puilTe être. 301 ■m-m-m- m-m m-m-m-tm-m- LE BON USAGE DU THE', DU GAFFE' E T DU CHOCOLAT. Quatrième Partie. Contenant l' explication desEigu- res comprimes dans les parties precedentes , & quelques re- marques fur des fingularitez» de nouvelles inventions relati- ves au même fujet. CHAPITRE I. Des Figures de la première partie. PO u r traiter mon fujet auffi parfaitement qu’il étoità fouhaitcer>j’ay(lu iùp- 302 Le bon uj, 'âge du The , pofer un Leéieur également curieux 6c ignorant de tout ce qui en peut faire partie , &c m impo/èr h neceffité de le iàtisfaire fans aucune re/èr- ve , *mais n’ayant pû fuivre ma re/oiution , /ans traitter de diver/es cho/ès , qui paroî- tront fort trivialles à un grand nombre de- per/onnes , j’ay penfe que je devois m’en ex- pliquer d une maniéré très- abrégée, dans les traitez par- ticuliers que je viens de don- ner , 6c en leparer même l’ex- plication des Figures , pour ne pas fatiguer ceux qui ne cherchent que de nouvelles ob/èrvations » ce qui a donné lieu à cette quatrième partie , qui aura fon utilité pour quel- ques gens , 6c qui ne fera du Gaffé, & du chocolat. 30J point à charge aux autres. -v Or dans la première plan- che delà première partie qui eft à la page 1 1. j’ay fait re- prefenter la plante du Théy lèulement au nombre de deux tiges pour ne point confondre: l’objet , étant.d’ailleurs facile d’en imaginer tout un champ difpofé comme ceux de nos. fèves. On voit prés de ces ti- ges un Indien qui cueille ces fueilles de Thé l’une âpre? l’autre , & qui les amalTe dans un petit panier qui eft à fes pieds, ce qui paroît dans un- trop grand éloignement, pour avoir pu mieux reprelenter la denteleure de les feuilles. Au devant du champ où ces tiges ont été placées , j ’ay fait voir un Parquet jfùr lequel eft 304 Le bon ufage du Thé , un carreau , où. eft affis un In- dien de confîderation , tenant à la main une chique de Por- celeine remplie de Thé , en forte que le Poulce foutient le deffous de la Chique , en ap- puiant for le cercle qui luy fort de pied , & les doigts in- dices & du milieu , les bords de la Chique qui doivent être receus par les levres , & qui ne font jamais trop chauds pour cela , ce qui fait qu’ils ne brû- lent point les doigts, non plus • que le cercle de deflous , au lieu qu’on ne pourroit pren- dre la Chique par tout autre endroit làns fo brûler,lors que le Thé y a. été mis boüillant, outre qu’ilferoit difficile de la tenir d une façon mieux du Cajfe, & du chocolat. 305 fèante & plus commode. Quand à la deuxième plan- che de la même partie étant à la page 34. elle reprelènte à la première Figure la forme des pots à Thé , qu’on fait faire en Europe de la gran- deur que l’on veut, de vermeil doré , d’argent ou d’étain. La deuxième fait voir un des pots de la Chine de terre fi- zelée fimple , enfin les 3. 4» & 5. reprefentent trois diffé- rais pots de terre la même montez fur des lampes à con- folles de Leron doré , ou feu- lement plané èc bruny , que j’ay inventées pour l’orne- ment de pour la commodi- té , ny ayant rien de plus propre fur des cabinets & fur des cheminées , & le Thé 306 Le bon ufiage du Thé, pouvant être fait très -agréa- blement fur la table même où Ion mange, ou en tout autre endroit que l’on veut , au moyen d’une mèche imbibée d’eîprit de vin, qu’on met dans la fiole de la lampe. CHAPITRE IL Des figures de la fécondé Partie , * LA planche qui eft à Ta page 86. repre fente la ti- ge de la plante du Caffé ,, | encore chargé de fon fruit entier , au bas de laquelle j’ay encore fait repre fènter la grai- ne dépouillée de ion écoffe , èc divifée par fèves diftinéîjes,, à la différence de celles qui font encore dans leurs éccfi- du Cujfé, & du Chocolat. 307 fos 5 car elles y .font au nom- bre de deux, jointes du côté où eft une efpece de fente 5 Sc où elles ont une forte de face applattie, au moyen de laquel- le étant jointes, & renfermées dans leurs écolfes , elles ont la forme qu’on voit en regar- dant la tige. Je dois dire icy par occa- fion que pendant l’impreffion de ce livre , le prix du CafFé en graine s’effc tellement aug- menté , qu’il s’eft vendu en gros julqu’à trente cinq fols la livre , en forte qu’il fe vendra pendant le cours de l’Hiver prochain , au moins quarante fols , Ôc par confe- quentun écu en poudre , fur quoy même les Marchands fideles , ne pourront trouver 3 o S Le bon uf âge du The' , qu’un très- médiocre profît. La deuxième planche qui e/l a la page 149. fait voir à la première figure une Caffe- tiere montée fur un fourneau qui lu y e/l approprié , & au moyen duquel on préparé le Gaffé à la vapeur de l’e/prit de vin , le fourneau ayant dans /on fond une lampe à trois mèches quon voit à la deu- xieme figure, & dans laquelle on met 1 e/pric de vin , pour fervir à l’entretien de la flam- me des mèches. La troifieme figure repre— /ente un eteignoir qu on met fur la lampe , pour éteindre les mèches lors que le Caffé e/l préparé. Ces fortes de Caffetieres à fourneaux peuvent être de du Cajfe\ é? du Chocolat. 309 quelque utilité , mais il s’y trouve neanmoins beaucoup de chofes à redire, car en pre- mier lieu elles ne peuvent être portées fans quelque incom- modité, par cette raifon quel- les ont trop de volume, 6c que la Caffetiere fe fepare trop fa- cilement d’avec le fourneau. En deuxième lieu , parce que les trois mèches font un H grand feu que tres-fouvent il fond la foudeure 6c l’étamu- re même du fer blanc. En un troiliéme lieu , parce que le reliant de l’efprit de vin ne peut être laide dans la lampe fans être répandu , 6c que neanmoins il n’en peut être retiré pour être mis dans un autre vaiiTeau fans peine 6c fans embarras. 3*o du Cujfe, & du chocolat. Ces confîderations m’ont porté à inventer la CafFetiere portraive qui eft figurée à la page 1 51. & qui eft d'autant plus commode , qu’étant fer- mée comme on la voit à la première figure de la planche, elle na au plus que quatre ponces de haut & deux de diamètre j quoy que dans cét état elle comprenne le four- neau, la lampe, 1 eipritde vin, le vafè a faire la boifîon , la poudre de CafFé , le lucre, là cuillère, unfufil, une bougie, deux tafîès &c deux foucoupes, ce qui n auroit pû être repre- fenté par parcelles , mais j ay cru que je devois du moins faire reprefenter cette CafFe- tiere, telle quelle câdLfpofée lors qu’on préparé le CafFé, & du Caffé , & du Chocolat. 3 1 1 c’eft ce qu’on voie à la deu- xième Figure, en laquelle j’ay fair-paroître le manche ouvert c’eft à dire en état de lêrvir, au lieu que dans la première il eft ployé d’une maniéré pro- pre , à ne pas empêcher que la machine ne foit mile commo- dément dans la poche. Il eft à remarquer que la Lampe eft tellement difpofée quelle contient l’efprit de vin, làns qu’il s’en puifle rependre une feule goûte dans quelque agitation que ce foit. Nos Artiftes ont de ces machines de differentes étof- fes , entre lefquelles il y en a d’un prix modique, mais qui ne lailfent pas d’étre tres- propres. Au furpîus j’ay dit que 3 î i Le bon ufage du Thé > cette Cafetière n’étoit qu’une legere idée d’une nouvelle machine beaucoup plus com- plétée, ôc en effet on n’aura pas de peine à en demeurer d accord , lors qu’on aura leu ce que nos Artiftcs ep ont dit dans la lifte de leurs Marchan- difes , qu’ils m’ont prié de placer à la fin de ce Livre. Quand à la Planche qui eft a la page 155. outre quelle exprime fuffifàmment ce dont il s agit, elle eft précédée en quelque forte de fon explica- tion , à caufo de ce qu'on a dû dire en cét endroit , tou- chant la Caffetiére reprefon- tée par la première figure. Il en eft prefque de même de la figure qui eft a la pa- ge 161. car tout ce que j’en du Caffe, & du chocolat 313 puis dire icy , eft que le corps de ce fourneau eft de terre cuitte , & que le deffus peut ^être de la matière même des Caffetieres , c’eft - à - dire de cuivre ou d’argentj car quand à la J-ampe fà forme eft affez indifférente pourvu quelle ait trois mèches , qui répon- dent chacune vers le milieu dij fond de chaque Caffe- tiere. Pour ce qui eft de la Plan- che qui eft à la page 168. je dois dire que la première Fi- gure reprefênte un cabaret à C'affé , qui ne fçauroit être bien feant fans être d’argenr# & que celuy de la deuxième figure , eft ordinairement de véritable lachinage > mais que néanmoins nos Ebeniftes en 3 14 Le bon uf âge du Thé , font: de façon de la Chine , qui ne laiifenc pas detre très- pro- pres &C tres-honneftes , & qui font comme les véritables* Chinois , ou carrez , comme celuy dont je parle, ou Octo- gones , ou ronds, ou de dtver- fos autres formes. CHAPITRE III. De s figure s de la troïfiéme Partie. N parcourant le traité du Chocolat, qui fait le fujet de la troilîéme partie de cét Ouvrage j on trouve à la pa- ge 203. une Figure qui repre- fonte le Cacavifere avec fon fruit entier 3 mais qui ne de- mande pour explication , que ce qui en a été dit dans le Chapitre du Cajfe , & du Chocolat. 3 r j Chapitre deuxieme de cette même partie j ou il eft parti- culièrement traité du Cacao , c’eft-4-dire des amandes ren- fermées dans ce fruit, & oui font la matière principale du Chocolat. Il en eft ainfi de la figure c qui reprefènte lesdiverfes efpeces de Cacao , car elle eft immé- diatement fuivie dune fuffi- fânte explication. Quand à la figure qui eft à la page 247. & qui reprefènte un homme faifànt la pâte du Chocolat, il faut obfèrver que les pieds qui foûtiennent la pierre , doivent être de fer , &C qu’ils doivent faire corps avec le chafîis de même matière qui eft marqué A & qui tient O 3 1 6 Le bon ufage du The' , tout le carré de la pierre dans le milieu de fon épaifleur , ce qui fert beaucoup à la confer- ver, empêchant même qu elle ne foit ii facilement fendue par la chaleur , au refte la chaufrette marquée B , peut être de terre ou de fer , mais quand on fait le Chocolat fur un plancher de bois , il eft mieux quelle foit de terre , quoy qu’étant de fer on pour- rûit mettre une tuile au def- lous. Il eft à remarquer qu elle doit être mile fous la pierre, une heure au moins avant que de commencer le travail , afin qu elle fôit chaude quand on y mettra le Cacao , mais avec cette obièrvadon, qu’il ne faut d’abord qu’un brafier peu ar- dent pour mieux conferver la du Cajfe , & du chocolat , 3 1*7 pierre , qu’une chaleur trop forte & trop fubite ne man- querait pas de cafler. Refte à dire que les deux extremitez du rouleau font beaucoup plus menues que fon milieu , qui doit avoir au moins la grolleur d’une forte torche , & qui doit être limé &poly , & enfin que ces mé- mes extrémités reçoivent en forme d'Efîîeuxdeux poignées de bois, qui facilitent beau- coup le mouvement qui doit être donné au rouleau pour eciafer le Cacao èc le Sucre , èc pour incorporer tous les in- grediens de la pâte. Je viens maintenant au pvcf- foir qui effc reprefenté à la pa- ge 253- & dans la forme du- quel on doit remarquer fou O ij 3 1 8 Le bon ufage du 7 he\ écroue marqué A , à l’extre- miré fuperieure duquel eft le travers qui 1ère à le tourner $ pour ée qui eft de Ton extrémi- té inferieure , elle eft jointe au carré ou table de bois qui fert à prelfer également la feuille de defliis , celle de deflous étant appuyée fur le fond du prefloir , ainli qu’on peut l’i- maginer. Il eft à' remarquer que par l’ulage de cepreifoir, non feu- lement on tire la graille fur- abondante du Cacao , à l’ayde du papier gris qui s’en imbibe, mais on confume meme parla chaleur, les parties mufîlagi- neufes qui le rendent relâ- chant 6c affoiblillant. Après tout n’ayant rien à dire fur les Moulinets qui font du Caffe, & du chocolat. 3 19 figurez à Ja page 274. & ou leurs differentes formes font aflez clairement exprimées, je fînirois cette troifîéme partie, fi pour fatisfaire à la curiofité de quelques perfonnes , je ne me trouvois obligé à déduire dans le Chapitre fuivant , les Marchandées à la difpenfà- tion defquelles nos Artiftes font particulièrement occu- pez. CHAPITRE IV. Des Marchadifesqui font usuel- lement dijpenfe'es par les Art if tes du Laboratoire Royal des quatre Nations. L’occafion des exercices que j’ay l’honneur de di- O iij 320 Le bon uf âge du The' , riger fous les ordres de Mon- iteur le premier Médecin du Roy, concernant la recherche & vérification des nouvelles découvertes de Medecine , les Artiftes que j’employe à cét effet s’occupent encore autant utilement pour le public que pour eux mêmes, à ladifpen- fation des Remedes , 1 nid ru- mens 6c Machines , dont on va voir le dénombrement. La Teinture cordiale ou Or potable, 6c la poudre Diapho- nique d’or. La Pierre infernale, la Tein- ture 6c le Vitriol de Lune, ou Argent. Le Sel, les fleurs 6c le Ma- gildere de Zink , d’Etaîn 6c de Bifmuth, ou Lftain de glace. du Caffé, & du chocolat. 321 Le Sel, le Magiftere, le Bau- me èc l’Elprit ardent de Satur- ne ou plomb. Les Criftaux de l’Efprit de Venus, ou Cuivre. Le Crocus aftringent , le Crocus apetitif, la Teinture, l’Extrait &le Sel de Mars, Fer ou Acier. Le Sublimé doux , le Préci- pité blanc, le Précipité rouge, le Précipité jaune ou Turbit minerai , &; l’Huile de Mercu- re ou argent vif, & générale- ment toutes les préparations Chimiques des Métaux & Marcalites- Le Régulé , le Soulfre doré, le Crocus , le Verre , le Dia- phonique , les Fleurs, le Ci- nabre, l’Algaroth, le Bezoard, & l’Huile ou Beurre d Anti- moine. O iiij 3 i i Le bon ttfage du The’, Le Magiftere , le Sel 6c h Temcure de Corail. Le Criftal minerai , le Sel Poîicrefte , l’Eau forte , l’Ef- prit 6c le Sel Alkali du Nitre ou Salpe/lre. L eau Regale, les fleurs, lEljjrit volatile & l’Elpntfixe de bel armoniac. L’Eau Stiptique , la Pierre ' Medicamenteufe , le Gilla le Sel 6c l'Elprit de Vitriol. LEau 6c l’E /prit 4 alun. Les Fleurs , le Baume , le Sel , le Magiftere 6c l’Elprit de Souphre. L Huile 6c le Sel volatile de fuccinum , Karabé ou Ambre jaune. L’Eflence d’ambre - gris, l’Huile de Briques ou des Pbi- lolophes, l’Elprit de Sel, 6c ge- du Cuffé , & du chocolat. 313 neralement toutes les prépa- rations Philofophiques , con- cernant les Sels Minéraux 6c les Bitumes. La Refîne de Jalap , la Re- fîne de Scammonée , l’Extrait d’aloës & l’extrair de Rhu- barbe. L’Huile & le Sel de Gayac. L’EfTence 6c l’Eau diftillée de Canelle. La Teinture , l’ExtraiVëc le Sel de Quinquina. L’EfTence de GerofleSjl’Hui- lede Mufcades , les Fleurs de Storax , l’Huile de Mirrhe, l’Huile 6c les fleurs de Benjoin# L’eau dq Vie rectifiée, l’Eau de Vie Thericale , l’Efprit de Vin rectifié , l’Efprit de Vint' Tartarife , 6c l’Efprit de Vin Gamphoré. O v 3 24 :Le bon ufage du The , L’E /prit de Sucre, & Vinai- gre diftilé , & l’Eau rouge de la Reine d’Hongrie ou Elpric de Vin compofé. L’Excellente Eau de la Rei- ne d Hongrie de Montpellier, & celle qui eR préparée publi- quement avec l’Ejfprit de Vin rectifié & les pures fleurs de Rofinarin. L Eau de Cordouë , l'Eau de fleurs d’Oranges , l’Eau de millefleurs , l’Eau d’Anges, & le Lait virginal. La Creime, la Teinture , le Magiftere , le Sel Volatile & le Sel Emetique de Tartre. Les Pierres à Cautères. Le Laudanum ou extrait d Opium. L’Huile & le Sel de Tabac. L’Huile & l’Elprit de TEe- rebentine. du Caffé, & du Chocolat. 325 L’Huile de Camphre. L’Huile & l’Efpritde gom- me Ammoniac. Le Sel & l’Eau diftilée d’O- 2eille,d’ Abfinche,de Cochlea- ria, de Creflon , de Melifle,de Mirthe, de Rôles, de Lavande, de Courges , de. Melons , de Citrons , de Frailès , de Noix, de Pyifenly, d’Aigremoine,de Menthe, de Serpolet, de Scor- dium , d’Alkequange, de Vé- ronique , de Chelidoine, de Laitues, de Fenouil, de Pavots, de Primevère, d’Argentine, de Nénuphar , de Chicorée , de Reyne des Prez,de Tilleüil,de Cerfeuil, de Pourpier, de Me- lilot, de Bourache,de Rhuë,de Quintefeüille , de Muguet, de Centaurée , de Scabieufe, de Scorçonnere,d Houblon, d’Ar~ 3 Le ben ufage du The , moife, de Sabine , de Rofina- de Genévre,de Perficaire, de L is, de Sureau , de Tbiro, de Sauge, de Confolides , de Pariétaire, de Soucy,deFu- meterre, de BuglolTe,dePlan- tain de Chardon beny , de Millepertuis, &c. L £ lien ce, deRofinarin, de Sabine , de Rhuë , de Sauge: de Sariecte,d’Anis, de Fenouil, de Fleurs d’Oranges , de Jaf- xnin , de Tubereu/ès , de Ge- Jiévre , Ôcc. Et généralement toutes les préparations Spagi- xiques qui le font fur les diver- ses parties des plantes. La Poudre, l’Axunge, l’Ef- prit Sudorifique & le Sel vo- latile de Viperes. L’Ffprit & le Sel volatile de Ci-apaux, de Corne de Cerf 8c d urine. iu Caffe , & du Chocolat. 3 2y Les Eaux diflillées de Telle de Cerf, 6i de Sperme de Gre- nouilles. L’Efprit de Miel, l’Huile de Cire, 6c généralement les Re- in edesqui le tiret des animaux entiers ou de leurs parties. L’eau de pluye, l’eau de nei- ge , l’Eau de rofée de May , 6c généralement les Eaux qui le tirent des Météores. Le Sirop d’œillets, le Sirop de Grenades, le Sirop de Co- rail, le Sirop de Canelle, le Si- rop Magiftral , le Sirop de Kerrnes , le Sirop de Fleurs d’Oranges. Le Sirop de Capillaires de Paris , de Montpellier 6c de Canada. Les Tablettes de Guymau- ves , 6c les Tablettes d’ Acier. 3*8 Le honnfage àuThê , La conferve de Rofes,la con- ierve de fleurs d Oranges , la conlèrve de Violettes, la Con- ferve d’Ache , & la conferve de Kinorhodon ou Grattecul. La Confection d’Hyacinthe & la Confection d’Alkermes, lîmples ou ambrées. Les Pillules perpétuelles, les Pilules d’aloës, Ante cibum ou de Franfort , les Pilules de Mercure & les Pilules Catho- liques. Le Sucre d'Orge & les Sucs de Regliflfe , de Blois & d’A- lençon. L’Orvietan Original d’Ita- lie, & la Thériaque de Paris, de Venile & de Monqpelier. Les Trochi iq ues , les Hui- les, les Baumes, les Emplâtres, les Ceroüennes , les Onguents du Gaffé, & du Chocolat. 3*9 les Cerats , ÔC generakmene tous les Remedes de la Phar- macie ordinaire. Le Sirop de Vanilles qui Ce met dans le Chocolat en pla- ce de Sucre pour en augmen- ter l’agrément, ôc qui eft d’un effet merveilleux dans les rhumes ôc dans les fluxions de poitrine. Le Sirop de Caffé qui lê met pareillement dans le Cafl- fé, pour en augmenter l’agré- ment 6c les vertus. Le Sirop de Thé Ample* dont on fait le même ufàge à l’égard de la boiffon de Thé, ÔC le Sirop de Thé Fébrifuge, qui guérit en très - peu de jours 6c de prifes , tontes les elpeces de Fièvres d accez. Les Remedes du Roy com- 330 Le bon ufage du Thé , muniquez par feu Monfienr le Prieur de Cabriere , & di- vers autres remedes expéri- mentez pour la guerifon des Hernies ou Deicentes. L’Eau , les grains & les par- fums Hyfteriques , & divers autres Spécifiques contre les Vapeurs , les Suffocations, les Retentions , les pertes blan- ches, & les autres maladies de la Matrice. Le Chocolat degtaifle , le Caffé Volatile , & le Thé en confèrve, Le Baume blanc de Judée. LeVerjus & le Fiel de Bœuf préparez. La Pâted’ Amande, la Crème de Perles, TEau de Secondirie, l’Eau de Fraifes , l’Eau & la. Pomade Cofinetique>& diver- âu Caffe, & du chocolat. 331 fes aimes préparations pour coniger le vice de la peau du viiàge & des mains. Le Baume Apople&ique ou Parfum d’Angleterre. L’Eflence Vegetaie,& divers autres remedes pour arrêter la douleur 8c la carie des dents. L’Opiatte de Corail > laPo- made rouge , 8c divers autres remedes pour les vices des dents 8c des lèvres. Le Baume vert de Monfieur de Ëîegny , l’Eau Phagedeni- que, le Baume du Pérou, l’Eau d’Arquebulades , le Colire de Lanfrant , 8c plufieurs autres Topiques très- efficaces , pour Cicatrife,r les play es 8c les Ulcérés. L’Eau Ophtalmique , l’On- guent, oculaire , la Tutie pre- 33i Le ben ufage du Thé, paree , & divers autres rémé- rés contre les maladies des yeux. L’Opiate Antivenerien , les Bougies , l’Inje&ion amortif- lànte , l’Onguent Cicatrifatif, èc generalemet lesplus promts les plus faciles & les plus afïu- rez ipeciiîques contre les ma- ladies V eneriennes. L Huile de Palmes, & l’Em- plâtre contre les douleurs des Rhumatifmes & de la goutte. La Pomade contre les He- morrhoïdes. L’Onguent infaillible con- tre la teigne. Les grains purificatife du fang. La poudre Céphalique, l’O- piate vomitive, & divers autres remedes contre le‘Migraine,& toutes autres douleurs de tête. I&du Café, & du chocolat. 333 Les Caflblettes Royales à Lampe ôc Girandolîes , fer- rant à parfumer ôc à des-in- feéter les Chambres pour le plaifir ôc pour la fanté, tres- commodement ôc à tres-peu de frais, fans aucune apparen- ce de fumée, la vapeur qui s’en exhale étant imperceptible. Le Lait Virginal d’Ama- rante,qui fortifie le cœur ôc le cerveau , ôc qui refifte à 1 air infeété qui caufe la pefte , la petite verolle, la dilfenterie ôc les autres maladies populaires ôc contagieufes,en la recevant en vapeur par la refpiration,au moyendesCalTolettes Royales. Les Sels de Thé , de Caffe ôc de Cacao. Le Cachou Ambré , ôc les Paftilles d’Efpagne pour la 334 Le b°n ufage du Thé , \* bouche & pour les parfums. Toutes les elpeces de pots à Thé, de Caffetiéres Sc decho- colatieres , nouvellement in- ventées par Moniteur de Ble- gny , pour préparer très- utile- ment le Thé , le Caffé ôc le Chocolat avec le Livre nou- vellement Imprimé par Privi- lège du Roy , qui enlêigne le bon ulàge qu on doit faire de ces boilTons , & des utenciles qui fervent à les préparer. Le Thiç de la Chine , la Fleur de Thé du Japon , 6e les Vanilles de Guatimala. L’Ambre , le Mufc & la Ci- vette de la meilleure qualité. Toutes fortes de Vafes de Porcelaines, de Criftal,de ra- cines ôe de bois veinez , pour prendre les Sirops 6c les autres du Caffé, & du chocolat. 3 ] j boiffons cy-devant fpecifiées. Diverfes pierres Medica- menteufès pour préparer en tous lieux & à peu de frais toutes fortes d’Eaux minérales artificielles. L’Eau digeftive qui fortifie le cœur ôc l’eftomach > & qui re&ifie les vices de la digeftiô. Les Eaux diftillées de Thé & de Caffé- La Machine admirable nou- vellement inventée par Mon- fîeur de Blegny , qui n’effc qu’auffi grande &: prefque auf- fi pelante qu’une médiocre marmite.&das laquelle nean- moins on peut préparer toutes fortes d’alimés & de ragoufts, roty, boüilly, friture, grillades, patilferie, &c. auffi bien que toutes fortes de remedes, mé- 3 3 6 Le bon ufage du Thé , me les plus difficiles 8c les plus laborieux de la Chimie , fans bois ny charbon , fans fujet- tion ny embarras quelcoques, à feu toujours égal , en moins detemps 8c à moins de dépens que toutes les operations 8c préparations qui fè font à l’or- dinaire , fervant en outre à rôtir la graine &4à préparer la boiflon du Caffé , fans per- mettre la diflipation d’aucu- ne de fè s parties volatilles, 8c rôtir 8c degraifîer le Cacao pour la préparation du Cho- colat : en un mot à tout ce qui peut demander du feu. Le Trefbr d’Efculape qui n’occupe que la quatrième partie d une poche ordinaire, & qüi contient diverfesboëtes 8c fioles, oà font renfermez 9 du Cajfe\& du chocolat. 337 tous les remedes qui peuvent forvir aux oceafions prenantes 6c fobites > ce qui eft d’une très- grande utilité aux per- fonnes fojettes aux vapeurs , à celles qui font menacées d’A- poplexie ou d’autres maladies promptes & mortelles, à celles qui ont quelque lieu de crain- dre les venins ou poifons, 6c particulieremét à celles qu’u- ne ardente charité conduit dans les priions 6c dans les maifons des pauvres infirmes. L’Orvietan Catholique , ou antidote umverfel qui ne coû- te prelque rien, & qui fondent à toutes les maladies des pau- vres gens 6c de leurs beftiaux. L’huile de Nicotianne 6c divers autres Spécifiques con- tre la fourdité ôc le tintement d’oreilles. 33 S Le bon ufage du Thé , La Pomade JBemorrhoïadaie 8c divers autres topiques pour refoudre fi* pour adoucir les bemorrhoïdes. Les Bandages de la Manu- facture Royale, à relforc brifiez 8c à vis , montez fuivant les ©blèrvations de Moniieur de Blegny qui en elt l’inventeur, pour alfurer la guenfon des Hernies ou Defcentes cura- bles , 8c pour retenir les plus gliflantes 8c les plus fortes dans tous les differens mou- vemens du corps. Les Bandages 8c les Peflaires qui arrêtent toutes elpeces de Defcentes de Matrice. La Poudre Cornachine , la Poudre Hydragogue , 8c plu- fieurs autres Spécifiques fin- guliers contre les Hidropifies curables. Le s du Café, & du Chocolat. 339 Les Dragées purgatives &. les Maflepains purgatifs. Le Corail & les Yeux d’E- cre vides préparez. L’Eau d’Ognon , l’Eau de Bellegarde , l’Eau impériale , & les autres compofitions plus efficaces contre le gra- vie% les pierres , les glaires, & généralement ce qui cauiè les coliques Néphrétiques. Le Diabotanum , & divers autres Emplâtres pour refou- dre Se diffiperles Loupes. Les Beficles à redbrtpour redrefîerles yeux bigles, & les autres Inftrumens, Machines & remedes Spécifiques , pour la prefervation & pour la gue- rifon de toutes les efpeces de maladies curables, qui ont été examinez & approuvez par 340 Le bon ufage du The, les premiers 8c plus fameux Médecins 8c Chirurgiens de la Cour 8c de Paris } ainli qu’il eftjuftifié par les approbations authentiques qu’ils ont accor- dées à Monfieur de Blegny,ÔC qui fontincerées à l’entrée de fes Livres , dont le Catalogue enfuit. * " * L’Art de guérir les Mala- dies Veneriennes , expliqué par les principes de la Nature 8c des Mechaniques. 3. Vo- lumes in 11. qui fe vendent 4. 1. 1 o. f. Les Recueils des Journaux de Medecine, contenant tou- tes les nouvelles découvertes des Médecins 8c Artiftes de ce fiécle. 3. Vol. in 1 2. 6.1. Le Remede Anglois , pu- du Cajfe , & du chocolat. 341 t>lic pan ordre du Roy } avec les oblervations de Monlîeur le premier Médecin de là Ma- jefté , 1. Vol. in 1 2. j.l La Doftrine des Rapports de Chirurgie , fondée fur les Maximes d’ulage , & fur la difpofition des Nouvelles Or- donnances. 1 . Vol. in 1 2. i.l. 10. f Les Obfervations qui ont été faites fur les Aftres depuis l’Invention des Lunettes d’ap- proche, avec les utilitez q u on en peut tirer pour la pratique de la Médecine. i.l.io.f. Diilèrtation fur un remede qui guérit la maladie Vene- rienne promptement , fu re- ment & facilement. 1 5 .f L'Hiftoire Anatomique d’un enfant qui a été *j. ans dans P ij 4 1 Le bon ufage du Thé , le ventre de fa mere , avec des Réflexions qui en expliquent toqs les Phœnomenes- xo.fols. L’Art de guérir les Hernies ou Defcentes,avec la conftru- étion l’ufage &les utilitezdes Bandages à reflort inventez par i’Autheur , un Volume in i 2. x. 1. io.f Et quelques autres auflicu^- rieux. Au refte prefumant que les Curieux feront bien aife de trouver icy une plus ample defeription des Caflolettes Royales , que ce qui vient d’en être dit, j’ay crû qu’on trouveroit icy avec plaifîr, les réglés que j’ày données pour le bon ufige qu’on en doit faire. du Caffè, & du Chocolat. 343 CHAPITRE V. Des Cajfolettes Royales , nouvel. lement inventées par l' Au . theur. PEndant tout le cours de la vie humaine, les actions naturelles caufènt également la diffipation des fubftanccs Ipirituelles & corporelles, dot la réparation doit être conti- nuelle dans chaque perlbnne pour là conlèrvation. Lesfub- ltances Ipirituelles font repa- rées par l’air que nous reti- rons , & les' corporelles par toutes les fortes d’alimens li- quides & folides que nous re- cevons par la bouche , 6 c que nous comprends fous le terme P iij 344 Le bon u fage du Thé , general de nourriture j mais tout de même que l’ufage des mauvais alimens nous déter- mine à toutes efpeces de ma- ladies , de même aufïî un air imprégné de particules impu- res ôc contraires à nôtre con- flitution, ne tend que trop ef- ficacement à la deflruclion de notre faute : c’eft pourquoy lors que nous fbmtnes libres fur le choix des alimens , nous préférons naturellement les plus fains ôc les plus conformes à nôtre tempérament , ôc lors que nous Tommes abftraints à la necefîîté d’ufèr fans diftin- clion de ceux qui nous font le plus contraires , nous nous ef- forçons par differens moïens d’en corriger les plus méchan- tes qualitez. La même chofe du Caffe, & dit Chocolat. 345 fc pratique à l’égard de l’air. Onchoifit le meilleur quand on peut. On corrige le mau- vais autant qu’il efl poffible,& il eft tres-raiionnabled’en ufer ainfî 5 mais les moyens qui ont été pratiqués jufquesicy pour cette rectification, fèmbloient demander quelque rafinemét pour une jufte œconomie 8c pour une plus grande utilité. C’eft pourquoy ayant été pénétré par les remontrances de nos Arti fies. Je me fuis at- taché à ce rafinemét avec tant de fuccez,que j’ay inventé un tres-agreable moyen pour par- fumer les chambres dans tous les différends befbins qu’on en peut avoir , 8c cela fi com- modément 8c à peu de frais , qu’il feroit difficile de donner 3 4 & du Café, & du Chocolat. au pubiic une invention jdus avantageufe. Ce moyen eft une petite lam - pe très propre, ayant deux pe- tites comoles qui fbutieïinent un globule de c ridai , dont 1 embouchure forme un tuyau très- délicat , un peu courbe dans Ion milieu en forme d’an- gle moufle. La petiteffe de ce globule n’empéche pas qu’il ne contienne une quantité confîdcrable de liqueur à cau- fede fa forme ronde. C’eftdas fa capacité que doit être con- tenue la liqueur qu’on veut réduire en vapeur pour parfu-’ merles chambres, & il fuffit pour qu’elle y entre , qu’on chauffe un peu le globule , & qu’on mette enfuite le bec dâs la liqueur qu’on y veut inû- du Caffé, & du Chocolat. 347 nuer, car elle y effc attirée na- t U relie ment par la chaleur & par le vuide > alors ayant placé le globule fur le cercle qui eft foutenu parles deux confoles, & mis dans fe lampe qui eftau deflous , un peu d efprit de vin & une petite mèche de coton, on allume cette mèche , qui fans fe conlommer fait une petite flammj très- agréable , au moyen de laquelle le glo- bule étant échauffé, la liqueur boiiillonne & s’exhale par le petit tuyau, doit reiulte une vapeur continuelle , qui eft prefque imperceptible , & qui ne laide pas de parfumer tou- te la Chambre. On peut placer cette lampe en tel endroit de la Chambre qu on veut, du moins Ci on en excepte le delfous de la che- 348 Le bon ufage du The' , minée, par le tuyau de laquelle la vapeur s’exhaleroit.On peut même le cacher das un recoin ou derrière un pilaflre d’alco- ve , obfervant feulement que plus il eftbas placé , plus l’air de la Chambre le trouve éga- lement parfumé, le propre de la vapeur étant de monter. On peut auffi dans un même lieu en mettre deu^; ou tel autre nombre que l’on veut , félon qu’il doit être plus ou moins parfumé , quoy qu’un feul foit fuffilant , pour ôter toute la mauvaife odeur d’une grande chambre, & pour la remplir du parfum dont on a fait choix. II eft à remarquer , qu’en empliflànt feulement les deux tiers du globule de quelque ligueur odoriférante que ce l'oit, elle ne fe trouve qu’à pçi- du Caffé , & du Chocolat. 349 ne diffipée en l’elpace d’une heure , pendant lequel il ne s’ufe qu’à peine pour trois de- niers d’efprit de vin , h bien que la liqueur odoriférante ne pouvant valoir qu’à peu prés autant , il arrive que pendant tout le temps qu’une Dame peut être à fa toilette, là cham- bre eh: très- agréablement par- fumée , feulement en faifant au plus un fol de dépenfe. Ce qu’il y a en cela de com- mode , eh: qu’on n a pas la fu- jettion d’obfervcr la conlbm- mation de la liqueur , pour fe mettre en peine déteindre la Lampe lors que la globule ra- roit vuide 5 car bien qu’il feit très -mince , j’ay trouvé le moyen de le rendre propre à refifler au feu fans contenir aucune liqueur , pendant tout 350 Le bon ufage du The\ Je temps que l’on veut. Ces parfums ont encore cela de plailant, qu’on en peut fai- re placer autant qu’on veut Jur les brandies des lu lires de ch ry liai , ou de toutes autres elpeces de Girandolles de chandeliers à plaques , pour parfumer les fales & les cham- bres, lors des bals , des balets, ou des autres Fêtes galantes, car les lampes de ces Calfolet- tes font du moins un aûlîi agréable effet que les bougies} outre qu’on peut y en mettre un très- grand nombre , fans crai ndre qu’il faffe à beaucoup prés tant de fumée , que la moi ndre palliile mife dans une Cailoîette commune, ou que la moindre quatité d’eau odo- riférante 1111 fe fur une pelle chaude , qui font les deux fa- du Caffe, <& du chocolat. 3 y j çons ordinaires de parfumeries chambres, & qui font l’une ôc 1 autre défeffueufes en cela, quelles confommët beaucoup de matière en peu de temps, & qu il en exhale une vapeur li épaifle, qu’il ne fe peut quelle n’apporte un grand dommage aux lits, aux tapifferies&: autres meubles. Au furpl us Iorfqu’il ne s’agit que du piaihr , on peut faire choix! du parfum qu’on aime le mieux , la paftille même, & les autres parfums fol ides pouvant à cét effet être diffous dans de l’efpritde vin, ou dans telle auT tre liqueur que l’on veut ; mais fans cela on a allez d’autres liqueurs odoriférantes , par exemple l’eau - rofe commu- ne , l’eau de rôles mufcades. 3 5i Le bon ufage ân Thé , fleurs d’oranges, l’eau de Cor- douë, l’eau d’Ange,ô£c.qui don- nent un parfum tres-agreable auffi bien que le lait virginal de Benjoin , & la liqueur qui fè trouve dans ces efpeces de pots pourris, qui font compofésavec les fleurs les plus odoriférantes. Outre ces liqueurs, le lait vir- ginal d’Amarante que je fais préparer en nôtre Laboratoire, eft d’une odeur tres-fuave 6c très- falubre, ayant la propriété de fortifier le cerveau 8c le coeur,& de refifter puiffammét à toutes efpéces de mauvais airj c’efl: pourquoy il doit être pré- féré à toute autre liqueur odo- riférante, lors qu’en temps de pefte, de pourpre, de petite vé- role, de diflenterie ëc de toute autre efpéce de maladies con- tagieufes , il s’agit de rectifier du Cajfé, & du Chocolat. 353 un air malin & veneneux , Ôc de s’oppolèr à fon infinuation dans la mafle du fang. Il y a encore beaucoup d’au- tresundilpofitions dans lefquel- les on peut tirer un très- grand fecours de ces Caflolettes , en mettant dans les globules cer- taines ‘liqueurs convenables, car ces liqueurs étant receuës en fumée par la relpiration, elles s’infinuent directement dans les poulmons, d’où, elles font incontinent portées au cœur , & enfuite dans les vaif- lêaux fanguinaires làns rien perdre de leur vertu , ce qui les rend plus efficaces que fi elles avoient été pri les par la bouche, puifqu elles ne fçau- roient loutenir les digeftions & les filtrations qui le font das 354 Le bon ufage âu Thé , les voyes de lanourriture , fans être confidei'ablemêt altérées: c’eft pourquoy lors qu’on vou- dra refifter à un afluupifiemét incommode fans ufer de Thé ny de Caffe , on pourra mettre dans le globule l’eau diftillée de l’une ou de l’autre de ces boi fions , de même que pour corriger une infbmnie on y pourra mettre l’eau de pavot. L’eau de ferpolet fervira pour arrêter S c pourdigerer les rhumes & catharres. L’oxicrat fait avec l’eau rofè èc le vinai- gre de faturne , fera employé pour temperer les fièvres ar- dentes ôc continues. L’eau rouge de la Reine d’Hongrie arrêtera tres-fouvent les fièvres intermittantes. L’eau ftypti- que fera d’un grand effet con- du Gaffe, &. du chocolat. 3 j j tre les hémorragies da nez , contre les expectorations fàn- glantes, ôc contre les pertes de fàng de la matrice. L’eau de muguet fer vira beaucoup dans la migraine. L eau hyfteri- quede nôtre Laboratoire abaif- fera prefque toutes les efpéces de vapeurs dans les deux fexes: Nôtre eau de vie Theriacale fera un grand remede contre les défaillances Ôe contre les palpitations de cœur. L’eau de limaçons aidera aux fonctions du foye. Les eiprits de coch- learia 6c de crefTon refi fieront puifîamment à la malignité du feorbut , 6c détruiront effica- cement, toutes efpéces dedif- pofitions mélancoliques 6c hy- pocondriaques. L’eau d’oignons mêlée avec un peu d’efprit de 35 6 Le bonufuge \ du Thé, Therebentine , appailèra pref- que toûjoùrs la colique né- phrétique , & pouffera par les urines le gravier des reins -, des ureterres & de la veffie.Les ré- glés retenues pourront être provoquées par la feule vapeur de certaines eaux aux femmes & filles dont on fera alluré. Les pertes blanches feront fouvent ablorbées par les elprits de fuc- cïnum & de Therebentine mê- lés en portion égale. Leaü alu- mineulè abrégera de beaucoup l’accès de la goutte 5 enfin les Médecins pourront aifément pourvoir par ce moyen , a une infinité d’autres maladies fim- ples compliquées , par la va- peur d’une infinité d’autres elpeces de liqueurs3qu’ils pour- ront prelcrire au beloin , lui- du Caffle, du Chocolat , 3 J7 vant les réglés de l’Arc , au moyen dequoy ils auront le plaif rde les guérir pourla plu- part , fans exciter les dégoûts, les horreurs & les troubles, qu’on ne fait que trop fouvent relîèntir à la nature, en don- nant par la bouche les remedes qui font de lu fige ordinaire , ce qui n’interrompt que trop fouvent les mouvemens ftlu- bres qui tendent à la guerifon. Au refteon doit dire que ces Caflolettes ont été fi agréable- ment recettes du Roy & de toute la Cour, quelles ont mé- rité à jufte titre le furnom de Royales , que j’ay crû leur de- voir donner. V8i \Sj sff vp snGhmsr^'Gh DES CHAPITRES contenus dans cetraitédu Thé , du CafFé, & du Chocolat. PREMIERE PARTIE. Traitant de la nature , des . propriétés , 6c de l’uiàge du Thé. Chapitre I.T "NE U forme ex- , 1 J terieure du The' , des lieux ou l'on les cul- tive , (jr de fes differentes dé- nominations. page 1 Chap.I J. Du choix , & des dif- ferens prix du T hé. page i 6 Table. Chap.I 1 1. De la nature parti cu- culiere du “thé. page 24 Chap.I V. Des differentes manié- rés de prendre te The', page 30 Chap.V. Des vertus particulières du The. page 43 Chap.V I. Du Sirop du Thé fé- brifuge. page 54 Traitant delà nature, des pro- priétés , & du bon uiage du Caffé. Chap.I. ï vX£r lieux oh on cul- 1 y tive le Caffé, de la forme , & de fes differentes dénominations. page 87 Chap.I I. De la nature du Caffé. ^ page 573 Chap.I 1 1. Du choix, de la torré- faction, & du prix de la graine de Caffé. page 1 1 r T A B L E- Chap.IV. Du choix , delà prépa- ration, & du prix de la poudre ou farine de Cajfé. page 1 37 Cliap.V. De la préparation delà teinture ou boiffon de Café , & de fon ufage en general, p. 145 Chap. VI. Des préparations me- decinales du Cajfé. p. 570 Chap.VII. Des propriétés parti- culières de la boijfon du Café. page 17 9 TROISIEME PARTIE. Traitant de la nature , des pro- priétés , & du bon ulàge du Chocolat. Chap.I. t AZ/ Chocolat en ge- 1 J neral. page 192 Chap.I I. Du Cacao , & du Sucre en particulier. p. 200 Chap.lII. Des ingrédient