LE

BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

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BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE

REVUE DE L'ART ANCIEN ET MODERNE

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PARIS

28, Rue du Mont-Thabor, 28

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Numéro 606.

Samedi 3 Janvier 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Autour du Palais-Royal

Il est de certaines gens qui ne peuvent pas admettre que le Palais-Etoyal demeure vide et inemployé. On a beau leur vanter le silence et la tranquillité de ce refuge ombreux, la noblesse des architectures qui encadrent le paisible jar- din, et tant de souvenirs attachés à chacune des galeries, rien ne saurait trouver grâce devant la frénésie d'une bande de sauvages, dont l'idée fixe est de jeter bas ce qui reste du vieux Paris, pour donner de l'ouvrage aux architectes et aux maçons...

Comme le Palais-Royal est mort, condamné par les lois mystérieuses de l'évolution des villes vers l'est, il n'appartient pas aux plus ingénieux de nos démolisseurs de ramener la foule dans les galeries désertes et de rouvrir les boutiques abandonnées. Mais on n'a pas perdu tout espoir de rendre une vie factice à l'une des dernit-res retraites qui s'offrent aux promeneurs, en faisant « bénéficier » le Palais-Royal des « avantages » de la circulation. A cet effet, les uns proposent de le percer du sud au nord, et les autres, de l'est à l'ouest ; celui-ci ouvre une avenue partant du Théâtre-Français pour aller rejoindre les bou- levards, et cet autre réunit la Bourse de com- merce à la place de l'Opéra par une avenue toute semblable. Encore ces enragés prétendent-ils utiliser les arcades et couper le jardin sans tou- cher à l'ensemble des bâtiments, se séparant ainsi des auteurs de projets monstrueux dans le goût de celui qui préconisait naguère la construc- tion d'une Hourse en style monégasque au beau milieu du quadrilatère historique I

Peut-être nous reste-l-il encore assez de bon sens pour que celte énorme sottise nous soit épargnée. Par contre, il sera nécessaire de veiller attentivement à ce qu'aucun des projets de voirie, dont le programme des « grands travaux » doit amener la réalisation prochaine, ne vienne sour-

noisement menacer le Palais-Royal. Précisons : l'ancien hôtel de la Chancellerie d'Orléans, qui donne à la fois rue de Valois et rue des Bons- Enfants, et une partie des immeubles qui l'avoi- sinent, vont être abattus ; c'est le prélude ordi- naire du percement d'une voie nouvelle. Ou je me trompe fort, ou nous allons voir reparaître un tracé écornant ou traversant le Palais- Royal. Attention !

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 27 dé- cembre). — M. C.-M. Widor entretient ses confrères d'une éventualité qui fait, en ce moment, grand bruit à Rome^: il s'agirait du morcellement et de la vente d'une partie importante de terrains appartenant à la France et dépendant de la Villa Médiois, sur le Pincio. Cette entreprise aurait pour résultat la construction d'une rangée d'immeubles en bordure de la Villa Borghèse ; un plan de lotissement est même déjà dressé, et l'on a cru masquer l'inconvenance de l'en- treprise en promettant d'allecter une partie des béné- fices produits par la vente à la construction, pour le moins inutile, d'une école d'archéologie.

L'Académie, profondément émue de cette commu- nication, émet, à l'unanimité, le vœu qu'aucune par- celle du domaine national français à Rome ne soit aliénée.

A propos de la demande faite par le ministre de l'Agriculture pour que l'Académie désigne deux de ses membres à la commission consultative des séries artistiques dans les forêts domaniales, le secrétaire perpétuel communique une lettre par laquelle M. Mo- reau-Vauthier exprime le vœu, au nom de la Société des Amis de la forêt de Fontainebleau, que l'Académie des beaux-arts soit représentée dans cette commission par im plus grand nombre de ses membres, afin que l'élément artistique prédomine dans la commission sur l'élément utilitaire.

L'Académie procédera ultérieurement i la désigna- tion de ses délégués à cette commission.

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L'exécution des envois de M. André Gailhard, pensionnaire musicien de la Villa Médicis. est ren- voyée à l'année prochaine. En 19U, il y aura donc, au Conservatoire, l'audition de» envois de M. Gailhard et de M. Mazellier.

Pour le concours Roux de miniature de 1914, l'Académie propose comme sujet une figure à mi- corps : Saint Sébastien attaché à un arbre et percé de flèches.

L'Académie propose pour le concours d'archi- tecture Achille Leclère, qui s'est ouvert le 21 décem- bre, la construction d'un « Pavillon de la Ville de Paris à l'Exposition de Lyon ".

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 26 décembre). M. Saloinon Reinach donne lecture d'une note de M. José de Figueiredo sur un grand tableau de Rogier van der Weyden, autrefois conservé au couvent de Batalha, en Por- tugal. Ce chef-d'œuvre n'est plus connu que par un croquis du xvm' siècle, œuvre du peintre portugais Arlorio de Sequeira. que M. de Figueiredo a eu la bonne fortune de retrouver dans un .nlbum. La com- position représentait la Vierge et l'Enfant adorés, d'une part par Isabelle de Portugal, duches-e de Bourgogne, de l'antre par le duc de Bourgogne, Phi- lippe le Bon et par son fils Charles le Téméraire. M. de Figueiredo a pu démontrer que ce panneau a a été peint vers 1449; il est probable qu'il a été détruit au cours des guerres qui ravageaient le Por- tugal au début du iix* siècle.

M. Fougères, directeur de l'École française d'Athènes, donne lecture de la suite de son rapport sur les travaux effectués par les membres de cette Ecole. Après avoir résumé les découvertes faites à Délos, il parle des travaux entrepris à Delphes, à Orchoinène d'Arcadie, à Némée, à Tbasos et en Asie- Mineure.

En terminant, M. Fougères a rendu hommage au zèle savant des membres de l'École française d'Athènes qui se montrent vraiment dignes du haut patronage de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

L'Académie a procédé au renouvellement de son bureau qui. pour 1914. sera ainsi constitué : MM. Châtelain, président; Chavannes, vice-président; Georges Perret, secrétaire perpétuel.

Société des Antiquaires de France (séance du 24 décembre; M. F. Martroye entretient la Société de la légende de Saint-Antide, se retrouvent des traditions de l'époque des invasions barbares dans les Gaules, au m* siècle..

M. Héron de Villefosse, après avoir étudié le texte d'une inscription romaine récemment décou- verte dans le Cher, à La Celle-Bruére, montre qu'un sujet ligure au fond d'une des palèrcs d'argent du trésor do Bernay représente Oinphale endormie sur la peau du lion de Néioée tiré par Hercule.

M. P. Monceaux communique plusieurs plombs de bulles byzantines recueillis à Cartbage par le R. P. Delattre.

M. L. Mirot entretient la Société du voyage de .\icolas d'Esté, marquis de F'errare. en France, au début du XIV' siècle. Un récit fort intéressant de ce voyage, jusqu'à présent presque complètement inconnu, a été retrouvé par M. Mirot dans les archives de Modène.

Société nationale des beaux-arts. Le Comité de la Société nationale des beaux-arts, dont le der- nier Bulletin adonné la composition, a nommé son bureau. Ont été élus :

Président de la Société, M. Roll ; vice-présidents, MM. Bartholomé et Jean Béraud ; présidents de sec- tion : peinture, .M, Aman-Jean; sculpture, M. Rodin: gravure, M. Waltner; architecture, M. de Baudot; arts décoratifs, M. Agache. Secrétaires : M.Vl. Bil- lolte, Prinet et Aubert; trésorier, M. Georges Picard.

Société d'iconographie parisienne (séance du 26 décembre). M. Lucien Lazard prononce l'éloge de M. Jacques Mayer, le jeune savant mort brusque- ment au mois d'août dernier.

M. le D' Daily fait une communication sur les colonnes, médaillons et autres accessoires qui ser- virent, avant 1718, à la décoration de la place des Victoires.

M. Etienne Deville continue son enquête sur les manuscrits à peintures du xv siècle, offrant des vues de Paris.

M. Albert Vuaflart présente et commente une curieuse peinture anonyme de la fin du xviii* siècle, appartenant au comte de Malaitic, représentant le Carreau des Halles, avec la fontaine et le pilori, lors des réjouissances populaires organisées a l'occasion de la naissance du duc de Normandie, le futur Louis XVII. en 1785. M. Vuaflart attribue ce tableau à Duplessis-Bertau.x.

Musée du Louvre. Le Musée du Louvre s'est enrichi d'une belle sculpture japonaise du xvrsiècle, une statue de bonze assis, tenant un chapelet, en bois doré, qui faisait partie de la collection Aynard, et qui était reproduite à la fin de l'article sur cette collection, publié dans la Revue du mois de novembre dernier.

L'antiquaire, qui s'était rendu acquéreur de cette sculpture à très bon compte, a bien voulu s'en dessaisir au prix coûtant, en faveur du musée.

Musée Galliera. Lundi dernier, 29 décembre, la municipalité de Paris a inauguré, au musée Gal- liera, en même temps que l'exposition annuelle d'art appliqué, le médaillon de M. Maurice Quenlin-Bau- chart. ancien président de la commission des Beaux- Arts de la Ville de Paris. On a joint à l'exposition habituelle les tapisseries des saints Gervais et Protais,

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reconstituées dans leur état primitif par la manu- facture des Gobelius, grâce au don généreux de M. le comte M. de Camondo.

Musée Guimet. Le Musée Guimet est rattaché ù l'administration des Betiux-Arts k partir du 1" jan- vier 1914.

La « Joconde » retrouvée. Dimanche dernier, 28 décembre, dans la matinée, le secrétaire de l'am- bassade de France à Kome s'est rendu à la Villa Bor- ghèse, M. Corrado Ricci lui a remis la Joconde. Le tableau a été aussitôt transporté au palais Farnèse et placé dans la salle des Carrache.

Le roi et la reine d'Italie se sont rendus à l'ambas- sade de France pour voir encore une fois la peinture avant son départ de Rome.

Le soir même, la Joconde est partie pour Milan, elle a été exposée lundi et mardi.

Mercredi, elle est arrivée à Paris. Jeudi, 1" janvier, elle a été exposée dans la salle du rez-de-chaussée de l'École des beaux-arts ; cette exposition payante, ouverte pendant trois jours, est faite au bénéfice des œuvres italiennes de bienfaisance à Paris.

Demain dimanche, elle reprendra sa place au Musée du Louvre.

Demande de classement. Dans une de ses dernières séances, le Comité des sites et monuments pittoresques du département de la Seine, a émis un avis favorable au classement, parmi les monuments historiques, du pont des Belles-Fontaines, à Juvisy. Tout le monde connaît ce pont monumental, jeté sur l'Orge, qu'on aperçoit de la ligne d'Orléans et qui, composé de plusieurs arches juxtaposées, est sur- monté de deux fontaines, ornées de sculptures. Il fut construit sous Louis XV.

Chronique du vandalisme. Par un arrêté du 20 février 1913, pris en exécution tant de l'article 97 de la loi municipale que de la loi du 21 juin 1898, le maire d'Orléans a ordonné que la vieille tour de l'an-

cienne église Saint-Paterne, qui, selon lui, menaçait ruine, serait démolie dans le plus bref délai. Le Conseil de préfecture du Loiret, appelé, en vertu de la loi de 1898, à statuer sur le litige confirma l'arrêté du maire.

Alors, le curé de l'église Saint-Paterne résolut de déférer ces arrêtés au Conseil d'État : il demandait en outre à la haute juridiction d'ordonner préalablement qu'il fût sursis à leur exécution. Le Conseil d'État, qui a fait droit à cette demande de sursis en mars 1913, vient de statuer sur le fond du litige.

Il a décidé que la loi de 1898 organise entre le maire et le propriétaire d'un édifice menaçant ruine une procédure contradictoire qui, par sa nature même, est sans application lorsque l'immeuble en cause est la propriété de la commune.

Le maire d'Orléans a donc, à tort, engagé la procé- dure prévue par la loi de 1898, mais son arrêté sub- siste en tant qu'il a été pris par application de l'ar- ticle 97 de la loi de 1884; or, si la loi du 2 janvier 1907 ne fait pas obstacle à ce que le maire, dans des circonstances exceptionnelles et urgentes, puisse faire usage des pouvoirs qu'il tient de la loi de 1884, l'exercice de ces pouvoirs se trouve limité, tant que la désaffectation des édifices n'a pas été prononcée, à l'exécution des mesures absolument nécessaires pour assurer la sécurité publique.

En l'espèce, aucun décret n'a mis Un à l'allectation de la tour Saint-Paterne et à l'exercice du culte catho- lique. Mais en présence des contradictions existant entre les constatations et les conclusions des rapports d'architectes, le Conseil d'État s'est trouvé dans l'im- possibilité de reconnaître si l'état de la tour Saint- Paterne créait un danger tel pour la sécurité publique que sa démolition totale ou partielle s'imposât immé- diatement; il a en conséquence ordonné une vérifi- cation complémentaire.

Expositions annoncées. La Société moderne annonce sa sixième exposition, qui se tiendra, à la galerie Devambez, du 3 au 23 février prochain.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CtJRIOSITÉ

A Paris. Vente de la collection de M"" A. H... (tableaux, objets d'art). Dirigée, salles 7 et 8, les 19 et 20 décembre, par Des- vouges, assisté de MM. Caillot, Duchesne, Duplan,

Sortais et Loys Delleil, cette vente, qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré, a produit 28.3.125 francs.

PRINCIPAUX PRIX Tableaux. 42. N. Mignard. Portrait présumé de Mme la duchesse de Bourgogne enfant, 11.800 fr. 44. Nattier. Apollon et les Mtises, 18.000 fr. (dein. 20.000).

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OwBTS DE VITRINE. 133. Montre or émaillé, sujet allégorique, xviii* s., 6.250 fr. (dem. 1.500).

Scuup-ruKES. 142. Groupe terre cuite, xviii' s., amour debout. 14.800 fr. (dem. 6.000).

SièoEs ES TAi'issKRiK. 187. Dsux petits fauteuils, bois doré et tapiss. Aubusson, médaillons à person- nages et fables de La Fontaine, Ti.OOO fr. (dem. 3.500 ; rest.). 190. Deux petits canapés, bois doré, ép. Louis XVI, anc. tapiss. Aubusson, scènes mythologi- ques et fables de La Fontaine, 12.100 fr. (dem. 14.000; bois redoré).

Tapissekies. 194. Grand panneau anc. tapiss. de liruxclles, paysage montagneux, écusson d'armoiries, 12.600 fr. (dem. 18.000). 195. Panneau anc. tapiss. Beauvais ou Paris, nymphes dans un médaillon, com' ïn' s., 14.300 fr. (dem. 18.0U0; bordure rapportée);

197. Panneau des Flandres, scène de bataille, XVI' s., e.OlO fr. (dem. 7.000).

Vente de la collection du baron de C... (tableaux, etc.). Annoncée également par un catalogue illustré, celte vente, faite salle 6, par llaudoin, MM Ferai et Mannheim, le 20 dé- cembre, a produit 194. bOO francs.

Notons le prix de 32.500 francs obtenu, sur la demande de 30 000, par le n" 21 : Drouais, le Portrait d'un acteur, et contentons-nous d'enre- gistrer les autres enchères dignes de remarque.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux a.\ciens. 15. De Lacroix. Vue d'un port de la Méditerranée, 4.000 fr. (dem. 5.050). 50. Leyster. Jeunes musiciens, 6.100 fr. (dem. 12.000). 58. Nattier. Portrait de la marquise de Lenoncourt, 20.000 fr. (dem. 20.000). 67. J. Raoux. La Femme aux castagnettes, !i.200 fr. 71. Uubens. La Vierge avec l'Enfant, 8.100 fr. (dem. 4.000).

Uhon/.es. 133. Deux candélabres bron/.e doré, statuettes, petite paysanne et petite paysanne debout, d'après Boucher, ép. Louis X VI, 1 9.000 fr. (dem. 20.000).

135. Deux candélabres bronze, statuette d'amour debout, ép. Louis XVI, (i.400 fr. (dem. 8.000 fr.).

Les grandes ventes à l'étranger en 1913.

A Londres {suite i. Nous mettrons à profit les loisirs que nous accorde l'Hôtel Drouot, pour en liniravec ce compte rendu de la saison étran- gère, interrompu par la reprise des grandes ventes parisiennes.

'Ventes de tableaux et d'estampes. Le

20 juin, se luisaient deux ventes de tableaux anciens, l'une clieiSotheby, l'autre chez Chrislie. Le clou de la première étaitun Portrait de Gentil- homme, par Frans Hais, adjugé 22b 000 francs. Dans la mi'me vente, un dessin de Itembrandl s'est vendu 12 000 francs; l'estampe célèbre de Uuclos, d'après Aug. de Saint-Aubin, le Concert,

7.500 francs; et le Portrait de Newton, gravure en couleurs, de C. Turner, d'après Raeburn, 11.250 francs.

De beaux prix ont marqué aussi la vacation faite chez Christie : ceux de 149. t)2!) francs et de 105.000 francs, le premier pour un Portrait de femme, par F'rans Hais, et le second pour le Châ- teau de Bentheim, par Huysdael ; et les enchères suivantes, qui méritent mention (en guinées) :

2. Beechey. Portrait de Mrs Hall, 1.020 g. 15. Itaphael. Portrait d'un cardinal, 240 g. 30. A. van Ostade. Intérieur de taverne, 440 g. 35. D. Teniers. Un Philosophe, 340 g. 36. G. Ter Borch. La Lettre. 880 g. 47. A. van der Neer. liord de rivière, 680 g.

00. S. Kuysdael. Bord de rivière, 440 g. 00. J van Goyen. Envii'ons de Harlem, 300 g. 69. Judith Leyster. Musiciens, 350 g. 73. Patinir. Paysage rocheux près de la côte, 290 g. 76. Luttichuys. Portrait d'homme, 580 g. 83. Fabrilius. Isaac et Hebecc-i. 3.100 g. (81.375 fr.) 86. École an}:lnise. Portrait d'enfant, 820 g. 90. Nasmyth. Paysage, 520 g. -^ G. Morland : 91. Bords de mer. 1.200 g (31. .500 fr.). 92. Paysage, 1.100 g. 28.875 fr.'. 93. Le Vieux Cheval blanc, 480 g. 94. Hospitalité afri- caine, 500 g.

103. Mirevelt. Portrait d'un gentilhomme et de ses enfants, 420 g. 105. Moreelse. Portrait d'homme et Portrait de femme, 2 200 g. i57.250 fr.). 106. École espagnole. Portrait de femme, 750 g. 116. Titien. La Vierge et l'Enfant, 280 g. 124. J. van Goyen. La Rivière, 950 g 125. Hondeweter. Le Poulailler, 420 g. 126. Les Frères Le Nain. Les Astronomes, 500 g. 127. N. Macs. I.a Dentellière, 260 g. 133. J. Kuysdael. Paysage avec cascade, 830 g. 134. J. Steen. Les Joueurs de Iric-lrac, 1.020 g. (26.775 fr.).

13H. D. W'ilkie. Les Joueurs de cartes, 480 g. 139. Ph. Wouwermans. La Porte du cabaret, 800 g.

Parmi les beaux prix qui ont été enregistrés dans une vente d'eslampes faite le 2.') juin, lirons de pair ceux de 14.700 frams pour Villageois et voyageurs, de Ward ; de 6.975 francs pour une suite d'estampes sur les sports, gravées par Alken, d'après Hodges, et de 9.450 francs pour le Matin et le Soir, par Grozer.

Vente de la collection Murray Scott (tableaux, objets d'art). - La irrs importante vente de la rollection de Sir .Murray Scott, com- posée d'objets «l'art et d'ameublement anciens et de tableaux, a été annoncée dans le n" 589 du Bulletin. Elle a eu lieu du 24 au 27 juin. Avec son total de près de trois millions et ses enchères remarquables, celle vente est comme le « pen- dant » de la vente Oppenheim à Londres, de la vente Borden à New-\ork, des ventes Steengracht

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et Neraes à Paris, et run des grands événements de la saison de 1913.

La première vacation, à elle seule, a fourni 1 million 438.775 francs d'enchères : on y a vu quatre tapisseries de Beauvais du xvni* siècle, à sujets d'animaux dans des paysages, atteindre le beau prix de 472.500 francs. Lne statuette de Cupidon menaçant, en bronze, d'après Falconet, a trouvé preneur à 183.750 francs Huit fauteuils d'époque Louis XVI en bois sculpté, par Jacob, couverts en tapisserie de Beauvais à décor de vases et de fleurs, ont été poussés jusqu'à HO. 000 francs.

Les objets d'art ont contribué pour 2 millions 080.525 francs au total de la vente.

Les tableaux ont réalisé 680.675 francs, avec, comme prix capital, les 162.750 francs obtenus par une FHe ihampHre de Wattèau, tableautin' de 0 m. 42 sur 0 m. 52 environ lne autre FHe v.hiimpèlre, de dimensions analogues, celle-ci par l'ater, a été adjugée 60.375 francs.

Voici une liste détaillée dès principaux prix (au-dessus de 200 livres sterling, soit 5.000 fr.) :

Objets he vithinh, mimaturf.s. H. Tabatière ronde, écaille avec miniature, deux femmes dans un paysage, par Lawrence, 819 I. (20.47S fr.). 26. Maria Fagninvi, marijuise d'ilerford. miniature, 262 1. 29. Nymphes au bain, deux gouaches d'après Bou- cher, manière de Charlier. 210 I.

Objets d'akt hi d'amelbi.event kb.\nçai8 du xviii* siè- cle. — 31. Pendule ép. Louis XVL cadran tournant, vase sur socle en marbre b1., statuette de l'Amour indiquant les heures, mont, bronze, 892 1. (23.300 fr.).

34. D'après Kalconet. L' Amour menaçant, statuette br., T.S.™ I. (183.7S0 fr.). 35. Vase ép. Louis XV, céladon craquelé, mont, br., 1.837 1. (45.252 fr.). 36. Deux vases porcel. de Sèvres gros bleu, avec couvercle, mont, br., ép. Louis XVL 1.0501. (26.250 fr.).

38. Candélabre br., ép. Louis XVI, 315 I. 39. Pendule br. doré, ép. Louis XVI : Femme jouant de la lyre et Jeune homme jouant de la flûte, de chaque côté du cadran, 651 I. 40. Deux candélabres, l'Amour et l'syclié, bronze, d'après Falconet, ép. Louis XVI, 1.207 I. (30.175 fr.). 41. Deux vases marbre, mont, en bronze, ép. Louis XVI, 1.050 I. (26.250 fr.). 42. Vase ovale marbre, mont, br., ép. Louis XVI. formant garniture avec les précédents, 1.102 I. ; fr.). 43. Vase ovoïde, porcel. Sèvres gros bleu, médaillons de personnages et bouquets en coul., mont. br.. 336 1. 44. Deux vases forme bateau, porcel. Sèvres gros bleu, décor en relief, mont. br. dans la manière de'Duplessis, ép. Louis XVI, 2.100 I. (52.500 fr.). 45. Deux candélabres, l'Amour et l-.syclié. br., ép. Louis XVI, 1.050 1. (26.250 fr. 46. Candélabre br., ép. Louis XVI, 756 I. 47. Cartel et baromètre br. doré, 336 1. 49. Pendule par

Lepaute, vase ovoïde en porcel. de Sèvres gros bleu, mont, br., ép. Louis XVI. 997 I. (24.925 fr.). SO. Pendule marqueterie de Boule, ornée br., 231 1. 51. Commode ép. Louis XV. marqueterie à Heur, br., 451 1. 52. Table ép. Louis XVI, marqueterie et br., 1.572 I. (64.300 fr.). 54. Secrétaire droit, surmonté d'une vitrine, marqueterie et br. , signé Dubois, ép. Louis XVI, 5.145 1. (128.625 fr.). 55. Huit fauteuils bois se. peint blanc, signés Jacob, couv. en tapiss. de Beauvais à vases de fleurs, ép. Louis XVI, 4.400 I. (110.000 fr.). 56. Deux cabinets en marqueterie de Boule, ornés br., 283 I.

ScDLPTUBES. Deux bustes marbre, Louis XVI et Marie-Antoinette, xvin* s., 787 1.

Tapissebies. 64. Quatre tap de Beauvais, xviii* s.; sujets d'animaux sur fond clair, formant médaillons, encadré de portiques à verdures et à fleurs; au-dessus de chaque portique, un trophée d'attributs et de fleurs, 18.900 I. (472.500 fr.).

Objets de vitrine, porcelaines de siîvbes (suite). 79. Tabatière ronde, bois d'amboine avec miniature, 288 1. 111. Service à thé. Sèvres, décor d'oiseaux dans des paysages, fond œil de perdrix, par Evans et Massy, 252 I. 114. Service de table et service à dessert, Sèvres, décor de fleurs, 193 pièces, 672 I.

Objets d'art et d'a.meublement (suite). 125. Deux candélabres br., amours tenant des cornes d'abon- dance, ép. Louis XVI, 819 I. 133. Deux candélabres br à fig. de nymphes, ép. Louis XVI, 420 I. 134. Deux autres, analogues, 441 I. 135. Deux autres, 378 1. 136. Deux vases Empire br,, 204 I. U6. Chenets ép. Louis XVI, br., forme de vases, 315 I. 149. Pendule marqueterie de Boule, groupe br. de Persée et Pégase, 567 l. 150. Pendule br supportée par un amour, ép. Louis XVI, 262 1. 153. Encrier ovale, br. doré, 441 I. 154. Deux chenets br. doré, 325 I. 162. Deux jardinières Empire br., 336 I. 171. Table ovale acajou et br.. ép. Directoire, 609 1.

Bronzes, objets d'abt. 211. Bacchante et petit satyre, statuette br., 220 I. 215. Bacchus et Flore, statues br., grandeur nat., xviii* s , 588 I. 219. Vénus, br , Italie, xvr s., 325 1. 220. Vénus et un Faune, deux bustes, Italie, xvii' s., 220 1.

234. Panneau broderie, xvii' siècle, sujets de la Vie de Salomon, 325 I.

Objets d'art et d'a.meuble>ient {fin). 244. Carte et baromètre, ép. Louis XV, 441 I. 251. Un autre, ép. Louis XVI, 346 I. 257. Encrier, ép. Directoire, br., décor d'attributs militaires, 1.102 1. (27.550 fr.; on a fait remarquer que cette enchère est la plus élevée qu'ait obtenu, jusqu'ici, un objet d'art de cette époque). 258. Pendule br. doré, cadran tournant, sphère supportée par trois enfants, 241 1. 261. Deux chenets br. doré, fig. de femmes et d'amours, ép. Louis XVI. 651 I 26i. Encrier br. doré, fig d'homme portant une coquille, 304 1. 275. Deux vases por- phyre, mont, br., 367 I. 277. Régulateur acajou et b., ép. Louis XVI, 472 l. 288. Deux tables, ép.

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Louis XVI. ornées île plaques d'émail et de br., 325 l. . 29S. Table-bureau, iiiurqucterie de Boule sur écsille, et br., 945 I.

Voici maintenant les prix des tableaux et des- sins vendus le 27 juin, et dont nous avons dit un mot dans le compte rendu de la vente.

AgUAKFLLBS ET PKSsiNs MOUEBKRS. 1. BoningtOD. Le l'a lais des dogrs à Venue, 420 I. 17. Uecamps- N;/iiiphes nu '<«in, 210 1. Zieni : 44. Constantinuple, 220 I. 4."). Venise. 220 I.

Tablkaux .«odek.xks. 62 Diaz. Trois nymphes et amours, 1.176 I. (28.400 fr.).

Taulkaux et uessiks anciens. 96. Charlier. Nymphes et satyres, gouaehc, 220 I.

106. Goya, tspagtiols dansant le boléro, 262 I. 109. Sir Th. Lawrence. Francis-Charles Seyinour, marquis (/e IlertfiirJ, 399 I. 111. L. Parct. Fête dans une ville. 693 I.

114. L. Boilly. l-a Lettre d'amour, iiO I. -^ Boucher : 115. Les Hlaiichisseuses, 1.207 1. (30.175 fr.). 116. Le Couple yalanl, 231 1. 117. Hergère et jeune homme, l.fiiiO I. (42.0U0 fr.). 119. Chardin, hvste de Mercure et nature morte, 283 I. 120. C.-A. Coypel. Jeune Femme et perroquet. 94."i I. 122. F. -H. Urouais. l'ortrnilde femme en Flore. 336 I. 125. R. Leièvre. l'ortrail desdeux fiiles du maréchal l.e/ebvre, 252 1. 126. C. Vanloo. La Musique, la Littérature, la Guerre. trois peintures, 840 I. 133. Nattier. Madame Vic- toire, 2.205 I. (55.125 fr.). 134. Pater. Fête cham- pêtre. 2.U5 I. ^60 375 fr ). «35. Le Prince. Dame jouant de la guitare, 294 1. 136. J. Haoux. La Femme au chat. 367 I. 138 A. Watteau. Fêle cham- pêtre, 6.5101. (162.730 fr.).

140. J. Buijs. Les Fiançailles et le Mariage, deux pendants (.1774;, 252 I. 141. A. Cuyp. Bergers rame- nant leur troupeau, 283 1. 132. R. Zeeuian. Un Arsenal, 225 I. 133. J.-G. Ziesenis. l'ortrail de gentil/tomme, 220 I.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Aman -Jean décorateur et portraitiste

(galerie Manzi -Joyanl). L'intensité colorée d'Eugène Delacroix, rejoignant dans l'or d'un plafond les Vénitiens qu'il n'alla jamais voir à Venise; ou le calme suave de Puvis de Chavanues, retrouvant sur la blancheur de la pierre la fresque antique qu'il devinait seulement : c'est entre ces deux poétiques que devait choisir la décoration moderne, et c'est la seconde qu'a préférée, par un tacite penchant de son àme rêveuse et raffinée, le peintre Aman-Jean. Déco-

rateur, le portraitiste ou le pastelliste le fut dès ses premiers succès à l'unique Salon du Palais de l'Industrie, depuis 1883 ; et la préseule expo- sition d'un choix de ses œuvres nous attire, en môlaiit un souvenir silencieux de notre jeunesse à ce chapitre encore inédit d une évolution d'un quart de siècle, qu'on pourrait intituler le retour au style. Alors, en plein apogée du plein-air et des documents plus ou moins humains, un ancien élève de Lehraann était de ceux qui décou- vraient dans une douceur apaisée leur personna- lité naissante ; et sans recourir à la division du ton, comme son condisciple Ernest Laurent, il trouvait dans l'harmonie d'une rose avec un ciel de turquoise un accord nouveau. Portraits recueillis ou voluptueux pastels, la délicatesse native de son œuvre ressemblait à la lente éla- boration d'un secret qui. depuis quelques années, se dévoile ; et c'est aujourd'hui le décorateur qui reparaît dans quatre allégories composées pour la salle des séances du Parlement chilien : Jus- titia, Virtus, Lex, Pax ; la Justice, qui tient sa balance rigide; la Force du guerrier, qui reçoit l'hommage de la faiblesse; la Loi qui protège et la Paix qui réconcilie, en ravivant l'antique symbole du caducée. Dès l'abord, à distance, en dehors de toute préoccupation des sujets, ce rajeunissement des thèmes éternels parle dou- cement aux yeux : car la couleur a son langage, et l'admirateur de Velazquez ajouterait que « l'art naît du métier (1)» ; mais ce métier n'est lui même que la traduction d'un sentiment inté- rieur, que rellète le buste du peintre modelé par le statuaire Dampt, en une fraternité de mys«* tère et de mélancolie.

1>'« exposition du u Bon ton » (galerie Le- vesque, 109, faubourg Saint-Honoré). Ce titre seul nous emporte un siècle en arrière, sur le manteau capricieux de la mode : alors, c'était Jean-François Bosio, le frère aîné du sculpteur, préconisant dans le Bon genre ou le Suprême bon ton " le Dàïidisme en spencer (2) » et les lois olympiennes de l'antique appliquées à l'éphé- mère modernité ; maintenant, c'est la miniature persane ou le ballet russe qui séduit les jeunes collaborateurs de la Gazette du bon ton, réunis autour du magicien Léon Bakst. L'humour, qui souligne, a conduit les plus spirituels d'entre eux à la stylisation, qui simplifie; et les sages

(1) Voir Aman-Jean. Velazquez. dans la collection Art et Esthétique (Paris, Alcao, 1913).

(2) Mot de RenouTier, cité par M. Beraldi.

ANCIEN ET MODERNE

contemporains de La Mésangère s'elîarouche- raient-ils des croquis de MM. Carlèïï;le, Abel Faivre et Roubille, des dessins de M. Louis StrimpI, des peintures de M. Hermann Vogel, des aquarelles de M. Drésa, des enluminures de M. Lepape, des pastels de M"" Valentine (Iross, inspirée par le Spectre de ta liose, ou du style décoratif de M. Gosé? l.,es héritiers du regretlé Boutel de Monvel, son fils Bernard, MM. l'ierre lîrissaud et Maurice Taquiiy, composent une petite famille se perpétue savamment la désinvolture rétrospective des dandijs ; et quel dommage de ne pouvoir compter sur une lon- gévité patriarcale, alin de savoir comment se travestira celle que les Concourt appelaient (I la poupée sublime » en 2014, et quelle sera la couleur de ses cheveux ondulés !

Société des Peintres et Graveurs de « Paris » (galerie Bruiiner). Montrer un por- trait de David par lui-même, dessin dédié en 1794 à Robes|)ierre, en face de quelques vues bru- meuses de Paris, datées de t898 par Pissarro ; le Départ des coitcous, par Boilly, près d'une eau- forte de M. Lepère ou d'un pastel de M. Chéret ; len Courses, vues par Carie Vernet, non loin du Pesage de Longchamp, transcrit, en 1880, par M. Forain ; la Maifon de jeu du Palais-Hoyal, aperçue par le vieil Isabey, près des cafés de nuit fréquentés par M. Louis Legrand ; la crino- line chère à Constantin (luys, à côté d'une élé- gante de Caston La Tourbe ou des pâles midinettes de M. Steinlen ; un crayon d'Ingres, au-dessous des esquisses décoratives d'Eugène Delacroix ou d'un étonnant petit portrait féminin de Manet : tel est le bienfait des « rétrospectives », et tel est l'agrément de cette cinquième exposition, formée, avec le concours du collectionneur Alfred Keurdeley, par le président de la Société, M. Georges Gain. Pour le plaisir instructif des yeux, aquarelles et croquis de Charlet, de RafTet, de Laini, de Daumier, de Daubigiiy, d'Hervier, de Jongkind, voisinent avec de récentes peintures ou gravures de MM Renefer, Auburtin, Gillot, Girardot, Vauthrin, de la Gandara, Charles Hey- man et Béjot. Il reste entendu que tout portrait ressemble à son portraitiste encore plus qu'au modèle ; mais, en nous parlant de son art et de son temps, M. Forain nous parle ici de notre Paris, qnand il crayonne l'Idylle sur les forlifs ou lave magistralement la claire silhouette du Mont Valerien vu de la Seine, sous l'arche d'un pont.

BIBLIOGRAPHIE

RAYiMOND BOUYER.

Autissier, miniaturiste, 1772-1830,

par M. Lucien Lemaibe ;i,ille. 1912).

A l'exposition de la Miniature de Bruxelles, en 1912, OD remarquait, dans la section française, un fort curieux portrait d'officier de l'époque révolution- naire signé Autissier; d'autres œuvres, comme le portrait de M"* Mallait, daté de 1820, bien que moins importantes, attiraient également notre attention sur ce miniaturiste fort peu connu. Aucun portrait de lui n'avait, en elfet, été exposé à la Bibliothèque nationale en 1906, et la courte notice du catalogue de Bruxelles ne nous permettait pas de satisfaire notre curiosité sur cet artiste qui, s'il n'atteignit jamais la réputation de Dumont, d'Augustin ou d'Isabey, mérite cependant une bonne place parmi les miniaturistes de l'Empire et de la Restauration.

Cette lacune vient d'être heureusement comblée par l'excellent livre que M. L. Leraaire a consa- cré à Autissier. La carrière de ce Breton, à Vannes en 1772, se passa presque t(mte entière à l'étranger. En elfet. à part un court séjour, en 1795, à Paris, il arrivait solidement préparé à son métier deminiaturisle par l'enseignement d'un ancien peiutre du roi de Pologne nommé Vautrin, il s'éta- blit, dès 1796, à Bruxelles et ne quitta guère cette ville que pour la cour du roi Louis de Hollande (de 1803 à 1809) et pour un second séjour à Paris (de 1818 à 1S24). Peut-être avait-il compris qu'à Paris il serait toujours éclipsé par les Isabey, les Augustin et les Dumont, et préféra-t-il être le premier a liruxelles !..- S'il lit ce calcul il eut raison, et ses succès aux expo- sitions de Lille, detiaud, de Bruxelles et a la cour du roi Louis, témoignent de la renommée qu'il sut acquérir en Belgique et en Hollande. Les nombreux portraits cités par M. Lemaire, dont beaucoup sont reproduits dans son volume, expliquent aisément cette réputation ; ils sont généralement 1res solide- ment construits et bien peints, et les com|jaraisons qu'on peut faire montrent une heureuse compréhen- sion des caractères de ses modèles. Artiste habile et consciencieux, Autissier fut donc un bon portraitiste, parfois un peu lourd, comuje Augustin, qu'il rap- pelle souvent, mais généralement intéres.sant. Nous l'aimons beaucoup moins diins ses sujets mytholo- giques ou de fantaisie, comme l'Amour el l'Amitié ou l'Élude répandani. des fleurs sur le Temps, c'est de beaucoup la partie la moins intéressante de son œuvre, et on l'y sent mal à son aise. M. Lemaire, au reste, nous a surtout parlé d'Autissier portraitiste, et il a bien fait. La seconde partie de son livre contient une précieuse liste des élèves d'Autissier et un cata- logue de l'œuvre du miniaturiste : elle sera un instrument de travail des p s utiles et complète fort bien cette étude, claire, précise et savamment

LE BULLETIN DE L'ART

documentée, qui sera accueillie avec recoapais- sance par tous ceux qui s'intéressent à l'art de la miniature.

P.-André Lemoisne.

LES REVUES

Les Musées de France (1913, îi). Paul Vithy. Les Accroissements de la salle Barye. Nouvelles générosités faites au Louvre par un amateur russe qui désire garder l'anonymat, le même dont les donations avaient permis, l'an passé, la création de la salle Barye.

Louis Demonts. Un Dessin de Rembrandt nou- ellement acquis par le Musée du Lottvre. Étude

de femme nue, provenant de la collection J.-P. Heseltine (vente à Amsterdam, mai 19)3, n' 21).

G. Briére. Nouvelles acquisitions du musée de Versailles. Médaillon de Louis XIV, par Antoine Benoist, bronze provenant de la vente Kraemer ; études pour le Serment du jeu de paume, dessin de David, provenant de la vente Cheramy ; portraits du général comte Legrand et de la comtesse Legrand, par Gros, don de M"" Legrand ; portraits de Théodore de Banville, par Alfred Dehodencq, et de Claude- Théodore Faultain de Banville, père du porte, par Emile Deroy, don de M. Georges Rochegrosse.

René Schneider. Le « Mariage de la Vierge » au musée de Caen. On sait que ce chef-d'œuvre était autrefois attribué au Pérugin, sur la foi de Vasari, et que M. Berenson a mis en doute cette attribution et a donné le tableau au Spagna. Depuis lors, des docu- ments découverts par M. W. Bombe, à Pérouse, ont prouvé que la peinture avait bien été commandée au Pérugin par la Confraternité de Saint-Joseph ; M. Bombe en a conclu que le maître avait travaillé seul au Spozaligio. M. Venturi combat de nouveau cette conclusion et attribue le tableau à un élève du Pérugin : Andréa di Luigi d'Assisi, dit l'Ingegno.

Henri Chabelk. A propos de la « Bacchanale » de Bénigne Garjnereaux ilTMi-nyi). Peinture inache- vée de cet artiste dijonnais, conservée au musée de Dijon.

Supplément : P. V. L'Arl ancien dans les Flan- dres à l'Exposition de Gond; Raymond Bodver. L'Ameublement et la Curiosité dans les grandes ventes récentes.

(1913, n' 6). Un Triptyque de Roger van der Wey- den au musée du Louvre. Le Christ avec la Vierge et saint Jean l'Évangéliste. sur le panneau central ; saint Jean-Baptiste et la Madeleine, sur les volets intérieurs ; une ti'-te de mort et une croix de marbre, sur les volets extérieurs. L'œuvre vient de la collec- tion du marquis de Westminster, elle avait été signalée par Waagen en 1851. Elle a été exécutée

pour Catherine de Brabant, après Uô2, date de la mort de son mari, Jean Braque.

Louis Demonts. Un Tableau de Luca Signorelli au musée du Louvre. C'est un Saint Jérôme (?) Comparaisons avec les œuvres du maître qui justifient l'attribution.

Gaston Mioeon. Sculptures et céramiques musul- manes au musée du Louvre. Plaque de marbre provenant de Rhagès ; plat de fa'icnce à décor géo- métrique, provenant de Bahnasa iHaute-Égypte) ; fragment d'azulejo, mosaiquc arabe.

Gaston Briére. Restauration de la galerie du Grand Trianon. On a replacé, dans cette galerie, les tableaux qui en formaient la décoration primitive, œuvres de Jean Cotelle, Etienne Allegrain et J.-B. Martin.

Henri Chabeif. Quentin de la Tour au musée de Dijon. Portrait d'un chanoine ; ti''te d'homme en bonnet de nuit ; étude pour le maréchal de Saxe.,

Supplément : Le « Louis A7I'» du liernin à Ver- sailles, analyse d un article de M. Marcel Reymnod, réceiinuent publié dans la Revue; Château de Ver- sailles, compte rendu de la réunion de la Commis- sion des monuments historiques, tenue en juillet dernier, l'on a examiné diverses questions relatives aux travaux de restauration du château; Raymond BouYEH. L'Art antique et l'estampe moderne dans les grandes ventes récentes.

Italie

Rassegoa d'arte senese (janvier-juin 1913). V. Ll'>im. iJe quelques sculptures au Dôme. L'au- teur croit trouver, dans l'inlerprétalion de quelques documents, la preuve que les fonts de la chapelle Saint-Jean au Dôme sont les anciens « petits fonts du Baptistère; il les suppose de 1414-1416 et de Jacupo délia Quercia. Il attribue aussi à Jacopo le bénitier qui se trouve à l'entrée du Dôme. L'auteur croit enfin que la base de la colonne, à l'entrée de la chapelle Saint Jean, est une œuvre antique, au con- traire de M. de Nicola qui a démontré qu'il s'agit d'un travail quattrocentiste et, nomminent. de Kederighi.

A. Canestheli.i. Mesures à prendre pour lu conservation des restes de l'abbaye de San Gnlgano, proposée dans le rapport présenté au comité « l'ro Galgano », le 10 mai I90S. Projet de consolidation et de surveillance en partie exécuté.

V. LusiNi. l'our l'étude île la vie et des œuvres de Vuccio di Buoninsegua. Par une suite de déduc- tions un peu aventureuses, l'auteur conclut que la Vierge de l'église de Crevole, qu'il croit de Duccio, est le tableau pour lequel un legs fut fait en 1230 à l'église de Montepescini.

D.-E. Merlotti. L'Aqueduc siennois, L'auteur détermine une partie du tracé de l'ancien aqueduc de Sienne. L. G.

Le Gérant : H l)».vi.>. P »ri». Imp. Georges Petit, Ii, rue Godot-de-&lauroi.

Numéro 607.

Samedi 10 Janvier 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Les Jardins du Pincio

I

La protestation de l'Académie des beaux-arts contre la vente de terrains sur le Pincio, dépen- dant de la Villa Médicis, a produit grande impres- sion, encore que le sous-secrétariat d'Etat des Beaux-Arts ait communiqué aux journaux la note que voici, dans l'intention de rassurer le public :

Les ministères intéressés étudient depuis un an, d'accord avec la municipalité de Rome, la possibilité d'aliéner, dans des conditions avantageuses pour le Trésor, les terrains français qui bordent la Via Porta Pinciana. et à travers lesquels le plan régula- teur prévoit le passage de voies publiques. Ces ter- rains, fort éloignés de la Trinité-des-Monts, situés en dehors des jardins de la Villa Médicis, sont actuelle- ment clôturés et loués à bas prix à des maraîchers.

Le produit de la vente serait consacré au dévelop- pement des établissements français en Italie. Le programme actuel, élaboré par le département des Alîaires étrangères et celui de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, prévoit d'importantes améliora- lions pour la Villa Médicis, la construction d'un pavillon pour l'école d'archéologie, dont l'installation soulève depuis longtemps les plus légitimes critiques, et, éventuellement, une dotation pour l'Institut fran- çais de Florence.

Le projet vient d'être soumis à l'examen du ministre des Finances et devra, s'il y est donné suite, être présenté à l'approbation du Parlement.

Cette note est parfaitement explicite et montre à quel point l'émotion de l'Institut était justifiée. Traduite « en clair », elle signifie que, dans la pensée de réaliser une bonne spéculation, l'État français s'est hâté, plus que de raison, de faire siens les projets de voirie élaborés par une municipalité romaine en mal d'« haussmannisa- tion» (cette môme municipalité, dont on connaît les idées sur la transformation du Capitole, vient d'ailleurs de démissionner). Il y a aussi, dans cette affaire, un architecte qui désire construire une école d'archéologie, c'est-à-dire un palais

magnifîque et coiiteux, et ceci encore explique bien des choses.

Le public, toutefois, et particulièrement le public parisien, n'a pas été convaincu par toutes les raisons alléguées (1). On lui a montré com- ment les immeubles qui occuperaient les terrains aliénés sur la colline du Pincio offenseraient la vue des hôtes de la Villa Médicis et des prome- neurs de la Villa Borghèse, et il a assez l'expé- rience de cet art d'embellir les villes, qui est propre aux municipalités d'aujourd'hui, pour avoir vite compris ce qui se préparait sournoise- ment à Rome, avec la complicité de l'État fran- çais. Il lui a paru inconvenant que, pour faire une bonne affaire, nous prenions les devants dans une opération de voirie dont la réalisation n'était point immédiate.

Si l'aliénation d'une partie des terrains que l'on a voulu vendre est inévitable, comme on le prétend, nous devons attendre qu'on nous l'im- pose et nous n'avons point à devancer les projets des auteurs du « plan régulateur ». C'est bieu assez que nous ne puissions pas nous opposer aux enlaidissements de Rome, sans encore venir y collaborer (2).

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Actes officiels. Le Journal officiel du 4 jan- vier a publié les décrets par lesquels M. Arsène Alexandre, conservateur du palais de Couipiègne, est nommé inspecteur général des musées des départe- ments, en remplacement de M. Roger Marx, décédé ;

(1) On lira plus loin, dans les Échos, une note que nous recevons de notre correspondant d'Italie, et qui montre que l'émotion causée par la nouvelle de la vente des terrains du Pincio n'a pas été moindre à Rome qu'à Paris.

(2) Dans le dernier Bulletin, un lapsus m'a fait parler de l'évolution des villes vers l'est : c'est vers l'ouest qu'il fallait dire ; les lecteurs auront certaine- ment rectifié d'eux-mêmes.

10

LE BULLETIN DE L'ART

et M. Gabriel Mourey, uonservateur du palais de Compiègne.

Le Journal officiel du même jour a publié le texte de la nouvelle loi sur les monuments histori- ques, dont le Bulletin a déjà donné les dispositions essentielles (n* 601).

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 6 janvier). M. Châtelain, président pour 1914, est installé par M. N. Valois, président sortant.

M. Félix Sartiaux expose les résultats des recher- ches qu'il a poursuivies, en septembre 19)3, sur le site de l'ancienne Phocée, la célèbre métropole de Marseille, au cours d'une mission que lui a confiée le ministre de l'Instruction publique.

Société des Antiquaires de France (séance du 31 décembre). M. Et. Michon entretient la Société d'un vase en verre peint, récemment découvert dans les fouilles de Kertch, l'ancienne Panticapée (Crimée). Le décor de ce vase se compose d'une double branche d'olivier et d'une vigne aux rameaux luxuriants et aux pampres abondants. Il rappelle le motif dont est orné un bol en verre trouvé dans l'Afrique du Nord, à Khamina, et qui fut étudié en 1873 par M. Héron de Villefosse.

M. J. Maurice montre que la vie de Constantin, par Eusèbe, est l'œuvre beaucoup moins d'un véri- table historien que d'un panégyriste sans scrupule.

Société des artistes français. Le Comité de Il Société des artistes français, réuni sous la prési- dence de M. E. Adan, président d'âge, a procédé à la nomination de son bureau pour l'année 1914. Ont été élus :

M. Antonin Mercié, membre de l'Institut, président; M. F. Flameng, membre de l'Institut, vice-président ; M. Marqueste, membre de l'Institut, vice-président ; M. Daniel Saubès, secrétaire-rapporteur ; M. Defrasse, secrétaire-trésorier; MM.E. Renard, Georges Lemaire, Pascal, membre de l'Institut, et Abel Mignon, secré- taires.

Le Conseil d'administration pour l'année 1914 est constitué comme suit : MM. Antonin Mercié, F. Fla- meng, Marqueste, D. Saubès, Defrasse, E. Uenard, Georges Lemaire, Pascal, Abel Mignon, E. Adan, Louis Bernier, Boisseau, J. Coutan, Coutheillas, Da- want, Dété, V. Gilbert, Gosselin, Guillemet, Jeannin, Maillart, Olive, Paulin, Petitjean, Saint- Germier, Verlet.

Conseil des Musées nationaux. M. Max. Col- lignon, membre de l'Institut, est nommé membre du Conseil des Musées nationaux, en remplacement de M. Edouard Aynard, décédé.

Musée du Louvre. Les noms ci-après seront gravés sur les plaques placées dans la rotonde de la galerie d'Apollon, à la suite des noms de» principaux bienfaiteurs du Musée du Louvre :

Dana/«urs .' Les enfants de M. Jean DoICTus; Jac- ques JoubalotT; Sechan-Lahens ; M"* Boursin; M. et

M"* Emile Masson; les donateurs de la collection Victor Gay.

Missionnaires : Mission Pelliot, 1907-1909.

L'inauguration des salles de la collection Ca- mondo aura lieu au mois d'avril prochain.

Musée des arts décoratifs. Aujourd'hui samedi 10 janvier, a lieu, au Pavillon de Marsan, l'inaugura- tion de l'exposition des estampes japonaises de Toyokuni et Iliroshighé, de l'œuvre de M. Manzana- Pissarro (peintures, tapisseries, etc ) et de l'œuvre de M. Giraldon (illustrations, reliures, tissus, etc.).

Musée Carnavalet. Une exposition du théâtre est en préparation nu Musée Carnavalet.

La « Joconde » retrouvée. Samedi soir, le tableau de Léonard a quitté l'École des beaux-arts, il avait été exposé pendant trois jours, pour le Musée du Louvre, il a repris sa place dans le Salon carré.

L'exposition à l'École des beaux-arts, faite au bénéfice des œuvres italiennes de bienfaisance à Paris, a produit 3..Ï00 francs; c'est dire que le public ne s'est guère dérangé pour revoir la Joconde, tant que les entrées ont été payantes. Par contre, dès dimanche matin, une foule nombreuse s'est dirigée vers le Salon carré; on avait organisé un service d'ordre qui n'a point été inutile, l'après-midi surtout, l'aflluence fut considérable.

En Angleterre. M. Léopold Salomons vient d'acquérir et d'offrir à la nation anglaise le magnifique domaine de Box-IIill, situé aux environs de Londres. Le donateur ne met à sa générosité qu'une condition, c'est que Box-Hill, célèbre par la beauté de son site et par les souvenirs de l'écrivain George Meredith, qui vécut tout auprès, soit toujours conservé comme espace libre et soustrait à toute entreprise susceptible d'en altérer le caractère.

En Allemagne. Une statistique, établie à propos de la participation de l'Allemagne à l'Exposition de San Francisco, dans l'intention évidente de stimuler artistes et ouvriers d'art à l'emporter sur leurs concurrents, montre la baisse de l'exportation artistique allemande. L'Allemagne n'est même plus, sous ce rapport, le pays d'exportation qu'elle était depuis cinquante ans, mais elle est passée pays d'importation. Sauf la Suisse et l'Amérique, tous les autres pays lui envoient plus d'œuvres d'art qu'ils ne lui en achètent.

En 1907, l'Allemagne achetait pour 6 millions de plus qu'elle ne vendait, et ce chiffre s'est augmenté de 5 millions, c'est-à-dire a presque doublé, en ces sept dernières années, tandis que le chiffre des vente* n'augmentait que de 4 millions, en même temps que le nombre des artistes passait de 4.390 à 14.610.

Et même pour les États-Unis, le chiffre des ventes qui était de 8.Ô0.000 marks en 1907, tombait à 550.000 dès 1908. En 1909. l'exportation d'œuvres d'art alle- mandes aux États-Unis ne représentait j)as la septième

ANCIEN ET MODERNE

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partie des œuvres anglaises et pas la seizième partie des œuvres françaises qui s'y importaient dans le même temps. M. Mtd.

A Berlin. Le Musée Empereur-Frédéric vient d'exposer VAdoralion des Mages de Hugo van der Goes, qu'il a pu acquérir en Espagne au prix de 1.180.000 francs. Le Huile tin a rappelé naguère (n* 603) que l'œuvre, appartenant au couvent de Monforte, avait été l'objet d'une revendication de la part du gouvernement espagnol et que les difficultés n'avaient pris fin que tout récemment.

A Brescia. On travaille actuellement, aux frais de l'État et de la municipalité, à la réorganisation du musée de Brescia, et l'on annonce que quatre tableaux viennent d'être restaurés par M. Cavenaghi, le res- taurateur bien connu du Cenacolo du Vinci : deux Raphacls,le Rédempteur eiV Ange récemmentretrouvé qui faisait partie du retable de Città-di-Castello, un Christ de Solario, une Tête de saint Jérôme du Bra- mantino. L. G.

A Mantoue. On vient d'arrêter un des prêtres du Dôme qui avait coupé, dans un missel précieux, quatre miniatures de l'école lombarde du xv* siècle, pour les vendre. Deux d'entre elles furent identifiées à Munich, d'où l'on avertit immédiatement la direc- tion générale des Beaux-Arts italienne, qui fut mise ainsi sur la piste du voleur ; une troisième fut retrouvée dans la cellule du prêtre qui s'était retiré dans un couvent des environs de Mantoue pour y accomplir ses exercices spirituels; la quatrième avait été vendue à un antiquaire de Reggio Emilia. L.G.

A Rome. L'émotion soulevée à Paris par le projet de vente des terrains appartenant à la Villa Médicis, n'a pas été moindre à Rome. M. Albert Bes- nard n'a pas caché son opposition très nette à ce projet, et les élèves de l'École française de Rome semblent n'avoir aucun désir de quitter le palais Farnèse. On sait qu'il s'agirait d'aliéner les terrains, loués pour la plupart à des horticulteurs, situés au-dessous de la Villa et qui vont jusqu'au couvent de la Trinité-des-Monts; on en retirerait environ deux millions et demi, dont une part serait affectée

à l'École française de Rome pour lui construire un palais particulier, une autre servirait à des réparations il la Villa Médicis et une troisième serait attribuée à l'Institut français de Florence pour l'achat d'un palais il s'installerait.

Ce serait détruire cette ceinture de verdure et de Heurs qui fait à la Villa une si belle solitude; mais il faut dire, pour l'impartialité, que les auteurs du projet assurent que la perspective de la Villa, avec quelques précautions, n'y perdrait rien, tandis que les institu- tions françaises d'Italie y gagneraient beaucoup. L. G.

Nécrologie. M. Albert Babeau, membre de l'Institut, chevalier de la Légion d'honneur, ancien président de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France et de la Société académique de l'Aube, vient de mourir à Paris, âgé de 79 ans. à Cambrai, il s'était fixé à Troyes, d'où sa famille était originaire, et c'est qu'il commença ses recherches et ses publi- cations historiques; il donna d'abord des travaux d'histoire et d'archéologie locales, puis des études d histoire générale non moins estimées. Il eut souvent l'occasion de traiter des questions relatives aux beaux- arts; on lui doit, en particulier, un Catalogue des sculptures du musée de Troyes (1882) et, parmi d'in- nombrables articles de revues, plusieurs monographies de châteaux et d'églises du département de l'Aube, comme aussi des études sur plusieurs artistes et amateurs de la même région. Il a publié un ouvrage plus important sur le Louvre et son histoire (1895).

M. Massillon-Rouvet, architecte, archéologue et collectionneur, vient de mourir à Nevers, à l'âge de 67 ans. à Saint-Saturnin-lez-Avignon, le 4 février 1847, il avait été élève de Viollet-le-Duc, à Paris. 11 fut longtemps inspecteur des édifices diocésains de .Nevers et des monuments historiques de la Nièvre, et chargé, à ce titre, de divers travaux importants, notamment à la cathédrale de Nevers.

Le célèbre pianiste et compositeur Raoul l'ugno, qui vient de mourir à Moscou, et le sportsman Michel Ephrussi mort à Paris au début de cette semaine, étaient tous deux des collectionneurs et des habitués des grandes ventes publiques.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART

CURIOSITÉ

Les grandes ventes à l'étranger en 1913.

-— A Londres {fin). 'Vente d'objets d'art.

A signaler, dans une vente de sculptures anti-

ques et objets d'art du moyen âge et de la Renais- sance, faite ]e 3 juillet à Londres, l'enchère de 23.100 francs obtenue par une suite de quatre tapisseries de Bruxelles, à scènes de chasses, xvii= siècle. Parmi des antiques, les deux plus

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LE BULLETIN DE L'ART

beaux prix ont été pour une coupe en marbre blanc, à feuille d'acanthe en relief, vendue 6.300 francs, et pour une tête de Dyonisos, tra- vail gréco-romain, adjugée 5.500 francs.

Vente de la collection de lord Joicey (tableaux anciens et modernes). Cette vente, que nous n'avons pas eu le loisir d'an- noncer, s'est faite le 4 juillet. Elle a donné de fort appréciables résultas, et les portraits de l'École anglaise ont eu. une fois de plus, les honneurs de la journée. Qu'on en juge :

17a. 87a francs pour celui de Richard Paul Jodrell, par Gaiiisborougli ; 157.500 francs, pour celui de Mrs. Haike^ et son fils, par Homney ; 120.750 francs, pour celui de Lady Saint-John, par Hoppner; HO. 250 francs, pour celui de Lady Melbourne, par Reynolds. Voilà qui pouvait suf- fire au succès de la vente ; pourtant, on peut encore ajouter les nombreux prix suivants, qui dépassent 5.000 francs. Ces prix nous sont com- muniqués en guinées (26 fr. 25).

Dessins. 1. G. Barret. Après-midi, 323 g. D. Cox : 8. Malheur, 200 g. 9. Bolswer Castle, 250 g. 37. J. Turner. Le Collège de Stonhurst, Lan- cashire, 750 g.

Peintures. 52. Vicat Cole. Coin de champ, t95 g. 56. Farquharson. Coucher de soleil, 400 g. 57. P. Graham. Rocher au bord de la mer, 420 g. 64. Sir D. Wilkie. Le Colporteur, 400 g. 65. Wimperis. Le Pâturage, 300 g.

Dessins {suite). 66. Israeis. Temps calme, 640 g. 67. W. Mario. Jour d'été, 270 g.

Tableaux {suite). 77.Schreyer. Poste unlaque, 650 g.

78. Israels. Petit pêcheur portant sa sœur, 620 g.

80. Fantin-Latour. Roses dans une coupe de verre, 270 g. 83. W. Mario. Le Cours de la rivière, 1.200 g. (31.500 fr.). Fantin-Latour: 84. l'ivoines dans une coupe de verre, 660 g. 85. Pétunias, 650 g. 86. Rotle de roses sur une table, 740 g. 87. Roses dans une coupe, 440 g. 88. Roses dans une coupe de verre, 490 g.

103.Meissonier. Cavalier Louis XIII, 290 g. J. Tur- ner : 104. Heidelberg, Vêle, 2.200 g. (57.775 fr.). lO'i. Château de Ca'iew, Pembrokeshire, 400 g. 106. Thunn, 800 g. 107. Plymouth, 600 g. 108. P. de Wint. Lincoln, 320 g. G. F. Watts : 113. Jeune fille personnifiant l'Espérance, 1.300 g. (39.375 fr.). 114. V Amour et la Vie, 820 g. 115. L'Amour et la Mort, 1.000 g. (26.250 fr.).

Gainsborough : 116. Portrait de Richard Paul Jodrell, 6.700 g. (157.500 fr.). 117. Portrait du vicomte llampden, 3.300 g. (68.825 fr.). 1 18. J. Hopp- ner. Portrait de R. B. Sheridan, 240 g. Sir J. Rey- nolds : 119. Portrait de lady Melbourne, 4.200 g. (110.210 fr.). 120. Portrait d'un gentilhomme, 520 g.

G. Homney : 122. Portrait de Mrs Raikes et de son fils, 6.000 g. (157.500 fr.). 123. Portrait de Mrs. Rrown, 2.300 g. (60.375 fr.).

128. Mierevelt. Portrait de femme et de gentilhomme, 380 g. 132. J. Hoppner. Portrait de lady Saint- John, 4.600 g. (120.730 fr.). 133. Sir Th. Lawrence. Portrait de lady Saint-Johnen Hebé,2M0g.{52.500[r.).

135. Pater. Le Bain des nymphes, 1.730 g. (45.925 fr.).

Raeburn : 136. Portrait de lady Gibesone, 700 g.

137. Portrait de Chartes llope de Gran/on, 1.050 g. (27.560 fr.). 140. H. Brosamer. Portrait^ de yenlil- homme, 1.300 g. (34.125 fr.).

Vente de la collection du duc de Suther- land (tableaux anciens et modernesi. Faite le H juillet, chez Christie, cette vente a donné lieu à quelques enchères notables, que l'on trou- vera ci-dessous indiquées en guinées. Tirons de pair la seule enchère vraiment digne de remarque de toute cette vente : celle de 52.500 francs pour deux figures de saints, .Saint André et Sainte Rufine, de Murillo, se faisant pendant ; après ces peintures, ce sont les deux Véronèse qui ont réalisé les plus beaux prix, encore ne dépassent-ils pas, l'un 26.250 francs et l'autre 34.437 francs.

15. P. Delaroche. Le Comte de Stra/ford allant au supplice, 360 g. 27. Ph. de Chanipaigne. Por- trait de Colbert, 300 g. P. Leiy : 29. Portrait de Marie de Modène, 400 g. 30. Portrait de la duchesse de Portsmouth, 260 g. 35. N. Poussin. Nymphe et satyre, 240 g.— 36. Heynolds. Portraits de Georges III et de la reine Charlotte en costume du sacre, deux pendants, 250 g. A. Watteau : 37. Concert, 440 g.

38. Groupe de personnages, 500 g.

41. Bissolo. La Sainte Famille entourée de saints et de saintes. 310 g. 73. Le Parmesan. Portrait de jeune homme, 550 g. 84. Le Tintoret. Portrait du doge Marina Grimani,120 g. 89. Titien. L'Éducation de l'Amour, 230 g. P. Véronèse : 94. Portrait d'un noble vénitien, 1.000 g. (26.250 fr.). 95. Le Christ et ses disciples à Emmails, 1.350 g. (33.437 fr.).

102. G. Decker. Paysage boisé, 210 g. 104. J. van Goyen. \'ue de Scheveningue, iiO g. 107. J. Ilackaert. Vue des bois des environs de La Haye, 400 g. 129. E. de Witte. Le Marché au-r poissons, 380 g.

132.Coello. Portrait de Philippe II d'Espagne, 300g.

133. Murillo. Saint Juste et Sainte Rufine, deux pendants, 2.000 g. (52.500 fr.i. 141. Vclazquez. Voyageurs demandant leur chemin à un mendiant, 720 g. Zurbaran : 143. Sainte Famille, 500 g. 144. Saint André, 260 g.

Vente de la collection de la duchesse de Newcastle (tableaux). Cette vente, terminée le 25 juillet, a marqué la clôture de la saison chez Christie.

ANCIEN ET MODERNE

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On ne trouve à relever que quelques prix d'importance secondaire : un Portrait de David Hartley. par Romney, s'est vendu 26.250 francs ; un Portrait de femme, par Cotes, 12.600 francs ; un Portrait de John Hunter, par Lawrence, 11.400 francs.

"Vente de la collection Fitzhenry. On

ne voit guère à signaler, à Londres, pendant les derniers mois de 1913, que la vente des collec- tions de feu M. Fitzhenry, décédé peu de temps après Pierpont Morgan, dont il était le conseil et l'ami. Encore cette vente, que nous avons annoncée avec quelques détails (n"> 600), n'a- t-elle pas donné tous les résultats qu'on en espérait.

Elle a commencé le 18 novembre par la dis- persion des sculptures : les 156 numéros de cette catégorie d'œuvres d'art ont produit un total de 140.000 francs, avec, comme plus fortes en- chères, le prix de 10 000 francs pour une sta- tuette de Marie-Madeleine en pierre, du xvi» siècle, et celui de 7. .350 francs pour deux sphinx du xviu' siècle.

Le 19, parmi les objets d'art, on a remarqué une coupe sur pied, avec couvercle en argent, travail hollandais du xvii» siècle, vendue 7.07b fr.; une écuellf^ en argent, avec couvercle et plateau, d'époque Louis XV, 5.000 fr.; une aiguière et un bassin d'argent, d'époque Louis XV'L 'à. 000 fr.; une pendule en marbre et bronze doré, surmon- tée d'un vase et ornée de figures de nymphes avec l'Amour, d'époque Louis XVI, 10.500 fr.; un Hercule et Cacus. statuette de bronze, Italie, xvi« siècle, 7.350 fr.

Parmi les antiquités, une lète de Perséphone, en marbre, de style hellénistique, a été adjugée 7.925 fr.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

La Cimaise (galerie Georges Petit). Léonard de Vinci, Richard Wagner : quelle que soit la haute magie de ces deux noms rapprochés, il ne faudrait pas que les étrennes grandioses, offertes aux Parisiens par le retour de la Joconde et la venue de Parnfal, rendissent le critique injuste pour les manifestations plus récentes de la moder- nité, qui retournent si vite à l'oubli de la tombe...

Aussi bien, à l'espoir apporté par les vœux de

saison, s'ajoutent toujours des regrets ; et le sixième hiver de la Cimaise est solennisé par la <i rétrospective » de deux de ses fondateurs : le peintre Jean Rémond (1868-1913), que son admi- ration pour les poètes du paysage, Poussin, Corot ou M. René Ménard, avait naturellement conduit dans les vallons de la Corrèze ou les ravins de Pasajes ; et le xylographe amoureux de la forêt verte, Amédée Joyau (1871-1913), qui savait acclimater à Fontainebleau l'estampe légè- rement coloriée du Japon. D'une année à l'autre, on ne saurait attendre un renouvellement com- plet, qui serait inquiétant pour la conviction des artistes ; il faut saluer seulement la persévérance dans l'effort vers le style, attestée par les nou- velles fresques de M. Henri Marret : de Petites baigneuses et des Natures mortes décoratives.

M. Gustave Jaulraes s'attarde avec trop de non- chalance parmi les Plaisirs d'été. M"» Térouanne et M. Cauvy poursuivent la solution malaisée des problèmes lumineux. Il y a plus d'accent dans les bois en camaïeu de M. Schmied, dans les paysages ou figures du D' François De Hérain, peintre, buriniste et sculpteur, ((ui se partage de verve entre les Baux de Provence et le Finistère; de M. Edgar Chahine, pastelliste, aquafortiste et dessinateur, attiré par Montmartre; de M. Paul- Emile Colin, peintre-graveur, repris par la Lor- raine natale. Et toujours beaucoup de notes de voyage, de M. Lechat, dans les petites villes mortes des Flandres, de M. Monchablon, en pleine mer houleuse, de M. Fornerod, au pays basque, de M. Jean-Gabriel Domergue, à Tolède, de M. La- parra, devant la blancheur d'Assise, de M. Bernard Harrison, sous les nuits bleues d'Italie, des gra- veurs Jacques Beurdeley, Jouas-Poutrel et Lucien Pénat, dans la vieille France.

On connaissait déjà les goûts plus sédentaires des peintres Fernund Maillaud, Jean de la Hougue et Calvet; mais, dans le groupement présidé par M. Gaston Varenne, on n'avait pu voir encore, à côté des jolis émaux coutumiers de M. Feuil- làtre, les essais décoratifs et les menus bronzes nerveux de M. Maurice Charpentier-Mio, qu'ins- pirent les (1 gestes dansés » par la féline sou- plesse de Nijinsky.

Société des Peintres du Paris moderne (galerie La Boëtie). La onzième exposition du groupe fondé par M. Jean Guiffrey, présidé maintenant par l'aîné des frères Rosny, qui parle surtout du passé, dans la préface du cata- logue. A travers les métamorphoses du Paris

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LE BULLETIN DE L'ART

actuel, Tambition de l'artiste est, selon le mot du nouveau président, « de créer des joies avec des tristesses » et de retenir à temps la lin de Montmartre ou l'Ue-Sainl-Louis menacée : de la Seine à la Butte, ce rôle de témoins trop émus pour n'Otre pas véridiques convient aux dessi- nateurs, MM. Mantelet-Martel et Gabriel Belot, l'un captivé par les vestiges moyen-Ageux des vieilles rues, l'autre attiré par les arbres des quais, dont l'ombrage remonte de la boîte du bouquiniste à la façade sculptée d'un hôtel désert... Leurs crayons prennent la noirceur estompée des souvenirs. Et c'est un plaisir, en vérité, que de retrouver ici quelques lins dessins rehaussés de M. Charles Jouas, d'ardentes aqua- relles de M. Fernand TrulTaut, d'émouvantes eaux-fortes de M. Bouroux, des perspectives aux p;Ues verdures de M. Igounet de Villers, parmi les planches ou les études de MM. Raoul Serres, Vauthier, Pinet, Pavil, Jean Lefort, Bauche et Villard, près des Pauvres gens de M. Steinlen, des Champs-Elysées silencieux de M. Duhem ou d'un mélancolique Jardin de C/tmy, de M. Blanes- Viale, qui laissent à la littérature l'impression- nisme de la locomotion vertigineuse et de l'en- seigne multicolore aux feux intermittents dans la nuit. .

Expositions diverses. Il ne faudrait pas moins des quatre-vingts pages de la Revue pour les cataloguer seulement : les o petits tableaux » des très petits maîtres de 1914, chez Georges Petit; l'Art intime, après l'Effort, chez Marcel Bernheim; la seconde année d'un o Retour de vacances » des paysagistes, chez Reitiinger, s'imposent les lins effets de neige de M. Berson; les photographies vraiment « artistiques » des éta- blissements Boissonnas, réunies, .■}, rue de Moga- dor, et supérieures à tant de tableaux sans émo- tion, qui s'en inspirent ; les œuvres offertes par les artistes ou par l'État pour former je prochain musée de Tananarive, chez Bernheim jeune où, par extraordinaire, on a vu des toiles très civili- sée» destinées à catéchiser des sauvages; c'est plutôt le contraire, habituellement...

Ailleurs, les aquarelles de Cézanne, chez Blot; l'œuvre posthume de F.-S. Cordey (1854-19H), influencé par les débuts de l'impressionnisme, à la galerie Choiseul; l'évolution paysagiste de M. Guillaumin, à la galerie Montaigne; les pay- sages corses de M. Camille Boiry, à la galerie Vivien ; les impressions tunisiennes de M. Julius Rolshoven, chez Allard ; çù et là, les sculptures

volontairement archaïques de M. Maillol; chez Hébrard, les céramiques instinctivement persane» de M. Méthey; rue Lalfitte, à la Galerie d'Art décoratif, le tourment du style, apporté par ua jeune peintre tchèque, M. Aloïs Bilek; rue Riche- panse, chez Bernheim jeune, les intimités cou- tumicres et les décorations nouvelles d'un Pari- sien, M. Vuillard, l'harmoniste ingénieux, mais insouciant, de la Terrasse verdoyante et de /a Dame en mauve, dont le plein-air aimablement familier se souvient sans remords des Japonais, de Manet, de M. Degas.

Parmi tant d'iniluences d'atelier, de poncifs nouveaux, la passion de la nature en sa naïveté, mi^me un peu fruste, apparaît la bienvenue; et voilà pnurquoi nous sommes restés longtemps, chez Druet, devant les grands paysages d'automne et les loyales études du peintre dauphinois Jules Flandrin. qui travaille au pied du Saint-Eynard s'éveilla le cœur précoce de Berlioz enfant; et, 16, rue de Seine, à la galerie Marseille, les horizons romains prolilés sur l'azur par un élève et compatriote de M Jules Flandrin, M. Lucien Mainssieux, nous hantent par une même ampleur de brosse et de vision. La « ligne d'Italie » relleuri- rait-elle "? Après MM. J.-F Schnerb et P.-L. Moreau, revoici, chez Druet, M. Henri Farge (1), un admi- rateur de Claude et de Guardi, qui sait rajeunir la vieille sépia traditionnelle afin de résumer à grands traits la magie de Venise ou la majesté de Rome ; et la jeunesse inquiète retourne à la terre classique : " Que ne conduit-elle, comme Corot, ses moindres études jusqu'à cette perfection de matière, jusqu'à cet achèvement de toutes les parties qui sont la suprême parure et la matu- rité de l'œuvre d'art? » C'est M. Maurice Denis qui parle (2), et souhaitons qu'en 1914 ce conseil ou ce regret soit entendu !

Raymond Bouykr.

GORRESPONOÂNGE D'ITALIE

Les Restaurations à Florence

On ne saurait assez louer l'activité du service des Beaux-Arts en Italie. Le Bulletin a souvent l'occasion de parler des travaux exécutés par ses soins, restaurations, fouilles, découvertes, mais on ne pense guère, sans doute, en lisant ces brèves

(il Voir \e Bulletin du 21 décembre 1912, p. 311. (2) Dans la préface du catalogue de l'exposition Mainisieux, en décembre 1913.

ANCIEN ET MODERNE

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notices, à l'esprit de suite, à l'énergie, à l'ingénio- sitë, à la parfaite organisation nécessaires pour mener à bien, sur tous les points de la Pénin- sule, un nombre aussi considérable de délicates et pénibles et coûteuses opérations. A Bologne, c'est la place de Neptune (]ui change d'aspect, le palais Hu Podestat dégagé des constructions adventices qui le cachaient en partie et le désho- noraient, des palais particuliers qui reprennent leur l'orme primitive. A [{orne, à Pompéi. dans les Marches d'Ancône. ce sont lespatientesrecher- ches des archéologues. A Pienza, près Sienne, c'est une cathédrale dont on refait les fondations, avec des dépenses énormes. Dans l'Italie entière, c'est partout un labeur opiniâtre, qui ne néglige point les petites choses, pas plus qu'il n'hésite à s'attaquer aux grandes.

Ces jours passés, j'étais à Florence et je suis resté émerveillé de tout ce que la Ville et l'État ont su faire durant ces dernières années. La Revue a parlé des restaurations du Palais-Vieux, de l'ancien appartement du duc Cosme et d'Éléo- nore de Tolède ouvert au public, du Tesoretto remis en état (voir en particulier les articles de M.ErnestForichon,t. XXV,p.459ett.XXVI,p.307).

Au palais Riccardi, la seconde cour est accom- modée avec un goût parfait.

On rétablit, au Baptistère, l'ancien autel roman, dont on a retrouvé des fragments dans des collec- tions diverses; sous l'église, on fait des fouilles qui remettent à la lumière les restes de maisons romaines.

Le Cenacolo de S. Apollonia devient un sanc- tuaire d'Andréa del Castagne; on a repris aux magasins militaires la partie du réfectoire qu'ils détenaient encore et l'on a pu disposer, sur ses vastes murailles, les fresques provenant de la villa de Legnaia dans l'ordre elles étaient primitivement, reconstituant de la sorte un ensemble magnifique. La Galerie des Offices s'est dessaisie, en faveur de ce petit musée, du Christ en croix qu'elle possédait, afin qu'il soit, pour ainsi dire, dans son cadre véritable.

A San Lorenzo, les travaux sont d'une impor- tance bien autrement considérable. La vieille sacristie de Rrunelleschi avait été défigurée; on avait édifié des constructions sur sa coupole ; elles ont été enlevées; les lignes élégantes de la cou- pole ont reparu, la lanterne qui avait été recou- verte et aveuglée est de nouveau visible. A l'inté- rieur, des couches de chaux successives avaient fait oublier que les bas-reliefs de Donatello étaient primitivement coloriés; les couleurs ont réapparu;

des couches de chaux avaient également voilé la décoration de la petite coupole de l'abside : on y a découvert des peintures sur fond bleu repré- sentant les constellations et l'on s'est aperçu que les sculptures ornementales en pietra serena étaient en parties dorées. Et toujours à S. Lorenzo, on a d'autres travaux en vue : des décorations peintes, dont quelques traces ont été récemment découvertes, changeront d'une manière inat- tendue l'aspect d'un des monuments d'archi- tecture les plus illustres.

Est-il besoin de conclure? Ne faut-il pas envier à l'Italie l'organisation de son service des Beaux- Arts, qui donne de tels résultats? Et cette orga- nisation ne permet pas seulement de faire des restaurations parfaites ; elle empêche, et avec quelle claire volonté! les restaurations mau- vaises : une banque qui veut s'installer dans le palais dei Pazzi, à la via del Proconsolo, avait jugé bon de modifier certaines parties du cortile : le ministère est intervenu et exige que rien ne soit fait sans son autorisation. Les journaux suivent les débats avec passion.

Une organisation excellente, soutenue par l'opi- nion publique! L'Italie est un pays heureux!

L. OlELLY.

LES REVUES

Fbatick Les Arts (octobre). Georges Lecomïe. David et ses élèves. A propos de l'exposition du l'elit-l'alais.

Gabriel Mouhev. Gaston La Touche [IHô^-l!)!'!].

Gustave Fkizzoni. Sur les toiles agr/inclies à la qalerie du Louvre. Nouvel exemple, ajoutés à ceux précédemment donnés par M. Ch. Coppier : l'Enlève- ment d'Europe, de Boucher.

riR.4XRF.-RRKT.\GNE

The Burlington Magazine (octobre). Roger Fkv. Quelques peintures du Grèce. Sur quatre peintures de ce maître, un Christ en croix, une l'énitence du saint Pierre, un Saint Tliomas et un Christ prenant congé de la Vierqe, appartenant à M. Lionel Marris.

Lionel Cust. Un l'ortrait de l'époque de la reine Élizabeth. Portrait anonyme de RadciitTe, comte de Sussex (collection L. Harris), peint en LSAS.

Laurence Binvon. Cholscho. A propos de la publication, par le D'A. von Le Coq. des résultats de la mission entreprise avec le D' Grûnweiicl, en 1904, dans l'oasis (Je Turlan (Haute-Asie), et en particulier dans les ruines de Chotscho,

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LE BULLETIN DE L'ART

Rev. A.-C. IIeadlam. Oxford. A propos du livre de MM. Aymer Vallance et Çatsford sur les vieux collèges d'Oxford.

Bernard Kackham. Trois verres du temps de la reine Élizabeth. L'un au British Muséum, daté 1586, et les deux autres dans la collection Wilfred Buckley, datés 1580 et 1581.

Gino FoGOLARi. Un Nouveau primitif vénitien à V Académie de Venise. C'est une Vierge à l'Enfant, derrière laquelle deux anges voltigent en tenant une draperie; elle est du xiv* siècle et la plus ancienne peinture de la célèbre galerie vénitienne.

O.-M. Dalton. Gemmes gravées du moyen-dge et des siècles suivants .au British Muséum (II). Exa- men de seize camées reproduits, portraits et têtes de fantaisie, des xv-xvi' siècles.

Tancred Borenius. Reconstitution d'un polyp- tyque de Lucâ Signorelli. Polyptyque peint pour la chapelle de saint Christophe à l'église Sant' Agos- tino de Sienne, en 1498. Les deux peintures des côtés du retable sont au Musée Empereur-Frédéric, à Berlin : leur identification est depuis longtemps hors de dis- cussion. Le panneau central {Baptême du Christ) serait, en partie, dans la collection de sir Frederick Cook. Enfin la prédelle aurait eu trois parties, qui seraient aujourd'hui conservées, l'une à la galerie nationale d'Irlande [la Fête chez Simon le l'harisien), une autre dans la collection de sir John Stirling- Maxwell (Pieta) ; et la troisième dans la collection E. A. V. Stanley (Martyre de sainte Catherine).

G. F. IliLL. Notes sur des médailles italiennes (XV). Revers d'une médaille du nord de l'Italie, datée de 1500; une Femme inconnue, du premier quart du xvi' siècle ; médailles dXJttaviano Pallavicini (vers 1525-1330) ; d'Ottavio Farnèse, par Pastorino ; de Jules de la Rovère, cardinal d'Urbin ; de Niccolo Madruzzo, par Antonio Abondio ; revers d'une mé- daille de 1582.

Aymer Vai.lancb. Mobilier ancien (\l\). Pan- neaux sculptés de décorations imitant des linges plies.

Ethel Ross Bahker. te Symbolisme de certaines fresques des Catacombes (I). L'auteur range les fresques des Catacombes en trois groupes, selon qu'elles sont relatives à la vie d'un défunt (les plus fréquentes) à Notre-Seigneur, aux sacrements.

Roumanie

Buletinul Comisiunei Honumentelor istorice

(Bucarest, VI, fasc. 21). Notice sur l'architecture du Mont-Alhos, par G. Bals. Après avoir retracé, d'après les principaux ouvrages spéciaux, l'histoire générale des monastères, l'auteur donne une descrip- tion de chaque catégorie de constructions qui com- posent l'incomparable citadelle monastique.

Il y a ajouté des notes sur la part qu'ont prises les voévodes roumains demeurés à peu prés seuls à s'en occuper A la chute de l'empire byzantin à rédifirntinn. 'iii\ restaurations et embellissements

des églises. A Protaton, le nartex fut construit ea 1507 aux frais de Bogdan-Voda. A Ivir, la tour de l'horloge est élevée en 1525, aux frais de Visarion de Bucarest; Serban-Voda Cantacuzino fait peindre le paraclisen 1683; un évangéliaire à ferrures date de Mat- thieu Bassarabe. Caracal a été restauré par Pierre- Rares et Alex. Lapusneanu, xvi* siècle. Lavra, refait par Matthieu Bassarabe, possède, de ce prince et de la princesse Hélène, sa femme, un évangile et une châsse précieuse (1643). Prodrom, commencé parGrégoire- Ghica est entièrement roumain. Etienne le Grand fit faire l'aqueduc de Saint-Paul (1500); à ses succes- seurs, on doit la tour, et à Brancovan, en 1708, les cellules, la peinture et le paradis des SS. Constantin et Hélène. A Dionislu, on conserve la châsse en argent et émaux de S. Nifon, donnée par Neagoe-Voda (1515) qui fit construire la tour; un ner (voile de Ven- dredi-Saint) et un épitraphir de Pierre-Rares (1545); la chapelle de S. Jean le Théologue a été peinte aux frais de proégoumène Anton de Moldavie (161:i). Etienne de Moldavie renouvelle la construction de Grégorin (1500), qui possède une icône de la Vierge, don de la femme du prince. Maria de Mangop. Simo- petra est construit en 1.599 avec des aumônes recueillies en Roumanie par l'égouuiène Evghenie. Cutlumus, qui s'appelle le grand cloitre roumain, a eu pour pro- tecteurs les princes Radn et Neagoe. .\1ircea-le-Berger et Vintila-Voda. Au Pantocrator, une inscription nommait comme fondateur le grand logothète Stan d'IIongro-Vlahie ; les logothètes Barbu et Gavril, archontes valaques, l'ont restauré; les maisons d'ha- bitations furent édifiées avec l'aide du grand logothète Gabriel Trotusanu en 1537. Neagoe fit reconstruire la chapelle de Saint-Amict( 1526'.'); une plaque de marbre dans la tour présente l'effigie, le nom et les armes d'Etienne le Grand oBrant l'église à la Vierge il 496). Le Zograf contenait des travaux dus au même Etienne (1495-1. N02), qui ont été remplacés: il possède encore une icône de S. Georges, une bannière, et un aer brodé de perles, du même temps. Uiochiariu, restauré en 1568 pour Alex. Lapusneanu et la princesse Ruc- sandra, par le Métropolite de Moldavie Teofan qui y est mort et enseveli ( 1 .SGS).— Xenofonle a des peintures de 1545. de 1504, dues à la munificence des boiers roumains, et d'autres de 1637 à celle de Matthieu Bas- sarabe. — S. Pantelimon reçut tant de dons du prince Callimach et de sa famille que le monastère avait pris un temps le nom de <• chinovion des Callimach ». Au reste, les documents du Mont Athos demeurent encore presque inaccessibles; les moines gardent la plus grande méfiance envers tous les étrangers qui demandent à fouiller dans leurs archives ; certaines expériences regrettables leur donnent raison. M. Mtd.

Le Gérant : H. Dïnis.

P arii. Imp. Georg:e« Petit, li, rue Godot-de-Uauroi.

Numéro 608.

'7.

Samedi 17 Janvier 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Monnaies et Timbres-poste

Il y a quelques mois, quand radministralion compétente annonça l'ouverture procliaine d'un concours pour l'établissement d'une nouvelle monnaie de nickel, on ne manqua pas de faire observer que ce concours était une innovation et de rappeler comment, lors du dernier renou- vellement des types de monnaie, trois artistes éprouvés Chaplain, Moty et Daniel Dupuis avaient été chargés d'oflice de fournir les modèles, le premier des pièces d'or, le second des pièces d'argent et le troisième de la monnaie de bronze.

Ces jours derniers, on a appris que le gouver- nement avait résolu d'émettre prochainement des timbres-poste d'un nouveau modèle, et que l'administration compétente avait décidé de con- fier l'exécution de la vignette à un artiste de son choix, sans concours préalable. Un communiqué exposait d'ailleurs au public les raisons de cette mesure : u Le dernier concours pour la création d'un type de timbre-poste, y lisait-on, remonte au 5 février 1894. Le jury, chargé de juger les 684 projets soumis à cette occasion, a estimé qu'aucun d'eux n'était susceptible d'être retenu. A la suite de cet esiai infructueux, le service postal a renoncé à la procédure du concours et a décidé, pour ses émission- nouvelles, de faire directement appela des arli>tes éprouvés ».

Loin de moi la pensée de discuter les conclu- sions du jury de 1894 ! Toutefois, n'est-il pas permis de trouver que l'administration des postes tire de ces conclusions un argument singulier, puisqu'elle se retranche derrière l'insulfisance d'un concours ouvert il y a vingt ans, pour éta- blir qu'elle ne procédera plus désormais que par voie de commande directe? Cour un « essai infructueux », voilà au moins un résultat, et inattendu.

Il y a quelque chose de plus imprévu encore dans la décision du service des postes ; c'est

qu'elle supprime le concours pour un modèle de vignette postale au moment précis un autre service instaure ce concours pour un type de monnaie. Ainsi les artistes sont prévenus de ce que l'Administration pense officiellement des concours : vérité pour la pièce de nickel, erreur pour le timbre-poste...

D'une part, nn nous dit : puisqu'aucun de nos médailleurs ne s'impose plus aujourd'hui, comme autrefois Chaplain et Roty, il n'est pas sans inté- rêt de faire appel à l'ensemble des artistes et de les sélectionner par voie de concours. De l'autre côté, on nous dit exactement la même chose en ce qui concerne les décorateurs ; mais, comme ces artistes se sont montrés insuffisants voilà vingt ans, on en conclut qu'ils le seraient encore aujourd'hui et l'on juge qu'un concours entre eux est inutile...

Ne cherchons pas à comprendre : à cette variété dans les moyens choisis pour résoudre le même problème, on reconnaît bien l'aimablo fantaisie de notre Administration.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur. Sont promus ou nommés, dans l'ordre de la Légion d'honneur, sur la proposi- tion du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts :

Au grade d'otlicier : M. Le Sidaner, M"* Virginie Demont-Breton, artistes peintres ; M. Camille Erlan- ger, compositeur de musique; M. Valeutino. chef de division au sous-secrétariat d'État des Beaux-Arts ;

Au grade de chevalier: M"' Sarah Bernhardt, artiste dramatique ; M"* Vallet-Bisson, artiste peintre ; M. Ernest Filliard, aquarelliste: M. Hippolyte Rous- sel, stiituaire ; MM. Jacques Beltrand et Léonard Jar- raud, graveurs; M. Charles Lemaresquier. architecte du gouvernement; MM. Louis Ganne et Reynaido Hahn, compositeurs de musique.

Sur la proposition du ministre des Affaires étran- gères, au titre étranger :

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LE BULLETIN DE L'ART

Au grade de chevalier : M. Pablo Casais, sujet espa- gnol, violoncelliste.

Académie des beaux-arts (séance du 10 jan- vier). — M. Dagrian-Bouveret prend possession du fauteuil de la présidence.

Après avoir reçu de nouveaux éléments d'infor- mation sur In question de la vente des terrains du Pincio, qui appartiennent au domaine national fran- çais, la Compagnie confie l'étude de cette question à une commission qui sera ainsi composée : M.\l. Fla- raeng, pour la section de peinture ; Marqueste, pour la section de sculpture ; Bernier, pour la section d'architecture; W'altner, pour la section de gravure; Widor, pour la section de composition musicale ; de Selves, pour la section des académiciens libres. MM. Nénot et Carolus Duran sont adjoints à cette coniuiission.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 9 janvier). M. Sénart annonie à la Com- pagnie le décès de M. Hubert, professeur h l'École d'ExtrC-me-Orient, dont les études philologiques de sanscrit et de chinois font autorité.

M. J. Toutain, directeur d'études à l'École des Hautes Études, expose les principaux résultats de la huitième campagne de fouilles entreprise parla Société des Sciences de Semur sur l'emplacement d'Alésia.

M. V. Remet, qui dirige ces fouilles, a découvert un ensemble de constructions, de très bonne époque, composé d'un bâtiment rectangulaire entouré dan- nexes, dont la plus importante est une salle sur cour presque carrée de 18 mètres de long sur 17 mètres de large.

A l'intérieur de ces annexes et autour de la salle rectangulaire, ont été trouvés de nombreu.x sarco- phages et débris de sarcophages chrétiens du haut moyen âge.

Cet ensemble, qui date de l'époque mérovingienne et du début des tecnps carolingiens, représente un lieu de culte chrétien, établi autour d'un tombeau vénéré, et doit être vraisemblablement identifié avec la basilique primitive de sainte Reine, connue par des documents du viii* et du ix* siècle et dont l'em- placemeot était encore ignoré.

Musée du Louvre On vient d'apposer au Musée du Louvre deux plaques commémorativpsqiii rappel- lent comment le monument et les collections furent sauvés, en 1871, de l'incendie allumé par In Comumne.

Ces plaques portent les noms de Henri Barbet de Jouy, du commandant de Sigoyer, de Léon Morand et d'Antoine Héron de Villefosse.

De ces quatre sauveteurs», M. Héron de Villefosse, membre de l'Institut, est le seul survivant; on suit qu'il est conservateur du département des Antiquités grecques et romaines, auquel il appartenait comme jeune attaché, lors des événements de 1871.

Ainsi que le Hulletin la déjà annoncé, l'inaugu- ration des collections Cauiundu au Musée du Louvre sera faite au mois d'avril procbain, par M. le Prési-

dent de la République. Le legs Camondo sera installé au second étage du pavillon Mollien, qu'occupaient précédemment les services d'architecture du musée. Il sera réparti dans sept salons, chacun d'eux formant un petit musée complet, évoquant une période de l'histoire de l'art. C'est ainsi qu'il y aura les salons du moyen âge, de la Renaissance, de l'art japonais, de l'art français moderne et contemporain; enfin, deux salles renfermeront des meubles et des tapisseries anciens. Les dépenses d'installation s'élèvent à 100.000 francs. Cette somme a été. dans cette inten- tion, laissée par le généreux donateur.

En même temps que la collection Camondo, le Louvre pourra présenter au public les œuvres d'art oriental que lui légua la baronne Dclort de Gléon. On aménage en ce moment cette collection, à l'étage du musée de Marine, en des salles qui ne furent jamais ouvertes aux visiteurs, pour la raison qu'elles faisaient partie de ce qu'on a appelé les greniers du Louvre. La donatrice avait laissé à cet effet une cen- taine de mille francs et le mobilier spécial qui ren- fermait chez elle sa collection. Celle-ci se compose de cuivres, d'étoffes, de bijoux, d'armes, d'objets d'art arabe : aiguières, chandeliers, bottes, bassins; de pièces de céramique, d'ivoire et de bois, de verres émail- lés, de sabres et caparaçons des iv'etxvi* siècles, etc.

Musée de l'Armée. Le Musée de l'Armée va recevoir prochainement une armure complète de l'empereur Charles-Quint, qui lui est oITerte par le roi d'Espagne.

Quand Alphonse XIII visita le Musée de l'Armée, lors de son dernier voyage à Paris, il remarqua quelques pièces d'une armure de Philippe 11. qui était conservée incomplète à l'Armeria Real de Madrid, et exprima le désir de reconstituer cette armure, en oQ'rant en échange une armure complète de (.harles- Quint, l'incomparable musée d'armes de Madrid en possédant plusieurs.

H va sans dire que cette proposition fut acceptée.

Société nationale des antiquaires de France

(séance du 7 janvier). .M. Adrien Blamhet. prési- dent sortant, prononce U discours d'usage et cède le fauteuil à M. Noël Valois, président pour 1914.

M. René Cagnat lit une note de M. Lautier, rela- tive à des inscriptions romaines en Espagne.

M. Joseph du Teil communique un dessin italien du xvi* siècle qui représente Michel-Ange et qui est un des meilleurs portraits du maître.

M. Monceaux entretient la Société de quelques plombs trouvés à Cartbage.

Expositions annoncées. Aujourd'hui samedi 17 janvier, a lieu l'inauguration de l'Exposi'ion annuelle de peinture et de sculpture du Cercle Volney.

A Bruxelles. La Société des Amis des musées de l'État vient de faire don, au Musée ancii n de Bruxelles, du beau portrait de Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, attribué à Bernard van

ANCIEN ET MODERNE

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Orley, qui tigiirait à la dernière Exposition d'art ancien dans les Flandres, organisée à Gand.

Indépendamment d'une collection de dessins et d'aquarelles, qui a été versée au Musée ancien, M°" de Gretz douairière a fait don à l'État d'environ cinq mille estampes, parmi lesquelles une série d'eaux- fortes de Rembrandt, de nombreuses gravures de Callot, de maitres italiens, hollandais, anglais, etc., ainsi qu'une centaim; de portraits qui offrent, outre leur valeur artistique, un précieux intérêt documen- taire.

Cette libéralité apporte un important enrichissement au Cabinetdes estampes de la Bibliothèque royale de Belgique.

En Italie. Les vols d'objets d'art continuent avec une inquiétante fréquence, en dépit de l'habileté de la police italienne à retrouver les voleurs. On annonce la disparition, de l'église de Novalesa, dans la vallée de Suse, d'un graud tableau attribué à Itubens et représentant V Adoration des rois. L. G.

A Florence. Le Cabinet des dessins des Offices, qui organise tous les ans plusieurs expositions de dessins choisis dans ses cartons, vient d'ouvrir une exposition des dessins et gravures de Jean Callot qui, on le sait, vécut longtemps à Florence. L'exposition comprend, entre autres, les esquisses pour la fa- meuse Foire de iimprunela. On y a joint des dessins et gravures de Giulio Parigi, Stefuno délia Bella, itemigio Cautagallina, qui n'ont pas été sans influence sur le talent de Callot.

On doit déjà aux organisateurs. M. Neriuo Ferri, directeur du Cabinet des dessins, et M. Filippo di Pietro, secrétaire, plusieurs expositions analogues qui

ont toujours été préparées avec beaucoup de savoir, de goùl et un soin minutieux dont on ne saurait assez les louer. L. G.

A Rome. M. Giacomo Boni, qui dirige les fouilles du Palatin, vient de faire une découverte de grand intérêt archéologique ; ses recherches lui ont permis de retrouver un des sanctuaires les plus impor- tants de la Home primitive, le Mundus, consacré à Pluton cl à Proserpine, vénéré comme le centre de la Homa (juadrala et se conservait, selon des rites solennels, le grain des semences. L. G.

Nécrologie. M. Gaston- Alfred-Manuel Lecreux, artiste peintre, vice- président de la Société des Pari- siens de Paris, est mort le 9 janvier, à l'âge de 68 ans; élève de A. Bouchot et J. Noël, il commença d'ex- poser des aquarelles, en 1877, au Salon des Artistes français, auquel il demeura tidèle jusqu'à sa mort, car il exposait encore en 1913 trois tableaux de fleurs.

M. Jules-Octave Triquet, artiste peintre, décédé le 8 janvier, à l'âge de 46 ans, était un élève de Bou- guereau et de Tony Robert-Fleury. Il exposait aux Salons des Artistes français des portraits, qui lui avaient valu une médaille de 3' classe en 1894, une médaille de 3' classe en 1897 et une médaille de bronze en 1900.

On annonce la mort du grand brasseur Cari Jiœohsen, de Copenhague, ii l'âge de 72 ans. Il avait fondé la Glyptothèque de .\y-Carlsberg, musée de sculpture, ouvert au public, qui contient une mer- veilleuse collection d'art grec et de sculpture française moderne, et donné des millions pour d'autres fonda- tions artistiques ou charitables.

CHRONIQUE DES VENTES

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TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

Les grandes ventes à l'étranger en 1913 'finj. A Amsterdam. 'Vente de tableaux it d'objets d'art. >"ous avions annoncé cetlc vente, faite par .\1.\1. l-"rederik Muller el O", du •2'à au 2S novembre. Elle a produit 800.000 francs, grâce à de belles enchères, en particulier dans la catégorie des tableaux anciens. Le plus beau prix des tableaux, celui de 39.100 fr., pour une Vue de rivière à& VanGoyen(n°343), aété presque doublé par celui de deux grandes tapisseries de Bruxelles à scènes de la Vie de ScipioH, dans de

riches bordures, vendues ensemble 60.800 francs.

Citons encore, parmi les tableaux anciens : une Vue de rivière de Van Goyen, de format plus petit que la précédente, 27.300 fr.; un Village au bord de l'eau, de S.Ruysdael (n" 383), 30.000 fr.; —une Vue d'une de.s portes d'Vtrenht, de Cuyp (n» 385), 22.800fr.; wnPay^ageàak. vaiiderNeer(no370), 8.800 fr.; une Servante cecucan* /a t^aisse/^e, œuvre d'un maître inconnu, 16.000fr.; deux Intérieurs de Brekelenkam, 17.000 et 11.000 fr.; deux por- traits par J. van Ravensteyn, 19.800 fr.; un por- trait miniature, par Pot, b,300 fr.; une Vierge à l'enfant, par Bartolommeo Montagna, 21.400 fr.

C'est un grand tableau de la première manière

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LE BULLETIN DE L'ART

lie .). hraels, Méditation, qni& obtenu le plus haut prix des peintures modernes, 12.000 fr. Deux paysages de V. van Gogh ont été adjugés 7.000 fr. chacun.

Parmi les objets d'art, outre les deux tapisseries déjà mentionnées, il faut noter les prix de 9,800 fr. pour quatre vases rouleaux, en ancienne porcelaine de Chine à décor bleu, et de 8.100 fr. pour un grand plat, même porcelaine, fond bleu royal, le centre décoré d'émaux de la famille verte; un service en porcelaine de La Haye a lait 20.100 fr. ; une collection de midzou-irés (compte gouttes japonais), 8.000 fr.; un dessus de cheminée, panneau décoratif de Jacob de Witt, à sujets d'amours entourés des attributs de la navigation, 8.600 fr.

Des colliers de perles et des bijoux, qui ne sont pas de notre domaine, complétaient cette vente, formée des successions de M°"= V»" Van Gogh, de de M™" Witsen Hraalman douairière, du D"' Noilet, et autres.

.M. .\. ESTAMPES

A Paris. Ventes diverses. Dans une vente d'estampes modernes, faite, ainsi qu'il a été annoncé ici-même, à l'Hôtel, le 10 novembre, par M* Desvouges et M. L. Delteil, les plus beaux prix ont été pour Meryon et pour Zorn.

Du premier, la Tour de l'horloge (3* état) s'est vendue 2.030 f r. ; le Pont-Neuf [i' état, avant les vers), 2.000 fr.; la Morgue {4* état, avant la lettre) 2.600 fr. Du second, Zorn et sa femme (sur japon) a fait 2.570 fr., et le Toant'^i" planche, sur papier ancien), 2.800 fr.

Beaucoup plus intéressante a été la vente d'estampes du xvni» siècle de la collection L G. R..., faite les 20 et 21 novembre, par les mêmes commissaire-priseur et expert, et que nous avions également annoncée. Elle a produit 1111. OUO francs, et dans cette somme, la seule épreuve de Diana, vicomtesse Crosbie, par Dickin- son, d'après Reynolds, avant toute lettre et avec les armes, entre pour la belle somme de 32.100 fr. (on en demandait 20.000 fr.) ; c'est le plus beau prix atteint par une estampe dans une vente publique française.

f lusieurs autres pièces se sont vendues à de beaux prix : entre autres Mrs. Mathews, aussi par Dickinson, d'après Reynolds, 15.000 fr. ; Élizabeth, comtesse de Derby, par et d'après les mêmes, 4.000 fr.; Mrs. Robinson, par Sraitb, d'après Reynolds, 3.400 fr.

l'armi les estampes françaises, les Janinet ont

été fort disputés : Marie-Antoinette, 4.500 fr.; M"-! Duthé, 4.000 fr.; V Agréable négligé, 2.005 fr.; le Baiser de l'amitié, 2.500 fr.

Citons encore : Lord Thurlow, par Dickinson, d'après Romney, 2.100 fr.; sans parler des très nombreuses estampes qui ont dépassé l'enchère courante de mille francs.

Janinetdevait, d'ailleurs, prendre sa revanche quelques jours plus tard, à la vente d'estampes du xvi" au xviii" siècle, provenant de la collec- tion B..., faite le a décembre, par M" Lair- Dubreuil et Desvouges, et M. L. Delteil, et qui a produit 164.060 francs.

Le plus gros prix a été celui de 15.900 francs, payé pour l'Indiscrétion, par Janinet, d'après Lawreince, épreuve en couleur, à toutes marges, avant la lettre et avant l'un des pieds de la femme assise.

D'après Lawreince encore, il faut citer le Déjeuner anglais, par Vidal, vendu 5.400 fr.; l'Assemblée au roncert et l'Assemblée au salon, par Dequevauviller (l"' état, à l'eau-forte pure), 9.100 fr.; Pauvre Minet, par Janinet (en coul., état non décrit), 6.000 fr.; Qu'en dit l'abbé?, par de Launay (avant la dédicacel, 4.000 fr.

Une série de douze estampes d'après Moreau le Jeune, par divers, a été vendue 9.900 fr.

Los célèbres » pendants » d'Augustin de Saint- Aubin : Louise-Emilie, baronne de ..., et Adrienne- Sophie, marquise de ..., épreuves avant l'adresse. 5.800 fr. ; Au moins, soyez discret ! et Comptez sur mes serments, avant toute lettre, 6.000 fr.

Parmi les Watteau, le plus beau prix a éti' celui de 2.200 fr. pour le l'' état de l'Embarque- ment pour Cythère, par Tardieu.

On sait que la vente comprenait aussi quelques estampes de Durer et de Rembrandt; elles n'ont pas obtenu moins de succès que les pièces du xvni" siècle, l'armi les Diirer, on notera : Adaiu et Eve (l" étatl. 3.910 fr. ; la Passion (16 pièces). 3.800 fr. ; le Cheval de la Mort, 4.000 fr. Mieux partagés encore ont été les Rembrandt: te Paysage aux trois chaumières (épr. avec barbes), 12.900fr.; le Canal, 7.000 fr. : la Chaumière et la grange <i foin, 5.100 fr . etc.

La place manque pour citer les nombreuses enchères de 1.000 et 2.000 francs.

La vente de la collection Gustave Bourcard, de Nantes, que nous avions annoncée comme devant se faire le 10 décembre par le ministère de M* Desvouges, assisté de M. L. Delteil, a pro- duit 27.000 francs, avec, comme enchères prin-

ANCIKN ET MUDEKNE

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cipales, celle de 2.800 francs pour le Parlement à 9 heures du soir, Londres, gravure sur bois d'Auguste l.epère, et celle de 2.700 francs pour la Valse, d'Anders Zorn.

Rien de saillant à noter dans le reste des enchères.

Le 23 décembre, M" Desvouges et M. L. Del- teil dispersaient un oeuvre gravé d'Antoine Wat- teau. Il a produit 39.159 francs.

Il faut retenir le prix de 3.230 francs pour l'Enseigne de Gersaint, par Aveline, et celui de 2.000 pour la Finette et Vlndifférent, par Scotin et B. Audran, sur la mAme feuille.

Rappelons que la vente de M™» D... [Delizy] comprenait, outre des objets d'art et des meubles anciens, une remarquable série d'estampes fran- çaises du XVIII" siècle, vendues à de fort beaux prix, ainsi qu'on a pu le voir par la liste des principales enchères, publiée par M. Marcel Nicolle dans sa chronique du n" tiOb du Bulletin.

R. r,,

MONNAIES ET MÉDAILLES

A Paris. Ventes diverses. Dans une vente de médailles et monnaies grecques, faite à l'Hôtel, les 9 et 10 juin, par M" Desvouges, assisté de M. Feuardent. le décadrachme de Syracuse, à tête d'Aréthuse, par Kimon, avec le quadrige au revers, a été adjugé 4.100 francs, et un tétra- drachme de Pyrrhus, roi d'Épire, avec la tête de Zeus Dodonéen au droit et Déméter assise au revers, 2.G:i0 francs. Ce sont les deux plus impor- tantes enchères de la vente.

Dans une vente de monnaies romaines, faite du 16 au 18 décembre, par M' Boudin et M. Bour- gey, et qui a produit un total de 137.000 francs, il faut tirer de pair : un aureus à l'effigie de Domitia, avec le paon au revers, vendu 2.270 fr.; un autre, avec le buste radié de Constantin au droit, et au revers Constantin en habit mili- taire, '.i.'ii"<0 francs (au musée de Berlin).

.1. F.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

"VI" et dernière exposition d'estampes japo- naises : Toyokuni et Hiroshighé (Musée des Arts décoratifs). A la fin d'un beau spectacle, on devrait nommer le metteur en scène; et

remercions d'abord M. Raymond Kœchlin d'avoir déroulé sous nos yeux, depuis l'hiver de 1909, tout le style de l'estampe japonaise et de nous avoir conduit, par les chemins variés de In ciâce un peu mièvre ou de la ligne presque grandiose, jusqu'à l'œuvre aussi vaste qu'original du dessi- nateur Hokusaï (1760-1849), qui sut réconcilier dans sa passion d'artiste le naturalisme et la fantaisie En face de ce vieux maître, après lui, que restait-il? L'éclectisme ou le paysage; et l'un s'appellera Toyokuni (1768-1825), l'autre, Hiro- shighé (1796-1858).

Toyokuni, c'est l'habile et fécond illustrateur des scènes de théâtre et de la vie des acteurs, dont la dextérité tourne au mélodrame; et la dynastie de ses successeurs, Kunimasa.Kuniyoshi, Kunisada, ne manquera point d'exagérer sa der- nière manière anguleuse, grimaçante et gesticu- lante. Quant au paysage, il vient toujours tard dans l'histoire; et ce n'est pas d'aujourd'hui que nous savons que son aurore naïve coïncide avec les crépuscules décadents : la Grèce alexandrine ou la peinture bolonaise nous l'ont dit; mais, dans une école familière oîi le « paysage histo- rique » et le grand art de la composition sont inconnus, ce retard est une surprise.

Aussi bi«n, longtemps reléguée dans les fonds, la nature nipponne apparaît-elle déjà dans les Cent vues du Fujiyama, plutôt rêvées que notées par le lyrique Hokusaï; et le vrai paysage se rattrape avec le paisible Hiroshighé : témoin ses Huit vues du lac d'Omi, ses Cinquante -trois stations du Tokaïdo, la fameuse route côtière de Yédo à Kyoto (1). Ce contemporain lointain de noire Corot, c'est le bon Japonais qui déménagerait volontiers pour mieux voir le clair d»* lune monter sur la noirceur des pins; c'est l'obser- vateur qu'intére.sse. en son jarilinel fleuri, le vol d'un oiseau de mer, le passaae d'un poisson volant, le frémissement d'un insecte ou d'une branche de bambou; c'est l'initiateur de nos impressionnistes, qui retient d'un pinceau leste et sans repentirs l'horizon capricieux et l'instant fugace, les golfes de saphir et le calme azuré de la nuit, la brise qui tord les arbustes noueux sur le précipice ou la fin d'un beau jour répétée par l'onde, les flèches obliques de la pluie sur la rizière ou la nacre du givre sur la route, que' domine au loin le cône sacré du volcan neigeux.

(1) ?i'i vues et non pas 36, comme nous l'avions dit par erreur en 1913, en songeant à la série très japo- naise (le M. Henri Rivière sur la Tour Eiffel.

S2

LE BULLETIN DE L'ART

Primesautière synthèse de savoir et d'enfantil- lage, de candeur primitive et de subtilité colorée, qui s'encadre en une perspective étrange et restée chinoise à travers les siècles ! Charmante et prompte véracité, qu'en dépit de Keisaï Yeisen, les imitateurs alourdiront dan» leurs premiers plans encombrés ! Le dernier Toyokuni, le cin- quième, meurt en 1895, le dernier Hiroshighé, le troisième, en 1896; et, déjà, c'en est fait de l'originalité du Japon.

Deux décorateurs : Manzana-Pissarro, Adolphe Giraldon (Musée des Arts décoratifs). Dans l'opposition de ces deux décorateurs occidentaux, en face des dernières lueurs origi- nales de l'estampe japonaise, faut-il apercevoir un contraste prémédité par la malicieuse érudi- tion de M. Louis Metman? Car il était impossible de mieux définir, d'une part, la magique influence de l'Extrême-Orient sur un peintre-graveur non moins entiché que nos musiciens des Mille et une Nuits ; de l'autre, la complète indépendance d'un illustrateur des Églogues de Virgile et de la Vie des Abeilles à l'égard de ces lointaines séductions réprouvées par les derniers amis du latin.

Depuis le romantisme encore bourgeois des lithographies de 1830 où, « belle d'indolence », se balançait Sara la baigneuse, l'idée que l'Occident se fait de l'Orient s'est fort enrichie ; et n'est-ce pas cette opulence un peu barbare que traduit aux yeux le vif instinct décoratif de .M. Manzana- Pissarro, dans un vitrail, dans un tapis, dans un laque, dans une détrempe rehaussée d'or qu'en- flamme le bec empourpré des cygnes noirs ou l'incarnat d'un turban '!

Ces curiosités, ces carmins, ces ors, ces au- daces techniques, ces négligences volontairement naïves ou ces gaucheries voulues, M. Giraldon les sacrifie de bonne grâce à la sage eurythmie du bois sacré qu'il doit au virgilien souvenir de Puvis de Chavannes, k l'austère enseignement de son maître, M. Luc-Olivier Merson : ce n'est qu'avec précaution qu'il admet la fantaisie de la couleur à la décoration d'un livre; et le besoin d'irréel qui nous est resté se résume à ses yeux dans l'art ornemental d'une belle reliure pour les Nuits passionnément classiques d'un Alfred de Musset ou U* Trophées d'un Heredia.

Raymond Bouyer.

VARIÉTÉS

Chateaubriand continuateur de Le Nôtre.

Ln pan de mur eu deçà du pavillon de Marsan, du côté de la cour du Carrousel, rappelait naguère au regard fureteur d'un Parisien (1) que le palais des Tuileries n'avait jamais été terminé ; mais, ce n'est point d'hier que les amis de Paris médi- taient d'achever l'héritage compromis des siècles et d'harmoniser l'architecture avec la verdure ; et, dès la première année du règne de Louis- Philippe, chacun fournissait son plan. « Voilà, Monsieur, sans autre préambule, quel serait le mien, si j'étais ai-cftifecte ou roi »: quel, est donc le citoyen qui se permettait d'écrire ainsi, le 12 avril 1831, " au rédacteur de l'Artisie», c'est-à-dire à Ricourt, qui venait de commencer cette publi- cation ? C'était M. de Chateaubriand.

En 1795, une lettre datée de Londres, en plein hiver douloureux, nous le montrait, à vingt-sept ans, paysagiste et professeur de paysage (2) ; en 1831, c'est une longue lettre encore qui le révèle architecte, à soixante-trois ans, et dessinateur de jardins toujours guidé par l'instinct du paysa- giste. Sur la transformation projetée des Tui- leries, voici son plan.

Pour isoler ce « charmant» palais, .M. de Cha- teaubriand commence par abattre " les deux adjonctions massives » qui relient les deux pavil- lons à l'oeuvre originelle de Philibert de l'Orme et rêve d'étendre le jardin à l'entour, " jusqu'à la huitième arcade » au-delà de la grille qui ferme la cour sur la place du Carrousel. 11 prévoit tout : les deux façades nues, du nord et du midi, qu'il conviendrait d'orner dans le style primitif; les toits arrondis qu'il rase en même temps que toutes les autres <i constructions postœuvres ■■ qui déshonorent, depuis Le Vau, le pavillon cen- tral ; les deux nouveaux pavillons .' en retrait » qu'il élève en coupant trois arcades, afin de rem- placer les deux pavillons de Flore et .Marsan, datant du règne d'Henri IV, et qu'il faut jeter bas...

Ni le vieux Fontaine, ni ses deux successeurs immédiats, Visconti, depuis 1836, Lefuel, à partir de 1853, ne rêveront avec une pareille audace un tel 11 ensemble d'architecture se jouant au milieu des arbres » ; il faudra, pour le réaliser

(1) Notre confrère L. Borgex, dans Comœdia (1912).

(2) Voir notre étude sur ce sujet dans la Petite Revue de» I" février et !" mars 1913.

ANCIEN ET MODERNE

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plus largement, la brèche ouverte par les incen- dies de l'Année terrible... La volonté du génie devance de quarante ans la fatalité des révolu- lions. Écoutons-le, dans ses vœux d'artiste en paysages, que ses rancunes politiques n'étoulTent point : « Lorsque je porte le Jardin des Tuileries jusqu'à la huitième arcade au-delà de la grille du Carrousel, c'est que je veux l'aire entrer l'Arc- de-Triomphe dans le jardin mf-me ; trop petit comme monument dans un immense forum, il serait charmant comme fabrique dans un jardin. Ce jardin serait clos sur le Carrousel par une grille de fer dorée »...

La prédiction de l'avenir ne s'arrête pas à la grille de la cour pavée du palais des Tuileries, qui remontait, comme l'Arc lui-même de Percier et Fontaine, aux jours glorieux de 1806 ; « à partir de la porte biUie qui sépare l'ancienne et la nou- velle galerie du Louvre », l'amateur de verdure veut planter un second jardin, pour faire dis- paraître l'amas d'hôtels et de maisons « qui piicombrent le reste de la place ». Ces simples mots évoquent le noir Paris de 1830, le Paris de la jeunesse romantique et des débuts d'un jeune provincial, appelé Théophile Gautier, la rue du Doyenné, l'hôtel de Nantes, que les eaux-fortes de Martial nous montrent encore, en 1849... Après leur démolition, c'est entre deux magni- fiques palais et deux superbes jardins que l'on passerait d'une rive à l'autre, du faubourg Saint- Cermain au quartier Saint- Honoré. M. de Chateau- briand a calculé l'espace entre les deux grilles, environ .373 pieds, et réclame de larges trottoirs.

.Mais rien ne coûte au poète-architecte « pen- dant qu'il a le marteau, la truelle et la bèrhe en main » ; à l'est, en face do la colonnade de Per- rault, il renverse les laides habitations qui, inasi(uanl la rivière et le Pont-ÎSeuf, < font la moue » au chef-d'œuvre classique ; il débarrasse Saint-Germain-l'Auxerrois des masures accumu- lées dans ses angles, et veut entourer darbres ce vénérable témoin du passé qui sert à « mesu- rer » la marche de l'art et des siècles en face des palais ; à l'ouest, au beau milieu de la place Louis XV, il fait jaillir une vaste fontaine, « dont les eaux perpétuelles, reçues dans un bassin de marbre noir, indiqueraient assez ce que je veux laver »... .4vis aux llatteurs du nouveau règne ! Et plus inventif que le bon Cointereaux en l'an VII (1), « le courtisan du mallieur » érige quatre

iTi. Voir Un Défenseur des espiices lihrps ii l'niis, .«OMS le Direcloire, par M. r.h.irles Du Bus ilans la Chy.tiiiqve des Arts dq l.ï février 191,'), pj). :ij-ii4,

autres fontaines aux quatre angles de la place immense, alors déserte et délabrée. Perpendi- culairement aux deux façades rectilignes de Gabriel, il élève deux colonnades doubles, ajou- rées, sur les deux massifs des Champs-Elysées de Le Nôtre, à droite et à gauche, afin de limiter la place ; il achève la Madeleine, « cela va sans dire », et prend sur le pont Louis XVI, qui deviendra celui de la Concorde, les colosses qui l'écrasent, pour les aligner en avenue. C'est l'avant-cour du château de Versailles qui va recueillir ces fantômes géants de l'histoire de France ; et le roi Louis-Philippe n'exaucera pas le vœu de son vieil adversaire.

Au II point rond » des Champs-Elysées, celui-ci dresse un des deux obélisques qui nous viennent d'Egypte et termine plus loin l'Arc-de-Triomphe de l'Étoile, en devançant de cinq années la date de son achèvement : de l'Arc-de-Triomphe à Saint-Germain-l'Auxerrois, il lui semble que cette foule de monuments, de statues, de jardins, de fontaines, « n'aurait rien de pareil au monde »... Aussi bien, veut-il moins édifier qu'abattre ; et plus pratique dans ses rêves que dans sa vie, M. de Chateaubriand a souci du plan « le plus économique ». Quant aux inégalités de niveau, de terrain, aux défauts de symétrie et de paral- lélisme des monuments du Louvre et des Tui- leries, tout cela s'évanouit « dans les déco- rations de mes jardins», conclut-il; et comme il pense à tout, il assigne la forme pyramidale aux arbres du jardin de la cour du château pour en faire « une promenade d'hiver au centre de Paris ».

« Vous allez me demander. Monsieur, ce que fais du palais de Philibert Delorme (s/c)? Un musée de choix, je dépose nos plus belles statues antiques et les tahleaux de l'école italienne » : tel est le rêve que le plus voyageur des Français voudrait réaliser, pour n'avoir plus rien n à envier aux villas Borghèse et Albani » ; mais, ici, les révolutions en ont décidé tout autrement. «... Et moi, qui suis architecte ou roi, oîi me loge-t-on'? Architecte, dans une altique de Philibert Delorme ; roi , au Louvre . .l'ai l'honneur d'être, etc.. » Hautaine conclusion d'artiste égaré dans la politique, dont le ton suffirait à faire deviner la signature! Et pour une fois, à un obélisque près, le grand rêveur a été prophète en son pays : depuis 1878, année les ruines mêmes ont péri, l'art et l'histoire se sont chargés de combler ou plutôt de dépasser, au Carrousel, les vœux de M, de Chateaubriand. Aussj bien,

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I,E BULLETIN DE L'ART

notre souvenir prononce toujours le nom de ce continuateur improvisé de Le Nôtre, chaque fois que nos yeux rencontrent le petit aro romain serti, comme un .joyau de pierre, dans sa ceinture de fleurs, avec ses colonnettes roses sur la ver- dure.

Ratmond Bouykk.

LES REVUES

France

Les Arts (novembre). L. Gikixy. La Galerie des beniix-iirls de Sienne. Examen des peintures et aperçu de l'évolution de l'école siennoise : car il ne faut chercher à Sienne que des œuvres siennoises et « l'àine de ce petit peuple fier et charmant » qui toujours mit son orgueil à fm'e dn se, revit dans cette galerie, les œuvres d'art sont si mal exposées.

E. Chartkairk. Le Trésor de la cnlhédrale de Sens. Ivoires, tissus, ornements liturgiques, tapis- series, pièces d'orfèvrerie, ces richesses sont d'admi- rables restes de l'ancienne ville de Sénons.

André Girodie. Le Maître à l'œitlel. Sur les peintures sur bois de cet artiste, conservées à l'an- cienne cathédrale de Berne, aujourd'hui affectée au culte protestant. Place de cet artiste après Lucus Moser, Conrad Witz et Martin Schongauer, parmi les plus expressifs de l'art du Haut-Rhin.

(Décembre). Le numéro est entièrement consa- cré à une étude de M. André Michel sur le Château de Montai, récemment donné à l'État par M. Maurice Fenaille.

Allemagne

Die Kunst (novembre). G.-J. Wolf. La Sécession de Munich.

Glaseh. Le Premier Salon d'automne de Berlin Premier essai de ce genre en Allemagne. Cubistes venus de Paris. Extravagances.

F. BUROER. La <• Pietù » de Ludwig Herlench.

K Braunoabt. Julius Diez Artistes muni- chois, se rattachant quelque peu à l'art de Bœcklin.

K. WiKnusH Villa construite à Wiesbaden par Varchilecle Max Lceiiger.

Riss Uroit de l'auteur d'une œuvre d'art et droit du propriétaire A propos d'une sentence du Tri- bnnnl d'Empire dans un procès entre une dame de Berlin, propriétaire d'une maison, ornée d'une pein- ture murale, que cette dame avait fait repeindre, et l'auteur du tableau. Le Tribuoal d'Empire donna raison au peintre. ,

H. Steiobrer. h. Obrist. Travaux de sculp- ture décorative.

Les Études de cavaliers d'AngeloJanl.-.— G. Huet.

[Décembre). A. Dreyfus. Vincent van Gogh. Le succès de Van Gogh en Allemagne s'explique par l'analogie de son tempérament avec celui des roman- tiques allemand.s. « Van Gogh n'est pas un commen- cement, mais une fin: il accomplit l'impressionnisme en l'épuisant. »

F. Stahl. Erich Wolfsfeld. Jeune frraveur berlinois.

Le Monument de la Bataille des Nations, à Leipzig, mérite entre tous l'épilhète « kolossal ! ».

J. Bbnrdbi. Jacques-Emile Blanche. Le talent de Blanche est en dehors de toutes les classifications. Il a bien des qualités, et l'on ne trouve pas chez lui la recherche voulue de l'excentrique, de l'affectation.

A. IIeilmeyek La Sculpture munichoi.ie contem- poraine.

E. H^enel. Maison construite par l'architecte Sandig, à Dresde.

.1. SciiiN.NEREK. Livres illustrés récents. .\pcrçu très intéressant des diverses tendances de l'art de l'illustration en Allemagne.

L'Art pour l'enfance à l'aris. A propos de l'Exposition au Musée Galliera : article très défavo- rable ; l'auteur oublie trop que les goCits nationaux ont le droit de ditférer, même en matière de poupées.

(Janvier 1914). A. IIeilmeyer. La Sculpture muni- choise contemporaine (fin). Spécimens intéressants, notamment de travaux de Georgii.

L. Weber. Albert Welli. Détails touchants sur ce graveur munichois, d'origine suisse, mort en 1912, à l'âge de cinquante ans. Spécimens de son œuvre humoristique.

A Dreyfus. Gustave Moreau. Article ou l'admi- ration est tempérée par des critiques révères jusqu'à l'injustice. Suivant l'auteur, le tort de G. Moreau a été de s'écarter de la voie indiquée par Cbassériau.

C. GuASER. Le Salon d'automne beiUnois.

P. Westheim. Maison construite à Francfort, par l'architecte Hugo Eberhardl.

R. WinMFB. Les Fresques de W. Georgi dans l'église abbatiale de Saint-Btaise. Essais mtéres- sants de peinlore religieuse modernisée. Jolies étude* d'enfants, pour les angelots de l'Assomption de la Vierge.

Jardins dessinés par F. Gildemeisler.

P. Westhbim. Sculptures de l'aul Wgnand. G. Huet.

Le Gérant : H Iunis.

P«ri». Imp. Urorfr*» t>lil. li, me Go<tol-(te-Mauro(.

Numéro 609.

Samedi 24 Janvier 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Autour du Palais-Royal

Le Commencement de la fin.

bans sa séance du 31 décembre 1913, le Conseil municipal de Paris, sur le rapport de M. Adolphe Chérioux, a voté, sans discussion, l'ouverture d'une voie nouvelle, qui. partant de la Bourse de Commerce, viendra aboutir rue de Valois, « devant les toutes dernières arcades du Palais- iloyal, langentiellement à la galerie d'Orléans ». Le Bulletin municipal du 8 janvier, auquel J'emprunte ces renseignements, ajoute, à propos de cette rue : « Un accès au Palais-Royal pour- rail lui être assuré dans l'avenir au travers des arcades riveraines de ce jardin, transformé en passage, sans apporter à ce site de modifications apparentes ".

C'est clair et précis : les démolitions qui bou- leversent tout le vieux quartier compris entre la rue Baillif et la rue Sainl-Honoré d'une part, la rue Croix-des-Petits-Champs et la rue de Valois de l'autre, ont offert à nos édiles cette occasion d'une percée aboutissant au Palais-Royal; pour le moment, on laisse entendre que cette voie pourra traverser le jardin et que le passage sera réservé aux piétons ; quand la rue sera faite, elle devra forcément, sous peine d'être inutile, se prolonger jusqu'à la rue Richelieu et l'avenue de l'Opéra, en assurant le passage aux voitures, et elle sera le premier signal de l'éventrement du Palais-Royal, le commencement de la (in de ce jardin tranquille, que la beauté de son cadre et la richesse de ses souvenirs ne réussiront pas à sauver de la destruction !

En effet, si de rares protestations se sont fait entendre à l'occasion de ce travail d'approche, donije signalais tout récemment encore le danger (n^eoe du Bulletin), des desiderata ont été expri- més par un syndicat qui se propose d'exploiter le Palais-Royal et qui ne recule pas devant la manière forte pour assurer la réussite de sa

spéculation. Ce syndicat, tout en donnant son approbation au projet dont on vient de résumer les grandes lignes, demande en outre :

<■ l'ouverture et la construction d'un large escalier destiné à faire communiquer la rue des Petits-Champs et la rue de Valois élargie ;

" l'ouverture à la circulation publique [entendez : à la circulation des voitures] des arcades faisant face à la nouvelle voie projetée, et son prolongement jusqu'à la rue Richelieu ;

■<( l'ouverture, à la circulation également, des arcades centrale» des galeries du Palais-Royal pour en faciliter les traversées obliques ».

Et à cela, que répond la Ville ? Elle prend note de ces desiderata « pour en tenir compte dans telle mesure qu'il appartiendra lorsqu'on dis- posera de nouvelles ressources susceptibles de faire face à la dépense qu'occasionnerait l'exé- pution de ce comp\émettt d'améliorations ».

Vous avez bien lu, Parisiens : douze millions sont prévus pour les expropriations et les tra- vaux nécessités par le percement de la nouvelle rue, et une fois le Palais-Royal éventré dans un sens, on « améliorera » encore cet éventrement quand on possédera les ressources nécessaires. On peut être assuré que le syndicat susmentionné ne fera rien pour retarder cet heureux événe- ment, — au contraire !

Voilà la dernière trouvaille des Haussmann au petit pied, qui ont inventé les « grands travaux de Paris » ! Ils se sont essayés lors du per- cement du boulevard Raspail ; ils viennent de commencer à travailler dans le quartier du Palais-Royal et l'on sait maintenant quelles grandes choses ils y projettent; ils vont pro- chainement saccager l'île Saint-l.ouis...

A qui le tour ensuite ? On ne voit plus guère que le Marais, qui garde encore de vieux hôtels à démolir.

Patience ! On y viendra.

E. D.

P-S. Pour répondre à une protestation de la Société des Amis des monuments parisiens

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LE BULLETIN DE L'ART

contre la démolition de l'hôtel de la Chancellerie d'Urléans, démolition nécessitée par le per- cement de la rue dont on vient de parler, M. Chérioux a trouvé quelque chose de tellement délicat, de tellement heureux et consolant, que je ne puis résister au plaisir de citer le passage de son rapport :

La valeur artistique de la Chancellerie d'Orléans n'a pas échappé i l'administration municipale, et c'est pourquoi, dans la convention conclue avec la Banque de France, il a été stipulé que cet établissement devrait reconstituer, dans son nouvel édifice, toutes les parties intéressantes de ce joyau du passé. Si l'on peut regretter qu'il n'ait pas été possible d'éviter toute atteinte à ce monument, il faut du moins recon- naître que l'engagement pris par la Banque de France (iffre cet avantage d'assurer la conservation défini- tive de toutes les richesses que contient cet immeuble, alors que l'augmentation de valeur des terrains dans le quartier eût très bien pu amener son propriétaire à en raser un jour les constructions pour édifier une maison de rapport sur l'emplacement de la Chancel- lerie actuelle.

Ces édiles, tout de même, quels artistes ! Et dire qu'il y a de méchantes gens pour les traiter de vandales...

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur. Parmi les nominatioDs dans l'ordre de la Légion d'honneur, faites sur la proposition du ministre du Commerce, nous relevons le nom de M. Wildenstein, négociant en tableaux et objets d'art.

Académie des beaux-arts (séance du 17 jan- vier). — L'Académie des beaux-arts a appris avec satisfaction la nouvelle que nous commentons d'autre part de l'abandon des projets d'aliénation des terrains du Pincio, qui font partie du domaine français à Rome.

Le prix Doublemard, destiné à u préparer les élèves sculpteurs au grand prix de Kome », est ainsi partagé :

I" prix et 1" médaille {1.800 fr.) : M. Gazan, élève de M. Antonin Mercié.

î* prix el 8* médaille (100 fr.) : M. Casla, élève de M. iDJalbert.

Dans sa prochaine séance, l'Académie publiera les programmes des concours Roux de peinture, sculpture et architecture.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 16 janvier). M. Gagnât annonce k l'Aca-

démie qu'il a reçu du D' Carton, de Tunis, le texte d'une inscription découverte par lui au cours de fouilles exécutées, grâce à une subvention prélevée sur la fondation Piot, dans les Thermes de Bulla- Uegia. M. Cagnat se propose de la commenter ulté- rieurement devant l'Académie, mais il tient à en signaler, dès maintenant, la découverte et à mettre ses confrères au courant des progrès des recherches du D' Carton.

Le déblaiement méthodique du monument lui a permis de mettre au jour des parties très remarqua- bles de l'édifice et notamment une construction sou- terraine d'une disposition particulière ; le D' Carton se propose de prendre, au printemps, des vues des détails les plus intéressants et de les remettre à l'Ac.v démie.

De la part de M. .Iules Renaut, architecte à Tunis, M. Paul Monceaux communique une inscription chré- tienne lisible sur une jarre récemment découverte en Tunisie, au sud-est d'Hammam-Lif

M. Louis Navex commente un passage de la huitième églogue des Bucoliques.

M. M. Pézard, chargé, en 1913, de pratiquer des fouilles archéologiques à Bender-Boucbir (golfe Persi- que), rend compte de sa mission qui a fixé d'une façon définitive l'emplacement de l'antique Liyan, l'une des places-fortes de l'empire élamite les plus éloignées de la métropole; parmi les documents archéologiques et épigraphiques recueillis, urnes, vases, textes sur brique et albâtre, un des plus importants est une inscription relative au roi de Suze lloumbanamana (milieu du deuxième millé- naire).

En terminant, M. Pézard rappelle l'importance, an point de vue de l'archéologie musulmane, du port de Tahiri, sur le golfe Persique, dans le voisinage duquel se trouvent les mines de la ville de Siraf.

M. Boussac commente un passage d'Hérodote (II, 18) est rapportée une légende courante des anciens Égyptiens qui plaçaient les sources du Nil à Philce.

Société nationale des antiquaires de France (séance du 14 janvier). M. Buttin fait une com- munication au sujet de plusieurs pièces provenant d'une armure de Philippe II, conservée au Musée de l'Armée, et que le gouvernement français va céder au roi d'Espagne en échange d'une armure de Charles- Quint. Il montre l'importance et la valeur des pièces dont le Musée de l'Armée va se dessaisir.

M. Lefèvre-Desnoëttes présente divers objets en fer trouvés par M. René de Saint-Pèrier dans la grotte de Lespugne (Haute-Garoone).

Conseil des Musées nationaux. Le Journal officiel du 18 janvier a publié un décret aux termes duquel sont nommés membres du Conseil des musées nationaux, pour une durée de trois ans h dater du 1" Janvier 19U : MM. Louis Barthou, député, en

ANCIEN ET MODERNE

âî

rpiuplacement de M. Aynard, décédé ; Pierre Baudin sénateur, en remplacement de M. Raymond Poincaré.

D'autre part, sont nommés membres temporaires du Conseil des musées nationaux, pour une durée de trois ans, à dater du 1" janvier 1914 :

MM. Bourgeois, sénateur; G. Leygues, député- Homieu, conseiller d'État; Combarieu, conseiller maître à la Cour des Comptes ; L. Bonnat, membre de l'Institut; M. Collignon, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des lettres; Coutan, membre de l'Institut; Guillemet, membre du Conseil supérieur des beaux-arts; L. Gonse, écrivain d'art, membre du Conseil supérieur des beaux-arts; H. Kœchlin, président de la Société des amis du Louvre ; le baron Edmond de Rothschild, membre de l'Institut.

Société nationale des beaux-arts. La Société nationale des beaux-arts avait ouvert, entre ses mem- bres, un concours pour une affiche destinée au Salon de la Société. Le jury de ce concours vient de rendre son jugement.

MM. Albert Martine, Silice, Cppénauer et Carot reçoivent chacun une prime ; leurs projets seront en outre exposés au Salon. Mais le projet classé premier, ne donnant pas entière satisfaction, ne sera pas exécuté.

Les autres concurrents, dont la Société ignore les noms, sont priés de retirer leurs œuvres avant la fin du mois.

Musée de l'Armée. Le llullelin a annoncé, dans son dernier numéro, que le Musée de l'Armée allait se dessaisir, au profit de l'Armeria real de Madrid, d'un chanfrein et de quatre pièces provenant de l'armure de Philippe 11. L'n loi étant nécessaire pour distraire d'un musée national un objet classé, le décret du ministre de la Guerre précise que ces pièces seront envoyées à Madrid « à titre de dépôt », mais qu'elles resteront «propriété de la France».

Ces pièces sont inestimables, au dire du spécialiste de l'histoire des armes, M. Buttin, car l'armure de Philippe II est une des plus belles du monde; il n'avait pas fallu moins de deux années (1349-1350) àDesiderius Colman, le meilleur armurier d'Allemagne, et à Georges Siegmann, l'orfèvre réputé, pour la parachever.

C'est pour répondre à un désir exprimé par le roi d'Espagne, lors de son dernier voyage à Paris, que cette cession a été consentie. Il avait été convenu alors que l'Armeria Real enverrait en échange au Musée de l'Armée une armure complète de Charles- Quint. Mais, jusqu'ici, les seuls objets que le directeur de l'Armeria Real ait proposés au directeur du Musée de l'Armée sont deux pistolets de fabrication fran- çaise et une rondache de Philippe II, pièces connues et de peu de valeur.

La « Joconde » retrouvée. Le gouvernement français, pour témoigner sa reconnaissance à MM. Cre- daro, ministre de l'Instruction publique d'Italie, Corrado Ricci, directeur général des Beaux-Arts, et

G. Poggi, directeur de la galerie des OEBces, de l'ini- tiative déployée par eux dans l'affaire de la Joconde, a nommé, le premier officier, et les deux autres chevaliers de la Légion d'honneur.

D'autre part, l'antiquaire florentin. M. X. Geri, a été non)mé oUicier de l'Instruction publique, et il a reçu la somme de 25.000 francs, que les Amis du Louvre avaient promise à celui dont les indications permettraient de retrouver la peinture de Léonard.

La Société des Amis du Louvre communique à ce propos la note suivante :

« La Société des Amis du Louvre a envoyé le 21 janvier, au consul de France à Florence, pour être remiseàM.Geri, antiquaire, la somme de 25.000 francs qu'elle avait décidé, au moment du vol de la Joconde, de donner en prime à la personne dont les rensei- gnements décisifs feraient rentrer le tableau au Louvre.

» C'est d'accord avec le ministère italien de l'Ins- truction publique et l'ambassade de France à Rome que M. Geri a été reconnu par la Société comme devant bénéficier de cette prime.

» Les membres du Conseil d'administration des Amis du Louvre ne voulant opérer, pour payer cette dette aucun prélèvement sur les ressources ordinaires de la Société, ont ouvert entre eux une souscription qui, rapidement conduite, a produit la somme néces- saire. »

il parait, d'ailleurs, que cette récompense ne satis- fait point M. Geri : il réclame du gouvernement français une allocation correspondant à 10 "/,, de la valeur du tableau, valeur qui serait fixée par un expert nommé par le tribunal civil de la Seine. A cet ellét, M. Geri vient d'assigner le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts en payement de cette somme, réclamant une provision immédiate de 100.000 francs à valoir sur l'indemnité qu'il demande.

Paris qui s'en va. Le Musée Carnavalet va s'en- richir de l'enseigne Au Vieuj satyre, qui datait du xvnf siècle et qui figurait une tète de faune barbu et cornu, surmontée d'une corbeille de fleurs. Cette enseigne se trouvait au-dessus de la porte d'une mai- son située à l'angle de la rue Montfaucon et de la rue du Four, et qui va disparaître.

Au coin du quai Conti et de la rue de .Nevers, une autre vieille maison va disparaître : celle du bijoutier de Marie-Antoinette, Grauchez, marchnnd de curiosités, à l'enseigne : Au l'élit Dunkerque. Graucheztransportaensuite sa boutique rueRichelieu, mais son enseigne resta quai Conti, au-dessus de la porte du cabaret qui remplaça la boutique de joail- lerie.

A Besançon. On a inaugure le 10 janvier, au palais de justice de Besançon, dune part, le médaillon de l'ancien bâtonnier du barreau de Paris, le Franc- Comtois Eugène Pouillet, à cet autre Franc-Com- tois qu'est le sculpteur Gardet, et, d'autre part, les grands panneaux décoratifs exécutés par le peintre

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LE BULLETIN DE L'ART

local, M. Emile Isembart, qui les a ofi'erts à la ville de Besançon.

A Rome. De grands travaux d'embellissement doivent être prochainement entrepris à Saint-Pierre do Kome : on va recouvrir de marbres précieu.x les pilastres et les autres parties intérieures de l'édifice qui n'en sont pas encore revêtus.

Les Terrains du Pincio. A la protestation' de l'Académie des beaux-arts contre l'aliénation de ter- rains appartenant au domaine national, protesta- tion dont nous signalions, il y a quinze jours, le retentissement, sont venues se joindre les pro- testations de M. Albert Hesnard et des pensionnaires de la Villa Médicis, et celles de Ma'' Uuchesne et des membres de l'École de Home. Les journaux d'Italie ont montré que les Romains ne voyaient pas très favorablement les projets de l'architecte du gouver- nement, qui avait mis l'affaire sur pied ; les journaux français ont reproduit ces témoignages de réprobation ; et devant cette unanimité, le gouvernement n'a eu qu'à désavouer son architecte. La vente des terrains du Pincio est abandonnée : le sous-secrétariat d'État

des beaux-arts en a donné offlciellement la nouvelle, le 16 janvier.

Ce n'est d'ailleurs pas la chose la moins singulière de toute cette histoire que l'aliénation ait été pour- suivie, non seulement contre le gré de l'ambassadeur de France à Kome et du directeur de la Villa Médicis, mais même avant qu'aucun projet de loi ne l'eût auto- risée. Bien mieux : ces terrains, occupés actuellement par des jardiniers, et sur lesquels on projetait, après lotissement, de construire des immeubles, on sait aujourd'hui qu'ils se trouvaient frappés, en vertu de la loi italienne, d'une servitude non mdificandi ..

Il faut remercier l'Académie des beaux-arts d'avoir pris si nettement position, et. par son attitude si ferme, d'avoir épargné à notre pays le scandale qu'eussent été la vente et le lotissement de ces jardins.

Nécrologie. Ce numéro est sur le point de paraître, quand nous arrive la nouvelle de la mort de notre collaborateur M. Dtirand-Grévitle : nous remet- tons a la semaine prochaine la notice sur cet érudit. ()ui a poursuivi ses études sur l'histoire de l'nrt .-ivec tant de conscience el de ténacité.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. 'Vente de tableaux par Amaa- Jean. Baudoin, assisté de M. Manzi, a vendu, le IG janvier, galerie Man/.i, trente-huit peintures el pastels de .M. Aman-.lean : il ont produit un total de 49.;)8Î) l'rancs. La plus belle enchère est celle de 4.V00 francs obtenue, sur demande de 5.000, par un Portrait en plein air (n° 11.

Ventes annoncées. A Paris. Galerie Crespi, de Milan. La vente de la célèbre galerie Oespi, de Milan, dont il a été maintes fois question en ces dernières années, est aujour- d'hui décidée. Elle aura lieu au début de juin prochain, à la galerie Georges Petit.

A Berlin. Collection Raffauf (objets d'art, etc.). .Nous recevons le catalogue illus- tré de la collection du conseiller de légation RafTauf, dont la vente aura lieu chez R. Lepke, ,les 3 el 4 février. Dans cet ensemble d'objets

d'art el d'ameublement anciens, on resnarquera des meubles et des sièges des xv» et xvi« siècles, d'art allemand et italien; des sculptures en bois des mêmes époques, de divers ateliers germa- niques; un buste antique d'époque romaine; une Sainte ronversation de Rissolo; une Madone de R. .Montagna; une autre Madone du .Maitre île Vicence (vers 1500), et divers autres tableau.x, dont un Dirk van Deelen, un P. Claesz et un P. Molijn; des faïences italiennes et orientales; quelques bronzes; enfin des tapis persans et des étoiles, lue courte préface du Dr. W. Rode donne un intérêt particulier au catalogue de celte vente, dont la composition dénote un goût (l'ameublement ancien, plutôt que de collec- tion, à proprement parler, très répandu en Allemagne.

Collections de feu le Baron Albert von Oppenheim, de Cologne (peintures et objets d'art. On annonce dès maintenant que les célèbres collections de feu le Baron Albert von Oppenheim seront vendues à Berlin, l'automne prochain, chez Rudolpli Lepke, sous la direction

ANCIEN ET MODERNE

des deux maisons de vente, Hugo Helbing, de Munich, et Rudolph Lepke.

La première partie sera consacrée aux pein- tures du xv au XVII» siècle. Parmi ces tableaux, il faut citer des œuvres de Petrus Chrislus, Quin- ten Metsys, Gérard David, Rembrandt, Frans Hais, Rubens, Pieter de Hooch, Van Dyck, Hobbema, Huisdael, Jan Steen, Ter Borch, Teniers, Guijp.

La seconde partie comprendra les objets d'art : la collection de cruches, les vitraux gotliiques, les meubles, les émaux de Limoges, les sculptures, les ivoires, etc.

Le catalogue des tableaux sera rédigé par le Dr. Bode; celui desobjetsd'artparleDr. vonFalke.

M. N.

LIVRES

A Paris. - Vente de la bibliothèque du marquis de Piolenc (livres anciens et mo- dernes). — Les quelque six cents numéros qui liguraient au catalogue de la bibliothèque de feu le marquis de Piolenc avaient de quoi satisfaire les goûts des bibliophiles qui s'attachent surtout aux livres du ïviii' siècle et aux éditions origi- nales modernes : c'était là, avec quelques clas- siques et des reliures, les deux grosses « séries » de ce cabinet d'amateur, et on a pu voir, à l'ar- deur des compétitions, que le beau livre est toujours assuré de se voir très chaudement dis- puté toutes les l'ois qu'il passe eu vente publique.

M n'a pas fallu moins de cinq jours, du 26 au ■^O novembre, à M"' A. Couturier, assisté de MM. Leclerc et Blaisot, pour disperser la biblio- thèque du marquis de Piolenc. La vente s'est terminée sur le chiflre coquet de 399.210 francs, et non sans qu'on ait eu l'émotion de plusieurs enchères fort intéressantes.

Les quatre plus belles ont été celle de 13.560 fr. pour un exemplaire sur vélin des Liaisons dange- reuses, de Choderlos de Laclos (1796), avec les figures de Monnet, M"' Gérard et Fragonard fils, en deux étals; celle de I3.B00 fr. pour un exem- plaire des Contes et nouvelles de La Fontaine (1795), avec 78 figures; celle de 10.120 fr. pour les Chan- sons de La Borde (1773), avec figures de Moreau ; et celle de 10.000 fr., pour l'Abrégé chronologique de l'Histoire de France, par le président Hénaut (1752), relié aux armes de Louis XV. De nom- breuses enchères importantes sont encore à citer que l'on trouvera dans la liste ci-après.

Avant de passer à l'énumération de ces beaux prix, disons un mot des livres modernes : ils ont fait fort bonne ligure, ainsi que le prouvent des

enchères comme celle de 6.000 fr. pour la Cité des eaux, d'Henri de Régniet-, avec ligures de Jouas, et celle de 4.900 fr. pour Notre-Hame-de- Paris, de Victor Hugo (éd. Testard, 1889), avec illustrations par L.-O. Merson.

Les éditions originales, toutes proportions gar- dées, ont fait également de fort beaux prix : on a vu un exemplaire de Dominique, édition de 1863, sur papier de Hollande, avec reliure par Marins , Michel, poussé jusqu'à 3.502 francs; il avait fait 1.520 francs à la vente Legrand.

Voici la liste des prix au-dessus de .i.OOO francs.

PRINCIPAUX PRIX

(Au-dessus do 3.000 francs.)

Aucune enchère n'est à retenir parmi les livres anciens et éditions classiques, tous restés au-dessous de 1.000 francs.

Livres illustrés du xvni' siècle. 31. Anaeréon, Sapho. Bion et Moschus (Paris, 1773), fig par Eisen, rel. aac, 5.150 fr. 34. Berquin. Idylles el romances 1775-1776), lig. par Marillier, rel. anc, 3.400 fr. " 37. Choderlos de Laclos. Les Liaisons dangereuses (1796, 2 vol.), ex. sur vélin, (ig. de Monnet, M"° Gérard et Kragonard, eaux-fortes et épr. avant la lettre, rel. de LeI'ebvre. 13.560 fr. 38. Corneille. Théâtre (1764), 12 vol., fig. par Gravelot, rel. de Deroine, 17.200 fr. 41. Uesornieaux. Histoire de la Maison de Bourbon (1772-1788), 5 vol., fig. de Moreau, Cholîard, Krago- nard, etc., rel. anc. aux armes du prince de Conti, ,").000 fr. 42. Dorât. Les Baisers (1770), lig. par Eisen, rel. anc, 5.130 fr. 43. Dorât. Fables nou- velles (1773), lig. par Marillier, rel. anc, 8.050 fr. 46. Gravelot et Cochin. Iconologie (1791), rel. anc, 3.300 fr. 48. Le Président Ilénault. Nouvel abrège chronologique de l'histoire de France (1752), lig. par Cochin, rel. aux armes de Louis XV, épreuves tirées dans des cadres ornés, etc., 10.000 fr. 49. La Borde. Choix de chansons (1773), lig. par J.-M. Moreau, Le Barbier, etc., rel. anc, 10.120 fr.

51. La Fontaine. Contes elnouvelles ^nil.'i), lig. par Choff'ard, suite des lig. du t. IV en deux états, rel. anc, 13.500 fr. 57. Marmontel. Contes moraux (1765), portr. de Marmontel par Cochin et fig. par Cholîard, rel. anc. aux armes de Mérard de Saint- Just, 4.520 fr. 58. Meunier de yuerlon. Les Grâces (1769), lig. par Moreau, rel. anc, 4.950 fr. 59. Molière. Œuvres (1734), 6 vol., lig. par Boucher, rel. anc, 6.100 fr. 61. Molière. Œuvres (1773). fig. par Moreau le jeune, rel. anc, 5.700 fr. 64. Ovide. Les Métamorphoses (1767-1771), flg. par Eisen, Moreau, Boucher, etc., rel. anc. 8.120 fr. 67. L'abbé Pré- vost. Histoire de Manon Lescaut et du chevalier Des Grieux, fig. de Lefèvre çn trois états, rel. 'anc., 4.100 fr. . ; '

69. Racine. Œuvres [{160), portr. par Daullé, lig. par de Sève, rel. anc. aux armes de Mir.ibeau, 7.020 fr.

to

LE BULLETIN DE L'ART

70. Racine. CEuvres (1768), portr. par Santerre. fig. par Gravelot, rel. anc, 3.630 fr. 72. Regnard. Œuvres complètes (1790). portr. par Rigaud, fig. par Moreau et Marillier. rel. anc, 4.020 fr. 76. Le Sacre de Louis XV, etc., lig. et pi. par Audran, Coctiin père, etc., rel. aux armes royales, 3.033 fr.

Livres .M0IIFI1NF8. 136. V. Hugo Notre-Dame de Paris, ill. de L -0. Merson, gr. par Géry-Bichard, rel. de Marius Michel, 4.900 fr. 137. Huysmans. A Re- bours, grav. sur bois en couleurs par A. Lepère, rel, de Marius Michel, 4.200 fr. 167. H. de Régnier. La Cité des eaur, eaux-fortes originales de Ch. Jouas, rel. de Marins Michel, 6.000 fr, 180. Virgile. Les Êglogues, ill. de A. Giraldon, gr. en coul. par Florian, rel. de Cnnape, 4 000 fr.

Nombreuses autres enchères entre 1.000 et 2.000 fr. que nous n'avons pas la place de signaler.

Éditions originales. Dans cette série abondante d'ouvrages de l'époque romantique ou de l'époque contemporaine, tous relativement très bien vendus, nous nous contenterons de citer :

316. E. Fromentin. Dominique, ex. sur Hollande, rel. par Marius Michel, 3.502 fr. 323. T. Gautier. Mademoiselle de Maupin, rel. par Mercier, 3.400 fr.

364. V. Hugo. Noire-Dame de l'aris, rel. par Kief- fer, 3.200 fr.

B. J.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Cercle "Volney. La« ligne d'Italie » va-t-elle reprendre possession de l'art, au début d'un siècle'? Ici, comme à l'avant-garde, nous la retrou- vons dans une série d'études inégalement savou- reuses, mais toutes significatives par la tendance qu'elles expriment; on dirait que les deux gran- dioses petites vues de la Voie Appienne, si large- ment brossées par M. René Ménard, et qui passèrent trop inaperçues au Salon de 1008, ont rouvert une fem^tre oubliée sur la terre nourri- cière de la beauté classique... En attendant de nouveaux Corot, voici donc, ici même, l'Église San Giovanni e Paolo qui se dore, en pleine verdure matinale, aux yeux attendris du peinlre-slaluaire Jean Hugues; le Monastère anonyme, qui parle au cœur de M. Dambéza, sous un joli ciel nuageux que traverse l'aiguille noire des cyprès ; le Colisce formidable et blond et le Cœlius vu du Palatin, avec ses couvents rosés sous la sombre eurythmie des pins, qui retiennen t la correction de M. Bernard Wolff M. Bégnault-Sarasin, que nous ne connais- sions pas encore non plus, colore avec plus d'in- tensité les Eucalyptus de la Campagne romaine et

la perspective rocheuse de Girgenti, depuii le temple de Castor et Pollux; M, J.-F. Bouchor laisse, à Venise, M. Iwill sur la Hazzetta pluvieuse et M. Le Gout-Gérard devant la splendeur fauve de Saint-Marc, et descend de la fontaine du Pozzo, chère aux ramiers, vers la Sicile les ruines harmonieuses du Théâtre antique de Taormina se découpent sur le golfe azuré que domine le cAne lumeux de l'Etna; M. Gaston Guignard reste en Corse, mais la Route de Calvi lui découvre l'austère noblesse de ses horizons.

L'histoire du paysage inaugure- t-elle un nouveau chapitre? En tous cas, c'est une indica- tion. Ce n'est pas la seule, et nos maîtres (igurisles donnent le bel exemple, avec le Chant du Soir ou le Chasseur et la Source que M. Luc-Olivier Merson stylise comme des sonnets florentins en l'honneur du sixième centenaire de Boccace;avec les Mcnades qu'invoque M. Raphaël Collin : daus le rêve guerrier que M. Fernand Cormon précipite Vers la frontière avec l'élan minutieux de ,ses petits poèmes homériques. Ni la Buveuse d'absinthe, au corsage cramoisi, de M. Devambez, ni le Nu délicat de M. Décheiiaud n'affichent une pareille nostalgie de lyrisme ; mais ce sont d'excel- lents morceaux de peinture, au même litre que la Leçon de tissage, de M. Laparra, le fiid enso- leillé de M. Guillonnet. les études voyageuses de M. Lauth, les poteries persanes de M. Bompard ou la symphonie d'or vert que l'Automne à Trianon propose à M. Chigot. D'autres cherchent du nou- veau, M. Montagne, devant une façade gothique ou sous les arches radieuses du Pont du Gard M. Pierre VVaidmann, sur les dunes du Nord M. Tattegrain, dans une vieille rue villageoise M. Saint-Germier, dans un harem de Tunis M. Paul-Thomas dans un patio de la Renais- sance espagnole.

Le portrait demeure paisiblement égal à sa tradition de charme virginal avec M. Henri Royer, de conscience virile avec M. Gabriel P'errier, d'adresse loyale avec MM. Pascal Blanchard et Marcel Bascliet, de brio capiteux avec M. Paul Chabas, de tendresse avec un marbre de M. Paul Roussel, de maitrise avec les bustes vivants de M. Denys Puecb, portraitiste du penseur Alfred Fouillée, el de M. Sicard, portraitiste du charmeur Anatole France ; et, dans ce décor imprévu de si tes italiens, le sourire d'un sage ne nous suggère-t-il pas que tout renouvellement n'est qu'un reflet d'autrefois ?

Raymond Bouyeb.

ANCIEN ET MODERNE

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La Céramique ornementale

en Haute-Normandie

à propos d'un livre récent ill.

Dans la première galerie du Musée d'anti- quités de la Seine-Inférieurp, à Rouen, une vaste armoire vitrée présente une collection remar- quable, aussi variée qu'abondante, de carreaux émaillés du moyen âge et de la Renaissance, recueillis dans la région de la Haute-Normandie. Nous nous imaginons volontiers que c'est dans la vue journalière de (.elte vitrine et l'étude de son contenu, on se manifeste un esprit déco- ratif si franc, si bien approprié à sa destination et si moderne, que le directeur de ce musée, M de Vesly, a pris l'idée du présent livre, on il a su faire œuvre à la fois de savant et d'artiste.

On est trop porté à ne considérer les produc- tions des arts du feu, en Haute -Normandie comme ailleurs, que pour la période postérieure à la Renaissance. Si le Vieux-Rouen, la reine des anciennes faïences françaises, mérite tou- jours la première place dans notre admiration, celle-ci ne sera en rien diminuée par l'étude des travaux céramiques qui ont précédé Abaquesne et les premiers essais de la fabrication rouen- naise proprement dite. Laissant de côté, dans le présent travail, les pièces « de forme » : plats, vases, etc., dont le Musée des antiquités de la Seine-Inférieure possède aussi une riche réu- nion, bien digne d'une étude approfondie, M. de Vesly s'est préoccupé de montrer la diffusion de la céramique ornementale dans la Haute- .Normandie, où, condition indispensable, la ma- tière première ne faisait pas défaut, l'argile, fortement colorée par l'oxyde de fer, se rencon- trant en abondance dans la Seine-Inférieure et dans l'Eure.

Les plus anciens carreaux incrustés sont ceux trouvés par l'auteur lui-même dans des fouilles opérées à Boos. Ces premiers essais, qui n'ont pas résisté aux injures du temps, datent du VI" siècle. D'autre part, le musée d'Evreux con- serve des carrelages ornés de dessins gravés, mais sous couverte. Ils proviennent de l'abbaye de Saint-Sanson-sur Risle,et datent du vni« siècle. Les pavés émaillés commencent à apparaître au

A). I.n Céramique ornementale en Haule-Sor- mandie, pendant le moyen dge et la lienaissance, par I.. <|p VpsIv (Hniifn, ^9^^).

XI» siècle, et dès le xw, nous avons un assem- blage de pavés formant des rosaces, provenant de l'église Saint-Ouen, de Rouen, et aujourd'hui au Musée des antiquités de la Seine -Inférieure. A partir de cette époque, les parés vernissés à l'oxyde de plomb, soit unis, soit décorés d'orne- ments, deviennent tiès fréquents en Haute- .\ormandie.

Si l'origine de ces carreaux historiés «t ver- nissés au moyen de l'oxyde de plomb est encore obscure, la Haute-Normandie a, du moins, livré des vestiges de carrelage qui se classent parmi les premiers en date. D'autre part, dans aucune autre région, la fabrication n'a été aussi floris- sante du xiii" au xvi» siècle : carreaux de pave- ment, pavés funéraires, plaques de revêtement et briques ouvragées, la céramique ornementale tint alors, dans la décoration architectonique, une place qu'on aimerait à lui voir reprendre di; nos jours. Mais le xvi= siècle, qui vit apparaître les robustes pavés en grès de Brémontier-Massy, chefs d'oeuvre du genre, vit aussi venir d'Italie le pavé faïence à couverte stannifère qui fit dé- laisser le carreau émaillé. Le procédé nouveau, plus séduisant, fut adopté immédiatement en Normandie même, dans le carrelage bien connu du château d'Écouen, qui marque le début de la faïence de Rouen.

Aujourd'hui, si les céramistes modernes uti- lisent de préférence une matière première qui ne nécessite pas un éraaillage, et si, par consé- quent, les procédés de fabrication diffèrent, on revient, par contre, et avec raison, aux véritables modèles de décoration sobre et expressive que sont ces carreaux du moyen f'ige, dont M. de Vesly nous donne aujourd'hui, en quelque sorte, un corpus régional.

Nous ne pouvons suivre l'auteur, comme il conviendrait, dans ses recherches archéolo- giques sur les centres de production, ni dans ses explications techniques sur les procédés usités pour la fabrication proprement dite et la déco- ration, selon qu'il s'agisse de pavés mats, de pavés unis, de pavés sigillés (en relief ou en creux), de pavés historiés, ceux-ci les plus nom- breux et d'ordinaire en rouge et jaune, parfois en rouge et vert, ou noir et jaune ; enfin, pavés de Brémontier-Massy, à la fois très résistants et d'un émail très coloré, les derniers en date en Haute-Normandie, se plaçant à l'époque de Louis XII et de François I", et qui, pur le fini de l'exécution et la résistance du grain, constituent In perfection du "Piipo.

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LE BULLBTIN DE L'ART

Nous ne pouvons non plus passer, avec M. de Vesly, la revue des différents motifs d'ornemen- tation, si nombreux et si variés dès le xiii» siècle, employés sur ces pavés, ni suivre l'évolution de cette grammaire décorative à travers les siècles suivants. Mais il nous faut signaler le chapitre spécial consacré aux pavés ou dallages funéraires qui furent, en Normandie, une branche impor- tante de l'industrie céramique. Les plus fameux sont ceux de l'abbaye de Jumièges, dont il ne reste que quelques épaves, mais dont l'aspect général est conservé dans les dessins de la col- lection fiaignières, aujourd'hui à Oxford, et qui sont ici reproduits.

La dernière partie du travail, si consciencieux et si parfaitement ordonné, de M. de Vesly, con- cerne les applications de l'industrie céramique dans le revi' lement des murailles, tant extérieures qu'intérieures, des bâtimenis. De l'emploi, qui fut si général en Haute-.Normandie, des briques ouvragées, des plaques céramiques et des tuiles historiées, concourant tant à la décoration des façades qu'à celle des toits, cheminées et des intérieurs des habitations, certains spécimens ont subsisté, attestant le développement et l'impor- tance de celte fabrication.

A cette élude archéologique si attachante, M. de Vesly a joint une série de planches, la plu- part d'après ses propres dessins, comprenant deux cents motifs de décorations usités dans ces carreaux vernissés : instruments géométriques, rosaces, entrelacs, arbres et feuillages, ornements conjugués, flf'urs de lys, chiffres et armoiries, animaux, figures diverses, personnages, attestent la fertilité d'invention, en même temps que l'es- prit décoratif des céramistes normands. Si cette dernière partie du travail de M. de Vesly com- plète très heureusement, à la manière d'un atlas, son étude archéologique, elle ne mérite pas moins l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'emploi de la céramique ornementale dans la décoration moderne.

M. N.

LES REVUES

Russie

Starye Gody (juillct-septembrel. Triple numéro se rapportant à l'histoire iirtlstique de l.i maison lioin.'inov.

A. MrHÔxov. L'Authenticité des portraits du tsar Michel. Seul celui d'Olearlus fut dessiné d'après nature.

P. MoiBATOv. J,n Peinture d'icônes sous le pre- mier tsar de la maison Homanov. Fin de la belle époque d'iconographie religieuse qui, au coinmence- nient du xviii' siècle, était « retombée dans l'en- fance ■>.

A. T. Documents pour servir ù l'histoire des collections impériales, Ces documents concernent l'Ermitage : Al Copie des Loges de Raphaël ; lij Lettre de Chodowiecki ; C) Lettre de Keynolds au sujet de ses deux tableaux ; D) Clerisseau et Catherine II.

Baron N. Wkanofi,i.. L'Empereur Mcolas l" et les arts. Tableaux vendus aux enchères ou donnés. V. LoUKÔMSKi. Lettres d'investiture du XVII' et du XVlll- siècles.

A. Brnois et N. Lancekav. L'Architecture sous Nicolas /•'.

S. Iarémitch. Un Portrait [détruit] du tsar Ivan. il se trouvait sur une fresque, à Kiev xvn* siècle).

D. Roche. Les l'urlrails de l'Impératrice Elisa- beth par Moreau le Jeune. Portraits décrits par .Mahérault ou lui ayant appartenu ; l'un, à la sanguine, se trouve au Cabinet des Estampes, à Paris. On aduieltait. à tort, qu'aucune œuvre faite pendant le séjour de Moreau en Russie ne subsistait.

P. StolpUnski. Le Monument de Pierre le Grand par liastrelti. C'est le monument, non inauguré, que Catherine II résolut de faire remplacer par celui de Falconet; Paul 1" le fit placer, en 1800, devant le palais qu'il s'était fait bâtir.

Baron N W. Un Nouveau portrait de Catherine II par Falconet. Portrait-médaillon du Musée Jar- qiiemart-André, que la statue de la Gloire entoure d'une guirlande.

Baron .N. W. Une Distraction artistique de l'Im- pératrice Marie Féodorouno. Tableaux vivants en 18^2.

(Octobre:. A. Pôi.ovtsov. Notes sur l'art musul- man, d'après tes collections du musée Stieglitz.

\. Lerfda. La « .Madone llenois » de Léonard de Vinci. Raisons de croire à laulhenticllé de cette œuvre (laquelle vient d'être acquise, depuis peu, par l'empereur, pour l'Ermitage).

P. StolpIanski. Les Ventes d'objets d'art au XVIII' siècle à Sainl-Pélersbourg [suite).

A. T. Un Paysage de Gerrit van Hees au Palais d'hiver. C'est le cinquième tableau connu de ce peintre, dont beaucoup dœuvres sont manifestement attribuées à Ruysdael.

P. Oc;sTi.MoviTCii. Un Billet d'invitation à une mascarade chez le prince Potemkine en 1779. Reproduit.

Le Gérant : H. Demis.

P»ri«. Itnp. Ueorge» Petit, ti. rue Godol-dp-M»uroi .

Numéro 610.

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Samedi 31 Janvier 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Générosité excessive

La nouvelle avait couru dix fois, depuis le retour de la Joconde. A la lîn de la semaine dernière, un journal Ta reprise et publiée avec de tels détails que le sous-secrétariat des Beaux- Arts a communiquer un démenti catégorique : non, il n'est pas, il n'a jamais été question d'offrir à l'Italie deux des peintures italiennes du Louvre, en reconnaissance de la restitution du chef-d'œuvre de Léonard.

Les cœurs généreux, qui trouvaient toute natu- relle cette manifestation de la gratitude natio- nale, devront en faire leur deuil. Mais n'est-il pas déjà bien singulier qu'une pareille question ait pu ('tre agitée"?

On voudrait savoir pourquoi la remise à la France, légitime propriétaire, d'un tableau volé, entraîne pour le pays l'obligation de manifester sa reconnaissance, en offrant à l'Italie une sorte de compensation prélevée sur le patrimoine national. Croit-on que si le voleur de la Vierge à Véloile-, au lieu d'avoir été pris à Florence même, était venu se faire arrêter à Paris, nous ne nous serions pas crus obligés, par la probité la plus élémentaire, à restituer à nos voisins la peinture de l'Angelico? Que la restitution se fasse avec une certaine solennité, que l'on prenne texte des circonstances pour échanger des paroles de sympathie, que l'on y ajoute mêma quelques décorations, rien de plus légitime et de plus conforme à la courtoisie internationale. Mais vouloir que la « récompense honnête » accordée à M. Geri soit également due au pays de l'anti- quaire llorentin et que l'importance de cette récompense soit calculée selon la proportion de ce qu'est une nation par rapport à un individu, pour tout homme de bon sens cela s'appelle passer la mesure.

A supposer, d'ailleurs, que le principe d'une telle générosité fût hors de discussion, c'est se faire une singulière idée du Conseil supérieur

des beaux-arts que de le croire autorisé à puiser dans le fonds des musées nationaux pour les besoins d'un échange nu d'une compensation.

Si la nouvelle d'une cession à l'Italie de pein- tures du Louvre a pu rencontrer quelque créance, en dépit de ce qu'on sait de l'inviolabilité des musées nationaux, cela vient de l'équivoque répandue dans le public sur les origines d'une partie de nos collections. A en croire certains, nos musées n'existeraient pas sans les conquêtes de l'Empire ! On oublie que des restitutions considérables ont été faites et que, pour le reste, des traités sont intervenus qui règlent la situa- tion actuelle ; on oublie aussi qu'il n'est peut- être pas un grand musée au monde qui ne tomberait sous le coup d'une restitution, le jour l'on devrait rendre à chacun ce qui lui appar- tient; enfin, si l'on insiste volontiers sur telles de nos peintures, autrefois enlevées à l'étranger, on ne parle jamais de celles des œuvres d'art qui nous appartenaient et qui, ayant été envoyées dans les musées d'Anvers, de Mayence, de Milan, par exemple, au temps ces villes étaient fran- çaises, y sont bel et bien restées quand les fron- tières de notre pays se sont vues ramenées aux limites actuelles.

Moralité : gardons notre Centile da Fabriano que l'Italie ne nous demande point, et que, nous le demandât-elle, nous ne pourrions lui rendre.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur. Par décret, en date du 21 janvier, M. Edmond Borchard, artiste peintre, inspecteur de l'enseignement du dessin et des musées, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.

Académie des beaux-arts (séance du 24 janvier). M. Henry Lemonnier donne lecture dune notice sur la vie et les travaux de M. Jules Comte, le regretté fondiiteur de la Revue de l'art, son prédécesseur dans la section des académiciens libres.

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LE BULLETIN DE L'ART

L'Académie propose les sujets suivants pour les dittérentes épreuves dés concours Roux de 1915 :

Arctiitectura : un Institut français dans une capi- tale étrangère:

Sculpture : Secours aux al'/lirjés, tiré des sept œuvres de miséricorde du cloître de l'École des beaux- arts ;

Peinture : Thésée a abandonné Ariane et son navire disparait à l'horiion. Ariane demeure éplorée sur le rivage. Bacchus, accompagné de son cortège habi- tuel, survient alors et cherche à la consoler.

Pour ce dernier concours, l'Académie prévient les concurrents que, étant donné les dimensions très restreintes du tableau à faire, elle exige une toile qui soit, non pas une simple pochade, mais une œuvre sérieusement exécutée et dont les morceaux résistent à l'examen.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 23 janvier). M. René Gagnât commu- nique, de la part de M. Carespins, professeur à l'Uni- versité d'Alger, un fragment d'inscription honorifique provenant de Constantine.

-— M. André Boulanger expose le résultat des fouilles qu'il a exécutées, en 1913, à Aphrodisias de Carie (Asie-Mineure), au cours de la mission qui lui .1 été confiée par ministre de l'Instruction publique. Tout l'eDort de la campagne a été consacré au déga- gement des grands Thermes, vaste ensemble archi- tectural de l'époque d'Hadrien, qui est peut-être l'exemplaire le plus parfait et le mieux conservé de ce genre d'édifice.

M. Louis Châtelain rend compte de la mission dont il a été chargé, l'année dernière, par la direction des Antiquités et des Arts du gouvernement tunisien. Poursuivant ses recherches sur la partie du plateau de Maklar il avait découvert, au cours d'une pré- cédente campagne de fouilles, un macetlum, ou mar- ché, il a, cette fois, mis au jour une vaste construc- tion composée d'un péristyle et de plusieurs salles. Une prochaine campagne permettra de déblayer com- plètement l'édifice et d'en préciser la destination.

M. Louis Châtelain a exhumé, entre autres objets, une statue d'Esculape, en marbre, d'un travail curieux.

M. L. Havet continue ses commentaires des Buco- liques.

Société nationale des antiquaires de France

(séance du 21 janvier). M. Marquet do Vasselot présente .i la Société un ivoire oriental récemment acquis par le Musée du Louvre.

M. Formigé fait une communication au sujet du château de Salon (Bouches-du-Rhôue), dont il montre un plan qu'il vient de relever. Cet édifice est malheureusement menacé d'une destruction assez prochaine, car il a beaucoup souHert d'un tremble- ment de terre survenu eo 1909.

Société de l'histoire de l'art français ;séance du 9 janvier). M. Jules GuifTrey entretient la

Société de la suite de dessins pour l'histoire de la reine Artémise, exécutés à la fin du xvi* siècle par Antoine Caron et plusieurs de ses contemporains, sous la direction de Nicolas llouel. 11 signale, dans une collection de dessins nouvellement découverte et achetée par un amateur parisien, quatre feuihets se rapportant à l'histoire d'Artémise, qui viennent s'ajouter aux trente-neuf dessins du Cabinet des Estampes, aux trois du Louvre et aux six composi- tions du musée de .Madrid appartenant à cette suite.

.M. Jean Locquin établit que les « Lettres de C.-N. Cochin à un jeune pensionnaire de l'Académie de France à Rome» furent écrites entre décembre 1773 et avril 1774 et adressées à Pierre-Charles Jombert, prix de Rome en 1772.

M. François Monod communique des notes sur un certain nombre d'œuvres françaises antérieures au xix' siècle, conservées dans les musées d'Amé- rique.

Commission du "Vieux Paris. La Commission réclame avec insistance une réparation devenue nécessaire à l'Arc de Triomphe du Carroussel, dont les inscriptions, qui commémorent les triomphes de la Grande-Armée, sont devenues complètement illi- sibles.

Société nationale des beaux-arts. Samedi dernier a eu lieu, sous la présidence de M. Roll, l'assemblée générale des sociétaires de la Société nationale des beaux-arts. C'est M. Bartholoiné, un des vice-présidents, qui a prononcé le discours d'usage. M. G. Picard a ensuite lu le rapport finan- cier annuel.

La Société rappelle qu'une section de musique a été créée, il y a huit ans, sur l'initiative de M. Paul Viardot ; les œuvres soumises à l'examen du jury de cette section, pour le prochain Salon, devront être déposées au siège de la Société, au Grand Palais, dans la journée du samedi 14 février.

Musée Carnavalet. Le service d'architecture du Musée du Louvre a cédé au Musée Carnavalet, plusieurs aigles et couronnes impériales en bronze doré provenant de l'ancien palais des Tuileries.

La Grotte du Luxembourg. Sur le rapport de MM. Lambeau et Mareu.se, le Comité des inscriptions parisiennes a arrêté, dans sa dernière séance, le texte de la nouvelle inscription qui sera placée sur grotte du Luxembourg, dès que seront terminés les travaux de réparation auxquels est soumis actuelle- ment ce monument.

La nouvelle inscription rappelle simplement que la grotte fut édifiée de 1624 à 1630, qu'elle fut rétablie, à l'emplacement qu'elle occupe aujourd'hui, en 1862, par A. de Gisors, et qu'on lui adossa alors une façade fut placé le bas-relief de la fontaine de la rue du Regard.

On sait que la construction de ce gracieux monu- ment, élevé sur l'ordre de Marie de Médicis et appelé

ANCIEN ET MODERNE

à tort fontaine de Médicis, eit attribuée à Jacquet de Brosse.

Expositions annoncées. La Société artistique des amateurs prépare, pour cette année, une expo- sition, qui aura lieu, au Pavillon de l'Alcazar, du 4 mars au 2 avril, et qui sera accompagnée d'une « rétrospective » analogue à celle qui eut tant de succès, à la Galerie Georges Petit, en 1899.

Dans cette rétrospective, la Société se propose de réunir le plus grand nombre possible d'oeuvres exé- cutées autrefois par les devanciers des Amateurs d'aujourd'hui et ayant un mérite artistique. Elle s'adresse à tous, et même au.\ personnes étrangères à la Société, en vue d'obtenir le plus de concours possibles pour cette exposition, qui s'annonce comme devant être fort curieuse, à en juger d'après les promesses déjà reçues : boutons peints par la reine Marie -Antoinette ; ornements d'église brodés par Madame Elisabeth; dessins ou peintures de Louis X 111, du prince de Joinville, du comte de Chambord, du prince impérial, de la reine Hortcnse, etc.

Les travaux artistiques de toute espèce seront admis à cette exposition.

Le nouveau billet de 500 francs. M. Jean- Paul Laurens vient de terminer la composition du nouveau billet de cinq cents francs, recto et verso, dont il avait été chargé par la Banque de France. Voici la description qu'en donne le Figaro :

« Au recto, deux ligures assises : le travailleur de la terre tenant l'aiguillon avec lequel les bouviers diri- gent l'attelage de la charrue, et, lui faisant face, une Gérés moderne, une femme des champs armée de la faucille qui vient de coucher la moisson. On voit, au centre du tableau, des collines et des champs labourés que traversent des bœufs achevant de tracer les sillons, une falaise coupée dans le roc, et, au loin, la nier bleue sur laquelle passe une voile." L'entourage ovale, indispensable dans le billet de cinq cents francs, est formé d'une guirlande de fruits de France. Le cadre est une Une broderie bleue Renaissance. Gomme ins- cription : Banque de France et le chiffre SOll à droite et à gauche. La teinte dominante est un violet bleuté sur lequel se détachent les verdures du chêne et du laurier fermant la guirlande de fruits, les couleurs vives de ces fruits, la mer azurée, les carnations des deux ligures.

« Au verso, un groupe, la Science instruisant deux enfants, occupe le bas de la composition que deux médaillons .Mercure et Hercule en grisaille et une guirlande de fruits très dilTérente de celle du recto, complètent, sur un semis en filigrane de mono, grammes de la Banque de France et du chitire !>()«■ Ce verso recevra au centre les indications et signatures validant le billet. »

Souhaitons à la composition de M. Jean-Paul Lau- rens une gravure meilleure que celle du dessin de M. Luc-Olivier Merson pour le billet de cent francs,

aquelle est bien une des plus remarquables vérilica- tions de la vieille formule : Traduttore, traditorel

A Dampierre. Le magnifique château de Dampierre a failli être la proie des llammes : heureu- sement, l'incendie a pu être éteint avant qu'il n'ait causé de trop grands ravages; la moitié des boiseries et toutes les tapisseries de la chambre bleue, dite de .Marie Leczinska, ont été détruites.

A Copenhague. l ne exposition de tableaux et dessins des principaux artistes français de 1800 à nos jours, s'ouvrira le 15 mai. dans les salles du musée royal de Copenhague, mises à la disposition des orga- nisateurs par le gouvernement danois.

Un comité de patronage est eu voie de formation, l'on relève déjà les noms de .MM. le ministre de France à Copenhague, Léonce Bénédite, conservateur du Musée du Luxembourg ; R. Kœchlin, président de a Société des Amis du Louvre : Théodore Duret, Ernest Uouart, Gallimard, Moreau-Nélaton, Olivier Sainsére, Petitdidier, Alfred Beurdeley, 1)' \iau, Loys Delteil, etc.

Nécrologie.— Notre collaborateur iM. K. Durand- Gréville, mort la semaine dernière à Paris, était âgé de 76 ans. Il s'appelait, en réalité, Emile Durand, et il était à Montpellier. Après avoir fait ses études, il fit un voyage et se fixa à Saint-Pétersbourg: il était professeur de français à l'École de droit de cette ville, quand il épousa la fille d'un de ses collègues. M"' Alice Henry, que ses nouvelles et ses romansavaientdéjà fait connaître sous le pseudonyme d'Henry Gréville; c'est à dater de ce mariage qu'il associa à son nom le pseudonyme de sa femme et qu'il collabora assidûment aux principales revues d'art. H s'attacha à l'histoire de la peinture, en parti- culier à celle des primitifs, et il a publié nombre d'articles sur les questions qui l'intéressaient; on rappellera, en particulier, ceux qu'il a donnés à la Hetiue sur les primitifs ombriens, sur Albert van Ouvfater et Gérard de Saint-Jean, sur les deux Pelrus Christus, enfin sur plusieurs peintures de Kaphaël. De môoie qu'il avait consacré toute une série d'ingénieux articles à la Ronde de nuit, de même il se donna pour tâche de discerner, dans l'œuvre des Van Eyck, la part (jui revient à chacun des deux frères (le résultat de ses recherches forme un gros volume, publié on 1910); enfin, pendant la dernière partie de sa vie, il s'est elforcé de reconstituer l'oeuvre de jeunesse de Raphai'^l, mise trop généreusement, selon lui, sous le nom du Pérugin. C'était un homme affable et un travailleur scrupuleux, qui apportait, dans les polé- miques, autant de courtoisie, qu'il mettait de minu- tieuse conscience dans ses observations.

Le peintre Gaston Mêlingue, mort le 12 janvier, à Paris, était le fils du célèbre comédien, qui fut anssi sculpteur. Élève de Cogniet, d'Y von et de son père, il débuta au Salon de t863 et exposa depuis iors des

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LE BULLETIN DE L'ART

sujets de genre et des compositions historiques. Il avait reçu une mention honorable en 1817 et une médaille de classe en 1891.

L'un des plus célèbres directeurs des Musées d'Al- lemagne, Alfred lAchlwark, vient de mourir à Ham- bourg, à l'âge de 61 ans. à Hambourg, il y revint en 1886, après avoir fait ses études à Leipzig et à Berlin, il fut bibliothécaire du Musée d'art indus- triel. On lui doit la transformation du petit musée provincial de Hambourg en une des plus belles gale- ries modernes qui soient. Il a exprimé ses idées sur l'art et sur le rôle des musées en une série de brochures qui serviront longtemps de guides. Contrairement à d'autres célèbres directeurs « modernes », il favorisa l'art local : c'est à la Kunsthalle de Hambourg que l'on peut le mieux étudier les maîtres régionaux, depuis Francke, au début du xv» siècle, jusqu'aux plus récents ; mais il se tint à l'écart des nouveautés outrancières. S'il fit la part large aux peintres alle- mands (il a réuni, en particulier, une remarquable collection d'ouvrages de Liebermann),il n'a pas hésité à leur donner en pendants les œuvres françaises qu'il jugeait nécessaires pour compléter la galerie. Enfin, il a marqué un intérêt des plus vifs pour les arts

graphiques, et c'est encore à la Kunsthalle de Ham- bourg que l'on peut suivre, pour ainsi dire sans lacune, le magnifique développement de la gravure moderne sous ses aspects si variés; Lichtwark fut, en outre, un des premit;rs à mettre en œuvre et à présenter les précieux feuillets en véritable amateur. M. Mtd.

Le baron Michel Klodt, qui vient de mourir à Saint-Pétersbourg, était en cette ville, le 11 »ep- tembre 1835. Fils d'un sculpteur célèbre, il se «on- sacra à la peinture et se distingua par un talent plein de caractère. Ses meilleures œuvres, à la galerie Trétiakov, à Moscou, et au Musée Alexandre III, à Saint-Pétersbourg, sont d'une inspiration élevée. Trop modeste pour prétendre faire autre chose que des « scènes de genre », il ne put pourtant pas empê- cher ses belles qualités d'âme de se manifester. Ses œuvres ne confinent jamais à l'anecdote; elles ont, au contraire, une réelle valeur historique ; plusieurs sont pénétrées du sentiuient religieux le plus sincère. Le baron Klodt avait terminé sa formation artistique en France vers 1865; il gardait un amour profond pour la France et pour l'art français. Il était membre de l'Académie des beaux -arts de Saint-Péters- bourg. — I). H

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. 'Vente de bustes en bronze anciens. Salle 10, le 28 janvier, M* Ballu et M. Klolz ont procédé à la vente de deux bustes en bronze, représentant un jeune homme et une jeune femme. Annoncés comme auciens, mais sans aucune désignation d'époque, ces deux bustes, adjugés d'abord provisoirement 11.600 francs l'un et 10.000 francs l'autre, ont été réunis en un seul lot, qui a réalisé 26.050 francs.

Ventes annoncées. A Paris. Succes- sion de M. M... (tableaux, objets d'art, etc.). Les 2 et .'1 février, salle 6, M" Oudard et Bau- doin, assistés de MM. G. Sortais, Duchesne et Uuplan, et Loys Delleil, procéderont à la vente des tableaux, objets d'art et d'ameublement, dé- pendant de la Succession de M. M... Dans le cata- logue illustré, dressé à l'occasion de ces vacations, nous remarquons : un pastel par A. Besnard, Jeune femme de face, à mi-corps, accordant une

mandoline; un dessin rehaussé, par Dagnan- Bouverel, Jeune Bretonne; deux gouaches, par Gustave Moreau, la Licorne et le Reitre; enfin, trois bronzes de Barye, en épreuves anciennes, Thcsée combattant le centaure Bienor, Lion assis (des Tuileries) et Cerf aux écoutes.

Succession de M"" la marquise du "V... (objets d'art, etc ). Du 2 au 4 février, salle 1, à l'Hùtel, .M» A. Le Ricque, assisté de MM. Paulme et Lasquin, procédera à la vente des objets d'art et d'ameublement dépendant de la Succession de M""^ la marquise du V... L'intérêt de ces vacations réside surtout, pour nous, dans une réunion de miniatures, de l'époque du pre- mier Empire, par Jacques. Notons encore un bureau plat, d'époque Régence, en bois de pla- cage et bronzes. (Catalogue illustré.)

A Pau. Collection Lawrance (2« vente). Contentons-nous de signaler la vente, qui aura lieu à Pau, rue du Lycée, du 10 au 14 fé- vrier, par le ministère de Kigoulet et de

ANCIEN ET MODERNE

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M. E. Descamps, des objets de vitrine, d'art et d'ameublement, argenterie ancienne, etc., pro- venant de la Collection de feue M"'« F.-C. Latvrance, et renvoyons, pour plus de détails, au catalogue illustré qui a été dressé à cette occasion.

A Berlin. Tableaux modernes, etc^ Le 10 février, chez Lepke, aura lieu une vente de tableaux et d'aquarelles modernes, provenant des collections P. Friedrich et P. Mohn. Il a été dressé un catalogue illustré à l'occasionde cette vacation qui ne comprendra guère que des ouvrages de peintres allemands modernes.

Les ventes prochaines. A Paris.

Dans le courant de février, doit se faire la vente des porcelaines et objets d'art dépendant de la Collection de feu M. Fitzhenry, que celui-ci avait naguère prêtés au Musée des Arts décoratifs.

Au mois de mars, aura lieu, à la (ialerie (ieorges Petit, la première des venins (|iii doi- vent disperser, par suite de dissolution de société, le stock de marchandises commun à MM. Jac- ques et Arnold Seligmann, les antiquaires pari- siens bien connus.

On parle encore, comme devant se produire en mai, de la vente des tableaux, dessins et objets d'art modernes coraposaut la Collection de feu M. Roger Marx, noire confrère, récem- ment décédé.

M. N. ESTAMPES

Ventes annoncées. A Paris. M" A. Des- vouges et M. L. Delteil annoncent, pour la semaine prochaine, deux ventes d'estampes :

La première aura lieu le 5 février, salle 10, et comprendra des estampes françaises et an- glaises du xvni« siècle; au catalogue illustré, qui décrit 2a0 numéros, on relève, en particulier, des œuvres de Boucher, Baudouin, Bonnet, De- bxicoxirl (les Deux baisers), Kragonard (les Hazards heureux de l'escarpolette), Janinet, Lavreince (Qu'en dit l'abbé?}, Reynolds (Lady Smith et ses enfants), G. Morland {Constancy. Variely\.

La seconde se fera le 10 février, salle 7, et sera composée d'çstampes modernes ; le cata- logue illustré énumère 203 numéros, parmi les- quels on citera : un œuvre abondant de Mary Cassait (n"' 20-41). de Daumier (n". 47-77), des gravures ou lithographies de Carrière [Verlainei, Daubigny, Meryou (n°» 143-163; la Morgue, la Rue des Mauvais Garçons, le Stry^e, etc.). Gail- lard, Jacque, Lepère, etc.

R. G.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

I" année de « l'Exposition » (galerie Brun- ner). Peinture, sculpture, objets d'art, à défaut de vocable disponible, ainsi se désigne un groupe nouveau; mais, sous ce titre vague, une bonne volonté se révèle. Aussi loin de l'impression- nisme expirant que du cubisme mort-né, le fait n'est-il pas expressif d'avoir donné la présidence au styliste discret d'une claire Églogue virgi- lienne, M. Francis .\uburtin? La statuaire d'un Catalan, M. José Clara, ne décèle pas un moindre penchant pour l'antique; et la Rome réelle appa- raît encore auprès de la Grèce rêvée : c'est M. Robert Lemonnier qui nous conduit, à son tour, au Mont Palatin. Quand le sentiment se recueille, la lumière s'apaise : le mystérieux portraitiste G. de La Perche, une pastelliste de talent. M"» Claude Marnef, et plusieurs dis- ciples de M. Ernest Laurent, M"« Suzanne Jué, M. Maurice Mathurin, M. Descuàé, M""= Hertz- Eyrolles, ne diraient plus avec Delacroix ou Hegnault : « Haine au gris ! ■> L'Italie même, à leurs yeux, s'embrume; et le paysagiste André Strauss ne voit plus les gorges d'Apremont avec la profonde et méticuleuse ardeur d'un Théodore Rousseau, qui consternait la critique retarda- taire de 1830.

II» Salon des Artistes animaliers (galerie La Boétie). Serait-ce l'absence d'une « rétro- spective » de Barye ou de la faune exotique du peintre finlandais Bruno Liljefors? Mais cette seconde année paraît notoirement inférieure à la première (1); et malgré la préser)ce d'une gouache érudite de M. Mathurin Méhent ou d'une gouache fantaisiste de .M. Manzana-Pissarro, la palette des coloristes le cède à l'ébauchoir plus savant des statuaires, aux bronzes musculeux de M. Georges Gardet, aux bronzes palpitants de M. Rembrandt Bugatti, aux bois nerveusement sculptés par M. Raymond Bigot, aux études attentives de MM. Perrault-Harry, Jacques Fro- ment-Meurioe, Pierre Christophe, Henri Vallette et Navellier. Dessinateur et sculpteur, ami des fauves, des reptiles et des oiseaux de proie, M. Paul Jouve domine la série des croquis se distinguent les fusains rehaussés de M. Deluer- moz et les observations ornithologiques du Dr Joseph Oberthur; et, minets ou matous, les

(i) Voir le Bulletin du 1" mars 1913, p. 69.

.)«

LE BULLETIN DE L'Atlt

chats du peintre-graveur F.-H. Oger raviront, par leur naturel, les amoureux fervents ou les savants austères qui réservent une prédilection baude- lairienne au « tigre du foyer ».

L'Évolution de l'art moderne à travers les expositions diverses. l.e temps n'est plus l'humour de Félix Buhot nous emprisonnait dans le dilemme du Whistlérisme et du Pissar- risme [l], el les révolutionnaires appartiennent dorénavant à l'histoire. Ciiez Manzi, c'est Camille Pissarro (1830-1903), l'aîné de nos impression- nistes et le plus près de la réalité rustique. Chez Bernheim jeune, c'est encore Cézanne, depuis ses débuts inspirés, comme ceux de Pissarro, par les robustes verdures de Courbet, jusqu'à son déclin douloureux que la jeunesse a trop regardé. Cliez Edouard Pelletan, c'est Carrière et son Théâtre populaire, qui fut l'événement très discuté du Salon de 1895, au « Champ-de- Mars » : on l'appelait alors le Théâtre de belle- ville ; on l'appelle aujourd'hui le Théâtre des Baliç/notlef ; et dix-neuf ans ont patiné déjà son mystère inquiétant. Chez Paul Rosenberg, 21,rue La Bnétie, c'est Toulouse-Lautrec, le noctambule encore plus troublant dans sa psychologie clair- voyante et fiévreuse, qui contraste avec les objets d'art élégants de M. Paul Iribe et la belle santé française du statuaire Halou, qui se comprend mieux ici que dans la cohue des Salons.

Chez Druet, c'est un jeune peintre suisse dont la Liseuse nous arrêtait au Salon d'automne : M. Charles Moutag; il peut beaucoup, s'il veut oublier, devant l'émouvante et simple nature, la synthèse barbare de Cézanne et des Cézanniens, qui n'est qu'un n résultat » incomplet. Avis à M. Itaoul de Mathan, paysagiste ou dessinateur des cours d'assises, un des plus décevants parmi lesanciensélèvesdu visionnaire Gustave Moreau !

Chez Georges Petit, ce sont les aquarelles trop adroitement gouachées de M. Kosenstock et les jolis petits pastels trop également vaporeux de M. André des Fontaines. Chez Ueitlinger, ce sont les << impressions » de voyage de M. Charles Hall Thorndike, qui descend de la Bretagne des pêcheurs à la Venise des Duges, en passant par la Corse, veuve de ses bandits. Chez Devambez. après les notes de voyage de M. François Pascal, que séduit Constantiuople, et de M. Iloberlo Ramaugé, que le souvenir de Venise ensorcelle, c'est la troisième exposition du paysagiste russe

(I) Voir /* Journal des Arts, 2, janvier 1888, à propos de re.xposition des XXXML cher Georges Petit.

Alexandre Altmann, le peintre des aatomnes, qui garde un certain parti pris dans son àpreté. Chez Marcel Bernheim, c'est la première expo- sition particulière du paysagiste français Frnest Vauthrin, qui dévoile la discrète émotion de sa sensibilité native dans le choix de ses motifs crépusculaires au fin fond de la Bretagne, de la Hollande, de la campagne angevine ou de notre vieux Paris qui meurt; et parmi tous les cris du cabotinage, ce murmure sincère est d'un charme éloquent.

Nous parlerons, dans un prochain numéro, de la trente-sixième exposition des Aquarellistes français, chez Georges Petit, de la neuvième année de la Société internationale de la l'einture à l'eau, chez Chaîne et Simonson, et des deux « rétrospectives » de Daniel Vierge et de Gustave Doré, que la Société artistique de la Gravure sur bois vient d'organiser au Cercle de la Librairie.

r^AVMOMi HOUYEB.

LES

Églises romanes des Vosges

à propos d'un livre récent (I).

M. G. Durand, qui avait soutenu en i883, à sa sortie de l'École des Chartes, une thèse sur T/lrc/a- tecture religieuse du pays de Vosges ( / 000-1230), a repris son sujet, complété son enquête et publié sa thèse trente ans après la soutenance. Avec quel succès il a mené, dans l'intervalle, la besogne archéologique, lui seul ne s'en rend pas compte. Dans son introduction, il écrit à propos des inlluences : » Toutes ces questions sont... mieux à leur place dans les œuvres synthétiques des maîtres, qui sont plus autorisés et mieux placé** pour voir les choses de haut. » Certes, l'auteur à qui est due la magnifique monographie de la cathédrale d'Amiens est un maître. J'ajoute que voir les choses de haut, ce n'est pas toujours les bien voir : on peut considérer nos architectures provinciales de si haut et de si loin qu'on les distingue assez mal Fort heureusement, mon confrère n'a pas suivi à la lettre son programme et. plus d'une fois, il remonte jusqu'à l'origine des formes et des procédés.

(1) Églises romanes des Vosges, par Georges Duhakd (Paris, Champion, in-**, ii-396 pages, 299 figures; Supplément de la Hevue de l'art chrétien. 11).

ANCIEN ET MODERNE

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M. fi. Durand étudie les églises romanes. Certains regretteront peut-i-'tre qu'il n'ait pas déllni pins nettement ce qu'il entend par là; c'est un point secondaire : de quelque nom qu'on les appelle, romans ou non, les édifices qu'il examine forment un ensemble d'un remarquable intér*''t.

I.e département des Vosges est une partie, la partie méridionale, de l'ancien royaume de Lorraine; son territoire appartenait presque en 'Mitier au diocèse de Toul. Il n'a pas d'églises antérieuies à l'an 1000, et bien peu de la période 1000-1 IfiO. Vers cette dernière date, on prit l'habi- tude de vortter les églises, et longtemps on employa les voûtes romanes concurremment avec la croisée d'ogives.

■Le pays des Vosges n'était pas un foyer d'art dont le rayonnement fiU intense; il a plus reçu que donné. D'où vient son architecture'? Si on jette les yeux sur une carte, on voit que cette architecture vosgienne est placée dans le rayon d'influence de la Champagne, d'une part, des pays rhénan et germanique, de l'autre. Or, M. G. Durand connaît ces marches, ce qui lui permet maints rapprochements instructifs.

Le caractère » lombardo-germanique " le plus accusé dans les églises des Vosges est le plan carré des travées de la nef, avec les conséquences que ce plan entraîne : l'alternance des supports et les fenêtres couplées. L'usage des chapiteaux cubiques, l'absence de contreforts aux angles des clochers, la présence de lions en avant des portes sont encore des similitudes avec le style germanique. Par contre , les architectes des Vosges ont renoncé de bonne heure « aux cor- dons d'arceaux et aux bandeaux verticaux », en d'autres termes, aux arcatures et bandes lom- bardes ; leurs tours centrales sont carrées, comme en Champagne, et non polygonales, comme en Alsace et de l'autre côté du Rhin.

Vers le v)u° siècle, une architecture se serait constituée, que les Italiens dénomment lom- barde, que M. de Lasteyrie appelle carolingienne et à laquelle M. Durand prête un rôle primordial. L'art vosgien aurait répudié certaines de ces traditions carolingiennes. (]ui se sont développées dans les écoles normande et germanique ; il en aurait conservé d'autres. A la fîn du- xi' siècle, son originalité s'affirma; il se tint en contact avec l'Ouest et le Midi plutôt qu'avec l'Est et le Nord, il est plus français qu'allemand. 11 pré- sente avec la Provence et l'Italie quelques ana- logies, dont il faudrait chercher la cause dans une même origine,

Cette idée d'un fonds commun aux diverses écoles romanes revient plus d'une fois dans le livre. N'est-ce pas, cependant, moins une consta- tation positive qu'une hypothèse commode pour donner la raison de certains faits".' Prenons comme exempte l'alternance des supports, qui s'observe en divers pays et notamment en Nor- mandie: on a dit que, si les architectes normands ont adopté cette disposition, ce n'est pas à l'imi- tation d'autres écoles, mais uniquement parce qu'elle présentait des avantages. Cette explica- tion est fort insuffisante, parce que d'autres partis étaient possibles, et il s'agit précisément de savoir pourquoi les Normands ont fait choix de celui-là. La question s'éclaire si on admet que Normands, Lorrains, etc., ont pris cette combinaison dans le style carolingien.

Par malheur, il n'est pas bien établi que ce style ait existé ; M. de Lasteyrie est, sur ce point, moins afiirmatif que M. G. Durand (1). Et, sans doute, ses réserves sont justifiées : l'histoire du vin" siècle n'aide guère à comprendre cette vaste centralisation artistique, et je ne sais pas si la Renaissance de Charlemagne fut autre chose qu'un mouvement officiel et superficiel, sans action profonde sur l'évolution de l'architecture. Pour tout dire, je suis porté à faire la part plus restreinte à l'influence du style carolingien, plus large aux échanges d'école à école.

Qu'on veuille bien le remarquer, jo ne rejette pas absolument la théorie de M. Durand : elle est parfois bien séduisante. Mon confrère signale, dans une famille d'églises dotées d'un clocher sur le chœur, un dispositif de piliers et d'arcs longi- tudinaux, qui rappelle étrangement un groupe d'églises archaïques des Charentes et du Libour- nais. D'où peut bien provenir cette similitude".'

Il ne m'est pas possible de résumer le livre très nourri dont je rends compte. Voici, du moins, quelques faits.qui ont attiré mon attention.

En plan, plusieurs absides vosgiennes sont courbes en dedans, polygonales en dehors. Les déambulatoires sont exceptionnels, aussi bien que les triforiums.

Parmi les particularités de construction, je note le tracé irrégulier d'un grand nombre d'ex- trados. L'arc brisé, inconnu auxi» siècle, est rare au sue. L'emploi de la voûte d'arêtes est long- temps de règle sur les bas-côtés, même lorscjne

(1) \on l'Archilec/ure reliffieuxe en France à l'épo- que romane, p. 36,

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LE BULLETIN DE L'ART

la nef est voûtée d'ogives. Dans des croisées d'ogives, l'ogive est pointue à la naissance ; cette foiiibinaison n'est pas inconnue dans le Sud- Ouest : on l'observe dans l'église de Villeneuve- de-Marsan et dans la salle capitulaire de Huerla, une abbaye fondée en Castille par les Bénédictins de Verdun (Tarn et-Garonne) (1). Dans presque toutes les voiites d'ogives, l'ossature seule est appareillée, les remplissages sont de moellon- nage. Les Vosges, qui ont quelques coupoles nervées, possèdent un seul cul-de-four sur ogives. Dans lés clochers, les fenêtres sont parfois gémi- nées, et les deux arcs retombent sur une colonne dont le tailloir s'allonge dans le sens du tableau, de façon à supporter le mur dans toute son épaisseur.

La statuaire est mauvaise. Les chapiteaux cubiques sont très fréquents, et les chapiteaux godronnés, très rares. De l'antiquité, il subsiste quelques motifs : l'acanthe, l'ove, des colonnes torses, des baies carrées à chambranle qui s'en- cadrent bizarrement dans les portes arquées, des chapileau.x à feuilles de laurier, comme il en existe, bien loin de là, au Musée d'Oviédo. Les ornemanistes ont taillé volontiers, sur les sur- faces planes qu'ils voulaient décorer, des étoiles à quatre rais imitées de l'Orient et que l'on retrouve, très anciennement, dans l'ouest de l'Kspagne.

Enfin, le style roman a persisté jusqu'à une époque avancée : « A défaut de documents pré- cis, — et ils sont rares, les églises romanes de la Lorraine ne peuvent, le plus souvent, être datées qu'avec la plus grande prudence et sous les plus expresses réserves». La Lorraine a cela de commun avec bien d'autres provinces.

Le livre est copieusement illustré de dessins et de photographies, dont beaucoup sont fort Jolies. Les dessins sont à une échelle constante, ce qui permet d'évaluer plus aisément les di- mensions de chaque édifice ; par malheur, l'échelle (0°'002b pour les plans) est un peu petite quand il s'agit de constructions compliquées.

En écrivant ce volume, M. G. Durand a, une fois de plus, donné un exemple qui mérite d'être suivi. Les archéologues publient force monogra- phies : cela, évidemment, est utile; mais il y a mieux à faire : c'est d'étudier des séries d'édi-

(i) Marquis de Cerraibo, Discurws leidos antt la Real Academiii de la hislona en »/ de mayo de I90S, pHoche après la p. 252.

fices, les églises d'un diocèse ou d'un départe- ment. Les travaux de ce genre sont ceux qui nous manquent le plus, non pas les généralisa- tions hâtives, mais les enquêtes, comme celle- ci, patiemment conduites, longuement mûries. Après avoir lu le beau livre de l'archiviste de la Somme, j'ai eu la curiosité de reprendre les positions de thèse de l'étudiant de 1883 : le rapprochement est instructif; il montre qu'en archéologie, le temps est un collaborateur néces- saire; il faut laisser les impressions se tasser et revoir, plusieurs fois même si l'église est com- ple.\e et le problème difficile ; entre deux voyages, on lit, oh compare, on réiléchit. Le travail appa- rent suppose un travail invisible et souterrain qui est considérable, comme en ces cathédrales gothiques, dont les fondations « sont aussi colos- sales que le monument lui-même •> {\). A ce prix, M. Durand a construit, cette fois encore, un édi- fice solide et durable : certains détails pourront être emportés; le gros œuvre défie le temps.

J.-A. Bbutails.

LES REVUES

Fra.ncf,

L'Art et les artistes (octobre). Marquis de Tbessan. La l'einlure en Orienlet enEjrlréme-Oi-ienl. -Numéro spécial, comprenant la peinture chinoise, la peinture japonaise, la peinture musulmane (école (le Mésopotamie, peinture persane, peinture indo- musulmane .

KussiF.

Staryé Godie inovembre'. Alexandre Bknois. La Collection de dessins de M. larémitch. Toutes les écoles, depuis le xvi* siècle, sont représentées. Un Rembrandt. Beaucoup d'oeuvres françaises.

Baron A. de Foelkkrsam. Le Galuchat et son application aux arts Étudié d après les objets appartenant à l'Ermitage.

P. Sroi.plASSKi Les Ventes d'objets d'art nu XVIII' siècle à Snint-l'éle)sl)ouri/. (h'inj.

Baron ÎS. Wbanoell. La Vente de la collection Delàrov. Elle aura lieu à Paris, dans le courant de cette saison 1914 ; l'auteur regrette que la Russie ne l'ait pas conservée Denis Kociic.

(I) Durand. Monographie de l'église Noire-Dame, cathédrale d'Amiens, t. I, p. 202.

Le Gérant : H. Di.nis.

Pari». Imp. Oeor^s Petit, li, ru« Godot-de-Uauroi .

Numéro 611.

(H

Samedi 7 Février 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie dans les Musées nationaux

La Question du privilège.

Il y a quelques mois, l'administration des Beaux-Arts a fait passer dans les journaux une note portant à la connaissance du public que le traité qui concédait depuis trente ans, à une maison d'édition photographique de Paris, le privilège de la photographie dans les Musées nationaux, étant arrivé à un an de son expira- tion, venait d'être dénoncé et qu'il allait être procédé à une révision de ce traité, en vue d'une adjudication nouvelle (1).

Depuis lors, silence absolu... (Jue s'est-il passé? Uuel accord est intervenu ? Une adjudication nouvelle a-t-elle eu lieu, et sur quelles bases? Autant de questions que le public se pose sans qu'on puisse lui fournir une réponse satisfai- sante.

Ces questions ne sont pourtant pas de celles qui n'intéressent qu'un petit nombre d'initiés; elles sont liées à quelque chose de plus élevé qu'une alTaire commerciale, et, comme on vou- drait le montrer en quelques articles, leur réper- cussion peut se faire sentir bien au-delà des limites de notre pays. Il serait singulier qu'elles fussent réglées sous le manteau.

Pour en faire bien saisir la portée, il importe tout d'abord de rappeler les dispositions essen- tielles du traité établissant le privilège de la maison Braun. Et, soit dit en passant, on voudra bien croire qu'il ne s'agit point ici d'une cam- pagne dirigée personnellement contre la maison Braun, avec laquelle la Revue a toujours entre- tenu d'excellentes relations commerciales ; on est bien obligé de la mettre en cause, puisque c'est en sa faveur que le privilège de la photo- graphie dans les Musées nationaux a été établi ;

I

(1) Voir le n* 602 du Bulletin.

mais, encore une fois, cette affaire est de celles dont l'intérêt, on peut dire : national, dépasse de beaucoup les questions de personnes ou de firmes.

Par traité en date du 3 décembre 1883, déclaré, par arrêté ministériel du 30 mai 1885, exécutoire à partir du 1"' février de cette dernière année, l'Etat a concédé à la maison Braun, pour trente ans : 1" le droit de prendre le titre officie! de photographe du .Musée du Louvre et des Musées nationaux ; un atelier de photographie au Louvre; 3" une salle de vente des photographies du Louvre; et divers avantages accessoires.

Il va de soi qu'en regard de ces avantages, la maison Braun se reconnaissait tenue à divers engagements, portant, en particulier, sur le dépôt d'un certain nombre d'épreuves, sur la nécessité de s'en tenir à des prix de vente fixés par avance, et surtout sur l'abandon à l'État, à l'expiration de son contrat, des sept raille clichés que le traité l'obligeait à exécuter.

Chacune de ces questions mérite d'être exa- minée en détails, et l'on y reviendra.

Pour aujourd'hui, la seule qui importe, c'est la question de principe.

Admissible, peut-être et encore ! dans les conditions la photographie se trouvait il y a trente ans, un tel privilège est devenu, à la longue, indéfendable, et M. Massé, dans son rap- port sur le budget des Beaux-Arts à la Chambre en 1903, n'a pas eu de peine à montrer combien les obligations fixées par ce « monopole exorbi- tant» étaient loin d'être la contre-partie des avantages concédés. Aujourd'hui, un tel privilège est en contradiction non seulement avec la vul- garisation de la photographie, mais encore avec la jurisprudence établie à l'étranger pour la durée de protection des épreuves photographi- ques, durée dont le minimum est de cinq ans (Hongrie, Danemark, Suède) et le maximum de dix ans (Allemagne, Autriche). Un tel privilège est un obstacle à la grande trtche sociale du relè- vement du goût et de la diffusion du sentiment

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LE BULLETIN DE L'ART

artistique. Un tel privilège est anti-démocra- tique. Enfin, un tel privilège est humiliant pour notre pays, qui est le seul au monde l'on rencontre un monopole de ce genre, mais qui n'est pas le seul à en subir les fâcheuses consé- quences.

Voilà quelques-unes des raisons pour les- quelles le privilège de la photographie dans les Musées nationaux ne devrait pas t>lre renouvelé.

E. D.

CfiO<^C«3C0OC0OC«3CraC6OCeOC6OC6QCraC«OOK)C9O

ÉCHOS ET NOUVELLES

Actes officiels. Le Journal officiel du 27 jan- vier a publié la liste de répartition, entre le Musée du Luxembourg et les musée? de province, des œuvres d'art acquises récemment par l'État.

Académie des beaux-arts (séance du 31 janvier). L'Académie est autorisée à accepter le legs, qui lui a été fait par M. Daumet, d'une rente de 4.500 fr. devant être partagée en trois annuités de l..'iOO fr. chacune, qui seront servies, pendant trois ans, à des pensionnaires architectes, sortis de la Villa Médicis après avoir rempli toutes les obligations prévues par les règlements.

MM. Laloux et Cûrmon sont délégués pour faire partie de la commission des séries arti.«liqiies des forêts domaniales, récemment créée au ministère de l'Agriculture.

L'Académie a procédé à la désignation des jurés qui seront adjoints aux membres des sections com- pétentes pour le jugement des diverses épreuves des concours de Rome. Ont été désignés ;

Peinture. Titulaires : MM. Muénier, Schommer, Saint-Geruiier, Chabas, Gorguet, Déchenaud, Roger; supplémentaires : MM. Albert Laurens, Maxence, Henri Martin, Renard.

Sculpture. Titulaires : MM. Boucher, Hannaux, Blondat, Gasq; supplémentaires: MM. Terroir, Cor- donnier.

Architecture. Titulaires : M.M. Mayeux, llanno- tin, Redon, Guilliero; supplémentaires : MM. Patouil- lard, Tournaire.

Gravure en taille douce. Titulaires : MM. Qui- dor, Vyboud; supplémentaire : M. Patricot.

Gravure en médailles. Titulaires : MM Rotté, Henri Dubois; supplémentaire ; M. Grégoire.

Composition musicale. Titulaires : MM. Puget, Charles Lefebvre, Bilsser; supplémentaires : MM. Vi- dal, Debussy.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 30 janvier). M. DIeulafuy rend compte du résultat des recherches entreprises à Saint-Ber-

trand-de-Comminges, l'antique Lugdunum Convena- rum, par la Société des fouilles archéologiques, et de la découverte d'une basilique chrétienne remontant à l'époque de Constantin.

La première trouvaille fut celle de trois sarcophages en marbre des Pyrénées qui, par leilr forme, sem- blaient remonter au v ou au vi* siècle. Le déblaie- ment méthodique entrepris à la suite, sous la direc- tion de M. Lizop, permit de dégager onze nouveaux sarcophages et de reconnaître qu'ils avaient tous été placés dans l'enceinte d'une basilique chrétienne.

M. Dieulafoy rappelle que Luqdunum Cunveiiarum fut, une première fois, saccagé par le» Vandales, vers 409, et détruit de fond en comble par les Bur- gondes, sous les ordres de leur roi Contran, en 584 ou 585.

Or, les fouilles prouvent qu'on a défoncé le dallage en marbre de l'église et ia couche de béton qui le por- tait pour préparer les fosses : la basilique est donc antérieure au début du vi' siècle. Les fouilles ont nic'me montré qu'à cette époque elle aurait elle-même été déjà, sinon reconstruite, du moins restaurée et agrandie, et que la primitive basilique épousait, en partie, les fondations d'un édilice romain hypoityle. Il y a donc lieu de supposer que la basili(|ue primitive fut en partie détruite par l'invasion de 409, restaurée quelques aunées plus tard et que c'est dans la basi- lique nouvelle que furent déposés les sarcophages.

On en a la preuve dans ce fait qu'on a trouvé sur le sol de la basilique de nombreuses monnaies frappées par Constantin, par Constance et par Gralien, asseis- siué en 382. l'ne pierre tuumiaire d'un prêtre mort sous le consulat de Dufln et d'Eusèbe (341 fournit un argument nouveau de précision chronologique.

La basilique, ainsi datée, se composait d'un vais- seau long de 32 m. 60, large de 13 m. 60, divisé en une nefetdeux collatéraux par deux files de huit colonnes.

Les fouilles ont dégagé les murs enduits ilun crépi rose sur une hauteur variable mais toujours faible, les fondations de plusieurs colonnes, dos fragments de vases, de ffits, de chapiteaux, plusieurs carreaux de marbre blanc provenant du dallage, les tuiles à crochets de la toiture et des éclats extrèweuient nom- breux de pierres sculptées. En outre, en creusant une fosse dans le cimetière Saint-Julien, contigu aux ex- cavations et à cinq mètres de l'abside, on a trouvé six fûts de colonnes et un chapiteau à peu près intact.

Désormais, la restitution complète et certaine de l'édifice devenait possible. M. Dieulafoy l'a effectuée et en retrace les grandes lipnes : il conclut en remar- quant que si l'édifice n'était pas luxueux, du moins il était vaste et bien aménagé.

L'intérêt tout à fait exceptionnel de la découverte tient à ce que la basilique de Liiydimum Convennrum est de beaucoup le plus ancien monument chrétien de la Gaule et que sa fondation doit être placée à une date très voisine de celle de la basilique d'Orléansville.

M. Pelliot commente une série de nouveaux

ANCIEN ET MODERNE

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documents sur le christianisme en Asie centrale au moyen Age.

Société nationale des antiquaires de France

(séance du 28 janvier). M. Dimier Tait une commu- nication au sujet de la statue d'Hercule en argent, commandée à Benvenuto Cellini par François 1" pour l'entrée de Charles-Quint à Paris, en 1540.

M. J.J. Guiffrey montre â la Société les photo- graphies d'une série de dessins français du xvi' siè- cle, pour une tenture de tapisseries en l'honneur des rois de France, depuis François 1" jusqu'à Henri III. Ces dessins ont été exécutés, comme ceux de la ten- ture d'Artémise, par les soins de Nicolas llouel, apothicaire parisien ; s^rtains d'entre eux sont pro- bablement l'œuvre du peintre Antoine Caron.

Musées nationaux. Par décret paru au Jouninl officiel du 2 février, le traitement de directeur des Musées nationaux et de l'École du Louvre est fixé à 15.000 francs.

Musée du Louvre. A qui n'est-il pas arrivé d'être questionné sur l'exposition et les services de la Chalcographie? Une grande partie du public ignore trop quelles sont les richesses de cette collection de nos Musées nationaux et la facilité qu'on peut avoir d'y trouver, à des prix relativement modiques, de fort belles estampes, exécutées d'après des chel's- d'œuvres par des graveurs réputés.

Le public l'ignorera moins dorénavant : M. Henry Marcel, directeur des Musées nationaux, vient de faire établir, dans la galerie du bord de l'eau, à l'en- trée des salles Rembrandt, ufl comptoir spécial de vente, les plus belles gravures seront à la disposi- tion des amateurs, ainsi que le catalogue de la Chal- cographie.

Musée des Arts décoratifs. Le bas-relief <lédié à la mémoire de Jules Maciet par ses amis, œuvre du sculpteur Alfred Lenoir, vient d'iHre achevé et mis en place au Musée des Arts décoratifs. Le Comité de souscription organise une réunion intimi' d'inauguration, qui aura lieu à la Bibliothèque de l'Unioncentrale des Arts décoratifs, demain dimanche, 8 février, à 10 heures.

Expositions annoncées. La Société des pein- tres orientalistes français a invité la Société hindoue d'art oriental à participer à son exposition au Grand Palais. Nous aurons ainsi, du 8 février au 8 mars, une manifestation de l'art contemporain de l'Inde. Les peintres qui seront représentés sont ceux de l'école des Tagore, nom illustré par le grand poète lauréat du dernier prix Nobel : Abanindra-Nath Tagore, le neveu de l'écrivain, chef du groupe, Gogonendra-Nath Tagore, et plusieurs autres disciples. Le succès obtenu en 1912, au Pavillon de Marsan, par une exposition de peintures hindoues et persanes fait prévoir que les œuvres envoyées par Vlndian Society retiendront l'attention du public.

La Rétrospective de l'Exposition de Lyon.

On sait que Lyon prépare pour le mois de mai une importante Exposition internationale. Cette Exposi- tion aura, naturellement, sa rétrospective, pour laquelle on a demandé le concours de l'État et la collaboration du Mobilier national.

Une commission spéciale s'est réunie à Paris, en vue d'organiser cette rétrospective, de concert avec M. Dumonthier, administrateur du Garde-Meuble.

M. Dumonthier a présenté à la commission les plans des salles ou cette rétrospective sera installée : une galerie de cent mètres, aux deux extrémités de laquelle pourront être reconstitués des ensembles décoratifs de répo(|ue napoléonienne. On sait que notre Garde-Meuble est fort riche en tissus de cette époque, et l'on se rappelle avoir vu naguère à la Mal- maison, puis au musée des Arts décoratifs, des expo- sitions d'ensemble de ces tissus qui, commandés pour le palais de Versailles à l'industrie lyonnaise, en 1812, ne furent jamais utilisés. Les petits-fils de ceux qui les créèrent il y a cent ans, vont donc les revoir.

Le merveilleux musée lyonnais des tissus formera comme le prolongement naturel de cette rétrospec- tive.

A New-York. Aurons-nous à annoncer la vente, assurément sensationnelle, de la collection Pierpont Morgan'? On sait que le célèbre amateur américain avait laissé à son fils, M. J. P. Morgan, toute liberté de disposer de ses collections, en expri- mant le désir que ces « collections pussent rester, d'une façon permanente, ji la disposition du peuple américain pour son instruction et son plaisir ». M. J. P. Morgan avait d'abord eu l'intention de placer ces collections au Musée métropolitain de New-York pour un temps indéfini; mais on dit maintenant qu'ennuyé par les retards apportés à la réalisation de ce projet par les autorités municipales, il songerait à vendre tout ou partie des collections, sur les instances des marchands. H a déclaré, du reste, n'avoir pris encore aucune détermination.

A Liège. M. François Flameng, qui fut, en juillet dernier, délégué par l'instjtut aux fêtes orga- nisées en l'honneur de Grétrj, à Liège, vient d'oD'rir à l'administration communale de cette ville une esquisse très poussée de son fameux tableau repré- sentant la Charrie de la cavalerie française sous le commandement du maréchal Ney, à Waterloo.

A Florence. Le Conseil supérieur des Beaux- Arts, réuni à Florence, a refusé à la municipalité la permission qu'elle demandait de remplacer par une copie le pulto de bronze de Verrochio, qui orne la fontaine du corlile du Palais-Vieux. On aurait mis au musée, installé dans le palais même, l'original qui est, hélas ! en mauvais état et percé de trous. Le Conseil supérieur invoque, pour motiver son refus, des raisons d'art. Mais ce sont des raisons d'art aussi qu'on peut invoquer pour mettre en sûreté une œuvre charmante

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LE BULLETIN DE L'ART

i|uc rongent et détruisent peu à peu l'huiuidité et les intempéries, et que par surcroit on voit assez mal. L. G.

Le procès Perugia. La section d'accusation a délinitivement renvoyé devant les juges du tribunal de KIorence, pour le 26 février, Vincenzo Perugia, le voleilr de la Joconde.

L'acte d'accusation dit que Perugia « s'est emparé, le 21 août 1911, du célèbre tableau de la Joconde, de Léonard de Vinci, qui est estimé à environ un million et qui est la propriété de l'État français ».

Dans la liste des témoins, en outre de ceux qui coopérèrent à la découverte de la Joconde^ se trou- vent deux fonctionnaires de la police parisienne et le commissaire de la police de l'ambassade italienne à Paris. La peine que les juges appliqueront à Perugia, selon le Code italien, varie de trois mois à quatre ans de prison.

Comme on le voit, c'est pour rien...

Nécrologie. Le peintre Timoléon Lobriclion, qui vient de mourir dans sa 82* année, était à Corvod (Jura), le 26 avril 1831. Après avoir passé par l'atelier de Picot, il débuta au Salon de 1859 par des tableaux d'histoire ; les scènes de genre, en particu- lier, les scènes enfantines, et les nombreux portraits de femmes et surtout d'enfants qu'il donna par la suite, lui valurent une certaine notoriété et plusieurs récompenses (ment, hon., 1868; méd. de cl., 1882). 11 avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1883.

Le peintre-graveur Daniel Mordant, membre de la Société nationale des beaux-arts, qui vient de

mourir à Paris, à l'âge de 60 ans, était à Quimper. Il s'était distingué à la fois dans l'eau-forte originale et dans la gravure de reproduction, en même temps qu'il se faisait remarquer par ses peintures de paysage. M. D. Mordant avait obtenu une médaille de 3* classe en 1883, une mention honorable à l'Exposition uni- verselle de 1889 et une médaille d'or à celle de 1900. La Revue a publié une vigoureuse eau-forte de cet artiste. l'Espérance, d'après Watts.

Le paysagiste Daniel Kœchlin, membre de la Société des artistes français, est mort à Kingersheim (Alsace), dans sa soixante-neuvième année. à Mulhouse, élève de Français et de llenner, il expo- sait régulièrement aux Salons parisiens depuis 1874. Il était également un des habitués du Cercle Volney, on a eu souvent l'occasion d'apprécier ses marines, ses vues de la vallée de Chevreuse et de la forêt de Fontainebleau.

Le peintre Hené l'rinceteau, mort au château de Pontus, près de Fronsac (Gironde), était âgé de 70 ans ; à Libourne, élève de Dumont et Deloye, il exposait depuis de longues années des portraits, des sujets de chasse, des peintures d'histoire et des paysages ; il s'est fait également remarquer par ses sculptures. Récompensé d'une mention en 1881, il avait reçu une médaille de 3* classe en 1883, une de 2* classe en 1883, et une de bronze à l'Exposition universelle de 1900.

Le paysagiste milanais Filippo Careano vient de mourir à l'âge de 74 ans. Ce fut un des chefs de l'école du vérisme et un des maîtres italiens dont l'inlluence s'est fait davantage sentir dans le dernier quart du xix* siècle.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

"Ventes annoncées. A Paris. "Vente Henriette Rodggers (objets d'art, etc.).

Mobilier ancien, plutôt que collection, la réunion d'objets d'art et d'ameublement, dont la vente aura lieu salle 11, le 9 février, sous la direction de M"^ Lair-Dubreuil et de MM. Mannheim et Loys Delteil. a fait l'objet d'un mince catalogue illus- tré. Nous y remarquons : une table-coiffeuse en marqueterie de bois de couleurs, d'époque Louis XV ; un lit de milieu, de la même époque,

en bois sculpté, à décor rocaille, et, enfin, une commode en marqueterie de bois de couleurs, avec bronzes, de la fin de l'époque Louis XV.

Ventes prochaines. A Paris. Aux

diverses vacations, que nous avons précédem- ment annoncées, nous pouvons encore en ajouter quelques-unes qai doivent également prendre place au cours de cette saison.

Le 16 février, salle 6, M' A. Couturier, assisté de MM. Mannheim, Pape et Loys Delteil, procédera à la vente des objets d'art et d'ameu- blement provenant de la Collection de feu

ANCIEN ET HUDERNE

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M. Rochard, qui, pour cause d'usufruit, ne lurent pas compris dans ia vente faite après le décès de cet amateur en 190!).

Le 20 février, le même commissaire-priseur vendra, boulevard de l'Hôpital, aux magasins des hôpitaux, des Boiseries anciennes du temps de la Régence, appartenant à l'Assistance pu- blique.

Le 2 mars, M= Baudoin dirigera une vente de peintures du genre ultra moilerne, apparte- nant à une Société dite » la Peau de l'Ours », qui s'était formée, il y a une quinzaine d'années, dans le but d'acheter des ouvrages de l'école impressionniste la plus avancée.

Le 5 du même mois, à la Galerie (jeorges Petit, le même commissaire-priseur présidera à une vente de tableaux, objets d'art et tapisseries anciennes.

De son côté, Lair-Dubreuil, assisté de MM. Paulme et Lasquin, procédera, dans le cou- rant de mars, à la première des nombreuses ventes que va nécessiter la dispersion du stock de marchandises appartenant à M. Jules Couderc, l'un des doyens du commerce parisien de la curiosité.

Vers la lin du même mois de mars, le même commissaire-priseur dirigera la vente des ta- bleaux, objets d'art et d'ameublement dépen- dant de la Succession de M. Lévéque.

Pour compléter ce que nous avons déjà dit à ce sujet, ajoutons que la vente des objets d'art et de curiosité provenant de la Succession de M. Fitzhenry, aura lieu salies 7 et 8, du 19 au 21 février, par le ministère de Lair- Dubreuil et de MM. Mannheim et Léman; et que les deux premières des ventes, qui vont disperser les ([uelque deux mille objets composant le stock de MM. Seligmann, seront dirigées, à la Galerie Georges Petit, du 6 au 17 mars, par M" Lair-Dubreuil et Baudoin.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Société des Aquarellistes Français (galerie Georges Petit). Quarante-cinq exposants, plus de trois cents cadres: toujours beaucoup d'appe- lés, mais peu d'élus, du moins au point de vue de l'art; et pourquoi l'aquarelle nous apparaît-

elle toujours plus banale que sa voisine et sa sœur cadette, la peinture à l'eau, qui la suit à quelques jours près, rue Gaumartin ? Parce que l'aquarelle enrôle moins d'artistes que d'amateurs ou de spécialistes trop préoccupés du métier. Quelque galante que soit la précision de notre xviii» siècle, illustré parM. Maurice Leloir, leplus artistique succès de ce trente-sixième hiver reste acquis à M. Pierre Vignal : sous le portail éblouis- sant d'une vieille église espagnole ou devant la douceur matinale des Ilots bleus de Capri, c'est le maître des limpides lumières; et la moindre réserve de blanc, cernée par son pinceau de martre, a cette justesse qui nous en fait oublier l'adresse. A Versailles, à Fontainebleau, dans un décor déjà stylisé de pierre blonde et de verdure, M"" Marie-Paule Carpentier sait ennoblir d'un vigoureux trait de crayon Conté de beaux effets d'ombre et les tons de l'automne. La plupart du temps, les « notes » des peintres-graveurs et leurs dessins rehaussés l'emportent sur la préciosité du fini : témoin VÉmiqrante de M. Jeanniot et les croquis, non catalogués, que M. de Latenay re- c\i%\\\6 Autour des Pardons, sans oublier les coins de province ou de banlieue illuminés par M. Luigi Loir, ni le Coteau sombre empourpré par M. Paul Ressert, et quel que soit l'esprit ou le talent de MM.Devambez,Maxence, Julien Le Blant, Georges Scott, du virtuose Ernest Filliard ou du miniatu- riste Maurice Ray.

Les Imagiers modernes (au Cercle de la Librairie). C'est une seconde exposition de la Société artistique de la Gravure sur bois, fondée en 1885, qu'il ne faut pas confondre avec la Société de la Gravuresur bois originale, fondée en 1912. Ses tendances s'expriment en beauté dans la « rétro- spective » de deux maîtres d'hier, dont le dessin contribua diversement à l'évolution de la gravure traductrice : Gustave Doré (1832-1883) et Daniel Vierge (1851-1904); l'un, romantique enfant de l'Alsace et fécond illustrateur de beaux livres, « interprété » par Pannemaker père ou par le virtuose marseillais Héliodore Pisan, qui substi- tua, vers 1860, la grisaille compliquée des teintes aux clairs linéaments du fac-similé ; l'autre. Espa- gnol ivre de soleil et fougueux illustrateur de journaux l'actualité palpitait dans une coulée de lumière; et l'échoppe du regretté Tony Beltrand traduisait à souhait ses puissants contrastes.

Aujourd'hui, toutes les formules voisinent : les teintes, dans les traductions des maîtres peintres par MM. Dété, Paul Bornet, Dutertre, Emile de

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LE BULLETIN DE L'ART

Ruaz et Léonard Jarraud, qu'il ne faut pas con- fondre avec le peiulre du inâine nom; le trait, dans les fac-similé de M. Ernest Florian pour les romans d'Anatole France ou le chef-d'œuvre de Balzac, Eugénie Grandet; le camaïeu, dans les Souvenira d'Italie, de M. Pierre Gusman; la couleur, avec MM. Girardot et Paul Baudier; le papier peint, avec M. Guttero ; l'archaïsme un peu décadent, avec M. Gaspard Maillol; la xylo- graphie primitive, dans les bois originaux du peintre-graveur Emile Bernard, pour les Amours de Pierre de Ronsart (sic), qui semblent illustrés par un contemporain de Geoffroy Tory.

Société internationale de la Peinture à l'eau (galerie Chaîne et Simonsonj. La vie, c'est la mort, observait un sage; et c'est aussi par une importante « rétrospective » que se re- commande à nos yeux ce neuvième hiver : le fondateur de la Société, le regretté Gaston La Touche (1854-1913), qui souriait malicieusement à la Comédie humaine, montre ici sous un nouvel aspect, ou plutôt sous tous les aspects de sa virtuosité brillante et vagabonde qui préférait les fluides harmonies de la peinture à l'eau pour effleurer tous les sujets, depuis les pâmoisons du Calvaire jusqu'au Baise-mains du five-o'clock, en passant, dans une atmosphère de théâtre, par toute la féerie des heures, des mascarades, des corridas, des fêtes, des flirts, des réalités élé- gantes ou des rêves galants.

Les vingt-deux artistes vivants qui l'entourent nous réservent un régal toujours savoureux, mais pas inédit, nous reconnaissons sans regret les souvenirs de Bretagne ou d'Italie, toujours large- ment colorés, par M. Lucien Simon; les études de danses, recueillies par M. Francis Auburtin à l'école de Miss Loïe Fuller, rivale d'Isadora Duncan; les flgures symboliques de M. Fernand Khnopff ou de M"" Jeanne Lucien-Simon; -les intérieurs ou les parcs de M.M. Walter Gay, Franiz Charlet et Gillol ; les effets de lumière vénitienne, moins vus que rêvés par M"« Clara Montalba; les oiseaux nettement stylisés par M. Itayraond Bigot; les gouaches, diversement vigoureuses ou limpides, de MM. Luigini, Marcette, Henry Cas- siers, qui songe, en Hollande, aux atmosphères nacrées de Turner; l'aquarelle pure, et d'autant plus vive, de -M. Fernand Truffant, quittant son vieux Marseille animé pour Bruges-la-Morle.

A côté de Versailles ou de Venise, Rome, ici non plus, n'est pas absente et sa majesté se prêle aux petites notes de M. Avy, tandis que, sinistre et

rosée devant son jardinet fleuri, la Maison de Berlioz à Montmartre, revue par un ami de Paris, M. Ernest Laborde, évoque la prison d'un génie captif.

Paul Madeline {galerie Georges Petit). Encore mieux ici qu'aux Salons d'automne ou qu'à la sixième exposition, chez Devambez, de la Société moderne dont nous parlerons bientôt, se perçoit le talent discrètement lumineux et natu- rellement harmonieux de M. Paul Madeline, un délicat parmi tant de pseudo-violents. Paysagiste, il trouve le calme et la douceur à Toulouse même, aux Martigues, sous les pins ensoleillés de la Côte d'Azur; dessinateur, il obtient du modèle des mouvements heureux, pareils au rythme de ses horizons qui s'élèvent, sans complication, dans une fine clarté, de la nature au décor.

Raymo.no Bouter.

LE PARTHENON

d'après un livre récent (1).

L'Acropole d'Athènes demeure le lieu d'élec- tion où une âme, nourrie de notre civilisation, se sent le plus près de la beauté pure, et respire le mieux le souffle de l'esprit, dépouillé de toute contingence : là, un idéal mystérieux et toujours présent l'appelle et l'exalte, et fait monter en elle la prière, dont Renan a écrit les versets. Qu'y a-t-il pourtant, sur l'abrupte colline, si ce n'est quelques colonnes mutilées et quelques débris de sculpture '? Sans doute. Mais, en cha- cun des fragments de ce qui fut la beauté par- faite, subsiste quelque chose de divin. On trouve, dans nos musées, des morceaux de coupes alti- ques du siècle, l'on ne voit plus (]u'une silhouette animée par quelques traits précis et nerveux ; la scène a disparu, le sens est indé- chiffrable ; mais ce qui survit sufflt à évoquer le plus beau printemps de l'intelligence humaine. Si un débris de poterie du temps d'Epictète ou de Douris garde ce pouvoir, ne conroit-on pas ce que peuvent imprimer dans notre esprit les restes du chef-d'œuvre d'Ictinos et de Phidias '.'

{l) Maxime Coi.honon. Le Parthénon, l'histoire, l'architecture, la sculpture. Paris, Machette et C'*, un vol. in-V, 22 pi., 79 fig.

ANCIEN ET MODERNE

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Aussi, l'on écrira toujours sur un si noble sujet. La curiosité humaine ne se lassera pas de fouiller la base du monument, ni d'en ri^ver la reconstitution. Il y a une bibliothèque entière consacrée à l'Acropole d'Athènes : mais elle s'augmentera toujours. Quel archéologue, fervent de l'hellénisme, ne vient pas un jour ou l'autre interroger la colline sacrée et lui demander l'un de ses secrets ? Mais à bien peu il est réservé de pouvoir traiter l'ensemble du sujet, et de fixer pour un temps l'aspect du grand problème que la ruine suscite. Et cependant, pour l'immense public lettré auquel il n'est pas donné d'aller prier sur l'Acropole, quoi de plus précieux qu'un grand volume de synthèse, qui lui raconte l'his- toire de ces monuments détruits et les lui montre tels qu'ils étaient dans leur première jeunesse ?

M. Maxime Collignon a entrepris, pour le Par- thénon, sinon pour l'Acropole entier, un pareil ouvrage d'ensemble. Il en avait donné, il y a quelques années, une première édition accom- pagnant des planches d'un très grand format. Cet ouvrage étant épuisé, il l'a refondu tout entier, pour le publier sous un format commode, en le mettant au courant des plus , récentes études ou trouvailles. Aucun archéologue, en Europe, n'était mieux désigné pour condenser ainsi, en des pages aussi claires que substan- tielles, ce que la science la plus pénétrante a découvert sur l'histoire du temple, et pour l'évo- quer à nos yeux tel qu'il se dressa au plus beau moment de l'histoire d'Athènes, qui y mit à la fois tout son orgueil et tout son génie. Les lec- teurs de la Revue de l'Art devinent avec quel charme et quel délicat atticisme est écrit ce volume, qui fait tant d'honneur à la science française.

En parlant ici de ce beau volume, il ne nous est pas possible de suivre l'auteur pas à pas tout au long de ses recherches. Nous renvoyons le lecteur au livre même, qui les séduira autant qu'il saura les instruire. Nous voudrions seule- ment souligner ce qu'il enferme de tout à fait nouveau en comparaison des anciens ouvrages sur l'Acropole d'Athènes, familiers au grand public, comme le livre classique de Beulé. En elTet, depuis une trentaine d'années, l'histoire des temples athéniens a été renouvelée par les fouilles heureuses pratiquées à leurs bases Une époque, jadis mal connue, est ressuscitée, toute parée d"attraits singuliers, un peu de barba- rie primitive se mêle à beaucoup de raffinement ; un peuple de statues peintes, les coquettes corés

aux robes tuyautées, aux cheveux calamistrés et enrubannés, aux sourires précieux, a surgi du sol antique ; un ancien Parthéuon est même apparu, qu'on ne connaissait pas.

Parthénon n'est pas ici le nom qui convient, du reste. On croit généralement que le nom du temple vient de celui d'Athéna Parthénos. Le contraire serait plus vrai. Au siècle, seule une cella du temple, plus spécialement réservée aux vierges qui jouaient un rôle poétique et impor- tant dans les Panathénées, était nommée « Par- thénon ». Par extension, le nom de cette ce//ofut donné plus tard à l'édifice entier.

Mais un temple d'Athéna, fondé vers S60, se dressait sur l'Acropole, avant l'invasion perse, au sud de la « forte demeure d'Erechtée ». C'est cet « Hécatompédon », dont Dôrpfeld a découvert l'existence, en 188b, édifice eu tuf, dont les fron- tons étaientdécorés de sculptures peintes, parmi lesquelles le groupe du triple Typhon, minutieu- sement étudié par M. Lechat, dans ses beaux ouvrages sur l'archaïsme attique, qui a acquis une sorte de popularité, que légitime le style étrange, vigoureux, allègrement» primitif» qui s'y mani- feste.

C'est ce temple que les Pisistratides ceignirent d'une colonnade dorique, et ornèrent de reliefs d'un style nouveau, tout brillant d'i'onisme, dont il reste quelques précieux morceaux, notam- ment un aurige drapé d'un élégant manteau, et devenu célèbre. Les corés dont le subtil sourire anime aujourd'hui le musée de l'Acropole y occupaient la cella occidentale, les Perses massacrèrent les trésoriers d'Athènes.

L'Hécatompédon fut détruit par les Perses. Mais, bien avant sa destruction, la démocratie, victorieuse des Pisistratides, avait projeté d'édi- fier à la déesse poliade un Temple nouveau, dont la spendeur elTarAt celle de l' Hécatompédon agrandi par les tyrans. Pour le construire, elle éleva de puissantes assises, régularisant les iné- galités de la colline, au bord de son abrupte déclivité : c'est l'emplacement et la base mi'me du Parthénon d'Ictinos Les Perses incendièrent c-; nouveau temple en cours de construction, dont le plan avait pris, après Marathon, des pro- portions plus vastes, en sorte que le Parthénon de Périclès est, non pas le second, mais, en réa- lité, le troisième Parthénon.

On voit, par ce bref résumé, quels problèmes suscite cette histoire du Parthénon avant Péri- clès. Ce sont des questions enchevêtrées, sur lesquelles les spécialistes ont discuté longuement.

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LE BULLETIN DE L'ART

Sous la plume de M. Collignon, tout s'éclaire, et la solution la plus naturelle se dégage comme d'elle-même de l'exposé seul des faits. En même temps, ces lointaines époques revivent, avec leurs passions, leur religion patriotique, et tous ces sentiments qui ont déterminé la naissance de ces chefs-d'œuvre, sentiments qui, à vrai dire, ne sont pas si éloignés des nôtres : il suffit à l'auteur de quelques mots pour évoquer parmi ces ruines, tout ce qui fut debout et tout ce qui y fut vivant, et pour nous le rendre présent et voisin.

On devine que le reste du livre consacré au Parthénon de Périclès n'est pas moins attachant : c'est le centre moral de toute l'histoire d'Athènes, au moment oh l'humanité approcha le plus près de la perfection esthétique, que M. Collignon décrit avec cette simplicité entre tant de sen- sibilité contenue mais profonde. L'auteur atteint même, à la fin de cet ouvrage, à un degré d'émo- tion sans emphase l'écrivain se montre inti- mement artiste et poète. Laissons au lecteur le plaisir de découvrir lui-même tout l'attrait de cette étude. Nous voudrions seulement, en termi- nant, citer quelques mots de l'auteur touchant certains projets de restauration qui ont menacé le Parthénon, comme tant d'autres édifices. Le Bulletin a souvent combattu pour défendre les chefs-d'œuvre, aussi bien d'un culte indiscret que de la profanation des vandales : il ne veut pas oublier de souligner que les dangers qui menacent nos églises et nos palais de jadis, n'ont pas épargné l'Acropole. Il y a eu, pour le Parthé- non, un projet de restauration complète, à l'Allemand von Klenze, qui eût défiguré sans retour de si nobles débris. M. Collignon a défini, en quelques mots, l'attitude qu'il convient d'adop- ter en face de la plus belle des ruines, et ses paroles nous serviront de conclusion : « Sauve- garder ce qui reste du teinfile et n'y rien ajouter, tel est le vœu auquel se sont ralliés, en 1905, au Congrès archéologique d'Athènes, les plus fer- vents admirateurs du monument. Le Parthénon ne doit pas être profané par des pierres neuves. Il doit rester ce qu'en ont fait les siècles, la plus noble et la plus auguste des ruines, enveloppée de poésie, précisément parce que l'imagination seule la complète, parée d'un incomparable prestige par le temps, par son histoire, par sa beauté cruellement défigurée, mais toujours vivante, par la grandeur du passé et par la mélan- colie du présent ».

J.F.

LES REVUES

France

L'Art et les artistes (novembre).— MIIosMaktbh. Un Gothique : le sculpteur tchèque François Bilek.

Marcel Sembat. Albert Marquet. Notes sur ce peintre qui, ayant découvert « un aspect spécial de la nature, s'y est identifié; si bien qu'on ne comprend pleinement certains paysages qu'à la condition de les voir en Marquet ».

Emile Sedevn. Frank Boggs. Les aquarelles de cet artiste voyageur, souvenirs vivants de la France monumentale.

William Rittbb. Max Svabinski. Peintre tchèque, en Moravie, professeur à l'École des beaux-arts de Prague; portraits, vues de villes, études de nu, natures mortes.

Cari G. Laubin. Exposition de portraits d'Idune à Stockholm. Exposition de portraits de membres de la société « Idune », qui vient de fêter le cinquan- tième anniversaire de sa fondation.

Lyco Laoiios. La Cité morte : notes sur le Musée du Caire.

Léandre Vaillat. I^'Art décoratif : l'art rus- tique en Savoie.

Itauk

Bollettino d'arte del Ministero délia P. Istru- zione (avril). Giulio Canïala.messa. Souvelles acquisitions de la galerie llorg/iese. Parmi ces nouvelles acquisitions du beau musée de la villa Borgtiese.M.Cantalamessa signale une Sainte Famille 3e Simone Cantarini, peintre de Pesaro [xvir siècle, influencé par les Bolonais et le Caravage, et deux tableaux de Gio. Benedetto Castiglione. le peintre génois si célèbre en Europe au xvii' siècle et trop oublié aujourd'hui ; ces deux tableaux représentent des bergers à cheval ou milieu de leurs troupeaux en marche.

Mario Salmi. L'Église de San Donnino, à Majano. Petite église romane, à trois lieues d'Arezzo, offrant de curieuses particularités ; on y trouve des fresques du commencement du xv siècle, d'un style d'ailleurs retardataire, notamment un Saint Donnino, et une Vierge, du même siècle, en bois polychrome.

Giuseppe Mohktti. Terres cuites inédites du Musée des Thermes. Terres cuites décoratives gréco-romaines.

Vittorio SPI^AzzoLA Sur un rhinocéros de marbre du Musée national de Naples. Bas-relief de l'an- cienne collection Borgia, imite d'un modèle d'Albert Diirer, et qui n'a jamais passé, au Musée de Naples, ni pour antique, ni pour avoir été trouvé à Pompéi, comme l'a récemment affirmé à tort et avec grand bruit un savant allemand.

Le Gérant : H Uïnis.

Paris. Inip. Georges Petit, ii, rue Godot-de-Mauroî.

Numéro 612.

Samedi 14 Février 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie dans les Musées nationaux (*)

Le prix des épreuves.

.)'en appelle à tous ceux qui ont visité l'Italie, et je leur demande combien il en est, parmi eux, qui sont revenus de leur voyage sans rap- porter de photographies.

I.a richesse des collections de l'excellente maison Alinari, pour ne citer que celle-là, et l'extrême bon marché des épreuves comptent parmi les Joies complémentaires d'une prome- nade aux sanctuaires de l'art. Petites villes et grands musées, paysages illustres, monuments, objets d'art, ensembles ou détails de peintures et de sculptures, tout a été photographié de ce qui peut intéresser le voyageur, l'artiste et le savant, et tout lui est livré sur sa demande, au format qu'il désire, et dans des conditions si modiques que les épreuves les plus » artistiques » n'arrivent pas à grever sensiblement le budget d'un touriste.

Faut-il donner des prix "?

Pour des épreuves aux sels d'argent : format 58x43 : 5 fr.; 43x33: 2 fr. bO; 25X.30 : 0 fr. 7b (6 fr. la douzaine) ; 14 1/2x9 1/2 : 0 fr. 30 (3 fr. la douzaine). Il existe des épreuves au platine, un peu plus chères, et des épreuves au charbon, procédé inaltérable, encore un peu plus coii- teuses : 12 fr., 7 fr., 2 fr. bO et 1 fr. 25, selon les formats.

Ilien d'approchant n'existe chez nous. Il suffit d'avoir voulu se procurer la photographie de tel ou tel tableau appartenant à une de nos galeries provinciales pour savoir ce qu'il en coûte, et ce que vous livrent quelquefois des opérateurs sans doute plus habiles à traiter le portrait d'atelier qu'à reproduire des peintures anciennes.

Mais n'est pas la question, et il faut se bor- ner pour aujourd'hui à parler du Louvre.

(1)2' article. Voir le 6U du BiUlelin.

Or, les prix des photographies vendues par la maison concessionnaire du privilège ont été établis voilà trente ans et fixés par les articles 5 et 7 du traité du 3 décembre 1883.

Ce traité établissait une différence entre le prix des photographies achetées dans les salles mf^mes du Louvre et le prix des photographies achetées dans les magasins de l'éditeur. Singu- lière chinoiserie. Pourquoi, si, ayant employé toute votre journée à visiter le musée, vous vous trouvez manquer du temps nécessaire pour passer faire vos emplettes à la salle de vente avant la fermeture des portes, seriez-vous obligés de sup- porter une majoration de prix quand vous irez au magasin de l'éditeur? Mystère.

On pourrait aussi se demander pourquoi, d'après le traité, les sculptures et objets d'art peuvent être photographiés au format 18x24, alors que les tableau,x n'ont pas droit à ce format plus que suffisant, et ne peuvent supporter que le 24x 30; pourquoi, alors que les épreuves des tableaux peuvent être tirées aux sels d'argent, celles des sculptures et objets d'art ne peuvent l'être qu'au procédé, plus coilteux, du charbon ; et encore pourquoi il n'est, dans aucun cas, prévu d'épreuves au format 13x18, le format par excel- lence des travailleurs.

Négligeons ces questions de détail et retenons seulement qu'il est impossible de trouver une photographie faite par la maison ayant 1^ privi- lège de la reproduction dans les Musées natio- naux à un prix inférieur à 3 francs pour une épreuve aux sels d'argent du format 24x30 et à 6 francs pour une épreuve au charbon de même format; et que ces prix ont été établis voilà trente ans et tixés sans tenir aucun compte du perfectionnement incessant des procédés photographiques qui ont amené la reproduction à un extraordinaire bon marché.

Si bien que le privilège de la photographie dans les Musées nationaux, au lieu de se faire excuser, si l'on peut dire, par la modicité des conditions dans lesquelles pourraient être livrées

!iO

LE BULLETIN DE L'ART

les épreuves, se double, en fait, d'un autre pri- vilège, qui est de pouvoir vendre ces épreuves à des prix, peut-iHre acceptables voilà trente ans, mais depuis longtemps hors de proportions avec la vulgarisation de la photographie.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 7 février). L'Académie a accordé à M"" Lili Boulanger, grand-prix de Rome de composition musicale, un sursis pour se rendre à la Villa Médicis.

M. Henry Uoujon, secrétaire perpétuel, ayant donné lecture d'un télégramme annonçaDl la mort de M. V'audremer, M. Dagnan-Bouveret rend un dernier hommage à la mémoire de l'éminent architecte qui était le doyen de la Compagnie.

La séance est ensuite levée eb signe de deuil.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 6 février). M. Paul Pelltot continue sa communication sur le christianisme en Asie centrale et en Extrême-Orient au moyen âge.

M. Pottier lit une note de M. Gaston Darier, qui a dirigé, avec M. Nicolle et M. Gauckler, les fouilles du Janicule, à Rome, a été découverte, dans un sanctuaire syrien, une curieuse idole de bronze en- tourée d'un serpent : on y avait vu une image de la déesse Atergatis, mais le bronze a été nettoyé avec soin et on a pu constater qu'il s'agissait d'une divinité masculine. In archéologue italien, M. Pasqui, a pro- posé d'y reconnaître le dieu phénicien Hadad; mais cette conclusion ne s'impose pas, car le choix à faire est assez large parmi les dieux du panthéon syrien.

M. Paul Monceaux a donné lecture d'une note de M. Mer in, directeur du Service des ahtiquités de la Tunisie, sur la découverte de mosaïques tombales à inscriptions et sujets ligures, qui ont été trouvées au nord de Kourfa (l'antique Curubis). dans la pres- qu'île du cap lion.

Société nationale des antiquaires de France (séance du 4 février). M. Chapot, ancien membre de l'École d'Athènes, bibliothécaire n la bibliothèque Sainte-Geneviève, et M. Serbat, ancien élève de l'École de» Chartes, secrétaire de la Société fran(;aise d'archéologie, sont élus membres résidents.

M. Johnny Uoosval et i\I. le G" Sanche de Graniont sont élus associés correspondants, le pre- mier à Stockholm et le second au Vigaal (Basses- Pyrénées.

M. Héron de Villefossé fait une communication sur une partie, récemment retrouvée, du rempart gallo-romain d'Angers.

M. Monceaux étudie quelques plombs récem- ment découverts à Carthage.

Société pour la protection des paysages. Dans sa dernicre réunion, la Société pour la protection des paysages a émis le vœu : que des mesures immé- diates soient prises pour conserver la fon't de Fon- tainebleau et la défendre contre les dangers qui la menacent; que la digue du Mont Saint-Michel soit détruite ; et que l'ile Saint-Louis, dont l'élargissement de la rue des Deux Ponts altérerait le caractère, soit maintenue dans son état traditionnel et historique.

Hélas ! trois fois hélas !

Musée du Luxembourg. La famille du peintre Damoye a offert au Musée du Luxembourg le portrait de cet artiste par M. .Vlfred Holl.

Musée de l'Armée. A la suite d'une réunion tenue la semaine dernière, les membres du Comité de perfectionnement du Musée de l'Armée, qui n'ap- partiennent ni à l'aduiinistration ni à l'armée, ont adressé au ministre de la Guerre une lettre attirant son attention sur les conséquences que pourrait avoir, pour l'avenir du Musée, la cession, à r.\rmeria Real de Madrid, de quelques-unes de ses plus belles pièces, ayant fait partie de la célèbre armure de Philippe II (voir à ce propos le n' 609 du HiiUelIn .

Musée de 'Versailles. 11 faut signaler, parmi les récents enrichissements du .Musée de Versailles, la donation, faite par M"" Jules Claretie. d'im por- trait de .Iules Claretie. par Benjamin-Constant. Il sera pincé dans une galerie de l'attique du Nord, consacrée aux portraits des écrivains de notre époque, l'on a reçu, récemment, le portrait d'Henri Houssaye, par H. Bereny, et celui de Gustave Flaubert, par Giraud. On doit y installer aussi le portrait de Stendhal, par Si'idermark ilegs Cheriimy), et celui d'Henri Kochefurt, peint par Courbet en Suisse, à l'époque le polé- miste revenait de la Nouvelle-Calédonie.

La nouvelle monnaie de nickel. Nous avons annoncé, il y a quelques mois déjà, ijue lu monnaie de bronze et les pièces de nickel de 23 centimes, fabriquées en exécution de lu loi du 31 mars 1903, doi- vent être retirées de la circulation et remplacées par des pirces de nickel de 5, 10 et 25 centimes.

Ln concours a été ouvert pour la détermination du type de la nouvelle monnaie. Ce concours porte sur la pièce de 25 centimes.

Sur les cent dessins qui lui ont été présentés, le jury en a retenu dix. Les candidats, admis à cette épreuve éliminatoire, ont fait parvenir» la Monnaie : un poinçon de la face, un poinçon du revers, deux coins de la face et deux coins du revers de la pièce de 25 centimes. Des pièces ont été frappées avec les coins, l'exposition en a eu lieu cette semaine et le jury se prononcera apns examen.

Le jury, dont lluUelin a donné la composition, s'est adjoint deux nouveaux membres : M. Bottée,

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graveur, et M. Luc-Olivier Merson, l'un et l'autre dé- signés par les concurrents.

Les dix concurrents retenus sont : M. Vernier, qui a pris pour motif un •■ coq gaulois», tourné vers le soleil ; M. Varenne, qui a représenté un homme et une femme figurant l'Agriculture et l'Industrie ; M. Prouvé et M. Delpech, qui ont également employé des figures allégoriques ; M. PiUet, qui a montré un faisceau surmonté d'un bonnet phrjgien ; M. Peter, un paysan près d'une charrue ; M. Becker, une balance près d'un bonnet phrygien ; M. Coudray, une Uépublique allaitant un enfant ; M. Guis, un cercle entouré d'un rameau d'olivier ; et M. Liadauer, un cercle surmonté d'un bonnet phrygien.

Monuments historiques. Il existe à Villesalem (Vienne), une ancienne église désaffectée, possédant de belles décorations sculpturales, dont le propriétaire négociait la vente à des marchands. La Commission des Monuments historiques, saisie à temps, intervint et introduisit une instance de classement devant le Conseil d'État, en vertu de la nouvelle loi sur les mo- numents historiques, que l'Administration des Beaux- Arts va appliquer ainsi pour la première fois. On se souvient que la disposition essentielle de cette loi est de donner à l'État le droit de prononcer impérati- vement le classement d'un édifice appartenant à un particulier, par voie d'un décret rendu au Conseil d'Etat, sauf à payer une indemnité au propriétaire.

A Dijon. Le umsée de Dijon vient de s'enrichir d'une curieuse peinture deZiem, représentant une vue de Dijon, prise des hauteurs dites les Perrières, à l'ouest de la ville. Ce tableau anonyme fut découvert par M. Gaston Joliet, frère de M. Albert Joliet, con- servateur du musée , qui crut y voir la manière de Ziem ; présenté au vieux peintre bourguignon, celui-ci y reconnut une œuvre de sa jeunesse, exécutée en 1822, alors qu'il avait 21 ans et qu'il faisait ses études à Dijon, et il authentiqua la pein- ture en y apposant sa signature.

A Nantes. Des antiquaires étrangers ayant voulu acheter un fragment de retable en bois sculpté et peint du xv siècle, représentant une Madone avec l'Enfant et des figures d'anges, qui se trouve dans la cour d'une vieille maison de la rue des Carmes, à Nantes, M. P. de Lisle du Dreneuc, conservateur du musée Dobrée, se rendit acquéreur du monument.

11 se pourrait que cette œuvre d'art, au lieu d'être transportée au musée Dobrée, fût rachetée par un groupe de fidèles et prit place, après agrément de 1 État, dans la cathédrale de .Vante».

Société des Amis du 'Vieux Reims. L'as- semblée générale annuelle de la Société des Amis du Vieux Reims a eu lieu le samedi 31 janvier dernier.

Le président, M. Hugues KralTt, en inaugurant à cette occasion les locaux supplémentaires, récem- ment aménagés au siège social et garnis de nom- breux vestiges décoratifs d'art rémois ancien, an-

nonça aux membres présents que, par décret du 29 décembre 191.1, la Société des Amis du Vieux Heim» avait été reconnue d'utilité publique.

Le rapport du secrétaire général relata les faits et gestes de la Société en 1913. et le rapport du conser- vateur constata les achats faits et les dons reçus, dont le nombre porte actuellement à 906 les articles de la bibliothèque, à 2.016 ceux du lartulaire et à 4.")4ceux du musée de la Société.

Après avoir approuvé les comptes de l'exercice écoulé et le projet de budget pour l'année 1914, l'as- semblée entendit le rapport relatif au concours de photographie, institué en 1913. A la suite de ce con- cours, dont le programme imposait des vues inté- rieures et extérieures de maisons anciennes ou de monuments réiuois, et qui a donné des résultats extrêmement intéressants, plusieurs membres de la Société ont reçu des médailles d'or ou d'argent.

A Bruxelles. Le Salon de la Libre Esthétique s'ouvrira au début de mars dans les salles du Musée de peinture moderne. 11 comprendra une exposition rétrospective du peintre Dario de Uegoyos. Pour honorer sa mémoire, la Libre Esthétique groupera autour de ses œuvres celles des artistes espagnols qui furent ses amis et ses frères d'armes : MM. Zu- loaga, J. de Echevarria, II. AngladaCamarasa, José et Hamiro Arrue. Raïuon Pichot, Ricardo Canals, Juan de la Pena, S. llu3inol,J.Mir, P. Durrio de Madron, etc.

Une place importante sera réservée à la jeune école belge, dont l'orientation nouvelle se précise par des œuvres qui, pour n'être peut-être pas définitives, méritent néanmoins de fixer par leurs tendances l'attention des artistes et du public.

Quelques envois de peintres étrangers compléteront cet intéressant ensemble.

A 'Venise. Des travaux de restauration ont été entrepris à la chapelle du Rosaire, dans l'église des SS. Giovanni e Paolo. (In sait que cette chapelle, élevée en souvenir de la bataille de Lépante, fut, en grande partie, détruite par un incendie en 186'!. On ne tentera pas de reconstituer l'avant-corps de la chapelle dont la décoration consistait en peintures et en lambris de bois sculpté. Dans le «presbytère" dont l'ornementation était faite de marbre et de stuc, on limitera la restauration aux parties architectoniques sans toucher aux statues ni aux bas-reliefs. Les travaux ont été confiés à l'ingénieur Marangoni. qui est également chargé de la direction ^es restaurations de San Marco. L. G.

A New- York. Un collectionneur américain, M. William liigg», vient de donner au Metropolitan Muséum de .New-York une riche collection d'armes et d'armures de toutes les époques, qu'il a formée pen- dant ses longs séjours en Europe.

Nécrologie. M. Joseph- Auguste-Êmile Vaudre- mer, qui vient de mourir, était à Paris en 1829. Élève de Rlouet et de Gilbert, grand Prix de Ruine en

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LE BULLETIN DE L'ART

1854, plus tard inspecteur général des Monuments historiques et membre du Conseil supérieur des bâti- ments civils, il laisse d'admirables uionuments, remar- quables à la fois par l'élégance de la ligne et la logique de la construction. On lui doit la maison d'arrêt et de correction de la Santé, il s'inspira des principes posés par ses maîtres pour la construction des édilices pénitenciaires; le groupe scolaire de la rue d'Alésia, le lycée Molière, pour les jeunes fllles, à Passy, et le lycée Bullon, pour les garçons, boulevard Pasteur; on lui doit trois des églises parisiennes, Saint-Pierre de Montrouge. son chef-d'œuvre, Notre-Dame d'Auteuil et l'église grecque de la rue Bi/et; on lui doit encore une chapelle funéraire à Saint-Urice Seine-et-Oise), le palais épiscopal de Beauvais, la restauration du Con- servatoire des Arts et Métiers (ancien prieuré de Saint- Martin-des-Champs), les plans de la cathédrale de Marseille, etc. Il restera comme une des plus intéres- santes figures de l'architecture française au xix* siècle. Membre de l'Académie des beaux-arts depuis 1879, il était, depuis 1900, commandeur de la Légion d'hon- neur.

M. Edmond Tuii/uel. qui vient de mourir à Paris, était à Senlis en 1836. Après avoir fait ses études de droit, il entra dans la magistrature, fut élu député après la guorre de 1870, et devint en 1879 soussecré- taire d'État aux Beaux-Arts; réélu député en 1881, il fut de nouveau appelé à ce poste en 1885 et l'occupa

jusqu'en 1887. C'est lui qui fut amené, M. Armand Fallières étant ministre de l'Instruction publique, à signer le traité, tout récemment dénoncé, accordant à la maison Braun le privilège de la photographie dans les Musées nationaux.

A Bucarest, vient de mourir, dan» sa soixante- quinzième année, Jeati Kalindéro. une des personna- lités les plus marquantes etlesplus populaires du pays. Ce n'est pas ici le lieu de parler de sa carrière de ma- gistral, de son activité d'administrateur des Domaines de la Couronne (depuis 1884), ni des ouvrages histo- riques qui lui ouvrirent, en 1893, les portes de l'Aca- démie roumaine. Il faut se borner à rappeler qu'il présida la Commission des monuments historiques depuis sa fondation. Sa grande fortune personnelle lui permit de prendre une part prépondérante au mouvement intellectuel et artistique du pays, en premier lieu par les larges subsides dont il encoura- geait les jeunes talents : puis, par les riches collec- tions qu'il réunit, lien avait encombré sa maison, et s'était vu obligé, ces dernières années, de leur cons- truire un bâtiment spécial. La Galerie. Kalindéro, qui doit revenir àla ville de Bucarest, contientbon nombre d'œuvres anciennes, italiennes et françaises, de valeur ; mais elle vaut surtout, pour la Roumanie, par un choix de peintures de Grigoresco, recueillies par le D' Kalindéro, frère du défunt et ami intime du grand artiste national. M. Mtd.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Succession M... [Marchand] (tableaux, objets d'artj. Kaile salle 6, les 2 et 3 février, par M" Oudard et Baudoin, assistés de MM. Sortais, Duchesne et Duplan, et Delteil, cette vente a produit 57.900 francs. Une seule enchère digne deremaniue : celle de 9. 100 francs, obtenue, sur la demande de 6.000 par une gouache de Gustave Moreau, la Licorne.

Succession de la marquise du 'V. . (objets d'art, etc.). Nous avions annoncé également cette vente. Dirigée, salle 1, du 2 au 4 février, par M" Lericque et MM. Paulme et Lasquin, ellea produit 70.000 francs. Ici encore, une seule en- chère vaut d'i'tre notée, celle de 6.500 francs, réalisée, sur la demande de 5.000, par une table-

bureau, en bois de placage, ornée de bronzes, de l'époque de la Ilégence.

■Vente de tapisseries, etc. M* Lair-Dubreuil,

assisté de MM . Paulme et Lasquin, a dirigé, salle 6, le 7 février, une vacation anonyme qui a produit 5". 000 francs. Deux enchères méritent seules d'ôtre signalées : celle de 7.930 francs, obtenue, sur la demande de 5.000 francs, par une tapisserie flamande de la Régence, à sujet mythologique dans un paysage, et celle de 7.825 francs, réalisée par deux tapisseries de la même suite, plus petites.

■Vente Henriette Rodggers (objets d'art, etc.). De cette vacation, dirigée salle U, le 9 cou- rant, par Lair-Dubreuil et MM. Mannheira et Loys Delteil, il nous suffira d'indiquer le total, soit 29.542 francs, et l'enchère de 4.580 francs obtenue sur la demande de 2.000, par une Uble-coifTeuse

AMCIËN ET MODERNE

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en marqueterie de bois de couleurs, d'époque Louis XV, avec bronzes rapportés. Le lit de milieu en bois sculpté, que nous avions signalé, n'a pas été vendu.

Vente de tapisseries, etc M= Lair-Dubreuil, assisté de MM. l'aulme et Lasquin et Portier, a dirigé le 11 février, salles 5 et 6, une vacation anonyme, qui a produit un total d'environ 100.000 franis. Lne suite de dix panneaux, en tapisserie de Bruxelles du xvi« siècle, à sujets de l'histoire ancienne, a réalisé 25.000 francs, sur la demande de 30.000. Cinq autres panneaux flamands, de la même époque, à sujets de chasse, pour lesquels il avait été demandé 15.000 francs, ont été adjugés 14 000. Six tapisseries d'Au- busson, dans le goiit du xvin' siècle, à sujets pastoraux, ont été vendus 8.000 francs. Notons encore le prix de 4.600 francs, pour une verdure en Aubussori du xvii" siècle.

Vente de tableaux modernes. Une seule enchère mérite d'être signalée parmi les résul- tats d'une vente anonyme de tableaux et dessins modernes, à laquelle ont procédé, salle 10, M" iiaudoin et MM. (iraat et Madoulé, le 11 février également. C'est le prix de 4.800 francs, obtenu par une aquarelle de Lucien Simon : Pendant te prêche.

Cette vacation a produit 36.756 francs.

Ventes annoncées. A Paris. Collection Fitzhenry (Objets d'art, etc.). Nous avons déjà signalé la vente que dirigeront, salles 7 et 8, du 18 au 21 courant, M= l^air-Dubreuil assisté de MM. Mannheim et Léman, des objets d'art et de curiosité dépendant de la succession de M. Fitz- henry. Dans les cinq cent et quelques numéros qu'enregistre le catalogue illustré publié à cette occasion, on remarquera surtout une réunion de miniatures, certaines signées : Sicard, Labille- Guyard, Augustin, etc ; un tableau par Heinsius, le Portrait présumé d'Eugène de Beauharnais, enfant ; et parmi les objets de haute curiosité, une custode en émail peint de Limoges, du xvi" siècle, à sujets religieux; un petit monument en buis sculpté d'art allemand de la mi'me époque, à nombreux personnages et deux coupes en ambre sculpté du xvn* siècle. La plupart des objets com- posant cette vente ont figuré au Musée des Arts décoratifs à Paris, prêtés temporairement par le collectionneur anglais qui fut un des bienfaiteurs . de ce musée.

Tableaux et objets d'art. 11 faut signaler les deux ventes de tableaux anciens et modernes,

qui seront dirigées, la semaine prochaine, par H. Baudoin : la première, le 18 février, avec M. J. Ferai, comme expert, comprend un certain nombre de peintures, des écoles flamande et française pour la plupart, avec les noms de N. Berghem, C. Coypel, l.eprince, Rigaud, Diaz, Troyoïi, etc. ; la seconde, les 20 et 21 février, avec M. (j. Sortais et M. E. Pape, se compose de pein- tures, d'objets d'art et d'ameublement, de porce- laines et bibelots, le tout provenant du chdteau de R...

M. N. ESTAMPES

A Paris. Vente d'estampes du XVIII' siè- cle.— La vente que nous avions annoncée comme devant être faite le 5 février, par A. Des- vougesetM. L. Delteil, a pris fin sur un total de 70.414 francs.

Il faut tirer de pair le prix de 9.100 francs, obtenu par le 62, les Deux baisers, gravé en couleurs par Debucourt, avec grandes marges; et celui de 4.100 francs, pour une épreuve avant la lettre et avant le fleuron des Hazards heureux de l'escarpolette, gravé par N. de Launay, d'après Fragonard (no 98).

Une autre vente d'estampes du xvui« siècle a été faite, le 6 février, par M" Lair-Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin; elle a produit 63.065 francs.

On ne trouve guère à retenir que le prix de .■!.500 francs pour deux pièces en couleur d'après Morland, Industry, Idleness (n"' 196-197), celui de 2.900 francs pour deux Pastorales, pendants gravés en couleur par Demarteau, d'après J.-B. Huet (n» 77); et celui de 2.350 francs pour trois pièces gravées en couleur par Bonnet (xi°' 35-37) : Vénus et l'Amour, la Chemise enlevée, les Trois Grâces.

Dans ces deux ventes, de nombreuses pièces ont dépassé l'enchère de 1.000 francs; mais nous n'avons pas la place pour les signaler.

R. G.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

La Société moderne (galerie Devambez). Chez Durand-Ruel, les comparaisons devenaient trop dangereuses, dans un musée de l'impres- sionnisme, au milieu de morceaux choisis par le goût et déjà patines par le temps... Ici, la jeune Société parait plus « moderne », sans rien nous proposer, toutefois, de nouveau ; plus d'invité

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LE BULLETIN DE L'ART

magistral, ni de sociétaires inquiétants : ce sixième hiver est de tout repos; les délicats n'y semblent pas trop souffrir du voisinage des violents. Ceux-ci persévèrent dans la synthèse brutale : M. Lemordant, lidèle à la Bretagne des lourdes Bigoudènes aux tabliers multicolores; M. Carrera, séduit par l'Extrême-Orient de Gau- guin, comme nos musiciens avides d'harmonies rares et de fausses notes; M. Suréda, plus sobre, au pays mauresque; M. Georges Dorignac, dessi- nateur à l'instinct décoratif; M. Claude Rameau, paysagiste, qui n'est pas en progrès. Serait-ce pour nous démontrer que le vieil Hiroshighé fut « le premier des impressionnistes » moins par l'ana- lyse de l'atmosphère que par la simplification des lignes, mais, en plein Occident, M. Âlluaud réalise, en teintes plates, un paysage japonais. Autour du poète Francis Auburtin, la délicatesse un peu grise appelle MM. Marret, Vauthrin, Maurice Eliot, William Horton et sa Vue de Vevey, se colore au soleil de M. Paul Madeline, s'arrête aux plages bretonnes avec M. Morisset, préfère les parfums du home avec M. Paul Renaudot, moins ambitieux que M. William Malherbe, éclaircit les tables fleuries par M. Abel Truchet, empourpre les fleurs de M""" Galtier-Boissière ou se divertit malicieu- sement dans une aquarelle de M. Drésa. Trois noms résument les tendances de la sculp- ture: M. Henry Bouchard, assez vigoureux pour réconcilier le savoir classique et la vie moderne; M. Quillivic, lourdement décadent; M. Berthoud, maniéré. Les bijoux de M. Uivaud sont pour nous rappeler que la sûreté du métier fait partie de la probité de l'art.

Société des Peintres orientalistes français et quatre Salons d'hiver au Orand-Palais.

Tandis que l'hiver de la nature a la tiédeur dorée d'un avril, la tristesse glaciale du (irand-Palais n'est pas réchauffée par la peinture qui l'en- combre : à quoi bon, dans ces demi-ténèbres, le onzième et pénible .Salon dit de l'École française, le quatorzième Salon d'hiver constitué par l'As- sociation syndicale professionnelle des peintres et sculpteurs français, et ce trente-troisième Salon de l'Union des Femmes peintres et sculp- teurs, dont on n'avait pas besoin pour apprendre que M"»" Madeleine Carpenlier, Blanche Moria, Bourgonnier-Claude et Suzanne Minier sont des artistes ? Et serait-il inconvenant de souhaiter un cadre meilleur à la vingt-deuxième affirmation de nos Orientalistes, trop nombreux aussi, mais toajonrs intéressants?

Ils sont trop, parce que la peinture est le mal du siècle; mais, ici, dans un millier d'envois, l'art a vite reconnu les siens, l'oint de rétrospec- tive, cette année, pour montrer à la curiosité du présent le beau passé romantique des héritiers d'Eugène Delacroix, Chassériau, Dehodencq, ou la science ethnographique et lumineuse d'un Léon Belly; mais l'Orient lui-même, en face de l'Occident qui l'explore, et toute une salle réser- vée par M. Léonce Bénédite à l'École de Calcutta : parmi des objets d'art ancien, bronzes, étoffes, instruments de musique ou copies de fresque, un art local moderne, inspiré par le souvenir de la miniature persane, la légende est habituelle et le portrait rare; et les enluminures de ce Tagore, dont M"" Andrée Karpelès nous a trans- mis les traits, semblent avoir influencé l'illus- trateur de Badourah, M. Edmond Dulac.

C'est notre Algérie réelle, plutôt que l'Inde rêvée, qui retient nos observateurs : le peintre Henry d'Estienne, quittant l'Amirauté d'Alger pour les ruelles lointaines de Bou-Sa.ïda, paysa- giste des heures respirables et lin portraitiste au pastel des jeunes beautés tatouées; les boursiers, MM. .Migonney, Charles Dufresne, un Breton sur- tout, le graveur Adolphe Beaufrère, qui saisit le style d'un site lumineux dans un croquis à l'eau- forte ou taillé sur bois; .M. Léon Cauvy, dans les marchés ou les cafés maures; M. Suréda, dans l'ombre des quartiers juifs; M. ûabat, confident des danseuses rouges; M. Morerod, remarquable interrogateur du caractère, en Espagne autant qu'au Maroc; M. Maufra, qui descend toujours vers la lumière; M"» Suzanne Crépin, talent décoratif et spirituellement français sous le ciel de feu du Sénégal ; les paysagistes Henri Dabadie, Jacques Simon, Richard Black, Amédée Buffet, moins romantiques que M. Sydney Adamson au Cimetière d'Eyouh; le statuaire P.-M. l'oisson, dont les nerveux petits bronzes ne sont pas écrasés par la puissance musclée de M. Herbert Ward. Loin des peintres habituels de Venise, l'Espagne nous envoie deux sombres primitifs, les frères de Zubiaurre, Valentin, plus concentré que Bamon, au pays basque; et, sans quitter son Ile-Saint-Louis, le peintre-sculpteur Emile Ber- nard a pu faire le portrait de la danseuse persane Annène Ohanian, qui détrône dans les caprices de la mode le triomphal souvenir de Matahari.

Jacques-Emile Blanche [galerie Bernheim Jeune). Une note, au catalogue, nous prévient que cette exposition restreinte ne devait com-

ANCIEN ET MODERNE

S5

porter que des études d'Angleterre ou d'Italie, ces claires vues de Londres ou de Venise le plus t'Tudit do nos peintres a recomposé ses impressions dans un bain d'ambre et d'or Constable et Bonington respireraient tout à loisir un air aristocratique; mais, vu le nombre insuf- fisant de ces études, « on a cru devoir ajouter des Heurs et des visages» : ces figures sont des portraits datés de 1913, qui nous prouvent qu'un virtuose de la psychologie boldinise avec goût, quand il lui plaît; et les yeux ne seraient pas surpris de retrouver la hautaine silhouette de cette jeune princesse ou la désinvolture musquée de M. Jean Cocteau parmi les élégants de la place Saint-Marc, «à l'heure du thé», par un temps

gris.

Raymond Bouykr.

NOTES & DOCUMENTS

Sur un bas-relief du Louvre attribué à Francesco Francia. ,

Dans la salle de la sculpture italienne, au Musée du Louvre, est exposé un beau relief -de bronze est figuré, dans un style précis, déli- cat et sobre à la fois, le buste du cardinal Fran- cesco Alidosi. Cette œuvre excellente est attribuée à Francesco Francia (1), qui, on le sait, aimait signer ses peintures : francia avrikex, tenant à rappeler ainsi qu'il avait été orfèvre avant d'être peintre, et le beau bronze du Louvre a bien tous les traits d'un relief d'orfèvre.

Au demeurant, Vasari nous raconte que le Francia était un artiste universel, et il insiste, notamment, sur les médailles qu'on lui doit. Ces médailles, l'artiste bolonais ne les a pas signées; aussi, les historiens de la médaille italienne se sont-ils tous attachés à les identitier; et, préci- sément, il existe une très belle médaille du car- dinal Alidosi que Friedliender, suivi par Armand, a attribuée au Francia. Sans doute, plusieurs auteurs, liode notamment, ont combattu cette attribution. Elle n'en est pas moins passée dans l'usage, tous les rédacteurs des catalogues de ventes l'ont adoptée, et il est évident que, si le relief de bronze du Louvre est donné comme un ouvrage de F'rancesco Francia, c'est qu'il est

(1) A. Saglio, l'Art, 1893, I, p. 125.

nécessairement de la même main que la mé- daille : en effet, le portrait du cardinal est si pareil de style et d'aspect dans les deux monu- ments, qu'affirmer que le relief est un premier modèle exécuté d'après nature, par l'artiste, en vue de sa médaille, serait à peine une hypothèse.

Donc, relief et médaille n'ont qu'un seul et même auteur. Mais cet auteur est-il Francesco Francia ? A cela, une remarque permet de ré- pondre, avec la plus grande certitude : non.

H existe une autre médaille tellement iden- tique de style à celle de Francesco Alidosi, que tous les auteurs ont noté cette identité et l'ont attribuée au même maître : c'est celle de Ber- nardo Rossi, évéque de Trévise, de 1499 à 1527, médaille d'un beau caractère, net et savant, que les catalogues de vente, suivant en cela Armand, donnent régulièrement comme une œuvre du Francia, précisément à cause de sa similitude avec celle d'Alidosi. Cette similitude est d'ail- leurs des plus convaincantes : impossible de disjoindre les deux pièces. Aussi bien les revers que les effigies révèlent, de la façon la plus expli- cite, le faire d'un même artiste. Aux deux revers, on voit un char d'une forme très particulière, un aigle battant des ailes, pareillement dessiné et modelé (1). La lettre même et le grènetia se ressemblent étroitement sur les deux médailles. Bref, en les attribuant à un seul médailleur, on ne fait qu'obéir à l'évidence.

Mais, si l'on examine celle de Bernardo Rossi, qu'y remarque-t-on? Que la légende lui donne le titre de vice-légat de Bologne : bbh . hv .co.u.

KPS . TAR . LE . BO . VlC . GV . KT . PRAE., c'cSt-à-dlre

Bernardus Rubcus, cornes Berceti, episcopus Tarvi- ainus, legationis Bononiensis vice gubernator et praeses, transcription qui nous est certifiée par l'inscription funéraire de Bernardo Rossi, qu'on voit à Trévise et que rapporte Cappelletti (2). On remarque encore que la légende du revers : Ob virtutes in Flaminiam restitutas, fait allusion aux fonctions que Bernardo Rossi eut en Romagne (provincia Flaminia), le pape le nomma légat en I'dIT. Or, que suit-il de ces remarques? C'est que la médaille n'est pas antérieure à 1519 et date très probablement de cette année-là : en

(1) Dans le relief du Louvre, des aigles sembinbie» ornent le cartouche est inscrit le nom du cardinal.

(2) Cappellelli. Cliiese d'Italia, X, p. 683 sqq. « ller- vardo fiiibeo Com. Berceti episcopo Taroisino sub Leone Xpont. max. Urbispraefect.paulopost universae Flaminiae praesid, llononiae simul Proteg », etc.

56

LE BULLETIN DE L'ART

effet, c'est en 1319, qu'à la mort du vice-légat de Bologne, Lorenzo Flisco, Bernardo Rossi fut nommé à sa place, et, probablement, en raison des services qu'il avait rendus en Romagne, 06 virtutea in Flaminiam restitutas, et de la fer- meté, allant jusqu'à la hauteur et à la dureté, dont il y avait fait preuve (1). Mais Francesco Francia est mort le 6 juin 1517 (1818, nouveau style) (2). 11 n'a donc pu exécuter la médaille de Bernardo Rossi (3).

On voit la conséquence de ces remarques. Puisque la médaille de Bernardo Rossi ne peut (Hre de Francesco Francia, celle du cardinal Francesco Alidosi n'est pas de lui, elle non plus, etle relief du Louvre ne saurait donc Hre attribué à l'artiste (4). Francesco Francia a laissé des fils qui pratiquèrent son art, et il est permis de se demander si les œuvres que nous retirons à leur père pourraient leur être attribuées, encore qu'ils fussent jeunes à la mort du cardinal Ali- dosi (tué en 1511, et dont la médaille doit dater de 1507). Le but de cette note n'est pas, d'ail- leurs, d'émettre une hypothèse quelconque au sujet des trois monuments dont nous avons parlé, mais seulement de ruiner, d'une façon définitive, celle qui avait cours jusqu'ici (5).

Jf.a."« de Foville.

(1) PompeoYhani, Historia, {Bologne, 1596).Certani, La Verità vendicala, etc. (Bologne, 1659), p. 301 sqq. Litta, Famigle celebri ilaliane, Rossi.

(2) Caivi, Memorie inlorno a Fr. Francia (Bologne, 1812), etMllaaesi.p. 547, n. 4, de son édition de Vasarj, Vite, etc., t. III.

(3) Cornélius de Fabriczy en avait déjà fait la remarque en passant (Medaillen der ital. Ren., p. 45). mais sans en tirer toutes les déductions qu'elle entraîne. >

(4) On a quelquefois attribué à Francesco l'Yancia les belles médailles de Musotti et de Toniuiaso Hug- gieri, tous deux de Bologne. Sans entrer dans la discussion de cette hypothèse, notons que les portraits de ces deu.x Bolonais dilTèrent profondément de ceux d'Alidosi et de Bernardo Rossi : ces médailles for- ment donc deux groupes qu'il serait impossible d'attribuer à un seul artiste. Donc, en retirant au Francia VAUdosi et le Rossi, nous ne touchons pas au problème que suscitent le Uusotli et le Ruggieri.

(5) M. Ad. Venturi [VArle, 1904, p. 470, et St. delV art. il., VI. p. 799) tend également à retirer au Francia les médailles d'Alidosi et de Uossi. et, par conséquent, le relief du Louvre, mais pour des raisons de style, la médaille de Rossi lui semblant une œuvre du plein xvi* siècle. Cet argument est toutefois insulhsant. à lui seul, puisque la médaille d'Alidosi, identique de style à celle de Rossi, date de la période 1507-1511, et probablement de 1507, dix ans avant la mort de Francia.

LES REVUES

Franck

Revue des deux mondes (1*' janvier). Maurice Bahrés. La grande pitié des églises de France. C'est le troisième article sur la campagne entreprise par M. Barrés en faveur des églises menacées de ruine par suite de la loi de Séparation. Les deux premiers ont été précédemment analysés ici-mème (n* 605).

Ce troisième article continue J'expose de la cam- pagne menée par le député de Paris en 1912 : cam- pagne personnelle dans les couloirs de la Chambre, réunion faite à Caen, sur l'initiative de M. F. Enge- rand, et qui groupait sur l'estrade, aux côtés du maire radical de la ville et de l'évoque de Bayeux, des professeurs, des hommes politiques, tous réunis pour affirmer, en dehors de toute division politique, que les églises de France devaient être sauvées.

Le deuxième discours des églises fut prononcé le 25 novembre 1912. On le trouvera tout au long dans Iq chapitre suivant. 11 a été analysé ici à son heure, ainsi que l'intervention de M. Sembat en faveur de la thèse de M. Barrés et la réponse du ministre de l'Intérieur, M. Steeg. On sait aussi les résultats du vote sur l'ordre du jour pur et simple proposé par le gouvernement, et qu'il eût suffit de déplacer treize voix pour sauver les églises.

(13 janvier). Le quatrième article raconte des événements qui sont d'hier : l'histoire de la caisse des monuments historiques, et le troisième discours des églises, prononcé le 13 mars 1913, quand le texte vint en discussion. M. Maurice Barrés parla d'abord contre l'amendement Landry-Honnorat qui créait une caisse pour les monuments classés et une pour les non classés, mais sans rien demander à l'État pour l'une ni pour l'autre; le député de Paris déposa un sous-amendement, modifiant la proposition de ses deux collègues et donnant des droits aux particuliers contre les communes. Le sous-amendement fut repoussé; M. Barrés se rallia alors à l'amendement Landry qui fut adopté.

(1" février). L'article s'ouvre par l'ignoble his- toire des « uccroupis de Vendôme», qu'on a lue à son heure dans les Échos du bulletin.

M. Barrés, en guise de conclusion, reproduit sa belle lettre à Charles Le Goffic, qui lui avait demandé d'intervenir en faveur des cimetières bretons. « L'in- telligence française, lui dit-il, a sauvé son honneur en se dressant contre les barbares devant l'église du village. En cela un résultat certain a été obtenu, et les parlementaires se sentiront mal à l'aise datlicher trop claircmentun désaccord avec l'élite des pcnseurset des artistes de notre pays. » Mais, pour lui, la sauvegarde de l'église, c'est la continuité de la vie religieuse au village : « les églises de France ont besoin de saints ».

Le Gérant : H. Dinis.

Pari*. Imp. Georges Petit, it, rue (jodot-de-Mauroi.

Numéro 613.

y 7

Samedi 21 Février 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie dans les Musées nationaux (^)

Le Droit de reproduction.

Une jurisprudence a fini par s'établir sur la protection due à la reproduction des photogra- phies; mais cette jurisprudence varie avec les pays, selon qu'on a considéré ou non la photo- graphie comme une œuvre d'art. Tantôt, ce pro- cédé est assimilé aux œuvres artistiques, comme en Angleterre, le délai de protection s'étend sur cinquante années; tantôt, il a paru inad- missible de faire bénéficier la photographie des mômes droits que la peinture, et alors le délai ne dépasse pas cinq ans (Hongrie, Danemark, Suède, etc.), ou dix ans (Allemagne, Autriche); tantôt, enfin, la question de principe n'a pas été tranchée, et les tribunaux examinent chaque cas en particulier, pour décider d'abord si la photo- graphie relève ou non de l'œuvre d'art (France, Belgique, Italie).

Quand il s'est agi de fixer un délai de protection, en Allemagne, on a envisagé certaines reproduc- tions photographiques dont le grand intérêt est, avant tout, de rendre accessibles au plus grand nombre, sous une forme convenable, les œuvres d'art étrangères; on a estimé que les photogra- phies de cette espèce méritaient d'être protégées, mais sans qu'il faille aller, pour cela, jusqu'à créer en leur faveur un monopole qui contredi- rait à leurobjetmême de vulgarisation artistique; c'est pourquoi on a limité la protection à dix ans, à partir de la création du cliché négatif ou de la publication de l'épreuve. La difficulté reste, pour les intéressés, et c'est à la résoudre que le Congrès international des éditeurs emploie tous ses efforts, d'obtenir pratiquement un moyen de contrôle permettant de savoir quand un cliché n'est plus sous le coup de la protection et tombe, comme on dit, dans le domaine public.

(1) 3- article. Voir les n" 6H et 612 du Bulletin.

Il serait infiniment souhaitable que la juris- prudence de notre pays reçût quelques précisions. Ou ne verrait plus certaines maisons d'éditions photographiques frapper leurs épreuves d'un droit de reproduction perpétuel, contre lequel on ne saurait trop protester. Quand bien même, en effet, la valeur d'art de ces épreuves serait indiscutable, n'est-il pas inique d'étendre ad perpetuum la protection d'un produit obtenu objectivement, comme un cliché, alors que la protection des œuvres d'art, de création purement subjective, est liée à la vie de leur auteur et s'éteint un cer- tain nombre d'années après la mort de celui-ci?

Enfin, si le droit de reproduction de la photo- graphie est un abus en soi, un obstacle à l'illus- tration des revues et des livres d'art, une entrave à la vulgarisation artistique, comment admettre que cette taxe arbitraire puisse s'appliquer aux épreuves vendues par la maison concessionnaire du privilège de photographier dans les Musées nationaux? Elle a le monopole de reproduire les peintures et les sculptures du Louvre, et cela depuis trente ans; et elle impose un droit de dix francs par épreuve à qui veut utiliser dans un journal ou dans un livre le cliché qu'elle est seule à pouvoir exécuter. Si bien qu'il n'y a rien de si coûteux à acheter ou à publier chez nous que la photographie des œuvres d'art appartenant au patrimoine national.

E. D.

P.-S. Nous avons reçu de la maison Braun une demande de rectification portant sur un pointde notre dernier article, le Prix des épreuves, rectification que nous insérons bien volontiers :

<i On peut trouver au Louvre et dans les Musées nationaux des épreuves photographiques aux sels d'argent, format 24x30, d'après les peintures, sculptures ou objets d'art, à 1 fr. bO et non 3 francs; des épreuves de même format, au charbon, à 5 francs et non 6 francs; et des héliogravures 11x15, sur marges 17x25, à 1 franc ».

Les prix de 1883 ont donc subi une réduc-

m

LE BULLETIN DE L'ART

tion. Ils restent pourtant encore deux fois plus élevés que ceux de la maison italienne que nous citions dqns notre article, et quj, elje, n'a aucun privilège.

ÉCHOS ET NOUVELLES

I^égiQn d'honneur. Par décret en date du H février, rendu sur la proposition du ministre de l'Instruction publique, M- Georges Costeau, artiste peintre, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur

Académie des beaux-arts (séance du H février). Voici les noms des candidats qui ont subi avec succès la première épreuve du concours Roux.

Peinture. MM. Doœergue (élève de MM, Hum- bert et Flameng), Lagrange (élève de M, Cormon), Parera (élève de M- Gabriel Ferrier).

Sculpture. MM. Grange (élève de M. Injalbert), Lavrilier (élève de M. Injalbert), Mathey (élève de M. Injalbert), Moncassin (élève de M, A. Mercié).

Architecture. MM. Castel (élève de M. Bernier). Ferrand' (élève de M. Laloux), Delaon (élève de M. Laloux).

Gravure, -r- MM. Guillez (élève de M. Donnât), Godart (élève de M. 'Waltner), Berthaud (élève de M. Waltner).

Miniature. ~r M, IJuet (él^ve de M- L.-O. Mersqn), M"' Chartran (élève de M. Ilurabert), M"" Martin- Uegniard (élève de M- Humbert).

Le jugement définitif sera rendu le 10 octobre.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 13 février), -r- M. Cagnat donne lecture d'une lettre de M. L.-A. Constans, membre de l'École française de Rome, relative à la découverte faite par M. Boni, sur le Palatin, d'un oavean que le savant italien croit être le munciua civitalis palatinae, la fosse dans laquelle, lors de la fondation d'une ville, on jetait quelques objets de bon augure.

Les autres communications relèvent de l'histoire littéraire et de la philologie.

Société nationale des Antiquaires de France (séance du U février), -t }i. Awédée Boinet lit une étude sur les stalles de ta cathédrale de Poitiers (xiii* siècle), dont les panneaux du fond présentent un intérêt tout particulier i^u point de vue iconogra- phique et (Jonqent lieu à des comparaisons avec les sculptures du portail des églises contemporaine».

M. N. Valois présente la copie d'un couteau de poche, découvert récemment dans le cimetière galto- romain des Longues-Raies, à Boissons.

M. de Mély fait passer sous les yeux de la Société ta photographie d'une fresque de Saint-Biaise

de Brunswick représentant la Danse de Salorné et portant une inscription chronogfammatique donnant la date de 1246, qui convient parfaitement aux carac- tères archéologiques de la fresque.

M. J. Roman présente l'empreinte de la matrice d'un sceau appartenant à M"' la comtesse de Rof- fignac, à Périgueux, et qui date du xiv siècle. Il représente une cage contenant un oiseau.

M. Louis Châtelain communique les photogra- phies d'une statue d'Escutape qu'il a découverte à Macta, en Tunisie, au cours de ses dernières fouilles.

Société de l'histoire de l'^rt français (séance du 6 février). M"' IngersolUSmouse communique des notes sur un certain nombre d'oeuvres de Iloudon conservées en Amérique.

M. Paul Vitry ajoute quelques détails sur ces œuvres.

Société d'iconographie parisienne i séance du

30 janvier) M. Cherrier présente cinquante-sept boutons d'habits, ornés de gravures en couleurs pu rehaussées au pinceau, représentant des vues de Paris à la fin du XVIII* siècle et (Jes vues des châteaux de Chpisy et de Bellevue.

M. René Farge évoque la physionomie du Palais- Royal à la fin du xviii' siècle. On sait que les docu- ments relatifs aux boutiques de ce coin de Paris, autrefois si fréquenté, sont très rares. Il faut remon- ter à 1786 pour en retrouver trace dans un petit volume : les Délices du Palais- Royal, orné de dou2e figures de Dambron, gravées par Queverdo. fi'ast d'après un exemplaire de cet almanach, appartenant à M. de Savigny de Moneorps, qu'il a été possible à M- Fsrge de présenter des vues du salqn de Curtiuty du théâtre des Comédiens de hois, da café du Caveau, ouvert par Dubuisson en 1783, du théâtre Séraphin de 1785, des Bains de santé, etc.

A la suite de cette communication, et en manière de conclusion, M. Farge a proposé à la Société, qui l'a adopté à l'unanimité, le vœu suivant :

« La Société d'Iconographie parisienne, émue par le projet présenté au Conseil municipal de Pari», le

31 décembre 1913 et adopté le môme jour par cette assemblée, qui s'est déclarée favorable à l'ouverturp, dans l'axe de la Bourse du Commerce, et à la hauteur des dernières arcade» du Palaii-Royal, d'une voie publique reliant la rue Crois-des-Petits-Champs à la rue de Valois et pouvant se prolonger, à travers tes jardins du Palais-Royal, pour aboutir à l'avenue de l'Opéra, émet le vœu :

0 1* que, conformément aux prévisions du rapport de M. Chérioux au Conseil municipal de Pari», cette voie nouvelle reste inaccessible aux voiture» dan» sa traver»ée du jardin du Palais-Royal ;

« que l'ouverture à la circulalinn des bâtiments du Pqlais-Royat faisant f^ce à la nouvelle voie n'en- traîne aucune modification de l'aspect extérieur de» arcadts i

ANCIEN ET MODERNE

" que l'aspect du jardin lui-même ne subisse aucune atteinte par la construction d'un mur, d'une grille ou de toute autre barrière destinée à séparer le jardin de la nouvelle voie publique ».

Congrès des Sociétés d'histoire de PaHs. ^

Le prochain Congrès dés Sociétés d'histoire de t'arin se tiendra, au mois de mai, dans les nouveaux locaux de la Bibliothèque Le Pelelier de Saint-Fargeau. rue de Sévigné.

Présidée par M. Jules Guiffrey, membre de l'Institut, la Commission permanente d'organisation, formée à la suite du CongrÔS de l'an dernier, vient de publier une liste des questions qu'elle soumet aux études des membres des diverses Sociétés parisiennes.

Ces questions sont divisées en deux sections. La première, la section d'histoire, comprend les mono- graphies des rues de la capitale, les travaux sur les anciens cimetières, les foires disparues, les jardins d'autrefois, les moyens de transport de jadis, les numérotages des maisons, la voirie urbaine et fluviale, les études sur les anciens membres des corps muni- cipaux. La deuxième section, celle d'archéologie, réunira les communications sur les monuaients dis- parus, les vieux hôtels démolis ou menacés de démo- lition, les statues, enseignes, fontaines qui survivent encore, les monographies des îiiicleftS corps de métief, 'étude des œuvres d'art TOnSerVées dans les églises, cimetières ou théâtres.

Le Budget des Beaux-Arts. Le rapport sur le budget des Beaux-Arts, à M. Simyan, a été distribué à la Chambre des Députés le 13 février.

Le budget des Beaux-Arts à été expédié daiis la Séance da matitt du février, autant vaut dire sans discussion. Il y a eu quelques « échanges de vues » sur la reconstruction de l'École des arts décoratifs, sur les théâtres subventionnés, sur les concerts popu- laires de la salle du Jeu de paume des Tuileries, sur l'autonomie des manufactures des Gobelins et de Beauvais, sur le Mont Saint-Michel, et sur la sur- veillance des gisements préhistoriques.

En ce qui concerne la coupure de la digue du Mont Saint-Michel, retenons cette déclaration du sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts : « le projet est revenu des Travaux publics et sera incessamment déposé ».

Manufactute des Gobelliis. Les ateliers de haute lisse de la Manufacture des GobelinS travaillent èh ce moment à l'exécution de plusieurs tapisseries, d'après des cartons d'artistes contemporains, qui sont: le Général José de San Martin au passage des Andes, par Roll, tapisserie destinée à la République Argen- tine; Toulouse, par II. Rachou, poUr le Capitole de Toulouse; la Bretagne, par Raflaclli, pour le Parle- ment de Rennes; les Pàmprts, par Jules Ghéret; la Bourgogne, par Louis Attquetitt; Psyché servie par lés Grdees, par Zo, pouHe Luxembourg; la Bélin au

boit dormant, d'après ieitx Vebet; des écrans et des paravents pAr Félix Bracquemond.

La Chancellerie d'Orléans. On sait que l'admi' rable hôtel du xvm' siècle qu'est la Chancellerie d'Orléans .se trouve menacé d'être jeté bas pour faire place à la fameuse rue nouvelle qui, partant de la Bourse du commerce, aboutira au Palais-Royal. On sait aliisi ^ et le Bulletin a cité, datis Soti n- 609, le passage du tapport présenté sur celle question, par M. Chérioux, au Conseil municipal que, pour faire excuser la déniolilion de cette belle demeure, on a prétendu qu'elle niourfait paS tout entière, puisque la Banque de France devait recueillir tout ce qu'elle renferuie d'intéressant ! « Qu'on ne se dé- sole qu'à demi, a dit en substance M. Chérioux, puisqu'il restera ainsi quelque chose de la Ch&ûcel- lerie, alors que son propriétaire eftl très bien pu la raser, après avoir dispersé les peintures de Goypel et les décorations de Boffrand. »

M. Chérioux ne nous dirait pas qu'il aurait été possible et facile de S'opposer à Cêâ sauvages desseins, à supposer que le propriétaire les eût formés : c'était tout simplement de recourir au classement du vieil hôtel comme monument historique.

Or, on annonce que, dans une de ses dernières séances, la Commission des monuments historiques s'est prononcée à l'unanimité en faveur de ce clas- sement.

La Monnaie de Nickel. Le jury du concours pour la monnaie de nickel a fait connaître jeudi son jugement.

Il a attribué le premier prix (20.000 fr.) à M. E. Lin- dauer, le deuxième prix (2.000 fr.) à M. Peter, et le troisième prix (1.000 ff.) à M. Becker.

Le projet dii lauréàl, M. Llhdauet-, comporte âl'avèr», dans l'encadrement d'une couronne de chêne et de lau^ rier, lès initiales R. F. séparées par le disque central de la pièce perforée, et surmontées du bonnet phry- gien ; au revers, le chiffre de la valeur, entre la devise républicaine et la date d'émission.

A Annecy. -^ On Sait qU'uh monument doll ètïe élevé, à Annecy, à la mémoire de saint François de Sales. C'est l'Académie florimontarte, fondée en 1606 par le saint évêque de Genève, qui a pris l'initiative de cette érection. Elle avait ouvert, à cet elfet, un concours auquel quinze artistes ont répondu avec vingt-deux projets. Après une première élimination, trois ce ces projets restèrent en présence, sur lesquels le jury du concours a rendu son jugement. Le pre- mier prix a été attribué à M. Descatoires, le deuxième à M. Noël, le troisième à M. Lamberton. C'est M. Des- catoires, jeune sculpteur connu déjà par son monu- ment de Jean Bologne, à Douai, qui est, en consé- quence, chargé de l'exécution du monument.

A Limoges. ^ Le ministre de l'Instruction pu- blique et des Beaux-Arts est autorisé à accepter, pour

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LE BULLETIN DE L'ART

le musée national Adrien Dubouché, à Limoges, une somme de 40.000 francs, léguée à cet établissement par M"" Jeanne-Krançoise-Ermance Bisquit, veuve de M. Adrien-François-Louis Bourcin-Dubouché. Cette somme sera convertie en reote sur l'État français, et les arrérages serviront à l'acquisition d'objets des- tinés à enriciiir le musée.

A Florence. On vient d'exposer, dans la grande salie des marbres du Musée du Bargcllo, une statue de marbre représentant la Vierge et l'Enfant, œuvre sicilienne du xv* siècle, donnée au musée par le marquis Eduardo Albites di San Paleruiano. L. G.

A Rome. La Surintendance des Monuments vient de terminer la restauration de l'église et du cloître des SS. Quattro Coronati qui a donné des ré- sultats fort intéressants; le cloître du xiu* siècle, qui avait été complètement défiguré au xvn*, a repris son aspect primitif; on a découvert dans l'église des peintures fort anciennes ; la crypte, qui remonte au II* siècle, est curieusement pavée de colonnes an-

tiques disposées horizontalement; dans une salle du couvent, on a trouvé, peint à fresque sous une couche de chaux, un calendrier du xiii' siècle, d'une grande importance liturgique. Enfin, on s'était servi pour le dallage de l'église, en les retournant, de pierres tombales, de bas-reliefs, de plaques de clôture de chœur, etc., que les récents travaux ont dégagés, et qui permettent de reconstituer la Sckola cantorum médiévale. C'est à M. Munoz, inspecteur des Monu- ments, qu'a été confiée la direction de cette impor- tante restauration. L. G.

Nécrologie. Le D' Hippolyif Mireitr, qui vient de mourir à Marseille à l'âge de 72 ans, était un ama- teur d'art bien connu par le Dictionnaire des ventes d'art en France et à l'étranger au XVIII' et au XIX' siècle, important travail auquel il a consacré une bonne part de sa vie et qui, malgré des lacunes diffi- ciles à éviter dans un ouvrage de cette ampleur, rend encore de grands services aux travailleurs et aux curieux. Le D' Mireur était chevalier de la Légion d'honneur.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. 'Vente de tableaux anciens. M" Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Sor- tais et Ferai, ont dirigé, le 15 février, salle 7, une vacation anonyme qui a produit 28.085 francs pour dix numéros. Un seul prix à retenir, celui de 8.100 francs, pour une Vierge à l'Enfant de l'école flamande du xV siècle. Reproduit dans le catalogue de la vente, ce panneau avait réalisé 1.800 francs en 1892, comme appartenant à l'école de Van Eyck, et, plus récemment, à la vente Dollfus en 1912, il fut vendu comme Petrus Ghristus, 23.200 francs.

■Vente d'objets d'art. Une seule enchère à signaler également, dans une vacation anonyme dirigée, le même jour, salle 1, par M* Hémard et M. Guillaume, celle de 7.100 francs, obtenue par une tapisserie d'Aubusson du xviii» siècle, repré- sentant Flore et des enfants bacchants, dans un paysage.

'Vente de la collection Rochard (objets d'art, etc.). Le 16 février, M* André Couturier

et MM. Mannheim, Pape et Delteil, ont procédé, salle 6, à la vente que nous avons annoncée des objets ayant fait partie de la collection de feu M. Rochard.

Cette vacation a produit 199.251 francs, avec, comme enchère maîtresse, les 47.000 francs réa- lisés, sur la demande de 40.000, par un triptyque en émail de Limoges, de Nardon Pénicaud.

PRINCIPAUX PRIX

Porcelaines DE LA Chine. 74. Deux potiches, Kien- lung, réserves fieurs et scènes familiales sur fond côtelé polychr., 8.320 fr. (dem. 4.000; couvercle dé- fectueux). — 76. Vase-rouleau, fond corail, 7.200 fr. (pas de demande, fêlé).

Objets varias. 87. Triptyque, émail peint de Limoges, par N. Pénicaud, fin xv s., l'Annonciation et deux saints personnages debout, 47.000 fr. (dem. 40.000).

Tapisseries. 117. Petit panneau, tapiss. flam., xV s., tissée de métal, la Présentation au Temple, 20.000 fr. (dem.i5.000;rest.). 118. Fragment tapiss. Qam., commencement xvi* s., tissée de métal, groupe de dix-sept personnages, fond de paysage, 12.000 fr. (dem. 15 000). Trois tapiss. flam., xvr s., allégories des mois de janvier et février, mari et avril, sep-

ANCIEN ET MODERNE

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tembre et octobre, nombreux personnages, bord., 27.000 Ir. (dem. 40.000; parties mod.). 120. Deux cantiinières llain., xvi* s., fig. allég., fruits, fleurs, 9.350 fr. (deiii. 4.000; parties mod.).

Vente de tableaux anciens. Une seule enchère mérite dVUre notée parmi les résultats d'une vente anonyme, dirigée salle 6, le 18 février, par M" Baudoin et M. Péral. Composée de tableaux anciens et de quelques dessins et gravures en cou- leurs, cette séance a réalisé 50.519 francs. Le Portrait d'un gentilhomme, par Heinsius, seul tableau reproduit dans le catalogue, a été vendu 8.210 francs.

A Londres. Vente d'argenterie anglaise ancienne. Le 4 février, a eu lieu, chez Christie, une vente de vieille argenterie anglaise, dans laquelle ont passé deux objets historiques, très chaudement disputés. Le premier est une coupe avec couvercle en argent doré, datée de 1611 et portant le monogramme de Tyl ; cette coupe, très finement gravée, fut offerte, en 1620, par la Corporation des tailleurs à John Plomer de New- Windsor, à l'occasion de son mariage avec Anne Gérard. A la même occasion, John Plomer reçut un plat et une aiguière en argent doré, exécutés en 1618. La coupe a été adjugée 112.500 francs; le plat et l'aiguière, 41.250 francs.

Ventes annoncées. A Paris. On annonce comme devant avoir lieu, le 20 mai, la vente de la collection formée par M. Anthony Roux, le collectionneur de Marseille; elle comprend d'im- portants tableaux modernes et une série de sculptures de Rodin.

A Berlin. Tableaux anciens. Nous recevons d'Allemagne les catalogues illustrés de plusieurs ventes prochaines. Et d'abord, celui d'une vacation anonyme qui aura lieu chez R. Lepke, le 24 février, et qui comprend des tableaux anciens provenant de collections pri- vées. Des œuvres d'art d'ordre secondaire, à en juger par les reproductions.

Collection L. von Schacky (objets d'art). Plus importante est la vente de la seconde partie de la Collection du baron L. von Schacky de Schu'nfeld.

Composée d'objets d'art et d'ameublement, elle aura lieu, toujours chez R. Lepke, leslOet 11 mars. De composition très variée, elle comprend des sculptures en bois, dont une Madone de l'école du Tyrol de la (in 'du xv siècle ; des meubles, des tapisseries et des porcelaines, des orfèvreries

allemandes des xvi' et xvii' siècles; des émaux; des plaquettes italiennes et des bronzes, également d'art italien, du xvi" siècle; une réunion intéres- sante de majoliques italiennes de Deruta, Urbino, Gubbio, etc; des faïences hispano-mauresques; des faïences persanes et des faïences de Rhodes ; des sculptures antiques; des vases grecs; des bronzes antiques et des statuettes de Tanagra.

M. N. ESTAMPES

A Paris. Vente d'estampes modernes. La vente d'estampes modernes que nous avions annoncée comme devant être faite le 11 février par M' A. Desvouges et M. L. Delteil, a produit 31.351 francs Trois estampes de Meryon : laTour de l'horloge (3" état, sur papier verdâtre), la Tou- relle de la rue de la Tixéranderie (2" état, avant la lettre, sur papier verditre), et Saint-Ètienne-du- Mont (avant la lettre, papier verdâtre), toutes les trois avec légende manuscrite de l'auteur, ont été adjugées 2000 francs chacune. Ce sont les plus beaux prix de la vente.

Ventes annoncées. A Paris. Estampes modernes. Dans la collection d'estampes modernes, que dispersera, le 28 février. A. Desvouges, assisté de M. L. Delteil, ce qu'il faut remarquer surtout c'est un œuvre abondant de Fantin-Latour (n»» 40-80) et de Toulouse-Lautrec (158-215 bis). Des pièces par Forain, Mary Cassatt, Degas, Carrière, Lepère, H. Rivière, Steinlen et Zorn, pour ne citer que ceux-là, complètent le catalogue, qui comprend 228 numéros.

A Berlin. Un mince catalogue illustré a été dressé à l'occasion d'une vente qui aura lieu chez R. Lepke, les 3 et 4 mars, d'une réunion de gravures, de lithographies, et de quelques dessins. Des pièces imprimées en couleurs, des écoles française et anglaise du xviii' siècle ; des pièces en noir des mêmes écoles et de la môme époque ; enfin des pièces d'autres maîtres anciens, Rembrandt, van Ostade, etc., paraissent être le principal attrait de cette vente.

R G.

1^1^ j»î .s^ js^ jQ^^is^ ij3^«stets^«s^t^^i)g^<a^ts^is^ EXPOSITIONS ET CONCOURS

Les Pastellistes français (galerie Georges Petit). Vous souvient-il (c'était au début de l'année dernière) de l'unique exposition des « Pompiers »? Telle est la physionomie de cette

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BULLETIN DE L'ART

it première exposition » d'une brillante Sôeiétéj fnoins réellement nouvelle qu'entièrement re- nouvelée par son nouveau président, M. Henri GerveXj qui se plaît à rapprocher ses anciens voisins de la Société nationale de ses récents collègues de l'Institut; le pastel, qUi n'a pas Oublié son passé glorieux, se priHe élégamment â cette réconciliation de la sagesse avec l'audace et trouve en ce rapprochement délicat, dans tous les sens du terme, un nouvel aspect de ses destinées : voici donc Guelfes et Gibelim, sombre dessin rehaussé de rouge tragique et de noir fauve par M. Jean-Paul Laurens, en face de la Procession à Plougastel-Daoulas, largement ensoleillée par M. Charles Cottet; la Femme en deuil, un des portraits les plus purement stylisés par M. Dagnan- Bouveret, non loin des croquis endiablés de M. Forain; le Aficotr ardent de M. Besnard, à côté du plein-air mondain de M. Flameng qui ne rivalise pas plus, au pesage, avec M. Degas, que M. Guirand de Scévola, dans le froid des coulisses désenchantées, ne sera pris pour Toulouse- Lautrec...

Ici corahie à la Société nouvelle, uh artiste s'impose; une œuvre d'art, vraiment digne de ce nom, le désigne : et, parmi tant de parfums de théâtre ou de boudoir, lèS bryades de M. René Ménardnousapportertt la robuste et réconfortante senteur Ju bois sacré : telle est la toute-puissance silencieuse du crayon, quand il enveloppe le rythme athénien des lignes dans les frissons mordorés de l'aulomne la nuit qui vient fait luire une eau pâle... Après Henner et PUvis de Chavannes, le poète René Ménârd ajoute sa tra- duction personnelle à nos réminiscences de la Grèce divine. Pareille loyauté chez un maître du portrait dessiné, M. Marcel Baschet : depuis Henner portraitiste, on avait trop oublié cette simplicité lumineuse s'éclaire sans effort le secret d'un visage^ parle aux yeux le blanc sourire d'une (illette ou la ressemblance du « bon maître >> Jules Lefebvre en 190b, de Hoche fort, dans sa blême vieillesse, de Jf, Poinèaré, prési- dent de la République, de MM. Henri Lavedan, Maurice Donnay, Jean Richepin.

Parmi les portraits romanesques de MM. Loup et Léandre et les nus diversement voluptueux de MM. Abel Faivreet Prinet, la vie rustique vue par M. Lhermitte et des paysages de MM. Luigini, Dauchez. Le Sidaner, Ulmann et René Billotte font honneur à la maestria de nos pastellistes toujours groupés sous le patronage de M"" la marquise de Gan&y.

Un II" groupe de graveurs sur bois (galerie Grandhomme). Emile Roustan (galerie Blot). La photographie n'a pas tué l'estampe ; et le vaillant peintre-graveur Paul-Emile Colin ne se Contente pas de terminer un nouvel album Diai aspects de la Lorraine seront commentés par un texte de M. Maurice Barrés, en attendant l'illustration de Colline inspirée, mais il réunit autour de ses bois imposants les essais des jeunes : le bon dessinateur Alfred Latour, fidèle à l'Ile Saint-Louis; l'érudit critique Louis llautecœurt l'auteur de Rome, qui prépare un livre, illustré par lui, sur les Types russes ; M"" Bertha Zuricher, et de nouveaux venus plus farouches, MM. Amédée VVetter, Berdon, Berthet, Roger (ïrilion.

C'est la lithographie délicatement colorée de nuances discrètes et poétiquement appliquée au paysage, à la nature morte, à la fleur, que préfère le peintre Emile Roustan : depuis 1906, nous connaissions quelques-uns de ces thèmes fami- liers qu'un des meilleurs élèves d'Eugène Carrière enveloppe mystérieusement d'une atmosphère décorative.

XXI Exposition internationale des beaux-arts de Monaco. Je n'oserais affirmer que les Sirènes dont M. Lalyre a décrit le sommeil soient les charmeuses que le regard des anciens imaginait sous les rellets irisés des Ilots bleus; mais, dans cette lumière, on comprend mieux la préoccupation constante d'un comité de direction présidé par le maître Léon Bonuat, de n'admettre ici que des deuvres sages, à défaut d'œuvres par** faites, et qui laissent à nos brouillards septen- trionaux les essais informes, les ruines volon- taires, les songes décadents. Ici, pour relleurir, l'année n'a pas attendu la reprise de Panifal ni son mélodieux « enchantement du Vendredi- Saint)); mais qu'elle soit de Richard Wagner oude nos maîtres plus discrets, Saint-Saèns ou Fauré, la musique, au Théâtre, fait toujours une redou- table concurrence aux œuvres d'art groupées par le bon goût de M. Marins Jacquier dans le Palais lumineux de Mohte-Carlo.

L'hiver artistique de 1914 tt'y réunit qu'une excellente moyenne, et les grands ouvrages déjà consacrés par la vogue ou par les ans y font un peU trop défaut; mais, à côté d'une pAle Jéatine d'Arc de M. Lynch, des danseuses plus ou moins antiques de M.M. Rochegrosse et Comerre et de l'intimité richement costumée par M. Roybel, utt Couple de Chevnnx cônes, brossé eh pleine pâle mouvante par la belle futiU ffnncesè du maître

AIVGIEN ET MODERNE

Alfred Holl nous rappelle que le style n'est pas fatalement l'ennemi juré de la vie, encore que la noblesse native de ces coursiers ne doive rien de sa fougue aux classiques souvenirs du Parthénon !

Nul Pc^gase, aujourd'hui, ne survient pour leur tenir t(*'te et nous emporter dans l'idéal au vent de sa crinicre ensoleillée; le rêve manque, et le soleil ne parattplus suffire aie ressusciter: un des mieux doués de nos prix de Ilome, qui sait tra- duire les horizons de la canjpagne poussinesque, le bois virgilien de la Villa Médicis et l'automne sous les pins de la Villa Borghèse, M, Georges l.eroux, fait simplement le portrait d'une Fçynme des Abruzzes, laissait à la douceur de M. Guinier le soin de prêter un? forme à la Poésie du soir.

L'histoire, cette lointaine réalité rêvée, ne brillerait guère non pliis que par sop absence, sans la petite Salammbô que la palette de M. Albert Charpentier fait apparaître " au festin des bar- bares » ; et les aquarelles de M. Maurice Orange* ne sont que des anecdotes, bien qu'elles veuillent évoquerles «bleus » de i794ou les braves del812. Contemporain du romancier polonais Sienkiewicï, le peintre hongrois Jan Styka, qui a lu Par le fer et par le fev,, réunit devant Kowno qui llambe en Tan i'i%2. les prince? slaves jurant de tirer ven^ geance de l'ordre teutonique ; à côté, c'est Vrsus terrassant l'auroch, comme dans Quo vadis; et ces ambitieux décors d'opéra, qui nous ramènent au temps des Makart et des Munkacsy, sont seuls à parler aux yeux de nos Salons d'autrefois. Le fils de Jan, M. Tadé Styka, se montre pareillement historien, mais plus moderne, en groupant les portraits ressemblants du célèbre trio masculin, Titta Ruffo, Ckaliapine et Caruso, pendant leur séjour à Paris, en 1912. Nous avions déjà vu l'ou- vrage au dernier Salon de la Société nationale ; et c'est un document pour l'avenir.

Le portrait, cet instant d'une réalité retenu par l'art, réserve ici d'autres documents à l'histoire future, car voici Son Altesse royale Monseigneur te prince Don Jaime de Bourbon, par M. Henry Jacquier; Sa Grandeur Monseigneur du Curel, évéque de Monaco, par M. Robert de Cuvillon; le poète Jean Rameau, barbu comme Lucius Verus, par le vieux peintre Diogène Maillart, sans oublier l'allure de it/"f Geneviève Vix, de l' Opéra-Comique, stylisée par M. Jean Corabœuf, ni la gri'ice de .M"'' Berthc Cerny, de la Comédie-Française, édul- corée par M. Jules Cayron. Nommer une fois de plus MM. Gabrief Ferrier, Dawant, Henri Hoyer, Girardot, Jef Leempoels, la princesse Gagarine- Stourdïa, M"» Demont-Breton, c'est parcourir,

avec le talent pour guide, une évolution du portrait; et, parmi tant de paysages, n'est-ce pas une leçon toujours instructive que de comparer sur le vif le portrait de la nature avec la splendeur de l'original? Tel est le divertissement que nous proposent les Oliviers à Villefranche, de M. Isen- bart, la Principauté de Monaco vu? du cap Martin, par M, LaqreiU-Gsell, les horizons corses, aimés de MM, Guignard et Nuzal, les Martigues de M. Ponehin. les crépuscules de la Côte d'Azur notés par M, Paulin Bertrand et, surtout, le Soir sur les bords du Gardon, par M. Montagne, non loin des nombreux peintres de Venise se distinguent MM. Gaston Roullet, Brugairolles, Iwill et Maurice Bompard.

Après avoir interrogé l'aquarelle ou l'eau-forte en couleurs, ou Bonie se découvre à M. Pierre Labrouche au tournant d'un Pont sur le Tibre, il faudrait s'arrêter longteirips, à la sculpture, devant les faunes rieurs de M. Injalbert, l'Aurore et les nymphes de marbre de M. Denys Puech, les danseuses de bronze, aux rythmes dionysia- ques, de M. Piron, l'Ptreinte de M. Béguine, admirée des Parisiens, au printepips de 1913, et les statuettes de MM. Michelet, Bacqué, Sandozet Gaumont, pour mieux apprécier les antiques sympathies de la forme plastique avec un climat favorable; et le buste du regretté maîtreMas.senet, par M. Bernstamm, ajoute à la clarté du décor la mélancolie du souvenir.

Raymond Rouyer,

L.ES REVUES

Franck

L'Écho de Paris (24 janvier). Gomme corol- laire à ses articles de la Hevue des Deux-Mondes, M. Maurice Bahrks plaide, dans \'Écho de Paris, auprès du nouveau sous-secrétaire d'État aux Beaux- Arts, la cause des « églises qui meurent". M. Barrés a obtenu tout ce qu'il pouvait attendre d'un débat public : « Au dehors du Parlement, l'opinion est faite : elle est toute favorable aux églises... La parole n'est plus à M. Barrés. Elle est au gouver- nement ». Pour lui rappeler son devoir, M. Barrés lui communique « quelques pièces les plus récentes de son dossier, quelques cas tout à fait dégoûtants » et qui attestent que ce qu'il faut vaincre c'est l'incurie ou l'hostilité des municipalités, h Je demande que les communes ne puissent pas s'opposer, coqiitie elle» te fo{it aujourd'hui, au classement de leuï église réclamé

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LE BULLETIN DE L'ART

par la Commission des monuments historiques. Enfin, je demande la constitution de ce fond de secours pro- mis solennellement au cours des débats de la sépa- ration et qui a fait l'objet d'un projet gouvernemental signé de MM. Clemenceau, Caillaux et Briand. » C'est sur ce projet, inspiré de la nécessité du concours de l'État, que M. Barrés attire l'attention du gouverne- ment. « Jamais ce projet n'a fait l'objet d'un rapport. 11 n'y a qu'à le reprendre. » Les subventions que suppose ce concours seront aisées à trouver. 11 n'y a qu'à leur affecter les sommes rendues disponibles chaque année par la suppression du budget des cultes. « Je suis tout prêt, conclut M. Barrée, à causer avec vous... Si j'étais à votre place, je demanderais à cinq ou six députés de tous les partis de se rendre à mon cabinet et nous examinerions la situation avec le désir d'aboutir. Le problème est si clair (et si douloureux), que tout individu qui n'est pas une brute, conviendra qu'il faut le régler et que c'est facile. »

Grande-Bretagne

The Burlington magazine (novembre). Cor- rado Ricci, liarnaba da Modena. Notice sur ce maître, entre 1.335 et 1340, et dont les œuvres montrent une considérable influence siennoise ; à propos de la donation faite à la National Gallery, par la comtesse de Carlisle, d'une peinture à six compar- timents, signée et datée 1374, c'est-à-dire appartenant à la dernière période de la vie de l'artiste, dont on n'entend plus parler après le 3 novembre 1383.

Frank Jewet Mathkr. Quelques coffres sculptés de la Renaissance. En particulier, trois coffres ita- liens du xvf siècle, en noyer, les uns attribués à Tatti et le troisième signé Baccio Bandinelli et daté 1^36 (ancienne collection de Mrs. Lydig); les deux premiers sont sculptés d'ornements et d'armoiries, le troisième représente l'histoire des .Miobides.

Tancred Borknius. Deux natures mortes de Murillo (?). Une Cour de poulailler (coll. de Mrs. Odell); un Intérieur de garde-manger (coll. de sir Frederick Cook).

José PiJOAN. Primitifs aragonais. Étude, en particulier, d'une peinture représentant Saint Pierre Martyr avec des scènes de sa vie (provenant de Sixena et aujourd'hui au musée de Barcelone); d'une autre peinture représentantSain/Dominiçueavecdes scènes de sa vie (ancien « antependium » de Tamarite ; au- jourd'hui au musée de Barcelone); d'une Vierge à l'Enfant, avec des scènes de la vie de la Vierge (ancien « antependium » de Rudèle ; aujourd'hui coll. Lionel Ilarris); de trois pièces provenant d'un plafond de bois peint, trouvées dans la province de ïernel (musée de Barcelone). Toutes ces peintures remontent au xiv siècle.

Sir Martin Conwav. Une dangereuse méthode archéologique (11). Fin de cet article contre les méthodes de rajeunissement excessif employées par

certains archéologues, à propos des travaux de M. Marignan et de M. A. -S. Cook.

L. DiMiER. Un Portrait idéalisé de Diane de Po\liers, dans la collection du comte Spencer, à Althorp, rapproché d'un crayon de 1560, au Musée Condé ; iconographie chronologique de Diane de Poi- tiers.

K. A. C. Creswell. Les Origines du double dôme persan (I). Ce double dôme, légèrement bulbeux, est une des caractéristiques de l'architecture persane; il n'apparaît pas avant Timour (fin xiv siècle); l'au- teur étudie la possibilité de rattacher cette forme à l'art hindou.

G. BaldwinBnowN. Une ancienne cuiller trouvée dans le Kent. Rapprochée d'objets analogues, cette cuiller d'argent parait être un travail anglo-saxon, de la seconde moitié du v siècle.

Ethel Ross Barker. Le Symbolisme de certaines fresques des catacombes (11).

BoUettino d'arte del Ministero délia P. Istru- zione (mai). li. Paribbxi. Nouveaux monuments exposés au Musée national romain. A signaler : un fragment de vase de marbre antique, avec une belle figure de Pailas Nicéphore, une très belle tête de Lucius Verus, d'autres bustes romains, un curieux masque comique, une grande mosaïque, ornée d'une tête de Méduse d'un style élégant et pathétique, une margelle de terre cuite sont sculptées de sveltes figures féminines ailées tenant des thyrses, et de nombreux objets moins importants, datant de l'épo- que impériale.

Qinto ToSATTi. L'Évolution du monument funé- raire à l'époque de floraison du style baroque. Monuments funéraires du xvii- siècle, à pyramides de marbre de couleur, devant lesquelles sont groupées des figures de marbre blanc. Nombreux exemples, surtout à Rome.

Giulio C>iXTM.JiytB»sk. Deux peintures de Giovanni Lanfranco. Il s'agit de deux tableaux décoratifs de Lanfranco, peu connus jusqu'ici, la Pentecôte du palais Ginnasi, à Rome, et un Saint François, auquel la Vierge, apparaissant dans une nuée, remet l'Enfant Jésus, grand tableau habilement composé, qui fait penser à la fois à Corrège et à Murillo, conservé à Sezze (province de Rome).

Alfredo Luxoro. A propos d'une arrienne sculp- ture sur bois, en Ligurie. Très beau retable tlauiand du XVI' siècle, avec la représentation du Calvaire, conservé dans l'église de Tcstana (province de Gênes), œuvre dont l'origine est inconnue, et que l'auteur souhaite voir transférée au palais Blanc, à Gênes.

Le Gérant : H. Oinis.

Paris. Irap. Georges Petit, 1:2, rue Godot-de-Uauroi .

Numéro 614.

é/

Samedi 28 Février 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie dans les Musées nationaux (^)

Les sept mille clichés appartenant à l'État.

Ainsi présentés, les principaux arguments qui militent contre le privilège de photographier dans les Musées nationaux apparaissent irréfutables; mais si on les a exposés en détail, c'est moins dans la crainte de voir le privili'ge renouvelé sur les mêmes bases draconiennes, que dans l'espoir qu'il sera tenu compte de ces critiques, sur les- quelles l'opinion est unanime, quand il s'agira ce qui ne saurait tarder de régler la question des sept mille clichés qni vont devenir propriété de l'État.

Rappelons, en deux mots, cette question.

Au cours de ses trente années de privilège, la maison concessionnaire était tenue, par traité, d'exécuter sept mille clichés (art. 3), ces clichés devant devenir la propriété de l'Etat à l'expi- ration du contrat (art. H).

Un an avant l'expiration du traité [c'est-à-dire le 1" février 19141, ajoute l'article 16, l'Administration mettra en adjudication l'exploitation des clichés dont l'État aura alors la toute propriété.

En considération de la participation de M. Braun et C'* à la confection de ces clichés et de l'exécution par lui du traité pendant toute sa durée, l'Adminis- tration lui accorde la faculté de se rendre adjudicataire du droit d'exploitation des clichés, par préférence à tous autres, aux conditions suivantes :

Au jour de l'adjudication, la Société Ad. Braun et C'* aura le droit, qu'elle ait ou non participé à cette adjudication, de déclarer qu'elle entend exécuter, aux lieu et place de celui qui aura été désif^né comme adjudicataire, aux conditions faites par celui-ci, et de prendre, pour son compte, l'adjudication.

Cette déclaration devra être laite au moment de l'adjudication.

Pour ces mêmes considérations qui viennent d'être indrquées, elle sera dispensée de fournir le caution-

(t) 4- article. Voiries n- 611, 612 et 613 du Bulletin.

nement auquel seront tenues toutes autres personnes adjudicataires, etc.

...Dans le cas la mise en adjudication ne donnerait pas de résultat, l'Administration des musées serait dégagée envers la Société Ad. Braun et C'* et aurait la faculté de traiter, même par voie de concession, avec telle personne que bon lui semblerait.

Comme on le voit, la maison Braun a obtenu, en 188,3, un droit de préemption tel qu'il paraît difficile que l'exploitation des sept mille clichés, propriété de l'pitat, puisse lui échapper. Sans doute, il faut prévoir le cas où, aucun adjudica- taire ne se présentant, l'Administration des musées se trouverait dégagée vis-à-vis de la mai- son privilégiée et pourrait alors, non pas concéder l'exploitation de ces clichés, mais les exploiter elle-même, ainsi que procède, par exemple, la direction de la collection Wallace.à Londres, en réunissant à la Chalcographie l'atelier actuel- lement occupé par la maison Braun; on aura, d'ailleurs, l'occasion de revenir sur cette solu- tion si simple et si logique à tous égards, quand on parlera ici de la photographie au Cabinet des manuscrits et au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale.

Pour aujourd'hui, il suffit d'envisager le cas le plus vraisemblable, c'est-à-dire celui oi!i la mai- son Ifraun conservera l'exploitation des sept mille clichés appartenant à l'État. Trente ans de privi- lège exercé dans les conditions que l'on a dites constituent une expérience suffisante et dont le public a suffisamment payé les frais; l'Adminis- tration est donc fondée à montrer quelques exi- gences dans l'établissement de son cahier des charges; elle doit obtenir, avant tout, deux amé- liorations capitales; savoir:

que le prix des épreuves de clichés depuis si longtemps amortis soit établi suivant le tarif le plus réduit, et proportionné au peu de frais de revient du tirage actuel sur papier au citrate ou au gélatino-bromure-; quelque chose comme cin- quante centimes au maximum.

que, pour ces clichés, exécutés d'après des

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LE BULLETIN DE L'ART

œuvres d'art appartenant au patrimoine national et devenus propriété de l'État, le droit de reproduction soit purement et simplement sup- primé.

Ces demandes n'ont rien d'exagéré, certes, mais ce serait déjà beaucoup si l'on y faisait droit.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 21 février). Au nom de MM. Arthur Dillon, élève de M. Pascal; Hugh Mac Lellon, élève de M. Deglane; Henry L. Beadel, élève de M. Laloux, architectes américains, anciens élèves de rÉcole des Beaux-Arts de Paris, M. Germon fait hommage à l'Académie de dessins de ces artistes pour les deux monuments élevés dans l'État de New-York à la mémoire de Samuel Cham- plain, gouverneur du Canada.

Les architectes américains, dans leur lettre d'envoi, s'expriment ainsi :

« Nous sommes heureux que cette occasion nous permette de vous expriraei" combien nous apprécions l'honneur que nous avons eu de contribuer par notre œuvre à la mémoire de votre grand compatriote Ghaniplain. Nous regardons l'accomplissement de notre tâche comme une expression de gratitude envers la France, à laquelle nous devons notre édu- cation d'architectes; nous avons fait de notre mieux et, avec la plus grande satisfaction personnelle, pour que ce travail soit digne de cette occasion. Nous n'oublions jamais que, s'il y a quelque chose de bien dans notre œuvre, nous le devons à l'enseignement inappréciable de nos maîtres français, a

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 20 février). M. Camille Jullian annonce que M. Dubalen, conservateur du musée de Mont-de- Marsan, a entrepris des fouilles dans des tumuli du département des Landes 11 a découvert dans l'un d'eux, à Aubagnon, une tombe de guerrier renfermant un grand vase contenant une urne remplie de cendres fines et, à côté, une cotte de mailles faite de petits anneaux de fer et de bronze ; enchâssée en partie dans cette cotte, se trouvait une lamelle d'argent présentant une inscription en repoussé dont M. Duba- len envoie la description et le moulage. C'est une inscription en caractères dits celtibériques très nets, ce qui permet de reporter la tombe aux temps qui ont précédé la conquête romaine.

M. le comte Durrieu expose qu'il a entrepris des recherches à travers toute l'Europe pour retrouver les manuscrits qui renferment des œuvres littéraires du roi René d'Anjou : les écrits du bon roi René ont été publiés ou analysés à diver.ses reprises, mais les érudits qui s'en sont occupés n'ont presque jamais eu

entre les mains les meilleurs manuscrits. Ces exem- plaires cependant sont d'autant plus dignes d'être étudiés que les compositions littéraires du roi René constituaient des « livres illustrés » ornés d'images d'un très grand intérêt pour l'histoire de l'art français au XV' siècle.

On y rencontre des représentations précieuses au point de vue historique et archéologique. M Durrieu cite à cet égard le récit d'un tournoi donné par le roi René en 1446, récit dont le manuscrit existait au milieu du xvir siècle chez le chancelier Séguier : tous les historiens récents du roi René ont considéré ce manuscrit comme perdu, sinon détruit; il était passé à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg M. Durrieu a pu l'examiner.

M. Cagnat commente une inscription latine trouvée à BuUa Regia, en Tunisie, par M. le D' Carton, mentionnant la série des fonctions exercées à la fm du ii' siècle de notre ère par )in chevalier romain, intendant de l'armée de Septime Sévère lors de son expédition en Gaule contre Claudius Albinus.

M. Pierre Paris communique, par l'intermédiaire de M. Jullian, les récentes découvertes, faites à Mérida, d'idoles néolithiques en os qui prouvent que la ville latine d'Augusta Emerila a dlî être habitée dès les temps les plus reculés.

Société nationale des Antiquaires de France

(séance du 18 février). M. Kormigé communique à la Société des photographies et relevés de cabanes en pierres sèches du département de Vaucluse, et dis- cute la date de ces constructions.

M. Max Prinet signale le seing manuel de Robert d'Esnes (1408), qui est constitué par l'image du heaume héraldique de ce personnage.

M Monceaux montre quelques plombs bilingues découverts récemment à Carthage.

M. Cagnat donne lecture d'un mémoire de M. J. Bayet sur quelques statues d'Hercule, décou- vertes dans la salle froide des Grands Thermes de Lambesc.

M. Demaison présente des photographies de plu- sieurs vases gallo-romains conservés au musée de Reims.

L'École des arts décoratifs. On s'est étonné d'entendre M. le sous-secrétaire d'État des Beaux-.\rt»' dans la discussion sur le budget qui a eu lieu la semaine dernière à la Chambre, parler de la recons- truction de l'École des arts décoratifs comme d'une question à l'étude.

Elle a été si longtemps à l'étude, cette question, que l'on s'est sans doute accoutumé, en haut lieu, à cette formule vague et commode. Il faut pourtant rap- peler que la Ville de Paris procède, en ce moment même, a l'enquête d'utilité publique sur la réédifica- tion de celle école et le dégagement de l'église Saint- Julien-le-Pauvre. Le projet qu'il s'agit de réaliser a été approuvé par le sous-secrétariat des BeauxArts,

ANCIEN ET MODERNE

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il y a deux ans ; son exécution a été retardée par les formalités administratives , aussi longues rue de Valois qu'à Iflùtel-de-Ville.

L'enquête sera close le 4 mars, à la mairie du V' arrondissement, le commissaire-enquêteur rece- vra, de deux heures à quatre heures, les 2, 3 et 4 mars, les observations qui lui seront apportées. Un crédit de trois millions et demi, prévu sur la deuxième tranche de l'emprunt de 900 millions, garantit la par- ticipation de la Ville à cette opération.

Le Prolongement de la rue de Rennes. Cette absurde, coûteuse et dangereuse opération a été annoncée et critiquée ici-même (n" 596 du ItuUetin). Nous ne reviendrons pas sur le détail du projet et nous nous bornerons à rappeler qu'il comprend le dégagement de l'Institut et la reconstruction d'une partie de ses bâtiments.

Ur, la Ville de Paris trouvant que le vieux projet d'Ilaussmann. repris en la circonstance, se montrait beaucoup trop généreux pour l'Institut et lui accor- dait une surface trop grande, revient sur ses propo- sitions, acceptées par l'Institut, et propose une sur- face beaucoup moindre.

1/Institut refuse d'admettre les nouvelles conditions qu'on veut lui imposer et, en outre, il a émis le vœu que les bâtiments condamnés à disparaître ne soient démolis que successivement, au fur et à mesure que les nouvelles constructions seront achevées. C'est une précaution fort sage, car, les travaux projetés devant être répartis en plusieurs <■ tranches », l'Ins- titut serait condamné, s'il n'obtenait pas cette garan- tie, à vivre de longues années au milieu des démo- litions et des échafaudages, ou dans des installations provisoires.

M. André Hallays montrait encore, l'autre jour, à quel point cette opération du prolongement de la rue de Uennes est néfaste de toutes les manières : « Si elle consiste simplement à relier la place Saint- Germain-des-Prés aux quais par deux grandes rues, elle est coûteuse et ne sert à rien. Si elle s'achève, comme le veut la togique, par la construction d'un pont, elle anéantit le plus magnifique des aspects de Paris. Et voici maintenant qu'une de ses consé- quences inévitables est de forcer la Ville à offrir un palais neuf aux cinq Académies. Tout cela n'a pas le sens commun. »

Expositions annoncées. —L'Exposition annuelle de la Société des Artistes décorateurs, au Pavillon de Marsan, a été inaugurée hier 27 février.

- Le prochain Salon des Artistes indépendants aura lieu, cette année, au Champ-de-Mars (près l'École militaire) et ouvrira ses portes demain dimanche 1" mars.

Le Salon de l'Automobile-Club sera ouvert du 7 au 25 mars.

A 'Wurzbourg. Les archives très importantes du célèbre hôpital fondé par le prince-évêque Julius

Echter de Mespelbrunn ^xvi' siècle), viennent d'être, pour la première fois, inventoriées : l'archiviste, le D' Solleder, de Munich, y a passé seize mois. Mais voici livrée aux investigations des érudits une des archives privées les plus importantes de toute l'Alle- magne du Sud, particulièrement riche en renseigne- ments sur l'histoire et les arts, non seulement du duché de Franconie, mais des pays avoisinants. Ce sont 2.000 documents et plans, 22.800 fascicules d'actes et 27.900 volumes, qui remontent jusqu'à l'époque de Frédéric Barberousse, et dont fort peu, jusqu'ici, avaient été étudiés ou utilisés. M. Mtd.

A Prague. La Société des Artistes tchèques Martes étant sur le point de publier, dans sa collec- tion Zlatoroh (la Corne d'abondance), un catalogue raisonné de la Galerie du Hudolfinutn, à M. Ma- tejcek, l'Administration allemande de ce musée d'art moderne s'empressa de changer toute la numérota- tion des œuvres de la Galerie. Charmante manière d'entretenir les bonnes relations tchéco-allemandes !

Malheureusement, l'Administration allemande s'était trop tôt réjouie : dans sa hùte, elle n'a pas attendu que le livre fût mis en vente, et la Société Mânes put encore, au brochage, faire ajouter au volume un carton qui indique la concordance de la nouvelle numérotation et de l'ancienne. M. Mtd.

A Naples. (Jn restaure actuellement les deux fragments du tableau que Raphai'l peignit pour l'église des Augustins, à Città di Castêllo, et qu'on a récem- ment retrouvés au Musée national de Naples. Le premier fragment, représentant le l'ère Éternel, fut identifié, comme on sait, par M. Oscar Fischel. Le second fragment, la Vierge tendant une couronne, fut découvert tout dernièrement dans les magasins du musée et ferait partie du même retable, selon M. Vittorio Spinazzola, directeur du Musée national. Il mesure 51 centimètres sur 41. On enlève, présen- tement, des repeints ajoutés par de précédents res- taurateurs et on redresse les panneaux qui avaient gondolé. L. G.

Nécrologie. Le directeur du Musée national bavarois, le D' Hans Stegmann, vient de mourir subitement à Munich. Bien qu'il ait trouvé le musée tout prêt, lorsqu'il y fut appelé en 1909, c'est à lui que revient le mérite de l'organisation intérieure et du classement rationnel des trésors qui y sont amassés. II s'était préparé à cette tâche au Musée germanique de Nuremberg, dont il fut conservateur (1 893-1905), puis second directeur (1905-1909). Fils du D' K. M. von Stegmann, directeur du Musée d'art industriel de Nuremberg, Hans Stegmann, à Weimar en 1862, avait fait ses études à léna et à Munich, et de longs séjours en Italie. Sa thèse de doctorat étudiait la Chapelle Saint-Roch à Nuremberg et sa décoration artistique. Nommé professeur d'histoire de l'art moderne à l'Université de Munich (1888-1894), il fit partie, en même temps, de la Commission des Monu- ments historiques de Bavière, ce qui le mit au cou-

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LE BULLETIN DE L'ART

rant des antiquités dupays.Stegmann a publié diverses études sur les Meubles et boiseries, sur les Dentelles, broderies et passementeries du Musée germanique, sur les Meubles de la collection Fir/dor (Vienne), un excellent travail sur les Arts plastiques d'Occident, un volume des chefs-d'œuvres de l'art et des arts appliqués depuis le Moyen âge jusqu'à l'époque du rococo, et, en collaboration avec son père et M. de

Geymûller, un grand ouvrage illustré sur ïArchitec- lure de la Renaissance en Toscane. M. Mtd.

A Berlin, vient de mourir, âgé de 40 ans, le peintre munichois^do//"//e//er, qui s'était fait remar- quer par ses intérieurs d'autrefois avec personnages, et ses portraits. à Hambourg, il avait étudié avec Peter Jaussen, à Dusseldorr, puis à Munich et Paris. M. M.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente de la collection Fitz- henry (objets d'art, etc.). Faite salles 7 et8, du 18 au 21 février, par M" Lair-Dubreuil, assisté de MM. Mannheim et Léman, cette vente a pro- duit un total de 245.253 francs, mais n'a pas donné lieu à des enchères bien marquantes. Il nous suffira d'indiquer les plus élevées.

PRINCIPAUX PRIX

Porcelaines anciennes. m. Sèvres. Aiguière et bassin, décor de guirlandes de Heurs, cama'ieu bleu, 4.800 fr. (au Musée des Arts décoratifs).

Boites. 278. Boite or émaillée, queue de paon, miniat., portrait de Louis XVI, inscription : Donnée par Louis XVI à Dumouriez, ép. Louis XVI, poinçons de Clavel, 7.010 fr. (dem. 7.000; rest.).

Miniatures. 324. Portrait de femme vêtue de blanc, avec ceinture rayée, par Sicardi, 9.200 fr. (dem. 5.000). 333. Portrait de femme, à mi-jambes, vêtue de blanc, fond de paysage, par Augustin, 6.100 fr. (dem. 3.000).

Tableaux. 3i>0. Ileinsius. Portrait présumé d'Eu- gène de Beauharnais enfant, 9.000 fr. (dem. 8.000).

Objets uivehs. 409. Custode, émail peint de Limoges, xti* s., compos. à nombreux personnages; émaux de coul., rehaussés d'or, mont, argent doré, 5.900 fr. (dem. 5.000; rest.l.

Sculptures. 491. Statue terre cuite, d'après Coy- sevox, chasseur assis, 5.000 fr. (dem. 5.000).

'Vente d'objets provenant du château de R... [Roquencourt], 2* vente. Dirigée salle 6, les 20 et 21 février, par Baudoin et MM. Sortais et Pape, cette vente a réalisé 130.000 francs.

Peu de prix a signaler. Du cdté des tableaux,

le 6, le Moulin à eau, par Van Everdingen, a été adjugé 8.000 francs, sur la demande de 10.000. Ce même tableau avait été vendu 1.100 fr. à la vente Piérard, en 1860, et 6.800 à la vente de Morny en 1865. Du côté des sculptures et objets d'ameublement, notons : 86. Quatre sta- tues de femmes portant une corne d'abondance, bois sculpté et doré, xviii= s., 25.750 fr. (dem. 15.000). 149. Quatre chaises, bois sculpté et doré, lauriers, rais de cœur et cordelettes, etc., ép. Louis XVI, 10.000 fr. (dem. 8.000). 150. Très petit canapé, bois sculpté et doré, décor rocaille, ép. Louis XV, 9.000 fr. (dem. 4.000).

Vente de tableaux modernes. Ln seul prix vaut d'i'tre signalé parmi les résultats d'une vente anonyme dirigée salle 10, le 19 février, par Bignon et M. Marboutin, les 5.400 francs, obtenus sur la demande de 5.000. par un tableau de Corot, la Prairie, le soir.

Vente de boiseries anciennes. Nous

avions annoncé la vente qui devait avoir lieu, le 20 février, boulevard de l'Hopilal, de boiseries anciennes provenant de l'ancienne chapelle de la Pitié. Ces boiseries ayant été réclamées, au dernier moment, par le Musée Carnavalet, la vente n'a pu se faire.

Ventes annoncées. AParis. Collection de u la Peau de l'Ours n (tableaux modernesi. Cette vente, dont nous avons déjà parlé, aura lieu, salles 7 et 8, le 2 mars, sous la direction de M* H. Baudoin, assisté de MM. Bernheim jeune et Druet. On sait que le titre que porte la collec- tion est inspiré des conditions mêmes dans les- quelles elle fut formée Quelques amis, amateurs d'art moderne, et même du plus moderne, ache-

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lurent en société, l'une après l'autre, quelque cent cinquante œuvres, tant peintures qu'aqua- relles et dessins, au cours de ces dix dernières années. Dès l'origine de cette opération, il avait été entendu qu'une vente publique apporlerail, en lin de compte, la sanction à cette expérience, plus curieuse, d'ailleurs, que concluante, car on prévoit bien que si chacun, ou la plupart, de ces mutualistes d'un genre spécial s'efforce de con- server pour lui-même les morceaux qui lui plaisaient davantage dans le patrimoine commun, il en sera de cette vente comme de celle les héritiers se disputent chèrement les pièces qu'ils convoitent dans une succession. D'autre part, trop de personnes, aujourd'hui, sont intéressées la plus value des productions qui composent cette collection pour que l'on puisse vraiment savoir, d'un jugement public et impartial, si « la Peau de l'Ours » a été ou non vendue par avance. N'ayant pas reçu le catalogue illustré de la vente, nous ne pouvons en signaler les numéros princi- paux. Contentons-nous de noter les noms de De la Fresnaye, P. Gauguin, Henri Malisse, P. Laprade, Laurencin, Mauguin, Picasso, Puy, K.-X. Houssel, qui, auprès de ceux de Forain et de C Guys, indiquent suffisamment la compo- sition de cette vente, à laquelle il n'est pas difficile de prédire un vif succès de curiosité.

Objets d'art et d'ameublement. Un mince catalogue illustré nous apporte l'annonce de la vacation anonyme que dirigeront, salle 6, le .3 mars. M" H. Baudoin et MM. Manuheim. Les numéros les plus marquants de cette réunion d'objets d'art et d'ameublement, paraissent être une pendule sur socle et deux candélabres à quatre lumières, en ancienne porcelaine de Saxe, à décor fleuri, et un tapis oriental du xvi" siècle à grosses fleurs sur fond rouge.

Objets d'art, etc., appartenant à M™» X... Plus importante est la vente à laquelle les mêmes commissaire-priseur et experts, et MM. Bernheim jeune, procéderont, à la galerie Georges Petit, le 5 mars. Dans le catalogue illustré, dressé à cette occasion, nous remarquons, tout d'abord, du côté des peintures : la Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, sous un portique, œuvre anonyme de l'école néerlandaise du xvi" siècle; un Effet de nuit au bord de ta rivière, par A. van der Neer; le Bravo, par F. Roybet; une Scène rustique en Hollande, par P. Wouwermans ; et Devant lepalais des Doges, par Ziem ; puis, du côté des objets d'art et d'ameublement : des majoliques italiennes de

Faenza et de Derufa, des statuettes et des groupes en ancienne porcelaine de Saxe; deux cache-pots en ancienne porcelaine tendre de Vincennes, et une jardinière en Chantilly; un meuble de salon en tapisserie à corbeilles de (leurs et guirlandes, d'époque Louis XVI; une tapisserie flamande du xvi« siècle, présen tant Salomoii etlareinedeSaba; trois tapisseries de Bruxelles, du xvi' siècle, à sujets tirés de l'histoire romaine; une grande tapisserie, même fabrication et même époque, présentant le triomphe d'un souverain victorieux; un fragment de tapisserie flamande du xvi« siècle, présentant Salomon et la reine de Saba; quatre panneaux en tapisserie de la manufacture royale d'Aubusson, atelier de Picou, d'après François Boucher, à sujets chinois : le Thé, le Marchand d'oiseaux, la Pêche et le Jardinage; trois tapisse- ries flamandes de la fin du xvi" siècle, à compo- sitions champêtres; enfin, un tapis d'ancien travail oriental à grosses fleurs sur fond rouge.

"Ventes prochaines. A Paris. Collec- tion Sambou. Aux grandes ventes que nous avons annoncées pour la saison qui commence, il convient d'ajouter celle des collections d'objets d'art et de haute curiosité appartenant à l'anti- quaire parisien, M. Sambon. Cette vente aura lieu du 25 au 28 mai, à la galerie Georges Petit, sous la direction de Lair-Dubreuil.

A Londres. Tableaux anciens. Parmi

les tableaux anciens, provenantde diverses collec- tions, qui seront vendus, le 6 mars, chez Christie, notons : le Portrait d'une jeune dame, par F. Bol; un Bord de rivière, effet de lune, par A. van der Neer; le Portrait de William Gomm, par Beynolds; celui de Mrs William Gomm, par Romney; une Vue de la Tamise à Westminster et une Vue du vieux port de Londres, par Samuel Scott; une Scène rustique, parD.Teniers;une Flotte à l'ancre, par W. van de "Velde ; le Portrait de Mrs Ann Fisher, par Liotard ; des Vieilles Maisons au bord d'une mare, par Van Goyen; le Portrait du Rev. Robert Walker, par Raeburn ; le Port»*at( de Miss Dee, par J. Opie ; les Portraits des trois Miss Kenrick, par J. Highmore; le Portrait de Marie- Christine, lady Arundell, celui d'Henry, huitième baron Arundell, de Marie, lady Arundell, et d'Henry, septième baron Arundell, tous les quatre par Reynolds.

Un catalogue illustré de deux planches a été dressé à l'occasion de cette vente.

M. N.

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LE BULLETIN DE L'ART

ESTAMPES

A Paris. Vente d'estampes du XVIII" siècle. La vente faite le 23 février, par M' A. Desvouges et M. L. Delteil, que nous avions annoncée, a produit 29.996 francs.

Il faut retenir l'enchère de 3 020 francs obtenue par deux pastorales gravées par Demar- teau, d'après Huet, et celle de 5.720 francs payée pour une suite de pièces d'après Moreau le jeune (n" 128-139).

Ventes annoncées. A Paris. Estampes modernes. Le 5 mars, les mêmes commis- saire-priseur et expert vendront une réunion d'estampes modernes, Charlet, .lacque. Car- rière, Meryon, Daumier, Daubigny, Leheutre, Lepère, 0. Hedon, sont parmi les mieux repré- sentés.

R. G. LIVRES

A Paris. Vente de la bibliothèque de M. G... (livres modernes). Les 19 et 20 février, André Desvouges et M. A. Blaizot ont dispersé les livres modernes formant la bibliothèque de M. G... La vente s'estterminée sur un total de 9S.326 francs, et voici les enchères les plus importantes :

8. Th. de Banville. Les Princesses, ill. de Roche- grosse, gr. en coul. par Decisy; ex. sur Japon ; ill. en 3 états et aquarelles originales hors texte ; rel. de Chambolle-Duru, 5.510 fr. 86. G. Flaubert. Sa- lammbâ, ex. sur J«pon de l'éd. Quantin, aquarelles orig. de J. Wagrez hors texte et dans le texte ; rel. de Chambolle-Duru, 6.350 fr. 233. A. de Musset. Lorenzaccio, ex. unique sur vélin; aquarelles orig. de Itubaudi ; rel. de Cuzin, 5.500 fr. 295. E. Rostand. Cyrano de Bergerac, ex. unique sur vélin ; aqua- relles de J. Wagrez ; rel. de Kieffer, 5.000 fr. 325. Trois comédies de l'amour : Molière, l'Amour méde- cin ; Marivaux, le Jeu de l'amour el du hasard; A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, ex. unique ; eaux-fortes en trois états, et aquarelles orig. de Maurice Leloir, L.-E. Fournier, A. Moreau ; rel. de Rieffer, 5.000 fr.

B. J.

C«3CKX:œC«3C9OC9OC&OCO3C0OCOQCOQCOOC9DCOOCOO

EXPOSITIONS ET CONCOURS

La Phalange (galerie J. Chaîne et Simonson). Groupes divers. De ces trop nombreuses sociétés qui ne se piquent nullement de puritaine homogénéité, mais que le hasard des intérêts ou

des camaraderies a fait naître, la Phalange est, malgré son nom solennel et lourd de promesse», une des plus réellement intéressantes; car elle offre un choix discret de bonnes peintures et de bons peintres. A défaut d'inédit, c'est une rare joie, par ce temps de détrempe et de grisaille, que de retrouver un coloriste qui semble pétrir la montagne brune ou bleudtre avec des éclats de pierres précieuses, et tel est le cas particulier de M. Communal; par ce temps d'ambitions infor- mes, c'est un heureux enseignement que nous proposent quelques dessinateurs : M. Charles Jouas, chroniqueur avisé du vieux Paris qui s'en va; M. Herman Webster, amoureux des vieux quartiers de Meryon ; M. Bernard Naudin, crayon- nant ses rôves ; M. Jules Adier, rehaussant le por- trait des humbles ; M. Grosjean, profilant les som- bres horizons du Jura. MM. Degallaix et Henri Dumontsonldeuxpoètesdelalleur. SiMM.Berson et Boggio signent des jours de neige qui pourraient illustrer les contes d'Andersen, MM. .Montagne, Bourillon, Llano-Florez,Cauvy, Raoul duGardier, préfèrent la lumière chantée par Mistral; de la Bretagne, M. Gaston Balande descend jusqu'au Pont de Tolède que reflète à peine une eau métal- lique; et la ligne d'Italie, définitivement recon- quise, retient deux anciens prix de Rome qui portent le même nom sans être parents : M. Au- guste Leroux, retrouvant Hubert Robert aux Thermes de Poinpéi; M. Georges Leroux, osant peindre la verdure et, plus hardi que les Bolonais, notant la tiède clarté des heures blondes, du haut des ravins de la Sabine ou de la terrasse ombreuse du Pincio.

Si la troisième exposition de la Phalange nous rassure, en reconduisant nos pas sur les chemins radieux de la Ville Éternelle, la cinquième année du Groupe libre, réuni chez Bernheim jeune, nous inquiète, en s'éternisant dans les sentiers déca- dents de tous les poncifs nouveaux : le ciel de Naples ou de Nice n'a pas encore converti MM. Frédéric Fiebig et Jean Peské; le ciel de France aurait beaucoup à dire à MM. Batigne et Jacquemot... Cependant, M. Marcel Bach com- prend la majesté crépusculaire de la Vallée du Lot, M. Offner entrevoit la poésie de la lumière, M. Paul Baudier reste un intelligent xylographe, et le sculpteur Despiau s'est déjà révélé comme le plus savoureux des portraitistes que l'ar- chaïsme a séduits.

16, rue de Balzac, chez Hessèle, /e.s Artiftes- Peintres de Versailles ont transporté leur seconde exposition pour décrire, une fois de plus, « la Cité

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des Eaux », son parc immense son immense château met, vers le soir, la lueur allongée d'un nuage lointain; M. Maurice Delcourt s'y distingue, à côté de M"'' Pauline Adour et Zuber et de M. Henri de Nothac dont le nom, comme noblesse, oblige.

L'annuelle exhibition de la Société de la Minia- ture, de l'Aquarelle et des Arts précieux, chez Brunner, nous permet d'apprécier le dessin dans la docte personne du peintre-graveur Jean Cora- bœuf ; et c'est le dessin qui nous appelle, en plein carnaval, à la seconde et toujours discrète expo- sition du Cercle Volney, car cette pureté du trait devient aussi rare qu'une vertu dont on parle trop souvent pour la posséder! La voici, pourtant, qui réserve sa douceur aux fins crayons du por- traitiste Henri Rover, parmi les vesprées roman- tiques de M. Gaston Guignard, les petites eaux- fortes de M. MariusBorrel, les aquarelles romaines du statuaire Jean Hugues, les vues de Vérone de M. Pierre Vinit et les notes de voyage le maître Pierre Vignal prend une liberté de grand artiste à travers les ombrages virgiliens de la Villa d'Esté et les splendeurs nacrées de Capri.

Fyzee-Rah.amin (galerie Georges Petit). C'est un peintre indou mélomane, illustrant naï- vement douzes mélodies sacrées qui se chantent, comme notre angélus, à certains instants de l'au- rore ou du crépuscule... Il a trente ans; très jeune, il visita l'Europe et reçut, en Angleterre, les con- seils de M.John Sargent; mais son art se réclame, avant tout, de la miniature indo-persane. C'est la première fois qu'il vient exposer au milieu des Occidentaux; et Paris, après Londres, prendra plaisir à l'opulente sobriété de ses aquarelles musicales, rehaussées d'or et d'argent, qu'il inti- tule en anglais the Music Séries, sans négliger ses autres peintures oii l'étrangeté de la fable légendaire et religieuse alterne avec le portrait, le paysage et l'intimité la plus contemporaine. On dirait parfois d'un Gustave Moreau moins érudit, plus candide; aussi bien, rien ne rappelle ici l'Inde rutilante aperçue par M. Besnard.

Expositions diverses. Parmi les innom- brables Occidentaux, nommons M et M™«Fernand Maillaud et le statuaire Jean Baffier qui repré- sentent l'art berrichon à la galerie Montaigne; le peintre Maximilien Luce et le statuaire Paul Moreau-Vauthier, l'auteur du Mur des fédérés, qui Toudraientglorifier le travail à la galerie Choiseul ; un dessinateur que hante le rêve. M, Ciolkowski,

déjà remarqué pour son penchant décoratif au SaloQ d'automne; enfin, chez Marcel Bernheim, un peintre de Paris, M. Georges Souillet, qu'attire à son tour l'Italie des cloîtres ensoleillés et des ruines : San Gtmtginano, décidément, possède une vertu magique.

Raymond Bouyer.

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CORRESPONDANCE DE MUNICH

A propos du M Petit pâtre « de Lenbach. La Galerie municipale de Rosenheim.

Le fameux tableau de Lenbach à la Galerie Schack, le Vêtit paire étendu sur le dos en plein soleil, dont il se vend, bon an mal an, une cin- quantaine de copies et pour environ cinq mille marks de reproductions de tous formats, avait sa légende.

Une version, accréditée depuis longtemps, assurait que Bocklin y avait autant travaillé, sinon plus, que Lenbach lui-même. Celui-ci n'avait que vingt-quatre ans lorsqu'il signa cette œuvre, devenue par la suite si populaire, et dont la facture paraît répondre si peu à celle de la pein- ture habituelle de l'auteur dont il porte le nom. M™" Bocklin, dans ses Mémoires, ne craignit pas d'affirmer que son mari termina le tableau pour Lenbach; et l'on cite, en outre, plusieurs lettres de Lenbach l'artiste parle à Bocklin de «son» pâtre. Cependant la toile est signée du seul F. Lenbach et datée 1860, et l'on a voulu voir l'origine d'un différend qui refroidit les rela- tions des deux artistes.

Il n'en est rien. Un contemporain de Len- bach, M. Alex, von Wagner, rapporte l'avoir vu, de ses yeux, peindre ce Petit pâtre au village d'Aresing, d'où il rapporta son tableau achevé à Munich. Toutes les études de ce temps ont le coloris dur dont Lenbach ne devait se défaire qu'en copiant, pour le comte Schack, en Italie et en Espagne, tant de chefs-d'œuvre des vieux maîtres.

Quant à M"' Bocklin, elle a confondu avec un autre jeune pâtre, qui est bien du maître bâiois, celui-là, et qui figure également à la galerie Schack, mais qui représente un chevrier courant à toutes jambes, effrayé par une apparition du Grand Pan au sommet de la montagne.

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LE BULLETIN DE L'ART

La petite ville de Rosenlieim, en Bavière, qui compte à peine 16.000 habitants et qui n'a d'im- portance que comme point d'intersection des lignes de chemins de fer de Salzbourg et du Tyrol, inaugurait dernièrement une Galerie municipale de peinture. Disposée avec une jolie entente déco- rative dans l'ancienne chapelle Saint-Michel désaf- fectée, dont les murs ont été tendus d'étoffe d'un ton brun violacé qui met aussi bien en valeur les couleurs sombres des tableaux anciens que les claires de la peinture moderne, cette galerie réunit environ cent vingt toiles et une trentaine de dessins qui représentent, presque sans lacune, l'école d'art bavaroise de la seconde moitié du xix« siècle.

On y voit un des paysages si frais, de l'humoriste Spitzweg; les Charretiers de W. Diez, d'un sobre réalisme ; deux Chasseurs, de Defregger, robuste ébauche qui vaut infiniment mieux que ses paysanneries composées; un Christ de Makart; des paysages de Schleich, Willroider, Wenglein. Parmi les peintres les plus récents, on citera Stuck avec une séduisante tête de femme; Léo Samberger, avec deux de ses puissants dessins; Zumbusch, Hermann Urban, Marr, Hayek, etc.; en un mot, rien que des noms signilicatifs.

Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cette intéressante collection dont s'orne une petite ville de province, c'est qu'elle a été réunie avec autant de goût que de désintéressement, par un simple particulier, M. Max Bram, qui en a fait don à sa ville natale. Combien de centres plus importants pourraient envier Rosenheim !

, Marcel Montandon.

LES REVUES

Italie

BoUettino d'arte del Ministero délia P. Istru- zione Juin). Corrado Hicci. Noies d'art. I. Fresques de Piero délia Francesca, à Ferrare. II. Le a Musi- cien « de la Hibliolhèque Amhrosienne, à Milan. 1. M. Mazzolani a fait réceiniuent détacher de la muraille elles étaient peintes, et transférer dans la Pinaco- thèque de Ferrare, des fresques de l'ancienne église Saint-André, l'une des plus riches de cette ville, jadis, mais fermée et désaffectée depuis 1865. Or. parmi ces fragments de peinture murale, M. Corrado Ricci a étudié deux figures, un Saint Christophe et un Saint

Sébastien, qu'il croit pouvoir attribuer à Piero délia Francesca. II. Dans une seconde note, M. Corrado Ricci rapproche un dessin de Léonard, conservé au Louvre, du tableau de l'Ambrosienne intitulé autre- fois: Un duc de Mt/an, attribué tantôt à Luini, tantôt à Ambrogio de' Prédis, et récemment dépouillé de ses repeints par M. Cavenaghi, qui a ainsi montré qu'il s'agissait d'un portrait de Musicien. M. Corrado Hicci voudrait, par ce rapprochement, démontrer que le tableau est de la main même de Léonard de Vinci.

Arduino Colasanti. Un Palimpseste inconnu de Federico liaroccio. Autour d'un tableau du Baroche se trouvant à Rome dans une collection particulière.

U. Fi.KHES. Pour la réédification de Messine.

Enrico Maucehi. A propos d'un précieux petit triptyque et de quelques autres peintures de l'école byzantine. Triptyque d'art byzantino-slave du XV* siècle, récemment acquis par le musée de Syrai* cuse. Autres peintures du même musée appartenant à la même école.

(Juillet). Lucio Mariani. Statuette en bron'ze de Sutri. Il s'agit de VEphibede Sutri dont M. Ales- sandro Moriacii a parlé dans la Revue, le 10 août 1913.

Ant. McNoz. Monuments d'art de la province romaine. Études et restaurations. Fresques du XV' siècle de l'église Saint-François, à Angulllara. L'église de San Martine al Cimino. Fresque de l'église Saint-Fiançois, àNettuno.Trevignano, le ch&teau-fort ruiné de la famille Vico, et les églises.

O. Valenti.m. i^'ur un polyptyque de Jacobello del Fiore conservé à Lecce. Polyptyque figuraut, au centre, la Vierge et l'Enfant, et dans les comparti- ments, des saints debout, commandé vers 1420 au vieux peintre vénitien par Marie d'Enghien, comtesse de Lecce, plus tard reine de Naples.

(31 août 1913). Giacomo Dk Nicola. Le a Saint- Jean des Martelli •• de Vonalello. A propos de l'entrée au Bargello du fameux Saint Jean des Martelli, dont M. Emile Bertaux a parlé dans le numéro du 10 août de la Revue.

Corrado Ricci. Notes d'art. I. La « Coupe de l'ilale ». II. Le premier projet de Domenico Tibaldi pour la porte du Palais Public à llologne. III. Les croix dans les pavements. I. Cette vasque conservée dans l'église San Stefano de Bologne est une œuvre du XVI* siècle et non du viii*. il. Dessin conservé au musée de Naples. III. Étude sur les croix des pave- ments en mosaïque de l'époque chrétienne.

Antonio Mcnoz. Monuments d'art de la province romaine. Etudes et restaurations ;fin). Églises, couvents et palais de Vilerbe. Bas-relief daté de 1303. Fresque du xv* siècle. CEuvres d'Antonio del Massaro.

Le Gérant : H. Dbnis.

Paris. Imp. Georges Petit, li, rue tiodot-de-Hauroi.

Numéro 615.

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Samedi 7 Mars 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

L'Armure de Philippe II

Le Bulletin a annoncé (n» 609), que cinq pièces provenant de la célèbre armure de Philippe II, conservées au Musée de l'Armée, avaient été offertes à la Real Armeria de Madrid, se trouve le reste de l'armure ; il a enregistré les protestations qui se sont élevées contre l'abandon de ces merveilleux spécimens de l'art du repoussé et de la damasquine, envoyés, par décret spécial, « en dépôt» dans un musée étranger.

On avait espéré, un moment, que la décision n'était pas irrévocable et que les engagements pris par le Gouvernement n'étaient pas à ce point impératifs qu'on ne pût remplacer les pièces manquant à l'armure de Madrid par une repro- duction en galvanoplastie de celles du Musée de l'Armée. On sait aujourd'hui que ces espérances étaient vaines, et l'on doit se résigner au départ du chanfrein, des deux rondelles et des deux cubitières qui l'accompagnent.

A celte occasion, l'un des spécialistes les plus autorisés en la matière, M. Ch. Buttin, con- sacre un article de la Revue du présent mois de mars à l'étude de cette armure illustre et magni- fique. On trouvera dans cette étude tout ce qui concerne l'histoire et l'art; mais il reste encore quelque chose à dire, que M. Buttin n'a pas dit, et qui ne doit pourtant pas être passé sous silence, surtout après la note officielle que le Gouvernement a communiquée cette semaine aux journaux.

Voici d'abord cette note :

La remise, à titre de dépôt, à l'Armurerie royale de Madrid, des pièces d'une armure ayant appartenu à Philippe II, roi d'Espagne, a donné lieu, dans la presse, à des commentaires divers.

Il parait nécessaire de préciser exactement les circonstances qui ont conduit le ministre de la Guerre actuel à tenir la promesse faite par le Gouvernement précédent.

L'opération dont il s'agit a été décidée dans le

courant de novembre 1913, et elle a été régulièrement instruite par les services des ministères des Affaires étrangères, de la Guerre et de l'Instruction publique, en dehors de toute intervention du chef de l'État.

En outre, M. le général Niox, directeur du Musée de l'Armée, appelé, dès le 2 décembre 19t3, à faire connaître les observations qu'il aurait à présenter, n'a cru devoir, dans sa réponse, ni formuler d'objec- tions contre la mesure elle-même, ni proposer de soumettre cette mesure à l'examen du Comité consul- tatif.

Le ministre de la Guerre actuel ne pouvait donc que prendre acte des engagements pris avant son arrivée au ministère et régulariser une question ainsi engagée.

Il y a lieu aussi de remarquer que les pièces d'ar- mure dont il s'agit, ne figurant pas sur la liste des objets mobiliers classés en vertu de la loi du 30 mars 1887, ne sont pas inaliénables, ainsi qu'il résulte d'un avis de l'administration des Beaux-Arts.

C'est, du reste, seulement a titre de dépôt que les pièces d'armure ont été mises à la disposition du Musée de Madrid.

Nous n'avons pas à savoir qui a promis ces pièces d'armure, et peu importe, en vérité ! Ce qu'il y a de certain, c'est qu'on a fait cette pro- messe et qu'on a «instruit régulièrement l'affaire» dans trois ministères, sans avoir la moindre idée de la valeur et de l'intérêt des pièces promises.

Second point : le directeur du Musée de l'Armée, consulté, n'a formulé aucune objection à la cession des objets dont il avait la garde. De deux choses l'une : ou bien il connaissait le prix de ce qu'on lui demandait d'abandonner, et alors il est incroyable qu'il ait accepté celte demande comme une chose toute naturelle ; ou bien il l'ignorait, et alors on ne comprend pas pourquoi il n'a pas demandé l'avis du Comité consultatif.

On s'étonne de celle dernière hypothèse? Elle est pourtant parfaitement plausible. Le directeur du Musée de l'Armée aurait ignoré à quel point ces pièces d'armure étaient rares et précieuses, qu'il n'y aurait rien d'invraisemblable : on peut être un excellent organisateur, d'une com- pétence indiscutable en tout autre domaine, et

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LE BULLETIN DE L'ART

n'f'tre pas pxarlfraent renseigné sur les questions d'armures qui exigent, des études particulières. Or, le Musée de l'Armée est organisé de telle fai'on qu'il ne comprend pas seulement une col- lection de costumes militaires, de tableaux de batailles et de reliques historiques; mais qu'il est formé, pour une bonne part, du Musée d'Ar- tillerie, lequel devrait avoir à sa tête un conser- vateur qui fût un spécialiste. Cette organisation défectueuse nous coûte assez cher aujourd'hui pour qu'une réforme soit étudiée ; et quand on devrait, comme le voulait Emile Molinier, réunir i\ celles que possède le Musée du Louvre les armes et armures les plus précieuses du Musée de l'Armée, cela ne vaudrait-il pas mieux que de les voir exposées à être cédées à la première demande ?

On nous dit que ces pièces ne figurent pas sur la liste de* objets classés comme monuments historiques, et donc qu'elles ne sont pas inalié- nables. Le bon billet! Comme s'il était besoin d'un arrêté de classement pour les œuvres d'art con- servées dans les Musées nationaux et devenues, par là-mème, propriété de l'État!

Il semble, d'ailleurs, qu'on ne soit pas très sûr de la valeur de cet argument, puisqu'un dernier paragraphe de la note officielle ajoute : c C'est, du reste, seulement à titre de dépôt que les pièces d'armure ont été mises à la disposition du Musée de Madrid », paragraphe, en vérité bien inutile, si l'on admet que les objets peu vent être aliénés.

Quoiqu'il en soit, voici ces pièces parties Est-ce sans espoir de retour"? 1,'opinion se refuse à le croire. Elle ne peut pas admettre que le roi d'Espagne, avec le caractère qu'on lui connaît consente à profiter d'une méprise pour accroître de cinq objets la plus riche Armeria du monde.

Et puisque ces pièces sont envoyées à Madrid « en dépôt », pourquoi la durée de ce dépôt ne serait-elle pas limitée, à un an, par exemple, et pourquoi, lorsque la curiosité serait satis- faite en Espagne, ne reprendraient-elles pas la place qu'elles n'auraient jamais quitter?

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 28 février). L'Académie fixe au samedi 9 mai la date de la déclaration de vacance du fauteuil que M. Vaudremer.

décédé, occupait dans la section d'architecture ; l'clection aura lieu le samedi .30 mai.

Lecture est donnée, au nom de la section de peinture, d'un rapport sur l'envol de M. Billautey, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ; cet envoi, intitulé Hélène, est destiné su musée de la fondation de Caen.

Sur les arrérages de la fondation Dcbrousse. l'Académie des beaux-arts propose les attributions suivantes : 2.îi00 francs pour la continuation de la publication des procès-verbaux de l'ancienne Aca- démie d'architecture; l.ôOO francs pour l'inventaire des dessins du Musée du Louvre; 2..')00 francs pour le relevé des plans de la partie des bi'itiments de l'In- stitut qui sont appelés ^ disparaître.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 27 février). M. le comte Durrieu continue sa communication sur les manuscrits contenant des oeuvres littéraires du roi Uené. Il signale, en parti- culier, un exemplaire d'un des «romans» composés par René d'Anjou, le Cœur d'amour épris, qui se trouve à la Bibliothèque impériale de Vienne.

Ce manuscrit est enrichi de miniatures admirables et qui ne peuvent avoir été exécutées que par un artiste ayant fréquenté la cour du roi René.

M. Ilomolle expose les recherches nouvelles de M. Courby sur le temple d'Apollon, à Delphes : le sanctuaire, qui a été déblayé de 1894 à 189.5. a été l'objet des minutieuses études de M. Courby, qui a vérifié et complété les mesures et les plans établis il y a vingt ans. Deux sanctuaires, on le sait, sont superposés : le premier, qui a été détruit par un incendie ou un treinbleraent de terre, a été édifié de 548 à 515 av. J.-C ; le second remonte à la fin du IV* siècle. M. Courby a constaté que les fondations du premier sanctuaire ont été utilisées en entier pour la construction du second, qui en épouse tns cthc- tement le plan.

Société nationale des Antiquaires de France (séance du 25 févricrj. M. L. .Mirot étudie deux documents relatifs au peintre Jean Malouel, datés de 1406 et 1409.

M. le comte de Loisne communique le sceau de Pierre, fou de la comtesse d'Artois, apposé à une quittance de l'an l.'iOO.

M le comte Durrieu entretient la Société du récit d'un tournoi présidé par le roi René en 1446. près de Saumur. Le manuscrit enluminé de ce récit, que l'on a, pendant longtemps, considéré comme perdu, a été retrouvé par M. le comte Durrieu à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.

M. Dimier signale quelques portraits peints du XVIII* siècle dont l'authenticité lui semble tout à fait douteuse.

Musée du Louvre. Le Musée du Louvre pos- sède, depuis mardi dernier, une nouvelle salle Barye.

ANCIEN ET MODERNE

■K

MM. Gaston Migeon et Carie Dreyfus, conservateur et conservateur-adjoint du Département des objets (l'art, qui ont organisé cette salle, l'ont consacrée à des œuvres du grand sculpteur animalier données à l'État, comme celles qui constituent la première salle Barye, ouverte l'an dernier, par un ami du Louvre, M. J. Zuubaloff. La nouvelle salle, i(uiest, dès mainte- nant, accessible au public, contient toute une série de sculptures de petite dimension, 19 bronzes. 22 plâ- tres, et autant de tableau.x et aquarelles du maître.

Grâce à une donation faite à la Caisse des musées par les enfants de M. Edouard Aynard, en souvenir de leur père, le Musée du Louvre s'est enrichi d'une belle statue en bois de prêtre bouddhi- que et d'un magnifique buste en pierre du xiif siècle. La statue de bois faisait partie de la collection Edouard Aynard ; elle a été reproduite à la fin de l'article publié par M. Leiarge-Desar sur cette collection, dans la Revue du 10 novembre 1913. Le buste de pierre représente un homme encapuchonné, du plus beau style et du réalisme le plus puissant ; il avait été signalé à M. André Michel par M. Edouard Aynard, qui l'avait baptisé le Bourreau, et le conservateur de la sculpture au Musée du Louvre a aussitôt pensé à acquérir ce beau morceau, quand on lui eût annoncé la donation faite par les enfants de M. Aynard.

Le Musée du Louvre a été autorisé, récemment, à recevoir, entre autres dons, pour le département des Antiquités, une stèle funéraire du jv siècle, offrant, en haut-relief un vase dit loutrophore, don de la Société des Amis du Louvre; et pour la galerie d'Apollon, un reliquaire en argent niellé, de la fin du XIII" siècle.

Société nationale des beaux-arts. Le comité de la Société nationale des beaux-arts a décidé, dans sa dernière réunion, de donner à la Société coloniale des artistes français une salle pour y organiser, cette année, une exposition rétrospective des boursiers coloniaux.

Le Droit de suite. M. Abel Ferry a déposé sur le bureau de la Chambre son rapport sur la proposi- tion de loi du Droit de suite, destinée à assurer aux artistes un pourcentage sur les plus-value de leurs œuvres en ventes publiques. I^a loi a été votée dès cette semaine.

Le Delacroix de l'église Saint-Paul. Un tableau de Delacroix, voilé depuis de longues années par une épaisse couche d'erabu et de poussière, vient d'être nettoyé par les soins de la Ville de Paris et de reprendre son premier éclat. Il s'agit d'une toile repré- sentant Jésus au Jardin des Oliviers, commandée sous Charles X. Exposé au Salon de 1827, le tableau reparut à l'Exposition universelle de 1 8.55 et à l'Expo- sition de la Ville de Paris en 1878. Dans la chapelle du transept gauche de l'église Saint-Paul, il est placé, on le voyait fort mal sous la patine du temps qui vient heureusement de lui être enlevée.

Chronique du vandalisme. Le village de Bar- gemon, situé dans l'arrondissement de Draguignan, et un de» plos pittoresques de la Provence, possède pour unique monument une élégante église du xv siècle, qui n'a jamais été ni remaniée ni restaurée. Sous prétexte d'adoucir la pente d'une route qui longe l'édi- fice et qu'on voudrait faire passer sur l'emplacement de celui-ci, le ministre de l'Intérieur demande aux Chambres de « désaffecter ■> cette église du xv siècle, d'une solidité à défier les siècles. Entendez bien ce que signifie, ici, « désaffecter»: c'est la démolition pure et simple.

Des malfaiteurs, qui se sont introduits, la nuit, dans l'église Saint-()utrille, de Bourges, édifice classé comme monument historique et datant du xiv siècle, ont brisé des vitraux et renversé des statues; ils ont volé les couronnes d'or placées sur la tête des statues de la Vierge et de sainte Solange.

A Dijon D'accord avec l'administration des Beaux-Arts qui participera pour moitié dans le prix d'achat et assume les frais de réparation, le Conseil municipal de Dijon vient de voter l'acquisition d'un ancien cellier de l'abbaye de Clairvaux, situé rue James-Uemontry. Cet édifice, qui date de 1130, avait été classé par la Commission des monuments histo- riques, enl912. C'est un des spécimens les plus curieux de l'art du constructeur pendant la période romane. La ville de Dijon l'acquiert pour 37. .500 francs.

Nécrologie. M. h'élix Julien, architecte du Gouvernement, professeur à l'École nationale des beaux-arts, chevalier de la Légion d'honneur, vient de mourir à Paris. en 1840, élève de Louvet, Lebas et Paccard, il collabora à presque toutes les grandes constructions élevées à Paris pendant la seconde moitié du xix" siècle, notamment au Pavillon de Marsan (1873-1877), à Saint-Ambroise, à la Trinité, au Collège Chaptal, à la Caisse des Dépôts et Consi- gnations, etc.

Sij- John Tenniel, qui vient de mourir à l'âge de 94 ans, était le plus célèbre dessinateur politique anglais. Le terme de carloonist, dont on le dési- gnait ordinairement, correspond à une idée plus sé- rieuse que celle de la caricature et, le plus souvent, les dessins de John Tenniel, qni fut créé baronnet, n'avaient pas l'intention de taire rire, mais de faire rétléchir. Il dessina le cartoon de la première page du Punch, toutes les semaines, pendant près de cin- quante ans, de 1853 à 1901. Son dessin classique avait quelque chose de la sécheresse des gravures de Ifogarth; ses figures symboliques de Britannia et de Marianne rebutent par leur monotonie. Mai.s la pensée de la légende était écrite d'une façon saisissante dans son dessin, et la légende souvent remarquable par sa force et sa brièveté. 11 a illustré un grand nombre de livres et s'est exercé aussi à la peinture historique.

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LE BULLETIN DE L'ART

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente d'objets d'art, etc. Un seul prix à signaler parmi les résultats d'une vacation anonyme dirigée, salle H, le 27 février, par M= Bignon et M. Bataille, les 5.100 francs, obtenus, sur la demande de 4.000, par une console-desserte en acajou patiné, d'époque Louis XVI, portant l'estampille de l'ébéniste Dautriche.

Vente de tapisseries. Une vente d'objets d'art et d'ameublement dirigée, salle 6, le 28 fé- vrier, par M= Lair-Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin, a produit 98.400 francs. Quelques prix: trois verdures flamandes du xviii" siècle, avec volatiles et encadrements de bordures, 14.100 fr. (dem. 10.000). Panneau de tapisserie du XVI» siècle, représentant une chasse au cerf, 12.300 fr. Tapisserie de Bruxelles duxviii* siè- cle, représentant Diane et une suivante dans un paysage, 9.075 fr. Buste en marbre, 5.400 fr.

Vente de « la Peau de l'ours w (tableaux modernes). Cette vente qui a eu lieu, salles 7 et 8, le l" mars, par le ministère de Baudoin et de MM. Bernheim et Druet, a obtenu le succès de curiosité qu'il était facile de prévoir. Elle a produit 106.350 francs pour 145 numéros. Contentons-nous de signaler, parmi les pein- tures : Picasso. Les Bateleurs, 11.500 fr. (dem. 8.000). H. Matisse. Compotier de pommes et d'oranges, 5.000 fr. (dem. 2.000); et parmi les dessins : Picasso. Les Trois Hollandaises, gouache, 5.200 fr. (dem. 2.000).

Un catalogue illustré dressé pour la circon- stance, conservera, dans la bibliothèque des curieux, le souvenir de cette vacation peu banale.

Vente d'objets d'art. Nous avons annoncé, dans notre dernière chronique, cette vacation à laquelle ont présidé, salle 6, le :! mars. Bau- doin et MM. Mannheim. Elle a produit 136.. (53 fr. Il nous suffira d'indiquer ces quelques prix : 70. Pendule à cadran tournant, br. doré, composée d'un vase, ép. Louis .XVI, 6.500 fr. 88. Secré- taire à abattant en marqueterie de couleurs à

bouquets de fleurs, fin ép. Louis XV, 7.100 fr. (Sans numéro). Tapisserie-verdure avec chilteau, parc et volatiles, 5.100 fr. 121. Tapis oriental, XVI" siècle, à fleurs sur fond rouge, 9.200 fr. (dem. 8.000). 122. Tapis oriental, xvi" siècle, à grosses fleurs sur fond rouge, 9.100 fr.

Ventes annoncées. A Paris. Liquida- tion Seligmann (1" vente : objets d'art, etc. |. S'il fallait juger de l'importance des ventes d'après la taille et l'épaisseur des catalogues qui les annoncent, les vacations que dirigeront, du 9 au 12 mars, à la galerie Georges Petit. M" Lair- Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. G. Sortais, Ferai, Mannheim, Paulme et Lasquin, ne sem- bleraient pas devoir dépasser le niveau de cer- taines ventes, abondantes en numéros, mais d'intérêt plutôt secondaire, comme on en voit se succéder, chaque saison, à l'Hôtel Drouot. Mais il est facile de comprendre que, pour une vente qui n'est, après tout, qu'un mode de partage, rendu nécessaire, d'un stock immense de marchandises, on ait réduit au minimum les frais du catalogue, alors qu'en d'autres circonstances, tels des mêmes objets passant aux enchères, les tapisse- ries notamment, auraient appelé une édition et une illustration tout autres.

Nous ne pouvons nous étendre comme il con- viendrait, sur les plus importants des quatre cent et quelques numéros qui vont être dis- persés. Contentons- nous d'attirer l'attention sur la riche série de porcelaines de Chine par quoi s'ouvre cette première vente, et l'on remarquera, en particulier, deux vases-rouleaux d'époque Kang-hi, décoré, l'un (no 25), de person- nages et de divinités, l'autre (n« 26), d'oiseaux et d'insectes dans des rochers, et deux statuettes d'homme et de femme debout, sur des socles de forme haute, d'époque Kien-lung (n" 104). De même, nous devons renoncer à passer la revue des meilleurs des spécimens ici réunis de porce- laines de Saxe, de Vincennes, de Sèvres, etc., et nous devons encore renvoyer au catalogue pour la série précieuse des boîtes et autres objets de vitrine; mais il nous faut, cependant, parmi les émaux, tirer de pair le Portrait de George IV, roi d'Ângletetre, par Bone, et parmi les miniatures.

ANCIEN ET MODERNE

le Portrait présumé de ta marquise de Louvencourt par Hall, et deux portraits de femmes, parisabey, et parmi les sculptures, le petit monument funé- raire à la mémoire d'un chien, terre cuite, par Clodion. De même, indiquons simplement, en passant, la richesse de la réunion des bronzes d'ameublement et des pendules des époques Louis XV, Louis XVI et Empire. Parmi les meubles, notons : un bureau bonheur du jour, en marqueterie de bois de couleurs, d'époque Louis XV; un meuble à trois rangs de tiroirs, en marqueterie de bois de couleurs, orné de bronzes redorés, de la fin de l'époque Louis XV; et un secrétaire droit à abattant, en marqueterie de bois de couleurs, avec bronzes, d'époque Louis XVI. Nous arrivons ainsi à la catégorie des meubles en tapisserie, nous remarquons un écran à feuille en Beauvais, de la Manufacture royale, du temps de la Régence, à personnage antique, et un autre écran à feuille en tapisserie du temps de Louis XV, représentant le Lion et le moucheron, d'après La Fontaine, un canapé et deux fauteuils couverts en Aubusson, du temps de Louis XVI, à bouquets de fleurs et rubans sur fond blanc, et un grand paravent à six feuilles en Savonnerie d'époque Régence, à décors d'oiseaux et d'attributs.

Les tapisseries proprement dites seront un des gros attraits de la vente. Peu de numéros, mais de choix. Notons : un panneau ovale en Gobelins, le Portrait du roi Louis XV, en buste, travail de l'époque ; une tapisserie en Gobelins du xvm" siè- cle, les Enfants jardiniers, d'après Le Brun ; un plafond également en Gobelins, signé de Cozette, et daté 1766 ; une tapisserie de la manufacture royale de Beauvais, Mars et Vénus, de la tenture des Amours des Dieux, d'après Boucher, xvni« siè- cle ; enfin, une tapisserie de la même manufac- ture, de la tenture des Bohémiens, d'après Casa- nova, représentant le Vol de la malle et exécutée sous la direction de Charron, xviii» siècle.

Il nous reste à dire quelques mots des tableaux qui constituent'la seconde partie de cette vente. Tout d'abord, du côté des écoles primitives, nous remarquons : le Portrait d'un homme jeune, par Corneille de Lyon ; Jésus et les enfants, par Lucas Cranach ; enfin, deux panneaux de l'école fla- mande du xv= siècle : le Portrait d'une donatrice, assistée d'une suivante portant une couronne et la Vierge et l'Enfant Jésus; et un double panneau de l'école llorentine du xvi» siècle, Saint Domi- nique, abbé mitre, et saint Grégoire, pape ; puis, du côté des écoles des xvii<^et xvin» siècles : le Clavecin,

par Boilly ; deux pendants, Oiseaux exotiques dans des paysages, parJ.-B. Huet; une Récréation dans le parc, par J. de Lajoue ; le Portrait de la comtesse Hegnault de Saint-Jean d'Angély, par M""" Vigée Le Brun ; le Lièvre et Après la chasse, par Oudry ; l'Escalier en ruines, par Hubert Robert ; le Por- trait de M™^ Roslin, née Suzanne Giroust, et le Portrait du peintre par lui-même, par Roslin ; le Buveur galant, par J. Steen ; enfin, seul spéci- men de l'école moderne, David jouant de la harpe devant Saûl, par Monticelli. Parmi les dessins, notons encore, en terminant : une gouache de Boucher, les Pêcheurs; un crayon rehaussé de Edridge, la Comtesse de Wilson et son fils ; un Portrait de femme, pastel par Valade, et deux portraits de jeunes femmes, également au pastel, par Louis Vigée.

Collection de M. X... (objets d'art, etc.). Un mince catalogue illustré attire notre attention sur la vente, que dirigeront, salle 11, le 9 mars, G. François et M. G. Guillaume, des objets d'art et d'ameublement composant la Collection de M. X... Des porcelaines et des faïences an- ciennes, des meubles et sièges des époques Louis XV et Louis XVI, constituent le principal intérêt de cette vacation.

Collection de Mm" L. H. R... (tableaux).

Nous recevons le catalogue illustré des tableaux anciens et modernes dépendant de la succession de M™" L. H. R... et provenant, en partie, de la galerie du marquis de Salamanca, dont la vente aura lieu, salle 1, le d.3 mars, par le ministère de M" Lair-Dubreuil et Albinet, assistés de M. Ferai. On remarquera, en particulier, dans cette vaca- tion : le Portrait de l'Impératrice Isabellede Portugal, épouse de Charles-Quint, par A S. Coello; David pardonne à Absalon, par B, Fabritius; Toréadors devant la Madone, par Eugenio Lucas ; le Reniement de saint Pierre, par B. Manfredi; le Portrait de l'Infante Marie-Thérèse, par J B. del Mazo ; le Songe de saint Joseph, par Murillo ; la Lecture de la lettre, par C. Netscher ; les Cinq Sens et la Partie de tric- trac, par G. Seghers; et, enfin, la Moisson, par Veyrassat.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Cercle de l'Union artistique. Qui donc affirmait que l'horloge de l'art moderne aime à retarder un peu dans les brillants salons de

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LE BULLETIN DE L'ART

la rue Itoissy-d'Anglas '? Si l'on découvre avec (luelque bonne volonté la sagesse el le savoir parmi les 3626 envois catalogués au trentième Salon des Indépendants, on trouve immédiate- ment, ici, l'audace non moins savante parmi les 102 numéros seulement qui composent la paisible «exposition de 1914» : il suffit de signaler la présence de MM. Roll et Forain; l'un, maître du plein air et continuateur de Manet, comme peintre de la chair ensoleillée dans un portrait plantureux ou plus finement embrumée dans une de ces ligures que l'auteur d'une série de femmes symboliques intitule aujourd'hui l'Adieu; l'autre, observateur de l'atmosphère irrespirable des prétoires et vigoureux héritier d'Honoré Dau- rnier, comme peintre à la fois humoristique et compatissant de l'emphatique Plaidoirie qui fait sangloter l'accusée... Ici, comme aux Pastellistes fiançais, l'audace voisine avec la sagesse. Dans une gamme moins noire, M. Priant détaille la frimousse montmartroise et la désinvolture hardie du Modèle ou la danse demi-nue devant le miroir, c'est-à-dire devant la glace complai- sante de la Psyché. La tec/wre de M. Harlamoff et les éludes de M. R. deChabuud-La Tour relèvent plus cruellement du réalisme. Un petit triptyque M. Fournier-.Sarvolèze dit aux paysans déra- cinés : licvenez à la terre! est un amusant discours en trois points en faveur du dégrèvement rural. Aussi bien, cette année, la nature, à son tour, nous emporte loin des portraits flattés ou des sujets mondains; et « la ligne d'Italie» s'impose, ici comme ailleurs, dans le plus fin paysage méridional qu'un peintre habituel de l'automne ou de l'hiver ait encore signé : par sa pdie perspective verdiUre qui devient mauve à l'hori- zon, dans l'intervalle heureusement cadencé des tristes cyprès, la Plaine d'Assise éclaire soudain le nom de M. J.-F. Bouchon; le rêve, embrasé par l'azur de Sicile, éveille chez M. André Humbert le souvenir des bergers de Théocrite; les ruines du Temple de la Sibylle, à Tivoli, semblent avoir moins ému le regard de M. Schom- mer; mais le plus franc parfum du paysage rustique enveloppe une Matinée à Middleburg (Hollande), tout emperlée de rosée par M. Gaston (luignard, un pur Lever de lune, aperçu dans un ciel ardoisé par M. René Killotte, et les sierras espagnoles de M. Pedro (iil, et môme le Versailles sous la neige, de M. (iuirand de Scevola. C'est la fraîcheur du sentiment qui nous désigne les fleurs estompées de M. Henri Dumont, les fleurs précises de M. de Lassuchette, les jardinets prin-

taniers de M. Nozal, les intérieurs silencieux de M. Réalier-Dumas, qui change de sujets, le vieux Nohant exploré par M. Lauth, un Salon du Musée Jacquemart- André, décrit par M. Paul Thomas, l'Autel de la Vierge, retenu par .M. Jacques Baugnies, sans oublier l'esquisse du Saint-Sépulcre à Saint-Jacques de Dieppe, par M. (Jervex, ni la Symphonie en blanc de M. Walter (jay.

La jolie Distraite de M. Antonin Mercié, l'austère Sérénité de M. Maxence sont des figures de fan- taisie; mais « le Salon du portrait » reste fidèle à sa tradition représentée par quelques-uns de nos maîtres : M. Léon Bonnat, portraitiste octo- génaire et toujours vigoureux de Af. le Marquis de Ségur, président du Cercle; M. (Jabriei Ferricr, portraitiste toujours scrupuleux de M' Du Huit, ancien bâtonnier; M François Flameng, portrai- tiste exalté par le profil rose d'une blonde miss penchée sur sa petite glace. M. Ferdinand Hum- bert, qui ne répugne pas au portrait masculin, donne l'exemple à M. Guiiiier, notant la ressem- blance du Lieutenant- colonel Rimailho en petite tenue Le portrait de Jf""" la princesse Anina Gagarine-Stourdza peignant, statuette en bronze de M. Denys Puech, et le buste en marbre de M. Mayen, par M. Raoul Verlet, se distinguent parmi (|uelques morceaux de sculpture oi'i se lit la signature du vice-amiral de Jonquières.

IX° Salon de la Société des Artistes décorateurs (Musée des Arts décoratifs). l".e n'est pas d'un hiver à l'autre que l'insensible élaboration d'un nouveau style, h ses débuts, peut manifester des avatars subits et de sur- prenantes métamorphoses; et la plupart de nos « artistes-décorateurs», que nous avons retrouvés d'ailleurs au Salon d'automne, avant de les revoir à la treizième exposition ponctuelle du Musée Galliera, restent aujourd'hui ce qu'ils étaient hier, et tels que notre confrère Henri Clouzot les a présentés plusieurs fois aux lecteurs de la Revue.

En effet, si le découragement du pessimisme est seul à répéter que « tout est dit » et que l'on vient « trop tard » pour sortir de l'ornière des pastiches nonchalants et des camelotes frelatées, il ne serait pas moins dangereux de vouloir constamment jeter de l'inédit en pâture à tous les snobismes : l'effort moderne, comme l'in- dique à propos, dans la préface du catalogue, le nouveau président de la Société, .M. Paul Vilry, l'effort de quelques-uns pour créer à la vie actuelle <■ un cadre en harmonie avec son carac-

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tère », est fait beaucoup plus de studieuse per- sév(5rance que d'excentrique et perpétuelle inquiétude ; et ce qu'il faut d'abord estimer, chez plus d'un novateur de la veille, c'est un retour à cette » longue patience >> qui ne rem- place jamais, mais qui n'exclut pas davantage l'instinct du génie. Après avoir distingué les « ensembles» de M. Eugène Gaillard, un clas- sique du genre, et de M. Mathieu Gallerey, probe et lumineux artisan du meuble, nous nous arrê- terons donc, entre tant de salles à manger qui nous invitent au frugal repas des yeux, devant celle, en bois d'orme, que destine à la campagne M. André Groult ; et si la Chambre d'homme, composée par M. Paul Follot, ne peut nous faire oublier sa poétique Chambre de dame du Salon d'automne, la chambre de M. André Mare appa- raît plus habitable que ses inventions précé- dentes, en dépit de certains accords de bleu- vert et de iilas qui font songer, en Bretagne, à l'Extrême-Orient... Au contraire, le Salon de repos de M. Louis Sue ne nous retient pas ; et le Tiureau d'architecte de M. Maurice Quénioux est clair, mais glacial.

Retenons encore le bureau de M. Maurice Dufrône, les impressions sur étoffes de M. Georges de Feure, la multiple imagination de M. Clément Mère, le beau vase en cuivre oxydé de M. Jean Dunand, les ferronneries de MM. Laurent Mal- clès et Szabo, les bibelots de M"" O'Kin, les ver- reries émaillées de M. Marinot, et, près des toujours belles poteries de grand feu de M. Le- noble, les faïences décorées par notre confrère Etienne Avenard ou par M. Maurice Dhomme qui songe, en plein xx" siècle, au mystère des « rus- tiques ligulines » de notre vieux Bernard Palissy,

Marie-Paule Carpentier (galerie Georges Petit). Diverses expositions d'aquarel- listes. — Entre toutes les femmes peintres de la Société nationale ou du Salon d'automne, un grand sentiment de la couleur sertie dans la majesté des lignes tiendrait lieu de signature à M"° Marie-Paule Carpentier : ce n'est pas la première fois que le regard trouve un noble plaisir à se poser sur ses vues de Versailles et de Trianon, sans préjudice de ses études inspi- rées par le vieux Paris, la campagne française ou la lumière méridionale, sous les pins gris de la Côte d'émeraude ou les pins ensoleillés de la Côte d'Azur. Au service du style, son procédé même est personnel : c'est la peinture à l'eau reprise au crayon, qui fait de ses aquarelles

autant de dessins rehaussés le métier traduit impérieusement l'émotion, dans le sobre éclat des printemps verts ou des tons de l'automne. C'est aussi l'aquarelle qui sert de langage rapide et limpide à la vivacité voyageuse de M. Fernànd Truffant, galerie Vivien ; à la préci- sion linéaire de M. Jacques Brissaud. galerie Louis-le-Grand; à l'ardeur visionnaire d'un colo- riste polonais, M. Boleslas Buyko, dans son ale- lier du square Delambre. ses vues de Rome, de Sienne et de Venise nous rappellent avec pas- sion que le paysage exprime moins la nature que le songe intérieur du paysagiste.

R.^YMONI) BouvRn.

P. -S. L'abondance des expositions nous force à remettre à un prochain numéro la X" exposi- tion de la Société artistique des Amateurs, accom- pagnée de sa rétrospective l'Alcazar, M, avenue Gabriel); les Indépendants; l'Automobile-Club ; et divers salonnets de moindre importance.

LES REVUES

Fra.nce Revue lorraine illustrée (t 913. 3). Ch.PnsTER. Un l'ortrail du duc Antoine. Peinture sur bois, de la collection de M. Moreau-N'élaton. L'auteur le rap- proche des trois autres portraits authentiques du duc Antoine de Lorraine, qui nous sont parvenus, et le date de 1525-1530.

Général J. Dbnnery. Vieilles silhouettes mes- sines : Lepetit, cordonnier et modeleur (ISDG-Iflîtl}.

Abbé L. Bigot. l.'Êvangéliaire de saint Gauzelin. Commencement d'une étude sur ce précieux ma- nuscrit du trésor de la cathédrale de Nancy. La pre- mière partie est consacrée à « l'âge du manuscrit, son lieu d'origine et son premier possesseur, sis vicissi- tudes et son histoire » ; le deuxième chapitre, à la « calligraphie du manuscrit : minuscule, onciale, semi-onciale, capitale, grandes initiales ».

(in.XNIIR-BRRT.^GNK

The Burlington Magazine (décembre). A. de liKiiUF.TE V MoHKT. Un Velazqiiez jusqu'ici inconnu. La Cuisinière, de la collection Otto Beit, récemment exposée à l'exposition des anciens maîtres espagnols a Londres.

Alice Baibi). La « Colonna Santa ». Sur la colonne torse, conservée dans la chapelle de la l'ietà, à Saint-Pierre de Rome, elle a été placée en 1438 par le Cardinal Orsini. Autres exemples de ce même genre de colonnes, uolamment sur un reli- quaire d'ivoire trouvé à Samagher, près de Pola, et datant du iv* ou v* siècle de notre ère-

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LE BULLETIN DE L'ART

Morton Bebnath. Le Livre de prières d'une sainte. Ce livre d'heures, qui a fait partie de la collection von Lanna, récemment vendue en Allemagne, est un manuscrit à miniatures, écrit entre 1368 et 1312, et provenant du monastère franciscain d'Apt (Vauclusej. Il a été vraisemblablement exécuté pour sainte Del- phine, femme de saint Eb.éar. mort en 1329 et cano- nisé en 1368.

Arthur M. IIind. Giovanni liallisla Hiranesi, notes complémentaires et liste de ses ouvrages suivre). Études relatives aux dates des principales gravures de Piranèse; précisions à ce sujet.

W. R. Lethaby. Soies byzantines dans les musées de Londres suivre). Examen des principales pièces conservées dans les musées de Londres, pour établir une base sûre dans les questions si contro- versées des dates et des origines des décors de ces tissus.

Aymer Vallance. Mobilier ancien (XIII). Les panneaux à décors imitant des linges plies.

Francis Stewart Kekshaw. Le Vase à inscriptions de la collection Uana. Vase chinois de l'époque des llan, dont l'inscription ludique qu'il a été fait pour la tombe de l'empereur Wu,en une année qui correspond à 133 avant J.-C.

K. A. C. Creswell. L'Origine du double dôme persan (fin).

Sir Claude Pbillips. Quelques portraits par Cariant. Le portrait de deux Vénitiens, du Louvre, (autrefois attribué à Gentile Bellini et intitulé les Deux Bellini), est rapproché d'un double portraitana- logue, au Musée Empereur-Frédéric, à Berlin, attri- bué par le catalogue à l'école de Giovanni Bellini.

Edouard Speyek. Le Buste de Beethoven de la Société ptiilharmonique. Buste en plâtre, œuvre de J. Schaller, de Vienne, offert, en 1871, à la Société philharmonique de Londres; c'est une sculpture fort conventionnelle, académique et idéalisée, exécutée pour Cari Holz, l'ami de Beethoven.

Egerton Beck. Notes a ecclésiologiques » au catalogue des Anciens maîtres espagnols. Rectifi- cations de descriptions incorrectes au point de vue du costume des religieux, cardinaux, papes, et des accessoires religieux : croix, crosses, etc.; discussion de la scène figurée sur un tableau de Valdès Léal (collection Frederick Cook), que le catalogue dit représenter « snint Bonaventure, après sa mort, écri- vant les mémoires de saint François ».

(Janvier). Le « Repos de la Sainte Famille », de Blake. Note sur un dessin lavé, signé et daté 1806^ aujourd'hui au Metropolitan Muséum de New- York.

W. R. Lethaby. .Soies byzantines dans les musées de Londres (fin). Examen des motifs principaux . dragon sassanide, lions affrontés, grand griffon, mo- dèles arabes, etc.

Arthur M. IIind. G. B. Piranesi. notes complé- mentaires et liste de ses œuvres (suite). L'auteur commence la publication de la liste de l'œuvre consi-

dérable du graveur des Carceri, dressée par ordre chronologique (1143-1778).

Aymer Vallance. Mobilier ancien (XIV). Panneaux sculptés de motifs inspirés du linge plié.

Ananda K. Coomabaswamy. Les Mains et lespieds dans l'art hindou. 11 existe, dans l'art hindou, un langage conventionnel des mains et des pieds, cons- tamment utilisé dans la peinture et la sculpture ; l'auteur l'explique par des figures choisies dans une vingtaine de monuments.

G. F. HiLL. Notes sur des médailles italiennes (XVI). Médaille dite de Raphaël Martinus Gotha- laniis (Raphaël Martin, catalan), école florentine, fin du XVI* siècle ; médaille de Bartolommeo Cepola, attribuée à Bellano. ^

Abraham Bkediis. Encore le Portrait d'Elisa- beth Bas ». Ce portrait, conservé dans la Galerie royale de Dresde, et autrefois attribué à Rembrandt, a été donné, récemment, à Ferdinand Bol, par M. Bre- dius, dont plusieurs érudits ont accepté les conclu- sions. Le savant critique hollandais apporte deux nouvelles preuves en faveur de son attribution : l'une tirée de la facture des plis larges, qu'on cherche en vain chez Rembrandt ; l'autre, de la facture des mains d'Elisabeth Bas, entièrement différente de celle de Rembrandt et, au contraire, rappelant exactement la technique du Repos de la Sainte Famille de Bol, conservé aussi à Dresde et peint en 1644, environ cinq ans après le portrait.

Thomas Asiiby. Turner à Rome.— Vues de Rome, tirées de la collection des dessins légués par Turner à la nation britannique et dont le catalogue vient d'être dressé par M. Finbcrg. Cette collection compte plus 19.000 pièces, d'une extrême variété. Les plus inté- ressants de ces dessins sont ceux qu'il exécuta lors de son voyage à Rome, en 1819, quand il était en pleine possession de son talent. L'auteur en repro- duit quelques-uns.

Friedrich Winkleb. Quelques dessins de pri- mitifs néerlandais. Les Sept Sacrements, dessins à la pointe d'a,rgent publiés par la Vasari Society ; ils sont très voisins de Roger van der Weyden. Un Portrait d'homme de la collection Salting ; le dessin original est conservé au Cabinet des Estampes de Berlin ; il appartient à l'entourage de Jean van Eyck. Un Triptyque d'après Roger van der Weyden: un ancien dessin du Louvre dérive d'une peinture de Van der Weyden qui a été maintes fois copiée au ivi* siècle; le centre est une Déposition de la croix; et le dessin d'un des volets, un Portement de croix, appartient à M. Becker, de Leipzig.

August L. Mayeb. Un Portrait inconnu de Mu- rillo. Portrait en pied d'un gentilhomme de Séville ; collection Julius Bôhler, de Munich.

Le Gérant : H. Uims.

Parii. -^ Imp. Oeorgo Petit, IS, rue Uodol-de-Uauroi.

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Numéro 616.

Samedi 14 Mars 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Le Parc de Watteau

au Conseil d'État

Depuis le vote de la loi de 1906 sur la protection des paysages, il ne s'est pas passé d'année sans que l'on ait eu à constater combien l'administra- tion apportait de mauvaise grice, pour ne pas dire d'hostilité, à classer les sites pittoresques et surtout à faire respecter leur classement. On l'a dit vingt fois ici : la loi de 1906 est restée lettre morte, et la preuve en est dans le nombre ridiculement infime des paysages classés du département de la Seine : deux à Paris, les Champs-Elysées et le Gours-la-Reine (encore le classement n'a-t-il pas empêché les travaux qui ont bouleversé la dernière de ces promenades), et un dans le département, le seul exemple de classement d'un paysage appartenant à des par- ticuliers : celui du parc de Watteau, à Nogent- sur-Marne.

Nous avons raconté, en 1908, l'histoire de cette municipalité de Nogent qui, hantée de spéculation et de bâtisses, avait formé le projet de couper d'un boulevard ce qui reste de l'ancien parc de l'intendantdesMenus LeFèvre.L'endroitest char- mant : les pelouses et les frondaisons descendent en pente douce jusqu'aux bords de la Marne; du pavillon bâti vers le sommet du coteau, le regard embrasse un merveilleux panorama, et les échap- pées que l'on prend sur la rivière rappellent plus vivement le souvenir mélancolique de Watteau, qui vint vivre ses derniers jours et mourir ici, au milieu de ses amis les plus chers.

Aux projets saugrenus de la municipalité nogentaise, moins sensible à ces rêveries qu'à de plus immédiates réalisations, et peu soucieuse, au surplus, de respecter « l'espace libre » que constitue ce parc magnifique, le propriétaire opposa la loi de 1906 et obtint le classement de son domaine, dont l'accès fut permis à tout venant.

Nous nous sommes réjouis alors sans réserves. Nous pensions que les projets de boulevard se trouvaient définitivement anéantis par l'article b de la loi qui interdit, » après l'établissement de la servitude, toute modification des lieux « sans autorisation spéciale de la commission de clas- sement.

Mais c'était compter sans la ténacité des van- dales. On apprend aujourd'hui que la municipa- lité de Nogent et le Conseil général de la Seine, après diverses manœuvres préliminaires, s'adres- sentauConseild'Étatetluideraandentdedéclarer d'utilité publique les travaux du boulevard, autre- ment dit de détruire un paysage admirable, devenu parc public et régulièrement classé.

Les propriétaires ont de solides arguments à opposerlà contre : ils invoquent l'intérêt général, d'abord, qui prime celui de la commune ; ils rap- pellent à l'État la donation récente d'une riche bibliothèque, donation faite sous la condition que le parc de Watteau resterait intact à jamais...

La réponse du Conseil d'État sera d'un intérêt capital et sa portée dépassera de beaucoup le cas particulier que l'on vient d'exposer : c'est une question de vie ou de mort pour la loi de 1906. Si le Conseil d'État donne raison aux propriétaires du parc, sa réponse viendra renforcer heureu- sement une loi mal connue, mal appliquée et mal défendue. S'il conclut en faveur des adver- saire du classement, c'en est fait de la loi ; il n'en restera plus rien.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 7 mars).

M. J.-L. Pascal, qui fait fonction de secrétaire perpé- tuel, en l'absence de M. II. Roujon, donne lecture d'une lettre de M" Jullemier, exécuteur testamentaire ii'Édouard Détaille : celui-ci a légué à l'Institut son buste, œuvre de M. de Saint-Marceaux.

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LE BULLETIN DE L'ART

Académie des' inscriptions et belles-lettres (séance du 6 mars). M. Héron de Villefosse com- munique, au nom de MM. Philippe Fabia, corres- pondant de l'Académie, et Germain de Montauzon, tous deux professeurs à l'Université de Lyon, une note relative aux fouilles qu'ils ont pratiquées à Fourvières, cet hiver, dans le clos du Calvaire. Ils y ont retrouvé les vestiges d'un quartier de la ville romaine, spécialement ceux d'une riche habitation, plusieurs salles, dont deux pavées, l'une en mosaïque, l'autre en mosaïque et en marbre; des fragments de céramique et des monnaies, fournis par le remblai, prouvent que ce quartier fut habité au moins pendant les trois premiers siècles de notre ère.

M. le comte Paul Durrieu termine sa communi- cation sur les manuscrits des œuvres du roi René, en parlant du Traité des Tounois. Sur un exemplaire de ce traité, acheté par le roi Louis XV, en 1766, il a découvert qu'une signature de possesseur, autrefois grattée, portait le nom de la belle-sœur du roi René, femme du comte du Maine, à qui le roi René avait dédié le traité. Cet exemplaire est orné de grands dessins rehaussés d'aquarelle, que M. Durrieu attribue au même auteur que les merveilleuses miniatures contenues dans le manuscrit du Cœur d'amour épris, de la Bibliothèque impériale de Vienne, Barthélémy de Clerc.

M. Edmond Pottier présente, de la part de M. F. Cumont, membre associé étranger de l'Aca- démie, une inscription latine découverte à Côme (Italie).

M. Ernest Hébrard, architecte, expose le résul- tat de la mission qui lui a été confiée par le minis- tère de l'Instruction publique, pour l'étude des monu- ments construits par les Turcs Seidjoukides, àKonia, en Asie-Mineure ; quatre monuments très intércssanla ont été relevés et dessinés minutieusement : la mos- quée Ala Eddine, les médressés Karataï, Indjé Minaret, et les ruines du Palais des sultans Seidjoukides. Des fouilles ont complété ces travaux.

Société de l'histoire de l'art français (séance du 6 mars). M. Georges Pélissier communique l'inventaire dressé après le décès de J.-B. Pigalle.

M. Louis Réau entretient la Société de l'œuvre de Iloudon eu Russie. Houdon n'est jamais allé en Russie, mais une vingtaine de ses œuvres sont con- servées à Saint-Pétersbourg et à Moscou, parmi les- quelles des chefs-d'œuvre comme le Voltaire assis et la Diane en marbre qui se trouvent au musée de l'Er- mitage.

Société d'iconog;raphie parisienne (séance du 2'J février). M. le U' Daily termine sa couununjca- tion sur l'iconographie de Belleville : il étudie d'abord des portrait» de personnages marquants (le Père Enfantin, Debucourt, Favart, Ramponneau); puis il parle des vues de guinguettes, du bal Favier, du lac Saint-Fargeau, du potager du chftteau de Ménil» montant, etc.

M. Etienne Deville continue l'exposé de ses recherches sur le» miniatures de» xvr et xvir siècles, représentant des vues de Paris. Il étudie quatre nou- velles pièces empruntées aux Passages faiz oullre mer, de S. Mamerot; au Livre des faiz Monseigneur Sainl Loys; à un manuscrit attribué au roi René, et à un Commynes, conservé au musée Dobrée, de Nantes.

M. Emile Dacier étudie une peinture d'Hubert Robert, conservée au musée de Dijon, dont le dessin préparatoire à la sanguine appartient au musée de Valence. Le rapprochement de celte peinture avec divers dessins de G. de Saint-Aubin et des gravures permet de reconnaître dans cette peinture une vue des Thermes de Julien à Paris, représentés à la fin du xviii' siècle, au temps ce vénérable monument servait de magasin à un tonnelier.

Musée du Luxembourg. Dans sa dernière séance, le Conseil des Musées nationaux a accepté les dons suivants pour le Musée du Luxembourg :

Une grande aquarelle du peintre suédois .Cari Larsson, représentant une jeune fille endormie ; un portrait de M. Wertheimcr, peinture de J.-E. Millais, datée 1888, offert par M"* Wertheiuier ; un portrait de femme, peinture de Louis Devedeux, don de M. Clémentel ; une Fêle champêtre, peinture de M. Dagnan-Bouveret, datée de 1892.

Les trouvailles de M. Mithouard M. Adrien Mithouard, conseiller municipal de Paris, au cours d'un examen des œuvres entassées dans le dépôt des beaux-arts de la Ville de Paris, i Auteuil. a attiré l'attention sur un certain nombre de peintures, d'un intérêt indéniable, qui ont échappé aux prélève- ments faits, naguère, par la commission spéciale nommée pour organiser le musée municipal du Petit Palais.

Il faut citer en particulier : l'Adoration des bergers, mentionnée au catalogue des œuvres de la Ville de Paris comme appartenant à l'ancienne église d'Au- teuil ; M. Mithouard l'attribue au Tintoret ; Jésus chassant les vendeurs du Temple, qui a appartenu A l'ancienne église paroissiale des Missions étrangères, et qui serait de Kcstout ou de Boulogne l'aîné : un Saint Jacques, de l'Ecole de Rubens ; une Sainte Isabelle, fondatrice de l'abbaye de Longchamp, pein- ture médiocre de Philippe de Champaigne. mais très intéressante au point de vue de l'histoire de Paris; ta Flagellation, peinture d'un artiste allemand in- fluencé' par l'Italie ; plus une douzaine d'autres tableaux fort honorables et qui méritent mieux que d'être relégués oiï ils le font.

Découvertes artistiques. Au cours des travaux de réfection de la façade de l'église Saint-l.ouis-en- rile. on vient de découvrir de fort belles sculptures sur bois du xvii* siècle, dissimulées sous une épaisse couche de peinture. On sait que l'église Saint-Louls- en-l'Ue fut reconstruite en 1664 sur l'emplacement

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d'une ancienne chapelle érigée en paroisse, en 1623, par Jean-François de Gondi, et devenue insuffisante; le chœur fut achevé en 1679, la nef en 1723 et la cou- pole en 1725. Cette église commencée sur les dessins de Louis Le Vau, premier architecte du roi, fut conti- nuée par Gabriel Le Duc. <€ C'est sur les dessins de ce dernier que la grande porte a été élevée, dit le Dic- tionnaire hisloriqtie de la Ville de l'aris, de Ilurtaut et Magny. Quant aux ornements de sculpture qui embellissent cet édifice, Jean-Baptiste de Champaigne, peintre et neveu de Philippe de Champaigne, en a donné les dessins. »

A Rouen. Le maire de Rouen vient de prendre un arrêté des plus intéressants en matière d'esthé- tique des villes. Le règlement de 1881 relatif à l'ali- gnement des rues ne lient aucunement compte ni du pittoresque ni de l'histoire. Son application à Rouen avait fini par constituer une menace pour ce qui fait le charme et l'intérêt archéologique de cette admi- rable ville. C'est pour parer à ce danger que le maire de Rouen vient de constituer une commission muni- cipale « chargée de désigner et de cataloguer les bâti- ments publics, immeubles privés ou sites de la ville de Rouen, qui, en dehors des monuments historiques classés, offrent assez d'intérêt, tant au point de vue architectural qu'archéologique, historique ou artis- tique, pour que le Conseil municipal en assure la conservation par une modification des alignements ».

Nous avons trop souvent protesté ici contre la né- gligence — pour ne pas dire plus, des administra- tions municipales en matière d'esthétique urbaine, pour ne pas féliciter le maire de Rouen de son intel- ligente initiative et souhaiter de voir suivre l'exemple donné par la belle capitale normande.

A Londres. Mardi dernier, 10 mars, une suffra- gette du nom de Mary Richardson est entrée, à onze heures du matin, dans la salle de la National Gallery se trouve e.x posée la Vétius au miroir de Velazquez, et tirant de son manchon une hachette, elle a brisé la glace et tailladé la toile, déchirant le dos de la Vénus

à la hauteur de l'épaule. La suffragette arrêtée aussi- tôt, a été condamnée à six mois de prison.

On sait que la Vénus au miroir, dite Vénus Rokeby, du nom de Rokeby Hall dont elle fut, pendant près d'un siècle, l'un des joyaux, et attribuée par les uns à Velazquez et par les autres à J. B del Mazo, a été acquise, pour plus d'un million, en 1907, par souscrip- tion nationale, au moment l'antiquaire qui en était devenu possesseur allait la vendre à un collectionneur américain. Elle a été alors étudiée dans la Revue et gravée par M. R. Favier (t. XXII, p. 413).

A Bruxelles. On a installé récemment, au Musée ancien de Bruxelles, par les soin» de M. Fierens- Gevaert, secrétaire des Musées royaux, les pièce» les plus remarquables de la collection de dessins et d'aqua- relles donnée à l'État belge par M"* de Grez douai- rière. L'école française est représentée par Callot, Boucher, Parrocel, Eustache Lesueuret Natoire; l'école Mamande, par des aquarelles et des sanguines de Jordaens. Du côté des Italiens : G.-B. Castiglione, plusieurs dessins du Bernin, un Bronzino (Empe- reur romain acclamé par des soldats), une tête de vieillard d'Annibal Carrache et VAdoration des Mages, de Taddeo Zucchero. Parmi les Hollandais : une vue de Middelbourg, par Jan van der lleyden, une sanguine et des dessins à la pierre noire de Paul Potter, de fins portraits par Cornelis Troost, des aqua- relles et des sépias de Jan Bosboom, plusieurs Van O-itade, des vues de villes par Jan van Goyen et, de Rembrandt, un dessin représentant une jeune femme assise devant son miroir.

A Florence. M. Philippe di Pietro, secrétaire du Cabinet des dessins des Offices, a eu la bonne fortune de découvrir chez le marquis A. -P. Lotta- ringhi délia Stufa, un tableau du Caravage qu'on ne connaissait plus que par une gravure et qu'on croyait perdu ; c'est une des œuvres importantes du maître, le Concerto di giovani ritratti, représentant cinq jeunes gens faisant de la musique et un sixième personnage écoutant. Le tableau est peint sur toile et mesure 2-40 x 1"50. L. G.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ A Paris. 'Vente de la collection de M°'« X... [M"'« H. Menier], La vente des tableaux, objets d'art et d'ameublement, appar- tenant à M°ie Henri Menier a produit 456.440 l'r.,

à la galerie Georges Petit, le 5 mars, sous la direction de M" Baudoin et de MM. Mannheim et Bernheim jeune. Une belle enchère à retenir, les 90.1,00 fr. réalisés, sur la demande de 100.000, par la suite de quatre panneaux en Aubusson, d'époque Louis XV, à sujets chinois.

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LE BULLETIN DE L'ART

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux. 12. J. Uomani. La Belle rousse, 5.300 fr. (dem. 2.000). 1.5. Wùuwermans. Scène rustique en Hollande, 4.800 fr. (dem. 8.000). \1. Ziem. Devant le palais des Doges, 11.800 fr. (dem. 10.000).

Mbhbles. Salon (canapé et six faut.), bois sculpté et redoré, couv. tapiss. à corbeilles de fleurs et guir- landes sur fond blanc, ép. Louis XVI, 45.500 fr. (dem. 40.000).

Tapissehiks, etc. 92. Tapiss. flam., xvi* s., Salomon et la reine de Saba, etc., 13.000 fr. (dem. 12.0001. 93. Tapiss. Bruxelles, xvi» s.. Combat de style antique dans un paysage, 16.000 fr. (dem. 10.000). 94-96. Trois tapiss. Hruxelles, xvp s., sujets de l'histoire romaine, bordures, fig. allégoriques, etc., 46 000 fr. (dem. 45 000). 97-99. Tapiss. Bruxelles, xvi' s., le Triomphe d'un souverain victorieux, large bordure; deux tapiss. flam. comp. de l'histoire ancienne, nom- breux person., large bordure, 34.005 fr. (dem. 30.000\

100. Deux cantonnières composées de bord, de tapiss. flam., fin xvi- s., 19.000 fr. (dem. 10.000). 101. Fragment de tapiss. flam. du xvi' s., Salomon et la reine de Saba, 10.500 fr. (dem. 12.000). 102-105. Quatre tapiss. d'Aubusson, atelier de Picon, d'après Boucher, ép. Louis XV, scènes chinoises, le Thé, le Marchand d'oiseaux, Pêche et le Jardinage, 90.100 fr. (dem. 100.000; rest.). 106-108. Trois tapiss. llara., XVI* s., compos. champêtres, nomb. person. dans la campagne, bordure cadre, 28.200 fr. (deiii. 45.000; rest. et parties mod.). 109. Tapiss., anc. trav. oriental, fleurs sur fond rouge, 31.000 fr. (dem. 15.000).

Liquidation A. et J. Seligmann. Celle vente, que nous avions annoncée avec quel- ques détails, a pris tin jeudi sur un total de 1.800.560 francs, pour les quatres journées de la première vente. Nous donnerons, la semaine prochaine, un compte rendu complet avec la liste des principaux prix ; contentons-nous de signaler, pour aujourd'hui, les plus belles en- chères qui sont celles des tapisseries : Mars et Vénus, tapisserie de Beauvais, xviii* siècle, de la suite des Amours des dieux, de Boucher, 193.600 fr. (dem. IbO.OOO); le Vol de la malle, tapisserie de Beauvais, de la suite des Bohémiens, de Casanova, 187.000 fr. (dem. 100.000); un paravent de la Savonnerie, à décor d'oiseaux et d'attributs, ép. Régence, 167.200 fr. (dem. 100.000).

Ventes annoncées. A Paris Liqui- dation Seligmann (2» vente : obj ets d'art, etc. ) .

Les 16 et 17 mars, M" Lair-lJubreuil et Bau- doin, assistés de MM. Mannheim et Léman, pro- céderont à la vente des objets d'art et de haute curiosité, composant la seconde partie de la

liquidation de l'ancienne Société Seligmann. Majoliques italiennes, faïences persanes et his- pano-mauresques, terres cuites émaillées des Délia Robbia, ivoires, émaux champlevés et émaux peints, dont un plat ovale, par Jean Courtoys (Limoges, xvi» siècle), orfèvrerie et bijoux du xvi" siècle; sculptures, notamment un buste en bronze du roi Louis XIII ; et meubles, autant de catégories les amateurs trouveront ample choix de pièces intéressantes. Mais nous ne pou- vons nous étendre davantage et nous devons renvoyer au catalogue illustré. Comme dans la précédente vente Seligmann , les tapisseries forment la partie la plus importante. Notons en particulier : deux panneaux d'art llamand, de la fin du xv« siècle; une tapisserie tlamande du commencement du xvi« siècle, tissée d'or, repré- sentant la nativité et l'Adoration des Rois Mages; d'autres tapisseries flamandes du xvi» siècle, et une tapisserie française de la même époque, à composition allégorique, figurant le mois de Juillet.

Objets d'art, etc. H. Baudoin et M. E. Pape dirigeront, salle 6, le 16 mars, une vente de faïences, porcelaines, etc., appartenant à M"^ iV... Dans cette vacation, qui a fait l'objet d'un catalogue illustré, se rencontrent quelques miniatures, notamment un Portrait présumé du Dauphin Lotiis X VII, signé Heinsius.

Objets d'art, etc. Contentons-nous de signaler la vacation anonyme, qui aura lieu, le 18 mars, salle 6, sous la direction de Lair- Dubreuil et de MM. Paulme et Lasquin, et dont le principal intérêt parait consister en la pré- sence de tapisseries du xviii» siècle; certaines d'entre elles sont reproduites dans le mince catalogue illustré de cette vente.

Tableaux et objets d'art provenant du châ- teau de N... l.e 27 mars, salle 9, A. Des- vouges, assisté de MM. G. Sortais, Duchesne et Duplan, dirigera la vente des tableaux anciens, meubles, etc., provenant du château de N... Dans le catalogue illustré dressé à cette occasion, nous remarquons, tout d'abord, du côté des tableaux : un Paysage, soleil couchant, par David Teniers; puis, parmi les meubles : une commode en aca- jou, avec bronzes ciselés et dorés, signée de P. Garnier, et deux encoignures, également en acajou, de même décor que la commode et signées du même nom; enfin, deux panneaux en an- cienne tapisserie Une de Bruxelles.

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Les ventes prochaines. A Paris. Nous empruntons à notre confrère la Gazette de l'Hôtel Drouot, les renseignements qui suivent, concer- nant les grandes ventes de la saison, dont les dates sont déjà fixées. Ces renseignements com- plètent ceux que nous avons publiés à plusieurs reprises sur ce sujet.

A l'Hôtel Drouot, le 26 mars, Lair-Dubreuil vendra les objets d'art de la collection du comte de F...; et le 31, le même commisaire-priseur dirigera une vente composée d'objets apparte- nant à divers amateurs et d'un salon provenant de la succession du marquis d'ivry.

Dans le courant d'avril, M" Lair-Dubreuil et Doublot dirigeront, à la galerie Georges Petit, la première des ventes qui disperseront la collection Delaroff. de Saint-Pétersbourg. Troisautres ventes qui auront lieu à l'Hôtel Drouot, du 27 avril au 6 mai, seront nécessaires pour épuiser cette réu- nion considérable plus de mille numéros de tableaux, de dessins et objets d'art.

Nous avons déjà annoncé la vente des collec- tions de notre confrère récemment décédé, M. Roger Marx. Les estampes modernes feront l'objet (l'une première série de vacations, que présideront, du 27 avril au 2 mai. M"' Lair- Dubreuil et Baudoin; les tableaux et objets d'art seront vendus à la Galerie Manzi.du H au 13 mai.

En avril, et toujours sous la direction des deux mêmes commissaires-priseurs, auront lieu, le 27, la vente des tableaux anciens et modernes, com- posant la collection de feu M. Willems, et le 30, celle des dessins anciens, dépendant de la collec- tion de M. Hodgkins.

Notons dans le courant de mai ; le 7, vente des meubles anciens et estampes de M™* Délia Torre ; le 8, des tableaux modernes et dessins, compo- sant la collection Jules Claretie; les 14 et 15, des tableaux anciens et modernes, objets d'art et tapisseries, dépendant de la succession de M""" H.

Nous avons déjà annoncé la vente de la collec- tion Antliony Roux, comprenant des tableaux modernes et des bronzes de Barye. Elle aura lieu le 20 mai, à la Galerie Georges Petit, cinq jours après, se fera la vente de la collection Sam- hon, dont nous avons déjà dit un mot.

En juin, la vente, déjà annoncée, des tableaux anciens de la collection Crespi, de Milan, aura lieu, le 4, à la Galerie Georges Petit, où, du 8 au 11 juin. M" Lair-Dubreuil et Baudoin disper- seront les dessins, tableaux, sculptures, objets d'art et meubles du xviii« siècle, provenant des collections du Marquis de Biron.

A Leipzig. Dessins anciens. Nous recevons le catalogue illustré d'une vente de dessins anciens, qui aura lieu à Leipzig, les 19 et 20 mars, par les soins de la maison Bœrner. Cette réunion de dessins, qui provient de la collection Arnold Otto Meyer, de Hambourg, et de divers autres amateurs, comprend, tout d'abord, une réunion importante d'œuvres d'Anton Grafî (Winterihur. 1736-Dresde, 1813). Ce sont, pour la plupart, des portraits au crayon, dont un pro- fil de Frédéric 11, et aussi des études de figures et même de paysage. Dans le reste de la vente, on remarquera des dessins allemands du xvi» siècle, dont une feuille d'Aldorfer et une d'Hans Burk- msir, des dessins hollandais du xvii" siècle, por- tant les noms de Cuyp, Bakhuysen, Everdingen, Hobbema, Van Goyeu, Mieris, A. van Ostade, J. et S. Ruysdael, Ter Borch, Esaias et W. van de Velde, et Rembrandt; quelques dessins de l'école italienne et des primitifs des écoles du Nord com- plètent cette intéressante réunion.

A Milan. Collection Battistelli Du 23 au 26 mars, MM. Lino Pesaro et Carlo Clerici dirigeront, à Milan, au palais Cova, la vente des tableaux, dessins, objets d'art et d'ameublement, composant la collection de M. Luigi Battistelli. A en juger par les noms inscrits au catalogue, nous relevons ceux de P. P. Rubens, Holbein, Michel-Ange, Paris Bordone, Van Dyck, A. Moro, et même Lancret et Watteau, la galerie serait de premier ordre ; elle se complète encore de quelques sculptures, dont un putto donné à Mino de Fiesole, de meubles italiens du xvi" siècle, de faïences, de tapisseries, etc. Mais rien qu'à examiner les reproductions qui enrichissent le catalogue de cette vente, il est facile de se ren- dre compte que ces attributions trop magnifiques n'ont, sans doute, que la valeur d'une indication.

M. N. ESTAMPES

Ventes annoncées. A Paris. Succes- sion Paul Delaroff, de Saint-Pétersbourg (estampes anciennes). En attendant la pro- chaine dispersion de l'importante collection de peintures provenant de la succession Paul Dela- rofl'. M" Lair-Dubreuil et C. Doublot, assistés de M. L. Delteil vendront, le 17 mars, des estampes anciennes qui s'ajoutaient à la collection de l'amateur russe.

Le catalogue compte 184 numéros, et les pièces les plus dignes d'intérêt sont : le Jardinier ga-

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lant, gravé par Heleman, d'après Baudouin ; Mrs. Duff et Lady Heathcote, deux pièces gravées en deux tons par J. Agar, d'après Cosway ; plu- sieurs Drevet et Edelinck ; parmi les premiers, le portrait d'Hyacinthe Rigaud par lui-même, rare épreuve du premier état avant toute lettre ; une gravure de Samuel van Hoogstraten non r,a- taloguée par Rovinski, la Présentation au Temple. avec un paysage dans le haut de la planche ; une suite importante de Robert Nanteuil, parmi les- quels le portrait de Pompone de Bellièvre en très belle épreuve ; Qu'en dit l'abbé ! gravé par ti. de Launay, d'après Lavreince, épreuve après la dédicace.

H. G. LIVRES

A Paris. Vente des livres de la succes- sion S... (livres anciens et modernes).

Faite le 6 mars, par M" Gabriel et Auboyer, et M. Reinach, la vente des livres, qui figuraient dans la succession P..., a produit 30.000 francs. Un Orlando furioso, sur grand papier, avec 46 estampes de Cochin, Eisen, Moreau, etc., dans une reliure du xviii» siècle, a atteint 5.350 fr. ; l'Heureux jour, par le marquis de Pezay (1768), avec 4 dessins originaux d'Eisen, 2.200 fr.; même prix pour le Quadrille de Marie SÉ«arî, 27 planches sur Chine, d'Eugène Lami.

R. .1.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Société artistique des Amateurs (Pavillon de l'Alcazar, avenue Gabriel). « Pour qu'une page de Michelet soit tout à fait admirable, en- core faut-il qu'elle soit signée » : si la sagesse a dit vrai, le prestige des noms suffirait à glorifier la « rétrospective » qui rehausse d'œuvres au- thentiques, rares, curieuses, et plus d'une fois excellentes, la dixième exposition de la Société des Amateurs, depuis les portraits crayonnés par le roi Louis XIII jusqu'aux militaires coloriés par le Prince impérial, en 1864, à l'âge de huit ans.

L'art nous désigne aussitôt un petit intérieur gouache par la princesse de Lamballe, une inti- mité romanesque et silencieuse « la douceur de vivre » ne sera troublée que par l'intrusion des Septembriseurs... Et voici des boutons déco- rés par la reine Marie-Antoinette ; une chasuble brodée, peut-être au Temple, par sa belle-sœur,

M"" Elisabeth ; des pêches peintes par la du- chesse de Berry ; des sépias lavées par son jeune fils, le comte de Chambord ; des gravures exécu- tées par la princesse Charlotte Bonaparte, la fille du roi Joseph ; des portraits de famille dessinés, en 1805, par un émigré qui sera le roi Louis- Philippe ; des croquis rehaussés, au fort de Ham, par un prisonnier qui sera l'empereur Napo- léon III ; un paysage de l'impératrice Eugénie ; des aquarelles de la princesse Mathilde ; une sé- pia datée de 1847 par la reine d'Espagne Isa- belle ; des cadres signés de l'empereur du Brésil ou de la princesse Marie-Louise de Bulgarie.

Des raretés encore : un éventail offert par les demoiselles de Saint-Cyr, à M°" de Maintenon, le jour de sa fête, le 2 avril 1699 ; un croquis fait à Constantinople par l'ambassadeur Cboiseul- Gouffier ; des paysages fignolés en 1816 par le compositeur Adrien Boïeldieu, la même année que le boudoir austère aquarelle par M"« Ter- naux... Si l'âge du romantisme a mis son em- preinte sur les vues de Venise ou du vieil Heidel- berg aquarellées par Tony Hélyd'Oissel, auditeur, en 1840, au Conseil d'État, la plus classique « probité de l'art» recommande les dessins pro- vençaux de Max de la Sizeraune (1825-1906); les salonniers de naguère connaissaient le baron Charles de Coubertin, élève de Picot, le coiole Albert de Balleroy, peintre de chasses et de che- vaux, dont le portrait figure dans l'Hommage à Delacroix de Fantin-Latour. L'esprit ou le talent signale les petites gouaches du comte Eugène Le Bon, les croquis de Mer de Ségur, les pein- tures de la comtesse d'Arjuzon, les enlumfnures du comte Georges d'Aramon. A défaut de M. de Chateaubriand dessinateur, ce n'étaient pas des « amateurs » ordinaires que le portrai- tiste Prosper Mérimée, que le paysagiste Victor Hugo, dont la plume, entre deux rimes, silhouet- tait les Bords du Rhin, le 20 novembre 1842...

Le présent ne se montre pas inférieur au passé quand il nous apporte les vues de châteaux prises par S. A. R. M°>« la duchesse de Ven- dôme, qui signe Henriette, non loin d'un éventail illustré par M. Pierre Loti ; le portrait que S. A. R. M™* le princesse Mathilde, duchesse de Saxe, a tracé d'elle-même à son bureau, dans la familière clarté du matin; les gouaches colorées, M. Fournier-Sarlovèze évoque l'Orient et continue les Mille et une nuits avec la malice de notre xviii* siècle, et ses petits triptyques la Croix- Rouge aux inondations de /,9<0 fait pendant aux paysans déracinés ou déchus que le peintre

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^Tb c

veut rendre o à la terre « ; et le second terme de la belle devise An et Caritas est superflu pour nous recommander les pastels de M"" la baronne Lambert, née de Rothschild, portraitiste de S. M. le Roi des Belges et de Mfr Duchesne; les in- ti rieurs de M"" la comtesse Pierre de Cossé^ lirissac, les scènes historiques de M. le prince Jacques de Broglie, les fleurs de M"" la duchesse d'Estissac, de M. de Lassuchetleet de M. le comte de Vibraye ; les crayons rehaussés de M™» Elle de Beaumont et de M"' Alice de Bertier de Sauvi- gny ; les trois jolies « esquisses » modelées par M°" Christine de Coupray, les médaillons de Mme Edgard Slern, le Poète Gilbert de M>"" la du- chesse d'Czès, un buste élégant de M"" de Char- donnet ; les études de M. Warden et du D' Hans

bl ; les broderies de M™" Adolphe Javal, les aux de M"" la marquise de Courtarvel et de le comte du Suau de la Croix, les reports col- lograpldques coloriés par M. Robert Demachy, le portrait de M. Maurice Barrés, photographie vrai-

eiit artistique de M"" Bugnion-Lagouarde. Les alides sous la neige, vus par M"' Brouardel, et

clair paysage lavé par M"'^ Gaston Gouin, la meilleure des élèves nombreuses du maître Vignal, se distinguent parmi les aquarelles du regretté comte Guy de La Rochefoucauld, de M"'^ la comtesse Em. de La Rochefoucauld, de M. le comte de Fossa, de M"" la duchesse de Tré- vise et de M"« Marthe Richard, qui nous mène, à son tour, vers la ville aux sept collines par les ruelles ensoleillées du Mont Palatin.

i

"^Automobile-Club. Loin de contredire,

sous l'éclat de ses lustres, son imposante voisine de la rue Boissy-d'Anglas, la treizième exposi- tion du Cercle de la place de la Concorde offre de nouvelles preuves à nos arguments : revoici le maître Alfred Roll, ici peintre et sculpteur, brossant sur un fond de cinabre et d'incarnat une primesautière étude pour un portrait d'homme, ou caressant le marbre coquet de l'Indifférence ; revoici M. Priant, cette fois dessi- nateur de spirituels et savants portraits, datés d'amicaux souvenirs ; revoici la précision de M. Gabriel Ferrier, près de jolies figures virgi- nales, retenues par MM. Georges Lavergne et Walhain ; revoici la nature italienne, avec M. J.-F. Bouchor, le frère du poète, interrogeant la lumière sur la vieille place Saint-François, dans le silence d'Assise, ou devant le Grand Canal de Venise, au palais Dario. C'est encore de l'Italie que s'inspirent les études plus chaudes

de M. Lauth et les notes plus- pâles d'un ancien lauréat, M. Henri Danger, qui s'arrête à Ronci- glione, sur le chemin de Rome, Victor Bertin travaillait plus naïvement pour le Salon de 1808. Le voyageur Le Goût-Gérard et le poète Cachoud, qui viennent de nous convier à leur exposition particulière chez Georges Petit, redisent leurs thèmes favoris à côté de MM. Guinier, Moisset, Dambéza, Foreau, Johannès Son. Loin des lampes chères à MM. Rieder et V. Lecomte, M. Cazaban s*? manifeste un lumineux intimiste; M Lionel Royer décrit en miniature une Fête enfantine au Cercle; et quand M. Zwiller veut bien oublier Henner, la réalité lui propose une savoureuse nature morte. Ici, les arts qui s'intitulent " pré- cieux » complètent la sculpture : une aimable statuette d'albâtre, de M. Jacques Loysel, de petits sangliers de bronze, de M. Georges Gardet, voisinent avec des bijoux de MM. Vever et Fou- quet. L'orfèvrerie se fait symbolique avec M. André Falize.qui traite avec talent deux sujets d'actualité : le Saint-Graal et le Calvaire des pauvres vieux chevaux anglais.

R.WMO.ND BOUYER.

NOTES & DOCUMENTS

L'Acte de naissance de Philippe de Champaigne.

Une série d'études et de recherches nouvelles auront servi, pendant ces vingt dernières années, à compléter et à éclaircir la figure d'un grand peintre du xvn« siècle, longtemps négligé par la critique, comme la plupart des artistes de son époque : Philippe de Champaigne.

MM. Henri Stein {Philippe de Champaigne et ses relations avec Port-Royal. P\on, 1891); A.Gazier {Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne. Libr. de l'Art, 1893); Henri Lemonnier {L'Art français au temps de Richelieu et de Mazarin. Hachette, 189.3); Ch. Gailly de Taurines {Père et ftlle : Philippe de Champaigne et Sœur Catherine de Sainte-Suzanne, à Port-Royal. Hachette, 1909); André Hallays dans divers articles, pour ne citer que les principaux parmi ceux qui se sont occupés de ce peintre, nous ont donné une image très nette et très précise de ce que fut la vie de ce grand ami des Jansénistes.

Un document important a cependant toujours échappé à leurs investigations, c'est son acte de

I

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LE BULLETIN DE L'ART

naissance. Comment expliquer cette lacune?

Déjà, en 1872, A. Jal écrivait : « Papillon de la Ferté, après les premiers biographes de l'hiiippe de Champaigne, et les biographes modernes, après Papillon de la F'erté, disent que l'illustre peintre naquit à Bruxelles en 1602 et qu'il mourut à Paris le 12 août 1674. J'ai essayé de me procurer l'acte de bapt(5me du grand artiste, mais on n'a pu me l'adresser » {Dictionnaire critique de bio- graphie et d'histoire. Paris, 1872).

En 1873, A. V/auters {Biographie nationale, t. III, p. 411 ; Bruxelles, 1873), parlant de Jean- Baptiste de Champaigne, le neveu de notre pein- tre, nous avait donné son acte de naissance ainsi rédigé :

« Jean-Baptiste de Champagne, peintre de renom, fut baptisé à Bruxelles (Coudenberg), le 10 septembre 1631. Parrain : Etienne van der Schrieck ; marraine : Barbe fHuys. Il mourut à Paris, le 29 octobre 1681 et fut inhumé à S. Ger- vais, en cette ville. »

L'Indicateur généalogique, héraldique et bio- graphique (Bruxelles, 1913) a reproduit, à son tour, l'acte de naissance de Jean-Baptiste de Champaigne, tel qu'il avait été donné par A.Wau- ters, mais sans retrouver non plus celui de Philippe.

Grâce à l'extrême obligeance de M. G. Des Ma- re?,, archiviste de la ville de Bruxelles, nous avons pu retrouver le document qui avait jusqu'à présent échappé à toutes les recherches. Il a être connu, cependant, soit de A. Wauters lui-même, soit de l'un de ses secrétaires, cardans l'acte de naissance de Jean-Baptiste de Cham- paigne, cité par A. Wauters et reproduit par l'Indicateur, les noms des parrains de Jean- Baptiste se trouvent être, en réalité, ceux de Philippe : il y a eu confusion entre les deux actes.

En effet, l'acte de baptême de Jean-Baptiste de Champaigne, tel que nous l'avons relevé dans le registre des actes de naissance de la paroisse Saint-Jacques sur Coudenberg, à Bruxelles, con- servé actuellement à l'Hôtel de Ville, est ainsi rédigé :

Il iO" septembris I6S1 . Eodem die baptiaatus est Jo[ann]es liap[tis]ta filius Icgitimus Everardi Cham- pagne et Catharime Bemmerye conjugum. Susceptor Jo[ann]es Bàp\tis]ta Champaigne. Susceptrix Maria du Bois, no[mi]ne Uagdalenœ du Bois a .

Et voici, par contre, celui de Philippe de Champaigne, qui se trouve dans le registre des actes de baptême de la Collégiale de Sainte-

Gudule, à Bruxelles, également conservé aujour- d'hui à l'Hôtel de Ville (Registrum baptizatorum in hac eccl[esi]a D. Gudule oppidi bruxellen.; quod incepit a septima Martij ipso D. Thome de Aquino Anno 1602) :

26 Mai 1602.

Philipp[u]s fil[iu]s fle[n]nc» Shampaine et Eliza- bet. S. Stefanus vand Schrieck Barbara t huys; c'est-à-dire : Philippus filius Henrici Shampaine et Elizabet. Susceptores : Stefanus van der Schrieck, Barbara Thuys.

On remarquera que, dans cet acte de naissance, la mère de Philippe est indiquée par son seul prénom: Elizabet; mais nous savons par l'acte de mariage de Henri de Champaigne, père de Philippe, que sa femme s'appelait Elisabeth de Troch (7 janvier 1597).

Voilàdonc comblée, pour l'histoirede l'art, une lacune qui complète définitivement la biographie du peintre de Port-Uoyal.

Albert S. Hknraix.

LES REVUES

France

Les Arts (janvier). André-Charles Coppibk. La ejoconde » est-elle le portrait de Mono Usa ? Pour l'auteur, la Joconde n'est pas le portrait de Mona Lisa; c'est « l'idéale conception du plus grand maître de la Renaissance ».

René Jban. Une Collection d'art analique : la Collection Victor Goloubew.

(Février). Seymour de Ricci. Musée Jacquemart- André : les Peintures.

La Revue lorraine illustrée (octobre-décembre 1913). Henri Poulet. Vieitles abbayes de Lorraine : Sainl-llenoil-en-Woëvre.

Abbé L. Bigot. L'Êvangéliaire de saint Gauzelin (fin). L'auteur consacre son troisième chapitre à la décoration du manuscrit : enluminure, initiales ornées, canons d'Eusèbe, bandes et encadrements.

Commandant Ciiavannk. La Tour Saint-Jean à Sancy. A propos d'une aquarelle de Collignon, représentant la chapelle et la tour de l'ancienne comnianderie de Saint-Jean, en 1873.

Le Gérant : H. Iirmis.

Paris. .^ Imp. Georgci Petit, li, rue Godot-de-Uauro) .

Numéro 617.

ï1 Samedi 21 Mars 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie lans les Musées nationaux (0

Une Chalcographie moderne.

11 y aura, dans quelques jours, deux mois que traité Braun, dénoncé dès novembre 1913, est rrivé au terme fixé par la loi pour sa revision, l'administration des Heaux-Arts ne se montre astres préoccupée de mettre fin à une période bansitoire qui peut présenter toutes sortes de |5sagréments, tant pour la direction des Musées îationaux que pour le public. On ne sait rien des intentions ni des projets de l'administration, à ipposer qu'elle en ait ; et son silence nous auto- ise à reprendre aujourd'hui un des points qui S'ont été qu'effleurés dans un précédent article. Le Louvre possède une Chalcographie, dont origine remonte à Louis XIV, mais qui ne fut églementée que sous la Révolution : ce n'est pas eulement un musée de gravures, c'est aussi un délier pour le tirage des planches et une salle pour leur mise en vente. Alimenté par les com- mandes de l'État, enrichi en 1902 par le don géné^eux des planches de la Société de gravure _au burin, le fond de l'ancien cabinet du Roi est Bvenu, selon le mot de M. Jean finiffrey, « une Brte de Panthéon de la gravure française »; et l^algré les prix modiques auxquels sont vendues fes estampes de la Chalcographie, le public a si lien pris goût à cette annexe du Louvre, que la |ente des gravures y atteint maintenant une cin- lantaine de mille francs par an, appoint fort ppréciable pour la Caisse des Musées nationaux. Or, à l'heure actuelle, la gravure a une terrible [Svale,avec laquelle elle est bien obligée de com- poser : c'est la photographie. Procédé mécanique, simple, d'une fidélité, en certains cas, absolue, permettant des reproductions innombrables, à toutes les échelles voulues, inaltérables si on le

(1) Cinquième article. Voir les numéros 6U à 614 du Bulletin.

désire, et au demeurant peu coûteuses, la photo- graphie est un admirable moyen de vulgarisation des œuvres d'art et un excellent adjuvant des études artistiques. Tout le monde en use, depuis le savant à qui elle facilite des rapprochements impossibles sans elle, jusqu'au plus modeste des visiteurs de musées qui emporte un souvenir de sa promenade sous la forme d'une carte-postale illustrée.

Une Chalcographie bien entendue devrait donc comprendre aujourd'hui un atelier de photogra- phie. Bien plus, tous les établissements scienti- fiques, musées ou bibliothèques, instituts médi- caux, muséums d'histoire naturelle, etc., devraient s'adjoindre cette annexe indispensable, et se l'adjoindre non pas comme un service o en marge », mais comme un rouage officiel et régu- lier. M. Jacques Doucet l'a si bien compris qu'il a attaché à sa Bibliothèque d'art et d'archéo- logie, un véritable artiste photographe, dont le concours rend, chaque jour, les plus précieux services aux travailleurs.

Or, voici que l'État va entrer en possession des sept mille clichés, exécutés depuis trente ans par la maison concessionnaire de la photographie dans les Musées nationaux, laquelle avait à sa disposition, par traité, un atelier de photographie et une salle de vente dans le Louvre.

Que va-t-il advenir de cet atelier, de cette salle de vente et de ces sept mille clichés? On persiste à ne pas nous le dire.

Mais nous, nous avons le droit de nous deman- der s'il n'y aurait pas tout avantage pour l'admi- nistration des Beaux-Arts à exploiter elle-même le fond dont elle va devenir propriétaire et à doubler son ancienne Chalcographie, réservée aux estampes, d'une Chalcographie moderne, consacrée aux photographies. Non seulement la Caisse des Musées y trouverait son profit, mais l'exploitation fournirait encore largement de quoi payer les employés nécessaires au nouveau service. Et quant au public, tout lui semblera préférable à la situation actuelle. g p

I

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LE BULLETIN DE L'ART

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 14 mars).— L'Académie apprend avec regret la mort de M. Anto- nino Salinas, directeur du Musée national de Palerme, qui était correspondant libre de la Compagnie depuis vingt-huit ans.

A la suite des épreuves d'essai pour le concours de Home d'architecture, sont admis en loge :

MM. Bray (élève de M. Pascal) ; Girault (Dufresne et Recoura); Haffner (Laloux); Marleix (Redon); André Maurice (fléraud); Fromage (Defrasse); Chicandard (Duquesne et Recoura); Ferran (Laloux); Vian (De- glane); Grapin (Louis Bernierj.

Sont admis en loge pour le concours de Rome de gravure en taille-douce :

MM. Rigal(élèvedeMM.Sulpis,G. Ferrier, Baschel); Manchon (Waltner et Ferrier); Bouflanais (Laguiller- mie, Cormon et Jean-Paul Laurens) ; Godard (Waltner et Ferrier); Paulin (Laguillermie, Ferrier, Brémond et CoUin); Binet (Laguillermie, Collin et Dezarrois) ; Buthaud (Waltner et Ferrier); Matossy (Waltner et Ferrier).

Un membre de l'Académie saisit ses confrères d'un avant-projet tendant à la constitution d'une Société d'artistes, analogue aux Sociétés des Auteurs dramatiques et des Gens de lettres, qui aurait pour mission de percevoir des droits d'auteur sur les œuvres des peintres, sculpteurs, etc., passant en vente.

L'Académie fait \et plus chaleureux accueil à cette proposition qui concorde avec le projet de loi Abel Ferry, concernant le droit de suite sur les ventes d'œuvres d'artistes.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 13 mars). M. Dieulafoy étudie la tour à étages dégagée par M. Place, à Kougondjik, l'antique Dour Charrsukin que Sargon avait fondée au nord de Ninive.

M. Gagnât analyse une note qui lui a été envoyée par M. A. L. Constans, membre de l'école franoai.«e de Rome, relativement aux fouilles pratiquées par le gouvernement italien à Licenza, sur l'emplacement de la soi-disant villa d'Horace. Les constructions déblayées se composent de trois groupes : des bâti- ments du début de l'Empire, qui faisaient partie d'une maison de plaisance, un établissement de bains qui date de la lin du i" siècle et un deuxième établisse- ment similaire, du ii* siècle. Aucun des objets trouvés au cours des recherches ne prouve que l'on se trouve sur l'emplacement de la villa d'Horace

M. Schlouch, docteur ès-letlres, fait connaître les résultats historiques et épigraphiques de sa mis- sion dans le Grand Atlas.

Société nationale des antiquaires de France

(séance du 11 mars;. M. Serbat présente un dessin ancien, représentant l'église Saint-Paul d'Issoire et antérieur aux restaurations que cet édiûce a subies.

M. Roy lit une note sur des travaux eitécutés au château de Fontainebleau, par Philibert Delorme, sous le régne de Henri 11. Ces documents inédits sont extraits des minutes de divers notaires parisiens.

M. Monceaux signale quelques plombs byzantins récemment découverts àCarthage par le R. P. Delattre.

M. Dieudonné étudie quelques monnaies royales françaises du xv siècle, de la série appelée testons nouveaux.

Musée des Arts décoratifs. Après l'expo- sition annuelle des Artistes décorateurs, actuellement ouverte, l'Union centrale organisera, avec le concours du gouvernement anglais, une exposition d'art déco- ratif anglais moderne, qui sera inaugurée pendant le séjour du roi Georges V à Paris et qui restera ouverte tout l'été.

Elle comprendra tout le mouvement d'art décoratif anglais, depuis l'initiateur moderne William Morris jusqu'à nos jours, représenté dans toutes ses mani- festations : tapisseries, vitraux, décorations de livres, meubles, bibelots, etc. Le choix des œuvres a été fait par des artistes compétents, ceux-là mêmes qui avaient organisé, l'an dernier, la section anglaise si remarquée de l'exposition de.Gand.

L'Armure de Philippe II. La semaine der- nière, M. Emile Constant, député, a déposé sur le bureau de la Chambre la proposition de loi suivante :

« Le gouvernement de la République, ayant pris l'initiative de déposer à l'Armeria real de Madrid le chanfrein et les pièces accessoires de l'armure de Philippe 11, le Parlement tient à associer le pays à ce témoignage des sentiments d'amitié qui unissent la France et l'Espagne.

En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer l'article de loi suivant :

Article unique. Le ministre des Affaires étran- gères est autorisé à oB'rir au gouvernement espagnol le chanfrein et les pièces accessoires de l'armure de Philippe II, actuellement conservés au Musée de l'Armée. »

Cette proposition a été votée à mains levées : elle confirme non le dép6t, dont on avait parlé, mais la donation des pièces d'armures du Musée de l'Armée à l'Armeria real de Madrid.

Nous ne reprendrons pas aujourd'hui une question qui a été traitée naguère ici (n° 61.5,i, mais il nous sera bien permis de dire que le vote de la Chambre n'a rien changé à notre sentiment sur cette regrettable affaire, et tous ceux qui auront lu l'article de M. Ch. Buttin, dans la Revue de ce mois, seront de noire avis.

La Donation de M"' Arconati-'Visconti.

Dans la séance du Conseil des ministres de jeudi, le ministre de l'Instruction publique a annoncé que M"* la marquise Arconati-Visconti, dont on connaît les nombreuses générosités en faveur des musées et des établissements scientifiques français, donnait au Musée du Louvre toutes ses collectioni de pein- tures, sculptures et objets d'art.

ANCIEN ET MODERNE

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Le Legs Gaston Mélingue. Le peintre Gaston Mélingue, dernier du nom, mort récemment, a légué à la Ville de Paris, l'hôtel familial, sis rue Delessert, avec le jardin qui l'entoure, et toute sa fortune, à part une dizaine de mille francs, destinés aux pauvres de Caen, ville natale de son père. Quant aux collections, «lies seront réparties entre le Louvre, Carnavalet,

uny, le Musée de l'Armée, la Comédie-Française, t'Odéon, les musées de Rouen, de Caen, de Clermont- Ferrand et de Menton.

Concours annoncés. La Chambre syndicale et la Société d'encouragement de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie ouvrent, entre tous les artis- tes français, un concours pour un projet de parure de dame pour toilette de jour, destiné à être exécuté en métaux précieux et pierreries.

Les dessins seront reçus jusqu'au mardi 20 avril rochain, au secrétariat de la Chambre syndicale, 2 bis. rue de la Jiissienne, et l'exposition des dessins aura lieu au Musée des Arts décoratifs, du tO au 2o mai.

Des prix de 1.000, 400 et 100 francs seront décernés aux trois meilleurs projets.

RPour les renseignements complémentaires, s'adres- er à M. Maurice Hénin, président de la commission, \l, rue des Archives. A Aire-sur-la-Lys. Un incendie vient de dé- ruire le beffroi d'Aire-sur-la-Lys qui datait de 1724. il n'avait, depuis lors, subi que de légères atteintes et les Airois se ilatlaient d'échapper à la malchance qui poursuit les beffrois de leur petite cité, les uns détruits successivement par des incendies en 1373 et 1405, un autre renversé par une bourrasque en 1410, et le troi- sième écroulé au début du xviii« siècle.

A Bruxelles. La ville de Bruxelles vient d'ac- érir, au prix de S'iO.OOO francs, pour y loger les rvices de la comptabilité communale. la Maison des rasseurs, l'une des plus belles maisons historiques de la Grand' Place. La façade en est surmontée d'une atue du prince Charles de Lorraine, due au ciseau fe Jacquet Très anciennement, cette maison s'appe- lait « l'Enfer » ; puis on la dénomma « l'Arbre d'Or » ; elle appartenait alors à la Corporation des tapissiers de haute et de basse lisse; entièrement construite en pierre, elle s'ornait d'un fronton triangulaire à cré-

neaux. Achetée par la puissante compagnie des bras- seurs, elle fut restaurée en 1678. Les « doyens >■ commandèrent à Marc de Vos le Vieux une statue équestre de Maximilien Emmanuel, électeur de Bavière, qui fut placée au faite de l'édifice et qui, renversée par le vent, en 1751, fut remplacée, le 16 juin 1832, par une statue de Charles de Lorraine, supportée par un piédouche que décore l'image de saint Arnold, patron des brasseurs.

A Constantinople. Les fouilles commencées en 1906, par l'Institut archéologique russe de Cons- tantinople, sur le site de l'ancien couvent byzantin de Stoudion, ont donné, quoique prématurément inlerrompues, des résultats importants. L'emplace- ment de l'église du couvent est occupé aujourd'hui par la mosquée en ruines dite Miz-Akhor-l)jami (mosquée de l'Ecuyer) dans le quartier de Narli-Kapou, près de Yédi-Koulé, L'église se trouvait autrefois sur la voie triomphale qui conduisait de la Porte Dorée au Palais Impérial. On a retrouve le plan de l'édilice, élevé sous Léon le Grand, en 436, par le patrice Stu- dius. Ce plan rappelle celui des anciennes basiliques romaines, notamment Saint-Laurent-llors-les-Murs. Ch. P.

A Dresde. La municipalité de Dresde a voté un crédit de 430.000 marks (365.000 fr.) pour la création d'un musée de peinture moderne.

A 'Venise. La municipalité de Venise annonce, pour le 13 avril, prochain l'ouverture de sa XI* expo- sition internationale des beaux -arts, qui durera jusqu'au 31 octobre.

L'affiche, comme celle des expositions précédentes, est due à M. Auguste Sézanne, qui, avec la fantaisie et le sens de la décoration qui lui sont habituels, a représenté le Rialto, transfiguré par une vision toute personnelle, mêlée d'histoire et de poésie.

Nécrologie. Le graveur Louis-Eugène Mouchon, qui est mort le 3 mars à Paris, dans sa soixante et onzième année, plusieurs fois récompensé aux Salons, notamment en 1888 et en 1894, est surtout connu par la gravure de l'ancien timbre-poste de Sage (1876), qui représente la Paix et le Commerce s'unissant et régnant sur le monde, du timbre qui lui succéda et de celui de la Semeuse, enfin du timbre proportionnel, d'après Oudiné.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OR JETS D'ART CURIOSITi.

A Paris. Liquidation de la Société A. et J. Seligmann (Ire vente). Dans notre dernière chronique, nous n'avons pu que donner

le chiffre total de cette vente, faite, du 9 nu 12 mars, à la galerie Georges Petit, par M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin, MM. "Portais. Ferai. Maniiheim, Paulme et i.asquin. Nous avons (5gaiem"nt indi- qué les plus hauts prix obtenus, qui ont nota--

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LE BULLETIN DE L'ART

blement dépassé les demandes, et qui se trouvent tous dans la catégorie des tapisseries.

Avant de publier une liste des enchères prin- cipales, il faut tirer de pair les prix les plus élevés dans les autres séries de la vente; ce sont, parmi les porcelaines de la Chine, très nom- breuses et particulièrement disputées, celui de 20.0S0 fr. (sur demande de 2S.O0O, il est vrai), obtenu par un vase-balustre, d'époque Kang-hi, à sujets de mandarin, femme et enfants; parmi les porcelaines de Vincennes et de Sèvres, celui de 10.000 fr. (sur demande de 18.000) pour un service à zones bleu clair et rinceaux dorés, daté 179i; parmi les objets de vitrine et les miniatures, celui de 9.2W fr. pour une boîte ovale en or émaillé, ornée, par Degault, d'une miniature en grisaille, à sujet de bacchanale; parmi les sculptures, celui de 14.000 fr. pour un groupe en plâtre de deux femmes nues portant une coupe, de l'atelier de Marin; parmi les très nombreux bronzes et pendules, l'enchère remarquable de 28.500 fr. (sur demande de 12.000 seulement), pour une pendule à musique du XVIII" siècle, en bronze ciselé et doré; on trouvera aussi des prix notables parmi les meubles, en particulier celui de 15.100 fr. par un secrétaire en marqueterie et bronze, de l'époque Louis XVI; nous ne reviendrons pas sur les écrans et les tapisseries presque tous les prix seraient à mentionner ici.

Quelques tableaux complétaient la vente : tirons de pair le Portrait de Roslin et celui de M"" Roslin, née Suzanne GirouU, tous deux par Roslin, qui ont atteint 72.550 fr., sur demande de 65.000.

PRINCIPAUX PRIX (Au-dessus de 5.000 francs.)

Porcelaines de Chine. 2. Deux potiches, rochers et fleurs, fond violet vermiculé noir, ép. des Ming, 9.000 fr. 7. Deux vases-balustres côtelés, émaux verts, jaunes et violets, ép. Wan-li, 8.000 fr. 10. Deux vases-rouleaux: mandarin sur une estrade, guerriers et sujet militaire, ép. Kang-hi, 7.500 fr. 14. Deux vases ovoïdes, décors variés, ép. Kang-hi, 5.800 fr. 15. Vase: personnages avec le cerf et la grue de longévité, ép. Kang-hi, 6.500 fr. 16. Vase: fen)mes et enfants, ép. Kang-hi, 5.200 fr. 19. Deux potiches émaillées sur biscuit; décor de fleurs et quadrillés en vert, jaune et violet, ép. Kang-hi, 11.400 fr. (dem. 6.000). 24. Vase-rouleau et paysage animé, inscription sur fond noir, ép. Kang-hi, 10.000 fr. (dem. 6.000). 25. Vase-balustre; mandarin, femme et enfants, ép. Kang-hi, 20.050 fr. (dem. 25.000). 26. Vase-balustre à rochers, fleurs, oiseaux et insectes, ép. Kang-hi, 13.000 fr. 31. Vase-rouleau ; personnage

sur un mulet et enfant, ép. Kang-hi, 8. .500 fr. 34. Vase-rouleau; fond bleu fouetté, lettré assis et pay- sage animé, ép. Kang-hi, 6.200 fr. 36. Deux pots ovoïdes, ép. Kang-hi, à rinceaux fleuri» en vert sur fond jaune clair, 9.100 fr. 43. Jardinière ronde; scènes familiales et personnages sur fond de rinceaux et de fleurs, ép. Kang-hi, 5.000 fr. 58. Deux pots ovoïdes, à branches fleuries, insectes et oiseaux, ép. Kang-hi, 6.400 fr. 76. Vase-rouleau, paysages, per- sonnages, etc., sur fond de rinceaux, ép. Kang-hi. 6 300 fr. 104. Deux statuettes : homme et femme debout, souriant, ép. Kien-lung, 5.100 fr. 140. Deux potiches à scènes familiales dans des paysages, ép, Kien-lung, 6.000 fr.

PoilCELAINES DE ViNCENNES ET DE SÈVhES. 187.

Deux vases, roses semées sur fond vert; monture br. doré, ép. Louis XVI, 8.000 fr. 193. Service, à zones bleu clair et rinceaux dorés, 1791, 10.100 fr. (dem. 18.000). 194. Boite rectangulaire montée à cage, en or gravé et six plaques en ancienne porce- laine tendre de Sèvres, 6.000 fr.

Objets de vitrine. 197. Botte oblongue à pans coupés en or émaillé. médaillon repercé, peint sur émail, femme occupée à coudre, ép. Louis XV, 9.100 fr.. 207. Boite pans coupés, panneaux de nacre, monture en or ciselé, composition mytholo- gique en grisaille sur fond rose, ép. Louis XV, 6.900 fr. 214. Boite en or ciselé à paysage animé et entrelacs; George, à Paris, ép. Louis XV, 5.000 fr. 218. Boite ovale en or émaillé, miniatures en grisaille à sujets de bacchanale, par Degault, ép. Louis XVI, 9.200 fr. 225. Corbeille simulée en or ciselé, et montre; Genève, xviii' s., 5.800 fr. 231. Boite ovale en or ciselé et gravé, plaques émaillées, le Combat naval de Trafalr/nr, armoiries et attributs; commen- cement du xix* s., 6.800 fr.

Miniatures. 233. Miniat. ronde, par Hall : portr. présumé de la marquise de Louvencourt, 8.600 fr.

Objets variés, orfèvrerie. 250. Deux vases, ancien émail cloisonné de la Chine, 7.500 fr.

ScULPTL'RES. 252. Deux statues marbre blanc enfants personnifiant : VArchileclure et une Saison; signées et datées : L. Willemssens, fecit 1700; ancien travail flamand, 7.000 fr. 264. Cheminée marbre blanc et bronze doré, ép Louis XVI, 6.060 fr. 267. Groupe marbre blanc, deux amours luttant pour la possession d'un cœur, xviir s., 5.000 fr. 269. Groupe plâtre: deux femmes nues, debout, portant une coupe, atelier de Marin, 14.000 fr.

Bronzes, pendules. 274. Deux vases de jardin à coinpos. inyth., xvii' s., 8.000 fr. 275. Pendule br. doré et bois, amour, dragons, rocailles ; cadran signé : J.-Baptiste Bâillon, ép. Louis XV, 13.000 fr. 278. Deux chenets, rocailles fleuries et enfants, ép. Louis XV, 6.500. 279. Quatre appliques, ép. Louis XV, 6.200 fr. 281. Pendule à rocailles et arbustes, éléphant monté par un personnage, en Saxe ; signé : Wul- liamy, London, ép. Louis XV, 8.000 fr. 290. Deux

ANCIEN ET MODERNE

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1^

candélabres à cariatides adossées, ép. Louis XVI, 7.100 fr. 291. Trois bouteilles, Chine, à dragons et oiseaux, monture bronze, ép. Louis XVI, 6.300 fr. 294. Pendule, personnage jouant de la lyre et deux femmes faisant de la nmsique ; signé : Dubuc le jeune, à Paris, ép. Louis XVI, 13.000 fr. 296. Pendule, volumes et muse assise personnifiant VAstrotiomie : signé : Charles Leroy, ép. Louis XVI, 7.100 fr.

199. Pendule, amour tenant un livre, et coq perché ;

igné : Leblond l'ainé, ép. Louis XVI, 9.200 fr. 302. Pendule à musique, br. doré, à trois cadrans, panache et dais entre deux sphinx, xviii" s., 25.S00 fr. (dem. 12.000). 306. Deux candélabres, à trépied, vases à têtes d'aigles, ép. Empire, 7.2.Ï0 fr. 307. Pendule et deux aiguières, à cariatides de femmes ailées; signé : Thonisson, à Paris, ép. Empire, 7.000 fr.

Meubles. 318. Commode marqueterie de bois, encadremements en bronze ; signé : iioussel, ép. Louis JCV, 5.000 fr. 319. Bureau à dos d'âne, mar- queterie, garni de bronzes, ép. Louis XV, 6.700 fr. 320. Deux encoignures marqueterie, ép. Louis XV, 5.100 fr. 321. Meuble marqueterie orné de bronzes redorés, ép. Louis XV, 9.700 fr. 326. Deux encoi- gnures acajou et bronzes dorés, dessus marbre, ép. Louis XVI, 5.100 fr. 327. Bibliothèque, marqueterie de bois de couleur et bronzes dorés, dessus marbre, ép. Louis XVI, 24.000 fr. (dem. 13.000). 332. Secré- taire droit, marqueterie .et bronzes dorés, dessus marbre, ép. Louis XVI, 15.100 fr.

ÉcR.tNS ET SIÈGES EN TAPIS8EBIE. PaBAVESÏ OE LA

Savonnerie. 333. Canapé bois sculpté, couvert en tapiss. à bouquets de fleurs, xvicr s.. 14.700 fr. 339. Canapé bois sculpté, couvçit en tapiss. à cor- beilles de fleurs, ép. Louis XV, 10.100 fr. 341. Six fauteuils bois sculpté, couverts en tapiss. d'Aubusson à fleurs, ép. Louis XVI, 10 903 fr. 342. Canapé et deux fauteuils bois sculpté et doré, et tapiss. d'Au- busson à bouquets de fleurs, ép. Louis XVI, 19.000 fr

343. Paravent à six feuilles, en tissu de la Savon- nerie : oiseaux sur fond jaune chargé d'attributs, ép. Régence, 132.000 fr. (dem. 100.000).

Tapisseries. 344. Panneau ovale, tapiss. des Gobelins : portrait de Louis XV en buste, ép. Louis XV, 6.200 fr. 346. Tapiss. des Gobelins : les Enfants jar- diniers, d'après Le Brun ; bordure de feuilles, fleurs, avec cartouches xviir s., 24.600 fr. 347. Plafond tapiss. des Gobelins, direction de Cozette, 1766, signé et daté : divinité montée sur un dragon ailé, temple, et amours, écusson avec monogramme A. H., 10.100 fr.

348. Tapiss. de Beauvais de la tenture des Amours des dieux, d'après Boucher : Mars et Vénus; bordure simulant un cadre aux armes de France et de Navarre, xviii" s., 176.000 fr. (dem. 130.000). 349. Tapiss. Beauvais. direction de Charron : le Vol de la malle, de la tenture des Bo/iémtens, d'après Casanova; bordure simulant un cadre, avec la signature : H. C. C. Beau- vais, précédée d'une fleur de lys, xviii" s., 170.000 fr. (dem. 100.000). 351. Deux tapisseries de travail

italien, xviii' s., personnages de la Comédie Italienne, dansant dans la campagne, jouant à l'escarpolette; fond de paysage; bordure simulant un cadre, 30,700 fr. (dem. 20.000).

Tableaux anciens. 362. L. Cranach. Jésus et les enfants, 19.400 fr. 373. L. Boilly. Le Clavecin, 21.100 fr. 376. Ch. Challes. Deux peintures déco- ratives à sujets allégoriques, 5.000 fr. 378. J.-B. Huet. Oiseaux exotiques dans des paysages, deux pendants, 5.000 fr. 381. M"V,L.-E. Vigée-Le Brun. Portrait de la Comtesse Regnault de Saint-Jean d'Angély iLaure de Bonneiiil), 17.000 fr. 383. J.-B. Oudry. Après la chasse, 5.000 fr. 386. Hubert Hobert. L'Escalier en ruines, 5.400 fr. A. Roslin : 388. Portrait de Mme Roslin, née Suzanne Girousl; et 389. Portrait du peintre par lui-même, 72.550 fr. (dem. 65.000). 396. Van Blarenberghe. Bataille, gouache ovale, 7.100 fr.

Produit total de la première vente : I million 800.560 francs.

'Vente de la collection de M"" L. H. R... (tableaux). Faite, salle I. le 13 mars, sous la direction de M" Lair-Dubreuil et Albinet et de M. Ferai, cette vente a produit un total de 99.300 francs.

Tableaux. 8. Coello. Portrait de l'impératrice Isabelle de Portugal, épouse de Charles-Quint, 5.000 fr. (dem. 5.000). 16. Fabritius David par- donne à Absalon, 7.400 fr. (dem. 5.000). 25. Man- fredi. Le Reniement de saint Pierre, 6.300 fr. (dem. 1.500). 26. Mazo Martinez. Portrait de l'infante Marguerite-Tliérèse, 13.200 fr (dem. 3.000). 38-39. G. Seghers, Les Cinq Sens, la Partie de tric-trac, 7.000 fr. 43. Snyders. Loup défendant sa proie, 5.400 fr. (dem. 2.000). 47. Veyrassat. Moisson, 8.500 fr. (dem. 10.000).

■Vente de sièges. Dans une vacation ano- nyme dirigée, le même jour, par M* Baudoin et MM. Mannheim, un petit mobilier de salon, composé de : un canapé, deux fauteuils et quatre chaises, en bois sculpté et redoré, d'époque Louis XVI, signés Boulard, a été adjugé 37.000 fr. sur la demande de 25.000. Hien d'autre à signaler dans cette vente, qui a produit 70.000 francs.

■Vente d'une pendule. Une enchère impor- tante est à signaler dans une vente après décès, faite, salle 5, le 13 mars, par M>= Trouillet, les 27.000 francs obtenus par une pendule en marbre blanc et bronze doré et deux candélabres en bronze doré, d'époque Louis XVI.

Vente de la collection du marquis de M... [Marmier] (tableaux anciens). Cette vente, qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré de

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LE BULLETIN DE L'ART

quelques planches, a produit 89 018 francs, salle 10, le 14 mars, sous la direction de M" Lair- Dubreuil et de M. Sortais. Notons : 61. Le Nain. Le Repas de famille, 12.900 fr. (dem. 8 000). 64. Oudry. Panneau décoratif. 8.050 fr. (dera. 8.000).

Vente d'objets d'art, etc. Dans une vaca- tion anonyme, qui a réalisé 52.000 francs, salle 6, le 16 mars, sous la direction de Baudoin et de M. Pape, une tapisserie d'époque Louis XVI, représentant un berger et une bergère dans un paysage, a élé adjugée 18.000 francs, sur la demande de 15.000.

Liquidation A. et J. Seligmann (2e vente).

Elle s'est faite, à la galerie Georges Petit, les 16 et 17 mars, sous la direction de M" Lair- Dubreuil et H. Baudoin et de MM. Mannheim et Léman, et elle a pris flu sur un total de 1.242.395 francs; ce qui fait 3.042.965 francs pour les deux premières ventes.

Obligés de remettre à une prochaine chronique la liste détaillée des prix les plus importants, citons les plus grosses enchères : celle de 112.500 fr. (sur demande de 80.000), pour un plat ovale en émail de Limoges, par J. Courtoys, xvi" siècle, représentant le Sacrifice d'Iphigénie; et celle de 150.000 fr (demande 70 000), pour une tapisserie flamande du x\i' siècle, tissée d'or, à compositions juxtaposées, la Nativité et l'Adora- tion des Mages.

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion de M. G. V... (tableaux, etc.). M=A.Des-

vouges et M. Loys Delteil procéderont, salle 7, le 23 mars, à la vente des tableaux, dessins et objets d'art composant la Collection de M. G. V... Dans le mince catalogue illustré de cette vacation, nous remarquons, tout d'abord du côté des pein- tures : uti Christ en croix, de l'école française du xv siècle; un Portrait de jeune garçon, de la même école, mais de la fin du xvie siècle ; un Portrait de femme âgée, également français, du xviii» siècle: un paysage par Demarne, te Bouquet d'arbres au bord d'une rivi&re ; le Retour du chas- seur, par S. Lundens ; la Source et sa famille, par F. Lemoyne; et un Intérieur d'église parj. Nic- kelé ; puis, parmi les dessins : la Sainte Trinité, par F. Boucher; une Bacchanale, par Clodion ; et l'Approche de l'orage, gouache, par L. Moreau.

Objets d'art, etc. Baudoin, assisté de MM. Mannheim, procédera, les 23 et 24 mars,

salles 5 et 6, à la vente des objets d'art et d'ameu- blement appartenant à Af"» X... Signalons les deux numéros reproduits au catalogue : une tapisserie flamande du xvi« siècle, présentant l'Enlèvement d'Hélène, et une cantonnière, com- posée d'une bordure de tapisserie flamande du XVII» siècle à médaillons et arabesques.

Objets d'art, etc. Avec le concours, celte fois, de M. E. Pape, le même commissaire-priseur dirigera, le 25 mars, salle 10. une vacation ano- nyme, comprenant des porcelaines et faïences anciennes, quelques pièces d'argenterie Vieux Paris, et enfin huit fauteuils eu bois sculpté du temps de Louis XV, recouverts en tapisserie du xviii" siècle à dessins d'ornements dans le goût de Salembier (catalogue illustré).

Miniatures. Le même jour, salle 11 , Lair- Dubreuil et MM. Mannheim procéderont à la vente de plus d'une centaine de miniatures, appartenant à M. X... Les meilleurs noms des écoles française et anglaise du xviii" siècle sont représentés dans cette collection, qui a fait l'objet d'un catalogue illustré.

Collection du comte de F... (tableaux, objets d'art). Dans le catalogue illustré de cette vente, que dirigera, salles 7 et 8, le 26 mars. Lair-Dubreuil, assisté de MM. Ferai et .Man- nheim, quelques dessins anciens sont à signaler: le Festin, par Oudry, et, du même artiste, une suite de quatre compositions pour l'illustration du Roman comique, de Scarron ; aussi quelques tableaux anciens : les Deux cages, ou la plus heu- reuse, peinture attribuée à Lavreince ; le Colom- bier ei le Moulin, deux pendants, par Pillement; et, enfin, deux tapisseries de la Manufacture royale d'Aubusson, du temps de Louis XV, d'après Boucher : la Danse chinoise et r Audience impériale.

Succession Cb. Levesque (tableaux, objets d'art, etc.). Le nom que porte cette vente est bien connu du monde' des amateurs, l'on se souvient que M. Levesque fut, pendant un temps, l'heureux possesseur de ces deux toiles célèbres, le BartoHni d'Ingres et la Danac de Greuze, qui figurèrent à diverses expositions. Si les cir- constances amenèrent le collectionneur parisien à se séparer de ces deux pages, d'un format un peu encombrant, il conserva du moins une réu- nion de tableaux anciens et modernes, d'objets d'art et d'ameublement qui seront dispersés,

ANCIEN ET MODERNE

salle 6, les 27 et 28 mars, par ie ministère de M' Lair-Dubreuil et de MM. H. Brame, Paulme et Lasquin.

Dans le catalogue illustré de cette vente, on notera tout d'abord parmi les dessins anciens : quatre gouaches, /es Saisons, par Jacob van Bla-

Irenberghe, le premier en date et le moins connu des trois artistes de ce nom; un dessin de l'école française de la fin du xviii» siècle, le Portrait d'une jeune femme; puis, parmi les peintures anciennes : un l'ortrait de jeune homme, de l'école hollandaise du xvii" siècle ; le l'iqueuret ses chiens, par J. Jordaens; les Plaisirs du camp, par Pater et d'après le même artiste, une répétition ancienne de la composition gravée par Voyez sous le titre : Essay de bain ; le Portrait de Philibert Orry, par H. Rigaud, gravé par Lépicié; le Contrat de mariage, par J. Steen, répétition, avec variantes et dans de plus petites dimensions, du tableau

I célèbre de Brunswick; enfin, parmi les tableaux modernes, la Fontaine Jacob, Alise-Sainte-Reine, j>ar Corot; le Braconnier, par G. Courbet; Hélio- iore chassé du temple et la Lutte de Jacob avec l'ange, les deux esquisses des fresques célèbres de Saint- ..Sulpice, par Ingres; la Meuse aux environs de ^ordrecht, par Jongkind; une Vue de Rouen, par Lépine; une Troupe de mousquetaires, par Meis- sonier; Saint Sébastien, par G. Moreau; tes Ruines du château de Mallièvre, par Th. Uousseau; ^^^V Abandonnée et Bacchus et Erigone, par Tas- ^^baert; un Paysage de Hollande, par Troyon, et ^^^Be Jardin français à Venise, par Ziem. I^f Du côté des objets d'art et d'ameublement, nous ne trouvons à signaler qu'un grand écran en ancienne tapisserie, genre Gobelins, repré- sentant Amphilrite.

Les Ventes prochaines. A Paris. Il

convient d'ajouter aux listes que nous en avons déjà données, la vente de la Collection du baron Michel de Gunzburg, composée de tableaux, objets d'art et d'ameublemet du xviii» siècle, que Bau- doin dirigera les 4 et 5 mai, et la vente de la Collection de M'^e Charles André, dessins anciens, bois sculptés des xv« et xvi» siècles et tapisseries gothiques, qui aura lieu les 18 et 19 mai.

M. N.

ESTAMPES

A Paris. -— Ventes annoncées. Estampes du XVIII» siècle. Le 28 mars. M" A. Des- vouges et M. L. Delteil disperseront une réunion

d'estampes du xviii« siècle, comptant 220 nu- méros.

Au catalogue illustré, on remarque : Lavinia, comtesse Spencer, par Ch. Turner, d'après M. A. Shee ; la Blanchisseuse et la Fontaine, deux planches de Cochin, d'après Chardin, avec la première adresse; Tête de Flore (M'"« Baudouin?) et M'^o Coypel ("?), deux planches par Bonnet, d'après Boucher, en manière de pastel ; la Villa Médicis, gravé en couleurs par Janinet, d'après H. Hobert; le Bal masqué et le Festin royal, deux pendants par Moreau le jeune; l'Escalade ou les Adieux du matin, par Debucourt, en couleurs ; Vénus désarmée par les amours, gravé par Demar- teau, d'après Boucher et tirée en trois tons ; le Jeu du pied de beuf, gravé par N. de Larmessin, d'après Laiicret; Foire de village, J\'oce de villaç/e, deux pendants gravés en couleurs par C. Des- courtis, d'après Taunay; le Fawcon, gravé en cou- leurs par Bonnet, d'après Huet ; le Lever, gravé en couleurs par Regnault ; et, parmi plusieurs gravures d'après Watteau, le Mezzetin, gravé par Audran.

II. G.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

XXX" Salon de la Société des Artistes indépendants (au Ghamp-de-.Mars, devant l'École militaire). Pendant que la théorie, mise en goût par le succès des conférences, s'amuse à comparer, dans l'atelier d'un peintre érudit, la Vénus du Titien, l'Odalisque d'Ingres et VOlympia de Manet, la pratique de l'art s'exaspère sans tr(''ve, et la joie de peindre ou de modeler vient encore d'enfanter 3.626 ouvrages catalogués par le trentième Salon de l'indépendance. Aussi bien, la surenchère en faveur dans les ventes ne paraît pas étrangère à cette surproduction pénible, et les 11.500 francs obtenus hier par les Arlequins de l'intransigeant Picasso semblent autoriser la contagion de l'outrance. Ici, rien de changé dans ce vaste désert d'oeuvres, aujourd'hui voisin des « mansardes philosophiques » de l'École militaire, que M. de Chateaubriand trouvait bien prosaïques et bien basses en regard du «pinacle religieux » des Invalides : l'extrême banalité toujours,*mêlée à l'extrême extravagance; toujours de pseudo- Cézannes ou de faux Grecos, sans parler des ves- tiges morts-nés de l'orphisme, du cubisme ou du

LE BULLETIN DE L'ART

synchromismequi, dans une symphonie d'orange

ou de pourpre, conçoit la Création de Vhomme 0 comme le résultat d'une force génératrice natu- relle » et la fait ressembler seulement à l'en- seigne géométrique et versicolore d'un marchand de couleurs...

Passons, car on peut trouver mieux, en chemi- nant péniblement sur la terre glacée de ces bara- quements : la peinture décorative, ou plutôt la grande peinture (qui ne se mesure jamais aux dimensions d'un cadre) n'en est pas absente ; elle se réclame ici de M.M. Claudius Dalbaniie et Gus- tave Florot. Le jour nous avons déchiffré sur une toile sans numéro le nom trop obscur de M. Florot, notre regard devinait dans ce jeune peintre, ami de Florence et desiîeuces du Poussin, l'un des rénovateurs possibles de l'éternelle tra- dition : cette année, la ronde poétiquement nuancée, qu'il intitule les Grâces dansent, vient heureusement confirmer notre espoir et nos pré- visions, dans une tonalité fanée de topaze et d'améliiyste, de rubis et d'émeraude, qui fait songer à quelque ancien fragment de fresque ou de tapisserie. Plus austère, avec un évident souve- nir de la Sixtine, le Songe de l'homme, imaginé par M. Dalbanne, est l'invention d'un pur idéa- liste lyonnais qui doit se plaire au « parfum dantesque » de Louis Janmot, l'élève d'Ingres et le préraphaélite français.

Ces deux ouvrages et ces deux peintres ne sont pas les seuls à représenter dans ces parages loin- tains l'exil de la Beauté; car les Fiançailles, nouvel et séduisant carton de tapisserie de l'au- teur des Syracusaines de 1913, M. Dusouchet, voisinent dans une parenté de style volontaire et quelque peu rude avec VÈve décorative de M. Michel Silvany.

Ce n'est pas tout : tâchons d'oublier les accès trop répétés du delirium tremens qu'une avant- garde retardataire osa prendre pour du génie, et saluons au passage la bonne peinture, quand elle se présente à nos yeux sous les aspects d'un mystérieux effet de neige ouaté par MM. Hazledine ou Gabriel Belot, d'un site italien coloré par M. Lucien Mainssieux ou par M""" Suzanne Pichon, d'une étude largement caractérisée par le pein- tre-écrivain Tristan Klingsor, d'un crépuscule sous les cyprès stylisés par M. Auguste Fabre, d'un nocturne de M. Louis Massin, d'un petit nu lumineux de M"» Olga Bing, d'un paysage de MM. Wittmann, Arnavielle ou Pâtisson, d'une nature morte de M. Rougeot, d'une pochade même de M. Georges Bouche, de M""» Jeanne Peinte ou

de M. Georges Fournier. N'allons pas oublier une fraîche décoration de M"»» Marval, les décors de théâtre de M. Ciolkowski, des marines de MM. Bel- lan-Gilbert et Ladureau, des dessins de .M. Rou- quayrol et de M"' Marie Baudet, des bois de M. Lespinasse, une des plus suaves lithographies en couleurs de M. Emile Roustan.

La sculpture, qui s'inspire trop fréquemment des aberrations préméditées du peintre-statuaire Henri Matisse, prend, ici même, sa revanche avec le petit bronze classique oîi M. Georges Caron symbolise le Temps; avec le grand plAtre, énergi- quement réaliste, que M. Jacopin, déjà couturaier du fait, appelle l'Expiation : le visage du con- damné s'éclaire étrangement comme le masque d'un Pierrot blême, et cette figure convulsée dans ses liens semble évadée d'une pantomime pathé- tique... Le buste en bronze du poète Emile Verhae- ren, par M. Marins Cladel, le fils du grand écri- vain méridional, ajoute l'âm* à la ressemblance; et les Chats au repos de M. Edwin Rucher ne dépareraient aucun Salon des Animaliers.

Claude Monet (galeries Durand-Ruel). Rien de plus instructif que ces fragments d'expo- sition rétrospective, disjecti membra poetx, rapprochant quelques échantillons des fériés les plus fameuses d'un « sténographe d'atmos- phères » qui paraît toujours faire des éludes pour des tableaux jamais exécutés... Des toiles, datées de 1873, ont déjà pris un vernis de musée ; dorés par vingt-trois ans de patine, depuis 1891, les Peupliers au bord de l'Epte, au soleil couchant, nous rappellent le classique effroi d'un vieil élève d'Ingres, quand notre jeunesse osait admettre leur « impressionnisme » dans l'évolu- tion du paysage (1) ; et de 1886 à 1908, des Fa- daises de Pourville aux Palais de Venise, en passant par tel spécimen des Meules, des Cathédrales, de la Tamise ou des Nymphéas, chacune de ces variations de l'heure ou ilu « point de vue » sur un thème unique semble extraite du diction- naire des nuances fugitives ou du catalogue des effets lumineux.

Raymond Bouyer.

(1). V. le Paysage dans l'Art (Paris, l'Arlisle, 1893).

Le Gérant : H. Denis.

Paris. Imp. Georges Petit, li, rue Godot-de-Msuroi.

Il

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Numéro 6lâ.

Samedi 28 Mars I9l4.

LE BULLETIN DE L'ART

I

ANCIEN ET MODERNE

A propos d'une donation nouvelle

Le dernier numéro du Bulletin annonçait brièvement la donation faite au Louvre, par M"» la marquise Arconati-Visconti, de la totalité de ses collections.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que la donatrice s'intéresse à nos grands établissements scienti- fiques et artistiques : ses fondations à l'École des Chartes, pour ne citer que celles-là, lui ont valu depuis longtemps la reconnaissance des érudits, et tout récemment encore, le don du Portrait du général Milhaud, par David, venait enrichir le Louvre d'une peinture précieuse pour l'art et pour l'histoire (1).

Mais qu'est cela auprès de la réunion d'œuvres rares et choisies dont M°" la marquise Arconati- Visconti va se dessaisir en faveur de nos galeries nationales? Les amateurs connaissent déjà, de réputation tout au moins, les pièces principales ui composent cette collection oii, parmi des sculptures décoratives lombardes, des meubles italiens, des céramiques de Faenza, des tableaux de Ghirlandajo, de Luini, de Mainardi, resplendit un tondo célèbre de Desiderio da Settignano, l'Enfant Jésus accompagné du petit saint Jean, accompagné des deux statuettes de petits pages qui ornaient le mausolée du général Emo, dans une église vénitienne. Parallèlement, se déploie la richesse deséries françaises analogues: émaux, ivoires, sculptures et meubles de la Renaissance, en particulier la fameuse armoire de Hugues Sambin, si admirée à l'Exposition rétrospective de 1900; et pour finir, la seule pièce qui ne soit pas de la Renaissance, un portrait de fillette au pastel, par La Tour.

Loué soit donc le généreux abandon à tous de ces chefs-d'œuvre jusqu'ici réservés à l'admi- ration de quelques privilégiés !

(1) Sur ce portrait, voir l'article de M. Jean Guiffrev, dans la Revue, t. XXXIV, p. 41.

Et pourtant, notre joie n'est pas sans mélange. Bien que les conditions de la donation n'aient pas été précisées, nous croyons savoir que la collection de M"» la marquise Arconati-Visconti devra être exposée dans une salle, ou une suite de salles spécialement aménagées à cet effet. Il nous sera permis de regretter une disposition, qui n'est pas nouvelle sans doute, mais qui tend à se généraliser chez les amateurs soucieux d'assurer à leurs collections la perpétuité et la consécration des musées nationaux.

Au temps jadis, quand Sauvageot ou Davillier offraient des œuvres d'art au Louvre, ils travail- laient modestement à l'enrichissement du musée, et La Gaze lui-même, quand il fi t l'admirable dona- tion que l'on sait, laissa les conservateurs libres non seulement de choisir, parmi sa collection, les pièces qui leur conviendraient, mais même de les répartir entre les diverses salles, s'ils le jugeaient opportun.

Depuis lors, combien de dons inestimables sont venus enrichir et bouleverser à la fois le Musée du Louvre ! Et de combien de « petites chapelles», de petits «musées dans le musée «, sera constituée un jour notre galerie, si les dona- teurs continuent d'imposer ainsi, sans les tem- péraments apportés en pareil cas par le comte de Camondo (1), une disposition aussi préjudi- ciable à la logique et aux fins d'un musée !

E. D.

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Académie des beaux-arts (séance du 21 mars). L'Académie rend son jugement sur le concours Achille Leclère, dont le sujet était : « le Pavillon de

(1) La collection du comte Isaac de Camondo, qui sera inaugurée prochainement, a été donnée au Louvre à condition qu'elle resterait exposée pendant cinquante ans dans son entier; après quoi, toutes les pièces qui la composent seront fondues dans lis autres séries du musée, auxquelles elles appartien- nent.

LE BULLETIN DE L'AftT

la Ville de Paris à l'exposition de Lyon »; le prix de 1913 restant à attribuer, deux prix de 1.000 franc» sont décernés {ex aequo) à MM. André Bernard, élève de M. Bernicr, et Marcel Périn, élève de M. Laloux. En outre, M. Texereau, élève de M. Laloux, obtient une mention honorable.

La section de gravure de l'Académie des beaux- arts et les jurés adjoints ont statué sur le concours des grands prix de Rome de gravure en médailles. Ce concours ne se renouvelle que tous les deux ans. Le jury a admis aux épreuves définitives les logistes suivants, par ordre de mérite :

MM. A. Lavrillier (élève de MM. Vernon et Patey), G. Lavrillier (Vernon et Patey), J. Martin (Patey et Coutan), Jouret (Coutan et Eustache), Bargas (Vernon et Patey), et Turin (Vernon et Patey).

Par décret en date du 9 mars, le secrétaire per- pétuel de l'Académie des Beaux-Arts est autorisé, au nom de cette Académie, à accepter, sous bénéfice d'inventaire, le legs universel qui lui a été fait par M"' Besche (Eugénie-Arsène), veuve de M. Cellier, « à charge, après placement en obligations de chemins de fer, des fonds provenant de la liquidation, de dési- gner une veuve d'artiste peintre de mérite se trouvant dans le besoin et dont l'honorabilité sera constatée, pour toucher jusqu'à son décès, depuis le décès de la testatrice, les intérêts de ces obligations, et, au décès de cette première veuve, d'en indiquer une autre dans les conditions ci-dessus pour toucher, sa vie durant, les intérêts des mêmes obligations, et ainsi à perpé- tuité ».

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 20 mars). M. Loth, professeur au Collège de France, donne lecture d'une élude intitulée : « Le dieu Lug, les Lugoves et les vestiges des cultes chtoniens ».

M. Charles Samaran, archiviste aux Archives nationales, étudie une peinture sur bois du musée de Versailles, un grand nombre d'historiens de Jeanne d'Arc, depuis Jules Quicherat, jusqu'à M. Anatole France, ont pensé qu'on pouvait voir la Vierge entre saint Michel et Jeanne d'Arc. M. Samaran montre que l'inscription mutilée qui se trouve sur le socle du

rônedela Vierge, on lisait les mots Jehanne d'Arc, n'est en réalité, ni en français, ni en latin, mais en provençal, qu'elle contient un simple appel à la miséricorde et à la pitié de la Vierge Marie, et qu'il n'y est en aucune manière question de la Pucelle. Il estime aussi que le bouclier et l'étendard du saint placé à la gauche de la Vierge ne portent pas, comme on l'a cru, les armes et les insignes de Jeanne d'Arc, et que ce personnage n'est autre qu'un saint militairei saint Georges, selon toute vraisemblance.

M. le comte Paul Durrieu ajoute de piquantes indications sur l'imagination du collectionneur qui a vendu le tableau en question aux Musées nationaux.

Société nationale des antiquaires de France. (séance du 18 mars). M. Koy, continue la lec-

ture de son mémoire sur les travaux exécutés au ch&teau de Fontainebleau sous la direction de Philibert Delorme. 11 décrit le nouveau logis d'Henri II et montre, avec documents à l'appui, que la chapelle de la Trinité ne remonte pas au règne de François I", mais qu'elle a été construite par Philibert Delorme sur les fondations de l'ancienne église des Mathurins.

M. R. Fage, étudiant la signification du mot « capmanse » d'après les cartulaires du Bas-Limousin du siècle, en arrive à la conclusion, que ce terme, à partir de cette époque, ne désigne plus un chef-lieu d'exploitation, mais une simple tenure qui ne dill'ère plus du manse ordinaire.

M. d'Allemagne communique une bague trouvée récemment à Cherchell et portant l'inscription : Cres- cens. Au-dessous, est représenté un cœur percé d'une flèche.

M. Formigé communique trois inscriptions funé- raires qu'il a découvertes à Die (Drôme), et une marque de pottier gallo-romain portée par une brique qu'il a mise au jour au même lieu.

Conseil supérieur de l'ensei|;nement des beaux-arts. Par arrêté du ministre de l'Instruc- tion publique, en date du il mars, M. Girault, archi- tecte, membre de l'Institut, inspecteur général des bâtiments civils, est nommé membre du conseil supérieur de l'enseignement des beaux-arts, en rem- placement de M. Vaudremer, décédé.

Musée du Louvre. La France, qui ne possédait qu'un nombre fort restreint de dessins de Claude Lor- rain, s'est enrichie, tout récemment, d'une notable série de magnifiques dessins de ce maître, exac- tement trente-huit.

L'an dernier, lors de la dispersion des collections du grand amateur anglais, M. J. P. Ueacitine, M. Paul Leprieur, conservateur du département des peintures et dessins, entreprit des négociations en vue d'assurer au Louvre cette suite précieuse à tous égards, et, grâce au concours de la Société des Amis du Louvre et à l'appui de celui qu'on trouve toujours prêt à contribuer généreusement à l'enrichissement des collections nationales, M. Maurice Kenaille —, il fut assez heureux pour retenir les dessins convoités.

L'all'aire est aujourd'hui conclue; mais le public devra attendre quelque temps encore avant d'être convié à admirer ces dessins, qui viendront sjajouter aux quelques pièces dessinées de Claude que possédait déjà le Louvre. C'est seulement, en eiTet, après qu'une publication de ces dessins aura été préparée et que les reproductions auront été faites, qu'ils seront remis au musée et montés pour leur exposition temporaire.

\jne Protestation des artistes. La Société nationale des beaux-arts et la Société des artistes français ont adressé au sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts une protestation contre le projet, récem- ment émis, d'une exposition internationale quater- nale ou quinquennale, estimant la réalisation do ce

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ANCIEN ET MODERNE

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projet préjudiciable aux intérêts des grands groupe- ments d'artistes.

Prix national et bourses de voyage. Les

artistes qui ont l'intention de solliciter, soit le Prix National, soit une bourse de voyage ou un encou- ragement spécial, sont informés qu'ils devront se pré- senter, munis de pièces justificatives d'identité xtrait d'acte de naissance, carte d'électeur, etc., éta- lissant qu'ils sont Français et n'ont pas atteint l'âge le trente-deux ans au i" janvier 1914), au sous- •ecrétariat d'État des beaux-arts, bureau des travaux 'art, musées et expositions, avant le 8 mai 1914. Passé ce délai, aucune inscription ne sera plus idmise.

Les demandes seront reçues tous les jours, de dix leures à cinq heures, et consignées sur un registre lar les artistes eux-mêmes. Cette formalité n'est applicable qu'aux candidats habitant Paris et la banlieue Seuls, les artistes rési- dant en province conservent le droit d'adresser leur eoiande d'inscription par correspondance. La même date (8 mai 1914) reste fixée comme dernier élai pour la réception des demandes d'achat par l'Étnt d'oeuvres exposées aux Salons. Ces demandes pour- ront être faites par lettre.

Bourse de voyage au Maroc. Le gouverneur général du Maroc vient de créer une bourse de voyage destinée aux peintres ou sculpteurs orientalistes qui désireraient aller passer quelques mois d'études au Maroc. En cela, le général Lyautey a suivi l'exemple des gouverneurs de l'Indo-Chine, de l'Afrique occi- lentale, de Madagascar, de la Réunion et du gouver- eur de l'Afrique équatoriale, qui ont créé des fon- ations semblables au profit de la Société coloniale des artistes français. C'est à M. Louis Dumoulin, pré- sident de cette Société, que le général Lyautey s'est adressé, à l'elfet d'instituer la bourse de voyage au Maroc, qui sera attribuée dès le mois de mai, après is deux Salons prochains.

A Arles. Le Bulletin publiait naguère (n* 581),

sous le titre : Une Ville d'art déchue, un petit article

résumant quelques-unes des tristesses qui accom-

agnent le visiteur au cours d'une promenade à travers

les monuments d'Arles.

L'aU'aire des Alyscamps a fait assez de bruit l'an dernier. Mais les Alyscamps mis à part, que de monu- ments, témoins de la splendeur de la cité de Cons- tantin, sont dans une lamentable situation. Voici les nouvelles que publiait la semaine dernière, le Journal des Débats :

« Le grandiose et magnifique vaisseau architectural de l'église des Dominicains ou des Prêcheurs, de style gothiques et qui a de belles ogives, est dans un com- plet état d'abandon. La nef principale sert de dépôt de fumiers.

(I Le Grand Prieuré, qui date de la Renaissance et qui est superbe avec ses fenêtres à meneaux, ses gargouilles à têtes de chimères et de gorgones, ses

poivrières d'angle, est chaque jour mutilé, sauf l'aile occupée par le musée ; on y a installé le .\lont-de-Piété, et il y a deux ans, on y a coupé une cheminée monu- mentale; déjà, en 1904, une autre cheminée Renais- sance avait été détruite.

n Cet édifice qui abrita les Templiers et les chevaliers de Malle, n'est pas même classé.

« D'autre part, l'église Saint-Biaise, qui pourtant est classée, est abandonnée aux pompes funèbres Cette égli.se, de style roman, et dont Mistral parle dans son poème Nerto, contientla fameuse épitaphe d'Eudiarde qui se trouve ainsi à la disposition du premier vandale venu.

« Enfin, la charmante église de Saint-Jean-de- Moustiers, romane elle aussi, et datant du xii' siècle, aurait pu être acheté pour quelques milliers de francs on ne l'a pas fait et les dégradations continuent. »

A Bayonne. Une intéressante initiative vient de se produire à Bayonne, dont la municipalité a chargé la Société des Amis des arts de Bayonne- Biarritz d'organiser, pour les mois d'aoùt-septembre, une importante exposition franco-espagnole. M. Léon Bonnat en a accepté la présidence d'honneur. De nombreux artistes français ont déjà promis d'exposer, et notamment, parmi les sculpteurs, MM. Rodin, Bouchard, Bourdelle, Jean Baffier, Cariés, Landowski, Froment-Meurice, Quillivic, etc.; et parmi les peintres, MM. Léon Bonnat, Albert Besnard, Roll, Jean-i'aul Laurens, Henri Martin, Aman Jean, Cottet, Simon, Laparra, Désiré-Lucas, etc. Les meilleurs parmi les artistes espagnols ont également promis leur concours. M. Foitzer, secrétaire général de la Société des Amis des arts, rue Jacques Laffitte, à Bayonne, se fera un devoir de fournir les renseignements utiles.

A Florence. On annonce de Florence que le tribunal a chargé le professeur Amalfi, directeur de la maison d'aliénés de San Salvi, de procéder à l'exa- men mental de Perrugia, l'auteur du vol de la Joconde,

En conséquence, le procès a été ajourné.

A Constantinople. Les travaux entrepris pour transformer en jardin public l'espace dit Pointe du Sérail (Sera'i-Bournou) à Stamboul, ont fait découvrir les restes d'une très vaste église, en contre-bas de l'en- trée du Vieux Sérail qui fait face au Bosphore, au- dessous du Pavillon dit Kiosque de Bagdad, non loin de la colonne de Théodose ou de Claude le Gothique. L'église découverte, et dont une quinzaine de colonnes sont encore debout en place, serait peut-être celle de Saint-Démétrios, mentionnée déjà à cet endroit, par la topographie du patriarche Constantios 1"(1840-1 834).

Dans le 4' fascicule du Jahrb. d. K. d. arc/i. Insti- tuts, xxvni (1913), p 370-396, K. Wulzinger, consacre un article aux substructions byzantines récemment découvertes à Constantinople : ces constructions sont des citernes souterraines, actuellement recouvertes par des mosquées ou des casernes. Ch. P.

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LE BULLETIN DE L'ART

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITE

A Paris. Liquidation Seligmann (2° vente: objets d'art, etc.). Nous avons déjà indiqué ie produit total et les plus grosses enchères de cette seconde vente Seligmann. La liste que nous don- nons ci-dessous des autres adjudications dignes de remarque, nous dispensera d'un plus long commentaire.

PRINCIPAUX PRIX

Faïences anciennes. 4. Plat de Damas, œillets et pivoines, etc., 9.200 fr. (dem. 8.000; l'ract.). 5. Faenza. Plat présentant deux forgerons, 4.600 fr. (dem. 5 000). 10. Deux aiguières décorées bustes de personnages, 6. 250 fr. (dem. 8.000; fêl., rest.). 13. Derula. Plat creux, décor bleu et reflets, au fond : femme, etc., inscriptions, 6.500 fr. (dem. 8.000). 21. Caslel-Duranle. Grand plat, reflets métalliques, au fond : amour tenant un arc, 8.000 fr. (rest., dem. 4.000). 2.Ï. Urbino. Vasque trilobée, person. occupés à la pêche, 7.600 fr. (dem. 5.000; rest.). 26. Grande vasque trilobée, le Jugement de Paris, etc., 10.000 fr. (dem. 5.000 ; rest.). 30. Coupe à reflets, personnages assistant au supplice d'une femme, 7.150 fr. (dem. 10 000; rest). 33. Grande amphore terre vernissée allem., atelier de llirschvogel, groupes allégoriques sous des arcades, 9.100 fr. (dem. 4.000; ace).

Terres émaillées des Rodbia. 35. Haut-relief, la Vierge assise tenant l'Enfant Jésus, niche ornée de têtes de chérubins, 5.100 fr. (dem. 5.000). 36. Grand médaillon, xvi' s. Buste d'empereur romain, 10.100 fr. (dem. 3.000; rest.). 37. Grand haut-relief, le Christ au mont des Oliviers, 28.500 fr. (dem. 15.000; rest.).

Ivoires. 40. Plaque de cuivre, le Christ en croix, la Vierge et saint Jean, ép. romane, 8 300 fr. (dem. 6.000).

É.MAUX CHAMPLEVÉs DU XIII* SIÈCLE. Limoges. 32. Châsse présentant le Martyre de Thomas Becket et le Christ de pitié, 8.550 fr. 60. Châsse forme maison, ornée d'angelots à mi-corps, 9.500 fr. (dem 10.000; crête moderne).

Émaux peints de Limoges 61. Plat ovale en coul. avec rehauts dorure et paillons, par Jean Courtoys, présentant le Sacrifice d'Iphigénie, d'après Polydore de Caravage, 112.500 fr. (dem. 80.000). 62. Plaque, atelier de Nardon Pénicaud, l'Adoration des Rois Mages, 6.600 fr. 63. Deux plaques en grisaille, atelier des Pénicaud, combat de cavaliers, 9.000 fr.

(dem. 3.000). 68. Plaque en coul., atelier de Léonard Limosin, le Jugement de l'dris, 5.600 fr. 71. Six assiettes en grisaille par Pierre Reymond, allégories des Mois de l'année, 6.700 fr. (dem. 6.000). 74. Six assiettes en grisaille, atelier de F. Courteys, suj. allég. avec légende, 5.050 fr. (dem. 4.000).

Orfèvrerie. 86. Calice argent doré, sur pied décoré émaux translucides, travail italien, iiv* s., 8.600 fr. (dem. 7 000). 92. Nef argent gravé et doré, montée par trois personnages, trav. de Nuremberg, commenc. xvii* s., poinçon de Tobias Woltf, 5 400 fr. (dem. 2.500).

Bijoux. 101. Collier composé de onze maillons et de trois pendeloques en or ajouré et émaillé avec pierres de couleurs et perles, travail italien xvi* s., 35.000 fr. (dem. 30.000). 102. Médaillon-pendeloque, or émaillé et pierres de couleurs. Italie, fin ivi* s., 6.000 fr. (dem. 15.000). 108. Statuette de paysan debout, formée d'une perle baroque et d'or émaillé, travail allemand ivii* s , attr. à Dinglinger, 6.100 fr. (dem. 2.500).

Cristaux de roche. 112. Bocal monté argent doré, Nuremberg, poinçon de Jacob Frohlich, xvi* s., 15.000 fr. (dem. 10.000). 117. Coupe forme canard, raont. or émaillé, 5.100 fr.

Objets variés. H9. Calice cuivre doré, orné émaux sujets saints, signé Guerbini, travail italien, fin XIV s., 7.300 fr. (dem. 6.000). 120. Hanap for- mant coupe, Allemagne, xvi* s., 8.100 fr. (dem. 3.500). 121. Volume simulé formant boite, enrichi orne- ments de reliure, travail italien xvi* s., 5.500 fr. (dem- 5.000). 123. Petit cabinet architectural ébène, décoré appliques en or ajouré et émaillé, travail italien, fin XVI* s., 12.000 fr. (dem. 20.000; parties refaites). 124. Horloge de table, br. cis. et doré, travail allemand, XVI* »., 7.100 fr. (dem. 3.000). 126. Coffret br. doré et arg., sujet allég., Italie, ivi* s., 5.100 fr. (dem. 3.000)-

Sculptures. 178. Statues marbre, Portraits pré- sumés d'Antonio Cabeza de Vacael de Mariade Castro, attr. à Pedro de Cuadra, xvii* s., 8.500 fr. (dem. 8 000).

Bronzes. Antique. 179. Buste d'adolescent, trav. romain, 7.000 fr. (dem. 4.000).

Italie, XVI' siècle. 188. Petit groupe, monstre marin supportant une statuette de Neptune, 5.020 fr. (dem. 3.000). 189. Satuette, Vénus nue et debout, XVI* s., 13.500 fr. (dem. 8.000). 191. Deux bustes, empereur romain drapé, 16.500 fr. (dem. 15.000). 194. Statuette, chasseur debout, travail allemand, xvi* siècle., 13.000 fr. (dem. 20.000). 197. Statuette, guerrier debout et nu d'après l'antique, 5.000 fr. (dem. 2.000).

ANCIEN ET MODERNE

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XVII' siècle. Buste grandeur naturelle, le roi Louis XIII, ép. Louis XllI, 29.500 fr. (dem. 40.000). 205. Phénix, les ailes éployées, 5.000 Ir. (dem. 3.000).

Meubles. 213. Meuble à deux corps, bois sculpté, fin xvr s., 8.200 fr. (dem. 8,000),

Tapissekies. 216. Tapiss. flam., fin xV s.,compos. à personnages richement vêtus, 31.200 fr. (dem. 40.000; rest.). 217. Tapiss. flam., fin du xV s., pré- sentant quatre compositions à personnages, tirées 'un roman, 80.000 fr. (dem. 80 000). 218. Tapiss. flam., comm' XVI' s., tissée d'or, la Nativité et l'Ado- ration des Mages, bordures, 150.000 fr. (dem. 70.000; graves restaurations). 220. Tapiss. flam., xvi- s., personnage essayant son armure, etc., 15.100 fr. (dem. 15.000). 221. Tapiss. flam., xvi* s., sujet de chasse, etc., large bord., 11.800 fr. (dem. 10.0001. 222-223. Tapiss., trav. franc., xvi' s., allégorie du mois de Février. Autre analogue, mois de Juillet, 66.000 (dem. 30.000). 224. Tapiss. flam., comm' du XVI' s., deux compos. à personnages, juxtaposées, 33.700 fr. (dem. 40.000). 22."). Tapiss. flam., xvii' s., le Jugement de Satomon, large bord., 15.100 fr. (dem. 12.000).

Tapis.— 226. Tapis d'ancien trav. polonais, 14.350 fr. ;dem. 10.000).

Le total des deux premières ventes Seligmann s'élève à .3.042.955 francs. Une troisième aura lieu à l'Hôtel Drouot, le 6 mai.

Vente de tapisseries, etc. Parmi les résul- tats d'une vacation anonyme, dirigée le 18 mars, «aile 6, par Lair-Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin, il y a lieu de relever le prix de 6.030 fr., sur la demande de 6.000, pour un écran en tapisserie du temps de la Régence, présentant deux jeunes filles dans un paysage, et celui de

P8.000 francs, sur la demande de 2.500, pour une I

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tapisserie flamande du début du xviii» siècle, à médaillon sur fond noir chargé de fleurs. Produit total de la vente : 57.745 francs.

"Ventes annoncées. - A Paris. Tableaux objets d'art, etc. M" Lair-Dubreuil, assisté de M. Georges Petit et de M.M. Paulme et Las- quin et H. Léman, dirigera, salle 6,1e 31 mars, une vacation composée de numéros appartenant aux genres les plus divers et provenant de divers amateurs.

Les tableaux et dessins, tant anciens que mo- dernes, occupent la bonne part du catalogue de cette vente. Nous remarquons tout d'abord, parmi les peintures modernes : le Chemin, par Corot ; la Mare dans la vallée, par Diaz ; le Crépus- cule, par Gustave Doré ; le Marchand de chevaux et la Fantasia, par Fromentin. Puis, parmi les dessins modernes : Saint Symphorien, par Ingres.

Passant aux dessins anciens, quelques feuilles sollicitent notre attention : le Savetier et une Fontaine dans le parc d'une villa italienne, par H. Fragonard ; le Portrait d'une jeune femme ei le Portrait de l'un des fils Adelon, pastels par Hoin, et du même, les portraits de l'artiste par lui- même, ceux de son frère et de sa belle-sœur, et encore un portrait d'homme, dessinés au crayon. Quelques tableaux anciens sont aussi à citer : les Enfants au perroquet et les Enfants aux colombes, deux pendants, par Ch. Goypel ; une Marine, parJ. Van Goyen ; le Portrait de M. de Laforcade, par M. de Largillière ; le Port, par J. B. Weenix.

Du côté des objets d'ameublement, il faut mettre à part le salon, composé d'un canapé et de huit fauteuils, du temps de Louis XV, couverts d'ancienne tapisserie à fleurs sur fond jaune; puis, une table-étagère en bronze vert d'époque Louis XVI, 313 de la vente Doucet ; une petite console d'entre-deux, de la fin du xviM° siècle ou du commencement du xix", en rtiarqueterie de bois de citronier, avec plaques de porcelaine décorée en camaïeu dans le goût de Sauvage ; une tapisserie de Bruxelles du xvi« siècle, à composition de l'histoire ancienne, à grands personnages ; une tapisserie du temps de la Régence, présentantDiane dans un paysage, et entourée d'une belle bordure ; enfin, un tapis d'ancien travail oriental à rosace, médaillons et animaux.

Tableaux, dessins. Un mince catalogue, enrichi de quelques illustrations, nous apporte l'annonce de la vacation anonyme que dirige- ront, salle 10, le 1" avril, Gh. Dubourg et M. E. Martini. Dans cette réunion de tableaux et dessins anciens et modernes, nous remarquons: la Flotte des Croisés, par i. Bennetter; le Portrait de Louis Blanc, par H. Daumier ; les Bûcherons, toile attribuée à N. Diaz ; le Dessinateur aux champs, par Ten Cate ; Vaches au pâturage, par W. Maris ; la Batteuse et la Rue Lepic, par Piette ; le Troupeau surpris par la neige, par Schenck ; le Gourbi, par Veyrassat ; la Moisson, par Webb ; le Passage du ruisseau, par Berghem ; l'Entrée triomphale de Napoléon I^r à Amsterdam, par Brée ; un Portrait de jeune femme, de l'école de 1... David ; un Portrait de jeune femme, pastel de i'école française du xviii" siècle, et une Jeune Femme viHue de rouge, par Girodet-Trioson.

Tableaux, dessins. Une autre vacation anonyme du même genre et qui a fait, elle aUssi,

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LE BULLETIN DE L'ART

l'objet d'un petit catalogue illustré, sera dirigée salle 7, le i" avril, par M" A. Desvouges, assisté de M. Loys Delteil. Parmi les peintures et des- sins la composant, notons : un dessin de Corot, Portrait du grand-père Roussieau, et une peiïiture, le Village, attribuée au mt'me artiste ; un Portrait de femme, par Danioux ; un Portrait de jeune homme, par A. Devéria ; la Bergère et le Berger, par J.-B. Huet; V Impératrice M arie- Louise, tninisi-' ture, par Isabey ; les Deux Barques et les Chau- mières, la Rivière, le Retour du voyageur et la Ferme, par E. Moreau l'aîné ; un Portrait d'homme, par Moreau le jeune ; la Forge, par Pillement ; le Commissionnaire, par Portail ; les Cinq Cochons, par P. Potter ; le Cruel rit des pleurs qu'il fait verser, par P. -P. Prudhon ; Saint Martin, par Rembrandt; le Temple antique, par II. Robert ; Prométhée, par P. -P. Rubens, et Jeune Homme assis, par A. Watteau.

A Berlin. Tableaux anciens. Nous recevons le catalogue illustré d'une vente qui aura lieu chez R. Lepké, à Berlin, le 31 mars. Composée de tableaux anciens, provenant en partie de la Collection de Sir Charles Robinson, de Londres, et pour le reste de divers amateurs; elle comprend des spécimens de diverses écoles et époques du xiv» au xviii» siècle, portant notamment les noms de Juan de Burgos, Ercole Grandi, Francesco Francia, Titien, J. J. de Espi- nosa, D. van Alsloot, J. Siberecbts, F. Le Moyne, Canaletto, Pablo Aregio, Diego Correa, Rem- brandt, Velazquez, B. Fabritius, A. Mor, le Péru- gin, Teniers, Everdingen, etc., et même de Michel-Ange, ce dernier représenté par une feuille de dessins d'ornements.

A Londres. Tableaux anciens. Le

3 avril, chez Christie, aura lieu une vacation composée de tableaux anciens provenant des collections du Comte d'Ellenhorough, de M. A. Mailland Wilson et de divers autres amateurs. Un catalogue illustré a été dressé à l'occasion de cette séance ; nous y remarquons : le Quai, par S. van Ruysdael ; l'Adoration des Mages, par J. Bosch ; la Mort d'un saint, panneau de l'école de Simon Marmion ; le Portrait d'un seigneur et le Portrait d'une dame, par le Maître de la Mort de Marie ; et une Vierge sur le trône avec l'Enfant, de l'école de Memling.

A Bruxelles. Tableaux, etc. Nous recevons le catalogue illustré d'une vente de tableaux, objets d'art et d'ameublement, appar-

tenant à un amateur et à M. Jules de Pauw, vente qui aura lieu Galerie Le Roy, à Bruxelles, les 3 et 4 avril. Notons parmi les tableaux : le Retour de la pêche, par J. Aigelyn ; l'Hiver, par J. Beer- straaten ; le Cortège nuptial, par P. Breughel le jeune ; une Jeune Marchande de fruits, par .1. Northcote ; un Portrait de gentilhomme, attribué à F. Pourbus; un Paysage boisé, par Isaac Ruys- dael ; un Paysage, par T. van Bergen ; une Marine par un gros temps, par J. van der Croos ; le Cou- cher du soleil, par A. van der Neer ; et, parmi les objets d'ameublement, une tapisserie flamande du xviie siècle, à personnages dans un paysage.

M. x\.

MONNAIES ET MÉDAILLES

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion de Traynel (monnaies romaines, objets d'art). A. Desvouges et M. M. Feuardcnl et H. Léman procéderont, salle '.), du 2 au 4 avril, à la vente des monnaies romaines et des objets d'art du xvu« siècle, composant la Collection du Marquis de Traynel. Pour la partie numismatique, de beaucoup plus importante, de ce cabinet, force nous est de renvoyer au catalogue illustré qui en a été dressé. Parmi les objets d'art, signalons une statuette équestre du roi Louis XIII, en ivoire sculpté, travail du xvii« siècle.

L. D.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

La Société nouvelle (galerie Georges Petit). Que si la critique voulait s'adonner au jeu facile des concetti, ne pourrait-elle avancer que la quinzième exposition de la Société nouvelle manque de nouveauté? Le reproche serait, dan» tous les cas, aussi banal qu'injuste : car il est impossible ù des artistes connus, et même consacrés pour la plupart, de se renouveler sans trêve, d'un printemps à l'autre, et de rivaliser avec ces figurants d'opéra qui repassent inces- samment sous le regard des spectateurs en chan- geant de costume ; et les conditions mêmes d'une Société pareille l'obligent à quelque périodique uniformité. L'important, c'est de fournir des œuvres, et cette exposition nous en montre plu- sieurs. Deux maîtres, le peintre de l'Inde, Albert Besnard, et le statuaire d'Aphrodite, Auguste Rodin, ne figurent encore cette fois qu'au cata-

ANCIEN ET MODERNE

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logU€ ; et, sur trente et un sociétaires, on pour- rait compter au moins dix absences ; mais conso- lons-nous par la présence de trois compositions : une Bucolique, de M. René Ménard, les Carrioles de M. Lucien Simon, Don Quichotte et Sanclio, de M. de LaGandara, sans parler de plusieurs beaux paysages ou de quelques vivants morceaux de sculpture.

Le Flamand voyageur Herman van Swanevelt ou l'Anglais fantaisiste William Turner n'auront as été les seuls ou les derniers héritiers de Claude; et son soleil mystérieux, à force de clarté, rayonne encore au fond du ciel crépus- culaire où s'allume obscurément la fin d'un beau Ijour : au bout du promontoire, et parmi les troupeaux épars, des pâtres demi-nus jouent de la double flûte ; mais ce n'est pas « l'oubli » qui rêve sur les ruines ensoleillées, comme en un Bonnet fameux de José-Maria de Heredia ; c'est une réminiscence nouvelle de « l'dge d'or » vir- gilien, vers l'heure l'ombre est plus longue : V majoresque cadunt de montibus umbrœ ; dans son ^^ atmosphère d'ambre et d'opale, cette Bucolique ^Bbous montre M. René Ménard fidèle à l'idéal ^'^austère et paisible de ses débuts, et cette fidélité n'est pas la moindre preuve de la sincérité de sa haute inspiration. Dans l'antique familiarité de leur décor breton.

Blés Carrioles aussi portent bien la marque de leur peintre : étrangement rouges sur la lande fauve, elles suivent l'interminable ruban du chemin montant, dans une de ces lumières de plein-air qui préoccupent depuis des années la magistrale inquiétude de M. Lucien Simon.

Maigre, livide, efllanqué comme l'idéal à jeun, près de son écuyer rubicond et ventripotent, le Don Quichotte de M. de La Gandara défend, parmi tant d'études sur nature, les droits, de jour en jour méconnus, de l'imagination : l'Espagne de Cervantes aurait beaucoup à nous rapprendre...

Il suffit, cependant, à M. Charles Cottet, de styliser à nos yeux l'Anse de Goulphar pour nous suggérer la tristesse foncière de son âme et toute la mélancolie d'Armor : ce coin sinistre est devenu sur la toile une œuvre superbe. Il suffit à M. Henri Martin de faire son portrait dans la splendeur de la Pergola matinale, à M. Le Si- daner de colorer des rayons d'un soir rose et gris la Fontaine de Pontrieux. à M. Raoul Ulmann de retrouver les maîtres anciens sous le ciel nuageux de Dordrecht, pour nous rappeler, en pleine nature, l'autonomie du paysagiste. Un Vase du parc de Versailles dans un bosquet fleuri,

c'est assez pour que M. Maurice Lobre apparaisse, une fois de plus, le poète de la nature morte ; une Pendule en bronze doré dans un vieil inté- rieur, c'est assez pour que M. Walter Gay détaille son goût de collectionneur. Meilleure, ici, qu'au Salon d'automne, la fantaisie vagabonde du colo- riste canadien J. \V. Morrice se reconnaît d'em- blée parmi de bons paysages de MM. Dauchez, Georges Griveau, Duhem, Claus et Prinet ; et, près d'une petite Eve de bronze de M. Desbois, les études ou les bustes du statuaire Ségoffln, portraitiste étonnant de feu Dujardin-Beaumetz, suffiraient, par leur accent viril, à soutenir l'honneur, trop souvent compromis, de la sculp- ture française.

Exposition d'art décoratif (galerie Man zi ) . Malgré la présence des plus originaux de nos c< artistes décorateurs », que nous venons d'ap- précier au pavillon de Marsan, c'est une véritable Il exposition d'art contemporain », qui prend des aspects anticipés de musée quand elle remet sous nos yeux émus les grands cartons harmo- nieux du poète de la décoration, Puvis de Cha- vannes, la sérénité sévère de leurs camaïeux, la suave candeur des pures compositions pour la Bibliothèque de Boston, les Muses inspiratrices qui figuraient, en 1895, à l'un des derniers Salons de la galerie Rapp, les allégories si noblement ingénieuses du progrès moderne, voisinant avec les souvenirs virgiliens. De frissonnantes mater- nités d'Eugène Carrière, d'impalpables Ca(/iédra/es de Rouen, de M. Claude Monet, plusieurs pastels ironiques de M. Degas et son Violoncelliste qui bouleverserait les enchères, des portraits au crayon, plutôt devinés que regardés par Tou- louse-Lautrec, composentalentour une anthologie significative, l'intimité fantaisiste de MM. Vuil- lard et Bonnard, les bois en couleurs de M Schmied, les masques en terre cuite de M. Desbois, les frises intensément fleuries par M""" Galtier-Boissière et les lumineux cartons de tapisserie du plus clas- sique des novateurs, M. Henri Martin, semblent autant de documents ofTerts à l'historien qui saura débrouiller le chaos opulent de notre époque.

A.-E. Gumery (galerie Georges Petit). On n'a pas oublié le peintre-lithographe qui notait naguère l'extase inconsciente des mélomanes au promenoir de nos concerts dominicaux; c'est un ami de la couleur, d'humeur voyageuse et de goûts toujours variés, qui réconcilie l'imagination et l'observation quand il esquisse t'Attente du

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LE BULLEtIN DE L'ART

miracle aux Saintes-Maries-de'la-Mer, après avoir décrit les Hospitalisés de la Chartreuse de Neuville. Il quitte souvent l'intérieur pour la nature et peint avec un visible plaisir l'Espagne ou la Bre- tagne, un blême lever de lune à la fin d'une après-midi d'automne, la Neige mystérieuse ou le Départ des sardiniers aux premiers feux de l'aube.

Raymond Bouyeb.

1-ES REVUES

Franck

Les Musées de France (1914, n* 1). André Michel. Dons de la famille de M. Edouard Aynard au Musée du Louvre. Statue de bois, de prêtre bouddhique, ayant fait partie de la collection Aynard ; buste d'homme encapuchonné, sculpture française du xtii' siècle, en pierre.

Gaston Migeon. Bas-relief en pierre sculptée de la dynastie chinoise des Han (ii* siècle de l'ère) au Musée du Louvre. Récente acquisition.

Etienne Michon. Vase en marbre provenant d'Athènes, au Musée du Louvre. Vase votif, ayant la forme extérieure d'une œnochoé à embouchure trilobée, avec une anse et un petit bas-relief.

P. Clamoroan. Le Musée Jacquemart-André.

Conrad dk Mandach. Une Madone de Giovanni Bellini, copiée par Barlolommeo Montagna, au Musée de Lyon. L'original est au Musée Brera, à Milan.

Jean Locqoin. Le nouveau Musée de Nevers. 11 est installé dans l'ancien évêché et va prochaine- ment ouvrir ses portes.

Italie

BoUetino d'arte des ministère délia P. Istru- zione (septembre 1913). Corrado Ricci. Notes d'art: I. Un petit tableau du Greco à Hergame. II. Un tableau du Cerano. I. L'auteur revendique pour le Greco, et avec raison, un petit tableau conservé dans l'Aca- démie Carrara, à Bcrgame, provenant de la collection Lochis, et donné, par le catalogue de 1881, comme un Titien. C'est un Saint François d'Assise recevant les stigmates, assez voisin de sentiment et d'arrange- ment du tableau de la collection de Zuloaga figurant le même sujet, et publié le 10 janvier 1913 dans la Revue, par M. Emile Bertaux. 11. Giambattista Crespi, en 1557, à Cerano, dans la province de Novare, est un imitateur du Baroche, en qui M. Cor- rado Ricci retrouve quelques traits de son compa- triote, le Piémontais Gaudenzio Ferrari. Le ministère des beaux-arts d'Italie vient d'acheter à Lucques, un tableau de ce maître, qu'il destine à l'un des musées

de Florence. C'est une Vierge entourée de saints, longtemps attribuée à Van Dyck, mais il n'est pas douteux qu'il faille reconnaître une des plus belles toiles du Cerano.

Francesco Filipcim. Francesco del Cossa sculp- teur. -^ L'auteur attribue au célèbre peintre, qui s'est illustré à Ferrare, le monument funéraire de Dome- nico Garganelli, de Bologne, dont plusieurs documents signalent l'amitié pour l'artiste. Il ne subsiste de ce monument, qu'une dalle de marbre, avec un gisant et deux angelots. Le style en a des analogies frap- pantes avec celui de certaines peintures de Fr. Cossa.

Alessandro Del Vita. Fresque découverte à Arezzo, dans l'église de l'Annunziata. Curieuse peinture d'un oublié, ce Niccolo Soggi, dont Vasari a parlé et dont il a cité cette fresque Cgurant la Vision d'Octavien, c'est-à-dire la scène légendaire de l'appa- rition de la Vierge à Auguste, lorsqu'il consulta la Sibylle de Tibur.

Roberto Papiki. Peintures inédites du Sodomaet de Beccafumi. L'auteur commente trois peintures figurant la Montée au Calvaire, l'une conservée au château de Beauregard (lac de Genève), l'autre à Gênes, dans la collection Viazzi, la troisième à Rome, dans l'église Sainte-Marie-Majeure, et toutes trois très ana- logues, œuvres certaines du Sodoma et de ses pre- miers imitateurs. A Sainte-Marie-Majeure, dans la même chapelle, on trouve une Madone maniérée qu'il faut certainement attribuer à Beccafumi.

Pietro GiA.NLizzi. Marina di Marco Cedrino, de Venise, ingénieur, arcliitecte et sculpteur. Cet obscur artiste, qui vivait au milieu du xv* siècle, est l'auteur du portail de l'ancienne cathédrale de Forli, d'un autre portail d'église, à Amandola, et a travaillé à la basilique de Lorette.

(Octobre). G. G. Pohro. Le Prétoire de Gortyne. Au cours d'une campagne de fouilles, en Crète, M. Porro a mis au jour, à Gortyne, des monuments de l'époque impériale romaine, des statues de ma- gistrats et des inscriptions. A signaler aussi de belles statues d'Artémis et de l'Isis-Fortune.

Lorenzo Fiocca. Eglise et abbaye de S. Maria di Valdiponle, dite « de Monlelabate ». Cette ancienne abbaye fortifiée, voisine de Pérouse, a une crypte romane et un beau cloître du iii* siècle; l'église, commencée au xii', fut voûtée au xiii», en style ogival. Elle possède des fresques de l'obscur Mco de Sienne (fin du xin- siècle), et de peintres ombriens du quattrocento.

Antonino Sorrentino. Une esquisse de Giacomo Serpotta au musée de Trapani. Statuette équestre de ce sculpteur palermitain du xviii* siècle, esquisse d'un monument à Charles II de Bourbon.

Le Gérant : H. Dïnis.

P»ri». Inip. George» Petit, IS, rue Godol-de-Mauroi .

Numéro 619

Samedi 4 Avril 1914.

I

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

« Les Amis du Palais » et le Palais

Des magistrats, des avocats, des avoués, des huissiers, des greffiers viennent de fonder la ociété des Amis du Palais. C'est une bonne idée : les Amis du Palais nous manquaient; ils ■■nous manquaient môme terriblement, et, si l'on en croit les communiqués relatifs à leurs inten- tions, il faut regretter que cette bonne idée I d'affirmer ainsi leur «amitié » ne soit pas venue un peu plus tôt aux Amis du Palais. Quel est, en effet, l'objet de la Société ? Elle se propose de « veiller à la conservation artistique du Palais de justice », de rechercher les docu- ments relatifs à son histoire, de « faire aimer et Jirotéger leur maison par tous les membres de la grande famille judiciaire, associés dans le culte du souvenir». Voilà qui va des mieux. Par malheur, il est trop tard : l'aile du Palais, en façade sur le quai des Orfèvres, est achevée... Elle est achevée et elle est hideuse. Et à mesure que la bâtisse sort des échafaudages, elle étale l'incroyable pauvreté de ses lignes et la déso-

Ilante prétention de ses sculptures. Allez, la voir, allez prendre la leçon de style et de goût que vous offre l'archilecture officielle. Depuis le pan coupé, à l'angle du quai des Orfèvres et du bou- levard du Palais, avec ses deux tristes fenêtres et la poivrière qui le llanque, jusqu'à la tour carrée qui s'élève à l'extrémité des nouveaux bâtiments et dont on entrevoit déjà les pâtisseries allégoriques, que de trouvailles et que d'à-propos ! La lourde grecque courant au-dessus du rez-de- chaussée, les niches à statues avec leurs absurdes consoles, les guirlandes qui encadrent et souli- gnent les fenêtres, les cariatides de la porte d'entrée, la frise des glaives de la loi, entre- mêlés de branches de chêne, alternent avec des mascarons à têtes de Jupiter tonnant, il n'est rien qui ne mérite un attentif examen.

Mais le détail n'est pas tout, et la vue de l'en- semble réserve d'autres surprises. Passez le pont Saint-Michel et regardez : les combles aigus et surélevés de la construction nouvelle masquent entièrement la Sainte-Chapelle, dont on n'aper- çoit plus que le sommet de la flèche. Gloire à l'architecte du Palais de Justice : il ne s'est pas contenté de faire laid, il a pris soin de cacher à nos yeux ce qu'il y avait de beauté dans le pano- rama du Palais vu de la place Saint-Michel! Il a d'ailleurs commis sciemment son erreur, puisque, quand il a eu à figurer l'élévation de sa façade sur un savant lavis, complaisamnient offert à notre admiration (1), il a pris spin de placer son angle de vision à peu près à la hauteur d'un troi- sième étage, artifice ingénieux, qui lui a permis de montrer le toit et toute la flèche de la Sainte- Chapelle dominant les bâtiments du quai des Orfèvres. Le malheur esl que le commun des mortels a un autre point de vue, et qui est moins flatteur, comme il sera facile à chacun de s'en rendre compte.

Après cela, les Amis du Palais pourront tou- jours » faire aimer et protéger leur maison » et veiller, comme ils disent, « à sa conservation artistique )>...

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Institut de France (séance trimestrielle du l"avril). M. Appell, président, met l'assemblée au courant des démarches qui ont été faites au sujet du projet de reconstruction de l'Institut : copie a été envoyée au ministre de l'Instruction pubUque du voeu émis à l'unanimité par la commission centrale administrative et par l'assemblée plénière, vœu demandant qu'on donne à l'Institut le périmètre prévu par le baron Ilaussraann (voir le 614 du liullelln).

Le bureau de l'Institut s'est ensuite rendu auprès

j

(1) On le trouvera reproduit dans le livre de M. H. Stein, snr le Palais de Justice.

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LE BULLEÎIN DE L'ART

du ministre et, après lui avoir rappelé ce vœu, a insisté sur ce point que la question est essentielle- ment d'ordre gouvernemental : quelle que soit la décision du Conseil municipal, cette décision doit être soumise à la ratification du préfet et, en dernier lieu, du ministre, puisque l'Institut est une pro- priété de l'État. Le ministre a promis d'étudier le dossier dans cet esprit.

A son tour, M. Ribot a dit ce qu'il avait fait au Sénat : malheureusement une solution ferme n'est pas encore intervenue. Le Conseil municipal, après une délibération secrète, serait disposé à commencer les travaux selon le projet nouveau. On ne peut accepter cette proposition et laisser entreprendre les travaux sans que le ministre donne son autorisation formelle.

Sur les arrérages des fondations Debrousse et Gas, l'Académie des beaux-arts reçoit : 2.500 francs pour la publication des Procès-verbaux de l'ancienne Académie d'archileclure, et ).500 francs pour la publication du Catalogue des dessins du musée du Louvre.

En fin de séance, M. R. Stourm a donné lecture du rapport annuel sur le domaine de Chantilly.

Académie des beaux-arts (séance du 28 mars). M. Pascal, qui fait fonction de secrétaire des séances en l'absence de M. Henry Uoujon, secrétaire perpétuel, donne lecture d'un décret autorisant l'Aca- démie à accepter le legs qui lui a été fait, comme il a été annoncé précédemment, par M"" veuve Cellier, pour créer un fonds destiné à donner des secours aux veuves d'artistes dans le besoin.

Le Prix Duc, de la valeur de 3.'700 francs, est attribué à M. L. Bonnier, inspecteur des services d'architecture de la Ville de Paris, pour ses plans du groupe scolaire de Grenelle.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 21 mars). M. le marquis de Vogué attire l'attention de ses confrères sur l'intériM que présente Bethléem, l'ouvrage des PP. Vincent et Abel, professeurs à l'École biblique de Jérusalem, qui a été offert à l'Académie.

La commission de la Fondation Duchalais, con- stituée en faveur de la numismatique médiévale, a décerné, cette année, le prix à. l'ouvrage intitulé : Corpus nummarum italicarum ; quatre volumes in-4° de ce vaste recueil ont paru depuis 1910. 11 a été entrepris sur l'initiative personnelle de S. M. le Roi d'Italie, et la rédaction s'est poursuivie sous sa haute direction.

La commission du Prix Edmond Drouin, destiné à la numismatique orientale, a attribué ce prix à M. R.-A. Whitbread, membre du service civil des Indes anglaises, pour son Catalogue of coins of Pendjab ( Lahore muséum).

-^ M. Colllgnon communique à l'Académie un rapport de M. Comby sur la mission qu'il a accomplie

à Delphes de juin à octobre 1913, pour y poursuivre des recherches en vue de la publication officielle des fouilles de Delphes.

M. Comby s'est attaché à mettre au point son travail sur les deux temples d'Apollon du vi* et du v* siècles et surtout à étudier la région comprise entre la Voie Sacrée à l'Est, le mur de soutènement au Nord, l'en- ceinte à l'Ouest et le mur polygonal au Sud.

M. Jullian combat une opinion qui, depuis quelques années, tend à se répandre dans le monde savant au sujet des textes de Slrabon et de César, relatifs au peuple gaulois des Médiomathiques, dont le pays, qui comprend aujourd'hui Metz et la Lorraine, s'étendait jusqu'au Rhin.

M. Henri Cordier a donné lecture d'une élude de MM. G. de Créqui-Monfort et du D' P. Rivet sur l'origine des aborigènes du Pérou et de la Bolivie.

Musée Carnavalet. Sur l'intervention de MM. A. Mithouard et d'Andigné, conseillers muni- cipaux, l'Assistance publique a fait déposer au musée Carnavalet, par l'Administration des Beaux-Arts, les boiseries anciennes qui ornaient la chapelle de l'hô- pital de la Pitié. L'Assistance publique reste, d'ailleurs, propriétaire de ces boiseries, de dimensions fort im- portantes et qui auraient nécessité de gros frais de réparation et de remise en place après la démolition de la Pitié; mais la solution actuelle est, en tout cas, préférable à la mise en vente de ces œuvres d'art, dont, un moment, il avait été question.

Musée Galliera. L'exposition ordinaire d'art appliqué a fermé ses portes le 29 mars, et l'on procède maintenant à l'organisation de l'exposition spéciale annuelle, qui sera consacrée, rappelons-le, à la sta- tuette et au meuble destiné à la présenter. Les envois sont reçus jusqu'au 18 avril, sauf le dimanche.

Le Musée Jacquemart-André à Châalis.

L'abbaye et le château de Chialis, légués à l'Institut par M"* Edouard André, en même temps que l'hôtel du boulevard liaussmann et ses collections, seront ouverts au public dans la seconde quinzaine d'avril. Le catalogue est maintenant sous presse, et le règle- ment, analogue à celui du musée Coudé, à Chan- tilly, sera prochainement publié.

École nationale des beaux-arts. Par arrêté du ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts en date du 30 mars 1914, M. Paul Guadet, archi- tecte du Gouvernement, a été nommé professeur de perspective à l'École nationale des beaux-arts, en remplacement de M. Julien, décédé.

Les Legs Delort de Gléon. Un décret récent vient d'autoriser le ministre de l'Instruction publique à accepter, au nom de l'État, pour le musée du Louvre, avec le portrait de M. Delort de Gléon par Gérôme, et son buste par Gasq, les enivres arabes, armes, verre» émaillés, céramiques, ivoires, étoffes, bijoux, bronzes et œuvres d'art, les armoires, vitrines, vitraux, pla-

ANCIEN ET MODERNE

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fonds, boiseries, décorations, meubles et immeubles par destination, laissés à cet établissement par M"' De- lort de Gléon, sous condilidn que le musée fera installer au palais du Louvre, dans le délai d'un an, à compter du présent décret, une salle arabe portant le nom de « salle Delort de Gléon » seront groupés tous les objets légués au Louvre.

Le ministre est autorisé à accepter en outre une somme de 100.000 francs, affectée aux frais d'enlè- vement, de transport et de réinstallation des objets légués.

Encore une louable générosité, mais faite, comme le Bulletin le montrait dans son dernier numéro, à des conditions qu'on ne peut que déplorer, puis- qu'elles tendent à ouvrir une nouvelle «chapelle» dans le Musée !

Concours pour un jardin. Un concours d'un genre assez particulier vient d être organisé, entre les artistes français, par la Société des amateurs de jardins, pour l'établissement d'un parc dans la pro- priété acquise à la Muette, par M. le Baron Henri de Rothschild.

Les concurrents devront tenir compte des allées existantes, qu'ils pourront modifier, mais dont ils seront tenus à préserver les arbres; on leur rappelle, en outre, que le château, édifié sur un emplacement désigné sur le plan joint au programme, sera inspiré du style Louis XIV; on leur demande, enfin, de joindre à leur projet un mémoire indiquant les méthodes préconisées et un état de plantation.

Les projets devront être déposés au Pavillon de Marsan, au siège de la Société des amateurs de jardins, le i" mai 1914, de 10 h. à 5 h. Une exposition publique aura lieu du 2 au 14 mai; le jugement sera rendu le 8 mai. Trois primes seront allouées de 3.000, 1.500 et 500 fr. chacune, et les projets primés deviendront la propriété de la Société.

Pour obtenir communication des plans et de tous les renseignements pouvant leur faciliter leur travail, les concurrents devront s'adresser sur place aux jardins de la Muette, à l'agence des travaux, rue de Franque- ville, qui leur délivrera un permis pour visiter le terrain, s'ils le désirent.

Les Amis de 'Vincennes. La Société des Amis de Vincennes s'est réunie, dimanche dernier, dans une des salles du donjon, dite « la Chambre de la Reine ».

Après l'approbation des comptes de l'exercice écoulé, M. Lefèvre-Pontalis a pris la parole pour exposer suc- cinctement le plan des travau.ic entrepris récemment au château.

Il n'est pas question d'entreprendre une restaura- tion : il s'agit simplement de débarrasser le monument de tout ce qui y fut ajouté après coup et de tout ce qui le dénature. Les résultats de ces travaux sont déjà fort remarquables : sous de faux plafonds, on a retrouvé des sculptures et des votites sur croisée

d'ogiTes; des portes murées depuis de longues années ont été rétablies, et la base primitive de l'escalier de service du donjon a été retrouvée.

On s'occupe actuellement de percer, au premier étage, la porte par laquelle, après avoir franchi la passerelle, le public avait accès dans le chàtelet. Puis on rétablira l'entrée principale, conformément aux décisions de la commission interministérielle.

On pense pouvoir, au mois de juin, permettre de nouveau la visite du monument et de la collection iconographique.

M. le commandant de Fossa a évoqué, en fin de séance, les souvenirs historiques se rapportant à toute cette partie du donjon, dénommée les Appar- tements de la Reine, notamment ceux relatifs à la pièce avait lieu la réunion.

Médailles et plaquettes. Après avoir frappé la médaille du graveur Lamourdedieu, commémorant le Congrès de Versailles qui a élu M. R. Poincaré président de la République, la Monnaie va procéder à la frappe de la médaille qui doit, selon la tradition, reproduire les traits du Président; elle est l'œuvre du graveur Léon Deschanips.

L'Église Saint-Louis-en-1'Ile. Le Bulletin a reproduit (n" 616) une note qui a fait le tour de la presse et d'après laquelle, en procédant à des travaux de réfection à la façade de l'église Saint-Louis-en- rile, on aurait retrouvé, sous une couche de peinture, de fort belles sculptures sur bois du xvii" siècle.

Ainsi présentée, cette information est inexacte. Le travail dont il s'agit est celui du grattage et du net- toyage des trois portes sculptées de l'église, les deux portes latérales, qui datent, non du xvii', mais du début du xviri* siècle, et la petite porte du clocher, moins ancienne (1741). L'intérêt des remarquables sculptures de ces portes, empâtées et alourdies par de nombreuses couches de peinture, était difficile- ment appréciable ; et si aucun de leurs motifs ne disparaissaient au point qu'il faille prononcer aujour- d'hui le mot de découverte, la beauté des ornements dégagés par le nettoyage sera pour les curieux une véritable révélation.

Chronique du vandalisme. Depuis quelques années, les architectes des monuments historiques s'acharnaient à défigurer l'admirable ensemble que forment, à l'entrée du port de la Rochelle, les tours de Saint-Nicolas et de la Lanterne, refaites dans le « style primitjf », selon la marotte des restaurateurs. Aujourd'hui, voici qu'ils s'en prennent à la tour de la Chaîne, qui s'élève en face de la tourSaint-.Nicolas, de l'autre côté de la passe.

o Elle date de la fin du xiv siècle, écrit M. André Ilallays dans le Journal des Débats; mais, durant la Fronde, le comte du Daugnon, un aventurier révolté contre le roi, la fit sauter, et elle resta à demi ruinée jusqu'au xviii* siècle; alors on la répara tant bien que mal. Elle a perdu créneaux et mâchicoulis; à l'inté^

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LE BULLETIN DE L'ART

rieur, toutes les voûtes, sauf celles du rez-de-chaussée, se sont écroulées. On va donc la reconstruire; non pas la consolider, mais la reconstruire. On la surélèvera de cinq mètres, on lui rendra sa couronne de créneaux et de mac/ncouliset on la coiffera d'une toiture conique en ardoise. Nous ignorons combien coûtera cetouvrage niais et inutile; mais nous sommes sûrs que, pendant que nos gens s'évertueront à remettre la tour de la Chaîne dans l'état elle se trouvait avant l'exploit du comte du Daugnon, ils laisseront périr de belles et vieilles églises et, pour s'en excuser, ils allégueront la pénurie de leur budget.

« Tandis que les architectes fabriquent du vieux- neuf, dans la même ville, on démolit les beaux ouvrages de Vauban qui rendaient si pittoresques les dehors de la place de guerre. »

A Tolède. La ville de Tolède s'apprête à célé- brer, pendant la Semaine Sainte, le troisième cente- naire du Greco. Une exposition de tableaux et de photographies a été organisée au musée du Greco et sera ouverte le dimanche 5 avril. Des conférences sur l'œuvre de l'arliste auront lieu le même jour, ainsi qu'une réception à l'Hôtel de Ville de Tolède. 11 y aura séance académique, service funèbre au couvent de Santo Domingo el Antiguo et concert le lundi 6 avril. Le mardi 1, une messe de Hequiem sera dite à la cathédrale ; on inaugurera un monument du Greco ; une fête littéraire au théâtre de Rojas couronnera les cérémonies.

A Éphèse. Les fouilles autrichiennes d'Éphèse, en 1913, ont dégagé les ruines voisines de la Biblio- thèque, ruines désignées, jusqu'ici, sous le nom de temple de Claude; l'édifice est, en réalité, uniV^mpAeum de l'époque antonine. A part cette trouvaille néga-

tive, — les fouilles n'ont pas donné de résultats importants. Les travaux d'Éphèse ne seront pas repris en 1914. Ch. 1>.

A Rhodes. Un décret récent autorise l'accep- tation par l'État de la donation, faite l'an dernier, par M. Bompard, ambassadeur de France à Constan- tinople, de 1' « Auberge de France », à Hhodes, la plus belle demeure des anciens chevaliers de Rhodes, qui date de 1480 et porte, au centre de sa façade, les armes de Pierre d'Aubusson, avec la devise: Monljoye Saint-Denis.

Nécrologie. L'illustre poète Frédéric Mistral, qui vient de mourir, le 25 mars, àMaillane, il était le 8 septembre 1830, avait consacré toute une part de sa vie à la restauration des traditions locales de sa petite patrie. Parmi se» nombreuses initiatives en ce sens, il nous faut signaler ici la création du Muséon Arlalen, consacré à l'ancien art provençal, et qui reste le véritable modèle des musées régionaux.

Le Comte Frédéric-Emmanuel-Enguerrand du Suau de la Croix, à Petit- Val (Seine-Inférieure), est mort le 19 mars, à Paris, dans sa soixante-quin- zième année. Les émaux translucides de cet artiste furent souvent remarqués et récompensés aux Salons (ment, hon., 1899; méd. 3' cl., 1902).

Le graveur Ernest Florian, en Suisse et natu- ralisé Français, qui appartenait à une bonne lignée de graveurs sur bois, vient de mourir à Paris. On lui doit la traduction de nombreuses illustrations, telles que celles pour Eugénie Grandet (1912j et celles pour la Udlisserie de la reine l'édauque (1913), pour ne citer que les plus récentes. Hécompensé plusieurs fois aux Salons parisiens, Ernest Florian avait reçu une médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente d'objets appartenant à

M™' J...— Faite, salies 7 et 8, les 20 et 21 mars, par yi" Engelmann et Baudoin, assistés de M.M. Man- nheim et Simons, cette vente a produit 133.000 fr. Trois enchères seulement sont à signaler : 234. Tapisserie flamande, xvi« siècle, animaux dans une forêt, 10.500 fr. (dem. 12.000). 235. Tapis- serie flamande, -xvi° siècle, cortège de guerriers dans la campagne, 5.210 fr. 239. Tapisserie

flamande, xvii" siècle, panthère guettant des singes dans une forêt, 7.600 fr. (dera. 8000).

"Vente d'objets appartenant à M"" X... [Méuier] (2" vente). Cette vente, dirigée, salles 5 et 6, les 23 et 24 mars, par M" Baudoin et MM. Mannheim, a produit 167.000 francs. Ici encore quelques prix seulement sont à retenir dans la catégorie des tapisseries :

Flandres, Xi'l' siècle : 277. Tapisserie, combat de style antique, large bordure, 8.900 fr. (dem. 7.000; rest.). 278. Cantonnière, composée d'unfe bordure

ANCIEN ET MODERNE

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eu

à compositions galantes, etc., 6.300 fr. (deui. 6 000). 279. Tapisserie, animaux dans un jardin, large bordure, 9.400 fr. (dcm. 8.000). 280. Tapisserie, l'Enlèvement d'Hélène, bordure figures, 12.050 fr. (deni. 8.000). 284-283. Fragment, saints personnages avec monuments, fragment, vue d'un port de mer avec grands personnages, 4.700 fr. {dem. 3.000).

AV7/" siècle. 287. Grande tapisserie, Antoine et Cléopdtie, bordure, 8.400 fr. (déni- 6.000; mauvais tat). 288. Cantonnière, médaillons à sujets bibli- es, etc., 8.S60 fr.

XVIII' siècle. 293. Tapisserie, paysage avec mare nimée de deu.\ canards, 4.715 fr. (dem. 4.000).

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»

Vente d'objets d'art, etc. Baudoin et M. Pape ont dirigé, salle 10, le 25 mars, une vaca-

ilion anonyme qui a produit 73.604 francs. Une beule enchère vaut d'être notée, les 39.000 francs

'obtenus sur la demande de 35.000, par une série de huit fauteuils en bois sculpté, d'époque Louis XVI, signés Courtois, couverts en tapisserie lu XVIII" siècle à vases fleuris sur fond clair.

Vente de la collection de M. X... (minia- Inres). Le 25 mars. M' Lair-Dubreuil et

IM. Mannheim ont procédé à cette vente qui a

éalisé 82.000 francs. Deux prix à retenir : ^abey: '32. Portrait préfiuiné d'Elisabeth Alexieivna,

npératrice de liussie, 4.000 fr. (dem. 5.000). Portrait de l'impératrice Joséphine, 5.400 fr. |dem. 5.000).

Vente d'objets provenant du château de

Annoncée par un mince catalogue ilius- |ré, cette vente, dirigée, salle 6, le 27 mars, par I' Desvouges et MM. Sortais, Duchesne et Du- plan, a produit 70.000 francs.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux. 3. U. Teniers. Paysage, soleil cou- chant, 7.300 fr. (dem. 8.000).

Meubi.es. 4-5. Commode en acajou à pans coupés, pieds forme carquois, ornements en bronze ciselé et doré, signée de P. Garnier, ép. Louis XVI. Deux encoi- gnures en acajou, ornements bronze doré, signées de Garnier, ép. Louis XVI, 30.700 fr. (dem. 32.000).

Tapissebies. 6. Panneau, ancienne et fine tapis- lerie-verdure de Bruxelles, perspective d'un jardin à a française, décoré de portiques, 10.300 fr. (dem. 10.000). 7. Panneau, ancienne et fine tapisserie- verdure de Bruxelles, sujet analogue, bordure à guir- landes, etc., 18.500 fr. (dem. 22.000).

Vente de la collection du Comte de F... (tableaux, objets d'art). Faite, salles 7 et 8, par M" Lair-Dubreuil et MM. Ferai et Mannheim, cette vente a produit 182.855 francs.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux anciens. 25. Huet. Le Colombier, 5.030 fr. (dem. 4.000). 31. Attr. à N. Lawreince. Les Deux cages ou la Plus heureuse, 8.430 fr. (dem. 8.000). 38-39. Pillement. Le Colombier, le Moulin, 6.230 fr. (dem. 4.000).

Faie.nces. Delft. 63. Assiette décorée fleurs, 4.600 fr. (dem. 3 000).

Tapissehies, tapis. 125. Tapiss. d'Aubusson, ép. Louis XV, d'ap. Boucher, La Datise chinoise, 32.000 fr. (dem. 40 000). 126. Tapiss. d'Aubusson, ép. Louis XV, d'ap. Boucher, L'Audience impériale, 16.200 fr. (dem. 20.008). 127. Tapiss d'Aubusson, ép. Louis XV, paysage avec château et chiens poursuivant un lièvre, 9 000 fr. (dem. 8.000). 133. Deux bandeaux et quatre montants, bordures tapiss. Dam., xvi* s., 6.100 fr. (dem. 10.000) et 6.100 fr (dem. 8.000).

Succession Levesque (tableaux, objets d'art). Faite salle 6, les 27 et 28 mars, par M' Lair-Dubreuil, assisté de MM. Brame, Paulme et Lasquin, cette vente a produit 308.558 francs. Les détails que nous avons donnés en l'annon- çant, nous dispenseront d'ajouter un long com- mentaire à la liste des enchères les plus élevées.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux anciens. 1. Jacob van Blarenberghe. Les Quatre saisons, quatre gouaches, 41.000 fr. (dem. 26.000; V. Evrard-Rhoné, 1861, 500 fr. ; v. Lévy-Cré- mieu, 1886, 29.000 fr.). 9. J. Jordaens. Le Piqueur et ses chiens, 6.700 fr. (dem. 8.000). 10. Pater. Les Plaisirs du camp, 36.100 fr. (dem. 25.000; v. Wilson, 1881, 17.500 fr.). 13. Rigaud. Philibert Orry, comte de Vignory, et 14. D'après Rigaud. Philibert Orry, gravure par B. Lépicié, 10.300 fr. (dem. 15.000; v. de la comtesse de la Kerronnays, 1897, 6.400 fr.). 15. J. Steen. Le Contrat de mariage, 13.500 fr. (dem. 20.000).

Tableaux modernes. 19. Corot. La Fontaine Jacob, A lise- Sain le- Heine, 5.000 fr. (dem. 10.000). E. Dela- croix : 21. llélioilore chassé du temple, 14.000 fr. (dem. 15.000; V. Delacroix, 1864, 1.050 fr. ; v. de La Roche- boisseau, 1873,7.500 fr.; v.Tabourier, 1898, 15.500 fr.). 22. Lutte de Jacob avec l'ange, 20.000 fr. (dem. 15.000; V. Tabourier, 13.500 fr.). 28. Meissonier. Troupe de mousquetaires, 14.500 fr. (dem. 15.000; V. Secrétan, 1889, 36.600 fr.). —29. G. Moreau. S^aint- Sébastien, 24.200 fr. (dem. 20.000). 37. Troyoïji. Pay- sage de Hollande, 6.200 fr. (dem. 10.000). 38. Ziem. Le Jardin français à Venise, 5.000 fr. (dem. 10.000).

Objets vabiés. 81. Deux vases simulés marbre gris-bleu veiné de blanc et monture bronze ciselé et doré, style Louis XVI, 6.810 fr.

Tapisseries anciennes. 144. Grand écran, anc. tapiss. de Saint-Pétersbourg, genre Gobelins, Amphi- trite, etc., 7.000 fr. (dem. 8.000; au musée Stiglitz, de

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LE BULLETIN DE L'ART

Saint-Pétersbourg). U5-1 48. Quatre tapiss. -verdures, Louis XIV, paysages avec volatiles, bordures à Qeurs, 16.000 fr. (dem. 10.000).

Vente d'objets d'art, etc. Lair-Dubreuil et M. Léman ont dirigé, le ,30 mars, salle 7, une vacation anonyme comprenant des objets de haute curiosité, d'ordre secondaire. Cette vente a produit 42.000 francs, avec, comme prix prin- cipal, les b.COO francs réalisés par une tapisserie de la fin du xv siècle, offrant des animaux, oiseaux et fleurettes sur fond bleu.

Ventes annoncées. A Paris. Collection J. Couderc(l" vente ; objets d'art). Un des doyens du monde des antiquaires parisiens, M. JulesCouderc, poète à ses heures, ayant décidé de prendre sa retraite, va faire passer au feu des enchères les objets d'art, d'ameublement et de curiosité, de toute époque et de toute espèce, qui composent son stock de marchandises. La première vente qui va commencer cette disper- sion, aura lieu salle i, les 6 et 7 avril, parle ministère de M" Lair-Dubreuil et Baudoin, assis- tés de MM. Paulmeet Lasquin.

Dans le catalogue illustré, nous remarquons : une pendule en bronze ciselé et doré, dite Au Déserteur, d'époque Louis XVI, et une autre, du même temps, en marbre blanc et bronze, com- posée d'une pyramide flanquée de sphinx ; une commode en marqueterie de bois de couleurs, avec bronzes, d'époque Louis XVI; puis, parmi les dentelles, une aube en ancien point deFrance, ép. Louis XIV, à grands ramages ; enfin, parmi les tapisseries, deux tapisseries flamandes du xvi» siècle, à nombreux petits personnages, re- présentant, l'une, une fête dans le parc d'un château, l'autre, une fête de village, toutes deux avec bordures.

Collection William (tableaux anciens et modernes). Le 27 avril, à la galerie Georges Petit, M"' Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Georges Petit et Ferai, procéderont à la vente de la Collection de M. Alphonse William, de Bruxelles, composée de peintures de l'école de 1830, dont un important Corot, les Bergers d'Arcadie, et de quelques tableaux anciens.

A Amsterdam. Dès à présent, MM. Fred. Muller et C", prennent date pour les ventes sui- vantes :

Le 29 avril, vente de tableaux modernes provenant de diverses collections.

Du 12 au Ib mai, vente d'antiquités et d'ob- jets d'art européens, orientaux et d'Extrême- Orient, appartenant à divers amateurs.

Les 26 et 27 mai, vente de tableaux anciens comprenant la Collection PeUzer, de Cologne, et des tableaux de diverses provenances, en majeure partie de l'ancienne école hollandaise.

Ces ventes fcymeront l'objet de catalogues illustrés.

A Berlin. Armes. Lne vente d'armes européennes et exotiques, provenant de diverses collections, aura lieu à Berlin, chez R. Lepke, les 7 et 8 avril. Quelques planches, jointes au cata- logue, reproduisent les numéros les plus mar- quants de cette réunion d'armes et de pièces d'armures.

A Milan. Collection Félissent. Les

experts Carlo et CesareClerici dirigeront, à. Milan, dans un des salons du Palais Cova, le 27 avril et les jours suivants, la vente du véritable musée napoléonien, jusqu'ici conservé dans la célèbre villa Corner, près de Trévise. Commencée par le comte Jean-.lacques Gayet de Félissent, capi- taine dechasseurs dans la Grande Armée, etconti- nuéeparson petit-fils, cette collection comprend, d'une part, des séries numismatiques, de l'autre, des estampes, autographes, livres, enfin des curiosités historiques et des objets d'art, le tout se rapportant à Napoléon I"'' et à son temps. (Catalogue illustré.)

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

IV" Salon de la Société des Dessinateurs- Humoristes (galerie La Boétie). C'est un aimable divertissement de véritables dessina- teurs, et qui contient un chef-d'œuvre, une page d'actualité politique à qui l'art prête un peu de son éternité : l'Abîme, de Willette; avec sa nudité tragique et les raccourcis épais de ses membres raidis, la République, qui glisse au gouffre sous les coups des sacs d'or et des pots de vin brandis sur sa coiffe phrygienne, évoque le réalisme élo- quent de la Hue Transnonain... C'est une haute leçon donnée par l'humour ; et Willette, ici, n'est pas le seul héritier de notre Daumier : voici F'orain. qui connaît l'envers du théâtre aussi bien que la tragi-comédie des tribunaux ; Stein- len, ami compatissant de la Bouquetière gogue-

ANCIEN ET MODERNE

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narde ou des pitoyables lavandières ; Dethomas, cruel observateur de Vavara meretrix ; Hobert Noir, ami moins connu de la misère ; Bernard Naudin, confident des gueux, plutôt hanté d'Hol- bein ou de Goya. L'optimisme apaisant du sourire s'est réfugié dans une vaporeuse eau-forte, duo d'amour printanier que Maurice N'eumont, peut- t'tre en musical souvenir de Louise, intitule Mont- martre. On songe à l'Alsace de jadis en regardant l'Alsace d'aujourd'hui, décrite par le crayon coloré de Hansi. Depuis Chéret jusqu'à Drésa, c'est le XVIII" siècle qui se réveille et qui voudrait pposer sa grdce malicieuse à la fantaisie plus ou moins romantique ou romanesque de Louis Morin, de Léandre et d'Abel Truchet. Le talent surabonde ici comme ailleurs ; et les petites femmes entravées par Carlègle apprendront à l'avenir étonné la tyrannie de la mode.

^P Société des Peintres de montagne (au Cercle de la Librairie). » Pour la patrie, par la montagne », cette dix-seplièrae exposition d'une Société de plus en plus discrètement fidèle

Pi sa flère devise n'apporte aucune révélation ; mais, ici plus qu'ailleurs, la palette de M. Joseph Communal ressemble aux écrins d'un lapidaire, et l'anneau de saphir qui sertit son Lac du Bour- get, vu de la Serra:, apparaît magique. Atmo- sphère plus trouble, les crépuscules nuageux de M. Lévy-Dhurmer font songer aux décors wagné- riens. M. Nozal peint les glaciers bleus et la lune de soufre au ciel mauve, qu'Obermann a vu « monter au-dessus du Velan ». Fidèle à sa devise britannique, M. Iwill se dislingue toujours à côté . de M.M. Gharreton, Cachoud, l'ierre Waidmann, Lemaître et Noirot. Les bruyères continuent de nommer M. Didier-Pouget, comme les peupliers annoncent l'eau. L'aquarelle réclame une magis- trale petite Vue d'Assise, de M. Pierre Vignal, et ^■les notes neigeuses de M. Schrader ; la gravure, ^^ les « estampes décoratives » et curieusement auvergnates de M, Maurice Basset, les eaux-fortes de M. Etienne de Martenne et les essais de « gra- vure au marteau » de M. Edouard Monod- Herzen (I). A côté des études de Jacques Huch et des synthèses de Gabriel Loppé, la section rétrospective nous rappelle, toujours discrète- ment, que notre ancien condisciple Henri Havet (1862-191.3) aimait à prendre le rude chemin des Alpes pour aller admirer le Soir au Forum.

(1) Voir, dans la Gazelle des Beaux-Arts de mars 1914, l'étude écrite par l'artiste sur cette technique nouvelle.

Les Peintres de neige (galerie A. -M. Reitlin- ger) et Groupes divers. Puisque le paysage, entre tous les arts, est « l'homme qui s'ajoute à la nature », ce n'est pas une fâcheuse idée de confronter les peintres d'un genre ; et, dans la mystérieuse monotonie du thème, les variations exécutées par chacun d'eux sur la blancheur irisée de la neige nous auront permis de mieux sentir l'accent magistral du peintre-graveur gan- tois, M. Albert Baertsoen, et de ses grandes aqua- tintes, la saveur originale de M. Gustave Pierre, un élève de Gustave Moreau retiré dans sa pro- vince, mais remarqué dans la cohue de nos Salons parisiens, la belle pAte de MM. Henry Gassiers et Victor Gharreton, les humides atmo- sphères de MM. Lebourg et Luigini, la Hollande de M. Gorter, le Tyrol de M. Lachman, le Canada de M. Clarence Gagnon, l'Auvergne de M. de Ter- likowsky, l'Espagne de M. Gaston Balande, qui trouve Avila sous un lourd linceul que n'avait pu voir M. Chartes Cottet ; et la neige nous fait déplorer l'absence de M. Berson.

Signalons seulement plusieurs groupes nou- veaux : chez Manoury, rue Boissy-d'Aiiglas, les Rémois, nous avons plaisir à reti-ouver M. Gus- tave Pierre, à côté de M. Paul Bocquet; chez Guérault, rue Roquépine, les Bretons, sauf M. Pierre Bertrand, qui s'est volontairement isolé chez Devambez ; chez Marcel Bernheim, rue Caumartin, le premier « Salon international de la gravure originale en noir et en couleurs », qui nous répète les mérites variés de M™« Hopkins et de M.M. Paul-Émile Colin, Gobo, Gagnon, Le Petit, Achener et Roger Grillon. Les peintres- graveurs se rassemblent à la galerie Levesque ; les dessinateurs, à la galerie Grandhomme ; les décorateurs, à la galerie Groult. Après les Peintres de Versailles et les Intimistes, se distinguaient les jolies aquarelles de M. Ernest Herscher, la nouvelle galerie Hessèle accueille, rue Balzac, les Peintres de nu, dont nous reparlerons très prochainement.

L'art ne chôme pas et, pour suppléer aux bourgeons tardifs, le paysage abonde ; mais qui ne sut se borner ne sut jamais faire de critique: il faut résolument choisir et se contenter de retenir, parmi trop de paysagistes, « les trois mois à Séville » que nous raconte, chez Allard, au milieu des bosquets fleuris d'amaranthes, l'entrain de M. Georges Berges et « le voyage en Flandre et en Picardie » que nous propose, chez Georges Petit, dans la pâleur des ciels pluvieux, la gravité de M. Michel Cazin, sans oublier l'aride

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LE BULLETIN DE L'ART

splendeur de la Provence hardiment disséquée, chez Paul Mosenberg, par l'âpreté de M. René Seyssaud... Au demeurant, n'est-ce pas en art, en peinture surtout, que le philosophe Scho- penhauer aurait eu bien raison d'assigner des limites à notre capacité de sentir'?

Études de ciels, par Louis Braquaval (gale- rie Chaîne et Simonson). Entre tant d'expo- sitions particulières, il faut remarquer ces très fines études d'atmosphère et d'espace, exécutées par un ami du ciel sur la baie de la Somme. Après Turner et Delacroix, en même temps que Whistier et Jongkind, Eugène Boudin s'était déjà fait le conlident de ces heures pâles et de ces nuages dans de simples notes que célébrait Baudelaire au Salon de 1859 ; et c'est Boudin, surtout, que rappelle la délicatesse de M. Bra- quaval, avec autant de précision, mais avec moins d'enveloppe dans la gamme des gris nacrés.

Raymond Bouyer.

LES REVUES

France

Les Arts (mars). Gabriel Moukey. Trois pasto- rales de Boucher. Elles font partie de la collection Demotte.

Achille Seoard. Fresques inédites de l'tivis de C/iavannes. Elles datent de 1835 et ont été exécutées pour la maison de campagne du frère de l'artiste, à Cuiseaux (Saône-et-Loire). Les Quatre Saisons, avec un panneau central, le Retour de l'enfant prodigue, décorent la salle à manger; il y a également quatre dessus de portes, un Clirist aux outrages, daté de 1858, et enfin une série de décorations extérieures sur les murs des écuries, représentant des personnages et des animaux.

Charles Saunier. Un Revenant : Julien Le Blant.

A propos des envois de cet artiste à. la dernière exposition des Aquarellistes : l'ancien peintre militaire a trouvé une voie nouvelle dans les représentations de marchés et de paysages corréziens.

E. Ciiahtkaire. L'Autel de Notre-Dame de Beth- léem, à Ferrières-en-Gdtinais. Sculptures de Gilles Guérin, en 1606, exécutées en 1650.

Maurice Hamel. Camille l'issarro, exposition rétrospective de ses œuvres.

Allemagne

DieKun8t(février). J.-A.Uerinuer. H. A. Biihler.

Peintre, en 1877; art symbolique, monumental.

très allemand; nombreuses reproductions; le Pro- méthée est une composition singulière, mais inté- ressante.

M. K. Roue. Le Salon d'hiver de la Sécession de Munich.

II. Pai.lmans. Fritz Sckwarlz. Notice nécro- logique ; Fritz Schwartz était le rédacteur en chef de la Kunst et le directeur de la maison Bruckmann, de Munich.

A. Castell. E.-A. Bourdelle. Aperçu général de l'œuvre. L'auteur apprécie surtout les sculptures du Théâtre des Champs-Elysées, « la seule œuvre architecturale de la sculpture française moderne ».

Deux acquisitions pour des musées. Le Concert d'enfants de A. Keuerbach, acheté 185.000 marks pour le Musée de Hanovre, et le fameux Hugo van der Goes, de Monforte, acheté pour le musée de Berlin.

R. Braunoaht. « La Lutte des Éléments », par R. M. Eichler. Fresque exécutée dans le bâtiment de la Compagnie de Réassurances, de Munich. Repro- ductions de l'ensemble et des détails de la composi- tion.

II. E. Wallsee. Alfred Lichtwark. Notice nécrologique sur le décorateur du Musée de Ham- bourg.

P. ScHOMANN. Deux nouvelles muvres du sculp- teur Max Klinyer.

II. Kaiser. Le Nouvel hélel de ville de Hanovre.

Construit par l'architecte Halmbuber; peintures décoratives par Ilerler et Engeler; sculptures par Bredow et autres.

G. Amma.n.n. Nouveaux jardins.

P. Westheim. Franziska Bruch et son école de décoration florale, à Berlin.

(Mars). H. Fietz : Oskar Laske. Étude d'en- semble sur l'œuvre de cet humoriste original, qui excelle à peindre la foule individualisée.

F. E. Washrurn Frelnd. .Aquafortistes anglais.

Muirhead Bone, J. Penuel,Cameron. MacLaughIan, Brangwvo, etc.

G. i. WoLF. Anselm Feuerbach et notre temps.

Ce qui, de nos jours, plaît le mieux dans l'œuvre de Feuerbach, ce sont les études, les tableaux peints dans les intervalles des grandes machines, bien plus que ces machines elles-mêmes.

La Collection A. 0. Meyer. Romantiques allemands.

SciiMinr. Maisons construites par F. Krilger. A Cologne.

Travaux de H. Schmilhals. Tapis.

W. FoiTzicK. Faïences et majoliques de la fabrique von Debschitz, à Munich. G. Hl'BT.

Le Gérant : H. Dinis.

Paris. Imp. Georges Petit, \î, rue Godot-de-M«uroi.

Numéro 620

1/^ Samedi 11 Avril 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

L'Institut et la Ville de Paris

A diverses reprises, il a été question, dans ce Bulletin, du prolongement de la rue de Rennes et des travaux qui doivent en être la consé- quence : percement de voies nouvelles, recon- struction partielle de l'Institut, pont sur la Seine, etc. (1); il y a huit jours encore, le compte rendu de la séance plénière de l'Institut était presque entièrement consacré aux difficultés survenues à ce propos entre les administrateurs du Palais Mazarin et la Ville de Paris M. Alexandre Ribot ayant porté l'afTaire à la tribune du Sénat, le 2 avril, sous forme d'une question adressée au ministre de l'Instruction publique, il n'est pas sans intérêt de mettre, une fois de plus, le public en présence des faits de la cause.

l'n projet d'Haussmann, qui date de 1866, a dit en substance M. Ribot, a été repris, il y a quelques années, par la Ville de Paris : il com- prend essentiellement une voie qui doit partir de la place Saint-Germain-des-Prés pour aboutir à la Seine, au quai Conli, près de la Monnaie; sur cette voie doit s'embrancher, à peu près à la hauteur de la rue des Beaux-Arts, une autre voie qui atteindra le quai Malaquais, entre le palais de l'Institut et la rue Bonaparte, On se rappelle que la première de ces deux voies devait se continuer par un pont biais, entre la Cité et le pont des Arts ; les protestations qui se sont élevées contre ce projet néfaste l'ont fait aban- donner; on propose maintenant de transformer le pont des Arts en un pont carrossable.

l,a voie aboutissant au quai Conti traverserai partie des bâtiments de l'Institut se trouvent la salle des séances, les salles de commission et la bibliothèque. L'Institut ne fait pas d'opposition à ce bouleversement; il accepte le projet d'Hauss-

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(1) Voir, en particulier, le 596 du liullelin.

mann, d'après lequel le palais doit être recon- struit derrière sa façade actuelle et bordé par les deux rues qui aboutiront l'une au quai Conti, l'autre au quai Malaquais; il l'accepte surtout parce qu'il y trouve un accroissement de surface, cette transformation lui donnant H.900 mètres carrés couverts, au lieu des 8.600 qu'il occupe actuellement.

Mais la Ville de Paris, elle, n'accepte plus le projet d'Haussmann dans son intégralité, et voici pourquoi : ayant prévu trente-huit millions pour prolonger la rue de Rennes et bâtir un pont, elle se rend compte que cette somme est insuf- fisante et voudrait combler une partie de son déficit en rognant sur les terrains attribués à l'Institut. Celui-ci a protesté avec énergie et s'est adressé à l'État, propriétaire du Palais Mazarin. Le Conseil municipal a répondu alors par une illégalité ; il s'est constitué en comité secret et il a décidé que les travaux de piolongement de la rue de Rennes seraient entrepris immédia- tement jusqu'à la rue des Beaux-Arts, c'est- à-dire jusqu'au point d'où partiront les deux voies nouvelles aboutissant aux quais. Sans doute, espérait-il ainsi mettre l'Institut devant le fait accompli et lui forcer la main ; mais l'In- stitut n'est pas d'humeur à se laisser jouer, et le Conseil municipal a le comprendre en lisant le discours très mesuré, mais très ferme, prononcé par M. Ribot à la tribune du Sénat.

M. Ribot a demandé au ministre : que rien ne soit fait ni autorisé en dehors des termes du décret de 1866, tant que ce décret n'aura pas été modifié; que ce décret soit précédé d'un accord financier entre l'État et la Ville; enfin que l'Institut et ses représentants ne soient pas laissés seuls en face de la Ville de Paris, et que l'Etat prenne en mains l'affaire, comme il est de son devoir. Tout en faisant ses réserves sur la seconde demande, le ministre a très nettement donné aux deux autres la réponse favorable qu'on attendait de lui.

« Que l'Institut tienne bon, écrivait l'autre jour

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LE BULLETIN DE L'ART

M. André Hallays, et le ministre fera comprendre à la Ville la folie d'entreprendre aujourd'hui un travail qu'elle ne pourra peut-être pas achever, faute de ressources. Si, pour la bonne règle électorale, il est indispensable que ce quartier soit bouleversé comme les autres quartiers de Paris, on pourrait s'en tenir à l'élargissement de la rue Bonaparte entre Saint-Germain-des- J*rés et le quai Malaquais. Ce ne serait peut-être pas beaucoup plus utile, mais ce serait moins cher et moins désastreux. Voici douze ans que nous ne cessons de recommander cette solutiori- là. Il n'est pas encore trop tard pour y revenir. »

É. I).

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 4 avril).

Le président annonce à ses confrères le décès de Sir Hubert Ilerkomer, de Londres, associé étranger de l'Académie des beaux-arts depuis 1896.

La Compagnie commence l'étude des amélio- rations à apporter dans l'aménagement du musée de la fondation de Gaen, annexe de l'Institut.

Académie des inscriptions et belles-lettres

M. Héron de Villelosse signale une inscription latine découverte à Thibiuca, dans la vallée de la Medjerda, par M. Fleury du Sert, maire de Tebourba (Tunisie).

M. Paul Monceaux donne lecture d'une note de M. Carcopino, professeur à l'Université d'Alger, direc- teur du musée des Antiquités algériennes, sur une mosa'ique tombale découverte à Tipasa (Algérie) dans la basilique dite d'Alexandre, par l'abbé Dubosq : cette mosa'ique nous fait connaître le nom d'un certain, Renatus, évêque de Tipasa au iv siècle.

M. Homo, ancien membre de l'École française de Rouie, donne lecture d'une étude sur les maisons de rapport et la crise des loyers dans la Home impé- riale.

Société nationale des antiquaires de France

(séance du 2.'i mors) M. Maurice Roy continue sa communication sur les travaux elfeclués par Philibert Uelorme au château de Fontainebleau pendant les années 15.'H-1S59, comprenant la reconstruction de la partie entre la chapelle de la Trinité et le pavillon des Poêles. Le dernier ouvrage parait avoir été l'amé- nagement de la salle de l'armurier du roi.

M. V. Chapot étudie un bas-relief de Terraci^c, publié par La Blanchère, et représentant un vaisseau avec une inscription dont il détermine le sens.

M. le commandant Lefèvre des Noc'ttes étudie les casques à nasal et prouve, à l'aide de documents <

tirés des manuscrits à miniatures des xv xi' et XII* siècles, que ce n'est qu'à partir de cette dernière époque que ce genre de casque a été porté d'une façon à peu près générale. Il persista jusqu'à la seconde moitié du xnr siècle.

M. Paul Monceaux communique des sceaux chrétiens, découverts à Carthage par le R. P. Delattre.

(Séance du 1" avril). MM. Prou et Blanchet font une communication relative à des inscriptions latines dont la copie est conservée dans la correspondance de Mabillon.

M. le comte de Loisne signale un intéressant manuscrit du xv siècle; c'est un bréviaire à l'usage de Thérouanne, qui a été exécuté pour Henri de Lor- raine, évêque de Thérouanne de 1456 à 1485

M. l'abbé Corbière lit une note relative à une attestation authentiquant un sceau en 1371.

Société d'encouragement à l'art et à l'indus- trie. — Le jury de la Société vient d'attribuer ses primes d'encouragement à des artistes ayant exposé au 9* Salon de la Société des artistes décorateurs. Les concurrents devaient être Français et avoir exposé «un objet d'usage pratique, un ensemble de mobilier et de décoration intérieure, ou un projet d'architec- ture extérieure ».

Voici la liste des lauréats :

1" prime de 300 francs et une plaquette d'argent : M. Laurent Malclès (serrurerie décorative en bronze ciselé) ;

2* prime de 200 francs et une plaquette de bronze ; M. Jules Coudyser (série de tissus et stores);

3* prime de 200 francs et une plaquette de bronze : M. Louis-Philippe Sézille, architecte (maquette d'une maison de campagne et de jardins);

4" prime de 200 francs (don de MM. Isidore Leroy et Paul Parquet) et une plaquette de bronze: M. André Mare (ensemble de mobilier);

5* prime de 100 francs (fondation de M. James H. Hyde) et une plaquette de bronze : M. Etienne Ave- nard (faïences décorées);

6* prime de 100 francs (don de M. G. -Roger Sandoz) et une plaquette de bronze ; M. Loys Brachet, archi- tecte (projet de villa démontable) ;

■7* prime de 100 francs (don de M. Pierre Laguionie) et une plaquette de bronze : M. Emile Bernaux, sculp- teur (meubles de salle à manger);

8" prime de 100 francs (don de M. Fcnaille) et une plaquette de bronze : M. Raoul Lachenal (grès décorés grand feu) ;

9* prime de 100 francs (don de*M. Fernand George) et une plaquette de bronze : M. Auguste- Henri Thomas (modèles de tissus) ;

10* prime de 100 francs et une plaquette de bronze : M. Maurice Quénioux (ctolfes. velours et soieries);

11* prime de 50 francs et une plaquette de bronze : M"* Colette Myrtille (broderies).

Une plaque de bronze a été attribuée, comme

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récompense spéciale, à M. François Decorcheniont, pour ses pâtes de verre, et un rappel de plaquette d'honneur en vermeil a été, en outre, voté en laveur de M. Emile Gagnant, éditeur de serrurerie d'art.

Musées nationaux. M. Cormon, membre de l'Institut, a offert à l'État, pour le musée du Lu.Kcm- bourg ou celui de Versailles, le portrait de l'aiil Déroiilède prononçant son discours « Champigny, qu'il exposa au Salon de l'année dernière. Le Conseil des musées a accepté le don du tuaitre.

Musée du Louvre. Dans sa dernière séance, le Conseil des musées nationaux a adopté un projet relatif à la réorganisation des ateliers de moulage et de chalcographie du Louvre.

Le Conseil, désireux de développer la production de ces ateliers, a voté en leur faveur une augmen- tation de crédit de 20.000 francs, qui sera fournie par la caisse autonome des Musées nationaux. Dès à pré- sent, la direction s'occupe de recruter des ouvriers mouleurs à bon creux, praticiens expérimentés et sûrs, pour rénover les procédés d'exécution. Le con- seil escompte un notable accroissement de recettes, en même temps qu'un regain d'activité qui permettra au Louvre de participer en de bonnes conditions à la vulgarisation des chefs-d'œuvre qu'il possède.

École du Louvre. M. Marquet de Vasselot, conservateur-adjoint au musée du Louvre, fera après Pâques quelques conférences sur les arts du métal, le lundi à 2 h. t/2, dans les salles du musée. La première leçon aura lieu le lundi 20 avril.

Les Œuvres d'art de la ville de Paris. Dans une de ses dernières séances, le Conseil municipal de Paris a adopté plusieurs propositions tendant à l'acquisition de diverses œuvres d'art; à la partici- pation financière, pour une somme de S. 000 francs, à l'exposition rétrospective du paysage français de Pous- sin à Corot, prévue pour le printemps de 1915, au Petit Palais; à l'ouverture d'un crédit de 40.000 francs pour l'aménagement des collections de dessins et gravures léguées par Dutuit au Petit-Palais; à l'ouver- ture d'un crédit de 13.000 francs pour les travaux de réfection du musée Carnavalet.

La Caisse des monuments historiques et l'Of- fice des monuments non classés. Dans sa

séance du 2 avril, la Chambre n adopté :

Le projet de loi, précédemment voté par la Chambre, sur le rapport de M. Théodore lieinach, et adopté avec modifications par le Sénat, tendant à la création d'une Caisse des monuments historiques et préhistoriques ;

L'ne proposition de loi de M. Georges Lejgues et plusieurs de ses collègues, portant création, au minis- tère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, d'un Ollice des monuments ayant un caractère esthétique ou historique, non classés par les lois du 30 mars 1887 et du 31 décembre 1913.

Nous publierons prochainement le texte de ces deux lois.

L'Armure de Philippe II. Le Sénat, dans sa séance du 2 avril, a voté le projet de loi, déjà adopté par la Chambre (voir n" 617 du HuUelin\ « autorisant le ministre des Affaires étrangères à offrir au gouver- nement espagnol le chanfrein de l'armure de Phi- lippe II ».

Mais alors que la Chambre avait adopté cette loi en cinq minutes et sans discussion, le Sénat a entendu une vigoureuse protestation de M. Dominique Dela- haye, qui s'est élevé contre cette aliénation regret- table, et a proposé d'envoyer àl'Armeria Real, non les pièces originales, mais la reproduction par la gal- vanoplastie du chanfrein et de ses accessoires. Le ministre, dans sa réponse, a donné quelques explica- tions pour bien mettre en évidence qu'il ne s'agissait plus, comme il en avait été question tout d'abord, d'un dépôt des pièces d'armure dans un musée étran- ger, mais d'une véritable aliénation faite par le Par- lement, « qui a qualité pour porter atteinte aux lois précédentes et pour prendre ses responsabilités ».

Voilà dit le dernier mot sur cet « acte de courtoi- sie » que nous serions heureux, pour parler comme M. Viviani, « d'accomplir vis-à-vis de la noble et chevaleresque nation espagnole », si nous ne persis- tions à le considérer comme le plus regrettable des précédents.

Concours pour lareconstruction de la Chambre de commerce de Paris. Le registre des inscrip- tions pour le concours ouvert entre tous les architectes français par la Chambre de commerce de Paris, 2, place de la Bourse, sera clos le 1" juin prochain.

Les projets doivent être déposés du mardi 9 juin au samedi 13 juin, dans un local qui sera indiqué ulté- rieurement.

Le jugement sera rendu le mardi 7 juillet au plus tard. Il y aura une exposition publique après le jugement.

Les primes suivantes pourront être allouées :

une prime de 30.000 fr.; une prime de 20.000 fr.; une prime de 15.000 fr ; une prime de 10.000 fr ; cinq primes de 5.000 fr.

Expositions annoncées. Le vernissage du Salon de la Société nationale des beaux-arts aura lieu le dimanche 12 avril ; ouverture au public, le lundi 13.

Du 20 avril au 3 mai, à la galerie Edmond Sagot, 39 bis, rue de Chateaudun, exposition de nouvelles peintures et gravures d'Auguste Lepère.

A Montpellier. L'administration des Beaux- Arts vient d'introduire une instance de classement en faveur de la célèbre promenade du Peyrou, commencée en 1689 par Davilez et achevée eu 178."i par Gérai et Dormat.

A Athènes. 11 y a trente ans, disparut de l'Acropole un fragment de plaque d'argile décorée

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LE BULLETIN DE L'ART

d'un Héraclès debout près d'un char : l'œuvre tirait la plus grande partie de son intérêt du fait qu'elle portait la signature d'un artiste connu, Skjthas. Le Messager d'Athènes annonce qu'elle vient d'être retrouvée au musée de Boston, auquel un amateur américain l'avait offerte, après l'avoir achetée à Paris. Elle va revenir à Athènes, le musée de Boston en ayant gracieusement proposé la restitution au gou- vernement hellénique.

A Bâle. Le musée de Bâle vient de s'enrichir d'une importante collection de près de 300 tableaux anciens qui provient de la succession de feu le profes- seur Bachofen-Burchhardt. Cette collection comprend quelques pièces de tout premier ordre. A côté de plusieurs Primitifs allemands et d'un Crucifiement de l'école d'Avignon, remarquable par la beauté de son coloris, un Saint Jéi'ôme de Memling, une Vierge à l'Enfant que l'on croit pouvoir attribuer à Quentin Metsys, et deux Rubens, représentent l'école flamande. Quelques italiens des xv* et xvi' siècles, entre autres un Portrait de VArétin par Sébastien del Piombo, rivalisent avec une belle série de Hollandais du xvii* siècle, parmi lesquels un Rembrandt, un K. Bol, un N. Maes, un van Goyen, etc. Parmi les maîtres français du xviii* siècle, on trouve un Liotard et un Boilly.

M"" Bachofen-Burchhardt, qui a fait don à la ville de Bùle de la galerie de tableaux de son mari, la conservera encore jusqu'à l'achèvement du nouveau musée, dont la construction va commencer.

A Rome. Les derniers travaux exécutés sous la direction de M. Giacomo Boni ont mis au jour, dans les anciens Orti Farnesiani, les restes des constructions que le cardinal Alexandre Farnèse, sur les plans de Michel-Ange, fit élever au bas du palais de Domitien.

On a déjà dégagé un nymphée de Torme absidiale, avec des décorations de stalactites et de mosaïques, un escalier de. serpentin vert encadré de porphyre rouge, la conduite d'eau qui conduisait à la grande vasque. Les ruines Renaissance avoisinent ainsi les ruines romaines. L. G.

Nécrologie. On annonce la mort de M. Joseph Chatrousse, architecte départemental de l'Isère, âgé de 66 ans ; et celle M. Joseph Gardel, statuaire, père de M. Georges Gardet, le sculpteur animalier.

On annonce la mort à Nimes, il était depuis près de vingt ans directeur de l'école des beaux-arts et conservateur du musée, du peintre Alexis La Haye, à Paris en 1850, élève de Pils et Carolus-Duran. H exposait au Salon, depuis 1876, des paysages et des portraits. 11 était membre correspondant de l'Aca- démie des beaux-arts.

en Bavière, le 26 mai 1849, le peintre Hubert Herkomer, que ses portraits d'Archibald Forbes, de Tennyson, de Ruskin, de Richard Wagner, de Miss Catherine Grant (la Dame en blanc) ont rendu célèbre, est mort le 31 mars dernier dans le De- vonshire, à Budieigh. Depuis l'âge de huit ans, il habitait l'Angleterre, oii son père, sculpteur sur bois, était venu s'établir, après un court séjour en Amérique et le jeune artiste commença par travailler aux peintures décoratives du Kensington Muséum à raison d'un salaire infime. Après avoir débuté au Graphie et signé divers tableaux de genre, notamment le Der- nier appel, exposé en 187.';, il se fit remarquer par ses portraits, qui lui valurent une renommée considérable.

11 avait succédé à Ruskin dans la chaire d'esthétique de l'Université d'Oxford, qu'il occupa avec distinction pendant neuf années. Il était associé étranger de l'Académie des beaux-arts.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente de tableaux. Dans la vente de la Collection C. H..., faite, salle 12, par M* Albinet et M. Guillaume, le 30 mars, nous remarquons le prix de 5.900 fr., obtenu par le Portrait d'un ménestrel, par Holbein.

Vente d'objets d'art. Une vente faite, salle 6, le 31 mars, par M< Lair-Dubreuil, assisté de MM. Georges Petit, Paulme, Lasquin et Léman, a produit 409.414 francs.

Dans la liste des enchères les plus notables que nous donnons, on remarquera surtout celles obtenues par les deux mobiliers en tapisserie qui étaient les deux numéros les plus impor- tants de celle vente, composée de tableaux et dessins anciens et modernes et d'objels d'art et d'ameublement, la plupart du xvui' siècle, appar- tenant à divers amateurs.

PRINCIPAUX PRIX Tablbadx modernes. 4. Uiaz. La Mare dans la vallée, 31.000 fr. (dem. 30.000). Dessins anciens. 26. Fragonard. Le Savetier,

ANCIEN ET MODERNE

m

dessin pour les Contes de La Fonlaive, 6.500 fr. (dem. 7.000). 27. Fontaine dans le parc d'une villa ita- lienne, 5.200 fr. (dem. 2.500).

Tableaux anciens. 60. H. Fragonard. Troupeau fuyant devant l'orar/e, 18.000 fr. (dem. 18.000). 64. Van Goyen. Marine, 14.200 fr. (dem. 10.000). 67. Largillière. Portrait de M. Forcade, cadre bois sculpté, ép. Louis XV, 4.700 fr.

OB.IETS DE VITRINE. 89. Boltc oF guilloctié, ciselé et émaillé en plein, lilas, couvercle orné sujet allég., fin ép. Louis XV, 4.905 fr. (dem. 8.000).

Objets vakiés. 92. Deux bouteilles, anc porcel. Chine, réserves sur fond bleu fouetté, 4.900 fr. (dem. 1.000).

Bhonzes. 97. Pendule, branchages Heurs et fleu- rettes, statuette de femme et animaux, anc. porcel' Saxe, ép. Louis XV, 6.600 fr. (dem. 8.000).

Salons en tapisserie. Succession de M. le Mar- quis d'Ivry. 115. Salon (canapé et huit fauteuils), bois sculpté, ép. Louis XV, anc. tapiss. à fleurs sur fond jaune, 43.000 fr. (dem 40.000). 115 bis. Salon, appartenant à M"' X... (un canapé et huit fauteuils), tapiss. du xviii' s., composit. à animaux, des fables de La Fontaine, bois sculpté et doré, 73.450 fr. (dem. 70.000).

Meubles. 120. Grande commode droite, marquet. bois de coul., médaillons, etc., fin ép. Louis XV, 7.020 fr. (dem. S.fiOO; rect.). 123. Table-étagère, br. vert, à deux tablettes ^de granit rose, ép. Louis XVI, 11.000 fr. (dem. 12.000; v. Doucet, 1912, 20.500 fr.).

Tapisseries, ETC. 130. Tapiss. Bruxelles xvi* s., composit. à grands personnages, sujet de l'histoire anc, bordure fleurs et fruits, 5.900 fr. (dem. 6.000). 133. Panneau tapiss. flamande, xvii' s., paysage avec personnages dansant, d'après Téniers, 5.000 fr. (dem. 7.000). 135. Tapiss., ép. Régence, Diane et une compagne dans un paysage, bordure encadrement, 10.005 fr. (dem. 12.000). 138. Tapiss. d'anc. travail oriental, fond vert clair, fleurs, lions, etc., 5.000 fr. (dem. 10.000).

Collection Victor Margueritte (tableaux).

Cette vente qui devait être dirigée, salle 1, le 2 avril, par le ministère de M" Tixier, assisté de M. Max Bine, n'a pas eu lieu. Elle avait fait l'objet d'un catalogu'e illustré reproduisant un certain nombre des tableaux, tant anciens que modernes, au nombre d'environ soixante, qui composaient la collection.

Vente de la collection du Marquis de Traynel (monnaies antiques, objets d'art).

Faite, salle il, les 2, 3, et 4 avril, par le ministère de Desvouges, assisté de MM. Feuar- dent et Léman, cette vente a produit environ 33.000 francs. Une seulf rnchère est à retenir, celle de 4.900 francs, jju.a le numéro 440, une

pièce d'or de Manlia Scantilla, avet, au revers, Junon debout.

Ventes de tapisseries. Le 4 avril, dans une vente anonyme d'objets d'art et d'ameuble- ment, dirigée, salie 6, par Lair-Dubreuil et M.M. Paulme et Lasquin, une petite tapisserie d'Aubusson, d'époque Louis XV, le Jeu du Colin- Maillard a réalisé juste son prix de demande de 10.000 francs.

Dans une vacation, également anonyme, qui a eu lieu le môme jour, par les soins de M" Baudoin et de MM. Maunheim, une tapisserie flamande du xviii» siècle, représentant des paysans dansant dans un jardin, a été adjugée 7.360 fr. Un meuble de salon couvert en tapis- serie au point, en partie du xvii<: siècle, a réalisé

b.OOO fr.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Éva Gonzalès. 1852-1883 (galerie Bernheim jeune) et Berthe Morisot, 1841-1895 (galerie Manzi). Deux exquises « rétrospectives >>, qui nous proposent parallèlement une définition de la véritable peinture féminine s'illustrèrent, jadis ou naguère, la Hosalba, M"" Vigée-l.e Brun, Marie BashkirtsefF : heureuse et discrète résur- rection de deux talents essentiellement féminins, de deux sincères admiratrices de ce Manet dont les grandes qualités ne nous cachent point les petits défauts, et que nous avons conscience d'aimer beaucoup mieux que les thuriféraires intéressés qui le desservent.

Mortes prématurément, l'une, à la fleur de l'iVge, à 31 ans, l'autre, en pleine maturité char- mante et studieuse, à 84 ans, Éva Gonzalès et Berthe Morisot, qui se ressemblent par leur pen- chant pour l'intimité doucement lumineuse et familièrement élégante, n'accusent d'autres dif- férences que les nuances particulières de leurs dispositions natives : si la plus jeune a l'air d't^fre la plus âgée, c'est que l'élève de Chaplin, deve- nue la belle-sœur du peintre-graveur Henry (luérard, resta toujours plus appliquée, sinon plus timide, devant la soudaine révélation de la lumière et le paisible enchantement de la vie ; et si la Parisienne apparaît moins hardie que la provinciale, c'est que la brève carrière d'Eva Gonzalès ne lui permit pas de manifester toute

118

LE BULLETIN DE L'ART

l'audacieuse ingénuité de ses dons : déjà patinée par les ans, la Loge avoue l'influence, encore un peu charbonneuse, de l'école espagnole, alors toute puissante sur les premières innovations de M. Renoir, de Whistler et de Manet ; mais la Jeune Femme à la fenêtre, avec sa robe mauve et son éventail rouge encadré par la verdure, les pastels, et surtout la Jeune Fille en blanc, qui semble immatérielle dans le frou-frou des frottis légers, font à la mort trop tôt venue de cruels reproches...

Née à Bourges, et d'abord élève du peintre lyonnais Joseph Guichard, comme le futur maître Bracquemond, Berthe Morisot apparaît, parmi les plus modernes femmes peintres, la Pari- sienne accomplie : en vérité, la belle-sœur d'Edouard Manet n'est-elle pas la plus directe héritière de notre xvni" siècle, dont elle a retrouvé la fantaisie vivante dans la nouveauté du plein air? Et l'impressionnisme ne serait-il point, par excellence, « de la peinture de femme (I) », étant un art superficiel et prompt, qui pénètre les choses et les âmes sans avoir l'air d'y toucher? Nous avons déjà vu, déjà dit l'art singulier de cette peintresse à nous suggérer la perfection de l'ébauche, la fraîcheur de la sensation vive et du ton, le parfum grisant d'un intérieur virginal ou d'un jardinet vert, illuminé de roses thé ; mais, aujourd'hui, mieux qu'à la Cenlennale de 1900, mieux qu'au Salon d'automne de 1907 (2), nous dirons : c'est de la peinture, et c'est autre chose encore ; c'est comme un chapitre, lui-même rétrospectif, mais toujours étonnamment frais, de la modernité d'hier qui fut le décor déjà loin- tain de nos jeunes années.

XVIII" Salon international du Photo- Club de Paris (au Cercle Volney). Exposi- tions diverses. Sans évoquer l'An 22i0 avec ce Sébastien Mercier qui mourut, trop oublié déjà, quoique journaliste, le 25 avril 1814, ce Salon très spécial nous semble redoutable à l'avenir de l'art, encore plus menacé par la science exacte que par la démocratie positive; mais aujourd'hui que la plupart des peintres ne sont que des photographes, pourquoi les photo- graphes n'oseraient-ils pas se montrer artistes? Et ces reports coloriés, ces photolithographies sur pierre, composées par M. Robert Demachy dans

(1) V. Teodor de Wyzewa, Peintres de jadis et d'aujourd'hui.

(2) Cf. le Bulletin du 11 février 1905 et du 5 octobre 1907.

les vieilles rues de Rouen, d'Amsterdam ou de Montmartre, ne sont-elles pas de vraies œuvres d'art? La Leçon de lecture, de M. Biendiné, ne surpasse pointTerburgouMetsu •,1a pâle Académie de M. Park-Bertram ne remplace point les crayons d'Ingres; mais la vue prise à Rapallo, par M. le comte de Montgermont, et les notes rapportées de voyage par M.M. Schneeberger, Puyo, Tucker, Bourgeois et Darnault relèvent évidemment de l'art du paysage.

Sans recourir encore au cliché, les Peintres de Nu, groupés, cette fois, chez Hessèle, idéalisent moins volontiers la nature qu'ils ne la copient : à part une des femmes symboliques du maître RoU.une étude datée IS'T" par M. Helleu, les fées de M. Lévy-Dhurmer, ou les belles stylisations musculeuses du peintre-graveur Migonney, c'est la seule réalité que traduisent les meilleurs artistes, tels que MM. Jeanniot, Ernest Rouard et Payret-Dortail.

Nous connaissions déjà le Suédois Hans Eke- gardh, qui monticellise toujours, ainsi qu'on peut le voir à son exposition de la galerie Montaigne; et, parmi tant d'exposants, n'oublions pas un couple vaillant de peintres-graveurs canadiens, M. et Mm» Frank M. Armington, qui viennent de réunir, dans leur atelier, boulevard du Mont- Parnasse, leurs inspirations voyageuses depuis Gonstantine et Venise jusqu'aux brumes de Lon- dres, en passant par le vieux Paris.

Raymond Bouyeb.

COURRIER DES DÉPARTEMENTS

A Bordeaux : Une exposition John Lewis Bro'wn

Une seconde rétrospective des œuvres de J. L. Brown vient de s'ouvrir à Bordeaux, dans la Galerie du Jardin public. On y peut voir ras- semblés, avec 64 toiles, aquarelles ou dessins appartenant à M. Durand-Ruel, un plus grand nombre de tableaux prêtés par des amateurs bordelais.

On sait que J. L. Brown naquit à Bordeaux, d'un père écossais, et que beaucoup de ses œuvres n'ont jamais quitté sa ville natale. C'est dans la campagne girondine qu'il se familiarisa, tout enfant, avec le cheval de race et qu'il eut ses premières visions des bois et des clairières traversés par les chasses à courre.

ANCIEN ET MODERNE

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L'exposition d'aujourd'hui nous montre par quels essais successifs, après quelles hésitations l'artiste a mûri la manière diaphane et brillante qui est celle de ses meilleures toiles. Ses pre- mières esquisses rappellent souvent Bonnington. Mais un souci excessif du fini le condamne, pen- dant assez longtemps, à n'utiliser d'excellents croquis que pour des peintures médiocres. Puis ce sont les sujets militaires, quelques-uns traités dans les tons sombres et conventionnels qui res- taient à la mode chez les disciples de Vernet, les derniers s'éclairant peu à peu. Beaucoup de petits épisodes font songer à Meissonier, tant par la tendance à la miniature que par la clarté tran- quille et colorée des fonds. Viennent enfin les œuvres de la dernière période, qui nous révèlent dans J. L. Brown, à côté d'un animalier de pre- mier ordre, un paysagiste personnel et sincère.

Le peintre avait beaucoup fréquenté les im- pressionnistes. Il a même fini par se croire l'un des leurs A vrai dire, il ne leur emprunté rien de leur technique particulière, mais il a retenu leur goût des tonalités pures, des harmonies claires. En quelques années, il a décrassé sa palette, et ses verdures ont pris une fraîcheur transparente. Au reste, il ne faut plus dire de lui que c'est un méconnu; nous lui fai- sons aujourd'hui la place dont il est digue parmi les petits maîtres du xix« siècle. Son œuvre est inégal, comme celui d'un artiste amateur qui peint de verve et répugne à se corriger. Nous nous serions bien passés de revoir à Bordeaux son regrettable Mont Saint-Michel. Telle de ses toiles étonne parladuretédesfonds, l'incohérence plate des valeurs et des couleurs, et l'on doute que le même artiste ait pu signer l'œuvre voisine, tant de fraîcheur lumineuse baigne l'alerte silhouette des cavaliers.

G. L.

CORRESPONDANCE DE ROUMANIE

Le Quatrième centenaire d'un livre. Le Musée Grigoresco à Bucarest.

Il y a quatre cents ans, celte année, que parut, sur l'ordre du vénérable voévodeMatei Basarabe, le premier livre imprimé en roumain. On ne sait pas exactement de quelles presses il sortit, mais on l'attribue avec vraisemblance aux moines du monastère de Govora (Olténie), dont plusieurs

étaient allés étudier l'art de la typographie à Venise.

C'est un évangéliaire in-octavo, de très grand luxe, imprimé sur parchemin, qui se trouve aujourd'hui au Musée d'art religieux de Bucarest, en compagnie de deux autres volumes, un missel et un autre évangéliaire, à peine postérieurs sans doute, et imprimés avec le même soin. Les caractères très nets, d'une fonte élégante, sont de vingt points. L'impression en noir s'orne de frontispices et d'encadrements enluminés à la main, en rouge et en bleu, rehaussés d'or. La première page porte les armes princières du pays roumain, l'aigle aux ailes éployées tenant la croix dans son bec.

Le nouveau ministre de l'Instruction et des cultes, M. J. G. Duca, a décidé de réunir les œuvres du premier artiste roumain^ N. J. Grigo- resco, en un musée spécial. Elles viennent donc de quitter le Palais des beaux-arts de Filaret, l'humidité risquait de les détériorer à la longue, et elles ont trouvé un asile dans une salle de l'Athénée roumain, spécialement aménagée en vue d'un musée. Cette salle a été inaugurée offi- ciellement le tî) mars, et depuis, un public nom- breux s'y presse. Le ministre a invité les autori- tés, les ministères, la Chambre, divers Instituts, à remettre au musée les œuvres du maître qu'ils possèdent, et l'on espère ainsi réunir un ensem- ble complet qui permettra de faire connaître et admirer, sous tous les aspects de son talent si varié, le grand peintre national : ses toiles appar- tiennent déjà à l'histoire; demain les scènes qu'elles retracent auront cessé de se retrouver dans le pays.

Mahckl Montanijon.

LES REVUES

Fra.nce

L'Art et les artistes (décembre). Gabriel Mou- iiBv. Chartreuse de Pavie. Visite du monument somptueux et singulier ; analyse de ses principales richesses ; l'œuvre d'Amadeo et de Borgogoone.

Georges Lecomte. l'aul Renouard. Notes sur cet admirable dessinateur, qui a le don de représenter la vie avec tant de justesse et de caractère.

Max GoTH. Olga de lioznanska. Les portraits de cette artiste slave, « d'un art si humain, si tendre et si compréhensif».

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LE BULLETIN DE L'ART

Georges Vidalenc. L'Art décoratif de Burne- Jones. Article particulièrement consacré à l'art du vitrail.

Grande-Bretagne

The Burlington Magazine (février). Tancred BoRENiLS. Deux anges musiciens. Peinture inédite appartenant à M. R. H. Benson, et qui dut originai- rement faire partie d'un retable. L'auteur l'attribue à Lorenzo Monaco.

D. T. B. WooD. Les Tapissei'ies du « Credo » suivre). Premier travail d'ensemble sur ces tapis- series qu'on rencontre du xiv* au xvi° siècle et qui avaient pour sujet, selon le mot d'un de, ceux qui les ont étudiées, M. Barbier de Montault, «le Credo en action ». L'auteur décrit une de ces tapisseries autre- fois offerte par la reine Marie-Christine à Léon XIII et aujourd'hui au Vatican (milieu duiv" siècle); et une autre, qui est au musée de Boston (dernier quart du XV' siècle).

Lionel Cust. Notes sur des peintures des collec- tions royales : XXVII. La Collection du duc de Man- toue et Charles I". Histoire de la vente, au roi Charles I", de la galerie des ducs de Mantoue, en 1627-1628. En 1649, après la chute de la monarchie et la mort du roi, les collections de Charles I" furent vendues et une partie des plus célèbres peintures qui les composaient passèrent à nouveau la mer; si l'Angleterre en a gardé une bonne part, recouvrée en 1660, à la restauration de la monarchie, l'Espagne, l'Autriche et surtout la France ont hérité des princi- paux chefs-d'œuvre des anciennes collections des ducs de Mantoue.

Eric Maclaoan. Deux portraits italiens en relief du musée Victoria et Albert. Un portrait du poète Francesco Cinthio, de profil, en marbre; dernier quart du IV* siècle; un portrait de Cosme 1", de profil, en porphyre, par Francesco del Tadda.

Arthur M. IIind. Giovanni Boltista Piranesi, notes complémentaires et liste de ses œuvres (fin). Article spécialement consacré aux Vedute di Roma; liste des 137 planches comprenant cet ouvrage, avec leurs dates.

Bernard Rackiiau. Fuiences et grès anglais, au Burlington fine arts club. L'ensemble actuellement exposé est le plus complet qu'on ait jamais réuni sur les anciennes périodes de l'art du potier en Angleterre. L'auteur examine en détail les diverses séries, dont il reproduit les principales pièces.

C. J. Holmes. L'Atelier de Verrochio. A propos d'un livre récent du D' Jens Thiis, Leonardo da Vinci, the Florentine years of Leonardo and Verrochio.

Charles Oulmont. « V Académie particulière » de Gabriel de Saint-Aubin. La peinture de l'ancienne collection Jacques Doucet (aujourd'hui, collection Mortimer Schiil), est rapprochée, par l'auteur, d'une peinture en tous points semblable, quoique de ditnen- sions différentes (toile; \\. 25 cent, sur L. 31 cent., au lieu de : bois; H. 17 cent, sur L. 27 cent.), qui fait partie d'une collection particulière, à Paris.

AymerVALLARCE. 4fo6i7zer ancien; AT. Berceaux et lits.

Lettres aux éditeurs : Egerton Beck. Le livre de prières d'un saint. A propos d'un article précédem- ment publié par M. Bernath; lettre de M. Walter W. Seton, surle même sujetet réponse de M. Bernath;

W. H. St.John HoPE. L'usage du châtaignier dans les constructions du moyen âge. A propos de l'article de M. Creswell sur VOrigine du double dôme persan.

(Mars). André Girodie. Notes biographiques sur Aimée Duvivier. A propos d'un portrait de jeune homme, peut-être le marquis d'Acqueville, peint par Aimée Duvivier entre 1786 et 1791 MM. Ehrich, de New-York); cette œuvre remarquable suffirait à tirer de l'oubli cette artiste sur laquelle on savait fort peu de chose avant la publication du présent article et qui était la fille de Pierre-Charles Duvivier, directeur de la manufacture de la Savonnerie; elle exposa de 1786 à 1822 et elle vivait encore en 1824.

D. T. B. WooD. Les Tapisseries du <• Credo» (fin). Examen de deux tapisseries du même genre : l'une autrefois dans la cathédrale de Tolède, et dont le possesseur actuel est inconnu; une autre, dans la collection F. Schutz, à Paris ; rapprochement avec des œuvres analogues.

' R. L. HoBSON. Céramiques de l'époque des Sung et des Ytlan à l'exposition de Neiv-York.

Osvald SiaÉN. Un des derniers poètes gothiques di la ligne suivre). A propos des fresques peintes sur les murs de l'église de Figline, petite ville à mi-chemin entre Florence et Arezzo : ce sont des œuvres de l'école de Lorenzo Monaco. L'auteur a retrouvé plusieurs œuvres du maître inconnu qui est l'auteur de ces fresques, dans les musées et les collec- tions particulières.

Roger Fhv. L'Art de la céramique en Angleterre.

Egerton Beck La Crosse dans l'art héraldique et dans l'ornementation.

Lionel Cust Un portrait intitulé « Henry, prince de Galles n, par Isaac Oliver. Ce portrait, extrême- ment curieux, a figuré à la récente Exposition des Maîtres anciens, à Londres (coll. Godfrey Williams, de St. Donat's Castle; il est reproduit dans le numéro d'avril de la Revue). 11 passait pour le portrait d'Henry, fils atné du roi Jacques I" et de la relue Anne de Danemark, qui fut prince de Galles du 4 juin 1610 au 6 novembre 1612: l'auteur y voit, au contraire, un portrait du prince Charles, le jeune frère du précé- dent, prince de Galles le 3 novembre 1616; il l'attribue non à Isaac Oliver, mais à Paul van Somer, et le date de 1616.

Le Gérant : H. Ûims.

Parii. Imp. Georges Petit, 12, rue (iodot-dc-Uauroi.

Numéro 621.

Samedi 18 Avril 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

La Photographie dans les Musées nationaux (0

Il nous est arrivé déjà, au cours de ces articles, de citer l'exemple de l'Italie, quand nous avons voulu établir une comparaison entre le prix des reproductions, relativement coûteuses, vendues par la maison qui possède le privilège de photo- graphier dans nos Musées nationaux, et le bon marché des épreuves publiées par certains édi- teurs photographiques de la péninsule, la maison Aliuari entre autres.

Ayant ensuite montré tout ce qu'a de suranné notre régime actuel, et combien il est indigne d'une démocratie qui se pique à ce point de libé- ralisme qu'elle n'a jamais voulu établir le tour- niquet payant à la porte de ses Musées, on a envisagé la possibilité de doubler l'atelier de chalcographie, présentement réservé à la gra- vure, d'un laboratoire de photographie, oîi se- raient exploités les sept mille clichés apparte- nant à l'État.

En recherchant ce qui se fait hors de France, nous voici ramenés aujourd'hui à citer encore une fois l'Italie, non plus pour vanter les mérites de ses entreprises particulières, mais pour expo- ser les intelligentes dispositions prises par la Direction générale des antiquités et des beaux- arts en ce qui concerne la photographie des œuvres d'art.

On connaît l'heureuse organisation de cette administration, et notre collaborateur, M. Louis Gielly, quand il en a démontré ici même les rouages et expliqué le fonctionnement, n'a pas manqué d'insister très justement sur la science, la méthode et l'activité des fonctionnaires qui ont la surveillance et la garde des innombrables chefs-d'œuvre de toutes sortes conservés dans la péninsule. La question de la photographie docu-

1. Sixième article. Voiries n" 611 à 614 et 617 du Bulletin.

mentaire ne pouvait les laisser indifférents, et voici, traduite m extenso, la note que publiait tout récemment à ce sujet le Bollettino d'Arte, organe officiel du ministère de l'Instruction publique :

C'est une chose aujourd'hui connue de tous les tra- vailleurs que le ministère de l'Instruction publique possède un cabinet photographique, qui s'est spécia- lisé dans la reproduction des monuments et des œuvres d'art. Outre qu'il a été largement pourvu de tous les plus récents perfectionnements techniques et qu'il a des opérateurs d'une habileté éprouvée, cet organe de l'administration ofl're ceci de vraiment précieux que ses photographies peuvent être exécu- tées pour une un purement scientifique, et non dans un but commercial.

Toutes les grandes maisons d'édition de photogra- phies artistiques, en effet, ne peuvent tenir compte des désirs de cette partie restreinte du public que constituent les spécialistes, du besoin d'un seul cher- cheur peut-être; elles doivent se limiter aux repro- ductions qui trouvent le meilleur accueil auprès de la foule des amateurs.

Le cabinet photographique du ministère de l'Ins- truction publique, nu contraire, sans faire fi des préférences de la généralité des acheteurs, s'est pro- posé, plus spécialement, de satisfaire les exigences des travailleurs. C'est pourquoi, de chaque monu- ment, de chaque tableau, de chaque sculpture, il a reproduit les particularités les plus minutieuses, pre- nant pour direction de son activité, les considéra- tions non seulement esthétiques, mais aussi histo- riques, et recherchant les œuvres ignorées et perdues dans les petits pays et dans les églises lointaines de la montagne.

Pour mettre plus facilement à la portée du public ce matériel énorme et précieux, la maison Calzone (6, via del Collegio romano, à Home) a assumé la revente des photographies exécutées par le cabinet photographique du ministère, sans augmentation de prix et en conformité avec les tarifs les plus réduits, approuvés par la Direction générale des antiquités et des beaux-arts.

La maison Calzone mettra incessamment sous presse le catalogue illustré de ces photographies, qu'elle promet de tenir à jour par de.s suppléments périodiques.

122

LE BULLETIN DE L'ART

On le voit, le système italien est une sorte de compromis entre - ia Chalcographie moderne », dont nous parlions, il y a quelques semaines, et l'exploitation par une maison privilégiée : la Direction des beaux-arts possède son cabinet photographique, « organe de l'administration » ; les clichés sont établis par ses soins et sous sa surveillance; la maison commerciale d'édition n'intervient qu'à titre d'intermédiaire pour la vente des épreuves, et cela aux conditions les plus minimes. Cet arrangement est assez ana- logue aux conditions dans lesquelles se fait la vente des photographies de notre service des Monuments historiques, et comme, précisément, ce service vient de publier son nouveau cata- logue, travail considérable à M.Jules Roussel, nous aurons l'occasion d'insister sur ce rappro- chement, dans un prochain article.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 11 avril). Dans la courte séance qu'elle a tenue la veille de Pâques, l'Académie des beaux-arts a classé, après concours, comme logistes pour le grand prix de Home de. peinture :

MM. BoulTanais (élève de MM. Cormon et J.-P. Laurens) ; Despujols (Gabriel Ferrier) ; Domergue (F. Humbert et François Flameng) ; Hillemacher (Baschel et Schommer) ; Giraud (G. Ferrier) ; Font (Cormon) ; Geny (F. Flameng, R Collin et Déche- naud); Berthon (Flameng, Baschet, Royer et Déche- naud) ; Pongheon (J.-P. Laurens et Albcrt-P. Lau- rens) ; Barthélémy (Cormon).

L'entrée en loges a eu lieu le mercredi IS avril.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 8 avril). Le 11. P. Schell lit, au nom de AI. Montet, une note donnant le résultat des fouilles dirigées par lui, en Egypte, à Abou-Roach, localité qui se trouve à cinq kilomètres des pyramides deGiseh. Ces travaux ont mis au jour deux mastabas et onze tombeaux de style archaïque Ces sépultures, déjà fouillées et pillées pour la plupart, sont dans un grand état de délabrement. Ce qui subsiste de leur mobilier offre cependant le plus grand intérêt. Outre (le nombreuses poteries, on y a retrouvé des frag- ments de vases en albâtre et en pierre calcaire, des outils en silex, des couteaux de bronze et, même, une perle d'or. Sur des opercules de vases, subsistent les sceaux que des fonctionnaires royaux y avaient apposés en y imprimant leurs cylindres. Ces fonc- tionnaires se trouvaient au service du roi Den que l'on peut identifier, semble-t-il, avec l'Ousaphais de

la tradition grecque, c'est-à-dire avec le quatrième successeur de Menés lui-même. La nécropole d'Abon- Roach remonterait ainsi aux débuts de la première dynastie historique de l'Egypte.

M. Monceaux décrit la mosaïque tombale, ré- cemment découverte, d'un évêque de Tipasa ; il cherche à préciser la date de ce monument.

Société nationale des antiquaires de France (séance du 8 avril). M. L. Bonnard fait une com- munication sur la source de Saulx (près de Decize, Nièvre), et de son captage à l'époque romaine.

M. Buttin étudie une serrure en fer forgé de la seconde moitié du iv siècle, qui porte un écu parti de France et de Dauphiné. Elle fait partie de la col- lection de M. Pauilhac.

M. de Mély rapproche une miniature représen- tant saint François de Paule {collection de M. Ro- neau) d'une gravure de Michel Lasne qui reproduit une peinture disparue de Bourdichon.

Au Musée Carnavalet. On nous prie d'annon- cer que le .Musée Carnavalet, en raison d'importants travaux intérieurs nécessités par la construction de galeries nouvelles, se trouve fermé pour quelque temps au public, depuis le début de la semaine der- nière.

A Bagatelle. La Société des Artistes de Neuilly, dont le président est notre confrère Maurice Guille- mot, a obtenu les Palais de Bagatelle pour sa 10' expo- sition annuelle qui aura lieu du 13 avril au 15 juin. Aux envois de la très nombreuse colonie artistique de Neuilly, s'ajoutent des rétrospectives importantes d'Edouard Détaille et du sculpteur Pierre Granet.

Le prochain Congrès archéologique de France. Le prochain Congrès organisé par la vieille Société française d'archéologie doit se tenir cette année dans le Finistère et le Morbihan, du 16 au 24 juin.

Le Congrès s'ouvrira à Brest, d'où il gagnera Mor- laix, visitant toutes les merveilles d'archéologie de cette partie de la Bretagne : calvaires, églises, châ- teaux, Saint-Pol-de-Léon, Le FolgoOt, Plougastel, Landerneau, Lampaul, Saiut-Thégonnec, etc. Vannes est le deuxième centre des réunions du Congrès ; et, de Vannes, les congressistes iront visiter et étudier Carnac, Ploermel. Josselin, Guéméné-sur-Scortf, Rer- nascleden, Saint-Fiacre-du-Faouët, etc.

Le 23 juin aura lieu la séance de clôture, salle du Château-Gaillard ; puis, le lendemain, les membres du Congrès s'embarqueront pour se rendre, à travers la baie du .Morbihan, à Port-.Navalo, Saint-Gildas-de- Rhuys et enfin aux ruines célèbres du château de Sucinio, ancienne résidence d'été des ducs de Bre- tagne, et qui aujourd'hui appartient à ia famille de Francheville.

A Charleville. Une société locale, l'Union artistique des Ardennes, annonce pour le 38 juin 1914

ANCIEN ET MODERNE

I2S

l'ouverture de sa treizième « Exposition des beaux- arts 1).

L'Exposition comprendra les genres suivants : peinture, pastel, aquarelle, dessins, cartons, gravu- res, architecture, sculpture, etc.. Les photographies ayant un caractère artistique pourront être également ailmises. Les œuvres envoyées à l'Exposition devront parvenir avant le 20 juin à Charleville. L'Exposition durera jusqu'au 28 juillet.

A Lyon. ^— On annonce qu'à l'Exposition inter- nationale de Lyon, qui sçra ouverte cet été, une place toute particulière sera réservée aux étoiles lyonnaises contemporaines des règnes de Louis XIV, de Napo- léon et de Louis X\1II, et que possède le Garde- Meuble.

Grâce aux patients elTorts et aux découvertes heu- reuses faites dans les réserves du Garde-.Meuble par M. Dumonthier, administrateur du Mobilier national, ^ cette Exposition revêtira un caractère unique et pourra oUrir aux visiteurs des reconstitutions com- plètement inédites En 1907, M. Dumonthier décou- vrait, dans un état de fraîcheur absolue, toutes les étoiles que commanda Napoléon I" à la fabrique lyonnaise, entre tStI et 1813, et que les événements politiques et militaires ne permirent pas d'utiliser; elles figureront dans la Galerie de cent mètres de rEx()(isition de Lyon.

En même temps que les étotîes du temps de Louis XIV que M. Dumonthier envoie à Lyon, seront exposées les plus belles tapisseries des Gobelins tis- sées sur les cartons de Le Brun, de Mignard et de Goypel.

En Suisse. Le Journal des Débats a publié la note suivante, qui lui a été adressée par son corres- pondant de Suisse, touchant la protection des objets d'art religieux en ce pays :

" Mgi' Bovet, évêque de Lausanne et Genève, vient, par une ordonnance épiscopale, d'appeler l'attention de son clergé sur les manquements qu'il a constatés aux rèfcles du droit, tant ecclésiastique que civil, en matière d'aliénation de biens d'église. De graves abus se produisent notamment en ce qui concerne les richesses artistiques placées sous la garde du clergé; ils imposent au prélat « de prendre des mesures " précises et efficaces pour les combattre ».

» Mgr Bovet informe donc ses prêtres qu'il a décidé de faire dresser un inventaire de tous les objets appartenant aux églises, chapelles et sacristies, pré- cieux par leur matière ou par leur valeur artistique, archéologique ou historique, soit dans nos paroisses, soit dans les couvents soumis à notre juridiction Un catalogue photographique de ces objets sera établi par les Soins d'un prêtre qualifié et compétent que nous désignerons et à qui nous donnerons, en exécution de la présente ordonnance, la faculté d'entrer dans la clôture des couvents, si cela est nécessaire pour l'accomplissement de sa tâche».

« L'évêque ne doute pas d'être obéi, mais, dans le

cas contraire, il « prendrait effectivement des mesures sévères». C'est l'évêché qui supportera les frais de l'mventaire. Dès que celui-ci sera établi, Mg"- Bovet nommera » une commission compétente qui sera chargée d'estimer les objets inventoriés, de les classer méthodiquement et de préaviser sur les demandes éventuelles d'aliénation u Le catalogue des objets d'art religieux sera tiré à trois exemplaires, l'un pour l'évêché, le second pour la paroisse ou le couvent inventorié, le troisième pour être mis à la disposition du délégué épiscopal.

L'Etat de Fribourg, de son côté, a, par une loi du 22 novembre 19H, subordonné à l'autorisation du Conseil d'Etat toute aliénation d'objets « offrant un intérêt artistique, historique ou scientifique». Confor- mément à une entente intervenue sur ce point entre les autorités civile et ecclésiastique, Mg"' Bovet prescrit que 0 loute demande d'autorisation en vue d'aliéner des objets d'art religieux sera adressée à l'autorilé diocésaine qui, après avoir entendu la commission, traitera avec l'autorilé civile». Enfin, l'évêque rap- pelle qu' « indépendamment des lois canoniques, la loi civile fournit le moyen d'assurer efficacement l'observation des défenses portées par l'Église... Toutes les fois que notre commission sera avertie d'une vente illicite, elle ne manquera pas, au besoin, de demander l'application de la loi civile ».

A Florence. On vient d'exposer dans la salle des Auloritralli du Musée des Offices, le portrait d'Eugène Delacroix, par lui-même, exécuté vers 18o0 et légué à la galerie florentine par M. P.-A Chéramy. Selon la volonté du testateur, le portrait a été placé à côté du portrait d'Ingres. L. G.

A Olympie. Une commission grecque vient d'être envoyée à Olympie pour examiner les remèdes à apporter d'urgence à l'état du Musée Syngros, qui abrite les chefs-d'œuvre découverts pendant les fouilles, en particulier les sculptures du temple de Zeus, la Niké de Paeonios de Mendé, et l'Ilerinès portant Dionysos enfant, attribué à Praxitèle. Selon le rapport officiel, les murs de la salle centrale {Niké de Paeonios, et sculptures du temple de Zeus) sont intacts. La toiture est en bon état. Mais les ailes est, ouest et nord (au milieu de cette dernière se trouve la salle réservée à l'Hermès praxitélien) montrent de profondes dégradations. Les murs extérieurs sont largement crevassés, des brèches se sont ouvertes à cause de l'insufllsance des fondations, ou de tasse- ments du sol occasionnés par des secousses sis- miques. Des vices originels de construction ont amené le fléchissement des toits sur les ailes est et ouest, les poutres sont pourries par rinfiltra(i«n des eaux. La situation de l'Hermès est partiiuilièreiueut cri- tique ; chaque secousse sismique ébranle les barres, de fer qui le soutiennent, et le premier séisme peut amener une catastrophe, le Musée ayant été liàli sur un terrain particulièrement sensible aux trtriihle ments de terre. Plus loin, dans la fouille même,

424

LE BULLETIN DE L'ART

l'Alphéos et le Cladeos, qui arrosent l'Altio, ont re- commencé leur œuvre destructrice. Le Cladeos a der- nièrement emporté une partie du Gymnase. L'Alphéos, qui s'est creusé à nouveau un lit, menace le Stade et peut-être l'Altio. En attendant la construction, dési- rable, d'un nouveau musée, la commission a proposé pour l'Hermès l'érection d'un abri spécial, à l'est du musée, selon les règles adoptées pour les construc- tions antisismiques. Un crédit de 40.000 drachmes a été demandé. Ch. P.

Les Amis de StambouL Sous la présidence de M"' Bompard, ambassadrice de France à Constan- tinuple, et avec le concours de MM. Gustave Schlum- berger, Ch. Diehl, Omont, membres de l'Institut, et de M. Saladin, architecte diplômé du gouvernement, il vient de se fonder à Paris, une section de la Société des Amis de Stamboul. Le but de cette section est de soutenir la Société, qui a son siège à Constantinople, en faisant appel à la collaboration de tous les amis de l'Orient :

Il Constantinople est à la veille de se transformer, écrivait M. Charles Diehl, à propos de la fondation de la Société De grands travaux sont projetés qui, à travers le vieux Stamboul, ouvriront de larges percées nouvelles... 11 faudra, en mille endroits, éventrer le sol de l'antique capitale et sans mécon- naître l'utilité, la nécessité de telles entreprises, nous savons de reste ce qu'en mainte ville elles ont coûté à l'art et laissé derrière elle de ruines et de regrets. 11 importe qu'à Constantinople, il en aille un peu différemment. 11 faut qu'au cours de ces travaux tant de monuments du passé risquent de disparaître et quelques-uns ont déjà disparu une main attentive et pieuse s'applique à sauver, à préserver tout ce qui peut l'être et qui mérite de l'être... C'est cette main attentive, cet œil toujours en éveil, que la Société des Amis de Stamboul nous apporte... »

Ce programme a été rempli. Déjà, sur les instances

de la Société, la mosquée d'Ibrahim Pacha, les tom- beaux de la Suleimanieb et de la Chehzadé ont été réparés; de grandes affiches qui déshonoraient la Pointe du Sérail ont disparu; des conférences ont été faites et des études publiées sur des monuments de Constantinople; un crédit à été voté pour opérer des fouilles sur l'emplacement de la maison dite de Jus- tinien, l'on a découvert d'intéressants fragments d'architecture, des mosaïques et des bas-reliefs.

En présence des résultats obtenus avec des res- sources encore insuffisantes, tous les amis de l'art du passé voudront donner leur adhésion à la section française de la Société, afin de contribuer pour leur part, à la sauvegarde de Constantinople.

Les membres titulaires paient une cotisation annuelle de 1 livre turque (23 francs).

Prière d'envoyer les adhésions à M. II. de Pontaud, secrétaire général, 20, rue Dufrénoy, Paris, ou au Musée des arts décoratifs, pavillon de Marsan, au Louvre.

Nécrologie. M. Luiqi Chialivo, artiste peintre, chevalier de la Légion d'honneur, est mort samedi dernier, 11 avril, à l'âge de soixante-douze ans. Il était le père de l'architecte diplômé du gouverne- ment. 11 exposait à la Société Nationale, on verra de lui, cette année, quatre toiles ayant pour titres : Cour commune dans le Dauphiné, Vacfie normatide, Itoute près d'Uriage, Hennequeville. H était membre sociétaire de la Nationale depuis 1912, année il avait exposé trois toiles : Printemps, Sortie des troupeaux et Retour au bercail.

On annonce la mort de M. Joseph Gardet. sculpteur, décédé à Paris, à l'âge de quatre-vingt- cinq ans. 11 était le père de M. Georges Gardet, le sculpteur animalier.

On annonce la mort d'un des doyens de la Curiosité à Paris, M. Gilbert Romeuf, décédé à l'âge de soixante-quinze ans.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. 'Vente Jules Couderc {objets d'art, etc.). Faite salle 1, les 6 et 7 avril, par M" Lair-Dubreuii et Baudoin et MM. Pauime et Lasquin, cette première vente, portant le nom de l'antiquaire parisien, a produit 96.000 francs.

Peu d'enchères dignes de remarque. Citons :

163. Dentelle. Aube en ancien point de France Louis XI Y, décor de grands ramages, fruits, coquilles,

9.000 fr. (dcm. 12.000). 185. Tapisserie des Flan- dres, XVI' s. : Fête dans le parc d'un château, nom- breux personnages, bordure, 9.100 fr. (dem. 12.000). 186. Tapisserie des Flandres, ivi- s. : Fête de vil- lage, petits personnages, bordure. 9.100 fr. (dem. 12.000). 192 193. Deux tapisseries-verdures des Flandres, xvii* s., 5.400 fr. (dem. 10.000).

■Vente de tableaux. - Parmi les résultats d'une vacation anonyme, dirigée salle 6, le Savril, par Ballu et .M. Marboulin, nous ne trouvons qu'un seul prix à signaler, celui de 5.000 francs

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obtenu par un Portrait de l'impératrice Catherine de Russie, par Roslin.

Ventes annoncées. A Paris. - Collec- tion Paul Delaroff (1" vente : tableaux anciens). Les 23 et 24 avril, M=sLair-Dubreuil et Doublot, assistés de M. G. Sortais, dirigeront, à la galerie Georges Petit, la première vente de la Collection Paul Delaroff. Dans )a préface qu'il a écrite pour le catalogue illustré, M. Roger- Miles rappelle, en même temps que le souvenir de l'amateur russe, le caractère de sa collection, d'une abondance de numéros incroyable plus d'un millier et sa prédilection pour les maîtres des écoles du Nord, les portraitistes surtout.

Dans cette première vente Delaroff, qui ne comprend que des tableaux anciens, nous notons tout d'abord, du côté de l'école alle- mande : la Vierge allaitant l'Enfant Jésus et la Justice, par L. Cranach ; le Portrait de l'artiste, par J. Kupetski ; puis, parmi les flamands : te Diable semant l'ivraie, par P. Baitens; Haisin et cafetière, par J -P. Gillemans ; Diane et ses Nym- phes, par J. Jordaens; les Trois dges, par J. Sus- termans; Réunion dans un cafcacet, par D. Téniers.

Passant à l'école française, nous remarquons : la Bacchante couchée, par Berthélemy ; Achille blessé, par F. Doucher ; l'Heureuse famille, par L.-L. Boilly ; le Pas d'Arlequin et le Festin de Scaramouche, par Debucourt ; Portraits d'enfants royaux, par Drouais ; Paysage italien, par Frago- nard; Offrande à Vénus, par Le Barbier ; Hercule aux pieds d'Omphale et Pygmation et Galatée, par Le Prince ; Chinois tenant une flèche, par Nattier; la Passerelle au-dessus de la cascade et Dans le parc après l'ouragan, par H. Robert.

Nous arrivons ainsi à l'école hollandaise, qui comprend à elle seule à peu près la moitié des numéros de la présente vente ; parmi ceux-ci il faut citer : Jésus et la femme adultère, par P. Aert- sens ; la Femme aux perroquets, par G. Bisshop; un Portrait de famille à expression allégorique, par F. Bol ; des Poissons, par Dirven ; la Passe- relle, par Van Goyen ; le Verre de Bohême, par P. Claesz ; Suzanne entre les deux vieillards, par P. Lastmann ; le Portrait de la princesse Hedwige de Brunswick avec ses trois enfants, par P. Moreelse ; l'Enfant Jésus parmi les Docteurs et le Portrait d'une femme âgée, attribués à Rembrandt ; une Joyeuse compagnie, l'Idylle interrompue et une Rixe de paysans, par J. Steen ; un Portrait de vieillard, par P. Quast, et le Jeune Garçon au pichet de grès, par G. Ter Borch.

Moins abondamment représentées, les écoles italiennes n'en contiennent pas moins quelques morceaux à signaler : une Tête de Christ à la couronne d'épines, attribuée à Antonello de Mes- sine ; le Martyre de saint Laurent, par P. Véro- nèse ; un Ecce Homo, par Marco Basaili, et le Christ mort assis au bord du tombeau, par Cima da Cone- gliano ; un Palais en ruines et un Pont sur un canal à Venise, par Guardi ; Jésus bénissant et la Vierge et l'Enfant Jésus, par B. Montagna ; Saint Nicolas de Myre et Saint Augustin de Gazothis, par Bonvicini ; la Vierge portant le Christ mort, par G. Tura ; la Vierge et l'Enfant Jésus, par A. Viva- rini ; enfin'. feus descendu de la croix, page ano- nyme de l'école italienne du xvi= siècle.

Collection Paul Delaroff (2« vente. Ta- bleaux anciens, objets d'art).— Cette deuxième vente d'objets provenant de la collection de l'amateur de Saint-Pétersbourg aura lieu salle 6, du 27 au 30 avril et le 2 mai, par le ministère des mêmes commissaires-priseurs et experts, et de MM. Duchesne et Duplan.

Parmi les tableaux anciens, il nous faut signa- ler : la Partie de cartes, par N. Belau ; une Halte d'un cavalier et un Paysage, par A. Guyp ; les Ruines du monastère, par G. Dekker ; le Buveur, par G. Rrekelenkara ; le Visiteur entreprenant, par J. Steen ; un Village sous la neige, de l'école hollandaise du xvii* siècle ; l'Homme au pourpoint héliotrope, par A. Allori ; Madeleine en contempla- tion devant le Crucifié, par Procaccini ; la Vierge et l'Enfant Jésus, par Murillo ; le Vase et la Pyra- mide, par Pannini ; parmi les dessins et aqua- relles, on remarquera deux feuilles par Gavarni : un Boueux et Nécessité n'a pas de loi, et V Intérieur d'une église, par Ziem.

Cette seconde vente comprend quelques sculp- tures, notamment un Bacchus en terre cuite, par Clodion, et quelques anciens bronzes italiens.

Collection Willems (tableaux modernes). La vente de la Collection Willems, de Bruxelles, qui devait avoir lieu, à la galerie Georges Petit, le 27 avril, par le ministère de M" LairDubreuil et Baudoin et de MM. Georges Petit et Ferai, est remise à une date ultérieure

Collection Hodgkins (dessins anciens). Le 30 avril, à la galerie Georges Petit, M" Lair- Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. J. Ferai et Paulme et Lasquin, procéderont à la vente des dessins, aquarelles et gouaches composant la Collection particulière de M. E. M. Hodgkins, l'antiquaire londonien bien connu. Les feuilles

J26

LE BULLETIN DE L'ART

signées des noms les plus recherchés du xviii* siècle français dominent dans cette vente sur laquelle nous reviendrons d'ici peu avec plus de détails, quand le catalogue illustré en aura été distribué-

A Berlin. Collection O. von Kanneke (tableaux modernes). Le 21 avril, chez U. Lepke, aura lieu la vente de la Collection du peintre 0. von Kanneke, de Berlin. Presque exclu- sivement composée d'ouvrages de Técole alle- mande du XIX" siècle, les tendances les plus opposées en art se rencontrent dans cette galerie de peintures modernes : J. Sperl auprès de E. von (■ebhardt, Andréas et Oswald Achenbach auprès de H. Thoma et de Fr. von Stuck, Lenbach auprès de Hodier. Même éclectisme parmi les quelque^ noms étrangers à l'Allemagne qui se rencontrent dans le catalogue : Pradilla-Ortiz entre Daumier et Monticelli, par exemple.

M. N.

La Loi portant création d'une Caisse des monuments historiques

Voici le texte de la loi portant création d'une Caisse des monuments historiques et préhisto- riques; cette loi, adoptée par la Chambre des Députés, sur le rapport de M. Théodore Reinach, votée ensuite avec quelques modifications par le Sénat, est revenue le 2 avril devant la Chambre qui l'a votée sans discussion :

Art. 1". Il est créé, sous le titre de Caisse natio- nale des nionuuients historiques, un établissement public doté de l'autonomie financière, ayant pour objet exclusif de recueillir et de gérer des fonds destinés :

1* A être mis à la disposition du ministre de l'Ins- truction publique et des Beaux-Arts en vue de la conservation et de l'acquisition des immeubles et meubles classés;

A subvenir aux frais inhérents à la gestion de la caisse.

Art. 2. La Caisse est administrée par un conseil composé ainsi qu'il suit :

Un sénateur élu par le Sénat.

Un député élu par la Chambre de» députés.

Un conseiller d'État élu par le Conseil d'État.

Un conseiller maître à la cour des comptes élu par celle-ci.

Un membre de l'Académie des beaux-arts et un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, élus par leurs Académies respectives.

Deux membres pris parmi les personnes qae dési-

gnent leurs travaux et leurs connaissances spécinles en histoire de l'art, archéologie ou préhistoire. Un représentant du ministre de l'Intérieur.

Deux représentants du ministre des Finances, dont un spécialement pour les domaines.

Deux représentants du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.

Les membres qui ne sont pas choisis à l'élection sont nommés par un décret du Président de la Répu- blique, rendu sur la proposition du ministre de l'Ins- truction publique et des Ueaux-Arls. Ce même décret désigne le président et les vice-présidents du conseil. Le chef du bureau des Monuments historiques remplit les fonclinns de secrétaire.

La durée des fonctions des membres du conseil est de quatre ans; elles sont renouvelables.

Aht. 3. Les ressources de la Caisse comprennent :

!• Les subventions, avec aQectation spéciale, de l'État, des départements, des communes et des éta- blissements publics;

Une allocation fixée annuellement sur la propo- sition du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts par lacomniision chargée de répartir entre les œuvres d'intérêt public le produit du prélèvement opéré sur les jeux de hasard, sans que cette allocation puisse être inférieure à 300.000 fr. ;

Les dons et legs:

Les versements faits à titre de souscriptions individuelles ou collectives; si ces souscriptions comportent une affectation spéciale, l'objet de l'affec- tation devra être approuvé par le ministre de l'Ins- truction publique et des Beaux-Arts ;

L'intérêt des capitaux ou autres fonds qui devront être placés en rentes sur l'État ou valeurs garanties par l'État, ou être versés en compte courant au Trésor;

6' Toutes autres ressources qui pourront lui être affectées par la loi.

La Caisse pourra constituer un fonds de réserve dont le conseil fixera lui-même le montant et les conditions exceptionnelles d'emploi.

Art. 4. Avant l'expiration du premier trimestre de chaque annnée, le président du conseil de la Caisse adresse au Président de la République un rapport ren- dant compte des opérations de l.a Caisse pendant l'année précédente. Ce rapport est inséré au Journal officiel.

A HT. 5. Un règlement d'administration déter- minera les conditions d'application de la présente loi.-

VARIÉTÉS

Chateaubriand précurseur de M. Maurice Barrés (1).

On doit commencer la démolition de Saint- Gerraain-l'Auxerrois le 14 juillet. iNous sommes

{l)Voir,dans le lluUetin du njanvier 1914, pp. 22-24, Chateaubriand continuateur de Le Sôtre.

ANCIEN ET MODERNE

127

en 1831, l'année Victor Hugo vient de publier Kotre-Dame-de-Paris {{), Delacroix expose la Liberté sur les barricades : deux ouvrages singu- lièrement expressifs, qui résument assez bien « TelTroyable bigarrure » de l'âge romantique... Et la condamnation d'une église déjà dévastée pendant « les trois Glorieuses » émeut, dans son nouvel exil, celui qui, vingt-neuf années aupa- ravant, avait si brillamment plaidé pour le « génie » renaissant du christianisme...

Aussitôt, de Genève, le H juillet, «une heure avant le départ du courrier », M. de Chateau- briand « griffonne ab irato », dans sa chambre d'hôtel, une lettre véhémente à M™« **', sans doute à celle qu'il ira voir tous les jours, pendant les quinze dernières années de sa vie, àl'Abbaye- au-Bois (2) : « A qui conterais-je mes peines et mes idées, si ce n'est à vous? », écrit le vieux chevalier romanesque à la Dame de ses pensées. En 1831, M. de Chateaubriand a soixante-trois ans. On l'imagine à peu près tel qu'il apparaît de profil, au premier plan du célèbre tableau de portraits groupés par Heim |3); mais l'âge qui vient n'a pas refroidi son pieux patriotisme et ses saintes colères : à l'annonce d'un nouveau méfait commis par la royauté bourgeoise de « Philippe », le noble exilé s'enflamme ; et sa lettre est comme un chapitre anticipé de la Grande Pitié des Églises de France (4).

Donc, on veut abattre une vieille basilique le jour anniversaire de la prise de la Bastille... Noble manière, eu vérité, « d'inaugurer la mo- narchie élective », et cela de sang-froid, sans l'excuse du vandalisme révolutionnaire exaspéré par la « fièvre » ! Le grand devancier de M. Mau- rice Barrés s'élève plus généralement contre cette « slupide manie » de quelques-uns de nos gouvernants, depuis quarante ans (5), « décompter pour rien les idées religieuses et de les croire éteintes partout comme elles le sont dans leur étroit cerveau »...

(1) La préface de la 1" édition est datée par l'au- teur de mars 18SI.

(2^ De 1833 à 1848, le vieux M. de Chateaubriand rendra chaque jour une visite à la vieille M"* Réca- mier presque aveugle.

(3) Une lecture d'Andrieux à la Comédie française (Salon de 1847} ; aujourd'hui visible au Musée de Versailles.

(4) Titre des admirables articles de M. Maurice Barrés, parus dans la lievue des Deux-Mondes (1913- 1914), analysés dans le Bulletin et réunis en volume en février dernier (Paris, Émile-Paul frères).

(5) C'est-à-dire de 1789 à 1831.

Suit une vraie page d'histoire, le poète de la politique analyse à grands traits dédaigneux les maladroites flatteries du nouveau régime : on y reconnaît « le courtisan du malheur ", qui parle au nom de toutes ses craintes pour l'avenir et de tous ses regrets du passé; le catholique libéral, que « la sainte canaille » de 1830 a porté soudain en triomphe à son retour de Dieppe, pour avoir osé défendre contre les ultras la liberté de la presse, mais aussi le pair de France, qui s'est ruiné courageusement en donnant sa démission dans la séance solennelle du 7 août, après avoir lu sa protestation contre « l'usurpateur»... Le polilique parle avant l'artiste et conclut : « Nos démolitions religieuses sont à la fois une ignorance historique et un contre-sens politique ».

Mais voici l'artiste, et la plume qui rédigea de verve le Génie du Christianisme ajoute avec une ironie grandiose : « Que sont donc devenus vos romantiques? On porte le marteau dans une église, et ils se taisent... 0 mes fils ! Combien vous êtes dégénérés ! Faut-il que votre grand- père élève seul sa voix cassée en faveur de vos temples? Vous ferez une ode, mais durera-t-elle autant qu'une ogive de Saint Germain-l'Auxer- rois? » Pour être juste, à distance, il faut se rappeler que l'auteur de Kotre-Dame-de-Paris a fait plus qu'une ode et qu'il s'indigne contre tous ces maçons « qui se prétendent architectes », à la fia de la note ajoutée à la huitième édition de son dramatique et moyen-àgeux roman (1); mais le vieux Chateaubriand devance encore sur ce point le jeune Hugo. Détruire, écrit-il, est une besogne facile et chère aux Français qui n'ont jamais tant d'empressement que pour ces jeux de massacre; « mais reconstruire! Qu'ont-ils bâti depuis quarante ans? » Cette impuissance de lart moderne à bâtir est une des opinions favorites de l'admirateur du « grand siècle », qui trouvait, dès 1802, les « mansardes philoso- phiques » de l'Ecole militaire bien basses au- dessous du « pinacle religieux » des Invalides et qui savait, dès lors, que " l'incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie » (2i. «Que ne fait-on ce que j'ai proposé?» continue l'auteur de la précédente lettre au rédac- teur de /'A/'^isïe (3); aussi bien, l'architecte impro- visé voulait-.ildéjàcmasquerréglisepardes arbres,

(1) Note datée de Paris, SO octobre 1332.

(2) Titre d'un chapitre de la lll* partie du Génie dn Christianisme (1802).

(3) Lettre datée de Paris, ii avril 1831.

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LE BULLETIN DE L'ART

en la laissant subsister en face du Louvre, comme échelle et témoin de la marche de l'art » (i). Il insiste, à présent : « Saint-Germain-l'Auxerrois est un des plus vieux monuments de Paris; il est d'une époque dont il ne reste presque rien ». Le but avoué par l'édilité de l'époque est de percer une rue; très bien, mais « commencez les abatis par le côté opposé au Louvre, par la place de Grève, cela vous donnera du temps » (2); l'ima- gination de Chateaubriand parle au nom de la raison qui conseille d'attendre, de surseoir à la destruction de pierres vénérables; on les démo- lira plus tard, si Ton ne peut faire autrement... Ici comme aux Tuileries, l'avocat de notre archi- tecture nationale devance l'avenir en défendant le passé ; son regard entrevoit la future avenue Victoria, que le Second Empire inaugurera vingt-quatre ans plus tard, le 23 août 18S5, et qui ne sera jamais achevée ni prolongée jus- qu'à Saint-Germain-l'Auxerrois !

Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est de multi- plier les décombres « contre lesquels s'amas- seront des immondices ou des échoppes»... Le plus libéral des survivants de l'ancien régime rappelle la Bastille abattue, démolition fort opportune et tout à fait légitime, car « c'était une prison » ; mais par quoi l'a-t-on remplacé, ce donjon d'un autre âge ? Par un arbre de la Liberté, que remplace aujourd'hui la masse provisoire d'un éléphant d'argile... « Et tout cela, vous le savez, était à toujours, pour les siècles, pour l'éternité, comme nos serments ». Buona- parte, non plus, n'a pas vu la fin des travaux commencés, sous son règne aussi funeste qu'éphémère, au Carrousel, et la rue de Rivoli reste inachevée... « Qui vous répond que la nouvelle monarchie ira jusqu'au bout de la rue qu'elle va ouvrir par une ruine? ».

On sait que l'auteur du Génie du Christianisme distingue les ruines faites par le temps des ruines accumulées par les hommes, et qu'il préfère la mélancolique poésie des premières... Mais les Français nés prosaïques semblent donner la préférence aux secondes : « Nous autres Fran- çais, nous sommes trop conséquents dans le mal et pas assez logiques dans le bien ». Au regard

(1) « Comme mesure et échelle de l'art et des siècles en face de la Colonnade du Louvre », écrivait Chateau- briand dans sa lettre du 12 avril.

(2) Voir, dans le Bulletin du 30 décembre 1911, pp. 316-318, notre étude sur l'Hôtel de Ville de Paris,

des inspirés, la France ne fut longtemps ni poète, ni artiste ; et le grand-père des romantiques inau- gure ici les anathèmes plus ou moins discrets ou méprisants de la race irritable des poètes : Vigny, sincèrement épouvanté par l'insouciance et par le peu de « conviction » de l'Ame française ; Théophile Gautier célébrant Victor Hugo, Bau- delaire exaltant Théophile Gautier, comme des miracles littéraires dans le Paris de Louis- Philippe ; Berlioz traitant les Parisiens de cra- pauds et la France de marais (1)...

M. de Chateaubriand n'est guère plus tendre pour ces Parisiens qui ne peuvent s'amuser « sans jeter les meubles par les fenêtres ou sans abattre les monuments publics »... Cette ardeur légèrement vulgaire, cette jovialité tapageuse et subversive des fils de la Révolution s'accommode fort mal avec la haute littérature qui voit « appa- raître l'âge immortel de la France » sur le dôme des Invalides « enflé dans la vapeur du soir »; et le projet de démolition, qui suitle fait d'une pro- fanation, ranime la « grande colère » de l'exilé : ne pourrait-on mieux honorer les héros de Juillet? Le beau mérite, en vérité, d'enfoncer le chapeau sur la tête pour aller mettre à sac un presbytère habité par uh vieux prêtre et pour 0 monter à l'assaut d'un clocher » !

Franchement, la France nouvelle n'aurail-elle pas de meilleures occasions de montrer sa force ? Ici, le diplomate faiL cause commune avec l'ar- chitecte et s'emporte avec la même indignation contre ce peuple avide de ruines, qui ne mettrait chapeau bas que devant « l'insolence étrangère ».

Qui aime bien châtie bien : malgré tout, le défenseur de notre vieille architecture se dit Français « jusque dans la moelle des os » et termine sa lettre par cette fervente profession de foi nationaliste nous découvrons à M. Mau- rice Barrés un précurseur : << J'aurais cent ans que mon cœur battrait encore pour la gloire, l'honneur et l'indépendance de mon pays ».

Aussi bien, ce « griffonnage » est-il toujours d'actualité.

Raymond Bouybr.

(I) Voir, dans la Revue bleue du 19 octobre 190", notre article intitulé : le Caractère français jug^ par l'Idéal romantique.

Le Gérant : H ûcnis.

Paris. Imp. Georges Petit, 1^, rue Godot de-Uauroi.

Numéro 622.

Samedi 25 Avril 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Le Don du roi Georges V à la France

Au cours de la réception donnée à l'Elysée, le soir de son arrivée à Paris, le roi Georges V a annoncé au président de la République qu'à l'occasion de son voyage en France, il se faisaii un plaisir de remettre au gouvernement français cinq médaillons de bronze, dus au sculptem Desjardins, qui faisaient autrefois partie du mo- nument de Louis XIV sur la place des Victoires et qui, après être restés longtemps à Kew, dans une maison de campagne du roi Georges III, se trouvent aujourd'hui dans les collections royales, au château de Windsor.

Pour apprécier à sa valeur le geste du roi d'Angleterre, charmante manifestation de l'entente cordiale, qui ne manquera pas d'être chaleureusement accueillie des deux côtés du détroit, il est nécessaire de rappeler briève- ment l'origine de ces bronzes.

Le 28 mars 1686, fut inauguré, sur la place d( s Victoires, un magnifique monument en l'hon- neur de Louis XIV, élevé aux frais du maréchal duc de La FeuiUade, et qui fut dépecé et en partie détruit par la Révolution. Sur un piédestal de marbre blanc veiné, haut de vingt-deux pieds, se dressait une statue du roi, en bronze doré, de treize pieds de haut. Louis XIV était représenté en grand habit du sacre, foulant aux pieds un Cer- bère dont les trois têtes symbolisaient la tripla alliance formée par les ennemis de la France ; derrière lui, une statue de la Victoire, également en bronze doré, le pied posé sur un globe « et le reste du corps en l'air », suivant le mot de Piga- niol de La Force, à qui j'emprunte cette descrip- tion, — tenait d'une main une couronne de lau- rier au-dessus de la tête du roi, et de l'autre un faisceau de palmes et de branches d'olivier. Ces deux statues et les divers accessoires qui les complétaient, bouclier, faisceau d'armes, massue d'Hercule, etc., formaient un groupe

de bronze fondu d'un seul jet, sous la direction de l'auteur, Martin van den Rogaert, dit Desjar- dins (1640-1694), dont ce monument était l'œuvre la plus considérable.

C'est Desjardins aussi qui avait donné les des- sins et conduit la fonte des figures et ornements entourant le piédestal. Sur les quatre corps avancés du soubassement servant d'empâtement à ce piédestal, quatre esclaves de bronze, assis et enchaînés, représentaient les nations dont la France avait triomphé sous Louis XIV; six bas- reliefs de bronze ornaient le piédestal et rappe- laient quelques dates mémorables du règne : la Préséance de la France reconnue par l'Espagne (1662), /e Passage du Rhin (1672), la Conquête de la Franche-Comté (1674), la Paix de Nimègue (1678), les Duels abolis, l'Hérésie détruite (1685); enfin des fanaux, portés sur des colonnes de marbre et ornés de médaillons ovales de bronze, éclairaient la place pendant la nuit.

Aujourd'hui, la statue du grand Roi et celle de la Victoire n'existent plus ; les quatre esclaves ornent la façade de l'Hôtel des Invalides, du côté de l'Esplanade ; les six bas-reliefs de bronze sont au Louvre ; les fanaux ayant été démolis dès 1718, les colonnes qui les soutenaient furent données à la cathédrale de Sens, et les médail- lons qui les ornaient passèrent en Angleterre.

Lorsque M. Paul Cambon présenta les lettres l'accréditant comme ambassadeur de France en Angleterre, la reine Victoria lui fit remarquer ces médaillons, dont on ignorait la provenance; M. Cambon s'enquit, et l'identification fut bientôt faite de la façon la plus certaine. Un de ceux qui contribuèrent à cette identification, M. Georges Cain, obtint de la reine Victoria que ces cinq pièces fussent prêtées à l'Exposition rétrospective de la Ville de Paris, en 1900, l'on put les admirer.

Ce sont ces médaillons qui reviennent en France aujourd'hui, et cette fois pour toujours, grâce au don généreux du roi Georges V.

E. D.

i;îo

LE BULLETIN DE L'ART

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 18 avril). M. Dagnan-Bouveret, président, prononce l'éloge de M. La Haye, directeur de l'École des beaux-arts de Nîmes, correspondant de la Compagnie, qui vient de mourir.

M. Pascal, qui fait fonctions de secrétaire des séances en l'absence de M. Henry Koujon, annonce que l'exécution de la cantate qui a obtenu le l'rii^ Hossini aura lieu le lundi 4 mai, au Conservatoire; l'auteur de cette cantate, M. Laporte, entrera en loge le lendemain, au palais de Compiègne, pour le con- cours du Prix de Rome de composition musicale.

Ont été admis en loges, pour le concours du Prix de Rome de sculpture : MM. Silvestre (élève de MM. Mercié et Cariés); Mathey (Injalbert, Hannaux); Ambroise Donnet (Mercié, Cariés); Cassou iCoutan): Aubine (Coutan); Petit (Injalbert); Merigoargues (Mercié); Leriche (Injalbert. Hannaux); Cellier (Cou- tan, Larche); SarrabezoUes (Mercié, Marqueste).

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 17 avril). M. de Mély examine la com- position du célèbre retable du Parlement qui, depuis 1904, a quitté le Palais de justice pour Mre exposé au Louvre. On a attribué à beaucoup de peintres divers celte œuvre qui aurait été exécutée entre U4.'i et 1505; on ne sait même s'il faut y reconnaître Charles VU ou Louis XI. En réalité, ce tableau fut commandé, en 1454, par le Parlement qui chargea le conseiller Jean Paillard d'en surveiller l'exécution ; à la mort de celui-ci, en 1455, la Cour ordonna, le 2 juillet, de réclamer à sa succession 143 livres 4 sols 4 deniers qui, n'ayant pas été payés à l'artiste, devaient lui être soldés. Quant au nom de l'artiste, sur le collet du vêtement du valet, Oaesbi ko, qu'on a inter- prété par Johannes Brugensis, il faut le lire caksbkut, nom d'un artiste flamand qui se retrouve à Bruges, en 1459, entouré de ses élèves.

M. Jean Six, professeur à l'Université d'Amster- dam, fait une communication relative au sculpteur Calamis. Dans l'histoire naturelle de Pline, une statue lui est attribuée que le récit désigne sous le nom d'Alcumène, mot que les éditeurs ont corrigé en Alcmène. M. Six pense qu'il faut lire Algoumene, « la douloureuse ». En effet, dans le passage de Pline est mentionnée celte statue, il en est plusieur.» autres qui sont désignées par des épithètes ou des périphrases marquant leur action ou leur attitude. Cette expression de la douleur serait l'original de la statue dite Pénélope, au Vatican, qui oll're des ana- logies de style très frappantes avec l'aurige de Delphes et avec les trônes sculptés de l'ancienne collection Ludovisi, œuvres qui ont déjà été attribuées àCalamis.

Société de l'histoire de l'art français (séance du 3 avril). M. Alphonse Roux communique

quelques notes sur le livre d'heures de Roucicaut du Musée André; il montre comment ce livre put passer de chez Diane de Poitiers et ses descendants chez la marquise de Verneuil.

M. François Monod étudie les principales œuvres françaises, antérieures au xix* siècle, qui se trouvent au Musée métropolitain de .New-York . et dans ta collection John S. Johnson, à Philadelphie.

Société nationale des antiquaires de France (séance du 15 avril). M .Max Prinet examine le sceau d'un abbé de Stavelot et de Malmedy au iiv siècle qui était un membre de la famille von Bougard.

M. Germain Bapst annonce qu'il a retrouvé l'origine du médaillon en bronze doré du Grand Condé conservé à Chantilly; ce médaillon a servi à la décoration du catafalque du prince à Noire-Dame.

M. Pasquier présente une miniature française du xv siècle représentant sainte Catherine.

.M. le comte de Loisne complète la communica- tion qu'il avait faite à une précédente séance sur un bréviaire exécuté au xv siècle pour Henri de Lorraine, évêque de Thérouanne.

Musée des Arts décoratifs. Jeudi dernier,

23 avril, s'est ouverte, au Musée d«s Arts décoratif» (Pavillon de Marsan), l'exposition anglaise d'art déco- ratif moderne, que nous avions annoncée. On sait qu'elle offre l'intérêt particulier d'avoir été organisée par la section, récemment créée au minisière du (iOmmerce anglai."!, pour assurer aux expositions laites à l'étranger une unité et une continuité de direction qui leur avaient manqué jusqu'à ces der- nières années. C'est la première occasion qui se pré- sente pour la France de connaître les progrès accomplis en Angleterre, dans le domaine de l'art décoratif, depuis les débuts du mouvement moderne qui, ayant pris naissance avec William Morris, Uossetti. Biirne Jones et leurs amis, s'est étendu à toute l'Europe.

Le bulletin et la lievue reviendront sur ce sujet. Contentons-nous d'indiquer aujourd'hui que l'exposi- tion comprend d'abord une partie rétrospective figurent les célèbres tapisseries de Morris et de Burne Jones: un choix de tentures, de papiers cl de meuble» exécutés dans les ateliers de Morris; des poteries de William de Morgan, etc.

La section du livre montre, à côté des chefs-d'œuvre de la Kelmscott Press, les belles impressions et les reliures pour lesquelles l'Angleterre tient aujourd'hui encore une place prépondérante.

L'exposition comprend, en oulre. des sections d'aria graphiques, de céramique, d'argenterie et bijouterie, de lissus et de dentelles.

Les objets figurant dans ces diverses sections ont été choisis sous la direction de Sir Isidore Spielmann, directeur, pour les Beaux-Arts, du service des exposi- tions au ministère du Commerce, par un Comité dont

ANCIEN ET MODERNE

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le présicient est Sir Cecil Ilarcourt Smith, directeur du Musée Victoria et Albert à South Kensington, et le vice-président, le célèbre artiste W'alter Crâne.

Les salles du Musée dans lesquelles a été aménagée l'exposition anglaise ont été complètement transfor- mées en vue de leur donner un cadre conforme au caractère national. Leur installation a été faite d'après l«s plans et dessins de M. Henry W'ilson qui, avec l'aide de MM. Walter Crâne, Anning Bell, Cockerell, et plusieurs autres collaborateurs, y ont travaillé activement pendant près d'un mois.

Le foi et la reine d'Angleterre, qui s'intéressent tout spécialement à l'art décoratif, ayant exprimé le désir de visiter l'exposition durant leur séjour à Paria, se sont rendus au Pavillon de Marsan, dans la matinée du jeudi 23.

L'exposition restera ouverte tout l'été.

Salon de la Société des Artistes français. Le vernissage du Salon des Artistes français aura lieu, au Grand Palais des Champs-Elysées, le jeudi 30 avril.

Exposition des Artistes indépendants. L'exposition des Indépendants est prolongée jusqu'au 3 mai.

A Belgrade. La reine Nathalie de Serbie vient de donner au Musée national de son pays deux collections d'armes ayant appartenu aux rois Milan et Alexandre Obrenovitch, et qui comprennent, entre autres pièces remarquables, le sabre d'Abver Pacha, ancien gouverneur ottoman de Belgrade, que ce dernier remit au prince Michel, lors de la prise de la ville par les Serbe», et deux pistolets ayant appartenu au général autrichien Landon, qui prit Belgrade aux Turcs, au xviu' siècle.

Elle a donné aussi à l'Académie des sciences la bibliothèques des rois Milan et Alexandre.

A Copenhague. Le Bulletin a déjà annoncé brièvement qu'une exposition de peintures et dessins de» principaux artistes français, de 1800 à nos jours, était en cours d'organisation. Elle s'ouvrira le 15 mai prochain, dans les salles du Musée royal de Copen- hague, mises à la disposition des organisateurs par le gouvernement danois.

Le Comité d'organisation danois, composé de MM. Karl .Madsen, directeur du Musée royal, prési- dent du Comité ; A. -P. Weis, directeur au ministère de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux- Arts; L. Zeuthen, président de la Société de» Ami» du Musée, trésorier du Comité ; Tige Millier, secré- taire général du Comité, a trouvé auprès des gou- vernements français et danois l'accueil le plus favo- rable et les concours les plus empressés.

Le Comité d'organisation et son délégué, M. Tige Moller, chargé de recueillir les adhésions et de réunir les œuvres, à Paris, ont rencontré le concours le plus cordial, le pluî actif auprès 'de toutes les personna- lité» marquantes du monde des arts.

Le Comité français est ainsi composé : MM. Léonce Bénédite, Georges Bernheim, Bernheim jeune, E. Ber- taux, Alfred Beurdeley, M"' Blanchi, MM Eugène Blot, H. Brame, M»- J.-Th. Couture, MM. Emile Dacier, Armand Dayot, Loys Delteil, M"' Diéterle, MM. Durand-Buel, Théodore Duret, Paul Gallimard, V. de Coloubew, René Jean, Frantz Jourdain, Alphonse Kann, Raymond Kœchlin, Henry La- pauze, P. Leprieur, Henry Marcel, André Michel, Claude Monet, François Monod, Moreau-Nélaton, Georges Petit, Petitdidier, J. Peytel, Auguste Renoir, Joseph Regnault, F. Roches, Auguste Rodin, P. Rû- senberg, Ernest Rouart, Louis Houart, M"" E. Rouart, MM. 0. Sainsère, André Schœller, Alfred Strolin, Tempelaere, Tauber, Trotti, Vildrac, VoUard.

Grâce à tant de bonnes volontés, il a été possible de réunir un ensemble imposant des plus belles œuvres de l'art français au xix* siècle, et l'exposition du Musée royal de Copenhague s'annonce comme devant être l'une des plu» belles manifestations du génie français qui aura eu lieu hors de Paris

Nécrologie. M. Euyène Pujalel, directeur de la sûreté générale, décédé le 13 avril, à l'âge de 46 ans, était contrôleur de» services extérieurs et inspecteur des services administratifs au ministère de l'Intérieur, lorsqu'eut lieu le vol de la Joconde. Il fut appelé alors à remplacer M. HomoUe comme direc- teur des Musées nationaux, et pendant le temps qu'il passa au Louvre, avant la nomination de M. Henry Marcel, il travailla avec beaucoup de tact et d'énergie a la réorganisation de certains services. En ces cir- constances délicates, son action fut très heureuse et très appréciée.

Af. Louis Carrière, ancien capitaine de tirailleurs en Crimée et en Algérie, conservateur honoraire des .Musées nationaux, décédé à Fontainebleau, à l'âge de 68 ans, avait été régisseur du palais de Fontai- nebleau de 1882 il 1896, puis conservateur jusqu'à sa retraite, en 1902.

Un des plus grands peintres polonai», Joseph Chelrnonski, vient de mourir à Kukloroska, près de Varsovie, dans sa cinquante-cinquième année. à Borki (Pologne russe) en 1849, il avait fait ses études à Varsovie, à Berlin, à Munich et à Paris, il sé- journa de 187,5 à 1889, exposant régulièrement aux Salons. L'originalité et la vigueur avec lesquelles il représentait les scènes et les paysages de son pays lui valurent une mention honorable en 1882 et un grand prix à l'Exposition universelle de 1889. Ses con- tinuels voyages à travers l'Europe et l'Amérique ne furent pas sans influer sur la force et la sincérité de son talent. Il exposait encore en 1911, au Salon de la Société de» Artistes français, un épisode de la cam- pagne de 1812.

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LE BULLETIN DE L'ART

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion Hodgkius (dessins anciens). Un cata- logue illustré, de belle taille, établi sur le type du catalogue de la vente Doucet, nous apporte les détails les plus complets sur la réunion de dessins, aquarelles et gouaches de l'école fran- çaise du xviii* siècle, composant la Collection particulière de M. E. M. Hodgkins, dont la vente aura lieu, comme nous l'avons déjà indiqué, à la galerie Georges Petit, le 30 avril, par le ministère de M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin etde MM. Jules Ferai, Paulme et Lasquin.

Parmi les cinquante-cinq numéros qui com- posent cette vacation, assurée d'avance du succès, signalons en particulier : le Mariage rompu, par E. Aubry ; une Noce de village, par L. van Bla- renberghe ; le Baiser, la Lecture du omième Bul- letin de la Grande Armée, un Café de Parisen 1815, et un Cabaret de Paris en 1815, par L.-L. Boilly ; le Gage touché et le Colin-Maillard, par A. Borel ; Vénus aux colombes, par F. Boucher; Jeune femme assise de côté dans un fauteuil et Femme assise sur un fauteuil, par Chasselat ; Illuminations des écuries de Versailles à l'occasion du second mariage du Dauphin [9 février 17i7), par Cochin le fils; le Sacrifice au Minotaure, Jeune femme assise, la Visite au grand-père. Buste de Napolitaine, par J.-H. Fragonard ; l'Entretien galant, par Gra- velot ; la Consultation de l'oracle, par Hoin ; le Petit Coblentz ( Vue du boulevard de Gand sous le Directoire), par Isabey ; Feuille d'étude, par Lan- cret ; les Trois sœurs au parc de Saint-Cloud et le Petit lever, par N. Lavreince ; Vue du Grand Trianon, en 1780, par N. de Lespinasse ; la Tireuse de cartes et le Petit déjeuner, par J.-B. Mallet ; Intérieur de palais, par Maréchal ; Expo- sition de tableaux sur la place Dauphine, par Maucert ; la Marchande d'oranges et la Marchande d'huîtres, par G. Opiz ; la Musique de chambre, par Portail ; le Visiteur attendu, par Van Gorp, et deux Feuilles d'étude, l'une de sept têtes, l'autre de trois têtes, par A. Watteau.

La plupart de ces dessins proviennent de ventes récentes, notamment des collections P. Decour-

celle et J. Doucet. Il sera piquant de constater comment ils se comporteront à nouveau sous le feu des enchères.

Collection délia Torre (estampes, objets d'art). Le 7 mai, salles 7 et 8, M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin, assistés de MM. Danlos, Paulme et Lasquin, procéderont à la vente des estampes du xviii" siècle et des objets d'art et d'ameublement de la même époque composant la Collection de jjf"« délia Torre.

Dans la première partie de la vente, nous remarquons : le Portrait, grandeur nature de M"" Baudoin et le Portrait, grandeur nature, A/'"« Deshays. deux gravures en imitation de pastel par L. Bonnet, d'après F. Boucher; les Deux bai- sers, par Debucourt, en couleurs ; Jeune Fille lisant Abailard, d'après Boucher, par Demarteau, en plusieurs tons, et Jeune Fille à la rose, épreuve en plusieurs tons, par les mômes artistes ; Fré- dérique- Louise- Wilhelmine de Prusse, femme de Guillaume !<"", roi des Pays-Bas et Frédérique-Louise- Wilhelminede Prusse, princesse héréditaire d'Orange et de Nassau, par Descourtis ; Mrs Benwetl, par \V. Ward, d'après Hoppner, en couleurs; Elisabeth, countess of Mexborough, également en couleurs, par le môme, d'après le môme; Marie- Antoinette d'Autriche, reine de France et de Navarre, par Janinet, et Nina, par le même, d'après Hoin, ces deux pièces en couleurs; the Right Honorable, the Countess of Derby, d'après Lawreince, par Bartolozzi, en couleurs; l'Indis- crétion, par Janinet, d'après Lavreince, en couleurs ; les Chagrins de l'enfance, par Le Cœur, d'après Mouchet, en couleurs; A Bacchante et Nature, par J. R. Smith, d'après Reynolds, en couleurs; Mademoiselle Parisot, par J. U. Smith, d'après Dewis, en couleurs ; What you tiill Ce qui vous plaira, par J. R. Smith, en couleurs; enfin Master Lambton, d'aprè» Lawrence, par S. Cousins, en couleurs.

La seconde partie de la vente comprend des anciennes porcelaines de Saxe et de Chine; des bronzes du xviii« siècle ; un mobilier de salon, canapé et six fauteuils, en ancienne tapisserie d'Aubusson, à corbeilles de fleurs, d'époque Louis X.VI ; deux fauteuils couverts

ANCIEN ET MODERNE

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en tapisserie Une des Gobelins ou de Beauvais du temps de la Régence, à bouquets de Heurs et de fruits; enfin, une réunion riche et variée de meubles des époques Louis XV et Louis XVL en marqueterie et bronzes, certains portant des estampilles d'ébénistes connus; les plus remar- quables sont reproduits dans le catalogue illustré de cette vente.

A Amsterdam. Tableaux modernes.

Nous recevons les catalogues illustrés de trois ventes de tableaux, dessins et aquarelles moder- nes, qui auront lieu toutes trois chez Fred. Muller et C'', à Amsterdam, le 29 avril.

Le premier catalogue comprend les tableaux, aquarelles et dessins modernes provenant de la Collection J. H. C. Heyse, de Middelburg, et de quelques autres successions. Dans la première partie de cette vente, nous remarquons les noms de : Allebé, Blommers, Th. de Bock, Bosboom, Breitner, J. Israels, W. Maris, A. Neuhuys, Wijs- muller, Klinkenberg et Mesdag. Ce sont à peu près les mêmes noms que nous retrouvons dans la seconde partie du catalogue, avec ceux de : V. van Gogh, Gorter, Innocenti et Schildt.

L'école néerlandaise moderne domine moins exclusivement dans la Collection de feu M. J. H. L. de Haas, de Bruxelles, nous notons des scènes de genre de Bakker Korf, des pay- sages de F. Courtens, Daubigny et Diaz, Une Alerte, de Fromentin, un Bord de mare, de P.-J.-G. Gabriel, des têtes de jeunes femmes, de la première manière de J. Israels, et une aquarelle, le Retour, du même artiste, des poules de Ch. Jacques, le Portrait du prince Luitpold de Bavière, par F. Lenbach, une Vue à Dordrecht de J. Maris, enfin des paysages de Roelofs, Th. Rous- seau et Troyon.

Enfin, la troisième vente est celle de l'ate- lier John F. Hulk, le peintre animalier hollandais, à Amsterdam en 1855, mort en 1913. Cultivant à la fois la peinture à l'huile et l'aquarelle, il traite cette dernière dans la manière large et fondue de l'école hollandaise moderne. Sans négliger les modestes habitants des basses-cours, canards, lapins et cochons, il peignit de ces sujets cynégétiques qui ont tant de succès auprès d'une certaine catégorie d'amateurs, en particulier les chasses au renard, dont la présente vente nous offre divers spécimens.

M. N.

ESTAMPES

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion Roger Marx (1''° vente : estampes mo- dernes). — Du 27 avril au 2 mai, à Ihôtel Drouot, salle 7, M" Lair-Dubreuil et H. Baudoin, assistés de M. L. Delteil, disperseront les estampes mo- dernes faisant partie de la collection de M. Roger Marx, récemment décédé.

Le catalogue illustré comprend plus de 1500 nu- méros, et quand on se rappelle avec quel enthou- siasme Roger Marx a aimé l'estampe originale moderne, avec quel talent et quelle pénétration il en a écrit, avec quelle ténacité il s'est attaché à mettre en valeur les graveurs et les lithographes les plus personnels de la seconde moitié du der- nier siècle, on peut se faire une idée de la beauté et de l'intérêt de cette collection, sans doute la plus remarquable du genre qui ait jamais passé en vente publique.

L'homme qui rappela les mérites de l'œuvre gravé de Ghassériau, qui catalogua les pointes sèches de Rodin dès 1902, qui fit connaître Jongkind comme graveur, qui rechercha les gra- vures d'Adolphe Hervier et de Théodule Ribot, qui eut un véritable culte pour le maître Ferdi- nand Gaillard ; l'écrivain qui sut deviner le talent de tant de graveurs et de lithographes, et qui les fit connaître au public par des notices, des pré- faces de catalogues, des articles de revues, ne pouvait manquer de prêcher d'exemple et de recueillir en ses cartons les œuvres les plus belles et les plus rares de ses artistes de prédi- lection. C'est ainsi qu'on retrouvera, dans le catalogue très soigneusement établi, les noms de tous ceux à qui il a consacré des monographies : à ceux qu'on a déjà cités, il faut ajouter Fantin- Latour, Henry Guérard, Alphonse Legros, Eugène Carrière, Auguste Lepère, Gustave Leheutre, Eugène Béjot, Franck Laing, Edgar Chahine, Frank Brangwyn, Pieter Dupont, Albert Belle- roche, Paul-Émile Colin, H. Vergéssarat, Jean Patricot, M"" Jeanne Bardey, etc.

Mais bien d'autres artistes se rencontrent avec ceux-là pour prouver, selon le mot de M. L. Del- teil dans la préface du catalogue, que, chez Roger Marx, « le critique fut constamment d'accord avec le collectionneur». Il est difficile de les citer tous, d'autant qu'il est de peu d'intérêt d'aligner des noms, quand on ne peut énumérer les pièces, préciser leurs états, dire leurs qualités, vanter souvent leur rareté et ce que leur ajoutent ces signatures, ces remarques, ces dédicaces.

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LE BDLLKTIN DE L'ART

toujours extrêmement précieuses aux yeux des amateurs.

Il faut pourtant indiquer les séries les plus abondantes, qui sont celles d'Alhert Besnard, de Félix Bracquemond, de ï'élix Buhot, de Miss Mary Cassait, d'Edgar Degas, de Forain, d'Helleu, de Louis Legrand, d'Edouard Manet, d'Odilon Hedon, de Steinlen, de Toulouse-Lautrec, de VVhistier...

Encore une fois, on ne peut pas tous les nom- mer; on doit renvoyer au catalogue, sous peine de ne donner qu'une idée bien imparfaite de ce véritable cabinet de l'estampe originale moderne, toutes les manifestations vraiment person- nelles de l'art du peintre-graveur et du peintre- lithographe de ces cinquante dernières années se trouvent échantillonnées en pièces de choix, et parfois d'une insigne rareté.

Les amateurs vont avoir une belle semaine, et le résultat de cette vente la première de celles qui doivent disperser les collections du critique d'art ne saurait manquer d'être curieux et instructif pour tous ceux qui s'intéressent à la gravure; nous allons avoir une « cote » pour certains artistes qu'on n'a pas souvent l'occasion de rencontrer si abondamment ni si remarqua- blement représentés en ventes publiques.

R. G.

Li'i'i? iTi iT 'I' " "T 'I r "M ' I i"iim rm ipi EXPOSITIONS ET CONCOURS

Eugène Viala, 1859-1913 (galerie Manzi). De r Encre, de l'Acide et de la Souffrance : c'était le litre du premier album d'eaux-forles composé par ce peintre graveur et poêle, mort au printemps dernier, sans avoir connu son heure de gloire et qui s'intitulait lui-même « un sauvage ». Un lettré, pourtant, mais qui ne fré- quenta jamais que la solitude natale de son Rouergue aussi sombre que lui ; bref, un Alceste, un peu comme Alphonse Legros dont il retrou- vait l'amertume dans le décor broussailleux de ses ravins boisés : tant il est vrai que le paysage n'est que le miroir d'un songe intérieur! Sonnet- tiste et symboliste, entre deux études peintes ou gravées, paysagiste en prose poétique ou la palette au pouce, sous le vent hallucinant des causses, il animait la tristesse de la nature à la tristesse de son Ame : uniforme et perpétuel éthange, s'absorbait silencieusement l'ami de ces Humbles terres qui passaient trop inaperçues à la Société nationale, en 1902 ! Le ciel orageux,

les nuées, les coups de soleil, l'éclair d'une ean dormante au pied des collines, les rabougris sur le bord d'un sentier solitaire, l'aube appa- raissant « sur le dos amarante et nu de la mon- tagne », les noirs corbeaux sur la glèbe entamée par les grands bœufs, les chênes épandus sur les grès, les rêves d'un homme éveillé, le roman- tisme de l'ombre et du soir, tel était son mé- lancolique et singulier royaume, qui ne s'éclai- rait parfois que dans une fraîcheur d'aquarelle... Enlrevu chez Hessèle, rue Laffitte, en 1904, h côté du lithographe Auguste Fabre et du graveur Fritz Overbeck, aussitôt deviné par la sympathie de M. Arsène Alexandre, Viala, devenu décora- teur, avait travaillé pour le musée de Rodez, pour la vénerie de MM. Menier, pour l'hôtel de M. Fenaille ; et si, comme l'assure notre confrère Clément- Janin dans sa préface du catalogue, « il n'y a plus d'Horace pour chanter les Mé- cènes 11, les Virgiles obscurs au fond de leur province ne meurent pas tout entiers dans le souvenir des amoureux d'art.

l'V" exposition de « l'Acanthe » (galerie Devambez). A l'instar de la Phalange, cette élégante réunion de boursiers de voyage et de prix de Rome ne dément pas son beau nom corinthien, quand elle nous propose les figurines dionysiaques de M. André Verraare et son vigou- reux fragment du Rhône, les héros antiques de M. Constant Roux, les petites faunesses et les danseuses non moins grecques de M. Eugène Piron, l'héritier du joyeux poète dijounais, sans oublier les plaquettes de M. Pierre Dautel et Morlon, les dessins rehaussés de M"* Marguerite Delorme et de M. Lucien Pénat, les paysages dé- coratifs de M. Maurice Roganeau, qui voyage en Espagne, et de M. Georges Leroux, qui retrouve à notre Luxembourg fleuri les jardins Borghèse, le» loyales éludes, toutes françaises, de M. Jean-Pierre Laurens, portraitiste du maître Pierre Vignal, et de M. Emmanuel Fougerat, l'admirateur et Je biographe le plus récent de Holbein, ce maître de la conscipnce et de la forme.

« Estampes et Dessins » (galerie A. -.M. Reit- linger). On dessine encore, et la preuve n'est pas seulement contenue dans ce titre d'une nou- velle Société de peintres dessinateurs et graveurs, fondée à Paris, au mois d'août 1913, sous la pré- sidence de M. Alexandre Lunois. pour ne mon- trer aux amateurs que des dessins originaux et des estampes inédiles. Le but est louable ; et le résultat ne s'aflirme pas moins intéressant,

ANCIEN ET MODERNE

d3S

puisque cette « première exposition annuelle » offre à nos yeux un peu las de peinture et de polychromie les plus belles épreuves orientales de M. Lunois, les sanguines de M. Lequeux,doux interrogateur des couvents d'Assise, les dessins rehaussés de M. Charles Jouas, spirituel histo- riographe de Versailles ou de sa vieille Cour de liohan, les fins portraits de M. Henri Royer, les libres croquis de M Bernard Naudin et de son nouvel émule, M. Georges Gobo, les patientes études rustiques du D'' François De Hérain. conli- dent des Baux de Provence, les intimités silen- cieuses de M. Guiguet, ce poète attendri du réa- lisme, qui dessine aux trois crayons la jeune brodeuse ou la petite couseuse appliquée comme le plus savant contemporain de Greuze ou de Chardin, sans négliger les amants de Venise, MM. .I.-J. Gabriel et Georges Le Meilleur, ni MM. Jacques Simon, Damblans, Willaume, Camo- reyt, Péters-Destéract et Marten van der Loo. Le dessin n'est pas le seul apanage des <c rétrospec- tives » ou des « grandes ventes » ; et cette vue rassure et console.

Le Dessin dans les expositions diverses.

En attendant la nouvelle exposition du maître Auguste Lepère, qui se trouve remise au 4 mai prochain, chez Sagot, signalons seulement, aujourd'hui, parmi les dessinateurs encore dignes de ce nom, les peintres-graveurs P.-E. Vibert et Paul-Émile Colin, qui montrent pour la pre- mière fois leurs croquis chez Grandhomme ; l'un des virtuoses de l'aquarelle et de la gravure en couleurs, M. Henri Jourdain qui réunit ses vues élégamment froides de canaux solitaires et de' vieux châteaux chez Georges Petit ; un étranger, M. E. van Saanen-Algi, remarquable par la cer- titude rapide de ses Études de danses, chez De- varabez ; enfin, le Vllh Salon des Artistes humo- ristes, au Palais de Glace, abondant toujours, mais inégal, oîi les dessinateurs ne dessinent pas tous, mais oîi se distinguent aussitôt MM.Sem, Abel Faivre, André Devambez et Alfred Le Petit, non loin d'une touchante évocation du bon vieux temps dans la « rétrospective >> de Boilly.

Alfred Sisley, 4839-1899 (galeries Durand- Ruel). N'est-ce pas une opportune leçon de peinture que cette « rétrospective » des mor- ceaux scrupuleusement choisis nous rappellent les bienfaits et les dangers de cet affranchisse- ment déjà lointain qui fut l'impressionnisme ? Au surplus, l'évolution la clarté sur la toile est suggestive, de 1872 à la fin du siècle dernier,

depuis les bords de Seine à Bougival et les inon- dations de Marly jusqu'aux verdures trop bleuAtres et trop déchiquetées de Moret et des bords du Loing; mais, entre toutes ces brèves et familières impressions, de nature française, l'Au- tomne, datée de 1881, et les Coteaux de Venetix, vus de Saint-Mammès, au printemps de 1884. res- teront comme les témoins les plus lumineux d'une heure décisive.

Raymond Bouyf.r.

Erratum. Éva Gonzalès était non point la belle-sœur, mais la femme du peintre-graveur Henri Guérard, qu'elle avait épousé en 1879, et sur le talent duquel la pastelliste exerça, comme lelir ami Manet, une influence notoire (1|.

R. B.

Le 52' Congrès des Sociétés savantes

Le 52" Congrès aanuel des Sociétés savantes s'est ouvert le 14 avril, dans l'amphithéâtre Richelieu, à la Sorbonne, sous la présidence de ,M. II. Cordier, mem- bre de l'Institut, qui a souhaité la bienvenue aux membres présents. Les sections se sont ensuite constituées et ont commencé leurs travaux.

Nous rappellerons ici' les communications faites dans la section d'archéologie :

Séance du 15 avril (présidence de M. Babelon, membre de l'Institut). MM. Espérandieu et le D' Emery : les fouilles de la Croix-Saint-Charles, au mont Auxois (Alésia);

MM. le commandant Lalance, Mazaurie, Minouflet, G. Poulain et de Vesly : le caslrum de Juliobona (Lillebonne).

Séaiice du 16 avril (présidence de M. E Lefèvre- l'ontalis). MM. Brousse et Lejeune : un recueil d'inscriptions du déparlement de la Corréze;

M. Etienne Devillé : vues inédites du château de Valinont (Seine-Inférieure) ;

M. l'abbé Chaillan : curiosités archéologiques de l'église Saint-Jean, près de Brignoles (pierre d'autel de l'époque carolingienne, stèle avec sculptures de l'époque barbare, porte en bois de la fin du xv siè- cle, etc.)

Séance du 17 avril (présidence de M. II. Stein). M. Maury : le répertoire archéologique de l'arrondis- sement de Bar-sur-Aube;

(1) Voir le Bulletin du H avril 1914, p. 117.

136

LE BULLETIN DE L'ART

M. Pasquier : une miniature du iv siècle repré- sentant sainte Catherine;

M. le colonel Hannezo : une urne funéraire en verre trouvée à Malay (Saône-et-Loire) ;

M. l'abbé Parât : le temple antique de Montmartre, près d'Avallon;

M. Edouard Salin: les fouilles du cimetière barbare découvert à Lezeville (Haute-Marne) en 1911.

M. J. Toutain : un bas-relief trouvé en 1913 sur le mont Auxois, dans les fouilles exécutées par la So- ciété des sciences de Semur;

M. P. -M. Emard : le monument des Gondy, dans l'église Saint-Rémy des Quinze- Vingts.

La séance plénière de clôture a eu lieu le 18 avril sous la présidence de M. Bienvenu Martin, ministre de la Justice qui, après avoir excusé l'absence du ministre de l'Instruction publique, résuma les travaux présentés dans les diverses sections, rendit hommage à la mémoire des membres décédés et termina en faisant l'éloge du rôle des Sociétés savantes, qui répandent dans nos provinces le goût des choses de l'esprit, le culte des lettres et concourent à la mission décentralisatrice dont nos Universités ont reçu la charge.

L-ES REVUES

Franck

L'Art et les artistes (janvier). Robert Hénard. Andréa Palladio. L'architecte de Saint-Georges- Majeur (1518-1580) a énormément construit, surtout à Vicence, sa ville natale; Venise et le Vénétin possè- dent encore des palais et des villas célèbres qui lui sont dus. Son inlluence a été considérable ; elle s'explique par ce qu'a d'exquis son interprétation moderne de l'antiquité.

Tristan Leclère. Charles Milcendeau. Artiste original et chercheur, dont les peintures, les pastels, les dessins, les gouaches, unisscot « la tenue sobre de l'art de France à la forte saveur particulière au pays vendéen ».

M. Nelkkn. Eduardo Chicharro. Un des plus remarquables peintres de l'Espagne contemporaine.

A. Seaton-Schmidt. Charles W. Hawthome. Portraitiste américain.

Léandre Vaillat. L'art décoratif au Salon d'au- tomne.

(Février). Roger Rebousbin. Les animaux dans Vasuvie d'Eugène Delacroix. Ces animaux si réalistes et si bien observés, comme en témoignent tant d'études d'après nature, reparaissent aussi vivants dans les grandes compositions du maître, au mouvement desquelles ils contribuent puissam- ment.

Gustave Gkffroy. Le Plafond du théâtre de Rennes. Figures et planche en couleur, d'après des études et des ensembles de l'auteur du plafond, M. i.-i. Lemordant, lequel représente une longue théorie dansante de Bretons et de Bretonnes, dans les principaux costumes du pays.

Robert Hé.nakd. Un Tableau de Tiepolo re- trouvé. — Figure de hallebardier qui formait origi- nairement la partie droite d'un tableau de Tiepolo, conservé au musée d'Edimbourg, et dont l'esquisse peinte appartient au musée de Stuttgart.

Walter Pach. L'art de John Sloan. Peintre et aquafortiste américain.

A. S. GoMPERTZ. Variétés : De la porcelaine et de la faïence.

Léandre Vaillat. L'art décoratif : Gustave Jaulmes. Peintures pour l'Hôtel royal et le casino d'Évian-les-Bains ; décoration de divers hôtels parti- culiers.

Italie

BoUetino d'arle des ministero délia P. Istru- zione (novembre). Corrado Ricci. Le Sépulcre de Galla Placidia, à Ravenne (I). M. Corrado Ricci reprend l'étude de ce monument célèbre et détruit de nombreuses erreurs répétées traditionnellement à propos de lui.

I. A. F. Orbaar. Extraits des comptes de Dome- nico Fontana {15S5-I5SS). Etude sur la topogra- phie de Rome au temps de Grégoire Xlll et sur les constructions du grand architecte, faite à la lumière de comptes découverts dans les archives romaines.

(Décembre). Le Sépulcre de Galla Placidia, à Ra- venne (II). Suite de l'étude d'ensemble de M. Cor- rado Ricci. Le mausolée et l'église Sainte-Croix. L'état des lieux au v siècle, et jusqu'en 1602. Les modifications apportées par les moines de Saint- Vital. Galla Placidia repose-t-elle dans son mausolée? Raisons qu'il y a pour le croire.

Enrico Mauceki. Œuvres d'art inédites du musée de Syracuse. Vieux retables des xiv et XV* siècles, ruinés en majeure partie. Peintures sici- liennes et napolitaines des xvi*, xvir et xviii- siècles. Etoffes, carosses. Plats hispano-mauresques.

Pompeo MoLMKNTi. Le tableau de Domenico Morone de la collection Crespi. Il s'agit du fameux tableau intitule : la Chute des llonacolsi, peint pour François de Gonzague, en 1494, en souvenir de la victoire de sa famille sur les anciens seigneurs de Mantoue. Le gouvernement italien vient d'acquérir cette très importante peinture qui faisait partie de la collection Crespi, de Milan, dont la majeure partie sera prochainement vendue à Paris. Le tableau doit être exposé dans le palais des Gonzague, à Mantoue.

Le Gérant : H. Dknis.

Paris. Imp. Georges Petit. M, rue Godot-dc-Mauroi.

Numéro 623.

Samedi 2 Mai 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

dans

La Photographie les Musées nationaux (^)

L'Exemple des Monuments historiques

A la fin d'un précédent article, Ton propo- sait l'exemple de l'Italie, on a fait remarquer que notre service des Monuments historiques avait, en ce qui regarde les photographies qu'il fait exécuter et mettre en vente, une organisation à certains égards analogue au système ingénieux de la Direction générale des beaux-arts de la Péninsule.

En Italie, en effet, le cabinet photographique des Beaux-Arts, est un « organe de l'adminis- tration « travaillant spécialement à l'intention des érudits, et reproduisant indistinctement peintures et sculptures, architectures et objets d'art, ensembles et détails de monuments; une maison d'édition est chargée de la vente des épreuves au public, à des conditions extrême- ment modiques.

Chez nous, les photographes des Monuments historiques, sans être de véritables fonctionnaires ayant une mission officielle, jouissent, néan- moins, de certaines prérogatives; ils reproduisent surtout des monuments et des détails de scul- ptures, quelquefois des objets d'art et plus rare- ment des peintures; leurs clichés sont remis à la maison Neurdein qui se charge de tirer et de vendre les épreuves.

Précisément, M. Jules Roussel, conservateur- adjoint du Musée de sculpture comparée, vient de publier un nouveau catalogue des photogra- phies que le service des Monuments historiques met ainsi à la disposition du public. C'est un gros livre de plus de six cents pages, les

(1) Septième article. Voir les n" 6H à 614, 617 et 621 du liulletin. C'est par inadvertance que le sous- titre du dernier article ; l'Exemple de l Italie, qui figurait au sommaire, n'a pas été imprimé en tête de larticle.

photographies sont rangées suivant l'ordre le plus logique, c'est-à-dire celui des départements, et pour chaque département, dans l'ordre alpha- bétique des localités. Un excellent index ana- lytique, qui a demander à l'auteur beaucoup de temps et de soin, permet au travailleur de se documenter rapidement d'après les sujets qui l'intéressent, et une table alphabétique générale complète l'ouvrage, illustré de quelques petites reproductions réunies sur une môme page, à titre de spécimens. Il y a une mine d'une richesse considérable, et d'ailleurs insoupçonnée de bien des amateurs qui, dernier avantage, peu- vent se procurer des épreuves à des prix comme on voudrait en avoir de semblables pour les photo- graphies des œuvres d'art conservées dans nos Musées nationaux : ainsi, pour s'en tenir aux épreuves au gélatino-bromure ou sur papier albu- miné, dont les prix sont identiques, on trouve un 18x24 pourO fr. 50; un 21x27 pourOfr.75; un 24x30 pour \ fr. ; et un 30x40 pour 1 fr. SO. Enfin, contrairement à ce qui se passe pour les clichés exécutés par la maison concessionnaire du privilège de la photographie dans les Musées nationaux, amun droit de reproduction n'est exigé(i); il suffit de mentionner l'indication de la provenance.

Il y a un ensemble de mesures fort libérales, dont l'administration des Beaux-Arts pourra utilement s'inspirer, quand elle daignera accor- der sa précieuse attention à ces questions qu'il faudra tout de même bien qu'elle étudie et règle un jour prochain. Il est vrai que, quelque soit alors sa décision, qu'elle organise une Chalco- graphie photographique, qu'elle s'inspire de l'exemple de l'Italie ou du système des Monuments historiques, la moins bonne combinaison sera encore préférable à l'organisation actuelle.

E. D.

(1) Un régime spécial est établi pour les relevés d architectes, propriété de l'administration des Beaux- Arts.

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LE BULLETIN DE L'ART

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance (Jp 25 avril). Le président rend un dernier hommage à la mémoire de MM. Carapanos, d'Athènes, correspondant libre, et Leenhoff, d'Amsterdam, correspondant de la section de sculpture, qui viennent de mourir.

L'Académie procède à l'élection des membres de la commission mixte chargée de décerner le Prix quinquennal Estradle-Delcros (8.000 fr.), destiné à récompenser «un travail rentrant dans les ordres d'études dont l'Académie des beaux-arts s'occupe ».

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 24 avril). Le R. P. Scheil fait une communication préliminaire sur la dernière campagne des fouilles qui ont été faites àSuze. M. de Mecquenem a découvert une vaste nécropole du vu* ou viir siècle avant notre ère. Les tombes y sont, en général, de petites constructions en briques et contiennent, pour la plupart, joint aux ossements, un mobilier de vases, d'outils professionnels, de bijoux. Le déblaiement n'en est pas complet encore. Les chantiers de l'acropole, de la ville royale et des palais achéménides ont également donné des résultats qui sont remarquables.

M. Henri Cordier communique des renseigne- ments sur la mission dont M. le U' Victor Segalen a été chargé par l'Académie en Chine : deux scul- ptures intéressantes sont signalées par lui. Ce sont un cheval ailé et un cheval piétinant un barbare, groupe daté de l'an tn avant notre ère.

M. Héron de Villefosse communique à l'Académie un fragment d'inscription grecque récemment décou- vertà Narbonne et envoyé par M. Uouzaud. Ce fragment appartient à un cartel rectangulaire qui ornait le socle en marbre blanc d'un buste de l'empereur Antonin. Ce buste, malheureusement, n'a pas été retrouvé : il avait été élevé par deux médecins de Narbonne appartenant à la famille Pompéia, tous deux affranchis; l'un d'eux s'appelait Fortunatus, le nom de l'autre a disparu.

Le Prix Bordin (antiquité grecque et romaine) de 3.000 fr. est ainsi partagé ;

1.000 fr. à M. Eugène de Paye {Gnostiques et Gnos- ticisme); i.OOO fr. à M. Deonna {l'Archéologie, sa valeur, ses méthodes); 500 fr. à M. Lesquier {les Insti- tutions militaires de l'Egypte sous les Lagides); 500 fr. à M. Billiard {la Vigne dans l'antiquité).

Une mention est accordée à M. Morin-Jean {la Verrerie en Gaule sous l'empire romain).

Le prix ordinaire dont le sujet était l'Espagne à l'époque romaine est décerné aux l'romenades archéo- logiques en Espagne, de notre collaborateur M. Pierre Paris.

M. Préchac étudie les dimensions et les transports successifs du colosse de Néron, d'après les indications de la numismatique : ce colosse était primitivement placé dans le vestibule de la maison d'or de Néron.

L'empereur était figuré debout montant sur le quadrige d'Hélios que ses coursiers emportaient au galop.

M. Cordier lit deux notes de M. Bonnel deMézières en mission dans l'Afrique Occidentale. La première concerne la découverte de la ville de Tiregga dont la réputation fut très grande chez les noirs du Soudan, chez les Arabes et les Berbères de la région saharienne. La seconde traite de Tendirma, résidence, à partir du xv siècle, des Kourmina, Fari ou Kanfari qui étaient les premiers dignitaires de l'empire de Gao. Cette ville était autrefois le siège d'une puissante colonie Israélite dont les habitations s'étendaient depuis le bord du fleuve Niger jusqu'à une demi journée de marche de celui-ci.

M. Collignon signale l'intérêt d'une plaque de terre cuite à relief d'ancien style crétois acquise par le Louvre et représentant la grande déesse qui domi- nait les bètes fauves.

M. Monceaux lit, de la part de M. l'abbé Bayard, une note proposant une correction au texte de saint Irénée concernant l'église romaine.

Société des antiquaires de France (séance du 22 avril). M. Pallu de Lessert étudie les colonies romaines d'Espagne dont la fondation est attribuée à César ou à Auguste.

M. Deshoulières cherche à préciser l'origine du profil de certains tailloirs à l'époque romane.

M. Pasquier résume les résultats qu'ont donnés les fouilles récentes faites à Saint-Bertrand-de-Com- minges.

Société d'iconographie parisienne (séance du 24 avril). A propos de la donation faite à la France par le roi Georges V, donation dont il a été parlé dans le dernier numéro du Bulletin, M. le D' Daily, tant en son nom qu'au nom de M. Albert Vuaflnrt, reprend et complète ses communications antérieures, notam- ment celles de novembre et décembre 1913, sur la décoration de la place des Victoires, en les appuyant de la production d'estampes et de photographies.

En ce qui concerne les médaillons représentant des faits mémorables du règne de Louis XIV, M. le D'Ually rappelle qu'ils étaient au nombre de douze; cinq seulement existent encore (ce sont ceux que le roi Georges V a offert à la France) ; le sort des autres est inconnu. M. le D' Daily a retrouvé, dans un minutier parisien, le marché passé pour leur exécu- tion : ils étaient l'œuvre du sculpteur Jean Arnoux et du fondeur Pierre Le Nègre, qui travaillèrent d'après des dessins de Pierre Mignard.

M. Etienne Deville présente et étudie deux dessins du iviii" siècle, offrant deux aspects de l'Exposition de la Jeunesse, qui se tenait, chaque année, sur la place Dauphine, le jour de la Fête-Dieu. L'un de ces dessins est un crayon de Duché de Vancy, daté de mai nSO, conservé au Musée Carnavalet; l'autre, signé : A. Maucert, l'Si, a passé de la collection de M"* Leiong, dans la collection Ilodgkins, qui a été

ANCIEN ET MODERNE

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dispersée cette semaine. M. Et. Deville ajoute quelques détails sur l'Exposition de la Jeunesse et sur les auteurs de ces dessins.

Musée du Louvre. Un décret paru à VOfficiel annonce que les noms ci-après seront gravés sur les plaques placées dans la rotonde de la galerie d'Apollon, en l'honneur des nouveaux bienfaiteurs du Musée du Louvre :

Baronne Delorl de Gléon.

M. el M"' Martin Le Roy.

Le Bulletin a eu l'occasion d'annoncer précédem- ment que M"" la baronne Delort de Gléon avait offert au Musée une collection d'objets d'art musulman, et que M. et M"* Martin Le Roy s'étaient dessaisis, en faveur du Louvre, d'une importante série d'objets d'art du moyen âge et de la Renaissance.

Manufacture des Gobelins. Par un décret récemment paru, les fonctions de conservateur du musée de la Manufacture des Gobelins sont confiées à un des fonctionnaires du personnel administratif de la manufacture, désigné par un arrêté ministériel. Ce fonctionnaire reçoit à ce titre, un supplément de trai- tement de l.SOO francs.

A Bruxelles. On écrit de Bruxelles qu'à la suite d'un accord entre les filles du feu roi Léopold H et l'État belge, celui ci entre en possession d'un tableau célèbre de Rubens, les Miracles de saint Benoit. Au moment do la mort du roi, le tableau était en Amérique, ayant été mis en vente. L'Etat belge réclama le rapa- triement de l'œuvre qui fut mise sous séquestre en attendant la liquidation de la succession. 11 vient d'être cédé en propriété définitive au musée de Bruxelles, il sera exposé cette semaine.

A Corfou. Les fouilles qui se poursuivent en ce moment à Corfou, sous la surveillance presque quotidienne de l'empereur d'Allemagne, ont donné, d'après des renseignements oraux, quelques résultats importants. Sur l'emplacement du grand temple de

Palaeopolis, d'oVi proviennent les gigantesques restes d'un fronton archaïque (première moitié du vi* siècle avant J.-C), on a trouvé des décors architectoniques d'une cimaise corinthienne en terre cuite, appartenant à un grand temple antérieur, du vu' siècle, et dont l'entablement était en bois. Dans le parc de Mon Repos, la découverte de chapiteaux archaïques fait pressentir le voisinage d'un temple, ou peut être même de deux édifices distincts. Un mur découvert est peut-être celui d'une Acropole antique. Cii. P.

A Florence. Une exposition consacrée à l'art des jardins en Italie se tiendra l'année prochaine à Florence, au Palais Vieux. Elle comprendra une section rétrospective. Des excursions archéologiques seront organisées dans les jardins et villas historiques, et, dans la section moderne, il y aura une exposition de projets de jardins.

A Munich. Un projet de loi relatif à l'acquisi- tion par l'Etat de la Nouvelle Pinacothèque de Mu- nich a été déposé par le gouvernement au Parlement bavarois. La collection était,jusqu'à présent, propriété de la famille royale. Le roi a consenti à s'en défaire moyennant le payement de un million de marks qui représente la somme dépensée jadis par Louis I" pour achats de terrains et frais de construction du palais.

Nécrologie. Le peintre Léo7i Girardot, qui est mort à Paris le 2t avril, était originaire de Besançon. Élève d'Albert Maignan, il exposait au Salon de la Société des Artistes français, ses peintures de genre furent plusieurs lois remarquées : mentionné en 1893, il avait reçu une médaille de 3" classe en 1896 et une de 2* classe en 1907.

Le statuaire hollandais Ferdinand Leenhoff est mort à Nice, à l'âge de 73 ans. Professeur de l'Aca- démie des beaux-arts d'Amsterdam, membre corres- pondant de l'Institut de France, il faisait partie de la Société des Artistes français, aux Salons de laquelle il obtint plusieurs récompenses. 11 était officier de la Légion d'honneur.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. "Vente de la collection Paul Delaroff (tableaux anciens). Faite à la galerie Georges Petit, les 2:i et 24 avril, par M" Lair-Dubreuil et Doublet, et M. Sortais, cette première vente Delarofïa produit b07.550 francs, avec, comme principale enciière, les i2.bOO francs

obtenus, sur la demande de 40.000, par le Jan Steen, la Joyeuse compagnie.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux anciens. Ecole française. 55. Boilly. L'Heureuse Famille, 5.000 fr. (dem. 5 000). 57. Bou- cher. Achille blessé, 28.100 fr. (dem 25 000). 59-60. Debucourt. Le l'as d'Arlequin. Le Festin de Scara- mouche, 9.500 fr. (dem. 10.000). 62. Drouais le ûls.

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LE BULLETIN BE L'ART

Portraits d'enfants royaux, H. 000 fr. (dem. 25 000).

Fragonard : 65. Paysar/e italien, 8.150 fr. {dem. 8 000). 66. IJernier sacrifice, 5 300 fr. (dem. 4.000).

79-80. Oudry. Chien levant des perdrix. Chienne blanche et poule faisane, 5.300 fr. (dem. 5.000). 82. Hubert Hobert. Dans le parc après l'ouragan, 5.T00 fr. (dem. 6.000).

ficole hollandaise. 91. Berckheyde et Ilughten- burgh. Le Dam ou Place de ville à Amsterdam, 6.2.Ï0 fr. (dem. 4.000). Van Goyen : 128. La Meuse prés de Dordrecht, 12.000 fr. (dem. 10.000). 132. La l'asse- relle, 6.020 fr. (dem. 8 000). 146. llondius. La Chasse à l'ours, 8.600 fr. (dem. 8.000). 147. De Hooch. Les Mendiants au bord du cliemin, 5.500 fr. (dem. 6.000).

155. Lastmaon. Suzanne entre les deux vieillards, 10.600 fr. (dem. 6.000). 167. Moreelse. Portrait de la princesse Hedwig de lirunswick, 10.500 fr. (dem 12.000). 169. Van der Neer. Le Lever de la lune^ 5.000 fr. (dem. 5.000). 180. Quast. Portrait de vieil- lard, 5.000 fr. (dem. 4.000). 183. Attr. à Rembrandt L'Enfant Jésus parmi les docteurs au temple, 8.000 fr. (dem. 8.000). 184. Attr. a Rembrandt. Portrait d'une femme dgée, 7.100 fr. ("dem. 8.000). 192. Jan Steen. Joyeuse Compagnie, 42.500 fr. (dem. 40.000). 198. Ter Borch.te Jeune Garçon au pichet, 7.300 (dem. 8. 000).

Écoles italiennes. 211. Attr. à Antonellode Messine. Tête de Christ à la couronne d'épines, 7.100 fr. (dem. 10.000). 219. Conegliano. Le Christ mort assis au bord du tombeau, 5.000 fr. (dem. 8.000). Guardi : 223-224. Le Moulin à eau. Cavaliers à l'entrée d'un village, 9.500 fr. (dem. 4.000). 225. Palais en ruines, 6.000 fr. (dem. 4.000). Montagna : 229. Jésus bénis- sant, 22.000 fr. (dem. 25.000). 230. La Vierge et l'Enfant Jésus, 9.000 fr. (dem. 12.000). 233. Tura. La Vierge portant le Christ mort, 5.700 fr.

Porcelaines de Chine, etc. Baudoin et MM. Mannheim ont procédé, salle 1, les 23 et 24 avril, à une vente composée de porcelaines et faïences anciennes et d'une tenture provenant du château de Gaibach. Cette vente, qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré, a produit 189.265 francs et donné lieu à quelques enchères dignes d'f'tres notées, mais dont il nous suffira de donner la liste.

PRINCIPAUX PRIX

Porcelaines de la Chine. 27. Six bouteilles, réserves à vases et ustensiles, sur fond bleu fouetté, 5.000 fr. (dem. 4.000). 36. Six petits vases-rouleaux, décorés en bleu,- 6.000 fr. (dem. 5.000). 61. Neuf plats décorés vases Oeuris et ustensiles au marli. six réserves à fleurs, 6.000 fr^ 70. Six petits vuses Kang-shi, compartiments, rochers et ustensiles, 6 310 fr. (dem. 4.000). 77. Deux bouteilles, Kang-shi, décor de réserves, fond bleu fouetté, 9.000 fr. (dem. 6.000).

78. Six plats Kang-shi, décorés vase fleuri, 9.000 fr. (dem. 4.000). 82. Six plats décorés réserves forme fruits sur fond rouge, ép. Ksng-sbi,9,400 fr. (dem. 5.000).

Faïences. 220. Grosse potiche, avec couvercle et cornet, anc. faïence de Delft, décor en bleu, enfants, oiseaux, etc., 7.100 fr. 222. Cornet, deux vases et deux bouteilles, faïence holl., 13.900 fr. (dem. 8.000).

Tenture. 224. Tenture de cinq panneaux satin blanc chenille, décor de corbeilles de fleurs, etc , ép. Louis XVI, 9.000 fr. (dem. 12.000).

Ventes annoncées. A Paris. Objets d'art, etc., appartenant au Baron de G...

M" H. Baudoin, assisté de M.M. Mannheim et J. Ferai, dirigera, les 4 et b mai, salle n" 1, la vente des objets d'art et d'ameublement, tableaux et dessins anciens, elc, appartenant àil. le Baron de G... Un catalogue illustré, nous permet nous rendre compte de l'intérêt de cette réunion de pièces du xviii' siècle, choisies avec goût. Bronzes, meubles en marqueterie, mobilier de salon en Aubusson d'époque Louis XVI à sujets de petits personnages et d'animaux, forment un ensemble de marchandise tout ;i fait à la mode, et que complètent encore du côté des dessins : une Jeune femme en buste, par Ducreux et le Mar- chand de gimbleltcs, par J.-B. Huet, et, du côté des peintures : le Déjeuner à l'auberge, par J.-B. Charpentier, un Portrait de jeune femme. par Daniou.v et la Promeneuse, par Schall.

Liquidation Seligmann (3* vente. Objets d'art, etc.). Cette troisième vente Seligmann, que dirigeront, salle 6, les !> et 6 mai. M" Lair- Dubreuil et Baudoin et MM. Mannheim et Léman, comprend des objets d'art et de haute curio- sité, des époques du Moyen âge et de la Henais- sance pour la plupart, dépendant de la liquida- tion des antiquaires de la place Vendôme. Sans atteindre à l'importance des vacations du même genre, qui ont récemment commencé à la galerie Georges Petit, la dispersion du stock de l'ancienne Société Seligmann, celles-ci contiennent encore un certain nombre de pièces dignes d'attention, surtout dans les catégories des faïences ita- liennes et des émaux peints. Les meilleurs de ces numéros sont reproduits dans les deux planches qui illustrent le petit catalogue de cette vente.

Liquidation Seligmann (4* vente. Objets d'art, etc.). Les mômes commissaires-pri- seurs, assistés de MM. Mannheim, Paulme et Lasquin, procéderont, les 8 et K mai, salle I, aune quatrième vente d'objets provenant de la liqui- dation Seligmann. Ces deux vacations com- prennent des objets d'art et d'ameublement, pour la plupart du xviii* siècle, des porcelaines de

ANCIEN ET MODERNE

m

Chine, des objets de vitrine, etc. Un mince cata- logue, illustré de deux planches, a été également dressé à l'occasion de cette vente.

Collection Jules Claretie (tableaux moder- nes, etc.). Le 8 mai, salle 6, Lair-Dubreuil et M. H. Brame, procéderont à la vente de la Collection de feu M. Jules Claretie. La personnalité si connue de l'amateur suffirait déjà à donner un intérêt particulier à cette vacation qui, à d'autres titres également, mérite l'attention. Dans le catalogue illustré de cette vente, nous remar- quons, en effet, tout d'abord du côté des pein- tures: une étude par Corot, Douai, glacif, des forti- fications près la porte Notre-Dame, septembre I83i ; un Breton, par Dagnan-Bouveret; Églogue, par Ilenner; une Scène de ballet, par Degas; une Marine, environs de Cayeux, par Jules Dupré ; une Nature morte, par Fantin-Latour ; l'Enfant Jésus et Tète d'enfant, par Hébert; un Épisode de la Campagne de France [1 81 i), par Meunier; la Jeune convalescente, par ïassaert ; le Pont de Vignole, à Venise, par Ziera; puis parmi les dessins : une Hue de village, effet de nuit, par Cazin ; le Portrait de ^/"t's Harvey, par Ingres ; le Palais de Versailles sous Louis XIII, par Eugène Lami.

A Berlin. Tableaux. Nous avons reçu le catalogue illustré d'une vacation anonyme qui aura lieu chez Lepké, le S mai. A en juger par les reproductions, des meilleures sans doute de ces peintures anciennes et modernes, apparte- nant un peu à toutes les écoles qui la composent, le niveau de cette réunion de tableaux est plutôt d'ordre secondaire.

Collection Hormoz-Mirza (antiquités orien- tales). — Les 6 et 7 mai, également à Berlin, la maison Lepké procédera à la vente de la Collection Hormoz-Mirza, de Téhéran. Celle-ci a fait aussi l'objet d'un catalogue illustré, sont reproduits les numéros principaux des faïences, verreries, miniatures, tapis et broderies, et autres objets d'ancien art persan, qui forment celte collec- tion.

A Milan. - Galerie Pisani (tableaux mo- dernes). — La galerie Pisani. de Florence, est bien connue, depuis nombre d'années déjà. Dans le palais qu'elle occupait, place Manin, ont passé des milliers de tableaux et d'aquarelles, portant les noms des praticiens les plus réputés de l'Italie moderne. Par suite de la mortdu commandeur Louis Pisani, le fondateur de la maison, celle-ci

a été fermée et la collection va être dispersée. Le gouvernement italien en a déjà acheté une partie pour la Galerie nationale d'Art moderne, à Rome ; le reste va passer aux enchères. Une première vente en sera faite, du H au 14 mai, au Palais Cova, à Milan, par les soins de la maison Lirio Pesaro, de cette ville.

Dans la préface qu'il a écrite pour le catalogue de cette vente, M. Vittorio Pica souligne l'intérêt qu'offre, pour l'étude de la peinture italienne à la fin du xw siècle, la collection Pisani. Dans la galerie du marchand florentin, se rencon- traient, fort bien représentés pour la plupart, les noms de Domenico Morelli, Palizzi, Michetli, Signorini, Segantini, Boldini, Mosé Blanchi, Ettore Tito, Carcano, etc., bref, de tous ceux, peintres ou dessinateurs, qui comptent dans l'art de la Péninsule, de 1850 à 1900 environ. En plus de cette instructive préface, des notes biographiques sur les artistes, assez étendues, ainsi qu'une illustration abondante et soignée, recommandent le catalogue de la présente vente à l'attention des amateurs.

M. N. LIVRES

"Ventes annoncées. A Paris. Biblio- thèque de M. Alphonse Willems. Les 4, 5, 6 et 7 mai, à l'Hôtel, salle no 10, A. Desvouges, avec M. Henri Leclerc comme expert, dispersera la bibliothèque de livres anciens de feu M. Alphonse Willems, membre de l'Académie de Belgique. Le catalogue de ce cabinet d'historien décrit CH nu- méros : poètes français des xvi' et xvii" siècles; romans de chevalerie, poètes et chansonniers flamands; pièces et ouvrages relatifs à l'histoire des Pays-Bas; classiques grecs et latins; enfin toute une série d'ouvrages publiés par les EIzevier, ce qui ne saurait surprendre dans la bibliothèque de l'historien des célèbres typographes.

B .1.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Les Arts décoratifs de Grande-Bretagne et d'Irlande (au Pavillon de Marsan) Uuand l'ironie française, ou plutôt parisienne, a dit : u Les Anglais sont de grands musiciens, on ne saurait tout avoir », elle ne se doutait guère de leur prédominance musicale au moyen âge, dont lesouvenirs'estperpétué dans les grands festivals de Birmingham; et, sans parler des grâces sen^-

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LE BULLETIN DE L'ART

timentales de la fin du xviii" siècle, qui s'épa- nouirent si poétiquement dans leur école de pein- ture, ces Anglais qui passaient, comme les Komains de l'antiquité, pour des gens aussi positifs que médiocrement doués pour l'art, ne devaient-ils pas inaugurer la réhabilitation des arts décoratifs? Plus heureux que le nôtre, parce qu'il fut plus pratique, le romantisme d'oulre- Manche eut l'honneur de favoriser cette revanche imprévue des « arts mineurs » par l'intermédiaire du petit groupe subtil et savant qui s'est intitulé préraphaélite. Ici, depuis la première Exposition universelle de ^855 jusqu'aux premiers Salons dissidents du « Champ-de-Mars », on avait en- trevu quelques peintres du groupe et surtout le plus italianisant de tous. Sir Edward Burne-Jones; mais on ne connaissait que de nom le véritable initiateur d'un renouveau qui remonte à 1861 : William Morris.

Or, ce n'est pas le moindre enseignement de la présente exposition d'art moderne, organisée par le Board of Trade londonien dans les locaux hospitaliers du Pavillon de Marsan, que la « rétrospective » consacrée par les disciples aux promoteurs d'une renaissance, d'abord discrète et purement locale, que l'anglomanie du conti- nent devait baptiser le modem style.

Dès l'entrée, dans une salle somptueuse et sévère, la flore naïvement précise et précieuse des étoffes, la chaude marqueterie des meubles, les cartons de vitraux, d'imposantes tapisseries de haute lice, inspirées de nos vieilles légendes de la Mort d'Arthur ou de l'Aventure du Saint-Graal, nous présentent William Morris, grand poète et dessi- nateur industriel, comme un moderne Hans Sachs rénovant « la fiuilde des ouvriers d'art >', ou mieux encore, comme un Richard Wagner du romantisme ornemental, illustrant les romans de chevalerie avec les méthodes reconquises des anciens métiers. Aussi bien, dans cette atmo- sphère de science et de candeur, est-ce une im- pression très moyenâgeuse que suggère ce nova- teur entouré de ses collaborateurs familiers : le peintre-poète Dante-Gabriel Rossetti, qui fut plus poète que peintre, les peintres Madox Brown et Burne-Jones, dont le premier mériterait encore plus de renommée que le second, et l'architecte Philip VVebb, le décorateur de Hed House, maison de Morris, bâiie en 1889, à Oxford, sans oublier John Ruskin, qui fut l'apôtre et le conférencier de l'Union-Club à ses débuts. Mais qu'elles vien- nent de notre Gaule chevaleresque, ou du got/iigue anglais, si personnel, ou môme de la Florence

lointaine du quattrocento, ces influences coalisées du passé n'ont pas empêché cette « renaissance » de se manifester aussitôt nationale et foncière- ment britannique, genuine, comme on dit en cet heureux pays, à la fois traditionaliste et moderniste, Taine avait su voir que « les réformes se superposent aux institutions >> (1).

Dès ses origines assez composites, cet art nou- veau fut très anglais : il montra donc, sans effort, cette unité sans laquelle il n'y a jamais d'art décoratif et qui caractérise encore aujourd'hui la très moderne exposition des arts britanniques réunis pour la seconde fois sur le continent, mais pour la première fois à Paris. Cette unité, nous la retrouvons dans la décoration du hall oii l'architecte Wilson a figuré, comme à Gand, tout un raccourci de la vie anglaise, depuis le confort du home jusqu'à la majesté du temple, et dans la disposition des différentes sections parallèles, organisées par le directeur du musée de South Kensington, Sir Cecil Harcourt Smith, et par le « coramendatore » Walter Crâne, ce délicieux illustrateur des Contes de fées, dont l'humour Imaginatif ou réaliste exhala plus d'une foisn un franc goût de terroir » à nos Salons, depuis 1881 (2); cette unité met son empreinte sur l'élégante argenterie d'un Paul Cooper et de ses émules, sur les fines verreries d'un James Powell, sur les riches poteries d'un Wedgwood, sur les grès raffinés d'un Bernard Moore, sur les cartons de vitraux d'un Robert Anning Bell, sur la céra- mique originale des quatre frères Martin, con- nue, depuis 1872, sous le nom de Martin Ware ei proche parente des essais de nos chercheurs, Carriès ou Cazin, qui se fit céramiste en 1871, pendant son séjour à Londres. Même caractère dans les travaux de la Kelmscott Press, qui remonte à William Morris, dans toute la sec- tion de la reliure et du livre, organisée par Mr. Douglas Gockerell.Si la gravure sur bois se veut très moyenâgeuse, l'eau-forte reste prime- sautière au pays du D'' Seymour-Haden; seule, la sculpture apparaît mièvre et timide, à côté des illustrations savoureuses d'Arthur Rackham et de la fantaisie posthifme d'un Charles Conder ou d'un Aubrey Beardsiey.

Cette union, ((ui fait le mérite et la Torce des arts d'outre-Manche, enfermait un danger pour les imitateurs du continent, qui n'ont pas assez

(1). Taine, Notes sur l'Angleterre (Paris, 1872). Cr. Jean Lahor, \\ilUam Morris (Genève, 1897).

(2). Voir J.-K. Huysinans, l'Art moderne (Paris, 18S3), pp. 190-201.

ANCIEN ET MODERNE

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promptement démêlé dans un style moderne l'élément anglais; et, plus décisive encore que les suggestions de l'industrie munichoise au Salon d'automne de 1910, telle est la leçon que nous propose l'Angleterre à notre Musée des Arts décoratifs ouvert, en 1914, à l'Entente cordiale.

Raymond Bouyer.

BIBLIOGRAPHIE

Pedro de Mena (i).

Le grand et pathétique sculpteur espagnol du XVII" siècle est bien peu connu en France, et il serait à souhaiter que l'important volume que vient de con- sacrer à sa vie et à son œuvre M. de Orueta fit mieux connaître ce maître si foncièrement espagnol, qui a donné à l'art de la contre-réforme, dans le pays de Velasquez et de Murillo, sou expression la plus achevée.

La gloire de Pedro de Mena est d'autant plus ignorée en France que la seule de ses œuvres que des reproductions aient popularisée chez nous, le Saint François d'Assise de la cathédrale de Tolède, y est régulièrement donnée comme un ouvrage d'Alonso Cano, son maître, à qui elle a été longtemps attribuée par erreur. Mais ce sculpteur est fait cependant pour émouvoir particulièrement notre époque : dans ses marbres polychromes, d'un réalisme si exact qu'ils font parfois penser à des figures de cire, une distinc- tion nerveuse se combine avec un naturalisme presque populaire; la tradition d'un Guido Mazzoni semble s'y mêler au pathétique aigu que retrouvera Goya. Très espagnole, et nullement révolutionnaire, son œuvre nous parait en même temps très moderne. Il n'a sculpté que des Christs, des Madones et des saints, et surtout les plus douloureux, les plus sévères, les plus tragiques; il lui plait de noyer de larmes les beaux yeux passionnés de la Mater dolorosa, et de marquer sur le corps de Jésus flagellé, les meurtrissures violettes et les ruisseaux de sang. Son imagination est un jardin de supplices; et pourtant il n'a rien de la brutalité dcRibera: ses martyres et ses ascètes nous montrent des corps affinés au rythme harmonieux, et d'admirables visages la passion et la souffrance n'abolissent rien d'une beauté précieuse ou touchante. Comme le dit M. de Orueta, jamais le naturalisme ne s'est si clairement distingué du matérialisme.

Pedro de Mena est à Grenade, au mois d'août de l'année 1628, de Alonso de Mena et de dona Joana de Medrano. L'artiste, élevé dans sa ville natale, il se maria, passa cependant, à partir de sa trentième

[l) La Vila y la obra de Pedro de Mena y Medrano, par Ricardo de Orubta y Uuakte, Madrid, Blass et C'«, un vol. gr. in-8».

année, la majeure partie de son existence à Malaga, qui possède tant de ses œuvres, et c'est à Malaga qu'il mourut, le 13 octobre 1688. M. de Orueta a poussé très loin ses recherches, dans les archives, et a pu reconstituer ainsi la vie de l'artiste et celle des siens : son travail est tout entier soutenu par une riche documentation. 11 a complété la biographie de Pedro de Mena et l'étude de son style par un catalogue de son œuvre, qui pourra être augmenté, mais qui contient déjà un nombre considérable de sculptures. Grenade, Malaga, Madrid,Cordoue, Tolède, Séville, Mar- chena en possèdent la majeure partie. C'est le chœur de la cathédrale de Malaga qui en groupe l'ensemble le plus important, exécuté entre l'été de 1658 et le début de 1662, série de statuettes représentant des saints et occupant les niches ménagées entre les colonnes de la décoration des parois. Pedro de Mena, formé par Alonso Caiio selon les principes de ce que nous appelons l'art baroque, commence, avec cette œuvre, à se dégager des enseignements de son maître, et à se montrer plus véridique, plus simple, plus ému. Mais ce sont surtout les œuvres suivantes qui nous donnent l'expression la plus parfaite de son génie : ces Vierges de douleur ou ces Vierges de l'itié, ces François d'Assise et ces Saint Pierre d'Alcanlara, le pathé- tique s'exprime en des lignes si simples, si rigides parfois, et le réalisme est relevé par tant de dou- loureuse noblesse.

Le public français doit apprendre de M. de Orueta à aimer ce grand arliste qui nous donne autant que Murillo une image précise de l'Espagne religieuse du xvii' siècle, après Velasquez. Il souhaitera égale- ment que ce maître, ai difficile à connaître hors d'Espagne, puisse être représenté bientôt dans nos musées.

Jra.n de Foville.

Les grands graveurs :

A. Durer, Rembrandt, AVatteau et Boucher,

J.-R. Smith (1)

Cette élégante collection a déjà fait l'objet d'une petite notice dans la Hevue, lors de l'apparition des deux premiers volumes consacrés, l'un à Van Dyck et l'autre à Goya. Quatre nouveaux recueils s'ajoutent aujourd'hui à ceux qu'on vient de citer : ce sont d'agréables albums de planches, précédés d'une courte introduction historique et d'un répertoire bibliogra- phique L'introduction rappelle la vie de l'artiste, expose son rôle et son influence en tant que graveur, et résume sa technique et l'évolution de ses procédés. Une soixantaine de reproductions, avec des » légendes » détaillées, viennent à l'appui du texte.

L'intention des éditeurs parait avoir été surtout de caractériser les différentes périodes de la gravure, plutôt que de consacrer un volume à chacun des grands

(1) Paris, Hachette, 4 vol. in-16.

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LE BULLETIN DE L'ART

graveurs. Ils ont ainsi désigné les principales époques par le nom de l'artiste qui leur a semblé dominer chaque période et avoir eu la plus grande inOuence sur la gravure de son temps. Il ne faut donc pas se fier aux titres de ces petits livres, qui ne donnent pas toujours une idée exacte de ce qu'on trouve dans leurs feuillets.

Sans doute, Durer, Rembrandt, Goya ont fourni à eux seuls la matière d'un volume, et chacun de ces volumes peut oll'rir aux amateurs de gravures l'intérêt d'un répertoire complet, puisque les éditeurs ont fait précéder leurs reproductions, pour Durer, du catalogue de ses gravures en taille-douce et de ses gravures sur bois (par ordre chronologique, et avec références aux catalogues classiques de Bartsch. Passavant, Campbell Dodgson, etc.) ; pour Rembrandt, du catalogue chrono- logique de ses eaux-fortes (conforme à celui de Arthur M. Hind et avec renvois à Bartsch); enfin, pour Goya, du catalogue des Caprices, de la Tauromac/iie, des l'roverbes, des Uésaslres de la guerre et des lithogra- phies de l'artiste.

Par contre, dans le recueil intitulé Vnn Dyck, on trouvera non seulement les raaitres-graveurs llamands de l'entourage de Rubens, mais aussi les grands graveurs portraitistes du xvii* siècle français CI. Mellnn, J. Morin, R. .Nanteuil, G. Edelinek, A. .Mas. son, les Drevet, etc , dont le lien avec les précédents est certainement des plus minces et le rapprochement des plus factices. Le volume suivant défend mieux son titre, puisqu'il réunit, autour de Watteau, dont il nous oUre les rares et précieuses eaux-fortes, la plupart des admirables traducteurs du peintre des , fêtes galantes, à commencer par Boucher, virtuose de la pointe dans la reproduction des dessins des Figures des différents caractères, et en y comprenant Claude Gillot et ses eaux-fortes originales, les gravures en manière de crayon d'après Boucher, et jusqu'à des spécimens de la manière de Gravelot : un ensemble assez composite, comme on voit, l'on trouve repré- sentées des techniques et des inspirations fort dis- semblables. Au contraire, le recueil intitulé John Uaphaël Smilli ne comprend qu'un seul procédé : celui de la « manière noire », triomphe de l'école anglaise de gravure au xviii* siècle. On a pris pour vedette l'artiste qui s'est montré le plus admirable représentant du genre au temps de Reynolds, et on l'a entouré des plus grands spécialistes du mezzotinto : Valenline Green, J. Ward, J. et T. Watson, W. Dic- kinson, G. Keating, S. W. Reynolds, J. M. W. Turner, et bien d'autres ; il y a un ensemble très homogène, dont les 64 reproductions du recueil donnent une idée assez complète.

Six autres volumes restent à paraître. Je n'irai pas jusqu'à dire, avec le «prière d'insérer» des éditeurs, que cet ensemble de petits manuels formeront l'histoire complète de la gravure et que, « par leur documentatios incomparable, il seront, pour les amateurs et les cri- tiques d'art, un élément de recherches tnappcécia6/es». N'exagérons rien : ces douze petits albums ne doivent

pas prétendre à tant d'ambition; il serait un peu excessif d'écrire qu'ils comblent une lacune et qu'ils peuvent tenir lieu de toute une bibliothèque spéciale. Il sont agréables, commodes, bien présentés, c'est vrai ; mais ce ne sont, après tout que de jolis aide- mémoire, et pas autre chose.

E. D.

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UEIS REVUES

Franck L'Art et les artistes (mars). William Hitteh. La Villa Valmarana. La villa Valmarana, de Vi- cence, et sa décoration magnifique, par Tiepolo : décors de la fable (salle de l'Iliade, salle du Tasse, etc.), décors de scènes rustiques et de scènes de mœurk vénitiennes <\e Charlatan, la Foire).

Jean-Marie Cahhé. L.-G. Carré. Peintre, dessi- nateur et aquafortiste, qui a trouvé une inspiration originale dans les scènes et les types algériens et espagnols.

J.-F. Louis Mkrlet. Le Musée provincial de liurgos. Figures d'après un retable byzantin et des sculptures.

J. LoKTKL. David caricaturiste. Deux carica- tures contre l'Angleterre, dont les originaux sont con- servés aux Archives nationales.

Léandre Vaillat. L'Art décoratif: Clément Mère.

Figures d'après des boites, des cuirs laqués, de petits meubles, des panneaux d'ivoire, etc.. tous ces délicieux bibelots qui sont toujours si remarqués aux Salons expose cet ingénieux et exquis décorateur

Allemagne Die Kunst (avril). G. J. Wolf. Hermann Hahu.

Sculpteur munichois, aperçu général de l'œuvre.

Lettres de Karl Stauffer à sa famille.

M.-K. RoHE. Le Nouvel arrangement de la Nou- velle Pinacothèque [Musée d'Art moderne de Munich).

Un a pris pour principe de réunir autant que pos- sible les œuvres d'un même artiste ou de son groupe.

C. Glaskh. l'our iéternilé. L'homme mo- derne et surtout l'artiste, a une idée excessive de son importance personnelle; l'idée qu'il travaille pour l'Avenir, pour l'Éternité ne le quitte pas.

A voN Gi,eichkn-Rdsswub!1. Une ville moderne.

Construite par l'architecte llaiger près de Coblence.

P. Westheim. Sculptures en buis. Renaissance de cet art, jadis populaire en Allemagne. Spécimens intéressants de l'œuvre de Taschner, Dell' Antonio, Langer, Basiach, Wackerlé, etc.

W. FoRTZicii. Travaux de ferronnerie de W. Hazgenmacher. G. Hlet.

Le Gérant : H. Dcnis.

I Paria. Imp. Georges Petit, 11, rue Godot-de-Uauroi .

Numéro 624

Samedi 9 Mai 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Chronique du Vandalisme

Le Pont d'Héricy.

Le Matin a publié, il y a quelques semaines, une vue du pont métallique projeté pour réunir Héricy et Samois, une abominable ferraille, haute de 18 mètres et longue de 566, qui va sac- cager un des plus charmants paysages des bords de la Seine.

M. André Hallays a dit, depuis lors, dans tes Débats, ce qu'il fallait penser de ce projet sau- vage, de la laideur et de l'incommodité du futur pont, et de son inutilité. Il a tracé un exquis ta- bleau du paysage menacé : « Gentiment posé sur sa petite falaise, le village de Samois fait face à celui d'Héricy, qui s'étend sur la pente plus douce de la rive opposée. Deux îles toutes ver- doyantes partagent le courant du fleuve. Dans ce tableau, tout est grâce, délicatesse et secrète élégance ». 11 a montré que la construction d'un pont— et d'un pareil pont ! en un pareil endroit ne s'expliquait nullement par les nécessités de la circulation : « A deux kilomètres en amont, le pont de Valvins permet à Héricy de communi- quer avec Avon et Fontainebleau; à quatre kilo- mètres en aval, il y a le pont de Fontaine-le-Port. Le passeur, dont la barque va et vient entre Samois et Héricy, suffit à assurer la communica- tion entre les deux villages ». Du reste, Samois se soucie fort peu de ce pont, et c'est Héricy (1.200 habitants) qui supportera la plus grosse dépense et grèvera son budget d'une centaine de mille francs.

On chercherait longtemps quelles sont les rai- sons mystérieuses de ce projet, si l'on ne savait que, sur la rive droite, le pont et sa rampe d'accès se dresseront devant la terrasse du château d'Héricy. Or, il y a là, comme à Nogent-sur- Marne, un maire entrepreneur de maçonnerie qui cherche « la bonne affaire ». Il se dit que, le jour les propriétaires du château n'auront

plus à contempler que des piles de ciment sur- montées de lourdes travées de fer, ils s'empresse- ront de quitter le pays et de vendre leur domaine. Ce domaine, on ne manquera pas de le lotir; on y élèvera de petits pavillons; et la triste comé- die sera jouée une fois de plus : le pont d'Héricy, inutile en soi, aura eu pour effet « non seule- ment de massacrer un beau paysage, mais en- core de détruire, dans un délai très rapproché, une délicieuse propriété d'autrefois ».

M. André Hallays rapporte que, devant l'indi- gnation soulevée par ce projet, le préfet de Seine-et-Marne a décidé de consulter la Commis- sion des sites : il suffirait qu'elle classât la déli- cieuse île aux Barbiers, que le pont doit traver- ser, pour que les rêves de M. le Maire s'en aillent à vau-l'eau.

Souhaitons que cette heureuse solution iiiler- .vienne et qu'un méfait nouveau ne s'ajoute pas à la liste déjà trop longue de ceux qui défigurent et salissent comme à plaisir le visage de la vieille France.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 2 mai). Le président annonce que le ministre de l'Instruction publique, conformément à la demande qui lui en avait été faite, met la salle du Jeu de Paume du jardin des Tuileries à la disposition de la Compagnie pour y organiser, tous les deu.i aus, une exposition des œuvres des membres de l'Académie des Beaux-Arts et d'un certain nombre d'artistes qui seront désignés au scrutin par les différentes sections de l'Académie.

Le 5 mai, a commencé au Palais de Compiègne, le concours d'essai pour le prix de Uome de compo- sition musicale ; y ont pris part : MM. Mignan, Déré, Saint-Aulaire-la-Durantine, de Pesser, Noyan, M"' Guyot, MM. Dupré, Grandjarry, de Lapresle, Delmas, Scotto, Laporte et M"' Canal.

Le jugement du concours d'essai aura lieu le mardi 12 mai au Conservatoire.

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LE BULLETIN DE L'ART

Académie des inscriptions et belles-lettres

(sénnce du 1" mai). M. II. Cordier donne des nou- velles de la mission de M. lionnel de Mézières en Afrique.

M. Collignon communique un rapport de MM. Manidy Bey, conservateur des Musées ottomans, et Charles Picard, membre de l'École française d'Athènes, adressé à l'Académie par M. Fougères, di- recteur de l'École d'Athènes.

Ce rapport expose les résultats de la première cam- pagne de fouilles dirigée en 1913 à Colophon sur l'emplacement du Ilieron d'Apollon Claros. Les tra- vaux ont permis de reconnaître la situation exacte du temple principal, construit dans la plaine, à proxi- mité de la mer, alors que la célèbre grotte prophé- ti(|ue se trouve dans la montagne. On a dégagé en partie les Propylées et mis complètement au jour une vaste exèdre située à l'alignement de la façade. Les fouilles ont livré, en outre, une riche série d'ins- criptions d'un grand intérêt historique. Parmi les plus précieuses, il faut signaler les proscynèmes des villes qui avaient envoyé des délégations à l'Apollon Cla- ros et qui sont gravés sur les murs et les colonnes des Propylées. 11 y a lieu d'attendre beaucoup de ces fouilles entreprises en Asie-Mineure par l'École d'Athènes. Les premiers résultats promettent la dé- couverte d'un temple d'Apollon dont Pausanias signale la grandeur et la richesse et qu'il compare à ceux de l'Artémis d'Ephèse, de la Héra de Samos et au Didyméion de Milet.

M. Collignon donne ensuite lecture d'un rapport de M. Coinby relatif é une importante découverte faite par l'auteur dans les ruines du temple d'Apollon à Delphes au cours d'une mission accomplie en 1913. A laide de photographies donnant l'état des fouilles en 1894, M. Comby identifie l'adyton du temple avec une construction qui coupe d'une manière assez im- prévue la colonnade Sud. Or, au même endroit, dans la profondeur du remblai, il a retrouvé un Omphalos en pierre calcaire, de travail très fruste, portant le nom de la déesse Gaïa gravé en caractères archaïques. Il expose les raisons qui lui permettent de reconnaître le véritable Omphalos de Delphes, la pierre sacrée pl.icée dans l'adyton et invisible pour le public. Celui-ci ne pouvait en voir qu'une copie en marbre exposée à l'extérieur et que M. Ilomolle a découverte sur l'esplanade orientale du temple.

Société des antiquaires de France (séance du 22 avril). M. Henri Martin, trésorier de la Société, lit sou rapport sur l'exercice 1913.

M. Max Prinet étudie des fers de reliure qui ont été altribués au maréchal Strozzi et au chancelier l'Hôpital.

M. Robert Toutain lit une note de M. R. de I.aunay sur les labyrinthes au moyen âge, il est prouvé que ces représentations sont originaires du nord de l'Europe.

M. de Mély annonce qu'il a relevé sur le vêtement

d'un personnage, dans un tableau du Louvre attribué au maître de Saint-Séverin, une inscription qui don- nerait le nom de l'artiste Galo.

M. Babelon montre un petit buste en argent provenant du trésor de Berthouville qui représente probablement la déesse Maïa.

M. de Villefosse présente, de la part de M. Maxime Legrand, un moule trouvé en Afrique qui a du servir à fabriquer une boucle de l'époque mérovingienne.

Musée des Arts décoratifs. L'Union centrale des Arts décoratifs vient d'exposer au pavillon de Marsan une série de dessins, récemment acquis, dus à l'architecte décorateur Gilles-Marie Oppenord. Ces dessins, exécutés à la plume d'oie trempée dans cette encre d'un rouge violacé dite « encre véni- tienne », et traités avec une extrême liberté, ont trait à un projet d'hôtel, dit hôtel du Trésor royal, com- mandé par M. de Gandion pour être édifié au Marais à Paris.

Musée Jacquemart-André à Châalis. L'Ins- titut de France a communiqué aux journaux une information, concernant l'ouverture du château et du domaine de Chàalis.

« Le château et le domaine de Ch&alis seront ouverts au public, le jeudi 7 mai et les jeudis suivants de midi à cinq heures jusqu'au 31 août, et de midi à quatre heures et demie du!" septembre au i~> octobre. Les moyens de communication sont les suivants :

I. Par chemin de fer (Compagnie du Nord) :

1" Parle Plessis-Belleville (en 45 minutes) : gare du Nord : trains de 7 h. 5o ; 12 h. 15 ; et 14 h. 48.

Voitures au Plessis-Belleville. Automobile de l'hôtel de l'Ermitage (tél. Ermenonville) ; distance, 9 kil.

Par Senlis (en une heure) :

Gare du Nord : trains de 10 h. 25 (changement à Chantilly) et de 12 h 3.

Automobiles. Hôtel du Grand-Cerf ou chez Per- séguers, route de la République; distance, (I kil.

II. Par la route : 45 kil. Itinéraire :

Porte de Flandre, Louvre», Plailly, Mortefontaine, Ermenonville »

On voit que le nouveau musée ne bénéficie même pas de la mesure appliquée au Musée Condé, à Chan- tilly, qui, lui, est ouvert pendant les dimanches d'été, exception faite pour les jours de courses.

C'est restreindre singulièrement l'accès du domaine que de n'en autoriser la visite qu'un jour en semaine.

Salon des Artistes français. Pour le vote des récompenses et pour certains travaux intérieurs, le Salon des Artistes français, au Gr.'ind Palais, sera fermé au public le 8 juin.

La réouverture aura lieu le lendemain à raidi.

Les Peintres du ministère de la Guerre. L'n

récent arrêté du ministre de la Guerre a fixé les con- ditions dans lesquelles le titre de « peintre, sculpteur,

ANCIEN ET MODERNE

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graveur ou architecte du ministère de la Guerre » peut être conféré aux artistes français qui en font la demande

Ce titre est purement honorifique. Il ne lie en rien le ministère de la Guerre au point de vue des commandes. En aucun cas, il n'équivaudra à un emploi et ne confé- rera un traitement. Dans la mesure compatible avec les exigences du service, les artistes accrédités peuvent ôtre admis par les autorités militaires compétentes à assister aux revues et aux manœuvres.

Le Vol de « la Joconde ». M Drioux, juge d'instruction, a rendu une ordonnance de non-lieu en faveur des frères Lancellotti et de M"* Clamage- rand, arrêtés tous les trois pour complicité dans le vol de la Joconde.

Les Amis du Mont Saint-Michel. La cam- pagne menée avec tant d'activité par l'Association des Amis du Mont Saint-Michel commence à porter ses fruits. L'administration des Travaux publics, entrant dans la voie des réalisations, vient de pres- crire l'enquête d'utilité publique relative à l'exécution, pourune somme de 500. 000 francs, des travaux suivants, destinés à assurer l'insularité du Mont Saint- Michel : abaissement de la digue insubmersible en pente douce jusqu'à l'entrée du Mont; dérasement partiel et par couches successives de la digue submersible de Roche-Torin entre le kilomètre 1 kil. 200 et l'extrémité ouest de ce remblai.

A Avignon. Grâce à la Société des Amis du Palais des Papes et des monuments d'Avignon, dont l'activité est des plus fécondes, l'utilisation du Palais des Papes puisque, parait-il, il faut à tout prix l'utiliser va prendre un ^caractère plus digne de l'illustre pionument que certaines exhibitions dont on n'a pas perdu le souvenir.

Tout d'abord, la Commission consultative du Palais des Papes, créée par la municipalité précisément pour étudier et réaliser l'utilisation de l'édifice, et dont les membres appartiennent presque tous à la Société des Amis du Palais, avait proposé la fonda- tion d'un musée médiéval de la région du Midi, com- posé surtout de moulages Mais déjà des dons étaient venus, d'œuvres d'art des xvii', xviii" et même XIX* siècles. Pour ne pas décourager les bonnes volon- tés, on a résolu de constituer un triple musée : musée médiéval, musée des xvii' et xviii* siècles, musée des œuvres modernes ; sans doute, le premier de ces musées comprendra-t-il aussi les œuvres de la Henaissance.

La tâche ainsi fixée a reçu un commencement de réalisation. M. l'abbé Requin, correspondant de l'Institut, a été nommé conservateur des futures collections, et le Palais des Papes s'est enrichi de plusieurs morceaux importants, dans les trois séries du musée projeté.

Le musée médiéval a reçu le moulage du tombeau de Clément VI, dont l'original, conservé à l'abbaye

de la Chaise-Dieu, reproduit le tombeau d'un évêque, qui se trouve dans la même église et qui est à des artistes avignonnais du xiv siècle ; le moulage du buste de Benoît XII, œuvre de Paul de Sienne (1341), qui ornait jadis la façade de l'ancienne église Saint- Pierre ; enfin une collection de relevés de fresques des iiii-, xiv* et xv siècles, offerte par M. Nodct.

Pour le musée des xvii* et xviii* siècles, les mem- bres de la Société des Amis du Palais ont pu acquérir la cheminée qui décorait la grande salle de l'hôtelle- rie à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, chemi- née haute de cinq mètres, appartenant à la seconde moitié du xviii" siècle.

La collection moderne comprend le Triptyque de saint Gens, peinture de P. Vayson ; le buste de cet artiste, par Charpentier ; des maquettes, dessins, plans, etc., provenant de l'archevêché.

L'Annuaire, que vient de publier la Société des Amis du Palais des Papes, témoigne que ce groupe- ment entend justifier son titre et étendre sa sollicitude aux autres monuments d'Avignon : elle a demandé le nettoyage des portes et le dégagement du clocher de l'église Saint-Pierre, le classement de la chapelle du lycée ; elle a attiré l'attention de la municipalité sur le petit Palais, élevé au xv siècle, et aujourd'hui occupé par une école primaire supérieure ; elle s'est préoccupée de la propreté des remparts ; enfin, elle exerce sa surveillance sur les travaux de restauration qui se continuent au Palais.

A Lille. Mardi dernier, un accident a provoqué la destruction d'une œuvre de Frémiet, conservée au musée de Lille, le Chevalier errant, groupe équestre en plâtre, haut de 3 m. 50 Des gardiens remplaçaient le vélum de la galerie de sculpture du musée ; le câble qui maintenait l'armature du vélum ayant échappé à l'un d'eux, les deux autres durent à leur tour lâcher prise, et la lourde armature métallique tomba sur le plâtre de Frémiet, qui fut écrasé.

A Florence. La Galerie des Offices vient d'ache- ter un tableau du quattrocentiste siennois Matleo di Giovanni, représentant la Vierge et l'Enfant avec deux saints et deux anges, et qui appartenait à l'église de la Selva, à Sienne.

M. Poggi, surintendant des galeries llorentines, a l'intention de créer aux Offices une salle siennoise il réunira les diverses œuvres de l'école éparses dans les musées de Florence ; on y trouvera trois Lorenzetti (deux Pietro et un Ambrogio), la fameuse Annonciation de Simone Martini, les prédelles de Francesco di Giorgio et de Neroccio, le Matteo di Giovanni dont on vient de parler, un Girolamo del Pacchia, un Beccafumi, et enfin le Saint Sébastien du Sodoma.

Au Musée National, le directeur, M. G. de Nicola, tra- vaille à une réorganisation. On enlèvera de la grande salle les Donatello pour les mettre, avec d'autres morceaux de sculpture quattrocentiste, dans deux

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LE nULLETIN DE L'ART

salles nouvellement ouvertes. Itien n'est décidé au sujet (le la destination nouvelle de la grande salle ; peut-être y installera-t-on la collection Carrand, mais ce projet n'est pas encore définitif.

On parle d'un autre projet, qu'il faut espérer qu'on pourra réaliser. Le Palazzo Non-Finito, occupé pré- sentement par les bureaux du télégraphe, sera bientôt vacant; il est tout près du Musée National et on voudrait qu'il soit destiné à agrandir ce musée, dont les salles regorgent d'objets d'art et qui ne sait placer ses dernières acquisitions. On mettrait dans cette sorte de succursale du musée les médailles, les étoiles, les majoliques, et on pourrait ordonner au Bargello, avec l'ampleur et la précision nécessaires, les bronzes et les marbres. L. G.

A 'Vicence. On vient de rouvrir la galerie de Vicence que la municipalité a fait réorganiser.

Les unes après les autres, toutes les petites ville» d'Italie donnent à leurs collections des soins intel- ligents, dépensant sans compter pour que les œuvres d'art soient disposées dans des salles spacieuses et dans l'ordre convenable, revisant les attributions traditionnelles, refondant les catalogues. Le Bulletin a souvent eu l'occasion de signaler des travaux de ce genre et on ne saurait assez louer et envier les initiatives si intelligemment prises, ces dernières années, dans l'Italie entière et jusque par les plus petites villes.

A Vicence encore, la restauration de l'église de S. Lorenzo vient d'être terminée. L. G.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. 'Vente de la collection Hodgkins (dessins anciens). Dirigée, galerie Georges Petit, le 30 avril, par M" Lair-Dubreuil et Bau- doin et MM. Ferai, Paulme et Lasquin, cette vente a produit 400.188 francs, pour 55 numéros. Ce résultat doit être considéré comme très satis- faisant, si l'on lient compte, d'une part, des mauvaises conditions présentes du marché de la curiosité, de l'autre de cette circonstance, que nous avons déjà signalée en annonçant la vente, que la plupart des dessins composant la collection, avaient déjà passé aux enchères, en ces dernières années, à Paris môme. Or c'est un fait d'observation courante, que les œuvres d'art provenant de ventes célèbres, s'ils repas- sent à peu de temps d'intervalle sous le mar- teau du commissaire-priseur, ne retrouvent pas des prix équivalents à ceux qu'ils ont précé- demment obtenus.

Il ne faut donc pas s'étonner que la Feuille d'étude de sept ttUcs, de Watteau, adjugée 71 000 francs à la vente Doucet, en 1912, n'ait réalisé ici que 60.000 francs, ni que la gouache de Van Hlaren- berghe, une Noce de village, poussée à 62.000 francs, l'an dernier, à la vente Béer, n'ait pas dépassé 54.000 francs, cette fois. Au contraire, on pré- voyait plutôt des différences plus marquées. Même deux dessins de moindre importance, il est

vrai, ont dépassé leurs prix d'adjudication antérieurs.

PRINCIPAUX PRIX Dessins dd xviii' sitcLR. 2. L. van Blarenberghe. Une Noce de village, gouache, 54.000 fr. (dem. 50.000; vente Béer, 1913, 62.000 fr.). Boilly : 1. La Lecture du onzième bulletin de la Grande Armée, lavis, 10.000 fr. (dem. 12.000). 5. Un Café de l'aris, des- sin, 11.000 fr. (dem. l.ï.OOO). 6. Un Cabaret de Paris en ISIS. tl.OOO fr. (dem. 10 000). 7-8. Corel. Le Gage louché, le Colin-Maillard, aquar., 15 000 fr. (dem. 15.000;. 9. Boucher. Vénus aux colombes, dessin aux trois crayons, 6.000 fr. (dem. 6.000). 19. Cochin le fils. Illuminations des écuries de Versailles à l'occasion du second mariage du Dauphin (9 fé- vrier <74'), lavis, 13. 000 fr. (dem. 12 000; vente Doucet, 1912, 14.000 fr.). 21. École franc Les Trois sœurs, gouache, 7.000 fr. (dem. 6.000). Krngonard : 25. Le Sacrifice au Minolaure, bistre et aquar., 40.000 fr. (dem. 40.000; vente Brun-Neergard, 1814, 50 fr.; vente Doucet, 1912, 48. .500 fr.). 27. La Visite au grand- père, sépia, 15.500 fr. (dem. 20.0001. 32. Hoin. La Consultation de Voracle, 14.000 fr. (dem. 15.000; vente Mulhbacher, 1899, 5.600 fr.; vente Mandl, 1905, 16 000 fr ). 33. Isabey. Le l'etit Coblentz, vue du boulevard de Gand sous le Directoire], plume re- hausséed'aquar.,10.500fr.(dem.l5.000; vente Richard Lion, 1886, 805 fr ). 38. N. Lawreince. Les Trois sœurs au parc de Saint-Cloud, aquar. gouachée, 15.200 fr. (dem. 6.000). 40. Lespinasse. Vue du Grand Trianon, prise du côté de l'entrée, en 17/10, aquar. et gouache, 10.000 fr. (dem. 10.000 ; vente Doucet, 1912, 11.000 fr.). Mallet : 41. i^ Tireuse de

ANCIEN ET MODEKJVE

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caries, gouache, 6.200 fr. (dem. 5.000). 42. Le Petit déjeuner, gouache, 5.500 fr. (dem. 5.000). 43. Maréchal. Intérieur de palais, 8.000 fr. (dem 6.000; vente Doucet, 1912, 6 700 fr.). 44. Maucert. Expo- sition de tableaux sur la place Dauphine, lavis de sépia, 11.000 fr. (dem. 10.000; vente Leiong, 1903, 9.000 fr.). 48. Portail. La Musique de chambre, san- guine, 8.200 fr. (dem. 5.000; vente Decourcelle, 1911, 4.800 fr.). 52. Van Gorp. Le Visiteur attendu, gouache, 9.000 fr. (dem. 8.000). A. Watteau : 54. Feuille d'éludé, sept têtes, trois crayons, 60.000 fr. (dem. 60.000; vente Concourt, 1897, 17.500 fr.; vente Doucet, 1912, 71.000 fr.).— 55. Feuille de trois têtes, sang., 8.000 fr.

Vente de la collection Delaroff (2» vente : tableaux anciens, etc.). Faite, salle 6, du 27 avril au 2 mai, par les soins de M«' Lair- Dubreuil et Doublet et de MM. Sortais, Duchesne et Duplan, cette deuxième vente Delaroff a pro- duit 201.713 francs, qui, Joints aux 507,550 francs réalisés par la première vente, donnent le total de 709.263 francs, pour ce qui a été dispersé jus- qu'ici de la collection de l'amateur russe.

Dès à présent, une dernière vente est annon- cée pour l'année prochaine.

Deux prix, ici, sont seulement à retenir : 147. A. Cuyp. Halte d'un cavalier, 7.300 fr. 502. Clodion. Bacchvs, groupe en terre cuite, 20.800 fr.

■Vente d'objets d'art. Notons, parmi les résultats d'une vacation anonyme, dirigée salle 8, le i"' mai, par Dubourg et M. l'ape, les 6.700 francs obtenus par deux potiches en an- cienne porcelaine de Chine Kang-hi, à réserves de paysages avec oiseaux.

Succession Mauzaize (objets d'art, etc.). Une seule enchère vaut aussi d'être notée dans la vente faite, salle 12, le 4 mai, par M" Baudoin et Albinet et M. Pape, celle de 9.050 francs, obte- nue sur la demande de 4.000, par une commode en bois de placage et marqueterie, d'époque Louis XV, ornée de bronzes et signée Dubois.

Vente de tableaux modernes. De même nous ne trouvons qu'un seul prix à signaler, dans la vacation anonyme, dirigée le même jour, salle 7, par Lair-Dubreuil et M. G. Petit, celui de 7.600 francs pour les Bords de la Seine, par Pissarro, estimé 7.000. Cette vente a produit un total de 49.670 francs.

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion Roger Marx (2" ven+e : tableaux, des- sins, aquarelles, etc., m /Jjrnes). Les H et 12 mai, à la galerie Manzi, M" Lair-Dubreuil et

Baudoin, assistés de MM. Durand-Ruel et Ber- nheim jeune, procéderontàla vente des tableaux, dessins et sculptures modernes faisant partie de la collection Roger Marx. Le catalogue illustré de cette vente est précédé de quelques lignes M. Anatole France donne un dernier souvenir à notre confrère, dont, dans les quelques pages de préface qui suivent, M. Arsène Alexandre rap- pelle la carrière administrative et le rôle comme critique, en même temps qu'il définit son goûl comme amateur.

La place nous est trop mesurée ici pour sou- ligner comme il conviendrait combien, chez Roger Marx, l'unité fut complète. Fonctionnaire de l'administration des Beaux-Arts, écrivain d'art et collectionneur, un même esprit dirigea ces trois rôles il déploya une égale activité. Les mêmes artistes qu'il soutint de son autorité, qu'il défendit ou célébra par la plume, sont ceux dont il voulut avoir des productions. Aussi, dans la présente vente, retrouvera-t-on les mêmes préférences qui s'affirmaient dans la riche col- lection d'estampes modernes dispersée ces jours derniers, et les mêmes noms, ceux des artistes que Roger Marx fut des premiers à connaître et à faire conuaitre : Manet et Toulouse-Lautrec, Carrière et Pantin, et bien d'autres.

C'est donc l'art le plus moderne, qui est ici représenté par deux cent cinquante et quelques numéros, dont certains très importants.

Signalons tout d'abord, du côté des peintures: l'Orgue de Barbarie et la Tasse de café, par P. Bon- nard; les portraits d'Edmond de Goncourt et de M. Cliarles Morice, la Leçon d'écriture et un Masque d'enfant (iS86), par Carrière; la Femme au tour- nesol, par Mary Cassatt ; la Procession sous les arbres, par M. Denis; l'Apothéose de Berliot et la Vision', par Fantin Latour ; Femmes nues au bord de l'eau, par Gauguin ; les Anémones, par E. Lau- rent ; Quai de la Seine (matin de printemps) et Rouen {la Côte Sainte-Catherine), par Lebourg; le Petit bras de la Seine, quai de Béthune, par Lépine ; la Sultane, par Manet ; le Pont d'Argen- teuil {1872), par Monet; une Femme arabe (1882), Jeune femme en bleu et un Buste de femme, par Renoir ; Dans le lit, Au Moulin-Rouge et les Deux femmes au bar, par Toulouse-Lautrec ; le Manteau noir et une Cour en automne, par Vuilliard ; puis, du côté des dessins : une Femme vue de dos, par Besnard ; la Lecture, par Mary Cassatt ; le Village et le Moulin à Equihen, par J.-C. Cazin ; Détresse, le Conducteur de chevaux, Homme assis dans un fauteuil et le Malade imaginaire, par Daumier ;

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LE BULLETIN DE L'ART

Dans l'atelier de la modiste, l'Éventail au portant de théâtre, Trois danseuses, la Toilette, Femme se grattant et Groupe de danseuses, par Degas; Filles du Rhin et la Jeune femme à l'éventail, par Faiilin- Latour ; Au Théâtre, par Forain ; Devant le comp- toir, Jeune femme, la Femme au panier et Femme au tablier bleu, par C, fiuys ; le Port de Uonfleur et un Port en Hollande, par Jongkind ; la Place dic Marché à Rouen et la Construction du pont transbordeur à Rouen, par Lepère ; la Paix (étude décorative pour le Musée d'Amiens, par Puvis de Chavannes ; la Femme en rose et des croquis, par Renoir ; des dessins de Rodin ; la Bacchante nue et un Music-hall, par F. Rops ; la Blanchisseuse, par Toulouse-Lautrec ; enfin, du côté des sculp- tures : les Émigrants, par Daumier ; la Glèbe, par G. Meunier ; le Baiser [ISSS'f et Femme nue, par Rodin.

Collection Roger Marx {3« vente : objets d'art moderne). On sait quel fut le rôle de Roger Marx dans le mouvement de rénovation de l'art décoratif moderne. Plus que tout autre critique, il contribua au développement de l'objet d'art, à cette suite de recherches, de tentatives, aussi de réalisations qui se sont succédées depuis quelque trente années. C'est au lendemain de l'Exposition de 1889, où, dans une conférence dont le souvenir restera, Roger Marx avait signalé les premiers efforts vers un art décoratif nou- veau, original, dégagé de la tradition, œuvre d'artiste et non de praticien asservi à une rou- tine, — qu'avec la fondation de la Société natio- nale, l'objet d'art ou d'ameublement eut sa section dans une exposition au môme titre qu'un tableau, une statue, une gravure ou un dessin d'architecte. Depuis, cette innovation a été suivie, et par la Société des Artistes français, et par tous les autres Salons à l'étranger comme en France. On ne conçoit plus une exposition d'art moderne sans une section d'art décoratif. Cette idée si simple, qui paraît toute naturelle aujourd'hui, il semble bien que ce soit Roger Marx qui l'ait eue le premier. En tout cas, plus qu'aucun autre de ses confrères, il se dépensa pour faire con- naître, aimer et apprécier les travaux des artistes modernes, céramistes, verriers, orfèvres, émail- leurs, ébénistes, ferronniers, dont il encouragea les travaux comme ceux des graveurs, des pein- tres ou des sculpteurs contemporains qu'il avait été des premiers à découvrir et à comprendre.

Rien de plus naturel que de rencontrer dans les collectious de Roger Marx, auprès de ce riche

cabinet d'estampes modernes déjà dispersé, de ces réunions de peintures, dessins et sculptures dont nous venons de parler. auprès de cette collection de médailles qui, si elles passent en vente, rappelleront quelle fut l'influence de notre confrère sur la résurrection de l'art de la médaille, à laquelle nous avons assisté en ces dernières années, de rencontrer un choix d'objets d'art moderne portant ces noms que les articles de Roger Marx ont tant contribué à faire connaître. Et c'est ici encore une fois une affir- mation de l'unité de vues de ce critique.

Renvoyant pour plus de détails au catalogue illustré, dressé à l'occasion de cette vente qui aura lieu, galerie Manzi, le 13 mai, par le minis- tère de M" Lair-Dubreuil et Baudoin et de M. Geo Rouard, contentons-nous de signaler la présence de grès et de porcelaines d'Ernest Chaplet, de pâtes de verre d'Henri Gros, de grès et de porce- laines d'Albert Dammouse, de grès et de porce- laines d'Auguste Delaherche, d'une collection de quarante pièces de verrerie d'Emile Callé. appar- tenant aux diverses époques de la production du maître nancéen, de 1884 à 1904, des émaux de Grandhomme et Garnier, des porcelaines de Sèvres à sujets modelés par Rodin, et aussi par Rodin et Desbois.

L'intérêt de cette collection, en dehors même du nom qu'elle porte, de la qualité des objets qui la composent et du goùl qui a présidé leur réu- nion, est d'ôtre la première du genre qui passe au feu des enchères. A ce titre les résultats en seront d'autant plus curieux à recueillir.

Objets d'art de la Chine. Ch. Dubourg

et M. A. Portier dirigeront, salle 7, les H et 12 mai, et salle 9, les 1,3 et 14 mai, une vente anonyme composée de céramique chinoise, émaux peints de Canton, ivoires, pierres dures, etc., qui a fait l'objet d'un catalogue illustré.

Succession de M"» H... (objets d'art, ta- bleaux). — Cette vente, qui aura lieu, salle 6, du 14 au 16 mai, par le ministère de M* Lair- Dubreuil et de MM. Mannheim, Ferai, Falken- berg et Linzeler, comprend des objets d'art et d'ameublement, parmi lesquels nous remarquons deux tapisseries d'Aubusson du temps de Louis XV, l'une présentant le Jeu du cheval fondu, l'autre un Chasseur tirant sur un oiseau, et des tableaux modernes et anciens, parmi lesquels nous notons: des Maisons au bord d'une rivière, par Corot ; le Portrait d'un gentilhomme, attribué à F. Clouet ; le Portrait d'Ulrich Zicingle, par un maître de

ANCIEN ET MODERNE

m

l'école allemande du xvi" siècle ; la Vierge et l'Enfant Jésus, panneau de l'école flamande du début du XVI» siècle ; le Portrait d'un jeune sei- gneur, peinture italienne du xvi= siècle ; un Intérieur de ville, par J. van der Heyden ; un Intérieur hollandais, par J. Kœdyck, et l'Oiseau prisonnier, par N. Lancret. (Catalogue illustré.)

Ventes prochaines. A titre d'information, signalons les ventes suivantes, qui doivent avoir lieu prochainement, et dont les catalogues sont en distribution : le 18 mai, salles 7 et 8, par le ministère de Bignon et de M. Bataille, vente après départ de M"'^ X..., comprenant des tableaux anciens et modernes, et objets d'art et d'ameublement, notamment des tapis- series d'Aubusson et des Flandres des xvi», Kvw et xviii« siècles; le Itj mai, sous la di- rection de Baudoin et de MM. Bernheim, vente de la Collection Herbert Kullmann, de Manchester, composée de tableaux de l'école impressionniste; le 18, salle 9, par M' Desvouges et M. Giaco- metti, vente de quatre bustes par Houdon, dont deux portraits de l'artiste par lui-même.

M. N. ESTAMPES

Nous remettons, faute de place, le compte rendu de la vente Roger Marx, qui s'est terminée sur le total de 262.031 francs.

Ventes annoncées. A Paris. Estampes anciennes et modernes. Les 11 et 12 mai, à l'Hôtel, salle 9, M"» J. Huguet et A. Desvouges, avec M. L. Delteil comme expert, disperseront une réunion d'estampes anciennes et modernes dont le catalogue illustré compte 444 numéros.

Citons, parmi les pièces les plus intéressantes, du côté des anciens : plusieurs Durer, notam- ment l'Empereur Maximilien {2" planche) et le Petit cheval; et, parmi les modernes : des Naudin, dont la Roulotte, l'Abside de St. Wal- burgh de Brangwyn ; plusieurs Buhot, dont une épreuve de Westminster palace « in progress » ; le Verlaine de Carrière ; plusieurs Corot, dont le Songeur; une abondante série de lithographies de Daumier ; la Sortie du bain de Degas ; un Jockey anglais de Géricault ; plusieurs Charles Jacque, dont le Grand abreuvoir aux moutons ; une série de bois et d'eaux-fortes de Lepère ; la Pompe Notre-Dame de Meryon; plusieurs Millet, parmi lesquels la Grande Bergère, le Départ pour le travail, la Précaution maternelle, etc. ; des Whistler, notamment Ponte del Povian, etc.

R. G.

LIVRES

Nous rendrons compte prochainement de la vente Alphonse Willems, qui a produit 31 7.084 fr.

Ventes annoncées. A Paris. Biblio- thèque de feu M. Pierre Dauze (!■■« partie : livres modernes). ~ Grande attraction pour les amateurs de livres modernes ! Du 11 au 16 mai, à l'Hôtel, salle 10, M' A. Desvouges, assisté de MM. H. Leclerc et A. Blaizot, dispersera la pre- mière partie du cabinet de feu Pierre-Louis Drey- fus-Bing, dit Pierre Dauze, président de la Société « les XX », vice-président de la Société de propagation du livre d'art et de la Société « le Livre contemporain », membre des « Cent biblio- philes ». Le nom de cet amateur, à qui l'on doit le précieux Répertoire des ventes publiques de livres, est un sûr garant de l'intérêt que présen- teront, pour les spécialistes, les éditions origi- nales d'auteurs du xix° siècle et d'auteurs contem- porains, la plupart avec lettres ou envois autographes, qui forment, avec une partie des manuscrits, le principal objet de cette vente.

B. J.

Le Gérant : H. Dknis.

Paris. Imp. Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroi.

OFFICIERS MINISTÉRIELS

Maison ITT TKTijT 30 ;r.Laugier,26el Villa Niel, angle AV. WiCL G" 321-20. Kev. br.; 44.965 fr. 60. M. à p.: 450.000 f. Adj. 1 ench. Ch.Nol.,9 Juin. S'ad. not. : M«> DuFOUR et MOISY, 9, r. Grenelle, dép. ench

VENTE au Palais, le 301 Mai 1914, à deux heures. PRnPBTFTTî ^, .N®i"*ly-sur-Seine, bould

env. liev. 23.383

d'Argenson, 14. Cont. 4.000 m. fr. environ. M. à p. 250.000 fr.

1/r 1 iCniff àNeuiJly-sur-Seine,av. Ste-Foy, 4. inAloUll Gont. 684 m. 38 env. Rev. 13.107 fr. env. M. à p.: 160.000 fr. MAISON A PARIS,

Rue TTTDEItfMC 0 Cont. 167 m. 52. Hev. 18.800 fr. de 1 UnCillllj, Z env. M. à p. : 220.000 fr. Villa àMERS-LES-BAINS. M. à p.: 10.000 fr. Terrain à MERS-LES-BAINS. Gont. 173 m. M. à p. : 2.000 fr. S'adresser à M's DOYÈ et Brillatz, av.; à l'étude de M= Ue.naudin, not. à Sceaux, et à Gkange, not. à Paris.

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

pour iiionier le d^Teloppement du Commerce el de riuduslne eu France

SOCIÉTÉ ANONYME CAPITAL : 500 MILLIO.NS

SIÈGE SOCIAL : 54 et S6, rue de Provence, f . „,o,.

SUÇCURSALE-OPÉRA : « à S9, boulev. Uausmann, j * '^*''"'

Toutes opératioaa de Banque.

BIBLIOTHÈQUE

DE

FEU M PIERRE DAUZE

Président de la Société « Les XX » et Vice-Président de la Société « Le Livre contemporain »

et de la « Société de Propagation du Livre d'art »

Membre de la Société « Les Cent Bibliophiles »

PREMIÈRE PARTIE

Éditions originales d'auteurs du XIX"" siècle et d'auteurs contemporains

la plupart avec lettres ou envois autographes manuscrits.

A-L

■Vexxte ÏÎOXEL DFIOUOT, Salle N" lO

/>M Lundi i i au Samedi 16 Mai 1914, à 2 heures précises.

C0MM1SSAIHE-PBI8EUR :

JO.' i%.IVDRÛ «EStVOCJGES*, 26, rue Grange-Batelièrp.

assisté de

il9, rue Sainl-Honoré. ' 21, boulevard flaussmann

QUATRE BUSTES

PAR

JEAN -ANTOINE HOUDON

(1741-1828)

VENTE CAR SUITE DU DÉCÈS DE

Feu Monsieur PERRIN-HOUDON, son arrière-petit-fils

HOTEI-, IDISOTJOT, Sa,lle IST^ ±0

Le Lundi 18 Mai 1914, à 4 heures.

COMMISSAIRE-PRISEIIR :

IM» iVIVURÉ I>E:a(^OUOE:«»

SueeetKur de M. Maurice DBLBSTRIS 26, rue Grange-Batelière.

EXPERT : 1»1. OEORO^ES OIi%.CO.>I£:T"ri

Sculpteur' Expert prè» le Tribunal civil 2i, rue Vcniiar.

EXPOSITION PUBLIQUE Le Dimanche 17 Mai 1914, de 2 heures à 6 heures, et le jour de la vente, de 2 heures à 4 heures.

Numéro 62&

Samedi 16 Mai 1914.

LE BULLETIN DE LART

ANCIEN ET MODERNE

Sur l'Exposition d'art français de Copenhague

Hier vendredi 18 mai, a eu lieu, au Musée royal de Copenhague, une exposition de l'art français au xix» siècle, qui va rester ouverte jusqu'à la fin de juin.

A en juger par le catalogue, elle a été organi- sée avec beaucoup de méthode et de goût, et il semble bien que l'objet que se proposaient ceux qui ont pris l'initiative de cette manifestation ait été presque complètement réalisé : « Il ne s'agissait pas moins, en effet, écrit M. Karl Madsen dans la préface du catalogue, que de former une réunion de tableaux qui, par une représentation copieuse, multiple et caractéristique des princi- paux artistes, et surtout des grands noms connus du monde entier, pût éclairer les sommets de l'histoire de la peinture française au cours du siècle dernier ».

Pour la partie proprement rétrospective de l'exposition, ce programme a été suivi de très près. Le concours de collectionneurs réputés, qui ne se sont pas contentés d'envoyer de sim- ples cartes de visite, et de marchands connus, qui ont su choisir autre chose que des fonds de boutique par trop défraîchis, a permis de réunir un ensemble d'œuvres de belle tenue, non seu- lement pleines d'intérêt pour des visiteurs étran- gers, mais dignes, en général, de représenter honorablement les aspects multiformes de l'art français des cent dernières années. A peine si, par ci par là, on relève quelques lacunes qu'il n'a peut-être pas tenu qu'aux organisateurs de pouvoir combler : ainsi, pour s'en tenir à l'école de 1830, on aurait pu faire place à des animaliers comme Troyon et Charles Jacque, et trouver, pour Jules Dupré et Diaz, autre chose qu'un dessin de chacun de ces artistes.

Les impressionnistes sont à leur rang logique, et leur <c représentation proportionnelle » paraît

très judicieusement établie. L'exposition «offre encore des spécimens marquants de l'art fran- çais le plus récent, des jeunes et des plus jeunes, déjà célèbres, ou de ceux qui ne le sont pas encore ». On n'a exclu que les « Futuristes ■> et les « Synchroraistes », en quoi l'on a eu gran- dement raison : avant de présenter cette bande de farceurs dans les expositions d'ensemble de la peinture française à l'étranger, il convient de laisser le temps faire justice de leurs plaisan- teries.

Tout serait donc pour le mieux, si l'exposi- tion, qui montre les débuts de notre école moderne et son aboutissement, ne négligeait pas, avec un évident parti pris, une étape tout entière. Entre les impressionnistes et les plus jeunes de nos jeunes gloires, il estune génération d'artistes dont nous avons tout lieu d'être fiers et qu'on n'a pas le droit de passer sous silence quand on se propose de réunir « des spécimens, particulièrement représentatifs » de notre art contemporain ; or, ceux-là ont été délibérément écartés de l'exposition. Pour ne parler que des' vivants, on peut se demander pourquoi ni Harpi- gnies, ni Henri Martin, ni René Ménard, ni Rollj ni Cottet n'ont pu trouver place dans un en- semble où figurent des M. Asselin, des H. Doucet, des A. Sinet et autres Picart Le Doux. Pourquoi un petit Albert Besnard pour quatre Matisse, un Lucien Simon pour quatre Marquet? A quel titre M. Othon Friesz représente-t-il l'école française, dans une exposition dont les organisateurs ont omis l'auteur de l'Assassiné et de la Femme au gant ?

On est fâché d'avoir à faire de semblables réserves dans les éloges que mérite une entre- prise aussi intelligemment conduite et, à certains égards, aussi réussie.

Mais c'est le sort commun de toutes les expo- sitions d'art français moderne à l'étranger d'être à la fois très pauvres en artistes d'hier et d'au- jourd'hui, et trop riches en artistes de demain. Et les organisateurs de celle-ci auront beau ré-

m

LE bULLEtïN bE L^aRT

pondre qu'il leur a été impossible de se procurer des œuvres de tels et tels artistes dont on regrette l'absence, ils n'arriveront pas à justifier du m<^me coup l'intrusion de tels et tels autres dont la pré- sence est à tout le moins singulière et qui ne sont représentatifs de quelque chose pour personne, sauf pour les marchands qui les ont » en stock » et qui les vendent très cher.

Or, s'il est parfaitement équitable que les mar- chands soient intéressés à la réussite de ces expositions et tirent un profit matériel du con- cours qu'ils leur prêtent, on trouvera sans"doute excessif qu'ils aillent jusqu'à fausser l'esprit du public étranger, en arrangeant l'histoire de l'art français au gré de leurs convenances commer- ciales.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 9 mai). L'Académie déclare la vacance du fauteuil que M. Vaudreuier, décédé, occupait dans la section d'architecture. L'élection aura lieu le samedi 6 juin.

M. de Fourcaud, membre libre, donne lecture d'un projet de règlement du « Salon de l'Académie qui aura lieu tous les deux ans dans la salle du Jeu de Paume du jardin des Tuileries. Ce p*rojet sera dis- cuté au cours de la prochaine séance.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 8 mai). M. Cagnat lit une lettre de M. Théodore Reinach commentant le dixième volume des l'apyrus d'Oxyrht/nchus, dont la publication vient d'être faite..

M. Collignon communique un rapport de M. Pou. gères, directeur de l'École d'Athènes, sur les fouilles exécutées à Thasos en 1913. MM. Ch. Picard et Ave- zou, tous deux collaborateurs de la Revue, y ont continué les dégagements entrepris par eux en 1911. Une nouvelle porte de l'enceinte, les dimensions de la salle hypostyle ont été reconnues; un autel de Cybèle orné de fruits en relief a été mis au jour. Le résultat le plus important de ces travaux est la déter- mination du Prytanée primitif, qui remonte au début du cinquième siècle : ce bâtiment carré, analogue au Prytanée d'Olympie, est décoré de terres cuites archi- tectoniques se remarquent, avec des antéfixes à tète de Gorgone, une intéressante frise représentant des cavaliers au galop, escortés de chiens et poursui- vant desli èvres. En outre, de nombreuses inscriptions ont été relevées.

M. Jullian communique, de la part de M. Robert Triger, président de la Société archéologique du Mans, un bronze gallo-romain figurant un rhinocéros.

On ne connaissait, jusqu'ici, qu'une seule image de cet animal, remontant à cette époque; elle est con- servée au musée de Saint-Germain.

M. P. Girard cherche à établir la raison de l'échec qu'éprouva la célèbre comédie des Suées, présentée par Aristophane au concours public et à laquelle le jury grec préféra une pièce de Cratinos.

Le prix La Fons Melicocq (1.800 fr.) est attribué à M. V. Leblond pour ses Noies sur le nobiliaire de Beauvaisis.

Société des antiquaires de France (séance du 6 mai). M. le baron de Baye communique à la Société les conclusions d'un travail de M. Farma- kowsky sur un plat d'argent du trésor de Poltava.

M. Roman étudie une matrice de sceau du xiv* siècle, trouvé en Savoie, qui porte le nom de Saint-Anateur de Viateur.

M. le baron J. du Teil signale un manuscrit unique du troisième livre de la Toison d'Or, qui est conservé à la bibliothèque de Copenhague; il a été exécuté pour Charles le Téméraire, et Philippe de Clèves a substitué ses armes à celles de Rourgogne.

M. Mirot montre à quelle date le roi Charles VI, qui a eu successivement deux signatures, a adopté la seconde. C'est à la suite d'une crise grave de sa maladie, en avril 1393.

Musée du Luxembourg. A la vente Roger Marx, un dessin de Puvis de Chavannes, la Paix, adjugé n.500 francs, a été racheté par les héritiers et offert au Musée du Luxembourg.

Musée Jacquemart-André. Du 10 mai au

1" octobre, le Musée Jacquemart-André. l.'iS, boule- vard llaussmann, sera ouvert au public le dimanche, de 1 heure à 5 heures (au lieu de 4, dans l'horaire d'hiver), et le jeudi, moyennant 1 franc, de 11 heures à 5 heures.

Une Exposition d'architecture. Hier, ven- dredi 15 mai, a eu lieu, au Pavillon du Jeu de Paume, aux Tuileries, mis gracieusement à la disposition de Il Société des architectes diplômés par le gouverne- ment, l'inauguration d'une exposition d'œuvres mo- dernes d'architectes anglais, présentées en photogra- phies et en dessins géométraux et perspectifs. Une section rétrospective, organisée avec un soin particu- lier, y montre aussi, classés avec méthode et sélec- tionnés, tous les édifices types qui marquent les étapes de l'évolution de l'architecture en Angleterre depuis l'époque gothique jusqu'à nos jours.

Cette exposition, placée sous le haut patronage de M. le Président de la République et de S. M. Georges V, est la suite de celle que nos architectes diplômés firent à Londres, au mois de mai de l'année dernière, et qui obtint un si vif succès. Elle a été organisée en Angle- terre par l'Institut royal des architectes britanniques et l'Architectural Association.

Elle restera ouverte jusqu'au 28 mai.

ANCIEN ET MODERNE

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Le Concours pour le parc de la Muette. Le

Bulletin a résumé naguère les conditions du concours institué par les Amateurs de Jardins, pour le tracé du nouveau parc de la Muette, dans la propriété de M. le baron H. de Rothschild.

Ce concours a été jugé la semaine dernière, et le jury, qui réunissait un certain nombre d'artistes et d'amateurs formant le bureau de la Société des Ama- teurs de jardins, a reconnu la réelle valeur et l'intérêt des plans soumis à son appréciation. Il a constaté combien ce concours était supérieur à ceux que la Société avait organisés les années précédentes, et il a été fort hésitant entre les trois plus intéressants des projets exposés. Après plusieurs tours de scrutin, le premier prix (3.000 fr.) a été donné à M. Raoul Saint-Martin, élève de M. Duchène ; le second (1.500 fr.), à M. Henri Guillaume, élève de M. Dû- chêne, également ; le troisième (SOO fr.), à MM. Blo- cus, Hourboldt et Zaborski. Enfin, une mention a été décernée à M. Emile Dresde.

Si M. le baron H. de Rothschild fait exécuter un de ces plans à la Muette, ou s'il veut combiner plusieurs des idées apportées par les différents concurrents, qui tous ont respecté les arbres du domaine, les Parisiens peuvent être certains que ce parc historique ne sera point déshonoré.

Le Centenaire de J.-F. Ifillet. Un comité vient de se former à Cherbourg pour la célébration du centenaire de Jean-François Millet, à Gréville (Manche), des fêtes sont projetées pour le 1" août prochain. Pour plus amples renseignements, on peut s'adresser à M. le capitaine de frégate Albert Héron, vice-président du comité, 47, rue de la Duché, à Cherbourg.

Les Artistes provinciaux. Dans une réunion qui vient d'avoir lieu à Paris, les artistes provinciaux se sont associés en un groupement amical.

M. Emmanuel Fougerat, directeur de l'école des beaux-arts de Nantes et promoteur de ce mouvement, a été élu président; MM. de Winter, de Lille, Quinsac, de Bordeaux, Gibert, de Marseille, Rachou, de Tou-

louse, Bastet, de Grenoble, et Tony Tollet, de Lyon, ont été élus vice-présidents.

Un bulletin périodique défendra les intérêts maté- riels et moraux des artistes peintres, sculpteurs et professeurs de dessin, trop isolés souvent dans leurs villes respectives.

A Londres. Le roi d'Angleterre s'est rendu, le 7 mai, au Musée Britannique, pour l'inauguration d'un buste en bronze du roi Edouard VII, et celle des nou- velles galeries dont la première pierre fut posée, en 1907, par le monarque défunt.

Ces nouvelles salles qui porteront le nom de « Gale- ries du roi Edouard VU » serviront à l'exhibition de la célèbre collection de peintures japonaises et chi- noises d'Arthur Morrison; elles renferment aussi une exposition permanente de gravures anciennes de toutes les écoles et de tous les procédés, une salle de dessins et les collections rapportées du Turkestan par M. Aurel Stein et ses collaborateurs.

Grâce à la générosité de la comtesse de Carlisle. la Galerie Nationale de Londres vient d'acquérir un des plus beaux portraits peints par Rubens : celui du comte d'Arundel. M. Max Rooses, dans son grand ouvrage sur Rubens, l'identifie avec le n" 97 des pein- tures restées en possession de l'artiste et figurant dans son inventaire. Le portrait, qui fut gravé au xviii' siècle ne parait pas avoir jamais quitté l'Angleterre.

Nécrologie. Mme la comtesse Edmond fie l'our- talès, qui vient de mourir en son hôtel de la rue Tronchet, n'a pas été seulement une des personnalités les plus remarquables de la haute société parisienne, le monde de la curiosité peut également la revendi- quer. Alsacienne par sa mère, elle était fille du baron Renouard de Bussière, une notoriété parmi les amateurs d'autrefois, et elle avait reçu de son père le goût des choses de l'art. Bien qu'on y eût fait, en 1865, trois ventes demeurées célèbres, l'hôtel de la rue Tronchet était resté un véritable musée, très riche en œuvres d'art ancien de toute sorte, et sa propriétaire comptait parmi les habituées des grandes ventes parisiennes.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente de la collection du baron M. de G... [Michel de Gunzbourg] (tableaux anciens, objets d'art). Dirigée,

salle 1, les 4 et 5 mai, par M* H. Baudoin, secondé par MM. Ferai et Mannheim, cette vente à produit ^36.226 francs. Composée tout à fait dans le goût (lu jour, de peintures et d'objets d'ameublement (lu xviii" siècle, elle a eu le succès qu'il était facile de prévoir.

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LE BULLETIN DE L'ART

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux anciens. 204. Danloux. Portrait de jeune femme, 11.700 fr. (dein. 8.000). 214. Schall. La Promeneuse, 10.110 fr. (dem 8.000).

Bronzes. Époque Louis XVI. 96. Pendule br. patiné et doré et inarbre blanc, vase surmonté d'une statuette d'amour, etc., 7.820 fr. (dem. 7.000). 97. Deuxcandélabres.statuettede nymphe debout, 5.720 fr. (dem. 7.000).

Sièges et meubles. Fin de l'époque Louis XV. 133. Petite commode marqueterie à rosaces, 5.200 fr. (dem. 2.000).

Époque Louis XVI. 141. Canapé, deux bergères et six fauteuils redorés, couvert tapiss. Aubusson à personnages et animaux, 14.600 fr. (dem. 18.000). 142. Console contournée, bois de placage, signée C. Topino, 15.200 fr. (dem. 12.000). 153. Secrétaire droit acajou, 6.800 fr. (dem. 8.000). 154. Bergère et fauteuil, 4.710 fr. (dem. 4.000).

Liquidation Seligmann (3« et 4"^ ventes). De lai troisième vente Seligmann, composée d'ob- jets d'art et de haute curiosité, qui a eu lieu, salle 5, les 5 et 6 mai, par le ministère de M»' Lair-Dubreull et Baudoin et de MM. Léman et Mannheim, il n'y a à retenir que le produit total, soit 120.254 francs.

La quatrième vente, comprenant des objets du xvni" siècle et faite salle 1, les 7, 8 et 9 mai, par les mêmes commissaires-priseurs, assistés de MM. Mannheim, Paulme et Lasquin, a donné un total de 203.284 francs. Trois prix seulement sont à retenir : celuj de 7.300 francs pour un secrétaire en marqueterie et bronzes, d'époque Louis XVI, estimé 6.000 francs ; celui de 6.200 fr. pour un canapé et six fauteuils en tapisserie, en partie du xvii^ siècle, dont on demandait 10.000 francs ; et celui de 5.050 francs pour une table ovale et deux jardinières, d'époque Empire.

Le total général des quatre ventes Seligmann atteint 3.412.493 francs.

"Vente de la collection de MUe délia Torre (objets d'art, estampes du X'VIII» siècle).

Faite, salles 7 et 8, le 7 mai, par M" Lair- Dubreuil et Baudoin, et MM. Danlos, Paulme et Lasquin, cette vente a produit 457.275 francs, dont 227.100 francs pour les seules estampes. Ce résultat a dépassé les prévisions, ce qui prouve que le mauvais état du marché n'a pas d'influence sur l'Hôtel Drouot, en ce qui concerne le xviir siècle français. Estampes en couleurs et petits meubles se sont vendus chèrement, comme on pourra s'en rendre compte en comparant les chiffres d'adjudications avec ceux des demandes,

dans la liste ci-dessous, qui comprend les enchères supérieures à 4.500 francs. On notera tout spécia- lement le beau prix de 16.100 francs payé pour le Portrait de AI"" Baudouin, d'après Boucher, gravé en imitation de pastel par L. Bonnet, et les enchères de 13.600 francs pour les Deux baiser», de Debucourt, et de 12.100 francs pour le Portrait de JM"e Parisot, par Smith.

Estampes du xviii* siècle i.mphi.mées en couleurs. 7. D'après Boucher. Portrait de M"' Baudouin, imitation de pastel, par L. Bonnet, épr. avant toutes retouches, impr. avec ses huit planches de cou- leurs, 16.100 fr. (dem. 8.500 fr.). 8. Portrait de Af"* Deshays, imitation de pastel, marge, 5.000 fr. (dem. à 3.000). Debucourt : 14. Les Deux baisers, 13.600 fr. (dem. 10.200). 15. Le Menuet de la Mariée, la Noce au château, 5 300 fr. 16. Promenade de la gallerie du Palais-lioyal, 4.900 fr. \i.La Main, 6.000 fr. 20. La Croisée, 4.930 fr. Deiiiarteau : 34. Jeune fille à la rose, imitation de crayon, d'après Boucher, tiré en plusieurs tons, papier teinté vert, 5.600 fr. 37. Petites pastorales, quatre estampes d'après Huet (une remargée), 7.600 fr. (dem. 4.000).

47. D'après Hoppner. Mrs Benwell, par W. Ward, 4.600 fr. 53. Jnninet. Marie-Antoinette d'Autriche, 4.600 fr. 71. D'après G. Morland. A Visit ni the boarding school, a Visit at the child at nurse, gravé par W. Ward iremargées), 6.000 fr. 75. D'après Reynolds. A Bacchante {portrait de lady llamilton), gravé par J. R. Smith (sans marges), et 76. D'après Uomney. Nature {portrait de lady Hamilton), par Smith (sans marges), 8.175 fr. 81. Smith. M»' Pari- sot, d'après Dewis, 12.100 fr. (dem. 6.000).

Porcelaines de Saxe. 100. Deux cornets, décor goût chinois, oiseaux et branchages, fond vert olive, 7.600 fr.

Sièges, meubles. 107. Salon bois se, canapé et six fauteuils garnis en tapiss. d'Aubusson à corbeilles de Heurs, ép. Louis XVI, 62.000 fr. (dem. 50.000).— 108. Deux fauteuils bois se, l'un ép. Louis XVI, recouvert en tapiss. de Beauvais ou des Gobelins de la Régence, et bouquets de fleurs et fruits, 17.000 fr. (dem. 25.000). 110. Petite commode étroite, marque- terie, ép. Louis XV, estampille de Tuarl, 11.000 fr. (dem. 6.000). 111. Secrétaire droit, marqueterie, ép. Louis XV, 8.800 fr. 112. Petit meuble de milieu, marqueterie et bronzes, ép. Louis XV, 11.000 fr. 113. Petit bureau de dame, marqueterie, ép. Louis XV, 7.100 fr. 114. Table poudreuse, forme cœur, mar- queterie, ép. Louis XV, 15 000 fr. (dem. 10.000). 118. Petit meuble d'entre-deux, bois de rose et bronzes, estampille de Garnier, fin ép. Louis XV, 7.200 fr. 1 20. Petite table, marqueterie et bronzes, ép. Louis XVI, 7.600 fr. 121. Petit meuble d'entre-deux, formant secrétaire, acajou avec côtés cintrés et munis de tablettes de marbre, ép. Louis XVI, 9.900 fr 122. Petit bureau de dame, bonheur-du-jour, marqueterie,

ANCIEN ET MODERNE

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estampille de Roussel, 13.910 fr. 1::3. Commode marqueterie et bronzes, ép. Louis XVI, 8.800 fr.

Vente de la collection Jules Claretie (ta- bleaux modernes). P'aite,. comme nous l'avions annoncé, à l'Hôtel, salle 6, le 8 mai, par le ministère de M' Lair-Dubreuii, assisté de M. Brame, la vente Jules Claretie s'est terminée sur un total de 123.800 francs. Nous n'avons guère à retenir dans ce total que les 3.3.000 francs réalisés par le n" 10, Scène de ballet, de Degas, dont on demandai 125. 000 francs, et les 5. SOO francs obtenus, sur demande de b.OOO, par une Nature morte, de Fantin-Latour (n° 21).

Nous ne pouvons, faute de place, entrer dans le détail des autres prix, tous inférieurs à B.OOO francs.

Vente d'objets d'art. Dans une vacation anonyme, dirigée salle 6, le 11 mai, parM" Lair- Dubreuil et MM. Paulme et Lasquin, une boiserie de salon d'époque Louis XV, avec peintures déco- ratives, a été vendue 7.950 francs.

Vente de la collection Roger Marx (2« et 3" ventes). Faite galerie Manzi, les H et 12 mai, par M«' Lair-Dubreuil et H. Baudoin, et MM. Durand-Ruel et Bernheim jeune, la deuxième vente Roger Marx, comprenant les peintures, dessins et aquarelles modernes, a obtenu le suc- cès que nous avions fait prévoir : elle a pris fin sur un total de 719.170 francs. En attendant la liste des principales enchères, que le manque de place nous empêchede donneraujourd'hui, lirons de pair les deux prix les plus importants de la vente : celui de 74.000 francs atteint par la Sul- tane de Manet, sur demande de 60.000 ; et celui de 101.000 francs, sur la demande de 80.000, obtenu par un pastel de Degas, la Toilette.

La troisième vente était, comme nous l'avons dit, consacrée aux objets d'art ; elle a eu lieu le 13 mai, à la galerie Manzi, par les soins des mêmes commissaires-priseurs que la précédente, avec M Céo Rouard comme expert, et elle a pro- duit 62.990 francs. Une urne en verre de Galle a été adjugée 5.060 francs.

Le total des trois ventes s'élève à 1.044.000 fr.

Ventes annoncées. A Paris. Succes- sion Charles André ( dessins anciens et modernes, objets d'art, etc.). La Collection de feu ^f. Charles André, que dispersera, salles 7 et 8, les 18 et 19 mai. M" Henri Baudoin, assisté de MM. Ferai et Mànnheim, est surtout intéres-

sante pour la réunion de dessins anciens et modernes qu'elle renferme.

Signalons : de l'école néerlandaise ancienne, une feuille anonyme du début du xvi" siècle, la Vierge entourée de saints personnages ; puis, du côté des écoles française et anglaise : un Portrait déjeune femme, par Augustin i les Présents, par Bosio ; une Femme nue vue de dos et la Jeune mère, par F. Boucher ; l'Enlèvement de la nymphe Orithye par Borée, par Clodion ; la Chanteuse, parDaumier; le Philosophe, Saint Jérôme et la Jolie ménagère, par Fragonard ; un Portrait d'homme, par Lagneau ; un Jeune homme aidant une jeune femme à se relever, par Lancret; une Tête d'acteur, par Watteau ; Danses espagnoles, par Manet; la Chanteuse, par Daumier; enfin, du côté de l'école italienne, une Allégorie, par G. B. Tiepolo.

Dans le reste delà collection, notons : une pein- ture. Portrait d'homme, par Duplessis ; quelques bois sculptés du xvi» siècle, notamment un Christ mortentouré de personnages, etun saintGeorges ; des tapisseries, l'une française, de la fin du xv siècle, présentant une chasse allégorique au cerf, et une autre, flamande, du temps de Louis XII, à sujet de chasse ; enfin, deux frag- ments de mêmes époque et fabrication, à nom- breux personnages en riches costumes. Cette vente a fait l'objet d'un catalogue illustré.

Quatre bustes par J.-A. Houdon. Le 18 mai, à l'Hôtel, salle 10, A. Desvouges, avec M. Giacometti comme expert, vendra quatre bustes de Houdon, qui ne sont jamais sortis de la famille du grand sculpteur et se trouvaient, ■en dernier lieu, en la possession de M. Perrin- Houdon, son arrière-petit-fils, récemment décédé.

Deux de ces bustes, de petites dimensions, représentent le sculpteur lui-même : dans l'un, de 15 cent, de haut, il est vu en buste, le torse de face et la tête tournée vers la gauche; dans l'autre, haut de 31 cent., il est vu à mi-corps, la tête tournée vers la gauche, les bras croisés sur la poitrine, tenant de la main droite la masse et de la gauche un ciseau à marbre. Ces deux bustes sont deux terres cuites originales : il n'avaient jamais été reproduits avant de figurer dans le catalogue illustré de la vente.

Les deux autres sculptures, également repro- duites au catalogue, sont bien connues par les états dilTérents qui en existent dans les musées ou les collections particulières : l'un est celui de la petite Claudine Houdon, en terre cuite palinée

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LE BULLETIN DE L'ART

(hauteur : 36 cent.); l'autre, celui de Anne-Ange Houdon (hauteur : 38 cent.), plâtre teinté. De ce dernier buste, le pliUre original semble être celui du Musée du Louvre (voir P. Vitry, Houdon por- traitiste de sa femme et de ses enfants, dans la Revue, t XIX, 1906, p. 349) ; du buste de Claudine, on se rappelle avoir vu passer un exemplaire en pliltredans la vente J. Doucet de 1912 (voir aussi l'article de P. Vitry, op. cit., p. 351).

Collection Antony Roux (peintures et sculptures modernes, objets d'art, etc.) Un fort volume, copieusement illustré, qui continue dignement la série des belles publi- cations analogues, sorties des presses de l'impri- merie Georges Petit, forme le catalogue de la Collection Antony Roux, dont la vente, dirigée par M«» Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Georges Petit, H. Brame, Paulme et Lasquin, aura lieu, les 19 et 20 mai, à la galerie Georges Petit.

Dans la préface de ce superbe volume, les goûts du collectionneur, ses préférences marquées pour Gustave Moreau, Th. Rousseau, Corot et Ziem, parmi les peintres modernes, pour Barye et Rodin, parmi les sculpteurs, sont rappelés en quelques pages, qui mettent en relief les prin- cipales pièces de la collection. A cet ensemble, manque cependant un de ses joyaux les plus précieux : la suite fameuse des soixante-trois aquarelles de Gustave Moreau sur les Fables de La Fontaine. Cette œuvre -capitale, que le grand artiste avait entreprise à la demande de son ami Antony Roux, a trouvé déjà sa place dans une des plus grandes collections parisiennes. Mais il faut vraiment être prévenu pour s'aper- cevoir qu'il manque quelque chose dans la belle réunion de peintures, aquarelles et sculptures qui composent la présente vente.

Voici tout d'abord de Corot : le Pécheur au bord d'un étang, la Charrette, le Fort Saint-Ange, la Vue de Gênes prise du palais Doria, les Bords d'une rivière sous les arbres, la Prairie sur la falaise, un Tournant de rivière, Mothois (Oise), près Gournay-en-Bray, un Coin d'étang à Ville- d'Avray et Méditation ; puis, de Delacroix, le Marocain et son cheval.

Gustave Moreau est représenté par des pages importantes : Moïse exposé, Oreste et les Érynnies, l'Égalité devant la Mort, l'Apparition, la Fiancée de la Nuit ou le Cantique des Cantiques, Hercule et l'Hydre, Femme à son lever, Femme persane à sa toilette, Persce et Andromède, Madeleine en prii-re.

Notons encore : une Tête de jeune femme, par G. Ricard; le Mont Blanc vu de la Faucille (effet d'orage), la Jetée et le port de Granville et les Der- nières maisons de Port-en-Bessin (Calvados), par Th. Rousseau ; Illusion perdue, la Visite et Cache- Cache, par A. Stevens; le Pont des Arts et l'Institut et l'Hiver au bas de la Butte, par Antoine Vollon ; enfin, Santa Maria délia Salute, Moulins au bord de l'Escaut, le Bucentaure, Embouchure de la Meuse, Venise (San Simeone il Piccolo), FEntrée du vieux port de Marseille, le Pont Royal, le Pont des Arts et Voilier en vue de Stamboul {effet du soir), par Ziem.

Passons aux aquarelles, nous relevons : le Taureau, un Éléphant marchant et un Tigre royal couché, par Barye. Du maître animalier, la collec- tion Antony Roux contient une série de bronzes remarquables, notamment : l'Ours debout, la Pan- thère terrassant un zibet et la Panthère de l'Inde. Nous arrivons ainsi à l'importante réunion de sculptures de Rodin : des bronzes, parmi les- quels il faut citer : Amor fugit, l'Idylle, Celle qui fut Haulmière, Volupté (les Fleurs du mal}, C Homme au serpent, la Baigneuse, Iris, et une ligure en pierre, la Femme et la peur.

Des objets d'art et d'ameublement ancien, nous remarquons une console en marqueterie de bois de couleur, avec bronzes, d'époque Louis XV, complètent cette vente qui sera, sans contredit, une des plus importantes de l'année.

Tableaux anciens. Un mince catalogue illustré nous apporte l'annonce de la vente de tableaux anciens provenant de la Collection de M. X..., qui aura lieu salle 7. le 22 mai, par le ministère de M" Lair-Dubreuil et Pecquet, assistés de MM. Malhey et Georges Petit. Cette vacation anonyme comprend un pastel de La Tour, Portrait de femme, et quelques peintures de maîtres pri- rnitifs, notamment un panneau de l'école du Haut-Rhin du xv« siècle, la Vierge et l'Enfant Jésus, et deux panneaux formant pendants, le Chnst couronné d'épines et la Vierge de douleun, de l'école de Van der Weyden.

Collection A. Sambon (objets d'art «t

tableaux anciens). C'est un véritable musée d'art ancien, toutes les catégories d'objets sont représentées, que cette Collection de M. Arthur Sambon, dont la vente ne nécessitera pas moins de quatre vacations, qui auront lieu à la galerie Georgt-s Petit, du 25 au 28 mai, sous la direction de M" Lair-Dubreuil et de MM.J. Hirsch, Meyer-Riefstahl, Mannheim et Ferai.

ANCIEN ET MODEftNE

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Le catalogue illustré débute par les antiquités égyptiennes, parmi lesquelles nous remarquons : un groupe en calcaire peint, représentant un homme et une femme et provenant du tombeau de Neofrit-Abit, fille de Chéops I". Cette sculp- ture date des débuts de la III" dynastie, comme cette statue d'une pétrisseuse de pain, également en calcaire,' des mêmes époque et provenance. Citons encore : une statuette en basalte noir de la XXVI= dynastie, représentant le prophète d'Ammon, Oua-habrà, et un bas-relief en granit rouge de l'époque saïte, représentant un buste de jeune femme, à gauche. Pour le chapitre de l'art égyptien, contentons-nous de signaler encore la présence de faïences, de verreries, de sculp- tures sur bois et de bronzes.

Passons aux sculptures grecques et romaines, et notons : une statue grecque de cariatide, du siècle avant Jésus-Christ ; un satyre cymba- liste en marbre de Paros, du lu» siècle avant Jésus-Christ ; plusieurs têtes d'art grec ; un buste de Garacalla, marbre alexandrin du ni" siècle ; puis, parmi les bronzes grecs et romains : une Aphrodite «au kestos », du iv"-iii" siècle avant Jésus-Christ, et une statuette d'archer de l'épo- que alexandrine ; enfin, une tête d' Agrippa, d'art romain. La place nous est trop limitée pour que nous puissions nous étendre comme il convien- drait sur la céramique antique, vases et sta- tuettes de terre cuite, qui forme une partie fort intéressante de la collection.

Outre cette réunion d'antiquités, qui comprend encore des pièces d'orfèvrerie et des objets divers, la présente vente contient des spécimens remarquables d'art musulman : tout d'abord une série de faïences émaillées, des xiii" et xiv" siècles, des fabriques de Rhagès et de Sultanabad ; puis des verres arabes émaillés, des xiii" et xiv^ siècles ; enfin, des faïences et porcelaines orientales, de Damas et d'Anatolie, des xvi" et xvii" siècles. Auprès de cette réunion de céramiques, notons des bronzes incrustés d'or et d'argent, des xii=, xiii« et xive siècles, et des manuscrits enrichis de miniatures persanes, des xv et xvi« siècles.

Après l'art musulman, voici l'art chinois, re- présenté surtout par des peintures, et l'art japonais, qui ne se manifeste ici que par un grand paravent décoré de peintures, duxvi^siècle.

Si nous en venons aux tableaux anciens, nous remarquons : le Portrait d'une jeune princesse, peinture anonyme française du xvi" siècle ; la Mort de la Vierge, de l'école florentine du com- mencement du XV» siècle ; la Vicr je et l'Enfant

Jésus, de l'école siennoise de la fin du xiii" siècle ; le Portrait de la comtesse Friese et le Portrait du comte Friese, deux pendants, par Liotard ; une Réunion dans un palais, par Ph. Meusnier et Pater ; enfin, une suite de trois panneaux, représentant des saints personnages, de l'école d'Andréa Ver- rocchio.

Parmi les objets d'art et de curiosité qui com- posent la dernière partie de la vente, il faut encore mentionner : une série de faïences ita- liennes des diverses fabriques des xv» et xvi» siècles, dont un bas-relief, attribué à Andréa délia Robbia, représentant la Vierge agenouillée devant l'Enfant ; des porcelaines anciennes, notamment des groupes et statuettes de Saxe et de Capo di Monte; des ivoires; des bijoux du moyenâge et de la Renaissance ; des bois sculptés des xv» et xvi« siècles, d'art flamand, allemand et italien ; des sculptures, dont une Madone en haut-relief, en marbre blanc, attribuée à Mino da Fiesole ; enfin, des bronzes italiens des xv» et xvi» siècles.

N'est-il pas vrai de dire qu'elle constitue un véritable musée d'art ancien, cette collection Sambon, dont la dispersion ne manquera pas d'intéresser vivement les amateurs de toutes les catégories d'œuvres d'art du genre sérieux.

Collection Fairfax Murray (tableaux an- ciens). — On annonce, pour le 18 juin, la vente de la coIlccLion de l'amateur anglais bien connu, M. Fairfax Murray ; elle aura lieu à la galerie Georges Petit, et nous reviendrons en détail sur cette importante vacation quand le catalogue nous sera parvenu.

M. N. ESTAMPES

Ventes annoncées. A Paris. Estampes anciennes et modernes. M" A. Desvouges, avec M. P. Bihn, comme expert, dispersera, les 19 et 20 mai, à l'Hôtel, salle 10, la première par- tie d'une collection d'estampes anciennes et mo- dernes, comprenant 420 numéros.

On peut citer, parmi les œuvres les plus impor- tantes et les artistes les mieux représentés : Baudouin, Bonnet, Chardin, Demarteau, Frago- nard, Lancret, Lavreince, Moreau le jeune et surtout Watteau; et, parmi les modernes : Brac- quemond, Buhot, Chahine, Delacroix, Fan- tin-Latour, Helleu, Seymour Haden, Toulouse- Lautrec, L. Legrand, Lepère, Millet, Raffet, Rodin, Whistler et Zorn.

R. G.

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LB BULLETIN Dfc; L'Ahî

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Guillaume Régamey, 1837-1875 (galerie Bernheim jeune). Ici, l'heure est aux « rétro- spectives », peut-être afin de nous reposer des « derniers cris » de l'outrance... Après Éva Gon- zalès, r.uillaurae Uégamey ; le 22 septembre 1837, mort, à trente-huit ans, le .3 janvier 1875, ce Parisien de naissance et de nature avait reparu, comme peintre militaire, à la Gentennale de 1900, parmi les ressuscites comme Eugène Larivière, Boissard de Boisdenier, Félix Trutat, Dehodencq, Bazille et Paul Guigou, puis, en mars 1907, comme puissant dessinateur, quai du Marché-Neuf, à l'éphémère Cité des Arts : aussi- tôt, ses croquis de souvenir, à la mine de plomb, ses beaux dessins au crayon noir sur papier grenu, tels que la Forge ou le Fardier. les Démo- litions du vieux Paris ou l'Incendie, rue Mouffe- tard, nous avaient parlé d'un émule des Cazin, des Lhermitte et des Fantin-Latour (1) ; et ce sont bien les condisciples que l'élève et l'ami de François Bonvin, coudoyait à la « petite école » de cet étonnant Lecoq de Boisbaudran qui s'ingéniait, en développant la mémoire de l'œil, à former presque tous nos maîtres; ce sont les meilleurs de ceux-là qui l'accompagnaient au fameux Salon des Refusés de 1863. Ici, des crayons datés de 1855 nous montrent Fantin- Latour au Louvre ou dans sa mansarde, et très ressemblant au rarissime petit portrait gravé par Bracquemond; Horace Vernet, professant à l'École; Charles Cuisin, peignant à l'atelier; Legros, dessinant en plein-air : toute une époque disparue... Les chevaux et leurs cavaliers, le maréchal-ferrant, les grenadiers au bonnet à poil, les sapeurs barbus, les noirs turcos et les tirailleurs algériens, les Zouaves sortant de la place du Carrousel, le 29 octobre 1839, rem- plissent les pages les plus nerveusement crayon- nées. Dans ses toiles ou dans ses pastels blafards sous un ciel d'orage, l'artiste que les Cuirassiers au caôacef (1874) représentent médiocrement au Luxembourg est un peintre militaire qui re- monte volontiers à Gros, à Géricault, un réaliste qui songe aux frissons de l'aube épique pendant les soirs plus silencieux de l'Année terrible...

Auguste Lepère (chez Edmond Sagot). C'est toujours une joie pour « l'amoureux

1. Voir le Bulletin du 6 avril 1907, p. 109.

d'art », en mt';me temps qu'une belle revanche ingénue du dessin, que l'exposition des œnvreà les plus récentes de ce spirituel et modeste maître qui nous propose aujourd'hui la meilleure défi- nition de l'artiste mode.rne; et, cette année, voilà la suite logique ou le complément naturel de la collection Roger Marx, qui nous racontait de la façon la plus vivante et la plus homogène, avant sa dispersion, les quarante dernières an- nées de l'estampe contemporaine. Instinct, naï- veté, conviction, liberté du savoir : tel est le langage de quatorze eaux-fortes, voisines de trente-quatre peintures, reflet nouveau de l'heure et du ciel; et ce que le xytographe était hier, quand il gravait les Paysages parisiens '^ pour Henri Beraldi », l'aquafortiste l'est aujourd'hui quand il décrit la Seine au Pont National, la noce vendéenne, la promenade dominicale àCrèvecœur ou la vue panoramique d'Angers avec une admi- rable sensibilité dans la lumière.

Expositions diverses. A la galerie Georges Petit, nous avions déjà vu naguère M. Joseph Communal, un coloriste qui rêve de conti- nuer Diaz ou de devenir le Monticelli de la montagne et qui, pour « annexer » la Savoie au paysage français, cimente de hautes murailles de jaspe et de saphir, au risque de sacrifier l'air fluide à rémail de la belle matière. Près de lui, M. Sigismond de Nagy, peintre des paysans hon- grois, comme M. Paul-Franz Namur, symboliste encore plus ambitieux, chez Devambez, cherchent trop l'éclat au détriment de la sincérité : Char- din, s'ils l'écoutaient, pourrait leur dire bien des choses...

Chez Lorenceau, rue La Boétie, nous revoyons avec plaisir la claire palette de M. Pierre Ladu- reau, peintre de plages ; chez Tooth, les des- sins et les fines eaux-fortes de M. R.-P. Grouiller, peintre-graveur parisien, qui demande le pitto- resque aux derniers recoins du vieux Montmartre et de nos vieilles cités provinciales ; galerie Haussmann, les crayons nerveusement rehaussés et les bronzes du dessinateur Paul Jouve, illus- trateur tout désigné du Litre de la Jungle, de Rudyard Kipling, et robuste animalier d'instinct sculptural, qui doit goûter le style de Michelet; et, cette fois encore, la statuaire, l'estampe et le dessin nous ont quelque peu vengés des indis- crétions de la peinture.

Raymond Bouyeb.

Le Gérant : H. Dinis.

Paris. Imp. Ueorges l'etit, li, rue (iodot-de-U«aroi .

Numéro 626.

Samedi 23 Mai 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Inquiétantes Galéjades

Les Provençaux veulent élever un monument à Mistral : il paraît que la statue de bronze érigée sur la place du Forum, à Arles, n'est pas à la taille du poète du Hhône et de Calendal, et les projets les plus saugrenus sont présentés le plus sérieusement du monde.

Les uns rêvent de dresser au sommet du Ven- toux un agrandissement, haut de trente mètres, de la statue d'Arles, laquelle a déjà le défaut d'être un agrandissement d'une charmante sta- tuette de Théodore Rivière.

D'autres renchérissent, et voici en quels termes le Petit Marseillais se fait l'écho de leurs imagi- nations dévergondées :

« Si quelque monument durable doit être dressé parmi les fluctuations et les variations de ce monde périssable, c'est bien à la terre même de Provence, à la pierre de ses rochers qu'il faut en confier la gloire, c'est à la chaîne bleue des Alpilles qui forme l'horizon familier de la plaine de Maillane, se déroula simplement la vie idéale et biblique du poète, que doit appartenir l'honneur de conserver cette physionomie popu- laire dont le souvenir doit se confondre avec les temps. C'est, en un mot, au Lion d'Arles, ce mont rocailleux du Gaussier, isolé et superbe, qui surplombe l'immense plaine courant des monuments romains de Saint-Remy aux rem- parts féodaux d'Avignon, au cœur de ce Lion d'Arles que Mistral a chanté en strophes magni- liques dans ses Isclo d'Or, comme par un pres- sentiment de leurs destinées associées, qu'il faut appuyer la figure mistralienne...

» Tout le jardin de Provence respirera comme une Heur ouverte devant ce médaillon resplen- dissant. Et ce médaillon mégalithique, taillé dans 2.000 mètres carrés de rochers, 30 mètres de haut, -'lO mètres de large, rayonnera comme un disque de soleil sur cet horizon reposant, d'oii l'œil sur-

pris et charmé reconnaîtra de très loin, de n'im- porte quel point du segment, le poète en pleine force, le feutre en bataille, la moustache, la bar- biche et la cravate flottante, fétiche éternel de la Provence, sphinx humain ayant jeté, toute sa vie, au vent du patriotisme et de l'art, tous ses symboliques secrets... «

En vérité, ces Méridionaux outrepassent le droit qu'ils ont d'exagérer.

Jusqu'ici nous ne perdions pas une occasion de plaisanter les Allemands sur leur got'it du « colossal ». Comment pourrons-nous, désormais, reprocher ce ridicule à nos voisins d'outre-lîhin si les Provençaux leur dament le pion, en taillant les montagnes à l'effigie de Mistral ?

E. 1).

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 16 mai). M. Pascal, qui fait l'intérim du secrétariat des séances, donne lecture des lettres par lesquelles MM. Deglane, Lambert, Redon, A. Baliu. Blavette, J. Hermant, Benard, Defrasse, Forniigé et Tournaire, déclarent poser leur candidature au fauteuil laissé vacant dans la section d'architecture par le décès de M. Vaudremer.

Le prix lîossini (Poésie), de la valeur de 3 000 Ir., est attribué à M. Fernand Besnier, pour son poème intitulé : les Voir de la mer.

Le prix Trémont, de la valeur de 2.000 fr., est partagé entre MM. Imbs et Lehuédé.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 15 mai) M. Salomou Keinach lit une lettre de M. de Mély relative à l'inscription soi-disant hébraïque du retable de Roger vander Weyden, acquis l'an dernier par le Louvre. Cette inscription se com- pose de quatre mots que M. de Mély interprète ainsi ; Son œuvre de peinture Weyden a terminé.

M. le comte P. Durrieu présente quelques observa- tions et fait des réserves sur cette lecture.

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LE BULLETIN DE L'ART

M. Héron de Villefosse, de la part de M. le doc- teur Carton, correspondant de l'Académie, annonce à l'Académie le résultat des récentes fouilles de BuUa llegia. En dehors des thermes, M. Carton a entrepris de dégager un monument important dont l'emplace- ment lui avait été signalé, il y a vingt-cinq ans, par une pierre ornée de reliefs sur trois de ses faces. Ses murs ont deux mètres d'épaisseur; ses colonnes de marbre sont ornées de chapiteaux corinthiens. Dans l'intérieur, gisent des centaines d'amphores de grandes dimensions, remplies de blé, d'amandes, etc. ; des vases ou ustensiles de bronze voisinent avec une énorme quantité de verres brisés. Un incendie a détruire le toit dont les poutres, en tombant, ont écrasé le sommet des amphores. Parmi tous ces objets, s'est rencontrée une croix de bronze argenté mesurant 25 centimètres de hauteur, dont les bras portent des caractères grecs.

M. Carton pense que cet édifice, d'abord païen, a être transformé en église.

M. le comte Durrieu analyse une peinture laissée par quelque pèlerin chrétien du moyen âge dans l'église de la Nativité, à Bethléem, et représentant un heaume de chevalier dont le cimier est une tête de More. Cet emblème a été pris par les familles dont des membres s'étaient signalés en Orient dans des combats contre les Musulmans.

M. Joseph Déchelette, correspondant de l'Acadé- mie, étudie la répartition, dans les régions situées au nord des Alpes, des trouvailles d'objets de provenance grecque, italo-grecque et étrusque du vu* au iv siècle avant notre ère. Ce relevé statistique met en évidence larégularité et l'importance des relations commerciales qu'entretenaient alors indirectement les habitants des pays celtiques avec l'Italie méridionale.

Le prix Fould (5.000 fr.) est partagé entre MM. Ilébrard et Zeiller (2.000 fr.), Spalaio, le palais de Dioclétien ; MM. Ebersold et Thiers (1.500 fr.), les Églises de Conslantinople ; notre collaborateur M. Ga- briel Leroux (1.500 fr.), les Origines de l'édifice hypo- style en Grèce et chez les Romains; M. P. Macler(500 fr.). Miniatures arméniennes ; M. Ph. des Forts (500 fr.), le Château de Villebon.

La médaille de la Société centrale des architectes est attribuée à M. Plassart, membre de l'École d'Athènes, pour ses fouilles à Orchomène d'Arcadie et à Délos.

Société des antiquaires de France (séance du 13 mai). M. Lefèvre des Noettes montre comment les anciens Égyptiens ont quelquefois essayé de mo- difier le harnachement des chevaux pour leur faire traîner des voitures plus pesamment chargées.

M. Pallu de Lessert commente une inscription récemment découverte à Taoura et relative à un pro- consul d'Afrique mentionné par Apulée.

Société de l'histoire de l'art français (assem- blée générale du 8 mai). Après le discours de M. Jules Guillrey, président, les rapports de M. A. Tuetey, trésorier, et Pierre Marcel, secrétaire, la

Société nomme cinq membres du Comité-directeur. Sont élus : MM. Paul Lacombe, Jean Laran, Henry Martin, André Ramet, Louis Réau.

M. Henri Clouzot communique des documents inédits sur Jean Petitot, peintre en émail.

M. J.-J. .Marquet de Vasselot entretient la Société de quelques émaux de Colin Noylicr et de leurs mo- dèles gravés.

Musée du Louvre. L'administration des Beaux- Arts, avant de renvoyer à l'église Saint-Just de .Nar- bonne et à l'abbaye de La Chaise-bieu les tapisseries dont la manufacture des Gobelins vient d'achever si remarquablement la restauration, a voulu que le pu- blic parisien put les admirer pendant quelques jours. Elles sont exposées jusqu'au 5 juin, dans la salle des fa'iences italiennes au Musée du Louvre (Colonnade).

La grande tenture de l'église Saint-Just est une tapisserie bruxelloise du début du xvi* siècle, de la suite de la Genèse; elle représente la Création. Les deux tapisseries de La Chaise-Dieu, l'une en bande longue et étroite, l'autre en hauteur, appartiennent à la série de ta Vie du Christ et des sujets de l'Ancien Testament. Tissées en quatorze pièces, elles portent les armoiries de Jacques de Senccterre, trente- sixième abbé de La Chaise-Dieu (1492-1518).

Musée du Luxembourg. Le Times a annoncé que M. Edmund Davis avait l'intention d'offrir au gouvernement français, pour le musée du Luxera- bourg, un portrait de femme par sir John Everelt Millais, actuellement exposé à la Grosvcnor Gallery, à Londres. Millais, un des membres les plus actifs de la Pre-liaphaelite lirotherhood et l'un des meilleurs peintres anglais du milieu du xix' siècle (autrefois étudié dans la Revue par M. M. H. Spielmann, t. XII, pp. 33 et 95) a souvent exposé aux Salons français, il reçut une médaille en 18S3, mais il n'est repré- senté dans aucun musée de France.

A Angers. Les tapisseries de la cathédrale d'Angers, universellement célèbres, viennent d'être exposées dans l'ancien évêché de la ville, par les soins de l'administration des Beaux-Arts, et c'est que les visiteurs auront tout loisir de les admirer dé- sormais ; ces suites, à sujets de l'Apocalypse, de la Vie de saint Maurille, de la Passion, de la Vie de saint Martin, de saint Jean-Baptiste, de saint Saturnin, de l'Histoire de Tobie, de Samsoti, de l'Invention de la croix, de ta Vie de Notre-Seigneur, etc., s'étendent du iiv* au XVIII* siècles et forment un des plus beaux ensembles que l'on connaisse de l'art de la tapisserie.

A Nantes. La cathédrale de Nantes est dans un tel état de vétusté qu'elle offre des dangers crois- sants pour la sécurité publique. Une délégation de la Commission des Monuments historiques s'est rendue sur place pour y étudier les mesures qui s'imposent d'urgence et arrêter les travaux à entreprendre.

A l'intérieur, on va procéder à une visite minu- tieuse de la voûte de la grande nef et à la réfection

ANCIEN ET MODERNE

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des meneaux des verrières du côté nord. 11 serait cependant déplorable que toute idée artistique fût bannie de ces travaux, et que l'on remplaçât, coBame M. de Baudot la proposé, les meneaux en pierre par une armature en fer, solution évidemment écono- mique, mais qui détruirait toute la beauté architec- turale de l'édifice du coté nord. A l'extérieur, on restaurera également les contreforts nord qui mena- cent ruine.

Nécrologie. On annonce la mort de M. Marcel Cogniel, artiste peintre, décédé à Paris; de M. Alphonse Lamotle, graveur, au Havre en 1844,

élève de S. Outhwaite et d'Henriquel-Dupont, sou- vent récompensé aux Salons et qui avait obtenu une médaille d'or et reçu la croix de la Légion d'honneur à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889; de- puis 1900, il était conservateur du Musée du Havre et directeur de l'école des beaux-arts de cette ville; du peintre paysagiste Eugène d'Argence, mort le 8 mai à Issy-les-Moulineaux ; à Paris, élève de Eug. Giraudet et de liusson, il débuta au Salon de 1881 et devint, après la scission, un des habitués des expositions de la Société nationale; il avait été récompensé d'une mention honorable à l'Exposition universelle de 1889.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente de la collection Roger Marx (tableaux, etc. Liste des -prix).

Nous avons déjà signalé les résultats de la seconde et de la troisième ventes de la collection Roger Marx. Contentons-nous de rappeler qu'elles ont produit ensemble un total de 773.160 francs, dont 710.170 francs pour les tableaux, dessins et sculptures, qui composaient la seconde vente, et 62.990 francs pour les objets d'art, qui compo- saient la troisième vente. Les estampes modernes, ayant fait l'objet d'une vente précédente, qui a produit un total de 261.900 francs, la collection Roger Marx a donc réalisé un peu plus d'un million, chiffre auquel il y aura lieu d'ajouter le produit d'une vente de tableaux et de dessins qui aura lieu en juin, à l'Hôtel Drouot.

PRINCIPAUX 'PRIX

Tableaux modebnïs. Carrière ; 9. Portrait d'Ed- mond de Goncourt, 6.100 fr. (dem. 5.000). 11. La Leçon d'écriture, 11.200 fr. (dem. 8.000). 15. Mary Cassatt. La Femme au tournesol, 15.500 fr. (dem. 12.000). 23. Fantin-Latour. les Brodeuses, 5.800 fr. (dem. 4.000). 28. Gauguin. Femmes .nues au bord de l'eau, 10.050 fr. (dem. 7.000). 57. Lépine. Le Petit bras de la Seine, quai de liétliune, 5.865 fr. (dem. 5.000). 60. Manet. La Sultane, 74.000 fr. (dem. 60.000). 61. Cl. Monet. Le Pont d'Argenteuil, 6.700 fr. (dem. 6.000). 68. Henoir. Jeune femme en bleu, 6.000 fr. (dem. 4.000). 73. L. Simon. Bigou- dènes, 7.000 fr. (dem. 5.000). Toulouse-Lautrec ;

75. Dans le lit, 15.000 fr. (dem. 10.000). 76. Au Moulin-Rouge, 5.100 fr. (dem. 5.000).

Pastels, aquabelles, dessins. 101. Mary Cassait. La Lecture, 6.500 fr. (dem. 5.000). Degas : 122. Dans l'atelier de la modiste, 12.000 fr. (dem. 10.000). 124. Trois danseuses, 9.100 fr. (dem. 6.000). 125. La Toilette, 101.000 fr. (dem. 80.000). 126. Femme se grattant, 6.000 fr. (dem. 5.000). 127. Groupe de danseuses, 6.800 (dem. 10.000). 136. Fantin-Latour. Jeune femme à l'éventail, 9.800 fr. (dem. 6.000). 181. Puvis de Chavannes. La Paix. Étude pour les décorations du musée d'Amiens, 17.500 fr. (dem. 10.000; ce dessin, racheté par les héritiers, ainsi que le Bul- letin l'a annoncé dans son dernier numéro, a été offert par eux au musée du Luxembourg.) 194. Re- noir. Femme en rose, 15.500 fr. (dem. 8.000). Tou- louse-Lautrec : 216. A l'Opéra, 9.200 fr. (dem. 10.000).

218. La Boue, 5.300 fr. (dem. 5.000). 222. La Blan- chisseuse, 7.000 fr. (dem. 3.000). 224. Dans l'atelier {Portrait de M. S...), 8.500 fr. (dem. 8.000).

Sculptures. Aug. Rodin : 249. Le Baiser (1886), br., 20.300 (dem. 15.000). 250. Désespoir, marbre, 4.900 fr. (dem. 5.000). 251. Cariatide (1891), marbre, 10.000 fr. 2Ï2. Femme nue, 16.000 fr. (dem. 8.000).

253. Femme à l'épine, 15.100 fr. (dem. 5.000). Objets d'abt modernes. 74. E. Galle. Verrerie,

Eaux dormantes. Urne de verre bleu efvert, 5.060 fr. (dem. 3.000).

Ce dernier prix est la seule enchère supérieure àb.OOO francs que l'on trouve à relever parmi les objets d'art modernes ; nous avons dit, en annon- çant la vente, quel était l'intérêt particulier de ces objets d'art, tous dus à des artistes contem- porains, dont les œuvres n'avaient pas encore

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LE BULLETIN DE L'ART

passé aux enchères publiques. Il faut reconnaître que leur tenue générale a été remarquable et que plusieurs d'entre les numéros vendus ont été fort disputés.

Vente d'objets d'art. Dans une vente anonyme, dirigée, salle 1, les 12 et 13 mai, par M" Lair-Dubreuil et Baudoin et MM. Mannheim, notons le prix de 18.000 francs obtenu par le n" 78, un calice en argent repoussé et gravé, à motifs religieux, avec inscriptions, vendu sans indication d'époque. Cette vente a produit un total de 76.987 francs.

Succession de M°>« H... (tableaux, etc.).

Cette vente, dirigée, salle 6, du 14 au 16 mai par Lair-Dubreuil, assisté de MM. Mann- heim, P'éral, Falkenberg et Linzeler, a produit 254.847 francs.

PRINCIPAUX PRIX

F'aiencks. 43. Delfl. Deux bout., décor de Heurs, 6.610 fr. 50. Faenza. Deux bout, de pharmacie, Lucrèce et Saint Jérôme, 5.000 fr.

Meubles. 190. Commode, marquet. de coul. à damier, ornée br., signée: L. Aubry,ùtiép. Louis XV, 10.100 fr. (dem. 10.000 ; rest.).

Tapisseries. 218. Tapisserie d'Aubusson, ép. Louis XV, le Jeu du cheval fondu, fond de verd., 21.505 fr. (dem. 20.000). 219. Tapiss. d'Aubusson," ép. Louis XV, Chasseur tirant un oiseau, etc., 16.050 fr. (dem. 12 600).

Tableaux .modernes. 250. Corot. Maisons au bord d'une rivière, 6.150 fr. (dem. 6.000).

Tableaux anciens. 264. École allem., xvi' s., Portrait d'Ulrich Zwingli, 8.000 fr. (dem. 8.000). 265. École flam., xvi» s. La Vierge et l'Enfant, 5.800 fr. (dem. 5.000). 276. Van der Heyden. Intérieur de ville, 10.000 fr. (dem. 5.000). 280. Isaac Kœdyck. Intérieur hollandais, 9.200 fr. (dem. 8.000).

"Vente de M™» X... (tableaux, etc.). Faite, salles 7 et 8, le 15 mai, par Bignon et M. Ba- taille, celte vente a produit 160.000 francs et donné lieu à quelques enchères dignes de remar- que, surtout dans la catégorie des tapisseries.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux. 18. Corot. Marais aux environs d'Ar- ras, 8.700 fr. (dem. 12.000). 19. Daubigny. Les Bords de l'Oise à Saint-Leu, 8.000 fr. (dem. 12.000).

Tapissebies. 101. Tapiss. d'Aubusson, xviii* s., paysage animé, chasse au lièvre, 8.400 fr. (dem. 12.000). 102. Tapiss. des Flandres, xvu* s., concert devant un palais, bord., 18.000 fr. (dem. 20.000; par- tie refaite). 103. Tapiss. tlam., xvii* s., l'Enlève- ment de Bacchus, bord., 20.000 fr. (dem. 20.000). 105. Tapiss. Uam. Renaissance, la Visite du marchand de bijoux, 13.000 fr. (dem. 25.000). 106. Tapiss.

flam. XVI* 8., scènes de chasse au cerf, bord., 20.405 fr. (dem. 20.000).

Succession de la baronne de H... (objets d'art, etc.). L'ne seule en(Aère à noter dans cette vente, faite salle 1, le 15 mai, par M" Boudu et M. Bertier, celle de 0.505 francs pour une tapisserie de Bruxelles du xvii« siècle, à sujet de VHktoire d'Ulysse.

"Vente de la collection H. Kullmann (ta- bleaux modernes). La vente de la Collection Herbert Kullmann, de Mancliester, avait fait l'objet d'un catalogue illustré qui nous est parvenu trop tard pour qu'il nous ait été possible de parler ici des tableaux, appartenant au genre moderne le plus avancé, qui s'/ trouvaient décrits. On y rencontrait même une page connue du peintre douanier Henri Rousseau, de fameuse mémoire. Cette Chasse au tigre qui, à un Salon d'automne, si nos souvenirs sont exacts, voisinait avec des œuvres d'Ingres, a trouvé acheteur en la personne des experts dirigeant la vente, pour 7.500 francs, sur la demande de 8.000. La vacation, dirigée salle 1, le 10 mai, par .M" Baudoin et MM. Bern- heim jeune, à produit 112.020 francs.

PRINCIPAUX PRIX Tableabx. 2. Cézanne. Le Village à travers Us arbres, 28.000 fr. (dem. 23.000). 6. Van Gogh. L'Escalier à Anvers, 12.300 fr. (dem. 12.000). A. Renoir: S. Baigneuse, 38.500 fr. (dem. 35.000). 9. Au bord de la rivière, 7.800 fr. (dem. 5.000). 10. Henri Rousseau. Éclaireurs attaqués par un tigre, 7.500 fr. (dem. 8.000).

Vente de bustes par Houdon. Il nous suffira de donner les résultats de cette vente que nous avons annoncée avec détails et (jui a eu lieu, le 18 mai, par le ministère de M' Des- vouges et de M. (liacoinetti.

Bustes par HounoN. 1. Claudine Houdon, terre cuite, 20.100 fr. (dem. 15.000 ; patine post.). 2. Houdon par lui-même, terre cuite, 9.200 fr. (dem. 18.000). 3. Anne-Ange «oudon, plâtre, 25.400 fr. (dem. 30.000). 4. Houdon par lui-même, terre cuite, 35.100 fr. (dem. 40.000).

Succession Clavière (objets d'art, etc.). Dans les résultats de cette vente, qui a produit 45.600 francs, salle 2, le 18 mai, sous la direction de A. Couturier et de M. Guillaume, nous ne trouvons à signaler que deux prix, celui de b.OOO francs pour un secrétaire d'époque Louis XV, en marqueterie à fleurs, et celui de 5.200 francs pour une commode de même époque, égalenipnl en marqueterie et avec bronzes.

ANCIEN ET MODERNE

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Succession Charles André (dessins, objets d'art). La vonte Charles Aiulré, annoncée ici même avec détails, et faile les 18 et 19 mai, par Henri Baudoin et MM. Ferai et Mannheim, s'est terminée sur un total de 176.01 7 francs; nous donnerons prochainement la liste des enchères principales, presque toutes obtenues par les tapisseries, et dont la plus importante 46.000 francs a été pour une Chasse allégorique au cerf, tenture française du xv" siècle, dont on demandait bO.OOO francs.

Vente de la collection Antony Roux (pein- tures, sculptures et objets d'art anciens et modernes). De même, le manque de place nous oblige à remettre à une prochaine chronique le compte rendudétaillédelavente Antony Roux, précédemment annoncée ici.

La première vacation, faite le 19 mai. et con- sacrée aux peintures, a produit 80.3 .330 francs. Les plus beaux prix ont été pour les Corot, les Gustave Moreau et les Ziem ; une vue de la Sainte, de ce dernier, a atteint 64.000 francs, sur demande de 70.000.

La seconde vacation, faite le 20 mai, a produit 291. 46S francs; elle comprenait les sculptures, qui ont donné, à elles seules, 260.000 francs, et les objets d'art. Citons, en particulier, le prix de .34.000 fr., sur demande de 20.000, atteint par la Femme et la fleur, statue pierre, de Rodin.

Ventes annoncées. A Paris. Galerie Crespi, de Milan (tableaux anciens). La chronique artistique a eu maintes fois l'occasion, en ces dernières années, de s'occuper de la galerie Crespi, de Milan, bien connue de tous ceux qui ont visité cette ville, comme de tous les amateurs d'ancienne peinture italienne. La dispersion de cette collection aura lieu, à la galerie Ceorges Petit, le 4 juin, sous la direction de M*' Lair- Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Trotti et C'" et de M. Ferai.

Il ae nous appartient pas de faire l'éloge du catalogue illustré que nous avons dressé en col- laboration avec notre ami Dacier, à l'occasion de cette vente. Mais nous pouvons tout au moins féliciter l'imprimerie Georges Petit du soin qu'elle a apporté à la typographie et à l'illustration de ce gros volume.

Dans la préface de ce catalogue, préface dont nous avons tiré la matière d'un article pour le numéro de la Revue de ce mois, nous avons rap- pelé le souvenir de la galerie, largement ouverte au public, et qui fut, pendant un bon quart de

siècle, une des curiosités de Milan, expliqué à quel heureux concours de circonstances elle avait son développement si rapide et si impor- tant, indiqué, enfin, les difficultés que ses pro- priétaires eurent à surmonter pour la faire sortir de l'Italie, par les voies licites, une fois que la vente en eût été décidée. Pour plus de rensei- gnements, nous renverrons donc le lecteur à cette préface, et aussi au corps du catalogue, oi!i chaque numéro est accompagné de références fort nombreuses, rappelant les auteurs qui l'ont spécialement étudié. Contentons-nous, ici, d'en signaler les pièces les plus importantes.

Ce sont tout d'abord, du côté des écoles d'Italie des xv et xvi= siècles, les plus abondamment représentées dans la galerie Crespi : un Saint Sébastien, de l'école d'Antonello de Messine; la \ ierge à la ferronnière et l'Adoration des Mages, par le Bacchiacca; la Vierge et l'Enfant dans un paysage, par Bartolommeo Veneto; une Vierge avec l'Enfant, entre saint Sébastien et une sainte martyre, par Marco Basaïli; la Vierge à l'oiseau, pur Boccaccio Boccaccino ; la Vierge au turban, par le » Pseudo-Boccaccino »; la Vierge au livre, pni Boltraffio; un Berger et une nymphe couronnés par un amour, par Pu ris Bordone ; ta Nativité, par l: Borgognone; la Fuite en Egypte, par Giulio C impi ; uue Sainte Famille, par Francesco Caroti ; 1 l'ortrait présumé d'un luthier el la Vierge allai- tmt l'Enfant, par Bernardino de' Conti; «Mater amahitis», parle Corrège ; le Portrait d'un seigneur, par Batlista del Dosso ; une Pietà et la Vierge au coussin bleu, pur Gaudenzio Ferrari; une Vierge à l'Enfant tenant un Zirj-e, par Foppa; Sainte Barbe, par Francesco Francia; un triptyque : la Nativité et des saints personnages, par Ridoifo Ghirlandujo; la VJt'j'yc à la grenade et la Vierge avec l'Enfant Jésus et le petit saint Jean, par Gianpielrino; une Sainte Conversation, par Innocenzo da Imola; la Calomnie d'Apelle, par Leonbruno ; la Vicige adorant l'Enfant, par Libérale da Verona; la Vierge et l'Enfant adorés par des saints person- nages, par Don Lorenzo Monaco; une Sainte Famille et le Portrait de Niccolo Leoniceno, célèbre médecin de Ferrare, par Lorenzo Lolto ; un Saint Jérômeetle Rédempteur, par Bernai dino Luini ; le Christ en croix entouré de saints personnages et la Purification, de l'école du même maître; le Cou- ronnement de la Vierge, par Giovanni Mansueti; une Déposition de la croix avec les portraits des donateurs, par Marco Marziale; la Résurrection de Lazare, par Mazzolino ; la Madone Crespi, attribuée à Michel-Ange ; la Vierge à l'Enfant avec une sainte

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LB BULLETIN DE L'ART

religieuse et un chartreux, par Cristoforo Morettis; la Visitation, par le Moretto da Brescia; deux triptyques par Marco d'Oggiono, l'un représentant la Vierge et l'Enfant avec deux donateurs et leurs saints patrons, l'autre un Saint évique, entre saint Gualbert et sainte Claire : ces deux triptyques, superposés, formaient originairement un grand retable d'autel; et encore un Saint Etienne et un Saint Bonaventure, également par Marco d'Og- giono; le Christ ressuscité, par Palma Vecchio; un triptyque à saints personnages et une Annon- ciation,en deux tableaux, par Albertino et Mar- tine Piazia ; la Sainte Famille avec saint Antoine de Padoue, et ta Vierge avec l'Enfant et le petit saint Jean, par Bernardino Ijcinio, dit le Porde- none ; te Christ portant la croix, par Homanino ; Saint Paui et saint Jacques le Majeur, et Saint Sébastien et saint Matthieu, par <îirolamo da Santa Croce ; la Nativité, par Savoldo ; la Madone Pilti, l'a Addolorata », un Ecee Homo et un Christ bénissant, par Andréa Solario ; une Déposition de croix, de l'école de Paul Véronèse ; la Vierge de i'v Ave Maria «, de rateli«r de Léonard de Vinci ; et le Christ au tombeau, adoré par deux anges, par Bartolommeo Vivarini.

Dans la seconde partie delà collection, com- prenant les tableaux des écoles d'Italie et d'Es- pagne, des xvi)' et xvni« siècles, on remarquera quatre vues de Venise : le Grand Canal et Ventrée du Canareggio, le Grand Canal entre le palais Moro-Lin et le palais Foscari, le Grand Canal en face de la Croce di Venezia, et le Grand Canal devant S. Stae, par Antonio Canaletto ; la Flagel- ialion, par Daniele Crespi ; Portrait de Fartiste et une Scène de genre, par Gfuseppe Maria Crespi; 'deux Paysages animés, par Francesco Guardi ; un Saint Jérôme, par Ribera ; la Vision de Sainte Anne, par G. B. Tiepolo, l'esquisse du mfime tableau, et encore, du mf-me maître, îa « Beata Ludvina » ; la Communion de sainte Lucie, par Sebastrano Ricci ; et deux Pastorales, par Zucca- relli.

Enfin, dans les tableaux des écoles allemande, flamande et hollandaise, qui composent la troi- sième partie, il nous faut citer le Portrait du théologien Antoine de Wale, recteur de l'Académie de Leydc, par David Bailly ; l'Escamoteur, par Jérôme Bosch ; le Poi'trait d'un jeune seigneur, par B. Bruyn ; une TlHe de Vierge, par Cranach le Vieux ; une Pietd, d'après Quentin Mëtsys, «ft la Vierge à l'Enfant, avec saint Joseph, saint Paul et un donateur, par Tiogier ran der Weyden.

Après une telle éntimèration, il e^ superihi

d'insister sur l'intérAl particulier qu'offre aux amateurs de tableaux anciens la dispersion de la galerie Crespi. Certains des noms qu'elle pré- sente sont de ceux rjue l'on a de moins en moins l'occasion de rencontrer dans les ventes publi- ques, où, à Paris, plus encore tju'à Londres, les vieux maîtres italiens n'apparaissent guère qu'à de rares intervalles. Aussi la vente Crespi, dont il a été si souvent question avant qu'elle ne fût même décidée, est-elle attendue avec impatience par les musées et les collectionneurs, qui auront une chance, qui ne se retrouvera pas de sitôt, de compléter leurs séries par des œuvres répu- tées et dont, longtemps encore, on chercherait vainement l'équivalent.

A Amsterdam. Tableaux auciens. Un fort volume, Uès abondamment illustré, nous apporte l'annonce de la vente que dirigeront, à Amsterdam, MM. Fred. Muller et C'*, les 26 et 27 mai. Cette vente comprend deux parties : d'abord Ja Galerie Rudolf Peltzer, de Cologne, puis des tableaux de diverses provenances.

Quelques mots, placés en manière de préface en tête du catalogue, rappellent l'importance du commerce des tableaux anciens h Cologne vers le milieu du xjx" siècle, c'est-à-dire à l'époque fut composée la galerie Rudolf Peltzer. Celle- ci, riche ici de près de trois cents numéros et encore comprend-elle une seconde partie qui formera l'objet d'^i>e vente ultérieure, est un véritable musée dominent ieeëooles du A'ord, les maîtres primitifs des éoel«s «Demandes, de l'écol* de Cologne -surtout et de l'éoole 'ftsmande, puis tes maîtres des écoles des Pays-Bts da XVII" siècle. Il nous est vraiment impawiUe, dans le peu de place dont nous disposons, de passer la revue d'nn aussi vaste ensemble, et force nous est de renvoyer ati catalogue, copieu- sement documenté, la plupart des ««mépos sont reproduits.

Tirons de pair, parmi oeni-ci : un Portrait de femme, par le «Maître du Soinï Severin»'', des portraits, par Cratrach 4e Vien-x et par François Pont'bus le Jeune; la Partie de musique, par P. 'Cadde; des portraits, de G. Coques et de A. Palamedesz. ; une tiHe de Saint Jean, par Vaa Dyck ; des natures mortes de J. Weeiiix etde F yt; un paysage, le Tertre, par Van tioyen ; le Portrait pi-ésumé au pervtre Janstm van Ceulen, de son épouse et de mn enfant, par Adriaen Hamiemon ; afm.se sauvé des eaux, parCornelis Holslevu; une nature moite la seule connue de Matthijs

ANCIEN ET MODERNE

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Naiveu ;une Famille dépaysant, par J. van Ostade ; deux portraits, homme et femme, par J. A. van Uavesteyn; le Fossé, par S. van Ruysdael; enfin, les a Rhftoiiqueicrs », par J. Steen, page célèbre du maître qui a figuré aux « Trésors d'art », à Manchester, en 1857.

Dans la seconde partie de la vente, notons : deux natures mortes, par W. Van Aelst; des paysages ou marines de Backhuysen, A. van der Neer, Berckheyde; une TMe de jeune garçonriant, par Salomou de Bray ; la l'artie de Musique, par J . Duck ; tes Syndics de la Confrérie des marchands de vin à Amsterdam, page importante de Nicolas Elias, dit Pickenoy ; une Vue de la ville d'Arnhem, l'Orage et l'Hiver, par J. van Goyen ; la Fêle au château, par Dirck Hais ; le Portrait d'une dame de la famille Deljaart, par P. Hennekijn; un Vieux château dans la verdure, par J. van der Heyde ; la Collation, par P. de Hooch, qui provient de la collection Steengracht; un Vaste paysage panoramique, par Ph. Koninck; un Portrait de famille, par Judith Leyster; deux portraits par Nicolas Maes; le Portrait de Engelbcrt II, comte de Nassau, par un maître primitif du xv" siècle; le Moulin à eau, par Jacob van Huisdael; la Leçon de lecture au chat et les Joueurs de boules, par J. Steen; les Portraits du peintre, de son épouse et de son enfant, deux pendants, par David Teuiers; des marines de Willem van de Velde le .jeu.iie et de Simon de Vlieger, et un Bord de mer, par Phi- lips Wouwermans.

Vente très importante comme on voit, pour les amateurs des anciens peintres des écoles du Nord, se rencontrent des spécimens de maîtres rares du xvii" siècle hollandais.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Alessandro Magnasco (galerie Levesque). Ce n'est pas un futuriste de l'Italie contemporaine et de nos Salons des Indépendants; c'est un peintre génois de jadis, dont notre Louvre ignore tout, l'origine obscure et l'originalité curieuse, les dates (1667-1749) et le nom. Son talent sombre attire l'historien, car il n'est pas seulement «un moment de la sensibilité humaine », c'est-à-dire de l'histoire de l'art qui la reflète sans trêve en recommençant indéfiniment son long cercle d'efforts, mais l'aveu d'une âme singulièrement personnelle et sourdement passionnée, parmi les

poncifs nouveaux de son temps. En nous montrant l'Italie des grottes et des ruines, des idylles funèbres et des intimités fantastiques, ce Génois complète et corrige le chapitre plein d'ombres de l'invasion du réalisme tragique dans l'art ita- lien, longtemps céleste et si pur chez ses primi- tifs et ses maîtres. Comme les hambochades des Hollandais italianisés, comme autrefois les menus décors des ryparographcs alexandrins de Pompéi, son œuvre alterne donc entre le paysage et le genre; mais la mélancolie de son ciel dramatise aussitôt tout ce qu'il emprunte : sans doute, ses paysages peuplés de bergers ou de brigands attes- tent ce que le ragoût d'un Salvator Rosa gardait de la cuisine bolonaise ; mais ses ruines présagent ce que l'ingéniosité d'un Pauini saura transmettre à nos poètes descriptifs de la palette, Fragonard, Hubert Robert et Joseph Vernet;dans leurs fonds de topaze crépusculaire et de nocturne saphir et sur leurs premiers plans mouvementés, ses marines avouent l'héritage de ce Pieter Molyn, le Jeune, surnommé Tempesta, qui vécut à Gènes; mais le Sermon de saint Antoine de Padoue aux poissons est une marine à la fois historique et romantique que Tempesta ne soupçonnait guère. Sans doute, ce peintre de genre a peint des auberges et des couvents, des ateliers et des corps de garde, des mascarades et des bacchanales, des arlequins et des faunes, des reîtres et des moines, des bandits et des rustres ; mais, supérieurs à tous leurs voisins, ses religieux aux mains décharnées s'élèvent volontiers d'un humble labeur ou d'un repas frugal à la prière et de la prière à l'extase; et l'Enterrement d'un moine (1703), la Réunion extatique de 1712, une petite Crucifixion, surtout la Mort de saint François, sont la meilleure apologie de cette grisaille fauve et zébrée d'éclairs de pâte sèche sur un fond noir d'orage ou de nuit : ainsi la morose Italie du Caravage se trouve apparentée à l'Espagne toujours pathétique, du Grèce à Goya. Féconde leçon d'art et d'histoire que ce Génois tardivementressuscité par l'érudition de M. Benno Geiger(l) oppose à la claire insouciance de notre impressionnisme !

Italico Brass (galerie Georges Petit). Expo- sitions diverses. Très inégales de facture et de format, plus de cent toiles, consacrées à Venise par un peintre autrichien de Goritz nous ont rappris le nom de .M. Italico Brass, qui passa fort inaperçu tant à nos Salons depuis 1894 qu'à

(1) Alessandro Magnasco (Berlin, 1914).

168

LE BULLETIN DE L'ART

la section italienne de la Décennale de 1900 : adroit, mais superficiel, c'est un vériate qui n'af- fiche point les prétentions tapageuses des roman- ciers ou des musiciens d'outre-monts; c'est un explorateur, amusant parfois, et toujours amusé, de la Venise réelle et vivante, de ^es monuments, de ses baraques, de ses illuminations, de ses cafés, de ses mascarades et de ses filles au châle ingénument provocant ; c'est un spectateur qui rédige, pour la nécropole des Doges, la chronique journalière qu'un Sorolla y Bastida tient plus ardemment pour son Espagne et qui laisse le frisson du mystère nocturne au raffinement des Sickert ou des Innocenti.

En face de la Venise d'aujourd'hui, l'exposition rétrospective des Peintres de Venise des xvin* et xix" siècles, qui vient de s'ouvrir à la galerie Brunner (Id, rue Royale), au profit de l'oeuvre de « la Fraternité artistique », nous offre une réunion suggestive, depuis Tiepolo et Ganaletto jusqu'à Bonington, Corot et Whistler. Nous en reparlerons prochainement.

Raymond Bouykr.

LES REVUES

Russie

Staryé Gody (janvier 1914). —S. Eknst. Lossenko et son œuvre. Comment juger, aujourd'hui, ce peintre académique, élève, à Paris, de Hestout et de Vien.

Baron N. Wranoell. Notes sur la peinture espa- gnole à l'Ermitage. Examen de chaque tableau de celte série impartante.

S. Iaiikmitch. Les .Manuscrits à miniatures de la Bibliothèque impériale publique de Saint-Péters- bourg. — A propos du centenaire de la Bibliothèque. Indication sommaire des principaux manuscrits français et italiens (iiii'-xvi* siècles).

A. CiiAMBEBS. Exposition de dessins français de la fin du XVIII' siècle et du commencement du XIX'. La seconde exposition annuelle du Musée Stieglitz, à Saint-Pétersbourg, a été constituée au moyen de dessins français, provenant de l'ancienne collection Bcurdeley.

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Numéro 627.

Samedi 30 Mai 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

L'Affaire du pont d'Héricy

(Suite.)

Nous avons laissé cette curieuse affaire au moment le préfet de Seine-et-Marne allait saisir la commission départementale des sites (t ).

Disons tout de suite que cette commission, réunie le 17 avril, s'est montrée sourde et aveugle : les protestations soulevées par le projet d'un pont en fer sur la Seine, entre Héricy et Samois, ne l'ont pas émue le moins du monde, et elle « n'a pas cru devoir émettre un avis défavorable au projet, qu'elle considère comme le moins critiquable au point de vue esthétique ».

Tout de même, le préfet voulut dégager sa responsabilité. Il avait pour lui une première déli- bération du Conseil général, l'avis de la commis- sion des sites, les délibérations des conseils municipaux d'Héricy et de Samois, les rapports du service des ponts et chaussées ; il se refusa à laisser entreprendre les travaux avant une nou- velle approbation du Conseil général. Il y avait un petit espoir encore pour les amis du paysage menacé.

Cet espoir, ils ne le gardèrent pas longtemps. Comme on pouvait le craindre, le Conseil géné- ral, éclairé par tant d'avis favorables au projet, refusa de revenirsur sa première décision. C'était fini ; le dernier mot restait aux politiciens et aux ingénieurs, associés, une fois de plus, pour sacca- ger un beau site ; et les travaux allaient com- mencer, quand soudain, cette semaine même, l'affaire entra dans une nouvelle voie.

Un certain nombre d'habitants d'Héricy protes- tent contre l'emprunt de cent mille francs que la commune a été autorisée à contracter pour la construction du fameux pont et contre* l'impôt extraordinaire de 32 centimes additionnels, que les contribuables devront supporter à cette fin pendant cinquante ans. Ils protestent d'autant

(1) Voir le 624 du Bulletin.

plus vigoureusement qu'ils découvrent aujour- d'hui, à l'établissement du pont, des conséquences inattendues : ce pont une fois construit, il faudra lui ouvrir une voie d'accès, et pour ce faire, agrandir la principale rue du village, ce qui demandera bien une seconde centaine de mille francs de frais, nécessités par les expropria- tions, et ce qui doublera les centimes addition- nels à percevoir sur les habitants. On conçoit sans peine que certains de ceux-ci rechignent à ces taxes extraordinaires, étant donné la parfaite inutilité de la dépense.

Pour donner une base à leurs revendications, ils se sont appuyés sur l'article 40 du décret du 11 juin 1806, en vertu duquel un particulier, lésé dans ses droits ou sa propriété par l'effet d'une décision du Conseil d'État rendue en matière non contentieuse, peut saisir le chef de l'Ktat d'une requête tendant à ce que l'affaire soit renvoyée, s'il y a lieu, soit devant le Conseil d'État, soit devant une commission.

La requête des protestataires a été remise le 25 mai au Président de la République, qui dira si les contribuables de la commune d'Héricy lui semblent ou non lésés et si leurs intérêts doivent ou non être examinés à nouveau par le Conseil d'État.

Tout cela, dira-t-on, n'a que de lointains raj.- ports avec la protection des paysages comme ou l'entend, ou plutôt comme on devrait l'entendre généralement. Mais, dès que ceux qui ont la charge de défendre les beautés naturelles se dérobent à leur devoir, tous les moyens légaux sont bons de contrecarrer un projet néfaste et d'autant plus odieux qu'il est plus inutile.

Si donc le Président de la République renvoie l'affaire au Conseil d'État et que le Conseil, en présence des protestations soulevées parle projet du pont d'Héricy, casse l'arrêté du préfet de Seine-et-Marne autorisant les travaux, nous ne serons pas les derniers à nous en réjouir.

E. D.

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LE BULLETIN DE L'ART

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur. A l'occasion de l'Exposition

internationale de Gand de 1913, sont promus ou nom- més dans l'Ordre de la Légion d'honneur, sur la pro- position du ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, aux grades de :

Commandeurs : MM. Henri Martin, Weerts, peintres.

Officiers: MM. Maurice Boni pard.Guirand de Scé vola, Tattegrain, peintres; Ernest Baudin, chef des ateliers de la fabrication de la Manufacture de Sèvres.

Chevaliers : MM. Louis Braquaval,Charreton, David- Nillet, Henri Dumont, Léon Félix, Guinier, Henry Jacquier, Marcel Béronneau, Mondineu, Henaudot, peintres; Paul Steck, peintre, inspecteur de l'ensei- gnement du dessin et des musées nationaux; Jacques Froment -Meurice, Laniourdedieu, Marcel-Jacques, statuaires ; Gabriel Héraud, architecte.

Sur la proposition du ministre du Commerce :

Officiers : MM. Falcou, directeur des beaux-arts et des musées de la Ville de Paris, et Nelson, statuaire- décorateur.

Chevaliers : MM. Barbaud et Lauzanne, architectes ; Duthoit, peintre décorateur; L. Morin, dessinateur et homme de lettres; Robert, ferronnier d'art; Sudre, statuaire.

Par décret en date du 16 mai, rendu sur la proposition du ministre de» Affaires étrangères, M. Leonetto Cappiello, sujet italien, artiste peintre, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur.

Académie des beaux-arts (séance du 23 mai). L'Académie entend le» conclusions de la section d'architecture sur les titres des candidats au fauteuil laissé vacant dans cette section par le décès de M. Vau- dremer, et prend connaissance de la liste de présen- tation qui comprend les noms de MM. Bénard. Oeglane, Formigé, Lambert et lledon A ces noms, la Compagnie ajoute ceux de MM. Ballu, Blavette, Defrasse, Hermant et Tournaire.

L'Académie rend son jugement sur les prix suivants :

Prix Monbinne (3.000 fr.)., partagé entre M. H . Février et M. IL Rabaud.

Prix Chartier (500 fr.), M. A. Chapuis.

Prix Tremont (1.000 fr.), partagé entre M. Raoul Laparra et M. Marc-Samuel Rousseau.

Prix Marinier de Lapeyrouse (1.600 fr.), partagé entre M. H. Debrie, M»' Odette Fagel et M"" Doucet- Bussière

Prix Buchère (700 fr.), partagé entre M»' Marilliette et M"* Marlien.

Prix Deschaume» (1.500 fr.) partagé entre MM. Pari- zet et Uumail.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 22 mai). M. G. Bénédite, conservateur du département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, présente à l'Académie un couteau en silex

muni d'un manche en ivoire d'une grande beauté. L'intérêt de cet objet préhistorique réside dans les repréientations qui décorent le manche : d'un côté, une scène de guerre l'on voit aux prises des Égyptiens et des Libyens (cette scène e»t complé- tée par une représentation de deux flottes opposées l'une à l'autre) ; et de l'autre côté, une scène du désert, montrant un pêle-mêle d'animaux sauvages.

L'ftge de ce précieux monument est donné par l'em- ploi qui y est fait d'un typede silex à éclats réguliers dont il n'est plus trouvé trace dans les tombes de l'époque thinite C'est donc un peu avant cet âge qu'il convient de le placer.

M. Jules Maurice étudie le rôle des r.iiiii.ilpn impériales sou» Constantin-le-Grand.

Société des antiquaires de France (séance du 20 mai). M. Lauer lit une notice sur son prédéces- seur, M. l'abbé Beurlier, auteur de savants travaux sur l'antiquité classique.

M. Héron de Villefosse demande et obtient l'auto- risation de déposer au musée de Saint-Germain un buste d'Auguste, en marbre blanc, qui a été trouvé jadis à Marseille et offert à la Société, en 1872, par M. Parrocel.

M. le comte Durrieu examine les rapports entre les peintures d'un manuscrit de fite Live, dit de Rochechouart, et l'atelier de Jean Fouquet. Il étudie spécialement une miniature représentant le Forum de Rome.

M. Monceaux présente, de la part du H. P. Detattre, quelques plombs récemment trouvés à Carthage

Société pour l'étude de la gravure française. L'assemblée générale de la Société pour l'élude de la gravure française a eu lieu le 26 mai, sous la pré- sidence de M. Maurice Fenaille, président.

M. Henri Bourin, secrétaire, a donné lecture de son rapport : il a rappelé que les deux ouvrages publiés par la Société pendant la dernière année Odilon Redon, par M. André Mellerio, et l'Œuvre gravé de Gabriel de Saint-Aubin, par M. Emile Dacier se référaient aux exercices 1912 et 1913; il n annoncé l'apparition prochaine de diverses publications en cours, en particulier de VAnnuaire, dont il a fait entrevoir l'intérêt; enfin, il a rendu hommage aux membres de la Société décèdes pendant l'année.

Après lecture des comptes, par M. Jacques Doucet, trésorier, et renouvellement du bureau par accla- mations, M. le D' Daily a fait une causerie fort inté- ressante sur le physionolrace inventé par Gilles-Louis Chrétien à la fin du ivnr siècle.

Musée du Louvre. Le Président de la Répu- blique, accompagné du minisire de l'Instruction publique et du sous-secrétaire d'Étal des Beaux-Arfs, inaugurera, le 4 juin, les salles du Louvre on viennent d'être installées les collections Isaac de Camondo, sur lesquelles on trouvera une étude dan» le prochain numéro de la Revue.

ANCIEN ET MODERNE

m

En même temps, aura lieu l'inauguration du grand escalier Mollien, exécuté par M. Blavette, architecte du Louvre, d'après les plans de Lefuel.

Chronique du vandalisme. 11 y a quelques jours, des malfaiteurs se sont amusés à mutiler deux des dauphins qui crachent de l'eau dans la jolie fon- taine des Quatre-Dauphins, à Aix-en-Provence. Un journal d'Aix ayant signalé cet acte de vandalisme, particulièrement stupide, l'Association des étudiants se crut visée et protesta; mais alors, dans la nuit du 11 au 12 mai, les mêmes sauvages revinrent, et, comme pour protester à leur tour contre le mépris que leur avait témoigné l'Association des étudiants, enlevèrent dans une rue voisine la plaque de fonte d'une prise d'eau et la lancèrent sur les sculptures qu'ils brisèrent complètement.

Le plus singulier de cette affaire, remarque M. André Ilallays dansées Dé6a/«, c'est que la municipalité d'Aix a montré la plus scandaleuse incurie : aucune surveil- lance après le premier attentat, aucune plainte, aucune enquête ; l'architecte des monuments historiques (la fontaine des Quatre-Dauphins est classée) ne s'est même pas dérangé !

A Caasel. Les rues de la ville de Cassel s'élar- gissent et les vieilles demeures disparaissent. La mu- nicipalité a exproprié tout le côté nord de la rue du Marché sur le tiers inférieur de sa longueur, pour reconstruire en retrait. Cependant les édiles ont eu le bon esprit d'excepter, parmi ces maisons, les plus anciennes et les plus pittoresques de la ville, celle qu'habitèrent les frères Grimm et où. de 1805 à 1814, ils ont écrit les contes qui ont plus fait pour leur gloire que leurs travaux de linguistique. Comme cette maison, qu'on appelle aussi la o Maison des Contes », dépassera l'alignement, elle sera percée, au rez-de- chaussée, d'arcades qui laisseront passage au trot- toir. — M. Mtd.

A Londres. Le 22 mai, une suffragette a brisé les glaces de cinq tableaux des Bellini, à la Galerie

nationale, et assez sérieusement endommagé les peintures.

Presque à la même heure, deux tableaux étaient détériorés par une autre suffragette au Salon de la lioyal Academy.

Un événement qui le produit rarement, la sus- pension d'une vente publique, a eu lieu, la semaine dernière, à Londres où, après un jour de vente, la dispersion des bronzes et des sculptures de la Renais- sance de la collection Max Lyon, a été arrêtée. Quoique certains numéros aient atteints de hauts prix, les enchères ne paraissant pas en rapport avec les estima- tions des vendeurs, ceux-ci décidèrent d'arrêter la vente.

Au Canada Le Comité du tricentenairedeCham- plain ouvre un concours pour élever un monument à Samuel de Champlain, à Orillo (Canada). Le prix est de 100.000 francs. Le Canada et la province de l'Ontario offrent aussi une subvention importante. Les artistes français et anglais peuvent participer à ce concours, qui sera clos le 20 juin prochain. Pour tous renseigne- ments, s'adresser au connnissariat général du Canada, 19, boulevard des Capucines, à Paris.

En Cyrénaïque. Des soldats italiens, en creusant une tranchée à Aïn-Sciahat, ont eu la bonne fortune de découvrir un merveilleux marbre grec représentant la Vénus Anadyomène, qui comptera parmi les plus beaux antiques qui nous soient parvenus. On suppose qu'il date du iv siècle avant notre ère, et on l'estime plus près de Polycléte que de Praxitèle. Vénus est entiè- rement nue; il lui manque la tête et les bras, mais on sait, par plusieurs œuvres inspirées de cette statue, que la déesse était occupée à se coiffer.

La statue, qui a été transportée à Benghasi, sera apportée àjlome en juin prochain et sans doute destinée au musée des Thermes. M. Ghislanzoni, surintendant des antiquités en Cyrénaïque, procède à des fouilles systématiques près du lieu la statue a été décou- verte et qui devait être l'emplacement d'un temple d'Apollon. L. G.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Succession Charles André (dessins, tapisseries, etc.) Cette vente a eu lieu, comme nous l'avions annoncé, salies 7 et 8, les 18 et 19 mai, sous la direction de M" Baudoin, assisté de MM. Ferai et Mannheim. Elle a produit

un total de 176.017 francs et donné lieu à quelques enchères notables dans la catégorie des tapisse- ries gothiques qu'elle contenait.

PRINCIPAUX PRIX

DissiNs. 51. Fragonard : Le Philosophe, 5.000 fr. (dem. 5.000). 63. l.a Jolie ménagère, 4.700 fr. (dem. 5.000). 76. E. Mauet. Danses espagnoles, 5.000 fr

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LE BULLETIN DI L'ART

(deiu. 4.000). A. Watteau. Un Acteur de la Comédie italienne, 5.100 fr. (detn. 3.000).

Tapissebies. 180. Tapiss. franc., xv* s., chasse allégorique au cerf, avec deux figures de femmes, inscriptions, 46 000 fr. (dem. 50.000). 181. Tapiss. flam., ép. Louis XII, sujet de chasse, 17.100 fr. (dem. 20.000). 182. Fragment de tapiss. Oam , ép. Louis XII, nombreux personnages en présence d'un évêque assis sous un dais, 10.000 fr. 183. Fragment de tapiss. flam., ép. Louis XII, personnages en riches costumes en présence d'un souverain debout, 17.500 fr. (dem. 20.000).

Vente de la collection Antony Roux (tableaux modernes, etc.). Comme nous l'avons déjà indiqué dans notre dernière chro- nique, cette vente, dirigée, à la galerie Georges Petit, les 19 et 20 mai, par M" Lair-Dubreuil et Baudoin, et MM. G. Petit, Brame, Paulme et Las- quin, a produit 1.094.81b francs. Les résultats en sont d'autant plus satisfaisants que l'état du marché de la curiosité est plutôt calme en ce moment. Mais c'est un phénomène d'observation courante à Paris que, mi^me lorsque les trans- actions privées ont à souffrir du malaise général des affaires, la cote des œuvres d'art, à l'Hôtel Drouot, n'en subit guère les conséquences. Il suffit de parcourir la liste d'enchères que nous donnons ci-après, pour constater qu'à part quelques rares moins-values sur les estimations, pour les Alfred Stevens en particulier, les adjudications ont dépassé, et certaines de façon très notable, les demandes et que les prix se sont affirmés plus élevés que précédemment en ce qui concerne les tableaux de Corot et de Ziem et les sculptures de Rodin. Cette constatation est du meilleur augure, car elle implique, de la part des ache- teurs, de la confiance, et pour la présente saison et pour l'avenir des affaires qui ne peuvent tarder à reprendre très actives, après la période de torpeur que nous traversons actuellement.

PRINCIPAUX PRIX Tableaux modbbnes. Corot : 1. La Plage d'Yporl, 27.000 fr. (dem. 25.000; vente Doria, 1899, 20.300 fr.).

2. Pêcheur au bord d'un étang, 45.000 fr. (dem. 50.000). 3. La Charrette, entrée d'Abbeville. 37.000 fr. (dem. 35.000; vente Lazare Weiller, 1901, 17.500 fr.). 4. Le Fort Saint-Ange, 50.100 fr. (dem 50.000; vente Ernest May, 1890, 21.100 fr.). 5. Vue de Gênes, prise du palais Doria, 21.000 fr. (dem 15.000). 7. La Prairie sur la falaise, 10.200 fr. (dem. 12.000) 8. Tournant de rivière, 5.000 fr. (dem. 7.000). 9. Molhois (Oise), près Gournay-en- Bvat/, 6.000 fr. (dem. 8.000; vente Tillet. 1895,5.200 fr.l.

10. Un Corn d'étang à Ville-d'Avray, 17.500 fr.

(dem. l.'i.OOO; vente Berthelier, 1889, 3.900 fr.j. 12. . Roses dans un verre, 7.100 fr. (dem. 3.000; vente Ber- thelier, 1889, 480 fr.). 13. Saint-Nicolas-Us-Arras, 5.100 fr. (dem. 6.000; vente Robaut, 1907, 5.100 fr.).

14. Delacroix. Marocain et son cheval, 38.000 fr. (dem. 35.000). 19. Lépine. Paris vu des hauteurs de Montmartre, 9.500 fr. (dem. 8.000).

G. Moreau : 22. Moise exposé, 23.100 fr. (dem. 30.000). 23. Oresle et les Erynnies, 20.000 fr. (dem. 25.000). 24. L'Égalité devant la mort. 31.000 fr. (dem. 30.000). 25. L'Apparition, 5.400 fr. (dem. 4.000). 26. La Fiancée de la Nuit ou le Cantique des Cantiques, 8.200 fr. (dem. 8.000). 27. Hercule et l'Hydre, 6.500 fr. (dem. 10 000). 28. Femme à son lever, 11.000 fr. (dem. 8.000) 29. Femme per- sane à sa toilette, 6.000 fr. (dem. 8.000). 30. Persée et Andromède, 4.900 fr. 31. Madeleine en prière, 8.450 fr. (dem. 8.000). 32. Le Christ dans le jardin des Oliviers, 5.000 fr. (dem. 6 000).

36. Ricard. Tête de jeune femme, 29.800 fr. (dem. 30.000). Th. Rousseau : 38. Le Mont Ulanc vu de la Faucille, effet d'orage, 16.100 fr. (dem. 25.000). 39. Dernières maisons de Port-en-Bessin (Calvados), 5.000 fr. (dem. 10.000). 40. La Jetée et le port de Granville, 7.800 fr. (dem. 7.000). A. Stevens : 43. Illusion perdue, 20.100 fr. (dem. 25.000). 44. En visite, 11.500 fr. (dem. 15.000). 45. Cache-cache, 10.400 fr. (dem. 15.000). 49. Vollon. L'Hiver au bas de la Butte, 6.500 fr. (dem. 5.000).

Ziem : 53. Moulins au bord de l'Escaut, 42.000 fr. (dem. 35.000). 55. L'Entrée du vieux port à Mar- seille, 5.700 fr. (dem. 4.000). 56. Embouchure de la Meuse, 8.100 fr. (dem. 10.000). 57. Venise: San Simeone il Piccolo, 11.000 fr. (dem. 10.000). 58. Le Pont Royal, 6.650 fr. (dem. 8.000). 59. Le Rio di Palazzo, 6.000 fr. (dem. 5.000). 61. Tartane aux Martigues, 4.550 fr. (dem. 2.500). 72. Voilier en vue de Stamboul, effet du soir, 5.700 fr. (dem. 5.000). 83. Santa Maria delta Salute, 64.000 fr.'(dem. 70.000).

84. La Frégate au grand pavois, 8.000 fr. fdem. 8.000). 88. Le Pont des Arts, 5.550 fr. (dem. 4.000).

Aquarelles, etc. Barye: 89. Le Taureau,lAOO fr.

90. Éléphant marchant, 8.800 fr. (dem. 6.000). 91. Tigre royal couché, 8.000 fr. (dem. 8.000). «7. G. Moreau. Le Christ, 7.000 fr. (dem. 5.000)

ScuLPTUBES. Barye : 102-103. Tigre marchant. Lion marchant, 6.400 fr. (dem. 8.000). 109. Pan- thère terrassant un zibet, 4.600 fr. (dem. 5.000).

Rodin : 126. Jeune Fille confiant son secret à la nature, br., 12.500 fr. (dem. 8 000).— 127. L'Éternelle Idole, br., 8.300 fr. (dem. 7.000). 128. Celle qui fut Haulmière, br., 4.700 fr. (dem. 10.000). 129. Amor fugit, 8.700 fr. (dem. 8.000). 132. Les Damnées, br., 4.800 fr. (dem. 4.000). 133. L'Idylle, br.. 17.350 fr. fdem. 12.000). 134. La Femme et la Fleur, pierre, 34.000 fr. (dem. 20.000). 136. Iris, br., 4.900 fr. (dem. 7.000). 138. Fauntsse, br.. 4.700 fr. (dem. 3.500). 140. Nymphe et faune, br.. 5.750 fr. (dem.

ANCIEN ET MODERNE

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6.000). 1-44. Volupté. LesFleursdumal,hr., H.OOOfr. (dein. 12.000). 145. L'Homme au serpent, bronze, 31.600 fr. (dera. 25 000). 146. L'Homme au serpent. plâtre orig , 25.100 fr. {dem. 15.000). 147. La Bai- gneuse, br., 11.500 fr. (dem 10.000). 148. La Bai- gneuse, plâtre orig., 10.0.50 fr. (dem. 10 000). 149. Glnucus, br., 8.050 fr. (dem. 5.000).

Objets d'abt, etc. 162. Deux gr. bergères, bois sculpté et doré, ép. Louis XVI, estampille de Julien, 3.800 fr. (dem. 8.000). 163. Sept chaises, bois sculpté ciré, rectiampies de dorure, garnit, anc. tapiss. au point et au petit point, xviir s., 5.400 l'r. (dem. 5.000). 164. Commode contournée marquet. bois de coul., à tleurs et oiseaux, garnit, br., ép. Louis XV, 5.600 fr. (dem. 7.000).

Vente de tableaux anciens. Dans une vacation anonyme, dirigée salle 6, le 20 mai, par Lair-Dubreuil et M. Ferai, nous trouvons à signaler les deux prix suivants : 108. H. Robert. La Cascade, 5.100 fr. (dem. 7.000 fr.). 119. J. Vernet. Pécheurs au bord de la mer, 5.150 fr.

Cette vente a produit un total de 44.000 francs.

Vente de tableaux anciens. —Deux prixseu- lement valent aussi d'être notés parmi les résul- tats de la vente faite salle 7, le 22 mai, par M=' Lair-Dubreuil et Pecquet, assistés de MM. Ma- they et Georges Petit : 1. M.-Q. de La Tour. Portrait de femme, 29.500 fr. (Jem. 50.000). 3. École du Haut-Rhin, xv» s. La Vierge et l'Enfant- Jésus, 20.500 fr. (dem 15.000).

Produit de la vente : 60.625 francs.

Vente de la collection Bertrand de Les- seps (tableaux modernes). Cette vente, qui a eu lieu salle 6, le 23 mai, sous la direction de M" Baudoin et de M. Georges Petit, offrait l'in- térêt de faire passer aux enchères un certain nombre des peintres dits « les petits maîtres de 1830 11, dont une exposition récente nous a rap- pelé les noms et le talent. La cote n'en est pas encore bien élevée, encore qu'elle ait sensible- ment monté en ces dernières années. Dans cette vente, qui a produit 47 673 francs, un seul prix mérite d'être signalé, celui de 11.000 francs ob- tenu par le n" 76, Miss Fauvette, par A. Stevens.

Vente de la colleciion Arthur Sambon (objets d'art et de haute curiosité, tableaux, sculptures, etc ) Longuement annoncée ici- même, la vente Sambon s'est faite à la galerie Georges Petit, les 25, 26, 27 et 28 mai. Un total de 975.794 francs a marqué la fin de ces impor- tantes vacations.

Nous donnerons prochainement la liste des principales enchères. Pour aujourd'hui, tirons de

pair celle de 33.600 francs, pour un buste de Caracalla, marbre alexandrin du iit« siècle (dem. 5.000); celle de 39.500 francs, pour un gobelet en faïence persane de Rhagès (dem. 40.000); celle de 65.000 francs, pour un manus- crit des poèmes de Hafiz enluminé par plusieurs artistes persans du xvi° siècle (dem. 70.000) ; celle de 19.000 francs, pour un tabouret de bronze gravé et incrusté d'argent, travail de Mossoul, xiii» siècle (dem. 25.000) ; et celle de 49.500 francs pour la Vierge à l'Enfant, bas-relief de marbre blanc, attribué à Mino da Fiesole (dem. 60.000).

Ventes annoncées. A Paris. Collec- tion du Marquis de Biron (1" vente : des- sins, tableaux, objets d'art, etc., anciens).

Le nom que porte cette vente est celui d'un des amateurs les plus connus de Paris. La dis- persion de sa collection constitue un événement dans le monde de la curiosité. La première vente, que dirigeront, du 9 au 11 juin, à la galerie Georges Petit, U"' Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Paulme et Lasquin, Ferai et Mannheim, comprend les dessins, tableaux, sculptures, objets d'art et d'ameublement an- ciens, — à l'exception des peintures et dessins par les Tiepolo, Piazzetta et Guardi, qui forme- ront l'objet d'une seconde vente fixée, dès à présent, à la flp de l'année.

Le catalogue illustré de la présente vente, composé tout à fait dans l'esprit du catalogue de la collection J. Doucet, tant pour le soin de sa documentation que pour son aspect extérieur, fait grand honneur aux érudits, demeurés anonymes, qui l'ont rédigé, et à l'imprimerie Georges Petit qui l'a superbement édité.

La place nous est trop mesurée pour que nous puissions nous étendre comme il conviendrait, ne fût-ce que sur les pièces les plus importantes de cette collection, domine presqu'exclusive- ment l'art français du xviu" siècle. Contentons- nous d'une énumération qui donnera tout au moins l'idée de l'abondance de ce magnifique ensemble.

Tout d'abord, du côté des dessins, nous remar- quons: diverses feuilles d'études, par L.-L Boilly ; une Bacchante, un Projet de fontaine et deux feuilles d'Amours soutenant une corbeille, par F. Boucher ; une Étude d'enfant et le Garde-manger, par Chardin ; des Petits Satyres, par Clodion ; le Portrait de Jeanbon Saint-André et le Portrait d'un général de la République, par David ; un Jet d'eau dans un parc, les Jardins de la Villa Negroni,

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d Rome, une Villa dans un paysage du Midi de la France, une Péte galante, l'Étable, Notre-Dame de Paris et l'Amour de l'or, par Fragonard ; l'Amour aux colombes, par Greuze ; M""* Verhwckhoven, Joséphine Lacroix, une Étude pour « Raphaël et la Fornarine », M. Lavergne, M""-' Lavergne, une Étude pour « la Source », une feuille d'Études pour l'Enfant Jésus du « Vou de Louis Xlll », une autre d'Études pour « l'Odalisque à l'esclave » et J/me Gallois, par Ingres ; M"'« Dorizon, née Masse, Dumont le Romain, deux préparations, et une feuille d'Études de mains d'homme, par La Tour; une Étude pour l'Assomption de la Vierge, une feuille d'Études pour << le Rêve du bonheur » de iM"« Mayer et une Académie de femme, par Prud'hon ; une Scène biblique, par Rembrandt ; la Fontaine, etplusieurs sujets de ruines antiques, par II. Robert; Béatrice de Choiseul-Stainville, duchesse de Grammont, par A. Roslin ; un Portrait de femme, par Rubens ; le Triomphe de l'Amour, Gabriel de Saint-Aubin dessinant le portrait de Vévique de Chartres, une Allégorie sur le mariage de Marie- Antoinette et une Scène de théâtre, par G. de Saint-Aubin ; des Éludes de mains de femme, par G. Vanloo ; une Tête de Mezzetin, par A. VVat- teau ; enfin une préparation au pastel. Portrait de femme, et un dessin, Diderot, tous deux de l'école française du xviii" siècle.

Parmi les peintures, notons : le portrait de JM"" d'E... et son fils, par L.-E. Dubufe ; une Étude pour la tête du Pindare de « l'Apotliéose d'Homère », par Ingres ; un Portrait de jeune femme, par Lawrence ; le Parc de Saint-Cloud, le Pont, Ruines de temple antique, la Villa Médicis, Intérieur d'un édifice antique. Cascade prèi d'une basilique et Entrée dans un édifice antique, par H. Robert.

La réunion de sculptures, en terre cuite pour la plupart, n'est pas moins riche. Signalons : quatre maquettes pour les Dessus de portes du boudoir de Marie- Antoinette au palais de Fontai- nebleau, par Beauvais ; Sainte Bibiane et le Buste d'un cardinal, par le Bernin ; te Coup de vent, par Boizot; des médaillons de Chinard et de Nini; Hermès et Dryope et le Centaure et la Bacchante, par Clodion ; un Petit Buste de Voltaire, par Hou- don ; le Réveil de l'Amour, par La Rue ; un Projet pour une girandole et l'Enlèvetnent d'Hélène, par Le Comte; le Maréchal de Lowendal, par Le Moyne ; Enée et Anchise, par Le Paulre ; un Buste de femme, par Quénard ; enfin, deux ouvrages anonymes de l'école française du xvin' siècle, Diane et Endymion et une Maquette pour une statue de J.-J. Rousseau.

Bon nombre des ouvrages que nous avons déjà mentionnés, dessins, tableaux ou bas-reliefs, empruntent encore une valeur particulière aux riches cadres anciens qui les accompagnent. Mais, en dehors de ces bordures qui feront l'admiration des connaisseurs, on verra passer en vente une collection exceptionnelle, sinon unique, de cadres anciens, les uns en bronze doré et les autres eu bois sculpté et doré. Nous ne pouvons entrer dans le détail de cette riche série cinquante numéros, la plupart fort remarquables, qui va de l'époque Louis XIII à l'époque Louis .XVI, ni parler, comme il conviendrait, des bois sculptés, des socles, des gaines, etc., qui la complètent. De même nous faut-il renvoyer au catalogue pour le détail de la collection des bronzes d'ornement (le toutes sortes, qui comprend plus d'une centaine de pièces des xviie et xviii» siècles et de l'époque du Premier Empire. On voudrait pouvoir citer aussi quelques-uns des bronzes d'ameublement: chenets, brûle-parfums, candélabres, etc., des époques Louis XVI et Premier Empire, qui s'ajoutent à cette partie de la collection.

Parmi les sièges, il faut noter : un grand canapé, d'époque Louis XV, dans la manière de Nicolas Pineau; deux petites banquettes et deux tabourets ovales, d'époque Louis XVI; deux grands fauteuils, de l'époque du Consulat, par Jacob frères; et, parmi les meubles : un grand bureau plat, en bois de rose, avec bronzes, sur- monté d'un cartonnier, signé P. Garnier, du début de l'époque Louis XVI; un meuble à hau- teur d'appui, à décor en dorure de style chinois, avec bronzes, signé Héricourt, d'époque Louis XVI ; un petit bureau bonheur-du-jouren marqueterie, par Cremer; un meuble d'enlre-deux, plaqué d'ébène, à panneaux de laque dans le goiU chi- nois et garni de bronzes, par Saunier; un meuble d'entre-deux formant étagère, également avec bronzes, par le môme; un petit-bureau de dame, en acajou, avec bronze, signé Riesencr; un petit bureau bon heur-du-jour, en acajou, avec bronzes, par le même ; une commode en acajou, avec bronzes, par Levasseur; une console demi-lune, en bois sculpté, peint gris et doré; un brûle- parfums en albâtre et marbre, avec bronzes ; un grand brûle-parfums en bronze, tous ces meubles de l'époque Louis XVI. A la fin de cette même époque appartiennent une paire de grandes jardinières en marbre, ornées de bronxe ciselé, attribuées à Forestier ; et une table en stun et marbre à pieds en bronze. De la lin du xviii» siè- cle, signalons encore : un petit secrétaire à abat-

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tant, en acajou garni de bronzes, signé Lemar- chand ; un autre secrétaire, du même genre, par le mAme; et un meuble d'entre-deux en acajou et bronzes. Du commencement du xix" siècle, sont deux petites tables de travail de dame, en forme de guéridons ronds, l'une en acajou, l'autre en racine d'érable, portées sur des tré- pieds en bronze doré, par Jacob frères, sur un modèle de l'ercier et Fontaine; enfin, de l'époque du Premier Empire, signalons : une grande biblio- thèque en acajou avec bronzes ; deux meubles à hauteur d'appui et un secrétaire droit s'abai- lant, en acajou avec bronzes, par Jacob Dt'^- malter ; une commode et un secrétaire droit à abattant, en acajou avec bronzes, par Ileckcl ; un bureau plat de milieu, en acajou et bronzes, et une grande psyché en placage de racine, richement garnie de bronzes, par Jacob Des- malter.

11 serait superflu d'insister sur l'importance de cette vente. Le nom qu'elle porte, le genre et la qualité des objets qui la composent sont de sûrs garants du succès que nous aurons à enre- gistrer dans une de nos prochaines chroniques.

Galerie Crespi (2° vente: tableaux anciens).

La vacation que dirigeront, à la galerie Georges Petit, le 4 juin, M" Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de MM. Trotti et C" et F'éral, comme nous l'avons annoncé, n'aura pas épuisé ce véri- table musée de peinture ancienne qu'était la (ialerie Grespi, de Milan. Une seconde vacation, conduite par les mêmes commissaires-priseurs et experts que la première, à l'Hôtel, salles 9etiO, le 6 juin, achèvera la dispersion de cette collec- tion. Cette deuxième vente Crespi a fait l'objet d'un catalogue illustré de quelques planches, reproduisant, parmi les tableaux italiens qui forment encore ici la majorité : une Bacchanale, par Carpioni; une Vue de Venise : le Bassin de Saint-Marc, par Marieschi ; une Sainte conversa- tion, par Talpino, et le Portrait d'un homme de (juerre, page anonyme d'un maître présumé ber- gamasque du xvi» siècle; et, parmi les peintures <les écoles du Nord qui composent la secohde partie de cette vente : le Massacre des Innocents. par Karel van Mander le Vieux; la Grotte de Sainte-Marie-Madeleine, par R. Savery ; un Inté- rieur d'église, par Steenwijck le Vieux ; la Bac- i/iante au singe, par Terbruggen; la Grand'route, par A. van der Venne, et le Chirurgien, par D. Rijckaert.

M. N.

LIVRES

"Ventes annoncées. A Paris. Livres d'architecture et recueils d'ornements.

La collection que M' A. fJesvouges, assisté de M. A. Besombes, va vendre à l'Hôtel, «lu .3 au 6 juin, est une des plus importantes du genre que l'on puisse rencontrer, sans mftrae excepter les bibliothèques publiques. L'amateur qui l'a constituée, et dont tous les volumes et recueils portent Vex-lihris, M. E. Foule, a mis un demi- siècle à la réunir, et tous ces architectes et ces maîtres ornemanistes français et étrangers, de- puis le xvi» jusqu'à la fin du xviii" siècle, dont i! a rassemblé les recueils, sont devenus si rares à rencontrer aujourd'hui qu'il serait bien malaisé, pour ne pas dire impossible, à l'heure actuelle, de reprendre la tâche et de' reconstituer un pareil ensemble.

Un excellent catalogue, fort bien rédigé, fort bien imprimé et illustré, accompagné d'une table des noiris d'artistes, conservera le souvenir de cette collection, dans le détail de laquelle il nous est difficile d'entrer ici, et qui se complète par une remarquable série de livres illustrés de figures sur bois et sur cuivre, et par quelques dessins. C'est à peine si nous pourrons donner un aperçu de la richesse et de l'intérêt de cette bibliothèque spéciale, en énumérant brièvement les principales divisions du catalogue et les noms les plus importants des artistes qu'on y rencontre.

La première partie est consacrée aux ouvrages sur les beaux-arts : dessin, perspective, architec- ture, recueils topographiques, galeries ; Blondel, Hoflrand, Du Cerceau, A. DUrer, Sambin, et bien d'autres, s'y trouvent en exemplaires de choix. La seconde partie comprend les recueils d'orne- .ments propres à la décoration des monuments et aux arts industriels ; c'est de beaucoup le plus gros morceau de la collection. On y rencontre d'abord les açtistes français du xvi" siècle (Boy- vin, Delaune, Du Cerceau, Foillet, D. Mignot, Woeiriot. etc.), ceux du xvii" siècle (Audran, Bérain, Bonnart, Roquet, Bourguet, Jacquard Le Pautre, etc.), et ceux du xviii" siècle (Bou- chardon. Boucher, Choffart, les Cuvilliès, J.-Ch. Delafosse, Forty, A. Gillot, J.-B. 'Huet, Huquier, La Joue, Lalonde, Le Canu, Liard, Marillier, Mondon, Oppenord, Pillement, les Pineau, Uan- son, Salembier, Toro, Ant. W'atteau, etc.) ; vien- nent ensuite les artistes allemands des mêmes époques : Brosamer, Th. de Bry et ses fils, FbH- ner, Zundt, le Maître de 1551, Morisson, etc.; les

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artistes des Pays-Bas ont leur paragraphe spé- cial, où se remarquent les noms de Michel Le Blon, de CoUaert, de Munting, de Vredeman de Vriese ; la série des Italiens n'est pas moins bien fournie : B. Bossi, Stefano délia Bella, Paganino, Ugo da Garpi, Vecelio, etc., y sont parmi les plus marquants ; enfin, Gribelin, Pearce et Rus- sell représentent les artistes anglais.

Le collectionneur a réuni également, sous le titre de Petits Maîtres des XVI' et XVIII' siècles, 1.147 pièces d'œuvres d'artistes ornemanistes, dont les productions sont peu nombreuses, peu connues et fort rares ; ce n" 479, dont la descrip- tion ne remplit pas moins de 22 pages du cata- logue, Sera certainement l'un des clous de la vente.

Gomme on l'a déjà dit, des livres italiens à figures sur bois des xv» et xvi» siècles, des livres illustrés en tous genres des xvi«, xvii" et xviii" siè- cles, parmi lesquels plusieurs ont conservé leur belle reliure du temps ; des reliures isolées des xvii« et xviii* siècles ; enfin quelques estampes et dessins, la plupart représentant des motifs d'ornements et se rattachant, par conséquent, au reste du cabinet, complètent cette collection, dont le catalogue atteint près de 700 numéros, et dont la dispersion sera sans doute marquée par de sensationnelles enchères etpar un résultat total impressionnant. B. J.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Exposition rétrospective des h Peintres de Venise » (galerie Brunner). G'est une joie mélancolique, comme toutes les joies, qu'apporte la réalisation d'un rêve ou d'un projet caressé longtemps (1); et, dans ce Musée toujours inédit du Paysage, qui nous parlerait moins du ciel éternel que de l'homme éphémère, nous réservions une salle à ces Peintres de Venise que groupe aujourd'hui, sommairement, mais intelligem- ment, l'artistique initiative d'une bonne œuvre.

Les peintres de Venise : il faut d'abord distin- guer, car cette rubrique attrayante peut aussi bien désigner les peintres nés Vénitiens que les artistes, Vénitiens ou non, dont l'œuvre nous transmet la vision qu'ils ont retenue de la cité des Doges et de sa beauté particulière, triste- ment silencieuse et fanée comme un lendemain de mascarade... Ici, la distinction n'est pas abso-

(1) Voir, dans la Petite Revue du 15 décembre 1911, n" 1, notre étude sur Ziem et les Peintres de Venise.

lue, puisqu'on trouve quelques dessins anciens de Jean Belin, de Véronèse, de Titien, portrai- tiste précis et romanesque du sol natal de Gadore, un petit bronze de Pietro Tacca, deux pastels de la Rosalba, plusieurs échantillons de Tiepolo, ce décorateur deux fois sensuel, comme sa ville et comme son siècle, mythologique et brillant devan- cier de notre Boucher ; mais la majorité des cadres nous offre des portraits de Venise aux heures changeantes de son histoire pittoresque. Aussi bien, un même motif varie-t-il indéfini- ment, selon les points de vue ; et chaque portrai- tiste croit remporter la réalité tout entière, alors qu'il ne traduit plus ou moins littéralement qu'un aspect de son émotion. Garpaccio nous manque pour évoquer la Venise primitive et le décor naïvement anachronique de Sainte-Ursule ou de Saint-Georges ; mais, à côté de Venise à vol d'oi- seau, plan donné par la Sérénissime République à Louis XIV et venu du musée de Versailles, voici l'ancêtre Luca Carlevaris, peintre du Bwcen- taure et des fêtes, Ganaletto, dont la Salute n'est pas inférieure au grand tableau du Louvre, et son groupe, les Belotto, les Guardi, scrupuleux dans la fantaisie même et dans la liberté magis- trale des sépias ; contemporain de Tiepolo, voici Longhi, le mystérieux confident des masques ; voici les petits descriptifs, Ramberg, Joseph Nicolle, et ce Vincent Ghilone (1758-1839), que son biographe Locatelli félicite d'être « simple et vrai » : son entourage ne l'était donc pas tou- jours? Voici Gorot, discrètement argentin, comme à Gênes ; Bonington, gris perle et blond ; Joyant, déjà coloré ; Ziem, essayant ses feux d'artifice et trouvant mieux qu'à Marseille « la porte de l'Orient » ; Jules de Goncourt, son admirateur comme salonnier de 1852, lavant une rose aqua- relle au Palais ducal; Louis Mouchot, peignant Venise la bleue, à défaut de Manet; Edouard Dufeu, coloriste qu'il ne faut pas confondre avec Henri Duvieux, qui monticellise ; Eugène Boudin, leur aîné, mais qui n'entrevit les lagunes que dans sa douce vieillesse, en 1895; Whistler, enfin, l'aqua- fortiste de la réalité s'enveloppant de la magie du rêve... Et la symbolique Venise ailée de Gus- tave Moreau, qui fut l'un des joyaux donnés par le regretté Gharles Hayem au Luxembourg, aurait trouvé grâce devant Lord Byron, qui disait pré- férer la réalité lumineuse à la meilleure peinture.

Raymond Bolykr.

Le Gérant : H. Dknis. Paris. Imp. Georges Petil, l±, rue Godot-de-Uauroi.

Numéro 628.

m

Samedi 6 Juin 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

L'Inauguration des salles Camondo

Les collections du Comte Isaac de Camondo, léguées à la France par testament en date du 18 décembre 1908 et entrées en possession de la direction des Musées nationaux après la mort de l'amateur, survenue le 7 avril 1911, ont été mises, cette semaine, sous les yeux du public. Elles occupent une suite de salles aménagées avec un soin tout particulier et un goût que les visiteurs se sont plu à reconnaître. Ce don magnifique a reçu un cadre digne de lui.

C'est à la fleuue qu'il appartiendra, en une série d'articles dont le premier paraît dans le numéro de ce mois-même, d'étudier, avec tout le détail qui convient, les diverses catégories d'œuvres d'art qui composent la collection : sculptures et objets d'art du moyen âge et de la Renaissance; pastels, dessins, gouaches, meubles, tapisseries et objets d'art du xviii» siècle français; peintures, sculptures et estampes de l'Extrême-Orient; faïences françaises; enfin peintures modernes, de Corot et Delacroix à Cézanne et Van Gogh inclus.

On se bornera ici, en manière d'hommage au bienfaiteur de nos collections nationales, à rap- peler les deux circonstances qui rendent cette donation plus particulièrement précieuse aux amis du Musée du Louvre : à savoir, d'abord que la collection Camondo a été réunie, comme le dit M. Gaston Migeon dans la préface du cata- logue, « avec une intelligence constante de l'in- térêt réel du Musée », et, en second lieu, que le groupement de ces œuvres d'art en une suite de salles portant le nom du donateur ne sera main- tenu, de par la volonté même de celui-ci, que pendant une période de cinquante années ; après quoi chaque série sera fondue dans le département du Musée auquel elle ressortit.

J'ai parlé du catalogue : la collection Camondo a son catalogue, en effet, et qui était en distri-

bution le jour même de l'ouverture des salles, comme, voilà quatre ans, celui de la collection Chauchard, et comme, voilà quelques mois, celui du Musée Jacquemart-André.

Il est très bien, ce catalogue : il est sobre, il est clair et précis, il est soigneusement imprimé et illustré de bonnes reproductions. La seule chose qu'on puisse lui reprocher, c'est un manque d'unité dans sa rédaction. Ainsi, pour les sculp- tures et objets d'art du moyen âge, de la Henais- sance et du xviii» siècle, il est sec et sommaire à l'excès, puisque, dans la plupart des cas, la seule indication accessoire qu'il fournisse, en dehors du titre, de la date, de la matière et des dimen- sions de l'œuvre, est celle qui importe le moins au visiteur : la mention du numéro d'inven- taire du Musée. Par contre, pour les dessins du xviiii' siècle et les peintures modernes, il con- tient, sous la forme la plus ramassée, une foule de renseignements sur la provenance de l'œuvre, les collections dans lesquelles elle a passé, les expositions auxquelles elle a figuré, les répétitions ou préparations qu'on en connaît, les reproductions qu'on en a données, et jusqu'à des renvois bibliographiques très succincts aux ouvrages les plus importants qui l'ont citée.

Les rédacteurs de cette partie du catalogue ont poussé le scrupule jusqu'à proposer un classement des œuvres de chaque artiste d'après leur ordre chronologique, ce qui a leur demander des recherches fort longues, mais ce qui ajoute cer- tainement à l'intérêt de la collection. C'est la

bonne formule.

E. I).

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 30 mai). L'Académie procède à l'élection d'un membre titu- laire dans 1,1 section d'architecture en remplacement de M. Vaudreraer, décédé.

La section présente MM. Bénard, Deglane, For-

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migé, Lambert et Redon. A ces noms, l'Académie a ajouté ceux de MM. Ballu, Blavette, Defrasse. Tour- naire et Hermant.

Il y a trente-cinq votants dont les voix, au premier tour, se répartissent ainsi : MM. Hedon,7; Formigé,6; Bénard, 4; Lambert, 4; Tournaire, 4 ; Hermant, 3 ; Deglane, 2; Ballu, 2; Blavette, 2; Defrasse, 1.

M. Redon est élu au septième tour de scrutin, par 18 voix. Ont obtenu, en outre : MM. Tournaire, 9 ; Bénard, 6; Deglane, 2.

Par décret du Président de la République, l'ate- lier laissé vacant dans le palais de l'Institut, par la mort de M. Emile Vaudremer, est attribué à M. Louis Bernier, membre de l'Académie des beaux-arts.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 29 mai) M. Raymond Weill rend compte des fouilles qu'il a exécutées l'hiver dernier A Jéru- salem pour le compte du baron Edmond de Roths- child. Le terrain des fouilles était l'emplacement, aujourd'hui abandonné, de la «Cité de David», la vieille acropole chananéenne que prit d'assaut le conquérant Israélite, fondateur de la royauté, et dans l'enceinte de laquelle il devait être enseveli, ainsi que tous ses successeurs.

M. Weill a mis au jour ce qui reste de ces tombeaux, dévastés dès une époque ancienne. Il a également reconnu les murs de l'enceinte archaïque qui cou- ronnait les ravins de la périphérie et le système de défense de cette forteresse. Les systèmes d'aqueducs souterrains qui, par-dessous la montagne, condui- saient l'eau dans un bassin protégé contre les atta- ques, ont été dégagés sur de grandes étendues. Enfin, il a été découvert, dans les fouille», d'importants docu- ments sur l'histoire de la ville juive à l'époque romaine.

L'Académie partage le prix l'rost, de la façon suivante : 500 fr. à M. Jean-Julien Barbé pour son ouvrage intitulé : A travers le vieux Metz : les mai- sons historiques ; 400 fr. à l'Austrasie, revue du Pays messin et de Lorraine; 300 fr. à M. René Perrin pour son ouvrage intitulé : l'Esprit public dans le département de la Meurthe.

Société des antiquaires de France (séance du 27 mai). M. Lafage examine les sources d'une tra- dition d'après laquelle une statue d'Isis aurait été conservée au moyen âge à l'abbaye de Saint-Germain- des-Prés.

M. Henri Martin étudie le premier inventaire des manuscrits qui composaient, au iv* siècle, la célèbre bibliothèque de Bourgogne et cherche à préciser sa date.

Société d'iconographie parisienne (séance du i9 mai). M. Morand étudie le monument de Lan- guet de Gergy, qui fut curé de Saint-Sulpice pendant près de trente-cinq ans et qui peut être regardé comme le véritable constructeur de l'église. Ce monu- ment, que l'on voit encore aujourd'hui dans la cha-

pelle Saint-Jean-Baptiste de I église Saint-Sulpice, fut commandé par les fabriciens au sculpteur Michel- Ange Slodtiî le 6 décembre 1750 (Languet de Cergy était mort le 10 octobre précédent). M. Morand a retracé avec beaucoup de soin les dlU'érentes phases de l'existence du tombeau, en partie sauvé par Lenoir lors de la Révolution, et indiqué les mutilations qu'il eut à subir à cette époque.

M. Fernand Mazerolle communique la reproduc- tion d'un dessin à la sanguine conserve au Musée de Montpellier, représentant le modèle dun jeton pour les commissaires des pauvres de la paroisse Saint- Paul, en 1746. Ce dessin offre une effigie de l'apôtre avec une inscription se rapportant à la légende de la vie du saint.

M. Albert Vuaflart présente une série de docu- ments iconographiques. Ce sont d'abord trois aqua- relles représentant la Nymphée de C/iatou, dan» le château que Berlin fit construire à cet endroit. Cette nymphée, morceau d'architecture fort décoratif, œuvre de Soufflot, se recommande surtout par sa polychromie du plus curieux effet.

Grâce à l'obligeance du grand collectionneur anglais M. Fairfax Murray, M. Vuaflart a pu faire photogra- phier quinze dessins d'Etienne de La Belle, remontant à l'époque de sa venue à Paris, en 1640; ils repré- sentent des l'aysages pris à Charenlon, le Gibet de Montfaucon, le Bastion de la Bastille, Notre-Dame et le quai Saint-Bernard , le Luxembourg, le Château de Saint-Maur, etc.

M. Vuaflart communique enfin les photographies de neuf aquarelles de Turner, conservées à la Galerie Nationale de Londres et se rapportante l'iconographie parisienne: la Pompe Notre-Dame, le Pont-Neuf et la Cité, la Barrière de Passy, le Pont au Change et It Palais, la Seine vue de de la Terrasse île Saint- Germain, Vue de Saint-Denis, Parc de Saint-Cloud, le Pont de Sèvres. Tous ces documents feront l'objet de prochaines communications.

Conseil supérieur des beaux- arts. Sont nommés membre du Conseil supérieur des beaux- arts : MM. Raphaël Collin, artiste peintre, membre de l'Institut; Coltet, artiste peintre; Sicard, statuaire; Saisset-Schneider, conseiller d'État.

Musée de l'Armée. Le 30 mai au soir, on a constaté qu'un vol important avait été commis au Musée de l'Armée, fermé ce jour-là, comme tous les samedis.

On sait que le Musée occupe le rez-de-chaussée et les deux étages d'un corps de bâtiment qui donne sur la cour d'honneur des Invalides (cAté de l'ouest) et sur la cour d'Austerlitz. La salle d'Aumale, située an deuxième étage de cette partie du palais, comprend plusieurs pièces sont rangées les collections mal- gaches, sénégalaises et orientales.

Dans cette dernière pièce, la grande vitrine renfer- mant l'habit de guerre de l'empereur de Chine a été brisée et le voleur a dérobé un poignard en or d'une

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grande valeur. Le manche, couleur jaspe sanguin, est constitué par une monture enor, émaillée et incrustée de rubis, émeraudes et diamants ; le talon de la lame est décoré d'ornements ciselés en relief plat sur or vert et jaune : le fourreau est tout en or jaune émaillé de fleurs bleues et de filets blancs. De fabri- cation européenne et datant de l'époque de Louis XIV. cette arme a été donnée, croit-on, en cadeau à l'em- pereur de Chine par une ambassade, (".'est Napoléon 111 qui, en 1860, fit don de ce précieux objet au Musée de l'Armée.

En outre, dans une table-vitrine de la pièce voisine, était rangé le trésor d'El Iladj Omar, le voleur s'est emparé de bijoux d'or et d'argent, dont voici la description :

Un bracelet mi-jonc creux, avec boules en or (in, pesant 100 grammes ; un deuxième, pesant 105 gram- mes ; un autre bracelet, forgé tordu, en or fin, de 418 grammes ; sept plaques en travail repoussé, de 430 grammes; un collier cuir plaqué or, de 30 grammes; un porte-amulette rectangulaire, en or (in, de 171 gram- mes ; deux boutons d'oreilles massifs forgés, boule en or, de 162 grammes ; un collier en cuir avec plaque filigrane or, 75 grammes ; un collier, composé de cinq plaquettes de croix roses et de deux plaquettes de forme triangulaire, filigrane or fin, 230 grammes; un grand porte-amulette ou gris-gris, forme de la lettre M, en or fin, 210 grammes ; un collier avec une plaquette étoile à six branches, et deux boules filigrane or fin, 60 grammes ; un collier avec une plaquette or fili- grane, deux anneaux, dont un argenté à l'extérieur, avec fermoir en or fin, 60 grammes; un collier vert, dix boules et plaquettes en or fin, 35 grammes ; un collier avec deux plaquettes, une rose et une de forme, travail filigrane en or fin, 80 grammes ; enfin, un collier et trois plaquettes en or fin, 60 grammes.

Il est à remarquer que la vitrine renfermant l'habit de guerre chinois avait déjà été l'objet d'une première tentative de vol, au mois d'octobre dernier : le cam- brioleur avait fait disparaître la plaque de ceinturon et le fourreau du sabre, ornés de brillants. A ta suite de ce vol, toutes les serrures du musée avaient été changées. Or, aucune porte ne présente de traces d'elfraction, ce qui donne à penser que l'auteur du vol possédait les nouvelles clefs. S'il a brisé un carreau et laissé une fenêtre ouverte, c'est vraisemblable- ment pour donner le change, car l'escalade de la salle, située au deuxième étage, serait des plus difficiles.

L'Institut et la ViUe de Paris. On se rappelle le conflit qui a mis un moment aux prises l'Institut et la Ville de Paris, à propos du prolongement de la rue de Rennes (voir le 620 du Bulletin). L'Institut n'admettait pas un projet de la municipalité, d'après lequel les bâtiments du palais Mazarin devaient se trouver reconstruits sur une surface moindre que celle qui leur était réservée dans un projet d'Iiauss- mann, élaboré en 1866, et qui avait servi de base à l'entente entre l'Institut et la Ville.

On annonce aujourd'hui que la Commission admi- nistrative de l'Institut a présenté au ministre de l'Instruction publique, le plan des transformations du Palais Mazarin telles qu'elle les juge acceptables. Le ministère et la Préfecture de la Seine ont accepté ce plan. Reste à savoir ce que la Ville en pense.

La Croix de pierre. Tel est le titre d'une société qu'un groupe d'artistes se propose de fonder en vue de réparer et de sauver de la ruine les églises chan- celantes et qui ne sont pas classées. M. Péladan, qui a pris l'initiative de ce groupement, se propose de faire une suite de conférences, il exposera son programme complet et précis à propos de « la Croix de pierre ».

En Egypte. M. Gaston Maspero, délégué par le gouvernement français en 1880 pour fonder l'Institut d'archéologie orientale du Caire, et devenu bientôt après directeur général du service des antiquités d'Egypte, a résolu de prendre, au mois d'octobre pro- chain, une retraite que ses longs et admirables tra- vaux lui imposent, mais que regretteront tous ceux, et les lecteurs de la Revue sont du nombre, qui ont pu apprécier les précieux services rendus à l'égyptologie par notre éminent collaborateur.

Les gouvernements français, anglais et égyptien sont d'accord sur le choix de M. Pierre Lacau, direc- teur de l'Institut français du Caire, pour succéder à M. Maspero.

Nécrologie : Henry Roujon.

M. Henry Roujon, membre de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, commandeur de la Légion d'honneur, a succombé le 1" juin à la maladie dont il avait ressenti les premières atteintes, il y a quelques semaines, à Cannes il avait passé l'hiver, et qui donnait, depuis le retour du malade à Paris, tant d'inquiétudes à son entou- rage. Il y a trois ans, au moment de son élection au fauteuil de M" Barboux à l'Académie française, M. Henry Roujon avait été très gravement malade; par bonheur, il avait pu se remettre, et assez complè- tement pour reprendre, non seulement ses fonctions très absorbantes de secrétaire perpétuel de l'Académie - des beaux-arts, mais sa tâche d'écrivain et de confé- rencier à laquelle il donnait, depuis de longues années, toute une part de sa vie.

M. Henry Roujon était à Paris en 1853. Entré eu 1876 au ministère de l'Instruction publique, il devint, en 1880, secrétaire particulier de Jules Ferry, et en 1882, chef de bureau au cabinet du ministre. 11 occupa cette fonction jusqu'en 1891, époque il l'ut nommé par M. Léon Bourgeois, directeur des Beaux-Arts. En 1899, l'Académie des beaux-arts le choisit comme membre libre, en remplacement du marquis de Chennevières, et en 1903 elle lui confia les fonctions de secrétaire perpétuel en remplacement de Gustave Larroumet, décédé. En 1911, il fnt élu

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LE BULLETIN DE L'ART

membre de l'Académie française, et M. P'rédéric Masson, qui fut chargé de le recevoir, au début de 1912, a très Justement caractérisé, dans son discours, l'œuvre en partie double du fonctionnaire et de l'écrivain.

L'écrivain avait débuté de bonne heure. D'abord secrétaire de la rédaction de la République des Lettres, revuefondéeen 1875parCatuIleMendcs, Henry Uoujon collabora ensuite assidûment au Voltaire et à la Revue Bleue. 11 publia, en 1887, une fantaisie littéraire : Miremonde, dont Alexandre Dumas fils a pu dire, dans la préface, qu'elle est un chef-d'œuvre. Depuis qu'il n'était plus directeur <ies Beaux-Arts, il collaborait à divers journaux, notamment au Figaro et au Temps, l'on aimait à retrouver régulièrement ses En marge. En ces chroniques toujours brillantes, il prenait texte d'un anniversaire, d'un livre, d'un « fait du jour» pour montrer sa connaissance des hommes et son amour du passé : c'étaient autant d'« essais» achevés, il était servi par la plus riche culture alliée à une curio- sité de tout, qui était à sa louange, et le goût le plus sûr s'accordait avec l'esprit le plus pénétrant; réunis en volumes {Au milieu des hommes, la Galerie

des bustes. Dames d'autrefois, etc.), ces articles por- teront témoignage du talent de cet écrivain de pure tradition française. Il excellait aussi dans les o por- traits u, et, en qualité de secrétaire perpétuel, il en a tracé d'exquis : tels sont ceux du marquis de Chen- nevières, de Larroumet, d'Hébert, de Gérôioe, de Reyer, etc.

On a déjà eu l'occasion de rappeler ici les résultats heureux du passage de M. Henry Roujon à la direction des Beaux-Arts : entre tous, l'organisation de l'Expo- sition rétrospective de l'art français en 1900 restera comme une date inoubliable.

U faudrait parler encore do la bienveillance de soc accueil et de la sûreté de ses relations : « C'est le travers de Uoujon, a dit M. Hanotaux (et ce mot est emprunté au discours de M. Frédéric Masson que l'on citait tout à l'heure) : on lui en veut un peu de cette obligeance universelle qui l'a fait regretter partout il a passé ». Et, de fait, il n'est pas un de ceux qui l'ont approché qui ne garde le souvenir le plus ému d'Henry Roujon et qui n'ait appris sa tin avec la même profonde tristesse que cause la perte d'un ami. E. D.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. "Vente de la collection A. Sam- bon (liste des prix.). Nous avons déjà donné le produit total, soit 97S.974 francs, ainsi que les plus gros prix de cette vente, faite galerie (ieorges Petit, du 25 au 28 mai, par M" Lair-Dubreuil, assisté de MM. Hirsch, Man- nheim, Meyer-Riefslahl et Ferai. Comme on pourra s'en rendre compte par la liste ci-des- sous, les prix d'adjudication ont été, d'une façon générale, inférieurs, certains même très sen- siblement, — aux prix de dernande. Il ne fau- drait pas attribuer seulement aux conditions actuelles du marché de la curiosité, cette fai- blesse dans les résultats. Si elle est beaucoup plus accentuée dans le cas présent que dans les diverses vacations dont nous avons rendu compte dans nos dernières chroniques, c'est qu'il s'agis- sait ici de la vente, volontairement faite par un marchand, de son propre stock, et que ces sortes de liquidations n'obtiennent jamais un succès complet, quel que soit l'état de prospérité des

affaires. Aussi, en considérant dans quelles con- ditions doublement défavorables s'est dispersée cette réunion d'œuvres d'art de toute sorte, on doit en estimer la tenue comme bonne et en tenir les résultats pour satisfaisants.

PRINCIPAUX PRIX

Art antique. Art égyptien. 1. Groupe calcaire peint, //ommejeunensii«e/sa/'<'»ime,sculpt. archaïque, débuts de la ni* dynastie, 22.500 fr. 2. Jeune femme assise, calcaire blanc, traces de coul., m* dynastie, 8.000 fr. 3. Pétrisseuse de pain, m' dynastie, 7.500 fr.

Sculptures grecques et romaines. 27. Statue grecque (acéphale), v s. av. J.-C.. 8.700 fr. 28. Satyre cymbalisle, marbre de Paros, trav. hellénistique, m- s. av. J.-C, 9.700 fr. 38. Buste de Caracalla, marbre alexandrin, lir s., 33.600 fr. (dem. 50.000^.

bronzes grecs et romains. 49. Bouc se dressant, br. grec, v s. av. J.-C, 7.800 fr. 51. Aphrodite au kestos, figurine, iv'-iii* s. av. J.-C, 7.600 fr. 61. Archer debout, statuette alexandrine, 20.."i00 fr. 71. Tête d' Agrippa, br. romain, 29.100 fr.

Aucune enchère au-dessus de 5.000 fr. dans la série des armes, des vases, des terres cuites cl des objets d'orfèvrerie.

ANCIEN ET MODERNE

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Abt musdlman. Faïences émailUes des XIII' et XIV' siècles. i52. Gobelet en faïence, décor poly- chrome à sujet tiré d'un roman persan, Khagès, 39.500 fr. (dem. 40.000). 15.3. Gobelet en faïence, décor polychrome, personnages nimbés etornements, Uhagés, 10.500 fr. 16). Vase-balustre, décor mor- doré sur fond blanc, Rhagès, 12.000 fr. 164. Assiette à rellets métalliques, fouilles de l'Arag, 5.000 fr. 171. Aiguière faïence à émail bleu turquoise et dessin en noir et bleu cobalt, Rhagès, 12.000 fr.

Faïences et porcelaines orientales des XVI' et XVII' siècles. m. Cruche sphérique à médaillons, Damas, 6.000 fr. 182. Bol de Kutahia, à peintures, 14.600 fr.

Bronzes incrustés. 186. Tabouret en bronze gravé et incrusté d'argent, Mésopotamie (Mossoul), xiii* s., 19.000 fr. (dem. 25.000).

.Manuscrits. 189. Manuscrits des Poèmes de Hafiz, enluminé parScheik-Sadé, Sultan-Mohammed etMirek, début du XVI' s., 65.300 fr. (dem. 70.000).

Akt chinois. 198. Tête de Bouddha, granit noir, période Wei, 5.500 fr. 199. Statue de Kwan-yin ou de donatrice, marbre blanc, période Tang, 9.600 fr. 203. Cygne blanc volant, peinture, période Sung ou Yuan, 5.100 fr.

Tableaux anciens. 213. École florentine, xv" s. La Mort de la Vierge, i^.OOOk. 214. École siennoise, xiii" s. La Vierge et l'Enfant Jésus, 10.000 fr. Lio- tard : 217. Portrait de la Comtesse Friese, et 218. Portrait du Comte Friese, 13.000 fr. (dem. 20.000). 219. Meusnier et Pater. Réunion dans un palais, 18.000 fr. (dem. 20.000).— 221. École d'Andréa Verroc- chio. Suite de trois panneaux : la Vierge et l'Enfant Jésus avec deux anges; un Archange ; une Religieuse, 15.550 fr.

Faïences. Italie, fin du XV' siècle. 236. Cornet de pharmacie, armoiries encadrées de rinceaux, 11.700 fr. (dem. 6.000; fêlure). 240-242. Deux cor- nets de pharmacie, prés, des bustes de personnages, 20.000 fr. (dem. 20.000). 241. Large cornet phar- mac, quatre bustes de personnages, 7.000 fr. (dem. 10.000 ; rest.). Fabriques diverses. 269 Bas-relief, attribué à Andréa délia Robbia, la Vierge en prière, XVI* s., 14.000 fr. (dem. 15.000).

Ivoihes. 302. Volet : l'Annonciation, la Visitation et l'Adoration des rois mages, xiv" s., 16.100 fr. (dem. 18.000). 303. Groupe : la Vierge debout tenant l'En- fant, XIV s., 7.200 fr. (dem. 12.000).

Bijoux. 335. Croix agate rubanée. Christ or et garnit, or éraaillé, enrichie de deux camées, attribuée à Jacopo da Trezzo, xvi» s., 16.000 fr. (dem. 15.000).

Sculptures.— XIV' siècle. 400. Haut-relief marbre, la Vierge assise sur un trône et portant l'Enfant Jésus, 11.500 fr. (dem. 15.000). AT' szèWe. 402. Haut- relief uLirbre, Vierge berçant l'Enfant, attr. à Mino da Fiesole, 49.500 fr. (dem. 60.000). 403. Bas-relief, stuc peint et doré, la Vierge assise tenant l'Enfant Jésus, école de Rossellino, 6.100 fr.

Bois SCULPTÉS. 390. Parties latérales d'un orgue, bois sculpté, peint et doré, fin xv s., 5.500 fr. 394. Haut-relief, bois sculpté, peint et doré ; Moine prê- chant, entouré de personnages, travail du Nord de l'Italie, xvi° s., 4.450 fr.

Bronzes italiens. 419. Statuette de Vulcain age- nouillé, attr. à Bertoldo, 6.700 fr. 420. Statuette attr. à Francesco di Sant'Agata. Adolescent porté par un cheval marin, 15.500 fr. (dem. 18.000). 421. Sta- tuette attr. à Andréa Briosco, dit il Riccio, le Tireur d'épines, 20.500 fr. (dem. 20.000). 452. Deux porte- lumières-appliques. 5.000 fr.

Vente de tableaux et d'objets d'art. Une

vacation anonyme, qui avait fait l'objet d'un catalogue illustré, a eu lieu, salle 6, le 29 mai, sous la direction de M^ Baudoin, assisté de MM. Ferai et Mannheim. Composée de tableaux et d'objets d'art et d'ameublement de diverses provenances, elle a produit un total de 401.250 fr.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux ANCIENS.— 10. VaaGoyen. liords derivière, 8.100 fr. (dem. 12.000). 11. M"" Labille-Guiard. Portrait d'une artiste, 9.600 fr. (dem. 10 000). 12. M'»' Vigée-Lebrun. Portrait de femme, 12.500 fr. (dem. 15.000). Hubert Robert : 18. Laveuses dans un parc, 13.000 fr. (dem. 8.000). 19. L'Abreuvoir, 16.610 fr. (dem. 10.000). - 20. La Fontaine. 11.600 fr. (dem. 12.000). 21. La Carrière, 3.500 fr. (dem. 5.000).

Faïences. 23 bis. Potiche, deux cornets et deux bouteilles, Delft, décor polychr de fleurs, oiseaux, sur fond côtelé, 11.000 fr, (dem. 12.000).

Terres cuites. 30. Statuette de jeune femme debout drapée, par Clodion, 16.200 fr. (dem. 18.000; rest.). 31. Groupe, faunesse nue assise, jouant avec deux petits faunes, 8.000 fr. (dem. 8.000). 32. Sta- tuette de source, figurée par une nymphe, fin xvni' s., 5.000 fr. (dem. 3.000). 34. Groupe, bacchante nue debout et regardant un petit bacchant, par Marin, 15.450 fr. (dem. 18.000; rest.).

Meubles. 40. Meuble à hauteur d'appui, bois de placage, déc. au vernis, sujets de paysages animés de style chinois, fin ép. Louis XV, initiale de De La- croix, 31.500 fr.

Meubles couverts en tapisserie. 56. Salon de un canapé et huit fauteuils, couverts tapiss. Aubus- son, fin ép. Louis XV, médaillons personnages et animaux encadrés de guirlandes, 39.500 fr. (dem. 50.000). 38. Canapé et huit fauteuils, acajou, cou- verte en tapisserie Louis XVI, personnages et oiseaux, 23.300 fr. 59. Six fauteuils peints blanc, tapiss. sujets d'animaux dans des médaillons, ép. Louis XVI, 16.500 fr. (dem. 18.000).

Tapisseries.— 60. Tapiss. d'Aubusson.ép. LouisXV, la Comédie en plein vent, 17.500 fr. (dem. 20.000). 63. Tapiss. des Gobelins, xviii' s., l'Éléphant, de la

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LE BULLETIN DE L'ART

tenture des Nouvelles Indes, d'après Desportes, 31 200 (dem 25.000). 64. Tapiss. flam., xvi* s., sujet de chasse dans un parc, 7.700 fr. (dena. 10.000). 63. Tapiss. flam., xviti* s., deux chasseurs assis auprès d'un tonneau, 11.500 fr. (deni. 12.000). 66. Tapiss. ilam., xviii* s., paysans marchant dans une forêt, 11.000 fr. (dem. 15.000). 67. Tapiss. flam., xvni* s., jeune femme dans un parc, etc., 7.300 fr (dem. 10.000). 68-70. Trois tapiss. tissées de métal, fin XVI* s., personnages chassant au faucon, etc., 14.005 fr. (dem. 20.000).

"Vente d'un pastel par La Tour. Numéro unique d'une vacation conduite, salle 7, le 29 mai, par Marlio et M. Sortais, le pastel par La Tour, Portrait de l'artiste par lui-même, a réalisé 6.000 francs sur la demande de 12.000. (Catalogue illustré.)

"Vente d'un tableau par Fragonard. Autre numéro unique, d'une vacation dirigée même salle, le même jour, par le même expert, adjoint, cette fois, à M" Desvouges, un tableau par Fra- gonard, Jésus chassant les marchands du Temple, a été adjugé 11.000 francs sur la demande de 12.000. (Catalogue illustré).

Succession Liandier. Faite salle 2, le 26 mai, par H. Baudoin et MM. Paulme et Lasquin, la vente des estampes, tableaux, objets d'art, etc., composant la Successionde M. Liandier, antiquaire, a produit 61.400 francs.

Notons : 40. Ch. Chaplin. Baigneuse, 6.700 fr. (dem. 4.000). 59. Louis \igée. Portrait présumé de Philippe, duc de Mouchy, gouverneur de la Guyenne, pastel, 7.300 fr. (dem. 8.000).

Cette vente avait fait l'objet d'un petit cata- logue illustré.

Vente de la Galerie Crespi (!« vente ; tableaux anciens). La première vente de la Galerie Crespi, de Milan, longuement annoncée ici, a eu lieu, à la Galerie Georges Petit, le 4 juin. M" Lair-Dubreuil et Baudoin, qui la dirigèrent, assistés de MM. Trotti et et J. Ferai, ont enre- gistré le total de 1.207.350 francs pour cette unique vacation.

En attendant la liste des principales enchères que nous donnerons prochainement, citons les plus gros prix de la journée : la Vierge de l'Ave Maria, de l'atelier de Léonard de Vinci, a été poussée jusqu'à 141.006 francs, sur demande de 200.000 ; la Madone Crespi, attribuée à Michel-Ange, s'est vendue 136.000 francs, sur demande de 200.000; la Vision de sainte Anne, par G. B. Tiepolo, a trouvé acquéreur à 70.000 francs (demande

100.000); l'important triptyque de Marco d'Og- giono, Vierge à l'Enfant, avec des donateurs et leurs saints patrons, a été adjugé 70.500 francs (demande 80.000) ; la Vierge à la grenade, de Gianpietrino, a fait 66.000 francs (demande 80.000) ; la Sainte barbe, de Francia, 53.000 fr. (demande 80.000) ; la Nativité, de Borgognone, 40.000 francs (demande 60.000).

Le résultat est tout à fait appréciable, comme on voit, surtout quand on tient compte de l'étal actuel du marché, en cette fin de saison particu- lièrement chargée.

Ventes annoncées. A Paris. Collection Ch. Fairfax Murray (tableaux anciens). Avant de passer une revue rapide des tableaux composant la collection de M. Charles Fairfax Murray, de Londres, dont la vente se fera, à la galerie Georges Petit, le 15 juin, par le minis- tère de M*» Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de M. J. Ferai, il convient de souligner tout parti- culièrement ce fait qu'une telle vente ait lieu à Paris. Après la galerie Steengracht, de La Haye, dispersée l'an passé à pareille époque, après la galerie Crespi, de Milan, vendue cette semaine même, pour ne citer que des exemples récents et célèbres, voici qu'une collection apparte- nant à un amateur, très activement mêlé au mouvement de la curiosité de Londres, va passer aux enchères sur le marché parisien, centre aujourd'hui universellement reconnu de ces grandes tractations du commerce des œuvres d'art.

Si Paris se trouve ainsi à la tête du marché de la curiosité, il faut reconnaître que c'est justice, quand on voit avec quel soin les ventes d'œuvres d'art y sont préparées, avec quel luxe les catalo- gues y sont édités, et tout ce que ces ouvrages représentent souvent de savoir et de recherches. Le catalogue de la vente Fairfax Murray, imprimé par la maison Georges Petit avec ce goût de la belle typographie que nous avons si souvent l'occasion de louer, est illustré d'héliogravures exécutées par la maison Braun, qui sont certai- nement parmi ce qu'on a fait de mieux jusqu'ici dans le genre ; quant au texte, il est riche de renseignements et de références, et lorsqu'on sait, par expérience, dans quelles cqnditions de rapidité doivent être le plus souvent établis ces importants ouvrages, on doit féliciter l'auteur anonyme d'avoir mené à bien ce travail ingrat.

La collection Fairfax Murray ne comprend pas même trente numéros, mais presque tous sont à

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citer ù cause de leur importance, de leur prove- nance parfois illustre, des expositions retentis- santes où on les a vu figurer. Notons donc : un Saint Sébastien, par Antouello de Messine ; Vénus à sa toilette, par Giovanni IJellini ; la Vierge, l'En- fant Jésus et saint Jean, par Botlicelli ; le Fumeur endormi, par A. Brouwer ; le Portrait d'une jeune dame, par J. Dellf, daté 1639 : Salvator Mundi, par A. Durer, que l'on dit provenir de la collection de \V. Imhof, petit-lils de l'humaniste nurem- bergeois du xvi" siècle, W. Pirckheinier ; le Por- trait de Lucas Vosterman le Vieux, par Van Dyck, qui a été gravé par L. Vosterman le jeune ; la Vierge et l'Enfant, peinture llamande du commen- cement du XVI" siècle ; le Portrait d'un gentil- homme, de l'école llamande du xvii= siècle ; un diptyque, la Vierge aux donateurs, de l'école française, daté 1486; le Portrait de l'artiste et le Portrait de Thomas Haviland, par tiainsborough ; le Portrait d'une dame, par H. van der Helst ; un Combat entre un coq et un dindon, par M. d'Hon- liecoeter ; une Danse champêtre, par Lancret ; la Crucifixion, par P. Lorenzetti ; un Portrait de jeune dame, par A. Moro ; le Portrait de Pancra- tius von Freybergt zu Aschau, par H. Miielicli, signé et daté 1545 ; le Portrait présumé du frère de l'artiste et un Savant lisant à la chandelle, par Rembrandt; la Mort de Didon, par Sir J. Rey- nolds, plusieurs fois gravé ; et une Annonciation, par A. Solario.

Il faut encore citer une Jeune femme étendue sur un sopha, par F. Boucher, peinture signée et datée 1751. L'auteur du catalogue déclare dans sa substantielle notice qu'il ne connaît aucune réplique de ce tableau. Or, nous pouvons en citer deux : d'abord un tableau naguère conservé au château de .Schleissen (n" 756) et transporté au Musée de Munich, lors du remaniement des col- lections publiques bavaroises en 1909; il est décrit et reproduit, sous le n" 1448, dans le cata- logue de ce Musée (édit. de 19H) ; et, en second lieu, un tableau analogue, conservé au musée de Besançon (cat. de 1886, .39). Suivant le rédac- teur du livret de Munich, la jeune femme repré- sentée serait « Nelly O'Morphie », et il serait fait mention de cette peinture dans les Mémoires de Casanova (t. II, chap. 13). Ajoutons encore qu'une petite copie ancienne de ce même sujet se trouve au Musée de Toulon (cat. 1900, n" 17).

Comme le fait remarquer avec raison le rédac- teur du catalogue de la vente Fairfax .Murray, la pose de la jeune femme, dans l'exemplaire qu'il décrit et partant dans les répliques que nous

venons de citer, n'est pas la même que celle du modèle qui a été représenté par Boucher dans une composition analogue, désignée tantôt sous le litre de l'Odalisque et tantôt sous le nom de Victoire O'Murphy, et dont on connaît trois répliques (collection du baron de Schlichting, collection Marnier-LapostoUe et ancienne collec- tion Maurice de Rothschild).

"Ventes diverses. La semaine prochaine, outre la vente des collections du marquis de Biron qui a été annoncée précédemment et qui est un des plus importants events de la saison, il faut encore citer :

La vente des objets d'art et d'ameublement, tableaux modernes, estampes du xviii" siècle, objets de vitrine, etc., dépendant de la Succession de M""' Jeanne Demay ; à l'Hôtel, salles 9, 10 et 11, du 10 au 13 juin, et les 15 et 16 juin dans la salle 11 seulement (M>^' L. de Cagny etit. Bignon; MM. Aucoc et J. Bataille);

La vente de la Collection Henri M..., formée d'objets d'art du Japon, laques, estampes, etc.; à l'Hôtel, salle 7, les 10 et 11 juin (M* F. Lair- Dubreuil et M. A. Fortier);

Une vente anonyme de tableaux anciens et modernes, dessins et gravures ; à l'Hôtel, salle 0, le 12 juin (M" H. Baudoin, M. J Ferai).

La quatrième vente Roger Marx, qui se fera à l'Hôtel, salle 1, les 12 et 13 juin {W' Lair- Dubreuil et II. Baudoin; MM. Durand-Ruel et fils, J. et G. Bernheim jeune); cette vente com- prend une réunion de tableaux, pastels, dessins, aquarelles et sculptures modernes, et l'on re- marque au catalogue, entre beaucoup d'autres, les noms de Besnard, Carrière, Cazin, Fantin- Latour, Forain, Helleu, Jongkind, E. Laurent, Lebourg, Millet, G. Moreau, Renoir, Rodin, Tou- louse-Lautrec, Willette, etc.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Portraits d'actrices (galerie Charles Hessèle). « De Rachel à Sarah-Bernhardt », depuis la tragédienne du siècle dernier, que Karl Girardet n'a pas llatter, jusqu'à la tragédienne de ce temps, que M. SValter Spindier enveloppe d'un nimbe de mystère, cette réunion de portraits groupés, 16, rue Balzac, au bénéfice de l'œuvre de rapatriement des artistes lyriques et drama-

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LE BULLETIN DE L'ART

tiques, nous procure moins d'étonnement que de mélancolie, car elle nous rapprend que tout cliange et passe ici-bas, l'art du peintre autant que la mode, inutile parure de la beauté... « Les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles » : et c'est ici Delphine Vgalde, lithographiée par Léon Noël, en 1854-, ou crayonnée plus nerveusement par Thomas Couture ; c'est Af »'« Doche, très « dame aux camélias » en ses atours surannés, décrits par R. Buchner; c'est Emma Fleury, très roman- tique sous le froid pinceau d'un élève d'Ingres, Araaury Duval ; c'est Gabrielle Krausa, silhouet- tée par Gustave Moreau, le soir de la reprise de la Sapho néo-grecque de Gounod ; et s'il est vrai que tout portrait n'est qu'un modèle « compliqué d'un artiste », la prolongation d'un sourire se rehausse au brio de la peinture, depuis l'heure, déjà lointaine, M. Carolus-Duran datait de 1882 son dernier portrait de Croizette. Antithèse d'autant plus suggestive qu'elle appa- raît involontaire. Carrière évoque la fierté de JI/"« Lucienne Bréval en grisaille. Entre tant de contemporaines à qui leurs peintres ne pour- raient donner l'immortalité, des noms s'impo- sent : M™" Rcjane, mieux vue par M. Boldini que M'«« Bartet par M. Maurice Heyman; A/""^ Génial, miniaturée mystérieusement par M. de la Perche ; A/'/e Marcelle Lender, étudiée par M. Helleu, le peintre- graveur de la femme moderne ; Af"< Gene- viève VLt, par M. Jean Corabœuf ; A/"' Eve Laval- lière, par M. Synave ; A/'^« Paule Amiral, par M. Victor Gilsoul; A/'"'» Carlier, Marie Leconte et Moreno, par M. Lévy-Dhurmer; M""! Suzanne Després, par M. Vuillard, sans oublier Miss Loie Fuller, devenue figurine de Tanagra sous l'ébau- choir savant de feu Théodore Rivière.

Aquarelles d'Henri Harpignies (galerie J. Chaîne et Simonson). C'est une grande leçon de style que nous propose un observateur de la nature en une cinquantaine de petits cadres, dont les plus anciens remontent à quarante ans. Au surplus, l'aquarelle semblait faite pour celui que nous avons appelé le Saint-Saëns du paysage par rapport à son devancier Corot, qui, par la poésie de l'exécution, rappellerait plutôt le romantisme virgilien de Berlioz, à ses heures suaves, ou de Gounod... Finesse limpide et lon- gévité juvénile, fermeté dans la douceur et conci-. sion dans la clarté, le doyen de nos peintres partage avec l'aîné de nos musiciens une indéfi- nissable nuance de goût français quand il reprend d'un pinceau léger la tradition du paysage romain,

sans oublier un instant la France ou Paris, asso- ciant dans ses tons discrets les bords de la Loire et les bords du Tibre, les palais ou les ponts antiques et le Parc Saint-Fargcau, la Provence très italienne et les ruines joyeuses de Clisson, la majesté des soirs d'or et la tendresse des prin- temps verts.

Expositions diverses. Elles se multiplient sans pitié... Retenons seulement, chez Allard, le réalisme provincial et trop adroitement vulgaire de M. Lucien Jonas, portraitiste du maître Harpi- gnies; chez Manzi, la réelle puissance du statuaire Joseph Bernard, malheureusement médusé par l'écueil de l'archaïsme; et, surtout, les quatre grands panneaux radieux que M. Georges Leroux vient d'exposer dans son atelier du boulevard Saint Jacques et qu'il destine à la décoration d'un ameublement italien : par la vérité de leur cou- leur ardente, ces vues, très composées, du Colisée et des vertes villas romaines rajeunissent à pro- pos la suprématie, trop longtemps méconnue, du paysage de style.

A l'École des Beaux-Arts, le paysage moderne est introduit par l'importante exposition pos- thume du peintre Jean Réiuond (1872-1913), un Lorrain de Nancy qui commençait à dégager sa personnalité de ses nombreux souvenirs, et dont les vues très stylisées de la Corrèze ou des Pyré- nées espagnoles manifestaient tout récemment, à nos Salons, plus de caractère que tous ses cré- puscules de Bretagne.

Raymo.nd Bouyer.

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l.e:s revues

Framcr

L'Art et les artistes (n* spécial). .Numéro spécial consacré à Auguste lioUin, l'homme et l'iruvre:

Octave MiBBKAi). Auguste Hodin ; Essai biogra- phique ; Paul GsEi.L. En haut de la colline : L. BEKNABDiNi-SjOKSTKnT. L'Atelier lie Hodin à Meudon ;

A. RoDiN. Pensées inédiles; Le Musée Hodin ; Judith Cladki-. L'IMtel Biron ; Francis de Mio- MANDRK. Les Dessins de Rodin ; Léonce Bénéuitb. Propos sur Rodin ;— A. Rodin. Vénus ; Les Œuvres de Rodin en France et à l'étranger : Essai biblio- graphique.

Le Gérant : H. Dinis.

Pari». Imp. George» Petil, 12, rue Godol-dc-M»uroi.

Numéro 629.

Samedi 13 Juin 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

A dater d'aujourd'hui, le Bulletin ne paraîtra plus qui: loua Icx quinze jours, suivant l'usage adopté pour la saison d'été. Le prochain numéro (n° HSO) portera donc, la date du 27 juin.

Estampes et Dessins

L'exposition des admirables estampes japo- naises de la collection Camondo, qu'on ne peut voir dans leurs cadres sans redouter les atteintes de la lumière pour leurs tendres et légères cou- leurs d'aquarelle, ramène l'attention sur un des problèmes les plus délicats qui se posent aux conservateurs de musées.

S'il est du devoir d'une galerie publique de mettre ses collections en valeur et d'en faire profiter les curieux, il va de soi que ces obliga- tions ont pour limite la bonne conservation des œuvres d'art ; or, il est incontestable qu'une exposilion permanente au grand jour cause à des pièces aussi fragiles que les estampes et les dessins, des dommages irréparables. Alors ?

Il n'y a guère que les journalistes en quête d'articles tout faits pour traiter sans hésitation ces questions difliciles. Que de fois ne l'avons- nous pas lue, celle chronique, peu bienveillante pour la conservation du Louvre, l'on déplo- rait qu'un aussi petit nombre de salles fussent réservées aux dessins et l'on demandait qu'on mît sous les yeux du public la majeure partie des pièces qui restent en cartons ! Comme si c'était simple de trouver de la place pour des dessins, dans un musée l'on a peine à caser les peintures ! Comme si c'était prouvé que le public j'entends le grand public, le gros des visiteurs s'intéresse aux dessins ! Et surtout, comme si c'était rendre service à une collection de dessins que d'en réclamer l'exposition !

Il suffit de constater les fâcheux effets de la lumière du jour sur le papier qui jaunit et les

couleurs qui « se mangent », pour faire souhaiter, au contraire, qu'on n'augmente pas le nombre des dessins exposés. Et ce qui est vrai des des- sins l'est aussi des estampes, singulièrement des estampes japonaises, telles que celles qu'on peut voir dans les salles Camondo : si surprenant que soit leur état de conservation, elles ont déjà pâli ; elles pâliraient encore, si elles devaient rester longtemps exposées.

On sait, du reste, que le conservateur, en homme prudent et avisé, se propose d'organiser un roulement pour ne pas laisser toujours les mêmes pièces à la lumière. C'est une louable mesure, et la seule permettant de mettre ce qu'on est convenu d'appeler les désirs du public d'ac- cord avec les nécessités qu'impose la conserva- lion de ces précieux feuillets. On ne voit pas ce qui empêcherait de l'appliquer aussi aux dessins.

L'inventaire de MM. Jean Guiffrey et Pierre Marcel, dont la publication se poursuit métho- diquement, donne une idée de l'étendue et de la variété des collections de dessins des Musées nationaux, rien qu'en ce qui regarde l'école fran- çaise. Il y aurait double avantage à puiser dans ces riches réserves, non pas, encore une fois, pour augmenter le nombre des dessins exposés, mais pour renouveler l'exposition actuelle : d'une part, on ferait ainsi connaître aux curieux des œuvres d'art qui leur sont difficilement acces- sibles; et de l'autre, on mettrait momentanément à l'abri un choix de pièces exceptionnelles, depuis longtemps sous verre, et qui risquent, à rester toujours dans des cadres, de s'abîmer irrémé- diablement.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beauz-arts (séance du G juin). Le président rend undernierhoiuinage àla mémoire de M. Henry Roujon, dont les obsèques ont été celé-

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LE BDLLETIN DE L'ART

brées la veille, et de M. Gabriel Ferrier, qui est mort dans la nuit du 5 au 6 juin. La séance est aussitôt leTée en signe de deuil.

Académie des inscriptions et belles-lettres

(séance du 7 juin). M. Max Collignon communique à l'Académie des photographies de la statue de marbre, récemment découverte par des soldats italiens à Aïn- Sciahat, en Tripolitaine (voir le 627 du Bulletin). Cette admirable statue est-elle une Vénus Anadyomène, comme le croit M. Lucio Mariani, le directeur des Antiquités en Gyrénaïque? M. Collignon suspend son Jugement jusqu'au jour il pourra examiner la statue complètement rajustée. Mais le mouvement général de la figure et la Composition du groupe semblent confirmer l'hypothèse du savant italien. M. Mariani place cette œuvre d'art au iv siècle. L'impression de M. Collignon est analogue, & peu de choses près.

Parmi le» ouvrslgei récompensé» sur le prix Saintour, citons le seul qui intéresse le» beaux-art», l'Église Notre-Dame d'Ècouis, par M. Louis Régnier, honoré de la troisième médaille.

M. Théodore Reinach termine la séance en étu- diant des monnaies de Nicopolis.

Société de l'histoire de l'art français (séance du 5 juin). M. G. Brière esquisse l'histoire de l'ancien château de Sceaux, construit pour Golbert vers 1672 ; il en décrit les vestiges, notamment le célèbre pavillon de l'Aurore, intégralement conservé dans son architecture, et l'on voit encore des peintures de Le Brun.

M. H. Prunlères révèle, d'après une lettre tirée des archives de Florence, une raison, jusqu'à présent insoupçonnée, de la disgrâce de Le Brun en 1683. Le premier peintre était accuié de malversation», com- mises peut-être à l'instigation de Colbert.

MM. Guiilrey, Lemonnier, André Michel, Pierre Marcel examinent la vraisemblance de cette accusa- tion. M. Prunières cite un incident analogue dans la vie de LuUi.

Il signale à ce propos que le buste de Lulli est exposé actuellement dans l'église des Petits-Pères dans des conditions qui en rendent l'examen impos- sible. La Société émet aussitôt le vœu que ce chef- d'œuvre de Goy»evox reçoive une préteatatlon digne de lui.

Conseil supérieur des beaux-arts. M. Ilébrard de Villeneuve, président de section au Conseil d'État, est nommé membre du Conseil supérieur des beaux- arts.

Société des antiquaires de France (séance du 3 juin). M. Joulin résume ce que l'on sait actuel- lement sur les civilisations des âges préhistoriques en Europe.

M. le karon de Baye examine certain» bijoux de l'époque barbare trouvés à Bôneetà La Callo (Algérie).

Musées nationaux. M. J. Peytel, vjce-pré»i- dent de l'Union centrale des arts décoratifs, a donné aux Musées nationaux vingt pièces de ses collection», dont il se réserve l'usufruit, et qui vont de l'art égyp- tien jusqu'à l'époque contemporaine, en passant par Watteau et i.-V. Millet.

Petit Palais. La "V'ille de Paris vient d'accepter, pour le musée du Petit Palais, un nouveau don de M. Théodore Duret. Il s'agit du portrait de M. André ' liivoire, par Toulouse-Lautrec.

En même temps, la Ville de Paris a accepté le don d'un portrait de M"' Gadilîet- Gaillard, née Sipiere, par Ary Schetler, et d'un portrait de M. Edouard Gaillard, par Victor Mettez.

Signalons encore, parmi les dons récents, la ma- quette du monument à Charlei Floquet, par Dalon, oB'ert au Petit Palais par M. Hisler, maire du VII* ar- rondissement, et un très beau buste en marbre de M. Paul Paulin, représentant M. A. Duquesne.

Ajoutons que l'on vient de mettre en place, dans les salles de la collection Dutuit, les tapisseries du moyen âge acquises à la vente Aynard sur les fonds Dutuit, et qui représentent différents sujets de Vtlis- toire (l'Alexandre el de Nicolas, roi de Césaire.

Enfin, on peut voir exposée, en ce moment, une suite de sept remarquables tapisseries de la série de l'Histoire de Conslanlin, tissées à l'atelier de La Planche dans la première moitié du xvir siècle ; elle» sont mises à la disposition de la Ville de Paris parle Mobilier national.

Expositions provinciales. La 39' exposition de la Société des Amis des arts du département de la Somme a ouvert ses portes le 6 juin. Outre les œuvres des exposants habituels, on y peut voir une intéres- sante rétrospective du peintre Paul Sautai, compre- nant une soixantaine de peinture» et dessin».

La 34* exposition de la Société artistique de Houbaix-Tourcoing aura lieu, du 20 septembre au 15 novembre prochain, dans les salles du musée (fe la ville de Roubaix.

Le 'Vol de la Joconde. Jeudi et vendredi de la semaine dernière, avaient lieu, au tribunal correc- tionnel de Florence, les débats relatifs au vol de la Joconde. VIncenzo Perugla s'est entendu condamner à un an et quinze Jours de détention et aux dépens.

Nécrologie s Gabriel Ferrier.

M. Gabriel Ferrier assistait le vendredi 5 juin aux obsèques de M. Henry Roujon, et ce fut avec une douloureuse surprise qu'on apprit, par les journaux de samedi soir, que le peintre était tnort subitement la nuit précédente.

Il était à Nimes. le 28 septembre 1847. Élève de Pils et d'Hébert, & l'École des beaux-arts. Il avait obtenu le prix de Rome à vingt-cinq ans, en 1872, et,

ANCIEN ET MODERNE

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depuis IS^e, il exposait au Salon de la Société des Artistes français, il avait conquis régulièrement tous les titres habituels, 2' médaille en 1876, 1" médaille en 1878, jusqu'à la médaille d'honneur qu'il se vit décerner en 1903 ; il avait obtenu une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889, et il fut mis hors concours à l'Exposition universelle de 1900.

11 avait commencé par peindre des niytbolopes et des tableaux d'histoire, mais c'est comme portraitiste qu'il a acquis sa véritable renommée. Dessinateur extr^^mement sûr et consciencieux jusqu'à la minutie, il excellait à saisir la ressemblance et à mettre en relief le visage et les mains de ses modèles ; coloriste assez pauvre, ses meilleurs portraits sont ceux il s'est borné à employer des noirs, des blancs et des gris. On cite, parmi ses peintures les plus remarquées, les portraits du pape Pie X, du général André, de Jules Claretie, des princes Victor et Louis Bonaparte, des enfants du duc de Chartres. d'Edouard Aynard, de Gaston Boissier, de M. Jules Cambon, de M. Forichon, de M. Ribot, etc. On lui doit aussi une partie de» peintures décoratives de l'Hôtel de Ville de Paris, de rOpéra-Comique, du Palais d'Orsay, du théâtre de Nîmes, de l'ambassade de France à Berlin.

Il avait été élu membre de l'Académie des beaux- arts en 1906, en remplacement de Jules Breton; il était professeur à l'École des beaux-arts et commandeur de la Légion d'honneur.

On annonce également la mort de M. Henri Poinsot, artiste peintre, décédé dans sa quatre-vingt- quatrième année; à Paris, élève de Ciceri et lîubé, il exposa pour la première fois au Salon de 1857 et se fit assez rapidement un nom comme paysagiste; il n'envoyait plus rien au Salon depuis quelques années; du peintre Èlienne Duval, mort n Genève, le 27 mai; il était le 26 janvier 1824 et avait été élève de Calame, qu'il accompagna en Italie en 1844; il voyagea également en Grèce et en Egypte, et rapporta de ces expéditions le goût des paysages his- toriques où la figure tenait peu de place et tout était subordonné à la pureté des lignes et à l'équilibre des masses; ces paysages furent récompensés d'une médaille à l'Exposition universelle de 1889; de M. Emile Jacobsen, à Copenhague vers 1860 et bien connu par ses études sur la peinture, en particulier sur divers maîtres hollandais et sur plusieurs musées italiens.

LES RECOMPENSES DU SALON

Société des Artistes français

Peiktube. Médaille d'honneur. Au troisième tour de scrutin, la médaille d'honneur de peinture a été décernée à M. Edgar Maxence, qui expose cette année les Oraisons, un des succès du Salon. C'est

M. Adler qui réunissait ensuite le plus grand nombre de voix.

/" médaille. MM. Paul-Louis Berges, Jean Lefeu- vre, Georges Maury, Louis Jourdan, Jeanne Burdy, Henri Calvet, Jules Joi'ts, Albert Matignon, Alexandre Jacob, Gustave -Lucien Dennery, Cyprien Boulet, M"" Bourillon-Tournay.

i' médaille. M"" llurel ; MM. Narbonne, Arthur Midy, Brisard, Loriol, Lucien Pillot, Emile Uagot, René Choquet, Neilson, Bernard Berloletti, Hervé, Paul Prévôt, Uelabarre, Kouard, H. Guy; M"' Rosen- berg ; MM. Louis Petit, Xavier Bricard, Signoret, Antonio Alice ; M"* Héol ; MM. Jean Cottenet, Per- nelle, Manceaux, René Devillario, Young-Hunter, EustacheStoenesco;M'°'LBuvernay-Petitjean; M.Wal- ter Webster; M»* Amen.

S' médaille. M. John William Leech; M"*" Burdy, Routchine ; MM. Hubert-Gauthier, Krause ; M"" Mer- cère Blanca; M. Gaston Simoes da Fonseca; M°" Edith Morgan ; MM. James Hill, Louis Fidrit ; M"'° Bret- Charbonnier ; MM. Roustan, Herniann-Delpech, Raoul Dreyfus, André Prévot-Valeri ; M"* Gallet-Levadé ; MM. Ilassep Pushmann, Jacques Madyol.

ScuLPTt'BE. Médaille d'honneur. La médaille d'honneur de sculpture n'a pas été attribuée, aucun des concurrents n'ayant obtenu la majorité au troi- sième tour de scrutin. M. Marquât est arrivé en tête aux trois tours.

/'" médaille. MM. Félix-Alfred Desruelles, Eugène- Paul Bénet, Corneille Theunisscn, Albert Roze, Henri Schmid.

i' médaille. MM, René Paris, Desvergnes, Léon Morice, C. Alaphilippe, Legoll', Magrou.

,?" médaille. MM. Robert Busnel, Cellier, Beaufils, Atmel, Fœrster. Boudarel, Grange, Jondet, Févola, Evans, Merculiano, M°" Daillon.

Gbavubk et LiTHOGHAPiiiE. Médaille d'honneur. La médaille d'honneur de la section de gravure est revenue à M. Louis Bussière, après deux tours de scrutin ; cet artiste expose une gravure au burin d'après la Nuit, du Corrège.

I" médaille. MM. Orner Bouchery et Carie Dupont.

i' médaille. MM. Leroy, Aubert, Louis Colas, Clairet, F. Duluard, Humblot, Ch. Pinet, Mercadier.

:)' médaille. M. Brauer; M"* L. Delécluze; MM. de Feuerstein , L'Hoste , Desgranges ; M"' Blariaux- Lebacq ; MM. Dallemagne, Manchon, Peccard.

Akchitecture. Médaille d'honneur. Cette médaille n'a pas été décernée cette année.

/'• médaille. MM. Charles-L. Boussoi», Charles Roussi, Maurice-Louis Pillet, Edmond Thoumy.

médaille. MM- Cauiille-Julien Bernard, Geor- ges-Robert Lefort, Paul-Louis Galeron.

S'' médaille.— Ernest-llenri-J. Barbier.RenéDupart, Louis Charles, André-Louis Feret, Édouard-Jules Deslaudes

Gkavube en médailles et sur pierres fines. Médaille d'honneur. C'est à M. Louis-Alexandre

18S

LE BULLETIN DE L'ART

Bottée, içraveur en médailles, que la médaille d'hon- neur de cette section a été attribuée.

Ahts appliqués. 2' médaille. MM. Michel et Jules Nies frères, Uaoul Lachenal, Jules Coudyser, M"° Jeanne Mayonnade.

.•;• médaille. MM. Louis Dalbet, Georges Dumou- lin, Ernest-Édouard Duru, Charles -Eugène Feuillatre.

De nombreuses mentions honorables ont également été décernées.

Prix IIknnek. Ce pri.x, qui doit être attribué à un artiste français, peintre de figures, âgé de plus de trente ans, exposant au Salon des Artistes français, a été décerné, le jeudi \\ juin, à M. Joseph Berges.

Pkix Beii.in-Dollet. Ce prix a été attribué, par le comité de la section de gravure et lithographie, à M. G.-A. Barlangue.

Prix Rollé. M"' Alice Delage.

Prix Leiebvre-Glaizk. M. Paul-Pierre Prévôt.

Prix Rosa Bonheur. M"" Jouclard.

Prix Galimard-Jauhert. M"' H. Maugendre.

Société Nationale des beaux-arts.

Ont été élus sociétaires, à l'occasion du Salon de 1914:

Peinture. MM. Andreau, Chapuy, Chariot, Geor- get, Gilsoul, Guérin.

Sculpture. MM. Binder, Quillivic, Wlerick.

Gravure. M. Perrichon.

Architecture. M. Sotrez.

Arif! décoratifs. MM. Capon, Georges, Jacquiu, Lalique, Malclès.

Ont été élus associés :

/'«injure. MM. Agard, Avelot.M" Degen, M"'Del- gobe, Durand, Martin, Claude René, Méret, Santa- Maria, Vasquez Diaz, Wery.

Sculpture. M. de Charraoy, M— Demagnez, M. Giovannini.

Gravure en médailles. M. Fonfreide.

Gravure. MM. Beaufrère, Coppicr, Ilanotaux.

Architecture. MM. Mangin, Rouge.

Arts décoratifs. MM. Chapleau, M"* Maillaad, M"' Morisset, Simmen, Thomas.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. Vente de la Galerie Crespi (1" et 2' ventes : tableaux anciens). Faite galerie Georges Petit, le 4 juin, par M" Lair- Dubreuil et Baudoin, et MM. Trotti et Ferai, la première vente de la (ialerie Crespi a produit 1.207.380 francs. D'une façon générale, les prix de demande n'ont pas été alleints, ce qui n'a rien qui doive surprendre. A la situation géné- rale du marché de la curiosité, assez lourde en ce moment, comme nous l'avons constaté plusieurs fois dans nos dernières chroniques, s'ajoutait, en effet, dans le cas présent, deux autres circonstances défavorables : d'abord la composition très particulière de la collection, d'un genre sérieux et mt^me un peu sévère, auquel on est peu habitué à Paris ; et, en second lieu, ce fait bien connu que quelques-unes des pièces les plus célèbres do la Galerie Crespi avaient été' vendues à l'amiable en ces dernières années, ce qui a contribué à répandre dans le public cette opinion, d'ailleurs erronée, que la collection, ainsi découronnée, ne comprenait

plus rien d'intéressant. Dans ces conditions, comme nous le disions il y a huit jours en don- nant le produit total ef quelques-uns des prin- cipaux prix, on doit considérer les résultats obtenus comme très satisfaisants.

PRINCIPAUX PRIX

Tableaux anciens. Écoles d'Italie, XV' et XVI' siècles. 2. Bacchiacca. La Vierge à la fer- ronnière, 6.500 fr. (dem. 10.000). 5. Bartolommeo Veneto. La Vierge avec l'Enfant dans un paysage, .n.SOO fr. (dem. 10.000).— 6. M. Basa'iti. La Vierge à l'Enfant, entre saint Sébastien et une sainte martyre, 9.000 fr. (dem 10.000). 7. Boccaccino. La Vierge à l'oiseau, 12.600 fr. (dem. 20.000). 8. Pseudo Boccac- cino. La Vierge au turban, 5.500 fr. (dem. 5 000). 10. Bordone. Un Berger et une nymphe couronnés par un amour, 8.000 fr. (dem. 10.000).— 11. Borgognone. La Nativité, 40.000 fr. (dem. 50.000). 14. Cnroto. Sainte Famille, 6.100 fr. (dem. 5.000). 17. Le Cor- rège. « Mater amabilis ». 22.5000 fr. (dem. 25.000). Ferrari : 19. Pietà. .'iO.OOO fr. (dem. 50.000). 20. La Vierge au coussin bleu, 6.200 fr. (dem. 3.000). 22. Francia. Sainte Barbe, 53.000 fr. Gianpietrino : 25. La Vierge à la grenade, 61.000 fr. 26. La Vierge avec l'Enfant Jésus et le petit saint Jean, 4.900 fr. (dem. 10.000). 30. L. Monaco. La Vierge el l'Enfant

A.NCIEN ET MODERNE

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adorés par des saints personnages. 14.000 fr. (dem. 15.000). 31. L. Lotto. Sainte Famille, 26.500 fr. (dem. 30.000).— 34. B. Luini. Le Rédempteur, 5.200 fr. (dem. 3.000). 38. M. Marziale. Déposition de la croix avec les portraits des donateurs, 6.000 fr. (dem. 8 000).

40. Attr. à Michel-Ange. I.a Madone Crespi, 136.000 fr. (dem. 200.000). 41. Moretis. La Vierge à VEnfant avec une religieuse et un chartreux, 16.100 fr. (dem. 15.000). 42. Moretto da Brescia. La Visitation, 22.000 fr. (dem. 20.000). 43. Marco d'Oggionno. Triptjque : la Vierge à l'Enfant, avec deux dona- teurs et leurs patrons, 70.Ï00 fr. (dem. 80.000). 44. Triptj'que : un Saint Evêque entre saint Guatbert et sainte Claire. 14.100 fr. (dem. 30.000). 48. Piazza. Triptyque à saints personnages, 21.000 fr. (dem. 30.000 fr.). 53-54. Santa Croce. Saint Paul et saint Jacques le Majeur. Saint Sébastien et Saint Matthieu, 9.500 (dem. 15.000). Solario : 57. La Madone Pitti, 24.000 fr. (dem. 30.000). 58. L'Addolorata, 40 000 fr. (dem. 40.000). 59. Ecce Homo, 22.500 fr* (dem. 25.000). 60. Christ bénissant, 9.200 fr. (dem. 15.000).

62. Atelier de Léonard de Vinci. La Vierge de l'Ave Maria, 141.000 fr. (dem. 150.000).

Écoles d'Italie et Ecole espagnole, XVII' et XVlIh siècles. Canaletto : 64. Venise, le Grand Canal et l'entrée du Canareggio, 20.000 fr. (dem. 25.000).— 65. Le Grand Cnnnl, entre le palais Moro-Lin et le palais Foscari, 11.200 fr. (dem. 25.000). 66. Le Grand Canal en face de la Croce di Venezia, 6.800 fr. (dem. 15.000).- 67. te Grand Canal devant S. S/ae, 6.800 fr. (dem. 15.000). 69. D. Crespi. La Flagellation, 9.500 fr. (dem. 10.000).— ^^3-'l'^.Gn!t.lAi. Deux paysages animés, 8.100 fr. (dem. 10.000). Tiepolo : 83. La Vision de sainte Anne, 87.000 fr. (dem. 100.000). 85. La Vision de sainte Anne, esquisse du tableau précédent, 27.000 fr. —86. La Beata Ludvina, 9.000 fr. (dem. 8.000).

Écoles allemande, flamande et hollandaise. 91. Bailly. Portrait du théologien Antoine de Wale, 5.000 fr. (demande 6.000). 92. J. Bosch. L'Escamotoo-, 6.000 fr. (dem. 10.000). 96. Rogier de la Pasture ou Van der Weyden. Vierge à l'Enfant, avec saint Joseph, saint Paul et un donateur, 30.000 fr. (dem. 40.000).

De la seconde vente Crespi, faite à l'Hôtel, le 6 juin, par les mêmes commissaires-priseurs et e.tperts, il n'y a à retenir que le chiffre du produit total, soit 20.125 francs.

Ventes diverses. Objets d'art, etc. Faite, salle 6, le 2 juin, par M" Lair-Dubreuil et Desvouges et MM. Paulme et Lasquin, la vente après ledépartde M""'L...,a. produit 37.000 francs. Un seul prix à noter : les 9.650 francs réalisés par un salon d'époque Louis XVI en bois sculpté et peint gris, couvert eu lampas.

Un seul prix vaut d'être signalé parmi les

résultats d'une vacation anonyme, dirigée salle i, le 6 juin, par M" H. Baudoin et .M. M. Waltlier, assistés de M. Guillaume, celui de 5.500 francs obtenu par une tapisserie d'Aubusson, d'époque Régence, représentant Diane et Endymion dans un paysage. Cette séance a produit un total de 62.000 francs environ.

Vente de la collection du marquis de Biron (1" vente : dessins, peintures, sculp- tures, etc.) La première vente des collections du marquis de Biron, comprenant la magnifique réunion d'oeuvres d'art, principalement de l'école française du ivui" siècle, que nous avons passée eu revue dans une de nos précédentes chroni- ques, s'est faite, à la galerie Georges Petit, les 9, 10 et 11 juin. M"» Lair-Dubreuil et Baudoin dirigeaient les vacations, assistés de MM. Paulme et Lasquin, Ferai et Mannheim. Le total de 2.081.683 francs est à retenir et suffit à témoi- gner de l'accueil obtenu par ces dessins, pein- tures, sculptures, bronzes et meubles, apparte- nant à une époque plus que jamais au goût du jour et dont le succès ne se dément point.

Le jour de la première vacation, consacrée aux dessins et peintures, et qui a produit à elle seule 809.200 francs, on a vu les prix de demande presque tous dépassés, et quelques-uns de fort loin, comme celui de la petite peinture d'Hubert Robert, le Parc de Saint-Cloud. adjugée 50 000 fr. sur demande de 30 000; ce prix est le plus beau de la journée, avec celui d'une esquisse peinte de sir Th. Lawrence, Portrait de femme, qui a atteint 46.000 francs. Les dessins ont obtenu le succès le plus complet : une ft-uille au bistte de Fragonard, Fête galante, a réalisé 29 500 francs sur demande de 25.000 ; la Villa Kegroni du même, 24.000 francs (demande 20.000) ; les trois études de Mains d'homme, au pastel, par La Tour, se sont vendues 28.900 francs sur demande de 15.000; le Triomplie de l'amour, de G. de Saint- Aubin, a fait 26.500 francs ; parmi les dessins^e Boucher et d'Ingres, on trouve aussi des enchères supérieures à '20.000 francs.

Le Musée des Arts décoratifs, le Petit Palais (notamment pour les trois dessinsd'Ingres, n"*30, 31 et 34), le Musée de Lyon, comptent parmi les acquéreurs.

Voici -d'ailleurs les prix de cette vacation qui dépassent 5.000 francs. Nous y joignons les prix de demande et les prix obtenus dans les ventes précédentes, que nous empruntons à notre confrère, la Gazette de l'Hôtel Drouot.

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LE BULLETIN DE L'ART

Uesstns, Pastels, Aquakelles. K. Boucher : 5. Bacchanle. d., 23.500 fr. (deiu. 15.000 ; v. du Baron d'ivry, 1884, 1.000 fr.). 6. l'rojel de fontaine en forme de vase, d., 5.100 fr. (dena. 5.000; v. Concourt, 1897, 870 fr,). 7-8. Amours soutenant une corbeille, deux pendants, d., 11.500 fr. (dem. 6.000). Chardin : 9. Elude d'enfant, d., 5.000 fr. (dem. 5.000). 10. le Garde-manger, d., 6.100 fr. (dem. 6.000; v. Chenne- vicres, 1898, 1.220 fr.). 11. Clodiou. Petits Satyres, d., n..500 fr. (dem. 15 000). L. David : 12. Portrait de Jeanbon Saint-André, d., 10.100 fr. (dem. 10.000). 13. Portrait d'un général de la République, d., 6.000 fr. (dem. 5.000 ; v. Destaillenr, 1896, 950 fr.).

Fragonard : 16. Jet d'eau dans un parc, d., 9.000 fr. (dem. 10.000). 17. Les Jardins de la Villa Negroni, à Home, d., 24.000 fr.(dem. 20.000).— 19. Fêle galante, d., 29.500 fr. (dem. 25.000; v. Norblin, 1860, 42 fr. ; V. Muhlbacher, 1899, 10.000 fr.). 20. L'Èlable, d., 13.700 fr. (dem. 15.000 ; v. du Baron Schwiter, 1883, 500 fr.). 21. Notre-Dame de Paris, d., 5.100 fr. (deui. 4.000). 22. L'Amour de l'or, past., 5.3S0 fr. (dom. 4.000; v. Fr. Villot, 1859, 24 fr. ; v. Goncourt. 1897, 1.600 fr.). 24. Greuze. L'Amour aux colombes, d., 5.600 fr. (dem. 6.000).

Ingres : 27. Af"" Verbœckhoven, d., 15.000 fr. (dem. 15.000). 28. Joséphine Lacroix, A., 9.100 fr. (v. Le- comte, 1906, 4.000 fr.). 30. M. Lavergne, d., 15.000 fr. (dem. 10.000). 31. A/™" Lavergne, d., 15.000 fr. (dem. 15.000). 34. Éludes pour « l'Odalisque à l'esclave », d., 24.500 fr. (dem. 15.000). 35. M— Gallois, d., 9.100 fr. (dem. 10.000). M.-Q. de La Tour : 37. M"' Dorizon, née Masse, préparation, past., 20.100 fr. (dem. 20.000). 38. Vumonl le Romain, préparation, past., 11.500 fr. (dem. 11.000; v. Goncourt, 1897, 2.100 fr.). 39. Études de mains d'hommes, past., 28.900 fr. (dem. 15.000).

Prud'hon : 43. Étude pour « l'Assomption de la Vierge», à., 12.500 fr. (dem. 12.000; v. Boisfremont, 1870, 1.450 fr.; v. Casimir Périer, 1898, 3.050 fr.). 44. Étude pour « l'Ame brisant les liens qui l'atta- chent à la terre », d., 9.000 fr. (dem. 6.000 ; v. Bois- fremont, 1864, 241 fr. ; v. Delessert, 1898, 700 fr.). 46. Éludes pour « le Rêve du bonheur », de Ai"' Mayer, d., 10.500 fr. (dem. 8.000). 47. Académie de femme, d., n.500 fr. (dem. 10.000). 50'. Rembrandt. Scène biblique, d., 15.000 fr. (dem. 10.000).

Hubert Robert : 52. La Fontaine, aq., 8.300 fr. dem. 8.000). 53. Réservoir sous les voûtes d'un édifice antique, aq., 11.000 fr. rdem. 5.000). 55. A Roslin. Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont, past., 11.200 fr. (dem. 12.000). 56. Rubens. Portrait de femme, d., 14.600 fr. dem. 15.000).

Gabriel de Saint-Aubin : 57. te Triomphe de l'amour, d., 26.500 fr. (dem. 25.000). 58. Gabriel de Saint- Aubin dessinant le portrait de l'évêque de Cliartres, d., 10.200 fr. (dem. 12.000). 59. Allégorie sur le mariage de Marie-Antoinette, d., 9.000 fr. (dem. 8.000; v..Thévenin, 1906, 1.300 fr.). 60. Scène de théâtre, aq., 5.000 fr. (dem. 8.000; v. Beurdeley, 1908,

2.285 fr.). 61. G. de Sainl-Aubin et Ch. Eisen. Vignettes, neuf vignettes dans un même cadre, d., 14.500 fr. (dem. 8.000). 63. Watteau. Télé de Mez- zetin, d., 19.000 fr. (dem. 18.000). 66. École franc., xviii" s. Diderot, A., 9.000 fr. (dem. 8.000).

Peintubes. L.-E. Dubufe : 68. M" d'E... et son fils, 9.000 fr. (dem. 6.000).— 69. Violettes, 5.000 fr. 11. Sir Th. Lawrence. Portrait déjeune femme, 46.000 fr. (dem. 40.000). 72. Le Maître des demi-figure» de femmes. Portrait déjeune femme, 5.200 fr. (dem. 6.000).

Hubert Robert:74 Le Parc deSaint-Cloud, SO.QOOfr. (dem. 30.000). -75. Le l'ont. 23.000 fr. (dem. 20.000). 76. Rtiines de temple antique. 14.000 fr. (dem. 12.000).

77. La Villa Médicis, 13.600 fr. (dem. 8.000). 78. Intérieur d'un édifice antique, 8 000 fr. idem. 8.000).

79. Cascade près d'une basilique, 8.400 fr. (dem. 5.000). 80. Escalier dans un édifice antique, 13.600 fr. (dem. 6.000). 83-84. École française, xviii' s. Jeux d'amours, panneaux décoratif», deux pendants, 8.000 fr. (dem. 5.000).

Il est bon de rappeler que toutes ces pein- tures et tous ces dessins ont été vendus encadrés dans de riches bordures, la plupart du xvni" siè- cle, dont la description minutieuse était donnée par le catalogue, au même titre que celles des cadres vendus isolément.

La seconde vacation a produit 3"S.195 francs. Elle était consacrée aux bois sculptés, aux cadres en bois sculpté et doré, aux cadres en bronze, enfin aux sculptures. Les honneurs de la journée furent pour le buste du Maréchal de Lowendal, terre-cuite de J.-B. Le Moyne, adjugé 39.000 fr., sur demande de 40.000. Le Centaure et la Bac- chante, terre-cuite de Clodion, dont on demandait 20.000 fr., s'est vendu 26.000. Le plus beau prix pour les cadres en bois sculpté a été celui de 14.500 fr., sur demande de 13.000, pour un cadre Louis XVI, dans le style de La Londe (n" 171); et pour les cadres en bronze doré, celui de 14.700, sur môme demande de 15 000. pour un grand cadre Louis XVI (n» 334).

Ci-dessouB, les prix supérieurs à 5.000 francs de cette seconde journée :

Sculptures. 85-88. J.-Ph. de Beauvais. (luatre dessus de portes pour le boudoir de Marie-Antoinette au Palais de Fontainebleau : la Science et le Commerce, la Poésie, la Musique, le Drame et la Comédie, ma- quettes terre-cuite, 10.050 fr. (dem. 6.000). Le Ber- nin : 89. Sainte Bibiane. maquette terre-cuite, 7.600 fr. (dem 6.000). 90. Buste d'un cardinal, terre-cuite, 11.500 fr. (dem 12.000). 91. Boizot. Le Coup de vent, statuette terre-cuite, 15.010 fr. (dem. 12.000:. 94. Attr. à Bosio. Buste d'une jeune femme, marbre bl., 6.000 fr. (dem. 6.000). Clodion : 98. Hermès et Dryope, terre cuite, 11 500 fr. (dem. 12.000). 99. Le Centaure

ANCIEN ET MODERNE

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et la Bacchante, terre cuite, 26.000 fr. (dem. 20.000). 101. Iloiiddti. Voltaire, petit buste terre cuite, 0.000 lï. (det'i. 3 000). 104 Le Comte. l'Enlèvement d'Hélène, terre cuite, 10 OuO fr. (deui. 8.000). iOâ. Le Moync Le Maréchal de Lowenital, buste terre cuite, 39.000 fr. (deui. 40.000). 117. École française, fin xviii" s. Ma- guette d'une statue f> Jean-Jacques Rousseau, 6.000 fr. (dem. 8.000).

Caorks en bois bculpté. 129. Petit cadre rectan- gulaire, époque Régence, rinceaux, rosaces aux angles, coquilles et rocailles à chaque milieu, 5.000 fr. (dem. 5.000). 147. Cadre rectangul.,ép. Louis XV; cartouche à rocailles au milieu de chaque face; fleurs aux angles, 5.0.W fr. (dem. 2 000). 153. Cadre rectangul. ép. Louis XVI, à crossettes; à la partie sup., cartouche encadré de lauriers et de fleurs, 6.000 fr. (dem. 5.000). 169. Grand cadre rectangul. en hauteur, ép. Louis XVI ; au fronton, oiseau aux ailes éployées tenant dans ses serres une branche de laurier ; guirlandes de fleurs, etc., 12.500 fr. (dem. 7.000). 171. Grand cadre rec- tangul. en hauteur, ép. Louis XVI ; fronton composé d'un cartouche surmonté d'une couronne de laurier et rubans; rosaces aux angles, etc.; style de La Londe, 14.500 fr. (dem. 13.000).

Bois sculptés. 178. Deux panneaux dessus de portes en largeur, chêne sculpté de branchages et de lleurs, attr. à Aubert Parent, ép. Louis XVI, 7.600 fr. (dem. 6 000)

Cadkes en bronze doré. 333. Grand cadre rectan- gul., entrelacs inscrivant des rosaces, ép. Louis XVI, 10.000 fr. (dem. 10.000). 334. Grand cadre rectan- gul., disques juxtaposés séparés par des branches de laurier, surmonté d'un nœud de ruban, ép. Louis XVI, 15.000 fr. (dem. 14.700).

Nous remettons à une prochaine chronique la liste détaillée des enchères de la troisième vaca- tion, comportant les objets variés, socles, bronzes d'ameublement, sièges, meubles, vitrines, et la rare et importante réunion de bronzes d'orne- ment, riciie de 113 numéros.

Cette vacation s'est terminée sur un total de 897.290 francs. On y remarque, en particulier, l'enchère de 141.000 francs, sur demande de ISO. 000, obtenue par un grand bureau plat, avec cartonnier et écritoire, d'époque Louis XVI, en bois de rose et bronzes, signé : P. Garnier. Citons aussi les prix de 50.000 francs pour un meuble d'entre-deux, d'époque Louis XVl, signé Saunier, et de 46.000 francs pour un bureau de dame, de même époque, signé Biesener.

"Ventes annoncées. A Paris. —Tableaux, objets d'art et d'ameublement. Les 15 et 10 juin, à l'Hôtel, sall.e n" 6, M= H. Baudoin, assisté de MM. Mannheim et Ferai, dispersera une collection d'objets d'art et d'ameublement, faïences, porcelaines de Chine et européennes,

avec quelques tableaux ancien» et modernes, aiqxirtenant à M. L... On y remarquera, en par- ticulier, quelques tapisseries intéressantes, parmi lesquelles trois tapisseries en Aubusson, du temps de Louis XV, présentant chacune un paysage maritime, animé de personnages ; une de ces tentures est reproduite au catalogue.

Collection de feu M. Bourée (objets d'art, tableaux). Les 17 et ISjuin, à l'Hôtel, salle 10, M= H. Baudoin, avec MM. Mannheim et M. Georges Petit comme expert, vendra les objets d'art et tableaux modernes formant la collection de feu M. Bourée. Une série de porcelaines de la Chine, dont plusieurs sont reproduites au catalogue, des flacons, tabatières, bibelots, bronzes et meu- bles de même provenance ; quelques tableaux modernes complètent la vente.

Succession de M™" N. D... (tableaux, objets d'art). M'Lair-Dubreuil, assisté de MM. Paulme et Lasquin et Duchesne et Duplan, procédera, salle 1, les 17 et 18 juin, à la vente des tableaux et objets d'art et d'ameublement, dépendant de la Succession de M'«« IV. D... Dans le catalogue illustré de cette collection, nous remarquons tout d'abord, du côté des tableaux et dessins : les Catalans, près de Marseille, par Decamps ; un Paysage, par Jules Dupré, parmi les modernes ; puis, du côté des anciens : des Fruits et gibiers, par Fyt ; la Bonne mère, par J.-B. Huet ; le Por- trait présumé de la duchesse de Montbazon, par N. de Largillière; les Joueurs de dés, par Eisen; un Intérieur rustique, par II. Robert ; Minerve et Thétis,pa.r P. Rubens,/a Grande mare, parJ. Ruys- dael ; enfin, les Danseurs, par D. Téniers le jeune.

Dans les objets d'art et d'ameublement qui composent la seconde partie de la vente, notons : une plaque rectangulaire ancienne,, en faïence de Gubbio, offrant en bas-relief la.yierge et l'Enfant Jésus, et une tapisserie de Bruxelles du xvii'^ siècle, le Départ pour le Carrousel.

M. N. LIVRES

A Paris. "Vente d'une collection de livres d'architecture et de recueils d'orne- ments. — Nous aurons à revenir plus longue- ment sur cette belle vente, que nous avions annoncée avec quelques détails et qui s'est faite, du 3 au 6 juin, à l'Hôtel, par le ministère de M* A. Desvouges et de M. A. Besombes. Le beau total de 631.467 francs dit assez quel a été l'in- térêt témoigné par les amateurs à ces raretés de l'histoire de l'art et du livre.

192

LE BULLETIN DE L'AKT

Dans une chronique prochaine, il nous faudra reprendre le compte rendu elles prix des ventes Alphonse Willems et Pierre Dauze, nous donnerons une liste des principales enchères de ces recueils d'architecture et d'ornements. Bor- nons-nous à tirer de pair les deux plus remar- quables : celle de 51.000 francs (sur demande de 40.000) pour un recueil de 1 .276 pièces de Jacques Androuet Du Cerceau, relatives à l'ameublement, à l'orfèvrerie et à la décoration des (édifices et formant la plus grande partie de l'œuvre du maître (n° 75); et celle de 28.000 francs pour riEuorc gravé de Watleau, publié par M. de Julienne, en quatre volumes, dans une reliure de l'époque.

La Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondée par M. Jacques Doucet, a fait d'importants achats à cette vente; elle entre pour une bonne moitié dans le total des enchères.

B. J.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Severino Rappa (galerie J. Chaîne et Simon- son). Depuis près de dix ans, la surprise n'était jamais méprisable de rencontrer, dans la fatigante cohue des Indépendants, ce dessinateur qui sait tenir un crayon, ce portraitiste qui devine l'àme visible d'une physionomie particu- lière et la mélodie silencieuse d'un visage humain. Nettement et délicatement, avec le crayon gras sur la pierre lithographique ou la pointe aiguisée de la mine de plomb sur le papier blanc, ce modeste et courageux Piémontais, qui fut d'abord ouvrier, puis graveur sur bois, possède le secret de lire le caractère vivant d'un être et de le fixer dans un canevas léger de hachures fines et de traits pâles, pour en prolonger sous nos yeux l'éloquence fragile et le rythme éphémère : Ars longa, vita bvevis, a-t-il écrit lui-même en marge de son portrait, daté de juin 1904. Etqu'il retienne l'enfance heureuse ou la vieillesse ridée, l'élé- gance discrète ou la pensée loyale, qu'il interroge Mme Florence Bartholomé, Jtf""* Cécile Fournery- Coquard, le peintre Maximilien Luce, le statuaire Albert Marque, le sculpteur sur bois Edmond Becker, nos confrères J.-G. Prod' homme, Hugo Thieme ou Gustave Geffroy, son savoir ému nous propose une définition neuve de cet art indéfinis- sable qu'on nomme le dessin, car il y a plus d'une formule possible entre la pure ligne d'Ingres et l'estompe magique de Prud'hon.

Groupes divers. Les groupes, dorénavant, veulent croître et multiplier, comme les indi- vidus : chez Crandhomme ou chez Hessèle, quelques peintres et dessinateurs de Paris, depuis feu Camille Pissarro jusqu'à M. Renéfer et M"" Delasalle; chez Marcel Bernheim, quelques peintres russes, et des noms nouveaux : Paris ignorait M. Gorbatov, mais nous connaissions déjà M. Ivan Thiele, dont le Paysage héroïque est sévèrement composé comme ses beaux por- traits. .\nx pavillons de Bagatelle, la dixième réunion de la Société des artistes de Neuilly nous recommande la céramique de Copenhague, de fins paysages de M. Emile Barau, la vue prise par Miss Malone de l'Erechtheion dominant les flots bleus, la brève « rétrospective » du statuaire Pierre Granet et d'Edouard Détaille, qui datait de 1878 son Bonaparte en Egypte.

Tandis que le paysage du Midi veut rayonner chez Bernheim jeune, chez Moleux, boulevard Malesherbes, les Rosati font une troisième expo- sition d'art septentrional, se distingue, presque seuljlepeintre-graveurdes villes mortes, M. Albert Lechat. Galerie La Boétie, le Syndicat des femmes peintres et sculpteurs n'avait rien à nous apprendre, et l'Union des Arts est un groupe nouveau composé de noms connus; mais on voit sans déplaisir les études loyales de M. Henry d'Estienne, les planches ou les dessins de MM. Le Meilleur, Armington, Corabœuf et Mayeur, et les médailles de M. Yencesse ; enfin, la galerie Chaîne et Simonson vient de nous offrir une pre- mière exposition d'esquisses, groupées par le peintre Léonce Furt, la subtile Venus nais- sance de M. Roganeau mettait, comme au Salon, sa nudité frêle et sa douceur nacrée.

Actuellement, l'art est aux Salons, et plus encore dans les grandes ventes, à la Centennale française de Copenhague ou dans les nouvelles salles de la collection Camondo; cependant, chez Georges Petit, M. Léon Arnoult cultive le paysage romantique et le crépuscule cher à la Société Nationale; chez Bernheim jeune, M. William Horton préfère les clartés de l'impressionnisme; et chez Druet, après M. Dufrénoy, souvent lourd, après M. Marquet, parfois très fin, le décorateur G.-I^. Jaulmes nous rappelle en termes choisis que la peinture a d'autres horizons que la som- maire brutalité des intransigeants.

Raymond Rouvbb.

Le Gérant : H. Dïnis.

Paris. Imp. Georges Petit, li. rue Godol-dc-Uauroi.

Numéro 630.

Samedi 27 Juin 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Deux arrêts du Conseil d'État

Dimanche dernier, on a posé la première pierre (lu pont d'Héricy : temps maussade, assistance clairsemée, cérémonie sans éclat que le préfet du département ne daigna point honorer de sa présence, encore qu'il eût, on le sait, tous les titres à tenir la truelle en ce grand jour il).

Consolons-nous de ce qui se prépare là-bas, en résumant deux arrêts nouvellement rendus par le Conseil d'État et bien faits pour réjouir les amis des monuments et des sites, qui pourront s'en prévaloir à l'occasion.

Il existe à Nîmes une porte romaine dite Porte d'Auguste, classée comme monument historique, et dont l'aspect était complètement défiguré par les murs couverts d'affiches des deux maisons qui la dominent. En vertudelaloi du20avriH910, qui confère aux préfets le droit de fixer la zone dans laquelle l'affichage est interdit aux abords des monuments ayant un caractère artistique et classés comme tels, le préfet du Gard prit un arrêté interdisant l'affichage dans un périmètre de six mètres autour de la Porte d'Auguste. Les propriétaires des deux maisons visées, alléguant le respect de la propriété privée, déférèrent l'ar- rêté préfectoral au Conseil d'État. Celui-ci a rejeté leur pourvoi, en déclarant que la loi du 20 avril 1910 « n'a point entendu subordonner l'exécution des mesures prévues par elle à l'adhé- sion des propriétaires ou à la procédure d'expro- priation, mais édicter, dans un but d'intérêt général, une servitude qui grève directement, sans indemnité, la propriété immobilière dans le périmètre défini ».

Cette jurisprudence peut avoir les plus heu- reuses conséquences, et il faut se féliciter que le préfet du Gard ait eu gain de cause. Son collègue

(1) Voir le Bulletin, a" 624 et 627.

du Loir-et-Cher n'a pas eu le môme succès, mais c'est précisément son échec que nous enregistrons avec un vif plaisir.

Un incendie ayant partiellement détruit la vieille église de Morée, la commune reçut de sa Compagnie d'assurances une indemnité de 20. .300 francs, sur laquelle le Conseil municipal décida de prélever 5.100 francs et d'employer cette somme à combler les anciens fossés du vil- lage Notons, en passant, que ces fossés sont fort curieux et que les archéologues s'efforçaient de les conserver.

Plusieurs habitants de Morée demandèrent alors l'annulation de la délibération du Conseil municipal au préfet du Loir-et-Cher qui s'y refusa. Saisi d'un pourvoi, le Conseil d'État a confondu la délibération municipale et l'arrêté préfectoral dans une même annulation, basée sur les remarques suivantes : étant donné, d'une part, que les édifices affectés au culte sont, d'après la loi du 2 janvier 1907, à la libre dispo- sition des ministres du culte et des fidèles pour la pratique de leur religion, et, d'autre part, qu'en cas d'incendie, il résulte de l'esprit des lois du 19 février 1889 et 28 mai 1913 que, dans les rapports entre l'assuré et les tiers, l'indem- nité d'assurance se substitue à la chose assurée, il s'ensuit que le Conseil municipal n'avait pas la libre disposition de l'indemnité versée à la com- mune et devait, non pas l'employer à son gré, mais l'affecter à la reconstruction de l'église.

Bonne semaine, décidément, pour les pauvres défenseurs des paysages et des monuments!

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur, Sont nommés chevaliers de la Légion d'honneur, sur la proposition du ministre de l'Instruction publique, à roccasion de l'E.xposition de Gand, MM. II. d'Estienne et E.-A. Moullé, artistes peintres.

tm

LE BULLETIN DE L'ART

A l'occasion de l'Exposition de Gand, M. Léon R?6f6r, fichmme de (ettrés, secrétàfré géAéfal et forida- teàr de Soci^é de l'art à l'école, a éfe promu éiu grade d'omcîer de la Légion d'honneur, sur la propo- sition du ministre du Commerce.

Sous-secrétariat d'Étjrt dés 'Éea.nt-Atis. Par décret en date du 14 juin, M. Daliniier, député de Seine-et-Oise, a été nommé sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts du Cabinet Viviani, en remplacement de M. Jacquier, membre du Cabinet Doumergue, démis- sionnaire.

M. Uibot, pendant son court passage à la présidence du Conseil, n'avait pas pourvu au remplacement de M. Jacquier.

Académie des beaux-arts (séance du 13 juin). M. Redon, élu la semaine précédente en rempla- cement de M. Vaùdrémer, est admis aux ho'fanetirs de la séance avec le cérémonial accoutumé.

L'Académie s'entretient du Salon qu'elle a résolu d'organiser et pour lequel elle vient d'obtenir la concession du Jeu de Paume des Tuileries.

Elle a décidé que cette exposition n'aurait pas lieu tous les deux ans, mais seulement tous les trois ans.

(Séance du 20 juin). L'Académie décerne le prix Bordin (3.600 francs), à notre collaborateur M. Fran- çois tlourboin, conservateur du département des Estampes la BibliOthèqile nationale, pour son livré sur la Gravure française du XV III' siècle.

Le prix Brizard (3.000 francs), est attribué à M"* Marcelle Noyon ; le prix Maxime David (400 francs), à M"* Bastide; le pi-ix Ardoin (1.600 francs); est par- tagé également entre M"" Mège, Menier* de Bourgade et Charton.

M. Patey est délégué pour représenter l'Académie, le 1^ juillet, à l'inauguration du monument élevé, à Mortàgnë, à la mémoire de Chaplain.

Abadémie des inscriptidns et belles-lettreti (séance du 12 juin). Le P. Scheil achève sa com- munication sur les fouilles opérées à Jérusalem dans la cité primitive, remontant à l'époque chananéenne. il étudie le dispositif employé pour l'adduction de l'eàii nécessaire à l'approvisionnement de la ville et le systêiae âes enceiiites successives, brie inscription grétouë f^enconti'ëe dditiS lé^ fbuillës et relatant la conslrdcllon d'une sjmégb^e et d'iihe hôtellerie pour les étrangers par un certain Théodote, appelle diverses observations de la part de MM. Çroiset, Monfceaux, bleftlioht-tîânHéaii et Baijéidri.

(Séance du 19 juin). L'Académie apprend la mort de son correspondant M. fiàrclay Vincent Head, conservateur honoraire des Médailles au Musée Bri- tannique.

Sur le prix Gobert, 1.000 francs sont attribués à M. le commandant Espérandieu pour son Recueil de bas-reliefs de la Gaule romaine.

M. Chavannes donne des nouvelles de la mission

de MM. Segalen, Lartigue et Gilbert de Voisins en Cliin* occidentale.

M. Caignat expose les résuHats obtenus par MM. Ph. Fabia et G. de Montauzan, professeurs à la Faculté des Lettres de Lj-on, qui travaillent au déga- gement d'une importante villa romaine sur la colline de Fourvières. En explorant les abords de l'endroit ils avaient trouvé la grande mosaïque acquise l'an dernier par le Musée de Lyon, ils ont découvert six nouvelles mosaïques, dont trois surtout sont remar- quables : l'une, blanche et noire, par la variété et la beauté ses desèins gêoimétrtfjué* ; la de'iixiême, polychrome, par la finesse d'une frise de feuillage, de fleurs et d'oiseaux ; la troisième, par surface qui n'est pas inférieure à ni mètres carrés et par les restes d'un grand tableao central représentant une scène de marine. Toutes appartenaient à un ensemble et se rattachaient sans doute à un grand bassin central pavé en opus spicatum qui fut déblayé en 1911. Les vestiges de cette habitation magnifique couvrent 3.460 mètres carrés.

M. M. Dieulafoy montre que les plans du temple et de la pyramide de Bal Mardouk. levés par M. Kol- dewey, directeur de la mission allemande, sont d'accord avec les calculs faits par le P. Scheil et lui- même, d'après la tablette du scribe babylohieil AriOu- Belchounor.

M. Mesguich, architecte de l'École des beaux- arts de Paris, rend coiiipte des fouilles qtii lui ont petttiii de mettre M j«iir un pftlais de Byzariee^ qiie l'dû croit pouvoir IdfenIHiér avec la maison de Jiisti- nien, habitée par ce prihce avant de ceindre la cou- ronne impériale. Cet édifice, extrêmement fiche en mosaïques du style le plus pur, bâti probablement par Constantin, fut éventré en 1871 par la construc- tion d'un chemin de fer. Certains travaux d'édililé menacent ce qui en reste, et M. Mesguich, soutenu jusqu'à présent dans sori entreprise par les Amis de Stamboul, souhaite d'attirer l'attention des savants du monde entier sut ce monumelit et de le* intéres- ser à sa préservation:

Société des antiquaires de France (séance du 10 juin). M. Jules Formigé examine la disposition de l'aulisum dans les théâtres romains et signale à ce sujet des bas-reliefs conservés au Musée de Naptes et au Musée du Louvre.

M. Lefévre des Nouettes /ait cortstater que le cheval n'a Jariiais élé, dans I antiquité, utilisé pour Ife labouf, et il {jropose de corriger Sur ce point

rext)lication d'iiii bas-relief egj-t>tient>ublié pd)- Prisse d'Avenue.

M. de Mély signale l'inscription d'un tableau prittiitif BJtposé sti Lolivre comme Uhe peinture lla- mande, l'Instruction pnsloralt; «t ((ui porte le Htttt d'an peintre italien Apelle Vitali.

M. de Mandach précise le sens de plusieurs des- sins de Jacopo Bellini conservés au Lotivi'e;

ANGIEM ET MODERNE

1«S

M. Monceaux examine quel^^^ues pjoaibs récem- ment découverts à Cartbage par ie R. P. Delatlre.

(Séance du 17 juin). M. Robert Michel étudie les fresques découvertes il y a peu d'années à Avignon, au château des Papes, dans la Tour de la garde-robe. Ces curieuses peintures doivent dater du pontificat de Clément VI, probablement de 1343.

.Congrès archéoiogique de France. La 81*

session du Congrès archéologique de France s'est ouverte le 16 juin, à Brest, sous la présidence de XI. E. Lefèvre-Pontalis, directeur de la Société fran- çaise d'archéologie, assisté de M. Héron de Villefosse, membre de l'Institut, délégué du ministre de l'Instruc- tion publiqye.

Les visites archéologiques aux principaux monu- ments de la région, coupées de séances l'on enten- dit de très intéressantes communications, ont pris fin le lit juin au soir.

Congrès des Sociétés d'histoire de Paris. Le deuxième congrès des Sociétés d'histoire de Paris s'est tenu du 9 au 12 juin, à l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, sous la présidence de M. J.-d.<iuilîrey, membre de >l 'Institut.

Musée QalUera. Le mercredi 24 juin, a été inau- gurée, au Musée Galliera, l'exposition particulière annuelle, consacrée à •< la Statuette c)t au i^e^ble ,qui la présente ou l'accompagne ».

Nous aurons l'occasion de revenir sur l'intéressant ensemble très heureusement réuni et présenté à Galliera.

Budget des Beaux-Arts. Dans sa séance du 23 juin, le Sénat a voté le budget des Beaux-Arts de 1914, sans que la courte discussion ait rien apporté de nouveau sur les questions en cours.

La donation J. Pe.y-tel. Le Bullelin a annoncé brièvemeDt la donation faite aux Musées nationaux par le collectionneur parisien M. Joanny Peytel, vice- président de l'Union centrale des arts décoratif». Cette donation se compose de vingt pièces, dont l'amateur se réserve l'usufruit, et qui enrichiront un jour les diUérentes séries des collections nationales.

Les peintures comprennent : une Singerie de VVat- teau; un l'ortraii de Millet, par lui-même; [e l'.orlrait d'Alphonse Daudet et de sa fille, par Carrière ; Allée à l'automne, par Sisley ; le J'or.lrait du prince de Galles Je futur Edouard VU), par Bastien-Lepage.

Aux autres départements du Musée du Louvie iront : ,up riche pendentif égyptien, figurant une tôte de crocodile en bronze damasquiné d'oT ; ,un buste d'homme en calcaire peint de l'époque thébaine ; un vase grec à curieuses peintures noires, représentant une scène de clinique ; un groupe hellénistique de bronze, trouvé à Kbodes et figurant Êros et Psyché ; un tapis persan du moyen âge à combat d'animaux ; une grande clef de fer incrusté d'or, provenant du

tombesM de Barkouk ; un plat hispano-mauresque à décor de clefs ; enfin plusieurs autres objets i'aH musuluiaa, no^ moins importants.

J5ocji,été 4'e)9,cow'agein,e.ç,t à y,aft pt à l'ifl,d,i;i,a-

tri,e. Le 12 j|Uin, a été jugé le X^V* concQUj-y général de composition décojf^tiye organisé par jla Sçciété ^'encouragement à l'syrt et à ,r;çdu«tr^e, dofiX le s\ijet était : un vase placé jur w^ focle ; à cfi concjjufs deux cents a.rtistes 9yavefl,t j)jr,i? p,w;t. )^ep prix ont été attribués c.çnime s,u.^t :

1" prix (500 fr.), {kI"*Leca^pi9n (î^ç. .des arts déco- ratifs, Paris); 2* prix (400 fr.), M"" i- Levy (JÈc. ^es arts décoratifs, Paris) ; 3* prix (300 if.), ^. Ç. i^- risset (Éc. des beaux-arts, Tours) ; 4* prix (20p ^0, M. J. Feuillâtre (Éc. des arts décoratis, Paris) ; 5" prix (200 fr), M. R. Guérard (Éc. des arts (iécora tifs, Paris) ; 6* prix (200 fr.), M. B. Damamme (Éc des beaux-arts, Uouen) ; 1' prix (150 tr.), .^1. fii<.uicilon (Éc des l^eçiux- arts, Nice);8' prix (<100 fr.), M. fi. Mair«t (Éc. des arts décoratifs, Paris) ; 9* .{aix (100 fr.), M. M. Seux (Éc. des arts décoratifs, Paris) ; 10" prix (50 fr.), M. A. Marre (Le. municipale de dessin d'Abbeville) ; 11° prix (50 fr.), M. M. Patoiseau (Éc. desiieaux-asts, Nantes) ; 2* prix (50 fr.), M"' M. Hamfll (Éc. des beaux- arts, Kouen); 13* prix (25 fr.), M. G. ilerard (jÉc. BouUe, Paris); d" mention, M. P. Adam (Éc. des beaux-arts. Rennes); 2* mention, M. J. Tiaseyre (Éc. Boulle, Paris).

Outre les prix en espèces, chacun des concurrents récompensés recevait une ou plusieurs plaquettes et médailles.

A Londres. M. Jean-Louis Pascal, membre de l'Institut, professeur à l'École des beaux-arts, vient de recevoir la médaille d'or de l'Institut royal des architectes anglais. Cette récompense est la plus iiaute qui puisse être attribuée à un architecte en Angleterre. Avant d'être oflerte.àM. Pascal, la médaille d'or avait été autrefois donnée à M. Dauniet, l'architecte de Chantilly, et à Charles Garnier, l'architecte de l'Opéra.

Nécrologie. On annonce la mort de M. Eug^nf Engiand, ancien président de la Chambre des avoués de Paris, président de la Société des amis du châ- teau de Maisons-Laflitte, qu'il avait fondée, apcès avoir contribué, pour une bonne part, au mouvement d'opinion qui aboutit, en 1904-1905, à la sauvegtkrde du chef-d'œuvre de François Mansard, à Maisons.

M. Auguste-Alfred Vaudet, graveur en médailles et sur pierres fines, vient de mourir à l'âge de 16 ans. à Paris, élève de Lequien père, il avait débuté au Salon de 1 868 et il exposa, par la suite, de nombreuses compositions et poitraits, parmi lesquels une inter- prétation sur pierres fines de la Marseillaise de Him1«, qui l'occupa pendant plusieurs années. Médaillé au Salon de 1880, il avait été nommé chevalier de -la Légion d'honneur en 1912.

M. Charles Giron, \e peintre récemment décédé à Genthod-Bellevue (Suisse), était un des représen-

196

LE BULLETIN DE L'ART

tants les plus en vue de l'école suisse contemporaine et un habitué de nos Salons ; il y exposait réguliè- rement des toiles importantes il s'appliquait, avec beaucoup de conscience et de gravité, à rendre l'im- pression des paysages montagnards; on lui doit aussi de robustes portraits : M"' Judic, Worlh, Edouard Rod, Coquelin aîné, etc.; et des décorations, comme celles du Parlement suisse. Après avoir longtemps exposé au Salon des Artistes français, il reçut plusieurs récompenses (méd. de 3" classe en 1879 ; de 2* classe en 1883), après avoir obtenu une médaille d'or à l'Exposition de 1889 et fait partie du jury à celle de 1900, il était passé à la Société nationale en 1906. 11 avait été fait chevalier de la Légion d'hon- neur en 1888.

LES RÉCOMPENSES DU SALON

(Suite.)

Prix National (10.000 fr.). M. Jules-Arthur Joets, artiste peintre (S. A. F.).

M. Joets expose cette année deux peintures : l'En- lerrement de sept heures /Petites sœurs des pauvres de Saint-Omer) et le Portrait de sa mère; celle-ci a été reproduite en hors-texte dans le dernier numéro de la Revue.

Bourses de voyage. Peinture, M. Joseph- Alexis Tranchant (S. A. F.), M"' Suzanne-Marie-Carmen Labatut (S. A. F.), M. Jean -Louis -Marie Bédorez (S. A. F ).

Sculpture. M. René Paris (S. A. F.), M. Paul-Henri Le GoU' (S. A. F.).

Architecture. M. Deslandes (S. A. F.).

Gravure. M. Orner Bouchery (S. A. F.).

M. Bouchery est un collaborateur de la Revue, il a donné une eau-forte originale, Fives-Lilles (t. XXXil, p. 36.3) et une gravure d'après la Conversation de Pieter Codde, au musée de Lille (t. XXXV, p. 25).

Arts décoratifs. M. Eugène Capon (S. N.).

Primes d'encouragement du sous-secrétariat d'État des Beaux-Arts. La Commission supé- rieure des beaux-arts a décerné les récompenses suivantes :

Encouragement de 1.000 francs. Peinture : M°" Fournier des Corats, MM. Stœckel, Martin- Gauthereau, Narbonne, Mariel, Maurice Laurent, M"' Jeanne Marévery.

Sculpture : MM. Silvestre, MuUer, Proszinski, Bau- dot, Fournier, Leyritz.

Gravure et lithographie : MM. Desgranges, Louveau- Rouveyre.

Architecture : M. CasteL

An décoratif : M. Lachenal.

ENCoaRAOEMENT DE SOOrflANCs. Peinture: MM. René

Martin, Rigal, Imbs, M"" Aube, Jué de Roveredo, Decœur, MM. Roustan, Fouard, Roux, M"* Corlin, M"' Casttélaz.

Sculpture : MM. Pimienta, Cellier, Beaufils, Pau- pion, Patriarche, Lenoir.

Architecture : MM. Mouret, Varin, Moutariol.

Gravure et médailles : M. Dropsy.

Art décoratif: M. Fer.

Gravure et lithographie : MM. Léopold-Lévy, Degorce, Dufour.

Prix coloniaux. Prix de l'Indo-Chine. M Charles Fouqueray, artiste peintre (S. A. F.).

Prix de l'Afrique occidentale française. M. Ray- mond Renefer, artiste peintre (S. N.).

Prix de l'Afrique équatoriale. M. Paul Jouve, artiste peintre (S. N.).

Prix de Madagascar [Réunion). M. René Quillivic, sculpteur (S. N.).

l'rix du Maroc. M"' Marcelle Ackein, artiste peintre (S. A. F.).

Pour le cas l'un des titulaires serait empêché, les bureaux ont désigné comme supplémentaires :

M. Raymond Glaize, artiste peintre (S. A. F.), pour l'Indo-Chine ; M. Albert Leroy, artiste peintre (S. A. F.), pour l'Afrique occidentale française ; M. Lucien Lau- rent-Gsell, artiste peintre {S. N'.), pour l'Afrique équa- toriale; M. Georges Capron, artiste peintre (S. A. F.), pour Madagascar (Réunion) ; M. André Martin-Gauthe- reau, artiste peintre (S. A. F.), pour le Maroc.

Bourses de voyage coloniales Des bourses de voyages coloniales ont été, en outre, attribuées à ;

MM. Charles Rivaud, artiste décorateur (S. N.); Henri de Nolhac, artiste peintre (S. N.) ; Jean Tarrit, sculpteur (S. A. F.); M"' Gabrielle Frasez, artiste peintre (S. A. F.); M. Rémi Peignot, artiste peintre (S. N.).

Prix divers de la Société des Artistes fran- çais. — A la liste publiée dans le dernier numéro du Bulletin, il faut ajouter:

Prix James Bertrand (3.860 fr.). M. Charles Fouqueray, peintre.

Prix de Kaigecourt-Goyon (1.000 fr.). M. Ernest- Marie Pernelle, peintre.

Prix Marie-Bashkirtse/f (500 fr.). M. Georges Maury, peintre.

Prix de l'Association amicale des paysagistes fran- çais. — M. Émile-Jean-Baptiste-Frédéric Ragot.

Ajoutons encore à la liste des médailles, précédem- ment publiée, que, dans la section d'architecture, des médailles de bronze ont été attribuées à M. Paul Morice et à M. Paul Tissier.

Primes de la Société d'encouragement à l'art et à l'industrie. Les primes suivantes ont été attri- buées par la Société d'encouragement à l'art et à l'industrie, à des artistes français âgés de 40 ans :

Société des artistes français. Prime de 300 fr.,

ANCIEN ET MODERNE

197

M. G. Bigard (uiétaux de couleur et objets d'art) ; de 100 fr., MM. Daurat (objets d'art) ; de 100 fr., M. E. Duru (bibliothèque); mention, M. Sénart (étains). Société nationale des beaux-arts. Prime de 300 fr.,

M. Eug. Capon (vases en métal); de 200 fr., M"* J. Morice (broderies) ; mention, M. R. Massé (toiles de couleur en application), en collaboration avec M'"* R. Massé.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. - Vente de la collection du Mar- quis de Biron [fin). Nous avons donné, dans notre dernière chronique, le produit total de cette vente et les principaux prix des deux pre- mières vacations; il nous reste à publier une liste des plus importantes enchères de la troi- sième journée, consacrée aux bronzes d'ameu- blement et aux meubles.

Dans la riche série de bronzes d'ornement, nous ne trouvons à signaler, comme enchères de quelque importance, que celle de 6.900 fr., pour deux bases de pilastres (n" 266), et celle de 4.500 fr. pour un motif provenant d'une cheminée (n° 260); quatre grilles de médailles, timbrées de fleurs de lis et de couronnes royales ont atteint 3.000 fr. (n' 224), et deux mascarons, satyres barbus, 3.5tO fr. (n° 252).

Bkonzes d'ameublement. 344. Sphinx et sphinge, bases marbre vert, ép. Louis XVI, 8.000 fr. 345. Paire de chenets, chien et chat assis, ép. Louis XVl, 19.500 fr. (dem. 20.000). 346. Paire de chenets, cas- solette enflammée, têtes de lions et guirlandes de fruits, ép. Louis XVI, n.500 fr. (dem. 10.000). 347. Pendule, torche ailée et aigle aux ailes éployées ; à la base : l'En- lèvement d'Europe, ép. Louis XVI, 6.000 fr. 348. Deux brûle-parfums, dits « athéniennes », fin ép. Louis XVl, n.800 Ir. (dem. 20.000). 349. Douze figures haut- relief, formant appliques, de danseuses de style antique, ép. Louis XVI, 22.100 fr. (dem. 10.000). 350. Deux candélabres à figures de femmes debout, drapées à l'antique, début xix' s., 7.900 fr. 351. Galerie de foyer, à rinceaux et statuettes d'amours, ép. Premier Empire, 5.000 fr. 352. Deux candé- labres, statuettes de prêtresses debout, drapées à l'antique, ép. Premier Empire, 5.000 fr. 353. Deux vases, forme Médicis, en malachite, garnis d'appliques de br. doré, personnages de style antique, ép. Premier Empire, 5.100 fr.

Sièges. 354. Canapé à joues, bois se; manière N. Pineau; recouvert d'ancien damas crème; ép. Louis XV, 18.000 fr. (dem. 20.000). 355. Deux ban-

quettes bois se, entrelacs et feuillages ; couverts d'anc. larapas à décor camaïeu, l'Atelier de Vulcain, dans le goût de Ph. de Lassalle, 17.300 fr. (dem. 15.000). 357. Lit de repos, bois se. et doré, attr. à Pluvinet, ép. Louis XVl, 5.500 fr. 362. Deux grands fauteuils bois se. et doré, à cariatides de femmes ailées, par Jacob frères, ép. du Consulat, 7.000 fr. (dem. 8.000). Meubles. 363-364. Bureau plat, surmonté d'un cartonnier, en bois de rose et bois satiné, garni br. ciselés et dorés; signé : P. Garnier, début de l'ép. Louis XVI; écritoire en bois satiné et br., 141.600 fr. (dem. 150.000). 365. Meuble à haut, d'appui, arrondi, en laque à décor en dorure de style chinois sur fond noir, br. ciselé et doré ; signé : Héricourt, ép. Louis XVI, 18.000 fr. (dem. 15.000). 366. Bureau bonheur-du-jour, marqueterie bois clair, bordure et galerie cuivre, ép. Louis XVI, 16.100 fr. (dem. 15.000). 367. Meuble d'entre-deux à hauteur d'appui, plaqué d'ébène et garni de br., panneau de laque à fond noir et décor de style chinois, signé : C.-C. Saunier, ép. Louis XVI, 50.000 fr. (dem. 50.000). 368. Meuble d'entre-deux à hauteur d'appui, formant étagère, plaqué d'ébène et garni br., signé : C.-C. Saunier, ép. Louis XVI, 25.000 fr. (dem. 25.000). 369. Bureau de dame bonheur-du-jour, surmonté de deux étagères aca- jou, garni de br., signé : Riesener, ép. Louis XVI, 46.100 fr. (dem. 40.000).

370. Bureau bonheur-du-jour, acajou et br., dessus marbre bl., galerie cuivre, par Riesener, ép. Louis XVl, 17.500 fr. (dem. 20.000). 371. Table ovale, acajou et cuivre, attr. à Montigny, ép. Louis XVl, 7.200 fr. (dem. 8.000). 372. Commode acajou et br., par Levasseur, ép. Louis XVI, 28.700 fr. (dem. 35.000). 374. Brille-parfums en albâtre, trépied marbre vert, base albâtre et marbre de coul., ép. Louis XVI, 27.500 fr. (dem. 15.000). 375. Brûle-parfums en br. doré, femmes ailées, ép. Louis XVI, 22.500 fr. (dem. 30.000). 376. Deux jardinières en marbre blanc et bleu turquin, ornées d'appliques de br. ciselé et doré, à Qg. de style antique, attr. à Forestier, fin ép. Louis XVl, 49.000 fr. (dem. 45.000). 377. Table rec- tangulaire, dessus en stuc et marbre de coul., coinposil. de style antique, fin ép. Louis XVI, 33.500 fr. (dem. 30.000). 378. Petit secrétaire, acajou moucheté et br., dessus marbre brocatelle, signé : Lemarchand,

198

LE 8CJLLBTIN DE L'ART

l'viii* s., 11.000 fr. (<iem. 12.089). 379. Petit ««cré- taire droit, acajou et br., paf Lemarchand, xvm' t., 7.500 fr.

380. Meuble d'entre-deux à hauteur d'appui, acajou et br., tablette plaquée marbre, xvm' s., 10.000 fr. 382. Deux tables de travail de dame, acajou et raeioe d'érable, à trépied, en br., modèle de Percier et Fon- taine, par Jacob frères, xix' s., 14.500 fr. et 14.500 fr. (dem. 30.000). 387. Seçr«tai-r« droit, acajou lir. dorés, tablette marbre blanc, par Jacofc liesnialter, ép. Pre- mier Empire, 6.950 fr. 390. Bureau plat de milieu, acajou et br., ép. Premier Empire, 8.000 fr. .39J1.. Psyché, placage de racine et br., fig. de génies ailés, par Jacob Desmalter, 32 000 fr. (dem. 30.000).

V<ent« de la collection Roger MarK (IV* vwite : tableaux et dessins modernes).

'De la seconde vente des tableaux et dessins modernes ayant appartenu à M. Roger Marx (la quatrième de la collection du critique d'art), il n'y a à retenir que le tptal de 77.268 francs. Rappelons que cette ye*te, ajftoouc.ée par un catalogue illustré, a eu lieu salle 1, les 12 et 13 juin, par le ministère de M"» Lair-Dahreuil et Baudoin, assistés de MM. Durand-Ruel «t Bern- heim jeune.

Vente d'objets d'art, etc. Parmi les résul- tats d'une vacation anonyme, dirigée salle 1, le 13 juin, par M" Lair-Dubreuil et MM. Paulme et B. Lasquin, nous trouvons à signaler le prix de 8.900 francs obtenu par six fauteuils et une her- gère ù dossier médaillon peint blanc, garnis d'ancienne ta{>i8s^ie d'Âubusson, à bouquets de ileurs, formant les n*" 127 et d^.de la vente.

Vente de la collection de M. ]Li... (objets

d'art, etc.). Faite salle 6, les 15 et 16 juin, par H. Baudoin et MM. Mannheim et Ferai, cette vente a produit 79.829 francs. Notons : 204. Quatre fauteuils couverts en tapisserie au point, à personnages, xvn* siècle, 4.900 francs (dem. 4.000). 211-213. Trois tapisseries d'Aubussen, époque Louis XV, paysage maritime animé de .personnages, 10.300, 7.000 et îi.ôSO francs (dwn. 18-000).

Tente de la collection Fairfax Murray (tableaux anciens). Farte galerie Georges Petit, le 15 juin, par M«* Lair-Dubreuil et Bau- doin, assistés de M. Ferai, cette vente a produit 1.668.800 francs pour vingt-neuf auraéros. D'une façon générale, les prix d'adjudication ont dépassé les demandes. Les honneurs de la vaca- tion ont été pour le Portrait présumé du père de

Kembremdt , par Reflabrandt , qui a réalisé 315.000 francs, sur la demande de 300.000. Une belle plus-value a été obtenue par le tableau de Boucher : Jeune Femme étendue sur un sopha, qui est monté à 190.500 francs, sur la demande de 100.000.

PRINCIPAUX PRIX

•TABtEAiCi ANCIEN*, r-r i Antoaello de Messine. Saint Sébastien, 50.009 fr. <dem. 80.000). 2. Giovanni Bellini. Vénus à sa toilette, 92.000 fr. (dem. 150.000).

4. Sandre Botticelli. La Vierge, l'Enfant Jésus et saint Jean, 91.000 fr. (dem. 150.000). 5. F. Boucher. Jeune Femme étendue sur un sopha, 190.500 fr. (dem. 100. 000). 6. Brouwer. Le Fumeur «ndermi, ti.OOO fr. (dem. 50.000). 7. C. iacojt) Delft. Portrait d'une jeune dame, 15.000 fr. (dem. 12.000). 8. Durer. Sal- vator l/undi, 72.000 fr. (dem. lOO.OOO;. 9. A. van Dyck . Portrait de Lucas Voslernuin le Vieux , 130.000 fr. (dew. 130.000;. -^ 10. École flumandej commencement iiu xvi- s. La Vierge el VEnfgjnl, 40.000 fr. (dem. 30.000). 11. École flamande, xvic s l'ortrait d'un gentilkomme, 10.000 fr. (dem. 10.000).

12. École française, xv s. La Vierge aux donateurs, diptyque, 50.000 fr. (dem. 50.000;. 13. Etty. La Danse, 6.400 fr. (dem. 10.000). Gaiosborough : 14. l'ortrait de l'artiste à vingt-huit ans, 96.500 fr. (dem. 60.000; vente Geo Richmond, Londres, 1897, I5.000.fr.). 15. Portrait de Thomas Haviland, 25.000 fr. (dem. 25.000). 16. Van der Helst. Portrait d'une dame, 14.000 fr. (dem. 15.000; v. Mniszech, 1902, 9.500 fr.).

17. Hondecœter. Combat entre un coq et un dindon, 42.500 fr. (dem. 40.000). 18. X. Lancrel. Danse champêtre, 38.000 fr. (dem. 50.000; v. Reginald Vaile, Londres, 1903, 65.625 fr.). 19. Largillière. Portrait du Comte de Richebourg, 15.600 fr. (dem. 12.000). 2.0. P. Lorenzetti. La Crucifixion, 19.000 fr. (dem. 20.000). 21. A. Moro. Portrait de jeune dame, 19.000 fr. (dem. 20.000; v. Pallavicino Grimaldi, Gènes, 1899, 8.000 fr.). 22. Uans Mielich. Portrait de Pancratius von Freyburg zu Aschau, 67.000 fr. (dem. 60.000). 23. Rembrandt. Portrait présumé du père de l'artiste, 315.000 fr. (dem. 300.000). —.24. Un Savant tisa7it à la chandelle, 71.000 fr. (dem. 80.000). 25. J. Reynolds. Im Mort de Didon, 30.000 fr. (dem. 30.000). .26. A. Salaino. La Toilette de l'Enfant Jésus, 5.000 fr. (dem. 4.000). 28. A. Solario. L'Annonciation, 103.000 fr. (dem. 100.000; v. Yerkes, New York, 1910, 56.500 fr.). 29. VUel. Un Jeune officier, 5.000 (r. (dem. 5.000).

Succession de M""" N...-D... 'Nonette- DelormeJ (tableaux, objets d'art, etc.). Annoncée par un catalogue illustré, cette vente, qui a eu lieu, salle 1, les 17 et 18 juin, sous la direction de M* Lair-Dubreuil et de MM. Paulme, Lasquin, Duchesne et Duplan.a produit un total de 234.780 francs.

ANCIEN ET MODERNE

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PniNOlP^Ull PRIX

Tableaux et dbsstns «lorrtRNïs. -^ 7. Jul«« Dupré. Payunr/e, H. 700 fr. (dem. 8.000; v. Sabatier, 1883, 6.800 fr.).

Tablïaox *t bessins ancibns. 16. H. Met deBlè». La Vierge à l'œillet tenant l'Enfant^ 12.000 fr. (dem. 1.200). 29. EiseD. Les Joueurs de dés, 6.000 fr. (dem. 6.000 ; V. Jules Barat, 2.6.")0 fr.). 30. Fyt. Fruits el gibiers, T.200 fr. (dem. 8.000 ; v. fiolhan, 1890, 4.200 fr.). 36. Largillière. Portrait présumé de la duchesse de Montbazon, S.900 ff. (dem. lÔ.ÛOO; v. de La Béraudière, 1882. 3.200 fr.— 38. C. Tan Loo. Por- trait de jeune femme, 4.900 fr. (dem. 2.300 ; v. Beur- nonville, 1881, 2.200 fr.). 40. Hubert Robert. Intérieur rustique, 14.000 fr. (dem. 10^000; v. du 8 mai 1886, 610 fr.). 41. Rubens. Minerve et Thétis, (0.000 fr. (dem. 8.000; v. Beurnonvilfe, 1881, ^.05fl fr.). 42. Jacob RUysdaël. La Grande Mare, 7.500 ff. (dem. 12.000 ; v. \ViIson, 188), 12.300 fr.). 44. Téniers le jeune. Lés Danseurs, 10.700 fr. (dem. 8.000; T. Nieuvenhuys, 1881, 8.000 fr.)<

Tapissbribs. 233. Tâpiss. de Bruxelles, xvii» »., le Ùépnrt pour le enrrousel, grands personnages, bord, à fleurs, 16,900 fr- (dem. 20.000 ; t. de la vicoJB- tesse de La Panouse, 1882, 7.000 fr.).

Vente de la collection Bourée (objets d'art, etc.). Comprenant quelques tableaux modernes et surtout des objets d'art de i'E.\ tr«;me- Orient, celte vente, dirigée salle 10, les 17 et 18 juin, par M" Baudoin et MM. Mannheitn et Georges Petit, a produit 81.161 francs. Notons : 10. Deux vases rouleaux Kang-shi, décor à réserves de branches, oiseaux et paysages, 8.000 fr. (dem. g 000). 11. Ceux potiches Kang-shi, fond rouge chargé de chrysanthèmes, réserves de corbeilles de Oeufs et animaux, 6.200 fr. (dem. 8.000).

Vente de boiseries. Annoncée par un catalogue illustré, la vente des boiseries de l'hùtel Delide-Mansard a produit 52.000 francs, salle 12, le 19 juin, sous la direction de Lair-Dubreuil et de MM. Paulme et Lasquin.

PRINCIPAUX PRIX

BoiSEKiBs. Petit salon rond. Boiserie comprenant trois chambranles de portes, un trumeau de cheminée avec glace, huit panneaux, quatre dessus de portes peints à sujets pastoraux, d'après Boucher, décor peint et partiellement doré, 1" moitié du xviii' s., 19.000 fr. (dem. 12.000).

Grand salon rectangulaire. 3. Boiserie compre- nant ; un chambranle de porte à deux vantaux, deux petites portes à un seul vantail, une glace, six pan- neaux, etc. ^ 1" moitié du xvm* s., 21.000 fr. (dem. 12.000).

Petit boudoir rectangulaire. 5, Boiserie compre-

nant trois portes à un Taniail, cinq pannMux.un petit trumeau de cheminée, etc., l" moitié du xviii* »., 6.800 fr. (dem. 5.000).

Vente de tableaux modernes. Parmi les

prit r(*alisés au cotirs d'une vacation anonyme, dirigée salle 6, le 19jnin, par M' Lair-Dubreuil et M. Georges Petit, tioùs tfotitôns à signaler les suivants : 30. Dîâz. La Mare dam la dairUre, 3.900 fr. (dem. 7.000). 37. Fantin-Latour. Le hcpoi, 6.020 ff. (dem. S. 000). 60. Jotigkind. Lever de luné en Hollande, 4.800 ff. Produit total de la vente : 73.551 francs.

Vente de la collection Eoger Marx (V« vente : médailles et plaquettes). Les 22 et 23 juin, salle 8, M" Lair-Dubreuil et H. Bau- doin et M. V. S. Canale, ont dispersé la collection de médailles et plaquettes qu'avait réunie l'auteur de /es Médaillenrs français au XIX^ siècle. Cet en- semble a réalisé 11.600 francs. Le plus beau prix a été pour une Bergère debout, galvano de bronze argenté, de Hoty, 500 francs; même prix pour un Milon de Crotone, médaillon de Barye.

Ventes annoncées. A Paris. Collection Besselièvre (VI' vente : étoffes anciennes). H. Baudoin, assisté de MM. Mannheim, ven- dra les 29 et 30 juin, à l'Hôtel, salle 6. une série d'étoffes anciennes, les unes orientales et les autres européennes, provenant de la collec- tion Besselièvre. Au total, 262 numéros, décrits par un catalogue oîi sont reproduites les plus remarquables pièces, parmi lesquelles des velours persans et des velours vénitiens du xv« siècle, des soies tissées de métal (xiï« siècle), retien- dront l'attention des spécialistes.

M. N.

EXPOSITIONS ET CONCOURS

René Ménard (galerie Georges Petit). -- La haute émotion que nous impose un poème isolé de Puvis de Ghavannes, /c« Jeimes fMei a:u bord de la mer, parmi les vingt-cinq Degas de la col- lection Garaondo, la poésie abondante, ombreuse, austère et sereine de M. René Ménard nous la procure aujourd'hui, comme dirait Poussin, dans un autre (cmode»; et si la victoire de l'idéal est toujours Un fait exceptionnel, il faut souligner plu» que jamais cette revanche de l'imagination sur l'observation.

Au surplus, ici, le nom Puyis est à sa place,

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LE BULLETIN DE L'ART

car c'est le nom qu'opposait à la banalité des Salons la jeunesse de son admirateur ; mais cette vigueur dans le style, qui ne ressemble guère à la suavité de l'évocateur de Sainte Geneviève, s'explique par les origines de M. René Ménard, élevé dans une rare atmosphère de culture clas- sique et de paysage romantique : il suffit de rap- peler son grand-père, qui fut libraire place de la Sorbonne; son père, auteur de la Mxjthologie dans l'art et paysagiste ami des maîtres de Barbi- zon ; son oncle surtout, le savant helléniste Louis Ménard, un original, peintre à ses heures, et qui connut Théodore Rousseau; prêté par le Luxem- bourg, son portrait pensif atteste encore l'in- fluence du vieux poète qui, dans ses Rêveries d'un païen mystique, exprime le regret d'avoir « laissé passer l'heure »... Il appartenait à la robustesse de son neveu de réaliser son rêve, en rajeunis- sant le paysage historique, qui peut se définir l'accord de la Grèce défunte avec la nature éter- nelle. Alors, au temps de son adolescence, qui fut le temps de la nôtre, on n'admettait sur la toile de l'artiste, comme sur la page de l'écrivain, que i< la chose vue » : la poésie était suspecte, et l'hamadryade proscrite au nom de « la vérité pure »•, mais la tyrannie du naturalisme, qui re- tenait même les poètes, n'a pas empêché le peintre René Ménard de poursuivre harmonieu- sement sa route vers la beauté calme; et, depuis VHomère ou l'Éden de ses débuts, son art n'aura subi d'autre métamorphose qu'un surcroît de santé technique. Fidélité méritoire, et gage de sincérité parmi toutes les palinodies et contra- dictions de l'époque !

En le voyant mener de front le paysage rus- tique et le paysage historique, son père lui signa- lait le danger de conduire un char à deux che- vaux; mais, plus heureux que Phaéton, le pein- tre voyageur et lettré de l'Acropole et de l'Age d'or a marché droit sur la trace de Claude, dans le chemin du soleil; et ne sait-il point réconcilier les deux genres, quand il illustre les beaux soirs avec la magie des vieux livres, ou qu'il aperçoit les ruines plus émouvantes sous l'étrange réver- bération des grands nuages? Ne veut-il pas abro- ger cette loi fatale qui, dans l'histoire du paysage, semble éternellement opposer la poésie de l'atmosphère à la poésie du rythme ? Observez, chez ce poète des formes et des heures, ce puis- sant accent de nature qui fait resplendir obscu- rément dryades ou baigneuses au souffle des mers et des bois : point de titres ni de sujets dans son œuvre, mai» le recueillement d'un pro-

fond panthéisme, qui se traduit aux yeux dans une sanguine, un camaïeu, le pur dessin d'une figure ou la première pensée d'une décoration pour la Sorbonne ou l'École de droit; et, parmi ses récents ouvrages, les pastels s'imposent tant par une délicate richesse de teintes que par l'au- guste ampleur du modelé. Partout, ce fils des Grecs revoit la <> terre antique >>, même au pays d'Armor, oîi son ami Charles Cottet n'entend, sous le ciel noir, que l'àme des adieux...

11° Exposition des u Intimistes n (galerie Devambez). Nous disions, l'année dernière, l'aménité, mais aussi l'inégalité de ce chœur très restreint d 'artistes groupés autour du quatuor har- monieux que forment M"»» Olga de Boznanska et Béatrice Hew, MM. Aman-Jean et Ernest Laurent; au tapage du dehors, on préfère ici les nuances en demi-teinte et le pianissimo des gris. Le soleil sonne avec le maître Henri Martin, qui décrit familièrement, comme autrefois Manet, son jar- din, sa treille, sa porte rustique, moirée d'ombres bleues; mais la comparaison permet d'évaluer les raffinements lumineux de l'évolution par- courue depuis quarante ans. Le statuaire Bour- delie remonte à l'archaïsme. Quelques nouveaux éléments plus ou moins vulgaires, et d'une justesse douteuse, n'arrivent pas à faire détonner l'en- semble; et quel dommage que M. Ernest T. Rosen se croit tenu de confondre le maniérisme avec le charme!

Raymond Bouybr.

Signalons seulement, aujourd'hui, les exposi- tions de Toulouse-Lautrec, chez Manzi ; de Miss Mary Cassatt, chez Durand-Ruel; d'une coloriste vénitienne M"« Emma Ciardi,chez Georges Petit; et du véritable dessinateur Charles Milcendeau, chez Druet, dont nous reparlerons.

LES REVUES

Franck Les Arts (mai). Skymoub de Ricci. La Collection du Marquis de Biron, qui vient d'être dispersée en vente publique.

Gabriel Mouhev. Luigi Chialiva (1842-1914). Notice sur ce paysa{<istc, originaire de Caslano, canton du Tessin, et qui est mort récemment.

Maurice Hambi.. Le Salonde la Société des artistes français.

Le Gérant : H. Liïni».

Pkrii. Imp. Uearges Petit, li, rue Uad«t-dc-Mauroi.

Numéro 631.

toi

Samedi 11 Juillet 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

Monuments et Musées

M. André Hallays vient de prendre, une fois de plus, la défense du château de Versailles contre les fantaisies des architectes des Monuments historiques. Il a appris au public stupéfié que Ton s'apprAtait à reconstruire un des anciens biltiments de Louis XIV, élevé par Le Vau sur la cour des Princes, et qu'on a laissé tomber en ruines, oui, à le reconstruire en plus graiid, sur une ordonnance nouvelle, en combinant une façade dans le style de l'architecture de Mansarl qui forme le fond de la cour, et un comble dans le goût de Le Vau : tout cela, sous prétexte que l'architecte a besoin d'une grande galerie pour loger huit tapisseries des Gobelins et deux globes de Coronelli, ces deux globes indésirables qui ont déjà failli faire commettre une bévue monu- mentale à la Bibliothèque nationale et qui, expulsés de la rue Vivienne, ont failli causer ce que M. André Hallays a justement appelé un nouveau « tripatouillage de Versailles ».

M. Hallays s'est montré si logique, si pressant, si éloquent, que la Commission des monuments historiques s'est prononcée contre les projets de l'architecte; et il est à souhaiter que celui-ci se rappelle cette polémique dans laquelle il n'a pas eu le meilleur, chaque fois qu'il sera tenté d'en- treprendre un travail « à la ViolIet-le-Duc », et qu'il retienne ce que M. Hallays a écrit sur le respect qu'on doit à des monuments comme Ver- sailles : " Pour nous, Versailles n'est plus qu'un palais désaffecté, l'emblème d'une monarchie écroulée, de l'histoire et de la beauté. Vénérons cette histoire et veillons sur cette beauté, mais n'avilissons jamais ces choses magnifiques et touchantes en plaçant parmi elles de misé- rables pastiches. Nous n'avons plus le droit de rebâtir Versailles; nous le devons seulement conserver et entretenir, tel que nous l'avons reçu ».

Cependant, le Louvre s'enrichit, ce qui serait pour nous réjouir, si ces enrichissements ne se faisaient maintenant, d'une façon presque régu- lière, au détriment de la province.

Tout au Louvre ! C'est le mot d'ordre.

Un jour, Pierpont Morgan rendit à la France le «chef» de Saint-Martin de Soudeilles; mais onques le revit Soudeilles : il resta au Louvre, comme y était restée la Pietà de Villeneuve-lès- Avignon, après l'exposition des Primitifs français de 1904. Un autre jour, l'État acquit de la ville d'Aigueperse, il était parfaitement en sûreté et parfaitement exposé, le Saint Sébastien de Mantegna : il est au Louvre. Au Louvre, on a vu venir naguère le tapis persan de la cathédrale de Mantes et les deux tapisseries de Salins. Au Louvre, entre aujourd'hui le reliquaire de Jaucourt.

Tout au Louvre !

Justement, voilà qu'un « donateur généreux » vient de léguer un million à la Caisse des musées nationaux. Vous verrez qu'au lieu d'empAcher l'exode de quelque chef-d'œuvre, on trouvera le moyen de continuer à dépouiller la province de ses objets d'art dilment classés, et qu'on emploiera cette somme à acquérir la Sainte Foy de Conques ou la châsse de Mozac.

Pour en finir avec le chanfrein.

Le chanfrein de Philippe II et ses pièces accessoires ont pris le chemin de l'Espagne « par la valise diplomatique». Vous vous étonnez sans doute, croyant l'affaire depuis longtemps terminée et l'expédition faite.

Mais non ! Il fallait attendre que l'orfèvre eût terminé la copie qui nous reste. . . Car nous gardons une copie, une copie que nous avons fait exé- cuter à nos frais, cela va sans dire.

A quoi rime cette copie?

Les pièces originales, détachées de celte armure incomparable, et que le hasard avait

202

LE BULLETIN DE L'ART

amenées à Paris, pouvaient présenter un intérêt;

une copie de l'ensemble de l'armure aurait eu

aussi un ïnlérH; mais une copie du fragment, à

quelle lin cela peut-il bien répondre, sinon à

comm('morer Tune des plus belles « gafTes » que

l'administration des Beaux-Arts ait commises en

ces dernières années?

Peut- être eftt-il été préférable de la faire

oublier.

E. [).

ÉCHOS ET NOUVELLES

Légion d'honneur. Par décret paru à VO/'ficiel du 9 juillet, M. Jean Boucher, statuaire, auteur du monument de Victor Hugo inauguré cette semaine à Guernesey, a été promu au grade d'oUicier de la Légion d'honneur.

Académie française (séance du 25 juin). Sur le prix Jofst (2.000 francs), 500 francs sont attribués à M. J. Péladan pour son livre : Nos égliies arlisUquea et historiques, et 500 francs à M. Etienne Moreau- Nélaton pour son livre : Eglises de chez nous.

Le prix Charles Blanc (1.900 francs) est partagé de la façon suivante :

MM. L. Gallet, Alexis Forel et Edouard -André, cha- cun 500 francs ; et 400 francs à M"* Marie Bengesco {Éludes d'art français).

(Séance du 2 juillet). Sur le prix .Marcellin Gué- rin (5.000 francs), 500 francs sont attribués à M. Marcel Poilte pour son livre : la Promenade ù Paris au XVIll' siècle.

Sur le prix Bordin (3.000 francs), 300 francs sont attribués à M. Henry Prunières pour son livre : l'Opéra italien en Franc* avant hulli.

Académie des beaux-arts (séance du 27 juin). Après uue longue discussion, IWcadémie vote les différents articles du règlement du prochain « Salon de l'Académie», qui se tiendra, comme on sait, tous les trois ans, dans la salle du Jeu-de-Paume du jardin des Tuileries.

L'Académie attribue les prix suivants :

Prix Estrade-Delcros, de la valeur de 8.000 francs : M. Bigot, pour son plan en relief de la Rome impé- riale.

Prix Meurand : M. Loriol, pour ion tableau Sa^omé.

Prix Leclerc-Maria Bouland : M. Longa, pour son tableau la Sieste.

Prix Edouard Leuialtre : M. Cbarrière, pour son tableau Avant le départ.

Prix Alphonse de Neuville :M. Malespina, pour son tableau Waterloo.

Prix Sanford-Saltus : M. Arus, pour son tableau léna.

Prix Desprez : M. René Paris, pour son groupe Lévrier et lièvre.

Prix Piot : M. Dufresne, pour son groupe Tendresse fraternelle.

Prix de la Société française de gravure : M. Penne- quin, pour ses gravures d'après des œuvres de Henner.

L'Académie procède ensuite à l'élection d'une commission mixte chargée de dresser la liste des candidats aux fonctions de secrétaire perpétuel laissées vacantes par le décès de M. Henry Roujon. Sont dési- gnés : MM. Bonnat (peinture), Mercié (sculpture), Pascal (architecture), Waltner (gravure), Théodore DHbois (composition musicale). L'élection aura lieu le 18 juillet.

(Séance du 4 juillet). M. Bonnat, vice-pésident, qui fait fonction de secrétaire des séances, donne lec- ture d'une lettre par laquelle M. Widor déclare poser sa candidature aux fonctions de secrétaire perpétuel.

L'Académie entend ensuite les cantates des six candidats du Prix de Rome de composition musicale. Après quoi, elle procède au jugement définitif. Sont proclamés :

Premier grand prix : M. Marcel Oupré, élève de M. Widor, à Rouen, le 3 mai 1886.

Premiersecondprix:M.de Pezzer, élèvedeM. Widor, à Paris, le 25 novembre 1885.

Deuxième second prix : M. Laporte, élève de M. Paul Vidal, à Paris, le 19 mai 1889.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 26 juin). M. Maurice Prou donne lecture d'uu mémoire sur un prétendu précepte de (Charles le <;hauve relatif à Monlier-en-Der.

M. F. Thureau-Dangin communique un document inédit relatif à la dynastie de Larsa, qui régna en Chaldée pendant deux siècles et demi et fut ren- versé par Hammourabi en l'an 2049 avant notre ère.

(Séance du 3 juillet). La séance a été remise en raison des obsèques de M. Georges Perrot, secrétaire perpétuel.

Société des antiquaires de France (séance du 24 juin). M. Robert Michel complète la communi- cation qu'il avait commencée à la séance précédente sur les fresques du xiv* siècle conservées à la tour de la Gsrde-Robe, au château des Papes, à Avignon. 11 montre que ces fresques sont l'œuvre d'un atelier composé d'artistes italiens et français, mais dirigé par un italien, Matteo de Viterbe.

M. de Mély signale un texte de Roger Bacon qui explique que des artistes du moyen Age ont parfois signé avec des lettres ou des mots de langues diffé- rentes.

M. Gagnât étudie une borne miliaire du temps de Caracalla, récemment découverte par l'armée ita- lienne au sud de Tripoli.

M. Valois communique une dépêche d'un anibas-

ANCIEN ET MODERNE

203

sadeur espagnol relative à une visite faite par Cathe- riiie de Médicis au peintre Janet (François Clouet), en 1563.

(Séance du 1" juillet). .M. Marcel Aubert attire ("attention sur certaines basiliques du vi* siècle, décou- vertes par Gauckler en Tunisie, et dont le chœur est entouré d'une galerie circulaire, prototype peut-être des déambulatoires de nos grandes églises romanes du X' siècle.

M. de Mély étudie un retable peint du Louvre, attribué au » .Maître de la Parenté de la Vierge » et propose de le donner à un artiste (Ifanand de la famille des Van Huist à cause des feuilles de houx (en flamand Hnist) qu'il relève sur le pavage.

Société de l'histoire de l'art français (séance du 3 juillet). .M. A. Vuaflart entretient la Société des médaillons de bronze de la place des Victoires, qui ont été récemment donnés à la France par le roi d'Angleterre.

M. Alazard communique une correspondance inédite de Colbert et de l'abbé Luigi Strozzi.

Musée du Louvre. Un Languedocien, récem- ment décédé à Florence, .M. .\chille Baille, a légué au Musée du Louvre une somme d'un million. Voici les stipulations du testateur :

"Je donne au Musée du Louvre un million de francs. Le capital sera inaliénable et le revenu annuel ser- vira à enrichir le Musée par l'achat de tableaux de grands maîtres ou de mérite supérieur.

Lorsque, par insuffisance de fonds ou par quelque autre motif, l'administration du musée ne pourra pas employer le revenu, celui-ci sera capitalisé sous forme de réserve jusqu'à ce que l'occasion se présente d'employer la somme accumulée à combler quelques lacunes de la collection. »

Le département des Objets d'art du Musée du Louvre vient de s'enrichir dn reliquaire dit de la Vraie Croix , jusqu'ici conservé dans l'église de Jaucourt (Aube) ; ce chef-d'œuvre de l'orfèvrerie ancienne sera placé prochsùnement dans une vitrine de la galerie d'Apollon.

Le reliquaire de Jaucourt date du xii* siècle pour la partie du reliquaire proprement dit une boite à coulisse, de travail grec, dont le fond est creusé d'une croix à double traverse, entourée de figures à mi-corps de Constantin et d'Hélène, au-dessus desquels planent deux angelots et du xiv" siècle pour le support, formé de deux anges, en argent doré, agenouillés sur une plate-forme portée par quatre lions couchés; ces angelots maintiennen'. le reliquaire de leur» bras levés. Une inscription, gravée sur la tranche de la plate-forme, fournit le nom de la dame qui lit ainsi monter le reliquaire : « Madame .Marguerite Oare, dame de Jaucourt », dont l'écu est appliqué sur la terrasse.

Le catalogue illustré des pièces d'orfèvrerie, d'éroaillerie et des gemmes du Mutée du Loovre, du

moyen âge au xvir siècle, vient de paraître. 11 a pour auteur notre collaborateur .M. J.-J. Marquet de Vasselot, conservateur-adjoint du département des Objets d'art.

Musée du Luxembourg. Le Musée du Luxem- bourg a reçu un l'artrail de M. Gabriel d'Annunsio par M"' H. Urooks.

Musée Carnavalet. Le Président de la Répu- blique, accompagné du sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts, de MM. Adrien .Mithouard, président du conseil municipal de Paris, et Delanney, préfet de la Seine, a inauguré, le 4 juillet, les nouvelles salles du musée Carnavalet.

Des améliorations considérables ont été apportées aux salles de la Révolution par le conservateur, .M. Georges Cain, et une salle entière a été consacrée au théâtre. En outre, on a aménagé d'une façon tout à fait instructive et plaisante la collection des en- seignes parisiennes.

Le Musée Carnavalet recevra prochainement un buste en bronze du Prince Impérial, œuvre deCarpeaux, que le lycée de Vanves, placé, en 1864, sous le patro- nage du fils de .Napoléon m, avait reçue et installée à l'entrée des bâtiments neufs. Mutilé en ISTl, quand le lycée fut envahi par les partisans de la Commune, le buste resta depuis lors abandonné dan» un grenier, d'où l'on vient de le tirer.

Musée Jacquemart-André. Pour cause de réparations, le Musée Jacquemart-André sera fermé du 15 juillet au 15 septembre.

École nationale des beaux-arts. L'exposition annuelle des envois de Rome a ouvert ses portes le 5 juillet à l'École des beaux-arts.

Le « Groupe de l'art ». Il existe à la Chtmbre des députés un > groupe de l'art », qni, à la suite des dernières élections, a constitué son bureau ainsi qu'il suit :

Président : M. Georges Leygues ; vice-présidents ; MM. Marcel Sembat, Albert Sarrant, Sibille et Léon Bérard ; secrétaires : MM. Paul Escudier, Henry Simon, Alexandre Blanc, Amiard.

Les Amis de la bibliothèque Forney. Sur

l'initiative de notre collaborateur, .M. Henri Clouzot, conservateur de la bibliothèque Forney, un nouveau groupement d' « amis » vient de se fonder, qui se pro- pose, entre autres choses, l'enrichissement de cet établissement municipal qui rend de si grands services aux ouvriers d'art, la création d'un office intermé- diaire entre les chefs d'industrie et les dessinateurs, et l'élablissemenl d'un olHce de renseignements pour toutes les questions d'art industriel ancien.

Les Récompenses du Salon {suite). Le Co- mité de la Société nationale des beaux-arts a réparti ainsi ses prix annuels :

Prix Paquin : .M. Escoula.

Prix Leerenx : M"** Carpentier et d'Heureux.

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LE BULLETIN DE L'ART

Prix Bernheini jeune : MM. Georget et Deluermoz.

Prix G .. : M. Claudius Denis.

Prix Rouffîo : MM Vannier et Bonamy.

A Orléans. Le Bulletin a raconté (n° 606) comment, par un arrêté en date du 20 février 19t3, le maire d'Or- léans avait prescrit la démolition de la vieille tour de l'église Saint-Paterne, sous prétexte que l'état de ce monument était un danger pour la sécurité publique. En conséquence, une loi était intervenue le 8 avril dernier, désaU'ectant la tour.

Mais un pourvoi avait été formé contre l'arrêté du maire, et le Conseil d'État, sur le rapport de M. Louis Bernier, architecte, membre de l'Institut, qu'il avait chargé d'une enquête sur l'état de la tour de Saint- Paterne, vient de déclarer que le maire avait excédé ses pouvoirs.

Les frais de l'enquête faite par M. Bernier et ceux du recours au Conseil d'État sont mis à la charge de la ville d'Orléans.

A Senlis. L'église de Saint-Frambourg, à Sentis, désaffectée depuis longtemps et classée comme monu- ment historique, a conservé une nef unique, terminée par une abside en hémicycle qui est un véritable chef-d'œuvre d'architecture.

Or, la toiture de l'édifice s'est écroulée, il y a quel- ques jours, par suite de la négligence du service des Monuments historiques ; si bien que les réparations, qui n'auraient guère coûté que deux ou trois raille francs, vont s'élever à une trentaine de mille.

A Nuremberg. L'archiviste D' Mummenbof a pu établir récemment que la maison natale du cor- donnier-poète Hans Sachs était située au 23 de la Brunnengasse (rue de la Fontaine) autrefois Kot- gasse <rue de la Botte) grâce aux actes de propriété d'un tonnelier II ans Besler, qui était son voisin au n* 25, en 1551. Cette maison faisait partie de la dot de la mère de Hans Sachs, lequel la reçut pour son ma- riage en 1519; il y habita jusqu'en 1542, époque il acquit la maison de la ruelle de la Farine (Mehlgass- lein), aujourd'hui rue Mans Sachs, et elle demeura sa propriété jusqu'à sa mort (1576). Malheureuse- ment la maison de la Brunnengasse a été démolie en 1874, avec une maison voisine, et ces deux maisons ont été remplacées par une unique bâtisse, de sorte que le conseil municipal a renoncer, après un court débat, à poser sur la façade insignifiante de l'immeuble moderne une plaque commémorative qui aurait eu l'avantage d'attirer les visiteur» dans une rue aucun étranger ne passe jamais. M. Mtd.

A Fiesole. En procédant à des travaux de terras- sement pour l'agrandissement du cimetière, on a découvert les restes d'une route romaine et les murs de fondation d'un grand édifice qu'on suppose re- monter à la fin de la République. L. G.

A Milan. On sait que le polyptyque de Girolamo di Giovanni da Camerino, au dôme de Gualdo Tadino,

en Ombrie, avait été divisé et que, tandis que Gualdo avait conservé le Crucifiement et quatre saints, le Musée Poldi-Pezzoli, de Milan, avait acquis une .Madone, et un antiquaire anglais quatre autres saints qui complétaient le polyptyque. La direction du musée Poldi-Pezzoli vient d'avoir la bonne fortune de reconstituer à son profit le retable entier. En dépit des difficultés pécuniaires et légales, elle a réussi à obtenir du dôme de Gualdo la cession des cinq frag- ments qui étaient en sa possession, et elle a acheté les quatre saints à MM. Dowdeswell, de Londres, grâce à l'aide de M. G. Cagnola, directeur de la Ras- segna d'arte, qui n'en est pas à sa première généro- sité. Le polyptyque reconstitué sera prochainement exposé en public. L. G.

A 'Venise. Un mémoire vient d'être présenté au ministre de l'Instruction publique par plusieurs per- sonnalités vénitiennes, parmi lesquelles le maire et le surintendant des monuments. On a installé dans les locaux qu'occupait autrefois la bibliothèque un petit musée archéologique. L'idée vint d'abord de le com- pléter par les armes et les drapeaux du musée de l'Arsenal et du musée Correr. Pour ce qui concerne les collections de l'Arsenal, l'autorisation du ministère de la Marine a déjà été obtenue. Pour le musée Correr, le projet s'est agrandi; il ne s'agit rien moins mainte- nant — et c'est l'objet du mémoire présenté au ministre de l'Instruction publique que de transporter au Palais ducal le musée Correr tout entier. Pour avoir les locaux sullisants, on voudrait acquérir au musée à la fois les Prisons du Ponte délia Paglia et les édi- fices qui entourent le cloître roman de Sant'Apollonia qu'on restaurerait.

On voit qu'on ne cesse pas, dans l'Italie tout entière, de travailler à la meilleure organisation des richesses artistiques du pays. L. G.

Nécrologie : Georges Perrot.

C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris la mort de notre éminenf collaborateur M. Geor- ges Perrot, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, grand officier de la Légion d'honneur, qui s'est éteint subitement le 30 juin.

à Villeneuve-Saint-Georges, le 12 novembre 1832, Georges Perrot commença, au sortir de l'École normale supérieure, en 1855, comme membre de l'École d'Athènes, ces travaux d'histoire et d'archéo- logie qui devaient remplir toute sa vie. Revenu en France, il professa dans diverses villes de province, puis devint professeur de rhétorique à Louis-le-Grand, maître de conférences à l'École normale supérieure et enfin, en (877, professeur d'archéologie à la Faculté des lettres. En 1883, il succédait à Fustel de Coulanges conmie directeur de l'École normale supérieure ; il devait occuper ce poste pendant vingt ans, menant une existence active et réglée de savant et d'admi- nistrateur, et laissant aux nombreuse» génération»

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d'élèves qui l'ont connu le souvenir d'un homme d'une grande bienveillance et d'une grande indépendance d'esprit, toujours prêt, par ses conseils et ses démar- ches, à prolonger hors de l'École l'intérêt qu'il témoi- gnait à tous ceux qui passaient par la rue d'Ulm. Défenseur ardent de la culture classique, il savait à l'occasion prendre ses responsabilités contre la tradi- tion, pour le mieux des humanités qui lui étaient chères : ce fut lui qui appela Brunetière à l'École normale et qui confia au poète Frédéric Plessis la chaire de littérature latine. Lors des transformations de l'École normale, en 1904, il se retira sans bruit, et il s'apprêtait à continuer ses travaux d'historien, quand l'Académie des inscriptions, à laquelle il appar- tenait depuis 1874, l'appela au secrétariat perpétuel. On a rappelé, ces jours derniers, que Georges Per- rot, grand voyageur, avait commencé de se faire connaître par des travaux tout de suite très person- nels et marquants, pour ainsi dire documentés sur place, tels que le Monument d'Ancyre (1863), l'Ile de Crète (1866), le Droit privé et public de la Répu- blique athénienne (t867), l'Éloquence politique à Athènes (1873) ; mais la grande œuvre de Georges l'errot, celle qui lui valut sa renommée dans le monde savant tout entier, c'est cette vaste liistoire de l'nrt dans l'antiquité, entreprise en «ollaboration avec M. Chipiez, et à laquelle il travaillait encore quand la mort l'a frappé. Nous ne devons pas oublier ici les articles qu'il nous avait donnés sur le Musée du Bardo, à Tunis, et les fouilles de M. Gauckler (t. VI de la Revue), ni ce petit livre sur l'Histoire de l'art dans l'enseignement secondaire (1900), dont il a été rendu compte dans le Bulletin. Au reste, la Revue des deux

mondes, le Journal des savants, la Revue archéolo- gique, s'honoraient de l'avoir pour collaborateur, et ce que nous citons ici n'est qu'une faible part de ses nombreux mémoires et publications.

La disparition de cet homme laborieux, simple et bon, de cet érudit aux vastes connaissances, de ce visiteur infatigable des fouilles et des musées, de ce curieux de toutes les choses du passé, laissera un grand vide dans le monde savant ; elle laissera uu plus grand vide encore dans la famille de Georges l'errot, qui fut, avec la joie du travail, le grand bonheur de cette belle vie.

A Nice, est mort le paysagiste Gustave- Césaire Garaud,âgé de soixante-dix ans. à Toulon, en 1844, élève de Français, il exposa poar la première fois au Salon de 1878 des paysages d'Italie et, cette année encore, il était représenté au Salon par deux toiles. Il avait obtenu une mention honorable en 1881, une médaille de 3' classe en 1889, une de 2' classe en 1 893, et une médaille de bronze à l'Exposition universelle de 1900.

Le peintre Charles Maurin, décédé à Grasse le 22 juin, était au Puy et s'était fait connaître aux Salons parisiens, il avait conquis ses grades : mention honorable en 1882, médaille de 3' classe en 1884, médaille de bronze à l'Exposition de 1889; depuis cette date, on ne le voyait que rarement aux Salons, et c'est chez les éditeurs d'estampes qu'on pouvait suivre le développement de son talent original et châtié. C'était un artiste modeste, difficile pour lui- même, ignoré du grand public et dont les productions étaient ajuste titre recherchées des amateurs.

CHRONIQUE DES VENTES

TABLEAUX OBJETS D'ART CURIOSITÉ

A Paris. "Ventes de tapisseries et d'objets d'art. Le 2'6 juin, à l'Hôtel Drouot, M"^ H. Bau- doin et MM. Mannheim ont dispersé une réunion d'objets d'art et de tapisseries, qui ont produit un total de 107 000 francs.

Le plus beau prix a été pour une série de cinq verdures en Aubusson du xvin" siècle, dont l'en- semble a atteint 26.8a0 francs sur demande de 28.000, la mieux vendue ayant fait 13.200 francs.

Voici la liste des enchères au-dessus de 5.000 francs.

155. Tapisseries d'Aubusson, ép. Louis XV, Couple de danseurs dans un paysage, 7.500 fr. 139-163. Cinq tapisseries d'Aubusson, xviii" s., paysages avec animaux, ruines, habitations, cours d'eau, 13.200. 5.700, 4.500, 2.550 et 900 fr. 165. Tapisserie d'Au- busson, xviii* s., personnages près une fontaine avec un troupeau, 9.000 fr. 166. Tapisserie-verdure d'Au- busson, xviii' s., fleurs, oiseaux et lièvre, 5.000 fr. 167. Tapis, rosace encadrée de fleurs, commencement du XIX* s., 5.033 fr

Rien à signaler dans la catégorie des meubles et des objets d'art.

Le même jour. M' Petit vendait, à l'Hôtel, des objets d'art, meubles et tapisseries prove- nant d'un château. 11 n'y a guère à retenir,

. 206

LE BULLETIN DE L'ART

dans cette vente, que l'enchère de 12.600 francs obtenue par une tapisserie-verdure, en Aubusson du xviii» siècle, à sujet de chasse.

Au Havre. Succession Letellier (ta- bleaux, objets d'art). La vente Letellier, faite au Havre du 30 juin au 2 juillet, a produit un total de 181,000 francs. Elle était dirigée par M"(îuillemette, assisté de M. Sandoz.

Le « clou » de la vente était un mobilier de salon, composé d'un canapé et de six fauteuils, couverts en tapisserie de Beauvais de l'époque Louis XVI, à dessins, dans la manière de Sa- lembier, de fleurs, guirlandes et rinceaux, sur fond crème : il a atteint 70.500 francs. On ne voit guère à signaler, dans le reste des prix, que celui de 9.150 francs pour un dossier de canapé, scène de fable d'après Oudry, tapisserie de Beau- vais de l'époque Louis XVI.

M. N.

ESTAMPES A Paris. Nous reprenons le compte rendu des principales ventes d'estampes, dont nous n'avons pas eu la place de publier les résultats en leur temps.

Ventes diverses. Dans une vente d'es- tampes du xviii° siècle, faite à l'Hôtel, le 28 mars, par U." A. Desvouges et M. L. Delteil, et qui apro- duit 47.266 francs, une Tête d* Flore, de L.-M. Bonnet, gravée en manière de pastel d'api-ès Boucher, portrait présumé de M"" Baudouin ou de M"" Coypel, s'est vendu 4. 300 francs.

Dans une vente faite à l'Hôtel le 23 avril, par M" André Desvouges et M. L. Delteil, une épreuve du Saint Hubert (ou Saint Sustache) d'Al- bert Diirer (n» 67) a été adjugée 2.900 fr., et une épreuve du Grand Cheval (n" 88), 2.500 fr.; Jésus- Christ préchant ou la Petite Tombe, l'eau-forte célèbre de Rembrandt (n° 119), a été vendue 2.400 fr., et la Vue d'Omval, du m?me, épreuve du l"" état, avec le fond sale et des essais de pointe (n» 130), 2.100 fr.

Produit total : 29.456 francs

Vente de la collection Roger Marx. La vente d'estampes modernes de laeolleclion Roger Marx a obtenu le grand succès que nous avions fait prévoir ; elle a même dépassé les prérisions les plus optimistes et s'est terminée sur le beau total de 202.031 francs.

L'estampe moderne se présentait là, nous l'avons dit en annonçant la vente (1), dans ce

(l) Voir le 622 du Bulletin.

qu'elle a de plus original comme inspiration, de plus parfait comme technique, de plus rare comme épreuves ; les amateurs se sont disputés ces belles pièces, et bien leur a pris de s'assurer la possession de certaines d'entre elles, car il en était dont on n'a pas souvent à signaler le passage en vente publique, et dont chaque pas- sage en vente est marqué par une notable plus- value.

Les deux maîtres les plus favorisés à cet égard sont tous deux vivants : Edgar Degas et Auguste Rodin. Du premier, on a vu la Femme nue à la porte de sa chambre, une lithographie de très petit format, monter à 4.400 francs, et une autre lithographie. Chanteuse de café-concert, trois scènes sur la même planche, a été poussée jus- qu'à 4.600 francs ; plusieurs autres lithographies ont atteint 3.500, 3.000, 2.800, 2.500, etc. Rodin a été presqu'aussi bien partagé : le !•' état, avec dédicace, du portrait d'Henri Becque, à Peau- forte, s'est vendu 3.600 francs ; le 3* état de Victor Hugo de trois-quarts, 3.000 francs ; d'autres eaux-fortes, 2.600, 2.200, etc.

Outre ces deux maîtres, les artistes qui ont réalisé les plus beaux prix sont Albert Besnard, Fanlin-Latour et Toulouse-Lautrec.

Voici d'ailleurs une liste assez détaillée de» principales enchères. Il est intéressant, en effet, étant donné la composition toute particulière de cette vente, de s'arrt^ler sur des prix qu'on néglige d'ordinaire quand ils se rencontrent dans des ventes de peintures ou d'objets d'art anciens, et qui prennent un tout autre enseignement quand on les relève dans une vente d'estampes dont les auteurs appartiennent aux dernières années du xix' siècle ou mi"'rae aux premières du XX'.

Rappelons que la vente s'est faite, du 27 avril au 2 mai, par le ministère de M«' Lair-Dubreuil et Baudoin, assistés de M. L. Delteil.

La Mère malade, eau-forte d'Albert Besnard (n* 64), a atteint 1.520 fr.

Parmi les Bracquemond, on ne trouve rien de mieux à citer que le Portrait d'Edmond de Gonctmrt {n' tëO), 1" état, dédicace, 420 fr.

Treize planches de R. Bresdin, sujets divers et pay- sages (n° 166), se sont vendues, 3U fr. ; Chien-Caillou eût été le premier surpris de cette «ncbùrc !

Parmi les FéUx Bubot, les pendants bien connus, Westminster palace et Westminster bridge, avec dédicaces (n* 194), 681 fr.

Les lithographies de Carrière étaient fort bien repré- sentées; elles se sont vendues au-dessus de 300 fr. et deux d'entre elles ont même dépassé le t>illet de mille :

ANCIEN ET MODERNE

207

228. Paul Verlaine, sur Chine (n« 228), l.lH fr., et le même portrait, sur Chine appliqué sur Jspon (n« 229), 1.144 fr.

Une suite de 10 pi. de Miss Mary Cassait, scènes de genre (n* 248), en couleurs, ont été adjugées 1.400 fr. Plusieurs autres estampes de la même artiste se sont vendues au-dessus de 300 fr.

Le Chemineau, de Chahine (n* 324), 555 (t. lîien à noter de remarquable pour les Cézanne.

Le plus beau prix des Corot a été pour le Dôme florentin, 1" état, sur Japon (n- .375), 410 fr.

Parmi les Daumier, on citera le prix de 610 fr. pour le Temps éprouvant, lui aussi, le besoin de s'équiper à la mode, l"état (n° 386).

Gros, très gros succès pour les Degas : 389. Degas, par lui-même, eau-forte, avant le fond nettoyé et avant diverses retouches dans la figure, 2.550 fr. 391. Danseuse de dos, monotype, 1.100 fr. 394. Au Louvre, musée des anliqxtes, 1" état, avant le fond, 2.800 fr. 401. Au cirque, lithographie, 1.100 fr. 402. Chanteuse de café-concerl, lithographie, 3.500 fr.

403. Chanteuse de café-concerl, lithographie, 1.700 fr. 404. Chanteuse de calé-concert, trois scènes sur la même planche, lithographie, 4.600 fr.

405. Quatre tètes de femmes, lithographie, 3.000 fr.

406. Femme nue à la porte de sa chambre, litho- graphie, 4.400 fr. 408. Loge d'avanl-scène, lithogra- phie, 2.500 fr.

Un exemplaire exceptionnel de l'Estampe originale, texte de Roger Marx, publié par André Marty conte- nant diverses épreuves d'essai (n° 443), 1.820 fr.

Les Fantin-Latonr ont réalisé des prix fort hono- rables, se tenant pour la plupart, entre 500 et 1.000 fr.; les Brodeuses, 1" planche (n* 449), a fait 1.205 fr. et le liouquet de roses (n' 457), 1.700 fr.

Parmi les Forain, dont plusieurs ont dépassé 500 fr., citons le 514, l'Hôtel, 1.020 fr. qui est le meilleur prix.

Le Dom Guéranger de F. Gaillard, avant lettre, sur Chine (n" 550) et la Sœur Rosalie, du même, en état analogue (n" 566) ont fait respectivement 771 et 777 francs.

Parmi les Goya, la Tauromachie, suite complète des 33 eaux-fortes, avec la table typographique (n* 577), 2.550 fr.

Le meilleur prix des Helleu a été pour la Tasse (n- 623), vendue 400 fr. Un cahier de six eaux-fortes de Jongkind, Vues de Hollande (n° 688) a été adjugé 600 fr.

Les Louis Legrand n'ont pas été très poussés et se sont tenus pour la plupart entre 200 et 300 francs ; no- tons pourtant le Beau soir (n° 931), 1.100 fr.

Les eaux-fortes de Lepère étaient extrêmement abon- dantes et se sont en général bien vendues : on notera, en particulier, le Malin, carrefour des forts de Marlolte (n° 846), épreuve de premier état sur Japon pelure, 1.150 fr.

Un album de 14 planches de Max Liebermann, avec

texte (n» 880), intitulé Max Liebermann Radirungen, 600 fr.

Les Manet ont suscité également de belles compé- titions et ont presque tous été vendus au-dessus de 500 fr.; les Courses, i" état (a' 912) ont fait 1.100 fr. Les Raffaëlli n'ont pas existé.

Les lithographie» d'Odilon Redon se sont commu- nément tenues entre deux et trois cents francs; la Tentation de saint Antoine, 24 planches (n* 1029), 520 fr. : Yeux clos, sur Chine, (n" 1021), 480 fr.

Neuf Paysages sur Japon, en couleurs, d'Henri Rivière, ont été poussés jusqu'à 700 francs.

Pour les Rodin, voici les prix au-dessus de 1.000 fr. : 1073. Les Amours conduisant le monde, 1" état, 2.200 fr. 1080. La Bonde, i" état, 2.200 fr. 1082. Victor Hugo de Irois-quarts, 3' état, 3.000 fr. 1083. Victor Hugo de face, 1.600 fr. 1090. Henri fiecque, \" état, dédicace, 3.600 fr. 1091. Antonin l'rousl, i" état, 1.900 fr. 1092. La même estampe, 2* état, avant divers travaux, 2.600 fr.

Parmi les Toulouse-Lautrec, une des séries les plus abondantes de la collection, et les plus disputées, on relève aussi plusieurs enchères supérieures à 1.000 fr.: 1181. La Grande Loge, en couleurs, 2.300 fr. 1184. Eisa la Viennoise, 1.000 fr. 1191. Elles, suite de dix planches, avec le frontispice, 1.000 fr. 1193. Blanche et noire, sur Japon, 1.620 fr.

Plusieurs eaux-fortes et lithographies de Whistler ont été assez recherchées : le 1425, Figure drapée, asuise, a fait 900 fr., et le 1426, Modèle nu, couché, 1.000 fr.

Rien de bien remarquable à signaler parmi les albums qui formaient les n" 1435 et suivants ; le plus haut prix, 850 fr., a été pour Germinal, album de 20 planches originales, par Toulouse-Lautrec, Carrière, M. Denis, Gauguin, Liebermann, Renoir, etc. (n° 1439).

Produit total : 262.031 francs.

■Ventes diverses. Une vente d'estampes anciennes et modernes, faite à l'Hôtel les H et 12 mai par M" Huguet et A. Desvouges, assistés de M. Loys Delteil, a produit 49.830 francs.

Citons l'enchère de 4.900 francs, obtenue par le Départ pour le travail, de J.-F. Millet, l" état, avant le nom de l'artiste.

Les 19 et 20 mai, M" A. Desvouges, avec MM. Paul Ùilin et L. Huteau comme experts, a vendu une réunion d'estampes anciennes et modernes, de composition assez variée, qui a produit m. 743 francs au total.

Quelques prix, parmi les anciens ;

58. Demarteau. Le Matin, le Midi, l'Après-midi, le Soir, gr. d'après Iluet, en manière de crayon, 2.750 fr. 61. Descourtis. L'Amant surpris, les Espiègles, gr. en conl. d'après Schall, 3.850 fr. 105. D'après

208

LE BULLETIN DE L'ART

Huet. l'Amant pressant, la Déclaration, gr. en coul. par Legrand, 2.060 fr.

Et parmi les modernes :

362. A. Lepère.Le Parlement à neuf heures dn soir, Londres, épr. sur Japon mince, 2 200 fr. A. Zorn : 409. y.orn et sa femme, 2.600 fr. 410. M"' Armand Vayot, 2.100 fr. 412. La Valse, ou Soirée dansante, 2.950 fr. 413. M- Olga lirait, 2.800 fr. 414. Henri Marquand, 2.000 fr.

Le 20 juin, une vente d'estampes anciennes, faite par Lair-Dubreuil et M Léo Delteil, a réalisé quelques très beaux prix, et même une enchère tout à fait exceptionnelle

Une épreuve de l'Aveu difficile, gravé par Janinet (1787), d'après N. Lawreince, en couleurs et avant toute lettre, avec seulement le nom de Janinet à la pointe, à droite, au-dessous du trait carré, grandes marges; et une épreuve de l'In- discrétion, par etd'après les mêmes artistes (1788), d'un état semblable, ont atteint ensemble (n^'S-O), le beau prix de 22,000 francs, sur demande de 18.000.

Plusieurs enchères de quatre, cinq, six et sept mille francs sont encore à citer dans cette vente, qui s'est terminée sur un total de 71.325 francs. Les voici :

Debucourt : 1. Le Menuet de la mariée, la Noce au clidteau. deux pendants, en coul., avant toute lettre, seulement les inscriptions à la pointe, marges, 5.400 fr.

2. Promenade de la r/allerie du l'alais-RoyalUlSI), en coul., 1" tirage avant la correction du mot : imprimé, 4.900 fr. 3. Heur et malheur ou la Cruche cassée, l'Escalade ou les Adieux du matin, deux pendants (1787), en coul., 4.500 fr. 5. La Prome- nade publique (1792), en coul., avant la lettre, 6.750 fr.

6 Minet aux aguets, en coul., 3.610 fr.

10. L. Le Cœur (attribué aussi à Janinet, d'après Lawreince). Le Colin-Maillard, en coul,, avant toute lettre et avant les armes, 7.000 fr.

R. r..

LES REVUES

Franck

Les Musées de France (19(4, n''2).— Une nouvelle donation d'œuvres de Barye au musée du Louvre. Le même généreux amateur, à qui le Musée du Louvre doit les importantes sculptures de Barye entrées en 1912 et réunies dans une salle du rez-de-chaussée, à la suite de la salle Carpeaux, vient d'offrir une nouvelle série d'œuvres du grand artiste : des modèles en plâtre, des bronzes originaux, quatre peintures, douze aqua- relles, et dix-huit dessins.

Gaston Migkon. Une plaque d'ivoire musulman

au musée du Louvre. Sculptée, sur se» deux faces, de personnages rappelant l'art sassanide.

Acquisitions du département de la céramique antique et des antiquités orientales en i9li. Céra- mique antique : Grèce; terres-cuites, vases.

F. beMontremy. Une dalle funéraire du XIV' siècle au musée de Cluny. Elle a abrité les restes d'un enfant de la famille des Lusignan et elle offre cette particularité que la figure gravée de la Vierge y rem- place la figure habituelle du défunt.

Musées nationaux : acquisitions et dons; docu- ments et nouvelles.

Haymond K(jkchlin. L'Exposition Toyokuni et lliroshighé au musée des Arts décoratifs. Cinquième et dernière exposition relative à l'histoire de l'estampe japonaise.

Paul Jamot. Le Musée des beaux-arts de Reims. « Dès maintenant, malgré ce poids mort d'ouvrages médiocres ou douteux qui est le fléau des collections provinciales, le musée de Heims occupe, parmi les galeries françaises hors Paris, un rang digne d'une illustre et antique cité. »

André Fontaine. Les Nouvelles salles du Musée Ingres à Montauban. Organisées grâce aux bénéfices réalisés par l'exposition Ingres de 1912 et inaugurées le 5 octobre dernier, elles permettent d'exposer la plu» grande partie des dessins légués par le maître à ses compatriotes.

Etienne Deville. Le Musée de Bemay (Eure).

Supplément : les Ventes récentes. Collections Rochard, Fitz-Henry, Seligmann, etc.

HussiE Staryé Gody (février). P. .Néradovski, l.esNou- velles acquisitions du Musée Alexandre III. Por- traits par D.-G. Levitski, J. Argounov, Uokotov, etc.

Denis Roche. Le Peintre Pierre- Alexandre Parisot et son séjour en Russie. à Paris en 17.'i0, Parisot meurt à Moscou en mars 1820. Il y arriva en 1792. Sa correspondance avec sa fille et son gendre, demeurant à Montauban, a fourni les élé- ments de l'article. Reproduction de quatorze œuvres et de trois portraits.

Baron A. OE Foelkeksa.m. Le Corail et son appli- cation aux arts. Suite des études de cet auteur sur les matières précieuses.

V. Chtchavinski. Un Nouveau portrait de Pierre- le-Grand. C'est un dessin de J. Frans van Douvers à l'Ancienne Pinacothèque de Munich. L'auteur com- pare le profil du personnage représenté avec le masque de Pierre-le-Grand et le seul portrait de profil que l'on ait du tsar

N. Makabbnko. Le Mouvement archéologique (russe) en I9IS. Le tumulus de Solokha, dans le gouvernement de Tauride, a donné les objets les plus importants (peigne et plaques en or du iv siècle). Résultat des fouilles d'Olbia et d'Ani. Denis Roche.

Le Gérant : H. Dknis.

Paris. Imp. Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroi.

Numéro 632.

Samedi 25 Juillet 1914.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

L'Internationale de 1916

L'Exposition internationale d'art décoratif, qui devait avoir lieu en 1916, se trouvant forcément reculée, c'est le résultat de l'obstruction faite aux décorateurs modernes par quelques com- merçants routiniers, on a repris, sous une autre l'orme, l'idée d'une manifestation interna- tionale à la date primitivement choisie : il s'agit d'une exposition réunissant ce que la France et l'étranger ont produit de plus remarquable dans les arts plastiques depuis une quinzaine d'années. C'est le projet Dayot, et c'est un excellent projet. Il n'en a pas moins rencontré une opposition inattendue de la part de certains artistes. Comme l'Internationale doit se faire au Grand Palais, ils ont vu, dans son organisation, une atteinte portée aux Salons annuels et ils ont protesté si vivement que les présidents des deux grandes Sociétés ont été amenés à intervenir.

Mais, d'abord, comme l'a fait remarquer M. Léon Bérard, le (irand Palais n'est occupé, tous les ans, par les groupements d'artistes, qu' » en vertu <rune concession administrative essentiellement précaire et révocable ». Si le gouvernement prend l'initiative d'une exposition internationale au Grand Palais, en 1916, la Société nationale et celle des Artistes français n'auront qu'à s'incliner. Peut-tHre décideront-elles de faire leur Salon ailleurs : la Société des Artistes français a créé, comme on dit, un précédent, quand elle s'est établie, en 1900, dans ces baraquements de Gre- nelle, dont nul n'a oublié la solitude et le mortel ennui. Mais, en vérité, les artistes se font une idée par trop avantageuse de la place que tiennent les Salons dans les préoccupations du public, s'ils croient que le public s'apercevrait de la suppres- sion des Salons, l'année il serait convié à une exposition internationale! Bien plus, cette Inter- nationale ne devrait-elle, comme l'a écrit M. L.-O. Merson, que « nous délivrer, au moins pour une fois, du Salon annuel et de son débal-

lage de peintures hâtives et de récompenses écœurantes », qu'elle mériterait d'être organisée. D autres raisons militent en sa faveur. Le public, excédé par les mille et quelques salonnets l'on s'efforce de l'attirer chaque année, se dégoûte de ce qu'on lui ressasse à perpétuité; s'il fréquente encore les Salons, c'est comme on fait certains gestes, par réflexe, et sans y prêter attention. Sa curiosité est endormie, et seule une Internationale peut la réveiller.

Et les artistes? Ils vivent chez eux (au fait, vivent-ils?), sans rien savoir de ce qui se passe au dehors. Des villes d'art comme Munich et Venise ont leurs expositions internationales périodiques, auxquelles sont invités quelques-uns de nos représentants. Chez nous, rien de pareil. Seule, une Internationale peut secouer nos ar- tistes trop casaniers, les exciter, les piquer au vif.

Pour le public, pour les artistes, et, disons-le, pour l'art français, une pareille exposition serait éminemment profitable. Elle est le seul moyen pour nous de sortir d'un isolement qui n'a plus rien de splendide. En regard de ce qu'elle peut nous apporter, il n'est pas de Salons qui tiennent. Et quand l'Académie des beaux-arts, élaborant le règlement de son exposition triennale, prend soin de stipuler que la liste des participants étrangers à l'Institut sera établie une fois pour toutes, il n'est pas défendu de chercher à faire ailleurs quelque chose d'original et de nouveau.

E. D.

ÉCHOS ET NOUVELLES

Académie des beaux-arts (séance du 11 juillet). L'Académie décide de renvoyer à la séance du 10 octobre la déclaration de vacance du fauteuil que M. Gabriel Ferrier, récemment décédé, occupait dans la section de peinture. La lecture des lettres des can- didats aura lieu le 17 octobre et, selon les règlements,

210

LE BULLETIN DE L'ART

la section de peinture dressera dans la séance sui- vante une liste de présentation de cinq noms. L'élec- tion aura lieu le samedi suivant 31 octobre.

Le prix Ilaumont, de la valeur de 1.800 francs " à décerner à un tableau de paysage à la suite d'un concours», a été ainsi partagé : 1.000 francs à M.Ducos de la Haille, élève de .M. Raphai-1 CoUin; 800 francs à M. Séné, élève de M. Cormon. Une mention tiono- rable est attribuée à M. Houx, élève de M. J.-P. Lau- rens.

La commission mixte, chargée de dresser la liste de présentation des candidats aux fonctions de secré- taire perpétuel laissées vacantes par le décès de M. Henry Roujon, a décidé à l'unanimité de présen- ter M. Widor, candida* unique. L'élection aura lieu a la séance suivante.

(Séance du 18 juillet). L'Académie entend les rapports sur les envois de Rome qui sont faits par MM. Gervex, pour la peinture; A. Mercié, pour la sculpture; Redon, pour l'architecture.

A la fin de la séance, conformément au règlement, l'Académie procède à l'élection d'un secrétaire perpé- tuel, en remplacement de M. Henry Roujon, décédé : M. Charles Widor, qui appartient à la section de compo- sition musicale depuis 1910, est élu à l'unanimité.

L'Académie urrêle le règlement de son exposition qui aura lieu tous les trois ans au Jeu de Paume des Tuileries. On trouvera plus loin ce règlement tn extenso.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 10 juillet). M. Héron de Villefossc décrit les fouilles faites, cette année, sur le plateau d'Alise- Sainte-Reine, par le commandant Espérandieu et le docteur Épery; il commente ensuite, au nom de M. Michel Clerc, directeur du musée Borély, une in- scription grecque trouvée à Marseille au cours des travaux de démolition exécutés derrière la Bourse.

M. Salomon Reinach constate que les anciens, comme nous, lisaient en voiture; il donne des exemples empruntés aux textes et en tire l'explication d'un vers, resté incompris, de l'épitaphe d'Abercius, évoque de Phrygis, au ir siècle.

Le P. Scheil attire l'attention de ses confrères sur les vocabulaires babylono-hittites découverts, en 1907, en Cappadoce, par M. Wenckler et récemment publiés par M. Friedrich Delitzeh, correspondant de la Compagnie.

M. Brutails, archiviste du département de la Gironde, étudie certaines églises de ce département et, en particulier, l'église de Krancs, on on constate la survivance de caractéristiques architecturales, ap- partenant à des époques parfois fort éloignées de celles 011 le monument a été construit.

M. J. Toutain présente à l'Académie les photo- graphies d'une statue de pierre découverte en octobre 1913, dans les fouilles que la Société des sciences de Semur poursuit sur l'emplacement d'Alésia. Cette statue, malheureusement incomplète, est une réplique du Satyre au repos, qui fut si populaire dans l'anti-

quité. Elle représente un jeune satyre nu, sauf une draperie qui couvre son épaule gauche, les jambes croisées, et accompagné d'un animal, vraisemblable- ment une panthère, levant une patte vers lui.

M. Toutain montre que cette réplique dilTére par quelques détails des statues du même type qui se trouvent au musée du Louvre, au musée du Vatican, au musée des Thermes, à Rome; il fait remarquer que la statue découverte sur le mont Auxois est la pre- mière réplique, trouvée en Gaule, de ce type, dont l'invention est communément attribuée à Praxitèle. L'intérêt de la découverte est donc considérable.

La Compagnie déclare la vacance du siège de secrétaire perpétuel occupé par M. Georges Perrot, qui vient de mourir. L'élection, destinée à pourvoir n cette vacance, aura lieu le vendredi 24 juillet.

(Séance du 17 juilletl. M. Henri Cordier donne des nouvelles des missions du U' Segalen et de M. Gilbert de Voisins, au Thibet, et de M. A. Bonnet de Mézières, en Sénégal.

M. Héron de Villefosse annoDce que le 0' Carton, correspondant de l'Institut, en continuant ses fouilles dans les thermes de Bulla Refria (Tunisie , a recueilli divers objets intéressants, à l'endroit même il avait signalé l'existence d'un grand dépi'itd'amphores. Parmi ces objets se trouvent un chandelier de bronze, un reliquaire de plomb orné d'une croix, trois plaques de ceinturon vandales, plusieurs amphores portant des inscriptions à la pointe, une série de belles poteries qui paraissent appartenir aux derniers temps de la domination romaine. Actuellement dix salles présen- tant d'intéressantes dispositions sont déblayées, notamment une salle souterraine, en communication avec six antres pièces voûtées, on il a été trouvé une dédicace en l'honneur de Diane.

M. Héron de Villefosse expose ensuite le résultat des recherches du chef de bataillon Uonau, comman- dant militaire du Sud tunisien, qui. l'année dernière, a obtenu de l'Académie une subvention pour continuer à Reiiiada les fouilles qu'il avait commencées avec ses propres ressources.

M. Lpth, professeur au Collège de France, donne lecture d'une étude sur « la croyance à un oinphalns de la terre chez les Celtes ».

Le P. Scheil étudie, au nom de M. Henri Gauthier, membre et secrétaire de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, un document fameux en égypto- logie, la Pierre de l'alerme qui relate, année par année, les principaux événements des règnes de la première à la cinquième dynastie : de nouveaux fragments de ce monument viennent d'être découverts et ont été placés au musée du Caire: ils se rapportent aux rois de Haute et Bassc-Ëgyptc antérieurs à l'unitication de la monarchie qui fut accomplie sous Menés.

Société des antiquaires de France (séance du 8 juillet). M. Héron do Villefosse revient sur une inscription du Cher, dont il a obtenu une meilleure copie et communique une dédicace à Satronmis

ANCIEN ET MODERNE

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Privatensis, dont le texte lui a été adressé par le n. P. Delattre.

M. C. de .Mandach réfute le rapprochement qu'on a voulu établir entre le peintre suisse Conrad ^^'iiz et un Rodulphus Sapientis, qui était^ non de Constance, mais de Coutances (Normandie) ; il maintient que Conrad Wilz a dfi être le fils de Mans Witz, originaire aussi de pays allemands et qui vécut à Genève dans la seconde moitié du xv" siècle; il cite enfin quelques ouvrages qui pourraient être attribués à cet artiste.

(Séance du lo juillet). M. R. Page étudie une cuve baptismale pour baptême par immersion, dans l'église de Dorât, xr siècle.

M. Chenon annonce qu'en démolissant le Petit Séminaire de Saint-Nicolas du-Chardonnet, on a retrouvé une vieille fenêtre du xvi* siècle, provenant de l'ancienne église.

M. Paul Vitry fait part de l'entrée au I^ouvre de trois morceaux de sculpture du xii* siècle, provenant de la façade d'une église détruite, N'otre-Dame-de-la- Coudre, à Parthenay (Deu.\-Sèvres).

Conseil des Musées nationaux. En même teuips que l'acquisition du reliquaire de Jaucourt, dont le Bulletin a parlé dans son dernier numéro, le Conseil des musées a ratifié l'achat : de trois frag- ments de sculpture provenant de Parthenay et repré- sentant V Annonciation aux bergers et deux figures de prophètes i^la Société des Amis du Louvre a concouru pour un tiers à cette acquisition) ; et d'une petite esquisse en terre cuite de la statue de Sainte Bibiane, exécutée en 1626 par le Bernin, pour l'église Sainte- Bibiane, à Rome (cette statuette, qui provient de la vente du marquis de Biron, a été achetée avec la par- ticipation de M. Fenaille).

Le Conseil a accepté les dons faits par M. lleuzey, de terres cuites chypriotes, et par la Société des Amis du Louvre, d'une aquarelle de Dauzats datée de 1835 et représentant une Rue de Cadix.

Les Prix de Rome. Le dernier numéro du Bulletin a donné le jugement du concours de Kome pour la musique, promulgué à la séance de l'Académie des beaux-arts du 4 juillet. Voici les résultats des autres concours, actuellement jugés ;

Peinture. L'Académie des beaux-arts, par suite de circonstances exceptionnelles, avait la possibilité de décerner cette année trois Grands Prix de peinture : 1" celui de celte année : celui de l'année 1913, qui avait été réservé par suite d'insuflisance des concours, et celui obtenu en 19H par M. Marco de Gastyne, qui donna sa démission en 1913.

L'Académie a accordé les récompenses suivantes :

1" Grand Prix de Rome 1914 : M. Robert-Eugène Poughéon, élève de MM. Cornion et J.-P Laurens.

2* Grand Prix 1913 : M. Jean Despujols, élève de M. Gabriel Ferrier.

3- Grand Prix 1911 : .M. Jean-Biaise Giraud, élève le M. Gabriel Ferrier.

1" Second Grand Prix : M. Émilien- Victor Barthé- lémy, élève de M. Cormon.

2' Second Grand Prix : M. Paul-Maurice Geny, élève de MM. François Flameng, Raphaël Collin et Déchenaud.

M. Poughéon séjournera quatre années, .M. Despu- jols trois ans et M. Giraud deux ans seulement à la Villa Médicis.

Gravure en médailles et sur pierres fines. Grand Prix de Rome : M. André Lavrillier, élève de MM. Cha- plain, Vernon et Patey.

1" Second Grand Prix : M. Jacques Martin, élève de MM. Patey et Coutan.

2" Second Grand Prix : .M. Turin, élève de MM. Ver- non, Patey et Coutan.

(iravure. 1" Grand Prix : M. Manchon, élève de M.\l. Waltner, G. Ferrier et Gervex.

1" Second Grand Prix : M. Buthaud, élève de MM. Waltner, G. Ferrier et Humbert.

2' Second Grand Prix : M. Bouffanais, élève de MM. Laguillermie, Cormon et J.-P. Laurens.

Fouilles du mont Auxois. Les fouilles de la Société des Sciences de Semur, sur le mont Auxois, se montrent, cette année, particulièrement fécondes.

La même tranchée 5, d'où M l'ernet a récem- ment exhumé une belle tête de félin en bronze, vient (le ramener au jour une importante collection d'objets en bronze, en pierre, en fer, en os, en terre cuite Parmi les plus importants, citons plus de vingt figu- rines en terre blanche de l'Allier, dont plusieurs sont signées; une bague avec intaillc, une roue dentée en bronze, deux fibules identiques en forme de pierre; enfin, une belle tête de cheval en pierre, sur la cri- nière dé laquelle se joue la main d'un cavalier dont le bras est recouvert d'une draperie, etc.

A Ajaccio. M. Ogiiastroni, directeur de la cir- conscription pénitentiaire du Rhône, vient de faire don au musée d'Ajaccio, d'une pièce intéressante pour l'histoire.

Il s'iigit d'un dessin aquarelle représentant l'em- pereur Napoléon à Sainte-Hélène. Ce dessin tire sa principale curiosité de ce qu'il est attribué à lludson Loue lui-même. Il porte en bas : Taken al Sainte-Hélène, M march. Sainte-Hélène, Ifll7. En marge, la note manuscrite suivante : M'a été donné par Godefroy Cavnignac, à Londres, en lflS9. Ce dessin provient de la vente du comte Léon, décédé en avril 1881, il avait été donné à M. Ogiiastroni, par le professeur Lacassagne.

A Cholet. Un récent décret vient d'attribuer au musée de Cholet les portraits des principaux généraux vendéens, qui avaient été commandés par Louis XVIII etqui.jusqu'àces derniers temps, figuraient au Musée de Versailles. Ils formeront les premiers éléments d'un musée historique de la Vendée militaire.

Ces portraits sont ceux de Bonchamps et de Cathe- lineau, par Girodet; de Charette et de d'Elbée, par

212

LE BULLETIN DE L'ART

Paulin Guérin; des deux La Uochejaquelein, par Pierre Guérin, auquel est attribué aussi celui, non signé, de La Trémoïlle; de Lescur'e, par Robert Lelcbvre; de Cadoudal, par Coutan; de Louis de Frotté, par Louise de Bouteiller; de Précy, par Dassy, et de Suzannet, par Mauzalse.

A Anvers. On lit dans les Débats : <c La maison de Rubens, ii Angers, sera conservée. Le propriétaire actuel, empêché par les voisins d'y installer une industrie avec machine à vapeur, se proposait de démolir la vieille bâtisse et de vendre à des particuliers le pavillon, avec les ligures de Bac- chus et de Gérés, que Kubens avait lait construire lui-même dans le jardin, ainsi que la vieille porte dont on lui proposait un bon prix. Mais, au dernier moment, un Comité qui s'était constitué en vue de conserver la maison parvint à lui faire entendre raison. Au prix d'une cinquantaine de mille francs, à verser en vingt annuités, le propriétaire cédera l'im- meuble et le jardin.

Mais une nouvelle calamité menace maintenant la maison de Rubens. A l'Exposition de Bruxelles, en 1910, la ville d'Anvers avait fait édifier une construc- tion de fantaisie représentant, d'après de vieilles gravures, l'atelier du peintre. Ce bric-à-brac germa- nique avait enthousiasmé les bons Flamands qui rf'vent maintenant de faire, à Anvers même, une installation du même goût Après avoir échappé à la destruction, la maison de Rubens deviendra-t-elle la proie des restaurateurs ? »

A Pise. La seconde section du Conseil supérieur des Beaux-Arts, d'accord avec M. P. Bacci, surinten- dant des monuments, a pris un certain nombre de décisions concernant les restaurations et la réorgani- sation du Campo Santo. On construira, entre le Campo Santo et les murs de la ville, plusieurs salles seront disposées et classées les sculptures grec(|ues, romaines, pisanes et llorentines, qui se trouvent actuellement sous les portiques du Campo Santo ; une salle sera réservée aux sculptures du xix* siècle, qui comptent quelques pièces intéressantes de Uupré, Bartolini et Thorwaldsen. On ne laissera sous les portiques que les sarcophages romains.

En outre, M. Cavenaghi, le restaurateur bien connu, va procéder ii des essais pour savoir si l'on peut res- taurer les fresques de Gozzoli sans les détacher, et l'on va prendre immédiatement des mesures pour protéger le mur nord du Campo Santo contre l'hu- midité.

Enfin, le Conseil supérieur a approuvé le projet de reconstitution du monument d'Henri VII de Luxem- bourg, dans le Dôme, qu'a proposé M. P. Bacci. L.G.

A Cologne. La collection d'objets d'art de feu le baron Albert von Oppenheim, qui sera vendue à la

fin de cette année, en même temps que i- galerie de table-iux anciens du même amateur, est exposée, depuis le l.'i juillet, au Musée municipal des indus- tries d'art de Cologne.

Nous aurons l'occasion de signaler les principales pièces de cette collection, tant peintures qu'objets d'art, quand nous annoncerons ici la vente, qui sera certainement un des événements de la prochaine saison.

Nécrologie. Le peintre Gaston Fanly-Lescure, qui vient de mourir, avait été élève de .M. Cormon ; il exposait depuis 1880, au Salon des Artistes français, des natures mortes et des figures de genre (ment, hon., 1903; méd. 3' cl., 1910; méd. 2- cl., 1912).

Le It. /'. Ga/j're n'était pas seulement un écrivain catholique et un des maîtres de la chaire contempo- raine ; il avait aussi un réel talent de sculpteur : on lui doit, en particulier, un Clirist, et une statue de Jeanne d'Arc au bûcher, qui sera, un jour, érigée s«r la place du Marché, à Rouen.

Le peintre-graveur Fernand Uesmoulin est mort à Venise, à l'âge de ;il ans. 11 était à Javerlhac (Dordogne) et s'était fait remarquer dès ses débuts au Salon : il avait obtenu une mention honorable au Salon de 1885, une médaille de 3* classe en 1889, une médaille de bronze à l'Exposition universelle de la même année, une médaille d'argent à celle de 1900, en même temps qu'il était promu officier de la Légion d'honneur. Le public connaît surtout son œuvre gravé, ses portraits consciencieux et solides (Renan, Théo- dore de Banville, Emile Zola) et ses paysages, comme les vues de Venise qu'il exposait encore, cette année, au Salon de la Société nationale. On lui doit aussi quelques illustrations : les Soirées de Médan, les Grands médecins d'aujourd'hui. Philanthrope d'un dévouement sans bornes, Oesmoulins se consacrait, depuis quelques années, à améliorer la situation matérielle et surtout les dispositions morales des détenus dans les prisons.

Avec M. Mai- Hooses, le conservateur du musée Plantin, qui vient de mourir à Anvers, âgé de soixante- quinze ans, la Belgique perd un des historiens d'art qui lui faisaient le plus grand honneur. Parmi ses publi- cations, abondantes et diverses, il est des ouvrages, comme celui sur VOEuvre de Rubens, en 5 volumes in-4* (1886-1892), qui sont bien vite devenus clas- siques; on lui doit encore la publication de la Correspondance de Rubens (1887-1897, 2 vol.); une monographie de Christophe Plantin (1883, in-fol.), et la publication de la correspondance de l'illustre imprimeur anversois; une monographie de Jacques Jordaens (1885); une histoire de la peinture anver- soise, en llamand. un livre sur le Vieil Anvers (1894), une publication sur les l'einlres néerlandais du XIX- siècle (1899), etc.

ANCIEN ET MODERNE

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CHRONIQUE DES VENTES

LIVRES

A Paris. Reprenons le compte rendu des principales ventes de livres de cette saison, comme nous l'avons fait, dans notre dernier numéro, pour les ventes d'estampes.

Bibliothèque de feu M. Alphonse Willems, de Bruxelles (livres anciens). Nous avons annoncé cette vente de la bibliothèque du savant auteur de l'histoire des Elzévier et nous en avons donné le résultat total, soit 317.057 francs. Rap- pelons qu'elle s'est faite à l'Hôtel, du 4 au 7 mai, par les soins de M' A. Desvouges et de M. Leclerc et donnons la liste des principales enchères, qui ont été pour les beaux exemplaires des éditions eizéviriennes, ornées de reliures de bonne sorte, particulièrement nombreuses en ce cabinet de travailleur bibliophile, le tout d'une tenue un peu grave, mais qui nous a heureusement changés des livres illustrés du xvni^ siècle et des éditions de la bibliophilie moderne.

Un Virgile, publié en 1676, par Daniel Elzévier, exemplaire sur grand papier, offert au Grand Dauphin, tils de Louis XIV, par l'éditeur N. Hein- sius, qui a écrit une dédicace de six vers latins sur la feuille de garde, enrichi d'une belle reliure ancienne en maroquin olive, a été adjugé 8.000 francs; un Alexander Magmis, de 1488, 8.100 fr.; une Historié van Rei/naert, de 1483, 8.;)00 fr. ; un Jason et Hercules, par Le Kebvre, l:i2l, 8 100 fr. ; enlin, un Ogier le Danois, éd. de Lyon, 1523, a été poussé jusqu'à 8.950 francs; c'est ici le plus beau prix de la vente.

Citons encore les prix au-des>us ie 2.000 francs suivants :

Érasme, 1533, exemplaire de Grolier, 7.050 fr. Les Sentences et maximes de La Kochefoucauld, éd. originale de 1664, 5.000 fr. Isocrales, 1550, exem- plaire aux armes de la reine Elisabeth d'Angleterre, ii.lSO fr. Le Champion des dames, de Martin Franc, l"éd., 1485, avec 62 lig. sur bois, 6.700 fr. Le Cluileau de labour, de Gringoire, 1500, avec la mar- que de Pigouchet, 3.500 fr. Œuvres de Baïf, 1573, 2.010 fr. Plainte d'Acanle, par Tristan l'Hcrmite, manuscrit, 2.160 fr. Boecxken, premier livre avec musique publié aux Pays-Bas, seul exemplaire connu, 2.805 fr.

Œuvres de Regnard, éd. de 1790, avec les fig. de Moreau le jeune et de Marillier, 4.050 fr.

Saint Graal, éd., 1523, 6.000 fr. l'erceval le Galloys, 1530, 5.020 fr. Tristan, 3' éd., 6.120 fr. Les Quatre Fils Aymon, 1539,3.100 fr Godefroy de Houillon, 1511, 6.850 fr. Baudoin, 3- éd., 1483, 6.020 fr. Gargantua, de Uabelais, 1542, 3.500 fr.

Gil Blas, de Le Sage, 1725, avec dessins originaux de Monnet, 1.000 fr.

Alexander Magnus, 1488, 8.100 fr. Historié van der Destrucion van Troyen, par Guido de Columna, Amsterdam, vers 1500, 7.900 fr. Historié van Rey- naert, 1485, 8.500 fr. Jason et Hercules, par Le Kebvre, Anvers, 1521, 8.100 fr. Gyron le Courtoys, éd. de Vérard, 1501, avec fig. sur bois, 7.950 fr.

Vente de la bibliothèque de feu M. Pierre Dauze (livres modernes). L'intérêt de cette vente résidait dans sa composition tout à fait spéciale : elle ne comprenait, en efl'et, comme nous l'avons dit en l'annonçant, que des livres modernes en éditions originales, et la plupart avec envois autographes d'auteurs et manuscrits ajoutés. Un total de 105.000 francs a marqué la fin des vacations de la première partie de la vente, qui ont eu lieu à l'Hôtel, par les soins de Me Desvouges et de M. Leclerc, du H au 16 mai. Toutes proportions gardées, ces livres se sont bien vendus et un grand nombre ont atteint et dépassé 1.000 francs.

On citera, en particulier :

Les Fleurs du mal, de Baudelaire, 1.260 fr., avec manuscrits originaux, et 560 fr. pour l'édition origi- nale seule ; le manuscrit original des Mémoires d'un fou, de G. Flaubert, 2.700 fr. ; l'édition originale de Salammbô (1863), ex. sur hollande, 1.300 fr.; un recueil de manuscrits publiés fUT le Centaure, 1.610fr. ;

le manuscrit original du Mannequin d'osier, d'Ana- tole France, 3.100 fr.; celui de l'Orme du mail, 2.100 fr., et celui de l'Anneau d'améthyste, 2.000 fr. ;

une édition originale de l'Étui de nacre, du même auteur, sur japon, avec autographes, 1.080 fr. ; les autres éditions originales de A. France ont fait de 500 à 1 000 fr. Autres éditions originales : Dominique, de Fromentin, sur japon, 1.000 fr. (sur papier ordinaire, 135 fr.); .Sac au dos, de Huysmans, 1.505 fr. Du môme Huysmans, les manuscrits autographes de les Gobelins, 1.000 fr., et de A vau l'eau, 1.105 fr. ; celui de le Sang des crépuscules, par Ch. Guérin, 1.220 fr.

214

LE BULLETIN DE L'ART

La seconde partie de la collection a été dis- persée du 26 au 30 mai. Elle a produitOb. 000 francs, soit 200.500 francs pour les deux parties réunies.

C'est dans cette série de vacations qu'on a eu à enregistrer les deux plus beaux prix de la collec- tion : celui de 7.620 francs, pour le manuscrit Autographe de Aux flancs du vase, d'Albert .Samain, publié, en 18'.H , par le Mercure de France; et celui de 6.800 francs, pour une collection des ouvrages publiés par la Société « les XX.», avec signatures autographes des auteurs.

Citons encore :

Un recueil de manuscrits autographes d'Arthur Rimbaud, 2.450 francs ; le manuscrit autographe de la Double maîtresse, de H. de Régnier, 1.950 fr. ; l'édition originale, avec une partie du manuscrit, de Au jardin de l'infante, d'Albert Samain, 1.100 fr ; le manuscrit autographe de la Consultation du Doc- teur noir, d'Alfred de Vigny, 3.000 fr. ; et celui de Jacques Damour, de Zola, 1.510 fr.

Vente d'une collection de livres d'archi- tecture et de recueils d'ornements. Nous avons longuement annoncé cette vente, d'un intérêt exceptionnel (n" 627), et nous avons signalé le grand et légitime succès qu'elle avait obtenu (n" 629) : du reste, la rareté des pièces et la richesse des recueils étaient les plus sûrs garants des vives compétitions que devaient susciter, parmi les amateurs, cette réunion de documents, qui n'avait pas coûté moins d'un demi-siècle de recherches au collectionneur dont tous les volumes portaient l'ea;-/î6ns, M. E. Foule. Il faut se réjouir de ce que la plus grande partie de ce précieux cabinet ait trouvé asile dans la Bibliothèque d'art et d'archéologie, fondée par M. .lacques Doucet, ces pièces, désormais sauvées de la dispersion, resteront à la disposi- tion des travailleurs.

On a déjà dit ici que la vente, faite du 3 au 6 juin, par M" A. Desvouges, assisté de M. A. Be- sombes, avait produit un total de 681.376 francs. Dans ce total, plusieurs grosses enchères sont à tirer de pair : un (JEuvre de Jacques Androuet Du Cerceau, composé de 1276 pièces (exception faite pour les volumes des Plus excellents basti- ments de France), s'est vendu 51.000 francs ; un Œuvre de W'atleau, gravé par les soins de Julienne et comprenant 637 planches, a fait 28.100 francs; un recueil de 1147 planches de petits maitres décorateurs français, allemands, flamands, hol- landais et italiens, des xv* et xvii» siècles, a été poussé jusqu'à 37.000 francs.

Mais ces gros prix, tout importants qu'ils soient, ne sont rien en comparaison des trois, cinq, huit mille francs, obtenus par les recueils de planches, quelquefois fort minces et le plus souvent raris- simes, de certains décorateurs français et étran- gers. C'est pourquoi on ne lira pas sans curiosité la liste suivante, nous avons réuni tous les prix supérieurs à 2.000 francs, dans les diverses catégories d'une vente comme on n'est assuré- ment pas près d'en revoir une pareille.

Voici cette liste :

OuvKAOES SUR LES BEAUX-ARTS. 2. L' Architecture /■ranpoise, recueil d'architecture des époques Louis XIV et Louis XV, 1727, 3 vol. in-fol., rel. anc, IMO fr. 7. J.-Kr. Blondel. Architecture françoise, n">2-n56, 4 vol. in-fol., rel. anc, 499 pi., hôtels et monuments de Paris et des environs au xviii" siècle, 5.800 fr. 23. J.-A. Du Cerceau. /^e Premier (et le second) volume des plus excellents bastiments de France, lîi76-1579, 4.500 fr. 43. De Neufforge. Recueil élémentaire d'architecture, 1757-1780, 8 vol. in-fol., rel. anc , 3.425 fr.

La catégorie la plus abondante et la plus riche était celle des recueils d'ornements propres à la décoration des édifices et aux arts industriels, qui comprenait des recueils appartenant à tous les pays de l'Europe occidentale, du .xvi« au xviii» siècle.

Recueils d'orne.ments propres a la décoration des ÉDIFICES ET AUX ARTS INDUSTRIELS. Arlistes français. XVI' siècle. 70. R. Boyvin. Dessins de Joaillerie et de bijouterie, vers 1570, in-4* obi., rel. de Cuzin, 5.000 fr. 71. R. Boyvin. Orfèvrerie, vers 1575, in-4', 2.000 fr. 72. Diverses coiffures d'hommes et' de femmes pour des ballets, d'après Maître Hous, in-i*, 2.200 fr. 74. Etienne Delaulne. Œuvres d'ornements pour l'orfèvrerie, et autres compositions, 6 vol. in-fol. et in-8» obl., 9.000 fr.

75. Œuvres de Jacques Androuet Du Cerceau rela- tives à l'ameublement, à l'orfèvrerie, à la décoration des édifices et à l'architecture l'exception des Plus excellents bastiments de /■Vance), recueil de 1276 pièces formant la plus grande partie de l'œuvre du maître, 5). 000 fr.

76. J. Foillet. Nouveaux pourtraits de point coupé et dantelles, 1598, in-4°, 3.650 fr. 78. Maître au monogramme L R. Moresques ou damasquinures, 43 pièces, 2.050 fr. 79. D. Mignot. Dessins pour la joaillerie et l'orfèvrerie, 1,593-1616, 6 vol. in-4'> et in-8« obl., 8.000 fr. 80. A. de Saint-Hubert. Pende- loques, vers 1560, io-4% 2.120 fr. 82. P. Wœiriot. Libro d'avella d'arefici, 1561. in-4'' obl., 5.550 fr. 83. P. Wœiriot. Garnitures d'épées, 1555, in-4» obl., 3.300 fr. 85. Anonyme français. Dessins pour lioîtes de montres et gaines, 26 pi., 6.250 fr.

ANCIEN ET MODERNE

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XVII' siècle. 88. L'Archilecture à la mode, 2 vol. D-fol.. rel anc , 3.250 fr. 94. J. Bérain. Ornemens, 1663-niO, in-fol , 2.250 fr. 119. Ant. Jacquard. Modèles pour la serrurerie, l'arquebuserie et l'orfè- vrerie, 16)5, in-4°, 3.700 fr. 135. Daniel Marot. mUivres... contenant plusieurs pensées utiles aux (ircfiitectes, peintres, sculpteurs, orfèvres, jardiniers et autres, 1703, in-fol., 4.400 fr. 145. Bouquets d'or- fèvrerie, cinq .suites en 1 vol. in-fol., 2 620 fr. 157. J. Toutin. Modèles d'orfèvrerie, 11 pi , 1619, in-8', 2.320 fr.

B. J. (A suivre.)

EXPOSITIONS ET CONCOURS

Bryson Burroughs, Ernest Lawson (galerie l.evesque, 109, faubourg Saiiit-Honoré). C'est la preinirre des expositions annuelles « d'art moderne américain' », destinées à révéler aux l'arisiens casaniers la production transatlantique, le style réfléchi, mais spirituellement évadé des formules, s'oppose à IHmpression spontanée, mais nourrie de souvenirs.

Là-bas, trouver le style à travers toutes les fumées du progrès et l'idéal drns la plus âpre des luttes pour la vie, n'est-ce pas découvrir une seconde fois le nouveau monde? Aussi bien, la découverte est-elle savoureuse; et le poétique évocateur de Vénus et Adonis nous ménageait plus d'une surprise 1 .Né à Boston, en 1869, .\1. Bryson Burroughs est conservateur au Metro- politan Muséum de New- York ; après avoir subi, dans son pays, l'érudile influence du ilécorateur Kenyon Cox, il reçut, à Paris, les conseils du fin styliste Olivier Merson ; notre l'uvis de Chavannes, plus encore, devait lui montrer sa vocation parti- culière, et nul n'admire plus sincèrement que cet étranger le poète de la peinture qui dota la bibliothèque de Boston de la pure lumière des songes virgiliens; mais le disciple ne s'est-il pas avisé de transporter l'humour de sa race anglo- saxonne dans la sérieuse tradition poussinesque'? Kt voilà bien le plus piquant de l'histoire : à le voir interpréter les belles fables gréco-latines el rajeunircavalièrement les vieux mythes sacrés, on dirait d'un néo-firec ou d'un l'ompéien, qui s'amuse à verser la satire dans l'églogue ; mais tu Belle HéUne attesté moins la verve aristopha- nesque d'un Offenbach que le sourire discret d'un Jules Lemaître écrivant >< en marge h des vieilles légendes immortelles. Un Salon des Humo-

ristes ne refuserait point sa Nausicaa, son Uylas, ses Tentations de saint Antoine, ni son Jardin de Vénus on la chaste Suzanne avolsine un groupe comique d'Hercule et d'Omphale. Ailleurs, près d'audacieux dessins d'après le modèle, des contes ou la vue d'une Banlieue naïve avouent la hantise do la miniature persane et du paysage primitif; et jamais l'ironie n'effarouche la poésie : témoin telle virginale ligure de Proserpine en regard d'un Pluton d'opérette.

Si le curieux styliste Bryson Burroughs a passé par nos ateliers, l'opulent paysagiste Krnest l.awson est, de même, un peu « de chez nous », car c'est au pays de l'impressionnisme, à Moret- sur-Loing, que cet Américain, d'origine écossaise et canadienne, a composé sa palette, après avoir reçu les avis de feu John Twachtman, à New- York. Est-ce par atavisme, mais cet amant de la simple nature adore, avant tout, la glace et la neige, les blanches vapeurs d'un malin d'hiver, les vergers brumeux sur les berges vertes de la petite rivière de Harlem, les vieilles masures cernées par les ornières, les quartiers excentri- ques et les ponts anciens, tous les coins retirés d'une banlieue menacée, comme la nôtre, par l'invasion des gratte-ciel. Et son exécution, sa grasse matière même, offrent l'aspect des glaçons, en superposant la brume et la pâte, l'atmo- sphère et la couleur, le blaireau de Whistler et la truelle de Courbet: encore un signe particulier de la race, qui s'impose aux goûts plus généraux d'une époque.

Charles Milcendeau (galerie Druet). Expositions diverses. L'espace et le temps ne nous ont pas permis de questionner l'art étranger dans les vieux jardins de Venise ou de Florence que l'originalité de M"" Emma Ciardi peuple de légers fantômes, ni l'art d'hier dans les « rétrospectives » de deux petits maîtres, le peintre normand Félix-Adolphe Cals (1810-1880), que la vente Doria, dès 1899. avait remis en lumière, et le paysagiste alsacien Clément Faller (1819-1901), que nous avions déjà revu chez Bernheim jeune (1); mais ne terminons point cette saison chargée sans accorder le souve- nir qu'ils méritent aux petits cadres de .M. Char- les Milcendeau, l'admirateur de Holbein et le portraitiste des paysans de la Vendée natale, de la Vieille-Castille ou de la Corse, qui dessine, avec la consciencieuse précision d'un primitif,

(1) Voirie Bulletin du 27 février 1909. pp. 70-;i.

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LE BULLETIN DE L'ART

les regards profonds dans les visages ridés; par la seule force du Irait, ses portraits au crayon sont toujours pleins d'àme, et c"est le dessin surtout qui fait de cet observateur un artiste.

Raymond Bouybr. LE RÈGLEMENT DE L'EXPOSITION

L'ACADEMIE DES BEAUX-ARTS

Dans sa séance du 18 .juillet, l'Académie des beaux-arts a adopté le règlement des expositions qu'elle organisera, tous les trois uns, dans les salles du Jeu de Paume des Tuileries, qui lui ont été concédées à cet effet.

Voici le texte de ce règlement :

Article PHE.MiEK. Une exposition, dite «Exposition de l'Académie des beaux-arts » aura lieu à Paris, tous les trois ans, du 25 mai au 10 juillet.

Art. 2. Cette manifestation, uniquement conçue au point de vue de l'art français et entièrement distincte des Salons annuels, sera purement nationale.

Art. 3. Les œuvres exposées seront groupées en quatre sections, à savoir : Peinture Sculpture, Gravure en médailles. Art décoratif Architecture Gravure et Lithographie.

A titre de complément, des séances de musique pourront être organisées par la section de composition musicale de l'Académie.

Art. 4. L'Académie conviera des artistes à prendre part à l'exposition avec les mêmes droits d'exposants que les académiciens. Ces artistes, dits « participants à l'exposition de l'Académie des beaux-arts», seront désignés une fois pour toutes.

Art. 0. La Compagnie se réserve de disposer d'une salle à part pour une exposition d'œuvres de ses uiembres décédés depuis l'année 1900.

Art. 6. Le nombre des exposants, y compris les membres de l'Institut, sera au maximum (du moins pour le présent) de 80 peintres, 40 sculpteurs ou graveurs en médailles, 30 architectes, 15 graveurs ou lithographes, 10 représentants de l'art décoratif; en tout et au plus 175 exposants.

Art. 1. La liste des participants sera dressée par les dilîérentes sections de l'Académie, chacune en ce qui la concerne, et soumise à la Compagnie entière.

Art. 8. Tous les exposants devant être, comme il a été dit plus haut, sui le pied d'une parfaite égalité à l'exposition, le placement des œuvres se fera par voie de tirage au sort.

Art. 9. Chaque section décidera du nombre d'œuvres que tout exposant pourra envoyer.

Tout participant choisira lui-môme ses envois. Il

lui sera loisible soit de n'envoyer que de» ouvrages d'exécution récente, soit de constituer un ensemble d'ouvrages de divers moments de sa carrière, à la condition d'y comprendre au moins une production nouvelle, jamais exposée.

Aht. 10. Il n'y aura point de jury, mais seulement un Comité d'or^-anisation matérielle et de surveillance, composé du bureau de l'Académie, de trois peintres, dont un participant, de deux sculpteurs, de deux architectes, de deux graveurs, dont un participant par section, et d'un académicien libre, rapporteur. Ce Comité n'aura de pouvoir que pour la durée d'une exposition.

Nulle récompense ou distinction ne sera décernée.

Art. H. Il sera nommé, dans le sein de l'Académie, une commission permanente composée du bureau de la Compagnie et de trois peintres, deux sculpteurs, deux architectes, un graveur, un musicien et un rapporteur pour l'étude suivie des questions relatives à l'exposition.

Art. 12. Des règlements particuliers seront pré- sentés par la section de composition musicale tou- chant les concerts qu'il y aurait lieu de prévoir ou par la commission permanente pour toutes antres initiatives qui paraîtraient avantageuses.

LES REVUES

Allemagne

Die Kiinst (mai). R.Braumoart. OUo Hauvieill.

Peintre de la montagne.

K. .\btkr. Femand Khnopf]'. Aperçu général de l'œuvre de l'artiste belge.

II. Tafri,. Fontaine monumentale à Buenos- Aires, par le sculpteur G. A. liredoui.

A. L. Maveb. Le Greco. A propos du 300* anni- versaire de sa mort.

F. vo!« Ostini. Albert von Keller. Aperçu général de l'œuvre du portraitiste munichois. à pro- pos de son 70' anniversaire.

L'Avenir de la <• Si^cession de Munich ». Actuel- lement menacée, puisqu'elle sera obligée de quitter le •' Palais de Marbre », ses expositions avaient lieu jusqu'ici.

H. Braungaht. Le .Saion de printemps de la « Sécession de Munich ».

P. Westhkim. Le Bouquet. A propos d'une exposition de bouquets et de décorations Iluralrs à Berlin.

Th. IIkuss. Une Histoire de l'art des jardins. A propos de l'ouvrage de M"' Gothein.

R. BRAUNfiART. Les ex-libris d'Alfred Soder.

E. Kleinkempkl. La Villa Ulumeneck à llrèine.

Construite par les architectes Eeg et Runge. G. IlcEr.

Le Gérant : H. Dinis.

Harii. Imp. Georges Petit, 12, rue fiodot-de-Mauroi .

Numéro 633 1" Décembre 1919.

LE BULLETIN DE L'ART

ANCIEN ET MODERNE

UN CHEF-D'ŒUVRE A CONSERVER A LA FRANCE

«L'ATELIER DE COURBET»

SO use RI P TION NA TIONA LE

Une toile de Gustave Courbet, d'une importance considérable par ses vastes dimensions, son histoire, ses qualités picturales et les doctrines esthétiques dont elle est la synthèse, une toile de 20 pieds de long sur 12 de haut, que le peintre d'Ornans appelait une «allégorie réelle» et dans laquelle il a entendu résumer tous les types et toutes les idées qui avaient rempli son existence entre 1848 et 1853, il s'est représenté lui-mt'^me avec une vingtaine d'autres personnages, se trouve en ce moment exposée à la galerie Barba/.anges, jusqu'à la (in de ce mois de novembre.

La Revue, dont le prochain numéro ne paraîtra qu'après la clôture de cette exposition, se devait de l'annoncer tout au moins ici et d'engager ses lecteurs et ses amis, les collectionneurs, les artistes, les érudits, tous ceux qui ont le culte des gloires françaises, à l'aller visiter, et à contribuer ensuite, chacun pour sa part, à la souscription ouverte en vue de l'achat de ce chef-d'œuvre.

Car l'Atelier de Courbet est à vendre, et il est du devoir de notre pays de faire l'impossible pour que l'œuvre la plus représentative d'un des maîtres de notre école de peinture reste chez nous et prenne place au Musée du Louvre, près de l'Enterrement à Ornans.

Le Conseil des Musées nationaux, la Société des Amis du Louvre, plusieurs grands amateurs français l'ont tout de suite compris et ils ont fait le geste qu'il fallait faire. Leurs souscriptions forment déjà un total imposant, mais, pour généreuses qu'elles soient, elles n'atteignent pas encore le prix énorme demandé pour ce tableau : 900.000 francs.

Aussi, adressons-nous à tous un chaleureux appel. La lettre de Courbet à Champfleury, que la galerie Barbazanges a publiée à cette occasion, nous dispensera de donner sur l'hisioire et sur la portée de l'œuvre les renseignements nécessaires ; et, du reste, quelque soit l'intért^t de ce document, le seul examen de la peinture en dira davantage aux connaisseurs et les convaincra certainement que cette toile exceptionnelle demande un exceptionnel effort de leur part.

Qu'ils ajoutent leur contribution aux souscriptions déjà recueillies :

Conseil des Musées nationaux 250.000 francs.

Société des Amis du Louvre 25.000

Divers grands amateurs 30.000

Liste de souscription en cours 25.000

et le chef-d'œuvre de Courbet ne quittera pas la France !

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LE BULLETIN DE L'ART

ÉCHOS ET NOUVELLES

-5^ M. Jean Dunand, orfèvre-ciseleur, citoyen suisse, vient d'être fait chevalier de la Légion d'honneur, pour a services signalés rendus à la cause des Alliés ».

On sait, en effet, que cet excellent artiste, dont les vases en métal se renouvellent sans cessu, tant dans leur forme et leur décor que dans leur matière, et qui manie lui-môme l'outil, avait imaginé une visière mobile, adaptable au casque de tranchées et destinée à protéger les yeux du combattant contre les éclats d'obus et les jets de liquides eutlammés. En même temps, M. Dunand s'était préoccupé de la transfor- mation du casque lui-même et il avait obtenu une coiffure en acier au manganèse, emboutie d'une seule pièce, bords et cimier compris, qui constituait non seulement un parfait instrument de protection, mais une véritable œuvre d'art, d'une ligne sobre, élégante et robuste. Quelques milliers d'exemplaires de ce casque étaient fabriqués quand l'armistice survint.

On voit que M. J. Dunand, ciseleur-orfèvre, avait aussi ses droits à la croix de M. J. Dunand, bon serviteur de la cause des Alliés.

•1^ On sait le grand et légitime succès obtenu par la récente exposition des œuvres de Baertsoen à la Galerie Georges Petit. Ce qu'on ne sait pas, c'est que cette exposition a failli ne pas ouvrir à la date annoncée, les caisses contenant les tableaux expédiés de Belgique étant retenues .i Paris, par la Douane, qui en refusait livraison.

Ce n'est qu'après avoir exigé de l'artiste un cautionnement de 10.000 francs (dix mille), sous prétexte « qu'il pourrait peut-être vendre une partie des tableaux exposés », que le Directeur des Douanes a autorisé la livraison de ce qu'il détenait.

On parle à tout propos de l'accueil que la France a toujours réservé aux artistes étrangers, et c'est justice. Il ne faudrait pas pourtant que les fantaisies d'un Lebureau vinssent compromettre cette excellente renommée et décourager les artistes étrangers dési- reux d'exposer chez nous : après de pareilles mésaventures, on ne les y reprendrait pas deux lois.

^ On s'est étonné de ne pas voir, à la belle exposition de vitraux du Petit-Palais, les magnifiques verrières de Notre-Dame et de la Sainte-Chapelle, qui représentent l'époque de l'art du vitrail antérieure à celle des vitraux exposés.

Pourquoi cette regrettable lacune '.'

Parce que les vitraux exposés au Petit-Palais (musée des beaux-arts de la Ville de Paris) appartiennent à des églises dont la charge incombe à la Ville, tandis que la Sainte-Chapelle et Notre-Dame sont des édifices sur lesquels veille l'État.

De sorte que les roses de Notre-Dame ont été

remontées sans qu'on sut mis à profit cette occasion unique de les placer littéralement sous les yeux du public.

-l| Tout le monde est d'accord que la nouvelle Chambre se trouve en face d'un ordre du jour plutôt chargé. Outre tant de projets de loi à examiner, de budgets à équilibrer, d'emprunts à voter, il va lui falloir aussi choisir l'auteur du monument qui sera élevé, dans l'une des salles du Palais Bourbon, aux députés tombés au champ d'honneur. Grave problème.

11 y a un projet à M. Bourdelle, dont M. AV. George dit, dans le Pays, qu' il s'impose par la puissance de son expression, par son aspect austère, par son envolée martiale ». Il y a aussi un projet di'i à M. Barreau, dont le même critique écrit qu'il est « un statuaire sans talent et sans scrupules ».

Peut-être nos honorables embarrassés appelleront- ils un troisième artiste, à qui ils demanderont une œuvre de représentation proportionnelle.

•}§ A Rome, ,\I. Corrado Ricci a présenté sa dé- mission de directeur des Beaux-Arts. C'est une grande perte pour l'Italie. Le Bulletin a souvent parlé de son œuvre si intelligente et si active. C'est lui qui, directeur de la Pinacothèque de Brera, à Milan, a complètement réorganisé cette galerie. Il passa ensuite à la direction des galeries de Florence, d'où il fut appelé en 1906 à la Direction générale à Uome. Les deux lois sur le service des Beaux-Arts sont dues en grande partie à son énergie et à son esprit d'orga- nisation. Il n'a pas craint de mettre n la tète des diverses surin tendauces des Beaux-Arts et des grandes galeries des hommes jeunes dont les italianisants ont eu souvent l'occasion d'apprécier les mérites. Il a su, directement ou indirectement, enrichir les collections italiennes de nombreux chefs-d'œuvre : il sullira de rappeler le Jacopo Belliui des Ollices et le f^un Oioiannino de Donatello, du Rargello, la Jeune -fille d'Anzio aux Thermes de Dioclétien et les fresques de Bramante à Brera. Il a fait commencer le catalogue général des objets d'art d'Italie, a fondé, près de la Direction à Rome, des archives photographiques et une bibliothèque. Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles que les érudits ont souvent consultés.

Au moment il prend une retraite à laquelle sa longue activité lui donnait droit, mais que les amis de l'art italien ne peuvent pas ne pas regretter, M. Corrado Ricci est nommé président de l'Institut national d'archéologie et d'histoire de l'art, fondé en 1918 et installé au Palazzo Venezia, à Rome.

Le successeur de M. Corrado Ricci a été désigné en la personne de M. Arduino Colasanti qui. à la Direc- tion générale, était à la tête de la section d'art contemporain. Mais M. Colasanti s'est également occupé d'art ancien et a publié, entre autres, un fort beau livre sur Gentile da Fabriano. 11 a 41 ans, ce qui lui permettra, espérons-le, de conduire à terme des œuvres de longue haleine. L. G.

ANCIEN ET MODERNE

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INFORMATIONS

Académies.

A llnstitut. A la séance publique des cinq Académies, qui s'est tenue le 25 octobre, M. Maurice Fenaille a parlé, comme délégué de l'Académie des Beaux-Arts, sur l'Art de la tapisserie.

On connaît le bel ouvrage, aujourd'hui classique, consacré par M. Fenaille à la manufacture des Gobe- lins; nul n'était mieux qualifié que l'auteur de ce livre pour entretenir k- public « des règles et des principes grâce auxquels les maîtres ouvriers d'autre- fois avaient résolu les problèmes techniques de leur métier et porté leurs ouvrages au degré de perfection qui justifie leur prix et leur renommée ». Il a insisté sur la nécessité, pour notre pays, de rayonner par les industries de luxe, au nombre desquelles la tapis- serie de haute lisse garde toujours l'estime des amateurs. Mais pour que cette industrie prospère, a-t-il ajouté, il faut qu'elle revienne à des méthodes trop oubliées ou trop méconnues et que nos manu- factures nationales soient « le conservatoire d'un métier noble et délicat entre tous, afin de fournir à l'industrie privée les directions intelligentes et la main-d'œuvre exercée qui lui manquent ».

Et pour appuyer d'exemples son exposé, M. Fenaille a décrit quelques-uns des chefs-d'œuvre de l'art de la haute et basse lisse, et lumineusement caractérisé les divers modes d'exécution employés par les grands artistes de la tapisserie.

Académie des inscriptions et belles-lettres (séance du 31 octobre). Sur les arrérages de la fondation Thorlet, l'Académie attribue 1.000 francs à M. Léon de Vesly, pour l'ensemble de ses recherches archéologiques en Normandie.

M. de Mély fait une communication relative aux documents qu'il a tirés des comptes, des obituaires, des inscriptions, etc., sur trois cent soixante archi- tectes ayant travaillé entre le xii* et le xv siècle. Ces documents donnent les noms des auteurs de quarante cathédrales, parmi lesquelles celles de Lisieux, d'Angoulème, du Puy, de Chartres, d'Autun, de Reims, de Clermont-Ferrand, de Paris, de Soissons, de Strasbourg, de Metz, de Verdun, etc., et de soixante et onze églises bâties au moyen âge.

Il ressort, entre autres choses, de cet ensemble de noms, que les monuments du moyen âge ont pour auteurs quelques familles d'architectes, véritables dynasties, travaillant dans la suite des âges aux mêmes monuments et apportant naturellement dans les édifices nouveaux qu'ils sont appelés à construire, des traditions de famille qui forment ainsi des écoles.

Dans sa séance du 7 novembre, l'Académie a attribué, sur la fondation Pellechet, une subvention de 1.200 fr. à la Société des Amis des arts et des

sciences de Tournus pour consolider un contrefort de l'église de Prayes, commune de Chissey-les-Màcon (Saône-et-Loire).

Dans sa séance du 14 novembre, l'Académie a élu, au siège de M. Chavannes, M. Lejay, chef du laboratoire de phonétique au Collège de France, et au siège de M. Picot, M. Brutails, professeur à l'Uni- versité de Bordeaux.

Musées

Musée du Louvre. En faisant leur tournée, le 1" novembre au matin, deux gardiens du musée du Louvre constatèrent que la porte d'une des salles des antiquités asiatiques (salle 6) était ouverte et portait des traces d'effraction. L'ne vitrine murale contenant des bijoux antiques avait été défoncée.

Après inventaire, on constata que le seul objet dérobé était un collier d'or travaillé, d'époque phéni- cienne. On acquit, d'autre part, la conviction que le voleur s'était caché dans le Louvre à l'heure de la fermeture et qu'il s'était enfui en sortant par la fenêtre et en descendant par les moulures jusqu'à la Cour carrée.

Trois jours plus tard, le collier était retrouvé. Le voleur était allé en proposer l'achat à un bijoutier qui avait reconnu l'objet et l'avait remis à la police, donnant des renseignements sur l'auteur du vol qui ne tardait pas à être arrêté à Evreux. C'est un jeune homme du nom de René-Charles Pescheux.

Prix de Rome

L'Académie des beaux-arts a jugé les projets des dix architectes concourant pour le prix de Rome!. Le sujet proposé était : le Valais pour la Ligue dei Nations, à Genève. '

Deux grands prix de Rome ont été décernés à' MM. J.-L. Carlu, en 1890, à Bonnières, élève de' MM. Laloux, Duquesne et Recoura, et J.-J. ilaffner, en 1885, à Sainto-Marie-aux-Mines, élève de M. Laloux; deux premiers seconds grands prix, à MM. Girardin et Sollicr, et un deuxième second grand prix à M. .lacob.

Pour la gravure, il a été attribué deux premiers grands prix : l'un à M. Albert Decaris, âgé de dix-neuf ans, élève de MM. Cormon et Dczarrois; l'autre à M. René Godard, en 1886, élève de MM. Waltner, Ferrier, Sulpis et Flamong.

Deux premiers seconds grands prix ont été attribués à MM. G. Paulin et P. Matossy ; et un deuxième second grand prix à M. F. Uéray.

Le sujet imposé était : Eve avant le péché.

La Villa Médicis recevra donc cette année dix pensionnaires : deux grands prix de composition musicale, MM. M. Delmas et Ibert; un de peinture, M. Rigal ; deux de sculpture, MM. Jeanniot et Delamare; un de gravure en médailles, M. Lavrillier; et les quatre ci-dessus nommés pour l'architecture et gravure.

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LE BULLETIN DE L'ART

Monuments.

A Reims. Pendant que se poursuivront les longs travaux de remise en état de la cathédrale de Reims, on a décidé de rendre au culte la partie nord du déambulatoire, depuis le croisillon nord jusqu'à la chapelle d'axe exclusivement. Pour cela, il est néces- saire d'élever un mur le long du chœur, de remettre des vitraux aux fenêtres et de construire, dans le croisillon, un plafond qui garantisse les fidèles contre la chute des pierres tombant parfois du haut des murs.

Ces travaux, qui seront terminés pour le jour de Noi'l (il n'a pas été possible de les achever, comme on l'avait espéré, pour le 2 novembre), entraîneront une dépense de 84.000 francs. L'État, à qui cette dépense incombe, compte beaucoup sur l'aide de la Société des amis de la cathédrale de Reims, fondée en 1917 sous le patronage du président de la République et du cardinal Luçon, et sous la présidence eflective de M. Lefèvre-Pontalis.

Cette Société a déjà fait beaucoup pour aider l'État. Elle demande à tous les Français de l'aider elle-même dans l'œuvre de patriotisme et de piété qu'elle a entreprise. Les adhésions et cotisations (10 fr., 20 fr. et 100 fr.) sont reçues par M. Anthony Thouret, trésorier, 10, rue Coëtlogon, à Paris.

A Bruxelles

Les musées royaux de peinture et de sculpture viennent d'entrer en possession du legs de M. A. Beernaert, ministre d'État. Le Musée ancien a reçu deux toiles de l'école flamande, Sainl Sébastien et Èrigone, de Van Dyck, ainsi qu'un très beau Portrait de magistrat de P. Soutman, peintre- graveur hollan- dais, élève de Rubens, et qui grava d'après les œuvres du grand maître.

Le Musée moderne s'enrichit de l'Écurie, de J. Stob- baerts, du Hussard, de Meissonier, de plusieurs toiles de Lamoriniére, de Fourmois et de deux pastels de V. Hageman.

LES EXPOSITIONS

XII' Salon d'Automne

Le précédent remonte à 1!»13; et dans la lueur de chapelle ardente qui tombe de la coupole du Grand-Palais sur le blanc fantôme du Balzac revenu de l'hôtel Biron, la première impression serait « qu'il n'y a rien de changé », sans la présence des morts... Car ce douzième Salon, qui fait voisiner si.x expositions, commence par une anthologie bien incomplète des « morts pour la Patrie », que préside silencieusement la pai-

sible et grande composition du regretté l'ierre (Jourdault : Pendant la messe. C'est, ensuite, une sélection « d'artistes combattants », groupés par M. George Desvallières; les exposants habituels des Salons de l'automne, à qui la plus terrible des guerres n'a rien appris ; une brève « rétros- pective » de Rodin; la Section du Livre, la gravure sur bois rivalise avec la reliure; enfin, toute une série d'ensembles décoratifs, document sur l'Ame contemporaine entrevue dans les curio- sités de la matière au service de l'art.

La décoration demeure la préoccupation mai- tresse de ce Salon très automnal à tous égards, comme l'époque elle-même; en voici la preuve dans l'envoi capital de la peinture : les trois harmonieux Carions de tapisserie de M. Jaulmes, que la manufacture des Gobelins exécutera pour la ville de Philadelphie et pour le Musée Rodin.

Il n'y a pas que des dcformatenrs en ce Salon de rà-peti-près : au premier abord, on ne voit qu'eux; mais, entre les fauves d'hier et les cubistes d'aujourd'hui, l'amoureux d'art et de style reconnaîtra bientôt les siens : M. Maurice Denis, évoquant Jésus à Béthanie, M. George Desvallières et son Ex-voto à sainte Geneviève, le Japonais Foujita, qui fait de la peinture religieuse en symbolisant la Vie éternelle, M. Ciolkowski, l'illustrateur de la Rose mystique, M. Gustave Florot, peintre d'une Annonciation comme M. Mainssieux, qui fut si justement remarqué pour ses Vues de Rome, en 1913.

En cette convalescence tardive de la peinture, c'est encore la décoration qui nous signale la Guirlande de M. Claudius Denis, une Fantaisie sur les Saisons de M™" Marval et la Source dans la nuil de M"« Dufau, dont les Jardins d'Eres avaient un peu déconcerté ses admirateurs en 1914, au classique Salon des Artistes français. M"» Dela- salle reste fidèle au portrait; et second grand prix de Rome en 1919, M"" Cormier fait ici l'école buissonnière.

M. Vallotton reste morose et M. Bonnard insouciant. Dorénavant, loin de l'impression- nisme entré dans l'histoire, c'est moins Renoir ou Manet qui semble iniluencer la jeunesse inquiète, que le farouche triumvirat : Cézanne, Gauguin, Van Gogh, sans oublier le douanier Rousseau. Fausse naïveté, fausse audace... Mais quel réconfort inattendu de retrouver ici la fraîcheur d'une émotion spontanée dans les intérieurs provinciaux de M. Durenne, les bou- doirs discrets de M. Paul Henaudot, les études variées de M. Tristan Leclère, dit Klingsor, ()ui

ANCIEN ET MODERNE

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n'est magicien que par sa passion pour l'art français de Chardin ! Le grand Nu de M. Marquet n'est qu'une académie très moderne et bien sauvage dans sa lumineuse précision.

Chez MM. Zingg, Louis Chariot, Gaudissart et Jacques Blot, le paysage, qui s'éloigne de la nature, est vu par les yeux de Cézanne; mais le bon portrait de M. Théodore Duret, par M. Georges van Houten, nous apporte un exemple opportun d'une évolution féconde.

Au premier rang des étrangers, toujours nom- breux, n'oublions pas M. Cameron Burnside, l'auteur du bel Hommage de la Croix-Roiigc amc- ricaine, que la présente exposition du Luxembourg offre à la France victorieuse et meurtrie.

Sans parler des tenants de l'art nègre ou poly- nésien, la statuaire se partage toujours entre deux directions : le romantisme et l'archaïsme : l'influence posthume et déjà rétrospective de Rodin semble dorénavant moins prépondérante en sa robuste agitation que celle de deux sculp- teurs invisibles et présents, MM. Maillol et Bourdelle, dont l'empreinte est flagrante sur les figures trapues de M. Joseph Bernard. La statuaire a ses Préraphaélites; et cette étrange lourdeur que l'avant-garde emprunte un peu tardivement aux devanciers de Phidias nous paraît moins éloquente que la sincérité vraiment simple et sobre qui caractérise un buste virginal de M. Jules Jouant, les portraits de M. Albert Marque, l'entoi d'un animalier venu d'Espagne, M. Hernandez, et l'intérieur élégamment français de M. Mathieu Gallerey, que leX« Salon des Artistes décorateurs avait déjà mis en lumière. Ray.mond Bouyer.

Les Vitraux des ég:lises de Paris

Dans les fenêtres de la galerie des sculptures du Petit-Palais, les vitraux anciens des églises de Saint-Séverin, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Ger- main-l'Auxerrois, Saint-Gervais et Saint-Merry, démontés et mis à l'abri des bombardements, viennent d'être remontés et exposés pour quel- ques semaines. Grande est pour tous la joie, grande est aussi la surprise, de pouvoir examiner d'aussi près ces vitraux que leur éloignement et une épaisse couche de crasse rendaient souvent presque indéchiffrables. Les sujets peuvent être identifiés, les couleurs notées, les détails reconnus.

Ces vitraux sont en assez bon état. Plusieurs d'entre eux ont été restaurés, au milieu du xix« siècle, par des artistes qui ont honnêtement

signé leurs travaux, comme Lafaye à Saint- Séverin en 18!J2. ,

Tous n'ont pas la même valeur artistique. Les grandes époques de l'art du vitrail, le xn», le xiii= siècle ne sont pas représentées. Nous aurions aimé pouvoir étudier de près les grandes roses de Notre-Dame, et, malgré les restaurations nombreuses qu'elles ont subies au début du XVIII" et au milieu du xix"= siècle, en admirer les détails : ces roses viennent d'être remises en place, plus éclatantes que jamais.

Les plus anciens vitraux que nous trouvons ici sont ceux des fenêtres hautes de Saint-Séverin, vitraux du xv siècle, à grands personnages, la Vierge et l'Enfant, le Christ et la Madeleine, des saints patrons comme Saint Michel, Saint Jean- Baptiste, Saint Sebastien, avec les donateurs à leurs pieds, dans un haut décor à dais et cloche- tons encadré de bandeaux de feuillages, composé par un architecte plutôt que par un peintre. Ces vitraux ont grand air; malheureusement, les teintes peu solides ont pâli; le rose des chairs et les grands blancs, dont on abusait alors, ne sont plus guère que des taches d'un ton grisâtre.

La grande majorité des vitraux exposés appar- tiennent au xvi» siècle, et sortent des ateliers des Le Prince, puis des Pinaigrier. Quelques-uns sont d'une grande beauté, par l'éclat des cou- leurs, l'ampleur de la composition, la richesse de l'architecture et des costumes; on citera, notamment, la série de la vie de la Vierge, de Saint-Gervais, qu'accompagnent d'amusants qua- trains; les nombreuses petites scènes de l'enfance et de la vie de la Vierge, de la vie et des miracles de saint Claude, et la Pentecôte, formant le sujet de trois grandes verrières à Saint-Étienne- du-Mont; le Martyre de saint Laurent, à Saint- Gervais, attribué à Jean Cousin et daté de 1553; et la grandiose composition du Jugement de Salomon, sur un haut socle à colonnes, à Saint- (lervais également, peinte en 1531, peut-être par Robert Pinaigrier. Un vitrail du xvi« siècle de Saint-Germain-l'Auxerrois, flgurant l'Incrédulité de saint Thomas, est remarquable par le geste hardi et expressif, renouvelé du fameux groupe du portail de Notre-Dame de Semur-en-Auxois, du Christ saisissant à pleine main le bras de saint Thomas et lui enfonçant de force les doigts dans son côté, l'ius beaux encore sont les merveilleux petits tableaux sur verre des anciens charniers de SaintÉtienne-du-Mont, fins comme des miniatures, éclatants comme des émaux, aussi intéressants par les détails iconographiques

222

LE BULLETIN DE L'ART

et symboliques des scènes représentées, que par la richesse de leur exécution : l'Eucharistie, la Barque de l'Église et l'Arche de Noé, et surtout le Pressoir mystique, exécuté sur les cartons de Robert Piiiaigrier et dont M. Emile Mâle a expli- qué le sens.

A côté de ces vitraux, on a exposé des tableaux enlevés des mêmes églises par crainte du bombardement, et, en particulier, les deux admirables ex-voto à sainte fieneviève, patronne de Paris, que l'on ne pouvait voir que fort difficilement dans le bas-côté sud du chœur de Saint-Étienne-du-Mont: l'un, peint par Largillière, en 1096, l'autre, par Jean-François de Troy, en 1726, avec de magnifiques portraits d'éche-

vins. MaKCEL AuiiFRT.

LES VENTES

A Paris

C'est dans un Hôtel Drouot rajeuni par une adroite et trop nécessaire toilette, que la saison des ventes a repris, cet automne, sitôt les portes ouvertes et les badigeons à peine secs.

Rappelons brièvement les ventes qui ont inau- guré la saison, à commencer par celle des meubles ayant garni les appartements des pléni- potentiaires anglais à la Conférence de la Paix, vente terminée sur un total de 80.000 francs.

Elle a été suivie par celle des objets d'art provenant du château de Cercamp-lez-Frévent (M» A. Couturier; MM. Guillaume et J. Ferai) : six grands fauteuils couverts en tapissserie au point, à pavots, d'époque Régence, ont été adjugés 22.500 fr. sur demande de 18.000 fr.; un lit en bois sculpté et laqué gris, d'époque Louis XVI, a atteint le prix de 13.900 fr.; enfin, deux char- mants portraits de Jeune fille et de Jeune liomme, par A. Grimou, signés et datés, ont réalisé 12.200 francs.

La collection de M. A. Martin a fourni égale- ment, le 22 octobre, quelques prix intéressants: une bouteille à reflets métalliques, en ancienne faïence de Perse, a été adjugée 6.700 fr. (demande, 3 000 fr.) ; un grand plat à décor de Heurs, en ancienne faïence de Strasbourg, estimé 250 fr. seulement, est monté à 2.405 fr. ; une grande tapisserie du xvn» siècle, estimée 20.000, a été adjugée 29.000 fr.; une autre tapisserie chan-

cellerie à armoiries, a été vendue 20.200 fr. sur demande de 15.000 francs.

Une vente d'estampes gravées d'après des peintures de sir Thomas Lawrence, faite par Desvouges, a produit 35.416 fr., avec, comme enchère principale, celle de 2.250 fr. pour les Portraits de la comtesse Gower et de lady Elisalieth Levefon Gower, gravés par Cousins (épreuve à petites marges).

Les 30 et 31 octobre, dans une vente d'estampes dirigée par M' Desvouges, assisté de .M. Loys Delteil, le meilleur prix pour les gra- vures anciennes a été celui de 3.400 fr. pour un Buste de jeune femme, d'après A. Watteau ; parmi les modernes, citons : trois planches des Caimees de Goya, 4.300 fr., et la Morgue, de .Meryon (4<: état, avant la lettre), 3.000 francs.

La vente de la collection de M. D... [Descroix] de Lille, s'est terminée le 8, sur un total de 280.000 fr. (M« Baudoin; MM. Mannheim. Léman et Ferai). Les tapisseries, quoique peu impor- tantes, ont atteint de bons prix, notamment deux verdures du xvii» siècle, à décor de paysage boisé, 10.000 fr.; et une portière Renaissance, à animaux dans un parc, 15.010 francs.

Le 10 novembre, dans une vente de pein- tures, dessins et objets d'art, faite après décès de M. D... (M"" Saulpic et Desvouges; MM. Ferai et E. Pape), un Portrait du marquis de Tourny, ancien intendant de Guyenne, parTocqué, a été adjugé 20.000 fr. (prix de demande). Cette toile provenait du château de La Falaise, acquis en 1714 par la famille de Tourny et demeuré en sa possession pendant un demi-siècle. Elle n'a point été achetée par la ville de Bordeaux ; et c'est un exemple nouveau du peu de souci que la plupart des villes de province ont de leur histoire et des hommes qui ont eonlribué à leur grandeur ou à leur embellissement.

Parmi les autres enchères de cette vente, qui a produit un total de 128.000 fr., signalons aussi celle de 7 800 fr., obtenue, sur demande de 5.000 fr., par le Portrait d'un enfant, donné par le catalogue à l'école de Drouais.

Le 17 novembre, la vente F. II. (Fury- Hérard), a fait 134.000 fr. pour les tableaux et dessins seulement (M" Lair-Dubreuil et Auboyer, M. Ferai); queltiues prix sont à citer : un dessin de Lhermitle, Repas à la ferme, 2.250 fr. ; deu.x Sujets galants de Vangorp, 11.900 fr. ; une esquisse du Portrait de Marie-Antoinette dauphine,

ANCIEN ET MODERNE

223

par Duplessis, 8.600 fr. ; un Portrait présumé du graveur Drevet, simplement attribué à Largillière est monté jusqu'à 12.000 fr. ; et un Teniers, Paysans devant une auberge, a été adjugé 13.000 fr.

Le 18 novembre, à la vente de la Bime P... deux Vues de Venise, parCanaletto.se sont vendues 8.100 et C.200 fr. (M« Izouard, M. Ferai).

A l'Etranger

A Londres, le 6 novembre, chez Cliristie, un important tableau de Romney : .W"" ïieckord enfants, a atteint le prix énorme de 52.000 livres, soit près de deux millions au cours actuel du change (1.925.000 fr. environ). L"n portrait de Reynolds, Alexandre, 1 0' dw' de Hamilton, enfant, a fait 12.500 livres, et un portrait de Williain, 11' duc de Hamilton, enfant, par Raeburn, 9.000 livres.

Ventes anaoncées.

Le 24 novembre, 57, rue de Babylone, et le 27 novembre, à l'Hôtel, salle n" 8 : vente de la collection de M. J. Plassard : laques du .lapon, ivoires japonais, pierres dures, émaux cloisonnés et bronzes (M" Lair-Dubreuil ; M. Portier)

Le 27 novembre, à la Galerie Georges Petit : vente de la collection de M. H. Vian : tableaux, aquarelles et dessins modernes, avec, dans le nombre, vingt-sept œuvres de Lebourg et six de Fantin-Latour (M" Lair-Dubreuil; M. Georges Petit).

Les 28 et 29 novembre, salles 6 : vente d'une collection de petites estampes des écoles françaises et anglaises du xviiie siècle, la plupart imprimées en couleurs, provenant de la collection de M. X... (M« Lair-Dubreuil ; MM. Paulme, Lasquin).

La première grande vente de la saison sera celle de la collection de M. Hazard, dont la première partie sera dispersée les i", 2 et 3 décembre à la galerie Georges Petit (M" Lair- Dubreuil, M. Georges Petit). Les amateurs de peintures, dessins et aquarelles modernes seront bien servis : le catalogue ne compte pas moins de 392 numéros et réunit, aux plus grands noms de l'école française du xix' siècle, nombre de petits maîtres extrêmement recherchés depuis quelques années.

Rien que dans la catégorie des peintures, on

compte une cinquantaine de Cals et une quaran- taine de Lépine, parmi lesquels les meilleurs de ses paysages parisiens; les fidèles de l'impres- sionnisme pourront choisir parmi les Sisley, les Monet, les vingt-trois Guillaumin et les six Jongkind, parmi les figures et les paysages de Renoir; d'autres préféreront les Corot (il y en a dix-neuf, figures et paysages), les Daumier (il y en a douze), les Delacroix ou les Barye, les Fantin ou les Gustave Colin, ou même telle esquisse de Tassaert {Mirabeau et le marquis de Dreux-Urézc), qui date de 1831.

Et ces noms se retrouvent tous aux dessins et aux pastels, dont les séries sont aussi nombreuses et aussi riches en œuvres résumant les diverses tendances de l'école française pendant la même période, de Delacroix, Decamps, Millet, Rous- seau jusqu'à Jongkind et à Cézanne.

Une Vierge à l'Enfant de l'école flamande du xv" siècle et un dessin de D. Tiepolo [Risttrrection) représentent les écoles anciennes et semblent un peu perdus dans un pareil ensemble, sur l'intérêt et l'originalité duquel il n'est pas besoin d'in- sister.

A peu de jours d'intervalle, viendra la première vente de la Succession de M. le pasteur Goulden, de Sedan, d'une composition toute différente et,d'un intérêt non moins considérable par la rareté et la beauté des pièces qu'on verra passer aux enchères (galerie Georges Petit, les 8 et 9 décembre; M" Lair-Dubreuil, .MM. Paulme et G B. -Lasquin).

Il s'agit ici d'objets d'ameublement des xvii" et xviii» siècles et de remarquables meubles des mômes époques, parmi lesquels une magnifique série de fauteuils, canapés, écrans, etc., recou- verts en ancienne tapisserie d'Aubusson ou de Paris; enfin, et surtout, d'une suite de tapisseries flamandes du temps de Louis XII, de la Renais- sance, des xvii« et ww siècles, qui résument toute l'histoire de la tenture de haute lisse de ces ateliers, depuis les précieux panneaux à grands personnages {Tournoi, Présentation à la Cour, Jardins) jusqu'aux riches compositions du temps de la Régence, d'après des sujets des Métamorphoses, des cartons de Teniers {l'Été), ou encore l'Adoration du veau d'or.

En regard des 192 numéros du catalogue, nous aurons quelques belles enchères à inscrire.

tt.-CI. C.

224

LE BULLETIN DE L'ART

LES LIVRES

L'Œuvre gravé de Degas |1)

Chargé de remplir à la vente Degas le rôle d'expert pour les estampes, M. Loys Delteil n'a eu garde de négliger l'heureuse fortune qui lui permettait de dresser, à l'intention de son Peintre-Graveur, un catalogue complet de l'œuvre gravé de l'artiste. Travail passion- nant mais minutieux, car, dit-il dans sa préface, pour la majeure partie des eaux-fortes et pointes sèches, » chaque épreuve constitue un nouvel état rendant la moindre d'outre elles très précieuse ». Car ici, plus qu'ailleurs, ce grand inquiet, « consciencieux jusqu'au raffinement», avait prisetrepris son ouvrage, allant jusqu'à effacer aux trois quarts des planches qui touchaient la perfection. C'est ainsi (juc, pour le portrait de Miss Mary Cassât {Au Louvre : la Pein- ture),eota-toHe et aquatinte, M. L. Delteil ne mentionne pas moins de vingt états.

Le chiffre des cuivres, eaux-fortes, pointes- sèches, vernis mous, aquatintes, décrits au présent catalogue est de quarante-cinq, plus une pièce douteuse : Che- vaux dans la prairie. La première gravure connue, le Portrait de Degas par lui-même, remonte, d'après M. L. Delteil, à 1855. L'éducateur de Degas pour l'eau- forteserait Bracquemond,mais sans preuves décisives. Plus tard, Desboutin et le baron Lepic achevèrent son initiation. De 1865, c'est-à-dire après les très beaux portraits gravés de Manet et de la soeur de l'artiste, M"" Fèvre —, à 1875, interruption dans l'œuvre gravé qui reprend avec des séries modernes dont les dernières furent exécutées aux environs de 1882. Les lithographies, au nombre de vingt, ne remontent pas au delà 1815 : le café-concert et les scènes intimes prédominent Les épreuves en sont pour la plupart encore plus rares que les tirages de cuivres. Une seule est assez connue, c'est le Programme de la soirée des anciens élèves du lycée de Nantes (1884). Mais, dans cet état, ce n'est que le report lithographique d'un vernis mou.

Comme dans les précédents volumes du Peintre- Graveur, chaque pièce est soigneusement reproduite en fac-similé et dans l'état le plus caractéristique. Quand les états différent profondément, la reproduc- tion s'étend à deux ou trois d'entre eux. On trouve au-dessous les dimensions précises de l'original, l'indication des noms des principaux possesseurs, la mention des prix obtenus dans les ventes récentes.

En fait, un ouvrage excellent, épuisé d'ailleurs dès son apparition. Charles Saunier.

(1) Edgar Degas, par Loys Delteil (tome IX du Peintre-graveur illustré). Paris, l'auteur, 1919, in-4°.

CARNET DE L'AMATEUR

Expositions

•il Exposition d'artistes de l'école américaine : au musée du Luxembourg (voir la Revue du 10 novembre).

^ l'J' Salon d'automne : au Grand Palais des Champs-Elysées, jusqu'au 10 décembre.

•j§ Vitraux anciens des églises de Saint-Merry, Saint - Germain -l'Auxerrois, Saint -Séverin, Saint - Gervais, Saint-Étienne-du-Mont : au Petit Palais des Champs-Elysées.

•i^ Société de la Miniature, de l'Aquarelle et des Arts précieux : galerie Brunner, 30, rue Royale; jusqu'au 30 novembre.

•5^ Maurice de Lambert; G. Brun-Buisson (aqua- relles); L.-E. Parturier (peintures, gouaches) ; Joseph llurard (peintures et dessins) : galerie Devambez, 43, boulevard Malesherbes, jusqu'au 28 novembre.

■J§ Paul Sérusier (peintures et panneaux décoratifs) : galerie Druet, 20, rue Royale, jusqu'au 21 novembre.

■ij « L'Atelier de Courbet », tableau par Gustave Courbet : galerie Barbazanges, 109, faubourg Saint- llonoré, jusqu'au 30 novembre.

■il Lachenal et les blessés de son atelier (céra- miques) : galerie D. L M., 19, place de la Madeleine, du 12 décembre au 3 janvier, et galerie Devambez, du 16 au 31 décembre.

^ Exposition d'art contemporain (1" groupe) : galerie Marcel Bernheim, 2 bis, rue Caumartin, jusqu'au 29 novembre.

•i^ Société internationale de la peinture à l'eau (X* exposition): galerie Chaîne et Simonson, 19, rue Caumartin, jusqu'au 2 décembre.

■^ Albert André : galerie Durand-Huel, 16, rue Latfitte, jusqu'au 29 novembre.

Cours et Conférences

École nationale des beaux-arts. Le cours public d'histoire de l'art, à l'École nationale des beaux-arts, interrompu pendant la guerre, depuis la mort de M. Louis de Fourcaud, a été repris le 6 no- vembre (et continuera tous les jeudis à 15 heures), par M. Louis Ilourticq, le nouveau titulaire de la chaire, qui traitera, cette année, de la Renaissance en Italie.

École nationale des Chartes Le cours d'ar- chéologie du moyen-âge, professé par M. G. Lefèvre- Pontalis, a repris le 4 novembre. Il aura lieu tous le» mercredis et jeudis à quatorze heures et demie.

Conservatoire des Arts-et-Métiers. L'ouver- ture du cours d'art appliqué aux métiers, par M. Marcel Magne, a eu lieu le 4 novembre. Les cours se continue ront les mardis et samedis, à vingt et une heure quinze.

Le Gérant : 11. Dems.

Paris. Iiiip. George» IVlil, 12, rue Godot-dcMauroi.

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TABLE DES MATIÈRES

ANNEE 1914-1919

ARTICLES DIVERS, INFORMATIONS

EXPOSITIONS ET CONCOURS

LES REVUES

I agcs.

A propos d'une donation, par M. E. D. . . . 97

AHaire (!') du pont d'Héricy (si/ife), par M. E. D. 169

•• Amis (les) du Palais » et le Palais, par M. E. D. 105

Armure (1') de Philippe II, par M. E. D. ... 73

Autour du Palais-Royal, par M. E. D 1

Autour du Palais-Royal : le Commencement de

la fiu, par M. E. D 2.5

Ribliographie 7, 143, 224

Carnet de l'Amateur 224

Céramique (la) ornementale en Haute-Normandie,

à propos d'un livre récent, par M. M. N. . . 31 Chronique du vandalisme : le Pont d'Héricy, par

M. E. D 145

52* Congrès (le) des Sociétés savantes .... 135 Correspondance d'Italie :

Les [(estauralions à Florence, par M. L.Giellv. 14

Correspondance de Munich :

A propos du 0 Felil Paire » de Lenbacti; la Galerie municipale de Itosenheim, par M.

Marcel Montakdon 71

Correspondance de Roumanie : Le Quatrième centenaire d'un lirre ; le Musée Grigoresco, à Bucarest, par M. Marcel

Moktandon 119

Courrier des départements : A Bordeaux : une Exposition John Leviis

Brovn, par M. C. L 118

Deux arrêts du Conseil d'État, par M. E. 1). . 193 Don (le) du roi Georges V à la France, par M. E. 1). 129 Échos et nouvelles, 1, 9, 17, 26, 33, 42, .50, 58, 66, 74, 81, 90, 97, 10.5, 114, 122, 130, 138, 145, 154, 163, 170, 177, 185, 193, 202 218

Cages. Églises (les) romanes des Vosges, à propos d'un livre récent, par M. J.-A. Bhutmls, archiviste

de la Gironde 38

Estampes et dessins, par M. E. D. . . . . . 185

Expositions et concours, par M. Raymond Bobveh, 6, 13, 21, 30, 37, 45, 53, 61, 70, 77, S6, 95, 102, 110, 117, 134, 141, 160, 167, 176. 183, 192, 199,

215 220

Générosité excessive, par M. E. D 33

Inauguration (!') des salles Camondo, par M. E. U. 177

Informations 219

Inquiétantes galéjades, par M. E. U 161

Institut (1') et la Ville de Paris, par M. E. D. . 113

Internationale (1') de 1916, par M. E. \^. . . . 209

Jardins (les) du Pincio, par M. E. D 9

Loi (la) porlant création d'une Caisse des monu- ments historiques 126

Monnaies et timbres-poste, par M. E. D. ... 17

Monuments et musées, par M. E. L) 201

Notes et documents : Sur un bas-relief du Louvre, attribué à Fran-

cesco Francia, par M. Jean de Fovillk. . . 55 L'Acte de naissance de Philippe de Ctiaui-

paii/ne, par M. Albert-S. IIemuux .... 87

Parc (le) de Watteau au Conseil d'État, par M. E.l). 81 Parthénon (le), à propos d'un livre récent, par

M.J.F 46

Photographie (la) dans les musées nationaux :

La Question du privili'ne, par M. E. D. . 41

Le Prix des épreuves, par M. E. D 49

Le Droit de reproduclinn. par M. E. D. . 57 Les Sept mille clichés appartenant à l'État,

par M. E. D 65

Une Chalcographie moderne, phT M. K.V. . 89

L'Exemple de l'Italie, par M. E. D 121

L'Exemple des monuments histoi-iques, par

M. E. D ... 137

Récompenses (les) du Salon 187, 196

2M

LE BULLETIN DE L'AHT

l'ages. Hèglement (le) de l'Exposition de l'Académie des

beaux-arts 216

nevues (les), 8, 15, 24, 32, 40, 48, ;j6, 63, 12, 79.

88, t04, 112, 119, 136, 144, 168, 184, 200, 208. . 216 Sur l'Exposition d'art français de Gopcnhague,

par M. E. D 153

Un chef-d'œuvre à conserver à la France :

« l'Atelier de Courbet » . 217

Variétés : Chateaubriand continuateur de Le Sôlre, par

M. Raymond Bouver 22

Ckateaul>riand précurseur de M. Maurice liarrès, par M. Raymond Bodyer 126

CHRONIQUE DES VENTES

(par ordre chronologique).

Tableaux, Objets d'art. Curiosité, par M, Marcel Nicolle.

A Paris : vente de la collection Je M"" A. 11. (tableaux, objets d'art), 3; de la collecti<in du baron de C... (tableaux). Les grandes ventes à l'étranger en 1913 : à Londres {suite) : vente de tableaux et d'estampes ; de la collection Murray Scott (tableaux, objets d'art), 4.

Les grandes ventes à l'étranger en 1913 : à Londres (/Sn) : vente d'objets d'art, 11 ; de la collection de lord Joicey (tableaux anciens et modernes) : de la collection du duc de Sutherland (tableaux anciens et modernes) ; de la collection de la duchesse de Newcastle (tableaux), 12; de la collection Fitzhenry (objets d'art), 13.

Les grandes ventes à l'étranger en 1913 {fin) : à Amsterdam : vente de tableaux et objets d'art, 19.

A Paris : vente de tableaux par Aman-Jean, Ventes annoncées : à Paris ; à Berlin, 28.

A Paris : vente de bustes en bronze anciens. Ventes annoncées ; à Paris ; à Pau, 36 ; à Berlin : tableaux modernes, 37.

Ventes annoncées : à Paris, 44,

A Paris : succession M... [Marchand] (tableaux, objets d'art) ; succession de la marquise du V ,. (objets d'art) ; vente de tapisseries ; vente Henriette Rodggers fobjets d'art, etcj, 52 ; de tapisseries; de tableaux modernes. —Ventes annoncées : à Paris, 53.

A Paris : vente de tableaux anciens ; d'objets d'art ; de la collection Rochard (objets d'art), 60 ; de tableaux anciens. A Londres : vente d'argen- terie anglaise. Ventes annoncées : à Paris ; à Berlin, 61.

A Paris : vente de la colleclion Kitziienry (objets d'art;; d'objets provenant du château de R .. [Koquencourt; (2' vente) ; de tableaux modernes ;

de boiseries anciennes. Ventes annoncées : à Paris, 68 ; à Londres, 69,

A Paris : vente d'objets d'art; de tapisseries; de " la Peau de l'Ours » (tableaux modernes;. Ventes annoncées : à Paris, 76,

A Paris ; vente de la collection de M"' X. . [M"* IL Menicr] (tableaux, objets d'art), 83 ; liquidation A. et J. Seligmann (1" vente : objets d'art). Ventes annoncées : à Paris, 84 ; à Leipzig ; à Mi- lan, 85.

A Paris : liquidation Seligmann (1" vente), 91 ; vente de la collection de M"' L, H. R... (tableaux) ;

de sièges, d'une pendule ; vente de la collec- tion du marquis de M.., [Marmier] (tableaux anciens), 93 ; d'objets d'art ; liquidation Selig- mann (2* vente). Ventes annoncées : à Paris, 94.

A Paris : liquidation Seligmann (2' vente : objets d'art), 100 ; vente de tapisseries. Vente» annoncées : à Paris, 101 ; à Berlin ; à Londres ; à Bruxelles, 102.

A Paris : vente d'objets d'art appartenant à M"* J... ;

appartenante M"* X. . [.M"* H. Mcnier, 2' vente), 108 ; d'objets d'art; de la collection de M. X... (miniatures); d'objets provenant du château de N... ; de la collection du comte de F... (tableaux, objets d'art) ; succession Lévesque (tableaux, objets d'art). 109; d'objets d'art Ventes annoncées : à Paris ; à Amsterdam ; à Berlin; à Milan, 110,

A Paris : vente de tableaux ; d'objets d'art, 116; de la collection Victor Margueritte (tableaux) ; de la collection du marquis de Traynel (monnaies antiques, objets d'art) ; de tapisseries, 117,

A Paris : vente J. Gouderc (objets d'art) ; de tableaux, 124. Ventes annoncées : à Paris, 125;

à Berlin, 126.

Ventes annoncées : à Paris, 132 ; à Amsterdam. 133

A Paris: vente de la collection Paul DelarolT (tableaux anciens), 139 ; de porcelaines de Chine. Ventes annoncées : à Paris, 140 ; à Berlin ; à Milan, 141.

A Paris : vente de la collection Hodgkins (dessins anciens), 148 ; de la collection Delaroff (2* vente : tableaux anciens) ; d'objets d'arl ; succession Mauzaize (objets d'art) ; de tableaux modernes.

Ventes annoncées : à Paris, 149.

A Paris ; vente de la collection M. de G... (Michel de Gunzbourg] (tableaux anciens, objets d'art), 155 ; liquidation Seligmann (3* et 4* ventes) ; vente de la collection de M"' délia Torre ^objets d'arl. estampes), 156 ; de la colleclion Jules Glaretie (tableaux modernes); d'objets d'art; de la

ANCIEN ET MODEHNE

235

collection lioger Marx (2* el ventes : peintures et dessins modernes). Ventes annoncées : à Paris,

157.

A Paris : vente île la collection Roger Marx (tableaux : liste des prix), 163 ; d'objets d'art; succession de M"" H... (tableaux) ; vente de M"" X... (tableaux); succession de la baronne de II. . (objets d'art) ; vente de la collection II. Kulmann (tableaux modernes) ; de quatre bustes par Hou- don ; succession Clavière (objets d'art), 164 ; succession Charles André (dessins, objets d'art) ; vente de la collection Antony Koux (peintures, sculptures et objets d'art). Ventes annoncées ; à Paris, 165; à Amsterdam, 166.

A Paris : succession Charles André (dessins, tapisse- ries), m ; vente de la collection A. Roux (suite). 172 ; de tableaux anciens ; de la collection B. de Lesseps (tableaux modernes) ; de la collec- tion Arthur Sambon (objets d'art, tableaux, sculp- tures). — Ventes annoncées : à Paris, 173.

A Paris : vente de la collection A. Sambon (liste des prix), 180 ; de tabh^aux et d'objets d'art, 181 ; d'un pastel par La Tour ; d'un tableau par Fragonard ; succession Liandier; vente de la galerie Crespi (1" vente : tableaux anciens). Ventes annoncées : à Paris, 182.

A Paris : vente de la galerie Crespi (1" el 2' ventes : liste des prix). 188; d'objets d'art; de la collec- tion du marquis de Biron (1" vente : dessins, pein- tures, objets d'art), 189. Ventes annoncées : à Paris, 191.

A Paris : vente de la collection du marquis de Biron [fin), 197 ; de la collection Roger Marx (4' vente) ;

d'objets d'art; de la collection de M. L... (objets d'art); de la collection Fairfax Murray (tableaux anciens) ; succession de M"' N.-D. [Nouette- Delorme] (tableaux, objets d'art), 198; vente de la collection Bourée (objets d'art); de boiseries;

de tableaux modernes; de la collection Roger Marx (5* vente : médailles et plaquettes). Ventes annoncées : à Paris, 194.

A Paris : vente de tapisseries et d'objets d'art, 205 ; au Havre : succession Letellier (tableaux, objets d'art), 206.

A Paris : ventes diverses, 222 ; à l'étranger. Ventes annoncées : à Paris, 223.

Estampes

par M. U. G.

A Paris : ventes diverses, 20.

Ventes annoncées : à Paris, 37.

.\ Paris ; ventes d'estampes du xviii' siècle, 53.

A Paris ; vente d'estampes modernes. Ventes annoncées : à Paris; à Berlin, 6t.

Ventes annoncées : à Paris, 85, 95, 133, 151, 159.

A Paris : ventes diverses; vente de la collection Roger Marx, 206; ventes diverses, 207.

Livres par M. B. J.

A Paris : vente de la bibliothèque du marquis de Piolenc (livres anciens et modernes), 29.

A Paris : vente des livres de la succession S..., 86.

Ventes annoncées : à Paris, 141, 175.

A Paris : vente d'une collection de livres d'architec- ture, etc., 191.

A Paris : vente de la bibliothèque de feu Alphonse Willems, de Bruxelles (livres anciens); de la bibliothèque de feu M Pierre Dau/e (livres modernes), 213; d'une collection de livres d'architecture et de recueils d'ornements, 214.

Monnaies et Médailles par M. J. F.

A Paris : ventes diverses, 21.

N

2

B9

19U/19

Le Bvilletin de l'art ancien et moderne

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