eS qe. à À 5S | ae, oe. COE mt 2 2 0 onttatrte — 7" pra tn Chez Madame HUZARD, Imprimeur-Libraire , rue de À PARIS, | l'Éperon Saint-André-des-Arts , N°. 7. | é , pr. + Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa | htip//mwwarchive.org/details/IécaléfidtierdesIO0brad Rs ALL té as ~~, Ste ow Laat LE CALENDRIER DES LABOUREURS ET DES FERMIERS, SV ES L Es temps indiqués dans cet Ouvrage pour les differens travaux de la terre, doivent être changés fuivant que les {aifons font plus ou moins hatives, Les Anglois operent d'ordinaire plus tard que les Fran- çois; de même qu'en Flandres, on ne peut travailler la terre d’auf]: bonne heure qu'en Languedoc & en Provence. Nous avons cru néceffaire d’inviter nos Compatriotes , en profitant des avis utiles qui fe trouvent en grand nombre dans ce Livre, a fe con= former quant a la pratique, aux climats gwils habitent ainfi qu'a la temperature ges faifons, LE CALENDRIER DES LABOUREURS ET DES FERMIERS, CON TORN AN HE LES INSTRUCTIONS NÉCESSAIRES pour la conduite & pour le maniement d’uhe Ferme dans tous les mois de l’année, Ouvrage néceffaire aux Perfonnes qui vivent a la Campagne, & à celles qui y font valoir leur bien. TRADUIT DE L’ANGLOIS Sur la fixiéme Edition de M. R. Bravuiers de la Société Royale de Londres, & Profeffeut de Botanique dans l'Univerfité de Cambridge, tl! Wg = > PA as ; we eS A PRR TS: Chez Barasson, Libraire, rue S. Jacques; a la Science, mM: 9 C'CISE"V; Avec Approbation & Privilege du Roig FPS ES é = € + * K: | SE +te © ee 1 ie YG oY NS ER == | DISCOURS PRÉLIMINAIRE POURSERVIRD INTRODUCTION AUCALENDRIER DES LABOUREURS & DES FERMIERS: eta] Vant que de commencet 1 le Calendrier contenu dans cet Ouvrage , il eft : propos d'inftfuire Le LeCteur des qualités néceflaires à un Fermier, & de Pufage d'uneFerme. Le travail d’un Fermier dépend plus de la tête que de la main; ceft-a-dire, que fon indultrie & fa prudence lui apporteront plus a ii] vi IS COURS de profit que tout fontravail. Ceci fe prouve par les exemples qu’on peut rencontrer par-tout. On voit des Fermiers qui fe levent de grand matin, qui fe couchent fort tard, & qui fe rendent pour ainfi dire efclaves pendant feize heures fur les vingt- quatre heures du jour: cependant faute d’obferva- tion ,. & faute d'un jufte difcerne- ment des chofes qui font commi- fes à leurs foins, ils ne fe trouvent pas un fou au bout de l’année, quoiqu’ils ayent toüjours été mal vêtus & mal nourris. D'un autre côté leurs plus proches voifins qui ne fe font pas donnés autant de peine à beaucoup près, mais qui n'ont agi qu'avec difcrétion & avec prudence, ont amaffé du bien, quoiquils ayent toûjours PRE LIMINAIRE, vi vécu honorablement. Un travail affidu & pénible ne fufhr pas pour augmenter fa fortune , il faut en- core dans l'Agriculture de l'expé- rience, du jugement , auffi bien que de linduftrie. Si l’on confi- dere les différens travaux d'un : Fermier , on fera étonné de leur étendue : ici ceft l'amélioration des terres par le blé , parles le- gumes, par les navets, & partelles autres femblables racines ; la par les houblons, parla régliffe , pax la garance , par les ofiers, par les plantations, par les fruits, par la guefde ou paitel, par la gaude g par le carvy,&c. quelquefois auflh par les beftiaux , comme les va- ches, les brebis, les cochons, les lapins, &c. par les volailles, comme les poules , les pigeonss a ly vi} DISCOURS les poulets d'Inde, les oies, les canards , les faifans, &c. par les poiffons , comme la carpe , la tanche , le brochet, la perche , êtc. & par les abeilles. Le Fer- mier doit avoir une connoiffance parfaite de tout ce détail , qui bien ménagé lui apportera beaucoup de profit. Si le tout eft conduit par un Fermier intelligent, qui fache la maniere d'élever & de nourrir les beftiaux & les volailles, aufli bien que labourer, femer & planter, fa Ferme fera très-riche: outre l'argent qu'il pourra amaf- fer, il aura encore le plaifir de vivre avec autant daifance , qu'aucun Gentil-homme. Le Fermier doit étre un Phi- dofophe. Il doit étudier la nature de chaque terroir. Il doit favoir = on tn de. ex “pret a el PRÉLIMINAIRE. ix comment améliorer une terre par le moyen d’une autre terre. C’eft par de femblables mélanges natu- rels que les terres de différente nature fe trouvent fort amélio- rées. C’eft par le moyen de ces mélanges qu’elles rapportent des: moiffons plus fortes & plus vi- goureufes, que fi ces mêmes terres avoient eu le fecours des fumiers ; car fi ce fumier n'eft pas bien confommé, & sil neft de- venu que comme de la pureterre 5 il produira des infeétes , & même le chancre. Les terres tenaces & pefantes feront corrigées par des terres légeres , comme la glai- fe , par les fables, ou par les cendres de charbon, & par tels autres engrais femblabies, juf- qu’au point de devenir légeres & x DISCOURS ouvertes dans toutes leurs parties: Au contraire les terres légeres & fablonneufes feront extrèmement fortifiées par la glaife, & autres terres pefantes. Par ce moyen les terres dont les parties font trop féparées, & dont l'humidité s’é- vapore trop promptement , pour- ront être amenées au point de conferver cette humidité pendant long-temps. Les terres dont les parties font trop roides & trop ferrées pour diftribuer aifément leur nourriture, deviendront pro- pres à agir librement fur les plane tes. Ce neft pas tout : il faudra aufli examiner la profondeur de la terre; car il y a des plantes qui demandent beaucoup de pro- fondeur de terre, comme la ré= gliffe, les carottes, les panais & PRÉLIMINAIRE. xj autres femblables , dont les racis nes doivent percer profondément pour donner des récoltes abon- dantes, tandis que d’autres plantes profiteront très-bien dans des ter- reins peu profonds. I! faut encore avoir égard a la fituation des ter- res; il ya des plantes qui fe plai- fent au Soleil, d’autres fe plaifent à l'ombre : les unes veulent une terre humide, les autres une terre féche: les unes fe plaifent fur les montagnes, d’autres dans des ter- reins bas & marécageux. Ajoutez a toutes ces confidérations, que chaque plante a befoin de Pair pour fe fortifier. L’expérience nous apprend, que lorfqu’elles en font privées, elles ne profitent pas. Le Fermier doit donc avoir foin de ne point femer trop dru, xij DISCOURS ni de planter trop près. Quand if entreprendra de pareils ouvrages, il fera attention à l’étendue que chaque plante occupera, lorf. qu'elle aura acquife toute fa croif- fance , & il leur donnera a cha- cune une diftance convenable, Faute de ce foin & de cette pré- voyance en femant le blé , les navets , les feves, &c. ilfe trou- __vera que le blé fera maigre, & qu'il ne donnera que des épis très- clairs & peu remplis de grain : ff fes navets ne font pas placés à une diflance convenable parle moyen de la herfe , leurs racines ne pro: fiteront pas. Les feves pareille- ment femées trop dru ne poufle- ront que des tiges ftériles. Il eft aufli néceffaire, lorfque lon veut enclore fes terres, de former de PRÉLIMINAIRE, xiij grandes pieces fi on veut mettre des arbres dans les haies : car au- trement lorfque ces arbres fe- soient devenus grands, ils en Oteroient tout Pair. Quelqu’ef- pece de plantes qu’on voulut faire venir dans de petites pieces de terre ainfi renfermées y vien-_ droient fort hautes, mais elles y feroient foibles & étiollées, & leur féve n'y pourroit pas murir, C’eft pourquoi ileftbon d’élaguer les grands arbres des haies plan- técs fur les petites pieces de terre, pour donner à l'air & au Soleil la liberté d'agir fur les plantes. L’her- be commune fouffriroit même beaucoup dans un champ qui fe- toit ainfi renfermé. Ces principes établis, le Fermier détruira avec foin les mauvaifes herbes, fi elles xiv DISCOURS gagnent une fois , ce quiarrivera bientôt, fi on les laiffe jufgu’a ce que leurs graines foient mûres; il fera trés-difficile par la fuite de les détruire : mais fi onles coupe, ou fi on les arrache , lorfqu’elles commencent à paroitre, il fera facile alorsde s’en débarraffer. On aura foin fur-tout d’dter de bonne heure celles dont les femences font aigrettées, car fi on les laiffe venir en eur avant que de les couper, ou avant que de les arra- cher, leurs graines muriront , quoique ces plantes foient tout-a- fait hors de terre, & le moindre vent les tranfportera dans tout le pays. Les plantes de cette efpece font les chardons, la dent-de-iion ou piffenlit, le fénecon, &c. Quel- ques herbes jettent aufli de pro: PRÉLIMINAIRE, xy fondes racines en terre fi l’on ne les arrache pas, & fi l'on fe con- tente de les couper, elles ne fe- ront pas long-temps fans repouf- fer, telles font le liferon, la mauve, le piffenlit, &cc. Il faut les herfer fouvent dans le temps de leur poufie, ceft la meilleure façon de les détruire, ainfi que je lai expérimenté. S'il arrivoit par ha- fard que la terre fe trouvat toute: couverte de mauves , on pourra détruire cette herbe en l’arrofant avec de la faumure de bœuf ou de cochon : cette expérience a été faite:par le célebre M. Trowel, dont J'ai fouvent rapporté l'habi- leté dans PAgriculture. J'ai prin- cipalement-admiré dans cette dé- couverte, que les herbes qui fe frouvoient fur la même piece de 3) DISCOURS terre, où il faifoit périr la mauve par le moyen de la faumure, n’en étoient nullement endommagées. Elles paroiffoient au contraire en profiter davantage. Ainfi ce qui détruit une plante, peut être utile & falutaire à une autre plante. Preuve décifive que chaque diffé- rente forte de plante tire une nour- riture différente de Ja terre. Jai rapporté dans mes Ouvrages plus fieurs raifons démonftratives pour convaincre les Fermiers de la néceflité de changer les femences pour conferver la terre en bon état. Je regarde ce changement comme un des plus grands fecrets de l'Agriculture, & qui méritele plus Pattention d'un Fermier. Par ce changement fréquent de récol- tes, fi la terre eft naturellement dure PRÉLIMINAIRE, xvi dure & compatte, elle aura fes parties plus ouvertes par les fré-, quens labours, ainfi elle en de- viendra mieux difpofée pour la végétation. Au lieu que fi on laiffe ces fortes de terres pendant un an en jacheres , ce repos les refler- rera davantage > & lorfqu’on vien- dra par la fuite a les labourer’, elles fe mettront toutes en gzoffes | mottes. La facon ordinaire de quelques Fermiers,eft de labourer ces jacheres trois fois pendant l’an- née. Ces labours doivent ouvrir les parties de cesterres, & ils doivent les rendre plus fines : mais je ne vois aucune raifon de laiffer la terre’ inutile , quand il eft sûr qu'on en peut retirer deux récoltes pendant ce temps, & qu'elle n’en fera pa# déteriorée, Si ces deux récoltes b * xvii DISCOURS font choifies avec intelligence 5 de façon qu’elles foient trés-dif- férentes l’une de l’autre, la terre certainement n’en deviendra que meilleure. J'ai éprouvé que fion feme de ces plantes dont les raci- nes ont beaucoup de fibres, fur les terres qui font portées naturel- lement à devenir compaëtes & ferrées ; ces plantes aideront beau- coup à ouvrir les parties dune femblable terre : fi au contraire on met dans les terres fablonneu- fes de ces plantes qui font rem- plies d’une humidité grafle, en labourant ces fortes de terres, & en y faifant entrer le fuperflu de ces récoltes , cela contribuéra beaucoup à les rendre fertiles. IL my a dans le monde que de la terre ferrée & de la terre légere, PRE LIMINAIRE. xix Il n’y a point de plante qui croiffe fur l’une ou l’autre de ces terres, que celles dont les racines font remplies de fibres pour ouvrir les terres ferrées, ou ceiles dont les feuilles & les racines font de na- ture à raffermir , & à fortifier les terres légeres & ouvertes. On peut aifément trouver un milieu entre ces deux extremes. Les deux moiffons qu’on cultive dans une année , font ordinairement de l'une des deux efpeces dont je viens de parler. Telles que les pois & les navets, ou l'orge & les navets ; cat les deux dernieres réuffiffent aufli bien que les deux premieres. Le Fermier doit encore faire attention à deflecher les terres qui font humides, & à arrofer celles bij XX DISCOURS qui font feches. Ce font deux ars ticles très-importans dans une Ferme. Le trop d'humidité eft nuifible à la terre, & les prairies ont quelquefois befoin du fecours de l’eau pour les rétablir. IL eft très utile d’avoir l'eau à fa difpofi- tion, mais fi elle eft trop abon- dante , il faut la faire écouler par le moyen des faignées s’il. y a une pente fufiifante , finon il faut faire des refervoirs dans les terres hau- tes, fi on en a quelques-unes, Mais fi onnanipente, ni aucune commodité pour deffecher fes terres, il faut alors y mettre les plantes qui aiment l’eau & l'hu- midité, & dans les terres hautes & feches y mettre les plantes qui peuvent fe paffer d'eau. Le Fermier doit apprendre à PRÉLIMINAIRE. xxj eonnoitre le temps qu'il fera, afin: de décider mieux du temps con - venable pour faucher fes foins , & pour faire la récolte de fon blé. Le meilleur avis que je puifie donner , eft de lui recommander Pufage de ces inflrumens qui an- noncent l'approche de la faifon’ humide & de la faifon feche', tels: que font les Barometres , les Hy- srometres , &c. Un peu d'ufage de ces fortes d'inftrumens donnera affez de facilité à un Fermier pour prévoir le temps qu'il fera, & par-la lui fauver une partie de fes récoltes, & lui épargner fon ar- gent & fa peine. Dans Pexploita- tion dune Ferme, le Fermier doit toûjours avoir égard aux mar- chés, c’eft-a-dire , foitqu il dleve des befliaux , foit quil tire le laty Xxij DISCOURS de fes vaches, ou foit qu'il re= cueille du blé, ou telle autre chofe que ce foit, il doit faire attention à ce qui fera dun meilleur débit aux marchés les plus voifins, & ne cultiver queles cho‘es qui lui occafionneront moins de dépenfe pour le tranfport. Car ce feroit de la dépenfe & de la peine inutile’, fi l'on cultivoit. chaque chofe bonne par elle-même , mais dont on n’auroit point de débit. Un Fermier eft bien dédommagé de fon travail & de fon induftrie, Torfqu’il fçait , parce que fa terre peut lui produire , & par le cours ordinaire des marchés, s'enrichir par la connoiflance des denrées qui font le plus recherchées , & par la fourniture abondante de celles qui feront le plus avanta- PRÉLIMINAIRE. xxii} geufes ; c'eft mériter à jufte titre le nom de Fermier , c’eft une Phi- lofophie , ceft une politique di- gne des plus grands Philofophes de l'Antiquité. Il eft de la prudence d’un Fer- mier d’obferver long-temps aupa- ravant fi l’année fera abondante, ou fielle fera ftérile; & en confé- quence acheter ou vendre felon qu'il y trouvera plus d'avantage. _ Les Fermiers qui font le com- merce des fruits, tireront beau— coup de profit en achetant des. vergers, avant même que lesbou- tons commencent à s'ouvrir. Ils. pourront dès-lors voir combien. il y aura de fleurs auffi bien que fielles éroient épanouies, tant il va de différence entre les bou tons à fleurs . & ceux qui nedoi- txiv DISCOURS vent donner que des feuilles. Il y a encore une obfervation à faire dans l'exploitation dune Ferme, ce font les beftiaux & les volailles.. On en aura ou trop ou trop peu» sily én a trop, ils s’affameront Fun Pautre, & sity en atrop peuy il y aura de la perte. De plus on remarquera que dans les Fermes où il y a beaucoup d’herbages ; les volailles n’y fontpas beaucoup de profit, parce qu'il faut ache- ter le grain pour les nourrir. Mais dans les Fermes qui confiitent principalement en terres laboura- bles, la volaillen’y coûte prefque rien à nourrir. Les criblures & les reftes de la grange qui feroient perdus , feront employés à cet ufage. Les oifeaux aquatiques tels que les oies, les canards, &c. trouverone PRE LIMINAIRE. xxv trouveront affez de nourriture sil y a de l’eau. Lorfque le Fermier a beaucoup de vaches , il doit avoir un grand troupeau de co- chons , fur-tout sil a la proxi. mité des Bois pour fe fournir de gland. Si fa Ferme confifte en erres labourables , il doit avoir toujours quelques-uns de ces ani- maux. L’habileté confifte à {ca- voir les acheter, pour les en- graifler, ou pour s'en défaire a propos. Les étangs font aufli fort avan- tageux s'ils font fitués près de bons marchés , & fi on les gou- verne avec foin comme je le con- feille dans POuvrage fuivant. Je ne les regarde pas cependant comme néceffaires a un Fermier, à moins que fes terres ne foient Cc Nat. DISCOURS remplies de fources. Dans ce cas les étangs lui aideront à deffechet fes terres ; ils lui ferviront de ré- fervoirs pour arrofer fes prairies fuivant Poccafion. Lorfqu’on peut avoir de pareils réfervoirs , on peut confeiller d'y mettre du poiflon ; mais il ne faut pas en avoir une trop grande quantité, fi on veut en retirer du profir. Le détail que je rapporte de temps en temps dans cet Ou- vrage , fur la nourriture des fai- fans, perdrix, lievres, lapins, &c. regarde principalement les per- fonnes qui vivent à la Campagne, afin qu'il ne leur manque rien de ce qui peut contribuer au plaifir & à l'utilité de la vie champêtre, La facon d'élever ces animaux nef ni coûteufe, ni pénible. Ce PRÉLIMINAIRE. xxviJ que j'ai rapporté comme les ac- compagnemens néceflaires d'une Ferme, & ce qu’on peut tirer d'un bon jardin, fufit pour épar- ener beaucoup de dépenfes à une nombreufe famille, & pour lu: procurer beaucoup de fatisiac- tion. La chair des lapins, & ieur peau font un objet important, fi on les nourrit dans une garenne artificielle dont je vais parler. je rapporte le détail de leur nourri- ture; mais j'ajouterai ici un mot ou deux fur la fituation d’une telle garenne, & fur la façon dont elle doit être conftruite. La fituation en doit être feche , en plein airs & autant qu'on le pourra, bien expolce au Soleil levant : quant à fa conftruttion , on prendra, par exemple, une verge ou deux de ci] xxvij DISCOURS terre , dont on pavera le fond de briques ou de carreaux de terre , & on entourera ce morceau de terre d’un mur d’environ trois pics de hauteur, avec des paliffades auprès de ce mur. Dans l’inte- rieur , faites des cellules de qua- torze pouces ou environ de lar- geur , de deux piés de longueur, & environ de quatorze pouces de hauteur , avec des portes qui fe puiflent ouvrir pour pouvoir re- garder dedans quand on le vou- dra; par deflus mettez-y une cou- verture de planches garnies de plumes pour empêcher lhumi- dité ; il faut aufli que cette cou- verture puiffe s'ouvrir quand on le voudra. Chaque cellule doit avoir une ouverture vers la ga- _renne, afin que les lapins puiflent PRE LIMINAIRE. xxix yentrer, & en fortir fuivant leur volonté. On pourra mettre envi- ron trente lapins dansunegarenne de deux verges de terre; maïs les males ne doivent point avoir la. liberté de courir, parce qu'ils dé- truiroient les jeunes lapins. La meilleurefacon eftd'enchainerune couple de mâles fous un appen- tis, ou dans l'endroit où on leur donne à manger ; cet endroit doit être couvert pour préferver leur nourriture de l'humidité. Une de ces garennes bien conduite, fera d’une trés- grande utilité à une famille. Ces lapins privés font “ aufli bons à manger, que les la- pins fauvages des meilleures ga- rennes. Je remarquerai enfin que les confeils que je donne , font tous xxx DISCOURS PRELIM. tirés de la pratique. Je fuis per- fuadé que les Fermiers, & ceux qui vivent à la Campagne, en feront fatisfaits. J’ai détaillé dans cet Ouvrage plufieurs chofes nouvelles que je n’ai découver- tes que depuis peu de temps ; dans mes recherches fur la con: duite & fur lamélioratien des biens. PAAANMMAENAUT FABLE DES MOIS. Janvier, À page 1 Février, 16 Mars, | à - ae Avril, . ~ 99 = ‘ 4 115% uin, w= J Juillet, Le Août, 358 Septembre , 189 OGobre , 208 Novembre, 217 Décembre, 236 Fin dela Tabledes Mois. LE CALENDIER CALENDRIER DES LABOUREURS ET DES FERMIERS. J'A N VAE: =i Endant ce mois un Fermier a ie prefque autant d’ouvrage à S222; faire Ala maifon , que dans les champs. Si la faifon doit être rude, c’eft à préfent qu’on peut l'attendre : de plus les jours font fi courts, qu’ils ne per- . mettent pas de faire beaucoup d'ouvrage dehors, Il arrive cependant CA sates 4 Le Calendrier que le tems eft affez doux pour per- mettre de labourer , mais cela eft rare, fur- tout dans la premiere quin- zaine. Si la faifon ne permet pas de la- bourer, il eft néceffaire d’examiner tous les inftrumens qui ont rapport à l’agti- culture, pour voir s’il ne leur manque rien, fi on ne l’a pas fait dans le mois précédent : mais un bon Laboureur ne differera point cet ouvrage jufqu’à pré- fent. Comme la plus grande efpérance d’une bonne récolte , qui doit être toujours le but d’un Fermier , provient de fa vigilance & de fon attention à femer de bonne heure fes grains ou fes racines : fi les inftrumens ne font pas tous prêts à travailler , lorfque la faifon commencera as’adoucir, il fe trouvera privé du bénéfice qu'il doit efpérer de fon travail & de fa dépenfe. Si le Prin- tems eft fec, comme il le fut il y a quatre ans, * les orges & les avoines * Ce futen 1723. M. Bradley ayant coms pole cet Ouvrage en 17276 des Laboureurs & des Fermiers. 3 femées tard auront de la peine à poufer. La fechereffe dura cette année pendant deux mois & demi. Je remarquai dans Middlefex plufieurs pieces de terre, où les avoines & les orges femées en Mars, n’avoient pas encore commencé à pouffer à la fin de Mai. Les pluies qui commencerent alors à tomber, enga- gerent plufieurs Fermiers à retourner leurs terres, & au mois de Juin à y re- femer de l'orge qui mürittrès bien cette année. Mais c’eft un hafard : c’eft pour. quoi je dis femez de bonne heure, afin de profiter du bénéfice des pluies, au mois de Février ou de Mars, pour faire poufler le grain. La terre durant ces deux mois eft plus propre à faire ger- mer les femences, Si la terre fe trouve labourée pendant ce mois, comme je Pai remarqué ci-deffus, les femences & les graines femées vers la fin , poufe- ront avec beaucoup de vigueur. Coupez les branches de l’épine pour fervir à faire des haies rie l’'épine 1] 4 Le Calendrier blanche, ou aube épine eft meilleuré pour cet ouvrage. On peut auffi fe fer- vir du faule & de l’ofier. L’épine blan- che s eft vendue quelquefois , aux en- virons de Londres, jufqu’à une guinge la charretée. Coupez des pieux pour foutenir les haies ; pliez & arrangez les branches des €pines pour remplir les vuides. Jettez quelques pelletées de ter- re fur les bordures , jufqu’à ce qu’elles couvrent quelques boutons des bran- ches pliées. Cette opération fera pren- dre racine à quelques - unes, & elle fortifiera les haies. S'il y a quelques vuides dans les haies, mettez-y des boutures de faule blanc, où de faule noir. Si la terre et feche & tirent fur la craie, le faule noir vaut mieux, il fait une meilleure défenfe : mais fi la terre eft humide , i] faut fe fervir de faule blanc. Plantez des haies vives, on en met deux ou trois rangs à environ huit pouces de diftance Pun de l’autre rangés en quinconce, — > des Laboureurs & des Fermiers: 7% Pour former une pépiniere propre a faire des haies , femez des bayes d’aube épine dans une piece de terre a laquelle onne doit point toucher pendant deux ans», parce que ces haies ne leverens; que la feconde année. Plantez des boutures de fureai pour les haies; il faut qu’elles ayent envi- ron deux piés de longueur. Cet ar- bufte réuflit très-bien dans lés terres pierreufes & remplies de roches, où rien ne pourroit venir. Plantez des boutures ou des rejet- tons d’aulne & de peuplier dans les ter- res humides. Elles réuffiront fort-bien dans de pareilles terres. Elles pourront aufli venir dans toute forte de terre, pourvà qu’elle ne foit pas trop feche. On pourroit objecter contre cette répa- ration des haies pendant ce mois, que dans les pays de Chafle , on doit sat- tendre à y voir faire des ouvertures, jafqu’a ce que la faifon de la Chafle foit pañlée. Quelques. perfonnes attendent à À iy F 6 Le Calendrier faire cet ouvrage jufqu’au mois pro= chain ; mais il eft beaucoup mieux de faire ces plants dès que le temseft adou- ci: on objeéte aufli quelquefois que les: jours font trop courts pendant ce mois. Mais cela n’y fait rien , puifqu’on paye a la toifé les Entrepreneurs des haies & des foffés ; ainfi l’ouvrier n’eft payé qu'à proportion de fon ouvrage. Dans les tems de gelée, voiturez les. famiers & les terres préparées, placez. les plus légers fur les terres fortes, & au contraire fur les terres légeres , les engrais qui feront capables de les for- tifier. Répandez auffi de la paille dans les. grands chemins & dans les endroits fré-' quentés par les beftiaux , afin d’en faire: des engrais pour les terres trop fortes. On peut couper les taillis dans ce. mois, ou attendre jufqu’au mois fui. vant. Avant que de les couper , remar-. quez combien il leur faudra @années pour fe trouver en état d’être coupés. L] des Laboureurs & des F'rmiers. 9 De forte que s’illeur faut feptans, om féparera le bois en fept parties égales, on en coupera une chaque année, & par-la on aura toujours ce fecours d’an- née en année. S’il faut huit ou neuf ans. on partagera les taillis en autant de parties. S'il fe trouve des vuides dans: les taillis , rempliffez-les par des bou- tures d’aulne , de faule, dofier , de peuplier, &c. Il vaut mieux, pendant ce mois, couper le bois qu'on deftine à faire des fagots , des bourées, des perches : mais il faut différer jufqu'au mois fuivant à couper le bois dont on: veut faire des cerceaux. Empéchez les beftiaux d’entrer dans les taillis , ils en brouteroient les-jeunes. poulles. On eft occupé pendant ce mois à: battre les féves, les pois , & les autres. grains qu'il faut femer pour la récolte: de Eté ; car le grain confervé dans fa: goufle jufqu’au tems de le femer, pouf fera avec plus de vigueur. A: iv 8 Le Calendrier Fendez le gros bois & l’arrangez en corde ; cet ouvrage fe fait toujours en gros. Les fagots & les bourées des tail- lis fe font a la verge. Détruifez les taupes qui font leurs nids vers le commencement de ce mois, & qui muitiplient beaucoup. Baillez les arbres des vergers, fi on n'a point fait cette taille dans le mois de Décembre. Versle commencement de ce mois; mélezun peu de graine de cumin dans la nourriture des pigeons, cela les mettra en état de donner des petits de bonne heure au Printems. Les premiers pigeonnaux fe vendent très - bien aux marchés. Rien n’excite tant les pigeons à couver que la graine de cumin. On remarquera que les volailles , de même que les autres animaux , donnent des petits de bonne heure, felon qu'ils font fortifiés par une nourriture chaude & abondante ; de forte que dans ce mois, auffi bien que dans le mois de » des Laboureurs €& des Fermiers. 9 Décembre , il ne faut point que les poules communes manquent de nour- riture , afin qu’elles puiffent donner une premiere couvée au mois d'Avril, temps auquel les poulets fe vendent bien dans la plüpart des marchés. Mais aux envi- rons de Eondres, pour les vendre fort bien, il faut en avoir à i préfent de bons pour la table, comme je Penfeignerai dans un autre mois. La maniere la plus prompte & la meilleure pour engraifler les poulets, eft de les mettre dans une mué à l’ordi- naire, & de les y nourrir avec de la farine d’orge , mais fur-tout de mêler un peu de brique pilée dans l’eau qui ne doit point leur être ménagée. Cette nourriture leur donnera beaucoup d’ap- petit , & elle les engraiffera prompte- ment. Pour rendre raifon de cette prati- que, remarquez que toutes les volailles & les oifeaux ont deux eftomacs , com- me on les appelle Le premier eft le ja- bor, dans lequel la nourriture s’amolit , YO Le Culendrier & le fecond eft le gefier qui fert à fa macérer. On trouve toujours dans ce dernier eflomac de petites pierres, & du fable menu qui contribue à faire cette macération. Sans ces pierres, ou fans quelque chofe de femblable, un eifeau manque d’appetit, car le gefierne peut macérer, ou pour ainfi dire broyer la nourriture affez promptement pour en décharger le jabot, fans être aidé parles fables ou par les pierres, & tel eft effet de la brique pilée. Je tiens cette recette de Madame: Whaley de: Loftes dans le Comté d'Effex. C’eft une Dème curieufe & intelligente. On ne manquera point de poulets ni d’autres oifeaux , même dans les faifons les plus chaudes, quoiqu’ils viennent de très- loin, fon fe fert de la méthode fui- vante. Je la tiens auffi de la même Dame: elle en a fait l'expérience fur quelques: perdrix, qu’elle a cenfervées près de: dix jours dans le tems le plus chaud de. l'année. I faut plumez les ojfeaux tout. des Laboureurs & des Fermiers, xt auffi-tôt qu'ils fonttués, & les vuider. Séchez enfuite parfaitement une fer- viette , & aufli-tôt qu’elle fera refroi- die, fervez-vous-en pour fecher le de- dans des oifeaux , autant qu’il fera pof- fible, Renfermez - les dans une autre ferviette auffi parfaitement feche , juf- qu’à ce qu’ils foient tout-a-fair froids.. Mettez-les enfuite dans un pot de terre verniflé bien fec , & faites fondre une quantité fuffifante de bon beure pour: verfer par deflus, jufqu’a ce qu’ils en foient couverts de l’épaiffleur de deux pouces. J’ai éprouvé qu’on pourra con-. ferver , par cette méthode, un oifeau, non-feulement pendant dix jours, mais. même pendant trois femaines ou un mois dans le tems le plus chaud, & qu’il fera auffi bon à rôtir qu’un oifeau qui neft tué que depuis un jour, & felon mon goût il fera préférable, Cette Dame ajotite , qu’on ne peut rien ob- jecter contre la dépenfe, parce que le eure qui en eft la feule dépenfe , peut 12 Le Calendrier encore fervir après qu’il a été employé à cet ufage. Un Philofophe comprendra facilement combien il eft raifonnable de prendre toutes ces précautions pour empêcher les corps morts de fe corrom- pre: mais les Fermiers qui ne font pas autant Philofophes qu’ils devroient Pé- tre, apprendront 1°. que le corps de chaque animal après fa mort, eft dau- tant plus fujet à fe corrompre, qu'il eft plus abondant en fluides, 2°. Que lorf- que le mouvement de ces fluides eft in- terrompu par la mort, ces corps de- viennent alors des matrices propres à recevoir les œufs des infectes, & à four- nir une nourriture convenable aux pe- tits qui en proviendront.: car on voit que les infectes font excités à y dépofer- leurs œufs, ce qui caufe la corruption de ces corps en très-peu de tems, & leur fait prendre une odeur infapporta- ble. Les corps des oifeaux & des autres animaux doivent donc aufli tôt qu'ils feront tués, être débarraflés, autant qu'il des Laboureurs & des Fermiers. ‘13 fera poflible , de leurs parties liquides, & ils doivent être garantis de toute at- taque des infeétes, jufquà ce qu’ils foient entierement refroidis. Il faut én- fuite les renfermer de façon que lair ne puiffe pas avoir de prife fur eux , autant qu’il fera pofhble , pour les préferver de la co:ruption. C’eft pour cette raifon que Pon fait fécher des ferviertes. II eft de même auffi néceflaire de couvrir ces oifeaux avec de pareilles ferviettes , jul qu’à ce qu'ils foient tout-à-faitrefroidis, & de les renfermer tout de fuite dans du beure , ou bien dans de l’huile, où ils fe conferveront aufi bien & auffi long - tems que dans le beurre : mais cette huile ne pourra plus étre d’aucun ufage. Pendant ce mois empéchez les pou- lets de manger des limaces, qui les rendroient hydropiques. Examinez le nombre des volailles, & laiffez feule- ment fept ou huit poules à un coq. St le nombre des cogs n’eft pas fufhfant 14 Le Calendrier & proportionné à celui des poules, ven: dez quelques poules plutôt que d’ache- ter des cogs étrangers.& inconnus, qui cauferoient des combats, qui diminue- roient beaucoup le nombre des poulets. Engraiflez quelques cochons, comme dans le mois précédent; ils prennent mieux le fel dans un temsfroid , ils font plus aifés à foigner & ils coûtent moins, parce qu’on fait alors du feu plus conf- tamment que dans les mois fuivans, & que la fumée continuelle aide beaucoup à foigner ces animaux. On obligera les oies & les canards à -couver de bonne heure, fi l’on les met dans un endroit couvert, fi l’on leur donne une nourriture abondante, & tous les matins de bonne heure, de l’eau tiede dans un grand baquet. Leurs petits fe vendent très bien aux marchés de Londres, lorfqu’ils font éclos de bonne heure, Il y a peu de chofe à faire dans la laiterie pendant ce mois. La grande des Laboureurs & des Fermiers, 15 difficulté dans ces mois froids, eft de faire.prendre le beure ; pour y réuflir, mettez le fonds de la baratte dans un baquet plein d’eau chaude. On épar- gnera par-là beaucoup de peine. Car par le moyen de la chaleur de cette eau, les parties grafles & huileufes de la crème , fe fépareront plus facilement des parties aqueufes. Ayez foin dans ce mois de tenir i agneaux a couvert & de les alaiter, comme je l'ai enfeigné , car ils fe ven- dent bien dans cette faifon. Ne négli- gez pas non plus les lapins privés, & ceux qui font dans les petites garennes | pavées. Donnez-leur des nourritures feches, comme le foin, lPavoine, le fon ; mais fur-tout ne leur donnez point @herbe pendant le jour. | / Chaque jour pendant les gelées rompez la glace dans les endroits les plus profonds des étangs : couvrez ces trous avec des coffas de pois afin qu’ils reftent ouverts. 16 Le : Calendrier Sile tems eft doux, femez des féves d’Efpagne, * & des pois michaux, pour en avoir de bonne heure. Il y a encore beaucoup de chofes qu’une bonne ménagére peut faire dans fa maifon, qui paroitront plus convena- blement dans un autre ouvrage, & que je réferve principalement pour les in- férer dans ? @conomiquede Xenophon , que j'ai deffein de publier dans peu. apd Sa se | ie al ig! «a J'ai remarqué que durant ce mois 5 le tems eft communément froid & hu- mide dans les pays où il y a beaucoup de bois. Mais dans les pays découverts ¥.- 99 8 ek “9 # ? / / où j'ai été, j'ai trouvé aflez générale- ment le terms modéré & propre à femer toutes fortes de grains. Il n’y a point de temps à perdre. Tous les ouvriers & tou- tes les charrues que lon pourra avoir, : \ auront peine à fuffire dansune Ferme _* Elles font connues en France fous le nom de féves de marais, d’une des Laboureurs & des Fermiers. 17 d’une grande étendue, pour labourer & femer toutes les terres, & pour les mettre en état de donner des récoltes abondantes. 3 La premiere attention d’un Fermier doit étre de fixer & de régler fes récol- tes faivant les différentes parties de fes terres, afin qu’il puiffe faire fon ouvrage fans hefiter. I!-femera fes terres légeres. les premieres ; il obfervera enfuite de femer fes femences les plus légeres, tel- | les que les carottes, les panais , les oi gnons, &c. Il deftinera fes terres légeres: _ & qui ont le plus. de profondeur, pour les plantes dont les racines font d’ufage. Lans de fembiables terreins les racines réuffiront à merveïlle, elles y viendront très-groffes & d'un très bon goût. _ Plantez de la régliffe dans les ter= res fabloneufes & profondes. Mettez jes plants environ à un pié l'un de l’autre. Semez, enfuite des oignons dans toute la piece , vous aurez une ré- colte utile la même année. La réglifle re Le Calendrier ne fera en état d’être tirée de terre que: la troifiéme année. On pourra auffi fe- mer dans les champs de régliffe de toute autre forte de récoltes la pre- miére année , pourvû qu’elle fe puifle recueillir le même Eté, & pourvü qu’elle ne porte point trop d'ombre. La terre légere convient aufli aux potates , * ou truffes blanches. On: plantera pendant ce mois les petits. nœuds ou racines à un pied de diftance, elles fourniront une récolte utile pour: PHiver. Préparez &: arrangez les houblon- nieres, en jettant du terreau frais fur. chaque butte de houblon : farclez- les & retranchez-en les montans ; laiflez feulement cinq ou fix des plus fortes: poules. = Coupez & retranchez tout le bois mort dans les cerifaies.. Répandez de bonne terre fraiche fur * Solanum tuberofum efculentum. C. B. Po. x67. Prod. 89. On leur donne en France le. nom:-de pommes de terres. des Laboureurs & des Fermiers. 19 les prairies, pour recouvrir & pour fortifier les racines. Si les fromens font trop forts, faites les paitre par les moutons, Cette pra-- tique les fera étendre & taller; mais: n’y laiffez point aller les troupeaux. lorfque la terre eft très-humide.. Semez de l'orge foit feul, foit avec: du trefle (a), ou du chien-dent (b) qui reffemble au feigle. E’orge fe feme: avec l’un ou [autre fi l’on a intention: de faire une prairie. Pour cet effet il faut commencer par femer l'orge & le bien herfer; on feme enfuite. le trefile 5, ou le chien-dent , & on: herfe par def:- fus avec un fagot d’épine.- Semez de l’avoine foit la noire, ou: la blanche. La noire réuffit mieux fur’ les terres froides. | On peut auffi femer du gros orge,. ou de l’orgeà quatre. rangs. Cette ef-- (a) Ce treffie eff. connu en France fous lé nom de treffle d’Hollande. (6):Gramen fecalinum. maximum, majus* & minus. C, Bauh. Prod. Bij. | 058 20 Ee Calendrier pece rapporte beaucoup plus que Porge ordinaire qui n’a que deux rangs. On fait de très - bonne dreche avec cet orge, il eft fort en ufage dans le Nord de l'Angleterre. El faut auffi femer , fi on peut en avoir, de l'orge à fix rangs. Quelques Fermiers dans Devonshire Pont eultivé avec fuccès, mais il eft rare, & je crois quon auroit de la peine a le faire venir. Cependant une petite quantité de cet orge produira beaucoup. On peut fuppofer qu’un épi qui aura cent cinquante grains, rappor- tera probablement autant de touffes fi on a femé ces grains avec foin : comme chaque touffe produit ordinairement huit ou dix épis, on peut calculer aïfé- ment, en combien de tems on peut en amafler fuffifamment pour en fe~ mer un acre. Cet orge fe gouverne de la même façon que l'orge commun. | ~ Il ÿ auneefpece de froment * & de * Je crois que c’eft ce qu’on appelle en France bled de Mars. des Laboureurs & des Fermiers. 25° feigle , que j'ai reçu du Nord du Mont Apennin; j’en ai donné à plufieurs per- fonnes en Angleterre. Ces. grains pro- duifent une fort bonne récolte en les femant à préfent, & ils ne demandent pas plus de façon que lorge. Semez des pois auflt bien que des féves de marais pour en recueillir la fe- mence. Semez aufli des féves * pour les chevaux dans les terres fortes, afin qu’elles puiffent mfirir de bonne heure. Semez de la veffe fur les terres gra~ veleufes & froides. Semez des lentilles fur les terres qui tirent fur la craie, & dont la furface eft maigre & ftérile : c’eft un excellent fourage pour les beftiaux. Semez des chardons à foulon fur les terres ferrées & humides. Répandez des cendres de bois fur les prés qui ont de la mouffe, * Faba minor five equina. Cette efpéce de feve eft femblable a la féve de marais, excepté quelle eft plus petite, & qu’elle fleurit plus 22 Le Calendrier- Dans les terres froides femez le fu- mier de pigeon avec le bled , comme: on le pratique avec fuccès dans l’Ifle- d'Ely.. Semez le trefle blane avec le. chien-- dent qui reffemble au feigle , dans les: terres froides & humides. Coupez les. différentes: efpéces de: bois de charpente. On en exceptera le chéne qu'il faut laiffer plus long- tems: à caufe de fon écorce qui eft-utile aux: Tanneurs. On ne pourroit point. déta- cher cette écorce pendant ce mois, à: moins de fe fervir de quelqu’expédient : comme de faire un bon: feu autour de: Parbre avant que de l’abattre, & de verfer enfuite de l’eau chaude fur le- tronc, ce qui, à ce qu'on ma dit, mettra la féve aflez en mouvement >. pour pouvoir détacher Pécorce avec facilité. Il eft certain: que le bois des: chênes coupés à préfent, fera plus du- tard; on s’en fert en beaucoup. d’endroits pour: la nourriture des chevaux, dès Laboureurs & des Fermiers.. 25% table & d’un meilleur ufage, que celui qui fera coupé au mois d'A vril lorfque- la féve eft en mouvement. Quoique la: méthode que je viens de rapporter pit caufer quelqu’embarras , cependantcom®- me le bois en feroit d’une meilleure qualité, on en feroit dédommagé en quelque façon. _ Coupez les taillis & les noifetiers;. principalement ceux que l’on defline à faire des claies.. Coupez les ofiers à préfent , & n’at- tendez-pas plus tard. Faites les plants: d’ofiers , quoiqu’on puifle différer à les planter jufqu’a la fin de Mars. Ces: plants réuffiflent mieux. lorfqu’on les plante de bonne heure. Faites des plants d’aulne, de peu- plier. de faule, &c. fi. on ne Fa pas: fait le mois-précédent. Semez dans une haie nouvellement: faite , quelques glands & quelques grai- nes de frêne , ou plantez-y par-ci par- à quelques jeunes chénes., ou des D4 Le Calendrier noyers. Ils ne demanderont d’autre culture que d’être mis en terre. Les ronces & les épines qui compofent la haie, les garantiront fufifamment des beftiaux. Si l'on a eu foin le mois précédent de donner aux pigeons quelques nourritu- res chaudes, comme je lai confeillé, on pourra avoir à préfent quelques pi- geonnaux , qui fe vendent très -bien aux marchés. Un feul pigeonneau dans cette faifon fe vend fouvent plus que trois, ou quatre au mois de Mars. Si le tems eft froid, on peut tranf- porter au commencement de ce mois les ruches 3 mais fi le tems eft doux, comme je l'ai affez généralement re- marqué, il vaut beaucoup mieux ache- ter des eflains. Les abeilles réuffiront parfaitement dans les endroits où il y aura une grande abondance de fleurs, & fur-tout dans ceux oùil y a de gran- des communes remplies de genets, de houx , de bruyeres ,&c. Elles ne coûtent | prefque des Laboureirs & des Fermiers, 25 prefque rien à entretenir , elles donnent beaucoup de profit, c’eft pourquoi elles , ne devroient jamais manquer dans de femblables pays. La cire & le miel fe vendent très:bien, fur-tout le miel, fi en l’employe a faire de l'hidromel, gui eft une boiflon faine & fort nourrif- fante. Je fuis étonné qu'il n’y ait pas une.plus grande quantité d’abeilles, vu le peu de peine qu’il y auroit à en avoir. Les abeilles réuffiront fort bien‘dans de femblables endroits , & elles y donne- ront des effains forts & vigoureux, fur- tout fi on a eu foin de les garantir du froid :-c’eft a-cette intention que je pré- fer®les ruches de bois aux ruches de paille ; car les ruches de bois donnent affez de place aux abeilles pour y tra- vailler pendant deux ans, fans qu'il foit néceffaire de les faire périr ; dans les ruches de paille au contraire on eft obli- gé de les détruire auffi-tôt qu’elles font remplies. Les abeilles fourniront abon- gamment du miel fi elles ont aflez de 96 © Le Calendrier place, & fi elles ne font point inter:om3 pues. Dans des creux ot des abeilles avoient dépofé leurs rayons volontaire- : ment, on a trouvé que le poids de la cire & du miel fe montoit à huit ou neuf _cens livres ou environ. Je remarquerai que fi le temps devient très-chaud , tel qu’il le fut il y a quatre ans, cette cha- leur excitera les abeilles à jetter , .ainfi que je le trouvai alors en différens en- droits de l'Angleterre. Mais je ne trou- ve point que de mémoire d'homme, cela fût jamais arrivé auparavant. C’eft à préfent la meilleure faifon pour empoïflonner les étangs. Ayez attention que le poiffon foit du frai de l'afince précédente. On le tirera de petits étangs, sl eft poflible, pour lemettre dans deplus grands, & où onle tranfpor- tera d’une eau maigre & dont le fond foit de gravier , dans une eau grafle fur un fond de vafe. J’ai éprouvé que ces petits poiflons deviennent prefque auffi | gros au bout de quatre ans, que les | des Laboureurs & des Fermiers. 27 poiffons qu'on y a mis dans le même tems, & qui avoient fix ou huit pouces de long. La carpe & la tanche fe plai- fent enfemble, elles aiment les eaux noi- res & grafles. Le brochet & la perche vivent & fe nourriffent fort bien daris des eaux plus froides & plus claires. On nourrira ces derniers poiffons , en jettant au mois de Mars dans les étangs où on les a mis , du frai de grenouilles pour y faire éclorre des grenouilles, qui font une trés-bonne nourriture pour les brochets. On peut aufli au mois d'Avril, y jetter du frai de vandoife & de gar don pour nourrir les brochets. On les nourrit auf avec les entrailles des vo- dailles , qui ne doivent point manquer chez un Fermier qui a beaucoup de ter- res en grain, fans quoi tout le grain qui fe répand à la porte des granges fe trou- veroit perdu. Il eft de l'intérêt du Fer- mier dans beaucoup d’endroitsd’engraif- fer fes volailles pour le marché, auffi bien que de les élever & de les rendre C ij 58 Le Calendrier propres pour le fervice. La valeur des plumes dédommagera les fervantes de la peine qu’elles auront prife à les arra- cher. Les entrailles ferviront à la nour- riture des poïffons.. Le brochet , la per- che, la carpe & la tanche fe nourriront & s’engraifleront fort bien, fi on leur conne du grain : mais fur-tout la carpe, fi on:la nourrit avec toute forte de grains, & des apres de pain. Il y @ des-endroits où on engraiiie les poif- fons avec le fang des bœuis , des mou- tons-& des cochons. Pour avoir plus de facilité à prendre le poifion, il faut tou- jours leur jetter la nourriture dans le méme endroit , & les accotitumer à un certain-cri ou appel ; ils s’apprivoife-. ront auffi bien que les autres animaux. Lorfque l’on fe propole de les apprivoi- fer, il faut choifir une place dans l’é- tang où on veut les étabiir, & avant que dy jetter la rourriture , donnez un coup de fifflet, ou faites quelqu'autre bruit qui fe puifie entendre de loin. Re- des L'aboureurs & des Fermiers. 23 pétez toujours le même bruit dans le tems de lanourriture , & pefit- a-petit , peut-être même en dix jours, on verra le poiffon aux: mêmes’endroits où Por jette la nourriture lorfqu’on fax Pap- pel, & fe preffer fi fore enfemble & Pun l’autre, qu’il fera facile dé les pren- dre avec un filet. Mais je confeille pen- dant les quinse premiers jours d'être exa@ conftamment non-feulement pour là place & pour l'appel, mais encore pour les momens de la nourriture, Je ne prétends point décider fi le poifon entend efeAivement le cri ou Pansel, ou fi Ceft feulement la prefion de Pair fur la furface de l'eau , sccañionaée par le filet ou le cri, qui rend le poifon: fenfible. Je fuis certain qu’on pourra prendre avec facilité & à plaifir, le poiffon qu’on aura ainfi aprrivoifé. S'il y a des étangs qui foient fitués run au-deflus de l'autre , defféchez d’a- bord le plus haut, & defcendez dans le fecond le poiffon qu'on veut conferver, 4 ji] 20 Le Calendrier Semez de l’ayoine dans le fond du premier étang, ce qui fera facile puif- qu'il ne s’agit que de jetter le grain fur fa vafe , & de tirer par deffus un inftru- ment tel qu’une herfe , que deux hom- mes l’un d'un côté, l’autre de l’autre de l'étang feront aller & venir avec des. cordes. Cette avoine germera promp- tement. Quand elle aura environ quatre, ou cing pouces de haut, faites rentrer Peau dans l'étang, & mettez-y autant de poiffon que vous le jugerez convena- ble à la capacité de l'étang. Les tiges. & les feuilles de cette avoine dureront. environ trois femaines, & pendant ce. tems les carpes s’engraifferont d’une. façon furprenante, Quand cet étang aura été ainf arrangé, on fera de même à celui de deffous , & ainfi de fuite juf- qu’au dernier. Les canards commencent à pondre dans les canardicres , il faut avoir foin … d’y veiller, afin que les nids ne foient pas dérangés, Ceft à préfent que la plûs des Laboureurs & des Fermiers.. 3% part des volailles communes pondent abondamment , tant celles d’eau que- celles de terre. J’ai vü quelques cies de- la Chine , qui étoient éclofés ce mois-ci. fans aucun artifice. Les bonnes nourri-- tures dans les mois de Décembre & de. Janvier , exciteront les canards domef-- tiques à couver , & l’on aura des petits éclos ce mois-ci. Confultez ce que j'en ai dit au mois de Janvier. | Ji eft néceffaire de donner un détail. fur les oies. 1°, Onne doit en attendre que peu de profit, à moins que lon: n'ait de l'eau à fa difpofition dans les. environs , foit de riviere, d’étang, ou. de mare, & 2°. aflez de pâture com-- mune pour les y nourrir. Sans ces ref- - fources les oies ne feront jamais en bonne fanté, & elles cauferoient une : dépenfe inutile. Les oies vivent très- long-tems, quelques Fermiers affurent qu’elles vivent cent ans. Quoiqu'il en fojt, deux ou trois de mes amis ont des oies qu'ils fe rappellent avoir plus de ce A 32 Le Calendrier trente ans 3 Pun d’eux a un Jar * qu'il a depuis plus de cinquante ans, & if fz reflouvient qu'il avoit été acheté gros & fort par fon pere, & comme il je remarque , ce pouvoit être alors un vieux Jar. Le célebre Willughby dans fon Ornithologie ou Hiftoire des oi- feaux, parle de quelques oies qui vi- vent très-long-tems, même jufqu’a foixante ans; il parle entr’autres d’une oie qui éroit fi méchante, que fon maitre füt.obligé de la tuer ou de s’en défaire. La conduire des oies exige très-peu de peine, foit pour élever les oïfons , foit pour les engraiifer pour la vente ; car celles qui feront à portée d’une nourriture naturelle , donneront des petits au commencement d'Avril , lorfque la faifon eft paffablement chau- de ; il fe trouve alors affez d’herbe dans les champs pour la pature des jeu- nes oifons, mais elle n’eft point encore affcz grande pour embarraffer leurs pe- C’eh le nom qu’on donne au male de Joie. des Laboureurs & des Fermiers. 3% tites pattes. C’eft alors le tems du méli- lot, que les oifons aiment beaucoup. L'ancienne méthode de les engraifler , confifte principalement à-les envoyer fur les chaumes , aufli-tôt que ia moiffon fera finie, & à leur donner un peu d'orge mêlé dans l’eau, quand ils ren- trent à la maifon. Cette nourriture con- tinuée pendant peu de jours, les en- graiffera fuffifamment pour les vendre aux marchés. Si on veut les engraifler d'une façon extraordinaire , ii faudra les mettre dans un endroit où il y ait peu de jour, les y nourrir avec de Forge broyé dans eau, ou de Porge & du fon, ou de Forge & de la farine de froment mêlée dans l'eau, pour en faire une efpece de bouillie; leur don- ner outre ce'a un pot d’eau, & l'eau aide autant à les engraïfler que la nour- rire. Si on veut que le foie devienne très - gros, ce que l’on regarde comme une perfection. dans ces oifeaux , if faut prendre des figues-feches, telles 34 Le Calendrier qu’on les vend ordinairement chez les Epiciers. Trempez ces figues dans l’eau, jufqu’a ce qu’élles foient réduites en une pâte molle. Empâtez-en les oies pendant quinze ou feize jours. Cette nourriture les engraiflera extrèmement , elle ren- dra leur fpie très- gros, & même au point de pefer plus de deux ou trois li- vres, à ce qu'on dit. J’ai vi par cette méthode desfoies trés-gros & trés-gras , & les oies elles-mémes d’une graifle ex- traordinaire. Je rapporterai ici une re- cette pour engraifler les oies, laquelle » . à ce que j'ai ouidire, a été pratiquée par plufieurs perfonnes. On envelope une oie dans un linge, & onne lui laiffe que le col & la tête de libre. On la fuf= pend enfuite dans un endroit obfcur : on lui boucheen méme-temps les oreilles . avec des pois ,.ou avec quelqu’autre chofe femblable ; de forte. que comme elle ne peut ni voir nientendre, elle n'aura pas occafion de fe remuer ni de crier. Dans cet état il faut Pempater des Laboureurs & des Fermiers. 35 erois fois chaque jour avec une pate de. dreche moulue , ou avec de la farme d'orge. Il faut qu'il y ait continuelle- ment près d’elle un pot plein d’eau, : mêlée avec du fable. Cette ole engraif-. fera fi fort en quinze jours , que fon foie feul pefera près de.quatre livres. Cette hiftoire paroit difficile à croire, far-tout par rapport à la pefanteur du foie, mais quant à la méthode prefcrite d’engraiffer ces oies, elle me peroît très- raifonnable , pourvû qu’on puille bou- cher les oreilles de Voie fans la-blefer. Mais fi cela eft poffible, il n’eft pas dou-. teux qu'on ne puiffe très-bien engraider une ole par cette façon, parce que l’ex- périence fait.connoître que le défaut. d'exercice fuffit pour -engraifler. J'ai rapporté ci-deffus dans le mois de Jan- vier les. raifons de mettre du gravier. dans l’eau , comme une chofe néceffaire . pour faciliter la digeftion des oifeaux. L’autre façon que l'on pratique ordi- nairement pour engraiffer les oies, eft 36 Le Calendrier : de les refermer dans une chambre obf- cure & clofe , & de les y nourrir avec de Porge ou du farrafin moulu, on pourra y ajouter un peu de figuesfeches que l'on rompra par morceaux. On leur donnera auffi un pot d’eau mêlée avec du fable : les oies s’engraifferont très- bien par cette méthode -en- quinze jours. J'ai encore remarqué une chofe , & je crois néceflaire de la communiquer ; c’eft que f Pon m'a point an trorpezu d'oies que Yon ait élevé, mais fi on les achete des Marchands qui les emenent dans les campagnes aux mois de Juillet & d'Août., il faut les acheter toutes d’une même couvée, sil eft poffible ,. ou du moins. qu'elles foient toutes d’un même troupeau ; car fi-on en choifis ça & là deux ou trois d’un troupeau , & fon en prendquelques unesd'un autre ; les oies de ces deux différens troupeaux fe porteront une efpece de haine mu- tuelle, & elles diminucront plutôt que des Laboureurs & des Fermiers. 29 de profiter, quoiqu’on les nourriffe trés-bien. Ces oifeaux feront triftes.s apeine voudront-ils manger pendant deux ou trois jours ; ils languircnt, comme fi ils reflentoient-la perte de leurs compagnons. Si l’on effaye d’en- graifler une oie feule dans une place fé- parée , fuivant la façon ordinaire avec de Vorge & avec de Peau, & fi lon lui laiffe voir le jour, ilfe paffera du tems avant que fa nourriture commence à lui profiter. On peut.en faire l’expérien- ce, fionpefe l’oie avant que de l’en- fermer , & fion la pefe enfuite au bout de huit jours & de quatorze jours. Il ne faut point que les oies qu’on veut en- grailler entendent le bruit des o'es qui font dehors en liberté, Pendant que l’on engraifle les oies, on peut leur donner des laitues fraiches, auffi bien que du mélilot. | Il eft convenable que je donne ici quelque détail fur la maniére d'élever les jeunes oifons. Comme les oies com= 38 Le Calendrier mencent à préfent à pondre, il faut en prendre foin dans le tems de la couvée., & lorfqueles petits éclorront. Les oies ‘couvent pendant trente jours fi le tems eft froid, & vingt-fept ou vingt-huit jours feulement fi letems eft plus chaud. Ainfi il faut favoir comment conferver la couvée loriqu'elle fera éclofe. ‘Lorfque les petits feront éclos , il faut les garder à la maifon pendant une femaine,a moins que la faifon ne ‘fit très-chaude. Si on les fait fortir trop-tot ils feront fujets à attraper des crampes, ce qui pourroit les faire périr. Nour- riflez-les d’abord avec des feuilles de laitue , ou du mélilot, & de l'orge 4 demi broyé , de la chapelure de pain, & des croutesde pain trempées & bouil- lies dans du lait, ou d’autres nourri- tures femblables & faciles à digérer. Accoñtumez-les à l’air par degrés pen- dant le temps le plus chaud du jour, & faites-les rentrer à la mai‘on avant que le froid du foir fe fafle fentir, jufqu'à “des Laboureurs & des Fermiers. 39 ce qu'ils'ayent aflez de force. Détruifez entierement & avec foin la hannebane, ou jufquiame, sil en croit autour de la maifon ,-avant que de laiffer courir les oifons avec la mere, car les oïfons en mangeroient , & cette herbe eft un poi- fon pour eux, aufli bien que pour tou: tes les autres volailles, Ilya des perfonnes qui :confeillent de donner des œufs d’oie:à couver à une poule commune, pour avoir des petits oifons de meilleure heure. Mais une poule ne pourra pas couver plus de cing de ces œufs, tandis qu’une oie-en couvera quinze. Lorfque le tems de la “ponte approche, il-faut forcer les oies d’habiter leurs nids , & les y tenir rene fermées , & leur donner plus de nour- riture. Sans cette habitude prématurée, elles iroient peut-être de côté & d’au- tre, & elles pondroient dans quelques endroits écartés où on ne pourroit pas trouver les œufs. Mais lorfqu’elles au- ront une fois pondu un œuf ou deux 40 Le Calendrier dans les nids, elles ne les abandonne- ront plus. S’il arrivoit de prendre les’ œufs de différens nids, il eft-bon de les mar- quer. car chaque oifeau connoit fes propres œufs, & il y en a qui ne vou- droient pas en couver d’étrangers. J’al vii arriver beaucoup d’embarras , faute de cette précaution. Les canards privés commencent à pondre naturellement, ils fe retireront à quelque étang ou à quelque riviere. Car fans le fecours de l’eau, ils ont au- tant de peine à vivre que fans le fecours de la terre..Les canards fe plai‘entéga- lement dans les patures ou dans les prai- ries, ils aiment fort les herbes telles que le mélilot , le fenugrec, la laitue fauvage, la chicorée , &c. Ils y trou- vent encore des limaces , des limaçons, des vers, &c. Les herbes dont je viens © de parler font.aufli bonnes aux jeunes canards qu'aux vieux , & ils s’en nour- riflent aufliecot qu'ils peuvent courir, L’ayoine des Laboureurs & des Fermiers. 4: Lavoine, l'orge, ou toute autre efpece de grain qu’on leur donne, leur plait beaucoup plus, fi on le jette dans Peau, où ces oifeaux fe plaifent fort. On prétend 'quils aiment le gland, & que cette nourriture les engraiffe très- bien. Je n’ai point fait cette expé- rience , mais je crois qu'il feroit bon de leflayer. Les canards: recherchent les endroits où ‘il y a des rofeaux, & telles autres plantes aquatiques qui les mettent à l'abri, pourvû qu’elles ne foient pas de nature à les entortiiler, à les embarrafler, ou a les empêcher de nager & de jouer dans l'eau. : Ils fe plai- fent non-feulement a jouer dans l’eau, -mais auffi {ur la terre, pourva qu'ils n'y rencontrent aucun danger. Les plantes aquatiques font remplies d’infedtes, ce qui fournit une nourriture abondante aux canards. C’eft par cette raïfon que dans PHiver lorfque, les eaux font ge- lées, & lorfque les limaces, les lima: gons.; les vers, &:l’herbe verte leur D: 42; Le Calendrier . manque , il faut les nourrir à la maifons , ce qui, quoiqu’étranger à la nature des _ canards, les fera pondre beaucoup plu- tôt au Printems que les canards fauva- ges, qui ont fenti, la difette pendant. Phyver. Dans le traitement de ces ol-. feaux, aufli bien que dans celui des au-. tres volailles, remarquez qu’ils tirent leur origine de race fauvage, & qu’ils en confervent toujours quelques mar-. ques. La nourriture extraordinaire &. abondante que les canards privés trou- vent dans une Ferme, les conferve . beaucoup mieux , que celle qu’ils pour- roient trouver dehors en liberté. Elle leur donne plus de chaleur & plus de _ force, & elle les fait couver plutôt que. les canards fauvages. Il en eftde même . de tous les autres animaux, qu’une nourriture abondante excite à produire | plutôt qu’ils ne le feroient naturelle- _ ment. Les brebis, par exemple, don-. nent des petits dans tous les mois de . l’année , excepté dans deux. Jerapporte _ des Labcureurs & des Fermiers.- 4.3 ” plufieurs exemples. femblables. dans :ia fuite de cet Ouvrage. Les canards choififlent: des endroits cachés & retirés pour y faire leursnids, proche de l’eau lorfgwils le peuvent, finon des endroits écartés & à l'ombre, | Lorfqu’ils font prêts à pondre, ce qu’une bonne. ménagere connoitra aifé_. ment, ilfaut leur donner à la maifon , du bled trois ou quatre fois le jour, & . peu à la fois, mais fur-tout dans len- droit deftiné pour les nids. Il faut alors. les retenir à lamaifon jufgu’a dix heures du matin, ouenviron, car je neles ai. jamais vi pondre pafié cette heure, & . fuivant ce que j'ai remarqué jufqu à pré- fent, ils pondent ordinairement. pen- dant la nuit. Sion détermine une fois une canne à pondre dans un nid, elle ne Pabandonnera pas. Lorfque les cannes veulent pondre , quelques perfonnes jettent de.petits batons, ou de la paille près des endroits où .on veut qu’elles faffent leurs nids, plutôt que de leur en Di. 44 Le Calendrier préparer. Mais je crois qu'il eft mieux- de les préparer. On peut malgré la méchanceté d’une canne, lui ôter fes œufs, & ne lui en laiffer qu’un dans le nid, jufqu’à ce quelle paroiffe avoir envie de couver. On peut alors lui donner autant d’œufs qu’elle en peut convenablement couver plutôt des fiens que de ceux d'une autre canne : mais cependant pourvü qu'il y ait quelques-uns de fes œufs & pour ?à- mour d’eux , elle couvera & elleélevera le refte. On peut auffi faire couver des œufs de canne par des poules , elles les couveront bien ; mais il y amoins d’em- barras à laiffer ala canne le foin de ies . couver & de les élever , car auffi - tôt que les petits canards font éclos, la mere les conduit à l’eau, où ils trou- vent aifément leur nourriture. Accoû- - tumez-les à revenir tous les foirs à la maifon, de crainte des accidens, & aufli pour les apprivoifer. | On peut continuer à nourrir des ce: .« dès Laboureurs & des Fermiers. 4$ chons , pour avoir du porc frais & du lard, ou pour le faler ; mais paffé le mois de Mars, je ne confeille point de tuer aucun cochon pour le garder. Confervez-les jeunes cochons nés dans ce mois pour les tuerau mois de Septembre. On les nourrit a bon mar- ché avec des lavures de vaiffelle & de l’eau chaude, jufqu’a ce qu’on les veuille engraïfler, Ne laiffez que cinq-petits a chaque truie, afin quils deviennent plus forts. | On donnera vers la fin de ce mois aux lapins privés beaucoup plus-d’her- bes vertes, que dans le mois précédent. C’eft à préfent le meilleur tems pour femer les chanvres. Cette plante fe plait extrèmement dans les terres fortes... MARS. Ce mois eft ordinairement accompa= gné de vents fecs & brouiflans, qui ame- nent quelquefois une grande quantité ede petites mouchesnoires., quiattaquent 46. Le Calendrier - les féves & les pois. Mais fi le tems de=- vient un peu pluvieux, il fera très- utile à ce qui a été femé dans le mois : précédent, aufli bien qu’à ce qui-refte : encore à femer dans celui-ci. Je crois , qu’il faut brüler les pois, & les féves . qui fe trouvent infectés de cesmouches, , plutôt que de les laiffer ; on ne peut en. attendre aucun profit. Au lieu que fi on.. retournela terre à préfent ; on peut fe. flater d'en retirer encore quelque chofe | durant l’Eté. Il-:n’eft point encore trop : tard pour beaucoup de femences. Il y a . des Fermiers qui croyent que les pluies : qui peuvent ar:iver leur feront utiles , ! dans la fuppofition qu’un peu d'humi- - dité détruiroit ces infectes. Mais dans - toutes-les récoltes que j’en ai vi. infec tées, jal toujours remarqué -qu’un peu d'humidité ne fuffiroit pas pour les dé: - truire. Ces Fermiers ont alors fouhaité, | iorfqu’il n’en étoit plus tems, d’avoir’: retourné leurs terres , lorfque ia faifon. : leur étoit favorable, Quelquefois dans _ des Laboureurs & des Fermierss 47-- ce mois l’on voit tomber des pluies qui : aident plutôt les Fermiers à labourer & : à femer , que de les en empêcher; mal=. gré l’ancienne regle de femer dans le - tems fec, ce qui veut feulement dire , qu'il n’eft. pas convenable de femer le grain lorfque la terre eft. trop humectée & qu’elle eft-en bouë. Car alors les fe- mences feroient en danger de pourrir, Je fuis afluré ,par, Pexpérience , que la. terre donne beaucoup plus de nourri-. ture aux femences, dans un tems un peu | humide , que durant la fechereffe , & - les femences poufferont bien plus vite. Si tous les orges ne font pas femés 5 . où peut le faire encore à préfent., dans , Pefpérance de la pluie, pour le faire le- ver foit au commencement de ce mois, ou vers la fin. | On peut femer des avoines foit les . blanckies, foit les noires , avec la même . efpérance de la pluie. Semez les pois gris, ou ceux des . autres efpeces propres à être cultivés. 48 Le Calendrier dans leschamps. Us font fujets à rourrie par trop d'humidité, & à être attaqués du chancre. On peut auffñi femer les fé- ves de marais, & on peut finir par {e- mer des féves pour les chevaux , & de la vefce. Le commencement dé ce mois eft le temps le plus convenable pour femer la guefde , ou paftel ; que l’on nomme en Latin glaftum. Les Teinturiers font beaucoup d’ufage de cette plante. Sion la cultive avec foin, une acre * de terre rapportera trente ou quarante livres la premiere année, fur tout, ff pendant l'Eté, cette plante a eu le fecours de quelques pluies. J’en ai vi faire cing ré- coltes dans la même année : mais les deux premiéres récoltes font les meile leures. Cette plante dure pendant trois ou quatre ans , à moins qu’on ne la laifle monter en graine. Il faut toujours * L'acre d’ Angleterre vaut un peu pilus-d'un arpent.& demi de France. L’acre eft de 160 perches-quarrées, & l’arpent en aëroc,:: d > des Laboureurs & des Fermiers: ai da couper aufli-tét que la feuille eft dans fa grandeur. Cette plante réuffit dang toutes fortes de terre, pourvû qu’elle ne foit ni trop forte, ni trop humides Si la terre eft fraîche, la bien labourer & la bien ameublir , lui fera beaucoup mieux que de la fumer. La guefde fert à teindre en bleu; eile eft plus d’ufage chez les Teinturiers qu'aucune autre herbe ou drogue, Semez du lin fur des terres fraîches &c fortes. L'on peut en attendre une bonne récolte. Il n’eft pas néceflaire de fumer la terre, mais il faut qu’elle foie eres-fine &c bien ameublie. Comme cette plante n’eft pas con4 nue dans toutes les parties de l’Angle- terre, je crois qu’il eft néceflaire de s'étendre un peu fur fa defcription & fur fa culture. Cette plante dont lenom latin eft linum , pouffe une tige longue & déliée , accompagnée de feuilles minces & étroites. Ses fleurs qui font d’une belle couleur bleue a rempla; ÿo Le Calendrier cées par des goufles rondes ; auffi grof- fes que des pois. Ces gouffes renferment des graines jaunatres. Elle fe plaît dans des terres fraîches & bien brifées ; elle réuflit aufli fort bien dans des terres grafles , mais fortes , & elle réuffit en- core mieux lorfque ces terres font un peu humides. Dans de pareilles terres elle viendra trés-forte , mais le lin * n’en fera pas fi fin. Au lieu que dans une terre légere & graveleufe, elle ne fera pas fi forte, mais le lin en fera bien plus beau. II ne faut qu'un feul labour pour le lin, de forte qu'il y a peu d’embarras pour le femer. Quelques-uns different jufqu’au mois prochain, d’au- tres ne le fement qu’au mois de Mai: als croyent par-la qu’en le femant plus tard dans les mois de l'Eté, la plante ne fe trouvant pas fi nourrie, le lin en fera plus fin, ou parce qu’il fe trouve * En France on donne aufli ie nom de lin à ‘Ip filafie , que l’on fait avec l'écorce de cette ‘plane, des Laboureurs & des Fermiers, 5 des terres qui font trop humides pour les pouvoir labourer à préfent. J'ai vé dans la même Paroiffe , dans des pays de montagnes , que les terres du côté du Midi de ces montagnes, étoient pro= pres à être labourées , & à être femées dès le mois de Février , ou au plâtard ce mois-ci , tandis qu’on n’avoit pi la- bourer qu’à la fin d'Avril, les terres du côté du Nord , tant eft variée la diffé- rence des fituations. Je dois en paflant avertir icile Leéteur, que lorfque dans la fuite de cet Ouvrage, je confeille de femer quelques grains dans le mois de Fevrier , j'entends feulement les endroits où la terre fe trouve en état de fouflrir le labour. Si cela n’eft pas, il faut différer a femer jufqu’à ce que la terre foit en état d’être labourée. Il faut auffi faire enforte, sil eft poflible, de femcr lorfqu’on peut efpérer de la pluie. Les graines ont befoin d’humidité pour les faire lever. Aux environs de Gulick on feme beaucoup de lin , ap apRts 1] 52 Le Calendrier prodigieufement. Onen feme‘auffi beau: | coup en Mofcovie, où Tes foins & la vi= gilance du feu Czar Pierre premier, one porté les Manufactures de lin, à un point de perfed tion & de béauiké » qui ont excité emulation des autres parties de l'Europe, On connoit le temps de la maturité du lin, par fes tiges qui jau- niffent , & par {es goufles qui ont acquis toute leur croiffance. Il faut l’arracher avec fes racines , le lier en petites poi- gnées qu'on arrange debout le long d’un mur bien expofé au Soleil , & dans le même temps avec une efpece de peigne de fer, en abattre les goufles que Pon fera fécher au Soleil pendant quelques jours: ce qui achevera de mü- rir la graine . qui fera propre alors à prefler pour en exprimer Phuile. Lorf- que les tiges feront paflablement feches, on mettra tremper les bottes dans une eau où le Soleil puifle donner à plein 3 ; on mettra par deflus quelques pierres ; & on leifiera les bottes dans eau, jufe des Laboureurs &r des Fermiers. $3 qu’à ce que Pécorce extérieure come | mence à pourrir & à fe détacher : ceft une regle sûre pour connoître fi le lin a été fuffifamment dans l’eau, Il faut en- fuite délier les poignées , les étendre au Soleil pour les fécher entierement & lorfqu’elles feront bien feches, il faut les battre avec un maillet jufqu’à ce que l'écorce extérieure, & toute la moelle foit entierement détachée, & jufqu’a ce qu'il ne refte plus que les fibres de la plante. On les peigne en- fuite avec des peignes de fer, jufqu’a ce qu'ils deviennent très-fins & brillans comme de la foie, plus on les pei- gnera, plus ils deviendront fins. On appelle étoupes ce que l’on tire du lin en le peignant. On s'en fert pour les gros ouvrages. On file ces étoupes, & on en fabrique de groffes toiles. Le plus fin lin fert à faire de belles toiles. Lorfque le lin eft filé, on le donne aux Tifferands pour Vemployer a faire différentes toiles, Lorfque les toiles E ii] 4 Le Calendrier font faites, on les étend au Soleil, & on les arrofe avec de l’eau , jufqu’a ce qu’elles foient blanches. Elles font alors en état d’être vendues, & propres pour en faire des chemifes ou autres vête- mens, & pour être employées à tous les ouvrages néceffaires. On teint quel- quefois le fil de lin en différentes cou- leurs avant que de l’employer à faire de la toile : ou bien lorfque la toile eft faite, & lorfqu’elle eft blanchie, on y im- prime des defleins de différentes cou= leurs, ce qui fournit aux gens de la Campagne des habillemens légers pour PEté. Il y a auffi beaucoup de variété dans la maniere de fabriquer ces toiles. Tl y a la toile telle qu’elle vient de Hol- lande , il ya la batifte ou toile de Cam- brai , le linon, le linge ouvré, le da= mañlé, &c. qui fe font toutes avec du fin, mais qui different par la maniére dont elles font fabriquées. Il y a outre cela les dentelles dont on fait un fi grand ufage , & les rubans qui fervent a 1 . | | | des Laboureurs & des Fermiers: $¥ border, qui font tous faits de ce fil. Ainff fi lon confidere la multiplicité & la va- riété de toutes ces opérations, on ne peut trop encourager ces Manufactures dans les pays où le nombre des ouvriers, & l’abondance des provifions en facili- tent l’établiffement. Le blanchiflage des toiles ne peut pas s’exécuter pare tout indifféremment , il dépend princi= palement d’une certaine qualité dans Peau, & d’un peu de main d'œuvres comme je l'ai remarqué dans mesvoya- ges. La main d'œuvre, & la qualité de Peau doivent concourir enfemble : fans ces deux parties effentielles, on fait des efforts inutiles. J'ai vû faire Peffai d’une eau qui étoit convenable, mais la main d'œuvre n’ayant pas été employée comme il le falloit , tout l’ou- vrage fut inutile. Il en arrivera de mé- me fi la main d'œuvre eft bonne, & que Veau n’y foit pas propre. Je crois mé= me pouvoir hafarder de dire qu’il fera difficile de bien blanchir les toiles dan E iv 6 Le Calendrier le milieu des terres, & dans les payë de montagnes. Je fuis perfuadé que ce blanchiflage peut fort bien s’exécuter en Trlande où les Manufactures de toile font déja portées à une très grande per- fection , par la maniere prudente dont elles font gouvernées. Avant que de quitter le lin, il faut rapporter ici opinion commune où l’on eft qu’il appauvrit la terre fur laquelle ala été femé, & de plus qu’il fait périt le poiffon dans l’eau où il a trempé: Quant à Pappauvriffement de la terre, om feme le lin pour une premiere ré- colte fur des terres fortes & fraiches: 3l fert à ouvrir ces fortes de terres, il Jert a leur ôter leur qualité aigre, & a] fert enfin a les préparer pour d’autres récoltes. Ces fortes de terres feroient trop abondantes pour le froment, fi on Vy femoit pour premiere récolte après le labourage, c’eft-à-dire, qu'il ny poufferoit que de la paille au lieu d’épis, & on femoit ces terres de la façon ordi- des Laboureurs & des Fermiers. 57 haire. Dans toutes les terres fraîches qu’on peut conjecturer être trop fortes pour le blé, fion ne les tempere pas en y femant du lin, il faut y femer le blé aflez clair : il viendra fort bien ; il n’en faudra gueres plus que la moitié de la femence qu’on a coutume de mettre, il faut le femer detrès-bonne heure, & il faut le laiffer paitre par les moutons. Les Fermiers ne font point dans cet ufage , plufieurs le regarderont même, peut-être , comme peu raïonnable;. mais dans plufieurs cas femblables, l'ex- périence m'a appris que toutes les ter- res qui font trés-fortes, comme celles dont je parle, feront aidées par te moyen. J’ai vii quelques pieces de fro- ment, qui dans l'Hiver n’étoient pas eftimées plus de dix shelings acre, à caufe de la grande diftance , où les plan- tes de blé fe trouvoient être éloignées Pune de l’autre, qui cependant ont rap- porté une récolte aufli bonne qu'on pou- voit la defirer, Lorfqu’on feme les diffé- 58 Le Calendrier rens grains , il faut premierement con= fiderer la force de la terre, & feconde- ment l'étendue que chaque plante de ce grain occupera , lorfqu’elle aura acquis toute fa croiflance. Si les grains fe trou- vent fi ferrés en les femant les uns prés des autres, de forte que plufieurs de ces plantes enfemble n’ayent pas autant d’efpace qu'une feuleen pourroit occu- per ; ils front preflés, & plus que leur nature ne le demande. Quant à ce que l’on prétend que le lin détruit le poifion dans les endroits où on le fait tremper, je n’en fcairien, fi ce n’eft que plufieurs habiles Pêcheurs de ma connoiffance n'ont jamais pt prendre aucun poiffon, dans l’eau d’une riviere, dans l’étendue de cent verges: au-deffous de l'endroit où on en avoit mis tremper, ni dans l'étendue de cin- quante verges au-deflus. Mais je n’ai jamais vi aucun poiffon mort dans cette même riviere. Quoi qu'il en foit, on: peut aifément & à peu de frais effayer des Laboureurs & des Fermiers. 59 fi une infufion de lin dans de l’eau feroit périr le poiffon. Je ne fçai cependant fi cela ne vient point de ce que cette in- fufion chaffe le poiffon, ou plutôt fi ce n’eft point qu'elle le nourrit fiabon- damment , qu'il ne veut pas mordre a l’hamecon. Je ferai remarquer au Fermier que vers la fin dece mois, il pourra trouver fur fes terres une rareté , laquelle con- tinuera jufques vers la fin du mois pro- chain. C’eft une efpecede champignon, de la forme d’un rayon de miel. Il ref- femble à la morille , mais il eft beaucoup: plus rude. Sa couleur eft brune , il eft creux , & quelquefois aufli gros qu’un: gros navet, I] a quelquefois une tige; quelquefois il n’en a point. On le trou- ve ordinairement au pié des ormes fur un endroitélevé , & jamais, à ce que je ‘ crois, à plat fur la terre. Dansle Comté d'Effex onle vend aveclesmorilles,com- me fi c'en étoit réellement , mais qui fuf- fent défigurées, Dans les pays étran- So Le Calendrier gers, on appelle cette efpece de champi- gnon , centrelles. Quelques Curieux , en Angleterre , lui donnent le même nom, lequel vient, à ce que je crois, du mot françois cent oreilles ; car les creux qui le font reflembler à un rayon de miel, peuvent avec un peu de licence être comparés à des oreilles : de même que fe fungus [ambucinus eft appellé oreille de Juif. Cette efpece de champignon eft très-bonne , foit qu'on la-faffe bouil- lic, ou foit qu’on l’accommode en fri- caflée. J’en ai mangé, ils font à peu près comme les morilles , & comme je Pai dit ci-deflus, on les vend avec & pour les morilles. Ils viennent tous les deux dans le même temps, & ils méri- tent quon y fafle attention. J’efpere que les Fermiers me pardonneront, de ur donner ce petitamufement pendant que j’étois occupé à parler d’affaires férieufes, Je vais préfentement conti- nuer. | | Ce mois eff un des principaux de brute ae de SS ee © des Laboureurs & des Fermiers, 6¥ Vannée pour brafler de la bierre. Un Fermier prudent en braflera fuffifam- ment pour tout l'Eté, car la bierre braffée en ce mois pourra fe garder. Parmi les orges & les avoines femés pendant ce mois, mêlez de la gaude, & herfez par deffus avecun fagot d’épines. On ne la recueille que année fuivante. C’eft une très-petite graine, qu’il faut femer fort clair, Elle fera beaucoup de profit. On la vend aux Teinturiers qui “en confomment beaucoup pour les tein= ures jaunes. J ai yü une acre de terre fur laquelle on en avoit recueilli quinze li: vres. La gaude aime une bonne terre 3 Aeche. Elle viendra fort bien fans fumier , fi on ne veut avoir qu'une feule récolte, Mais remarquez que pour-lors on ne res tirera rien de fa terre la premiere année. Deftinez à cet ufage les terres peu pro- pres à rapporter du blé. On peut aufi Ja mêler avec la graine de Canarie qui donnera une fort bonne récolte le preg “pier Eté, & qui fans aucun Fermiery 62 Le Calendrier réuffit très-bien dans les terres feches: Semez d’aflez bonne heure dans ce mois le fainfoin fur des terres feches & graveleufes: c’eft une excellente amé- lioration pour la terre, il fait un fourage très-bon pour le bétail, foit qu’on en fafle du foin, ou foit qu’on le laiffe manger en vert dans les champs. J’en ai ! - vii qu’on avoit coupé trois fois dans une ! année. La luzerne qui eft une efpece de tref- | fle, tire fon nom * de l’endroit d'ou on Pa apportée d’abord en Allemagne. Sa graine eft petite & jaune. Cette plante réuffira dans les terres les plus feches. Elle peut fe couper trois ou quatre fois dans un Eté. Il n’eft pas néceffaire de DENT 7, RS mettre du fumier, ni aucun autre en- grais fur les terres où on la feme, à moins qu’on n’en répande un peu fur le champ de luzerne au mois de Janvier 5 | la troifiéme année après qu’elle aura été | * Du canton de Luzerne en Suiffe , d’oùellg » à été apportée d’abord en Allemagne, des Laboureurs & des Fermiers. 63 Temée. On peut continuer à faire la même chofe, jufqu’à ce que la luzerne foit tout-à-fait ufée. Il en fera de même de toutes les autres herbes de France. J'ai vii la luzerne pouffer très-bien dans lesterres graffes , & dans les terres gra- veleufes & pleines de craie. En un mot cette plante réuflit dans toute forte de terre. La luzerne dont le nom latin eft me- dica, eft de différentes efpeces. On trouvera plufieurs de fes variétés décri- tes dans l'Herbier de Parkinfon ; dans le Commentaire de John/on fur Gerard ; & dans les Ouvrages des autres Bota- niftes. Les gouffes qui contiennent les graines des différentes efpeces font vaz riées d'une maniere fort bifarre. Une des efpeces porte un fruit épineux qui reflemble à un hériffon, une autre à fon fruit comme un petit baril; celui d'une autre efpece reflemble à un limagon, &c. fly a, comme je Pai remarqué ci deflus, plufieurs différentes efpeces de 64 Le Calendrier luzerne; mais toutes ne font pas pro pres à être femées dans les champs, y ayant des efpeces qui ne font qu’annuel- ies. L’efpece dont lon fait ufage parti- culierement , eft une des plus durable ; elle fournit une plante très - forte , & propre à tirer autant d'avantage de l’air que de la terre: c’eft ce qui la fait très- bien réuffir dans toute forte de terre. Fai vû par expérience Pannée derniere 1726, qu’elle venoit bien fur des bor- ‘dures feches: dans des endroits bas & paffablement humides : dans des terres grafles & fortes: dans les bruyeres- dans les terrains fablonneux : dans les endroits pierreux & pleins de roches : # dans les glaifes: dans les terres de craie: “& dans les terres froides : & en géné- | ral dans toutes les différentes terres que j'ai pa rencontrer. J’ai cofitume de por- ter dans ma poche les femences étran- geres , de les femer fur chaque différente : forte de terre fur lefquelles je paffe , & wen faire le calcul une fois par an. J ai fait des Laboureurs & des Fermiers. 65 fait cette expérience pendant plufieurs années, & j'ai trouvé que toute forte de terre convient à la luzerne. Je ne prétends pas qu’elle vienne également forte par-tout, mais cependant dans les endroits où elle pouflera le moins bien, on doit la préférer à toute autre efpece d’herbe, ou de trefle que l’on y faifoit venir auparavant , tant elle eft propre à améliorer la terre. Je trouve qu’elle rétablit fur-tout les terres chau- des & briilantes , & qui font trop ex- pofées au Soleil, carla tige de cette plante eft remplie defucs, ce qui la met en état de fe foutenir par le feul fecours des rofées & de Pair, de méme que tou- tes les autres plantes qui ont la même portion de fucs. Cas fucs cependant ne font point affez abondans dans cette plante pour la faire périr, ou pour la faire fouffrir dans les terres humides. C'eft la raifon phyfique, pourquoi la luzerne peut venir dans toute. forte de ‘terre. J'ai remarqué que la premiere 66 Le Calendrier année qu’elle aura été femée, elle pouf= {era de la hauteur d’environ huit pouces: en deux mois. Si on la coupe alors à deux pouces près de terre, elle aura pouflé plus de quatorze ou quinze pou- ces de haut en deux mois , & deux au- tres mois après , elle aura environ deux pics de haut. Quoique j’aye fait cette: expérience, cependant je ne confeille point de couper la luzerne fi-tôt, parce que fes racines s’en trouveroient affoi- blies, & qu’elle ne dureroit pas fi long- temps. Cependant fila luzerne eft femée: fur une bonne terre, on pourra la fecon- de année la couper trois fois, &c laifler encore {ur la terre une pature abondante: pour l’Hiver. J’en ai coupé quatre. fois entre le Printems & V Hiver. Mais alors: e’eft un hafard, fi la faifon permet de faire du foin de la derniere coupe, parce qu’il faut beaucoup de temps à cette herbe pour fecher. Si l'on feme une acre de terre en luzerne , il faut un quart moins de graine que de celle du grand des Laboureurs & des Fermiers, 67 trefle. On la feme de la même façon. Je n’ai point eflayé de la femer parmi le froment , comme on fait le trefile dans ce mois-ci en beaucoup d’endroits, pour faire du fourage pendant Hiver. Je ne crois pas quil convienne de femer la luzerne fur des fillons , parce qu’on ne pourroit pas la faucher, & que le foin qu’on en retire eft plus avantageux que le fourage. Comme cette plante four- nit des prairies pendant plufieurs années , : ce feroit dommage de la labourer après un an defervice. Accoûtumez le bétail petit à petit à cette nourriture , qui, fans cette précaution, lui feroit dange- reufe , & qui le feroit enfler même juf- qu’au point de le faire crever, fi on ne Py accoûtumoit pas par degrés. Le foin qu’on en retire fait, pendant PHiver , un excellent fourrage pour les befti. ux; de même que les champs de luzerne leur fourniflent une pâture excellente durant l’Hiver. Ce foin eft naturelle ment chaud & très-nourriffant ; il n’eft’ | F ij 63 Le Calendrier point capable de rendre les moutons malades, quoiqu'il foit plein de fucs. Tiny a point de plante qui donne plus de lait aux vaches que celle-ci, ou qui engraifle les bœufs auffi promptement. La luzerne n’eft pas moins utile pour engraifler les moutons, comme on la éprouvé dans la Province de Cambrid- ge, dans le Comté @Effex, & dans. quelques autres Comtés. Quelques-uns Vappellent treffle long, treffle d’Hol- lande, ou herbe de Flandre. Lorfque l’on commence à donner du foin de luzerne aux beftiaux , il faut le méler avec deux tiers de paille d'orge. Quand on les aura nourris pendant quinze jours de cette façon, on peut. leur donner moitié luzerne & moitié paille, ou de foin ordinaire : mais la paille vaut mieux parce qu’elle fert à modérer la trop grande chaleur de la luzerne, qui leur donneroit une trop grande abondance de fang , sils la ‘mangeojent fçule, des Laboureurs & des Fermiers. 6$ Les chevaux qui paiffent cette herbe au Printemps, feront purgés beaucoup mieux, que par aucune autre forte d'herbe : mais il faut des ménagemens, il faut ne leur en permettre Pufage qu'a- vec modération , & avec difcrétion, Cette nourriture leur donne une bonne chair , & les rend gais. Eloignez hors des champs de luzerne , au commence- ment de ce mois, les beftiaux qui y ons pature pendant l'Hiver. Il faut alors laifier la luzerne poufler pour la pouvoir faucher. Le temps de la pature fur les luzers nes, eft depuis la fin de Septembre ; jufqu’a la fin de Février, une femaine » plutôt ou plus tard. Menez-y les trou- peaux aufli-tôt que la derniere récolte de foin fera voiturée à la maifon.. A près que la luzerne aura été coupée pour la feconde fois, on peut chaque année la laiffer monter en graine. Cette . graine meurit le même Eté. Lorfqu’elle Licxa mire, coupez-en toutes les têtes; 70 Le Calendrier & faites-les fécher fur des feuilles de papier , ou fur des nattes. Battez - les enfuite avec un fleau , ou, fi vous avez un moulin fembiable à ceux dont on fe fert pour la graine de trefle, fervez- vous-en , il nettoyera bien mieux les. | goufles. Auffi-tét que les têtes des grai- nes feront féparéesdela plante, fauchez la luzerne, faites-en du foin. Ayez le foin de le retourner fouvent , afin qu'il foit parfaitement fec, avant que de le porter au grenier. Ce foin ne feroit pas bien en meule. Après que cette récolte fera fauchée , Fherbe repouffera auffi- tôt , elle fournira du fourrage aux bef- tiaux pendant l’Hiver..Si le foin a été bien feché, il fe confervera pendant deux ans. L’on a calculé que le produit d’une acre de terre femée en luzerne,. ferviraa nourrir trois chevaux pendant. | ; une année. On m'a dit qu’on pouvoit femer la: graine de luzerne avec de l’orge, com- me on fait le trefle, ayant feulement | des L'aboureurs & des Fermiers, TE attention de n’en mettre que les deux tiers de ce que l’on met d’orge ; de mé- me que lorfqu’on feme l'orge avec du treffle. On trouvera dans mes autres Ouvrages plufieurs autres particularités relatives a cette herbe. Si la fecherefle des mois de Fevrier & de Janvier a permis de labourer les terres fort humides, & fort marécaseu fes, on peut à préfent femer fur ces terres l'herbe nommée dansle Pinax de Merett, gramen fpica lavendule; chien- dent portant un épi qui reflemblea celui de la lavande. Cette plante réuffit très- bien dans les marais de Tumbridge. La _ graine n’en meurit qu’au mois de Sep- tembre. Cette herbe vient très - haute. en touffes d’une grande étendue. Elle jette une fi grande quantité de racines: dans ces terres marécageufes, que fi on: en rencontre dans les marais les plus: dangereux, elle y pourra foutenir le poids d’un homme, fuivant ce que m’a _affuré le curieux M, Charles Du Bois; m2 Le Calendrier qui a été le feul qui ait remarqué les bonnes qualités de cette plante. C’eft pourquoi il la recommande dans les en- droits marécageux. On remarque que la graine ne meurit qu'au mois de Septem- bre , où cette plante peut mieux fe dé- couvrir. Mais fi Pon oublie de la re- cueillir en ce temps-là, en remarquant cette plante, on peut en arracher une touffe ou deux pendant ce mois, pour en élever des tiges , & en recueillir la graine, Semez à préfent des chardons à fou: lon, leurs têtes dures & dans leur ma- turité, fervent à préparer les draps. Une acre de terre grañle & froide rapportera environ cent quatre-vingts paquets. Chaque paquet compofé de vingt-cinq têtes fe vend un sheling dans les en- droits où il y a des Manufactures’ de laine. C’eft une des meilleuresaméliora- tions que l’on puifle donner aux terres froides & ferrées 5 mais il faut avoir égard au voifinage du marché lorfqu’on VUE des Laboureurs & des Fermiers. 4 ¥ veut en recueillir. Sans cette proximité les frais du tranfport emporteroient tout Je profit. I] faut environ neuf quartes * de graines pour femer une acre, ou bier fi on la mêle avec la graine deCoriandre, comme quelques-uns le font, il ne fau- dra qu'environ la moitié. Ces deux ré- coltes fe feront dans la même année. Semez de la graine de Carvy : mais’ comme elle ne fera en état d’être re= cueillie que la feconde année, femez avec elle une quantité égale de Corian- dre. Je veux dire une quantité de Co- riandre pour produire un pareil nombre déplantes, parce que la graine de Co- riandre eft beaucoup plus grofle que celle de Carvy. Ces plantes réufliffent très-bien dans des terres grafles & bien Jabourées, & fans y mettre aucun fu- mier. Le Carvy donnera de bonnes ré- coltes pendant trois ans de fuite , fi on a eu bien foin de le farcler. Ces diffé- * La quarte Angloife EUX environ la pintg de Paris. G qe Le Calendrier rentes plantes font des récoltes impot¢ tantes. Semez dans les terres graffes & hu= mides du trefile blanc, on peut aufli le femer avec le chien-dent qui reflemble au feigle. La fpergule * qui eft une efpece dé morgeline , eft une plante fort connue en Flandre & en Allemagne ; mais elle eft à préfent peu connue en An< gleterre. Quelqu'étrangere qu’elle foit à la pluûpart des Laboureurs Anglois ; elle mérite cependant leurs foins. On peut femer cette plante fur les Jacheres, elle fera fort. utile pour la nourriture des beftiaux & des volailles. Son nom latin eft fpergula , bien connu en Flan: dre & en Allemagne , d'où chacun peut en avoir. Cette plante s’éleve à la hauteur d’un pié ouenviron, elle jette beaucoup de branches, & elle reflem- * Alfine fpergula diëta major, C. B. pin; 251. Thalius la nomme Anthilloides. Fab. Columna, alfine tenui folio altera, & auf Trico= ghillos, Lobel foging fpergulæs < des à LE RON & des Fermiers, 75 ble à un petit arbriffeau. La fleur eft blanche, la plante paroit n’avoir point de feuilles. Aux fleurs fuccedent de pe- tites goufles qui reflemblent à celles du _ lin. Ces gouffes renferment une petite graine prefque femblable a celle de la navette. C’eft a cette nourriture que Pon attribue en Allemagne la bonté du hit, ainfi que celle du beure, & ceft elle qui entretient le bétail en bonne fanté. On doit la préférer à tout autre fourage, même au grain. La paille feule eft beaucoup plus nourriflante que le _ meilleur foin. La balle même qui enve- loppe la graine, eft préférable pour les — beftiaux à celle du blé. Le grain fert à engraifler pendant l’Hiver les pigeons & les volailles, qu il excitera à pondre & à couver de bien meilleure heure. Cette plante réuffit fur les fables les plus fteriles, fur les terres les plus revéches , fur les friches , fur les ter= res les plus ferrées, & fur les craies de toutes les efpeces, On peut femer cette. G ij t 76 Le Calendrier graine pendant tout le Printems. On peut auf la mêler avec Vavoine pour en recueillir la graine, après la récolte on en feme encore pour faire du fourage pour les beftiaux. En un mot, il n’y a pas un Fermier qui ne dût avoir une plante fi avantageufe pour les brebis; pour les chevres, pour les cochons, & pour toutes les fortes de volailles, Les abeilles en font aufli fort friandes.’ Semez de la graine de fenevé dans des terres grafles & fortes; fi elles font un peu humides, elles nen vaudrong que mieux. Pendant ce mois, l’on peut mener les vaches & les moutons fur les terres enfemencées en Colfa, * ou en navette, fi l'herbe & le fourage font rares. Ne fouffrez plus qu'ils y aillent après la fin de ce mois, *Le Colfa ef la graine d’une efpece de chou, de laquelle on tire une huile, dont on fe fert dans les Manufactures de Jaine. Cette huile fert aufli a brüler , de meme que celle de payettcs * des Laboureurs & des Fermiers. 77 Il n’eft pas convenable à préfent de tuer des cochons pour faler, ni pout du lard.-La chair prendroit difficile- ment le fel, & le lard feroit fujet à de- venir rance. Les colombiers font bien garnis à ptéfent de pigeonnaux , & quoique quelques Fermiers foient dans lidée de les éloigner de leurs terres nouvelle- ment femées , je fuis perfuadé que les pigeons ne mangent que le grain qui Na point été couvert de terre, & qui par conféquent ne rapporteroit point. Les pigeons ne creufent pas comme les corbeaux, mais ils bequetent en mar- chant çà & là. Dans ce cas, il eft plus avantageux au Fermier de laiffer aller les pigeons dans les champs. Mais les corbeaux y font très-nuifibles. Si pendant ce mois le temps n’a point été trop froid, ni trop venteux, & sil y a beaucoup de fleurs dans les champs , les abeilles commenceront à travailler. Mettez près de leurs ruches G ii; "8 Le Calendrier de la térébenthine qui leur fera beau3 coup de bien. Mettez auffi quelques vales pleins d’eau , qu’il faut avoir foin de renouveller fouvent, fi on n’eft point dans le voifinage de quelque étang , ou de quelque piece d’eau. Les abeilles aiment beaucoup d’eau. Eloi- gnez des ruches les mauvaifes odeurs. Renfermez à la maifonce jour-là & jufqu’au lendemain les vaches qui ont vêlé durant ce mois , & faites un peu chaufer l’eau qu’on leur donnera à boi- re. On peut dans le plus chaud du jour les mener aux champs, mais renfer« mez-les toutes les nuits pendant huit ou dix jours. Tous les jours avant que de les envoyer aux champs, donnez- leur de Peau, comme ci- deflus. Il vaut mieux pour la laiterie que les vas ches vélent dans ce mois-ci, ou dans celui d'Avrik Les veaux nés durant ces deux mois feront bien plus forts, car les vaches commencent à donner beaucoup de lait, les veaux en feront. des Laboureurs & des Fermiers, 79 fnieux nourris, & ils auront le temps de fe fortifier avant ?Hiver. Il faut laiffer aller les veaux avec les vaches, ‘fi l'on veut les élever pour en faire des bêtes fortes & vigoureufes, Il ne faut ‘pas non plus fevrer les veaux de trop ‘bonne heure. Les cochons nés durant ce mois font ‘très - bons pour élever. Donnez une nourriture abondante-durant les cinq ou ‘fix premiers mois, afin qu'ils fe forti- fient. Si on épargne la nourriture dans ‘le temps de leur croïffance , ils ne pro= fiteront jamais par la fuite. Commencez à mettre des levrauts ‘dans les garennes de lievres. Vers le milieu de ce mois, préparez es poulets d'Inde à faire leurs nids ‘pour couveri On peut efpérer de la chaleur vers le‘temps de la naiffance de ces dindoneaux , qui font très-délicats & difficiles à élever. Auffi-tét que les dindoneaux feront Éclos , donnez à chacun un grain de G iv SO Le Calendrier . poivre avec du lait, pour les empéchef de périr par les crampes, pour les €chauffer , & pour leur donner de lap- petit. La nourriture dont on fe fert ordinairement avec fuccès, fe fait avec des œufs que lon fait durcir, & qu’on hache très- menu avec du melilot, ou du treffle , ou plus ordinairement avec de l’abfinthe , que l’on mêle bien avec les œufs. Cette nourriture convient beaucoup mieux que du lait caillé & de Pabfinthe, ce qu’on donne le plus ordi- hairement, & ce dont je me fuis fou- vent fervi quand j'ai élevé des dindo- neaux. Mais l’autre méthode eft préfé- rable, elle les échauffe, elle les en= graifle , & elle les fait profiter beau- coup. Quand fes dindoneaux auront huit jours, on les mettra dehors avec la mere, fous une cage pendant le plus chaud de la journée. Il ne faut pas que la moindre pluie tombe fur eux. Ils donneront a la vérité un peu d’embar- ras pendant le premier mois; mais biens des T aboureurs & des Fermiers. 8X tôt après ils chercheront à vivre avec la mere. On a plufieurs exemples que les œufs de poule d'Inde , qu’on a mis couver fous un coq d’Inde, font fort bien venus. Lorfqu’on le fait, on peut en mettre près de trente ; fi ce coq eff d’une grofle efpece, il en couvera pref- que autant. Il eft un peu mal adroit pour les conver, & pour les élever. Quoigu’il les couve bien, il en écrafera toujours quelques - uns de temps em temps. : Si l’on chatre , ou fi l’on chaponné les dindons, je crois qu’ils deviendront beaucoup plus forts & plus gros, qu'ils ne lauroient été; leur chair en fera plus tendre & plus fine. Ona éprouvé que la chair des faifans, des lapins, & des coqs ordinaires, en étoit bien meilleure , de même que les bœufs & les moutons ; tous ces animaux font perfectionnés par cette opération. Dans quelques endroits à l’Oueft de PAngleterre, il y a une efpece doifeag 82 Le Calendrier qui tient du poulet d'Inde, & dé Poutarde de Virginie ; c’eft la plus grande efpece que j’aye jamais vie. J’en ai mangé d’un, & j'ai trouvé que la fi- nefle de fa chair , furpaffoit de beaucoup celle des poulets d’Inde ordinaires. Quoique l’outarde foit un oifeau fau- vage que l’on ne trouve que fur les ‘bruyeres, ou dans de grandes plaines, on peut cependant apprivoifer ce noble. oifeau, à fe tenir autour d’une Ferme , avec plus de facilité que les poulets d'Inde ordinaires. On rencontre trés- rent taie RS Re fouvent des œufs d’outarde, on peut ! Jes donner à couver à une poule d’Inde » pour que les petits ayent la liberté de courir auffi-tét qu’ils feront éclos ; on peut auffi leur donner la même nourri- ture qu'aux jeunes faifans, y ajoutant des œufs durcis & coupés en petits mor- ceaux. Il leur faudra couper les ailes auffi-tôt qu’ils feront un peu forts, de crainte qu'ils ne s’envolent. On trouvera à Particle de cette efpece, mentionné: des Laboureurs & des Fermiers. 83 dans cet Ouvrage qui a rapport aux faifans , la maniere de couper les ailes de ceux-ci, & celles des autres oifeaux. On m'a dit que cette groffe race dont jai parlé, qui tient du poulet d’Inde & deJ’outarde de Virginie , avoit la li- berté de voler, & quelle s’élevoit fort bien dans les Parcs. On châtrera les outardes, comme les poulets d'Inde, afin de les rendre plus groffes. La faifon Ta plus favorable pour faire cette opé- ration eft un peu après la moiffon, afin que les mouches ne faffent pas enfler Ja bleflure. L’on n’ignore point, à ce que je crois, que le duvet d’un mile eft bon pour arrêter ie fang, & pour guérir toutes les bleflures des volailles, Je lai fouvent éprouvé avec fuccès, Les outardes fe trouvent communé= ment dans les plaines de Mortfolk, de Cambridge & de Salifbury ; fur les dunes, & dans les pays plats & décou- vérts. On trouve leurs œufs au mois d'Avril, 84 Le Calendrier Il ÿ a une autre efpece de poulets d'Inde qu’on éleve fans peine, & dont la couleur eft bleuâtre. M. Charles Dubois Tréforier de la Compagnie des Indes Orientales, eft le premier, à ce que je crois , qui l'ait fait connoitreen « Angleterre, il eft le feul de ma connoif- fance quien ait eu. Les petits de cette efpece ne caufent aucun embarras, ils vont avec la mere chercher leur nour- riture, fans exiger aucun foin ni-aucun fecours. Dans les pays où le chaufage eft rare (a), on peut femer pendant ce mois, fur les plus mauvaifes terres, du genet (b) épineux de France, on l’em- ployera pour cuire les briques, & pour quantité d’ufages domeftiques ; il fait un feu clair & vif auffi-tôt qu'il eft coupé ; & il fertilife les terres par fes (a) Le bois eft très-rare en Angleterre; on n’y brile que du charbon de terre, des gourbes, &c, & toutes fortes de matieres pro- pres à fuppléer au défaut du boise {b) Jone marin, . ae T — es Laboureurs & des Fermiers. 85 cendres , lorfqu’on le fait brûler deflus, On peut à préfent tirer de la terre glaife, & la préparer pour en faire des briques le mois prochain, Pendant ce mois, la plipart des pou les domeftiques gloufleront, & mar- queront avoir envie de couyer. Choi- fiffez alors desœufs d'une bonne race, mais fur-tout ceux des poules qui ont un peu plus d'un an. Préferez les vieil- les poules pour mettre couver, elles le feront plus affidument, elles donneront de meilleures couvées, & elles les éle- véront avec plus de foin que les jeunes poules. Mettez auffi des œufs de canne fous des poules, afin d’avoir une fuc- ceffion de jeunes canards, Si l’on l’a fair le mois précédent, on aura à préfent de jeunes canards d’un bon débit. Je ne doute pas qu’on ne puifle avancer de même les œufs d’oie; mais avec ces précautions que la poule foit de la groffe efpece, & qu’on ne lui donne plus d'œufs qu’elle n’en peut couver. Oy > 86 Le Calendrier bien pour faire éclorre ces œufs, com- me je lai fait il y a plufieurs années, on peut fe fervir d’un moyen femblable ala méthode des Egyptiens, qui font éclorre des œufs par la chaleur des fours. * Le moyen dont je me fuis fervi, eft une couche chaude de fumier de cheval, ou de tang Premez un pot de terre fait de même que les pots qui fer- vent à mettre les fleurs ; mais il re faut pas qu’il foit auffi profond; rempliflez ce pot a moitié avec de la laine, ou du coton, & mettez fur ce lic de laine au- tant d'œufs qu’il en faudra pour former un feul rang , que les œufs foient à un pouce de diftance des bords du pot. Rempliffez enfuite le pot avec de la Jaine ou du coton, al épaiffeur de qua- tre pouces au-deffus des œufs. Enfoncez ce pot jufques aux bords dans lacouche, # Voyez fur cela POuvrage de M. de Reau- mur, intitulé Part de faire éclorre & élever es oifeaux, &c. 1749. On y verra le détail de la façon dont ila réuffi a faire éciorre les goulets par la chaleur du fumier. des Labouréurs & des Fermiers, $9 & couvrez la couche avec des chañflis vitrés , tels que ceux dont on fe fert ordinairement pour les couches de con= combes & de melons, Les œufs éclor- ront dans le temps convenable. Mais fi la faifon eft trés-froide, on aura foin de réchauffer la couche de temps en temps. Sice font des oïfeaux aquatiques qu'on fait éclorre de cette façon, il faut Jeur donner des vafes pleins d’eau chaus de, ils y iront d’eux-mêmes, Si on peut exciter les oifeaux à pondre de bonne heure, on pourra toujours faire éclorre les œufs de cette façon. On peut à préfent tranfporter d’un lieu à un autre, dans des boîtes bien fermées & remplies de fon, les œufsdes efpeces différentes d’oifeaux rares, pour les donner à couver à des poules, ow pour les faire éclorre de la façon rap- portée ci-deflus : ou bien par la chaleur du fable, comme feu Darby ce curieux jardinier a Hoxton le pratiquoit. Mais. toutes ces méthodes artificiclles ne $8 Le Calendrier valent pas la peine qu’elles donnent, 4 moins que lon nait envie dacquérir une race rare & curieufe:ou de faire éclorre de jeunes oifons à une guinée la piece pour des friands , à qui jai vû donner ce prix pour des oifons de huit jours. On peut encore dans les terres moi- tes & humides planter des rejettons ; ou des boutures de faule, Wofier , d'aulne, &c. Plantez dans une terre légere & bien Jabourée des rejettonsde garance, qui ne fera en fa perfe@ion de maturité que la troifieme année. Les Teinturiers font ufage de fa racine ; elle leur fournit un très-beau rouge. Quoique cette plante foit long-temps à acquérir fa perfe@ion, elle donne cependant de très - bonnes récoltes. Le Fermier peut la premiere année occuper le terrain par cesrécoltes baffles, & promptes a être coupées ou arrachées avant la fin de l'Eté, comme pignons, carottes, Ke, Taillez \ des Laboureurs & des Fermiers. 89 Taillez les houblons, & renouvellez la terre fur les racines avant que de les tailler. | Nourriflez les jeunes faifans domef= tiques avec une pâte compofée de farine d'orge , d'œufs, & d'eau mélés en- femble , avec les écailles des œufs bien battues. Cette nourriture les fera pondre de bonne heure. Confervez les œufs dans du fon : ayez foin aufli des agneaux. Eloignez le bétail des prairies, & | ne fouffrez plus qu'il y aille. Regardez aufli fi toutes les haies font bien répa- rées. Si ce mois eft venteux , ne changez point les poiffons d’un étang à un autre, à moins que la proximité ne le permit, Le vent les feroit mourir, C’eft auffi le temps propre pour creufer & pour fouil- ler des étangs. | Examinez les jeunes lapins dans les garennes artificielles. Châtrez les mâles, afin qu’ils deviennent plus gros. 90 Le: Calendrier AU RTI I, _ Ce mois eft ordinairement affez doux & temperé. La pluie y eft affez fréquen- te. Les arbres & les herbes préfentent chaque jour un nouvel agrément.. Les. jardins font en pleines fleurs, & ils nous promettent la récompenfe & le dédom- magement de toutes nos peines. Les. parefiéux, sil peut s’en rencontref parmi les Fermiers, courent alors beaus coup de rifques. La plüpart des champs doivent être pendant ce mois préparés pour des récoltes, fi la faifon a été fa- vorable. Chaque efpece commune de blé femée trop tard, feroit maigre 6 foible ; ou même ne viendroit point du: tout , à moins que le mois de Mai ne fit pluvieux. Comme il eft déja arrivé que les mois d'A vril & de Mai-ont été fecs 5 pourquoi ne le pas craindre encore. La précaution contre toute forte detemps au moins dans cette faifon, confervera. le grain, quand il fera une fois mis en - des Laboureurs € des Fermiers, Of terre ; mais il y a un temps particulier & plus propre à faire lever les femences. Je confeille pour cette raifon de femer leblé & les autres grains de bonneheure, fi on le peut, afin de pouvoir mieux profiter des hafards pour les élever. Pendant ce mois binez les carottes & les panais, avec une houe dont le fer foit de quatre à cinq pouces, & faites de même aux oignons , avec une houe dont le fer n’ait que deux pouces, * Sarclez avec foin les champs de guef- de ou paftel, Ayez attention que les plantes foient féparées. Si-elles étoient confufes , elles fe nuiroient les unes aux autres, Abbattez les: chênes qui ont été mis en referve, fi l'écorce eft facile à fe dé- tacher, & garda écorce a) Pulage des Ta anneurs. On peut encore pendant les quinze premiers jours de ce mois, fur-des ter- res qui ont été très-humides , femer le treille & les autres herbes de France, Hy 92% : + LeCdendrier Peridant ce mois femez la fpergulé ou morgeline. Cette plante vient aifé- ment, fur-tout fi. la terre eft un peu humide.. Semez fur des terres fablonneufes-le blé noir ou farrafin, qui eft délicat , & qu’il ne faut pas hafarder plutot. Ce: blé fournit un fourrage excellent pour les befliaux, & le grain eft très - bon pourengraifler les volailles, Les perdrix Paiment pañlionément ; & lerfque ce grain eft mir, elles s’aflemblent volon- tiers dans ces endroits plutôt que dans. les autres. On pourra former à préfent une race mêlée d’oifeaux , entre un cog faifan & les poules communes , fi Pon. met le faifan avec fix ou fept poules dans un endroit feparé, où1ls.ne puiflent point fe mêler avec d’autres. Les oifeaux qui en proviendront, auront la.chair très- délicate. Continuez à forcer lanourriture des faifans privés , & mettez couver fous des Laboureurs & des Fermiers. 9% des poules les œufs, aufli-tôt qu'il y en aura un nombre fuffifant. Il y aura à préfent beaucoup de la- pereaux dans les garennes artificielles 5 examinez chaque jour les lapins. Il y a des lapines qui donneront dix petits d’une feule calée, il ne leur en faudra pas laiffer plus de cinq. Jettez le refte, parce qu'un plus grand nombre affoi- bliroit la mere, & les lapereaux ne groffiroient jamais. Ayez foin de faire châtrer les mâles , ils viendront auff gros que des lievres. Les herbes qu'on donne à préfent en vert, font principa- lement le laiteron & les feuilles de chou, mais ce qui vaut beaucoup mieux ce font les feuilles de carottes. Donnez- leur auffi de la nourriture feche comme le foin , Pavoine & le fon. Refervez à préfent les lapins mâles que vous yous lez élever. igi. Nourriflez les jeunes oifons , jufqu’à ce qu'ils. foient engraiffés, avec des feuilles de laitues ; ilne fera pas mal ‘64 Le Calendrier de femer, ou de planter des laïtues pour cet ufage, dans quelques terres femées ou plantées pour des récoltes: durables. Par exemple au mois de Fe~ vrier , parmi la régliffe , ou dans ae que coin inutile. Pendant ce mois , la morille eff trés- fréquente dans les pays où ily a des | bois, & fur des élevations feches, aux ‘pics des arbres. On en trouve beaucoup dans la partie feptentrionale d’Effex, &c, Les morilles font une rareté fi fingu- Ticre près de Walden, que je ne puis! m'empêcher d’avertir les Fermiers de leur bonté, afin qu'ils en connoiffent tout le prix. C’eft un excellent manger,. foit qu’on tes’ fañle bouillir , ou qu’on: les accommode à Vétuvée. La ÈS eft une efpece de champignon qui a une longue tête fendue! ‘femblable en quel-l que forte à un raion de miel. Dans less endroits où ones rencontre, la terre“ contient des parties blanches, & qui: parciffent liées de filamens extrèmement” > des Taboureurs & des Fermiers. 9§ fins. C’eft ic levain des morilles, & ce qui fert à les produire. Les amateurs doivent à préfent amafler cette terre pour faire des couches propres à pro- duire des morilles. El faut conferver cette terre tres-fechement, car la moin- dre humidité pourriroit ce levain. On peut avoir les morilles à un prix raifon- nable dans les marchés. J'en ai trouvé en plufieurs & différens pays , mais elles n’y font pas cependant affez connues, pour être communes dans les marchés. Pendant ce mois , les paonneñes commencent à pondre. Les paonneaux . font un excellent manger ; & auffi dif- tingués par la délicatefle de la chair; que par la beauté du plumage. On au= roit peine à trouver dans le monde un - elfeau qui ait d’auffi belles plumes , ou qui foit d’une figure aufli parfaite. L’u+ fage d’engraifler les paons pour les manger, eft fort ancien. Varron rap- porte que M. Aufidius Lurco fut le premier à les engraifler, & qu'il en - 96 Le Calendrier retira la valeur de quatre cents livrés fterling (a) dans une année ; que plu- fieurs fuivirent fon exemple, de forte qu’enfin le prix haufla extraordinaire- ment, que les œufs même fe vendoient un demi écu (b) ln picee ; & les paons eux- -mêmes vingt- -fept ou vingt-huit ‘shelings (c) la piece. La chair de ces oi- feaux a une qualité extraordinaire pour réfifter à la corruption, de forte qu'ils fe confervent frais long-temps après qu’ils auront été tués, même dans le temps le plus chaud. La chair fe digere très-facilement , de même que celle des faifans. Les œufs font d’un goût ex- cellent, & préférables à ceux des fai- fans ou des pintades. On prétend que le premier paon qui fut tué à Rome, fut fervi comme un mets nouveau , au feftin que M. Hor- (a) Environ 9000 liv. monnoie de France 2 da livre fterling valant 23 liv. environ. (4 ) Environ 2 liv. 10 fols de France. (c ) Environ 30 liv. de France : le sheling ÿaut environ 23 fols de France, renfius * des Laboureurs & des Fermiers. 97 tenfius donna aux Prêtres. Il n’y a ni embarras ni dépenfe pour élever ces oi- feaux , car ils vont chercher la nourri- ture dans les champs & dans les Bois, Si l’on en croit les anciens Naturaliftes, principalement Ariftote , la vie des paons eft de vingt-cinq années, Mais une perfonne de ma connoiflance poffede actuellement un paon, qu’elle a acheté il y a environ trente ans. Outre l’efpece ordinaire, il y en a encore une autre dont les plumes font blanches. On en trouve de ceux-ci en quelques endroits en Angleterre , mais plus communé- ment en Hollande. Ces paons ne font pas fi beaux à la vérité, mais la chair eft préférable à ceux de la plus belle ef- pece. Comme j'ai élevé des faifans, j'en ai eu de l’efpece blanche , & de lefpece ordinaire. J’ai mêlé ces races en accou- plant un coq de la belle efpece avec une poule blanche. Les faifandeaux tenoient-de tous les deux ; ils étoient en partie colorés, & en Fu tachetés 58 Le Calendrier de blanc. Le mâle des paons eft trés- beau , je fuis perfuadé que fi on accou- ploit un paon coloré avec une paoneffe blanche. il en proviendroit une va- riété agréable, Les paoneffes couvent pendant trente jours file temps eft froid, & feulement vingt-huit s’il eft chaud. On met quel- quefois les œufs d’une paoneffe fous une poule commune. Il ne faut pas lui en donner plus de cinq avec quatre de fes propres œufs, c’eft tout ce qu’elle pour- ra couver. Lorfque la poule aura couvé durant une femaine, il faut lui ôter fes œufs, & les remplacer par quatre autres œufs frais , afin que ceux-ci, & les œufs de paon puiffent éclorre en même temps, car les œufs de poule éclofent _ au bout de trois femaines, & il faut trente jours a ceux de paon. Ainfi en changeant les œufs de poule, la naiffan- ce vient de même date, & eft commune aux uns & aux autres. Ce qui fait qu'on \ donne à une poule de fes œufs avec les PRs des Laboureurs & des Fermiers. 09 ‘œufs de paonefle, eft afin que la poule s'attache à fon nid, & afin qu'elle ne abandonne point ; ce qu’elle pourroit faire fi on avoit négligé cette précau- tion. Lorfque j'ai parlé du nombre des œufs , j’ai entendu que la poule fût de la grofle efpece , finon elle n’en pour- æoit pas couver autant. Retournez les œufs de temps en temps pendant que la poule couvera, & pour le faire comme il faut, on les marquera d’un côté avant que de les donner à la poule. Quand les paonneaux feront éclos ; tenez-les à la maifon durant un jour ou deux. Mettez-les enfuite fous une cage telle que je Pai décrite ci- deflus pour les faifandeaux , * mais qui foit un peu plus large. Garantiflez - les foigneufe= ment de la pluie, jufqu’a ce qu'ils ayent trois femaines. Pendant tout ce temps, nourriflez-les avec de la farine d’orge un peu humeétée avec de Peau, ou * Voyez au mois de Mai, dy LOO "Le Calendrier avec quelqu’autre efpece de farine: Donnez-leur de temps en temps des poireaux coupés en morceaux avec du lait caillé, après que le petit lait en fera cout-à-fait exprimé. Donnez-leur auf des croutes de pain bouillies dans du lait, que vous preflerez un peu pour en exprimer le lait. Il ne leur faut donner cette derniere nourriture que lorfqu’elle eft refroidie. Au bout d’un mois ou environ on peut hafarder, fi la terre eft feche & bien expofée au foleil, de Jaiffer les paonneaux courir dans les champs avec la poule, qui fera attachée par une patte, afin quelle ne puifle pas d’abord s’écarter au loin, & afin d’empécher les paonneaux de courir, & de séloigner trop pour entendre Pappel. Par-là on pourra le foir les ra- mener plus aifément à la maifon, juf- qu’à ce que par degrés la poule ait plus de liberté, & jufqu'a ce qu’elle revienne d'elle-même avec fa couvée à la mais fon. nn des Laboureurs & des Fermiers. fOZ Vers le temps de la moiffon , on pourra donner aux paoneaux de l'orge ou d’autre grain, & les mettre jucher dans la maifon. Ne foufirez pas qu'ils reftent fur la terre , crainte du roid: Préparez des perches expres, & on pourra alors les mettre avec les autres paons. Les paoneaux que les paonefles cou- vent & élevent elles-mêmes, vont aux champs avec la mere, aufli-tôt qu'ils font nés; & étant en liberté, ils y trouvent facilement la nourriture : mais fi les paoneffes pondent , & fi elles co vent dans un endroit aie ti il ne’ faut pas nourrir enfembie plufieurs’ paonefles avec leur couvée , parce que celles qui ont un moindre nombre de petits, ou dont les paoneaux font plus foibles, ne fort plus de cas des leurs, Jorfqu’elles voyent d'autres paonefles en avoir un plus grand nombre, ou de plus forts que ceux de leur propre nourriture, J'aifouvent remarqué parmi 1 iij 102 Le Calendrier les poules communes des querelles qui paroifloient s'élever à ce fujet. Une poule qui a peu de poulets, par exem- ple , ne fouffrira point le voifinage d’une autre poule qui en a plus qu’elle. Je ne faurois aflurer fi c’eft une regle géne- rale. Je le fuppofe feulement par plu- fieurs exemples que jen ai viis. La paonefle en liberté cherche les endroits les plus écartés pour y faire fon nid, «fin que le mâle ne puifle pas déranger fes œufs, qui feroient en rifque d’être détruits par la viva cité & par l’ardeur du mâle, qui ef€ fi grande, qu’il couvrira la femelle , quoiquelle foit fur fon nid. Mettez les paonefles dont on prend foin , dans des endroits que les paons ne puiflent point découvrir. Ne les laiffez point rencontrer les paons, jufqu’a ce que les paoneaux ayent la crête fur la tête. Avant ce temps-là le paon leur donneroit la chafle, & fouvent les tueroit, Mais lorfque leur crete des Laboureurs & des Fermiers, 10% eft formée, il n’y a plus de dangers Un paon peut fuffire pour fept pao- nefles. Il ne faut pas lui en donner moins de cinq, autrement on court le rifque que les œufs ne foient point fe- condés , ou que fa grande incontinence he fafle périr une femelle ou deux. Si on veut avoir des paonefles qui couvent de bonne heure, il faut donner une fois en quatre ou cinq jours, des feves grillées ou trés-chaudes , concaf= fées en morceaux ; ou bien donnez-leur une pâte compofée de farine de feve & de lait, ou de farine d'orge & de lai; avec un œuf, On peut aufli leur donner de la graine de fpergule , ou morgeline. Toutes ces nourritures les échauffent ; & elles les excitent à la propagation. Pluficurs paons enfemble feront fu- jets a s’affoiblir, en fe battant dans le temps qu ils veulent cocher les paonef- fes. Ainfi il faut les féparer. Cependant ils vivront plus tranquillementenfemble, s ils font d’une même couvée. Liv 40% Le Calendrier Les paoneffes font fujettes a pondre j: & à laiffer tomber leurs œufs lorfqu’el- les font fur des perches, ainfi. il ne: faut pas élever ces perches à plus de quatre piés de terre , & répandre def- fous beaucoup de paille pour conferver les œufs. , Le temps où les paoneaux font le plus en danger , eft celui où leur crête commence à fortir, mais paflé ce temps on peut les compter échapés, comme les petits des autres oifeaux.. Tranfportez les poiflons d’un étang 5 à l'autre , fi on nc l’a point fait au mois de Fevrier. La façon deles tranfporter, eft de mettre les carpes , les tanches; les brochets , &c. fur de la paille de froment nette & feche. Le temps le plus convenable eff le foir après le cou- cher du Soleil, ou le matin avant fon lever. Pendant ce mois on peut faire des étangs, ou des canaux dans les en- droits pleins de foudrieres, ou fujets à des Laboureurs & des Fermiers, £05, être couverts d’eau. Ces terreins fe- roient inutiles pour les plants , ou pour les femences , à moins que ce ne fit des ofiers & des faules. Au lieu que des étangs remplis de bons poiflons, feront beaucoup de profit. En faifant ces étangs Où ces canaux, on peut fe fervir d'un moyen qui contribuera au- tant a faire profiter le poiffon, qu’à empêcher qu’on ne puifle le dérober: Creufez au milieu de l'étang ou du canal, un autre canal d'environ quatre ou cing pies de profondeur, qui tra verfe le canal d’un bout à l’autre dans fa longueur , de forte que fi. le refte du canal. a quatre ou cinq piés d’eau; il s'en trouvera environ dix piés dans Je milieu. C’eft là où les plus gros poiflons fe retireront d’eux-mémes pour fe mettre à l'abri ; de plus. dans les gelées ils auront toujours affez de place dans une eau auffi profonde. Dans les temps chauds il fera impoflible d’y. pécher pendant la nuit, fans que ceux 106 Le Calendrier qui entreroient dans l’eau ne rifquaffen® de fenoyer; & s'ils fe fervoient d’un tramail qui traversat toute la largeur , & qu’on le tirat fur les bords, le filet pañleroit par deflus le poiflon qui fe refugieroit dans ces endroits dont l’eau feroit plus profonde, Le Maitre pour- roit pendant le jour, eñvoyer avec um tramail proportionné au canal du mi- lieu, deux hommes dans l’eau, qui prendroient autant de poiflon qu'ils: voudroient , fans aucun rifque. Mais pour plus grande sûreté , ils auront des: gordes attachées de chaque côté du canal pour les guider. Sice mois eft très-chaud , les carpes: frayeront. Les femelles feront malades après avoir jetté leur frai. Ainfi elles feront très-mal faines, Ceft pourquoi ne faut en manger que cinq ou fix femaines après. Ne laiflez point, s’il eff poflible , dans les étangs à carpes des anguilles , parce qu’elles dévorent le érai, des Laboureurs & des Fermiers, 107 Détruifez les rats d'eau qui com- mencent à préfent à faire des petits ¢ ear dans peu il y en auroit beaucoup qui détruiroient les jeunes poiflons. La meilleure maniere eft de fe fervir de petards faits avec du papier & de la poudre a canon. Liez enfemble dix ou douze de ces petards, à trois ou qua- tre pouces de diftance , avec une méche très-vive , faites - les entrer dans les: trous avec une baguette de faule. En fuite avec une méche allumée & avec quelques chiens on commence l'attaque, en mettant le feu à la méche des pe= tards, Ce bruit fera partir les rats, & il les effrayera au point de les faire fortir de leurs trous; alors les chiens, ow bien la frayeur, les détruiront , & ils: iront dans un autre canton. On peut encore planter de la ga= rance , file temps eft humide. - Coupez à préfent la guefde ou pañtel; & la farclez. Binez & farclez toutes: les récoltes de durée, avant que les 708 Le Calendrier mauvaifes herbes foient montées er graines. C’eft s’épargner beaucoup de peine dans la fuite. Coupez les chardons dang les prai- ries, ce qui fera périr les racines, les empêchera de monter en graines , & de fe multiplier d'eux-mêmes dans tout le pays; parce que leurs femences étant aigretées , un peu de vent peut les ré- pandre à un mille ou deux. - Si le temips eft fec , arrofez les nou- veaux plants de réglifle , aufli bien que ceux de garance faits au mois de Mars. Lorfque les houblons auront pouflé environ fix pouces, mettez-y des per- ches. Si les buttes de houblon font fortes, donnez- leur des perches de quinze ou vingt piés de long. Il fuf- fira d’en mettre trois a chaque butte, Placez les perches de façon que le haut fe jette en dehors, autant qu’il ferä poffible , afin que les houblons ne s’en- tortillent point les uns avec les autres, lorfqu’ils commenceront à tracer 3 & *2 on se amiens ms té EE. SL des Laboureurs & -des Fermiers. 109 afin qu’ils reftent libres, & dégagés pour recevoir l’impreffion de Pair & du Soleil. Faites entrer Jes perches d’un pié de profondeur en terre pour les affurer. Arrachez toutes les mau- vaifes herbes fur les buttes de houblon ; & fic'eft leur premiere année, arrofez- les fi le temps eft fec. Mettez de la grofle feve de Wind- for * par rangs, entre les buttes de houblon planté au Printemps. Les herbes étant à préfent dans leut pleine vigueur , les vaches donnent beaucoup de lait. La laiterie fournit beaucoup de beure. On fait des froma- ges à la crème, & des fromages à la pie pour débiter aux marchés. L’herbe la plus fine, ainfi que je l'ai remarqué 3 donne le meilleur lait, mais en moin- dre quantité que les herbes plus fortes. Arrachez la plante qu'on nomme ail de Corneille, files champs en font infectés : employez quelques femmes à * Feye de marais, 15 Le Calendrier faire cet ouvrage. Le lait des vaches qui en mangeroient fentiroit un goût d’ail très-fort, ainfi que le beure & les fromages. Avez très-prand foin dans les endroits où les vaches païfent, d'arracher la plante appellée alliaire , fes feuilles ont une odeur d’oignon qui dorneroit un mauvais goût au lait des vaches qui en auroient mangé. Les payfans en quelques endroits s’en fer- vent au lieu d’oignon, & ils mangent les feuilles de cette plante, avec du pain & du beure. Vendez à préfent le bétail engraiflé pendant | Hiver, & achetez-en d’autres ! pour les nourrir pendant PEté. Menez- les dans les marais, sil y en a quel. ques - uns qui ne foient point deftinés à être fauchés. Sur quelque terre feche, chaude & egere, femez des haricots , de l’efpece qui ne trace point, telle que les hari- cots de Batterfea , ou de Turquie. On en cueillera une partie pour les man- des Laboureurs & des Fermiers, 11% wer en vert, & on en confervera une partie pour en avoir de la femence, ‘Lune & Pautre façon fera beaucoup de profit. On en feme tous les ans des champs entiers auprès de Batterfea de Wandfvorth. Au commencement de ce mois, ras maflez de la graine d’orme, & après l'avoir gardée pendant quelques jours jufqu’à ce qu’elle devienne jaunatre j femez-la fur des planches d’une terre très-fine, couvrez-la d’environ un demi pouce. Mettez par deflus les planches un filet pour la garantir des oifeaux qui en font très-friands. En- tretenez toujours la terre dans une humidité moderée , la graine pouflera promptement. Les Fermiers achetent à préfent de jeunes veaux , pour les nourrir de lait. Ils les engraiffent pour les vendre en: fuite, & ils en tirent un trés-grand profit, Continuez d’avoir foin des agneaux qui font à la maifon, | f12 Le Calendrier Nettoyez les foffés & les étangs: Faites de grands amas de tout ce qui peut être utile a engraiffer les terres. Pendant ce mois les abeilles feront dans le fort de leur travail. J’en ai vit gui avoient jetté vers la fin dece mois , mais cela dépend principalement de la chaleur de la faifon, ainfi que je Vai rapporté ci-deflus au mois de Fevrier. Si le temps eft chaud a préfent, & fi lon s’appercoit que les abeilles com- mencent à former des pelotons vers Youverture de la ruche, veillez dans le plus chaud du jour. Attachez quelques brins de fenouil & de baume fur les buiffons qui les avoifinent , parce que fi elles volent deflus , l’odeur de ces herbes les engagera à y refter. On eft dans l’ufage de fraper fur une chau- diere , ou fur quelqu’autre vaifleau de cuivre , aufli-tôt que les abeilles s’éle- vent, afin de les faire arrêter promp- tement. La meilleure façon eft de tirer un PNR TE CS SAT NT CESSE REP ERR NPS des Laboureurs & des Fermiers. 113 un piftolet chargé feulement de pou- dre entrelles & la ruche , à environ dix verges de diftance d'elles. Elles sabattront aufli- tôt fur le premier. Buiflon qu’elles rencontreront , quand: elles feroient élevées en lair a la hau- teur de quarante ou cinquante, ver= ges. Si le temps eft chaud & très-fec; heureux le Fermier qui peut arrofer fes prairies. Si les chenilles commencent à atta- quer les vergers, ou s’il y a des vents brouiffans, faites porter des monceaux de paille du côté du vent ; mettez y le feu, & couvrez-les aufli-tôt avec de Ja paille mouillée , afin de leur faire jetter plus de fumée. Dans quelques-unes des meilleures terres proche de Londres, j’ai vi vers la fin de ce mois faucher l'herbe , parce qu elle étoit trés- é>uilfe , parce qu’elle’ commençoit à jaunir, & parce quelle étoit en rifque de pourrir. Les terres 114 Le Calendrier dont je parle ont toujours produit abons damment , par l'attention qu’on a eue d’y répandre chaque Automne les cu- rures de baffle cour amaflées pendant Pannée. C’eft ordinairement dans le mois fuivant que fe font les foins à dou- ze mille ou environ autour de Londres; & dans les parties méridionales de PAn- gleterre. Plus avant dans les terres 5 la récolte des foins commence ordinai- rement au mois de Juin. Si Porge eft fort, fauchez-le , ou faites-le paitre. Il vaut mieux attendre jufqu’a la premiere femaine de Mai. Mais l’une ou l’autre maniere le fera taller , & donner du grain abondam- ment. Si, fuivant la coûtume, le Fermier veut laïfler quelques-unes de fes terres en jacheres, c’eft ordinairement dans ce mois, particulierement sil eft fec. Mais, felon moi , on nele fait que faute de jugement. Car le changement de récoltes , & les fréquens labours rem des Laboureurs & des Fermiers. ¥¥§ dront la terre plus fine & plus meuble. Raffemblez des levrauts pour mettre dans vos garennes à lievre. C’eft dans ce mois que fe fait la pariade des perdrix. On peut compter fur une couvée , fi elles ne font point troublées , dans les champs où on les aura entendues rappeller le foir, M A I. Ce mois eft ordinairement chaud & fec , mais il y a cependant des rofées très - abondantes & très-fertiles. On peut compter fur quelques orages mé~ les de pluie & de tonnerre, qui ne fe- ront point défagréables aux Fermiers. Ces orages rafraichiffent les récoltes qui font encore fur pié, & ces orages _ne fçauroient faire aucun tort aux foins, _s'il yen a de coupés. Veillez les houblonieres. Sarclez avec foin toutes les mauvaifes herbes, Liez doucement les poufles de houblon _ a leurs perches, On peut le faire avec K ij 116 Ee Calendrier du fil de laiton, ou avec du jonc fin 3- ou bien encore avec les poufles vertes du genét ; celles du genêt d'Efpagne” valent mieux, farce qu’elles font plus longues & plus fortes , & parce quon peut cultiver ce dernier aufli bien dans les champs que dans fes jardins, non- feulement à caufe de fes pouffes., mais. aufli par rapport à fes fleurs qui font excellentes pour les abeilles, & qui en- richiflent extrèmement le rucher. Soiez sûr que les abeilles jetteront dans ce: mois-ci. Veillez-les ainfi que je l'ai dit. le mois précedent.. Ayez attention aux champs-de guef= de ou paftel, arrachez {cigneufement toutes les mauvaifes herbes. Il fera temps de la couper , .lorfque les feuilles de cette plante auront acquis toute leur croiffance. | Menez à l'étalon les jumens qui font en chaleur ; c’eft dans cette faifon qu’el- les font dans toute leur force & leur vigueur. —— | hache LC ENS in ee Ne des Lalowreurs & des Fermiers. 117 Les chemins font bons à préfent , ainfi continuez ce ramafler des engrais pour les terres. Faites- en de grands amas. Nettoyez les étangs & les fofés. Il y a des pays où il veut mieux faire cet ouvrage à préfent que dans tout autre mois de Janrée. Les curures des étangs & des fcflés font d’un ufage extraordi- naire pour mettre fur les terres maigres, fi on veut leur faire porter:du blé. Fin°y a aucune terre quelque maigre qu’elle foit , cwdire des Fermiers qui fuivent l’ancienne méthode, qu’on ne puille , felon moi, rendre auffi ferrile, que les meilleures terres d'Angleterre ; & qu'on ne puifle par degrés , amener au point derapporter du blé, fionle veut, en choififlent une fucceflion convenable de récolte. Je connois-plufieurs pieces de.terre quine fout pas louées plus de fix fous l'acre , je les préf.rerois à quel ques autres qui font louées trois livres Yacre. Ceux qui ont fuivi mes confeils, vrs Le Calendrier ont déja trouvé leur avantage en cultiz vant des terres qu’on avoit toujours re= gardées comme inutiles. I] y en auroit beaucoup plus qui le feroient de même, s'ils ne fe laifloient point entraîner par Ja coûtume. Commencez à préfent à difpofer les terres pour le fafran , en les labourant profondément. Le mois fuivant., il fau © dra leur donner un labour encore plus: profond , avant que d’y planter le fa- fran, pourvû que la terre ait aflez de profondeur. Une terre grafle & légere ;; ou une terre moyenne, un peu tendre ,. convient le mieux au fafran. J’en ai vi téuflir trés-bien dans une terre de bruie= res, un peu fablonneufe & remplie de petites racines. Les terres qui font très- compactes ne conviennent point au fa= fran, à moins qu’on ne puifle les atten= drir par des cendres de charbon, par du fable fin, par du terreau frais & le- ger, ou par de tels autres engrais pro= pres à en ouvrir les parties. Le fumier : des Laboureurs & des Fermiers, 119 qui eft le feul engrais qu'on employe à préfent dans les pays renommés pour le fafran, eft très-nuifible aux racines bulbeufes , y faifant venir le chancre. La raifon qui détermine les Fermiers à employer ce feul engrais pour les terres en fafran, n’eft que la fimple coûtume de mettre fur une acre de terre une quantité de fumier, dont le prix fe monte ordinairement à la fomme de huit ou dix livres, & dans quelques endroits à beaucoup plus. J’ai l'expérience qu’u- ne terre fraîche , un peu légere, fi elle a environ cing ou fix pouces de pro= fondeur & un fond pañlable , réuffire beaucoup mieux , que toute autre terre forcée par les fumiers. Il en eft du fa- fran, comme de toutes les autres plantes bulbeufes, qui abhorrent le fumier, Le fafran fleurira auf bien dans une terre naturelle , qu’ille feroit dans une terre forcée par le fumier. Plus fes fleurs feront larges, plus l'oignon fera gros, La force du fafran dans une année ¥20 Le Calendrier dénote fa force pour une autre années La raifon peut - être qui a engagé 4 fumer les terres que lon plante en fa- fran, eft parce que les Hebitans de Saffron-Walden, qui ont les premiers planté du fafran en Angleterre, fe font toujours fervis de cette méthode depuis que le fafran a été apporté en Angle- terre. On m'a dit que c’étoit M. Charles Raleigh qui Pavoit apporté d'Efpagne 3 mais je fuis certain depuis peu que cette plante croit fans aucune culture à la Chine, d’où je fuppofe que les Efpa- gnos ou les Portugais Font d’abord reçue. Il n’eft point étonnant qu’elle réfifte à la rigueur de nos hivers, car il y a des parties de la Chine, qui ne Mont que de peu de ‘degrés plus méri- dionales que Saffron: Walden, Le Fer= mier devroit apprendre par cette re= marque qu'il neft pas néceflaire de fe fervir de fumier pour la culture du fa- fran, puifqui: croît de lui-même a la Chine. Ul fuppofera vraiflembliblemens qu'il NU TN RE TE let ME. > ee 7 ~~ des Laboureurs & des Fermiers, T2. qu’il ny a pas de néceflité de fumer les plantes fauvages, ni les mauvaifes her= bes , pour les faire poufler avec plus de vigueur gu’elles ne le feroient naturel- lement , fur-tout lorfqu’elles viennent dun climat aufli peu différent que celui dela Chine left de celui d'Angleterre, Si le Fermier confidere feulement que chaque efpece de plante eft naturelle à un lieu ou aun autre, alors il fera con- vaincu qu’elles pourront croître , pro= fiter & donner leurs fruits fans aucun fumier, fi on les tranfporte dans des climats qui foient analogues à ceux où elles ont pris naiflance. Les différentes efpeces de blé viennent d’elles-mêmes en Sicile. Il n’y en a point qui fe per- pétue de cette forte en Angleterre, & il faut le nourrir de fumier. Les Fers miers & les Jardiniers ne fauroient certainement imaginer que les fumiers confervent encore quelque chaleur | après que la fermentation eft ceflée, Les Jardiniers fur-toyt en font aflurés x22 Le Calendrier par leur expérience. Ils voyent qu'après un mois ou deux toutes leurs couches qui font compofées de fumier , perdent leur chaleur, & qu’elles font alors bien plus froides que la terre commune. Si les Fermiers fe fervent de ce fumier fur leurs terres , comme ils le font ordinai< sement , peuvent-ils en attendre quel: que chaleur , ou quelque fermentation pour forcer leurs plantes. Lorfque les fumiers font pourris jufqu’au point de devenir anffi fins que de la terre, ils peuvent être aufli utiles aux terres fer- rées. & compactes, que le fable, ou que tous les autres corps légers. Il n’y a pas de doute que tous les corps végétables , lorfqu'ils font parfaite- ment confumés & devenus comme de la pure terre, ne fe trouvent pour-lors ; tant qu'ils refteront à rien faire & fans y rien femer, remplis de nourritures çonyenables à quelqu’efpece de plante que ce foit. Le fumier ne doit donc point tre employé pour la nourriture _des Laboureurs & des Fermiers, 123 des plantes , qu'il ne foit venu au point d’être comme de la terre même ; alors il fera auffi bon que toute terre neuve que l’on pourra rencontrer. Ce mois eft le plus convenable pour diftiller les eaux cordiales , & pour fecher les herbes. Cueillez des fleurs de fureau pour les faire fecher. Ayez foin de les cueillir dans la chaleur du jour, & de les mettre fecher à l’ombre. On commencera vers la fin de ce mois à faucher les foins & les près les plus avancés. On connoit la maturité du foin , lorfque ’herbe monte en graine, ou lorfque les tiges qui portent la fe- mence ont acquis toute leur croiffance, Quelques herbes, a la vérité, mürif- {ent plutôt que les autres, & dans tous les champs.il s’en trouve de diffé- rentes efpeces : Ceft pourquoi il faut” s'arrêter à l’efpece d’herbe qui fera la plus abondante, & il faut remarquer fi elle eft à fon point de perfection, ayant que d'entreprendre d’y mettre L ij 124 Le Calendrier la faulx. Si l'herbe commence à jaunir rie bas, auffi bien dans la tige que dans les feuilles ; il n’y a pas de temps à perdre. Si on différoit un peu, on feroit en rifque de tout perdre. Obfer- vez auffi s’il y a apparence de feche- refle ou d'humidité , de-la dépend tout le fuccès, Si la faifon promet du beau temps , on peut alors faucher fes her- bes avec raifon. Mais fi la fecherefle a continué pendant plufieurs pa , fi la terre eft naturellement feche , le fonds en eft graveleux , il faut Aer rer à faucher les herbes, parce que les racines feroient fort affoiblies par la trop grande ardeur du Soleil, & paree qu'elles auroient bien de la peine à donner une feconde récolte la même année. La terre aufli feroit fujette à fe fendre. Dans ce cas, je confeillerois plutôt de faire paitre ces herbes, que de les faucher , queiqu elles fuffent a leur point de maturité. Pendant que les befliaux sy nourriront, on aura des Laboureurs & des Fermiers. 135 Vefpérance de quelque pluie, capable de fortifier la terre , & la mettre en état de donner de bons regains. Le temps que les beftiaux feront à paturer fur cette terre, laifiera Yair & le Soleil agir doucement fur les racines qui ne feront point en rifque d’être brülées. La graifle des beftiaux dédommagera am- plement le Fermier du prix modique qu'il auroit pi retirer de fon herbe. Mais je fuppofe que tout concourt à faucher fes foins. Dans ce cas, il faut pendant le jour répandre Pherbe aufft mince qu’il fera poflible , fi le temps eft beau, & la mettre fur le foir en petit tas que Pon répandra bien vite le lendemain matin, sil y a apparence de beau temps. Mais fi le temps eft a la pluie, laiflez Vherbe en tas jufquau beau temps. À mefure que l’herbe fechera dans le beau temps, on fera les tas plus gros, jufgu’a ce que le foin foit tout- a-fait fec & propre à voiturer au gre- nier , ou à le mettre en meules. Ayez L iij 26 Le Calendrier une attention particuliere à la feche= refle du foin, avant que de le‘tranfpor- ter. S'il y refte la moindre humidité, il fera en rifque de fermenter & de s ¢chauffer au point de prendre feu, & de confumer tout le magafin. Plufieurs. récoltes ont été perdues faute de cette précaution, ainfi le Fermier ne peut y apporter trop de foin & trop de vigilance. ‘Les hauts prés feront bien plutôtfa- nés que les bas prés. L’herbe des hauts prés eft en générai plus fine & plus courte. Elle a moins de fucs en com- paraifon de celle .des bas rés , ou des marais. Ainfi les différentes efpeces de trefle, le fainfoin, la luzerne & les autres herbes de France feront plus de temps a fecher, parce qu’elles abondent en fucs. Dans les pays les plus chauds du Royaume , en fauche à préfent tou- tes les herbes de France, mais on at- tend jufqu’au mois de Juin dans quel- ques endroits. | des Laboureurs & des Fermiers. 1 2" Les pois & les feves d’Efpagne * fe- més de bonne heure feront en état d’être cueillis, pour les manger en vert ala fin de ce mois. Ils fe vendront très-bien aux marchés. Sarclez la guefde ou paftel , la gaude ; la garance, la réglifle & toutes les au- tres récoltes qui -durent plus d’une année, Dans ce mois on peut efpérer de voir -éclorre les faifans. Mettez les faifan- deaux dans une boîte d'environ quatre piés de long, haute de treize à quatorze pouces, & d'autant de largeur, avec une féparation pour la poule faifanne a quatorze pouces de diffance d’un des bouts de la boite. Cette féparation ou cloifon fe fera avec de petites tringles de bois, qui feront placées verticale ment atrois ou quatre pouces de dif= ‘tance l'une de l’autre, afin que les petits: faifans puiffent y pañler pour chercher Ja nourriture. La. partie deftinée pour * Feves de marais, Liv #28 Le Calendrier la faifanne doit être bien couverte par le haut ; & la partie où les faifandeaux trouveront la nourriture , ne fera cou- verte que d'un filet pour empêcher les moineaux , & les autres oifeaux de ve- nir participer à leur nourriture. Tenez les faifandeaux dans cette boite pen- dant dix jours. Donnez leur pendant ce temps la nourriture fuivante. Ramaffez dans les Bois les œufs * de la groffe efpece de fourmi noire, ou ceux de la petite efpece de fourmi rouge : mais ceux de la grofle efpece valent mieux, pourvi que les fourmis foient tuées ; ear elles piqueroient les faifandeaux , ce qui leur feroit négliger la nourriture même , jufqu’à mourir de faim. La ma- niere de tuer les fourmis , eft de mettre la terre, les œufs & les fourmis enfem- ble dans un baril, de façon que le baril ne foit plein qu’à moitié , ou aux trois quarts. Allumez enfuite quelques mor- *C’eft improprement qu'on les appeile œufs de fourmi, ce font leurs chryfalides, des Laboureurs & des Fermiers, 329 ceaux de toile fouffrée , mettez - les dans le baril que lon couvre enfuite exactement, & qu’on remue de temps en temps, pendant que le fouffre conti- nue à jetter de la fumée. Quand ces premiers morceaux de toile fouffrée font brûlés, on en met encore de fem- blables dans le baril, afin de détruire toutes les fourmis vivantes, ou de les affoiblir fi fort qu'on puifle les tuer aifément , & les féparer d'avec les œufs. Lorfque les œufs de fourmi fe- ront ainfi préparés , & les fourmis tuées , il faudra les féparer de laterre ; & en jetter peu à la fois , mais à chaque demi - heure, dans la partie de la boîte deftinée à cet effet. Si on nourrit les faifandeaux avec les œufs des fourmis rouges , ce que l’on pourra faire durant les trois ou quatre premiers jours qui fuivront leur naiflance, il ne fera pas néceffaire de tuer ces fourmis, parce qu’elles ne peuvent leur faire aucun mal; mais ces œufs font très-petits, & T30 Le Calendrier il eft difficile d’en pouvoir ramaffer fuf- fifamment. Outre les œufs de fourmi, on leur donne encore les fix premiers jours qu'ils feront dans la boïte, une pate faite exprès pour eux, cette pâte eft compofée de farine d'orge & d'un œuf , l’écaille & le tout bien battus & bien mélés enfemble, fans y mettre de * l’eau ni aucune autre liqueur. Cette pate doit avoir aflez de confiftence pour en former, enlaroulant dans les doigts, des pelotes de la groffeur & de la figure’ des œufs de fourmi. Ne faites ces pe- lotes qu’à mefure qu’on leur en donne pour leur nourriture ; lorfque vous appercevrez qu'ils n’en veulent plus manger, jettez des œufs de fourmi pour leur rétablir Pappetit. Pendant les fix premiers jours qu'ils feront dans: q la boîte, donnez-leur un peu de lait dans un pot d’étaim, fans aucune eau du tout ; ayez foin fur-tout que le lait ne foit point aigre. Vers le feptieme jour , donnez-leur du lait & de l’eau des Laboureurs & des Fermiers, 13€ mélés enfemble par égale portions Compofez alors la pâte avec du lait & — de la farine d'orge, avec un peu de poudre de coquilles d'œufs bien fine ; mais rien du tout de l’œuf, Quand ils auront dix jours, Otez-les de cette boîte , & mettez la faifanne & les petits fur un gazon, fous une grande cage. Faites une enceinte autour de cette cage de cinq piés d’étendue, & haute d'un pié & demi ou environ, On peut faire cette enceinte avec des planches ou avec du fil d’archal, comme on le jugera à propos. Cette enceinte les em= véchera de s'éloigner de leur mere, avant qu'ils foient affez fortifiés pour fe démener parmi les herbes, & parmi les embarras qu'ils pourroient rencon- trer dans leur chemin. Accoûtumez:. les à préfent a ne boire que de Peau, & faites leur pâte avec de la farine d'orge , avec de Peau, & avec de la. poudre de coquilles d’œufs. Mais n’ou+ bliez pas fur - tout de leur donner des: 132 Le Calendrier œufs de fourmi après cette nourriture: Quand les faifandeaux auront refté dans cette enceinte environ une {e- maine , Ceft-a-dire , lorfgwils auront dix-fept jours, tranfportez-les fur une autre piece de gazon, & donnez-leur la hberté de voler, & de courir ot illeur plaira jufqu’à la Saint Michel. Ils n’a- bandonneront point la faifanne , à moins qu'ils ne foient, effarouchés par des chiens, &c. & aufli-tôr ils fe raflem- bleront au cri de la mere, ou par le moyen d’un fifflet , au bruit duquel on pourra les accotitumer pendant qu’on les élevera. On peut alors fe difpenfer de tuer ou d’affoiblir les fourmis , les faifandeaux commencent à être en état de s’en garantir. Mais 2ccoûtumez-ies par degrés à fe défendre contre ces-in- fectes piquans. Continuez de leur don- ner la nourriture comme ci- devant; jufqu’a ce qu’il y ait du nouveau blé, *alors on leur donnera quelques épis, & gnfuite un peu de pois. Je tiens cette des Laboureurs & des Fermiers. 13%. méthode de M. Breyer de Tumbridge dans Wilishire, curieux & intelligent dans tout le détail de la vie champêtre, On peut fe fervir de la même méthode pour élever des perdrix. Centinuez de nourrir le poiffon com- me je l'ai confeillé ci - devant, afin de Papprivoifer. . Continuez de garnir les garennes de levrauts. ; C’eft a préfent la faifon d’élever les faons. Ils naiflent durant ce mois. On peut aifément les élever en leur don- nant du lait frais trois ou quatre fois par jour, pendant une quinzaine, jufqu’à ce qu ils commencent à prendre d’autres nourritures. Ayez toüjours foin de tenir les agneaux à la maifon. On pourra fevrer à préfent les veaux. Dans plufieurs en- droits on empioye le lait de brebis pour faire des fromages , en le mêlant avec le lait de vaches. C’eft à préfent la meil- Jeure faifon pour faire les fromages de 34 Le Calendrier garde. Les beftiaux ont du lait en abon- dance. C’eftauffi le meilleur temps pour faler du beure , & pour le garder. C’eft la faifon de farcler les blés. Envoyez fur de fraiches patures le bétail à lait, & les animaux que l’on veut élever, Continuez de deffecher les terres, & de faire des étangs. Les chemins font bons pour voiturer. Lorfque les voitu- res ne feront point occupées ailleurs ; amenez a la maifon le bois pour le. chaufage , ainfi que le bois de char- pente. Voiturez les différens engrais, & entaflez-les dans les endroits conve- nables. C’eft dans ce mois qu’on pourra dé- +ruire les genêts en les coupant. Arra- chez auffi les buifions qui nuifent aux terres. On peut a préfent envoyer les veaux à l'herbe. | Le temps eft a préfent favorable pour détruire la fougere en la fauchant. des Laboureurs & des Fermiers. 135$ La nourriture des lapins dans les ga= rennes artificielles fera principalement d'herbes. Châtrez les jeunes lapins ma- les, & n’en réfervez pas plus de cinq de chaque câlée. Jufqu'à la moitié de ce mois, on peut toujours femer du blé noir ou farrafin pour en faire du fourrage; mais il vaut mieux le femer au mois d’ Avril. = Semez des pois pour en avoir de tar: difs. Ayez foin des dindoneaux, nour- riflez-les bien, & tenez-les fechement; Faites-les rentrer à la maifon toutes les nuits. JU EN, Pendant ce mois le temps eft pout Pordinaire très-chaud & très-fec, à moins que le vent ne fe tourne du côté de lOueft, pour-lors il pourra y avoit quelques bruines froides. J'en ai déja donné la raifon dans mes autres Our vrages. La pluie cependant ne fera pas de durée, Il y aura peut-être une | £36 Le Calendrier ondée, ou deux, mais cela eft incer= tain. C’eft un temps d’occupation pour les faneurs dans les pays qui font plus dans l’intérieur des terres; quoique dans les partiesles plus chaudes de l’An- gleterre, la récolte des foins foit déja finie ordinairement. Dans ces derniers endroits commencez toujours par les herbes de France, telles que le fainfoin , Ja luzerne , le treffle &c. & finiflez par Jes herbes communes. Car les herbes de France, ainfi que je l’ai remarqué dans le mois précédent, font plus long- temps à fecher que les herbes commu- nes du pays. _ Examinez les levées & les foflés dans les marais, & faites-y les répara- tions néceflaires ; nettoyez les foflés , révarez- les éclufes & les bondes des Beans tirez la vafe des étangs & des foflés, afin qu’elle puiffe fecher, & être entafiée avec les autres engrais. Si les voitures ne font pas occcupées dans des Laboureurs & des Fermiers. 137 dans les champs, continuez de charier le bois propre à brüler & le bois de charpente. Ramaflez aufli les engrais qui pourroient manquer pendant l’'Hi- ver. Labourez les jacheres pour détruire les mauvaifes herbes. Retournez les prairies qui. font ufées , elles feront en état d’être femées dans ’Hiver. Continuez à veiller les abeilles.-En quelques endroits on aura des eflains, Voyez ce que j'en ai dit au mois d’A- vril, pour les empêcher de s’envoler , ou de fe perdre. Examinez les champs femés en mou- tarde. Si les gouffes font remplies de graine, & fi la graine commence à chan- ger de couleur, arrachez les plantes, & mettez-les enfemble debout, jufqu’a ce que la graine foit tout a-fait mire.. Battez-les pour la recueillir aufi- tôt qu’ilfe pourra. Les pois hâtifs font à préfent en ma- turité dans les pays les plus chauds. 138 Le Calendrier Coupez -les, & lorfgwils feront biett: fecs, voiturez-les àla maifon. Coupez pour la feconde fois la guef- de ou paftel, fi les feuilles font dans: leur grandeur, & féparez-la de toutes. les mauvaifes herbes. Labourez les terres où l’on avoit mis des pois. Semez-y des navets, ils vien- dront de fort bonne heure. Semez de la graine de Colfa, ou de. celle de navette dans les terres humides & marécageufes qui font labourées de- puis peu. Ce mois-ci eft le plus convenable pour planter le faffran ; on donnera un fecond labour à la terre deftinée a cet ufage , & on la rendra aufli fine qu'il fera poflible. Je condamne l’ufage du fumier pour la culture de cette plante , parce que j'ai plüfieurs expériences que le fafran réuffit mieux fans fumier , fi la terre eft paflablement légere. Il eft: inutile d’effayer le fafran dans les terres fortes. Yoyez les raifons que j'en aiap- des Laboureurs & des Fermiers, 739 portées le mois précédent. Voici la ma- niere de le planter. Quand la terre eff bien labourée & bien unie, faites la premiere ligne pour le fafran avec une houë dont le fer foit de quatre pouces de large, de forte que le fillon formé en tirant cette houë tout du long de la piece de terre, puifle étre d’environ. cinq pouces de profondeur. Lorfque ce premier fillon fera formé, plantez y les oignons de fafran à quatre ou cinq pou- ces de diftance les uns des autres. Tirez enfuite un autre fillon comme le pre- mier , & qui foit tout proche de lui, de forte que le fond où les oignons doivent être placés, foit éloigné de la premiere rangée des oignons d’environ cing pou- ces. En formant le fecond fillon, les oignons du premier fe trouyeront cour verts par la terre qui en fortira. Plantez les oignons dans ce fecond fillon comme ‘dans le premier, & enfuite faites-en un troifieme pour les planter comme les autres. Continuez de former des fillons » Mi 240 Le Calendrier & de les planter, jufqu’à ce qu’on ait fait une planche. d'environ quatre piés de large. Laiffez. alors un fentier de quatorze pouces, ou comme quelques uns font de dix-huit pouces de large, Recommencez à faire de nouveaux fil- lons , & à les planter comme les pre- miers , jufqu'à ce qu’il y ait une feconde planche aufli large que la premiere : laiffez enfuite un fentier comme ci-de- vant : continuez de même jufqu’à ce que toute la piece foit plantée. Paffez un rateau légerement fur. chaque planche. Lorfque le tout fera fini, empêcheziles beftiaux d'aller fur cette terre, de peur gu’elle ne foit foulée, ou qu’elle ne foit endurcie par leur paflage.. Lorfque le fafran eft planté, il eft néceflaire d’entourer toute la piece avec des claies, pour en éloigner. les lie- vres , qui lui feroient beaucoup de tort, lorfque les feuilles owles fleurs commen- cent à fortir de terre, ce qu’il ne faut mullement {ouftrir, Si on coupoit {eus des Laboureurs & des Fermiers.. T4 fement les feuilles du fafran pendant qu’elles pouflent, ou avant qu’elles tombent d’elles-mêmes, cela affoibliroit tellement les oignons qu'ils ne fleuri- rojent point du tout. Durant un jour très-chaud, lavez les moutons qui doivent être tondus; ce que lon fera le lendemain fi le temps eft fec. Mais fi le temps devient froid & humide, différez un peu plus long- temps à tondre les brebis, de crainte qu’elles ne gagnent le tac par la trop: grande humidité & par la fraicheur. de la terre. Continuez à faire des fromages. Faï- tes aufli du beure que l’on falera pour le garder, ou pour le vendre. Prenez garde aux houblonieres. Ayez foin de farcler les buttes, delier- les farmens qui courent , & de ne pas: les endommager en les liant. Les far- mens de houblon font délicats, la moins dre meurtriflure leur nuiroit beaucoup. Quelques-uns les lient avec de la. laine w45 © Te Calendrier fine , & ne les laiffent jamais fe détacher de leurs perches, car le moindre vent leur feroit tort. H n’eft pas néceffaire en les farclant de rejetter de nouvelles terres des fentiers fur les buttes de hou- blon, s’il a atteint le fommet des per- ches comme il doit le faire ce mois-ci 3 c’eft une marque que les plantes font aflez vigoureufes. Il faudra plutôt les arrêter que les poufler. Une trop grande vigueur dans leur pouffe les empêche- roit de rapporter, aufli bien que toute autre plante qui porte des fruits. Le houblon eft le fruit de celle-ci. Si les farmens ne font pas afiez longs pour atteindre le fommet des perches pen- dant ce mois, pincez le bourgeon d’en- haut. Si le temps eft très-chaud &fec, & fi les farmens ne pouffent pas trop abon- damment , arrofez les houblons. Sur= tout arrofez-les quand la faifon eft feche, lorfqu’ils commencent à pouffer leurs fleurs il importe peu alors combien on. des Laboureurs & des Fermiers. 14% pouffe cette plante , parce que le hou- ‘blon en deviendra plus gros. Une per- fonne expérimentée dans la culture de cette plante, confeille de faire infufer du crottin de mouton, ou de la fiente de pigeons, dans l’eau qui fervira pour ‘arrofer. Avancez à quelque prix que ce foit ‘les houblonieres plantées cette année, Plus elles auront de force & de vigueur la premiere année, & plus abondante en fera la premiere récoite. Pendant ce mois, laïflez fortir Ia mere & les dindoneaux qui font à pré- ent à l'abri de tout danger. La nourriture la plus ordinaire des. lapins dans les garennes artificielles fera de Pherbe. Jettez dans les étangs à carpe un peu des herbes fines nouvellement fauchées, Continuez à donner de la nourriture. aux poiflons aux mêmes endroits, afin de les apprivoifer, & afin de les faire profiter. BE Fg Le Calendrier Faites toûjours des étangs & ded mares, comme je l'ai confeillé. dans le mois précédent, Pendant ce mois, les. pigeons de co- lombier donneront leur feconde volée. - C’eft à préfent que commence. la grande récoite des cerifes, ainfi il faut qu’il y ait toujours dans la cerifaie un: petit garçon , pour effrayer les oifeaux qui les détruiroient. La proximité ou l'éloignement d'une ville fait la diffé- rence du prix des cerifaies, fur - tout fi on a.la commodité d’une riviere pour le tranfport. Obfervez que lorfqu'il y a plufieurs cerifaies dans le même endroit, il y en a touzours. quelques-unes qui: miriffent plutôt que les autres. Je fuis perfuadé qu’on tireroit bien plus de profit des cerifes tardives, fi on les: confervoit fans les cueillir, jufqu’a.ce qu’elles vinflent rares aux marchés.-Les fruits tardifs fe vendent auffi-bien que les précoces. J'ai vi que les pois & les feves venus à le fin de l’année, fe’ font L | des Laboureurs €» des Fermiers, 14. $ font vendus plus chers que les premiers. Les Fermiers fement ordinairement tous enfemble , ainfi leurs récoltes viennent enfemble , par conféquent les marchés font remplis , & ils en fouffrent tous. Mais le Fermier affez intelligent pour femer hors des faifons, vendra feul fes denrées , & il en tirera un bon prix. Les pois & les feves que l’on femera ce mois-ci, excepté les dix premiers jours, doivent être plutôt des efpeces les plus tardives, & je préfererois le pois michaud à toute autre efpece , ou bien la feconde efpece de pois nains, quirapporteront beaucoup plutôt. Pour les feves, je choifirois celles d'Efpagne ou de Portugal. Un habile jardinier de ma connoiffance les a eflayées pour une derniere récolte , ilma afluré qu’elles lui en avoient donné une beaucoup plus abondante que la groffe feve. Il eft cer- tain que ces efpeces , femées de bonne heure , rapporteront plutôt leur fruic, 146 Le Calendrier que les plus groffes efpeces de pois & de feves femées au mois de Mars, ou au moisd’'Avril. Ces dernieres, dans une faifon très-avancée, pouffent en tiges & en feuilles ; c’eft pourquoi fi on les feme tard , elles rapportent fort peu, & même rien du tout, Si pendant ce mois, il furvient des coups de vent avec de la pluie, le blé eft fouvent verfé dans quelques endroits 5 ce qui double les frais de la moiffon, les moiflonneurs ayant plus de peine a le fcier que sil étoit refté droit. Mais cet accident qui arrive dans un canton n’eft pas géneral. Cependant le prix du blé haufle ordinairement dans cette fai- {on , fous le prétexte que les blés ont été verfés par les pluies. Une meilleure raifon qu’on pourroit en ‘apporter , eft que les Fermiers font preflés dans cette faifon par beaucoup de dépenfe, foit par des récoltes de foins qui employent un grand nombre d'ouvriers qu'il faut payer argent comptant, ou parce qu'ils des Laboureurs & des Fermiers, 147. font obligés de faire un fonds pour leur moiflon, quiemployera tous les ouvriers: qu'ils pourront trouver , .& qu'il faudra pareillement payer aufli-tôt qu’ils au- ront fini leur ouvrage. Ainfi je crois que dans le bail d’une Ferme, la Saint Jean ne devroit point être un terme de payement, parce que c’eft ordinaire- ment le temps où le Fermier a le plus de dépenfes à faire, & qu’il y en a tels à qui tout l'argent qu'ils ont pi amaffer fuffit à peine pour les frais de la ré çolte. Les faifandeaux nés au commence- ment du mois dernier feront préfente- ment affez fortifiés pour les laiffer cou-~- tir avec la mere. Voyez au mois de Mai la maniere de les élever. On peut avec un peu de foinles accoûtumer à venir à un certain appel comme les perdrix. . J'en ai élevé de fi familiers qu’ils m’au- rolent fuivi par-tout. C’eft à préfent dans les campagnes da faifon des perdreaux. Mais comme Ni} 148 Le Calendrier ils font fort petits, il ne faut pas leg troubler. Les faons du mois dernier pourront être fevrés à préfent, & accoûtumés à prendre quelque nourriture. On pourra les apprivoifer aifément. J’en ai une fois élevé un à l’attache, que j'avois rendu fi familier avec mon levrier, que pendant plufieurs mois dans le temps de la chaffe, ils avoient coûtume de courir enfemble avec les chiens. Je rap= porte ceci comme un exemple de la facilité quil y a à apprivoifer un animal fauvage pour le plaifir, & pour l’amu- fement des perfonnes qui font valoir leur bien. Je fuis perfuadé que plus le Fermier s’appliquera a cette occupation, & plus il y trouvera de plaifir, Il eft bien jufte, à ce que je crois, de mêler quelqu’agrément à fes rudes travaux. Les faons deftinés pour la table de- viendront très-pras, & ils dédomma- geront biende tous les frais, fi pendant trois femaines onles nourrit d'avoine des Laboureurs & des Fermiers, 149 Vers la Saint Michel, ou quelque temps apres. SUED LE T, Ce mois eft ordinairement trés-chaud, & quelquefois accompagné d’orages mélés de pluie & de grêle , qui abattent les fruits , & qui fouvent verfent le blé : mais ces orages ne font pas de durée. Il y a des endroits, mais en petit nombre , où la récolte des foins n’eft point encore finie. Dans quelques ter- res hâtives, au contraire , où les foins ont été coupés vers la fin d'Avril, il y aura une feconde récolte, fi le mois de Mai & le mois précédent ont été pluvieux, Voyez ci-devant au mois de Mai les obfervations néceflaires pour faire les foins. Il feroit beaucoup mieux, à ce que je crois, de ne couper qu’une fois dans l’année Pherbe d’une prairie, & de la laïffer enfuite pour la pâture des beftiaux ; car c’eft affoiblir l’herbe que de la couper fouvent. N iy - rso Le Calendrier C’eft à préfent la pleine récolte des: feves de marais, & des haricots bons: a manger. Mais la feve de marais ne fera bonne à cueillir, pour en conferver de la femence , que vers la fin du mois prochain , & les haricots vers la fin de Septembre. Vers la fin de ce mois , arrachez par un temps fec le chanvre & le linle plus hâtif, qu’on fechera très-bien avant de les apporter à la maifon. Lorfque la tête du lin commence à baifler, c’eft une marque de maturité , & qu'il eft en état: d’être cueilli. Les quinze premiers jours dece mois; femez des navets fur des terres légeres» fans y mettre de fumier. Mais ce temps paflé il fera trop tard. Ils ne pourroient: pas bien poufler, ni faire de grofles ra= cines avant l’Hiver. Le temps eft préfentement favorable pour femer du colfa , & de la navette fur les terres nouvellement deffechées. La graine de Carvy fera müre dans: des Laboureurs & des Fermiers. 1 SÉ ée mois. Coupez-la par un temps fec, : & farclez la terre exactement. Cette plante rapportera deux ou trois ans de fuite. Il faudra recueillir vers la fin de ce mois, & par un temps fec, la graine de coriandre qui fera mûre alors. Vers la fin de ce mois, les houblons commencent à être en fleurs. Arrofez- les alors fréquemment pour prevenir la niele. Nettoyez les fentiers , & jettez la terre fur les buttes de houblon. Sar- clez exactement les buttes , €¢ mettez en tas les mauvaifes herbes qu’on en re- tire. Quelques-utis font d’avis d’arra- cher les feuilles de farmens de houblon , à environ deux ou trois piés de terre, afin que l’air puiffe y circuler plus libre- ment. Le temps eft encore favorable pour planter le fafran. Voyez dans le mois: précedent comme il faut faire cet ou- vrage. Si le temps eft humide, rentrez les Niv r5s2 Le Calendrier faifandeaux pour paffer la nuit à la mai- fon, environ une heure avant le couchsr du Soleil , & fortez-les de bonne heure le matin. Semez ou plantez dugenét * épineux de France une partie de la faifanderie, fi elle eft bien entourée par des murs, ou par de hautes paliffades. C’eft un des meilleurs abris pour la retraite de ces oifeaux.. Examinez les poules communes 5 mettez couver toutes celles qui s’y dif- pofent. Les poulets éclos au mois d’A oft fe vendront bien vers Noel. Dans les pays les plus avancés, on commence a préfent la récolte des blés. Tl faut fouhaiter du beau temps, afin que le blé foit tout-a-fait fec avant que de le mettre dans la grange, finon. il pourroit s’échauffer , & prendre un mau- vais goût. Si la faifon eft très - humide & plu- _* Genifla Jpinofa major brevibus aculeiss C.B. p. 394. Jone marin, des Laboureurs € des Fermiers. 1 57 vieufe, comme elle le futen 1725. il eft à propos de couper les épis du blé, s’il eft mûr, deles porter dans la grange bien balayée, de les répandre fur l'aire le plus mince qu’il fera poffible , de les retourner fouvent , & de leur donner le plus d’air que l’on pourra. Lorfque Je Soleil paroïtra, répandez ces épis fur de groffes toiles à voile, & portez les dehors jufqu’a ce qu’ils foient tout- a-fait fecs. Dans la derniere mauvaife année quelqu’un qui fuivit mon confeil» fauva une grande partie de fon blé, qui fans cela auroit été perdu. Mais cette précaution eft inutile, 4 moins qu’on ne foit menacé de pluie continuelle. On coupera la paille après. Sarclez les champs de garance, de guefde & de régliffe.. Donnez aux navets femés le mois dernier , un premier binage avec une houe dont le fer ait quatre pouces de large. Faites en de méme aux carottes & aux panais femés au Printemps: t$4 Le Calendrier Si le temps eft fec, pincez les tiges des pois. Arrachez & liez en botte ceux dont la graine eft mûre. | Arrofez les pois femés pour larriere faifon. On le fera aifément au moyen d’une brouette, & d’un tonneau plein d’eau qui ait un tuyau , avec une pom- me au bout , comme les arrofoirs. Un homme pourra faire rouler cette brouette entre les planches de pois, fans les endommager. La récolte dé- dommagerà bien de la peine. Examinez la gaude. Sa ‘graine eft ordinairement mire vers la fin de ce mois , qui eft. le temps de la recueillir. Fl faut la cueillir ou Parracher , & la lier en petites bottes que l’on met debout pour lés fecher. IL faut le faire avec at- tention , de peur que la graine ne fe répande. Lorfque la plante fera tout-a- fait feche , voiturez-la à la maifon.- Battez-la tout auffi-tér pour en tirer la graine. L’herbe enfuite eft propre à fervir à la teinture 3 il faut la conferver des Laboureurs & des Feriniersy 1 (44 dans un endroit très-fec. La moindre humidité feroit capable de la gâter. Pendant ce mois, la plante de colfa: eft ordinairement aflez mire pour la couper. On connoitra fa maturité, en ouvrant une goufle ,; ou deux. Si les: graines font à leur grofleur, & fi elles commencent à prendre une couleur brune, on peut alors la recueillir, & laiffer quelques petites portions de-certe plante pour fecher. Ce qui arrive ordi~ nairement en quinze jours. Lorfquwelle fera aflez feche , recueillez-la foigneu- fement dans de grands draps, & portez~ Jaa la grange pour la battre tout auff-. tot. Cette graine efi trés-fujette à fe répandre , quand elle eft tout -a- fait mûre. Continuez de faire des étangs, & de deffecher les terres. Rétabliflez les levées endommagées dans les endroits. | marécageux. Lorfque les voitures ne font pas employées dans les champs, voiturez: x56 Le Calendrier le bois de charpente, & celui pour brûler. Continuez auffi d’amaffer des _fumiers, pourles répandre fur les terres deflinées à être femées durant l’Hiver. Coupez des tourbes, du genét * épineux de France pour brûler pendant PHiver. Donnez un nouveau labour aux jacheres, pour mirir la terre, & pour en détruire les mauvaifes herbes, Vers la fin de ce mois, envoyez les oies fur les chaumes. Prenez des per- dreaux pour les mettre dans une cage» où on pourra les apprivoifer. Vers la fin de ce mois, engraiffez quelques cochons pour les vendre aux Marchands, vers le temps de la S. Bar- thelem}. : Veillez ies abeïlles. Aidez-les à tuer les bourdons, les guefpes-, & les autres: infectes qui leur font nuifibles, Détruifez les nids de guefpes, en les: brilant, ou en les fumant avec quel- ques morceaux de toile foufirée , que’ * Jong marin, des Laboureurs & des Fermiers, 157 Yon mettra dans les trous , & qu’enfuite Yon bouchera. ~ Continuez de nourrir le poiffon dans les étangs, comme je lai dit ci-deffus. La nourriture la plus ordinaire des lapins, dans les garennes artificielles, fera toujours des herbes. On peut efpérer aufli une volée de pigeons dans les colombiers. Les jeunescanards fauvages commen- cent à préfent à s'envoler. Coupez les lentilles. Vers ce temps les vefces & les pois chiches feront mûrs , & propres à être coupés, Ne les rentrez ala maifon, que lorfqu’ ils feront parfaitement fecs. La chaleur de lafaifon fait fentir lue tilité de la recette pour conferver les volailles. Je lai rapportée ci-deflus au mois de Janvier, Continuez de veiller les cerifaies , pour empêcher les oifeaux d’en manger le fruit. Les cerifes qui font encore à pré- fent fur les arbres , fe vendent bien, 58 Le Calendrier Donnez de l'air aux greniers, s’il ÿ a une grande quantité de blé. Si les. charanfons attaquent le blé , répandez deflus de la parietaire. Cette herbe fera périr ces infectes. Continuez a faire des fromages & du beure pour l'Hiver, pendant que les beftiaux font encore a la pâture. Pendant ce mois, les oies commen- ceront à muer. C’eft alors le temps d’arracher les plumes. Cette méthode eft fuivie avantageufement dans Lincoln- shire, & dans d’autres endroits maré- cageux. Ce mois eft le plus convenable pour faire du vin de grofeille, &c. Ces wins deviendront très-forts & trés- moelleux, lorfqu’ils feront gardés, AOU ST. Le temps eft ordinairement trés- chaud, & trés-fec au commencement de ce mois: mais vers la fin, les mati- ! nées & les foirées deviennent froides ; : des Laboureurs & des Fermiers. 1 9 & les premieres pluies commencent à tomber. Ce mois eft un temps d’occupation pour les Fermiers, la récolte des grains eft prefque par-tout dans fa force. On connoit la maturité de l'orge ; 1°. par la païlle qui jaunit au point de ny pas voir la moindre partie de vert. 2°, Par la dureté de fon grain. 3°. Par les épis qui fe recourbent & qui pen- dent en bas. Fauchez-le sil a toutes ces qualités, & fi le temps eft beau. Le grain de Porge ne fe détache pas aifé- ment , c’eft pourquoi on Jaiffera trois ou quatre jours fur la terre les ondains qu’on retournera de temps en temps, afin que les mauvaifes herbes qui fe trouvent parmi, puiflent mieux fecher, Si on entaffoit avec Porge , ces herbes fans les fecher tout-a-fait, Porge feroir en rifque de briler dans le tas. Lorf- qu’on s’apperçoit que les ondains font très-fecs, il faut d’abord lentaffer dans le champ pendant deux ou tgois jours, #60 Le Calendrier avant que de le voiturer. Ce tranfport doit fe faire par un temps fec, parce que de tous les grains, c’eft celui qui fouffre le plus difficilement l'humidité , à caufe qu’il germe très-facilement. La maturité du froment fe connoît lorfque la paille eft jaune, lorfque le grain eft dur, & lorfque l’épi fe re- courbe en bas. Il faut alors le fcier & je lier en gerbes. S’il y -a beaucoup d’herbes parmi le blé, il faut faire les gerbes plus petites. Si on a lieu de craindre la pluie, joignez cing ou fix gerbes enfemble , & couvrez-les avec deux autres gerbes déliées que lon mettra par-deffus , jufqu’a ce que le tout foit parfaitement fec. Lorfqu’on fera une meule de grain, il faut la ga- rantir contre les rats & contre les autres vermines, en l’élevant au- deflus de la terre, & en défendant ce qui lui fert de bafe par des vafes remplis d’eau ; ou bien entourez chaque meule par un petit foflé que l'on tiendra toujours | plein des Laboureurs & des Fermiers. 161 plein d’eau. Mais il n’eft rien tel qu’une grange & quelques bons chats pour garantir le blé du mauvais temps, & de la vermine. Si le blé a été bien cou- vert , comme je viens de le dire, il ne fouffrira point , quand il refteroir fur le champ cing ou fix femaines après qu'il aura été coupé. Ainfi on pourra tou-= jours attendre le beau temps pour le fecher, & pour le voiturer. Les orges a quatre & à fix rangs fe pont mûrs à préfent; la dureté du grain & le jaune de la paille font des marques de la maturité. Dans quelques pays hatifs, le blé barbu , ou blé de Mars, fera mur pen- dant ce mois. On le connoitra par le jaune de la paille, & par les autres marques, dont j'ai parlé ci-deflus, qui dénotent la maturité des autres grains. Celui de cette efpece de blé, ne fe détache pas aifément. On peut, après que ce blé aura été coupé, le laiffer pendant quelques jours avant que de le 62 Le Calendrier lier , sil eft rempli d'herbes , afin qué: ces herbes fechent entierement. Ce grain germe très aifément dans l’épi, fi le temps eft humide. Il faut donc le- retourner fouvent pendant qu'il refte fur la terre. Si les avoines font en maturité, il: faut les faucher, car le grain tombe très - vite. Outre les marques de la. maturité des autres grains, dont j'ai. déja parlé, la balle de Pavoine s’ou- vre , & laifle voir le grain, On a: coûtume de laiffer fur la terre, pen- dant quelques jours, lavoine qui a été fauchée pour la faire renfler. Ce: que les rofées, ou une petite pluie- feront promptement. Il eft à fouhaiter- que l’avoine puifle refter fur la terre »- jufqu à ce que les mauvaifes herbes qui: fe trouvent parmi, foient tout-a-fait: feches. Autrement ces herbes fe trou= vant renfermées encore humides, foit: en meules, ou dans la grange, don- meroient à Vayoine un goût de re- des Laboureurs & des Fermiers. 163 Tent, ou elles les brileroient dans le: tas. Le bétail qu’on nourrit pour engraif- fer fera plutôt d’un meilleur débit, & fe fortifiera bien plus vite, fi on lui donne avec régularité & avec exacti- tude une pâture fraîche & abondante. Ne le laïflez pas trop long-temps fur la même piece de terre, sil manquoit de pâture , il diminueroit plus en un jour, qu'il ne reprendroit en trois autres jours. I] ny a point de regle certaine qui fixe le temps que les beftiaux doi- vent refter à la pâture pour engraifler. Les uns s’engraiflent en fix femaines, d’autres auront befoin de deux mois, & quelques-uns feulement au bout de trois mois. Cela dépend principale- ment de la faifon ; fi elle eft favorable , Je bétail s’engraifflera beaucoup plutôt, que fi elle eft feche » ou fi les herbes étoient feches & remplies de cofles. Il faut aufli faire attention à l’efpece de Vherbe, Le treffle , par exemple, & la Où) 164. Le Calendrier plüpart des herbes de France ; enfuité les herbes de marais, engraiffent très- promptement les beftiaux , qui feront bien plus long-temps à s’engraiffer dans ~ les herbes ordinaires. Il faudra fouvent les changer, ainfi que je Pai remarqué ci-deflus. Un Fermier prudent s’apper= cevra bien-tôt s’il y a de Paltération dans les beftiaux , & leur extérieur décidera beaucoup mieux du temps de Ja vente. Coupez pour la feconde fois la guef- de, fi les feuilles. font dans toute leur étendue, farclez en même temps ,. 4 vous le jugez néceffaire. Il arrive quelquefois que les graines de coriandre & de Carvy ne müriflent que dans ce mois-ci, coupez comme je l'ai dit dans le mois précedent. Cueillez le lin qui eft mûr à préfenr; liez-le en petites poignées pour le fe- cher. Si les graines de colfa & de navette n'étoient pas mûres dans le mois de des Laboureurs & des Fermiers. 165 Juillet , regardez-y à préfent. Ces grai- nes font fujetres à fe répandre quand elles font trop müres. Voyez ce que jen dis dans le mois précédent. Donnez un fecond binage aux na- vets femés au mois de Juin, & un premier binage à ceux qui ont été fe- més le mois dernier. Sans ces labours on n’auroit que des récoltes médiocres. Si les navets viennent trop preflés en- . femble, ils ne poufferont que des feuil- les, & leurs racines ne profiteront _ point. Deux plantes qui croifient fer- rées l’une contre l’autre fe nuifent tou- tes les deux. Séparez donc les navets, les feuilles alors feront petites, mais les racines deviendront très-grofles. On peut, pendant ce mois, femer des navets dans des terres légeres & fablonneufes , laiffez-les venir fans les Biner, ceft un engrais furprenant pour de pareilles terres. Arrachez ces navets _lorfqu’ils auront acquis toute leur croif- fance, laiffez-les fur laterre, & loriqu'us _r66 Le Calendrier commenceront à pourrir , faites- les rentrer dans cette terre par le moyen du labour. Cette méthode fortifiera: extrèmement ces terres fablonneufes. Vers la fin de ce mois , le blé noir,. ou farrafin , que l’on a femé de bonne heure, fera mûr. Fauchez-le, & laiflez-- le dans le champ , jufqu’à ce que les tiges foient bien feches. Il foutient l’humidité mieux qu'aucun autre grain. Il ny a point à craindre qu'il fe ré- pande.. Le farrafin fait un excellent fourrage: pour les beftiaux. Le grain eft très-bon: pour nourrir les volailles, & pour ens. graiffer les cochons. | La graine de fpergule fera en matu= rité préfentement. Coupez cette plante. elle feche promptement. La graine eft: une nourriture bonne pour les volailies.. On peut encore en femer durant ce: mois. La graine de canarie eft mûre. Cou= pez-la, & voiturez-la par un temps fec. bep rer es < at + des Laboureurs & des Fermiers: 167 Vers la fin de ce mois, les houblons feront en état d’être cueillis. Choififlez: un temps fec pour faire cet ouvrage. Remarquez fi les houblons font parfai-- tement mûrs. On le connoitraa leur cou- leur un peu brune, & a la facilité de les mettre en morceaux. Mais la mar- que la plus sûre , eft leur odeur agréa- ble, & la couleur brune de la graine. Ayez deux bandes d’ouvriers pour’ récolter le houblon, les uns coupent les farmens à environ deux ou trois: pics au-deffus des racines , ils enlevent: les perches avec les houblons qui y font: attachés , pour les porter à des ou-- vriers deftinés à éplucher les houblons: Le foin de ces derniers eft de bien éplu- cher, de nettoyer, & de ne laiffer ni. tiges, ni feuilles aux houblons. La ma-- niere ordinaire eft d’avoir un fort chaffis. de bois, de neuf piésde long, & d’en-- viron quatre piés de large, Les piés: qui le foutiennent font d'environ trois: piés de hauteur, Ce chaflis eft garni de- 168 : Lé Calendrier clous à crochet qui fervent à atticher une grofle toile, de façon qu’elle puifle former un creux au-milieu dudit chaffise I peut tenir fix éplucheurs autour d'un de ces chaffis: Si la houbloniere eft grande, ayez plufieurs de ces chaflis pour diligenter l’ouvrage, Car la moin- dre humidité pendant le temps de la récolte endommageroit le houblon. Sr! pendant qu’oneftoccupé à cet ouvrage, il furvient de la pluie, détachez aufii- tôt la toile qui contient le houblon éplu- ché, & renverfez-la par-deflus pour le” garantir de humidité. Répandez en-! fuite le houblon dans quelque place: nette , fraiche & feche ,. pour ’empé- | cher de s’échauffer 5. ce qui pourroit altérer fa couleur. Le houblon pourras refter ainfi , jufqu’a ce qu’on le porte à Pétuve pour le fecher tout-à fait. Ne! commencez jamais à cueillir le houblon., | que la rofée ne foit refluyée ; & lor qwilapli, attendez qu'il foit tout-à- fait fec.- | En USL a ~ qi 5 Past ME Sees a = des Laboureurs & des Fermiers. 169 Æn fechant le houblon , obfervez au il n’y ait point de fumée dans l’étuve, Si Pétuve eft bien faite, il faudra envi ron douze heures pour y fecher une étuvée de houblon; mais un peu d’ex- périence fera mieux juger de fa feche- refle. Un feu plus lent, ou un feu moins vif le font fecher plus ou moins vite, A feu égal, ily a des étuves où le houblon fera plus long-temps à fecher que dans d’autres. La façon de fecher Je houblon eft de l’étendre fur une toile de crin, à l’épaiffeur d'environ huit pouces, de lunir, & de le mettre, avec un rateau, auf égal qu’il fera pofhble, obfervant de ne pas le faire aller jufqu’aux bords de l’étuve. La chaleur en deflous doit être très-modé- rée & aufli égale qu'il fe pourra, de crainte que le houblon ne feche trop promptement. On jugera mieux quand le deffous fera aflez feché , & quand il faudra retourner le houblon, fi, en le frapant avec un baton, il pa caflant 170 Le Calendrier au fommet , & s’il fautille. I] vaut mieug alors diminuer le feu; fi on retournoit le houblon pendant qu’il eft chaud, il feroit en danger de rôtir. La maniere de le retourner eft de le jetter en un tas, au milieu de létuve, avec une petite pelle, & de le répandre enfuite fur la toile de crin auffi légerement qu’il fera pofhble. Aufli-tôt que le houblon fera étendu , il faut renouveller le feu, & l’entretenir aufli également qu’il fera poflible , jufqu’a ce que le houblon foit entierement fec. On le connoitra en le remuant avec un baton : s'il eft fec comme il faut, il fera du bruit, & iJ s’envolera. Retirez alors le feu , &4 tranfportez le houblon dans une cham- bre bien fermée, pour y refter en tas, ! jufqu’a ce qu’il puifle être mis dans les! facs. Vers la fin de ce mois, les jeunes perdrix & les jeunes faifans feront affez fortifiés , pour leur couper les aïles, fi on ne veut pas les laifler envoler. Quel- des Laboureurs € des Fermiers. 1 75 quéfois on fe contente d’arracher les plumes d’une aile; mais elles revien- nent vite : quelquefois on peut oublier de les arracher, alors il y a toüjours quelque nouvelle occafion de les per- dre. Un moyen stir de les empêcher de voler pour toujours, eft de couper le fouet d’une aile. Je tiens cette opéra tion de M. Brewer de Tumbridge, dont j'ai déja parlé ci-deflus, au fujet de la maniere d'élever les faifans. Il faut arracher toutes les plumes autour du premier joint de l'aile, prendre en- fuite un fil fort, & le lier affez ferré autour de cet endroit, un peu au-def- fous de la jointure. Ce fil fert à arrêter le fang lorfqu’on coupera l'aile, ce qui doit fe faire avec un coûteau bien tran- chant. Aprés Popération dtez le fil, mais cependant veillez ces oifeaux pen- dant une heure, pour voir s'ils ne faignent plus. Si cela arrivoit, brûlez la bleflure avec une pipe à tabac que yous aurez fait rougir au feu. Pij 172 Le Calendrier Continuez à nourrir les poiffong que vous voudrez apprivoifer. Donnez des herbes aux lapins , comme dans le mois précedent. j Envoyez à préfent fur les chaumes les oies , qui feront en état d’être biens tôt portées aux marchés, | Pendant ce mois, la grange fera très-utile pour les volailles , elle les rendra bien vite propres p our la vente. Mettez-les enfuite dans une épinette ; où elles engraifferont promptement, N'oubliez pas de mettre un peu: de brique en poudre dans leur eau, ainff que je Pai confeillé au mois de Fevrier, Châtrez à préfent les agneaux que vous voudrez élever. Fauchez auffi dans ce mois toutes les herbes de France, comme le fain= foin, le treffle, la luzerne, &c. > Si les voitures ne font pas trop occupées , donnez le troifieme labour aux jacheres, & principalement fi la gerre eft revéche, L'on fe propofe, en des Laboureurs € des Fermiers. 173% fabourant les jacheres, de rompre leur dureté; de les rendre plus meubles ; & d'y détruire les mauvaifes herbes, Ce labourage d’Eté eft fort-bon pour ees différens objets. L'opinion com- mune eft que la terre fe repofe pendant qu’elle eft en jachere, & que par cette raifon elle devient plus propre à pro- duire du blé, ayant été une année, ou deux, fans rien rapporter. Mais qu’il me foit permis de faire une queftion. Lorfque l’on laiffe les terres en jacheres, ne portent-elles point de mauvaifes her- bes, & ces herbes ne tirent-elles pas leur nourriture de cette terre Quel eft donc le bénefice qu'un Fermier peut Simaginer retirer de ce repos ? Il ré- pondra alors qu'il détruit ces herbes, en labourant deux ou trois fois fes ja= cheres avant que de les femer. Je con- viens que la deftruétion des mauvaifes herbes bonifiera les récoltes que l’on a intention de tirer de ces terres, parce qu’une récolte eft étouffée faute d'air à: P ij 174 Le Calendrier quand elle eft remplie de mauvaifes herbes. Mais dé dire que les mauvaifes herbes dtent la nourriture que la terre donneroit à une moiflon, me paroit aufli abfurde que de fuppofer qu’un che- val, & qu'un chien qui font nourris enfemble & dans un même lieu , fe dé- roberont l’un & l’autre la nourriture ; lorfque la nourriture de l’un eft du foin & de l'avoine, & que celle de l'autre eft de la viande ou des os. Il en eft de mé- me parmi les végetaux. Une forte tire une certaine nourriture de la terre, & Pautre une autre efpece. C’eft ordinai- sement faute de faire cette attention à que les Fermiers efiritent leurs terres , pour me fervir de leurs termes. Ils fe. ment toutes les efpeces de grains fuc- ceflivement. Chacun de ces grains tire à peu près la même nourriture : de même qu'un cheval, une vache, & autres femblables animaux fe nourriflent tous d’herbe, ou de foin. Si ces animaux reftoient continuellement a pâturer fur - des Laboureurs & des Fermiers. 17$ tin même champ , la nourriture leur manqueroit à la fin; & ce champ auroit befoin de repos pendant quelques femai- nes , ayant que de pouvoir leur fours nir de nouvelles nourritures. Mais ces animaux ne mangent peut-être que l’herbe : les chardons refteront toujours, & quelques autres herbes qu’un âne ou un mulet mangeront : & quand ces der- niers auront mangé ce qui leur con- vient , les cochons , les oies, &c. y | trouveront-encore à paturer. Ainfi, je le répete , la meilleure maniere de re- pofer une terre, eft de la couvrir fuc- ceflivement de femences quitirent difi- rentes nourritures : une plante, fans détériorer les qualités de laterre, ne tire que les fucs qui lui font analogues ; & lorfqu’une autre plante d'une nature différente la remplace, elle en tire des fucs différens, & ainfi du refte. De plus, la terre retournée fouvent par Ja charrue & par la herfe, tire, par les influences de l'air & des pluies, des P iy, 170 Le Calendrier fucs femblables à ceux qu’elle auroit pu perdre. Les labours fréquens corivien- nent aux terres fortes & compactes : ils ouvrent, pour ainfi dire , ils défunif- fent ces mémes parties qui renfermoient depuis long-temps plufieurs & différens fucs. L’utilité principale de ces labours multipliés , eft de découvrir très-fou- vent la terre, d’en défunir toutes les parties ; mais non pas d’en extraire une quantité trop grande de fucs, en la furs chargeant par les mémes végétaux. Le Fermier qui s'occupe de la hiterie , obfervera les vaches qui commencent a fournir moins de lait. El les vendra pour en acheter de plus jeunes. Ceux qui ont apprivoifé des perdrix, pourront à préfent drefler de jeunes chiens d’arrêt , qui feront bien plus fer- mes que les autres chiens dreflés dans les champs au temps de la pariade. Ces derniers fe croifent en chaffant. Ils font fujets à prendre le change , ils s’arrêcens \ des Laboureurs & des Fermiers. 17% quelquefois fur une allouette, ow fus quelgu’autre oifeau. Si les voitures né font pas trop occu pées, voiturez les engrais de toutes fortes : les ferrés & les compactes pour les terres légeres & fablonneufes : ceux au contraire legers , & dont les parties font ouvertes, pour les terres fortes & roides. Recueillez à préfent les pois qui fe= font mûrs. Quand ils feront bien fecs 5 voiturez-les par un beau temps. Arra- chez les tiges des feves de marais: fi elles font mûres, liez-les en bottes pout les fecher. Si la faifon le permet, laiffez- les fur le champ pendant quelques jourss pufqu’a ce que toute l’humidité en foit fortie. Battez-les aufli-tôt qu’elles fe- ront voiturées. J’ai vû ces feves & cel- les d'Efpagne fe pourrir & fe moifir dans leurs gouffes , parce qu’on les avoit ferrées avant qu elles fuffent tout- a-fait feches. Lorfqu’elles feront bat- tues, & qu’on les aura portées au gre= 178 Le Calendrier nier, remuez-les fouvent pendant les fix premieres femaines. I) faut ainf traiter toutes les femences , & tous les grains nouvellement battus. Criblez-les deux fois la premiere femaine, ou cing fois en quinze jours. Ce remuement les fechera très-bien , & les confervera fans aucun danger. Dans un temps de loifir , fi les voi- tures ne font pas trop occupées dans les champs, voiturez des tourbes, du charbon de terre, du bois, du jonc marin, du houx , &c. pour brûler du- rant l’'Hiver. Voiturez aufli le bois de charpente dont vous pourrez avoir be- foin. Les chemins font bons. Les che- vaux & lesbeeufsn’ont pas à préfent au- tant de fatigue que dans les temps de pluie. Dans les pays où il y a des barrie- res & des péages pour l'entretien des grandes routes , les chemins font fi bien entretenus , que je fuis perfuadé queles animaux voyage nt avec la moitié moins de peine , & qu'ils profitent mieux des Laboureurs & des Fermiers. 1 aS de la nourriture qu’ils ne le faifoient avant ces réparations. De plus, lorfque les chemins font bons , il faut beaucoup moins de beftiaux pour voiturer les den- “rées au marché, qu’il n’en falloit aupa- ravant, lorfque les chemins étoient creux & inégaux. Ainfi de deux voitu- res on pourra en faire trois, & tirer un tiers de profit de plus du travail des beftiaux. On peut planter auffi du fafran , {es feuilles ne paroïffent point encore : il eft cependant un peu tard pour l’en- treprendre. Car afin que les oignons de fafran acquierrent de la force, ils doi- vent être plantés au moins deux mois avant qu'ils commencent à pouffer , afin que la terre puifle fe lier & s’affer- mir autour. Confultez ce que jai dit fur le fafran aux mois de Juin & de Juillet. Si le temps eft beau, coupez les chardons a foulon, liez-les par paquets que Pon expofera au Soleil pour fe- 180 Le Calendrier cher ; mais fi le temps eft humide; mettez-les fecher à couvert. Ces char dons font d’ufage dans les pays où ily a des Manufactures de laine. Mais à moins qu'on ne foit dans le voifinage, ce n’eft pas la peine de les cultiver. La gaude qu'on aura femée parmi le blé, doit être farclée tout aufli-tôt que le blé fera coupé, afin qu’elle puiffe donner une bonne récolte l'Eté fui- vant. _ Firez de terre les oignons , expofez- les au Soleil fur la terre pendant plu- fieurs jours , jufqu à ce que les feuilles foient feches, & qu’elles fe détachent, Si on a une étuve pour les y fecher, ils fe conferveront mieux, Les oignons d'Efpagne font meilleurs pour s’en fer- wir actuellement , & les oignons de Strafbourg pour garder. Ne les rappor- tez a la maifon, que lorfqu'ils ferons tout-a-fait fecs. Sarclez la garance & la régliffe. Sarclez auffi pendant ce mois lég des Laboureurs €& des Fermiers, 18% fafrans, qui pourroient fouffrir fi on différoit à le faire jufqu’au mois de Sep tembre, car ils font alors en pleine fleur. Siles ruches font pleines, tirez- efi le miel. On le fait quelquefois en faifant périr les abeilles : mais la meilleure façon eft de mettre les abeilles dans des ruches de bois faites de maniere que Pon en puifle mettre plufieurs les unes au-deflus des autres, fuivant qu'il pas roitra convenable, Si ces ruches de bois ont une ouverture vitrée par derriere; il fera facile de voir quand les abeilles n’auront plus de place ; pour-lors on placera une nouvelle ruche au-deffous de celle qui eft pleine. Il y a au haut de chaque ruche une ouverture d’envi= son huit ou neuf pouces en quarré, la- quelle fe ferme avec une plaque d’étain que l’on fait couler dans des rainures, Lorfqu'on met une ruche nouvelle deffous celle qui eft pleine , Ôtez la plaque d’étain ; l'entrée de la nouvelle #52 Le Calendrier tuche fe trouvant alors ouverte, les abeilles y travailleront, & la rempliront bien vite , fi elles font dans un pays où les fleurs foient communes. On prétend que dans queiques parties de l’Allema= gne, on tranfporte les ruches à plufieurs milles de diftance pour les nourrir. La façon de retirer le miel eft, lorfque la ruche fuperieure & la ruche inferieure font remplies, d’étendre une ferviette au devant de la ruche, Py attachant près de fon ouverture avec un clou ou deux, de façon que les abcilles , en fortant de la ruche, puiflent. marcher aifément fur cette ferviette, dont les coins les plus éloignés de la ruche feront attachés avec des épingles fur des bâtons que lon enfoncera exprèsen terre, de façon que la ferviette foit dans toute fon étendue , & qu'elle ne puifle point être . dérangée s'il faifoit du vent. Choififfez tolijours, pour faire ‘cette opération, une journée chaude fur les trois ou qua- tre heures après midi. Les abeiliés alors des Laboureurs & des Fermiers. 183% font occupées à travailler dans la ruche inferieure. Frappez un coup fec avec un maillet fur la plaque d’étain par der- riere la ruche , pour faire entrer cette plaque à fa place. Toute communica= tion fera interrompue entre la ruche fuperieure & la ruche inferieure. Re: tournez enfuite la ruche fuperieure en Potant, envelopez-la dans une nape, & portez-la à la maifon le plus promp- tement qu’il fera poffible, de peur que les abeilles ne la fuivent. Placez cette ruche dans un endroit où les abeilles ne puiflent pas entrer. Si on la mettoit dans un lieu ouvert, & où les abeilles puñlent pénétrer , elles auroïent bien- tôt emporté tout le miel. L’homme qui fera cet ouvrage, fe garantira mieux dela piquüre des abeïlles, s’il n’a point de cheveux, & s’il s’eft frotté la tête avec du vinaigre. Si cependant il lui arrivoit d’être piqué, il appliquera fur la bleflure un fol de cuivre, qu'il y tiendra pendant une minute ou deux, f 184 Le Calendrier cela empéchera l’enflure , & fera ceffef fa douleur. Il arrive rarement que l’ou- vrier foit piqué en prenant le miel de cette façon, parce qu’il fait fon ouvrage par derriere la ruche où les abeilles ne fauroient le voir. Pendant ce temps-là les abeilles fortent toutes de la ruche qu’on leur a laiflée , elles fe répandent fur la ferviette, & elles fe féparent en troupes dans un ordre furprenant. Elles obfervent les mouvemens de la Reine qui a un long chemin a faire pour aller de Pouverture de la ruche au bout de la ferviette. Lorfque la Reine prend fon chemin vers louver- ture de la ruche, les différentes troupes gmarchent vers le même endroit, mais elles s'arrêtent aufli-tor que la Reine s'arrête ; & fi elle retourne, elles re- tournent pareillement à leur premiere fiation. Jai obfervé que dans cette occafion la Reine fait différens mouve- mens vers l’ouverture de la ruche, avant que d’y entrer, & que les abeilles qui | J'accompagnent des Laboureurs > des Fermiers. 18 5 faccompagnent font auffi les mêmes mouvemens , jufqu’à ce que le tout entre dans la ruche, lorfque la Reine s’eft déterminée une fois à y entrer. Indépendamment des phéno menes fur- prenans que l’on peut obferver dans use ruche, les républiques des abeilles font bien dignes d’occuper un efprit philofophique : elles lui fournifient ma- ticre à bien des réflexions capables de Pétonner ; fans parler ici des grands avantages que l'on en retire. La vitre qui eft derriere les ruches donne la facilité de voir en dedans, de juger fi l’eflain eft fort, ou sil eft foi- le, & la quantité de miel qu'on peut hafarder d’en tirer, car il en faut toa- jours laiffer affez pour nourrir les abeil- les. On pourra aufli mettre une autre ruche deffous celle que lon a confer- , vée, environ trois jours après que l'on aura retiré le miel. Si les ruches font à portée de quelques bruyeres, ou de quelques endroits remplis de jonc marin, — 186: Le Calendrier de houx, &c. les abeilles rempliront bien-tôt la ruche d’en-bas , & elles s’a< mafleront des provifions fuffifantes pour PHiver. En ce cas, il ne fera pas né< ceflaire de les nourrir, mais il faut avoir foin de nourrir les eflains foibles , lorf= que le froid commence à fe faire fentir. Veillez les abeilles pour empêcher les combats qui arrivent fouvent pen dant ce mois: on peut prevenir aifé= ment ces combats en tirant un coup ou deux de piftolet, quand elles fe battent en l'air. Ce bruit les arrête & les fépare; chaque troupe prenant un pofte diffé= rent. Il faut alors les veiller foigneufe- ment, de peur qu’elles ne recommen- cent le combat , & dans ce cas il faut les féparer comme ci-devant. Autrement on peut s'attendre qu’une des deux co lonies périra. Leurs combats font fi ter- ribles que le nombre des morts dans Pefpace d’un quart d'heure, auroit pù remplir la moitié d’un picotin, ainfi que je Pai vii quelquefois, Mais j'ai depuis des Laboureurs & des Fermiers, 1877 prevenu de pareils accidens par la mé- thode que je viens de rapporter. On remarque que ces querelles n’arrivent jamais entre les abeilles d’une même colonie , mais entre celles de colonies différentes. Ainfi quand on voudra for- mer un rucher , il vaudra beaucoup mieux les choifir toutes de la même race, & ne point mettre parmi elles des eflains étrangers. Cueillez les fruits qui font mars a préfent dans les vergers , & vendez-les, parce que les fruits qui müriflent ce mois-ci ne font pas de garde. Si vous avez une grande quantité de pommes de faux rembour, & fi elles fe vendent à trop bas prix , faites-en du cidre ; il fera en peu de temps en état d’être bi, & beaucoup plus fort, à ce qu'on m'a dit, que les cidres faits avec les autres pommes. Examinez la chambre aux fromages ; retournez les fromages , & frottez-les bien avec une f'erviette feche. Si vous Qy 188 = Le Calendrier voyez qu'ils foient attaqués de mit? tes , coupez les endroits où elles font, rempliflez les creux avec dé la chaux en poudre fine , & ne laiflez au< cune mitte fur les tablettes. Faites la même chofe une ou deux fois pendant chaque mois de l’Eté,. Commencez à tuer les premiers co= chons pour avoir du porc frais. Les lapins , dans les garennes artifi- cielles, qui ont acquis toute leur croif- fance , ont la peau dans toute leur beauté. Ces peaux fe vendent à préfent cinq shelings la douzaine de la premiere main , fice font des lapins de l’efpece commune. S'ils font blancs ou noirs ; elles fe vendront fix ou fept shelings fa douzaine. Mais la peau des lapins, dont le poil eft gris argenté, qu’on appeile riche , fe vendra environ vingt fous la piece. Semez à préfent des carottes pour pañer ’Hiver. On les appelle carottes de - la S. Michel, quoique femées à préfent. des Laboureurs €° des Fermiers. 189 Faites parquer les moutons fur les terres deftinées à y femer du ble. SEPTEMBRE. Le Soleil qui pendant ce mois eft ordinairement très-chaud donne la ma- turité aux fruits. Si ce mois eft plu- vieux, c’eft d'une mauvaife conféquerice pour le Fermier , à caufe qu'il a encore plufieurs de fes récoltes fur la terres _ Comptez cependant fur quelques pluies, mais elles ne font pas de durée , ni gé- nerales. Sil y a des pluies qui durent trois ou quatre jours dans une partie dun pays, il fera fec dans l’autre; de forte que fi quelques récoltes fouf- frent d’un côté par l'humidité , les au: tres s'échaperont. Je blame la conduite d'un Fermier qui n’a pas recueilli à préfent la plus grande partie de fa moiffon. Pour avoir des récoltes hâtives il faut avoir femé de bonne heure, & Pon a plus d’efpérances de beau temps pour les récoltes qui viennent de bonne 190 Le Calendrier heure, que lorfqu’elles font femées tard, Les noix font mûres à préfent, on les abat avec de longues perches. Elles font d’un aflez bon rapport dans la Pro- vince de Surrey, tant pour manger que pour faire de l’huile. Serrez-les ce mois ei dans quelque lieu à l’écart, les laiffant dans le brou qui les garantit pendant PHiver des fouris & des autres vermi- nes. Plantez-les le Printemps fuivant ; & ne les tranfplantez jamais. Arrachez les feves de marais qui nétoient pas encore mires le mois pré- cedent. Mettez-les en bottes, & laiffez- les bien fecher avant que de les voitu- rer. Voyez les confeils du mois préce- dent. Coupez & tranfportez les pois qui font mûrs, ainfi que je lai dit ei-defius. Examinez à préfent les houblons qui ont été fechés à Pétuve. Voyez sils commencent à fe décuire. On le con- noitra en mettant la main dans le tas: des Laboureurs & des Fermiers. 10% s’ils paroiffent moites & onctueux en les preffant, c’eft une marque que tout le feu en eft forti, & qu’ils font en état d'être mis dans les facs. Avant que le houblon foit propre a mettre dans les facs, achetez ou prépa- rez des facs faits d’une groffe toile de trois quarts de large. On en prendra trois lez pour la largeur, fur trois verges * trois quarts de long. Quand on voudra remplir ces facs, tenez leur entrée ouverte en rond. Quelques-uns fe fervent pour cela d’un cerceau, ils attachent les bords du fac*au plancher d’une chambre aflez haute pour laifler pendre le fac de toute fa longueur, & pour le tenir à un pié de diftance du plancher inférieur , & que cette cham- bre foit aflez large pour qu’il y ait une parcille diftance tout autour du fac, Lorfque le houblon fera préparé, un * La verge d'Angleterre contient 7 dé Paulne de Paris. Ainfi les trois verges 4 reviennent à trois aulnes moins—; de Parise 192 Le Calendrier ouvrier entrera dans le f2c bien foutent & bien afluré, il mettra-une poignée de houblon dans chacun des coins au fond du fac, qu’un autre homme liera bien ferme par dehors avec de la ficelle, pour fervir d’échantillon lors de fa vente aux marchés. On verfe enfuite dans le fac deux ou trois corbeilles remplies de houblon, que l’ouvrier qui eft dans le fac foulera bien avec fes piés, mais il ne faut pas qu'il ait de talons à fes fouliers. Remettez enfuire deux ou trois corbeilles pleines de hou- blon qu'on foulera comme les premie- res, & cofitinuez de même jufqu’à ce que le fac foit aflez plein pour être coufu très-ferme. Avant que de fermer le fac, liez une poignée de houblon dans les coins d’en haut, comme on a fait dans ceux d’en bas. Le fac contien- dra deux cents livres de houblon qu’il faudra tenir dans un lieu fec pour le conferver. On pourra être occupé encore dans des Laboureurs & des Fermiers. 193 {a houbloniere, quelquefois les houblons ne font mürs que dans ce mois-ci:ou bien on n’a point pi avoir aflez d’ouvriers pour les cueillir dans le mois précedent ; comme il arrive fi l’on a une grande étenduedeterre enhoublon. J’ai vi quel- quefois qu’il en reftoit encore a cueil- dir, pendant qu'il y en avoit qui étoient déja fecs, & que d’autres étoient pro- pres à mettre dans les facs. Si on plante une grande quantité de houblon, il faut, à ce que je crois, faire conftruire dans Ja houbloniere avec des planches, une ferre ou deux pour les y raflembler, crainte de la pluie qui leur feroit nui- fible. Ces mêmes ferres ferviront auffi à ferrer les perches , lorfque la récolte du houblon fera finie. Aufhi- tét que les houblons feront cueillis, nettoyez- en les poufles quit font tortillées autour des perches , qu’on raffemblera pour les porter dans les ferres le plutôt qu’il fera poffible. Maisfi yous n’avez point de fer: re, arrangez les perches de “sen qu elles 194 Le Calendrier fe foutiennent les unes & les autres, & Yiez-les par en haut pour les garantir de toute humidité. Le foin qu’on aura de les tenir fechement, les confervera, Quand ces perches feront pourries par le bout qui entre en terre, on les aigui- fera en dtant le mauvais, elles pourront fervir aux houblons de deux ans; & fi on les retaille une feconde fois quand elles feront pourries, elles feront en- core propres pour les houblons de la premiere année; après quoi, fi elles durent encore, elles ne feront plus pro- pres qu’à briler. Faites la récolte du fafran. La quan- tité que l’on en a, décidera du nombre d'ouvriers qui feront employés a le cueillir très-promptement le matin de bonne heure , autrement il rentreroit dans la terre. Dans les pays où lon fait du fafran , on employe ordinairement à cet ouvrage les femmes & les enfans 3 qui arrachent toutes les fleurs épanouies, qu'ils portent à la maifon dans des paz des Laboureurs & des Fermiers, 19 $ fiers. Ils féparent alors le piftil du dedans de ces fleurs , c’eft ce que l’on nomme fafran , ils font cet ouvrage au Soleil, s’il y en a, pour le fecher un peu. Le fafran eft alors préparé pour Pétuve. Si la faifon eft très - humide dans le temps que le fafran pouffe fes fleurs , elles penchent alors en bas, ce gui gate beaucoup le fafran, qui eft le fommet du piftil de la fleur, ou cette partie de couleur orangée qui fe trouve au milieu, laquelle fe divife en trois filets. Si cela arrive , le fafran fera pe- tit & foible. Lorfqu’il eft cueilli, fe- chez-le avec grand foin. Si on le feche trop , il fera en rifque de brüler dans l’étuve : fi au contraire il n’eft pas aflez {ec , il y a à craindre qu'il ne moifiife , ou qu'il ne pourrifle, & il ne fera pas de garde. Lorfquele temps de la récolte eft humide , il faut le fecher davantage que dans le temps fec. Mais quelque temps qu’il fafle, les papiers dans lef- quels on le fait fecher , we ordinajre= 1] 196 Le Calendrier ment bons, plufieurs Apoticaires s’ei fervent au lieu de fafran, Ces papiers impregnés des parties les plus fubtiles du fafran, fourniflent une très - belle teinture. L’étuve dont on fe fert pour fecher le fafran eft fort fimple : il y en a dans prefque toutes les maifons dans les pays où on le cultive. Comme j’efpere aug- menter cette précieufe marchandife, & faciliter les moyens de cultiver le fafran dans d’autres endroits que ceux où il eft connu à préfent, je vais donner ici la defcription de cette étuve. L'étuve à fafran eft beaucoup plus étroite par en bas que par en haut, c’eft-a-dire , qu'elle a environ un pié en quarré par le-bas, & que par le haut elle eft de deux piés, fa hauteur eft d’environ deux piés. On la fait avec des morceaux de bois de chéne, attachés enfemble avec des lattes en dedans & en dehors. Ces lattes font recouvertes en dedans de deux pouces d’un mortiez des Laboureurs & des Fermiers. 197 fort, & par dehors on y met un mor- tier compofé de chaux & de bourre, Le bas doit être couvert de quatre ou cinq pouces d’épaiffeur d’un mortier des plus forts, pour fervir de foyer & pour y placer le feu 3 on pratique une ouver- ture d'un des côtés pour mettre le char- bon, & pour donner paflage à l'air, On attache fur le haut une toile de crin auffi bandée qu'il eff poffible , & qu’on attache très-ferme avec des clous, parce que lorfqu’on feche le fafran, il faut mettre , par deflus les papiers dans lef- quels il eft renfermé, un poids de vingt- cinq à trente livres. Le feu doit être moderé , & le plus égal qu'il fera pofli- ble. Auffi-tét que le fafran commence à fentir aflez fort, retournez les pa- piers & remettez les poids par defus, jufqu’a ce que l’autre côté du gâteau foit bien fec. Il ne faut fe fervir pour cela que de papier blanc. Il y a des en- droits où l’on met la feuille de papier qui renferme le fafran entre fix ou fept Rij T98 Le Calendrier autres feuilles de papier, & fur-tout en deffus, dans l'intention de tirer la teinture du fafran. Je n’approuve point , | pp P cette méthode. Quelques-uns mettent auffi du fafran fur le dehors de la feuille de papier , afin de la couvrir entiere- ment de fa teinture. Mais cette pratique diminue la force du fafran, & les papiers qui font le profit des ouvriers fe ven- dent très-bien , comme je [ai dit ci- deflus. Mon induftrieux ami Samuel Trowel , a dans fon jardin à Poplar, une piece de terre plantée en fafran. Il le fait fecher d’une façon particuliere , c’eft-à-dire , en le mettant dans une veflie, & le portant pendant quelque temps dans fa poche. J’en ai vii cette année , il eft très-bon. Quelques autres le fechent entre deux verres, l’expo- fant au Soleil pendant quelque temps. Je fçai que cette façon eft trés-bonne : mais on n’en peut gueres fecher. Il y a encore beaucoup d’autres manieres de le fecher : mais la principale regle que | des Laboureurs €& des Fermiers. 199 Ton doive fuivre, eft de le fecher de façon qu’il n’y ait que la feule humidité qui s’en exhale, & nulle de fes parties les plus fines. Si le verre pouvoit foute- nir la chaleur de l’étuve, je crois que ce feroit ce qui vaudroit le mieux. Quelques perfonnes choififfent ce mois pour empoiffonner les étangs, ce qui réuflira affez bien, fi on n’y met que du frai de l’année. Il profitera beau- coup mieux que de plus gros poiffon. Voyez les confeils que j'ai donnés fur cela dans les mois du Printemps. Lorf- que l’on tranfportera le poiffon d’un endroit à Pautre, que ce foit toujours le matin , ou le foir. Voiturez à préfent le fumier fur les terres deftinées au froment, mettez- les en tas à des. diftances convenables, pour les répandre immédiatement avant que de labourer ces terres. Mettez les fumiers les plus gras fur les terres lé- geres, les legers au contraire {ur les ter- res fortes. R iy 200 Le Calendrier C’eft à préfent Pufage de ceux qui ont des vaches aux environs de Lon- dres , de nettoyer leurs cours, & d’en répandre les fumiers fur les patures pour l'Hiver. Je trouve que cette pratique eft trés-utile. H nimporte pas que le fumier foit frais ou non, il fechera bien vite par le Soleil de ce temps-ci. Ce fumier fera poufler lherbe d’une force furprenante. Si vous n'avez point coupé les ailes xne faifans & aux perdrix dans le mois dernier , faites-le à préfent. Il eft plus convenable de couper à préfent les ailes des oïfeaux des dernieres couvées , que dans le mois d’Août. Car il ne faut pas faire cette opération, qu’ils ne foient aflez forts pour la fupporter. Voyez au mois d’Aoiit la maniere de la faire. On commence a arracher dans ce mois les pommes de terre, ou topi- nambours, aux environs de Londres. On le fait avec une fourche qui a trois dents. Elle les levera toutes entieres, des Fr. eur ey des Fermiers. 26% au lieu qu'avec une bêche on rifqueroit d’en couper plufieurs. Vendez aufli dans ce mois les bef tiaux achetés au Printemps, ils font auffi gras que lon puifle le defirer. Achetez-en d’autres pour les engraifler pour Noel, ou pour le Printemps. Il y a quelques endroits où il reft | point encore trop tard pour retirer le miel des ruches. Voyez ce que j'en ai dit dans le mois précédent. Soyez dili- gent à féparer le miel des gâteaux, & à former des pains de la cire, Faites-le peu de temps après que vous aurez tiré les gâteaux de la ruche. Faites auffi de l'hydromel, ceft une légere dépenfe. Quoiqu’on prefle les gâteaux, il y ref- tera toûjours aflez de miel pour pouvoir donner, en les lavant dans Peau, une aflez grande quantité de liqueur douce propre à faire de l’hydromel. Envoyez les cochons dans les Bots 5 les graines des différens arbres , lefquel- Jes ‘font miires à préfent , commencent . 262 Le Calendri@ti a tomber, Employe z des femmes & deg enfans à ramaffer des glands pour nour- rir les cochons, Cette nourriture leur donnera une chair & une graifle très- ferme ; ceft la principale raifon de la grande fupériorité du lardde Hampshire, & celle qui le fait préférer a celui des _ autres pays. On pourroit avoir par-tout d’aufñ bon lard, fi l'on y pratiquoit la même méthode pour engraiffer les co- chons, & sil y avoit autant de Bois qu'il y en a dans cette Province. De plus, outre cette nourriture, il y a dans les Bois de Hampshire, beaucoup de truffes & de noix de terre qui peuvent contribuer à engraifler les cochons. Ces animaux les trouvent facilement, & comme ils en font très-friands, ils les mangent avec beaucoup d’avidité. C’eft à préfent le temps de faire le cidre, qui eft une boiffon fort faine, & très-utile à un Fermier qui employe beaucoup d’ouvriers. J’ai donné dans un de mes Calendriers la defcription des Laboureurs & des Fermiers. 50 3 d’un moulin pour écrafer les pommes, Ce moulin fauvera plufieurs boiffeaux de pommes fur chaque muid. Laiffez les fruits d'Hiver fur les arbres jufqu’au mois prochain, excepté ceux qui font en état d’étre cueillis: mais choififlez une belle journée & un temps fec. Vers la fin de ce mois, femez du froment dans les terres humides, ayant eu le foin auparavant d'y faire des fai- gnées propres a en écouler l’eau, fielle y vient en trop grande abondance. On fe fervira de la faumure fuivante , pour y tremper le blé que l’on veut femer, & pour l’empêcher de noircir. Cette fau- mure qui eft tres-utile a été inventée par le feu colonel Plummer de Hereford- shire, quienafait part au Public. Le froment que l’on veut femer étant choifi, lavez-le dans une cuve dans trois ou quatre différentes eaux. Remuez-le for- tement avec un baton large, & Grez foigneufement avec une écumoire tout Je grain leger qui furnagera. Boy Le Calendrier’ Mettez de l’eau fuffifamment dais | une grande cuve qui ait une canelle, jettez-y une quantité de fel fuffifante pour , lorfqwil fera bien répandu par- tout, qu’un œuf puifle fe foutenir fur Peau. A joutez-y alors autant de fel que vous en avez déja mis, & remuez le tout trés-exactement , Jettez-y enfuite deux ou trois livres d’alun en poudre très-fine , & remuez bien le tout. On fe fervira decette faumure com- me des faumures ordinaires , il faut feulement que le blé trempe dans celle- ci durant trente ou quarante heures. Un temps plus court ne fuffiroit pas. L’opi- nion commune eft que le blé infufant auf long-temps , doit perdre fa faculté germinative ; mais lexpérience fait voir le contraire. Retirez le blé hors de cette faumure le foir de la veille des femailles, & répandez deflus, au travers d’un crible., un peu de chaux éteinte & en poudre, laquelle feryira feulement à le fecher des Laboureurs & des Fermiers. 20$ pour le femer. Il eft néceflaire d’ajous ter de l’eau à cette faumure à mefure qu'elle fe confomme , & d’ajouter du fel à proportion de l’eau, & environ une livre d’alun. Vers le milieu de ce mois, femez du feigle fur une terre feche, car il ne fup- porteroit pas comme le froment une terre humide. Arrachez les feves* pourles chevaux fi elles font mûres, mettez les en bot- tes pout fecher, avant que de les porter à la maifon pour les battre. Cueillez les haricots s’s font mûrs; & quand ils feront bien fecs, laiffez-les jufqu’au Printemps dans les coffes,qu’on battra pour femer. Ceux qu’on bat a préfent font pour manger, c’eft une fort bonne nourriture, dont on fait beaucoup d’ufage dans les pays étran- gers, C’eft à préfent le temps le plus con< * Faba minor five equing. C. B. pin, 338% Yeverolles, 206 Le Calendrier * venable pour entrer dans une nouvelle Ferme. Le Fermier a devant lui les deux faifons de femer, pour faire ce qu'il jugera de meilleur & de plus con- venable à fa terre, Les navets femés des premiers font à préfent en état d’être portés aux mar= chés, ou de nourrir les beftiaux. Réparez les haies autour des terres à blé, On pourraencore apporter, avant que les chemins deviennent mauvais; le bois de charpente, & tout ce qui fert au chauffage pour l’Hiver. Coupez la guefde ou paftel pour ja derniere fois de cette année. Fauchez auffi à préfent les avoines qui ont été femées tard, car l’on doit bientôt attendre le mauvais temps. Ne négligez pas non plus d’engranger le farrafin le plus tardif, & finiffez la ré colte s’il eft poflible. Quoiqu’on puiffe en géneral conjeCturer le temps, ce- pendant je confeillerai chaque Fermier de fe munir d’un inftrument qui linf des Laboureurs & des Fermiers. 209 truira des variations du temps , comme barometre, thermometre, &c. Ces inf= trumens lui annonceront la pluie, la gelée, le dégel, le chaud , &c. de forte qu'il pourra prévoir le temps qu'il fera ; quelques jours avant qu'il arrive, & ainfi avancer , ou retarder les récoltes & les femences. Cueillez a préfent les chanvres les plus tardifs ; fi la graine en eft mûre; battez-la tout aufi-tôt. Dans quelques pays froids jai vit que la graine de colfa & celle de na- vette n’étoient pas encore mûres à pré- fent. Recueillez-les comme je lai dis ci-deffus. Ces graines font beaucoup de profit quand on en exprime l'huile. Les gâteaux qui reftent après que Vhuile en eft tirée feront très-utiles aux terres, fi l’on les met en morceaux & fi l’on les répand deflus, Faites toujours parquer les moutons fur les jacheres, s’il y ena; & fur les ter- res que l’on doit enfemencer enfroment, BOS Le Calendrier Amaffez une bonne quantité de dree che pour le mois prochain, qui eft up ges principaux mois pour braffer. OCTOBRE. Ce mois pour l'ordinaire eft fec, & quoique les jours foient courts, ils font pour la plüpart d’une chaleur aflez moderée : mais les foirées font froides. Je regarde ce mois comme le meilleur de toute l’année pour voyager. J'ajou- serai à ce que j'ai déja dit que les che- mins font ordinairement très-bons , & qu'ils ne font point encore gatés par trop d'humidité. Quelques-uns préferent de planter les houblons ce mois-ci, plutôt que dans le commencement de l’année. La feule différence , c’eft que les houblons plantés au Printemps, fi le temps fe mettoit au fec, feront foibles , parce qu'ils auront manqué des pluies nécef- faires pour lier la terre autour des raci- hes, au lieu quon eft afluré que ceux qu des Laboureurs £> des Fermiers. 209 qui feront plantés ce mois-ci, auront aflez de temps avant qu'ils commencent à poufier, pour affermir les racines, Mais alors fi la terre fe trouvoit trop humide , plufieurs piés de houbton pé- Firoient peut-être , ou dégénereroient , & ne rapporteroient rien, larnée fui- vante. Les plants faits au Printemps font toûjours plus sûrs, fi on a eu le foin de les arrofer à propos. Cet arro- fement doit être au moins de fix ou huit gallons * à chaque butte de houblon, afin de rendre la terre autour de ces plantes comme une efpece de boue. Sr Pon plante des houblons ce mois-ci; & fi l’on eft à l'abri des inondations. comme on doit toujours Pétre dans les houblonieres , parce que le houblon aime une terre feche , faites le de la maniere {uivante. Choififlez une piece de terre fraîche & naturellement lésere, dont le fond ait un peu de profondeur. * Le gallon contient huit pintes, mefure de Pacis. S 210 Le Calendrier Si par hafard il y avoit de la glaife fous la furface , cela ne feroit que mieux. Cette terre doit être bien abrittée con- tre les tempêtes du Nord & de l’Oueft. Les vents du Sud ou de l’Oueft ne peu- vent pas nuire à ces plants. Les vents. brouiffans qui fe font fentir au Prin- temps viennent de l'Eft, mais ils fouf- flent avant que les houblons puiffent en être endommagés ; & on n’a point en- core remarqué, à ce que jal appris; que les vents du Sud fuffent nuifibles aux plantes. Mais le vent du Nord eft rude, & le vent d’Oueft eft ordinaire- ment tempeftueux , il fouffle fouvent avec violence quand les houblons font en état d’en fouffrir davantage. Il faut que les deux côtés de la houbloniere foient ouverts, 1°. parce que l’expofi- tion au Soleil levant enleve & corrige la rofée , ce qui prévient la niele. 2°. Parce que le Soleil du Midi contri- bue à digérer les fucs dans les plantes, fource & caufe du fruit dans les végé- des Laboureurs & des Fermiers; 210 faux qui portent le leur fur des poufles , ou fur des branches de la même année. De plus cet afpect du Soleil mèrira plutôt les fruits. Quand je donne ce - confeil , je n’entends pas parier d’une petite houbloniere d’un quart d'acre ou environ, mais de celles qui contien- nent plufieurs acres , ou une au moins: la moindre ombre des arbres Gteroit tout-a-fait l'air dans ces petites houbio- nieres , & le houblon y feroit expofé a la niele , fur-tout s’il s’y trouvoit quel- que fource. Cependant une petite hou- bloniere réuffira fort bien, fi elle fe trouve naturellement fituée proche d’une montagne. Quand le terrein fera choifi, labourez-le & marquez les pla- ces des buttes de houblon, dont le milieu doit être à fept piés de diftance en quinconce. On les formera alors avec une béche, & elles feront compofées feulement d’une terre fraiche & légere. Plantez fur ces buttes les plants de hou- blon, qui doivent avoir environ un pié S 1] 212 Le Calendrier de long, & trois yeux à chaque plants. Mettez-en fix fur chaque butte avec une houe. Ayez foin de placer un pié de houblon au milieu de chaque butte, & de placer les autres au niveau de la terre à égale diftance. Recouvrez cha que butte de lépaiffeur de deux ou trois pouces du meilleur terreau fi l’on peut en avoir, ou de quelqu’équivalent pafié très-fin 5; que ces nouveaux plants foient bien aflurés, foit en preflant la terre autour d’eux, foit en les arro- fant, comme je lai dit ci-deflus. Car zl faut toujours les mouiller un peu en les plantant. Si l’on a planté du hou- blon pendant ce mois , on peut dans les fentiers entre les buttes de houblon, femer des feves. Si lon a differé aumois de Mars, on peut pareillement y femer des feves. Car ces nouveaux houblons ne donneront pas beaucoup d’ombre la premiere année. Accommodez durant ce mois les anciennes houblonieres ; ceft-à-dire, celles que l’on a cueillies des Laboureurs & des Fermiers. 213 depuis peu. Coupez-en les tiges à un pouce ou deux de la butte, & répan- dez fur chaque butte, à environ deux ou trois pouces d’épaifleur, de la terre fine , parfaitement feche, très riche & trés-légere. Si les chemins font toûjours bons ; continuez de voiturer les chofes qui manqueroient dans la Ferme pendant PHiver. Et lorfque les voitures iront aux marchés , rapportez-en tous les.en- grais que l’on pourra ramafier. Répan- dez de la paille dans les chemins fré- quentés , afin qu’elle puiffe pourrir, & ‘fervir d'engrais pour les terres fortes. Ce mois-ci eft important pour braffer de la biere, Pair étant à préfent tem- peré pour la fermentation de cette i= queur. Ne négligez point cetouvrage. Semez du froment ainfi que je Vai dit le mois précédent. La fpergule, oumorgeline fera de très-bon fourrage. Arrachez les carottes qui ont été femées au Printemps 3 après avoir 214 Le Calendrier coupé les feuilles près de la raciné; laiflez-les fecher pendant trois ou quatre jours. Pour les conferver, mettez-les dans du fable fec , ou dans des feuilles, jufqu’a ce qu’on les porte aux marchés, Les potates ou topinambours font bons à préfent, & en état d’être ven- dus. Voyez dans le mois précédent la façon de les tirer de terre. Ayez attention aux haies qui entou- rent les terres femées en froment, car il ne faut point que les beftiaux puiflent y aller pendant que le froment eft jeune. Continuez à faire du cidre, & cueil- ‘lez par un temps fec les fruits d'Hiver pour les conferver. Ayez foin de don- ner de lair à la fruiterie. Ne mélez au- eun fruit meurtri parmi celui qui eft fain. Ces fruits meurtris pourriront bien vite , & ils gâteroient les autres. Vers le commencement de ce mois ; il eft encore temps de cucillir le fafran; mais fouvenez-vous qu'il faut le cucillir NS eee Es des Laboureurs & des Fermiers. 215 Te matin, avant que le Soleil foit trop chaud , autrement le piftil de cette fleur, la feule partie dont on fafle ufage, rentreroit dans la terre. Commencez a ne plus donner d’her- bes aux lapins dans les garennes arti- - ficielles. Continuez de nourrir le poiffon , comme je l’ai confeillé dans le mois précédent. Outre le plaifir de le voir apprivoifé , & de pouvoir en difpofer quand on en aura befoin pour la table, il engraïffera extrèmement par de pa- reilles nourritures. Vers la fin de ce mois, s’il furvient quelques pluies , arrachez la régliffe qui eft en terre depuis trois ans. Si elle a été bien foignée , elle pro- duira une fort bonne récolte. Exa= minez dans le même temps les jeunes. plants de réglifle, & Ôtez-en les mau- vaifes herbes. Faites aufli attention à la garance , & aux autres récoltes guj reftent en terre, & arrachez toutes 216 Le Calendrier les mauvaifes herbes qui pourroietit leur nuire. Coupez les haricots qui font mars, Battez-les aufli-tôt qu'ils feront fecs. Si le temps efi humide , & s’il y a appa- rence qu'il continue, arrachez{eulement les coffes, & fechez-les fous un hangard ou bien à la maifon, Battez aufli les fe= ves après les avoir fechées: Plantez des arbres dans les haies, fi la terre eft feche & légere, finon atten- dez au Printemps. Séparez de la mere les agneaux.que Vous voudrez conferver. On peut a préfent acheter des ruches ; mais il ne faut pas. les acheter de difé- rens endroits, crainte que le rucher ne foit détruit par les combats, Continuez deramafler du gland-pour nourrir les jeunes cochons, envoyez-les toûjours dans les bois. Remuez & donnez de Pair au blé & aux pois dans le grenier. Commencez à tuer des cochons pour es des Laboureurs & des Fermiers, 217 pour faler , & pour faire du lard. La faifon eft favorable pour fumer & fecher du bœuf, car le feu eft aflez conftant, & la faifon aflez modérée, Fai- tes que la viande prenne bien le fel. NOVEMBRE. J’ai fouvent remarqué que ce mois eft ordinairement le plus humide de toute l’année. Les jours font très- courts, & le Soleil paroit peu. La terre femble aufli fe repofer à préfent, en comparaifon de fes iatigues dans les mois précédens. Je ne puis confeiller de femer du blé a préfent, car s'il leve, il fera fujet, avant qu’il puifle fe forti- fier, à quantité de hafards, tels que humidité, la nielé & la gelée. On peut femer dans la premiere feinaine des fe- ves, telles que celles d'Efpagne & de Portugal, oa bien des pois, tels que Jes pois michaux , afin d’en avoir de bonne heure au Printemps, car lorfque ges légumes font levés ils reftent très: ~ D 5 218 Le Calendrier ER petits jufqu à la belle faifon, & ils font moins en danger d’être battus par les vents, que ceux qui ont été femés au mois d'Oétobre, Quoi qu'il en foit , on eft dans l’ufage de terrer d'environ quatre pouces avec une houe les pois & les feves femés dans ce mois-ci ; cette méthode conferve les tiges , & les em- pêche de noircir. Continuez d’arracher des potates avec une fourche à trois dents, pour ne point endommager les racines. Arrachez la régliffe qui a acquis voute fa croiflance, je veux dire celle qui eft plantée depuis trois ans; elle donnera une bonne récolte , fi elle a été bien foignée. | Les lapins dans les garennes artifi- cielles font à préfent dans leur perfec- tion, fur-tout ceux qui ont été châtrés. Ils feront trés- gros, & la peau fe vendra bien. Le poil de lefpece grife qui eft commune , fert aux Chapeliers. Les peaux des lapins dont le poil eft argenté des Laboureurs& des Fermiers, 219 & qu’on appelle riche, font à préfent en état d’être préparées pour les en- voÿer dans les pays étrangers. On les vend de la premiere main environ une guinée la douzaine. Le temps eft bon pour faler du cochon, & pour faire du lard. Choi- fiffez aufli des cochons pour les en- graifler. C’eft à préfent le vrai temps de fumer & de fecher*le bœuf, celui de cette faifon fe conferve très- longe temps. Vendez les cochons & les vokilles graffes. La reflource des Bois & de la grange les aura rendus d’un bon & prompt débit aux marchés. Le poiffon fe vend bien a ordfeng aux marchés, ainfi que dans la plüpart des mois de l’année , excepté le temps du frai, Continuez de nourrir les poifs fons dans les étangs. | Répandez de la paille, ou autres cho: {es femblables fur les chemins & fur les endfoits humides, pour YP pourrir, Ce ij 220 Le Calendrier fumier fera d'un très-grand fecours aux terres fortes, Les batteurs font a@uellement très- occupés dans les granges. Il ne faut pas battre à préfent toutes fortes de grain pour le conferver au grenier, mais feulement celui qu’on deftine pour ia vente, car il ne fe garderoit pas bien par un temps humide. Les feves, & les pois deja battus & gardés dans lés greniers feront fouvent retournés ; & criblés de temps entemps, pour les empêcher d'y prendre un mauvais goût. Répandez les fourmillieres dans les prairies, afin que la gelée fafle périr Jes fourmis. Réparez les haies autour des terres à blé. Tenez chaudement les abeilles à préfent , & nourriffez les effains qui font foibles. Couvrez les ruches com- fnünes avec de la paille, & mettez- én autour, & en deflus des ruches de pois. / des Laboureurs €& des Fermiers. 25% Commencez à travailler le chanvre & le lin. La principale affaire d’un Fer- mier à préfent eft de fuivre le cours des marchés. Coupez les taillis pour faire des fa- gots & des bourées, ou pour d’autres ufages. Tendez des piéges pour détruire les vermines. Méfiez-vous des renards ; ils commencent à roder autour des volailles, Pour écouler Tes eaux qui féjourne- roient fur les terres à blé, faites des faignées , fi on a négligé de le faire avant que de femer le blé ; & pour prevenir les inondations , voyez fi les faignées qui ont été faites avant les fe- mailles, font hbres & ouvertes. Nourriffez les pigeons dans le colom- bier, la nourriture eft à préfent peu commune dans les champs. Les chevres commencent vers ce temps-ci à entrer en chaleur. Elles por tent auffi long-temps que la brebis, T iij 222 Le Calendrier c’eft-à-dire, vingt femaines, quelquefois elles entrent plutôt en chaleur. La che- vre eft un animal très-utile , & même plus que la brebis. Je m’étonne qu’on n’en éleve pas davantage en Angleterre, d'autant plus qu’il s’y trouve nombre de montagnes qui font les endroits où kes chevresfe plaifent beaucoup. L’herbe la plus courte eft la meilleure pour ces animaux, gui fe nourriflent aufli très- bien dans les endroits où la terre eft remplie de petits buiffons, tels qu’on en voit parmi. les roches & parmi les pier- res. Les chevres ainfi que les bêtes fau ves broutent les tiges, & les branches des arbres qui font à leur portée. El y en a deux ou trois efpeces que jai vil conferver en Angleterre comme des curiofités ; la principale différence con- fifte dans la taille ou dans la couleur du poil, la plus groffe efpece dont le poil eft ordinairement blanc, eft regardée comme la plus robufte contre les ri- gueurs du froid, La barbe du bouc croit des Laboureurs & des Fermiers, 223 dune fi grande longueur , qu’on s’en fert pour faire des perruques.en la mêlant avec des cheveux , quelquefois on l’em- ploye feule à cet ufage; elle fe vend très-bien. On m'a affuré que la barbe d’un an d’un feul bouc, laquelle étoit longue & d’une belle couleur, avoit été vendue aufli cher qu'un bon mouton: Ainf ce bouc dédommagera bien des frais. Les femelles de cette efpece , de mème que celles des autres efpeces, font fi fécondes qu’elles donnent foux vent trois, quatre, & même cinq chevreaux d'une feule portée : mais je fai jamais entendu dire qu’elles en don- naflent moins de deux. Ces animaux font très-lafcifs , ils produifent très jeu- nes , ils commencent à entrer en rut avec leur mere qu’ils mont pas plus de fix ou fept mois. La plus grofie efpece eft la meilleure pour manger , lorfque les chevreaux n’ont que quatre ou cing mois: mais ceux de la plus petite efpece ne fe mangent que lorfqu'ils ont un T iv 224 Le Calendrier an , ils ont le goût de la venaifon beau coup plus que ceux de la groffe efpece. J’ai mangé de l’une & de lPautre, ac- commodée comme de la venaifon & rôtie, & en pâte : mais jai trouvé la petite efpece un manger plus délicat. Quoi qu’il en foit , fi on mange les che- vreaux de Pune ou l’autre efpece, on les trouvera auffi bons que de jeunes faons, On les prépare de la même façorr. Le lait des chevres eft fort eftimé & trés-bon, on en fait des fromages ex- cellens, femblables aux fromages de Cheshire. La peau fe vend plus cher que celle des moutons. On la prépare de la même façon que celle des daims, elle eft douce & moeileufe , & cependant auf forte que celle du daim. Le poille plus court fert à faire des cordes qui dureront très-long-temps, qui ne pour- riront pas même dans Peau falée, & qui ne brileront pas aifément , de forte qu’elles feroient très-utiles pour les waifleaux , fi elles ne font pas déja en des Laboureurs & des Fermiers. 225 ufage dans la Marine. Si l’on achete un troupeau de chevres, il eft convenable de le prendre tout entier & enfemble; plutôt que de différens troupeaux. Elles font plus d'accord , & elles profitent bien mieux étant élevées enfemble qu’autrement. Dans l’achapt de ces animaux , on remarque que s'ils boivent le jour même, c’eft une marque qu’ils fe por- tent bien, ear quand ils font malades ils évitent toute boiflon. Les maladies les attaquent fubitement ; & fansunremede prompt elles font pour la plüpart incus rables, & elles les font périr en très- peu de temps. | On a remarqué que les chevres ne refpirent pas par les narines, comme les autres animaux , mais par les oreilles. Si le troupeau eften bon état, les chevres porteront deux fois l’année ; principalement la petite efpece. Le penchant de ces animaux pour la pro- pagation , même pendant qu'ils font 226 Le Calendrier encore allaités par la mere ,abrege leurs jours , de forte qu’à l’âge de cinq ou fix ans , ils font trop foibles pour rap- porter. Ainfi quand ils auront cing ans- il n’y a plus d’efpérance que les mâles & les femelles puiflent donner des petits. Dans la naiffance des chevreaux , il faut diftinguer avec beaucoup d’atten- tion lage des meres qui ne peuvent à un an ou deux les élever; parce que cette nourriture forcée les affoibliroit trop : mais elles auront affez de force à trois ou quatre ans. Les chevreaux nés d’une mere âgée d’un ou de deux ans feront fevrés , fçavoir , ceux de la pre- miere ou de la plus grofle efpece à un’ mois, & ceux de la feconde 4 deux mois tout au plus. On pourra les tuer alors , ou bien les nourrir avec du lait de vache , & ils brouteront pendant un mois ou plus long-temps. Les che- vreaux commencent a brouter les jeu- ses poufles des arbres très-peu de temps _— Ras. à | mono din des Laboureurs & des Fermiers. 229 après leur naïffance ; & s’il eft poffble s procurez-leur totijours cette nourriture. Pline dit qu après la troifieme année une chevre n’eft plus en état d’engen- drer : mais il y a lieu de croire que les chevres du pays qu’il habitoit, devoient être très différentes des nôtres. Les par” ties méridionales de l'Europe & de PAfie, auffi bien que la Barbarie, ont plufieurs variétés relatives & paruücu- lieres au climat. La gazelle, par exem- ple, qui eft une efpece de chevre, a les cornes toutes droites , & dans ces pays chauds les bêtes arrivent totijours plutôt à leur perfection, & elles vivent moins long-temps que dans les climats froids. Ces chevres donc, en les fuppo- fant de la même efpece que les nôtres ; auroient ceflé plutôt d’engendrer dans les pays chauds, que dans les climats froids. Ii dit , ala vérité , que le temps du rut commence à l’âge de fix mois, en eft de même pour celles qui naif- fent parmi nous vers la fin de Mars , ow 528 Le Calendrier dans le mois d'Avril , au moyen de la nourriture forte & vigoureufe qu’on leur donne alors & dansles mois fuivans; au lieu que les chevreaux à la fin de l'Eté ne font pas fi avancés d’un mois, ou deux. Un Curieux a fait la remarque, que la premiere chaleur des chevres n’eft bonne à rien, que la feconde eft paffa- ble , la troifieme très-bonne , ainfi que la quatrieme & la cinquieme ; que la fixieme eft indifférente ; mais que la feptieme ne yaut abfolument rien. L’efpece de chevres fans cornes, que l'on appelle a caufe de cela Etétée, eft renommée par l’abondance du lait, & de plus celles qui ont des cornes font fouvent méchantes. Columelle confeille les chevres fans cornes pour les pays chauds & temperés, celles au contraire qui ont des cornes pour les: pays plus froids. Il ya, ala vérité, un avantage particulier à l’efpece qui a des cornes, lequel ne fe trouve point dans les autres des Laboureurs & des Fermiers, 229 c’eft de pouvoir connoître lage par les cercles autour des cornes. On prétend auffi que cette derniere efpece eft plus robufte , & qu’elle vit plus long-temps, Quelques anciens Naturaliftes affu- rent que la chevre voit auffi bien la nuit quele jour. Je crois digne des curieux Anatomiftes la recherche & l’examen de la conformité qui fe trouve entre les yeux de la chevre, du chat, de la chouette , & des autres femblables ani maux. Plus on aura d’exemples de cette efpece, & plus on fera a portée de juger les ouvrages de la nature, Nutianus dit avoir été témoin de l’a: arefle furprenante d’une chevre. Il rap: porie que deux chevres fe rencontre- rent fur un pont long & étroit, qui par rapport à fon peu de largeur ne leur permettoit pas de pañler à côté l’une de l'autre, ni de pouvoir fe retourner ou seculer : comme ni l’une ni l’autre ne vouloit fauter à caufe d’un torrent pro= fond & rapide qui pañloit {ous le pont ; 230 - Le Cilendrier Pune des deux pour furmonter toutes ces difficultés fe coucha , tandis que Pautre pafia par deflus fon corps. Il vaut mieux avoir de petits trou- peaux de chevres que d’en avoir de grands, parce que ces derniers font plus fujets au tac, * & quand une chevreen fera attaquée , tout le refte du troupeau le fera inévitablement. Le troupeau fera fiffifant s’il eft compofé de cinquante de la plus groffe efpece, mais on peut avoir quatre-vingt ou cent tout au plus de la petite efpece. Ne tenez point les chevres dans des endroits humides, elles font fujettes à une efpece de fievre, & aufli à une ma- ladie contagieufe & épidémique , qui emporteroit tout le troupeau en peu de temps, sil en étoit une fois attaquée Cette efpece de pefte les attaque prin- cipalement , lorfqu’elles font nourries dans des pâturages trop gras. Cepen= * Maladie contagieufe à laquelle les cheyres & les moutons font fujets, # des Laboureurs & des Fermiers, 23% dant fi Pon eft affez heureux pour trou: ver la premiere & la feconde qui en eft attaquée , il faut faigner tout le refté auffi-tot , & lui fupprimer toute nours riture, jufqu’a ce que la chaleur dujour foit pañlée. On pourra prevenir cetté maladie fi l’on enferme & fi l’on tue d’abord les chevres infetées , & fi l’on a le foin de les enterrer fort avant. Mais fi malgré ces foins tout le troupeau vez noit à périr , ne mettez pas trop promp- tement de nouvelles chevres dans les mêmes endroits, laiflez auparavant pu- rifier Pair, de crainte qu’elles ne gagnent la même maladie. Les chevres, felon moi , reflemblent fi fort aux gazelles foit dans la figure, foit dans la chair 3 dans le poil, & dans les cornes qui ne tombent point, que je fuis perfuadé que toute efpece de nourriture ou de medecine qui convient à l’une, peut également convenir à l’autre. La ga- zelle mange les feuilles feches de tabac; qui la guérit lorfqu’elle eff malade, Je 232 Le Calendrier penfe qu’il en feroit de même de Ia chevre. Si on a l’occafion d’en faire Yexpérience , je fuis perfuadé que Pon previendra par-la non feulement la ma- Jadie épidémique parmi les chevres, mais même qu’on l’arrêtera , fi elle s'é- zoit déclarée. J'ai vii les gazelles produire en An- gleterre de la même façon que les che- vres , & les femelles des deux efpeces porter aufli long-temps. Je me fouviens que la feue Reine Anne avoit un male & une femelle qui avoient fait des pe- tits à Kinfington. Comme ces animaux n’avoient qu’un an, la femelle ne don- na que deux petits. Mais dans un autre gndroit , jen ai vi quatre d’une même portée. La feule différence entre les cornes de Ja gazelle & les cornes des chevres , eft que celles de la gazelle font droites & cordonnées , & que celles de la chevre font tournées & cordon- nées. . Les chevres font attaquées quelque- fois des Laboureurs & des Fermiers. 233 fois d’une maladie qui eft une efpece @hydropifie. Pour les guérir , percez la peau au-deffous de Pépaule, & humeur sécoulera d’elle-méme. On peut gué- rir cette bleffure avec du gaudron. It faut dans ce cas que la nourriture prin- cipale d’une chevre foit feche, & la mener paître & brouter dans des en- droits où les buiflons d’aubépine & de prunelle font abondans. J’en ai affez dit fur la façon de gou- verner les chevres pendant ce mois. Ce feroit fort bien fait de multiplier les chevres & les gazelles en Angleterre. I] faudroit feulement obferver que les parties les plus chaudes conviendroient micux à la gazélle , quand on commen- ceroit à lintroduire en ce Royaume, les petits deviendroient plus robuftes- que les meres , la feconde génération le feroit plus que la premiere, & la troifieme encore plus que la feconde ; jufqu’a ce qu’enfin au bout de fix géné- rations , ces animaux feroient aufli V. 234 Ee Calendrier naturalifés à notre climat, que s'ils en €toient originaires. Ce qui me confirme dans cette opinion, eft une remarque que je tiens du fçavant & curieux M. du Bois fur la maniere de natura- lifer les plantes étrangeres. Cet habile homme 2 bien voulu me faire obferver » qu'il a trouvé par une longue expé- rience, que toutes les fois qu’une plante: cendre des pays étrangers vient pour la premiere fois en Angleterre, les, graines de cette plante en maturité, donneront des plantes plus robuftes que la plante mere , & que pareillement les. graines de ces dernieres donneront des. plantes encore plus fortes, & ainfi de fuite jufqu'à ce qu’elles viennent enfin: à fupporter le climat, fans y avoir be- foin d’abri. MM. du Bois en a plufieurs. exemples dans fa belle & riche collec- tion de plantes étrangeres à Mitcham en Surrey. Il en: fera de même des pe- tits de tous les animaux qui viennent des climats les plus chauds , lorfqu’ils des Laboureurs & des Fermiers. 23$ feront tranfportés chez nous. Si le cli- mat dont ils viennent eft très chaud , il faut les traiter d’abord avec beaucoup de délicatefle , avoir foin de les tenir à Vabri dans les faifons rigoureufes, & de les échauffer par de bonnes nourritures pendant le temps de gelée. Lorfque les petits auront une fois acquis dela force ; ils n’auront pas befoin d’autant de foins que les meres. Les générations fuivan- tes feront à proportion plus fortes, jufqu’a ce qu’enfin le climat leur devien- ne aufli agréable, que celui d’où on les a tirés , fi après la fixieme ou feptieme génération, Ou même plutôt, on fai- foit leffai d’en tranfporter quelques-uns de ces dernieres générations dans leur pays naturel. Mais pour revenir à la gazelle il y en a plufieurs efpeces , de même que plu- fieurs efpeces de daims. On prétend que la venaifon eft infiniment plus friande & fupérieure a celle des meil- leurs daims. Une autre différence entre Vi 236 Le Calendrier la gazelle & le daim, eft que les cornes du daim font branchues & tournées er avant, & que celles de la gazelle * ne le font pas. De plusles cornes du daim tombent & fe renouvellent tous les ans, au lieu que la gazelle conferve les fien= nes toute fa vie. On remarquera que les daims font en rut vers le mois: @Aott , & que leurs faons naiffent’ au mois de Mai fuivant, de forte que: la femelle du daim porte beaucoup plus long-temps que la chevre, fou la: gazelle. DÉCEMBRE. Ce mois eft ordinairement accompaz- gné de fortes gelées , qui müriront les terres retournées depuis peu, & celles: qui font en jacheres. Retournez à préfent les amas de fu- mier deftinés pour les terres qui doivent * Les cornes de la gazelle font noires-& creufes, groHes par le bas , droites & poing tues, mais un peu recourbees au bout, des Laboureurs & des Fermiers. 237 être femées au Printemps, & pendant la gelée voiturez-les fur les terres. Si le temps eft à la gelée, portez & répandez fur les prairies les fumiers qui y font néceffaires. Répandez de la cendre & de la fuie fur les endroits des prairies qui font attaquées de la moufle.. Examinez les haies & bouchez les ouvertures, pour empêcher le bétail d'entrer fur les terres à blé. Faites tous les jours des trous dans les étangs glacés , pour donner de l'air aux poiflons. Mettez dans ces trous quelques coffas de pois, pour prevenir la gelée. . Continuez de détruire la vermine ; & particulierement les taupes & les. fourmillieres , qui produifent abondam- _ ment. On trouvera les taupes dansleurs nids, qui forment une butte compofée de feuilles , de paille, de moufle & de terre, beaucoup plus groffe que Îles. taupinieres communes, On les trouye 538 Le Calendrier Je plus ordinairement dans les endroits chauds & fecs. Mettez des cochons pour engraiffer ; & tuez ceux qui font deftinés à faire du lard, & à faler. Envoyez au marché les cochons pro- pres à manger en porc frais. Donnez à préfent aux vaches des grains , des navets , du trefle , ou de la luzerne. I] faut mêler la luzerne avec de la paille d’orge, ou bien donnez- leur des tiges de blé noir, ou farrafin, ou celles de pois. Ces nourritures leur donnent beaucoup de lait. Continuez de détruire les fourmil- lieres , en les répandant fur la terre. Mettez a préfent des volailles pour engraiffer, afin d’en avoir de bonnes vers Noel ; elles fe vendent bien dans: ge temps-là. Mettez à couvert le vieux bétail. Vendez les meilleurs de ceux que vous: avez achetés à la Saint Michel. Examinez les faignées des terres, & des Laboureurs & des Fermiers, 239 he laiffez point féjourner l’eau fur les: blés, Ayez foin que les lievres ne puiffent pas entrer fur les terres a fafran ; ils- font très-friands de ces feuilles , fi elles: étoient endommagées, cela affoibliroit Yoignon & Pempécheroit de rapporter Pannée fuivante. On doit d’autant plus craindre que les lievres aillent aux fa- frans, quil y a a préfent trés-peu de noutritures vertes dans les champs. Entretenez donc bien les haies qui les: entourent. Coupez les taillis & quelques arbres de charpente , mais en coupant ces bois: laiffez un nombre fuffifant de baliveaux ; & dans les taillis n’abattez aucun chêne qui ait neuf pouces de tour, trois piés au-deflus des racines. On ne le regarde point comme taillis , mais comme bois de charpente. Continuez de nourrir les eflains d’a= beilles qui font foibles. Le Fermier doit à préfent ex aminer 3 540 Le Calendrier & réparer tous les inflrumens-de l'agris culture. Si le mois fuivant eft beau & ouvert, comme il le fut il n’y a-pas long-temps», i} feroit embarraflé pour rétablir ceux qui ne fe trouveroient pas en état de lui fervir. Nourriflez les pigeons, car ils ne trouvefit rien dans les champs. Les panais font bons à préfent à être tirés de terre pour les vendre. Il y a aufli des navets, des carottes, des potates, des topinambours * propres à porter aux-marchés. Vers la fin de ce mois, on a des volailles de toutes fortes, des lapins , & des beftiaux propres à ven- dre aux bouchers. Il y a aufli des grains de toutes efpeces, & toutes fortes de fourrage , qui produiront de l'argent au Fermier induftrieux, pour le récom- penfer de fon travail. Je le laiffe préfentement finir l’année: en hofpitalité & en joie innocente , & * Corona Jolis parvo flore tuberofa radice, Giëm. de Bot, 391 commencer des Laboureurs & des Fermiers: 34% commencer la nouvelle année avec cou: rage & bonne conduite, afin que la fin puifle être terminée par les richeffes. Regles qu'il faut obferver pour élever les faifans. : a Orfque l’on veut élever des faifans } il faut les prendre de l’année précedente, plutôt que plus âgés, fur-tout les poules qui, loriquelles font jeunes, donnent beaucoup plus d'œufs , les pondent plutôt; ajoutez que les cou- yées qui viennent de bonne heure , & Jes premieres réuffifient toûjours mieux. On donne ordinairement un coq pour cinq poules. Si le nombre en eft plus grand, féparez-les , & tenez-les dans différens endroits pendanttout le temps que les cogs cocheront , & que les pou- les poncront. On les gardera dans des cours. éloi- gnées de la maifon, qui gun plus 242 Le Calendrier grandes ou plus petites fuivant la coms modité de la place, Fermez bien exac- tement ces endroits, pour garantir les faifans de toutes fortes de vermine, dés chiens , des chats, &c. Les hom- mes eufli, qui leur font étrangers :& inconnus , les incommoderont, leur porteront préjudice, & leur donneront de-fréquens embarras. I] y aura un ap- pentis , ou quelqu’autre abri, afin qu’ils puifient -s’y retirer dans le mauvais temps, ou lorfqu'ils feront effrayés, On mettra fous cet appentis des nids deiti- nés pour y pondre, hors de la vite des oifeaux de proie, tels que les mi- : Jans , les corneilles , les pies. grieches quriles fuceroient. Nourriflez-les avec de lavoine bien : mette, avec du froment, ou avec quel- ! qu'autre grain femblable ; & qui nait ! point de mauvais goût. L’eau qu’on leur 4 donnera doit auffi être claire & nette, " -Si dans l'enceinte il y a des arbres & «des herbes , fur-tout celles dont ils des Labovreurs & des Fermiers, 24% mangent ,-ce n’en fera que mieux ; puif= qu’ils auront en même temps l’ombre, Vabri & la nourriture. Les faifans bequeteront tous les bou: tons , & toutes les feuilles des efpaliers , sils y vont, jufqu’on ils pourront at. teindre.,. & ils dépouilleront fe mur à la hauteur de deux piés ou environ ; c’eft pourquoi il ne faut pas les y laiffer aller. Laterre fraiche & nouvelle leur fera très-avantageufe ; ils la nettoyeront en fort peu de temps:ils y mangeront les crapauds , les limas blancs fans coquilles, & les autres infectes, quiferviront à les engraiffer. ‘Ne leur donnez point de-nourriture qui foit méiée ou falie par leurs ordures, - Des poules d'Inde, ou des poules ordinaires, pourront, dans des endroits sûrs & tranquilles, couver les œufs des faifannes , que l'on ne gardera pas long. temps après! qu'ils feront pondus, & gu'onne dépofera point dans des en« 344 Le Calendrier droits fales, ou humides, ou froids; ou chauds, avant que de les donner à couver. Tirez-les du nid dès qu’ils fe- ront pondus, & pour ne point les en- dommager, placez-les proprement & doucement dans un panier, ou dans quelqu’autre chofe , & retournez-les de temps en temps. | Donnez a une poule d'Inde, ou à une poule prête à couver, un nombre fuf- fifant de ces œufs, parce qu’étant plus petits que ceux des poules communes, il en faut davantage , & parce qu’il y aura plus de certitude de les voir éclos; que sil y en avoit trop peu. Les per- fonnes qui en auront foin , avec un peu d'attention fauront le temps que les œufs doivent éclorre , & ils fe précau- tionneront pour faire toutes les provi- fions nécefaires. Après la naiflance des faifandeaux ; enfermez la dinde, ou la poule, dans une cage , Ou autre commodité fembla- bic à celles dont on fe fert pour les % = des Laboureurs €& des Fermiers, 24-¢ faifans , & que fappellerai ici boite ou muë , par ignorance de fon vrai nom. Donnez-lui de Peau & les grains pro- pres à fon efpece. Nourriflez de temps en temps les faifandeaux avec des œufs de fourmi. La dinde, ou la poule, les moineaux & quelques autres dérobe- ront ces œufs de fourmi, s’ils le peu- vent, & ils affameront ainfi les faifan- eaux. Pour éviter cet accident, don- nez les œufs de fourmi à travers un filet qui couvre la cage, ou les autres commodités, comme on le fait dans les boîtes ou mués, où les feuls fatfandeaux peuvent fe retirer. Alors ni la poule, ni les oifeaux ne pourront les dérober. Pour trouver les œufs de fourmi, creu- fez les fourmillieres dans les prairies du côté expofé au Soleil, mettez - les avec la terre dans un pot de terre, au- tant qu'on en pourra conferver pour deux ou trois jours. Lorfque les fai- fandeaux feront parvenus à la grofleur d’un merle , ou même plutôt, ils com: X üj 246 Le Calendrier: * * menceront a manger, & apréférer de là mie de pain, ou d’autres alimens fem- blables mélés en parties égales avec les œufs de fourmi. Lorfqu’on verra ‘cette préférence , donnez-leur des autres ali- mens autant qu'ils en voudront, ef même temps que les œufs de fourmis Enfin on les verra fe fortifier de jour en jour fans donner davantage l’em- barras de ramaffer des œufs de fourmi: La regle qui doit décider quand: il faut cefler de leur en:donner,, eff loriqu ils paroiffent les abandonner d’eux-mêmes; & leur préférer le blé, l’avoine , da mie de pain, &c. .Nettoyez-les avec foin, de peur que leurs orduresine leur nuifent ;'ainfi que je lai rene ci-deflus. | i bi Ul faut leur couper les'ailes:q asin ils commenceront) a easing > à moins: qu p ‘aifir Ge l: A enon Placez les cages fur une terre {chez des Laboureurs & des Fermiers. 24 ne les expofez point au Nord le long d'un mur qui ait très-peu ou même point de Soleil, ni le long d’un mur expofé au plein Midi, parce quil a trop de Soleil. Dans un jour chaud par un Soleil fort brillant , j’ai été furpris de voir des couvées fortes & vigou- reufes détruites en une demie heure de temps. Ces oifeaux deftinés pour habi- ter les endroits couverts & ombragés ne peuvent fupporter la trop grande ardeur du Soleil. Placez-les donc le long d’un mur expofé à l’Oueit, ou fi vous n'avez pas de mur à cette expofition,; donnez-leur quelqu’abri pour les ga- rantir du Soleil. Les faifandeaux qui commencent a quitter la poule, fe plai- ront bien dans des endroits remplis d’arbriffeaux & de buiflons , où ils puiffent courir en liberté. On fera étonné fans doute de m’en- tendre parler des crapauds pour leur nourriture. Ils ne peuvent les mañger quand ils font trop gros, mais ils les iv 248 Le Calendrier avalent avec avidité & avec empreffe= ment, lorfquils font d’une groffeur moyenne & proportionnée. Cette nour- riture les fortifie , ainfi que je Pai viv Je m'en fuis informé à une perfonne qui nourrit des faifans pour la Cour: elle m'a dit que c’étoit une chofe géneralez ment connue. Les faifans ne touchent point aux grenouilles ; ni aux lefards que les canards recherchent avec tant de friandife : & de même les canards ne mangent point de crapaud : les fai- fans ne font point de cas non plus des vers deterre, à moins qu’ils ne ioient prefque rôtis par le Soleil. Ven ai va quelquefois fur des allées de gravier , foit que par hafard ils euffent rampé jufques li, & qu’ils ne puffent plus ren- trer dans la terre. Les faifans les pre- Moient alors , mais je ne leur en ai ja+ mais préparé tout expres. Quand le temps de la ponte eft finr; préparez pour la table les faifans de l’année derniere, Mais fi on peut les des Laboureurs & des Fermiers. 249 barder commodément pour en faire une race fauvage dans les Bois, ne les y envoyez point que l’Hiver ne foit patie 3 autrement les chafleurs & les renards les auroient bientôt détruits. On met tra ceux dont les aîles ne font pas cou- pées dañs des endroits féparés, & on les couvrira de filetsa bon marché. roient dans des champs remplis de ge= nét, aufli bien qu'ils le font dans les Bois , fi ce n'étoit les braconiers qui pourroient les remarquer & les dé- truire tous. Si on peut les conferver dans quelque bouquet de Bois autour de la maifon, on aura l’amufement de les y rencontrer, & le plaifir d’y donner des permiffions de chafle à des amis qui en tueront quelques-uns ou pour vous , ou pour eux. La fituation des Bofquets voifins des terres à blé, eft la plus avantageufe , & elle eft préfé- rable à toute autre. La couleur coms mune & uniforme expofe moins que 250 Le Calendrier quelques taches blanches, les faifans fauvages a la vie des chafleurs. Ceux dont les plumes font toutes blanches, font moins vifibles , & la chair en eft plus tendre. On n’appercoit aucune différence dans la nature de ceux qui font pies, c’eft-à-dire , noirs & blancs, tels que quelques perfonnes en gardent pour leur amufement. Si on fubftitue une autre nourriture à celle que je confeille, il périra beau- coup de faifans, & pour-lors l’embar- ras & la perte feront plus grandes que le plaifir & le profit. | Les poules d'Afrique ; autrement poules de Guinée . je veux dire celles de la plus grofle efpece, feront élevées de même. On ne leur donne point d'œufs de fourmi pendant filong-temps. On commence a leur donner d’autres nourritures bien plutôt qu'aux faifans. Ces poules ne font aucun tort aux ar— bres fruitiers , fi on les la iffe aller dans les jardins. Elles ne s’écartent point / des Laboureurs & des Fermiers. 25% “fon plus comme les faifans, mais elles reviennent à la maifon avec la même régularité que les coqs & les poules domeftiques. La feule difficulté que j'y trouve, eft que leurs œufs éclofent ra= rement, quelque foin qu’on en puifle prendre. Prefque tous ces œufs fe trou- vent pourris ou gatés, foit couvés par elles-mêmes, foit par une poule d’Inde » ou par une poule. commune. Je mai point entendu dire que d’autres perfon- nes ayent eu une meilleure réuflite que moi. Ce qui fait que cette efpece de poule eft à préfent fort négligée, RE RSR" 252 Le Calendrier Des différentes efpeces de fumiers dont on fe Jervoit en Italie, pour engrailler les terres. Extrait de Columelle , de Varron, de Pale lade, &'c. AVEC DES Remsrques. J ’Ai appris de Columelle, de Varron} & de Pallade , & des autres anciens Ecrivains , qu'il y avoit trois efpeces particulieres de fumiers, dont on fe fervoit ordinairement pour engraifler les terres, favoir celui des oifeaux ;: celui des hommes, & celui des beftiaux. Le meilleur. fumier des cifeaux eft celui de pigeon, que l'on ramafñle en nettoyant les colombiers , enfuite celui qu’on tire des volailles communes : mais celui des oifeaux aquatiques , tels que fes oies , les canards &c. eft pernicieux plutôt qu’utile à la terre. L'on approuve particulierement le des Laboureurs & des Fermiers, 253 fumier de pigeon, parce qu’on trouve par expérience qu'une petite quantité de ce fumier répandue fur la terre , l’enrichit extrèmement, Il faut mélanger la poudrette * avec la terre que lon ramaffe dans les rues , pour lors elle fertilifera la terre : mais comme fa qualité eft d’être extrème= ment chaude, il ne faut jamais em ployer feule. L’urine de l’homme eft beaucoup meilleure pour aider les vignes a rap- “porter: mais il faut avant que de s’en fervir la laiffer fe mürir pendant fix mois. Rien ne contribue davantage au bon entretien des vignes & des arbres fruitiers que Purine, quand elle a de- meuré aflez long-temps a fe mürir, avant que de la répandre fur les racines ; elle fera porter aux arbres beaucoup de fruit, d’un goût meilleur & plus fin, fur-tout les faifins & les pommes, * C’eft le nom que Pon donne aux excrés mens humains, 254 Le Calendrier La lie d'huile pareillement qui a été gardée jufqu’a ce qu’elle ait perdu fes fels , & mélée avec l'urine, eft d’une ‘ très-grande utilité aux arbres fruitiers, fi on la répand fur leurs racines ; elle eft particulierement bonne pour les oli- viers : mais foit que l’on méle la lie d'huile avec Purine , foit que l’on s’en ferve feule , Yon trouvera toüjours qu'elle eft fort avantageufe à la terre. À Ja vérité, fi Von fe fert de cet en- grais pendant lHiver, il vaut mieux pour-lors fe fervir de Purine, & de la lie d’huile mélées enfemble. On peut auf sen fervir dans le Printemps, avant que la faifon foit trop chaude, c’efi-a-dire , pendant que les vignes & les arbres fruitiers ont encore la terre découverte fur les racines. 4 La troifieme efpece de fumier eff celui des beftiaux , parmi, lefquels Pon regarde celui des ânes comme le meil- leur, par la raifon que ces animaux mangent très-lentement, mais digerent — te Lane ow ental LE RS nae des Laboureurs & des Fermiers, 25 $ promptement , & parce que leur nour riture paffe incontinent au travers de leurs corps. Celui qui fuit eft le fumier des mou tons & des chevres ; on fe fert aufh parcillement du fumier des chevaux & des autres beftiaux , mais le pire de tous eft celui des cochons. Quelques Laboureurs fe fervent de cendres avec fuccès ; les tiges des lu- “pins coupées & mifes enfemble pour pourrir, font auffi utiles pour les ter= res que le meilleur fumier. Je e fais men- tion de cette efpece d'engrais, parce que dans quelques pays il n’y a point affez de beftiaux , ni affez de volailles, pour fournir fuffifamment de fumier. Dans ce cas un Fermier doit avoir re- cours à d’autres moyens. [l doit étre foigneux d’amafler des monceaux de feuilles le long des grands chemins; aux endroits où il en pourra trouver. I peut: aufli arracher la fougere fans faire tort à {es voifins, fur-rout sl 256 Le Calendrier Jarrache pendant qu’elle eft jeune; il peut méler le tout avec des cendres & les balayures des privés, & y join- dre tout ce qui peut fe pourrir facile- ment, mettant le tout enfemble dans une foffe, jufqu’à ce qu'il foit propre à en faire ufage. Je recommande ce mé- jange particulierement à ceux qui ne peuvent avoir la reflource du fumier des beftiaux : mais dans les pays où il y a de grands troupeaux , on aura rare- ment befoin de la recette ci-deflus : les étables , les bergeries, les poulailliers , les laiteries, les cuifines, & les autres commodités qui fe rencontrent dans une Ferme, fourniront du fumier avec profufion. Tl n’eft pas néceffaire de conferyer chaque efpece particulicre de fumier féparément , pour chaque forte diffé- rente de terre. Mais mélez le tout en- femble dans une fofle, comme je lai dit ci-deflus. Si quelqu'un eft curieux @’en faire l'expérience , je l’avertis que le des Laboureurs & des Fermicrs. 259 fe fumier des cheyres & le fumier des oifeaux , peut réuflir mieux pour les terres à blé & pour les prairies, Le magafin de fumier une fois mis dans la fofle , doit être tenu toüjours humide , afin que les différentes parties dont il eft compofé puiffent pourrir plus aifément , & afin que ces fumiers fe puiffent répandre fur les terres , furs tout filon a mis les tuyaux, & les tiges de quelques plantes parmi le fumier : Fon doit alors être foigneux de le te- nir humide , ce quieft le mieux pour le pourrir , & pour détruire les graines qui pourroient s’y rencontrer par ha- fard. Durant l'Eté remuez toutle monceau de fumier avec‘des fourches , afin qu'il puiffe pourrir plutôt, & afin que toutes fes parties puiffent être préparées éga- lement. & devenir propres à être répan= dues fur la terre. Le fumier ainfi préparé, & qui a fejourné aflez long-temps {ur la terre, 258 Le ‘Calendrier fe trouve alors rempli de force & de vigueur, il ne pouflera point de mau- vaifes herbes lorfqu’il fera répandu fur la terre. Mais il faut le répandre tout frais fur les prairies pour les améliorer. Cet ouvrage doit fe faire au mois dé Fevrier, pendant le crojffant., par-là on aura des récoltes de foin plus aborts dantes. | J'ai rapporté jufqu’ici les, opinions des anciens Laboureurs Romains fur le choix des fumiers , ou fur celui des au- tres engrais. J’obferverai parle fuite Vunanimité , ,& la conformité de leurs fentimens avec les nôtres 3 je recher= cherai alors fi nous les avons perfec- tionnés. Il y a très-peu, de Fermiers, fi même il s'en rencontre qnelques-uns 3 qui ayent aucun-ésard au fumier des oifeaux tant vantépar les Anciens, ex“ cepté feulement celui de pigeons, qui eft fort eftimé par les Fermiers dans Pile d'Ely & aux environs, où on le’ el a i st lnant ass -- ~ des Labourers & des Fermiers, 259 feme fur les terres à blé avec un grand fuccès. Le pays à la vérité eft bien four- ni de colombiers, & on peut fe munir d’une plus grande quantité de celui-là que d’aucun autre. Une feule charretée de ce fumier eft plus avantageufe que cing ou fix charretées de fumier. de che val. C'eft le plus chaud de tous les fumiers , & il abonde en fels. Je con- feille au Laboureur qui voudra en faire ufage, de le laiffer dehors pendant quel- que temps, & de ne pas le répandre fur la terre, aufli-tôt qu'il eft tiré des colombiers.' | Quant aux fumiers des volailles com- _munes fort recommandé par: les An- ciens, Javertis ceux qui nourriflent & qui engraiflent des volailles ,. d’avoir l'attention de conferver toutes les la- vures, & toutes les balayures de la muc & des poulaillers, dans quelque creux fait exprès dans la terre,-quel’on peut remplir en partie avec du fable qui s'imbibera de fes riches parties , lefquel- Y ij 260 Le Calendrier les fe perdroient inutilement dans Je fond & les côtés du creux. Lorfque le trou eft rempli, on enleve le fable & le fumier. H ne faut pas le laifler long- temps fur la terre avant que de I’y enter- rer par le labour. Car je fuis perfuadé que le fumier des oifeaux confifte dans des parties fi fines & fi déli¢es , que lorfqu’il eft une fois répandu fur la terre, les efprits qui en réfultent feront bientôt exhalés & perdus: Comme il faut le répandre très-légerement fur la terre , l’on fe fervira- plutôt de la herfe pour l’y faire entrer, que de la charrue;, à moins qu’on ne fe fervit d’une char- rue qui nentrât pas de plus de quatre pouces enterre. La poudrette * fort recommandée par les Anciens, eft à préfent d’un très-grand ufage, fur-tout en Italie pour les vignes & pour les orangers. Mais on a grand foin de la laiffer pendant un temps convenable dans un creux , ou fofle , jufqu’à fa F La matiere fécales des Laboureurs & des Fermiers, 26% parfaite maturité , & jufqu’à ce qu’elle ait perdu toute fa qualité fétide , avant que de s’en fervir. Alors même on n’en met que peu à la fois : mais je ne trouve pas qu'il foit d’ufage préfentement en Fralie de mêler la poudrette avec d’au- tre terre , quoiqu'il ne foit pas douteux qu’elle ne foit d’une nature très-chaude» & que par conféquent (comme les An- ciens le confeillent ). il fereit.néceflaire . de la mêler avec d’autres ingrédiens ; pour engraifler les terres à blé, & de la diftribuer même en petite quantité fur la terre, comme je l'ai dit du fumier de pigeon. Tel étoit le fentiment des An- ciens ; mais j'en parlerai plus en détajl par la fuite. | La délicateffe , ou la répugnance de quelques-uns a pû les empêcher peut être d'employer cette forte de fumier dans les jardins en Angleterre , ou dans les terres à blé , dans les légumes, ow | dans les herbes deftinées pour la tables dans l'idée quil pourroit communiquer 1562 Le Calendrier: un mauvais goût aux fruits & aux falaz des. Mais fi l’on fait attention que ce fumier doit d’abord avoir perdu toute fa qualité fétide , qu'il doit être digéré fi parfaitement, qu’il eft réduit en pure terre avant que d'être employé , que même pour-lors il devient comme in- corporé avec tout le corps de lair & de Peau ; il n’eft plus à craindre qu'il en: réfulte quelque mauvais goût, qui fe: -développe dans les fruits d’un arbre fumé avec cette matiere; fur-tout fi Pon confidere le nombre & la multitude: infinie des vaiffeaux qui tranfmettent: les fucs que chaque plante reçoit de la: terre, avant que d'atteindre jufqu’au: fruit. Ce que j'ai dit fur le guy & fur la. nature des greffes; doit fuffire pour’ prouver que tous: les fucs que les ar- ‘bres tirent de la terre; doivent être fi fort changés & alterés, qu'il n’y refte aucun veflige , ni aucune trace de leur premier état; fans parler des expérien- Ges communes que l’on peut faire tous des Laboureurs & des Termiers 263 Tes jours. Si l’on goûte de l'écorce d’un arbre, on y trouvera un goût très-dif- férent de celui des feuilles , aux feuilles -un différent de celui des fleurs, aux fleurs du fruit vert , & au fruit vert du fruit mir: autant de preuves évidentes de ce que javance fur laltération des fucs par la filtration. Ou l'écorce d'un arbre eft la même chofe pour le goût que les feuilles du même arbre ;. le feuilles de même que les fleurs, & les fleurs de même que le fruit, ou les fucs qu'un arbre tire de la terre, outre l'ai. tération qu’ils reçoivent par la filtra- tien , font toûjours changés par ia fermentation; de forte quils ne ref femblent pas ‘plus à préfent à leur pre- miere origine ; que le monde refiemble à préfent au cahos dont ila été formé, Mais pour donner un exemple plus fens fible du ‘changement & de laltération que fouffrent les liqueurs par la fltra- tion , on peut confiderer le corps ani<- mal, & remarquer combien Ja felive., Ww 264 Le Calendrier Purine; la fueur & le lait qui font féparées toutes de la même mafle de fang , font différentes les unes des au- tres, en pañlant feulement par des cou- loirs de différentes efpeces. Le fang par lui-même offenfe la vûe , il eft for- mé cependant par la nourriture qui eft rectie avec avidité par l’eftomac. Le lait qui tire fon origine de la même fource devient ce qu'il eft, étant filtré feulement par des couloirs de forme différente des couloirs qui produifent Purine. Le lait eft agréable à la vûe» pendant que lurine lui eft défagréable, J’at parlé jufqu’ici de la fécretion felon la voie naturelle : recherchons préfen- tement jufqu’à quel point les corps de quelqu’efpece que ce foit, peuvent être diverfifiés & changés par le fecours de. la Chymie. | Dans les Memoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris pour l’an- née 1711. on lit le détail d’une expé- rience chimique faite fur la matiere fecale: des Laboureurs & des Fermiers. 265 “écale , dans Vintention d’en extraire une huile qui ne fit point fétide, pour sen fervir à fixer le mercure, Mais quoiqu’on mait point rempli l'objet qu’on sétoit propofé, apres plufieurs & différentes expériences faites de dif- férentes facons, l’on fit une découverte que je ne crois point étrangere A ce fujet , favoir , qu'après que le Chy- mifte * eut fait toutes les tentatives imaginables , il quitta tout, & laifla fes inftrumens dans un endroit à l’écart 3 il les négligea pendant plufieurs mois, au bout defquels il trouva que lune ce fes préparations qui étoit la plus fétide, lorfqu’il avoit interrompu fon travail, étoit devenue pour-lors d’une odeur auffi forte que Pambre gris , & telle- ment reflemblante, que l’odorat ne pou- voit faire la diftinétion de Pune d’avec Pautre : exemple bien remarquable du changement & deValtération des corps, * M. Homberg de l’Académie Royale des Sciences, 5 Z 266 Le Calendrier jufqu’au point d’être oppofés directe ment à leur premiere fubftance. _ On pourroit objeéter que les afper- ges font tellement impregnées par les particules du fumier fur lequel elles font plantées , qu’elles donnent un goût défagréable à l'urine. Pour répondre a une pareille objection, je conviens que les afperges produifent cet effet : mais je ne conviens pas que cet effet pro- vienne du fumier qui les fait croitre. J'ai recueilli de très- bonnes afperges , qui ont été élevées de graine fur la terre naturelle de mon jardin, & qui étoient plantées dans des planches de terre feule , fans fumier d’aucune forte. Ces afperges ont produit le même effet fur l'urine, que celles qui font élevées par le moyen du fumier. C’eft donc la nature de la plante feule , qui occafionne cette altération de l'urine ; & ce n’eft point la cualité qu’elle tire du fumier. Le chou eft encore un exemple remarquable de Faltération & dwchan- des Labouréurs & des Fermiers. 267 gement que les fucs de la terre éprou- vent en paflant par les vaifleaux d’une plante. On plante toûjours le chou fut une terre bien fumée : mais quoique les vaiffleaux de cette plante foient fort larges, & quoiqu’elle-même ne foit qu’u- ne bagatelle. fi l'on la compare avec un arbre , cependant fi l’on coupe la tête d’unchou , on trouve une odeur forte, agréable , & femblable au mufc ; ce qui eft fort oppofé à lodeur du fumier d’où il a tiré fa nourriture. En un mot le fumier , de quelqu'efpece qu'on le fuppofe, contribue à avancer & à for- tifier les plantes, & il ne peut nulle- ment communiquer fa faveur naturelle à aucune de leurs parties: ainfi je ne vois rien qui fe puifle objecter contre Pufage d’aucune efpece de fumier , foit dans les champs , foit dans les jardins, pourvûü qu'il puifle augmenter la vigueur des plantes. Les Anciens recommandent enfuite Purine, pour la répandre fur les racines Z ij 268 Le Calendrier des vignes & des arbres fruitiers, non. feulement pour les conferver , mais en- core pour augmenter le goût & la faveur .du fruit. J’applaudis à Pufage qu’on en a fait en Angleterre fur de vieilles vignes, ce quiles a fait poufler plutôt qu'a l'ordinaire; & à la vérité, de telles vignes n’ont jamais manqué d’avoir du fruit. J’étois trop jeune alors pour ob- ferver files vigrs que lon conduifoit ainfi , devoient leur fruit à l’urine plu- tot qu'à la bonne façon de les tailler & ae ee ébourgeonner : mais ce dont je fuis str, c’eft que Purine dont on fe fervoit étoit fraiche , quoique la raifon m'apprenne à préfent qu’il vaut mieux pour les arbres, la laiffer mû- rir pendant quelque temps comme les Laboureurs Romains le recomman- dent, & qu’elle ne peut donner aucun mauvais gout aux fruits d’un arbre, ainfi que je lai dit en parlant des fumiers ; malgré Vopinion contraire d’un oncle de Columelle, que j'aurai des Laboureurs & des Fermiers. 269 eccafion de rapporter par Ja fuite. Les Laboureurs Romains parlent enfuite de la lie des huiles pour perfec- tionner la végétation. L'huile dont ils veulent parler eft celle d'olive, qui eft trés-commune en Jtalie. Cette lie d'huile , à ce qu'ils difent, contribue particulierement à entretenir les oli- viers, fi on la répand fur leurs racines, ce qui paroït très raifonnable. Comme cette lie eft le fuc digéré du fruit de Polivier, elle doit contenir certaine- ment des parties homogenes à cet ar- bre: le marc même des olives, lorfque Phuile en a été exprimée , lui feroit auffi trés-avantageux. J’ai éprouvé que la pulpe des oranges & des limons mife en terre avec les pepins de ces fruits» atellement fortifié ces femences dans leur accroiflement , qu’elles ont pouffé trois fois plus dans un Eté, que d’au- tres pepins tirés du même fruit , femés dans le même temps fans la pulpe. Il eft arrivé la même chofe à des pepins Z ij 270 Le Calendrier de pomme femés avec la pulpe des pom- mes pourries ; ils ont pouffé de la hau- teur d’un pié dans un Eté, tandis que d’autres pepins tirés du mêmefruit , mis en terre en même temps , mais fans la pulpe, ne fe font pas élevés de plus de quatre pouces. Il eft facile en Italie d'avoir une grande quantité de lie d'huile, ainfi l’on ne doit point être étonné qu’on y ait eflayé cette matiere parmi les autres chofes dont on sy ‘fervoit pour lamélioration des terres : mais fa rareté en Angleterre eft caufe qu’on n’a point penfé à en faire ufage : néantmeins depuis que j'ai l'expérience que non-feulement les oliviers vi- vront chez nous en plein air, mais auffi que leur fruit y mirira parfaite- ment & fans aucun obftacle, j’ai lieu de préfumer que l’on verra un jour une bonne partie de Angleterre remplie de plants d’oliviers. Mais quoique lhuile d'olive ne foit pas aflez commune, & par conféquent fa lie pour l’employer des Laboureurs & des Fermiers. 271 far nos terres, cependant les Labou- reurs qui fe trouvent dans le voifinage des côtes de la Mer, n'ignorent pas tout-à-fait l’utilité & les avantages que la lie d’huile pourroit procurer a leurs terres ; témoin la grande quantité de poiflon qu'ils y répandent , pour tenir lieu de fumier. Lorfque la pêche eft confidérable, celle fur-tout desharengs, qui font des poiffons très-abondans en huile, ils les regardent comme un en— . grais d’une très-grande utilité. Je crois que cette efpece de fumier convient mieux aux terres legeres. Les Anciens parlent enfuite du fu- mier des quadrupedes, parmi lefquels ils regardent le fumier des ânes comme le meilleur:les Anglois le regardent auffi comme plus fort que celui des che- vaux : mais je crois cependant qu'il n’eft pas néceffaire de le réferver féparéments® fi on le deftine feulement pour les ter- res à blé, car il doir être bien pourri avant que de le répandre fur ia terre: Z iv 272 Le Calendrier mais le fumier des ânes eft préférable a celui des chevaux , dans quelques cas particuliers, comme font les couches chaudes & les couches à champignons. Les Anciens remarquent même que ce fumier doit être mis dans un creux ou fofle , où il foit tenu humide afin de pourrir plutôt, ce qu’on obferve aufli en Angleterre. Un femblable magafin de fumier doit être retourné avec des four- ches au Printemps, afin de le rendre égel par-tout quand on vient a en faire ufage.. Je peux ajouter à ceci que nos Laboureurs Anglois ont coûtume, en tranfporcant le. fumier fur leurs terres , de voiturer en méme-temps cinq ou fix pouces d’épaiffeur de la terre même du trou où étoit le fumier, ce qu’ils efti- ment valoir autant que le fumier, parce que cette terre eft imprégnée d'une partie de fes fels. C’eft à la vérité ce que pratiquent le plus ordinairement nos Fermiers: ou bien ils répandent la plus grande partie de leur plus mauyaife des Laboureurs & des Fermiers. 272 paille dans leur baffe-cour , ou bien dans les chemins qui font autour de leur Ferme , afin que cette paille fe _ pourrifle, ce qui leur fournit un très- bon engrais pour leurs terres pefantes & compactes. Les Anciens recommandent enfuite le crotin &es moutons, des chevres & des bêtes fauves, comme très-propre à enrichir la terre, fur-tout celle qui eft froide & ferrée. On fe fert avec fuccès en Angleterre du crotin de mouton pour les terres à blé Pour cela on fait parquer les moutons fur la terre que l’on veut fumer, on change le parc chaque nuit de place en place , jufqu’a ce que toute l’étendue de la piece de terre ait été occupée par les brebis : mais on ne peut gueres {uivre cette mé- thode fur le Continent, à caufe du grand nombre de loups. On eft donc obligé d’y renfermer les troupeaux pendant la nuit, ce qui donne la faci- hté de conferver leur fumier par tas,. 274 Le Calendrier & d'y méler une grande quantité de fable : ce mélange fait un engrais excel- lent. La méthode eft de mettre un lit de fable dans le fond de la bergerie: après que le troupeau y a paflé .une nuit , on y met un nouveau lit de fable; on continue ainfi chaque jour, jufqu’a ce que ces différens lits s'élevent à une bonne hauteur: on retire alors le tout’ de la bergerie, on le met en un mon- ceau ; on recommence la même mé- thode, on la continue pendant toute _ Pannée , & lon amafñle par ce moyen une très-grande quantité de fumier. Il- en eft de même pour les chevres dans les endroits où il y en a de grands trou- peaux. Il eft bon de ramaffer les balayures & les immondices des endroits ou lon tient les moutons dans les grands mar- chés, & ce pour l’ufage des jardins. L’expérisnce que j'ai faite de cette efpece de fumier bien mari & bien di- géré pendant long -temps, m'a fait” des Laboureurs & des Fermiers, 275 connoître qu'il n’y a point de meilleure préparation pour les fleurs & pour les orangers. Le fumier dont il me refte a parler a préfent eft celui des bêtes a cornes, compris généralement fous le nom de fumier de vaches. Ses parties font ex- trémement fines, ainfi que celles du fumier de toutes les bêtes quiruminent, maisil eft d’une qualité plus graffe qu’au- cun de ceux dont j’ai parlé ci-deflus. Les Fermiers , fur- tout aux environs de Londres, réfervent cette efpece de fu- mier pour les prairies, fur lefquelles ils le répandentversla fin du mois d’Aoit » même pendant que ce fumier eft très- humide , ce qui fournit une pature abondante pour l’Hiver. Les anciens Auteurs confeillent de fe fervir de ce fumier pour unautre ufage, c’eft-a-dire, pour planter des arbres. Les Anciens recommandent enfuite pour lengrais des terres, les tiges des lupins coupées & laiflées dans un tas 276 Le Calendrier pour y pourrir ; ils confeillent auffi la fougere ,, & les feuilles des arbres, Quoi- que les lupins foient une plante étran- gere à ce pays, cependant nos Labou- reurs favent fort bien que les vézétaux pourris & réduits en terreau, enrichif- fent la terre, & qu’ils doivent néceffai- rement abonder en fels végétatifs. I] eft d’ufage parmi nous de conferver les feuiiles des arbres, les balayures des buchers , les fougeres , & toutes les autres efpeces de végétaux qui ne pro- duifent point de mauvaifes herbes, & qui peuvent faire un excellent fumier. Mais avec cette précaution, fuivons les confeils des Laboureurs Romains, en confervant ces mélanges dans des endroits humides , afin qu'ils sy pour- riffent plutôt, & pour y entretenir une fermentation qui fera périr toutes les graines des mauvaifes herbes qui pour- roient fe rencontrer dans de femblables mélanges. Ces matieres ainfi préparées borfgu’elles font en état de fervir, font des Laboureurs & des Fermiers, 277 un terreau très-leger, qui outre les fels dont il eft rempli, fera encore d'un grand fecours pour ouvrir les terres du- res & compactes. Les cendres pareille- ment qui contiennent beaucoup de fels fixes des végétaux , doivent auffi con- tribuer beaucoup à enrichir la terre; mais il faut en faire ufage avec prudence & avec œconomie , & ne les répandre fur la terre que peu de temps avant que de la herfer. L’épreuve en a été faite avec fuccès par un de mes amis qui avoit fait dans une année une grande quantité de charbon, il lui refta plu- fieurs charretées de pouflier , qu'il fit répandre fur fes terres. Pour ce qui eft du terreau de feuilles & de bois pourris, il eft aifé de fuppofer qu'on n’en man- quera pas fi on eft à portée des Bois, fur- tout de ceux qui auront une cen- taine d’années. Il y a deux ans que je perfuadai à une perfonne de faire la dépenfe de tirer la fuperficie de la terre de fes Bois , autant qu'il fe pourroit 278 Le Calendrier aifément, pour la faire voiturer fur fes terres a blé; cette perfonne m'a dit qu’elle n’avoit jamais vi de plus beau froment , quoiqu’elle n’eftimat pas fa terre plus de quatre shelings par acre, * auparavant cette dépenfe. On a préfen- tement des preuves multipliées dans Berkshire , de l’excellence des feuilles des arbres & des bois pourris pour les terres à blé, dans les endroits où l’on a arraché les Bois, & où l’on a femé du blé à leur place. Jai parlé jufqu'ici des différentes efpeces de fumiers employés par les Laboureurs Romains; on trouvera dans mes Remarques les fumiers qui font à préfent en ufage dans notre pays, & ceux qui ne le font pas, Il y en a plu- fieurs autres efpeces qui font en grande eftime parmi nos Laboureurs , outre ceux dont jai parlé ci deflus : favoir, la marne pour les terres légeres; les * L’acre d'Angleterre vaut à peu près un arpent & demi de France. des Laboureurs & des Fermiers. 279 cendres de charbon de terre pour les terres pefantes; la craie, les vieux mor- ceaux de draps & des autres étoffes de laine , la chaux, les gâteaux de graine de lin, de mavette, &c. après qu’on en a exprimé l'huile ; les vieilles couvertures de chaume, les curures des étangs , des mares & des foffés ; les herbes marines, les raclures de cornes, le fable de la mer, ou celui qu’on tire de la terre ; les plâtras & les vieilles démolitions 3 & quelques autres dont j ai fait mention dans mes Calendriers, FIN. De l'Imprimerie de Denacuet re, rue Saint Jacques , à l’Olivier, ster eee erry toes eo TERE D FETE RÉEL ©, LEE 0 SEERED “AN, Ho so: AN oe TABLE DES MAMIERES. A. AA potes, pages 24, 77» 1124 1165 137% 156, 184, 186, 201, 220, 239. Agneaux , If) 111: 134 59725 208 Ail de corneilles , 109. Ailes , les couper., 1705200, 246. Arbres. 13e Afperges , 2666 Aube-épine, 4e Aulnes , 6, 23,98 Avoines , 19, -47., 61.5 162 , 266 B, Baies, ‘+ Barometre , 214.207 Batteurs en grange, 220. Bétail , 89; 110 , 16% 208 FES rs ,1345 TRE Bicrre , voyez braffer. Binage, 153 Blé, voyez froment. Blé de Mars, 20, I6%6 Blé noir, voyez farrafin. Bois de charpente , ie 1375 156,178, 2896 Bois à brüler,, 8, 1375 156,178, 239. Bois DES MATIÈRES. Bois taillis , 6x7 3:23 1215239 Bois mort , 18. Bourées , i CHRES À Bourures ; 4 3 Se Brafer, 61.2156 Brebis 42e Briques, 85e Brochet , 27 Buifjons. 1340 C. Cages, 246. Canards domeftiques, 14, 31540, 415 43. Canards. fauvages , 305 157e Canardieres , 30e Canarie, graine de, 61, 166% Canaux, 104. Carettes, 17, 38, 91,153, 188, 213, 240. Carpes , 27 3. 1060. Cayalles , voyez jumentse Caryy, graine de, 735 150% 16% Cendres , au 237, 259), 2776 Cerceaux , Te Cerifaies , 18 , 1445-157 Cerifes, 1445157 Champignons , 9. Chanvre , AS ; 190312072228 Chaponer , 81. Charançons , : 158. Charbon de terre , 078, Chardons , 108. Chardons à foulon , 23, 715-1796 Charpente:, voyez boise. Chataigners , 133: A a. TABLE Chats ; Chenilles ; Chênes, Chevraux , Chevres , Chevres fans cornes ; Chiendent , Chiens d'arrêt, Choux, Cidre , Cire , Claies , 161: 1334 91 2266 221e 228. 196 1766 266, 187, 202,214. 256 235 140. Cochons, 145455775 79, 156,188,201, 215 , 219, 238. Colombier , voyez pigeons. Colfa, graine de, 76,133, 15%, 1555 164; Cog , Coriandre , graine de; Crapauds ,. Cumin , graine de, Curures de baffe-cour , D, Diftiller , Dreche, Deffecher les terres , Dindonneaux ,- | E, Ecorces, voyez tan. - Engrais , voyez fumiere. Epines, Effains @ abeilles Etalen 3 136 735 1513 1646 247 8. 1146 ; 12% 20, 208. 1345 155 795 1355 143 Ze 4123 1374 1246, DES MATIERES.. Etangs, 15, 25,29» 104 > 112, 1175 1345 143,144,155, 237. { Les eémpoiflonner , 265 1996. Etuve pour fecher le fafran , 196, . FE, | Fagors, BR Faifandeaux ; 89 ,.127 5 132, 147, 1529 2446 _ Fanner , EN 1260. .Fanneurs 5 | 136. Faons , big 206. .Æaucher, — 113,123 3 172 5206 Qualités du , $5. Be Soins du, 25 185 175 19, 21» 120,189 : _ Feverolles , 21, 48, 2056: Feves , T 5 AÂSILAS < Feves de marais, 16, 215 48» 109, 127, 150 » 190. | «“Foins 5° oti ie ÉTLAS ESS : Poller , ¥I2 5 11790126 *Fourrage pour les beftiaux , 62 Fourmillierés , 220% 14706228... " Fougeres , | 134 , 2766 Frén.s, graine de 2e Froniages:s 1335 TAI » 198, 187... Fromint, 19, 205 1344 146 5 1523 160»: 203» 2135 216. Fruits 5 les cueillir , 187, 2142- Fumiers, 6, 1173 1195 1965 177, 199 g> 2005 215 9 236) 2375 2§2 5 2543 2715. 275 Fumier de pigeons; 225 2526- ee Aa:ij. 4 RUE, G. Garance, 88, 167, 127, 153 » 180 _Gardon, 27» Garennes artificielles, 27e aude , 61,127, 154, 1806 Gazelles , 232, Gelée 5 6, 237e Genét , 134. Genét épineux; voyez jonc marin, Glace, 15. Glaife, 85. - Gramen fpica lavendulæ, 71e Glands , 23.» 202% 2166 Grange, 161, 172: ' Greniers, 158; 216. Grofeilles , vin de; 158 Guepes , nids de, 156... Guefle , voyez paftel. FL Haies, 233 293 206 214) 216,220, 237. Seches ; 36 Vives, de Haricots 5. 110, 150» 205, 216. Herbes ; mauvaifes , 135-15, Ile. Houblon, 89,108 , 115% 151-, 167, 208. Houblon , le fecher , 169, 190, 19%. Houblonieres , 12.5 LIS, 1413 143 , 193. Hydromel , 2e Hygrometre, als 207: Je. Jacheres , terres em, 375 114,137, 172 » 207% Jar, 323. Jonc maria ,. $4, 192 1565 1782. DES MATTERES.. Jument ,. 1263. L.. Labours, 1723. _Laiterie, 14, 78,1766 | Lapereaux 5. 93° Lapins , 15,45, 89, 13551435157, 188, 219.5 218 y 2400. Lard, 77e Lentilles, of 57e Levées , 136. evrauts , > 79 > 115 5 1330 Lie d'huile, 2545 269. Lieyres, 2390 Lin, 49,150, 164, 2216 Limaces , à 13, © Luferne , 62, 630 Lupins ; 2750 M; Mares , 144. Miel, voyez abeilles. Morilles : 59 ; 946 Moutarde , graine de, 76» 137. Moutons, 765 141, 189,273. Mouffe , FF N, 5 Navette, 76 1385 150, 1643 207. . Navets, 1385 150, 1531653 206, 240. Noifetiers , . 23e Noix ; 190 Noyers ; 14 ez. Œufs , 875. Les faire éclorre fans poule ,. 88x. TABLE Oies ; 14, 315 365156; 158, 1725 Les engraiffer , | 33» 345 35° Oies de la Chine, + ‘Ale Oifons, comment les éleyer , 375 93e Œufs de fourmis , 128, 245. Oignons , 17, 88, 180. Orge, 19, 473 613114; 1593 161 Ormes , graine d’. aT, Lers ,. 4,23, 88. _ Outardes , 824. Paille ,.. 6, 2196 anais , 17 , 915 2406 Paons,. . - 95, 965103. _ Paoneaux , 955 995 10% Paoneffes , ° 95 » $85 1026 Parquer, 189, 207 PET cs Paftel, 48,91, 1075116, 127, 138, 153 164 206.6 'Pévinieres , adders eee ‘ eee pr EVA LITE Perdreau , ETES 147: * Perdriv, ... is tetany da dgelie : LE Peupliers, — ee aes s WEBER E85 ons 221s Pieux pour ls hzies; 4 Pigeonneaux, ... 8, 77. Pigeons , 3247 445,157 208%; 2406 Plants, ~ 23. Plumes , | 28, 158. Pois,7,11.:46,47,127;, 135: 137, 1455 154, 21°. Pois chiches , 1$7e- Poifonss 89, 104, E339 1579 172» 1775: DES MATIERES,. Pommes , 187: Pommes de terre , 18, 200, 2145 2184 2406 Porcs , voyez cochons. Potates , voyez pommes de terre. . Poudrette, 2535 260, 2643 Poules, 9:5 85.5520 Poules d'Afrique, 250. Poulets, 13 SAT 2e Les conferver , 10-549 7e Les engraifer , | Da Prairies, 19,89, 1136 R Rats d'eau, 1073 Réglife, 17> 108, 127, 153, 180, 215» 216. Récolte des grains, 1594 Renards, 221 Ruckes, 24, 181, 216. De bois, 25 De paille, 254. Rucher, ~ 116, Sz Safran, 118, 138, 151» 179, 181, 1945 214, 239. Saignées pour écouler les eaux; 21, Sain foin , 62. -Sarcler, 18391, t07 51275 141,153, 180, Sarrafins 925 135» 166 Saules , 45235882 Saumure pour faire tremper le blé ayant que de le emer, 2036 Seigl- 205 « Semences , les changer ; 16, TABLE DES MATIERES. Senevé, voyez moutarde. ees 725 98,166, 2136 ule, 2370 Surcau, bouture de, Se Fleurs de, 123e- Te Tac, 23 Oc Taillis, voyez bois. ait, 22e Tanches , 27e Taupes , $, 237. Térébentine ; 78e. Terreau , 277% Terres préparées ; 6. Terres légeres , | 95.176 Terres feches & graveleufes , 62. Terres tenaces & pefantes , 75 10. Topinambours , 200, 214, 240. Tourbes , 136, 178. Treffle’, 195-225 745 9le Vie. : | Vaches, 765 783 2386 Vandoifes , 27e Veaux , E415 13360 Vents brouiffans ». 133. Vergers , 8. Bers de terres: 248. Vefces , 21,48, 157. Volailles , 8, 135 275 313 219, 238 9 2406 Urine , 253 , 267 Fin de la Table des Matieres, ERRATA ne BE eRe a TA: ge s ligne 5 haies, lifez baies. 23 1. derniere chênes, lif. chataigners, 61 1, 22 graine de Cauarie , ajoutez en note au bas de la page: cette graine eft connue en France fous le nom d’Alpifte, Même page ligne derniere Fermier , life fumier. 39 1. 17 ci-deflus, lif. ci-deffous. 1711, 16 au-deflous, lif. au-deflus, 2001, 12 un mot renverfé. 207 1, 2 thermometre, lif, hygrometre. 2101. 5 Oueft, lif. Eft. 214 |, 6 topinambours , lif? pommes de terre. 217 1. ¢ faites, lif. pour, & changez Ig: ponéluation en fupprimant le point,. : BG eee sie fe de cle ne fe no teafe tk nfo ts fs fs: APPROBATION. Ja jü-par ordre de Monfeigneur le Chan- celier un Manufcrit traduit de l’Anglois inti- tulé : Le Calendrier des Laboureurs & des Fermiers de- Bradley , dans lequel je n’ai rien trouvé qui put en empécher l'impreflion. A Paris, ce 22 Juillet 1754, | Signé DEMOURS. PRIVILEGE DU ROL " OUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, RCI 4.DE FRANCE ET DE NAVARRE : A nos ames & féaux Confeillers, les Gems tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes er- dinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prévôt de-Paris , Baïllifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils , & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra : + SALUT. Notreamé ANTOINE-CLAUDE BRIASSON, Libraire à Paris, Nous a fait expofer qu’il défi- reroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage qui a pour ttre: Le Calendrier des Lae. boureurs &5 des Fermiers , traduit de l'Anglois de: Bradiey : s’il Nous plailoit lui accorder nos. Lettres de Perm'flion pour ce neceflaires : ACES. CAUSES , voulant favorablement traiter ledit Expofant, Nous lui avons permis & permettons. par ces Prélentes , de faire imprimer ledit Quyrage: autant de fois que bon lui femblera, &. de le vendre, faire vendre & débirer par tout. notre Royaume pendant le temps de trois années confécutives, a compter du jour de la date des Préientes, Fallons défenfes à tous {mprimeurs. Libraires & autres Perfonnes de quelque qualité & condition qu’elles foient , d’en introduire d’im- preflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance: A la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Lioraiies de Pa- ris dans trois mois de la date d’icelles ; que ?im- areflion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caraétéres 5 conformément la feuille imprimée & attachée pour modele fous le contre-{ce! des Préfentes , que l’Impétrant fe conformera en tout aux Réglemens de la Librairie, & notamment a celui du xo. Avril 1725. qu'avant de les expofer en vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie a l’impreffion dudit Ouvrage , fera remis dans le même état où l’Approbation y aura été don- née ès mains de notre très-cher & féal Cheva- lier, Chancelier de France , le Sieur DELAMOI- GNON , & quwilen fera enfuite remis deux Exem- plaires dans notre Bibliothéque publique , un dans celle de notre Chateau du Louvre , un dans celle de notredit trés-cher & féal Chevalier , €hancelier de France, le Sieur DELAMOIGNON 5. & un dans celle de notre trés-cher & féal Che- valier , Garde des Sccaux de France, le Sieur DE MACHAULT, Commandeur de nos Ordres; le rour a peine de nullité des Préfenres, du con- tenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant ou fes ayans caufe pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement, Voulons qu’à la Copie des Préfentes , qui fera imprimée rout au long au commencement ou a la fin dudit Ouvrage, foi foit ajoutée comme a Original. Commandons au premier notre Huif-- fier ou Sergent fur ce requis, de faire pour: Vexecution d'icelles, tous Actes requis & ne-- ceflaires | fans demander autre permiffion, &&- nonobftant Clameur de Haro , Charte Nor- mande, & Lettres a ce contraires. CAR tel eft: motre plaifir. DONNE’a Fontainebleau le qua- torziéme jour du mois. d'Octobre , l'An de graes 1754. & de notre Regne là quarantieme; Par le “Roien fon Confeil, PERRIN. Repiftré fur le Regifire XIII. de la Chambre Royale des Libraires &5 Imprimeurs de Paris, N. 442, fol. 319, conformément aux anciens Ré- glemens confirmés par celui du 28, Fevrier 17230. A Paris ce 18, Ofobre 1754. Signé DIDOT, Syndic. der wy ahs abe n + EX À ++ Ver, à 45 > pn Rae EU TEE 5 ol OT BE Les