h^^ 'ï^. ■" :.^ ■mm .%•. ^. 4m â#* '=ï;f «SA. t.-t^ 4 ^.^ ^~^^rir /^ — ^ — *• t^x^- 3 9090 014 548 644 Webs^ Cur: ?;G;cine :ine at N. OOÏ LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ECONOMIE RURALE ET LES INDUSTRIES DE TRANSPORT k X BIBLIOTHÈQUE DE L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. A. MiJNTZ Professeur à l'InstiUit National Agronomique LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉCONOMIE RURALE ET LES INDUSTRIES DE TRANSPORT PAR E. LAVALARD ADMINISTRATEUR A LA COMPAGNIE GENERALE DES OMNIBUS DE PARIS MAITRE DE CONFERENCES A l'iNSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE MEMBRE DE LA SOCIETE NATIONALE d'aGRICULTURE DE FRANCE TOME I ALIMENTATION — ÉCURIES — MARÉCHALERIE PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C^^ IMPRIMEURS DE l' INSTITUT 56 y RUE JACOB, 56 1888 LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉGOxNOMIE RURALE ET LES INDUSTRIES DE TRANSPORT PREMIERE PARTIE ALIMENTATION DU CHEVAL GENERALITES L'aliment est Tensemble des matériaux propres à entretenir la machine animale. L'analyse nous montre une concordance rigoureuse entre la composition de l'aliment et celle de la machine animale, d'où cette conclusion que Tanimal trouvera dans l'aliment toutes les conditions de son existence et de son entretien. Mais cela ne suffirait pas; il faut encore que Taliment lui apporte les éléments indispensables pour produire du travail, du lait, de la viande ou de la laine, suivant les conditions dans lesquelles on veut T. I. I 2 LE CHEVAL. exploiter le bétail. Les difficultés sont grandes pour fixer les rations dans ces différents cas. Cependant les travaux sont plus nombreux sur la fixation des rations pour les animaux qui doivent être livrés à l'engraisse- ment ou à la production du lait et de la laine, que pour ceux à qui on ne demande que du travail. L'alimentation est le point fondamental de l'hygiène des animaux domestiques. On comprend toute son im- portance en songeant que les aliments fournissent la matière première de l'organisme animal et de ses fonc- tions économiques. Dans cet ouvrage qui ne traitera que du cheval, nous n'aurons pas à nous occuper des modes d'alimentation qui doivent être préconisés dans Tengraissement des animaux ou dans la production du lait ou de la laine. Le moyen d'obtenir la plus grande somme de travail avec une nourriture largement suffisante, mais écono- mique en même temps, est le but que nous chercherons à atteindre. Nous n'étudierons l'alimentation qu'au point de vue pratique, laissant de côté tous les phénomènes se ratta- chant à la digestion, à l'assimilation, à la nutrition, à la formation des os. des tissus, aux transformations qui s'opèrent, etc. Toutes ces questions, qui sont du domaine de la phv- siologie, se trouvent décrites avec les plus grands détails dans les ouvrages spéciaux. Nous traiterons de l'alimentation en commençant notre examen sur le choix de la nourriture du cheval, considéré dans ses rapports avec l'économie rurale et les industries de transport, parce que, pour nous, cette question domine toutes les autres propositions d'Eco- nomie rurale, et certainement Ton peut dire : mauvais aliments, mauvais chevaux. Par contre, une nourriture LE CHEVAL. 3 choisie et tonique donne des jambes et une certaine énergie à de médiocres sujets; de là sans doute ce dic- ton si répandu : Le secret des Anglais est dans le coffre à avoine. Lorsque le cheval reçoit la quantité nécessaire d'aliments bien choisis, il a le poil tin et brillant, ses muscles sont denses, il ne sue pas au moindre travail. L'alimentation peut être suffisante toutes les fois que les principes alimentaires digérés et assimilés sont dans une proportion au moins égale à celle des pertes éprou- vées, soit parTaccroissement des organes, soit pour leur entretien, soit enfin par les sécrétions de toute espèce, nécessitées par les fonctions vitales. Pour que Talimentation soit suffisante, il faut donc que les recettes alimentaires soient en rapport avec les pertes incessantes de Féconomie animale. Quand Tali- mentation est insuffisante, les animaux souffrent, mai- grissent, et leur existence est singulièrement abrégée. L'avoine, le foin et la paille sont les trois éléments principaux choisis pour subvenir à la nourriture jour- nalière des chevaux; mais nous verrons plus loin qiié non seulement on peut entretenir des chevaux avec d'autres graines et d'autres végétaux, mais encore que, dans certaines circonstances tout à fait exceptionnelles, on nourrit les chevaux avec des*substances animales. Dans les cas les plus fréquents de beaucoup ce sont exclusivement les végétaux qui sont destinés à servir d'aliments au cheval. Principes alimentaires des fourrages. — Les végétaux ont une composition très complexe, et ren- ferment au milieu de leur trame une foule de principes variés auxquels on a réservé le nom de principes immé- diats. Ils sont constitués en dernière analvse de car- bone, d'oxygène et d'hydrogène, combinés ou non à de 4 LE CHEVAL. l'azote et, suivant que ce dernier e'iément entre ou non dans leur composition, ils sont dits a:[Otés ou non azotés. Tous les aliments végétaux contiennent : 1° Des matières azotées; 2° Des matières hvdrocarbonées (hvdrates de car- bone ; 3" Des matières grasses; 4" Des matières minérales. Toutes les espèces qui constituent les matières pui- sées dans le règne végétal se ressemblent et ont, au point de vue de Talimentation, un rôle identique; la chimie le démontre. Cependant les réactions qu'on peut produire dans le laboratoire ne sont pas en tous points les mêmes que celles qui s'accomplissent dans les organes des êtres vivants. Les phénomènes de nutrition et de digestion sont beaucoup plus complexes que les décompositions qu'opèrent sur les substances végétales les réactifs em- plovés par les chimistes. L'étude de la physiologie et de Thistologie, c'est-à-dire des phénpmènes de la vie et de la structure intime des tissus ont fait de grands progrès dans ces dernières années. Mais elles n'ont pas encore pu expliquer la formation par voie chimique dans le corps vivant d'un certain nombre de produits définis, et l'arrangement spontané, non pas fortuit évidemment, mais sans cause visible, de ces produits sous forme de tissus variés ayant des structures très diverses. Les pro- blèmes se rattachant à la vie sont loin d'être résolus, et nous devons nous contenter d'observer les faits. Dans ces dernières années, les discussions sur le rôle de chacune des matières constituant les éléments de la nourriture ont été nombreuses. Certains écrivains ont avancé que les matières azotées surtout donnaient de la LE CHEVAL. 5 valeur aux aliments et que c'était à la quantité d'azote qu'ils contenaient qu'on devait attribuer leur valeur nutritive. Mais ces matières azotées peuvent se trouver à des états d'agrégation différents, dont la digestibilité n'est pas la même. Nous pensons, comme d'autres auteurs, que cette manière de voir est trop exclusive, et que la part faite à chacun des éléments qui composent les aliments doit entrer en ligne de compte pour l'évaluation réelle de l'aliment. Ce dernier ne sera donc complet que lors- qu'il contiendra une matière azotée, une matière grasse, une matière hydrocarbonée, et enfin des sels minéraux contenant de l'acide phosphorique, de la chaux, de la potasse, etc. Dans les annales de l'Institut national agronomique, M. Mûntz a traité de main de maître l'analyse des diffé- rents principes immédiats qui composent les végétaux entrant dans la ration du cheval. 1° Les matières a:{otées ou albuminoïdes ou encore protéiques, qui sont destinées à la reconstitution du sang et de la substance musculaire, sont presque déjà de la viande^ administrée à l'animal, et c'est ce qui a fait dire au savant physiologiste, M. Colin, que le cheval se nourrit en réalité de chair végétale. Elles concourrent à la formation des os, des muscles, des nerfs, etc.; en un mot, à la constitution de tous les tissus animaux. 2° Les matières grasses sont émulsionnées et passent immédiatement dans le torrent de la circulation, ces matières sont essentiellement assimilables et peuvent servir à la combustion respiratoire ou s'accumuler dans l'économie. 3° Les matières hydrocarbonées ^ telles que l'amidon, les sucres, les gommes, que nous ne retrouvons plus dans les animaux après leur ingestion, sont brûlées par b LE CHEVAL. la respiration et produisent de la chaleur et de la force, ce qui les a fait appeler principes respiratoires. D'autres matières échappent en partie à cette transformation, ce sont les ligneux et la cellulose dont on retrouve une cer- taine proportion dans les déjections. Mais là encore nous trouverons, d'après les re'cents travaux de M. Mûntz, qu'une certaine partie de cette cellulose se transforme; nous reviendrons sur ce sujet, et nous chercherons à démontrer que ces derniers principes ne sont pas inertes et par conséquent inutiles à Talimentation. Si les matières hydrocarbonées manquent dans les rations, l'animal peut brûler les graisses accumulées dans ses propres tissus, d'où il résulte un amaigrisse- ment. Lorsqu'entin les matières grasses ont disparu, les matières azotées peuvent être brûlées pour remplacer les deux premières en tant qu'aliments respiratoires. 4° Enfin les matières salines, telles que le sel marin, les phosphates, les carbonates, les sulfates alcalins et terreux, les sels de fer et de manganèse, etc., sont indis- pensables aux tissus et aux produits des sécrétions. Ces généralités indiquent quels soins il faut apporter dans le choix des aliments et dans la composition des rations. Si un animal ne trouve pas dans sa nourriture tous les matériaux indispensables à la combustion res- piratoire, il brûlera non seulement sa graisse, mais encore sa chair, c'est-à-dire ses muscles. C'est pourquoi Baudement définissait Taliment : la somme de matériaux nécessaU'es pour entretenir tout juste les fonctions qui détruisent et augmenter les fonctions qui produisent. On a donc raison de dire : a Bien nourrir coûte cher, mais mal nourrir coûte encore plus cher». En effet, mal nourrir, c'est entretenir seulement les fonctions qui détruisent, et on voit que la science justifie l'exactitude du proverbe du prati- LE CHEVAL. 7 cien. Pour arriver à composer d'une manière pratique les rations, il a fallu rechercher quelle pouvait être la valeur nutritive de chaque aliment. Deux me'thodes sont en pre'sence : la méthode pratique qui a pour base Texpérimentation et la méthode chimique qui repose sur l'analyse de chaque denre'e. Dans bien des exploitations on détermine les rations à force de tâtonnements, augmentant ou diminuant les quantités, suivant que les animaux engraissent ou mai- grissent, et suivant aussi la quantité de travail demandée. Depuis quelque temps on s'est rendu compte par l'analyse de la quantité des différents principes immé- diats qui se rencontraient dans les rations formées par tâtonnements et partant de ce principe que les différents aliments peuvent se substituer, s'ils contiennent les mêmes principes immédiats, on a formé de nouvelles rations. Équivalents nutritifs. — C'est à la quantité en poids sous laquelle un aliment peut se substituer à un autre, qu'on donne le nom d'équivalent nutritif. Boussingault pensait que, pour déterminer la valeur nutritive des aliments, il suffisait de connaître leur teneur en azote. Cette proposition ne peut être l'expres- sion rigoureuse de la valeur nutritive de toutes les substances alimentaires. Car l'expérience a démontré que la réunion des divers principes qui entrent dans la composition des aliments est indispensable à la nutri- tion. Ce n'est pas une raison, parce que Magendie a démontré qu'un animal ne peut vivre sans matière azotée, quelle que soit la richesse de l'aliment en d'autres principes, pour qu'il faille considérer d'une manière absolue que la valeur nutritive des aliments est proportionnelle à la quantité d'azote qu'ils ren- ferment. Nous le démontrons par les expériences de 8 LE CHEVAL. Baudement que nous avons reproduites avec le con- cours de notre ami et savant collègue, M. Mûntz. Au reste bien d'autres expérimentateurs, tels que Hofmeis- ter, Wolf, et Grandeau, ont prouvé qu'il faut non seule- ment tenir compte de la matière azotée, mais encore des matières grasses, hydrocarbonées et minérales. Boussingault avait choisi le foin pour unité dans rétablissement des équivalents nutritifs. Mais le foin varie de qualité dans de larges proportions, ainsi que nous le verrons lorsque nous en ferons l'étude spéciale, et il est rare de trouver des foins qui contiennent les mêmes quantités de leurs divers éléments constitutifs. De là l'impossibilité d'établir un foin type. Aussi dans ces dernières années on a reconnu qu'on ne pourrait donner aux équivalents nutritifs toute la précision désirable, qu'en déterminant pour chaque espèce d'aliment les quantités aussi exactes que pos- sible, de matières azotées, grasses, hydrocarbonées et minérales. Cette connaissance de la composition intime des substances alimentaires a une très grande importance; car lorsque l'une de ces différentes matières vient à manquer ou existe en trop faible proportion dans les aliments, l'équilibre est rompu et l'animal ne trouve plus en suffisance dans sa ration, la totalité des éléments nécessaires soit à sa formation, soit à la réparation des pertes causées par le travail. Il est donc bien évident que l'analyse chimique seule peut arriver à fixer l'équivalence entre les principes immé- diats de même nature, toutefois à la condition formelle qu'ils proviennent de végétaux analogues. Composition des aliments. — Dans ces dernières années, il a été établi un grand nombre de tables d'é- quivalents nutritifs, mais ce sont celles de Th. Von LE CHEVAL. o Gohren qui sont les plus récentes et les plus employées. Elles ont été dressées d'après les analyses de J. Ktihn, J. Moser, H. Grouven, E. Wolf et d'autres analystes. Ce sont celles que M. Sanson a reproduites dans son traité de zootechnie. Tous les chiffres donnés par ces tables ne doivent être considérés que comme des moyennes, et ne peu- vent fournir que des renseignements approximatifs ; aussi le devoir du directeur d'une exploitation est de recourir souvent à l'analyse des denrées qu'il veut faire entrer dans la composition de la ration qu'il donnera à ses chevaux. Dans les généralités qui précèdent, nous avons voulu seulement rappeler à nos lecteurs les principes som- maires qui servent aujourd'hui à établir les conditions dans lesquelles doit se faire l'alimentation des chevaux, les renvoyant pour les détails aux ouvrages spéciaux. Nous voulons rester dans la pratique et ne relater que les faits que nous pouvons considérer comme bien dé- montrés par un long usage et vérifiés par les expériences qui ont été faites par notre ami et savant collègue M. Mûntz, qui a bien voulu nous aider pour cette tâche de ses excellents conseils. C'est pourquoi nous serons dans l'obligation de reproduire ici un résumé des expé- riences qui ont paru dans les Annales de rinstitut national agronomique. Pour suivre un ordre méthodique dans notre exposi- tion, nous étudierons successivement les denrées qui peuvent être distribuées aux chevaux, les substitutions qui peuvent être opérées, les rations à fixer, les modes de distribution. Nous aurons aussi à rechercher les pavs de production, les moyens de former les approvisionne- ments, de transporter les denrées, de les emmagasiner, de les conserver, etc. lo LE CHEVAL. On peut dire que la ration classique du cheval est com- posée d'avoine, de foin et de paille, et Tavoine est telle- ment Taliment spécial du cheval qu'un très grand nombre de personnes en France ne peuvent pas admettre qu'un autre grain puisse la remplacer. Cependant, en Espagne et en Afrique, les chevaux ne consomment que de Forge, et en Amérique du maïs. Nous reviendrons sur ce sujet à propos des substitutions. Pour l'instant nous examinerons chacune des denrées qui composent ordinairement la ration du cheval, en leur comparant Celles qui peuvent leur être substituées en partie ou d'une manière complète. LE CHEVAL. II EXTRAITS DE TABLES DE GOHREN MOYENNES GRAINS. Féverole Sarrasin d'Europe . » de Tartarie . » d'Ecosse. . . Epeautre Pois Orge de printemps . » d'hiver . . . . Avoine Millet Lin Lentille Lupin jaune , . . . » bleu Madia Maïs Seigle Navette Riz décortique' . . . » non décortiqué . Brome Froment V'esce » blanche. . . . » grise » ordinaire . . . RACINES ET TUBERCULES. Pomme de terre. . . Chou-rave Eau. 4,1 3,2 0,6 0,6 4,8 3,2 4,3 o 3,1 1,8 3,4 2,7 3,0 7,4 2,7 4,3 1,8 4,6 2,0 3,2 4,3 3,6 3,6 4,3 2,9 73,0 86,7 Matières azotées. Matières grasses. 23,1 7,« 11,2 10,7 10,0 22,4 10,0 g,o 12,0 14,3 21,7 24,0 35,4 28,0 20,6 10,6 1 1,0 19,4 7,5 » 8,8 l3,2 27,3 27,8 2q,i 2,0 2,7 1,0 1,3 1,5 1,5 1,5 3,0 2,3 2,3 6,0 3,0 37,0 2,6 5,3 5,3 38,8 6,8 2, G 45,0 0,3 » 2,8 1,6 1,9 1,6 1,7 1,6 2,0 2,7 Extractifs non azotés. 44,^ 38, o 33,6 61,1 5 1,0 32,6 64,1 63,4 56,6 61,8 17,5 49,4 29,2 36,6 6,2 61,0 6- -1 10,0 76,0 » 60,9 66,2 4Q,i 48,3 4f^,7 47.8 20,7 8,6 Matières ligneuses. 11,7 17,6 20,0 i5,o 16,5 6,4 /, 8,:) 9,0 6,4 8,0 6,q i3,8 11,9 7,6 10,0 0,9 » 4,5 3,0 5,6 6,9 6,2 1,1 0,8 Cendres dans JOO de matière sè.-hc D,0 1,4 4,6 2,6 4,2 2,7 2,6 2,0 3,1 3,4 o ^,7 1,8 3,9 3,9 4,5 1,5 2,0 4,4 0,3 6,9 4,7 1,9 n 3,6 3,6 4,6 ",3 LE CHEVAL Chou-navet Courge Carotte » géante. . . Panais Betterave champêtre. » globe jaune. » blanche . . >. à sucre. . . Topinambour. . . . Turneps TIGES ETFEUILLES DES PLANTES RACINES ALIMENTAIRES Chou-fourrage . . . Chou-rave Chou-blanc Betterave champêtre, » à sucre . . » fermentée. Carotte Navet Topinambour, tiges et feuilles Tiges de topinam- bour fraîches. . . Tiges de topinam- bour fanées. . . . Turneps PAILLES Fève de jardin . . . Féverole Sarrasin Epeautre d'hiver . . Pois Eau. 87,6 94,3 85,q 87,0 88,3 88,0 66,0 qi,5 81,5 80,0 92,0 8q,i 85,7 88,5 90,7 89,0 60,4 80,7 85, o 16,0 80,0 16,0 89,8 i5,o 18,0 i6,o 14,3 14,3 Matières azotées. 1,2 1,3 1,3 1,2 1,6 1,1 3,6 1,0 1,0 2,0 1,1 1,7 2,6 1,5 2,0 2,2 4,9 3,5 » 4,- 9,9 2,0 7,3 Matières grasses. 0,1 0,1 0,3 1,2 0,2 0,1 0,3 0,2 0,1 0,5 0,1 0,4 0,8 0,4 0,4 0,1 1,5 0,8 ',9 0,8 0,0 » ',9 » 1,5 2,0 Extrac tifs non azotés. 9,0 2,1 9,6 8,2 9,0 27,6 5,8 i5,3 14,9 5,0 6,0 8,4 5,9 4,1 4,6 16,8 9,2 » .->♦), 7 9,8 52,7 » 29,7 » 28,7 32,3 Matières lisneuses. 1,1 1,0 1,4 1,2 1,0 1,0 1,0 0,7 o 1,(3 1,0 1,6 1,1 2,0 1,5 1,9 12.8 3,2 22,1 3,4 24,4 )) 1) 35,6 » 48,0 39,2 LE CHEVAL. i3 Cendros Matières dans 100 ligneuses. de matière sèi^hc. 45,6 4,8 38,0 7/-) 41,2 4,7 48,0 b,o 40,0 4,8 40,0 4,9 » 4,4 42,0 4,7 49,2 5,3 44,0 3,2 36,1 6,4 41,5 9,5 36,8 6,0 3o,o i3,9 34,0 8,3 » 6,2 n 0 :>:i,o 2,1 37,8 0,5 43,5 9,6 35,4 8,4 10,0 22,4 7,9 3o,7 10,7 5,6 6,7 3,5 1,0 4.3 1,4 3,4 7,4 7,^ 5,5 1,4 1,9 Orge Orge avec trètie, mé- langés Avoine Trèfle battu Maïs Navette Seigle d'été » d'hiver. . . . Froment d'hiver . . Vesce BALLES ET SILIQUES. Féverole Épeautre Pois Orge Avoine Lin Lupin Rafles de maïs . . . Balles de seigle . . . Siliques de colza . . Balles de riz . . . . Trèfle blanc Balles de froment. . FOURRAGES VERTS. Spergule champêtre. Féveroles (commen- cement de la flo- raison; Sarrasin Pois Esparcette (sainfoin). Chardon-fourrage. . Eau. 14,:) 14,0 14,3 i5,o 14,0 18,0 14,3 14,3 14,3 14,3 i5,3 14,3 14,3 14,3 14,3 12,0 14,3 14,0 14,3 12,2 » 11,4 14,3 80,9 87,. ■> 85,o 81,5 78,5 86,7 Matières azott^es. J,0 6,5 2,5 q,o 3,0 3,0 » 2,0 2,0 7,0 10,6 2,9 8,1 3,0 4,0 » 2,7 1,4 3,6 4,0 » 18,4 4,5 2,8 2,4 3,5 3,5 2,9 Matières "Tasses. 1,4 2,0 2,0 2,0 1,1 0,7 1,4 1,5 2,0 l,D 1,3 1,5 1,5 1,5 » 2,5 1,4 1,4 1,8 » 3,1 1,5 0,7 0.3 0,6 0,6 0,7 0,9 Extractifs non azotés. 3i,3 32,5 35,6 20,0 37,9 32,2 )) 35,0 35,0 26,7 2b, D 3i,5 33,2 37,2 28,2 44,7 42,6 29,7 40,6 » 36,8 42,1 8,2 6,3 7,6 8,5 6,1 > » LE CHEVAL. Genct Avoine Seigle Vesce Mais >i trais, fermenté. » fané Colza 1) fermenté . . . Branches de houblon fraîches Trètle hybride . . » de Bokhara Trèfle-houblon . . » incarnat . . )> rouge. . . . ). blanc. . . . >- élégant 'peu avant la rieur Lupin » fermenté . . Luzerne Moha en fleurs . . . Ray-grass d'Italie. . Moutarde blanche. . Herbes douces di- verses en fleurs . . Herbes de prairie. . Sorgho sucré .... FOIN. Feuillée Regain Trèfle ("foin brun^ . . Foin de trèfle hybride. » d'esparcette . . Eau. 8i,8 76,0 82,0 82,2 88,3 77.0 80,0 00,4 .■>-•>, o 82,0 87,5 7Q.O 82,0 79'? 80,2 83, o 86,9 80,0 7-^3 68,0 7-^4 ■^7,4 70,8 7 '.9 7,7 ]<",.4 Matières azotées. 4P 2.4 3,7 1,3 1.4 1,8 2,9 4-9 2,9 3,3 2,9 3,3 2,8 -^7 4,0 2,8 2,8 3,1 4,3 3,4 3,6 3,3 2,t") 3, 1 2,3 9,3 If), 2 i3,3 I 3 . 3 Matières grasses. 2,0 0,6 0,8 0,6 0,6 0,2 0,8 0,6 1 ,3 ",7 0,4 0,9 0,7 0,8 0,9 0,4 0,3 0,8 0,7 1,3 1,0 0,7 0,8 1 ,3 4,2 3,1 1,6 -\-^ 2,3 Ex trac tifs non azotés. 8,8 7,0 10,4 6,1 10,3 4,3 9,1 -"',7 16,8 6,3 8,2 8,3 8,0 7,2 6,2 (),3 8,4 i3,3 12,1 3,5 11,7 12,1 1 -, _ 33,4 42,3 33,4 23,9 34,5 Matières liciicuses, 29,0 6,3 7,9 6,0 4,7 4,9 9,6 4,2 12,8 33,3 6,3 3,6 6,9 6,2 6,3 3,6 5,3 2,8 6,9 9,3 9,2 7,1 3,8 12,1 10,0 6,8 14,3 20,2 3o,3 LE CHEVAL. i5 Foin de seigle four- rage » de lupin jaune . » de trèfle hou- blon. . . . » de trèfle incar- nat » de luzerne . . . « de marais . . . » de moha. . . . I) de trèfle rouge . « de spergule . . » d'herbes douces. » de trèfle blanc . 1) de vesce avoine » de trèfle éle'gant. » de prairie na- turelle. . . . PRODUITS ET RÉSIDUS D'INDUSTRIE. Tourteau de coton . Tourteau de coton de'cortiqué .... Drèche Tourteau de faîne. . Débris de sarrasin . Son de sarrasin. . . Farine de sarrasin. . Tranches de diflu- sion Tranches aigries en fosse Tourteau de noix ter- restre Cosses de pois . . . Eau. i5,o i6,4 iô,7 1 6,4 i3,o i3,4 16,0 14,6 14,3 16,7 16,7 10,7 14,3 10,0 10,0 11,7 l3,2 25,0 i5,3 89,8 90,2 12,2 Matières azotées. 9,8 11,8 14.3 1 2,2 14,4 7,6 10,8 i3,4 10,4 9,5 14,9 12,6 i3,8 H,5 2:>,D 40,9 4,8 ^3,7 2,(3 i3,t3 0,9 o,(3 29,2 7/-^ Maticivs crasse?. 2,9 2,9 2,8 4,6 2 2 3,2 2,8 2,6 3,5 2,3 2,5 o 0,6 1 6,4 1,6 6,1 1,1 3,8 4,8 0,2 o,o3 11,2 i.o Extract il'; non azotés. -■>o,i 28,5 32,0 27,' 25,7 o - 38,5 28,5 36,6 39,1 *> "^ „ .v->,9 •1 o 35,0 38,3 02,0 i5,8 9,5 21 ,0 82,2 24,5 61,3 5,7 o -) - 1,0 Matières ligneuses. 40,.^ 35,5 29,.^ 21,1 9,0 6,2 9,3 )i 12,8 10,0 2,6 21,1 35,5 Ci'tiilres dans 100 de nialifrr sèfh.j 7,4 6,3 6,4 33,8 t),0 34,7 7,4 -^2,8 7,1 29,4 6,9 33,3 6,8 27,8 ♦3,7 28,8 7,0 20, 0 7,1 28,0 7,2 25,5 0,6 0,0 6,6) 7,9 5,0 4,8 0,4 2,6 0,9 6,3 iw 5,0 1. 5 i6 LE CHEVAL. 1 Ea» . Matières azot<^es. Matitres grasses. E\ trac tifs non azoti^s. Matières igneiises. ( Cendres dans 1110 e nialièrp sè.-hi'. Pain d'orge 11,8 3,6 0,3 82,1 » » Débris d'orge. . . . 10,9 14,3 3,2 ()0,0 8,2 5,6 Farine d'orge blutée. 14,3 i3,o 2,2 67,0 » 2,3 » » non blutée 11,1 1 1,6 4,9 34,H 3 1 ,9 3.7 Son d'orge I 2,0 14,8 2,9 46,8 i9'4 2,4 Pain d'avoine. . . . 8,() 8,9 10,0 72,4 » )) Farine d'avoine. . . 12,0 i7w 6,0 63,9 » » Tourteau de chènevis. i3,o 29,0 IP 22 ^ 19,6 8,0 Son de millet. . . . 9,3 6,3 ■\,'^ i4'4 37,6 7P Caroube r3,5 6,8 1,0 70,9 3,3 2,3 Pulpe de pomme de terre 82,3 0,8 0,1 i3,o 1,3 0,7 Pulpe de pomme de terre pressée . . . 33,3 2,3 0,3 36,4 3,1 2,4 Tourteau de coco. . 1 1,6 23,4 9,8 32,9 17,2 6,3 » de cameline. i3,o 28,3 8,3 28,6 12,3 6,Q » de lin ... . 11,5 28,3 10,0 3i,3. 1 1,0 3,« Farine de lin épuisée d'huile 9.7 33,1 6,2 33,3 6,7 7,0 Tourteau de madia. 11,2 3 1 ,6 1 3,0 9,8 23,7 6,7 Germes de malt (touraillons) . . . 10,8 2 3,7 2,9 36,2 20,0 0 Malt touraillé sans germes 7'^ 9'4 ■^A 69,7 8,7 2,7 Malt frais avec ses germes 47'-'' 6,3 1,3 38,3 0 1,3 Farine de mais . . . 10,0 l3,2 3,8 70,3 » 0,6) Son de maïs . . . . 12,0 8,0 4,0 61,0 12,7 2,3 Tourteau de germes de maïs 10,1 i3,4 10,3 43,6 10,3 7,2 Résidus de distillerie de maïs QO,ô 2,0 1,0 4'9 1,0 0,3 Tourteau d'œillette. 9,« 32,3 10,1 26,7 12,5 8,7 » de noix. . 0 1-^7 34,6 12,3 27,8 6,4 3,3 LE CHEVAL. ï7 Extractifs Cendres Matières Matières Matières dans 100 Eau. non azotées. grasses. azot7 3.1 5,6 1,5 0,6 Résidus de distille- rie de seigle. . . . 89,7 2,0 0,6 32,1 35,1 174 Résidus de bet- teraves 91,0 0,9 0,1 6,2 1,2 0,6 Pulpe pressée fraîche. 70,3 1,9 0,2 18,3 6,3 3,7 Tourteau de sésame. 11,5 0 -■ 11,7 2 (,o 9,5 11,8 » de soleil . 10,0 34,2 12,2 22,1 10,9 10,6 Marc d'amidonnerie frais 72,1 6,3 2,6 i5,5 2,8 0,7 Pain blanc 36,5 7,0 0,5 54,2 0,8 1,0 Pain de froment . . 45,5 4,9 1,0 48,5 » )) Farine de froment .' i3,f3 12,0 1,1 72,3 0,5 0,4 Son de froment. . . i3,4 14,0 3,8 45,0 18,3 6,1 FEUILLES D'ARBRES Erable 60,0 5,9 )) 25,8 6,2 2,1 Acacia 60,0 5,0 » 25,5 5,7 3,8 Tremble 60,0 4,0 w 26,7 7,3 2,0 Bouleau 60,0 4,4 » 27,0 7,2 1,4 Frêne 60,0 4,4 )) 26,3 5,5 3,8 T. I. CHAPITRE PREMIER AVOINE Depuis longtemps rexpérience a démontré que les grains doivent entrer dans la composition de la ration du cheval. Ils sont particulièrement utiles pour les chevaux qui sont soumis à un service exigeant ou à des travaux pénibles. La proportion dans laquelle on les emploie varie suivant les conditions dans lesquelles on se trouve. Parmi ces aliments, il en est qui, de tout temps, ont été principalement employés pour Tentretien des che- vaux. Ainsi Tavoine, qui a une composition se rappro- chant beaucoup de celle du foin, convient parfaitement pour la nourriture de cet animal. Nous examinerons donc d'abord cette céréale, et nous étudierons ensuite les autres grains, tels que le maïs, Porge, le seigle, le sarrasin, etc., qui sont ajoutés quel- quefois à Tavoine, quelquefois substitués complètement à ce grain. Dans les idées qui ont cours, Tavoine est Taliment spécial du cheval; et, pour un grand nombre d'amateurs, je dirai même de connaisseurs, c'est le seul grain qui puisse être donné aux chevaux qui travaillent. LE CHEVAL. 19 La bonne avoine, quelle que soit sa provenance, doit être homogène; les grains doivent être bombés, courts, durs, rendant un bruit sec quand on les verse dans la mangeoire. Outre cela, elle doit être douce au toucher, propre, exempte de grains étrangers, de petite paille, de grenaille et de poussière. On admet ordinairement que son poids doit se rapprocher le plus possible de 5o kilog. à rhectolitre. L'avoine nouvelle est légèrement purgative, difficile à digérer et peu nourrissante; elle affaiblit le cheval au point de le faire transpirer promptemcnt et abondam- ment pendant le travail. Constitution du grain d'avoine. — L'avoine peut être regardée comme formée de deux parties : l'une est FiG. I. — Grains d'Av^oine. 1. — Grain entier. 2. — Amande. i> et 4. — Balles ou glumclie.*. le grain proprement dit ou l'amande, dans laquelle rési- dent les propriétés alimentaires de cette denrée; l'autre est la partie extérieure, ou l'écorce, ou la balle, qui a la composition de la paille et n'a pas une valeur nutritive supérieure à celle-ci ; aussi traverse-t-elle le canal digestif du cheval sans y rien laisser, pour ainsi dire (fig. i.]. 20 LE CHEVAL. On peut donc dire que l'avoine contient une partie d'une valeur alimentaire conside'rable. et une autre partie d'une valeur alimentaire sensiblement nulle. Les avoines qui contiennent le grain, c'est-à-dire la partie alimentaire, en plus forte proportion, sont donc celles auxquelles il faut attribuer la plus grande valeur nutritive. Ces proportions relatives de grains et de balles contenues dans les avoines sont très diffé- rentes. Nous en avons rencontré dans lesquelles le poids de la balle n'atteignait que 22 p. 100 de l'avoine; dans d'autres, cette proportion s'est éleve'e à 35 p. 100 et. par suite, dans cette dernière, la proportion du grain proprement dit s'est trouvée considérablement affaiblie. Il est très facile de déterminer pratiquement le rapport qui existe entre le grain et la balle : il sufht de les séparer à la main, en les pesant isolément. Cette détermination, qui ne présente aucune difticulté et qui est à la portée de tout le monde, donnerait sans aucun doute aux prati- ciens des indications plus sûres que celles que leur four- nit l'apparence extérieure d'une avoine, son poids à l'hectolitre et sa couleur. L'analyse chimique d'ailleurs indique toujours dans les avoines, dans lesquelles le grain proprement dit est en plus forte proportion, une plus grande quantité des éléments qui sont nutritifs au premier chef : les matières azotées, les graisses, l'amidon ; et cela se conçoit, puisque ces matières se trouvent con- centrées dans le grain. D'ailleurs les expériences que nous avons faites sur l'alimentation des chevaux font voir que ces avoines, qui. au point de vue de l'observa- tion du laboratoire, se sont montrées supérieures, sont aussi en réalité celles qui nourrissent le plus. Sans recourir à l'analyse chimique, on peut donc se rendre compte, dans une certaine mesure, de la valeur d'une avoine, en déterminant la proportion de balle qui LE CHEVAL. 21 enveloppe le grain. Il convient d'ajouter que le cheval digérera toujours plus complètement le grain d'avoine qui est enveloppé d'une moindre quantité de balle. Propriété excitante. — Outre sa valeur en tant qu'aliment, on est généralement d'accord pour attribuer à Favoine une propriété excitante, influant sur l'état nerveux des chevaux, leur donnant plus de feu, une allure plus vive, leur permettant de développer leur énergie musculaire plus à propos. Il paraîtrait, en effet, que l'avoine contient un principe excitant, qui, tout au moins sous nos climats, a une influence favorable sur ?état du cheval et sur la manière dont il peut utiliser la force qu'il puise dans les éléments nutritifs des four- rages. Ce principe excitant se trouverait dans la balle qui entoure le grain proprement dit ou l'amande. M. Sanson a fait connaître dans le journal de l'ana- tomie et de la physiologie de Ch. Robin et G. Pouchet, t. XIX mars-avril i883;, les recherches expérimentales qu'il avait instituées pour étudier l'action excitante de l'avoine. M. Sanson serait parvenu à isoler sous la forme de matière résineuse ou cristallisée le principe immédiat qui donne à l'avoine sa propriété excitante, et même à mesurer expérimentalement l'intensité de son action. Il aurait obtenu des résultats pleinement satis- faisants. Mais, sans vouloir en rien diminuer les re- cherches de notre savant confrère, il nous sera bien permis de faire remarquer qu'à l'heure actuelle, les ex- périences qu'il a faites ne sont pas assez nombreuses, et par suite assez concluantes, pour offrir un caractère de certitude sur lequel on puisse établir une discussion. Jusqu'à ce qu'on ait obtenu des données positives, et qu'on ait institué des expériences comparatives avec des graines de différentes natures, il convient donc de garder une grande réserve sur ce sujet. 22 \Ai CHKVAl.. Densité. — Ces points ciant établis, envisageons la valeur des avoines par rapport à Tapparence extérieure qu'elles présentent et sur lesquelles les praticiens se basent le plus souvent pour faire leurs achats. Ils attribuent une grande importance à la densité, c'est-à-dire au poids de Thectolitre d'avoine, et prêtèrent celles dont la densité est la plus élevée. C'est là un préjugé qu'il faut faire disparaître. La densité n'a rien à faire avec la valeur alimentaire, sur- tout quand il s'agit d'avoines de diverses provenances; elle est due en grande partie à l'état d'écartement des glumes de la balle, qui n'ôte rien à la valeur nutritive. Elle peut provenir du degré d'humidité du grain, ou encore tenir à l'épaisseur de la balle qui également diminue la valeur réelle. M. Grandeau a comparé un très grand nombre d'avoines entre elles et il a trouvé des écarts considé- rables entre le poids naturel et la valeur nutritive des avoines, il cite entre autres des avoines dont le poids naturel était de by kil. et dont la teneur en matière azotée était : 8,19; 8,71 ; 9,74; 9,5o; 10,42 p. 100. L'analyse chimique montre donc qu'il n'y a pas une relation lixe entre la richesse de l'avoine en élé- ments utiles et sa plus ou moins grande densité. Ce dernier caractère n'otiVe donc pas la valeur qu'on lui attribue. Couleur. — Quant à la couleur des avoines, elle ne présente pas une garantie plus grande; ainsi on peut trouver, en F'rance aussi bien qu'à l'étranger, des avoines blanches ayant une valeur égale ou supérieure aux avoines noires ou grises qui sont si appréciées en France et surtout à Paris. Les éleveurs en Allemagne, en Hongrie et en Russie, préfèrent les avoines blanches aux avoines noires. LE CHEVAL. 25 La propriété d'avoir le grain plus ou moins serre ne dénote pas non plus une qualité plus grande. Provenance. — Quant à la provenance, elle n'a éga- lement qu'une signification tout à fait secondaire. Les avoines, en eti'et, présentent des ditiérences de composi- tion très grandes, et, par suite^ une valeur nutritive fort différente, alors même qu'elles sont récoltées dans le même pays. En France, par exemple, nous trouvons dans les mêmes contrées des avoines de premier choi.\, des avoines moyennes et des avoines inférieures. Nous pouvons en dire autant pour tous les pays. Il ne suffit donc pas qu'une avoine vienne d'un pays déter- miné, alors même que ce pays produirait en général de bonnes avoines, pour qu'elle soit réellement bonne. Les avoines de Russie, provenance de Saint-I^éters- bourg, sont, en général, considérées comme de bonne qualité et avec raison. Elles sont d'ailleurs dans un état de siccité satisfaisant. Cependant on en trouve égale- ment de qualité inférieure. Les avoines de Suède et de Norvège, qui présentent une très belle apparence, sont généralement de qualité très inférieure comme composition chimique et con- tiennent une quantité d'eau qui rend leur conservation très difficile. Les avoines françaises sont souvent de qualité aussi bonne que les meilleures avoines russes. Quelquefois elles se montrent aussi inférieures que les avoines des pays du Nord. Composition chimique. — La composition chimique des avoines et la proporti(tn qui existe entre les grains et l'enveloppe extérieure dùicrmïncroni donc bien mieux leur qualité que leur densité, leur apparence extérieure et leur provenance. Le tableau qui suit et qui fait connaître la composi- 24 LE CHEVAL. < < ce Pc, o > W Q O O Cm :s o u < H < o Q O < ■_ — - X -, ~ = ao c i > ir «' s .„ - cf. -c" (^ o t^ t^ cr. c» «^^ x^ •+ -^ cr> o" Tp o" X CTi I^ X O O O ~ x" " " " u-i f^ ri es ■>! Cl „ c^ O^ ot X ~i r» Cl Cl X^ c<-, t^ „ LT^ C O^ 5_ X^ ^ X^ ^ X ci c^. — in X lO "+ -^- ir, r'"? r-^ t^ c^ t^ t^ r- r^ i^ t^ X r^ -o X (^ o -f T}- -t Th -1- '^ -t Tf Tj- ^ r^ X X -^ •+ -t 'Cï ,c« ,?3 -I- t Tj- X c o c c o -c c c X '^ -i- '~ m Cl t^ c- c c o oc -+- X Cl C) lt-, o-. X lt, Th - -t- O C O C <^ C C X^ _^ ^ cP -^ r«-r c O C iTl o " Cl c «"i, O^ ^ C t^ Cl cr? r' X 0 co c T^ Tj- -t- 0 X cr-x^ - X X — M ----- 1 c<-- c^. 0 C - c ►- Cl r^r r<-r r^r c c o o c *''■ c o o c c " c-, c m in, o^CTir^-^x oxvo c -^ r^o - o r^ ç-i m? ff^ ?' '^ ■^'' ^ r^ r^ 'O — ~ '^ u-T x" •n o c o ir. — c Tj- en C"> - o Cl X) LE CHEVAL. 25 U-) CT' c^ ~> cr> O '-0 "^ o ^ o c: ^ c -a: c^ r^cr-. ^ oo '*"' -1- o cr. "20 ^^ o^ lT) ■- .r, O «rT O i;^, n - -1" c<-. O • J ro -t- Ln -, c< t^ OO O O -1- cr> C 0 'O 4 lT, r*^ in 0 ri ■f. &. s 0 01 0 i) ce ce ccoco - o -ri- X ^' 00 ^:. "^^ "t _ ;T ri "St. m n c. r^ r» 0 • c ce r^, 0 C f^ V, ri ri Cl ce oc cceoc g-, - -o ri - M r^ lT-^ -^^ r^ i-, tr^ r^ [^ r^ r- r^ r^ C C COCO r^ t^ 0 t^ t^ c^ -t -1- - ■ ■ 0 LT, ^ "^ -1- in -h -^ r:)- ro '- -^ '^ n- -t- LTi 0 lT, ecriocLnoc'<4-eco ri r^, r. X '-C X^ c«^ C^ >^^ X w> X^ rX~ r^T oP t-r î-r -T -t •'^ 'O ^2 ^ " . ^ -»- 0 c» ro ij-j r< ri X O O O C 7i C 0 ri - C c-^ 0^ 1-» r- ^^^ CT^'^^^ c-r r^r r'-T c^ c-r r^r -? -f r^r ro r^j zn n 0^ OCC^'COroOCC^OOO rt- n r^. - X f ' ^^ "t ^1, «":: '^^ 9^ rrT r'-? r<-r r*"? e^r t'^ r*-? "i" r« «■? c^ co H-C o--n-rieoO 4: c^ u^ ^. C q,' t - ^ «"^^ ^. ^. .^7 -r-r _p r'-? r'-? r'-T r*-? c-T r*-? ro rP r<-. C C^ 0 :g •? 5 .# .^ 1 S' 'i 3 S S -i S 0 ?§ •!? r^ s S 5 S S S- ■& 0 •-0 e c r^ c c ^r, c 0 -i- c c 0 ■ ''• r--, X -r -1- ~. ro Cl -C^ Cj f'^ '-0 tC -o" -t -^" "c" -? 'cT lt? >^7 -î^ 'S x" ^ 0 X Ç T^ ^ -t '-^^ -^1, "^^ "^^ t LfT lt? t? ltT -? '^'~ 'T u-7 Li-T "j-- "^ 0 c% 0 Ln 0" cf. a > f. 0^ s â> 0 c. 0^06^ f f 0 ^, 0 ^. - c 0 - X X :o o_ in X Hautes-Pyrénées .... Haute-Savoie 0 ë 1 ^ ■5 0 j: 1 1 — Isa ^ ) ) -/ i C ■A U 0 1 tn ) 'î> 3 s-> ■ >, ) eu ^ i • 0 JS "^ 1 CI- c C/2 -* ^ t^ . w ::: 0 *-' c r3 ■ CJ E *!/ 73 i^ - 1 ._ ^ ._ a ) ) _5 > '-. 0) y. .^ ai c 0 >- 26 LE CHKVAL. tion chimique de la plupart des avoines françaises est le résumé des recherches faites, sur notre demande, dans le laboratoire de M. Mûntz ; nous avons donné en même temps le rapport entre le poids de Tamande proprement dite et celui de la halle. Nous avons relevé aussi dans les travaux de MM. Grandeau et Leclerc sur Tali- mentation du cheval de traita la Compagnie des Voi- tures à Paris, un certain nombre d'analvses. Toutes ces recherches sur un grand nombre d'échantillons d'avoines formant les approvisionnements des deux compagnies qui ont les plus nombreuses cavaleries, donnent des chiffres que Ton peut considérer comme représentant aussi exactement que possible la teneur moyenne en principes nutritifs de Tavoine consonimée en France dans ces dernières années. Pour compléter lesrenseignements qui précèdent, nous donnerons, sous forme de tableau, l'analyse chimique et la proportion de la balle au grain d'un certain nombre d'avoines étrangères. Ces analvses ont été faites aussi au laboratoire de l'Institut national agronomique. LE CHEVAL. À ^ - z z - '^ 5 z. ^ "' -d 0 5 z c c /V — s "â; « 5 0 0 — N — ^ ' i 5. r T 0 X X 'O p = 5 * 0 0 Cl « e'' X -1- < es "* -l 0000 0 C C c C C ce M 1 ce LTi es C. Tt-LT-, 0 r» r^ r^ ^ ~ H > \ "r; 0" c^r (^, yz r<^ r? 0 '^ t> c<-7 ^ ;x m m ts es C^. rr-, tr; ''"■ e-( r'-. a „ I ^ / c ] ■f. 0000 0 0 -^ 0 0 C Ul ^ J 01 lo oc — -C tn ^ 00^ ro co ^ W '5 cf. r^ c" -" 0" î^ cr. ' " oc" e-r od" * ç 1 ;► • - -c t~^ c^ 'C '— '^ 0 r--'C: Z " I o E jj c r^ ■ r, '^ .-K 0' .-^ .0 -+- '^ -^ ^ > ^- ^. ^ - ^ r- ^ -« '«= LT-, r^. - OC X C ^ r^ < .:^ -^ -? Tf -f '- — ir, cr-, -^ Tl- .<-, — -i- ï i ir, to Tl-li-V vr. C/2 i - •^ ~t '^ •+ -t 'rl3 C C • - C C i*". c -f- Li-, 0 es C .r, :;; û = -t- ir-, es - es lT- tJ- r^ c^ -^ -t- ^r. -t "" ij c" ltT c^7 .-<-? cT u-T es r^ 'S 0 -t - C e-i Z ^ — — _ _ _ — — O o* ^ - C C LT-, t^ C C C [^ r^ y-. C >(-. X lT, 'O — — r« 0 — >J~i c^. n r<-. - r^cv-, e-i H s '^ = rt- r^. r^r 0^. Tj-r-. f^. f". co r<~i r<-. r<-. m *'"' "^ ?». "^ on X O - t '?- t lO C "J"- C 0 0 c 00 es cr. 0 ^. f^' VT" es oc cr> r^.-^, X X 0 -^ r^ T eu ?: 1 :z 0 ■^ •^ r^ 00 r^ es^ r^ 0 ^C^ ^o r.", c" x~ x" S"' S o •0 '-C -c "C O'O -o •0 --^ r^ r^'^ 0 O ^ y. 0 c -t- r< 0 cr. 0 c ^. cr. X 0 X 0 -A Cr. r^;^ C^ C -^ f. CTi c^ fj, '^^ cr. 0^ rj_ r-. || O "=î £ 4 -? -? u-T -^ -P trT r? li-T c'-r r<-r 'O u~7 -i- C- S -t IS O X u-i C 0 - C 0 0 e-i c» — r^. 0 - — î; 1/ es 'C '^ t^ CTi'O^ 0 'O^ cr. q_ Tf ^ - -1- c-^ •0 *:, •^ »~ .^ - Il ^-' PS «s c^i C' c 0 oc" cT. oc oc" oc"^ c- X 0 «^ 0 Z < - ■" "" - " ' <ù 1 O UJ C 0 3 -S -^ u "5 c 0 ^ u < 7. 7 3 ec 0 V — ' 3 s z "O 'J s ^^ t^ rA. CA ■u > 0 — — -:^ ■— ' "■ "^^ te c T cr 0 •^ «n ec j 0:: 0 a> .çj cr. K oq 0- *73 -a ,1» 0 S" c 1 '^ < H i5 3 Ti z W I < 28 LE CHEVAL. Mais si Ton veut calculer exactement la valeur nutri- tive de la ration, si surtout il s'agit d'expériences sur la relation qui existe entre le travail effectué par un cheval et la consommation réelle correspondante de principes nutritifs, il est indispensable de soumettre, comme nous le faisons, à des analyses individuelles, les lots d'avoine qui doivent entrer dans les rations. Les opérations à effectuer pour arriver à cette de'ter- mination de la valeur précise d'une avoine ne sont ni très longues, ni très difficiles. Il suffit, en effet, pour être fixé sur la valeur d'une avoine, de faire les opérations suivantes : a. La décortication, qui donne le rapport de la balle au grain et qui fixe sur la digestibilité des éléments nutritifs ; b. La dessiccation, qui sert à déterminer la proportion d'eau, et, par suite, l'aptitude de l'avoine à la conser- vation; c. Le dosage de l'azote, qui sert de mesure à la quantité de matières azotées. C'est peut-être là la dé- termination la plus importante au point de vue de la valeur alimentaire; d. La détermination des substances grasses et rési- neuses qui se fait par l'épuisement à l'éther. Il est inutile dans la pratique de pousser l'examen d'une avoine plus loin. D'après les tableaux qui précèdent on peut considérer que la moyenne générale est : Pour les matières azotées 9 à 1 1 p. 100. Pour les matières grasses 5 à 5,25 — Pour les matières hydrocarbonées . . 67 à 68 — Pour les matières minérales 3 à 3,25 — Pour l'eau iià i3 — Les avoines françaises ont, à peu d'exceptions près, LE CHEVAL. 29 une composition voisine de cette moyenne. L'amande s'y trouve toujours en quantité relativement élevée, ce qui constitue une supériorité. Les chiffres que nous avons donnés ne représentent pas, d'une manière immuable, la composition chimique des avoines de diverses provenances; trop de conditions interviennent pour que la stabilité soit absolue. Ce n'est que le résultat de nos propres observations que nous donnons ici, en faisant remarquer que la com- position chimique des avoines, cultivées et récoltées de la même manière, peut varier avec le terrain sur lequel elles ont été semées, avec les engrais employés, les in- fluences météorologiques, enfin avec une foule de cir- constances que nous n'avons pas à énumérer ici et sur lesquelles nous n'insisterons pas. Dans le commerce, on distingue les avoines, d'après le moment où elles ont été semées, en avoines d'hiver et de printemps; d'après leur couleur, en avoines blanche, grise, noire, brune; et d'après leur provenance, en avoines de Brie, de Picardie, de Bretagne, de Bour- gogne, du centre, etc. ; ou de Saint-Pétersbourg, de Liban, d'Irlande, de Suède, d'Amérique, etc. Production et consommation des avoines en France. — Ce que nous venons de dire s'applique indifféremment aux avoines françaises et aux avoines exotiques. Mais nous voulons insister sur la différence qui peut exister entre les avoines indigènes et les avoines étrangères. Pour un grand nombre de personnes, ces dernières sont toujours de mauvaise qualité, et le pré- jugé est si enraciné que le ministre de la Guerre a cru devoir, il y a quelques années, constituer une commis- sion chargée d'étudier la question. Dans le rapport que nous avons fait à cette commission, M. Mûntz et moi, nous avons adopté la conclusion suivante : 3o LE CHEVAL. « Les avoines exotiques présentent des différences de qualité, aussi bien que les avoines indigènes; elles ne doivent pas être systématiquement exclues de la con- sommation de l'armée. » Il V a tout intérêt à ce que nous fassions connaître certaines parties de ce rapport e]ui n'a été imprimé et tiré qu'à quelques exemplaires. Nous nous étions posé la question suivante : Les quantités d'avoines récoltées en France sont-elles suftisantes pour nourrir le nombre de chevaux qui y sont entretenus? En estimant, d'après les documents officiels, à environ trois millions d'individus la population chevaline de la France, et en supposant que chaque cheval reçoive en movenne 4 kilog. d'avoine par jour, nous aurions une consommation de : 3 000000 X 4 X 365 = 43 800000 quintaux métriques, représentant 87600000 hectolitres, en supposant que le poids de l'avoine soit de 5o kilogrammes à l'hectolitre, ce qui n'est pas loin de la vérité. Les chevaux ne sont pas d'ailleurs seuls à consommer de l'avoine, une fraction notable est absorbée par d'autres animaux à l'engrais : par exemple, les moutons et les volailles. Nous négligeons ces quantités, ainsi que celles qui entrent dans l'alimentation de l'homme en Bretagne et dans d'autres provinces. Les statistiques du ministère de l'Agriculture donnent les chiffres suivants pour le nombre d'hectolitres ré- coltés annuellement en France sur la totalité des terres ensemencées : Aiini''<'s. IIccti)litn'>. 181 3 à i835. 42 13348S i836 à i853 3() 121 233 i83G à 1873 720G783S . LE CHEVAL. 3i Années. Hectolitres 1S76 73754087 1877 68977898 1878 77289789 1879 74261 58i 1880 83790476 1881 77 248 01 1 1882 89697900 i883 93 364934 1884 88078530 i885 85 53o225 1886 89288731 D'après ces chiffres, nous voyons que la quantité d'avoine récoltée en France, excepté dans ces dernières années, n'est pas toujours suffisante pour nourrir les chevaux qui y sont entretenus, et, dans ces conditions, son prix pourrait devenir trop élevé pour la ration du cheval en général. Aussi importe-t-on des avoines, et si nous consultons les documents fournis par l'adminis- tration des douanes sur ces importations, nous trouvons : Années. Quint, métriques. 1879 3727282 j88o 3629853 1881 2673395 1882 3277575 i^8-> 2830239 1884 2932673 i885 2124267 1886 1445 536 Production des avoines à l'étranger. — Les avoines qui sont importées en France proviennent sur- tout de la Russie et de la Suède, car ces deux contrées seules en récoltent d'assez grandes quantités pour pou- voir en exporter. Voici, d'après la statistique agricole de la France pour 3s LE CHEVAL. l'enquête décennale de 1882, la production de Tavoine par année moyenne dans les diffe'rents pays de l'Europe : PAYS D'EUROPE. Hectolitres. France 90798070 Grande-Bretagne Ô4630000 Belgique 8840000 Hollande 4080000 Allemagne 94924000 Suède 16688000 Norvège 3 225 000 Danemark io5ooooo Autriche-Hongrie 52282000 Russie 220000000 Finlande 2640000 Suisse 1872000 Espagne i 481 000 Portugal (avoine confondue avec orge). Italie 6 71 1 000 Grèce 48000 Turquie i oS3 000 Serbie 180000 Roumanie 2000000 Bulgarie 3 575 000 ToTAi 565502070 PAYS HORS D'EUROPE. Hoctolitres. Algérie 574000 États-Unis (1878-1883) .... 148561000 Canada (1881) 23 01 1000 Australie 4800000 ToTAi 176446000 Report des pays d'Europe. . . 565 5o2 070 Total général 74iq48o7o Les ensemencements augmentent en Amérique, et le moment est proche où les avoines des États-Unis vien- LE CHEVAL. 33 dront faire une concurrence sérieuse aux avoines de Russie et de Suède sur le marché européen. Comparaison des avoines françaises et des avoines exotiques. — Si on compare entre eux les tableaux que nous avons donnés sur la composition des avoines de diverses provenances, on voit que les diffé- rences entre les avoines indigènes elles-mêmes sont sou- vent aussi considérables que le sont celles qu'on observe sur les avoines exotiques d'origines diverses, et, par suite, qu'au point de vue de la valeur nutritive, les. avoines exotiques peuvent, d'une manière générale, entrer dans la ration au même titre que les avoines indigènes. Les avoines de Suède pèsent environ de 49 a 5o kilog. et plus à l'hectolitre; celles du Danemark et de la Nor- vège pèsent 47 à 48; entin celles de Russie, que l'on tire principalementde Cronstadt, Saint-Pétersbourg et Riga, sont très blanches et pèsent 46 à 47 kilog. pour les bonnes qualités. Dans toutes ces contrées, les avoines ne mûrissent que du 1 5 au 20 août, et elles con- tiennent toujours une forte quantité d'eau. Aussi, pour éviter réchauffement en route, on les fait étuver, mais elles gardent souvent un arrière-goût auquel les chevaux doivent s'habituer. L'assurance que l'on fait pour les grains en vrac ne porte que sur les risques de mer, mais jamais sur réchauffement dont nous venons de parler, L|ui est aux risques et périls de l'acquéreur. Cependant, il peut être fait une stipulation particulière. Commerce des avoines. — En France, le commerce des avoines se fait principalement sur place; c'est-à-dire que chaque lieu de production consomme la plus grande partie de sa récolte. Il faut que cette dernière soit très bonne et très abondante pour qu'il y ait expédition de la marchandise à grande distance. En général ce sont des courtiers qui réunissent les quantités disponibles T. I. 3 34 T.E CHEVAL. de chaque producteur, et qui les dirigent sur les grands centres. Mais il n'en est plus de même lorsqu'il s'agit des avoines étrangères, qui forment surtout la consomma- tion des grandes agglomérations de chevaux, comme la Guerre et les Compagnies de transport, puisque, comme nous Favons démontré plus haut, la production fran- çaise ne peut suffire à la consommation. Le commerce des avoines se fait comme celui des blés et des autres céréales. Les relations avec les pays de production, comme la Suède, le Danemark et la Russie, se font par les ports du nord de TAllemagne, et surtout Hambourg, pour la France, FAngleterre, la Hollande et la Belgique. Dans ces dernières années, les relations ont même été directes avec les ports du Havre, de Rouen et de Dunkerque. En tous cas, les choses se passent presque toujours dans les mêmes conditions, c'est-à-dire que le négociant, le grainetier ou même le propriétaire des points d'ori- gine, lorsqu'il a rassemblé de quoi charger un navire, fait un échantillon de la marchandise qu'il envoie à son courtier de Hambourg, par exemple. Pendant ce temps le navire est chargé en vrac. Le courtier présente son échantillon aux négociants de Hambourg, et lorsqu'il y a achat, la quantité, le prix, le poids sous un volume déterminé, et enfin le coût du fret, sont stipulés. Le négociant acquéreur écrit alors directement au capi- taine du navire en charge pour qu'il lui envoie un échantillon de sa marchandise. Le capitaine, person- nage tout à fait neutre dans l'atfaire, ramasse un fort échantillon de toute la marchandise qu'il reçoit à bord, et en distrait une petite quantité qu'il envoie au négo- ciant acquéreur. Celui-ci n'ouvre le sac qu'en présence du courtier, et ce dernier échantillon est alors comparé LE CHEVAL. 35 avec celui sur lequel Tachât s'est ope're'. En cas de contes tation, ce qui est très rare, on nomme imme'diatement deux experts. Nous avons dit que, jusqu'à ce jour, inde'pendamment des conditions ge'ne'rales du commerce, qui exigent que toute marchandise soit saine et sans mélange de matières e'trangères, exempte de falsifications tendant à tromper l'acheteur, la qualité' des avoines se constatait par le poids de l'unité de volume, en un mot, par la densité'. Dans un ouvrage intitule' : Traité pratique du com- merce des céréales en France et à V étranger, M. Le- fèvre de'finit les conditions des achats des ce'réales, et il dit que la constatation de la densité' se fait par des épreuves à la volonté de l'acheteur. Ces épreuves dif- fèrent selon les usages des places; ainsi en France, nous avons : 1° L'épreuve métrique qui donne en kilogrammes le poids de l'hectolitre de grains; 2° L'épreuve de Marseille, qui donne en kilogrammes le poids de la charge dont le volume est de i6o litres. Il en est de même pour les épreuves étrangères : ainsi la nouvelle épreuve de Berlin détermine le nombre de grammes par litre réel de grains. L'épreuve anglaise donne le poids du quarter impé- rial (2 hectol. 9071 en livres anglaises lO kil. 453 . L'épreuve russe donne le poids du tschetwert (2 hec- tol. 099) en livres russes o kil. 409). L'épreuve américaine donne le poids en livres an- glaises \o kil. 453) du bushel américain (35 lit. 238). Nous avons fait connaître ces différentes épreuves pour bien faire comprendre que partout les grains se vendent en tenant compte de la relation qui existe entre le volume et le poids. Le commerce considère, en général. que la vente au poids est le mode le plus rationnel et le 36 LE CHEVAL. plus simple, puisque, lorsqu'on vend au volume. Ton est obligé de stipuler en même temps le poids du grain sous Tunitc de volume, c'est-à-dire la qualité appre'ciée par la densité' du grain. Nous avons dit ce qu'il fallait retenir de ces habitudes du commerce et quels étaient les véritables movens de reconnaître la qualité des avoines qu'on veut acheter. Prix de vente. — Les prix de Tavoine varient beau- coup, mais vu les quantités peu considérables récoltées en France, ils se maintiennent à des prix assez élevés. Voici un tableau récapitulatif des prix moyens annuels pour la France entière pendant la-dernière période de vingt ans. franc-s. francs. 1866.. . 18,89 le quintal. 1877.. • 21,97 le quintal. 1867.. . 2 2,65 — 1878.. . 21,20 — 1868.. • --^4,74 — 1879.. . 20,08 — 1869.. . 2I,o5 — 1880.. • 20,79 — 1870.. . 21,70 — 1881.. . 19,93 — I87I.. • 23,99 — 1882.. . 20,16 — 1872.. • 17,79 — i883.. , . i8,q-2 — 1873.. . 20,30 — 1884.. . 18,53 — 1874-- • 24,32 — i885.. • 18,97 — 1875.. . 22,72 — 1886.. 18,00 1876.. . 23,41 Les prix extrêmes ont été de 17 a 18 francs le quintal et de 24 a 25 francs. La provenance influe beaucoup sur ces prix. Les avoines françaises se sont payées 21 fr. 10 le quintal, en moyenne., pendant la période de 20 années de 1866 à i885. Il y a souvent des écarts considérables entre les prix des avoines des différentes provinces de la France, mais la facilité des communications tend à uni- fier ces prix. Fraudes. — Les avoines de provenance étrangère valent toujours de i à 2 francs de moins que les avoines LE CHEVAL. 37 indigènes, et cependant quelquefois elles sont de meil- leure qualité. Il n'est donc pas e'tonnant que certains négociants cherchent à faire passer les avoines étran- gères pour des avoines indigènes en les offrant isolé- ment ou en mélange. Ces fraudes sont très fréquentes, surtout depuis que le ministère de la Guerre, cédant aux suggestions con- stantes de certains députés qui réclament la priorité pour les produits nationaux, a défendu Tachât des avoines étrangères. C'est le trésor qui fait les frais de ces récla- mations qui n'atteignent même pas leur but. En effet, les entrepreneurs seraient quelquefois bien embarrassés s'ils ne mélangeaient pas une certaine quantité d'avoine étrangère aux avoines indigènes qu'ils doivent livrer à l'armée. Ainsi une fraude très connue pour les avoines de Beauce, c'est de livrer à la place des avoines de Suède ou de Danemark. Cette substitution peut cependant se découvrir ; les premières, dit-on, ne contiennent que de la sanve, mais jamais de vesces comme les secondes. Quand on mélange les deux avoines de Beauce et de Suède, il est facile aussi pour un connaisseur de distinguer les germes de l'une et de l'autre. L'enveloppe de l'avoine de Suède est beaucoup plus épaisse, puisque la proportion p. 100 entre le grain et la balle est de 68,6 et 3 1,4, tandis qu'elle est de 74,5 et 25,5 pour celle de Beauce. Les mélanges sont beaucoup plus difficiles à recon- naître quand il s'agit des avoines blanches. Il faut alors avoir une grande habitude pour savoir les découvrir. Droits de douane et droits d'entrée dans les villes. — Depuis avril i885, les avoines étrangères paient une entrée en douane de i fr. 5o par quintal. Est-ce une bonne mesure ? Nous ne le croyons pas. D'une manière générale, l'élevage du cheval devra en souffrir, surtout si 38 LE CHEVAL. -on augmente le prix de cette denrée qui doit faire le bon cheval et que le paysan ne donne la plupart du temps qu'avec regret. Depuis quelques années Texportation de nos chevaux de trait augmentait et l'étranger reconnais- sait que nous les nourrissions bien, en même temps que nous leur demandions beaucoup de travail. Ces droits protecteurs, qu'on vient encore d'augmenter de i fr. 5o par quintal, en vertu de la loi du 29 mars 1887, ne se- ront-ils pas une entrave à la production du cheval? En tous cas, c'est l'État qui s'impose la plus forte prime et ce sera toujours le budget qui devra fournir les sommes supplémentaires, puisque c'est lui qui possède le plus de chevaux pour la Guerre, les Haras, et ses établisse- ments agricoles. Si on chilïrait toutes ces sommes, on verrait bien vite que c'est l'État qui fera tous les frais de ce nouvel impôt sans aucun avantage pour les agriculteurs. Mais ce n'est pas tout, les villes, considérant les che- vaux comme un luxe, ont cru devoir imposer le grain qui sert à leur alimentation et les octrois varient en général de 3o centimes à i fr. 5o. Transport des avoines. — Le transport des avoines se fait par les chemins de fer ou les canaux pour la France, et comme la culture de cette céréale est assez divisée, c'est encore une nouvelle charge qu'elles ont à supporter. Les avoines exotiques qui proviennent surtout de la Russie et de la Suède et quelquefois de la Norvège, de l'Irlande et des États-Unis d'Amérique, sont transpor- tées en vrac par des vapeurs. L'emploi des bâtiments à voiles a presque disparu. Le fret de la Russie pour la France, par Dunkerque ou le Havre ou Rouen, est 1 fr. 28 à i fr. 44 par 100 kilog. Ce prix n'est qu'une moyenne, car il est très variable. LE CHEVAL. 39 . Les avoines provenant du midi de la Russie viennent à Marseille et le fret d'Odessa à Marseille est de i fr. i6 à I fr. 21 les 100 kilog. Le transport des États-Unis en France et en Angleterre pour les avoines, ne peut se faire qu'en y ajoutant des ble's et des maïs dont la densité est plus grande. Si on ne transportait que Tavoine qui est une marchandise encombrante par suite de son peu de densité, le fret serait beaucoup trop élevé. Le transport par canaux a lieu surtout entre le Havre, Rouen et Paris, Dunkerque et Paris, et quelquefois des régions du centre et de la Bourgogne vers Paris. Le prix du fret du Havre à Paris varie entre 4 fr. 5o et 5 fr. 5o la tonne. Celui de Dunkerque à Paris est de 7 fr. 5o la tonne. De Montbard à Paris par eau, le fret revient à 8 fr. 75 la tonne. Nous le répétons, tous ces chiffres sont des moyennes. Le transport par chemin de fer peut se faire suivant k tarif général, ce qui est tout à fait Texception, et pour de très petites quantités, et suivant les tarifs spéciaux de petite vitesse qui sont la règle ordinaire. Voici la moyenne de ces derniers prix sur chaque réseau : TRANSPORT DES GRAINS SUR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER, SUR LA BASE DE 200 KILOMÈTRES : Nord. — Tarif spécial no 2. — Barème n» 3. francs. Par tonne 9,5o Frais de gare 1,00 Ensemble 10, 5o Il existe des prix exceptionnels pour certaines villes, Est. — Tarif spécial n» 2. — Barème E. francs. Par tonne g,25 Frais de gare 1,00 Ensemble 10, 23 40 LE CHEVAL. Paris-Lyon-Méditerranée. — Tarif spécial n» i. — Barêtne. D. francs. Par tonne q,5o Frais de gare i,oo Ensemble i(),5o Orléans. — Tarif spe'cial, n^ai. ofr. :o par tonne et par kilomètre. francs. sans que la taxe puisse être supérieure, frais compris, à i6,oo Ouest. — Tarif spécial n" i, toujours avec la base de 200 kilomètres. francs. Par kilomètre 0,08 avec un minimum de perception par i 000 kilogrammes. francs. Frais compris 10,00 État. — Tarif spécial n» 2. — Barème no 5. francs. Par tonne 11,00 Frais de gare 1,00 Ensemble 12,00 Il y a aussi des prix exceptionnels de certaines gares à d'autres, qu'on appelle tarifs fermes, et qui sont encore moins élevés que les tarifs spéciaux. Nous ne parlerons pas non plus des tarifs internationaux. Nous sommes loin des prix du roulage, qui étaient pour les grains par tonne kilométrique : deo fr. 40' avant 1814, de o fr. 3o vers i83o, et de o fr. 25 à o fr. 20 vers 1847. Avec les tarifs que nous venons de voir, la tonne kilo- métrique (non compris les frais accessoires et impôts) est de 6 centimes en moyenne. C'est donc une diffé- rence de 76 p. 100 en faveur des chemins de fer. Les tarifs étrangers sont plus simples que les nôtres et souvent plus bas. En Amérique ils se sont abaissés à I centime, 2 et même à o centime, 6. LE CHEVAL. 41 Conservation des avoines. — La conservation des avoines, surtout lorsqu'il s'agit de cavaleries nom- breuses, aune très grande importance. On sait, et les études que nous avons faites sur ce sujet ont confirmé ce point, que lorsque la proportion d'humidité des avoines est très élevée, leur conservation est moins parfaite. Ainsi, on peut être certain qu'une avoine ne conte- nant que 12 à i3 p. 100 d'humidité, se conservera con- venablement, soit en greniers, soit en silos, tandis qu'une avoine dans laquelle la proportion d'humidité s'élève à 16 et même à i8 p. loo, comme il arrive quel- quefois, sera sujette à moisir et à se gâter, surtout lors- qu'elle est ensilée. Il convient donc encore, comme essai pratique à faire, de dessécher un certain poids d'avoine afin de déterminer la perte qu'elle subit et qui repré- sente son degré d'humidité. Et ce n'est pas seulement au point de vue de la conservation que cette détermi- nation est utile, mais aussi au point de vue alimentaire; il est clair que plus une avoine est humide, moins elle contient de substances nutritives pour un poids donné, et, par suite, dans ces avoines, on paye une notable proportion d'eau au prix de l'avoine elle-même. Autrefois, il était reconnu que la meilleure méthode de conserver les grains était de les mettre complètement à l'abri de l'air; dans ces derniers temps, on a tenté de les conserver, au contraire, en les présentant aussi sou- vent que possible au contact de l'air par certaines manu- tentions que nous allons étudier. On trouve encore, dans certaines provinces de l'Es- pagne, de la Hongrie, de la Russie et de l'Algérie, des traces de cette conservation si simple par l'enfouis- sement du grain dans de larges cavités pratiquées dans le sol proprement dit, ou dans les rochers; dans ce der- 42 LE CHEVAL. nier cas, on plaçait les grains à même dans ces cavités; dans le premier cas, on établissait des murs qui devaient empêcher les éboulements et consolider toute la con- struction. On recouvrait les grains avec de la paille ou toute autre substance du même genre, comme les feuilles, les roseaux, etc., et enfin, on remettait la terre qu'on battait vigoureusement. Quelquefois, pour mieux assurer la conservation, on employait la chaux. Mais tous ces moyens ne pouvaient permettre la conservation que d'une petite quantité de grains, et il nous suffira de signaler les constructions établies en Amérique pour se rendre compte des quan- tités de grains qu'il faut conserver, surtout avec la faci- lité donnée au transport et à l'exportation de ces mar- chandises. Ainsi les Etats-Unis d'Amérique peuvent loger dans leurs niagasins à grains plus de 4 millions de tonnes, et Londres environ 3ooooo tonnes. Nous ne connaissons pas en France d'établissements installés dans de pareilles conditions. Ces docks immenses, com- prennent des élévateurs et des sortes de silos; c'est en s'appuyant sur la conservation en vases clos, qu'on les a établis. La méthode de conservation la plus simple, et dont l'usage parait avoir été le plus général, consiste dans l'emploi des silos, c'est-à-dire dans l'emmagasinage des denrées, dans un espace plus ou moins parfaite- ment clos, où elles sont préservées, au moins partiel- lement, de l'action des agents atmosphériques, et des ravages des insectes ou d'autres animaux. Dans les années de disette on retrouvait ainsi, sans altération notable, les réserves faites dans les années d'abondance. Sous les climats secs et chauds, où la récolte peut se faire dans des conditions exceptionnelles et où, par suite, les produits récoltés sont à un degré de siccité LE CHEVAL. ^3 très grand, où l'atmosphère et le sol sont eux-mêmes peu chargés d'humidité, le problème est facile à ré- soudre. La tendance àTalte'ration étant très faible, dans ces conditions de sécheresse, une installation élémen- taire peut réaliser le but désiré. Nous citons comme exemple les silos des Arabes. Il n'est pas rare de retrou- ver quelques exemples de ces silos, remontant à des siècles, et contenant du blé en bon état de conservation. Dans ces pays, les silos ont été, pendant longtemps, de simples cavités creusées dans la terre, ou des con- structions en maçonnerie ou des vases en poterie, eux- mêmes contenus dans la terre. Mais dans les pays froids ou tempérés, il n'en est pas ainsi. Les récoltes se font souvent par un temps humide, et le grain retient des quantités d'eau qui rendent sa conservation difficile. L'humidité de l'air et du sol ne permettent pas d'em- ployer les procédés si simples des climats plus secs. Préoccupé de l'avantage qu'il y a à pouvoir conserver, pendant une certaine durée de temps, les grains ser- vant à l'alimentation de Thomme ou des animaux do- mestiques, on a fait, dans ces derniers temps, des essais qui ont abouti à la construction de silos à parois mé- talliques. Parmi les savants et les praticiens qui ont le plus contribué à réaliser, dans cette voie, des progrès réels, il convient de citer en premier lieu Doyère, dont le nom doit rester attaché aux procédés qui assurent la conservation des grains dans de meilleures conditions. Les silos à parois métalliques, dont l'emploi est aujour- d'hui général, ont permis de résoudre, au moins dans certaines limites, le problème de la conservation tem- poraire des grains. Nous aurons à étudier ces différentes installations, mais avant nous voulons dire un mot de la conservation des grains à l'air libre, sans appareils pour les renfermer. 44 LE CHEVAL. 1° Conservation en sacs. — On conserve les grains dans les docks et les entrepôts en les laissant en sacs et en formant ainsi des piles sur les planchers des diffé- rents étages des greniers. Cette méthode a l'avantage de permettre de réunir sur de petites surfaces de très grandes quantités de grains, comme on le fait dans les docks des ports de mer. De plus, le grain emmagasiné par fractions de loo à y 5 kilog., se trouve en rapport avec Tair ambiant et ne s'échauffe pas aussi vite. Ce moyen de conservation est très pratique quand il ne s'agit de conserver la marchandise que pendant c[uelques mois, et qu'elle doit être transportée sur d'autres points. 2° Conservation en vrac. — Lorsqu'on veut conser- ver les grains en vrac, suivant le terme consacré, c'est- à-dire sans aucune enveloppe, on les dépose à même dans les greniers, généralement sur des planchers en bois ou en bitume, sur une épaisseur variable suivant la solidité des constructions, mais dépassant rarement i'",20. Le grain, ainsi emmagasiné, ne se conserve que lorsqu'on lui donne les soins nécessaires. Il arrive sou- vent, surtout par les temps d'orage, que le grain qui n'a pas été suffisamment nettoyé, chauffe, comme on dit vulgairement, et menace alors de se détériorer. Il faut, dans ce cas, procéder à un pelletage, qui renou- velle l'air dans la masse du grain, le ramène à la température ambiante, et surtout produit une dessicca- tion partielle. On peut estimer, qu'en moyenne et en temps ordinaire, un pelletage est nécessaire tous les deux mois. Mais au printemps et à l'automne, à l'é- poque où il se manifeste un mouvement si accentué dans les fonctions des végétaux, une sorte de poussée qui exagère temporairement leur activité vitale, le grain a une tendance plus grande à chauffer. A ces époques, comme pendant les temps d'orage, des pelletages plus LE CHEVAL. 45 fréquents sont nécessaires. Il faut alors les pratiquer deux ou trois fois par mois. La nature et la qualité de la graine, son état de propreté', ont une très grande influence sur leur ten- dance à s'altérer; ainsi les maïs ont besoin de pelletages plus fréquents que l'avoine. Au lieu de remuer à la pelle, on peut avec des chaînes à godets amener les grains à des tarares, le résultat est le même. Le pelle- tage à la main nécessite une dépense de main-d'œuvre qu'on peut évaluer à 3o centimes par an et par lookilog. Nous ne décrirons pas ici d'une manière complète les élévateurs et les magasins et entrepôts de Liverpool, de New-York, Chicago, et tous les derniers construits à Lon- dres. Ils sont décrits, avec tous les détails nécessaires, dans un ouvrage anglais intitulé : The construction and equipment of grain maga-^ines, hy G. Luther. Il suffira de présenter quelques dessins permettant de se rendre compte des puissants moyens de déchargement et d'em- magasinage employés en Angleterre et en Amérique. En France, des essais ont été faits dans cette voie, mais on s'est heurté à la routine et à la mauvaise vo- lonté des ouvriers des ports. 3*^ Greniers à transvasement mécanique. — Les dessins que nous allons présenter montrent les procédés employés pour la conservation des grains dans des chambres en maçonnerie, en bois, ou dans des réservoirs métalliques ou autres^ avec transvasement fréquent du grain, ou avec circulation d'air, etc. Les silos qui existent maintenant à Trieste, à Pesth, à Londres, à Liverpool, à Chicago et à New- York, consistent en grandes boîtes en tôle, dont le remplissage et le vidage sont facilités par des chaînes à godets, et des vis d'Archimède. Ils sont traversés par un certain nombre de tubes en tôle perforée, par les- quels on détermine une aspiration d'air. Les gaz qui se 4(> LE CHEVAL. forment dans l'intérieur du silo se trouvent ainsi en- traînés, en même temps qu'il se produit une dessicca- tion partielle, si le grain est trop humide. On n'utilise pas généralement ces silos pour des séjours prolongés. Tous ces docks sont aussi pourvus d'appareils très puis- sants pour ventiler et nettoyer les grains qui se sont plus ou moins avariés pendant les traversées en mer. C'est surtout en Amérique que les docks et les élé- vateurs ont pris un développement considérable, et il suffira pour s'en rendre compte ci'énumérer la conte- nance de ceux des principales villes. Les élévateurs de Butîalo ont une capacité de 9 000 000 de bushels,ceux de Chicago de 26 175 000 bushels,ceux de Saint-Louis de 1 1 75 0000, ceux de Toledo de 6 000 000, ceux de Milwankie de 6 63oooo, ceux de Baltimore de 5 700000, et enfin ceux de Minneapolis, les derniers con- struits, peuvent contenir 9963000 bushels. Mais pour loger des quantités aussi grandes de grains et leur faire subir ou un nettoyage, ou une violente aération, et enfin les charger sur wagon ou sur bateau, les Américains ont emplové des machines puissantes, qui mettent en mouve- ment les chaînes à godets, les monte-charges et les ven- tilateurs. La figure 2 représente un magasin disposé d'une façon assez originale. Le grain est déposé dans chaque compartiment, où il subit une ventilation à l'air chaud. Le grain humide est rapidement séché et amélioré. Chaque division est munie ci'une espèce de porte en saillie, qui s'ouvre lorsque le tube ventilateur tourne dans un certain sens, pour admettre le grain dans le compartiment, et qui se ferme hermétiquement quand le mouvement a lieu en sens inverse. Ce système est originaire de la Russie, où il peut être installé écono- miquement à cause du bas prix du bois. LE CHEVAL. 47 Les compartiments ne sont pas rangés verticalement, mais à angles à 43 degrés, de sorte que les parties les plus basses concourent à la formation delà construction géne'rale. Ses avantages sont que le grain peut être renvoyé FiG. 2. — Greniers russes. dans un compartiment voisin de ce dernier, qu'il soit à côte ou au-dessous, et que les voitures peu- vent être chargées directement après le passage à Télé- vateur. Pour faire voyager le grain, le compartiment se vide sur une table rotatoire, qui transporte le grain d'un des e'ie'vateurs placés dans chaque coin du bâti- ment. 4^ LE CHEVAL. La figure 3 représente un appareil pour peser au- FiG. 3. — Appar EIL DK PESAGK AUTOMATIQUE. tomatiquement les grains, employé à Liverpool et fonc- tionnant sans l'aide de l'homme et sans aucune puis- LE CHEVAL. 49 sance motrice, enregistrant sur un cadran le poids de tous les grains qui le traversent. Tous les grains pas- sent par cet appareil avant d'entrer dans les magasins, et on a ainsi les poids exacts des quantités reçues. En- suite le grain passe dans des appareils nettoyeurs, qui le rendent propre et de'pouillé de toutes les impuretés qu'il contenait. Il arrive enfin dans les magasins où il doit être conservé. La figure 4 donne la reproduction des maga- sins de Liverpool, qui ont été construits et installés dans le genre de ceux des États-Unis d'Amérique. Ces magasins sont installés aux docks de Waterloo, ils sont à l'épreuve du feu et se composent de trois bâ- timents, ayant les dimensions suivantes : Bâtiment de l'Est : 65o pieds en longueur. — de l'Ouest : 65o — — — du Nord : i85 — — Le pied anglais vaut o"", 3o4, le yard carré vaut o°"i, 836 et l'acre vaut o hectare 404. La longueur totale est de 1485 pieds sur 70 de lar- geur et ils occupent une surface de 1 1 5oo yards carrés. Le total delà surface intérieure utilisable, en dehors du quai, est de 48918 yards carrés, ou, en comprenant la surface du quai, de 1 1 acres 3/4. Au-dessus du cin- quième étage et tout le long des bâtiments, il y a une plate-forme spécialement destinée à l'installation des machines à peser et à nettoyer, elle mesure 24 pieds de largeur. La hauteur du bâtiment, du quai au sommet de la corniche en pierre, est de 82 pieds. Il y a quatre cages d'escalier dans chacun des bâ- timents de l'Est et de l'Ouest, et deux dans celui du Nord. La surface totale utilisable de tous les étages, excepté le quai et le silo, est de 48918 yards carrés, T. I. 4 FiG. /}. — Docks de Liverpool. LE CHEVAL. 5i et a 4 quarters par yard, on peut donc loger 196000 quarters de grain. Des rails sont pose's à l'intérieur des magasins, permettant une communication avec la ligne principale des docks. Tous les me'canismes sont mis en mouvement par une machine hydraulique, et sont appropriés pour le de'chargement et le charge- ment de la marchandise ordinaire, le grain en vrac, en sacs, ou sous toute autre forme, du quai aux étages. Ces appareils sont disposés aussi pour emmagasiner une partie du chargement dans les magasins, en même temps que l'autre partie sera transportée sur bateau, chemin de fer ou voiture. Pour retirer le grain du stea- mer qui Ta amené, et le porter sur les trémies, il y a cinq élévateurs portant le grain à la partie supérieure de l'édifice, travaillant chacunà raison de cinquante tonnes par heure. Des trémies, le grain tombe sur des bandes en caoutchouc qui le transportent, et après avoir été ainsi débarrassé des poussières, il est livré aux machines à peser, qui enregistrent une tonne à chaque fois. Il tombe ensuite sur une trémie qui le distribue aux bandes de transmission, qui, au nombre de deux, parcourent toute la longueur des trois bâtiments des magasins, et qui sont disposées de telle façon qu'on peut transporter le grain dans toutes les parties des magasins. La longueur totale des bandes est de 1 1 800 pieds. Elles travaillent à une vitesse d'environ 5oo pieds par minute et transportent le grain à raison de 80 tonnes à l'heure. Quand le grain est en vrac dans les bateaux qui l'ont amené, on décharge ces derniers avec des élévateurs flottants, qui sont mis en rapport avec les appareils nettoyeurs cie l'intérieur des magasins. Il y a cinquante- six ouvertures pour permettre de faire passer le grain d'un étage à un autre. 5a LE CHEVAL. Des ouvertures sont aussi pratiquées dans les murs afin de faciliter le chargement des grains logés à chaque étage, soit sur des bateaux, soit sur des wagons. On peut faire passer le grain d'un étage à l'autre pour le ventiler. Il y a aussi douze monte-charges pour barils et sacs, chacun capable de monter neuf barils de farine en même temps, ou un poids d'une tonne, à tous les étages, et même à une distance extrême de 66 pieds. La machine qui met tout en mouvement est placée au centre du bâtiment nord et est composée de deux machines horizontales à haute pression de la force de 370 chevaux. Une construction semblable existe à Birkenhead avec une surface extérieure de 10 961 yards carrés, et présente cinq étages. En France, des installations aussi complètes sont rares, c'est pourquoi nous î^^ommes entrés dans quel- ques détails pour permettre de juger quelle est l'im- portance de l'outillage des ports que nous avons cités plus haut, et des moyens de conservation mis en œuvre par les Anglais et les Américains. La Compagnie générale des voitures à Paris, possède, dans son vaste établissement pour la manutention des grains et des fourrages, 9 élévateurs à grains débitant 7 tonnes à l'heure à i5 et 27 mètres de hauteur, sous l'action d'un même nombre de ventilateurs pneuma- tiques du système Farcot. Silos Huart. — Comme magasins importants en France, nous pouvonsencoreciterlessilosconnussousle nom de silos Huart, établis à la manutention militaire du quai de Billy etquisont destinés à la conservation du blé. Ce sont de grands réservoirs prismatiques à parois métalliques qui ne sont pas fermés. On empêche réchauffement et l'altération du grain en opérant des LE CHEVAL. 53 transvasements fréquents, soit deux ou trois par mois. Ces silos, ou greniers, sont installés dans deux bâti- ments spéciaux. Les dimensions des récipients, dans le premier, sont les suivantes : hauteur i2™,5o, longueur 3™, 80, largeur 3^8o. Dans le deuxième, hauteur 9™, 90, longueur 3,°'8o, largeur 3", 80. Lacontenancemoyennedes premiers est de i 275 quin- taux de blé et celle des seconds de 970 quintaux. Le nombre de récipients est de 28 dans le premier bâtiment et de 24 dans le deuxième. Ils sont groupés dans l'un, par lignes de 4, et dans l'autre, par lignes de 2. Ces greniers consistent en compartiments qui occu- pent la hauteur de plusieurs étages quatre dans le pre- mier et trois dans le deuxième bâtiment' et dans les- quels le blé est contenu. Sa conservation y est fondée, non sur la clôture hermétique, comme dans les silos, mais, au contraire, sur le renouvellement de l'air. Ces greniers fonctionnent de la manière suivante : Des trémies, situées au rez-de-chaussée, reçoivent le blé à emmagasiner et le font passer dans un cylindre cribleur installé dans le sous-sol. A sa sortie du cylindre cribleur, la denrée peut être soumise à l'action d'un ventilateur, s'il est nécessaire, d'où il est enlevé par une chaîne à godets; cette chaîne le monte à la partie supé- rieure, le laisse échapper dans une vis d'Archimède qui le verse ensuite par de petites trappes à glissières dans le compartiment où on veut le conserver. Chaque compartiment est pourvu de dix trappes, dispo- sées à la partie inférieure (rez-de-chaussée), et destinées à livrer passage au blé. Celui-ci coule dans une vis, soumise à l'action d'un courant d'air, qui le livre de nouveau à l'élévateur, pour être ensaché, s'il s'agit de 54 I^E CHEVAL. l'envoyer à la mouture (ope'ration qui a lieu au troisième étage*, ou pour être rejeté, soit dans le compartiment d'où il venait, soit dans un autre, dans le but de le remuer et de Taérer. Cette dernière manœuvre est renouvelée fréquemment, à peu près tous les dix jours. Cependant Texpérience a permis de constater qu'une denrée saine s'y conserve très bien de vingt à vingt-cinq jours, au repos, sans fer- mentation; peut-être serait-il possible de l'y laisser plus longtemps, mais l'expérience n'a pas été tentée. Quand le criblage et la ventilation ne sont pas jugés nécessaires, le blé peut passer directement, c'est-à-dire sans être ni criblé ni ventilé, dans la chaine à godets, soit de la trémie de remplissage, soit de la vis, après chaque manœuvre de déplacement. Mais lors de son emmagasinage, on opère un premier criblage. Cette opération s'exécute mécaniquement. Les manœuvres ultérieures de conservation consistent seu- lement à vider successivement chaque compartiment pour remettre le blé, soit dans le même, soit dans un autre. Le premier mode, c'est-à-dire le mouvement du blé sur lui-même, permet d'utiliser à la fois tous les com- partiments, mais il a l'inconvénient grave de rendre impossible l'examen des parois, de ne permettre TapT prédation de Tétat de la denrée que par le blé qui s'écoule, enfin de rejeter le blé dans le milieu dont l'air n'a pas été suffisamment renouvelé. C'est ainsi qu'il peut très bien arriver que, malgré l'emploi de diaphrag- mes en bois, destinés à en faciliter l'écoulement uni- forme, des grains très humides ou avariés s'attachent dans les angles des compartiments, s'y accumulent, s'y échauffent, et, devenant foyers d'infection, peuvent causer des avaries considérables. Cet état de choses échappe LE CHEVAL. 55 d'autant plus facilement à la surveillance que c'est tou- jours le blé avarie' qui s'immobilise et le ble' sain qui s'écoule. La prudence déconseille donc la manœuvre des com- partiments sur eux-mêmes; il vaut mieux réserver un certain nombre de compartiments vides pour faire passer le blé d'un plein à un vide, et vider successive- ment ceux qui sont pleins afin de procéder à leur net- toyage. Tout le mécanisme est mû par une machine à vapeur de la force de vingt-cinq chevaux. Cette méthode de conservation équivaut à la conser- vation à Tair libre, avec pelletage fréquent. Elle n'est pas sans entraîner des frais assez notables de manutention et une déperdition de matières due au frottement et à l'action de Tair. Pour nous, cette installation ne pré- sente qu'un avantage, celui de permettre l'emmagasi- nage sur une surface restreinte d'une quantité considé- rable de grains. On peut comparer le contenu de ces boites métalliques à des tas de grains ayant 12 à i5 mè- tres de hauteur. Dans les silos Huart, la dépense, pour la conservation proprement dite, peut être évaluée ap- proximativement, par an et par quintal métrique, à un peu plus de o fr. 20. 4° Conservation en vases clos. — Silos. — Mais la con- servation des grains, pour se faire dans des conditions complètes et sans déperdition aucune, ne peut avoir lieu qu'en vases clos, sans renouvellement d'air, c'est- à-dire par un véritable ensilage, comme le voulait Doyère. Nous donnons les dessins des deux différentes espèces de silos employés parla Compagnie générale des Omni- bus de Paris ^fig. 5 et 6). La ligure 7 donne une coupe des greniers avec ces mêmes silos. 50 LE CHEVAL. La contenance de chacun de ces silos est d'environ 220 mètres cubes, leur hauteur est de 7 mètres. Ils i l'i II II ii'ii II II II II II II II II II II II II imMi II 11-^11 II II II II II II II II 1! il II II II iip t- ^ V ^v ^ ^ Silos de la Compagnie Générale des Omnibus. doivent être enfouis le plus possible dans le sol de ma- nière à se trouver entourés d'une atmosphère confinée, LE CHEVAL. comme celle d'une cave, et ne pouvant se modifier par suite des variations de tempe'rature. FiG. 6. — Silos de la Compagnie Générale des Omnibus. La condition essentielle de la conservation du grain est une herméticité complète. Les avantages de ces silos sont faciles à concevoir, ils diminuent les frais de l'emmagasinage des grains, en ce z o < o U m 6 LE CHEVAL. 59 réduisant Tétendue des surfaces nécessaires à leur con- servation, et en ne nécessitant pas de pelletages. Les grains n'éprouvent pas la déperdition due à l'action de Tair ; ainsi, dans les expériences que nous avons faites, nous avons vu des avoines, ensilées pendant deux et trois ans, présenter un déchet insignifiant, tandis que des avoines, conservées à l'air libre pendant le même laps de temps, avaient perdu 7,18 p. 100 de substance sèche. Les avoines ensilées dosaient i5 p. 100 d'humi- dité, tandis que celles en tas ne dosaient que i3,8. Un fait curieux à signaler pendant Tensilage, c'est le tassement qui se produit et qui varie avec la nature de la denrée. Ce tassement est dû à la trépidation et sur- tout au poids du grain. L'avoine, dont le grain est entouré de balle, et qui, a poids égal, occupe un volume plus grand que le blé et le maïs, se tasse plus que ces deux dernières denrées. Le tassement est de i5 à 17 p. 100 de matière pour l'avoine, tandis qu'il n'est que de 0,9 à 2 p. 100 pour le maïs. Les meilleures conditions pour ensiler les grains et surtout l'avoine, c'est que le grain ne contienne pas trop d'humidité, que la température et l'état hygromé- trique de l'air au moment de l'ensilage soient favorables. Ainsi, par un temps sec et une température un peu au- dessus de la moyenne, l'opération se fera bien, et la conservation sera plus complète. Altérations des avoines. — Les avoines sont assez souvent, en France, ou dans les pays du Nord, coupées avant maturité complète, de crainte de voir tomber les grains. Dans ce cas, on peut rencontrer un certain nombre de grains présentant une couleur verdàtre, à amande petite. 6o LE CHEVAL. Les avoines de Bretagne, qu'on laisse en javelles pen- dant plusieurs semaines, sont souvent humides et s'échauffent facilement; aussi ont-elles besoin de sur- veillance et de manutention. Les avoines humides moisissent et présentent une odeur particulière que tout le monde connaît. Le cham- pignon qui se développe dans ces conditions est du groupe des Mucédinés et appartient au genre Miicor. Les avoines peuvent encore être germées, poussié- reuses ou mélangées de graines étrangères, les unes inoffensives, les autres nuisibles. Le grain d'avoine peut subir aussi certaines altéra- tions par le charançon, la rouille, le charbon, la carie, et, plus rarement, l'ergot. Toutes les altérations et tous les mélanges que nous venons de signaler, sans nous y arrêter davantage, parce qu'ils peuvent être étudiés dans les ouvrages spé- ciaux, donnent lieu à un déchet moyen par loo kilog. d'avoine oscillant entre 4 et 5 p. 100. Certaines avoines étrangères, comme celles de Riga et d'Aurel, présentent même des déchets plus élevés. Nettoyage des avoines et des grains en généraL — Le nettoyage des grains qui doivent entrer dans la composition de la ration est devenu indispensable, de- puis que les approvisionnements sont surtout formés d'avoines et de mais exotiques. Les avoines achetées en France sont généralement propres, cela tient à la petite quantité produite par chaque fermier, tandis que celles provenant de l'étran- ger, qui sont aussi le résultat d'un grand nombre de ré- coltes de petites exploitations, voyagent dans des bâti- ments à vapeur ou à voiles, qui peuvent en contenir jus- qu'à 25 et 3oooo quintaux. Non seulement elles ne subissent aucun nettoyage avant l'embarquement, mais LE CHEVAL. 6i elles s'augmentent d'une foule de poussières et d'impu- retés qu'elles ramassent dans les différentes manutentions de l'embarquement et du débarquement. C'est pourquoi on a imaginé de leur faire subir des nettoyages, qui en les débarrassant des corps étrangers et des poussières qu'elles peuvent contenir, augmentent leur poids natu- rel. M. Frère est un des premiers qui aient compris tout l'avantage qu'on peut tirer de ces opérations. En sui- vant son exemple, la Compagnie des petites voitures, et plusieurs industriels de Paris, ont installé des manuten- tions destinées à nettoyer le grain et à hacher les fourrages. Nous ne voulons ici nous occuper que de la première opération, nous reviendrons plus tard sur la seconde. La Compagnie générale des voitures a exposé dans plusieurs brochures très intéressantes * les avantages qu'elle retire de la création d'une manutention. Elle a simplifié les appareils employés par M. Frère en sup- primant les ventilateurs qui enlevaient les balles pou- vant encore être utiles à l'alimentation, et elle a réduit, sans nuire au nettoyage de l'avoine, et en réalisant une grande économie de force et de frais d'entretien, à trois appareils spéciaux Toutillage nécessaire. L'installation définitive du nettoyage à cette Compagnie se résume donc aux quatre opérations suivantes : 1° Le grain versé dans les trémies situées au rez-de- chaussée, sur le quai de déchargement des sacs, est monté au sommet des appareils par des élévateurs; 2° 11 tombe dans Fémotteur; 3° Passe de l'émotteur dans un bluteur: 4° Et enfin dans un trieur à alvéoles. I. De ralinientation des chevaux dans les grandes e'curies in- dustrielles. Bixio, 1878. — Rapport adressé au Conseil d'admi- nistration de la Compagnie géne'rale des voitures sur les travaux du laboratoire de recherches en 1880. 62 LE CHEVAL. Au sortir du trieur, il est repris par Télévateur et con- duit dans les silos ou dans les sacs, suivant les besoins. Ces opérations successives se font automatiquement, sans main-d'œuvre et par conse'quent dans les condi- tions les plus économiques. Nous devons à l'obligeance de la maison Caramija- Maugé, constructeurs-mécaniciens à Vincennes, les cli- chés des instruments destinés à nettoyer les grains, qui ont servi à l'installation de la manutention de M. Frère. Tout le monde connaît les élévateurs, et nous ferons seulement la description des principaux appareils sans entrer dans le détail des installations. i» Le Tarare — ventilateur ou aspirateur. — Les tarares sont des appareils basés sur le principe de l'ac- FiG. 8. Tarares- Ventilateurs. tion de l'air traversant une nappe mince de grains afin d'en extraire les poussières et les balles; suivant que le courant d'air opère à sa sortie ou à son entrée dans ces appareils, ceux-ci se divisent en tarares venti- lateurs et tarares aspirateurs. LE CHEVAL. 6:f Nous n'avons pas Tintention de décrire, ni même d'énumérer, les divers systèmes de tarares, cela nous en- < traînerait beaucoup trop loin, et ces appareils sont trop connus pour nécessiter une longue étude; bornons-nous «4 LE CHEVAL. à rappeler à grands traits leurs dispositions générales. Dans le tarare ventilateur (lig. 8), le grain tombe d'une trémie à travers un courant d'air chassé dans un conduit par des ailes montées sur un axe animé d'un mouvement de rotation rapide, les poussières et les par- ties légères sont projetées au dehors, tandis que le grain d'une densité plus élevée continue sa course. Quand les tarares fonctionnent isolément, on les munit de grilles émotteuses pour enlever les corps plus volu- mineux et aussi pour retarder la chute du grain en le divisant mieux, pour qu'il soit longtemps soumis à l'ac- tion du courant d'air. Les tarares ventilateurs perfec- tionnés sont aussi munis de conduits destinés à classer les déchets entraînés par le courant d'air et que celui- ci abandonne plus ou moins vite, en raison de leur poids spécifique; mais cette division n'est jamais bien parfaite. Dans le tarare aspirateur (fig. 9), au contraire, les ailes, disposées d'une façon inverse, appellent avec force l'air extérieur à travers des conduits resserrés où des- cend le grain, les parties légères sont entraînées parle courant d'air et les grains continuent leur course, puis des cases ménagées à l'intérieur de l'aspirateur reçoivent les divers déchets classés d'une façon beaucoup plus parfaite que par les tarares ventilateurs, l'air aspiré se détendant à l'abri de l'air extérieur. Le tarare aspira- teur a aussi le grand avantage de recueillir toutes les poussières, lesquelles sont dirigées par un conduit dans une chambre spéciale. 2"" L'Émotteur. — Ainsi que l'indique son nom, cet appareil est destiné à retirer des grains, au moyen d'une grille ad hoc\ les mottes déterre, pierres, grosses graines et autres corps plus volumineux que les grains à traiter; son travail est des plus utiles parce qu'il facilite beau- LE CHEVAL. 65 coup le fonctionnement des autres appareils qu'il doit préce'der, en divisant la marchandise avant qu'elle ne leur arrive et en empêchant l'obstruction, par les corps qu'il élimine, de leurs organes et des conduits, éléva- teurs, vis, transporteurs, etc.. Les e'motteurs sont de deux sortes : A. Les tables ou sasseiirs à mouvements de va-et-vient ou à tre'pidation ; ils sont difficilement applicables quand il s'agit de grandes quantite's et l'on fera bien d'e'viter leur emploi toutes les fois qu'on le pourra, leur mou- vement produisant des chocs ou un ébranlement con- tinu nuisibles non seulement à leur solidité, mais aussi à celle des bâtiments qui les contiennent et au fonc- tionnement des appareils qui les environnent. B. Les cylindres (fig. lo^ sont moins encombrants et ^ ^. ?^ \dJfo^ — Cribles cylindriques diviseurs. T. I. 66 LE CHEVAL. leur mouvement de rotation très lent ne cause ni les vibrations, ni les secousses nuisibles que nous venons de signaler, aussi sont-ils de beaucoup pre'férables. Ceux construits par la maison Caramija-Maugé pré- sentent en outre l'avantage d'être garnis de tôle perfore'e disposée par compartiments mobiles, ce qui permet de changer ces compartiments suivant que le demande la matière que Ton se propose de travailler. 3'' Bluterie-Rdpe. — La bluterie-rdpe se compose d'une carcasse en bois ayant la forme d'un prisme hexa- gonal, établie très solidement et sur laquelle on cloue des parties de tôle râpe. Ces prismes sont animés d'un mouvement de rotation lent dans lequel les grains sont projetés d'un pan sur l'autre, de façon à ce que toutes leurs parties se présentent successivement au contact de la tôle râpe [sur laquelle ils cheminent. Ce mouvement les débarrasse des poussières qui pourraient}" demeurer attachées et use les mottes de terre de même gros- seur que le grain et que, par cette raison, l'émotteur n'a pu enlever. Les poussières détachées des grains et celles produites par la désagrégation des terres passent à travers les trous de la tôle râpe et sont recueillies sous labluterie. 4° Le trieur à alvéoles. — Le travail du trieur à alvéoles {ûg. i let 12), est basé sur le principe de la diffé- rence de forme des grains à séparer, c'est ce qui explique la perfection avec laquelle il extrait toutes les graines étrangères des avoines et des orges. Ces grains, à leur entrée dans le cylindre qui compose le trieur, sont mis immédiatement en contact avec ses parois formées de zinc alvéolé, c'est-à-dire entièrement garni de petites cases sphéro-coniques, imbriquées les unes dans les autres, et présentant par cela même une certaine analogie avec les alvéoles de cire dont les abeilles tapissent les parois de LE CHEVAL. 67 leurs ruches. Les grains se logent dans les alvéoles où les graines rondes sont entièrement contenues, tandis que les graines longues n'y introduisent que leur extre'- mité, une partie ressortant à cause de la longueur du grain. Le mouvement de rotation lent donné au cylindre fait passer successivement tous les points de sa circon- férence sous une série de palettes placées à l'intérieur et qui montées d'en haut à charnière sur un couloir ou Fk). II. — Trieurs a simple effet pour graines rondes AVEC reprise. Montés sur chaise de fonte pour moteurs. conduit, appuient leur autre extrémité sur l'alvéole; on comprend facilement que ces palettes rabattent les grains dépassant l'alvéole et les font sans cesse retomber au fond du cylindre dont la pente les amène aux trous ménagés tout autour, à l'extrémité, pour leur sortie. Les petites graines, au contraire, qui sont logées tout entières dans l'alvéole, ne subissent point le choc delà palette et passent au-dessus jusqu'à ce que la rotation du cylindre les force à tomber de l'alvéole sur la palette qui est en pente et de là dans le couloir où une vis sans fin 68 LE CHEVAL. les amène à la sortie ménagée à Textrémité du cylindre. La maison Caramija-Maugé construit depuis long- temps le trieur à alvéoles en spécialité, aussi a-t-elle apporté plusieurs perfectionnements importants à cet appareil ; c'est ainsi que ses trieurs à double effet sont munis d'un double régulateur permettant d'obtenir un FiG. 12. — Trieurs a double effet pour graines longues ou rondes. Montés sur bâtis en bois dur. triage irréprochable ; ses trieurs marchant à main ( fig. 12) sont en outre munis d'un distributeur automa- tique d'une rare simplicité qui assure l'alimentation rationnelle de Tappareil. Quant aux trieurs ifig. 1 1) pour grandes quantités et destinés à un travail continu, ils sont établis avec un soin tout particulier. Leurs alvéoles sont faites en zinc LE CHEVAL. 69 n"'' i8 et 20, d'épaisseur double de celui employé d'ordi- naire, ce qui assure à ces appareils une dure'e beaucoup plus grande. De plus, reconnaissant l'importance, au point de vue du bon fonctionnement des trieurs, de la bonne fabrication de leurs alvéoles, cette maison n'a pas hésité à construire une machine spéciale, fruit de longues années d'études et d'essais, qui alvéole le zinc de diverses épaisseurs avec une régularité et une perfec- tion assurant un fonctionnement supérieur et une durée beaucoup plus longue aux trieurs qui en sont garnis. Les trois appareils que nous venons de décrire se trou- vent réunis dans un instrument que la maisonCaramija- Maugé a dénommé Emotteur-ventilateur-trieiir (fig. i 3), destiné surtout au nettoyage des avoines et des orges. Fig. i3. — Émotteurs- Ventilateurs-Trieurs A double régulateur. 70 LE CHEVAL. Dans la seconde des brochures que nous avons déjà mentionnées, la Compagnie des petites voitures à Paris fait connaître les résultats du nettoyage de l'avoine sur 22 échantillons mis en expériences, et nous ne pouvons mieux faire que de les reproduire : COMPOSITION MOYENNK DES PRODUITS. AToine. brute. iïoine. netloïée. Élétateur. Émotteur. Bluteur. Trieur. Eau Matières azotées. Mat. non azotées Matières grasses Cellulose . . . Matières minérales p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 p. 100 i3,52 14,43 12,94 10, 83 8,08 i3,47 q,56 8,81 7,58 10,98 6,92 i3,93 59^98 60, 36 52,74 34,60 19,98 45,98 5,32 5,62 3,16 2,28 2,01 5,65 7,73 7,81 6,88 11,22 3,74 5,65 3,49 2,97 16,70 30,89 59,27 15,64 plus loin elle ajoute que : 100 kilogrammes d'avoine du commerce donnent, en moyenne : Déchets des élévateurs 0,609 — des émotteurs 0,274 — des bluteurs o,i35 — des trieurs 3,509 Eau évaporée et perte 05271 Avoine nettoyée 95,142 100,000 aj Déchets des élévateurs. — Les matières enlevées par l'élévateur sont, de tous les déchets que donne le nettoyage, ceux qui se rapprochent le plus, par leur composition, de l'avoine elle-même. Ils sont formés de grains vides ou mal venus, de balles d'avoine, de fragments de paille et de quelques graines légères (graminées, céréales, etc.). La grande différence qu'il y a entre ce déchet et l'avoine réside dans sa forte teneur LE CHEVAL. 7» en matières incombustibles; ces dernières consistent en poussières minérales, calcaires ou siliceuses, e'galement nuisibles^ quelle que soit leur nature ; et qu'il y a tout intérêt^ pour la santé des chevaux, à éliminer de la ration. b) Déchets des émotteurs. — Ils consistent principale- ment (environ 40 p. 100) en graines ou gousses pleines ou vides de différentes espèces de vesces parmi lesquelles domine le Vicia sativa et le Vicia segetiim; en pois iPisiim sativum qx Pisiim arvense) 14 p. 100; en nielle [Agrostemma gitago) 1 1 à 12 p. ioo;bluets [Centaurea cyanus)'j p. 100; liseron, capsules avec graines de Con- volvulus arvensis, 6 p. 100; sarrazin [Fagopyrum escu- lentum) 4 p. 100; et diverses crucifères, brunias, rave- nelle [Raphanus raphanistrum) 5 p. loo; maïs, haricots, capitules de chardon [Cirsium arvense), enfin des débris végétaux et pierrailles, 20 p. 100 environ. Ces déchets contiennent près du tiers de leur poids de substances; minérales. cj Déchets des bluteurs. — Les matières qu'on retire desbluteurs sont presque uniquement constituées par un mélange de poussières minérales et de poils de céréales^ graminées et autres graines. C'est, suivant toute proba- bilité, cette partie des impuretés du fourrage qui con- court principalement à la formation des pelotes feutrées qu'on trouve parfois dans l'estomac des chevaux. Plus de 59 p. 100 du poids de ces déchets sont formés de poussières minérales, quelques graines de graminées et légumineuses associées à une masse de poils et de débris végétaux très fins constituent le reste. d) Déchets du trieur. — Le trieur à alvéoles est des- tiné principalcmentàséparerdel'avoine, déjà appropriée par les trois opérations précédentes, les graines rondes ou de plus petite dimension que les graines d'avoine. 72 LE CHEVAL. C'est à l'aide des trieurs que Ton retire de Tavoine le poids le plus élevé de substances étrangères, environ 3,5 p. 100 du poids de l'avoine brute. Presque aucune de ces graines n'est comestible pour le cheval, qui sait parfaitement en séparer, dans la crèche ou dans la mu- sette, les grains d'avoine et autres grains comestibles, laissant les autres intacts au fond du réceptacle où Ton a placé sa ration. Voici l'indication des principales graines retirées du trieur, et qui appartiennent à diverses familles végétales : nielle (dominante) et diverses espèces de vesces, gaillet Gallium mollugo et Gallium tricorne)^ lupuline, quel- ques graines de luzerne, de trèfle d'espèces variées, de sarrazin {Polygonum bistorta)^ quelques graines chétives d'avoine et de blé, balles et graines de graminées mélan- gées à des bractées et à des écailles de composées à capi- tules menus, notamment d'achillée, de moutarde noire [Sinapis niger)^ quelques akènes de Bidens tripartita^ des silicules de Raphanus raphanistriim^ de la petite oseille [Riimex acetosella), et, accidentellement, du lin, du chènevis, etc. ej Avoines nettoyées. — Après avoir subi ces divers traitements, Tavoine présente une composition un peu différente de celle des avoines brutes qui ont servi à l'obtenir. Ces différences portent principalement sur Teau, les matières azotées et les cendres. L'avoine a été trouvée, en général, plus riche en eau (i p. 100 environ' que l'avoine brute. L'avoine pure contient o,5 p. loo environ de matières azotées en moins que l'avoine brute, les graines étran- gères que sépare de cette dernière le trieur à alvéoles étant sensiblement plus riches f i3 à 14 p. 100 en ma- tières azotées que Tavoinc elle-même. Enfin, lorsqu'on LE CHEVAL. 73 a enlevé, par des nettoyages successifs, la matière miné- rale étrangère à la graine, on voit le taux des cendres de l'avoine s'abaisser de 1/2 p. 100 environ. L'avoine nettoyée semble plus pauvre en substances azotées que l'avoine brute, et sa valeur nutritive pourrait paraître abaissée par suite du nettoyage qu'elle a subi, mais on voit immédiatement qu'il n'en est rien, puisque la plus grande partie des graines étrangères auxquelles l'avoine du commerce doit son titre plus élevé en azote ne sont pas comestibles et ne sauraient dès lors entrer dans le calcul de la valeur nutritive de la ration. M. Grandeau, directeur du laboratoire de la Com- pagnie des petites voitures, conclut en disant que l'opération du nettoyage présente deux avantages considérables : « 1° Elle élimine toutes les matières étrangères qui tendent à modifier la valeur nutritive réelle de l'avoine et à entacher d'erreur les calculs des rations. « 2° Elle supprime les poussières minérales et orga- niques, causes incontestables d'accidents assez fréquents et presque toujours mortels chez le cheval (pelote, obstructions intestinales, etc.). « Si nous ajoutons que le produit de la vente des graines extraites de Tavoine brute, graines qui peuvent être utilisées soit par Tindustrie, soit par l'agriculture (engrais, nourriture des porcs, etc.), couvre largement les frais de nettoyage, nous aurons indiqué les avantages pratiques, hygiéniques et économiques du progrès réalisé dans l'alimentation de la cavalerie de la Com- pagnie générale des voitures par l'installation et la ma- nutention d'un système de nettoyage, qui sera, avec les modifications que comportent leurs natures différentes, appliqué avec succès à toutes les denrées entrant dans le rationnement des chevaux. » 74 LE CHEVAL. Digestibilité des avoines. — La digestibilité des avoines est une question d'autant plus importante que la Commission d'hygiène hippique du ministère de la Guerre s'est prononce'e sans avoir bien examiné les faits qui se pre'sentent chaque jour. Elle a prétendu que l'avoine exotique était plus dure, qu'elle renfer- mait une grande quantité' de corps étrangers et de poussières ; ce fait est vrai pour certains cas particu- liers, mais il tient moins à la provenance qu'aux soins apporte's à la récolte et à la conservation. M. Charon a publié dans le recueil des Mémoires et Observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaire militaire, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique et publié par ordre du ministre de la Guerre ^tome IX, 2'' série, septembre 1882), une étude qu'il a faite sur Tavoine. Il a noté avec soin le temps que les chevaux ont mis pour manger une ration journalière de 5 kilogrammes d'avoine donnée en deux repas : le temps a été de 21 minutes pour de l'avoine indigène Bretagne) et de 25 minutes pour l'avoine exotique Suèdej. Cette expérience, renouvelée une deuxième fois avec d'autres chevaux et d'autres avoines, a donné des résultats confirmant les premiers, c'est-à- dire, 19 minutes pour l'avoine indigène (Bretagne) et 22 minutes pour l'avoine exotique (blanche de Russie). Cette constatation d'une mastication plus longue et plus pénible pour des avoines étrangères, choisies parmi celles dont l'écorcc est la plus résistante, n'a rien d'extraordinaire. Seulement, si M. Charon, au lieu de faire une seule distribution, avait continué pendant quinze à vingt jours la mise en consommation des avoines exotiques, il aurait remarqué comme nous que le cheval arrive très vite à mettre le même laps de temps pour mâcher toutes les avoines. LE CHEVAL. 75 La question d'habitude joue un rôle tellement consi- dérable dans l'alimentation, que nous avons remarqué souvent qu'il suffit de changer, non seulement le grain mis en distribution, mais même la nature d'une avoine, pour observer, pendant les premiers jours, des change- ments dans la mastication du grain, dans sa digestibilité et dans l'état du cheval. C'est pourquoi, dans le cas de la mise en consommation d'un approvisionnement comprenant des avoines de provenances diverses, il est bon de faire, dès l'origine, un mélange de toutes ces avoines. C'est ce mélange rendu homogène et ne con- stituant plus qu'un lot unique qu'on fait mettre en dis- tribution, afin d'éviter les inconvénients dus à des changements dans la nature du grain. Pour nous rendre compte de la digestibilité compsirée des avoines, c'est-à-dire de leur aptitude à être utilisées par l'organisme animal, nous avons institué les expé- riences suivantes avec MM. Mûntz et Girard. Trois chevaux étaient nourris exclusivement avec la même avoine, pendant un temps donné ; on observait les variations qui se produisaient dans leur poids et, en même temps, on recueillait les déjections qui servaient à déterminer l'aptitude digestive de chacun des ani- maux. Les éléments retrouvés dans les déjections étaient regardés comme n'ayant pas été utilisés. Une première série étant terminée avec l'une des avoines, les mêmes chevaux étaient nourris avec la seconde avoine, puis enfin avec la troisième. On pouvait ainsi comparer, d'un côté, les chevaux entre eux, de l'autre, les avoines entre elles. Les avoines sur lesquelles nous avons opéré étaient différentes de provenance ainsi que d'apparence. La première était une avoine noire de Suède, avoine généralement lourde et propre; Lécorce est épaisse et 7b LE CHEVAL. un peu dure à mâcher; le poids de l'hectolitre de 49 à 5o kilogrammes. La seconde, une avoine blanche de Russie, du poids moyen de 49 kilogrammes à l'hectolitre; elle est vieille d'au moins une année, ce qui la rend un peu dure à la mâche, mais c'est certainement une avoine de bonne qualité. La troisième, une avoine noire de Beauce, du poids moyen de 5o kilogrammes à l'hectolitre; cette avoine est généralement tendre, propre et très appréciée. Pour Tensemble des expériences, nous avons obtenu le résultat suivant, résumé ci-contre, exprimant les coefficients de digestibilité des différents principes ali- mentaires, pour chacune des avoines et pour chacun des chevaux. LE CHEVAL. 77 OJ a g . 1 en O O o o o O O O O o q^ O Ti- (N m - cTi es o a> «s rv *v rs. vl ^ S ro" C?i cT o o^o 00 00 O T^ CO - ci P3 B &. •* fo rf ^O LO lO m en tJ- --^ D H ■A xn -a -a o o o o 00 en O O vD en o o CTi '^ t^ « « 00 o u-i tO 00 Si N < < « r^ lo Tt- cnoo t-. T^ -. À r^ t^ i> !:-> c^ t>. t^ t^ GO OO S ta y; c o u-i o o o o « tn O O ^ a O o lo r^ r<~. f<-> en o o o ro •- 3 S cr> -^ 00 IT) «O f<"' 'O es m o~i iJ = =. m ro co « — es -t- -t Tt- -+ » u a 3 V' — 6 < O O C o o o • r-H C o O j fc. o c m rh o<-. 00 co ^ Ln 00 r-^ 00 r» CTi -i- CT) « c ts-i r^ -f ir> â. -)- fo r<-, c^. ^ -i- m -h Lo Lo H y o ^ «5 y^ O O O 2 \ O q_ ^ O ' ~ o" » « o" s s » <5 fil O o o ^, t^ M cr. o o " o t^ en T^ § "1 "v ^ LO o f<^ O O 00 m < u-T o« cT « ►- M ►H LO CTi O^ tf c. 00 00 00 00 00 00 CnOO 00 00 O U u Ci] U a Sô P z 'W t/3 ■< o [-1 z o ' •;"' f < , > _ > _^ « •< es < C3 > 1 1 > 1 I > 1 1 1 . Matières azotées 11,80 9,00 73,97 — grasses 1,80 2,06 54, o5 Amidon et sucre / 58, 96 100,00 Cellulose saccharifiable. • ) f _ ^,i^ 71,80 Cellulose brute / ^^"^' 77jo6 Substances inde'terminées. ^ 3,3o 28,1 5 Matières minérales. ... 1,70 1,76 Eau i5,oo i3,28 Nous avons donné une moyenne des coefficients de digestibilité obtenus par MM. Mûntz et Girard dans des expériences directes; il a été remarqué qu'il se pré- sentait des variations assez notables suivant les indivi- dualités. C'est ce qui explique, avec le mode de distri- bution, les résultats contradictoires signalés souvent par les expérimentateurs qui ont fait entrer cette gra- minée dans la ration du cheval. Emploi. — lia été souvent donné aux chevaux, sur- tout par les maîtres de poste, mais soit que les expé- riences n'aient pas été faites avec soin, soit que le grain mis en consommation ait été de qualité inférieure, les essais n'ont pas souvent réussi. Cependant, dans l'Amé- rique du Nord, on le concasse et on le mélange à des fourrages hachés. En 1 847 nous voyons certains maîtres de poste remplacer un litre et demi d'avoine et un quart LE CHEVAL. 97 de botte de foin par un litre et demi de seigle cuit et ob- tenir une certaine e'conomie sur la ration. En général on fait cuire le seigle pendant quelques heures, puis on le mélange à l'avoine dans la proportion "de trois quarts d'avoine et un. tiers de seigle. Par la cuis- son, le volume du seigle devient deux fois et demi celui .du seigle cru. Mais le meilleur moyen de le donner est de le mélanger avec des fourrages hachés. Il est très important de s'assurer au préalable que le seigle n'est pas ergoté, car dans ce cas il déterminerait les accidents si graves de l'ergotisme. Il entre souvent, comme nous le verrons plus loin, dans la composition du pain qu'on donne aux che- vaux. § IV. FROMENT. Composition et digestibilité. — Le blé peut entrer dans la ration du cheval au même titre que les autres céréales, toutefois il y a lieu d'observer certaines pré- cautions. Sa composition chimique est la suivante : COEFFICIENTS DE DIGESTIBILITÉ Digéré p. 100 En 1885. En 1887. de matière ingérée. Eau i3,27 14,00 Matières azotées 18,71 10, 3o 88,58 — grasses 2,10 i,58 5 5, 04 Amidon er sucre \ 61,20 100,00 Cellulose saccharifiable . i r o 5, 12 77581 \ t)A. o3 Cellulose brute l 3,3o ,84,66 Substancesindéterminées. / -^70 20,07 Matières minérales. . . . 1,89 1,60 Dans les recherches faites par MM. Muntz et Girard, T. I. 7 98 LE CHEVAL. sur la valeur alimentaire du blé, il s'est produit deux faits curieux: le premier, c'est que les animaux n'avaient besoin que d'une très petite quantité de froment. La ration, qui ne comprenait absolument que cette denrée, avait été fixée à 6 kilog. par jour. La quantité réellement consommée n'a été que de 4 kil. 670 par jour, sans que les animaux diminuent de poids vif. Le second fait à noter, c'est que les déjections étaient rares. Emploi. — On a dit souvent que le blé cause chez les chevaux des congestions intestinales, de la pléthore, des inflammations et la fourbure. Cela n'a rien d'éton- nant, parce que le cultivateur, à qui l'on ose conseiller de remplacer une partie de l'avoine de ses chevaux par du blé, en donnera le même poids, sinon une quantité supérieure, par suite de l'habitude de mesurer au litre. Il oublie que le blé pèse 33 p. 100 de plus que l'avoine, et en même temps contient i5 à 20 p. 100 de prin- cipes nutritifs en plus, et que, par conséquent, il a augmenté dans des proportions exagérées la ration habituelle de ses chevaux. C'est donc à une mauvaise administration du grain, et non au grain lui-même, qu'il devra s'en prendre. Comme le blé est un aliment très concentré, on cal- culera la quantité nécessaire pour remplacer la ration d'avoine, et on pourra la distribuer avec un mélange de paille hachée, ou de toute autre substance peu nourris- sante. On peut aussi le donner concassé, bouilli, macéré. Dans certains cas on le mélange par petites quantités avec l'avoine, pour remonter des chevaux qui ont été surmicnés; c'est ainsi qu'il entre souvent dans la ration des étalons, au moment de la monte. Le directeur des Tramways de Hull, en Angleterre, a démontré que les chevaux pouvaient être nourris LE CHEVAL. 99 avec du blé sans inconvénient; pour atténuer l'effet échauffant de ce grain, on y mélangeait du son. Le blé, bouilli pendant vingt-quatre heures, aurait la même action qu'en pain, et les frais de préparation seraient presque nuls. Il y aurait aussi avantage à concasser le blé. Le directeur de ces tramways dit qu'il a donné pen- dant 12 mois la ration suivante à 148 chevaux : kilog. Avoine r^6oo Maïs 1,600 Blé 1,600 Fèves 1,1 32 Son 0^679 Farine de riz (délayée dans l'eau) 0,453 Foin haché 5,436 Total i2,5oo Les chevaux sont sur la litière de tourbe. Le blé doit être soigneusement préparé et donné en quantité modérée, à cause de la proportion de gluten qu'il renferme. Le directeur dit aussi s'être bien trouvé d'un mélange de 6 kil. 3oo de blé, 1810 grammes de son, et de i25 grammes de sel, qu'on fait bouillir pen- dant vingt-quatre heures. Il distribuait i kil. 600 de ce mélange et i kilog. de foin haché pour le dernier repas du soir. Cette nourriture a donné d'excellents résultats. ^ V. — LE MILLET. Le millet [Paniciim milliaceum, L.) est quelquefois utilisé pour la nourriture des chevaux, surtout dans la Russie méridionale, où on le récolte en abondance. 200 LE CHEVAL. Sa composition chimique est la suivante, d'après une analvse de Boussingault et d'après une aiure faite au laboratoire de l'Institut national agronomique sur des millets provenant des environs d'Odessa : Boussingault. Mfintz. Eau ' 14,00 I?:»I4 Cendres 2,20 2,56 Matières grasses 3, 00 3,26 — hydrocarbonées (1) . . . . 60,20 7Ij79 — azotées. 20,60 9;25 ^ VI. SARRASIN. Emploi. — Thaer et de Dombasle ont particulière- ment recommandé ce grain, seul ou mélangé à l'avoine pour la nourriture des solipèdes. Le sarrasin est donné aux chevaux en Bretagne et dans le Limousin. Nous avons essayé de le faire entrer dans les rations. Nous ne savons s'il faut lui attribuer les démangeai- sons que nous avons constatées pendant son adminis- tration, mais en tous cas nous ne pouvons passer sous silence cette sorte de prurit qui existait sur la peau des chevaux pendant qu'ils consommaient ce grain. Peut- être faut-il attribuer cette démangeaison à un principe aromatique spécial, qui, suivant M. Besnan, possède une odeur et une saveur rappelant celles du champi- gnon comestible. On donne environ 2 à 3 kilog. de sarrasin en rempla- cement de la même quantité d'avoine. (i) La cellulose, quand il n'en est pas fait mention spéciale, est comprise dans le chiffre des matières hydrocarbonées. LE CHEVAL. loi Composition. — Voici l'analyse des divers échantil- lons de sarrasin : Boussingaiilt. Mnntz et Girard. Alsace. Bretagne. Limousin. Matières azotées i?,! 7j04 9^82 — grasses 3,9 2,40 2,36 — hydrocarbonées. 67,5 72,92 76,47 — minérales. . . . 2,5 3, 00 i,55 Eau i3,o 14^*^4 9^80 Digestibilité . — Le grain de sarrasin est entouré d'un testa dur qui protège Tamande contre l'action des sucs digestifs, lorsque la mastication est incomplète; la pro- portion de cette enveloppe s'élève, suivant MM. Mûntz et Girard, à 22 p. 100 du poids du grain ; et, d'après les mêmes expérimentateurs, en examinant les déjections des chevaux nourris au sarrasin, on trouve que 27,6 p. 100 de leur poids sec sont dus à des grains qui ont passé entiers, et par suite non attaqués. Aussi n'est-il pas éton- nant de constater que les coefficients de digestibilité de cette denrée sont très peu élevés, surtout pour les sub- stances cellulosiques; ces résultats s'expliquent facile- ment en considérant que le testa dur et coriace entou- rant l'amande se retrouve presque inaltéré, avec son aspect et sa forme, dans les excréments du cheval. On peut admettre que ce testa ne joue aucun rôle utile dans Falimentation et n'a qu'une action préjudiciable, celle de s'opposer au contact des parties alimentaires avec les sucs digestifs. En résumé, disent les auteurs, le sarrasin, tout au moins lorsqu'il est donné sans être concassé, n'est utilisé que dans de faibles proportions. La conservation du sarrasin est difficile; il s'avarie facilement dans les magasins, ce qui augmente les diffi- cultés de faire entrer ce grain dans les. rations d'une nombreuse cavalerie. Les sarrasins du Midi sont pré- 102 LE CHEVAL. férés à ceux de Bretagne et de Champagne, à cause de leur plus grande siccité qui permet une meilleure con- servation. Dans les pays du Nord, en Suède et en Norvège, en Allemagne et en Suisse, on fait avec le sarrasin ou blé noir un pain que Ton donne aux chevaux. § VII. FÉVEROLE ET FEVES. La féverole entre souvent dans la ration de grains du cheval. En Angleterre on en fait manger aux chevaux de course et de chasse, et en général à tous les chevaux auxquels on demande un travail pénible. C'est un ali- ment très riche en matières azotées. Les féveroles qu'on consomme en France proviennent surtout de TAlsace, de la Lorraine et de la Bourgogne. On donne aussi dans le Poitou et les Charentes des grosses fèves qu'on appelle fèves de marais. Dans ces derniers temps on a reçu en France des féveroles d'Egypte, d'Italie et d'Algérie, qui coûtaient moins cher que celles récoltées en France. Mais leur mélange avec un grand nombre de corps étrangers, surtout des pierres et de la terre, présente des inconvénients pour la consommation. Composition. — Voici la composition des féveroles de diverses provenances : Lorraine. Vendée. Nord. Bourgogne, p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. Matières azotées 28,40 25,54 27,79 24,65 — grasses 1,10 o,85 1,07 0,81 Matières hydrocarbon. . 52,83 55,96 53,57 57,3o — minérales.. . . 2,79 3,41 2,q2 2,52 Eau 14,88 14.24 14,65 14,72 Poids à riiectolitre. . . . 79 kiL 7ikiL 77 kiL LE CHEVAL. loJ La composition chimique de ces graines de dif- fe'rentes provenances explique pourquoi la féve- role est considérée comme un stimulant plus éner- gique que l'avoine seule, si bonne qu'elle puisse être. On la donne aux chevaux qui doivent fournir un travail long et pénible; elle convient surtout aux chevaux âgés. Les Anglais déclarent que dans une chasse il est toujours facile de reconnaître à leur endurance contre la fatigue les chevaux dans la ration desquels on a fait entrer la féverole ou les fèves. On la donne quelquefois concassée ou macérée. Mais il n'y a aucun inconvénient à la donner entière. En général elle entre dans la ration, quand elle est récoltée depuis environ un an et qu'elle s'est conservée en bon état. Quelquefois les fèves sont récoltées dans de mauvaises conditions; elles peuvent alors rester humides et même se recouvrir de moisissures. Souvent aussi elles sont attaquées par des insectes qui rongent une grande partie de la farine et rendent ce grain impropre à l'alimen- tation. Digestibilité. — • La féverole donnée isolément a un coefficient de digestibilité très élevé, contrairement à ce que l'on croit généralement. Ainsi sur loo de matière ingérée, MM. Mûntz et Girard ont trouvé que le cheval a digéré : 21^34 de matière grasse; 93^7 de cellulose saccharitiable; 100 d'amidon réel et de sucre; 89,3 de matière azotée; 82,99 de cellulose brute; 68,73 de substances indéterminées. 104' LE CHEVAL. ^ VIII. — POIS. Les pois, qui pèsent en moyenne 83 kilog. à l'hecto- litre, sont souvent mis en consommation. Gomme toutes les autres graines légumineuses, ils ont Fincon- vénient de fermenter facilement. Deux e'chantillons de provenances diverses avaient la composition suivante : 1884. 1887. Eau 14,1 14,02 Matières azotées 2ïj7 27,21 — grasses 3,4 i^yô — hydrocarbonées 58_iO 53, 61 — minérales 2,8 3,3o Ces graines ressemblent beaucoup à la féverole, et elles sont fréquemment données aux chevaux en Angle- terre et en Allemagne. Nous les retrouverons dans la composition des rations de tramways de ces deux pays. Emploi des cosses. — Les cosses des pois peuvent être mises en distribution, surtout si on tient compte des études de Pétermann sur la valeur alimentaire des cosses de minette et des coques de cacao, études qui ont paru dans les Annales de la science agronomique de Grandeau. Les cosses de minette [Medicago lupulina] séparées des graines forment, dans certaines contrées, où la production desgraines de légumineuses est devenue une spécialité, un déchet important qui mérite toute l'attention des agriculteurs, vu sa haute valeur nutritive. On a constaté, en effet, que la composition de ces cosses se rapproche beaucoup de celle du foin de pre- mière qualité. Elles sont tout au moins plus riches en albumine et en graisse que toutes les balles et enve- loppes de graines, y compris les cosses de féveroles employées habituellement dans la ferme. LE CHEVAL. io5 Étant très minces et leur tissu cellulaire excessive- ment tendre, leur digestibilité doit être grande. looo kilog. de cosses de minette renfermeraient, d'après Pétermann : kilog. Azote : 2i,3oo Potasse 17,190 Acide phosphorique 2,840 Chaux 38,890 Magnésie 3,190 Leur forte teneur en matières azotées permet de les utiliser comme fourrage. § IX. SOYA. En 1880, M. Faivre, à Beaune Côte-d'Or), attirait notre attention sur une graine chinoise, le soya, en nous informant qu'en Chine les chevaux se trouvaient très bien de cette alimentation. M. A. Pailleux, dans les numéros de septembre et octobre 1880 du Bulletin de la Société d'acclimatation, a fait un historique et une description de cette plante. Nous l'avons essayée comme nourriture et nous pen- sons qu'elle peut entrer dans la ration au même titre que la féverole, mais avec des avantages plus grands en raison de sa richesse en éléments nutritifs. Sa composi- tion chimique est la suivante : Eau 10^14 Cendres 5, 18 Graisse i7jOO Matière azotée 36,67 Sucre 6,40 Cellulose brute 4^72 Substances extractives 19^89 lo'i LE CHEVAL. C'est donc une substance alimentaire d'une richesse exceptionnelle, surtout en matières azote'es et en graisse. On a fait de nombreuses tentatives pour l'acclimater en France, mais nous ne connaissons pas d'exploitations qui aient pu en récolter d'assez grandes quantite's pour permettre de la faire entrer dans la consommation courante. §X. ^GRAINE DE LIN La graine de lin est spécialement donnée aux che- vaux dans les mashs. Elle est administrée aux chevaux de luxe, aux malades ou convalescents et aux poulains. Elle a un effet laxatif et diurétique, en même temps qu'elle donne du brillant au poil. La meilleure manière de la préparer est de la faire cuire pour la gonfler et de la mélanger ensuite avec l'avoine. Quelquefois on se contente de jeter sur la graine de lin de l'eau bouillante et de la faire infuser. On trouve à l'analyse chimique, les proportions suivantes : D'après Boussiugault. D'après Grandeau. DaprèsKûhn. t) Eau i2,5o 12, 1 5 II, 80 Matières azotées. . 20, 3o 22,36 21,70 Matières grasses. . 39,00 33, 1 3 ^7,00 Matières hydrocar- bonées 19,00 22,42 17? 5o Cellulose 3, 20 5,68 8,00 Matières minérales. 6,00 4» 26 4? 00 Gomme nous l'avons dit, cette graine est réservée aux chevaux de luxe, et il est rare qu'on en donne aux chevaux de trait, si ce n'est dans le cas de maladie ou de fatigue. CHAPITRE III DENREES DIVERSES SUCCEDANEES DE L'AVOINE § I. PAIN. * La cherté des fourrages et des grains donnés ordi- nairement au cheval, a plusieurs fois fait naître Tidée de remplacer le tiers, la moitié, ou la totalité même de la ration, surtout d'avoine, par une égale quantité de pain, fabriqué avec diverses céréales dans un but économique. Les avantages et les inconvénients de l'alimentation panaire ont été si souvent exposés, que nous nous contenterons de les résumer aussi brièvement que pos- sible. Des commissions ont été instituées pour l'étude de cette question, parles Sociétés savantes et par le Minis- tère de la Guerre. Denrées employées à la fabrication des pains. — En Suède, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Suisse, on fabrique depuis longtemps du pain pour les chevaux. Dans la première de ces contrées, il est composé d'avoine et de seigle égrugé, par parties égales. On fait une pâte avec ces substances; on y ajoute beaucoup de io8 LE CHEVAL. sel et un peu d'eau-de-vie : ce qui rend le pain meilleur et mieux levé. Dans les autres contrées, le pain est composé de diverses graines moulues, triturées, manipulées avec de Teau, et cuites au four, comme pour le pain servant à la nourriture de l'homme. En Angleterre notamment certains maîtres de poste avaient donné du pain avec avantage et économie. Parmi les biscuits que Ton fabrique depuis quelque temps pour Talimentation des chevaux, ceux de Spratt et C'*^ forage biscuit présentent une composition qui mérite de fixer Tattention. Dix de ces gâteaux doivent correspondre à une bonne ration d'avoine. Ils con- tiennent une grande quantité de matières nutritives dont une partie est constituée par de la graine de lin et des dattes. La cuisson de ces biscuits en écarte l'humi- dité, et dans ces conditions ils peuvent être conservés pendant très longtemps. En 1826, M. Darblay proposa à la Société d'agri- culture de Paris un pain composé de parties égales de farine de froment, d'orge et de féverole. Les chevaux de la poste de Berny en reçurent 4 kil. 5 par jour et conservèrent leur vigueur. L'économie réalisée était de 44 cent, par journée de cheval. En 1829, le pain fabriqué à l'école d'Alfort était composé d'égale quantité de farine de féverole, de sei- gle et de froment (4*^ qualité;. Le rapporteur des expériences prétend que les chevaux étaient plus mous et plus aptes à suer. En i833 et 1834, un boulanger de Paris, nommé Feulard, fit du pain pour chevaux avec un mélange de farines d'avoine, d'orge, de féverole, de froment de bonne qualité' et un peu de sel. Les grains étaient gros- sièrement moulus. LE CHEVAL. 109 Le Recueil de médecine vétérinaire de 1834 rend compte des expe'riences qui furent faites dans les dif- fe'rentes compagnies d'omnibus qui existaient à Paris à cette e'poque. Ce pain n'eut pas partout un égal succès. Cependant certains rapports constatent des économies réelles, nous verrons plus loin pourquoi ces divergences existent. M. Dailly fit consommer, vers cette époque, aux chevaux de la poste de Paris, un pain qui était composé de 1/3 de résidus de marc de pommes de terre, 2/3 de farine de froment de 4*^ qualité, avac un mélange de balles de blé, ou de paille hachée et un peu de sel. M. Dailly dit avoir obtenu de bons résultats avec ce pain. Composition chimique. — Ce qu'il faut considérer dans tous les pains fabriqués, c'est leur composition chimique, et pour bien développer notre pensée, nous allons faire connaître quelques-uns des pains qui se sont trouvés à notre disposition. Tous, comme les pains anciens, contenaient plus ou moins de farines de froment, d'avoine, de seigle, de sarrasin, de féverole, etc., mais ainsi que l'indique le tableau suivant, leur com- position chimique est différente, et c'est surtout sur ce point que je crois qu'il faut attirer l'attention : Pain fabriqué Pain fabriqué Pain fabriqué P^ain fabriqué pour les pour la en Russie à chevaux, de cavalerie en. pour la Paris, l'armée 1878. Tunisie. guerre turque. Eau II, 90 ^j 14 11,33 41,40 Cendres 4,oû -ijQ^ 3,63 2,18 Graisse 7, i5 5,76 1,60 0,80 Matières azotées. i5,2o i4/3i 11, 35 8,44 Matières hydro- _ carbonées. . . ôi,75 68,83 72,07 47? 18 • La différence de composition des pains dont nous MO LE CHEVAL. venons de donner Tanalyse, explique les résultats sou- vent contradictoires qu'ont obtenus les personnes qui ont soumis leurs chevaux à l'alimentation panaire. A moins de faire analyser le pain, on est sans renseigne- ment sur sa composition. 11 est difficile au simple examen de l'œil de cofinaître la quantité d'eau que ren- ferme le pain mis en consommation; pour en diminuer le prix de revient, on arrive parfois à lui faire contenir jusqu'à 5o p. loo d'humidité. — Malgré toutes les pré- cautions, les chevaux ne tarderont pas à maigrir s'ils reçoivent en distribution un pain fait dans ces condi- tions, au lieu d'un pain ne contenant que 12 à i 5 p. 1 00 d'eau. C'est ce qui nous est arrivé dans les essais que nous avons faits. Mille chevaux mis à cette ration se maintinrent très bien tant que le pain se rapprochait comme composition chimique de l'avoine, mais au bout de quelques mois, les pains contenant près de 5o p. 100 d'eau, les animaux maigrirent rapidement. Emploi. — Il est une coutume en Suisse et dans le Tvrol qui est très bonne. Les postillons donnent en supplément à leurs chevaux du pain de seigle, chaque fois qu'ils s'arrêtent dans la montagne. Quelquefois même ils y ajoutent du vin ou de la bière. Ce repas, qui se fait très rapidement, donne aux chevaux une nou- velle énergie pour continuer leur course souvent très pénible à travers la montagne. La consommation du pain par les chevaux a été aussi étudiée pour l'armée. En effet, il est quelquefois utile de réduire, pour des circonstances déterminées, les ra- tions, suffisamment alimentaires, au plus petit volume possible, de manière à les rendre facilement portatives et à donner ainsi à la cavalerie le moyen de franchir de grands espaces, sans que les chefs de corps aient à se préoccuper de l'alimentation des chevaux. En Aile- LE CHEVAL. m magne et surtout en Russie, cette solution a e'té obtenue par la fabrication de biscuits-fourrages dans la compo- sition desqiiels on a fait entrer des farines de différentes provenances, en proportions variables suivant leur va- leur nutritive. L'analyse du biscuit russe que nous avons donnée plus haut fait voir que la formule em- ploye'e e'tait bonne, puisque, avec une richesse suffi- sante en principes nutritifs, Taliment contenait très peu d'eau et pouvait se conserver très longtemps. Les bis- cuits russes qui nous avaient été envoyés étaient pré- levés sur ceux que, dans la dernière campagne de Russie en Bulgarie, chaque cavalier portait avec lui en quantité suffisante pour une expédition de plusieurs jours. Plus loin, lorsque nous étudierons le régime animal dans l'alimentation du cheval, nous verrons combien les travaux de M. Scheurer-Kestner sur la modification de la viande par la fermentation panaire, ont permis de simplifier cette fabrication. § IL TOURTEAUX. M. Décugis, dans son ouvrage sur les tourteaux, les définit ainsi : Les résidus solides que Ton obtient des graines ou des fruits oléagineux, après qu'on en a retiré l'huile par expression ou par solution. Mais nous devons aussi étendre cette dénomination aux résidus qu'on obtient dans les distilleries et les ami- donneries travaillant le maïs. Les tourteaux sont connus depuis longtemps, sur- tout ceux qu'on obtient par l'extraction de l'huile des grains ou des fruits, et ils sont toujours entrés dans la composition des rations du bétail. Pour les chevaux, 112 LE CHEVAL. les essais sont beaucoup moins nombreux et on ne voit guère que les grandes compagnies industrielles qui les administrent à leur cavalerie. Tourteaux oléagineux. — Les procéde's de fabri- cation doivent être examinés avec soin, quand il s'agit de faire consommer les tourteaux par les chevaux; ainsi ceux qu'on obtient directement par la compres- sion des graines ou des fruits sont pre'férables à ceux qui sont le résultat d'opérations chimiques. L'emploi du sulfure de carbone, de l'acide sulfurique et d'autres substances plus ou moins nuisibles aux animaux, pour séparer les huiles ou l'amidon, peu- vent faire repousser l'emploi des tourteaux dans l'ali- mentation du cheval. 11 faut donc apporter la plus grande attention au mode de fabrication des tourteaux. Leur emploi varie aussi avec leur prix ; on ne les fait jamais entrer dans la ration qu'à la condition de pouvoir être donnés en remplacement d'avoine, et d'être plus avantageux que les autres succédanés de l'avoine. Parmi les tourteaux oléagineux, il n'y a guère que ceux de lin et de sésame qui soient employés. Dans le nord de la France, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, on les donne souvent aux chevaux. La composition des tourteaux de lin et de sésame est la suivante : Eau -Matières azotées Matières grasses Matières hydrocarbonées. Matières minérales. . . . Quand leur degré d'humidité est un peu élevé, ils sont plus difficiles à conserver, ils deviennent acides Tourteaux Tourteaux de lin. de sésame. lO, 5 à l3, I 12,54 27,2 à 32,5 38,93 6,0 à 9,60 9,60 5o,9 à 37,9 25,83 5,4 à 7,2 i3, 10 LE CHEVAL. ii3 au bout de quelques jours; les chevaux les délaissent alors. Les tourteaux de noix sont aussi employés depuis quelque temps. Ils sont en ge'néral beaucoup mieux acceptés sous leur forme comprimée qu'en farine. Wrangel cite, dans son ouvrage, des expériences favo- rables faites au 2'' régiment de uhlans hanovriens avec les tourteaux de noix. D'après son rapport, l'état des che- vaux nourris avec ces tourteaux fut très bon, les ani- maux prirent de l'embonpoint, leur poil devint lisse et brillant, et ils étaient tous aptes au service. Les tourteaux étaient concassés et donnés mélangés avec de l'avoine. Leur emploi apportait une grande éco- nomie dans le prix de la ration. M. le marquis de la Bigne, lorsqu'il était directeur d^e la Compagnie des tramways-sud, en 1879- 1880, lit donner, à titre d'expérience, eies farines et des tourteaux de palmier et de cocotier. Il renonça bien vite aux farines, que les chevaux n'appètent point, et qui avaient l'inconvénient grave de provoquer la soif et d'augmenter la sécrétion urinaire, pour ne plus mettre en distribution que les tourteaux qui avaient la composition chimique suivante : Eau Matières azotées. Matières grasses Principesextractifsnonazote's. Cellulose brute Cendres , M. le marquis de la Bigne conclut en disant qu'on peut, sans danger aucun, remplacer i kilog. d'avoine T. I. 8 Tourteaux Tourteaux de palmier. de cocotier. 9.70 9w7 i3,8i 20,75 10,87 10, 3o 34,01 38,34 28,22 i5,65 3,39 5, 19 100,00 100,00 114 l'E CHEVAL. par I kilog. de tourteaux, ou 2 kilog. de maïs par I 5oo grammes des mêmes tourteaux de coco et de pal- mier dans la ration des chevaux qui font chaque jour un travail régulier. Decrombecque employait beaucoup les tourteaux pour la nourriture de ses chevaux; la ration préparée par fermentation se composait de : Irc ration. 2« ration. Tourteaux mélangés. ... 2 kilog. 2 kilog. Avoine 8 litres. 14 litres. Foin haché 2 kilog. 2 kilog. Paille hachée 10 kilog. 3 kilog. On faisait bouillir le mélange des tourteaux concassés (lin, colza, œillette; dans 10 litres d'eau, on versait la décoction sur la paille et le foin hachés, on remuait bien, on laissait refroidir, on ajoutait l'avoine et on laissait en tas pendant vingt-quatre heures. Decrombecque achetait de vieux chevaux usés, sou- vent poussifs, et en les soumettant à ce régime, il trou- vait le moyen de les utiliser. Les prix des tourteaux varient à l'infini, et certaine- ment leur emploi ne peut être conseillé qu'à la condition qu'ils apportent une économie notable dans la ration. Les tourteaux sont souvent falsifiés; ainsi ceux de lin sont quelquefois mélangés avec des tourteaux de navette et de colza, de valeur inférieure. Tourteaux de graines amylacées. — Les tourteaux de mais, qu'on ne produit que depuis quelques années, peuvent entrer dans la composition de la ration. Les expériences que nous avons tentées à ce sujet nous ont donné d'excellents résultats. Les tourteaux de maïs peuvent provenir de la com- pression qu'on fait subir aux grains pour en extraire une LE CHEVAL. ii5 petite quantité d'huile et surtout les principes féculents qui peuvent servir à la fabrication des glucoses ou de l'alcool. Les procéde's chimiques employés sont très variables, et, nous le répétons, il faut se méfier de ceux qui nécessitent l'emploi de l'acide sulfurique. Les tourteaux de maïs provenant des amidonneries sont blancs, durs et rugueux dans leur cassure, ceux des distilleries sont d'un gris rougeàtre ou noirâtre. Les premiers sont les plus appétés par les chevaux. Voici quelques-unes des analyses de ces produits, faites par M. Mûntz : TOURTEAUX DE MAÏS Aiiiidonnerie. Dai*i. Eau 9^00 12^20 10,44 0,90 Matières azotées. . . . i5,45 i-^^93 16,87 20,96 — grasses 10,60 7:,64 7^40 9, 06 — hydrocarbon. ' . 64,45 '')0,73 64,69 58,68 — • mine'rales.. . . o,5o 5,5o 0,70 1^40 Distillori»'. Eau 12,12 10^55 11,55 12,40 Matières azotées.. . . i3,44 32, 10 12,64 ^^^7^ — grasses 5,3o 4,80 8,24 9^08 — hydrocarbon.' . 65,57 47,20 63,45 52,38 — minérales.. . . 3,57 ^}^4- 4jI2 7j36 Ces analyses permettent de voir combien ces denrées peuvent varier de composition, et il est alors difficile de constituer des rations sans se rendre compte très souvent de la quantité de chacun des principes azotés ou non azotés. Aussi les observations que nous avons présentées pour le pain trouvent-elles encore leur place ici. Sur- tout quand on veut donner une quantité moindre de I. Cellulose comprise. ii6 .LE CHEVAL. tourteaux en remplacement d'avoine ou de toute autre graine, pour obtenir une économie sérieuse. Du 2 3 juillet au i'^'" novembre 1880, nous avons fait manger à tous nos chevaux la ration suivante, après ravoir essayée pendant 70 jours sur 335 chevaux : kilojr. Tourteaux de maïs. . 2,417 Avoine 2,570 Maïs 4^247 Féverole 0,016 Son de blé 0,988 Foin 2,955 Paille 5,980 y compris celle de litière. 19,173 et nous avons pesé les chevaux tous les mois, pendant la durée de l'expérience; Tétat des chevaux a été satis- faisant, c'est-à-dire que leur poids et leur apparence ne dénotaient aucun changement dans leur état général. Les tourteaux sont donnés concassés, et, dans ces dernières années, on a construit un grand nombre d'appareils concasseurs qui remplissent très bien le but qu'on se propose. § III. SONS ET M A T I ]•: R E s SUCREES. 1° Son de blé. — Un grain de blé n'a pas moins de cinq enveloppes différentes, entourant l'amande qui renferme la farine. C'est à ces différentes enveloppes, qui sont les résidus de la mouture du blé, qu'on donne les noms de remoulage, de recoupes et de sons propre- ment dits. Ces derniers, qui forment une sorte de produit léger et floconneux, se divisent encore en gros sons, sons moyens et petits sons. LE CHEVAL. 117 M. Aimé Girard, dans une imporiante communica- tion à l'Académie des sciences, a fait connaître la valeur nutritive des différentes parties qui composent le grain de blé. Ce travail, très intéressant au point de vue de la panification, démontre que les différentes enveloppes du blé sont riches en matière azotée et en matière miné- rale, mais que la première n'est assimilable que dans une très faible proportion. Composition et digestibilité. — Des expériences sur la digestibilité de cette denrée ont été faites par M. Mûntz sur une jument de sept ans, qui a été habi- tuée graduellement à la nourriture exclusive au son. A partir du huitième jour, la jument recevait 7 kil. 5 de son seulement. Sous Finfluence de ce régime, qui a duré vingt-quatre jours, le poids de la jument a oscillé entre des limites assez larges et s'est abaissé de 628 kilog. à 6o3 kilog. Le résultat des analyses faites pendant l'expérience a donné la composition centésimale du son de blé, et la proportion digérée de chaque principe p. loo de matière mgeree, Composition centésimale Quantité digérée p. 100 du son de blé. de matière insérée. Eau 11^7^ » Cendres 5^7i » Protéine i3,65 9^,70 Graisse 3,79 86,33 Amidon réel . . j ,, e \ 21,64 100,00 bucre ) ' ^ ' Cellulose saccha- rifiable 12,39 94^9-5 Cellulose brute. 4,5i 77^63 Indéterminées. . 24,36 88,96 On est frappé de voir quelle forte proportion de substance nutritive est assimilée dans le son. Dans ,,8 LE CHEVAL. ropinion de beaucoup de personnes, le son est une substance de faible valeur alimentaire, ayant surtout de Futilité par ses propriétés rafraîchissantes. Nous voyons que non seulement les matières azotées et les graisses, mais aussi les parties cellulosiques, ont un coefficient de digcstibilité très élevé. Il est vrai qu'il ne faut pas oublier qu'il a été apporté de très grands perfectionnements aux appareils de meu- nerie, et, que, par suite, il ne reste presque plus de farine dans les sons. Plus le son est grossier, plus il convient à l'alimentation des chevaux. Emploi. — Dans beaucoup d'écuries, on le donne d'une manière intermittente : une ou deux fois par semaine. Les Anglais préparent des mashs avec cette denrée, de la manière suivante : On cuit une poignée de graines de lin dans un litre d'eau. Cette graine est ensuite mélangée avec environ 2 kilog. d'avoine et i kilog. de son de froment dans un seau d'écurie, puis on verse sur le tout de un à un litre et demi d'eau bouillante. On ajoute à ce mélange un peu de sel ordinaire ou de sel de nitre, et on recouvre le tout d'une couche de farine d'orge. On laisse ensuite infuser, en plaçant sur le seau une toile ou une couverture pour ne pas laisser échapper la vapeur. Ensuite on agite avec un morceau de bois le mélange refroidi, jusqu'à ce qu'il ait l'aspect d'une masse homogène. On emploie souvent aussi le son pour faire boire les chevaux; on appelle cela blanchir l'eau. La farine d'orge, la farine d'avoine sont aussi em- ployées dans les mêmes conditions, surtout pour les malades. On ajoute quelquefois à ces boissons fari- neuses du vin, de l'eau-de-vic ou de la bière chauffée. LE CHEVAL. 19 2° Son de riz. — Il y a quelques années, le son de blé ayant haussé de prix dans de notables proportions, nous essayâmes, sur le conseil de M. Donatien Le- vesque, le son de riz. Il en donnait à ses chevaux depuis de longues années, et n'avait obtenu que de bons résultats. Aux Etats-Unis, il est souvent donné aux chevaux mélangé avec d'autres aliments. Le son de riz se rapproche, par sa composition, du son de blé, il est obtenu de la même manière. Dans les tentatives que nous avons faites, les chevaux l'absorbaient difficilement ; il fallait les habituer peu à peu; encore a-t-on dû, pour le faire manger intégrale- ment, y ajouter un peu de son de blé. Le son était tou- jours légèrement humecté, immédiatement avant d'être donné. Composition. Digestibilité. —- M. Mûntz a, sur notre demande, fait les mêmes expériences que pour le son de blé, et voici les résultats obtenus : Composition centésimale. Digéré p. 100 de matière ingérée. Eau 11,10 » Cendres 7j40 » Protéine 10, 3 1 94^o8 Graisse 8,io 93^73 Amidon réeL ^ . \ * Sucre / Cellulose saccha- ( " ^- rifiable .... / Cellulose brute. 8,io 84,88 Indéterminées. . i3,39 83,88 Comme pour le son de blé, nous voyons que la proportion des éléments digérés est très considérable. 3° Matières sucrées. — On a essayé quelquefois d'introduire dans la ration des chevaux, du sucre, soit 120 LE CHEVAL. SOUS la forme de mêlasse, soit sous celle de sucre brut. Les chevaux sont très friands de ces substances qu'ils mangent avec avidité et qui produisent sur leur e'tat un effet avantageux. Les matières sucrées sont diges- tibles en totalité et avec la plus grande facilité. On comprend donc que les animaux puissent en tirer un parti avantageux; mais il ne faut pas oublier qu'elles ne constituent qu'un aliment respiratoire ne renfermant aucune trace de matières azotées et qu'elles ne consti- tuent qu'un aliment incomplet ne pouvant être donné qu'en supplément. On ne peut donc pas avoir la pré- tention de les substituer aux grains ou au foin; mais chaque fois qu'on pourra avoir à sa disposition ces matières à bas prix, on pourra utilement les faire entrer dans la ration. Dans le journal le Cultivateur, un éleveur relate que, dans une fabrique de sucre du département de la Moselle, on nourrissait bien les chevaux avec de la paille hachée arrosée de mélasse étendue d'eau. Ils ne recevaient pas d'avoine. John Stewart raconte dans son ouvrage sur les che- vaux, que M. Black, médecin-vétérinaire du 14*' régi- ment de dragons-légers, lui a fait connaître que le sucre avait été essayé comme nourriture pour les che- vaux pendant la guerre de la Péninsule. L'expérience en fut faite au dépôt de Brighton, sur 10 chevaux, pendant une période de 3 mois. Chaque cheval rece- vait 4 kilogrammes de sucre par jour, partagés en 4 rations; ils le mangeaient avec beaucoup de plaisir, et l'on remarqua c]ue le pelage devint tin et brillant. On ne leur donnait aucun grain et seulement 3 kilo- grammes et demi de foin au lieu de la ration ordinaire qui était de 6 kilogrammes. On eût continué à leur en donner, si la paix qui intervint et si les circonstances LE CHEVAL. 121 qui avaient fait remplacer l'avoine par le sucre n'eus- sent fait abandonner cet essai, et les chevaux reprirent leur nourriture habituelle. Mais plusieurs de ceux qui avaient été' ainsi nourris au sucre devinrent tiqueurs sur la mangeoire. On avait soin, dans le but d'empêcher que le sucre ne pût être détourné de sa destination, d'y mettre une légère dose à''assa fœtida^ qui ne produisait aucun effet apparent sur les chevaux. Malgré ces assertions, nous ne pouvons pas considé- rer le sucre comme pouvant remplacer la ration des grains. § IV. SUBSTANCES ANIMALES. 1° Viande. — M. Laquerrière a fait connaître, dans le Recueil de médecine vétérinaire (année i88oj, les expé- riences qu'il a pratiquées pendant le blocus de Metz, afin d'alimenter un certain nombre de chevaux avec de la viande de cheval. Nous reproduisons ici le résumé suivant, c[ue ce savant vétérinaire publia à Metz pendant le siège : 1° Il y a lieu d'utiliser, pour la nourriture des chevaux, la chair de tout animal mort ou abattu; 2° La répugnance du cheval pour la chair est loin d'être aussi grande qu'on le croit généralement; par une prépara- tion bien entendue des aliments, en diminuant la ration des animaux et même en la leur supprimant pendant un ou deux repas, on parviendra à les habituer assez rapidement au régime de la viande; 3"^ Le cheval digère parfaitement la viande crue ou cuite et même avec plus de facilité et surtout plus complètement qu'il ne digère les substances végétales; 4** Le cheval soumis au régime alimentaire de la viande s'entretient, s'engraisse, gagne en vigueur et en énergie, si cette substance est donnée en supplément de la ration jour- 123 LE CHEVAL. nalière, ou bien même si elle entre pour une large part dans la composition habituelle des rations; 3** La viande peut être donnée crue à un certain nombre d'animaux, mais il est préférable de la soumettre à une cuis- son complète dans l'eau bouillante. Dans ce dernier cas, le bouillon obtenu pourrait être administré en breuvage aux animaux; 6° Crue ou cuite, la viande devra être excessivement divisée, réduite en hachis, puis triturée et mélangée avec d'autres substances plus ou moins alimentaires, destinées principale- ment à lui servir de véhicule : feuilles d'arbres, de vigne, paille, foin, ajonc, genêt, farines, grains ou graines diverses, tourteaux, son ou autres denrées végétales. Lorsque les circonstances le permettront, le mélange sera additionné de sel marin; 7° La chair sera administrée d'abord à une dose très faible; on augmentera ensuite progressivement cette dose. J'ai porté cette dernière jusqu'à 2 et 3 kilogrammes par jour et par tète, et alors la viande ferait presque exclusivement les frais de la nourriture du cheval ; 8" Certains chevaux acceptent parfaitement à la main le mélange de viande, pour la plupart il convient d'employer la musette; enfin, pour d'autres chevaux, il est préférable de placer le mélange sur le sol ou dans la mangeoire, si toute- fois cette dernière existe ; 9** Plusieurs chevaux mangent d'emblée des morceaux de viande crue saupoudrés seulement d'une légère couche de son, de farine, de grains, ou placés entre deux feuilles d'arbre ; plus tard ces mêmes animaux prennent la viande sans la moindre préparation; 10° Si des chevaux se refusaient absolument au régime animal, il serait facile de vaincre leur répugnance, en faisant dessécher la viande cuite; on réduirait ensuite celle-ci en poudre etl)n la ferait entrer dans la confection de pains pré- parés avec des substances végétales salées. Dans le même volume il s'exprime ainsi sur la décou- verte de M. Scheurer-Kestner : ... Grâce à la véritable découverte communiquée à l'Aca- démie des sciences par M. Scheurer-Kestner, il n'est plus LE CHEVAL. i23 permis de se montrer hostile à l'idée que j'ai émise depuis plus de dix années déjà, sur l'utilité qu'il y aurait d'employer la chair musculaire et les matières animales pour la nourri- ture du cheval. Par suite, ce système d'alimentation devient d'une application facile et essentiellement pratique. A l'instar des Arabes du désert, et en profitant des indica- tions de M. Scheurer, on pourra désormais fabriquer un gâteau ou un biscuit-viande, dans lequel seront conservées les propriétés nutritives de la viande, avec cet avantage que celle-ci aura perdu son odeur et son goût par la fermenta- tion . Cette double circonstance fera disparaître la répugnance plus ou moins instinctive qu'éprouvent les herbivores pour les matières animales, et, comme conséquence, ces animaux, le cheval notamment, accepteront le régime du biscuit- viande sans difficulté. Par réminent professeur administrateur du Muséum d'his- toire naturelle, M. Georges Ville, je connaissais l'exposé théorique de M. Scheurer-Kestner, à savoir : « Que des expériences déjà anciennes et inédites de M. Scheurer père avaient démontré qu'il se produit pendant la panification une fermentation particulière dont l'action sur les substances animales, telles que la viande, se traduit par une digestion complète de la fibrine et des matières qui l'accompagnent, analogue à la digestion produite par la pepsine végétale. » D'où il résulte, en d'autres termes, et c'est là un fait indé- niable pour la science, que la viande incorporée à des pâtes farineuses, soumises elles-mêmes à la fermentation panaire, se dissout, se digère, en se transformant en peptones très facilement absorbables par les voies digestives. C'est en m'appuyant sur ce principe scientifique que je pouvais écrire les lignes suivantes, dans un mémoire adressé par la voie hiérarchique, dans les premiers jours d'octobre, à M. le général ministre de la guerre, pour être soumis à sa bienveillante appréciation. Nous croyons que, pour l'armée, un des plus grands pro- grès que l'on pourrait accomplir serait de généraliser l'usage de biscuits dans lesquels on introduirait des viandes de qua- lité inférieure. Lorsqu'on mêle à de la farine de la viande hachée menue, crue ou cuite, il se produit ce fait important : pendant la fer- mentation qui suit le pétrissage, la viande se dissout et dis- 124 LE CHEVAL. paraît en apparence; mais elle conserve l'inestimable avan- tage de donner, pour un faible volume, une dose azotique analogue au caséum du lait, qui est la matière réparatrice par excellence de l'organisme animal. Grâce à l'emploi de ces biscuits, on fournirait certainement aux chevaux plus de vigueur et on assurerait surtout au ravitaillement en cam- pagne plus de facilité. Ainsi qu'on le voit par ces lignes, ce n'est donc plus dans certaines circonstances exceptionnelles, et faute d'un autre aliment, comme je l'exprimais autrefois dans l'article repro- duit par le Recueil de médecine vétérinaire du i5 octobre dernier, que je préconise l'introduction de la chair et des matières animales pour la nourriture du cheval; je vais aujourd'hui beaucoup plus loin, et j'énonce hautement qu'il serait d'un grand intérêt d'essayer l'emploi d'un biscuit- viande qui serait surtout appelé à constituer une réserve ali- mentaire pour le cheval de guerre en campagne. Et s'inspirant des réformes économiques réalisées par la Compagnie des omnibus de Paris, et par celle des Petites Voitures, on pourrait fabriquer ce biscuit avec des farines d'avoine, d'orge, de maïs, et même de féveroles mélangées dans différentes proportions et associées à un tiers environ de viande. Il faudrait ajouter, comme le faisait M. Scheurer père, une quantité suttisante de levain de boulanger afin d'obtenir et d'activer la fermentation de la pâte ainsi préparée. Voici, du reste, comment opérait M. Scheurer père, pour la fabrication de son biscuit : « On fait un mélange de 55o à 57 5 grammes de farine, de 5o grammes de levain de bou- langer et de 3oo grammes de bœuf frais haché menu. On ajoute à ce mélange la quantité d'eau nécessaire pour faire une pâte d'une épaisseur convenable. La pâte est exposée à une température modérée, où elle fermente pendant deux ou trois heures. L'expérience indique le temps qu'il faut pour que la viande soit fondue et ait complètement disparu dans la pâte. Puis on cuit le pain comme de coutume. » Pour le biscuit-viande destiné au chevcl, il n'y aurait qu'à procéder d'après les indications précédentes en déterminant, au préalable, la nature et la quantité des farines qui doivent entrer dans la composition du biscuit. J'ai essayé le biscuit Spratt, qui, confectionné pour le chien, peut être utilisé pour le cheval. J'ai pu [ainsi m'as- LE CHEVAL. I25 surer que les chevaux Tacceptaient facilement et qu'il se conservait sans s'altérer, comme le biscuit Scheurer, fabri- qué en vue de l'alimentation du soldat. Dans l'essai du biscuit-viande, il serait bon de conserver au chevalsa ration de paille ; celle-ci, par ses principes nutritifs, concourt à l'entretien de l'organisme tour en fournissant au tube gastro-intestinal le lest qui lui est nécessaire pour favoriser la bonne exécution des actes digestifs. D'un autre côté, la paille, par ses parties non ingérées, fournit la litière de couchage. Les avantages incontestables qu'on retirerait de l'usage d'un biscuit-viande seraient les suivants : 1° Aliment d'une valeur nutritive considérable sous un faible volume; 2° Emmagasinement très facile de cette denrée dans les magasins de l'État: 3° Conservation du biscuit pendant plusieurs années sans altération ; 40 Facile transport de ce biscuit dans toutes les conditions de la vie du cheval de guerre. Partant de ces avantages, je conclus qu'il y a lieu de fabriquer un biscuit-viande, destiné à former un approvision- nement de réserve pour le cheval de guerre, et je répète, avec M. Bouley, que la viande incorporée dans une pâte fermen- tescible peut et doit être introduite avec succès dans l'alimen- tation des solipèdes et même de tout autre herbivore. D'un autre côté, et avec M. le vétérinaire principal Decroix, et ainsi que je l'ai avancé pendant le blocus de Metz, je crois qu'il est utile de mettre en réserve, en les associant à des farineux, toutes les matières animales assez généralement encore sans emploi à notre époque. En somme, la conclusion finale de cette note m'est fournie par notre savant maître, M. Bouley, et je ne saurais mieux faire que de répéter avec lui : « Le moment est venu de sou- mettre à une sérieuse étude expérimentale la question de l'introduction du régime animal dans l'alimentation du cheval, et particulièrement dans celle du cheval de guerre. » Par une étude comparative effectuée pendant un temps assez long, on constaterait, comme l'a fait M. Diinkelberg en Angleterre, les effets d'une telle alimentation. En outre, l'expérimentation permettrait également de déterminer la 126 LE CHEVAL. meilleure méthode de fabrication et de composition du bis- cuit-viande, ainsi que la qualité et le prix de revient de la ration journalière. En définitive, le problème de l'introduction de la viande est aujourd'hui posé; à l'expérimentation pratique, le soin de le résoudre et de nous faire connaître les avantages que l'Etat et le domaine public pourraient obtenir de l'usage du biscuit-viande comme aliment du cheval. M. Laquerrière a ainsi démontré que, dans des cir- constances déterminées, et faute d'autres aliments, il y a lieu de faire servir la chair, le sang desséché et les ma- tières animales à la nourriture du cheval et même à celle d'autres herbivores domestiques. Le Bulletin des Agriculteurs de France donne sur ce sujet une communication de M. Dutheillet de Lamothe. Ce propriétaire de la Corrèze, éleveur de chevaux anglo-arabes, a attiré l'attention de ses confrères sur l'emploi de la viande en poudre desséchée provenant de la Compagnie Liebig. Ce riche aliment aurait la composition suivante : Humidité 6 Matières azotées ôg contenant 1 1 p. loo d'azote. — hydrocarbonées 5 — grasses 17 Cendres 3 Il est venu à notre connaissance que le régiment allemand des cuirassiers en garnison à Deutz, près de Cologne, a fait des expériences très concluantes sur cette alimentation, en mettant en consommation des pains de gruau d'avoine, dans lesquels on avait fait entrer une certaine quantité de viande moulue de Liebig. Les résultats auraient été assez favorables pour qu'en Allemagne le ministère de la guerre ait fait fabriquer sur une grande échelle à Mayence des pains de viande, LE CHEVAL. 127 et ait étendu l'expe'rience à un grand nombre de régi- ments de cavalerie. Nous avions déjà pensé qu'il y avait des efforts à tenter dans cette voie, car il y a plus de dix ans nous avions entrepris avec M. Mûntz des expériences ayant pour but de faire entrer dans la ration des chevaux des matières animales, telles que viande, sang, débris divers des abattoirs. 2° Sang. — Le sang a été particulièrement étudié; le prix peu élevé auquel on le vend (6 à 8fr. les lookilog., pris aux abattoirs , la richesse en matière azotée fiS à 20 p. ioo;,la facilité avec laquelle on le fait entrer dans la ration, justifiaient les tentatives faites par M. Mûntz. Les meilleurs résultats ont été obtenus en faisant, avec des farines grossières ou des grains simplement con- cassés, une sorte de pain ou de biscuit dans lequel entrait le sang, qui était employé en quantité telle qu'il faisait, avec les denrées sèches, une pâte qu'on cuisait au four ou qu'on desséchait simplement dans des étuves. Ces pains ou biscuits avaient un goût et une odeur agréables et étaient mangés avec avidité par les chevaux. Voici la composition de Tun de ces mélanges, dans lequel en- traient de Tavoine et du maïs concassés, mis en pâte avec le sang et ensuite desséchés : Matières azotées i7:jO p. 100. — grasses 3,2 — — hydiocarbonées 65,8 — Eau 9,3 — C'est là un aliment de premier ordre. Mais pour que Tusage du sang puisse s'introduire, il faut que plusieurs conditions soient remplies. La pre- mière est que le sang soit parfaitement frais, c'est-à-dire employé aussitôt après la mort de l'animal. La seconde, 128 LE CHEVAL. que les pains ou biscuits fabriqués soient secs. Quand ils ne le sont pas suffisamment, ils contractent rapide- ment un goût désagréable et ne sont par suite pas sus- ceptibles de conservation. Nous croyons que Tusage du sang, employé sous la forme que nous venons de décrire, rendrait de grands services s'il venait à se généraliser. 3° Lait, Œufs. — Les œufs ne sont guère donnés aux chevaux que dans le cas de maladie, mais il faut en administrer un assez grand nombre pour produire un effet utile. Généralement, on les mélange avec des élec- tuaires, ou on les casse dans la bouche du cheval, qui souvent en perd une grande partie en les rejetant. Mais on donne plus souvent le lait de vache, soit aux jeunes sujets qui ont perdu leur mère par suite de ma- ladie ou d'accident, soit aux chevaux malades qu'on veut sustenter d'une manière plus énergique. Dans ce dernier cas, on mélange le lait à du son ou de la farine d'orge, et souvent on y ajoute un peu de sel. Nous avons vu des chevaux être très friands de ces sortes de mashs. Mais d'une manière générale, le lait et les œufs n'entrent pas dans l'alimentation ordinaire du cheval, ils sont plutôt emplovés pour les jeunes animaux ou pour les malades, surtout quand ils représentent une grande valeur, comme les chevaux de pur sang. On a beaucoup parlé, dans des récits de voyages, des préparations faites par des peuplades sauvages de l'Afrique avec le lait de jument et le lait de chamelle. Mais nous n'avons jamais eu occasion d'en voir et nous ne pouvons donner à ce sujet aucun renseignement, malgré les questions que nous avons faites à ce sujet à des chefs arabes. CHAPITRE IV LES FOURRAGES On donne le nom de fourrages aux herbes, foins ou pailles, qui entrent dans la composition des rations. On pourrait y ajouter un certain nombre de foins des prai- ries artificielles, et surtout les racines et tubercules tels que les carottes, les pommes de terre, les topi- nambours, etc., qui sont e'galement employés comme substances alimentaires. Nous étudierons donc d'abord les produits des prai- ries naturelles, qui constituent les vrais foins, puis les herbes des prairies artificielles, et enfin les différentes ra- cines qui peuvent entrer dans l'alimentation du cheval. § I. FOIN. Qualités. — On appelle foin l'herbe fauchée, séchée et conservée dans le but de fournir des approvisionne- ments. On réserve cette dénomination au produit des prairies naturelles. Cependant aujourd'hui on donne aussi ce nom aux fourrages des prairies artificielles, et on dit foin de luzerne, foin de trèfle, etc. T. I. 9 i3o LE CHEVAL. Le foin des prairies naturelles constitue une nourri-- lure très variée, un aliment complet, plus substantiel, plus tonique que l'herbe verte et fraîche, attendu qu'il contient beaucoup moins d'eau. On estime qu'il perd en séchant les trois quarts de son poids. Le bon foin doit être vieux d'un an, composé de tiges flexibles, élastiques et lourdes; sa couleur doit être plu- tôt vert foncé que vert clair ; il doit avoir un goût agréable, avec une saveur douceâtre et une odeur légèrement aromatique. La semence y est abondante, et lorsqu'on l'infuse dans Teau bouillante, elle donne une liqueur foncée comme le thé. Pour l'apprécier, il faut tenir compte des endroits où il a été récolté, de sa composition en espèces de plantes, de l'époque à laquelle il a été fauché, de la manière dont il a été récolté, et enhn de sa conservation. Le foin convient aux chevaux, mais il ne faut pas leur en donner une trop grande quantité, car elle amè- nerait un développement exagéré du ventre, et les ren- drait lourds. Nous verrons que la ration des chevaux à allures vives en contient beaucoup moins que celle des chevaux qui travaillent au pas. Les fourrages des prairies naturelles contiennent moins d'azote que les produits des prairies artificielles; mais ils fournissent une plus grande variété de plantes qui, chacune de son côté, apportent les principes spé- ciaux qu'elles renferment. Il ressort d'expériences entreprises par la Commis- sion d'hygiène hippique que Ton peut distribuer sans inconvénient le foin nouveau, contrairement aux idées anciennes. Les chevaux s'en accommodent fort bien, gagnent de l'embonpoint, sans perdre de vigueur. Il y a peu d'an- nées encore, on croyait que les fourrages nouveaux dé- LE CHEVAL. i3i terminaient des affections cutanées , des irritations gastro-intestinales, des coliques, des maladies vertigi- neuses, etc. L'expérience a démontré que ces appréhen- sions ne sont pas toujours confirmées par la pratique. Composition botanique. — La composition bota- nique des foins varie suivant qu'ils proviennent de prairies basses, marécageuses, inondées, ou de prairies moyennes et arrosées, ou de prairies élevées ou situées à mi-coteau. Nous renvoyons pour l'étude de cette composition au volume Herbages et prairies naturelles de notre collaborateur de la Bibliothèque de l'enseignement agricole, M. Amédée Boitel. Quand on étudie avec soin la composition botanique des foins, il est facile de comprendre les différences qui existent entre les foins dans différentes contrées de la France. Dans le midi, le foin est plus fin, plus délié, plus tonique et à la fois plus aromatique ; dans le centre, il est abondant, nutritif et d'une odeur moins péné- trante que dans les régions méridionales. Dans le nord, il est plus gros, plus aqueux, moins coloré, moins nu- tritif et fort peu parfumé. En résumé, le foin est constitué principalement par les graminées et les légumineuses : les graminées, à elles seules, entrent au moins pour les 7/8^ dans sa com- position; puis viennent les légumineuses, quelques synanthërées, des labiées, des renonculacées, des cruci- fères, des ombellifères; plusieurs boraginées et scro- phulariées, des joncs, des laiches et enfin des prêles complètent le dernier huitième de la masse totale. Les bonnes qualités d'un foin ne sont pas très faciles à reconnaître. On verra bien sa composition botanique, on jugera aussi son homogénéité, sa couleur, son odeur, son goût et son poids, mais tout cela ne donnera qu'une i32 LE CHEVAL. notion imparfaite de sa valeur alimentaire. Il est vrai que les personnes qui font le commerce des foins ne les jugent pasautrement, elles tiennent aussi compte de leur provenance. Composition chimique. — Mais nous devons répéter ici ce que nous avons dit pour les avoines. L'analyse chimique seule pourra nous fixer d'une manière cer- taine sur la valeur alimentaire des foins. Pour le dé- montrer, nous avons institué avec MM. Mûntzet Girard une expérience qui a donné des résultats bien curieux. Nous donnons, dans le tableau ci-contre, la prove- nance et la composition de douze sortes de foins ré- coltés dans différents pays de la France avec l'appré- ciation fournie par deux praticiens que nous avions priés de procéder à un classement de ces foins, en opé- rant comme ils le font chaque fois qu'ils doivent appré- cier la qualité de chacun d'eux. Non seulement nous avons trouvé de grandes diffé- rences entre ces foins récoltés à de grandes distances les uns des autres. Mais nous avons trouvé aussi entre les lots de foin provenant des mêmes prairies, mais à des époques différentes, des écarts considérables. Ainsi, deux foins récoltés sur la même propriété et dans les mêmes conditions en Seine-et-Marne avaient, en 1878, 8,75 p. 100 de matière azotée, et en 1879 seulement b^-jb p. 100. Les résultats des analyses de MM. Mûntz et Girard sont contenus dans le tableau suivant; les deux pre- mières colonnes indiquent l'ordre dans lequel les deux courtiers en fourrages que nous avons consultés ran- geaient les foins. Les premiers, d'après eux, étaient de qualité supérieure. LE CHEVAL. i33 V: S £ ^ C lT, U-) ITi CT. C-, C-. */^, Cl ■o ~, C~' =. — = t^ C O cr. M *-C r-^ •ri r-. r^ l^ !-> '" ~ 1 C"' o Cl co C) c» O •+ c-. i— c Cl * W ^ ^ •\ •^ »\ •\ »s •> »N *^ •% A •\ ^ == •= o "- O c C c o C C o - O ^^ V. •C ir, -+ C~i n '-C -h ■^ u-, c cl t^ Cl ■= rh r^ X ~ c< ■i- r^ O '^ LT, co ï X -1- M C<". cr, , „ j;;^. « X LT-, t^ C cr. CO c X 3 s •N ^N ^ ^ ^ *^ ^ *\ »N •N = ^ 'C' Lr, X 'C X ^ ^ r-- ^ C. c< X ~ *"■ " '" Cl " C) " ■Si ^ C' X » r) X y r^ o G o o c e T'-, -1- r^ cr-, X 'O X l-l r^ X ^ »s •N ♦^ *\ •N w 'N ^s r\ •N »N *^ rr C~I M »M -« _■ •1 -1 Cl Cl cl H^ C H li~. Cl -t .-^ r^ >n "-, _ cl X Cl ï oc -:t- o M X o X C -J- w. Cl Cl /: — C^l CI C» "" "^ ~" cl ""■ ~ Cl Cl ^• r^ ^ „ X r^ ^ CI .- t^ ^ Cl -t- :— n — X Cl r^ -JZ '-0 C", LO t^ Cl Cl — «^, •N •N *\ *\ *% •^ »s »s •^ •s r\ == r^ t^ ~ X ~ X — r^ -^ — r^ X „. LT, — . ^ .-- .-^ t^ c-> r- CT. ,^_ i^ „ i= X lT, " ~ Cl Cl 'C — C-, 4 Cl C J3i X 'sC •c r^ - r^ •o I^ LT, u-. - r^ LT, c ir, ^ -+ ^ ^ .-^ Cl lT. .-^ ir-, '*• -t X o •o '-C — l^ — — Cl O 2 •N r\ •N •\ •N ♦^ ^ •S '\ ^ *> •N Se: Li~, m - - '~ lT-. -t- -Y - lT, d ^ •ja»niass8i3 ,1 1 - C. Cl -)- lT, Cl - X O •O r^ co -)D,)aiasse|3 j^f - r: - " ■-4- c< c-, CT. - X t-^ "O • o o à r c «5 -J 5 c: c o Cl o Cl o 5b o te K* *L E E c 1) o -y Z JO 3 3 E ■A C/3 ? rX £ O >- 3 < o y S O 'Si 'Si 3 Sj o i34 LE CHEVAL. Les deux classements faits par les praticiens d'après Taspect et Todeur du foin, sans être identiques, se rap- prochent assez Tun de Tautre. Mais il n'en est plus de même du tout lorsque la clas- sification s'établit sur l'analyse chimique qui nous fait connaître la richesse plus ou moins grande en principes utiles et assimilables. Enfin, il est étonnant de voir que le foin qui a l'apparence la moins avantageuse se trouve précisé- ment être celui qui est le plus riche en matières azo- tées. On sait d'ailleurs que les foins qui ont subi l'action des pluies s'enrichissent en matières azotées, par suite du départ de matières ternaires solubles dans l'eau. En effet ce même foin, de si mauvais aspect, est remarquable par l'absence complète de matière sucrée et par la faible proportion de graisse qu'il con- tient. De même, on remarque pour la plupart des autres foins le défaut de concordance entre ces différents modes d'appréciation. Cependant, il nous semble que la valeur nutritive d'un aliment doit plutôt dépendre de sa composition que des qualités extérieures. Dans ces conditions, pour trancher la question ainsi po- sée entre la théorie et la pratique, il a semblé que le mieux était de demander l'avis de l'organisme animal, c'est-à-dire de voir ce que l'animal peut assimiler et, par suite, transformer en travail utile, de chacun des principes contenus dans les fourrages auxquels la pratique assigne des qualités si différentes. A cet effet, on a pris trois lots de foins assez différents comme qualité apparente, et on les a donnés à des chevaux au repos. La composition de chacun de ces foins étant déter- minée et les quantités ingérées étant rigoureusement LE CHEVAL. «35 mesurées, on sait ce que l'animal a reçu des différents éléments nutritifs. D'un autre côté, les déjections étant recueillies et analysées, on a déterminé la quantité d'éléments re- trouvés; les différences donnent évidemment ce qui a été utilisé par l'organisme. Mais pour que ces compa- raisons soient plus rigoureuses, on a cherché à éliminer l'influence de l'individualité, car cette influence est plus grande qu'on ne le croit généralement. Pour chaque essai on a opéré sur trois chevaux, d'un poids sensiblement égal, qui ont reçu la même quantité du même foin. Cet essai étant terminé, on a procédé de la même manière avec un autre foin et enfin avec un troisième. On a donc, du. même coup, dans cette série d'ex- périences, l'influence de l'individualité et celle de la nature du foin. Les résultats obtenus ainsi ont été d'accord avec ceux du laboratoire de chimie et l'influence de la compo- sition du foin a été bien plus grande que celle de l'in- dividualité. Les substances identiques, comme com- position chimique, telles que les matières azotées, la cellulose sacchariflable et la cellulose brute, ont été uti- lisées par les animaux dans des proportions comprises entre des limites peu écartées. Les trois foins employés étaient ceux de Haute- Vienne, de Bourgogne et de Seine-et-Marne. La composition de ces trois foins, si différents d'aspect, ne présentait pas de grands écarts au point de vue de l'analyse chimique, et l'expérimentation directe sur les chevaux a été d'accord avec cette der- nière. En effet, le foin de la Haute-Vienne, qui paraissait de très bonne qualité, a été trouvé inférieur comme com- i36 LE CHEVAL. position chimique et aussi comme aliment aux foins de Seine-et-Marne et de Bourgogne, que leur apparence désavantageuse avait fait regarder comme de qualité médiocre. L'analyse chimique nous semble donc constituer un moyen d'appréciation bien plus rigoureux que l'appa- rence extérieure pour fixer la valeur réelle des différents foins. Les expériences dont nous venons de donner le ré- sumé très succinct indiquent que le foin est une des denrées dont la composition varie le plus, et cependant il est souvent considéré comme l'aliment type. Nous devons donc aussi dire quelques mots de sa digesti- bilité. Digestibilitè. — Dans les expériences faites par MM. Mûntz et Girard à l'Institut Agronomique, trois foins différents provenant de récoltes du département de Seine-et-Marne ont permis de fixer les coefficients de digestibilitè, pour les fourrages donnés isolément, entre 69 et -j^ p. 100 pour les graisses, 73 et 80 p. 100 pour les matières azotées, 'j^ et 87,5 p. 100 pour les matières hydrocarbonées et la cellulose saccharifiable, 67 et 81 pour la cellulose brute, 52 et 82 pour les substances indéterminées. C'est la différence de composition qui explique ces grandes variations. Le foin est, en' effet, comme nous l'avons dit, un mélange complexe d'espèces botaniques diverses dans lequel telles ou telles espèces prédo- minent. L'époque de la récolte, les conditions de ter- rain et de climat influent aussi sur l'état d'agrégation des tissus. . Production du foin. — La France récolte des quan- tités considérables de foins naturels et artificiels pou- vant convenir à l'alimentation des chevaux, voici quel- LE CHEVAL. i37 ques chiffres des dernières années d'après les statistiques officielles : Prairies naturelles. Luzerne. Sainfoin. quintaux. quintaux. quintaux. I88I . . . 140468263 . 34987 3 14 17584174 1882. . . 157402636 38 90Q 967 21 520 824 i883. . . 173654698 42 379 248 21 734430 1884. . . 162712746 38 329 903 20 334268 i883. . . I70753917 38409801 22 5l I o3 1 1886. . . i65 159 633 36 966 708 2 1 386029 Les prés et les prairies artificielles occupent environ 5 159236 hectares, soit 9,9 p. 1 00 de la superficie terri- toriale de la France (statistique générale publie'e en 1 870). La production moyenne par hectare est d'environ 33 quintaux 02. Nous pouvons citer les prairies de la Bourgogne, de la Franche-Comté, du centre, des provinces de Test, de la Bretagne, du Limousin et enfin des environs de Paris, comme fournissant des foins de bonne qualité pour les chevaux. Prix. — Les prix à Paris sont très variables, et, pour les années que nous venons de citer, ils ont été' de 8 fr. 95 le quintal en 1882,8 francs en i883, 7 fr. 46 en 1884, 7 fr. 41 en i885 et 5 fr. 45 en 1886. Pour les vingt dernières années la moyenne a été de 8 fr. 32 le quintal. Pour la période décennale de 1873 à 1882, le prix moyen du quintal a été environ de 8 fr. 24. Gomme l'avoine, le foin paie à son entrée dans la plu- part des villes un droit d'octroi qui est à Paris de 6 francs pour les 100 bottes de 5 kilogrammes chaque. Transport et compression du foin. — Autrefois, l'approvisionnement des grands centres appartenait sans conteste aux pays qui avaient pour le transport de leurs produits les rivières. Avec les chemins de fer, et surtout i:^8 LE CHKVAL. avec rindustric du pressage, les fourrages de toutes pro- venances et même de toutes qualités sont arrivés en masse sur les marchés des grandes villes. Mais si les foins pressés n'ont pas toujours été bien accueillis, cela tient surtout au peu de soin et de sincérité qu'on a apporté dans la confection et la composition des balles. Bottelage. — Pour transporter facilement les foins, on a pratiqué depuis longtemps dans les grands centres de production une opération qui porte le nom de botte- lage, c'est-à-dire qu'on réunissait sous deux ou trois liens de foin, et quelquefois de paille, un certain poids de fourrages. A Paris, ces bottes ainsi attachées contenaient de 5 l Ci o / c e O CI r^ 1 . ^ - ^ o^ ~ "t * vr\ 1 c/: î^ C "■ c^r n- ./-; J ^ ;; o o "~* -9 c < i; ^ CT> '^ y. o irv c" o j~ c S = Cl Cl = 'c-. •w C c* t^ -Ji -t - W co - = "-1 cr-, O". Cl ,~ 'r- B o - CO ■^j. LTl VC ci^ O L/-> ï^ 1 -T o ^' cf, 4 o" I^ — "^ ^ 1 i. "*- >-i ^ ^ M — f. - i ~ c w-, ir, O "-. «i c U-. O U-. O M O I^ O c- CI ce o o o c if. 5 ce ._r, 00 fi o Cl r- co " c. pi W ci; ^ 'T t^ LO ^ c U-1 1^ Cl H- ■^ \ _■ , j o C CO c >— ■^ £^ - \r, î i^' = ~ 2 ""^ H 1 ^ *^> en ^T a o o ir. Ul / ;_• ^ en '^ a € ^' O O t^ ir^ ^' p S « O = ^ CT. - -7 "- X j_- -t- c „ O ^ Cl o o ir. ir. ~. rn C". Cl 1 d co vo un — '-c' d q_ ^ C ^- 'w Cl o 4 -o" t^ t^ H c: ce c ï = s = lo ^j~i o en / r^ lo -c^ q_ ■2 o iJ-> o O Cl en Cl en Cl r '^ "Z. L/-, C Cl Tl- C iTi VO u-i ^ f- ~ Cl C CO " oo Cl t^ e<-, ta m t-. .^ ir, r^ "-C o — C-i C 1 >•' Tj- Cl t^ "^ ■ri- ^O u-, O Cl -" ^y l^ O ^ ,^ en — r^ ',c C C) c — co t^ " f, l^ T — u-. co 'X' 'C Cl ,,- .a ^ M Cl — î? ' O o o c O o X yo s < O O o cy. co 00 o-- o f. 1 "^ o c vo o f) t-^ -î- -r — Ch i/-> M (O •o 'O = o = C^ a «-^ ' zc = ';^ = 'O a "- ■-O O M .^ _t X C^ -r in O T 6 e^i Tt- "" c^ - - r^- (O :c ~. ei X zr. c^ ce r^ _ T^, ^~ T~ 'O rr '^ u^* - O 'O ri •+ o_ ►— LTi r z (^ C oo o r^ - lTi o c^. o" r^ O c c tr, r^ u-, c ur, u-1 •/-. en ^r\ O O LT-. ^ XI "J-i c^ c^i r^ O i-^ en X X m ^- r^. 1-. — - --^ -h O X "^ - en e^, Oi C\ ^ o *, o o O rl- -+ e-) 'O cr. — 'T l^ r^ l^ .- r^ i^ cc 'O — en C^ M ^ X c^ c -i- en en lO e<~, X -r ei OO c^ X cr. e-, î-l t^ c-i en e*-, en O O O o X '^ '-0 r> c-, ^-i M c-i — -f- ?< ri — ri vr-i ,- a\ ,_- „ lO a^ „ = ""' = o ""■ a en =; ^ — C~t - ^ ■*"' 'T ■^ -r tF •'"' "*" O C Q ii-i X in ^o, CTi X LTi O^ 0\ U-. LT-, C% en o r) »-• cl -h C> .— o yo e, = C^ en LT-, - a^ o •-0 sa " /^, » c-~ e<) '^ X en ir-. o\ lT-j O X) lo CM — .r. -^ [^ X m ri C^ 3". r\ r^ X „ _i. - ZC '^ en '^__ o - C^ '-C X -j- Q — 4 ~. •-" c^ '-C X o' r^ o LT. LO a. 'o" r^ '-o" ^ ^ ■" " "■ O O u-, r^ tn o u-, o .n li^ LTi J-i O ri ce u-, .Y-l u-. C x c l^ r^ en X t^ e<-, lO ro ri -î- ^' •? "o" x" -< — i^ r<-, • c^ ' c^ e^ C l^ o '^' o -r -r "- ■-0 X - 'O t^ cr. l^ -. fi- ^> X o -t C^ e'i — t^ X LO O -r -n e-) i/~i 1^ X - f) r, r-. o^ cr-. C^ ~. ~r e^. C^ o o O X X '-0 M 7^1 ^ r-. - ei Ti- - e-, - r, O^ 3 .- ,^, ei cr. - -t U-. C". X e^, » •+ ir", r- ^^* *^ O". X r^i 'O O '-C t^ O u-i tr^ C - C "~> CI c^ en X lY-^ ■+ •^ 0-. M c^ r^, - -r - e-1 -^ « m — e~> 'O fl O r^ i^ -" -Th e-i e-l e^. r^, o - o O VO o o M Cl ce a; O O 1.^ Mrt cr, o-i O ^o »r% u-i c^ ;^i O o Cr^ O-, t-^ r^ ir-. ir-. M l-i en en r^ i^ en en M "-' -, ri X X -4- -+ e<~i m 1^ t-- en t^ -^ O 00 X M r, (^ r-. en e<-i O — ?) M ?^ «^' en rn C% 0-. -t ~l" Tt- Ti" M ri ri ri - _ — -r :t ^, "■• •^' t/ «i tA t/j « t/3 «3 t/i ,/, t/j î/; 2 '-^ 1) 11) O) (1) i> "j 0) ÇJ o r3 C C3 o H O foin. Yonne 75-9 Haute-Vienne 6,14 Nièvre 7^09 Aube ii;93 Seine-et-Marne 7)40 Seine-et-Oise 7,78 Meuse 6? 97 Doubs 6,82 Charente 6,65 Corrèze 6,64 C'est donc une moyenne de 7 fr. 47 le quintal pour les foins. Le prix moyen de la mercuriale à Paris était de 10 fr. 98 le quintal, celui du résultat des adjudica- tions de la guerre, 8 fr. 87, et enfin celui de la Compagnie générale des omnibus, 8 fr. 82. Il est vrai qu'il faut ajouter aux prix des départements les droits d'octroi qui sont deô francspourles 100 bottes de 5 kilog. et les frais de camionnage. LE CHEVAL. 167 Pour les pailles, nous verrons que les proportions sont les mêmes. Nous avons cité ces chiffres pour faire appre'cier tous les avantages que les chemins de fer peuvent fournir en établissant des communications faciles entre les régions riches en fourrages, et celles où ils sont rares. Mais pour jouir de ces avantages, la compression est indispensable. Altérations des foins. — Quand le foin n'est pas en balles pressées, m.ais en bottes ordinaires, il peut se conserver pendant une année environ, passé ce délai, il est généralement considéré comme vieux; il devient alors sec, cassant, poudreux; il perd son arôme et son goût; plus tard il se désagrège, contracte une mauvaise odeur, une saveur aigreet ne fournit plus qu'un ali- ment médiocre. Nous en dirons autant des foins lavés, vaseux,' fauchés trop tôt ou trop tard. Ces différentes altérations sont faciles à reconnaître à première vue, c'est pourquoi nous ne croyons pas utile d'entrer dans de plus grands développements. Ils doivent être rejetés de la consommation. Foins fermentes. — Le foin fermenté est celui qui aétémis en tas avant une dessiccation complète, c'est-à- dire qui a subi une légère fermentation. Dans ces con- ditions, il prend une couleur brun foncé, ressemblant un peu à celle du tabac sec; il a un goût particulier, et certains chevaux le mangent avec plaisir. En i883, le comice de Seurre a adressé une pétition au ministre de la Guerre demandant que les foins fermentes de Bour- gogne fussent acceptés pour l'alimentation des chevaux de l'armée ; une décision ministérielle du 26 octobre 1 886 a autorisé la mise en consommation de ces foins. Nous n'avons pas fait assez d'expériences sur les foins ainsi préparés, pour donner notre avis. Il est bien en^ 168 LE CHEVAL. tendu que nous parlons ici seulement de la préparation que dans quelques re'gions, comme dans TEst et sur les bords de la Saône, on fait subir à certains foins. Il n'est nullement question des foins qui , mal récoltés ou mouillés, ont fermenté et sont devenus ainsi impropres à Talimentation. Ces derniers ont une mauvaise odeur^ sont courts, cassants et couverts de moisissures. ^ II. — - SUCCÉDANÉS DU FOIN. Tout ce que nous venons de dire s'applique au foin naturel, qui compose surtout la ration ordinaire du cheval, mais on peut aussi y faire entrer le foin de regains ou le foin des prairies artificielles, malgré les attaques dont ils ont été l'objet. Regains et foins de prairies artificielles. — On donne le nom de regains aux foins de seconde coupe. Ils sont souvent bien inférieurs aux premiers foins, et on ne les distribue pas ordinairement aux chevaux; on les réserve pour le bétail. Boussingault avait cependant remarqué que, d'après l'analyse, le regain était plus nu- tritif que le foin. Les foins des prairies artificielles peuvent être consi- dérés comme un aliment très nutritif et d'un excellent usage, et d'autant meilleur qu'ils sont bien récoltés et distribués dans de bonnes proportions. Le sainfoin, le trèfle et la luzerne qui entrent dans la composition des prairies artificielles sont souvent mis en distribution pour les chevaux. Le trèfle incarnat constitue un bon fourrage pour les chevaux, et surtout pour les poulains. Le foin de trèfle ordinaire leur convient moins. Il les rend mous et indolents et provoque souvent les coliques. LE CHEVAL 169 On donne quelquefois les fourrages artiticiels à Te'tat vert. La luzerne perd au fanage 73 p. 100 de son poids; le trèfle fauché avant la floraison 79 p. 100; la même plante fauchée en fleur 75 p. 100; quant au sainfoin, il perd 68 à 69 p. 100. L'analyse chimique des foins de luzerne, de sainfoin et de trèfle, donne les résultats suivants. Luzerne. Sainfoin. Trèfle. Eau 18,10 15,48 i7j7o Matières azotées ^7^4^ 13,90 11,01 — grasses 2,54 2,80 2,19 — hydrocarbonées. 56, 10 61,45 63, 02 — minérales. ... 5, 80 '3, 3 7 6,08 Cette importante question de la consommation des foins artificiels a été tellement controversée, que le mi- nistre de la Guerre la ht résoudre d'une façon toute pra- tique, à Taide de nombreuses expériences faites sous les veux de la commission d'hygiène hippique, présidée alors par Magendie et ayant comme membres chimistes MM. Payen et Boussingault. Cette commission, d'après les heureux résultats ob- tenus dans 74 régiments et dépôts de remonte, a déclaré que le foin artiflciel pouvait être substitué au foin na- turel dans la nourriture des chevaux de Tarmée. Fourrages verts. — Beaucoup de personnes, consi- dérant que rherbe, telle qu'elle pousse dans les prairies naturelles, peut être regardée comme la vraie nourriture du cheval à l'état sauvage, pensent qu'il est utile de soumettre souvent ce dernier à cette alimentation, soit qu'on place le cheval dans des pâturages, soit qu'on lui donne une ration de vert à l'écurie. Les chevaux mis au vert perdent rapidement leur force, deviennent mous et paresseux, leur ventre lyo LE CHEVAL. se développe, et ils transpirent à la moindre fatigue. Quand on veut préparer de la nourriture verte pour les chevaux en dehors des prairies naturelles, qui sont très rarement mises en consommation directe, on mé- lange généralement le trèfle, l'avoine, la vesce, la luzerne, le sainfoin, et quelquefois le ray-grass, comme cela se fait en Angleterre. Des mélanges de deux ou trois de ces plantes forment une excellente nourriture verte, qui peut être admi- nistrée aux chevaux convalescents, blessés ou boiteux, qui ne doivent pas travaillerpendantun temps assez long. Souvent aussi on ajoute à la ration ordinaire sèche une certaine quantité de fourrages verts. Nous arrivons progressivement à donner aux chevaux de la Compagnie des omnibus envoyés aux fermes pour se refaire, jusqu'à 25 kilog. par jour, en laissant la ration entière de grains^ mais on doit prendre les précautions suivantes : 1° Suivre une progression lente pour mettre les che- vaux au vert; 2*^ L'herbe doit être fauchée chaque jour, et il faut éviter de la laisser fermenter; 3° On ne doit pas donner plus de 4 kilog. en commen- çant, et ne pas dépasser une ration de 20 à 25 kilog.; 4° On aura bien soin d'enlever des râteliers la vieille herbe avant d'en donner de nouvelle; 5° Le pansage sera fait avec le plus grand soin, et Teffet produit par le vert sur l'état général des animaux, sera bien observé; 6" Une ration d'avoine, qui sera au moins le tiers de la ration ordinaire, sera maintenue pendant tout le ré- gime du vert; 7° On veillera à bien abreuver les animaux. Quinze jours à deux mois de ce régime doivent suffire pour remettre un cheval convalescent ou fatigué. Il ne LE CHEVAL. 171 peut tirer aucun bénéfice d'un traitement plus long. Toutes les précautions que nous venons de résumer en quelques lignes doivent être prises aussi bien pourles chevaux mis au vert en liberté dans des prairies ou bien à l'écurie. Mais d'une manière générale il faut être très prudent dans tous ces changements de régime. La mise au vert en liberté ne donne pas toujours les résultats qu'on espère; en effet, les chevaux qui souffrent des membres ou des pieds prennent quelquefois trop d'exer- cice et leur situation s'aggrave. Lorsque les animaux passent de la nourriture sèche à la nourriture aqueuse, on remarque toujours un accroissement notable dans leur poids. Boussingault attribue ce changement au lest qu'on a introduit dans le corps des animaux et qui persiste, bien qu'en su- bissant des variations, pendant tout le temps qu'on administre le nouveau régime. Dans l'armée, les fourrages verts sont donnés, soit à l'écurie, à la ration entière ou au quart de ration, soit à la soûlée dans la prairie, aux chevaux et mulets désignés pour être mis à ce régime. Le cahier des charges prévoit que les fourrages verts devront se composer de sainfoin, de luzerne, de trèfle, et de tous autres produits de prairies naturelles ou arti- ficielles, selon la culture locale, remplissant les qualités requises pour que le régime du vert donne un résultat salutaire. Ajoncs. — L'ajonc, qui est une légumineuse, est un excellent fourrage vert pour les chevaux, on en donne beaucoup en Bretagne et dans le midi. Il présente deux variétés : l'ajonc ordinaire et l'ajonc queue de renard. L'emploi de l'ajonc est devenu facile avec les broyeurs Garnier et Tessier (fig. 28). Ces instruments lui en- lèvent ses épines et transforment cette plante en une 172 LE CHEVAL. pulpe onctueuse et appétissante. L'ajonc ne donne de récolte qu'au bout de deux ans, il est alors toujours consommé en vert. On le coupe au moment de le don- ner aux animaux. Un cheval peut en manger 20 kilog. par jour, on lui en donne surtout le matin et le soir, et lorsqu'il est habitué à cette nourriture, il laisse le foin pour rechercher avidement l'ajonc. FiG. 28. — Broyeur d'ajoncs. On peut le mélanger avec du foin, de la paille, des balles de céréales, du son ou des tourteaux. Nous en avons fait venir pendant quelque temps de Bretagne, et nous avons remarqué que les chevaux le mangeaient avec grand plaisir. Seulement la durée du transport était quelquefois trop longue, et l'ajonc arrivait dans de mauvaises conditions de conservation. La partie supérieure des tiges, verte et relativement LE CHEVAL. ii:> tendre, est généralement employée à la nourriture des chevaux qui la mangent bien après un broyage plus ou moins perfectionné. Nous avons trouvé dans le Bulletin des agriculteurs de France la composition chimique de Tajonc, et nous la rapprochons de celle que nous avons trouvée dans les analyses du laboratoire de l'Institut Agronomique, pour 100 kilog. de parties vertes d'ajonc. Laboratoire des igriculteurs de France. Laboratoire de l'iDstitut Agronomique ajonc demi-SPC. ajonc fr.ais. plus épineux. inoins épineux. Eau 27,62 65,38 63, 18 Matières azotées. . . 8,69 3,87 4,73 — grasses. . , 1,91 0.79 1,01 — sucrées . . 2,46 0,62 0,74 — amylacées. 6,40 5,53 5,49 — extractives 2 1,68 12^01 14,95 Cellulose brute . . 28,23 10,73 8,55 Acide phosphorique o,i5 ) Autres matières mi f 2,86 ) 1,07 1,35 nérales ..... Les ajoncs analysés par l'Institut Agronomique pro- venaient des environs de Carhaix (Bretagne). Comparativement, ce fourrage contient une moins grande quantité d'eau que le foin, la luzerne et le trèfle. La pratique a depuis longtemps reconnu la haute puissance alimentaire de l'ajonc. On a souvent constaté que les chevaux fatigués que Ton mettait à cette nour- riture se relevaient rapidement. L'ajonc est non seulement précieux comme fourrage, mais il peut aussi être avantageusement employé comme litière. Le fumier qui en provient est riche en azote. Alfa. — Nous ne citerons que pour mémoire cette graminée qui entre dans la ration des chevaux de l'Ai- 174 LE CHEVAL. gérie. Souvent les chevaux de l'armée, dans les expédi- tions du Sud, ne mangent que de l'alfa et de Torge. Cette graminée jonciforme, dont les chaumes sont simples et gazonnants, croît dans les bas-fonds un peu frais, les terres noires et argileuses; ses feuilles, cylin- driques, tubulées, sont grêles et très difficiles à rompre ; chacun de ses chaumes se termine par un seul épillet à deux fleurs hermaphrodites triandres,très velues, dont les deux ovaires soudés se réunissent en un seul ovaire sur- monté d'un style et d'un stigmate; cet épillet est entouré d'une feuille en forme de spathe conique; chaque loge du péricarde contient une semence. Parmi les stipes si nombreuses, puisque le genre en renferme plus de soixante espèces, la plus importante par ses usages éco- nomiques est, à coup sûr, la stipe tenace, stipa tenacis- sima de Linné, vulgairement appelée stipe sparte, ou simplement le sparte. M. L. Bastide, propriétaire dans la province d'Oran, a publié une brochure intéressante sur la végétation, la culture, Fexploitation et le commerce de cette plante. Elle s'adresse surtout à ceux qui emploient Talfa pour la sparterie : papier, nattes et liens, ornements, etc. Dans le sud de la Russie, du côté de Kerson, on trouve aussi des quantités considérables d'alfa ; cette plante sert à la nourriture de tous les animaux, mais surtout des moutons; on remploie aussi comme litière. En décembre 1884, M. le D"" Proust a communiqué à l'Académie de médecine un cas d'inoculation de pustule maligne d'un mouton russe à un boucher, par la graine du stipa tortilîs qui, grâce à sa disposition, pénètre faci- lement dans le corps des moutons, s'y implante comme un hameçon et n'en peut sortir par une marche rétro- grade. L'emploi de cette plante dans la fabrication du pa- LE CHEVAL. 17S pier, a donné de tels résultats qu'il est rare de la voir distribuer aux animaux en dehors de l'Algérie. Caroube. — Dans le Recueil de Médecine vétéri- naire ^innées 1877 ^t 18781, MM. E. Bonzom, Dela- motte et Rivière ont publié un travail intéressant sur le caroubier et la caroube, sur la plantation et le greffage du caroubier en Algérie, et sur la nourriture des ani- maux domestiques par les caroubes. Dans ce travail, les auteurs indiquent que cette nour- riture est en usage non seulement en Algérie, mais en- core en Espagne, en Italie ;dans les Calabres et en Si- cilei, en Turquie, en Egypte, au Maroc et en Tunisie. A Gibraltar et à Malte, les beaux mulets de l'armée an- glaise sont nourris avec un mélange de caroubes et de fèves, et ces animaux sont entretenus ainsi dans un excellent état de santé et d'embonpoint. Nous avons vu sur les bords de la Méditerranée, entre Toulon et Nice, plusieurs entrepreneurs de voitures publiques donner des caroubes à leurs chevaux. Nous en avons fait venir un gros échantillon, l'analyse faite par M. Mûntz au laboratoire de l'Institut Agronomique a donné : I. II. Eau i6^3o 11^4^ Matières azotées • . . 4j3i 1 P^ — grasses Oj34 o^qS Sucre de canne 3o,io n Glucose i4>^^ f ^ -- •.., Matières hydrocarb. diverses / 7 ^ /4 }^^ avec cellulose 32, 10 j — minérales 2,20 i3,82 Les chevaux auxquels nous avons fait manger ce fruit l'ont dévoré avec avidité. Nous n'avons pas pu faire une expérience sur une grande échelle, ni déter- 17(3 LE CHEVAL. miner quelle quantité il faudrait en donner en rempla- cement des grains. Mais voici quelques rations conseillées par MM. Bon- zom. Delamotte et Rivière. Rations Joniii^es par les Oimiil lUS de Saint-Eiig-èiiP convoyeurs pour chevaux à .\lg:er. et mulets français. Avoine ou orge o kilog. 4* à 6 kilog. Caroubes ........ () — 5 à 7 — Son ou farine d'orge. . . 4 — I ou 2 — Fourrage (foin et paille). 8 — 6 À S — Les mêmes auteurs conseillent en Algérie la ration suivante qui, au moment de leur expérimentation, soit en 1878, revenait à 40 francs par mois (i fr. 35 cent. par jour). Matin. — Orge ou avoine, i kilog. et caroubes, i kilog. Midi. — Orge ou avoine, i — et caroubes. 2 — Soir, — Son frisé. . . . i — et caroubes, i — Nuit. — Foin 3 — et paille. . . 3 — Ils ajoutent que toutes les personnes qui Tadminis- traient à leurs chevaux en étaient très satisfaites; les animaux étaient entretenus dans un bon état d'embon- point; le poil était toujours brillant et la vigueur ne laissait rien à désirer. L'île de Chvpré récolte de très grandes quantités de caroubes, qui sont expédiés en Angleterre. Dans ce dernier pavs on en donne aux chevaux et aux bétes à cornes. A cet etfet, les caroubes frais sont broyés et mélanges avec du maïs ou de l'orge concassés, et après mélange ils sont mis sous presse et transformés en tourteaux dont les chevaux deviennent extrêmement friands. Mais il y a là ce nous semble une industrie qui pour- LL CHEVAL. i«77 rait se créer; rien n'empêcherait en effet qu'on organi- sât une distillerie pour obtenir l'alcool après fermenta- tion des gousses, et faire servir ensuite les tourteaux provenant de cette opération à l'alimentation des che- vaux et des bestiaux. Nous ne croyons pas qu'il ait été fait de tentatives dans ce sens, et nous donnons l'idée pour ce qu'elle peut valoir. Lors de notre dernier voyage en. Italie, M. Miraglia, directeur général de l'agriculture au Ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et du Commerce, nous a facilité l'étude de l'alimentation des chevaux en Italie. Nous avons relevé les rations données aux chevaux de Naples, elles se composent pour ceux des voitures publiques de : kilog. Caroube 5à6 Son 5 à. 6 Gramen ou chiendent {Cynodon dactylon, L.) . . lo La ration entière de caroube et de son est consommée en trois fois, c'est-à-dire, le matin, à midi, et le soir. Pendant la nuit on donne le chiendent avec une petite quantité de carottes [Daiicus carota, L.) ou d'endive {Cichorium endivîa, L.), selon la saison. Gomme on le voit, les Italiens donnent souvent la caroube, mais encore ils font consommer comme four- rages en remplacement de foin le chiendent ou gramen, (Cynodon dactylon^ L.), l'endive ou chicorée fraîche {Cichorium endivia^ L.). Suivant les provinces, les chevaux de luxe sont nourris avec de l'avoine ou de l'orge, du foin, du son, et souvent les fourrages verts dont nous avons parlé plus haut. 12 CHAPITRE V LES PAILLES La paille est la troisième denre'e qui entre dans la composition de la ration classique du cheval. La bonne paille a une couleur jaune pâle, dorée, un goût et une odeur agréables. La paille peut être moisie, charbonnée, mais dans ce cas elle ne doit pas être em- ploye'e pour Talimentation. La vieille paille ne convient pas davantage; elle est pauvre en principes nutritifs. D'un autre côté, l'expérience nous apprend que la paille récemment récoltée, surtout lorsqu'elle est for- tement mélangée d'herbe, a, au point de vue de la santé, le même effet que le foin nouveau. Au bout de i8 mois, la paille a à peu près perdu toute sa valeur alimentaire. On emploie surtout les pailles de blé, d'avoine, de sei- gle, quelquefois d'orge et rarement les pailles des légu- mineuses. Cependant dans le Boulonnais on donne aux chevaux des pailles de fèves, de vesces et de pois. Elles ont à peu près la même valeur nutritive que le foin. Hen- neberg et Stohmann attribuent pour coefficient 5 i à la paille de fèves, 49 à celle d'avoine et 26 à celle de blé. Mathieu de Dombasle a dit que : « Le produit en paille LE CHEVAL. 179 est généralement en rapport avec le poids du grain pour chaque espèce de céréales, cependant avec des variations qui,dans certaines années,peuvent être fort considérables. « On peut toutefois s'aider des données suivantes pour évaluer la quantité de paille que produit généra- lement une récolte de céréales proportionnellement à la quantité de grain. « Pour le froment la paille est communément dans une proportion qui varie de deux fois à deux fois et demie le poids du grain. « Pour le seigle, la proportion de la paille au grain est ordinairement un peu plus considérable; mais sou- vent aussi, elle n'est qu'égale à celle que je viens d'in- diquer pour le froment. « Pour l'orge et l'avoine, la proportion est commu- nément de 160 à 200 kilog. de paille pour loo kilog. de grain. » Mais, d'une manière générale, les pailles ne consti- tuent pas un aliment pour les chevaux. On les fait pas- ser par le râtelier simplement pour les occuper pendant leur séjour à l'écurie. Les pailles servent surtout à for- mer les litières dont nous nous occuperons en parlant des écuries. Nous ne les étudions ici qu'au point de vue de leur présence dans la ration. Composition chimique. — Leur composition chi- mique explique le peu d'importance de leur richesse ali- mentaire. Paille de blé. Paille davoine. Paille de seigle, p. 100. p. 100. p. 100. Eau 16,69 i3,oo i3,2o Cendres 7^ 18 8,00 2,40 iMatières grasses. 1^67 ^^90 1^70 Matières azotées. 3, 69 ^}^9 5,25 Cellulose saccha- ritiable . . . . 16,87 ^^y^^ i3,i2 i8o LE CHEVAL, Paille de bit?. Paille d'avoine. Paille de seigle, p. 100. p. 100. p. 100. Cellulose brute . 32, 8o '^1,1^ 35^oo Substances indé- terminées. . . 21,20 23, ?8 3i,33 D'après les expériences faites par la Commission d'hygiène hippique du ministère de la Guerre, le foin pris, comme d'usage, pour base de toute comparaison, ayant un équivalent nutritif représenté par le chiffre i o, ne pouvait être remplacé que par 33 1/2 de paille de blé. Mais cette Commission, poussant le scrupule jus- qu'où il doit aller en ces matières, a constaté que si on prenait l'extrémité supérieure de ladite paille, com- prenant l'épi égrené, cette partie serait à peu près aussi nutritive que le foin. Digestibilité. — M. Mûntz, dans les expériences effectuées au laboratoire de l'Institut agronomique sur les chevaux du dépôt des tramways de Vincennes, a re- cherché la digestibilité de la paille de blé et a trouvé les chiffres que nous donnons ci-dessous. Le cheval ne recevait pas d'autre nourriture que 1 5 kilog. de paille par j our. On a recueilli ses déjections pendant treize jours. Le poids de ces déjections était de 422 kil. 5 renfer- mant 80 kil. 32 1 de matière sèche, soit par jour 32 kil. 5 de déjections renfermant 6 kil. 178 de matière sèche. Dans Dans Digéra 19.i kilog. 83021 kilog. Digéré. P- 100 d"aliments de déjections " de matières ingérés. sèches. ingérées. kilog. kilog. kilog. Graisses 3,256 0,546 2,710 83, i Matières saccharitiabics. . 32, 896 12,377 20,519 62,3 Matières azotées 7,000 6,072 0,928 i3,2 Cellulose brute 63,960 25,325 38,635 60,4 Substances indéterminées. 41,340 27,542 13,799 33,3 LE CHEVAL. 181 On voit par le tableau que nous avons reproduit en entier, parce que beaucoup de personnes croient la paille indispensable dans la ration du cheval, combien est faible sa valeur nutritive; elle ne fournit en somme qu'une certaine quantité d'éléments hydrocarbonés. La matière azotée qu'elle renferme se retrouve presque in- tégralement dans les déjections. Lorsque nous parlerons des litières, on verra qu'en raison de cette faible valeur nutritive et de son prix quelquefois relativement élevé, nous avons pu la retirer complètement de la ration. Les chevaux privés de paille, ayant une litière de sciure de bois, de tourbe ou de toute autre matière, et recevant un léger supplément de foin, n'ont nullement souffert de ce changement de régime. Compression et transport. — Les pailles qui sont mises en consommation doivent être, autant que pos- sible, garnies de leurs épis, en parfait état de conserva- tion, exemptes d'humidité et d'altération quelconques. Le bottelage des pailles, leur compression avec les machines, les tarifs de transport qui les concernent, soit par bateau, soit par chemin de fer sont les mêmes que ceux que nous avons décrits pour les foins (page I 37 et suivantes). Le tableau ci-joint, qui résume les opérations effec- tuées parle service des presses de la Compagnie des om- nibus, pendant les années 1880 à 1886, permet de se rendre compte de l'économie considérable réalisée sur les transports, en substituant le pressage par machines au bottelage ordinaire. LE CHEVAL. oc GO 00 00 S] w J < n . , 2 „ r^ ^ M cr. Cl en , ^ '. a i^^ _ M : l^ = 1^ _ i^ j:- X ^ «: ^ l eu ^— ^ es "" " " " • ''* S 1 u-. o r^ '/". l/-. i/"i >o fl o \ O — * ""■ ir. ^- '^ w"> ^ o VO y. i ""^ lO ri M X t^ t^ — T^ o J S ^ li^. - 3C ^ ^:^ _ u-^, •^ ^ c^. r^ ^ X o f ET ^ î^ " 00 * '*C * ■.^ ~ X ' X* s r^ ^ en •a c c r- y: CI lO TT cr. O i ^ c-, c , — ' — cr. r» li". X o ~. ^' — ~. — M — Cl C l^ K Ô - ^^ ^ C". C - X ?l li-. y: ^i O^ C-) -r '^' x^ a S .• T-i o ei 6 - C-. - C _r - - C. rT x' -" ci 1 a^ ^ 1 1 y. ; o "^ u^ ir» '^ X - vr-. c '<-! ir-, o = lO m e^, ^ < ^ t t^ o in c O;. r^ co X 00 ■^ c<-i en O} e^( \ ^ •i» ) ~ ^ "T M O — ^^ :^l -J- u-, t^ r^ O Tj- (N "O M X 1 = C". TT M -^ C' i/^* ^^ X — t^ ^ N X T vo 1 ^ ,_• 1-- >i-. ir-, '^" -^ X 0^ " lo r>. c lO en Ok < f = M :^, " c SI ^ C^ m M o li-> >J-i '-0 vn A^ 1 '^ lT, -^ O X ^ X 3C r. O C r>. '^ c-1 X -1- 'T - i ^ N« ■" o in 1 ° O " M l^ _ fi <^, j-i es c t^ ^ 1^ s 'T -^ T^- s ir-, = x^ " ^^« ;; O -i rî M C-l e<~i ■f. -f. 1 ~" ' 'O O ^ uTl C C u-^ X ■^ a; -^ M M .ri M •-< ^ l^ ^ 1 ? ^, rî Tj- ^r-, ^C "T ^ en aî ^ - O - X Cl * s = C _ o " X X _ X ' es en vn 1 --^ D r<~. M M '-^ _■ - zc M :<-, X r^, ~, _ >- l-^ _ _ 'r i^ O i/~i i '^ V X fi^ r^. c*". — r^j ?i — X^ l^ C_ c^, x^ C) H i .1." c-i yS ?i (^ - 'c" - t-^ — " l^ -" •^'' c-r 'c' -" '-C 1 — r. c ï 1 ^ 1 a: 5 O c ■ ri li-i lO "-> = C o >«-> iO O = c in m ' V es IC '<", X C". ""' fi X VC -T M u-i a\ in 1 -r 6-, T? C-1 l^ T X T^i ^* ■ o — I^ ^ iS" QC \c en ^ ïi i 5 0-. - fi "~i w'- "^ -^ -^ X - C^ Oi w cr» Ti- O f r^ ce Li-i c. r- o *. -^ C-. r^. ./-i c o en en 00 c = M C M X n M ~ f» M W ir% ►- o o X ! - • n c O '-C c ^r-i X >r. o l^ l^ T n vc: / - o ""• c ^ ■c o -^ O — ^. ■c c — O ^ o c n O - X ■B ^ "^j C**, C^. "- C-. o n «-1 o if t^ — w-, X '-0 o- r^, X •^ ^ >- [-^ X o-. o% X 'À 1 ^ - - - ^ — - ■" c. m 1 22 / C C M ?) — — ^^1 ?^ ^^* î^l '-^ 'so t^ r^ f) M ■-4 \ î**i ?'', -^ -^ (^ '-C ^ — ■— 1 t— 1 ■^ "T M M o o J ^ ^/". U-. t< t<. ./-l ir-. în c^. l^ t-^ r^ i^ en en o^ o^ Y, ■ *^ '•^ '■w •— • Hrt '-C 1^ ^ r- c o 00 X TT -r CI es f -2 C-. 0-. ^, c^, — (.M r<-^ fi r<-, c<-i lO u-i C O t> c^ r^j f^. X X r^ i^ C c un t/. 0-! ''• y: '■'■' t/ u: ,, '/- :y: /. '^" ''• A V t/i -j o - J î> o a> jj O 11 o ^ - iJ a — 5 "^ -^^ ^'S 3 "H -S "i S ^3 .^^ c ~. O "es 22 o »H et co ^ 10 co 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 ▼H tH tH •H •H •ipH r^ LE CHEVAL. i83 Cependant, nous ferons observer qu'on ne peut faire subir aux pailles une compression aussi énergique que pour les foins, sans les de'tériorer. La re'duction de volume ne peut guère dépasser un tiers du volume de la masse primitive. Si on veut pousser l'opération plus loin, les pailles ne forment plus que de mauvaises litières et les chevaux sont très mal couchés. Les pailles se vendent aux environs de Paris dans les mêmes conditions que les foins, c'est-à-dire bottelées à 5 kilog., 5 kil. 25o et 5 kil. 5oo, suivant l'époque de l'année et suivant qu'on s'éloigne plus ou moins de la récolte. Prix. — Le prix de la paille de blé était de 5 fr, 43 le quintal en 1880, de 5 fr. 79 en 1881, de 5 fr. 36 en 1882, de 4 fr. 79 en i883. de 4 fr. 95 en 1884, de 4 fr. 92 en i885 et de 4 fr. 94 en 1886. Nous donnons, d'après les statistiques officielles de i885, le prix de 100 kilog. de paille dans les dépar-. tements où la Compagnie des omnibus s'est approvi- sionnée pendant ces dernières années : Prix de 1 0 kilog. Yonne 5, 04 Haute-Vienne 4^78 Nièvre 3,76 Aube 5,19 Seine-et-Marne -^^41 Seine-et-Oise 3,65 Meuse 4,95 Doubs 4,00 Charente 4^37 Gorrèze 3^47 C'est donc une moyenne de 4 fr. 66 le quintal. Le prix moyen pour les vingt dernières années a été de 5 fr. 32 le quintal. Les pailles comme les foins paient des droits d'entrée l84 I^E CHEVAL. dans un grand nombre de villes. A Paris, ce droit est de 2 fr. 5o par loo bottes de 5 kilog. Les pailles d'avoine et de seigle coûtent environ 5 francs de moins par i oo bottes que la paille de blé, mais ce prix varie beaucoup suivant les localités qui em- ploient d'une manière plus ou moins fructueuse ces différentes espèces de paille. Pendant longtemps les pailles ne se vendaient à un prix élevé que dans les environs des grandes villes ou dans les garnisons de cavalerie pour la litière des che- vaux. Mais actuellement les prix tendent à s'unifor- miser, par suite des facilités de transport que donnent les tarifs spéciaux admis par les compagnies de chemins de fer pour les fourrages. Comme pour les foins, l'emploi des presses est venu permettre aux consomma- teurs d'aller chercher assez loin une denrée aussi en- combrante que la paille. Les principales contrées de la France qui fournissent une assez grande quantité de paille sont les départe- ments que forment la Beauce,la Brie, le Berry, et enfin ceux du Nord et de l'Est. Par suite d'un plus grand usage des engrais chi- miques, les pailles ne restent plus dans les fermes et paraissent sur les marchés où elles trouvent des prix quelquefois très élevés, puisqu'ils ont atteint parfois les chiffres de lo à 12 francs le quintal. C'est pourquoi on a employé souvent pour litières d'autres substances, telles que Le sable, les bruyères, la sciure de bois et surtout dans ces dernières année3 la tourbe. Nous reviendrons sur ce sujet à propos des écuries. CHAPITRE VI RACINES ET TUBERCULES S 1. CAROTTES. Emploi. — Les carottes ne peuvent fournir à elles seules la ration du cheval, mais elles ont une très grande valeur comme supplément de cette ration, à cer- taines époques de l'anne'e. On les considère, non seulement comme formant un aliment, mais encore comme ayant une action rafraî- chissante sur l'organisme animal; l'administration de ce fourrage constitue une ve'ritable cure d'où les ani- maux sortent en ge'néral dans un bon état de santé. Mais son rôle comme aliment n'est nullement sans im- portance puisque, quand on en donne aux animaux, on peut supprimer une quantité jugée équivalente de son ou de foin. Ordinairement, on donne les carottes crues; on les lave et on les coupe en tranches minces. On peut en- core les mélanger avec les grains ou avec des fourrages hachés. En général, nous les donnons en en faisant une ration i86 LE CHEVAL. distincte et en remplacement de la ration journalière de son, qui peut être de 400 grammes environ. Dans ce cas, la substitution doit se faire avec i 200 à i 5oo gram- mes de carottes. Quelques personnes ont pre'tendu qu'on pouvait re- trancher une certaine quantité de la ration d'avoine, mais nous engageons les propriétaires de chevaux à agir avec beaucoup de prudence dans cette voie. Les racines que l'on donne aux chevaux sont surtout la carotte blanche à collet vert, la carotte jaune de Flandre, la carotte rouge de Hollande. Composition. — Dans les expériences faites à l'In- stitut Agronomique par MM. Mtintz et A.-Ch. Girard, sur la digestibilité de la carotte, on a employé la ca- rotte blanche à collet vert. Elle avait la composition chimique suivante : Matières azotées 1,19 Sucre 2,09 Graisse 0,17 Corps pectiques i,23 Cellulose saccharitiable '^84 Cellulose brute 0,86 Substances indéterminées 1,90 Gendres 1,39 Matière sèche 10,67 Eau 89,33 Digestibilité. — Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant : Dans 880 kilos de i-arottcs ingérées. Déjections sèches. Digéré p. 100 de matières ingérées. grammes. grammes. grammes. Matière sèche 93896,0 iï5'75,o 82321,0 87,60 Cendres 12232,0 7219,3 5 012,7 40^9^ Graisse 1496,0 652,8 843,2 56,36 LE CHEVAL. 1S7 Dans Dijfi'-ri'- 880 kilos I)éjc(>tions T\ai.' p. 100 de carottes sèchfs. '" ' «le. matières ingérées. ingérées. grammes. grammes. grammes. Sucre 18392,0 » 18392,0 100,00 Cellulose saccharitiable. 16192,0 3i8,3 13873,7 98,03 Cellulose brute 7 568,o 737,3 6 83o,7 90,25 Matières azote'es .... 10472,0 i 121, ô 9 35o,4 89,28 Matière pectique. . . . 10824,0 » 10824,0 100,00 Substances indétermi- nées 16720,0 I 525,6 1 5 194,4 90,88 La jument sur laquelle Texpérience a été faite a été peu à peu habituée à ce régime exclusif; elle recevait 40 kilog. de carottes par jour et était au repos complet. Son poids a peu varié pendant les vingt-deux jours qu'elle a été soumise exclusivement à cette alimenta- tion; il avait plutôt un peu augmenté. Les principes sucrés et les substances aromatiques que contient la carotte lui donnent des qualités sapides qui doivent contribuer à augmenter la digestibilité de sa matière azotée. La conclusion de ces recherches est que la carotte est un aliment que l'organisme du cheval peut utiliser presque en totalité, ce qui explique qu'elle passe pour pouvoir remplacer sans inconvénient une partie de la ration d'avoine des chevaux. ^ IL TOPINAMBOURS. Emploi. — ■ Dans certaines parties de la France, dans le Poitou, entre autres, on a introduit avec succès le topinambour dans la ration alimentaire du cheval, surtout dans celle des juments poulinières et des poulains. i88 LE CHEVAL. Le topinambour est cultivé dans beaucoup de dé- partements; il est extrêmement rustique, ne redoute pas les tempe'ratures extrêmes, s'accommode des ter- rains les plus maigres, même quand ils sont peu pro- fonds. Certains éleveurs ont avancé qu'on pouvait rem- placer Tavoine par ce tubercule et on a souvent insisté auprès de nous pour que nous entrions dans cette voie. Composition. — MM. Mûntz et Girard ont obtenu les résultats suivants dans l'analyse chimique de topi- nambours de diverses provenances : Vienne. Dordosrne. Charente. Seine. Matières azotées. . . 2 , I 6 2,o3 2,00 2,27 Sucre et inuline.. . . 14,83 14,27 i3,4o 12,42 Matières grasses. . . o, 22 0, 12 0, 1 1 0, 1 1 Cellulose • 0,87 0,88 0,86 0, 66 Corps pectiques, etc.. 2, 10 4,09 2,64 2,59 Matières minérales. . 0,95 1,43 1,39 1, 65 Eau . 78,85 77, i« 79,60 80, 3o On sait que la teneur des tubercules en matière sucrée est assez considérable. La matière azotée y est relativement peu abondante, un peu supérieure à 2 p. 100. Ce sont les éléments carbonés qui domi- nent et ceux-ci se trouvent sous une forme très assi- milable. Pour le démontrer, les deux expérimenta- teurs ont fait de ce tubercule l'aliment exclusif d'un cheval, en lui enlevant graduellement les autres den- rées auxquelles il était habitué depuis longtemps. On était arrivé ainsi à lui faire manger 3o à 35 l^ilog. par jour. Digestibilité. — Le tableau suivant exprime la pro- LE CHEVAL. i8q portion dans laquelle les différents éléments du topi- nambour sont utilisés : Dans 930 kil. Dans 16 203 gr. Digt^ré. Digéré de topinam- de déjections — p. 100 de bours ingér''■ Pour des ehevaui pesaut En matières Ea eifraclif En matière en moyenne. azotées. non azote. grasses. kilog. grammes. grammes. grammes. 548 I 595 9 582 45 I 557 I 619 9826 423 552 r 488 8706 55i H LE CHEVAL. Ce qui donne dans chaque ration, par kilogramme de poids vif : Pour Pour Pour la Ir» stTie. la 2c série. la 3» série. grammes. grammes. grammes. Matières azotées. . . . 2,91 2,899 2,697 Extractif non azoté . . ^7A^ ^7A^^ 1^^770 Graisse 0,82 0,757 0,998 Le rapport de la matière azotée à l'extractif non azoté a été 1/6 et à la matière grasse 1/0,28 à 1/0,37. Et si nous prenons la somme des aliments, grains et fourrages, nous avons pour moyenne une quantité de 16 gr. 5 de nourriture par kilogramme de poids vif. Avec ces différentes rations les chevaux se sont par- faitement maintenus, ont satisfait au travail régulier de la ligne des tramways de Vincennes à Paris, en même temps que leur poids restait sensiblement le même. Les expériences ne se sont pas bornées à ces trois séries, nous en avons encore fait trois autres, dans les- quelles les quantités d'éléments nutritifs ingérés ont eu des variations plus ou moins importantes, destinées à résoudre d'autres parties essentielles de l'alimentation des chevaux. Nous en parlerons plus loin à propos des substitutions, mais dans tous ces cas, la ration restait toujours à peu près la même comme poids total et comme contenance en éléments chimiques. Dans ces expériences, il y avait des chevaux de tout âge, depuis 5 ans jusqu'à 18 ans, de taille à peu près semblable, de i™,6o à l'^^GS, et dont le poids variait peu d'un sujet à l'autre. Comme Baudement, nous avons constaté que « pour des chevaux soumis au même régime alimentaire et placés dans des conditions absolument semblables, les variations paraissent résulter de l'action combinée I.E CHEVAL. 211 du poids, de l'âge et de la dimension des animaux; l'âge e'tant celle de ces trois causes qui aie moins d'influence, du moins quant aux adultes de 5 à 17 ans ». Nous avons trouve' ainsi pour un même animal des différences quelquefois considérables, mais comme nous avons agi sur un plus grand nombre de chevaux et peu- plant un temps beaucoup plus long, il est à remarquer que les variations ont été moins exagérées que celles que Baudement avait signalées. Gela tient à ce que les chevaux en expérience étaient soumis à un régime constant et convenable, et à un tra- vail régulier, et que dans ces conditions les variations de poids d'un petit nombre de kilogrammes n'impli- quaient pas une modification de Tétat général. Ce n'est que lorsque, d'une pesée à l'autre, la différence du poids est notable ou que cette différence se manifeste d'une façon graduelle et constante dans le même sens, que l'on peut conclure à un changement d'état. En résumé, les conclusions générales formulées par Baudement se sont trouvées absolument vérifiées dans cette longue expérience, c'est-à-dire que : a L'amplitude des variations de poids semble rester à peu près constante, quand on opère sur un nombre suffi- samment grand d'animaux, même différents de poids, d'âge et de dimension. Mais les compensations entre les pertes et les gains successifs donnent une différence finale d'autant moindre que l'on prolonge davantage l'expérience. » Boussingault, dans les expériences précises qu'il a instituées sur la ration quotidienne strictement indis- pensable aux animaux, avait trouvé qu'un cheval de 5oo à 55o kilog. exige par jour environ : kilog. Matières azotées i ,000 Matériaux respiratoires 2,540 213 LE CHEVAL. Baudement en discutant les expériences de Boussin- gault, qui voulait sous une autre forme que la nourri- ture qu'un cheval consomme par jour soit équivalente à I 5 kilog. de foin, c'est-à-dire en moyenne à 3 kil. o8 de foin de prairies naturelles, pour l'entretien diurne de 100 kilog. de poids vivant des chevaux travaillant huit à dix heures, Baudement avait trouvé aussi pour de^ chevaux de 5oo à 55o kilog., travaillant de huit à dix heures par jour, que la ration, quelle que soit sa composition, devait au moins contenir : kilo?. Matières azotées 1,020 Matériaux respiratoires 3,i83 et qu'au-dessous de ces quantités, comme c'était le cas des chevaux de la cavalerie de réserve, sur lesquels Baudement faisait ses expériences, il y a perte du poids vif 1. Dans les trois séries de nos expériences faites à la Compagnie des omnibus, nous voyons que les chiffres que nous venons de citer ont été fortement dépassés, mais il est bon de dire tout de suite que pendant toute cette période d'expériences, chaque paire de chevaux, faisant son service ordinaire, a parcouru en moyenne 17 kilom. 02 3 mètres par jour, ou plus exactement la plus grande partie des chevaux ont fait par jour deux courses ou 16090 mètres et 25 à 3o chevaux quatre courses ou 32 180 mètres. Mesuré au dynamomètre, le travail de cette ligne a donné, avec une moyenne de 5 9 voyageurs par course, 556 903 kilogrammètres par cheval, et l'effort moyen de traction variait entre 9 et i i kilogrammes par tonne. 1. Annales de l'Institut Agronomique, juin i852, i'^ année, jrc livraison. LE CHEVAL. 21 3 Nous ne pouvons bien entendu considc'rer ces derniers chiffres que comme des moyennes, car nous avons sou- vent fait remarquer combien les diflîculte's de la trac- tion, et par conse'quent la fatigue de l'attelage, peuvent être augmente'es par un mauvais me'nage, par les arrêts fre'quents, par la neige ou le verglas, et par toutes autres circonstances qu'il serait trop long d'e'numérer. Mais le résultat certain et indiscutable de cette expe'- rience qui a dure' i8 mois, c'est que la ration distribuée s'est trouvée suffisante pour entretenir des chevaux chargés d'un travail qu'on peut considérer comme régulier. Wolff, dans son ouvrage sur l'alimentation des ani- maux domestiques, dit que, pour un cheval de culture pesant environ 5oo kilogrammes, la ration journalière devrait comprendre : grariiiiicî. Albumine 900 Matière non azotée 6 3oo C'est un rapport de i/3. Ce chiffre est encore au-des- sous de celui que nous avons obtenu. Mais il s'agit ici d'un cheval devant travailler au pas, pendant un temps plus long. Nous avons l'intime conviction que ces der- nières conditions de travail sont moins pénibles ; d'autre part, ainsi que nous le verrons plus loin, l'assimilation des différents éléments qui constituent la ration se fait dans de bien meilleures conditions chez le cheval tra- vaillant au pas que chez celui qui, enlevant au grand trop une charge très lourde, doit satisfaire à des efforts considérables. Si nous calculons les rations de toutes les compa- gnies de tramways et d'omnibus que nous avons relevées sur les rapports annuels publiés par les conseils d'ad- 214 LE CHEVAL. ministration, nous voyons que nous trouvons à peu de chose près les mêmes éléments dans leurs rations que dans celles qui ont été expérimentées par nous. Prenons par exemple la ration journalière des che- vaux de tramways de Berlin en 1886, nous trouvons : kilogrammes. Avoine 3 160 Maïs 4780 Foin 4000 Paille 3 180 Soit ib 120 Si pour calculer la composition des fourrages, nous prenons pour base les analyses qui ont servi pour nos expériences, nous avons : grammes. Matière azotée i 097 Extractif non azoté 7 806 Matière grasse 533 Les chevaux des tramways de Berlin pèsent en moyenne 5oo kilog. La ration par kilogramme de poids vif, contient donc : grammes. Protéine ' 219 Extractif non azoté 14 01 Graisse i 06 On voit combien cette ration, qui est tout à fait pra- tique, puisqu'elle est indiquée dans le rapport du con- seil d'administration pour 1886, se rapproche de celle que nous avons obtenue dans le cours de nos expé- riences. Mais ce qui démontre bien que notre calcul est juste, ce sont les renseignements contenus dans un rapport qu'avait bien voulu nous communiquer M. Grandeau, LE CHEVAL. Mb le savant doyen de la Faculté de Nancy, sur un voyage qu'il lit à Berlin en 1877. Il donne la ration de cette même compagnie à cette époque ; elle se composait de : kilog. Avoine 4,000 Maïs 4,000 Foin 3,5oo Paille 3,5oo pour les chevaux du dépôt d'Ackerstrasse. M. Grandeau avait trouvé à l'analyse les chiffres sui- vants : grammes. Matières azotées i 126 — • hydrocarbone'es 8 623 — grasses 391 Cellulose 2 5qo Substance organique i3 io5 Ce qui, disait-il, pour i 000 kilogrammes de poids vif et par jour, donnait : kilog:. Matière azotée 2,260 hydrocarbonée 17,246 Graisse 0,782 Cellulose . 3, 180 Nos chiffres sont donc presque identiques pour une comparaison faite à dix ans de distance. Le rapport de là protéine à l'extractif non azoté est dans les deux cas égal à 1/7 et presque 1/8. Nous trouvons aussi par kilogramme de poids vif environ 16 grammes de grains et 14 grammes de four- rages. Si nous calculons la composition des autres rations ligurant au tableau (page 217), nous arrivons au même résultat, car les compagnies ont trop d'intérêt à ne 2i6 LE CHEVAL. donner que la ration exactement nécessaire. C'est là un fait pratique conside'rable que nous devions signaler à l'attention des personnes que la question inte'resse. Nous reproduisons donc les rations d'un grand nombre de compagnies de transport et nous voyons que dans ces sociéte's, où le travail des chevaux est par- faitement connu, et où la comptabilité est très exacte, il est facile de vérifier les quantités administrées, en même temps que le rapport qui existe entre les diffé- rents éléments nutritifs qui constituent la ration. (Voir le tableau donnant la composition de la ration des che- vaux, page 217.) Nous pouvons donc confirmer d'une manière scien- tifique le procédé empirique qui avait fixé de la manière suivante la ration d'un cheval pesant deSoo à 55o kilo- grammes et d'une taille de i m. 60 à i m. 65 : Grains Sàg kilog. Foin 5 à G — Paille 5à6 — Nous voyons aussi que le rapport de la matière azotée à la matière non azotée est entre 1/6 et 17. M. Sanson, dans son traité de zootechnie, admet que la relation nutritive pour les chevaux adultes doit être comme I : 5. Mais dans nos différents essais nous avons trouvé que la relation nutritive était i : 6 et i 17. Si dans une administration on cherche à arriver le plus près possible de l'utilisation de la nourri- ture distribuée, il n'en est plus de même dans la ferme, où l'excès de principes immédiats non di- gérés se trouvant dans les fumiers n'est pas tout à fait perdu. M. Sanson a très bien fait ressortir ce côté de lu question. r,E CHEVAL •jj.»i|Baanol •|PA?llO .ipd 13 ^, _ _,^ O -r. - -X) C C ^ O •- „ UOIICJ C| ^p autBiuDs JBd à ^. "p^:- fr"^' ~-~ °-^ ^^' '^ " ^' '■^'^' ° " in.turfj HP ïij. û/l "iptl^ 1=^ l- - C-l 1^ 0 — C ~. M ïn .— s i =: s s s :: - ^ - ;= s - ;: — .J, L^ - ;^ ^ — -^ ''^ 1' , s - = = '<-. c-1 ri C v: .<-. ^ — /■' r^, c. tn X cr. :r .-= = = -^= = aa^:^^r;^^-s^^= = aCff = =C ~ - M C O C.'O _* '-C l^ ■= .- i = I^^ = a = = ^;i = - = "TC<:=^s- = = = = = -^ ~ O O -'-. r', .r. u-, O '-C :o - 'rs - C — o •j". ur. c-i n 'c; Oi i^ o t^<-i ~ i^ o — ~ i.s— =a— =ri = c-i = — OCOOO^-= = = î;r--. = =;j-)i: "' "" C o" C 6 666066^ C o~ C r^, 0 ^"^ 0 0 i-^ — — -t'O 30 cr. 0 0 0 ri ur. 0 0 r^ S- _; '^ LT. ■ - ir, 0 0 — r^ c-i r<-i t^ OD CTi o: 0 ri -1 vo — 0 r^i f ~ -T c - ^. c '.-. 0' 0 ^ Lo t^ LT, n -r M 0 0 -f — 0 ^1 "- cr. '-C O O -, — ri LT. -rfm 0» ri TT >-< r<-, n c<-, en -rren 'O c» — "-. 0 "-> - • t-« -r ce DC ~ — 10 M i-« r^3ri 1-1 CTi 0 TT 0 -T'O 'O u-i 'O c<-, ir-. — --- c^, f*-i ./-> f-, uT-, w-i 0 c^j C^. t}- -+,n t<-, -t — "J^ M c^. ^. 0 0 - ■i_ r^, f^, -^ — — — 0 l^ t^ fl É . LT-, U-» a-, — — — i^ -r c-1 (-1 "^ i c 0 c - - - 0 ,':^ 0 0 e-) - ■^ r^r«~. t^ - c<- .m~-rOOO "^«o r^'i-i lo „ y _• c. t^ ^^ r^ fi -T 0 oc — ir-, 0 >^i "* i-^co r^ 0 c^, ,:i' i; 0 0 0 r^"-. - oc 0 0 r^'O '^ -+LO 0 '-0 0 0 X ^. 3C oD 0 C) r: _• '-C -C 'C t^r^, M î-l 0 iri n 0 '-C r^ir-, LT, O-.'O LT. c. — " 0 0% ■— ■- c^, rn CTN — u-^ = i^vc en = a^ CTi C-i - -rO OiO-X-H-^— Ot^ " " " " r^ — c , ■-■ C) l-^ X X 0 >J"i Ti- tr> t--. t"-» M '/-■ 0 O^.LO ,~ • • • •,.:,_!,• • ■ ^' • • ^ • ■ • • X X • • . -^ . . . . . . X ir 3C V^ -. - — ^ , f— i ^ . t/^i ,^,— »^ — ^.-^ T3 " tA c ^ J^ ^?^-S -^ :^ -.-^^-^^-s ^ • '.^ ^x a.x • '- --~'-c . 'O 3 S '-' - c:; X ^ - X X 0 - • - se '-o X rr- oo ^ ■. -j — - 2= c 1 'Î3 0 ■^ A ^ tt -p . c/) 0 ^ Tï ■^- - ^' SE 0 0 ?= 0 -^ -• 5 5 5 .E > « i ^ = î ^^ 1 1 1 1 1 1 1 1 ! 1 1 ! 1 1 1 H hJ -' X es J S C W Q -P g ^■^ — -^^b. . — '^ 1 •S3StF(ï;U ?. S?t US ^A LUC Q Of- 1 2i8 LE CHEVAL. Les considérations que nous avons exposées plus haut montrent qu'il n'y a pas lieu de donner des rations aussi fortes aux chevaux de la ferme, à cause des diffé- rences dans la nature du travail, mais les chiffres que nous avons cités pourront servir de base à la fixation des rations. Ration d'entretien. — Étant bien établi que la ration moyenne que nous venons d'étudier pour des chevaux de 5oo à 55o kilog. de poids vif remplirait toutes les conditions voulues pour maintenir en bon état ces chevaux qui donnent le maximum du tra- vail qu'on peut demander, nous avons recherché quelle pouvait être pour ces mêmes chevaux la ra- tion d'entretien. Nous avons déjà dit qu'on appelle ainsi la quantité d'aliments nécessaire à un animal pris dans les conditions normales, pour subvenir aux besoins de son organisme sans effectuer aucun travail. A cet effet nous avons isolé plusieurs chevaux dans des box, où ils pouvaient être considérés comme ne produisant pas de travail. Ces expériences ont été faites, comme les autres, au laboratoire de Vincennes, sur un assez grand nombre de sujets, et pendant un temps assez long, plusieurs mois, pour faire disparaître rinfluence de l'individualité. Nous avons procédé par tâtonnements, en employant la même méthode que pour déterminer la ration de travail, c'est-à-dire en admettant que le poids vif du cheval est une indication exacte pour savoir si la ration donnée est insuffisante ou trop élevée. Des chevaux choisis parmi ceux qui ont été pendant i8 mois soumis aux expériences générales et qui s'en- tretenaient le mieux, ont été isolés dans un box et ont reçu les fractions variables de la ration de travail. On a ainsi déterminé quelle était la somme d'aliments qu'il LE CHEVAL. 2iq fallait donner à ces chevaux pour que leur poids restât sensiblement constant. On a d'abord donné environ le i/3 des rations indiquées pour le contrôle des expé- riences de Baudement. Avec cette quantité, les chevaux ont maigri, donc la ration n'était pas suffisante pour les entretenir. On a ensuite donné la moitié des mêmes rations et les chevaux ont immédiatement repris de l'état et ont dé- passé leur poids primitif. Voici les différents poids moyens constatés : Poids après Poids après Poids a l/.-» de 1 ; 2 de origine. la ration. la rafioD. kilog. kilog. kilog. 542 5o5 553 558 540 567 535 517 545 D4D DI2 347 Cheval n" i — no 2 — n» 3 — n" 4 La moitié de la ration de travail peut donc être regardée comme supérieure à la ration d'entretien réelle. Ainsi donc la fraction des 4/12 a été manifeste- ment insuffisante, celle des 6/12 généralement trop élevée. C'est alors que nous avons essayé sur 6 chevaux les 5/12 de la ration de travail. Dans ces conditions, les chevaux ont ou diminué, ou augmenté de poids dans des limites peu écartées; Teffet de l'individualité se fait toujours sentir, il est vrai; mais il semble qu'il serait difficile de trouver une ra- tion plus rapprochée de la ration d'entretien théorique, puisque le poids total des 6 chevaux en expérience, qui était à l'origine de 3i38 kilog. s'est retrouvé à la fin être de 3 187 kilog. soit une augmentation de 8 kilog. par cheval pendant 3o ou 40 jours du même régime. 220 LE CHEVAL. Les 5/12 de la ration de travail correspondent aux quantités suivantes : kilog. Avoine i,25o Maïs 1^875 Féverole 0,625 Son o,i6G Foin i,25o Paille 2j5oo et renferment comme principes immédiats : grammes. Graisse 228,8 Amidon et analogues 2 568,6 Substances inde'terminées i 159,2 Cellulose brute i 5i7,q Protéine 628,0 Nous avons donc le rapport de la protéine à l'extrac- tir non azote e^al a - — ■• ^ b,4 Nous verrons que les mêmes expériences, reproduites sur des animaux de petite taille, ont donné les mêmes résultats. Ration de transport. — Après nous être rendu compte de ce que devait comporter la ration d'entretien, nous avons recherché s'il était possible de déterminer la quantité d'aliments nécessaire pour la ration dite de transport. A cet effet, d'accord avec M. Muntz, nous avons in- stitué l'expérience suivante. Le 4 février i885, 4 chevaux furent choisis et retirés de leurs attelages oii ils fournissaient le travail ordi- naire de la ligne du tramway de Paris à Vincennes. Ils reçurent les rations suivantes, qui toutes étaient des proportions plus ou moins élevées de la ration type LE CHEVAL. 22 I que nous avons véritiée plusieurs fois, et qui était ab- solument indispensable aux chevaux faisant le service ordinaire de cette ligne. Ces rations étaient ainsi composées : SUBSTANCES ENTRANT DANS LA COMPOSITION DE LA RATION Du 4 ( Ration de tra au 2 2 février. \ vail, 5/i2 . . Deux chevaux at teiés, 7/12. . Deux chevaux en main, 6/12. Chevaux attelés 9/12 Chevaux en main, 7/12 Chevaux attelés 1 1/12 . . . . Chevaux en main, 8/12 Chevaux attelés 12/12 . , . . Chevaux en main, 8/12. . . Du 23 au 26 février. Du 27 février au • 20 avril. Du 21 avril au 6 mai. Du 6 mai au 21 mai. iToine. kilog. 1,406 1,969 1,687 î,53i 1,969 3,094 2.25o 3.375 2,230 Maïs kilog^ 2,1 10 2,953 2,532 3.797 2,953 4,641 3,375 5,o63 3,375 Féverole. kilr,g. 0,094 0,328 0,281 0,422 0,328 o,5i5 0,375 0,562 0,375 Son. kiloir. 0.060 0,223 0,200 o,3oo 0,233 0,367 0,267 0,400 0,267 Foin. ; l'aille. kilog. 2,08 5 2,917 2,369 3,75o 2,917 4,583 3,333 5,000 3,333 kilog. 1.625 2,5oo 2,o3i 3.046 2,369 3,724 2.709 4,o63 2,709 La ration était distribuée de la manière suivante Faire boire G heures du matin, 1/3 de grains 6 h, i|4 — Pesée des chevaux q h. 1/2 — 1/3 de grains 10 heures — Faire boire Midi. Foin et barbotage 3 heures du soir. Faire boire 6 h. 1/2 — 1/3 de grains et paille 7 heures — 222 LE CHEVAL. Les grains nettoyés e'taient me'langés, comme ils le sont ordinairement dans la ration. Pendant les i8 jours où la ration d'entretien fut pres- crite, les chevaux étaient pesés, comme il est dit plus haut, à 9 heures et demie du matin, c'est-à-dire toujours à la même heure. Mais lorsqu'ils commencèrent le travail, ils furent pe- sés avant le départ et le soir à la rentrée définitive. Les chevaux recevaient les mêmes soins que tous les autres composant l'effectif de la ligne, leur litière com- posée de paille était bien séparée pour chaque cheval et on laissait les chevaux la manger, comme ils le font or- dinairement. Avant de rendre compte des pesées, nous devons faire connaître le travail qui a été demandé à ces che- vaux. Les n"** 1870 et 2478 furent attelés à un chariot chargé de barres de fer et du poids total de 3 600 kilog.. qui est à peu près l'équivalent d'un omnibus complet à 26 places, c'est donc un poids à traîner pour chaque cheval de i 800 kilog. Les deux autres chevaux T646 et SgSo, suivaient le chariot. Munis d'un licol et d'une couverture, ils étaient conduits en main par un homme placé dans la voiture, afin d'éviter qu'ils ne se fissent traîner. Dans ces con- ditions, ils n'avaient donc qu'à transporter leur propre poids, tandis que les premiers étaient dans les condi- tions d'un travail ordinaire, plutôt facile, à cause de la distance à parcourir. En effet le chemin fixé était la distance qui existe en- tre le dépôt de Vincennes et le dépôt du Trône, en sui- vant la grande rue de Vincennes et le cours du même nom dans Tintérieur de Paris, soit une longueur de 3 kilomètres. Pendant toute la durée de cette expérience, le temps l.K CHKVAL 223 n'a pas accru les difficultés de traction, il n'v a eu ni neige, ni verglas. Pour être bien sûr que le parcours était tous les jours effectué avec soin, les chevaux entraient dans les deux dépôts du Trône et de Vincennes, et les chefs de ces établissements signaient une feuille constatant Theure d'arrivée, de départ et le temps mis à parcourir la dis- tance de 3 kilomètres qui séparait les deux établisse- ments, dans lesquels les chevaux se reposaient pendant I 5 minutes. Il résulte des relevés faits pendant l'expérience que les chevaux mettaient en moyenne pour parcourir cette distance au pas, à l'aller comme au retour, de 3j à 41 minutes, et au trot de 19 à 21 minutes. Le travail fut ainsi réglé : pour le pas : , ^-, . I tour cest-a-dire aller ) Le 22 février ... ( et retour, soit ) G kilomètres. Le 2 3 l 1 tours, c'est-à-dire aller ) * ' ' ( et retour, soit ) , ( 3 tours, c'est-à-dire aller / Le 24 — ... . . ' io pour le trot : ^ o o -1 ( 2 tours, c'est-à-dire aller ) ... Du :>\ mars au 8 avril. ' . } 12 kilometr ( et retour, soit . . . . ) -^ ., k 3 tours, c'est-à-dire aller 1 ,, Du (1 au 20 avril . . . ■: . '18 — ( et retour, soit . . . , ) f. o -1 ( 4tours, c'est-à-dire aller ) Du 21 au 28 avril. . . ', . 24 — ( et retour, soit . . . . ) ,^ ., . ( 5 tours, c'est-à-dire aller \ ^ Du 20 avril au 21 mai. . -"^o — • \ et retour, soit. . . . ) 224 l'ii CHEVAL. Il serait beaucoup trop long de faire connaître toutes les pese'es, c'est pourquoi nous avons fait la moyenne de tous les poids qui ont été de'terminés à la sortie et à la rentre'e des chevaux. Nous les avons re'unies dans un tableau (voir page 2 2 5) qui permettra de saisir facilement les dilïérences. Les quatre chevaux choisis portaient les numéros sui- vants : 1870. — Jument, 14 ans, pesant 362 kilog. 2478. — Cheval hongre, i5 ans, pesant 538 kilog. T638. — Cheval hongre, i5 ans, pesant 53 1 kilog. 5930. — Jument, i3 ans, pesant 522 kilog. Si l'on étudie ce tableau, on voit que les deux chevaux attelés se sont assez bien maintenus, tant qu'on ne leur a demandé qu'un travail au pas, mais aussitôt que l'al- lure a été plus accélérée, ils se sont mis à maigrir jus- qu'au jour où on leur a rendu la ration entière. Quant aux deux autres, la ration des 8/1 2 a suffi pour les maintenir, et même leur faire prendre de l'état. Ce- pendant pour ces deux derniers, la question de l'indivi- dualité a eu une certaine influence, le n° T638 s'entre- tenant beaucoup mieux que le n° SpSo. Notre conclusion est donc, d'après toutes les expé- riences que nous avons faites, que la ration d'entretien pour les chevaux comme ceux de la Compagnie des om- nibus qui fournissent un travail pénible, mais régulier, est égal aux 5/ 12 de la ration de travail; et que la ra- tion d'entretien et de transport pour l'animal, pendant le parcours de 3o kilomètres, se trouve entre les 8/12 et 9/12 de la ration de travail. 11 resterait donc, pour ef- fectuer le travail proprement dit, 3/i2. Nous continuons ces expériences et nous espérons arriver un jour à des chiffres encore plus précis. LE CHEVAL. 225 — ^ -^ = r^ '/-. .- X — — — .— lO '^^ •^^ .d =^ — ~ -Z iri '/-i ir. ~ ' • dlom avril I ma ours. Cl |--| Cl u-, Cl Sr~ 5 Cl l/-. ~ ^ «^ "^ — — O Cl oc -r — ~1 r^ H O 'S-S- U-) c<-i u-, ■r-, vilom. avril 8 avril, ours. CI |-| Cl Cl î- 1 Ti ir, — Cl » ■= = „ r^ ce — := =o en 3 ^ - S U-1 Cl ^ P m < ■" — ' — ' _: »! _• so O o iT-i r: — -r: < ^ > < kiloi avri 2o av jour Cl "= _£ u, u-, Cl *^ ^ '^f c w _; _ l^ — _• C^ C^ Qi ir-. ês S ^ c<-i Lr> »: _• -X. r^ r- = en O Cl c<-) iilon mar avr ours Cl ^"" « LO lT) Cl ■^~ £ '/-i — :» — ■ cr. ^ ^ C5 cr. ce c^ « » S C<1 Cl u-> u-> ^ î^ lO u-> i -= "" 'y: r = ^^ r^ r =■ Cl _ X P . ^ y; S.— ^ LT, Cl r.^ ^ c<-i -« < c -5 £ = Cl "^ J: Cl "^ ±; LT» u-i 2^ < "a r^ 1^1 r^ CO ^ -- "^ in Cl U-1 ^ — — • > train rs. Cl 1 ^ = •o l^. Cl %- % c<-i LO < C^ o~ en un C<", ^ ^ c<-i m «5 c» — — C/) . y! o 3 ,^ S Cl '-C » Cl QO » c; !*-, o ^" u-. r*", ■"* Cl Cl U-. ir» ir, Ll'l m u-, •^ c» DC d O en en d — = m u-i tr-. i/-) -j • • -T3 a c O s- 2 .^ tion uur vaux nain. . X, 1- ■^ 5 > "Ô O 00 co O il « œ '^ CL ^ ~ '-» Z co co 05 y. tH w H kO T. I. I 3 226 LE CHEVAL. Au reste, bien des raisons peuvent faire varier les quantités qui doivent entrer dans la composition de la ration; pour nous en rendre compte, nous avons fait peser pendant trois ans tous les chevaux du de'pôt de Vincennes, dont Teffectif varie toujours entre 325 et 35o chevaux. Nous avons constate' que, lorsque la trac- tion se trouvait sensiblement augmente'e par le mauvais état du sol, par la neige, le verglas et même le pavé glis- sant, les chevaux perdaient immédiatement du poids. Lorsque aussi les chaleurs devenaient trop fortes, ou lorsque l'effectif diminuait par suite de chevaux indis- ponibles et malades, les autres chevaux, dont le travail était sensiblement augmenté, maigrissaient rapidement. Il y a même dans ces conditions une limite qu'il ne faut pas franchir, car la fatigue devient tellement grande que les chevaux ne veulent même plus manger. Il ne suffit donc pas toujours d'augmenter la ration pour pouvoir demander plus de travail aux chevaux. Expériences faites sur les différentes rations. — MM. Grandeau et Leclerc ont publié plusieurs mé- moires sur l'alimentation des chevaux de la Compagnie générale des voitures à Paris; nous en ferons connaître la partie qui peut nous permettre d'arriver à déterminer les rations d'entretien et de travail. Dans ces recherches très remarquables, MM. Gran- deau et Leclerc, sur la demande de M. Bixio, président du conseil d'administration de cette grande compagnie, ont cherché à se rendre compte de la quantité d'aliments nécessaires pour entretenir et faire travailler la cavalerie. Le poids moyen des chevaux soumis aux expériences était de 400 à 450 kilogrammes, c'est à peu près le poids moyen des chevaux de la Compagnie des voitures. Dans des rapports très étudiés, MM. Grandeau et Leclerc ont rendu compte de leurs recherches. LE CHEVAL. 227 Ils avaient entrepris des expe'riences sur trois chevaux hongres soumis au repos, à la marche ou au travail au pas, le travail e'tant effectué à l'aide du manège dynamo- métrique, ou à une même voiture faisant régulièrement chaque jour le service de camionnage, ou enfin à un travail avec une voiture de place, dans des conditions identiques à celles de tous les chevaux en service de la Compagnie générale des voitures. Ils ont cherché, en suivant une autre voie que celle de Baudement,à déterminer quelle doit être la composition de la ration de la cavalerie des voitures à Paris, pour ré- pondre économiquement aux conditions suivantes : 1° Couvrir les pertes occasionnées par l'entretien des fonctions organiques ; 2° Réparer les forces de l'animal qui effectue le tra- vail journalier moyen du cheval de la Compagnie. Les expériences, commencées en novembre 1880, sont relatées dans les deux premiers mémoires jusqu'en juin 1881. Elles sont faites avec un soin parfait et une précision presque mathématique ; le seul reproche qu'on puisse leur adresser, c'est de n'avoir porté que sur trois chevaux. Quoique ces animaux aient présenté les mêmes con- ditions d'âge, de sexe, de taille, et de poids, il est évident que l'individualité joue toujours un certain rôle dans les résultats obtenus sur un aussi petit nombre de che- vaux. Mais comme de notre côté nous avons agi sur un très grand nombre d'animaux, nous pouvons dire, sans trop nous avancer, que toutes ces expériences se con- trôlent les unes les autres et nous permettent d'agir aujourd'hui d'une manière beaucoup plus scientifique dans l'établissement des rations du cheval de trait. Il est difficile à la Compagnie des voitures de savoir exactement quel est le travail fourni par les chevaux fai- 228 LE CHEVAL. sant le service sur la place de Paris, tandis qu'à la Com- pagnie des omnibus, le travail est tellement régulier, surtout sur les tramways, qu'il est facile de se rendre exactement compte de la relation qui existe entre le tra- vail demande' et la ration distribuée. C'est pourquoi, nous le répétons, les deux séries d'expériences faites par chacune des compagnies sont venues résoudre d'une façon pratique ce grave problème de la fixation de la ration. Il y a un fait curieux observé dans les deux services, c'est que la ration d'entretien a toujours, avant ces expériences, été trop forte, et ce fait explique la fréquence d'accidents congestifs,tels que les paralvsies, les coliques et les pneumonies, qui sont si fréquentes dans les compagnies. Nous ne voulons pas nous étendre plus longtemps sur ces expériences si intéressantes, renvoyant le lecteur aux mémoires imprimés parla Compagnie générale des voitures, et intitulés : Etudes expérimentales sur l'ali- metîtation du cheval de trait, par MM. Grandeau et Le- clerc, directeurs du Laboratoire d'études. (Librairie Berger-Levrault et C'% Paris.) Nous rapprocherons les chiffres obtenus et nous ver- rons que les résultats sont presque les mêmes. La ration d'entretien fut d'abord fixée à 5 kil. jSô se décomposant ainsi : kiiog. Foin 1^044 Paille d'avoine 0^564 Avoine 1^968 Féverole 0,420 Maïs Ij45- Tourteaux de maïs 0,288 Mais bientôt cette ration fut trouvée trop forte, puis- qu'elle amenait un accroissement de poids vif chez les LE CHEVAL. 229 trois chevaux en expérience, et la ration d'entretien fut composée d'après les chiffres suivants : kilog. Foin 0^940 Paille d'avoine o^SoS Avoine 1^772 Féverole o,38o Maïs i,3o8 Tourteaux de mais 0,260 Poids Total 5, 168 Après avoir de'terminé la ration d'entretien, qui doit être plus faible qu'ils ne l'avaient d'abord pensé, MM. Grandeau et Leclerc expérimentèrent les rations de transport et de travail et les fixèrent aux quantités qui suivent : Ration de travail. Ration de traTail. Ration de transport. (Expériences (Porté au rapport Foin 1^148 Paille d'avoine. . 0,620 Avoine 2,164 Féverole 0^464 - Maïs 1,600 Tourteau de maïs. o,3i6 Divers (brisures, son, etc.). ... » 6,3i2 Plus la paille pour litière 20 0/0 de l'exercice en moins). 1886). 1,568 1,079 0,848 1,900 2,932 1,904 o,632 0,610 2,180 3,890 0,432 0,400 0,786 » » 8,612 10,578 2,DOO i:),07<: La composition immédiate de chaque ration a été relevée avec le plus grand soin pendant les différentes périodes des expériences, mais pour nous permettre quelques comparaisons, nous prendrons la composition immédiate de l'une des rations journalières de travail : 23o LE CHEVAL. W I— ( o m o I— H < w û o 1—1 H O :^ o u C-. ■_ — :r~ n 1-^ • ^ u-, _: ^t -^ i^ •^ 0^ n ■o_ ►s -5 Ti Vî 3C c-i ^ "^ e-r , _ ^ — _ C^ li-» Cl s X O^ p- 'sC 'O .. q^ Ci c5 !^ 6~ o" t<~l X t^ X ii-i IS ■£ Si: 'O vo X m '•O ^ C<~1 " ro " 0 O 'O ^, .^ ~ Q ,i. ^ i; c. iri ri 'O "•^ —, CT'. — "^ il O'' t^ u-, M 'sC cl -^ ,~ ^ —^ CJ O IT^ •^ X 1/-1 - C^i M C". ^~~ cr. ^, ^^ l-^ — 0 î^ '■^ M X X 0 5' X •^ t£ X M U-. t^ X o_ es si es ^m 'T X es ~ " en M ir-. _ Q X „ 0 _; r^, X ^t o_ u-> Cl 0 ^ i^ Ov '■^ O >J^ M c^ k-« ■^ it C-) r^ X o cr> H-l r-^ " ^ M - •-' ri cr. U-. C t^ „ „ ^ X 7, M X X t^ '-C u-1 i>- "= tr. ?<-, -i- n ■- — -7 X IZ Q ^- M -7- en •— i '-^ ï^. n M X ^^ fi -^ Ol X X iT^ ^ O c^, '^ LO '-C o en ~ Ci ir-. ^- X X r^ K- M ^ M M c^ M -, — 0 Cl r>. — ^ ~ C X n M —, l-^ -S 1 t.' SI Cl r^ ^ P> X 0 ■= £' M -r • 0 X n ■^ s - M - l^ C f> _ M - o li-i ^ 'e; X X r<^, r^ x^ X "3 Tr LT-, o ^' Tj- n e^" 0 ^ »^ cr> c m rn X "^ ■" c<-, Cl ^ - M M l^ .^ ^ -7 i^ »- i^ C". f^ '-C " ^ ^ (M c^* r^ X n t-^ e-i ^ r' ce C-. u-l r^ c^ 0 X a\ ~ ^ r«-> t-^ lO LO CTi c^l u~, ^ - M - t^ X — Q X X CO ■0 vJ-1 M a> es 0 M en s C ur-, ■T^ ^ C^j r^ -t cr> ** ix; C^ t^ lO ri Ti- 0 ^ ^ 0 c: 1 1 1 1 C/) 1 1 1 1 1 c a ô i) 0 0 0 < 5 CJ a p •— ]_5 'n 'S > C3 0 y. 0 O -C 00 X CI M 0 (N « fa ^c ■^ Q? Ces derniers chiffres, qui sont d'accord avec la ration moyenne de la cavalerie des voitures et qui sont supé- rieurs à ceux obtenus aux expériences du travail de ca- mionnage, se trouvent bien plus être d'accord avec ceux que nous avons constatés dans nos expériences avec M. Miintz. Si nous rapprochons la composition immédiate des deux rations d'entretien, nous avons : Matière azote'e Cellulose brute Substances inde'termine'es. Amidon et analogues. . . Graisse. ■ Pour la Cie des Pour la Cie des Omnibus. Voitures. grammes. grammes. 628,0 579^92 I 517,9 I 588,24 I 109,2 792^75 2 568,6 2559,33 228,8 i5o,9i LE CHEVAL. 233 Nous voyons que la comparaison est utile, puisque nous sommes arrivés à des re'sultats presque identiques, en ne faisant pas les expe'riences de la même manière. La diminution sur la cellulose brute et sur les substances indéterminées provient de ce qu'il n'est pas tenu compte de la paille composant la litière des chevaux de la Com- pagnie des voitures. Il faut ajouter aussi que le foin et la paille étaient hachés séparément à i centimètre de longueur. Le tourteau et la féverole étaient concassés, mais Tavoine et le maïs étaient donnés entiers, mais parfaitement nettoyés. D'après les auteurs des rapports, et d'après ce que nous venons de voir, la ration du travail aurait été suf- fisante pour les trois chevaux mis en expérience et four- nissant un travail défini. Mais ils reconnaissent, comme nous Tavons dit, que surtout en tenant compte de l'in- dividualité et des difficultés du service, il faut ajouter environ 20 p. 100 pour les chevaux travaillant à la voi- ture dans des conditions normales, et effectuant en moyenne, par jour de sortie i^on sait que les chevaux tra- vaillent un jour sur deux) : 1600000 à 1700000 kilogrammètres avec un par- cours de 62 kilom. 261 met., suivant les feuilles de tra- vail, mais ce parcours peut souvent être plus grand. Ce qu'il y a de remarquable dans ces expériences très intéressantes, c'est que la ration d'entretien se rapproche beaucoup de celle que nous avons obtenue, c'est-à-dire des 5/12 de la ration de travail, surtout, si comme on doit le faire, nous comptons la paille de litière dans la ration. MM. Grandeau et Leclerc terminent en concluant aussi dans le même sens que nous, quant au rapport nutritif de la ration. Ils disent : « Mais la source de la force musculaire réside, pour la plus grande part, sinon entièrement, dans la chaleur développée par la combus- 234 LE CHEVAL tion des matières amylace'es et grasses des aliments (carbone et hydrogène!. Cette conclusion de toutes nos expe'riences se traduit dans la pratique de Talimentation du cheval de service, par un fait économique du plus haut intérêt : rintroduction,dans les rations de la cava- lerie, d'une proportion de principes imme'diats amy- lace's très supérieure à celle qu'on admettait il y a quel- ques années. Le rapport nutritif de la ration de travail doit être beaucoup plus voisin de -r-^ que de — - qui O, D 47 -^ était autrefois considéré comme très favorable à la pro- duction de la force chez l'animal de trait. Mais nous avons voulu pousser l'expérience aussi loin que possible, et nous avons prié nos amis et savants collègues, MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Saint- Yves Ménard, directeurs du Jardin d'acclimatation, de nous rendre compte de Talimentation de leurs petits chevaux. Voici quelle était la ration des trois chevaux mis en expérience : Cheval eulier landais. Jument landaise. Cheval entier javanais. 10 ans. — 200 kilo". 8 ans. — 190 kilos. 11 ans. — loi kil. Avoine Maïs . Féverolc Son. . Foin. . Paille . ranimes. grammes. grammes I 200 I 140 924 1770 I 680 I 3(32 600 570 4(32 170 162 1 3o I 200 I 140 924 2 400 2 280 1848 040 6972 D b:)o Avec ces rations, les chevaux pesaient le i6 décembre 1881, le premier 190 kilog., le second 1 54 kilog. et fournissaient un travail très soutenu, qui peut être évalué à 3o kilomètres tous les deux jours. Ces animaux ont été mis au repos et nous leur avons LE CHEVAL. 233 donné comme à nos grands chevaux les 5/ 12 de leur ration de travail, et les pese'es faites pendant deux mois ont donné des variations tellement peu sensibles, qu'il était évident que ces 5/ 12 de ration de travail représen- taient bien la ration d'entretien. Comparaison des résultats d'expériences. — Si maintenant nous résumons toutes les expériences re- latées dans les pages précédentes, comme nous l'avons fait dans le tableau de la page 2 36, il sera vraiment in- téressant de comparer les résultats obtenus pour la ration de travail de chevaux de différents poids : depuis 552 kilogrammes jusqu'à 154 kilogrammes. Nous avons compris dans ces calculs les pailles qui, passant par le râtelier, doivent former la litière, excepté cependant pour les chevaux de 430 kilog. en moyenne, qui recevaient 2 5oo kilog. de paille pour la litière. Quand on opère sur un grand nombre de chevaux, comme nous l'avons fait, on ne peut pas négliger les pailles qui devraient servir à la litière, car certains che- vaux les mangent, quelques précautions qu'on prenne. Au reste, elles ne peuvent pas amener de grosses erreurs, et il y a tout avantage à en tenir compte. Nous avons établi que la ration d'entretien de tous ces animaux, recevant ordinairement une ration de travail assez forte pour satisfaire à des services pénibles, était environ les 5/i2 de cette dernière ration. Nous avons vu aussi que la ration se composait de différents éléments qui sont loin d'avoir la même valeur nutritive, ainsi les grains renferment sous un moindre volume beaucoup plus de matière nutritive que les fourrages proprement dits. Nous avons recherché quelle était dans les rations que nous avons citées, la proportion mise en consom- 236 LE CHEVAL. J < > < çC H 'X G W — (•■) a r ^ h O Z >— 1 Ci H ^w < t< ç^ c < K ■y Q H— 1 y. çC o < Y-J > O a: a u a ^-^ fl < w j ffl < H ai .^^ 1 c X '^ 0 cr. co - 1 .'X '/ ~ y. ^ ^ C C 1— g c; te 5 C 0 - " ^ :/. 7^. ^ = z' ^ "o c. TJ- LT-* — Y c ci >J c ^ 5 - c ri ^ ■^ r C£ C2 ■^ ^ ? ■yi -^ 0' — r^ •0 C C c 1 .'z '^, ^ ce VC 0 0 C 1 i ci S 5 r M c<- r<" ri~, ! "p-. a tr. 1 ._ »; ^ C X X _i. 7* i ~ C Q c<- c«- 6 z c ;^ § u~ rC 00 t-^ -"" -S î; ^ r^ a »- C i"^. r- ta CL i; -g- '.<-! C C^ — ;t rr. < J ^ v:,* ./ C ir-, es c- c-^ ^ a? — 0 2 c 01 -^ f ^ ^ ci Cl. rn - c t^ 0 ff. ^ ,. -,; c - C •-C ■-C 2; ;« ^ — c r^ " c co "ci c = ce S ci 5 Si - '^ LT ^ Ui 0 Vj m ÇJ Z C tt. £ c TT -îj X c c c • r; c; ci ^ c e^« '^ r^ - t^ "-. 1 > r Ti ^ »r m 1^ C c<-; c i-C O 1 ? 5 X 0 :^. X - tr. ^ ^ S ~" Tt "" a « c "5 K tj 0 0 1 1 1 1 •:^ Cl C C z -j- LTl C c i/~* ir •^ c- - — CJ •T3 ^ es > 1 1 1 1 OJ 1 1 1 .'^ ^ . LE CHEVAL. 237 mation de grains et de fourrages. Nous avons constaté que la ration pour les gros chevaux et pour les petits chevaux se composait de moitié grains et moitié four- rages. Dans la ration des chevaux mis en expérience par MM. Grandeau et Leclerc, la ration des aliments concentre's e'tait un peu plus forte, nous attribuons cette différence au régime haché. En tous cas, la pro- portion de grains était de 16 grammes par kilogramme de poids vif pour les chevaux de 5 5 o kilog. , de 1 7 gram- mes pour les chevaux de 480 kilog. et de 18 à 19 gram- mes pour les chevaux de 200 kilog. et au-dessous. M. Sanson avait déjà dit que la proportion augmente à mesure que le poids vif diminue. En constatant ces résultats, nous ne voulons pas dire qu'on doit fixer toujours la quotité exacte des rations d'après le poids vif, mais nous pensons que ces rensei- gnements pourront être utiles dans bien des circon- stances. M. Mûntz, dans les recherches qu'il a faites, pensait que la quantité d'aliments nécessaires à l'ani- mal pour s'entretenir sans travailler, doit se trouver plutôt en rapport avec la surface qu'avec le poids de son corps. C'est en s'appuyant sur le même principe que M. Crevât a établi les rations en prenant pour base la circonférence de la cavité thoracique. On admet généralement que la quantité de substance sèche alimentaire que nos grands animaux domestiques peuvent digérer varie entre 2, 5 et 3 p. 100 de leur poids vif, et que la proportion augmente à mesure que le poids vif diminue. Cette proportion est démontrée par les chiffres que nous avons cités. Quant à fixer la quotité exacte des rations d'après le poids vif, cela est très difficile dans la pratique. Nous avons poussé nos recherches dans la direction indiquée par M. Mûntz, c'est-à-dire en tenant compte de la surface des corps, 238 LE CHEVAL. mais nous n'avons pas encore obtenu des résultats assez concluants pour les faire connaître. En tout cas, et pour nous résumer, nous nous con- tenterons d'attirer l'attention de ceux qui doivent rationner les chevaux sur tous les faits que nous avons relatés, et nous pensons qu'ils seront à même de com- poser les rations en s'inspirant des exemples que nous avons fait connaître et en se rendant compte de la com- position chimique des aliments qui doivent concourir à la formation des rations. Il est facile de concevoir que, plus le travail devra être pénible, plus on devra augmenter la quantité des aliments concentrés ; ainsi, pour les travaux de la culture qui se font généralement à une allure modérée, la ra- tion peut être beaucoup moins forte en grains, et les fourrages proprement dits pourront être distribués en plus grande quantité. Il en est de même pour les chevaux de ville qui ont un petit service à fournir, qui ne sont même pas attelés tous les jours. Ils devront recevoir des rations moins concentrées, sous peine de les voir bientôt succombera des paralysies ou à des congestions pulmonaires ou in- testinales. Il est une remarque faite par tous les vétéri- naires des grandes villes : c'est que lorsque plusieurs jours de fête se suivent, et que pour cette raison les chevaux, fortement nourris, continuent à recevoir les mêmes rations sans travailler, il n'est pas rare de les voir atteints des maladies que nous venons d'énumérer. Nous le répétons donc, les chiffres que nous avons donnés peuvent être considérés comme les plus élevés, et il est facile d'en déduire des rations de composition différente, suivant les conditions que l'on doit remplir. Ration des chevaux des armées européennes. — Renvoyant pour ces recherches aux tableaux des rations LE CHEVAL. 239 des compagnies de transport ipage 217^, nous complé- terons ces renseignements en donnant la ration moyenne des chevaux de Tarmée française à diffe'rentes e'poques et en la comparant à celle des arme'es europe'ennes (voir tableau page 240). Ces chiffres ont e'té extraits de la Revue militaire de l'étranger. En Autriche, on ne donne pas de paille aux chevaux dans les râteliers, les i 700 gr. alloués sont distribués comme litière. En Russie, une même ration est donnée aux dragons, lanciers, hussards formant la cavalerie de ligne. La ration légère sur laquelle nous n'avons pas de don- nées s'applique peut-être aux cosaques. Nous n'avons pas pu avoir le tarif des rations des chevaux de troupe en Hollande, les renseignements donnés ici ne concernent que le dépôt de remonte de Milligen. La première ration est pour les chevaux de remonte après quatre ans, la seconde pour les chevaux avant quatre ans. En Italie, la paille n'est, comme en Autriche, donnée que pour la litière. Si on examine ce tableau, on voit qu'en France on n'a pas augmenté d'une manière sensible la ration. On a simplement cherché à mieux Tutiliser en remplaçant successivement les fourrages par les grains. Baude- ment, qui avait fait ses expériences sur la cavalerie de réserve et sur la cavalerie de ligne avec les rations qui figurent à l'année i852, disait déjà à cette époque qu'elle était totalement insuffisante. Nous citerons ici le texte même de son rapport : Les variations notables qu'on rencontre, lorsqu'on suit les chiffres des pesées un à un, le peu d'énergie qui se développe 240 LE CHEVAL. m W 0 < W çù z 0^ z p a, 0 0 fc ci u w û ^w C/D § )^ 0 t/) 1-^ w H H < ç^ ci ^w m < H - ^ ■^ ^ ^ Tt- en ^ 6C c 0 0 0 0 0 0 ^ 0 0 0 0 0 LO — s 0 u-i lO t~^ 0 M * e^ — TT m C<~1 — ^ - . 6(j 0 0 0 0 M 0 0 0 ii-> 0 0 -^ 0 tO ^ u-i iri 0 en 0 M ■^ -* t^. ■^ ^ .i-, -^ ^n ^ 0 0 0 0 0 0 0 a^ 0 0 0 0 0 0 >j-i :t: ^ 0 <5 J-l u-> l^ 0 ri - LO T^ en en ■■ -r -* 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 c 0 0 'S ^ 0 0 LO U-. LO 0 — " "^ ■^ -t -T C-l c-1 ^ ■0 t4- en -r . 0 0 0 0 0 0 c' 0 0 0 0 0 u~, rr: 0 LTl u-1 c-^ 0 Cl " ^ — ^ en m " ^ " 0 0 0 0 c-i 0 0 0 .= c 0 Cl ce 0 0 ^ 0 0 Cl 0 -= ^ "i- Tl- 10 u-i "^ m -^ en - 1 0 0 0 0 0 c 0 0 s_ c 0 0 0 0 0 c 0 S / 7^ 0 0 l/-> iri l-^ 0 e-v 0 H 1 — - J-l '^ <^l en — ~ "" 0 0 0 0 0 C 0 0 0 g te 0 0 0 0 C 0 0 'S 0 0 li-> in to 0 — i/". 1 * - IJ-l ^ M es vc TT -^ 0 0 0 0 in 0 0 0 0 0 'O vn 10 0 0 • -t- 0 Cl 0 M e-i Tt- 0 0 ,^ ^ '^ LO LO tO en en in TT ., 9- LE CHEVAL. 241 chez ces chevaux, comme on le constate en les étudiant indi- viduellement, tout fait présumer que leur ration ne leur suffit que parce qu'ils sont placés dans d'excellentes conditions hygiéniques et dans un repos complet; que cette ration leur deviendrait insuffisante, dès qu'ils n'habiteraient plus d'aussi bonnes écuries, que leurs repas ne leur seraient plus admi- nistrés régulièrement, qu'ils ne recevraient plus les soins de mains qu'on leur prodigue. J'ai vu ces mêmes chevaux dans des circonstances où des marches forcées leur ont été impo- sées plusieurs jours de suite; ces présomptions se sont chan- gées en certitude. Ce que Baudement décrivait si bien il y a trente ans, est encore vrai aujourd'hui, quoiqu'on ait cherché à rendre la ration plus nutritive, en diminuant les fourrages, et en augmentant les grains. Mais aujourd'hui il faut ajouter aussi que ce que le célèbre zootechnicien considérait comme un exercice plutôt hygiénique que pénible, c'est-à-dire les ma- nœuvres faites dans des conditions déterminées, n'a plus lieu. Au contraire, les chevaux des régiments doivent fournir, presque pendant toute l'année, un tra- vail assez considérable, qui se compose de l'instruction des cavaliers appartenant aux diverses fractions du con- tingent militaire, plus des marches et manœuvres qui durent beaucoup plus longtemps qu'autrefois. Aussi toutes les fois que nous avons calculé les ra- tions de l'armée, elles nous ont toujours paru insuffi- santes. Malgré les modifications importantes qui ont été apportées, elles ne contiennent pas beaucoup plus d'éléments azotés et d'éléments hydrocarbonés que les quantités représentées par les chiffres donnés par Bau- dement qui étaient de : grammes. Matières azotées 909,44 Matériaux respiratoires. 3128,46 * T. I. 16 242 LE CHEVAL. pour les chevaux de cavalerie de réserve pesant en moyenne 549 kilogrammes, et de : grammes. Matières azotées 757,88 Matériaux respiratoires 2694,39 pour les chevaux de cavalerie de ligne pesant en moyenne 445 kilogrammes. Et alors Baudement, discutant les expériences de Boussingault, qui avait trouvé e^u'un cheval [de 5oo à 55o kilog. exigeait par jour, environ : kilog. Matières azotées 1,000 Matériaux respiratoires 2,540 constatait que les chevaux de troupe qu'il avait étudiés ne recevaient pas les quantités nécessaires, et que s'ils de- vaient être astreints à un travail réel, ils ne trouveraient pas dans leur ration le moyen de réparer leurs forces. Il ajoutait, en s'appuyant sur les mêmes expériences de Boussingault qui avait fait entrer dans la ration des chevaux de ferme, des betteraves, des pommes de terre, des topinambours, des rutabagas, des carottes associés à du foin, de la paille et de Tavoine, que pour des che- vaux de 5oo à 55o kilog., travaillant de 8 à 10 heures par jour, la ration, quelle que soit sa composition, de- vait contenir au moins : kilog. Matières azotées 1,020 Matériaux respiratoires 3,i83 Nous avons déjà dit que ces résultats étaient encore loin des rations que nous avons indiquées plus haut, mais nous avons cru pouvoir expliquer cette différence par le travail exceptionnel demandé aux chevaux pour lesquels nous avions établi des rations. Les expériences LE CHEVAL. 243 de Boussingault, analysées par Baudement, se faisaient sur des chevaux de culture, qui, comme nous l'avons de'jà dit, travaillent à une allure beaucoup moins vive. Nous sommes entrés à nouveau dans ces quelques développements sur les expériences de Baudement, parce qu'ils donnent raison aux réclamations de tous les chefs de corps et de tous les vétérinaires militaires, qui n'ont cessé dans leurs rapports de signaler l'insuftisance de la ration du cheval de troupe. Le ministère de la guerre a bien cherché à augmenter le taux des rations en faisant varier les différents élé- ments qui doivent les composer. C'est ainsi qu'en 1881, il unifiait les rations dites d'été et d'hiver, cette dernière différant de la première en ce que la quantité d'avoine entrant dans sa composition est plus élevée. C'était là une des premières modifications impor- tantes que nécessitait la nouvelle organisation de l'ar- mée, qui faisait que les chevaux, contrairement à ce qui avait lieu autrefois, étaient soumis aux mêmes fatigues toute l'année. Dernièrement encore il a augmenté la ration d'avoine en s'inspirant de la composition de la ration des che- vaux de l'armée allemande. Mais nous savons que cette décision est provisoire, et que le ministre a décidé de réunir un comité scientifique, qu'il chargerait d'étudier d'une manière définitive quelle doit être l'alimentation du cheval de troupe dans toutes les situations, aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre. Car la ration que nous avons fait connaître, n'est que celle qu'on appelle ration sur pied de paix et de rassem- blement, mais elle varie suivant que les chevaux sont baraqués ou bivouaques pendant les manœuvres, sui- vant qu'ils sont embarqués sur mer, qu'ils voyagent par route de terre ou par chemin de fer, etc., etc. 244 LE CHEVAL. Il y a aussi tout un chapitre spécial pour les substitu- tions : ainsi le sainfoin et la luzerne sont donnés poids pour poids en remplacement de foin; La paille pour double du poids de foin; L'avoine pour moitié du poids de foin ; Les carottes ou les panais pour trois fois le poids de foin; Les pailles de seigle, d'avoine et d'orge, poids pour poids de paille de blé; La paille de blé pour quatre fois le poids de l'avoine; Le son pour moitié en sus d'avoine ; La farine d'orge pour les 8/10 du poids d'avoine; L'orge, poids pour poids de l'avoine. 40 kilog. de fourrages verts à l'écurie représentent 12 kilog. de foin. Une journée de cheval à la prairie équivaut à une quantité de fourrages verts correspon- dant au taux de la ration déterminée pour chaque arme. Ces substitutions ne sont peut-être pas d'une exac- titude en rapport avec les derniers progrès de la science, mais nous ne nous y arrêterons pas, car nous espérons que le Comité scientitique dont nous avons parlé, étudiera à nouveau tous ces points. Ce que nous avons dit pour les rations de l'armée française s'applique aussi aux rations des armées étran- gères qui seraient insuffisantes, si les chevaux travail- laient beaucoup, surtout en ce moment où toutes les armées tendent à relever la taille de leur cavalerie. Par le temps de paix armée que nous traversons en ce moment, les chefs des états-majors généraux ne doivent pas oublier que l'entraînement des che- vaux ne peut se faire en un jour. Et si toutes les pré- cautions sont prises pour que l'armée soit mobilisée dans un temps très court, on ne peut en faire autant pour les chevaux qui doivent être préparés de longue LE CHEVAL. 24b main aux fatigues de la guerre. Ce résultat ne peut être obtenu que par des exercices souvent répétés et par une alimentation suffisante. En un mot, la cavalerie doit toujours être entraînée, puisque c'est elle qui aura à subir le premier choc. — Et il est bien évident que c'est l'armée qui aura les chevaux les mieux entraînés qui pourra obtenir les premiers succès, qui décident souvent de toute la cam- pagne. Les armées étrangères ont compris ces avantages, et nous vovons la cavalerie et l'artillerie autrichiennes chercher à se rendre compte scientifiquement de l'in- fluence des manœuvres sur les chevaux. Nous trouvons dans un journal autrichien [Oester- reichich-Ungarische Wehr-Zeitung] à la date du 22 oc- tobre 1887, un rapport très remarquable sur l'état des chevaux de l'artillerie pendant les manœuvres de di- vision. Le commandant de Fartillerie avait pris le soin de faire peser tous ses chevaux avant le départ pour les manœuvres qui ont duré 18 jours, du 20 août au 7 sep- tembre 1887, et en rentrant il les fit peser à nouveau. Le poids moyen du cheval était, avant les manœuvres : Pour la i^c batterie, de 442 kilog. Pour la 2^ batterie, de 439 — Au retour des manœuvres, il était : Pour la ire batterie, de 429 kilog. Pour la 2e batterie, de 428 — La diminution moyenne du poids fut donc de 12 et 1 1 kilogrammes. Le travail demandé aux chevaux pendant cette période fut de 28 à 35 kilom. en moyenne par jour. Nous avons 24Ô LE CHEVAL. cité brièvement cette expérience, parce que nous pen- sons qu'il y a là un enseignement pour tous. Beaucoup de personnes vous diront que les chefs de corps s'aperçoivent rapidement des traces que laissent les fatigues des marches et des manœuvres sur les che- vaux. Mais il est difficile de s'en rendre compte dès les premiers jours, tandis que la bascule vous renseigne immédiatement. De plus, rhabitude de demander aux chevaux de l'armée un effort considérable en temps de paix pour les laisser ensuite reposer pendant des mois, est réellement vicieuse. Le mieux serait d'entretenir les chevaux de manière à ce qu'ils soient prêts à toute éventualité, c'est-à-dire, de les soumettre à une sorte d'entraînement continuel. Et nous ne croyons pas trop nous avancer en affirmant que la cavalerie soumise à des exercices fréquents et à une bonne alimentation reconstituante, aura toujours un grand avantage sur les autres. Substitutions des éléments qui composent la ration. — Quant aux substitutions qui peuvent s'o- pérer, nous n'avons pas à y insister, puisqu'en parlant de chaque denrée, nous avons indiqué dans quelle pro- portion elle pouvait remplacer Tavoine, mais la véri- table règle de ces opérations doit être fondée sur la composition chimique de chaque aliment. Il est bien évident que si on remplace l'avoine par le maïs, on pourra donner poids pour poids, puisque l'analyse chimique donne à très peu de choses près la même com- position, tandis que pour la féverole, on aura à tenir compte d'une plus grande quantité de matière azotée. Mais la véritable indication sera le prix de revient de chaque denrée, en supposant toujours que nous opérons sur des marchandises de premier choix. LE CHEVAL. 247 Le calcul en est tellement simple que nous connais- sons aujourd'hui des cultivateurs qui achètent à très bon compte du maïs pour leurs chevaux et qui vendent les avoines qu'ils ont re'coltées, parce que ces dernières leur rapportent un certain bénéfice. Nous n'insistons pas davantage sur ces économies, que toute compagnie industrielle a le devoir étroit de réaliser aujourd'hui. C'est le moment de résumer ici la sixième série des expériences entreprises avec M. Mûntz pour contrôler les recherches faites sur la substitution des fourrages. Continuant toujours d'opérer sur les mêmes che- vaux du dépôt de Vincennes, on a divisé la cavalerie en quatre catégories, qui ont été soumises aune alimen- tation très variée pendant une même période de temps; les conditions de travail, de température, etc., étaient absolument identiques pour toutes les catégories. L'ex- périence a duré 10 mois dont 7 mois avec les rations différentes. Chacune des trois premières catégories com- prenait 72 chevaux, et la quatrième 96 chevaux. Voici le tableau des rations consommées : Tourteau Foin. Paille. Avoine. Son. Maïs. de maïs. Féveroles. kilo-. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. ire catégorie . . 2,985 5,970 3,25o 0,208 6,000 » - 2'' catégorie . . 4,025 5,125 2,5oo 0,496 1,496 1-999 3,001 ?" catégorie . . 4,02 5 5,000 8.932 o,3o5 n » » 4" catégorie . . 3,025 6,25o 3,01 3 0.200 3.996 2,026 0,199 Les quantités d'éléments nutritifs consommés se sont 248 LE CHEVAL. trouvées être les suivantes, d'après les analyses faites au laboratoire de M. Miintz : Matières Amidon Cellulose Cellulose Substances azotées. Graisses. et sucre. saccharif. brute. indéteroiinee.s. kilog. kilog. kilog. kilog. kilog. kiloj;. i'^ catégorie . . . 1,309 0,602 4,375 1,987 3,01 5 3,623 2" catégorie . . . 1,882 0,5 1 5 3,547 2,142 3,147 3,880 3* catégorie . . . 1,267 0,466 3,743 2,184 3,188 4,026 4* catégorie . . . 1,433 0,633 3,891 2,i39 3,247 3,788 Ainsi nous avons eu dans cette expe'rience très com- plète, des substitutions pouvant permettre non seule- ment de diminuer le prix de revient de la ration, mais encore de comparer pendant un laps de temps assez long des chevaux ne recevant que la ration classique, c'est-à-dire ne se composant que d'avoine, de foin, de paille et de son, et d'autres recevant les grains tels que le maïs, la fe'verole et le tourteau de maïs. Mais M. Miintz avait encore pour but : « 1° De voir dans quelles limites la substitution des fourrages pouvait se faire ; « 2° De rechercher s'il y avait une proportionnalité' nécessaire et constante entre le travail fourni et la ma- tière azote'e consommée ; « 3° De voir si et jusqu'à quel point la matière car- bonée pouvait remplacer la matière azotée dans la pro- duction du travail. « 4° De déterminer quelles sont, dans les fourrages, les substances auxquelles il faut attribuer la principale action. » LE CHEVAL. 249 Comme le reconnaît très bien le savant professeur de l'Institut national Agronomique, les résultats obtenus n'ont pas donné réponse à toutes ces questions, mais ils ont certainement de'montré que les substitutions pouvaient se faire sans aucun danger. La i^^ cate'gorie recevait une alimentation peu azotée, La 2^, au contraire, a reçu une alimentation très riche en matière azote'e. La 3*^ n'avait que de l'avoine comme grains. La 4^ enfin a reçu Tune des rations qui ont été mises en expérience sur tous les chevaux du dépôt. La moyenne du poids des chevaux de chaque caté- gorie et à chaque pesée est très instructive : i" CATÉGORIE. i" CVTÉGORIE. 3« CATÉGORIE. 4« CATÉGORIE. PESAGE. Peu de matières azotées. Beaucoup de matières azotées. ATOine pure. Ration de la série précédente. Du 3o octobre . . 562 565 546 548 Du 3 décembre 556 559 55o 546 Du 23 décembre . 357 556 545 544 Du i3 janvier. . . 558 562 547 545 Du 3 février. . . 5 60 56o 547 55o Du 23 février. . . 558 556 543 546 Du 14 mars . . . 557 55i 541 541 Diff. 5 kiL DifF.i4kiL Diff. 5 kil. Diff. 7 kil. A partir de ce jour, les chevaux ont été remis tous à la ration de la 4*^ catégorie, c'est-à-dire la ration ordi- naire du dépôt, et les chevaux pesés encore les trois mois suivants ont donné les poids suivants : Le 5 avrih Le 29 avril Le 27 mai 55o 552 55i 544 541 D4.2 53o 533 543 529 53i 25o LE CHEVAL. Les pesées qui s'étendent jusqu'au 27 mai, indiquent une diminution assez notable du poids moyen des chevaux, mais, comme nous l'avons dit, l'expérience était terminée, et les chevaux étaient mis à la ration or- dinaire de la 4*^ catégorie. A cette époque, l'affection typhoïde qui avait été im- portée par l'arrivée des chevaux de remonte, sévissait sur ce dépôt, comme sur tous ceux qui avaient reçu des chevaux de remonte. La diminution de poids provenait donc de ce que le nombre des chevaux de relais étant moins élevé, les chevaux en bonne santé devaient four- nir plus de travail. Mais l'alimentation n'a été pour rien dans l'apparition de la maladie, et aucune différence n'a d'ailleurs été remarquée sous ce rapport entre les che- vaux des quatre catégories; le'nombre des malades a été sensiblement proportionnel au nombre des animaux soumis à chaque expérience. Nous pouvons donc conclure en disant qu'on a pu pratiquer, dans des limites très larges, la substitution de fourrages sans nuire à Tétat des chevaux et à la produc- tion de la force. Entin, au point de vue du résultat économique, on voit qu'on peut entretenir une cavalerie dans de bonnes conditions avec une dépense très différente suivant les substitutions. Voici les prix des rations des quatre catégories : francs. irc catégorie. Peu de matières azote'es 2.2944 2^ — Beaucoup de matières azotées . . 2^45o3 3^ — Avoine pure 2,4002 4" — Ration économique 2_,2Ô9'2 Nous avons vu comment, dans les administrations et dans l'armée, on était arrivée rationner les animaux. Mais si maintenant nous nous occupons des animaux de la LE CHEVAL. 25i ferme, nous verrons qu'il est l'exception de trouver des éleveurs qui règlent exactement la consommation de leurs chevaux. Selon les moments de l'année, ils don- nent telle denrée en plus ou moins grande abondance, il est même des exploitations agricoles où on ne pèse jamais les rations, elles sont toujours données au vo- lume, et nous avons vu quelle perturbation cela peut porter dans la distribution. Cependant il y a des exceptions et nous pourrions citer un certain nombre de fermes qui veillent à la fixa- tion d'une ration plus ou moins nutritive suivant les travaux à exécuter. Decrombecque avait ainsi réglé le système d'alimen- tation de ses chevaux à la ferme de Lens ; le foin et la paille étaient hachés, et les grains passés sous l'aplatis- seur : kilog. Avoine 4 Mais, sarrasin ou orge 3 Foin 3 Paille 2 Sel o,o3o Il recommandait de hacher la paille et le foin à une longueur de i centimètre 1/2, longueur la plus conve- nable; plus longs, ils sont moins appétissants; plus courts, ils ne laissent pas assez de travail à la masti- cation, passent trop rapidement dans l'intestin et sont rejetés avant que la digestion soit complète. En terminant cette question, nous devons signaler un travail récent de Wolff, qui a paru dans le numéro de décembre du Landwirthschaftliche Jahrbiicher. Ce savant professeur rend compte d'expériences compara- tives faites sur un cheval du poids de 476 kilogram., avec des rations composées: la première, de,6 kil. foin. 252 LE CHEVAL. I kil. paille, i kil. avoine; la seconde, de 6 kil. foin, I kil. paille, 2 kil. et demi avoine, 2 kil. et demi maïs. Les fourrages étaient hachés. Wolff conclut en disant que par le remplacement de la moitié de la ration d'avoine par une quantité égale de maïs, il a obtenu du cheval plus de travail, et il est resté dans la ration un peu plus de matières nutritives assimilables pour l'entretien. CHAPITRE IX PREPARATION ET DISTRIBUTION DES ALIMENTS Les substances alimentaires ne sont pas toujours données aux animaux, telles qu'elles sont après la récolte. Elles peuvent subir certaines préparations que nous devons examiner. Nettoyage. — Les plus simples consistent dans* le nettoyage des grains et le bottelage des fourrages, et il est rare de les voir même mentionner. Nous ne revien- drons pas sur le bottelage et la compression des four- rages. Mais il est indispensable de nettoyer les grains qui doivent être distribués aux chevaux, on retire ainsi les poussières qui s'y trouvent mélangées et font disparaître souvent une odeur plus ou moins prononcée de renfermé. La Compagnie générale des voitures doit à l'initia- tive de son président, M. Bixio, l'installation d'une ma- nutention munie d'un système d'appareils ayant pour objet le nettoyage méthodique des graines destinées à la consommation de la cavalerie. Il suffira de se repor- ter à la page 70 pour voir que les déchets enlevés par les différents appareils se composent de grains vides ou 254 LE CHEVAL. mal venus, de balles d'avoine, de fragments de paille et de graines de différentes espèces de vesces, de nielle, de liseron, etc. Nous avons vu ainsi que le rapport qui rend compte de ces différentes opérations signale que le nettoyage présente deux avantages considérables : I ° Il élimine toutes les matières étrangères qui tendent à modifier la valeur nutritive de l'avoine et à entacher d'erreur les calculs des rations. 2° Il supprime les poussières minérales et organiques, causes incontestables d'accidents assez fréquents et presque toujours mortels chez le cheval (pelote, ob- structions intestinales, etc.V Certains vétérinaires ont même signalé comme causes des coliques fréquentes, la présence d'une grande quan- tité de sauves sinapis arvensis L.i dans quelques avoines étrangères mal nettoyées, comme celles de Liban. Nous croyons qu'on exagère peut-être un peu la mauvaise influence des avoines qui peuvent contenir des graines étrangères. A notre avis, il est bon de dépouiller par la ventilation les grains des poussières qu'ils contiennent, mais il n'est pas indispensable de pousser le nettoyage à ses dernières limites. Nous avons remarqué que lors- que les grains ont passé par un bon tarare qui les a suf- fisamment ventilés et dépouillés de leurs poussières, ils se conservent beaucoup mieux et plus longtemps. C'est là surtout le grand avantage qu'il y a à faire subir ces opérations aux grains qu'on désire emmagasiner pour un certain temps. Les avoines tarardées peuvent rester plusieurs mois sans être pelletées. Mais les aliments qui composent la ration du cheval peuvent subir des préparations plus complètes, telles que le concassage des grains, le hachage des fourrages, la cuisson, la macération, etc. LE CHEVAL. 255 Régime haché. — Ainsi les grains peuvent être aplatis, concassés ou même écrasés. On voit aujour- d'hui dans toutes les expositions des instruments appe- lés concasseurs, aplatisseurs, hache-pailles, etc., suivant le but qu'on propose. L'opération du concassage peut être utile pour certaines graines ou semences qui ont un périsperme épais, ou qui offrent une certaine résis- tance au broiement par les dents. En général, le cheval ne mange pas volontiers les grains réduits en farine. Lorsqu'on les concasse, il v a toujours une certaine quantité réduite en farine et qui se trouve partiellement perdue. Et puis la mastication a l'avantage de provoquer la sécrétion de la salive, qui favorise la digestion. Si donc les grains ne sont pas donnés entiers, il vaut mieux seulement les comprimer et les aplatir légèrement, parce qu'alors ils provoquent toujours la mastication et je fonctionnement des glandes salivaires. Dans un grand nombre d'exploitations, surtout en Angleterre, on donne aujourd'hui les grains concassés, mélangés avec les fourrages hachés. En Allemagne, en Belgique, en Hollande et en Autri- che, la plus grande partie des compagnies de transport ont soumis leurs équipages au régime haché. Les Anglais, qui, les premiers, ont pratiqué ces mé- thodes, prétendent que, quel que soit le choix des ali- ments, quelle que soit l'exactitude des différentes sub- stitutions, le plus grand effet de la nourriture donnée aux animaux ne se réalisera qu'autant que les rations seront convenablement préparées et régulièrement dis- tribuées. Ainsi la Compagnie des omnibus de Londres donne depuis bien des années les fourrages hachés et les grains concassés mélangés dans de certaines propor- 256- LE CHEVAL. tions. Nous n'entrerons pas dans les détails des instal- lations que nécessite ce mode de nourriture. La dis- position la plus curieuse consiste à opérer les mélanges successifs que doivent subir les fourrages (paille et foin) hachés et les grains concassés pour arriver à former un tout complet apte à être distribué aux chevaux. Ce mélange contient en général pour les omnibus de Londres. Maïs yàS kilog. environ. Foin 2à3 • — — Paille I à 2 — — Dans le tableau des rations étrangères que nous avons présenté, les différentes sociétés font entrer de cette façon d'autres graines et même des tourteaux, c'est là un des avantages de ce mode d'alimentation. La Compagnie des voitures à Paris, qui avait déjà en iSSj tenté une expérience sur les indications de Renault, a fait étudier à nouveau le régime haché à Londres par M. Grandeau, et elle a admis ce système, pour sa cavalerie, mais en le perfectionnant, et nous savons que ses installations ne laissent rien à désirer. Nous avons nous-même essayé de la nourriture hachée, mais nous devons reconnaître qu'après plu- sieurs années d'essais, elle ne nous a pas donné les résultats sur lesquels nous croyions pouvoir compter. Nous signalons même un fait assez curieux qui s'est produit. Au début des expériences, nous avions re- marqué que certains chevaux, prédisposés aux coliques^ en étaient exempts lorsqu'ils étaient soumis à cette ali- mentation. Nous envoyâmes donc dans l'établissement où elle se pratiquait, tous les chevaux reconnus comme susceptibles de contracter facilement cette affection. Pendant les premiers mois pas un seul de ces animaux LE CHEVAL. 25; ne fut malade, mais lorsqu'ils furent bien habitués à ce re'gime, les coliques reparurent comme précédemment. Nous avons aussi remarqué que lorsqu'on change la nourriture entière pour administrer la nourriture hachée, les chevaux perdent une partie de leur vigueur, c'est-à-dire qu'ils doivent subir une sorte d'entraîne- ment nouveau. Il en est exactement de même lorsqu'on passe de la nourriture hachée à la nourriture entière. D'après les personnes qui hachent les fourrages pour les faire consommer, on réaliserait les avantages sui- vants : éviter le gaspillage, assurer et faciliter la mas- tication, activer une bonne digestion, possibilité d'em- ployer les fourrages avariés, permettre un mesurage plus exact, et surtout provoquer une absorption plus rapide et plus complète de la ration. Nous allons voir que toutes ces raisons peuvent se discuter. Il résulte d'expériences faites par M. Colin [Études expérimentales sur les effets et le degré d'utilité de la division et du mélange des aliments^ mémoire adressé à la Société d'Agriculture le 8 janvier 1862) que le hachage des fourrages, le concassage, l'aplatissement des grains, n'ont pas d'influence sensible sur leur digestion, chez les chevaux, dans les conditions ordi- naires. Il a constaté aussi que ces préparations ne diminuaient pas la longueur du repas. Ainsi il a fait manger 2 5oo grammes de foin entier ou haché en une heure à uae heure et demie, et 2 5oo grammes d'avoine entière ou concassée en vingt ou trente minutes. Les chevaux ont mis le même temps dans les deux cas. En outre, il a remarqué que la division préliminaire était inutile pour les adultes et insuffisante pour les animaux à dents lisses, irrégulières ou usées. M. Colin va même plus loin, il croit que ces mélanges T. I. ^ 17 238 LE CHEVAL. peuvent avoir l'inconvénient de forcer les aliments très nutritifs à traverser le tube digestif avant leur éla- boration complète, et aussi vite que les aliments peu alibiles dont le principal office est de lester l'appareil digestif. Cependant, il faut reconnaître que si un certain nombre de compagnies anglaises et allemandes conti- nuent à nourrir ainsi leurs chevaux, c'est qu'elles y trouvent un certain avantage. Ainsi à Londres, les écuries particulières, même les plus aristocratiques, achètent leurs fourrages (chaff) hachés et leurs grains concassés pour une semaine, à des industriels qui leur font subir toutes les préparations nécessaires. Le prix de la ration est ainsi calculée pour la semaine entière. Dans ces conditions nous croyons que le but des An- glais est de faire entrer toutes espèces de graines dans les rations, telles que le maïs, les pois et le sarrasin, et de faire consommer des fourrages, foins et paille, qui laissent à désirer comme qualité, et qui, entiers, seraient peu recherchés par les chevaux. Quoi qu'il en soit, nous pensons qu'il y a lieu de faire de nouvelles expériences, celles si intéressantes insti- tuées par M. Colin n'ayant porté que sur l'avoine, le foin et la paille. Fourrages trempés, macérés. — Boussingault, dans les expériences qu'il a faites à Bechelbronn, con- state que les fourrages secs, par leur imbibition, se reconstituent en quelque sorte à l'état de fourrage vert. Il conclut en disant qu'il n'y a aucun motif pour ac- corder aux fourrages trempés une valeur nutritive su- périeure à celle de la matière sèche qu'ils renferment. Nous avons fait consommer par les chevaux sans- au- cun inconvénient des fèves d'Egypte que nous n'avions LE CHEVAL. 259 pu arriver à séparer de la terre et des pierres qu'elles contenaient que par la macération et la le'vigation. Nous n'avons pas constate' que leur faculté nutritive ait été' augmente'e. Des ouvrages allemands annoncent cependant que les fourrages mouillés empêchaient la mastication et la sa- livation de se faire régulièrement, que l'eau absorbée ainsi délaie le suc gastrique et cause un passage trop rapide des aliments par l'intestin, qu'enfin ils provo- quent des coliques et des indigestions. Cuisson des fourrages. — On fait rarement cuire les fourrages, mais quelquefois on a soumis à la vapeur d'eau les grains, surtout le seigle. Dans cette opération, il doit y avoir des modifications de la substance végétale, et il s'exerce des actions réci- proques qui modifient favorablement les propriétés des principes alimentaires et leur effet sur l'économie animale. Un grand nombre d'expériences ont été faites sur ce sujet; ainsi on a souvent prétendu qu'en donnant le seigle cuit on n'obtenait pas les accidents qui se pro- duisent avec le seigle à l'état ordinaire. La science peut-elle expliquer ce que l'expérience dé- montre? Est-ce surtout la transformation que la fécule subit par la cuisson, qui peut faire comprendre ces dif- férences? Mais la macération ne donne-t-elle pas aussi des résultats différents? Ainsi nous avons vu qu'on soutenait que l'avoine cuite était trois fois plus nourrissante que l'avoine non cuite, que 100 kilog. de foin cuit à la vapeur produisent le même effet que 170 kilog. de foin naturel. Tout le monde sait que, par la cuisson, le pouvoir nu- tritif de la pomme de terre augmente dans de notables proportions, pourvu qu'on y ajoute suffisamment de 26o LE CHEVAL. paille hachée. Un certain nombre d'éleveurs préparent ainsi leurs chevaux pour la vente. Nous ne pouvons rien affirmer à ce sujet, n'ayant pas eu l'occasion de faire d'expériences. Nous pensons que, comme pour l'homme, la cuisson augmente le pouvoir nutritif des aliments, en rendant l'assimilation de leurs principes plus facile, mais nous nous sommes toujours demandé si les frais de main-d'œuvre se trouvaient compensés par les avantages que donne la cuisson ap- pliquée aux aliments qui constituent la nourriture du cheval. Distribution des aliments. — Dans les campagnes, on a l'habitude de remplir le râtelier sans se rendre aucun compte de ce qu'on donne. Les chevaux choisis- sent alors les plantes qu'ils préfèrent, et le reste, souillé par la salive des animaux, est tiré du râtelier et tombe dans la litière, où il est foulé aux pieds. Il y a donc avantage à botteler pour savoir ce qu'on donne et établir un contrôle sévère. Pour les grains, il en est de même, on prend souvent au coffre à avoine sans mesurer les quantités distribuées. Il est bien évident que si les éleveurs voulaient se ren- dre compte, comme on le fait dans les sociétés indus- trielles, des distributions faites et surtout des quantités données, ils réaliseraient des économies tellement con- sidérables que nous n'osons pas les chiffrer, nous les estimons à plus d'un milliard pour l'ensemble des ani- maux de la France. Il ne faut pas croire non plus que le repas servi à un cheval pendant l'heure du repos, au milieu du jour, doit être le même que celui qu'on lui donne le soir et la nuit. Dans le premier cas, le cheval est pressé, il a peu de temps pour mâcher; dans le second cas, au con- traire, il a tout son temps, et il a besoin de s'occuper. LE CHEVAL. 201 Beaucoup de cultivateurs et d'industriels ont la bonne habitude de faire passer toute la paille par le râtelier. Les chevaux en choisissent les parties les plus fines; ce qu'ils ne mangent pas sert de litière, et, en attendant, ils ne restent pas oisifs à l'e'curie. La distribution des rations doit donc être faite avec soin, il faut distinguer l'administration des aliments so- lides et celle des boissons. Les repas seront aussi nombreux que possible, régu- liers, et devront toujours commencer par les aliments les moins appéte's, pour se terminer par ceux que les animaux recherchent. Le mieux certainement est de donner peu à la fois et souvent, mais on ne le peut pas toujours, les travaux à exe'cuter occupant la plus grande partie de la journe'e. Il en est ainsi pour les travaux de la culture à l'époque des labourages, des semailles et des moissons. C'est pourquoi, dans ces conditions, on donne les aliments concentrés pendant les heures de repas de la journée, pour distribuer les fourrages pendant la nuit. Il faut veiller aussi à ce que les distributions d'ali- ments grossiers n'aient jamais lieu de suite avant le travail. De même après le travail, il faut laisser aux chevaux le temps de se remetttre, de souffler comme on dit vulgairement. Nous ne parlerons que pour mémoire des soins de propreté qui doivent présider à la préparation et à la distribution de la ration. Les mangeoires doivent être parfaitement propres, et les râteliers débarrassés des fourrages ou pailles provenant des repas précédents. Nous reviendrons sur ces détails à propos des écuries et de leurs installations. Abreuvements. — Pour étudier l'abreuvement, il faut examiner la nécessité de la distribution de la bois- 362 LE CHEVAL. son, la quantité d'eau nécessaire, la température et les qualités de l'eau employée à cet usage. L'abreuvement découle de la nécessité de remplacer Peau utile aux fonctions physiologiques de la vie. Il faut queFanimalremplaceainsireauperdueparrhexhalaiion cutanée et respiratoire, par toutes les sécrétions, et il faut même qu'il en prenne une certaine quantité pour permettre aux digestions de s'opérer dans les meilleures conditions. Ainsi le cheval doit être abreuvé avant et pendant ses repas. La quantité d'eau à donner varie certainement avec les causes qui peuvent augmenter plus ou moins les pertes que nous venons de signaler. — La nature des aliments et leur état de siccité peuvent aussi avoir de l'influence sur la quantité d'eau absorbée. En général on fait boire les chevaux deux ou trois fois par jour. Il est d'une bonne hygiène aussi de leur pré- senter l'eau au moment de la rentrée et de la sortie pour le travail. Seulement, il faut avoir la précaution de laisser le fllet dans la bouche de l'animal, alin de l'empêcher de prendre de trop grandes quantités d'eau. Cette ma- nière de faire, si on a soin d'empêcher les animaux de boire beaucoup, a pour avantage de permettre de se rendre compte à la sortie des chevaux si le service de l'écurie a été bien fait, et de les rafraîchir sans danger lors de leur rentrée. La température de l'eau est aussi à prendre en "consi- dération, et nous avons déjà dit que l'eau qui marque I o à 1 5 degrés centigrades est la plus convenable. Cepen- dant il y a souvent une question d'habitude qui fait que les animaux peuvent prendre des boissons plus froides. Il faut que cette même eau renferme de l'oxygène, de l'acide carbonique et quelques substances minérales, sans quoi elle est fade, lourde à la digestion. LE CHEVAL. 263 Les eaux courantes de rivière, d'étang sont certaine- ment les meilleures pour abreuver les animaux. Celles des abreuvoirs doivent réunir certaines con- ditions. Ces réservoirs seront d'un accès facile, d'une profondeur suffisante, l'exposition du nord sera préfé- rable à celle du midi, et ils doivent être aussi peu om- bragés que possible. En effet, lorsque les arbres sont trop nombreux, ils nuisent à la bonne conservation de l'eau, en empêchant l'air de circuler aussi librement, et en provoquant dans l'abreuvoir la chute de feuilles et d'insectes qui peuvent être nuisibles aux animaux ou corrompre l'eau. On devra rejeter de la consommation les eaux alté- rées, celles qui peuvent provenir d'usines et contenir des sels nuisibles. Celles qui tiendraient en suspension des matières terreuses, des matières organiques, etc., ne pourront jamais être employées sans avoir subi cer- taines préparations, qui varieront suivant leur compo- sition. Enfin pour permettre de se rendre compte de la manière dont il faut régler les repas, nous donnons ici la distribution journalière des aliments et des bois- sons aux chevaux de la Compagnie générale des om- nibus : CHEVAUX TRAVAILLANT LE JOUR. A 4 heures. du matin. i/6 de la ration de grains. 1/2 — de foin. A 5 heures du matin. Faire boire. CHEVAUX TRAVAILLANT LA NUIT. A 5 heures du matin. 1/6 de la ration de grains. 1/2 — de foin. A 6 heures du matin. Faire boire. 1/6 de la ration de grains. 304 LE CHEVAL. CHEVAUX TRAVAILLANT LE JOUR. A 6 heures du matin. i/6 de la ration de grains. A 10 heures du matin. i/6 de la ration de grains. 1/2 — de paille. A 11 heures du matin. Faire boire. A midi. 1/6 de la ration de grains. A 2 heures après midi. 1/6 de la ration de grains. A 3 heures et demie. 1/2 de la ration de foin. Son en barbotage '. A 7 heures du soir. Faire boire. 1/6 de la ration de grains. 1/2 — de paille. CHEVAUX TRAVAILLANT LA NUIT. A 8 heures du matin. 1/2 de la ration de paille. A midi. Faire boire. 1/6 de la ration de grains. A 2 heures et demie. 1/6 de la ration de grains.] A 3 heures après midi. 1/2 de la ration de foin. Son en barbotage '. A 6 heures du soir. Faire boire. 1/6 de la ration de grains. A la rentrée. Faire boire. 1/2 de la ration de paille. 1/6 — de grains. Mais, nous le répétons, il ne peut pas y avoir de règles fixes, la distribution dépendant surtout de l'utili- sation des chevaux et du temps qu'ils peuvent consa- crer à la consommation de leur ration. H faut y apporter de la méthode, de la régularité et ne pas faire faire des repas trop considérables avant le travail, c'est tout ce que nous pouvons recommander. I. Les chevaux qui sont au travail ne reçoivent pas de barbotage et mangent le foin à leur rentrée. DEUXIEME PARTIE ÉCURIES — LITIÈRES — PANSAGE CHAPITRE PREMIER ECURIES Les écuries sont en usage depuis bien des siècles; et il y aurait lieu de penser que l'expérience d'un si grand nombre de générations a dû les amener au dernier état de perfection. Malheureusement, nous en sommes en- core loin. Nous ne voulons pas parler des écuries de luxe, ni même des écuries établies par les grandes administrations, qui font les frais nécessaires pour bien V installer leurs chevaux. Nous entendons parler seu- lement des écuries ordinaires, pour lesquelles on n'a tenu aucun compte ni du bien-être, ni de la santé du cheval. On a trouvé un coin dans un bâtiment qui ne semblait pouvoir être utilisé à aucune autre destination; on s'est contenté de l'approprier le mieux possible. Souvent l'écurie est petite, sombre, sans lumière et 266 LE CHEVAL. sans air; on croit que ce logement est assez bon pour les chevaux. Le Ministère de la guerre, qui certainement aurait dû donner le bon exemple, n'a pas toujours suivi les meilleures règles d'hygiène pour loger sa cavalerie, et sans vouloir remonter trop haut, nous verrons, en 1788, Chabert se plaindre très vivement des mauvaises conditions dans lesquelles se trouvaient loge's les che- vaux de la cavalerie française. Il constatait qu'un che- val n'avait que trois pieds et demi de place et qu'il ne pouvait se coucher. Le maréchal Oudinot, dans un rapport fait en 1841 ? reconnaissait que l'espace laisse' aux chevaux était in- suffisant, non seulement pour leur procurer le repos qui leur était nécessaire, mais encore pour satisfaire aux exigences du service. Dans ce même mémoire, il signalait la grande quan- tité de gaz qui se trouvait dans ces écuries trop petites et l'impossibilité d'y respirer. Enfin il insistait sur les inconvénients résultant du mauvais pavage des écuries et de la pente du sol souvent insuffisante, souvent exa- gérée. Dans le premier cas, les urines s'infiltraient dans le sol, dans le second, la pente était tellement rapide que les chevaux étaient obligés de se cramponner et de se tenir continuellement sur les pinces, ce qui contri- buait à les fatiguer et à amener leur ruine anticipée. L'influence des étables et des écuries sur la santé et la valeur de nos animaux domestiques, a une très grande importance. On constate malheureusement qu'elle est plus souvent mauvaise que bonne. Personne n'ignore les effets funestes qu'exerce sur l'hygiène de tous les animaux la privation d'air et d'espace. Nous n'avons nullement l'intention de nous substi- tuer aux architectes, mais nous croyons avoir le droit LE CHEVAL. 267 et le devoir d'appeler leur attention sur des faits qu'ils connaissent, mais dont ils ne tiennent pas toujours suf- fisamment compte. L'état de domestication dans lequel nous avons placé les animaux pour remplir les différents besoins auxquels ils doivent satisfaire, 'nous a amenés à leur créer des habitations qui, les protégeant contre les intempéries, nous permettent d'en tirer le plus grand parti possible. Comme nous l'avons fait pour les autres sujets, nous ne nous occuperons ici que des chevaux et par consé- quent les écuries seules doivent nous intéresser. On peut distinguer les écuries de luxe, les écuries industrielles, les écuries de la guerre et les écuries des fermes ou de la campagne. Il est bien évident que des écuries de luxe ne ressembleront pas à des écuries des- tinées à l'armée ou à des chevaux employés à l'indus- trie des transports ou aux travaux de ragriculture,'quel que soit le service des chevaux. Cependant on peut dire qu'il y a certaines considéra- tions générales qui s'appliquent à tous les cas, et pour nous faciliter l'étude, nous diviserons le sujet en deux parties : dispositions extérieures et dispositions inté- rieures générales, qui peuvent s'appliquer à toutes les écuries. ^ l. — DISPOSITIONS EXTÉRIEURES DES ÉCURIES. Orientation. — Dans l'édification générale des constructions qui doivent composer une exploitation agricole ou industrielle, on s'est pendant longtemps peu préoccupé de l'influence que pourraient avoir sur la santé et le bien-être des chevaux l'emplacement et l'orientation des écuries. On cherchait surtout à dimi- 208 LE CHEVAL. nuer le plus possible la de'pense d'installation, sans se rendre compte que les inconve'nients de chaque jour représentaient une cause de perte bien plus considé- rable que l'économie qu'on pouvait avoir réalisée sur les frais du premier établissement. Pour que les animaux soient bien logés et qu'ils puis- sent convenablement se reposer, il faut disposer l'écurie de telle façon qu'elle soit fraîche en été, chaude en hiver, qu'il n'y ait ni trop de lumière, ni courants d'air et qu'elle n'attire pas les mouches. En général, la façade principale sera tournée à l'est ou à l'ouest, de manière à diminuer l'action des vents du nord et de la chaleur du midi. Cette orientation convient à nos climats tempérés, parce que Thiver et l'été y sont à peu près d'égale durée, mais il est bien évident que, dans un pays chaud, on préférera l'exposi- tion nord, de même que dans un pays froid, on choi- sira l'exposition sud. Emplacement. — L'emplacement sur lequel on devra construire l'écurie sera toujours un peu plus élevé que les terrains environnants, de manière à per- mettre de ménager les différentes pentes qui sont né- cessaires pour l'écoulement des liquides. Ce même emplacement sera sur un terrain ferme, aussi imperméable que possible ; on devra surtout éviter les terrains marécageux. Dans le cas où le sol serait traversé par des nappes d'eau, il est de première nécessité de faire les travaux indispensables pour régler la circulation de ces eaux souterraines. Car ces eaux peuvent être d'autant plus nuisibles qu'elles se trouveront, comme cela se produit quelquefois, en communication avec les fumiers et les fosses à purin, surtout quand ces dernières se trouvent en mauvais état. LE CHEVAL. 269 Il faut aussi tenir grand compte de la disposition des bâtiments près desquels doit se faire la construction. L'e'curie sera à une distance raisonnable de la maison d'habitation, ni trop rapprochée, ni trop éloignée, pour éviter les dangers d'incendie et pour permettre aux gens de s'y rendre aussi souvent que possible et sans perte de temps. Dans certaines campagnes, les écuries, et surtout les étables, font partie des corps de bâtiments de la maison, soit qu'elles soient placées sur le même plan ou au- dessus. La maison dans ce cas profite de la chaleur de retable et la surveillance est facile. Mais les odeurs ammoniacales, le voisinage des mouches attirées par les écuries et surtout le bruit que font les animaux présen- tent des inconvénients qui ne sont pas compensés par les avantages que nous avons énumérés. L'écurie sera en vue de la maison, afin qu'on puisse facilement voir ce qui s'y passe. Cohabitation. — On a l'habitude dans certains pays de réunir dans les mêmes bâtiments toutes les diffé- rentes espèces qui forment la population animale de la ferme, c'est une erreur. Il vaut mieux les séparer par espèces, pour éviter les accidents et surtout pour don- ner à chacune d'elles la température propre qui lui est nécessaire. Dans les nouvelles exploitations rurales, on sépare même les différents bâtiments. Les bêtes qui peuvent le mieux s'accommoder avec les chevaux sont les vaches laitières, parce qu'une température de i 5 à 18 degrés centigrades est favorable à ces deux espèces d'ani- maux. Et de plus on peut loger sans inconvénient près des vaches laitières, soit les chevaux de passage, soit les chevaux malades, car il n'y a rien à craindre pour la contagion des maladies d'une espèce à l'autre. Quant aux autres animaux domestiques, ils ne doi- 270 LE CHEVAL. vent jamais vivre dans les mêmes bâtiments que les chevaux. Les selleries contenant les harnais et les magasins à fourrages, seront toujours place's de façon à ne pas re- cevoir les vapeurs provenant des écuries. Les harnais se détériorent et les fourrages s'altèrent et prennent mauvais goût. Murs extérieurs. — Sous prétexte qu'il ne s'agis- sait de loger que des animaux, la construction des écu- ries et des étables a été trop souvent faite avec une parcimonie regrettable, et c'est pourquoi on n'employait souvent que des matériaux de rebut pour les édifier. Les matériaux qui doivent être employés sont géné- ralement ceux qu'on rencontre dans le pays, tels que le pisé, les tufs calcaires, les briques, le grès, quelquefois le bois. La première condition que doivent présenter ces matériaux, c'est d'être mauvais conducteurs de la chaleur. Pour cette raison, le bois et les matériaux po- reux, surtout les briques, sont employés avec avantage. Quand les murs sont composés de matériaux bons con- ducteurs du calorique, il n'y a pas seulement perte de chaleur, mais il y a encore formation d'une couche d'humidité à la face intérieure des murs. Cette humidité est très préjudiciable à la santé des animaux, parce qu'elle favorise la formation du salpêtre et qu'elle em- pêche la ventilation par les murs. Car il est démontré aujourd'hui que le renouvellement de l'air dans les locaux habités peut se faire en partie à travers les murs extérieurs. Naturellement, les matériaux employés doivent être réfractaires aux influences atmosphériques et ils doi- vent avoir assez de cohésion pour qu'on puisse y lixer solidement les différents appareils pour la distribution des fourrages et pour attacher les animaux. LE CHEVAL. 271 Dans ces derniers temps, on a construit des murs extérieurs doubles, qui permettent de laisser une cou- che d'air entre les deux murs, quelquefois on emplit cet espace avec de la bourre, de la sciure, etc. Dans ces conditions, on a une grande solidité', il n'y a jamais de condensation de vapeur d'eau sur le mur inte'rieur et le bruit qui se produit dans l'écurie est moins perceptible. Mais d'un autre côté, cet espace in- termédiaire peut devenir un abri pour la vermine, les rats et les souris. Là où le bois est abondant et par suite à bas prix, les écuries sont faites en charpente reposant sur un socle en pierre massive jusqu'à la hauteur du râtelier. On trouve encore en Suisse et dans le Tyrol des éta- bles faites avec un assemblage de troncs d'arbres. Les premiers colons de l'Amérique construisaient ainsi avec toits saillants leurs maisons et leurs étables. Les journaux américains donnent souvent des reproduc- tions assez exactes de ces constructions. A Paris, dans les écuries industrielles, les murs laté- raux et du fond sont en bon moellon du bassin de Paris, hourdés en mortier de chaux, sable et ciment et crépis en plâtre à l'intérieur; la charpente est en bois de sapin pour toutes les pièces travaillant horizontalement, et en chêne pour les bois debout, tels que poinçons, liens et chéneaux. § II. DISPOSITIONS INTÉRIEURES DES ÉCURIES. Le plafond. — Le plafond d'une écurie doit rem- plir les conditions suivantes : conserver la chaleur, ré- sister à l'humidité, être à l'épreuve du feu, permettre une ventilation rationnelle et laisser passer l'air. 273 LE CHEVAL. Il se présente deux cas : ou le plafond est formé di- rectement par la couverture du bâtiment, ou il forme le plancher de magasins ou d'appartementsplacés au-dessus des écuries. Dans le premier cas, la couverture peut être en zinc ou en tôle, en ardoises, en tuiles, en planchettes ou en chaume. Dans ces dernières années, on en a même fait en carton bitumé ou avec des préparations analogues. A notre avis, la meilleure couverture est en tuiles à emboîtement, système Muller, avec chéneaux cylindri- ques en zinc n" i6. On combine avec cette couverture un plafond rampant en plâtre établi sous les chevrons avec latti en fer carrillon ne se détériorant pas sous l'action de la buée. Ce plafond se combinant avec la tuile Muller a pour but d'empêcher la chaleur ou le froid de pénétrer dans l'écurie. Le plafond peut être soutenu par des piliers en moel- lons, en briques ou même en charpentes. Mais ces dif- férents soutiens ont l'inconvénient d'occuper un cer- tain espace et d'enlever la lumière. Aujourd'hui on em- ploie dans les bonnes écuries des colonnes de fer ou de fonte creuse qui occupent peu déplace et laissent facile- ment circuler la lumière. Il est facile de comprendre que ces piliers doivent être ronds et lisses afin d'éviter de présenter aucune arête qui pourrait blesser les ani- maux ou leur permettre de se frotter. Les écuries doivent toujours être bien éclairées, mais cependant en évitant, autant que possible, que la lu- mière ne vienne pas directement sur les yeux des ani- maux; nous verrons comment on dispose les fenêtres dans les différents types d'écuries, mais il faut reconnaître qu'en général, dans les campagnes, on ne se préoccupe nullement de la manière dont les écuries ou les étables reçoivent la lumière, quand toutefois elles en reçoivent. LE CHEVAL. 273 Il est nécessaire de tenir compte de la taille des ani- maux qu'on doit loger pour la hauteur à donner aux e'curies. En ge'ne'ral, elles sont trop basses, et nous au- rons à en reparler pour l'ae'ration. Unee'le'vation de 5 à 6 mètres est une bonne moyenne. Dans le cas où les greniers sont situés au-dessus des écuries, les planchers doivent être bien faits, ne jamais présenter de fentes, qui laisseraient tomber les poussières sur les animaux et qui permettraient aux vapeurs de l'écurie d'altérer les fourrages en magasin. Le sol. — Le sol doit être tel que les animaux puis- sent se coucher commodément, il doit pouvoir résister au poids de leur corps et ne pas être altéré par les urines et les crottins. Il importe aussi que le sol soit imperméable pour ne pas laisser pénétrer le purin, qu'il soit facile à nettoyer et qu'il ne nécessite pas beaucoup de frais d'entretien et de réparation. En outre, il ne doit être ni froid ni dur, ne pas user les sabots ni la ferrure, et être disposé de telle façon qu'a- vec une petite quantité de paille, on puisse facilement faire la litière. Afin de faciliter l'écoulement des liquides, le sol des écuries doit être légèrement incliné, mais il faut prendre garde d'exagérer cette inclinaison, qui fatigue les ani- maux. Les écuries des marchands de chevaux ont tou- jours une pente assez prononcée pour faire valoir devant l'acheteur les animaux qui y sont logés. Pour les chevaux, la pente doit être d'environ o m. 1 5 du ruisseau au-devant de la mangeoire, cette pente qui peut paraître un peu forte pour les aplombs du cheval, sera rectifiée en exagérant un peu l'épaisseur de la li- tière sous les pieds d'arrière. Au reste, il y a un grand nombre de chevaux qui sont un peu plus hauts de l'ar- T. I. 18 274 LE CHEVAL. rière-main, et la pente dans ces conditions répartit plus uniformément le poids du corps sur les quatre mem- bres, que si le sol de l'écurie était horizontal. Le sol du passage placé derrière les chevaux devra être légèrement voûté, atin de faciliter l'écoulement des liquides vers le ruisseau placé derrière chaque ran- gée de chevaux. La pente de ce ruisseau dans le sens de la longueur de Técurie sera de o m. o 1 5 par mètre linéaire.^ quelle que soit la profondeur de l'écurie. Nous verrons plus loin que dans les écuries anglaises on pratique des rigoles en fonte, qui présentent de sérieux inconvé- nients. Les matériaux qui peuvent être employés pour re- vêtir ce sol varient beaucoup, nous allons les passer successivement en revue. 1° Terre nue. — Dans beaucoup d'écuries de cam- pagne, c'est la terre nue qui forme le sol de Técurie, qu'elle soit simplement mélangée avec des cailloux et qu'elle forme macadam, ou qu'elle soit composée, comme Taire d'une grange, de terre glaise qu'on bat vigoureusement pour en former une croûte solide et résistante. Cette composition du sol d'une écurie est vicieuse pour des chevaux qui la détériorent rapidement, mal- gré tous les soins qu'on a pu y apporter, par leur piéti- nement continuel. Cependant, dans certains cas, on ne peut se procurer d'autres matériaux. Le mieux alors est d'opérer de telle façon que la couche de terre glaise ait au moins 4 à 5 cen- timètres d'épaisseur, et qu'elle soit recouverte après avoir été bien battue d'une couche de chaux hydrau- lique, de béton ou de ciment de quelques millimètres. Dans ces conditions, le sol devient très dur. Mais ces aires ne résistent pas longtemps à l'urine qui LE CHEVAL. 275 les détrempe et aux fers des chevaux qui les endom- magent. 2° Pavage en grès. — Le système le plus durable, et par conséquent le plus économique, est le pavage en bon grès de Saint-Chéron de deux, c'est-à-dire que chaque pavé a i5 cent, de côté sur 8 à 10 d'épaisseur. Ce pavé est posé sur une forme de sable de rivière de i5 à 20 cent, d'épaisseur et jointoyé en mortier de ciment de Boulogne-sur-Mer. C'est le meilleur système que l'expérience a fait consacrer. Il revient à environ 9 fr. 60 le mètre, et l'entretien, y compris le remplace- ment des pavés usés ou brisés, n'a coûté pour un cer- tain nombre d'années que o fr. 25 par mètre et par an. Le reproche le plus saillant qu'on puisse faire au pavé est qu'il est froid pour les animaux et qu'il use la ferrure, mais nous verrons qu'on peut remédier à ces inconvénients par un bon emploi de la litière. On a essayé aussi le pavage avec des briques placées de champ, mais outre qu'il est assez cher, il s'use rapi- dement. De plus, si les briques ne sont pas suffisam- ment dures, elles absorbent une certaine quantité d'urine. Dans les écuries bourgeoises on a appliqué le carre- lage en grès céramique. Très coûteux 25 francs par mètre), ce pavage est en outre très glissant. 3° Asphalte. — L'asphalte n'a pas donné non plus de bons résultats; elle coûte environ 14 fr. 80 par mètre carré, pour 5 cent, d'épaisseur appliqués sur béton de 8 cent, d'épaisseur. L'asphalte, rendue malléable par la chaleur résultant de la fermentation de la litière, finit par prendre l'em- preinte du cheval qui se couche alors dans une sorte de cuvette retenant les urines.. Malgré les rainures. et les quadrillés qu'on fait dans 276 LE CHEVAL. cette substance, les chevaux glissent en entraînant la li- tière et sont exposés à des accidents. On a fait ayssi des cubes d'asphalte mélangé avec des scories de charbon de terre avec lesquels on pavait les écuries. On affirme qu'ils ont donné de bons résultats, mais nous n'en avons jamais essayé. 4" Pavage en bois. — Le pavage en bois a été essayé aussi, mais nous croyons qu'on arrivera à y renoncer par suite des inconvénients résultant de sa perméabilité et de l'infection qui résulte de l'emmagasinage forcé des liquides ammoniacaux. Les pavés en bois, qui peuvent provenir d'essences tout à fait différentes, varient aussi beaucoup avec le même bois par l'âge et par la densité. Ces sortes de pa- vage ont aussi l'inconvénient de s'user inégalement et de devenir très glissants. On pourrait à la rigueur faire le pavage en bois de l'allée de l'écurie, mais alors il faut veiller à la dilata- tion qui peut se produire en cas d'humidité, et qui deviendrait préjudiciable, non seulement au reste du pavage, mais même au bâtiment. Ce pavage convient surtout très bien pour les portes- cochères, parce que, dans ce cas, il n'est pas exposé à l'humidité, et il diminue considérablement le bruit des voitures et l'ébranlement des bâtiments. Depuis longtemps en Allemagne, en Danemark, en Suède et en Norvège, c'est-à-dire dans les pays qui ont le bois en abondance, on plaçait les animaux et même les chevaux sur des planchers en bois, lesquels plan- chers étaient éloignés de quelques centimètres du sol, et laissaient passer les liquides. On en trouve une description complète dans les ou- vrages suédois et allemands. Drainage des écuries. — M. Basserie, colonel de LE CHEVAL. 277 cavalerie en retraite, a cherché dans ces dernières an- nées, toui en remettant en usage les planchers en bois, à opérer le drainage des écuries au moyen d'un couvre- drain-passoire mobile en fonte. Il reproche aux écu- ries la pente exagérée qu'on doit donner aux pavés d'avant en arrière pour permettre l'écoulement des urines. Le cheval serait alors hors de son équilibre naturel et ne pourrait pas bien se reposer. C'est pour- quoi il a inventé ce couvre-drain qui supprime, sous le cheval, la pente du pavé. Son système permettrait le repos de Tanimal sur un plan complètement horizontal et en même temps l'assainissement du local et la con- servation de la litière. Si d'un côté les planchers présentent les avantages que nous venons d'énumérer,tels que de placer l'animal sur une surface horizontale, de le débarrasser des li- quides qui souillent la litière, de conserver la chaleur du corps, etc., ils présentent aussi de graves inconvé- nients. D'abord ils s'usent rapidement et durent à peine trois ans, ils offrent une surface considérable d'évapora- tion, pour les liquides ammoniacaux, et cette évaporation a lieu dans les écuries et gêne les animaux. En Angleterre on emploie souvent des plaques en fonte en forme de T ou autres, pour couvrir les ruis- seaux, quelquefois même de caoutchouc vulcanisé, comme dans certaines écuries de marchands de che- vaux de luxe à Paris. Mais ces différents moyens, qui permettent d'assainir une écurie qui ne comprend qu'un petit nombre d'ani- maux, deviennent onéreux et difficiles à faire exécuter par le personnel, lorsqu'il s'agit d'écuries nombreuses. Dans ces dernières tout doit être apparent, pour qu'on puisse à la première inspection se rendre compte que tout le service a été bien fait. Les litières, quelle que soit 278 LE CHEVAL. leur composition, permettent de modifier d'une façon très heureuse la pente qu'on doit donner aux écuries pour faciliter l'écoulement des liquides. En étudiant plus loin la formation des litières nous reviendrons sur ce sujet. Ouvertures. — Les ouvertures doivent livrer pas- sage aux hommes et aux animaux, laisser pénétrer la lumière, permettre de renouveler l'air et de re'gler la température des écuries. Ce sont les portes, les fenêtres et les cheminées d'appel. 1° Portes. — Dans les écuries simples, sans greniers au-dessus, la porte se trouve généralement dans le mur de face ; elle est presque toujours surmontée d'un châssis d'imposte à soufflet, et quelquefois de chaque côté il se trouve deux autres châssis de.i m. 3o sur i mètre, ouvrant à bascule, qui combinés avec le châssis de la toi- ture aèrent parfaitement l'écurie en passant au-dessus de la tête des chevaux. Les châssis de la toiture, dans les écuries sans gre- niers, sont des châssis vitrés ouvrant près du faîtage, avec appareil de fermeture rendant lachute desverres difficile et empêchant le châssis de se retourner par le vent. Lorsque les greniers existent au-dessus des écuries, on ne peut compter que sur les châssis du devant et ceux que l'on peut ouvrir sur le mur du fond ou les murs de côté. De même lorsque les écuries sont placées à côté les unes des autres, on peut les faire communiquer par des ouvertures pratiquées dans les murs latéraux. Les portes doivent avoir de i m. 3oà i m. 5o de largeur pour les écuries ordinaires, et une plus grande largeur pour les grandes écuries. Elles seront fermées par deux battants; un seul serait trop large; on peut les faire iné- gaux pour faciliter le service. Les montants des portes seront arrondis. Dans les LE CHEVAL. 279 écuries bien tenues, on dresse sur chacun des angles des portes un cylindre de 12 à i5 centimètres de dia- mètre, qui tourne sur un pivot quand on le touche. 2° Fenêtres. — Les fenêtres sont rondes ou carre'es, et, doivent être fixées intérieurement aux châssis par des charnières ou par deux pivots, de manière que lors- qu'on veut les ouvrir, l'air froid pénètre par le haut. Toutes ces ouvertures devront être disposées de ma- nière que les animaux ne souffrent ni des courants d'air, ni de la lumière directe. L'été, on peut ajouter des paillassons, des volets à jour, le blanchiment des carreaux pour intercepter la lumière et préserver les animaux des insectes. On signale encore parmi les ouvertures : 3° Cheminées d'appel. — Les cheminées d'appel qui sont de longs tuyaux, en planches le plus souvent, représentant un entonnoir renversé et faisant commu- niquer l'intérieur du bâtiment avec le dehors au-dessus de la toiture. Elles sont destinées à donner passage à l'air chaud et chargé de vapeurs. Des planches hori- zontales, glissant dans des coulisses, et coupant en travers les cheminées servent à modérer l'aérage. Ces cheminées sont difficiles à bien établir, c'est pourquoi beaucoup de gens les ont rejetées. Aération. Ventilation. — M. G. Colin, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, dit dans la troisième édi- tion de son rem.3irq\jidih\QXï3i\xé dQ Physiologie comparée des animaux, qu'un cheval pesant environ 460 kilo- grammes, aspire en vingt-quatre heures 95591 litres d'air. Il ajoute qu'un cheval enfermé dans un espace ayant 4 mètres de longueur, autant de largeur sur 3 mè- tres 12 centimètres et demi de hauteur, aurait, si le local était parfeitement clos, 5o mètres cubes d'air à sa disposition. En vingt-quatre heures, cet animal absor- 28o LE CHEVAL. berait à peu près 5 mètres cubes d'oxygène, et exhale- rait un peu moins de 5 mètres cubes d'acide carbo- nique. Or, au bout de ce laps de temps, l'air n'aurait plus que 10 et demi p. loo d'oxygène, et serait sa- turé de lo centièmes d'acide carbonique; Userait arrivé par conséquent au degré d'altération qui détermine l'asphyxie : l'animal ne tarderait pas à y périr. Dans un espace d'une étendue double, ou de loo mètres cubes, et toujours exactement fermé, l'air ne renfermerait plus au bout de vingt-quatre heures, que i6,5 p. loo d'oxygène, et contiendrait 5 centièmes d'acide carbonique. L'at- mosphère confinée serait donc dans toute sa masse aussi viciée que l'air qui est expulsé du poumon après avoir servi une fois à la respiration, et déjà cet air ainsi altéré cesserait d'être respirable, d'après certains expérimenta- teurs. Il est évident, dit encore M. Colin, qu'il faudrait donner aux habitations des animaux des proportions énormes, si ces habitations, exactement fermées, s'op- posaient au renouvellement de l'air. Il importe donc, à défaut d'espace, de faciliter le renouvellement de l'air que respirent les animaux, non seulement, pour rem- placer l'oxygène consommé et disperser l'acide carbo- nique produit, mais aussi pour limiter l'élévation de la température du milieu et entraîner à l'extérieur les éma- nations animales qui le vicient souvent autant que les actes de la respiration. Les interstices ou les jointures des portes et des fenêtres suffisent déjà, même dans des espaces fort restreints, à un renouvellement d'air tel que ce fluide reste à peine chargé d'un centième d'acide car- bonique et privé d'un équivalent d'oxygène. Mais dans les cas qui nous occupent, l'aération, malgré les ouver- tures dont nous venons de parler, laisse presque tou- jours à désirer. On a beaucoup écrit sur l'aération des écuries, comme LE CHEVAL. 281 sur celle des maisons habite'es par l'homme, mais il faut reconnaître que, maigre' la bonne volonté' de'ploye'e par les architectes, on n'est pas encore arrive' à une aé- ration rationnelle des locaux habite's par les hommes ou par les animaux. Nous ne passerons pas en revue tout ce qui a e'té écrit sur ce sujet, cela nous entraîne- rait beaucoup trop loin. Cette aération doit être d'autant mieux ménagée qu'il faut, là où on réunit un grand nombre d'animaux, ne pas cependant les placer dans un courant d'air pour amener l'air pur dans les écuries. C'est ce qui se pro- duit souvent avec les fenêtres trop nombreuses ou trop larges. En janvier 1862, Renault, alors inspecteur général des écoles vétérinaires, fit un important discours à l'Académie impériale de médecine, sur l'Influence de l'aération et de la ventilation sur les animaux sains ou malades. Il mentionne que, vers la fin du- xvii" siècle, Vauban avait fixé à 3 pieds en largeur l'espace à donner à chaque cheval de troupe dans les écuries, et c'est d'a- près cette proportion restreinte que, jusqu'après la paix de 1 8 14, la plupart des écuries de nos casernes de cava- lerie furent construites. Nous avons vu au commence- ment de ce travail sur les écuries, que des améliorations importantes furent apportées en 1 841. Et Renault fit alors remarquer que l'état sanitaire général de la cava- lerie de l'armée s'améliora très sensiblement par suite de la place plus large accordée à chaque cheval. En augmentant ainsi la capacité du cube d'air, on a permis une meilleure aération des locaux. Le savant professeur Pettenkofer, de Munich, a fait des recherches très remarquables sur la ventilation des habitations. C'est lui qui a démontré la porosité des matériaux de construction et par suite des murailles. 282 LE CHEVAL. Il avait inventé à cette intention un appareil que nous avons vu chez MM. Geneste, Herscher et C^°,entrepre- neurs de travaux publics à Paris, pour prouver la per- méabilité due à la porosité des matériaux de construc- tion et des murailles. Un massif de briques de o°',40 d'épaisseur est her- métiquement enfermé entre deux entonnoirs de tôle. Il suffit de souffler légèrement par le tuyau de l'un des entonnoirs pour éteindre une lumière placée devant le tuyau de l'autre. L'aération des écuries peut donc se faire non seulement par les différentes ouvertures, mais encore par suite de la perméabilité des matériaux de construction. La différence de la température entre l'air intérieur de l'écurie et Tair extérieur est aussi une des causes de la ventilation; c'est dans cette pensée qu'on a fait des ouvertures (barbacanes) dans le bas des murs, pour servir de prise d'air et des cheminées d'évacuation pour l'air vicié, qu'on a appelés cheminées d'appel. Le géné- ral Morin a étudié le fonctionnement de ces appareils à la Compagnie générale des omnibus, et il a démontré qu'en proportionnant la section des cheminées d'éva- cuation, on pouvait déterminer l'évacuation de tel vo- lume d'air qui sera jugé nécessaire. Pour même activer la marche dans ces cheminées d'appel qui devaient tra- verser tous les greniers placés au-dessus des écuries, il plaçait à leur entrée un bec de gaz, qui, lorsqu'il était allumé, chauffait l'air et aidait à une évacuation plus prompte. Le général Morin partait de cette donnée, qu'il faut environ i8o à 200 mètres cubes d'air par heure et par cheval pour assurer la salubrité des écuries. Et alors comptant sur une vitesse moyenne d'évacuation de o°',70 en une seconde, il trouvait que les cheminées LE CHEVAL. 383 d\me hauteur de 5 à 6 mètres doivent avoir une sec- tion d'environ 7 à 8 centimètres carrés par cheval. Quant à la construction des cheminées, il sera préfé- rable, quand on le pourra et toujours lors de la con- struction du bâtiment, de les faire en maçonnerie dans l'épaisseur des murs. Celles qui sont en tôle sont sujet- tes au refroidissement par Faction de l'air extérieur, elles sont assez promptement corrodées, et celles que Ton fait en bois pourrissent rapidement par Faction de Fair chaud et humide qui les parcourt. C'est probablement parce qu'on ne tient pas compte de ces dernières recommandations, qu'on voit un cer- tain nombre de cheminées d'appel ne pas donner les résultats espérés. Il faut aussi penser que cette ventilation est sujette à des renversements de sens, soit par Faction du vent, soit par des causes accidentelles, quand les différences de température sont faibles. Pour toutes ces raisons on a abandonné, toutes les fois qu'on a pu, ce mode de ven- tilation. Lorsque l'aération peut se faire par des fenêtres dis- posées dans le plafond des écuries, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a aucun bâtiment construit au-dessus d'elles, il faut savoir la régler, parce qu'elle peut être trop rapide et occasionner des courants d'air. Température. — Un animal exposé à une tempéra- ture trop basse, au-dessous de 10 degrés centigrades, par exemple, éprouve une sensation désagréable, qui se manifeste par la manière de se tenir. Le cheval tient le dos voûté, la queue est serrée entre les fesses, et les membres sont rapprochés. La peau semble hérissée, les poils se redressent, et le cheval témoigne de son malaise, par de légers frissons et des mouvements con- vulsifs. 284 LE CHEVAL. Tout enfin indique que le cheval se trouve indisposé par une température extérieure trop basse, par suite les fonctions de digestion et de nutrition se trouvent ralen- ties, et lorsque la température continue à descendre, les animaux peuvent mourir. Une température trop élevée agit aussi d'une manière tout à fait préjudiciable sur les animaux, elle amène la transpiration et par suite Taffaiblissement. La température des écuries ne doit donc être ni trop élevée ni trop basse, de manière à permettre à l'animal d'entretenir dans des limites favorables la chaleur de son corps. D'après les expériences de Henneberg et de Stohmann de Weende, la température de i6 degrés centigrades est celle qui convient le mieux d'une manière générale, celle de 20 degrés pour les chevaux de luxe, les juments poulinières et les poulains, et celle de i5 degrés pour les chevaux de travail au repos. Il doit toujours y avoir un thermomètre placé dans l'écurie afin de contrôler la température, car on ne peut guère compter sur la sensibilité physique des hommes et surtout des palefreniers. Dimensions des écuries. — Après avoir étudié les dispositions intérieures, nous devons rechercher quelles sont les meilleures dimensions que doivent présenter les écuries en général. La longueur d'une écurie doit être calculée pour que chaque cheval ait une place égale à sa taille. C'est la rè- gle qu'on devrait observer, mais lorsqu'on a un grand nombre de chevaux à loger, et surtout que le terrain est cher, on ne peut guère leur accorder un espace égal à leur taille. On donne généralement pour les chevaux qui ont i",6o à i°',70 un espace mesurant i°',i5 à i°',3o; cet espace n'est pas suffisant et nous verrons qu'on ne LE CHEVAL. 285 peut le faire qu'à la condition que les bat-flancs soient mobiles. Les écuries sont simples ou doubles, c'est-à-dire con- tiennent un ou deux rangs de chevaux. Chaque rang doit avoir 4 mètres de largeur, à partir du mur où est attaché l'animal jusqu'au couloir qui se trouve derrière lui; ce dernier doit mesurer de i™,5o à 2 mètres. Les écuries simples auront donc 6 mètres de largeur et les écuries doubles 10 à 1 1 mètres. Les chevaux peuvent être disposés de deux façons dans les écuries doubles, soit opposés par la tête, soit opposés par la croupe, c'est ce dernier mode, qui est le plus pratique, car il nécessite moins de place et la sur- veillance est plus facile. Enfin, ces deux dimensions, largeur et longueur, doi- vent permettre de tourner facilement autour des che- vaux, qui s'y habituent et deviennent d'autant plus doux et plus maniables. Nous avons dit que la sellerie, les remises, les greniers ne doivent jamais être en communication directe avec l'écurie. Cependant pour prévenir tout accident, il est bon qu'un homme surveille l'écurie, surtout si elle est nombreuse. Quelquefois on le place dans une chambre contiguë et communiquant avec celle-ci par une porte et un vasistas dans le mur placé au-dessus du lit de garde. Lorsque la chambre est au-dessus, la surveillance est moins efficace. Dans les fermes, l'homme d'écurie cou- che dans l'écurie elle-même. § III. MOBILIER DES ÉCURIES. Les mangeoires, les râteliers, les bat-flancs, les moyens d'attache, constituent le mobilier des écuries. 286 LE CHEVAL. Mangeoires. — Bien des systèmes ont été employés comme mangeoires. Ainsi on fait encore dans les campagnes des man- geoires avec fond et devant en bois, le plus souvent en chêne de o"\o54 d'épaisseur, posées sur des racinaux en bois. Trois anneaux en fer sont vissés dans le devant de la mangeoire, à chaque séparation, celui du milieu servant à accrocher le bat-flancs, les deux autres laissant passer la longe en cuir qui se termine en bas par un billot^en bois. Les chevaux mangeant souvent la planche du devant, on a été amené à garnir la rive d'une plate-bande en fer méplat demi-rond. On sépare par un morceau de bois la partie de man- geoire de chaque cheval. L'humidité constante amenant la pourriture des bois, on est arrivé à doubler chaque auge en zinc n° i6. C'est une dépense de lo à 1 1 francs. Ce système qui est bon avec des animaux tranquilles et qui peut durer environ une dizaine d'années, est vite détérioré par des chevaux turbulents, avec les pieds qu'ils mettent dans la mangeoire ou avec les mors de bride quand ils rentrent du travail. On a essayé aussi des mangeoires avec devants en bois, mais posés sur contre-murs en maçonnerie avec fonds en ardoise ou en asphalte de o m. o 1 5 d'épaisseur. Le retrait du bois amène un joint dans la partie basse dans lequel se logent l'eau et les grains et où s'établissent des fermentations; ce qui a conduit à l'abandon de ce système coûteux. On est donc arrivé à établir des mangeoires en fonte sur contre-murs en maçonnerie, avec glissoires uniques pour les longes remplacées par des chaînes à anneaux, et une ferrure spéciale pour supporter le bat-flancs. L'é- LE CHEV^AL. 287 tablissement de ce système coûte de 90 à 100 francs, compris maçonnerie de contre-murs, fonte, potence en fer, anneaux, ferrure de bat-flancs, glissoire de longe, chaîne d'attache et bâtonnet d'anneaux pour man- geoire de I m. 3o. Quoique coûteux, ce système est excellent en ce qu'il ne demande plus d'entretien. Les chevaux sont sûrs d'avoir une nourriture saine, le^ coins arrondis de Fintérieur de l'auge empêchant l'avoine ou le son d'y se'journer. Râteliers. — Les râteliers destinés à placer les four- rages composant la nourriture des animaux, afin qu'ils ne la perdent pas, doivent être disposés de façon à ce que les chevaux puissent prendre facilement leur nour- riture. Les grands râteliers sont généralement en bois et placés selon la longueur des écuries. On peut les diviser par des planches, de la même façon que les man- geoires, mais il n'y a pas d'avantage à le faire. On les établit avec traverses en sapin de 0,08 X 0,08 et rouleaux ou barres en cornouiller espacés de 8 à 9 centimètres d'axe en axe. Les chevaux aiment beaucoup le goût du sapin et les traverses inférieures sont l'objet de leurs attaques con- tinuelles. Pour éviter cet inconvénient, on met les traverses en chêne. Le prix d'un mètre linéaire de râtelier en chêne revient à 12 francs. La hauteur à laquelle doivent être placés la mangeoire et le râtelier varient suivant la taille des animaux. Il faut toujours qu'ils puissent tirer les fourrages et prendre les aliments dans la mangeoire sans se fatiguer. Bat-Flancs. — Nous avons dit que l'espace réservé à chaque cheval devait être au moins de i m. do, et pour 288 LE CHEVAL. éviter les accidents, on doit les séparer soit par des stalles fixes, soit par des stalles mobiles auxquelles on donne le nom de bat-flancs. Ces séparations sont très variables, depuis la simple perche jusqu'au bat-flancs capitonné. Pour les écuries nombreuses, le bat-flancs ordinaire se compose d'une planche fixée au moyen d'un crochet à la mangeoire, et suspendue en arrière à des chaînes ou à des cordes qui pendent du plancher. Elles doivent toujours être fixées de telle façon qu'on puisse les enlever et les faire tomber avec facilité dans le cas où les chevaux sont entravés. On les attache avec des nœuds coulants, c'est le moyen le plus simple. On se sert aussi d'un instrument, en bois ou en métal, nommé sauterelle. Coffre à avoine. — Le mobilier des écuries com- prend aussi le coffre à avoine placé dans un coin de récurie, souvent dans le fond au-dessus du robinet de distribution d'eau. Il ne doit contenir qu'une fraction de la ration du jour, pour faciliter la surveillance. Quelquefois il est placé en dehors de l'écurie. Au-dessus sont deux planches pour recevoir les objets de pansement et les objets spéciaux aux hommes chargés de la surveillance de l'écurie. Enfin à 2 m. 3o environ du sol, est fixée la soupente ou couchette de l'homme, afin qu'il puisse embrasser d'un coup d'œil la rangée de chevaux dont la garde lui est confiée. Pour recevoir les harnais des animaux ren- trant, il existe, dans chaque écurie, au droit de chaque ferme du comble, deux porte-brides en fer suspendus à l'entrait. Il y a aussi des fourragères destinées à recevoir les four- rages à mettre en distribution, mais elles ne doivent être employées que pour déposer momentanément les LE CHEVAL. 289 fourrages, car ces derniers s'altèrent promptement dans l'atmosphère chaude et humide des e'curies. § IV. — TYPES d'Écuries. Nous avons admis une division des écuries suivant les services auxquels doivent être employés les chevaux, c'est-à-dire en écuries industrielles, écuries pour les chevaux de l'armée, écuries de luxe et écuries des cam- pagnes. A. — ÉCURIES INDUSTRIELLES. Différentes dispositions. — Les types d'écuries in- dustrielles, c'est-à-dire convenables pour abriter les chevaux employés au transport des personnes et des marchandises, sont très nombreux à Paris, et il nous suffira d'énumérer les différents modèles existant à la Compagnie générale des omnibus pour se rendre compte de leur construction. 1° Ecuries à rez-de-chaussée comme les dépôts de Monge, Alfort, Allemagne, Ghaumont, Haxo, Ivry, Lebrun, Lagny, Lyon, Pyrénées, Montrouge. 2° Écuries à rez-de-chaussée avec un, deux ou trois étages de greniers au-dessus (Bicêtre, Clichy, Cour- bevoie, Grenelle, Aima, Auteuil, Montmartre, Trône, Villette). 3° Ecuries en sous-sol, à rez-de-chaussée au-dessus, avec cour d'isolement, ponts d'accès et trois étages de greniers, au-dessous rampe descendante (Gontrescarpe, Saint-Martin). 4° Écuries à deux étages superposés à rez-de-chaussée et à premier étage (fig. 29). Ges dernières sous toiture, T. I. 19 LE CHEVAL. 291 rampe d'accès et balcon en saillie porte' sur consoles et desservant toutes les écuries du premier étage (Bastille- Mozart). 5° Ecuries souterraines avec cour occupée par les voitures desservies par ces chevaux (Cour d'Aligre.) 6° Enfin écuries au premier étage avec rampe d'accès et greniers au-dessus. Le rez-de-chaussée réservé complè- tement aux voitures i Vallée). Le type d'aménagement extérieur et intérieur d'écurie que nous avons décrit, se retrouve dans toutes celles des bâtiments de svstème différent dont nous venons de faire la nomenclature et ne diffère que par certains côtés que nous allons indiquer sommairement, en appuyant sur les avantages ou les inconvénients de chaque système. Ainsi que nous l'avons dit en commençant, le meil- leur type est celui des écuries simples situées au rez-de- chaussée sous toiture. Lorsque les greniers sont établis au-dessus, qu'il y ■ait un, deux ou trois étages, il résulte deux inconvé- nients. L'aération des écuries ne se faisant que par la porte et les trois châssis de face, lorsque les bâtiments sont adossés aux propriétés voisines et qu'on ne peut ouvrir des baies dans le mur du fond, l'aération, disons- nous, est insuffisante et on ne remédie à cela que d'une manière incomplète à l'aide de ventilateurs montant jusqu'au comble. Nous ajouterons qu'il y a un grand danger, en cas d'incendie des greniers, pour les animaux qui ne sont protégés que par des planchers en bois; ce danger n'existe pas lorsque les planchers sont installés en fer et en briques. Dans les écuries en sous-sol, qui sont les plus fré- quentes à Paris dans les maisons bourgeoises, les che- vaux sont bien quoique un peu fraîchement en été. La 2Q2 LE CHEVAL. cour d'isolement fait perdre beaucoup de place. Si les écuries se trouvent près d'un cours d'eau, il y a à craindre les inondations en cas de crues de ces cours d'eau. Les écuries à deux étages donnent d'excellents résul- tats, surtout pour les écuries du premier étage du type par excellence ; le balcon en encorbellement donnant en outre une surface supplémentaire, et en abritant les chevaux du rez-de-chaussée. Les seuls inconvénients que peut présenter ce système sont les causes de bruit qui doivent être tolérés dans une grande ville comme Paris peu habituée au silence. . Les chevaux arrivent aux écuries de premier étage au moyen d'une rampe ascendante située dans un passage placé entre les écuries du rez-de-chaussée. Elle s'élève de o m. i6 par mètre au dépôt de la Bastille, c'est l'in- clinaison maximum qu'il a été possible de lui donner, car il aurait été difficile aux chevaux de gravir une rampe d'une pente supérieure. En Amérique, à New-York et à Brooklyn, les com- pagnies de tramways ont fait faire des écuries immenses avec des dispositions spéciales. Ainsi le rez-de-chaussée est utilisé pour le remisage des voitures, le premier étage pour loger les chevaux et le second étage aménagé pour les fourrages et les autres parties du service. Nous avons vu les plans généraux de ces installations, et ils sont vraiment très remarquables dans tous les détails qui concernent chaque service. Mais les journaux de l'autre côté de l'Atlantique nous apportent la nouvelle qu'elles viennent de brûler avec i53 chevaux à Brooklyn. A titre de document, nous donnerons ici une des- cription plus complète des écuries à rez-de-chaussée en bois et en fer, parce que nous les considérons comme les plus pratiques et que nos lecteurs pourront y trou- ver certaines indications pour leurs besoins. LE CHEVAL. 293 Nousdevons àl'obligeance deM. Baril, architecte de la Compagnie ge'nérale des omnibus, tous les renseigne- ments sur les e'curies de la Compagnie. Ecuries en bois. — Nous ne nous occuperons ici que des e'curies simples à 24 chevaux que les nécessités du FiG. 3o. — Ecuries a rez-de-chaussée. — Façade. service obligent plus souvent à employer (fig. 3o, 3i, 32). Dimensions intérieures. — En raison des exigences de la respiration des chevaux, les écuries simples, c'est-à-dire les écuries n'ayant pas de greniers à four- rages au-dessus, mesurent en moyenne 7'",5o du faîtage au sol de Fécurie; la largeur est de 8™,5o à 9 mètres et la longueur varie suivant le nombre des chevaux. Chaque animal occupe une place proportionnée à sa taille et à sa corpulence à l'origine, la largeur de chaque place n'était que de i™,3o, mais il a été démontré que cette dimension était absolument insuffisante) ; la pra- - y '/'/y/A ~ V • • • f-^/'J FiG. 3i. — MÊME Ecurie. — Coupe transversale. FiG. 32. — MÊME Écurie. — Coupe longitudinale. LK CHEVAL. Î95 tique a détermine comme moyenne i'",5o de largeur; tous les chevaux placés dans le même rang, pour vivre de la vie commune, ont alors assez d'espace pour se coucher à leur aise. Dans le cas contraire, le cheval se fausserait les aplombs, en se tenant mal, et se défor- merait avant l'âge. Le chiffre de i°^,5o étant adopté, nous aurons pour une écurie double de 24 chevaux 112 de chaque côté) 18 mètres de longueur dans œuvre. Le cube total de cette écurie est donc de 918 m. c. soit 38 m. c. par cheval, chiffre très satisfaisant pour les be- soins de la respiration. Châssis de toit. — En outre, Técurie est ventilée par des châssis de toit, percés entre les fermes près du faîtage, et laissant péné- trer dans récurie une lu- mière convenable. Ces châssis sont disposés de manière à ce que l'air ne puisse frapper directement ni les yeux ni le corps, et pour que, si froid qu'on le suppose, il ne puisse pas nuire aux animaux. Il y a 6 châssis par écurie, la pre- mière travée étant éclairée et ventilée par des châssis de face. Les châssis sont mus par un nouveau système à crémaillère (tîg. 33) qui permet d'en régler l'ouverture et évite l'arrêt pour la corde de tirage, le châssis se tenant alors ouvert de lui-même et ne pouvant en outre être retourné sur le toit par les grands vents. FiG. 33. — Châssis de toit. 296 LE CHEVAL. Châssis de face. — Les deux châssis de face sont à bascule, ils ont i'",3o de large sur i mètre de hauteur. Un jet d'eau bombé renvoie les eaux en dehors. Charpente du comble. — Le comble est formé par 4 fermes en charpente espacées de 4°^,5o d'axe en axe- Chaque ferme se compose d'un entrait moisant le poin- çon et les arbalétriers. Deux contre-fiches assemblées à tenon et mortaise avec le poinçon viennent soulager les arbalétriers. Des liens soulagent également le faîtage. Les chevrons sont cloués sur des pannes maintenues par des échantignolles rectangulaires. Le poinçon et les contre-fiches sont en chêne, les autres pièces en sapin. Plafond. — L'écurie est plafonnée avec fentons en fer fixés sans chevrons et remplaçant avantageusement la latte en cœur de chêne dont la décomposition au con- tact du plâtre était très rapide. Couverture et chéneau. — Les tuiles à emboîtement système Mûller, très légères i35 à 40 francs le mètre superficiel), sont retenues par des liteaux cloués sur les chevrons et les eaux des deux rampants se déversent dans des chéneaux placés sur les murs de refend; elles sont ramenées sur la face dans des tuyaux de descente et s'écoulent vers les caniveaux. Murs de refend. Enduits. — Les murs de refend sont en moellon de o",5o d'épaisseur et o™,65 en fondation. Ils sont crépis en plâtre depuis le haut jusqu'au-dessous des râteliers. La partie basse est enduite au ciment afin d'offrir une plus grande résistance aux chevaux qui dé- gradent trop facilement les plâtres dont le goût de sal- pêtre leur plaît. Pavage. — Le sol est en pavés refendus, jointoyés au mortier afin d'éviter toute infiltration. Dans les infirmeries, le jointoiemcnt est fait en as- LE CHEVAL. 297 phalte. Les urines sont conduites hors de l'e'curie par deux caniveaux. La pente de l'écurie dans le sens longitudinal est de o™,o 1 5 par mètre, soit 0°^, i 3 dans la longueur, ce qui facilite l'écoulement des purins et empêche toute odeur malsaine. Le cheval repose sur une aire incline'e dans le sens de sa longueur, afin que les urines puissent s'écouler dans les caniveaux et ne séjournent pas sous la litière. La pente minimum adoptée est de o°',i9 sur la longueur, qui est de 3°',6o jusqu'au ruisseau. La station du cheval sur une surface ainsi disposée le fatiguerait, la réparti- tion normale du poids du corps n'étant pas ce qu'elle doit être ; on obvie à cet inconvénient en disposant la li- tière de façon à relever les membres postérieurs, en sorte que le cheval se trouve placé sur une surface presque horizontale. Mangeoires. — Les mangeoires ;fig. 34) ont leur de- vant en chêne ; elles sont assises sur des contre-murs en briques liés par arrache- ments aux murs de refend et maintenues par des plate- bandes scellées en queues de carpe dans le mur. Le fond est dallé en ar- doisesposées surunecouche de mortier, et les trois faces doublées en zinc afin d'as- surer une plus longue durée à la mangeoire et permettre le barbotage. La hauteur du dessus de la mangeoire est cie i mètre à partir du sol. Mangeoire. 29!^ LE CHEVAL. Le bord est recouvert d'un fer demi-rond cloué sur la planche que le cheval aurait vite dégradée sans cette précaution. Chaque cheval a une mangeoire spéciale séparée au moven d'une planche en chêne doublée en zinc, garnie d'une ferrure qui supporte le bat-flancs tout en garan- tissant le bois. Râteliers. — Le râtelier (fig. 35) se compose de deux traverses en chêne de 0,11 X 0,11 de section et dans lesquelles vien- nent s'assembler des roulants en acacias de o™,o3 de diamètre, espacés de o"", 12 d'axe en axe. Il est maintenu contre le mur par des pattes à scellements. La traverse basse est à 1^^4.0 du sol, la traverse haute à 2°", 20. Dans ces conditions le cheval n'éprouve aucune difficulté pour atteindre les fourrages qui lui sont destinés. Glissoires attache-cheval. — C'est à la mangeoire qu'on attache les chevaux. Elle était munie à l'ori- gine d'anneaux en fer convenablement écartés de façon que le cheval était attaché par deux longes, dont le bout était muni d'un billot en bois allant et venant à chaque mouvement du cheval. Ce système permettait rarement de laisser aux longes assez de longueur pour que le cheval puisse poser sa tête sur la litière lorsqu'il était couché; en outre, il se prenait les jambes dans les lon- ges et se blessait. Plusieurs systèmes ont alors été em- ployés ; on a cherché à diminuer les chances d'accident et l'on est arrivé à placer, au milieu, une tringle en fer sur laquelle glisse l'anneau inférieur de la longe, ce qui Fig. 35. — Râtelier. LE CHEVAL. 2(»9 FiG. 36. supprime les anneaux en fer vissés dans le bois de la mani^eoirc. Ce dernier svs- tème (fig. 36) avait ses in- conve'nients ; l'anneau fati- gue et finit par céder; il est alors ne'cessaire de percer un autre troupour Panneau, ce qui nuit à la solidité et force le cheval à se déplacer de Taxe de la stalle. Nous verrons du reste dans la description des écuries en fer le mode qui a été détiniti- vement adopté avec les man- geoires en fon- tes et qui n'a aucun des inconvénients signalés. Bat-flancs. — Les chevaux sont séparés par des bat-flancs mobiles fig. 3/), en bois, retenus à la mangeoire par deux anneaux et un double crochet en forme d'S. Le bat-flancs est attaché soit par une chaîne, soit par une corde fixée sur une traverse qui, elle-même, est maintenue sur les en- traits. Il est légèrement tiré en arrière afin d'éviter les chocs sur les contre-murs des man- geoires, ce qui les dégraderait, tout en faisant un bruit qu'on a cherché à éviter, surtout en présence des réclamations fréquentes des voisins. Il est important de placer le bat-flancs aune élévation rationnelle. La hauteur moyenne a été fixée à o™,5o. Glissoire Attache- Cheval. Fig. 37. Bat-Flancs. 3oo LE CHEVAL. Dans ces conditions le cheval est protégé contre les coups de pieds de ses voisins. Les arêtes sont arrondies afin d'éviter les excoriations et les blessures plus graves qu'occasionneraient certaine- ment de vives arêtes. Les bat-flancs sont construits, en outre, de manière à pouvoir, lorsqu'ils sont usés, être retournés dans leur position primitive. Sauterelles. — Il arrive souvent qu'un cheval en ruant se met le bat-flancs entre les jam- bes. Cet inconvénient a fait naître la né- cessité de pouvoir Ten séparer rapide- ment, car c'est par les efforts qu'il fait pour se retirer, que le cheval se déchire et se blesse. La sauterelle (fig. 38), de divers sys- tèmes, remplit les conditions désirées. Il suffit de relever l'anneau qui la retient et le bat-flancs tombe de lui-même. L'extrémité inférieure de la chaîne, au-dessous de la sauterelle, est entourée d'un rouleau en bois pour éviter que le contact de cette chaîne ne blesse le cheval. Lits. — Les chevaux ne sont pas tou- jours paisibles dans les écuries, aussi est-il nécessaire que la surveillance n'y soit jamais interrompue. De là, la néces- sité de faire coucher un ou deux palefre- niers dans récurie et de disposer un lit en conséquence. Depuis, les nécessités de la morale ont voulu que chaque palefrenier ait un lit particulier. Le lit du palefrenier se trouve à 2'",65 environ du sol de l'écurie, il se compose d'un platcâu en me- nuiserie de sapin, maintenu par des traverses de chêne. Fig. 38. Sauterelle. LE CHEVAL. 3oi le tout est supporte' par des jambes de force en fer carré scellées dans le mur de face postérieur de l'écurie. Cha- que lit se trouve séparé par un intervalle de de o™,3o formant palier. Une planche placée au-dessus à hau- teur de rentrait est destinée à recevoir les malles et vê- tements des hommes. Chaque lit mesure o°',70 de lar- geur sur 2 mètres de longueur. Selon la quantité de chevaux logés par écurie, le personnel augmentant, les lits sont disposés de manière à satisfaire aux exigeances du service. Echelles. — Une échelle mobile pouvant se relever et se ranger en avant du plateau, permet aux hommes de monter dans leur lit. Lorsqu'elle n'est plus utile, cette échelle est retenue par une chaîne et un cadenas de façon à ne pouvoir être enlevée et servir à un autre usage. Coffres à avoine. — Chaque écurie reçoit un coffre à avoine placé au-dessous du lit à o™,6o du sol. Ce coffre maintenu par des consoles scellées dans le mur, est divisé en deux ou trois compartiments suivant le nombre des chevaux, chaque compartiment devant re- cevoir la ration journalière de 1 2 à 1 6 chevaux. La partie basse est percée d'ouvertures de dimensions convenables pour retirer les grains lors de la distribution. Chaque ouverture est fermée par une petite plan- chette glissant dans des coulisses en bois. Planches à ustensiles. — Au-dessus du coffre à avoine se trouve une planche dite « planche à ustensiles ; » elle se compose de trois barres en chêne vissées sur des con- soles scellées dans le mur, elle est destinée à recevoir les ustensiles nécessaires aux palefreniers pour le panse- ment des chevaux et les besoins du service. Porte-Fourches. — Deux porte-fourches sont scellés de chaque côté de la planche à ustensiles. 3o2 LE CHEVAL. Distribution de l'eau. — L'eau de Seine ou de source, nécessaire à la boisson des chevaux, est amene'e dans l'écurie par des conduites en fonte place'es en e'ie'vation et supportées par des pattes cintrées à scellement dans le mur. Dans l'axe de Técurie, un raccord en plomb amène Teau dans un robinet en bronze. Lavage des écwHes. — Celle non employée s'écoule dans- les caniveaux, facilite le lavage du sol et assainit l'écurie en entraînant les urines. L'eau des puits, qui a été approvisionnée dans des cuves par une pompe à manège, est distribuée par une conduite en fonte de 0°", i o de diamètre ramenée sur le mur de face en longeant les murs de refend. Elle n'est utilisée que pour le lavage des chevaux et des voitures. Fourragères. — Chaque écurie est munie d'une fourragère établie avec des montants verticaux et des traverses basses formant plancher. La fourragère est éloignée de 4™,5o environ du mur ciu fond et élevée de 2°^, 80 au-dessus du sol afin de ne pas gêner le person- nel. Elle mesure environ 2^^,90 de long sur 2 mètres de largeur et est divisée en deux compartiments destinés à recevoir momentanément la paille et le foin nécessaires à la consommation de la journée. Lanterne. — Une lanterne à gaz est fixée sur le poin- çon de la dernière ferme du fond. Elle est revêtue sur les quatre faces d'une toile métallique remplaçant avec avantage le verre dont la casse peut être si dangereuse pour les chevaux. Porte-Brides. — Au droit de chaque ferme on a placé deux porte-brides écartés de i™,6o et à hauteur convenable pour permettre aux hommes d'atteindre les ^^ harnais qui y seront accrochés. p-j^, ^^ Le porte-bride (fig. 39) se compose d'une Porte-Brides. LE CHEVAL. 3o3 branche horizontale recourbe'e aux deux extrémités sur lesquelles elle est boulonnée. Façade des écuries. — Pointe- Auvents. — La baie sur la cour est fermée par une porte de i™,5o sur 2°',4o, en menuiserie de chêne de o",o34,' barrée de trois barres en chêne et fermée par un verrou à coulisse. Au-dessus, un châssis vitré ouvrant à bascule. De chaque côté de la porte sont scellées fig. 40) des po- tences et chevilles en fer des- tinées à recevoir les harnais et colliers des chevaux pendant les intervalles du service. Ces harnais sont abrités de l'action du soleil et de la pluie par des auvents recouverts de zinc et soutenus par des potences en fer scellées dans le mur. Cha- que écurie porte un numéro au-dessus de la porte d'en- trée. Écuries en fer. — Construction. — Les écuries en fer du nouveau système employé récemment et dont le type est au dépôt des Ternes, se composent d'une carcasse formée de huit poteaux de fer à T de o°^,22, larges ailes fixées par des cornières sur deux fers à T de o™,2 2 ou fers en U posés à plat et formant semelles lon- gitudinales. Ces semelles reposent sur les fondations, de quelque nature qu'elles soient. Elles ont l'avantage de former un puissant chaînage et de prévenir tout tasse- ment partiel dans l'avenir. Nous ferons remarquer que si la nature du terrain nécessite des fondations pro- fondes, il y aurait avantage à creuser au-dessous de FiG. 40. Porte- Au VENTS. 3o4 LE CHEVAL. chaque poteau un puits que Ton remplira de be'ton et de bander des arcs en brique pour soutenir la maçon- nerie de remplissage entre les poteaux; construction simple et e'conomique que le peu d'e'paisseur des murs de refend permet d'employer avec succès. Cinq fermes me'talliques système Polonceau compo- se'es de deux arbale'triers fers à T simple de o™,22, qui viennent buter Tun contre l'autre à leur sommet et qui sont rivés sur une double plaque d'assemblage. Des ti- rants place's à leurs retombe'es transforment la pression exerce'e sur les murs en une pression verticale. Une ai- guille pendante évite le balancement du tirant hori- zontal. Le tout est d'un aspect léger et d'une section calcu- lée, suffisante pour résister à la charge permanente de la couverture et aux charges accidentelles de la neige et du vent. Les pannes ont été supprimées et remplacées par de petits fers liteaux boulonnés sur les ailes des arbalétriers. Ils sont espacés de o™,35 d'axe en axe, et servent à accrocher la tuile à emboîtement (système Mûller),tout en chaînant énergiquement l'ensemble de la construc- tion. Afin d'éviter que la dilatation ne fasse fléchir les liteaux et ne fatigue inutilement le fer, ils ne se touchent pas à leur rencontre et les trous sont ovoïdes; de cette façon, le travail de la dilatation se fait en toute sécurité. Plafond. — Le hourdi du plafond est rendu très facile par le rapprochement des fers liteaux. Les entretoises sont en fer plat, parallèles aux arbalé- triers et les fentons sont maintenus par des fils de fer. L'épaisseur du hourdi varie de 3 à 4 centimètres. Chéneau. — Le chéneau est encaissé par deux ban- quettes avec coyaux scellés dans le plâtre. LE CHEVAL. '^o? Contrairement aux systèmes que nous avons décrits préce'demment, les eaux pluviales sont renvoyées sur la face postérieure des écuries, elles sont recueillies par une cuvette en zinc et s'écoulent par des tuyaux de des- cente dans une canalisation souterraine en tuyaux de grès vernissé fo™,2o de diamètre i qui aboutit à l'égout public par un branchement particulier. La pente de Fécurie est aussi en sens contraire, le purin est reçu par une cuillère en granit et s'écoule par un tuyau de grès vernissé se raccordant sur la canalisa- tion conduisant au branchement d'égout qui se déverse dans l'égout public. Couloir d'isolement. — Mais nous ferons remarquer que ce système très pratique n'est possible qu'à la con- dition que le mur de face postérieur des écuries soit isolé du mur mitoyen. C'est ce qui a été observé au dépôt des Ternes; le mur des écuries est éloigné de I mètre du mur mitoyen, ce qui forme un couloir d'isolement à ciel ouvert destiné à recevoir la canali- sation dont nous venons de parler et à empêcher les plaintes probables qui auraient pu être prodiiites par les habitants des maisons voisines, au sujet du bruit des chevaux. Des regards sont ménagés de distance en distance pour remédier aux engorgements qui pourraient se pro- duire malgré toutes les précautions prises. La porte du couloir est fermée par une serrure de sûreté dont le chef de dépôt seul a la clé. Les murs de refend des écuries sont en briques de o'",22 encastrées dans les poteaux. Au-dessus des râte- liers, ils sont montés en briques de o™,i i, ce qui donne plus de légèreté à la construction. Tous les murs sont crépis en plâtre depuis le haut jusqu'au-dessous des râ- teliers; le surplus est enduit en ciment qui offre une T. I. 20 3o6 LE CHEVAL. plus grande résistance aux chevaux, ainsi que nous l'avons dit préce'demment. Mangeoires. — Les mangeoires en fonte de fer rem- placent avec grand avantage le système primitif en bois qui avait tant d'inconvé- nients. Leur solidité est incontestablement supé- rieure, les insectes ne peu- vent plus se loger dans la fonte comme dans le bois, les joints étant sup- primés ; enfin tous les inconvénients que nous avons signalés précédem- ment n'existent plus et la durée de ces mangeoires est presque illimitée. FiG. 41. — Mangeoire. Ces mangeoires sont fon- dues sur un modèle spécial (fig. 41) avec boudin sur le bord et portées arrondies à tous les angles intérieurs pour éviter l'amas de nourriture et faciliter le nettoyage. Le bord supérieur de la mangeoire est à i mètre du sol de récurie, cette hauteur peut cependant varier sui- vant la taille des chevaux. Glissoire attache- cheval. — La glissoire attache- cheval fig. 42) consiste en une tringle scellée dans la partie basse du contre-mur et fixée sur un patin bou- lonné à Tintérieur de la mangeoire La tringle, à sa partie recourbée, est élevée de o"^,io au-dessus du boudin, ce qui permet au cheval, lorsque la stalle n'est que de i™,3o. de se coucher librement, de lever facilement la tête à la hauteur du râtelier tout en l'empêchant d'atteindre la stalle cie son voisin, de le mordre ou de manger sa ration. LK CHEVAL. 3f7 Lorsque les stalles ont i™,5o, on peut supprimer la hausse de la tringle au-dessus de la mangeoire, la chaîne pouvant être plus grande et y suppléer. Le cheval est attaché par une chaîne munie dans la partie basse d'un anneau, que traverse la tringle et dans la partie haute d'une barette qui se lixe dans Panneau placé dans la partie inférieure du licol. Râteliers. — Le râtelier en bois a été remplacé par le râ- telier en fer dont la durée est indéfinie. Il se compose fig. 43) de deux traverses en fer creux de o™,o5 de dia- mètre et de barreauxincli- nés,espacesde o™,i2 d'axe en axe. Le tout sup- porté par des pattes cintrées à scellement dans les murs latéraux. La traverse haute du râtelierest à 2°", lodu sol,etào™,55 d'é- FiG. 4.^. — Râtelier, cartement du mur de refend, la traverse basse à o^^-jS du fond de la mangeoire. Bat-flancs. — Le bat-flancs, le même que celui décrit FiG. 42. — Glissoire Attache- ' Cheval. 3o8 LE CHEVAL. dans les écuries en bois, est tenu en avant par un piton en fer vissé dans la mangeoire et continué par une tringle à scellement qui retient en outre la mangeoire à sa place, avec anneau mobile et fer en forme d'S retenu par une ferrure sur le bord supérieur du bat-flancs. Les chaînes qui soutiennent ce bat-flancs en arrière sont supportées par deux rouleaux en fer creux de o°^,o5 de diamètre, assis sur les tirants horizontaux des fermes et espacés de 2°^,20. Au droit de chaque bat-flancs, le rou- leau est muni d'un collier avec anneau qui reçoit le fer en S de la chaîne. Ce mode d'assemblage permet d'en- lever facilement les chaînes en cas de réparation. Afin d'éviter une charge parfois considérable sur les tirants par suite du poids qu'un cheval pourrait exercer en se couchant sur le bat-flancs, les rouleaux sont soula- gés tous les mètres environ, par des supports en fers plats boulonnés sur un fer à T assemblé avec les arba- létriers. C'est à l'aplomb de ce fer à T que sont placés les châssis du toit, le coffre est en tôle ; il y en a six par écurie, quatre de plus que dans le type précédent, aussi la ventila- tion et le jour y sont-ils plus satisfaisants. Le système d'ouverture à crémaillère, d'un fonctionnement facile, étant le même, nous n'entrerons pas dans plus de détails. Lits. — Les lits sont en tôle, assemblés par de petites cornières et rivets fraisés afin d'éviter toute saillie inté- rieure. Chaque lit a 2 mètres de longueur sur 0^,70 de largeur, ils sont séparés par un intervalle de o™,5o for- mant palier. Ils sont supportés par quatre fers à T avec jambes de force boulonnées sur l'aile inférieure et scel- lées dans le mur. Ce système a, entre autres qualités, celle d'empêcher les insectes de se loger dans les angles et d'assurer la plus grande propreté aux hommes qui les occupent. LE CHEVAL. 3og Coffre à avoine. — Le corfre à avoine est également en tôle avec cornières d'angles à rivets fraisés. Les trappes glissent dans des coulisses en fer. Les angles sont arrondis atin d'éviter qu'un cheval ne se blesse en s'échappant dans l'écurie. La planche à ustensiles qui est scellée au-dessus du coffre à avoine est en fer. Fourragère. — La fourragère se compose de bar- reaux en fer plat avec traverses horizontales en fer for- mant plancher; elle est suspendue par des supports boulonnés sur des traverses en fer à T simple posées sur les rouleaux. Les deux fers longitudinaux sont main- tenus au point de jonction des bielles et des tirants de faîtage. Chaque écurie reçoit les porte-harnais et une lan- terne, ainsi qu'il a été décrit dans le type précédent. La distribution de l'eau se fait de la même façon. Avantages de ce système . — Les écuries en maçonnerie avec charpente en bois (tout en réunissant les meil- leures conditions d'hygiène\ présentaient certains in- convénients que l'expérience a démontrés et nous a amenés à faire disparaître. La grande épaisseur de o™,5o donnée aux murs de face et de refend, empêchait de pouvoir disposer d'un terrain relativement exigu afin d'y loger le nombre nécessaire de chevaux. De plus let ceci est important) les dangers d'incendie semblaient devoir être plus fréquents en raison de la grande quantité de bois entrant dans la construction. Enfin, l'emploi du fer amène une amélioration incon- testable au point de vue de l'hygiène des hommes et des chevaux, les insectes, les ferments de décomposition, etc., se logeant beaucoup moins facilement dans le fer que dans le bois. Sous le rapport de l'économie, l'abaissement conti- nuel du prix du fer nous amènerait à supposer que la 3io LE CHEVAL. construction métallique pourrait être entreprise sans augmentation de prix, sinon meilleur marché, et le ré- sultat obtenu nous a prouvé Texactitude de ces prévi- sions. B. — ÉCURIES DE l'armée. Historique. — Les écuries réservées aux chevaux de Tarmée n'ont été réellement améliorées que dans ces dernières années, ainsi qu'on va le voir par les détails que nous allons donner, et dont la plus grande partie nous a été fournie par le lieutenant-colonel du génie, M. Derendinger. Ce n'est que dans les premières années du xviii*^ siècle qu'on commença, en France, à distinguer le caserne- ment de la cavalerie de celui de l'infanterie. Jusque-là, les rez-de-chaussée des bâtiments afiectés à la troupe servirent à loger indifféremment et suivant les besoins du moment, des hommes ou des chevaux. A partir de 1719, on constate des efforts marqués pour mieux ap- proprier, dans les quartiers de la cavalerie, les rez-de- chaussée des bâtiments au logement des chevaux, et quelques progrès relativement sérieux se trouvent réa- lisés dans les casernes construites jusque vers 1789. Les guerres de la Révolution et celles de l'Empire interrom- pirent naturellement toutes les études relatives au caser- nement des troupes, études qui ne furent reprises qu'en 181 5. Elles aboutirent rapidement, pour les casernes de l'infanterie, à la création de tvpes nouveaux, mais n'ame- nèrent pour la cavalerie, au bout de 2 5 ans, que des améliorations de détail : les écuries en particulier, insuf- tisamment éclairées et aérées, étaient encore en 1840, et à moins de circonstances locales exceptionnellement favo- rables, les parties les plus insalubres des quartiers ; aussi LE CHEVAL. 3ii la mortalité y atteignait le chiffre e'norme de i/6 de l'ef- fectif; la morve y régnait en permanence. Ce n'est qu'en 1843, et à la suite de la circulaire nouvelle du 8 novembre, que l'organisation du casernement des chevaux entra dans une phase de transformation véritable. Le type de 1843 constitue en effet, à ce point de vue spécial, un progrès incontestable; les écuries conti- nuèrent à être installées dans les rez-de-chaussée des bâtiments occupés par les hommes, mais elles étaient aménagées d'une manière rationnelle eu égard à la salu- brité et à rhygiène. Il donna de bons résultats et régna en maître pendant près de vingt ans. Toutefois, on n'avait pas tardé à lui reprocher d'abord d'exiger pour les quar- tiers une étendue considérable, et ensuite de condamner pour les étages à une distribution vicieuse ; les chambres étaient inégales, les communications compliquées, les escaliers et murs de refend numériquement insuffisants surtout pour le chauffage des chambres; le casernement des hommes était cette fois sacrifié à celui des chevaux. Vers 1862, on pensa à remédier au premier inconvé- nient en accolant deux écuries simples à l'écurie double du type, et en créant des écuries à quatre rangs de che- vaux. On réduisait ainsi la superficie bâtie des quartiers ; mais le second inconvénient subsistait tout entier, et était même parfois aggravé. Il ne pouvait en être autre- ment; les conditions à remplir dans l'organisation du casernement des hommes et de celui des chevaux sont tellement différentes, notamment en ce qui concerne les dimensions des pièces, qu'il est impossible dans un même bâtiment de satisfaire complètement aux unes sans négliger les autres. Écuries-Gares et Écuries-Docks. — Ces idées pré- valurent bientôt et conduisirent à l'adoption des écuries- gares (fig. 44\ dont quelques-unes furent construites LE CHEVAL avant 1870. Ces écuries sont claires, bien aérées, d'une ventilation et d'une surveillance faciles, le cube d'air est d'environ 5o mètres cubes par cheval. L'adoption de ce type consacrait en fait la séparation J.S.drouot.Dtl PJâJl .. llûUôj jb FiG. 44. — Ecuries-Gares (Plan et coupe). complète entre les bâtiments des hommes, et ceux des chevaux; mais c'est seulement dans la décision minis- térielle du 3o juin 1870, approuvant un avis du Comité des fortifications du 18 mai précédent, que le principe LE CHEVAL. 3i3 de cette séparation est nettement posé, en même temps qu'on définissait un nouveau tvpe d'écurie, dit écurie- dock (fig. 45). Ce nouveau type recommandé par les avis du Comité — -" — ? - r 1 1 1 ' 1 » - J ! — V. Ij \ 1 \ il A. B_ ^ <= J Fig. 45. — Écuries-Docks (Plan et coupe). des fortifications du 14 février 1873 et du 26 juin 1874, est devenu pour ainsi dire réglementaire, par suite de l'envoi des avis précités dans toutes les places du terri- toire, envoi fait le 14 juillet 1874. Toutefois, dans les casernements les plus récemment construits on a, parfois, et en raison des circonstances locales, donné la préférence au tvpe des écuries-gares. 3i4 LE CHEVAL. Dans les deux types, du reste, raménagement par che- val est le même, et sensiblement celui du type de 1843, avec les légères modili- cations qui avaient été apportées par diverses circulaires aux déci- sions de 1844 à i865. On se borne à rappeler ici les dispositions prin- cipales de cet aménage- ment. Les chevaux sont es- pacés de 1^,45, et sépa- rés au moyen de bat- flancs, attachés à l'aide d'une chaîne à anneau glissant sur une barre fixée aux mangeoires; ces mangeoires sont in- dividuelles, en fonte ou en pierre, ont o™,6o X o,3oX o,20,et sont éle- vées à i™,io au-dessus du sol sur un massif en surplomb. Au-dessus et à 1^,60 du sol, règne un râtelier continu de o™,bo de hauteur. Le pavage coulé en mortier, ciment ou asphalte, a une pente de o™,02 à o™,o3 par mètre, ainsi que l'indique la figure 46. Il est bien entendu que les fourrages de consommation journalière sont toujours logés dans des bâtiments spé- ciaux et isolés. FiG. 46. — Râteliers et Mangeoires DES Ecuries de l'armée. LE CHEVAL. 3i5 ECURIES DE LUXE. C'est surtout pour les écuries de luxe, qu'on peut dire qu'elles ne sont jamais trop claires et trop aérées. Et ce- pendant nous voyons à Paris un grand nombre de ces écu- ries installées dans les sous-sols où elles sont éclairées par le gaz et dans lesquelles la ventilation se fait diffi- FiG. 47. ■ — Type d'Écurie de luxe. cilcment. Si nous les supposons construites dans des conditions normales d'aération et de lumière, nous pré- senterons quelques dessins qui permettent de se rendre compte de tout le confortable qu'on peut donner aux chevaux. Les places très larges sont séparées par des stalles fixes, ou bien on enferme les animaux dans des boxes qui leur permettent une très grande liberté de mouvements. Les carrelages sont très bien faits, sou- vent en briques sur champ, afin d'amortir le bruit du passage des chevaux. Au reste ces écuries sont généra- lement peu nombreuses (Voir fig. 47 et 48). liai mi ■=^ ^^^m \ : c-* FiG. 54. — Ecurie transversale simple. soin les changements trop brusques de température. T. I. 21 LE CHEVAL. I n Au-dessus de Técurie, est un grenier à foin, auquel on arrive, à l'aide d'échelles, soit par Texte'rieur, soit par une trappe pratiquée dans Técurie même; ce grenier est ^M — wjm.ii.a m 'ipo " FiG. 55. — Ecurie transversale doi:ble. ventilé, comme le montre la ligure 5o, indépendam- ment de l'écurie, par des ouvertures spéciales. Dans l'écurie longitudinale double (tîg. 52 et 53), les e e « 1 E ^EB g. - ^- 30,00- « ►.' FiG. 56. — Deuxième modèle d'Ecurie transversale double. dispositions sont les mêmes, sauf que dans la première les chevaux sont placés sur deux rangs, dos à dos; on économise ainsi une partie de l'emplacement qui sert de passage pour les chevaux; mais on perd de la place LE CHEVAL. 323 aux extrémités pour le logement des harnais. M. Bosc établit des formules à Taide desquelles le propriétaire ou Farchitecte peuvent calculer la forme qu'il faut adopter, dans les différents cas, suivant remplacement dont on dispose et le nombre de chevaux à loger. Ces formules sont simples et facilement applicables. Les renseignements que donne M. Bosc sur les écu- ries transversales (tig. 54, 55, 56) sont également très complets; mais nous renvoyons à cet excellent ouvrage qui démontrera aux agriculteurs les conditions dans lesquelles leurs bâtiments d'exploitation doivent être construits; car, pour la bonne hygiène des animaux domestiques, rien n'est plus important, après une saine et abondante nourriture, qu'un logement salubre. CHAPITRE IT LITIERES Nous avons dit précédemment que les différents in- convénients qui résultent soit des matériaux, soit de la construction du sol des écuries, peuvent être supprimés ou tout au moins diminués au moyen de la litière. C'est là un facteur très important pour l'entretien des écuries, ce qui nous amène à en dire quelques mots. La litière a pour but de fournir aux animaux un couchage sec, mou, propre, et qui les tient chaudement; pour les agriculteurs, elle a encore un autre avantage, celui de conserver les déjections des animaux pour en former des fumiers. Le fumier des écuries, employé comme engrais, n'agit pas seulement chimiquement, par les substances qu'il contient, mais aussi d'une manière mécanique en rendant la terre plus meuble. Litières de paille. — En général les litières sont le plus souvent composées avec les pailles de froment, de seigle et d'avoine. Les pailles des autres céréales ou de certaines légumineuses sont plus rarement employées. Préparation. — La litière est souvent mal préparée. LE CHEVAL. 325 et il y a malheureusement peu d'hommes d'e'curie qui sachent la dresser convenablement. Elle doit être aussi unie qu'un matelas, et se prolonger suffisamment en arrière avec une inclinaison des côte's et de la tête vers le centre. Ge'néralement elle consiste en un ou plusieurs mon- ceaux ine'gaux de paille sur lesquels le cheval ne peut se coucher longtemps. Ce n'est pas qu'il soit difficile de bien faire une bonne litière : toute personne qui sait se servir de ses mains l'apprendra en peu de jours. La paille d'avoine est plus douce que celle de fro- ment, mais elle se ramasse en tas, et ne s'étend pas aussi facilement. Elle a aussi l'inconvénient de tacher les chevaux de couleur claire. Dans certains endroits, il est d'usage de couper en deux les bottes de paille au moyen d'un couteau à foin. Elles s'e'talent mieux, et c'est e'conomique; car les longues pailles ne sont souille'es qu'à un seul bout. La paille ainsi coupe'e est aussi retire'e plus facilement, ainsi que le fumier qui en provient. Depuis rintroduction des machines à battre, la paille se trouve dans les mêmes conditions que lorsqu'on la coupe et c'est une erreur de penser qu'elle est moins propre à faire une bonne litière. Entretien. — Dans les e'curies bien tenues, les crot- tins et la partie souillée de la litière sont enlevés chaque matin, à l'ouverture de l'écurie et après le départ des chevaux s'ils vont de bonne heure au travail. La litière sèche est poussée vers la crèche ou déposée dans une stalle vide; la partie souillée est portée au fumier ou étalée à l'air pour sécher. On balaye alors les stalles et l'allée, et quelquefois on y jette un ou deux seaux d'eau pour rendre la propreté plus complète. Dès que le pavé est séché, une portion de la litière est étalée bien 326 LE CHEVAL. également à la tête et placée derrière. Cela fait, on doit avec des soins fréquents et continuels, maintenir l'écurie en cet état pendant toute la journée. Le soir, on peut encore secouer la litière, Taugmenter en fai- sant tomber du râtelier la paille qui y a été jetée et alors on rétend plus ou moins pour la nuit. Litière permanente. — Ce sont là les soins qu'il faut donner à la litière qu'on change chaque jour, mais sou- vent, soit par économie, soit pour d'autres raisons, on ne fait cette opération que tous les huit ou quinze jours et même tous les mois. C'est ce qu'on appelle la litière permanente. Dans ce cas, on laisse la paille s'entasser sous les pieds des chevaux et pour la conserver, on a le soin d'enlever immédiatement les crottins, qui, en sé- journant, pourriraient la paille. Si même on laisse écouler un temps assez considérable sans faire la litière, on doit avoir des râteliers et des mangeoires mobiles, afin de suivre l'exhaussement qui se produit. C'est la même pratique que pour les moutons. Mais ceci est l'exception; en général, on fait la corvée de litière tous les i5 jours, et au plus tous les 3o jours. L'avantage de la litière permanente bien entretenue est de fournir un très bon couchage aux animaux sans dépenser beau- coup de paille. L'économie de paille est environ de 20 p. 100. Quantités à employer. — Les quantités ordinaires de paille pour la litière sont à peu près les suivantes : kilog. Écuries bourgeoises .... 8 à 10 Omnibus et tramways. ... 3 à 5 (avec nourriture entière.) Compagnie des Voitures . . 2, 5oo (avec nourriture hachée.) ■ Écuries de l'armée; ancien- nement 4 Écuries de l'armée, actuelle- ment 3,5oo LE CHEVAL. 327 Il ne faut pas oublier qu'une partie de cette paille sert de fourrage, puisqu'elle passe par le râtelier et que les chevaux la mangent. Dans les écuries de luxe, on empêche souvent par cer- tains moyens les chevaux de manger leur litière. Gomme ornement, on sépare la paille de litière d'avec l'allée par une espèce de bordure en paille tressée. Fumier p?^oduit. — Les chevaux qui consomment entre 4 et 5 kilog. de paille par jour tant pour la litière que pour la nourriture (étant entendu qu'on donne environ 10 à i5 kilog. de première mise), produisent environ 22 à 25 kilog. de fumier par jour. Ces chiffres varient aussi suivant les quantités de fourrages et de grains donnés en distribution. Nous les avons obtenus avec 4 à 5 kilog. de foin par cheval et 8 à 8 kil. 5oo de grains. La nature des grains a aussi une grande impor- tance dans ce rendement, car dans les expériences de M. Miintz, sur la digestibilité des fourrages don- nés isolément, tandis qu'on recueillait avec l'avoine 7 kil. 725 de déjections contenant i kil. 601 de ma- tières sèches, on obtenait avec le maïs i kil. 720 de déjections contenant 3 10^^,4 de matières sèches. Cela provient de ce que l'avoine se compose en moyenne de 70 parties d'amande proprement dite, et de 3o par- ties de balles, tandis que la pellicule qui entoure le grain de maïs est excessivement fine. Succédanés de la paille. — Mais la paille est chère quelquefois, et surtout dans les grandes entreprises industrielles, il faut chercher à lui substituer un pro- duit qui n'augmente pas la dépense des litières. On peut la remplacer par des fougères, des copeaux de bois, des feuilles, des herbes marines, des bruyères, du sable, de la sciure de bois et enfin de la tourbe. Chalumeau, dans un long mémoire publié dans la 328 LE CHEVAL. feuille du Cultivateur le 7 frimaire anV, fait connaître qu'il remplaçait avantageusement la paille par Tortie sèche. Il signale aussi que le foin fait presque toujours de mauvaise litière, surtout qnand il est avarié. Nous n'avons pas grand'choseà dire sur les fougères, les feuilles, les herbes marines, etc., qui sont loin d'être aussi propres que la paille à former les litières. Mais elles peuvent rendre des services dans les pays où on ne rencontre pas d'autres produits. Nous dirons- seulement quelques mots de la sciure de bois et de la tourbe, substances que nous avons expé- rimente'es pendant plusieurs anne'es. Litières de sciure de bois. — Les bois dont la sciiwe peut être employée en litière sont le pin, l'épicéa, le sapin, le châtaignier et le peuplier. La sciure de chêne ou de hêtre donne de très mauvais résultats. En général, la sciure est à très bon marché, la difficulté provient plutôt du moyen de s'en procurer des quan- tités suffisantes. Celles que nous avons employées pro- venaient des scieries des Vosges. La litière de sciure est d'un entretien plus facile que celle de paille, il suffit d'enlever les déjections et de passer de temps à autre un coup de râteau. Toutes les parties saillantes du corps de Tanimal sont protégées. Elle absorbe facilement les urines et l'air des écuries est moins chargé de gaz ammoniacaux. Si on la laisse trop longtemps et qu'elle se sature d'une quantité considé- rable d'urine, elle s'échauffe. Mais on ne doit jamais at- tendre ce moment pour la remplacer. Plusieurs com- pagnies anglaises de tramways n'emploient jamais d'autre litière. La litière d'un cheval exige une première mise de I hectolitre de sciure, pesant environ 10 kilogrammes LE CHEVAL. 329 et fournissant une couche de o",20 à o",25 d'épaisseur. Les soins de propreté nécessitent l'enlèvement quoti- dien d'une certaine quantité de cette sciure; mais Tex- périence démontre qu'il suffit d'en répandre chaque jour 2 kilogrammes environ, sous chaque cheval, pour en- tretenir la litière dans de bonnes conditions. La sciure se paie de o fr. 40 à o fr. 5o l'hectolitre. Les lieux de production ou l'on peut avoir de la sciure, sui- vant les besoins, ne sont pas très connus. Cependant, ils sont nombreux, et comme l'a dit M. Jolivet, inspec- teur des forêts, l'on n'a pas à craindre de les voir jamais s'épuiser. Dans les pays boisés, sont installées beaucoup de scieries qui produisent annuellement des centaines de mètres cubes de sciure. Depuis longtemps, toutes les sciures que fournissent ces usines restent presque sans utilisation, surtout depuis que la fabrication des pro- duits chimiques ne permet plus de trouver avantage à les brûler pour en avoir la cendre. Nous recommandons cependant de ne pas en réunir de trop grandes quantités à la fois, car la sciure, surtout quand elle est fraîche et trop tassée, s'échauffe et prend feu spontanément. Litières de tourbe. — La tourbe a été très prônée dans ces derniers temps comme fournissant une litière tout à fait remarquable pour les chevaux. Nous l'avons essayée depuis plusieurs années, et sans tomber dans les exagérations que l'on trouve dans les prospectus des marchands allemands, hollandais et anglais, nous pouvons dire de suite que la tourbe, dans les années où la paille sera chère, ou dans les localités qui sont voisines de gisements de cette matière, pourra fournir un excellent couchage pour les chevaux. . La tourbe procure aux animaux un lit très doux et suffisamment élastique, quand on en met une épaisseur 33o LE CHEVAL. de 3 à 4 centimètres. Il ne faut guère dépasser cette quantité. C'est au D"" Versemann qu'on doit les pre- mières études sur ce sujet. Elles furent faites dans les marais d'Oldenbourg. Les tourbes de tous les pays ne conviennent pas indif- féremment à cet usage, et celles qui doivent être préfé- rées proviennent des marais où la matière organique n'a pas encore subi toutes les transformations qui la rendent plus propre à être employée pour le chauftage. Les marais à tourbières qui ont été exploités jusqu'à ce jour, sont ceux du nord de l'Allemagne, de la Hol- lande et de la Suisse. En France, on n'a jamais exploité les marais à tourbières qui se trouvent dans plusieurs contrées, entre autres en Bretagne. En ce moment, on offre des tourbes provenant des marais situés dans le nord de l'Italie. Toutes ces tourbières, ou marais tourbeux, contiennent à un degré moindre de décomposition, des débris d'êtres organisés qui appartiennent à des végétaux semblables à ceux qui vivent dans nos contrées, ou qu'on sait y avoir vécu. Elles sont, en général, formées de matières meubles, ténues, rarement cohérentes. Elles se forment à la surface du sol et sont soumises à l'action inces- sante des eaux. Elles proviennent de la décomposition des végétaux des terres marécageuses, des mousses, de callitriches, de lomma, et de diverses espèces des genres Carex, Sphag- num, Equisetum, Caltha, Arimdo, Epilobium, Par- nassia, Butomiis, Menianthes, Hottonia, Phellandrhim, Utrïcularia, etc. Les marais qui contiennent ces immenses tourbières semblent être dans les conditions les plus favorables pour que cette formation soit rapide; ceux de l'Alle- magne et de la Hollande se composent d'une couche LE CHEVAL. 33i supérieure qui, recouverte de ve'gétaux à l'état vert, re- présente une sorte de tissu formé de plantes flétries, serrées entre elles à la manière d'un feutre; la couche qui vient immédiatement après est composée d'un tissu plus malléable, très léger, poreux et spongieux, grisâtre ou brunâtre, au milieu duquel on distingue les filaments végétaux. C'est cette couche qui est choisie de préfé- rence pour la litière. Enfin, au-dessous de celle-ci, se trouve une matière douce au toucher qui a l'aspect d'une substance noire, homogène, analogue à la tourbe décomposée. Cette variété est la plus estimée comme combustible. L'épais- seur des différentes couches varie beaucoup suivant les localités. Dans les tourbières que nous avons visitées, la couche moyenne avait de 25 à 3o centimètres et la couche inférieure environ de i à 2 mètres de profondeur. On sait que, dans les immenses marais de la province d'Ol- denbourg, la tourbe jaune occupe de i 5 à 20 centimètres d'épaisseur, tandis que la tourbe noire a une profondeur un peu plus considérable. Les marais à tourbe alle- mands appartiennent au gouvernement et leur culture ou leur utilisation sont devenues d'une telle importance, que tout ce qui les concerne dépend d'un bureau spécial du ministère de l'agriculture, qui est chargé de la direc- tion pratique et des investigations scientifiques; ce bureau se nomme Station expérimentale des tourbes. De tout temps, la tourbe a été employée comme com- bustible, mais pour l'atteindre il faut enlever la tourbe spongieuse, brunâtre ou jaunâtre, qui n'avait pas en- core pu être employée. Aussi cette dernière était-elle considérée comme un produit inférieur et encombrant jusqu'au jour où, par suite des résultats obtenus par les stations expérimentales, on a reconnu sa valeur comme litière. 332 LE CHEVAL. Les soins à donner pour les litières de tourbe sont à peu près les mêmes que pour la sciure de bois, il suffit d'enlever avec soin les de'jections et, vu le pouvoir absor- bant de la tourbe qui est le double de celui de la paille, la litière faite avec cette matière peut durer longtemps, près d'un mois. On compte qu'il faut mettre environ 80 à 100 kilog. de tourbe par mois sous chaque cheval. Dans une note que nous avons présente'e, M. Mûntz et moi, à la Société nationale d'agriculture en i883, nous avons démontré la valeur des fumiers de sciure et de tourbe, provenant des écuries de la Compagnie gé- rale des omnibus. Comparaison au point de vue économique des litières de paille, de sciure et de tourbe. — Les expériences que nous avons faites depuis dix ans sur l'emploi de la sciure et de la tourbe comme litière en remplacement de la paille, ont prouvé non seulement qu'on pouvait sans aucun inconvénient employer ces matières pour le couchage des animaux, mais que dans certaines circonstances il y avait économie sérieuse à le faire. Ainsi, du i^"" avril au 3i décembre 1881, la sciure de boisa été appliquée dans neuf dépôts à 640 832 journées de chevaux. Ces 640832 journées auraient nécessité, en paille, à raison de 11 bottes de 5 kil. 25opar 12 chevaux, francs. 587428 bottes qui, au prix moyen de l'année, repré- sentent 242667,34 Il a été dépensé en sciure 2 149 23o kilog. à 2 fr. 4992 les 100 kilog 53713,54 188953,80 D'où il convient de déduire la valeur des fumiers à raison de o fr. 12 sur les 640832 journées 76899,84 Dépensé en moins. 112053,96 LE CHEVAL. 233 Mais d'un autre côté, il a été donné une botte de foin par cheval au lieu de deux tiers de hotte, pour rempla- cer la paille qui passe ordinairement par le râtelier. Les 640832 bottes de foin à 60 fr. 2347 représentent. 386 iSi^Sq La dépense à raison de 9 bottes par 12 chevaux n'au- rait été que de 480 623 bottes à 60 fr. 2547 28q5q8, 18 Il y a donc une dépense en plus de 96 533, 21 Qu'il faut déduire de la somme dépensée en moins. 112053,96 La bonification obtenue dans ce cas particulier est donc de i5 520,75 Nous avons cité cet exemple pour permettre de bien se rendre compte de Téconomie qui peut être ainsi réa- lisée par les personnes qui ont la sciure de bois à leur disposition et qui trouvent quelquefois difficilement à s'approvisionner de paille de litière. Si le foin n'avait pas été d'un prix très élevé comme la paille, l'écart serait bien plus considérable. On peut donc dire d'une manière générale qu'il y a avantage à employer ce mode de couchage chaque fois que le prix de la paille passe 40 francs, surtout si le foin n'est pas trop cher. Pour la tourbe, nous avons fait plusieurs essais, et nous pouvons affirmer que c'est cette matière qui nous a donné les meilleurs résultats au point de vue de la santé des chevaux; mais sous le rapport économique, son emploi est peut-être un peu plus cher que celui de la sciure. Nous donnons un exemple de consommation, comme pour la sciure, car les faits sont toujours pour nous les vrais moyens de démonstration. En 1884, nous comptions 152677 journées de che- vaux qui avaient couché sur la tourbe. 334 LE CHEVAL. Ces 152677 journées auraient nécessité, en paille, à raison de 1 1 bottes pour 12 chevaux, francs. 139953 bottes qui, au prix moyen de l'année, soit 32 fr. 2371 représentent 45116^78 D'où il faut déduire la valeur des fumiers, soit o fr. 10 par cheval i 5 265,70 29849,08 Il a été dépensé en tourbe 3i6 357 kilog. pour. ... 11 278,88 D'où il convient de déduire pour les tumiers à raison de o fr. 06 par cheval 9160,62 lia donc été dépensé en moins 27730,82 Mais d'un autre côté, il a été donné i botte de foin par cheval au lieu de 2/3 de botte. Les i 52 677 bottes de foin à 5 1 fr. 7846 représentent 79063,17 La dépense à raison de 9 bottes pour 12 chevaux n'aurait été que de 1 14 507 bottes à 5i fr. 7846 . . . 59296,99 Dépensé en plus 19766,18 11 y a donc en tin de compte une bonification de. . . 7964,64. Dans ce cas, on voit qu'avec le foin et la paille, à des prix relativement modérés, il y a une économie. Mais elle deviendrait bien plus grande, si les fumiers de tourbe et de sciure étaient estimés à leur valeur réelle. Un essai de fumure, fait à la ferme expérimentale de l'Institut national Agronomique avec les fumiers de paille, de sciure et de tourbe, provenant des écuries de la Compagnie des omnibus, a donné des résultats intéres- sants. Quatre carrés d'un are chacun ont été choisis pour faire l'expérience, et on y a mis les quantités d'engrais correspondant à : kilog. Fumier de paille pour 1 hectare 80000 Fumier de sciure id. 83 200 Fumier de tourbe id. ()0 000 LE CHEVAL. <3 335 Ces quantités correspondaient toutes à une fumure d'azote de 408 kilogrammes pour un hectare. Un carré témoin n'a pas reçu de fumure. En 1882, on a semé de la betterave fourragère, va- riété globe jaune ; Tannée suivante, on a semé de l'avoine en temps opportun, sans mettre aucune nouvelle fu- mure. Voici les résultats obtenus en 1882 et i883, par hec- tare : RENDEMENT EN 18S2. RENDEMENT EN l883. Betteraves. Avoine. Racines. Feuilles. Grains. Paille, kilog. kilog. kilog. kilog. Fumier de paille .... 36 5oo 20000 i o33 i 717 Fumier de sciure. . . . 39000 20000 i 258 3 33o F'umier de tourbe. . . . 44000 22600 1234 3246 Sans fumier jg8oo i5 5oo 977 2 by3 D'après ces chiffres, on voit qu'il y a lieu d'attirer l'attention des cultivateurs et de chercher à combattre le préjugé depuis longtemps enraciné, qui fait consi- dérer la sciure de bois comme ne pouvant être employée comme engrais, on voit aussi que la tourbe constitue un fumier de premier ordre, après son emploi comme litière sous les chevaux. En Angleterre, la Compagnie des omnibus de Lon- dres et la plupart des compagnies de tramways, ont réa- lisé une très grande économie par suite de Temploi de la tourbe. Cela tient à deux raisons : la première, c'est que la paille est généralement très chère; la seconde, c'est que la différence entre le prix du fumier de paille et le prix du fumier de tourbe est plutôt en faveur de ce dernier, chez nos voisins. Nous avons vu qu'avec la paille un cheval produisait en moyenne 20 à 25 kilog. de fumier. Avec la tourbe, '336 * ^ LE CHEVAL. il n'en produit guère plus de 12 a i3 kilog., mais bien entendu, cela dépend surtout des autres denrées qui en- trent dans la composition de la ration. Lorsqu'on a commencé à employer la tourbe comme litière, elle revenait à 60 francs les i 000 kilog. rendus à Paris, mais dans ces derniers temps son prix a beaucoup diminué, et aujourd'hui onpeut se procurer de très bonne tourbe pour litière à raison de 35 francs les i 000 kilog., rendus. Dans ces conditions, l'emploi de la tourbe de- vient très économique, surtout lorsque le prix de la paille est élevé. En tous cas, la tourbe forme un lit très doux, souple et moelleux, sur lequel les animaux s'é- tendent volontiers et paraissent trouver un certain bien-être, ainsi qu'un repos salutaire et réparateur. On a craint de voir la tourbe attaquer la corne des sabots, mais cela ne se produit que si on la laisse trop long- temps sous les pieds des chevaux ; et, dans ce cas, c'est l'urine qui provoque cette détérioration. CHAPITRE III PANSAGE DES CHEVAUX. § I. SOINS A DONNER AUX CHEVAUX A l'É CURIE. Pendant que les chevaux sont à l'écurie, ils doivent recevoir certains soins que nous allons de'crire. Tous ces soins sont plutôt donnés par habitude et appris par imitation, et c'est rare que toutes les règles de l'hygiène soient observées, car les hommes d'écurie ou palefreniers, sont en général tous ignorants et font ce métier, parce qu'ils n'ont pu s'occuper à d'autres soins. Il en est peu qui le fassent par goût et qui soient aptes à ces fonctions. Quand ils ne sont qu'inexpérimentés et ignorants, on peut encore arriver à les amener à bien faire, mais s'ils sont maladroits, cruels avec les animaux et ivrognes, il faut s'en débarrasser. Pansage. — Le pansage est non seulement une opé- ration qui doit rendre le cheval propre, mais il a encore pour but, en faisant fonctionner la peau, de lui conserver la santé. Le cheval doit être pansé au moins une fois par jour, T. 1, 22 338 LE CHEVAL. en dehors du nettoyage qui doit avoir lieu à la rentrée du travail. Instruments employés. — Cette opération se lait au moyen de la brosse, de l'étrille et du bouchon, qui est une sorte de torchon fait de paille, de foin, d'une natte ou d'un tissu de crin. La brosse, composée de soies, de brindilles de chien- dent, de pia sava, même de fils de fer ou d'acier, varie comme grandeur. Elle est employée pour enlever la poussière et le résidu de la perspiration cutanée, qui se loge à la racine des poils et adhère à la peau. Elle donne une belle apparence au poil quand on sait bien s'en servir. Vétrille se compose de 5 ou 6 peignes en fer à dents courtes et étroites, fixées sur une plaque de tôle, munie d'un manche; un ou deux de ces peignes n'ont pas de dents, afin d'empêcher que l'étrille ne s'enfonce trop profondément dans le poil et ne laboure la peau. Bien panser un cheval n'est pas chose facile. Pour s'assurer si le pansage est bien fait, on passe les doigts sur la peau à rebrousse poil, et il ne doit rien restera la main. L'étrille sert à séparer les poils qui sont collés ensemble et à faire tomber la boue sèche qui s'est fixée aux poils. La brosse et l'étrille stimulent les fonctions -de la peau, en même temps qu'elles les débarrassent des corps étrangers qui y séjournent. Sur les animaux à peau fine, il ne faut employer l'étrille qu'avec la plus grande pré- caution. Dans ce cas, son principal emploi est d'enlever la poussière de la brosse, en y frottant vivement celle-ci ; après quoi, on fait tomber cette poussière rassemblée dans l'étrille en frappant cette dernière sur le pavé et en la tenant verticalement. Soins à donner aux chevaux à la retitrée du travail. LE CHEVAT^ 33q — Avant de décrire le pansage journalier qui doit tou- jours être fait, soit que Tanimal sorte, soit qu'il reste à l'écurie, nous allons d'abord nous occuper des soins que doivent recevoir les animaux d la rentrée du travail. Ils varient beaucoup suivant le service des chevaux. Ainsi ceux qui ont travaille' au pas peuvent recevoir seulement une friction avec un bouchon de paille ou de foin, atin de les se'cher et d'enlever la boue ou la pous- sière qui se trouvent sur les diffe'rentes parties du corps. Pendant longtemps on s'est même contente' de donner un coup de bouchon aux chevaux qui s'e'taient livre's à un travail plus actif, qui avaient trotte' pendant quelques heures. En hiver, ils rentrent échauffe's, mouille's et couverts de boue ; en e'té, ils sont brûlants, couverts de sueurs, et les endroits où ont frotté les parties de harnachement sont plus ou moins meurtris. Suivant les saisons, on a pensé qu'il fallait traiter les chevaux de ditîérentes ma- nières. A notre avis, le mieux est, aussitôt l'animal rentré, de le passer au couteau de chaleur ou grattoir. C'est une lame de bois amincie ou une barre de fer simple, qui, prise à deux mains par le palefrenier, est promenée le long de l'encolure, du dos, du ventre, ou des cuisses, etc. Par cette pression douce, quoique ferme, propor- tionnée au plus ou moins d'épaisseur du poil et de la peau, on enlève l'eau, la boue et la sueur. Cette opéra- tion terminée, en hiver on passe légèrement l'éponge mouillée (si l'eau est tiède, cela est mieux), et on se sert à nouveau du couteau de chaleur; enfin on bou- chonne vigoureusement le cheval, qui ne pourra se refroidir, étant placé dans une écurie chaude. En été, il n'y a aucun inconvénient à emplover une plus grande quantité d'eau, lorsqu'on a enlevé la sueur avec 34© LE CHEVAL. le grattoir. On peut se servir de la brosse mouillée qui enlève toute la boue et qui rafraîchit le cheval, dont la peau est brûlante et souvent le'gèrement contusionne'e par le harnachement. Les membres seront aussi lave's et dépouillés ainsi de la boue. Mais il faut toujours avoir le soin de sécher toutes les parties mouillées. Souvent on se contente de passer les chevaux à l'eau dans un bassin destiné à cet usage ou dans une mare. Pour nous, il y a avantage à donner à la rentrée du travail, même aux chevaux communs, tous ces soins qui longtemps ont été absolument réservés aux chevaux de luxe. Ils ont pour conséquences de faciliter le pan- sage journalier et détenir les chevaux toujours propres. Lavage des chevaux, — Les inconvénients qui ont été attribués au lavage ne sont pas aussi réels qu'on veut bien le dire. Les refroidissements, les affections cutanées, etc., qui seraient produites par cette opération sont rares. Les chevauxs'habituent très vite à cette sorte de pansage et semblent même en éprouver une sorte de bien-être. Dans les écuries françaises, on a donné le nom de pansage à l'anglaise à ce lavage, parce que les Anglais ne traitent jamais autrement leurs chevaux lors de la rentrée du travail. Mais nous ne saurions assez le répéter, il faut avoir bien le soin d'essuyer les chevaux, pour éviter les in- convénients déjà signalés. Et de plus, ces lavages ne doivent en rien diminuer le pansage à la main, et c'est souvent parce que les hommes d'écurie se contentent de laver les chevaux sans faire le pansage à fond, qu'on a été forcé d'interdire le lavage des animaux dans les écuries nombreuses de chevaux communs. Les palefreniers ont un trop grand nombre de chevaux à soigner, pour qu'on puisse leur imposer le lavage qui se fait si bien dans les écuries de luxe. LE CHEVAL. 341 Manièî^e de /aire le pansage. — Les chevaux doivent être panse's, soit dans l'écurie, soit en plein air, lorsque le temps le permet, c'est-à-dire lorsque la tempe'rature n'est ni froide ni humide. Il est inutile d'insister pour de'montrer que le pansage en plein air est toujours pre'- férable. En effet, quand on est force' de panser les che- vaux dans les écuries, une grande partie de la pous- sière qui a été détachée du corps par cette opération, retombe sur les chevaux déjà nettoyés, sur les harnais et sur tout ce qui se trouve dans l'écurie. Les hommes et les chevaux la respirent. Pour faire le pansage, l'homme doit attacher le che- val un peu plus court, surtout s'il est chatouilleux ou difficile au pansage, et il commence par le côté gauche en tenant l'étrille de la main droite et la brosse de la gauche, et il nettoie successivement la tête, l'encolure et le corps, ainsi que les membres ; après quoi, changeant ses outils de main, il fait la même chose du côté droit. Il faut avoir bien le soin de suivre les différentes di- rections du poil ou de passer l'étrille par le travers du poil, mais jamais à rebrousse-poil et surtout éviter de blesser l'animal avec l'étrille, dans les parties du corps où le système osseux présente des élévations et des dé- pressions comme à la tête et aux membres. Après avoir bien étrillé et brossé le cheval, le palefre- nier repasse tout le corps avec un morceau de laine ou un essuie-main sec bu légèrement humide, afin de donner un peu de poli et de luisant au poil. Si le cheval a l'ha- bitude d'être couvert, à ce moment ou lui remet sa cou- verture, et on commence à brosseries crins, c'est-à-dire le toupet, la crinière et la queue. En général, on ne les peigne pas, excepté pour les chevaux de luxe, parce qu'on enlève ainsi un trop grand nombre de crins. Un brossage minutieux est préférable. 342 LE CHEVAL. Pour bien achever le pansage, on lave les ouvertures naturelles, telles que les yeux, les narines, la bouche, l'anus et les organes génitaux. Après on nettoie avec un crochet l'inte'rieur des sabots et on les lave. Le pansage n'est pas chose facile, et il faut une cer- taine habitude pour le bien faire. Il demande du temps et il faut compter presque une heure, si on veut panser convenablement un cheval de luxe. Mais dans les e'cu- ries qui contiennent de très grandes quantités de che- vaux, il n'est pas possible d'y consacrer autant de temps, et on se contente de soins plus sommaires, qui suffisent pour que les animaux soient propres. Au reste les soins qu'on donne aux chevaux à leur rentrée du travail et dont nous avons parlé plus haut, ont pour but de faciliter le pansage journalier. Il faut bien recommander aux hommes de se servir de l'étrille avec modération et de prendre garde de co- gner la tête, les jambes, soit avec l'étrille, soit avec le bois des brosses, car toutes ces manœuvres devenant douloureuses rendent les chevaux, surtout ceux à peau fine, défiants, difficiles à panser et irritables. Que de chevaux sont devenus ainsi inabordables, pour avoir été pansés par des gens maladroits ou brutaux ! Les chevaux gris et blancs sont plus difficiles à tenir propres : aussi faut-il les laver plus souvent. Il arrive quelquefois que le cheval, quoique attaché court, se défend. S'il cherche à mordre, on lui mettra une muselière. Mais s'il attaque avec les membres, sur- tout avec des ruades, on pourra lui relever un membre antérieur, le fixer au coude avec un entravon, et dans ces conditions l'animal ne se trouvant plus que sur trois membres, le palefrenier pourra en sûreté opérer le pan- sement de l'animal. Il faudra dans ce cas toujours placer le cheval sur LE CHEVAL. S^i une bonne litière, parce qu'en se laissant tomber, il pourrait se blessergrièvement. Souvent il suffit de mettre le tors-nez ou de bander les yeux. Tous ces moyens s'emploient surtout pour habituer les jeunes chevaux à supporter le pansage, mais on doit y mettre beaucoup de mode'ration, et Tope'ration doit être menée promptement, afin de ne pas prolonger inu- tilement Fétat de contrainte ou de souffrance, dans le- quel on place le cheval. Impot^tance du pansage. — Un grand nombre de per- sonnes ne font panser leurs chevaux que lorsqu'ils doivent sortir, c'est une erreur. Les chevaux, qu'ils sor- tent ou qu'ils restent à l'écurie, doivent être pansés au moins une fois par jour. Non seulement cette opération les embellit, rend leur poil fin, lisse et brillant, mais elle facilite les sécrétions, et c'est ce qui donne au poil cet éclat permanent. Les fonctions de la respiration et de la digestion s'accompliront toujours mieux chez le cheval qui est pansé avec soin tous les jours. Chez ces derniers, la gale et les affections parasitaires sont rares. C'est surtout dans les campagnes qu'il est difficile de faire comprendre toute l'importance de ces soins donnés à la peau. Il est vrai d'ajouter que, pendant les travaux, les chevaux sortent à la première heure du jour, et il n'est pas facile de trouver un temps suffisamment long pour panser les animaux, mais nous insistons pour recom- mander aux cultivateurs et aux éleveurs de faire donner ces soins aussi bien aux chevaux qui travaillent qu'à ceux qui restent à l'écurie et même dans les herbages. Pansage à la machine. — Quand on a un grand nombre de chevaux à panser, ou quand on ne trouve pas facilement tout le personnel nécessaire pour donner des soins à une nombreuse cavalerie, on peut employer avec avantage une machine qui permet de 344 LE CHEVAL. bien faire cette opération dans un temps relativement court. En 1875, M. Goodwin nous présenta un appareil qui pouvait brosser mécaniquement les chevaux et remplacer l'étrille. Mais il fonctionnait au moyen d'une roue à main, qui ne permettait pas une très grande vitesse. Nous l'avons appliqué sur un nouveau mécanisme qui peut être mis en mouvement soit par l'arbre d'un manège à cheval, soit par une [machine à vapeur. Les figures 57 et 58 représentent l'appareil en mouve- F.G. 57. — Machine a panser les Chevaux. ment. Il se compose d'un bâti en fonte terminé à sa partie inférieure par un patin servant à le fixer au sol, et portant à sa partie supérieure quatre bras à nervures LE CHEVAL. 345 formant paliers, lesquels reçoivent deux à deux un arbre muni de poulies fixe et folle actionnées soit par un cheval avec rintermédiaire d'un manège, soit par une force motrice quelconque. L'extrémité de chacun des arbres de Tappareil est reliée à deux barres d'acier renfermées dans des tubes FiG. 58. — Machine a panser les Chevaux en mouvement. en fer et à une brosse de forme cylindrique, ajustée sur un axe mobile. Ces organes qui sont articulés entre eux par des pi- gnons coniques faisant genouillères, afin d'approcher le cheval à nettoyer dans toutes ses positions, sont animés d'un mouvement de rotation d'environ sept à huit cents tours à la minute. Nous avons calculé à quel prix pouvait revenir ce 34C-> LE CHEVAL. pansage et voici à quels chiffres nous sommes arrivés lors de l'installation des appareils : francs. Deux brosses à 5oo francs i ooo Installation ySo Entretien, inte'rèts, amortissement 23o Soit 2000 Dans les grandes agglomérations de chevaux, le pan- sage revient ordinairement de 35 à 45 centimes par journée de cheval, quand on ne demande pas un pan- sage aussi soigné que pour les chevaux de luxe. Nous avons constaté qu'avec cet appareil, on pourrait diminuer le nombre des palefreniers employés à ce tra- vail, et diminuer de près de 10 centimes les chiffres fixés plus haut pour la journée de cheval. C'est le résultat que nous avions obtenu, et de plus nous avions pu, dans une certaine proportion, augmenter le salaire des hommes qui restaient. Il faut trois hommes pour la mise en action de la ma- chine, et le pansage se fait en moins de cinq minutes. Il suffit d'épousseter avec un morceau de laine le poil du cheval qui vient d'être soumis à la machine pour con- stater qu'il est aussi propre que s'il avait été pansé pen- dant une demi-heure à la main. si II. SOINS A DONNER EN DEHORS DU PANSAGE. Lavage des'crins. — Chez les chevaux de luxe, le lavage des crins se fait presque tous les jours, lors de la rentrée du travail. Mais chez les chevaux de trait, qui, en réalité, sont souvent pansés d'une manière sommaire, et qui ne reçoivent pas des soins aussi minutieux, il est indispensable de laver au moins une fois par mois. LE CHEVAL. 347 quelquefois plus souvent, les crins. Cette opération est surtout indispensable pour les chevaux entiers, dont la crinière et la queue se souillent plus rapidement. Ce lavage peut se faire avec du savon de Marseille, du savon au goudron, du bicarbonate de soude ou du bois de Panama. Il ne sera bien opéré que par les hommes qui en ont déjà une certaine habitude, les inhabiles ou les négligents laissent une certaine quantité de savon dans les crins, et les chevaux sont alors tourmentés par des démangeaisons. Comme pour le corps, le lavage ne supprime pas les soins de la brosse, qui seule donnera aux crins de la crinière et de la queue tout leur bril- lant éclat. Le peigne ne doit être employé qu'avec beaucoup de précautions, car souvent il blesse le cheval et arrache les poils. Dans ces derniers temps, la mode est de couper la crinière aussi court que possible. A notre avis, cette pratique est mauvaise, car malgré tous les soins qu'on donne, la poussière ne tarde pas à provoquer une cer- taine irritation du bord supérieur du cou, et de plus les insectes ont toute facilité pour s'y poser et tour- menter les chevaux, qui ne peuvent les atteindre. Aussi voit-on un certain nombre de ces chevaux, surtout ceux qui ne sont pas très bien soignés, avoir des dé- mangeaisons très graves sur cette partie du corps. Écourtage de la queue. — Nous ne dirons rien ici de récourtage et du niquetage de la queue, ce sont des opérations chirurgicales qui doivent être pratiquées par le vétérinaire. La seconde opération est très rare aujour- d'hui, car les chevaux ont plus de sang qu'autrefois, et ils portent en général bien mieux la queue. Quant à l'écourtage qui consiste dans l'ablation des deux ou trois dernières vertèbres coccygiennes, cette opération est pratiquée en général par les marchands 348 LE CHEVAL. de chevaux avant la livraison, ou par les éleveurs sur les poulains de quelques mois. Dans ces conditions la queue e'courte'e est mieux portée. En toutes circon- stances, il faut conserver au cheval la queue aussi longue que possible, afin de lui permettre d'écarter facilement les mouches. Toilette du cheval. — Quand la queue et la crinière sont trop épaisses, trop touffues, on fait ce qu'on appelle la toilette de ces organes, c'est-à-dire qu'avec un peigne ou à la main, on arrache un certain nombre de crins. La toilette comporte aussi la section ou l'arrache- ment des poils des oreilles, de la face, des jambes et des paturons. Oreilles. — Pour les oreilles, les poils fins que la nature a destine's à pre'server cet organe de la pluie, des in- sectes, et des poussières, doivent seulement être écourte's, et jamais arrache's, comme le font certains palefreniers. Face. — Quant à ceux de la face, qui servent à pré- A'enir les animaux du voisinage des objets auxquels ils peuvent se heurter, ils seront aussi légèrement coupés ou flambés à la lampe d'esprit de vin. Mais le mieux encore est de les laisser, car ils s'usent souvent d'eux- mêmes dans les frottements fréquents avec la mangeoire et le râtelier. Jambes. — La toilette des jambes doit se faire pour les chevaux communs, car ceux de race ne nécessitent pas cette opération, par suite des soins qu'ils reçoivent. Elle doit consister simplement dans la section des poils les plus longs, de manière à les ramener à la longueur des plus courts sans laisser aucune trace de coups de ciseaux. Elle se fait très bien aussi avec le brûloir, instrument fait exprès et qu'on promène sur toutes les parties du corps et surtout sur les jambes. LE CHEVAL. 349 Beaucoup de palefreniers font cette ope'ration avec la tondeuse, c'est une pratique de'plorable qui amène sou- vent des crevasses et des javarts cutanés. Ainsi donc pour les établissements qui ont un très grand nombre de chevaux à soigner, ou bien dont les hommes ne savent pas donner des soins minutieux, il vaut mieux laisser les crins des jambes un peu longs, ne pas les laver, et exiger que les membres soient bien brossés. Si quelquefois nous avons jugé à propos de faire laver les membres, surtout lorsque la boue s'attache après les crins et les agglutine ensemble, nous l'avons fait avec succès avec Teau chaude et surtout avec une solu- tion légère de sulfure de potasse. Savonnage des chevaux. — Dans le lavage des chevaux, nous avons fait aussi des expériences compa- ratives sur l'emploi du savon de Marseille en pâte molle, et du savon au goudron en pâte dure, pour le nettoyage des crins et de la peau du cheval. Choix du savon. — Le savoîi noir en pâte molle, qui avait été presque exclusivement employé jusqu'à ces derniers temps, a toujours donné de bons résultats. Il nettoie bien les crins et la peau que ces derniers recouvrent ; mais il a l'inconvénient de nécessiter l'em- ploi d'une grande quantité d'eau, afin de n'en point laisser sur la peau à la base des crins. Le lavage est long et bien souvent imparfait à cause du temps qu'il faut consacrera un seul cheval pour bien débarrasser la peau de ce produit. Le savon au goudron., qui est en pâte dure, et qui de- mande un grand soin dans sa préparation, nettoie mieux et est exempt des inconvénients signalés plus haut. Avec ce produit, le lavage, pour être parfait, est beaucoup plus rapide; il mousse mieux et plus vite que le savon 35o LE CHEVAL. noir. La peau du cou et de la queue reste propre plus longtemps et conserve pendant les jours qui suivent Topération une fraîcheur qui fait de'faut lorsqu'on a employé le savon noir; ce qui tient évidemment aux pro- duits balsamiques contenus dans ce savon. Quantités de savoti nécessaires. — Jusqu'à présent, on ne s'était pas rendu un compte bien exact de la quantité de savon nécessaire pour le lavage des che- vaux. Voici, d'après les expériences que nous avons faites, la quantité nécessaire, indispensable même, pour bien nettoyer la queue et la crinière, soit avec le savon noir en pâte molle, soit avec le savon au goudron ou tout autre savon bien préparé, mais à pâte dure. Pour le lavage de dix chevaux, un homme use i ooo à I 25o grammes de savon noir en pâte molle, et après le lavage, nous avons constaté qu'il en restait à la base des crins. D'où il résulte qu'en faisant la part des grosses enco- lures à crins très fournis, on peut hxer le maximum du savon noir nécessaire au parfait nettoyage de l'animal à I I 5 grammes par tête. Les mêmes dix chevaux ont été ensuite lavés avec du savon au goudron en pâte dure, quand le besoin s'en est fait sentir, et tout en recommandant expressément de ne pas ménager le savon, nous n'avons consommé que 5oo à 55o grammes, soit 55 grammes environ par tête. Il résulte donc de l'expérience que, sous le rapport de l'hygiène, on doit accorder la préférence au savon au goudron, et que pour éviter le gaspillage on doit tou- jours emplover le savon sous forme de pâte dure. Tondage ou Tonte. — La tonte est une opération qui consiste à dépouiller le cheval d'une partie ou de la totalité de son poil au commencement de l'hiver. Tout LE CHEVAL. 35 1 le monde sait qu'à cette époque, non seulement le poil est plus long, mais encore qu'il se développe une sorte de bourre, qui doit protéger le cheval contre la tempé- rature plus froide de l'hiver. Cette opération se faisait autrefois avec un peigne et des ciseaux ou des forces, et nous avons vu certains hommes acquérir une grande habileté dans cette pra- tique. Pour régulariser la longueur des poils coupés, on flambait les parties tondues avec l'alcool ou le gaz d'éclairage. On a même institué dans ces dernières an- nées le flambage au gaz pour remplacer la tonte par les ciseaux. Des essais très complets ont été faits à ce sujet dans l'armée. Mais toutes ces manières de procéder étaient toujours très longues, et il fallait de plus une grande expérience pratique de la part des opérateurs, c'est pourquoi on a inventé un instrument particulier auquel on a donné le nom de Tondeuse. Avec cette machine tout le monde, avec un peu d'attention, peut tondre un cheval. Il a été créé un très ^rand nombre de modèles de tondeuses, mais le principe est toujours le même, ce sont deux lames manœuvrant l'une sur Tautre, et tranchant à leur contact les poils qu'elles rencontrent. Avant de faire la description de l'appareil, nous avons quelques mots à dire sur l'opération elle-même. Avantages et inconvénients du tondage. — Le ton- dage, mis en pratique avec discernement, peut rendre de grands services ; et, si certains vétérinaires, entre autres MM. Decroix et Chénier, ont signalé des incon- vénients graves pendant et à la suite de l'opération, c'est qu'on a voulu bien souvent trop la généraliser. Il faut aussi reconnaître que les nouveaux instruments perfectionnés dont on se sert maintenant amènent quel- quefois des affections assez graves de la peau. 352 LE CHEVAL. Ce sont ces différentes conside'rations qui ont permis à certaines personnes de regarder le tondage comme une mauvaise pratique, comme aussi de signaler des accidents qui ne se produiraient pas, si on prenait tou- jours toutes les précautions que nécessite cette opéra- tion. C'est ainsi que dans ces dernières années, en fai- sant tondre d'une manière uniforme et sans tenir aucun compte des circonstances particulières tous les chevaux de Tarmée, on a certainement passé la mesure et prêté le flanc aux critiques si nombreuses qui se sont pro- duites dans tous les régiments. Aussi laissant de côté les opinions exagérées, nous allons démontrer que la tonte peut rendre certains ser- vices. La nature en augmentant le pelage du cheval avant rhiver^ a voulu le garantir de l'action directe et funeste du froid et de l'humidité. Et il est bien évident que lors- que nous abandonnons le cheval dans les pâturages, comme à Tétat sauvage, nous ne devons pas lui enlever sa fourrure. Mais si le cheval doit être soumis à un tra- vail pénible, qui doit provoquer la transpiration cutanée et être rentré ensuite dans une écurie, où la température est relativement plus élevée qu'à l'extérieur, il est certain que ce cheval se trouvera dans de mauvaises conditions, et qu'il faudra lui enlever cet appareil protecteur qu'on appelle le poil. C'est surtout dans ce but qu'on a prati- qué le tondage. Ce qu'il faut surtout envisager comme devant dé- terminer à faire cette opération, à notre avis, c'est le peu de soins qu'on donne aux chevaux. Ainsi, tout le monde sait que les chevaux de luxe qui sont bien soignés, bien pansés, couverts continuellement à l'écurie, n'ont jamais besoin d'être tondus. Et nous-méme, nous avons tenté une expérience sur nos chevaux, en exigeant LE CHEVAL. 353 un bon pansage, une bonne couverture lorsque les ani- maux doivent attendre dehors pendant leur service, en empêchant surtout de les tondre durant leurs premières années de service, et nous avons remarqué que, dans ces conditions, les chevaux avaient de moins en moins be- soin de subir cette opération, au fur et à mesure qu'on s'éloignait de la première fois où ils avaient été tondus, et alors nous avons tiré cette conclusion que le tondage était d'autant moins nécessaire que les chevaux n'avaient pas été tondus étant jeunes. En résumé, nous considérons donc la tonte comme une opération utile, mais non indispensable. Et si par certaines précautions on peut l'éviter, il vaut mieux lais- ser aux chevaux leur fourrure ; mais, en toutes circon- stances, on doit rejeter le tondage qu'on pratique avec les instruments trop perfectionnés, parce qu'en rasant le poil aussi près, non seulement on ne laisse plus aucune protection à l'animal, mais on provoque une inflamma- tion de la peau, partout où le harnachement est en con- tact avec le corps, et on voit se former des affections plus ou moins graves, telles que l'herpès tournant, etc., qui rendent les animaux indisponibles. Epoque de la tonte. — L'époque à laquelle il faut pratiquer cette opération a aussi une grande importance, nous avons remarqué que le moment le plus favorable était du i5 novembre au i^"" janvier, et que, passé cette dernière date, il fallait s'abstenir, parce que déjà les chevaux commençaient à perdre leur poil. Les chevaux tondus en janvier et février restent plus longtemps privés de leur pelage, et c'est surtout sur eux qu'on remarque les blessures causées par le frottement des harnais. Nous avons en ce moment deux chevaux qui ne sont jamais tondus en hiver, mais qui doivent subir cette opération vers la fin du printemps, au commencement T I, 23 354 LE CHEVAL. de l'été, parce qu'ils ont alors une fourrure très épaisse. Tondeuse mécanique. — Toutes ces réserves e'tant faites, nous allons décrire la tondeuse la plus usitée, et dont le principe se retrouve dans tous les modèles qui ont été ensuite inventés ou perfectionnés, c'est-à-dire FiG. 5g. — TONLEUSE MÉCANIQUE. le glissement de deux peignes l'un sur l'autre, comme dans la faucheuse. C'est W. Clark qui, vers 1867, introduisit en France les premières tondeuses qui étaient fabriquées en An- gleterre. Voici ce modèle (fig. 59). Depuis, un très grand nombre d'inventeurs ont le'gè- rement modifié ce modèle, mais. le principe est toujours resté le même. Les changements n'ont consisté que dans LE CHEVAL. 355 le plus OU moins de rapprochement des lames, dans la facilité de les séparer, dans les moyens d'attache par des écrous ou des vis. Mais, comme nous l'avons dit plus haut, cet appareil est trop perfectionné et c'est à lui qu'il faut attribuer les reproches qu'on adresse à l'opération elle-même du tondage. Nous avons pensé qu'il y avait un moyen d'éviter les inconvénients signalés en faisant l'application à la ton- deuse à cheval, de plusieurs peignes plus ou moins épais, comme on le pratique pour la tondeuse employée pour l'homme. En opérant ainsi, on ne peut pas prendre le poil aussi près, assez cependant pour soulager l'animal et rendre le pansement facile. Nous avons essayé avec une tondeuse ainsi préparée, et tous les inconvénients signalés plus haut ne se sont pas produits. Le poil, resté plus long, avait aussi l'avantage de protéger les animaux contre les intempéries de l'hiver. Depuis cet essai, qui a donné de bons résultats, nous n'employons plus que des tondeuses dont la plaque inférieure a 2 ou 3 centi- mètres d'épaisseur. Il est bon aussi, lorsque l'opération de la tonte est terminée, d'opérer un lavage copieux à l'eau chaude de savon, et de bien essuyer ensuite l'animal pour le sécher instantanément. En prenant les précautions que nous venons d'indi- quer, on évite l'usure du poil au passage des harnais et la formation de places dénudées qui donnent au cheval une si mauvaise apparence. Les soins à donner aux pieds seront traités en même temps que la ferrure, cependant tout bon palefrenier doit s'assurer, aussitôt que le cheval rentre du travail, qu'il ne se trouve ni pierre engagée entre le fer et la fourchette, ni clou, ni éclat de verre ou de fer. TROISIÈME PARTIE MARÉCHALERIE CONSIDERATIONS GENERALES La statistique officielle constate que la population chevaline de la France s'élève à près de trois millions d'individus, sur lesquels deux millions sont employés aux transports et aux travaux des champs. Tous ces chevaux ne peuvent rendre un service régu- lier et productif qu'avec le secours de la ferrure, et on estime que pour les travaux agricoles, le cheval ne pour- rait travailler qu'un jour sur deux ou trois sans être ferré. Sans remonter aux époques qui ont précédé l'ap- plication de la ferrure, nous pouvons donc nous rendre compte facilement aujourd'hui de l'importance consi- dérable du rôle que la maréchalerie joue, non seulement dans l'exploitation agricole, mais dans toutes les indus- tries qui doivent employer les forces du cheval. De même que pour toutes les autres branches de l'in- dustrie, la science a pénétré dans l'atelier du maréchal, qui doit certainement, comme tous les autres ouvriers, profiter de sa bienfaisante influence. 358 LE CHEVAL. Nous insisterons donc surtout, dans la description qui va suivre, sur les modifications, les améliorations que peuvent apporter dans la pratique de la ferrure les derniers perfectionnements et les dernières inventions dus à la mécanique. Histoire de la maréchalerie. — Sans vouloir faire l'histoire complète de la maréchalerie et surtout recher- cher l'époque exacte oii le premier fer fut placé sous le pied du cheval, nous dirons quelques mots résumant toutes les recherches faites jusqu'à ce jour. On ne sait pas exactement quels sont les peuples qui ont employé les premiers les fers à clous. La chose paraît si simple aujourd'hui qu'il semble que la ferrure doit être contemporaine de la conquête du cheval. Il n'en est cependant rien, et maintenant on est certain que les anciens ne connaissaient pas la ferrure. Bracy-Clark, vers le milieu de notre siècle, croyait que le premier et unique fer, trouvé en i653 dans le tombeau du roi franc, Childéric I, mort en 481, était le plus ancien. H. Bouley a reproduit toute cette partie du livre de Bracy Clark dans le Dictionnaire pratique de Médecine vétérinaire^ à l'article Ferrure. Mais les fouilles faites en i858, en France, par M. Castan, et en Suisse, par MM. Quiquerez et Troyon, ont mis à découvert des fers en losange, des clous à tête plate sur champ, des outils et même un atelier complet de forgeron celtique. M. Mégnin, dans un travail qui a paru dans le tome XVI des Mémoires et observations sur Vhygiène et la médecine vétérinaire militaires., a fait l'historique de la maréchalerie française. Il étudie avec le plus grand soin la maréchalerie pendant la période celtique, pendant les périodes grecque, romaine et gallo-romaine. LE CHEVAL. 35^ pendant la période franque et le reste du moyen âge, et enfin pendant la période moderne, et il conclut en disant : « En résumé, l'histoire de la maréchalerie nous a conduit à reconnaître ceci : c'est que la meilleure fer- rure est celle qui laisse au pied toute son intégrité, sur- tout dans ses parties inférieures et postérieures, et qui s'oppose le moins au jeu de ses fonctions. » Nous partageons cette manière de voir qui était aussi celle de notre regretté maître, H. Bouley, et qu'il avait si bien exprimée dans son Etude sur Vanatomie et la •physiologie du pied. Sans donc entrer dans les détails des descriptions faites par Mégnin, et en tenant aussi compte des tra- vaux de Fleming en Angleterre, de Rueff et Mayer en Allemagne, il semble démontré que les fers cloués, inconnus des Grecs et des Romains, n'étaient signal43 pour la première fois qu'au vi^ siècle avant J. -G. , c'est-à- dire, à l'arrivée des Kimris dans les Gaules et des Hel- vètes en Suisse. Aussi trouve-t-on actuellement dans les musées et côte à côte, dans les mêmes vitrines, les fers celtiques et les hipposandales employées par les Romains. On don- nait ce dernier nom à des appareils fabriqués avec les branches flexibles du genêt. Mais les sandales des ani- maux de travail devaient être en matière plus résistante qu'un simple tissu de genêt : on comprend qu'on en ait imaginé en métal plus ou moins précieux. On les fixait au-dessus du sabot au moyen de cordes ou cour- roies. Il paraît qu'on voit encore aujourd'hui des souliers de ce genre au Japon. M. Mathieu a trouvé dans les fouilles faites à Sèvres, lors de l'installation de la nouvelle manufacture de porcelaine, des fers qui permettent d'affirmer que la fer- 36o LE CHEVAL. rure à clous était déjà en usage avant la conquête de la Gaule par les Romains, et qu'il y avait même déjà plu- sieurs espèces de fers et probablement aussi plusieurs contrées où on les fabriquait. Goyau, dans son Traité de maréchalerie, a fait aussi un historique très complet de la ferrure du cheval. Il reconnaît, comme les autres auteurs, que les premières données exactes sur la ferrure se trouvent dans Tou- vrage écrit par l'empereur Léon VI de Constantinople, sur la tactique militaire. Il n'y a pas de doute non plus que les croisades aient exercé une grande influence sur le perfectionnement de la ferrure. Enfin, d'après Goyau, il faut arriver jusqu'au xvi^ siècle pour trouver l'enseignement de la maréchalerie par les auteurs italiens, tels que Laurentius, Rusius, César Fiaschi, Carlo Ruini, etc. Au xvii*^ et au xviii^ siècle, on voit paraître un certain nombre de traités sur la matière, ceux de Soleysel, Lespinay, Saunier, Garsault, des deux Lafosse, et enfin de Bourgelat. Dans Y Essai théorique et pratique sur la ferrure^ de cet auteur, qui parut en 1771, on trouve les premières notions sur les aplombs du cheval en même temps que la description du levier phalangien. L'école vétérinaire de Lyon est fondée et la marécha- lerie est enseignée. Nous parlerons des auteurs modernes en étudiant plus loin chacune des ferrures qu'ils ont prônées. Nous verrons alors que les mêmes idées se sont sou- vent reproduites, et que tour à tour on a trouvé des chauds partisans des ferrures légères et des ferrures lourdes. Instruction professionnelle des maréchaux. — Î.E CHEVAL. 36 1 Dans plusieurs articles qui ont paru dans le Journal d'Agriculture pratique^ nous avons déjà fait ressortir l'importance de la maréchalerie, en même temps que les difficultés qu'éprouvent les ouvriers de ce corps d'état à apprendre à bien ferrer un cheval. Nous avons exposé pour quelles raisons le maréchal- ferrant trouvait si difficilement à faire son apprentissage et nous avons demandé la création de cours profession- nels qui permettraient d'enseigner les vrais principes de la maréchalerie. Nous espérons que l'Etat, les conseils généraux et les municipalités comprendront un jour toute rimportance de ces cours et qu'ils feront les sacri- fices nécessaires, qui ne seraient pas bien considérables. Mais, parmi toutes ces raisons, il en est une sur laquelle nous devons insister, nous voulons parler du peu de connaissances spéciales en maréchalerie que possèdent les gens qui ont à élever ou à diriger des chevaux. Ils ne remarquent pas Fhésitation de l'animal au dé- part, après la ferrure; ils ne voient pas l'allure incer- taine et l'irrégularité dans les divers mouvements des membres. Et souvent on croit le cheval usé parce que les ferrures vicieuses qui lui sont appliquées le rendent incapable de suffire aux travaux qui lui incombent. Nous sommes entièrement persuadés que le jour où le propriétaire connaîtra les bonnes ferrures, il n'en lais- sera plus pratiquer d'autres. A première vue, il semble que la chose soit facile, et qu'il suffit d'ouvrir un des nombreux traités de maréchalerie, pour connaître im- médiatement les saines pratiques de la maréchalerie. Il n'en est rien. Il n'y a peut-être pas de sujet qui ait donné lieu à un plus grand nombre de discussions et de con- troverses. Et vous trouverez souvent des connaisseurs, et même des vétérinaires, qui vous indiqueront pour un même cheval deux ferrures complètement opposées, si on 302 LE CHEVAL. tient compte du résultat qu'on veut obtenir. Qui n'a pas aussi inventé un fer qui doit guérir toutes les maladies du sabot et redresser toutes les défectuosités ? Dans les expositions et les concours régionaux, ne voyons-nous pas des tableaux qui contiennent tous les fers les plus orthopédiques et les plus pathologiques? Vous pourriez penser qu'à notre tour nous venons vous indiquer une panacée universelle et un moyen infaillible pour la ferrure des chevaux ! Non. Notre intention est plus modeste, et nous voulons simplement ramener les maré- chaux, dans leur propre intérêt, à l'exécution d'une fer- rure plus saine. Nous n'avons rien à inventer, et comme nous l'avons déjà dit, les théories anciennes sont si nom- breuses que nous n'aurions que l'embarras du choix. Il nous suffira de reprendre les enseignements des anciens hippiatres pour trouver des principes rationnels pour l'exécution d'une bonne ferrure. En France, les Écoles vétérinaires et surtout l'Ecole militaire de maréchalerie de Saumur, sont les seuls moyens qui permettent l'enseignement de la ferrure. Encore les Écoles vétérinaires ne peuvent être utiles qu'aux élèves vétérinaires, et l'École de Saumur est uni- quement destinée aux maréchaux militaires, qui vien- nent y suivre des cours très bien faits, mais qui ne peu- vent profiter aux maréchaux qui n'ont jamais servi dans l'armée. Il y a bien aussi dans les grandes villes de bons ateliers quipeuventêtre considérés comme d'excellentes écoles, mais la disparition du compagnnonage, vieille institution qui permettait, sans grands frais, à l'ouvrier d'aller s'instruire dans les ateliers, a eu une influence néfaste sur la maréchalerie. On ne forme que très peu d'apprentis, parce qu'au- jourd'hui chacun est absorbé par la tâche qu'il doit fournir chaque jour pour subvenir à ses besoins, et per- LE CHEVAL. 363 sonne ne se préoccupe du lendemain. Les vétérinaires eux-mêmes n'ont peut-être pas compris toute Timpor- tance qu'il y avait pour eux à assurer le recrutement futur de ces aides si précieux. Il faut aussi avouer que le métierest pénible et que la mécanique n'a pas, comme pour un grand nombre d'au- tres métiers, apporté un soulagement au maréchal en diminuant sa fatigue et en lui permettant de gagner le même salaire. Il est même difficile de comprendre com- ment le maréchal peut parvenir à attacher le fer au pied du cheval dont la muraille du sabot qui doit recevoir les clous n'a que quelques millimètres de largeur, quand il vient de forger à coups de marteau un fer pesant quel- quefois plus d'un kilogramme. Quand nous disons que la mécanique n'a rien fait pour la ferrure des animaux, nous ne sommes pas absolument dans la vérité, car nous ferons connaître plus tard l'avantage qu'on peut trouver dans l'emploi de certains nouveaux procédés mécaniques. Les autres nations de TEurope ont développé dans ces dernières années l'instruction du maréchal. Les der- nières guerres ont démontré à l'Allemagne l'insuffisance des maréchaux militaires, c'est pourquoi cette puissance commença d'abord par faire admettre les maréchaux dans les écoles de ferrure des écoles vétérinaires qui n'étaient suivies que par les étudiants, puis ensuite elle créa des écoles spéciales pour les ouvriers maréchaux. Celles-ci, qui ne recevaient d'abord que des militaires, furent bientôt admises à former aussi des ouvriers pour les villes et les campagnes. Cet exemple fut immédiatement suivi par l'Autriche, la Hongrie, la Russie, le Danemark, la Suède et la Nor- vège, et même dans la presqu'île des Balkans. Le mouvement s'est surtout accentué dans ces der- 354 LE CHEVAL. nières années, ei toutes ces puissances ont installe' des écoles de maréchalerie pour fournir non seulement des ouvriers à leurs armées, mais encore pour former des maréchaux pour les campagnes. Décrets relatifs à Texercice de la maréchalerie en Allemagne. — L'Allemagne a même fait décider par le Reichstag, en i883, qu'à l'avenir aucun ouvrier ma- réchal ne pourrait exercer la profession sans la produc- tion d'un certificat d'examen. La collation du certificat d'examen est valable dans tout l'Empire. Les États qui forment l'Empire, tout en respectant le principe de la loi, ont la faculté de modifier les princi- pales conditions de son application, La Bavière promulgua la loi le i'''" mars 1884, la Saxe le 1 6 avril 1 884, et la Prusse le 1 8 juin 1 884. Les changements qu'introduisirent ces différents Etats sont insignifiants, et il suffira de faire connaître celle de Bavière pour se rendre compte de ce qu'est la loi dans son ensemble. 1° Loi concernant l'exercice de la maréchalerie. Louis II, par la grâce de Dieu, roi de Bavière, comte du Palatinat rhénan, duc de Bavière, etc.. Nous avons, après avoir entendu notre conseil d'État, avec l'avis et le consentement de la Chambre du Sénat et de la Chambre des députés, arrêté et décrété ce qui suit : Article unique. — L'exercice de la maréchalerie ne peut se faire qu'avec la production d'un certificat d'examen. Les prescriptions pour la délivrance du certificat d'examen sont fixées par décret : Fait à Munich, le icr mars 1884. Louis. Par ordre de Sa Majesté le Roi. Le président des ministres au ministère de V intérieur. Neumayer. LE CHEVxVL. 363 2° Décret de Son Altesse Royale, concernant l'examen des maréchaux. Louis II, par la grâce de Dieu, roi de Bavière, etc., etc., Pour nous conformer à la loi d'aujourd'hui, concernant l'exercice de la maréchalerie, nous émettons les décrets sui- vants : 1. — Le certificat d'examen nécessaire pour l'exercice de maréchal sera délivré par une commission d'examen particu- lière. Cette commission qui siégera dans le chef-lieu du dépar- tement, sera nommée par le gouvernement, de concert avec le conseil du département. Les commissions d'examen se composent : a) D'un président proposé par le département au choix des rapporteurs du ministère de l'intérieur; b) D'un maître de maréchalerie à prendre dans le départe- ment ou d'un vétérinaire officiel; c) D'un vétérinaire militaire désigné par le général com- mandant qui se trouve dans le département; si c'est possible, de la garnison du lieu d'examen; d\ D'un maréchal désigné par le ministère de l'intérieur; e) D'un propriétaire de chevaux à choisir par le comité du département et de la Société d'agriculture. Pour chaque membre de la commission, il faut en même temps désigner un suppléant qui aurait à siéger dans le cas où le membre en question serait empêché. Les membres nom- més par les paragraphes d al e seront choisis pour trois ans. 2. — Les examens ont lieu au moins une fois par an. La fixation de l'époque de l'examen et le délai pour adres- ser les demandes d'admission, ainsi que la convocation des membres de la commission seront déterminés par le gouver- nement départemental et le ministère de l'intérieur. Les préparatifs pour faire passer l'examen regardent le pré- sident de la commission. Font partie surtout de ces prépara- tifs, le matériel nécessaire pour faire passer l'examen et les outils, ainsi que les chevaux nécessaires. 3. — Celui qui veut être admis à l'examen de marécha- lerie doit adresser une demande écrite au gouvernement dé- partemental de son lieu de naissance et ajouter l'attestation authentique de son emploi dans un atelier de maréchalerie pendant un espace d'au moins trois ans. La demande com- 366 LE CHEVAL. prendra l'extrait de naissance, l'indication du domicile du candidat et l'adresse à laquelle l'invitation à se présenter à l'examen doit lui être faite. Sont dispensés de joindre lapreuve demandée dans le para- graphe I d'avoir été employé trois ans dans un atelier de maréchalerie, ceux qui se sont suffisamment perfectionnés au régiment (maréchaux d'escadron, de batterie, etc.) et qui ont reçu un certificat d'après le formulaire A ci-joint. Le président de la commission d'examen statue sur l'admis- sion à l'examen, communique le résultat de ceux qui ont adressé leurs demandes et convoque en même temps à se présenter à l'examen ceux qui ont été admis. Celui qui a été appelé doit se trouver exactement au jour indiqué au lieu de l'examen, il doit s'annoncer au président de la commission et prouver l'identité de sa personne, en pré- sentant sa lettre de convocation et une légitimation officielle. Quant à ceux qui ne se sont pas présentés à temps, la com- mission d'examen décide si elle peut les admettre immédiate- ment à l'examen ou les ajourner. Dans ce cas, il faut surtout voir si la cause de l'absence est valable et si le candidat en question peut encore être examiné, sans qu'il y ait dérange- ment notable ou retard pour les autres candidats. 4. — L'examen comprend : 1° L'exécution d'un fer ordinaire (ferrure d'été ou d'hiver) ; 2° Exécution d'un fer d'après les données de la commission d'examen pour un sabot défectueux ou malade ou pour un che- val ayant une position et une marche défectueuses ; 3° Exécution complète de la ferrure d'un pied de cheval ; 4° Réponses orales aux questions sur la nature et l'entre- tien des sabots, sur les distinctions entre les différentes espè- ces de ferrure, ainsi que sur la ferrure des pieds défectueux et malades. 5. — La commission décide sur le résultat de l'examen sur chacune des quatre questions par la note « reçu » ou « pas reçu ». Puis la note finale donnée sur l'ensemble de l'examen « reçu » ou « pas reçu » décide de la délivrance du certificat. Le certificat ne peut être délivré que quand le candidat a passé l'examen sur les quatre questions. Le certificat d'examen à conférer aux candidats se fait d'a- près la formule B ci-jointe. LE CHEVAL. 3ô7 6. — Les décisions de la commission d'examen seront pri- ses en présence de tous les membres et à la majorité des voix. Un registre relatant ce qui s'est passé, est tenu et signé par les membres delà commission. Les commissions d'examen se servent du cachet du gouvernement départemental. 7. — Celui qui n'a pas été reçu à l'examen peut s'y repré- senter à nouveau. 8. — Les membres des commissions d'examen qui ne font pas partie d'un service public reçoivent 7 marks par jour, comme indemnité et frais de voyage éventuels. Relativement au dédommagement des salaires et des frais de voyage des vé- térinaires officiels et des vétérinaires militaires, on s'en tient aux prescriptions existantes qui s'y rapportent. Les frais (chapitre i et 2) ainsi que les indemnités éven- tuelles pour l'usage d'un atelier, pour l'acquisition et l'usage de matériaux, pour les chevaux, doiventètre couverts par tous les candidats admis à l'examen, y compris ceux qui ne l'ont pas passé, par parties égales, quand les frais de chevaux ne sont pas payés par un autre fonds. Le président de la commis- sion d'examen doit veiller à ce que les frais d'examen, sans nuire à l'exécution consciencieuse de cet examen ne dépas- sent pas un chiffre raisonnable. La remise du certificat d'exa- men ne se fait qu'après le payement par le candidat de sa part dans les frais. Pour couvrir ses frais, on peut, avant l'arrêt définitif du compte et avant l'examen, réclamer au candidat le fragment d'une avance relative. La perception et les comptes des frais d'examens sont faits par le président de la commis- sion. La revision incombe au gouvernement départemental. Le gouvernement départemental doit tenir prêt un local convenable pour la partie orale de l'examen. Les mêmes frais occasionnés pour cet examen (chauffage, éclairage, services) sont payés par le gouvernement départemental. Les certificats sont exempts de droits. 9. — Les maréchaux qui sont sortis avec succès des écoles de maréchalerie de Munich et de Wurzburg, ou les maîtres maréchaux militaires et qui sont pourvus d'un certificat qu'ils peuvent produire, peuvent exercer le métier de maréchal sans un nouveau diplôme. Les maréchaux qui sortiront désormais des écoles que nous venons de désigner recevront de ces établissements un certi- ficat d'examen suivant la formule B. i68 LE CHEVAL. 10. — La haute surveillance sur les examens de marécha- lerie dans les départements incombe à notre ministère de l'in- térieur. 11. — Le présent décret entrera en vigueur à partir du jour de sa promulgation. En même temps est annulé notre décret du 19 février 1873, concernant la protection et la propagation de la ferrure ration- nelle. (Registre des lois et décrets iSyS, page 1 13.) Louis. Par ordre de Son Altesse Royale, Le Secrétaire général^ conseiller ministériel^ SCHLERTH. Munich, le i^'r mars 1884. Formulaire A. — Certificat. Il est confirmé par le présent que le nommé N. N. de N., né le , à N., a servi à la maréchalerie de...,., qu'il a acquis une instruction préparatoire suffisante dans la maréchalerie et que, par suite du décret de Son Altesse, en date du i^"" mars 1884, il possède l'autorisation concernant l'examen des maré- chaux de se faire admettre à cet examen, qui, passé avec suc- cès, confère le droit d'exercer le métier de maréchal. N. le Cachet. Fait par le commandant de place. Formulaire B. — Certificat d'examen. Il est certifié parle présent que le maréchal N. N., à N., né le , à N., a passé l'examen de ferrure, en conformité du décret de Son Altesse, en date du i^^ mars 1884, concer- nant l'examen des maréchaux. Le présent certificat est valable dans tout le territoire de l'empire allemand. N . le. .., Commission royale bavai'oise d'examen de ferrure. Cachet. Le président. Nous avons fait connaître cette loi avec détail pour permettre au lecteur de juger avec quel soin tout a été LE CHEVAL. 369 prévu. Le principe est le même pour tous les Etats de l'Allemagne, il n'y a que quelques modifications dans la forme pour chaque Etat. Nous ne sommes pas partisans d'une loi, comme celle de l'empire d'Allemagne, qui ne permet qu'aux maréchaux diplômés d'exercer leur art ; c'est pousser un peu loin la réglementation. Les écoles de ferrure ne pourraient donner non plus de bons résultats, les hommes qui se vouent à cette carrière n'ayant pas en général le moyen de vivre sans le salaire de chaque jour. Pourquoi ne ferait-on pas, comme nous le disions au début de ce chapitre, des cours profession- nels à des heures qui leur permettraient de ne pas in- terrompre leur travail dans les ateliers? Cette manière de faire a donné d'excellents résultats pour les autres corps d'états. Cette initiative pourrait être prise par le gouvernement, les départements, les villes et même les sociétés d'agriculture. Les conditions d'admission seraient très simples, les cours pourraient être gratuits. Pour donner une certaine consécration à ces cours, les personnes qui les auraient suivis passeraient, au bout d'un temps à déterminer, un examen oral et un examen pratique, et pourraient obtenir un certificat de capacité. Cette pièce leur faciliterait l'entrée dans les administrations et dans les ateliers, et pourrait même leur être utile pour le service militaire. Si donc la France a toujours eu une certaine répu- tation bien méritée pour le soin apporté dans la fer- rure des chevaux, si elle adonné son nom à une ferrure bien caractérisée, comme l'Angleterre a donné le sien à une autre ferrure, cela tient à l'enseignement donné par les Écoles vétérinaires, l'Ecole de maréchalerie de Saumur, et surtout à la direction d'ateliers de marécha- T. I. 24 370 I.E CHEVAL. lerie par des vétérinaires qui avaient beaucoup e'tudié cette branche de leur art. Ainsi on ne peut pas nier queCharlier, par sa ferrure, a eu une très grande influence sur la légèreté des fers actuels. Mais aujourd'hui, nous le répétons, il faut faire plus si nous ne voulons pas être devancés par nos voi- sins, qui ont rendu les examens obligatoires, et qui ont créé partout un enseignement spécial. Aussi bien nous avons fait connaître la législation étrangère qui régit aujourd'hui la profession de maré- chal, aussi bien devons-nous présenter un exemple des écoles de maréchalerie qui ont été ouvertes depuis quelques années. Ecole de maréchalerie d'Alnarp en Suède. — C'est le docteur Bendz qui, l'un des premiers, fit adjoindre à l'Institut d'agriculture d'Alnarp, en Suède, en 1862, un cours destiné aux maréchaux. La tentative réussit si bien qu'en 1 876 le parlement suédois vota une somme de 5oooo francs pour la construction d'une école de maréchalerie à Alnarp. La Société d'agriculture de Malmo donna une subvention de i5 000 francs dans le même but, et l'école fut inaugurée le 20 août 1878. Nous avons pensé qu'il serait intéressant de donner ici un résumé de l'installation complète de cette école. Nous avons trouvé ces notes et les dessins dans un journal de maréchalerie intitulé le M aréchal-f errant [Der Hufschmied) qui paraît depuis i883, à Dresde. I. — Constructions. — La forge de TEcole de fer- rure d'Alnarp se compose d'un corps de bâtiment cen- tral et de deux ailes (fig. 60). On trouve dans le premier, qui n'a qu'un rez-de-chaus- sée, la forge \b) avec douze feux et accessoires, alimentés par six soufflets. A côté de la forge se trouve l'atelier de ferrure, qui communique par deux portes avec la forge. I >J,BDrou<^. Sel . P£-TT/«r FiG. 60. — Plan de l'Ecole de ferrure d'Alnarp. 372 LE CHEVAL. Les ailes ont chacune un étage. Celle de gauche contient, au rez-de-chaussée, une salle d'étude (a), dans laquelle les collections sont exposées, une salle de pro- fesseur (d) et une chambre pour la surveillance (/). L'étage supérieur contient un dortoir (/) pour huit à /leuf maréchaux, deux cabinets pour garde-robe (A'A:), et un logement (/?) pour le maître de ferrure. Dans l'aile droite, au rez-de-chaussée, les magasins de fer et de charbon (c,/), de même que les logements {g^g) du personnel chargé de l'instruction. A l'étage supérieur, deux dortoirs (f,f) et quatre cabinets pour garde-robe {k,k). II. — Matériel d'enseignement. — L'institut possède un matériel très complet et de riches collections pour l'enseignement. Un grand nombre de fers y sont exposés, provenant non seulement de la Suède, mais aussi de l'étranger, afin de permettre la comparaison des fers de la Suède avec ceux des pays voisins; il en est de même pour les clous. On y remarque aussi différentes préparations anato- miques relatives à Tétude du pied du cheval. La col- lection comprend, en outre, un grand nombre de sabots normaux et anormaux. Une partie de ces sabots sont ferrés. Dans ces collections, on trouve aussi tous les instru- ments en usage dans les différents pays. III. — Enseignement. — L'enseignement est théo- rique et pratique. L'élève commence par forger un fer à cheval qui est conservé pour être comparé avec celui de Texamen. Puis ensuite il forge les fers ordinaires sous la direction du maître de ferrure. A. — Cours publics. — Tous les jours il y a une instruction d'une heure environ. Les deux ou trois premières leçons passent en revue la ferrure en général^ LE CHEVAL. 373 afin que l'élève puisse se rendre compte du but de ses études. Puis on passe ensuite à l'examen du pied du cheval et de son organisation, avec démonstration sur des préparations anatomiques. L'étude de la structure du pied est suivie de la con- fection des ferrures d'hiver et d'été, de la fabrication des clous, et enfin des opérations de la ferrure proprement dhe. Toutes ces leçons sont faites avec force détails, con- cernant les aplombs, les allures, les ferrures orthopédi- ques et même pathologiques. Le Manuel de ferrure du professeur Bendz sert de guide. B. — Travaux pratiques. — Les travaux pratiques s'exécutent chaque jour de six heures du matin à six heures du soir, avec un repos d'une demi-heure le matin pour le déjeuner, et d'une demi-heure pour le dîner. Les travaux se suivent dans Tordre suivant : 1° On forge des fers sans crampons, avec crampons, et enfin des fers spéciaux pour les sabots malades. Les fers confectionnés dans la journée sont soumis chaque soir à l'appréciation du contremaître, qui ex- plique les cas dans lesquels chaque fer trouve son em- ploi ; 2° La ferrure proprement dite est surveillée par le maître maréchal ou son aide. Les élèves doivent d'abord visiter les pieds des chevaux, et se prononcer sur la fer- rure qui pourra convenir pour conserver les aplombs et maintenir les allures. Les opérations de déferrage, d'appropriation du sabot à la ferrure et du fer au sabot, se font avec le plus grand soin au moyen de différents instruments employés dans toutes les contrées de l'Europe, le boutoir, aussi bien 374 LE CHEVAL. que le couteau anglais et la reneite. La fourchette n'est , jamais rognée, elle est conservée entière. En lin d'année, un rapport rend compte du nombre d'élèves qui ont passé par l'école, du nombre de chevaux ferrés, etc., etc. La description que nous venons de faire d'une école de Suède nous dispense d'entreprendre celles de l'Alle- magne, de l'Autriche-Hongrie et de la Russie, qui sont maintenant très nombreuses. Importance de la ferrure. — Tout le monde com- prend l'influence de la ferrure dans la parfaite utilisa- tion du cheval, quel que soit le service auquel on veut remployer. En effet, si on ne protège pas contre l'usure le sabot de ce noble animal, il devient difficile, pour ne pas dire impossible, de lui faire remplir son rôle de machine si puissante, et à la portée de tout le monde. H. Boulev, qui était passé maître en la matière, dé- montrait dans ses remarquables leçons que la ferrure avait non seulement permis d'utiliser le cheval aux lourds charrois, mais qu'elle avait diminué le travail si pénible de l'homme, qu'elle avait multiplié les commu- nications et était devenue Fagent le plus efficace des re- lations commerciales. Il citait à l'appui un grand nombre de faits contempo- rains, qui aujourd'hui passent inaperçus, mais sur les- quels l'influence non seulement de la ferrure se faisait sentir, mais qui n'auraient pas eu des suites aussi dé- sastreuses, si les chevaux avaient été munis de ferrures spéciales comme celles qu'on préconise pour les temps de neige et de verglas. Il citait entre autres la retraite de Russie, pendant la- quelle « nos chevaux d'artillerie, même en doublant et en triplant les attelages, ne parvenaient pas à tirer les pièces du plus faible calibre. On les battait, on les met- LE CHEVAL. SyS tait en sang, ils tombaient les genoux déchirés et ne pou- vaient surmonter l'obstacle, privés qu'ils étaient de force et de moyens de tenir sur la glace ». Le colonel Poulet, dans son livre VInvasion de l'Est en i8jo, mentionne l'impossibilité oii s'est trouvée l'artillerie de déplacer ses pièces par suite d'une grande chute de neige, faute d'une ferrure appropriée. Enfin, le cheval représente pour l'agriculture une force motrice bien supérieure à la force motrice de la vapeur. Non seulement il lui est supérieur dynami- quement, mais aussi parce qu'il présente un intérêt plus direct. Dans bien des cas, et presque toujours, le moteur vapeur peut être remplacé parle moteur cheval. Au contraire, et surtout en France, dans d'autres cir- constances, il serait impossible de remplacer le cheval par la vapeur. Cette proposition n'a pas besoin d'être développée. Si nous nous plaçons aux différents points de vue du luxe, du commerce et de l'armée, le moteur cheval pré- sente un intérêt bien plus rigoureux ; aucune autre force ne peut le remplacer, et en outre sa suppression entraî- nerait fatalement l'effondrement de tous les états. Ce sont là des vérités incontestables, d'ailleurs incontestées, mais des vérités devenues tellement banales que les éco- . nomistes les laissent en dehors de leurs préoccupations. A mesure que la vapeur est entrée dans nos exploita- tions industrielles et agricoles, le cheval a été relégué à l'arrière-plan, et on a méconnu ce principe que le travail vapeur, loin de .diminuer le travail manuel de l'homme ou celui du cheval, ne peut que l'augmenter et le rendre plus'indispensable; en effet, celui-ci est de- venu d'autant plus cher que celui-là s'est plus développé. CHAPITRE PREMIER CONSIDERATIONS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LE PIED DU CHEVAL Avant d'entrer dans les détails que comporte l'étude de la maréchalerie, nous devons faire connaître quel- ques considérations anatomiques et physiologiques sur le pied du cheval. Il est vrai que la plupart, pour ne pas dire tous les ouvriers maréchaux, ne connaissent ni l'anatomie, ni la physiologie du pied. Ils ont acquis, par leur passage dans les ateliers, une sorte d'habileté' manuelle. Mais nous avons de'jà dit ce que nous pensions de ces erre- ments, et nous nous bornerons à répéter que l'art de la ferrure ne peut être bien appliqué, qu'en l'établissant sur des bases véritablement scientifiques. C'est pourquoi nous avons tant réclamé un enseignement 'professionnel. Conformation du pied. — En extérieur, on désigne, sous le nom de pied, l'ongle proprement dit, la boîte cornée, qui s'appelle vulgairement sabot, tandis qu'en' anatomie comparée, le pied est toute la partie des membres antérieurs ou postérieurs, située immédiate- ment après l'avant-bras ou la jambe. LE CHEVAL. 377 La conformation des pieds, qui sont au nombre de quatre, deux antérieurs et deux postérieurs, est absolu- ment identique. Le pied du cheval est composé de deux ordres de FiG. 6i. — Partie interne du Pied. (^Phalanges et tendons.) parties : les unes, internes, organisées; les autres, ex- ternes, formées d'une matière organique cornée, mais complètement dénuées des propriétés de la vie. 1° Parties internes. — Les parties internes (hg. 6 1) se composent de : 1° 3 os : La 2° phalange A; La S*" phalange B ; Le petit sésamoïde C. 378 LE CHEVAL. 2° Des ligaments spéciaux qui maintiennent ces os dans leurs rapports ; FiG. 62. — Partie interne du Pied. (Appareil libro-cartilagineux et vaisseaux.) 3° Des tendons (extenseurs et fléchisseurs) D qui rem- plissent le triple office d'agents de transmission du LE CHEVAL. 379 mouvement, de ligaments articulaires, et d'organes de suspension du poids du corps. 4° D'un appareil fibro-cartilagineux élastique, com- pose' d'un coussin, dit coussinet plantaire E (fig. 62), et placé sous le tendon fléchisseur et l'articulation du pied, et de deux larges plaques fibro-cartilagineuses et appelées cartilages de l'os du pied, auquel ils sont Fig. 63. — Partie interne du pied (bourrelet, chair cannelée). (A. Bourrelet. B. Chau' cannelée.) intimement liés, ils remplissent l'office de deux res- sorts, et concourent avec le coussinet plantaire à dimi- nuer Teffet des pressions que doit subir la boîte cornée. S'* Des artères F (fig. 62), des veines, des lympha- tiques et des nerfs, remarquables par leur nombre, par leur développement et par leur disposition flexueuse et aiiastomotique. 6° D'une membrane tégumentaire, qu'on appelle aussi chair du pied. Elle diffère du tégument général auquel elle fait continuité par ses caractères extérieurs, sa struc- 38o LE CHEVAL, ture notablement modifiée et ses fonctions spéciales, qui consistent dans la production de la corne. Cette mem- brane se divise en trois parties d'aspect très différent : le bourrelet, le tissu podophylleux et le tissu velouté. Le bourrelet A (fig. 63) est la partie renflée de la peau qui sécrète la boîte cornée et qui forme une sorte de couronne au-dessus de cette dernière ; elle présente un grand nombre de filaments appelés villosités, qui semblent logés dans la partie supérieure du sabot. A la suite du bourrelet vient le tissu podophylleux ou chair cannelée ou feuilletée B, qui présente des feuil- lets, sortes de lames minces et rapprochées, comme les feuilles d'un livre. Cette disposition particulière de la peau permet la ramification d'un grand nombre de vaisseaux et de nerfs, et l'engrenage avec les feuillets de corne qui doublent intérieurement le sabot et auxquels on donne le nom de tissu théraphylleux. Lorsque la peau se replie pour venir recouvrir la surface inférieure de l'os du pied et le coussinet plan- taire, elle prend le nom de tissu velouté (fig. 64) ou chair veloutée, ou sole de chair; elle s'est encore modifiée, et forme une membrane hérissée de villosités, à la manière des filaments du velours. Comme le tissu podophylleux, le tissu velouté est solidement attaché aux parties du sabot, avec lesquelles il se trouve en rapport. Les différentes modifications du tégument qui forment le bourrelet, le tissu podophylleux et le tissu velouté, peuvent donc être considérées comme l'appareil sécré- teur de la corne et la vraie matrice de l'ongle. 2° Parties externes. — Les parties externes sont au nombre de trois : la paroi, la sole et la fourchette com- plétée par le périople. Ces trois parties, par leur réunion, forment la boite cornée^ le sabot, ou l'ongle, qui s'adapte exactement, par LE CHEVAL. 38i sa cavité intérieure, aux contours des parties que revêt la membrane tégumentaire sous-ongulée. Pour bien étudier le sabot du cheval, il faut le laisser FiG. 64. — Pied. (Tissu velouté.) macérer assez longtemps, et alors on voit se séparer les trois parties qui le forment et que nous avons nommées déjà, nous allons les étudier séparément. Paroi. — La paroi (fig. 65^, appelée encore muraille, forme, dans son ensemble, une sorte de cône tronqué, 382 LE CHEVAL. dont la base et le sommet ne sont pas parallèles. Pré- sentant sa plus grande hauteur dans la partie moyenne et antérieure qu'on appelle pince (A), cette bande de corne diminue progressivement de hauteur et forme successivement de chaque côté les mamelles (B), les quartiers (G), les talons (D). A ce point elle se replie en dedans pour former de chaque côté de la fourchette les arcs-boiitants ou barres {E). c R FiG. èb. — Paroi ou Muraille. Gomme c'est dans la paroi que doivent être implantés les clous destinés à fixer le fer, il est facile de com- prendre que celle-ci devra être suffisamment épaisse, bien dirigée et de bonne qualité. La paroi, qui, à sa partie supérieure, est soudée avec la bande cornée du périople, présente une gouttière pour recevoir le bourrelet; par sa partie inférieure, elle est intimement liée à la sole, et forme une sorte de zone blanche, qui est facile à reconnaître lorsqu'on pare le pied. LE CHEVAL. 383 La face externe, qui est en rapport avec les choses extérieures, est dure, résistante et couverte d'une sorte de vernis. Elle est presque toujours noire, quelquefois blanche. La face interne de la paroi est composée de feuillets de corne blanche, auxquels on donne le nom de tissu kéraphylleux (fig. 66)^ et qui s'emboîtent avec les feuillets du tissu podophylleux. Sole. — La sole (lig. 66) G, est le revêtement de corne Fig. f)ô. — Paroi ou Muraille (coupe). de la partie inférieure du pied, elle est comprise entre le bord inférieur de la paroi, et la fourchette. La face supérieure qui est en rapport avec le tissu velouté est convexe, tandis que la face inférieure, qui est en con- tact avec le sol, est concave. La sole, plus consistante à sa partie centrale, va en diminuant d'épaisseur jusqu'à la périphérie du sabot, où elle se soude avec la paroi. Fourchette. — La fourchette (fig. 6j) est la partie située dans l'échancrure de la sole, entre les barres. Elle a la forme d'une pyramide, et se divise en pointe 384 LE CHEVAL. corps et branches, séparées par une fente, appelée lacune médiane. La fourchette elle-même est séparée des barres par FiG. 67. — Fourchette. deux profonds sillons, qui sont les lacunes latérales. A leur extrémité postérieure, les branches présentent des sortes de renflement, qui portent le nom de glômes, de la fourchette. Ces bulbes, après avoir recouvert le sommet des arcs- LE CHEVAL. 385 boutants, se prolongent autour du sabot sous la forme d'une bande rubanne'e et constituent le périople. Propriétés de la corne. — La corne qui constitue la muraille, la sole et la fourchette, est d'autant plus consistante qu'elle s'éloigne des parties vives. Ainsi le bord inférieur de la paroi acquiert une dureté et une résistance conside'rable, qui ne fait que s'accroître en- core par la longueur de Fongle, tandis que le bord supérieur de la paroi possède une très grande souplesse, à cause de l'humidité provenant du voisinage des villo- sités. La consistance de la sole est, comme pour la paroi, d'autant plus considérable qu'elle s'éloigne des parties vives. Mais arrivée à un certain degré de longueur, elle se sépare par desquamation. La fourchette est formée d'une corne plus dense et à texture plus serrée, se laissant entamer facilement par les instruments lorsqu'elle ne porte pas sur le sol. La corne constituante du sabot, matière solide, con- sistante, tenace, d'apparence fibreuse, jouit de pî^opt^ié- tés lîygf^ométriques assQz déxeloppéQs. Elle se ramollit rapidement dans l'eau et se dessèche, durcit etse rétracte quand elle est soumise à l'action de l'air. Le pied du cheval est rendu insensible par la boîte cornée qui peut subir les chocs extérieurs pendant la marche et peut aussi permettre ainsi les manipulations de la ferrure, mais l'ouvrier ne doit jamais oublier que cette enveloppe se trouve associée à des parties dans lesquelles la sensibilité est développée à Texcès, MM. Reynal etDelafondont faitdes expériences pour mesurer la conductibilité de la corne pour le calorique et ils ont reconnu qu'il fallait une application de 4 à 5 minutes d'un fer incandescent sur la face externe du sabot pour accuser la transmission de la chaleur à la T. I. 25 386 LE CHEVAL. face interne par un thermomètre. La corne est aussi très combustible ; sous Faction du fer rouge, elle se ra- mollit, fond et brûle avec une fumée blanchâtre, épaisse et d'une odeur empyreumatique. Influence de la longueur du sabot sur les aplombs. — Nous devons encore, avant de nous oc- cuper des différentes opérations de la ferrure, étudier rinfluence que peut avoir la longueur du sabot sur les rayons phalangiens et par conséquent sur leurs aplombs. H. Boulev a donné sur ce sujet une description si re- marquable que nous ne pouvons mieux faire que de la reproduire : Au point de vue de l'art de ferrer, une des questions de la physiologie de l'appareil locomoteur qui présente le plus d'in- térêt et qui est la plus féconde en applications pratiques, est celle qui a trait aux rapports de longueur et de direction des rayons phalangiens avec ceux des régions qui les dominent, rapports de l'harmonie et de la régularité desquels dépend la parfaite assiette du pied sur le sol, et conséquemment le fonc- tionnement le plus régulier des os et de leurs articulations, des muscles et de leurs tendons, dans la station immobile comme pendant le mouvement. C'est là, on va le voir, une question d'une importance supérieure dans l'application. Dans la région du pied du cheval, ce que l'on appelle l'a- plomb ne peut être considéré comme régulier qu'autant que les rayons du métacarpe ou du métatarse, dans la station im- mobile, suivent une direction parfaitement perpendiculaire au sol et se réunissent à la première phalange, en formant, avec elle, un angle obtus de 1 35 à 140 degrés environ, ce qui suppose que le sabot rencontre la terre, sous un angle va- riable entre 45 et 40 degrés. C'est dans ces conditions de per- pendicularité absolue du rayon du canon et d'inclinaison des phalanges sur ce rayon et sur le sol, que la répartition du poids du corps se trouve le plus régulièrement faite sur les os et sur les soupentes élastiques qui leur sont annexées ; c'est dans ces conditions aussi que l'action musculaire s'effectue avec le plus d'avantage pour la production du mouvement et que les ressorts articulaires fonctionnent avec le plus de sûreté. LE CHEVAL. JSy Tl est facile, en effet, de comprendre à première vue et sans autre démonstration que celle de l'aspect simplement objectif des parties, que si les rayons phalangiens affectent sous le canon une direction qui se rapproche de la perpendi- culaire, le bénéfice de l'angularité du boulet comme instru- ment d'élasticité se trouvera proportionnellement annulé, puisque, dans de telles conditions, la plus grande somme du poids du corps sera supportée par les assises osseuses et que les soupentes élastiques, représentées par le ligament suspcn- seur et les tendons fléchisseurs, n'agissent plus que comme moyens de contention ou comme cordes de transmission du mouvement. Si, d'autre part, les phalanges sont trop obliques sur le sol et sous le canon, un effet inverse se produira. Par le fait même de la trop grande obliquité de la surface de rapport de la première phalange avec le rayon métacarpien ou métatar- sien, une plus grande masse du poids du corps tendra, en effet, à être départie aux grands sésamoïdes et aux appareils funiculaires qui les suspendent et les soutiennent : répartition nuisible, qui diminue les conditions de la résistance des res- sorts, en exagérant celles de leur souplesse, et aboutit infail- liblement à en causer la destruction. On peut donner une démonstration géométrique de cette proposition, en empruntant à Bourgelat l'une des ingénieuses idées qu'il a exposées dans un essai sur la ferrure : « Soit à présent, dit Bourgelat, le sabot de l'animal envisagé comme l'extrémité d'un levier résultant de l'os du paturon et de la couronne : le point d'appui sera sous le canon, dans la direc- tion de l'axe de cette partie; le bras accordé à la résistance se trouvera dans la portion du paturon, dépassant en arrière cette ligne de direction, ainsi que dans les os sésamoïdes ; celui de la puissance, enfin, toute la longueur restante du paturon et toute celle de la couronne et du pied jusqu'à la pince. Ce que nous entendons par la puissance ne peut être autre chose que la réaction du sol contre le poids de l'animal, et nous supposons ici les articulations du pied avec la couronne et de la couronne avec le paturon, dans le moment d'inflexibilité que produirait la tension du tendon. Dans cet état et hors de la station de l'animal, il est évident que le poids de la machine sollicitera sans cesse la diminution de l'angle qui a lieu au boulet, entrel'avant du canon et le dessus du paturon, et que 388 LE CHEVAL. la seule force qui pourra s'opposera cet angle soit de plus en plus resserré, n'agira que par le tendon aidé du bras terminé parles os sésamoïdes... » {Bourgelat^ Essai théoriq. et pratiq. sur la ferrure^ an XII.) Représentons par une figure (fig. 68) cette ingénieuse pensée, pour la rendre plus frappante et en compléter la démonstra- tion. Soit, dans la figure i ci-jointe le profil de la région du pied, depuis le milieu du métacarpe. Fig. 68. La ligne brisée A B C représente le levier fictif qu'admet Bourgelat; B est le point d'appui de ce levier sous le rayon du canon, au centre de l'articulation métacarpo-phalangienne; A B est le bras de la résistance, représentée par les tendons qui glissent sur la surface postérieure des sésamoïdes, et BG est le bras du levier de la puissance représentée par la réac- tion du sol contre le poids du corps ; ou, en d'autres termes, la réaction étant égale à l'action, B C peut être considéré comme le bras du levier du poids du corps lui-même, faisant antagonisme aux tendons. Or, dans un levier brisé, la mesure de la longueur des bras est donnée par la perpendiculaire abaissée d'un point de la LE CHEVAL 38(j direction de la force sur le point d'appui. Dans la figure i , B D est donc la longueur réelle du bras du levier BG, et comme le poids du corps est tenu en équilibre en B par la résistance des tendons et par celle du sol, il y a conséquemment équi- libre entre la force TA (celle des tendons), agissant en A sur AB, et la force P'C (celle du sol' agissant en G sur G B : ce que l'on peut formuler géométriquement en disant que TA -f A B = P'G + D B, D B étant égale à G B, comme nous venons de l'établir. Gela posé, il devient évident par le seul examen de la figure 2, que lorsque « le poids de la machine sollicite la di- minution de l'angle qui a lieu au boulet entre l'avant du canon et le dessus du paturon )),la force TA a à lutter con- tre un antagoniste de plus en plus puissant, puisque h mesure que l'angle PBG se ferme, la longueur du bras de levier DB augmente proportionnellement, comme la con- struction de la figure 2 le démontre évidemment. Il faut donc, pour que le poids du corps reste en équilibre en B', que l'intensité d'action de TA soit augmentée aussi, propor- 390 LE CHEVAL. tionnellement mcme à l'augmentation de force que donne à B'C l'allongement de son bras de levier : d'où il résulte, en d'autres termes, que les tendons ont d'autant plus à sup- porter et à faire résistance comme appareils de suspension, que l'angle métatarso ou métacarpo-phalangien tend plus à se fermer. Cette première démonstration conduit à bien comprendre D D D FiG. 70. que « si le bras de levier de la puissance (CB ou G'B') est exagérée contre nature, comme dans les chevaux long -jointes, par exemple, ces mêmes tendons seront distendus par une force bien plus considérable, puisque l'excès de ce bras sur celui de la résistance sera plus grand ; et vice vers a dans les chevaux court-jointés. (Bourgelat. loc. cit.) Faisons ressortir la vérité de cette proposition par une nouvelle figure. Soit la figure 69, dans laquelle se trouvent mises en parallèle, pour frapper par la comparaison, les dis- positions et les directions les plus différentes des régions LE CHEVAL. 3qi phalangiennes ; à savoir : d'une part, la brièveté et la recti- tude de leurs rayons ; et, d'autre part, leur longueur et leur inclinaison. 11 demeure évident, par la seule inspection de cette figure, que le bras de levier de la force P'C (la réaction du sol) opposée à celle des tendons TA, s'est considérable- ment accru, à mesure que les phalanges se sont allongées et se sont inclinées davantage, puisque ce bras de levier BD, dans le premier cas, est devenu BD'dans le second, c'est-à-dire qu'il a doublé : exagération de puissance énorme, contre la- quelle les tendons ne peuvent faire antagonisme qu'avec un bras FiG. 71 de levier invariable AB, et qui accumule sur eux une somme d'efforts auxquels ils sont souvent incapables de résister. Ainsi, à longueur égale des phalanges, une plus grande inclinaison sur le rayon du canon augmente considérable- ment le bras de levier de la force à laquelle les tendons font antagonisme : et, quand les phalanges ont une longueur exa- gérée, comme dans les chevaux dit long-jointés, les tendons ont alors à lutter contre une force bien plus puissante encore. Dans ce cas, la grande longueur réelle des rayons phalan- giens et leur grande inclinaison, qui en est une conséquence forcée, donnent au bras de levier de cette force une étendue FiG. 72. — Forge et atelier he ferrure (Plan et Coupe) 394 Ll^ CHEVAL. très considérable relativement à celle du bras de levier, toujours invariable dans ses dimensions, que représente l'axe des grandes sésamoïdes. Mais ce n'est pas seulement lorsque les rayons phalangiens ont une longueur exagérée, que le levier qu'ils forment par leur ensemble peut avoir de trop grandes dimensions, relati- ment au bras de levier des sésamoïdes et à la force des ten- dons qui s'y attachent. Dans un cheval d'ailleurs harmoni- quement conformé et dont les rayons du pied ont une direc- tion parfaitement régulière, le bras de levier phalangien peut acquérir une longueur anormale, par le fait, soit de l'accrois- sement exagéré de la totalité de l'ongle , soit de la trop grande longueur de la pince, relativement au peu d'élévation des talons; soit enfin, des modifications que la forme, l'épaisseur et rétendue du fer, considéré dans son ensemble, ou dans quelques-unes de ses parties, peuvent imprimer à l'assiette du pied sur le sol. On peut faire ressortir la vérité de ces propositions par une démonstration géométrique, comme dans les théorèmes pré- cédents : soit en effet, figure 70, le profil delà région du pied, avec l'enveloppe cornée qui entoure la troisième phalange. La ligne ABC est le levier de Bourgelat et BD représente la longueur du bras de la puissance qui s'applique en Cpour faire équilibre à celle des tendons appliquée en A. Supposons maintenant que l'angle PBC qui mesure l'ou- verture du boulet demeure invariable et que, par le fait d'un accroissement exagéré, le sabot MNO soit devenu MN'O'; l'extrémité du levier va se placer en G' , et BD va devenir BD' ; de même si le sabot vient en 0"N'',G' se placera en G" et BD' deviendra BD" ; et toujours ainsi, la puissance du bras de levier de la- force antagoniste des tendons augmentant à mesure que le sabot s'accroît. Mais la supposition que nous avons faite de l'immutabilité del'angle du boulet est toute gratuite. Il est évident qu'à mesure que le sabot s'accroît, l'effort exercé sur les tendons devenant de plus en plus considérable, ceux-ci cèdent, l'angle du boulet se ferme davantage, et la plus grande mclinaison qu'acquièrent les phalanges vient augmenter encore, comme cela est démontré figure 2, la longueur du bras de levier inférieur, et conséquemment l'intensité de la force qui s'y attache. LE CHEVAL. SgS Un effet analogue est produit lorsque la partie antérieure du sabot ayant, du reste, sa longueur normale, on diminue considérablement la hauteur des talons, car le défaut de hauteur de cette région a pour effet de déterminer une incli- naison plus forcée des phalanges sur le boulet, et consé- quemment une augmentation de la longueur du levier qu'elles représentent. Supposons, par exemple, que la hauteur cd que mesurent les talons dans la figure 71, soit réduite à c'd\ l'angle ABC tendra par ce fait à se fermer et à devenir A'B'C c'est ce qui convertira BD en B'D', c'est-à-dire augmentera considérablement la longueur du bras de levier de la force antagoniste des tendons. Même effet sera produit si on applique, sous le sabot, un fer plus épais en pince qu'en talons, ou prolongé au delà delà limite de la paroi en avant, car le bras de levier phalangien se trouvera augmenté, dans l'un et dans l'autre cas, par le fait et de la plus grande inclinaison des phalanges sur le boulet et de l'addition au sabot du prolongement de fer qui augmente matériellement sa longueur. Inversement, lorsque, par le fait d'une usure anormale ou des procédés de la ferrure, la pince sera raccourcie et que les talons auront acquis une grande hauteur réelle ou artihcielle, les phalanges tendront à prendre, sous le canon, une direc- tion qui se rapprochera de plus en plus de la ligne verticale et le levier, qu'elles représentent, sera proportionnellement diminué, jusqu'à ce que, par la verticalité complète, il soit tout à fait annulé; la transmission du poids au sol s'opérant, dans ce cas, exclusivement par la continuité des os, et les tendons ne fonctionnant plus comme appareils de suspen- sion. Enfin, si l'assiette du sabot sur le sol est rendue irrégulière par l'irrégularité des hauteurs de ses parties latérales, il est facile de comprendre que les ligaments d'union des rayons articulaires subiront une traction d'autant plus forte que l'in- clinaison des surfaces articulaires, dans un sens ou dans l'au- tre, fera déverser sur l'un ou sur l'autre côté une plus grande somme de pression. Il ressort des considérations dans lesquelles nous venons d'entrer que l'ouverture de l'angle articulaire du boulet se trouve étroitement dépendante de la longueur, de la direction 396 LE CHEVAL. et de l'assiette du sabot sur le sol, puisque, suivant les dimen- sions de l'ongle en longueur, et les hauteurs relatives de ses parties, le levier phalangien tend à devenir plus ou moins, oblique sous le rayon perpendiculaire du métacarpe. C'est donc de l'assiette du sabot sur le sol, et de la normalité de ses proportions, que dépend, dans l'articulation du boulet, la répartition harmonique du poids du corps sur les os qui doi- vent le transmettre au sol par leur continuité, et sur les ten- dons qui doivent le suspendre et en annuler l'action par le jeu de leur élasticité; répartition dont la justesse est essen- tielle à la conservation des membres dans leurs aplombs et dans leur intégrité, car, suivant qu'une plus grande somme de la masse du corps sera irrégulièrement répartie ou sur les os ou sur les tendons, les tendons ou les os, les premiers sur- tout, pourront être insuffisants pour cet excès de support, et ainsi se trouveront compromises les conditions, soit de sou- plesse, soit de résistance, dont l'heureuse association fait, du membre du cheval, un appareil si admirablement con- struit pour la production de la force et l'annulation des réac- tions. Élasticité du pied. — C'est une des questions qui ont provoqué le plus de discussions, et nous ne croyons pas utile de reproduire ici les arguments fournis pour ou contrerélasticité du pied. Ce qu'il faut retenir, c'est que le sabot est divisé en arrière, que lorsqu'il se fend sur sa face antérieure et qu'il y a par conséquent seime, il se produit un mou- vement de va-et-vient, qui complique très vite cette affection, si, par un moyen quelconque, on n'y met pas obstacle. On sait aussi qu'avec les doigts et surtout un désencasteleur on ouvre facilement la partie posté- rieure du sabot. Sur les vieux fers, on constate aussi une trace de frot- tement d'autant plus marquée qu'on se rapproche de la partie postérieure du sabot, et qui indique qu'il y a un léger mouvement d'écartement.Mais ce mouvement est LE CHEVAL. 397 si peu accentué qu'on peut ne pas s'en préoccuper outre mesure dans le manuel de la ferrure. Et même dernièrement M. Delpérier a démontré ri- goureusement que la traînée brillante des branches n'est pas produite par l'élasticité latérale des talons. A cet effet, il ferre un pied de cheval quelconque avec un fer retourné bout pour bout, c'est-à-dire avec un fer dont la pince est placée aux talons du pied, et les éponges à la pince du pied. Il fait attacher ce fer par des clous en quartiers et en talons, après l'avoir bien fait porter à chaud. Au bout de quatre à huit jours, il déferre ce pied, et il a constaté que la traînée brillante se trouvait correspondre aux mamelles et à la pince du pied, c'est-à-dire sur les éponges du fer. Cette expé- rience de notre ami M. Delpérier est trop concluante pour que nous y insistions. Sans donc nous prononcer d'une manière absolue dans l'un ou l'autre sens, nous nous bornerons à enregistrer les faits que nous consta- tons chaque jour. Nous verrons cependant, quand nous parlerons de la ferrure que nous appliquons depuis quelques années, qu'il faut bien que cet écartement se produise peu à peu pour laisser se loger la fourchette qui prend un développement considérable quand on ne la coupe jamais. Il se produit le même fait que dans la ferrure Charlier, etles moulages en plâtre pratiqués sur les pieds permettent d'apprécier ces différences considérables qui se produisent dans le volume de la fourchette. Accroissement de Tongle ou avalure. — La ma- tière cornée qui doit recouvrir toute l'extrémité digi- tale, est sécrétée par le bourrelet, elle descend le long des lames podophylleuses. A moins de circonstances particulières qu'il serait trop long de développer ici, la sécrétion est égale dans toutes ses parties. 398 LE CHEVAL. H. Boulev a démontré que toutes les fois qu'on di- minue les résistances qui s'opposent à la sécrétion de la corne, on favorise et on active la fonction sécrétoire de l'appareil kératogène. C'est donc au maréchal à mettre à profit avec intelligence l'activité possible de l'action sécrétoire. La race, l'individualité, l'âge, la nourriture, l'exercice, l'état de santé ou de maladie, la ferrure et enfin les acci- dents de pied peuvent avoir une très grande influence sur la plus ou moins grande sécrétion de la corne. Tout le monde a vu les sabots des chevaux qui ont passé par plusieurs régimes différents, indiquer, par des cercles plus ou moins accentués, la durée de ces changements, apportés, soit dans leur nourriture, soit dans leur hy- giène générale. CHAPITRE II MARECHALERIE PROPREMENT DITE !ii I. — bâtiments: forge et atelier de ferrure Avant d'étudier le manuel opératoire, nous devons examiner les dispositions générales des locaux destinés à l'exploitation du maréchal-ferrant et les outils qui doivent être employés, ainsi que les matières premières, telles que le fer et le charbon. Forge. — On donne le nom de forge à l'atelier qui doit servir à fabriquer les fers, souvent aussi il com- prend l'endroit où on amène les chevaux à ferrer, mais en général cette partie de la forge est complètement séparée, et elle porte le nom de hangar à ferrer. Dans les campagnes, ce hangar n'existe pas et les chevaux à ferrer sont presque toujours attachés à la porte de l'atelier. . . Mais dans les grandes villes, dans les grandes com- pagnies et dans les quartiers de cavalerie, on distingue toujours la forge du hangar à ferrer ou atelier de fer- rure. Nous les examinerons donc séparément. La forge, page 392 (fig. 721^ devra être aussi vaste que ^oo LE CHEVAL. possible, mais toutefois il faudra éviter les courants d'air, qui se produisent souvent par suite de la commu- nication permanente qui doit exister entre la forge et Tatelier de ferrure. Il faudra donc veiller à ce que les autres ouvertures soient fermées. La lumière est indispensable, cependant on voit un nombre considérable de forges qui sont, non seulement mal éclairées, mais presque complètement obscures. Cest un inconvénient grave, qu'il faut éviter. Etant entendu que l'atelier de ferrure et la forge sont sépa- rés, cette dernière, pour être bien installée, sera assez vaste, avec des dimensions en rapport avec le nombre de forges ; elle sera bien éclairée, et enlin elle com- prendra l'espace nécessaire pour contenir la provision de charbon et de fer. L'atelier de ferrure ou le hangar à ferrer (fig. 72), qui, comme nous l'avons dit, n'existe que dans les grands ateliers de maréchalerie, aura un sol souple, ne pouvant porter aucun préjudice au sabot du cheval qui reste quelquefois un certain temps sans être garni de son fer. En général, il est en pavés reliés par du ciment, mais il est préférable que l'aire soit en briques, ou même en pavés de bois; mais dans ce dernier cas, les ouvriers doivent avoir le soin de ne pas jeter à terre les fers chauds. En outre, les murs porteront des anneaux pour attacher les chevaux. Si ces derniers doivent rester longtemps à la forge, ils seront séparés par des stalles pour éviter les accidents. La forge comprend un matériel fixe qui se compose de l'àtre, du foyer, du soufflet, de l'enclume, des tables, des casiers et des trous à charbon. 1° Atre. — C'est la partie plane, sur laquelle repose le foyer. Cette partie peut être faite en maçonnerie, soit en FiG. 75. — MaCH1\ë a IINTRER I E FeR. LE CHEVAL. 417 Un mouvement alternatif et continu, dispose sur le tablier du laminoir, précipite régulièrement l'introduc- tion du lopin posé par le chauffeur à la partie déterminée des rondelles qui donnent la déformation. Le lopin déformé sur champ est introduit par son par- cours dans les cylindres horizontaux qui lui donnent sa déformation à plat. Le passage des lopins doit se conti- nuer sans interruption pour une fabrication régulière. Bien entendu, les rondelles sont spéciales pour chaque type de fers, et dans ces conditions elles doivent être changées suivant la fabrication qu'on veut faire. 2° Machine d cintrer. — La machine à cintrer i^hg. 7 5), montée sur une plaque de fondation, a un mouvement mécanique unique; elle a une marche continue avec une impulsion de 3oo révolutions au volant. Un mou- vement automatique donne un arrêt instantané après le cintrage de chaque fer. Quand elle arrive au bout de sa course, les mardoches étant ouvertes, on retire le fer et on place un nouveau lopin. Un léger mouvement du cintreur sur le levier B en- grène le manchon A, le lopin doit être maintenu par un levier. Le chariot F se dégage des galets G, l'ouverture des mardoches se produit, et on peut retirer le fer et placer un nouveau lopin. A chaque numéro de fers à fabriquer, les mardoches doivent être changées, ainsi que le noyau du centre. 3° Machine-pilon à étamper. — La chabotte est dispo- sée pour recevoir une matrice qui porte une empreinte exacte aux proportions du fer cintré, sur lequel viennent s'implanter, au choc du marteau, des étampes en acier fondu, placées sur une plaque. Chaque numéro de fer doit avoir quatre matrices et quatre contre-plaques avec les poinçons à étamper, pour être fixées sur le marteau-pilon. T. I. 27 4-18 LE CHEVAL. 4° Marteau-pilon à parer. — Une matrice portant empreinte du fer est fixée sur la chabotte et reçoit le fer qui vient d'être étampé. Une contre-plaque portant un fer en acier identique à celui fabriqué après le parage, donne rajusture,un coup suffit pour sortir le fer propre et régulier. Le parage exige, comme Tétampage, quatre matrices et quatre contre-plaques en acier. Le fer à cheval ayant subi en une seule chaude les quatre opérations qui précèdent, est abandonné au re- froidissement, et il ne reste plus alors qu'à déboucher les trous des étampures au moyen d'une poinçonneuse. Un enfant peut ainsi déboucher, par journée de dix heures, une moyenne de 2 5oo fers. On éboute ensuite à la cisaille les fers en éponges, et on les met enfin par paquets de 20 fers, dont 10 pieds droits et 10 pieds gauches. On voit qu'avec un pareil outillage, on peut fabriquer touteslesformesdeferemployéesdanslapratique usuelle de la ferrure. Il est même regrettable que les fers méca- niques ne soient pas plus utilisés, car les forges spé- ciales n'ont en général pas assez de commandes. Mais l'avenir démontrera les modifications considérables que cette fabrication peut apporter dans la marécha- lerie. Au cours actuel des fers et des charbons, le prix de revient est très bas, et il y a un très réel avantage à faire transformer les vieilles déferres en fers tout prêts à être mis sous les pieds des chevaux. La fabrication de MM. Dumont et C^^ de Louvroil est celle que nous avons décrite complètement, parce que nous la connaissions très bien, et que, de plus, elle nous a rendu des services. Ces constructeurs peuvent nous accorder aussi que nos indications, ainsi que celles de LE CHEVAL. 4iy nos devanciers, ont été très utiles au développement de leur outillage. Ces machines ne sont pas les seules et d'autres tenta- tives ont été faites en France. Système Fuzelier. — M. Fuzelier, constructeur de machines agricoles à Saumur, fabrique aussi des fers mécaniques. Son outillage, moins complet que le pré- cédent, y ressemble cependant beaucoup. Il a exécuté FiG. 76. — Machine a cintrer (Fuzelier). plusieurs commandes pour la guerre, mais nous ne pourrions pas aujourd'hui affirmer qu'il fabrique en- core. Nous savons seulement qu'il éprouvait de très grandes difficultés à placer les produits de sa fabrica- tion. Cependant sa machine est pratique et nous en donnons ici une description rapide. Le matériel com- 420 LE CHEVAL. porte, pour une fabrication de i ooo fers environ par jour, un fourneau à réverbère, une machine à cintrer, des marteaux-pilons et un certain nombre de matrices. Nous donnons seulement la machine à cintrer ilig. ^6) qui a une forme spéciale. La machine à cintrer le fer consiste, savoir, en : A. — Une plaque en fonte portant l'appareil à cintrer. B. — Une plaque en fonte représentant la forme intérieure du fer. C. — Deux galets cintrant* le fer et fonctionnant dans deux rainures pratiquées dans l'épaisseur de la plaque A. D. — Les deux rainures. E. — Fer à cheval cintré. F. — Deux pièces articulées servant à faire fonctionner les galets au moyen du levier G. H. — Équerre à coulisse servant à fixer les dimensions du fer. I . — La matrice-pièce placée sur l'enclume du marteau-pilon dans laquelle on met le fer sortant de la machine à cintrer. J. — Marteau-pilon servant à comprimer le fer placé dans la matrice et à l'étamper. A'. — Appareil à étamper formé d'une plaque carrée portant les poinçons pour étamper le fer et se superposant à la matrice. L. — Mécanisme servant à poser l'appareil à étamper sur la matrice. M. — Mécanisme servant à sortir le fer de la matrice. Système Sibut. — La maison Sibut aîné et C'^ a depuis longtemps installé un outillage complet pour fabriquer les fers à cheval à Amiens. Nous l'avons vi- sitée plusieurs fois. Ses machines diffèrent du système Mansoy, mais elles fournissent aussi des fers faciles à placer sous les pieds des chevaux. La maison Sibut perfectionne tous les ans sa fabrication, et elle a ob- tenu, comme les deux précédentes maisons, un grand LE CHEVAL. 421 nombre de récompenses dans les expositions nationales et étrangères. Il y a bien encore en France quelques fabriques, mais elles n'ont pas à beaucoup près l'importance de celles que nous venons de citer. Plusieurs sociétés se sont formées aussi pour exploi- ter des brevets pour fabrication mécanique de fers à cheval, leurs produits sont bien faits et mériteraient certainement d'être plus répandus. Nous croyons que ce fait se produira, lorsque toutes ces compagnies exploi- teront leurs brevets en France. Fabrication des fers mécaniques a l'étranger. — L'Angleterre et l'Allemagne possèdent aussi des ma- chines à fabriquer mécaniquement le fer. Nous avons vu à Londres, en i885, à l'Exposition internationale de toutes les inventions parues dans ces dernières années, un certain nombre de fers fa- briqués par des machines, sur lesquelles les exposants ne donnaient aucun renseignement. Entre autres, la maison Henri Wooldrige, qui présentait surtout des collections très complètes de fers pouvant recevoir les crampons à vis, les crampons ordinaires et les clous à glace avec tous les modèles. Il y a aussi la société The Horse Shoe and nail manufactwHng Com- pany, of London. Ses fers sont très bien faits, et uniformes. Les prospectus proclament leur élégance, leur durée et surtout leur prix qui serait bien in- férieur à celui de ceux fabriqués à la main. En Alle- magne, la tendance actuelle est à employer les fers fabriqués mécaniquement, et les usines sont très nom- breuses. Nous citerons entre autres les fabriques de O. Rohrig, à Brunswig, qui possède un certain nombre de modèles de fers étampés avec rainures ; les fabriques de Ernest 422 LE CHEVAL. Laas et fils, à Sinn, province de Hesse-Nassau ; celles de Funske et Hueck, à Hagen, en Westphalie. L'Autriche et la Hongrie possèdent aussi quelques fabriques de fers à cheval. En Danemark, nous avons visité, il y a quelques an- nées, la fabrique de Copenhague [Kjobenhavns Hestes- kofabrik Tagensvei). Elle est très bien installée et peut livrer une quantité considérable de fers par jour. Les fers fabriqués par cette maison présentent une particu- larité, c'est qu'ils peuvent être immédiatement posés sous les pieds des chevaux. Le pinçon, les crampons sont levés par les procédés mécaniques. La forme des fers est bonne, et leur force et leur largeur correspondent à leur grandeur et à leur poids. Ils conviennent à tous les usages, et la maison se charge de reproduire tous les modèles. Les fers qu'elle confectionnait au moment de ma visite étaient étampés à l'anglaise, c'est-à-dire à rai- nure à leur face inférieure avec l'étampure au fond de celle-ci. Cette opération del'étampage si difficile à réali- ser pour les fers français mécaniques, se fait très facile- ment à Copenhague, elle a lieu au moyen d'un balan- cier, qui fatigue beaucoup moins que les marteaux-pilons employés en France. Non seulement on a plus de régu- larité dans le travail, mais on doit obtenir une assez grande économie. Nous avons vu en Suède et en Norvège les mêmes installations avec des changements peu importants dans les machines. Dans ces pays du Nord, on donne main- tenant la préférence aux fers mécaniques dans les ate- liers de maréchalerie. L'Amérique, comme toujours, n'est pas restée en ar- rière, et après nous avoir envoyé les nouveaux clous blancs dont nous parlerons plus loin, a déjà essaya LE CHEVAL. 42!^ plusieurs machines. Nous avons reçu depuis plusieurs années des échantillons divers de la fabrication de ces dernières, et entre autres des fers qui portaient le nom de leur inventeur, M. Goodenough, et dont la matière était si malléable, qu'il était inutile de les mettre au feu pour les ajuster. Nous avons dit déjà qu'en ce moment une nouvelle fabrication, suivant un procédé américain, existe en Angleterre; nous avons reçu des produits de cette fabrication qui paraît bonne, mais nous ne con- naissons pas les machines. Examen des objections contre les fers méca- niques. — Sans nous arrêter à la forme des fers fabri- qués, nous devons maintenant étudier la question de savoir si les fers fabriqués mécaniquement sont aussi bons que les fers forgés par la main de l'homme, et nous allons nous attacher à combattre les arguments présentés contre l'emploi de ces derniers fers. La ques- tion a été très discutée, et les ouvriers surtout se sont montrés très hostiles à cette innovation. On a prétendu que les fers n'avaient pas les conformations voulues^ qu'ils s'usaient plus vite, que l'ouvrier forgeait toujours un fer spécial pour chaque pied de l'animal, enfin que l'ouvrier pouvait à loisir forger tous les modèles néces- saires pour la ferrure courante. D'abord, il faut reconnaître que le jour où on a pu fabriquer des fers au moyen d'appareils mécaniques, on a soulagé beaucoup l'ouvrier en lui rendant le travail plus facile et moins fatigant. Tout le monde a vu des maréchaux soudant et forgeant des fers représentant souvent un poids de 2 kilogrammes et même plus. L'état de surexcitation et de fatigue que ce travail amène leur donne un tremblement tel, qu'il leur est matériellement impossible d'écrire ou de faire quoi que ce soit qui demande un peu de soin. Et certes on peut se demander 424 LE CHEVAL. comment, après avoir forgé un certain nombre de fers, ils peuvent se livrer à cette tâche si délicate de ferrer un cheval, c'est-à-dire d'implanter des clous dans la paroi qui n'a que quelques millimètres d'épaisseur. Quant à cette objection que le maréchal, qui va ferrer un cheval, trouvera un grand avantage à forger immé- diatement les fers nécessaires, elle ne peut être prise en considération. Le fait peut se produire pour quelques exceptions très rares; mais, en général, lorsque le maré- chal veut ferrer un cheval qu'on lui amène, il commence par chercher dans son approvisionnement de fers, qu'ils soient forgés à la main ou mécaniquement, ceux qui pourront convenir aux pieds de ce cheval. Il les remet- tra au feu et leur donnera alors la tournure, l'ajusture nécessaires. La fabrication mécanique des fers est donc un progrès, et certainement l'ouvrier maréchal doit être le premier à en tirer profit. Aujourd'hui surtout, on est arrivé à un grand perfectionnement, et les machines fournissent des fers bien faits et qui sont supérieurs à ceux forgés à la main. On a prétendu qu'ils s'usaient plus vite et par suite nécessitaient un renouvellement plus fréquent de la fer- rure. Cela dépend absolument de la qualité de la ma- tière employée, et les études comparatives auxquelles nous nous sommes livrés pendant longtemps nous ont démontré qu'il n'y avait pas lieu de tenir compte de cette objection. Les fers, forgés mécaniquement en bonne qualité, durent toujours assez longtemps, et comme le sabot du cheval doit à un certain moment être raccourci, nous avons dû faire souvent relever les fers mécaniques avant leur usure complète. En dehors du côté économique qui a une grande va- leur, comme nous Tavons fait voir, la ferrure sera plus régulière, et on évitera les bosses énormes que les mare- LE CHEVAL. 425 chaux placent aux différentes parties du fer sous pre'- texte d'usure. Nous reviendrons sur ce point en parlant de la ferrure que nous employons à la Compagnie géné- rale des omnibus, c'est-à-dire avec le fer laissant à la fourchette tout son développement et lui permettant de porter sur le sol. § IV. DESCRIPTION DU FER A CHEVAL. Maintenant que nous avons vu comment pouvait se forger, soit par la main de l'homme, soit parles procé- dés mécaniques, le fer à cheval, nous allons le décrire. H. Bouley, notre regretté maître, l'a fait d'une façon si précise que nous croyons devoir reproduire la descrip- tion qu'il en a donnée dans le Nouveau Dictionnaire pratique de médecine, de chirurgie et d'hygiène vétéri- n air es. Description. — Le fer le plus usuellement employé reçoit le nom de fer ordinaire, à devant ou h derrière, suivant les pieds sous lesquels il est destiné à être fixé. Le fer ordinaire à devant, tel qu'on le forge aujourd'hui, représente un crois- sant, dont les dimensions sont telles en longueur et en lar- geur, qu'il couvre tout le bord plantaire de la paroi, jusque même un peu au delà des arcs-boutants, et tout le limbe de la sole, dans sa partie relevée en bord de cloche, de telle sorte que, quand ce fer est appliqué sous le pied, la fourchette seuie et la région centrale de la plaque solaire n'en sont pas revêtues. Du reste, la couverture du fer, dit ordinaire, est chose très variable, suivant les sujets, leur taille, leur poids, la configuration de leurs pieds, et la nature de leur ser- vice. Rien à cet égard ne saurait être déterminé rigoureuse- ment; la pratique indique dans quelles limites, à cet égard, les dimensions doivent varier suivant les exigences des cas individuels. Les étampures du fer ordinaire à devant, équi- distantes sur chacune des branches, sont généralement plus 426 LE CHEVAL. rapprochées sur celle du dedans que sur celle du dehors, de telle sorte que sur celle-là, la dernière de la série ou la quatrième se trouve plus écartée de l'éponge que sur celle-ci. Dans tous les cas, cette dernière étampure est rarement placée au delà, en arrière, de la moitié du quartier auquel elle correspond; toujours, conséquemment, le tiers postérieur des branches du fer n'est que superposé au bord plantaire du sabot, et entre les deux il n'exite pas d'attache par le moyen des clous. L'épaisseur du fer ordinaire est géné- ralement égale dans toute son étendue, quant à sa couverture, communément celle de sa branche interne dépasse un peu celle de l'externe; puis elle diminue graduellement dans l'une et dans l'autre, jusqu'aux éponges qui conservent assez de longueur pour garnir de chaque côté les arcs-boutants sur lesquels l'éponge doit porter à plat. Le fer ordinaire à derrière est différent de celui de devant, par sa forme moins circulaire ; son épaisseur est plus forte en pince que dans les branches où elle diminue graduellement jusqu'aux éponges; les étampures, distribuées également sur les deux branches, laissent en pince un espace plus large, qui permet d'y établir un pinçon. Les branches sont différentes l'une de l'autre, par leur forme, leur longueur, leur épais- seur. L'externe, plus longue et plus épaisse que l'interne, diminue insensiblement de largeur jusqu'à l'éponge, qui est repliée de dessus en dessous, à angle droit, pour former un crampon. L'interne, plus petite, moins épaisse et moins large, se termine par une pointe mousse que l'on rabat sur la face inférieure du fer, pour former un petit crampon, qua- drifacié comm.e la tète d'un clou à cheval, et auquel on donne le nom de mouche. Fer français. — Les tigures ci-jointes (77-78-79) permettent de distinguer les noms donnés aux diffé- rentes parties du fer : 1° Deux faces : l'une supérieure en rapport avec le pied, l'autre inférieure reposant directement sur le sol ; 2^ Deux bords ou rives : Tun externe, l'autre interne; 3° La pince, ou partie antérieure du fer; 4*' Les mamelles, les branches, qui se trouvent de LE CHEVAL. 427 chaque côté de la pince et qui portent les noms d'in- ternes ou externes, suivant qu'elles sont situe'es en dedans ou en dehors; FiG. 77 FlG. 78. 5** Les éponges qui terminent les branches et cor- respondent aux talons; pb-ftg _ _ J-B.D FiG. 79. Fig- 77. 78, 79. — Modèles de fers français. 6° La voûte, partie concave correspondant à la partie ante'rieure de la sole; 7° La couverture, ou largeur d'une rive à l'autre; 428 LE CHEVAL. 8° Les étampures, ou trous donnant passage aux lames des clous et logeant toute la partie infe'rieure de leur tête ; 9° Les contre-perçures, ou ouvertures inférieures des étampures; on les remarque à la face supérieure du fer. io° La tournure, ou forme du bord externe du fer; 11° La garniture, ou partie de la rive externe qui dépasse la paroi à la branche externe du fer; 12° L'ajusture, ou concavité que l'on donne à la face supérieure ; 1 3° Les pinçons, qui sont des prolongements que l'on étire généralement de la rive externe de la pince des fers. Les pinçons servent à consolider les fers, et cela est tellement reconnu qu'on dit qu'ils remplacent des clous. 14° Les crampons, qui sont formés par une partie du fer relevée d'équerre en dessous des éponges. Le fer que nous venons de décrire, en faisant con- naître les noms donnés aux différentes parties qui le composent, est le fer français. Fer anglais. — Le fer anglais (fig. 80) se distingue de ce dernier par moins de couverture; l'ajusture, qui est faite aux dépens de l'épaisseur du fer, divise la face supérieure en deux parties : une surface pleine exté- rieure, appelée siège, sur laquelle doit s'appuyer la paroi, et un talus intérieur qui correspond à la sole. Il porte sur sa face inférieure une rainure profonde, dans laquelle sont pratiquées les étampures, qui sont à égale distance de la rive externe sur les deux branches (fig. 80). Le fer anglais présente généralement partout une épais- seur uniforme; quelquefois cependant il est plus fort en talons qu'en pince. Les fers français et anglais constituent les deux prin- cipaux types qu'on rencontre à peu près par toute l'Eu- LE CHEVAL. 420 rope, et on peut diviser tous les autres en deux grands groupes, que nous appellerons les fers des pays septen- trionaux et les fers des pays me'ridionaux. Fers des pays septentrionaux. — Les fers usités en Allemagne, en Autriche, en Norvège, Suède et Dane- mark et jusque dans le fond de la Russie participent tout à la fois des fers anglais et des fers français, en ce FiG. So. Fers anglais. sens qu'ils sont, comme les premiers, creusés d'une rainure circulaire à leur face infe'rieure et souvent ajus" te's comme les seconds. Mais ce qui les caractérise tout spécialement, c'est qu'ils sont lourds, grossiers, et disposés pour être munis de crampons fixes ou mobiles. Nous avons dit, en commençant l'étude de lamarécha- lerie, qu'il y avait un progrès dans toutes les contrées que nous venons d'énumérer, et certainement il est dû aux nombreuses écoles qui ont été ouvertes dans ces dernières années. En effet, une réaction s'est produite contre l'emploi des gros fers et des crampons. On en- seigne aujourd'hui dans toutes les écoles étrangères de maréchalerie les procédés des ferrures anglaises et fran- çaises qui sont les plus légères. 43o LE CHEVAL. Fers des pays méridionaux. — ■ Si dans le nord et le centre de l'Europe, les fers sont plus massifs qu'en France et en Angleterre, afin qu'ils aient plus de résis- tance à l'usure et qu'ils puissent supporter les cram- pons — disposition impérieusement commande'e par les exigences du climat, — par contre, dans le Midi, ils sont conside'rablement allégés. Le fer arabe est tronqué en avant et avec lui le sabot. Il en est de même des fers turcs et persans. Tous ces fers sont restés ce qu'ils étaient autrefois et nous ne nous y arrêterons pas plus longtemps, car ils n'ont qu'un intérêt de curiosité pour nous. Les fers varient suivant les différents genres de service, nous en parlerons en même temps que des ferrures. Fers orthopédiques. — Nous pourrions aussi parler des fers orthopédiques et pathologiques; ils sont nom- breux, et tous les jours on en découvre de nouveaux, mais nous sommes de ceux qui pensent que ces fers ne doivent jamais être appliqués sous les pieds des che- vaux sans les conseils du vétérinaire, car s'ils peuvent dans certains cas rendre de grands services, il faut reconnaître que, mal employés, ils ruineront rapidement les chevaux. Ce n'est pas ici la place de les indiquer. CHAPITRE III POSE DU FER OU FERRURE PROPREMENT DITE Il s'agit maintenant de fixer le fer sous le pied du che- val, c'est à cette ope'ration qu'on donne le nom de fer- rure. Elle a pour but de préserver le sabot de l'usure et de la destruction auxquelles il serait expose', s'il restait à l'e'tat de nature. Les principes qui doivent régler cette opération, quelle que soit la ferrure employée, ont été ainsi formulés par H. Bouley : 1° Conserver ou rétablir la régularité des aplombs des membres ; 2° Conserver ou rétablir l'intégrité de la forme du sabot, et la liberté des mouvements qui peuvent s'y pro- duire. i^ I. — DES CLOUS. Avant de passer à l'examen des procédés de ferrure, nous étudierons les clous destinés à fixer le fer sur le 432 LE CHEVAL. sabot du cheval. Lorsque nous avons recherché l'e'po- que à laquelle les fers ont commencé à être attachés au moyen de clous, nous avons vu que ce n'est pas du jour où l'homme s'est servi du cheval, que l'idée est venue d'implanter des clous dans le sabot ; nous avons vu aussi combien les premiers clous étaient primitifs, et il semble, d'après les auteurs qui se sont livrés à ces recherches, que les maréchaux devaient forger eux- mêmes leurs clous, comme ils forgeaient leurs fers. Au reste, on trouverait encore dans certaines campagnes des maréchaux préparant les clous dont ils peuvent avoir besoin. On ne sait pas exactement à quelle époque la clouterie pour la maréchalerie a commencé à devenir une indus- trie particulière. En tous cas, elle est toute récente et on peut reconnaître que cette fabrication est restée bien longtemps insuffisante et^ qu'il n'y a que quelques an- nées qu'elle a été perfectionnée, surtout par les ouvriers cloutiers de Paris, qui fabriquaient à la main un clou spécial pour la ferrure de luxe des grandes villes. Les essais de fabrication mécanique n'ont réussi que depuis dix ans, nous verrons dans quelles conditions. Fabrication à la main. — La fabrication du clou à la main est très pénible pour l'ouvrier qui ne doit pas perdre une minute pour arriver à forger dans sa journée un nombre de clous suffisant pour rémunérer son temps, de plus le travail n'existe pas toute l'année, et il faut que cet ouvrier puisse s'employer à d'autres travaux. Clou parisien. — La fabrication des clous à cheval se faisait surtout à Charleville,qui en avait conservé long- temps la spécialité. Il s'en faisait bien quelques-uns dans d'autres parties de la France, surtout à Paris; mais dans ce dernier cas, c'était, comme nous l'avons déjà dit, une LE CHEVAL. 401 moellons, soit en briques ; elle comprend souvent, dans la partie inférieure et profonde, une voûte qui sert à contenir le charbon. Les àtres en maçonnerie sont vite usés par le feu et prennent vite un aspect de ruine, c'est pourquoi dans ces dernières anne'es on a employé' les âtres en fonte qui se conservent mieux et gardent un meilleur aspect. On leur a cependant reproché de s'échauffer facilement et même d'éclater quelquefois, mais nous croyons que c'est là une exagération. Plusieurs vétérinaires de Paris qui ont fait une étude très approfondie de la maréchalerie, emploient depuis longtemps des foyers en fonte, construits par la mai- son Enfer et lils. Cette forge métallique se pose simplement sur un sol droit sans aucun scellement, elle se compose d'un foyer placé sur quatre panneaux assemblés par des boulons, d'une auge mobile en tôle galvanisée, à l'intérieur se trouve une cloison de séparation pour le charbon et les scories; elle a l'avantage, sur la forge en maçonnerie, de ne pas avoir besoin de réparation, la cuvette est dis- posée pour recevoir une tuyère à vent horizontal ou vertical, placée à une distance déterminée pour éviter que le foyer ne rougisse et se casse par la dilatation. Les ateliers de construction d'un grand nombre de sociétés industrielles ont installé des forges métalliques. Dans les ateliers de maréchalerie, on a constaté qu'avec des âtres en fonte, les abords sont plus faciles, les feux, actionnés par des ventilateurs, sont mieux conduits. 2" Foyer. — Le foyer proprement dit consiste dans une excavation où s'opère la combustion. Dans les àtres en maçonnerie, le foyer est limité par une plaque carrée en fonte, qui préserve le mur de l'action du feu. Dans T. I. 26 402 LE CHEVAL. les âtres en fonte, il n'est point fait mention de cette plaque. Sur l'un des côtés de l'enfoncement du foyer, se trouve la tuyère^ en fonte ou en fer, qui ajustée avec le soufflet amène Pair au foyer. Au-dessus du foyer, se trouve la hotte ou cheminée, qui sert à établir le tirage et à conduire la fumée. Elle est généralement en briques, mais dans ces derniers temps on en a construit en tôle, en leur donnant moins d'étendue. Sur le plancher de l'âtre on trouve encore : une pla- que de fonte, à laquelle on donne le nom de garde-feu et qui doit circonscrire retendue du foyer, et une auge en pierre ou en fonte, placée sur le côté dans une forge simple et au milieu dans une forge double. Cette der- nière sert à mouiller le charbon sur le foyer et à refroidir au besoin les instruments. 3° Soufflet. — 11 est destiné à amener un courant d'air qui doit activer la combustion. On voit encore dans les campagnes des soufflets en bois et en cuir, qui ont été remplacés dans les ateliers des villes par des souffleries en fer. Ces dernières ont l'avantage de tenir beaucoup moins de place et de fonc- tionner avec une dépense moindre de force. Ces souf- flets qui amènent Pair vivement au foyer après l'avoir comprimé, peuvent agir de deux manières, soit que l'air soit poussé par le côté à travers la tuyère, soit que l'air arrive sur le feu par un réservoir à air placé dessous et au centre du foyer. Ce système auquel on donne le nom de soufflerie inférieure, et qui est fréquemment employée en France, en Angleterre et en Allemagne avec les âtres en fonte, a l'avantage de moins encrasser le foyer, de donner un chauffage plus uniforme et de se détériorer moins vite. LE CHEVAL. 4o3 Nous pouvons donner ici un modèle des forges métal- liques de la maison Enfer et C'*" à Paris (fig. jS). 4° Enclume. — L'enclume est une masse de fer, sur Fig. 73. — Atre. Foyer i'°,i2 x i"',i5 et i-aa x i"",5o. laquelle le maréchal travaille le fer pour lui donner les formes nécessaires pour être placé sous le pied du cheval. L'enclume se divise en table qui est la partie centrale 404 LE C HE; VAL. et qui est absolument plane ; d'un côté se trouve la partie carrée de l'enclume dont le bord est légèrement arrondi, et de l'autre côté la partie se terminant en pointe et ar- rondie, qui porte le nom de bigorne. L'enclume porte une ouverture à laquelle on donne le nom de trou d'en- clume. La face latérale antérieure s'appelle poitrine et la face latérale postérieure le dos. L'enclume qui pèse environ i8o kilog. est en bon fer forgé, elle doit avoir sa table aciérée parfaitement plane et lisse, qui mesure une surface de 20 à 2 5 centimètres de largeur. Cette largeur est nécessaire pour permettre d'ajuster les fers. L'enclume est placée sur un billot, qui peut être d'une composition différente. On emploie le plus souvent le bois, et rarement la pierre ou le fer. Le bois employé comme billot est élastique, et rend malheureusement un son éclatant, qui, surtout dans les villes, gêne les personnes qui habitent au voisinage des forges, et qui empêche même toute explication dans la forge. Il paraîtrait que les billots en fonte n'ont pas ces in- convénients, nous ne les avons pas encore employés, mais ils seraient en usage à l'école de ferrure de Berlin et donneraient de bon résultats. Ces billots en fonte de fer ont une durée extraordinaire, ils sont propres et occupentmoins d'espace que les autres matériaux. Ils sont évidés intérieurement et représen- tent une cloche dont les parois ont 3o millimètres d'épaisseur au haut et 55 millimètres au bas. D'après la description, que nous avons empruntée à M. Lungwik, professeur de maréchalerie à Dresde, le billot mesure 45 centimètres de hauteur; deux ouvertures sont per- cées à sa partie supérieure, qui mesure 66 centimètres LE CHEVAL. 4o5 de longueur et 55 à 56 centimètres de largeur. Les parois longitudinales sont droites et perpendiculaires, afin que les ouvriers puissent s'approcher de l'enclume, les deux autres sont arrondies et s'e'vasent vers le sol. On peut ajuster des œillets ou des crochets à l'un ou aux deux petits côtés, pour suspendre les pinces et autres outils. Il est convenable de placer ces billots sur des bases de béton et de les remplir de la même matière ou de chaux par l'ouverture qu'ils portent. L'enclume est placée entre deux talons de 5 centi- mètres de hauteur fixés aux deux extrémités du billot et assujettie par deux coins de fer. Ce billot pèse 365 kilog. et coûte loo francs. 5° Tables, casiers et fosses à charbon. — Les tables ou établis (fig. 72) portent : les étaux, et les jeux de limes qui doivent servir à limer et à façonner les fers, les affiloirs pour affiler les clous. Les casiers permettent de loger l'approvisionnement de fers forgés par catégories. Enfin les fosses à charbon sont des cavités creusées dans le sol de la forge, dont l'une est réservée au char- bon, et l'autre quelquefois aux déferres. Outils de maréchalerie. — Mobilier de forge. — Après avoir étudié le matériel fixe de la forge, nous devons faire connaître les outils qui seront à la disposi- tion du maréchal pour lui permettre d'entretenir le feu et pour forger les fers. Il nous suffira de les énoncer sans qu'il soit utile de les décrire. Ce sont : i'' Deux tisonniers, l'un droit, l'autre recourbé pour entretenir le feu; 2° Une pelle pour mettre le charbon sur le foyer; 3° Une sorte de goupillon pour humecter le charbon du foyer; 4o6 LE CHEVAL. 4° Une ou deux paires de grosses pinces destinées à mettre les lopins et les fers au feu; 5° Un jeu complet de paires de tenailles à main, à mâchoires plus ou moins serrées, et servant à tenir les fers chauds pour les forger ou les ajuster; 6° Le seau d'eau qui doit être toujours dans la forge pour refroidir les fers ou pour tout autre besoin. Le mobilier d'une forge comprend encore : 1° Les ferretiers, ou marteaux à main, qui servent à forger et à ajuster le fer. Ces marteaux sont plus ou moins lourds suivant Tusage auquel on les destine. Ils affectent différentes formes; 2° Les marteaux à deux mains ou à frapper devant; 3° Un marteau refouloir, pour refouler les éponges et pour la réparation des outils; 4° Les étampes qui servent à étamper les fers ; 5*^ Les ciseaux ou tranches, pour couper le fer à chaud ou à froid; 6° Les poinçons et leurs billots pour contre-percer les fers. § II. MATIÈRES PREMIÈRES. Les matières premières employées pour la ferrure des chevaux sont le fer et le charbon de terre. Dans ces derniers temps on s'est beaucoup servi aussi d'acier. Fer. — Le fer peut se trouver sous deux formes, soit en barres plus ou moins longues que l'on coupe pour former ce qu'on appelle le lopin en barre, soit en vieux fers ou morceaux de vieux fers qu'on assemble pour former le lopin bourru qui doit être soudé au feu en forgeant le fer. Ces lopins prennent différents noms suivant la ma- LE CHEVAL. 407 nière dont ils sont confectionnés et suivant l'usage auquel on les destine. Le fer qu'on emploie en maréchalerie et qui porte le nom ^Qfer maréchal doit posséder une certaine dureté', une certaine ténacité, et cependant être assez flexible pour se laisser forger sans se crevasser et se rompre. Sa couleur est d'un gris sombre à l'extérieur. A l'intérieur il paraît composé de flbres blanches et brillantes. On rejette les fers aigres, cassants ou pailleux. Charbon de terre. — Le charbon de terre ou houille, utilisé dans les ateliers de maréchalerie, est de couleur très noire et brillante, il contient peu de soufre, s'agglomère et se tasse en brûlant. Il doit donner une chaleur uniforme et laisser peu de cendres. Ces der- nières, qui proviennent de la fusion des matières miné- rales mélangées à la houille, forment un résidu qu'on appelle mâchefer et qui empêche la soudure du fer. On emploie de préférence la houille grasse à la houille maigre ou sèche; elle forme une croûte, flambe en brûlant, et donne une grande chaleur. § III. FABRICATION DU FER A CHEVAL. Maintenant que nous avons examiné l'atelier de maré- chalerie et les matières nécessaires à la confection du fer, nous dirons quelques mots du fer lui-même, sans cependant vouloir entrer dans les détails intimes de sa fabrication. Il y a un apprentissage qui ne peut se faire que dans les ateliers, et nous voulons rester fidèle au pro- gramme que nous nous sommes tracé, c'est-à-dire indi- quer sommairement les méthodes usuelles en insistant surtout sur les améliorations qui peuvent être apportées dans tout ce qui concerne la ferrure des chevaux. Madineà Vâomr .é#^E \.V///.V\ Poinçonneuse oinçonneuse H. Cmin i(^ F, Ion „ l'arrt pilon a ^J^oinçon/irr l'ilon n/'-X fT-'T^ Pn'.n . Ppinivnr,!/ % ti'vt a fit'i .iiullti: roui 0 nffhaùuer FiG. 74. — Atelier pour la Fabrication mécanique du Fer. Installation de MM. Dumont et C'' à Louvroil. (Système Mansoy.) CisaïUe pour eâouler/es 6arns. Cisaille pour cûuper ^es ùarres. ^i LE CHEVAL. Fabrication avec le lopin bourru et avec le lopin en barres. — Nous avons vu que, pour confec- tionner le fer à cheval, on pouvait employer le lopin bourru ou le lopin en barres. Dans le premier cas, on place le lopin dans le foyer, de manière à lui donner un degré' de chaleur conve- nable, qui permette de souder ensemble les différentes parties isole'es qui composent ce lopin, et enfin on le transforme en fer à cheval. Dans le second cas, on chauffe à blanc la barre de fer dont les parties sont intimement soudées et on lui donne la forme nécessaire. Ce qu'il y a d'intéressant pour nous, c'est de savoir à quel prix reviennent les deux procédés de fabrication de fers à cheval ; nous nous sommes attaché à bien fixer ce point qui a une importance capitale, quand on opère sur une nombreuse cavalerie. Voici comment nous établissons ce compte, en rele- vant les chiffres sur les expériences nombreuses que nous avons faites ; il faut tenir compte de l'habileté des hommes, car nous avions choisi de bons ouvriers qui ont mis peu de temps pour fabriquer leurs lopins : EXPÉRIENCES AVEC LES DÉFERRES francs. Poids des déferres employées : 872 kilog. à 7 francs les 100 kilog 61,04 Poids du charbon : 720 kilog. à 3 fr. 5o 25,92 Salaires : 126 heures (o,5o l'heure, X 2 hommes). 126,00 Outillage o,o5 par heure 6,3o Pour 408 fers pesant 63o kilog., la dépense a été de 219,26 Les fers, à l'époque où nous avons fait les expériences, pesaient bien plus lourd qu'aujourd'hui, soit i kil. 299 la pièce. LE CHEVAL. 411 Le prix de revient des i oo kilog. de fers est de 3 5 francs, et le déchet sur la matière employe'e est de 27 p. 100. EXPÉRIENCES AVEC LES LOPINS EN BARRES PROVENANT DE LA TRANSFORMATION DES DEFERRES francs. Poids des lopins enbarres : 881 kilog. à 20 francs. 176,20 (Valeur des de'ferres, 7 francs et transforma- tion, i3 francs) Charbon employé : 373 kilog. à 3 fr. 60 i3,42 Salaires : 66 heures (o,5o l'heure, X 2 hommes). 66,00 Outillage à o,o5 3,3o Pour 640 fers pesant 824 kilog., la dépense a été de 258,92 Les fers avaient le poids moyen de i kil. 287, et les 100 kilog. de fers revenaient au prix de 3i francs. Le déchet sur la matière employée est de 6,88 p. 1 00. Il n'est pas nécessaire d'insister sur les résultats obte- nus dans les deux fabrications, mais il faut bien recon- naître que ces résultats peuvent varier beaucoup suivant rhabileté des ouvriers qui mettent plus ou moins de temps, ou qui consomment plus ou moins de charbon. Mais quoi qu'il en soit, il v a une économie sérieuse à l'emploi des lopins en barres. En dehors des avantages économiques que présente l'emploi du fer en barres, il y a un résultat qui a une importance considérable, c'est d'obtenir des ouvriers une ferrure plus régulière, évitant ces bosses énormes que les maréchaux placent enpince sous prétexte d'usure. Il semble rationnel de placer beaucoup de fer, là 011 le cheval use le plus; en y réfléchissant, ou mieux en étu- diant pratiquement la question, on est convaincu du contraire. Surtout si on indique aux usines les épaisseurs et les 412 LE CHEVAL. largeurs exactes que les laminoirs devront imprimer aux lopins en barres, les maréchaux n'auront plus que peu à faire pour les transformer en fers à cheval. Dans ce cas aussi le rôle de l'aide-maréchal perd de son importance comme chauffeur; celui-ci, par sa plus ou moins grande habileté, a une influence sur la dépense du charbon et sur la perfection de l'opération de soudure. C'est remploi de ces barres qui a amené les mécani- ciens à la construction de machines destinées à transfor- mer ces barres en fers à cheval. Le temps est donc proche où l'ouvrier maréchal pourra s'affranchir du travail pénible que cause la forge, et se consacrer tout entier à la ferrure qui demande une main sûre. Il pourra choisir dans les fers fabriqués par les usines, comme le serru- rier le fait pour les différentes pièces qu'il doit assembler ou réparer. Il est rare que ce dernier ait à forger ces pièces. Le prix toujours croissant de la main-d'œuvre, la menace des grèves et enfin le développement considé- rable des ateliers n'ont pas peu contribué aussi au déve- loppement de la fabrication des fers à cheval par la mé- canique. Gintreuses. — ■ Avant de décrire les machines com- plètes qui fabriquent seules le fer à cheval, nous devons parler des machines qui, mues par la main de Thomme, ne font jamais qu'une partie du fer. La plupart d'entre elles tournent seulement le fer, et pour cette raison portent le nom de cintreuses. Cer- tains ateliers les emploient quand ils veulent forger un grand nombre de fers, mais beaucoup d'ouvriers très habiles préfèrent ne pas s'en servir. On reproche à ces fers contournés ainsi de ne pas être assez martelés, mais c'est le cas d'employer du fer de bonne qualité, résistant à l'usure. Il existe un grand nombre de ces machines et nous pouvons citer celles de MM. Badiou LE CHEVAL. 413 et Bernard et de M. Rey. Cette dernière est employée par la Compagnie ge'ne'rale des petites voitures. Cintreiise Badiou et Beimard. — La machine de MM. Badiou, maréchal, et Bernard, vétérinaire à Paris, est une machine à tourner les fers qui est pratique et d'une manœuvre facile. Sur une plate-forme tenant peu de place et formée d'un double disque en acier est placé le conformateur ; un double levier, l'un destiné à lixer le lopin et à bras court, l'autre plus long qui courbe le lopin et l'applique sur la forme, composent tout l'appareil. On peut faire cent fers à l'heure, avec quatre ouvriers, dont deux étampent les fers à mesure qu'ils sont tournés. Le prix du fer varie de 25 à 35 centimes la pièce. L'appareil revient à i 000 francs tout placé. Cintreiise Rey. — La machine de M. Rey est double, et les leviers qui appliquent le fer sur la forme sont dentelés à leur bord interne, de manière à permettre d'étamper le fer sur place : les dentelures servent de guides à l'ouvrier qui étampe ainsi machinalement et rapidement. Cette machine à double effet peut produire avec quatre hommes et un aide de 700 à 800 fers finis par journée de travail, ou bien 5oo fers avec trois hommes seuls. Mais M. Rey a transformé aussi sa machine pour obtenir une fabrication exclusivement mécanique pour ceux qui ont à leur disposition une force motrice. Cintreuse Paquet. — Nous avons employé une ma- chine très simple dite cintreuse Paquet (fig. 74 bis\ qui nous a donné d'excellents résultats. Elle avait été ima- ginée par un maréchal, nommé Alcide Paquet, demeu- rant à Roubaix. Elle se composait d'une table circulaire sur laquelle un bras de levier, susceptible de tourner autour d'une 414 LE CHEVAL. de ses extrémite's, agit sur le fer que maintiennent une griffe et un galet mobile. On chauffe dans un four tous les fers coupés d'avance à longueur. Deux hommes les appliquent successive- ment sur l'appareil, les contournent, les forment, les façonnent, pendant que deux autres hommes achèvent ensuite sur une enclume les fers ainsi pre'parés. Dans ces conditions, une e'quîpe de quatre hommes peut faire facilement de 800 à i 000 fers par jour, sui- vant la disposition du chauffage, la Acfes^Eacso force des fers et le degré d'habileté IBgWHI d^ Téquipe. Y~^U^ ^ Cet appareil est celui qui nous j y avait paru le meilleur marché, tout 3 en produisant beaucoup d'ouvrage. I L'appareil avec enclume revenait I à 275 francs et était d'un [montage i^- — ^ très facile. Pour ce dernier, comme FiG. "4 bis. pour ceux que nous avons étudiés, CiNTREusE Paquet. ^^^ lopins offrent des dimensions spéciales, qui sont en rapport avec les fers^ qu'on veut forger. Les fers à derrière deman- dent un laminage particulier. Mais si cette demi-fabrication, ainsi qu'on peut l'ap- peler, a donné de bons résultats, elle ne remplit pas d'une manière absolue le but que doit se proposer l'em- ploi de la mécanique dans les pratiques de la marécha- lerie. Elle ne diminue pas d'une manière assez sérieuse la fatigue de l'ouvrier, elle ne fabrique pas assez rapi- dement et maintient toujours à un taux trop élevé le prix de revient. Fabrication mécanique dés fers. — La première machine fabriquant le fer de toutes pièces et qui a donné réellement un résultat satisfaisant, est sans con- LE CHEVAL. 41 5 tredit celle de MM. Mansoy. C'est vers 1864 et i865 que ces inventeurs commencèrent à cre'er un outillage pour la fabrication des fers à cheval. M. Signol, alors ve'tcri- naire principal delà Compagnie ge'nc'rale des omnibus, et chargé de la mare'chalerie, fut Tun des premiers à employer pour la ferrure les fers fabrique's me'canique- ment. Il est même juste de reconnaître que c'est à lui que MM. Mansoy doivent tous les perfectionnements qu'ils ont apportés dans leur outillage. .Les difficultés étaient grandes, surtout si on tient compte qu'on voulait exactement reproduire le travail de l'homme, en ne donnant pas au fer partout la même largeur, la même épaisseur. Il fallait aussi placer les étampures dans les mêmes conditions, donner ce qu'on appelle la garniture, enfin se rapprocher le plus possible du fer fabriqué à la main. Nous ne décrirons pas tous les essais qui furent ten- tés, nous nous bornerons à dire que ce fut le laminoir différentiel qui devait donner les différentes largeur et épaisseur, et l'étampage au moyen du marteau-pilon qui commandèrent les études les plus sérieuses. L'outillage arriva à êtr€ assez perfectionné pour livrer des fers qui ne laissaient rien àdésirer comme forme et fini . On fixa un nombre considérable de types, et on put dire alors que la fabrication mécanique des fers était créée. Les machines inventées par MM. Mansoy furent en- suite exploitées par les forges de Grenelle et d'Ivry. Système de Dumont de Louvroil. — En 1876, MM. Dumont et C'*" installèrent un outillage semblable à Louvroil, près de Maubeuge. Ce sont ces construc- teurs qui ont le plus modifié ces machines qui, les pre- mières, donnèrent des résultats réels. Nous devons à l'obligeance de M. Thuillard, associé et représentant de cette maison à Paris, la description 4i6 LE CHEVAL. et les dessins (fig. 74, page 408) de ces diffe'rentes ma- chines, qui sont au nombre de cinq : 1° Laminoir universel à quatre cylindres; 2» Machine à cintrer ; 3° Pilon à étamper ou à poinçonner; 4° Pilon à parer; 5° Poinçonneuse pour déboucher les fers. Un four est disposé pour réchauffer les lopins qui doivent pre'senter certaines formes. Le fer en barres doit être laminé aux dimensions exactes du fer en pince. Pour les fers déformés, le laminage se fait sur des cy- lindres spéciaux, qui donnent la forme de la bosse et déterminent la longueur du lopin par des marques con- tinues. Découpés à la cisaille, ces lopins sont mis par nombre de i5o à 200 environ dans le four pour être passés en fabrication sur les machines, dont le travail se décompose comme suit : 1° Laminoir. — Laminoir à quatre cylindres, dont deux horizontaux et deux verticaux. Une commande puissante et rapide transmet le mou- vement à l'aide d'un volant, qui donne 400 révolutions à la minute. L'arbre vertical A de droite reçoit une rondelle en acier déformatrice pour le travail de fer sur champ. L'arbre de gauche A porte une rondelle circulaire pour guider le lopin. Ces arbres sont commandés par des engrenages en acier. Deux arbres horizontaux que reçoit la commande de l'engrenage principal, portent aussi une rondelle cir- culaire. Le cylindre supérieur porte une rondelle déforma- trice aplat et reçoit une impulsion régulière par deux engrenages C en bronze. LE CHEVAL. 433 sorte de clouterie de luxe. Les maréchaux de Paris, peu satisfaits du travail de Charleville, entretenaient par leurs commandes de clous spéciaux, dits clous pari- siens, la fabrication de quelques ouvriers cloutiers. Le prix de ces derniers clous e'tait bien supérieur à celui des clous de Charleville, qu'on considérait comme un produit de second ordre. Il y avait là un peu d'exagération, mais la ferrure de- vant être faite avec le plus grand soin, il n'y avait rien d'extraordinaire à ce que les vétérinaires qui, à Paris, ont tous des ateliers de maréchalerie, tiennent à la bonne fabrication du clou, qui peut être considéré comme une des parties essentielles de la ferrure. Fabrication de Chaj^leville. — A Charleville, les ou- vriers cloutiers, qui ne travaillaient guère que pen- dant la mauvaise saison, étaient assez misérables, atti- sant leur feu, manoeuvrant leur soufflet et forgeant à peine un clou par minute. Les moins malheureux avaient chez eux une petite installation, et le soufflet était mis en mouvement par un chien qui tournait con- tinuellement dans un tour en bois. Charleville recevait par le Havre les fers de Suède en verges plus ou moins longues, ayant au moins 8 milli- mètres d'épaisseur. Pour forger le clou, l'ouvrier prenait une de ces ver- gettes coupées à la longueur de j5 centimètres environ, chauffait à blanc, sans le brûler, l'un des bouts, et le façonnait avec un marteau spécial pour former la lame; puis pour un clou moyen, il coupait environ i3 milli- mètres du carré de la verge, introduisait la lame dans le trou de la clouière, et frappait sur le bout carré et sur les côtés pour former les cinq facettes de la partie supé- rieure de la tête du clou, les quatre facettes de la partie inférieure se trouvant formées par la clouière. Les ou- T. I. 28 434 LE CHEVAL. vriers moins habiles se servaient pour la confection de la tête d'une sorte d'étampe. Voici, lors de notre voyage, il y a quinze ans, à Char- leville, comment s'établissait la dépense avec le fer de Suède, qui, à cette e'poque, valait 60 francs les 100 kilog. Numéros du clou à fabriquer. 40 50 60 70 Prix de la façon par botte de verges de fer 10^,00 io*^,25 10^,75 ii^,5o Valeur du fer i5f,oo iS^oo 1 3^,00 i5f,oo 25^,00 25^,25 25'",75 26'',5o Il falIaitS bottes pour obtenir. 5 5 5 5 100 kilog. de clous i25^,oo 126^,25 128^,75 i32f,5o 10 p. 100 bénétice i2f,5o i2<",62 12^,87 i3^,25 Port: 2 fr. ; emballage : i fr. S'fjOo 3f,oo 3^,00 3'", 00 Prix de vente 140^,50 141^,87 144^,62 148^,75 Nous avons donné ces prix anciens pour bien faire comprendre ce quêtait la fabrication du clou à cheval, il y a vingt ans, car il est bien évident qu'avec les procédés mécaniques actuels, cette industrie va dispa- raître, et la clouterie à la main ne sera plus qu'une exception. Les clous forgés à la main, sont désignés par des numéros qui indiquent leur nombre pour un poids de 5oo grammes; plus le chiffre s'élève, plus les dimen- sions sont moindres, c'est ainsi qu'on atteint une cer- taine régularité, aussi bien des clous entre eux que des différents numéros entre eux. Les numéros 3o, 40, 5o, 60, 70, veulent dire qu'il y a 27, 28 ou 29 clous pour ?o, et ainsi de suite. La tolérance est de 3 clous environ au-dessus ou au-dessous. Ce principe paraît avoir été aussi appliqué pour la fabrication des clous à la machine, mais dans ce cas il laisse un peu à désirer. LE CHEVAL. 435 A Description du clou français. — Le clou dont nous venons de décrire la fabrication est le clou français (fig. 81), qui se compose d'une tête avec collet plus ou moins allongé, d'une lame ou tige et d'une pointe qui porte une petite éminence qu'on appelle grain d'orge. Il y a une chose capitale, c'est que le clou doit être la reproduction de l'étampe, afin de mettre la cavité de l'étampure en rapport exact avec le clou. Le collet du clou doit se fondre avec la lame et la séparation de l'un et de Tautre ne doit pas être trop prononcée dans le clou dit à long collet {ûg. 81 A.) Dans le clou ordinaire (fig. 81 B), la séparation est brusque et la moitié in- férieure de la tête qui est bien étampée forme une pyramide à quatre faces de hauteur différente, dont deux des côtés opposés forment un angle de 40 à So". La partie supérieure, striée au-dessus de celle qui s'engage dans l'étampure, forme une haute pyramide dont le som- met est tronqué. La lame est mince et deux fois plus large qu'épaisse, sa largeur est presque partout la même jusque près de la pointe, qui est un peu renflée et porte une petite éminence pour l'affilure. Cette opération de l'affilure, qui consistait à marteler la lame et à préparer la pointe du clou, ne se fait plus avec le clou mécanique. C'est du temps gagné dans la pratique de la ferrure. Parmi les clous français, il faut distinguer le clou pour attacher le fer, et le clou pour empêcher les che- Clous français. 436 LE CHEVAL. vaux de glisser, c'est le clou à glace dont nous parlerons en même temps que des ferrures à glace. Ce dernier diffère du premier par moins de régula- rité dans sa fabrication, et surtout par la tête qui est énorme; elle forme une sorte de gros cube carré irrégu- lier dépassant le fer et formant des aspérités qui per- mettent au cheval de se tenir sur les ter- rains rendus glissants. Les clous français ont seuls la forme que nous avons indiquée ; et pour les au- tres pays, les différences et les particula- rités de chaque espèce de clous se distin- guent, en dehors de la lame, par la forme de la tête. Clou anglais. — Le clou anglais (lig. 82) est plus simple que le clou fran- çais. Il est forgé avec le plus grand soin. Sa tête et son étampure sont faciles à former par le marteau de l'ouvrier. Lors- que la lame est façonnée avec sa pointe, le clou est coupé sur la tranche et l'opé- ration est terminée. Ce clou est très ré- pandu dans les pays du Nord, où les fers portent la rainure et l'étampure an- glaises. On l'appelle clou droit ou anglais. Il est fabriqué aussi en grand par les machines, cependant nous noterons ici une excellente mesure prise par l'armée anglaise. Elle exige que les maréchaux de ses régiments soient exercés à cette fabri- cation : parce qu'il peuvent se trouver, dans leur immense empire colonial, loin de toute fabrication. Clou orie72tal. — Le clou oriental, qui est générale- ment en bon fer, a une tête massive plate, placée à angle droit sur une lame qui a une forme aplatie. Ces FiG. 82. Clou anglais et Clou Charlier. LE CHEVAL. 437 clous sont plantés à côté les uns des autres et repré- sentent ainsi des petites aspérités sur le fer. Clou turc. — Le clou turc a une tête forte, munie de deux ailettes, la lame est ronde près de la tête, puis quadrangulaire et terminée en pointe fine. Clou Charlier. — Le clou Charlier (fig. 82) mérite une mention spéciale; ce n'est par le fait qu'une pointe plate aiguisée, dont la tête de i5 millimètres va en diminuant insensiblement jusqu'à i ou 2 millimètres; c'est donc un clou très simple et très léger, qui res- semble beaucoup au clou anglais. Comme lui, il adhère intimement aux parois de l'étampure qu'il remplit com- plètement. § II FABRICATION MÉCANIQUE DES CLOUS POUR LA FERRURE DES CHEVAUX. Avant 1878, on avait bien commencé à fabriquer mécaniquement quelques clous, mais en France comme en Angleterre les machines ne donnaient pas de bons résultats. Et si on pouvait en faire de grandes quantités rapidement, les prix de revient étaient très élevés. En 1877, lorsque' Goodenough apporta sa ferrure en France, notre attention fut surtout attirée par les clous qu'il nous fournissait pour les essais. Ils provenaient de la Compagnie du Clou du Globe de Boston en Amérique, qui en envoya sur notre de- mande à l'Exposition universelle de 1878. Ces clous de couleur blanche avaient la tête oblongue comme les clous anglais destinés à s'incruster dans la rainure du fer, ils étaient tout affilés à l'avance et prêts à être placés. Leur ténacité et leur ductilité étaient re- marquables. Ces clous pénétraient facilement dans la 438 LE CHEVAL. corne et ne pliaient pas aussi souvent que les autres. L'apparition de ces clous a amené une révolution com- plète dans rindustrie du clou à cheval, et aujourd'hui, tous les clous fabriqués en Europe le sont d'après les procédés américains, qui ont été plus ou moins modi- fiés, suivant les formes qu'on voulait donner aux clous. La maison Bouchacourt, à Paris, est l'une des pre- mières en France qui ait traité avec la Compagnie du Globe, de Boston. Les fabricants de Gharleville cherchèrent aussi à modifier leur outillage. L'impulsion était donnée et le clou mécanique rem- plaçait dans tous les ateliers de maréchalerie le clou fait à la main. M. Thuillard, qui déjà nous a communiqué les do- cuments concernant la fabrication des fers mécaniques, a bien voulu nous adresser une note sur l'installation récente d'un outillage pour la fabrication mécanique des clous à cheval. Fabrique de Saint-Étienne. — Les ateliers de MM. Barbier et Mermier, à Saint-Etienne, occupent aujourd'hui une surface couverte de 2000 mètres, mais vers le milieu de l'année 1888, époque où l'usine aura une organisation bien plus importante, ils occuperont une surface de 7000 mètres environ. La production actuelle est de 2000 kilog. par jour et la compagnie qui porte le nom de Compagnie du Clou (( au Soleil » espère augmenter chaque mois sa fabri- cation de 200 kilog. L'outillage pour la fabrication des clous comprend et nécessite les machines suivantes : 1° 24 machines à forger avec leur fourneau. 2° i3 machines à affiler. LE CHEVAL. 439 3" 6 tambours à blanchir les clous. 4" 2 rabotteuses dont une ayant 3 mètres de course et i™,20 de largeur. 5° 6 tours parallèles. 6® I mortaiseuse. 7° I machine à percer. S^ I machine à percer Radial. 9° 2 étaux limeurs, io° 2 ventilateurs. Le tout est activé par deux machines Gompound, dont l'une de loo chevaux et l'autre de 3o chevaux. Le clou « au Soleil » est forgé avec du fer carré spé- cial provenant de la maison Neyraud et C'% à Saint- Ghamoiid. Ce fer est de qualité parfaite, il est très tenace et très ductile. Le clou est forsé au moven de machines combinées, laminant la tige au moyen d'un galet adapté à un ex- centrique, et des marteaux faisant la tête. Ces marteaux fonctionnent au moyen de procédés qu'il nous serait difficile d'expliquer. La production d'une machine à forger est d environ i5 à 20000 pièces par jour. La deuxième opération est le blanchissage du clou au moyen des tambours qui peuvent blanchir de 5 à6oo kil. par jour. La troisième opération est l'affilage du clou : la ma- chine, conduite par une femme, dresse la tête, tre'file la lame, la dresse, découpe la pointe et fait l'affilure. Cette machine produit 3oooo pièces par jour. Après cette troisième opération, les clous sont mis dans un tambour en bois, garni de son, afin d'enlever la bavure faite à Taffilage et dégraisser le clou. Le clou est ensuite choisi par des femmes, pièce par pièce, et on procède enfin à la mise en cartons. 440 LE CHEVAL. En résumé cette production nécessite l'emploi de 95 ouvriers ou ouvrières. Les pays e'trangers ont installé aussi des fabriques importantes de clous. Fabriques suédoises. — Ainsi en Suède, nous con- naissons celle de Uddeholm dont les clous sont mar- qués d'une couronne ; celle de Gothembourg, dont les clous sont marqués d'un globe terrestre ; celle de Ra- danefors, dont les clous sont marqués d'un fer à cheval; et celle de Stockolm, dont les clous sont mar- qués d'une ancre. A Christiania, la fabrique des clous à cheval, dits clousà l'étoile (Christiania helteskôsôm fabrik) se déve- loppa à la suite de la découverte des machines à fabri- quer de l'Amérique. Elle emploie le fer de Suède au charbon de bois, c'est-à-dire du fer de très bonne qua- lité. Les innovations et les améliorations apportées dans ces dernières années, ont permis de produire tous les clous qu'on a pu désirer, car les premières machines ne faisaient qu'une sorte de clous, ressemblant aux clous anglais. Cette usine commença à fonctionner en 1878 avec 12 machines, et sa fabrication devint tellement impor- tante qu'après avoir pris un très grand développement en Norvège, elle se vit dans l'obligation de créer une succursale à Bergedorf, près de Hambourg. Cette dernière occupe une surface considérable. Le nombre total des machines à clous des deux fabriques est de 5oo environ. Elles possèdent 160 numéros diffé- rents, et tous les jours elles créent de nouveaux mo- dèles qui leur sont demandés: ainsi onv trouve des clous français, anglais, américains, espagnols, autrichiens, danois, allemands, et tous les modèles des clous à glace. LE CHEVAL. 441 Fabriques allemandes. — En Allemagne, plu- sieurs maisons importantes se sont fondées. Ainsi, près de Hambourg, une socie'té sous la raison sociale « le Globe )), s'est installée à Othmarschen, près de Bah- renfeld, sur la ligne d'Altona, à laquelle elle est reliée, ce qui lui permet de recevoir rapidement les fers de Suède qu'elle emploie pour sa fabrication, ainsi que les charbons et autres matières nécessaires à son exploi- tation. La fabrique occupe un espace de 72 000 mètres carrés et est éclairée par l'électricité. La force motrice, qui est de 100 chevaux- vapeur, est transmise par le sous-sol. La disposition générale de cette installation est remarqua- ble, en ce sens que la matière première, le fer de Suède, arrive directement par la voie ferrée dans les locaux où elle doit subir la première préparation, de là elle passe dans une autre salle voisine où les clous sont découpés. Ensuite les clous passent dans un tambour tournant autour d'un axe et dans lequel ils sont mis en contact avec de la sciure de bois. Dans les salles voisines sont les sabots, les tours, les machines à outils, etc., au moyen desquels il est possi- ble de réparer les outils mis hors d'usage. Puis enfin se trouve la salle d'assortissement, dans la- quelle les clous sont déposés sur plusieurs longues ta- bles, autour desquelles des femmes sont occupées à exa- miner les clous, les uns après les autres, et à éliminer ceux qui sont défectueux. La fabrique peut produire trois tonnes etdemie par jour. On peut encore signaler, en Allemagne, l'établissement de MoUer et Schreiber, à Eberswalde, près de Berlin^ situé sur le canal de Finow, ce qui lui permet de recevoir ses fers directement de Suède, et de pouvoir réexpédier à très bas prix par les ports de Stettin, Dantzig, Kœnigs- 442 LE CHEVAL. berget autres. La matière brute, le fer de Suède, est trans- formée M Magne et Baillet. — Traité d'Agriculture pratique et d'Hygiène vétérinaire générale. 4^ édition. Paris, Asselin et 0'° et G. Mas- son, 1873-1883. Magne. — Hygiène vétérinaire appliquée. — Étude de nos races d'Animaux domestiques. 3^ édition. Paris, Garnier frères, 1860. MÉGNiN (J.-P.) — La Maréchaleric française. Extrait des Mé- moires et Observations sur l'Hygiène et la Médecine vétérinaire militaire. Paris, J. Dumaine, 1867. Merche (M.). — La Botte de foin, Paris, E. Donnand. MuNTz (A.). Annales de l'Institut national agronomique. Paris, 1880, Imprimerie Nacionale. MuNTz (A.), et Girard (A.-Ch.,. — Annales de l'Institut national agronomique. Paris, V^ Bouchard-Huzard. MuNTz (A.), et Girard (A.-Ch.). — Les Engrais. — Bibliothèque de l'Enseignement agricole. Paris, Firmin-Didot et Qi^, 1888. 4.'S8 BIBLIOGRAPHIE. R RuEFF (A.-V.). — Histoire de la Ferrure. Stuttgart, 1864. RuEFF (A.-V.). — Bail und Einrichtiing der Stalliingen und Au- fenthaltsorte. Stuttgart, Schickhardt und Ebner, iSyS. Sanson (André). — Traité de Zootechnie, 3° édition. Paris, Li- brairie agricole, 1882. — Recherches expérimentales sur la propriété excitante de l'Avoine. [Journal de l'Anatomie et de la physiologie, de Ch. Robin), i883. Sanson (André). — Maréchalerie ou Ferrure des Animaux do- mestiques. Paris, Librairie agricole. — Alimentation raisonnée des Animaux moteurs et comestibles. Librairie agricole, 1887. Statistique agricole de la France, publiée par le Ministère de l'Agricultur^'î. Résultats généraux de l'enquête décennale de 1882. Nancy, Berger-Levrault et C^^, 1887. Stewart (John). — Economie de l'Écurie, traduit de l'anglais, par le baron d'Hanens. Paris, Auguste Gouin. w Watrin (A.). — Le Pied du Chevalet sa Ferrure. Saint-Etienne, 1887. WoLFF (Enmile). — Etude de l'Alimentation rationnelle des Ani- maux domestiques, traduit de l'allemand par Adolphe Dam- seaux. Paris, Librairie agricole, 1876. WooD (Rev. J. C ). — Horse and Alan. London, Longmans, Green, and G», i885. Wrangel (Gra. E. G.) — Das Buch vom Pferds. Stuttgart, Schi- ckardt und Ebner. TABLE ALPHABÉTIQUE DES FIGURES Figures. Pages. 3. — Appareil de pesage automatique 48 72. — Atelier de ferrure et forge (plan et coupe). . . . 392 393 74.. — Atelier pour la fabrication mécanique du Fer. . 408 409 73. — Atre 403 37. — Bàt-flancs 29q ^8. — Broyeur d'ajoncs de Garnier 172 33. — Châssis de toit 295 'j4.bis. — Cintreuse paquet 414 82. — Clous anglais 436 81. — Clous français 435 89. — Crampons vissés 481 10. — Cribles cylindriques diviseurs 65 4. — Docks de Liverpool 5o 5o. • — Ecurie longitudinale simple (coupe verticale) . . . . 3iq 53. — Écurie longitudinale double (deuxième modèle;. . . 32 1 5i. — Ecurie longitudinale (élévation) 320 56. — Ecurie transversale double (deuxième modèle) . . . 322 29. — Écuries à étages superposés 290 30. Écuries à rez-de-chaussée, façade 293 3i. — Ecuries, coupe transversale 294 32. — Ecuries, coupe longitudinale 294 44. ^ Ecuries-Gares (plan et coupe ABi 3i2 45, — Écuries-Docks (plan et coupe) 3i3 47. — Écurie de luxe 3i5 48. — Écurie de luxe 3i6 54. — Ecurie transversale simple 32 1 55. — Ecurie transversale double 022 490 TABLE ALPHABÉTIQUE DES FIGURES. Figures. Pages. i3. — Emotteur-\'entilateur-Trieur 69 80. — Fers anglais 429 77-78-70. — Fers français 427 84. — Fer prêt à poser 454 85. — Fers usite's à la Compagnie des Omnibus 460 86 — Fers creux (A. B, C.) 476 87. — Ferrure à glace. Clou Delpérier 477 67. — Fourchette 384 36. — Glissoire attache-cheval 299 42. — Glissoire attache-cheval 307 1 . — Grain d'avoine 19 2. — Greniers russes 47 83. — Instruments propres à la Ferrure française 444 68-69-70-71. — Levier phalangien de Bourgelat. 388-389-390 391 57. — Machine à panser les Chevaux 344 58. ■ — ■ Machine à panser les Chevaux en mouvement ... 345 75. — Machine à cintrer (Mansoy) \\Ç) his 76. — Machine à cintrer (Fuzelier"! 419 34. — ■ Mangeoire 297 41. — Mangeoire 3o6 Ç)b . — Paroi ou muraille 382 66. — ■ Paroi ou muraille (coupe) 383 61. — Partie interne du pied (Phalanges et Tendons) . . . 377 62. — Partie interne du pied (Appareil fibro-cartilagineux). 378 63.' — Partie interne du Pied (Bourrelet, Chair cannelée) . 379 64. — Pied (Tissu velouté) 38 1 49. — Plan d'une Écurie longitudinale simple 319 5i. — Plan d'une Ecurie longitudinale double 320 60. — Plan de l'École de ferrure d'Alnarp 371 39. — Porte-Bride 3o2 40. — Porte- Auvents 3o3 19-20-21. — Presse Albaret, système Déderick. . 146-147 148 26. — Presse Guitton 159 i5. — Presse Leduc-Vie 139 16-17-18. — Presse Pilter 142-143 144 27. — Presse de Sault 160 22-23. — Presse Wohl i5o i5i 24. — Presse Wohl (petite) i52 25. — Presse Wohl disposée sur roues 154 14, — Production relative du Maïs, de l'Avoine et du Blé aux États-Unis (année 1884) 81 3.5. — Râtelier 298 43. — Râtelier 3o7 46. — Râteliers et Mangeoires des Écuries de l'Armée. . . 314 38. — Sauterelle 3oo 5-6-7. — Silos de la Compagnie générale des Omnibus. 56-57 58 TABLE ALPHABÉTIQUE DES FIGURES. 491 9- — Tarares-Aspirateurs à double aspiration 63 8. — Tarares-Ventilateurs 62 59. — Tondeuse Me'canique 33^ 88. — Tricoise Delpe'rier .go ^'^' — Trieurs à simple effet pour Graines rondes avec re- prise 6-, 12 Trieursàdouble effetpour Graines longues ou rondes. 68 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES A Pages. Abreuvements 261 Aération 27g Ajoncs 171 Ajusture du Fer 446 Alfa 173 Aliment i Alimentation 2 Aromates 1Q4 Arsenic. Arséniate de Strychnine 196 Atelier de ferrure 399 Atre 400 Avalure du Pied 397 Avoine 18 Altérations 59 Commerce 33 Composition chimique 23 Comparaison des Avoines françaises et exotiques ... 33 Conservation 41 Constitution du Grain 19 Couleur 22 Densité 22 Digestibilité 74 Droits d'entrée dans les villes 37 Droits de Douane 37 Fraudes 36 Transport 38 Prix 36 Production à l'Étranger. 3r TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 493 Pagps. Production et consommation en France 2g Propriété excitante 21 Provenance .....: 2 3 B Bat-flancs 287 Betteraves " . . 191 Blé 97 Bluterie-ràpe 66 Boissons 198 Boutoir 443 Brochoir 443 Caboches 445 Carottes i85 Caroubes 175 Châssis de Face 296 Châssis de Toit 295 Cheminées d'appel des Ecuries 279 Cintreuse Badiou et Bernard 41 3 Cintreuse Paquet 41 3 Cintreuse Rey 41 3 Clous 43 1 Fabrication à la main 432 Fabrication mécanique 437 Clous à Glace 479 Clous Delpérier 479 Coffre à Avoine 288 Composition de la Ration 201 Condiments 193 Conservation des Grains 42 Conservation en Sacs 44 Conservation en Vrac 44 Par l'enfouissement dans le Sol 42 Silos à Transvasement mécanique 45 Silos clos 55 Couverture et Chéneau des Ecuries 296 304 Crampons fixes et Crampons à vis 478 481 494 TABLE A L P HxVBÉT I QU E DES MATIÈRES. Pages Cribles cylindriques 65 Cuisson des Fourrages 25g D Détermination de la Ration 201 Digestibilité des Avoines 74 du Blé 97 — des Carottes i85 — de la Féverole 102 — des Foins i36 — de l'Orge 94 — des Maïs ' 88 — des Pailles 180 — du Sarrasin. 100 — du Seigle 96 — du Son de Blé 116 — du Son de Riz 119 — des Topinambours 187 Dimension des Ecuries 284 298 Distribution des Aliments 26c E Eau 198 Ecuries 265 Dispositions extérieures 267 Dispositions intérieures 271 Ecuries de Campagne 3 18 Ecuries industrielles 289 Ecuries de l'Armée (Docks-Gares) 3io Écuries de Luxe 3i5 Ecuries à Rez-de-chaussée en Bois 293 Écuries à Rez-de-chaussée en Fer 3o3 Élasticité du Pied . 396 Élévateurs de la Compagnie des Voitures 52 Élévateurs de Grains d'Amérique 46 Élévateurs de Liverpool 5i Emotteur 64 Émotteur-Ventilateurs-Trieurs 69 Enclume 4o3 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 495 Pagfis Epreuve américaine 35 Épreuve anglaise 35 Épreuve française 35 Épreuve de Marseille 35 Epreuve métrique 35 Épreuve russe 35 Équivalents nutritifs y Étampes 406 Expériences de Baudement 207 Expériences de M. Mûntz 208 Expériences de Boussingault 211 Expériences faites sur les différentes Rations d'Entretien de Transport et de Travail, parMM. Grandeau et Leclerc, à la Compagnie des Petites Voitures 226 Expériencrs faites par MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Saint- Yves Ménard au Jardin d'Acclimatation 234 Expériences de Wolff' 2i3 Fabrication du Fer à Cheval 407 Fabrication des Fers mécaniques à l'Etranger 421 Fabrication mécanique des Fers (système Dumont de Lou- vroil) 418 Système Fuzellier 419 Système Sibut 420 Fenêtres des Écuries 279 Fer anglais 428 Fer français 426 Fers des pays méridionaux 43o Fers orthopédiques 43o Fers des pays septentrionaux 429 Ferretiers 406 Ferrure anglaise 447 Ferrure en Acier 467 Ferrure Charlier ou périplantaire 453 Ferrure à Chaud et à Froid 45o Ferrures des Campagnes . 470 Ferrures des différents Genres de Service . 452 Ferrure des Chevaux de Trait 457 Ferrures étrangères 449 Ferrure française 443 Ferrure à Glace 479 Ferrure Lafosse 459 496 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. Pages. Ferrure podome'trique 46 1 Ferrure proprement dite 43 r Féverole et Fève 102 Foin 129 Altérations 167 Composition botanique i3i Composition chimique i32 Digestibilité i36 Foins Fermentes , 167 Prix 137 166 Production i36 Qualités 129 Transport et Compression i37 Fourrages 129 Foun-ages artificiels 168 Fourrages trempés, macérés 2 58 Fourrages verts 169 Foyer 401 Garniture du Fer 446 Glissoires 299 3o6 Greniers russes 46 I Importance de la Ferrure 374 Instruments de Ferrure 443 L Lait 128 Lavage des Crins 346 Lin (graine de) 106 Litières 324 Paille 324 Sciure de Bois 328 Tourbe 329 Lopin bourru et Lopin en barres 410 Luzerne 168 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 497 M Pages. Maïs 80 Achat et Conservation 89 Composition chimique 87 Digestibilité 88 Production 84 Substitution à l'Avoine 80 Mani^eoires 280-297 3o6 Maréchalerie • 356 Marteaux 406 Matières azote'es 5 Matières grasses 5 Matières hydrocarbonées 5 Matières premières employées en Maréchalerie 406 Matières salines 6 Millet . 09 Mise au Vert 169 Mobilier 285 Murs de refend des Ecuries 296 N Navets 191 Nettoyage des Avoines et des Grains en général 60 Résultat de ce Nettoyage 70 o Objection contre les Fers mécaniques 423 Œufs 128 Orge 91 Composition 94 Digestibilité 94 Emploi 91 Outils de Maréchalerie 4o5 P Pailles 178 Composition chimique 179 Compression et Transport 181 Digestibilité 180 Prix des Pailles . i83 T. I 32 IQS table ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. Pages Tableau du Service des Presses à la Compagnie géné- rale des Omnibus de 1880 à 1886 182 Pain 107 Panais igo Pansage SSy Pansage à la Machine 343 Pelles 4o5 Phosphate de chaux , 195 Pied du Cheval (Anatomie et Physiologie) 376 Pinçon du Fer 447 Plafond des Ecuries 271-296 304 Podomètre 461 Pois 104 Pommes de Terre 190 Portes des Écuries 278 Préparation des Aliments 253 Prix de revient de la Ferrure 468 R i^acines 191 Râpes 443 Râteliers 287-298 307 Ration Decrombecque ' . . . . 25 1 Ration des Chevaux des Armées européennes 238 Ration d'un certain nombre de Compagnies de Transport . 217 Ration expérimentale de Wolff. 25 1 Ration d'Entretien 218 Ration des Tramways de Berlin 214 Ration de Transport 220 Ration de Travail 207 Regains 168 Régime haché 255 Repoussoir 443 Rogne-pied 443 S Sainfoin. 168 Sang 127 Sarrasin 100 Sasseurs à Mouvements de va-et-vient 65 Sauterelles 3oo Seigle 96 Sel marin 193 Silos de la Compagnie générale des Omnibus de Paris. . . 55 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. ^99 Pa.îr<'s. Silos Huart .• 52 Sol des Écuries 273 2(jG Son de Ble' 116 Son de Riz 119 Souftiet 402 Soya io3 Substances animales 121 Substitutions des Ele'ments qui composent la Ration . . . 246 Succédane's de l'Avoine 80 Sucre'es (matières) 119 Tableau donnant la Composition des Avoines françaises . . 24 Tableau donnant la Composition des Avoines étrangères. . 27 Tables de Gohren 11 Tarifs de Chemin de fer pour le Transport des Avoines . . Sg — — — — Fourrages.. . i55 Température 283 Tenailles 406 Teneur de pied 445 Tisonniers 4o5 Toilette du Cheval 348 Tondeuse mécanique 364 Toniques igS Tonte 35o Topinambours 187 Tournure du fer 446 Tourteaux 1 1 1 — Cocotier ii3 — Maïs 1 15 — de Noix ii3 — oléagineux 112 — Palmier ii3 Trèfle incarnat 1G8 Trèfle ordinaire i68 Tricoises 443 Trieurs à alvéoles 66 Tubercules i85 Types d'Ecuries 289 V Ventilation 279 Viande 121 TABLE DES CHAPITRES PREMIERE PARTIE ALIMENTATION DU CHEVAL Pages. GÉNÉRALITÉS i Principes alimentaires des Fourrages 3 Équivalents nutritifs 7 Composition des Aliments 8 Extraits des Tables de Gohren (moyennes) 11 Grains 11 Racines et Tubercules i i Tiges et Feuilles des Plantes 12 Pailles 12 Balles et Siliques i3 Fourrages verts i3 Foin 14 Produits et Résidus d'Industrie i3 Feuilles d'arbres 17 CHAPITRE PREMIER Avoine 18 Constitution du Grain d'Avoine . 19 Propriété excitante de l'Avoine 21 Densité — 22 Couleur — 22 Provenance — 23 Composition chimique de l'Avoine 23 Tableau donnant la Composition des Avoines françaises. . 24 Tableau donnant la Composition des Avoines étrangères . . 27 Opérations à effectuer pour arriver à la Détermination de la Valeur précise d'une Avoine 28 T A B L E D E s C H A P IT R E s- 5c i Pages. Production et Consommation des Avoines en France ... 29 Statistique des Récoltes et des Importations d'Avoine . . '.•"o 3i Production des Avoines à l'Étranger . 'ji Comparaison des Avoines françaises et des Avoines exotiques 33 Commerce des Avoines 33 Epreuve métrique française 35 Epreuve de Marseille 35 Épreuve anglaise 35 Épreuve russe 35 Épreuve américaine 35 Prix des Avoines 36 Fraudes commises dans le Commerce des Avoines 36 Droits de douane et droits d'entrée dans les villes 37 Transport des Avoines 38 — — par Bateau 39 — — par Chemin de fer : Tarifs ... 39 40 Conservation des Avoines 41 lo Conservation en sacs 44 2° Conservation en vrac ^ 44 30 Greniers à transvasement mécanique 45 Greniers russes 47 Appareil de pesage automatique 48 Docks de Liverpool 49 Manutention de la Compagnie générale des Voitures à Paris 52 Silos Huart de la Manutention militaire à Paris. . , 52 40 Conservation en Vases clos 55 Silos de la Compagnie généraledes Omnibus de Paris 56 Altérations des Avoines 59 Nettoyage des Avoines et des Grains en général 60 1° Tarares A'entilateur ou' Aspirateur": 62 2° Emotteur 64 .4. Sasseurs à Mouvements de va-et-vient 65 B. Cribles cylindriques diviseurs (^5 3° Bluterie-Râpe 66 40 Trieurs à alvéoles 66 Différentes formes de trieurs 67 Émotteur-Ventilateur-Trieur . 6q Résultat du Nettoyage des Avoines 70 a. Déchets des Élévateurs 70 b. Déchets des Émotteurs 71 c. Déchets des Bluteurs ni 5o2 TABLE DES CHAPITRES. l'ages. d. Déchets du Trieur 71 e. Avoines nettoyées 72 Digestibilité des Avoines 74 Expériences de M. Charon 74 Expériences faites à l'Institut national agronomique . . jb Tableau de Digestibilité 77 CHAPITRE II GRAINS SUCCÉDANÉS DE l'aVOINE I. — Mais 80 Substitution du Mais à l'Avoine 80 Production du Mais 84 — — en France 84 — — en Hongrie 85 — — en Amérique 86 Composition chimique 87 Digestibilité 88 Achat et Conservation 8g Altération du Mais 90 Utilisation de l'Épi de Maïs 90 IL — Orge 91 Emploi 91 Orge maltée 92 Composition 94 Digestibilité 94 Comparaisons d'après les coefficients de digestibilité des orges 94 93 III. — Seigle 96 Composition et Digestibilité . . . . 96 Emploi 96 \\. — Blé 97 Composition et Digestibilité 97 Emploi 98 V. — Millet . 99 VI. — Sarrasin 100 Emploi 100 Composition loi Digestibilité loi TABLE DES CHAPITRES. 5o3 Pages. VII. — Féverole et Fève • • ^«^ Composition ^^^^ Digestibilité ^°^ VIII. Pois Ï04 Emploi des Gosses de pois ï04 IX. — Soya ïo5 X. — Graine de lin 106 CHAPITRE III DENRÉES DIVERSES SUCCÉDANÉES DE l'aVOINE I. — Pain Denrées employées à la Fabrication des Pains Composition chimique Emploi II. — Tourteaux . Tourteaux oléagineux Tourteaux de Noix Tourteaux de Palmier et de Cocotier. Tourteaux de Graines amylacées. , . III. — Soyis et Matières sucrées . . lo Son de Blé Composition et Digestibilité Emploi 20 Son de Riz Composition et Digestibilité 3° Matières sucrées IV. — Substances animales 1° Viande 2° Sang 30 Lait. Œufs CHAPITRE IV FOURRAGES I. — Foin 07 07 09 10 1 1 12 i3 i3 14 16 16 17 18 19 19 19 « 21 21 27 28 129 Qualités 129 504 TABLE DES CHAPITRES. Composition botanique Composition chimique Tableau de la Composition des Foins Expériences sur leur valeur Digestibilité Production du Foin Prix. -, Transport et Compression Bottelage , Presse Leduc-\'ic Presse Pilter Presse Albaret Presse Wohl , Presse Wohl (petite) Tarifs de chemin de fer Presse Guitton Presse de Sault Moyens d'attache des Balles-Liens Avantages des presses Tableau indiquant le service des presses à la Compa- gnie des Omnibus de 1877 à 1886 Prix du Foin Altérations des Foins , Foins fermentes II. — Succédanés du Foin Regains et Foins de prairies artificielles Fourrages verts Mise au vert Ajoncs Broyeur d'ajoncs , Composition chimique des ajoncs Alfa Caroube Composition du Caroube Pages. 3i 32 34 36 36 37 3? 38 38 41 45 49 55 58 61 62 62 64 66 67 67 68 68 69 70 71 72 o 7'^ o 76 CHAPITRE V LES PAILLES Composition chimique 179 180 Digestibilité 180 Compression et Transport 181 Tableau du service des Presses à la Compagnie générale des Omnibus de 1880 à 1886 182 Prix des Pailles : . i83 TABLE DES CHAPITRES. 5o5 CHAPITRE Vr RACINES ET TUBERCULES Pages. I. — Carottes i85 Emploi i85 Composition i86 Digestibilité i86 II. — Topinambours 187 Emploi 187 Composition 188 Digestibilité. , 188 III. — Panais 190 Emploi 190 Composition 190 IV. — Pommes de Terre 190 Emploi 190 Composition. 191 Betteraves. Navets igi CHAPITRE VII CONDIMENTS ET BOISSONS I. — Condiments igS Sel marin igS Aromates 194 II. — Toniques 195 Phosphate de Chaux 193 Arsenic et arse'niate de Strychnine iq6 ill. — Boissons. — Eau 198 CHAPITRE VIII COMPOSITION ET DÉTERMINATION DE LA RATION Généralite's 201 Rations anciennes 2o3 5o6 TABLE DES CHAPITRES. Pages. Rations actuelles 204 Ration de travail 207 Expe'riences de M. Mûntz 208 Expériences de Boussingault 21 r Expériences de Wolff 2i3 Ration des tramways de Berlin 214 Tableau des Rations d'un certain nombre de Compagnies de Transport 217 Ration d'Entretien 218 Ration de Transport. Expériences 220 Tableau pour les Expériences faites sur la Ration de Trans- port 225 Expériences faites sur les ditîérentes Rations d'Entretien, de Transport et de Travail, par MM. Grandeau et Leclerc, à la Compagnie des Petites Voitures 226 Expériences faites par MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Saint- Yves Ménard, au Jardin d'iVcclimatation 234 Comparaison des Résultats d'Expériences 235 Tableau pour la ration de travail de chevaux de différents poids • . . . 236 Rations des Chevaux des Armées européennes 238 Tableau de ces Rations 240 Substitutions des Éléments qui composent la Ration. . . . 246 Expériences faites sur des Rations de composition différente. 247 Ration Decrombecque 25 1 Ration expérimentale de Wolft" , 25 1 CHAPITRE IX PRÉPARATION ET DISTRIBUTION DES ALIMENTS Nettoyage et Bottelage 2 53 Régime haché 255 Avantages et Inconvénients i5j Fourrages trempés, macérés 258 Cuisson des Fourrages 25q Distribution des Aliments 260 Abreuvements 261 Tableau de Distribution 263 264 TABLE DES CHAPITRES. Soj DEUXIÈME PARTIE ÉCURIES — LITIÈRES — PANSAGE CHAPITRE PREMIER ÉCURIES Pages. Généralités , 265 I . — Dispositions extérieures des Écuries : Orientation 267 Emplacement 268 Cohabitation 269 Murs exte'rieurs 270 II. — Dispositions intérieures des Ecuries : Plafond 271 Sol 273 lo Terre nue 274 1° Pavage en grès 275 3° Asphalte 275 40 Bois ^ 276 Drainage des Écuries 276 Ouvertures , . 278 I» Portes 278 2° Fenêtres 279 3° Cheminées d'appel 279 Aération. Ventilation 279 Température . 283 Dimensions des Ecuries 284 III. — Mobilier des Écuries 285 Mangeoires 286 Râteliers 287 Bat-flancs 287 Coffre à avoine 288 IV. — Types dÉcuries : A. Écuries industrielles 289 Différentes dispositions 289 Écuries à rez-de-chaussée en bois 293 Dimensions intérieures . . • 293 5o8 TABLE DES CHAPITRES. Pages, Châssis de toil 293 Châssis de face 296 Charpente du comble 296 Plafond 296 Couverture et Che'neau 296 Murs de Refend. Enduits 296 Pavage 296 Mangeoires 297 Râteliers 298 Glissoires attache-cheval 298 Sauterelles 3oo Lits pour les Hommes 3oo Echelles 3oi Coffres à Avoine Soi Planches à Ustensiles 3oi Porte-Fourches 3oi Distribution de l'Eau 3o2 Lavage des Ecuries 3o2 Fourragères 3o2 Lanterne 3o2 Porte-brides 3o2 Façade des Ecuries. Porte-Auvents 3o3 Écuries en Fer 3o3 Construction 3o3 Plafond ■ 304 Chéneau 3o4 Couloir d'isolement 3o5 Mangeoires 3o6 Glissoire attache-cheval 3o6 Râteliers Soy Bat-flancs 3o7 Lits 3o8 Coffre à Avoine 309 Fourragère 3o9 Avantages des Ecuries en Fer 309 B. Ecuries de F Armée 3 10 Historique 3io Écuries-Gares et Ecuries-Docks 3ii Aménagement intérieur 3 14 C. Écuries de Luxe 3i5 Écuries de Course et de Chasse 3 17 D. Écuries de Campagne 3 18 Écurie longitudinale 32o Écurie transversale *. . . . 32 1 TABLE DES CHAPITRES. 5o(, CHAPITRE II LITIÈRES Pagos. Litières de paille 824 Préparation 324 Entretien. 325 Litière permanente 326 Quantités à employer ... 326 Fumier produit 327 Succédanés de la paille 327 Litières de Sciure de bois 328 Litières de Tourbe 029 Comparaison au point de vue économique des litières de paille, de sciure et de tourbe 332 CHAPITRE III PANSAGE DES CHEVAUX L — Soins à donner aux Chevaux à l'Ecurie 337 Pansage 337 Instruments employés 338 Soins à donner aux Chevaux à la rentrée du travail. 339 Lavage des Chevaux 340 Manière de faire le Pansage 341 Importance du Pansage 343 Pansage à la machine 343 II. — Soins à donner en dehors du Pansage. Lavage des Crins 346 Ecourtage de la queue 347 Toilette du Cheval 348 Savonnage des Chevaux 349 Tondage ou Tonte 35o Avantages et Inconvénients 35 1 Epoque de la Tonte 353 Tondeuse mécanique 354 3 10 TABLE DES CHAPITRES. TROISIÈME PARTIE WIARÉCHALERIE Pages. Considérations générales 357 Histoire de la Maréchalerie H58 Instruction professionnelle des Maréchaux 36o Décrets relatifs à l'exercice de la Maréchalerie en Allemagne. 364 Ecole de Maréchalerie d'Alnarp (Suède) 370 Constructions 370 Matériel d'Enseignement 372 Enseignement • 372 Importance de la ferrure 374 CHAPITRE PREMIER CONSIDÉRATIONS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LE PIED DU CHEVAL Conformation du pied 376 1° parties internes 377 2° parties externes 38o Paroi 38i Sole " 383 Fourchette 383 Propriétés de la corne . 385 Inrîuence de la longueur du sabot sur les aplombs (démon- stralion de M. Bouley) 386 Elasticité du pied 396 Accroissement de Tongle ou avalure 397 CHAPITRE II MARÉCHALERIE PROPREMENT DITE I. — Bâtiments : Forge et Atelier de Fe?v^nre 399 Forge 399 1 0 Atre . 400 2° Foyer 401 TABLE DES CHAPITRES. 5ii Pages. 30 Soufflet 402 40 Enclume 4o3 5° Tables, Casiers et Fosses 4o5 Outils de Maréchalerie. Mobilier de F'orge 406 II. — Matières premières 406 Fer 406 Charbon de Terre 407 III. — Fabrication du Fer à Cheval 407 Fabrication avec le Lopin bourru et le Lopin en barres. 410 Expériences sur ces Fabrications 410 Cintreuses 412 Cintreuse Badiou et Bernard 41 3 Cintreuse Rey 41 3 Cintreuse Paquet 41 3 Fabrication mécanique des F'ers 414 Système de Dumont de Louvroil 41 5 Système Fuzelier . 419 Système Sibut 420 Fabrication des F'ers mécaniques à l'Etranger 421 Examen des objections contre les fers mécaniques. . . 423 IV. — Description du Fer à Cheval 425 Fer français 426 Fer anglais 428 Fers des pays septentrionaux 429 Fers des pays méridionaux 43o Fers orthopédiques . 430 CHAPITRE III POSE DU FER OU FERRURE PROPREMENT DITE - Des Clous 43 1 Fabrication à la main 432 Clou parisien 432 Fabrication de Charleville 433 Description du Clou français 435 — du Clou anglais 436 — du Clou oriental 436 — du Clou turc 437 — du Clou Charlier 437 5i2 TABLE DES CHAPITRES. Pages. II. — Fabrication mécanique des Clous 437 Fabrique de Saint-Etienne 488 Fabriques sue'doises 440 Fabriques allemandes 441 III. — Application du Fer sur le Sabot 443 Procédé français ... 443 Procédé anglais 447 Comparaison des deux Procédés 448 Ferrures étrangères 449 De la Ferrure à chaud et de la Ferrure à froid .... 450 IV. — Ferrures des différents Genres de Service 452 Chevaux de Luxe 452 Ferrure Charlier 453 Instruments employés 453 Avantages 455 Ferrure des Chevaux de Trait 457 P'errure Lafosse 456 Ferrure en Acier 467 Prix de revient de la Ferrure 468 Ferrures des Campagnes 470 Ferrures à Glace 473 ire Classe : Ferrures en matières molles élastiques, ou sup- portant des appareils en matière molle élastique 474 2C Classe : Ferrures à crampons métalliques 475 Première famille. Crampons médiats 476 Deuxième famille. Crampons immédiats 478 Crampons fixes 478 Crampons muables 478 i» Clou à Glace 479 2° Clou Delpérier 479 Autres Systèmes 482 Paris. — Typographie de Firmiii-Didot etC'», 56, rue Jacob. — 21944. ^f :«f ' #> -1 .*!► ^^*i '^-- ' "^^éft ^- M