«r^ .^* '£&k "^^ TUFTS UNIVe Il lllllllllll 9090 014 548 651 LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉCONOMIE RURALE ET LES INDUSTRIES DE TRANSPORT TYPOGRAPHIE KIRMIN-DIDOT ET C"\ — MESNIL (eURE). BIBLIOTHÈQUE DE L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE riHLlKK SOIS I, A niRRCTlON I» K M. A. MiJNTZ Professeur à l'Institut National Agronomique LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉCONOiMIE RURALE ET LES INDUSTRIES DE TRANSPORT E. LAVA LARD ADMINISTRATEUR A LA COMPAGNIE GÉNÉRALE DES OMNIBUS DE PARIS MAITRE DE CONFÉRENCES A l'iNSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d'aGRICULTURE DE FRANCE TOME II Choix et Achat — Utilisation du Cheval Situation actuelle de la Production chevaline PARIS LIBRAIRIE DE FIRiMIN-DIDOT ET C" IMPRIMEURS DE L ' I N S T I T U T 56, RUE JACOB, 56 1894 ^' L'I LE CHEVAL DANS SES RAPPORTS AVKG L'ÉCONOMIE RURALE K T I. K S INDUSTRIES DE TRANSPORT QUATRIEME PARTIE CHOIX ET ACHAT DU CHEVAL Sous ce titre nous avons Tintention de donner quel- ques indications pour le choix des animaux qu'on veut employer, et permettant d'apprécier les services qu'ils peuvent rendre et enfin leur valeur. Pour arriver à ce résultat, on a cherché à connaître par leur conformation extérieure les aptitudes des ani- maux, et c'est à cette méthode d'appréciation qu'on a donné le nom d'Extérieur. On a voulu même en faire une science spéciale , mais il est facile de reconnaître de suite qu'elle n'est que l'application d'un certain nombre de règles et de principes, basés sur l'étude de la machine animale et sur une longue expérience, qui permettent à ceux qui les possèdent de juger de la T. Il I 2 LE CHEVAL. capacité productrice et de la valeur commerciale des chevaux, par rexameii de leur contormation extérieure et Tappréciation de la force qui dirige leurs mouve- ments. Le cheval servant à Thomme de force motrice, il est bien certain que son aptitude aux différents services sera en rapport avec Pagencement des différentes par- ties de son corps et de la force qui met en mouvement ces différentes parties. L'importance du cheval comme animal domestique ne dépend donc pas seulement de sa soumission à la volonté de l'homme par suite de son éducation, mais bien des rapports mécaniques de sa structure, qui pourra lui permettre d'être doué d'une grande vitesse chez les chevaux légers, ou d'une grande force chez les chevaux de trait. Pour bien choisir un cheval, il faut donc bien con- naître le service auquel on le destine, et le fonction- nement de la machine animale qu'il représente dans les conditions où on veut l'employer. Pour ce qui est du service auquel Tanimal est apte, nous n'ignorons pas que la difficulté est grande pour bien le déterminer, d'autant plus qu'il faut chercher à obtenir le plus grand rendement aussi bien au point de vue économique qu'à celui de la conservation de la machine animale. Cette dernière peut produire ses effets avec plus ou moins d'énergie, et cette intensité résulte non pas seu- lement de la bonne construction de la machine, mais encore des matériaux qui entrent dans sa constitution et de leur état de développement. Ce que nous venons de dire démontre qu'il est utile d'avoir une connaissance parfaite de la machine ani- male, pour bien choisir un cheval et déterminer sa va- Li: cm: VAL. 3 leur. Dans ce taii il csi indispensable d'avoir des no- tions d'anatomie, de physiologie, d'histologie, de pa- thologie, etc. Savoir monter à cheval et conduire les attelages est aussi indispensable, surtout pour l'ap- préciation du service à rendre. Mais on pourra objecter qu'on voit tous les jours des gens, tels que piqueurs, cochers et hommes d'écurie, qui manquent non seulement des connaissances spé - ciales. mais souvent d'instruction même élémentaire et d'éducation, juger les chevaux en parfaits connaisseurs. C'est qu'ils ont acquis cette aptitude par une longue pratique et surtout par une certaine prédisposition naturelle. Ils se prononcent sans bien se rendre compte des raisons qui ont déterminé leur jugement. Ils ne se vantent jamais des erreurs qu'ils ont pu commettre, avant que leur œil tut suffisamment exercé, et c'est à eux qu'on peut appliquer le proverbe : Dommage rend sage. Réservant pour l'instant l'étude du cheval destiné à chaque service, nous commencerons d'abord par l'exa- men général de la conformation extérieure du cheval, et surtout des conditions que celle-ci doit avoir réunies pour indiquer la force et l'énergie. CHAPITRE PREMIER. CONSIDERATIONS GENERALES SUR L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE DU CHEVAL. Le cheval est un mammifère monogastrique et mono- dactyle, qui a donné son nom au genre cheval com- posé de six espèces: cheval, âne, zèbre, dziggetai, couagga et daw. Il forme à lui seul une famille de Tor- dre des pachydermes, celle des solipèdes, caractérisée par un seul doigt apparent, et un seul sabot à chaque pied. Le cheval provient de TOricnt. mais on n'est pas d'ac- cord sur la contrée qui doit être considérée comme son pays d'origine; de là, il s'est répandu dans toute l'Europe et dans les différentes parties du monde. Le cheval prend généralement Tempreinte du mi- lieu du peuple qu'il sert, du climat et du sol qui l'ont produit. Le cheval a joué un rôle si important dans la société que, de très bonne heure, on a porté l'attention sur les différents degrés de force et de souplesse qu'il montrait et sur les formes sous lesquelles se présen- taient ces différences. Déjà dans l'antiquité, Xénophon donnait une expli- cation des traits fondamentaux de la forme extérieure du cheval, courte il est vrai, mais avec cette clarté de \.K CHK\ AL comprchension qui esi propre à raniiquilé, et on peut dire qu'il s'est passé bien des siècles après lui, sans qu'on fît un pas en avant. Ce n'était pas que le sujet manquât d'attrait et d'intérêt, mais la connaissance de la conformation extérieure du cheval acquise dans tout cet espace de temps n'était quei'expression d'une expé- rience naive, sans qu'on ait cherché ou mis en avant d'au- tres moyens auxiliaires. Souvent même, en dépeignant l'extérieur du cheval, on recherchait plutôt à recon- naître certains états maladifs ou certaines altérations, sans se préoccuper de l'importance des relations qui existent entre les différentes régions du corps. Il faut arriver jusqu'en 1768 pour voir Bourgelat, fon- dateur des écoles vétérinaires en France, créer l'ensei- gnement des formes extérieures du cheval sur des bases sérieuses, c'est-à-dire, sur l'anatomie, la physiologie, etc. Dans ces dernières années, Baudement, Henri'Bouley, Lecoq, Sanson, Colin, Richard, le colonel Duhous- set, Goubaux et Barrier en France , Prosch de Copen- hague, Adam de Stuggart, Karl Kr»hler, le comte Wrangel en Autriche et bien d'autres auteurs ont écrit sur l'extérieur du cheval. Tous ceshippologues ont étudié la conformation exté- rieure du cheval, pas toujours dans le même but. mais tous pour se rendre compte du plus ou moins de per- fection que présentaient tous les rouages delà machine animale et aussi du degré d'intensité de la force ner- veuse qui les met en mouvement. Sans entrer dans des détails trop complets pour la description des régions du corps, nous pensons qu'il sera utile de présenter quelques considérations généra- les de physiologie et de mécanique qui indiqueront, d'une manière sommaire quelles formes doivent avoir certaines parties du corps, pour se trouver dans les ô i.p: che\al. meilleures conditions de force ei de mouvement. Mais si les solipèdes, qui sont toujours employés comme moteurs, sont bien conformés, ils doivent aussi être en possession de certaines forces qui devront met- tre en mouvement ce corps bien agencé. C'est seule- ment dans ces conditions qu'ils fournissent la plus grande somme de travail avec la dépense la moins forte. La capacité de travailler d'un cheval dépend de deux conditions essentielles : i" Delà conformation des différentes parties du corps et de la manière dont elles sont assemblées pour for- mer un tout. 2"^ De la force qui met en mouvement chacune de ses parties. ^i. - CE QU ON ENTEND PAR « SANG )) , La plus ou moins grande intensité de la force est un effet de la perfection du svstème nerveux au point de vue de son action et de son intervention dvnamique. C'est elle qui domine la contraction musculaire et la rend plus ou moins active et permet à l'animal de déplacer son corps. On lui donne le nom de sang et on dit d'un cheval qui possède à un haut degré cette force immatérielle que c'est un cheval de sang, ce qui équivaut à dire qu'il appartient à une race noble. Chez un cheval de sang, la contraction musculaire sera plus rapide, plus énergique, parce que la volonté aura été plus impérieuse. Cette volonté qui sera le mo- bile et le régulateur de lacontraction musculaire pourra même agir jusqu'à la fatigue et jusqu'à l'épuisement de l'animal. IJ'] CM i:\AI.. 7 (Certains auteurs, comme Mai^ne. ont donné ce nom à des chevaux qui présenicni certains caractères exté- rieurs et qui appartiennent à la classe des chevaux de pui- sang. Mais il ne faut pas confondre; quand on dit un cheval de sang, on veut parler d'un cheval dont le système nerveux est très développé et qui présente certaines qualités; tandis que le terme sang, dans l'ap- pellation du cheval de pur sang, est synonyme de race, et on entend par là que le cheval provient d'une source pure de tout mélange avec d'autres races. Ainsi on peut avoir un cheval de pur sang dans toutes les races fran- çaises, mais c'est surtout pour caractériser le cheval de course, c'esi-à-dire de pur sang anglais, qu'on se sert de cette expression. Cette perfection du svstème nerveux qui doit régler le fonctionnement des organes et la mise en mouve- ment des appareils locomoteurs peut être transmise par les parents qui la possèdent à un degré plus ou moins élevé. Ce sont les qualités morales transmises par les parents^ si nous pouvons nous exprimer ainsi. Les li- vres généalogiques, appelés Stiid-Books, sont destinés à faire connaître les degrés de cette filiation. On sait toute l'importance qu'ils ont pour les éleveurs de pur sang anglais. Entraînement. — Mais cette activité plus énergi- que des nerfs peut aussi s'acquérir par un régime spé- cial et une éducation particulière, comme le font les Ara- bes et les Anglais pour leurs coursiers si remarquables. Les différentes pratiques de l'entraînement du cheval d'hippodrome communiquent le tempérament impres- sionnable et les brillantes qualités qui le distinguent.^ Jusqu'à ce jour le mot entraînement ne s'est guère ap- pliqué qu'aux chevaux de course. Mais il faut reconnaî- tre qu'il y a aujourd'hui un progrès sérieux dans l'éle- 8 LE CHEVAL. vage, car on a commencé à comprendre que toui travail normal à réclamer d'un cheval doit être précédé d'une préparation ou d'un entraincment en rapport avccle ser- vice qu'il sera appelé à faire. Il est bien certain que cette préparation variera suivant les emplois auxquels le cheval est destiné, mais elle est toujours indispensable pour le passage d'un état naturel à un service quelcon- que, aussi il n'est personne parmi ceux qui utilisent les chevaux qui ne regrette sincèrement l'état de repos et d'engraissement auxquels sont soumis souvent les ani- maux de certains pays avant la vente. Dans l'entraînement on donne au système locomoteur, surtout aux muscles, non seulement un développement plus considérable, et par suite une force de résistance plus grande, mais aussi une sorte de dressage au service spécial demandé. Ainsi on a vu des chevaux de course plate avant de très grandes vitesses, être battus facilement en steeple-chase, parce qu'ils ne sautaient pas facilement. L'entraînement a donc pour but d'amener le cheval, par un exercice réellement progressif et une hygiène appropriée, au maximum de sa condition, c'est-à-dire au meilleur état de santé et de force. Tout le monde connaît les méthodes d'entraînement employées pour préparer aux courses le chevalde pur sang; mais on sait moins l'entraînement que subit le cheval de trait percheron avant d'arriver dans les écuries des villes. Lorsque le poulain de trait a quitté le lieu où il est né, car il est très rare que le cheval de trait soit élevé dans le pays qui l'a produit, il est acheté par le fer- mier de la Beauce, qui va commencer sérieusement son entraînement. Comme pour le pur sang, la nourriture et le travail ne seront plus ménagés. On lui donne de l'avoine et du foin à discrétion. En même temps aussi, on exigera beaucoup de lui. et l'épreuve sera quelquefois Li: cil i;\ A !.. tellement dure que l'animal succombera à la tache. S'il a résisté, il peut être employé avec avantage pour Jes services pénibles et accélérés des grandes villes. Cet en- traînement du cheval de trait a donc beaucoup d'analogie avec celui du pur sang; mais la différence se présente surtout au point de vue économique. Le cheval pur sang revient cher à celui qui le crée; le poulain per- cheron, au contraire, est le plus souvent le produit de la saillie d'un étalon rouleur, il passe dans de nom- breuses mains, et par suite, son élevage coûte peu de chose à chacun de ses ditférents propriétaires. Sa mère travaille tout le temps qu'elle le porte; jusqu'à l'âge de six mois, il la suit aux travaux de culture ou reste en- fermé à l'écurie. De 6 à i8 mois, il mange ce qu'il peut trouver dans les prairies; enfin il ne commence à man- ger de l'avoine que le jour où il pourra la payer par son propre travail. Donc les méthodes d'entraînement sont au fond toujours les mêmes : il s'agit d'arriver au plus grand développement possible de l'énergie et de la force musculaire du cheval. Et la méthode consiste à augmenter en même temps la nourriture et le travail, quelle que soit la race. Le cheval demi-sang est moins prêt, en général, quand on l'achète, parce qu'il n'a pas subi les périodes d'entrainement par lesquelles nous venons de voir passer le cheval de trait. Aussi, il faut quelquefois atten- dre un an et même plus, un cheval demi-sang, avant de lui demander le service qu'il doit pouvoir fournir. De- puis que les poulains reçoivent de l'avoine, ce défaut est moins fréquent pour le demi-sang. Mais ce n'est pas tout, il doit y avoir une corrélation intime entre cette influence nerveuse ou cet entraînement et la bonne conformation des organes, afin d'obtenir les meilleurs effets sans aucune perte. MM. Goubauxet Bar- lo LE CHEVAL. rier dans la première partie de leur k Extérieur » ont ainsi défini cette corrélation : a Les rapports normaux qui existent entre la matière vivante et son principe ani- mateur, entre le gros et le sang, comme on l'exprime en langage vulgaire, ne sont pas également pondérés chez tous les sujets. Si c'est le sang qui l'emporte sur le gros, si comme on dit encore Vanimal a trop de sang, Teffet dépasse le but : Texcitabilité est trop intense, trop vive; elle devient de Vimpressionnabilité, et à un degré plus accusé, de Virritabilité. En ce cas on dit que la lame use le fourreau. » Si nous supposons la même force motrice pour deux chevaux, celui dont le corps sera le mieux conformé sera nécessairement le plus capable de donner les meil- leurs résultats. Inversement, de deux chevaux de confor- mation apparemment égale, Tun peut surpasser l'autre au point de vue du travail et il est même possible qu'un cheval bien conformé soit inférieur à un cheval en appa- rence moins bien constitué ou atteint de défauts très ap- parents. On dit du premier que c'est un cheval tableau, cheval voleur. L'armée achète aujourd'hui toute une catégorie de chevaux à un âge moins avancé, à trois ans et demi . avec l'intention de leur faire manger une certaine quantité d'a- voine dans les établissements de remonte. Cette expé- rience qui est la reproduction de celle faite en Allemagne, ne donnera pas les résultats qu'on espère, parce qu'il nianque une condition essentielle, le travail. Nous re- viendrons sur cette question que nous avons longue- ment discutée à la Conimission mixte des Remontes du Ministère de la Guerre. Les chevaux de course sont un exemple frappant de ce que peut donner un travail raisonne allie à une ali- mentation convenable. I.E CHEVAL. II Nous ne saunons trop le rcpclcr. ce cjui produit celte supcriorilé du second cheval sur le premier, c'est raciivité plus énergique des nerfs, qui communiquent aux mus- cles, aux os, aux tendons et lii^aments une force de résis- tance plus considérable; en d'autres termes, c'est la cons- titution particulière des tissus qui composent le corps. Le travail que peut fournir un cheval dépend donc non seulement de la bonne construction de son corps, mais encore des matériaux qui entrent dans sa composi- tion, de leur état de développement, de leur âge, de leur état de santé actuel, passé, et de celui qu'on peut prévoir. Les Arabes expliquent leur opinion dans ce cas par une maxime originale : « Prends garde de trouver une peau de lion sur le dos d'une vache ». Baudement considérait les animaux comme des ma- chines au même titre que les machines à vapeur. Comme ces dernières, elles consomment, elles brûlent une cer- taine quantité de combustible d'une certaine nature, et c'est dans ces conditions qu'elles rendent des services. M. Sanson a développé ces principes de la nouvelle doctrine zootechnique et en a formulé toutes les lois dans son traité de zootechnie. §11. CENTRE DE GRAVITÉ DU CHEVAL. Dans toute machine aniinale comme dans toute autre machine de l'industrie, il est indispensable de détermi- ner le point où se trouve le centre de gravité, et si ce dernier point est en équilibre, le corps le sera aussi. Dans les corps bruts homogènes, rien de plus facile d'après les méthodes géométriques, que de déterminer le centre de gravité. 12 LE CHEVAL. Mais dans les machines animales, les ditiicultcs sont sans nombre, non seulement parce que le corps de l'ani- mal est formé de substances hétérogènes, qu'il n"a pas de forme régulière, mais aussi parce que le centre de gravité varie constamment par suite de Toscillation con- tinuelle qu'imprime le mouvement respiratoire aux dif- férents organes et surtout au diaphragme et à la masse intestinale. On a cherché dès lors à déterminer ce point par le rai- sonnement et par l'évaluation approximative du poids des diverses partiesdu corps, se rappelant bien que le volume et le poids respectif de chacune de ces parties étant très variable, on ne peut rien établir de positif à cet égard. Borelli place le centre de gravité à la moitié de la hau- teur du tronc et dans le milieu exact du quadrilatère formé par les quatre membres. Mais si Ton considère que les quatre membres sont plus que suffisants pour faire équilibre à la position de Tencolure et de la tète qui dépasse la hauteur du tronc, et d'autre part que Tencolure et la tête forment en avant des membres anté- rieurs une masse pesantequi n'a pas son équivalent enar- rière des membres postérieurs, on placera, comme Bau- dement, le centre de gravité un peu plus bas que la moitié de la hauteur du tronc et plus près des membres antérieurs que des membres postérieurs, c'est-à-dire aux 2/3 antérieurs du rectangle formé par l'assiette des qua- tre pieds qui forment la base de sustentation. D'après M. Colin, le centre de gravité correspond à peu près, chez le cheval, à l'intersection de deux lignes, l'une verticale tombant en arrière de l'appendice xi- phoide du sternum, l'autre horizontale séparant le tiers moyen du tiers inférieur du corps (ligne passant par l'articulation scapulo-humérale). M. Colin ajoute que la position du centre de gravité et la répartition du poids i.|-. cil i:\Ai.. is Jii ccirps sur les membres doivent varier beaucoup, suivant la conformation des animaux, dont la tète, l'en- colure, la pt)itrine, l'abdomen et la croupe otiVent des proportions si diverses. S'il est impossible de préciser le centre de gravité ùans l'animal à l'état de repos, à plus forte raison doit- on le voir varier, non seulement quand l'animal se dé- place, mais même lorsqu'il change seulement la posi- tion de son encolure ou d'un membre. En i835, MM. Morris et Baucher avaient déjà cons- taté expérimentalement sur le cheval les déplacements du centre de gravité, en changeant la situation de la tête et de l'encolure, ainsi que celle du cavalier. L'ex- périence eut lieu à l'Entrepôt général des douanes et les chevaux furent pesés sur des balances de proportion à planchers mobiles. La jument bridée et sellée, qui fut pesée, avait la tête et l'encolure un peu fortes, mais elle était bien conformée. Elle avait les membres antérieurs placés sur un plateau et les membres postérieurs sur un autre pla- teau indépendant du premier, mais disposés de façon à représenter les deux bassins d'une balance ordinaire. Les expérimentateurs rendent ainsi compte des ré- sultats obtenus : « Les balances, abandonnées au poids de la jument tenue dans un état complet d'immobilité, nous don- nèrent les résultats suivants, en conservant sa tête dans sa position ordinaire, plutôt basse qu'élevée : Différence en plus sur Avant-main. Arrii^rc-iniuii. Poids total. l'avant-main. 2IO kil. 174 kil. 384 kil. 36 kil. ^f II s'était établi une fluctuation de 3 à 5 kilo- grammes qui se fixaient alternativement sur l'avant- 14 LE CHEVAL. main et sur l'arricre-main, par suite des mouvements produits sur les viscères par la respiration. « Nous fîmes baisser la tète, de manière que le bout du nez se trouvât à la hauteur du poitrail. Le mou- vement achevé et Timmobilitè obtenue dans cette posi- tion, Tavant-main se chari^ea de 8 kilog., dont Tarrière- main fut allégé : Différence en plus sur Avant-main. Arrière-main. Poids lotal. l'avant-main. 2i8 kil. it3G kil. 084 kil. 52 kil. « La tétc relevée ensuite, jusqu'à ce que le bout du nez fut à la hauteur du garrot, avec les mêmes pré- cautions pour rimmobilité, Favant-main rejeta to kilo- grammes de son poids sur le plateau de rarrière-main. et les extrémités s'équilibrèrent avec les différences de poids suivantes : Différence en plus sur Avant-raain. Arriérc-niain. Poids loial. Pavant-niain. 200 kil. 184 kil. 384 kik i(j kil. « La tête étant revenue à sa position première, on la ramena sur l'encolure par l'action du filet en l'élevant un peu; alors elle rejeta sur l'arrière-main une partie de son poids égale à 8 kilog. et nous donna : Différence en plus sur Avant-main. Arrière-main. PoUb total. l'avant-main. 202 kil. 182 kil. 384 kil. 20 kil. « Résultats qui prouvent évidemment que plus la tcte est élevée, si ce n'est naturellement, du moins par l'action de la main, plus son poids et celui de l'enco- lure sont également répartis sur les extrémités, si toute- IJ-: C MENAI.. i3 fois la posiiion n'est pas forcée. Après ces expériences, M. Baucher monta la jument, les deux plateaux s'ée]ui- librèrent alors avec les poids suivants : Différence en plus sur Avant-iiiaiii. Arriôre-niain. Poids total, l'avant-niain. •25i kil. 197 kil. 448 kil. 34 kil. (c Le cavalier, placé dans une position académique, avait donc distribué son poids de 64 kilog. de cette manière : 41 kilog. sur Tavant-main et 23 sur Tarrière- main. S'étant assis davantage en portant le haut du corps en arrière, M. Baucher fit passer 10 kilog. de plus sur Tarrière-main; puis, ramenant la tête du cheval suivant sa méthode, il surchargea encore Tarrière-main d'un poids de 8 kilogr. ; total 18 kil. Dans cette position nous eûmes : Différence en plus sur Avant-main. AiTiére-main. Poids total. l'avant-main. 2'33 kil. 2i5 kil. 448 kil. 18 kil. « En se portant entièrement sur les étriers, le poids de l'avant-main se trouva surchargé de 1 2 kilogrammes. » En 1857, les expériences furent renouvelées par le général Morris et M. Bellanger, vétérinaire des guides, et les résultats, qui furent les mêmes, conduisirent le général Morris à formuler les conclusions suivantes : « Que le poids de l'avant-main l'emporte à peu près d'un neuvième du poids total sur celui de l'arrière-main; que le changement de position de la tête fait varier les poids de 10 kilogrammes de l'avant-main sur l'arrière- main; que les encolures longues donnent plus de poids à l'avant-main que les encolures courtes et fortes; que l'avant-main est plus pesant que l'arrière-main, de sorte que la progression a lieu naturellement sans que le iG LE CHEVAL. cheval soit obligé d'employer d'autres forces que celles nécessaires au déplacement d'un neuvième de son poids. « La position dans laquelle un animal lient la tête et l'encolure peut déjà fournir quelques renseignements sur son aptitude au mouvement : ainsi avec une tête basse, et une encolure horizontale chargeant l'avant-main, le cheval est susceptible de heurter le sol ou de buter. Cependant les chevaux ainsi conformés et qu'on dé- signe comme bas du devant ne sont pas toujours défec- tueux: il est des races pour lesquelles cela n'est pas un défaut. Par ces quelques citations, on voit quelle influence exerce le déplacement du centre de gravité sur la stabilité du corps de l'animal. Nous aurons à étudier plus loin l'influence de ces déplacements sur les aplombs, les attitudes et les allures. M. Colin a répété sur deux chevaux les premières expériences, et il est arrivé à des résultats absolument identiques, qui sont consignés dans son Traité de phy- siologie. MM. Goubaux et Barrier, qui ont renouvelé sur 5o chevaux ces ditierentes pesées, ont aussi confirmé l'exactitude de toutes ces données. 4 Il résulte de tout ceci que Testimation du poids vif du cheval à vue d'œil est assez difficile, et que la bascule peut seule donner connaissance des variations en plus ou en moins. Le poids des muscles chez les petits chevaux ne repré- sente pas la moitié du poids vif de ces mêmes animaux, et il se rapproche de cette proportion au fur à mesure que les chevaux se rapprochent du type du cheval de trait, surtout de celui à qui on a donné le nom de cheval à tempérament musculaire. Au contraire le poids du sque- lette est proportionnellement plus fort pour les petits chevaux. Le Directeur de l'Institut agricole de Nowo-Alexan- dria, Gouvernement de Lublin, en Russie, prétend qu'on trouvera approximativement le poids vif d'un cheval en kilogrammes, en multipliant la hauteur du garrot expri- mée en centimètres par 2,2 pour les chevaux de structure LE CHEVAL. Sy dtMicaïc et de consiiiLuioii corporelle légère, par 2,8 pour les chevaux de structure massive et pesante; pour les chevaux de structure moyenne, on prendrait un coeffi- cient moyen entre les deux chiffres extrêmes précités. Nous avons appliqué cette méthode sur un grand nombre de chevaux de trait, nous n'avons pas obtenu des résultats assez constants pour nous permettre de dire que la méthode a de la valeur. Durant les premiers mois de la vie, il estconstant que, chez le poulain, Faccroissement en hauteur et l'augmen- tation en poids vif marchent beaucoup plus rapidement que pendant les mois suivants. C'est pourquoi, nous l'avons déjà dit et nous le répétons, il faut porter toute son attention sur l'alimentation des premières années et surtout de la première qui a une si grande importance pour le développement de l'animal. De plus, toute notre étude sur le poids vif du cheval démontre sa grande plasticité, son aptitude à l'améliora- tion. Les grosses races de trait sont arrivées par l'alimen- tation à un développement, à un poids presque double de celui que présentait la race primitive. C'est ainsi que s'explique l'accroissement du cheval percheron demandé pour l'Amérique. Nous croyons qu'on commet une grave erreur en poussant les éleveurs à produire ces mastodontes; déjà on commence à s'en apercevoir et dans les derniers con- cours de Nogent-le-Rotrou et de la Ferté, on ne trouve plus de chevaux pesant plus de 1,000 kilog., comme dans les premières foires. CHAPITRE II EXTERIEUR DU CHEVAL Divisions du corps. — Bourgelat divisait le corps du cheval en avant-main, corps et arrière-main. Cette division entraîne avec elle Tidée* de chevaux montés. C'est sur le même principe qu'est fondée la divi- sion en côté-montoir et côté-hors-montoir. Les char- retiers disent le côté de l'homme (gauche) et le côté hors l'homme (droite). Pour certains pays, entre autres la Bretagne, cette appellation n'est pas juste, l'homme se plaçant toujours à la droite du cheval. Les divisions basées sur l'anatomie des régions et sur les rapports mécaniques du corps sont les seules rationnelles qui peuvent être admises. Elles compren- nent : i'* Le tronc ou la partie qui ne prend pas directe- ment part au mouvement, mais qui sert d'appui et de point de départ aux parties qui se nicuvenc, et de soutien aux appareils de respiration, de circulation et de digestion et par lesquels sctfectuc le changement de substance; I.K CHEVAL. 39 2" Les membres ou les instruments propres du mou- vement; 3° Les parties qui servent à conduire et à diriger le mouvement, c'est-à-dire la tête et l'encolure. La division anatomique, elle aussi, reconnaît trois parties principales : la tête et l'encolure, le corps pro- prement dit et les membres. Énumération des différentes régions du corps. — Avant d'entreprendre l'étude de chacune des régions, nous croyons utile de faire connaître leur nom, c'est pourquoi nous allons d'abord les énumérer toutes (voir tig. 2. page4ij. A partir du jarret, les autres régions sont sembla- bles à celles situées au-dessous du genou au membre antérieur. Nous allons étudier rapidement chacune des régions du corps, en insistant surtout sur les qualités qu'on doit rechercher pour la meilleure utilisation du mo- teur animé. TETE. Forme générale. — La tête, qui a une forme pyramidale renversée, se compose de deux parties de grandeur ditl'érente : i" la partie supérieure, le crdîié qui renferme les principaux organes des sens, descend environ jusqu'au bord supérieur des yeux et est rela- tivement peu étendue; 2" la partie inférieure, bien plus grande, la face qui comprend la mâchoire supé- rieure et la mâchoire inférieure. La tête doit être examinée sous le rapport de sa confor- mation et de son expression, car elle joue un rôle très 40 LE CHEVAL. important pour rapprcciation de la constitution, de la race, de la noblesse et du caractère de Tanimal. L'âge a une très grande inHuence sur le développe- ment de la tête; en effet chez le poulain nous voyons le crâne très développé comparativement à la face. Dans la vieillesse la tête prend une forme toute particulière qu'il est facile de reconnaître. Le sexe imprime aussi un caractère spécial à la tête. Chez l'étalon, elle a un certain air de vivacité et de courage. Le cheval hongre présente une certaine ressemblance avec celle de ce dernier, suivant l'époque plus ou moins tardive de la castration. Chez la jument la tête est plus fine, plus sèche, généralement moins large, et avec une expression plus calme. La plus belle forme de tête est celle que, par une analogie un peu forcée, on désigne sous le nom de car- rée. Dans cette tête, le front et le chanfrein sont droits ; les ganaches écartées logent à l'aise le larynx et la partie supérieure de la trachée; les naseaux surtout par leur forme large et bien ouverte, rapprochent la tête de la forme carrée et annoncent l'ampleur des cavités nasales et la perfection de l'appareil respiratoire. C'est la tête du cheval arabe. Sous les noms de iéte busquée^ moutonnée., de lièvre^ on désigne celle dont la partie inférieure du front et surtout le chanfrein fait en avant une proéminence analogue à celle de certaines races de moutons. La face antérieure de la tête dessine alors de haut en bas une ligne courbe plus ou moins prononcée. On dit que cette forme est défectueuse, parce qu'elle coïncide avec une étroitesse plus ou moins grande des naseaux; il en serait de même de la suivante. La conformation opposée à celle de la tête busquée est désignée sous le nom de tête camuse. Dans celle- LE CHE\AI. 41 FiG. 2. — Enumération des différentes régions du corps TETE. CORPS. Encolure. 16 Garrot. 17 Dos. 18 Reins. 19 Croupe. 20 Hanche. 21 Queue. 22 ^ / Poitrail. 23 P Ars. 24 g . l Interars. 25 •^ J 1 Passage des san- îî; « I gles. 26 S'^ { Côtes. 27 « I Flanc. 28 o .j i Aine. 29 ■■£ "-^ f Ventre.'3o S I Organes géni- ■^ \ taux. 3i ë:= MEMBRES. Épaule. 32 Bras. 33 Avant-bras. 34 Coude. 33 Genou. 36 Canon-tendon. Boulet. 38 Fanon. 39 Ergot. 40 Paturon. 41 Couronne. 42 Pied. 43 .)is régions qu'il suffira d'énumérer : la nuque qui porte le toupet, touffe de poils tombant sur le front, les parotides et la gorge. C'est en serrant cette dernière qu'on provoque la toux, lorsqu'on veut se rendre compte de la santé du cheval. i; II. — ENCOLURE. L'encolure s'étend depuis le garrot jusqu'à la nuque, où l'occipital s'articule avec la première vertèbre cervi- cale; elle a pour base les sept vertèbres cervicales, remar- quables par leur volume de beaucoup supérieur à celui T. II. 4 5o LE CHEVAL. des autres verièhres du corps, les deux parties du liga- ment cervical, Tune funiculaire et l'autre lamellaire, et entin un grand nombre de muscles [56) groupés par paires de chaque côté de la tige vertébrale. A son bord inférieur on trouve la trachée, l'œsophage, des vaisseaux artériels, veineux et lymphatiques, enfin des nerfs; à son bord supérieur, la crinière.. Les faces latérales de Tencolure sont creusées, dans toute leur longueur, d'une sorte de gouttière, située entre le renflement rachidien et le bord latéral de la trachée, appelée gouttière de la veine jugulaire, du nom de la veine superficielle qui rampe sous la peau dans toute sa longueur. Dans les pages qui précèdent, en relatant Texpérience du général Morris, nous avons fait connaître quelle était l'importance des mouvements de l'encolure sur le déplacement du centre de gravité de l'animal. Son rôle dans la progression dépendra donc de sa longueur, de sa direction et de sa souplesse. L'encolure n'est jamais trop longue, surtout si en même temps le développement de ses muscles est bien proportionné. Ce fait est constaté par les Arabes qui ont dit : « Le cheval bien conformé doit avoir quatre choses longues : l'encolure, les rayons supérieurs, le ventre et les han- ches » ; et, ailleurs, ils ajoutent : ce Si, en allongeant l'en- colure et la tète pour boire dans un ruisseau qui coule à fleur de terre, le cheval reste bien d'aplomb, sans replier un de ses membres antérieurs, soyez assuré qu'il a des qualités et que toutes les parties de son corps sont en harmonie. » (Général Daumas. Chevaux du Sahara.) Bourgelat voulait que l'encolure ait la même longueur que la tête ; mais, comme l'a fait justement remarquer Richard, cette mesure n'est pas rigoureusement vraie. LE CHEVAL. 3i L'encolure longue est une beauté pour tous les services, car le cheval, qui en est pourvu, possède les moyens nécessaires pour être un bon moteur. Mais en même temps elle devra être pourvue de muscles puissants; dans le cas contraire, on dit qu'elle est ^re/^. Cette conformation est souvent signalée chez les che- vaux qui ont d'autres parties du corps grêles; on dit alors que les chevaux sont décousus. L'encolure courte se remarque chez le cheval de gros trait; elle coïncide alors ordinairement avec un déve- loppement considérable des muscles. Quelquefois le développement de l'encolure, surtout du bord supérieur, dépend de l'accroissement du tissu cellulaire et graisseux qui forme une sorte de bourrelet tibro-lardacé. Dans ce cas, on dit que l'encolure est penchante ou tombante. L'encolure placée dans une attitude élevée donne au cheval une certaine légèreté de l'avant-main. Elle est droite ou encore pyramidale si elle s'étend en li- gne droite du corps à la tête. Certains chevaux, qui ont l'encolure bien faite, mais qui sont fatigués, commencent ^pdii' encenser ^ c'est-à-dire secouent la tête de haut en bas, pour soulager les mem- bres postérieurs qui sont fatigués, et enfin portent la tête basse quand ils veulent suppléer à la diminution de leurs forces. Chez les chevaux très fatigués, on remar- que très souvent cette inclinaison de la tête vers le sol. L'encolure est dite rouée^ lorsque son bord supérieur décrit une convexité plus ou moins prononcée dans toute sa longueur. Limitée à la partie supérieure, cette convexité lui fait donner le nom d'encolure de cygne. Enfin l'encolure est renversée ou de cerf quand son bord supérieur est concave. Dans ce cas, elle présente 52 LE CHEVAL. en avant du garrot une dépression angulaire désignée sous le nom de coup de hache. Ces trois directions de Tencolure comportent mutuel- lement des directions particulières de la tète. Avec l'encolure droite, nous avons une tête oblique, bien placée pour subir les effets du mors; avec une encolure rouée, la tête devient verticale, par suite le cheval est plus facile à rassembler, mais en même temps la vitesse diminue : le cheval s encapuchonné, c'est-à- dire rapproche Textrémité de la tête du poitrail. Avec une encolure renversée ou de cerf, la tête est portée horizontalement, le cheval porte au vent. La vitesse peut être plus grande, mais le cheval est difficile à diriger. Le bord inférieur de Tencolure sera large, parfaite- ment net, et ne portera aucune trace de blessure de la trachée. La crinière qui est fixée au bord supérieur varie sui- vant la race, le sexe, l'âge et les individus. Plus fine chez les races nobles, elle est plus fournie et composée de crins plus ou moins souples chez les races communes. Elle est plus rare et plus hne chez les juments, et les chevaux hongres, que chez les chevaux entiers. Si la crinière tombe d'un seul côté de l'encolure, elle est dite simple; si elle se divise sur les deux côtés, elle est double. Dans ces dernières années, la mode est venue de la couper; on dit alors qu'elle est en brosse ou à la hus- sarde. Les anciens la coupaient ainsi en signe de deuil. Cette manière de faire offre des inconvénients très graves. Si la crinière n'est pas l'objet des plus grands soins, elle se détériore et devient le siège de démangeai- sons. L'encolure est bien sortie, lorsqu'elle s'éloigne du IA-: CHEVAL. 53 garrot en formant une dépression gcncralemcnt peu sensible. Au contraire, elle est mal sortie^ fichée dans le thorax^ lorsqu'entre elle et les épaules, la démarcation est brus- que et saillante. On appelle coup de lance, un creux assez profond qu'on remarque à la jonction de l'encolure à l'épaule, à droite ou à gauche, tantôt plus haut, tantôt plus bas. Il faut toujours cherchera se rendre compte des traces de séton, de vésicatoire, de feu qu'on peut remarquer sur les faces de l'encolure, de même on verra facilement si le cheval a subi l'opération de la trachéotomie, en passant la main le long deja trachée. La présence de toutes ces tares doit engager l'acheteur à se méfier, car elles indiquent que le cheval peut avoir eu des maladies graves qui nuiront dans l'emploi qu'on fera du moteur. § III. — CORPS. Pour mettre un peu d'ordre dans notre étude, nous divisons par la pensée le corps en deux parties symé- triques, par un plan médian vertical qui passera par la colonne vertébrale. Sur ce plan nous trouvons alors : i'' Le garrot, 2" Le dos, 3" Les reins, 4" La croupe, 5" La queue. De chaque côté du plan médian, on rencontre une 54 LE CHEVAL. série de parties symétriques par rapport à ce plan; ce sont : En avant i*^' Le poitrail, 2° L'ars, 3° Vinterars. En arrière 4" Le passage des sangles, 5" Les côtes, 6° Les flancs, 7" Le ventre. Ce dernier s'étend de rextfémité postérieure du ster- num à Tangle formé par les«deux membres postérieurs qui forme Vaine et limité sur le côté par les fausses côtes. Au centre est Yombilic. Sur la ligne médiane et sous la queue se trouvent r<^- niis et au-dessous les organes génitaux mâles et femelles. Entre l'anus et les organes génitaux, on voit une ligne appelée le périnée. Poitrine. — Avant d'examiner les différentes ré- gions que nous venons d'énumérer, nous devons étudier d'une manière sommaire les cavités splanch- niques qu'elles entourent, nous commencerons par la poitrine, grande cavité, à laquelle on donne aussi le nom de thorax, et qui renferme les poumons, le cœur et les gros vaisseaux artériels et veineux. Comme l'a bien dit Richard, tous les ressorts de la machine animale sont subordonnés aux bonnes con- ditions et à l'intégrité de la poitrine du cheval. C'est le véritable foyer de la machine, qui laissera languir tout l'appareil locomoteur, s'il ne fonctionne pas bien. La cavité pectorale a la forme d'un cànt, dont le sommet tronqué est antérieur, et la base postérieure. Li: C H h: VAL. 55 Sa paroi supérieure est formée par le corps des vertèbres dorsales, réunies solidement entre elles; elle est inclinée de haut en bas et d'arrière en avant. Sa paroi inférieure cylindrique est formée par le ster- num, sur lequel s'attachent les neuf premières côtes; elle décrit une faible courbe de haut en bas et d'avant en arrière. Ses parois latérales sont formées des côtes, s'atta- chant en haut aux vertèbres dorsales, et en bas soit directement soit indirectement au sternum. La courbure des côtes augmente symétriquement d'avant en arrière, si bien que les antérieures sont presque plates, et que les côtes postérieures de la douzième à la dix-huitième, placées derrière l'épaule, sont celles qui présentent la plus grande courbure. La base de la poitrine est formée par le diaphragme^ paroi musculaire, qui sépare la cavité pectorale de la cavité abdominale. Ce muscle prend naissance sous la face inférieure du corps des vertèbres lombaires, s'at- tache aux neuf fausses côtes et s'implante en bas sur la pointe du sternum. Il est traversé par Tartère-aorte, l'œsophage et la veine-cave postérieure. Quand le diaphragme ne se contracte pas, il est poussé en avant par les organes intestinaux; dans les aspirations il est, au contraire, refoulé en arrière et la cavité pectorale devient plus grande. Les dernières côtes, par leur mouvement alternatif d'arrière en avant, con- tribuent aussi au développement de cette cavité, les premières côtes étant fixes pour remplir leur rôle de colonnes de support. Ampleur du thorax. — L'ampleur du thorax se me- sure par sa hauteur, sa largeur et sa profondeur. On calcule la hauteur de la poitrine en prenant la distance qui sépare le sommet du garrot de la partie 56 LE CHEVAL. inférieure de la poitrine qui a pour base le sternum. Pour se bien rendre compte de cette hauteur, le moyen pratique est de supposer un plan horizontal passant par les articulations du coude et du grasset et de voir le rapport de ce plan à la surface courbée in- férieure de la poitrine. La poitrine sera haute et bien descendue, quand la face inférieure du thorax descendra au-dessous de ce plan supposé. En naissant, le poulain a des membres élevés, une poitrine étroite et un tronc court, parce que c'est dans la première année que les membres se développent le plus, tandis que la poitrine ne s'ouvre largement que dans les années suivantes. C'est en tenant compte de ces données qu'on a com- paré la hauteur des membres à la profondeur du tho- rax; il a été reconnu que, chez le cheval adulte et bien conformé, la distance qui existe entre le point le plus élevé du garrot et Tarticulation du coude était égale à la distance qui existe entre cette même articulation et celle du boulet. Nous avons mesuré un grand nombre de chevaux, et nous pouvons affirmer que, chez les che- vaux de pur sang, nous avons constaté Fexactitude de cette assertion. Chez les chevaux de trait léger, comme les chevaux d'omnibus, la relation est la même; nous avons vérifié ce fait sur un très grand nombre de che- vaux. Si le développement de l'animal est interrompu pen- dant le jeune âge par une nourriture insufHsante, par une maladieou toute autre cause, les os tubulaires s'étant développés les premiers, et les autres os n'ayant pu s'accroître, alors la hauteur des membres est plus grande, c'est ce qui se remarque chez tous les chevaux qui souf- frent souvent de la faim dans leur jeune ài^e. LE CHEVAL. Sy Ces faits sont souvent constatés chez les poulains; ils sont très hauts sur leurs membres et leur poitrine ne se développe que postérieurement pendant la troisième et la quatrième année, par suite d'une alimentation in- suffisante et de l'absence de toute gymnastique fonc- tionnelle. Les éleveurs et les entraîneurs de chevaux de pur sang savent qu'ils peuvent se rendre compte de la taille que présenteront les poulains qu'ils élèvent, en com- parant la longueur des membres à la hauteur du thorax. Ils prennent la longueur des membres à partir du coude, et relevant cette Qiesure vers le garrot, ils esti- ment, avec juste raison, que les poulains grandiront de la différence qui existe entre cette longueur et la situa- tion actuelle du garrot. M. Saint- Yves Ménard, ancien directeur adjoint du Jardin d'acclimatation, à qui nous avions indiqué le procédé , dit dans sa thèse sur la croissance che:{ riiomme et les animaux : a Nousavonsvérifié récemment l'exactitude du procédé sur une cinquantaine de chevaux. Tous les adultes pré- sentaient une égale distance du coude au boulet d'une part, du coude au garrot d'autre part; et tous ceux qui n'atteignaient pas cinq ans avaient plus de longueur entre le coude et le boulet qu'entre le coude et le garrot. « Nous avons même reconnu que la différence était d'autant plus marquée qu'on se rapprochait davantage de la naissance. (c C'est ce qui apparaît nettement dans le tableau ci- dessous où sont consignées des mensurations que nous avons pu faire sur des poulains de pur sang et sur leurs mères. » 58 LE CHEVAL. Xonis des cheTftux. Asc Taille. Distance du coude an boulet prise à la ficelle. Distmce du coude an garrot prise à la ficelle. Excédent delà 1" distance sur la seconde. Fille de Germaine.. Fille de Pally Per- 7 mois 1/2 7 mois 1/2 2o mois. 7 ans. 2 ans. mètre I'",27 I "'.3o I -,38 i™,6i I ™,54 centira. 68 68 77 centim. 32 54 77 7^ centin». l6 nul nul Fanatique Germaine Pally-Perkins D'après les proportions que nous venons d'étudier, le cheval sera haut sur jambes et sa poitrine sera peu développée, quand l'articulation du coude se trouvera placée beaucoup au-dessous du plancher inférieur du thorax, et dans le cas contraire il sera bas sur jambes et sa poitrine sera très développée. MM. Barrier et Goubaux attachent aussi une grande importance au plus ou moins de hauteur des vertèbres qui forment le garrot et au mode d'attache de la cavité thoracique entre les deux membres antérieurs. La largeur de la poitrine dépend de la courbure plus ou moins accusée des côtes. Les différences peuvent être très grandes suivant les races de chevaux. La profondeur se mesure du poitrail aux dernières côtes en avant de la région du flanc. La longueur et la profondeur de la poitrine s'appré- cient surtout derrière l'épaule, car c'est en ce point où elle doit être le plus développée; il faut se placer sur le côté du cheval pour bien s'en rendre compte. Plus la poitrine est large et profonde et par consé- quent spacieuse, plus est grande la masse de sang qui LE CHE\ AL. bg' aftluc vers les poumons, plus la eirculation est grande et rapide, et nous savons que c'est là un élément de la force et de la résistance à la fatigue. Tout cheval dont la poitrine sera largement développée présentera toujours un puissant système musculaire. La manière d'élever le cheval de trait, c'est-à-dire en lui donnant beaucoup d'exercice et une nourriture très fortifiante pendant le jeune âge, contribue au développement d'une large cavité pectorale. Malheureusement la tendance de l'éle- vage pour le cheval de demi-sang n'est pas la même. Le séjour des jeunes chevaux dans des paddoks sans travail n'amène pas un développement suffisant de la poitrine et par suite de toute la machine animale. Aussi regrettons-nous bien vivement de voir ainsi abandonnés à eux-mêmes, sans aucune gymnastique fonctionnelle, la plus grande partie des chevaux qui doivent constituer les remontes de l'armée. L'expérience démontrera combien a été grande l'erreur commise par ceux qui ont institué les achats des chevaux trop jeunes. On a toujours considéré avec raison la large poitrine comme un signe de force et d'énergie et la poitrine étroite comme un indice de faiblesse et de mauvaise crois- sance. Une respiration rapide et forte demande un grand espace pour s'effectuer, et certainement le besoin qu'a le cheval d'une grande quantité d'air pour satisfaire à certains efforts, ne peut être atteint que par une respi- ration d'autant plus fréquente que la quantité d'air absorbée dans chaque souffle est moindre, c'est ainsi que le cheval qui a une poitrine étroite ou peu profonde sera plus vite essoufflé que tout autre dont la poitrine sera large et spacieuse. Les efforts considérables qu'on exige aujourd'hui des chevaux de trait attelés à des voitures fortement chargées, qui doivent être entraînées au grand trot, ont 6o LE CHEVAL. déterminé chez un grand nombre d'entre eux des affec- tions graves du cœur et des poumons qu'on ne soup- çonne pas toujours pendant la vie. La dilatation exagérée des vésicules pulmonaires qui dé- termine la tare à laquelle on donne le nom de pousse est encore facile à reconnaître; en parlant du flanc, il sera expliqué quels sont les symptômes qui permettent de re- connaître cette tare. Mais les affections du cœur qui sont très fréquentes chez les vieux chevaux ont été très rare- ment reconnues du vivant de l'animal. La mort est instan- tanée, elle se produit presque toujours pendant le travail. Quand la respiration est tranquille, la dilatation en largeur de la cavité pectorale, ainsi que l'élévation des côtes sont à peine visibles; mais quand la respiration est forcée, on voit à chaque temps le thorax augmenter en ampleur et on saisit facilement le rythme de cette fonction, en même temps qu'on voit si elle s'accomplit régulièrement. C'est ce qu'on appelle l'examen du flanc du cheval, c'est-à-dire Tctude de sa respiration. Cavité abdominale. — Elle est limitée en haut par les vertèbres lombaires, en avant par le diaphragme, sur les côtés et en bas par la paroi abdominale, en arrière par les os du bassin. Cette cavité contient les intestins, et en même temps les reins et la matrice chez la jument, tandis que le rectum et les organes de la sécrétion urinaire et de la reproduc- tion se trouvent compris dans la troisième cavité appelée bassin et formée par les coxaux et le sacrum. La surface externe de la paroi abdominale est la con- tinuation de la surface correspondante de la poitrine et vient se terminer en montant obliquement vers la ré- gion inguinale. Il y a donc un rapport intime entre la forme et le développement de ces deux cavités. Cepen- dant, chez la jument, la direction de la paroi abdominale LE CHEVAL. 6i est plus accentuée vers la partie postérieure du corps. Diaphragme. — La paroi ou diaphragme qui sépare CCS deux cavités joue un rôle très important pendant la respiration; en effet lorsqu'un cheval doit faire un travail pénible, c'est-à-dire lorsqu'il doit se livrer à des allures très rapides ou à des efforts de traction considérables, les mouvements d'inspiration et d'expiration deviennent tellement profonds, que la contraction du diaphragme et des parois abdominales gênent non seulement la res- piration, mais doivent comprimer tout l'appareil intes- tinal et surtout l'estomac, qui peut alors se déchirer. Nous remarquons cet accident très fréquemment à Paris, où on demande souvent aux chevaux de violents efforts, longtemps soutenus. La déchirure du diaphragme est aussi très fréquente. Ces deux accidents doivent surtout se produire lorsque l'estomac et les intestins sont rem- plis de gaz; en tous cas, nous devons signaler qu'ils sont d'autant plus fréquents qu'on augmente la masse à porter et l'allure à laquelle doit se faire la traction. Nous allons n^^aintenant citer rapidement les diffé- rentes régions qui entourent la poitrine, en insistant sur les caractères qu'elles doivent présenter pour permettre au cheval de remplir son rôle de moteur. Garrot. — Les trois régions qui suivent l'encolure et qui forment la partie supérieure du corps, et qu'en général on appelle dos, portent en extérieur les noms de garrot, de dos proprement dit, et de reins. La ligne dorsale s'élève insensiblement jusqu'à la 5^ vertèbre dorsale et s'abaisse ensuite jusqu'à la 9^, de là elle s'infléchit si légèrement jusqu'à la 2*^ ou 3^" ver- tèbre lombaire, qu'elle parait presque droite, ou légère- ment creusée, suivant la conformation des animaux; à ce point elle s'élève un peu de nouveau jusqu'à la jonc- tion des lombes avec le sacrum. Cette hauteur variable 62 Lt: CHEVAL. de la colonne vertébrale tient en partie à la longueur différente des apophyses épineuses des vertèbres dorsales et lombaires et concourt à la formation du garrot, du dos et des reins. Le garrot a pour base les six vertèbres qui suivent la première. Ces vertèbres sont renflées à leur sommet et supportent un noyau cartilagineux qui est recouvert par une partie du ligament sus-épineux cervical. Le garrot doit à sa partie antérieure suivre la forme du cou, être sec, élevé, bien sorti et prolongé en arrière; dans ces conditions il entraîne la longueur de l'épaule et la hauteur de la poitrine ; cette conformation se remarque chez les chevaux de sang. Sur les chevaux de gros trait, sur les jeunes chevaux, peu entraînés au travail, sur les chevaux à épaules cour- tes, le garrot est bas, gros ou empâté. MM. Goubaux et Barrier ont cherché à déterminer si la hauteur absolue du garrot tenait exclusivement à la plus, grande largeur des apophyses épineuses de ses vertèbres constitutives, ou au mode de suspension du tronc entre les deux membres antérieurs représentant deux colonnes. A la suite d'un grand nombre d'observa- tions et de mensurations, ils ont constaté que la longueur des apophyses épineuses était susceptible de varier énor- mément chez les sujets de même taille (de près de 5 cen- timètres), mais que l'élévation du garrot ne permettait pas toujours de le reconnaître. Dos. — Le dos a pour base les douze dernières ver- tèbres dorsales, l'extrémité supérieure des côtes corres- pondantes et les muscles qui s'y rattachent. Suivant la forme et la direction qu'affectent les vertè- bres, le dos est droit, convexe ou concave. Il est d?'oît lorsque les vertèbres sont placées sur une ligne presque horizontale; c'est un signe de force. l.i: CHLX Al.. 63 Le dos est convexe, Je carpe ou de mulet, quand il esi proéminent, mince et tranchant. Cette conformation qui est fréquente chez le mulet, lui donne des réactions dures et des allures raccourcies. Au contraire le dos concave est dit enselle, creux. Cette conformation qui est considérée comme une fai- blesse, donne souvent aux chevaux de brillantes et rapides allures. Le dos double est celui dont le système musculaire déborde de chaque côté l'épine dorsale. Au contraire il est tranchant, quand Tépine dorsale est proéminente. Les muscles du dos sont de ceux sur lesquels Tinfluence de l'âge se fait le plutôt sentir. Le dos qui est une sorte de pont jeté entre la partie anté- rieure et la partie postérieure du corps, transmet l'im- pulsion imprimée parles membres postérieurs; aussi, sa longueur doit-elle être en rapport avec sa solidité, la profondeur de la poitrine et la rapidité des allures. Dans ces conditions, les mouvements s'effectueront avec une grande régularité et sans aucune perte. C'est ce que nous avons démontré, lorsque nous avons étudié le méca- nisme de la projection du corps en avant. Reins. — Cette région impaire qui a pour base les six vertèbres lombaires, fait suite à celle du dos, dont il est assez difficile d'indiquer la limite extérieure. Les reins doivent être droits, larges et courts, comme la région précédente. On dit qu'ils sont voussés ou voussés en contre-haut chez les vieux chevaux usés, où ils sont légèrement convexes. Au contraire quand il y a une dépression profonde entre la croupe et les reins, ils sont bas, nions, mal attachés, faux, péchant dans leurs attaches. Lorsqu'on veut se rendre compte de la santé d'un 04 • LE CHEVAL. cheval, on lui pince les reins en glissant la main le long des vertèbres. Si le cheval est en bon état de santé, il fléchit légèrement la région. Il est inutile de recom- mander de se tenir toujours hors de la projection des membres, quand on procède à cette opération. Croupe. — La croupe a pour base le bassin formé par la réunion des deux coxaux, le sacrum et un nombre considérable de muscles. C'est cette région qui transmet à la colonne verté- brale, et par conséquent au corps de l'animal, la force d'impulsion des membres postérieurs ; elle est donc très importante à examiner. C'est pour remplir ce rôle, que la cuisse et la jambe forment un angle et ont une direction, d'avant en arrière, tandis que les parties cor- respondantes du membre antérieur sont perpendiculai- res au sol pour faciliter Tappui vertical du membre an- térieur. La longueur de la croupe qui se mesure de l'angle de la hanche à la pointe de la fesse est une beauté sur- tout chez les animaux de vitesse, car ce grand dévelop- pement d'avant en arrière est en rapport avec la lon- gueur des muscles fessiers et par conséquent avec l'étendue de leur contraction. La largeur qui se mesure d'une hanche à l'autre pro- vient du développement des muscles qui en forment la base; elle se remarque surtout chez les chevaux de gros trait, et elle imprime à leur corps ce mouvement oscil- latoire dans la marche, auquel on donne le nom de bercement. Quand le développement musculaire est considérable et qu'il existe un sillon le long des vertèbres lombaires, on dit que la croupe est double. Au contraire elle est an- guleuse^ si la crête formée par les vertèbres est saillante. L'étude de la direction de la croupe a donne lieu à un LE C H i:\AL. 65 très grand nombre d'interprctations, quelquefois même un peu confuses, et qui ont fait préférer telles ou telles formes suivant les services auxquels devaient être em- ployés les chevaux. Il est facile de remarquer que la di- recticMi dite horizontale donne de longs muscles et une bonne situation des membres postérieurs par rapport au centre de gravité; elle favorise donc la vitesse. La direction oblique de la croupe en raccourcissant le tronc et favorisant l'action des muscles, semble aussi fa- voriser le développement de la force chez le cheval de gros trait; mais nous pensons qu'il ne faut pas exagérer plus dans un sens que dans Tautre. Un grand nombre de che- vaux de trait se présentent avec des croupes beaucoup moins inclinées que celles qu'on voudrait voir chez eux et ils font preuve d'une très grande force. Faut-il tenir compte dans ces conditions de la situa- tion plus ou moins inclinée du fémur par rapport à l'articulation avec le coxal? En tous cas, nous accor- dons la préférence à une croupe légèrement inclinée, qui donne au cheval les avantages de la force et de la vitesse. Hanche. — On donne ce nom à la partie saillante, antérieure et externe de la croupe, c'est-à-dire à l'angle externe de l'ilium. La hanche doit être bien sortie, si elle est trop appa- rente, on dit que Tanimal est cornu. Dans le cas contraire, elle est effacée, nojrée, coulée ^ fondue. Queue. — La queue, qui a pour base les os coccy- giens, est considérée comme un organe servant au cheval pour se débarrasser des insectes. La manière dont la queue est attachée et portée, n'est pas sans influence sur l'aspect plus ou moins agréable d'un cheval. La queue est qualifiée de différentes façons 66 Lb: CHEVAL. suivant ses attaches et son port : queue bien attachée, bien portée, en trompe, mal attachée, ou. mal portée. La résistance qu'un cheval peut offrir, quand on essaie de lever la queue, sert souvent à apprécier l'état de santé et d'énergie de Tanimal. Anciennement on faisait l'opération de la queue à l'anglaise, qui consistait dans la section des muscles abaisseurs de la queue, afin de la faire porter haute, comme chez les chevaux de sang. Quand la queue est entière et qu'il n'a été retranché aucune vertèbre, on dit que le cheval est à tons crins. En général, on coupe vers trois ou quatre ans, quel- quefois plus tôt, d'autres fois plus tard, les derniers nœuds de la queue, pour en rendre le port plus gra- cieux. Dans ce cas le cheval est dit écourté. Suivant l'état dans lequel on laisse les crins, la queue porte différents noms : Courte queue, quand les crins sont de même longueur que le tronçon ; Queue en balai ou en sifflet, quand les crins de lon- gueur inégale se terminent en pointe. Queue en éventail ou de paon, quand les crins s'épa- nouissent de chaque côté comme les plumes de cet oiseau ; Queue en catogan, quand le tronçon est coupé très court ; Queue en brosse, dont les crins sont coupés courts; Queue de rat, celle qui ne présente que quelques crins rares ; Queue troussée, celle dont les crins réunis sont atta- chés autour du tronçon ; La queue doit être portée haute et immobile. h' animal foiia il le, quand elle est agitée d'une façon saccadée, comme chez les juments chatouilleuses. LE CHHVAL. 67 Poitrail. — Le poitrail, siiuc à la partie antcricurc du corps, a pour base rextrcmitc antérieure du sternum, qui sert de point d'insertion à un grand nombre de mus- cles. Il n'est pas utile d'insister sur la largeur que doit présenter cette région, puisque plus elle sera large, plus grande sera la cavité thoracique. Cependant elle devra toujours être proportionnée au volume du corps et au développement général de l'individu. Ars. — L'ars est le point de jonction de l'extrémité supérieure et interne de chaque avant-bras avec le tronc. Interars. — On donne ce nom àla partie qui a pour base le bord inférieur du sternum et qui sépare les ars. Passage des sangles. — Le passage des sangles correspond à la partie postérieure du sternum, aplatie de dessus en dessous, au niveau de laquelle passe habi- tuellement la sangle et la sous-ventrière. Côtes. — En extérieur, on appelle côtes une région qui a pour base les douze dernières côtes non recou- vertes par l'épaule, et les muscles qui comblent les espaces intercostaux. Les côtes doivent être rondes, longues et écartées les unes des autres. La côte plate est un défaut qui se rencontre chez les chevaux dont la croissance a été arrêtée soit par la ma- ladie, soit par une alimentation insuffisante. Les mouvements des côtes qui suivent l'entrée et la sortie de l'air dans l'inspiration et l'expiration sont à peine visibles sur les chevaux en bon état, mais se re- connaissent très bien sur un cheval maigre, surtout lorsqu'il vient d'être exercé. Ventre. — On donne ce nom à la partie inférieure de la cavité abdominale. 68 LE CHEVAL. Le ventre continue la ligne extérieure de la poitrine; il ne doit pas être trop volumineux, sous peine de mettre obstacle aux mouvements des membres posté- rieurs. Le ventre est dit levrette, quand il semble contracté et remonté vers la partie supérieure du corps; on dit d'un cheval qui présente cette conformation vicieuse qu'il est étroit de boyaux, qu'il manque de corps^ qu'il se nour- rit mal, qu'il lui passe beaucoup d'air sous le corps. Dans le cas contraire, on dit que le ventre est tombant, avalé; on l'appelle aussi ventre de vache. La race, Tàge. le tempérament, le sexe, la nourriture et le travail sont autant de causes qui ont une inlluence sur le volume du ventre. Nombril. — Vers le milieu du ventre se trouve le nombril., qui, chez un cheval sain, est lisse et sans au- cune proéminence. Lorsqu'on y rencontre une tumeur molle, elle est généralement due aune hernie ombilicale, c'est-à-dire à une portion d'intestin qui est venue se loger dans la poche formée par la peau. Cet accident, fréquent chez le poulain, disparaît avec l'âge. Cependant il doit toujours attirer l'attention de l'acheteur. Flanc. — On nomme flanc la partie supérieure et postérieure de la paroi abdominale, limitée par les apophyses transversales des vertèbres lombaires, par la dernière côte, par la hanche et le grasset. Il y a une corrélation très grande entre la profondeur de la poitrine, les reins et le flanc; avec des reins longs, mal attachés, on constate un flanc long, et dans ce cas il est souvent retroussé, levrette, c'est-à-dire retracté vers la région lombaire. Le flanc doit donc être court, et dans ce cas il accom- pagnera toujours une poitrine bien développée et des reins courts et bien faits. lp: cheval. 69 On distingue dans le tianc : le creux, la corde et le fin-cint. C'est au rtanc qu'on peut jui^er de la respiration du cheval, c'est pourquoi on l'appelle le miroirde la poitrine. Au repos, il se soulève et s'abaisse d'une manière régulière en suivant Tinspiration et l'expiration, on compte de douze à quatorze battements en moyenne dans l'espace d'une minute. Mais une foule de circons- tances peuvent faire varier le nombre de ces battements : tels que l'âge, les saisons, la nourriture, le travail, etc. On dit qu'un cheval bat du flanc, est souffleur, court d'haleine, quand le nombre des battements devient con- sidérable à la suite d'un travail un peu plus violent. C'est au flanc qu'on compte les respirations dans le cas de maladie. C'est à cette région qu'on reconnaît si le cheval est atteint de la pousse ou de l'emphysème pul- monaire. On voit alors le mouvement d'expiration se faire en deux temps, séparés par un soubresaut appelé encore coup de fouet. L'examen des parois pectorale et abdominale a aussi une grande importance pour juger de l'état de santé du cheval. Tout malaise agit immédiatement sur la peau en général, et surtout sur celle qui recouvre les flancs. Le tissu cutané semble se resserrer et les poils se redres- sent comme ceux d'une brosse. On dit alors que le cheval a mauvais poil. Dans ce cas, cette dureté de la peau et cette érection des poils ne se manifestent pas seulement sur les grandes surfaces pectorale et abdomi- nale, mais ces symptômes sont plus faciles à remarquer dans ces endroits, surtout aux flancs. Ils sont d'autant plus remarquables qu'il se produit en même temps une sorte de contraction spasmodique des muscles de la peau. C'est donc avec raison que l'on considère un poil 70 LE CHEVAL. lisse et luisant comme un signe de bon état et de bonne santé du cheval. Anus. — A la partie postérieure de la cavité abdo- minale continuée par la cavité pelvienne qui contient les organes génitaux internes, se trouve Tanus qui est rorifice postérieur du tube digestif. La peau doit en être fine et onctueuse. 11 doit être surtout examiné au point de vue des tares; ainsi, il faut rejeter les animaux atteints de tumeurs mélaniques ou de fistules anales. Organes génitaux. — Chez le cheval entier ou hongre, le fourreau sera bien serré contre le ventre et devra être couvert de peau fine et sans aucune tare. Chez l'étalon, les testicules seront de grosseur moyenne; ils devront avoir la forme d'un œuf dont la partie inférieure irait en pointe. La peau des bourses sera légèrement poilue, lisse et laissera percevoir les testicules qui devront facilement se mouvoir dans leurs gaines. Chez le cheval hongre, les cicatrices devront être nettes et ne laisser aucune trace de tumeur. Chez certains chevaux, un seul testicule est descendu, quelquefois même, il n'y en a aucun d'apparent; ils sont restés dans la cavité abdominale. Dans le premier cas, le cheval est dit mouorchide, dans le second anorchide ou cryptorchide. Ces chevaux sont souvent diiïiciles et même méchants; il est bon de ne pas les employer avec des juments. Chez le cheval entier, il peut se produire pendant un effort de traction une hernie inguinale, c'est un accident très grave qui compromet la vie de l'animal. Mais il est à remarquer que Ton constate souvent une prédisposition de la part des animaux atteints de cette grave affection. Le pénis ou la verge chez l'étalon aura un développe- LE CHEVAL. 71 ment normal; il devra ne pas être pendant ou limé, et ne porter aucune tare ou cicatrice. Tout cela est très important pour rétalon qui doit servir à la reproduction. Chez le cheval hongre, le pénis est moins développé. Chez la jument, la vulve est Toritice extérieur des organes génitaux. Elle doit être bien fermée, et les membranes muqueuses intérieures d'une belle couleur rose. Il ne doit jamais exister aucun écoulement. Les mamelles n'entrent en ligne de compte que chez les juments employées à la reproduction. Quand elles sont suffisamment développées, elles indiquent que la jument a eu plusieurs poulains. § IV. MEMBRES. Les membres considérés comme les appareils de mouvement du corps, en sont aussi les supports. Ils sont distingués en membres antérieurs qui servent principa- lement à Tappui et en membres postérieurs qui impri- ment la force d'impulsion au corps de l'animal. A . MEMBRE ANTÉRIEUR. Nous étudierons successivement les divers rayons qui forment le membre antérieur et qui portent les noms d'épaule, de bras, d'avant-bras, de coude, de genou, de canon, de boulet, de paturon, de couronne et de pied. Ils sont mis en mouvement par un grand nombre de muscles qui se divisent en muscles de l'épaule, du bras, de l'avant- bras et du pied. Épaule. — L'épaule placée sur la partie latérale et 72 LE CHEVAL. antérieure de la poitrine, est formée par le scapulum et deux sortes de muscles, les uns qui rattachent les mem- bres antérieurs au tronc, les autres qui font mouvoir les ditîérentes parties du membre. On ne peut se rendre compte exactement de l'empla- cement de l'épaule que sur les chevaux maigres. Chez ceux qui ont les muscles très développés, elle se confond avec le thorax, l'encolure, le bras et le garrot. Cepen- dant on voit assez facilement l'articulation scapulo-hu- mérale qui forme de chaque côté du thorax une sorte de saillie en avant; on lui donne le nom de pointe de l épaule. L'épaule est la région d'où procède le mouvement initial du membre qui veut entamer le terrain. Dans la partie supérieure du corps, les deux omoplates ne sont séparées que par l'épaisseur des apophyses épi- neuses, tandis que, à la partie inférieure, soit à l'articu- lation de l'épaule avecle bras, elles ont entre elles toute la largeur de la cavité thoracique. Cette inclinaison et l'angle formé par l'épaule et le bras, en même temps que les différents moyens d'atta- ches, amortissent les réactions qui se produisent pen- dant la marche. Tous les muscles qui soudent les omo- plates au tronc font ici l'effet de véritables ressorts; ce sont surtout les masses des extenseurs qui permettent à l'animal de se tenir dans la station, qui est la position la plus fréquente chez le cheval; pour se reposer, il sous- trait successivement chacun des membres à l'appui, surtout les deux postérieurs. Il est même des chevaux qui ne se couchent jamais. Pour exécuter son mouvement , Tomoplate bascule au niveau de sa partie moyenne, et l'extrémité humérale s'élève pendant que l'autre qui porte le cartilage se porte en arrière et en bas. Le mouvement sera d'autant plus LK CHEVAL. jS étendu que les muscles mesureront une plus grande longueur. Ce qu'il faut donc demander à l'épaule c'est d'être longue et suffisamment inclinée, ou, en d'autres ter- mes, d'avoir un grand développement depuis le sommet du garrot jusqu'à sa pointe. Avec une certaine habitude on se rend très vite compte de l'obliquité et de la longueur de l'épaule, malgré que sa position sur le côté de la poitrine et les masses nius- culaires rendent cet examen difficile. Pendant longtemps, on ne demandait Tépaule longue que chez le cheval de sang; mais il est facile de constater que le cheval de trait a aussi très souvent l'épaule longue et c'est pour lui, comme pour le cheval de sang, une qualité. L'épaule longue et fortement inclinée permet aux membres de se soulever dans une grande mesure et d'être projetés fortement en avant. Elle donne de la souplesse, du brillant et de l'ampleur aux allures, en même temps qu'elle atténue dans une notable proportion les réactions. L'épaule longue otfre aussi une plus grande surface à l'appui du collier. La transformation qui s'est opérée dans le cheval de trait, par rapport à l'élévation du garrot et la longueur de son épaule, est bien remarquable, et l'ancien collier qui affectait autrefois presque toujours une forme ronde est aujourd'hui beaucoup plus ovale, il est plus long et plus étroit, afin de s'adapter à la di- rection et à la longueur de l'épaule. Le développement musculaire de l'épaule est indis- pensable, mais cette qualité dépend beaucoup de la race, du tempérament, du mode d'entretien et d'élevage. Suivant que l'épaule est plus ou moins chargée de muscles, on dit qu'elle est sèche, maigre, décharnée, massive, charnue, épaisse, trop chargée de chair, noyée, plaquée. 74 LE CHEVAL. Quelquefois les muscles de l'épaule sont tellement atrophiés, que le scapulum paraît parfaitement dessiné sous la peau. Cette lésion grave indique que le cheval est boiteux depuis très longtemps. Bras. — Le bras a pour base Thumérus, enveloppé par un grand nombre de muscles. La bonne position du bras est de la plus grande im- portance pour le mouvement du membre antérieur, elle dépend de la forme plus ou moins arrondie des côtes, de Tinclinaison de Tépaule et du développement des muscles qui s'y attachent. Il faut une certaine expérience pour bien apprécier la position du bras par rapport à l'épaule. C'est ce qui explique qu'un certain nombre d'auteurs le décrivent avec cette dernière région. Lorsque l'épaule, comme nous l'avons vu, bascule sur sa partie moyenne, elle en- traîne le bras, et c'est ainsi que le membre antérieur se porte en avant. On a cherché à déterminer quelle devait être la lon- gueur du bras par un grand nombre de mensurations ; il s'est trouvé que la longueur que Bourgelat croyait être la meilleure, c'est-à-dire une longueur égale à la moitié de celle de la tête, est la plus fréquente. Avec un bras plus long, les muscles qui s'attachent sur l'avant-bras sont plus puissants, mais le membre s'éloigne peu du sol, lorsqu'il opère son mouvement, c'est-à-dire qu'il rase le tapis. Avec un bras plus court, les mouvements seront transmis plus rapidement et le membre sera certaine- ment relevé. Dans ce cas, on dit que le cheval trousse. Le colonel Duhousset, dans sa brochure Le cheval, fait remarquer fort judicieusement que les peintres et les sculpteurs donnent en général au bras trop de lon- gueur. Les chevaux des bas- reliefs du Panthéon ont LE CHEVAL. 73 les bras trop longs ; Gcricault aussi plaçait la pointe du bras trop haut. Si le bras a une direction se rappro- chant de la ligne droite, le jeu de Tépaulc sera favorisé ; le membre antérieur embrassera un plus grand espace de terrain. Mais le bras très oblique aura des insertions \ ':." FiG. 3. — Cheval cagnicux. FiG. 4- — Cheval panard. musculaires plus puissantes, quoique ses muscles soient moins longs. Le bras doit être parallèle au plan médian du corps. Si son extrémité inférieure se projette trop en dehors, tout le membre dévie dans la même mesure, les aplombs ne sont plus réguliers et le pied se trouve en dedans ; le cheval est cagneux (fig. 3); en sens inverse, il est panard (tig. 4;. Mais ces deux défauts proviennent plutôt 76 LE CHEVAL. de la déviation des parties inférieures du membre et sur- tout du coude. Coude. — Le coude est formé par Textrémité supé- rieure du cubitus, qu'on appelle aussi Tolécràne. Cette éminence sert de point d'attache à tous les extenseurs de Favant-bras et aux fléchisseurs obliques du métacarpe et profonds des phalanges; par ce fait elle concourt à l'extension de Tavant-bras, sur le bras et constitue un des principaux agents de la locomotion. Plus le coude sera long, plus le bras du levier sera puissant pour les muscles qui s'y insèrent. Il agit en station par un levier du deuxième genre, en marche par un levier du premier genre. Comme pour le bras sa direction doit être parallèle au plan médian du corps. Il doit être net. Les chevaux qui se couchent en vache se blessent avec leur fer et font développer une tumeur qu'on appelle éponge ^ très disgracieuse et qu'il est assez difficile de faire disparaître. Avant-bras. — L'avant-bras a pour base le radius et le cubitus recouverts en avant, par les muscles extenseurs, en arrière par les muscles fléchisseurs. Cette région, véritable colonne de soutien, doit être verticale; elle présente à sa face interne qui est dépourvue de muscles, une veine à laquelle on pratique la sai- gnée et une production cornée qui porte le nom de châtaigne. C'est Tavant-bras qui permet au membre de gagner du terrain en s'étendant en avant , donc plus il sera long, plus le chemin qu'il parcourra sera considé- rable. MM. Barrier et Goubaux ont beaucoup insisté dans leur ouvrage l'Extérieur sur la longueur et la direction verticale de l'avant-bras. Ils démontrent « que les plus faibles différences dans la direction des ravons et dans LE CHKVAI,. 77 le mode d'ouverture des angles articulaires supérieurs des membres contribuent à expliquer les résultats con- tradictoires qu'on observe sur les coureurs en appa- rence les mieux conformés. Très difficiles à saisir, ces nuances passent souvent inaperçues, parce qu'on se méprend sur l'importance de leurs effets. '< Cependant ceux-ci peuvent être considérables, ainsi qu'on va le voir. « Supposons, pour un instant, disent-ils, qu'un che- val, à chaque pas, soit capable d'ouvrir son angle sca- pulo-huméral et de fermer Thuméro-radial, chacun d'un degré de plus que son concurrent. Supposons enfin, pour nous servir de nombres ronds, que cette faible am- plitude de deux degrés se traduise sur un levier d'un mètre seulement. On sait que le chemin parcouru par l'extrémité du levier sera , pour un degré de : 2 TT R 2 X 3.1416 T^— = o^ =:o™,oi7 36o oôo ^ ce qui signifie que chaque pas de notre cheval l'empor- tera de 34 millimètres sur ceux de l'autre. Or, ces 34 millimètres lui doneront, pour une distance de 4,000 mètres parcourue au galop de course (les pas étant de 6 mètres), une avance de 22 mètres 644; par- courue au trot allongé (les pas étant de 3 mètres), une avance de 68 mètres. « Ainsi, l'influence des angles articulaires mérite d'être prise en considération, en ce qui concerne la vi- tesse qu'il faut faire déployer à un animal donné. Et, qu'on le remarque bien, nous n'avons tenu compte que d'un écart très faible pour un pendule très court, dans l'exemple que nous avons choisi. Qu'eussent été les résultats si, au lieu de les calculer sur deux degrés, nous 78 LE CHEVAL. les avions évalués sur quatre, six ou huit, comme cela se rencontre fréquemment? » Le membre devient vertical à partir de cette région; c'est d'elle que Bourgelat et Lecoq ont fait partir les différentes lignes, auxquelles ils ont donné le nom d'^- plombs, et suivant lesquelles les colonnes, chargées de soutenir le poids du corps, doivent être placées suivant la ligne tracée par les lois de la pesanteur. Tout dépend de la conformation du squelette, et il est bien évident que les différentes articulations ne pourront bien fonc- tionner qu'à la condition qu'il n'y aura aucune dévia- tion dans leurs directions verticales pendant le soutien et l'action. Si le membre se trouve placé en dehors ou en dedans de la ligne verticale, on dit que le cheval est panard ou cagneux 'fig. 3 et 4). Genou. — A la suite de l'avant-bras vient la région du genou formée par sept osselets, placés sur deux rangées et unis entre eux par des ligaments spéciaux; par trois synoviales destinées à lubrifier les différentes surfaces articulaires; enfin par le passage sur sa face antérieure des tendons extenseurs et sur sa face posté- rieure des tendons fléchisseurs. C'est sur cette face que se trouve la gaîne carpiennequi, étendue du quart infé- rieur du radius au tiers supérieur du métacarpe, n'ap- paraît que quand elle est le siège d'une distention anormale, à laquelle on donne le nom de vessigon car- pien ou tendineux du genou. Par la multiplicité des surfaces des différents osselets qui constituent le genou, les réactions musculaires de tout le poids du corps se trouvent amorties. Aussi, pour que le genou se trouve bien conformé, il doit être aussi large que possible, net, pourvu d'une peau intacte, et laissant facilement percevoir les mouvements limités d'extension et de flexion. lf: (:hi:vai. 79 Le i^enou, pour bien remplir sa fonction, sera vertical; quand il se projette en avant, on le dit arqué, si le défaut provient de l'usure de Tanimal; brassicoiirt, si ce vice est congénital (fig. 5). On dit genou effacé, enfoncé, creux ou de mouton, Fig, 3. — Cheval arqué ou 13RASSIC0URT. Fig. 6. — Genou de mouton CREUX ou EFI-ACÉ. ffig. 6\ quand il se projette en arrière de la verticale, ge- nou de bœuf, quand il se projette en dedans, et cambré du genou quand il se projette en dehors. Il n'est pas besxDin d'insister pour faire remarquer que toutes ces conformations sont contraires aux bonnes conditions mécaniques du membre. Cependant nous avons remarqué que certains chevaux à genoux brassi- courts, qui semblent souvent flageoller sur leurs mem- 8o LE CHEVAL. bres, ne tombaient jamais et avaient même quelquefois des allures remarquables. Les tares du genou sont nombreuses et doivent tou- jours attirer l'attention de l'acheteur. On trouve quelquefois à la face postérieure du genou, qu'on nomme le pli du genou, des crevasses appelées malatîdres. Si la face antérieure porte la trace de lésions plus ou moins profondes, on dit que le cheval est couronné. Ce n'est pas toujours un indice de faiblesse, car cette tare peut se produire d'une manière toute accidentelle. Les marchands de chevaux cherchent par tous les movens, faciles du reste à reconnaître avec un peu d'at- tention, à faire disparaître ces lésions qui déprécient tou- jours un cheval. Les différentes synoviales, surtout celle de la gaine carpicnne, peuvent être le siège d'inflammations ; elles donnent lieu à des tumeurs molles qui prennent les noms de vessigons articulaires du genou et de vessigon carpien. Ce dernier s'accuse par la présence de deux tumeurs en arrière du genou entre le radius et les mus- des fléchisseurs du métacarpe. Canon et tendon. — Les régions qui suivent le genou au membre antérieur sont les mêmes que cel- les qui suivent le jarret au membre postérieur : la pre- mière est le canon formé par les trois os métacarpiens, par les tendons des différents muscles moteurs des pha- langes, et un très fort iigament connu sous le nom de suspenseur du boulet. La réunion des tendons de la partie postérieure du membre constitue la région appelée tendon. Des trois os métacarpiens, le principal est plus développé que les deux autres, appelés aussi péronés. Ils sont réunis au métacarpien principal par la partie supérieure, nommée lh: GHKVAL. 8i tète: leur partie intérieure, qui porte le nom de bouton du péroné^ est libre. On trouve encore dans cette ré- gion les deux grandes synoviales, dont Tune est la gaine carpienne ou tarsienne , Tautre la gaine méta- carpo-phalangienne ou grande sésamoïdienne. Les métacarpes sont plus courts que les métatarses. Ce sont les tètes des métatarses qui participent à la formation des tares dénommées éparvin et jarde, dont nous nous occuperons en parlant du membre posté- rieur. Le canon est une des régions du corps dont la con- formation régulière est la plus essentielle pour la so- lidité des attitudes, la sûreté des mouvements et la durabilité des aptitudes locomotrices de l'animal. Le canon doit être perpendiculaire au sol, court, large et développé dans le sens de son épaisseur. La direction perpendiculaire est une condition es- sentielle de la solidité de l'appui et de la répartition régulière du poids du corps sur le double appareil os- seux et tendineux destiné à le supporter. La brièveté du canon concorde toujours avec la lon- gueur de l'avant-bras. C'est la disposition la plus favo- rable, comme nous l'avons déjà dit en parlant de l'a- vant-bras. Si la corde tendineuse est bien séparée du canon, on remarquera en même temps la largeur du boulet; la région sera bien constituée, puisque elle sera dans les meilleures conditions de soutien et de transmission de la force. Si, malgré que le boulet soit large, la région du canon reste étroite dans sa partie supérieure, on dit que le tendon est failli. Les marchands, pour faire disparaître ce défaut, laissent pousser les crins dans le pli du genou. La netteté du canon et du tendon dénote une bonne T. II. 6 82 LE CHEVAL. origine et un tempérament sec en même temps qu'une constitution vigoureuse. Cette région peut être le siège de blessures, de contu- sions, d'eauxaux jambes, d'indurations considérables de la peau et du tissu cellulaire sous-jacent, que M. Tras- botadésignées sousle nom àc fibromes éléphantiasiques. Les tendons sont claqués ou le cheval s est claque un tendon, expriment les distensions tendineuses ou efforts de tendons, elles sont fréquentes aux membres antérieurs. Enfin, on appelle siiros les productions osseuses qui se forment sur le ligament interosseux qui réunit chaque péroné à Tos principal. Suivant leur disposition on les désigne sous les noms de suros simples, che- villés^ en chapelet et en fusée. Ces tares ne se rencon- trent guère que sur les jeunes chevaux, et elles dispa- raissent avec l'âge puisqu'on ne les constate jamais sur les chevaux âgés, à moins qu'elles ne soient le résultat des chocs du membre parallèle. Boulet. — La région du boulet qui a pour base osseuse l'articulation du métacarpe ou du métatarse avec la première phalange et les deux os sésamoïdes mé- rite d'être examinée attentivement pour elle-même et pour les rapports qu'elle a avec les régions voisines; car la longueur et Tinclinaison du paturon qui se trouve à la suite de cette importante jointure donne plus ou moins de dureté aux réactions et diminue ou prolonge la durée du service deTanimal. Le boulet, par sa disposition osseuse, complétée par les ligaments, les tendons extenseurs et fléchisseurs et surtout par le ligament suspenscur, le tout entouré de capsules synoviales, f(^rme un véritable ressort qui concourt au soutènement du corps, à l'amortissement des réactions et à Timpulsion de la masse. LE Cil i:\AI.. 83 Le boulet bien conformé doit èire large, épais, bien dirige, see et net. La largeur se mesure en examinant Tanimal de pro- hl ; elle donne beaucoup de puissance à cette articula- tion, car elle augmente la longueur du bras de levier de la puissance. L'épaisseur du boulet est la lar- geur transversale des surfaces arti- culaires. Il suffit de renoncer pour en comprendre Timportance. Le cheval qui a le boulet grêle est dit cheval à poignets minces, à attaches faibles. La direction que doivent avoir les rayons qui concourrent à former le boulet doit être telle, que le poids du corps sera réparti d'une manière égale entre le rayon osseux et les tendons. Ainsi le canon doit être absolument vertical, et le paturon présenter une certaine obliquité qui dépend souvent du plus ou moins de longueur qu'on laisse au sabot lors de la ferrure. Lorsque l'angle formé par ces deux régions s'ouvre davantage, on dit que le cheval est droit (fig. 7), ou piqué sur ses membres, sur ses boulets. Quelquefois même le sommet de Fangle articu- laire est dirigé en avant, tandis que son sinus regarde en arrière ; le cheval est bouleté. Lorsque cette déviation est accidentelle, momentanée, qu'elle ne porte que sur les membres postérieurs, comme dans le cas de grande fatigue, le cheval est ju- ché; pour les déviations en dedans ou en dehors par rap- FiG. 7. — Membre an- térieur , PRÉSENTÉ DE CÔTÉ , d'un cheval DROIT SUR SES BOULETS. 84 LE CHEVAL. port au plan médian du corps, le cheval est cagneux ou panard. Comme pour le canon, le boulet doit être net et sec, c'est le caractère des animaux de race noble. La région du boulet demande à être bien étudiée au point de vue des tares, car les accidents y sont fré- quents. Elle peut être le siège de contusions, d'atteintes; sui- vant la gravité de ces blessures le cheval s'attrappe, se coupe, se taille. On peut y remarquer aussi des cicatrices sur la face antérieure, des traces de feu, la maladie dite les eaux aux jambes. Mais les affections, qui doivent le plus attirer l'atten- tion, ce sont les dilatations synoviales, qui portent sui- vant leur siège les noms de molette antérieure^ molettes articulaires, situées dans l'espace angulaire compris entre les bords de l'os principal du canon et la branche correspondante du ligament suspenseur du boulet; de molettes tendineuses, entre le ligament suspenseur et les tendons. Toutes ces affections, lorsqu'elles deviennent chroni- ques, sont compatibles avec l'exécution régulière de cette articulation et ne doivent pas toujours faire reje- ter l'animal. A l'arrière du boulet, on trouve une production cor- née qui est Y ergot, et un bouquet de poils qui est le fanon. Paturon. — Le paturon, qui est dirigé du haut en bas et d'arrière en avant, a pour base la première pha- lange, qui est solidement fixée comme nous venons de le voir au métacarpe et aux grands sésamoides, en- tourés de ligaments puissants et des tendons de l'ex- tenseur et du fléchisseur des phalanges. On donne le nom de pli du paturon k la face posté- rieure. LE (:HR\ AI. 83 Le pàiur<^n doit être lar^e, épais, de Ion faneur ino- j'Cfuie, bien dirigé, sec et net. La longueur doit être d'une bonne moyenne, en rap- port avec la conformation générale. Le cheval e3t dit long-jointe^ quand les paturons sont trop longs; cour t-j ointe., quand ils sont trop courts. A Tappui, le rayon phalangien peut être représenté par un levier coudé, qui repose sur le sol horizontal ; c'est le levier du deuxièmegenre. En mouvement, quand le pied arrive à l'appui, le boulet devient le point fixe, et le le- vier passe du deuxième au pre- mier genre. Dans ces conditions, il est facile de comprendre que plus le paturon sera long, plus le ressort formé par l'articulation du boulet fatiguera, il sera donc dans une situation défavo rable à la résistance ; un patu- ron long a le plus souvent une direction trop horizon- tale, tandis que celle-ci est verticale, lorsqu'il est trop court. Dans le premier cas, le cheval est bas-jointé , (fig. 8\ dans le second, il est droit-jointe. Les tares les plus graves du paturon sont la prise de longe, les crei>asses. Il faut se méfier des cicatrices linéaires qui pour- raient se trouver de chaque côté du paturon et qui in- diqueraient qu'on a fait l'opération de la névrotomie, c'est-à-dire la section des nerfs pour rendre le sabot insensible et faire disparaître ainsi momentanément une boiterie chronique. Couronne. — La couronne est formée par la par- FiG. 8. — Cheval BAS-JOINTÉ. 86 LE CHEVAL. tie supérieure de la deuxième phalange, au moment où celle-ci entre dans la boîte cornée, les tendons de l'ex- tenseur et du fléchisseur des phalanges et les cartila- ges complémentaires de Tos du pied. Cette région doit être large et nette. La peau qui la recouvre est fine chez les chevaux de sang. La tare qui est la plus redoutable est la forme carti- lagineuse, c'est-à-dire, l'ossification des cartilages si- tués sur les côtés de la troisième phalange. Pied. — Nous avons déjà étudié le pied, en même temps que la ferrure, dans la première partie de notre ouvrage. (Tome L page Sjô.) hS. — MEMBRE POSTERIEUR. Le membre postérieur commence à la croupe que nous avons décrite en même temps que les autres parties du corps, par cette raison qu'elle peut être examinée en dehors du membre postérieur qui se trouve réel- lement formé par la cuisse et la fesse, la jambe, le jarret et les autres parties de l'extrémité du membre comme pour le membre antérieur. La croupe trans- met les efforts des membres postérieurs au corps de l'animal, c'est pourquoi ces derniers sont directement articulés avec le bassin et par ce fait avec la colonne vertébrale. Si on peut faire un rapprochement entre les articula- tions et les angles formés par les diverses parties osseuses dans les deux membres antérieur et postérieur, on doit reconnaître que la direction des différents articles de ce dernier donne l'impulsion ou le mouvement au corps, tandis que les membres antérieurs par la verticalité de leurs ravons doivent recevoir et soutenir le corps. AubS* 1.I-: CHKNAL. 87 nous voyons un t^rand dcveloppemcnt des muscles ex- tenseurs et fléchisseurs, qui forment les trois groupes importants des muscles de la croupe ou de la fesse, des muscles de la cuisse et des muscles de la jambe. Les muscles du membre postérieur sont non seule- ment plus nombreux, mais généralement plus forts que ceux du membre antérieur, pour permettre au membre postérieur de remplir son double rôle d'organe de sup- port et d'agent d'impulsion à toute la machine ani- mée. Cuisse et grasset. — La cuisse forme la première région du point où se détache le membre postérieur du tronc. Elle a pour base le fémur et les nombreux mus- cles qui l'entourent. Elle affecte la même direction que répaule; de même les angles formés par l'épaule et le bras, par la croupe et la cuisse sont à la même hauteur ; si le premier est ouvert en arrière, le second est tourné en avant, de telle sorte qu'ils semblent consti- tuer deux ressorts, sur lesquels repose le tronc. Il y a donc une grande analogie entre les régions supérieures des membres postérieurs et des membres antérieurs. La cuisse devra être comme l'épaule longue et fortement inclinée pour favoriser la vitesse, tout en tenant bien compte, il est vrai, de la direction de la croupe. A l'extrémité inférieure de la cuisse on trouve le grasset formé par l'articulation du fémur avec la ro- tule. C'est surtout pour les tares qu'il peut présenter que le grasset doit être examiné. Il ne sera le siège ni de vessigons appelés rotuliens, ni de blessures superfi- cielles ou profondes, ni surtout de luxations de la ro- tule appelées crampes. A la face interne, appelée souvent le plat de la cuisse, on trouve la veine saphène. La face externe porte quelquefois des marques spé- 88 LE CHEVAL. ciales indiquant les haras particuliers d'où sortent les chevaux, comme en Hongrie et en Russie. Fesse. — La fesse presque confondue avec la cuisse a pour base les os ischiums. Elle est quelquefois sépa- rée de la cuisse par un sillon profond qui sépare les muscles ischio-tihiens, et auquel on donne le nom de raie de misère quand il est trop accentué. Quand cette région est bien accusée et bien descendue, on dit que le cheval est bien culotté. Jambe. — La jambe a pour base anatomique le tibia et le péroné, ainsi que les muscles qui recouvrent le premier de ces os en avant, en arrière et en dehors. La face interne du tibia est sous-cutanée et dépourvue de muscles. Tout ce que nous avons dit pour l'avant-bras, retrouve son application pour la jambe, d'autant plus que les mouvements sont les mêmes, c'est-à-dire l'extension et la flexion. Donc la jambe sera longue, large et convenablement inclinée d'avant en arrière. Jarret. — Le jarret a pour base anatomique les os du tarse, au nombre de six ou de sept (voir hg. q). Deux de ces os sont plus forts : l'astragale, sorte de poulie, et le calcanéum qui forme saillie en arrière. Ceux-ci for- ment le plan supérieur, les autres, plus petits et à fa- cettes multiples, forment le plan inférieur. Cette disposi- tion a pour but de disperser le poids du corps sur un plus grandnombre de surfaces. Tous ces os sont réunis entre eux par des ligaments latéraux et enveloppés par des ligaments membraneux et les tendons des extenseurs et des fléchisseurs. Leur jeu est facilité par des capsules synoviales articulaires et tendineuses. L'examen du jarret doit être fait avec le plus grand LK cm: VAL. 89 soin, et ce n'est que par unelonguc étude qu'on arrive à distinguer un jarret sain d'un jarret taré. Pour faciliter cette comparaison on peut reconnaître au jarret quatre faces : une aîitér iciire^ appelée pli du jar- FiG. q. — Jarret a l'état saIi"» A. Membre postérieur droit : face externe. 1. Tibia, os de la jambe. 2. Calcanéum, pointe du jarret. 3. Astragale, pli du jarret. 4. Os du tarse, face antérieure du jarret. 5. Canon, os du métatarse. 6. Péroné externe. B. Membre postérieur droit, entouré de tous ses tissus et recouvert de la peau. C. Membre postérieur droit : face interne. 1. Tibia. 2. Calcanéum. 3. Astragale. 4. Os du tarse. 5. Canon. 6. Péroné interne. 7. Péroné externe. D. Membre postérieur droit, entouré de tous ses tissus et recouvert de la peau. — 8. Châtaigne. ret. qui doit laisser percevoir les différentes parties qui la constituent et surtout la gorge de la poulie astraga- lienne; une postérieure^ qui comprend la corde et la pointe du jarret, le creux ei la châtaigne et le tendon; une/ace externe et une face interne, qui doivent présen- 90 LE CHEVAL. ter des saillies normales, formées par les différents os entrant dans la composition de l'articulation du tarse. A la face interne on trouve en plus la veine saphène. Comme toutes les articulations, le jarret doit être net, large, épais, bien ouvert et permettre facilement les deux mouvements d'extension et de flexion dont il est le siège. On dit que le jarret est droite quand Tangle ti bio-tar- sien est très ouvert, que le tibia est légèrement incliné, et que le canon reste parfaitement vertical, par rapport au sol. C'est dans cette situation que les efforts sont ré- gulièrement transmis, sans déperdition; aussi est-ce la conformation qu'il faut rechercher pour la vitesse. Quand au contraire l'angle est plus fermé, que le mem- bre est plus rapproché sous le corps, on dit que le jarret est coudé et on le considère comme plus favorable à la force : on saisit facilement que l'effort produit soulève plus le tronc qu'il ne le porte en avant. Mais ces consi- dérations que nous venons d'exposer peuvent se trouver modifiées par la direction plus ou moins oblique des rayons supérieurs du membre, pour permettre aux jar- rets de soutenir par la puissance de leurs ressorts, l'ac- tion des muscles d'une part, et, de l'autre, la réaction opérée par la résistance du sol. Aussi, ce qu'il faut surtout demander à la région du jarret, c'est une intégrité et une netteté parfaites, qui démontrent son bon fonctionnement. Tares. — On divise les maladies ou tares du jarret en deux classes, celles dites lares molles et celles dites tares osseuses (voir fig. io\ Parmi les tares molles, on trouve le capelct (fig. lo. E. 3 ) ou passe campaf^nc, hyroma du sommet du calca- néum; \Qvcssigon tarsien, ou inflammation de la gaine tarsienne, qui est indiquée par une tumeur molledans le LK Cil i:\AL. (ji creux du jarret, le loni^dela corde, plus saillante inicricu- rement, et par une tumeur inférieure le lont^ des ten- dons riechisseurs dans le tiers supérieur du canon ; le ves- FiG. lo. — Jarret avec ses tares. A, jarret à l'état sain, vu de profil; face postérieure. — B. jarret à l'étal sain, vu de profil, face antérieure. — C. D. E, tares du jarret : C, face antérieure avec une courbe (i), placée à la face interne du jarret sur la tubérosité inférieure du tibia. — D, face antérieure avec un éparvin (2) placé à la face interne, embrasse par sa base l'extrémité supérieure du canon et du péroné interne, s'étend souvent sur les os tarsiens. — E, face externe avec un jardon ou jarde (4), placé à la face externe à la partie inférieure et un peu postérieure du jarret, au niveau de l'articulation ou de la dernière rangée des os du tarse avec le métatarse et la tête du pé- roné externe et un capelet (3>, tumeur molle sur le sommet du calca- néum (pointe du jarret). sigon articulaire, qui se fait remarquer dans le pli du jarret et un peu du côté interne; quand il est très déve- loppé, il est plus accusé en arrière et au-dessus des ligaments latéraux. Ces tares molles existent quelquefois, surtout sur les jeunes chevaux sans les faire boiter. Nous en avons 92 LE CHEVAL. vu souvent disparaître sous l'influence seule du repos et sans aucun traitement. Malgré cela, elles doivent tou- jours attirer Tattention des acheteurs. Les tares osseuses sont la courbe, Véparvin et lajarde; elles consistent dans Tinflammation du périoste de cer- taines parties du jarret. Pendant leur développement, c'est-à-dire tant qu'il y a inflammation, ces différentes tares, surtout l'éparvin, sont accompagnées de boiterie; mais quand l'ossification est complète, la douleur dis- paraît et avec elle quelquefois la boiterie, il ne reste plus qu'une raideur plus ou moins accentuée ou une flexibilité restreinte de l'articulation. Cette raideur peut être si con- sidérable que la flexion de l'articulation n'est qu'appa- rente; mais elle peut aussi être si faible que l'on ne s'en aperçoit qu'à la suite d'une comparaison atten- tive avec le jarret opposé, si celui-ci ne présente pas de tares osseuses. On donne le nom de courbe (fig. lo, C. i) à la tu- meur osseuse qui se trouve placée à la tubérosité interne et inférieure du tibia; c'est la plus rare et la moins grave des trois tares osseuses. L'éparvin (fig. lo, D. 2) situé sous la courbe est la périostose qui envahit toute la portion des os du tarse et du métatarse recouverte par le ligament latéral interne de l'articulation. Quand la tumeur osseuse est bien apparente, on lui donne le nom d'éparvin calleux par opposition à Vépar- vin sec^ nom qu'on donne à un mouvement brusque de flexion du jarret, causé par une altération de l'articula- tion du jarret ou toute autre raison; ainsi, on remarque souvent ce mouvement saccadé, chez les chevaux qui souffrent de seime ou de maladie du sabot. Le jardon (fig. 10. E. 4) est une tumeur osseuse opposée à l'éparvin, il a son siège sur la tête du péroné lp: cheval. 93 externe et les os tarsiens qui se trouvent places au-dessus. C'est une tare grave qui se reconnaît aussi par la comparaison des parties correspondantes de l'autre membre, quand elle n'existe pas aux deux membres pos- térieurs. Elle tend à descendre le long du péroné et est souvent accompagnée de suros. Quand les tumeurs osseuses enveloppent la plus grande partie du jarret, on dit que celui-ci est cerclé. On constate les tares osseuses internes du jarret et sur- tout Téparvin en se plaçant à côté de l'épaule du cheval et en regardant attentivement la face intérieure du jarret, en la comparant avec l'autre jarret, qu'on peut examiner de la même façon; on peut aussi se placer devant l'animal, de manière à faire la comparaison immédiate. Si une différence existe entre la forme des deux jarrets, il est vraisemblable que l'une des tares que nous avons citées existe, car on ne peut guère supposer que le mal se dé- veloppe d'une manière uniforme aux deux articulations. Il faut se garder de prendre pour des tares un dévelop- pement un peu exagéré des différents os qui constituent le jarret. Il est inutile de décrire les autres régions situées au- dessous du jarret qui n'offrent aucunes différences avec celles placées sous le genou. Les métacarpes seuls sont plus larges et moins longs que les métatarses. S V. — EXAMEN DE l'eNSEMBLE DU CHEVAL. Il est bien évident que la connaissance de toutes les notions que nous venons de donner concernant les dif- férentes parties du corps, ne peut pas suffire pour per- mettre de choisir d'une manière certaine le cheval dont 04 LE CHEVAL. on peut avoir besoin. Ce sont là des données qui résu- ment les connaissances générales que Ton doit posséder sur le bon établissement et le bon fonctionnement des organes, c'est-à-dire sur Tanatomie et la physiologie; nous nous sommes efforcé de le démontrer au début de notre étude sur les régions du corps. Mais il faut de plus acquérir une expérience qui mette à même de juger du premier coup d'œil la conformation générale, les qualités et les défauts du cheval présenté. Avant de procéder à tout choix, il est utile d'être bien fixé sur les services et le travail qu'on devra exiger des animaux. Le cheval de trait léger, qui devra faire un service à une allure vive, ne sera pas semblable à celui qui, appartenant au gros trait, ne marchera jamais qu'au pas. En général, l'acheteur s'entête souvent à vouloir une perfection des formes, qui est tout à fait exception- nelle et qui ne se rencontre pas, surtout parmi les che- vaux de trait. Il oublie que ces derniers sont, à pro- prement dire, des moteurs animés, et que ce qu'on doit surtout leur demander, c'est une conformation qui permette de les employer longtemps et le plus économiquement possible. Aussi un cheval peut être disgracieux à l'œil, mais être conformé de telle façon qu'il ne s'usera pas trop rapidement, parce qu'il a une poitrine bien développée et de bons membres. De même un cheval bien choisi fera facilement le travail de- mandé, tandis que si l'on veut lui faire exécuter un la- beur pour lequel il n'a aucune aptitude, il sera rapide- ment ruiné. Nous vovons cela tous les jours dans les chevaux employés dans les différents services du trait. Nous ne croyons donc pas utile de revenir sur l'exa- men des régions que nous avons toutes passées en revue; c'est à l'acheteur à les voir les unes après les autres, à lf: cm-VAL. oS se rendre compte de leurs rapports entre elles, des compensations qui peuvent s'établir et de formuler mentalement une opinion résumée de ce que sera le che- val qu'il veut acheter. On trouve dans un grand nombre d'ouvrages spéciaux les méthodes d'examen, mais elles se résument toutes dans une visite à l'écurie d'abord, dehors ensuite en main, aux différentes allures, et enfin monté ou attelé, pour juger de son dressage et de son caractère. Nous avons indiqué aussi les supercheries qu'em- ploient souvent les maquignons et les gens peu cons- ciencieux; il est facile de les reconnaître, quand on a déjà examiné un certain nombre de chevaux. Au reste, il est toujours sage de faire examiner par un vétérinaire les animaux qu'on veut acquérir; il indiquera certaines particularités qui n'ont pas frappé l'attention, et qui peuvent ne pas permettre à l'animal de rendre les ser- vices sur lesquels on comptait. § VI. — VICES RÉDHIBITOIRES ET MALADIES CONTAGI EUSES. Le vétérinaire examinera le cheval au point de vue des vices rédhibitoires, qui se trouvent dénommés dans la loi du 2 août 1884, qui a remplacé celle du 20 mai i838. Loi du 2 août 1884. — Cette loi, promulguée au Journal officiel du 6 août, règle dans ses 12 articles la question des ventes et échanges d'animaux domestiques; elle figure maintenant au code rural : Art. i*^'. L'action en garantie, dans les ventes ou 96 LE CHEVAL. échanges d'animaux domestiques, sera régie, à défaut de conventions contraires, par les dispositions suivantes, sans préjudice des dommages et intérêts qui peuvent être dus s'il y a dol. Art. 2. Sont réputés vices redhibitoires et donneront seuls ouverture aux actions résultant des articles 1641 et suivants du Code civil, sans distinction des localités où les ventes et échanges auront lieu, les maladies ou défauts ci-après, savoir : Pour le cheval, Vâne et le mulet. La morve. Le farcin. L'immobilité, L'emphysème pulmonaire, Le cornage chronique, Le tic proprement dit, avec ou sans usure des dents. Les boiteries anciennes intermittentes, La fluxion périodique des yeux. Pour l'espèce ovine. La clavelée. Cette maladie reconnue chez un seul animal en- traînera la rédhibition de tout le troupeau, s'il porte la marque du vendeur. Pour Vcspèce porcine. La ladrerie. Art. 3. L'action en réduction de prix, autorisée par l'article i644du Code civil, ne pourra être exercée dans les ventes et échanges d'animaux énoncés à l'article pré- LE CHEVAL 97 cèdent, lorsque le vendeur otiVira de reprendre Tanimal vendu, en restituant le prix et en remboursant à Tac- quéreur les frais occasionnés par la vente. Art. 4. Aucune action en garantie, mêiaie en réduction de prix, ne sera admise pour les ventes ou pour les échan- ges d'animaux domestiques, si le prix, en cas de vente , ou la valeur en cas d'échange, ne dépasse pas 100 francs. Art. 5. Le délai pour intenter l'action rédhibitoire sera de neuf jours francs, non compris le jour fixé pour la livraison, excepté pour la fluxion périodique, pour laquelle ce délai sera de trente jours francs, non compris le jour fixé pour la livraison. Art. 6. Si la livraison de l'animal a été effectuée hors du lieu du domicile du vendeur ou si, après la livrai- son et dans le délai ci-dessus, l'animal a été conduit hors du lieu du domicile du vendeur, le délai pour in- tenter l'action sera augmenté à raison de la distance, suivant les régies de la procédure civile. Art. 7. Quelque soit le délai pour intenter l'action, l'acheteur, à peine d'être non recevable, devra provo- quer, dans les délais de l'article 5, la nomination d'ex- perts chargés de dresser procès-verbal; la requête sera présentée verbalement ou par écrit, au juge de paix du lieu où se trouve l'animal; ce juge constatera dans son ordonnance la date de la requête et nommera immédia- tement un ou trois experts qui devront opérer dans le plus bref délai. Ces experts vérifieront l'état de l'animal, recueilleront tous les renseignements utiles, donneront leur avis, et, à la fin de leur procès-verbal, affirmeront, par serment, la sincérité de leurs opérations. Art. 8. Le vendeur sera appelé à l'expertise, à moins qu'il n'en soit autrement ordonné par le juge de paix, à raison de l'urgence et de l'éloignement. T. II. 7 98 LE CHEVAL. La citation à l'expertise devra être donnée au ven- deur dans les délais déterminés par les articles 5 et 6; elle énoncera qu'il sera procédé même en son absence Si le vendeur a été appelé à l'expertise, la demande pourra être signifiée dans les trois jours à compter de la clôture du procès- verbal, dont copie sera signifiée en tête de l'exploit. Si le vendeur n'a pas été appelé à l'expertise, la de- mande devra être faite, dans les délais fixés par les arti- cles 5 et 6. Art. 9. La demande est portée devant les tribunaux compétents, suivant les règles ordinaires du droit. Elle est dispensée de tout préliminaire de concilia- tion et, devant les tribunaux civils, elle est instruite et jugée comme matière sommaire. Art. 10. Si l'animal vient à périr, le vendeur ne sera pas tenu de la garantie, à moins que l'acheteur n'ait intenté une action régulière dans le délai légal, et ne prouve que la perte de l'animal provient de l'une des maladies spécifiées dans l'article 2. Art. 1 1. Le vendeur sera dispensé de la garantie ré- sultant de la morve ou du farcin, pour le cheval, l'âne et le mulet, et de la clavelée pour l'espèce ovine, s'il prouve que l'animal, depuis la livraison, a été mis en :ontact avec des animaux atteints de ces maladies. Art. 12. Sont abrogés tous règlements imposant une garantie exceptionnelle aux vendeurs d'animaux desti- nés à la boucherie. Sont également abrogées la loi du 20 mai i838 et toutes les dispositions contraires à la présente loi. Elle complète les dispositions concernant la vente du livre IIL titre VI du Code civil, sur la garantie des dé- fauts cachés de la chose vendue. Art. 1641. Le vendeur est tenu de la garantie à rai- LE CHEVAL. cj(j son des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à l'usage auquel on la destine, ou qui dimi- nuent tellement cet usage, que Tacheleur ne Taurait pas acquise, ou n'en aurait donné qu'un moindre prix, s'il les avait connus. Art. 1642. Le vendeur n'est pas tenu des vices ap- parents et dont Tacheteur a pu se convaincre lui-même. Art. 1643. Il est tenu des vices cachés, quand même il ne les aurait pas connus, à moins que, dans ce cas, il n'ait stipulé qu'il ne sera obligé à aucune garantie. Art. 1644. Dans le cas des articles 1641 et 1643, Tacheteur a le choix de rendre la chose et de se faire restituer le prix, ou de garder la chose et de se faire rendre une partie du prix, telle qu'elle sera arbitrée par experts. Art. 1645. Si le vendeur connaissait les vices de la chose, il est tenu outre la restitution du prix qu'il en a reçu, de tous les dommages et intérêts envers l'acheteur. Art. 1646. Si le vendeur ignorait les vices de la chose il ne sera tenu qu'à la restitution du prix, et à rembourser à l'acquéreur les frais occasionnés par la vente. Art. 1647. Si la chose qui avait des vices, a péri par suite de sa mauvaise qualité, la perte est pour le ven- deur, qui sera tenu envers l'acheteur à la restitution du prix, et aux autres dédommagements expliqués dans les deux articles précédents. Mais la perte arrivée par cas fortuit sera pour le compte de l'acheteur. Art. 1648. L'action résultant des vices rédhibitoires doit être intentée par l'acquéreur, dans un bref délai, suivant la nature des vices rédhibitoires et l'usage du lieu où la vente a été faite. Art. 1649. Elle n'a pas lieu dans les ventes faites par autorité de justice. loo LE CHEVAL. Enfin la loi du 21 juillet 1881 sur le police sanitaire des animaux, tout en abrogeant Tart. 459 du Code pénal et l'ordonnance du 16 juillet 1784, a maintenu dans son article 3, le principe que ces dispositions abrogées avaient édicté. Il est ainsi conçu : « Tout propriétaire, toute per- sonne, ayant, à quelque titre que ce soit, la charge des soins ou la garde d'un animal atteint ou soupçonné d'être atteint d'une maladie contagieuse, dans les cas prévus par les articles i*^'' et 2, est tenu d'en faire sur-le-champ la déclaration au maire de la commune où se trouve cet animal. Sont également tenus de faire cette déclaration tous les vétérinaires qui seraient appelés à le soigner. « L'article 3o de la même loi punit le défaut de décla- ration d'un emprisonnement de 6 jours à 2 mois et d'une amende de seize à quatre cents francs. Nous avons rapporté ces dispositions de la loi du 21 juillet 1881, parce qu'elles concernent surtout dans l'ouvrage qui nous occupe les principales maladies con- tagieuses du cheval, telles que la morve et le farcin, le charbon sous ses deux formes, et la dourine. Les propriétaires ou détenteurs d'animaux doivent donc prévenir de suite le vétérinaire dans les cas où ils auraient à craindre l'apparition de ces maladies conta- gieuses, et veiller ensuite à l'exécution de la loi, pour la déclaration à faire et pour les mesures à prendre vis-à- vis des animaux malades, suspects ou contaminés.. CHAPITRE III. DES SIGNALEMENTS. Importance. — On entend par signalement l'ensem- ble des principaux caractères qui peuvent permettre de reconnaître un animal, de Tisoler en quelque sorte de tous les autres, et en un mot de constater son identité. Il est au point de vue commercial d'une importance très grande. Il peut arriver, en effet, que l'animal que l'on a acheté ait des vices redhibitoires. Le signalement servira à faire constater l'identité du cheval pour le rendre, le signalement peut aussi faire connaître les qualités de l'animal. Parmi les signalements, il y en a un qu'on pourrait regarder comme le signalement zootechnique, ce serait celui où l'on indiquerait que l'animal est essentiellement propre à tel ou tel service, d'après l'examen des qualités individuelles et des formes des différentes parties du corps. Mais nous n'avons pas toujours une connaissance assez exacte des aptitudes pour pouvoir établir ces sortes de signalements dans la pratique. On distingue deux sortes de signalements : le signa- lement simple et le signalement composé. 102 LE CHEVAL. Dans le signalement simple, on se contente d'indi- quer sommairement les caractères extérieurs, qui ser- vent à reconnaître à simple vue Tanimal. Dans le signalement composé, on entre dans les dé- tails de telle façon que non seulement l'animal est dis- tingué de tous les autres animaux de même espèce, mais encore que Ton connaît sa généalogie, sa filiation, on va jusqu'à faire l'histoire complète de l'animal, histoire qui absorbe souvent et fait disparaître le si- gnalement lui-même. Ce signalement est surtout en usage dans les haras pour les étalons et les juments de race et d'une grande célébrité. Dans la confection des signalements on a égard à des caractères qui n'ont pas tous la même importance. On peut distinguer les différents éléments des signalements en éléments essentiels et en éléments accessoires. Éléments essentiels du signalement. — Les éléments essentiels sont l'indication de l'espèce, du sexe, de la race, de l'âge, de la taille et de la robe. i^ L'espèce^ qui permet de dire immédiatement si on a affaire à un cheval, un âne, un bœuf ou à un mou- ton. 2" Le sexe est aussi très important, car souvent le sexe entraîne des caractères importants dans la couleur de la robe et dans les formes générales. Ainsi les étalons ont le poil plus brillant et plus uniforme que les ju- ments. 3" La race peut souvent nous indiquer d'un seul mot le genre de service pour lequel l'animal est propre; ainsi, si au signalement d'un cheval, on ajoute le caractère race percheronne, on indique par ce mot seul que le cheval signalé est un cheval de trait léger, mais il faut bien remarquer toutefois que l'indication de la race ne lf: c h i:\AL. io3 sera bonne que lorsque l'animal présentera exactement tous les caractères de la race à laquelle on l'assimile. 4" L'âge. Son importance est évidente, car cette indi- cation nous fait connaître la durée de service de l'ani- mal que nous achetons. Dans le poulain, on peut d'après sa conformation au moment où Ton a fait son signale- ment, prédire quelle sera sa conformation future, s'il se développera, s'il grandira encore, etc., etc. On pourra comparer les divers degrés de développement de l'a- nimal. 5" La taille est un caractère qui ne varie plus, lorsque la croissance du sujet est complète. 6" Enfin la robe est un très bon caractère pour cons- tater l'identité de l'animal. Éléments accessoires du signalement. — Les éléments accessoires sont : i" Le nom; c'est un caractère qui n'est pas négligé dans les régiments et surtout dans les haras où le nom indique toute une histoire, une longue série de victoires dans les courses sur l'hippodrome. 2® Les marques particulières^ telles que des cicatrices, des marques de cautérisation. Il faut avoir le soin de ne pas indiquer des cicatrices récemment fermées, car elles pourraient diminuer de grandeur et absolument dispa- raître avec l'âge. 3"' Des letttesou des îiuméros marqués sur la cuisse, l'encolure ou le sabot. Il faut toujours inscrire la date de la confection du signalement, pour pouvoir savoir l'âge de l'animal à un moment donné, voir les variations qu'a subies l'animal dans son développement. Par la date seule on peut expliquer les modifications de la robe qui a pu perdre en hiver le reflet doré ou argenté qu'elle avait en été, passer d'une nuance claire à une nuance 104 l'E CHEVAL. plus foncée et réciproquement. On sait en etfet qu'un animal a le poil d'hiver moins brillant et plus pâle que celui d'été. Les trois éléments fondament aux des signalements sontTâge, la taille et la robe que nous allons étudier plus particulièrement. § I. AGE DU CHEVAL. Division en trois périodes. — La détermination de Tàge du cheval est un point très important pour l'ap- préciation de sa valeur, carTàgea une grande inlluence sur l'emploi qu'on peut faire du cheval. On peut distinguer trois périodes dans l'âge du che- val : 1° la période de la jeunesse jusqu'au développement du cheval ; 2" la période de la plénitude de la force, ou l'âge adulte; 3"" la période de l'affaiblissement des forces ou la vieillesse. Ces trois périodes ne sont pas de même durée chez les différentes races de chevaux. Elles sont plus ou moins longues suivant la nourriture et le degré d'entraînement des animaux. Ainsi, pour les chevaux de race normande, qu'on fait très peu travailler pendant leur jeunesse, on considère que la période du développement va jusque vers la fin de la sixième année, et que la période de la plénitude de force dure de la septième année jusqu'à la quinzième, quelquefois même jusqu'à la i S^'année. A partirde cetâge, les forces diminuent graduellement ou rapidement. Il y a cependant beaucoup de chevaux de race normande J,E CHEVAL. io5 qui à 20 et 2 5 ans travailleni plus qu'ils ne le faisaient à 6 et 7 ans. Pour les chevaux de trait, comme les percherons, on peut considérer la cinquième année comme la transition entre la première et la seconde période. La durée de l'époque de la plénitude de la force ne peut ici non plus être déterminée d'une façon précise, car elle dépend surtout du travail demandé, et on n'ignore pas qu'on ne le ménage pas au cheval de trait. Nous en avons déjà parlé, lorsqu'il s'agissait de la question d'entraî- nement. Cependant on peut dire d'une manière générale qu'elle dure jusqu'à la douzième ou quinzième année. Ces trois périodes de la vie du cheval correspondent aux trois périodes importantes pour la détermination de l'âge. L'âge d'un cheval peut être déterminé facilement et aveccertitudejusqu'àla cinquièmeannée;à partir decette époque jusqu'à la douzième année, la détermination est plus difficile et moins précise; au-dessus de 12 ans les difficultés augmentent d'année en année. Examen des dents. — Pour déterminer Fàge du cheval, on a recours aux modifications que présentent les dents incisives de la mâchoire inférieure. Tout le monde sait que le cheval a 12 dents incisives : 6 à la mâchoire supérieure et 6 à la mâchoire inférieure, 24 dents molaires, dont 6 sur les parties latérales posté- rieures de chaque mâchoire. Entre les incisives et les molaires, les os maxillaires sont dégarnis de dents, ce- pendant chez le cheval entier ou hongre on trouve à cette place les 4 dents dites crochets, 2 en haut et 2 en bas. Les autres moyens de déterminer l'âge ne sont pas sérieux. Les dents incisives du cheval (fig. 1 1 ) sont désignées : io6 LE CHEVAL. Pinces^ les deux dents incisives moyennes qui sont en même temps les plus grandes; Mitoyennes, les deux placées à côté des pinces; Coins^ les deux dents extérieures. Les deux crochets qui ne sont bien développés que chez les étalons et les chevaux hongres se trouvent entre les coins et les molaires. Ils sont éloignés des coins d'un centimètre à la mâchoire inférieure et de 2 à 3 centi- mètres à la mâchoire supérieure. Comme il ne s'agit ici que de traiter les points im- portants pour la pratique, nous ne nous occuperons pas des dents molaires, ni des crochets. Il suffit de bien connaître la forme et la structure des dents incisives pour pouvoir étudier Tàge et le recon- naître facilement. Dents incisives. — Toute dentincisive présente sur une coupe longitudinale et médiane ^fig. 1 1 , B , une cavité extérieure, à laquelle on a donné le nom de fève, marque et contre marque, qui est située un peu plus près de la paroi postérieure de la dent, et une cavité intérieure qui est plus profonde et qui reçoit la pulpe nerveuse. Enfin trois substances forment la dent : une fon- damentale à laquelle on donne le nom de substance éburnée ou ivoire, et deux de revêtement : le ciment et l'émail. En se pénétrant bien des modifications que subissent successivement les dents incisives dans leur forme et des modifications qui se produiront dans les plans de trituration ou de frottement des bords supérieurs des dents, il deviendra facile de déterminer l'âge. Les incisives sont déforme pyramidale, dételle façon que le plan d'usure ou de trituration forme la base, et la racine l'extrémité de la pyramide ; elles sont en même temps courbées dans la direction de leur axe. Cette cour- LP-: chf:vai,. 107 bure est moins accentuée sur les dents de la mâchoire inférieure que sur celle de la mâchoire supérieure. La largeur de la dent incisive ne diminue pas d'une manière régulière de la hase à la pointe; en effet sa face postérieure est ^ g généralement plus ^. ^ étroite que sa face antérieure, et la dent est aplatie sur les côtés, de sorte que la face antérieure diminue graduelle- ment de la base à la racine de la dent, tandis que les faces latérales conservent presque la même lar- geur de haut en bas, ou tout au moins ne se rétrécissent que d'une manière insi- gnifiante. Par suite de cette disposition, le rapport entre la largeur transversale et la profondeur ou Tépaisseurd'avant en arrière, dans une sé- rie de coupes transversales d'une même dent, qui s'use naturellement, se modifiera successivement de façon que ce rapport est pour la table dentaire non usée comme 2 : I, au-dessous du cul de sac dentaire comme 3 : 2, et environ au milieu de la dent comme i : i et enfin en approchant de la racine comme i : 2. Vers le milieu de FiG. II, Dent incisive inférieure. A. Face postérieure. — B. Coupe longitudi- nale et médiane de la même dent. — i. Ca- vité extérieure ou fève. — 2. Cavité inté- rieure. — 3. Ivoire. —4. Émail. — 5. Ci- ment. io8 LE CHEVAL. la dent, la face postérieure se transforme en un bord arrondi, ce qui donne à la coupe une forme triangu- laire, au lieu d'être allongée ou presque quadrilatère, comme au début de l'usure de la dent. La table de frottement prend donc successivement les formes ovale, transversale, arrondie, et ovale al- longée. On désigne ces modifications graduelles de la forme des plans de frottement par les noms : ovale transver- sal, arrondi, ovale oblong, ovale rond, rond, triangu- laire, triangulaire allongé, ovale allongé. Dents de lait. — Si un cheval a en même temps des dents de lait et des dents de remplacement, la distinc- tion n'est pas difficile à faire, mais si le cheval a encore toutes ses dents de lait, comme c'est le cas pour les chevaux de deux ans, et qu'il soit en même temps grand et fort pour son âge, on est sujet à se tromper et à prendre un tel cheval pour beaucoup plus âgé, surtout quand les dents de lait sont par exception développées, ce qui n'est pas rare. Les dents de lait, appelées aussi dents de poulain, se distinguent des dents de remplacement ou dents de cheval tant par la date de leur éruption que par leur aspect extérieur. Elles sont plus blanches et toujours pourvues d'un collet à la couronne. Les dents de lait apparaissent toutes dans la pre- mière année, les pinces inférieures quelquefois avant ou peu après la naissance, vers le douzième ou qua- torzième jour, les mitoyennes dans le cours du deuxième mois, et les coins de six à neuf mois. Les pinces de lait tombent à l'âge de deux ans ci demi à trois ans et sont remplacées par les pinces de rempla- cement, les mitoyennes de trois ans et demi à quatre ans, et les coins de quatre ans et demi à cinq ans. LE CHEVAL. lo.j Les dents de lait se distinguent encore des perma- nentes, par cette particularité, qu'elles sont toutes fai- blement inclinées vers le plan médian, surtout les pin- ces, tandis que les dents de remplacement présentent une disposition plus écartée en forme d'éventail. Période pendant laquelle 1 âge peut être déterminé d'une façon précise. — En générai l'âge se compte du printemps, du i" avril dans cer- taines contrées, ou du i"^'' mai dans d'autres. L'armée, les administrations le comptent du i''^ janvier ainsi que les sociétés des courses de chevaux. Dans ce dernier cas un cheval né au mois de décembre 1884, est donc considéré comme étant âgé d'un an au mois d'avril i885, de même qu'un poulain né au mois de mai 1884, a accompli sa première année à la même date (1" avril i885). Cette manière de compter en prenant pour point de départ le i^'" janvier doit être maintenue pour éviter des confusions dans la détermination de Tàge des che- vaux. Il devient donc facile de déterminer d'une manière certaine l'âge entre la naissance et huit ans, par une observation minutieuse des particularités de l'appari- tion et du changement des incisives inférieures, des modifications d'usure et de forme des plans de tritura- tion, de la courbure et de l'inclinaison réciproque des dents. Nous venons de voir les époques auxquelles se produisait le changement des dents de lait par les dents de remplacement. L'usure se reconnaît à la forme graduellement modihée des plans de trituration, car la dent pousse à mesure et dans la même propor- tion qu'elle s'use, environ trois à quatre millimètres par an. En outre, les dents permanentes restent tou- jours serrées les unes contre les autres, mais comme iio LE CHEVAL. leur largeur transversale diminue graduellement de la base à la racine, les dents deviennent plus étroites à mesure qu'elles s'usent, ou, ce qui revient au même, à mesure que le cheval vieillit. Non seulement le rang des dents au début est large et bien arqué, mais la courbure devient moins accusée dans l'âge avancé, toutes les dents se trouvent en ligne droite et occupent un espace qui semble plus étroit. Il est encore un autre caractère qui permet de dire immédiatement qu'un cheval est très vieux; c'est l'in- clinaison que prennent les dents des deux mâchoires l'une par rapport à l'autre. Tandis que les dents in- cisives se trouvent perpendiculaires 'les unes aux autres à l'âge de cinq ans (fig. 1 2. A), elles s'inclinent et se rap- prochent sur un angle de plus en plus aigu au fur et à mesure qu'apparaît la vieillesse (fig. 12. B;. Comme nous l'avons dit, on ne se sert pour déter- miner l'âge d'un cheval, que des dents incisives de la mâchoire inférieure, elles sont plus faciles à examiner, et les irrégularités propres à induire en erreur, sont bien plus fréquentes aux incisives de la mâchoire supérieure. Ces dernières apparaissent ordinairement un peu plus tôt que celles de la mâchoire inférieure ; ce n'est ce- pendant pas une règle absolue, les exceptions sont même assez fréquentes. En tous cas, il ne s'écoule jamais un temps bien long entre l'apparition des dents aux deux mâchoires. Nous donnons ici, avec quelques figures à l'appui, les caractères précis des dents à chaque âge. Un an. — Nous avons vu que les coins de lait ap- paraissent vers le huitième ou le dixième mois après la naissance ; vers un an, toutes les dents de lait sont à la même hauteur et présentent toutes une surface plus ou moins usée. ii'iiiiiiiiiiiiiiiii|iiiiiiiiiiniiiiiiiiiii 112 LK CHEVAL. Deux ans. — Toutes les incisives sont rasées, et le collet des pinces s'élève visiblement au-dessus de la gencive, ces dernières qui sont poussées par les dents permanentes branlent déjà un peu. Trois ans. — (fig. i3) Les pinces de remplacement paraissent à la place des pinces de lait qui sont tom- bées. C'est généralement dans le trentième mois que se produit ce changement. Quatre ans. — Remplacement des mitoyennes. La Fig. i3. — Dentition a trois ans. Fig. 14. — Dentition a cinq ans, table des pinces est déjà visiblement usée. Chez les éta- lons et les chevaux hongres, les crochets sont visibles et présentent des arêtes vives. Cinq ans. — (tig. 14) Toutes les dents de lait sont remplacées, le bord antérieur du coin vient d'appa- raître à travers la gencive et va entrer en frottement avec le coin de la mâchoire supérieure. Six ans. — Si les pinces sont rasées, les mitoyennes commencent à l'être, et le bord antérieur des coins, arrive au même niveau que le bord postérieur, c'est- à-dire que l'usure devient régulière sur toute la sur- face de la dent. LE CHEVAL Sept ans. — Les pinces et les mitoyennes sont ra- sées, et les coins tendent à l'éire. Les dents de la mâ- choire inférieure sont moins courbées et en même temps plus courtes que celles de la mâchoire supérieure. Aussi par suite de l'usure qui est la même pour toutes les dents des deux mâchoires, les dents inférieures tendent à s'incliner en avant et à se rapprocher plus vite de la direction horizontale. En même temps la largeur de l'arcade formée par les incisives inférieures diminue plus rapidement que celle de l'arcade supérieure. C'est pourquoi les deux mâ- choires ne se correspondent plus d'une manière complète, il se forme une sorte d'entaille dans les coins supérieurs par suite du défaut d'usure. Huit ans. — (fig. i 5) Toutes les dents sont rasées et l'échan- crure dont nous venons de parler est alors plus distincte. On dit alors que le cheval est hors d'âge, qu'il ne marque plus, parce qu'il devient très difficile de bien fixer l'âge par les nouveaux carac- tères que présenteront les dents. Période pendant laquelle l'âge se détermine avec moins de précision. — Le remplacement des dents et l'usure de la surface de frottement ou du plan de trituration ont permis de fixer d'une manière assez précise l'âge du cheval jusqu'à huit ans. Certainement il ne serait pas impossible de donner une description complète des dents jusqu'à un âge très avancé, et même on trouve dans certains ouvrages une descrip- tion de la forme exacte de chaque dent pour toutes les T. II. 8 Fig. i5. — DENTiTio>f A 8 ANS. 114 LE CHEVAL années. Mais ce tour de force théorique n'a pas une très grande utilité, car il ne sert qu'à embarrasser ceux qui veulent apprendre à reconnaître l'âge. Les livres seuls ne peuvent permettre cette étude, et il faut une très longue pratique pour arriver à un résultat conve- nable, d^autant plus qu'il y a une foule de circonstances qui peuvent modifier plus ou moins rapidement la forme des tables de frottement ainsi que la forme des dents. L'alimentation, le plus ou moins d'entraînement ou de travail, certains défauts, la du- reté et la position des dents peuvent amener des moditica lions importantes. Jusqu'à Tàge de sept à huit ans, la table de frottement a gardé, à peu de choses près, une forme ovale transversale; mais elle s'accentue d'une ma- nière plus précise pendant les neuvième, dixième et onzième année. Neuf ans. — Les dents sont complètement rasées, le bord postérieur du plan de t];"ituration des pinces forme un demi-cercle, et la fève qui était jusque-là al- longée s'arrondit de plus en plus. Les mitoyennes et les coins ont encore des fèves rondes, situées près du bord postérieur; on commence à apercevoir la tache jaune qui indique la cavité intérieure de la dent. L'en- tame des coins supérieurs est très apparente. Dix à dou:{e ans. — (fig. i6) La table de frottement des pinces, mito yennes et coins passe successivement par les formes ovale, obloneue . ovale arrondie, de telle façon que le diamètre transversal diminue d'année en année, Fig. i6. — Dentition de io ANS A 12 ANS. LE CHEVAL. ii5 tandis que le diamcire de la profondeur augmente. L'en- tame du coin supérieur tend à disparaître, car la largeur des deux rangs de dents devient à peu près égale. Les dents prennent une direction plus oblique, et se déchaussent peu à peu. Leur couleur tend à prendre une teinte brune jaunâtre. Période pendant laquelle l'âge ne peut plus être déterminé avec exactitude. — Gomme nous venons de le voir, il faut une grande expérience pour déterminer si un cheval a dix ou douze ans, et c'est souvent la réunion de plusieurs caractères qui peuvent fixer cette recherche, mais la difficulté devient bien plus grande quand il s'agit de reconnaître l'âge au-dessus de treize et quatorze ans. C'est la forme de la table de frottement qui devient pour les pinces, les mitoyennes et les coins, les unes après les autres, ronde, triangulaire allongée et ovale allongée, qui permet de dire approximativement si le cheval est plus ou moins vieux; mais déterminer exac- tement le nombre d'années est presque impossible. Les crochets qui sont à arêtes vives et tranchantes pendant les premières années s'émoussent chaque année et tendent à s'user complètement. La couleur jaune des dents indique aussi que le cheval atteint un âge avancé. Il semblerait aussi que les dents doivent paraître d'autant plus courtes que le cheval est plus vieux, puisqu'elles s'usent davantage. Mais en même temps, elles sortent des alvéoles se déchaussent et paraissent plus longues et le dicton Duc 1872), on voit que pendant le cours du Moyen Age tout le monde montait à cheval; nobles et bourgeois des deux sexes n'avaient habituellement pas d'autre moyen de voyager; l'on se déplaçait alors beaucoup plus fréquemment qu'on ne le croit. Les habitudes se- LE CHEVAL. 143 dentaires tant reprochées à la population française ne datent que du dix-septième siècle; jusqu'alors sous le moindre prétexte, bourgeois et bourgeoises, nobles sur- tout, entreprenaient de longs voyages. Lescontes, les ro- mans, les chansons de geste des douzième, treizième, quatorzième et quinzième siècles sont de véritables odys sées; les héros et les héroïnes sont toujours par monts et par vaux. Le cheval remplissait donc un rôle impor- tant dans la vie de nos aïeux et était l'objet de soins incessants; on l'aimait comme un compagnon utile; Ton se plaisait à le harnacher du mieux qu'on pouvait; la vanité s'en mêlait, comme en toutes choses, et la fré- quence des rencontres par les chemins faisait que Ton tenait à paraître en bonne ordonnance. On jugeait mieux encore de la qualité d'un voyageur à sa monture et à la manière dont elle était habillée qu'à la tenue même du quidam. Dans un temps où il n'était possible de voyager autre- ment qu'à cheval, où les gentilshommes passaient les trois quarts de leur vie à cheval, il est difficile de sup- poser qu'on n'eût pas su adapter à cet utile animal les harnais les plus convenables. Mais si pendant un grand nombre d'années le cheval a été employé comme moyen de transport, c'est-à-dire a servi à porter l'homme aux allures du pas, du trot et du galop, il faut arriver à une époque peu éloignée de nous pour voir apparaître les méthodes qui devaient faire à la fois l'éducation de l'homme et du cheval, en les mettant à même, tous les deux, l'un d'exiger un service auquel l'autre était rendu propre. C'est vers la fin du dix-huitième siècle en 1785, que l'équitation savante s'est trouvée en grand honneur. A cette époque l'École d'Équitation de Versailles avait une très grande autorité qui s'étendait à toute l'Europe; 144 LE CHEVAL. on venait solliciter la faveur d'être admis à puiser la science à sa source la plus pure. C'était plus qu'une école d'équitation ; elle avait acquis le caractère d'une institution nationale, destinée à maintenir notre supé- riorité dans une spécialité ayant, à cette époque, la plus réelle importance. Toute cette organisation des écoles d'équitation a disparu dans la tourmente révolutionnaire. Aujourd'hui on peut dire que Fart de Téquitation n'existe plus guère que dans l'armée et qu'on se contente seulement de rendre le cheval pratiquement commode, en l'habituant graduellement au service auquel on le destine. Et, chose curieuse qui démontre que les vrais écuyers sont rares, c'est que les chevaux de selle ont d'autant plus de prix qu'ils font preuve d'une telle sagesse et d'une telle com- modité que tout le monde peut les monter. Nous con- sidérons d'ailleurs que les chevaux de selle doivent être étudiés d'une manière spéciale, qu'ils soient chevaux de luxe, de course ou même chevaux de l'armée. Ils ne trouvent pas place dans les différentes catégories de chevaux que nous étudions dans cet ouvrage qui s'oc- cupe surtout du cheval dans ses rapports avec l'économie rurale et les industries de transport. Nous pourrions tout au plus décrire son élevage, surtout en ce qui con- cerne le cheval de guerre, mais nous pensons qu'il y aura tout intérêt à traiter à part cette grosse question qui passionne en ce moment toutes les personnes qui s'en occupent. Harnachement du cheval de selle. — Il en est de même du harnachement du cheval de selle. C'est une des questions qui ont été le plus étudiées dans l'armée, et malheureusement il ne semble pas qu'on soit arrivé à une solution satisfaisante. C'est un état de choses fâ- cheux, car du harnachement dépend en grande partie la I.E CHEVAL. 145 conservation du cheval et l'action que le cavalier doit exercer sur sa monture. Il serait superflu d'énumcrer ici tous les modèles de selle qui ont été employés par les cavaliers civils et mi- litaires. Le nombre en est considérable et nous pen- sons que le mieux est de renvoyer ceux que cette étude peut intéresser aux ouvrages spéciaux qui ont surtout traité du harnachement militaire. Les peuples qui vivent à cheval, comme les Arabes, les Mexicains, ont toujours professé un goût particulier pour les selles commodes et riches. Travail du cheval de selle. — Peut-on d'une manière certaine mesurer le travail du cheval de selle? Nous nous sommes livrés à cette étude, mais nous n'a- vons pas encore terminé toutes nos recherches. Nous es- pérons arriver par les photographies instantanées, sou- vent répétées, à pouvoir apprécier les déplacements du corps aux différentes allures. Poncelet déclare avec le général Morin qu'un cheval marchant au pas ne peut porter à dos que i 20 kilogram- mes sur un chemin horizontal et d'une manière soute- nue; cependant nous relevons les poids suivants pour les chevaux de l'armée, lorsqu'ils portent ce qu'on appelle le paquetage complet, en campagne ou lors des changements de garnison : Pour les cuirassiers 1 3o kil. Pour les dragons 120 kil. Pour les chasseurs 1 10 kil. Il est vrai que dans les manœuvres en temps de paix, ce n'est que par exception que les chevaux ont à porter ces poids. Mais pour l'artillerie, non seulement le cheval doit T. II. 10 146 LE CHEVAL. porter le cavalier et sa selle munie du paquetage, mais ij doit encore traîner le matériel, qui se compose : du poids de la pièce 426 kil. du poids de Taffùt 53o kil. du poids de l'avant-train chargé 6 1 5 kil. 1570 kil. Le poids du caisson chargé, outillage, etc., est de 18 10 kilogr. Dans la traction des voitures, comme nous le verrons plus loin, sur de bonnes routes ou tout au moins sur des voies carrossables, on arrive assez facilement à con- naître le nombre de kilogrammètres que représente le travail des chevaux qui sont attelés. Mais pour Tar- tillerie. on ne peut pas arriver à la même solution du problème. La raison de cette difficulté est que la traction du matériel d'artillerie ne se fait pas dans les mêmes con- ditions que celle des véhicules ordinaires. En effet, Tartillerie, par sa destination, roule sur des sols si différents que le coefficient du roulement ne peut pas être évalué même approximativement. D'après les recherches faites dans ces derniers temps par notre ami, le capitaine d'artillerie M. Lemoine, le coefficient du roulement des affûts et caissons serait de 2 X sur les routes, 6 et ^ % sur les jachères, 12 % sur les terres labourées sèches et 25 ^ sur les terres labourées détrem- pées par les pluies. En présence des difficultés d'appréciation que nous signalons, nous avions pris le parti d'évaluer la trac- tion des chevaux à raison du nombre de kilogrammes par cheval, pour nos difterenies expériences. Ainsi le matériel des batteries à cheval pesant 070 i.i: cm:vAi. 147 kilog. pour 6 chevaux, cela fait — ^— = soit 261 kil. 6 b par cheval. Pour le caisson chargé — -. — =: soit 3oi kil. G par b cheval. Pour Tartillerie montée, le matériel représente avec le poids des servants : 2200 kil. qui, divisés par 6 chevaux, donnent 366 kil. par cheval. Nous avons cité ces chiffres, qui sont officiels, pour faire voir combien dans un grand nombre de circons- tances, il est difficile d'apprécier le travail des chevaux. Mais là où la difticulté devient très sérieuse, c'est lors- qu'il s'agit de mesurer le travail accompli par le mo- teur qui porte le cavalier et sa charge. Nous n'avons plus ici de moyens pratiques de mesurer les efforts, comme nous pourrons le faire avec le dynamomètre, lorsqu'il s'agira de la traction des voitures. Quoi qu'il en soit, certains auteurs ont voulu appré- cier et même mesurer les effets utiles que peut pro- duire un cheval chargé sur le dos. A cet effet, ils partent du principe indiqué par tous les traités de mécanique, qui est le suivant : le travail d'une force est égal au produit de la force exprimée en kilogrammes par la projection du chemin parcouru sur la direction de la force. Soit F une force, soit L un chemin, soit P la projection du chemin parcouru : le travail, qu'on appelle aussi l'énergie, est égal à F X P, si F =: 200 kilog. et si P = o"' 25, le travail sera de 5o kilogrammètres. Donc quand la force est perpendiculaire au chemin parcouru, P est nul et le travail aussi. Mais le chemin parcouru n'est jamais une ligne horizontale, mais une ligne sinusoïde dont la projection par période ascen- dante n'est plus nulle, c'est donc la longueur P qu'il 148 LE CHEVAL. faut multiplier par le poids F et par le nombre des ascensions par seconde. Quand nous étudions le travail, il est bien en- tendu que nous ne voulons parler que du travail ex- térieur, laissant de côté le travail intérieur, qui est celui de la vie proprement dite, c'est-à-dire qui con- court aux fonctions des différents organes du corps. Ce travail est celui qui doit être alimenté par la ration d'entretien. Le travail extérieur ou disponible peut amener des efforts considérables, comme ceux qu'on remarque chez les chevaux de selle qui portent de fortes charges ou qui sautent des obstacles. Le travail peut s'effectuer à des allures différentes, et c'est là cer- tainement une des influences les plus importantes, que celle de la vitesse à laquelle s'opèrent les mouvements de l'animal. D'une manière générale, on peut dire que la durée du travail est inverse de la vitesse déployée par l'animal. Si, dans les chevaux de grande origine, l'ex- périence démontre qu'il y a les plus grandes différences dans la capacité au travail des chevaux de même ordre, cela est encore bien plus frappant dans les chevaux de race commune, comme les chevaux de trait. Aucune règle faite exprès ne peut établir d'avance la quantité de travail que doit faire chaque cheval. C'est pour avoir souvent calculé le travail des chevaux comme celui des machines qu'on a commis de grosses erreurs. Il faut aussi tenir compte du développement de l'a- nimal et de l'alimentation qu'on lui destine. C'est pourquoi notre étude se borne à rechercher le travail extérieur disponible que peut fournir chaque animal, et les conditions dans lesquelles peut se produire ce travail, laissant de côté les phénomènes intimes qui per- mettent à ce même animal de vivre, de s'entretenir et de se mouvoir en dehors de la volonté de Thomme. LE en K VAL. 149 Il est vrai que les animaux dilïèrent des moteurs uni- quement soumis aux lois de la physique, en ce qu'ils ne peuvent agir d'une manière continue, qu'ils sont susceptibles de se fatiguer au bout d'un certain temps d'exercice de leur force et contraints de prendre un re- pos plus ou moins long. C'est donc le maximum que peut donner un cheval sans compromettre sa santé qui doit être mesuré, c'est-à-dire, l'utilisation la plus avan- tageuse de la part d'action intérieure, que la nourriture et le repos rendent disponibles. Navier, dans un tableau des effets utiles que peuvent produire les moteurs animés, donne, pour un cheval chargé sur le dos, c'est-à-dire portant le cavalier, un effet utile de 4,435,000 kilogrammètres quand il porte 80 kilogrammes, qu'il parcourt 2"", 20 par seconde et qu'il travaille 7 heures par jour au pas. Si ce même cheval est chargé de 120 kilogrammes, qu'il parcourt seulement i°',io au pas, il produira pen- dant I o heures, temps pendant lequel il peut travail- ler, 4.752,000 kilogrammètres. Dans le premier cas, le cheval produisait par seconde un effet utile de 176 kilogrammètres et dans le second de i32 kilogrammètres. Si donc nous appliquons la formule de Poncelet, nous avons la quantité d'action journalière par la formule suivante :Px VxT=PVT kilogrammètres. V étant la vitesse moyenne en mètres ou le chemin parcouru par seconde. P, effort moyen en kilogrammes, c'est cette donnée du problème qu'il est le plus difficile de saisir et d'ap- précier; donc P X V sera la quantité de travail déve- loppée régulièrement par seconde. T étant la durée totale de l'action journalière. Ces différents termes ont des limites extrêmes que i5o LE CHEVAL. Poncelet. avec tous les ingénieurs mécaniciens, estime de la manière suivante, aussi bien pour l'homme que pour les animaux. T= i8 heures. P = 3 ou 5 fois Teffort qui con- vient au maximum d'effet. Et enfin V = 12 a i5 fois la vitesse la plus convenable au travail du cheval. Ces chiffres nous permettent de faire comprendre combien les mécaniciens ont peu la pratique de l'es- timation des forces déployées par les moteurs animés. Il n'y a qu'un point sur lequel il n'y a pas de discus- sions, c'est que T est diminué d'autant plus que le produit P X V par seconde est augmenté ; nous en avons tous les jours une démonstration flagrante par le tra- vail demandé aux chevaux de course. Pour ces derniers, on cherche à égaliser les chances de leur succès, en gra- duant les poids à porter en courses suivant l'âge et les performances des chevaux qui doivent courir. C'est sur cette base qu'est fondé le système des courses qu'on appelle handicaps et qui consiste à fixer pour chacun d'eux un poids qui doit les amener ex œquo, c'est-à- dire en même temps au poteau d'arrivée. Il s'ensuit que si la théorie pouvait être exécutée en perfection, tous les chevaux arriveraient dans la course nez à nez; mais la pratique est sujette à Terreur, parce que le juge, pour se faire une idée sur leurs moyens, est guidé par leur manière antérieure de courir en public. Nous avons appliqué la formule citée plus haut aux chevaux de selle, surtout aux chevaux de troupe, en nous servant des mêmes termes que Navier et Pon- celet, et nous avons obtenu pour un cheval au pas portant 80 kilog., parcourant i™, 66 par seconde, un tra- vail utile de i32 kilogrammètres par seconde; et, avec le même poids au trot, parcourant 2",75 par seconde, un travail utile de 216 kilogrammètres par seconde. LE CHEVAL. i5i Cette méthode permet certainement, surtout par com- paraison, de mesurer le travail duchevalde selle, mais elle ne peut ctre comparée aux renseignements don- nés par le dynamomètre, qui, lui, fournit l'effort moyen représente en kilogrammes et nécessaire pour vaincre la résistance. Tout ce que nous pouvons af- firmer, c'est que le travail du cheval qui porte augmente dans des proportions considérables, suivant la charge et la vitesse de l'allure. Autant les chevaux supportent facilement un poids léger, autant leur fatigue aug- mente, lorsque ce poids dépasse certaines limites. Nous croyons que les résultats obtenus, suivant la mé- thode des savants ingénieurs que nous avons cités plus haut , ne sont pas des mesures permettant de se rendre compte des efforts, que doit faire le cheval pour se dé- placer, soit qu'il ne porte aucune charge, soit qu'il ait à mettre en mouvement un fardeau quelconque, qui vient s'ajouter à son propre poids. § II. DIFFÉRENTES ALLURES DU CHEVAL. Il faut aussi remarquer que le cheval qui doit se transporter d'un point à un autre, libre ou chargé, peut le faire aux différentes allures du pas, du trot et du galop, et la rapidité des mouvements vient ajouter aux efforts que peut faire l'animal. Travail au pas. — Le pas, qui est l'allure qui fa- tigue le moins les animaux, est celle qui est la plus employée dans les travaux agricoles ou dans le trans- port des gros fardeaux. Le pas est plus ou moins allongé, et plus ou moins rapide. On sait bien que les che- vaux conduits au pas par des hommes à pied ne parcou- i52 LE CHEVAL. rent pas la même étendue de longueur que lorsque les mêmes chevaux sont menés par des hommes qui les mon- tent ou qui se trouvent dans les véhicules remorqués. Il y a aussi raccourcissement dans le mouvement quand l'animal monte une rampe, et allongement au contraire quand il la descend. La longueur du pas varie donc suivant les conditions précédentes, mais elle dépend surtout de la taille et de la longueur antéro-postérieure du corps du cheval. Nous devons mentionner que les différents observateurs ne trouvent pas les mêmes chiffres : Le parcours d'un kilomètre au pas nécessite : D'après le général Morin (pas allongé) 948" à io'58" avec une — vitesse de 1™, 52à i"", 70 par seconde. — (petit pas) i5'9" avec une vitesse de I", 10 par seconde. — (pas ordinaire) ii'b^" à i3'26" avec une vitesse de i'", 24 à i", 40 par seconde. D'après M. Colin 9'52" avec une vitesse de i"", 69 par seconde. D'après M. Gayot 1249" avec une vitesse de i™, 3o par seconde. D'après le général Bonie 10' avec une vitesse de i"', 66 par se- conde. D'après nos observations 9'3o" à i i'3o" avec une vitesse de i"',75 à i™,45 par seconde. Il nous était facile de faire ces remarques, car il suf- fisait de relever le temps exact mis par les chevaux pour parcourir des distances toujours bien mesurées et exac- tement les mêmes. C'est par milliers que depuis 2 5 ans nous avons noté ces parcours à toutes les allures. Il est bien entendu que la vitesse se ralentit d'autant plus que l'animal a à vaincre une résistance plus con- sidérable de la charge, ainsi tout le monde a vu les che- vaux attelés à de très lourds tombereaux ou à des trucs LE CHEVAL. i53 devant porter des pierres très lourdes. Dans ce cas, Tallurc est raccourcie pour permettre au cheval d'uti- liser toutes ses forces, et il parcourt le kilomètre dans un temps beaucoup plus long. Travail au trot. — Le trot est l'allure ordinaire des chevaux de messageries, d'omnibus, de tramways, etc. Il n'est guère employé dans les travaux de la culture, que pour le transport des personnes ou des denrées à la ville et à la gare voisine. Tous les travaux des champs se font au pas plus ou moins accéléré suivant les difficultés. Généralement le trot peut être d'autant plus rapide que l'animal est monté ou attelé à des véhicules légers. Le cheval de service doit avoir une bonne aptitude à trotter, ce dont on peut facilement se rendre compte en le faisant passer devant soi au trot. A cet effet, il devra avoir la poitrine large et profonde, les reins droits et larges, disposés de façon à bien transmettre l'impulsion donnée par les membres postérieurs, l'en- colure suffisamment longue et musclée, le garrot élevé, l'épaule bien faite et oblique, les membres et surtout les jarrets larges et bien constitués. La vitesse du cheval au trot peut varier dans des conditions très grandes, depuis celle du cheval qui court dans une course jusqu'à celle du cheval qui fournit tous les jours son travail régulier à une allure modérée. J. H. Magne et G. Baillet, dans leur Hygiène vétéri- naire générale, donnent les vitesses suivantes qui sont en rapport avec les services usuels, pour un kilomètre : 734" avec une vitesse de 2'"20 par seconde, d'après le géné- ral Morin. 5'37"à7'3" — 2", 36 — id. 6'i5" — 2", 66 — id. 4'25"à4'38" — 3'",6o — id i54 LE CHEVAL. 429" avcc une vitesse de 3'". 72 par seconde, d'après M. Colin. 41 5" — 3'",92 — d'après le géné- ral Bonie. 4' 10" — 4™, 00 — d'après Tardon- nancemilitaire. 3'45" — 4™544 — pour les malles- postes. 3'oo" — 5", 55 — d'après Dandel, Ces derniers chiffres nous paraissent exagérés, ce- pendant dans les derniers jours où circulaient les malles- postes, elles étaient tenues de parcourir en 34 minutes le relais de poste qui était généralement de 7 à 8 kilo- mètres, quelquefois un peu plus. En i83o, la durée des parcours était de 46 minutes, soit une vitesse d'un peu moins de 12 kilom. à l'heure. En 1816 le temps moyen du parcours des malles était de 69 minutes par poste, soit une vitesse d'un peu moins de 8 kilom. à l'heure. Quant aux chevaux du roulage, qui parcouraient de 28 à 3o kilom. par jour, leur vitesse n'était guère que de 4 kil. à l'heure. Aujourd'hui dans les services accélérés de voyageurs ou de messageries à Paris, nous avons noté que les che- vaux faisaient le kilomètre en 4' 20" avec une vitesse de 3", 84 par seconde ou en 3'75" avec une vitesse de 3'", 91 par seconde. Mais il est une foule de circonstances qui doivent être prises en considération, et qui ne per- mettent pas aux animaux de donner tous leurs moyens, telles que l'encombrement, l'état du pavé, la charge, etc. Nous citerons pour mémoire les vitesses acquises dans les courses au trot, mais elles ne sont jamais at- teintes dans le service ordinaire. Travail au galop. — Il en est de même pour l'al- lure du galop, qui est très fatigante et ruine rapide- LE CHEVAL. i55 ment les animaux qui doivent fournir tous les jours un travail moyen. Cette allure est d'autant plus pénible pour les chevaux employés dans l'industrie et dans l'a- griculture, que le poids de leur corps est souvent voi- sin de 5oo kilog; on comprendra facilement les efforts que doivent faire ces animaux pour s'enlever dans les différents temps du galop. Il résulte donc de tout ceci et de nos propres obser- vations que plus la vitesse augmente, plus la charge doit diminuer, et nous verrons plus loin en parlant de la traction que le travail utile demandé à un cheval est d'autant moindre qu'on augmente la vitesse de son allure. Ainsi les chevaux des services d'omnibus et de tramways ne travaillent que quelques heures, tandis que les chevaux des services au pas peuvent facilement donner 8 à lo heures de travail. § III. CHEVAUX DE TRAIT. Lorsqu'il s'agit de traction, de tirage, il devient plus facile de se rendre compte des effets produits. Nous allons nous occuper maintenant des chevaux d'attelage qui sont plus particulièrement utilisés par le commerce, l'industrie et l'agriculture et qui sont employés par les entreprises de camionnage et de messageries, les services des transports en commun, omnibus et tramways et enfin par les travaux et les transports agricoles. Nous aurons rempli notre tâche , si nous parvenons à faire comprendre tout le parti qu'on peut tirer de ces chevaux qui sont les plus nombreux dans l'espèce. D'après l'enquête de 1882, la population chevaline de la France comprendrait environ 3, 000, 000 de chevaux i56 LE CHEVAL. entre les mains des agriculteurs dont 1,080,000 chevaux entiers et chevaux hongres, et 1,01 g, 000 juments em- ployés aux travaux de l'exploitation du sol, c'est-à-dire 8o,95pour X de chevaux adultes et 19,05 dejeunespro- duits jusqu'à trois ans. Il ne se trouve pas compris dans ce nombre les chevaux emplovés par Findustrie et Tar- mée, et qui s'élèvent au nombre de plus de 600,000, dont 140,000 pour Tarmée. Ici nous n'avons en vue que les chevaux de trait qui peuvent être distingués en chevaux de gros trait et chevaux de trait léger. En général les premiers effectuent leur travail au pas, tandis que les seconds le font au trot plus ou moins rapide. Mais il est toujours assez difficile de bien fixer les caractères spéciaux de chacune de ces catégories, surtout pour les animaux qui peuvent faci- lement faire le service au pas et au trot. On peut commencer à atteler le cheval dès la fin de la seconde année, pourvu qu'il ait été bien nourri et qu'on évite de le fatiguer. Il peut rendre de bons ser- vices jusqu'à 20 ou 25 ans. Pour utiliser les services des chevaux, il faut recourir à des appareils qui per- mettent d'établir entre eux et les résistances à vaincre une relation nécessaire; ces appareils constituent le harnachement, dont nous allons faire l'étude. CHAPITRE II. HARNACHEMENT DU CHEVAL DE TRAIT On donne le nom de harnais à ces différents appa- reils qui permettent d'utiliser les forces des animaux avec le moins de perte possible pour vaincre les résis- tances que provoque la mise en mouvement des mas- ses à déplacer. Le meilleur harnais sera celui qui sera le plus favo- rable à l'entier développement des forces des animaux. Cependant on donne bien aussi le nom de harnais aux parties accessoires du harnachement qui servent à atta- cher ou à gouverner les animaux, à les préserver des ef- fets de la température ou de la piqûre des insectes. Malgré qu'on voyageait beaucoup à cheval autrefois, ainsi que nous Pavons déjà fait remarquer, on se servait aussi, plus qu'on ne le suppose généralement , des chariots et des litières. Ces véhicules étaient de véritables tombereaux cou- verts ou découverts, posés sur deux essieux et quatre roues de diamètres égaux. Bien entendu ces voitures ne tournaient que difficilement, puisqu'elles n'avaient pas d'avant-train et que les roues de devant ne pouvaient passer sous la caisse du char. i58 LE CHEVAL. Cependant à force de chevaux et avec du temps, on arrivait tout de même, malgré les fondrières, grâce à la simplicité même du véhicule. On donnait le nom de co- ches à ces voitures qui avaient toutes espèces de forme; souvent Thomme était monté sur l'un des chevaux pour conduire. Il y avait aussi les litières portées par un cheval devant et un cheval derrière. Ce ne fut guère qu'au mariage de Charles VI avec Isabelle de Bavière-Ingolstadt, en i385, que parurent en France les premiers carrosses couverts. Mais peu à peu on rechercha la commodité, et c'est ainsi qu'on arriva à plusieurs sortes de voitures, dont la plus simple et la plus commune surpasse de beaucoup la solidité, la douceur, l'élégance et même la magnifi- cence des premiers chars. La perfection que nous avons su donner aux voitures modernes , les ressorts qui en rendent les mouvements peu sensibles, leur légèreté qui diminue considérable- ment le travail des chevaux qui les traînent, ont contri- bué dans une large mesure à modifier les harnais qui doivent servir aux chevaux pour opérer la traction de ces différents véhicules. Le harnachement du cheval de trait varie à l'infini suivant les conditions de service, de luxe, etc. Mais il y a certaines parties essentielles qu'on retrouve dans tous les harnachements, quelle que soit leur destination. § I. APPAREILS DE TIRAGE. Collier. — Le but à atteindre pour un bon collier est de permettre l'utilisation de toutes les forces de l'a- LE CHKVAL. i.-)0 ni mal sans le blesser, ce que Ton ne voit guère avec les colliers lourds des chevaux de limons ou de gros trait, même de trait léger, souvent refoulés aux épaules. Le collier est sans contredit la partie la plus impor- tante du harnachement, car il reçoit par l'intermédiaire des traits, Teffort produit par le cheval pour mettre en mouvement la charge à traîner. La première condition à laquelle doit satisfaire un bon collier est de s'adapter exactement sur les régions du corps avec lesquelles il est en contact. La direction du collier, quelle que soit celle des traits, doit être parallèle à la direction de Tépaule. Les colliers varient beaucoup de forme, et il faut avouer qu'il est rare de voir un cheval avec un collier bien ajusté. Le soin d'adapter un collier à un cheval est souvent laissé à des hommes, comme les selliers, co- chers ou charretiers, qui ne se font aucune idée de ce que doit être cette partie du harnachement. Ainsi pour certains travaux, on a cru qu'il fallait donner aux col- liers des dimensions et un poids réellement exagérés. L'usage du collier était assez rare pour les chevaux de luxe au commencement de ce siècle. 11 était réservé pour le roulage, le labour et tous les ouvrages qui se font lentement ou au pas. Dans ces travaux le cheval tire toujours à pleins traits, parce qu'il a une résistance considérable à vaincre : mais pour l'usage de la ville, et pour traîner de légers chars, ce surcroît de puissance que Ton donne au cheval, semblait inutile. On trouvait que le collier, même le plus parfaitement ajusté, gâtait la crinière qui accompagne si bien une belle encolure. Comme nous l'avons déjà dit, étant très souvent choisi indifféremment, il est trop grand ou trop court, trop serré ou trop ouvert. Fort peu de personnes apportent toute l'attention nécessaire à ce détail; c'est la diffi- i6o LE CHEVAL. culte de Tapproprier qui faisait qu'on ne généralisait pas l'emploi de cette partie si importante du harnachement. On se servait alors beaucoup de la bricole, dont nous parlerons tout à l'heure . Le collier bien ajusté facilite le travail du cheval, nous l'avons démontré par des expériences dynamométriques. Ainsi sur deux lignes de tramways ayant un parcours commun, nous avons attelé les mêmes chevaux conduits par le même cocher. Dans la première, les chevaux avaient des colliers, dans la seconde des bricoles. Les efforts de démarrage ont donné, en faveur du ti- rage au collier une différence très notable; tandis que, aux mêmes endroits, attelés avec des colliers, les chevaux ont fait pour démarrer des efforts de 3oo à 400 kil.; avec des bricoles, ces chiffres atteignent 460, 5 00 et 600 kil. D'où nous pouvons conclure que le tirage au collier est bien préférable au tirage à la bricole, ce qui est largement démontre par la pratique de chaque jour. En général tous les colliers peuvent se séparer en deux parties; ceux qui n'ouvrent pas, ont une forme ronde; ils sont peu commodes, et l'animal tire souvent avec la gorge au risque d'être étouffé. Les colliers, en s'ouvrant, sont plus faciles à placer et surtout à retirer, lorsque les chevaux viennent à tomber. Le collier est ainsi appelé parce qu'il entoure le cou des animaux, il est de forme ovalaire entourant l'extré- mité inférieure de l'encolure et se prolongeant sur les épaules. Il présente deux parties principales, les cous- sins et les attelles. Coussins. — Les coussins sont utilisés pour permet- tre au collier de s'adapter parfaitement sur toutes les régions du corps avec lesquelles il est en contact; comme toutes ces régions présentent des saillies et des LK CHKVAL. i6i dépressions alternatives, il est nécessaire pour que cette adaptation soit parfaite, que les coussins soient rembour- rés d'une substance molle au toucher et facilement dépressible qui leur permette de se mouler sur le corps. Trop large, la coaptation n'est plus parfaite, et le col- lier est rejeté d\in côté à Tautre à chaque pas du cheval, d'où il résulte un point d'appui moins étendu et par suite une perte de mouvement pour la résistance. Trop étroit, il nuit à la liberté des régions qu'il re- couvre, il s'oppose aux fonctions de circulation et de respiration et diminue l'intensité d'action du moteur animé. Les coussins ont pour base profonde de la paille ou du foin étroitement comprimé pour former un faisceau résistant recouvert du côté intérieur par de la toile ou du cuir qui les revêt. On interpose entre cette paille et la matière de revêtement du crin ou de la laine, afin de rendre plus doux encore le contact avec le corps de l'animal. L'ovale formé par le collier est une courbe qui ceint le bord inférieur de l'encolure, et après s'être appliquée sur les deux côtés de cette région, vient for- mer dans la partie supérieure un angle très aigu, sur- monté d'une partie assez large qu'on appelle tête du collier. Ces coussins portent sur leur face externe, vers le bord antérieur du collier, une rainure profonde des- tinée à loger les attelles, tandis que la face interne est arrondie et douce au toucher. Attelles. — Les attelles du collier peuvent être en bois ou en métal; elles ont pour usage principal de donner attache aux traits. Les attelles en bois sont deux planches fixées vertica- 102 LE CHEVAL. lement par leur bord interne, dans les rainures des cous- sins (voir lig. 23, page ijS). Leur extrémité supérieure dont la forme varie sui- vant les pavs, est rejetée en dehors de chaque côté de la tête du collier, et reçoit le nom d'oreilles. Elles sont tou- jours munies d'anneaux dans lesquels passent les rênes. Sur la partie moyenne des attelles, qui correspond au milieu de l'épaule, est percée une ouverture rec- tangulaire, destinée à loger une forte courroie ou un crochet en fer servant à attacher les traits. La partie inférieure des attelles, recourbée en sens inverse de la partie supérieure est réunie d'une manière tixe ou mobile, par une sorte de fermeture qui est très variable de forme. Les attelles en métal sont formées simplement par une tige en fer ou en cuivre cylindrique, à laquelle on imprime la courbure ovalaire du collier et qui se loge dans la rainure comme pour les colliers bourgeois ifig. i8). En général ces attelles n'ont pas d'oreilles, et portent seulement deux anneaux de chaque côté, l'un en haut pour le passage des guides, l'autre au niveau du milieu de l'épaule pour l'attache des traits. Dans le harnais de campagne, on recouvre la tête du collier d'une housse, ou simplement de cuir, pour empêcher, dans les temps de pluie, les coussins de s'im- biber d'eau et de se détériorer. Cette housse, en se pro- longeant sur le dos de l'animal, le protège contre la pluie et le soleil. Le collier doit être placé de telle façon qu'il ne cause à la partie supérieure sur le garrot aucune blessure et qu'il y ait à la partie inférieure un espace suftisamment large, pour ne pas mettre obstacle au fonctionnement de la respiration et de la circulation du sang dans les gros vaisseaux. LE CHEVAL. iG3 La direction du collier doit être, quelle que soii celle des traits, parallèle à la direction de l'épaule. En général les points de tangence des coussins avec le corps doivent être d'autant plus nombreux que la FiG. i8. — Collier bourgeois avec attelles en métal. résistance à vaincre est elle-même plus forte. Les cous- sins des colliers qui servent aux gros chevaux devront donc avoir de grandes dimensions en étendue, afin que ranimai puisse y trouver un point d'appui plus large, tirer avec plus de franchise et communiquer à la résis- tance une plus forte quantité de mouvement. C'est en voulant donner de grandes largeurs au cous- i64 LE CHEVAL. sin qu'on est conduit à imposer au collier un poids énorme qui n'ajoute rien à sa solidité; les colliers arrivent à des poids de 20, 25, 3o kil. et même beaucoup plus, qui doivent être supportés par les chevaux en dehors des résistances qu'ils auront à vaincre pour la traction. Nous donnons plus loin (tig. 23] la reproduction d'un de ces colliers énormes comparé avec le collier qu'on peut ap- peler le collier de luxe et qui est beaucoup plus léger. Dans certains colliers, surtout ceux employés dans l'industrie et le commerce, les attelles (fig. 19^ se trou- vent recouvertes par lesmatelassures. C'est un avantage au point de vue de la simplicité du collier et de son net- toyage journalier, mais c'est un inconvénient au point de vue des réparations qu'il peut avoir à subir; en effet, dans ce dernier cas, il doit être complètement dé- monté. Pour remédier à cet inconvénient, M. Copeau a fabriqué un collier très léger avec attelles extérieures en bois (fig. 20). Nous avons cherché à simplifier beaucoup le colletage des chevaux en essayant de nous rapprocher le plus possible de ceux qui sont employés par les Russes et les Suédois, et qui ne se composent que de deux tiges de bois réunies en bas et en haut par des lanières. Ils ne comportent ni coussins, ni rembourrages et peuvent être très bien employés, même pour de fortes tractions. Il est vrai que ces colliers sont faits avec un bois spécial très résistant, le micocoulier {Celtis aiistralis, L.) delà famille des urticées, arbre qui a du rapport avec l'orme, et dont le bois est très compact et très élastique. Mais il est difficile d'en faire répandre Tusage, parce qu'il semble indispensable qu'il existe une sorte de cous- sin entre les parties dures du collier et la peau de l'a- nimal, c'est là une habitude qui fait qu'on ne peut arriver à colleter convenablement les chevaux. iG6 LE CHEVAL. On donne d'abord presque toujours aux colliers, sur- tout les plus lourds, une sorte de forme conique, dont la base se trouve en arrière, et qui vient entourer le cou FlG. Collier Copeau avec attelles extérieures en bois. de ranimai; de cette façon il est certain que ce har- nais ne porte plus sur les parties antérieures du corps de ranimai, comme il le devrait, mais bien sur la base du cou seulement. Dans ces conditions il gêne les fonctions des vaisseaux qui se trouvent à la base de Tencolure et ne s'applique pas sur les parties qui doi- LE CHEVAL. 167 vent recevoir facilemcni Timpulsion qu'elles ont à transmettre. Il faudrait dcjnncr au collier plutôt la forme d'un anneau que celle d'un cône, en s'inspirant bien des lar- FiG. 2 1. — Collier en tôle dacieî geurs et des hauteurs qu'il doit avoir; ainsi il faut rejeter d'une manière absolue cette mauvaise habitude qu'ont certains selliers de vouloir laisser un vide dans la partie supérieure pour la crinière en exagérant le volume des parties rembourrées sur les côtés. Il y a toujours un i68 LE CHEVAL. moment où les matelassures se déforment et où les bles- sures se produisent. Collier métallique. — Dans ces dernières années , nous avons vu en Angleterre un nouveau collier mé- tallique et en même temps très élastique. La forme donnée à ce collier qui vient d'Amérique est bonne, on voit que Tinventeur a commencé par modeler avec beaucoup de soin les parties antérieures du cheval qui doivent se trouver en contact avec ce nouveau collier, et, en présence des résultats déjà obtenus, nous n'avons pas hésité à faire un essai sur un grand nombre de chevaux. Le nouveau collier élastique en tôle d'acier peut être considéré comme l'une des inventions les plus heureuses de ces dernières années; c'est une révolution dans le harnachement du cheval; la très grande faveur avec laquelle il a été accueilli par tous ceux qui l'ont essayé établit de la façon la plus nette que ses avantages sont de premier ordre. Il se compose (tig. 21) dedeux flasques semblables en forme d'U, réunies àlapartie supérieure par une arcade et à la partie inférieure par une fourrure portant l'appa- reil de fermeture : les deux flasques latérales portent les crochets de traction et les guides des rênes. La conformation de la partie des flasques en contact avec les épaules a été déterminée à la suite d'une étude approfondie; les surfaces de contact sont zinguées : leur poli onctueux, leurs formes arrondies, leur inalté- rabilité rendent toute blessure impossible. La nature du métal, acier de toute première qualité, et la forme même des flasques latérales assurent à ces colliers une grande résistance et en même temps une certaine élasticité qui a pour efl'et d'amortir les chocs résultant de tout effort soudain et violent. LE CHEVAL. 169 Le même modèle de collier peut s'ajuster à plusieurs chevaux ayant à peu près la même encolure ; c'est un avantage considérable, mais dont il ne faut pas trop abuser, car si le collier est employé souvent à des gran- deurs différentes, il se déforme. Huit numéros répondent à tous les besoins, et tout animal, depuis le plus petit poney jusqu'au plus fort cheval de brasserie, peut être immédiatement fourni d'un collier. Il suffit de connaître les dimensions intérieures d'un ancien collier en hauteur et en largeur pour dé- terminer le numéro et le modèle, petit, moyen ou grand, du collier élastique en acier qui le remplacera à coup sûr. Un tableau établi par les fabricants donne avec les numéros des modèles, le poids du collier, sa hauteur et sa largeur suivant les différentes tailles. Les principaux avantages du collier élastique en tôle d'acier peuvent se résumer comme suit, d'après le pros- pectus même des inventeurs : 1° Il s'ouvre en pressant un ressort logé dans la gorge inférieure; par suite il se place et s'enlève très facile- ment. 2" Il n'a pas de garnissage en bourre. 3" Il ne peut pas se déformer par l'usage, il n'exige aucun entretien, il est toujours prêt. 4° Tout collier pouvant s'ajuster très facilement à trois largeurs et trois hauteurs différentes peut servir pour plusieurs chevaux. Mais à cet égard, nous le répétons, nous faisons tou- tes réserves. 5" Il est élastique, ce qui réduit au minimum la se- cousse au départ en cas de charges pesantes. 6" L'effort est réparti sur une large surface des épau- les. lyo LE CHEVAL. 7° Il porte sur les épaules par une surface polie zin- guée. 8° Jamais il ne blesse les chevaux et même son usage assure la guérison des écorchures produites par le col- lier en cuir. Nous avons obtenu ainsi plusieurs guérisons, mais il faut reconnaître en même temps qu'il est quelquefois difficile à appliquer aux chevaux très maigres. 9° Il est beaucoup plus léger, plus confortable, de plus longue durée, et meilleur marché que le collier en cuir. 10" Toutes les pièces sont faites sur calibres et sont interchangeables. 11° Sa conservation est indéfinie. I 2" Il ne peut emmagasiner aucun germe morbide en cas de maladie contagieuse. Dans ce dernier collier, le crochet qui fixe les traits est très bien placé et il permet au cheval d'exercer faci- lement la traction qui doit vaincre la résistance voir fig. 2 1 et 24). Dans les colliers ordinaires la direction des traits est quelquefois difficile àdéterminer. car latraction ne s'opère pas dans les mêmes conditions, quand il s'agit d'animaux de grande taille attelés à une charrue ou à une voiture dont les roues de devant ont un très petit diamètre, ou qui sont attelés à des véhicules dont les roues sont très élevées. Ainsi, dans ce dernier cas, la direction des traits se trouve placée comme dans la bricole, qui est une sorte de courroie jetée devant le poitrail de l'animal. II semblait que l'exposition universelle de 1889 qui a présenté pour certaines industries des progrès remar- quables, aurait dû mettre en relief quelques améliora- tions dans le harnachement. Mais, comme pour la ferrure, l'enseignement manque; on n'a signalé dans la classe 60 LE CHHVAL. [71 de hi bourrellerie et la classe 74 de ragriculturc que des colliers réglables en hauteur et en largeur avec ti- rage mobile. Nous n'aimons pas les colliers réglables parce qu'ils exigent beaucoup de soins. En dehors de cette facilité du réglage, toutes les er- reurs anciennes subsistent : les colliers sont trop lourds, la forme des matelassures est mal étudiée, de FiG. 22. — Bricole. sorte que le cheval est toujours forcé de former le col- lier à son épaule. Ces inconvénients sont inhérents au système de collier matelassé. Ils font encore mieux ressortir les grands avantages des colliers tout en bois ou en métal. Bricole. — La bricole (tig. 22) est un appareil de tira- ge beaucoup plus simple que le collier ; elle est essentiel- lement constituée par une large bande de cuir qui em- brasse le poitrail du cheval et lui permet de prendre un point d'appui solide. Elle se termine à ses deux extré- 172 LE CHEVAL. mités, en arrière des épaules par un anneau, ou une boucle à laquelle s'attachent les traits. C'est un appareil moins favorable au tirage que le collier, parce que sa surface de contact avec le corps est trop peu étendue. De plus la pression s'opère en général plutôt sur l'épaule du membre posé à terre que sur celle du membre qui se lève. Pour toutes ces raisons, le tirage n'est pas aussi complet qu'avec le collier. Nous avons relaté plus haut les résultats des expériences dynaniométriques faites à ce sujet. La bricole n'est employée que lorsque le cheval est blessé à l'encolure ou sur le garrot, ou dans les cas qui demandent peu de forces. Dans les anciens attelages de poste, on n'employait que la bricole; avec les chevaux harnachés comme main- tenant, il eût été impossible de placer la selle des postil- lons. C'est ce qui explique que pour des charges relati- vement légères, on devait employer cinq et six chevaux d'attelage, par suite de l'emploi des bricoles qui enle- vaient une partie de leurs forces. Cette bande de cuir qui ceint le poitrail et qui porte le nom de bricole est soutenue par un certain nombre de courroies, quatre quelquefois, dont deux de chaque côté. Les premières s'attachent en arrière de la pointe de l'épaule, les secondes à l'anneau et toutes viennent aboutir à un coussin, placé en arrière du garrot et au- quel on donne le nom de mantelet. La bricole a les mêmes parties accessoires que le col- lier. Dans l'armée on a employé de préférence la bricole, parce qu'on ne pouvait que difHcilement arriver à col- leter chaque cheval. Il nous suffira de passer en revue rapidement les au- [.E CHEVAL. 173 très parties du harnais, sans nous attacher à décrire tous les perfectionnements apportés par le luxe dans leur confection. Traits. — Les traits sont les liens qui unissent le collier aux palonniers et par suite à la voiture; ce sont eux qui transmettent le mouvement du moteur animé à la résistance qu'il doit déplacer. Placés de chaque côté du corps de l'animal, ils sont maintenus dans leur position et leur direction par le surdos, le faux-surdos, le fourreau et la ventrière. Les traits peuvent être en cuir, en chanvre ou en fer, toutes matières d'une faible élasticité; cette rigidité est-elle un bien? On a essayé des traits élastiques en introduisant un ressort dans le harnachement des che- vaux de trait. Nous avons employé un grand nombre de ces ressorts, et, malgré les avantages mis en évidence dans certaines expériences faites avec des chevaux tra- vaillant au pas, nous n'avons jamais pu, avec des véhi- cules très lourds devant travailler au trot, constater que l'effort fût plus mesuré, moins saccadé. Au contraire, nous avons remarqué que les charretiers soigneux ne se rendaient plus exactement compte de l'instant oi^i la traction s'opère, et, surtout pendant les premiers temps, il y avait hésitation dans le coup de collier. On sait que la direction des traits a une très grande influence sur le résultat utile des efforts de l'animal. En effet, il est bien évident, qu'ils n'agissent pas de la même manière dans les différents modes d'attelage. La longueur et l'élasticité des traits, dans l'emploi particulier de ressorts dont nous venons de parler, exer- cent également une influence notable sur le résultat utile des efforts de l'animal. Mais d'une manière générale, ils doivent être résis- tants et inextensibles : résistants, pour supporter les 174 LE CHEVAL. efforts de la traction sans se rompre. Ils devront être légers, lisses, ou enveloppés d'un étui qui leur donne cette qualité, pour ne pas blesser par leurs frottements continuels sur la peau des animaux. Palonnier. — La jonction des traits avec la voiture doit toujours se faire au moyen d'un palonnier, quel que soit le mode d'aitelage : en effet lorsque les traits sont directement attachés à l'équipage, sans Tintermé- diaire du palonnier, la traction s'opère plus énergique- ment sur le côté du collier, dans les efforts qui n'ont plus lieu dans une direction rectiligne, d'où perte de quantité de mouvement. Le palonnier a l'avantage d'articuler le tirage en un seul point et de permettre à l'animal d'exercer la traction à plein collier, même lorsqu'il s'écarte de Taxe de la direction du fardeau. La longueur des traits doit être suffisante. Surdos. — Le surdos ou porte-trait est une large courroie, placée transversalement sur le dos de l'animal et destinée à soutenir les traits. Il porte à ses extrémités libres une sorte de gaîne ou fourreau qui sert à les loger et à protéger de leur frottement les parties de la peau qui pourraient y être exposées. Ventrière. — On appelle ventrière ou ventrelle une courroie qui passe sous le ventre et qui empêche les traits de remonter. Avaloire ou reculement. — L'appareil qui per- met à l'animal de reculer la masse porte le nom d'^- valoire ou de reculement. Le reculement (fig. 23) est constitué par une bande de cuir plus ou moins large, qui embrasse les deux fesses et qui porte le nom de fessièrc ou de reculement; elle doit avoir assez de largeur pour permettre à l'animal d'y pren- dre franchement son appui dans les reculers et les des- LE cm: VAL. 175 centcs. Elle csi termince à chacune de ses extrémités par un anneau en ter ou en cuivre, auquel est attachée il! FiG. 23. — Cheval de gros trait. Collier avec attelles en bois, sellette, recule.ment et croupière. une chaîne ou courroie, qu'on nomme chaîne ou cour- roie de reculement. Le reculement comprend encore les courroies qui s'entrecroisent sur la croupe pour le maintenir. Ces courroies viennent se réunir soit à la sellette, soit à une longe en cuir qui est fixée dans sa position par une 176 LE CHEVAL. autre courroie qui l'unit en avant au collier et en ar- rière à une partie du harnachement appelée croupière, sorte de bourrelet qui passe en décrivant une anse sous la queue de l'animal. Le reculement est indispensable pour les voitures qui ne sont pas munies de mécanique pour les enrayer. Sou- vent le harnachement n'en comporte pas, pour celles qui ont des freins plus ou moins puissants. Le recule- ment dans ce dernier cas est remplacé par une cour- roie qui est fixée aux brancards ou aux palonniers de la voiture et à laquelle on donne le nom de plate- longe. § 11. — APPAREILS DE GOUVERNE. On gouverne les chevaux de trait avec la bride, les guides et les rênes. Bride. — La bride comprend deux parties distinctes ; le mors et la monture : Mors. — ,Le mors, qui est le moyen de sujétion per- mettant de guider le cheval, est bien plus compliqué dans le harnachement du cheval de selle que dans celui du cheval de trait. Ce dernier est le plus souvent formé comme embou- chure d'un cylindre de fer, ou même seulement de bois, renflé à ses deux bouts, qui prennent le nom de canons du mors; il est quelquefois rétréci dans son milieu où quelquefois il présente une courbe appelée liberté de langue; souvent entin c'est un simple bridon, c'est-à- dire deux branches de fer articulées. Ce mors ne présente pas les formes et les inflexions calculées par les écuyers pour les chevaux de selle. Les charretiers n'ont pas le LK CHEVAL. 177 don, en général, de savoir apprécier les effets qu'on peut produire avec le mors. Les branches du mors sont droites, munies à leur extrémité supérieure d'une ouverture œil du morsj destinée à donner attache aux montants de la bride, et à leur partie inférieure de deux anneaux, l'un placé au ni- veau de l'embouchure, et destiné à fixer les rênes, l'autre à l'extrémité de la branche, pour l'attache des guides. Des canons cylindriques, une liberté de langue, des branches droites, telles sont les conditions suffisantes que doit réunir le mors du cheval de trait; il ne doit en outre ni remonter trop haut, ni descendre trop bas. Moîiture. — Dans la monture nous trouvons : la têtière, les montants, les œillères, le frontal, la sous- gorge et la muserole ou cache-nez. La têtière est la partie élargie de la bride qui passe sur la nuque en arrière des oreilles, elle sera assez large et assez souple pour que la nuque ne soit ni excoriée ni coniprimée. Elle se divise en deux parties de chaque côté pour s'unir d'une part aux montants et pour former d'autre part la sous-gorge. La têtière s'appuie sur la nuque, région qui a pour base l'articulation de la première vertèbre cervicale avec la tête, l'origine du ligament cervical et les tendons terminaux des muscles de l'encolure. La sous-gorge ne devra pas gêner la respiration. Les montants seront assez longs pour maintenir le mors dans sa position. Les montants sont les deux parties placées sur les joues, ils portent de chaque côté, au niveau de l'œil de l'animal, une plaque de cuir carrée ou ovalaire appelée œillère, destinée à empêcher le cheval de voir en arrière et sur les côtés. T. II. 12 lyS LE CHEVAL. Dans les harnais bien ajustés, Toeillère peut remplir son rôle et empêcher l'animal de voir ce qui se passe sur le côté, mais en général dans les harnais des chevaux de trait cette partie n'est pas fixée d'une manière prati- que ; elle est souvent ou trop basse ou trop haute . Ce fait se produit surtout quand on se sert de la même bride, pour plusieurs chevaux, c'est pourquoi nous Tavons supprimée. Il y a avantage à opérer ainsi, car c'est toujours par cette partie que la bride se détériore. Depuis 20 ans que nous avons supprimé l'œillère, il nous a été permis de constater que non seulement il y avait économie au point de vue de l'entretien de la bride, mais que les animaux se trouvaient dans de meilleures conditions et qu'ils s'etfrayaient beaucoup moins de tout ce qui les entoure. Quand il s'agit de régler la marche d'un certain nombre de chevaux attelés ensemble, il arrive quelquefois qu'un cocher inexpérimenté attaque un seul des chevaux, qui fait alors des efforts pou- vant compromettre la conservation des membres. Sans œillères, tous les chevaux voient les mouvements de ce- lui qui les conduit et il y a avantage à cela. Le frontail porte à ses extrémités une anse dans laquelle passe de chaque côté l'extrémité de la têtière. Il a pour but de maintenir la bride en avant. La muserolle remplit le même office par rapport aux montants et peut affecter différentes formes. Guides et rênes. — Les guides sont des cordes de chanvre ou d'étroites lanières de cuir attachées d'un côté au mors des animaux et de l'autre tenues dans la main du conducteur qui indique ainsi la direction à suivre. Les rênes ^ qui sont généralement deux lanières en cuir, sont destinées à soutenir la tête du cheval, et dans ce but, elles s'attachent par leur extrémité supérieure ù la tête du collier. LE CMEX'AL. 179 § III. DIFFÉRENTS MODES d'aTTELAGE. Cheval attelé seul ou limonier. — Le cheval attelé seul et qui est limonier a un attelage particulier (tig. 23). Il porte une sorte de sellette ou de selle de limon qui est destinée à porter les brancards ou les li- mons de la voiture. Elle ressemble à la selle et elle se compose en général d'un arçon formé par deux crois- sants en bois, qui, par leur saillie, interceptent entre eux une gorge profonde dans laquelle se place la dos- sière pour les voitures ordinaires. Elle peut être aussi en cuir, et la dossière passe dans une coulisse. Toute la partie extérieure est revêtue d'un cuir épais qui en se prolongeant forme de chaque côté les quartiers. En dedans, l'arçon ou la garniture en cuir sont munis de chaque côté de coussins qui portent les noms de panneaux. La sellette est maintenue en place comme la selle par une large courroie de cuir munie de contre- sanglons. Dans ces dernières années on a beaucoup allégé les sellettes, surtout des chevaux de gros trait. La dossière est une bande de cuir, plus ou moins large et forte, dont les deux bouts repliés sur eux-mêmes forment deux anses destinées à soutenir les brancards de la voiture ou les brancards du limon. Elle prend son point d'appui sur le siège de la sellette et transmet au cheval tout le poids de la voiture. Par une disposition spéciale, la dossière peut s'allonger ou se raccourcir, atin de permettre d'abaisser ou d'élever les brancards du véhicule. La sellette qui porte la dossière prend comme la selle i8o LE CHEVAL. un point d'appui en arrière du garrot, sur toute la région dorsale, dont la base osseuse est formée par la tige des vertèbres dorsales et les arcs des côtes, et par les mus- cles qui les recouvrent. Le collier du cheval attelé seul porte les traits qui viennent s'attacher au palonnier de la voiture. Le collier du cheval limonier ne porte pas les traits , mais ses bracelets soutiennent des crochets destinés à donner un point d'attache aux chaînes du limon de la voiture. L'attelage du cheval limonier a une très grande im- portance; nous voyons les charretiers de tombereaux chercher à équilibrer la charge de ce cheval, soit en en- levant du poids en avant ou en arrière du tombereau; c'est afin que le centre de gravité se trouve au niveau même de l'essieu, afin que le cheval n'ait rien à porter, et qu'il n'ait qu'à tirer. Le cab anglais est le plus pur exemple de cet attelage pour le trait léger. Cheval de devant ou de cheville. — Le cheval placé devant celui qui est à proprement parler attelé à la voiture s'appelle le cheval de devant ou de cheville; pour les chevaux de luxe on appelle cela l'attelage en tandem. Le harnachement du cheval de devant diffère surtout par son avaloire; pour les chevaux en cheville conduits à pied, le collier porte à son attelle gauche autant d'an- neaux qu'il y a de chevaux de volée, chacun de ces an- neaux étant destiné à soutenir la guide de chacun des chevaux de devant. L'avaloire du cheval de cheville est beaucoup plus simple, le reculement est moins fort, la sellette est rem- placée par une simple bande de cuir, et les barres de fesses sont moins nombreuses. Quelquefois dans les terrains en pente on utilise le LE CHEVAL. i8i hcval de cheville pour aider le limonier à arrêter la barge qui tend à descendre trop rapidement. Pour -v>/ r «1 |©;| 1^^ .'t i' Vj-f. FiG. 24. — Attelage d'un omnibus a trois chevaux avec colliers métalli QUES. obtenir ce résultat, le cheval de cheville est ai,taché par des plates-longes qui se fixent au reculement à Tarrière du véhicule. On met son avaloire en rapport avec les iS2 LE CHEVAL. guides, en les unissant ensemble, au moyen d'une courroie que l'on boucle avec elles et qui passe dans un anneau placé en avant de la selle. En faisant par cette disposition éprouver au cheval la sensation de son mors, on le détermine à s'acculer sur son avaloire et à s'opposer au mouvement de la voiture en avant. L'emploi des chevaux de retraite pour les très gros fardeaux est souvent plus efficace que tous les autres moyens d'enrayement, et ils soulagent ainsi le limonier qui, sans cela, serait entraîné etécrasésous la masse. Ces moyens sont beaucoup moins employés depuis qu'on a perfectionné les freins des voitures, même les plus lour- des; mais dans les campagnes on est encore forcé d'em- ployer les chevaux comme nous l'avons dit plus haut. Chevaux attelés par paires de deux ou de trois. — Les chevaux attelés par deux ou par trois (tig. 24) aux voitures surtout à quatre roues, ont un harna- chement qui diffère des précédents parce qu'ils sont pla- cés sur un même rang de chaque côté du timon ou du brancard qui entoure le cheval du milieu. Le collier porte des crochets dans lesquels se fixent les traits, qui peuvent s'allongcrplusou moins par la bou- cle placée près du collier, et aussi un anneau sur le de- vant qui doit recevoir les chaînettes attachées au timon. Le reste du harnachement à deux ou trois chevaux est beaucoup plus simple et on peut remplacer la sellette par une simple bande de cuir qui sert seulement à main- tenir à leur place les différentes parties, comme le sur- dos, le reculement et les traits. Lorsqu'on attelle à quatre ou à cinq chevaux, soit trois derrière et deux devant, ou vice-versa, ces diffé- rentes parties du harnachement se ressemblent. Nous ne décrirons pas les modifications plus ou moins LE CHEVAL. i83 imponantes qu'on a fait subir aux chainetics, aux traits, etc., suivant les besoins et le luxe. Ce que nous avons voulu surtout bien établir, ce sont les moyens généraux pratiques , par lesquels on met les chevaux en rapport avec les masses qu'ils doivent déplacer. Les traits sont en rapport avec les palonniers, qui ne devront jamais être attachés au véhicule d'une manière fixe. Ils devront, autant que possible, pouvoir suivre les mouvements des traits. CHAPITRE m, TRACTION DES VOITURES. Quel que soit le mode de transport que Ton considère, on doit toujours étudier séparément les trois éléments qui concourrent à l'opération, savoir : le véhicule, la voie de communication sur laquelle il se déplace, et enfin le moteur qui le met en mouvement. Nous ne voulons parler que des voitures portées sur roues, laissant de côté les transports par traîneaux qui ne sont guère employés que dans les montagnes ou par les temps de neige. Dans les voitures montées sur roues, Teffort néces- saire à la mise en mouvement provient surtout de la résistance provenant du frottement de roulement de la surface de la jante sur la surface plus ou moins ru- gueuse de la route. Influence de la nature des routes. — Sans en- trer dans des descriptions minutieuses au point de vue mécanique, nous pouvons de suite affirmer que le frotte- ment de glissement de la boîte de la roue sur la fusée de l'essieu est relativement peu considérable dans les véhi- cules bien construits et bien entretenus par un graissage LE CHP:VAL. i85 constant. Mais il n'en est pas de même du frottement de roulement que la roue éprouve en se déplaçant sur le sol. En effet l'influence que l'état du sol exerce sur le tirage dépend de Tétat de la surface de roulement, c'est- à-dire de la constitution de la route ou chaussée à par- courir. Depuis loni^temps nous avons remarqué que le pavé était la chaussée sur laquelle le roulement des voitu- res s'effectuait le mieux, surtout quand ce pavé était constitué, comme celui qu'on a fait dans ces dernières années, par des petits pavés formant une table con- tinue; seulement leur nature très résistante ne don- nait plus de prise aux pieds des chevaux et on se trou- vait alors en présence d'une autre difficulté, qui était pour les chevaux de trouver sur ces surfaces des points d'adhérence leur permettant d'employer leurs forces à la traction, lesquelles étaient souvent tout entières consacrées à éviter des chutes. En parlant de la ferrure , nous avons indiqué les moyens qui pouvaient donner aux chevaux cette ad- hérence indispensable pour une bonne traction. Il est bien démontré qu'un macadam bien fait est élastique et permet au cheval d'utiliser toutes ses for- ces, mais pendant qu'on recharge ces chaussées, ou lorsque la pluie les détrempe , elles deviennent une cause d'augmentation du travail. Quant aux chaussées d'asphalte , elles sont très rou- lantes et présentent les mêmes inconvénients qu'un pavé très uni; les chevaux doivent y être ferrés d'une manière spéciale. Pendant les chaleurs, elles ont l'in- convénient de devenir molles et d'augmenter la traction. Les pavages en bois sont pendant les premiers jours dans de bonnes conditions pour faciliter le roulement et la stabilité des chevaux, mais au fur et à mesure i86 LE CHEVAL. qu'ils vieillissent, ils deviennent glissants et présentent des inconvénients assez graves. Voici les résultats de quelques expériences dyna- mométriques que nous avons faites en 1884; les chiffres représentent l'effort moyen par tonne : Par tonne- 20 mars. — Effort moyen sur le pavage en bois, pavé sec i D^igG 28 mars. — Effort moyen sur le pavage) du rond-point ( | i6>'62o en bois légèrement arrosé . .) à la Concorde. ( < ig^bjo — Effort moyen sur le pavage) de la Concorde^ | I7''270 en bois légèrement arrosé..) au rond-point. f ^ i7''56o •1 T-cc ' j- • { i4''36o !«'• avril. — Lrrort moyen sur pave ordmaire sec , , ■' ^ ( I7'^200 ., ^cc ' 1 ' ( I7''200 i*"" avril. — Lrrort movcn sur macaaam sec en bon etat.-^ ' ( I2''040 2 avril. — Effort moven sur macadam arrosé, mais enN ^ ^^ u ' '. . ^ I S^qgo assez bon état / ^^ ( i7''9io Le dynamomètre a confirmé ce que Texpérience nous avait appris, c'est que le bon macadam bien en- tretenu serait la meilleure chaussée, surtout lorsqu'elle est bordée sur les côtés de rangées de pavés, qui per- mettent le passage lorsqu'il faut recharger la voie du milieu tout entière en macadam. Le pavé en bois n'offre pas la résistance qu'on croit ; il se laisse péné- trer par les roues des lourds véhicules, et dans ces conditions la traction se trouve augmentée. Mais pour les voitures légères, il offre de très grands avantages, par suite de la facilité de roulement. Cette élasticité même que nous constatons avec les voitures lourdes est très favorable aux chevaux attelés à ces voitures, et diminue dans une grande propor- tion les inconvénients des sous-sols en béton placés sous le pavage en bois. Nous avons remarqué que les LF. CHEVAL. 187 boiteries sont trcs Ircqucntes chez les chevaux qui doivent circuler sur les chaussées en pavés ordinaires placés sur béton. Le peu d'élasticité de ces sols a pour résultat de fatiguer considérablement les mem- bres des jeunes chevaux surtout. Quoi qu'il en soit, le pavé en bois est très avanta- geux pour la traction ; c'est un véritable progrès pour la voirie des villes, l'hiver surtout, si on a soin de projeter du sable de rivière, lorsqu'il devient glissant par suite d'usure. S'il est difficile de mesurer exactement le travail du cheval qui porte, il n'en est pas tout à fait de même pour celui qui opère la traction des voitures. On est arrivé à mesurer exactement la résistance que présente la mise en mouvement des véhicules; on en a conclu qu'il fallait que l'animal développât tel effort, mais nous allons bientôt voir que cet effort varie avec les animaux suivant leur force, leur tempérament et une foule- d'autres circonstances que nous passerons en revue. § I. EXPIÎRIENCES DU GENERAL MORIN. On a jusqu'à présent mesuré seulement l'effort to- tal du tirage et on l'a comparé au chargement, au mode de construction du véhicule et à l'état de la surface de roulement. C'est le général Morin qui, en 1837 et i838, fit les premières recherches expérimenta- les sur le tirage des voitures. Elles avaient surtout pour but d'apprécier les dégradations que les véhicu- les faisaient éprouver aux routes nationales. Les autres essais que nous connaissons sur le i88 LE CHEVAL. tirage des voitures sont dus : en Angleterre à Edge- worth, en 1797 ; à Rumford, en 181 1; en Bohême à de Gerstner, en i8i3; en France à Navier, en i835, et à Dupuit, en 1837. C'est ce dernier qui le premier a mis en évidence l'influence du diamètre des roues sur le tirage. Tous ces observateurs se trouvaient peu d'accord, et il faut arriver aux expériences du général Morin, qui, se servant d'un dynamomètre qu'il a inventé, a dé- terminé Finfluence qu'ont sur le tirage le poids du chargement, le diamètre des roues, la largeur des bandes, la vitesse du transport, la suspension sur res- sorts plus ou moins parfaite et Tinclinaison de la force de traction. Le général Morin a démontré que le tirage est pro- portionnel à la charge et en raison inverse du diamètre des roues. Il montre aussi que, lorsque la chaussée est un peu molle, le tirage diminue proportionnellement à l'accroissement de la largeur des bandes; plus les routes deviennent solides, et moins la largeur de la bande a d'influence; elle cesse complètement d'en avoir sur les chaussées pavées. Enlin, le général a bien établi que le tirage augmente proportionnellement aux accroissements de la vitesse. Pour des voitures dont la principale partie de la charge repose sur des ressorts, cet accroissement est faible, tandis qu'il est beaucoup plus élevé pour les voitures non suspendues. Mais au pas de un mètre en une seconde, sur le pavé en bon état et sur les routes en empierrements, la résistance est sensiblement la même pour les voitures suspendues ou non suspendues. Le général Morin a réuni dans un tableau les ré- sultats des expériences faites avec des voitures em- ployées pour l'industrie. Il donne pour ces voitures LE CHEVAL. i8(j le rapport du tirage à la charge totale, véhicule com- pris, pour les différentes natures de routes ou de ter- rains que Ton trouve habituellement. Dans ce tableau on a désigné par R' et R" les rayons des roues de devant et de derrière. (Voir page 190.) Le général Morin ajoute qu'à Taide de ce tableau, il est facile de trouver l'intensité du tirage qu'exige une voiture d'un poids et de dimensions données sur une route connue. Supposant une diligence pesant 4400 kil., allant au grand trot sur un pavé en grès de Fontainebleau, l'in- tensité du tirage sera 4r — = 1^4 kil. 5. 32.7 Chacun des cinq chevaux qu'on y attelle ordinai- ^ , i34kil. 5 _ , ., rement exerce donc un effort de — ^ =: 2b kil. g. On verra plus loin que les chiffres trouvés dans les expériences dynamométriques que nous avons faites se trouvent d'accord avec ceux des expériences si in- téressantes du général Morin. i; 11. — EXPERIENCES FAITES A LA COMPAGNIE DES OMNIBUS. Après avoir appliqué ces chiffres, suivant les exem- ples donnés par le général dans son aide-mémoire de mécanique qui contient la table complète de toutes ses expériences, nous les avons contrôlés avec le dy- namomètre de MM. Morin et Poncelet, modifié fort intelligemment par M. Clair, ingénieur mécanicien. Description du dynamomètre. — Le dyna- momètre de traction est composé de lames en acier igo LE CHEVAL. X '— " z m < s — t/j H 3 ji « £ ii ■o « 6 - - - - ^: — !/3 + O r^ > 'A lT, O ^ « - X HH — in 1 o> H- es — „ 'O - r^ - X ►- ri 'j ■— ^- ^ es « n ^ -^ ^, r<-< z Jl B .^ *J 4-> 4_> O O ^ Ûi ? ^ 1-1 ^ X z ^ — O ■*"■ t« O ■" X o *"* !_ rt !- ^rt '- "" ûi X c ci; o_ C^ d_ cr> ^ . / "- S II " ir» - ^ " é* t ' 1^ x: ?"". - c^ 5 *^ 1'^ <; 7^ ! «■' .o r<-. CT> ' c - !.-< - O - ^ u l'3 r( X r^ ci o — :i- a o >-■ < jl ^ ^ iTi ^ lO "- ^ - c3^ - es t> •>D X 1 + a 1^ v> \ - p J '^' = H ' ^ Ml o es 1^ O a. " C"' l-l (V, - CT» < cri ^- CI "n li-) a: + 0^ _, ^^""^""^ '^^'~ 1 ~'~~^" P w 5 ^ o O o a j u 3 "5 > .H 9 c^ o o (A '« ÛD C 5 Q y, H -n y. o es X > ^ ^ ^ X ^ SZ £^ ^^ LK CHEVAL 191 trempe, simples ou iiiultiples, accouplées par leurs ex- trémités au moyen de menottes articulées, réunies par leur milieu en deux faisceaux semblables (fig. 25) qui s'engagent, Tun dans une chape en fer qui est en rapport avec Tattelage, l'au- tre dans une chape identique qui est fixée sur le train. La forme de ces lames de ressort est celle d'un solide d'é- gale résistance, afin d'avoir une flexion double pour une même charge et de répartir cette flexion sur toute leur lon- gueur qui doit être proportionnelle aux charges. La flexion de ces lames qui représente la tension ou l'effort de traction exercé pour l'entraînement, peut être exprimée en kilogrammes, si l'on a préalablement déterminé pour une charge directe en poids la flexion correspondante pour chaque unité ou fraction de kilogr. Si la résistance à vaincre était constante, l'écart maxi- mum des lames donnerait de suite la mesure de l'effort. Mais dans le plus grand nombre des expériences, l'effort varie à chaque instant; il en résulte une tension et une réaction continuelles des ressorts qui ne permettent pas FiG. 25. — Accouplement des l.ames du dy- namomètre, (accouplement pour 400 KILOG.) 102 LE CHEVAL. de pouvoir évaluer de visu la résistance moyenne. On a donc disposé à cet effet une longue bande de papier qui se déroule lentement soit au moyen d'une transmission prise sur le véhicule même, ou mieux encore donnée par un petit mouvement d'horlogerie. A chaque faisceau de lames de ressort, est adapté un crayon dont la pointe repose sur la bande de papier. Lorsque l'instrument est au repos, on règle les crayons de façon que les deux traits se confondent sur la même ligne. On conçoit alors que du moment où les deux faisceaux de lames seront sollicités par un effort quelconque qui tendra à les écarter, les crayons se sépa- reront en laissant sur le papier la trace de leur déplace- ment; puis si Ton abandonne les ressorts à eux-mêmes, ils reviendront aussitôt dans leur position primitive en repassant par le même trait. Dans cet état de choses, Ton n'aurait que le maximum de l'effort, et le but ne serait pas atteint, si pendant les oscillations des ressorts le papier n'était lui-même anime d'un mouvement de translation. Le déplacement du papier est obtenu, comme il a été dit plus haut, par le mouvement que l'on peut prendre directement sur le sol par l'intermédiaire du véhicule qui porte le dynamomètre, ou bien par un petit moteur auxiliaire. Pour le cas actuel, nous ne décrirons que le second mode, de beaucoup préférable au premier, parce que l'installation de l'appareil est plus facile et présente moins de chances d'erreurs. L'appareil (fig. 26) se compose d'un cylindre ^, sur le- quel on enroule le papier à la main au moyen d'une petite manivelle, d'un autre cylindre h porteur de la fusée compensatrice y, sur lequel on colle l'extrémité du rou- leau après avoir préalablement garni la fusée de son fil. LE CHEVAL. 193 L'enroulement du papier doit être fait avec beaucoup de soin, car souvent c'est de lui que dépend la réussite de l'expérience, et pour qu'il soit toujours bien tendu sur la plaque^, il faut que le cylindre g soit légèrement serré dans ses coussinets; par ce moyen on détermine FiG. 26. — Ensemble du dynamomètre. un petit excès de tension qui évite les déchirements sous la pression des crayons, qui doivent être ni trop durs, ni trop tendres. Le crayon y (fig. 27J est celui des efforts ou des or- données, il est attaché sur un support fixé au crochet d'attelage; c'est sur sa trace et lorsque le dynamomètre n'est soumis à aucun effort, que doit être réglé celui du zéro ou des abscisses x, au moyen d'un bouton à vis qui se déplace dans une coulisse. T. II. i3 194 LE CHEVAL. Un troisième crayon ^ qui est soulevé par un ressort à boudin, n'agit que sur la pression du doigt pour mar- quer sur la bande de papier le chemin parcouru au passage de piquets ou repères métriques, ou bien encore à noter sur le diagramme un fait anormal ou un acci- dent quelconque pendant Texpérience. Le moteur M (fig. 28) se remonte à Taide d'une clef ou d'une manivelle; sa vitesse peut être modifiée par le plus ou moins d'envergure que Ton donne aux ai- FlG. s Disposition des crayons et du papier PENDANT l'expérience. lettes du petit régulateur qui se trouve à l'intérieur du moteur M, où Ton a accès en ouvrant l'un des côtés c. Le mouvement se transmet au papier par une petite chaîne qui engrène sur la rouer fixée par une vis v sur l'axe du tambour e, sur lequel est attachée l'extrémité du fil de la fusée. Un bouton / placé à la partie supérieure du moteur, que l'on enfonce ou que l'on tire à volonté, sert à déter- miner l'arrêt ou la marche du mouvement. Lorsque l'expérience est terminée (fig. 29\ on desserre la petite vis v de la roue r pour la rendre folle sur son axe, ensuite on décolle la feuille de papier du cylindre g^ afin de pouvoir l'enlever en la déroulant du second cylindre h; par ce procédé on fait une double opération en fai- LE CHEVAL. i05 sant repasser le ril du tambour c sur la fusée ^ pour recommencer une nouvelle expérience, en ayant soin de resserrer la vis v. Nous ferons remarquer que, de même que pour le pa- pier, le fil de la fusée doit être bien enroulé et exempt de nœuds. Il est également très important que la pointe des crayons traceurs soit bien sur l'axe de figure, autrement /^^ viv^ %,>■-, M Fin. 28. — Moteur pour le papier. FiG. 29. — Disposition de l'appareil APRÈS l'expérience. dit centrée, pour ne pas modifier la position primitive du point de départ ou du zéro. On conçoit que cela peut avoir une importance d'autant plus grande que la force des lames est puissante. Tarage de Vinstrument. — On opère la tare des lames en suspendant le dynamomètre (fig. 3oj à un point fixe ; l'on attache au crochet d'attelage un plateau que l'on charge successivement avec des poids, les écarts des lames se trouvent tracés sur la bande de papier qu'on déplace à la main après chaque chargement, et l'on note le poids en kilog. On obtient ainsi une sorte d'échelle des flexions, avec laquelle on détermine celle correspondant à un kilogramme; on fait la somme de toutes les flexions 196 LE CHEVAL. mesurées en millimètres que Ton divise ensuite par le total des charges exprimées en kilogrammes. Si Tappareil est à quatre lames, on procède ainsi d'abord pour deux lames, puis avec quatre accouplées, par ce moyen on moditie la puissance maxima de l'ins- trument; c'est par ce procédé qu'a été obtenue la tare suivante du dynamomètre que nous employons, qui est à deux paires de lames de forces différentes itig. 25 : Forces maxima et flexions pour une charge de 10 kilog. 4 lames accouplées . 2 lames fortes 2 lames faibles 1000 k. 600 k. 400 k. o""", 558o 0°"", 9047 i™"S4628 Le désaccouplement des lames faibles se fait sim- plement en retirant les quatre boulons extrêmes, qui traversent les menottes qui relient les fortes lames; dans ce cas, le dynamomètre ne peut mesurer qu'un effort maximum de 400 kilog. (fig. 25\ Si l'on veut atteindre une puissance de 600 kilog., il faut alors enlever entièrement les menottes complexes, pour y substituer des menottes simples qui ne relient uniquement que les deux lames fortes. Il est à remarquer que dans aucun cas il ne faut enlever les lames. Installation du dynamomètre sur la voiture. — L'ins- tallation du dynamomètre est toute locale et dépend aussi du genre d'expérience qu'on se propose de faire; généralement elle est provisoire, toutes les fois qu'on désire simplement déterminer le tirage comparatif entre différentes voitures. Si elles sont à deux chevaux, on fixe l'appareil sur les armons ou sur la flèche avec des brides en fer et des boulons; une balance à deux palonniers, ou bien un palonnier simple qui prend moins de longueur, servent à opérer la traction. FiG. 3o. — Disposition du dynamomètre en charge pour le tarage. igS LE CHEVAL. Pour les voitures à un cheval, le dynamomètre s'a- dapte sur la traverse des brancards; on place un palon- nier et Ton remplace les attelés du collier par deux traits. On suppose une installation définitive, si les expé- riences ont pour but de déterminer l'influence qu'exer- cent sur le tirage : la topographie et l'hygrométrie de la voie, sa nature, son bon ou mauvais entretien, etc. Enfin l'on peut aussi apprécier, au point de vue dyna- mique, les différents modes de graissage, matières lubri- fiantes, ainsi que divers systèmes de fusée et de freins. Dans ce cas, il faut modifier ou établir une voiture spéciale comme aménagement, pour recevoir le dyna- momètre intérieurement et permettre aux opérateurs de suivre des yeux les phases de rexpérience. Cette ins- tallation n'a rien de particulier, si ce n'est que l'appareil doit être placé sur Favant-train, afin d'être toujours normal à la traction, qui sera faite par un palonnier double, accroché sur une tige en fer passant intérieure- ment pour saisir l'attache du dvnamomètre; elle pourra être prolongée en dehors jusqu'au bout de la flèche pour recevoir un troisième palonnier dans les montées. Ce dynamomètre étant particulièrement destiné aux expériences sur le tirage des omnibus ordinaires et des voitures de tramways, le temps employé au déroulement du fil de la fusée a été réglé pour une heure comme le maximum de la durée des courses, depuis le départ jusqu'à l'arrivée. Avec cette vitesse, on aura sur une même bande de papier la trace graphique des efforts développés par les chevaux, avec l'indication des varia- tions produites sur toute la ligne par les passages en mauvais état, les rampes, les courbes, les démarrages, enfin toutes les causes qui concourent à modifier le tirage. Li: CHHVAL. 199 Pour avoir de la neitcic dans le tracé, il faut de temps en temps rafraîchir la pointe des crayons avec une lime; on profite des arrens delà voiture, qui peuvent être plus ou moins prolongés avec les omnibus, tandis que pour les tramways on est obligé de faire cette opération en marche pour ne pas entraver le service; mais pour qu'il n'v ait pas d'interruption sur le diagramme, la tête du traceur porte un deuxième trou, dans lequel on engage un crayon de rechange avant de retirer celui qui doit être remplacé. Mesure du travail produit. — Le travail méca- nique étant représenté par T = E X F F étant l'effort moyen et E l'espace parcouru, il est indispensable de connaître ce dernier terme. Dans les expériences agricoles le chemin se mesure sur le terrain; pour le chemin de fer, il est donné par le passage des poteaux kilométriques que l'on pointe sur la bande de papier. Pour le cas actuel, parcours dans les rues on pourrait l'obtenir par un chaînage ou bien avec un curvimètre sur un plan exact. Cependant il sera toujours préférable d'établir sur la voiture même, un simple compteur de tours mis en re- lation avec l'une des roues de derrière, dont on prendra rigoureusement le diamètre extérieur du bandage dans ces conditions, le chemin parcouru E sera E = ;2. 2 - R n. nombre de tours indiqué par le cadran du compteur, 2 7T R la circonférence de la roue de la voiture. 11 nous reste à déterminer le terme F. 200 LE CHEVAL. Or nous avons dit que le travail T était le produit de l'effort F multiplié par le chemin E, nous pouvons re- présenter cette formule par un rectangle dont la hauteur serait l'effort F, la base E le chemin parcouru et par conséquent la surface le travail T. Mais d'après les résultats obtenus, nous voyons que l'effort F est une quantité qui varie à chaque instant, laquelle est représentée par la ligne ondulée du dia- gramme; or, pour trouver la longueur moyenne de toutes les ordonnées qui la composent, c'est-à-dire la hauteur du parallélogramme équivalent, on est conduit à faire la quadrature de cette surface et à la diviser en- suite par la base, soit : d'autre part, nous savons que la hauteur /? de l'ordonnée moyenne, d'après la tare K des ressorts, représente un certain nombre de kilogrammes qui n'est autre que l'effort correspondant F. Nous aurons donc remplaçant F par sa valeur, la formule du travail de- vient : rC dans laquelle, T = travail exprimé en kilomètres, E ^ chemin parcouru en mètres, h z= ordonnée moyenne de la courbe en millimètres, A' = coefficient de la tare des ressorts. Dans le cours de l'expérience il ne faut pas oublier de LE CHEVAL. 201 pointer, ou mieux encore supprimer la marche du pa- pier pendant les temps d'arrêt de la voiture, parce que les chevaux pourraient rester tendus dans le collier et par cela accuser sur le diagramme un effort qui ne pro- duit aucun travail utile. Nous donnons plus loin l'exemple du calcul d'un diagramme. Le calcul de la surface des diagrammes peut se faire par deux procédés, l'un géométrique qui consiste à opé- rer par la méthode des trapèzes ou bien par la formule donnée par Poncelet ou celle de Simpson, mais cela est toujours un travail très laborieux lorsque les bandes de papier ont de 7 à 8 mètres de longueur. Le second procédé, qui est mécanique, consiste à pe- ser la bande de papier, puis découper la courbe suivant les sinuosités et la repeser ensuite; comme le papier est très régulier de largeur et d'épaisseur, on pourra admettre que la surface S du grand rectangle formée par la bande de papier, est à la surface s du diagramme dé- composé, comme le poids P de la bande entière est au poids p de la partie décomposée soit : P : p :: S : s Mais si l'on considère la largeur du papier comme ordonnée moyenne et sachant que la surface représente le travail T, nous écrirons de suite : P \ p :: T : X d'où, .V = ^-^ travail cherché. Ce procédé très ingénieux présente encore des diffi- cultés dans le découpage. Nous recommandons comme 202 LE CHEVAL. moyen expéditif, Temploi du planimètre, et particuliè- rement celui d'Amsler à cause de sa simplicité. Exemple du calcul d'un diagramme, dont la longueur de la base b (tig. 3 1) ou de la ligne des abscisses serait de 7 mètres, représentant un chemin parcouru de 6 kilomè- tres, par une voiture à deux chevaux en 5o minutes. Données. E =- 6 kilomètres, chemin parcouru par la voiture. ^ v^^A^^A A^ l^^'A/^. wvwvAVu aJI «:iî» FiG. 3i Exemple d'cn diagramme. F effort moyen, T quantité de travail en kilogrammèîres, K = 0,14628, coefficient de la tare des ressorts, S = o°',0770, surface du diagramme, B =: 7 mètres, longueur de Tabscisse de la courbe, H ordonnée movenne, T, travail développé par les chevaux en une seconde, Q travail de chaque cheval par seconde. N nombre de chevaux attelés à la voiture, T := 5o minutes, durée de la course, V vitesse de translation en une seconde. La quadrature de diagramme était : o"^ '1,0770 nous aurons H ^= — = (i"^^,0770 =: 0"^0I I. LK CHEVAL. 2o3 La tare des ressorts est de i mill. 4628 de flexion pour 10 kilogrammes de charge, le coefficient K sera pour un kilog. A- = ^ = 0,14628. 10 L'effort moyen F : H irmill k o"^iii, 14028 ^ ' - La quantité de travail sera donc : T = E.F = 6,000"^ X 75^,19 = 451140!^"^, supposant que la course ait été effectuée en 5o' on a : /^ 5o'x6o" = 3ooo" et par vitesse V en une seconde : E _ 6000"^^ t .TOOO le travail T, des chevaux en une seconde sera t .-)ooo ou bien en remplaçant T par sa valeur E F et E par V T. pp l'/F T, = — = — ^ = vF = 2^ X yS^ig = i5o'^'^,38, 204 LE CHEVAL. enfin le travail q de chaque cheval, N étant égal à 2 che- vaux sera : T, i5o,i<'"38 Résultats des expériences sur la traction aux allures vives. - — Nous nous sommes servis de ce dynamomètre pour faire les expériences qui devaient nous permettre de nous rendre compte si la pratique et l'observation, qui, jusqu'ici avaient guidé nous et nos prédécesseurs dans la répartition du travail pour les chevaux, se trouvaient d'accord avec les résultats four- nis par le dynamomètre. Les expériences ont porté toutes sur les lignes de tramways et d'omnibus de la Compagnie générale de Paris. Les voitures tramways pèsent environ 3ooo kilog. pour le matériel, et nous les avons chargées de 3, 000 au- tres kilogrammes, représentant le poids des voyageurs, du cocher et du conducteur; les lignes ont été parcou- rues dans les conditions ordinaires du trafic, dans le temps réglementaire avec arrêts aux bureaux. Tous les arrêts ont été déduits du temps accordé pour le par- cours. Nous avons noté avec soin la température, l'état du sol, la manière de conduire du cocher, la taille, la vi- gueur des chevaux, tous éléments importants pouvant faire varier les résultats. Bien souvent on a trouvé que les chevaux de la Com- pagnie ne donnaient pas un travail suffisant, et qu'à première vue un parcours de 16 à 17 kilomètres par jour ne semblait pas en rapport avec ce que peut faire un cheval. Pourquoi donc toutes les compagnies d'om- nibus et de tramways ne peuvent-elles dépasser ce chif- LE CHEVAL. 2o5 fre qu'à grand'pcine et sans jamais aller au delà de i8 à 20 kilomètres en moyenne? C'est que le chemin par- couru est en raison inverse du nombre de voyageurs, c'est-à-dire de la charge : or, nous savons que le travail qu'un cheval peut produire dans un temps déterminé varie avec la charge remorquée et la vitesse. Pour fournir le même travail, si la charge augmente, la vitesse doit diminuer. Or, la charge, représentée par le nombre de voyageurs, allant toujours en augmen- tant, et, la vitesse moyenne devant s'accroître pour per- mettre de faire, dans le même temps de parcours, un plus grand nombre d'arrêts, les deux facteurs de la quantité de mouvement augmentent ensemble et le tra- vail se trouve accru dans une forte proportion. Comme conséquence, le chemin parcouru ou la durée du travail journalier doit diminuer, si on ne veut pas amener la ruine du moteur. Renault, dans un rapport qu'il ht pour l'Administra- tion des postes, disait qu'un cheval convenablement con- formé, attelé à une voiture du poids de 600 kilog. et cheminant sur une route pavée, ne pouvait se maintenir qu'en se reposant i jour sur 10, et en faisant environ 24 kilomètres par jour avec une vitesse de 8 à 10 kilo- mètres à l'heure. Mais si le parcours devait avoir lieu à raison de 12 kilomètres à l'heure, la plus grande qu'il soit raisonnablement possible de demander à des che- vaux de voiture, le travail de chaque jour ne pouvait plus être que de 18 à 20 kilomètres. Nous avons dit plus haut que, au fur et à mesure qu'on a diminué le temps de parcours des malles-postes, les chevaux ont fourni un travail moindre, c'est-à-dire qu'ils pouvaient à peine doubler le relai. Si on voulait pousser le raisonnement jusqu'à l'exa- gération, il suffirait de constater les quelques minutes 2o6 LE CHEVAL. pendant lesquelles les chevaux de course fournissent leur parcours et qui les épuisent complètement. Nous avons relevé dans le journal la France che- valine du 28 novembre 1891, le compte-rendu d'une course quia eu lieu le 9 novembre en Allemagne et qui avait réuni sept gentlemen sur le parcours de Berlin- Weissemeà Bœrmicke (près Bernau', 22 kilomètres en- viron. Les chevaux partants se composaient de cinq trotteurs et de deux très bons chevaux de service. La chose intéressante, c'est que les chevaux ont été examinés avec soin par un vétérinaire à leur arrivée, qui s'est produite dans Tordre suivant : Noms Vitesse État des chevaux. au kilomètre. constaté. Prijatnaja. 1' 48" 4/5. Respiration 70. Pouls c^S. Respiration normale. a terminé très vive- ment la course. Aquilea... 1' 52" 3/io — 64. — 56. Respiration normale, arrivée très vive. Lottie .... r 52" 5/10 — 60. — 120. Très animée, respira- tion difficile. Santuzza.. 1' 55" i/5 — 102. — 60. Aucun signe de fati- gue. Wisapur.. 1' 58" 2/5 — 80. — ()o. Respiration pénible. Lola 2' 00" 2/5 — 108. — I 1 2. Très fatiguée. Revolver.. 2' o3' '3/5 — 128. — 1 12. Complètement épuise'. La différence entre Aquilea et Lottie n'ayant été que de 2/10 de seconde, le jury a de nouveau fait examiner les deux chevaux au bout d'une demi-heure. Lottie Respiration ôo, pouls 64; très peu calmée. Aquilea — 52, ~ 48; en bon état. Tous ces chevaux ofit bien soutenu le train , et cer- tainement cette vitesse est remarquable pour un par- LK CHEVAL 207 cours de 22 kilomètres, celui qui est arrivé le premier ne paraissait pas trop t'aiii;ué. ainsi que Tatieste la cons- tatation des vétérinaires. Mais si l'épreuve eût été moins longue, la vitesse au- rait été encore plus grande, comme on Tobserve tous les jours dans les courses au trot qui ne comportent que quelques kilomètres. Nous trouvons dans l'exploitation des omnibus des exemples des différences que nous venons de signaler; ainsi pendant les quatre premières années, de i855à 1859, les chevaux ont parcouru en moyenne 17 kil. 708, les voitures pesant i.'294 kil. et ne contenant que 16 à 17 places; dans les onze années suivantes, de 1859 à 1869 inclusivement, 16 kilom. 572, les voitures pesant en moyenne de 1,600 à 1700 kil. et contenant 26 à 28 places; et depuis, le poids des voitures dépassant 1,800 kil. et le nombre de places ayant toujours augmenté, le nombre moyen de kilomètres parcourus reste à 16 kil. et quelques centaines de mètres. Nous avons mesuré le travail fait actuellement avec le dynamomètre et sur les lignes d'omnibus, à l'aller et au retour; nous avons constaté un travail moyen par secondede95 kilogrammètres, avec une vitesse moyenne de 2 mètres 5o par seconde, ce qui donne le rapport de l'effort moyen de traction au poids de la voiture char- gée, soit 20 k. 8 par tonne; et comme travail total jour- nalier moyen par cheval, 600,247 kilogrammètres 12 pour les voitures à 2 chevaux, tandis que pour les voitures à 3 chevaux, le rapport de l'effort moyen de traction au poids de la voiture chargée est de 18 k. 8 par tonne et letravail total journalier moyen par cheval de 528, 33 5. 3o avec une vitesse moyenne de 2'", 48 par seconde. La manière de conduire et surtout de démarrer in- flue beaucoup sur le travail. Dans une des expériences, 2o8 LE CHEVAL. nous avions un bon cocher, les démarrages ont donné comme effort 275 k. 3oo et 35o kil. Dans le même par- cours avec un cocher conduisant mal, retenant ses che- vaux tout en les frappant à chaque départ, ces mêmes chiffres se sont élevés à 400 et 450 kil. en moyenne. Le travail est donc considérablement augmenté par les arrêts fréquents et le plus ou moins d'adresse du con- ducteur. La régularité de la marche n'est pas moins impor- tante; car, pour un même effort le travail augmentant avec la vitesse, plus celle-ci est grande, plus le travail est considérable. On sait que l'établissement des rails a été fait pour aider au roulement et diminuer d'autant la traction, mais on a protité immédiatement de cette facilité pour élever le poids de la charge en augmentant le nombre des voyageurs, aussi est-on arrivé presque au même résul- tat de travail. Mais il se trouve considérablement aug- menté, lorsque le véhicule sort des rails pour les besoins du service. Sur les lignes de tramways à l'aller et au retour, en totalisant tous les chiffres des nombreuses expériences et en prenant les moyennes, nous avons trouvé que le travail moyen par seconde est pour les tramways de 82 kilogrammètres par cheval; ce qui donne le rapport de l'effort moyen de traction au poids de la voiture chargée, 9 kil. 80 par tonne, et comme travail total jour- nalier moyen par cheval 458,704 kilogram. 85, avec une vitesse moyenne de 3 mètres par seconde. L'état du sol et delà voie entre aussi pour une grande part dans les variations du travail des chevaux. Sans revenir sur la constitution des différents sols, dont nous avons parlé plus haut, nous devons faire remar- quer que le nettoyage des rails des tramways est très LK CHEVAL. 209 important. Une voie sale, couverte de boue, supprime en partie le bénétice du rail en augmentant d'autant la résistance au roulement. Sur une voie ensablée sur une longueur d'environ 5o mètres, Teffort de traction s'est élevé à 100 et i5o kil. ; sur les parties du rail qui suivaient et qui étaient très sèches et très propres, les efforts sont tom- bés à 10 et 20 kil. Quand on sort des rails pendant quelques mètres pour éviter un obstacle, les efforts dépassent 35o kil. Nous avons aussi constaté que dans les pentes, et même en palier, le tirage des chevaux n'est pas cons- tant sur les rails; la voiture une fois lancée roule pendant un certain temps en vertu de la vitesse ac- quise. L'usage du frein, qui est si utile quand il est bien manié, peut aussi augmenter beaucoup le travail des chevaux au lieu de le diminuer, quand il est mal réglé. Ainsi, dans des pentes, comme celles de la rue de Gli- chy et de la rue Notre-Dame-de-Lorette, le frein étant trop serré, le travail a été de 275 kilogrammètres. Il est évident que, dans ces conditions, le frein est plus nuisible qu'utile. En principe, nous pensons que le réglage doit se faire de telle façon que dans les descentes le cheval fatigue moins s'il est obligé de tirer un peu, que si la voiture le pousse et qu'il soit obligé de la retenir. Il est un fait curieux que nous devons mentionner, car il s'est produit souvent pendant nos expériciices et par suite dans notre exploitation. Pour une même rampe, il faut mettre un cheval de renfort sur un tramway alors qu'il n'y en aura pas besoin sur une voiture om- nibus. Sur les rails, dans une pente, la voiture abandonnée T. II. 14 2IO LE CHEVAL. à elle-même descendra. Donc, pour la mettre en mouve- ment les chevaux outre la charge à traîner ont encore à vaincre cette tendance à descendre. Sur la voiture omnibus, il n'en est plus de même surtout quand la voie est pavée, les roues pouvant se trouver calées, ou bien enfonçant suffisamment sur une route en empier- rement détrempée, la tendance de la voiture à descendre est beaucoup moindre. La possibilité de démarrer en braquant l'avant-train sur les voitures ordinaires dimi- nue Teffort, tandis que pour les voitures sur rails il faut forcément aborder la difficulté suivant une ligne bien déterminée. La neige rend la traction excessivement dure ; nous avons fait une expérience au mois de décembre 1878, avec une voiture chargée à 3, 600 kil., y compris le poids de la voiture. Le parcours suivant les boulevards de Strasbourg et St-Michcl a duré 53 minutes, le sol était recouvert de neige, tassée, dure. L'effort moyen a été de plus de 100 kil,; le travail moyen par cheval est considérablement augmenté. Il y a lieu de tenir compte aussi de la difficulté qu'éprouve le cheval pour se maintenir sur le sol. Expériences sur la traction des tombereaux au pas. — En dehors de ces expériences faites aux allures vives, il n'était pas sans intérêt d'en reproduire sur des services au pas. A cet effet, nous avons voulu mesurer la traction que nécessitaient les tombereaux qui effectuent le transport des charbons à la gare du Nord. Les palonniers d'attelage étaient montés sur une barre transversale, fixée à une tige de traction placée dans l'axe du tombereau et reliée invariablement aux ressorts du dynamomètre ; celui-ci était monté sur un avant- train de tombereau qui était adapté successivement aux caisses des véhicules à essayer. Le chargement se com- LE CHEVAL. 2rr posait de morceaux de fonte d'un poids total égal à la charge normale. Nous ne donnerons que le résumé des trois tableaux des expériences qui se rapportaient : 1° à un tombereau à 4 roues de 3 tonnes 5oo, sus- pendu; 2" à un tombereau à 4 roues de 3 tonnes 5oo, non suspendu ; 3" à un tombereau à 4 roues de 5 tonnes, suspendu. Le parcours comprenait le trajet, aller et retour, de la barrière de l'octroi de la Chapelle aux boulevards exté- rieurs. L'etîort moyen de traction a été mesuré directement sur les diagrammes d'une manière très exacte et très rapide au moyen du planimètre d'Amsler. Voici le résumé des résultats obtenus : /au démar- \en marche. Résistance moyenne du véhicule par tonne remorquée en palier sur le pavé Effort moyen développé ) , , , , (en marche, par cheval sur le pave. ) Travail moyen par cheval et par se- conde sur le pavé DESIGNATION DES TOMBEREAUX. 3 tonnes 50 Suspendu. 66 kg. i8 kg. 82 kg. 79 '<^- 3 tonnes 5O0. Non suspendu. 67 kg. 20 kg. 88 kg. Si kg. 5 tonnes. Suspendu. 60 kg. 20 kg. 75 kg. 77 l' Le maximum correspond évidemment à la plus grande valeur de f, soit z = 25 pour une inclinaison de 2 5 mil- limètres par mètre, rarement atteinte dans Paris. On trouve ainsi les chiffres suivants : 3 tonnes 5. Suspendu. 3 tonnes 5. Non suspendu. 5 tonnes. Suspendu. 5i logramm. 58 kilogramm. 53 kilogramm, Travail moyen par , cheval et par seconde - , ., , ,, , V kilogra (aller et retour) ; " On voit que pour le travail au pas, même pour les gros charrois, comme ceux des charbons, on est assez éloigné des charges que Ton considérait comme les plus fortes pour le roulage. Il est vrai que ce dernier se faisait souvent sur des routes macadamisées et quelque- fois en mauvais état. Le général Morin avait trouvé pour les voitures du roulage au pas, 63 kilogrammètres par seconde pendant 10 heures; pour celles du roulage au trot, 97 kilogram- mètres par seconde pendant 4 heures 5 minutes. Traction des appareils de culture. — Tout ce que nous venons d'examiner concerne le tirage du véhi- cule sur le sol, mais lorsqu'il s'agit de labour, on doit ajouter un coefficient assez élevé qui provient de larésis- 214 I-E CHEVAL. tance qu'offre le sol à se laisser entamer. M. Grand- voinnet a publié, en 1876, dans les Mémoires de la Société centrale d'Agriculture les résultats de nombreu- ses expériences dynamométriques. On pourra consulter aussi avec fruit les expériences faites à la suite de plu- sieurs concours ou expositions agricoles; ainsi M.Alfred Tresca a publié les expériences dynanométriques faites à Mormant pendant l'Exposition universelle de 1878, sur les moissonneuses liant le blé automatiquement. Nous pourrions encore citer les nombreuses publica- tions faites sur le travail qu'exigent les manèges, les différents appareils de concassage, de hachage, etc., et qui ont été relevées par M. Alfred Tresca, M. Ringel- mann, mais nous préférons renvoyer à ces travaux spé- ciaux. On pourra consulter avec fruit le volume publié récemment par M. Tresca « Le Matériel agricole et mo- derne » . Cheval-vapeur. — On sait qu'à la suite d'expé- riences faites par Watt, on a pris comme unité de travail, pour les machines à vapeur, à laquelle on donne le nom de cheval-vapeur^ la force développée par une machine pour élever à i mètre de hauteur en une seconde un poids de 75 kilogrammes. Watt devait avec une ma- chine remplacer des chevaux exceptionnellement forts. Il reconnut que la quantité de travail qu'un de ses chevaux pouvaitproduire était de 33.ooo livres anglai- ses élevées à un pied par minute, ou si l'on veut, i livre élevée à 33. 000 pieds en une minute, c'est-à-dire que le travail dynamique est le produit de l'effort exercé multiplié par le chemin parcouru par son point d'appli- cation. On peut constater en passant que cette unité est sen- siblement la même dans tous les pays, si on transforme les mesures étrangères en mesures françaises donnant [.E CHEVA[.. 2i5 des kilo<;rammcires, c'est-à-dire un kilogramme élevé à I mètre par seconde : On a pour la valeur du cheval-vapeur : 73000 kilograiii mètres en France. 76047 — en Angleterre. 761 19 — en Autriche. 75325 — en Allemagne. Nous allons voir maintenant ce qu'il faut penser de cette mesure de la force du cheval. Les mécaniciens ont estimé la force déployée par les chevaux avec des différences telles e^u'on ne peut consi- dérer leurs chiffres comme exacts. Ainsi, on obtiendrait pour une journée de 10 heures, avec un bon cheval, à une vitesse moyenne de 0^,90 à l'^jiô par seconde un travail moyen de 2.392.000 kilogrammètres d'après Sanson. 2. 568. 000 — Courtois. 2.268.000 — le général Morin. 2.168.000 — Navier. 2.592.000 — Poncelet. 2. 362.000 — Ruhlmann. M. Sanson fait remarquer que ces chiffres donneraient pour le travail moyen à la seconde, environ 66 kilo- grammètres, ou un peu plus des 5/6 de la force du che- val-vapeur. Pour les chevaux soumis à nos expériences dynamo- métriques, et qui cependant fournissent toujours le même travail, nous n'avons pas obtenu les mêmes résul- tats. Il sera intéressant de les relever, afin de permettre les comparaisons. En effet, le travail moyen par seconde a été pour les 21(3 LE CHEVAL. voitures tramways de 82 kilogrammètres par cheval, et pour les voitures omnibus de 95 kilogrammètres, avec une vitesse moyenne de 3 mètres sur les tramways et de 2™.5o sur les omnibus. Ce sont là les chiffres movens obtenus sur tous les services comme nous l'a- vons dit plus haut. Chaque cheval pendant le temps qu'il est attelé, four- nit un travail égal, sur les tramways, à environ ii/io de cheval-vapeur et, sur les omnibus à environ i3/io de cheval-vapeur. C'est un travail considérable et qui ne peut être soutenu longtemps. Aussi les chevaux ne peuvent guère parcourir plus de 16 à 17 kilomètres par jour, avec une vitesse moyenne de 9 à 12 kilomè- tres à l'heure et une charge de 16 10 à 1900 kilogram- mes, sans compter le poids des véhicules, qui reste tou- jours le même et qu'il faut ajouter. En prenc^nt comme base de nos calculs les chiffres de 82 et de 95 kilogrammètres, nous allons voir, quel est le travail quotidien des chevaux employés à ces services. La durée moyenne d'une course ou d'un parcours d'une ligne, sur les tramways, est de 46 minutes; sur les omnibus, elle est de 48 minutes. La durée mini- mum sur les tramways est de 32 minutes, et la durée maximum, de 70 minutes; sur les omnibus, le minimum est de 26 minutes, et le maximum de 60 minutes. Tous les jours, les chevaux font au moins deux de ces parcours ou un tour complet, et un certain nombre, quatre de ces parcours ou deux tours complets. Ils travaillent donc en moyenne, sur les tramways, pendant 92 minutes, dans le premier cas, et 184 minu- tes, dans le second : sur les omnibus, pendant 96 mi- nutes ou 192 minutes dans les mêmes conditions. Le travail étant, sur les tramways, de 82 kilogram- LE CHEVAL. 217 mètres à la seconde, soit 4920 kilogrammètrcs à la mi- nute, pour un tour le travail est de 4,920X92 = 452,600 kilogrammètrcs, et, pour deux tours de 905,200 kilo- grammètrcs. Sur les omnibus, le travail est de 95 kilogrammètrcs à la seconde, soit 5,700 kilogrammètrcs à la minute. Pour un tour ou 96 minutes, ce travail est de 547,200 kilogrammètrcs et pour deux tours ou 1 92 minutes, il est de 1,094,400 kilogrammètrcs. On sait que la machine à vapeur peut produire en 24 heures 6,480,000 kilogrammètrcs. Alors le rapport de 6,480,000 à 452,600 et à 905,200 étant supérieur à 14 et à 7, il en résulte que le travail journalier développé par les chevaux sur les tramways n'atteint pas en moyenne au plus la septième partie de ce qu'aurait pro- duit un cheval-vapeur en vingt-quatre heures, et peut descendre à un quatorzième. Sur les omnibus, le maxi- mum du travail journalier d'un des chevaux ne dépasse guère un sixième et peut descendre jusqu'à près d'un douzième du travail normal d'un cheval-vapeur pen- dant 24 heures. Ces nombres représentent des moyennes, mais si nous prenons des exemples particuliers comme la ligne de Montmartre à Saint-Jacques, dont la durée de par- cours est de 60 minutes, et sur laquelle lous les jours deux paires de chevaux au moins font deux tours, nous arrivons à un travail représenté par 5,700 kilogram- mètrcs X 240 = 1,368,000. C'est là un maximum d'a- près toutes les expériences faites jusqu'à ce jour, et ce maximum est souvent atteint dans l'exploitation de la Compagnie des Omnibus. Le travail journalier d'un cheval-vapeur est encore, pour ce travail maximum, égal à quatre fois 7/10 celui des chevaux de cette ligne. Tous les auteurs s'accordent à reconnaître, que, pour 2i8 LE CHEVAL. conserver une cavalerie en bon état, le travail journa- lier à demander ne doit pas dépasser par cheval une charge moyenne de looo à 1200 kilogrammes, mise en mouvement à Tallure du trot avec une vitesse de 2™,5o à la seconde ou de 9000 mètres à Theure. Dans les exemples que nous venons de donner, nous sommes bien au-dessus de ces chiffres; car si le temps du travail n'atteint pas, tous les jours, quatre heures, la charge à traîner est bien supérieure à celle indiquée. Ce sont les conditions spéciales de charge, de vitesse, de temps accordé au parcours du trajet, qui ne per- mettent pas de tirer le plus grand profit des forces em- ployées. Car le cheval qui travaille au pas peut être utilisé 8 à 10 heures et atteindre la moitié ou le tiers du cheval-vapeur en vingt-quatre heures. Et alors nous arrivons aux chitfres données par les mécaniciens et que nous avons énumérés plus haut. Nous avons tenu à citer toutes ces expériences, parce qu'elles nous ont donné la mesure du travail que nous avions fixé, comme nos prédécesseurs, d'une manière un peu empirique et que nous considérions comme un maximum, vu l'état des chevaux. Nous avons eu même bien des fois à constater qu'il n'y avait peut-être pas assez de force mise en réserve pour parer aux surcroîts de travail imposés souvent par le mauvais état du sol, la chaleur, les déraillements, la mauvaise conduite des hommes et les changements de travail. Lorsque le poids à traîner est moins considérable et que le temps accordé est plus long, les résultats sont tout autres. Ainsi, MM. Grandeau et Leclerc, dans leurs expériences faites sur les chevaux de la Compagnie générale des voitures, ont obtenu les chiffres suivants, pendant six mois sur un cheval attelé à un coupé de la Compagnie dont le poids est de 600 kil. environ : LE CHEVAL. 219 Le parcours moyen erfcctué en dix heures a été de 62 kilomètres et le travail de 1,625,000 kilogrammè- tres, soit un travail moyen de 45 kilogrammètres à la seconde. Tout le monde a pu remarquer avec quel soin les loueurs de Paris emploient de préférence des chevaux petits pour la traction des voitures de place, c'est que l'expérience leur enseigne que les chevaux légers dé- penseront beaucoup moins pour leur propre transport et se trouveront ainsi dans les meilleures conditions pour laisser une grande quantité de travail extérieur disponible. Il résulte de tout cela que le travail doit être calculé avec beaucoup de soin, si on ne veut pas user le che- val trop rapidement. Il est bien entendu que nous ne parlons que du moteur adulte; si nous voulions entrer dans les détails des exercices qu'on doit faire exécuter aux jeunes chevaux pour les entraîner successivement et arriver à leur faire donner le maximum de travail, il faudrait tenir compte d'une foule de circonstances qui font partie du dressage des jeunes chevaux. SIXIEME PARTIE SITUATION ACTUELLE DES RACES DE CHEVAUX DE TRAIT CHAPITRE PREMIER. RAGES DE TRAIT FRANÇAISES. Les races de chevaux ont subi des modifications imposées par leur utilisation et par les exigences des différents services auxquels elles devaient satisfaire. Pour ne citer qu'un exemple frappant parmi tous ceux qu'il serait possible de produire, ne voyons-nous pas le bidet breton qui ne servait autrefois qu'à la selle, se transformer successivement en cheval de poste pour les diligences et malle-postes, et devenir le beau che- val de trait léger employé par toutes les entreprises de transport ? Nous ne voulons ici étudier que le cheval de trait, comme nous Tavons fait dans tout cet ouvrage, lais- 222 LE CHEVAL. sant de côté les différentes races qui ne sont qu'excep- tionnellement utilisées par Tindustrie et par l'agricul- ture. Il y aurait bien une grande parenthèse à ouvrir pour expliquer que les chevaux de demi-sang, et sur- tout ceux deTarmée, devraient largement être employés par l'agriculture, que tout le monde y gagnerait et qu'ils pourraient être produits à meilleur marché. Nous nous réservons de traiter ailleurs cette question si importante, surtout pour combattre les achats de 3 ans et demi, qui deviendront une grosse difficulté pour l'élevage, si on continue les errements actuels. g 1. RICHESSE CHEVALINE DE LA FRANCE. Statistique des chevaux français. — La popu- lation chevaline de la France est plus considérable qu'on ne le croit généralement. En effet, la statistique agricole de la France, publiée par le Ministère de l'Agri- culture en 1882, constate qu'il y a entre les mains des cultivateurs environ trois millions de chevaux d'une valeur totale de i36i millions de francs. Nous reproduisons le tableau (page 223) donné par M. Tisserand dans cet ouvrage si remarquable. Il faut ajouter à cette population les chevaux de pur sang appartenant aux différents haras et employés aux courses, les chevaux des villes qui comptent ceux des services de luxe, des transports de voyageurs et de marchandises, des compagnie de voitures, d'omnibus et de tramways, et enfin les chevaux de l'armée. Ainsi la ville de Paris qui ne possédait que 70 à 80,000 chevaux avant 1870, en compte bien près de 120,000 aujourd'hui, d'après les derniers recensements. LE CHEVAL. 223 H O 6 î 1 o Ci S 2 û, o tJ- 00 :r. O O o oo en - r-. o o 00 o c? o o ^, _j. -, 00 00 in -i- •^ c^ a\ o C. O r^ es Th ^j_ ~i M c^ oc 00 CO co ce O ■& m M ~. o „ ^ 00 c<-^ ^ r^ O tT - - en "• " I o \ll ii-> C% KO en 13 a a 224 LE CHEVAL. La même augmentation s'observe dans les grandes villes, comme Lyon, Bordeaux, Marseille, Lille, etc. On peut estimer le nombre de ces différentes catégo- ries de chevaux à près de 7 à 800,000. L'effectif de l'ar- mée est aujourd'hui de 140,000 chevaux, et ce chiffre ne peut que s'accroître encore par la formation des nouveaux régiments de cavalerie. On sera, au reste, fixé d'une manière certaine par la statistique qui va être faite pour 1892, et qui devra comprendre non seulement les chevaux qui sont entre les mains des agriculteurs, mais encore ceux qui sont utilisés dans tous les autres services. Ne figurent pas non plus dans ces tableaux les chevaux de l'Algérie, dont l'effectif tend à augmenter. (Voir page 232 le tableau.) Dans cette quantité relativement considérable de chevaux en France, les chevaux de trait, qui ont pris une si grande réputation, même dans les pays étrangers, sont les plus nombreux, et nous pouvons déclarer sans aucune hésitation que ces races sont bien supé- rieures à leurs congénères des autres nationalités. La statistique du Ministère de l'Agriculture nous a fait voir qu'il y a en nombre rond, en France, 1,080,000 chevaux entiers et hongres et 1,019,000 juments, em- ployés aux travaux de l'exploitation du sol; c'est près des trois quarts de l'effectif agricole de l'espèce cheva- line, tandis que les animaux destinés uniquement à la reproduction en représentent à peine 7 pour 100. De plus, la distribution de la population chevaline n'est pas égale entre toutes les régions. Il existe en ef- fet une partie de la France où le cheval n'est employé qu'exceptionnellement aux travaux de la culture; le Midi est dans ce cas. Dans le Nord, au contraire, les travaux de la ferme et les transports se font avec des ll: cheval. 225 chevaux. Entin, dans le Centre on emploie à la fois les chevaux et les bœufs. L'enquête agricole de 1862 rendait déjà compte que les différentes races indigènes étaient, en dehors de leur foyer de production, disséminées ou mélangées dans toutes les parties de la France; que celles du Nord et de rOuest se trouvent établies sur presque toute la surface du pays; que celles de TEst et du Centre se répandent un peu partout, et principalement dans le Midi. Si nous nous reportons aux enquêtes agricoles anté- rieures, nous trouvons les chiffres suivants : 178g 2.406.000 chevaux. 1840 2.818.496 — i852 2.866.054 — 1862 2. 914. 412 — 1873 2.742.738 — 1882 2.837.952 ~ 1890 2.862.273 — Ces chiffres indiquent que l'espèce chevaline est restée à peu près stationnaire comme nombre. Mais si Ton tient compte de l'importance réelle des animaux en relevant leur poids respectif, on trouve que pour les chevaux, le poids moyen approximatif de l'animal vi- vant qui était en iSyS de 460 kil. par tête de cheval, n'est plus en 1882 que 41 3, mais cela tient à ce qu'il y a plus de jeunes chevaux dans ce dernier recensement que dans celui de 1873, qui suivait de si près la guerre de 1870. Il est certain que dans le prochain recense- ment, ces chiffres setrouverontaugmentés, car plusieurs races de gros trait ont pris un développement beaucoup plus considérable. Si nous relevons le nombre de chevaux par kilomè- T. II. i5 226 LE CHEVAL. tre carre et par loo habitants, nous trouvons les chif- fres suivants : pur kilom. carré. par 100 habitants. 1840 5.3 » i852 3.4 » 1862 3.4 8.09 1873 3.2 7.60 1882 2.37 7.53 Tous ces chiffres contirment à nouveau que la pro- duction reste plutôt stationnaire, surtout si on tient compte que nous avons compensé les pertes de la guerre de 1870 et la diminution d'effectif causée par la perte de l'Alsace-Lorraine. Il y a aussi un autre progrès que nous devons si- gnaler et qui a eu pour résultats de ne pas laisser di- minuer d'une manière trop sensible les effectifs. C'est la constatation faite par l'enquête de 1882 concernant les pertes totales annuelles par maladies, accidents, etc.; les pertes qui étaient annuellement de 178,186 têtes en i852, de i32,i22 en 1862, ne sont plus en 1882 que de 55,878 têtes; cela tient à une meilleure alimen- tation, à un régime plus rationnel et à une application plus large des règles de l'hygiène. Si on examine le détail par catégories, on remarque aussi que les juments ont augmenté en nombre rond de 80,000 têtes. Ces classifications ont déjà une grande valeur qui se trouve complétée par l'enquête agricole de 1882, faisant surtout connaître le nombre de chevaux entretenus par départements. Nous reviendrons à cette dernière sta- tistique en parlant des différentes races. Si nous relevons au bulletin du Ministère de l'Agri- LE CHEVAL. 227 culture les existences des chevaux au 3i décembre de chaque année de i885 à 1890, nous trouvons : i885 2. 91 1.392 chevaux. 1886 2.938.489 — 18S7 2.908.527 — 1888 2. 891. 919 — 1889 2.88i.i58 — 1890 2.862.273 — L'examen de ce tableau montre que la situation ne s'est pas beaucoup modifiée depuis le recensement de 1882. Il semblerait qu'il y a diminution dans la pro- duction. Mais on peut remarquer qu'en même temps la population chevaline augmente dans les villes et dans l'armée, de même que les exportations ont été plus fortes dans ces dernières années, et alors on peut encore con- clure qu'elle reste stationnaire. Il y aurait lieu d'exa- miner peut-être la proportion des animaux par âge, mais cela nous mènerait beaucoup trop loin en ce moment. Exportation et Importation. — Quant à ce qui concerne les exportations et les importations, nous trou- vons les chiffres suivants : Années;. Importation. Exportation. 1872 13.807 15.913 1873 11.246 22.823 1874 10.290 23.701 1875 13.958 26.07 1876 14.689 23.190 1877 16.292 53.293 1878 22,480 14.426 1879 3o.36i 8.252 1880 26.223 10. III I88I 23.319 11-489 1882 21.852 14.056 228 LE CHEVAL. Années. Importation. Exportation. i883 ig.i85 ib.3i2 1884 14-704 i8.o33 i885 11.932 25.544 1886 II. 691 28 337 1887 10.212 34.518 1888 i2.ii5 37.933 1889 12.157 35.862 1890 14.259 28.418 En 1890. dans le chiffre des importations de chevaux hongres, les envois de l'Allemagne sont encore inférieurs à ceux des années précédentes, tandis que ceux des autres pays se sont accrus; pour les juments, c'est l'Angleterre et la Belgique qui nous fournissent les deux tiers des animaux importés. Si nous remontons jusqu'à i832, nous ne trouvons que 10,422 chevaux à l'importation et 2,727 à l'exporta- tion. A cette époque on se félicitait déjà de ces chiffres. On a conclu de l'augmentation des exportations sur les importations que le commerce des chevaux était prospère et que l'élevage avait beaucoup progressé. Nous craignons que l'on se soit fait de bien grandes illusions. En effet, les exportations peuvent être suivies dans leur destination qui est à peu près la même chaque année. Nous voyons en 1890 qu'on compte 2o58 che- vaux entiers qui se trouvent être en majorité des chevaux de trait destinés aux différents États de l'Allemagne et de l'Amérique. Les 14,961 chevaux hongres et les 9,069 juments sont exportés surtout en Allemagne, en Belgique, en Suisse et il est bon de noter que dans cette catégorie se trouvent un assez grand nombre de chevaux déjà d'un certain âge et de qualité médiocre. Mais c'est avec les États-Unis que la diminution d'ex- LE CHEVAL. 229 portation est le plus sensible : 667 en 1890, au lieu de i5()4en 1889. Si les exportations restent encore plus élevées que les importations, il faut reconnaître qu'elles ont sensible- ment diminué depuis 1888, année où elles atteignaient leur chiffre le plus élevé. Si les États-Unis ont restreint leurs importations de chevaux de trait, ils ont par contre reporté leurs acquisitions sur les chevaux de demi-sang, surtout dans la plaine de Caen et dans celle de Tarbes. Répartition des chevaux suivant les ré- gions. — Si maintenant nous revenons à la répartition de rélevage français dans ces dernières années, Tenquéte agricole de 1882 nous fournit des renseignements assez précis et qui se sont peu modifiés depuis cette époque. Nous reproduisons ce passage intéressant : (c En nombres absolus, le Finistère vient en tête avec 105,140 animaux; puis les Côtes-du-Nord, 95,832; la Manche, 89,689 ; la Mayenne, 83,562 ; TAisne, 8i,5o2; le Nord, 79,751 ; le Pas-de-Calais, 78,127; la Seine-In- férieure, 77,606. c( C'est dans la Creuse, la Lozère, la Savoie et les dé- partements des Alpes, qu'on en rencontre le moins. Dans le Finistère, les Côtes-du-Nord, et en général dans toute la région de l'Ouest, dominent les étalons et les poulains et pouliches. C'est le pays d'élevage par excellence. « Les chevaux de trait (entiers et hongres) se trouvent surtout dans la région du Nord (Aisne, Nord, Oise et Somme), dans les départements avoisinant Paris (Seine- et-Oise, Seine-et-Marne, Eure-et-Loir), dans deux ^départements du Centre (Yonne et Loiret), enfin dans TEure, la Seine-Inférieure et l'IUc-et- Vilaine, à l'ouest, la Marne et la Meuse à l'est. Cl Pour les juments poulinières, on peut citer, avec le Finistère et les Côtes-du-Nord, les Deux-Sèvres, la 23o LE CHEVAL. Vendée, la Vienne, et, au sud, les Landes et les dépar- tements pyrénéens. Quant aux juments employées au travail, surtout avec les chevaux hongres, on mention- nera en dehors des départements du Nord et de l'Ouest déjà cités, la Mayenne qui présente le chiffre maximum et Maine-et-Loire. « Les chevaux de gros trait existent principalement dans le Calvados, TEure, la Sarthe, les Ardennes, le Pas-de-Calais, TOrne. C'est la région du percheron et du boulonnais. « Au contraire, dans la Lozère, l'Ardèche, le Gers, rille-et-Vilaine, TAriège, la Gironde, les Alpes-Mari- times, la Corse, on trouve les bétes de petite taille. » Un tableau très complet fournit par département la densité réelle de la population chevaline, et nous voyons alors ce que la plus grande densité chevaline se ren- contre dans tout le nord, le nord-ouest et le nord- est de la France, c'est-à-dire dans les départements normands qui bordent la mer, dans les départements bretons des Côtes-du-Nord, du Finistère et de Tllle-et- Vilaine, dans la Mayenne, la Somme, le Nord, le Pas- de-Calais, les Ardennes, l'Aisne, la Meuse, Meurthe-et- Moselle et la Marne. « Cette densité se réduit au minimum dans les dé- partements du bassin de la Garonne, du plateau central et dans ceux de la Corse, des Alpes et de la Savoie. « Une zone transversale, formée par les départements de la Charente-Inférieure, de la Charente, des Deux- Sèvres, d'Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Yonne, Aube Cl Haute-Marne, sépare les deux grandes régions^ chevalines : celle du nord, où la population chevaline est de beaucoup supérieure à la moyenne, et celle du sud, où elle est sensiblement inférieure. « Si l'on divise la France en deux parties à peu près LE CHHVAL. 23 1 égales par une ligne transversale allant de renibouchure de la Gironde à Lons-le-Saulnier, on trouve que toute la portion qui est au nord de cette ligne offre la plus grande densité de poulains et constitue ainsi la grande région d'élevage du cheval, tandis que la région située au sud élève très peu de poulains. « Dans la région septentrionale, les départements de la Mayenne, du Finistère, de la Manche et les Côtes- du-Nord ont le plus de poulains par loo hectares, puis viennent les départements du Calvados, de TOrne, de la Seine-Inférieure, de l'IUe-et-Vilaine et de laSarthe. Ces neuf départements, tous situés au nord-ouest, possè- dent 207,995 poulains de moins de trois ans, soit 38.8 p. % de la population totale des poulains en France. Les départements des Ardennes, de Meurthe-et-Moselle, de la Meuse, des Vosges et de la Haute-Marne cons- tituent une seconde région d'élevage, mais d'importance moindre. Les départements du Nord, de TAisne, du Pas-de-Calais, et de la Somme forment un autre groupe d'élevage; on y fait surtout du gros trait. Le Morbihan, la Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, la Vendée, les Deux-Sèvres, d'une part; l'Eure, l'Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, le Cher, la Nièvre et l'Yonne, de l'autre, font également de l'élevage dans une proportion qui donne de un à deux poulains par 100 hectares. « Dans la portion méridionale, on ne fait guère d'é- levage de chevaux que dans le Gers, les Hautes et Basses-Pyrénées, les Landes, le Tarn, le Tarn-et-Ga- ronne, la Vienne, la Haute-Vienne, la Charente. » Richesse chevaline de V Algérie. — Sans entrer dans les détails que comporterait l'étude de l'élevage du cheval en Algérie, il sera utile de donner le relevé statis- tique des chevaux depuis un certain nombre d'années. LE CHEVAL. ANNÉE?. Chevaux des Européens. Clievaux (los indigènes. TOTAUX. 1867.... i6.6i3 187.068 2o3.68i 1868.... i6.63o 94.909 II I .53q I 869 ... . 17.172 98.279 I 1D.4D1 1870.... 18.102 Il 1.478 129.580 187I 14.814 io3.8iq 118.693 1872 i5.56b 112. 38o 127.946 1873 15.590 106.534 122.124 1874 16.482 121 .260 i.-»7.742 1875 16.399 133.704 i5o.io3 1876 16.898 142.160 159. o58 1877 17.923 02.737 170.660 1878 19. 220 137.06g I 56. 289 Ï879 19.894 137.045 156.939 1880 2I.2()I I 34.506 155.797 1881 23.469 125.579 149.048 1882 26.461 I 13.091 159.552 i883 32.102 i32.3i9 164.421 1884.... 3i.35o 133.340 164.690 i885 33.026 I 33.085 166. I I I 188Ô 34.742 139.821 174.563 1887 36.607 156.071 192.678 1888 — 190.185 1889 _ — 195.711 1890 — 204.951 Pour être complet, ce relevé devrait porter sur la valeur intrinsèque des sujets : divisés en catégories ou races, les chevaux seraient susceptibles d'évaluations exactes; il y a lieu d'espérer que ces données nous seront four- nies par les statistiques futures, qui se trouveront alors beaucoup plus précises. Modification des races de trait. — Comme on vient de le voir, les chevaux de trait, qui compren- nent plusieurs races présentant certains caractères spé- LE CHEVAL. 233 ciaux, tendent à se confondre par suite des communi- cations rendues plus faciles, et surtout par suite des progrès rapides de Tagriculture qui ont favorisé la fer- tilité des terres. Les nouveaux besoins que ces animaux devaient satisfaire ont contribué ainsi à faire produire des chevaux plus étoffés et devant entraîner de lourdes charges aux grandes allures. Dans un ouvrage intitulé : les Chevaux de trait fran- çais, E. Gayot considère les races de trait comme des races communes et en fait une description peu flatteuse. Heureusement, les étrangers n'ont pas partagé la manière de voir de ce savant hippologue, qui connaissait beau- coup mieux les races de demi-sang et qui s'occupait relativement peu des chevaux d'agriculture. Il suffit de lire les journaux et ouvrages américains, ainsi que ceux des autres pays de l'Europe, pour voir à quel degré les éleveurs étrangers apprécient les qualités de ces races de trait, qui ont toujours conservé une excellente réputation, attestée par le service des postes et des messageries avant la création des chemins de fer. Sans vouloir donner une aussi grande importance que Gayot à l'influence administrative des haras, il faut reconnaître que c'est surtout à l'activité imprimée aux transports industriels et commerciaux au commence- ment de ce siècle, qu'on doit le bon entretien et le dé- veloppement de nos races de trait. Au reste, cet écrivain en convient, mais nous pensons qu'il n'accorde pas assez d'importance à l'influence des débouchés. En effet, il est facile de remarquer qu'à partir de cette époque les éle- veurs suivaient dans les différents détails de la produc- tion les exigences des demandes des consommateurs qui se trouvaient aux prises avec de réelles difficultés pour employer les moteurs animés. Tous les jours les dili- gences et les malles-postes augmentaient la vitesse et ne 234 LE CHEVAL. diminuaient pas la longueur du parcours des relais. Il est curieux de reproduire ici le programme distri- bué par le service des haras, quelque temps après sa réinstallation en 1806, concernant les chevaux de trait : « Le cheval de gros trait ou de charrette doit avoir I mètre 543 à i mètre 654 (de 4 pieds 9 pouces à 5 pieds) et une certaine longueur de corps, ce qui lui donne évidem- ment beaucoup d'empire sur le fardeau qu'il doit traîner lentement, et lui procure de l'avantage pour embrasser plus de terrain à chaque pas. Son épine dorsale doit être prononcée et soutenue, ses reins et sa croupe doivent être larges, ses fesses bien fournies; il doit être lui-même épais, très ouvert du devant, ce qui suppose un grand poitrail; ses épaules doivent être bien charnues, son en- colure forte, sa crinière bien fournie. Ses membres doivent être proportionnés à cette conformation colos- sale. L'ampleur des membres devant être considérable, les aplombs doivent être, plus que pour toutes autres espèces, exacts et positifs. Les pieds doivent être égale- ment de forte dimension, sans être ni plats ni combles. Les jarrets ne doivent pas être gras, mais être évidés, autant que possible, pour cette espèce de chevaux, et suffisamment coudés. « Le caractère distinctif du cheval de gros trait est de suffire pour l'ébranlement et le transport des plus lourds fardeaux. « Le cheval de petit trait doit, pour être considéré comme tel, n'avoir en taille que de i mètre 488 milli- mètres à I mètre 5 70 millimètres (de 4 pieds 7 pouces à 4 pieds 10 pouces) et une conformation analogue à celle du cheval de gros trait, toutefois avec cette diffé- rence qu'elle doit être plus légère et plus en rapport avec une taille moyenne. (c Le cheval de trait léger étant fréquemment dans le i.i: ciii:\AL. 235 cas de trotter, il doit être, dans toutes ses parties, de moindre volume, mais toujours bien membre et bien gigote. Il doit avoir la tête moins forte, l'encolure moins épaisse, le rein plus court, le poitrail moins chargé, le poil aux jambes plus rare, le pied plus léger que ne l'a le cheval de gros trait. « Le caractère distinctif du cheval de trait léger est d'être propre à tout usage autre que la selle; encore convient-il souvent comme bidet de poste. Il est propre au service de l'artillerie, du train, des messageries, des postes et généralement à l'industrie, notamment à l'a- griculture. » Il faut avouer que le programme s'est bien modifié depuis et que nous sommes loin de ces desiderata. Lais- sant de côté l'énumération des formes et qualités qui doivent toujours exister chez tout cheval bien conformé, quel que soit le service qu'on lui demande, il y a des différences considérables avec les types qu'exigent au- jourd'hui le commerce et l'industrie. Pour permettre d'en juger, il suffit, de reproduire ici le type de l'ancien cheval de poste (fig. 32), et de le comparer avec deux chevaux qui ont été récompensés aux deux expositions de 1867 et de 1878 (tig. 33 et 34), et alors il sera facile de reconnaître les changements qui se sont produits dans le cheval de trait léger qu'avait encouragé l'administra- tion des haras en 1806 et le cheval de nos jours. La traction des diligences était pour les chevaux un service rude et pénible. Appelés à faire leur travail à toute heure de jour et de nuit, et quel que soit l'état de l'atmosphère, ils avaient besoin de posséder tout à la fois une nature robuste et une bonne conformation. S'ils étaient destinés à être porteur ou sous-verge, on cherchait la vigueur et la taille; dans le cas où ils étaient attelés à la volée, ils devaient réunir plus de légèreté et d'ardeur. 236 LE CHEVAL. La durée moyenne d'un cheval de diligence, placé dans les meilleures conditions sous le rapport des soins et du tirage, n'excédait pas quatre années. il I I 238 LE CHEVAL. L'ancien cheval de poste avait i™,5oà i", 5 5 de taille, la tête carrée assez forte, l'encolure courte et épaisse, la poi- trine large, le dos creux, l'épaule droite avec un garrot épais, la croupe large, toujours avalée, les membres forts mais avec des canons grêles. Ces chevaux se recrutaient surtout parmi les bretons, les percherons et la petite race boulonnaise. Le cheval de l'exposition de 1867 (fig. 33) avait plus de taille, plus de i'",6o; le dos restait encore incliné d'arrière en avant, mais les membres étaient meilleurs. Dans la jument de 1878 (fig. 34), nous voyons une bien plus grande régularité des lignes; le dos devient presque rectiligne, l'épaule est plus oblique, et tout in- dique que ce dernier cheval aura plus de force et en même temps plus de vitesse que ses prédécesseurs. Gayot veut bien convenir que cette plèbe des che- vaux de trait, comme il l'appelle, a gagné par suite de l'emploi de reproducteurs mieux choisis, plus substan- tiellement nourris, mieux logés, moins surmenés, de produits mieux traités, élevés avec plus de soin. Il constate aussi que la jument reçoit une alimenta- tion plus abondante et plus substantielle qui a eu pour résultat le développement des formes extérieures, et que dans ces conditions il s'est produit une profonde amé- lioration de l'espèce, qui a grandi et s'est trouvée plus appropriée aux nécessités de la consommation. Mais nous ne nous lasserons pas de répéter que c'est surtout la demande aussi bien du commerce français que du commerce étranger qui a donné un véritable élan à Télevage. On avait cru longtemps que l'industrie des chemins de fer devait ruiner la production cheva- line; il s'est produit juste le mouvement contraire, car jamais on a eu autant besoin de chevaux. Le cheval qui valait au commencement du siècle 5 00 à 240 LE CHEVAL. 600 fr., a passé successivement par les prix de 800 à 900 jusqu'à i5oo et 1600. Nous ne parlons que des chevaux de service, bien entendu, laissant de côté les animaux reproducteurs. Pendant les quelques années où l'agriculture souffrait dans toutes ses branches, l'élevage du cheval seul s'est maintenu à un prix rémunérateur. Nous verrons les raisons de ce maintien des prix, en examinant chaque race de chevaux. Enfin, avant de nous occuper de chaque race en par- ticulier, il nous reste encore à savoir si les éleveurs de chevaux de trait français se trouvent être en progrès à la magnifique exposition de 1889. Dans le rapport que nous avons présenté à la société nationale d'agriculture, nous disions que l'élevage des chevaux de trait s'était encore développé depuis 1878. En effet, pour la race percheronne, les départements de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de l'Orne et de la Sarthe, présentaient de beaux étalons et des juments d'élite. Celles-là étaient bien supérieures aux mâles; on nous a dit que c'était parce que les plus remarquables parmi ces derniers, après avoir figuré dans les concours lo- caux, avaient été vendus aux étrangers. Mais, comme pour les chevaux de demi-sang, nous avons noté qu'un grand nombre de départements, en dehors du Perche, avaient envoyé ces chevaux de race percheronne. C'est pour cette raison que Tadministration des haras avait établi des subdivisions dans la catégorie des chevaux de trait. Dans chacun des concours de chevaux percherons qui ont lieu depuis quelques années à Nogent-le-Ro- trou, à Mortagne et à la Ferté-Bernard, nous avions signalé les gros chevaux que les éleveurs produisaient pour répondre aux sollicitations des étrangers. Mais LE C H i:\AL. 241 iKHis n'avons jamais doutii que notre belle race per- cheronne saurait résister à ces demandes, qui du reste se ralentissent, et qu'elle conserverait sa vitesse et son endurance si remarquable au travail. Dans le rapport déjà cité de l'exposition de 1889, nous avons aussi attiré l'attention sur les produits re- marquables de la race boulonnaise, ainsi que sur les chevaux de trait de race bretonne et ceux envoyés par les départements de TAisne, des Ardennes, de la Meuse, de la Marne, de la Haute-Marne et de l'Aube. En résumé, nous constations un progrès très sen- sible dans l'élevage du cheval de trait depuis 1878; nous ajoutions même que c'était avec satisfaction que nous avions vu un certain nombre de départements élever en même temps les races dites de demi-sang et les races de trait, parce qu'un pays qui sait produire de bons chevaux n'a pas besoin de faire exprès le che- val de guerre; il le trouve sans le chercher dans le courant de sa production incessamment stimulée par la certitude d'une consommation immense et perma- nente. Les exigences du commerce pourraient alimenter tous les besoins de la cavalerie, par cette seule raison que la vente à grand prix d'un cheval de luxe, fait élever vingt chevaux de remonte. Statistique des chevaux de la C^^ des Om- nibus. — Nous allons maintenant étudier la situation actuelle de chaque race, en l'examinant dans chaque dé- partement, car les anciennes délimitations n'existent réellement plus et on ne peut établir de statistiques sé- rieuses qu'en les limitant aux départements. Nous nous servirons pour cette étude des statistiques que nous avons établies sur une des plus nombreuses cavaleries pendant plus de 3 5 ans. C'est dans ces chevaux achetés chaque année qu'on voit les modifications qui se sont T. II. 16 242 LE CHEVAL. produites suivant les demandes du commerce et de l'in- dustrie. Dans cette longue étude des remontes d'une Com- pagnie qui consomme un grand nombre de chevaux, nous nous sommes servis de deux classitications pour leur provenance : l'une précise dans laquelle nous in- diquions la commune, l'arrondissement et le départe- ment dans lesquels le cheval a été livré; l'autre résu- mée, attribuant d'après le lieu de vente, les qualifications de percherons, normands, etc. En ce qui concerne les boulonnais, les ardennais,ces deux dénominations sont exactes, les chevaux dans ces pays y étant souvent nés et élevés. Mais il n'en est pas de même, à beaucoup près, pour les percherons et les normands; certaines régions de ces deux pays élèvent beaucoup plus qu'elles ne produisent, et vont chercher partout Quelles peuvent les trouver des poulains se rapprochant le plus pos- sible, par leur conformation et leur robe, des chevaux produits dans le pays. C'est ainsi que la Mayenne, la Sarthe et TOrne, où la division de l'élevage est arrivée à son maximum, alimentent de poulains de un à trois ans les contrées d'élevage d'Eure-et-Loir et des départe- ments environnants. C'est ainsi aussi que nous voyons des poulains nés dans la Vendée et le Poitou, venir achever leur élevage dans les départements qui for- maient la partie de la France qu'on appelait le Berry, d'où le nom de Berrichons qu'on leur a donné. Nous verrons que la production a beaucoup augmenté dans ce pays, dans ces dernières années. Nous avons souvent constaté que la production du cheval de trait tendait toujours à s'accroître, malgré le peu d'encouragements qu'elle recevait. Et nous avons toujours répété que ce développement provenait des demandes du commerce et de l'exportation. Seulement LE CHi:\AI. 24J nous avions le soin de recommander aux éleveurs de sélectionner avec soin le cheval de trait qui peut con- venir en même temps aux travaux de la culture, au commerce, à l'industrie et même au luxe, et dans cer- tains cas à Tarmée. Ils devaient éviter la production du cheval lourd, dont le type ressemble au cheval belge ou au cheval anglais nommé Clydesdale, C'est ainsi que nous blâmions les achats d'étalons trop jeunes et très lourds. Leur jeune âge ne permet pas d'appré- cier leur résistance aux travaux qui auraient pu leur être demandés, et de savoir s'ils ne transmettraient pas à leurs descendants des défauts ou des vices qui n'ap- paraissent que pendant l'entraînement. Pourquoi ne pas faire pour le cheval de trait ce qui a lieu pour le cheval de pur sang, qui n'est livré à la reproduction qu'après avoir fait ses preuves sur l'hippodrome? Les éleveurs travaillent contre leurs propres intérêts en produisant le cheval lourd qui ne peut être utilisé qu'au service du pas. Il est préférable, pour faciliter les débouchés, de produire un cheval qui peut être employé à tous les services. Les foires ne sont plus réellement aujourd'hui les lieux où l'on peut, d'une manière certaine, comme an- ciennement, acheter les chevaux. Avec les nombreux et rapides moyens de communication qui existent, les foires ont perdu une grande partie de leur importance. Mais leurs dates sont surtout utiles pour indiquer l'é- poque de la livraison des chevaux que les marchands et les acheteurs sont allés voir chez les éleveurs. Si nous prenons les chitlVes totaux de la statistique dont nous venons de parler, nous trouvons les résultats suivants que nous divisons en deux grandes périodes séparées par l'année de la guerre : 244 ^E CHEVAL. De i855 à 1870 24.571 chevaux. De 1871 à 1891 49.096 — C'est donc un total de 73.667 — Ces chevaux se classent ainsi par départements. Eure-et-Loir 18.260 chevaux. Eure 17.374 — Loir-et-Cher 2.634 — Sarthe 2.710 — Orne 1.021 — Seine-et-Oise 2.281 — Mayenne 1 40 — Loiret 1.181 — Nord 78 — Pas-de-Calais 19 — Somme 594 — Seine-Inférieure 10.451 — Marne 85o — Ardennes 3.3o8 — Indre 4-199 — Cher 861 — Calvados 2.034 — Maine-et-Loire 120 — Yonne 1.117 — Seine-et-Marne i . 2 3o — • Ain 34 — Divers 3. 171 — Total 73 . 667 — Si nous les classons suivant les races locales, nous pouvons dire que : Les percherons comprennent 45.601 têtes, soit. 62 % Les boulonnais — 11. 14.2 — — i5 % Les ardennais — 4.681 — — 5 % Les berrichons — 5. 060 — — 6 % Les normands — 2.084 — — ^ % Les races diverses — 6.674 — — 9% LE CHEVAL. 245 Cctic statistique très bien tenue pendant 37 an- nées n'a pas permis de signaler parmi ces différentes races que certaines maladies frappaient plutôt les unes que les autres. On avait seulement remarqué que les jeunes animaux de quelques-unes en particulier étaient souvent atteints d'affections auxquelles on a donné le nom de typhoïdes, et qui se traduisaient par des pneu- monies, pneumo-entérites, etc. Les animaux préparés pour la vente étaient ceux qui payaient le plus fort tribut; dans ces dernières années on a constaté que ces affections tendaient à disparaître, les animaux n'é- tant plus préparés pour la vente comme autrefois. Dans les ventes qui se font après l'hiver, lorsque les ani- maux n'ont pas pu sortir, il est signalé quelques ac- cidents plus fréquents sur les chevaux qui sont achetés à cette époque. Vers i855, époque à laquelle remontent les chiffres qui forment notre statistique, on n'employait jamais que des chevaux entiers dans les services des villes; il exis- tait un préjugé qui avait toujours persisté que les che- vaux entiers seuls étaient capables de fournir les travaux pénibles qu'on avait à leur demander. Il faut cependant faire une exception pour les chevaux provenant des Ardennes, qui, de temps immémorial, ont subi la cas- tration et qui étaient réputés de bons animaux pour le travail. Vers i865, ces derniers entrèrent en plus grande pro- portion dans les effectifs dont nous parlons, et vers 1871 les juments à leur tour furent employées. Voici les pro- portions de chevaux sortis par réforme ou mort, en tenant compte des sexes : 24t) LE CHEV^\L. anxp;e.s. 865. 866. 867. 868. 869. 870. 871. 874. 875. 876. 877. 878. 879. 880. 881. 882. 883. 884. 885. 886. 007. 888. 889. 890. 891. 892. Moyennes des 28 années 2.28 % o. 53 3.64 0.76 0.12 0.53 0.20 9.39 4.49 3.64 4.66 7.36 5.76 8.21 8.64 6.98 2.68 3.57 4.64 0.69 0.59 5. II 5.00 6.23 6.84 2.79 4.73 4,01 HOXGKKS. I I . I O % 10.22 8.77 7.08 7.42 10.21 2.5l I I .08 15.43 12.26 12.16 i3,o3 10.88 1 1 .91 11.24 I 2. i3 1 1 . 1 3 1 1 .08 12.33 8.67 8.86 i3.6i 12.56 12.89 i5.66 14.27 13.67 14.57 1 1 .01 2.20 % II. 24 17.55 i5.23 9.55 10. 19 7.98 10.81 9.40 12.42 11.66 10.24 12.10 10.07 10.39 14.58 i3.83 14.46 19.07 i5.i3 16.12 16.41 Il est aussi 1res intéressant de voir con^iment se sont moditiées successivement les nuances des robes de tous ces chevaux et sous quelles influences ce fait s'est pro- duit. La couleur primitive des chevaux de trait, surtout LE CHEVAL. 247 lorsqu'on les employait aux postes, était le v,vis avec toutes ses variantes ; on disait même à cette époque qu'on préférait cette couleur, parce qu'elle permettait aux postillons de mieux distinguer leurs chevaux pen- dant les nuits obscures. Mais, par suite des croisements, et surtout par l'élimination de Tarmée des chevaux à robe claire qui étaient aperçus de trop loin par l'ennemi, et enfin parla préférence donnée aux étalons à robe som- bre, les chevaux gris ou de couleur claire firent rapide- ment place à ceux de couleur sombre, soit noire, baie, alezane, etc. Depuis 1877, ^^^^^^ avons noté les propor- tions des robes sombres sur les robes claires : 1877 12.34 pour 100 de l'effectif total. 1878 21.04 — 1879 22.82 — 1880 22.27 — 1881 2 3. 1 r — 1882 24.06 — i883 24.89 — 1884 23. 3i — i885 25.39 - 1886 30.69 — 1887.. 44-35 — 1888 40.79 — 1889 46.69 — 1890 47.66 — 1891 48.63 — 1892 48.76 — § II. RACE PERCHERONNE. Situation géographique. — Nous considérons comme percherons, les chevaux provenant des dépar- tements de l'Eure. Eure-et-Loir, de la Sarthe. de la 24^ LE CHEVAL. Mayenne, de TOrne, du Loiret, du Loir-et-Cher et de Seine-et-Oise. Depuis 1877, les trois départements de la Sarthe, de la Mayenne et du Loir-et-Cher ont produit un plus grand nombre de chevaux de trait. Le pays qui portait autrefois le nom de Perche, et qu'on avait appelé le Perche aux bons chevaux^ était formé par différentes fractions de départements : le sud du département de l'Eure, l'ouest de l'Eure-et-Loir, le nord du Loir-et-Cher et le sud-est de l'Orne (arrondis- sement de Mortagne); il avait donc pour limites au nord et à l'ouest la Normandie, au sud le Maine, et à l'est une partie de l'Orléanais et la Beauce. Si à une autre époque on donnait aux chevaux pro- duits dans cet espace de terrain seulement le nom de chevaux percherons, aujourd'hui cette dénomination s'applique aux animaux produits ou élevés sur une étendue beaucoup plus considérable. En effet, il con- vient d'ajouter aujourd'hui aux pays percherons propre- ment dits le reste du département de l'Eure, l'est de celui d'Eure-et-Loir, les parties limitrophes de Seine- et-Oise, l'arrondissement de Vendôme et de Blois en partie et une petite parcelle du Loiret. C'est pourquoi nous préférons l'étude des chevaux par département, comme étant plus exacte. Nous n'avons pas l'intention d'entrer dans les détails de l'élevage. Tous les hommes qui se sont occupés de cette question savent que c'est à la division des diffé- rentes phases de l'élevage qu'on doit non seulement les bons résultats obtenus, mais surtout les prix relative- ment peu élevés de ces chevaux. Il faut ajouter aussi que la réputation des chevaux provient de l'élevage auquel ils sont soumis dans les plaines de la Beauce, où ils trouvent dès leur jeune âge LH CHEVAL. 249 un air sain, une nourriture plus abondante et tonique et un travail soutenu : trois conditions qui partout et dans toutes les espèces feront un bon cheval ; aussi vend- on comme percherons, un grand nombre de chevaux boulonnais, bretons, manceaux, etc., qui viennent à six mois dans le pays chartrain prendre leurs lettres de nationalité. C'est donc les huit départements que nous avons énu- mérés plus haut qui élèvent ou produisent le cheval per- cheron apte au service du trait léger; il sera intéres- sant de voir la quantité de ces chevaux employés dans un service bien délini, comme celui desomnibus de Paris, qui, dans une période de plus de 3 5 années, a emprunté à cette race près de 62 % de Teffectif total, soit 45,601 chevaux. Il est bien évident que, surtout dans ces dernières années, le cheval de trait léger tend à devenir le même dans les départements qui l'élèvent. Cela ressortira de Fétude à laquelle nous nous livrons; avec la multi- plicité des moyens de communication, les étalons et les juments poulinières sont transportés dans certaines parties de la France qui n'avaient produit que rarement les chevaux de race percheronne. Non seulement la demande du commerce a été un encouragement sérieux pour la production du cheval percheron, qui d'ancien cheval postier de taille petite, est devenu un beau grand cheval possédant deux qualités qui semblent s'exclure l'une et l'autre : la force et la légèreté. Mais un grand nombre de centres agricoles français et surtout étrangers ont voulu posséder et repro- duire ce magnifique animal. La tentative n'a pas toujours réussi, car le milieu n'était plus le même, et les condi- tions d'élevage étaient tout autres. Société hippique percheronne. — C'est pour faciliter ces achats que la Société hippique percheronne. 25o LE CHEVAL. a depuis sept ans institué un concours spécial pour che- vaux entiers et juments poulinières de race percheronne, se tenant soit à Nogent-le-Rotrou, soit à Mortagne, soit à la Ferté-Bernard. On n'admet à ce concours que les 48 cantons compris dans la circonscription du Perche : 6 dans le département d'Eure-et-Loir. 21 dans celui de l'Orne, 16 dans celui de la Sarthe, et 5 dans celui de Loir-et-Cher. Une condition expresse pour l'admission, c'est que les chevaux et juments soient inscrits au Stud-Book per- cheron, dont le premier volume a paru en i883, après le Stud-Book percheron Américain publié à Chicago par J.-H. Sanders. Sans prendre part aux discussions nombreuses qu'a- mena ce livre généalogique parmi les éleveurs français, surtout ceux de la société des Agriculteurs de France, il faut bien reconnaître que ce n'est pas dans un esprit scientifique et pour l'amélioration de la race que ce Stud- Book fut créé. C'est inspirée par les Américains qui l'avaient devancée dans cette idée, et pour multiplier les débouchés et augmenter les prix, qu'une Société hippique régionale se décida à constituer un livre généalogique pour les chevaux percherons. Nous ne reproduisons pas ici les statuts et règlements qui ont été adoptés par d'autres sociétés hippiques; mais nous considérons que la mesure est excellente, à la condition formelle que ces Stud-Books seront lenus avec soin et conscience pour chaque race, et qu'on ne cherchera pas à les mélanger tous ensemble, comme le voulait la Société des agricul- teurs de France. Mais revenons aux concours de la Société percheronne, dont le siège social est à Nogent-lc-Rotrou. Pendant les premières années, on vit les Allemands, les Russes, les Italiens et surtout les Américains venir enlever à de i.i: en i:\Ai.. 251 très gros prix nos mai^nitiqucs étalons, mais surtout les acheteurs d'au delàdel'Atlantique voulaient des chevaux lourds, à masses musculaires considérables. Ils n'avaient pas compris les qualités spéciales de la race percheronne. Aujourd'hui leurs idées se sont bien modifiées, et nous avons pu constater dans les derniers concours, qui ont été très brillants, que les acheteurs se rapprochaient davantage du vrai tvpe percheron. Les étalons, quoique encore très volumineux, étaient moins empâtés, moins engraissés. Mais cequi était surtout remarquable, c'étaient les juments qui avaient heureusement conservé la grâce et la légèreté de la race. C'est presque toujours le département d'Eure-et-Loir qui obtient le plus grand nombre de récompenses aux Concours de la Société Hippique percheronne. Nous n'avons cessé de recommander la prudence dans les efforts que faisaient les éleveurs pour donner du gros à leurs chevaux, en présence des demandes des Améri- cains. Nous ne pensions pas que les faits nous donne- raient aussi vite raison, car les achats se sont ralentis et les prix sont moins élevés ; les étrangers , surtout les Américains, veulent maintenant de la vitesse. Ce change- ment est heureux, car il nous permet d'éviter défaire des chevaux trop lourds, et de garder à la race percheronne la vitesse qui ne l'empêche pas de traîner de lourdes charges : c'est là, nous ne le dirons jamais assez, un de ses plus grands mérites. Le succès est certain pour les éle- veurs qui conserveront intactes les qualités si rares du percheron; ils ne doivent pas oublier cette histoire des contes de Saint-Santin. dans laquelle les chevaux per- cherons du chevalier de Fontenay, qui était venu à Paris de Belléme pour présenter une supplique au roi Louis XVI, battirent les chevaux anglais du duc d'Or- léans. C'est à la suite de cette victoire que les postes 252 LE CHEVAL. royales furent remontées en chevaux de provenance per- cheronne. Aujourd'hui encore nos bons chevaux de trait ont gardé cette qualité si précieuse de tirer à une allure rapide les poids les plus lourds : c'est ce courage remar- quable qui lious a toujours fait affirmer que ce sont les premiers chevaux de trait du monde entier. Les éleveurs percherons font remonter à un cheval appelé Jean-le-Blanc, fils de Tétalon arabe Gallipoli, la filiation de leurs chevaux. Ce cheval était né à Mauves, près de Regmalard; il fut vendu en 1825 à M. Miard, de Villers-en-Ouche, près le Sap. dans FOrne. Jean-le- Blanc serait mort en i856, âgé de 32 ans. Un de ses fils, Mignon, né dans l'Eure-et-Loir, fut père de Coco et l'ancêtre de Vieux-Chaslain et de Coco IL Tous les grands éleveurs de la région, les Tachant, les Perriot, les Chamonard, les Vinault, les Fardouet, etc., ont des descendants de ces fameux étalons. Eure-et-Loir. — Ce département faisait partie de l'ancien Perche, par Tarrondissement de Nogent-le-Ro- trou et une fraction de ceux de Chartres, Dreux et Chàteaudun. La production chevaline y est restée sta- tionnaire, ou plus exactement elle aurait légèrement augmenté. En effet, les chiffres de la statistique agricole sont les suivants pour l'effectif de ce département : 1873 41.262 têtes. 1878 39.730 — i885 44-71 5 — 1886 44.694 — i8«7 44-317 " — 1888 44-277 — 1889 44-757 — I 890 43 . 3o3 — Voici les traits distinctifs du cheval percheron (fig. 3 5 LE cm: VAL. 253 et 36) que nous donnait le Comice agricole de Char- tres, lors de Texposition de 1889 : D'une taille en général élevée, qui anciennement était de i",55 à i"',6o et qui actuellement dépasse ce dernier chitiVe et arrive à l'^jôS, le cheval percheron offre dans son ensemble les caractères d'un tempérament sanguin uni en proportions variables au tempérament musculo- lymphatique : c'est là ce qui explique le développement colossal qu'on a pu donner par l'alimentation dans ces derniers temps à différents types de cette race. Nous avons dit ailleurs ce que nous pensions de ce mode d'é- levage si préjudiciable, et nous avons vu avec satisfaction qu'on l'abandonnait pour revenir au cheval type de la race. Ce dernier est presque toujours de robe grise; la tête est un peu forte, quelquefois un peu longue; les naseaux bien ouverts et bien dilatés; l'œil est grand et expressif; le front large, l'oreille fine ; l'encolure, qui était autre- fois un peu courte, tend à s'allonger, elle est générale- ment bien sortie ; le garrot est saillant, et alors l'encolure paraît plus longue et inclinée ; la poitrine un peu plate, est haute et profonde; le corps bien cerclé, le rein un peu long; la croupe est horizontale et bien musclée, la queue attachée haut; les membres un peu grêles vers l'extrémité inférieure sont presque toujours munis d'ar- ticulations fortes et courtes. Mais ce qui distingue surtout le cheval percheron, c'est son caractère doux, sa légèreté d'allures et son en- durance au travail le plus pénible. Il est excessivement rare de rencontrer des chevaux méchants ou rétifs dans cette race. Les foires sont très nombreuses dans ce département, et nous pouvons citer parmi elles : Bonneval : deux foires principales. \ i 256 LE CHEVAL. Chartres: quatre foires, dont deux très importantes, les Barricades au lo mai et la Saint-André SiU 3o no- vembre, sans compter tous les marchés de tin de mois. Chassant : deux foires principales. Courtalain, Illiers, Châteaudun, Nogent-le-Rotrou, Dreux, Bonneval, Authon, Auneau, Brou, Courville, la Loupe et Senonches. Depuis l'établissement des chemins de fer, toutes ces foires ont perdu de leur importance, et en général les chevaux sont achetés dans les fermes, lors des tournées faites par les marchands ou les courtiers. Aujourd'hui toutes les contrées de la France aussi bien que tous les pavs étrangers envoient des représentants pour parcou- rir le Perche afin d'y enlever les meilleurs produits. Si nous consultons la statistique que nous avons fait dresser depuis i855 jusqu'à cette époque pour les che- vaux d'omnibus, nous voyons que ce département a donné. De i855 à 1870 8.583 chevaux. De 1871 à 1891 ^-977 — 18.260 En remontant aux premières années, c'est-à-dire avant 1870, il a été constaté que les chevaux entiers étaient bien plus nombreux que les chevaux hongres et les ju- ments. Les éleveurs conservaient alors leurs juments pour la reproduction, et les acheteurs ne tenaient pas beaucoup au service de ces dernières. Quant aux che- vaux hongres, ils étaient rares, l'opération de la castra- tion ne se pratiquant pas. Mais aujourd'hui les choses ont bien changé, les juments sont employées avec autant d'avantages que les autres chevaux; sur la de- mandedu commerce étranger, la castration est beaucoup plus répandue. LE CHEVAL. 237 En général les chevaux de ce département sont ven- dus vers 5 et 6 ans, après avoir fourni une certaine quantité de travail à ceux qui les ont achetés poulains; il est peu fréquent de les voir exposés à la vente à qua- tre ans ou plus jeunes. Du reste, les chevaux qui se trou- vent dans ce département proviennent pour la plupart des foires de la Mayenne, de la Sarthe et de l'Orne, vers Tàge de deux à trois ans. Anciennement le cultivateur ne les revendait que vers six ans, et même sept dans les contrées au sud de Chartres. On disait souvent, pour les rajeunir, qu'ils avaient les dents prématurément usées par une grande consommation d'avoine. Mais aujour- d'hui le cultivateur s'en débarrasse un et deux ans plus tôt, surtout dans les années où le commerce fait de plus grandes demandes, ce qui a été le cas de 1876 à i885. Les chevaux ont beaucoup augmenté pendant cette pé- riode; dès i885, on les voit diminuer de plus de 225 francs et revenir à un prix moyen de 970 francs. Eure. — Bien que faisant partie de la Normandie et non du Perche , ce département produit et élève des chevaux du type percheron, mais offrant un bien plus grand mélange de poulains venant d'autres pavs que le Perche même. Les principales foires sont celles du Bourgtheroulde du Neubourg, de Louviers, de Bernay, d'Évreux, de Vernon et des Andelys. Elles ont lieu dans chaque loca- lité cinq à six fois par an. Anciennement les chevaux de ces diverses provenan- ces subissaient avant la vente un engraissement; cette sorte de préparation avait un inconvénient grave pour les acquéreurs, qui ne pouvaient arriver à les entraîner qu'après des maladies graves emportant un certain nom- bre de sujets. Aujourd'hui, les éleveurs de ce départe- ment sont revenus à des pratiques plus rationnelles; T. II. 17 258 LE CHEVAL. leurs chevaux mieux nourris supportent bien les tra- vaux de la culture et n'ont plus besoin d'être soumis à une préparation spéciale avant la vente. Comme pour l'Eure-et-Loir, vers 1872, la plupart des chevaux du département de l'Eure étaient entiers; ils sont bienfaits et de bonne conformation, ont de bons pieds et résistent bien aux dures fatigues des travaux des villes. Cependant, il faut reconnaître que les chevaux d'Eure-et-Loir sont un peu plus fortement nourris à l'avoine que ceux de l'Eure. Ces deux départements sont ceux qui présentent cer- tainement à la vente le plus grand nombre de chevaux de race percheronne. Cependant, on ne peut pas dire que l'élevage y progresse en ce moment, ainsi que l'in- diquent les chiffres des statistiques agricoles pour l'Eure, de 1878 à 1890 : I 878 D- . 800 têtes. i885 5i.i58 — 1 886 4-^ • 74 1 — 1887 49-244 — 1888 49-273 — i88r) 3o.o39 — 1890 47.616 — Dans notre statistique spéciale, nous voyons figurer: De i855 à 1870 8.35() chevaux. De 1871 à 1891 9.015 — 17.374 Beaucoup des observations présentées pour le dépar- tement d'Eure-et-Loir peuvent s'appliquer aux chevaux du département de l'Eure. Loir-et-Cher. — La partie de l'arrondissement de Vendôme seule appartenait au Perche. C'est un pays LH CHEVAL. 239 d'clcves. dont le centre le plus important est Mondou- bleau. Les chevaux sont amenés là du Perche et du Poi- tou. Autrefois on les faisait travailler beaucoup en les nourrissant peu. Aujourd'hui, grâce au progrès de la culture dans cette région, les animaux sont mieux nour- ris. Les deux localités qui fournissent le plus de chevaux sont Savigny et Vendôme. Dans ces dernières années, l'augmentation du nombre de chevaux existant dans le département ne s'est pas maintenue, ainsi que l'indiquent les chiffres suivants : 1878 34.474 têtes. i885 37.118 — 1886 38.212 — 1887 37.*3oi — 1888 37.088 — 1889 37.669 — 1890 34.712 — Tous ces chevaux, en général, offrent les mêmes caractères que ceux des deux départements précédents; cependant, nous devons reconnaître qu'ils présentent moins d'homogénéité. Il se trouve souvent parmi eux des poulains venant du Poitou et d'autres départe- ments, qui n'ont pas les qualités maîtresses du cheval percheron. Ils hgurent pour une quantité peu considérable dans les statistiques que nous avons fait dresser : De i855 à 1870 334 chevaux. De 1871 à 1891 2.3oo — Depuis qu'on a fait un plus grand usage des juments dans les services de transport, ce département vend un plus grand nombre d'animaux. Il n'y a pas d'inconvé- nients à cette manière de faire, car après avoir travaillé pendant quelques années et avoir été bien nourries, ces 26o LE CHEVAL. juments peuvent former encore de bonnes poulinières. Sarthe. — La Sartiie appartient au Perche par les deux arrondissements de Mamersctde Saint-Calais. Elle produit aujourd'hui beaucoup de bons chevaux, qui sont vendus poulains dès six mois, à la foire de Conlie, une des plus importantes du pays. Sillé-le-Guillaume, le Mans, Mamers et Saint-Calais, sont les quatre centres de production. Après avoir fait naître et après avoir vendu les poulains à six mois, les mêmes éleveurs rachètent quelquefois ces mêmes che- vaux à quatre ans , les font travailler et les vendent au commerce la même année ou Tannée suivante au plus tard. Le nombre de chevaux existant dans le département a plutôt une tendance à diminuer, ainsi que le montre le tableau suivant : 1878 60. 383 tctes. i885 62.670 — 1886 61.332 — 1 887 60 . 609 — 1888 61.170 — 1889 60.Î08 — 1890 59.812 — Cette diminution est si peu importante, que nous pouvons considérer la Sarthe comme Tun des départe- ments où se maintient l'élevage du cheval. Comme nous l'avons déjà dit, la Sarthe s'occupe sur- tout de la production du poulain qui est vendu après le sevrage, c'est-à-dire vers quatre ou six mois. La population chevaline appartient dans la plus forte proportion à la race percheronne plus ou moins pure; les belles poulinières se rencontrent surtout dans le nord et l'est du département, c'est-à-dire dans les cantons de LE CHP:VAL. 26r la Frcsnaye,Saini-Paterne, Mamers, Bcaumont, Ballon, Bonnciable, Tutic, la Ferté-Bernard, Montmirail, Kibraye, Saint-Calais, Baulaire, Montfort, la Ghartre et le Grand- Lucé. Il s'en trouve encore de bonnes dans les cantons de Sillé et Gonlie. Gette contrée fournit un contingent important parmi les reproducteurs livrés chaque année aux Américains. Il résulte de là une source de profits considérables pour les producteurs de poulains, qui obtiennent de leurs élèves des prix quelquefois très élevés ; les beaux mâles se vendent communément 700, 800, 1,000 et 1,200 francs; les sujets de choix atteignent jusqu'à 1,800, 2,000 fr. et au delà. Les jeunes poulains s'en vont vivre jusqu'à dix-huit mois dans les herbages du Perche et de TOrne, pour passer ensuite entre les mains des Beaucerons. Si nous consultonsles statistiques établiesdepuis i855, nous trouvons : De 1 85 5 à 1 870 438 chevaux. De 1871 à 1891 2.282 2.720 Ges chiffres nous permettent de remarquer que le département de la Sarthe a développé dans ces vingt dernières années la vente directe du cheval, tandis qu'anciennement il s'occupait surtout du commerce de poulains. Orne. — L'Orne était, par sa partie sud-est (arron- dissement de Mortagnc},le centre principal de produc- tion du Perche ; les produits en étaient les plus renommés, aussi l'effectif a-t-il été toujours nombreux, mais cepen- dant en diminution un peu chaque année, ainsi que l'indiquent ces chiffres : 262 LE CHEVAL. 1873 56.276 tètes. 1 878 69 . 640 — 1882 63.266 — i885 64.900 — 1886 , 63.500 — 1887 63.0C0 — 1888 64.000 — 1889 62.500 — 1890 63.000 — Mais ce département élève en même temps un grand nombre de chevaux de luxe, de demi-sang, carrossiers et chevaux de selle, il serait difficile de dire le nombre total exact; ce que nous pouvons assurer, c'est que celui des chevaux de trait a augmenté et que la diminution que nous signalons, porte sur les chevaux de luxe qui sont devenus les plus rares, surtout depuis Tachât des chevaux de Tarmée à trois ans et demi. Ainsi on voit nos achats s'augmenter dans les périodes successives que nous avons relevées : De i855 à 1870 i33 chevaux. De 1871 à 1891 888 — 1 .021 Seine-et-Oise. — Ce département élève des che- vaux percherons et bretons; les deux centres principaux de vente sont, à l'ouest, Houdan et St-Clair-sur-Eptes. La statistique agricole constate que le même nombre de chevaux reste toujours dans le pays, ainsi : En 1873 49.881 tètes. — 187^) 48.620 — — 1^82 52. 045 — — i885 51.027 — — 1886 51.468 — ~ ^^^7 4Q-775 — — 188.S 48.815 — — 1889 47-998 — — 1890 48.103 — LE CHEVAL. 263 Ces chevaux sont assez bons, un peu lourds; ce sont généralement des poulains percherons, bretons, venant quelquefois des départements de Seine-et-Marne, de rVonne, etc., amenés dans le pays à Tàge de six mois à un an. Ils sont généralement bien logés, bien nourris; leurs principaux caractères, surtout ceux qui viennent du côté de Fontainebleau, sont : tête petite, yeux sail- lants et intelligents, corps cylindrique, reins courts. Le commerce parisien en a acheté beaucoup; ainsi nos achats ont été : De 1 885 à 1870 1.116 chevaux. — 1871 à 1891 1.166 — 2.281 — Mayenne. — La population chevaline de ce dépar- tement est considérable, malgré qu'il n'ait pas été con- sidéré comme un pays d'élevage; ce qu'il y a de plus re- marquable, ce n'est qu'à la suite de nombreuses pétitions présentées par les éleveurs de ce département que l'Ad- ministration des haras a consenti à comprendre ce dé- partement dans ceux qui devaient produire le cheval de trait. Ces résultats n'ont été obtenus que par la persistance de M. Lebreton, sénateur, et alors président de la Société d'agriculture de ce département. M. Sylvain Pichon, vétérinaire à Chàteau-Gonthier, avait envoyé à l'Exposition universelle de 1889 un grand nombre de photographies des chevaux du dépar- tement, surtout des poulinières qui sont en très grand nombre, puisqu'en 1873 on en comptait 58, 600; leurs poulains vendus très jeunes, s'en vont, suivant leur sexe et leur taille, dans les départements dont nous avons parlé précédemment, surtout dans ceux d'Eure- et-Loir et de l'Orne. 204 LE CHEVAL. La population a sensiblement diminué depuis 187I En effet, nous constatons qu'elle était de : En 1873 92.530 tètes. — 1878 89.900 — — 1882 83.562 — — i885 , 90.173 — — 1886 7^-747 — — i«''^7 76.473 — — 1888 73.492 — — 1889 74.816 — — 1890 64.497 — Cette population chevaline qui compte surtout beau- coup de juments et de poulains, plus des SjG du nombre total, ne fournit encore maintenant que peu de chevaux d'âge pour le service; aussi ne la voit-on figurer que d'une manière insignifiante dans nos statistiques : pour 140 chevaux de 1871 à 1891. Le cheval de trait, qui est le seul qui se fasse dans la Mayenne, est vendu généralement comme poulain à sept ou à huit mois à un prix relativement bas : il en sort ainsi 18 à 20,000 tous les ans de la Mayenne. Aussi rindustrie de l'étalonnier est-elle prospère dans ce pays. Nous avons vu quelques étalons dans ces derniers temps; quoique rouleurs, nous devons reconnaître qu'ils avaient quelques qualités sérieuses. Dans ces conditions, ce qu'il y a de mieux à faire dans l'intérêt de Télevage, c'est de surveiller ces étalons et d'encourager les meilleurs par de larges subventions. On aurait certainement de plus heureux résultats qu'en faisant acheter par l'État des étalons qui n'ont jamais travaillé et qui n'ont jamais donné aucune preuve de leurs mérites. Loiret. — Ce département se rattache par les ani- maux qu'il élève, au type percheron. Sa population LE CHEVAL. 205 chevaline ne s'est pas beaucoup modifiée depuis ces dernières années. En etîet nous trouvons : En 1873 37.211 tctcs. — 1878 39.213 — — i885 42.043 — — 1886 43.088 — — 1 887 43.075 — — 1888 43.075 — — 1889 42.667 — — 1890 42.417 — Dans ce département, on élève surtout et on produit très peu, excepté à Gourtenay où Ton vend beaucoup de poulains. Sur les chiffres que nous venons de citer, il faut compter plus de la moitié en chevaux entiers et hongres, achetés comme poulains dans les dépar- tements de la Mayenne et de la Sarthe qui contien- nent un très grand nombre de juments. Les principales foires où se font les achats sont à Courtenav et à Patay. Le commerce s'est surtout développé dans les der- nières années, car nos statistiques comptent : T)e i855 1871 à à ] 1870. [891- 14.2 chevaux, De 1.039 § III — RACE BOULONNAISE. Situation géographique. — L'ancien comté du Boulonnais se trouvait borné au nord par le Calai sis, le comté de Guines et l'Ardrésis, à l'est par TArtois, au sud par le Ponthieu, à l'ouest par l'Océan, et compre- nait Boulogne, Etaples, Ambleteuse. Compris dans la 266 LE CHEVAL. Basse-Picardie, il forma pourtant jusqu'en 1790 un petit gouvernement distinct. Il compose aujourd'hui la plus grande partie de Tar- rondissement de Boulogne dans le Pas-de-Calais. C'est dans ce pays que s'est créée cette puissante race de che- vaux, qui en a gardé le nom. Il sediviseenHaut-Boulon- nais qui offre un sol nu, entièrement livré à la culture, et en Bas-Boulonnais plus accidenté, plus riche en excel- lents pâturages et en produits agricoles. LeHaut-Boulon- nais est séparé du Bas-Boulonnais par les collines de Courset, situées à environ trois kilomètres de Desvres. Le Calaisis ne doit pas être séparé du Boulonnais; il est formé de riches herbages. Les populations chevalines, quoique appartenant à la même race, présentent des différences très tranchées dans ces trois régions. L'élevage du cheval boulonnais se concentre surtout dans la contrée qui porte le nom de Vimeux, qui est une des divisions de la Picardie située au sud-ouest de l'an- cienne province, et par conséquent au sud -ouest de la Somme. Il est compris entre la Somme et la Bresle, et a pour limite, à l'est, une ligne tirée d'Abbeville à Senarpont. Le côté ouest de ce trapèze est formé par le littoral depuis St-Valery-sur-Somme jusqu'au Tréport. Mais au fur et à mesure qu'on s'éloigne de ce point vers les provinces environnantes de la Flandre, de l'Ar- tois, de l'Ile-de-France et de l'Aisne, on voit le type boulonnais s'effacer pour prendre les caractères mélan- gés des autres races de trait. Il se fait dans le Vimeux deux élevages bien distincts, celui des chevaux destinés à devenir étalons et celui des chevaux de commerce. Le commerce des boulonnais étalons se fait surtout aux foires de Desvres, de Marquise, de Montreuil et de LE CHEVAL. 267 St-Omer, où se trouvent les plus beaux spécimens de la race, provenant des environs de Marquise, d'Ardres, de Guines, etc. Les poulains, depuis l'âge de 12 à 18 mois, pouvant se vendre jusqu'à 1000 et 1200 fr., sont élevés par les cultivateurs du Vimeux à l'état de stabulation perma- nente et sont bien nourris, c'est ce qui explique la légèreté de leurs membres. Ils sont entourés de soins, mais ne sont exercés à aucun travail. Nous avons constaté dans ces derniers temps un changement dans ces habitudes, et nous espérons que l'éleveur boulonnais, convaincu de l'excellence de la race qu'il possède, suivra les nouveaux errements qui consistent à donner à l'animal un exer- cice pouvant non seulement le développer, mais encore combattre la prédominance du système lymphatique, qui se remarque surtout chez les animaux de forte stature comme le cheval boulonnais. Les éleveurs ont fondé un Stud-Book qui a été fermé le 3i décembre 1892; il était d'autant plus urgent de créer ce livre généalogique, qu'on avait voulu, dans le début, confondre les chevaux boulonnais dans la catégo- rie des chevaux sans race pour lesquelles on avait ouvert un livre spécial. C'était là une grave erreur, et afin de le bien démontrer, nous reproduisons un tableau que nous avons retrouvé dans le Bulletin de la Société d'Agriculture de Bou- logne-sur-Mer (janvier 1893) concernant les expéditions faites par chemins de fer et avec leurs destinations les poulains boulonnais vendus dans les foires de l'arrondis- sement de Boulogne-sur-Mer de 1886 à 1892. 268 LE CHEVAL. EXPÉDITIONS. 1886 1887 1888 1889 1890 1891 1892 Desvres 562 5l2 » 320 84 552 418 4^ 627 4i5 » 324 40 04/ 392 » 221 5o 820 38o 21 198 480 4o5 » 248 ^4 527 519 » 267 Marquise, . . . Wissant La Capelleet Pont- de-Brique Boulogne-sur-Mer. Totaux 1478 1329 1406 1280 1446 1147 i3i3 qui se répartissent ainsi dans les départements : EXPÉDITIONS. 1886 1887 1888 1889 1890 1891 )) )) ). 92 16 1 13 65q 267 1892 )) )) 124 3c 141 673 335 Aisne i5 I io5 60 124 8o5 368 » J4 91 21 175 681 347 » 2l5 50 191 665 285 » » 9 » 122 1 1 144 652 322 20 » 169 41 176 7OÛ '•^47 i3 Aube Eure Nord Oise Pas-de-Calais Somme Seine-Infcrieurc.. . Beli^ique Description. — Les boulonnais forment une race bien précise et qu'il eût été regrettable de voir englober dans les chevaux de trait des autres pays. Le cheval boulonnais (tig. 3j) est de forte taille, i™,6o à i™,70. Il a le corps court, trapu, très épais, une tête grosse, bien portée par une encolure forte, élégamment tournée. L'oreille est assez petite et dressée, l'œil peu ouvert. Le poitrail est excessivement large, les épaules très charnues, et le garrot épais, quoique élevé, le dos 270 LE CHEVAL. un peu enscllc, mais les reins sont larges et courts. La croupe fortement musclée tend à être moins avalée qu'autrefois. La crinière est souvent double, mais les membres sont généralement peu chargés de crins; la peau est fine et le poil doux, souvent de couleur claire, La force de ces chevaux est prodigieuse, et malgré leur poids excessif, ils ont de la légèreté dans les allures. On est étonné de la facilité avec laquelle ils déploient les membres au trot. M. Constant Furne, secrétaire de la Société d'Agri- culture et des Beaux-Arts et du Syndicat agricole du Boulonnais, a bien voulu nous adresser quelques ren- seignements sur cette belle race de chevaux. Il a eu le rare mérite de la défendre, surtout par la création du Stud-Book, qui date du 2 juin 1886. Stud-Book. — Cette institution, qui répondait au vœu général, tant des éleveurs que des acheteurs de chevaux boulonnais, a été organisée par les soins du Syndicat agricole du Boulonnais, sous le patronage de la Société d'Agriculture de Boulogne-sur-Mer, société du Stud-Book autorisée par le Gouvernement et fondée en 1797. Cette création n'a rien à voir avec une sorte d'encouragement donné par le Conseil général du Pas- de-Calais, en date du 24 août 1882, et connu aussi sous le nom impropre de Stud-Book. Le Stud-Book de la race boulonnaise a pour objet : i** l'inscription, après examen par une commission désignée à cet effet, des chevaux appartenant à la race boulonnaise; 2° la publication du livre d'inscription avec la filia- tion des chevaux inscrits, conformément au règlement; 3° la délivrance d'un certificat d'inscription, qui accompagne le cheval inscrit dans toutes ses muta- tions; LK CHKVAL. 271 4" radminisiraiion du Stud-Book apporte cgalcmcnt ses soins à donner à la production des chevaux de la race boulonnaise, toute la publicité désirable, reçoit toutes les communications des intéressés et donne tous les renseignements qui lui sont demandés. Comme cela avait été arrêté, le Stud-Book a été fermé le 3 1 décembre 1 892, et il y a lieu de croire que ce livre généalogique mettra un terme à la fraude qui avait pour objet de faire passer pour chevaux boulonnais des animaux qui n'appartenaient pas à cette race, aussi bien en France qu'à l'Étranger. La race boulonnaise se divise en plusieurs variétés qui prennent les appellations de race bourboiirienne^ dans l'arrondissement de Dunkerque; artésienne en Ar- tois (Pas-de-Calais); ^/ciir^e, dans la Somme; cauchoise dans la Seine-Inférieure. Il y a cinquante ans le bou- lonnais proprement dit était bien supérieur aux deux autres variétés de la même race, le cauchois et le pi- card. Il avait beaucoup d'énergie, de belles allures et était généralement de robe grise. Aujourd'hui il y a peu de différences entre ces trois variétés. Nord. — Le département du Nord figure dans les statistiques pour l'espèce chevaline : En 1873 83.o53 têtes. — 1878 85.872 — — 1882 79.731 — — i885 81.697 — — 1886 .Si.ii"7 — — 1887 81.78D — — 1888 S2.307 — — 1889 80.169 — — 1890 : 81.802 — Sur ces chiffres, on considère que presque la moitié de cet effectif est composé de juments; c'est qu'en effet 272 LE CHEVAL. ce département s'occupe plutôt de faire naître, et nous trouvons plusieurs foires à poulains. Ainsi dans la période de 1 85 5 à 1870, nous ne voyons figurer au- cun achat de chevaux adultes provenant de ce départe- ment, et pendant celle de 1871 à 1891, on n'en trouve que 78. Mais il faut compter aussi avec les cultures intensives et industrielles auxquelles se livrent les habi- tants de ce département. La Société des agriculteurs du Nord forme une association centralisant tous les moyens d'action capables de donner un élan vigoureux à toutes ces cultures, en les rapprochant le plus possible des procédés employés dans les grandes industries qui sont nombreuses dans ce riche département. En résumé on peut dire que les différentes sociétés d'agriculture ont apporté, dans l'élevage des différentes races d'animaux domestiques, les mêmes soins qu'elles apportent à la re- cherche des grands rendements en céréales et autres cul- tures. Pas-de-Calais. — Dans ce département , la popula- tion chevaline a diminué dans une proportion plus grande que dans celui du Nord. Nous attribuons ce fait à ce que les jachères ont disparu partout, et que la cul- ture de la betterave se pratique sur une plus grande échelle. L'élevage du bétail est en progrès et a remplacé souvent la production chevaline. La population de cette espèce était : En 1 873 80 . 046 tètes. — 1878 76.489 — — 1882 7''^-i27 — — i885 78.047 — — 188(3 76.135 - — 1887 76.165 - — 1888 76.150 — — i88() 73.531 — — i8cjo 71.664 — LE cm: VAL. 273 Le nombre des juments représente plus de la moitié de ces animaux, et nous ne voulons pas revenir sur ce que nous avons déjà dit sur le Syndicat agricole du Bou- lonnais, dont Faction se fait surtout sentir dans ce dé- partement. La plupart des poulains sont vendus dans la Seine- Inférieure et les départements voisins, et très peu de chevaux de service viennent directement du Pas- de-Calais, Nous mettons à part, bien entendu, Lélevage des étalons boulonnais, qui se pratique du côté d'Ab- beville, de St-Valery-sur-Somme et du Tréport. Somme. — La Somme a plutôt augmenté sa pro- duction dans ces dernières années, car nous relevons les chiffres suivants : En 1873 65.984 tètes. — 1878 77.663 — — 1882 77.5qo — — i885 81.334 — — 1886 80.854 — — 1887 80.100 — — 1888 78.503 — — 1889 76.042 — — 1890 75.615 — Ce que nous avons dit pour le Pas-de-Calais peut se répéter pour la Somme, où on trouve aussi un très grand nombre de juments. Cependant on doit recon- naître que ce département élève plus de chevaux adultes que le premier; en effet, on voit paraître des chevaux de service aux différentes foires , surtout à celles d'Ab- beville, de Goyancourt et de Roye. A l'Exposition universelle de 1889, plusieurs excellents agriculteurs du département avaient placé dans Texposition col- lective une série de photographies des animaux élevé dans leurs fermes. On voyait figurer parmi eux des types bien caractérisés du cheval boulonnais, assez forts et T. II. 18 274 LE CHEVAL. légers, pouvant trotter assez rapidement malgré leur cor- pulence. Nous pensons que ce département pourra don- ner plus de développement à sa production chevaline. Seine-Inférieure. — De tout temps, les jeunes che- vaux nés dans le Boulonnais ont été exportés dans les provinces voisines, et notamment dans le Vimeuxetdans la Normandie. Cest là que les acheteurs de chevaux de service vont les chercher. Lorsque ces chevaux sont importés dans le département de la Seine-Inférieure, ils reçoivent le nom de Cauchois. Ce sont en grande par- tie des chevaux hongres et des juments. Rouen, Yvetot, Fauville, Pavilly, Bois-Guillaume, le Havre, Dieppe, Bacqueville, sont les principaux lieux de provenance. L'arrondissement du Havre fait beaucoup de che- vaux, celui d'Yvetot beaucoup de juments. Le départe- ment est tributaire de plusieurs départements voisins, et même assez éloignés. Ainsi le nombre total des chevaux du département, re- lativement au nombre de chevaux produits, est quinze fois plus considérable, c'est-à-dire que pour un cheval produit dans le pays, quinze sont importés à l'état de poulains. Les juments du pays de Caux ont de la taille, une bonne conformation et des allures allongées. Elles re- présentent le type du cheval de trait léger. Mais nous pouvons considérer que la Seine- Inférieure produit non seulement des chevaux de trait, mais encore des chevaux de luxe parmi lesquels nous voyons des chevaux de voiture et de selle. Dans les concours dépar- tementaux et régionaux, on voit figurer en même nom- bre les chevaux de trait et de demi-sang. Aussi la So- ciété d'agriculture de la Seine-Inférieure a-t-ellc considéré qu'il y avait avantage pour l'agriculture du département à seconder les efforts du Comité d'organi- LE CHEVAL. 275 sation du Stud-Book boulonnais et à provoquer, parii- culièremeni dans les arrondissements de Dieppe, d'Y- vetot et du Havre, l'inscription de chevaux et de juments nés dans le Boulonnais, mais élevés dans le pays de Caux. C'est là une bonne mesure, qui favorisera la pro- duction de sujets d'élite qui seront très recherchés. Si nous prenons la population totale, nous trouvons la statistique suivante : 1873 73.Ô17 tètes 1878 83. 180 - 1882 77.606 - i885 79.005 — 1886 79-741 — 1887 80.120 — 1888 76.973 — 1889 77.38r — 1890 74.535 — Il y a certainement lieu de remarquer que la pro- duction chevaline du département qui est en décrois- sance, doit surtout Tétre au point de vue des chevaux de demi-sang, car si nous consultons la statistique spé- ciale des chevaux de trait, nous verrons qu'elle se trouve en progression constante pendant ces dernières années. Si de i855 à 1870, nous avons pu acheter 1,017 che- vaux venant de ce département, le nombre est bien plus élevé de 187 1 à 1 891, il est de 9,434. En même temps, nous devons reconnaître que tous ces chevaux ne ve- naient pas du Boulonnais, qu'un certain nombre prove- naient des contrées où naît le cheval percheron. Quelle que soit la provenance des chevaux achetés dans les différentes foires du département de la Seine-Infé- rieure, ils ont de la taille, une bonne conformation et des allures allongées. Ils représentent le type du cheval de trait léger. Les juments et les chevaux hongres sont oyô LE CHEVAL. beaucoup plus nombreux que les chevaux entiers. On rencontre des chevaux de taille différente, mais la ma- jorité a i™,58 à i°',62. Si dans certains cas on trouve, surtout parmi les chevaux de couleur, certains types un peu décousus, montés sur des membres trop légers, il faut attribuer ces produits manques à ce que les éleveurs n'ont pas toujours résisté aux accouplements de leurs juments de trait avec des étalons qui avaient trop de sang et qui ne pouvaient certainement convenir à ces alliances. La création des Stud-Books pourra permettre d'éviter ces mélanges que nous considérons comme dé- sastreux pour nos belles races de trait. § IV. — RACE BRETONNE. La Bretagne a eu de tout temps la plus haute répu- tation pour la production chevaline. On donne le nom de bretons aux chevaux qui naissent dans les quatre départements de la province de Bretagne et qui, en général, sontélevés surtout dansle Percheetdans la Normandie. Ils perdent alors les caractères qui les dis- tinguent, mais cependant on peut les reconnaître aux signes particuliers suivants : taille de i^'pS et depuis peu seulement i°',62 ou 64; tête carrée forte, quelque- fois camuse; encolure courte, épaisse, chargée d'une double crinière; poitrine large; épaule droite; corps arrondi; reins courts, croupe large, souvent avalée; articulations puissantes, mais canons grêles et pourvus de longs poils; pieds grands et évasés. Quand les pou- lains passent dans le Perche, ils prennent souvent l'aspect des chevaux dénommés percherons. Si on les compare aux boulonnais, surtout ceux qui viennent <^ans la Seine-Inférieure, ils sont plus légers. Ils sont en LE CHEVAL. 277 général plus vigoureux et mieux conformés que les chevaux de trait élevés dans les Ardennes et les autres parties de la France. Variétés. — Ancienncn^ent on distinguait plusieurs variétés de la race bretonne : celles de Léon, du Con- quet, de Tréguier, de Saint-Brieuc et de Lamballe. En dehors de ces variétés, il y avait encore des che- vaux provenant des montagnes, qui ne ressemblent pas aux variétés de la plaine. Ils avaient peu de taille, des formes anguleuses, une tête carrée, des yeux vifs, des membres secs et nerveux, le sabot bien conformé, la corne dure. De plus ils étaient sobres, rarement malades, légers à la course et infatigables. Nous voulons parler de la variété de Briec qui mar- chait l'amble. C'est l'ancien cheval breton qui servait aux voyages sous le nom de roiissin; il avait i°',45 à l'^.So et était surtout élevé dans la Cornouaille. La variété de Corlay a toujours aussi été signalée comme remarquable; c'est certainement l'un des pro- duits de ce pays qui devait le plus promettre pour l'a- venir, surtout quand il a été question de le mélanger avec le Norfolk. Mais quelles que soient les diverses races d'un pays, on a l'habitude, au loin surtout, de les confondre en une seule, comme cela s'est produit il y a quelques années en Bretagne. En France, le mot cheval breton s'appliquait spécia- lement à la race de trait, qui servait aux postes, dili- gences et à la plus grande partie des roulages. Répartition. — Si nous relevons la statistique de la production chevaline des départements qui forment la Bretagne, nous trouvons les chitfres suivants : 278 LE CHEV AL. Finistère. Côtes-du-Nord. nic-et-Vilainc. Morbihan. 1873.. .. 103.848 95.350 66.633 42.948 1878.. .. IIO.OOO 93.783 66.600 40.577 i882.. . . 105.140 95.832 68.465 39.570 i883.. .. 107.350 96.000 73.753 37.749 1886.. . . 107.448 96.000 65.810 43.500 1887.. .. 108.437 96.000 72.o5o 42.325 1888.. . . 109.624 96.000 69.347 41-117 1889.. .. 105.847 96.000 71.048 42.006 1890. . .. 104.270 96.000 68.132 4^.887 Ces chiffres indiquent que l'élevage du cheval est très prospère en Bretagne, et il faut reconnaître qu'on ren- contre des types tout à fait remarquables, surtout du côté de Lannion. Il est regrettable que rétablissement d'un Stud-Book n'ait pas rencontré beaucoup de succès près des éleveurs qui toujours refusent de donner la plus petite somme, quand ils ne constatent pas un ré- sultat immédiat. Les éleveurs bretons comptent beau- coup sur les achats qui pourraient être faits par les éle- veurs du Canada pour l'amélioration de leurs races de chevaux. Mais à notre avis ils sont dans une meilleure voie en cherchant à produire le cheval de trait léger demandé par le commerce français; depuis quelques années, on voit élever aux environs de Rennes un grand nombre de poulains qui sont vendus à quatre et cinq ans à Paris et dans tous les grands centres. § V. RACE ARDENNAISE. Nous ne remonterons pas aux anciennes races ar- dennaises, qui, paraît-il, convenaient à la cavalerie lé- gère, et qui ont été signalées pour leur sobriété, leur énergie et leur fonds extraordinaire pendant les campa- gnes de TEmpire et surtout celle de Russie. LE CHEVAL. 279 Elles ont cté rcmplacccs par un cheval de trait, propre au service des diligences et de l'artillerie (tig. 38). Il a i'",55 à i'",6o de hauteur; la tête est forte avec l'œil petit, les oreilles courtes; l'encolure est large, massive et pourvue de crins rudes et grossiers; le corps est ra- massé; les membres sont larges et solides, les sabots hauts et pourvus de corne épaisse. Un grand nombre de ces chevaux ardennais pro- viennent des environs de Rethel, Vouziers, Juniville et Reims. Les éleveurs de ces différentes contrées im- portent de nombreux poulains, achetés à Tàge d'un an, aux foires de Namur et de Givet. Autrefois ces chevaux étaient de petite taille et presque exclusivement rouans, comme la plupart de ceux des Ardennes belges. Après avoir essaye, pour les grandir, de les croiser avec des chevaux belges du Condroz, on a abandonné ce système qui en faisait des animaux lourds et incapables de trot- ter et on a eu recours au percheron; aussi voit-on au- jourd'hui beaucoup d'ardennais gris. Le type percheron semble devoir absorber et faire disparaître tôt ou tard le type ardennais. Il est regrettable de voir que les Bel- ges ont en même temps abandonné le petit cheval pour produire le gros cheval belge, dont nous parlerons plus tard. Les ardennais-percherons ont plus d'allure que l'ardennais pur, qui avait pour lui surtout une grande sobriété et une grande endurance. Tous les chevaux des Ardennes sont hongres. On châtre les poulains très jeunes; les juments restent dans le pays. Ce sont les deux départements des Ardennes et de la Marne qui comprennent les chevaux de trait dits ar- dennais; on peut dire que cette production y est pros- père. Les poulains sont élevés entre Reims et Rethel, dans 28o LE CHEVAL. les villages situés entre ces deux villes, tels que Vitry, Cernay, Juniville, Laneuville, Bignicourt. Bazancourt, etc. Un certain nombre d'entre eux viennent encore des frontières belges; mais, comme nous l'avons dit, depuis les facilités de communications apportées par les che- mins de fer, il a été introduit un grand nombre de pou- lains du type percheron venant de différentes parties de la France. La statistique donne les chiffres suivants : 1873 50.191 tctcs. 5o.382 tctes. 1878 51.452 — 54.832 — i885 53.552 — 54.348 — 1886 50.417 — 53.612 — 1887 50.726 — 53.413 — 1888 47.885 — 54.200 — 1889 48.749 — 54.310 — 1890 48.63o — 53.402 — Dans ces chiffres on relève un très grand nombre de juments et de chevaux hongres. Les chevaux entiers sont très rares. On peut reprocher aux éleveurs de ces pays d'avoir eu la tendance de suivre les Belges dans la production du gros cheval; heureusement ils ont compris, à temps qu'ils sacrifiaient une bonne race de trait léger pour un cheval lourd, difficile à placer, maintenant que les Américains ont appris que la masse ne constituait pas un bon cheval. Aussi est-ce avec la plus vive satisfaction que nous les avons vus revenir à l'élevage du bon cheval de trait léger. Ainsi les Ardennes et la Marne qui ne figuraient que pour 1369 têtes de i855 à 1870, comptent dans nos achats de 1 87 1 à 1 89 1 pour 2789 têtes. On aurait pu en trouver davantage, mais un très grand courant d'exportation 282 LE CHEVAL. de ces pays d'élevage se produit vers la Belgique et rAUemagne. Le cheval de trait ardennais possède un Stud-Book, qui fut fondé au mois de février 1888. L'initiative a été prise par le Comice agricole de l'arrondissement de Se- dan, avec le concours des autres comices, des sociétés agricoles et de la Société vétérinaire du département. Le Stud-Book de la race Ardennaise a déjà publié, plu- sieurs fascicules sous la direction de M. A. R. Rivet, an- cien capitaine de remonte. La Commission chargée de ce travail s'est montrée très réservée dans son choix; elle a paru surtout préoccupée de n'inscrire que des sujets se rapprochant d'un type identique, ni trop lourds, ni trop légers, variant bien entendu dans leur taille, sui- vant les ressources de la contrée, mais en harmonie de formes, pourvu que celles-ci représentent à la fois la force et l'énergie. § VI. RACES DIVERSES. Sous cette dénomination, nous devons réunir plu- sieurs familles de chevaux de trait qui tendent à se mul- tiplier et qui trouvent des débouchés importants dans toutes les grandes villes du Midi, en même temps que les étrangers viennent en enlever de grandes quantités. Chevaux dits « du Berry ». — Ce n'est guère que depuis 1870 qu'on a employé à Paris et dans les grandes villes, les chevaux dits « du Berry )>. Ce sont en général des poulains qui naissent dans les départements de la Vendée et des Charenies, constituant la partie ouest de la France désignée sous le nom de Marais. Ces poulains, soit que les éleveurs les vendent au LE CHEVAL. 283 sevrage, soit à Tàge de deux ans, sont achetés par les cultivateurs du Berry aux foires d'été en Vendée, soit en hiver aux foires de Saint-Maixent et aux autres foires des Charcutes, pour être employés aux travaux agricoles jusqu'à 4 et 5 ans. Ensuite, ils se répartissent dans les foires d'Issoudun, deChàteauroux, de Vatan, d'Écueillé et de Valençay, qu'ils quittent pour les services de transport en commun et de messageries de Paris et des grandes villes. Ils ont conservé une partie des formes particulières au cheval poitevin mulassier. La race du Poitou a eu de tout temps de la taille, de l'ampleur, et du gros. Elle s'est séparée en deux bran- ches bien distinctes : celle destinée au commerce et celle formant les chevaux de luxe. Nous citons pour mémoire les juments réservées au baudet. Ces chevaux du Berry sont, par leur taille, aptes au service de trait léger. Un grand nombre sont entiers. Peu nourris dans leur pays, ils sont bien charpentés, ont une forte ossature, et font un bon service dès qu'ils ont acquis par une bonne nourriture un système mus- culaire en rapport avec leur taille. Indre. — Le département de l'Indre a vu sa produc- tion chevaline augmenter. En effet, nous relevons les chiffres suivants dans la statistique : iNjS 2 2.637 têtes. 1878 20.024 — i885 22.429 — 1 886 25.419 — 1887 23.941 — 1888 24.030 — 1889 25.816 - 1890 25.117 — D'un autre côté nous devons reconnaître que nous avons trouvé une ressource inespérée dans l'élevage qui 284 LE CHEVAL. s'est beaucoup amélioré au point de vue du type du cheval de trait léger. En effet, nos achats ne rele- vaient que 23o animaux de i855 à 1870, tandis qu'ils en comptent 3969 de 1871 à 1891. Nous constatons avec satisfaction les progrès immenses faits par les éleveurs de cette partie de la France, surtout si on se rappelle combien cette race de chevaux était grossière et com- mune au siècle dernier. Cher. — Aux foires du Berry, on voit aussi venir des chevaux élevés dans le Cher, dont la production a beaucoup augmenté. L'influence des essais tentés avec des étalons du modèle et du degré de sang du type de Norfolk s'est fait sentir dans ce département ainsi que dans la Nièvre. Nous trouvons les progrès suivants dans la statistique du département du Cher. 1873 30.262 tctcs. 1878 3i .487 — i88h 36.i2'3 - 188»") 35.721 — 1887 37.04Ô — i88cS 36.660 — i88(j 36.676 — 1 890 36.124 — Le commerce a suivi cette progression, car nos achats, qui n'avaient été que de 52 dans la première période de 1 855 à 1870, se sont élevés à 809 dans la seconde période de 1871 à 1891. On remarque bien parmi les chevaux achetés sur les foires de Bourges, Saint-Amand, Sancerre, Vierzon, Aubigny, Dun-sur-Amon et San- coins, quelques sujets dont la conformation laisse à dé- sirer, mais cela provient de l'emploi de reproducteurs de toutes espèces. Peu à peu les formes se régularisent, et nous avons pu constater que les derniers types pré- LH (:HK\AL. 285 sentaient toutes les conditions qu'on doit réclamer au cheval de trait léger pour satisfaire aux services si mul- tiples des transports. Indre-et-Loire. — La population chevaline du dépar- tement d'Indre-et-Loire compte environ 35. ooo têtes, parmi lesquelles on ne rencontre que peu de races bien définies. Dans le Nord, aux environs de Chateaure- nault, on trouve des chevaux se rapprochant des perche- rons. Plus au sud du département, les individus sont plus mélangés. Beaucoup viennent du Poitou et de la Vendée. Les fermiers possèdent suivant les besoins de leur culture une ou plusieurs juments qui accomplis- sent les travaux de la ferme, et qui sont employées en même temps comme poulinières. Chevaux de la Nièvre. — La Société d'agriculture de la Nièvre a inauguré pour la production des chevaux de trait un nouveau mode d'encouragement. Au lieu de se borner comme font les haras et comme elle faisait elle-même jusqu'ici, à répandre dans le département des étalons approuvés faisant la monte des juments bonnes ou mauvaises, cette Société a pensé que l'amélioration de la race serait bien plus rapide en choi- sissant un certain nombre d'excellentes juments qui se- raient saillies aux frais de la Société par des étalons d'é- lite. Dans ce but, elle a fondé à Nevers un grand concours de poulains, pouliches et de juments de gros trait. Les poulains de 6 mois et de i8 mois recevront des primes graduées suivant leur âge et leur mérite; quant aux ju- ments, les meilleures seront classées pour la reproduc- tion. La Société d'agriculture de la Nièvre compte arriver par ce moyen, basé sur une sélection bien entendue, à créer une pépinière de bons étalons, dont les meilleurs 286 LE CHEVAL. recevront plus tard des primes importantes, à la condi- tion de faire gratuitement la saillie des juments classées. Cette nouvelle organisation, qui sera complétée par un Stud-Book où seront inscrits d'office les animaux primés et classés, afin de pouvoir garantir l'origine des produits, aura certainement pour résultat de donner à la race chevaline nivernaise de trait une valeur plus grande. En ce moment l'élève du cheval est prospère dans la Nièvre, surtout aux environs de Nevers, dans la partie du Morvan que parcourt le chemin de fer de Decize au Creusot. C'est là qu'on trouve ces chevaux de service, à la robe noire lustrée, élevés dans les fermes. En géné- ral, les fermes dont la contenance varie entre 5o et 100 hectares ont deux ou trois juments poulinières, qui sont saillies par les étalons appartenant à la Société d'a- griculture. Le produit est vendu aux emboucheurs à l'âge de 6 mois. Ceux-ci le revendent à un an, pour la culture, dans l'Yonne et Seine-et-Marne. Les marchés principaux sont à Cheroy, Sens et Villeneuve-l'Arche - véque Les poulains sont achetés par des maquignons, pour les revendre aux cultivateurs, qui les gardent jus- qu'à cinq ans; ils sont vendus à nouveau pour être di- rigés sur les grands centres. Les pouliches sont sou- vent gardées comme poulinières. En général tous ces chevaux manquent un peu de taille et conviennent plu- tôt pour les services de Tartillerie. Mais dans ces der- nières années, un certain nombre de marchands alle- mands et italiens sont venus en enlever une assez grande quantité pour les services de tramways de leurs villes. Chevaux du Maine-et-Loire. — Le département de Maine-et-Loire fournit aussi un certain nombre de chevaux de trait léger : ce sont ceux qui n'ont pu être employés pour la cavalerie de ligne ou de réserve. Il LE CHEVAL. 287 est aujourd'hui démontré que cet élevage a donné de bons résultats; en effet un certain nombre de poulains de la Mayenne, de l'Orne, viennent se faire élever dans le Maine-et-Loire, et on voit à toutes les foires un assez grand nombre de chevaux de trait. La statistique est la suivante : 1873 56.532 tétcs 1878 55.000 — 1 885 60 . 3oo — 1886 5i.8oo — 1887 5i.25o — 1888 52.360 - 1889 52.830 - i8go 52.460 — Dans ces chiffres, on trouve plus des deux tiers de juments qui, comme nous Favons fait remarquer, ne sont pas toutes de Tespèce du trait. Mais la tendance actuelle est de produire plutôt ce dernier. On a voulu aussi établir pour le Stud-Book des chevaux de trait français, une section Maine-Anjou, mais elle n'a pas donné jusqu'à ce jour des résultats satisfaisants. Dans ce pays, les éleveurs n'attachent aucune importance aux papiers d'origine, d'autant plus que souvent les produits sont vendus très jeunes. Chevaux comtois. — La Franche-Comté a possédé autrefois une forte race de chevaux très vantée, mais aujourd'hui très délaissée. Les chevaux comtois actuels méritent à peine d'être signalés, par suite du peu de soins que les propriétaires apportent dans le choix des étalons, de la mauvaise manière de soigner les juments, et surtout du travail demandé aux poulains. Nous ne parlerons pas non plus des écuries basses dans lesquelles on laisse ordinairement séjourner le fumier pendant plusieurs jours, et dont les planchers 288 LK CHEVAL. mal joints laissent passer la poussière des fourrages qui y sont placés. Cependant il est juste aussi de reconnaître que des ef- forts sérieux ont été tentés dans ces dernières années par les conseils généraux des départements du Doubs et du Jura pour améliorer la production chevaline. Ces as- semblées, ainsi que les sociétés d'agriculture ont voté des fonds pour aller choisir dans les pays d'élevage des étalons qui puissent améliorer leur race. De plus, ils ont créé des primes d'encouragement pour le choix des juments et pour les soins à donner à ces dernières et à leurs produits. Ces encouragements n'ont pas encore amené des résultats suffisamment appréciables; à part quelques envois de poulains faits en Suisse, on peut dire que le pays ne fournit pas de chevaux de trait aux différents centres. Il ne sera pas sans intérêt d'ajouter ici la lettre sui- vante adressée par le Comice agricole de Vienne-Rous- sillon au Conseil général de l'Isère, le lo août 1892. Nous avons l'honneur de vous transmettre le vœu émis à l'u- nanimité parle Comice agricole de Vienne-Roiissilîon ^ dans sa dernière Assemblée générale et qui a pour but de solliciter de votre bienveillance , l'obtention d'une part de la subvention attribuée à l'Administration des Haras. Cette subvention, qui dans l'esprit de l'Assemblée départe- mentale est destinée à contribuer à l'amélioration du cheval dans le département de l'Isère et à la défense du pays, n'a pro- duit jusqu'ici aucun des résultats que vous êtes légitimement en droit d'en attendre. Le cheval étalon, soit disant améliorateur, utilisé par l'Ad- ministration des Haras, a amené, vous le savez, Messieurs, une perturbation désastreuse dans notre élevage. Sous son influence, nos anciennes races locales, dont les for- L[-: cm: VAL. 289 mes étaient assurément imparfaites, mais dont la résistance ne souffrait aucune comparaison, ont complètement disparu. Elles ont fait place à des chevaux disparates, sans caractère de race, la plupart sans valeur, presque tous invendables. La Remonte même les dédaigne avec une telle persistance que Tagriculture, désespérant de trouver un débouché quelconque, en abandonne Televage. L'opinion générale, les hommes les plus compétents, le vœu émis à l'unanimité par le Conseil départemental d'Agriculture de l Isère dans sa séance du 2 avril dernier, condamnent abso- lument les procédés mis en pratique jusqu'à ce jour par l'Admi- nistration des Haras et accordent, sans réserve, leurs préféren- ces aux chevaux de trait de races pures ^ ce qui est du reste justifié par la science et par la pratique. Nous nous faisons un devoir, Messieurs, de vous soumettre les considérants ci-après qui ont motivé l'élaboration du vœu émis par le Comice agricole de Vienne-Roussillon : Considérant que l'Administration des Haras, sous le louable prétexte de faire le cheval de guerre, s'applique uniquement à la production du cheval de cavalerie légère, dont l'élevage est impossible ou trop onéreux dans notre département ; Considérant que le cheval de guerre ne comprend pas uni- quement le cheval de cavalerie légère, mais bien aussi le che- val d'artillerie, qui n'est autre que le cheval de trait, dont la production est absolument compatible avec notre climat, notre sol, notre mode d'élevage ; Considérant que la loi du 29 mai 1874, que l'Administration des Haras oppose à nos réclamations, prescrit au contraire au Conseil supérieur des Haras de prendre l'avis des Conseils gé- néraux (Art. 2, § 3); Considérant que cette même loi prescrit aussi de choisir parmi les chevaux étalons, les chevaux de toutes races (Art. 4) ; Considérant que l'Administration des Haras n'a pas tenu compte de ces prescriptions de la loi, et qu'à l'encontre des principes élémentaires de la zootechnie, elle emploie sans suc- 'cès, depuis bien des années, des chevaux issus de croisements, des métis, qui, en raison de leur origine, ne transmettent pas, T. II. 19 290 LE CHEVAL. ne peuvent pas transmettre leurs caractères à leurs descen- dants; Considérant que l'emploi du cheval anglo-normand sus-visé n'a amené que la dégénérescence de nos anciennes races, en élevant beaucoup trop la taille au détriment de la résistance, des aplombs et de la conformation ; Considérant que dans l'Isère le seul cheval possible est le cheval de trait léger, de taille moyenne, dont le débouché est assuré non seulement à la Remonte pour l'Artillerie, mais en- core à l'Industrie, au Commerce, peut-être même à l'exporta- tion ; Considérant qu'en cas de guerre les chevaux issus actuelle- ment des étalons des stations de l'État, se trouveraient dans l'impossibilité absolue d'assurer les Remontes militaires; Considérant la diminution considérable du nombre de ju- ments présentées aux étalons des stations de l'État. (La station de Septème, au début, recevait plus de i5o juments; elle atteint actuellement à peine le chiffre de 40) ; Considérant que l'élevage de l'espèce bovine, bien que ne s'é- tant jamais trouvée sous la tutelle d'aucune Administration officielle, n'accuse pas moins une amélioration remarquable lorsqu'elle se trouve sous la direction d'une Société agricole locale, qui connaît ses besoins, ses exigences, ainsi que notre département nous en montre quelques beaux exemples; Considérant enfin que le Comice af^ricole de Vienne-Rous- sillon possède des éléments pour la direction de l'élevage du cheval, mais qu'il lui manque les subsides nécessaires à l'acqui- sition de sujets reproducteurs, Émet à Yunanimité le vœu que, dans ce but, une demande de subvention soit transmise par les soins de son Président à Monsieur le Préfet, à Monsieur le Président et à Messieurs les Conseillers généraux. Chevaux de trait normands. — La Normandie aussi élève un assez grand nombre de chevaux de trait léger. Nous citerons parmi les départements qui la composent, surtout le Calvados. Tous les chevaux ne Li: C H h: VAL. 2.)i sont pas des normands proprement dits, car les éleveurs de la plaine de Caen, d'où ils proviennent presque tous, achèient dans l'Eure et TOrne beaucoup de poulains percherons, qui, grâce à une nourriture abondante, prennent plus de taille et d'ampleur que s'ils étaient restés dans leur département d'origine. La statistique qui depuis plus de dix ans comprend de 65, COQ à 72,000 têtes de chevaux, ne comporte qu'en- viron un tiers de chevaux de trait, qui n'ont pas la résis- tance qu'on trouve dans ceux élevés dans le Perche. Il est probable qu'on les élève en partie dans les mêmes conditions que les chevaux demi-sang, à qui on ne demande pas de travail pendant leur jeunesse ; aussi ces chevaux sont-ils plus difficiles à mettre en service. Dans les foires principales de Bayeux, Caen, Falaise, Séez et même Alençon , on trouve des chevaux de trait léger qui ont remplacé les anciens postiers, qu'on rencontrait plus particulièrement dans le Cotentin et les environs d'Ecouché. Ces postiers, qu'on faisait travailler jeunes, avaient un tempérament rustique et étaient très estimés. § VII. SUPÉRIORITÉ DU CHEVAL DE TRAIT FRANÇAIS. Dans cette étude que nous avons dû rendre aussi succincte que possible, nous nous sommes bornés aux principaux centres de production du cheval de trait, et il est facile de constater que la France a certainement une supériorité incontestable pour cet élevage. Si l'ache- teur français donne souvent la préférence aux chevaux; carrossiers et aux chevaux de selle étrangers, qu'ils pro- 2Q2 LE CHEVAL. viennent de TAngleterre ou de l'Allemagne, il ne peut pas méconnaître que c'est la France qui produit le meilleur cheval de trait. C'est ce que nous avons toujours démontré en rendant compte des expositions faites en Amérique des diffé- rentes races européennes. Le sol de la France possède toutes les espèces de chevaux aptes aux services les plus divers et propres à satisfaire tous les goûts. C'est pour- quoi nous exprimons toujours le regret de voir trop souvent les acheteurs aller chercher à l'étranger les types qu'ils pourraient rencontrer en France, au lieu d'assurer à nos producteurs des débouchés qui les en- courageraient. N'est-il pas bien porté de répéter souvent, sans aucune raison pour cela, que les chevaux français n'ont ni la ré- sistance, ni le fond, ni l'énergie des chevaux anglais? Et cependant nous ne serions pas embarrassés pour citer des chevaux de chasse, de steeple-chase et des chevaux normands, bretons, limousinsqui font soixante kilomètres et plus dans leur journée, prêts à recommencer le lende- main. Se rend-on aussi compte du nombre de kilo- mètres qu'on peut faire parcourir au cheval de trait léger, type percheron, quand il est suffisamment en- traîné ? On a aussi souvent accusé l'administration des Haras de ne pas donner à la production du cheval de trait tout le développement qu'elle comportait; dernièrement, au Sénat, une discussion provoquée par le vote de l'aug- mentation de 5oo étalons a permis aux différents mem- bres de cette haute assemblée d'émettre leurs opinions sur ce sujet. Nous partageons les idées émises par notre collègue et ami, M. Darbot. Léonce de Lavergne, il y a plus de 20 ans. a dit et cent fois répété : « Nous n'avons pas eu besoin d'avoir LE CHEVAL >.ç,:> « des luras pour produire la meilleure race de trait du (c monde: elle a été produite directement par les éleveurs, « sans l'intervention de l'État, parce qu'on a payé les o(j riamand, un dos plus forts chevaux de l'Europe, est estime comme cheval de gros trait. La race flamande qui est considérée comme la race mère des variétés cheva- lines belges, comprend les races des Flandres, celles du Hainaut et de la province de Namur, et enfin celles du Brabant. de la Heslaye et du Condroz; dans ce dernier pays le cheval a un caractère tout particulier et se rapproche bien plus du cheval de trait léger. Si le cheval flamand est généralement de tempérament mou. lymphatique, cela tient aux conditions de milieu où il est élevé, à la qualité inférieure de son alimenta- tion; mais son tempérament peut se modifier par une bonne hygiène et une nourriture substantielle. Autrefois on rélevait surtout dans la région basse de la Belgique, c'est-à-dire sur le littoral de la mer, dans les deux Flan- dres et dans les provinces d'Anvers et de Limbourg. Mais aujourd'hui on le trouve dans toutes les autres provinces de la Belgique. On rencontre dans les Flandres surtout deux races : celle dite de Grammont et celle du Furnes-Ambacht. Chacune d'elles a ses qualités et ses défauts. Elles sont à formes massives, à tempérament lymphatique, poitrail large, épaules fortes et corps vo- lumineux qui font penser aux efforts soutenus qu'ils doi- vent fournir pour les travaux des sols argileux du pays. Il faut reconnaître que ce cheval a répondu à un besoin économique réel ; en effet, dans ces dernières années , il a été tellement demandé que les éleveurs belges n'ont pas hésité à se livrer plus particulièrement à Télevage du cheval lourd. Le gros cheval flamand est plus court que le cheval boulonnais; il est plus massif, plus ramassé et souvent plus près de terre, ainsi que l'a constaté M. Leyder dans une note où il comparait des étalons boulonnais et des étalons belges. 3io LE CHEVAL. Dans son rapport, intitulé Les Animaux domestiques à Vexposition nationale de 1880, M. J. Leyder a décrit le type et les proportions du cheval de race belge (variété brabançonne ou de gros trait). Nous reprodui- sons cette partie intéressante de son rapport : Taille au garrot i «"67 — au dos I 53 — à la croupe i 63 Hauteur de la hanche i 5o — du grasset i o3 — du jarret o 65 — de Tangle de l'épaule i 25 — du genou (à l'os crochuj o 35 — du coude i 00 Distance verticale du sternum au sol derrière le coude o 82 Distance verticale du sternum au sol vers l'ap- pendice iphoïde o 79 Longueur du tronc i 74 — de l'épaule o 75 — de l'angle dorsal de l'épaule à la hanche o 67 Longueur de la croupe o Ô5 — de la gorge o 52 Largeur du poitrail o 56 — du thorax o 69 — de la croupe (Dans l'ellipse). Périmètre de la poitrine 2 18 Périmètre du genou o 41 — du canon o 26 — du jarret o 5i Longueur de la tête o 67 Largeur de la tête o 27 Nous devons compléter cette description par la repro- duction des caractères distinctifs du même cheval (fig. 39) qui ont été si bien formulés par M. Ad. Reul, pro- fesseur de zootechnie à LÉcole de médecine vétérinaire LE CHI.VAl.. 3ir ae rKtai, àCurcghcm, dans le T'' volume du Stud-Book national des chevaux de la race belge. Le cheval brabançon, c'est la race naturelle que les cultivateurs FiG. 39. — Type et proportions du cheval belge. du centre de la Belgique, et notamment ceux du Brabant, mul- tiplient et élèvent avec tant de succès depuis des siècles. Ce cheval représente le type le plus parfait du puissant moteur à l'allure lente; c'est un colosse dans l'espèce chevaline. Grand, massif, puissant, énergique et solidement bâti, le cheval du 3i2 LE CHEVAL. centre de la Belgique est éminemment propre au transport des plus lourdes charges, qu'il déplace et entraîne avec une aisance remarquable, avec une vigueur extraordinaire. Sa taille oscille entre i™,6o et i"^,?! ; quelques sujets excep- tionnellement grands atteignent parfois 1^,7 3 et même i°*,75 de hauteur au garrot. Son poids varie de ô5o à 900 kilogram- mes. Le corps, toujours ample et massif, est néanmoins bien proportionné et ne manque pas d'une certaine élégance. Les membres représentent de puissantes colonnes dont le dévelop- pement squelettaire, la musculature et la force de résistance sont en parfaite harmonie avec la masse et le volume du corps qu'ils doivent soutenir et déplacer. Chose digne de remarque : malgré leur poids et la masse de leur corps, beaucoup de chevaux brabançons trottent avec légè- reté, élégance même. Analysons par le menu et examinons région par région le che- val du Brabant : il porte une tête un peu grosse et empâtée, bien soutenue pourtant, dont le front est large, plat, et les orbites suf- fisamment écartés. Vu de profil, le chanfrein est presque rec- tiligne, quoique sillonné vers son milieu par les frottements sans cesse renouvelés d'une pièce d'un harnais d'écurie, la muserole du licol d'attache. L'oreille est droite et bien pointée; la paupière devrait se trouver plus largement fendue et moins épaisse chez certains chevaux, surtout chez les maies, dont le globe oculaire, trop petit, trop voilé et trop enfoncé, manque ainsi d'expression. Les lèvres se montrent grasses, épaisses et charnues, comme chez tous les animaux grands mangeurs. Les joues forment une vaste et large surface plane, en rapport avec le développement et la puissance des mâchoires. Les ganaches sont trop refoulées en arrière; elles offrent néanmoins entre elles un écartement suffisant pour ne pas en- serrer trop à l'étroit la gorge, qui possède ainsi toute l'ampleur et dispose de tout l'espace réclamés pour son fonctionnement aisé et régulier. L'encolure du cheval brabançon offre certains caractères pres- que distinctifs de la race : elle est courte et fort grosse, massive et rouée (bord supérieur convexe) , chargée d'une graisse dense, compacte, accumulée le long du bord qui soutient la crinière. Cette crinière est double, ébouriffée, plutôt courte que longue, formée de crins rudes et raides. Voilà donc un type d'encolure qui se montre franchement caractéristique. Li: (:hi:val. 3i3 En vertu de la disposition des i^anachcs, la tète est peu mo- bile sur l'encolure, avec laquelle elle forme masse, dans laquelle elle est pour ainsi dire encastrée. Le sillon démarcateur, si apparent entre tète et cou chez les animaux de sang, est comblé et absolument nul chez notre brabançon, particularité qui s'ex- prime en hippologie par ces mots : tète plaquée. Quant au garrot, région de la plus haute importance, il man- que quelquefois de hauteur; trop peu sorti, il est large, gras et emjiâté. Le dos et le rein du cheval brabançon sont puissamment dé- veloppés en largeur; et non seulement ils sont larges, mais ils sont courts, solidement établis, garnis de chaque côté de muscles puissants, volumineux, rebondis, formant ainsi deux coussins saillants, séparés par un sillon médian longeant le sommet de réchine. La croupe est donc double chez presque tous les che- vaux du Brabant. Quoi qu'il en soit, la ligne de dessus pèche assez souvent par sa direction : la colonne vertébrale se montre infléchie en arrière du garrot; le dos n'est pas assez droit, assez horizontal, il est souvent ensellé. C'est là une notable imperfection, qu'il faut s'attacher à faire disparaître. Les hanches sont très écartées l'une de l'autre; elles délimi- tent une croupe large, qui off"re en même temps toute la lon- gueur désirable, mais qui pèche par sa direction souvent incor- recte. La queue est néanmoins fort bien attachée pour un cheval de gros trait. Le corps du cheval du Brabant est large, bien ouvert, cylin- drique et bien descendu. Sa poitrine se trouve circonscrite par des côtes suffisamment arquées , délimitant ainsi un thorax large etouvert, auquel correspond un ample poitrail, musclé et rebondi, mesurant jusqu'à 55 centimètres de largeur. Le ventre, chez un cheval bien nourri et ne consommant pas trop de matières fibreuses, se trouve au degré de développement désirable, ni trop, ni trop peu volumineux; son contour dépasse légèrement celui de la poitrine. L'épaule, puissante et musclée, garnie de gros coussins char- nus, offre une vaste et large surface d'appui au collier de trait, lequel, afin de pouvoir embrasser le contour de l'encolure d'un tel limonier, doit posséder une hauteur de 70 centimètres pour l'étalon et de 38 à 63 pour le hongre et la jument, et une largeur — d'une mamelle à l'autre — équivalant à 22 à 28 centimètres au niveau du tirage et à 1 7 à 2 1 centimètres vers le tiers supé- 3 14 LE CHEVAL. rieur de la hauteur : tels sont les dimensions et l'écartement des deux surfaces d'appui à fournir a cette pièce du harnachement, lorsqu'elle doit servir à des chevaux du Brabant. Ces dimensions seules ne nous donnent-elles pas une idée de la puissance re- marquable que possèdent ces moteurs? Le bras est volumineux, court et charnu. L'avant-bras, de longueur moyenne et d'autant plus solidement musclé que le sujet se trouvera plus près de terre, est garni en dehors d'un pa- quet musculaire solide, dense et rebondi. Le genou est large et plat: ainsi établi, il représente une char- nière puissante, solide et résistante. Le canon est court, épais et large; le tendon longeant la face postérieure du canon manque souvent de grosseur et d'écarte- ment. C'est un défaut. Le boulet est généralement remarquable par sa largeur et rétendue de son périmètre: il constitue donc, lui aussi, une charnière solide et ferme, offrant, en outre, une bonne direc- tion. Le paturon et la couronne ne laissent rien à désirer. Quant au sabot, aussi bien proportionné que bien conformé, il se trouve composé d'une corne d'excellente qualité, ni trop molle ni trop sèche, à talons hauts, à fourchette bien fournie, souple et développée, à sole suffisamment voûtée. Le cheval Bra- bançon a de la corne, il a du pied. Revenons-en à l'examen extérieur de quelques régions du membre postérieur que nous n'avons pas passées en revue: La cuisse et la fesse sont solidement musclées ; la jambe se trouve dans les mêmes conditions; elle est bien gigotce. Et, pour terminer, disons que le jarret réunit les conditions de puis- sance désirables; il mesure de 5o à 53 centimètres de contour; il est large et épais, solide et fort. On pourrait lui reprocher son empâtement chez certains chevaux et sa tendance à se gar- nir de capelets. La couleur de la robe n'est pas caractéristique de la race : on rencontre des chevaux de tous poils dans le Brabant, hormis les pie. Toutefois, les robes baie, alezane et noire ou grise l'em- portent. Tels sont les principaux caractères distinclifs du magnifique et énorme cheval élevé dans les plaines légèrement ondulées du centre de la Belgique; de ce puissant moteur que tant de na- tions nous envient et que notre commerce d'exportation nous enlève en si grand nombre, chaque année, pour l'introduire, à LE CHEVAL. 3i5 titre d'améliorateur, jusque dans les pampas du Nouveau Monde. Nous avons donc le plus haut intérêt à améliorer sans cesse ce produit si intéressant de Télevai^c national, et, sous ce rapport, la création du Stud-Book belge est appelée i\ rendre les plus grands services aux éleveurs, tant en permettant de faire à l'a- venir un meilleur choix de leurs souches reproductrices qu'en leur facilitant la vente de leurs produits à l'étranger, tout en la rendant plus rémunératrice. Qu'il nous soit permis, pour terminer, d'attirer l'attention des éleveurs sur quelques régions peccantes, qu'ils devraient s'attacher à modifier par un choix plus judicieux de leurs repro- ducteurs. Ces régions sont: Le dos, qui n'est pas assez soutenu; le garrot, qui manque d'élévation; la croupe, qui n'est pas toujours assez horizontale; le tendon, qui n'est ni assez volumineux, ni assez détaché du canon ; le jarret, qui n'est pas toujours suffisamment net et sec. Signalons encore l'existence chez trop de chevaux, malheureu- sement, de suros en dedans des canons. Ces tares diminuent la valeur des produits; elles sont souvent héréditaires. Enfin, nous voudrions voir disparaître ce défaut d'allure que présentent beaucoup trop d'étalons dans le Brabant : ces chevaux projettent les pieds antérieurs en dehors lorsqu'ils trottent; ils billardent; c'est là un vilain défaut d'allure, qu'un meilleur choix des re- producteurs ne manquerait pas d'effacer avec le temps. Race ardennaise. — Le cheval ardennais remonte aux temps les plus recalés de l'histoire de la Belgique. Sans parler de son origine et de sa réputation tant vantée par les auteurs belges, il ne sera pas indifférent de rap- peler ici la description donnée par Gayot du cheval ar- dennais en 1825. Tête sèche, carrée, un peu camuse, l'œil proéminent, les oreilles courtes et bien plantées, la physionomie in- telligente et éveillée, l'encolure droite et courte, les épaules plates, le poitrail un peu étroit, le garrot élevé, la croupe avalée, les membres forts et réguliers, les articulations courtes, les tendons larges et bien détachés. 3i6 LE CHEVAL. mais les Jarrets étroits et légèrement crochus, la taille oscillant entre i'",42 et i"\52. Cette conformation répond bien aux qualités solides, dit Gayot, attribuées à l'ancienne race ardennaise. Le cheval ardennais est souvent donné comme le cheval type d'artillerie; Ton a vu la Russie, l'Allema- gne, TAutriche, et, en France même, les comices de Langres et de Bar-le-Duc, acheter à beaux deniers comptants les bons reproducteurs et les beaux poulains de race. Il est bien entendu que le cheval ardennais, à côté d'éminentes qualités sous le rapport du fond, du tempérament, de la rusticité, de la spécialisation comme cheval d'artillerie et d'agriculture, présente quelques légères imperfections que les éleveurs belges ne se sont pas assez efforcés de faire disparaître. On rencontre sur- tout ce cheval dans la province du Luxembourg et dans le Condroz. Mais le cheval ardennais actuel est devenu plus fort, plus étoffé, parce que le commerce a demandé des chevaux plus forts, ainsi qu'on a pu s'en rendre compte en voyant les animaux présentés aux exposi- tions internationales de Paris de 1878 et 1889. Malheureusement cet ancien cheval des Ardennes est devenu très rare. Il a presque disparu pour faire place à un produit plus fort que nous avons décrit plus haut, c'est-à-dire le cheval brabançon. Les Etats-Unis et notamment l'Iowa, l'Illinois, l'In- diana, le Minnesota, la Pensylvanie, le Kansas et aussi la République Argentine, achètent des reproducteurs parmi les meilleurs et surtout parmi les plus volumi- neux spécimens de cette race. Il en est de même de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Italie, dont les haras voudraient produire des mo- teurs plus massifs et ainsi mieux appropriés aux besoins Cl aux exigences de notre époque. lp: chenal. 3 17 Dans CCS conditions les éleveurs belges estiment que rélève du cheval de trait est et restera longtemps encore Tune des principales ressources de Tagriculture de leur pays ; ils voudraient voir leur gouvernement entrer dans une voie plus large en ce qui concerne les encou- ragements à la production chevaline. C'est surtout en s'appuyant sur le nombre de chevaux exportés à l'étran- ger que les éleveurs belges réclament de TÉtat des étalons en nombre suffisant et d'excellente conformation, afin de produire des sujets recherchés par les étrangers. Nous avons déjà parlé des tentatives faites par M. démenti dans le Nord de l'Italie avec les chevaux boulonnais, il sera donc intéressant de faire connaître ici l'avis de M. S. Baldassarre, professeur de zootechnie à Técole vétérinaire de Turin, paru dans un journal spécial, il Modemo ^ooiatro. C'est dans sa session de 1887 que le Conseil hippique d'Italie décida d'introduire 10 pour % de chevaux de . trait dans les haras de l'État et de donner la préférence à la race belge. Parmi les raisons qui poussèrent le Con- seil dans cette voie, c'est que les chevaux belges se rap- prochent de la population équine des plaines les plus fertiles de l'Italie et spécialement de celles de la moyenne et de la basse Lombardie. Il existe en effet dans cette partie du royaume une race de chevaux, appelée race Crémonaise, propre aux transports et aux travaux des champs. En exécution de la décision prise par le Conseil supé- rieur hippique, une commission italienne fut envoyée en Belgique pour la première fois en 1887, et y fit l'acqui- sition de quelques étalons, parmi lesquels se trouvaient des étalons remarquables du Brabant, tels que Amiral, Brun, Brillant, Jupiter, Lucifer et Bismarck. Ces chevaux furentassez mal reçus en Italie; une campagne fut entre- 3iH LE CHEVAL. prise contre eux par la presse périodique. Ces éta- lons belges firent, malgré ces attaques très vives, la monte aux dépôts de Crémone et de Mantoue; ils sail- lirent un nombre de juments plus grand qu'on ne le pensait. Aussi la commission italienne dût-elle retourner en Belgique en 1888 et 1889 et acheta encore une dizaine d'étalons pour les dépôts de Ferrare et de Crème. M. Baldassarre a demandé au ministre de l'Agri- culture en Italie d'instituer aussitôt que possible dans un des centres d'élevage de la Lombardie, un concours avec primes importantes dans lequel ne pourraient figu- rer que les produits procréés en Italie par les étalons brabançons ou ardennais. L'idée est bonne, on pour- rait ainsi juger de la qualité de ces métis et même obtenir des éleveurs les renseignements complets sur les avan- tages et les inconvénients de ces croisements. Cette exposition qui ne pourrait guère avoir lieu qu'en 1893, puisque les premiers sujets croisés ne sont nés qu'en 1888, pourrait aussi comprendre les produits obtenus par la Société d'Agriculture de Vicencc avec les étalons boulonnais qu'elle a achetés en France. Comme nous l'avons dit plus haut, nous avons visité ces poulains et il en est de remarquables. L'enquête ainsi conduite serait sérieuse et contradic- toire, et les éleveurs italiens pourraient juger des résul- tats obtenus par l'importation des différentes races de trait françaises et belges. § IL ILES BRITANNIQUKS. La population chevaline des Iles Britanniques était en 1873 de 2.1 01. 100 tètes, soit 7,8 pour 100 habitants et 9.1 par kilomètre carré. Au recensement de 1875 on LE CHEVAL. 3rcj comptait i.820.i32 et à celui de i885 f .()09. 200 che- vaux agricoles. Nous résumons, dans le tableau suivant, la situation de la production chevaline en Grande-Bretagne pendant Tannée i88(). Surface cultivée en kilomètres carrés. Xonibre de chevaux. rar 100 kilomètres carrés cultivés. Angleterre 24.99 ï -o 1 3 Pays de Galles. . . 2.853.917 Ecosse 4.888.425 C* Bretagne 32.733.357 Irlande 1 5.066.94 1 Royaume entier.. 47.800.298 1. 091. 041 141. 143 189.205 1.42 1.389 5i5.i88 1.936.577 Si on considère particulièrement les comtés, on voit en Angleterre que le nombre de chevaux par kilomètre carré cultivé varie de 2.4 dans le Northumberland à 5.8 dans le Norfolk et la partie est du Yorkshire, 5.7 dans le Cambridgeshire, 5.6 dans le Middlesex, 5.3 dans la Cornwall, 5.2 dans le Sulffolk et Hunts. En Ecosse, ce sont les contrées de Sutherland et du Shetland qui présentent les pourcentages les plus élevés, le premier 8.6 et le second 8.3. Il y a donc une diminution du nombre des chevaux, mais il sera juste de reconnaître aussi que la qualité des chevaux élevés s'est beaucoup améliorée dans ces der- nières années. L'importation des chevaux semble augmenter eu An- gleterre, ainsi en 1889 on importe 1 3,809 chevaux et en 189 1, 21,715 ; il semble que ce sont surtout des juments et des poulains provenant de Hollande et de France. 320 LE CHEVAL. Les Anglais classent leurs chevaux, suivant les ser- vices, en deux divisions principales : Chevaux de selle et chevaux d'attelage. La première division comprend les chevaux de pur sang anglais, les hunters, les hacks, les chevaux de route; la seconde les chevaux de voitures, les chevaux de poste [Harness horses) et de trait léger, et les chevaux de gros trait et d'agriculture. Ce sont surtout de ces derniers dont nous allons nous entretenir pour rester fidèle à notre programme. Ainsi que nous l'avons dit déjà, la production chevaline est entre les mains des sociétés privées et le gouvernement anglais n'a jamais donné que des encouragements res- treints. Aussi comme pour toutes les autres races de chevaux élevés en Angleterre, il s'est formé des sociétés pour les différentes races de trait qui ont créé des primes, des concours annuels et qui ont établi des Stud- Books particuliers. Sous le terme hackney on comprend le cheval de route du Yorkshire ( Yorkshire roadster) et le trotteur du Norfolk [Norfolk trotter). C'est ainsi que la société des chevaux de trait léger [Hackney horses,), a créé son premier concours à Lon- dres en i885 dans les galeries du Royal Agricultural Hall. Pendant l'été, il se tient plusieurs concours dansles comtés où s'élèvent ces chevaux, dans le Norfolk et le Yorkshire, etc. Le Stud-Book de ces chevaux a été créé en i883. Il en est de même des chevaux Cleveland Bays (fig. 40) et des chevaux de voiture [Yorkshire coach horses (iig. 41). C'est en i85i que la Société royale d'agriculture reconnut le Cleveland Bay comnie une variété spéciale. C'est surtout dans les chevaux de voitures de luxe que nous voyons employer le cleveland bay et d'autres LE CHEVAL. 323 chevaux demi-sang élevés dans le Yorkshire, Lincoln- shire, et Shropshire; ils sont souvent le produit d'un pur-sang et d'une jument commune. Pour les voitures légères, on emploie souvent les chevaux élevés dans le Norfolk, qui sont en général de très bons chevaux, bien proportionnés. Ces sortes de chevaux, surtout le Gleveland Bay. étaient plus nombreuses avant les chemins de fer. Depuis quel- ques années, un effort a été tenté pas les éleveurs du Yorkshire, et vers 1886 le i*^"" volume du Stud-Book du Gleveland Bay a été le résultat de cet effort. On met en doute, même en Angleterre, la pureté de la race, qui serait disparue avec les chemins de fer. Les chevaux employés au transport des voyageurs et des marchandises , c'est-à-dire d'omnibus, de tram- ways et des voitures de commerce, sont élevés dans toutes les parties de TAngleterre et sont plus variables en taille et en qualité que les premières catégories de chevaux dont nous venons de parler. Ils sont générale- ment le produit d'un étalon carossier et d'une jument de demi-sang. Les chevaux légers de Tagriculture, tels qu'ils sont élevés dans le pays de Galles, sont souvent aussi employés aux transports dans les villes des voya- geurs et des marchandises. On leur reproche la grosseur de leurs membres qui sont pourvus de grands poils et de pieds très larges. Leur prix varie de65o à i25o francs. L'élevage s'est beaucoup fractionné dans toutes les provinces de la Grande-Bretagne et de l'Irlande; c'est ainsi que nous voyons établir des livres de généalogie pour toutes les races de trait : Shire, Glydesdale, Suffolk, Hackney, Gleveland, etc. La Société Royale d'agriculture de Londres reconnaît les races suivantes : chevaux de pur sang, Hackneys, au-dessus de i™,45, Gleveland Bays, Yorkshire coach, 324 LE CHEVAL. Shires, Clydesdales, Suffolks, poneys de Exmoor, New Forest, Welsh, Shetland et race des pays montagneux au-dessous de i™,45. Toutes les races anglaises, comme nous venons de le voir, ont leur Stud-Book, en Angleterre les cleveland- bays et les yorkshires ont le leur séparé; mais en Amé- rique ils n'en ont qu'un seul pour les deux variétés. Les chevaux d'agriculture et de gros trait sont ceux qu'on considère comme les plus importants pour les gros transports et les travaux agricoles, et c'est surtout de ces chevaux que nous allons nous occuper. Nous voulons parler des clydesdale et des shire. Ceux-ci peu- vent être considérés comme les plus importants des chevaux d'agriculture et de gros trait, et leur valeur au point de vue économique est considérable. Dans ces der- nières années, ils ont été l'objet des soins constants des éleveurs et ils ont été exportés sur une grande échelle. Race Clydesdale. — Cette race n'est pas très ancienne et s'élève dans les huit provinces de la vallée de la Clyde, qu'on appelle le haut Lanark. On ren- contre aussi quelques produits dans tout le sud-ouest de l'Ecosse. Le clydesdale comme le cheval boulonnais, tire son mérite originaire du cheval noir de Flandre, un descen- dant en ligne directe du grand cheval noir de l'Europe du Nord, qui, suivant le professeur Low, habitait dans les immenses États, les vastes régions de marais et forêts qui se trouvaient en Europe sur le Pont-Euxin (Black). La première mention que nous avons de ces gros che- vaux en Ecosse, est un édit particulier « safe conduct » du roi Edouard I'-'"' en i 352 et se rapportant à dix gros chevaux, qui devaient être conduits à Teviotdale. La date exacte de l'arrivée des chevaux n'est pas certaine, mais de ce que l'édit fut obtenu par le comte de Dou- LK cm: VAL. 325 glas, on peut intcrcr, sans crainte de se tromper, que les chevaux furent amenés au château de Douglas, dans la portion supérieure du Lanarkshire, autrement appelée Clydesdale; de ce fait que le comte de Douglas était un ancêtre du fameux éleveur de Clydesdale, le duc de Hamilton, nous pouvons raisonnablement supposer que ces dix gros chevaux ont été un important facteur dans la création de la race originale de Lanarkshire. Nous citerons la relation suivante du volume spécial du Stud-Book de Clydesdale, en ce qui concerne le cheval noir des Flandres : Quelque temps avant 171 5 et 1720, John Paterson de Lochlyoch aurait importe un étalon flamand sur la propriété et la commune de Carmichael. Ce John Pater- son était le petit-fils d'un John Paterson, mort à Loch- lyoch en 1682, lequel aurait beaucoup amélioré la race du pays, et même de toute l'Ecosse. Les juments de Lochlyoch sont généralement de cou- leur sombre ou noire, avec la face blanche et de petites balzanes aux membres; elles ont des poils gris dans la queue, quelquefois des poils gris sur le corps, et presque toujours une tache blanche sur le ventre, cette dernière étant considérée comme une marque de race pure. Il n'y a certainement pas de doute que la race cly- desdale tire son origine du sang flamand, mais il faut reconnaître en même temps que ces chevaux ont souvent tiré leur action et leur courage bien connu du croisement avec le vieux cheval de voiture ou de Lincoln. Ils ont aussi souvent été mélangés avec les cleveland, qui leur ont donné leur couleur baie. Le cheval clydesdale est, quoique très corpulent, plus actif et plus maniable que le cheval shire, et est, en même temps, plus employé dans les cas qui requièrent 326 LE CHEVAL. de la force et de la vitesse. Son élevage est plus répandu que celui des autres chevaux de trait et son type est mieux détini et plus fixé. Sa couleur la plus fréquente est le bai foncé ; le noir et le gris sont moins communs; sa taille est d'environ i™,65 à i™,7o; on en voit peu au-dessous de cette taille; le poids vif est de 600 à 700 kilog. Il a la tête élégante, bien accentuée dans ses contours, le front bien fait, le corps symétrique et court avec poitrine large et pro- fonde. Les membres sont courts et musculeux avec des os larges, Tépaule est oblique, les parties inférieures des membres qui étaient assez élevés sont devenus plus courts et ce défaut se corrige par un bon élevage. Les poils tombent sur les extrémités postérieures des mem- bres ; sur les fanons , autrefois ils étaient frisés, mais maintenant la mode est qu'ils soient longs, raides et soyeux. La face et les membres de ces chevaux sont sou- vent blancs, ce qui nuit à leur belle apparence (fig.42). Le nom de la race clydesdale indique particulière- ment la production d'une seule localité, mais il est en général donné aux chevaux produits dans toute l'Ecosse qui présentent à un haut degré les caractères de la race. La valeur des clydesdales est d'autant plus élevée qu'ils sont de haute taille et que leur pedigree est bien en règle. Il n'est pas rare de paver des étalons de 10.000 à I 5.000 fr. et plus. Les demandes de l'étranger ont beaucoup encouragé l'élevage du clydesdale; et les sociétés (Clydesdale horse Society et Highland society) qui dirigent cette production tiennent avec le plus grand soin le Stud-Book et accor- dent des primes très élevées variant de 5o à 200 livres sterling aux étalons. Ces primes sont payées en deux fois, une partie au moment de la saillie, et l'autre à la LE CHEVAL. 32; naissance du poulain. Il v a bien longtemps que nous désirons voir appliquer en France cette manière d'opérer. LesAUemands importent un grand nombre de clydes- dales pour croiser avec leurs races communes; nous en avons reproduit un spécimen (page 35 2, fig. 45). M. H. von Nathusius, de Althaldensleben (province de Saxe), vante beaucoup ces croisements dans son livre intitulé « Das sclnvere Arbeitspferd » mit besonderer Berucksichtigiing des Clydesdale. :Le gros cheval de travail, au point de vue spécial du clydesdale\ Il repro- duit dans cet ouvrage la description détaillée des carac- tères essentiels du clydesdale donnés par lord Dun- more. Nous avons toujours remarqué Taptitude spéciale de ce cheval pour le travail au pas, le labour et les lourds transports. On apporte de tels soins dans l'éle- vage de ces chevaux, qu'on voit peu à peu disparaître certaines maladies très fréquentes dont ils sont atteints : la fourbure, le cornage, et les eaux aux jambes. Nous reproduisons ici (fig. 42^ Pun des plus remar- quables types de cette race, qui s'élève surtout dans les comtés de Wigtownshire, Ayrshire, Aberdeen, Stirling, Fife, Lanark, Dumfries, Kirkendbright, Forfar, Perth, Durham, etc. Les écuries de clydesdale connues sont le haras de Whittleburg, fondé par sir Robert Lodes en 1878, le haras du marquis de Londonderry, le haras de Crosby à M. Thornton, celui du duc d'Argyleet enfin celui de M. Riddell à Seaham Harbour. Race Shire. — Le cheval shire est élevé dans les comtés de Huntingdon, Northampton, Leicester, Not- tingham, Derby, Warwick et Stafford. Le cheval shire est décrit comme un vrai cheval de trait qui n'est pas un clydesdale, un suffolk punch, ou «il: Mllr LE CHEVAL. 329 un cheval de trait, mais il a une relation de ressemblance ^de sang) avec tous ceux-là (fig. 43). Il n'a ni carac- tère ni couleur particuliers, mais c'est un mélange de ces différents chevaux qui a produit un animal fort, bien bâti, puissant, plus calme et plus solide que le clydes- dale, toutefois ayant moins de valeur que lui comme étalon, car il est moins certain de transmettre ses qua- lités. De plus il n'est apte qu'à l'allure lente et il ne peut se livrer aux allures vives. La tète est généralement lourde et forte, sans expres- sion quoique démontrant un bon caractère; le corps est large et développé; quelques chevaux mesurent 2 mètres; les hanches sont bien accusées et les reins larges et musculeux; les avant-bras et les cuisses sont longs et puissants, et les jarrets larges et bien faits. Les membres sont très poilus, et le poil qui est sou- vent soyeux tombe en masse sur les sabots. Les plus forts de ces chevaux sont élevés dans les terres lourdes qui demandent un grand travail; les plus légers et les meilleurs sont choisis pour les travaux pénibles au pas à faire dans les villes. Il est établi que sur une bonne route, un de ces chevaux peut tirer comme poids ordinaire plus de 2 tonnes ; ils font un excellent service dans le maniement des wagons dans les gares. On peut les réserver pour les attelages les plus péni- bles et les charrois les plus ditficiles. C'est un cheval colosse, qui est lourd et majestueux. Il pèse ySo à 1000 kil. et sa taille variede i™,7oài"\9o. Deux chevaux sont capables de traîner de quatre à cinq tonnes sur les voitures à 2 roues et de six à sept tonnes sur les voitures à 4 roues, mais dans ce dernier cas on en attèle souvent trois ou quatre. Leurs couleurs sont variables; ils sont le plus souvent rouges ou rouans foncés. • '^^^m LK CHEVAL. 33i On a aussi souvent donné le nom de shires aux che- vaux de trait élevés dans les contrées de Lincolnshire, Berkshire, Oxfordshire, W'iltshire, Herefordshire et Yorkshire. Nous devons citer aussi les écuries qui élèvent le cheval shire, entre autres : Lockinge park à Lord Wan- tage, Cannock; the fylde of Lancashire, qui a possédé les fameux étalons : Master of arts. Lord Raglan, Vulcan à M. H. R. Hart ; de Moulton Langate à M. Alfred Clark, de Bary à Huntingdon à M. John Rowell, de Winmarleigh à M. Thomas Shaw , de Bowden hall à Chapel-en-le-frith à M. Wainwright, de Tatton à Lord Egerton, etc. Pour les chevaux shires les encouragements n'ont pas manqué. Nous voyons dans les comités formés dans ce but les noms des premiers lords de l'Angleterre : le prince de Galles, le duc de Westminster, le duc de Marlborough, le comte de Ellesmere , M. Walter Gilbey, etc., etc. La Société des Shire Horse s'est formée il y a une douzaine d'années et elle a publié chaque année un volume de Stud-Book. Nous donnons ici la reproduc- tion d'un cheval de race Shire, Victor Chief iiio5, qui, au concours de 1 89 1 , était un poulain de 2 ans très remarquable ; il a été vendu 25oo guinées (65,625 fr.). Race Suffolk. — Le suffolk punch ou cheval de trait (fig. 44), n'est pas beaucoup en usage en dehors de l'An- gleterre et a beaucoup changé depuis ces dernières an- nées. En général il aune taille d'environ i"i,55 à i™,62, il est court et compact, avec des membres faibles et peu élevés et des épaules lourdes. La couleur est tou- jours alezane, présentant les nuances claires et foncées. L'origine du cheval suffolk punch est restée assez longtemps obscure et ce n'est guère que dans ces der- LK CHEVAL. 333 niers temps qu'il a été si apprécié par les éleveurs an- glais. Vers 1880 le Stud-Book a été créé. Cependant en 1857, à l'Exposition agricole royale à Windsor, il figurait deux étalons remarquables qui obtinrent le premier et le second prix des chevaux de trait : ce sont Duke et Ripshawe. Déjà à cette époque, les chevaux suffolks avaient une grande réputation pour leur forte constitution, pour leur résistance aux travaux les plus pénibles, et pour leur ca- ractère très paisible. Il est très rare de voir parmi eux un cheval méchant ou même difficile. Dans tous les concours de la Société royale d'Angleterre, ils obtien- nent toujours un bon classement. Il est exporté de ces chevaux au Canada, à la Nou- velle-Zélande, en Australie, dans l'Amérique du Sud et dans plusieurs provinces de l'Amérique du Nord. Sur- tout dans cette dernière contrée ils ont bien réussi et ils sont très demandés. C'est un excellent cheval pour les travaux de la ferme, mais moins apte aux transports sur les routes. Cepen- dant, dans ces derniers temps il a été très amélioré et on peut en rencontrer de bien faits et pouvant trotter. Au reste, le suffolk est aussi connu aux Etats-Unis que le clydesdale et le shire; depuis cinq à six ans, il a été importé dans l'Etat d'Iowa, et il nous serait facile de citer un grand nombre d'étalons remarquables qui ont été importés en Amérique. Il s'est formé des écuries importantes dans le comté de Suffolk ; nous pouvons nommer entre autres celles du comte deCadogan à Culford, de M. Quilter à Bawdsey, de M. Bernersà Wolverstone, de M. Wilson à Stowlang- toft, etc. Comme pour les autres races de trait, il s'est formé une société d'encouragement pour le cheval suffolk. 334 LE CHEVAL. Cette société a nommé un comité qui a examiné avec le plus grand soin les chevaux qui ont remporté les pre- mières primes; on les a mesurés, pesés, afin de faire connaître les formes qui semblent être les plus conve- nables pour l'amélioration de ces chevaux. Ces mesures ont été publiées dans les volumes du Stud-Book qui a été établi. Ils reproduisent aussi les photographies des chevaux. Le i*"' volume de ce Stud-Book a été édité en 1880 par M. Herman Biddell, de Playford. En résumé, les plus grands efforts sont faits pour donner plus de cachet, plus de vitesse, à ces chevaux qui représentent toujours des masses énormes. En terminant l'examen des trois grandes races que les Anglais considèrent comme des chevaux agricoles, il ne sera pas sans intérêt de reproduire ici un travail minutieux fait par M. Leyder, professeur belge, à la suite du concours international tenu à Londres en 1880. Ce savant agronome compare dans le tableau suivant les mesures thoraciques des chevaux français, belges et an- glais en même temps que leurs différentes proportions. M. Leyder fait alors remarquer avec raison que les che- vaux agricoles anglais l'emportent singulièrement en masse et en ampleur des proportions, sur tous les gros chevaux du continent sans exception. Pour les Anglais, tout cheval de gros trait, non caractérisé comme cly- desdale ni comme suffolk, est cheval agricole. Il faut ajouter que ces distinctions sont bien subtiles ; on peut voir par les descriptions que nous venons de faire qu'il est très difficile de bien caractériser tous ces chevaux. Le tableau des pages 3 36 et 337 est très intéressant; nous avons entrepris de le compléter par de nombreuses mensurations sur toutes les races de chevaux, malheu- reusement nous n'ayons pas encore toutes les données voulues pour en faire un travail complet. Mais nous avons LE CHEVAL. 335 relevé les mensurations faites sur les étalons et les juments de trait de la race de Pinzgau qui se trou- vaient à l'Exposition de Berlin; le périmètre du genou qui est en moyenne de 38 centim. pour les perche- rons et boulonnais, de 40 centim. pour les belges et de 44 centim. pour les anglais, n'était guère que de 20 à 21 centim., pour les chevaux de trait bavarois; aussi se plaint-on beaucoup de la faiblesse de leurs mem- bres, surtout pour des corps aussi volumineux. Dans les allures on remarque que, chez les Clydesdales, le jeu du genou se fait avec plus de calme et que le mouvement est plus accentué chez les belges; Tallure des premiers paraît plus imposante que celle des se- conds, elle donne plus d'effet utile et certainement nécessite moins de forces. Chez les chevaux de trait provenant du Schleswig- Holstein et présents à la même Exposition, les mesures prises au genou dépassaient 25 à 3o centimètres. M. Fleming fait remarquer que le commerce des gros chevaux de trait a pris une importance considérable en Angleterre et il insiste sur ce que les éleveurs devront apporter tous leurs soins aux questions d'hérédité; il recommande de veiller à la conformation symétrique du corps, au bon état des membres et des pieds, enfin il insiste sur la nécessité d'exiger de bonnes et régulières allures de ces animaux. Comme en France, l'élevage du cheval de trait en An- gleterre est considéré comme plus avantageux que l'éle- vage des autres chevaux, toujours pour les mêmes rai- sons, c'est-à-dire qu'il peut être utilement employé pendant sa jeunesse, jusqu'au jour où il viendra sur le marché. Le prix des chevaux de trait reste presque toujours le même, excepté pour ceux qui sont vendus comme re- 336 LE CHEVAL C^, Li-i C^, _ U-1 - "S — ' ~. c "2 _0 ri _- ;. — g- (= i C--1 M r^ = r^. J --^ •^ C C 0 C C 0 C 0 si l § ir-, 'O u- . ,^ n 1 " c 1 s = 7 Q O 3 C o ~Z> Z Z Z 0 ?S t. H -a >^ s ] = § [^ r^ - — — r- -^ >/-> f== 2 -<- ^ — r' :f / « g M n r r H -a '. C bc C C C 0 C ^ ~ C 5 7 ' J. - .^ _ i_ _ o E, f ^ ? = r. c~. - - 5» n r<-, c^ 0 •■^ id / f _ r T — i^ c "- - n 0 - — "" .5 < ç J^ E_ ûo •f' .j-, lt» m >£-. ce a co o-^ 1 0 1 5 :J Z en r; ;^ .r<- ù 0 -^ - -r 1 -i- " 1 C - -t; es c-i r c < 5> n fi c 1 X" H = 1 a -a j Q r^. O O O 0 id 0000 1 0 S \ — «/) C 2 ^r\ tf 1 i U3 n ^ 2 à) -< — X- E. I 5- ■a Z. \r M = ■ =■ Ph bL O _ e % c M z z z z 1 0 U à c M - T J-1 ifi t^ 1^ c c _ S ^ (S O C - 0 'j r" c — - — V s - a = < ri M n e- s M "" t- "" c« _o UJ Cl "1 -^ r^ X - - - X H f ^''-^ i î -f -: 0 z — t« q z 00 ^ r 0 c/î x 75 -y v^ 5 -j C C C E < -< C3 « co c: - ^£ 00 r^. en - *■ Z o < «! 1 H ^y o ■5 P' = X H H .ï t-î c; u tJ » -r. o t -< 5* M "» > E 2 1 -~r CJ ~~ « ?3I c C ^ c c c a "-■ f» ^ c 0^ 4> " — — S — ^ t j> ^ O! s C *^ O c c. 1- r- 1 \ ■^ c CJ LE CHEVAL. 337 To r^, -r. r«-i r^^ c^. en c-, n h' -^. - . . . 0 000 0 OC V .0 C- r^ C^ C c ô ô 0 00 C c 0 0 b 0 0 é s 0 00 ri S 0 c/î - - z !^ ^ ^. , , »J- '-Tu-. a 'h' û ce [r. ^ r. 'O c^, ir-i r<". ""' ""' ^J~> % ^ ° ^ 0 ^0 u-, = 0 1 ïî s- 0 5.;- < r. r. r. 0 S b 0 C c b •< ri — "1 - ° 0 , 000 :t .2 - ^ ^ i 0 0 Id — ri ^ = 0 ï 8 •0 -: C c^ S Cl 1^ ri ri •< '5 ^: =:^- t i f! lUX ANGL 1 ans. .| ans. 0 t< n rt rt ■fi c c c3 rt > X u c C c C y -> c c c c c > <- C c c E y c û C C 4J C c > c c > c c F ^ E ' E E 0 C -^ 338 LE CHEVAL. producteurs. Les limites extrêmes des prix sont de 900 à 2,000 francs. Le prix moyen pour les bons chevaux est de 1,200 à i,5oo francs. Les chevaux de camion, d'omnibus et de trait léger, peuvent s'acheter dans toutes les foires où l'on rencon- tre les chevaux de selle et de luxe, mais on peut citer comme les meilleures foires celles de Cockermouth, 17 et 18 février; Wigton, 19 février; Borough Hill, West- moreland, 3o septembre. Les prix moyens des chevaux d'omnibus et de ca- mion sont de 800 à 1000 francs dans ces différentes foires. § III. HOLLANDE. Différentes races. — On compte en Hollande, en 1887, environ 274,800 chevaux se répartissant en six races chevalines, ce qui constitue 121 têtes par kilomètre carré. i" La race frisonne, qui est représentée par un cheval de trait, grand, robuste, le plus souvent noir. On la rencontre dans les provinces de Frise et de Groninguc. 2° La race giieldroise ^ plus légère et qui a beaucoup dégénéré par le croisement: allures vives, attaches fines, robe foncée, encolure cambrée, croupe droite, queue haute. Depuis quelques années on a importé beaucoup de ces chevaux pour les voitures légères. Les provinces de Gueldre et de Hollande méridionale sont celles qui en élèvent le plus. 3° La race hollandaise, qui est produite dans toutes les autres provinces, est souvent le résultat d'un accou- plement des races indigènes avec des races étrangères LE CHEVAL. 3?9 de chevaux légers. C'est un cheval de taille moyenne: forte encolure, robe souvent noire, dos courbé, la queue basse, tête forte, nez enfoncé. Les races frisonne et hollandaise fournissent des trot- teurs fameux. On les trouve surtout dans les deux provinces de Hol- lande septentrionale et de Hollande méridionale et dans une partie de la province d'Utrecht, Les trois autres races qu'on rencontre en Hollande sont des animaux semblables à ceux que nous avons déjà étudiés en Belgique, et que nous ne ferons que citer: 4° La race :[élandaise on plutôt flamande possède des chevaux forts et larges, la plupart de robe foncée; ex- cellents chevaux de labour. C'est de cette race que proviennent les clydesdales écossais et les gigantesques chevaux que les Anglais attellent à leurs voitures. y La race du Brabant septentrional, qui présente des chevaux vifs, forts, bien formés, bruns ou noirs. 6° Et enfin la race ardennaise, se trouve dans une partie du Limbourg et dans le grand duché de Luxem- bourg. Dans le Limbourg, les chevaux de trait tendent à diminuer par suite de l'emploi des bœufs et des vaches aux travaux agricoles. A la dernière exposition hippique internationale qui a eu lieu en i885 à Amsterdam, toutes ces races étaient représentées, et nous avons pu constater que la tendance des éleveurs hollandais était de produire surtout le cheval de luxe qui est facilement exporté, tandis qu'ils ne produisent guère les gros chevaux de trait que pour les besoins de l'agriculture et les gros transports des villes du royaume. Plusieurs foires importantes sont très fréquentées par les acheteurs français, allemands et autres. En général tous les chevaux néerlandais, de grande 340 LE CHEVAL. taille aussi bien que les plus petits, sont de bons chevaux, d'un caractère paisible, assez flegmatique, comme celui de leurs éleveurs, mais laissant un peu à désirer sous le rapport de l'énergie et surtout de la conformation géné- rale. Ils peuvent satisfaire à un service peu pénible et sont même recherchés par les personnes qui craignent les chevaux trop vifs ou aux allures rapides. Comme conformation générale, ils pèchent dans leurs attaches, le cou est mince, le rein est souvent trop long, le flanc trop relevé, les membres sont grêles et les pieds plats et défectueux. Une loi du 23 juin 1889 a ouvert un crédit de 40,000 florins pour l'encouragement de la production chevaline. § IV. EMPIRE d' ALLEMAGNE. Situation de la production chevaline en Alle- magne. — La statistique de 1882 du ministère fran- çais de l'Agriculture établit que par rapport à l'ensemble de son territoire, l'Empire allemand ne possède pas plus de chevaux que la France; sa production poulinière se rapproche de celle de notre pays, elle a donné 142,861 poulains. Étalons reproducteurs 13.822 Chevaux de 3 ans et au-dessus 2.228.525 Poulains de 2 à 3 ans i yS.Sôy Poulains de i à 2 ans 194.006 Poulains de moins de i an 190.022 Chevaux de l'armée 107.149 Chevaux appartenant à l'industrie (> 13.425 3,522.3i6 LE CHEVAL. 341 La population chevaline de l'Allemagne entière cor- respond à 6,5 par 100 hectares de territoire total et à 7,7 chevaux par 100 habitants. En retranchant les effec- tifs des chevaux de l'armée et de l'industrie, on trouve que l'agriculture allemande a une population chevaline de 2,801,742 têtes, chiffre légèrement inférieur à celui que possèdent les cultivateurs français. Si maintenant nous nous reportons à la statistique dressée le 10 janvier i883 par l'Empire allemand, nous trouvons que la population chevaline de TEmpire est de: Prusse 2,417.367 tètes. Bavière 356.3 16 — Saxe 126.886 — Wurtemberg. 96.885 — Bade 66.607 — Hesse 47.546 — Mecklenbourg-Schwerin 88.146 — Saxc-Weimar 17.271 — Mecklenbourg-Strelitz 17.280 — Oldenbourg 35.977 — Brunswich 26.85 — Saxe-Meinigen 5. 174 — Saxe-Altenbourg 9-934 — Saxe-Cobourg-Gotha 8.187 — Anhalt i5.8i6 — Schwarzbourg-Sondershausen . . 4.233 — Schwarzbourg-Rudolstadt 2.81 3 — Waldeck 5.956 — Reuss-A. L i.25c) — Reuss-J. L 3.1 Schaumbourg-Lippe 2.79 1 — Lippe 8.141 — Lubcck 2.938 — Bremen 4-748 — Hambourg 11.517 — Alsace-Lorraine 138.725 — Il est aussi intéressant de savoir comment se répartis- 342 LE CHEVAL. sent dans les provinces les chevaux si nombreux du royaume de Prusse, qui est celui des États allemands qui élève le plus grand nombre d'animaux : Province de la Prusse Orientale 383.555 têtes. — de la Prusse Occidentale.. 202.602 — Ville de Berlin 32.527 — Province de Brandebourg 240.463 — — de Poméranie 188.982 — — de Posen 211.291 — — de Silésie 275.122 — — de Saxe 182.485 — — de Schles\vig-Holstein i56.534 — — de Hanovre 199.364 — — de Westphalie 120. 64Ô — — de Hesse-Xassau 69.066 — — du Rhin 149.347 — — de Hohenzollern 5.383 — Il est vrai d'ajouter de suite que le cheval de trait est rare, et nous avons déjà expliqué à la page 2g5 quelle est la situation de la Prusse en ce qui concerne la production chevaline. Si nous devions examiner la production chevaline de chaque Etat et de chaque province de la Prusse, nous serions entraînés beaucoup au delà de ce que nous vou- lons décrire aujourd'hui, car nous nous réservons d'établir plus tard la comparaison de l'élevage des che- vaux français et allemands au point de vue de l'armée. Nous n'entendons parler que des chevaux de trait et leur élevage est encore assez restreint en Allemagne. Des essais ont été faits dans plusieurs provinces, entre autres dans celles de Posen, où l'importation du per- cheron n'a pas réussi. Dans la province de la Prusse Rhénane, il n'en a pas été de même ; l'élevage du cheval de trait y a donné d'ex- LE CHEVAL. 343 cellcnts résultats. On y élève la race belge; M. Stoeckel dans l'ouvrage qu'il a écrit sur l'Exposition hippique de i8()0 à Berlin attribue ce succès à ce que les cultivateurs possédaient des juments belges de race pure ; il n'y aurait donc pas eu de croisements. Sur 10 à 11,000 juments que compte la province, 7 à 8,000 sont en effet de race belge. Nous avions vu tous ces chevaux à l'Exposition de Berlin et nous n'avions pas hésité à reconnaître les mêmes caractères que le savant auteur allemand. A cette même exposition nous avons trouvé une cer- taine quantité de clydesdales importés directement d'E- cosse en 1888 et présentés par la province de Silésie. Il s'est créé dans cette province une Société ^Schlesische Clydesdale Studbuch Gesellschaft) qui cherche à intro- duire en Silésie l'élevage du cheval de trait de la race Clydesdale. Il y a lieu de suivre cette expérience et de voir ce qu'elle pourra donner ; elle est encore trop récente pour qu'on puisse se former une opinion. L'exposition hippique de Berlin était la première qui permit de voir réunies les différentes variétés de chevaux de l'empire d'Allemagne. Nous avons pu comprendre en voyant cette exhibition les efforts tentés par la Prusse pour créer surtout le cheval de guerre et nous avons été frappé de voir que tous les encouragements sans exception ne tendaient qu'à ce résultat. C'est pour- quoi M. Settegast a insisté si fort pour que l'Etat alle- mand entrât dans une voie plus large en protégeant les autres races de chevaux. Des données actuelles, il résulte que les seules con- trées de l'Allemagne qui ont été particulièrement re- marquées à l'exposition de Berlin et dans lesquelles on élève des chevaux de trait proprement dits d'une manière suivie sont : 344 LE CHEVAL. 1° La Prusse Rhénane (Rheinprovinz), où l'on élève la race belge. 2° Le Schleswig, où Ton élève le cheval danois irace frisonne). On sait que le Holstein n'élève que du demi-sang, tandis que le Schleswig, sauf vers le sud-ouest, élève au contraire des chevaux de trait. On aurait même employé dans ces dernières années des étalons anglais, surtout des suffolks. A l'exposition de 1878, le Danemark avait à Paris deux étalons et deux juments du Jutland. L'un de ces étalons propre au trait, était noir, avait 1^,69 de taille; l'une des juments de môme race était sous poil gris- pommelé, i™,66 de taille. Ces deux animaux prove- naient de l'arrondissement de Renders. 3° La Bavière, qui a introduit des chevaux de trait étrangers; mais on y trouve encore le cheval norique (pinsgau). La classification allemande ne donne pas une grande importance à ces différentes races; en effet, elle divise tous les chevaux de la manière suivante : [ Enelische vollblutfpur sane anglais). Warmblûtig(Edel) sang \ ,^,f ^, , ^ . w ^ < Edlestablut (demi-sang noble, ou pro- chaud (noble) I ., , . V ^ \ venant d anglais). ( Tous les chevaux de trait léger, Kaltblûtig(Schwere) sang froid\ gros trait qui ne contiennent ni (lourd) ) sang anglais, ni sang oriental ( (arabe). Cette classification, que nous ne trouvons pas très exacte au point de vue zootechnique, provient de ce qu'en Allemagne, comme nous l'avons dit déjà, on ne veut favoriser officiellement que l'élevage du cheval d'ar- mes, et surtout d'un cheval d'armes qui coûte aussi peu LE CIIKVAL. 345 que possible à Tadministration militaire. Aussi pour les autres espèces de chevaux que ceux des remontes de Tarmée, on voit chaque année les importations aug- menter, ainsi que le constate le tableau suivant : NOMBRE DE CHEVAUX. Années. Importes. Exportés. Importés en plus. 1880 59.72G 17-960 41.766 1881 54.799 18.867 35.932 1882 64.981 18.225 47-756 i883 76.636 19-197 -^7-439 1884 74-473 19.034 55.439 i885 69.757 15.770 53.987 188G 72.748 i4.o3o 58.718 1887 73-5i9 11.428 62.091 1888 87.066 11.577 7^-489 1889 84.332 9-201 75.i3i Si on voulait décomposer le chiffre des importations, on verrait que, à part quelques chevaux de selle prove- nant d'Autriche-Hongrie et un certain nombre de poneys provenant de Russie, tous les chevaux iniportés sont des chevaux de trait issus du Danemark, de la Belgique et de la France, sans excepter aussi un certain nombre de clydesdales et de shires. Les Allemands appellent races de travail (Arbeits- schlag) les chevaux de gros trait et de trait léger. Ils constatent aussi qu'il est très difficile d'indiquer la limite exacte entre ces deux catégories, et cependant il y a lieu, suivant eux, de s'arrêter à un poids déterminé, comme point de départ de l'une et de l'autre. Une classification d'après la taille ne leur paraît pas plus exacte, car elle amène aussi beaucoup de confusion, d'autant plus que dans les pays à gros chevaux, comme la Bavière, on se sert souvent du ruban hippométrique au lieu de la toise. 346 LE CHEVAL. Schleswig -Holstein. — Nous parlions plus haut du cheval de trait du duché de Schleswig ; nous avons vu à l'exposition de Berlin, les reproducteurs de ce cheval de trait léger, généralement alezan ou rouan, qui fait le service des grandes lignes d'omnibus et de tramways des villes allemandes. Ces reproducteurs se distinguent par leur uniformité qui est plus réelle que celle des bavarois. Ils sont mieux charpentés et ont des membres plus larges et des allures plus rapides. Il y a dans le Schleswig-Holstein de nombreuses sociétés d'élevage, groupées autour d'une société cen- trale, avec laquelle elles se sont entendues pour établir un Stud-Book pour les chevaux de travail de race danoise. D'après le recensement de i883 on comptait 156,349 chevaux en Schleswig-Holstein, sur une superficie de 335 milles carrés (le mille allemand vaut 7 kilomètres 5oo) et pour une population de 1,075,000 habitants, ce qui fait 145 chevaux pour 1,000 habitants et 466 par mille carré. Il en résulte que la province de Schleswig- Holstein vient de suite après les provinces de Prusse Orientale et Occidentale qui comptent 182 chevaux pour 1,000 habitants et 494 par mille carré. Les auteurs allemands et surtout M. G. M. Stoeckel constatent que deux tendances différentes peuvent être relevées en ce moment dans l'élevage du cheval, savoir : celle du cheval de trait léger, au nord de l'Eider dans le duché de Schleswig, tandis qu'au sud on s'est attaché à perfectionner la race, c'est-à-dire à élever le cheval de demi-sang. Nous n'examinerons pas ici dans quelle mesure le sol et les conditions économiques ont favorise les diverses tendances, ce qui est certain c'est qu'elles s'affirment de plus en plus et qu'elles sont sui- LE CHI-VAL. 347 vies de la manière la plus conséqueiiie dans la majorité des districts. L'élevage du cheval commun (à sang froid) dans le Schleswig est favorisé par le voisinage du Jutland où l'on élève le cheval danois, tandis que le Holstein et no- tamment les terrains bas de l'Elbe sont influencés par le marché de la ville de Hambourg qui a de nombreuses relations avec l'Angleterre. On y a constaté l'augmenta- tion de la demande d'élégants chevaux de voiture et la tendance à faire venir d'Angleterre de bons reproduc- teurs pour rélevage. D'après les renseignements dont on dispose au sujet du marché aux chevaux de Hambourg, fondé au siècle dernier, on sait que ce marché était bien garni, il y a quelques vingt ans, et visité par les acheteurs venant de Russie, d'Autriche, d'Italie, de Suisse, de France^ de Belgique, de Hollande et de toutes les parties de l'Al- lemagne. Les descriptions données par Riquet, à la suite d'un voyage en 1841 en Hanovre et en Danemark, permet- tent de voir les transformations qui se sont produites. Les sociétés d'élevage de ces régions ont publié un Stud-Book qui donne des renseignements très détaillés sur le cheval de luxe dans le Holstein et au sud-est du Schleswig. Dans le reste du Schleswig on s'attache à obtenir un cheval de trait léger un peu plus commun; et de l'avis général, c'est le système qui donne les meilleurs résul- tats. On a dit qu'il pourrait y avoir avantage à faire quelques croisements avec des chevaux ayant un peu plus de sang; on a fait quelques essais dans cette voie, mais le résultat n'a pas répondu aux espérances qu'on avait. On a essayé les lourds chevaux du Holtsein, les étalons anglais et oldenbourgeois, en un mot des ani- 348 LE CHEVAL. maux réellement bons, appréciés de tous les connais- seurs, et on a obtenu de bons poulains, mais leurs descen- dants sont toujours restés inférieurs à ceux des bons étalons danois; naturellement on en a conclu que ces derniers convenaient mieux pour Taccouplement avec les juments du pays. L'approbation des étalons, appliquée depuis 1875,3 certainement contribué dans une large mesure à favo- riser l'élevage du cheval, qui a aussi reçu un nouvel essor par suite de la création, vers 1870, du haras régio- nal de Traventhal avec un effectif de i 12 étalons ; cette création a rendu de grands services, notamment dans la partie de la province qui s'occupe de l'élevage du demi- sang. On ne saurait en effet admettre que cet établisse- ment ait influé sur le développement de la race cheva- line dans les districts du Schleswig où l'on élève le cheval de trait commun. Aussi les stations d'étalons créées dans les districts de Hodersleben, d'Apenrade, de Sonderburg-Husum, etc., ont dû être abandonnées parce que les animaux qui y étaient installés ne répon- daient pas aux demandes de l'élevage et qu'on n'avait pas recours à leurs services. Actuellement il y a encore dans le district de Tondern deux stations contenant quatre étalons royaux, mais on les considère également comme ne donnant pas les résultats voulus pour l'élevage. D'après le rapport du directeur du harasde Traventhal de 1 89 1 , cet établissement ne contiendrait que deux étalons danois. Tous ces efforts sont énergiqucment soutenus par les sociétés d'élevage du cheval qui se sont fondées tout d'abord dans les marchés du Holstein, puis dans les autres parties de la province. Toutes ont pour ainsi dire en vue l'élevage d'un vigoureux et beau cheval carrossier à forte ossature et allure bien développée, possédaniégalement les qualités d'un gros cheval de selle. LE CHEVAL. 349 La situation n'est pas tout à fait Ja même dans les districts, où la tendance générale est dirigée vers l'éle- vage du cheval commun. Il y a bien quelques sociétés locales, mais sans cohésion aucune entre elles. On vou- drait créer une grande société pour tout le district avec mission de diriger la production. Cette idée a été ma- nifestée notamment après l'exposition de Berlin où l'on a envoyé un grand nombre de chevaux du Schleswig, et où de nombreux éleveurs ont pu se rendre compte de l'importance de l'élevage de ce pays. Les attelages des omnibus de Berlin composés presque exclusivement de chevaux du Schleswig sont encore une preuve des ré- sultats que Ton peut obtenir en suivant cette voie. D'après les rapports officiels que nous avons con- sultés, la société qui se formerait dans ce district aurait pour tâche spéciale, dans le cas où le haras ne devrait pas contenir d'étalons convenables, de pourvoir à l'achat et à l'entretien de bons étalons privés et de favoriser ces opérations par des mesures susceptibles d'arriver au résultat cherché, c'est-à-dire, l'allocation de fortes pri- mes, l'institution d'une assurance pour des étalons, ou tout au moins de servir d'intermédiaire à cet effet. D'autre part, les rapports ajoutent que toute société rendra de grands services en procédant à l'approbation des juments et devra s'efforcer de se procurer des pou- liches provenant de producteurs reconnus de bonne qualité. Ainsi les districts des marches du Holstein, dont nous avons parlé plus haut et où existent les sociétés en question, sont les endroits où vont s'approvisionner les nouvelles sociétés qui poursuivent le même but. Avec l'organisation des sociétés et avec d'autres me- sures de même ordre on assurera une base d'opération plus large à l'élevage du cheval demi-sang d'un côté et 35o LE CHEVAL. de l'autre à celui du cheval de trait si apprécié du Schleswig. Autres provinces. — Si maintenant nous jetons un rapide coup d'œil sur les autres parties de l'Allemagne où on élève quelques chevaux de trait, nous devons reconnaître que la culture de la betterave a entraîné une réduction notable dans la production du cheval pendant ces dernières années. C'est surtout celle du cheval de luxe et de selle qui a le plus souffert, car la tendance dans ces pays a été d'élever plutôt les che- vaux de trait qui étaient nécessaires à leur exploita- tion. C'est surtout ce qAii s'est produit dans la province de Brunswick. C'est ainsi que récemment il a été introduit des étalons shires dont nous avons vu des produits à l'exposition hippique de Berlin. Dans la Prusse Rhé- nane, l'administration des haras royaux a placé au haras de Wickroth des étalons belges qui ont donné de beaux produits. Quant aux provinces d'Oldenbourg et de Mecklem- bourg-Schwerin, il est constaté aussi que l'élevage des chevaux de luxe y est en décroissance au point de vue du nombre depuis vingt ans, par suite de l'augmentation du bétail et des perfectionnements apportés dans l'exploi- tation des cultures. Mais en même temps la production chevaline s'est beaucoup améliorée, surtout dans l'Ol- denbourg, sous la pression de commissionsparticulières qui se sont formées sous la surveillance du ministère grand-ducal. La création d'un Stud-Book et d'une caisse d'assurances mutuelles pour les accidents qui peuvent arriver aux reproducteurs, a permis de donner un grand encouragement au gros cheval carrossier, qui a été décrit avec tant de soins par M. Hofmeister dans son ouvrage paru en i883. Le Journal d'Agriculture du LE CHEVAL. 35 1 duchc d'Oldenbourg des années 1889 et 1890, donne aussi des détails précieux sur cet élevage. Dans le Meclkembourg-Schwerin, les éleveurs se sont livrés, surtout dans ces dernières années, à Tachât et à l'élevage de poulains hanovriens, holsteinois et danois âgés de 6 à 18 mois. Les résultats sont bons et donnent une rémunération très convenable. Quelques éleveurs seulement des cam- pagnes importent des chevaux de trait du Schleswig et du Danemark. On a tenté quelques croisements avec les clydesdales. M. Stoeckel cite les haras de Balow et de Zierow, où l'on élève le cheval danois depuis quel- ques années. Les tentatives de l'élevage allemand se renouvellent d'une manière continue et il semble que le succès n'est pas encore venu couronner ces efforts. En effet, en 1889, à l'exposition de Magdebourg qui compre- nait tous les chevaux de l'Allemagne, nous avons vu deux animaux dont nous avons pu nous procurer la photographie (fig. ^5]. Ils sont le résultat de croisement de clydesdale et de shire avec les juments de trait alle- mandes; ils ont obtenu les premiers prix pour les essais qui consistaient dans le tirage d'un chariot à quatre roues chargé de 535o kilog., sur une distance d'un kilomètre. Le parcours s'est effectué en 8 minutes 3o secondes. Le propriétaire de cet attelage était M. Schirmer-Neuhaus, à Delitsch, Saxe. La première jument (f Linse » est le produit d'un croisement d'un père clydesdale et d'une mère hano- vrienne, âgé de 4 ans et pesant 63 o kilog. La seconde « Kreide :» est le produit d'un croisement d'un étalon shire avec une mère saxonne, âgé de 5 ans et pesant 765 kilog. Aujourd'hui ces essais se font sur une grande échelle, LE CHEVAL. 353 et il y avait un certain nombre de ces produits à l'expo- sition hippique de Berlin. Nous avons constaté que les résultats, qui laissaient déjà à désirer pour ceux de Magdebourg, étaient encore plus mauvais. Les chevaux étaient décousus, grêles et d'aspect peu agréable. Bavière. — D'après le recensement du 1 1 janvier i883, la Bavière possède 356,3 1 6 chevaux, parmi les- quels, déduction faite des étalons reproducteurs, des chevaux de selle, de voiture et de l'armée, il y a environ 289,852 animaux utilisés spécialementaux travaux agri- coles. Tout en citant pour mémoire le haras régional créé en 1769, c'est-à-dire depuis plus d'un siècle, pour favo- riser la remonte de l'armée au moyen des ressources in- digènes, il y a lieu de remarquer que c'est l'ordonnance royale du 8 juin 1890 qui règle actuellement la surveil- lance de la production chevaline en Bavière, ainsi que les conditions de l'approbation et de la distribution des primes. Elle est placée sous le contrôle du ministère de l'Intérieur, avec une organisation militaire. L'élevage des chevaux se fait en Bavière, dans des conditions qui se rapprochent beaucoup de celles de notre cheval de trait français. Certains éleveurs bavarois produisent pour les exploitations diverses et pour le commerce, et par suite pour la remonte de l'armée, d'autres et les plus nombreux font naître et vendent les poulains au sevrage. Il est bien entendu que le sol, le climat et les conditions générales économiques favori- sent ces diverses tendances. Dans ces dernières années, les éleveurs se préoccu- paient beaucoup de Tusure prématurée des membres antérieurs de ces chevaux, la question fut assez impor- tante pour que l'association vétérinaire de Souabe l'ait mise au concours. M. H. Weiskopf, vétérinaire à Augs- T. II. 23 354 ^^ CHEVAL. bourg, dans une monographie très bien faite, a donné comme causes particulières de l'usure prématurée des membres, les suivantes : i" emploi prématuré du cheval. 2" travail exagéré imposé au cheval. 3° ferrure mal exécutée. 4"^ traitement défectueux et soins insuffisants pour les affections des membres. 5° élevage mal compris et non raisonné, entraîne- ment au travail insuffisant. 6*^ installation vicieuse des écuries. La Bavière possède six haras régionaux, qui sont ins- tallés à Munich, Landshut, Augsbourg, Ambach, Deux- Ponts, et à Achselschwang qui est destiné à l'élevage du cheval de troupe. L'effectif des étalons est de 470 à 5oo, et les deux premiers haras sont ceux qui ont les effectifs les plus forts. Celui des Deux-Ponts contient, en plus des étalons, 35 juments. Ce dernier haras a pour objectif de produire des étalons destinés aux autres haras régionaux. Les poulains qui ne répondent pas aux conditions exigées sont vendus comme chevaux de luxe ou comme chevaux de remonte. L'administration des haras pourvoit, en général, au recrutement de Teftcctif des étalons : i'' par des étalons de 1/2 sang nés et élevés dans le haras du roi; 2" par des achats directs chez les éleveurs; 3'' par des achats en Hongrie et dans l'Allemagne du Nord, d'étalons aussi forts que possible et sans mélange de race ; 4*^ par des achats de gros étalons de trait en Angleterre, en Belgique et en France. La Bavière achète encore à l'étranger des chevaux de pur-sang anglais, surtout pour la production du cheval de remonte. Mais dans ces dernières années tous les LE CHEVAL. 353 efforts de l'administration se sont plutôt portés sur les acquisitions des chevaux pouvant faire des grands carrossiers et des chevaux de gros trait. La Bavière commence à exporter de ces derniers aux États-Unis d'Amérique, sans compter ceux qui sont achetés par l'Autriche et Tltalie comme chevaux de poste. De tous les pays de l'Allemagne, c'est certainement la Bavière qui produit le plus de chevaux de gros trait et de trait léger, surtout dans les provinces de la Haute et Basse-Bavière, la Souabe, la Franconie, ainsi que dans la partie sud du Palatinat ; c'est là où on rencontre le cheval norique ou de pinsgau, soit sans mélanges, soit avec croisements. Les poulains nés dans les régions montagneuses des différentes provinces que nous venons d'énumérer sont vendus pour être élevés dans les dis- tricts de plaine. Ces poulains de lait se payent de i5o à 5oo francs suivant la qualité. Ils sont attelés aussitôt que possible, c'est-à-dire à deux ans pour les travaux de la culture, et ils sont ensuite vendus vers quatre ou cinq ans pour le Wurtemberg, le grand duché de Bade et la Suisse. En Bavière, comme dans d'autres pays, on a voulu produire un cheval aussi lourd que possible, aussi a-t-on essayé du croisement des races et des espèces les plus hétérogènes, maison y a renoncé en présence des mau- vais résultats obtenus. Nous avons visité le haras de Munich et nous avons remarqué que les 120 étalons qui y étaient présents étaient bien choisis et se composaient surtout de forts carrossiers. 356 LE CHEVAL. ^ Y. ÉTATS-UNIS d'aMKRIQUE. Il serait intéressant d'étudier le développement de la production chevaline dans les différents Etats du nou- veau monde, mais il est assez difficile d'obtenir des ren- seignements précis, c'est pourquoi nous nous occupe- rons surtout des États-Unis du nord. Cependant, parmi les Etats du sud, nous pouvons citer la République Argentine qui, au recensement fait en 1888, comptait : Chevaux 4.262.917 Anes et mulets 430.940 Les chevaux peuvent se diviser de la manière sui- vante : Animaux de travail i .047.769 Animaux d'élevage ordinaire 2.951. 182 Animaux de race croisée 259.009 Animaux de race pure 4-957 L'importation des chevaux de race pure se fait pres- que exclusivement en faveur des chevaux de pur sang anglais pour les courses. A la dernière exposition internationale de Buenos- Ayres, on voyait cependant : 19 percherons de gros trait, 2 percherons de trait léger, 26 anglo-normands carrossiers. Tous ces animaux étaient nés en France, mais la plupart étaient exposés par des propriétaires-éleveurs LE CHEVAL. SSj argentins qui en avaient fait l'acquisition plus ou moins longtemps avant l'Exposition internationale. Dans la province seule de Buenos-Ayres, on compte 1,691,192 chevaux et 3i,o58 mulets. Dans les autres Etats de TAmérique, on emploie les mulets de préférence; c'est à cela qu'il faut attribuer le développement considérable de Tindustrie mulassière dans l'Amérique du Nord, ainsi que nous le disons à la lin de cet ouvrage. Au Mexique, en dehors des mulets, on trouve des chevaux de race andalouse, de taille moyenne, bien proportionnés, vifs et fougueux. Richesse chevaline des États-Unis. — La population chevaline des États-Unis était en 1890, d'a- près les derniers recensements, de 14,976,017 chevaux de ferme^ tandis qu'en 1880 elle était de 10,357,000, en 1870 de 7,145,000, en 1860 de 6,249,000, en i85o de 4,337,000 et en 1840 de 4, 335, 000. On voit combien cette progression va toujours en augmentant. On sait très bien qu'avant la découverte de l'Amé- rique il n'existait aucun animal de l'espèce chevaline et que c'est Gortez et ses soldats qui introduisirent les premiers chevaux espagnols au Pérou et au Mexique; ceux-ci s'échappèrent et se répandirent dans la Patago- nie et les plaines de la Plata au sud et à l'est des Indes occidentales et dans les vallées du nord de la Californie. M. Wallace, dans son journal, dit qu'avant 1800, on avait importé dans le nouveau monde plus de 160 éta^ Ions, et environ 40 juments, et que même avant la dé- claration de l'indépendance en 1776, on comptait déjà 60 chevaux entiers et 20 juments. Il est difficile à son avis de savoir exactement dans quelles contrées les im- portations ont eu lieu, mais il paraît démontré que c'est en Virginie et dans la Caroline du Sud qu'ont eu 358 LE CHEVAL. lieu les premières importations faites par des colons an glais et par des planteurs qui les préféraient aux che- vaux introduits surtout d'Espagne dans l'Amérique centrale. Il est bien évident qu'il n'y avait pas autrefois un type de cheval de trait bien dchni en Amérique, de ce cheval auquel les Anglais donnent le nom de cheval agricole. Dans ces dernières années surtout les efforts des éleveurs américains ont porté sur la création de ce cheval de ferme. A cet égard, ils partagent notre manière de voir, c'est-à-dire, que pour eux le meilleur tvpe du cheval de ferme est celui qui, tout en satisfaisant aux be- soins des travaux agricoles, peut se vendre le plus cher pour le service des villes. Suivant les localités et surtout les différentes conditions du climat et du sol, il y a des variations dans la production de ce type et dans la ma- nière dont on l'envisage. Mais, en général, on désire qu'il ait environ i"',65 de taille et qu'il pèse de 5oo à 590 kil., quand il est en bon état. Cette taille et ce poids indiquent généralement un corps massif posé sur des membres larges et courts On ne trouve pas aux Etats-Unis une race bien dis- tincte de chevaux de voitures ou de route. Les chevaux emplovés pour les transports légers, pour le trot, for- ment une agglomération de toutes les races, de tous les types. Quelques-uns ont les formes et l'action du poney français Canadien , quand d'autres possèdent beaucoup plus les caractères du pur sang. Aujourd'hui surtout, on voit s'accentuer l'influence du cheval anglo-normand dans la y>roduction du trotteur américain. Trotteurs américains. — Aux États-Unis, les ra- ces de chevaux pour le trot sont devenues populaires, et le goût s'est beaucoup développé pour les chevaux légers de voitures, qui permettent de franchir de grandes distances LE CHEVAL. 359 sur les routes. Cecheval de route, qui est un cheval bien ca- ractérisé paniiitousceuxqui tormentaujourd'hui les effec- tifs du nouveau monde, se rapproche beaucoup du cheval trottt^ur, quidevicntaujourd'hui une production spéciale à laquelle tous les éleveurs apportent la plus grande atten- tion; les Américains l'appellent leur cheval tiational. ils le considèrent comme étant supérieur au trotteur de Norfolk et même au trotteur russe d'Orloff. En même temps que le trotteur, on trouve en Améri- que un autre cheval auquel on donne le nom de pacer, qui marche Tamble et dont la vitesse est aussi grande que celle du trotteur. Il est même souvent signalé que le même cheval peut à volonté marcher le trot ou l'amble. Le cheval qui créa toute la lignée des trotteurs est Messenger, qui était un cheval pur sang anglais gris, né en 1780, élevé par John Pratt de New Market en An- gleterre, et suivant le Stud-Book anglais, il était fils de Mambrino par Engineer. Il fut importé à Philadelphie en 1788; il était resté en Pennsylvanie et dans le New- Jersey pendant les six premières années de sa vie. Il est mort en 1808 à Long Island, près d'Oyster Bay. Nous nous réservons de faire l'historique des descendants de ce grand cheval, mais dans un mémoire spécial aux che- vaux trotteurs de ce pays. Les Américains considèrent que le trot est Tallure la plus profitable dans les mouvements du cheval ; dans ce but, ils ont cherché à créer des chevaux rapides. Malgré que l'Amérique du Nord soit le pays où il y a le plus de chemins de fer, les communications s'y font surtout avec les chevaux, c'est pourquoi nous voyons leur nombre augmenter dans de si fortes proportions. Les éleveurs sont divisés sur le point de savoir si les trotteurs doivent être de pur sang ou de demi-sang, étant entendu que pur sang veut dire pur sang anglais. Sur 36o LE CHEVAL. ce sujet, il ne peut y avoir doute, le pur sang qui est le cheval par excellence est toujours supérieur au demi- sang. Ce qui a pu amener cette confusion, c'est que cer- tains chevaux ayant beaucoup de sang avaient des dispo- sitions spéciales pour l'allure du trot. Ce fut en 1791 qu'on vit pour la première fois les amateurs de sport s'occuper de courses au trot; c'étaient surtout des courses de fond. Le Trotting ne parut guère qu'en 18 18 aux Etats- Unis, et c'est en 1820 que se produisent les descendants de Messenger à New-York et à Philadelphie. En 1825 a lieu la création de Nem- York trotting Club et l'établis- sement d'une piste à Long-Island (près de New- York). En 1828, on voit apparaître à Philadelphie la société dite « Hunting-Park Associatioîi. « On est donc arrivé peu à peu à la création d'un type américain, qui a au- jourd'hui une très grande puissance et une très grande vitesse; c'est par une sélection bien suivie qu'on est ar- rivé aux familles les plus remarquables de trotteurs, tels que les Hambletonians , les Mambrinos, les Clays, les Morgans, les Bashaws , les Pilots, etc. Manifeste- ment les principales qualités que le trotteur tient du pur sang, sont le courage et l'endurance. En résumé le trotteur est un produit américain qui résulte d'une sé- lection sévère. Les progrès faits par les trotteurs américains durant les cinquante dernières années démontrent à quelles vitesses on peut arriver, elle a toujours été en augmen- tant, ainsi que le prouvent ces chiffres : LE CHP:VAL. 36 1 N'itesse moyenne de 1820 à i83o le mile i^ioc) mètres en 2*42 — i83o à 1840 — 2'35 1/4 — 1840 à i85o — 2'28 — i85o à 1860 — 2*2 5 — 1860 à 1870 — 2'i8 3/4 — 1870 à 1880 - 2'i4 — 1880 à i8go — 2'ii 1/2 Non seulement l'Amérique s'est appliquée à créer ce trotteur remarquable, dont la vitesse augmente cha- que jour, mais elle a élevé aussi le pur sang anglais, et nous avons vu dans ces dernières années deux produits des écuries américaines remporter : l'un Iroquois, le derby anglais, et l'autre Foxhall, le grand prix de Paris. Mais ici nous ne voulons parler que du cheval de trait, dont l'élevage a pris un si grand développement surtout dans les États et les territoires de l'Ouest. Il faut attribuer ce développement aux demandesdes villes et des centres industriels de l'Est, qui veulent des chevaux pour le transport des voyageurs et des marchandises. Malgré un emploi bien plus fréquent qu'en Europe des moteurs mécaniques de toutes espèces, vapeur, air comprimé et électricité, les chevaux sont recherchés pour tous ces transports. C'est ce qui explique les importations si con- sidérables de chevaux percherons, clydesdales, cleve- landbays, canadiens, belges, boulonnais et tant d'autres- Comme nous l'avons déjà dit, la production che- valine a pris un tel développement dans ces dernières années, qu'elle s'est un peu répandue dans toutes les par- ties de la grande république. Aussi ne sera-t-il pas in- différent de reproduire ici le tableau dressé par le gou- vernement américain en 1891 et donnant le nombre de têtes de chevaux dans les Etats et territoires des États- Unis, ainsi que leur prix moyen. Ces effectifs secompo- 362 LE CHEVAL. sent en général d'animaux de tous âges, dans les pro- portions suivantes : 3/20 au-dessous de un an, 4/20 entre un et deux ans, 2/20 entre deux et trois ans, et 1 1/20 au-dessus de trois ans (Voir page 363). En 1891 la statistique ne compte que 14,056,750 che- vaux. Les renseignements sur les chevaux indigènes de l'A- mérique sont assez rares, et nous devons surtout porter nos études sur les différentes races européennes qui ont été importées aux États-Unis et qui se trouvent aujour- d'hui croisées avec les races indigènes ou reproduites dans leur pureté. Races Françaises. — Ainsi nous verrons que dès les premiers instants, les Américains ont songé à impor- ter surtout les grosses races de trait, et ce n'est guère que dans ces derniers temps qu'ils ont pris en considération le demi-sang français (French Goach Horses). Les Américains pensent, non sans raison, que ce che- val est le résultat le plus évident des encouragements du gouvernement français, et ils considèrent que c'est grâce à cet appui que les départements de FOrne, du Calvados et de la Seine-Inférieure s'occupent spéciale- ment de cet élevage, qui devrait tourner au profit du cheval de guerre, mais qui ne donne réellement que des chevaux de luxe. L'association américaine du demi-sang français s'est organisée et un Stud-Book a été créé. Les achats en France sont bien plus considérables dans ces dernières années. Au 1 '''' janvier 1892, le Stud-Book comptait 1,100 étalons et juments. Mais les Américains ont surtout apprécié nos races de trait si remarquables par leur aptitude à traîner rapi- dement les lourdes charges. Chevaux perchej'ons. — Pour les Américains, le Per- LE CHEVAL. 363 NOMBRES DE CHEVAUX DANS LES ETATS ET TERRITOIRES ET PRIX MOYEN. ETATS ET TERRITOIRES. Maine New Hampshire Vermont Massachusetts Rliode Island Connecticut New York New Jersey Pennsylvania Delaware Maryland Virginia Nofth Carolina South Carolina Georgia Florida Alabama Mississipi Louisiana Texas Arkansas Tennessee West Virginia Kentuckv Ohio...: Michigan Indiana Illinois W'isconsin Minnesota lowa Missouri * Kansas Nebraska California Oregon Nevada Colorado Arizona Dakota Idaho Montana New Mexico Utah Washington Wyoming Total gq.657 32.^02 84.3(33 63.838 10. 238 51.376 673.950 96.294 606.931 23.000 i3o.3o3 259.317 154.229 70 .3o3 1 15.629 34.737 134.80:) 139.468 124.650 .350.344 187.153 3o3.2o6 146.647 390.577 771.607 477-407 007.577 .123.973 437.820 394.7^3 .oq5.3oo 7^0-760 726.318 542.036 372.084 186.841 51.523 137.835 32.670 296.555 137.865 216. 4q5 52.330 i3Q.3oq 118.633 141 .570 PRIX MOVEX. fr. c. 471.00 444.^3 398.20 533.05 541 .20 520.05 481 .00 515.70 469.35 457.30 370.45 3 5 o . 40 367.90 439.55 414.35 304.70 36i.3o 329.75 2D9.20 164.85 283.55 353.75 328.65 364.50 405.45 421 . 10 394.55 370.55 384.55 389.60 363. 5o 298.75 317.43 348.55 3i8.oo 226.95 276.50 276.75 232. 5o 348.45 210.00 207.65 i.(8.3o 183.55 317.70 iqO.2.-) 364 LE CHEVAL. che aux bons chevaux s'étend du Loir aux différentes sources des petits fleuves qui sillonnent le pays, comme l'Huisne, la Sarthe, l'Eure, Piton, l'Avre, la Braye. l'Orne et la Toucques, qui portent àla Manche, à la Seine et à la Loire les eaux des riantes collines dominant les vallées herbeuses des départements d'Eure-et-Loir, de l'Eure, de l'Orne et de la Sarthe. Le cheval français percheron, qui se recommande par son allure rapide tout en étant de trait, a été l'un des premiers chevaux importés aux États-Unis. M. Sanders, dans son traité de l'élevage du cheval, dit: a Que le Darley arabe était pour le pur sang anglais, ce que le Smetanxa gris arabe était pour l'Orloff, et le Gallipoli arabe gris était pour le cheval percheron de France. « C'était la reproduction de l'opinion émise par plusieurs auteurs français. Au reste les Américains ont reconnu qu'en dehors de l'histoire et des traditions du pays, le cheval percheron lui-même offre une grande régularité dans sa forme, dans sa disposition, sa couleur; ces caractères généraux ont souvent permis de croire qu'il provenait de l'arabe. Les importations de chevaux percherons aux Etats- Unis se sont faites dès i85i; on les appelait simple- ment chevaux français. En 1866, M. W. Ficklin de Charlottesvillc importait plusieurs chevaux percherons sous leur propre nom; en 1868, William E. Walters de Baltimore revenant de France après un séjour de plusieurs années, ramenait avec lui un nombre considé- rable de ces chevaux ; en même temps, il traduisait et publiait, le petit ouvrage intéressant : Le cheval perche- ron^ par Du Hays, bien connu en France. A la suite de ces importations, il y eut une discussion très animée concernant le percheron normand. En 1854, LE CHKVAL. 365 un des étalons importés en i85i, sous le nom de che- vaux français, était vendu à MM. Dillon et C'% de Nor- mal, III. Ce cheval était exposé avec un grand nombre de poulains qu'il avait créés dans la contrée; connu sous le nom de « Normand », il avait obtenu aussitôt un grand degré de faveur parmi les éleveurs de T Illi- nois et des Etats voisins. C'est alors que commence la confusion des noms qui a continué plus au moins jus- que dans ces dernières années, et qui est encore main- tenant une raison d'incertitude pour savoir à quelles races appartiennent les chevaux importés. Quand les premières démarches furent faites en 1876, pour former un Stud-Book américain, il avait été pro- posé d'adopter le nom de normand. Pour des raisons qu'il considérait comme décisives, M. Sanders. secrétaire de l'association, a changé le nom en Stud-Book perche- ron normand; l'association a ensuite ratifié ce change- ment. Beaucoup d'éleveurs de chevaux français, cepen- dant, préféraient le terme de normand et se séparant de la société divergente hrent paraître un registre national de chevaux normands, dans lequel tous les chevaux de trait importés de France pouvaient être admis à l'ins- cription. Dans ces conditions, le désordre ne fit qu'aug- menter et exista entre les noms normand, normand- percheron, percheron-normand, percheron et chevaux de trait français; tous obtenaient une égale faveur et se trouvaient désignés par ces différents termes qui n'a- vaient d'exact que le mot de français. En i883, la Société hippique percheronne était orga- nisée en France, et, immédiatement, la société américaine (normande-percheronne) adoptait le nom par lequel la race est reconnue dans sa contrée primitive. Le nom était alors changé en Société américaine-percheronne et leur pedigree en Stud-Book percheron d'Amérique. 366 LE CHEVAL. Plusieurs questionnaires ont été envoyés par des marchands de chevaux des Etats de New-York, du Mi- chigan, de Tlllinois, de Tlowa et du Wisconsin pour savoir quel était le vrai cheval percheron. Dans l'Etat de lowa, qui élève beaucoup de chevaux, Je conseil d'A- griculture a, le 1 1 janvier 1888, par un vote unanime, refusé de reconnaître la classification des races fran- çaises. i Tout au contraire, dans l'Illinois, le bureau de l'agri- culture a reconnu les différentes races de trait françaises, à la suite d'une mission qui a été confiée à MM. Dysart, Reynolds et C. Lewis. Cette commission se rendit en France et rédigea plusieurs questionnaires qui furent soumis à MM. Tisserand, directeur de l'Agriculture; de Dampierre, président de la Société des Agriculteurs de France; de la Motte-Rouge, Inspecteur général des Haras ; du Hays, secrétaire du Stud-Book Français pour le cheval de pur sang anglais. La commission a repro- duit les réponses faites parles personnes ci-dessus nom- mées, en ayant soin de faire attester et certifier les tra- ductions par le consul français à Chicago. Elle s'est appuyée sur les derniers ouvrages publiés par M. le professeur Sanson sur ce sujet. On peut voir que l'enquête était bien conduite et qu'elle devait donner des résultats pratiques. La conclusion des rapports de toutes les personnes consultées et si autorisées à l'être, est que les races françaises de chevaux peuvent et doi- vent se distinguer; chacune d'entre elles a ses mérites particuliers. Malgré ces attestations, l'accord n'a pu se faire entre les trois membres de la commission. MM. Dy- sart et Lewis ont reconnu que la classification avait sa raison d'être, tandis que M. Reynolds, membre du Co- mité de Chicago, a continué à présenter certaines ré- serves, s'appuyant sur un extrait d'un soi-disant Stud- LE CHEVAL. 367 Book percheron-normand publié en 1 878, et qui contredit nettement la prétention que la race percheronne est une race distincte de celle du cheval de trait français. Notre > honorable collègue, M. Ga3^ot, a soutenu cette théorie de l'unitication des chevaux de trait; nous avons déjà dit combien nous regrettions de l'avoir vu appuyer de sa grande et juste autorité cette manière de voir qui devait être préjudiciable aux intérêts des éleveurs français. Ce qui a pu expliquer la confusion qui tendait à s'é- tablir entre les différentes races françaises, c'est que l'é- talon percheron, boulonnais ou breton ou tout autre encore, est souvent transporté hors de son milieu, et que dans ce cas, il ne transmet pas complètement ses qua- lités maîtresses. De plus, il y a aujourd'hui une plus grande quantité de chevaux châtrés qu'autrefois, et à la suite de cette opération, un grand nombre de ces animaux présentent plus de caractères de ressemblance et peuvent faire croire à une unification qui n'existe réellement pas. Mais si on examime avec soin la conformation et les aptitudes spéciales de nos différentes races françaises, la confusion n'est plus possible; sans vouloir entrer dans la description du caractère, de la conformation et des aptitudes de chacune de nos races, nous pouvons affirmer que les personnes qui ont l'habitude de voir ces animaux distingueront très bien l'étalon percheron de l'étalon boulonnais, de l'étalon ardennais. Il en est de même pour les juments, qui conservent encore mieux les caractères distinctifs. Un journal américain qui s'occupe spécialement du cheval de trait, le Western Agricultiirist, qui paraît à Quincy (Illinois), donne souvent des gravures représen- tant les différents chevaux importés en Amérique, et même, sur ces dessins, il est possible de distinguer les 368 LE CHEVAL. races. Ce journal ne manque pas non plus d'attirer l'at- tention des éleveurs américains sur nos Stud-Books, mais nous avons déjà fait remarquer que ces derniers n'ont de valeur, qu'autant que les admissions sont véri- fiées avec la plus grande rigueur. Les Américains sont bien un peu les auteurs de la con- fusion établie entre les races de trait françaises, car c'est sur leur demande que certaines modifications avaient été apportées à la race percheronne, qui heureu- sement ne lui ont pas fait perdre ses qualités maîtresses; déjà nous voyons diparaître ces énormes chevaux qui n'étaient qu'une caricature grossie du cheval percheron. Les éleveurs français regretteront peut-être le beau temps où ces mastodontes étaient presque achetés au poids; mais aujourd'hui les Américains préféreront payer plus cher les vrais chevaux percherons avec leur vitesse remarquable et leur aptitude à traîner de gros poids. Les éleveurs américains sont devenus très difficiles ; nous sommes persuadés qu'ils rendront justice à nos belles races, malgré la réclame faite par les Anglais et les Belges autour de leurs livres généalogiques. Ils exigent aujourd'hui que les animaux importés puissent justifier de leurs ancêtres jusqu'à la quatrième génération. Tout ce que nous venons de rappeler n'a pas empêché les autres sociétés américaines qui importent des chevaux français de garder leur ancien titre. Chaque race a ses partisans, toutes deux ont de la valeur. Le registre normand admet tous les chevaux de trait importés de France. La société percheronne demande que tous les animaux importés après le i'^'" jan- vier 1884, soient inscrits au Stud-Book percheron de France. La valeur de cette restriction, en conservant Ja pureté de la race percheronne, est très apparente et ne peut tromper les partisans du pur sang percheron. Voici LE CHEVAL. 3(39 le description et les caractères donnés par les auicurs américains à notre cheval percheron : La couleur varie, le gris souvent pommelé prédomine; avec toutes les nuances du gris, depuis le gris de fer foncé jusqu'au blanc le plus pur, cependant il y en a beaucoup de complètement noirs et bais. Le corps est bas, carré et ample en tout point, avec une belle tête et une encolure qui, pour la beauté, ne dépareillerait pas le plus lier des chevaux barbes. Les membres sont courts en proportion, et comme ils sont massifs, ils sont en même temps tins et bien soudés. Les éleveurs percherons vantent beau- coup et a juste raison la parfaite immunité des membres, où on ne constate ni tumeurs osseuses, ni suros, etc. C'est en accouplant cette race avec des mères du pays qu'on a remarqué sur un certain nombre de poulains des tares osseuses et molles comme dans les autres races. Le percheron qui est considéré en Amérique comme une race de gros trait, présente des étalons adultes pesant de i,6oo (726 kil.) à 2,100 (952 kil.) ou 2,200 (998 kil.) pounds, le pound valant 453 gr. 58. Leurs produits avec des juments ordinaires pèsent de 1,200 (544 kil.) à 1,700 (771 kil.) ou 1,800 (816 kil.) pounds quand ils sont développés. Ils sont vifs, actifs et intelligents. Quelques-uns ont été signalés comme vicieux ou méchants, mais c'était l'exception; il est plus que certain que le caractère mé- chant provenait de grooms maladroits ou vicieux. Un certain nombre ont été introduits au Texas venant des Etats du Nord, et plusieurs ont été introduits directe- ment de France; quoiqu'ils trouvent le climat aussi bon que les plus grandes races, nous ne pouvons encore dire, comme le font plusieurs de leurs éleveurs favoris, qu'ils s'acclimatent dans les meilleures conditions. M. Dunham de Oak Lawn farm, Wayne-Ill. et M. E. T. II 24 370 LE CHEVAL. F. Kleinmeyer, Wilton Junction, la. et M. W. L. Ell- wood de Kabb de rillinois aussi, ont entrepris l'éle- vage et le commerce sur une vaste échelle. M. Dunham a créé la Société hippique percheronne qui comprend plus de 3 ,000 membres et publie le Stud-Book percheron. M. W. L. Ell\vood,de Kabb-Ill., acheta en 1890 un grand nombre de chevaux aux concours hippiques de Nogent-le-Rotrou et de Saint- Lô et les ramena en Amé- rique. Cheval de trait français ou normand. — Après les percherons, il est naturel de parler du cheval normand ou cheval de trait français. Comme il a été dit», le terme de cheval de trait français (french Draft) comprend non seulement le percheron, mais encore les autres chevaux français de race lourde. Nous pouvons dire qu'il y avait intérêt et nécessité à conserver le Stud-Book ou registre des chevaux de trait français; beaucoup de chevaux im- portés aux Etats-Unis, n'ont pas été reçus au Stud-Book percheron, pour la seule raison qu'ils sont nés dans une autre province que le Perche; beaucoup de ces che- vaux constituent des individualités assez remarquables et qui n'appartiennent à aucune race des chevaux de trait modernes. Le registre national des chevaux nor- mands admet tous les chevaux de trait de pur sang fran- çais, quelle que soit la race ou la famille à laquelle ils appartiennent. Les Américains n'ont pas voulu se pro- noncer et donner raison plus aux uns qu'aux autres dans l'interminable discussion entre ceux qui défendent la race percheronne et ceux qui se contentent de la dé- nomination de race de trait française. Il est certain que la race percheronne constitue une race plus limitée et plus renfermée dans leur Stud-Book que ceux dési- gnés sous l'appellation générale de chevaux de trait fran- çais. 11 est difficile de déterminer avec précision quelle LE CHEVAL. Z-^x est la race qui a apporté le plus d'amélioration en Amé- rique par les chevaux de trait; mais il n'y a pas de doute que beaucoup de chevaux de trait français, main- tenant aux États-Unis, doivent leur supériorité aux an- ciens percherons français. La première importation de chevaux normands aux Etats-Unis a eu lieu en iSSg; jusqu'en i85o-i86o les importations avaient lieu surtout dans les Etats de rOuest; depuis ce temps, cependant, ils sont devenus plus largement et plus favorablement connus. Dans le Sud, ils sont mieux connus que les percherons et font aussi bien sous tous les rapports. L'association nationale du cheval normand, organisée en 1 876, a été en 1 884 fondée avec l'association nationale du cheval de trait français , dont C. E. Stubbs, de Fair- fied, la. est le présent secrétaire. Dans la description et les caractères donnés par les Américains, le cheval de trait français importé et élevé aux États-Unis présente peu de différence avec le cheval de trait percheron. Le seul point sur lequel il convient d'attirer l'attention, c'est qu'il y a une plus grande diversité de couleur et une plus grande variation de type pour le cheval de trait que pour le cheval percheron; c'est au reste la même remarque que nous avons déjà faite sur les che- vaux de trait français. Races belges. — Il y a relativement peu de temps que l'élevage des chevaux belges a lieu en Amérique. Le cheval de trait belge, d'après les auteurs américains, est un descendant du cheval noir des Flandres et s'est formé par le mélange avec sa race voisine le boulonnais. Ils lui reprochent de manquer de distinction et d'énergie et sem- blent confondre la race boulonnaise avec la race fla- mande. Les Américains croient, d'après le professeur Low, 372 LE CHEVAL. qui a publié en 1842 un grand travail sur les animaux domestiques de la Grande-Bretagne, que les chevaux flamands doivent leur forte corpulence aux cultures améliorantes pratiquées dans les riches pays de l'Europe moyenne et des contrées du sud-ouest. Ils pensent qu'ils sont le résultat des croisements des chevaux de ces contrées avec ceux amenés parles nations belliqueuses du nord-est de l'Europe dans leurs fréquentes invasions dans l'ouest et le sud de TEurope. Il y a plus ou moins d'activité parmi les importateurs belges aux Etats-Unis depuis 1870. Dr. A. G. Van Hoorelake, de Monmouth, 111. , a été le premier importa- teur, en 1 866. Pendant les années suivantes, on a souvent appelé ces chevaux des boulonnais. Dans ces dernières années, cependant, la provenance belge a été plus fré- quente, et régulièrement on a donné son nom à cette catégorie de chevaux; la dernière importation du doc- teur aussi bien que celles de MM. Massion et tils, de Minonk, 111. , et autres importateurs, ont été faites sous le nom de belges, sous lequel ils sont maintenant re- connus. L'Association américaine des importateurs et des éleveurs de chevaux de trait belges a été organisée en 1877, avec Stud-Book par J. D. Conner, Jr, de Walask, Ind., secrétaire. Tous les chevaux de trait importés de Belgique avant le 1" janvier 1888, après examen et épreuve satisfaisante, sont admis à être inscrits. Tout cheval importé de Belgique après le i'""" janvier 1888, n'est pas inscrit, s'il n'est d'abord enregistré sur le Stud- Book patronné par le gouvernement belge et connu aussi comme Stud-Book de la Société des éleveurs belges. Les animaux nés aux Etéls-Unis de pères et de mères inscrits sont admis à l'inscription, sous la mention par- ticulière : ce Native full-Bloods ». Le Stud-Book améri- LE CHEVAL. 373 cain belge comprend, au i" janvier 1892, 728 étalons et 28 juments. Voici la description et les caractères donnés par les auteurs américains aux chevaux belges : couleur généralement bai, ou noir foncé ; mais les robes alezanes, rouannes, et d'autres couleurs se rencontrent aussi. La taille est la même que celle des percherons, quelques- uns sont quelquefois de taille un peu plus élevée; ils ont une moyenne de poids de i,65o à 2,200 pounds pour étalons adultes, soit jôo a i,coo kilog. La tête est petite et à extrémité empâtée; le cou court et vraiment puissant; la poitrine large et profonde; le corps court et fort, ample vers les reins; les hanches lon- gues; les jambes courtes avec de larges os plats, des muscles puissants et des pieds très bons. Comparés avec les percherons ils sont plus compacts « blocky y^ et ils ont le corps plus rond , mais en même temps , ils leur ressemblent beaucoup sur plusieurs points, au point de demander souvent un second examen, de la part d'un expert, avant de bien décider à quelle race on a affaire. Nous avons déjà dit que la plupart des étalons belges avaient été importés en 1887 par Massion et fils. Races anglaises. — Les Américains ont importé un grand nombre des chevaux provenant de l'Angle- terre et nous voyons chaque jour les journaux anglais chercher à démontrer que leur élevage peut seul pro- gresser dans les plaines immenses du nouveau monde. Mais, heureusement pour nous, les habitants de TAmé- rique, en gens pratiques, estiment que chaque contrée de l'Europe produit les chevaux qui lui sont nécessaires; ils se réservent d'aller prendre les bons chevaux, là où ils se trouvent, avec l'intention de les reproduire et de les croiser dans les meilleures conditions. Ainsi ils apprécient beaucoup les races françaises et belges, comme nous venons de le voir dans les pages qui précèdent. 374 LE CHEVAL. Pour l'Angleterre, ils admirent leurs énormes races de trait. Les chevaux clvdesdales et shires sont les plus forts chevaux agricoles et peuvent être aussi employés avec fruit pour le transport des marchandises pesantes dans les villes. Ils ont vu avec intérêt les chevaux appelés hunters et spécialement destinés au service militaire et à la chasse, ainsi que les poneys qui sont utilisés pour les mines et les enfants. Les chevaux de trait léger affectés surtout au luxe, comme les cleveland-bay, les yorkshire-coach, les hack- neys, ont aussi été importés en Amérique. Race cleveland-bay. — Le premier cheval cleveland- bay a été introduit en Amérique en 1889 à Rochester, New-York. Il fut importé par un fermier anglais avec quelques animaux de race bovine de Shorthorn que ce fermier était allé prendre dans le Yorkshire. D'autres furent importés de i85o à i85 5 par M. Rives, alors mi- nistre américain à Londres; il fut placé dans une ferme lui appartenant, en Virginie. On trouve aussi quelques importations de ces chevaux d'Angleterre au Canada. Le cleveland-bay a donné lieu aussi à la formation d'une société qui s'appelle la Société américaine du Cle- veland-Bay, dont M. R. P. Siericker de Springtield, 111. est le secrétaire. Le Stud-Book américain du Glevcland-Bay a été créé en i885, et le second volume, paru en 1889, con- tient les pedigrees de 762 étalons et 192 juments. La Société de Cleveland-Bay américain a décidé dans l'assemblée générale tenue à Chicago le 17 novembre 1891, qu'elle n'enregistrerait plus dans les volumes qui suivront le 3'' de son Stud-Book, que les chevaux pro- LE chp:val. 375 venant d'un père et d'une mère de pur sang. Il ne sera plus tenu compte des animaux provenant de croise- ments. Race clydesdale. — Mais ce qui doit surtout attirer notre attention, ce sont les grosses races de trait impor- tées en Amérique, tant au Canada qu'aux États-Unis; M. Curtis a reproduit, grâce à M. G. F. Mills de Springfield, 111., secrétaire de l'association des éleveurs de Clydesdale, la liste complète de toutes les importa- tions : En 1842, Gray Glyde 78, importé par Archibald, de Markham, Ontario. 1845, Sovereingn 181, importé par R. Johnson, Scar- boro, Ontario. 18-17, Marquis de Glyde 10 1, importé par Thomas Summerville Whitby, Ontario. i85o, Gumberland 106, importé par David Round- tree, Jr, Weston, Ontario. 1854, Bay Wallace 5, importé par William Go- chrane, Glaremont, Ontario. i855, Glydesdale Jock 33, importé par John R. Tor- rence de Markham, Ontario, et Jock de la Side 760. par Simon Gonner de Markham, Ontario. i856, Merry Farmer 20, importé par MM. A. Ward, de Markham, Ontario, et Byron 197, par James Dal- ziel de Ghesterfield, Ontario. 1857, Rob Roy 90, par Thomas Irving, Montréal, Québec ; et Black Douglas 27, par William Miller, Picke- ring, Ontario. Avant 1860 un certain nombre d'étalons Glydesdale de i^'" choix étaient importés par Fullingon et G''", neuf d'entre eux ont été inscrits au Stud-Book. Depuis 1860 leur introduction a été plus rapide et le nombre des animaux élevés en Amérique a marché de front avec leur importation plus nombreuse. 376 LE CHEVAL. La société des clydesdales de TAmérique a été orga- nisée en 1877; le premier volume du Stud-Book a paru en 1882. Les animaux, pour être reçus à ce registre, doivent figurer à celui des clydesdales de la Grande- Bretagne et de rirlande; et les étalons, même nés en Amérique, ne peuvent Tétre que s'ils sont fils de père et mère clvdesdale ou ayant au moins quatre ou cinq parents directs. Les modernes clydesdales sont ainsi décrits par les auteurs américains. Couleur baie, brune ou noire, avec généralement une liste blanche sur la face, et des bal- zanes plus ou moins hautes aux membres; quelque- fois sous poil brun foncé, alezan marron et souvent alezan. La couleur la plus fréquente est baie claire avec des tons encore plus clairs aux flancs, aux cuisses, et presque toujours avec une liste blanche en tête. Ils présentent généralement une taille très élevée et pèsent, les étalons de 1,700 à 2,100 pounds (760 à gSo kil.) et les femelles de 1,200 à 1,600 pounds (55o à 740 kil.). En réalité le cheval clydesdale est un animal très grand, très haut, très étoffé, avec une grande tête, une encolure moyenne , des membres solides garnis de longs poils au-dessous des genoux, des épaules longues et obliques, ce qui explique les allures remarquables de certains de ces chevaux. Si on les compare aux chevaux percherons, aux che- vaux de trait français, le clydesdale est plus long de corps, a des membres plus forts et un caractère plus calme. Les Américains prétendent que les poulains issus des étalons clydesdales et des juments indigènes sont, presque sans exception, plus faciles à dresser que les chevaux d'origine française; ils ne sont pas non plus insensibles à leur grande activité au travail du labour et de la ferme , et ils assurent que le clydesdale tra- Li: CHEVAL. 377 vaille avec plus de rapidité que le cheval de race shire. Aujourd'hui le clydesdale vient faire une concurrence sérieuse au cheval de trait français qui était très répandu dans le sud de l'Amérique. Nous savons aussi que ces différents chevaux sont actuellement très en vogue en Amérique. Race shire. — Le cheval shire, qui occupe en Angle- terre les comtés de Huntingdon, Northampton , Lei- cester, Nottingham, Derby, Warwick et Stafford, n'a été importé en Amérique d'une manière sérieuse que depuis 10 à 12 ans. Ce sont surtout les éleveurs de l'Ouest qui l'ont mis en faveur. L'Association américaine du cheval shire n'a été organisée que dernièrement avec C. Bur- gess, de Winona, 111., comme secrétaire. Le premier volume du Stud-Book anglais pour les chevaux shire (English Stud-Book for shire or cart horses) a paru en 1880; depuis, sept ou huit volumes ont été publiés. Il y a lieu de reconnaître que cette race a pris un certain développement par suite de la demande des importateurs américains. Le Stud-Book américain du cheval shire (American shire Horse) a inscrit d'avril i885 à décembre 1891, 3,540 animaux importés et SyS animaux nés dans le pays. Nous donnons la description et les caractères que les auteurs américains attribuent au cheval shire. Ils consi- dèrent qu'il y a peu de différence avec le cheval cly- desdale. La couleur est la même avec souvent plus de robes noires, brunes foncées et baies; mais les différentes nuances les plus foncées du gris pommelé, du gris de fer, sont assez fréquentes. La face blanche et les balzanes sont communes aux deux races shire et clydesdale; les poils du canon et du paturon sont très longs et pré- sentent l'aspect de plume, « Feather ». Le éleveurs 378 LE CHEVAL. anglais attachent une grande importance à ces poils, pour la pureté de la race, mais les importateurs et les éleveurs américains n'y tiennent pas autant, pour la raison qu'ils ne permettent pas de tenir les pieds en aussi bon état. On peut admirer les franges soyeuses formées par ces crins, mais on ne doit point négliger les chevaux qui ne les ont pas. Au point de vue de la taille, le cheval shire est plus élevé que le clydesdale; mais, en résumé, il n'est pas toujours facile de bien distinguer les repré- sentants de ces deux races; souvent le shire est plus massif, plus compact. Dans le sud de l'Amérique les shires sont peu connus, mais dans l'ouest ils sont très appréciés pour les gros travaux. Au Canada on cite ceux de la ferme de Walrond Ranch Company, située entre les Porcupine Hills et le Livingstone Rang des niontagnes Rocheuses, près du fort Me Leod-Albcrta. Race de Suffolk ou Siiffolk punch. — Cette race de chevaux, qui est très populaire en Angleterre, n'a été appréciée que dans ces dernières années par les éle- veurs américains. L'origine de la race suffolk est restée obscure, mais d'après les derniers auteurs elle ne serait que le résultat de croisements d'étalons normands avec les meilleures juments du Sufîolkshire. Leur couleur la plus fréquente est alezan plus ou moins châtain. Vers 1745 et peut-être même avant, le suffolk avait une grande réputation comme cheval de trait, et on trouve des descriptions très intéressantes de cette race dans les notices et les dessins de cette époque. L'amélioratiou de la race suffolk a été très marquée dans ces dernières années; les efforts des éleveurs sont surtout consacrés à obtenir de meilleurs membres, de bons sabots. On signale parmi les importateurs et éleveurs de ces LE C Ht: VAL. 379 chevaux, M. Alfred J. Smith, de Woodbridge, Suffolk- shire, Eng.. M. Smith, a beaucoup fourni de ces chevaux alezans à l'Amérique, et depuis 1861, époque à laquelle il a créé son écurie, il a expédié beaucoup des chevaux primés dans les foires anglaises. Aux États-Unis, plu- sieurs importateurs de chevaux shires et percherons amènent aussi des suffolks. Entre autres, nous pouvons aussi citer MM. Gal- braith Bros à Janesville, Wis.. qui prétendent qu'en les croisant avec les juments indigènes, ils produisent un cheval de trait bon, énergique et léger dans ses membres. La couleur est toujours brune foncée ou alezane; la taille est quelquefois moindre que celle du cheval shire ou clydesdale, ayant une hauteur moyenne de i™,55 à i"\ 65 et pesantà l'âge adulte de 1,400 à 1,800 pounds (65o à 820 kil.). Le corps est rond, bien formé et compact, les mem- bres sont courts avec des pieds et des paturons blancs, dépourvus des longs poils qu'on trouve chez le shire et le clydesdale. Les épaules sont longues et bien dispo- sées pour le service du trait; c'est au reste un très bon cheval pour le transport des gros fardeaux et les travaux pénibles de la ferme. En dehors des chevaux français, belges et anglais im- portés en Amérique, on voit aussi quelques chevaux de trait allemands et des trotteurs russes. En résumé, les éleveurs américains veulent créer des races indigènes, et, comme nous l'avons dit plus haut, ils ont donné à leur cheval trotteur si remarquable le nom de cheval national. Mais il est intéressant aussi de suivre les tentatives faites pour produire les chevaux de trait. Les journaux spéciaux des Etats-Unis sont remplis de conseils aux 38o LE CHEVAL. éleveurs pour les engager à ne s'occuper que des chevaux qui peuvent trouver des prix élevés sur les marchés des grandes villes. Nous trouvons, aussi comme nous l'avons dit, la création d'un grand nombre de sociétés, qu'il suffira d'énumérer pour voir combien les Américains se préoc- cupent de l'élevage du cheval de trait. Ce sont : National French Draft Association, American Shire Association, .American Percheron Association, American Clydesdale Association , American Belgian Association, American Suffolk Association, American Oldenbourg coach Horse, American Cleveland bay Society, American Hackney Association, American French coach Association, American Shetland pony Clay, En ce moment, il est constaté que les meilleurs che- vaux de trait proviennent de l'Ohio, et que les meilleurs chevaux de luxe sortent des écuries de l'Illinois, du Mi- chigan et de New-York et de quelques autres Etats. Il est vrai que ces différents Etats ne sont point toujours d'accord pour répondre aux vrais desiderata des consom- mateurs. Ainsi pour la couleur de la robe, par exemple, on la veut noire dans le W^isconsin et l'Iowa; dans le New- York, aussi, mais partiellement, car l'un des correspon- dants de ce dernier État dit qu'il vend à peu près autant de gris pommelés que de noirs. Dans le Michigan, la même situation se présente; on trouve beaucoup de gris, et quelques noirs ou bais-bruns. Sous le rapport de la taille, au début on demandait de grands chevaux en même temps que très pesants, mais LE CHEVAL. 38i aujourd'hui les Américains ont reconnu qu'ils faisaient fausse route; ils préfèrent avec raison les chevaux de taille moyenne, mais ayant en outre de la qualité, de Tactivité, du fond. Nous avons même, dans différentes notes présentées à la Société nationale d'Agriculture sur les concours hippiques de Nogent-le-Rotrou et de la Ferté-Bernard, prévenu les éleveurs français que certains Américains croient qu'il n'est plus nécessaire d'aller chercher des chevaux percherons en France et qu'ils sont maintenant en mesure de produire aussi bien de l'autre côté de l'At- lantique. Nous ne sommes nullement de cet avis et les gros importateurs partagent notre manière de voir. Ce qui peut donner une sorte de consécration à ces idées, c'est que le prix des chevaux est très bas en Amé- rique. Le nombre considérable de tramvays à traction mécanique, vapeur, câble et électricité, a réduit dans une certaine proportion l'achat des chevaux de service. Cependant il se produit dans ce pays ce qui arrive aussi en Europe, c'est que plus on multiplie les communica- tions, plus on augmente la circulation. Seulement pen- dant les premiers temps, il se produit toujours une sorte de ralentissement. Le 2 mai 1893, au marché de Chicago, les chevaux se sont ainsi vendus ; fr. fr. Chevaux ordinaires " 47^ à 5jd Chevaux de trait, poids de 5oo à 670 kil 430 à 600 — 610 kil 625 à 700 — 660 kil 725 à 875 — 700 kil 875 à i.ooo — 750 kil i.oooà i.25o Chevaux de trait, attelage de 2 pesant i.5oo kil. 2.000 à 2.5oo Chevaux légers 800 à i .000 Chevaux de voiture passables 625 à 826 — bons i.oooà i.5oo 382 LE CHEVAL. Paires de chevaux pour voitures 2.25oà 3.5oo Chevaux de selle passables 625 à 875 Chevaux de selle bons i .000 à 2.000 Chevaux des « Range » 1 5o à 2 5o Ces prix sont à peu près les mêmes au marché de New- York. On estime que dans cette ville, qui compteun peu plus de 1,000,000 d'habitants, il y a 80 à 90,000 chevaux de toutes espèces; parmi eux se trouventles 12 à i5, 000 che- vaux de tramways qui durent environ de cinq à six ans, d'après les statistiques. Ces chevaux se paient de 600 à 700 francs pièce. Le cheval d'omnibus est plus étoffé; il se paie un peu plus cher, environ 8 à 900 francs. Les chevaux de messageries, de camions, de charrettes valent de 900 à 1,100 francs ; les meilleurs se paient jus- qu'à 1 ,400 francs. Les chevaux de luxe et surtout les trotteurs sont très recherchés et s'y vendent à des prix très élevés. Les exportations de chevaux canadiens aux Etats- Unis qui étaient en 1 890 de 1 6, 1 1 8 sont tombées en 1 89 1 à 9,957 et en 1892 à 9,261. La valeur totale de ces exportations est tombée de 2,2 14, 338 dollars à 1,094,641 dollars. Les droits sur les chevaux étrangers sont la cause de cette diminution. CHAPITRE III COUP D'ŒIL SUR LA PRODUCTION MULÂSSIERE. Sans vouloir entrer dans une description complète de Tàne et du mulet, il ne sera pas inopportun de jeter un coup d'œil sur ce que devient la production mulas- sière. Espagne et Portugal. — En Espagne, on compte 672,000 chevaux seulement, et près de 1,000,000 de mulets et de 1,290,000 ânes; il est facile de comprendre que TEspagne se soit préoccupée d'empêcher l'entrée des produits français. En Portugal, il existe, d'après les derniers recense- ments, plus de 5o,ooo mulets et iSy.qSo ânes. On voit que dans la péninsule ibérique, l'espèce mu- lassière , sobre et dure au service, est nombreuse; elle supporte bien les chaleurs et est très employée dans les arrondissements ruraux où existe la petite propriété. Il en est de même de l'espèce asine. Le mulet espagnol a le pelage foncé, le poil ras et brillant, la démarche légère et le regard vif. Sa tête est grosse et busquée, mais bien portée, l'encolure courte, le garrot élevé, le poitrail étroit, les reins longs et la croupe horizontale. Il provient de l'accouplement des 384 LE CHEVAL. célèbres baudets d'Espagne et de la jument andalouse dont il rappelle les formes. Italie. — En Italie, le nombre des ânes et des mulets est moins considérable. Les derniers recense- ments donnent 5oi,58o ânes et 293,868 mulets; c'est la Sicile qui en compte le plus grand nombre, soit 112,11 5. Dans ces derniers temps les importations provenant d'Espagne ont été plus nombreuses que celles de France; les Italiens prétendent que les premiers réussissent mieux. En tous cas, les mulets d'Italie sont plus petits que ceux d'Espagne. De bons baudets étalons se trouvent en Sicile, du côté de Pantelleria, dans la Marche et sur le territoire de Martina Franca, dans la province de Lecce. Au moyen de stations spéciales d'é- talons, les Sociétés d'Agriculture ont encouragé d'une manière très efficace l'amélioration de la race et la pro- duction mulassière indigène. L'Administration accorde souvent une prime qui s'élève à environ la moitié de la valeur des reproducteurs. États-Unis. — Aux États-Unis d'Amérique, le re- censement fait en 1880 permettait de constater la pré- sence de 1,812,808 mulets employés aux travaux agri- coles, car ceux qui appartiennent aux villes ne figurent pas dans ce nombre, et en 1890 on compte 2,331,027 mulets. Ils se divisent ainsi par rapport aux Etats : 1880. 1890. Tètis. TOtfS. Missouri 192.027 230.097 Tennessee 173.498 229.246 Texas 132.447 213.146 Géorgie 132.076 05.700 Illinois 123.278 109.947 Alabania 121.081 143.258 Kcntucky ii6.i53 i55.838 L1-: CHKVAL. 385 1880. 1890. Têtes. Tûtes. Arkansas 87.082 129.866 Caroline du Nord 81.871 96.295 Louisiane 76.674 94.775 Kansas 64.869 94.714 Indiana 51.780 53.827 lowa 44.424 42.316 Virginia 33.598 33.598 Nous négligeons les autres États qui en ont très peu. Il est à remarquer que les États qui dans ces derniè- res années ont importé un plus grand nombre de che- vaux de trait, comme Tlllinois, l'Iowa, ont vu diminuer le nombre de mulets, tandis qu'au contraire tous les autres États accusent un nombre bien plus considéra- ble de mulets qu'il y a dix ans. D'après les rapports du secrétaire de TAgriculture, où nous avons puisé ces chiffres, la population mu- lassière de 1890 aurait augmenté de 73,453 têtes sur l'année 1889, c'est-à-dire en une année, en même temps que celle des chevaux augmentait de 55o,543 têtes. Mais si cette dernière espèce augmentait en nombre, le capital qu'elle représente se trouvait diminué; en effet, en 1889 il était de 982,194,827 dollars, et il n'est plus que de 970,516,562 dollars, soit 3,678,265 dol- lars en moins. Dans l'espèce mulassière, c'est le con- traire, le capital représenté en 1889 était de 179,444,481 dollars et en i89ode 182,394,099 dollars, soit 2,949,618 dollars en plus. Et si maintenant nous relevons le prix moyen par tête de tous les chevaux et mulets en Amérique, nous trouvons 391 fr. 2 5 pour le mulet et 344 fr. 20 pour le cheval. C'est donc la même chose qu'en France, où en général les chevaux de trait sont meilleur marché T. II. 25 38G LE CHEVAL. que les mulets, qui pourraient faire le même service. Les Américains ont compris tout le parti qu'on pou- vait tirer du mulet dans leur pays; ils ont moditié les conditions de cet élevage qui avait beaucoup laissé à désirer au début. En effet, c'était l'exception quand on choisissait avec soin les reproducteurs. On laissait en général les capitaines de navire les prendre sans aucune préférence dans les ports où ils relâchaient. C'était sou- vent des baudets aptes au travail, mais non à la repro- duction. Ces capitaines n'étaient pas capables d'apprécier leurs mérites, ils ne recherchaient que le bon marché. En 1783, le roi d'Espagne envoya un baudet et deux mules choisis parmi les plus beaux sujets existant à cette époque à Madrid, à Washington, qui consacra les mules aux travaux agricoles et le baudet à la repro- duction, dans sa ferme de Mount-Vernon. Le baudet était connu sous le nom de '< Royal-Gift » et avait I m. 62 de taille, il était de couleur grise, de formes massives et d'un caractère indolent. Quelque temps après, en 1787, le marquis de Lafayette envoya à Was- hington un autre baudet et quelques mules de l'Ile de Malte. Le baudet fut nommé « Roi de Malte » ; c'était un magnifique animal, plus léger et très méchant. Ces deux étalons produisirent un grand nombre de mulets et de mules qui se vendirent jusqu'à 1,000 francs. Mais la production a tellement augmenté que nous avons vu le prix moyen descendre très bas; il n'y a que dans les États de New- Jersey, Pensylvanie, Delaware, Ma- ryland et Virginie, où se trouve la ferme de Mount-Ver- non, où les mulets ont conservé les prix moyens de 55o à 600 francs. En général leur valeur dépend beau- coup de leur poids, qui est en moyenne de 5^5 à 680 kilog. Les mulets sont préférés aux États-Unis, parce qu'ils supportent mieux la chaleur. Nous avons relevé. LK C H i:\AL. 387 dans le numéro de décembre (1892) du journal américain Western Agricultiirist and lire stock Journal deQii'mcy, la mention d'un haras spécial, appartenant à M. Emerson, dans le comté de Pike , Mo. , qui comprend plus de 200 baudets étalons, inscrits aux stud-books espagnol et américain. A la tète de ce haras, se trouve un baudet étalon, nommé Roi Alphonse, qui, après avoir gagné beaucoup de prix en Espagne, a été importé en Amé- rique; il est bien conformé, de couleur noire, de bonne taille, pèse 545 kilog. et a de longues oreilles. Nous croyons que les importateurs américains auraient avan- tage à venir en Poitou, d'autant mieux qu'ils tiennent à produire de forts animaux. Amérique du Sud. — Quant à TAmérique du Sud, plusieurs Etats s'occupent aussi aujourd'hui de la pro- duction du mulet; nous ne citerons que le Brésil, qui, dans la province de Minas, comme à Parana et à Rio- Grande du Sud, élève une grande quantité de mules et de mulets pour le service des transports sur les routes et dans l'intérieur des villes. Les autres États de l'Amérique du Sud ont négligé notre marché, par suite de la production plus considéra- ble des Etats-Unis du Nord. France et Algérie. — Tous les écrits parus depuis ces dernières années reconnaissent que le mulet français est certainement le meilleur, et il y a lieu de s'étonner de la dépréciation que cet élevage subit en ce moment ; en effet, si nous consultons les statistiques, nous voyons que l'exportation qui allait toujours en augmentant jusqu'en 1888, tend à diminuer dans des proportions assez sérieuses : Années. 1827 à i836 ri. 000 têtes environ. 837 à i836 17.000 388 LE CHEVAL. Années. 1886 2o.3'3o tètes. 1887 18.404 — 1888 22.175 — 1889 2o.8i5 — 1890 15.228 — 1891 13.886 — et pour les 1 1 premiers mois des 3 dernières années : Années. 1890 12. 5o3 tètes, valant 8.753. 100 francs. 1891 10.963 — 7.764.100 — 1892 12.988 — 9.091.600 — Si on examine de près les chiffres du tableau des doua- nes de 1 891, on constate que les diminutions provien- nent surtout des exportations en Espagne qui étaient en 1889 de 17,563, et ne sont plus que de 9,260 en 1891. Les droits de douanes ne sont pas étrangers à ces ré- sultats; il est à craindre que les éleveurs des autres pays ne cherchent à profiter de ces circonstances pour nous supplanter sur des marchés qui nous avaient tou- jours été fidèles jusqu'à ce jour. On a demandé que les colonies ouvrent de nouveaux débouchés, parmi elles on cite l'Algérie et la Tuni- sie; mais ces pays sont producteurs, et ils ne peuvent venir dans cette circonstance au secours de la métropole que dans des conditions assez restreintes. En effet, un relevé statistique, fait par le Gouverne- ment général, de Tcspèce asinc et mulassière en Algérie de 1867 à 1890, donne les chiffres suivants : La population de l'espèce asine qui était de 224,868 têtes en 1867 est en 1887 de 297,380, sur lesquelles on compte I 5,414 produits européens. LE CHKVAL. 389 Voici la statistique des mulets européens et indi- gènes, de 1867, à 1890 en Algérie : Années. Euroiiéen;;. Indigènes. Totauï. Têtes. Têtes. Tête.s. 1867 6.477 i5o.547 157.024 1868 6.754 109.123 115.877 1869 6.960 112.490 119.450 1870 8.168 127.928 136.096 I87I 8.347 III. 198 169.535 1872 9.251 119.958 129.209 1873 10.285 108.321 118.600 1874 11.456 116. 63o 128.095 1875 i2.oo5 123.266 135.271 1876 i3.io2 124.265 137.367 1877 i3.8oo i2i.g56 1 3 5. 756 1878 i4-49-^ 127.956 142.449 1879 14.918 119. 3 14 134.232 1880 15.423 121. 159 i36.582 1881 15.604 110.778 i36.382 1882 17.954 ii5.2Ô2 i33.2i6 i883 21.434 123. 811 145.245 1884 20.358 120. o58 140.416 i885 20.166 116.067 i36.233 1886 21.452 119.849 141. 3oi 1887 22.o3o 118.869 140.899 1888 20.069 1x5.568 136.537 1889 2i.85o 112.222 134.072 1890 22.781 117.393 140.174 D'après ce tableau, il est facile de se rendre compte que l'élevage de l'espèce mulassière en Algérie est resté sensiblement stationnaire chez les indigènes, tandis que les colons Européens ont plus que triplé l'effectif : en 1867, ils possédaient 6,477 mulets, et ils en détenaient 22,781 en 1890. C'est parce que, pour certains trans- ports ainsi que pour la culture intensive qui se déve- loppe chaque jour, le mulet algérien était un peu petit; il fallait un mulet comme celui du Poitou, qui pré- >9o LE CHEVAL. sente des formes plus massives et plus de taille, pouvant enlever plus facilement de lourds fardeaux. Le mulet arabe provient de baudets qui furent ame- nés de l'Arabie par les premières colonies asiatiques qui vinrent s'établir en Afrique. Ce baudet est de taille moyenne, gris ou noir, robuste et léger, et on lui donne les juments barbes les plus corsées. Le produit est élevé, comme le cheval, dans la famille, et employé aux travaux les plus pénibles, comme bête de somme. Cette origine et cette éducation lui donnent une rusticité, qui le rend apte à supporter les plus du- res fatigues. C'est pourquoi, il est préféré au mulet français, par tous les vétérinaires militaires qui ont ac- compagné les expéditions en Afrique. Certainement, son développement souffre de ce mode d'élevage, aussi est-il généralement petit. Il est remarquable par l'harmonie de ses formes; il a la tête fine, l'œil doux, le regard intelligent, l'oreille petite bien portée, l'encolure lon- gue, le garrot saillant, la poitrine haute et profonde, les côtes plates, le dos tranchant, incurvé en contre- haut, les reins courts, musclés, la croupe anguleuse^ son ventre est bien proportionne, ses membres sont secs et les tendons détachés, les articulations sont lar- ges, les pieds petits ; la couleur dominante de la robe est grise. Ce mulet est très estimé pour le service militaire en Algérie, parce qu'il transporte les plus fortes charges dans les montagnes, avec une dextérité et une célérité extra- ordinaires. Il est à souhaiter que le gouvernement de l'Algérie encourage cette production, qui est un élé- ment sérieux pour augmenter largement les ressources de la colonie. Nous avons passé rapidement en revue les différentes situations de l'élevage en dehors de la France, pour bien LE CHEVAI.. }gi faire comprendre que les départements qui produisent le niulei, ne doivent espérer rendre l'élevage français productif, qu'à la condition de trouver des débouchés sérieux, c'est-à-dire, une utilisation plus répandue de cet animal, si précieux par son endurance au travail et par sa sobriété. Cest dans ce but que, déjà plusieurs fois, nous avons attiré Tattention sur Temploi qu'en ont fait certaines Compagnies de tramways, à Lisbonne et à Londres. C'est ici que nous insisterons sur les conseils à donner aux éleveurs de mulets en France. Puisque les condi- tions telluriques existent, il faut choisir aussi avec soin les géniteurs, c'est-à-dire, aussi bien le baudet étalon que la jument mulassière, afin de produire des animaux aptes aux différents services de transport des voya- geurs comme des marchandises, car il faut laisser à l'Algérie le soin d'élever le mulet de bât pour les trans- ports en montagnes. Pour arriver à ce but, il faut que le mulet soit de grande taille et puisse trotter facile- ment, surtout pour les services de tramways, résultat obtenu déjà en Amérique, puisqu'on peut voir dans les villes américaines et à Londres, à la Compagnie de Tramways de London-street, des mules traînant de lourdes voitures à la même allure que les chevaux. Nous pensons que c'est surtout dans le choix de la jument que doit s'exercer cette influence, car nous voyons l'effet produit en Algérie par l'accouplement du baudet avec la jument barbe. Les juments communes qui sont employées en France à la production du mulet lui donnent la taille, il est vrai, mais en même temps une tète grosse, un œil pe- tit, des oreilles pendantes, une encolure courte et large, un garrot bas, une côte ronde, des reins longs et creux, un ventre volumineux, une croupe avalée et souvent 392 LE CHEVAL. des extrémités empâtées et chargées de crins. Si, au lieu de ces juments si communes, on donnait au baudet des mères mieux choisies, ayant un peu d'allure et bien conformées, nous pensons que les produits seraient meilleurs et ne présenteraient plus les caractères défec- tueux que nous venons de citer, dans Tespoir de les voir disparaître. Ce jour-là les compagnies de trans- ports n'hésiteraient pas à acheter des mules ou mulets pour leur service, car elles savent très bien qu'en pou- vant exiger plus de travail qu'avec les chevaux, elles dépenseraient moins pour la nourriture. Je suis prêt à en faire l'essai, et ce qui m'a toujours arrêté, c'est le prix élevé demandé pour ces animaux, en même temps que leurs formes souvent décousues. Le prix des chevaux de trait est moindre que celui des mu- lets, en France comme en Amérique; on ne peut con- sentir à payer ce prix plus élevé qu'à la condition que le mulet donnera les avantages que nous avons énoncés. C'est pourquoi nous pensons que si l'État s'occupe avec autant de soins de la production chevaline, il ne devrait pas négliger la production asine et mulassière. Par des conseils aux éleveurs et par des encouragements donnés aussi bien aux baudets étalons qu'aux juments mulassières, il serait facile de faire comprendre qu'il y a intérêt à produire des mulets aptes au trait et pou- vant facilement remplacer les chevaux atiectés en géné- ral à ce service. M. Menault, inspecteur général de l'agriculture, a bien voulu me communiquer une note qu'il avait trouvée con- cernant ce commerce dans les Archives de la province d'Auvergne. Déjà en 1698, il se faisait un grand com- merce de mules et mulets entre cette province et le Poitou, et on voyait venir à la foire de Saint-Flour un grand nombre d'Espagnols pour faire des achats. LF: cheval. 3o'3 Stud-Book de l'espèce mulassière. — L'éle- vage du mulet est d'une telle importance, que nous croyons utile de reproduire ici le Règlement du Stud- Book des animaux de l'Espèce mulassière, publié par la Société Centrale d'agriculture des Deux-Sèvres, le Co- mice agricole de Fontenay-le-Comte et le département de la Charente-Inférieure (arrêté au i5 août 1889), La Société centrale d'agriculture des Deux-Sèvres, voulant améliorer les races asine et chevaline mulassières, en assurer la conservation, fixer et perpétuer les qualités qui les distin- guent, a arrêté ce qui suit : Art. I . — Pour constater l'identité des races asine et che- valine mulassières et de leurs descendants, il sera, à l'instar du Stud-Book français des chevaux de pur sang, établi à Niort, sous le patronage et la surveillance de la Société centrale d'a- griculture des Deux-Sèvres, un registre généalogique pour l'ins- cription desdits animaux, soit qu'ils existent dans les Deux- Sèvres, soit qu'ils aient été exportés ailleurs. Art. 2. — Pourront être inscrits au Stud-Book mulas- sier : 1° Les étalons, pouliches et juments, les baudets et ânesses de la race mulassière, âgés d'au moins 2 ans, qui auront été soumis à l'examen de la commission spéciale du Stud-Book et acceptés par elle; 2^ Les produits desdits animaux provenant de pères et mères inscrits. Art. 3. — Tous les animaux désignés au précédent article devront être déclarés par leurs propriétaires au secrétariat de la Société pour le département des Deux-Sèvres, et dans les autres départements à l'un des membres de la commission permanente de chacun de ces départements, afin d'obtenir l'examen préa- lable à l'inscription au registre généalogique. 094 LE CHEVAL. Art. 4. — Dans le but de prévenir tous les propriétaires d'animaux des races asine et chevaline mulassières de la création du registre généalogique, et de les mettre en demeure de faire inscrire leurs animaux, un exemplaire du présent règlement sera adressé aux propriétaires des animaux primés jusqu'à ce jour. Il sera donné, en même temps, la plus grande publicité à ladite institution par des insertions dans les jour- naux d'agriculture ainsi que dans les journaux politiques de la région agricole. Art. 5. — Une commission spéciale composée des mem- bres du bureau de la société Centrale d'agriculture des Deux- Sèvres, de 3 membres de ladite société élus par elle, de 3 membres élus par le comice de Fontenay-le-Comte , et de 3 délégués de la Charente-Inférieure choisis par M. le préfet de ce département, sera chargée de procéder à l'examen des ani- maux spécifiés dans le premier paragraphe de l'article 8, en même temps que de la rédaction du livre généalogique. Elle prononcera sur l'admission des diverses demandes d'inscrip- tion et statuera souverainement et en dernier ressort sur toutes les contestations ou réclamations qui pourraient se produire. Art. 6. — La commission pourra exclure tous animaux chez lesquels il existerait des défauts ou des vices héréditaires, ou tous animaux qui ne présenteraient pas les caractères et le type des races asine et chevaline mulassières. Art. 7. — Toute demande d'inscription devra être adressée au secrétaire de la Commission du Stud-Book mulassier pour les Deux-Sèvres, et ù l'un des membres de la commission per- manente du département intéresse pour ce qui concerne la Vendée et la Charente-Inférieure. Art. 8. — Les éleveurs seront tenus . 1° De déclarer les animaux dans les trois mois de leur nais- sance. Cette déclaration devra être appuyée de la carte de saillie de l'année précédente, afin de constater que le produit LE CHEVAL. SgS est issu d'un baudet et d'une anesse, d'un étalon et d'une ju- ment inscrits au Stud-Book; 2" D'envoyer du premier novembre au premier janvier de chaque année, un état contenant la liste des morts advenues dans l'année, les noms et adresses des acheteurs de leurs ani- maux; ainsi que les noms et numéros des animaux qui cesse- raient d'être livrés à la reproduction. Art. 9. — Une somme de cinq francs sera perçue pour l'inscription de chaque animal; elle devra être jointe à la de- mande d'inscription. Art. 10. — Un volume du registre généalogique sera pu- blié chaque année et envoyé gratuitement au propriétaire de chaque animal inscrit. Art. II. — Le registre généalogique contiendra deux par- ties : la première consacrée à la race asine et la seconde à la race chevaline. Chaque partie contiendra elle-même ; I" Un index générai par ordre alphabétique, indiquant le numéro d'ordre, les noms des animaux, ceux des éleveurs et possesseurs, les pages dans lesquelles seront inscrits les ani- maux, etc., etc. 2° Une liste des éleveurs; 3" Les généalogies des étalons et des baudets ; 4" Les généalogies des juments et des ânesses, suivies du tableau de leurs produits. Art. 12. — Il sera tenu, pour les déclarations d'inscrip- tion, un registre à souche dont il sera délivré un extrait au déclarant après l'approbation de la Commission. Art. i3. — Il sera entin délivre gratuitement des exem- plaires de cartes de saillies aux gardes d'étalons possesseurs d'animaux inscrits. 3g6 LE CHEVAL. Caractères particuliers à la race mulas- sière. - — Dans sa notice du 26 avril 1886, la commis- sion du Stud-Book mulassier faisait appel aux éleveurs poitevins; elle les conviait à procéder par sélection, afin de faire disparaître certains défauts de conformation qui affectent encore nos producteurs mulassiers; elle les en- gageait à persévérer dans un choix judicieux des meil- leurs sujets, afin de fixer, ou plutôt de rétablir des ca- ractères typiques que quelques croisements mal compris, guidés par un zèle inconsidéré ou un manque de con- naissances zootechniques, ont fait disparaître. Nous croyons devoir renouveler cet appel, car il s'agit d'une des productions nationales les plus impor- tantes, qui met le producteur poitevin en rapport direct avec le consommateur du dehors; qui, par suite de Texportation mulassière incessante, sans compensa- tion d'importation, fait entrer en France des sommes considérables qui augmentent la fortune nationale. Sans rechercher ici à quelle époque remonte l'industrie mulassière, sans rechercher quand et comment se sont introduites, sur notre sol poitevin, la race chevaline du Poitou et la race asine, nous allons jeter un coup d'œil rapide sur les caractères typiques de ces deux espèces appartenant au même genre et donnant par leur accou- plement rhybride qui prodigue l'aisance dans les Deux- Sèvres, la Vendée, la Charente-Inférieure et la Vienne. La race chevaline mulassière a pour origine les ma- rais de Tancienne province du Poitou. Bradley, le maître des digues, importa dans ce marais des chevaux flamands et hollandais pour y exécuter les premiers travaux de dessèchement de ces terres couvertes par les eaux qui, aujourd'hui, sont devenues la partie la plus riche, la plus fertile, la plus prospère de l'ancienne pro- vince. LK CllKXAL. '97 Ces chevaux, ou flamands ou hollandais, d'une pro- venance territoriale climatérique à peu près semblable à leur nouvel habitat, ont pris un caractère d'indigenat typique, devenu un caractère de race, qui s'est modifié, amélioré, sous Taction de Tassainissement des milieux, de l'amélioration et du développement culturaux. Les caractères spéciaux du cheval mulassier sont : Taille de i mètre 55 à i mètre 75 ; tête forte et longue, front et chanfrein étroits, yeux petits, oreilles longues, bouche grande et lèvres épaisses; encolure longue et épaisse chez le mâle, grêle chez la femelle; crinière abondante, double, chargée de crins. Le garrot est épais, plutôt bas qu'élevé. Le dos est large, long, un peu rusellé. Les reins sont larges, ainsi que la croupe qui présente des hanches saillantes. La queue est longue, chargée de crins. La poitrine est large, les côtes sont larges et un peu aplaties. Le ventre est développé sans être ovale. L'épaule est longue et droite. Les membres sont forts, bien musclés, chargés de crins et les articulations sont larges. Les tendons sont forts et durs. Le sabot est large, souvent plat et la corne est molle. Le tempérament est lymphatique ou sanguin, lymphatique chez quelques sujets. Les caractères spéciaux des baudets du Poitou sont : Taille de i mètre 3o à i mètre 5o; tête très forte et courte; front et chanfrein larges. Les yeux sont grands, couverts de poils. Les arcades orbitaires sont très fortes. Les oreilles sont longues, chargées de longs poils. La bouche est petite et les lèvres sont minces. L'encolure est épaisse et forte et la crinière presque nulle. Le garrot est épais et peu élevé. Le dos et les reins sont droits et longs. La croupe est étroite et les hanches sont effacées. La queue est courte; elle porte quelques crins à son ex- SgS LE CHEVAL. trémité inférieure. La poitrine est large et les côtes sont arrondies. Le ventre est développé. L'épaule est courte. Les membres sont garnis de muscles longs et grêles. Les articulations sont très larges. Les tendons sont forts, les poils longs frisés ou feutrés garnissent tout le corps de l'animal, et sur le bas des membres ils re- tombent sur les sabots à corne sèche qui trop souvent sont étroits. Le tempérament est nerveux. En comparant les caractères typiques de ces deux espèces, il est facile de voir que les qualités communes sont celles que Ton recherche chez la mule, tandis que les défauts opposés se compensent; de cet état de choses dépend le succès de notre industrie mulassière. Il est d'autres races chevalines qui livrées au baudet, donnent des muletons qui, dans le jeune âge, sont assez harmonieux, et flattent l'œil de Tacheteur. La jument bretonne est quelquefois choisie et livrée à la produc- tion mulassière, mais jamais ses produits ne sont, dans Tâge adulte, aussi étoffés, aussi forts, aussi bien confor- més, aussi beaux que ceux provenant de la jument mu- lassière du Poitou. En conséquence il est urgent, il est indispensable de s'attacher à la production de cette der- nière et à procéder chez les mâles et femelles par sélec- tion; de ce choix raisonné, il résultera sûrement Tamé- lioration de la race sans lui faire perdre sa spécialité mu- lassière. Cest cette amélioration qu'il faut poursuivre et que le Stud-Book mulassier enregistera, au bénéHce des producteurs et des consommateurs. BIBLIOGRAPHIE Abadie (B.). — La Qiiestion chevaline dans ses rapports avec la production du cheval de V armée et de luxe. Nantes, 1860. Adam (P.). — Die Lehre von der Beurtheilung des Pferdes. Stuttgart, 1S81. American Agriculturist. — Journal américain paraissant à New- York. Arloing et Chauveau. — Traité d'anatomie comparée des animaux domestiques. 3'' édition, Paris, 1878. AuRE (D'I. — Cours d'Équitation. Saumur, i85i. B Bredeers Ga:^ette. — Journal américain paraissant à Chicago. Baillet et Magne. — Voir Magne. Barrier et Goubaux. — Extérieur du cheval, 2® édition. Paris, 1890. Assclin et Houzeau. Baucher et Morris. — Essai sur l'E xtérieur du cheval, Pa- ris, i853. BoNiE (général). — Fond et vitesse d'une troupp de cavalerie en campagne. BouLEY (Henri). — Maison rustique du dix-neuvième siècle. — Dictionnaire pratique de Médecine., de Chirurgie et d'Hy- giène vétérinaire. BouRGELAT. — De la Conformation extérieure du cheval. 4CO BIBLIOGRAPHIE. CuRTis (Geo. W.), professeur d'agriculture au collège agricole du Texas. — H or ses ^ Cattle^ Sheep and Smne with Hints on sélection^ care and management^ in the United States and Canada. Charles (H.). — Histoire du Cheval Boulonnais. Paris, i883. CoRNEviN (Ch.). — Étude sur le squelette de quelques chevaux de course, Lyon. — Traité de :;ootechnie générale. Lyon. Carlo Bonis. — Dell industria equina in Italia, Rome, 1887. Chauveau et Arloing. — Traité d'anatomie comparée des animaux domestiques., 3'^ édition, Paris, J.-B. Baillière, Colin (G.). — Traité de physiologie comparée des animaux domestiques. 3^ édition, J.-B. Ballière et tils, 1888. Curnieu (de). — Leçons de science hippique générale. D Desbons. — Rapports de l'Exposition universelle internatio- nale de 1878 à Paris, l'Exposition hippique, Paris, Im- primerie nationale, 1881. Daumas (Général). — Les Chevaux du Sahara et les 7nceurs du désert, Paris, i838. DuHoussET (Coloncll. — Le Cheval, Paris, 1881. Étude sur les proportions du cheval, d'après son ossature, Paris, i883. Baron d'Étreillis. — Écuyers et cavaliers, Autrefois et Au- jourdhui. Paris, i883. Baron d'Étreillis (Ned Pearson). — Dictionnaire du Sport français, Paris, 1872. RIl^.LIOGRAPIIIE. 4or Fleming-Georges. — The practical Horse Keeper. Londres, 1886. Gertsner idel. — Mémoire sur les grandes routes, les chemins de fer et les canaux. Traduction de M"" Terquem. 181 3. Gérard (Julesl. — Élève du cheval de luxe et du cheval de guerre en Belgique. Liège, 1875. Gilbey-\\'alter. — The old English War-Horse or Shire- Horse. Londres, 188S. Gayot 'Eug.l et MoLL (L.). — La Connaissance générale du cheval, y édition, Paris, i883. — Les chevaux de trait fran- çais. 1887. Girard (J.I. — Traité de F âge du cheval. 3'' édition, Paris. H Hugues (J.i. — Etude du cheval et des conditions de sor. utilisa- tion dans V armée. Bruxelles, 1886. Hays (Charles du). — Le Cheval percheron. Paris, Librairie agricole. — Les Trotteurs. Guide du marchand de chevaux et du consommateur. HuzARD (J. B.j. — Extérieur de Bour gelât. K KoHLER (Karll .— Praktische Reit-und Eahrschule. Weimsir, 1 884. L Leyder (J.). — Les Chevaux belges au concours international de Lille en 1879. Bruxelles, 1879. T. II. 26 402 BIBLIOGRAPHIE. Live Stock, journal paraissant à Londres. L.WERGNE iL. dei. — Economie rurale de la France. Paris, Librairie agricole. Lecoq. — Extérieur du cheval, b" édition. Lemoigne. — Mécanique animale. Recueil de médecine vétéri- naire, 1877. Littré et Robin, — Dictionnaire de médecine, chirurgie, pharmacie, des sciences accessoires et de fart vétérinaire. Paris, J.-B. Baillière et fils, i865. M Morris i général!. — Essai sur V extérieur du cheval. Paris. i835. Mitteilungen îlber das Schwere oldenburgische Wagenpferd. I Communications relatives au gros cheval carrossier olden- bourgeois). Brème, i883, MoLL (L.). — Voir Gayot. Magne et B.mllet. — Traité d'agriculture pratique et d'hygiène vétérinaire générale. 4^' édition. Paris, 1873- Magne. — Hygiène vétérinaire appliquée. Etude de nos races d'animaux, domestiques. 3*^ édition. Paris, 1860. Marey. — La Machine animale. Merche. — Nouveau Traité des formes extérieures du cheval. Paris, 1868. Mignon. — Mécanique animale. N National Live Stock , journal américain paraissant à Chicago. Navier. — Considérations sur les principes de la police du roulage et sur les travaux d'entretien des 7-outes. i833. Neumann g.). — Des aplombs che^ le cheval, 1869-70. Journal des vétérinaires militaires. Quelques observations B I B L I O G R A P II I E. 4o3 5//;- la mécanique animale à propos des recherches de M. Alexis Lemoigne, Recueil de médecine vétérinaire, 1877. — Du tiraiie du cheval. Paris, 1876. PoNCELET. — Introduction à la mécanique industrielle phy- sique ou expérimentale. 3'^ édition, Paris, 1870. Perron. — Traduction du Nâceri ou traité complet d'hippo- logie et d'hippiatrie arabes. Paris, Bouchard-Huzard. Prosch iV.l — Handbuch der Lehre vom Aeussern des Pferdes. Neustadt in Holstein, 1872. R Richard Lowell Edgeworth. — An essai on ihe construction of Roads and Carriages. 1797. RuMFORD icomte de) (sir Benjamin Thompson). — Observations sur ï avantage d'employer les roues à larges jantes pour les voitures de voyage et de luxe. Revue britannique, 181 6, Roussel (Jules). — Le Trotteur aux- États-Unis y P^iris, 1881. RiGOT. — Traité complet de Vanatomie des animaux domes- tiques, Paris 1841. Rivet (Capitainei. — Guide pratique de l'acheteur de chevaux, Paris 1S77. Robin et Littré [Voir Littré'. Richard idu Cantal). — Etude du cheval. Paris, 1880, 6"' édition. S Stud-Book percheron^ publié par la Société Hippique perche- ronne. Nogent-le-Rotrou, i883. Stud-Book Belge des chevaux de trait. — 3 volumes, Bruxelles, iSSfj-iSyo. Stud-Book des animaux de ï espèce mulassière. — Niort, 1889. 404 BIBLIOGRAPHIE. Stiid-Book des chevaux de trait français. — Société des Agri- culteurs de France, 1887. Sanders (J.-H.). — The percheron Stiid Book of America, Chicago, 1884. Sanders (J.-H.). — Horse-Breeding, 6*^ édition, Chicago, 1887. Stoeckel (C.-M.) — Deutschlands Pferde in Jahre 1890, Berlin, 1891. SouRDEVAL (de). — Le Cheval à côté de l'homme et dans l'his- toire, Hetzel et C''", Paris. Sanson (André). — Traité de Zootechnie, 3" édition, Paris, Librairie agricole, 1882. — Le Moteur animé et le Moteur à vapeur. — Revue scientifique, juin 1886. Sanson (André). — Nouveau Dictionnaire pratique de méde- cine, de chirurgie et d'hygiène vétérinaires , commencé par H. Bouley. Paris, Asselin et Houzeau. Statistique agricole de la France., publiée par le ministère de l'agriculture. Résultats généraux de l'enquête décennale de 1882. Nancy, Berger-Levrault et Compagnie, 1887. Saint-Ange (de). — Cours d'hippologie, Saumur, i85o. Turf, Field and Farm, journal paraissant à New-York. Tresca (Al.). — Le Matériel agricole moderne, Paris, Fir- min-Didot et C'«, 1898. V Vallon. — Cours d'hippologie, Paris, i8()3. w Western agriculturist, journal américain paraissant à Quincy (Illinois). P.IBLIOGRAPHIi:. 4o5 Wrangel (Graf C. G.i. — Das Biich vo}u Pferde. Stuttgart, iSS8. H'ppologischc Revue. — Internationale Zeitschrift fiir das gesamte Gebiet der Pferdekunde. Stuttgart, pa- raissant depuis 1888. \\'ooD (Rev. J.-C). — Horse and Man. LonJon, Long- mans. Grcen and C°, 188 5. ZuNDEL (Aug.). — Rapport sur l'industrie chevaline dans le Haut-Rhin, Colmar, i863. TABLE ALPHABÉTIQUE DES FIGURES Figures. Pages. 1 . — Squelette du cheval 21 2. — Enumérations des différentes régions du corps 41 3. — Cheval cagneux 75 4. — Cheval panard 73 5. — Cheval arqué ou brassicourt 79 6. — Genou de mouton , creux ou effacé 79 7. — Membre antérieur, présenté de côté, d'un cheval droit sur ses boulets 83 8. — Cheval bas-jointé 85 9. — Jarret à l'état sain 89 I o. — Jarret avec ses tares 91 11. — Dent incisive inférieure 107 12. — Position des incisives à 5 ans et à 20 ans 1 1 1 i3. — Dentition à 3 ans 112 14. — Dentition à 5 ans 112 i5. — Dentition à 8 ans 1 1 3 16. — Dentition de 10 à 12 ans 114 17. — Cannahippométrique 121 18. — Collier bourgeois avec attelles en métal i63 19. — Collier à attelles internes i65 20. — Collier Copeau avec attelles extérieures en bois 166 21. — Collier en t(Me d'acier 1Ô7 22. — Bricole 171 400 TABLE ALPHABETIQUE DES FIGURES. Fig'uros. rages. 23. — Cheval de gros trait garni des harnais 173 24. — Attelage d'un omnibus à 3 chevaux 1 (S i 25. — Accouplement des lames du dynamomètre (accouple- ment pour 400 kilog.) 191 26. — Ensemble du dynamomètre 193 27. — Disposition des crayons et du papier pendant l'expé- rience I Q4 28. — Moteur pour le papier ig5 29. — Disposition de l'appareil après l'expérience igS 30. — Disposition du dynamomètre en charge pour le tarer. 197 3 1 . — Exemple d'un diagramme 202 32. — Ancien cheval de poste 236 33. — Étalon de trait ayant obtenu un le»- prix à l'exposition internationale chevaline de 1867 237 34. — Jument de trait ayant obtenu un i" prix à l'Exposition internationale chevaline de i878 239 35. — Cheval percheron 254 36. — Cheval percheron 255 37. — Cheval boulonnais 2(39 38. — Cheval ardennais 281 39. — Type et proportions du cheval belge 3 1 1 40. — Cleveland bay 32 1 41. — Cheval de voiture (coach) , 322 42. — Cheval clydesdale 327 43. — Cheval shire 33o 44. — Cheval suffolk 332 45. — Croisement de juments allemandes avec étalons shire et clydesdale 352 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES Pages. Age du cheval 1 04 Division en trois périodes io5 Examen des dents i o5 Dents de lait 1 08 Période pendant laquelle l'âge peut être déterminé d'une façon précise de la naissance à 8 ans 109 Période pendant laquelle l'âge se détermine avec moins de précision de 8 à 12 ans 1 1 3 Période pendant laquelle l'âge ne peut plus être déter- miné avec exactitude 1 1 5 Irrégularités que l'on constate souvent dans les dents des chevaux 116 Irrégularités naturelles 116 Irrégularités artificielles 118 Algérie 23i Allemagne 294 Allures du cheval 1 3 i Amérique du sud 356 Angleterre 293 Anus 70 Aplombs 78 Appareils de gouverne 1 76 Appareil de tirage 1 58 Auge 48 Autres provinces de l'Allemagne 35o 4IO TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. Pages. Ars 67 Avaloire 174 Avant-bras 76 B Barbe 48 Bavière 333 Belgique ^07 Bêtes de somme 14^ Bouche 48 Boulet 82 Bout du nez 4^ Bras 74 Bricole 167 Bride 1 7'j Canon et tendon 80 Capelet 9° Cavité abdominale ou abdomen 60 Cavité thoracique ou poitrine 54 Centre de gravite du cheval 11 Chanfrein 4^ Cheval attelé seul 1 79 Cheval de cheville 180 Cheval de devant 1 80 Cheval court-jointé 83 — long-jointé 85 Cheval-vapeur 214 Chevaux attelés par paire de 2 ou 3 182 Chevaux dits « du Berry » 282 Chevaux de l'Indre 283 — du Cher 284 — d'Indrc-et-Loirc 285 — de la Nièvre 285 — comtois 287 TABLE ALPHAHKTIQUK DP:S MATIERES. 411 rages. Chevaux de trait normands 290 Chevaux de selle 141 Chevaux de trait i 33 Choix et achat du cheval i Colonne vertébrale 19 Collier i38 Collier ordinaire i 59 bourgeois 162 Copeau 164 industriel 164 métallique 1 67 Considérations générales sur l'anatomie et la physiologie du cheval 4 Corps propremcnî: dit 53 Côtes 67 Coude 7Q Couleurs des chevaux ou robes i 23 Courbe 92 Couronne 83 Crampes. 87 Croupe 64 Cuisse et grasset 87 D Description du dynamon-i'>tre 189 Tarage de l'instrument 195 Installation du dynan->omètre sur la voiture 196 Description générale du cheval 18 Différents modes d'attelage 1 79 Différents modes d'utilisation et aptitudes du cheval 141 Division du corps 38 Dos 62 Empire d'Allemagne 340 Encolure ^9 412 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. Pages. Encouragements donnes à l'élevage du cheval de trait en France 3o3 Encouragements à la production chevaline belge 307 Entraînement 7 Énumération des ditférentes parties du corps 39 Eparvin 92 Épaule 71 Equitation 142 Ergot 84 Espagne 385 Etats-Unis d'Amérique 356 Eure 257 Eure-et-Loir 252 Examen de l'ensemble du cheval 93 Expériences de la C® des omnibus 189 Expériences" du général Morin 187 Expériences de Morris et Baucher 1 3 Exportation française 227 Extérieur du cheval 38 Fanon 84 Fesse 88 Flancs 68 Front 43 Gaîne carpienne ou tarsienne 81 — sésamoïdienne 81 Ganaches 48 Garrot 61 Genou 78 Gorge 49 Grasset 87 Guides 178 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 413 H Pages . Hanche 65 Harnachement du cheval de selle 144 Harnachement du cheval de trait i Sy Hérédité 7 Hollande 338 I Iles Britanniques 3i8 Importation 227 Influence de la nature des routes 1 84 Interars 67 Italie 317 J Jambe 88 Jarde-Jardon 92 Jarret 88 Joue . . 47 L Leviers formés par les os et les muscles 2 5 Limonier 1 79 Loir-et-Cher 258 Loiret 264 M Malandres 80 Mayenne 263 Membres 20-71 Mesure du travail produit 199 414 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. Pages. Modification des races de trait 232 Molettes 84 Muscles 24 N Naseau 47 Nombril 68 Nord 271 Nuque 49 o Œil 43 Oreilles 40 Organes génitaux 70 Orne 261 Parotides 49 Particularités ou caractères secondaires des robes i3i sans siège fixe i3i spéciales à la tète i ?4 spéciales au tronc i '35 spéciales aux membres 1 36 Parties ou régions du corps 41 Pas-de-Calais 272 Passage des sangles 67 Paturon 84 Pied 86 Poids des chevaux 27 Poitrail 67 Portugal 383 Production mulassière 383 TABIJ-: Al.PHAP.lCTIQUK DES MATIKRES. 415 Q Vi\gcs . Queue 65 R Races de trait françaises 221 Race percheronne 247 Race boulonnaise 205 Race bretonne 276 Race ardennaisc 278 Races diverses 282 Races de trait étrangères 3o6 Races belges, flamande et brabançonne 3o8 Race ardennaise 3 1 5 Race clydesdale 324 Race shire 327 Race suffolk 33 r Races hollandaises 338 i" Race frisonne 338 2" — gueldroise 338 3" — hollandaise proprement dite 338 4" — zélandaise 339 5'^ — du Brabant septentrional 339 6" — ardennaise 339 Races allemandes 346 du Schleswig-Holstein 346 de la Bavière 353 Races de chevaux importés en Amérique 362 — françaises 362 — belges 371 — anglaises 373 Rcculement 1 74 Reins 63 Rênes 1 78 Répartition des chevaux suivant les régions 229 Richesse chevaline de l'Algérie 23 1 Richesse chevaline de la France 222 4IÔ TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. rages. Richesse chevaline des Etats-Unis d'Amérique SSy Robes proprement dites 1 2 5 robe noire 1 2Ô — blanche 127 — rouge (baie) 127 — alezane 128 — café au lait 128 — isabelle 1 28 — grise 128 — louvet 1 29 — aubère 129 — rouanne i3o — pie 1 3 1 Salière 45 Sang 6 Sarthe 260 Schleswig-Holstein 346 Seine-Inférieure 274 Seine-et-Oise 262 Signalements 100 Importance loi Éléments essentiels du signalement 102 Éléments accessoires du signalement io3 Situation actuelle des races de chevaux de trait. 221 Situation géographique percheronne 247 Situation géographique boulonnaise 265 Situation de la production chevaline en Allemagne 340 Société hippique percheronne 249 Somme 273 Squelette du cheval 18 Suisse 3oi Supériorité du cheval de trait français 291 Suros 82 Suspenseur du boulet 80 Statistique des chevaux français 222 Statistique des chevaux de la Compagnie des omnibus 241 TABLE ALPIIAr>i:TIQUE DES MATIÈRES. 417 Stud-Book boulonnais 270 — percheron 25o — de l'espèce mulassière 393 Taille i 20 — Manière de la mesurer 120 — Potence 120 — Chaîne 121 — Ruban 122 Tares molles et osseuses du jarret go Tempe 4b Tendon suspenseur du boulet 80 Tète, forme générale 3q — longueur et volume 42 — mouvements et directions 42 Traction des voitures 1 84 Traction des appareils de culture 2 i 3 Traits 1/3 Travail du cheval de selle 1 45 Travail au pas 1 5 r — au trot 1 5 3 — au galop 1 54 Travail des chevaux de trait i55 u Utilisation du cheval 14^ V Variétés de race bretonne 277 Veine saphène 87 Ventre 67 T. II. 27 4rô TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. Pagt-s. Vessigon articulaire du jarret 91 — — du genou 80 — carpien 20 — rotuliens 27 — tarsiens 60 Vices redhibitoires et maladies contagieuses 95 TABLE DES CHAPITRES QUATRIÈME PARTIE CHOIX ET ACHAT DU CHEVAL CHAPITRE PREMIER CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR l'aNATO.MIE ET LA PHYSIOLOGIE DU CHEVAL Pages. I. — Ce qu'on entend par « sa)ig^ » 6 Hérédité 7 Entraînement 7 I I. — Centre de gravité du cheval 1 1 Expérience de Morris et Baucher 1 3 III. — Squelette du cheval 18 Description générale 18 Colonne vertébrale 19 Membres 20 I\'. — Muscles 24 Leviers formés par les os et les muscles 2 5 \'. — Poids des chevaux 27 CHAPITRE II EXTÉRIEUR DU CHEVAL Division du corps 38 Enumcration des différentes parties 39 420 TABLE DES CHAPITRES. I. — Tête 39 Forme générale Bg Longueur et volume 4- Mouvements et directions 42 Face antérieure de la tête Front, chanfrein et bout du nez 43 Faces latérales de la tète : Oreilles 43 Tempe 43 Salière 45 Œil 45 Joue 47 Naseau 47 Face postérieure de la tète 48 Auge, ganaches, barbe 48 Extrémité inférieure de la tête 48 Bouche etc 48 Extrémité supérieure de la tête •. 49 Nuque, parotides, gorge 49 II. — Encolure 49 III- — Corps proprement dit 53 Cavité thoracique ou poitrine 54 Cavité abdominale ou abdomen 60 Garrot 61 Dos 62 Reins 63 Croupe 64 Hanche 65 Queue 65 Poitrail 67 Ars 67 Intcrars 67 Passage des sangles 67 Côtes 5-7 Ventre 67 Flancs 68 Anus yo Organes génitaux jo TABLE DES CHAPITRES. 421 Pages. I\'. — Des )ncmbrcs yi A. Membre antérieur yr Épaub 71 Bras j^ Coude 76 Avant-hras -6 Genou yS Canon et tendon 80 Boulet 82 Paturon 84 Couronne 85 Pied 86 B. Membre postérieur 86 Cuisse et grasset 87 Fesse 88 Jambe 88 Jarret 88 Tares molles et^ osseuses go \'. — Examen de Vensemble du cheval g3 M. — Vices redhibitoires et maladies contagieuses 95 CHAPITRE III DES SIGNALEMENTS Importance loi Éléments essentiels du signalement 102 Éléments accessoires du signalement io3 I. — Age du cheval 104 Division en trois périodes io5 Examen des dents io5 Dents de lait -. 108 Période pendant laquelle l'âge peut être déterminé d'une façon précise de la naissance à 8 ans 109 Période pendant laquelle Tâge se détermine avec moins de précision de 8 à 12 ans 1 1 3 Période pendant laquelle l'âge ne peut plus être déter- miné avec exactitude 1 1 3 422 TABLE DES CHAPITRES. Pagres. Irrégularités que l'on constate souvent dans les dents des chevaux 1 16 Irrégularités naturelles 1 1 6 Irrégularités artificielles i iS II. — Taille 120 Manière de la mesurer 1 20 Potence 120 Chaîne 121 Ruban 122 III. — Couleurs des chevaux ou robes 1 23 A. Robes proprement dites i 25 Robe noire 126 — blanche 127 — rouge (baie) 127 — alezane 128 — café au lait 128 — Isabelle 1 28 — grise 128 — louvet 129 — aubère 129 — rouanne 1 3o — pie i3r B. Particularité ou caractères secondaires des robes. . . i3i r Particularités sans siège fixe i3i 2° Particularités spéciales à la tète 134 3° Particularités spéciales au tronc i35 4" Particularités spéciales aux membres i36 CINQUIEME PARTIE UTILISATION DU CHEVAL CHAPITRE PREMIER DIFFÉRENTS MODES d'uTILISATION ET APTITUDES DU CHEVAL I . — Chevaux de selle 141 Bètes de somme 14^ TABLE DES CHAPITRES. 4^3 Pages. Équitation 142 Harnachement du cheval de selle 144 Travail du cheval de selle 143 II. — Différentes allures du cheval 1 5 1 Travail au pas 1 5 1 — au trot i53 — au galop i54 III. — Chevaux de trait 1 53 CHAPITRE II HARNACHEMENT DU CHEVAL DE TRAIT I. — Appareil de tirage 1 58 Collier 1 58 Collier ordinaire 1 59 — bourgeois 162 — copeau 1 64 — industriel i Ô4 — métallique 167 Bricole i Ô7 Traits lyS Avaloire ou reculement 1 74 II. — Appareils de gouverne 1 76 Bride 1 7Ô Guides et rênes 178 III. — Différents modes d'attelage 179 Cheval attelé seul ou limonier 179 Cheval de devant ou de cheville 1 80 Chevaux attelés par paire de 2 ou 3 182 CHAPITRE m TRACTION DES VOITURES Influence de la nature des routes 184 I . — Expérience du général Morin 187 4-24 TABLE DES CHAPITRES. Pages. II. — Expériences de la O' des omnibus 189 Description du dynamomètre 189 Tarage de l'instrument 195 Installation du dynamomètre sur la voiture 196 Mesure du travail produit 190 Résultats des expériences sur la traction aux allures vives 204 Résultats sur la traction aux allures lentes 210 Traction des appareils de culture 2 1 3 Cheval-vapeur 214 SIXIEME PARTIE SITUATION ACTUELLE DES RACES DE CHEVAUX DE TRAIT CHAPITRE PREMIER RACES DE TRAIT FRANÇAISES — Richesse chevaline de la France 222 Statistique des chevaux français 222 Exportation et importation 227 Répartition des chevaux suivant les régions 229 Richesse chevaline de l'Algérie 23 1 Modification des races de trait 232 Statistique des chevaux de la C'*-' des omnibus 241 — Race Pcrclieronne 247 Situation géographique 247 Société hippique percheronne 24g Stud-Book 25o Eure-et-Loir 252 Eure 207 Loir-et-Cher 258 Sarthe 260 Orne 261 Seine-et-Oise 262 Mayenne 203 Loiret 264 TABLE DES CHAPITRES. 423 l'apes. III.— R^icc Boulontiaisc 265 Situation géographique 205 Description 268 Stud-Book 270 Nord 271 Pas-de-Calais 272 Somme 273 Seine-Inférieure 274 IV. — Race Bretonne 276 Variétés 277 Répartition 277 V. — Race Ardcnnaise 278 VI. — Races diverses 282 Chevaux dits a du Berry ->■> 282 Indre 283 Cher 284 Indre-et-Loire 283 Chevaux de la Nièvre 283 Chevaux comtois 287 Chevaux de trait normands 290 VIL — Supériorité du cheval de trait français 291 Angleterre 293 Allemagne 294 Italie 298 Suisse 3oi Encouragements donnes à l'élevage du cheval de trait en France 3o3 CHAPITRE II RACES DE TRAIT ÉTRANGÈRES L — Belgique 007 Encouragements à la production chevaline belge 007 Race flamande et brabançonne 3o8 Race ardennaise 3 1 3 IL — Iles Britanniques 3 1 8 426 TABLE DES CHAPITRES. Pages. Race Clydesdale 824 Race Sliire 327 Race Sutfolk 33 1 m. — Hollande 338 I\'. — Empire d' Allemagne 340 Situation de la production chevaline en Allemagne 340 Schleswig-Holstein 346 Autres provinces 35o Bavière 353 V. — États-Unis dA mérique 356 Richesse chevaline des Etats-Unis 357 Trotteur américain 358 Races françaises en Amérique 362 Chevaux percherons 3 62 Cheval normand ou de trait français 370 Races belges 371 Races anglaises 373 Race Cleveland-bay 374 Race Clydesdale 375 Race Shire 377 Race Suffolk 378 CHAPITRE m COUP d'œil sur la production mulassiêre Espagne et Portugal 383 Italie 384 Etats-Unis de TAmcrique du Nord 384 Amérique du Sud 387 France et Algérie 388 Stud-Book de l'espèce mulassiêre 303 Caractères particuliers à l'espccc mulassiêre 396 Norti^ •V'^^ V:.. cy .7> Wë f^>»»: ■^■::^: '^.-•■k^.- I*. .v-*^ ^ '>^Ék: 1*^^